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SAINTE BIBLE
AVEC COMMENTAIRE
D APRES DOM CALMET, LES SAINTS PERES ET LES EXEGETES
ANOIENS ET MODERNES
MPRIMATUR
Atrebali, die 3 Seplembris 1897.
Z. LIÉNARD, vie. gen.
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LA
SAINTE BIBLE
AVEC COMMENTAIRE
D APRES
DOM CALMET, LES SAINTS PÈRES ET LES EXÉGÈTES ANCIENS ET MODERNES
OUVRAGE DÉDIÉ A
Sa Grandeur Monseigneur DENNEL
h'vêque d'Arras, Boulogne et Saint-Omer
PAR
l'abbé J.-A. PETIT
MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES
TOME XII
LES MACCABÉES
ARRAS
SUEUR-CHARRUEY, I M PRIMEUR- LIBRAIRE- ÉDITE J£$Afi£
10, rue des Balances, 10 ---•%_
^Ottawa
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LES MACCABÉES
INTRODUCTION
On distingue quatre livres différents qui portent le nom des Maccabées (i) ; mais il
n'y a que les deux premiers qui soient canoniques ; les deux derniers sont apocryphes.
Suivant l'ordre des événements rapportés dans ces quatre livres, le troisième devrait
être le premier, et le premier devrait être le troisième. Les deux premiers seront
l'unique objet de cette préface, et nous donnerons à la fin du volume les troisième et
quatrième livres des Maccabées.
L'auteur du premier livre des Maccabées était hébreu; son style le prouve : il ren-
ferme de nombreux hébraïsmes. Origène nous rapporte même le titre hébreu qu'on
lisait à la tète de cet ouvrage (2), Sarbelh (ou Schebet Sar-bené-El), c'est-à-dire Sceptre
du prince des enfants de Dieu; comme sri l'on voulait marquer le gouvernement, la
force, ou le règne des Maccabées, désignés par le nom de princes des enfants de
Dieu. Saint Jérôme avait encore vu cet ouvrage en hébreu (3), c'est-à-dire en syro-
chaldaïque, qu'on parlait en Judée du temps des Maccabées (4). Les Juifs ne l'ont
plus aujourd'hui en cette langue. Joseph ben Gorion a cité ces livres sous le nom de
livres des Asmonéens ($). 11 n'est pas impossible que cet auteur, qui vivait dans le
onzième siècle, ait vu cet ouvrage en hébreu. Le grec est à présent considéré comme
l'original ; et c'est sur lui qu'a été faite l'ancienne version latine qui nous en reste.
Cette version est d'une haute antiquité, puisqu'elle était en usage dans l'Eglise avant
saint Jérôme, et que Josèphe même s'en est servi dans la rédaction de ses Antiquités
judaïques, où il l'a souvent copiée sans y rien changer (6).
11 y a lieu de croire que cet ouvrage (ut composé sur les registres publics, qu'on
dressait de ce qui arrivait de plus mémorable dans la république des Hébreux. L'Ecri-
ture rend témoignage au soin de Judas Maccabée (7), qui recueillit les monuments de
sa nation, qui avaient été dispersés durant la guerre; et l'auteur de cet écrit cite à la
fin de son livre (8), les mémoires du pontificat de Jean Hyrcan, comme la source où
l'on peut s'instruire plus à fond de ce qu'il avance. Quelques auteurs ont cru que Jean
Hyrcan même était l'auteur de ce premier livre; mais cette opinion n'a pour fonde-
ment que d'assez faibles conjectures. Celui qui a écrit ce premier volume, suivait dans
ses supputations chronologiques l'ère des Grecs, selon la manière de compter des
Hébreux; il la commençait au mois de Nisan, six mois plus tôt que les Grecs et les
Syriens, qui en mettaient le commencement vers le mois de septembre ou d'octobre.
(1) Dans les exemplaires latins de la VuUate, on lit Machabœi, les Machabées; mais le grec porte Maccabœi,
les Maccabées. Nous parlerons de l'étymolo^ie de ce nom dans la note sur le chap. n. t. 4. du Ie' livre. — (2) Ori-
gen.apud Euseb. lib. vi. c. ult. Hist. eccles. S»,o6r)() aap6av:sX, Sn >j3 iur -azv ou la-aiw. — (?) Hieronrm. Prolog.
Galeal. Machabaeorum primum librum hebraicum reperi. — (4) Ita Drus, prxfal. in lib. Vêler. Test. Huet. Demonslrat.
Evang. propos. îv. — (5) Cf. Antiq. jud. lib. xn. xui. — (6) =.>:oun isc. Vide Drus, prœfat. in hos. lib. — (7) 11. Mach.
u. 14. — (8) 11. Mach. 11. 25.
S. B. — T. XII. I
2 INTRODUCTION
Ce livre contient l'histoire de quarante ans (175-135). depuis le commencement du
règne d'Antiochus Epiphane, jusqu'à la mort du grand prêtre Simon ; l'auteur a pu être
témoin de presque tout ce qu'il écrit, quoiqu'il ait vécu après le gouver«ement de
Jean Hyrcan (1); puisque, depuis le commencement de la persécution d'Antiochus
Epiphane, jusqu'à la mort de Jean Hyrcan, il n'y a pas plus de soixante-quatre ans.
Le second livre des Maccabôes est un abrégé de l'histoire des persécutions d'An-
tiochus Epiphane et d'Eupator contre les Juifs (2), composée en cinq livres par un
nommé Jason. L'auteur de l'abrégé est inconnu, et l'ouvrage entier de Jason est perdu.
L'un et l'autre étaient grecs, et suivaient la manière de compter les années des Séleu-
cides, suivant l'usage des Syriens. L'abréviateur ne s'est pas tellement contraint à suivre
Jason, qu'il n'ait rien ajouté à son ouvrage. 11 ne promet que (3) l'histoire de Judas
Maccabée et de ses frères, de la purification du temple, de la dédicace de l'autel, des
combats qu'Antiochus Epiphane et son fils Eupator livrèrent aux Juifs, et des signes
qui parurent dans l'air au-dessus de Jérusalem ; et cependant, au chapitre m et au
commencement du quatrième, on trouve l'histoire de la punition d'Héliodore, qui
arriva sous Séleucus, prédécesseur d'Antiochus Epiphane. Les deux derniers chapi-
tres comprennent aussi des choses arrivées sous Démétrius Soter, successeur d'Eupa-
tor. Mais comme elles regardent le temps de Judas Maccabée, on ne peut pas dire à
la rigueur qu'elles soient hors du dessein de Jason et de son abréviateur ; cependant,
on remarque dans la rédaction de ces derniers chapitres des diversités de style, qui font
juger qu'ils sont d'un auteur difïérent de Jason (4).
Quoique l'auteur du second livre des Maccabées raconte presque partout les mêmes
choses que l'auteur du premier, il ne paraît pourtant pas qu'ils se soient vus ni copiés
l'un l'autre. Ils se ressemblent de telle manière, qu'on ne peut pas dire qu'ils aient
cherché à se suivre, ni à s'imiter.
Le compilateur du second a mis à la tète de son ouvrage une préface (5), dans la-
quelle il nous avertit qu'ayant considéré le grand nombre de livres qu'on avait composés
sur cette matière, et la difficulté de s'instruire en les consultant tous séparément, il
s'est chargé du travail d'en donner l'abrégé, pour diminuer la peine des lecteurs. Il cite
d'abord une lettre écrite aux Juifs d'Alexandrie par ceux de Jérusalem (6), pour les
avertir de célébrer la fête de la purification du temple par Judas Maccabée. On en
trouve ensuite une seconde (7), du sénat de Jérusalem et de Judas à Aristobule, pré-
cepteur du roi Ptolémée, qui tend à la même fin. Ce second livre contient l'histoire
d'environ quinze ans (176-161), depuis l'entreprise d'Héliodore sur le temple, jusqu'à
la victoire de Judas Maccabée sur Nicanor.
La beauté du style de cet écrit l'a fait attribuer par quelques auteurs (8) à Philon
ou à Josèphe. On attribue à-<fosèphe un petit ouvrage intitulé, des Maccabées (9) ou
de l'empire de la raison; mais cet écrit est tout différent de celui que nous examinons.
Quant à Philon, la ressemblance de son style avec celui de cet ouvrage est si peu
sensible, et d'ailleurs il paraît avoir si peu connu ce qui regarde les Maccabées, qu'on
ne peut, sans quelque témérité, assurer qu'il en soit l'auteur. Enfin ni Eusèbe ni saint
Jérôme ne parlent de cet ouvrage parmi ceux de Philon. Sérarius (10) a prétendu que
c'était l'ouvrage de Judas l'essénien, connu dans Josèphe par ses prédictions. Il pré-
tend que c'est de ce Judas qu'il est parlé au second chapitre en ces termes : Judas a
recueilli tout ce qui avait été dispersé pendant la guerre qui nous est arrivée, et tout cela est
entre nos mains (11). Il y a beaucoup plus d'apparence que ces paroles regardent Judas
(1) 1. Mach. xvi. ult.— (:) Clément cl' Alexandrie, Slrom., I. v, p. ^95, l'appelle "ôiv Ma/.xaSaiztùv ini-out). — (j) 11. Mach.
il. 20. 21. 22. 2j. 24. — i_|) V lie Grot. ad 11. Mach. prcejal. et comment, ad xn. I. 19. 21. 22. 25. 26; xiv. 22. Vide et
Huel. demonstrat. Evang. propos: iv. — (s) "• Mach. 11. 2^. et seqq. — (û; 11. Mach. 1. 1. et seqq. ad f. 10. exclusive. —
(7) 11. Mach. 1. f.-. 10. ad y. 19. cap. 11. inclusive.— (H,i Honor. Augustod. de Scriptor. Eccl. in Pliilone. — (9) U<; Mou/.a-
6aioiiç, 7) 7t£pi aùzo/.pà-oço; lo acfxoù. — (ioi Scrar. prolog. il. in Mach. et in cap. 1. et 2. Ub.n. Vide et Rupert. de
Victoria verbi. — (11) 11. Mach. 11. 14.
* INTRODUCTION 3
Maccabée ; mais il est certain qu'elles ne prouvent pas, ni que Judas l'essénien ait
écrit cette histoire, ni que Judas Maccabée en soit l'auteur. On a conjecturé (1) que
le grand prêtre Simon Maccabée l'avait écrite ; mais ces conjectures n'ont aucun fon-
dement certain.
Quelques exégètes (2) ont cru que ce livre n'était qu'une lettre écrite par le sénat
de Jérusalem aux Juifs d'Egypte, et Cotelier cite un ancien abrégé de ce livre, où il
est dit qu'il a la forme d'une lettre ; mais il est aisé de distinguer ce qui fut écrit par
le sénat de Jérusalem, d'avec ce qui est de l'historien. Celui-ci se fait remarquer par
sa préface, et par toute la suite de sa narration.
Les protestants contestent aux livres des Maccabées la qualité de canoniques. Ils
montrent 'que quelques anciens auteurs ecclésiastiques les ont rangés dans les apocry-
phes ; et ils prétendent que, comme l'Eglise ne peut pas faire qu'un auteur inspiré ne
le soit pas, aussi ne peut-elle pas donner l'inspiration à ceux qui, dès le commence-
ment, n'ont point eu cet avantage; sa déclaration ne fait rien au fond de la chose, mais
suppose la vérité de ce qu'elle décide, et ses décisions postérieures ne peuvent donner
à un ouvrage une autorité divine qu'il n'avait pas auparavant.
Ce dernier principe est reconnu de tous les théologiens : il ne s'agit que de distin-
guer l'équivoque de ces paroles, que les anciens auteurs ecclésiastiques ont rangé les
Maccabées parmi les livres apocryphes. Si l'antiquité s'était expliquée d'une manière
uniforme et constante sur ce sujet; si les premières, les plus grandes et les plus nom-
breuses églises avaient déclaré, dans leurs assemblées, que ces livres n'étaient point
canoniques, on ne pourrait aujourd'hui les donner pour tels. On doit suivre dans ces
matières, dit saint Augustin (5), l'autorité du plus grand nombre d'églises, ou des
églises apostoliques, et de celles qui ont reçu des lettres des apôtres. Les Ecritures
qui sont reçues de toutes les églises catholiques doivent être préférées à celles qui sont
rejetées par quelques-unes; et, parmi ces dernières, on doit préférer celles qui sont
reçues par le plus grand nombre et par les plus considérables, à celles qui n'ont pas
ce privilège. Or, quoique les livres des Maccabées ne soient pas mis dans le catalogue
des livres canoniques par Méliton, par le concile de Laodicée, par saint Athanase
dans la Synopse publiée sous son nom, par saint Cyrille de Jérusalem, par saint Hilaire,
par saint Grégoire de Nazianze, par saint Grégoire le Grand (4), par saint Jean Da-
mascène (5), on peut leur opposer un bien plus grand nombre d'auteurs anciens, et
quelques conciles qui les ont reconnus pour canoniques. L'auteur de l'épître aux Hé-
breux (6) fait une allusion visible au supplice du saint vieillard Eléazar, lorsque, par-
lant des martyrs de l'Ancien Testament qui ont signalé leur zèle dans la défense de la
foi, il dit qu'il y en a qui ont souffert la peine du tympanum, supplice que souffrit le
vieillard dont nous venons de parler (7). L'auteur des canons apostoliques (8), Tertul-
lien (9), saint Cyprien ( 10), Lucifer de Gagliari ( 1 1), saint Hilaire (12), saint Am-
broise(n), saint Augustin (14), Cassiodore, Raban Maur, le prêtre Bellator, saint
(1) A liât, de Simonib. p. 200. — (2) Vide Rab..n. Gencbrard. Chronolog. Médina. L 1. de fide. c. IJ. Cotel. not. ad Can.
Apnst. p. ?j8. H: SeuiEpa Si J3i6Xoç iv eïfiei ÉjttffToXïjç oùaa. — ( j) Aug. de Doclr. Christ. L 11. c. 8. In canonicis scripturis
ecclesiarum catholicarum quamplurium auctoritatem sequatur ; inter quas sane illae sunt quas apostolicas sedes
tenere, et epistolas habere meruerunt. Tenebit igitur hune modum in scnpiuris canonicis, ut eas quas ab omnibus
accipiuntur ecclesiis catholicis prasponat eis quas quaedam non accipiunt; in eis vero quas non accipiuntur ab omni-
bus, prseponat eas quas plures gravioresque recipiunt, eis quas pauciores, minorisque auctoritatis ecclesiae tenent.
(4) Cregor. Moral, lib. xix. c. :i. n. 54. non. edit. v ide prœfat. gênerai, p. xj. art. it>. — (s) Damascen. de fide ortho-
doxa. lib. i\. c. 18. Mais ie même père, dans le discours sur les fidèles trépassés, cite le second livre des Macca-
bées comme Écriture divine. — (6j Hcbr. xi. ?;. A'ÀXot oi étuu.Jiav!8r)iav. — (7j 11. Mach.vf. 19. AôôoupSToj; ir.i xô
TÙpmvov KpoaTJve. — (8) Can. apostol. 84. seu 85.— (9) Tertul. advers. Jud. c. 4. — ^io) Crprian. lib. de exhort. ad martrr.
c. 11. et Testimon. ad Quinc. lib. m. c. 15. et ep.L\. ad Cornet. Pap. — (11 j Lucifer. Calarit. lib. de non parcendo in
Deum delinquentibus. — (12) Hilar. in Psalm. cxxxiv. et lib. contra Constantium imper. — (1?) Ambros. de Jacob, et vita
beata. lib. 11. c. 10. 11. 12. et de Offic. lib. 1. c. 40. 41. et iib. m. c. 29. - (14) Aug. lib. de cura gerenda pro mortuis. ci.
et de Doct. Christ, et de Civit. lib. xvm. c. j6. et lib. 11. contra Caudent. Donatist. lib. 1. c. 51.
4 INTRODUCTION
Isidore de Séville, et divers autres les ont cités comme écritures canoniques ; le troi-
sième concile de Carthage (15), et enfin celui de Trente (16), les ont reconnus pour
livres inspirés, et les ont reçus dans leur canon. Le pape Gélase, dans les imprimés,
ne marque qu'un livre des Maccabées canonique ; mais on assure qu'il y a de bons
manuscrits qui en marquent deux.
Nous avons omis exprès les autorités d'Origène et de saint Jérôme, parce qu'elles
ne sont pas tout à (ait uniformes, et qu'il paraît quelque espèce de contradiction dans
leurs propres sentiments comparés entre eux. Origène, dans sa préface sur les Psaumes,
exclut les deux livres des Maccabées du nombre des divines Ecritures; mais dans le
second livre des Principes, chapitre iel', et dans son commentaire sur le chapitre v de
l'épître aux Romains, il en parle comme d'ouvrages inspirés et d'une autorité égale
aux autres livres canoniques. Saint Jérôme, dans sa préface sur les livres de Salomon,
dit que l'Eglise lit à la vérité les volumes des Maccabées, mais qu'elle ne les reçoit
point parmi les ouvrages canoniques : Machabœorum libres legit quidem Ecclesia, sed eos
inter canonicas scripturas non recipit. Mais ailleurs le même père cite ces ouvrages
comme Ecriture divine.
Enfin, on doit faire attention que la plupart des pères qui ont exclu ces livres du
canon n'ont parlé que dans le sentiment des Juifs, qui ne les y reçoivent pas encore
aujourd'hui : d'autres ont été assez peu exacts et assez peu constants dans ce qu'ils en
ont dit ; les uns ont cité comme divins les mêmes ouvrages qu'ils excluaient du canon,
comme saint Jérôme et Origène ; les autres ont admis dans le canon des ouvrages qui
en sont exclus depuis très longtemps du consentement unanime de toute l'Eglise,
comme saint Jean Damascène qui y reçoit les canons des apôtres, composés par saint
Clément. Quelques-uns ont omis dans les catalogues des livres reconnus sans contra-
diction et des Juifs et des chrétiens, comme le livre d'Esther, qui est omis par Méli-
ton, par saint Athanase, ou par l'auteur de la Synopse, par saint Grégoire de Nazianze,
par Léontius et par Nicéphore de Constantinople.
On ne peut donc pas raisonnablement contester à ces deux livres leur qualité de cano-
niques sur ces diversités de sentiments, puisque le poids des preuves et des autorités qui
la leur assurent est sans comparaison plus grand que celui des raisons contraires.
Le premier livre, qui contient l'histoire des Juifs depuis le commencement du règne
d'Antiochus Epiphane jusqu'à la mort du pontife Simon, remonte d'abord jusqu'à
Alexandre le Grand. Ce monarque puissant défait Darius, roi des Perses et des
Mèdes, et porte ses conquêtes jusqu'aux extrémités du monde. 11 tombe malade, laisse
à ses principaux officiers le gouvernement des provinces qu'il leur avait confiées, et
meurt. Plusieurs royaumes se forment dans les provinces de. son empire, et entre
autres celui de Syrie, à la tète duquel paraît enfin Antiochus Epiphane. Alors des Juifs
ambitieux et impies font alliance avec les gentils ; ils embrassent leurs coutumes et aban-
donnent la loi du Seigneur. Antiochus s'empare de l'Egypte, ravage la Judée, pille le
temple de Jérusalem, et s'en retourne en Syrie chargé de dépouilles. 11 envoie à Jéru-
salem Apollonius, surintendant des tributs, avec une nombreuse suite. Cet officier porte
la désolation dans la ville : il la remplit de carnage, en enlève les richesses, en détruit
les maisons, en renverse les murailles, en emmène les habitants, et y met une garnison
qui y cause toutes sortes de maux. Antiochus fait publier un édit par lequel il déclare
qu'il ne veut plus souffrir qu'une seule religion dans tout son royaume. Plusieurs Israélites
s'y soumettent, et embrassent le culte des idoles. 11 fait placer l'idole de Jupiter sur
l'autel du Seigneur. 11 fait dresser des autels dans toutes les villes de Juda, et emploie
les derniers supplices pour contraindre les Juifs de sacrifier aux idoles (chap. 1).
(1) Concil. Carthag. ni. Can. 47. — (2; Innocent. 1. ad Exupcr.
INTRODUCTION 5
Mattathias, touché des maux de son peuple, et de la profanation des choses saintes,
sort de Jérusalem avec sa famille, et se retire sur la montagne de Modin. Il refuse de
sacrifier aux idoles, et rejette toutes les offres qu'on lui fait pour commettre cette im-
piété. Il tue sur l'autel profane un Juif qui s'était avancé pour y sacrifier. Il tue aussi
l'officier d'Antiochus qui l'y contraignait, et se retire dans les montagnes avec les
siens, abandonnant tout ce qu'ils avaient dans la ville. Plusieurs Juifs attachés à la loi
de Dieu se retirent aussi dans le désert. L'armée d'Antiochus vient les y attaquer un
jour de sabbat, Ils se laissent tuer sans se défendre, de peur de violer le repos sacré
de ce jour. Mattathias et ses gens n'approuvent pas cette conduite, et prennent la
résolution de se défendre le jour du sabbat même, s'ils sont attaqués. Tous ceux qui
avaient du zèle pour la loi se joignent à Mattathias : ils forment un corps d'armée, et
vont partout détruire le culte des idoles et rétablir celui du Seigneur. Mattathias, sen-
tant sa mort approcher, exhorte ses enfants à être de vrais zélateurs de la loi du Sei-
gneur. Il leur représente la piété de leurs ancêtres, et la faiblesse de leurs ennemis. Il
feur ordonne de suivre les conseils de Simon leur frère, et d'obéir aux ordres de Judas
Maccabée qu'il établit leur général d'armée (chap. n).
Judas succède à son père en la charge de chef du peuple d'Israël. Il défait et tue
dans un grand combat Apollonius, qui commandait pour Antiochus dans la Samarie.
Séron, général de l'armée de Syrie, espérant acquérir de la gloire par la défaite de Judas,
vient 'l'attaquer avec une puissante armée. Judas marche au-devant de lui, plein de
confiance dans la justice de sa cause et dans la puissance de Dieu. Il défait l'armée
ennemie, et acquiert une grande réputation. Antiochus, irrité de la défaite de ses deux
armées, en lève une troisième, la paie pour un an, et s'en va en Perse. Il laisse à
Lysias le gouvernement de son royaume, et le soin de l'éducation de son fils, avec
ordre de détruire entièrement la Judée et d'exterminer tous les Juifs. Lysias y envoie
trois généraux avec quarante mille hommes de pied et sept mille chevaux. Judas et les
siens ont recours au jeûne, à la prière et à d'autres exercices de religion, pour se
disposer à combattre les ennemis ^chap. m). Gorgias, l'un des trois généraux, tâche
de surprendre Judas pendant la nuit, avec un détachement de l'armée royale. Judas en
est averti, et marche lui-même pour attaquer le camp des ennemis; il les charge, les
défait et les met en fuite. Revenu de la poursuite des ennemis, il empêche ses gens
de se jeter sur le butin, jusqu'à ce qu'ils aient défait le détachement commandé par
Gorgias. Ce général s'aperçoit de la défaite de l'armée; et, saisi de frayeur, il prend la
fuile°avec toute sa troupe. Judas pille alors le camp des ennemis, et chante les louanges
du Seigneur. Lysias lève une nouvelle armée plus nombreuse et plus forte que la pré-
cédente, et se met lui-même à la tète. Judas invoque le secours du Seigneur, taille en
pièces cinq mille hommes de l'armée ennemie et met le reste en fuite. Lysias retourne
à Antioche pour y lever de nouvelles troupes, et revenir en Judée. Judas, profitant du
repos que lui donnaient l'absence de Lysias et la défaite de son armée, va à Jérusalem,
purifie les lieux saints, y rétablit le culte du Seigneur, et fortifie la montagne de Sion
(chap. iv).
Les nations voisines de la Judée, irritées de ce qu'on y avait rétabli le culte du
Seigneur, prennent la résolution d'exterminer tous les Juifs, et en tuent quelques-uns.
Judas défait les Iduméens et les Ammonites, prend la ville de Gazer au-delà du Jour-
dain et revient en Judée. 11 marche au secours des Juifs opprimés dans le pays de
Galaad, et envoie son frère Simon au secours de ceux de Galilée qui étaient dans la
même oppression. Il laisse Joseph et Azarias pour garder la Judée, et leur défend de
rien entreprendre contre les ennemis. Simon défait les ennemis dans la Galilée, enlève
leurs dépouilles, délivre les Juifs opprimés et les emmène dans la Judée. Judas etJona-
thas, son frère, apprennent l'état déplorable où sont réduits les Juifs dans le pays de
Galaad. Ils marchent contre leurs ennemis, les défont et brûlent leurs villes. Timothée,
général des ennemis, rassemble une nouvelle armée, et se prépare à attaquer Judas.
6 INTRODUCTION
Judas le prévient, jette la terreur parmi ses troupes, les défait entièrement, et brûle la
ville et le temple de Carnaïm, où les fuyards s'étaient retirés. Il emmène dans la Judée
tous les Israélites qui étaient au pays de Galaad. Il prend, pille et détruit la ville
d'Ephron qui lui avait refusé le passage. Il arrive à Jérusalem, et y offre des sacrifices
en actions de grâces. Joseph et Azarias apprennent les heureux exploits de Judas et
de Simon, son frère. Ils veulent aussi rendre leur nom célèbre sur la terre. Ils marchent
contre Jamnia. Mais, au lieu de signaler leur courage, ils sont défaits par Gorgias, et
s'enfuient après avoir perdu environ deux mille hommes. Les troupes de Judas sont
honorées de tous les peuples. Il les mène contre les Iduméens qui étaient vers le midi
de la Judée, et à qui il prend Chébron. Il marche contre les Philistins, renverse leurs
autels, brûle leurs idoles, enlève le butin qu'il trouve dans leurs villes, et revient en
Judée (chap. v). Antiochus, ayant appris qu'Elymaïde, ville de Perse, était remplie de
richesses, entreprend de s'en rendre maître : il est repoussé par les habitants. Il
apprend en même temps la mauvaise issue de la guerre que ses généraux faisaient en
Judée. Il en est outré de douleur ; il tombe malade, et meurt. Son fils. Antiochus Eu-
pator, lui succède. Les étrangers qui étaient dans la forteresse de Jérusalem incom-
modent les Juifs. Judas les assiège; quelques-uns en sortent, et vont avec des impies
qui se joignent à eux, implorer le secours d'Eupator. Ce prince irrité entre en
Judée avec une armée formidable. Judas s'avance au-devant de lui avec le peu de
troupes qu'il commandait, et lui tue six cents hommes. Eléazar, frère de Judas, expose
sa vie pour le salut de son peuple : il est écrasé sous un éléphant après l'avoir percé.
Les Juifs, ne pouvant soutenir les efforts des ennemis, se retirent à Jérusalem. Eupator
les y suit. Il reçoit à composition la ville de Bethsura, et y met garnison. Il attaque les
lieux saints. Les Juifs les défendent avec un grand courage. Plusieurs d'entre eux se
retirent, faute de vivres. Lysias apprend que Philippe, nommé tuteur du jeune prince,
veut se rendre maître du gouvernement du royaume. Il conseille au jeune prince de
faire la paix avec les Juifs. Eupator y consent, et elle est conclue (chap. vi).
Démétrius, fils de Séleucus Philopator, qui était resté en otage à Rome, en étant
sorti, vient en Syrie, et recouvre le royaume qu'Antiochus Epiphane, son oncle, avait
usurpé sur lui. 11 fait mourir Eupator et Lysias, envoie en Judée Bacchide, et établit
grand prêtre l'impie Alcime. Bacchide et Alcime tâchent en vain de surprendre Judas.
Ils tuent soixante docteurs de la loi qui s'étaient fiés à leur parole, et à qui ils avaient
juré de ne faire aucun mal. Bacchide fait mourir plusieurs Juifs, laisse le gouvernement
de la province à Alcime, et va retrouver le roi. Alcime travaille à s'affermir dans la
principauté du sacerdoce. Les Juifs méchants et impies se joignent à lui, et font plus
de mal à leurs frères que n'en avaient fait les gentils. Judas s'oppose à ces désordres;
et Alcime, le voyant plus fort que lui, va l'accuser auprès du roi, qui envoie Nicanor
avec une armée nouvelle ; mais cette armée est défaite, et contrainte de s'enfuir.
Nicanor monte sur le mont de Sion. Il méprise les prêtres et les sacrifices qu'ils
offraient pour le roi. Il menace de brûler le temple, et se retire plein de fureur. Les
prêtres ont recours à Dieu, et Judas remporte une victoire complète : Nicanor est tué
le premier. Ses troupes, le voyant tué, jettent leurs armes et prennent la fuite. Celles de
Judas les poursuivent. Les peuples de la Judée les chargent de tous côtés, et les «tuent
tous. Ils s'enrichissent de leurs dépouilles, et font de ce jour une fête solennelle (chap.
vu). Le nom des Romains vient à la connaissance de Judas. Il est informé de la gran-
deur de leur puissance, de la valeur de leurs troupes, de la sagesse de leur gouverne-
ment, et de la protection qu'ils donnent à leurs alliés. Il envoie des ambassadeurs à
Rome pour faire alliance avec eux. Ici se trouvent rapportées la formule et les condi-
tions de cette alliance (chap. vin).
Démétrius renvoie Bacchide et Alcime dans la Judée avec ses meilleures troupes.
Judas ne laisse pas de les combattre avec huit cents hommes, et est tué dans le com-
bat. Ses frères l'enterrent avec honneur. Tout Israël le pleure pendant plusieurs jours.
INTRODUCTION 7
Les méchants profitent de sa mort pour se rendre maîtres du pays : en même temps sur-
vient une grande famine. Les amis de Judas choisissent Jonathas, son frère, pour les
commander à sa place. Bacchide cherche le moyen de tuer Jonathas, qui s'enfuit dans
le désert. Bacchide vient l'y chercher avec toute son armée. Jonathas envoie Jean, son
irère, prier les Nabathéens de l'assister. Jean est tué par les fils de Jambri. Jonathas
venge sa mort, et se retire vers le Jourdain. Bacchide vient l'attaquer avec une puis-
sante armée, Jonathas lui tue mille hommes, et passe le Jourdain en sa présence. Bac-
chide retourne à Jérusalem, et bâtit plusieurs forteresses dans la Judée. Alcime com-
mence à faire abattre les murailles du temple. Il est frappé de Dieu, et meurt dans
d'extrêmes douleurs. Bacchide s'en retourne vers le roi, son maître, et la Judée demeure
en paix. A la sollicitation des mauvais Juifs, Bacchide revient en Judée avec une puis-
sante armée pour surprendre Jonathas. Ce chef du peuple de Dieu se retire dans une
ville du désert, qu'il fortifie. Bacchide assiège cette place, Simon la défend, brûle les
machines de Bacchide, défait son armée, et l'oblige de se retirer. Bacchide irrité fait
mourir les hommes d'iniquité qui l'avaient rappelé en Judée. 11 fait la paix avec Jona-
thas, lui rend les prisonniers, se retire pour toujours dans son pays, et laisse la Judée
en paix (chap. ix). Alexandre Bala, qui se disait fils d'Antiochus Épiphane, s'empare de
Ptolémaïde. Démétrius lève une puissante armée pour le combattre; il s'efforce d'attirer
Jonathas dans son parti. Il lui donne le pouvoir de lever une armée, et lui remet toutes
les places qu'il avait dans la Judée. Alexandre tâche aussi de gagner l'amitié de Jona-
thas. Il lui écrit une lettre obligeante, lui confirme la souveraine sacrificature, et lui fait
de riches présents. Jonathas entre dans l'exercice de la sacrificature. Il lève une puis-
sante armée, et fait faire quantité d'armes. Démétrius lui écrit une lettre pleine de pro-
messes magnifiques pour lui et pour sa nation. Jonathas et son peuple ne croient point
sincères les propositions de Démétrius : ils les rejettent, et embrassent le parti
d'Alexandre. Celui-ci lève une nombreuse armée, marche contre Démétrius, le com-
bat, le défait et le tue. Il envoie des ambassadeurs à Ptolémée Philométor pour lui de-
mander son amitié et sa fille. Ptolémée lui accorde sa demande. Ils viennent à Ptolé-
maïde, où les noces se célèbrent avec une grande magnificence. Jonathas, à la prière
d'Alexandre, vient saluer les deux rois à Ptolémaïde. Il y paraît avec beaucoup d'éclat,
et leur lait de riches présents. Il y est accusé par ses ennemis. Alexandre refuse de
les écouter, et les couvre de confusion par les honneurs dont il comble Jonathas. Dé-
métrius, fils du précédent, part de l'île de Crète, où son père l'avait mis en sûreté pen-
dant la guerre, et vient en Cilicie. Il fait Apollonius général de son armée, et l'envoie
contre les Juifs, qui demeuraient fermes dans le parti d'Alexandre. Jonathas, vivement
touché des insultes d'Apollonius, choisit dix mille hommes et marche contre lui, lui
livre bataille, défait son armée, la met en fuite, brûle Azot et le temple de Dagon, avec
tous ceux qui s'y étaient retirés, et revient à Jérusalem comblé d'honneurs et chargé de
butin (chap. x).
Ptolémée, feignant de vouloir secourir Alexandre, son gendre, lève une grande-
armée, et s'empare de son royaume. Jonathas vient le voir à Joppé, et en est très bien
reçu. Ptolémée ôte sa fille à Alexandre, et la donne à Démétrius. Alexandre marche
contre lui, et perd la bataille. Il se retire auprès de Zabdiel, prince des Arabes, qui
lui fait couper la tète, et l'envoie à Ptolémée. Ptolémée meurt. Démétrius fait passer
au fil de l'épée les gens que le roi d'Egypte avait mis en garnison dans les places de
Syrie. 11 rentre en possession de ce royaume. Jonathas assiège la forteresse de Jéru-
salem. Démétrius le fait venir à Ptolémaïde pour conférer avec lui, et le comble d'hon-
neurs, malgré les calomnies de ses ennemis. Il accorde plusieurs immunités et de
grands privilèges aux Juifs, en considération et à la prière de Jonathas. Il congédie son
armée et ne garde que les troupes étrangères. Cette conduite lui attire la haine des
soldats, et donne lieu à Tryphon de vouloir élever sur le trône Antiochus, fils
d'Alexandre, qui était auprès d'Elmalchuel, roi des Arabes. Jonathas envoie prier
8 INTRODUCTION
Démétrius de retirer les garnisons qu'il avait dans les places de Judée. Démétrius pro-
met de le faire et de le combler de biens. Il lui demande du secours contre son peuple,
qui s'était révolté contre lui. Jonathas lui envoie trois mille Juifs, qui tuent cent mille
rebelles, délivrent le roi, et lui soumettent la ville d'Antioche. Démétrius, au lieu de
combler de biens Jonathas, comme il le lui avait promis, lui fait tout le mal qu'il peut.
Tryphon amène le jeune Antiochus, et le fait reconnaître pour roi. Ce jeune prince
combat Démétrius, et le met en fuite. Il écrit à Jonathas, lui confirme la souveraine
sacrificature, lui fait de riches présents, et donne à son frère Simon le gouvernement
de la Phénicie et de la Palestine. Jonathas, pour reconnaître les bienfaits d'Antiochus,
va lui soumettre les villes d'au-delà du Jourdain, qui tenaient encore le parti de Démé-
trius. II laisse à son frère Simon le soin d'achever les conquêtes qu'il avait commen-
cées, et il revient au secours de la Galilée, que les généraux de Démétrius avaient
attaquée. 11 marche contre les ennemis. 11 est abandonné des siens. Il a recours au Sei-
gneur. Fortifié par la prière, il attaque les troupes de Démétrius, les met en fuite ;
et son exemple ayant ranimé les siens, ils poursuivent les ennemis jusque dans leur
camp (chap. xi). Jonathas renouvelle l'alliance avec les Romains et les Lacédémo-
niens. 11 va ensuite au-devant de l'armée de Démétrius, qui veut le surprendre. Sa pré-
sence met la terreur dans le camp des ennemis ; ils prennent la fuite. Il les poursuit
sans pouvoir les atteindre. Il tourne ses armes contre les Arabes et les Syriens ; et son
frère Simon étend ses conquêtes jusqu'à Joppé. Jonathas relève les murs de Jérusalem,
et bâtit des forteresses dans la Judée, mais il se laisse surprendre par les artifices de
Tryphon. Il va avec lui à Ptolémaïde, où Tryphon le fait arrêter, et tue tous ceux qui
étaient avec lui. Tryphon envoie des troupes contre celles que Jonathas avait congé-
diées. Ces dernières montrent tant de courage et de fermeté, que celles de Tryphon
n'osent les attaquer. La prise de Jonathas met tout Israël en deuil, et relève le courage
de ses ennemis (chap. xn).
Simon va à Jérusalem, assemble le peuple, lui découvre la disposition où il est de
sacrifier sa vie, comme ont fait ses frères, pour le salut de sa patrie. Il est reconnu chef
de la nation, et tous promettent de lui obéir. Il rassemble une petite armée, rebâtit les
murs de Jérusalem, reprend Joppé et s'oppose aux. entreprises de Tryphon, qui, après
avoir tiré de lui de l'argent et les deux enfants de Jonathas, sous prétexte de délivrer
celui-ci, fait tuer le père avec ses deux enfants. Simon recueille les os de Jonathas, et
les ensevelit avec honneur. Il bâtit un tombeau magnifique pour son père et ses frères.
Tryphon tue le jeune Antiochus et s'empare de son royaume. Après avoir réparé les
places de Judée, Simon envoie offrir à Démétrius de se déclarer pour lui contre Tryphon.
Démétrius accepte ses offres, et décharge la Judée de tout impôt. Les Juifs sont délivrés
du joug des gentils et font de cet événement une époque nouvelle. Simon assiège et prend
Gaza. 11 en chasse tous les habitants, et y entre en chantant des hymnes au Seigneur.
Les Syriens enfermés dans la forteresse de Jérusalem, pressés de la faim, lui remettent la
place. Il y entre en chantant les louanges de Dieu. Il ordonne qu'on en célébrera tous
les ans la mémoire par une fête solennelle. Il établit son fils Jean Hyrcan général de
toutes les troupes d'Israël (chap. xm). Démétrius rassemble une armée, et marche
contre les Parthes. Il est défait et pris. Les Juifs jouissent d'une tranquillité parfaite
sous le gouvernement de Simon. Les Romains et les Lacédémoniens s'affligent de la
mort de Jonathas. Ils renouvellent leur alliance avec Simon, et lui écrivent des lettres
très flatteuses. Simon envoie des ambassadeurs à Rome avec de riches présents. Il
reçoit des Juifs la souveraine autorité sur eux en reconnaissance des grands services
qu'il avait rendus à la nation. Ici se trouve le dénombrement de ses belles actions
(chap. xiv).
Antiochus, autre fils de l'ancien Démétrius, prenant le titre de roi de Syrie à la place de
son frère, écrit à Simon des lettres très favorables, lui confirme tous les dons que ses
prédécesseurs lui ont faits, et promet de le combler d'honneur et de gloire. Antiochus
INTRODUCTION 9
entre dans le pays de ses pères. Tryphon est abandonné de ses troupes, qui se joignent
à celles d'Antiochus. Celui-ci poursuit Tryphon, et l'assiège dans Dora. Les Romains
écrivent en faveur des Juifs aux peuples qui étaient leurs voisins. Antiochus serre de près
Dora, et y tient Tryphon enfermé. Il refuse le secours et les présents de Simon, et lui
fait faire de très injustes propositions. Simon y répond avec beaucoup de modération.
Tryphon se sauve de Dora. Antiochus le poursuit, après avoir donné ordre à Cen-
débée de marcher contre les Juifs avec son armée (chap. xv). Simon envoie ses deux
fils, Judas et Jean, contre Cendébée, qui venait les attaquer avec l'armée d'Antiochus.
Cette armée est défaite et mise en fuite. Ptolémée, gendre de Simon, le fait tuer avec
deux de ses enfants, Mattathias et Judas, afin de se rendre maître de tout le pays.
Ptolémée demande du secours au roi Antiochus, et promet de lui livrer le pays. Il
envoie des gens pour tuer Jean Hyrcan, et pour se rendre maître de Jérusalem. Ils
sont découverts, et Jean les fait mourir. Ici finit le premier livre des Maccabées
(chap. xvi).
Le deuxième livre commence par la lettre des Juifs de Judée aux Juifs d'Egypte,
pour leur recommander de célébrer avec eux la fête de la nouvelle dédicace du temple,
établiée par Judas Maccabée (chap. ier). Elle est de l'an 188, de l'ère des Séleucides,
date marquée au verset 10. Ensuite se trouve une seconde lettre qui commence au ver-
set 1 . Cette lettre ne porte point de date ; mais elle dut être écrite lorsqu'on eut appris par
des bruits encore incertains les premières nouvelles de la mort d'Antiochus Epiphane.
Cette lettre remplit les vingt-sept derniers versets du chapitre ier et les dix-neufs
premiers du chapitre 11. A la suite de ces deux lettres se trouve une espèce de préface
qui contient les quatorze derniers versets du chapitre 11.
L'ouvrage commence au chapitre m. L'auteur y rappelle d'abord le bonheur des
Juifs sous le pontificat d'Onias m, et le respect que les rois étrangers avaient alors
pour le lieu saint : de là il vient à l'entreprise d'Héliodore. Simon, préfet de temple,
fait savoir à Séleucus Philipator, roi de Syrie, qu'il y a de très grands trésors dans le
temple et qu'il peut s'en rendre maître. Séleucus envoie Héliodore à Jérusalem pour
les enlever. Héliodore est d'abord bien reçu par le grand prêtre Onias; mais il déclare
son dessein, et toute la ville est dans la consternation. Les Juifs ont recours à la prière
et à la pénitence. Pendant que les prêtres invoquent le Seigneur, Héliodore veut en-
trer dans le temple. 11 en est chassé par des anges qui le frappent si rudement, qu'il
tombe comme mort. Le grand prêtre offre un sacrifice pour lui : Dieu lui rend la santé,
et lui fait dire par les mêmes anges qui l'avaient châtié, de remercier le grand prêtre à
qui il doit la vie, et d'annoncer partout la puissance de Dieu. Héliodore obéit à cet
ordre, et rend témoignage à la vérité.
Simon, qui avait attiré Héliodore, ose accuser Onias de cette infidélité. Onias va
trouver Séleucus pour le prier d'arrêter les violences de Simon. Antiochus Epiphane
succède à Séleucus 'son frère. Jason obtient à prix d'argent la souveraine sacrificature
qu'Onias, son frère, exerçait saintement. 11 commet toutes sortes d'impiétés. Il envoie
de l'argent à Tyr pour les sacrifices d'Hercule. Apollonius, officier d'Antiochus, est
envoyé en Egypte par ce prince. Antiochus vient à Jérusalem, et y est reçu magnifique-
ment. Ménélaiis enlève la souveraine sacrificature à Jason, en offrant à Antiochus une
plus grande somme d'argent. Antiochus ôte cette dignité à Ménélaiis faute de paie-
ment, et la donne à Lysimaque. Les habitants de Tharse et de Mallo se révoltent
contre Antiochus. Ménélaiis dérobe des vases sacrés du temple. 11 en est repris par
Onias, qui est tué par Andronique. Antiochus pleure la mort d'Onias et la venge sévè-
rement. Lysimaque commet des sacrilèges dans le temple par le conseil de Ménélaiis,
et est tué par le peuple. Ménélaiis est accusé devant le roi par des députés des Juifs.
Il promet une grande somme d'argent à Ptolémée, favori du roi, qui engage ce prince
à le déclarer innocent, et à envoyer ses accusateurs au supplice (chap. iv).
io INTRODUCTION
Des prodiges effrayants paraissent dans l'air au-dessus de Jérusalem durant quarante
jours. Jason se rend maître de cette ville, et y fait un grand carnage. Il est obligé de
s'enfuir, et il meurt misérablement. Antiochus se défie des Juifs, et entre en fureur
contre eux. Il prend par force la ville de Jérusalem, et en fait tuer les habitants. Il
entre dans le temple, profane les vases sacrés, en enlève les richesses et retourne à
Antioche. Il s'abandonne à un excès d'orgueil. Il laisse des intrigants dans la Judée
pour tourmenter le peuple. Il y envoie Apollonius qui y exerce de grandes cruautés.
Judas Maccabée se retire dans le désert, et y demeure avec les siens (chap. v). An-
tiochus force les Juifs d'abandonner les lois de Dieu pour embrasser le culte des
idoles. Il fait profaner le temple de Jérusalem, et le consacre à Jupiter Olympien. De
nouvelles cruautés sont alors exercées contre les Juifs fidèles à la loi du Seigneur. Ici
l'auteur interrompt sa narration pour faire remarquer le dessein de Dieu dans la con-
duite qu'il tenait alors sur son peuple. Il reprend l'histoire, et expose la fidélité et le
courage du saint vieillard Eléazar, la fausse compassion de ses amis, la fermeté de sa
foi, son attachement à la religion, la prière qu'il fait en mourant (chap. vi) ; ii y joint
le martyre des sept frères et de leur généreuse mère (chap. vu).
il revient à Judas Maccabée. Cet homme plein de zèle fortifie son parti, et attaque
les ennemis. Il invoque le Seigneur, et réussit dans toutes ses entreprises. Philippe,
gouverneur de Judée, demande du secours à Ptolémée, qui commandait dans la Ccelé-
Syrie. Ptolémée lui envoie Nicanor et Gorgias avec vingt mille hommes. Nicanor
vend par avance les esclaves qu'il comptait faire sur les Juifs. Judas, instruit de l'arrivée
et des desseins de Nicanor, en avertit les Juifs. Ils conjurent le Seigneur, et sont en-
couragés par les exhortations de Judas. Celui-ci partage son armée en plusieurs
corps, attaque les ennemis, et les force de prendre la fuite. Les Juifs enlèvent l'argent
de ceux qui étaient venus pour les acheter, et toutes les dépouilles de leurs ennemis.
Ils célèbrent le sabbat, et prient le Seigneur de se réconcilier avec eux. Ils continuent
de remporter de grands avantages sur leurs ennemis, et particulièrement sur Timothée
et Bacchide. Ils se rendent maîtres de plusieurs places, et font un riche butin. Nicanor
s'enfuit à Antioche, et y publie la puissance du Dieu des Juifs (chap. vm). Antiochus,
qui était allé en Perse, entreprend d'y piller un temple : il est honteusement repoussé.
Il revient, et, sur sa route, il reçoit la nouvelle de la défaite de ses généraux vaincus
par les Juifs. Il jure d'ensevelir tous les Juifs sous les ruines de Jérusalem, et hâte son
voyage pour exécuter promptement ce dessein. Dieu le frappe d'une plaie horrible, et
le force de publier sa puissance, de confesser sa propre faiblesse, et de reconnaître
que l'homme ne doit pas s'égaler à Dieu. Antiochus prie le Seigneur; mais sa prière
n'est point exaucée. 11 promet de réparer tous les maux qu'il avait faits aux Juifs, de
rendre au temple toutes les richesses qu'il en avait enlevées, de se faire juif, et de pu-
blier partout la grandeur du Seigneur. Il écrit aux Juifs, et leur recommande son fils
Antiochus, après l'avoir désigné pour son héritier. 11 meurt. Philippe, son frère de
lait, transporte son corps à Antioche, et se retire en Egypte (chap. ix).
Avant la mort d'Antiochus, Judas reprend le temple, le purifie et y rétablit le culte
du Seigneur. 11 célèbre cette fête pendant huit jours, et ordonne qu'elle sera célébrée
tous les ans à perpétuité. Antiochus Eupator succède à Epiphane son père, et donne
la conduite de son royaume à Lysias. Ptolémée, gouverneur de Ccelé-Syrie, meurt.
Gorgias inquiète les Juifs. Judas remporte plusieurs victoires sur les Iduméens. Timo-
thée vient en Judée avec une nouvelle armée pour s'en rendre maître. Les Juifs mar-
chent au-devant de lui, après avoir invoqué le Seigneur qui combat pour eux, et leur
fait remporter une victoire complète. Timothée prend la fuite. Il s'enferme dans la for-
teresse de Gazara. Il y insulte aux Juifs qui s'emparent de la forteresse, y mettent le
feu, le tuent avec son frère, et rendenl grâces au Seigneur par des hymnes et des can-
tiques (chap. x). Lysias rassemble une nouvelle armée de plus de cent mille hommes,
et marche contre les Juifs. Ils invoquent le Seigneur, qui leur donne des marques
INTRODUCTION il
sensibles de sa protection, et leur lait remporter une victoire complète. Lysias, recon-
naissant la puissance du Dieu des Juifs, leur demande la paix : Judas l'accorde, et fait
alliance avec Eupator. Lysias adresse à cette occasion une lettre aux Juifs. Eupator
en écrit deux autres, la première à Lysias, et la seconde aux Juifs, qui en reçurent
aussi une des ambassadeurs romains qui allaient à Antioche. Ces quatres lettres sont
rapportées textuellement (chap. xi).
Lysias retourne vers le roi, et laisse les Juifs en paix. Ils sont persécutés par les
gouverneurs des pays voisins de la Judée. Les habitants de Joppé font périr deux
cents Juifs par une noire trahison. Judas venge ce crime avec sévérité. Il punit de
même les habitants de Jamnia. Il marche contre Timothée. Il est attaqué par les
Arabes, les défait, et leur accorde la paix. Il prend la ville de Casphin, et y fait un
horrible carnage. Dosithée et Sosipater, qui commandaient avec lui, tuent dix mille
hommes des troupes de Timothée. Judas s'avance lui-même contre Timothée. A son
approche, Dieu répand la terreur parmi les ennemis. Ils prennent la fuite, et perdent
trente mille hommes. Timothée, qui avait été fait prisonnier, recouvre sa liberté, en
promettant de la rendre à plusieurs Juifs. Judas retourne à Camion, et y tue vingt-cinq
mille hommes. Il en tue autant à Ephron. Il va à Scythopolis. Il marche ensuite contre
Gorgias, qui obtient d'abord quelque avantage sur les Juifs, mais qui est ensuite
vaincu par la force des prières de Judas. Celui-ci rassemble ses gens à Odolla, s'y pu-
rifie, et y célèbre le sabbat. Il vient sur le champ de bataille pour ensevelir les morts.
Il trouve que ceux qui avaient été tués avaient caché sous leurs habits des choses
consacrées aux idoles, ce qui lui donne lieu de regarder leur mort comme une puni-
tion de Dieu. Il fait faire une quête, et envoie à Jérusalem offrir des sacrifices pour
leurs péchés (chap. xn). Eupator marche contre les Juifs avec une puissante armée.
Il fait mourir Ménélaus qui s'était joint à lui, dans l'espérance d'obtenir la souveraine
autorité sur ceux de sa nation. Judas exhorte les Juifs à avoir recours au Seigneur. Ils
passent trois jours dans les jeûnes, les humiliations et les prières. Ils marchent ensuite
contre Eupator, attaquent son camp pendant la nuit, y tuent quatre mille hommes, et
y jettent le trouble et l'effroi. Eupator assiège Bethsura. Il est repoussé, et obligé de
lever le siège, pour aller s'opposer à Philippe qui s'était révolté à Antioche. Il se ré-
concilie avec les Juifs, offre des sacrifices, et fait des dons au temple (chap. xm).
Démétrius, fils de Séleucus, vient pour se rendre maître de la Syrie. Alcime, qui
avait été déposé de la grande sacrificature, va trouver Démétrius, et l'irrite contre Judas
et contre les Juifs. Démétrius envoie Nicanor dans la Judée, avec ordre de prendre
Judas en vie. Les Juifs, après avoir invoqué le secours du Seigneur, marchent contre
les ennemis. Nicanor, n'osant hasarder un combat, envoie faire des propositions de
paix. Elles sont acceptées et la paix est conclue. Nicanor demeure à Jérusalem. Il se
lie d'amitié avec Judas, et l'engage à se marier. Alcime, jaloux de l'union de Nicanor
avec Judas, le décrie dans l'esprit du roi. Ce prince ordonne à Nicanor de lui envoyer
Judas lié et garrotté. Nicanor cherche l'occasion d'exécuter sa commission. Judas
s'aperçoit du changement de Nicanor à son égard : il se retire. Nicanor le poursuit,
et veut obliger les prêtres à le lui remettre. Il blasphème contre le temple du Seigneur.
On accuse auprès de Nicanor Razias, homme vertueux et fort zélé pour les Juifs.
Nicanor envoie cinq cents hommes pour l'arrêter. Razias les prévient et se tue
(chap. xiv). Nicanor veut attaquer les Juifs le jour du sabbat. Ceux qui servaient dans
son armée l'exhortent à respecter la sainteté de ce jour. 11 répond par un blasphème
plein d'orgueil. Judas met sa confiance en Dieu, et exhorte ses gens à ne point
craindre les hommes. Il les fait souvenir des grâces qu'ils ont reçues du Seigneur. Il
les arme, non de boucliers et de dards, mais de foi et de piété. Il leur rapporte une
vision qu'il avait eue; elle les remplit de courage et de confiance. Il implore de nou-
veau le secours du Seigneur, étant près de charger les ennemis. Il en tue trente-cinq
mille, et met le reste en fuite. Nicanor est trouvé au nombre des morts. Judas lui fait
12 INTRODUCTION
couper la tète et la main qu'il avait étendue contre la maison du Seigneur. Il fait don-
ner sa langue à manger aux oiseaux, et exposer sa tète au haut de la citadelle. Les
Juifs établissent en ce jour une fête solennelle pour célébrer à jamais la mémoire de
cette insigne victoire. Ils demeurent maîtres de la ville Sainte (chap. xv). Et c'est là
que l'auteur finit son ouvrage.
Ainsi, des quinze chapitres qui composent ce second livre, les deux premiers ne sont
qu'un préliminaire. Le troisième contient un fait arrivé sous le règne de Séleucus Phi-
lipator, et antérieur à l'histoire contenue dans le premier livre. Les douze derniers ré-
pondent aux sept premiers du premier livre; c'est la même histoire rapportée quelque-
fois avec plus de détail : nous en donnerons une concordance abrégée à la suite de
cette préface.
Non seulement on peut goûter un plaisir particulier dans la lecture des deux livres
canoniques des Maccabées, où tout est merveilleux, parce que c'est Dieu qui suscite
par une vocation extraordinaire ces généreux défenseurs de sa loi et de son alliance ;
mais on y trouve aussi partout de grandes instructions pour toutes sortes d'états, de
grands exemples de toutes sortes de vertus.
Ici, nous apprenons à obéir aux puissances en tout ce qui est juste et conforme à la
loi de Dieu ; mais non pas jusqu'à craindre d'encourir leur disgrâce, quand leurs
ordres se trouvent contraires à cette divine loi : car c'est alors qu'il faut dire, après le
père des Maccabées, ce que le prince des apôtres a dit depuis : // faut obéir à Dieu
plutôt qu'aux hommes (1).
Là, nous apprenons à perdre tout, plutôt que de nous départir de la foi que nous
avons promise à Dieu; à souffrir tous les tourments plutôt que de contrevenir à ses
ordonnances ; à confesser son nom sans déguisement, dût-il nous en coûter la vie,
plutôt que de la racheter par une dissimulation lâche et honteuse; bien persuadés que
la sincérité du culte qu'on se flatte de rendre à Dieu dans le secret du cœur ne justi-
fiera jamais le culte apparent qu'on fait semblant de rendre à Bélial, parce que ces
ménagements politiques ne sont que les fruits d'une prudence charnelle (2) qui donne
la mort.
Ici, on apprend à regarder tous les maux temporels plutôt comme des dons de la
miséricorde de Dieu, que comme des fléaux de sa colère ; à baiser avec respect la
main qui châtie ; à recevoir ses coups avec actions de grâces, bien loin de se révolter
contre elle par le murmure; à les craindre moins que la profanation de ce sanctuaire
intérieur, que chacun doit dresser à Dieu dans son cœur, pour y brûler en son hon-
neur une victime d'humilité, avec le feu de la charité.
Là, on apprend à purifier ce sanctuaire par les larmes d'une sincère pénitence,
quand il a été profané par cette idole de jalousie, qui n'est autre que l'amour criminel
d'un objet créé ; à y détruire l'autel qu'un feu étranger y a souillé ; à en faire un de
pierres toutes neuves, c'est-à-dire à se faire, avec le secours de la grâce divine, un
cœur nouveau, dont la consécration ne se renouvelle pas seulement tous les ans par
une fête solennelle, comme la dédicace du temple de Jérusalem, mais se perpétue en
quelque sorte à tous les moments de la vie.
Car, après tout, si d'un côté on voit que Dieu se déclare le vengeur de son temple
en faveur de ceux qui le servent avec fidélité, d'un autre côté, on y voit aussi qu'il ne
laisse pas longtemps impuni l'abus des choses saintes ; qu'il n'en diffère la peine que
pour la rendre plus éclatante ; mais que la plus terrible peine qu'il tire ici-bas est
lorsqu'il permet, dans sa colère, la profanation du temple même, la perte de la foi,
l'extinction de la religion.
(1) Ad. iv. 19. et v. 29. — (2) Rom. vm. 6.
INTRODUCTION 13
Enfin on voit partout, dans cette histoire des persécutions de la Synagogue sous
Antiochus, une image des persécutions que l'Eglise a eues à soutenir depuis sous les
empereurs païens, et de celles qu'elle aura à soutenir dans les derniers temps, sous la
domination des ennemis du nom chrétien sous le règne de l'Antéchrist. Mais on y
voit aussi la preuve de cette vérité si terrible de l'Evangile : Beaucoup d'appelés, feu
d'élus (1). On y voit que, tandis qu'une multitude d'hommes perfides et ingrats aban-
donnent la loi du Seigneur, il est peu d'hommes fidèles qui gardent son alliance; et
l'épreuve sert à les faire connaître.
Ainsi, non seulement les vertus des saints qui nous y sont dépeintes avec de si vives
couleurs nous édifient, mais les passions mômes des plus grands pécheurs, que nous
y voyons portées jusqu'à l'excès, nous instruisent, par la punition qui les suit de près.
La chute prompte des Jason, des Ménélaûs, des Alcime, qui n'achètent à prix
d'argent la grande sacrificature que pour dominer sur la foi des peuples et la pervertir,
apprend aux ambitieux que leur prospérité passagère, dans l'Eglise ou dans le siècle,
ne se termine que dans d'éternelles douleurs. La plaie subite qui humilie le superbe
Antiochus, jusqu'à lui faire implorer la miséricorde du Dieu d'Israël, qu'il avait insulté
avec tant d'arrogance, mais qui ne le convertit pas jusqu'à le rendre digne de la misé-
ricorde qu'il demande, apprend aux pécheurs incorrigibles qu'on ne se moque pas de
Dieu impunément; que ce souverain Juge (2) se rit souvent des pleurs des mourants,
qui se sont moqués de ses menaces pendant leur vie; et que (3) la mort dans le péché
est une suite presque inévitable de la vie qu'on a passée dans l'impénitence, parce
qu'un repentir tardif, qui n'a que des motifs humains, ne peut réconcilier Dieu avec un
cœur qui demeure ennemi de la justice.
Ce n'est là qu'une petite partie des instructions répandues presque à l'infini dans
ces livres divins pour affermir la foi, et régler les moeurs des chrétiens en général. Que
serait-ce si l'on voulait recueillir toutes celles qui peuvent convenir à chaque condition
en particulier, dans les actes héroïques de mille vertus différentes qu'on y voit briller
partout? Par exemple, quelle instruction pour les princes, les conquérants, les hommes
de guerre, dans la conduite pleine de piété de ces grands héros, qu'on voit toujours
vainqueurs dans les combats, couvrant le camp ennemi d'une multitude innombrable
de morts, souvent sans perdre un seul des leurs, mais qu'on voit toujours, aussi, se
préparant au combat par la prière, qu'ils continuent même pendant plusieurs jours, y
joignant quelquefois un jeûne volontaire, gardant même, dans l'ardeur du combat, le
jeûne prescrit par la loi, ne comptant que sur la puissance du Seigneur dans le fort de
la mêlée, ne s'y proposant que la gloire de Dieu pour fin, ne rapportant qu'à Dieu
toute la gloire du succès, par des actions de grâces solennelles qui suivent toujours la
victoire, ne profitant des dépouilles de l'ennemi, que pour en orner le temple, ou
pour partager ces fruits de la guerre avec les pauvres et les faibles, qui n'ont pu en
partager les fatigues avec eux !
11 est vrai qu'une troupe de ces généreux défenseurs de la patrie est défaite une
(ois, pendant que tout plie sous leurs coups partout ailleurs. Mais c'est que les chefs
de ce parti marchent à l'ennemi contre l'ordre, et qu'ils se proposent moins l'honneur
du Dieu de Jacob que leur propre gloire. Aussi ne sont-ils pas de la race de ceux par
qui le Seigneur a voulu sauver Israël. Mais en cela même, quelle instruction pour
tout homme constitué en dignité, et principalement pour ceux qui sont dans les pre-
miers postes de l'Eglise, de ne pas employer, contre l'ordre de Dieu, les armes spiri-
tuelles que l'Eglise leur met en main contre l'ennemi de Dieu qui est le péché, de ne
(1) Mali. ix. \ù\ xx. i6.— (2) Prou. 1. 26. — (j) Joan. vin. 21.
i4 INTRODUCTION
marcher jamais à ces saints combats que pour la fin pour laquelle ils sont envoyés,
comme ils ne doivent jamais s'engager dans cette milice sainte, qu'après s'être assurés
de la vocation de Dieu !
De même, quelle instruction, et pour les pères, dans les sages avis de Mattathias
mourant à ses enfants, auxquels il ne laisse pour héritage que la crainte du Seigneur,
et l'amour de sa loi ; et pour les mères chrétiennes, soit dans la générosité de ces
deux femmes fidèles, que toutes les menaces d'Antiochus ne peuvent empêcher de
donner à leurs enfants la circoncision, pour obéir à la loi ; soit dans le courage mâle
de cette mère de sept jeunes martyrs, qui ne se croit jamais plus véritablement mère,
que quand elle les enfante pour le ciel.
Peut-être néanmoins que, au milieu de tant d'actions si dignes de louanges, il s'en
trouvera quelques-unes qui paraîtront avoir besoin d'apologie, à ceux qui ne jugent des
choses que par l'extérieur, sans porter leurs vues plus loin. I! semble bien plus con-
forme aux règles de la piété, de souffrir patiemment la persécution, que de la repous-
ser par la force, comme ont fait les Maccabées, surtout quand on la souffre de la part
des princes mêmes auxquels on doit l'obéissance. Mais si l'on considère d'abord que
que ce n'est que par l'inspiration de Dieu qu'ils se sont portés à secouer le joug des
Syriens, auquel leur nation, libre de sa nature, n'avait été assujettie que par un effet de
la colère du Seigneur ; si l'on considère ensuite que la protection continuelle de sa
main, qu'ils ont éprouvée dans toutes leurs entreprises, est une preuve indubitable
qu'ils ne les ont formées que par le mouvement de son Esprit ; on comprendra aisément
que le législateur étant au-dessus de la loi, Dieu qui est le souverain maître, après
avoir tenu les Maccabées soumis aux Syriens pendant tout le temps qu'il avait destiné
pour leur épreuve, a pu les affranchir de cette servitude dans le temps marqué pour
leur délivrance; et qu'ils ont pu secouer ce joug par son ordre, sans être coupables de
révolte à ses yeux ; comme leurs pères autrefois purent bien, par le même principe,
dépouiller les Egyptiens, sans être coupables de larcin.
Il semble encore qu'après tant de preuves d'une continuelle assistance de Dieu, il
était peu digne de la piété de Judas de mettre sa confiance dans les hommes, en con-
tractant alliance avec des idolâtres, c'est à dire avec les Romains. Mais, outre qu'il
ne faut pas tenter Dieu, en négligeant les moyens humains que sa providence présente,
n'était-ce pas une chose louable dans Judas, de chercher à épargner le sang de ses
ennemis, pour assurer le repos de son peuple, en réprimant leur mauvaise volonté
contre lui par la crainte d'un allié qui paraissait plus puissant qu'eux? Après tout, si,
consultant plus en cela la prudence humaine que l'Esprit de Dieu, Judas a fait une
faute ; et si c'est pour l'en punir que plus de deux mille de ses soldats l'abandonnent,
pendant qu'il ne reste auprès de lui que huit cents hommes pour tenir tête à une armée
formidable, la manière courageuse et pleine de foi avec laquelle il se livre à la mort, en
combattant pour la gloire du Dieu d'Israël jusqu'au dernier soupir, la répare pleine-
ment. Et cette faute, s'il y en a quelqu'une, devient en même temps une belle leçon
pour tous les princes chrétiens, par l'occasion qu'elle donne à l'historien sacré de leur
faire voir dans le caractère de la république romaine, toute païenne qu'elle était, une
probité morale, une droiture, une équité naturelles, capables d'exciter l'émulation de
ceux qui sont éclairés de la lumière surnaturelle de la foi.
L'action de Razias, homme d'ailleurs recominandable par sa religion parmi les Juifs,
qui se tue lui-même, est encore moins excusable, si ce n'est point par un mouvement
extraordinaire de l'Esprit de Dieu, qu'il s'est porté à une résolution si contraire aux
règles ordinaires. Cependant on ne peut nier que cette action, tout irrégulière qu'elle
est, ne soit un effet de son zèle pour sa loi, mais d'un zèle moins réglé par la science,
que précipité par !a crainte de tomber entre les mains des incirconcis, crainte qui ne
lui laisse pas assez de liberté d'esprit pour bien juger de la qualité des moyens qu'il
INTRODUCTION
«5
emploie pour s'en délivrer : Eligens nolvliter mon', potius quam subdifus fierï peccato-
ritus (i) : il aime mieux mourir noblement, que de se voir assujetti aux pécheurs. Il
est vrai qu'il aurait mieux fait de mourir humblement, dit saint Augustin, puisqu'il l'au-
rait fait plus utilement : Mêlais vcllct humUiter : sic enim ulili/er. Mais au moins nous
apprend-il, par le stoïcisme avec lequel il endure les maux qu'il se lait à lui-même pour
l'amour de sa loi, avec quel courage le même amour doit nous faire souffrir tous les
maux que les ennemis de cette loi voudront nous faire éprouver.
(i) Mach. xiv. 42.
CONCORDANCE DES DEUX LIVRES CANONIQUES
D ES M ACCABÉES
I. Conquêtes d'Alexandre. Sa mort. Partage de son empire, i. Macc. i. 10. — Mort d'Antiochus le
Grand n. Macc. i. 10-17.
II. Entreprise de Séleucus Philopator. Héiiodore puni. n. Macc. m. integr. et iv. i. .
I I I. Commencement du règne d'Antiochus Épiphane. i. Macc. i. 11-16.
IV. Jason supplante Onias. Antiochus vient à Jérusalem. 11. Macc. iv. 7-22.
V. Expédition d'Antiochus contre l'Egypte, 1. Macc. 1. 17-22.
VI. Ménélaùs supplante Jason. Onias est tué. 11. Macc. iv. 23. ad finem.
VII. Prodiges dans l'air. Prise de Jérusalem par Jason. Sa mort. n. Macc. v. 1-10.
VIII. Antiochus ravage la Judée, prend Jérusalem, pille le temple. 1. Macc. 1. 21-29. et "• Macc. v.
1 1-23.
IX. Apollonius exerce de grandes cruautés à Jérusalem. 1. Macc. 1. 30-42. el 11. Macc. v. 24-27.
X. Antiochus oblige tous les peuples à embrasser le même culte. 1. Macc. 1. 43-44.
XI. Il force les Juifs à embrasser le culte des idoles. 1. Macc. 45-^. n. Macc. vi. 1-6.
XII. Il fait placer l'idole de Jupiter sur l'autel du Seigneur. 1. Macc. 1. <)7-62.
XIII. Suite des maux causés par Antiochus. 1. Macc. 1-63. ad finem. et n. Macc. v. 7-17.
XIV. Martyre d'Éléazar. 11. Macc. vi. 18. ad finem.
XV. Martyre des sept frères, et de leur mère. 11. Macc. vu. integr.
XVI. Zèle de Matthathias : exhortation qu'il adressée ses enfants. Sa mort. 1. Macc. n. integr.
XVII. Judas succède à son père, et défait Apollonius. 1. Macc. ni. 1-1 2.
XVI II. Il fortifie son parti. 11. Macc. vin. 1-7.
XIX. Défaite de Séron, 1. Macc. m. 1 3-26.
XX. Antiochus lève une nouvelle armée. Il s'en va en Perse. 1. Macc. 111. 27-37.
XXI. Ptolémée, Nicanor et Gorgias s'unissent contre Judas, et sont défaits. 1. Macc. m. 38.. ad fin.
iv. 1-27. el n. Macc. vin. 8-20.
XXII. Autres avantages remportés par Judas, n. Macc. vin. 30. ad fin.
XXIII. Défaite de Lysias. 1. Macc. iv. 28-35.
XXIV. Purification du temple. 1. Macc. iv. 36. ad fin. n. Macc. x. 1-8.
XXV. Victoires de Judas sur les Iduméens et sur les Ammonites. Défaite de Thimothée. 1. Macc. v.
integr.
XXVI. Mort d'Antiochus Épiphane. 1. Macc. vi. 1-17. et n. Macc. ix. integr.
XXVII. Commencement d'Antiochus Eupator. Victoires de Judas sur les Iduméens. Autre défaite
de Timothée. n. Macc. x. 9. ad finem.
XXVIII. Victoires de Judas. Paix conclue entre Eupator et Judas. Lettres de Lysias, d'Eupator et
des Romains, n. Macc. xi. integr.
XXIX. Autres avantages de Judas, n. Macc. xn. integr.
XXX. Judas assiège les Syriens qui étaient dans la forteresse de Jérusalem. 1. Macc. vi. 18-27.
XXXI. Eupator marche contre les Juifs, assiège Bethsura, attaque les lieux saints, fait la paix.
I. Macc. vi. 28. ad- fin. el n. Macc. xm. integr.
XXXII. Commencement de Démétrius Soter. Alcime l'irrite contre les Juifs. 1. Macc. vu. 1-7. et
II. Macc. xiv. 1-1 1.
XXXI I I. Bacchide et Alcime viennent en Judée. 1. Macc. vin. 8-25 . '
XXXI V. Nicanor vient en Judée, se lie avec Judas, puis le poursuit, et blasphème contre le Seigneur.
1. Macc. vu. 26-38. el n. Macc. xiv. 12-36.
XXXV. Mort de Razias. n. Macc. xiv. 37. ad finem.
XXXVI. Défaite de Nicanor. 1. Macc. vu. 59. ad finem, et n. Macc. xv. integr. Ici finit le 11e livre
des Maccabées.
LIVRE PREMIER
CHAPITRE PREMIER
Victoires d'Alexandre le Grand. Sa mort. Partage de ses états. Des Juifs impies se
séparent de l'alliance sainte. Antiochus Epiphane ravage la Judée et pille le temple.
Jérusalem est désolée par ses ordres. Il veut contraindre les Israélites d'abandonner
leur loi. Il fait dresser une idole dans le temple.
i. Et factum est, postquam percussit Alexander Phi-
lippi, Macedo, qui primus regnavit in Graecia, egressus
de terra Cethim, Darium, regem Persarum et Medorum,
2. Constituit praslia multa, et obtinuit omnium muni-
tiones, et interfecil reges terrœ;
i. Après qu'Alexandre, roi de Macédoine, fils de
Philippe, qui régna d'abord dans la Grèce, fût sorti du
pays de Céthim, et qu'il eût vaincu Darius, roi des Perses
et des Mèdes,
2. 11 livra plusieurs batailles; il prit les villes les plus
fortes de toutes les nations; il tua les rois de la terre.
COMMENTAIRE
■ f. i. Et factum est, postquam percussit
Alexander Philippi, Macedo, qui primus regna-
vit in Gr/ecia. La conjonction Et, se met sou-
vent au commencement des livres historiques des
Hébreux, commeon l'a remarqué plusieurs fois(i);
c'est probablement un hébraïsme, car ces divers
livres n'ont qu'un rapport très éloigné entre eux.
Alexandre, dont il est parlé ici, est Alexandre le
Grand, fils de Philippe, roi de Macédoine. // régna
d'abord dans la Grèce, il succéda à son père Phi-
lippe, et augmenta son royaume par ses conquêtes
dans la Grèce. Le texte semble dire qu'Alexandre
est le premier roi qu'on ait vu dans la Grèce (2) :
Qui primus regnavit in Grœcia; mais avant Alexan-
dre il y avait eu plusieurs rois, non seulement
dans la Macédoine, mais à Athènes, à Thèbes, à
Argos, à Lacédémone et ailleurs. Des exégètes,
sous le nom de Grèce, entendent ici l'Asie-Mineu-
re qu'on appelait du nom (j) de royaume de Javan
ou des Grecs. Le premier livre des Maccabées
ayant été certainement rédigé en hébreu, cette
opinion n'est pas invraisemblable. Mais l'historien
sacré avoulumarquersans doute tout simplementle
lieu d'où Alexandre était sorti, et où il avait régné,
avant qu'il eût vaincu Darius ; et par conséquent
on ne peut l'entendre que de la Grèce proprement
dite.
Egressus de terra Cethim. Primitivement,
Céthim désignait l'île de Chypre, plus tard il
désigna les îles de l'archipel, puis la Macédoine
et même l'Italie ; en général l'acception semble
comprendre les contrées grecques ou latines bai-
gnées par la Méditerranée. Ce qui put introduire
cette acception si générale, c'est que le nom de
Grèce même ne demeura point fixe. En face de la
Grèce proprement dite se trouvait, sur le territoire
latin, italien si l'on veut, la grande Grèce. Qu'un
étranger veuille expliquercette géographie bizarre,
il esl certain qu'il considérera la Grande-Grèce, à
cause de son titre ,de grande, comme supérieure
ou plus ancienne que l'autre. Nous sommes expo-
sés souvent à raisonner d'une manière aussi gau-
che quand nous nous fions aux apparences dans
les interprétations anciennes. Il est très facile,
pour peu qu'on tienne à se donner la réputation
de savant, en disant plus et autrement que d'au-
tres, de faire fausse route. Pour Céthim, voyez
le bel article de M. F. Lenormant (4).
Perc'ussit Darium, regem Persarum. C'est
Darius Codoman, dernier roi des Perses, vaincu
dans plusieurs combats par Alexandre, et mis à mort
par Bessus, à qui il avait donné l'intendance delà
Bactriane.
f. 2. Constituit pr^lia multa. // livra plusieurs
(1) Voyez les commencements de l'Exode, du Lévi-
tique, des Nombres, de Josué, de Judith, de Baruch,etc-
(2) E (JocoftEOGEv jv:' «mou rpo'tepo; iiù xijv E'XXâoa.
S. B. — T. XII.
Ms. Alex. Ilfôtspov. lia et Syr.
(4) Revue des Quest. historiques, hv. lxvii, 22; et suiv.
Il;
I. — MACCABÉES. — I. - ALEXANDRE LE GRAND
?. Et pertransiit usque ad fines terrœ, et accepit spolia
multitudinis gentium, et siluit terra in conspectu ejus.
4. Et congregavit virtutem, et exercitum fortem nimis;
et exaltatum est, et elevatum cor ejus;
5. Et obtinuit regiones gentium et tyrannos, et facti
sunt illi in tributum.
6. Et post hase decidit in lectum, et cognovit quia
moreretur.
;. Il passa jusqu'à l'extrémité du monde; il s'enrichit
des dépouilles des nations, et la terre se tut devant lui.
4. Il rassembla de grandes troupes, et une armée très
forte : son cœur s'éleva, et s'enfla d'orgueil.
5. Il se rendit maître des peuples et des rois, et les
assujettit à lui payer tribut.
6. Après cela, il tomba malade, et il connut qu'il allait
mourir;
COMMENTAIRE
batailles ; sans compter les combats qu'il livra dans
la Grèce, et où il fut toujours heureux ; il eut si
souvent à combattre contre les généraux de
Darius et contre ce monarque lui-même, contre
d'autres princes et contre les rois des Indes, qu'il
serait fastidieux de faire le dénombrement de ses
combats. Toutes ses conquêtes se firent avec une
rapidité surprenante ; il fut toujours accompagné
d'un bonheur si constant, qu'on ne peut pas dire
qu'il ait perdu aucune bataille considérable.
Daniel (1) le dépeint comme un bouc, qui vient
avec tant de promptitude, qu'il semble ne pas
toucher la terre.
Obtinuit omnium munitiones. Il n'attaqua
aucun ennemi qu'il ne lait vaincu ; il n'assiégea
aucune ville qu'il ne l'ait prise; il ne combattit
aucune nation, qu'il ne l'ait terrassée (2) : Cum
nutlo hoslium unquam congressus est, quem non
vicenl; nullam urbem obsedit, quam non expugna-
verit; nullam genlem adiil, quam non calcaverit.
f. ). Usque ad fines terrée. Jusqu'aux Indes.
Les anciens ne connaissaient rien au-delà (3).
Siluit terra in conspectu ejus. Tout lui obéit,
tout céda, tout plia sous son autorité et sous la
force de ses armes. Cette expression marque dans
Isaïe, un pays désolé, abandonné, vaincu (4).
Habacuc (5) : Que la terre se taise en présence du
Seigneur.
,v. 4. Exaltatum est, et elevatum cor ejus.
La prospérité gâta Alexandre ; il voulut se faire
passer pour un dieu ; il voulut qu'on le nommât
roi de tous les pays et de tout le monde (6) : Re-
gem se terrarum omnium ac mundi appellari jussit.
f. 6. Decidit in lectum, et cognovit quia
moreretur. Les uns croient que ce fut le poi-
son (7), d'autres veulent que ce tut l'excès du vin,
qui lui causèrent sa dernière maladie.
Un ancien auteur, qui a écrit un livre sur la mort
et la sépulture d'Alexandre et d'Ephestion (8),
raconte que ce prince, après avoir soupe avec ses
amis, demeura à table jusque bien avant dans la
nuit ; comme il se retirait, un de ses amis nommé
Médius, Thessalien, l'invita à boire et ceux qui
étaient avec lui. Ils se remirent à table au nombre
de vingt convives ; et, après avoir bien bu, Alexan-
dre demanda la coupe d'Hercule : c'est ainsi qu'ils
appelaient un grand vase à boire, qui tenait deux
congés, environ six litres. Il la but, et porta la
santé à Protée ; celui-ci fit raison au roi, et, peu
de temps après, ayant demandé de nouveau la
même coupe, il la but encore, et la présenta au
roi ; Alexandre prit la coupe et la vida, mais il
laissa tomber le vase sur la table et se jeta sur
son coussin ; alors, comme s'il eût été frappé d'un
coup mortel, il poussa un grand soupir et se plai-
gnit à haute voix. Ses amis le prirent et l'emme-
nèrent hors de la salle ; tel fut le commencement
de la maladie, qui l'enleva en peu de jours. Telle
fut la fin du vainqueur de l'Asie, de cet homme,
qui, ne se contentant pas des honneurs ordinaires
des mortels, affecta les hommages qui ne sont dûs
qu'à Dieu seul, de ce conquérant à qui l'univers
ne suffisait pas.
Le Saint-Esprit nous représente en ce lieu le
grand Alexandre, comme un conquérant, de qui
tous les princes et tous les peuples recevaient les
lois, devant lequel toute la terre se tut, par la
crainte que les nations eurent de ses armes vic-
torieuses, auxquelles nulle puissance n'osait résis-
ter. Mais il ne nous le représente si grand et si
puissant, que pour nous faire comprendre plus
sensiblement le néant de cette gloire qu'on esti-
mait tant. Son cœur s'éleva et s'enjla, dit le texte
sacré. Mais après s'être rendu maître des rois et
des peuples, il tomba malade, et il reconnut qu'il
devait bientôt mourir. C'est donc là que toutes les
grandes conquêtes d'Alexandre se sont terminées.
Son cœur s'est enflé d'orgueil, comme s'il avait
été immortel, en se voyant victorieux de l'univers.
Mais la maladie lui fait connaître qu'il est homme
comme un autre. Et il ne songe qu'il doit mourir
qu'étant proche de la mort. Qu'il a encore aujour-
(1) Dan. vin. <,. et 21. Hircus caprarum, rex Graeco-
rum est.
(2) Justin. I. xn. ad finem.
(?) Virg. Ultra Garamantas et Indos.
(4) Isai. xiv. 7. Conquievit et siluit omnis terra.
(5) Habac. 11. 20. Sileat a lacie ejus omnis terra.
(0) Justin, t. xn.
(7) D.odor. Sicul. I. xvii. et Justin, t. xn. ad finem.
Victus ad postremum, non virtute hostili, sed insidiis
suorum et fraude civili. Hieronrm. ep. ad Lœtam. - Oros.
tib. 111. c. 20.
(8; Ephipp. Olyntk. apud Alhen. I. x. c. II. Vide et
Diodor. Sicul. t. xvn.
I. — MACCABÉES.— I. - SA MORT
'9
7. Et vocavit pueros suos nobiles, qui secum erant 7- Et il appela les grands de sa cour, qui avaient été
nutriti a juventute, et divisit illis regnum suum cum adhuc nourris avec lui dès leur jeunesse ; et il leur partagea
viveret. son royaume lorsqu"il vivait encore.
COMMENTAIRE
d'hui d'imitateurs dans cette insensibilité qui con-
duit l'homme jusqu'au tombeau, sans qu'il ait
presque songé qu'il devait mourir !
f. 7. Vocavit pueros suos nobiles, qui secum
erant nutriti a juventute. L'histoire (1) nous
apprend que, le neuvième jour de sa maladie et
celui qui précéda sa mort, les soldats d'Alexandre
contraignirent, par leurs cris et par leurs menaces,
les amis de ce prince à les Jaisser entrer, pour le
voir et pour le saluer. Ils entraient par une porte
de sa chambre et sortaient par l'autre; Alexandre,
tout accablé qu'il était par la fièvre, se tint assis
sur son lit et présenta sa main à quiconque voulut
la baiser, jusqu'à ce que toute l'armée, depuis le
premier jusqu'au dernier soldat, fût passé près de
son lit (2). Après qu'ils furent sortis, le roi demanda
à ses amis, s'il leur semblait qu'ils dussent trouver
après sa mort un semblable roi. Comme tout le
monde demeurait dans le silence : je sais bien au
moins, ajouta-t-il, je prédis et je vois, pour ainsi
dire, de mes yeux, combien de sang on répandra
pour cette cause et par combien de morts et de
carnages on célébrera mes funérailles. Il ordonna
ensuite qu'on l'enterrât dans le temple d'Ammon ;
et ses amis lui ayant demandé à qui il laissait le
royaume : Au plus digne, répondit-il, ou au plus
vaillant. Il tira ensuite l'anneau de son doigt et le
donna à Perdiccas, ce qu'on interpréta, comme
s'il eût voulu lui confier la garde et la régence du
royaume, jusqu'à ce que ses véritables héritiers
en prissent eux-mêmes le gouvernement. Perdic-
cas lui ayant demandé quand il souhaitait qu'on
lui rendît les honneurs divins, il répondit : Quand
vous sere\ heureux. Ce fut la dernière parole
d'Alexandre (3) ; ainsi il abandonna ses états à
l'ambition de ses généraux. Lucain :
Nulloque haerede relicto,
Totius fati Iacerandas prasbuit urbes.
Ce qu'on vient de dire paraît assez contraire à
l'auteur sacré, qui enseigne qu'Alexandre parta-
gea son empire entre les grands de sa cour.
avant sa mort. Il y en a qui veulent (4), que cet
écrivain ait parlé en cela, plutôt suivant l'opinion
vulgaire, que selon l'exacte vérité. D'autres (ï)
disent qu'Alexandre partagea ses états, c'est-à-
dire, qu'il les laissa partager à ses officiers; il les
leur laissa, comme un père laisse son héritage à
ses enfants, sans se déclarer en faveur d'aucun
d'entr'eux, sans avantager l'un au-dessus de l'au-
tre ; alors il est censé leur donner à tous, et en
quelque sorte leur partager une égale portion.
Mais ne peut-on pas dire, qu'il en fit lui-même le
partage pendant sa vie, puisqu'il leur avait donné
les gouvernements des provinces avant sa mort,
et qu'on conserva presque partout la disposition
dont il était auteur, par déférence à son choix et
à sa volonté r1 Ce ne tut qu'après sa mort que les
gouverneurs qu'il avait établis voulurent se ren-
dre absolus dans les provinces.
Mais le bruit courut et s'accrédita même après
la mort d'Alexandre, qu'il avait partagé son em-
pire entre ses généraux. Quinte-Curce avoue que
ce sentiment avait été suivi par quelques anciens
nistoriens (6) : Credidêre quidam lestamento Ale-
xandri dislributas esse provincias : sed famam ejus
rei vanam fuisse comperimus. Diodore de Sicile
nous apprend aussi, que ce prince avait fait un tes-
tament pour le partage de ses états, et qu'il l'avait
déposé dans la ville de Rhodes, de préférence
aux autres villes (7). Alexandre ayant désigné Per-
diccas pour son successeur, en lui donnant son
anneau, il est censé avoir aussi, par avance, ratifié
et approuvé tout ce qui se fit après sa mort au
sujet de sa succession, en conséquence de cette
déclaration tacite qu'il avait faite de sa der-
nière volonté, en faveur de ce capitaine. Enfin la
Chronique d'Alexandrie porte expressément,
qu'Alexandre ordonna par son testament, que l'on
partageât les provinces de son empire entre les
généraux, de la manière que l'exécuta Perdiccas.
Après la mort d'Alexandre, l'armée et les géné-
raux déférèrent l'empire à Aridée, frère de ce
prince, et, comme Roxane, épouse d'Alexandre,
(1) Plutarch. Alex.- Lucian. Pseudomant. - Valer. Max.
lib. v. c. 2. - Quint. Curt. lib. x. c. 7.
(î) Justin, lib. xii. Dimissis militibus, amicos circums-
tantes percunctatur, videanturne similem sibi reperturi
regem. Tacentibus cunctis, tune ipse, ut hoc nesciat,
ita, illud scire, vaticinarique se, ac pêne oculis videre
dixit, quantum sit in hoc certamine sanguinis fusura
Macedonia, quantis cajdibus, quo cruore, mortuo sidî
parentatura... Cum deficere eum amici vidèrent, quarunt
quem imperii faciat hseredem; respondit, dignissimum.
Dicdor. Histor. lib. xvii. TYvt ri]v BastXafav ômokslnsu ;
tint, xàj xp aî:'a-a>. Et initio lib. xviu. T«J> âptetio.
(5) Quint. Curt. Ub. x. cap. 7.
(4) Vide Drus. hic. et Usser. ad an. 5681. et alios.
(î) Raban. D. Thom.'alii. Vide Alberic. Gentil. dispuU
in 1. Macc. cap. 2.
(6) Quint. Curt. lib. x.
(7) Dicdor. I. xx. A'Xî'ÇavSsoM ^fo■:tu^<<îav':, i'j'.r^j jid-
Xtota iu>v TtdXeuiv, xat trjv ûr.ip oXrj; T7J; SaaiXeia; ôtaOrj-/.r,v
Êxe'i ÔeaQai.
20
I. — MACCABÉES. — I. - PARTAGE DE SON EMPIRE
8. Et regnavit Alexanderannis duodecim,et mortuusest.
9. Et obtinuerunt pueri ejus regnum, unusquisque in
loco suo ;
10. Et imposuerunt omnes sibi diademata post mor-
tem ejus, et filii eorum post eos annis multis; et multi-
plicata sunt mala in terra.
il. Et exiit ex eis radix peccatrix, Antiochus illustris,
filius Antiochi régis, qui fuerat Romœ obses; et regnavit
in anno centesimo trigesimo septimo regni Graecorum.
8. Alexandre régna donc douze ans, et il mourut :
9. Et les grands de sa cour se firent rois, chacun dans
son gouvernement.
io. Ils prirent tous le diadème après sa mort, et leurs
enfants après eux, pendant plusieurs années : et les
maux se multiplièrent sur la terre.
il. C'est de là que sortit cette racine de péché,
Antiochus surnommé l'Illustre, fils du roi Antiochus, qui
avait été envoyé en otage à Rome, et qui régna la cent
trente-septième année du règne des Grecs.
COMMENTAIRE
était grosse de six ou de huit mois, on devait aussi
donner pour associé à Aridée, le prince qui devait
naître. Perdiccas, à qui Alexandre avait remis son
anneau un peu avant sa mort, fut reconnu régent
du royaume, ou plutôt il fut véritablement investi
de la royauté, puisqu'Aridée, dont on a parlé,
était incapable de gouverner. Le reste des char-
ges de l'empire fut ensuite distribué de la sorte :
Méléagre eut le soin du camp et de l'armée ; Sé-
leucus fut déclaré général de toute la cavalerie ;
Cratère fut fait trésorier général. Tout cela sous
la dépendance de Perdiccas (i). Mais cette dis-
position ne dura pas longtemps, comme nous le
verrons sur le ). io.
jr. 8. Regnavit Alexander annis duodecim.
Les historiens ne conviennent pas précisément
de la durée de son règne, mais ils ne s'éloignent
pas beaucoup de ce nombre de douze ans. Jules
Africain et Eusèbe(2) lui donnent douze ans et de-
mi de règne; Diodore de Sicile {}), douze ans et
sept mois; Aulu-Gelle (4), onze ans; Tive-Live^),
etÉmiliusProbus(6), treize; Arrien(7), douze ans
et huit mois. Mais Ératosthène cité dans Clément
d'Alexandrie (8), Tertullien (9), l'empereur Ju-
lien (10), Porphyre (1 1), Josèphe(i2), Orose(i3),
saint Jérôme, Théodoret (14) et d'autres, ne lui en
donnent que douze.
Quant à l'âge d'Alexandre, on n'est pas moins
partagé sur cet article, que sur ie précédent. Jus-
tin (15) lui donne trente-trois ans et un mois;
Cicéron (16) trente-trois; Philostrate (17) Eu-
sèbe (18), saint Jérôme (19) et quelques autres,
trente-deux; Arrien (20), trente-deux et huit mois.
ff. 10. Imposuerunt omnes sibi diademata
post mortem ejus. Perdiccas ayant été déclaré
régent, comme on l'a dit, assembla les généraux
de l'armée d'Alexandre, et leur distribua les pro-
vinces (21). Il serait trop long d'en faire ici le
dénombrement, il suffit de savoir que tous ces
gouverneurs, après s'être détruits l'un l'autre pour
la plupart, par leurs guerres mutuelles, furent ré-
duits à un petit nombre, qui prirent le diadème
en môme temps (2?), vers la douzième année après
la mort d'Alexandre. Ptolomée, fils de Lagus, ré-
gna en Egypte, Séleucus Nicator en Syrie, Cas-
sandre en Macédoine, Lysimaque dans la Thrace
et dans les provinces voisines. Ils s'abstinrent du
nom de roi et de la couronne royale, tant qu'il
y eut des enfants ou d'autres légitimes héritiers
d'Alexandre : mais la mère, les sœurs, et les
deux fils de ce prince, nés de Roxane et de Bar-
sine, ayant été tués, ils crurent pouvoir user de
leur bonne fortune (2;).
y. 11. Exiit ex eis radix peccatrix, Antio-
chus ILLUSTRIS, FILIUS ANTIOCHI REGIS, QUI FUE-
RAT Rom^e obses. Séleucus Nicanor, ou plutôt
Nicator, c'est-à-dire, le Vainqueur, fut la souche
de la race desSéleucides, qui régnèrent en Syrie ;
c'est de sa race que sortit Antiochus Epiphane ou
l'Illustre, dont l' Écrit u're fait ici le portrait, en
l'appelant racine de péché . Il fut fils d'Antiochus
le Grand, roi de Syrie, qui, ayant été vaincu par
les Romains, fut obligé de leur donner vingt
personnes en otage, du nombre desquelles était
Antiochus son second fils, qui depuis fut surnom-
mé Epiphane. Il demeura à Rome pendant envi-
(1) Quint. Curt. lib. x.- Diodor. t. xvin.- Justin, lib.xm.
Plutarck. in Alex.- Usser. ad an mundi j68i.
(2) Euseb. in Clironic. ex Jul. African.
(j) Diodor. I. xvn. ad fin.
(4) A. Gell. I. xvii. c. ai.
^5) Liv. t. ix. et xlv.
(6) AZinil. Prob. in Eumene.
(7) Arrian. lib. vu.
(8) Clem. Alex, strom. t. t.
(0) Terlull. contra Jud. c. 8.
(10) Julian. in Cœsar.
(il) Porphrr. in Grœc. Euseb. Scalig. p. 124.
[12) Joseph. An iq. I. xn. c. 2.
( 1 j) Oros. I. m. c. 2;.
(14) Hieron. et Théodoret. in Dan. xi.
(M) Justin, t. xii. in fine.
(16) Tull. Philippic. v.
(17) De vitis Sophist. I. 11.
(18) Euseb. Chron.
(19) Hieron. in Dan. vm. et îx.
(20) Arrian. t. vu. p. 167.
(21) Justin. I. xiii. initia.
(-2) Idem Ub. xv.
(2j) Idem ibid. Diodor. I. xx. Olymp. 118. an. primo.
Usscr. ad an. jOyO. item ad an. 5698.
!.— MACCABÉES.— I. - IMPIÉTÉ DES JUIFS
21
12. In diebus illis exierunt ex Israël filii iniqui, et
suaserunt multis, dicentes : Eamus, et disponamus testa-
mentum cum gentibus quas circa nos sunt, quia ex quo
recessimus ab eis, invenerunt nos multa mala.
12. En ce temps-là, il sortit d'Israël dos enfants d'ini-
quité, qui donnèrent ce conseil à plusieurs: Allons et
faisons alliance avec les nations qui nous environnent,
parce que depuis que nous nous sommes retirés d'avec
elles, nous sommes tombés dans beaucoup de maux.
ron quatorze ans ; son frère SéleucusIV, surnom-
mé Philopator, donna son propre fils, Démétrius,
pour otage à la place de son frère (i), et ainsi
Antiochus revint en Syrie. Avant son arrivée dans
ce pays, Séleucus mourut, et Antiochus se rendit
maître du royaume, à l'exclusion du jeune Démé-
trius son neveu, qui était demeuré en otage à
Rome en sa place. Le roi d'Egypte avait voulu se
saisir de la Syrie, mais le retour d'Antiochus,
appuyé des forces des rois Eumène et Attale,
déconcerta les Égyptiens et les obligea de se reti-
rer. C'est ce qui fit donner à ce roi de Syrie le
nom d'Antiochus Dieu Epiphanc, c'est-à-dire,
Dieu qui apparaît, qui se manifeste aux hommes;
parce qu'on regarda son arrivée si à propos, com-
me l'apparition d'une divinité favorable au bon-
heur de la Syrie. On lui donne pour l'ordinaire le
simple nom d'Épiphane, qu'on traduit par Illustre;
mais les antiquaires (2) remarquent, qu'on ne
trouve jamais sur ses médailles, qui sont fort com-
munes, le nom d'Épiphane, sans celui de Dieu,
qui lui est toujours joint. Il prit ce nom principa-
lement depuis que les Samaritains le lui eurent
déféré dans une députation impie, qu'ils lui envoyè-
rent pour se rédimer de la persécution que ce
prince faisait aux Juifs (3).
Pour se faire une idée du mauvais caractère de
ce prince, il suffit de lire ce que les auteurs profa-
nes en ont écrit (4). Souvent il sortait secrètement
la nuit du palais, et, s'écartant dans les rues éloi-
gnées, accompagné d'un ou de deux serviteurs, il
allait ainsi à travers la ville. Quelquefois il mar-
chait seul dans les rues, portant une couronne de
roses sur sa tête, et vêtu d'une robe brochée d'or,
ayant sous son bras des pierres, qu'il jetait aux
passants; on l'a vu, dans quelques occasions, je-
ter ce qu'il avait d'or et d'argent sur lui dans le
chemin, en criant : Attrape qui pourra ! Il se fai-
sait une espèce d'honneur de converser et de boire
avec des personnes de la plus vile condition, avec
des inconnus et des étrangers. Il aimait le vin
avec excès, s'enivrait souvent, et ne traitait guère
des affaires les plus sérieuses, qu'après avoir bu ;
il donnait au sommeil le jour qui suivait ses débau-
ches, et, s'éveillant le soir, il recommençait à
boire de nouveau. S'il savait quelque lieu où il y
eût des jeunes gens qui se divertissent, il y allait
COMMENTAIRE
avec des bouteilles, menant aussi des musiciens,
et troublait souvent la fête par sa présence. On
l'a vu dans les boutiques des orfèvres, parler de
ce qui regardait ce métier avec les maîtres, et
faire avec eux une vaine parade de ses connais-
sances. Il allait aux bains publics avec les der-
niers du peuple, et se faisait frotter et parfumer
devant tout le monde. Il n'avait point de honte
des saletés les plus honteuses, et commettait en
public, avec des femmes débauchées, des actions
que la pudeur réprouve. Toute sa conduite mar-
quait l'inconstance et la vanité de son esprit ; on
ne savait à qui le comparer, tant il y avait d'iné-
galité dans ce qu'il faisait. Quelquefois il quittait
ses habits royaux, et, imitant la manière pleine
de bassesse dont les Romains briguaient les char-
ges de la République, il prenait un habit blanc,
saluait et caressait tout le monde, et, les prenant
par la main, leur demandait leurs suffrages ; puis
il se faisait mettre une chaise d'ivoire, comme à
un édile, écoutait les plaintes, prononçait les sen-
tences, et entrait dans les derniers détails des
petites affaires de police. Il faisait ses libéralités
sans choix, sans jugement, sans esprit ; tantôt il
donnait de l'or, tantôt des os de moutons ou de
chevreuils, tantôt des dattes de palmiers. Tout ce-
la joint à la cruauté qu'il fit éclater dans la suite,
lui fit donner le nom d'Épimane, qui signifie un
fou, un furieux, au lieu d'Épiphane (<,). Voilà quel
était le persécuteur du peuple de Dieu, cette
racine d'iniquité.
Regnavit in anno centesimo trigesimo septimo
regni GR^coRUM.En l'an 175 avant l'ère vulgaire.
Il est à remarquer que Josèphe, les Juifs, et l'au-
teur du premier livre des Maccabées, commencent
ces années, ou cette ère, au mois de Nîsan, le
premier de l'année sainte, qui répond à nos mois
de mars et d'avril ; au lieu que l'auteur du second
livre en prend le commencement au mois de
Thischri qui répond à septembre et octobre.
De là un désaccorj de six mois. Les uns mettent
l'ère des Séleucides en septembre 312, les autres
en mars 311. La chronologie de Dreyss adopte
les deux dates : dans le texte, c'est 312, dans
la table, art. Syrie, c'est 311.
y. 12. In diebus illis exierunt ex Israël filii
iniqui. Pour entrer dans la pensée de l'historien,
(i) Polyb. lib. xxxv. Appian. Srriac.
(2) Vaillant. Hist. Re°. Svr. p. 194. BASlAEOi]
ANTIOXOT WËOY Eni^ANUYS.
[Il Joseph. I. xii. an. 145. Seteucid. - Vaillant. ibid> et p.içô.
(4) Vide Athen. lib. v. c. 4. et x. c. 12. et excerpta Dio-
dori a Vales. Hicron. in Dan. etc.
{^) Polrb. I. xxvi. hist. Apud Athen. t. x. KaXsî aùtov
£7:[piavrj, y.a.\ ou/, ijiri'avrj, o:a''. xà; TroiÇciç.
22
I.— MACCABÉES. — I. - IMPIÉTÉ DES JUIFS
'j. Et bonus visus estsermo in oculis eorum.
14. Et destinaverunt aliqui de populo, et abierunt ad
regem ; et dédit illis potestatem ut facerent justitiam
Gentium.
15. Et aedificaverunt gymnasium in Jerosolymis secun-
dum leges nationum,
16. Et fecerunt sibi prasputia, et recesserunt a testa-
mento sancto, et juncti sunt nationibus, et venundati
sunt ut facerent malum.
1;. Et ce conseil leur parut bon.
14. Quelques-uns du peuple furent donc députés vers
le roi; et il leur donna pouvoir de vivre selon les cou-
tumes des gentils.
15. Et ils bâtirent dans Jérusalem un gymnase à la ma-
nière des nations.
16. Et ils s'ôtèrent les marques de la circoncision : ils
se séparèrent de l'alliance sainte, et se joignirent aux
nations, et ils se vendirent pour faire le mal.
COMMENTAIRE
il est bon de remarquer ici que, sous le pontificat
d'Onias III, Jason, son frère, qui mourait d'envie de
lui succéder, alla trouver Antiochus Épiphane (1),
lui offrit trois cent soixante talents, avec promesse
de lui endonnerencorequatre-vingtspour d'autres
revenus, et cent cinquante autres dans la suite,
s'il voulait lui donner le gouvernement de Jéru-
salem, et lui permettre d'établir une académie,
ou un gymnase, comme chez les Grecs, et s'il
voulait accorder aux habitants de Jérusalem, le
droit de citoyens d'Antioche (2). Épiphane reçut
volontiers cet argent, et accorda à Jason tout
ce qu'il voulut ; mais le principal dessein de
Jason n'était pas celui qu'il exprimait dans ses
demandes ; il avait en vue de dépouiller son
frère Onias de la souveraine sacrificature : il
commença donc par là, et, prenant le gouver-
nement de la ville, il en changea lesanciens usages,
et y introduisit les coutumes des Grecs, toutes
contraires à celles des Juifs. Onias étant mort
vers le même temps, Antiochus lui substitua Jason,
moyennant, dit-on, une somme de trois mille six
cent soixante talents, qu'il devait lui payer chaque
année (}). Le nouveau pontite signala son impiété
par l'érection d'un gymnase, ou d'un lieu public
pour les jeux et les exercices ; de sorte que les
prêtres eux-mêmes, au lieu de vaquer aux fonc-
tions de leurs charges, s'occupaient aux exercices
de lalulteetdu palet ; ils tombèrent insensiblement
dans le mépris des coutumes et des lois de leurs
pères, et conçurent une estime excessive de tout
ce qui était en honneur chez les Grecs.
Jason fut dépossédé trois ans après par son
frère Ménélaùs, qui sut gagner les bonnes grâces
d'Antiochus Épiphane, et qui lui offrit trois cents
talents de plus que Jason lui en avait donné ; mais
ne s'étant pas mis en peine de payer la somme qu'il
avait promise, il fut cité à Antioche ; il laissa à
Jérusalem, en sa place, Lysimaque, qui ne se
rendit pas moins odieux que lui par ses crimes et
ses sacrilèges; il dépouilla le temple de Jérusalem
de ses plus grandes richesses, pour les distribuer
à ceux qu'il croyait propres à l'appuyer de leur
crédit ; mais il reçut la juste peine de ses crimes,
car il fut mis à mis à mort dans le temple même
qu'il avait profané (4). Il s'agit probablement, pour
l'évaluation de la monnaie, du talent attique qui
valait )$6ofr. oo.Lessommesparaissentexagérées.
Ex QUO RECESSIMUS AB EIS, INVENERUNT NOS
multa mala. Faux prétexte du changement de
religion. C'est ainsi que parlaient les Hébreux
du temps de Jérémie ('-,), c'est ainsi qu'on parlait
au commencement du christianisme ; on accusait
la nouvelle religion d'être la cause de tous les
malheurs qui arrivaient dans l'empire (6), au lieu
de les attribuera leur véritable origine, à l'impiété
générale.
f. 15. iCDIFICAVERUNT GYMNASIUM. Ils bâtirent
un lieu public d'exercices, un gymnase, une acadé-
mie ; ces lieux étaient destinés aux athlètes, qui
s'exerçaient à la course, à la lutte, à sauter, à
tirer de l'arc, à lancer le palet ; exercices pour
lesquels les Grecs étaient passionnés. Quelques
auteurs (7) ont cru qu'on enseignait dans ce
gymnase les lois et les lettres profanes.
f. 16. Fecerunt sibi pr^putia. Josèphe (8) :
Ils couvrirent les marques de leur circoncision, afin
qu'ils ne fussent pas différents des Grecs, lorsqu'ils
paraissaient nus dans leur gymnase. Voilà jusqu'où
les porta l'envie d'imiter les peuples gentils en
toutes choses. Ils effacent, autant qu'il est en eux,
la marque de l'alliance d'Abraham avec le Sei-
gneur, ils renoncent en quelque sorte par là, à
leurs plus glorieux privilèges, bien éloignés de la
piété et du zèle de leurs ancêtres, qui ne croyaient
pas pouvoir désigner leurs ennemis d'une manière
plus insultante et plus pleine de mépris, qu'en les
appelant incirconcts. La manière dont ils dégui-
(1) Usser. ad an. mundi 5820. - Vaillant, an. ij8. Scleu-
cid. 2. Epiphan.
(2) il. Macc. iv. 7. 11. et Joseph. Anliq. I. xii. c. (>.
(j) Vide Joseph, libel. de Macc. c. 2.
(4) 11. Macc. iv. 42.
(<,) Jerem. xliv. 18.
(6) Vide Tertull. Apotcg. - Aug. lotis lihris de civitate
Dei. item retracl. I. 11. c. 4J.
(7) Auctor Comment, in 1. Macc. sub nomine D. Tliom.
Lyran. Geneb.
(8) Joseph. Antiq.lib.xu. c. 6. Tf,v tfiiv a-ootav nspttoaV'
ÉJiexàXu'Iay, 6>; àv elêv xaî ta TUEpt trjv <X7:oousiv E"X).7]ve;.
I.
MACCABEES.— I.- IMPIÉTÉ DES JUIFS
saient leur circoncision, n'était pas inconnue aux
anciens ; les rabbins prétendent qu'elle doit son
origine à Ésaû (i), qui la mit, disent-ils, le pre-
mier en pratique, pour abandonner la religion
d'Abraham et de Jacob. Quelques-uns d'entre
eux soutiennent, que les Israélites, dans le désert,
avaient aussi caché la marque de leur circoncision,
ce qui obligea Josué à les circoncire une seconde
fois (2): Circumcide secundo. Les Juifs attachés
à Tobie et à Ménélaùs, les imitèrent dans leur
gymnase de. Jérusalem, dont il est parlé ici ; enfin
plusieurs Israélites eurent la môme faiblesse après
la ruine du temple par Titus. Pour se mettre à
couvert de la persécution et des outrages qui les
suivaient partout, ils s'avisèrent de faire revenir
le prépuce, afin qu'on ne pût plus les reconnaître
pour Juifs; mais Bar-Coziba, ou Bar-Cocheba
ies fit tous circoncire de nouveau. Les Samari-
tains ne recevaient aucun prosélyte de cette nation
dans leur société, qu'il n'eût non seulement abjuré
le judaïsme, mais encore aboli, autant qu'il se pou-
vait, sa première circoncision, pour se disposer à
en recevoirune nouvelle de leurs mains. Les Juifs
en usaient de même envers les Samaritains ; ce
qu'on aurait de la peine à croire, si saint Epi-
phane ( 5 ) ne nous en assurait expressément, et s'il
ne citait l'exemple du célèbre Symmaque, traduc-
teur des saintes Écritures, qui fut obligé de subir
cette loi à son retour chez les Samaritains, dont il
était sorti auparavant pour se faire Juif. Il semble
que saint Paul craignait quelque abus semblable
dans le christianisme, lorsqu'il veut que ceux qui se
convertissent du judaïsme à la religion chrétienne,
ne couvrent pas les marques de leur circoncision (4).
Saint Jérôme (5), et quelques commentateurs
après lui, ont cru la circoncision une marque per-
manente, tellement ineffaçable, que l'adresse des
médecins n'était pas capable de supprimer ce
signe, imprimé sur la chair des circoncis. Neque
enim poteslalis nostrœ est prœput'.um adducere posl
circoncisionem, juxla eos qui in Macchabœorum
libro dicunlur sibi fecisse prœpulia. Ils soutiennent
que le passage des Maccabées ne signifie que la
malice ou la négligence des pères, qui ne don-
nèrent pas la circoncision à leurs enfants après
leur naissance : Quod de nascenlibus fillis, non de
patribus dicilur. Origène (6) soutient de même
qu'il est impossible de faire renaître la pellicule,
qui est une fois coupée dans la circoncision ;
mais ailleurs (7) il reconnaît que des Juifs, pour
cacher la difformité qu'ils trouvaient dans la mar-
que de la circoncision, se mettaient entre les
mains des médecins pour retirer la peau ; saint
Épiphane (8) parle de l'instrument qu'on em-
ployait à cette opération, et des moyens dont 0,1
se servait pour faire reprendre la pellicule qui
avait été rompue ; Théophylacte insinue la même
chose (9); Cornélius Celsus a fait un chapitre
touchant cette opération (10). Enfin, les rab-
bins (11), et les plus habiles commentateurs ( 12), ne
doutent pas que ce ne soit la véritable explication
de cet endroit des Maccabées. Bartolin, dans
son ouvrage des maladies de la Bible, art. 26,
cite des autorités médicales, qui ont enseigné le
secret de couvrir les marques de la circoncision.
Galien en parle à peu près de même que Celse.
Buxtorf fils, dans une lettre à Bartholin, cite un
grand nombre de témoignages des Juifs, attes-
tant cette pratique comme usitée parmi les apos-
tats.
Recesserunt a testamento sancto. Ils se sé-
parèrent de l'alliance sainte, en supprimant la cir-
concision, qui en était le sceau; ils quittèrent en-
tièrement la religion juive, et apostasièrent hau-
tement. Cette apostasie est décrite dans Jo-
sèphe (13), et dans le second Livre des Macca-
bées (14).
Venundati ut facerent malum. Ils devinrent
comme les esclaves du péché, et les instruments
du démon pour détruire la religion de leurs
pères. Cette expression est familière aux Hé-
breux (1 5).
(1) Epiph. de Ponderib. n. 16.
(?) Josue. v. 2. Vide Mas. in hune loe.
(;, Etiphan. lib. de Mensur. el Pond:rib. n. 16. O'aot
•yàp inô I'ouoa'ojv Sa|iap£;rai; JtpoatpEÛyouŒtv, avxi7:£pi-csjj.-
vovxai ôaaÔTu ; >.a\ o'\ cuzr> SaaapeiTaiv Ttpo; l'ouSac'ou;
sp/ d[j.svot, tÔ ôà eti to'jkuv y aXsi:d:spov , ou /.ai a.izo
JtepiTopi^; à/.po'Suaw yivovrat.
(4) i. Cor.vn. i8.risp'.TEpi7]aEvo; tîç £xXr|(Jr) ; pir; irctajrâaOtu.
(5) Hieron. in Isai. lu. et in lovinian. I. 1. et Lyran. hic
et Rupert. de victona t. ix.c.18. et Haimo. in 1. Cor. vu. 18.
(6) Lib. iv. ricoi ipyaiv. c. 2.
(7) Philocatiœ c. I. Tt; ipEÎ àoixEîv tov Et Ouvatôv oià ir)v
Jïapa tou rroXXoî; vou.iÇo(j.s'vt)v ÉKttùJ 7T£pc:5'tjj.rîa0ai,s;tiOiô,ôvTa
Éautov tô È7:ia7C0(3aa6at.
(8) Epiphan. de Ponderib. et Mensur. TéyvT) tivï tatpufj
Otà zoù y.aXoupt.e'vo'j anaaOfjpo; Tr,v tiôv usX<J5v ôj:oOcpp.aitoa
ûiroj-aaOta'JE'vrcç pxsEvTEatc, /.al xoXXr,Twoî; TtoptoSeuOEVCE;
3t*po6jotfav àjit; àut^v xrtoTsXoùa:.
(9) Theophilact. in 1. Cor. vu. 18.
(to) Cornet. Cels. lib. vit. c. i<,.
(11) Lexic. Aruck. Vide Ioh. Buxtorf. ep. ad Bartol.
art. 26. de Morb. Bibl.
(12) Vide Sixt. sen. Bibl. t. tv.Serar. Fuller. Grot. Drus.
hic. et in 1. Cor. vu. 18. - Mcnoch. Tir. Vershorst. Capelt.
in 1. Cor. vu. 18. et alii.- D'Allioli.
(15) Joseph. Antiq. t. xn. c. 0. et lib. de Macc. c. 4.
(14) 11. Macc. iv. 19; v. 1$.
(15) Vide III. Reg. xxi. 25. - Rom. vu. 14. - Judith, vu,
14. etc.
24
I.
MACCABEES. — !.- GUERRE D'ANTIOCHUS CONTRE L'EGYPTE
17. Et paratum est regnum in conspectu Antiochi, et
cœpit regnare in terra ,-Egypti, ut regnaret super duo
régna.
18. Et intravit in /Egyptum in multitudine gravi, in
curribus, et elephantis, et equitibus, et copiosa navium
multitudine ;
19. Et constituit bellum adversus Ptolemasum, regem
>Egypti, et veritus est Ptolemaeus a facie ejus, et fugit,
et ceciderunt vulnerati multi.
20. Et comprehendit civitates munitas in terra ^Egypti,
et accepit spolia terrae /Egypti.
21. Et convertit Antiochus, postquam percussit
>Egyptum in centesimo et quadragesimo tertio anno, et
ascendit ad Israël.
22. Et ascendit Jerosolymam in multitudine gravi.
17. Et Antiochus, s'étant établi dans son royaume, com-
mença à vouloir régner aussi en Egypte pour se rendre
roi de ces deux royaumes.
18. C'est pourquoi il entra dans l'Egypte avec une
puissante année, avec des chariots, des éléphants, de
la cavalerie, et un grand nombre de vaisseaux.
19. Il fit la guerre à Ptolémée, roi d'Egypte; et Ptolé-
mée eut peur devant lui, et il s'enfuit avec perte de
beaucoup des siens.
20. Et Antiochus prit les villes les plus fortes de
l'Egypte, et s'enrichit de ses dépouilles.
2i. Et après avoir ravagé l'Egypte en la cent quarante-
troisiôme année, il revint, et marcha contre Israël,
22. Et s'avança vers Jérusalem, avec une puissante
armée.
COMMENTAIRE
jh 17. Paratum est regnum in conspectu An-
tiochi. Antiochus s'élani établi dans son royaume
de Syrie, voulut aussi se rendre maître de
l'Egypte. C'était le premier dessein d'Antiochus
le Grand, père d'Épiphane, en donnant sa fille
Cléopâtre en mariage à Ptolomée, roi d'Egypte,
et de Séleucus IV, en rappelant Antiochus Épi-
phane, son frère, de Rome (1). Quoiqu'Antiochus
Épiphane, tel que nous l'avons représenté, ne
fût nullement propre à conduire une entreprise de
cette conséquence, il ne laissa pas de la tenter et
d'y réussir. Ptolomée Philipator, et sa femme
Cléopâtre, sœur d'Antiochus Épiphane, avaient
laissé, par leur mort, le royaume à Ptolomée Phi-
lométor, qui n'était qu'un enfant ; Eulée et Lé-
née, qui gouvernaient en son nom, réclamèrent
la Cœlé-Syrie, qui avait été donnée en mariage à la
mère du pupille, et qu'Antiochus le Grand avait
reprise; Antiochus Epiphane n'avait nulle envie
de la rendre, et il prétendait, de plus, que le gou-
vernement du royaume d'Egypte lui était dû,
comme étant oncle et tuteur du jeune roi. 11 s'a-
vança jusqu'à Tyr, vint à Joppé, et de là à Jéru-
salem, où il fut reçu avec tous les honneurs ima-
ginables (2). Ceci arriva la quatrième année de
son règne; mais il n'alla pas plus loin vers
l'Egypte; il s'en retourna avec son armée en
Phénicie. Cependant les gouverneurs de l'Egypte
se préparaient à la guerre, pour l'obligera rendre
la Cœlé-Syrie. Antiochus, voyant la lenteur des
officiers du roi d'Egypte, alla lui-même les atta-
quer. Le combat se livra entre Péluse et le mont
Casius, et il remporta la victoire (2).
Comme cette bataille fut plutôt une déroute
qu'une véritable défaite, Antiochus ne tira pas de
grands avantages de sa victoire; mais étant re-
tourné en Egypte, l'année suivante, et l'ayant atta-
quée par mer et par terre, il en fit aisément la con-
quête et se rendit maître de tout le pays, sans
presque trouver de résistance (4). Pendant qu'il
était occupéau siège d'Alexandrie, on répandit le
bruit de sa mort ; cette nouvelle causa une grande
joie dans Jérusalem. On comprend si Antiochus
en fut irrité ; il vint mettre le siège devant la
ville, et, l'ayant emportée, il s'y rassasia de car-
nage. Quatre-vingt mille hommes furent égorgés
ou vendus (5). C'est de la deuxième expédition
contre l'Egypte, qu'il est parlé aux versets 17, 18,
19 et 20 de ce chapitre et au chapitre v du deu-
xième livre des Maccabées. Son entreprise contre
Jérusalem est marquée ici depuis le verset 21
jusqu'au 30. Nous avons rapporté ces événements
tout de suite, pour éviter les redites.
Cœpit regnare in terra jCgypti. Le grec à
la lettre (6) : // conçut le dessein de régner en
Egypte.
y. 21. Centesimo et quadragesimo anno.
169 avant l'ère vulgaire.
f. 22. In multitudine gravi. Il amena contre
cette ville son armée victorieuse, avec laquelle il
avait assujetti l'Egypte. Josèphe dit ici qu'Antio-
chus prit la ville sans résistance (7), car des traî-
tres lui en ouvrirent les portes. Mais ailleurs (8),
il est conforme à ce que l'Écriture nous en dit
dans le deuxième livre des Maccabées (9) : Civi-
tatem armis cepit.
(1) Vaillant. Hist. Rcg. Srr. p. 157. et 16c.
(2) 11. Macc. îv. 21. 22.
(j) Usser. ad an. 58 jj- - Polyb. Valesii. excerpla Dio-
dori. etc.
(4) Hieron. in Dan. xi. - Excerpla Diodor. p. ?io.
(5) 11. Macc. v. ij. 14. - Joseph, lib. de Maccab. et Ub. 1.
de Belle Jud. Vide Usser. ad an. 5854.
(6) Y'^éXocpE SocatXEÛaou 'fj; A'iyÛKt'iv.
(7) Anliq. I. xiii. c. 7. A fJ-a/.l't ).au.|3<ivEi -f,v tcoXiv,
àvotÇavTiDV âutôi taj JttJXa;, ôaoi x?j; Ê/.s:'vOj Tcpoatpsjsio;
r|iav.
(8) Joseph, de Bello Jud. I. 1. c. 1. et l. vi.
(9) 11. Macc. v. 11.
I. — MACCABEES.
I. - ANTIOCHUS A JERUSALEM
'■'■>
2;. Et intravit in sanctilicationem cum supeibia; et
accepit altare aureum, et candelabrum luminis, et
universa vasa ejus, et mensam propositionis,et libatoria,
et phialas, et mortariola aurea, et vélum, et coronas, et
ornamentum aureum quod in facie templi erat ; et com-
minuit omnia.
24. Et accepit argentum, et aurum, et vasa concupis-
cibilia ; et accepit thesauros occultas quos invenit, et
sublatis omnibus, abiit in terram suam.
25. Et fecit casdem hominum, et locutus est in super-
bia magna.
26. Et factus est planctus magnus in Israël, et in omni
loco eorum;
27. Et ingemuerunt principes et seniores, virgines et
juvenes infirmati sunt, et speciositas mulierum immutata
est.
28. Omnis maritus sumpsit lamentum, et quje sedebant
in thoro maritali lugebant ;
29. Et commota est terra super habitantes in ea, et
universa domus Jacob induit confusionem.
;o. Et post duos annos dierum, misit rex principem
tributorum in civitates Juda, et venit Jérusalem cum turba
magna.
?I. Et locutus est ad eos verba pacifica in dolo ; et
crediderunt ei.
?2. Et irruit super civitatem repente, et percussit eam
plaga magna, et perdidit populum multum ex Israël.
2,'. Il ontra plein d'orgueil dans le lieu saint, il prit
l'autel d'or, le chandelier où étaient les lampes, avec
tous ses vases, la table de proposition où les pains
étaient exposés devant le Seigneur, les bassins, les cou-
pes, les encensoirs d'or, le voile, les couronnes, et l'or-
nement d'or qui étaient devant le temple, et il brisa
tout.
24. Il prit l'argent, l'or et tous les vases précieux, et
les trésors cachés qu'il trouva; et ayant tout enlevé, il
s'en retourna en son pays.
2\ Il fit un grand carnage d'hommes, et il parla avec
un grand orgueil.
26 Alors il y eut un grand deuil parmi le peuple
d'Israël, et dans tout leur pays.
27. Les princes et les anciens furent dans les gémis-
sements, les vierges et les jeunes hommes dans l'abatte-
ment; et la beauté des femmes fut changée.
28. Tous les maris s'abandonnèrent aux pleurs; et les
femmes assises sur leur lit nuptial fondaient en larmes.
29. La terre fut émue de la désolation de ses habitants ;
et toute la maison de Jacob fut couverte de confusion.
;o. Deux ans après, le roi envoya dans les villes de
Juda un surintendant des tributs qui vint àJérusalem avec
une grande suite.
;i. H leur parla d'abord avec une douceur feinte, et
comme s'il fût venu dans un esprit de paix ; et ils le cru-
rent.
j2. Mais il se jeta tout d'un coup sur la ville, y fit un
grand carnage, et tua une grande multitude d'Israélites.
COMMENTAIRE
f. 22. Intravit in sanctificationem cum su-
perbia. Menelao duciore, qui legum et patriœ fuit
proditor,A\l le deuxième livre des Maccabées (1).
Les auteurs profanes (2) parlent de cette entre-
prise injuste et sacrilège d'Antiochus, qui, sans
aucun sujet légitime, prit de force une ville alliée,
y exerça d'horribles cruautés, pilla le temple, sa-
crifia des pourceaux sur l'autel, aspergea le temple
avec leur sang (3), et entreprit de changer les lois
des Hébreux. Josèphe nous apprend (4) que les
rois de Syrie, successeurs d'Antiochus, rendirent
aux Juifs d'Antioche les vases d'airain qu'il avait
emportés du temple, et qu'ils furent mis en dépôt
dans la synagogue de cette ville, où ils étaient
encore du temps de Titus.
Coronas, et ornamentum aureum quod in
facie templi erat. On ornait les façades du tem-
ple de couronnes d'or, de boucliers, et d'autres
ornements précieux, que les princes ou d'autres
personnes riches et pieuses, y offraient en ex-
voto (5).
Comminuit omnia. Le grec (6) ; // dépouilla
tout. Il enleva les lames d'or et d'argent qui cou-
vraient les lambris et les portes. En un mot, il ne
prit pas seulement les vases qui étaient d'or mas-
sif, mais il arracha aussi les lames précieuses qui
couvraient les différentes parties du temple.
jfr. 24. Thesauros occultos quos invenit. Les
dépôts, les richesses, les fonds ou les objets de
réserve, distincts des vases qui étaient en vue, et
à l'usage ordinaire du temple.
;v. 28. Omnis maritus sumpsit lamentum. Le
grec (7) : Les nouveaux mariés se mirent à faire le
deuil, à chanter des chants lugubres.
p. 30. Misit principem tributorum. Ce surin-
tendant, ou prince des tributs, est probablement
Apollonius, qui fut envoyé par Antiochus à la
tête d'une armée de vingt-deux mille hommes,
avec ordre de tuer tous les hommes d'un âge
mûr, et de vendre pour esclaves les femmes et
les enfants (8). Étant venu à Jérusalem, il affecta
des dispositions pacifiques, et attendit sans rien
dire jusqu'au jour du sabbat. Un grand nombre
de Juifs y vinrent du dehors pour accomplir leur
dévotion. Apollonius donna le signal à ses trou-
pes ; elles se répandirent dans tous les quartiers ;
la ville fut pillée et brûlée, et, après avoir fait un
carnage horrible des habitants, il prit dix mille
personnes qu'il emmena. C'est ce que nous ap-
prenons du second livre des Maccabées.
(1) Ibid. f.i^. ■
(2) Vide Polyb. Strab. Nicot. Damasc. Timagen. Castor
Appollodor. apud loseph. lib. 11. contra A ppion. - Dwdor.
lib. xxxiv. et Pholii Bibl. cud. 244.
( 3) Joseph, t. xii. 7. et xm. 16.
(4) Joseph de Belle I. vu. c. 21.
[<,) Voyez chap. iv. 57,
(6) E'Xejuos xâvea.
(7) lia; vL>|j.a>!Oç àvÈXajk 0p7Jvov.
(8; Vide 11. Macc. v. 24. 25. 26. et Joseph. Antiq. I. xu.
c. 7. et 1. Macc. m. 10.
26
I.
MACCABÉES.
I. - PILLAGE DE LA VILLE
jj. Et accepit spolia civitatis, et suscendit eam igni ;
et destruxit doraos ejus, et muros ejus in circuitu ;
?4. Et captivas duxerunt mulieres, et natos et pecora
possederunt.
?>;. Et aedificaverunt civitatem David muro magno et
firmo, et turribus firmis, et facta est illis in arcem ;
j6. Et posuerunt illic gentem peccatricem, viros ini-
quos, et convaluerunt in ea ; et posuerunt arma, et escas ;
et congregaverunt spolia Jérusalem,
j7. Et reposuerunt illic; et facti sunt in laqueum mag-
num.
j8. Et factum est hoc ad insidias sanctificationi, et in
diabolum malum in Israël ;
;*?. Et effuderunt sanguinem innocentem per circuitum
sanctificationis, et contaminaverunt sanctificationem.
40. Et lugerunt habitatores Jérusalem propter eos ; et
facta est habitatio exterorum, et facta est extera semini
suo ; et nati ejus reliquerunt eam.
41. Sanctificatio ejus desolata est sicut solitudo ; dies
festi ejus conversi sunt in luctum, sabbata ejus in oppro-
brium, honores ejus in nihilum.
42. Secundum gloriam ejus multiplicata est ignominia
ejus et sublimitas ejus conversa est in luctum.
4J. Et scripsit rex Antiochus omni regno suo ut esset
omnis populus unus, et relinqueret unusquisque legem
suam.
44. Et consenserunt omnes gentes secundum verbum
régis Antiochi ;
ij. H prit les dépouilles de la ville, et y mit le feu ;
il en détruisit les maisons, et les murs qui l'environnaient.
Î4. Ils emmenèrent les femmes captives, et ils se ren-
dirent maîtres de leurs enfants et de leurs troupeaux.
?ç. Et ils fortifièrent la ville de David, avec une
muraille grande et forte, et de bonnes tours; et ils en
firent leur citadelle.
56. Ils y mirent une race de péché, des hommes
corrompus, qui s'y établirent puissamment : Ils y appor-
tèrent des armes et des vivres, y assemblèrent et y
mirent en réserve les dépouilles de Jérusalem:
?7. Et ils s'y établirent, et ils devinrent un filet très
dangereux.
58. Ils dressèrent des embûches à tous ceux qui venaient
se sanctifier dans le temple; et ils furent sans cesse
comme le mauvais démon d'Israël.
;q. Ils répandirent le sang innocent autour du lieu saint,
et ils souillèrent le sanctuaire.
40. Les habitants de Jérusalem s'enfuirent à cause
d'eux : elle devint la demeure des étrangers et étrangère
à ses citoyens, et ses propres enfants l'abandonnèrent.
41. Son temple saint fut désolé, et devint une solitude :
ses jours de fêtes se changèrent en des jours de pleurs :
ses jours de sabbats furent en opprobre ; et tous ses
honneurs furent anéantis.
42. Le comble de son ignominie a égalé celui de sa
gloire ; et sa haute élévation a été changée en deuil.
4;. Alors le roi Antiochus écrivit des lettres à tout
son royaume afin que tous les peuples n'en fissent plus
qu'un, etque chaque peuple abandonnât sa loi particulière.
44. Toutes les nations consentirent à cette ordonnance
du roi Antiochus ;
COMMENTAIRE
jh 33. Succendit eam. Il en brûla la plus belle
partie (i\ et démolit tout ce qu'il n'enferma pas
dans l'enceinte de la muraille, qu'il y fit bâtir pour
servir de forteresse.
f. 35. jEdificaverunt civitatem David muro
magno. Ils bâtirent la citadelle de Jérusalem, ou
plutôt ls en augmentèrent les fortifications, et lui
donnèrent une plus grande étendue ; car il est
certain, par le second livre des Maccabées,
qu'avant la seconde expédition d'Antiochuscontre
l'Egypte, il y avait déjà une citadelle dans Jéru-
salem entre les mains des Syriens. Voyez 11. Macc.
iv. 27. et v. 5. Indépendamment des travaux qui
furent faits sur le mont Sion, dans la cité de Da-
vid, les Syriens bâtirent encore une citadelle dans
la ville Basse, comme le dit expressément Josè-
phe : E'v ift zârw r.o'Xst tozoîo'uTpsv â'/.pav (2).
f. 38. Factum est hoc ad insidias sanctifi-
cationi, ET IN DIABOLUM MALUM IN ISRAËL. Les
troupes qui étaient en garnison dans la cité de
David, étaient comme une ambuscade contre
tous ceux qui voulaient aller au temple ; quicon-
que entreprenait d'y monter, s'exposait nécessai-
rement à être volé ou tué par les soldats. Sanc-
tificalio, dans ce liyre, signifie ordinairement le
temple, le lieu saint. Diabolus malus, signifie un
calomniateur ou un ennemi, un mauvais génie,
image du démon, qui rôde autour de nous, comme
un lion rugissant, pour nous dévorer.
?. 40. FUGERUNT HABITATORES JERUSALEM. Le
peu de Juifs qui étaient restés dans la ville, fu-
rent obligés de l'abandonner, et ceux qui s'étaient
enfui auparavant, n'osèrent y revenir. De ce
nombre furent Judas Maccabée, et les autres
dont on parlera plus loin (3). Josèphe (4) nous
apprend que les Samaritains, voyant la haine
d'Antiochus contre les Juifs, et craignant de se
voir enveloppés dans la persécution, publièrent
qu'ils étaient Sidoniens d'origine. Ils écrivirent à
Antiochus, qu'ils qualifient Dieu manifesté, ou qui
apparaît aux hommes ; ils lui exposèrent que leurs
ancêtres ayant bâti un temple sur le Garizim,
sans le dédier à aucune divinité particulière, ils
souhaitaient de le dédier à Jupiter Grec, et le
priaient d'ordonner à Apollonius et à Nicanor, ses
gouverneurs, de ne pas les confondre avec les
Juifs.
f. 43. Ut esset omnis populus unus. Afin que
tous les peuples n'en fissent plus qu'un ; qu'ils sui-
vissent les mêmes lois, et les mêmes usages. De-
(i) Joseph, ibid. Ei\ér.\jpy)Si «jt/j; zx xdÉXXiata.
(2) Joseph. Ant. Jud. xu. 5.
(?) Vide 11. Macc. v. ult.
(4) Joseph. Antiq. I. XII. c. 7.
I. — MACOABEES. — I. - APOSTASIE DES JUIFS
45. Et multi ex Israël coiisenserunt servituti ejus, et
sacrificaverunt idolis, et coinquinaverunt sabbatum.
46. Et misit rex libros per manus nuntiorum in Jérusa-
lem et in otnnes civitates Juda, ut sequerentur leges gen-
tium terrœ,
47. Et prohibèrent holocausta, et sacrificia, et placa-
tiones fieri in templo Dei ;
«
48. Et prohiberentcelebrari sabbatum et dies solemnes ;
49. Et jussit coinquinari sancta, et sanctum populum
Israël;
so. Et jussit asdificari aras, et templa, et idola, et im-
immolari carnes suillas, et pecora communia;
51, Et relinquere filios suos incircumcisos, et coin-
quinari animas eorum in omnibus immundis et abomina-
tionibus, ita ut obliviscerentur legem, et immutarent
omnes justificationes Dei;
52. Et quicumque non fecissent secundum verbum régis
Antiochi, morerentur.
5;. Secundum omnia verba hase scripsit omni regno
suo, et prasposuit principes populo, qui hase cogèrent.
54. Et jusserunt civitatibus Juda sacrificare.
SS- Et congregati sunt multi de populo ad eos qui de-
reliquerant legem Domini, et fecerunt mala super terram;
56. Et effugaverunt populum Israël in abditis, et in
absconditis fugitivorum locis.
ST Die quinta décima mensis casleu, quinto et quadra-
gesimo et centesimo anno, aedificavit rex Antiochus abo-
minandum idolum desolationis super altare Dei; et per
universas civitates Juda in circuitu œdificaverunt aras;
4$. Et d» nombreux Israélites embrassèrent celte
servitude qu'il leur imposait ; ils sacrifièrent aux idoles,
et ils violèrent le sabbat.
46. Et le roi envoya des lettres par des hommes exprès
à Jérusalem, et à toutes les villes de Juda, afin qu'elles
eussent à suivre les lois des nations de la terre ;
47. Qu'elles empêchassent qu'on offrît dans le temple
de Dieu des holocaustes, des sacrifices, et des oblations
pour l'expiation du péché,
48. Et qu'on ne célébrât le sabbat et les fêtes solen-
nelles.
40. Et il ordonna qu'on souillât les lieux saints, et le
saint peuple d'Israël,
<,o. Qu'on bâtit des autels et des temples, qu'on dressât
des idoles, qu'on sacrifiât de la chair de porc, et d'autres
bètes immondes.
Si. Qu'on laissât les enfants mâles incirconcis; et
qu'ils souillassent leurs âmes par toutes sortes de viandes
impures, et d'abominations; en sorte qu'ils oubliassent
la loi de Dieu, et qu'ils renversassent toutes ses ordon-
nances :
52. Et il commanda que si quelqu'un n'obéissait pas à
cet ordre du roi Antiochus, il fût aussitôt puni de mort.
S?. Il écrivit de la sorte dans tout son royaume, et il
établit des officiers pour contraindre le peuple d'obéir à
cet édit.
54. Ils ordonnèrent donc aux villes de Juda de
sacrifier.
SS- Et plusieurs du peuple vinrent se joindre à ceux
qui avaient abandonné la loi du Seigneur, et ils firent
beaucoup de maux dans le pays.
56. Ils contraignirent le peuple d'Israël à s'enfuir dans
des lieux écartés, et à chercher des retraites où ils pus-
sent se caclier dans leur fuite.
57. Le quinzième jour du mois de Casleu, en la cent
quarante-cinquième année, le roi Antiochus dressa
l'abominable idole de la désolation sur l'autel de Dieu ;
et on bâtit des autels de tous côtés dans toutes les villes
de Juda :
COMMENTAIRE
mère superslilionem, et mores Grœcorum dare
adnixus, dit Tacite (1). Il envoya en Judée un
sénateur d'Antioche ( 2j, pour souiller le temple de
Jérusalem, y faire cesser les sacrifices, et le dédier
ensuite à Jupiter Olympien. On publia les ordres
du roi à Jérusalem, et dans les autres villes de la
province.
f. 4<j. Multi ex Israël consenserunt servi-
tuti ejus. Plusieurs d'entre les Israélites embras-
sèrent celte servitude, ou mieux avec le grec (5),
embrassèrent ce culte, ou adhérèrent à la fausse
religion. A«,ce;a est la traduction grecque du mot
m;y 'abodâh, qui signifie à la fois service divin et
servitude.
y. 49. Jussit coinquinari sancta, et sanctum
pupulum Israël. Il commanda qu'on offrît des
sacrifices d'animaux impurs dans le temple ; qu'on
répandît du sang impur dans le lieu saint, et qu'on
contraignît ceux des Israélites qui résistaient
encore et les prêtres, à manger des viandes défen-
dues.
fi. <,o. Aras, et templa, et idola. Le texte
porte (4) : Qu'on bâtît des autels, qu'on plantât
des bois sacrés, et qu'on fît des temples aux idoles
h 57. Die quinta décima mensis casleu. Le
mois de Casleu répond à nos mois de novem-
bre et décembre, et la cent quarante-cinquième
année de l'ère des Séleucides tombe en 167.
Dans toute la suite de ces livres, on lit le vingt-
cinquième jour de Casleu ('-,), comme celui de la
profanation du temple. Peut-être y a-t-il une
faute de copiste, ou bien a-t-on commencé les
travaux le 1 5 et (ait l'inauguration dix jours après,
quand tout fut terminé.
(1) Tacit. hist. lib. v.
(2) 1. \lacc. vi. 1. et seq.
(j) E'uôoxrjaav trj Xat^eia àutoO.
(4) O'i/.oôofAfjaat 6fo[j.où;, xat •.Eo.^VT), xa't éiStoXeîa.
(5) Vide 1. VJacc. 1. 52; iv. 52. et 59. et 11. Macc. 1. \i
et x. 5.
28
I. — MACCABÉES. - I. - PERSÉCUTION
$8. Et ante januas domorum, et in plateis incendebant
thura, et sacrificabant ;
S9. Et libros legis Dei combusserunt igni, scindentes
eos;
58. Et ils diraient de l'encens, et sacrifiaient devant
les portes des maisons et au milieu dîs rues.
$9. Ils déchirèrent les livres de la loi de Dieu, et les
jetèrent au feu ;
COMMENTAIRE
jEdificavit rex Antiochus abominandum ido-
lum desolationis, super altare Dei. On attri-
bue avec raison à ce prince tout ce que firent les
officiers en suivant ses ordres. L'idole abomina-
ble qui fut placé? dans le temple n'est autre que
la statue de Jupiter Olympien(i), qu'Antiochus y
fit mettre. Daniel (2) avait prédit cette profana-
tion longtemps auparavant, et Notre Seigneur,
dans l'Évangile (3), prédit une abomination sem-
blable, qui arriva après que les Romains eurent
pris la ville et brûlé le temple.
Daniel (4) avait très expressément marqué cette
circonstance dans sa prophétie, lorsqu'il avait dit
qu'on souillerait le sanctuaire, qu'on abolirait le
le sacrifice perpétuel, et qu'on mettrait dans le
temple l'abomination de la désolation; c'est-à-
dire, l'idole profane et abominable de Jupiter
Olympien. Cette profanation porta, en effet, la
dernière désolation dans J érusalem, parmi les vrais
fidèles ; ils ne purent voir cette idole dans le sanc-
tuaire, sans être blessés jusqu'au cœur. Le Tout-
Puissant souffrait cet outrage, lorsqu'il lui était
facile de l'empêcher : et il le sourirait, parce qu'il
voulait que cette profanation extérieure de son
temple fût en quelque sorte la figure et le châti-
ment d'une autre sorte d'abomination, qui, pour
être moins sensible, n'en était pas moins horrible
devant ses yeux.
Cette abomination était celle ou cœur même
de son peuple, qui n'avait pas craint de souiller ce
sanctuaire intérieur et spirituel par tant de crimes ;
qui avait cessé de lui offrir le sacrifice perpétuel
de son amour, en se vendant au péché, comme
parle l'Écriture, et qui, de l'autel de Dieu, dressé
au fond de son âme comme en un lieu saint, avait
fait un autel d'idolâtrie par l'abominable désola-
lion qu'il y avait introduite, en substituant à
l'hommage qu'il devait lui rendre, l'adoration des
dieux des païens et l'amour de toutes les choses
qu'il lui défendait.
Ainsi tous ces différents autels que l'on bâtit
dans toutes les villes de Juda, étaient comme
autant de monuments extérieurs des prévarica-
tions spirituelles de Juda. On brûlait de l'encens,
et on sacrifiait aux idoles devant les portes des
maisons, comme afin de reprocher à ce peuple
ingrat, et de lui remettre devant les ye»ix cet autre
encens, ces autres sacrifices qu'il avait offerts tant
de fois aux créatures, dont il avait préféré l'amour
à celui de Dieu. Les livres mêmes de la loi furent
déchirés el jetés au feu, pour faire connaître à
Israël qu'il s'était rendu indigne de cette loi, dont
il avait violé la sainteté en tant de manières.
Enfin, tout ce qu'on vit arriver alors de plus
funeste dans la désolation du temple et de la ville
de Jérusalem, n'était qu'une image de ce qui
s'était passé auparavant, et de ce qui se passe
dans le cours de tous les siècles au fond
du cœur de la plus grande partie des hommes,
contre ce qu'on doit à Dieu et à la sainteté in-
violable de sa loi. Pourra-t-on en être surpris,
lorsqu'on entend Jésus-Christ même déclarer aux
femmes qui le suivaient, toutes fondantes en lar-
mes, lorsqu'il marchait chargé de sa croix vers le
Calvaire, que ce n'était pas sur lui, mais sur elles-
mêmes et sur leurs enfants, qu'elles devaient plu-
tôt pleurer (;). Car en effet, la mort du Fils de
Dieu, et les profanations de son temple n'étaient
que des suites naturelles des crimes commis. Les
hommes pouvaient juger par là combien ils doi-
vent pleurer leurs propres péchés, puisqu'ils
étaient capables de produire de si effroyables
renversements.
jK <;8. Ante januas domorum, et in plateis
incendebant thura. On portait sans doute de
petits autels, ou des trépieds, ou des encensoirs,
et des réchauds devant chaque maison, afin
d'obliger chaque famille d'offrir de l'encens aux
fausses divinités; ou, si l'on veut, l'on érigea de-
vant chaque maison un autel avec piédestal à
Trivia, déesse qui présidait aux portes et aux
carrefours. Le culte de cette fausse divinité
n'était pas inconnu aux Hébreux. Isaïe le leur
reprochait longtemps avant la captivité (6). Les
Grecs avaient des niches et des statues d'Hécate,
presque à toutes leurs portes (7). Ils les appelaient
e'xaTEtov ou exâtatov (8). Ils avaient aussi leurs Ju-
piter, Apollon, Mercure, qui présidaient aux
rues (9).
y. ',(). Libros legis combusserunt igni. Josè-
(1) II. Macc.vi. 2. Contaminarc quod in Hicrosolymis
erat templum, et cognominare Jovis Olympii.
(2) Dan- xi. Ji.
(;, Mail. xxiv. n.- Marc. xiu. 14.
(4; Dan. XI. 51.
1 C) Luc. xxtn. 28.
(6) Vide ad Isai. lvii. 8. et Macrob. Saturnal. I. 1. c.9.
(7) V ide Aristophan. in Vespis. Alschil. Castcllan. de
feslis Grœc. in E'xcrcrjffiet.
(8) Hesvch. E'/.atoua, xà. r.po Oupav E'xxcfj? àyàXpiaTa.
(9) Zeù; '.m E'pu.r|4 àYupiîot. A'noXXwv âyuiêu;. Z^ù;
Ipy.eîo:.
I. — MACCABÉES. — I. - SA RIGUEUR
29
00. Et apud quemcumque inveniebantur libri testnmenti
Domini, et quicumque observabat legera Domini, se-
cundu.ii edictum régis trucidabant eum.
6t. In virtute sua faciebant haec populo Israël, qui in-
veniebatur in omni mense et mense in civitatibus.
62. Et quinta et vigesimtdie mensis, sacrificabant super
aram quas erat contra altare.
6?. Et mulieres quas circumcidebant rilios suos truci-
dabantur, secundum ;ussum régis Antiochi;
64. Et suspendebant pueros a cervicibus per universos
domos eorum, et eos qui circumciderant il 1 os trucidabant.
65. Et multi de populo Israël definierunt apud se ut
non manducarem immunda, et elegerunt magis mori
quam cibis coinquinari immundis ;
60. Et si l'on trouvait chez quelqu'un les livres de
l'alliance du Seigneur, s'il observait la loi du Seigneur,
il était tué aussitôt, selon redit du roi.
61. C'est ainsi qu'ils traitaient avec violence tout le
peuple d'Israël, qui se trouvait chaque mois dans toutes
les villes.
62. Et le vingt-cinquième jour de chaque mois, ils
sacrifiaient sur l'autel qui était opposé à l'autel de Dieu.
6;. Les femmes qui avaient circoncis leurs enfants
étaient mises à mort, selon le commandement du roi
Antiochus.
64. Ils pendaient les enfants au cou de leurs mûres,
dans toutes les maisons où ils les avaient trouvés; et ils
tuaient ceux qui les avaient circoncis.
6;. Alors plusieurs du peuple d'Israël résolurent en
eux-mêmes de ne rien manger de ce qui serait impur; et
ils aimèrent mieux mourir que de se souiller par des
viandes impures.
COMMENTAIRE
phe dit qu'on détruisit la loi, et tout ce qu'on
trouva de livres sacrés (1), et Sulpice Sévère (2)
assure qu'on brûla les livres de la loi et des pro-
phètes. Les Juifs eurent grand soin de sauver
tout ce qu'ils purent de leurs monuments sacrés.
Et nous verrons plus loin (}), que Judas en avait
conservé des exemplaires, et qu'il travailla à ra-
masser tout ce qui avait échappé à la fureur des
persécuteurs (4).
jh 6l. QUI 1NVEN1EBATUR IN OMNI MENSE IN
civitatibus. Les commentateurs sont partagés
sur ce passage. Les uns veulent que chaque mois
on renouvelât la dédicace de la statue de Jupiter
Olympien D'autres (5), qu'à chaque mois, on
représentât aux officiers du roi le catalogue de
ceux qui avaient été mis à mort. Mais nous
croyons que, chaque mois, on célébrait la fête de
la naissance du roi, ainsi qu'il est dit dans le se-
cond livre des Maccabées (6), et que, ce jour-
là, on obligeait tous ceux qui étaient dans les
villes, à participer aux sacrifices qui s'y faisaient,
pour la santé du prince.
jtf. 62. QUINTA ET VIGESIMA DIE MENSIS, SACRI-
FICABANT super aram. Il semble qu'à chaque
mois, on avait coutume de sacrifier à Jupiter
Olympien le 2$ ; mais pourquoi ce jour là plutôt
qu'un autre ? C'est que l'on avait commencé à
sacrifier sur l'autel le 25 de Casleu, comme on le
voit au chapitre iv, versets 52, 54 de ce livre (7),
où il est dit que Judas Maccabée et 1er. siens
sanctifièrent l'autel le 25 de Casleu, jour où les
gentils l'avaient profané. C'est ce qui est aussi
remarqué au second livre des Maccabées, cha-
pitre x, verset s : Qua die autem iemplum ab alie-
nigenis pollution fixerai, contigil eadem die purift-
cationem fieri, vigesima quinta mensis. Les pre-
miers travaux nécessaires à l'installation de l'idole
avaient commencé le 1 5 (8) ; mais on ne lui offrit
des sacrifices que dix jours après, et on continua
de le faire dans la suite, au même jour de chaque
mois.
Super aram qum erat contra altare. Sur
l'autel qui était vis-à-vis de l'autel du Seigneur,
ou plutôt, selon le grec (9), sur l'autel qu'on avait
dressé sur l'autel du Seigneur. L'autel du Sei-
gneur était vaste, et bien différent des autels païens,
qui n'étaient pas, à beaucoup près, si grands ni
si larges. On bâtit donc sur le grand autel des
holocaustes, un autel plus petit pourles sacrifices
de Jupiter Olympien.
f. 64. Suspendebant pueros a cervicibus. On
pendait les mères avec leurs enfants au cou (10).
Dans le second livre des Maccabées (1 i),il est dit
qu'on prit deux femmes, qui avaient circoncis
leurs enfants, qu'on les mena publiquement par
toute la ville, ayant leurs enfants à leurs mamelles,
et qu'ensuite on les précipita du haut des mu-
railles. Heureuses mères, d'avoir tant souffert
pour Dieu; mais que leur sacrifice dut être pé-
nible !
}. 65. Multi de populo definierunt apud se,
ut non manducarent immunda. Tels furent le
saint veillard Éléazar (12), et les sept frères, avec
leur mère, dont on lit l'histoire et le martyre dans
(1) Antiq. t. xn. c. vu. H'çavï&to ewtôu jJi'jJXoç iupeâct»)
'u'oa, /.ai vdjj.0;.
(2) Sulpit. Sevcr. hist. sacr. I. 11.
(?) 1. Macc, m. 48.
(4) il. Macc. 1. 14.
(5) Grot. hic.
(6) II. Macc. vi. 7.
($3) obtulerunt saerificium secundum legem...;4. secun-
dum tempus et secundum diem in qua contaminaverunt
illud gentes.
(8j Verset 5;.
(9) bj'~i ïov po)jj.ov 05 7)v licl toO 8'jataaT7)p:'ùu.
(10) Vide Joseph. Antiq. !■ xn. c. 7.
lu; 11. Macc. vi. 10.
(7) 1. Macc. iv. 52. Quinta et vigesima die mensis noni (12) II. Macc. vi. 18. et seq.
jo
1.
MACCABEES. — I. - COURAGE DES JUIFS FIDELES
66. Et noluerunt infringere legem Dei sanctam ; et 66. Ils ne voulurent point violer la loi sainte de Dieu,
trucidati sunt, et ils furent tués.
67. Et facta est ira magna super populum valde. 67. Et une grande colère tomba alors sur le peuple.
COMMENTAIRE
le second livre des Maccabées, et dans Josè-
phe(i).
Cette généreuse résolution que prirent plu-
sieurs Israélites de mourir plutôt que de violer la
loi, était visiblement une grâce de la nouvelle
alliance, qu'ils avaient reçue, selon l'Apôtre, dans
le temps môme de l'ancienne loi : et Dieu vou-
lut, comme dit le même apôtre, faire paraître
envers ceux-ci les richesses abondantes de sa gloire
et de sa grâce, en même temps qu';7 soufrait les
autres avec une extrême patience comme des vases
de colère destinés à la perdition (2).
Qu'on n'estime donc pas heureux ceux qui se
sauvèrent de la mort en se joignant aux impies,
ni malheureux ceux qui furent tués dans cette
grande persécution ; puisqu'il était aussi glorieux
aux uns de perdre la vie pour la cause de Dieu
même, et de souffrir comme ses fidèles serviteurs,
qu'il était honteux aux autres de renoncer à l'al-
liance qu'il avait faite avec leurs pères, et de
préférer à leur religion et à leur salut une vie de
quelques années. Mais que la vue de cette foi si
généreuse de ces anciens Israélites nous serve
aussi, à nous autres, d'un puissant motif pour nous
réjouir, comme le dit saint Pierre, lorsque nous
participons aux souffrances de Jésus-Christ, et pour
nous croire très heureux de pouvoir souffrir des
injures et des diffamations pour la gloire de son
nomlj). Car ce serait une honte pour des chré-
tiens de voir ces Juifs mourir pour la loi, et de
refuser eux-mêmes de souffrir pour Jésus-Christ,
puisque la justice du chrétien doit être plus abon-
dante que celle du Juif, et que sa force et sa
gloire, depuis l'Incarnation, consiste dans sa
souffrance, pourvu néanmoins qu'il souffre comme
chrétien et comme disciple de Jésus-Christ :
Gloriabor in infirmitalibus meis ; et cum infirmor,
tune potens sum (4).
f. 67. Facta est ira magna super populum.
Le peuple ressentit alors les plus terribles effets
de la colère de Dieu ; il se vit exposé aux plus
grands maux. Souvent on appelle les châtiments
du Seigneur, sa colère (5) ; l'effet est mis pour la
cause ; ou bien la colère de Dieu est mise pour
les instruments de sa colère, pour les persé-
cuteurs.
(1) 11. Macc. vu. - Joseph, de Maccabœis.
(2) Rom. ix. 22. 25. - Ephes. u. 7.
(?) 1. Petr. iv. 15.
(4) 11. Cor. xii. 9 10. -1. Petr. iv. 16.
(5) Grot. hic. Vide Exod. xv. 7. - Num. xvi. 46. etc.
1. Thessal. 1. 10.
CHAPITRE II
Mattathias, touché des maux de son peuple, se retire à Modin. Il refuse de sacrifier aux
idoles ; il lue un Juif qui s'avançait pour sacrifier, et l'officier qui l'y contraignait.
Plusieurs Juifs se retirent dans le désert. Ils se laissent tuer de peur de violer le sabbat.
Mattathias avec un corps d'armée entreprend de détruire le culte des idoles : il exhorte
ses enfants ; il meurt.
i. In diebus illis surrexit Mathathias, filius Joannis, filii
Simonis, sacerdos ex lïliis Joarib, ab Jérusalem, et con-
sedit in monte Modin.
i. En ce temps-là Mattathias fils de Jean, fils de
Siméon, prêtre d'entre les enfants de Joarib, sortit de
Jérusalem, et se retira sur la montagne de Modin.
COMMENTAIRE
y. i. Surrexit Mathathias, sacerdos ex fi-
lms Joarib, ab Jérusalem, et consedit in monte
Modin. Nous croyons avec la plupart des inter-
prètes, que Mattathias descendait d'Éléazar (i)
et de Phinées (2), et appartenait à une des pre-
mières familles sacerdotales. S'étant trouvé à Jéru
salem où peut-être il était de service, lorsqu'Apol-
lonius y arriva avec les ordres cruels et impies
d'Antiochus ; il se retira à Modin sa patrie, où
étaient les sépulcres de ses ancêtres, et sa famille.
Il y demeura, en attendant que cette tempête
fût passée, ou que Dieu lui offrit quelque occa-
sion de signaler le zèle, dont il brûlait pour son
service. Modin a été retrouvé de nos jours par
M. Guérin à Khirbet el Médieh. Là se trouve
encore le tombeau des Maccabées (3).
Des commentateurs juifs et chrétiens (4) ont
prétendu que Mattathias avait été élu grand
prêtre de sa nation, et prince du peuple, depuis
qu'il s'était retiré dans les montagnes de Modin .
On appuie ce sentiment, sur ce qu'il tranche une
question qui semblait n'être que du ressort du
grand prêtre, l'observation du sabbat ; il décide
de son autorité privée qu'il est permis de défen-
dre sa vie ce jour-là. Mais cette opinion ne nous
paraît pas incontestable. On ne peut montrer en
aucun endroit, que Mattathias ait jamais exercé
la souveraine sacrificature ; s'il eût été reconnu
pour grand prêtre, sa dignité serait passée à ses
successeurs par le droit de la naissance, et le peu-
ple ne l'aurait pas déférée à Judas Maccabée.
Josèphe dit expressément que l'assemblée de la
nation l'offrit à ce dernier : et ailleurs, que Jona-
thas en fit les fonctions, après sept ans de va-
cance (î), qui secomptent depuis lamortd'Alcime,
dernier grand prêtre de ia race de Josué, fils de
Josédec. Quant à la déclaration, ou à la dis-
pense d'observer le sabbat, lorsqu'on est attaqué
et en danger de perdre la vie, c'est un cas extraor-
dinaire, que tout autre que Mattathias aurait pu
décider comme lui, quand même il n'aurait pas été
de la race sacerdotale, s'il se fût vu dans les
mêmes circonstances, à la tête du peuple, comme
il y était alors.
D'autres (6) ont avancé que les Maccabées
étaient de la race de Juda par leur mère, comme
ils étaient de celle d'Aaron par leur père : ils
ont cru cela nécessaire, pour montrer l'accomplis-
sement de la prophétie de Jacob, qui prédit à
Juda, que le sceptre et la souveraine puissance
ne sortiront point de sa race jusqu'à la venue du
Messie (7) ; mais cette opinion n'est appuyée
d'aucune preuve directe et positive, et d'ailleurs la
prophétie peut aisément s'expliquer sans recourirà
ce dénouement ; nous ne croyons donc pas devoir y
adhérer ; sans toutefois manquer au respect qui est
dû aux pères, qui s'en sont déclarés les défenseurs.
On donne communément le nom d'Asmonéns,
ou Assamonéens, aux descendants de Mattathias.
Kim'hi soutient que ce nom lui fut donné par
honneur, etqu'ilpassaàsessuccesseurs. 'Hasckina-
nîm en hébreu, signifie des princes (8), de grands
(1) Vide 1. Par. xxiv. 7.
(2) Vide infra. y. 54.
(?) Revue archéot., Nov. 1872, p. 265. - Journal Asiati-
que, VI, XVIII, 2$.
(4) Abulens. Tornicl. Salian. Serar. Fullon. Geneb.
Verhost. Tirin. toar. Drus, et Rabb. Kim'hi, Abcn E^ra,
Joseph Gorion. Ritaale et Chronic. HeUr.
(<i) Antiq. t. xx. c. 10.
(6) hieron. in cap. 11t. Osée, et in cap. t. Sophon. - Aug.
contra Faust. L 1. C. 72. - Lyran. Abul. Serar. Fullon. alii.
17) Gènes, xlix. 10.
(8, Vide Kim'hi ad Psalm lxv.i. p. ':a —K-ivn vr.tf»
DHX3 Venient magni piincipes {'haschmanim) ex /Egypto.
Vulg. Venient légat: ex /Egypto. Sept. Kps<j$e\$,
;•
L — MACCABEES. — II.- FILS DE MATTATHIAS
2. Et habebat filios quinque : Joannem, qui cognomi-
nabatur Gaddis ;
5. Et Simonem, qui cognominabatur Thasi;
4. Et Judam, qui vocabatur Machabaeus;
2. Il avait cinq fils : Jean, surnommé Gaddis,
j. Simon, surnommé Thasi,
4. Judas, appelé Maccabée,
COMMENTAIRE
seigneurs. Mais Josèphe nous apprend que Mat-
tathias était fils de Jean, petit-fils de Simon, et
arrière-petit-fils d'Assamonée ( 1 ). Quelques-uns (2)
font venir Mattathias immédiatement d'Assamo-
née ; d'autres le font fils de Jean, et petit- fils de
Hésmaï(j). Le nom d'Asmonéen peut venir aussi
de quelque prêtre célèbre, prédécesseur de Matta-
thias, ou du bourg d'Asamon (4), dont cette
famille pourrait être originaire. Le nom d'Asmo-
néen est devenu illustre depuis Judas Maccabée,
et les Juifs doivent à cette famille, après Dieu, la
conservation de leur religion, et le rétablissement
de leur liberté. Elleposséda la souveraine autorité
dans sa nation depuis Mattathias jusqu'au règne
du grand Hérode, pendant l'espace d'environ
cent vingt-huit ans.
f. 2. Joannem, qui cognominabatur Gaddis.
Quelques exemplaires grecs lisent Kaddis ; d'au-
tres Jaddis ; Josèphe dit Gaddes. Ce dernier
signifie, ou la bonne fortune (5), de même que le
nom de Gad ; ou un monceau de froment, ou un
chevreau, ou même une troupe.
f. 3. Simonem... Thasi. Simon surnommé Thasi.
En syriaque ce nom (6) signifie ardent ou faible (7).
C'est peut-être le même que thaïsch, un bouc.
v. 4. Judam, qui vocabatur Machar^us. Les
uns dérivent ce nom d'une racine hébraïque, qui
signifie éteindre (8), comme si l'on voulait dire, le
destructeur, ouïe vainqueur des ennemis de Dieu.
D'autres interprètent le mot de Maccabée, par
la plaie de Dieu est en moi (9), Dieu m'a frappé
et humilié ; ou dans un sens opposé, la plaie est
causée par moi ; j'ai battu, j'ai vaincu, j'ai terrassé
les ennemis de mon peuple ; on pourrait le tra-
duire encore par (10), le vainqueur dans le Sei-
gneur, ou par le Seigneur. C'est un nom qui
convient fort bien à Judas ; il est équivalent à
Nicalor, ou Nicanor, que l'on donna au premier
Séleucus, qui régna en Syrie ; le double c qui se
lit dans Maccabée, favorise encore cette explica-
tion. Il y a assez d'apparence que Judas porta ce
nom avant de parvenir au gouvernement de son
peuple ; son père dit de lui au verset 66 : Judas
Maccabée a été très vaillant dès sa jeunesse. Dom
Calmet approuve cette étymologie.
D'autres tirent ce nom d'une racine qui signifie
caché(n); on donna peut-être d'abord ce nom par
moquerie à Mattathias et à ses fils, qui se ca-
chèrent dans les montagnes ; mais ensuite ils s'en
firent honneur, et donnèrent ce titre à leur plus
illustre général ; dans cette supposition, il est
aisé de s'expliquer pourquoi le nom de Macca-
bée n'est pas particulier à Judas, mais qu'il se
donne à tous ses frères et aux martyrs qui souf-
frirent alors pour la défense de la loi.
L'opinion la plus commune et la plus univer-
selle (12), est que Judas fit mettre sur ses éten-
dards les cinq lettres hébraïques équivalentes à
celles-ci (1 3) : M. C. B. E. I. qui marquent en
raccourci cette sentence de l'Exode (14): Qui est
semblable à vous parmi les dieux ï Les Juifs
ont depuis longtemps cet usage de certains ter-
mes abrégés, dont chaque lettre signifie un mot :
par exemple, Ralbag, désigne le Rabbin Lévi Ben
Gerson; Rambam se met pour le Rabbin Moïse
ben Maimom, et ainsi des autres. C'est par une
semblable abbréviation que les Romains portaient
dans leurs enseignes S. P. Q. R.Senaluspopulus-
que Romanus ; mais ce qui infirme cette dernière
explication, c'est que Judas portait le surnom de
Maccabée avant qu'il eût des troupes, et avant
qu'il eût fait paraître ses étendards.
Sérarius veut que les quatre lettres M. C. B. I.
signifient (15), la force de la guerre est en Juda. Il
suppose avec ceux dont on vient de parler, que les
anciens Hébreux avaient coutume d'abréger leurs
inscriptions ; ce dont on n'a aucune preuve. Les
anciens pères ne paraissent pas avoir connu ces
subtilités sur le nom de Maccabée. La racine
la plus logique, serait n-po maqqàbâh, marteau.
Judas le Marteau, comme nous disons Charles le
Martel.
(1) Aniiq. t. xii. c. 8. Y'tô; I'oiwou, toC Suusôjvo; , tou
A asoefuovafou.
(2) Joseph, de Bello, t. 1. c. 1. - Euseb. Chronic. minor
Seder olam Hebr.
(j) lia vers. Arab. lib. 11. Macc. in cap. 6.
(4) Josue xv. 27. Vide Drus. Prœf. in hos Lib.
(5) i: lunna, ou fortuna, nj hœdus, -fâîoT)?. Frugum
congerics. Chald. Arab. Heb. Grot. hic.
{(>) ion ebulliens. u/'n hircus.
(7) i«m debilis. Drus. ■— (8) >2Da de m; extinguo. Drus.
(9) »a n;a plaga, ou percussio in me, ou per me.
;io) n>z n:D Makkeh'baiah. Percutiens, ou vincens in
Domino.
(11) mno absconditus. Vide 1. Reg. xiv. 2:.
(12) Rab. Isaac. Ben. Sclwla. Sixi. Sen. Geneb. Jun.
Grot. alii passim.
(iî) >s;;d
(14) rr>n> cbto n~D3 >o Exod. xv.n. mi kâmokâli bâélim
Jehovâh.
(15) mino m: riDn'*n >a=a
MACCABÉES. — II. - TRISTESSE DE MATTHATHIAS
33
;. Et Eleazarum, qui cognominabatur Abaron ; et Jo-
nathan, qui cognominabatur Apphus.
6. Hi viderunt mala quse fiebant in populo Juda et in
Jérusalem.
7. Et dixit Mathathias : Vœ mihi! ut quid natus sum
videre contritionem populi mei, et contritionem civitatis
sanctce, et sedere illic, cum datur in manibus inimi-
coruni?
8. Sancta in manu extraneorum factt sunt; templum
ejus sicut homo ignobilis.
5. Eléazar, surnomme Abaron, et Jonathas, surnommé
Apphus.
6. Ils considérèrent les maux qui se faisaient parmi le
peuple de Juda, et dans Jérusalem.
7. Et Matthathias dit ces paroles : Malheur à moi !
S'jis-je donc né pour voir l'affliction de mon peuple, et
le renversement de la ville sainte, et pour demeurer en
paix, lorsqu'elle est livrée entre les mains de ses ennemis?
8. Son sanctuaire est entre les mains des étrangers;
son temple est traité comme un homme infâme.
COMMENTAIRE
y. 5 . Eleazarum qui cognominabatur Abaron.
Le terme d'Avaron ou Abaron, peut signifier (1),
celui qui passe, qui s'expose au danger avec intré-
pidité, qui passe partout. Au chapitre vi, ver-
set 45, Éléazar est nommé fils de Saura; c'est
apparemment une faute qui est venue des Grecs(2),
qui ont lu Avara ou Savara, au lieu à' Abaron. Le
texte d'Arias Montanus porte aux deux endroits :
Jonathan... Apphus. Jonathas, surnommé Ap-
phus. Ce dernier terme (5) peut signifier celui qui
succombe, qui finit, qui tombe en défaillance. On
peut aussi le dériver d'un verbe qui signifie (4)
abonder, ou d'un autre qui marque ($) dissiper.
y. 7. Vje mihi ! ut quid natus sum videre con-
tritionem populi mei, et contritionem civitatis
sancta. Voyant la désolation universelle du peu-
ple de Dieu, Matthathias résolut de s'opposer aux
violences et aux profanations des idolâtres. On
ne peut douter qu'il ne l'ait fait par un mouve-
ment de l'Esprit de Dieu, qui le destinait, lui et
ses enfants, à soutenir la majesté de son saint nom,
et qui les remplit de iorce pour lutter contre les
armées d'un prince impie, qui se faisait gloire de
déclarer la guerre au Dieu d'Israël.
Aussi saint Cyprien cite l'exemple de ces géné-
reux Maccabées (6), pour faire voir que Dieu se
réserve, dans les temps mêmes du plus grand
relâchement, de fidèles serviteurs. « Quoique
nous soyons, dit ce saint évêque, à la dernière
des époques, la vigueur évangélique, l'ardeur de
la vertu et de la foi chrétienne n'est pas tellement
éteinte dans l'Eglise, qu'il ne reste encore une
partie des évêques qui se soutiennent au milieu
de ces ruines et de ces naufrages de la foi, et qui
défendent avec force et avec une crainte religieuse
l'honneur de la majesté divine et de la dignité
sacerdotale. Aussi nous nous souvenons que
Matthathias défendit courageusement la loi de
Dieu, lorsque les autres cédaient à la violence et
succombaient à l'impiété : Meminimus et tenemus,
succumbentibus licet et cedenlibus céleris, Malha-
thiam legem Dei vindicasse forliler. »
Sous le coup du deuil qui l'accable, à la vue de
tant d'ignominies, Matthathias ne peut s'empêcher
de déplorer son malheur, d'avoir été réservé pour
être témoin de tant de maux. Ainsi s'exprimait
plus tard le grand Polycarpe, le saint évêque de
Smyrne, lorsqu'envisageant avec tristesse la pro-
fondeur de la malice de Satan en la personne de
ses ministres, il s'écriait avec larmes : O mon
Dieu, pourquoi \mave\-vous conservé la vie jusqu'à
présent, afin que j'aie b douleur de voir des choses
si affligeantes?
Mais le zèle de Matthathias n'est pas un zèle
contemplatif. 11 ne peut point se résoudre à vivre
en paix, lorsqu'il voit la sainte cité livrée à ses
ennemis. Il se décide à ne plus vivre; c'est-à-dire
à mourir plutôt que de souffrir davantage de si
grandes profanations. Il a recours cependant à la
pénitence et à la prière, pour se rendre digne du
secours de Dieu. Ils déchirent, lui et ses fils, leurs
vêtements et, se couvrant de cilices, ils pleurent et
font un grand deuil, en la présence de Celui dont
ils souhaitaientprincipalementde venger la gloire
outragée par tant de blasphèmes.
Ce«t exemple du zèle si juste de Matthathias
condamne la lâcheté de ces faux pasteurs, qui,
bien loin d'être ennuyés de la vie, comme Mat-
thathias, vivent sans inquiétude, lorsque l'épouse
de Jésus-Christ est livrée ^ntre les mains de ses
ennemis ; et lorsque son sanctuaire est abandonné à
des étrangers. Tous ne sont pas appelés à venger,
comme Matthathias, ces sacrilèges ; mais tous
sont indispensablement obligés d'en gémir et de
témoigner à Dieu par un vrai demi, que ces
outrages leur sont sensibles et qu'ils ne sont pas
indifférents aux maux de leur mère.
y. 8. Templum ejus sicut homo ignobilis. Il
est réduit à la confusion, comme un homme autre-
fois riche, illustre et glorieux, accablé ensuite
sous sa mauvaise fortune. Si on lisait (7) : Son peu-
(1) p-cy transiens. Grot. hic. A'uapàv. Joseph. A'upàv.
(2)Grxc. E'XsâÇap ô Savâpav. Ita Rom. edit. sed Basile
A'ôpàv.
(3) Di3N deficiens.
S. B. — T. XII.
(4) w>s abundare.
(ç) 113 spargere. — (6) Cypr. ep. vi. 8.
(7) O' Xad; âoTfjç, w; «vrjp aoo^o;. Au lieu de 6 vaô;
âuirfi, ci); àvf/p aoo;oç. Drus.
54
I. — MACCABÉES. — II. - TRISTESSE DE MATTHATHIAS
9. Vasa gloriae ejus captiva abductasunt; trucidati
sunt senes ejus in plateis, et juvenes ejus ceciderunt in
gladio inimicorum.
10. Quaî gens non hereditavit regnum ejus, et non
obtinuit spolia ejus--
il. Omnis compositio ejus ablata est: quaa erat libéra
facta est ancilla.
12. Et ecce sancta nostra, et pulchritudo nostra, et
claritas nostra desolata est, et coinquinaverunt ea gentes.
i?. Quo ergo nobis adhuc vivere?
14. Et scidit vestimenta sua Mathathias, et filii ejus ;
et operuerunt se ciliciis, et planxerunt valde,
15. Et venerunt illuc qui missi erant a rege Antiocho,
ut cogèrent eos qui confugerant in civitatem Modin im-
molare, et accendere thura, et a lege Dei discedere.
16. Et multi de populo Israël consentientes accesserunt
ad eos, sed Mathathias et filii ejus constanter steterunt.
17. Et respondentes qui missi erant ab Antiocho, dixe-
runt Mathathias: : Princeps, et clarissimus, et magnus es
in hac civitate, et ornatus filiis et fratribus;
18. Ergo accède prior, et fac jussum régis, sicut fece-
runt omnes gentes, et viri Juda, et qui remans-'runt in
Jérusalem , et eris tu, et filii tui. inter amicos régis, et
amplificatus auro et argento, et muneribus multis.
19. Et respondit Mathathias, et dixit magna voce : Etsi
omnes gentes régi Antiocho obediunt, ut discedat unus-
quisque a servitute legis patrum suorum, et consentiat
mandatis ejus .
20. Ego, et filii mei, et fratres mei, obediemus legi
patrum nostrum.
3i. Propitiussit nobis iJeus ! non est nobis utile relln-
quere legem et justitias Dei.
22. Non audiemus verba régis Antiochi, nec sacrificz,-
bimus transgredientes legis nostree mandata, ut eamus
altéra via.
25. Et ut cessavit loqui verba hœc, accessit quidam
Judasus in omnium oculis sacrificare idolis super aram in
civitate Modin, secundum jissum régis;
9. Les vases consacrés à sa gloire ont été enlevés
comme des captifs dans une terre étrangère ; les vieil-
lards ont été assassinés dans les rues ; et les jeunes
gens sont tombés morts so :s l'épée de leurs ennemis.
io. Quelle nation n'a point hérité de son royaume, et
ne s'est point enrichie de ses dépouilles ?
1 1 . Toute sa magnificence lui a été enlevée : celle qui
était libre, est devenue esclave.
12. Tout ce que nous avions de saint, de beau et
et d'éclatant, a été désolé et profané par les nations.
I?. Pourquoi donc vivons-nous encore >
14. Alors Matthathias et ses fils déchirèrent leurs
vêtements : ils se couvrirent de cilices, et ils firent un
grand deuil. *
15. En même temps, ceux que le roi Antiochus avait
envoyés vinrent pour contraindre ceux qui s'étaient reti-
rés dans la ville de Modin, de sacrifier et de brûler de
l'encens, et d'abandonner la loi de Dieu.
16. Beaucoup du peuple d'Israël y consentirent, et se
joignirent à ceux ; mais Matthathias et ses fils demeu-
rèrent fermes.
17. Et ceux qu'Aruiochus avait envoyés, direntà Mattha-
thias : Vous êtes le premier, le plus grand et le plus
considéré de cette ville; et vous recevez encore une
nouvelle gloire de vos fils et de vos frères.
18. Venez donc le premier exécuter le commandement
du roi, comme ont fait toutes nations, et les hommes de
Juda, et ceux qut sont demeurés dans Jérusalem ; et
vous serez, vous et vos fils, au rang des amis du roi,
comblés d'or et d'argent, et de grands présents.
19. Matthathias leur répondit en haussant la voix :
Quand toutes les nations obéiraient au roi Antiochus, et
que tout Israël abandonnerait la loi de ses pères pour se
soumettre à ses ordonnances,
20. Nous obéirons toujours, mes enfants, mes frères
et moi, à la loi de nos pères.
il. A Dieu ne plaise que nous en usio.is autrement :
il ne nous est pas utile d'abandonner la loi et la justice
de Dieu.
22. Nous n'obéirons point au commandement du roi
Antiochus, et nous ne prendrons point une autre voie
que celle que nous avons suivie, pour offrir des sacrifi-
ces, en violant les ordonnances de notre loi.
21. Cornu. e il cessait de parler, un Juif s'avança pour
sacrifier aux idoles devant tout le monde, sur l'autel
qu'on avait dressé dans la ville de Modin, selon le com-
mandement du roi.
COMMENTAIRE
pie est comme un homme dans l'ignominie ; le sens
paraîtrait meilleur.
f. i). Venerunt illuc qui missi erant a rege
Antiocho. Josèphe (1) nomme Apellès celui qui,fut
envoyé à Modin ; Rufin lui donne le nom d'Apol-
lonius et les rabbins (2) celui de Phiiippe.
jL 17. Princeps, et clarissimus, et magnus es
in hac civitate. Ce que les impies disaient à
Matthathiaspourleporterà l'impiété, était au con-
trairecequiaugmentaitsonzèle pour l'attacher plus
fortement à son devoir. Car pi us il était en considéra-
tion dans le pays, pi us il craignait que sa lâcheté ne fît
une grande plaie parmi son peuple ; il se regardait
donc comme obligé par sa position de donner aux
autres un exemple de courage, de zèle et de foi.
La chute d'un personnage élevé en dignité est
bien différente de celle d'un homme ordinaire ;
puisqu'il entraîne après soi une multitude de per-
sonnes comme par le poids de sa propre autorité.
Mais, si sa chute produit un effet si désastreux,
sa fermeté soutient une multitude de personnes
faibles, à qui son exemple est un encouragement
pour empêcher qu'elles ne tombent.
La vue de toutes les nations qui avaient plié sous
l'ordre impie du roi Antiochus, et la chute même
des hommes de Juda et de la ville de Jérusalem,
bien loin de produire sur l'esprit de Matthathias
l'effet dont les ennemis de Dieu s'étaient flattés,
(1) Joseph. Anliq. tib. xii. c. 8.
(2) In Chronico apud Drus.
I. — MACCABÉES.
II.
SON ZELE POUR LA LOI DE DIEU
Y-,
24. Et vidit Mathathias, et doluit, et contremuerunt
renés ejus; et accensus e=t furor ejus secundum judicium
legis, et insiliens trucidavit eum super aram.
2>. Sed et virum quem rex Anthiochus miserat, qui
cogebat immolare, occidit in ipso tempore; et aram
destruxit,
26. Et zelatus est legem sicut fecit Phinees Zarnri, filio
Salomi.
27. Et exclamavit Mathathias voce magna in civitate,
dicens : Omnis qui zelum habet legis, statuens testamen-
tuin, exeat post me.
28. Et fugit ipse et filii ejus, in montes, et reliquerunt
quœcumque habebanl in civitate.
20. Tune descenderunt multi quserentes judicium et
justit'am, in desertum.
?o. Et sederunt ibi ipsi, et fiiii eorum,et mulieres eorum,
et pecora eorum, quoniam inundaverunt swper eos mala.
24. Matthathias le vit, et fut saisi de douleur ; ses en-
trailles en furent émues ; et sa fureur s'étant allumée,
selon l'esprit de la loi, il se jeta sur cet homme, et le
tua sur l'autel.
2$. Il tua aussi en même temps l'officier que le roi
Antiochus avait envoyé pour contraindre les Juifs à sa-
crifier ; et il renversa l'autel,
26. Et il fut transporté du zèle de la loi, comme Phi-
néès, lorsqu'il tua Zarnri fils de Salomi.
27. Alors Matthathias cria à haute voix dans la ville :
Quiconque est zélé pour la loi, et veut demeurer ferme
dans l'alliance du Seigneur, me suive.
28. Et il s'enfuit avec ses fils sur les montagnes ; et
ils abandonnèrent tout ce qu'ils avaient dans la ville.
29. Alors plusieurs, qui cherchaient à vivre selon la loi
et la justice, s'en allèrent dans le désert ;
;o. Et ils y demeurèrent avec leurs fils, et leurs
femmes, et leurs troupeaux, parce qu'ils se voyaient
accablés de maux de tous côtés.
COMMENTAIRE
en produisirent un tout contraire. Le grand nom-
bre des impies ne contribue qu'à faire croître le
zèle des justes, et les attache plus que jamais à la
véritable religion, dont ils savent que les autres
n'ont pu s'écarter que par crainte ou par intérêt.
Aussi ce grand homme, ne pouvant avoir que du
mépris pour l'offre qu'on lui faisait d'être, au
prix de l'apostasie, des amis du roi et comblé de
biens, s'écria-t-il dans un saint transport d'indi-
gnation, que la multitude des prévaricateurs ne le
porterait jamais, ni lui, ni ses proches, à violer la
loi de ses pères.
f. 24. ACCENSUS EST FUROR EJUS SECUNDUM
judicium legis. Moïse ordonnait (1) qu'on mît à
mort aussitôt et sans forme de procès, celui qui
était convaincu de vouloir séduire le peuple, et le
pousser à abandonner le Seigneur et à suivre les
dieux étrangers.
f. 24-25. Trucidavit eum super aram... et
virum quem rex Antiochus miserat. Cette action
paraît hardie et surprend d'abord : mais si on la
considère de près, si on en juge par l'Écriture,
non seulement on ne la condamnera pas, mais on
l'admirera comme un effet de l'obéissance et de la
foi de Matthathias. Saint Cyprien (2) nous fait
remarquer que Dieu avait une telle horreur de
l'idolâtrie, qu'il avait donné un ordre exprès à son
peuple, de tuer ceux qui voudraient leur persua-
der de sacrifier aux. idoles. Si votre frère, dit le
Seigneur (3), 5/ votre fils ou votre fille ou votre
femme qui vous est si chère, si votre ami que vous
aime\ comme voire âme, veut vous persuader, et
vous vient dire en secret : Allons, adorons les dieux
étrangers... ne tene\ point secret ce qu'il aura dit;
mais iue\-le sur le champ. C'est de ce comman,
dément de Dieu, dit saint Cyprien, que Mattha-
thias se souvint, lorsque, rempli de vigueur, il tua
celui qui s'était avancé pour sacrifier, non pas en
secret, mais publiquement sur l'autel profane :
Cujus praicepti et vigoris memor Matthathias.
inter fecit eum qui ad aram sacrificalurus accesseral.
Il est bon de remarquer que la circonstance du
temps auquel il fit cette action si hardie, pour
obéir à la loi de Dieu, ne permettait pas qu'il fit
punir juridiquement cet impie,, comme il l'aurait
fait peut-être en un autre temps. Ainsi, étant
comme le chef de la ville, princeps et clarissimus et
magnus in hac civitate, et ayant même l'autorité
comme issu de la première famille sacerdotale, il
crut devoir sur le champ, selon l'expression de
l'Écriture, tuer ceux qui voulaient porter le peuple,
non en secret, mais ouvertement, à sacrifier aux
idoles. Et il voulut en cela faire un exemple écla-
tant, capable d'intimider les autres prévaricateurs.
Aussi le texte sacré porte-t-il expressément, que
Matthathias agit en cette rencontre par un \èle
de la loi, semblable à celui de Phinéès. Et l'on sait
que le zèle de Phinéès fut très agréable à Dieu (4)-
Aussi lui dit il, que parce qu'il avait été animé de
son \ele contre les enfants d'Israël, d lui donnait
la paix de son alliance ; et qu'il faisait avec lui et
avec sa race un pacte éternel pour le revêtir du
sacerdoce, comme ayant expié par son \èle pour
son Dieu le crime de tout le peuple.
f. 29. Quserentes judicium etjustitiam. Ceux
qui cherchaient à vivre selon la loi, et la justice,
ou selon les cérémonies de la loi et les préceptes
moraux. Judicium, marque les coutumes ou la loi
cérémonielle ; justifia, la loi morale.
Deux conditions étaient nécessaires pour être
en état de se joindre à Matthathias dans la dé-
fense de la loi. L'une, de n'être attaché à rien,
(t) Deut. xiii. 9.
(2) Cypr. de exlicrt. martyr, cap. v.
(j) Deut. xni. 6. 7. 9.
(4) Num. xxv. 11. 12.
?6
I. — MACCABEES.
II.
SCRUPULES FUNESTES
ji. Et renuntiatum est viris régis, et exercitui qui
erat in Jerusalein, civitate David, quoniam discessissent
viri quidam, qui dissipaverunt mandatum régis, in loca
occulta in deserto, et abiissent post illos multi.
J2. Et statim perrexerunt ad eos, et constituerunt
adversus eos praslium in die sabbatorum;
}}. Et dixerunt ad eos: Resistitiset nunc adhuc? Exite,
et facite secundum verbum régis Antiochi, et vivetis.
J4. Et dixerunt: Non exibimus, neque faciemus verbum
régis, ut polluamus diem sabbatorum.
J5. Et concitaverunt adversus eos prœlium.
j6. Et non responderunt eis, nec lapidem miserunt in
eos, nec oppilaverunt loca occulta,
57. Dicentes : Moriamur omnes in simplicitate nostra,
et testes erunt super nos cœlum et terra quod injuste
perditis nos.
58. El intulerunt illis bellum sabbatis; et mortui sunt
ipsi, et uxores eorum, et filii eorum et pecora eorum,
usque ad mille animas hominum.
Î9. Et cognovit Mathathias, et amici ejus, et luctum
habuerunt super eos valde.
40. Et dixit vir proximo suo : Si omnes fecerimus sicut
fratres nostri fecerunt, et non pugnaverimus adversus
gentes pro animabus nostris et justificationibus nostris,
nunc citius disperdent nos a terra.
;i- Les officiers du roi, et l'armée qui étaient à Jéru-
salem dans la ville de David, furent avertis que quel-
ques gens qui avaient foulé aux pieds i'édit du roi
s'étaient retirés dans les lieux déserts, et que plusieurs
les avaient suivis.
J2. Ils marchèrent aussitôt à eux, et se préparèrent à
les attaquer au jour du sabbat ;
JJ. Et ils leur dirent: Résisterez-vous encore à pré-
sent? Sortez, et obéissez à I'édit du roi Antiochus, et
vous vivrez.
;4. Ils leur répondirent : Nous ne sortirons point, et
nous ne violerons point le jour du sabbat pour obéir au
roi Antiochus.
jç. Ces gens les attaquèrent donc ;
jo. Et ils ne leur répondirent point ; ils ne jetèrent pas
une seule pierre contre eux; et ils ne bouchèrent point
les lieux les plus retirés.
)7. Mais ils dirent : Mourons tous dans la simplicité
de notre cœur ; et le ciel et la terre seront témoins que
vous nous faites mourir injustement.
;8. Les ennemis les attaquèrent donc dans le jour du
sabbat ; et ils furent tués, eux, leurs femmes, et leurs
enfants avec leurs bestiaux ; mille personnes périrent en
ce lieu-là-,
je;. Matthathias et ses amis en reçurent la nouvelle, et
ils firent un grand deuil de leur perte.
40. Alors ils se dirent les uns aux autres : Si nous fai-
sons tous comme nos frères ont fait, et que nous ne
combattions point contre les nations pour notre vie et
pour notre loi, ils nous extermineront en peu de temps
de dessus la terre.
COMMENTAIRE
mais d'être, au contraire, préparé à abandonner
toutes choses, comme fit ce grand serviteur de
Dieu avec toute sa famille ; l'autre, de chercher
sincèrement à vivre selon les préceptes du Seigneur
et selon la véritable justice. Ceux qui craignaient
de perdre leurs biens ne pouvaient être préparés à
s'enfuir sur les montagnes, et à tout quitter pour
Dieu ; et ceux qui n'étaient point possédés d'un
grand amour de sa loi et de 5a justice, n'étaient
non plus guère disposés à se retirer dans le désert
plutôt que de se mettre en danger de la violer.
f. 31. In Jérusalem, civitate David. Dans la
partie supérieure de la ville, où ils s'étaient for-
tifiés (1) ; car tout le reste était abattu et aban-
donné.
jh 36. Loca occulta (2). Josèphe : Ils ne fer-
mèrent point les issues des lieux où ils s'étaient
retirés.
p. 37. Moriamur omnes in simplicitate nos-
tra. La simplicité est mise ici pour l'innocence,
l'intégrité, la piété, la perfection, et enfin pour
l'attachement fidèle à la loi de Dieu. Le zèle et
la fermeté de ces Juifs, qui ne veulent pas se dé-
fendre le jour du sabbat, sont sans doute très
louables en principe ; mais il faut avouer que leur
conduite n'a pas été tout à fait éclairée, ni réglée
selon la science. Les lois cérémonielles sont fai-
tes pour l'homme, et non pas contre lui. La con-
servation de la vie est d'une obligation plus indis-
pensable que l'observation de ces sortes de lois,
qui ne sont que de droit positif,et sujettes au chan-
gement ; à moins que d'autres circonstances n'en
rendent l'observation indispensable, comme si le
tyran en voulait à toute la loi, ou si le scandale
et la chute des faibles étaient inévitables.
Mais Dieu permit qu'ils agissent dans cette
simplicité de cœur qui les a fait regarder en quel-
que sorte comme des martyrs de l'obéissance, afin
qu'elle condamnât, dans tous les siècles, la f;ici-
li té étonnante avec laquelle on se dispense si sou-
vent des préceptes indispensables de la loi de
Jésus-Christ ; non pas seulement pour sauver sa
vie, mais môme pour des causes très légères, et
quelquefois sans d'autre raison que celle de la
coutume, ou du caprice des hommes.
Dieu fit donc voir par l'exemple de ces Juifs,
qui se laissaient égorger comme des victimes le
jour du sabbat, ce que peut une obéissance aveu-
gle à ses ordres, et combien une âme qui ne re-
garde et ne révère que sa volonté, est élevée au-
dessus de toute crainte. Mais il fit connaitre
aussi, par l'exemple de Matlhatiaset de ses saints
(1) Voyez chap. 1. y. 35.
(1) Q'ùl sv£9;-«?av ■coùçi'.pûçQ'j;. Joseph. O'uoe toc; Èiaô-
Sou; ;u.'.pp(i<;avTa;.
I.
MACCABEES. — II.- RESOLUTION DE MATTHATHIAS
y,
41. Et cogitaverunt in die illa, dicentes: Omnis homo
quicumque venerit ad nos in bello die sabbatorum, pug-
nemus adversus eum; et non moriemur omnes, sicut
mortui sunt fratres nostri in occultis.
4 2. Tune congregata est ad eos synagoga Assidosorum,
fortis viribus ex Israël, omnis voluntarius in lege;
41. Ils prirent donc ce jour là cette résolution : Qui
que ce soit, dirent-ils, qui nous attaque le jour du sab-
bat, ne faisons point difficulté de combattre contre lui :
et ainsi nous ne mourrons point tous comme nos frères
sont morts dans les lieux cachés du désert.
42. Alors les Assidéens, qui étaient des plus vaillants
d'Israël, s'assemblèrent tous et se joignirent à eux : tous
ceux qui s'étaient attachés volontairement à la loi,
COMMENTAIRE
compagnons, une vertu plus éclairée, qui ne son-
geait à mettre leur vie à couvert que pour l'em-
ployer plus utilement à combattre la violence des
impies, et pour le salut de leurs frères. Les uns
n'étaient point plus attachés que les autres à la
vie, puisqu'ils l'exposaient tous pour la gloire de
leur Dieu. Mais ces derniers l'exposaient d'une
manière plus avantageuse pour la piété, puisqu'en
combattant pour Israël, ils empêchaient que ce
peuple, d'où devait venir le Messie, ne fût exter-
miné, selon le dessein du roi impie qui voulait
détruire entièrement la religion du vrai Dieu.
y. 41. Quicumque venerit ad nos in bello die
SABBATORUM, PUGNEMUS ADVERSUS EUM. La loi de
Moïse qui ordonne le repos au jour du sabbat, a
toujours été sujette aux variations, de même que
toutes les autres lois cérémonielles ; on en a
quelquefois porté l'observance à un point de ri-
gueur qui paraissait excessif, et d'autres fois on
s'en est beaucoup relâché ; les Samaritains, par
exemple, se sont crus obligés à demeurer ce
jour-là dans une inaction bien plus grande (1) que
les Juifs; ceux-ci peuvent fuir la persécution, et
faire une certaine quantité de chemin ; les Sa-
maritains ne changent pas de leur place, suivant
cette expression littérale de la loi (2) : Nullus
egrediatur de loco suo. Du temps de Jésus-Christ,
les Juifs se permettaient de retirer un animal
d'une fosse ou d'un puits (?) ; mais les thalmu-
distes ont révoqué cette permission. Ils repro-
chaient à Jésus-Christ qu'il violait le sabbat, en
guérissant les malades le jour du sabbat ; et au-
jourd'hui ils appliquent des remèdes et guéris-
sent leurs malades ce jour-là. Les Maccabées
étaient instruits par plusieurs expériences, que
l'observation trop scrupuleuse du sabbat avait
souvent exposé leur nation à de très grands maux.
Ptolomée, fils de Lagus, ayant remarqué que les
Juifs ne faisaient aucune œuvre profane le jour
du sabbat, profita de ce jour pour attaquer Jéru-
salem, et pour s'en rendre maître (4). Les Macca-
bées voyaient de leurs yeux la mort toute récente
de leurs frères, pour n'avoir osé se défendre au
jour du sabbat ; ils résolurent donc de se défen-
dre, quelque jour que ce fût.
Mais ils ne décidèrent point s'il était permis
d'attaquer : et l'on a des exemples qui prouvent
qu'ils se contentaient de repousser la force par la
force. Pompée assiégeant Jérusalem, remarqua
que les Juifs se contentaient ce jour-là de se dé-
fendre, si on les attaquait, mais que de leur part
ils ne faisaient aucune entreprise ; il les laissa
donc en repos pendant le sabbat, profitant de ce
temps pour avancer et perfectionner ses ouvrages,
ses terrasses et ses machines, bien assuré de le
faire sans trouble de la part des assiégés ($). An-
tiochus Sidétès ayant formé le siège de Jérusa-
lem, Hyrcan et les autres Juifs le prièrent de
leur accorder une trêve de sept jours, afin qu'ils
pussent célébrer la fête des Tabernacles. Non
seulement ce prince accorda ce qu'on lui deman-
dait, il envoya même libéralement des victimes,
des aromates et des vases précieux au temple;
cette générosité gagna l'estime et l'affection du
peuple, qui le reçut dans la ville (6). Du temps de
Josèphe, la superstition du sabbat avait repris le
dessus; les Juifs ne croyaient pas pouvoir prendre
les armes ce jour-là, pour quelque cause que ce
fût. Il dit dans le livre de sa vie, qu'il ne voulut
pas assembler des troupes le jour du sabbat, car
c'est, dit-il (7), un jour auquel les lois des Juifs
ne permettent pas de combattre, même dans les
occasions les plus pressantes. Frontin assure que
Vespasien défit les Juifs un jour de sabbat (8) :
Judœos Saturai die, quo eis ne/as est quidquam sé-
ria' rei agere, adortus superavit.
y. ^2. TUNC CONGREGATA EST AD EOS SYNAGOGA
Assid^eorum. Le nom d'Assidéens semble venir
de l'hébreu (9) 'hasidîm, pieux, saints, pleins de
compassion et de miséricorde: leurnom se trouve
encore au chapitre vu. verset 13. et au chapitre
xiv. 7. du second livre des Maccabées, et enfin
au psaume lxxiii, verset 2. L'auteur de l'Ecclé-
siastique (10), faisant l'éloge des plus grands hom-
(1) Ep. 11. Samarit. ad Scalig.
{2) Exod. xvi. 29.
(j) Luc. xiv. 5.
(4) Joseph. Antiq. I. xn. c. i. et Agatharcid. apud eumd.
ibid. et lib. 1. contra Appion.
{<,) Antiq. lib. xiv. c. 8. et de Bello. t. 1. c. 5.
(6) Antiq. I. xm. c. 16.
(7) Josepli. lib. de vila sua.
18) Frontin. Stratagem.
(9) =n>Dn de tert Pietas. misericordia.
(10) Eccli. xliv. 10.
38
I. — MACCABEES. — II. SES SUCCÈS
4;. Et omnes qui fugiebant a malis, additi sunt ad eos,
et facti sunt illis ad firmamentum.
44. Et collegerunt exercitum, et percusserunt pecca-
tores in ira sua, et viros iniquos in indignatione sua; et
ceteri fugerunt ad nationes, ut évadèrent.
45. Et circuivit Mathathias, et amici ejus, et destru-
xerunt aras;
46. Et circumciderunt pueros incircuracisos quotquot
invenerunt in finibus Israël, et in fortitudine.
47. Et persecuti sunt filios superbiœ, et prosperatum
est opus in manibus eorum;
48. Et obtinuerunt legem de manibus gentium, et de
manibus regum; et non dedcrunt cornu peccatori.
49. Et appropinquaverunt dies Mathathias moriendi, et
dixit filiis suis : Nunc confortata est superbia,et castigatio,
et tempus eversionis, et ira indignationis.
4?. Et tous les autres qui fuyaient les maux dont ils
étaient menacés vinrent s'unir à eux et fortifièrent leurs
troupes.
44. Ils firent donc un corps d'armée, et ils se jetèrent
sur les prévaricateurs dans leur colère, et sur les nié-
chants dans leur indignation, et les tuèrent : et tout le
reste s'enfuit vers les nations, pour y trouver leur sûreté.
4Ç. Et Matthathias alla partout avec ses amis et ils
détruisirent les autels.
46. Ils circoncirent tous les enfants incirconcis qu'ils
trouvèrent dans le pays d'Israël ; et agirent avec cou-
rage.
47. Ils poursuivirent les enfants d'orgueil ; et ils (réus-
sirent dans toutes leurs entreprises.
48. Ils délivrèrent la loi de l'asservissement des nations,
et de la puissance des rois ; et ils ne permirent point au
pécheur d'abuser impunément de son pouvoir.
40. Après cela, le jour de la mort de Matthathias
s'approchant, il dit à ses fils : Le règne de l'orgueil s'est
affermi; voici un temps de châtiment et de ruine, d'indi-
gnation et de colère.
COMMENTAIRE
mes de la nation juive, depuis Moïse, jusqu'au
grand prêtre Simon, fils d'Onias, leur donne le
nom d'hommes de miséricorde, qui est équivalent
à celui d'Assidéens : Isti viri misericordiœ sv.nl,
quorum pielaies non defuerunl. Plusieurs savants
commentateurs (1), soutiennent que ces Assidéens
sont les mêmes Esséniens, si célèbres dans les
écrits de Josèphe et de Philon. Il n'en est rien.
Le nom à* Assidéens ou pieux, comme nom propre,
désigne exclusivement ces Juifs patriotes qui s?
groupèrent sous la conduite des Maccabées,pour
affranchir leur patrie. On les nommait pieux par
opposition aux impies qui, renonçant aux lois mo-
saïques, favorisaient les coutumes grecques (2).
Quelques anciens exemplaires latins portent Sy-
nagoga Judœorum, au lieu de Synagoga Assidœo-
rum ; mais les meilleurs textes sont semblables
au grec, qui porte Assidœorum.
jL 44. Percusserunt peccatores. Ils se jetè-
rent sur les prévaricateurs, sur ceux des Juifs qui
avaient abandonné la loi du Seigneur. La suite
demande ce sens.
*. 46. Et in fortitudine. Il n'y a point de
conjonction dans le grec; il porte (3) : Ils cir-
concirent généreusement (sans rien craindre de la
part des officiers du roi) tout ce qu'ils trouvèrent
d'enfants qui n'étaient pas circoncis dans l'étendue
de la terre d'Israël,
,v. 49. Nunc confortata est superbia, cas-
tigatio, etc. Il donne le nom d'orgueil à l'impiété
qui animait Antiochus : et c'était véritablement
un règne d'orgueil que celui d'un prince qui
n'avait que des paroles de blasphème dans la
bouche. L'Écriture joint ici le châtiment à la
ruine, parce que la même persécution qui servait
d'épreuve et de châtiment salutaire aux uns. était
un sujet de ruine pour les autres, en les renver-
sant entièrement. Ainsi la colère du Seigneur
éclatait envers plusieurs de ces Juifs, d'une ma-
nière bien différente de ce que son indignation
produisait contre les autres. Il se mettait en colère
pour sauver les uns en les châtiant comme ses
enfants, sans leur retirer sa miséricorde; mais il
entrait en fureur contre les autres, en les livrant
au dérèglement de leur cœur, et en permettant
que le scandale de cette horrible persécution
découvrît publiquement leur impiété.
Matthathias , comme un père qui désirait
laisser sa piété pour principal héritage à ses
enfants, et comme un zélateur, qui songeait uni-
quement, en mourant, à ce qui pouvait contribuer
à l'affermissement de sa religion, exhorte ses fils
à donner pour la sainte alliance les vies qu'ils
avaient reçues de lui; et il les porte à avoir du
\èle, non pour la conservation de leurs biens, de
leurs femmes et de leurs enfants, mais pour la
défense de la loi de Dieu. Il veut que la foi de
leurs ancêtres les anime dans cette guerre sainte,
pour s'y conduire dans les mêmes vues. Il leur
propose la fidélité d'Abraham, la fermeté de
Joseph, le zèle de Phinéès, l'obéissance de Josué,
la généreuse confession de Caleb, la grande dou-
ceur de David, l'ardeur d'Élie, l'humble confiance
d'Ananias, d'Azarias et de Misaël, la simplicité
de la foi toujours égale de Daniel ; afin de les
affermir, par l'exemple, de ce qui s'était passé de
il) Scrar. ad cap. vu. f. ij. Jwj. libri. Menoch. Tir.
A.'jr. Qorionid. Munsf. Verlicrst. Grot. alii.
(2) S. Munk, Palestine, p. 496.
(}} IlEpiÊ«u.ov ta rcottoxpia oaa s~op&v iv ôpfoi;
I'apa/]). sv ta/ ui.
MACCABÉES. — II. - SES DERNIÈRES PAROLES
39
ço Nunc ergo, o filii, œmulatores estote legis et date
animas vestras pro testamento patrum vestrorum,
ci. Et mementote operum patrum, quœ fecerunt in
generationibus suis, et accipietis gloriam magnam et
nomen asternum.
<)2. Abraham nonne in tentatione inventus est fidelis,
et reputatum est ei ad justitiam?
^;. Joseph in tempore angustiae suas custodivit man-
datum, et factus est dominus /Egypti.
54. Phinees, pater noster, zelando zelum Dei, accepit
testamtntum sacerdotii asterni.
55. Josuc, dum implevit vcrbum, factus est dux in
Israël.
56. Caleb, dum testiricatur in ecclesia, accepit heredi-
tatem.
57. David, in sua misericordia, consecutus est sedein
regni in soscula.
58. Elias, dum zelat zelum legis, receptusest in ctslum.
59. Ananias, et Azarias, et Misael, credentes, libe-
rati sunt de flamma.
Ço. Soyez donc maintenant, mes enfants, de vrais zéla-
teurs de la loi, et donnez vos vies pour l'alliance de vos
pères.
51. Souvenez-vous des œuvres qu'ont faites vos ancê-
tres, chacun dans leur temps, et vous recevrez une
grande gloire et un nom éternel.
<,2. Abraham n'a-t-il pas été trouvé fidèle dans la ten-
tation, et cela ne lui a t-il pas été imputé à justice ?
5?. Joseph a gardé les commandements de Dieu pen-
dant le temps de son affliction; et il est devenu le sei-
gneur de l'Egypte.
14. Phinéès notre père, en brûlant de zèle pour la loi
de Dieu, a reçu la promesse d'un sacerdoce éternel.
55. Josué, accomplissant la parole du Seigneur, est
devenu le chef d'Israël.
56. Caleb, en rendant témoignage dans l'assemblée de
son peuple, a reçu un héritage.
Ç7. David, par sa douceur, s'est acquis pour jamais le
trône royal.
58. Élie, étant embrasé de zèle pour la loi, a été enlevé
dans le ciel.
59. Ananias, Azarias et Misael, croyant fermement en
Dieu, ont été sauvés des flammes.
COMMENTAIRE
race en race, dans l'espérance qu'ils doivent avoir
en Dieu, et contre la crainte des menaces de
l'homme pécheur, c'est-à-dire, d'Antiochus. Car
il regarde ce prince comme un esclave du péché ;
et toute sa gloire, comme du fumier et la pâture
des vers.
C'est l'idée qu'il veut que ses fils et tous les
vrais serviteurs de Dieu aient d'un roi impie, au
milieu même de tout l'éclat de la gloire passa-
gère qui l'environne. 77 s'élève, leur disait-il, au-
jourd'hui, et il disparaît demain : et cependant il
entreprend de faire la guerre au Dieu éternel.
C'est un rejeton de la terre, qui doit bientôt y
rentrer : et il ose s'élever contre le ciel, et ouvrir
sa bouche contre le Très-Haut. Il est destiné à
devenir la pâture des vers, et il forme de vains
projets d'établir son trône sur la ruine de celui
du Dieu d'Israël !
Matthathias n'attendit pas qu'il fût proche de
la mort, pour avoir ce saint mépris d'un prince
superbe et impie, ennemi déclaré de son Dieu.
11 était dans ces mêmes sentiments, lorsqu'il
quitta tous ses biens pour se retirer dans les
déserts; lorsqu'il refusa d'être du nombre des
amis du roi, et qu'il rejeta les grands présents
dont on voulait le flatter. Ainsi il ne ressemblait
pas à ceux dont parle un saint pape (1), quand il
dit qu'ils attendent à reconnaître le néant de toute
la gloire des grands de la terre, lorsqu'elle s'est
évanouie tout d'un coup par quelque disgrâce
ou par la mort; au lieu qu'ils devraient confesser
cette vérité au moment même qu'ils voient ces
fiers personnages au comble des honneurs, selon
cette excellente parole de l'Ecriture : J'ai vu
l'insensé affermi par de profondes racines : et dans
V instant j'ai donné ma malédiction à son vain
éclat (2).
f. 53. Factus est Dominus ^Egypti. Il en est
devenu comme le père, le maître, le gouverneur,
le sauveur. Après le roi, Joseph était le pre-
mier et le plus puissant de l'Egypte (3).
f. S 4. TESTAMENTUM SACERDOTII iCTERNI. La
promesse d'un sacerdoce éternel, ou l'alliance d'un
sacerdoce perpétuel dans sa famille. Voyez Nom-
bres, xxv. 1 2. Ce sacerdoce a été éternel dans ce
sens, pour les promesses qui se bornaient à l'An-
cien Testament : elles ne s'étendaientqu'au temps
de la loi.
f. $6. Caleb, dum testificatur in ecclesia.
Lorsqu'après le retour des envoyés qui avaient
considéré la terre Promise, il rendit témoignage
à la vérité, il soutint, contre le rapport de ses
associés, que le peuple pourrait aisément, avec le
secours de Dieu, faire la conquête de cet excel-
lent pays (4).
f. 57. David, in sua misericordia. David par
sa douceur, par sa bonté, par sa clémence. Il
semble que le véritable caractère de ce prince
était la miséricorde et la clémence ; il en a donné
des marques en plusieurs occasions envers Saùl,
envers Absalom, envers Séméï, envers Nabal,
envers Joab, etc.
(1) Gregor. Magn. Moral, lib. vi. c. 1.
(2) Job. v. j.
(?) Gènes, xli. 40. 41. 4:
(4) Num. xiv. 7. 8.
40
I. — MACCABÉES. - II. - SES DERNIÈRES PAROLES
60. Daniel, in sua simplicitate, liberatus est de ore
leonum.
61. Et ita cogitate per generationem et generationem,
quia omnes qui speran! in eum non infirmantur.
62. Et a verbis viri peecatoris ne timueritis,quia gloria
ejus stercus et vermis est :
65. Hodie extollitur, et cras non invenietur, quia con-
versus est in terram suam, et cogitatio ejus periit.
64. Vos ergo, filii, confortamini, et viriliter agite in lege
quia in ipsa gloriosi eritis.
6^. Et ecce Simon, frater vester, scio quod vir con-
silii est ; ipsum audite semper, et ipse erit vobis pater.
66. Et Judas Machabasus, fortis viribus a juventute sua,
sit vobis princeps militias, et ipse aget bellum populi.
• 67. Et adducetis ad vos omnes factores legis, et vindi-
cate vindictam populi vestri.
68. Retribuite retributionem gentibus, et intendile in
praecepium legis.
69. Et benedi\it eos, et appositus est ad patres s 10s.
70. Et defunctus est anno centesimo et quadragesimo
sexto, et sepultus est a filiis suis in sepulcris patrum
suorum, in Modin; et planxerunt eum omnis Israël
planctu magno.
60. Daniel, dans la simplicité de son cœur, a été déli-
vré de la gueule des lions.
61. Ainsi considérez tout ce qui s'est passé de race en
race, et vous trouverez que tous ceux qui espèrent en
Dieu, ne s'affaiblissent point.
62. Ne craignez dftnc point les paroles de l'homme
pécheur, parce que toute sa gloire n'est que de l'ordure
et que la pâture des vers.
61. Il s'él-ôve aujourd'hui, et disparaîtra demaûi, parce
qu'il sera retourné dams la terre d'où il est venu, et que
ses pensées se seront évanouies.
64. Vous donc, mes enfants, armez-vous de courage,
et agissez vaillamment pour la défense de la loi, parce
que c'est elle qui vous comblera de gloire.
65. Et voilà Simon votre frère : je sais qu'il est homme
de conseil ; écoutez-le toujours, et il vous tiendra lieu
de père.
66. Judas Maccabée a été fort et vaillant dès sa jeu-
nesse; qu'il soit le général de vos troupes, et il con-
duira votre peuple dans la guerre.
67. Joignez à vous tous les observateurs de la loi, et
vengez votre peuple de ses ennemis.
08. Rendez aux nations le salaire qu'elles méritent, et
soyez toujours attentifs aux préceptes de la loi.
09. Après cela, il les bénit, et il fut réuni à ses pères.
70. Il mourut en la cent quarante-sixième année et il
fut enseveli à Modin par ses enfants dans le sépulcre de
ses pères ; et tout Israël le pleura, et lit un grand deuil
à sa mort.
COMMENTAIRE
'f. 60. Daniel, in sua simplicitate. Ce pro-
phète aima mieux s'exposer aux dernières extré-
mités, que de violer la loi de Dieu. Le terme
hébreu (1) que les Grecs ont souvent rendu par
simplicité, signifie aussi la perfection, l'intégrité,
la pureté de mœurs, l'exemption de défauts, d'im-
pertections, de souillures.
% 67. VlNDICATE VINDICTAM POPULI VESTRI.
Wenge\ votre peuple de ses ennemis, défendez-le
contre ceux qui l'oppriment injustement, et qui
veulent l'obligera quitter la loi du Seigneur. Ven-
gez l'injure faite à Dieu, et rétablissez par la force
la pratique de ses lois. Matthathias parle en
prince et en chef de sa nation à ses fils, qui
devaient lui succéder dans le même emploi.
f. 68. Retribuite retributionem gentibus, et
intendite in pr^eceptum legis. Le premier pré-
cepte de cette loi leur ordonnait d'aimer Dieu de
tout leur cœur, de toute leur âme, de tout leur
esprit. Ils étaient donc obligés, suivant ce pré-
cepte, de préférer Dieu et par conséquent sa
religion à toutes choses. Ainsi Matthathias com-
mandant à ses enfants de rendre aux nations le
mal que les natiorvs leur avaient fa % les oblige en
même temps à avoir toujours les yeux attentifs sur
les saints préceptes: c'est-à-dire, qu'il les oblige
de considérer, dans la guerre qu'ils feraient aux
infidèles, non leurs injures et leurs propres inté-
rêts, mais la gloire et la volonté de Dieu, qui
devait être la règle de leurs actions.
Les commandements de Dieu sont comme un
miroir qui nous représente nos devoirs. On ne
peut manquer d'avoir une juste appréciation des
choses, en le consultant. Mais il est aisé, en le
perdant de vue, de s'écarter de la voie de la vérité ;
parce que la passion et l'amour-propre se substi-
tuent adroitement à sa place, et trouvent toujours
un grand accès dans le cœur humain. C'est pour-
quoi connaissant la difficulté qu'il y avait de se
conduire avec sagesse et avec justice dans des
circonstances si malheureuses, Matthathias donne
à ses enfants ce L,'rand précepte, d'être toujours
attentifs aux ordonnances de la loi; voulant leur
marquer par là, qu'ils ne trouveraient leur salut,
leur gloire et leur sûreté, que dans l'observance
des commandements de Dieu.
v. 70. Anno centesimo quadragesimo sexto.
L'an 166 avant l'ère vulgaire.
(1) =n Thom. A'^ÔTriç. Vide Gènes, vi. 9; xx. 5. 6. - .lob. 1. - Psabn. cxvui. 1. - Proverb. xx. 7. - Isai. xlvii. 9.
CHAPITRE III
Judas Maccabée succède à Matthathias son père. Il défait et lue Apollonius. Il marche
contre Séron et le défait. Les victoires de Juda irritent Antiochus. Lysias envoie une
armée nombreuse contre les Juifs. Juda et les siens se préparent à combattre les ennemis.
i. Et surrcxit Judas, qui vocabatur Machabœus, filius
ejus, pro eo;
2. Et adjuvabant eum omnes fratres ejus, et univdrsi
qui se conjunxerant patri ejus, et praeliabantur prœlium
Israël cum laetitia.
5. Et dilatavit gloriam populo suo; et induit se loricain
sicut gigas, et succinxit se arma bellica sua in prasliis, et
protegebat castra gladio suo.
4. Similis factus est leoni in operibus suis, et sicut
catulus leonis rugiens in venatione.
5. Et persecutus est iniquos perscrutans eos; et qui
conturbabant populum suum, eos succendit flammis ;
0. Et repulsi sunt inimici ejus praa timoré ejus, et
omnes operarii iniquitatis conturbati sunt, et direcia est
salus in manu ejus.
1. Alors Judas son fils, surnommé Maccabée, prit sa
place.
2. Il était assisté par tous ses frères, et par tous ceux
qui s'étaient joints à son père ; et ils combattaient avec
joie pour la défense d'Israël.
j. Ce fut lui qui accrut la gloire de son peuple : il se
revêtit de la cuirasse comme un géant : il se couvrit de
ses armes dans les combats, et son épée était la protec-
tion de tout le camp.
4. Il devint ssmblable à un lion dans ses grandes ac-
tions, et à un lionceau qui rugit en voyant sa proie.
;. Il poursuivit les méchants, en les cherchant de tous
côtés, et il brûla ceux qui troublaient son peuple.
6. La terreur de son nom fit fuir ses ennemis devant
lui : tous les ouvriers d'iniquité furent dans le trouble ;
et son bras procura le salut du peuple.
COMMENTAIRE
$, 1. Surrexit Judas pro eo. Il succéda à
Matthathias dans le gouvernement du peuple.
La situation demandait un homme sage, intrépide,
zélé; Judas était le troisième des enfants de Mat-
thathias, comme le remarque Josèphe (1), mais
il méritait d'être choisi et préféré aux autres, à
cause de son insigne valeur.
f. 3. Protegebat castra gladio suo. Son épée
était la protection de tout le camp, ou plutôt de
toute l'armée. L'auteur de ce livre et en général
les Hébreux, mettent souvent le camp pour les
troupes qui composent l'armée (2).
Cette peinture si vive que l'Écriture nous a
faite du courage et de la force invincible de Judas
Maccabée, présente en abrégé tout ce que fit
ce grand zélateur de la loi, lorsqu'avec une petite
troupe de soldats soutenus par son exemple et
par la vertu divine, il taillait en pièces des armées
nombreuses, et remplissait de frayeur tous ses
ennemis. C'est une des belles figures de l'histoire,
et le mystérieux symbole du Messie.
Jésus est ce lion de la tribu de Juda (]) qui a
vaincu véritablement tous ses ennemis, comme parle
l'Écriture. C'est lui qui a marché commeun géant
au combat : Exullamt ut gigas ad currendam
viam (4). C'est à lui qu'un saint prophète et un
saint roi demande instamment qu'il prenne ses
armes et son bouclier, et qu'il tire son épée (5), afin
de fermer tout passage à ses ennemis. Il a été
comme un agneau en vivant parmi les hommes, et
on l'égorgea comme la victime du salut de tout
Israël ; mais, par sa mort, il est devenu comme
un lion, et comme une lionne qui rugit en voyant
sa proie. Il a agi avec ce pouvoir suprême qui
brise ceux qui lui résistent, et qui fléchit, quand
il lui plaît, les volontés les plus rebelles, les ren-
dant ainsi les uns et les autres comme sa proie, et
nulle puissance ne saurait la lui enlever.
Sa colère s'embrase, dit le roi prophète, comme
un grand feu (6), et c'est pour brûler ceux qui trou-
blent son peuple. Dieu d'unifcé et de paix, il ne hait
rien tant et ne punit rien plus sévèrement que ce
qui rompt cette unité d'Israël. Tous les ouvriers
d'iniquilé sont dans la terreur en sa présence ; par-
ce que ceux qui font mal fuyent et haïssent la
lumière de sa vérité, qui condamne toutes leurs
œuvres (7) comme des œuvres de ténèbres, qui ne
sont point faites par son esprit. Ses actions mira-
culeuses ont causé le désespoir de plusieurs princes,
et relevé en même temps l'espérance et la joie de
Jacob, lorsqu'il a rendu inutiles tous les efforts
des empereurs idolâtres, et affermi contre les
(1) Joseph. Ant. I. xii. c, 8. Ailleurs, de Belle l. 1. c. 1.
il dit l'aîné.
12) Voyez versets 1 5. et 57. Gènes, xi.ix, 9. - Num. xxm.
24.- Deut. xxxn. 221.
(i) Apec. v. <,. — (4) Psalm. xvui. 6.— (5) Ps. xxxiv. 2.
(6) Psalm. lxxxviii. 47. — (7) Joan. m. 20.
42
I.— MACCABÉES. — III.- JUDAS M VCCABÉE
7. El exacerbabat reges multcs, et laetificabat Jacob
in operibus suis; et in sasculum memoria ejus in bene-
dictione.
8. Et perambulavit civitates Juda, et psrdidit impios
ex eis, et avertit iram ab Israël.
9. Et nominatus est usque ad novissimum terras, et
congregavit pereuntes.
10. Et congregavit Apollonius gentes, et a Samaria
virtutem multam et magnam ad bellar.dum contra Israël.
11. Et cognovit Judas, et exiit obviam illi, et percussiti
et occidit illum ; et ceciderunt vulnerati multi, et reliqui
fugerunt.
12. Et accepit spolia eorum, et gladium Apollonii
abstulit Judas, et erat pugnans in eo omnibus diebus.
15. Et audivit Seron, princeps exercilus Syriœ, quod
congregavit Judas congregationem fidelium et ecclesiam
secum.
14. Et ait : Faciam mihi nomen, et glorilïcabor in regno,
et debellabo Judam et eos qui cum ipso sunt, qui sper-
nebant verbum régis.
15. Et prseparavit se; et ascenderunt cum eo castra
impiorum, fortes auxiliarii, ut facerent vindictam in lilios
Israël,
7. Ses grandes actions irritèrent plusieurs rois, et
furent en même temps la joie de Jacob ; et sa mémoire
sera éternellement en bénédiction.
8. Il parcourut les villes de Juda; il en fit disparaître
les impies ; et il détourna la colère de Dieu de dessus
Israël.
9. Son nom devint célèbre jusqu'aux extrémités du
monde ; et il rassembla ceux qui étaient près de périr.
10. Alors Apollonius assembla les nations, et leva de
Samarie une grande et puissante armée, pour combattre
contre Israël.
11. Et Judas, en ayar.t été averti, marcha contre lui,
le défit et le tua : et un grand nombre des ennemis fut
taillés en pièces, et le reste mis en fuite.
t2. Il en rapporta les dépouilles, et il prit l'épée
d'Apollonius, et s'en servit dans les combats toute sa vie.
ij. Séron, général de l'armée de Syrie, ayant appris
que Judas avait rassemblé auprès de lui une grande-
troupe de ceux qui étaient fidèles à la loi,
14 Dit: Je m'acquerrai de la réputation et de la
gloire dans tout le royaume, par la défaite de Judas et
de tous ceux qui sont avec lui, qui méprisent les ordres
du roi.
15. Il se prépara donc pour le combattre ; et l'armée
des impies le suivit avec un puissant secours, pour se
venger des enfants d'Israël.
COMMENTAIRE
puissances de l'enfer son Église, qui a commencé
par la maison de Jacob.
C'est lui enfin qui a détourné la colère du Sei-
gneur, non seulement d'Israël, mais encore de
toutes les nations, lorsqu'il s'est fait, par un excès
de sa charité, une victime de propitiation pour
leur salut : et sa mémoire sera éternellement en
bénédiction parmi les hommes ; puisqu'on ne peut
dire réellement que de lui seul, ce qui n'est d;t
qu'en un sens restreint de Judas Maccabée, que
son nom est devenu célèbre jusqu'aux extrémi-
tés du monde, depuis qu'il a rassemblé ceux qui
périssaient sous l'esclavage du démon, entraînés
par le torrent de la corruption générale du
péché.
,v. 7. Exacerbabat reges multos. Judas Mac-
cabée gouverna sous trois rois de Syrie, An-
tiochus Epiphane, Antiochus Eupator et Démé-
trius. Il remporta sur eux et sur leurs généraux,
de très grands avantages ; ils eurent la mortifica-
tion de le voir rétablir les affaires de sa nation,
sans pouvoir l'en empêcher. Le nom de roi se
prend quelquefois pour des princes, des gouver-
neurs de villes et de provinces ; on peut encore
l'entendre ici en ce sens.
f. 8. Avertit iram ab Israël. Il fit cesser la
persécution, en mettant les ennemis dans la néces-
sité de songer à leur propre défense, ou il dé-
tourna les effets de la colère de Dieu ; il en arrê-
ta la cause, en proscrivant l'exercice de l'idolâtrie
dans le temple et dans le pays.
h 9. Congregavit pereuntes. // rassembla
ceux qui étaient prêts de périr; les peuples persé-
cutés, dispersés et malheureux. Les Hébreux
appellent un homme dans la disgrâce ou dans la
captivité, un périssant (1).
f. 10. Congregavit Apollonius gentes. Apol-
lonius est le gouverneur envoyé auparavant par
Antiochus (2), pour placer à Jérusalem la statue
de Jupiter Olympien, et pour contraindre les Juifs
à quitter leurs lois. C'est probablement le même
qui fut envoyé en Egypte au commencement du
règne de ce prince (3;, pour tâcher d'obtenir la
tutelle du jeune roi Ptolomée Philométor. Apol-
lonius se trouvait à Samarie, lorqu'il apprit que
Judas paraissait à la tête d'une armée de six mille
hommes (4) : cechel du peuple de Dieu, profilant
de l'absence d'Apollonius, était sorti des monta-
gnes, et, parcourant les bourgades et les villages,
avait ramassé tout ce qu'il avait trouvé de Juifs
zélés pour la loi. Avec sa troupe, il ravageait les
campagnes, et portait la désolation partout, brû-
lant les villes et les villages, et taillant en pièces
tous les ennemis qui tombaient entre ses mains.
v. i]. Seron, princeps exercitus Syri-c. De
laCœlé-Syrie, ditJosèphe.
v. i). Castra impiorum. Ceux des Juifs qui
avaient apostasie.
(1) 13N Deul. xxvi. 4. 5. on taiN >n-iN Syrus periens
pater meus. Vulg. Syrus persequebatur patiem meum. -
Prov. xxxi. - Job. xix, ij; xxxi. 19.
(2) 11. Macc. v. 24. 25. 26.
(3) 11. Macc. iv.
(4) 11. Macc. vm. et Joseph. Antiq.
I.
MACCABEES.
III. - SES EXPLOITS
4?
16. Et appropinquaverunt usque ad Bethoron, et exivit
Judas obviam illi cum paucis.
i". Ut autem viderunt exercitum venientem sibi obviam,
dixerunt Judas : Quomodo poterimus pauci pugnare con-
tra multijudinem t?ntam et tam fortem, et nos fatigati
sumus jejunio hodie ?
18. Et ait Judas : Facile est concludi multos in manus
paucorum ; et non est diflferentia in conspectu Dei cœli
liberare in multiset in paucis,
19. Quoniam non in multitudine exercitus Victoria bel I S ;
sed de ccelo forlitudo est.
20. Ipsi veniunt ad nos in multitudine contumaci et su-
perbia, ut disperdant nos, et uxores nostras, et filios
nostros, et ut spolient nos;
21. Nos vero pugnabimus pro animabus nostris, et
legibus nostris;
22. Et ipse Dominus conteret eos ante faciem nostram ;
vos autem ne timueritis eos.
2;. Ut cessavit autem loqui, insiluit in eos subito ; et
contritus est Seron et exercitus ejus in conspectu ipsius.
24. Et persecutus est eum in descensu Bethoron usque
in campum, et ceciderunt ex eis octingenti viri ; reliqui
autem fugerunt in terram Philisthiim.
25. Et cecidit timor Judae ac fratrum ejus, et formido
super omnes gentes in circuitu eorum ;
16. Ils s'avancèrent jusqu'à Bethoron ; et Judas vint
au-devant d'eux avec peu de soldats.
17. Mais ceux-ci, ayant vu marcher contre eux l'armée
ennemie, lui dirent : Comment pourrons- nous combattre
contre une armée si grande et si forte, nous qui sommes
en si petit nombre et fatigués du jeûne d'aujourd'hui?
18. Judas leur dit : Il est aisé que peu de gens en bat-
tent beaucoup : et quand le Dieu du ciel veut sauver, il
n'y a point de différence entre un grand et un petit
nombre ;
19. Car la victoire ne dépend point de la grandeur des
armées, mais c'est du ciel que vient toute la force.
20. Ils marchent contre nous avec une multitude de
gens superbes et insolents pour nous perdre tous avec
nos femmes et nos enfants, et pour s'enrichir de nos
dépouilles.
2i. Mais pour nous, nous combattrons pour notre vie
et pour notre loi ;
2?. Et le Seigneur brisera lui-même tous leurs efforts
devant nous : c'est pourquoi ne les craignez point.
2;. Quand il eut cessé de parler, il se jeta aussitôt sur
eux, et Séron fut renversé devant lui, avec toute son
armée.
24. Judas le poursuivit à la descente de Bethoron
jusqu'à la plaine ; et huit cents hommes des ennemis
furent tués: mais le reste s'enfuit au pays des Philistins.
25. Alors la terreur de Judas et de ses frères se répan-
dit de tous côtés parmi les nations voisines.
COMMENTAIRE
jK 16. Usque ad bethoron. Cette ville était
environ à quatre lieues au nord de Jérusalem.
Voyez Josué, x, 10.
f. 17. Fatigati sumus jejunio hodie. Judas
s'était préparé au combat par la prière et par le
jeûne, selon sa coutume (1).
Le jeûne, l'humiliation et la prière font toute
la force du grand Judas Maccabée. Et, après qu'il
s'est affermi par ces armes invincibles, il ne craint
pas plus toute cette multitude d'ennemis, selon
un commentateur, qu'une troupe de moucherons.
C'est là véritablement la cuirasse dont ce géant
s'est revêtu. Ce sont là les armes toutes spirituelles
dont il s'est armé dans les combats. C'est là cette
épée qui faisait la protection de tout son camp.
C'était là enfin le rugissement du lion et du lion-
ceau, en voyant ses ennemis et les regardant com-
me sa proie assurée. Car vit-on jamais une foi plus
ferme, un courage plus humble que celui d'un
homme qui ne rassure le peu de gens qui l'accom-
pagnent, contre la frayeur que leur inspire la vue
de l'armée nombreuse d'Apollonius, qu'en leur
disant ce peu de paroles : Le grand et le petit nom-
bre est indifférent au Dieu du ciel lorsqu'il veut
sauver : c'est du ciel que vient notre force, et non
de la multitude des troupes : l'orgueil des ennemis
sera la cause de leur perte ; ajoutant que ceux
qui combattaient pour la loi de Dieu, devaient se
persuader que Dieu briserait lui-même leurs enne-
mis en leur présence.
Il faisait donc consister la faiblesse des ennemis
d'Israël dans leur orgueil, et dans l'injustice de
leur cause : et il mettait toute sa force dans la
confiance qu'il avait en Dieu, dans les jeûnes,
dans les prières, et dans la cause pour laquelle il
combattait, puisque c'était celle du Seigneur.
Ainsi, s'appuyant sur Dieu même, il pouvait dire
hardiment à ses compagnons : Ne les craigne^
point ; parce que Dieu brisera tous leurs efforts de-
vant vous.
Ce qu'il dit des Syriens, qui attaquaient Israël
avec tant d'audace, il nous apprend à le dire des
ennemis, visibles ou invisibles, de notre salut, et
de tous ceux qui s'élèvent contre l'Église. Ceux
qui ont la science spirituelle de Judas Maccabée,
sont convaincus, par l'expérience de tous les siè-
cles, que la multitude des ennemis de la vérité,
et l'orgueil de ceux qui s'opposent à notre salut,
ne peut rien contre la force qui nous vient du ciel.
Celui qui ne s'appuie point sur ses propres for-
ces et qui croit avec certitude que Dieu peut
briser, quand il lui plaira, tous les efforts de ses
adversaires, a sujet de s'assurer, que c'est à lui-
même que s'adresse cette parole du chef invinci-
ble d'Israël : Ne les craigne^ point, et confiez-vous
en celui par qui le monde a été vaincu (2).
f. 2'-,. Cecidit timor Jud,e... super omnes
gentes in circuitu. Nous lisons dans le second
livre des Maccabées (3), que Philippe, qui avait
été établi par Antiochus à Jérusalem pour mal-
(1) Voyez les versets 46. 47. — (2) Joan. xvi. j?.
(5) 11. Macc. vm. 8. -Joseph. Antiq. xn.
44
MACCABÉES.
III.
SES EXPLOITS
26. Et pervenit ad regem nomen ejus, et de praeliis
Judas narrabant omnes gentes.
27. Ut audivit autem rex Antiochus sermones istos,
iratus est animo ; et misit, et congregavit exercitum
universi regni sui, castra fortia valde ;
28. Et aperuit asrarium suum, et dédit stipendia exer-
citui in annum, et mandavit illis ut essent parati ad omnia.
29. Et vidit quod déficit pecunia de thesauris suis, et
tributa regionis modica propter dissensionem, et plagam
quam fecit in terra, ut tolleret légitima quas erant a pri-
mis diebus;
;o. Et timuit ne non haberet ut semel et bis, in sump-
tus et donaria quae dederat ante larga manu, et abunda-
verat super reges qui ante eum fuerant.
26. Son nom fut connu du roi même ; et tous les peu-
ples parlaient des combats et des victoires de Judas.
2~. Lors donc que le roi Antiochus eut reçu ces nou-
velles, il entra dans une grande colère ; et il envoya
dans tout son royaume lever des troupes dont il fit une
puissante armée.
28. Il ouvrit son trésor, il paya ses gens pour un an,
et il leur commanda d'être prêts à tout.
29. Mais ayant vu que l'argent de ses trésors avait
manqué, et qu'il retirait peu de tributs du pays des
Juifs, à cause des troubles qu'il y avait excités, et des
maux qu'il y avait faits, en leur ôtant la loi qu'ils avaient
gardée de tout temps.
?o. Il eut peur de n'avoir pas de quoi fournir comme
auparavant aux frais de la guerre, et aux grandes libé-
ralités qu'il avait coutume de faire avec une largesse
extraordinaire, ayant été magnifique plus que tous les
rois qui l'avaient précédé.
COMMENTAIRE
traiter les Juifs (1). voyant qu'Apollonius et Séron
avaient été défaits par Judas, écrivit à Ptolomée,
qui commandait dans la Ccelé-Syrie, d'envoyer du
secours en Judée pour fortifier le parti du roi.
Ptolomée y envoya aussitôt Nicanor et Gorgias,
avec vingt mille hommes de bonnes troupes. Ni-
canor doutait si peu du succès, qu'il fit venir des
marchandsde laCœlé-Syrie, pour acheter les escla-
ves qu'il prétendait faire. Avec ce bénéfice, il se
flattait de pouvoir payer les deux mille talents de
tribut, qu'Antiochus devait aux Romains. Mais
il en arriva tout autrement, comme on le verra
dans la suite (2).
f. 20. Tributa regionis modica. Sulpice Se
vère dit qu'avant la persécution, il en tirait trois
cents talents (3). Mais depuis qu'il eut déclaré la
guerre à Dieu et à son peuple, non seulement il
n'en tirait plus rien ; mais même il était obligé de
faire de grandes dépenses pour y entretenir des
troupes.
y. 20. Timuit ne non haberet ut semel et bis,
in sumptus et donaria. Antiochus était l'homme
du monde le plus bizarre et le plus inégal dans
les divers projets qu'il formait, et dans les entre-
prises auxquelles il s'engageait. Ses desseins
étaient tantôt les plus grands et les plus beaux,
tantôt les plus mesquins et les plus extravagants
qu'un homme pût former. L'Ecriture nous parle
ici en général de ses profusions et de ses dépenses
inconsidérées, qui le réduisirent à la nécessité
d'aller, pour ainsi dire, faire le bandit, et piller
lui-même les provinces et les temples de ses pro-
pres états ; mais l'histoire profane nous dépeint
ses folles dépenses d'une manière qui mérite d'être
remarquée, pour donner une juste idée du per-
sonnage.
Antiochus ayant appris que Paul Emile avait
fait représenter des jeux magnifiques à Amphipo-
lis en Macédoine, il lui prit envie de l'imiter, et
de le surpasser même en somptuosité (4). Il fit
publier ces jeux, et invita toute la Grèce ; le fau-
bourg de Daphné près d'Antioche, fut choisi pour
scène, et il s'y trouva une très grande quantité de
spectateurs de toutes les parties du monde. Le
spectacle fut des plus pompeux. On vit d'abord
marcher mille jeunes guerriers, armés à la romai-
ne ; après cela, mille autres de Mysie, puis trois
mille Ciliciens, armés à la légère, avec des cou-
ronnes d'or sur la tête ; puis un pareil nombre de
Thraces,et cinq mille Galates, et d'autres encore
avec des boucliers d'argent. Deux cent quarante
paires de gladiateurs suivaient, et mille cavaliers
montés sur les plus beaux chevaux des campa-
gnes de Nicée,et trois mille montés sur des chevaux
ordinaires ; la plupart avec des couronnes d'or
sur la tête, et les harnais recouverts de même
métal : les autres avec des couronnes d'argent et
les ornements des chevaux de même ; après ceux-
là, on voyait encore trois escadrons de mille che-
vaux richement ornés ; la marche de la cavalerie
était fermée par quinze cents chevaux capara-
çonnés, avec leurs cavaliers armés de toutes
pièces.
Les chars paraissaient ensuite : il y en avait
cent à six chevaux, quarante à quatre chevaux,
puis un char tiré par quatre éléphants, et un
autre de deux éléphants ; ensuite on voyait trente-
six de ces animaux qui conduisaient séparément
huit cents jeunes hommes avec des couronnes
d'or, environ mille bœufs gras, trois cents tables
d'argent pour les sacrifices, huit cents défenses
d'éléphants, puis les figures de tous les dieux, et
de tout ce qu'on connaissait de divinités, suivaient
ce long cortège. Après cela étaient mille jeunes
(1) u. Macc. v. 22. — (2) 11. Macc. vin.
(3) Sulpit Sever. hist. sacr. t. 11.
(4) Vide Diodor. SicuL inexcerpt. Vales.p. J22. et Polyb.
apud Allien. t. v. c. 4. et l. x. c. 12.
I. — MACCABÉES. — III.- EXPÉDITIONS DANTIOCHUS
45
jl. Et conslernatus est animo valde, et cogitavit ire in
Persidem, et accipere tributa regionum, et congregare
argentum multum.
;2. Et reliquit Lysiam, hominem nobilem de génère
regali, super negotia regia, a flumine Euphrate usque
ad flumen .€gypti ;
jj. Et ut nutriret Antiochum. filium suum, donecrediret.
J4. Et tradidit ei médium exercitum, et elephantos, et
mandavit ei de omnibus quae volebat, et de inhabitan-
tibus Judœam et Jérusalem;
JÇ. Et ut mitteret ad eos exercitum ad conterendam et
extirpandam virtutem Israël ei reliquias Jérusalem, et
auferendam memoriam eorum de loco;
il. Dans la grande consternation où il se trouvait,
il résolut d'aller en Perse, pour y lever les tributs des
peuples, et y amasser beaucoup d'argent.
ji. Il laissa donc Lysias, prince de la maison royale,
pour avoir soin des affaires du royaume, et commander
depuis le fleuve de l'Euphrate jusqu'au fleuve de
l'Egypte,
jj. Et pour avoir soin de l'éducation de son fils Antio-
chus jusqu'à ce qu'il fût de retour.
54- " lui laissa la moitié de l'armée et des éléphants ;
et il lui donna ses ordres pour tout ce qu'il voulait faire,
et pour ce qui regardait aussi les peuples de la Judée
et les habitants de Jérusalem,
ÎS- Lui commandant d'y envoyer une armée, pour per-
dre et exterminer entièrement toutes les troupes d'Israël
et les restes de Jérusalem, et pour effacer de ce lieu
tout ce qui pourrait en renouveler la mémoire ;
COMMENTAIRE
hommes, qui portaient chacun un vase d'argent
qui pesait au moins mille drachmes ; puis six cents
autres qui portaient des vases d'or ; et après eux,
des femmes au nombre de deux cents, qui répan-
daient sur les spectateurs du parfum qu'elles por-
taient dans des vases d'or ; ces femmes étaient
suivies de quatre-vingts autres femmes, que l'on
portait dans des chaises, dont les pieds étaient
d'or ; puis cinq cents autres dans des chaises à
pieds d'argent. Les jeux et les spectacles durèrent
un mois entier, et l'on n'y épargna ni les parfums,
ni les huiles de senteur les plus précieuses. An-
tiochus donna à manger, pendant ce temps, quel-
quefois à mille, quelquefois à quinze cents tables,
toujours avec une somptuosité et une magnificence
royales.
Ce qui se faisait le plus remarquer dans cette
superbe cérémonie, et ce qui en rendait le spec-
tacle plus divertissant, était la fonction que le roi
y avait choisie ; il courait à cheval, à travers les
rangs, faisant hâter, avancer, ou arrêter chacun,
selon que l'ordre de la marche lui semblait le
demander, et celaavec si peu de décence et de ma-
jesté, que si on lui eût ôté le diadème, on l'aurait
pris pour le dernier de ses officiers. Dans les festins
qui accompagnèrent cette fête, Antiochus était à la
porte des salles, faisant le métier d'introducteur,
laissant entrer et plaçant sur les lits, ou rebutant
ceux qu'il jugeait à propos. Pendant le repas, il
conduisait les officiers qui apportaient les services;
tantôt il s'asseyait à table, tantôt il se mettait à
terre ; puis tout à coup, laissant ce qu'il mangeait,
ou posant sa coupe sur la table, il se levait, et
courait dans les rangs, prenant les coupes qu'on
lui présentait, recevant les santés qu'on lui por-
tait, et buvant ainsi à la hâte et tout droit ; il se
mêlait aux baladins qui divertissaient la compa-
gnie, dansait avec eux, et faisait mille singeries,
qui causaient plus d'étonnement que de gaîté.
Il donna des marques de sa profusion et de sa
magnificence à plusieurs villes de la Grèce. Il
consacra dans les unes des statues, dans d'autres
des boucliers et des vases d'or; il fournit à la
plus grande partie des frais pour enfermer de mu-
railles la ville de Mégalopolis en Arcadie, il fit à
Tégée un théâtre de marbre très magnifique, il
combla de biens la ville de Rhodes, il augmenta
de la quatrième partie la ville d'Antioche de Sy-
rie, et embellit la ville d'Émath, à qui il donna le
nom d'Epiphanie (i). Il bâtit à Antioche un tem-
ple somptueuxàJupiter Oiympien ; tout l'intérieur,
tant les plafonds que les murs, était couvert de
lames d'or (2). Tant de frais et de dépenses mal
réglées, le réduisirent en l'état que l'Écriture
nous décrit ici. Les jeux dont on a parlé turent
représentés à Antioche, l'année même qu'Apol-
lonius fut défait par Judas Maccabée (3). L'ara-
be (_|) nous apprend une circonstance, qui serait
intéressante au point de vue historique si elle était
mieux appuyée, c'est que le roi de Perse ayant
appris les beaux faits d'armes de Judas, voulut
suivre son exemple, et se souleva contre Antio-
chus Épiphane. Ce fut pour le réduire à son de-
voir, qu'Antiochus passa l'Euphrate, comme nous
allons le voir.
f. 32. Reliquit Lysiam, hominem nobilem
de génère regali. Lysias était un des premiers
personnages de la cour d'Antiochus.Ce prince lui
confia l'éducation de son fils Anthiochus Eupator,et
lui donna le gouvernement de la Syrie, de la
Phénicie, de la Samarie, de la Palestine et de la
Judée; en un mot, ce toutes les provinces qui
sont entre l'Euphrate et le Nil.
V. 35. AD CONTERENDAM ET EXTIRPANDAM VIR-
TUTEM Israël et reliquias Jérusalem, et aufe-
rendam memoriam eorum de loco. Tel est le lan-
gage plein de vanité et d'orgueil, que le Saint-
Esprit a reproché si'souvent dans l'Écriture à ce
(1) Voyez Vaillant, Hist. Rcg. Syr. ad finem Antiochiu.
(2) Liv. lib. xli.
(j) Usser ad an. }8j8. -Vaillant, hist. Rcg. Syr.
(4) Arab. in Polygl. Paris, n. Mac. c. 7.
46
I. — MACCABÉES. — III.- INVASION DE LA JUDÉE
36. Et ut constitueret habitatores filios alienigenas in
omnibus finibus eorum, et sorte distribuent terram
eorum.
37. Et rex assumpsit partem exercitus residui, et
exivit ab Antiochia, civitate regni sui, anno ceniesimo et
quadragesimo septimo,et transfretavit Euphraten flumen,
et perambulabat superiores regiones.
38. Et elegit Lysias Ptolemasum, filium Dorymini, et
IVicanorem, et Gorgiam, viros potentes ex amicis régis;
39. Et misit cum eis quadraginta milha virorum, et
septem millia equitum, ut venirent in terram Juda, et
disperderent eam, secundum verbum régis.
40. Et processerunt cum universa virtute sua, et vene-
runt, et applicuerunt Emmaum, in terra campestri.
41. Et audierunt mercatores regionum nomen eorum,
et acceperunt argentum et aurum multum valde, et pue-
ros, et venerunt in castra ut acciperent filios Israël in
servos; et additi sunt ad eos exercitus Syriae et terras
alienigenarum.
42. Et vidit Judas et fratres ejus, quia multiplicata
sunt mala, et exercitus applicabant ad fines eorum; et
cognoverunt verba régis, quas mandavit populo facere
in interitum et consummationem ;
4?. Et dixerunt unusquisque ad proximum suum : Eri-
gamus dejectionem populi nostri, et pugnemus pro po-
pulo nostro et sanctis nostris.
44. Et congregatus est conventus ut essent parati in
prœlium, et ut orarent, et peterent misericordiam et
miseraticnes ;
36. Et d'établir des étrangers dans tout leur pays pour
l'habiter ; et de distribuer au sort toutes leurs terres.
37. Le roi prit la moitié de l'armée qui lui restait, par-
tit d'Antioche, capitale de son royaume, en la cent qua-
rante-septième année, passa l'Euphrate, et traversa le
haut pays.
38. Et Lysias choisit Ptolémée, fils de Dorymini, Nica-
nor et Gorgias, qui étaient des hommes puissants entre
les amis du roi.
îo. Et envoya avec eux quarante mille hommes de
pied, et sept mille chevaux; il leur donna ordre d'aller
dans le pays de Juda, et de ruiner tout, selon que le
roi l'avait commandé.
40. Ils s'avancèrent donc avec toutes leurs troupes, et
vinrent camper près d'Emmaiïs, le long de la plaine.
41. Les marchands des pays voisins ayant su leur arri-
vée, prirent beaucoup d'or et d'argent, et des serviteurs,
et vinrent au camp, afin d'acheter les enfants d'Israël
que l'on devait faire esclaves, et l'armée de Syrie se
joignit à eux avec celle du pays des étrangers.
42. Judas et ses frères reconnurent alors que leurs
maux s'étaient multipliés, et que l'armée ennemie s'appro-
chait de leur pays : ils surent l'ordre que le roi avait
donné de perdre leur peuple, et de le détruire entière-
ment.
4?. Et ils se dirent les uns aux autres : Relevons les
ruines de notre nation, et combattons pour notre peuple
ou pour notre religion.
44. Ils s'assemblèrent donc pour se préparer à com-
battre, et pour prier le Seigneur, et implorer sa bonté et
ses miséricordes. *
COMMENTAIRE
prince impie. Il s'imaginait qu'il n'avait qu'à
donner ses ordres pour être obéi; et que tout
serait soumis à ses volontés. Mais qui peut l'en-
tendre parler de la sorte, lorsque c'était princi-
palement contre le Dieu des dieux, selon qu'il est
dit ailleurs (1), qu'(7 s'élevait insolemment, et qu'il
ne songeait à exterminer l'armée d'Israël, et les
restes de Jérusalem, que parce que cette ville et
ce peuple appartenaient au Très-Haut ; Qui peut
voir sans étonnement, qu'un ver de terre, comme
Matthathias appelait Anliochus au milieude toute
sa gloire (2), entreprenne de détruire l'héritage du
Seigneur; comme si tous ses efforts eussent pu
faire autre chose dans la Judée et dans la ville de
Jérusalem, qu'accomplir les adorables desseins
de Dieu sur son peuple, en punissant les uns
selon les rigueurs de sa justice, et en éprouvant
la vertu des autres selon son infinie miséricorde?
y. 37. Perambulabat superiores regiones. Il
entra dans l'Arménie, et défit Artaxias, roi du
pays; il le prit, et mit son armée en fuite (j) en
165 avant Jésus-Christ.
f. 38. Ptolem.<eum filium Dorymini. Ptolémée
fils de Dorymini avait d'abord eu le gouverne-
ment de l'île de Chypre au nom de Ptolémée
Philométor, roi d'Egypte. Pendant la minorité
de ce prince, il n'envoya aucun subside des reve-
nus de son gouvernementaux régents du royaume ;
mais aussitôt que le roi eut commencé à gouver-
ner par lui-même, il lui rendit compte de tout ce
qu'il avait tiré de l'île qu'il gouvernait (4). Ayant
dans la suite, reçu quelque mécontentement de
la part de la cour d'Egypte, il livra l'île au roi
Antiochus Épiphane (5).
y. 40. Applicuerunt Emmaum, in terra cam-
pestri. Emmaûs est environ à sept lieues de Jé-
rusalem vers l'occident.
y. 41. Audierunt mercatores regionum. Jo-
sèphe dit (6) que les marchands, dans l'espérance
d'acheter un grand nombre de captifs juifs, qu'on
devait leur donner à vil prix, avaient déjà fait pro-
vision de liens pour les mener enchaînés dans leur
pays, et d'or et d'argent pour les payer; tout
cela servit contre eux-mêmes : ils furent surpris
par les troupes de Judas, et liés de leurs propres
liens. Nicanor avait promis à ces marchands de
leur donner quatre-vingt-dix Juifs pour un ta-
lent (7). S'il s'agit du talent attique, ce serait
(1) Dan. xi. 6;.
(2)1. Macc. 11. 26.
(?) Appian. Syriae. Porphvr. apud Hicron' in Dan. xn.
(41 Polyb. I. xxvn. in excerptis Vaks.
(S) Vide 11. Macc. vin. 8; x. 12.
(ù) Antiq. I. xn. c. 11. EUoaç u.fv /.oatÇovrd; à:; ôrpoust
toÙ; Xrjï.Or)tô;j.£vou;, àpyupov 3î y.ai yjpùvm Tijxrjv â'jTÔJv y.aTa
Oriiôacvot. Ita et Srr.
(7) 11. Macc. via. 10. 11. et seq.
I.— MACCABÉES. — III.- DÉSOLATION DE JÉRUSALEM
45. Et Jérusalem non habitabatur, sed erat sicut deser-
tum ; non erat qui ingredereturet egrederetur de natis ejus,
et sanctum conculcabatur, et filii alienigenarum erant in
arce : ibi erat habitatio gentium; et ablata est voluptas a
Jacob, et defecit ibi tibia et cithara.
46. Et congregati sunt, et venerunt in Maspha, contra
Jérusalem, quia locus orationis erat in Maspha ante in
Israël.
47. Et iejunaverunt illa die, et induerunt se ciliciis, et
cinerem imposuerunt capiti suo, et disciderunt vestimenta
sua ;
48. Et expanderunt libros legis, de quibus scrutaban-
tur gentes similitudinem simulacrorum suorum;
4i. Jérusalem n'était point alors habitée, mais parais-
sait comme un désert ; on ne voyait plus aucun de ses
enfants y entrer ou en sortir : son sanctuaire était foulé
aux pieds : les étrangers demeuraient dans la forteresse,
qui était devenue la retraite des nations : toute !a joie
de Jacob en était bannie ; et on n'y entendait plus le
son de la flûte, ni de la harpe.
46. Ils s'assemblèrent donc, et vinrent à Maspha, vis-
à-vis de Jérusalem, parce qu'il y avait eu autrefois dans
Israël, un lieu de prière à Masp.ia.
47. Ils jeûnèrent ce jour là ; ils se revêtirent de cilices ;
ils se mirent de la cendre sur la tête ; ils déchirèrent
leurs vêtements.
48. Ils ouvrirent les livres de la loi, où les gentils
cherchaient à trouver quelque chose qui eût du rapport
avec leurs idoles.
COMMENTAIRE
Ç.5601Ï.90; s'il s'agit de l'évaluation hébraïque, ce
serait 8.500 fr. ; le talent d'Égine équivaudrait à
9,300 fr.
y. 46. LOCUS ORATIONIS ERAT IN MASPHA ANTE
in Israël. C'est à Maspha que les tribus s'assem-
blèrent pour résoudre la guerre contre les Ben-
jamites, à l'occasion de l'outrage fait à la femme
du Lévite (1). On s'y assembla aussi sous Sa-
muel (2), et pour l'élection de Saûl (3). Les Juits,
sous Judas Maccabée,ne pouvant aller au temple,
qui était profané et souillé par les nations, se ren-
daient à Maspha pour y prier le Seigneur, et
pour y faire, comme ils pouvaient, les exercices
de leur religion.
Comme ils ne pouvaient plus alors se servir du
temple, a cause des profanations et des violences
des païens, ils se rendirent à Maspha. Mais quelle
fut la manière extraordinaire dont J udas Maccabée,
ce géant et ce lion, se prépara avec tous ses com-
pagnons au combat? Les personnes accoutumées
à un courage tout humain et à une vaine bravoure,
ne seront guère sans doute en état de compren-
dre ce langage. Le jeûne, le cilice et la cendre ne
paraissent point aux hommes du siècle des moyens
propres pour vaincre leurs ennemis. Ils laissent
ces sortes d'armes aux religieux et aux dévots; et
ils se regardent comme plus en état de remporter
la victoire, lorsqu'ils sont et bien nourris et bien
armés.
C'est qu'ils ne combattent pas sous la conduite
du Dieu des batailles et du Seigneur des armées.
Car s'ils étaient convaincus de cette importante
vérité, que les princes les plus braves, comme
David, ont fort bien comprise, que la victoire
dépend de la volonté de Dieu, et non des forces
de l'homme ; et que, pour confondre la vaine con-
fiance qu'ont les conquérants dans la force de
leurs troupes, il emploie, quand il lui plaît, les
plus faibles instruments, ils ne croiraient pas sans
doute s'abaisser ni se tromper, en suivant l'exem-
ple de ces grands hommes, qui étaient vraiment
des héros de Dieu.
y. 48. Expanderunt libros legis, de quibus
SCRUTABANTUR GENTES SIMILITUDINEM SIMULA-
CRORUM suorum (4). Ce texte est assez obscur.
Des commentateurs (5) croient que les gentils,
ayant en main les livres de Moïse, y cherchaient
de quoi appuyer leur superstition, en prenant,
dans un sens contraire, quelque point de la loi,
et quelque histoire de l'Écriture; voulant, par
exemple, prouver l'adoration des statues par
l'exemple des chérubins, ou l'histoire de Bacchus
par celle de Noé. D'autres lisent ainsi le texte
grec (6) : Ils étendirent les livres de la loi, sur les-
quels les gentils cherchaient à peindre des figures
de leurs dieux. Les gentils profanaient les livres
saints qui tombaient entre leurs mains, en y dé-
peignant les figures des faux dieux, en y écrivant
leurs noms (7). Le syriaque : IU étendirent le
livre de la loi devant le sanctuaire, à cause des
gentils, qui voulaient les obliger d'imiter leur ido-
lâtrie. La construction du grec est visiblement
fautive. Ils étendirent le livre de la loi, sur les-
quels, etc. 11 faudrait dire : Sur lequel; ou lire,
les livres sur lesquels, etc. Dom Calmet propose
de lire : 7.sp> ôv xatpov. Ils étendirent le livre de la
loi, dans le même temps que les gentils consultaient
les simulacres de leurs idoles. Ce sens est assez
clair, et ne demande que peu de changement
dans le texte. Mais en général il faut s'abstenir de
(1) Judic. xx. 1; xxi. $. 8.
(2) 1. Reg. vu. 5.
(j) Ibid. x. 17.
(4) E'Çe^ETajav -6 ô:6X:ov toS v&',aoj, nep'i wv sçipsûycov
Ta iOvrj Ta ô|j.otu:;j.ata a&v siSoiXtov otUTâiv.
(ç) Lrran. Serar. Salian. Fab. Tirin. alii.
(6) Edit. Complut. Ilspt wv e^epeûvcov :à è'Ovti toO sJttYpâ-
astv iiz' âtiToiv Ta ô[j.oiai;j.aTa tojv éipoiXwv àuTùiv.
(7) lia Grct. Sar. Mar. cl Badvct.
48
I.
MACCABEES. - III.
RELIGION DE JUDAS MACCABÉE
49. Et attulerunt ornamenta sacerdotalia et primitias,
et décimas; et suscitaverunt Nazarasos qui impleverant
dies;
<;o. Et clamaverunt voce magna in cœlum Jicentes :
Quid faciemus istis, et quo eos ducemus ?
51. Et sancta tua conculcata sunt et contaminata sunt,
et sacerdotes tui facti sunt in luctum et in humilitatem.
52. Et ecce nationes convenerunt adversum nos ut nos
disperdant ; tu scis quas cogitant in nos.
îî. Quomcdo poterimus subsistere ante faciem eorum,
nisi tu, Deus, adjuves nos?
'4. Et tu±>is exclamaverunt voce magna.
55. Et post hase consiituit Judas duces populi, tribunos,
et centuriones, et pentacontarchos, et decuriones.
56. Et dixit his qui œdificabant domos, et sponsabant
uxores, et plantabant vineas, et formidolosis, ut redirent
unusquisque in domum suam, secundum legem.
49. Ils apportèrent les ornements sacerdotaux, les pré-
mices et les dîmes, et ils rirent venir les Naziréens qui
avaient accompli leurs jours.
ço. Et élevant leurs voix, ils poussèrent leurs cris jus-
qu'au ciel, en disant : Que ferons-nous à ceux-ci, et où
'.es mènerons-nous ?
Çl. Votre sanctuaire a été souillé et foulé aux pieds ;
vos prêtres sont dans les larmes et dans l'humiliation.
<,2. Vous voyez que ces nations se sont assemblées
pour nous perdre : vous savez les desseins qu'elles ont
formés contre nous.
<;;. Comment pourrons-nous subsister devant eux, si
vous-même, ô Dieu ! ne nous assistez ?
54. Et ils firent retentir les trompettes avec un grand
bruit.
55. Après cela, Judas établit des officiers pour com-
mander l'armée, des tribuns, des capitaines de cent
hommes, et des officiers de cinquante et de dix ;
56. Et il dit à ceux qui venaient de bâtir des maisons,
d'épouser des femmes, et de planter des vignes, et à
ceux qui étaient timides, de retourner chacun en leur
maison, selon la loi.
COMMENTAIRE
ces changements qui finiraient par bouleverser les
textes. Le texte de Complute donne un autre sens
qui n'est pasà dédaigner. La Vulgate fournit aussi
une version acceptable. D'après ces deux ver-
sions, les Maccabées auraient muté le saint roi
Ézéchias(i), en exposant devant le Seigneur la
preuve matérielle de l'insolence de ses ennemis.
jh 49. Attulerunt ornamenta sacerdotalia.
//s apportèrent les ornements sacerdotaux, qu'ils
avaient sauvés du temple, lorsqu'Antiochus et
ensuite Apollonius le profanèrent. Il semble
même qu'ils y avaient dressé un tabernacle, puis-
qu'ils étendirent les livres sacrés devant le sanc-
tuaire, suivant le syriaque, ou devant le Seigneur.
Suscitaverunt Nazar^os qui impleverant
dies. On peut voir, Nombres vi. 1, et suivants, les
règlements des Naziréens. Après le temps de
leurs vœux, ils devaient se présenter au temple,
et offrir des hosties ; mais, dans l'état où étaient
réduits les Juifs, tout ce qu'ils pouvaient faire,
était de se présenter aux prêtres, et de prier le
Seigneur de les mettre en état d'exécuter plus
parfaitement les cérémonies, en leur rendant
l'usage de son temple ; c'est la prière qu'il lui
font ici en commun. Quid faciemus islis, et quo
eos ducemus ( Que ferons-nous à ceux-ci, et où
les mènerons-nous ? Ou encore que ferons-nous
de ces objets, ornements, prémices etdîmes, puis-
que le temple est profané.
Ce n'était pas pour offrir des sacrifices, que
l'on faisait apporter les ornements sacerdotaux ;
puisque, le temple subsistant, il leur était défendu
de le faire ailleurs. C était donc pour les présen-
ter à Dieu avec les prémices et les dimes, comme
les marques de sa religion foulée aux pieds par
les infidèles ; et pour le toucher de compassion
en même temps envers son peuple, qu'il voyait
privé alors de la consolation la plus sensible qu'il
pouvait avoir, n'ayant plus l'usage ni de son tem-
ple, ni des sacrifices, ni de tous les autres exer-
cices d'une religion si auguste. Ce fut encore la
même raison qui les porta à faire venir les Nazi-
réens ; ils avaient dessein, en les présentant à
Dieu, de fléchir sa miséricorde par la vue de ces
personnes, parce que leurs jours étaient accom-
plis, c'est-à-dire, le temps de leurs vœux ; et qu'on
ne savait où Us mener, pour le sacrifice qu'elles
devaient lui offrir, n'ayant plus la liberté de le
faire dans le temple, dont le sanctuaire, comme ils
le disent, était souillé et foulé aux pieds.
f. 54. Tubis exclamaverunt voce magna. Les
prêtres étaient chargés de sonner de la trompette à la
guerre, et Dieu avait comme attaché la promesse
de son secours et de sa protection au son de cet
instrument (2). Si exierilis ab bellum... clangelis
ululanlibus tubis, et eril recordalio vestri coram
Domino... ut eruaminide manibus inimicorum ves-
trorum.
f. 56. Dixit his qui ^dificabant domos. Il
exécuta ce qui est porté par la loi du Deutéro-
nome, chapitre xx, verset 3 et suivant.
Il parait bien que Judas ne faisait pas consister
sa force dans le nombre de ses troupes, mais dans
le secours de Dieu ; puisque, songeant seulement
à accomplir l'ordonnance de la loi, il ne craint
point de diminuer encore son armée, quoique si
petite, et de la réduire à ceux-là seuls que le Sei-
gneur avait marqués comme propres au combat.
(ij iv. Reg. xix. 14.
(2) Num. x. 9.
I. — MACCABÉES.— III.- RÉSIGNATION DE JUDAS
49
57. Et moverunt castra, et collocaverunt ad austrum
Emmaum.
58. Et ait Judas : Accingimini, et estote filii potentes ;
et estote parati in mane, ut pugnetis adversus nationes
has quœ convenerunt adversus nos, disperdere nos et
srncta nostra ;
59. Quoniam melius est nos mori in bello, quam videre
raala gentis nostras et sanctorum.
60. Sicut autem fuerit voluntas in coelo, sic fiât!
57. Alors l'armée marcha, et vint camper près d'Em-
mai'is, du côté du midi :
<,8. Et Judas dit : Prenez vos armes, et remplissez-
vous de courage ; tenez-vous prêts pour demain matin,
afin de combattre contre ces nations assemblées contre
nous pour nous perdre, et pour renverser notre sainte
religion ;
59. Car il vaut mieux pour nous mourir dans le com-
bat, que de voir les maux de notre peuple, et la des-
truction de toutes les choses saintes :
Oo. Mais que ce qui est ordonné par la volonté de
Dieu dans le ciel, s'accomplisse !
COMMENTAIRE
Clément d'Alexandrie dit que le précepte par
lequel Dieu excluait des combats ces trois sortes
de personnes, était digne de Celui qui connaissait
parfaitement les qualités nécessaires à la guerre,
parce que le cœur de ceux qui sont possédés par
quelque désir, se détourne nécessairement vers
ces objets qu'il désire, et se porte par conséquent
avec moins d'ardeur dans les combats : au lieu que
ceux qui sont dégagés de ces mêmes désirs,
s'abandonnent à tous les périls, sans être arrêtés
par aucun prétexte (1). Saint Paul dit également,
selon l'expression du texte grec (2), que nul de
ceux qui sont engagés dans la guerre, ne s'em-
barrasse dans les soins de la vie présente, afin de
plaire à celui qui l'a enrôlé : ce qui revient au
sens de la Vulgate, que celui qui est enrôlé au ser-
vice du Seigneur, ne s'embarrasse point dans les
affaires du siècle.
Judas Maccabée ne demandait donc pour com-
pagnons, dans cette guerre sainte, que des gens
détachés de tous désirs, et pleins de courage pour
Dieu. Car si Dieu hait les superbes, il a aussi
les timides en horreur, puisqu'il les met dans le
rang des exécrables, des homicides et des idolâ-
tres; et qu'il les menace de V étang brûlant de
feu et de souffre, qui doit être leur partage (}). Il
nous défend de nous confier en nous-mêmes ce
qui constitue l'orgueil : mais il nous défend aussi
de rien craindre en nous appuyant sur lui ; puis-
que c'est douter non de notre force, mais de la
sienne, et faire outragea sa puissance. Ainsi ceux
qui étaient timides, dansl'armée de Judas Macca-
bée, ne se confiaient pas pleinement en Dieu ; et,
en cela, ils étaient indignes de combattre pour sa
cause.
Mais quelque confiance qu'eût ce grand
homme au secours de Dieu, il ne regardait dans
cette guerre que sa sainte volonté. Songeant seu-
lement à s'acquitter de son devoir, il abandonnait
à sa providence le succès du combat, sans se
mettre en peine de ce qui arriverait, pourvu qu'il
lui fût fidèle. C'est être assuré de la victoire, de
combattre dans cette humble et généreuse dis-
position ; puisque soit que l'on meure, ou que
l'on vainque, notre foi demeure- toujours victo-
rieuse.
(1) Clem. Alex. Slromat. 11. — (2) 11. Tim. 11. 4.
Apocal. xxi. 8.
S. B. — T. XII.
CHAPITRE IV
Judas Maccabée attaque séparément Nicanor et Gorgias, et les met en déroute.
Il remporte la victoire sur Lysias. Il va à Jérusalem, purifie les lieux saints et fortifie
la montagne de Sion.
i. El assumpsit Gorgias quinque millia virorum, et
mille équités electos, et moverunt castra nocte,
2. Ut applicarent ad castra Judasorum, et percutèrent
eos subito; et filii qui erant ex arce erant illis duces.
5. Et audivit Judas, et surrexit ipse, et potentes, per-
cutere virtutem exercituum régis, qui erant in Emmaum :
4. Adhuc enim dispersus erat exercitus a castris.
5. Et venit Gorgias in castra Judae noctu, et neminem
invenit ; et quasrebat eos in montibus, quoniam dixit :
Fugiunt ni a nobis.
6. Et cum dies factus esset, apparuit Judas in campo
cum tribus millibus virorum tantum, qui tegumenta et
gladios non habebant;
7. Et viderunt castra gentium valida, et loricatos, et
equitatus in circuitu eorum, et hi docti ad prœlium.
1. Alors Gorgias prit cinq mille hommes de pied, et
mille chevaux choisis, et décampa la nuit,
2. Pour venir attaquer le camp des Juifs, et les acca-
bler subitement : et ceux de la forteresse leur servaient
de guides.
j. Mais Judas en fut averti, et il marcha aussitôt avec
1rs plus vaillants guerriers, pour aller attaquer le gros
de l'armée du roi, qui était à Emmaùs;
4. Car une partie de cette armée était encore disper-
sée hors du camp.
<,. Gorgias étant donc venu pendant la nuit au camp
de Judas, n'y trouva personne ; et il les cherchait sur les
montagnes, en disant : Ces gens fuient devant nous.
6. Lorsque le jour fut venu, Judas parut dans la plaine,
accompagné seulement de trois mille hommes, qui
n'avaient ni boucliers, ni épées.
7. Et ils reconnurent que l'armée des nations était
forte, et environnée de cuirassiers et de cavalerie, qui
étaient tous gens aguerris.
COMMENTAIRE
f. 2. FlLII QUI ERANT EX ARCE ERANT ILLIS DU-
CES. Il y avait parmi eux plusieurs Juifs apos-
tats (1), qui connaissaient mieux le pays que les
Grecs, et qui conduisirent l'ennemi au camp où
était Judas ;il parait par le chapitre précédent (2),
que Judas et ses troupes étaient à Maspha, ou
près de là.
y. 4. Adhuc enim dispersus erat exercitus a
castris. Gorgias avait pris un détachement de
cinq mille hommes de pied et de mille chevaux ;
il y avait, outre cela, un grand-nombre de troupes
débandées, répandues dans le pays pour fourra-
ger, n'ayant aucune défiance des Juifs, dont ils
méprisaient le petit nombre.
jL6. Apparuit Judas in campo cum tribus mil-
libus VIRORUM TANTUM, QUI TEGUMENTA ET GLA-
DIOS non habebant. Judas ne prit avec lui que ce
qu'il avait de meilleures troupes ; il avait ren-
voyé les timides, et ceux que la loi exemptaitde la
milice (3). On lit dans le second livre des Macca-
bées, que son armée était de sept mille hom-
mes (4) ; mais il ne jugea pas à propos de les
prendre tous, ni même de les laisser dans son
camp. Ils les divisa en plusieurs corps, et n'en
réserva auprès de lui que trois mille, encore mal
armés. Quand on dit qu'ils n'avaient ni boucliers,
ni lances, Cela ne doit pas s'entendre à la lettre ;
le texte grec et quelques exemplaires latins y joi-
gnent une restriction (s) : Ils n'en avaient point,
comme ils auraient bien voulu. En effet, il est in-
vraisemblable qu'ayant déjà gagné deux batailles,
et ayant profité des dépouilles et des armes des
troupes d'Apollonius et de Séron, ils fussent alors
absolument sans armes ; et n'est-il pas dit expres-
sément au verset 1 '-,, qu'ils passèrent au fil de
l'épée tous ceux de l'armée de Nicanor, qui ne
purent leur échapper par la fuite :Novissimi aulem
omnes ceciderunl in gladio. On pourrait même ex-
pliquer le texte dans un sens tout différent de ce-
lui qu'on lui donne, en disant, que Judas parut
dans la plaine avec trois mille hommes (6), n'ayant
pas pris ceux qui n'avaient ni épées, ni boucliers,
comme ils auraient voulu. Josèphe (7) dit qu'ils
étaient mai armés, à cause de leur pauvreté ; et
le syriaque, qu'ils n'avaient que leurs boucliers et
leurs épées (8). Zacharie semble dire qu'ils n'a-
(1)1. Macc. vi. 18. — (2) sup. c. m. j^. 46.
( j) Sup. c. m, 56.
(4) 11. Macc. vin. 16. et 22.
(ç) IlXf,v xaXùp.y.ara xal jxaya;'pa; ou/. Et/ov , zaOôi;
ÈSoûXovto.
(6) Comme s'il y avait rcXrjv Jiv, 01 xaXuu.u.aTa, xal
(xa/ ai'pa; ou/, et/ov, comme s'il y avait en hébreu
(7) Joseph. Antiq. XII. 'taù^to; (IjJiXtau.sviov Stà JieWav.
(8) Syr. et quœd. Grœca. IlX^v xaXu[.i(jt.<xTcov xal |ia-/aipu>y.
I. — MACCABÉES. - IV. - DÉFAITE DES SYRIENS
5'i
8. Etait Judas viris qui secum erant : Ne timuentis
multitudinem eorum, et impetum eorum ne formidetis.
9. Mementote qualiter salvi facti sunt patres nostri in
mari Rubro, cum sequeretur eos Pharao cum exercitu
multo.
10. Et nunc clamemus in cœlum. et miserebitur nostri
Dominus; et memor erit testamenti patrum nostrorum,
et conteret exercitum istum ante faciem nostram hodie;
11. Et scient omnes génies quia est qui redimat et
liberet Israël.
12. Et elevaverunt alienigenœ oculos suos, et viderunt
eos venientes ex adverse
Ij. Et exierunt de castris in prœlium, et tuba cecine-
runt hi qui erant cum Juda,
14. Et congressi sunt; et contritae sunt gentes, et
fugerunt in campum.
iç. Novissimi autem omnes ceciderunt in gladio, et
persecuti sunt eos usque Gezeron, et usque in campos
Idumaeas, et Azoti, et Jamniaj; et ceciderunt ex illis us-
que ad tria millia virorum.
16. Et reversus est Judas, et exercitus ejus, sequens
eum.
8. Alors Judas dit à ceux qui étaient avec lui : Ne
craignez point cette grande multitude, et n'appréhendez
point leur choc.
9. Souvenez-vous de quelle manière nos pères furent
sauvés dans la mer Rouge, lorsque le pharaon les pour-
suivait avec une grande armée.
10. Crions donc maintenant vers le ciel, et le Seigneur
nous fera miséricorde ; il se souviendra de l'alliance
qu'il a faite avec nos pères, et il brisera aujourd'hui
toute la force de cette armée devant nos yeux :
11. Et toutes les nations reconnaîtront qu'il y a un
rédempteur et un libérateur d'Israël.
12. Alors les étrangers, levant les yeux, aperçurent les
gens de Judas qui marchaient contre eux.
ij. En même temps, ils sortirent de leur camp pour
les combattre : et ceux qui étaient avec Judas, sonnè-
rent de la trompette,
14. Et les chargèrent ; et les troupes des nations
furent battues, et s'enfuirent dans la plaine.
15. Les derniers furent tous massacrés; et Judas avec
ses gens les poursuivit jusqu'à Gézeron et jusqu'aux cam-
pagnes de l'Idumée, d'Azot et de Jamnia, et il en de-
meura sur la place jusqu'à trois mille.
16. Judas retourna avec son armée qui le suivait.
COMMENTAIRE
vaient que des frondes (Zach. ix. 15). Quelques
mss. latins : Quia non habebant legumenta, etc.,
au lieu de, qui non habebant. Il ne prit que trois
mille hommes, n'ayant pas de quoi en armer un
plus grand nombre.
f. 8. Ne timueritis multitudinem eorum. Le
Saint-Esprit qui, dans la description de toutes
ces guerres, a dessein principalement de nous
inspirer un grand mépris de la vanité des hommes
qui se confient en leurs forces, et une foi vive en
l'assistance de Dieu, ne manque guère de nous
faire remarquer partout ces deux grandes vérités.
Il veut donc que les Israélites reconnaissent les
forces de leurs ennemis, afin d'avoir lieu d'en être
moins effrayés. Il veut que la vue de tous ces cui-
rassiers et de toute cette cavalerie, qui environ-
naient les infidèles, frappe d'abord ceux qui com-
battent pour sa gloire, afin qu'ils ne puissent s'at-
tribuer leur défaite, lorsqu'ils se regardent comme
étant eux-mêmes sans armes et sans défense.
Ainsi, plus l'armée ennemie est nombreuse et pa-
raît puissante, plus Judas les rassure, et leur dé-
fend de rien craindre ; parce que, moins ils sont
en état de compter sur leurs propres forces, plus
ils se voient engagés à tout attendre de Dieu.
C'est là le. sens véritable des paroles que leur
dit Judas Maccabée; il ne veut pas que ses com-
pagnons craignent cette grande multitude. La rai-
son qu'il en donne est tirée de la puissance de
Celui qui avait sauvé leurs pères dans la mer
Rouge, lorsque le pharaon voulait les perdre, il
veut que ce souvenir les remplisse de courage :
il veut qu'ils étonnent leurs ennemis en criant vers
le ciel ; et qu'ils se persuadent, que ces cris de
leur humble foi engageront le Seigneur à briser
toute la force des infidèles devant leurs yeux. Ces
deux choses étaient nécessaires pour relever la
gloire de Dieu. L'une, que son peuple ne craignît
point en comptant sur son assistance : et l'autre,
que les nations fussent saisies de frayeur, et con-
vaincues du pouvoir suprême de Celui qui se dé-
clarait le libérateur d'Israël.
Il est inutile de s'arrêter à en faire ici l'appli-
cation à ce qui regarde les combats spirituels,
puisqu'elle est claire par elle-même. Il ne faut ce-
pendant pas qu'on s'imagine que ce qui est dit
ici, que Dieu brisera toute la force de nos ennemis
devant nos yeux, doive s'entendre comme si nous
ne devions y contribuer en rien de notre côté.
Car de même que Judas et ses compagnons ne
laissaient pas de combattre en même temps avec
un grand courage ; il est nécessaire aussi que
nous résistions avec toute la force de notre foi à
ce lion rugissant, qui tourne sans cesse pour nous
perdre (1) ; convaincus que Dieu nous donnera
cette force pour lui résister.
f.i}. Tuba cecinerunt hi qui erant cum Juda.
Cet office était réservé aux prêtres (2). Il y en
avait un grand nombre dans l'armée de Judas;lui-
même était de leur ordre.
j. i'-,. Persecuti sunt eos usque Gezeron, et
usque in campos Iuvmjeje. On ne connaît point
de ville de Gézéron dans la terre Sainte ; maison
trouve Ga^erah, ou Gazer dans la tribu d'Éphraïm :
.(1) 1. Petr. v. 8.
(2) Num. x. 9.
<2
I. — MACCABÉES. — IV. - FUITE DE GORGIAS
17. Dixitque ad populum : Non concupiscatis spolia,
quia bellum contra nos est,
18. Et Gorgias et exercitus ejus prope nos in monte;
sed state nunc contra inimicos nostros, et expugnate
eos ; et sumetis postea spolia securi.
19. Et adhuc loquente Juda hase, ecce apparuit pars
quaedam prospiciens de monte.
20. Et vidit Gorgias quod in fugam conversi sunt sui
et succenderunt castra; fumus enim qui videbatur decla-
rabat quod factum est.
21. Quibus illi conspectis timuerunt valde, aspicientes
simut et Judam, et exercitum in campo paratum ad prae-
lium ;
22. Et fugerunt omnes in campum alienigenarum.
17. Et il dit à ses gens : Ne vous laissez point empor-
ter au désir du butin, parce que nous avons encore des
ennemis à combattre,
18. Et Gorgias avec son armée est près de nous sur
la montagne : mais demeurez fermes maintenant contre
nos ennemis, et achevez de les défaire ; et après cela,
vous emporterez leurs dépouilles en sûreté.
19- Lorsque Judas parlait encore, on vit paraître quel-
ques troupes qui regardaient du haut de la montagne.
20. Et Gorgias vit que les siens avaient été mis en
fuite, et son camp brûlé, car la fumée qui paraissait,
lui faisait voir ce qui était arrivé.
21. Ce qu'ayant aperçu, et voyant Judas avec son
armée, dans la plaine, toute prête à combattre, ils eurent
une grande frayeur ;
22. Et ils s'enfuirent tous au pays des étrangers.
COMMENTAIRE
il était naturel que les fuyards se jetassent du côté
de Samarie, qui était à eux. D'autres se retirè-
rent du côté de l'Idumée, voulant apparemment
aller joindre Gorgias, ou ceux des leurs qui occu-
paient Jérusalem ; mais ayant été vivement pour-
suivis, ils ne trouvèrent de salut que dans les
montagnes d'idumée, dans la partie méridionale
de la tribu de Juda ; enfin d'autres fuyards pri-
rent la route de Jamnia et d'Azot, vers le pays
des Philistins. Chacun alla où il put, comme il
arrive dans les déroutes.
Au lieu de Ge^eron, Josèphe lit Gadara; quel-
ques exemplaires grecs ( 1 ) lisent Ga^eron, et d'au-
tres (2), Assaramoth ; ce dernier nom pourrait se
traduire par le parvis de la mort, ou le parvis
d'Émath, suivant les diverses manières de lire. Si
on l'entend de Gadara au-delà du Jourdain, et
d'Émath, dans le passage du Liban ; ces lieux
sont bien éloignés d'Emmaus. Nous ne doutons
pas que Gé^éronne soit Gezer (2), nommée Ga-
gera (4), et Gazer (j). Dans la carte, pi. lxix, qui
accompagne la Palestine de S. Munk, on voit
entre Gazer et Joppé une localité nommée Ga-
zara. Si ce détail géographique est exact, la proxi-
mité des deux localités a dû souvent amener des
confusions (6). Dans le Bibel- Atlas du Dr Richard
von Riess, carte vi, on voit aussi près de Jamnia
deux localités : Gédéroth et Gadaris. Quant à
Asaramoth, il paraît par Jérémie (7), que ce
pouvait être un lieu au voisinage de Jérusalem.
Au lieu des campagnes d'idumée, le mss. Alexan-
drin lit de Judée ; ce qui semble plus probable,
et nous éloigne moins d'Emmaus.
Azot nous est déjà connu par les livres des
Rois; Jamnia est située plusau nord à trois heures
et demie plus haut, sur une petite rivière, appelée
aujourd'hui Nahr Rûbin.
Le texte dit ici que trois mille ennemis furent
tués : mais dans le second livre des Maccabées,
on en lit neuf mille, ce qu'on peut concilier, en
disant qu'il y eut trois mille de tués sur place, et
six mille dans la fuite.
jh 17. Non concupiscatis spolia. Tant que
nous sommes exposés à la fureur et aux artifices
de nos ennemis, il nous faut nécessairement
veiller, et nous tenir sous les armes comme les
Israélites; de peur que, si nous songeons à nous
reposer avant le temps, et à jouir dès cette vie du
fruit de notre victoire, nous ne soyons accablés,
sans y penser, par ceux mêmes que nous avions
vaincus. C'est la vérité qui nous est représentée
sous cette ancienne figure. La foi nous apprend
que nous avons un grand nombre d'ennemis, et
en nous-mêmes et hors de nous-mêmes, que nous
sommes obligés de combattre tous les jours. La
vie de l'homme est une guerre continuelle, selon
l'Écriture. Il est vrai que la grâce de Jésus-Christ
nous fait vaincre ces différents ennemis de notre
salut, lorsqu'elle nous fait mépriser le monde, et
haïr la chair ; mais ni ce renoncement, ni cette
haine, ni ce mépris ne peuvent être parfaits en
nous tant que nous vivons. Nous n'achèverons de
défaire nos ennemis que par notre mort, et nous
ne pourrons emporter leurs dépouilles qu'étant dé-
pouillés nous-mêmes de ce corps mortel : alors
nous prendrons la place de l'ange apostat, et
nous jouirons dans le ciel, avec assurance, du
fruit de notre victoire.
f. 22. Fugerunt in campum alienigenarum.
Dans ces livres, Alienigena se prend ordinaire-
(1) Edit. Rom. et M s. Alex.
(2) Edit. Complut. A'aaapa|.tojO.
(?) 11. Reg. v. 25 ; 111. Reg. ix. 15.
(4) 1. Paralip. xiv. 16.
(5) Josue. xvi. j. et 1. Macc. v. 8,
(6) Reland. Palcest. illust. p. 778.
(7) Jerem. xxxi. 40. Le mot hébreu moiwn haschre-
moth signifie les champs, mais d'anciens traducteurs grecs
l'ont pris pour un nom propre.
1. — MACCABÉES. — IV.- EXPÉDITION DE LYSIAS
5 5
2?. Et Judas reversus est ad spolia castrorum ; et ac-
ceperunt aurum mtiltum, et argentum, et hyacinthum,
et purpuram marinam, et opes magnas.
24. Et conversi, hymnum canebant, et benedicebant
Deum in cœlum, quoniam bonus est, quoniam in sasculum
misericordia ejus.
25. Et facta est salus magna in Israël in die illa.
2b. Quicumque autem alienigenarum evaserunt, vene-
runt et nuntiaverunt Lysias quae acciderant.
27. Quibus ille auditis, consternatus animo deficiebat,
quod non qualia voluit, talia contigerunt in Israël, et
qualia mandavit rex.
28. Et sequenti anno congregavit Lysias virorum elec-
lorum sexaginta milita, et equitum quinque mil lia, ut
debellaret eos.
29. Et venerunt in Judajam, et castra posuerunt in
Bethoron ; et occurnt illis Judas cum decem millibus
viris.
50. Et viderunt exercitum fortem, et oravit, et dixit :
Benedictus es, salvator Israël, qui contrivisti impetum
potentis in manu servi tui David, et tradidisti castra
alienigenarum in manu Jonathae, filii Saul, et armigeri
ejus.
2j. Ainsi Judas retourna pour enlever le butin du
camp ; et ils emportèrent beaucoup d'or et d'argent, de
l'hyacinthe, de la pourpre marine, et de grandes riches-
ses.
24. Et en revenant, ils chantaient des hymnes, et bénis-
saient Dieu hautement, disant : Qu'il est bon, et que sa
miséricorde s'étend dans tous les siècles.
2;. Et en ce jour-là, Israël remporta une grande vic-
toire qui fut son salut.
2<>. Ceux des étrangers qui échappèrent, en vinrent
porter la nouvelle à Lysias, et lui dirent tout ce qui était
arrivé.
27. L'ayant appris, il en fut consterné, et pensa mourir
de douleur, de ce qu'il n'avait pu réussir dans ses des-
seins contre Israël, ni dans l'exécution des ordres qu'il
avait reçus du roi.
28. L'année suivante, Lysias leva une armée de soixante
mille hommes choisis, et de cinq mille chevaux, pour
exterminer les Juifs.
29. Cette armée marcha en Judée, et campa près de
Bethoron : et Juda vint au devant d'eux avec dix mille
hommes.
50. Ils reconnurent que l'armée ennemie était forte,
et Judas fit sa prière, et dit : Soyez béni, Sauveur
d'Israël, vous qui avez brisé la force d'un géant par
la main de votre serviteur David, et avez livré le
camp des étrangers entre les mains de Jonathas, fils de
Saùl, et de son écuyer.
COMMENTAIRE
ment pour les Philistins, ou en général pour les
peuples étrangers aux Juifs ; ainsi l'armée de
Gorgias put se retirer ou dans la Phénicie, ou
dans la Samarie, ou dans le pays des Philistins.
Les Septante désignent toujours les Philistins
sous le nom à\X\6-M\o:.
f. 2). ACCEPERUNT AURUM MULTUM... ET PURPU-
RAM marinam, et opes multas. Ils profitèrent non
seulement des dépouilles des généraux et des
soldats, mais aussi de celles des marchands qui
étaient venus pour acheter des esclaves Juifs.
C'est ce que nous apprend l'auteur du second
livre des M.accabées (1) ; il remarque aussi qu'ils
ne purent achever de les poursuivre, et de piller
leur camp, parce que le combat eut lieu la veille
du sabbat. Enfin nous lisons au même livre, (1),
que les Juifs tuèrent dans diverses rencontres
plus de vingt mille hommes à Timothée et à
Bacchide ; qu'ils se rendirent maîtres de diverses
places fortes, amassèrent quantité d'armes et de
butin, qu'ils mirent en réserve dans des lieux sûrs;
Philarque et Callisthène furent mis à mort, et
Nicanor futobligédese sauverdéguiséà Antioche,
et par des chemins écartés.
L'auteur sacré distingue ici la pourpre marine,
c'est-à-dire, celle qui est teinte avec le sang du
poisson nommé purpura, d'avec l'autre espèce de
pourpre qui se teignait avec des herbes ; la pre-
mière était infiniment plus estimée que la seconde ;
nous n'avons plus le secret de la pourpre marine,
mais on a conservé et perfectionné la pourpre
ordinaire.
v. 24. Quoniam in S/ECulum misericordia ejus.
C'est le refrain d'un cantique de victoire, qu'ils
chantèrent en cette occasion. Ils prirent apparem-
ment le psaume cxxxv où ces paroles se lisent
à chaque verset.
f. 26. Nuntiaverunt Lysi,e quje acciderant.
Ils lui rapportèrent les défaites de Nicanor, de
Gorgias, de Timothée et de Bacchide, et tout ce
que Judas et les siens faisaient dans le pays.
f. 29. Venerunt in Jud^am. Le grec lit: Dans
l'Idumée, mais c'est une faute ; Josèphe porte
comme la Vulgate.
Castra posuerunt in Bethoron. Le grec et
Josèphe lisent Bethsur, au lieu de Bethoron. Nous
pensons que c'est une suite du nom d'Idumée qu'on
a vu plus haut verset 29, au lieu de Judée. Si on
lit ridumée, il faut conserver Bethsur; mais si l'on
admet la Judée, il vaut mieux mettre Bethoron.
Celle-ci était au nord et assez près de Jérusalem;
Bethsur était au midi de la même ville, dans la
région qu'on appelait alors l'Idumée, comme on
le voit au verset 61.
t. 30. Viderunt exercitum fortem, et oravit,
et dixit : Benedictus es, salvator Israël. On
(1) 11. Macc. vin. 25. Pecuniis eorum qni ad emptionem
ipsorum vénérant, sublalis, etc.
(2) Ibid. f. 50 et seq.
u
I. — MACCABÉES.
IV. - DÉFAITE DE LYSIAS
ji. Conclude exercitum istum in manu pupuli tui Israël,
et confundantur in exercitu suo et equitibus.
52. Da illis formidinem, et tabefac audaciam virtutis
eorum, et commoveantur contritione sua.
jj- Dejice illos gladio diligentium te, et collaudent te
omnes qui noverunt nomen tuum hymnis.
Î4. Et commiserunt praelium, et ceciderunt de exercitu
Lysias quinque raillia virorum.
?$. Videns autem Lysias (ugam suorum, et Judasorum
audaciam, et quod parati sunt aut vivere aut mori fortiter,
abiit Antiochiam, et elegit milites, ut multiplicati rursus
venirent in Judaaam.
j6. Dixit autem Judas, et fratres ejus : Ecce contriti
sunt inimici nostri ; ascendamus nunc mundare sancta, et
renovare.
J7. Et congregatus est omnis exercitus, et ascenderunt
in montem Sion.
?8. Et viderunt sanctificationem desertam, et altare
profanatum, et portas exustas, et in atriis virgulta nata
sicut in saltu vel in montibus, et pastophoria diruta.
!9- Et sciderunt vestimenta sua, et planxerunt planctu
magno, et imposuerunt cinerem super saput suum;
40. Et ceciderunt in faciem super terrain, et exclama-
verur.t tubis signorum, et clamaverunt in coclum.
51. Livrez de même maintenant cette armée entre les
mains de votre peuple d'Israël ; et qu'ils soient couverts
de confusion avec toutes leurs troupes et leur cavalerie.
}2. Frappez-les de crainte ; faites-les sécher de frayeur,
en abattant cette audace que leur inspirent leurs forces :
qu'ils soient renversés et brisés.
5J. Détruisez-les par l'épée de ceux qui vous aiment;
afin que tous ceux qui connaissent votre nom, publient
vos louanges dans leurs cantiques.
54. Le combat fut livré en même temps, et cinq mille
hommes de l'armée de Lysias furent tués.
}?■ Lysias, voyant la fuite des siens, et le courage des
Juifs, et cette disposition où ils étaient de vivre avec
honneur, ou de mourir généreusement, s'en alla à Antio-
che, et y leva de nouveaux soldats, pour revenir en Judée
avec plus de troupes qu'auparavant.
?6. Alors Judas et ses frères dirent : Voilà nos ennemis
défaits; allons maintenant purifier et renouveler le tem-
ple.
17. Aussitôt toute l'armée se rassembla ; et ils montè-
rent à la montagne de Sion.
j8. Ils virent les lieux saints ruinés, l'autel profané,
les portes brûlées, le parvis rempli d'épines et d'arbris-
seaux, comme on en voit dans un bois et sur les mon-
tagnes, et les chambres contigucs au temple démolies.
iv. Ils déchirèrent leuis vêtements, firent un grand
deuil, et se mirent de la cendre sur la tête.
40. Ils se prosternèrent le visage contre terre, 'irent
retentir les trompettes dont on donnait le signal et pous-
sèrent leurs cris jusqu'au ciel.
COMMENTAIRE
ne peut mieux caractériser la foi de Judas Mac-
cabée qu'en citant sa prière. Il voit que l'armée
ennemie est forte, tandis qu'il n'a lui-même sous
la main qu'une poignée d'hommes mal équipés.
Mais Dieu est avec lui ; il n'hésite pas ; il se rue
sur l'ennemi, et la victoire lui appartient.
f. J2. Commoveantur contritione sua. Qu'ils
tournent leurs armes contre eux-mêmes; que le
mal qu'ils méditent contre nous, retombe sur eux-
mêmes ; ou enfin, qu'ils périssent, qu'ils soient
exterminés sans ressource (1).
f. 36. ECCE CONTRITI SUNT INIMICI NOSTRI ;
ASCENDAMUS NUNC MUNDARE SANCTA, ET RENOVARE.
C'était pour cela que ces généreux Maccabées
s'étaient exposés à tout : et la première pensée
qu'ils ont après la défaite de leurs ennemis, est la
même que celle qui les avait engagés a les com-
battre. N'ayant en vue que la gloire de leur Dieu,
ils n'ont pas plus tôt vaincu les nations, par un effet
de son assistance, qu'ils se hâtent de lui témoi-
gner leur gratitude. Ils se préparent à relever son
culte, afin qu'il soit encore adoré, et qu'on puisse
lui offrir les sacrifices qu'il avait lui-même deman-
dés dans sa loi. Ce déchirement d'habïls, ce deuil
extraordinaire, ces cendres qu'ils jetèrent sur leurs
têtes, ces prosternations contre terre, ces cris de
douleur poussés jusqu'au ciel et joints au son des
trompettes, attestaient publiquement combien ils
étaient sensibles aux profanations par lesquelles
les gentils avaient souillé le temple. Mais ce grand
soin qu'ils apportèrent à rétablir toutes choses
dans l'état où elles devaient être selon la loi, était
aussi un témoignage public de leur zèle, de leur
exacte obéissance et de leur profond respect pour
tous les préceptes de leur Dieu.
S'il est vrai que nous admirons dans ce grand
homme un courage si extraordinaire, une piété si
éclairée, et une foi si ardente, nous avons peut-
êire lieu de rougir, en considérant que ce qui fait
le sujet de notre admiration, est notre propre
condamnation. Les Maccabées étaient croyants,
braves, désintéressés, et nous ne sommes généra-
lementquedesêtres égoïstes, pusillanimes, défiants
à l'égard de Dieu, et pleins de la plus belle et la
plus naïve confiance en nous-mêmes.
v. j8. Viderunt portas exustas. Elles avaient
été brûlées par l'impie Callisthène, qui fut lui-
même brûlé par les Juifs dans une maison où il
s'était réfugié (2).
Pastophoria diruta. Les Septante ont souvent
employé le nom de itajro^opsîa dans leurs versions ( 3 ).
Saint Jérôme se sert plus volontiers de Ga^ophy-
lacium, qui est pris d'Aquila ; ou de Thalami, à
l'imitation de Symmaque. Tous ces termes ne
(i) SaXEuGrjaojaav Tfl auvtf^f, efatûv.
(2) 11. Macc. vin. ?;.
(?) vide E\cch. xl. 17. et ?8. - 1. Par. ix. 2. et xxxin. 2;.
MACCABÉES. - IV. - PURIFICATION DES LIEUX SAINTS
•>-)
41. Tune ordinavit Judas viros ut pugnarent adversus
eos qui erant in arce, donec emundarent sancta.
42. Et elegit sacerdotes sine macula, voluntatem ha-
bentes in lege Dei ;
4j. Et mundaverunt sancta, et tulerunt lapides conta-
minations in locum immundum.
44. Et cogitavit de altari holocaustorum quod profana-
tum erat, quid de eo faceret.
45. Et incidit illis consilium bonum ut destruerent illud,
ne forte illis esset in opprobrium, quia contaminaverunt
illud gentes ; et demoliti sunt illud,
46. Et reposuerunt lapides in monte domus, in loco
apto, quoadusque veniret propheta, et responderet de
eis.
41. Alors Judas chargea quelques hommes de contenir
ceux qui étaient dans la forteresse, jusqu'à ce qu'ils
eussent purifié les lieux saints.
42. Et il choisit des prêtres sans tache, religieux
observateurs de la loi de Dieu.
4;. Ils purifièrent les lieux saints, et emportèrent en
un lieu impur les pierres profanes.
44. Et Judas délibéra sur ce qu'il ferait de l'autel des
holocaustes qui avait été profané.
45. Et ils prirent un bon conseil, qui fut de le détruire,
de peur qu'il ne devînt pour eux un sujet d'opprobre,
parce qu'il avait été souillé par les nations ; ainsi ils le
démolirent,
46. Et ils en mirent les pierres sur la montagne du
temple dans un lieu propre, en attendant qu'il vînt un
prophète qui déclarât ce qu'on en ferait.
COMMENTAIRE
signifient autre chose que les chambres ou les
appartements qui étaient contre les temples. Les
païens, les Juifs et les chrétiens, ont eu leurs
paslophoria. Rufin parle de ceux du temple de
Sérapis (1). L'Écriture décrit en plusieurs endroits
ceux du temple de Jérusalem, et les Cons Ululions
Apostoliques font mention de ceux de nos ancien-
nes églises (2). Le nom de Pastophorion vient, à
ce qu'on croit, des Paslophores, serviteurs des
temples des faux dieux. Le motTix^rd; désigne une
chambre nuptiale ou un petit temple portatif con-
tenant la statue d'un dieu, ou même plusieurs
statues. On appelait ainsi en Egypte ceux qui
étaient à la porte des temples, et qui étaient les
gardiens des voiles qui les fermaient ; car pour
l'ordinaire le temple intérieur n'était fermé que
d'un voile précieux et de diverses couleurs. Clé-
ment d'Alexandrie (3), décrivant les temples égyp-
tiens, dit qu'après avoir passé des cours magnifi-
ques, on vous conduit au temple, et qu'un Pas-
tophore lève gravement le voile de la porte pour
vous faire voir la divinité, qui n'est qu'un chien,
un chat, ou un autre animal. On donnait le môme
nom de Paslophore, à ceux qui portaient les divi-
nités païennes dans des niches, ou sous des tentes ;
tels étaient ceux qui portaient la déesse Syrien-
ne (4), et le dieu Moloch, dont parle Amos {<,),
et après lui saint Etienne (6). Paslophoria, dans
la rigueur, semble n'avoir signifié d'abord que les
chambres de ces prêtres, ou de ces portiers du
temple ; mais ensuite on l'étendit à tous les appar-
tements, à toutes les demeures de ces employés.
^.41. Pugnarent adversus eos qui erant in
arce. Pour combattre ceux qui étaient dans la for-
teresse; ou plutôt pour leur tenir tête, au cas
qu'ils sortissent pour troubler la cérémonie. Ces
troupes étaient logées dans la citadelle, tout près
du temple (7).
f. 42. Sacerdotes sine macula. Des prêtres
sans tache, exempts non seulement des défauts de
corps et de naissance, qui excluaient du sacer-
doce (8) ; mais aussi qui fussent d'une vie, d'une
conduite sans reproche, qui n'aient donné aucun
soupçon d'infidélité dans la dernière persécution.
f. 43. Lapides contaminations. Les pierres
profanes, qui avaient servi de base à l'idole de
Jupiter Olympien, ou de matière à l'autel sacrilège,
qui avait été dressé sur l'autel des holocaustes (9).
On jeta ces pierres dans un lieu souillé, c'est-à-
dire, dans la vallée de Topheth ou dans la voirie,
sur le torrent du Cédron (10). On démolit en
même temps les autres autels, qui avaient été
dressés dans les places publiques et aux portes
des maisons (11).
y. 44. Cogitavit de altari holocaustorum
QUOD PROFANATUM ERAT, QUID DE EO FACERET.
Antiochus avait fait immoler sur cet autel des
porcs, animaux impurs, défendus par la loi ; il
avait aussi fait ériger au-dessus un autel profane
à son idole ; enfin les officiers avaient affecté de
souiller tout le temple, en y répandant un liquide
impur, où l'on avait fait cuire des viandes impures.
Voyez ce que nous avons dit au chapitre premier
de ce livre, verset 23.
y. 46. Reposuerunt lapides in monte domus,
IN LOCO APTO, DONEC VENIRET PROPHETA. L'autel
des holocaustes était revêtu de cuivre, mais le
dedans était de pierres brutes. Voyez notre com-
mentaire sur l'Exode, chapitre xx, verset 25. On
ne sait pas si l'autel que l'on bâtit depuis la cap-
(1) Ru fin. hist. Ecoles. I. 11. c. 2j.
(2) Constit. Apost. I. n. c. 57.
(5) Clem. Alex. Pœdagog. I. m. c. 2.
(4) Vide Apuleium. Asini aurei, lib. x. c. ii.-Rich. dict.
d'antiq. art. Pastophorus.
(5) Amos. v. 25.
(6) Ad. vu. 4j.
(7) 1. Macc, 1. 5$-
(8) Lcvit. xxi. 7. 17. et seq.
(9) 1. Macc. 1. 57.
(10) Vide 11. Par. xxix. 16. et iv. Reg. xxm. 6. 10.
(11) 11. Macc. x. 1.
!. — MACCABEES.
IV. - DEDICACE DE L'AUTEL
47. Et acceperunt lapides integros, secundum legem,
et aedificaverunt altare novum, secundum illud quod fuit
prius ;
48. Et asdificaverunt sancta et quas intra domum erant
intrinsecus, et œdem et atria sanctificaverunt.
49. Et feceruntvasa sancta nova, et intulerunt candela-
brum, et altare incensorum, et mensam in templum.
50. Et incensum posuerunt superaltare, et accenderunt
lucernas quae super candelabrum erant, et lucebant in
lemplo.
51. Et posuerunt super meiisam panes, et appenderunt
vêla, et consu.mmaverunt omnia opéra quas fecerant.
$2. Et ante matutinum surrexerunt quinta et vigesima
die mensis noni (hic est mensis casleu) centesimi quadra-
gesimi octavi anni ;
Çj. Et obtulerunt sacrificium, secundum legem, super
altare holocaustorum novum quod fecerunt.
54. Secundum tempus et secundum diem in qua conta-
minaverunt illud génies, in ipsa renovatum est in canticis,
et citharis, et cinyris, et in cymbalis.
47. Et ils prirent des pierres entières, selon l'ordon-
nance de la loi ; et ils en bâtirent un autel nouveau,
semblable au premier.
48. Ils rebâtirent le sanctuaire, et ce qui citait au-
dedans du temple, et sanctifièrent le temple et le parvis-
49. Ils firent de nouveaux vases sacrés, et placèrent
dans le temple le chandelier, l'autel des parfums et la
table.
50. Ils mirent l'encens sur l'autel, allumèrent les lam-
pes qui étaient sur le chandelier, et qui éclairaient dans
le temple.
5 1. Ils posèrent les pains sur la table, suspendirent les
voiles, et enfin achevèrent tout ce qu'ils avaient com-
mencé.
52. Le vingt-cinquième jour du neuvième mois nommé
Casleu, la cent quarante-huitième année, ils se levèrent
avant le point du jour ;
S ]■ Et ils offrirent le sacrifice selon la loi, sur le nouvel
autel des holocaustes qu'ils avaient bâti.
54. Il fut dédié de nouveau au bruit des cantiques,
des harpes, des lyres et des cymbales, dans le même
temps et le même jour auquel il a été souillé par les na-
tions.
COMMENTAIRE
ti vite, était revêtu de cuivre ; mais il est incon-
testable qu'il était de pierres brutes, et que celui
que Salomon érigea, était de bronze (1). On mit
les pierres de cet autel dans un lieu propre, sur
la montagne où le temple était bâti, en attendant
que Dieu suscitât un prophète, qui déclarât ce
qu'on en devait faire. Depuis Zacharie et Mala-
chie, les Juifs n'avaient point eu de prophètes
reconnus et autorisés. Dieu, par ce silence, les
disposait à entendre la voix de Celui qui avait été
désigné par tous les prophètes, et dont la venue
n'était pas bien éloignée.
f. 47. Lapides integros, secundum legem. Des
pierres entières, selon l'ordonnance de la loi; ou
des pierres brutes, des pierres non taillées. La
loi n'ordonnait rien expressément touchant la
matière, ni la forme de l'autel du temple. L'autel
dont on se servait dans le désert, était de bois,
revêtu de lames de bronze. Celui que Moïse
érigea au pied du mont Sinaï, pour la cérémonie
de la ratification de l'alliance, était de pierres
brutes ou de gazon (2). L'autel qu'on devait ériger
sur le mont Hébal, devait aussi être de pierres
brutes (5). Les Juifs ont conclu de ces endroits,
qu'il n'était pas permis d'en faire de pierres tail-
lées.
j^. 48. jEdificavekunt sancta. Ils rebâtirent le
sanctuaire, ou plutôt ils réparèrent ce qu'il y avait
de démoli dans le Saint, dans le sanctuaire et
dans les chambres contiguës.
f. '-, 1 . Appenderunt vêla. Ils suspendirent les
voiles, qui étaient à l'entrée du Saint et du sanc-
tuaire.
jfr. 52. Quinta et vigesima die mensis noni...
CENTESIMI QUADRAGESIMI OCTAVI ANNI. Le vingl-
cinquième jour du neuvième mois... la cent qua-
rante-huitième année de l'ère des Séleucides,
répond à l'an 164 avant l'ère vulgaire. Les Mac-
cabées rétablirent les sacrifices interrompus
depuis trois ans, et dédièrent le temple que les
officiers d'Antiochus avaient souillé. Dieu permit
qu'il fût consacré et dédié de nouveau au même
jour et au même mois, trois ans après qu'il avait
été profané, secundum tempus et secundum diem in
qua conlaminaverunt illud génies.
11 y a quelque difficulté sur l'année de cette
dédicace. Car, dans le second livre des Macca-
bées, on remarque positivement qu'elle se fit post
biznnium, deux ans après (4;. Et ici (5) on exprime
la cent quarante-huitième année des Séleucides
pour le temps de la dédicace, et la cent quarante-
cinquième pour la profanation, et par conséquent
trois ans complets. Quelques auteurs (6) recon-
naissent deux dédicaces faites en deux années
consécutives; mais la manière la plus simple, est
de dire qu'il se passa trois ans entre la profana-
tion {y) et la dédicace, et seulement deux ans
depuis que Judas Maccabée fut établi chef de la
nation, jusqu'à cet événement.
>'. 54. IN CITHARIS, ET CINYRIS, ET IN CYMBALIS.
On peut consulter l'introduction des Psaumes sur
les instrumentsdemusique des Hébreux. Le second
(1) m. Reg. viii. 64. - 11. Par. iv. 1.
(2) Exod. xx. 24. 25.
(?' Dcut. xxvn. 5.
(4) 11. Macc. x. j.
(5) 1. Macc. 1. 57. et 62. et iv. 52.
(6) Sixt. Sen. Bibt. t. fin.
(7; lia D. Thom. seualius in Maccab. Usser. ad an. J840.
Menoc. Tir. alii passim.
I. — MACCABEES.
IV.- JOIE DANS ISRAËL
57
y>. El cecidit omnis populus in faciem, et adoraverunt,
et benedixerur.t in cœlum eum qui prosperavit eis.
56. Et fecerunt dedicationem altaris diebus octo, et
obtulerunt holocausta cum lœtitia, et sacrificium salutaris
et laudis.
57. Et ornaverunt faciem templi coronis aureis et
scutulis ; et dedicaverunt portas, et pastophoria, et impo-
suerunt eis januas.
}8. Et facta est lœtitia in populo magna valde, et aver-
sum est opprobrium gentium.
59. Et statuit Judas, et fratres ejus, et universa eccle-
sia Israël, ut agatur dies dedicationis altaris in tempori-
bus suis, ab anno in annum, per dies octo, a quinta et
vigesima die mensis casleu, cum lœtitia et gaudio.
5$, Tout le peuple se prosterna le visage contre terre ;
ils adorèrent Dieu, et poussèrent jusqu'au ciel les béné-
dictions qu'ils donnaient à Celui qui les avait fait réussir
si heureusement dans leur entreprise.
56. Ils célébrèrent la dédicace de l'autel pendant huit
jours : Ils offrirent des holocaustes avec joie, et un
sacrifice d'actions de grâces et de louanges.
57. Ils parèrent le devant du temple avec des cou-
ronnes d'or et de petits écussons : ils renouvelèrent les
entrées du temple et les chambres des côtés, et y mirent
des portes.
58. Tout le peuple fut comblé de joie, et l'opprobre
des nations fut banni.
59. Alors Judas, avec ses frères et toute l'assemblée
d'Israël, ordonna que, dans la suite des temps, on célé-
brerait ce jour-là la dédicace de l'autel, chaque année
pendant huit jours, à commencer le vingt-cinquième du
mois de Casleu, avec beaucoup de réjouisance et d'allé-
gresse.
COMMENTAIRE
livre des Maccabées (1) ajoute que, dans cette
cérémonie, les Juifs, en mémoire de ce qu'ils
avaient passé les trois années précédentes dans
les montagnes et dans les lieux déserts, imitèrent
ce qui se pratiquait dans la fête des Tabernacles ;
ils vinrent au temple portant des branches d'ar-
bres touffues et des palmes, pour reconnaître le
secours qu'ils avaient reçu du Seigneur; et, afin
de perpétuer le souvenir d'un si grand bienfait,
ils ordonnèrent qu'on célébrerait tous les ans
cette dédicace, qu'ils appellent dans leur lettre à
leurs concitoyens d'Egypte (2), la fêle des Taber-
nacles du mois de Casleu.
f. $7. Ornaverunt faciem templi coronis
aureis et scutulis. Ils rétablirent autant qu'ils
purent la façade du temple, et y remirent des
ornements pareils à ceux qu'Antiochus en avait
enlevés (5). Les riches dépouilles qu'ils avaient
prises sur leurs ennemis, dans les diverses vic-
toires qu'ils avaient remportées contre eux, leur
en fournissaient les moyens. Les anciens ornaient
souvent l'entrée de leurs temples de couronnes
de fleurs et de verdure (_j) ; mais les couronnes
dont on parle ici, étaient d'or; c'étaient des monu-
ments des victoires des Hébreux, et des marques
de leur reconnaissance envers le Dieu des armées.
Les boucliers étaient de même matière : c'étaient
comme des trophées consacrés à la gloire du Sei-
gneur. Démosthène parle de l'ancienne coutume
des païens de conserver des couronnes dans leurs
temples, avec des inscriptions ('-,) ; et Plutarque
raconte que Cléomène, roi de Lacédémone, fut
chassé d'Argos par les femmes de cette ville, qui
prirent aux temples les armes qui y étaient consa-
crées (6). Nous verrons plus loin (7), que, dans le
temple d'Élymaïs, il y avait des cuirasses et des
boucliers d'or, qu'Alexandre y avait laissés. On
remarque au même endroit (8), qu'il y avait des
soldats de l'armée d'Antiochus, qui portaient des
boucliers d'or. C'est de ces boucliers pris sur
l'ennemi, qu'on orna la façade du temple.
). 59. Ut agatur dies dedicationis altaris
in temporibus suis. Cette fête est connue dans
l'Évangile sous le nom à'bncœnia (9). Jésus-
Christ se trouva au temple ce jour-là, et c'était
l'hiver. Quelques anciens(io)ont cru qu'elle regar-
dait la dédicace du temple de Zorobabel, ou
même de Salomon (1 1); mais celle du temple de
Salomon se fit au mois de Thischri, en au-
tomne (12); cellede Zorobabel, le 1 S d'Adar(i3),
qui répond à février et à mars. Mais celle-ci
arriva au 2} de Casleu. qui répond à novembre et
décembre. Les Juifs la célèbrent à la lueur des
lampes allumées, ce qui lui a fait quelquefois
donner le nom de fête des lumières. L'usage de
ces illuminations est très ancien, puisque Josèphe
en parle, et qu'il en donne la raison, en disant
que ces lampes sont un symbole de la joie dont
furent remplis les Juifs, lorsqu'ils furent délivrés
de la persécution d'Antiochus. Alors une nou-
(1) 11. Macc. x. 6. 7.
(2) n. Macc. 1. 9. 18.
(?) 1. Macc. 1. 2j.
{A) Virgil. AZneid. iv.
Fuit in tectis de marmore templum,
Velleribus niveis et festa fronde revinctum.
(5) Demosth. orat. contra Andestion. ad fin.
(6) Plutarch. Apophleg. Laconica.
(7) 1. Macc. vi. 2.
(8) Ibid. f. ?g.
(9) Joann. x. 22.
(10) Chrvsost. komil. lxi. in Joan. Tkeopkrlact. Euthrm.
Non nus Panopol.
(11) Theodor. Mopsuesl.
(12J m. Reg. vin. 2.
(ij) 1. Esdr. vi. 15.
5'
I.
MACCABEES. — IV. - FORTIFICATIONS DE SION
60. Et aedificaverunt in tempore illo montem Sion, et
per circuitum muros altos et turres firmas, ne quando
venirent gentes, et conculcarent eum, sicutantea fecerunt.
61. Et collocavit illic exercitum ut servarent eum, et
munivit eum ad custodiendam Bethsuram, ut haberet
populus munitionem contra faciem Idumaeae.
60. En ce même temps, ils fortifièrent la montagne de
Sion, et l'environnèrent de hauts murs et de fortes tours;
de peur que les nations ne vinssent la profaner de nou-
veau, comme elles avaient fait auparavant.
61. !1 mit des gens de guerre pour la garder, et la
fortifia, pour assurer encore Bethsura, afin que le peuple
eût une forteresse contre l'Idumée.
COMMENTAIRE
velle lumière parut à leurs yeux, et les remplit de
consolation (1). Cette explication a paru trop
simple aux rabbins: il a fallu y chercher du mer-
veilleux et y supposer des prodiges . Antiochus
ayant protané tout ce qui se trouva d'huile dans
le temple, on n'en put conserver de pure qu'une
petite fiole, qui avait heureusement été scellée
par le grand prêtre. A peine cette huile aurait-
elle pu suffire pour un jour aux lampes du Saint ;
mais Dieu la multiplia, et permit qu'elle durât
pendant toute l'octave. Pour conserver la mé-
moire de ce prodige, les Juifs allumaient des
lampes sur leurs fenêtres, et en mettaient d'abord
un nombre égal à celui des personnes qui étaient
dans la maison; le second jour de la fête, ils dou-
blaient ce nombre, et tous les jours de l'octave
de même, en sorte qu'au huitième jour, il y avait
huit lampes pour chaque personne (2). Cet usage
existe encore aujourd'hui, sinon pour autant de
personnes que renferme la maison, au moins pour
chaque demeure. Mais cette fête dégénère trop
souvent en puérilités et même en grossièretés.
« Le soir, dit l'ancien rabbin Drach, quand les
lumières dont nous venonsde parler sontallumées,
on fait sauteries enfants par-dessus à plusieurs re-
prises; à tous les repas on fait de l'extraordinaire;
mais le samedi qui se rencontre dans ces jours est
consacré à de véritables orgies : j'ai vu plus d'une
fois des docteurs en Israël'wres morts s'exposer aux
risées de leurs ouailles pour glorifier Dieu en ce
saint jour ; les écoles sont fermées : hommes, fem-
mes, enfants, tout le monde joue aux cartes des
sommes considérables, presque sans relâche, jour
et nuit. On pense bien que ces jeux sont ordinaire-
ment accompagnés de tricheries, de rixes et de jure-
ments affreux. Voilà comment le peuple, autrefois
peuple de Dieu, dont les nations étrangères
admiraient la majesté et la sainteté du culte,
maintenant déplorable héritier de l'aveuglement
et de la réprobation de ses pères déicides, pré-
tend honorer le Dieu infiniment parfait! »
v. 61. Munivit eum ad custodiendam Beth-
suram, UT HABERET POPULUS MUNITIONEM CONTRA
faciem iDUMyCyE. On doit remarquer que, pen-
dant la captivité de Babylone, les Iduméens
s'étaient avancés dans la Judée, et en avaient
occupé toute la partie méridionale (5). Après le
retour de la captivité, ils s'étaient maintenus dans
la possession d'une grande partie de ce territoire ;
et, depuis la persécution d'Antiochus, ils avaient
continué d'empiéter sur les terres des Juifs;
en sorte que Judas, pour arrêter leurs progrès et
pour se mettre à couvert de leurs courses, jugea
à propos de fortifier Bethsur, dont il s'était rendu
maître auparavant; il fortifia encore le mont Sion,
afin que ces deux forteresses pussent se soutenir
l'une l'autre. Le grec peut se prendre dans un
sens assez différent de celui de la Vulgate (4) :
// fit fortifier Bethsura, afin d'avoir une forteresse
contre l'Idumée. Ce sens paraît plus naturel ('-,);
Bethsur mettait Sion à couvert du côté de l'Idu-
mée : mais Sion ne pouvait que soutenir etsecourir
Bethsur attaquée par l'Idumée, parce qu'elle était
derrière, au nordde cette ville. Voyez Josué,xv,'-,ïï.
(1) Antiq. I. XII. 11. Tî]v lopT^v ayo\xév xaXoû'vrec; au-rjv
'iàjTa, éx toû 7tc/p ÊXrLÔaç, o'tu.ai, TaÛTTjv rju/tv (pavfjvat Tr,v
éÇouiiav.
(2) Vide si placet Selden de Syned. t. m. c. ij. art. 9. -
Thalmud, traité schabbat.
(?) Vide infra, c. v. 65. et xiv. 3J.
(4) Kat or/ ùpwîav auto T7)peW rîjv Bottûaoûpav, xoû ïyav
tov Xàov c/upojp.a Kaïa rpriaojKov zffi I'oauixota;.
(<>) Drus. Grot. Vat. Comme s'il y avait, *ai oj/ûpoiiav
xrjv Baiôaoïipav T7)pE'.v auto, (opo; Çuùv).
CHAPITRE V
Guerres de Jiuia contre les Jduméens el contre les Ammonites. Expéditions de Simon dans
la Galilée, et de Judas dans le pays de Galaad. Joseph et Avarias laissés en Judée,
s'avancent témérairement contre Gorgias,et sont vaincus. Judas revenu en Judée, marche
contre les Iduméens et contre les Philistins.
i. Et factum est, ut audierunt gentes in circuitu, quia
asdilicatum est altare et sanctuarium sicut prius, iratas
sunt valde ;
2. Et cogitabant tollere genus Jacob qui erant inter
eos, et cœperunt occidere de populo, et persequi.
i. Aussitôt que les nations d'alentour eurent appris
que l'autel et le sanctuaire avaient été rebâtis comme
auparavant, elles entrèrent dans une grande colère,
2. Et résolurent d'exterminer ceux de la race de Jacob
qui étaient parmi eux ; et elles commencèrent à tuer
quelques hommes du peuple, et à poursuivre les autres-
COMMENTAIRE
f. I. UT AUDIERUNT GENTES IN CIRCUITU. Ces
peuples sont les Iduméens, les Samaritains, les
Ammonites, les Moabites, les Philistins, les Phé-
niciens. On verra dans la suite de ce chapitre, la
manière dont ces nations se mirent à persécuter
les Juifs, chacune dans leur pays. On remarque
par toute l'histoire, que la nation des Hébreux a
toujours été odieuse aux peuples voisins, et que
ceux-ci n'ont jamais manqué d'insulter à leurs
malheurs, et de se joindre à leurs ennemis, lors-
qu'ils en ont trouvé l'occasion, et qu'ils ont cru
pouvoir le faire impunément. On en a de fréquents
exemples dès le temps des Juges, et sous les
rois, mais principalement dans la guerre de Na-
bucodonosor contre les Juifs, et, après le retour
de la captivité, durant la persécution d'Antiochus,
et pendant la dernière guerre des Romains. Dieu
se servait ainsi de la haine des nations païennes,
ou pour exercer sa vengeance contre son peuple,
ou mettre sa vertu et sa force dans une plus
grande évidence par la persécution.
Autant le démon était opposé au vrai Dieu,
autant ces nations infidèles , qu'il gouvernait
comme ses esclaves, et qu'il remplissait de sa
fureur," étaient ennemies du peuple consacré à ce
Dieu unique et tout-puissant. La grande colère
que conçurent ces nations contre le peuple de
Dieu, qui venait de rebâtir son autel el son sanc-
tuaire, était donc plutôt la colère du démon qui les
animait contre le Seigneur, que leur colère parti-
culière contre les Hébreux : car s'il n'y eûteu que
la différence de religion entr'eux, ces infidèles
auraient dû se haïr les uns les autres, en adorant
tous des dieux différents. Mais comme l'adoration
de tous ces dieux et de toutes ces idoles se rap-
portait uniquement au démon, il possédait paisi-
blement, selon la parole de Jésus-Christ, tout ce
qui lui appartenait, et il n'inspira jamais à aucune
de ces nations de persécuter les autres au sujet
de leur religion, parce qu'au fond, sous diffé-
rentes formes, elles n'en avaient qu'une seule
toutes ensemble, qui les tenait toutes assujetties
à celui qui est nommé leur père commun : vos ex
pâtre diabolo estis.
11 n'en était pas de même de la religion des
Hébreux, contre laquelle le démon faisait éclater
sa fureur en toutes rencontres, parce qu'elle était
la seule qui s'opposât à la sienne.
Ce fut donc pour cette raison qu'il anima tous
ces peuples idolâtres contre Israël, et qu'il leur
fit prendre la résolution d'exterminer la race de
Jacob qui se trouvait parmi eux, aussitôt qu'ils
eurent appris le rétablissement de l'autel et du
sanctuaire, car le temple de Jérusalem était le
seul de tout l'univers où le vrai Dieu était adoré.
Le démon se flattait que la destruction de ce
temple serait l'affermissement de sa tyrannie, et
de son usurpation sacrilège des honneurs divins.
Mais quel excès de folie à cet esprit orgueilleux,
de se promettre de pouvoir vaincre sur la terre
Celui qui l'avait précipité du haut du ciel; et à ces
peuples idolâtres d'entreprendre d'exterminer une
race destinée à triompher de toutes les nations
en leur donnant le Messie.
Ce qui se passa alors était une image de ce qui
arrive encore tous les jours dans l'Église. Le
monde, représenté par ces nations, ne peut man-
quer de haïr, comme l'assure Jésus-Christ, ceux
qui ne sont point du monde ; et l'on ne doit point
prétendre travailler impunément à rebâtir l'autel
et le sanctuaire du Seigneur. Les princes de ce
monde ont formé le projet d'exterminer la race
de Jacob, et les disciples du Fils de Dieu, des-
cendu, selon son humanité, de cet ancien patriar-
che. Ils ont agi en ce sens dans les premiers siè-
cles de l'Église, lorsqu'ils en ont fait mourir
6o
MACCABEES.
V. - VICTOIRES DE JUDAS MACCABEE
j. Et debellabat Judas filios Esau in Idumasa, et eos
qui erant in Acrabathane, quia circumsedebant Israelitas ;
et percussit eos plaga magna.
4. Et recordatus est malitiam filiorum Bean, qui erant
populo in laqueum et in scandalum, insidiantes ei in via.
Ç. Et conclusi sunt ab eo in turribus, et applicuit ad
eos, et anathernatizavit eos, et incendit turres eorum igni,
cum omnibus qui in eis erant.
0. Et transivit ad filios Ammon, et invenit manum for-
tem, et populum copiosum, et Timotheum, ducem ipso-
rum ;
7. Et commisit cum eis prœlia multa, et contriti sunt
in conspectu eorum, et percussit eos ;
8. Et cepit Gazer civitatem et filias eius, et reversus
est in Judasam.
j. Cependant Judas était occupé b battre les enfants
d'Ésaii dans l'Idumée, et ceux qui étaient dans l'Acraba-
tène, parce qu'ils tenaient toujours les Israélites comme
investis ; et il en fit un grand carnage.
4. Il se souvint aussi de la malice des enfants de Béan,
qui étaient comme un piège et un filet pour prendre le
peuple, en lui dressant des embûches dans le chemin.
5. Il les contraignit de se renfermer dans des tours, où
il les tint investis ; et il les anathématisa, et brûla leurs
tours avec tous ceux qui étaient dedans.
6. Il passa de là aux enfants d'Ammon, où il trouva de
fortes troupes et un peuple nombreux, dont Timothée
était le chef.
7. Il leur livra divers combats ; et il les défit, et les
tailla en pièces ;
8. Et il prit la ville de Gazer avec les villes qui en dé-
pendaient : après quoi il revint en Judée.
COMMENTAIRE
plusieurs, et persécuté les autres; ils continuent de
le faire d'une manière plus subtile dans la suite de
tous les siècles. S'ils ne tuent pas à présent les
corps, ils s'appliquent avec encore plus d'artifice
à tuer les âmes.
Mais quand tout semble perdu ou, au moins,
très compromis, Dieu suscite les hommes de son
choix qui brisent tous les obstacles, et rétablis-
sent ici-bas le règne de la religion.
jfr. }. Debellabat filios Esau in Idum^ea, et
eos qui erant in Acrabathane. Le grec ( i ) et le
syriaque lisent : Il combattait, ou il faisait la
guerre aux fils d'Esaii dans l'Idumée, dans l'Acra-
batène; ou, selon le ms. Alexandrin : Dans la
Judée, vers ÏAcrabalène. L'un et l'autre est vrai.
La Judée, ou le partage de Juda, comprenait au
moins en partie l'Acrabatène, et' l'Idumée lui était
limitrophe. De plus, les Iduméens s'étant jetés
dans les montagnes de Juda, ou s'en étant mis en
possession (2), l'Acrabatène qui en ta'.sait partie,
était aussi, en ce sens, dans l'Idumée. On place
l'Acrabatène vers l'extrémité méridionale de la
mer Morte, sur la frontière d'Idumée; c'est ce
défilé qui est nommé dans Moïse (3), la Montée
des Scorpions. =»2-p» 'Aqrabîm, en hébreu, signi-
fie des scorpions; ils étaient apparemment com-
muns en ces parages (4).
Quia circumsedebant Israelitas. Il les enve-
loppaient en quelque sorte (5), et les tenaient
comme assiégés dans leur propre pays, les empè ■
chant de s'établir, et de s'étendre dans les quar-
tiers méridionaux de Juda.
jh 4. Recordatus est malitiam filiorum
Bean. On ne sait pas qui étaient les enfants de
Béan; les uns croient que Béan était un ancien
roi, ou un patriarche, dont les descendants ten-
daient des pièges aux Israélites, et en faisaient
périr plusieurs dans leurs embuscades. D'autres
veulent que Béan soit le nom d'une ville de ce
pays. On connaît dans les environs de la mer
Morte la ville de Béon (6), qui pourrait bien
être celle dont il s'agit ici. D'autres (7) prennent
Béan pour la Bathanée, province de delà le Jour-
dain.
f. 5. Anathematizavit eos. Il résolut de les
exterminer entièrement, et de n'en rien réserver.
Il y avait plus d'une manière d'anathème. Voyez
notre commentaire sur le Lévilique, xxvn, 28.
Quelquefois on dévouait en général tout ce
qui se rencontrait dans le pays ennemi, depuis les
hommes jusqu'aux animaux : d'autres fois on
mettait quelque restriction à ce dévouement ; on
le restreignait aux champs, aux maisons, aux
biens meubles et aux animaux (8). Ce qui était
exprimé dans le vœu, était dévoué, et rien autre
chose. Il y a quelques circonstances de cette
guerre qu'on ne lit pas ici, et qu'on trouvera
1 1 Macc. x, 16... 23.
f. 6. Transivit ad filios Ammon, et invenit...
Timotheum, ducem ipsorum. Ce Timothée est
fort différent d'un autre du même nom, dont on
parlera au verset ri. Judas attaqua les Ammo-
nites avec tant de vigueur, qu'il les défit, et les
dispersa entièrement.
f. 8. Et cepit Gazer... et reversus est in
Jud^am. Le grec, dans les meilleurs exemplai-
(1) Ka't èno).S[i.ei I"oû8a; r.pô; toIiç ûiou: E aau iv TÎJ
I'oeMj.ai'a t^v A'xpaSativrjv. Ms. Alex. E'v tf, l 'ouSat'a
ttjv A'xpa6*t(vr|v. Joseph. I. XII. c. n.Toî; Ioou>.ùaoi; /.ai'
Arxpoc6Eliv*]V-
(2) Voyez le chapitre précédent, verset 61, et plus
bas verset 65 et le chapitre VI, verset 48.
(?) Num. xxxiv. 4. - Vide et Josue xv. j. - Judic. t. 36.
(4) Deut. vin. 15.
(5) Ilepi7]y.à0r]vto xov I'oparjX. Syr. Cum Israël itis de-
gebant.
(6; Num. xxxn. ;. Ita Tirin. et a!ii.
(7) Vide Serar et Fullon.
(8) Num. xxt. 1. - Deut. vu 26;xm. 17.- Josue. VI. 17.
!. - MACCABÉES. - IV. - COALITION ÉTRANGÈRE
61
9. Et congregatas sunt gentes quae sunt in Galaad, ad-
versus Israelitas qui erant in finibus eorum, ul tollerent
eos ; et fugerunt in Datheman munitionem.
10. Et miserunt litteras ad Judam et fratres ejus, di-
santes : Congregatae sunt adversum nos gentes per circui-
tum, ut nos auferant ;
n. Et parant venire, et occupare munitionem in quam
confugimus ; et Timotheus est dux exercitus eorum.
12. Nunc ergo veni, et eripe nos de manibus eorum,
quia cecidit multitudo de nobis.
Ij. Et omnes fratres nostri qui erant in locis Tubin
interfecti sunt ; et captivas duxerunt uxores eorum, et
natos, et spolia, et peremerunt illic fere mille viros.
14. Et adhuc epistolas legebantur, ecce alii nuntii vene-
runt de Galilœa, conscissis tunicis, nuntiantes secundum
verba hsec :
M. Dicentes convenisse adversum se a Ptolemaida,et
Tyro, et Sidone ; et repleta est omnis Galilasa alieni-
genis, ut nos consumant.
çj. Cependant les nations qui étaient en Galaad s'assem-
blèrent pour exterminer les Israélites qui étaient dans
leur pays ; mais ils s'enfuirent dans la forteresse de Da-
theman ;
10. Et ils envoyèrent des lettres à Judas et à ses
frères, pour leur dire : Les nations se sont assemblées
de tous côtés pour nous perdre ;
1 1. Elles se préparent pour venir prendre la forteresse
où nous nous sommes retirés ; et Timothée est le général
de leur armée.
12. Venez donc promptement pour nous délivrer de
leurs mains, parce que nous avons déjà perdu beaucoup
des nôtres.
Ij. Ils ont fait mourir tous nos frères qui étaient aux
environs de Tubin : ils ont emmené leurs femmes capti-
ves avec leurs enfants ; ils ont enlevé leurs dépouilles,
et ont tué en ce lieu près de mille hommes.
14. On lisait encore leurs lettres, lorsqu'il vint d'autres
gens envoyés de Galilée, qui avaient leurs habits déchi-
rés, et qui apportaient des nouvelles semblables aux
autres,
15. En disant qu'on s'était assemblé de Ptolémaïs,
de Tyr et de Sidon, contre eux, et que toute la Galilée
était pleine d'étrangers qui voulaient les perdre.
COMMENTAIRE
res ( 1 ), lit ïa\er. Cette ville est célèbre au-delà du
Jourdain (2). Elle est à la source d'une petite
rivière nommée Jazer, qui tombe dans le Jour-
dain. Après le retour de Judas dans la Judée,
arriva la guerre dont il est parlé 11 Macc. x,
24... 38, où Timothée fut mis à mort. Voyez cet
endroit.
f. 9. CONGREGATAE SUNT GENTES QVM SUNT IN
Galaad, adversus Israelitas. Avant même la
captivité de Babylone, et sur le déclin des royau-
mes de Juda et d'Israël, les Ammonites et les
Moabites s'étaient emparés de presque toutes les
terres des Israélites au-delà du Jourdain. Cet
empiétement est signalé dans divers passages des
prophètes (3}. Depuis le retour de la captivité, il
est probable que plusieurs Israélites des dix tri-
bus profitèrent de la liberté accordée à Juda, et
se rétablirent dans leur ancien pays, et dans l'hé-
ritage de leurs ancêtres; ils y vécurent en paix
tant que les rois du pays leur accordèrent quel-
que protection ; mais depuis l'édit d'Antiochus,
qui les obligeait à quitter leur religion, tous les
peuples voisins et ennemis, se crurent permis de
les opprimer; ils se joignirent avec plaisir aux
troupes d'Antiochus pour leur faire la guerre.
Fugerunt in Datheman munitionem. On
ignore la situation de cette forteresse. Quelques
auteurs la confondent avec Rathma, dont il est
parlé dans les Nombres (4). Dom Calmet se de-
mande si ce ne serait point la ville de Péira,
quelquefois nommée Botamanis (=i) ï
f. 1 1. Timotheus est dux exercitus eorum.
Ce n'est pas celui dont il est parlé au ,v. 6 : il avait
été tué avec son irère Chéréasà Gazara(6), l'année
précédente. Ou, si c'est le même, il faut admettre
qu'il aurait survécu à ses blessures ;maisl'auteur du
second livre des Maccabées dit positivement qu'il
fut tué.
f. 13. In locis Tubin. C'est la terre de Tob
au-delà du Jourdain, au midi de la tribu de
Gad(7).
v. 1 5. Convenisse adversum se a Ptolemaida;
et repleta est omnis Galilœa alienigenis. Le
grec (8) : Et que toute la Galilée des étrangers
était assemblée contre eux. Cette Galilée des étran-
gers, est la même que la Galilée des gentils, con-
nue dans l'ancien et dans le nouveau Testa-
ment (oj. Elle portait ce nom, parce qu'elle était
occupée par les peuples païens, au lieu que le
reste du pays appartenait aux Israélites. Voyez
sur cette persécution ce qui est dit, il. Macc.
vi. 8. Elle fut excitée par un édit du roi rendu à
la sollicitation des habitants de Ptolémaïs. Pto-
lémaïs, aujourd'hui Akka, est un petit port de
mer, à l'embouchure de la Nahr Namân, l'ancien
Bélus, à trois lieues au nord de la pointe du Car-
(1) I'aÇjjp. Ita Edit. Rom. Aldi, Basil, et Ms. Alex. Sola
Edit. Complut. TaÇrip.
(:) Num. xxi. ?2- - Josue xm. 25.
(i)Jcrem. xnx. 1. - E^ech. xxv. 2.- Amos. 1. ij. etc.
(4) Num. xxxiu. 18. 19. - Drus, nom Rathma. nnm
Dalhma. Les lettres sont presque semblables.
(') Serapion cap. de Bdellio apud Ortel.
(6; 11. Macc. x. 57.
(7) Vide Judic. xi. î. et 5.
(8) E'nauvfjy^Oat ir.' ocutoj;.... 7:âaïjç Ta^iXala; siXXo-
çjXcjv. Ms. Alex, nâjav Ta)aXatav.
,(9) Isai. ix. 1 - Malt. iv. 15.
62
I. — MACCABÉES. — V. - EXPÉDITIONS DE JUDAS ET DE SIMON
16. Ut audivit autem Judas et populus sermones istos,
convertit ecclesia magna cogitare quid facerenl fratribus
suis qui in tribulatione erant, et expugnabantur ab eis.
17. Dixitque Judas Simoni, fratri suo : Elige tibi viros,
el vade, et libéra fratres tuos in Galilaea ; ego autem et
frater meus Jonathas ibimus ir> Galaaditim.
18. Et reliquit Josephum, filium Zacl.ariae, et Azariam,
duces populi, cum residuo exercitu in Judasa ad custo-
diam.
19. Et prascepit il lis, dicens : Praeestote populo huic,
et nolite bellum committere adversum gentes, donec
revertamur.
20. Et partiti sunt Simoni viri tria mil lia, ut iret in
Galilasam ; Judas autem octo millia in Galaaditim.
21. Et abiit Simon in Galilasam, et commisit prselia
multa cum gentibus, et contritas sunt gentes a facie ejus ;
et persecutus est eos usque ad portam
22. Ptolemaidis, et ceciderunt de gentibus fere tria
millia virorum, et accepit spolia eorum ;
2j. Et assumpsit eos qui erant in Galilaea et in Arbatis,
cum uxoribus, et natis, et omnibus quae erant illis, et
adduxit in Judaeam cum lastitia magna.
24. Et Judas Machabasuset Jonathas, fraterejus, transie-
runt Jordanem, et abierunt viam trium dierum per de-
sertum.
2Ç. Et occurrerunt eis Nabuthœi, et susceperunt eos
pacifiée ; et narraverunt eis omnia quas acciderant fra-
tribus eorum in Galaaditide,
16. Judas et tout le peuple ayant appris ces nouvelles,
tinrent une grande assemblée, afin de délibérer sur ce
qu'ils feraient pour secourir leurs frères qui étaient dans
la dernière affliction, et près de périr par la violence de
leurs ennemis.
17. Alors Judas dit à son frère Simon : Prenez des
gens avec vous, et allez délivrer vos frères qui sont
dans la Galilée ; pour moi et mon frère Jonathas, nous
irons en Galaad.
18. Il laissa Joseph, fils de Zacharie, et Azarias, pour
être les chefs du peuple et pour garder la Judée avec le
reste des troupes.
19. Et il leur donna cet ordre : Gouvernez ce peuple,
et ne combattez point contre les nations, jusqu'à ce que
nous soyons revenus.
20. On donna à Simon trois mille hommes, pour aller
en Galilée ; et à Judas huit mille, pour aller en Galaad.
21. Simon étant donc allé dans la Galilée, livra plu-
sieurs fois combat aux nations, qui furent défaites, et
s'enfuirent devant lui ; et il les poursuivit jusqu'à la
porte de Ptolémaïs.
22. Il y en eut près de trois mille de tués ; il emporta
leurs dépouilles.
2;. Il prit avec lui ceux de leurs frères qui étaient
dans la Galilée et dans Arbates, avec leurs femmes et
leurs enfants, et tout ce qui leur appartenait ; et il les
emmena en Judée dans une grande réjouissance.
24. Cependant Judas Maccabée et Jonathas son frère
ayant passé le Jourdain, marchèrent durant trois jours
dans le désert.
25. Et les Nabathéens vinrent au devant d'eux; et ils
les reçurent avec amitié, et ils leur racontèrent tout ce
qui était arrivé à leurs frères en Galaad,
COMMENTAIRE
mel. C'est la ville de Saint-Jean d'Acre assiégée
en 1799 par le général Bonaparte.
f. 18. Reliquit Josephum et Azariam, duces
populi. On ne connaît ces deux personnages, que
par la mauvaise manière dont ils s'acquittèrent de
l'emploi qui leur avait été confié. Voyez jh 57. et
suivants.
f. 23. Eos qui erant in GaliL/EA et in Arba-
tis adduxit in Jud/eam. 77 amena en Judée ceux
qui étaient en Galilée et à Arbates, afin de les sous-
traire à la violence, et à la fureur de leurs enne-
mis ; c'était aussi une excellente politique de
réunir ainsi leurs forces, en ramassant dans la Ju-
dée, alors fort déserte par la fuite et la désertion
des habitants, tout ce qu'il y avait d'Israélites aux
environs. Judas suivit la même ligne de conduite
enversceux qu'il trouva dans le paysde Galaad (i).
On ne connaît en Galilée aucune ville du nom
d' Arbates. Des commentateurs croient avec assez
de vraisemblance que ce terme est pris de l'hé-
breu Arboth (2), qui signifie des lieux incultes et
des plaines, comme les plaines ou les Arboth de
Moab, dont il estparlé dans Moïse (j). Il faut aussi
mettre le nom d'Arbales, au lieu d'Arbêles, au
chapitre ix. ^. 2. Ces Arboihs désignent les plai-
nes, la contrée qui s'étend des deux côtés du
Jourdain et de la mer Morte. On les prend tantôt
pour la campagne de Jéricho (4), tantôt pour
celle de Moab (=,).
JL24. Abierunt viamtrium dierum per deser-
tum. Judas passa sans doutele Jourdain à Bethsan,
au même endroit où il le repassa à son retour. De
là à Bosor, et aux autres villes dont on va parler,
il ne faut guère moins de trois jours de marche,
surtout à des gens qui veulent surprendre leurs
ennemis, et cacher leur présence ; aussi marchent-
ils dans le désert.
f. 25. Nabuth^i. Les Nabathéens descendus de
Nabajoth (0), fils aîné d'ismaêl, étaient très in-
fluents dans l'Arabie Pétrée ; leur capitale était
Pétra ; la manière dont ils parlent à Judas et aux
siens, fait voir qu'ils étaient amiset alliés des Israé-
lites, que les Ammonites et les Moabites persé-
cutaient. .
(1) Verset 4s.
(2) pis"!» Grol. hic.
(?) Num. xxu. 1; xxvi. oj; xxxin. 48. - Deut. 1. I. etc.
(4) Gènes, xxv. ij.
{<,) Josue v. 10.
(6) Deutêron. xxxiv. 1.
I. — MACCABÉES. — V. - VICTOIRE DE JUDAS
6j
2b. Et quia multi ex eis comprehensi sunt in Barasa,
et Bosor, et in Alimis, et in Casphor, et Mageth, et Car-
naim ; hae omnes civitates munita? et magna;.
27. Sed et in ceteris civitatibus Galaaditidis teneniur
comprehensi, et in crastinum constituerunt admovere
exercitum civitatibus his, et comprehendere, et tollere
eos in una die.
28. Et convertit Judas, et exercitus ejus, viam in deser-
tum Bosor repente, et occupavit civitatem ; et occidit
omnem masculum in ore gladii, et accepit omnia spolia
eorum, et succendit eam igni.
29. Et surrexerunt inde nocte, et ibant usque ad muni-
tionem.
50. Et factum est diluculo, cum élevassent oculos
suos, ecce populus multus cujus non erat numerus,
portantes scalas et machinas, ut comprehenderent muni-
tionem, et expugnarent eos.
jl. Et vidit Judas quia ccepit bellum, et clamor bel l ï
ascendit ad ccelum sicut tuba, et clamor magnus de civi-
tate ;
j2. Et dixit exercitui suo : Pugnate hodie pro fratribus
vestris.
??• Et venit tribus ordinibus post eos ; et exclamave-
runt tubis, et clamaverunt in oratione.
54. Et cognoverunt castra Timothei quia Machabaeus
est, et refugerunt a facie ejus ; et percusserunt eos plaga
magna, et ceciderunt ex eis in die illa fere octo millia
virorum.
25. Et comment plusieurs d'entre eux avaient été enfer-
més dans Barasa, dans Bosor, dans AIimas,dans Casphor,
dans Mageth et dans Carnaïm, qui étaient toutes de
grandes et fortes villes.
27. Ils ajoutèrent qu'on les tenait encore enfermés
dans les autres villes de Galaad, et que leurs ennemis
avaient résolu de faire marcher, le lendemain, leur ar-
mée contre ces villes, afin de les prendre, et de les per-
dre tous en un même jour.
28. Judas marcha aussitôt avec son armée vers le dé-
sert de Bosor, et surprit la ville tout d'un coup : il fit
passer tous les hommes au fil de l'épée, et enleva tout
le butin qu'il trouva, et y mit le feu.
29. Ils en sortirent pendant la nuit, et marchèrent jus-
qu'à la forteresse.
;o. Et, au point du jour, levant les yeux, ils aperçu-
rent une troupe innombrable de gens qui portaient des
échelles et des machines pour se saisir de cette forte-
resse, et prendre les Juifs.
ji. Judas vitdonc que l'attaque était déjà commencée,
et que le bruit des combattants montait jusqu'au ciel,
comme le son éclatant d'une trompette ; et qu'il s'éle-
vait aussi un grand cri de la ville.
;j. Alors il dit à son armée : Combattez aujourd'hui
pour vos frères.
j; Et il marcha en trois corps derrière les ennemis :
ils firent en même temps retentir les trompettes, et pous-
sèrent des cris mêlés à leurs prières.
54. Les gens de Timothée reconnurent aussitôt que
c'était Maccabée, et ils fuirent devant lui. Judas en fit
un grand carnage ; et il en demeura ce jour-là près de
huit mille sur place.
COMMENTAIRE
f. 26. MULTI COMPREHENSI SUNT IN BARASA.
On les tenait enfermés dans les villes où ils se
trouvaient, et on était résolu de les y exterminer,
sans les en laisser sortir. Barasa, ou Bosorra se-
lon le grec et Josèphe, est apparemment la même
que Bolsrâh, ville de Moab, dont parle Jéré-
mie (1), qu'on croit différente d'une autre Bols-
râh dans l'Idumée (2).
Et Bosor, et in Admis. Dans Bosor, dans
Alimas. Bosor vient d'une racine hébraïque (3) qui
signifie fortifier, défendre ; ainsi il ne doit pas
paraître étonnant que, dans l'Arabie, on trouve
plus d'une ville de ce nom. Alimas est apparem-
ment la même qu'É/z'mdans le pays de Moab, dont
parle lsaïe (4). Le grec peut se prendre en cet au-
tre sens : Dans Bosor qui est près d'Alem ; peut-être
conviendrait-il de le lire, à Béer près d Alem (5).
Casphor. On croit avec raison qu'il faut lire ici
comme au f. 36, Casbon, au lieu de Casphor ; on
ne connaît aucune ville du nom de Casphor, mais
Casbon ou Chesbon, ou Hésébon, est fort connue
dans l'Écriture ; elle appartenait autrefois au roi
Séhon (6) ; elle fut ensuite donnée à la tribu de
Ruben (7), et enfin elle retourna aux Moabites,
qui en avaient été les premiers possesseurs (8).
Mageth, ou, comme porte le grec, Maked;
peut-être la même que Machali, dont il est parlé
dans Moïse (9) et dans Josué^io). C'est la pen-
sée de plusieurs commentateurs, et on ne voit
d'autre objection à cette conjecture, que l'éloi-
gnement de Machati, qui était vers l'extrémité du
partage de Manassé au nord de Galaad.
Carnaïm, ou Aslarolli-Carnaim (1 1). Elle est
nommée Camion dans le second livre des Mac-
cabées( 1 2). Les auteurs profanes l'ont connue sous
le nom de Carna (1 ]). Elle est située au pays de
Galaad, et on croit qu'elle tire son nom d'As-
tarté, ou de la Lune, qui était adorée avec des
cornes ; c'est ce que signifie Carnaïm.
$. 29. Ibant usque ad munitionem. Ils mar-
chèrent jusqu'à la forteresse de Dathéman, où la
plupart des Juifs s'étaient retirés (14).
(1) Jercm. xlviii. 24.
(2) Gènes, xxxvi. jj. - 1. Par. 1. 44. - Isai. xxxtv. 6,
LXI1I. 1.
(j) 11X3 de ^23 bdlsar.
(4) Isai. xv. 8. Usque ad puteum Elim clamor ejus
ou usque ad Béer Elim clamor ejus.
(!,) Koô Boaop év AX^aoi;.
(6) Num. xxi. 26. et suw. - Deut. 1. 4. n. 24. etc.
(7) Num. xxxii. J7.
(8) Voyez Isai. xv. 4; xvi. 8. - Jercm. xlvii. 2. etc.
(9) Deut. m. 14.
(10) Josue. xiii. 1?.
(ri) Gènes, xiv. ;.
(12) 11. Macc. xii. 26.
(1?) Plolcm. Strabo.
(14) Verset 9.
64
I. — MACCABÉES.— V. - ARMÉE DE TIMOTHÉE
55. Et divertit Judas in Maspha ; et expugnavit, et
cepit eam, et occidit omnem masculum ejus, et sumpsit
spolia ejus, et succendit eam igni.
j6. Inde perrexit, et cepit Casbon et Mageth, et Bosor,
et reliquas civitates Galaaditis.
57. Post hase autem verba congregavit Timotheus exer-
citum slium, et castra posuit contra Raphon, trans tor-
rentem.
j8. Et misit Judasspeculari exercitum,et renuntiaverunt
ei, dicenles : Quia convenerunt ad eum omnes gentes
quae in circuitu nostro sunt, exercitus multus nimis ;
J9. Et Arabas conduxerunt in auxilium sibi ; et castra
posuerunt trans torrentem, parali ad te venire in pras-
lium. Et abiit Judas obviam illis.
40. Et ait Timotheus principibus exercitus sui : Cum
appropinquaverit Judas et exercitus ejus ad torrentem
aquae, si transierit ad nos prior, non poterimus sustinere
eum, quia polens poterit adversum nos ;
41. Si vero timuerit transire, et posuerit castra extra
flumen, transfretemus ad eos, et poterimus adversus
illum.
42. Ut autem appropinquavit Judas ad torrentem aquae,
statuit scribas populi secus torrentem, et mandavit eis
dicens : Neminem hominum reliqueritis, sed veniant
omnes in praalium.
?$. Judas alla de là à Maspha ; il la força, et la prit :
tua tous les hommes, en remporta les dépouilles, et
brûla la ville.
;6. Il se rendit maître ensuite de Casbon, de Mageth,
de Bosor et des autres villes de Galaad.
57. Après cela, Timothée rassembla une autre armée,
et se campa vis-à-vis de Raphon. au delà du torrent.
j8. Judas envoya reconnaître cette armée, et ses gens
revinrent lui dire : Toutes les nations qui nous environ-
nent se sont assemblées près de Timothée ; et l'armée
qu'elles composent est extraordinairement grande.
$9. Ils ont fait venir les Arabes à leur secours : ils
sont campés au-delà du torrent ; et ils se préparent pour
venir vous attaquer. Judas marcha aussitôt contre eux.
40. Alors Timothée dit aux principaux officiers de son
armée : Lorsque Judas sera venu avec ses gens près du
torrent, s'il passe vers nous le premier, nous ne pourrons
en soutenir le choc, parce qu'il aura tout l'avantage sur
nous.
41. Mais s'il craint de passer, et qu'il se campe au-delà
du fleuve, passons à eux, et nous le battrons.
42. Judas étant arrivé au bord du torrent, mit le long
de l'eau les scribes de l'armée, et il leur dit : Ne laissez
demeurer ici aucun homme, mais que tous viennent
combattre.
COMMENTAIRE
jh 35. In Maspha. A Maspha, ville située vers
le milieu des montagnes de Galaad (1).
y. 56. Bosor. Il l'avait déjà prise au verset 28.
11 est donc probable que Bosor est mis ici pour
Bosra, ou Barasa, du verset 26.
f. 37. Post h/ec verba congregavit Timo-
theus exercitum alium. Entre la première ba-
taille contre Timothée, dont il est parlé aux ver-
sets précédents, et la seconde guerre qu'il fit aux
Juifs, et dont il est parlé ici, il se passa plusieurs
affaires importantes dans la Judée ; Lysias y vint
avec une armée de quatre-vingt mille hommes de
pied, de toute la cavalerie du roi, et de quatre-
vingts éléphants; ii ne laissa pas d'être mis en dé-
route par Judas Maccabée; on peut voir ce détail
au second livre des Maccabées, xi. 1. et sui-
vants.
Castra posuit contra Raphon. Cette ville
n'est connue dans l'Écriture que par cet endroit.
Elle était probablement sur la rive occidentale du
torrent d'Arnon, puisque Timothée devait être
campé sur le bord occidental du même fleuve.
Des commentateurs croient que Raphon est la
même que Raphana (2), ou Raphanéïa, ville de
Syrie ; mais elle était trop éloignée puisqu'elle
faisait partie de la province d'Apamée (j).
}. 40. Si transierit ad nos prior, non pote-
rimus sustinere eum. Remarque superstitieuse à
peu près semblable à celle dont il est parlé au
premier livre des Rois (4) : avec cette différence
néanmoins, que Jonathas demandait à Dieu qu'il
lui fit connaître le succès de son entreprise, par
un moyen qu'il semblait lui prescrire, au lieu que
Timothée veut simplement tirer un présage de sa
victoire ou de sa défaite future du mouvement
libre de ses ennemis. Il faut pourtant reconnaître
qu'il demande pour présage de sa victoire, une
chose, qui devait marquer une espèce de timidité
dans les troupes de Juda. S'il passe le lorrenl,
dit-il, nous serons ballus ; mais s'il craint de le pas-
ser, nous le battrons.
y. 42. Statuit scribas populi secus torren-
tem, et mandavit eis, dicens : Neminem hominum
reliqueritis. Ces scribes, ou écrivains de l'ar-
mée,étaient chargés de faire la revue des troupes,
d'en tenir les registres, de les assembler, de les
ranger.
11 est remarquable que Judas voulut qu'i/ n'y
eût pas un seul homme qui ne passât le torrent. Il
savait bien que cette guerre était la guerre de
Dieu, la victoire ne dépendait pas d'un peu plus
ou d'un peu moins de personnes, puisque c'était
Dieu qui leur donnait la victoire ; mais il voulait
que tous prissent également part au combat ; que
nul lâche ne se trouvât dans une armée qui mar-
chait sous les étendards du Dieu d'Israël, et dont
la cause leur était commune à tous ; et qu'étant
unis tous ensemble dans le péril et dans la gloire,
( 1 ) Vide ad Judic. xi. 29. etc.
{7) Plin. v. 18. P totem. Sieph. Ortet.
(?) Abulfeda. Tabul. Syr. p. 107.
(4) 1. Reg. xiv. 91
I. - MACCABÉES. - V.- RUINE D'ÉPHRON
65
4j. Et transfretavit ad illos prior, et omnis populus
post eum, et contrits sunt omnes gentes a facie eorum ;
et projecerunt arma sua, et fugerunt ad fanum quod
erat in Carnaim.
44. Et occupavit ipsam civitatem, et fanum succendit
igni, cum omnibus qui erant in ipso ; et oppressa est
Carnaim, et non potuit sustinere contra faciem Judas.
41;. Et congregavit Judas universos Israelitas qui erant
in Galaaditide, a minimo usque ad maximum, et uxores
eorum, et natos, et exercitum magnum valde, ut venirent
in terram Juda.
46. Et venerunt usque Ephron ; et haec civitas magna
in ingressu posita, munita valde, et non erat declinare
ab ea dextra vel sinistra, sed per mediam iter erat.
47. Et incluserunt se qui erant in civitate, et obstruxe-
runt portas lapidibus. Et misit ad eos Judas verbis paci-
ficis,
48. Dicens : Transeamus per terram vestram, ut eamus
in terram nostram ; et nemo vobis nocebit, tantum pedi-
bus transibimus. Et nolebant eis aperire.
40. Et praecepit Judas prasdicare in castris ut applica-
rent unusquisque in quo erat loco.
ço. Et applicuerunt se viri virtutis ; et oppugnavit civi-
tatem illam tota die et tota nocte, et tradita est civitas
in manu ejus.
51. Et peremerunt omnem masculum in ore gladii, et
eradicavit eam, et accepit spolia ejus, et transivit per
totam civitatem super interfectos.
52. Et trangressi sunt Jordanem in campo magno, con-
tra faciem Bethsan.
45. En même temps, il passa l'eau le premier, et toute
l'armée le suivit ; et les ennemis furent tous défaits par
eux ; ils jetèrent leurs armes, et s'enfuirent dans le tem-
ple de Carnaim.
44. Judas prit la ville, et brûla le temple avec tous
ceux qui étaient dedans ; et Carnaim fut réduite à la der-
nière humiliation, et elle ne put subsister devant Judas.
4^. Alors Judas rassembla tous les Israélites qui étaient
en Galaad, depuis le plus grand jusqu'au plus petit, avec
leurs femmes et leurs enfants, et composa une très
grande armée, pour les emmener dans le pays de Juda.
46. Étant arrivés à Ephron, ils trouvèrent que cette
ville, qui est située à l'entrée du pays, était grande et
extrêmement forte ; et qu'on ne pouvait se détourner ni
à droite ni à gauche, mais qu'il fallait nécessairement
passer par le milieu.
47. Ceux qui étaient dans la ville s'y renfermèrent, et
en bouchèrent les portes avec des pierres. Judas leur
envoya porter d'abord des paroles de paix,
48. Et leur fit dire : Trouvez bon que nous passions
par votre pays, pour aller au nôtre ; nul ne vous fera
aucun tort : nous passerons sans nous arrêter. Mais ils
ne voulurent point lui ouvrir.
49. Alors Judas fit p ibher dans le camp que chacun
eût à attaquer la ville par l'endroit où il était.
50. Les vaillants guerriers s'attachèrent donc aux mu-
railles : il livra l'assaut à la ville pendant tout le jour et
toute la nuit ; et elle fut livrée entre ses mains.
51. Ils firent passer tous les hommes au fil de l'épée :
il détruisit Ephron jusqu'aux fondements, emporta tout le
butin qui s'y trouva, et passa à travers toute la ville sur
les corps morts.
=,2. Us passèrent ensuite le Jourdain dans la grande
plaine qui est vis-à-vis de Bethsan.
COMMENTAIRE
ils n'eussent entr'eux aucun sujet de division et de
jalousie.
C'est aussi cette unité inviolable de tous les
vrais soldats de Jésus-Christ, qui fait encore au-
jourd'hui toute la force, tout l'honneur et toute
la sûreté de l'Église. C'est une armée bien ran-
gée, étroitement unie, dans laquelle tout est ani-
mé d'un même esprit, et tout marche ensemble
contre les puissances ennemies : il n'y a que pé-
ril et déshonneur à s'écarter de ce corps, qui est
toujours invincible dans ceux qui demeurent bien
unis entr'eux. Ne croyons pas nous éloigner du
danger, en refusant de prendre part au combat.
Tout est à craindre pour ceux qui évitent de s'y
engager : il faut se résoudre à passer avec toute
l'armée le torrent, si l'on aspire à la victoire : tous
les travaux et tous les périls de la vie présente,
figurés par ce torrent, n'ont rien de terrible pour
ceux qui le passent, ayant à leur tète Judas
Maccabée, cette excellente figure du chef divin
de l'Église. On doit s'assurer que l'on peut tout
avec lui.
f. 43. Projecerunt arma, et fugerunt ad
fanum quod erat in Carnaim. Dans le second
livre des Maccabées (1), on remarque que Judas
tua trente mille hommes, et qu'ensuite il prit Car-
naïm,où il en tua encore vingt-cinq mille. L'auteur
ajoute que Timothée étant tombé entre les mains
de Dosithée et Sosipater, les conjura de lui con-
server la vie, ce qui lui fut accordé, parce qu'il
avait entre ses mains plusieurs Juifs, à qui il ren-
drait la liberté, à condition qu'on le laisserait aller.
f. 44. Fanum succendit. // brûla le temple, dé-
dié à Astarté.
jfr. 45. Congregavit universos Israelitas, qui
erant in Galaaditide... ut venirent in terram
Juda. 11 fit à l'égard des peuples de Galaad, ce
que Simon son frère avait fait envers ceux de
Galilée (2).
f. 46. Venerunt usque Ephron. L'Écriture
ne parle de cette ville d'Éphron, située au-delà du
Jourdain, qu'en ce seul endroit. Le savant juif S.
Munk, met Ephron à l'origine du wady Ajlûn.
Quant à la question de droit, savoir si Judas a pu
traiter ainsi cette ville pour lui avoir seulement
refusé le passage, on peut voir ce que nous avons
dit sur les Nombres xx. i8; et sur les Juges, vin.
5 et suivants.
jL>2. IN CAMPO MAGNO, CONTRA FACIEM BETHSAN.
Cette grande plaine s'étend d'orient en occident,
(i'j 11. Macc. xii. 20. et seq.
S. B. — T. XII.
(2) Verset 2?.
66
I. — MACCABÉES. - V. - DÉPART DE JOSEPH ET D'AZARIAS
$;. Et erat Judas congregans extremos, et exhortaba-
tur populum per totam viam, donec venirent in terram
Juda.
54. Et ascenderunt in montem Sion cum laîtitia et gau-
dio, et obtulerunt holocausta quod nemo ex eis ce-cidis-
set, donec reverterentur in pace.
55. Et in diebus quibus erat Judas et Jonathas in
terra Galaad, et Simon, frater ejus, in Galilaea contra
faciem Ptolemaïdis,
56. Audivit Josephus, Zachariae filius, et Azarias, prin-
ceps virtutis, res bene gestas, et prœlia quas facta sunt,
57. Et dixit : Faciamus et ipsi nomen,et eamus pugnare
adversus gentes quas in circuitu nostro sunt.
58. Et praecepit his qui erant in exercitu suo, et abie-
runt Jamniam.
59. Et exivit Gorgias de civitate, et viri ejus obviam
illis in pugnam.
60. Et fugati sunt Josephus et Azarias usque in fines
Judaeas ; et ceciderunt illo die de populo Israël ad duo
millia viri, et facta est fuga magna in populo,
61. Quia non audierunt Judam et fratres ejus, existi-
mantes fortiter se facturos.
62. Ipsi autem non erant de semine virorum illorum
per quos salus facta est in Israël.
<, ;. Et Judas était à l'arrière-garde, ralliant les derniers
et encourageant le peuple dans tout le chemin, jusqu'à
ce qu'ils fussent arrivés au pays de Juda.
54. Ils montèrent sur la montagne de Sion, dans une
grande réjouissance ; et ils offrirent des holocaustes en
action de grâces de ce qu'ils étaient revenus en paix
sans qu'aucun d'eux eût été tué.
çç. Pendant que Judas avec Jonathas était au pays de
Galaad, et Simon son frère dans la Galilée, devant Ptolé-
maïde,
56. Joseph, fils de Zacharie, et Azarias, général des
Juifs, apprirent les heureux succès des autres, et les
combats qui avaient été livrés.
$7. Et Joseph dit : Rendons aussi nous-mêmes notre
nom célèbre, et allons combattre contre les nations qui
nous environnent.
58. Il donna donc ses ordres à ses troupes ; et elles
marchèrent contre Jamnia.
$9. Gorgias sortit de la ville avec se6 gens, et alla au-
devant d'eux pour les combattre.
60. Et Joseph et Azarias furent battus, et s'enfuirent
jusqu'à la frontière de Judée : il demeura sur la place
environ deux mille hommes des Israélites ; et la déroute
du peuple fut grande,
Oi. Parce qu'ils n'avaient pas suivi les ordres de Judas
et de ses frères, s'imaginant qu'ils signaleraient leur cou-
rage.
62. Mais il n'étaient point de la race de ces hommes
par qui le Seigneur a sauvé Israël.
COMMENTAIRE
depuis Bethsan ou Scythopolis, jusqu'au-dessous
de Jezrahel ; on lui donne aussi le nom de vallée
de Jezrahel.
f. <)■). Erat Judas congregans extremos.
Judas était à l'arrière-garde, qui est la place la
plus périlleuse dans les retraites.
). 56. Josephus, et Azarias, princeps virtutis.
Voyez les versets 18. 19. Leur désobéissance et
leur témérité furent justement punies ; le succès
des guerres saintes ne dépend ni de la valeur, ni
du nombre des soldats ; Dieu seul en est l'auteur;
il ne peut approuver les dispositions criminelles
de ceux qui s'emploient, même pour l'intérêt de
la religion, par des motifs de vanité. Voyez les
versets 60. 61.
f. <;8. Abierunt Jamniam. Ils marchèrent contre
Jamnia, village maritime du pays des Philistins,
entre Joppé et Accaron.
f. 59. Exivit Gorgias de civitate. C'est le
même Gorgias qui avait manqué son coup, lors-
qu'il voulut aller surprendre Judas dans son
camp (1). Ce général était un grand capitaine, et
d'une longue expérience dans les choses de la
guerre. Adjurato ei Gorgia, viro militari, et in
bellicis rébus experientissimo, dit le second livre
des Maccabées (2).
f. 60. Fugati sunt Josephus et Azarias. Le
Saint- Esprit nous marque bien clairement les rai-
sons de la défaite de ces généraux du peuple de
Dieu. Ils songeaient, dit l'Écriture, à rendre leur
nom célèbre. Piqués d'une jalousie secrète contre
leurs frères qui venaient de se signaler par tant de
victoires, ils ne craignirent point de violer l'ordre
que Judas leur avait donné avant qu'il partit, de
ne point combattre contre les nations, jusqu'à ce
qu'il fût de retour. Il était donc juste que, sortant
de l'ordre de Dieu, ils se privassent de son se-
cours, et que, s'en étant privés par leur orgueil,
ils éprouvassent, à leur confusion, leur propre
faiblesse.
Judas Maccabée se conduisait dans cette guerre
avec un esprit bien différent: son but était, non
de rendre son nom célèbre, mais de défendre la
gloire de Dieu ; de réprimer l'insolence des na-
tions qui profanaient son temple, et de délivrer
ses frères. C'est pourquoi, ayant toujours Dieu
et le prochain devant les yeux dans tous ses com-
bats, il était toujours victorieux.
Que ceux-là tremblent qui entreprennent, comme
Joseph et Azarias, de combattre les nations sans
l'ordre de Dieu. Que ceux-là soient confondus,
qui se proposent, comme ces chefs orgueilleux,
pour objet de leurs travaux et de leur victoire, de
rendre leur nom célèbre parmi les hommes. On
ne parvient à la gloire que par le mépris de cette
gloire même : Dieu ne promet la victoire qu'à
l'obéissance de ceux qui servent sous ses éten-
dards. Le courage humain n'est qu'un piège qui
nous engage dans notre perte, s'il n'est soumis à
sa volonté. L'exemple des actions héroïques de
(1) Chapitre iv. 1. 5.
(2) 11. Macc. vin. 9.
MACCABEES.
V. - SUCCES DE JUDAS
67
6;. Et viri Juda magnificati sunt valde in conspectu
omnis Israël, et gentium omnium ubi audiebatur nomen
eorum.
64. Et convenerunt ad eos fausta acclamantes.
65. Et exivit Judas, et fratres ejus, et expugnabant
filios Esau, in terra quas ad austrum est ; et percussit
Chebron et filias ejus, et muros ejus et turres succendit
igni in circuitu.
06. Et movit castra ut iret in terram alienigenarum, et
perambulabat Samariam.
67. In die illa ceciderunt sacerdotes in bello, dum
volunt fortiter facere, dum sine consilio exeunt in
praeliuir.
68. Et declinavit Judas in Azotum, in terram alieni-
genarum ; et diruit aras eorum, et sculptilia deorum
ipsorum succendit igni; et cepit spolia civitatum, et
reversus est in terram Juda.
COMM
nos frères n'est capable que de nous tromper, s'il
nous porte à présumer de nos forces. Chacun doit
se mesurer, non sur la grâce des autres, mais sur
celle qu'il a reçue. Ceux que Dieu destine, comme
Judas Maccabée, par le choix de sa volonté, à
combattre ses ennemis, manqueraient à leur vo-
cation, s'ils préféraient leur repos à cette guerre
toute sainte. Ceux qu'il destine par un choix
contraire à demeurer dans le repos et dans la
Daix, s'exposeraient à un péril manifeste s'ils s'in-
géraient dans le ministère des autres. Que tous
soient donc convaincus, que c'est à Dieu d'appli-
quer les hommes chacun à son oeuvre. Il y a de la
gloire pour tous, quand on fait la volonté de Dieu.
j^. 63. Viri Juda magnificati sunt valde. Le
grec lit (1) : El Judas et ses frères furent extrê-
mement glorieux devant tout Israël, etc. Voyez
une expression pareille dans l'Exode (2), touchant
Moïse : Vir Moses magnus in terra ALgypli. Ou,
selon la Vulgate : Fuilque Moses vir magnus
valde in terra JEgypti.
y. 65. Expugnabant filios Esau, in terra quje
ad austrum est ; et percussit Chebron. Chébron
ou Hébron, ville célèbre, dans la partie méridio-
nale de Juda (3 ). Les Iduméens s'étaient emparés
de tout ce pays pendant les derniers troubles de
la province. On doit mettre avant cette expédi-
tion de Judas, la guerre qu'il entreprit contre
Gorgias,gouverneurde l'Idumée, et dont on verra
le détail dans le second livre des Maccabées (4).
y. 66. Ut iret in terram alienigenarum.
Sous ce terme, en cet endroit, il faut entendre
6j. Or, les troupes de Judas furent en grand honneur
dans tout Israël, et parmi tous les peuples où l'on enten-
dit parler de leur nom.
64. Et tout le monde vint au-devant d'eux, avec de
grandes acclamations de joie.
65. Judas marcha ensuite avec ses frères, et alla ré-
duire les enfants d'Esaiï dans le pays qui est vers le midi.
Il prit de force Hébron avec les villes qui en dépendent,
et brûla les murs et les tours qui l'environnaient.
66. Après cela, il décampa, pour aller au pays de
étrangers, et il parcourut la Samarie.
67. En ce temps-là, des prêtres furent tués à la guerre,
en voulant signaler leur courage, et s'engageant sans
ordre dans le combat.
68. Et Judas se détourna pour marcher vers Azot, au
pays des étrangers : il renversa leurs autels, et brûla les
statues de leurs dieux ; il prit le butin qui se trouva
dans leurs villes, et revint dans le pays de Juda.
ENTAIRE
les Philistins, à qui ce nom est toujours donné
dans les Septante ; le verset 68 prouve ce senti-
ment.
Perambulabat Samariam. La Samarie paraît
trop éloignée des lieux où Judas était alors. 11 y
en a qui lisent Saraïam, au lieu de Samariam. Le
premier nom se lit dans Josué(^), comme une
ville de la tribu de Juda. D'autres lisent Marésa,
ville sur la frontière de l'Idumée, près d'Hé-
bron (6). Cette correction est appuyée sur le
second livre des Maccabées, où il est dit que
Gorgias ayant été mis en fuite par Judas, se retira
à Marésa (7) ; Josèphe porte aussi Marissa en
cet endroit (8), au lieu de Samarie. Peut-être
est-ce la même que Ressa dont il est parlé dans
les Nombres (9), et qui est mentionnée dans les
auteurs profanes.
y. 67. In die illa ceciderunt sacerdotes in
bello. En ce temps-là des prêtres furent tués à la
guerre, en voulant signaler leur courage, etc. Le
sens de la Vulgate est très bonet semblableà l'édi-
tion romaine (10) : mais dans d'autres éditions
grecques, on lit que les prêtres furent tués, parce
que Judas voulait signaler son courage, et attaquer
l'ennemi sans conseil. Ou que les prêtres des villes
furent tués parce qu'elles voulaient, ou parce qu'ils
voulaient signaler leur courage. Le sacerdoce
n'était point incompatible avec la profession des
armes parmi les Hébreux, et l'Écriture ne leur
reproche ici que trop de bravoure et de hardiesse.
Judas lui-même et ses frères étaient de l'ordre
sacerdotal et de la famille d'Aaron.
(i) Koi ô avrip I'oûSa; xat ôi âoeX^oî âutoù sooïaaOriaav
aooopa IvavTi'ov jïavto; l 'aparjX-
(2) Exod. XI. J.
(?) Gènes, xm. 18.
(4) 11. Macc. xii. j2. jj. et suiv.
(<,) Josue xv. j6.
(6) 1. Par. 11. 42. et 11. Par. xi. 8. et xiv. o. Ha Grot. hic.
(7) 11. Macc. xii. j$.
(8) Joseph. Antiq. t. xn. c. 12. ad fin.
(g) Num. xxxiii. 21.
(10) K":uao>ispeH --v 7:oXe'u.a> [iouXû^t/O1. ivoptxy*(>Tlatx.i.,e!c.
Edit. Complut. (îouXo'fievoO àutou àvopaYa8T)<rat. lia Ms.
Alex. Aliœ Edit. b: îspeî; t(5v 7toXetov pouXous'vwv oiu-ûv
âvSpayaO^aai.
CHAPITRE VI
Mort d'Anliochus Epiphane; son fils Eupator lui succède. Eupalor vient en Judée avec
une puissante armée. Prise de Belhsura. Les Juifs sont assiégés dans le temple.
Paix entre Eupator et les Juifs.
i. Et rex Antiochus perambulabat superiores regiones,
et audivit esse civitatera Elymaidem in Perside,nobilissi-
mam, et copiosam in argento et auro,
2. Templumque in ea locuples valde ; et illic velamina
aurea, et loricas, et scuta quœ reliquit Alexander Phi-
lippi, rex Macedo, qui regnavit primus in Grœcia.
5. Et venit, et quserebat capere cjvitatem, et deprsedari
eam; et non potuit, quoniam innotuit sermo his qui erant
in civitate.
1. Cependant Antiochus, parcourant les hautes pro-
vinces, apprit qu'Élymaïde était une des plus célèbres
villes de Perse ; qu'il y avait une grande quantité d'or,
et d'argent,
2. Et un temple très riche, où étaient les voiles d'or,
les cuirasses et les boucliers qu'y avait laissés Alexan-
dre, roi de Macédoine, fils de Philippe, qui établit le
premier la monarchie des Grecs.
5. Il marcha donc vers cette ville, et il s'efforça de la
prendre et de la piller ; mais il ne le put, parce que les
habitants en avaient été avertis.
COMMENTAIRE
f. 1. Antiochus perambulabat superiores
regiones. C'est ainsi que les Grecs appelaient
les provinces au delà de l'Euphrate. On a vu plus
haut (1) les motifs qui obligèrent Antiochus à
entreprendre ce voyage dans les provinces, qui
lui obéissaient au delà de l'Euphrate.
Audivit esse civitatem elymaidem in per-
side, nob1l1ssimam, templumque in ea locuples
valde. Comme l'envie d'amasser de l'argent pour
continuer ses profusions, était ce qui l'avait en-
gagé à venir en Perse, il ne manqua pas de s'in-
former des lieux où il en pourrait trouver. La
ville d'Élymaïs était capitale de l'ancien pays
d'Élam ; depuis la domination des Perses, cette
province faisait partie de la Perse. Le temple
d'Élymaïs est célèbre par ses immenses richesses
non seulement dans l'Écriture, mais aussi dans
les auteurs profanes, qui conviennent qu'Antiochus
Epiphane entreprit de le piller. On ne voit pas
pourquoi l'auteur du second livre des Macca-
bées (2) a mis Persépolis au lieu d'Élymaïs. Per-
sépolis était tellement ruinée du temps d'Antio-
chus Epiphane, qu'elle ne pouvait guère contribuer
à satisfaire son avidité d'amasser de l'argent.
Alexandre le Grand l'avait brûlée (;) ; depuis ce
temps elle put se relever. Hermann Janssens (4)
et M.Vigouroux())croient pourtant devoir préfé-
rerla leçon qui porte Persépolis ; S. Munck est
d'un avis opposé, et l'abbé Sionnet pense que le
nom de Persépolis a pu être donné à Élymaïs,
avec la signification commune de ville ou capitale
des Perses, après la ruine de la véritable Persé-
polis par Alexandre le Grand. C'est une suppo-
sition, et rien de plus. Quelques exemplaires
grecs des Maccabées, lisent ainsi ce passage (6):
// apprit qu'il y avait une ville dans le pays d'Élam,
dans la Perse. Ils ne marquent pas ici le nom de
cette ville ; mais l'édition romaine, Josèphe, le
syriaque et les auteurs profanes, donnent le nom
d'Élymaïs à la ville où se trouvait le fameux tem-
ple dont nous parlons.
La divinité qu'on adorait dans ce temple, était
la déesse Nanâ, comme nous l'apprend l'auteur
du second des Maccabées (7) ; Strabon (8) parle
souvent de la déesse Anaïs, ou Anaïlis , qui
est apparemment la même que Nanâ. Pline assure
que la première statue qu'on connaisse en or
massif (9), est celle du temple d'Anaïtis. C'était
une grande tentation pour les princes sans scru-
pules, ayant besoin de beaucoup d'argent. Antio-
chus le Grand avait péri dans la même entre-
prise (10). Antiochus Epiphane, qui avait bravé
Jéhovah, ne devait pas reculer devant Nanà.
Velamina aurea. Les voiles d'or, qui cachaient
la statue ou le sanctuaire. Ce prince impie avait en-
levé les voiles précieux du temple de Jérusalem(i 1).
(1)1. Macc. m. J7.
(21 11. Macc. ix. 2. Intraverat in eam, quas dicitur Per-
sépolis, et tentavit expoliare templum.
(?) Diodor. Arrian. Plut. Curt. I. v. c. 15.
(4) Hermeneul. sac. 1. 591.
(5j Vigouroux, Man. bibl. 11. 181.
(6) ir'xouasv ou iav s'v E'Xufxai; e'v trj ïlEpaiSi no'Xi;,
etc. Ms. Alex, et alix editioncs praiter Roman.
(7) 11. Macc. 1. 1 j. 15.
(8) Strabo. t. xi. XII. et xv.
(9) Plin. t. xxxii. c. 4.
(10) 11. Macc. 1. 16. — (11) 1. Macc. 1. 2j.
MACCABÉES.— VI.- MORT D'ANTIOCHUS EPIPHANE
69
4. Et insurrexerunt in prœlium; et fugit inde et abiit
cum tristitia magna, et reversus est in Babyloniam.
5. Et venit qui nuntiaret ei, in Perside, quia fugata
sunt castra quae erant in terra Juda ;
6. Et quia abiit Lysias cum virtute lorti in primis, et
fugatus est a facie Judeeorum, et invaluerunt armis, et
viribus, et spoliis multis quae ceperunt de castris quae
exciderunt ;
7. Et quia diruerunt abominationem quam œdificavefet
super altare quod erat in Jérusalem, et Lanctificationem,
sicut prius, circumdederunt mûris excelsis, sed et Beth-
suram, civitatem suam.
8. Et factum est, ut audivit rex sermones istos, expa-
vit, et commotus est valde; et decidit in lectum, et
incidit in languorem prae tristitia, quia non factum est ei
sicut cogitabat.
f). Et erat illic per dies multos, quia renovata est in
eo tristitia magna, et arbitratus est se mori.
10. Et vocavit omnes amicos suos, et dixit illis : Ré-
cessif somnus ab oculis meis, et concidi, et corrui corde
pras sollicitudine ;
4. Ils sortirent contre lui, et le chargèrent ; et il s'enfuit,
et, se retirant avec une grande tristesse, il prit la route
de Babylone.
5. Et quand il était encore en Perse, il reçut la nou-
velle que son armée avait été défaite dans le pays de
Juda,
6. Et que Lysias, ayant marché contre les Juifs avec
une armée très forte, avait été mis en fuite ; que les
armes et les dépouilles qu'ils avaient prises dans son
camp après la déroute de ses troupes, les avaient ren-
dus encore plus forts ;
7. Qu'ils avaient renversé l'idole abominable qu'il avait
fait élever sur l'autel de Jérusalem, et environné leur
temple de hautes murailles, comme auparavant, aussi
bien que sa ville de Bethsura.
8. Le roi, ayant appris ces nouvelles, en fut saisi
d'étonnement et tout troublé. Il fut obligé de se mettre
au lit : et il tomba dans la langueur par l'excès de sa
tristesse, voyant qu'il était arrivé tout le contraire de ce
qu'il s'était imaginé.
0. Il demeura là pendant plusieurs jours, parce que sa
tristesse se renouvelait et croissait de plus en plus, et il
crut qu'il allait mourir.
10. Il fit donc venir tous ses amis, et leur dit: Le
sommeil s'est éloigné de mes yeux; mon cœur est tout
abattu ; et je me sens défaillir, à cause du grand cha-
grin dont je suis saisi.
COMMENTAIRE
LORICiE, ET SCUTA QUJE RELIQUIT ALEXANDER.
Voyez au chapitre iv. verset $7. l'ancienne cou-
tume de consacrer des armes dans les temples.
f. 4. Insurrexerunt in prœlium. On ne sait
si la ville d'Élymaïs obéissait à Antiochus, mais
nous voyons ici qu'ayant reçu ce prince dans son
enceinte comme ami, elle s'éleva contre lui aus-
sitôt qu'il voulut piller le temple de Nanà ; elle
prit les armes, et l'obligea de sortir de la ville.
Strabon nous dépeint cette place comme très
jalouse de sa liberté (1) ; elle sut la conserver
contre les rois des Perses, et ensuite contre ceux
de Syrie, successeurs d'Alexandre.
Reversus est in Babyloniam. Nous ne lisons
pas qu'il ait été auparavant à Babylone, ni qu'il
y soit retourné depuis ; il se mit en chemin pour
y aller. On peut paraphraser ainsi cet endroit : II
s'en retourna, il se retira d'Élymaïs pour s'en
retourner à Antioche, et il voulut passer par la
Babylonie, ou par Babylone, avant de franchir
l'Euphrate. Il mourut dans les montagnes qui sé-
parent la Perse de la Babylonie.
f. 5. Et venit qui nuntiaret ei, in Perside.
Lorsqu'il était encore en Perse, il recul la nouvelle
que son armée avait été défaite. Il était alors à
Ecbatane, suivant l'auteur du second livre des
Maccabées (2).
f. 7. Bethsuram civitatem suam. Le grec
lit (3) : Sa ville de Bethsura : la ville d'Antiochus,
que Judas avait prise sur lui.
f. 8. Decidit in lectum. Le genre et les cir-
constances de sa maladie nous sont marqués plus
particulièrement dans le second livre des Macca-
bées (4). On y dit que ce prince, ayant appris la
perte de ses armées, fut transporté de fureur, et
menaça de faire de la Judée le tombeau de ses ha-
bitants ; il n'eut pas plus tôt proféré ces paroles de
menaces, qu'il se sentit frappé d'une douleur inté-
rieure, et, ayant ordonné à son cocher de faire
diligence, il tomba de son char, qui courait avec
impétuosité, et se froissa tous les membres. Cela
ne fut pas capable de l'arrêter, il continua son
voyage en litière ; mais son corps se corrompit,
et, tombant en pourriture, rendait une puanteur
insupportable à toute son armée. 11 fut obligé de
rester à Tabès, ville de Perse, où il mourut,
après avoir reconnu sa faute, et fait une pénitence
inutile ; c'est ce qu'on verra ailleurs avec plus de
détails.
f. 9. Erat illic per dies multos. Non pas au
lieu où il avait reçu la mauvaise nouvelle qui causa
sa maladie, mais àTabès, dans la Parétacène ()),où
la violence du mal ne lui permettant plus de souf-
frir la fatigue du voyage, il fut obligé de s'arrêter.
(1) Slrabo. I. xvi. O' paoïXeù; âu-»ûv 3ùva[xiv XEXT7)fxe'vo;
u.SYaXT]v aux àÇioî toi TtJiy rapOuatav PaaiXet :iapaJiX7]ci'o;
toi; aXA.0'.: u^jj/.ooç s~tva'., ôu.oi'coç 8s /.ai 7tpd; toù; Ma/.s-
oova; 'jît=pov tou: trj; ïup('a; apyovra; otsxEtTO.
(2) 11. Macc. ix. j.
(?) Trjv BatÔaoôpav Trjv TtôXiv âutoû.
(4) 11. Macc. ix.
(5) Diodor. Excerpta Vales. p. 144. et Hieron. inDan.xu
7°
I.
MACCABÉES. — VI.- MORT D'ANTIOCHUS ÉPIPHANE
11. Et dixi in corde raeo : In quantam tribulationem
deveni, et in quos fluctus tristitiœ in qua nunc sum, qui
jucundus eram, et dilectus in potestate mea !
12. Nunc vero reminiscor malorum quas feci in Jéru-
salem, unde et abstuli omnia spolia aurea et argentea
quœ erant in ea, et misi auferre habitantes Judœam sine
causa.
i;. Cognovi ergo quia propterea invenerunt me mala
ista ; et ecce pereo tristitia magna in terra aliéna.
14. Et vocavit Phillippum, unum de amicis suis, et
prœposuit eum super universum regnum suum ;
iç. Ft dédit ei diadema, et stolam suam, et annulum,
ut adduceret Antiochum, filium suum, et nutriret eum,
et regnaret.
16. Et mortuusest illic Antiochus rex, anno centesimo
quadragesimo nono.
17. Et cognovit Lysias quom'am mortuus est rex, et
constituit regnare Antiochum, filium ejus, quem nutrivit
adolescentem ; et vocavit nomen ejus Eupator.
11. J'ai dit au fond de mon cœur: A quelle affliction
suis-je réduit, et en quel abîme de tristesse me vois-je
plongé maintenant, moi qui étais auparavant si content et
si chéri au milieu de la puissance qui m'environnait ?
12. Je me souviens à présent des maux que j'ai fait
dans Jérusalem, ayant emporté toutes ses dépouilles en
or et en argent, et envoyé exterminer sans sujet ceux qui
habitaient dans la Judée.
ij. Je reconnais donc que c'est pour cela que je suis
tombé dans tous ces maux ; et dans l'excès de ma tris-
tesse, je péris maintenant dans une terre étrangère.
14. Alors il appela Philippe, l'un de ses amis, et il
l'établit régent sur tout son royaume.
i^. 11 lui mit entre les mains son diadème, sa robe
royale, et son anneau, afin qu'il allât chercher son fils
Antiochus, qu'il prît soin de son éducation et le fit
régner.
16. Le roi Antiochus mourut là, en l'année cent qua-
rante-neuvième.
17. Lysias, ayant appris la moit du roi, établit roi en sa
place Antiochus, son fils, qu'il avait élevé depuis sa
jeunesse, et il l'appela Eupator.
COMMENTAIRE
y. 1 3. Cognovi quia propterea invenerunt
me mala ista. L'homme est à lui-même, par son
orgueil, l'instrument le plus redoutable de son
supplice ; et la justice de Dieu n'a qu'à le laisser
faire, pour le punir de la manière la plus terrible.
Antiochus avait cru pouvoir exercer un empire
souverain sur des peuples qu'il haïssait ; il les
avait condamnés à être effacés de la liste des na-
tions, comme s'il eût eu cette puissance qui est le
propre caractère de Dieu seul. Que fait Dieu
pour le renverser ? Il n'oppose à son orgueil que
l'humilité des Maccabées ; à toutes ses armées si
formidables, qu'une petite troupe de gens qui se
confient en leurs prières et en son secours. Aussi-
tôt que ce prince impie voit ses grands projets
renversés, et le contraire arrivé de ce qu'il s'était
imaginé, il se plonge de lui-même dans le dernier
désespoir. Faisant la comparaison de l'état heu-
reux où il s'était vu, avec cette désolation effroya-
ble où il se voyait alors réduit, il commence à
concevoir le néant de toutes ses pensées ; et il
envisage le mal qu'il a commisdans la Judéecomme
la vraie cause du renversement de tout son bonheur.
Il semblait que, jusqu'alors, son impiété lui eût
causé une espèce d'assoupissement ou d'enivre-
ment, qui l'empêchait de connaître ce qu'il faisait;
mais, dans le moment qu'il est frappé de la justice
divine, et que ses disgrâces, en l'humiliant, ont levé
ce voile qu'un excès d'orgueil avait placé sur ses
yeux, il recouvre la lumière naturelle de son esprit,
pour porter ce jugement équitable contre soi-mê-
me : Que ses sacrilèges et ses injustices lui avaient
fait mériter ce châtiment.
Ce n'est pas ici le lieu de faire voir le défaut
qui se trouvait dans le repentir de ce prince impie-
Comme l'Écriture nous fournira, dans un autre
endroit de cette histoire, une occasion encore plus
propre pour en parler, il suffit de dire que cet
aveu sorti de la bouche de ce prince, quoiqu'il
lui ait été inutile, doit nous servir à nous-mêmes,
pour nous porter à réfléchir. Il ne faut pas atten-
dre que le moment suprême de notre mort tire
aussi de notre bouche des regrets forcés, qui ne
naissent point de la volonté de notre cœur ; mais
prévenir, par des fruits d'une digne pénitence, un
temps auquel on ne saurait guère recueillir pour
l'éternité que ce que l'on a semé dans le cours
de la vie.
j^. 14. Vocavit Philippum, unum de amicis suis.
77 appela Philippe, Vun de ses amis, l'un de ceux
qui avait été nourris avec lui dès la jeunesse (1) ;
il lui remit son diadème, son manteau royal, et
son anneau, et lui dit de faire venir le jeune An-
tiochus, son fils, qui n'avait alors que neuf ans,
comme le remarque Appien (2), afin de le faire
reconnaître par l'armée. Par là, ce prince révo-
quait tout le pouvoir qu'il avait donné à Lysias
en partant de Syrie, et transportait à Philippe la
qualité de régent, et de tuteur du jeune roi.
Antiochus, fils d'Épiphane, fut surnommé Eu-
pator par les Syriens, c'est-à-dire, fils d'un bon
père (3), pour marquer qu'étant sorti d'un prince
si glorieux et si bon, il ne pouvait manquer d'être
lui-même un grand et bon prince.
jL 16. Anno centesimo quadragesimo nono.
164-163 avant l'ère vulgaire.
(1) 11. Macc. ix. 29. O' oi5vT,Jo<po; «utou.
[2) Appian. Syriac. — (?) Idem. Syr. p. 115
I. — MACCABÉES.— VI. - ETAT DE JERUSALEM
18. Et hi qui erant in arce concluserant Israël in cir-
cuitu sanctorum, et quaîrebant eis mala semper, et firma-
mentum gentium.
19. Et cogitavit Judas disperdere eos, et convocavit
universum populum ut obsiderent eos.
20. Et convenerunt simul, et obsederunt eos anno cen-
tesimo quinquagesimo, et fecerunt balistas et machinas.
21. Et exierunt quidam ex eis qui obsidebantur, et
adjunxerunt se illis aliqui impii ex Israël,
22. Et abierunt ad regem, et dixerunt : Quousque non
facis judicium, et vindicas fratres nostros ?
ïj. Nos decrevimus servire patri tuo, et ambulare in
prœceplis ejus, et obsequi edictis ejus ;
24. Et filii populi nostri propter hoc alienabant se a
nobis ; et quicumque inveniebantur ex nobis, interficie-
bantur, et hereditates nostraï diripiebantur.
25. Et non ad nos tantum extenderunt manum, sed et
in omnes fines nostros ;
26. Et ecce applicueru-nt hodie ad arcem Jérusalem
occupare eam, et munitionem Bethsuram munierunt ;
27. Et nisi praeveneris eos velocius, majora quam hase
facient, et non poteris obtinere eos.
28. Et iratus est rex ut hase audivit ; et convocavit
omnes amicos suos, et principes exercitus sui, et eos qui
super équités erant ;
20. Sed et de regnis aliis, et de insulis maritimis, vene-
runt ad eum exercitus conductitii.
18. Or, ceux qui étaient dans la forteresse fermaient
à Israël toutes les avenues autour du temple; et ils ne
cherchaient qu'à leur faire du mal, et à fortifier le parti
des nations.
19. Judas résolut de les perdre ; et il fit assembler
tout le peuple pour les assiéger.
20. S'y étant donc rendus tous ensemble, ils les assié-
gèrent en la cent cinquantième année, et ils firent des
instruments pour jeter des pierres, et d'autres machines
de guerre.
21. Alors quelques-uns des assiégés sortirent ; et
quelques Israélites impies s'étant joints à eux,
22. Ils allèrent vers le roi, et lui dirent : Jusqu'à quand
différerez-vous de nous faire justice, et de venger nos
frères ?
2;. Nous nous sommes engagés à servir votre père,
à nous conduire selon ses ordres, et à obéir à ses édits.
24. Nos compatriotes nous ont pris en aversion pour
ce sujet : ils ont tué tous ceux d'entre nous qu'ils ont
trouvés, et ils ont pillé nos héritages.
25. Ils ont étendu leurs violences, non seulement sur
nous, mais sur tout notre pays.
26. Et maintenant ils sont venus attaqtier la forteresse
de Jérusalem, pour s'en rendre maîtres, et ils ont fortifié
Bethsura.
27. Si vous ne vous hâtez de les prévenir, ils feront
encore plus de mal qu'ils n'en ont fait jusqu'à présent, et
vous ne pourrez plus les assujettir.
28. Le roi, ayant entendu cela, en fut irrité : il fit
venir tous ses amis, les principaux officiers de son armée
et ceux qui commandaient la cavalerie.
29. Des troupes auxiliaires des royaumes étrangers et
des pays maritimes qu'il entretenait à ses dépens vinrent
encore se joindre aux siennes.
COMMENTAIRE
f. 20. Fecerunt balistas et machinas. Les
balistes (1) étaient des machines propres à lancer
des pierres. Elles pouvaient être établies sur le sol
ou sur une charpente plus ou moins élevée. Josè-
phe écrit des terrasses (2), qui servaient au même
usage. Ceci arriva, dit l'Écriture, la cent cinquan-
tième année des Séleucides, 162 avant l'ère chré-
tienne. Mais comment accorder cette date avec
ce qui est dit .dans le second livre des Macca-
bées (]), que la cent quarante-huitième année des
Séleucides, Antiochus Eupator, et Lysias, régent
du royaume, firent la paix avec Judas Maccabée,
quoiqu'Antiochus Épiphane ne soit mort que la
cent quarante-neuvième année (4).
« Cette variation, dit M. Vigouroux, provient
de la manière de compter qu'ont employée les
deux écrivains. L'ère des Séleucides commença
en 212 avant Jésus-Christ, mais ceux qui l'em-
ployaient comptaient une année en plus ou en
moins, selon qu'ils plaçaient le premier mois de
l'année en automne ou au printemps suivant (5). »
Ces faits se seraient passés dans l'intervalle d'une
seule de nos années, dont le point de départ varie
de six mois, suivant le calendrier adopté. Cette
explication contraste avec nos habitudes de comp-
ter ; mais chez les Juifs mêmes, il y avait deux
chronologies distinctes, selon qu'on prenait pour
base le cycle civil ou l'année religieuse.
Pour résoudre cette difficulté, dit dom Cal-
met, Usser suppose que, dans les lettres et les
traités qui se passaient à la cour des rois de Syrie,
on ne suivait pas l'ère ordinaire des Séleucides,
qui commençait au mois de septembre ; mais celle
des Chaldéens, qui commençait six mois plus
tard. Ainsi Antiochus Épiphane étant mort au
printemps de l'an du monde 5841, on peut dire
qu'il est décédé la cent quarante-neuvième année
des Séleucides suivant les Juifs, et la cent qua-
rante-huitième, selon les Grecs, les Syriens, et
les Chaldéens; et que l'automne de l'an du monde
5841, qui est le commencement de la cent qua-
rante-neuvième année des Séleucides, selon les
Grecs, n'est encore que la cent quarante-hui-
tième des Chaldéens. De la sorte, le roi Antio-
chus Eupator a commencé à régner la cent qua-
rante-neuvième année des Séleucides, qui est celle
(1) BsXoaïiaEt; /.at [irp/avâ;. (?) n. Macc. xi. 21.
^2) Aniiq. t. xii. c. 14. Mri/avrj|j.a-ta «1 /côjj.a'ia syEtpaç. (4) 1. Macc. vi. 16. ■
(5) Manuel bibliq., 11. 187.
72
I. — MACCABEES. — VI. - ATTAQUE DES SYRIENS
jo. Et erat numerus exercitus ejus centum milita pedi-
tum, et viginti millia equitum, et elephanti triginta duo
docti ad praslium.
ji. Et venerunt per Idumasam, et applicuerunt ad
Bethsuram, et pugnaverunt dies multos, et fecerunt ma-
chinas ; et exierunt, et succenderunt eas igni, et pugna-
verunt viriliter.
32. Et recessit Judas ab arce, et m o vit castra ad Bethza-
charam, contra castra régis.
j?. Et surrexit rex ante lucem, et concitavit exercitus
in impetum contra viam Bethzacharam ; et comparave-
runt se exercitus in praslium et tubis cecinerunt ;
?4. Et elephantis ostenderunt sanguinem uvas et mori,
ad acuendos eos in praslium ;
?<. Et diviserunt bestias per legiones, et astiterunt
singulis elephantis mille viri in loricis concatenatis, et
galeas aereae in capitibus eorum, et quingenti équités
ordinati unicuique bestias electi erant.
jo. Ainsi son armée était composée de cent mille
hommes de pied, de vingt mille chevaux, et de trente-
deux éléphants dressés au combat.
ji. Ils marchèrent par l'Idumée, et vinrent assiéger
Bathsura : ils l'attaquèrent durant plusieurs jours, et ils
firent pour cela des machines ; mais les assiégés, étant
sortis, les brûlèrent, et combattirent avec un grand cou-
rage.
J2. Judas, qui était parti de devant la forteresse, mar-
cha avec son armée vers Bethzachara, contre le camp
du roi.
jj. Et le roi, s'étant levé avant le jour, fit marcher
impétueusement toutes ses troupes sur le chemin de
Bethzachara: les armées se préparèrent au combat, et
sonnèrent des trompettes.
?4- Ils montrèrent aux éléphants du jus de raisin et de
mûres, afin de les animer au combat.
;$. Ils partagèrent les bêtes par légions; et mille
hommes armés de cottes de maille et de casques d'airain
accompagnaient chaque éléphant ; et cinq cents cava-
liers choisis avaient ordre de se tenir toujours près de
chaque bête.
COMMENTAIRE
de la mort de son père, et en même temps il écri-
vit à Judas, pour lui donner la paix, la cent
quarante - huitième année , suivant la date des
Chaldéens.
jr. 30. Centum millia peditum. Cent mille hom-
mes de pied. Le second livre des Maccabées (1) et
Ben Gorion (2) n'en mettent que quatre-vingt
mille, et toute la cavalerie. Dom Calmet et Usser
pensent (3) que l'expédition dont il est parlé dans
le second livre des Maccabées, est différente de
celle dont nous parle ici l'Ecriture, et qu'elle
arriva quelque temps après. On pourrait peut-
être le croire parce que Josèphe, dans un
endroit (4], parle d'une armée composée exacte-
ment du même nombre en fantassins, en cavaliers
et en éléphants, et dans un autre endroit (<, ) d'une
armée de cinquante-mille hommes de pied, cinq
mille chevaux et quatre-vingts éléphants.
jh 31. Venerunt per. Idum^am, et applicue-
runt ad Bethsuram. Ils ne purent venir directe-
ment' assiéger Jérusalem, sans doute parce que
les défilés qui y conduisaient du côté du nord, ou
de l'occident, étaient occupés par les Juifs ; ils
furent donc obligés de tourner par la partie méri-
dionale du pa-ys, alors occupée par les Iduméens,
ennemis des Juifs.
f. 32. Recessit Judas ab arce, et movit cas-
tra ad Bethzacharam. Judasquitta le siège de la
forteresse de Sion, où étaient les troupes d'An-
tiochus, et vint se poster à Bethzachara, entre
Jérusalem et Bethsura. Josèphe dit que ce poste
de Bethzachara était un défilé fort étroit (6). Dans
la vallée au sud-est de Bethléhem, à deux lieues
environ de cette ville, se trouve encore une loca-
lité appelée Beit Sakârieh que l'on identifie avec
le poste dont il s'agit ici (7).
jfr. 34. Elephantis ostenderunt sanguinem
uwje etmori. C'était apparemment pour les accou-
tumer à voir le sang, car on sait que ce n'est pas
la couleur rouge, mais la blanche, qui irrite ces
animaux. C'est ce que remarque Plutarque (8),
lorsqu'il dit que ceux qui sont vêtus de rouge,
évitent de se montrer devant les taureaux, comme
ceux qui ont des habits blancs, devant les élé-
phants ; parce que ces animaux s'irritent, et s'effa-
rouchent par la vue de ces couleurs. On enivre
aussi quelquefois les éléphants, comme on le voit
dans le troisième livre des Maccabées (9), pour
leur ôter le sentiment et pour les mettre en fureur,
car autrement cet animal n'est nullement cruel.
Pline (10) raconte, que le roi Bocchus ayant voulu
irriter trente éléphants contre des criminels qu'il
avait attachés à des poteaux, on ne put jamais les
obliger à déchirer ces malheureux, comme si, par
un sentiment de compassion, ils eussent épargné
leur sang. Il est même dangereux de les enivrer
(1) 11. Macc. xi. 2.
(2) Ben Gorion. kist. F. jo. col. 1. apud Drus.
(?) Usser ad an. 5841.
(4) Antiq. xn. 14.
(t) De Bello. jud. 1. 1.
(6) Antip. I. xn. c. 4. BàXXsxat axpaxc>7t£Oov lia
acévôîv i'> xi'vc to'tcoj BeO^a/capta ~ktyo\j.év(a.
(") Robinson's Laler Biblic. Research. 11. p. 284.
(8) Plut, defortuna Alex. <I>iAâxxovrat xaûpot; ô-fôfjvat
(sotvtx;oa; ïyov.i-i, ïké(fa.c. oà Xîuxoôç y ixtôvaç, Èpe6^sxai
yàp uTto tojv yfu.fj.âxtoy Ta Tcùi xoûxcov, y.a>. ôiaOïjpioùxat.
Vide eitmdem conjugial. prœcept. el Bo.hart de animal
sacr. prima parle. I. vu. c. 27.
(9) m. Macc. v. ;o.
(10) Plin. I. vin. c. 5.
I.— MACCABÉES. — VI.- LEUR TACTIQUE MILITAIRE
75
;6. Hi ante tempus ubicumque erat bestia, ibi erant :
et quocumque îbat, ibant, et non discedebant ab ea.
}7. Sed et turres ligneas super eos firmae protegentes
super singulas bestias ; et super eas machina;, et super
singulas viri virtutis triginta duo, qui pugnabant desuper,
et Indus magister bestiae.
j8. Et residuum equitatum hinc et inde statuit in duas
partes, tubis exercitum commovere, et perurgere cons-
tipâtes in legionibus ejus.
?6. Ces gens se hâtaient de prévenir en tous lieux les
éléphants : ils allaient partout où chaque éléphant allait,
et ils ne l'abandonnaient jamais.
57. 11 y avait aussi sur chaque bête une forte tour de
bois, destinée à mettre à couvert, et des machines des-
sus ; et dans chaque tour, étaient trente-deux guerriers
qui combattaient d'en haut, et un Indien qui conduisait
la bête.
;8. Il rangea le re-te de la cavalerie sur les deux
ailes, pour exciter son armée par le son des trompettes,
et pour animer son infanterie serrée dans ses bataillons.
COMMENTAIRE
avec du vin ( 1 ), car cette liqueur leur ôte la force.
Elien (2) remarque que, lorsqu'on veut les expo-
ser au combat, on leur donne à boire, non pas du
vin de la vigne, mais quelqu'autre vin tiré des
grains ou des roseaux ; on y ajoutait même des
drogues pour les étourdir ;' on faisait passer le vin
sur des paquets de myrrhe ou d'encens, afin que
l'odeurde la myrrhe leur troublât les sens, pendant
que la chaleur du vin les mettrait en fureur. C'est
ainsi qu'on étourditles éléphants, auxquels Ptolé-
mée Philopator voulut exposer les Hébreux de ses
états (3).
f. 36. Hi ANTE TEMPUS UBICUMQUE BESTIA, IBI
erant. Ces gens se trouvaient partout où allait
l'éléphant, mèmeavantqu'il fût absolument néces-
saiie qu'ils s'y trouvassent (4). Le syriaque : Ces
gensavaient été choisis avant le combat, et accom-
pagnaient l'éléphant partout où il allait.
f. 37. Sed et turres lignes super eos...; et
SUPER EAS MACHINA, ET SUPER SINGUI.AS VIRI VIR-
TUTIS triginta duo. On dressait surles éléphants
des espèces de tours de bois, arrêtées par deux
fortes chaînes, qui passaient en forme de sangles
sous le ventre de l'animal, et on plaçait sur ces
tours des combattants, qui lançaient des dards
ou des flèches contre l'ennemi. C'est ce que Ju-
vénal exprime en ces vers:
Dorso ferre cohortes
Partem aliquam belli, et euntem in praslia turrem (<,).
Quant ou nombre de trente-deux combattants
montés sur chacune de ces bêtes, Bochart le traite
de paradoxe incroyable (6). D'autres ne sont pas
si incrédules (7) ; ils assurent qu'on a vu sur un
éléphant jusqu'à trente et quarante archers ; mais
il faut avouer qu'il est rare d'en voir un si grand
nombre. Pline (8) avance pourtant qu'en une cir-
constance bien remarquable et à la vue de Rome
entière, on en a compté jusqu'à soixante. Les
commentateurs font remarquer avec raison, que
les éléphants d'Antiochus étaient indiens, et par
conséquent beaucoup plus gros et plus forts que
ceux d'Afrique. Cependant, malgré l'autorité de
Pline, nous trouvons le chiffre excessif. On a pro-
posé de lire Sûo r\ ipei? : cela ne vaudrait vraiment
pas la peine ni de changer le texte, ni d'amener
des éléphants. S'il faut admettre une correction,
et c'est notre avis, il vaudrait mieux mettre
Suozaiof/.a, qui aura bien pu être écrit irrégulière-
ment S'jo /.a- 3cV.. La confusion pouvait se faire ai-
sément avec les abréviations des anciens mss. Il
est plus probable, à notre avis, que l'erreur sera
venue de l'hébreu, où un iod trop allongé vers le
haut pour éviter de le confondre avec le vav, aura
été pris pour un lamed. La courbe de Viod favorise
la méprise, quand Viod est plus grand ou le lamed
plus petit qu'ils ne doivent être. En hébreu douze
s'écrit =' et trente-deux =b.
Et Indus magister besti/e. Le grec plus simple-
ment : El son Indien. L'usage a voulu qu'on nom-
mât Indienne cornac qui conduisait les éléphants,
de quelque nation qu'il fût. On le trouve en ce
sens dans les meilleurs auteurs de l'antiquité.
Comme les meilleurs éléphants venaient des In-
des, on leur laissait pour conducteur un homme
de cette nation, comme plus expert que les au-
tres.
jr. 38. Equitatum hinc et inde statuit in duas
partes, tubis exercitum commovere, et perur-
gere constipatos in legionibus ejus. Le grec
(1) Aïlian. Var. hist. I. 11. c. 40. rii8r)xo; xoc't éXe'cpa; sàv
o'.voo mcoat, ô uiv rîjç âXx7J; ÉJtiXavOavETat, ô os xrj; Jta-
voupyi'aç.
(2) Idem. I. xin. c. 8. E'XÉcpavct êcç 7co'Xsu.ov aGXoùVi
o'tvoç uiv, 6u fA'.v ô xwv «;j.7CsXaiv, ir.ù ttov uiv ÈÇ ôpuÇr);
•/Mpoup-foùat, TOv 8è £/. y.aXiijLOu.
(?) m. Macc. v. Aa^tXeai ocâxsat XiSavuoTOÙ, zaî otvco
ïcXsî'ovi àxpa:a>, a7tavT«; v.lic, ÉXetpavia; JtOT.'oai..». xa'i
âfpitoQgutaç f?j xoù Tioi^ato; âsOôvcu /op/iyt'a EfjayaY6"(v
j:.io: aiivav;r)aiv toû jxôpou tg>v I'ouoai'wv.
(4) O'utoi Jtpô xaipoû o~u ïàv i',v tô 07)p{ov, rjaav. Vide
Lyr. Grot. Men.
(5) Juuenal. Sat. 12.
(6) Vide Boch. de animal sacr. parte 1. I. 11. c. 27.
(7) Albert. Mag.Auctor de nat. rerum. Drus. Grot. Serar-
Tyr. Verhorst. Vide Gésier.
(8) Plin. I. vin. c. 7. Pugnavere et Caesari dictatori
tertio consulatu ejus, viginti elephantes contra pedites
quinquagenos ; iterumque totidem turriti cum sexagenis
propugnatoribus, eodem quo priores numéro peditum
et pari equitum ex adverso dimicante.
'4
!. — MACCABÉES. — VI. - TERREUR QU'ILS EXCITENT
J9. Et ut refulsit sol in clypeos aureos et aereos, res-
plenduerunt montes ab eis, et resplenduerunt sicut lam-
pades ignis.
40. Et distincta est pars exercitus régis per montes
excelsos, et alia per loca humilia; et ibant caute et
ordinate.
41. Et commovebantur omnes inhabitantes terram a
voce multitudinis, et incessu turbas, et collisione armo-
rum ; erat enim exercitus magnus valde et fortis.
42. Et appropia"it Judas et exercitus ejus in praslium,
et ceciderunt de excrcitu régis sexcenti viri.
4J. Et vidit Eleazar, fi ti us Saura, unam de bestiis lori-
catam loricis régis ; et erat eminens super ceteras bestias,
et visum est ei quod in ea esset rex ;
jq. Lorsque le soleil eut frappé de ses rayons les bou-
cliers d'or et d'airain, il en rejaillit un éclat sur les mon-
tagnes d'alentour, qui brillèrent comme des lampes ar-
dentes.
40. Une partie de l'armée du roi allait le long des
hautes montagnes, et l'autre marchait dans la plaine ; et
ils marchaient avec précaution et avec ordre.
41. Tous les habitants des environs étaient épouvantés
des cris de celte multitude de soldats, du bruit de leur
marche, et du fracas de leurs armes, qui se touchaient ;
parce que l'armée était très grande et très forte.
42. El Judas s'avança avec son armée pour combattre
les ennemis; et six cents hommes de l'armée du roi
furent taillés en pièces.
4;. Alors Éléazar, fils de Saura, vit un des éléphants
encuirassé aux armes du roi, et il était plus grand que
tous les autres, il crut que le roi même était dessus.
COMMENTAIRE
n'est pas uniforme dans tous les exemplaires (1) ;
quelques-uns portent, que les généraux d'Antio-
chus rangèrent leur cavalerie aux deux côtés de
Vinfanlerie, pour l'encourager, et la tenir serrée
dans les défilés (2). D'autres, pour l'animer, et pour
la serrer dans ses bataillons. Ce dernier sens pa-
raît le plus juste. Il était naturel de placer la ca-
valerie à côté et autour de l'infanterie, pour la
soutenir et pour la tenir serrée ; mais quelle né-
cessité, et quel moyen de couvrir et de serrer
l'infanterie par le moyen de la cavalerie dans des
défilés ? La variante des textes grecs vient de ce
que défilé, ravin profond, se dit oâ?ayÇ,et phalange
9ÎXaf?.On aura confondu le p avec X comme ona pu
confondre au verset précèdent ai avec ->. La Vul-
gate lit : On rangea la cavalerie à côté de l'infan-
terie, pour l'exciter par le son des trompettes ; l'au-
teur avait sans doute un texte grec différent du
nôtre en cet endroit ; sa manière de lire ne forme
pas un sens fort heureux, à moins qu'on ne dise
que les Grecs n'avaient point de trompettes pour
l'infanterie, mais seulement pour la cavalerie, et
que, pour animer l'infanterie au combat, il fallait
faire approcher la cavalerie avec ses trompettes.
jK 39. In clypeos aureos et yEREOS. Certains
textes grecs ne lisent pas boucliers d'airain; mais
l'édition romaine le porte comme la V^lgate. Les
soldats portaient ordinairement des boucliers
d'airain, mais les principaux officiers pouvaient en
porter d'or. Dans l'armée d'Alexandre, les Argy-
raspides étaient ainsi nommés à cause de leurs
boucliers d'argent; les rois de Syrie purent imi-
ter, ou même surpasser en cela la magnificence
d'Alexandre.
f. 42. Sexcenti viri. Josèphe (]) : Mille hom-
mes. Le second livre des Maccabées (4) : On^e
mille hommes de pied, et six cents chevaux. Les
six cents hommes marqués ici, ne sont que ceux
qui tombèrent au premier choc, avant la mort
d'Éléazar ; Josèphe dit que ce ne fut que des
avant-coureurs, et qu'il y en eut mille de tués.
jfr. 43. Eleazar, filius Saura. C'est le même
qui est nommé (j) Éléazar Abaron; il était frère
de Judas Maccabée. On attribue ailleurs à Judas,
ce qui se lit ici d'Éléazar (6) ; mais c'est l'ordi-
naire d'attribuer au général, ce qui s'est fait de
plus remarquable dans le combat ; d'ailleurs l'his-
toire de Ben Gorion (7) porte que ce fut à la sol-
licitation de Judas, qu'Éléazar s'exposa à cette pé-
rilleuse action. L'ar'be dit qu'Éléazar était un
des domestiques de Judas. On ne sait d'où lui
vient le ncm de Saura.
Vidit unam de bestiis loricatam loricis ré-
gis. L éléphant a le cuir dur partout, excepté sous
le ventre ; cependant pour plus de sûreté, on
les armait, et on les couvrait d'une espèce de cui-
rasse de fer (8). Quinte-Curce dit que, lorsque
les rois des Indes vont en campagne, ils se font
traîner par des éléphants tout couverts d'or (9).
Florus nous dépeint des éléphants qui sont con-
duits au combat, couverts d'or, d'argent, de pour-
pre et d'ivoire (10). Elephanlis immensœ magnilu-
dinis auro, argenlo, purpura, et suo ebore fulgenli-
bus aciem ulrinque vallaverat. On leur donnait
(i) Edit. Rom. cl aluv communiter. Kaî w]v Èr.ô.it.r.ov
t'jiTtov è'v6ev xai è'vOev siirpav Éitl ta ôûo u.Jpi') T7)ç r.apB[j.-
6oXfj;, /.ataa£;ov*e; xai xataopaaaduEvo! év rat; oâpayÇtv.
Ms. Alex. E'v ï«tç sàXayÇiv.
(2) lia Grot.
(5) Joseph. Antiq. I. xm. c. 4.
È£axoaîou; âyoapeî.
(4) 11. Macc. xi. il.
T
oiv ~pOÔpO|xiôv r.ïp'i
(5)1. Macc. 11. 5.
(6) il. Macc. xm. 5.
{'/) Joseph. Ben Gorion. I. III, c. 20. lia et Arab. - 11.
Macc. c. 2-;.
(3) Heliodor. t. ix. Vide Doch. de anim. parte 1. /. 11. c. 27.
(0) Quint. Curt. I. vin.
(10) F'.or. I. 11. c. 8.
I.— IVfACCABÉES. — VI.- DÉVOUEMENT D'ÉLÉAZAR
7)
44. Et dédit se ut liberaret populum suum, et acqui-
reret sibi nomen œternum.
4$. Et cucurrit ad eam audacter in medio legionis,
interficiens a dextris et a sinistris, et cadebant ab eo
hue atque il lue.
46. Et ivit sub pedes elephantis, et supposuit se ei, et
occidit eum ; et cecidit in terram super ipsum, et mor-
tuus est illic.
44. Il exposa sa vie pour délivrer son peuple, et pour
s'acquérir un nom immortel ;
45. Car il courut hardiment au milieu de la légion,
tuant à droite et à gauche, et faisant tomber tout ce qui
se présentait devant lui.
46. Et étant allé se mettre sous le ventre de l'éléphant,
il le tua et le fit tomber par terre ; et Éléazar, sur qui il
tomba, mourut sous lui.
des espèces de cuirasses de fer, de même qu'aux
chevaux (1) :
Spumantemque agitabat equum, quem pellis ahenis
In plumam squamis auro conserta tegebat.
f. 44. Dédit se ut liberaret populum suum.
L'action héroïque d' Éléazar, qui sacrifie sa vie
pour le salut de sa nation, a trouvé des censeurs,
même parmi les pères. Ce qui a fait le plus de
tort à cet homme, dont le paganisme aurait fait un
héros, et dont le christianisme a peine de justifier
la conduite, c'est que l'Écriture lui donne pour
motif de son action, l'envie de s'acquérir une
gloire immortelle : Ut acquirerel sibi nomen œier-
num. Saint Grégoire le Grand (2; dit qu'Éléazar
écrasé sous l'éléphant qu'il fait mourir, est la
figure de ceux qui semblent surmonter les vices,
mais qui y succombent en effet par leur orgueil,
en même temps qu'ils paraissent remporter la vic-
toire : Qui vilia superant, sed sub isla quœ subjï-
ciunl, superbiendo succumbunt. Raban Maur paraît
aussi désapprouver l'action et l'intention d' Éléa-
zar (3). Il le regarde comme la figure des arro-
gants et des hypocrites, qui n'ont que l'apparence
de la vertu, sans en avoir la réalité, et qui cor-
rompent par les mauvaises dispositions de leur
cœur, ce qui paraît de plus louable aux yeux des
hommes ; on dit de plus, que le motif de sauver
son peuple et de procurer le bien public, n'est pas
capable de le justifier. Il n'est pas permis de se
donner la mort, ou de s'exposer au danger cer-
tain de mourir, pour procurer la délivrance des
autres. L'exemple de Samson, qui fut écrasé sous
les ruines du temple qu'il avait abattu, ne fait rien
pour la caused'Éléazar ; Samson pria, avant d'en-
treprendre cette action : il n'agit que par l'inspi-
ration de l'Esprit saint (4). Mais nous ne lisons
rien de pareil dans l'action d' Éléazar.
La plupart des commentateurs néanmoins jus-
tifient Éléazar, et parlent de son entreprise comme
de l'action la plus belle et la plus glorieuse. Saint
Ambroise ('-,) relève sa valeur, son intrépidité, son
mépris de la mort. Les commentateurs distinguent
deux choses dans ce dessein si hardi : la première
COMMENTAIRE
intention d'Éléazar, était de sauver son peuple,
démettre à couvert la liberté et la religion d'Israël,
d'empêcher la profanation du temple et des cho-
ses saintes, la désolation et la dispersion du peu-
ple ; et la seconde intention était de s'acquérir de
la réputation. Il est permis, sans doute, dans une
juste guerre, de s'exposer au péril, pour la con-
servation de sa patrie et de sa religion, surtout
lorsqu'on agit avec les ordres, ou au moins avec
la permission du général ; il est permis encore de
regarder sa réputation, comme un bien naturel,
dont tout le monde doit avoir un soin légitime,
subordonné à celui qu'on a de son salut, et des
autres biens d'un ordre plus relevé. Or l'Écriture
donne à Éléazar ces deux intentions, et la charité
ne nous permet pas de croire, sans en avoir de
bonnes raisons, qu'elles aient été souillées par des
considérations humaines qui auraient pu en altérer
le mérite. Nous ne pouvons donc pas, sans témé-
rité, condamner Éléazar, ni lui refuser une justice
que nous devons à tous ceux dont les actions sont
louables au dehors ; nous devons les croire véri-
tablement bonnes, tant que nous n'avons point
de preuve du contraire. Les pères qui ont regardé
son entreprise comme une figure des orgueilleux,
quitrouventleurmortdans leurs meilleuresactions,
n'ont pas pour cela condamné Éléazar. Il pouvait
représenter les méchants et les superbes, sans
l'être lui-même. De plus, Éléazar ne croyait peut-
être pas que cet animal tomberait si vite et si
directement sur lui ; l'éléphant pouvait survivre
quelque temps à sa b'essure, ou tomber à côté,
sans écraser celui qui l'avait blessé. Enfin, n'y
eût-il que le zèle d'Éléazar à délivrer sa religion
et sa patrie des rois qui en étaient le fléau, l'on
devrait louer son abnégation, son dévouement.
Nous trouvons, d'ailleurs, dans les livres des
Maccabées, un certain nombre de réflexions qu
rappellent les auteurs profanes. On s'aperçoit que
l'hellénisme avait fait des progrès non seulement
dans les mœurs, mais aussi dans le style et dans la
manière de penser.
f. 46. Ivit sub pedes elephantis. Un éléphant
caparaçonné et couvert de la manière dont l'au-
(1) Virgil. JEneid. xi.
(2) Greg. Mag. Moral. L xix. c. i'j.
(j) Raban. Maur. in hune loe.
(4) Aug. contra Epist.Gaudent. t. 11. c.
(5) Ambros. Offic. L. 1. c. 40. Voyez aussi Serar. in
1. Macc. Est. Tir. Menoch. etc. Grot. de jure Belli ei Pac.
I. ni. c. 4. art. 18. - Nauarr. Francise, a Victoria.
;6 I. — MACCABÉES. — VI. - FAMINE A BETHSURA ET A JÉRUSALEM
47. Et videntes virtutem régis, et impetum exercitus
ejus, diverterunt se ab eis.
48. Castra autem régis ascenderunt contra eos in
Jérusalem, et applicuerunt castra régis ad Judaeam et
montem Sion.
49. Et fecit pacem cum his qui erant in Bethsura ;
et exierunt de civitate, quia non erant eis ibi alimenta
conclusis, quia sabbata erant terrae.
ço. Et comprehendit rex Bethsuram, et constituit illic
custodiam servare eam.
51. Et convertit castra ad locum sanctificationis dies
multos; et statuii illic balistas, et machinas, et ignis
jacula, et tormenta ad lapides jactandos, et spicula, et
scorpios ad mittendas sagiltas, et fundibula.
52. Fecerunt autem et ipsi machinas adversus machinas
eorum, et pugnaverunt dies multos.
5;. Escas autem non erant in civitate, eo quod sept i mus
annus esset, et qui remanserant in Judaea de gentibus
consumpserant reliquias eorum, quœ repositas fuerant.
54. Et remanserunt in sanctis viri pauci, quoniam obti-
nuerat eos famés, et dispersi sunt unusquisque in locum
suum.
47. Mais les Juifs, voyant la puissance du roi et l'impé-
tuosité de son armée, se retirèrent du combat.
48. En même temps l'armée du roi marcha contre eux
vers Jérusalem, et elle vint en Judée, et campa près du
mont de Sion.
49. Cependant le roi écouta les propositions de paix
que lui firent ceux qui étaient dans Bethsura, et ils sor-
tirent de la ville n'ayant plus de vivres, parce que c'était
l'année du sabbat de la terre.
ço. Ainsi le roi prit Bethsura, et y mit garnison pour
la garder.
(I. Il fit ensuite marcher ses troupes vers le lieu saint,
où il demeura longtemps : il y dressa divers instruments
de guerre, et plusieurs machines pour lancer des feux,
pour jeter des pierres et des dards, des arbalètes pour
lancer des flèches, et des frondes.
<2. Les assiégés firent aussi des machines contre leurs
machines, et ils combattirent durant plusieurs jours.
1;. Mais il n'y avait point de vivres dans la ville, parce
que c'était la septième année, et que ceux d'entre les
nations qui étaient demeurés dans la Judée avaient con-
sommé les restes de ce qu'on avait mis en réserve.
S4. Il ne demeura donc que peu de gens pour la
garde des lieux saints, parce qu'étant pressés par la
famine, chacun s'en retourna chez soi.
COMMENTAIRE
teur nous dépeint celui-ci, ne pouvait guère être
blessé que sous le ventre : c'est l'endroit où il
a la peau la plus tendre ; et lorsque le rhinocéros
attaque cet animal, c'est ordinairement au ventre
qu'il le prend, comme à l'endroit le plus aisé à
percer ( 1).
jh 48. Applicuerunt castra régis ad Jud^am
et montem Sion. Judas, ayant vu qu'il ne pouvait
résister à toute l'armée du roi, s'était retiré à
Jérusalem, et dans le temple; le roi l'y suivit, et
campa près du mont Sion. Jérusalem n'était pas
en état de défense, elle était démolie et ouverte
de tous côtes ; il n'y avait de fortifié que le temple
occupé par Judas, et la citadelle de Sion qui tenait
pour le roi. Il est à remarquer que l'Écriture don-
ne ici (2) le nom d'Idumée à tout ce qui est au
midi de Bethsura, et le nom de Judée à ce qui est
au nord de cette ville et de Jérusalem ; car tout la
midi était au pouvoir des Iduméens. Le roi laissa
une partie de son armée devant Bethsura, pour
en continuer le siège (3). Il paraît même par la
suite, qu'il ne s'attacha qu'à cette dernière place,
se contentant de tenir le temple bloqué, verset S 1 .
$. 49. Fecit pacem cum his qui erant in Beth-
sura. Le siège de Betnsura est raconté plus en
détail dans le second livre des Maccabées (.4) : le
roi et son armée y souffrirent beaucoup ; les Juifs
ne se rendirent que faute de vivres, parce que
c'était l'année sabbatique, dans laquelle on n'avait
rien recueilli de la terre.
f. 51. Convertit castra ad locum sanctifi-
cationis. // fil marcher ses troupes vers le lieu
saint, vers le temple, où Judas s'était retiré et
qu'il avait fait environner de bonnes murailles (5).
Balistas. Des machines à jeter des pierres, à
lancer des dards; ou, selon le grec (6), des terras-
ses ou des tours, pour y placer des machines.
Voyez le verset 20.
Ignis jacula (7). Les anciens lançaient du feu
dans les villes assiégées ou sur leurs ennemis, de
diverses manières. Quelquefoisc'étaient de simples
bois allumés, dont on frappait l'ennemi (8) :
Hi pinu flagrante cient, hi pondère pili.
Quelquefois c'étaient des dards chargés de ma-
tières enflammées (9) :
Spiculaquc et multa crinitum missile flamma.
D'autres fois c'étaient des fagots de genêts en-
duits de poix, qu'on jetait sur les ennemis ou sur
leurs machines ( io).Tite Live parle d'une sorte de
javelot assez long, qu'on armait de fer et de feu, et
qu'on lançait par le moyen des machines. On
appelait ce javelot falarica (11). Silius en parle
en ces termes (12) :
Fulminis haec ritu summis et masnibus arcis
Incita sulcatum tremula secat aéra flamma.
(1) Plin. I. vin. c. 20.
(2) Verset ji. chap. iv. 61; v. ;. et 65.
(j) Joseph. Anliq. 1. xn. c. 14. Grot. hic. Vide et confer.
I. M ace. xni. 18. 10. et seq.
(4) 11. Macc. xii. 19. etc.
(5) Vide 1. V:acc. iv. (-0. et seq. vi. 02.
(t>) BêXoaTofoEîÇ.
(7) Ilupô5o).a.
(8) Silius de pugna Cannensi.
(<>) Statius I. v.
(10) \'onnus Marcel. Malleoli. Vide Lips. Poliorcclic.
lib. v. cap. ;.
(11) Lii'ius lib. xxi.
(12) SU. Sagunt. hist.
I.
MACCABÉES. — VI.- PARJURE DU ROI DE SYRIE
77
<, 5. Et audivit Lysias quod Philippus, quem constituerai
rex Antiochus, cum adhuc viveret, ut nutriret Antiochum,
filium suum, et regnaret,
56. Reversus esset a Perside et Media, et exercitus
qui abierat cum ipso, et quia quasrebat suscipere regni
negotia.
57. Festinavit ire, et dicere ad regem et duces exerci-
tus: Deficimus quotidie, et esca nobis modica est, et
locus quem obsidemus est munitus, et incumbit nobis
ordinare de regno.
$8. Nunc itaque demus dextras hominibus istis, et
faciamus cum illis pacem, et cum omni gente eorum ;
ça. Et constituants illis ut ambulent in legitimis suis
sicut prius : propter légitima enim ipsorum, quas despe-
ximus, irati sunt, et fecerunt omnia hase.
60. Et placuit sermo in conspectu régis et principum ;
et misit ad eos pacem facere, et receperunt illam,
61. Et juravit illis rex et principes, et exierunt de mu-
nitione.
62. Et intravit rex montem Sion, et vidit munitionem
loci ; et rupit citius juramentum quod juravit, et mandavit
destruere murum in gyro.
6j. Et discessit festinanter, et reversus est Antiochiam.,
et invenit Philippum dominantem civitati ; et pugnavit
adversus eum, et occupavit civitatem.
55. Cependant Lysias apprit que Philippe, qui avait
été choisi par le roi Antiochus, lorsqu'il vivait encore,
pour élever Antiochus son fils, et pour le faire régner en
sa place,
56. Était revenu de la Perse et de la Médie avec l'armée
qui l'y avait accompagné, et qu'il se préparait à prendre
le gouvernement des affaires du royaume.
57. Il se hâta donc d'aller dire au roi et aux généraux
de l'armée : Nous nous consumons ici tous les jours ;
nous avons très peu de vivres ; la place que nous assié-
geons est bien fortifiée ; et nous sommes obligés de
mettre ordre aux affaires du royaume.
58. Maintenant donc, tendons la main à ces gens, fai-
sons la paix avec eux et avec toute leur nation ;
ço. Et permettons-leur de vivre selon leurs lois comme
auparavant ; car c'est le mépris que nous avons fait de
leurs lois qui les a si fort animés, et qui leur a fait faire
tout ce qu'ils ont fait jusqu'à présent.
60. Cette proposition plut au roi et à ses principaux
officiers : il envoya aussitôt traiter de la paix avec les
Juifs, qui l'acceptèrent.
61. Et le roi et ses officiers l'ayant confirmée avec
serment, ceux qui défendaient la forteresse se retirèrent.
62. Alors le roi entra sur la montagne de Sion, et en
vit les fortifications, et il viola aussitôt le serment qu'il
avait fait, car il commanda qu'on abattît tous les murs
qui l'environnaient.
6j. Il partit ensuite en grande hâte et retourna à An-
tioche, où il trouva que Philippe s'était rendu maître de
la ville. Et après avoir combattu contre lui, il la reprit.
COMMENTAIRE
L'Écriture veut marquer apparemment ici les
machines qui lançaient ces falariques, sous le nom
de machines à lancer des feux.
SCORPIOS AD MITTENDAS SAG1TTAS. Le latin
scorpius, ou scorpion, est une sorte d"arbalète qui
lançait des balles de plomb ou des flèches. Elle
était maniée par un seul homme ; mais il fallait
une certains habileté pour en tirer tous les avan-
tages voulus (1).
f. 55 . Et audivit Lysias quod Philippus, quem
constituerat rex Antiochus, etc. Lysias ap-
prit que Philippe, choisi par le roi Antiochus,
pour élever son fils, et pour gouverner son royaume
pendant sa minorité, était arrivé en Syrie. A sa
mort, Antiochus Épiphane avait déclaré Philippe
gouverneur du jeune Antiochus Eupator, et ré-
gent du royaume, en place de Lysias.
v. 58. Demus dextras hominibus istis. Cette
expression se rencontre souvent dans ces livres (2).
Les Perses et la plupart des Orientaux n'avaient
point de marque plus assurée de leurs promesses,
que de donner la main droite (3).
jL 59. Ut ambulent in legitimis suis, sicut
prius. Ils avaient joui de ce privilège depuis
Cyrus ; ce privilège leur avait été confirmé par
Artaxerxès, Darius fils d'Hystaspe, Alexandre
et les autres. Antiochus Épiphane avait été le
premier à l'enfreindre.
Qu/E DESPExiMus.Le grec (4): Nous avons dissipé
leurs lois. Nous avons voulu les abolir.
f. 63. Occupavit civitatem. // reprit Anlio-
che, et fit mourir Philippe, qui était dans la
ville {S).
(1) Rich. Dicl. desaniiq. ad verb. Scorpio.
(2) 1. Macc. xi. 50. 62. 66 ; xiu. 45. 50. - 11.
J4 ; xi. jo; xii. 11.
(j) Xenoph. de Expcdit. Cm. - Jun. Vide et Brisscn de
Macc. iv. Reg. Pers. t. 1. p. 141. et seq.
(4) Atea/.soâaafiEv.
(5) Joseph. Antiq. I. xu. c. ii
CHAPITRE VII
Démétrius, fils de Séleucus, vient en Syrie el fait mourir Antiochus Eupator et Lysias.
Il envoie en Judée Bacchidc pour établir grand prêtre l'impie Alcime. Bacchide tâche
en vain de surprendre Judas ; il se relire. Nicanor est envoyé contre Judas; il est tué
et son armée entièrement défaite.
i. Anno centesimo quinquagesimo primo, exiit Deme-
trius, Seleuci filius, ab urbe Rcma, et ascendit cum
paucis viris in civitatem maritimam, et regnavit il lie
i. En la cent-cinquante-unième année, Démétrius, fils
de Séleucus, étant sorti de la ville de Rome, vint avec
peu de gens dans une ville sur la côte de la mer, et il
commença à y régner.
COMMENTAIRE
}. 1 EXIIT DEMETRIUS, SELEUCI FILIUS, AB URBE
RoMA.On avu précédemment ( i) que Séleucus IV,
fils cTAntiochus le Grand, avait envoyéà Rome son
fils Démétrius; en place d'Antiochus Épiphane,
son frère, qui y était en otage depuis quelques
années. Antiochus Épiphane, sans se mettre en
peine des droits de son neveu Démétrius, avait
pris possession du royaume, après la mort de
Séleucus, et avait laissé en mourant la couronne à
son (ils Antiochus Eupator, dont on a parlé au
chapitre précédent. Le sénat romain avait envoyé
en Syrie trois légats pour administrer le royaume,
pendant la minorité du roi, et pour réduire ses
vaisseaux et les éléphants, au nombre prescrit par
les articles de la paix conclue avec Antiochus le
Grand. Mais il arriva qu'Octavius, chef de cette
légation, fut mis à mort à Laodicée, par un par-
ticulier nommé Leptine. Eupator et Lysias firent
ce qu'ils purent pour éloigner d'eux le soupçon
d'avoir contribué à cette mort ; ils envoyèrent
des ambassadeurs à Rome pour se justifier ; mais
le sénat, après avoir entendu leurs raisons, les
renvoya sans leur donner de réponse fixe.
Cependant Démétrius, fils de Séleucus, crut
que cette affaire lui ouvrait un chemin pour rentrer
en possesion des états de son père : il consulta
l'historien Polybe, qui était alors à Rome (2) , et
lui demanda s'il devait traiter avec le sénat de son
retour en Syrie. Polybe n'en fut pas d'avis ; mais
il lui conseilla, sans toutefois s'expliquer trop
clairement, de s'en retourner à petit bruit en
Syrie, et d'entreprendre quelque chose de digne de
son rang. Démétrius ne suivit pas cet avis ; il pria le
sénat de le déchargerde la nécessité de demeurera
Rome, puisqu'ils avaient donné le royaume à Eu-
pator, à son exclusion. On n'eut point d'égard à
ses remontrances, et il s'aperçut bientôt de la
faute qu'il avait faite ; il la répara promptement
par la résolution qu'il prit de s'enfuir ; ses amis
lui facilitèrent le moyen de s'embarquer : il partit
avec peu de monde, et il y avait quatre jours
qu'il était sorti de Rome, lorsqu'on s'en aperçut.
Etant arrivé en Syrie, il écrivit au sénat qu'il
allait non faire la guerre à Eupator, son neveu, que
le sénat avait reconnu ; mais qu'il marchait contre
Lysias, pour venger la mort du légat Octavius,
Il se rendit bientôt maître de Tripoli, ville mari-
time de Syrie, et, de là, il fut reçu à Apamée ;
Antiochus Eupator et Lysias n'avaient point osé
prendre les armes contre lui, parce qu'il se disait
envoyé par les Romains ; ils vinrent même au de-
vant de lui avec l'armée; mais les soldatsd'Eupator
se saisirent de leur jeune roi et de Lysias, et
Démétrius ayant déclaré qu'il ne voulait pas
qu'on les lui présentât, on comprit bien qu'il vou-
lait qu'on les fît mourir, ce qui fut exécuté aussitôt.
Ascendit cum paucis viris in civitatem ma-
ritimam. Cette ville est Tripoli, comme nous
l'apprennent le second livre des Maccabées(j)
et Josèphe (4). Démétrius n'avait à sa suite,
lorsqu'il s'enfuit de Rome et qu'il s'embarqua
pour venir en Syrie, que huit compagnons, cinq
serviteurs, et trois autres personnes (5). 162-161
avant l'ère vulgaire.
(1) Voyez le Ciap. 1. verset 11.
(2) Polrb. Legjt. 114. 122.
(3) n. Macc. xiv. 1.
(4; Joseph, xn. 16. — (5) Polrb. loco cimIo.
I. — MACCABÉES. — VII. - DÉMÉTRIUS
79
2. Et factum est, ut ingressus est domum regni patrum
suorum, comprehendit exercitus Antiochum et Lysiam,
ut adducerent eos ad eum.
j. Et res ei innotuit, et ait : Nolite mihi ostendere
faciem eorum.
4. Et occidit eos exercitus; et sedit Demetrius super
sedem regni sui.
5. Et venerunt ad eum viri iniqui et impii ex Israël, et
Alcimus, dux eorum, qui volebat fieri sacerdos ;
6. Et accusaverunt populum apud regem, dicentes:
Perdidit Judas, et fratres ejus, omnes amicos tuos, et
nos dispersit de terra nostra.
7. Nunc ergo mitte virum cui credis, ut eat et videat
exterminium omne quod fecit nobis et regionibus régis,
et puniat omnes amicos ejus, et adjutores eorum.
:. Et lorsqu'il fut entré dans le siège du royaume de
ses pères, l'armée se saisit d'Antiochus et de Lysias,
pour les amener à Démétrius.
?. Lorsqu'il en fut averti, il leur dit : Ne me faites
point voir leur visage.
4. Alors l'armée les fit mourir ; et Démétrius s'assit
sur le trône de son royaume.
j. Alors des hommes d'Israël méchants et impies vin-
rent le trouver, ayant à leur tête Alcime qui aspirait à
être établi grand prêtre.
6. Et ils accusèrent le peuple devant le roi, en disant :
Judas et ses frères ont fait périr tous vos amis, et il
nous a même chassés de notre pays.
7. Envoyez-donc maintenant un homme dont vous
soyez assuré, afin qu'il reconnaisse tous les maux qu'il
nous a fait souffrir et aux provinces qui appartiennent au
roi, et qu'il punisse tous ses amis, et tous ceux qui le
soutiennent.
COMMENTAIRE
f. 2. Ut ingressus est domum regni patrum
suorum. Il vint de Tripoli à Apamée, et, ayant
assemblé des troupes, il marcha droit à Antioche,
capitale du royaume de Syrie ; comme il s'avançait
vers la ville, Antiochus Eupator et Lysias vinrent
au devant de lui ; mais il leur arriva ce que nous
avons raconté, et ce qu'on lit dans les versets 2,
3 et 4 de ce chapitre.
JT. $. Al.CIMUS, QUI VOLEBAT FIERI SACERDOS.
Antiochus Eupator, ayant fait la paix avec les
Juifs, marcha contre Philippe qui s'était emparé
d'Antioche, comme gouverneur du royaume. Il
mena avec lui Ménélaiis, grand prêtre des Juifs,
qui, pour satisfaire son ambition, avait vendu son
pays à l'ennemi. Lysias savait par expérience
combien cet esprit était dangereux, et combien la
guerre contre les Juifs avait coûté de sang; il
inspira donc à Eupator le dessein de se défaire de
Ménélaiis, comme de celui qui avait causé tous
les troubles de la Judée. On fit donc mourir ce
grand prêtre, en le précipitant dans une tour
pleine de cendres, à Bérée en Syrie (1). Onias,
fils du grand prêtre Onias 1 1 1, aurait dû succéder à
son père, si l'on eût suivi l'ordre légitime ; effrayé
de la mort de son oncle, l'usurpateur Ménélaiis,
et craignant pour sa vie, il se retira en Egypte,
où il bâtit dans la suite un temple sur le modèle
de celui de Jérusalem (2). La souveraine sacrifi-
cature était donc vacante par la mort de l'usur-
pateur et la fuite du successeur légitime,
Lysias conseilla au roi de transporter le sacer-
doce, de la famille qui l'avait possédé jusqu'alors,
dans une autre moins puissante, qui serait par là
plus attachée à son service, en reconnaissance
d'un tel bienfait (3). Eupator établit dans cette
dignité Alcime ou Jacim, prêtre de la race
d'Aaron (4) ; mais non pas de la famille sacerdo-
tale, qui jusqu'alors avait possédé le souverain
pontificat (5). Comme Alcime s'était souillé, sous
la persécution d'Antiochus Épiphane, en sacri-
fiant ou en mangeant des viandes impures (6), il
ne put se faire reconnaître parles Juifs, et, se
voyant exclu des fonctions de sa dignité, il re-
courut au roi Démétrius, et accusa Judas et ses
partisans.
f. 6. Perdidit Judas omnes amicos tuos.
Judas a /ail périr tous vos amis, tous ceux des
Juifs qui étaient attachés à votre service, et qui
avaient obéi aux ordres d'Antiochus votre père,
en abandonnant leur religion. Rien n'était plus
vrai que cette accusation (7) ; elle faisait même
infiniment d'honneur à Judas. On peut voir dans
le second livre des Maccabées(8), la manière dont
s'y prit Alcime, pour se rendre Démétrius favo-
rable.
Comme l'union est toute la force des états,
aussi les factions particulières en sont la destruc-
tion. Quoiqu'Alcime ne fut point de la race
sacerdotale, selon Josèphe (9), comme il ne pen-
sait qu'à procurer son intérêt propre, et foulait
aux pieds toutes les lois les plus saintes de sa reli-
gion, il ne craignit point d'usurper la souveraine
sacrificature, et de bouleverser son pays, pourvu
que son ambition fût satisfaite. 11 profita donc
(1) 11. Macc. xiii. 4... 8.
(2) Joseph. Anliq. I. xn. c. 5. et de Belle* l. 1. c. I.
(?) Idem. Ub. xu. c. (,. Y'^o Akgi'ou Jt£ta0s\; [juio-G^vai
T7iv T[u.r)v arcô xaûirj; trj; oixia; si; é'tepov o7(/.ov.
(4) Verset 14. Homo sacerdos de semine Aaron venit,
non decipiet nos.
(5) Joseph. Anliq. I. xn. c. 5. et l. xx. c. 8. Kathatôbiv
I «x[u.ov ap^'.epe'a, Y'vou; [ièv A 'apcôvoç, ou/, ovia SE tr};
ûiy.ia; xaûlT):.
(0) 11. Macc. xiv. J.
(7) 1. Macc. m. $. 6. 8.
(8) 11. Macc. xiv. 1. 2. et seq. ,
(9) Joseph. Anliq. L xn. cap. 15. et 16,
8o
MACCABEES.— VII.- ALCIME ET BACCHIDE
8. Et elegit rex ex amicis suis Bacchidem, qui domi-
nabatur trans (lumen, magnum in regno, et fidelem régi.
9. Etminit eum ut videret exterminium quod fecit Judas ;
sed et Alcimum impium constituit in sacerdotium, et
mandavit ei facere ultionem in filios Israël.
10. Et surrexerunt, et venerunt cum exercitu magno
in terram Juda, et miserunt nuntios, et locuti sunt ad
Judam et ad fratres ejus verbis pacificis in dolo.
11. Et non intenderunt sermonibus eorum, viderunt
enim quia venerunt cum exercitu magno.
12. Et convenerunt ad Alcimum et Bacchiiem congre-
gatio scribarum requirere quas justa sunt ;
1;. Et primi, Assidaei qui erant in filiis Israël, et exqui-
rebant ab eis pacem.
8. Et le roi choisit d'entre ses amis Bacchide qui com-
mandait au-delà du fleuve, et qui était grand dans le
royaume et fidèle au roi ;
9. Et il l'envoya reconnaître tous les maux qu'avait
fait Judas; et il établit grand prêtre l'impie Alcime, et
lui ordonna de punir les enfants d'Israël.
10. Ils vinrent donc aussitôt avec une grande armée
dans le pays de Juda; et ils députèrent vers Judas et
vers ses frères pour leur faire des propositions de paix,
dans le dessein de les surprendre.
11. Mais ils n'eurent aucun égard à leurs paroles,
voyant qu'ils étaient venus avec une puissante armée.
12. Cependant les docteurs de la loi s'étant assemblés,
vinrent trouver Alcime et Bacchide, pour leur faire des
propositions très justes.
ij. Ceux d'entre les enfants d'Israël qu'on appelait
Assidéens étaient les premiers de cette assemblée, et ils
voulaient leur demander la paix ;
COMMENTAIRE
des troubles et des guerres de la Judée ; et, ayant
déjà obtenu celte haute dignité sous le règne
d'Antiochus, à la sollicitation de Lysias, la crainte
qu'il eut que le nouveau prince ne l'en dépouillât,
comme d'une chose qui ne pouvait lui appartenir,
le porta à recourir aux calomnies et à vouloir
affermir sa fortune aux dépens de son pays.
Tels sont les effets ordinaires de l'ambition et
de la cupidité, sources funestes de tous les cri-
mes'. Combien vit-on autrefois, dans l'Église
même de personnes indignes aspirer, comme
Alcime, aux premières dignités, par une excessive
ambition qui les portait à se séparer de leurs
frères, et à trahir lâchement leur (oi, pour plaire
à ceux qui avaient la souveraine autorité entre les
mains.' Que d'évèques, du temps des Ariens, ont
usurpé les premiers sièges ecclésiastiques aux
dépens de la divinité de Jésus-Christ, dont ils
trahissaient la cause, afin d'occuper les sièges de
ses plus saints défenseurs ? Que de prélats du
temps de saint Jean Chrysostôme, ne se sont-ils
pas aussi écartés de la voie de la justice, en pu-
bliant des calomnies contre l'innocent, pour se
disculper, en quelque sorte, de leurs propres dé-
règlements, par l'oppression de celui qui travail-
lait à réformer la corruption de leurs mœurs ? Ils
s'élevaient comme des Alcimes impies et ambi-
tieux contre les zélés défenseurs de la foi et de
la morale de Jésus-Christ, qu'ils traitaient de
personnes séditieuses, et qu'ils accusaient de faire
toutes sortes de maux à leurs frères, lorsqu'étant
eux-mêmes les vraies causes de tous les troubles,
ils ne travaillaient qu'à s'appuyer sur les puis-
sances séculières, pour perdre ceux qui s'oppo-
saientà leurs excès.
On n'a vu encore que trop souvent des imita-
teurs de cet impie usurpateur du sacerdoce de
l'ancienne loi, faire à ceux qui marchaient fidèle-
ment sur les traces du généreux Maccabée, des
propositions de paix dans le dessein de les sui pren-
dre. Les faux synodes qui se sont tenus pendant
que saint Athanase vivait, et qu'il défendait la foi
du concile de Nicée, nous en fournissent beau-
coup d'exemples, et on le retrouve plus ou moins
dans tous les siècles sous des formes spéciales,
jusqu'à notre époque.
f. 8. Elegit rex ex amicis suis Bacchidem,
QUI DOMINABATUR TRANS FLUMEN. Le roi choisit
d'entre ses amis Bacchide, qui commandait au-delà
du fleuve, au-delà de l'Euphrale, qui est ordi-
nairement nommé le fleuve par excellence, ou le
grand fleuve. Démétrius, ayant confirmé Alcime
dans la souveraine sacrificature, l'envoya en Judée
avec Bacchide, gouverneurde la Mésopotamie ( 1 ).
Ils y avaient probablement succédé à Héraclide,
qu'Antiochus Épiphane 'avait établi trésorier de
la Babylonie, et à Timarque son frère, qui avait été
établi gouverneur de la même province. Ces deux
personnages ayant abusé de leur autorité, Démé-
trius les fit mourir ; cet acte de vigueur lui mé-
rita le surnom de Soler, c'est-à-dire sauveur ; les
Babyloniens le lui donnèrent, et il le porta tou-
jours depuis (2).
jh 12. Convenerunt congregatio scribarum,
requirere qVjE justa sunt. Cette corporation des
scribes était une des principales de la nation ; ils
exerçaient une sorte de magistrature dans la paix
comme dans la guerre. Ces scribes viennent ici
pour traiter avec Alcime et avec Bacchide, au
nom de tout le peuple ; on conçoitaisément pour-
quoi Judas ne s'y trouva pas.
f. 13. Primi,Assid/ei... exquirebant ab eis pa-
cem. Voyez ce que nous avons dit des Assidéens,
au chapitre il, 42.
( 1 ) lia Grot. Usser. Joseph, alii.
(2) Appian. Syriac. p. 118.
MACCABÉES. — VII. - CRIME DU GRAND PRETRE
81
14. Dixerunt enim : Homo sacerdos de semine Aaron
venit, non decipiet nos.
1 <,. Et locutus est cum eis verba pacifica, et juravit illis,
dicens: Non infereraus vobis malum, neque amicis ves-
tris.
16. Et crediderunt ei; et comprehendit ex eis sexaginta
viros, et occidit eos in una die, secundum verbum quod
scriptum est :
17. Carnes sactorum tuorum, et «anguinem ipsorum
elTuderunt in circuitu Jérusalem, et non erat qui sepeliret.
18. Et incubuit timor et tremor in omnem populum,
quia dixerunt: Non est veritas et judicium in eis ; trans-
gressi sunt enim constitutum, et jusjurandum quod
juraverunt.
14. Car ils disaient : C'est un prêtre de la race d'Aaron
qui vient à nous ; il ne nous trompera pas.
15. Alcime leur répondit comme un homme qui n'au-
rait eu que des pensées de paix, et leur dit avec ser-
ment : Nous ne vous ferons aucun mal, ni à vous ni à
vos amis.
16. Ils le crurent ; mais il en fit arrêter soixante d'en-
tre eux, qu'il fit mourir tous en un même jour, selon
cette parole de l'Écriture :
17. Ils ont fait tomber les corps de vos saints ; et ils
ont répandu leur sang autour de Jérusalem, sans que
personne les ensevelît.
18. Et tout le peuple fut saisi de crainte et de frayeur,
et ils se disaient les uns aux autres: Il n'y a ni vérité ni
justice parmi eux, car ils ont violé la parole qu'ils avaient
donnée, et le serment qu'ils avaient fait.
COMMENTAIRE
Il paraît que les docteurs de la loi, quoique sa-
vants et éclairés dans les choses de la religion,
étaient simples, sans expérience des artifices d'un
esprit fourbe , tel qu'était celui d'Alcime. Les
Assidéens, de leur côté, étaient plus attachés que
les autres Juifs à l'observation exacte de la loi de
Dieu ; ils faisaient profession d'une régularité de
vie plus austère ; malgré leur sainteté, ils tombè-
rent aussi dans le même piège que ces docteurs
de la loi. Mais, quoique leur intention fût bonne
lorsqu'ils allèrent trouver Alcime et Bacchide,
pour leur demander, dit l'Ecriture, ce qui était
juste, c'est-à-dire, pour les prier de ne rien faire
contre la justice, et de conserver les droits du
peuple ; ils firent peut-être une faute, en ce qu'ils
ne consultèrent point sans doute Judas Maccabée
et ses frères, en faveur desquels Dieu s'était si
visiblement déclaré dans cette guerre, et dont la
lumière plus pénétrante aurait pu leur découvrir
le piège de leurs ennemis.
La faute qu'ils purent faire en cela fut lavée
dans leur sang, et l'Écriture nous donne lieu de
les regarder comme des saints, lorsqu'après avoir
rapporté la perfidie de ce grand prêtre qui fit
mourir cruellejientsoixanted'entr'eux, elleajoute,
que cela est arrivé selon celle parole du psaume:
Ils ont fait tomber les corps de vos saints, et ont ré-
pandu leur sang autour de Jérusalem (1). Il vaut
donc mieux, sans comparaison, tomber dans le
piège des méchants par simplicité, et perdre la
vie pour la religion, que triompher de ses frères
par la force ou la ruse, et soutenir sa grandeur
par l'oppression des innocents. Mais néanmoins
il est très avantageux aussi à ceux qui tiennent en
quelque sorte dans l'Église la place des Macca-
bées, d'imiter la prudence qu'ils firent paraître
pour se défendre des artifices des Alcime et des
Bacchide, et pour ne pas exposer la pureté de la
foi à leurs violences, en s'exposant imprudemment
à tomber victimes de leurs artifices.
Ainsi il est important de ne séparer jamais ces
deux vertus que le Fils de Dieu nous dit de
joindre ensemble : la prudence du serpent, et la
simplicité de la colombe. Eslote prudentes sicut
serpentes, elsimplices sicut columbœ. Desgens, pour
être de la race sacerdotale d'Aaron, n'ont pas tou-
jours eu cet esprit de sincérité et de vérité, qui
empêche qu'on ne trompe. On n'a vu que trop
souvent, même dans les premiers siècles de
l'Église, des hommes établis prêtres, non selon
l'ordre d'Aaron, mais selon celui de Jésus-Christ,
abuser de ce caractère de sainteté, pour surpren-
dre ceux qui les regardaient comme incapables
de les tromper. S'il est dit de Jésus-Christ, qu'i/
ne se fiait pas aux Juifs, qui faisaient même pro-
fession de croire en son nom, parce qu'il les connais-
sait tous (2), on a eu raison, en tout temps de ne
pas se fier aussi aux faux prophètes qui venaient,
comme un Alcime, revêtus de l'apparence de bre-
bis (?), pour tromper les simples.
L'avis que le Fils de Dieu nous donne sur ce
sujet, est de juger d'eux par leurs fruits : Ex fruc-
tibus eorum cognoscetis eos. Mais il est trop tard
pour ceux que leur caractère engage à défendre
la foi, d'attendre qu'ils aient été trompés par ces
faux prophètes, pour le reconnaître : comme ces
Juifs dont il est parlé ici, qui, saisis de tremblement
et de frayeur, s'écrièrent à la vue de la perfidie
d'Alcime : Il n'y a ni vérité ni justice parmi eux.
Il faut que leur vigilance et leur lumière s'appli-
quent sans cesse, comme celles de Judas Maccabée,
à prévenir tout ce qui pourrait blesser cette vérité
et cette justice, si précieuses aux vrais fidèles ;
c'est-à-dire, tout ce qui regarde la pureté de la
foi et de la morale.
y. 16. Occidit eos in una die, secundum ver-
bum quod scriptum est. Il semble que Bacchide
fit tuer non seulement les Assidéens, mais encore
les scribes qui étaient venus le trouver. L'auteur
cite à cette occasion le psaume lxxviii, comme
^i) Psalm. lxxvui. 2. ?.
S. B. — T. XI!
(2) Joan. n. 2j. 24. — (;) Matth. xvi. 20.
82
I. — MACCABÉES. — VII. - VENGEANCES QU'IL EXERCE
10. Et movit Bacchides castra ab Jérusalem, et appli-
cuit in Bethzecha; et misit, et compre.hendit multos ex
eis qui a se efîugerant, et quosdam de populo macta"it,
et in puteum magnum projecit.
20. Et commisit regionem Alcimo, et reliquit cum eo
auxilium in adjutoriuin ipsi ; et abiit Bacchides ad regem.
21. Et satis agebat Alcimus pro principatu sacerdotii
sui ;
22. Et convenerunt ad eum omnes qui perturbabant
populum suum, et obtinuerunt terram Juda, et fecerunt
plagam magnam in Israël.
2;. Et vidit Judas omnia mala quae fecit Alcimus et
qui cum eo erant, filiis Israël, multo plus quam gentes ;
24. Et exiit in omnes fines Judœaa in circuitu, et fecit
vindictam in viros desertores ; et cessaverunt ultra
exire in regionem.
2Ç. Vidit autem Alcimus quod pwasvaluit Judas et qui
cum eo erant, et cognovit quia non potest sustinere eos,
et regressus est ad regem, et accusavit eos multis cri-
minibus.
26. Et misit rex Nicanorcm, unum ex principibus suis
nobilioribus, qui erat inimicitias exercens contra Israël,
et mandavit ei evertere populum.
27. Et venit Nicanor in Jérusalem cum exercitu magno,
et misit ad Judam et ad fratres ejus verbis pacilicis
cum dolo,
28. bicens: Non sit pugna inter me et vos. Veniam
cum viris paucis, ut videam faciès vestras cum pace.
iq. Bacchide, étant parti de Jérusalem, alla camper
près de Bethzecha ; et il envoya prendre plusieurs de
ceux qui avaient quitté son parti; et il tua quelques
hommes du peuple, qu'il fit jeter dans un grand puits.
20. Après cela, il remit toute la province entre les
mains d'Alcime, à qui il laissa des troupes pour le sou-
tenir ; et il retourna vers le roi.
21. Cependant Alcime faisait tous ses efforts pour s'af-
fermir dans la principauté du sacerdoce.
22. Et tous ceux qui troublaient le peuple, s'étant
assemblés près de lui, se rendirent maîtres du pays de
Juda, et firent un grand carnage dans Israël.
2;. Judas, considérant que tous les maux qu'Alcime et
ceux qui étaient avec lui, avaient faits aux enfants d'Is-
raël, étaient beaucoup plus grands que tout ce que les
nations leur avaient fait,
24. Alla de tous côtés dans la Judée, et punit les dé-
serteurs de son parti ; et, depuis ce temps-là, ils ne
firent plus de courses dans le pays.
2t. Mais lorsqu'Alcime eut reconnu que Judas et ses
gens étaient les plus forts, et qu'il eut senti qu'il ne pou-
vait leur résister, il retourna vers le roi, et les accusa
de plusieurs crimes.
26. Alors le roi envoya Nicanor, l'un des principaux
seigneurs de sa cour, qui était un grand ennemi d'Israël,
et lui commanda de détruire ce peuple.
27. Nicanor vint donc à Jérusalem avec une grande
armée ; et il députa vers Judas et ses frères pour les
surprendre, sous prétexte de traiter de la paix avec eux.
28. Il leur fit dire : Qu'il n'y ait point de guerre entre
vous et moi ; je viendrai avec peu de gens pour vous
voir et pour vous parler de paix.
COMMENTAIRE
ayant prédit la mort de ces saints personnages.
Les termes du cantique sont une allusion visible
au nom d'Assidéens{ l) ; et plusieurs interprètes,
tant anciens que modernes (2), l'ont expliqué à la
lettre, du meurtre commis contre eux par Alcime
et Bacchide.
f. 19. Movit Bacchides castra ab Jérusalem,
et applicuit in Bethzecha. Bethzecha, ou mieux
Beth-Zetha, signifie plantation ou jardin des Oli-
viers. C'est le mont des Oliviers actuel ou un
endroit aux environs.
In puteum magnum projecit. Le texte grec (3)
semble indiquer un certain grand puits bienconnu.
77 les tua dans le grand puits ;ou : il les tua près du
grand puits.
jL 22. In Israël. Dans Israël. L'édition grecque
de Complute lit, dans Jérusalem ; mais l'édition
romaine, et le ms. Alexandrin lisent, dans Israël.
f. 25. Alcimus reversus est ad regem. Alcime
retourna vers le roi Démétrius à Antioche, et lui
porta une couronne, une palme et des branches
d'or, qu'il avait probablement prises au temple de
Jérusalem (4). 11 attendit quelque temps sans rien
dire ; mais, ayant ensuite trouvé l'occasion favo-
rable, il se mit à solliciter encore du secours con-
tre ses frères, accusant Judas et les autres Juifs
de rébellion.
f. 26. Et misit rex Nicanorem. Nous lisons
dans le second livre des Maccabées (5), que Ni-
canor étant arrivé en Judée, Judas lui envoya
Simon, son frère, au bourg de Dessau, pour con-
férer avec lui. Voyant la constance des Juifs, et
leur ferme résolution de défendre leur liberté,
Nicanor ne jugea pas à propos de les attaquer ;
il envoya trois députés à Judas, pTiur traiter delà
paix ; elle fut conclue. Judas et Nicanor se virent,
et vécurent quelque temps ensemble, avec assez
de familiarité, et une confiance mutuelle. Mais
Alcime, à qui cet accommodement ne plaisait pas,
retourna en toute hâte à Antioche, et accusa
Nicanor auprès de Démétrius, comme ayant trahi
ses intérêts clans la Judée. Le roi envoya ordre à son
général, de lui amener Judas prisonnier. Quelque
répugnance qu'il eût à exécuter ce commande-
ment, Nicanor ne laissait pas de chercher l'occa-
sion de surprendre Judas pour l'envoyer au roi ;
(1) Psalm. lxxviii. in Vulg. lxxix in Heb. fi. tH'Dn -ua
yiN in>m
(2) lia Basil. Euthrm. Beda.
(!) Kai j'0u3£v atjTOÙ; et ç xo tpps'ap to ,uiya.
(4} 11. Macc. xiv. j. 4.
{<,) 11. Macc. xiv. 15. 25. Vide Usser ad an 7842.
!.— MACCABÉES. — VIL- DÉFAITE DE NICANOR
83
29. Et venu ad Judam, et salutaverunt se invicem
pacifiée; et hostes parati erant rapere Judam.
?o. Et innotuit sermo Judas, quoniam cum dolo véné-
rât ad eum ; et conterritus est ab eo, et amplius noluit
videre faciem ejus.
ji. Et cognovit Nicanor quoniam denudatum est con-
silium ejus, et exivit obviam Judae in pugnam juxta
Capharsalama.
?2. Et ceciderunt de Nicanoris exercitu fere quinque
millia viri, et fugerunt in civitatem David.
;?• Et post hajc verba ascendit Nicanor in montem
Sion, et exierunt de sacerdotibus populi salutare eum in
pace, et demonstrare ei holocautomata quas offerebantur
pro rege.
29. Il vint ensuite vers Judas, et ils se saluèrent
comme amis, et les ennemis se préparaient à se saisir de
Judas.
jo. Mais Judas fut averti qu'il était venu à lui pour le
surprendre : et, ayant perdu toute confiance en lui, il ne
voulut plus le voir.
ji. Nicanor, voyant que son dessein était découvert,
marcha contre Judas, pour le combattre près de Caphar-
salama ;
J2. Et il y eut près de cinq mille hommes de l'armée
de Nicanor qui demeurèrent sur la place ; et le reste
s'enfuit dans la cité de David.
;?. Après cela, Nicanor monta sur la montagne de
Sion, et quelques prêtres vinrent le saluer avec un es-
prit de paix, et lui montrèrent les holocaustes qu'on
offrait pour le roi.
COMMENTAIRE
mais Judas s'en étant aperçu, se retira, et Nica-
nor vint à Jérusalem, prenant toujours les dehors
de l'amitié.
Josèphe (1) assure que Nicanor était un des
meilleurs amis du roi ; il était du nombre de ceux
qui l'avaient accompagné, lorsqu'il s'enfuit de
Rome. L'auteur du second livre des Maccabées
dit (2) qu'il élait maître des éléphants.
f. 29. Salutaverunt se invicem pacifice. Ils
se virent à l'ordinaire, quoique Judas eût déjà de
la défiance de Nicanor; mais le général syrien
ayant voulu le saisir, et ayant manqué son coup,
Judas s'enfuit et amassa des troupes. Nicanor
apprit qu'il était à Caphar-Salama, et marcha à lui
pour l'attaquer ; on ignore la situation de Caphar-
Salama. Ce nom signifie le champ de la paix.
Quelques-uns (?) ont cru que c'était Anlipatride,
nommée Capharsabe, avant qu'Hérode lui eût
donné le nom d'Antipatride (4). Mais cette opinion
n'est pas soutenable. Caphar-Samala devait être
près de Jérusalem, puisque Judas s'y retira après
le premier combat contre Nicanor. Cette localité
est mentionnée dans la Ghémare ($) ; peut-être
était-ce la localité actuelle de Salamiyeh près de
Béthel. Le mot Caphar-Salama peut très bien signi-
fier le village de Salama ou de Salamiyeh puisque
■us- Kopher ou Caphar signifie village.
f. 32. Fugerunt in civitatem David. Judas
et ses troupes ayant tué cinq mille hommes de
l'armée de N icanor,et voyant qu'ils n'étaient point
en état de soutenir longtemps l'effort des Syriens,
se retirèrent dans la ville de David et dans le
temple, de même qu'ils avaient fait auparavant,
après la bataille de Bethsura (6). La plupart des
commentateurs croient que ce fut Nicanor qui
s'y retira ; mais la suite n'est pas favorable à cette
opinion. Quelques exemplaires grecs lisent cinq
cents hommes, au lieu de cinq mille. Et Grotius
voudrait qu'on traduisît ainsi la première partie
du verset 32 : // en fut tué cinq mille (des Juifs)
par V armée de Nicanor ; parce que, dit-il, Josèphe
et le second livre des Maccabées donnent la
victoire à Nicanor. En réalité, malgré ses pertes,
Nicanor pouvait se considérer comme vainqueur,
puisque Judas fuyait devant lui, car c'est toujours
gagner la victoire, que d'obliger les ennemis à se
retirer, et à abandonner le champ de bataille.
Judas ne demeura pas longtemps à Jérusalem, il
en sortit avec ses troupes et se retira dans les
terres de Samarie ; en sorte que Nicanor étant
venu pour le prendre, les prêtres l'assurèrent avec
serment, qu'ils ne savaient où il était (7).
jfr. 33. Demonstrare ei holocautomata quje
offerebantur pro rege. Les Hébreux avaient
la louable coutume d'offrir des sacrifices pour la
prospérité des princes, sous lesquels la Providence
les avait mis. Les Juifs captifs à Babylone en-
voyèrent à Jérusalem une somme d'argent, qu'ils
avaient recueillie entr'eux, pour offrir des sacri-
fices, en expiation de leurs péchés et pour la con-
servationdu roi Nabucodonosor et de son fils Bal-
tasar (8). Plus tard Darius veut que les Juifs de
Jérusalem offrent des holocaustes pour lui et ses
enfants (9). Dans les lettres que l'on écrivit aux
Spartiates (10), il est dit que l'on offrait aux jours
de solennité des hosties en leur intention. Le
grand prêtre Onias en offrit aussi pour la guérison
d'Héliodore, qui avait été envoyé par Séleucus,
pour piller le temple (1 1). Enfin nous voyons par
iPhilon et par Josèphe, que, jusqu'au dernier temps
(1) Joseph. Antiq. L xu. c. 17. Nuavopa tov êuvoûaratov
âurtf) xa't naTÔratov tûv y:Xu>v, oîlto; fàp eati xat ô ârcà t^;
Pwu.«t'ajv r.oXami àutù auu.^>UYcov.
(2) E'Xsoavràp/rjv. 11. Macc. xiv. 12.
(?) Futlon. Tirin.
'4) Joseph. Antiq. I. xvi. c. 9.
(5) Gemar. Hieros. Avoda Zara, fol. 44.
(6) 1. Macc. v. 47.
(7) 11. Macc. xiv. ji. )2.
(8) Baruch. 1. 10.
(9; 1. Esdr. vi. 10.
(10) 1. Macc. xu. 11. —(11) 11. Macc. m. jî.
84
I. — MACCABÊES. — VII.- IMPIÉTÉ DE NICANOR
54. Et irridens sprevit eos, et polluit ; et locutus est
superbe.
?|). Et juravit cum ira, dicens : Nisi traditus fuerit Judas
etexercitus ejus in manus meas, continuo cum regressus
fuero in pace, succendam domum istam. Et exiit cum
ira magna.
}6. Et intraverunt sacerdotes, et steterunt ante faciem
altaris et templi, et llentes dixerunt:
;;. Tu, Domine, elegisti domum istam ad invocandum
nomen tuum in ea, ut esset domus orationis et obsecra-
tionis populo tuo.
58. Fac vindictam in domine isto et exercitu ejus, et
cadant in gladio. Mémento blasphemias eorum, et ne
dederis eis ut permaneant.
59. Et exiit Nicanor ab Jérusalem, et castra applicuit
ad Bethoron, et occurrit illi exercitus Syria;.
40. Et Judas applicuit in Adarsa cum tribus millibus
viris ; et oravit Judas, et dixit :
54. Mais il les méprisa, en les raillant ; il les traita
comme des personnes profa.ies, et leur parla avec grand
orgueil.
!$. Il leur dit avec colère, et en jurant : Si on ne me
livre entre les mains Judas avec son armée, aussitôt que
je serai revenu en bonne santé, je brûlerai ce temple.
Et il s'en alla plein de fureur.
îù. Alors les prêtres, étant entrés, se présentèrent
devant l'autel et devant le temple, et dirent en pleurant :
37. Seigneur, vous avez choisi cette maison afin que
votre nom y fût invoqué, et qu'elle fût une maison
d'oraison et de prière pour votre peuple ;
;8. Faites éclater votre vengeance contre cet homme
et contre ses troupes ; et qu'ils tombent sous le tran-
chant de l'épée : souvenez-vous de leurs blasphèmes, et
ne permettez pas qu'ils subsistent plus longtemps.
59. Nicanor étant parti de Jérusalem, vint camper
près de Bethoron, où l'armée de Syrie vint le joindre.
40. Et Judas alla camper près d'Adarsa, avec trois
mille hommes et fit sa prière en ces termes :
COMMENTAIRE
de la nation juive, on continua d'offrir des sacri-
fices pour les empereurs romains. L'Église chré-
tienne hérita de ces pratiques de la Synagogue.
Saint Paul (1) veut qu'on fasse des prières pour
les princes, et pour tous ceux qui sont élevés en
dignité. Nous sacrifions pour le salut de l 'empereur,
dit Tertullien (2) ; mais à son Dieu et au nôtre.
f. 54. Irridens sprevit eos, et polluit. Josè-
phe semble dire qu'il souilla leurs oreilles par ses
blasphèmes (3), ou qu'il les outragea par des pa-
roles injurieuses et outrageantes. Les J uifs se bou-
chaient les oreilles, en entendant proférer quelques
paroles injurieuses à la Divinité (4), comme si ces
impiétés eussent souillé ceux qui les enten-
daient.
f. 37. Tu, Domine, elegisti domum istam ad
INVOCANDUM NOMEN TUUM IN EA. Touchés de l'or-
gueil et des blasphèmes de Nicanor, qui parlait
insolemment contre Dieu, et qui menaçait de
brûler ce temple consacré à son honneur, les prê-
tres de Jérusalem ont recours aux larmes, et le
supplient de se souvenir, qu'il avait choisi celte
maison, afin que son nom y fût invoqué; ils lui
représentent qu'il y allait de sa gloire, de ne pas
souffrir qu'un impie déshonorât le lieu saint. Ils
lui témoignent, qu'ayant fait bâtir ce temple, pour
Cire une maison de prière à tout son peuple, il
s'était lui-même engagé à l'exaucer quand il l'y
prierait (=;). C'est donc ici votre cause, Seigneur,
lui disent-ils. Il s'agit de la sainteté de votre nom
qu'on outrage par des blasphèmes. Il s'agit de la
certitude et de la fidélité inviolable de vos pro-
messes; et, si nous mettons notre confiance en
votre secours, c'est que nous sommes assurés que
que vous ne pouvez manquer à la parole que vous
nous avez donnée, de nous exaucer dans la mai-
son que vous vous êtes choisie, lorsque nous nous
humilierons en votre présence, et que nous invo-
querons votre saint nom. Si la prière de ces prê-
tres, jointe à celle que fit ensuite Judas Maccabée
dans les mêmes sentiments, eurent la force de lui
faire vaincre tous ses ennemis, nous devons attri-
buer à notre insouciance, le peu d'avantage que
nous remportons sur les ennemis de notre salut.
A présent que Jésus-Christ a vaincu le monde, et
qu'il nous a ordonné de nousconfier en sa victoire,
nous serions toujours infailliblement victorieux si
nous priions comme il le faut, et si nos prières
n'étaient point souillées par des vues toutes
humaines qui en empêchent l'effet. L'humanité
sainte du Fils de Dieu est un temple sans compa-
raison plus sacré que celui de Salomon. Nous y
trouverons des secours plus puissants, quand nous
les demanderons comme il le faut, dans la sainte
communion.
f, 39. Applicuit ad Bethoron, et occurrit
illi exercitus Syri/E. Nicanor sortit de Jérusa-
lem, pour aller chercher Judas, et pour lui livrer
la bataille. Il campa à Bethoron, où il reçut un
renfort de troupes de Syrie. Bethoron est environ
à quatre lieues de Jérusalem.
f. 40. Judas applicuit in Adarsa. Judas alla
camper près d'Adarsa, à une lieue et demie de
Bethoron (ô), c'est-à-dire, environ à quatre milles
de cette ville. Adarsa, ou Adasa selon le grec,
verset 45, était dans la tribu d'Éphraïm (7).
(1) 1. Timotk. h. 1.
(2) Tcrlull. ad Scaput. c. ?. Saciificamus pro saluta
imperatoris, sed Deo nostro et ipsius.
(j) O' oï (3Xaa:or)(ji7J7a; àutoù;. Antiq. I. xu. c. 17.
(4) Acl. vu. 56.
t5j 111. Rcg. vin. ix.
(t>) Joseph. A ntii]. xu. c. 17.- Rclaïui. Palcest. illusl. o;j.
(7) Hieron. in lotis hcbr.
MACCABÉES. — VII. - MORT DE NICANOR
85
41. Qui missi erant a rege Sennacherib, Domine, quia
blasphemaverunt te, exiit angélus, et percussit ex eis
centum octoginta quinque mil lia.
42. Sic contere exercitum istum in conspectu nostro
hodie, et sciant ceteri quia maie locutus est super sancta
tua ; et judica illum secundum malitiam illius.
4;. Et commiserunt exercitus praslium tertiadecima die
mensis adar ? et contrita sunt castra Nicanoris, et cecidit
ipse primus in praalio.
44. Ut autem vidit exercitus ejus quia cecidisset Nica-
nor, projecerunt arma sua, et fugerunt ;
45. Et persecuti sunt eos viam unius diei, ab Adazer
usquequo veniatur in Gazara ; et tubis cecinerunt post
eos cum significationibus.
40. Et exierunt de omnibus castellis Judaeasin circuitu,
et ventilabant eos cornibus, et convertebantur iterum
ad eos, et ceciderunt omnes gladio, et non est relictus
ex eis nec unus.
47. Et acceperunt spolia eorum in prœdam; et caput
Nicanoris amputaverunt, et dexteram ejus, quam exten-
derat superbe ; et attulerunt, et suspenderunt contra
Jérusalem.
48. Et lœtatus est populus valde, et egerunt diem
illam in laetitia magna.
49. Et constituit agi omnibus annis diem istam, tertia
décima die mensis adar.
50. Et siluit terra Juda dies paucos.
41. Seigneur, lorsque ceux qui avaient été envoyés par
le roi Sennacherib vous blasphémèrent, un ange vint,
qui leur tua cent quatre-vingt-cinq mille hommes.
42. Exterminez de môme aujourd'hui cette armée
devant nous, afin que les autres sachent que Nicanor a
déshonoré par ses blasphèmes votre maison sainte ; et
jugez-le selon sa malice.
ji. La bataille fut donc livrée le treizième jour du
mois d'Adar ; et l'armée de Nicanor fut défaite, et lui tué
le premier dans le combat.
44. Ses troupes, voyant que leur général était mort,
jetèrent leurs armes, et prirent la fuite ;
45. Et les partisans de Judas les poursuivirent une
journée de chemin, depuis Adazer jusqu'à l'entrée de
Gazara ; et ils sonnèrent des trompettes derrière eux
pour annoncer leur victoire.
46. Et les peuples de tous les villages de la Judée,
qui étaient aux environs, les chargèrent avec une grande
vigueur ; et, revenant attaquer de front ceux qui étaient
demeurés derrière, ils les taillèrent tous en pièces, en
sorte qu'il n'en échappa pas un seul.
47. Ils s'emparcrent ensuite de leurs dépouilles ; ils
coupèrent la tête de Nicanor, et sa main droite qu'il
avait étendue insolemment ; et, les ayant apportées, ils
les suspendirent à la vue de Jérusalem.
48. Le peuple ressentit une grande joie; et ils passè-
rent ce jour-là dans une réjouissance publique.
40. On ordonna que ce même jour serait céléoré tous
les ans comme une fête, le treizième du mois d'Adar.
,o. Et le pays de Juda demeura en repos pendant
quelques jours.
COMMENTAIRE
v. 41. Qui missi erant a rege Sennacherib.
Ceux qui avaient été envoyés par le roi Senna-
cherib. Quelques exemplaires omettent le nom de
Sennacherib, et portent simplement, envoyés par
le roi, ou par le roi des Assyriens.
v. 4:. Ab Adazer usquequo veniatur in
Gazara. Ces deux lieux étaient éloignés d'une
journée de chemin. Ada\er semble être la mémo
localité qu'A dasa, verset 40, et on a parlé de
Gazer ou Gazara, au chapitre iv, verset ; ,.
Tubis cecinerunt post eos cum significatio-
nibus. Le grec ( 1 ) : Ils sonnèrent après eux avec
les trompettes, dont on donne le signal; ou avec les
trompettes , dont les prêtres se servaient pour
donner les divers signaux, de camper, de décam-
per, de livrer la bataille, de se retirer.
f. 46. Ventilabant eos cornibus. Ils les
jetaient au vent comme des taureaux irrités, qui
jettent au vent, avec leurs cornes, tout ce qui se
rencontre devant eux. Ou, ils enveloppaient l'en-
nemi de tous côtés, ils l'enfermaient comme une
armée, qui étend ses cornes ou ses ailes, et qui
enveloppe celles des ennemis (2).
jb. 47. Suspenderunt contra Jérusalem. Ils les
suspendirent à la vue de Jérusalem, hors de la ville,
et en face du temple (3). Le second livre des Mac-
cabées ajoute que Judas fit hacher la langue de
cet impie, et qu'il la donna à mangeraux oiseaux.
f. 49. Constituit agi diem istam omnibus an-
nis. Il ordonna que ce jour serait célébré tous les
ans, comme un jour de fête : elle se célébra assez
longtemps, et, du temps de Josèphe, elle était en-
core en pratique parmi les Juifs. On l'a négligée
après la ruine de Jérusalem, puis adandonnée
dans la suite. Elle tombait le jour d'avant la fête
des Sorts (4).
(1) B ixkr.laa'/ ojti'aw etuTwv taî; saXii^Çi iojv <jrj(j.aatdiy.
(2) Vide Judith, xv. 6.
(î) 11. Macc. xv. jî- Manum autem démentis jussit
contra templum suspendi.
(4) Ibid. f. j7.
CHAPITRE VIII
Le nom des Romains vient à la connaissance de Judas Maccabée. Il envoie des ambassadeurs
à Rome pour faire alliance avec eux. Formule et conditions de cette alliance.
i. Et audivit Judas nomen Romanorum, quia sunt
potentes viribus, et acquiescunt ad omnia quas postulantur
ab eis : et quicumque accesserunt ad eos, statuerunt cum
eis amicitias, et quia sunt potentes viribus.
t. Or, Judas entendit parler de la renommée des Ro-
mains : il apprit qu'ils étaient puissants, qu'ils étaient
toujours prêts à accorder toutes les demandes qu'on
leur faisait, qu'ils avaient fait amitié avec tous ceux qui
étaient venus se joindre à eux, et que leur puissance
était fort grande.
COMMENTAIRE
f. i. Quia sunt potentes viribus. Saint Au-
gustin nous donne la raison de cette prodigieuse
grandeur. « Voyons, dit-il (1), quelles ont été les
mœurs de tous ces anciens Romains, et pour
quelle raison le vrai Dieu, qui tient en sa main
tous les royaumes de la terre, a daigné les assis-
ter, et élever leur empire à ce haut point de gran-
deur. II est vrai qu'ils adoraient les faux dieux,
et qu'ils immolaient des victimes aux démons ;
mais ils étaient généreux et libéraux, et brûlaient
d'ardeur pour les louanges. N'aspirant point aux
grandes richesses, mais à une grande gloire, ils
l'aimaient uniquement ; ils ne vivaient que pour
elle; ils étaient prêts à mourir pour l'acquérir :
et cette passion était telle dans leur cœur, qu'elle
seule y étouffait toutes les autres passions. C'est
pourquoi, regardant la servitude comme une honte
et la domination comme une chose très glorieuse,
ils souhaitèrent ardemment d'abord de rendre li-
bre leur patrie, et ensuite de la rendre maîtresse
des autres peuples.
« Ce fut donc d'abord l'amour de la liberté,
ensuite celui de la domination, et l'ardent désir
de la gloire, qui leur firent faire tant de grandes
actions. Ainsi les empires de l'Orient ayant sub-
sisté longtemps dans un grand éclat, Dieu voulut
enfin établir celui d'Occident, et le rendre, quoi-
que le dernier de tous quant au temps, le premier
et le plus illustre par sa grandeur et son étendue.
Pour accomplir ce dessein, et punir en môme
temps les crimes énormes de plusieurs peuples, il
s'est servi de ces Romains qui ne travaillaient
qu'à procurer l'avantage de leur patrie, quoique
dans la vue seule de la gloire, et qui préféraient
généreusement son salut à leur propre vie, en sa-
crifiant à cet amour de la louange, l'amour de
l'argent et beaucoup d'autres grands vices.
« Mais bien que leurs vues fussent toutes hu-
maines, elles ne manquaient pas d'une certaine
fierté, d'une certaine grandeur, et ces vertus hu-
maines les élevaient au-dessus des autres nations
païennes. Ce n'étaient pas des modèles, ce n'étaient
pas non plus des hommes méprisables : non qui-
dem jam sancti, scd minus lurpes. Ainsi ces Ro-
mains ne connaissant point la vraie gloire qui vient
de Dieu seul, non seulement ne résistaient pas à
ce désir de la gloire humaine, mais le regardaient
comme une vertu et comme un bien très utile à
la République ; ils croyaient même devoir travail-
ler à l'allumer dans les hommes. C'est la raison
pour laquelle, selon la réflexion du même père (2),
Dieu qui ne devait pas leur donner la vie éter-
nelle, privilège de ses serviteurs, leur accordait la
récompense due aux vertus morales qu'ils prati-
quaient, en leur donnant cette gloire passagère
d'un empire florissant. Dieu devait donc, si l'on
peut parler ainsi, pour récompense temporelle de
leurs vertus purement humaines, les faire ainsi res-
pecter de tous les peuples, soumettre ce grand
nombre de nations à leurs lois, et rendre leur nom
célèbre dans toute la terre. Mais ils n'ont aussi
aucun sujet de se plaindre de la justice au Dieu
souverain, puisqu'il leur a accordé la récompense
qui leur était propre.
« Or ce ne fut pas seulement pour cette rai-
son, ajoute saint Augustin (3), que leur empire
s'étendit si fort, et fut élevé à ce comble d'une
gloire purement humaine. Dieu l'a fait encore,
afin que les citoyens de la cité éternelle considè-
rent avec une attention pleine de sagesse ces
exemples, tant qu'ils yivent sur la terre comme
étrangers, et qu'ils jugent combien ils sont obli-
gés d'aimer leur patrie céleste pour une vie im-
mortelle ; puisque celle de la terre a été si fort
(i) Aug. de av. Dei. I. v. c. 18.
(2) Ibid. c. 15. — (?) Ibid. c. 16.
I. — MACCABÉES.— VIII.- RÉPUTATION DES ROMAINS
87
2. Et audierunt prœlia eorum, et virtutes bonas quas
fecerunt in Galatia, quia obtinuerunt eos, et duxerunt
sub tributum ;
2. Il avait aussi entendu parler des combats qu'ils
avaient livrés, et des grandes actions qu'ils avaient faites
dans la Galatie, et comment ils s'étaient rendus maîtres
de ces peuples, et les avaient assujettis à payer tribut.
COMMENTAIRE
aimée de ses citoyens pour la seule gloire des
hommes. »
Mais il nous suggère encore un autre réflexion
très importante, lorsqu"en nous représentant com-
bien de choses ces anciens Romains ont mépri-
sées, combien de travaux ils ont soufferts, et com-
bien de cupidités ils ont domptées pour la seule
gloire humaine, il ajoute ces excellentes paroles:
« Que cette considération nous serve à étouffer
tout orgueil dans nous. Car puisque cette cité
sainte, dans laquelle Dieu veut bien que nous ré-
gnions, est aussi éminemment élevée par dessus la
cité terrestre, que le ciel est au-dessus de la terre ;
puisque la gloire solide qui vient de Dieu sur-
passe les vaines louanges des hommes, Lomme
la société des anges surpasse celle des mortels ;
ceux qui sont les citoyens d'une si noble patrie
ne doivent pas s'imaginer avoir fait quelque chose
de grand, lorsque, pour y parvenir, ils ont pratiqué
quelques bonnes œuvres, ou souffert quelques
maux passagers ; puisque ces anciens Romains
ont tant fait et tant souffert pour l'empire de la
terre , qu'ils avaient déjà acquis : Nihil sibi
magnum fecisse videanlur lantcc palriœ cives, sïpro
Ma adipiscenda fecerint boni operis aliquid, vel
mala aliqua suslinuerint ; cum illi pro hac ierrena
jam adepta tanU fecerint, lanla perpessi sint. »
C'est donc avec les yeux de la foi que nous
devons lire ce que l'histoire des Maccabées nous
raconte ici de la grandeur, des conquêtes, de la
puissance si redoutable, et des bonnes qualités
des Romains ; et c'est par cette lumière de la piété
que nous devons en juger, pour en porter un ju-
gement conforme aux enseignements chrétiens
qui nous obligent à regarder comme un néant
toute la gloire des hommes, et comme l'éclat pas-
sager d'une fleur qui dure un jour, toute la pompe
du siècle.
Quia acquiescunt ad omnia qu^e postulan-
tur ab eis. L'Écriture nous donne ici la peinture
de la république romaine, telle qu'elle était dans
sa splendeur, avant la troisième guerre Punique.
La Providence permit que les vertus des Ro-
mains, tout inutiles qu'elles étaient pour l'éter-
nité, à cause du défaut de la charité, fussent
mentionnées dans les saintes Écritures ; elle leur
donnait ainsi une récompense temporelle, propor-
tionnée à leur mérite presque toujours borné à
l'estime des hommes, et au siècle présent. On
nous dépeint les Romains, tels que la renommée,
qui flatte toujours un peu dans les choses favora-
bles, comme elle outre dans les odieuses, les pu-
bliait. La République était alors dans sa plus
grande beauté, dit Florus (1), elle cultivait la
piété envers les dieux, la fidélité envers les hom-
mes ; elle faisait paraître de la grandeur et de la
magnificence en elle-même et envers les étran-
gers. Les Romains étaient comme les protecteurs
universels de tous les opprimés, et leur empire
était moins une domination, qu'une protection ;
leur attention et leur soin ne s'étendaient pas
moins à secourir leurs alliés, qu'à défendre leur
propre pays ; c'est par ces moyens que leur Ré-
publique est parvenue à ce point de puissance, que
l'histoire nous fait admirer encore aujourd'hui.
Après avoir passé successivement sous la domi-
nation des Perses et des Grecs, pendant tout le
temps qui s'écoula depuis Cyrus jusqu'à Démé-
trius Soter, les Juifs commencèrent enfin à penser
à leur liberté. Ce furent les premiers peuples
d'Orient, dit Trogus (2j, qui profitèrent de la pro-
tection des Romains, pour se délivrer du joug de
l'oppression ; les Romains étant alors fort libé-
raux de ce qui ne leur coûtait rien. ^4 Demelrio
cum desciuissent, amicilia Romanorum pelila, primi
omnium ex Orienlalibus libertatem receperunl ; fa-
cile lune Romanis de aliène largientibus.
f. 2. In Galatia. Le nom de FaXi-na en grec,
se prend également pour la Galatie, et pour la
Gaule. On ne sait ici, de laquelle des deux on
doit l'expliquer. On convient que, du temps de
Judas Maccabée, la Galatie entière n'était pas
encore assujettie aux Romains; Antiochus le
Grand, ayant déclaré la guerre aux Romains,
avait obligé les Galates à se joindre à lui (3).
Après la victoire remportée sur ce prince, par
Lucius Cornélius Scipion, le consul Cneius Man-
lius Vulso, qu'on avait envoyé l'année suivante
en Asie, pour en régler les affaires, attaqua et
battit les Galates (4) en deux combats. Les his-
toriens ne marquent point expressément qu'alors
on ait imposé tribut aux Galates; mais la chose
paraît probable ; le P. Hardouin préfère l'entendre
de la Gaule Narbonnaise, qui était alors tribu-
taire des Romains, et le verset suivant, qui parle
de l'Espagne, favorise ce sentiment.
(1) Flor. Hactenus populus Romanus pulcher, egregius,
pius, sanctus atque magnificus. Vide et Sallust. et Cicer. etc.
(2) Justin. I. xxxvi.
(4) Livius l. xxxvin.
(?) Appian. pag. jg.
Flor. I. 11. - Potyb. I. m.
88
I.
MACCABÉES.
VIII.- LEUR PUISSANCE
?. Et quanta fecerunt in regione Hispaniae, et quod in
potestatem redeserunt metslla s.rgenti et auri quas illic
sunt, et possederunt omnem locum consilio suo et
patientia ;
4. Locaque quaj longe erant valde ab eis, et reges qui
supervenerant eis ab extremis terrae, contriverunt, et
percusserunt eos plaga magna; ceteri autem dant eis
tributum omnibus annis ;
5. Et Philippum, et Persen, Ceteorum regem, etcete-
ros qui adversum eos arma tulerant, contriverunt in
bello, et obtinuerunt eos ;
6. Et Antiochum magnum, regem Asiae, qui eis pugnam
intulerat habens centum viginti elephantos, et equitatum,
et currus, et exercitum magnum valde, contritum ab eis;
7. Et quia ceperunt eum vivum, et statuerunt ei ut
daret ipse, et qui regnarent post ipsum, tributum ma-
gnum, et daret obsides, et constitutum ;
j. Il avait encore appris tout ce qu'ils avaient fait dans
l'Espagne, de quelle manière ils avaient réduit en leur
puissance les mines d'argent et d'or qui sont en ce pays,
et avaient conquis toutes ces provinces par leur conseil
et leur patience ;
4. Qu'ils s'étaient assujetti des pays très éloignés d'eux ;
qu'ils avaient vaincu des rois qui étaient venus les atta-
quer de l'extrémité du monde, et avaient fait un grand car-
nage de leurs armées, et que les autres leur payaient
tribut tous les ans ;
Ç. Qu'ils avaient vaincu Philippe et Persée, roi des
Céthéens ; et les autres qui avaient pris les armes con-
tre eux ; et qu'ils s'étaient rendus maîtres de leurs pays ;
6. Qu'Antiochus le Grand, roi d'Asie, les ayant atta-
qués avec une puissante armée, avec cent vingt éléphants,
et beaucoup de cavalerie et de chariots, ils l'avaient
défait entièrement.
7. Qu'ils l'avaient pris vif, et l'avaient obligé, lui et
les rois ses successeurs, de payer un grand trtbut, et de
leur donner des otages, et tout ce dont ils étaient con-
venus ;
COMMENTAIRE
v. }. Quanta fecerunt in regione Hispani^:.
Les peuples d'Aragon et de Castille, Celtiberi,
avaient été soumis par Marcus Porcius Caton,
par Fulvius Flaccus, et par Tiberius Sempronius
Gracchus. Ceux de Léon, Vacccvi, par Lucius
Posthumus.
In potestatem redegerunt metalla argenti
et auri. Melallis plumbi, ferrï, ceris, argenti, auri,
lola ferme Hispania scatet, dit Pline (1). Stra-
bon (2) convient qu'on ne connaissait alors aucun
endroit du monde, où il y eut de si bons métaux,
et en si grande quantité. On peut voir dans Bo-
chart ce qu'il dit des Espagnes (}).
y. 4. Reges qui supervenerant eis ab extre-
mis terr/e, contriverunt. Les Romains avaient
vaincu Pyrrhus, roid'Épire, Scyphax, roi de Nu-
midie, Virdumar, roi des Gaulois ; ils avaient
dompté les Carthaginois, les rois d'Asie, de Macé-
doine,etc. (4). On sait que les Hébreux donnaient
le nom d'extrémité de la terre, ou du bout du
monde, aux pays éloignés; surtout ceux qui leur
étaient les plus inconnus, comme l'Afrique, et
ceux où l'on ne pouvait aller que par mer.
y. 5. Philippum, et Persen, Ceteorum re-
gem. Philippe, et Persée, roi des Céthéens, ou des
Macédoniens (5). Titus Quintus Flaminius vain-
quit Philippe, roi de Macédoine (6), un des suc-
cesseurs d'Alexandre, qui voulait opprimer la li-
berté d'Athènes. Le prince était appuyé par
Attale, roi de Pergame, et par les Rhodiens ; il
fut battu deux fois, deux fois mis en fuite, et
chassé de son camp. La guerre contre Persée fut
conduite par Paul Emile ; Persée, n'y fit rien qui
fût digne de la majesté royale, et de la iiaute ré-
putation de ses ancêtres (7).
y. 6. Antiochum magnum, regem Asi>e, ha-
bens centum viginti elephantum. Antiochus le
Grand, roi de Syrie, ou roi d'Asie, car il était le
le plus puissant monarque de l'Asie occidentale,
rît la guerre aux Romains avec des préparatifs
extraordinaires, disposés depuis longtemps ; ce-
pendant il fut vaincu par Lucius Cornélius Sci-
pion l'Asiatique, et obligé de subir des conditions
très dures et très humiliantes (8). Les auteurs
profanes ne conviennent pas du nombre des élé-
phants. Tite Live n'en met que cinquante-quatre.
Florus dit qu'il en avait bordé toute son armée,
elephanlis aciem ulrinque vallaverat; mais ils ne
conviennent pas même entre eux du nombre des
troupes d'Antiochus. Florus lui donne trois cent
mille hommes de pied, et Appien ne fait son
armée forte que de soixante-dix mille hommes.
y. 7. Ceperunt eum vivum. Les Juifs furent
mal renseignés. Après la perte de la bataille de
Magnésie en Lydie, Antiochus prit la fuite, et se
sauva, sans s'arrêter, jusqu'à Sardes, où il arriva
au milieu de la nuit, accompagné d'un petit nom-
bre de personnes. De là il se rendit à Apamée,
où il avait appris que Séleucus et quelques-uns
de ses amis s'étaient retirés ; et ensuite il passa
en Syrie, d'où il envoya des ambassadeurs à Sci-
pion, pour recevoir les conditions de paix qu'il
(1) Plin. lib. m. c. ?.
(2) Slrabo. I. m. cl iv.
; j) Boch. Canaan. I. 1. c. 55.
(4) Vide Drus, et (irai, cl alios intcrp. passim.
(5; Voyez le chap. 1, 1 et Gènes, x.
(6) Flor. I. il. c. 7. - Lii>. I. xxxiu. - Polrb. leg. vi.
(7) Flor. e. Polyb. ibidem, c. 10.
(8) Vide Polrb. t. xxiu. - T. Lin. I. xxxvn. - Appian.
Syriac. - Flor. I. 11. c. 8.
I. — MACCABÉES. — VIII. - LEUR PUISSANCE
89
8. Et regionem Indorum, et Medos, et Lydos, de opti-
mis regionibus eorum, et acceptas eas ab eis, dederunt
Eumeni régi ;
9. El quia qui erant apud Helladam voluerunt ire et
tollere eos, et innotuit sermo his,
10. Et miserunt ad eos ducem unum, et pugnaverunt
contra il I os, et ceciderunt ex eis multi, et captivas duxe-
runt uxores eorum, et lîlios, et diripuerunt eos, et
terram eorum possederunt, et destruxerunt muros eorum,
et in servitutem illos redegerunt usque in hune diem;
11. Et residua régna, et insulas quœ aliquando restite-
rant illis, exterminaverunt et in potestatem redegerunt;
12. Cum amicis autem suis, et qui in ipsis requiem
habebant, conservaverunt amicitiam ; etobtinuerunt régna
quae erant proxima et qua? erant longe, quia quicumque
audiebant nomen eorum timebant eos ;
8. Savoir : le pays des Indiens, des Modes et des
Lydiens, les plus belles de leurs provinces, qu'ils avaient
ensuite données au roi Eumène ;
9. Que ceux de la Grèce ayant voulu marcher contre
eux pour les perdre, ils en furent avertis,
10. Et qu'ils avaient envoyé contre eux un de leurs
généraux ; qu'ils les combattirent, et en tuèrent un grand
nombre, qu'ils emmenèrent leurs femmes captives avec
leurs enfants, pillèrent et assujettirent leurs pays, détrui-
sirent les murailles de leurs villes, et les réduisirent en
servitude, comme ils sont encore aujourd'hui ;
11. Qu'ils avaient ruiné et soumis à leur empire les
autres royaumes, et toutes les îles qut leur avaient ré-
sisté ;
12. Mais qu'ils conservaient avec soin les alliances
qu'ils avaient faites avec leurs amis, et avec ceux qui
s'étaient donnés à eux ; que les royaumes, soit voisins
ou éloignés, leur avaient été assujettis, parce qu'ils étaient
redoutés de tous ceux qui entendaient parler d'eux ;
COMMENTAIRE
plairait aux Romains de lui imposer. Les histo-
riens ne disent donc point que le roi soit tombé
entre les mains du vainqueur; mais Polybe (1)
raconte qu'Antiochus se trouva avec les légats à
Lysimachie après la guerre, pour régler l'exécu-
tion des articles du traité de paix conclu aupara-
vant. Et certes ce prince se soumit au vainqueur,
ni plus ni moins que s'il eût été réellement son
captif.
STATUERUNT El TRIBUTUM MAGNUM, ET DARET
obsides,et constitutum. Le grec (2) : Un grand
tribut, des otages, et le partage. Voici les condi-
tions de la paix qui lut arrêtée entre Antiochus le
Grand, et les Romains {}) : 11 lui fallut d'abord
payer tous les frais de la guerre, c'est-à-dire,
quinze mille talents d'Eubée (4), cinq centscomp-
tant, deux mille cinq cents après la ratification de
la paix, et les douze mille autres dans l'espace de
douze ans, à divers paiements, mille talents par
an; outre cela, trois cent cinquante talents au roi
Eumène, à payer durant le temps de cinq ans,
et cent vingt-sept talents pour le froment qu'il
était obligé de fournir. De plus, il devait donner
vingt otages, et les échanger tous les trois ans ;
les otages ne devaient pas avoir moins de dix
huit, ni plus de quarante-cinq ans. On l'obligea
d'abandonner tout le pays qu'il avait en Europe,
et tout ce qui était au-delà du mont Taurus, jus-
qu'au fleuve Halys; c'est ce qui est appelé ici le
partage, ou la distraction, la séparation. Outre
cela, il était obligé de livrer tous les éléphants
qu'il avait à Apamée, sans avoir la liberté d'en
acheter de nouveaux ; de donner tous les vais-
seaux de guerre et leurs équipages, de n'en con-
server que dix de transport, sans pouvoir en
équiper aucun, qui eût plus de trente rames.
Regionem Indorum, et Medos, et Lydos.
Tout le monde convient que, du temps de Judas
Maccabée, les Romains n'avaient pas porté leurs
armes ni dans les Indes, ni dans la Médie. Il ne
paraît pas même par l'histoire, qu'ils soient
jamais allés jusqu'aux Indes. Quelques exé-
gètes (5) conjecturent, qu'au lieu des Indiens, il
faudrait lire, les Ioniens, et au lieu des Mèdes, les
Mysiens. Nous lisons dans Tite-Live (6),
qu'après la paix conclue avec Antiochus le Grand,
on céda la Mysie et l'Ionie au roi Eumène, à
l'exception des villes qui avaient joui auparavant
de la liberté. D'autres (7) disent que, quand il ne
serait pas vrai, dans la rigueur, que les Romains
eussent assujetti les Indes ; il suffirait pour la
vérité de ce récit, que Judas l'eût ainsi appris, et
que la renommée l'eût publié. On sait que le nom
d'Inde était assez vague chez les anciens, comme
il l'est encore aujourd'hui.
}. 9. Qui erant apud Helladam voluerunt
ire et tollere eos. On pense qu'il s'agit ici (8)
de la guerre des Romains contre les Etoliens.
Ceux-ci s'étant départis de l'alliance des Romains,
appelèrent à leurs secours Antiochus le Grand,
et sollicitèrent Philippe, roi de Macédoine, et
Nabis, roi de Lacédémone, à entrer dans leur
parti et dans leurs desseins. Quintus Flaminius
s'efforça par ses remontrances, de les rappeler
à des sentiments plus sages. Démocrite, qui
était l'auteur de cette entreprise, lui dit qu'il lui
(1) Polyb. I. xvii. Vide Grot. hic. el si plaçai Ai
Gentil. Dispul. ad 1. Macc. c. 4.
^2) (î>ôpov U-Eyav, xa'' otâcivaf o;ar)pa_ /.ai oiaatoXr)';.
(}) Liv. I. xxx vin.
{4) Le talent d'Eubée valait, dit-on, 9. joo fr.
celui d'Égine.
(S) Grot. Drus.
('j) Liv. I. xxxviii. — (7) Mcnoc. Serar. alii.
(8) Salian. Fullon. Verhorst. Menoch.
ço
I. — MACCABÉES. — VIII. - AMBASSADE JUIVE A ROME
i?. Quibus vero vellent auxilio esse ut regnarent,
regnabant; quos autem vellent, regno deturbabant ; et
exaltati sunt valde;
14. Et in omnibus istis nemo portabat diadema, nec
induebatur purpura, ut magnificaretur in ea ;
IÇ. Et quia curiam fecerunt sibi, et quotidie consule-
bant trecentos viginti, consilium agentes semper de mul-
titudine, ut quae digna sunt gérant ;
16. Et committunt uni homini magistratum suum per
singulos annos dominari universœ terras suae, et omnes
obediunt uni, et non est invidia, neque zelus inter eos.
17. Et elegit Judas Eupolemum, filium Joannis, filii
Jacob et Jasonem, filium Eleazari ; et misit eos Romain
constituere cum illis amicitîam et societatem,
18. Et ut auferrent ab eis jugum Graecorum, quia vide-
runt quod in servitutem premerent regni/m Israël.
1 ?. Qu'ils faisaient régner tous ceux à qui ils voulaient
assurer le royaume ; qu'au contraire, ils le faisaient
perdre à ceux qu'ils voulaient ; et qu'ainsi ils s'étaient
élevés à une très grande puissance ;
14. Que néanmoins nul d'entre eux ne portait le dia-
dème, et ne se revêtait de la pourpre pour paraître plus
grand que les autres ;
1 <,. Mais qu'ils avaient é'abli un sénat parmi eux, et qu'ils
consultaient tous les jours les trois cent vingt sénateurs,
tenant toujours conseil touchant les affaires du peuple,
afin qu'ils agissent d'une manière qui fût digne d'eux ;
16. Et qu'ils confiaient chaque année leur souveraine
magistrature à un seul homme, pour commander dans
tous leurs états ; et ainsi que tous obéissaient à un seul,
sans qu'il y eût d'envie ni de jalousie parmi eux.
17. Alors Judas choisit Eupolémus, fils de Jean, fils de
Jacob, et Jason, fils d'Éiéazar; et il les envoya à Rome,
pour faire amitié et alliance avec eux,
18. Et afin qu'ils les délivrassent du joug des Grecs,
parce que Judas et les siens virent qu'ils réduisaient en
servitude le royaume d'Israël.
COMMENTAIRE
rendrait réponse, quand il serait sur les bords du
Tibre. On envoya donc contre eux Marcus Acilius
Glabrio, qui les subjugua (1).
v. 1 3. Quibus vellent auxilio esse ut regna-
rent, regnabant. Ils avaient conservé sur le trône,
les rois Masinissa, Eu mène, Prusias ; ils avaient
confirmé le titre de roi à Antiochus Eupator,
contre Démétrius Soter ; ils avaient protégé Pto-
lomée Philométor, contre Antiochus Épiphane.
y. '.4. Nemo portabat diadema, nec indueba-
tur purpura. Les Romains étaient en république ;
ils s'étaient délivrés du joug des rois, par l'expul-
sion des Tarquins ; l'amour qu'ils avaient pour
leur liberté, leur donnait de l'horreur même pour
les marques de la royauté.
y. 15. Quotide consulebant trecentos VI-
GiNTi. Du temps de l'auteur de ce livre, le nombre
ordinaire des sénateurs était apparemment de
trois cent vingt, ou du moins on le disait ainsi.
Sous Romulus, le nombre n'en était que de
cent ; il en ajouta ensuite cent autres. Depuis
Tarquin l'Ancien jusqu'au temps de Sylla, ils fu-
rent trois cents : et le nombre s'augmenta ensuite
au point qu'on en a compté jusqu'à mille (2). Ainsi
du temps de Judas Maccabée,le nombre ordinaire
devait être de trois cents sénateurs. Il n'y a que
les vingt que l'on ajoute ici, qui causent de la
difficulté. Quelques auteurs (3) ont cru que ce
n'étaient point de simples sénateurs, mais d'autres
personnes à qui leur emploi donnait droitd'entrée
au sénat ; par exemple, les deux consuls, deux
préteurs, deux questeurs, quatre édiles, et dix
tribuns du peuple, en tout vingt personnes.
y. 16. Committunt uni homini magistratum.
Tout le monde sait que les Romains créaient
chaque année deux consuls, dont l'un avait soin
des expéditions militaires au dehors, et l'autre
demeurait dans la ville, à la tète du sénat.
L'auteur avait peut-être entendu dire, qu'ils créaient
tous les ans un dictateur : mais c'était un faux
bruit ; on n'élisait de dictateurs que dans des oc-
casions extraordinaires ; ou bien il a parlé du
consul à qui le sort avait donné le soin de la
guerre, comme du seul consul connu des étrangers.
Il y en a qui ont prétendu qu'on ne fait ici men-
tion que d'un consul, parce que leur pouvoir
était partagé de telle sorte, que l'un commandait
un jour, et l'autre un autre, ou l'un un mois, et
l'autre le suivant. On vit un exemple de cette
autorité partagée des consuls, dans la tatale ba-
taille de Cannes, où le consul qui était de jour,
s'opiniâtra à vouloir livrer le combat malgré son
collègue; Tite-Live (4), parlant des consuls, dit
qu'il n'y avait que le premier qui en portât les
marques: Omnia jura,omnia insignia primi consules
lenuere.
Non est invidia, neque zelus inter eos. Il n'y
avait point de jalousies publiques, qui éclatassent
chez les étrangers. Chacun contribuait au bien
de l'état, avec une ardeur merveilleuse. Romani
domi mïlitiœque inlenti, fcsHnare, parare, alius
aliumhor tari, hoslibus obviant ire, libcrlatem,palriam,
parentesque armis légère (<,), etc. Mais cette union
fut bien altérée dans la suite, par la jalousie et
l'ambition qui éclatèrent dans les guerres civiles.
y. \~ . Jacob. Le grec : Accos.
$. 17-10. Misit eos Romam constituere cum il-
lis amicitîam et societatem, utauferrent ab eis
jugum Gr/ecorum. L'Écriture marque ici cette
circonstance, sans la louer ou la blâmer. Si l'on en
(i) Vide liv. I. ?8.
(2) Vide Alex, ab Alex. Génial, dier. I. iv. c. il. et Noi.
7 iraquel.
(?) \ide Manulium lib. de Senaiu. Albert. Gentil, dispul.
in 1. Macc. c. 6.
(4) Liv. lib. 11.
{(,) Salust. in his'. Conjur. Caiilina-
I. — MACCABÉES. — VIII.- ALLIANCE AVEC LES ROMAINS
9'
19. Etabierunt Romam viam mullam valde, et introie-
runt curiam, et dixerunt :
20. Judas Machabaeus, et fratres ejus, et populus
Judaeorum, miserunt nos ad vos statuere vobiscum socie-
tatem et pacem, et conscribere nos socios et amicos
vestros.
2i. Et placuit sermo in conspectu eorum.
22. Et hoc rescriptum est, quod rescripserunt in tabu-
lis sereis, et miserunt in Jérusalem, ut esset apud eos ibi
memoriale pacis et societatis :
2;. Bene sit Romanis et genti Judaeorum in mari et in
terra in a.-ternum, gladiusque et hostis procul sit ab eis.
24. Quod si institerit bellum Romanis prius, aut omni-
bus sociis eorum, in omni dominatione eorum,
25. Auxilium feret gens Judasorum, prout tempus dic-
taverit, corde pleno ;
19. Ils partirent donc; et après un long chemin, ils
arrivèrent à Rome; et, étant entrés dans le sénat, ils
dirent :
20. Judas Maccabée et ses frères, et 1-e peuple des
Juifs, nous ont envoyés pour faire alliance avec vous, et
pour établir la paix entre nous, afin que vous nous met-
tiez au nombre de vos alliés et de vos amis.
21. Cette proposition leur plut.
22. Et voici le rescrit qu'ils firent graver sur des tables
d'airain, et qu'ils envoyèrent à Jérusalem, afin qu'il y
demeurât comme un monument de la paix et de l'alliance
qu'ils avaient faite avec les Juifs :
2;. Que les Romains et le peuple juif soient comblés
de biens à jamais, sur mer et sur terre; et que l'épée de
l'ennemi s'écarte loin d'eux.
24. S'il survient une guerre aux Romains, ou à leurs
alliés, dans toute l'étendue de leur domination.
2-. Les Juifs les assisteront avec une pleine volonté,
selon que le temps le permettra
COMMENTAIRE
juge par d'autres endroits des livres saints (1), où
divers rois de Juda sont blâmés d'avoir mis plutôt
leur confiance dans des princes étrangers, dont
ils imploraient le secours, que dans l'assistance
du Seigneur, et où les prophètes les accusent de
folie d'en avoir ainsi usé (2), il semble qu'on
aurait lieu de blâmer aussi ce que Judas Mac-
cabée fit alors, comme ayant manqué en cela à
la confiance qu'il devait avoir en Dieu. Car il
devait être convaincu, par une longue expérience,
que la protection divine le mettait infiniment plus
à couvert des insultes de ses ennemis, que ne
pouvait faire cette alliance qu'il contracta avec les
Romains. Ce qui pourrait donner lieu de faire
au point de vue religieux des réserves sur la dé-
termination de Judas Maccabée, c'est qu'il fut
tué peu de temps après s'être allié avec les Ro-
mains, comme si Dieu avait voulu témoigner
par là qu'il n'approuvait pas cette alliance.
Cependant on ne laisse pas de trouver aussi de
quoi justifier cetteconduitedeJudas,carl'Ecriture
dit que c'était afin qu'ils les délivrassent du joug
des Grecs, qui réduisaient en servitude le royaume
d'Israël; c'est-à dire, qui s'efforçaient de renverser
leur religion, et qui usaient de toutes sortes de
violences pour implanter l'idolâtrie jusque dans
Jérusalem. Ainsi, il semble qu'on peut excuser
par là le zèle de ce grand homme, qui cherchait
tous les moyens de mettre à couvert les faibles,
et de conserver la foi parmi son peuple. Dieu ne
défend pas toujours, d'ailleurs, d'user aussi de
moyens humains pour se garantir de la fureur des
infidèles, pourvu néanmoins que ces moyens ne
soient point contraires à sa sainte loi, et que
nous soyons persuadés qu'ils ne peuvent rien
pour nous défendre, si Dieu même ne s'en sert
pour ce sujet.
C'est le sentiment qu'on peut à bon droit attri-
buer à Judas Maccabée en cette circonstance.
Les autres princes dont nous venons de parler,
étaient justement blâmés, lorsqu'ils imploraient
le secours du roi de Syrie ou du roi d'Egypte;
parce que, ou ils le faisaient contre l'ordre du
Seigneur qui le leur avait défendu expressément :
ou ils mettaient leur principale confiance dans ces
appuis étrangers, ne se confiant point dans son
assistance. Mais Judas n'avait reçu à cet égard
aucune défense de la part de Dieu : il s'appuyait
principalement sur le bras du Dieu des armées :
et il regarda peut-être la connaissance qu'il eut
des Romains, comme un moyen que Dieu même
lui présentait, pour mettre à couvert ses frères de
cette cruelle oppression des rois de Syrie.
Quoi qu'il en soit, quand même il serait cons-
tant, ce qui n'est pas, qu'il aurait fait quelque
faute en cette rencontre, elle serait excusable
dans un homme qui a prodigué sa vie jusqu'à la
fin pour le maintien de sa religion ; qui parut plus
grand par la fermeté de sa foi, que par son cou-
rage héroïque ; et qui enfin lava dans son sang, en
mourant pour la cause du Seigneur, ce qu'il pou-
vait y avoir de défectueux et d'humain dans cette
action.
jh 21. Placuit sermo in conspectu eorum.
La politique des Romains trouvait son compte à
ce que les Juifs se séparassent de Démétrius
Soter ; ce prince régnait dans la Syrie, sans leur
participation ; ils ne doutaient pas qu'ils ne dussent
bientôt entrer en guerre avec lui, après le meurtre
du légat Octavius. Il était de leur intérêt de sus-
citer des ennemis à Démétrius, et de diminuer
autant qu'ils le pouvaient sa puissance. La valeur
de Judas et le bruit de ses victoires, ne pouvait
être inconnu à Rome.
(1) n. Parai, xvi. 7. 9.
(2) Jerem. xxxvn.
I. — MACCABÉES. - VIII. - SES CONDITIONS
26. Et prœliantibus non dabunt, neque subministrabunt
triticum, arma, pecuniam, naves, sicut placuit Romanis;
et custodient mandata eorum, nihil ab eis accipientes.
27. Similiter autem et si genti Judaeorum prius accide-
nt bellum, adjuvabunt Romani ex animo, prout eis tem-
pus permiserit ;
28. Et adjuvantibus non dabitur triticum, arma, pecunia,
naves, sicut placuit Romanis; et custodient mandata
eorum absque dolo.
20. Secundum hœc verba constituerunt Romani populo
Judajorum.
?o. Quod si post haac verba hi aut illi addere aut demere
ad haac aliquid voluerint, facient ex proposito suo ; et
quœcumque addiderint, vel dempserint, rata erunt.
}l. Sed et de malis qwe Demetrius rex fecit in eos
scripsimus ei, dicentes : Quare gravasti jugum tuum super
amicos nostros et socios Judœos?
?2. Si ergo iterum adierint nos, adversum te faciemus
illis judicium, et pugnabimus tecum mari terraque.
26. Sans que les Romains donnent et fournissent aux
gens de guerre, ni blé, ni armes, ni argent, ni vaisseaux,
car c'est ainsi qu'il a plu aux Romains : et ces soldats
juifs leur obéiront sans rien recevoir d'eux.
27. Et de même, s'il survient une guerre au peuple juif,
les Romains l'assisteront de bonne foi, selon que le
temps le leur permettra ;
28. Et les Juifs ne fourniront à ceux que l'on enverra
à leur secours, ni blé, ni armes, ni argent, ni vaisseaux,
car c'est ainsi qu'il a plu aux Romains :et ils leur obéiront
sincèrement.
29. C'est là l'accord que les Romains font avec les
J u i f s .
;o. Si, à l'avenir, les uns ou les autres veulent ôter ou
ajouter quelque chose à ce qui est écrit ici, ils pourront
le faire de concert; et tout ce qui sera ôté ou ajouté,
demeurera ferme.
;t. Et pour ce qui est des maux que le roi Dcmétrius
a faits au peuple juif, nous lui en avons écrit en ces ter-
mes : Pourquoi avez- vous accablé d'un joug si pesant les
Juifs, qui sont nos amis et nos alliés?
j2. S'ils viennent de nouveau se plaindre à nous, nous
leur rendrons justice, et nous vous attaquerons par mer
et par terre.
COMMENTAIRE
jh 26. Pr/ELIANTIBUS non dabunt triticum,
arma, etc. Les Juifs aideront de tout leur pou-
voir les Romains, dans les guerres qui leur sur-
viendront, et les troupes qui seront fournies,
seront armées, nourries, soudoyéesaux frais des
Juifs (1). Grotius et d'autres commentateurs l'en-
tendent autrement : Les Juifs ne donneront aucun
secours d'hommes, d'armes ou d'argent aux enne-
mis des Romains. Si on le prend en ce dernier
sens en cet endroit, il faudra expliquer le v. 28
de la même manière : Et les Romains ne fourni-
ront aux ennemis des Juifs, ni hommes, ni armes,
ni argent. Ce sens est contraire au texte grec (2),
qui marque évidemment des amis et des alliés qui
nous aident, et non pas des ennemis qui nous atta-
quent. Mais le syriaque et l'arabe (3) l'expliquent
comme Grotius, et c'est le sens le plus juste et le
plus naturel ; mais le grec et la Vulgate y sont
opposés.
f. 31. Quare gravasti jugum tuum super
amicos nostros? Antiochus Épiphane, et son fils
Eupator. et enfin Démétrius Soter, avaient sans
doute porté les choses à toute extrémité à l'égard
des Juifs. Ils abusaient visiblement du pouvoir
que Dieu leur avait donné, en voulant contrain-
dre leurs sujets à renoncer à une religion, qui n'a
rien de contraire, ni aux bonnes moeurs, ni à la
paix de l'état, ni à la soumission que les peuples
doivent à leurs souverains. Les Juifs jusqu'alors
avaient vécu en liberté, dans la pratique de leur
culte, à l'abri des lois et des privilèges des prin-
ces prédécesseurs d'Antiochus ; ils ne s'étaient
jamais rendus indignes de ces privilèges, par
aucune action de révolte ou de désobéissance ;
cependant, on les avait traités en ennemis, on
avait employé contre eux les plus rigoureux sup-
plices ; on les avait forcés, malgré leur cons-
cience, et contre leurs lois, à offrir de l'encens
aux idoles, et on en avait fait mourir un très grand
nombre. Tout cela semblait devoir les autorisera
prendre les armes contre leurs persécuteurs, pour
la défense dé leurs lois, de leur religion et de
leur liberté.
S'ils n'avaient point eu d'autre motif que celui-
là, nous ne pourrions cependant les justifier (j).
C'est une obligation indispensable, fondée sur la
justice naturelle, de souffrir la persécution, môme
la plus injuste, de la part de son souverain, plu-
tôt que de prendre les armes contre lui. Ce devoir
était pour l'Ancien comme pour le Nouveau Tes-
tament. Le malheur des guerres civiles est encore
plus grand que celui de la persécution ; ils pou-
vaient mettre leur religion à couvert, au moins
par la fuite. C'était pour eux un très grand bon-
(1) lia Menoch. Tir. alii Plerique.
(2) Verset 26. Kai toi; KoXcfioîiat 6j BcIxtouti airov, etc.
Verset 28. Kai toi; lu^^ayouat ôj ooOri'jSrai 3ÎT0Ç, or.la,
etc. Grot veut qu'on lise en ce dernier verset Ka;. toi?
no^eu-t'o;;, /.ai toi? ou(A(xa^o3ai.
(j) Vide m. Macc. Arabice c. 1?. in Polrglott Paris, et
Londinens.
(4) L'abbé Rupert. de Victoria rerbi Dei c. ult. et
Pierre de Blois, Canon Episcop. et F.p. 146. condamnent
expressément la conduite des Maccabées, d'avoir eu
recours à la protection des Romains.
I.— MACCABÉES. — VIII.- ALLIANCE AVEC LES ROMAINS
9^
heur, de donner leur vie pour la religion de leurs
pores. Il n'y a donc que l'inspiration surnaturelle
de Dieu, procurée et manifestée par des miracles
évidents, qui ait pu rendre l'action des Maccabées
permise et louable ; le Seigneur fit apparaître en
plus d'une circonstance, des anges sous la figure
d'hommes armés, qui marchaient à la tète des
troupes, et qui couvraient Judas Maccabée de
leurs armes (i). Le prophète Jérémie lui apparut
plein de gloire et de majesté, et lui mit en main
une épée d'or, en lui disant (2) : Receve\ comme
un présent de la pari de Dieu celle épée, avec
laquelle vous renverserez les ennemis de mon peu-
ple d'Israël. Enfin les éloges que le Saint-Esprit
donne aux Maccabées, et le succès miraculeux
et toujours certain de leurs- armes , prouvent
visiblement que leur entreprise était agréable à
Dieu.
(1) 11. Macc. x. 29. jo. et xi. 8.
(2) 11. Macc. xv. 12. 14. 15. 16.
CHAPITRE IX
Bacchide et Alcime reviennent en Judée. Judas est tué dans le combat. Jonathas son frère
lui succède. Bacchide le poursuit. Jean, frère de Jonathas, est tué. Jonathas traverse
le Jourdain à la vue de V ennemi. Alcime meurt frappé de Dieu. Bacchide se retire ; il
revient, et est défait par Jonathas. Paix entre Jonathas et Bacchide.
i. Interea, ut audivit Demetrius quia cecidit Nicanor
et exercitus ejus in praelio, apposuit Bacchidem et Alci-
mum rursum mittere in Judasam, et dextrum cornu cum
mis.
2. Et abierunt viam quae ducit in Galgala, et castra
posuerunt in Masaloth, quae est in Arbellis ; et occupa-
verunt eam, et peremerunt animas hominum multas.
;. In mense primo anni centesimi et quinquagesimi
secundi applicuerunt exercitum ad Jérusalem ;
4. Et surrexerunt, et abierunt in Beream viginti millia
virorum, et duo millia equitum.
<,. Et Judas posuerat castra in Laisa, et tria millia viri
electi cum eo.
1. Cependant Démétrius ayant appris que Nicanor
avait été tué dans le combat, et son armée défaite,
envoya de nouveau Bacchide et Alcime en Judée, avec
l'élite de son armée.
2. Ils marchèrent par le chemin qui mène à Galgala,
et campèrent à Masaloth qui est en Arbelles, et ils pri-
rent cette ville, et y tuèrent un grand nombre d'hommes.
;. Au premier mois de l'année cent cinquante-deux, ils
se rendirent avec toute l'armée près de Jérusalem.
4. Puis ils se levèrent et s'en allèrent à Bérée, au nom-
bre de vingt mille hommes avec deux mille chevaux.
S- Or Judas s'était campé à Laïse avec trois mille hom-
mes choisis ;
COMMENTAIRE
jh 1. Demetrius apposuit Bacchidem et
Alcimum rursum mittere in Jud^eam, et dex-
trum cornu cum illis. Josèphe, dans toute l'his-
toire que nous allons voir, se trompe visiblement
en ce qu'il suppose qu'Alcime était mort, et que
Judas lui avait succédé dans la souveraine sacrifi-
cature (1), pendant que Simon, son frère, gou-
vernait la nation, et commandait l'armée. Il est
démenti par son propre témoignage, puisqu'ail-
leurs (2) il reconnaît qu'entre Alcime et Jonathas,
il n'y eut point de grand prêtre ; et par l'Écriture
qui dit ici clairement, qu'après la mort de Judas,
Alcime a vécu, et a même exercé les fonctions
sacerdotales dans le temple (j).
On a déjà parlé de Bacchide (_)) ; il fut d'abord
envoyé avec Alcime, et, après lui avoir remis
l'administration de la province, il s'en retourna en
Syrie. Le roi l'envoya cette seconde fois, pour
tenir tête à Judas, qui s'était rendu redoutable
par la victoire qu'il avait remportée sur Nicanor.
Le roi lui donna l'aile droite de son année, c'est-à-
dire, l'élite de ses troupes; car comme le prince
commandait ordinairement l'aile droite en per-
sonne, il prenait toujours ce qu'il y avait de plus
vaillant et de meilleur parmi ses soldats. L'armée
était de vingt mille hommes de pied, et de deux
mille chevaux (5) ; Josèphe, fils de Gorion, la dit
forte de trente mille hommes.
jr. 2. Abierunt viam quje ducit in Galgala,
ET CASTRA POSUERUNT IN MASALOTH, QUyE EST IN
Arbellis. 11 y a beaucoup d'apparence que Gal-
gala est mis ici pour la Galilée (6). Arbelles,
aujourd'hui Irbid, était située sur une hauteur
qui domine le lac deTibériade. Quant à Masaloth,
d'après le savant Robinson, ce ne serait proba-
blement qu'un nom propre, rmoa qui signifie
route, chaussée, escalier (7).
jL 3-4. Applicueruntexercitum ad Jérusalem;
ET SURREXERUNT, ET ABIERUNT IN BtREAM. Avant
l'ère vulgaire 160. Bérée, selon d'Allioli, désigne
le lieu dit grande Citerne ou grand puits, qu'on
voyait à Bézeth (vu, 19;.
f. <;. Laisa. Au lieu de Laïsa, le grec lit E'Xdcja.
S. Munk pense que la véritable leçon pourrait
être li'Wa, qui serait la traduction de Beth-Zétha.
Voyez le chapitre vu, 19.
(1) Joseph. Antiq. I. xn. C. 17. E'^pâ^r] xd Sôyu.a.... En:
âp/t=.pEcj; p.:v 'où s'Jvou; I'oû5a, stpaTriyoû 8à 2i'u.ojvo; xoCi
âoEAooù âutoû.
(2) Idem Antiq. I. xx, c. 8. O' SE I'â/.tu.o; è'tr, tpla xrtv
oipy i£pocûv7)v xataay a>v iztkiùzTfit . AicB^ato oè oùàE'; âutôv,
xXXà ûiêtcXsasv 7] nôX'.i tvtauxoù; éntà '/atpî: «pvtepéw;
ouaa, etc.
(j) Voyez le verset $4 et suiv.
(4) Voyez le chap. vu, 8.
(5) Verset 4.
(6) Vide Drus. hic. et Joseph. Antiq. xu. c. li
(7) Robinson, Bibtic. research, 111. 280.
I. — MACCABÉES. — IX.- NOUVELLE ATTAQUE DES SYRIENS
9 S
6. Et viderunt multitudinem exercitus quia multi sunt,
et timuerunt valde ; et multi subtraxerunt se de castris, et
non remanserunt ex eis nisi octingenti viri.
7. Et vidit Judas quod deiluxit exercitus suus, et bellum
perurgebat eum,et confractus est corde, quia non habebat
tempus congregandi eos, et dissolutus est.
8. Et dixit his qui residui erant : Surgamus, et eamus
ad adversarios nostros, si poterimus pugnareadversuseos.
9. Et avertebant eum, dicentes : Non poterimus; sed
liberemusanimas nostras modo, et revertamur ad fratres
nostros, et tune pugnabimus adversus eos; nos autem
pauci sumus.
10. Et ait Judas : Absit istam rem facere ut fugiamus ab
eis; et si appropiavit tempus nostrum, moriamur in vir-
tute propter fratres nostros, et non inferamus crimen glo-
rias nostrae.
11. Et movit exercitus de castris, et steterunt illis
obviam, et divisi sunt équités in duas partes ; et fundibu-
larii et sagittarii prasibant exercitum, et primi certaminis
omnes poternes.
6. Et ses gens, voyant une si grande armée, furent sai-
sis de frayeur, et plusieurs se retirèrent du camp ; en
sorte qu'il n'en demeura que huit cents.
- . Lorsque Judas vit son armée réduite à ce petit nom-
bre, et la nécessité où il était de combattre, il en eut le
cœur abattu, parce qu'il n'avait pas le temps de les ras-
sembler; et il se sentit comme défaillir.
8. Cependant il dit a ceux qui étaient restés : Allons
et marchons à nos ennemis pour les combattre si nous
pouvons.
9. Mais ses gens l'en détournaient, en lui disant". Nous
ne le pourrons jamais ; mais pensons présentement à
assurer notre vie, et retournons vers nos frères; après
cela nous reviendrons combattre contre eux ; car nous
sommes trop peu de monde.
10. Judas leur dit : Dieu nous garde d'en user ainsi, et
de fuir devant eux : si notre heure est arrivée, mourons
courageusement pour nos frères ; et ne souillons point
notre gloire par aucune tache.
11. L'armée ennemie étant sortie de son camp, vint au-
devant d'eux ; et la cavalerie fut divisée en deux corps :
les frondeurs et les archers marchaient à la tête de
l'armée ; et tous ceux qui les suivaient au premier rang
étaient les plus (ermes et les plus vaillants.
COMMENTAIRE
Tria millia viri electi. Josèphe n'en met que
mille ; Rufin son traducteur deux mille ; le fils de
Gorion, environ trois mille.
f. 7. Quia non habebat tempus congregandi
eos, et dissolutus est. On a déjà vu en d'autres
endroits de l'Écriture, que Dieu permet que ses
plus grands serviteurs tombent quelquefois dans
une espèce de défaillance et de découragement.
L'exemple du prophète Elie, qu'une menace de
Jézabel fit fuir dans le désert et demander au
Seigneur qu'il le tirât de ce monde (1), et celui
du grand Apôtre (2), tellement accablé d'une afflic-
tion qui lui survint en Asie, que la vie lui en devint
à charge, font voir, comme dit le même Apôtre,
que Dieu le permet ainsi, afin que ses serviteurs
prennent garde de ne mettre point leur confiance
en eux-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les
morts.
C'est le jugement qu'on doit porter de ce
qu'on vit arriver alors à Judas Maccabée.
Les grandes victoires qu'il avait gagnées, et
tant d'actions éclatantes qu'il avait faites, étaient
sans doute un grand sujet de tentation et d'or-
gueil. Nul ennemi ne pouvait tenir devant lui :
il renversait des armées formidables avec une
poignée de soldats ; tout fuyait au bruit seul du
nom de Judas et des Maccabées. Il fallait, comme
le dit saint Grégoire au sujet d'Élie (3), que tout
le monde vît que c'était de Dieu qu'il avait reçu
la force, puisqu'abandonné à lui-même, il ressentit
la faiblesse qui lui était naturelle. Comme cette
force, qu'il fit éclater aux yeux des hommes, était
une preuve de sa vertu : la faiblesse dans laquelle
on le vit tomber tout d'un coup, servit à mettre à
couvert cette vertu même, et à l'affermir contre
l'orgueil.
Mais enfin, si l'on examine les circonstances
qui donnèrent lieu à sa crainte, l'on sera peut-être
encore moins étonné de ce qu'il s'est affaibli ainsi
en un instant, que de ce qu'il se soutint et se ras-
sura aussitôt avec une foi incroyable, contre tant
de sujets qu'il avait de perdre courage. Il n'avait
d'abord avec lui que trois mille hommes, et l'ar-
mée ennemie était très forte en infanterie et en
cavalerie. La vue d'une armée si redoutable ne
l'étonna point ; accoutumé à vaincre parle secours
que Dieu lui donnait, il ne craignit point le nom-
bre de ses ennemis. Mais ceux qui l'accompa-
gnaient et qui étaient, comme lui, accoutumés àla
victoire, sont effrayés par la multitude de ces
infidèles : ils se retirent l'un après l'autre, et ils
abandonnent celui qui les avait soutenus jusque
alors avec un courage et une foi si admirable.
V. 10. NON INFERAMUS CRIMEN GLORIA NOSTRAE.
Ne souillons point notre gloire par aucune tache,
par une action si honteuse et si criminelle ; car il
semble, par son expression, qu'il aurait cru com-
mettre un crime de se retirer (4) : Ne inferamus
crimen gloruv nosirœ. Il jugea que Dieu ayant dis-
posé les circonstances de manière qu'il ne pouvait
plus se retirer que honteusement, c'était une
espèce de déclaration de sa volonté, à laquelle il
ne devait pas résister. Si c'est notre heure, disait-
il à ses gens, mourons courageusement pour nos
(1) m.Reg. ix. ?. 4.
(2) 11. Cor, 1. 8, 9.
(5) Gregor. Magn. Moral. Ub. xix. c. 5.
(4) Mrj xoe7al:7;w;j.ev «itfav xrj 3ô;ij r)u.u>v.
(/)
I. — MACCABÉES. — IX. - MORT DE JUDAS
! 2. Bacchides autem erat in dextro cornu; et proxi-
mavit legio e\ duabus partibus, et clamabant tubis.
t ;. Exclamaverunt autem et ni qui erant ex parte Judas,
etiam i psi , et commota est terra a voce exerciluum, et
commissum est praelium a mane usque ad vesperam.
14. Et vidit Judas quod n>mior est pars exercitus Bac-
chidis in dextris, et convenerunt cum ipso omnes cons-
tantes corde ;
1^. Et contrita est dextera pars ab eis, et persecutus
est eos usque ad montem Azoti.
16. Et qui in sinistro cornu erant viderunt quod contri-
tum est dextrum cornu, et secuti sunt post Judam, et eos
qui cum ipso erant, a tergo,
17. Etingravatum est praelium; et ceciderunt vulnerati
multi e\ his et ex illis.
18. Et Judas cecidit, et ceteri fugerunt.
12. Bacchide était à l'aile droite; et les bataillons mar-
chèrent des deux côtés, et firent retentir le bruit des
trompettes.
[j Les gens de Judas sonnèrent aussi des trompettes
de leur côté : la terre retentit du bruit des armes; et le
combat dura depuis le matin jusqu'au soir.
14. Judas ayant reconuu que l'aile droite de Bacchide
était la plus forte, fit un effort avec les plus vaillantes de
ses troupes.
i<,. Ils rompirent cette aile droite, et les poursuivirent
jusqu'à la montagne d'Azot.
16. Mais ceux qui étaient de l'aile gauche, voyant que
l'aile droite avait été défaite, prirent en queue Judas et
ses gens ;
17. Et le combat fut longtemps opiniâtre ; beaucoup
de part et d'autre furent blessés et tués;
18. Judas môme tomba mort; et les autres s'enfuirent.
COMMENTAIRE
frères ; sinon, Dieu saura bien nous donner la vic-
toire et nous conserver ; combien de fois avons-
nous éprouvé les effets de sa toute-puissance ? La
victoire n'est-elle pas toujours entre ses mains ? Il
n'y a point de différence à son égard entre un
grand et un petit nombre. Voilà apparemment les
raisons qui déterminèrent J udas à «ouloir soutenir,
avec huit cents hommes, les efforts d'une armée
de vingt-deux mille hommes. C'est ce qui met
son action à couvert du reproche de témérité, et
d'avoir voulu tenter Dieu. Saint Ambroise (i)
relève son action par les expressions les plus bril-
lantes, et l'Église emprunte ses paroles dans
son office (2). Ce père représente Judas et ses
frères, comme le modèle du véritable héroïsme ;
Habcs forliludinein bellicam, in qua non mediocris
honesli ac decori forma est, quod morlem serviluli
pr ce fer al ac turpitudini (3).
D'ailleurs, en se retirant, ils découvraient Jéru-
salem ; ils abandonnaient leur capitale et le tem-
ple à l'ennemi. Il n'y avait pas de milieu: Si l'on
voulait conserver Jérusalem, il fallait vaincre ; se
retirer sans combattre c'était la livrer aux Syriens.
Aussi, malgré l'énorme disproportion des forces,
Judas considère-t-il la retraite comme une honte.
Pour entrer à Jérusalem l'ennemi devra lui pas-
ser le corps.
jf. 12. PrOXIMAVIT LEGIO EX DUABUS PARTIBUS.
L'auteur de la Vulgate traduit ordinairement par
legio, le grec oâXayxi qui signifie unt bataillon de
troupes serrées (4) ; Macedones phalangem vocanl
pedilum slabile agmen, quando vit viro, armaarmis
conserla sunt. Végèce dit que la phalange est ordi-
nairement de huit mille hommes. La légion n'était
que de six mille sept cent vingt-six , selon le
même Végèce, ou de six mille six cent soixante-
six, selon d'autres. Les bataillons serrés et sou-
tenus par la cavalerie rangée aux deux ailes,
s'avancèrent donc contre Judas, pour l'envelopper.
f. 1^. Usque ad montem Azoti. Jusqu'à la
montagne dA\ot. On ne peut pas l'entendre
d'Azot ville des Philistins ; elle était trop éloignée
des lieux où nous avons dit que la bataille se
livra ; Josèphe écrit : La montagne d'Asa. On
n'en connaît pas la situation, mais elle devait
être à très peu de distance de Jérusalem.
jh 18. Et Judas cecidit. Ainsi mourut ce grand
homme, que la Providence avait suscité dans les
temps désastreux, pour en faire le soutien de la
religion, pour mettre sa nation en liberté, pour
sauver le peuple d'Israël (<,) : Qui sahnim faciebal
populum Israël. Il soutint jusqu'au dernier soupir
le caractère de sauveur, ayant préféré la mort
pour le salut de ses frères, à une retraite honteuse ;
ainsi la mort est devenue plus glorieuse pour lui
que les triomphes les plus magnifiques: Glorio-
siolrem Iriumphis morlem invewl (6). A peine dans
tout l'Ancien Testament trouvera-t-on un person-
nage en qui l'on remarque plus de ces excellentes
qualités, qui font les saints et les grands hommes.
On voit peu de guerriers modérés, religieux, maî-
tres de leurs passions, exempts d'ambition et de
vanité, éloignés du plaisir, et au-dessus de la
vaine gloire. Judas avait toutes les qualités d'un
héros: le courage, l'intrépidité, la force, le con-
seil, la sagesse ; tout cela sans emportement, sans
violence, sans faste. Il avait, outre cela, tout ce
qui doit distinguer un prêtre et un prince religieux.
Le zèle pour la religion, la pureté des mœurs,
l'amour de son peuple ; pieux, sans superstition ;
attaché à ses devoirs, sans bassesse ; zélé pour
l'observation des lois, mais d'un zèle réglé par la
(1) Ambros. Offic. I. 1. c. 41.
(2) Offtciuin Matulinorum Domin. m Octob.
(j) Voyez ce que nous avons dit ci-dessus de la mort
d'Élcazar; voyez aussi Scrar. Tirin. Est. Verhorst. etc.
(4) Quint. Curt.
(5) Verset 21.
(0) Ambros. Offic. I. 1. c. 41.
I. — MACCABÉES. — IX. - MORT DE JUDAS
ig Et Jonatlias et Simon tulerunt Judam, l'iatrem siium,
et srpeherunt eum in sepulchro patrum suorum, in civi-
tate Modin.
20. Et tleverunt eum omnis populus Israël planctu ma-
gno, et lugebant dies multos.
21. Et dixerunt : Quomodo cecidit potens, qui salvum
faciebat populum Israël !
22. Et cetera verba bellorum Judas, et virtutum quas
fecit, et magnitudinis ejus, non sunt descripta, muHa enim
erant valde.
2j. Et factum est: post obitum Judae emerserunt iniqui
in omnibus finibus Israël, et exorti sunt omnes qui opera-
bantur iniquitatem.
19. Jonatlias et Simon emportèrent le corps de Judas
leur frère, et le mirent dans le sépulcre de leurs pères
dans la ville de Modin.
20. Tout le peuple d'Israël fit un grand deuil à sa mort,
et ils le pleurèrent plusieurs jours.
21. Et ils disaient : Comment est-il tombé cet homme
invincible, qui sauvait le peuple d'Israël?
22. Les autres guerres de Judas, les actions extraor-
dinaires qu'il a faites, et la grandeur de son courage, ne
sont pas décrites ici, parce que ces guerres et ces
actions sont en trop grand nombre.
2;. Après la mort de Judas, les méchants parurent de
tous côtés dans Israël, et tous les hommes d'iniquité
s'élevèrent de toutes parts.
COMMENTAIRE
science, et soutenu par la charité. Quelle idée ne
nous donnent pas de sa profonde connaissance
des lois de Dieu et des principes de la vraie mo-
rale, les discours qu'il tient à ses troupes pour les
animer, pour les soutenir dans les épreuves, pour
les disposer à mépriser les plus grands périls !
Avec quelle humilité, dans quels sentiments de
pénitence ne se prosterne-t-il pas devant le Tout-
Puissant, lorsqu'il se prépare au combat ! Avec
quelle fermeté monte-t-il au temple tout environné
d'ennemis, pour le purifier des souillures des
gentils ! Avec quelle vigueur s'oppose-t-il aux
impies, et venge-t-il les injures faites à son Dieu !
Enfin quelle est son attention à ménager les inté-
rêts de son peuple, et à procurer sa gloire et ses
avantages, tant spirituels et temporels ; Dilatavit
gloriam populo suo (1).
Ce grand homme est une des belles figures
symboliques de Jésus-Christ. Judas, choisi entre
ses frères pour sauver son peuple, pour être leur
chef, dans les temps les plus difficiles, où il sem-
blait que la religion devait faire naufrage, n'est-il
pas une image de Jésus-Christ, qui est venu dans
les derniers temps, pour tirer le monde des pro-
fondes ténèbres où il était plongé, pour dissiper la
superstition et l'idolâtrie par l'éclat de sa doctrine,
pour réformer la corruption des mœurs, par la
pureté de sa morale toute divine. Quand on envi-
sage Judas aux prises avec tous les ennemis
d'Israël, remporter contre eux des victoires signa-
lées, quoique presque seul, et sans secours humain;
quand on le voit presque toujours persécuté, errant
au milieu de la défaillance ou de la désertion de la
plus grande partied'Israël, contraint de rechercher
l'alliance des étrangers ; quand on le considère
occupé à nettoyer le temple de ses abominations,
ériger un autel nouveau, et rétablir l'usage des
sacrifices ; enfin quand on se le représente dans
le dernier combat, succombant à la fleur de l'âge
sous le grand nombre de ses ennemis, donnant
généreusement sa vie pour ses frères ; peut-on ne
pas voir en même temps, comme dans un miroir,
Jésus-Christ persécuté dans sa personne et dans
ses disciples, non seulement par les étrangers,
mais encore plus par les Juifs, ses propres frères,
et faisant alliance avec la gentilité pour sauver
la religion ; Jésus- Christ chassant ceux qui pro-
fanaient le temple et se livrant à la mort pour le
salut de son peuple ? Les qualités même de prêtre
et de prince des Juifs, qui se rencontrent dans
Judas, désignaient encore parfaitement les mêmes
prérogatives que Jésus-Ghrist a si divinement
réunies dans sa personne. ,
v. 10. Sepelierunt eum in sepulcro patrum
suorum, in civitate Modin. On y a vu longtemps
leurs tombeaux ; Eusèbe (2) dit qu'on les y
voyait encore de son temps. Saint Jérôme (3)
s'étonne qu'on montre leurs reliques à Antioche,
Mais ce n'était point les reliques des fils de Mat-
thathias, mais des sept frères Maccabées, qui
souffrirent sous Antiochus Epiphane (4).
jK 2). Et factum est, post obitum Jud^e emer-
serunt iniqui in omnibus itnibus Israël. On est
obligé d'adorer, avec un profond respect, les
jugements du Seigneur dans la mort de ses servi-
teurs, qui étaient, durant leur vie, comme les co-
lonnes et les fermes appuis de son peuple. Le
nom de Judas imprimait de la terreur dans l'esprit
non seulement des étrangers, maisdes faux frères
qui étaient d'intelligence avec les gentils pour
persécuter Israël. 11 semblait qu'il y allait de l'in-
térêt et de la gloire de Dieu môme, de faire vivre
longtemps ce grand homme, qui était regardé
comme l'ange tutélaire de Juda ; mais Dieu con-
naît les raisons de sa conduite toujours adorable,
lorsqu'il ôte tout d'un coup à son peuple ce grand
protecteur, et qu'il donne occasion par sa mort, à
tous les méchants et à lous les hommes d'iniquité
(1) 1. Macc. m. 3.
(2) Euseb. in locis. - Voyez ce qui a été dit au chapitre
11, verset 1.
S. B. — T. XII.
(!) Hieron. in locis Hcb.
(4) Voyez 11. Macc. vu. 1.
98
I. — MACCABEES. — IX. - JONATHAS LUI SUCCÈDE
24. In diebus illis facta est famés magna valde, et tra-
didit se Bacchidi omnis regio eorum cum ipsis.
2;. Et elegit Bacchides viros impios, et constituit eos
dominos regionis ;
26. Et exquirebant, et pcrscrutabantur amicos Judas,
et adducebant eos ad Bacchidem, et vindicabat in illos,
et illudebat.
27. Et facta est tribulatio magna in Israël, qualis non
fuit ex die qua non est visus propheta in Israël.
28. Et congregati sunt omnes amici Judas, et dixerunt
Jonathas :
29. Ex quo frater tuus Judas defunctus est, vir similis
ei non est, qui exeat contra inimicos nostros, Bacchi-
dem, et eos qui inimici sunt gentis nostras.
?o. Nunc itaque te hodie elegimus esse pro eo nobis in
principem, et ducem ad bellandum bellum nostrum.
)!. Et suscepit Jonathas tempore il lo principatum, et
surrexit loco Judas, fratris sui.
p. Et cognovit Bacchides, et quasrebat eum occidere.
jj. Et cognovit Jonathas, et Simon, frater ejus, et
omnes qui cum eo erant, et fugerunt in desertum The-
cuas, et consederunt ad aquam lacus Asphar.
• J4. Et cognovit Bacchides, et die subbatorum venit
ipse, et omnis exerciius ejus, trans Jordanem.
24. En ce temps il survint une très grande famine ; et
tout le pays avec ses habitants se rendit à Bacchide.
25. Bacchide choisit des hommes impies, et leur donna
le gouvernement de tout le pays.
26. Ils faisaient une exacte recherche des amis de Judas,
et les amenaient à Bacchide, qui exerçait sa vengeance
sur eux, et les traitait avec insulte.
27. Et Israël fut accablé d'une si grande affliction!
qu'on n'en avait point vu de semblable depuis le temps
qu'il ne paraissait plus de prophète dans Israël.
28. Alors tous les amis de Judas s'assemblèrent, et
dirent à Jonathas :
20. Depuis que votre frère Judas est mort, il ne se
trouve point d'homme semblable à lui, pour marcher
contre Bacchide et les autres ennemis de notre nation.
jo. C'est pourquoi nous vous avons choisi aujourd'hui
pour être notre prince et notre chef en sa place, et pour
nous conduire dans toutes nos guerres.
jt. Jonathas reçut donc alors le commandement, et
prit la place de Judas son frère.
jj. Bacchide en fut averti; et il cherchait le moyen de
le tuer.
? j. Mais Jonathas et Simon, son frère, et tous ceux qui
les accompagnaient, l'ayant su, s'enfuirent dans le désert
de Thécua, et s'arrêtèrent près des eaux du lac d'Asphar.
Î4. Bacchide le sut, et vint lui-même, avec toute son
armée, le jour du sabbat, au-delà du Jourdain.
COMMENTAIRE
de s'élever de toutes parts, et de se produire de tous
côtés dans Israël. Jamais il ne prouve davantage
que ses jugements surpassent toutes nos pensées,
et que nos moyenshumains ne sont rien à ses yeux.
Mais si la conduite du Seigneur anéantit l'hom-
me dans ces coups imprévus, et humilie infini-
ment tous les faux raisonnements de son orgueil,
nous avons lieu d'admirer en même temps la mo-
destie des frères de Judas Maccabée, dont aucun
ne s'ingère à prendre sa place dans la conduite
d'Israël. On ne peut dire cependant qu'ils man-
quassent de courage pour s'opposer à leurs en-
nemis, ils l'avaient toujours montré en assistant
leur frère, et les circonstances même semblaient les
obliger à recueillir ce patriotique héritage. Car il
est marqué que l'ajfliclion dont Israël fut accablé
était telle, qu'on n'en avait point vu de semblable
depuis qu'il ne paraissait plus de prophète ; c'est-à-
dire, depuis Zacharie, Aggée et Malachie.
Qui osera donc, après un si grand exemple, se
choisir soi-même pour la conduite du peuple de
Dieu, et se regarder comme nécessaire à procu-
rer la délivrance d'Israël ? Ce n'est pas assez que
le vaisseau soit menacé du naufrage par la vio-
lence de la tempête, pour se croire capable d'en
prendre le gouvernail ; il faut que l'on soit choisi
de Dieu.
f. 24. Tradidit se Bacchidi omnis regio eo-
rum. Josèphe (1) limite cette expression, en di-
sant qu'une grande partie du pays se soumit à
Bacchide ; en effet, nous allons voir Jonathas à
la tête du peuple, s'opposer à Bacchide, et lui
faire même la guerre avec succès. On peut donc
croire que d'abord, après la mort de Judas, per-
sonne ne parut pour conduire le peuple ; tout le
pays parut ainsi soumis ; mais bientôt Jonathas
et Simon rassemblèrent des troupes.
jfr. 26. Vindicabat in illos, et illudebat. Il
leur faisait souffrir divers tourments, et les met-
tait à mort après les avoir traités avec insulte, dit
Josèphe (2).
f. 27. Ex DIE qua non est visus propheta in
Israël. Depuis le retour de la captivité, selon
Josèphe (3), et quelques commentateurs (4), ou
depuis la mort d'Aggée, de Zacharie et de Mala-
chie, qui parurent immédiatement après la capti-
vité de Babylone.
f. 35. In desertum Thecu^. Cette ville était
près de Jérusalem, dans la tribu de Juda. Elle
n'était pas loin du château d'Hérodion (5) ; on
la met à sept milles de Bethléhem,vers ie midi (6).
Ad aquam lacus Asphar. C'est le lac Asplial-
tite (7), nommé par les Hébreux la mer de So-
dome ; les Grecs lui donnèrent le nom de lac
Asphaltite, à cause de l'asphalte ou bitume qu'on
en tire.
(1) Joseph. Anliq. L xm. C. 1. Œ'ç JioXXoù; âuro;ju>).rjaat
npô; toùç MocxeSôvk;.
(2) Joseph. Antiq. L xm. c. 1. O' Se (BacjaviÇtov rcpàhov
à'jToù: r.a: roo; rfiov^v iixiÇJaevoç eJietO outgj ou^ÛEtpe.
(j) Joseph. Ibid. — (4) Grot. Menoch.
(5) Joseph de Beilo. I. vu.
(0) Hieron. Prcef. in Amos. - 11. Rcg. xiv. 2.
(7) Gorionid. Lyran. Menoch.
I.— MACCABÉES. — IX.- ESCARMOUCHES DIVERSES
99
55. Et Jonathas misit fratrem suum ducem populi, et
rogavit Nabuthasos, amicos suos, ut commodarent illis
apparatum suum, qui erat copiosus.
j6. Et exierunt filii Jambri ex Madaba, et comprehen-
derunt Joannem, et omnia quas habebat, et abierunt
habentes ea.
!7. Post hase verba, renuntiatum est Jonathas, et Simoni,
fratri ejus, quia filii Jambri faciunt nuptias magnas, et
ducunt sponsam ex Madaba, filiam um'us de magnis prin-
cipibus Chanaan, cum ambitione magna.
jo. Et recordati sunt sanguinis Joannis, fratris sui, et
ascenderunt, et absconderunt se sub tegumento montis-
?9. Et elevaverunt oculos suos, et viderunt, et ecce
tumultus, et apparatus multus ; et sponsus processif, et
amici ejus, et fratres ejus obviam iilis cum tympanis et
musicis, et armis multis.
40. Et surrexerunt adeos ex insidiis, et occiderunt eos,
et ceciderunt vulnerati multi, et residui fugerunt in mon-
tes, et acceperunt omnia spolia eorum;
41. Et conversœ sunt nuptiœ in luctum, et vox musico-
rum ipsorum in lamentum.
42. Et vindicaverunt vindictam sanguinis fratris sui, et
reversi sunt ad ripam Jordanis.
4;. Et audivit Bacchides, et venil die sabbatorum
usque ad oram Jordanis in virtute magna.
J5. Alors Jonathas envoya son frère qui commandait
le peuple, et pria les Nabuthéens, qui étaient leurs amis,
de leur prêter leur équipage qui était fort grand.
56. Mais les fils de Jambri étant sortis de Madaba, pri-
rent Jean avec tout ce qu'il avait, et l'enlevèrent avec
eux.
?7. Après cela, on vint dire à Jonathas et à Simon, son
frère, que les fils de Jambri faisaient un mariage célèbre,
et qu'il menaient de Madaba, en grande pompe, une nou-
velle fiancée, qui était fille d'un des premiers princes de
Canaan.
}8. Ils se souvinrent alors du sang de Jean, leur frère ;
et ils allèrent se cacher derrière une montagne qui les
mettait à couvert.
59. Ayant levé les yeux, ils virent un grand tumulte et
un appareil magnifique : le nouveau marié parut avec ses
amis et ses parents, et vint au-devant de la fiancée, au
son des tambours et des instruments de musique, accom-
pagné de beaucoup de gens armés.
40. En même temps, ils sortirent de leur embuscade ;
et fondant sur eux, ils en tuèrent un grand nombre : le
reste s'enfuit sur les montagnes, et ils emportèrent tou-
tes leurs dépouilles.
41. Ainsi les noces se changèrent en deuil, et les con-
certs de musique en cris lamentables.
42. Ils vengèrent de la sorte le sang de leur frère, et
ils retournèrent sur le rivage du Jourdain.
4j. Bacchide en fut averti; et il vint avec une puissante
armée le jour du sabbat sur le bord du Jourdain.
COMMENTAIRE
,v\ 35. Rogavit Nabuth^os, amicos suos, ut
COMMODARENT ILLIS APPARATUM SUUM. Le grec et
le syriaque, Vatable, Josèphe, et quelques an-
ciens exemplaires latins, lisent : // pria les Naba-
théens de recevoir clïe^ eux leurs effets, ou leurs
bagages. Jonathas ne jugea pasà propos de garder
auprès de soi cet attirail de bagage, qui ne pou-
vait que l'embarrasser, et exciter l'avidité de ses
ennemis. Il les confia aux Nabathéens ou Naba-
téens, ou Nabuthéens, qui étaient ses anciens
amis (1) ; il les mit en dépôt chez eux.
Filii Jambri ex Madaba. Médaba était une
ville bien connue du pays de Moab. Voyez les
Nombres xx, 50. Le nom de Yaamrou, Jambri
a été retrouvé dans une inscription à Médaba
même. C'était celui d'un stratège (2).
% 36. COMPREHENDERUNT JûANNEM ET OMNIA
QUiE habebat. Jean était chargé de conduire tout
le bagage de l'armée chez les Nabathéens ; mais
il fut pris en chemin, avec tout ce qu'il conduisait.
f. 37. Madaba. Ce nom figure ici par erreur.
Il est en désaccord avec les faits. Car si la jeune
fiancée était de Médaba, destinée à se marier à
Médaba, elle n'avait point à sortir de la ville.
Aussi Josèphe lit-il Gabatha, et le grec Nabadath
et d'autres versions Nadabath. Et en effet, si les
fils de Jambri étaient de Médaba, comme il est
dit au verset 36, il n'est pas vraisemblable qu'on
leur menât une épouse de la même ville. Il faudrait
dire qu'on la leur amenait à Médaba, et suivant
le grec, qu'on la conduisait de Nabadath, au lieu
de leurdemeure,qui était Médaba. La ressemblance
de ces deux termes a fait naître la confusion qui
s'est glissée dans la Vulgate.
Au lieu de Madaba, ou de Nabadath, ou de
Gabatha, MM. Niese et Clermont-Ganneau pro-
posent de lire Rabatha, et de voir dans cette ville
la fameuse Rabbath-Ammon, voisine de Médaba.
Il résulte de ce passage que les Maccabées
étaient en excellents termes avec les Nabathéens,
puisqu'ils leur confièrent leurs bagages (verset 35)
et qu'ils furent dépouillés par les habitants de
Médaba. Cette ville n'appartenait pas encore aux
Nabathéens et ceux qui en étaient les maîtres
étaient ennemis des Juifs. Voyez ce que nous
avons dit à ce sujet dans la Genèse xxv, 1 3 .
De magnis principibus Chanaan. Josèphe s'ex
prime avec plus d'exactitude (3), lorsqu'il dit que
c'était un riche Arabe. Canaan est mis ici pour
un étranger, un infidèle.
(I) Grœc. Il*pexâXêae toù; Na6uiai'ou; oi'Xouç âii-coû, Menoc. Grot,
TOxpaOETÔac àuTOÎ; ttjv <xtco-j/.£U/]v âu-uo'v Trjv uoXXrjv. mendarent il
Plurima mss. legunt, ut commendarent ipsis, etc. Drus.
Badvcll. Ita legit Lrran. Sixt. V. Ut com-
lli.
(2) Journ. Asiat. VIII. xvn. 559. — (?) Ch. v. 25.
IOO
I
MACCAREES.
IX.- SUCCES DE JONATHAS
44. Et dixit nrl suos Jonalhas : Surgamus, et pugnemus
contra inimicos nostros, non est enim hodie sicut heri et
nudius ertius ;
4>. Ecce enim bellum ex adverso, aqua vero Jordanis
hinc et inde, et ripa?, et paludes, et saltus, et non est
locus divertendi.
46. Nunc ergo clamate in caslum, ut liberemini de manu
inimicorum vestrorum. Et commissum est bellum.
47. Et extendit Jonathas manum suam percutere Bac-
chidem, et divertit ab eo rétro ;
48. Et dissiliit Jonathas, et qui cura eo erant, in Jorda-
nem, et trausnatavei unt ad eos Jordanem.
49. Et cecider.mt de parte Bacchidisdie i I la. mille viri;
et reversi sunt in Jérusalem.
Ço. Et œdificaverunt civitates munitas in Judœa, muni-
tionem quas erat in Jéricho, et in Ammaum, et in Betho-
ron, et in Bethel, et Thamnata, et Phara, et Thopo, mu-
ris excelsis, et portis, et seris;
51. Et posuit custodiam in eis, ut inimicitias exercèrent
in Israël.
152. Et munivit civitatam Bethsuram, et Gazaram, et
arcem; et posuit in eis auxilia, et apparatum escaruin.
<ih Et accepit filios principum regionis obsides, et
posuit eos in arce in Jérusalem in custodiam.
54. Et anno centesimo quinquagesimo tertio, mense
secundo, praacepit Alcimus destrui muros domus sanctas
interioris, et destrui opéra prophetarum; et ccepit des-
truere.
44. Alors Jonathas dit à ses ^ens : Allons combattre
nos ennemis, car il n'en est pas de ce jour comme d'hier,
ou du jour d'auparavant.
45. Nous avons les ennemis en tèie, et derrière nous
l'eau du Jourdain avec les marais, et le bois à droite et à
gauche ; et il ne nous reste aucun moyen d'échapper.
46. C'est pourquoi criez au ciel, afin que vous soyez
délivrés des mains de vos ennemis. En même temps, la
bataille se donna ;
47. Et Jonathas étendit la main pour frapper Bacchide;
mais Bacchide évita le coup, en se retirant en arrière.
48. Enfin Jonathas et ceux qui étaient avec lui se jetè-
rent dans le Jourdain, et le passèrent à la nage devant
eux.
49. Mille hommes de l'armée de Bacchide demeurèrent
en ce jour-là sur la place ; et il retourna avec ses gens
à Jérusalem.
ço. Ils bâtirent des villes fortes dans la Judée, et forti-
fièrent de hautes murailles, de portes et de serrures, les
citadelles qui étaient à Jéricho, à Ammaïis, à Béthoron,
à Béthel, à Thamnata, à Phara et à Thopo.
51. Bacchide y mit des garnisons, pour faire des cour-
ses contre Israël.
52. Il fortifia aussi Bethsura et Gazara, et la forteresse ;
il y mit des gens pour les garder, avec une grande pro-
vision de vivres.
5?. Il prit pour otages les enfants des premières per-
sonnes du pays, et il les tint prisonniers dans la forte-
resse de Jérusalem.
Ç4. Et la cent cinquante-troisième année, au second
mois, Alcime commanda qu'on abattit les murailles de la
partie intérieure du temple et qu'on détruisît les ouvra-
ges des prophètes : et il commença à les faire abattre.
COMMENTAIRE
J>. 44. Non est enim hodie sicut heri et nudius
tertius. Il faut combattre de toute nécessité ; il
ne nous est plus libre de reculer comme nous
avons fait jusqu'ici; la situation des lieux et la
circonstance des temps ne nous laissent point
d'autre parti à prendre, que celui de vaincre ou
de mourir; voyez le verset suivant. On peut aussi
l'entendre de cette manière : Malgré le jour du
sabbat (versets 34 et 43), il faut se préparer au
combat; la chose n'est plus en notre pouvoir
comme auparavant ; l'ennemi presse, et ne permet
pas de différer. On peut voir au chapitre n. 41,
la résolution qui fut prise dès le temps de Mat-
thathias, de combattre les jours de sabbat, si on
les attaquait.
jfr. 48. Dissiliit Jonathas... in Jordanem, et
TRANSNATAVERUNT AD EOS JORDANEM. Le grec lait
un sens tout différent (1) : Jonalhas et les siens se
jetèrent dans le Jourdain, et le passèrent à la nage ;
et Bacchide et ses gens ne le passèrent pas après
eux. Ce texte paraît plus conforme à la suite du
discours que le latin. Il ne paraît pas que l'armée
de Bacchide se soit hasardée de passer ce fleuve
à la nage. •
y. 50. Ammaum. Emmaiis ou Nicopolis,à cinq
lieues à l'ouest de Jérusalem.
Thamnata. Dans la tribu de Dan, sur la fron-
tière des Philistins (2).
Phara. Le grec la nomme Pharaloni; et Josè-
phe Pharato. Elle était de la tribu d'Éphraïm (}).
Thopo. La même que Taphua dans la même
tribu. Les autres villes sont trop connues pour
qu'il soit nécessaire d'en parler.
f. M. Bethsuram. Entre Jérusalem et les fron-'
tières de l'Idumée. Voyez le chapitre v, 61.
Gazaram. Voyez plus haut 1. Macc. iv, i^.
Arcem. La forteresse, située dans la plus haute
partie de la ville de Jérusalem (4).
v. >j. Posuit eos in custodiam. // les tint
prisonniers, ou plutôt : // les fit garder dans la
citadelle. Il les retint en qualité d'otages, sans leur
faire aucun mal.
j^. 54. Pr/ecepit Alcimusdestrui muros domus
sanct^e interioris. Avant l'ère vulgaire 159, ($).
(1) Kcù ÊvEîte07)?ev I'wvâOav, y.a't ôt fj.er" âutoû ft; tov
I'opoâv7)v, zai 5tex(Aû[j.67j?av in xô r.iptxy, xal où otc5r,7av
Ik' âuiroù; tov I'opoâvTjv.
(i) Judic. xiv. 1. — (?) Judic. xu. ait.
(4) Plus haut 1. Macc. 1. 55.
{<,) Grcec. Tô teî/o; xrj; aiiXrj; ttov iyfaiv T'î? s'ouiïe'paç.
I. — MACCABÉES.
IX - MORT D'ALCIME
IOI
<,<,. In tempore il lo percussus est Alcimus, et impedita
sunt opéra illius; et occlusum est os ejus, et dissolutus
est paralysi, nec ultra potuit loqui verbum, et mandare
de dorao sua,
<,(>. Et mortuus est Alcimus in tempore illo, cum tor-
mento magno.
Ç7. Et vidit Bacchides quoniam mortuus est Alcimus,
et reversus est ad regem; et siluit terra annis duobus.
>8. Et cogitaverunt omnes iniqui, dicentes : Ecce Jona-
thas et qui cum eo sunt, in silentio habitant confidenter :
nunc ergo adducamus Bacchidem, et comprehendet eos
omnes una nocte.
^o. Etabierunt, et consilium ei dederunt.
60. Et surrexit ut veniret cum exercitu multo, et misit
occulte epistolas sociis suis qui erant in Judaea, ut com-
prehenderent Jonathan et eos qui cum eo erant ; sed non
potuerunt, quia innotuit eis consilium eorum.
61. Et apprehendit de viris regionis, qui principes erant
malitiaî, quinquaginta viros, et occidit eos.
55. Mais il fut frappé de Dieu en ce même temps, et il
ne put achever ce qu'il avait commencé : sa bouche fut
fermée ; il devint perclus par une paralysie ; et il ne put
plus dire une seule parole, ni mettre aucun ordre à sa
maison.
ï6. Alcime mourut de la sorte, étant tourmenté de
grandes douleurs.
57. Bacchide voyant qu'Alcime était mort, s'en retourna
vers le roi ; et le pays demeura en repos pendant deux
ans.
58. Au bout de ce temps, tous les méchants formèrent
entre eux ce dessein : Jonathas, dirent-ils, et ceux qui
sont avec lui, vivent maintenant en paix et en assurance :
faisons donc venir Bacchide, et il les surprendra tous en
une nuit.
59. Et ils s'en allèrent et lui donnèrent ce conseil.
60. Bacchide se hâta donc de venir avec une grande
armée, et il envoya en secret des lettres à ceux qui
étaient de son parti dans la Judée, pour les avertir de
se saisir de Jonathas, et de ceux qui étaient avec lui;
mais ils ne le purent, parce que leur entreprise [fut
découverte.
61. Et Jonathas ayant pris cinquante hommes du pays,
qui étaient les chefs d'un dessein si malicieux, les fit
mourir.
COMMENTAIRE
On n'est pas d'accord sur cette muraille qu'Alcime
fit démolir. Les uns (1) croient que c'est celle qui
sépare le Saint d'avec le sanctuaire ; les autres (2),
celle qui séparait le parvis des lévites, de celui du
peuple. D'autres (5) enfin, celle qui séparait les
gentils d'avec les Juifs, comme s'il eût voulu ôter
la distinction du sacré et du profane, et donner en-
trée aux gentils dans le temple. Cette opinion
paraît la plus vraisemblable avec un Juif comme
l'était Alcime. Les murailles dont on vient de par-
ler, étaient l'ouvrage des prophètes, puisqu'Aggée
et Zacharie avaient été comme les directeurs et
les architectes du second temple, et que rien ne
s'y était fait sans leur avis.
Alcime est peut-être l'un des plus terribles
exemples de la malédiction attachée à l'usurpa-
tion sacrilège du sacerdoce. L'ambition seule
l'avait élevé à cette haute dignité; et, par une
suite effroyable de cette première démarche, il va
jusqu'à cet excès, de vouloir confondre les idolâ-
tres avec les adorateurs du vrai Dieu, et d'ad-
mettre dans le même temple les Israélites et les
gentils. Depuis que l'orgueil a renversé l'ordre
dans son cœur, il n'est plus capable que de mettre
de la confusion partout. Il ne songe point que la
dignité qu'il possède le rend le pontife du Très-
Haut : il se moque de la sainteté du temple dont
la garde lui est confiée; et le souvenir des pro-
phètes Aggée et Zacharie, qui avaient contribué
par leurs exhortations à rebâtir ce saint ouvrage,
n'est d'aucun poids sur son esprit tout profane.
// commence donc à faire abattre les murailles de
la partie intérieure du temple. Mais cet attentat est
puni dans le moment : Alcime est frappé de Dieu ;
la paralysie dont il est saisi lui ôte l'usage de la
parole, le rend perclus de ses membres, et le fait
mourir au milieu de grandes douleurs.
Le Seigneur ne fait pas toujours de ces miracles
qui étonnent les plus impies, et il ne punit sou-
vent des crimes aussi énormes que celui d'Alcime,
que par son silence. Les hommes, aveugles et
insensibles aux menaces des maux à venir, ne
regardent point ce silence de Dieu comme un
châtiment pour eux : tout ce qui contribue à les
affermir dans l'impunité présente, leur parait
doux : ils sont contents, pourvu qu'ils ne soient
point troublés dans la jouissance actuelle du fruit
de leurs crimes; ils regardent comme un rêve
l'effroyable réveil de cet assoupissement. Par
leurs actes et pat leurs paroles, ils abattent la
muraille qui sépare les fidèles des impies, les
âmes austères des mondains : plus détestables
en cela qu'Alcime même, puisqu'ils détruisent les
dernières retraites du temple intérieur de la cons-
cience. Le Seigneur se tait cependant, et les
hommes s'imaginent que Dieu approuve, ou qu'il
néglige tout ce qu'il ne châtie pas présentement.
Mais ils se trompent, et ils connaîtront trop tard
combien il leur aurait été plus avantageux que
Dieu eût tonné pour les effrayer par quelque
punition sensible, que de les avoir laissés dans la
paix de leur propre iniquité.
(1) Joseph, xn. 17. Tô teï/o; tou àyt'ou tÔ jraXoaàv.
Drus. Lyr.
(2) Menoch. Satian. Verhorst. etc.
(l)Grot.
102
I. — MACCABEES. — IX.- MORT D'ALCIME
62. Et secessit Jonathas, et Simon, et qui cum eo erant,
in Bethbessen quœ est in deserto ; et exstruxit diruta
ejus, et firmaverunt eam.
6;. Et cognovit Bacchides ; et congregavit universam
multiludinem suam,et his qui de Judasa erant denuntiavit,
64. Et venit, et castra posuit desuper Bethbessen ; et
oppugnavit eam dies multos, et fecit machinas.
65. Et reliquit Jonathas Simonem, fratrem suum, in
civitate, et exiit in regionem, et venit cum numéro,
66. Et percussit Odaren, et fratres ejus, et filios Pha-
seron in tabernaculis ipsorum; et cocpit caedere, et cres-
cere in virtutibus.
67. Simon vero et qui cum ipso erant exierunt de civi-
tate, et succenderunt machinas ;
68. Et pugnaverunt contra Bacchidem, et contritus est
ab eis; et alTlixerunt eum valde, quoniam consilium ejus
et congressus ejus erat inanis.
69. Et iratus contra virosiniquos qui ei consilium dede-
rant ut veniret in regionem ipsorum, multos ex eis occi-
dit; ipse autem cogitavit cum reliquis abire in regionem
suam.
70. Et cognavit Jonathas, et misit ad eum legatos com-
ponere pacem cum ipso, et reddere ei captivitatem.
71. Et libenter accepit, et fecit secundum verba ejus,
et juravit se nihil facturum ei mali omnibus diebus vitae
ejus.
72. Et reddidit ei captivitatem quam prius erat pra?Ja-
tus de terra Juda; et conversus abiit in terram suam, et
non apposuit amplius venire in fines ejus.
7J. Et cessavit gl-.diusex Israël ; et habitavit Jonathas
in Machmas, et crepit Jonathas ibi judicare populum; et
exterminavit impios ex Israël.
62. Il se retira ensuite avec Simon et ceux qui l'accom-
pagnaient à Bethbessen, qui est au désert; il en répara
les ruines, et en fit une place forte.
6j. Bacchide le sut; et ayant rassemblé toutes ses
troupes, et fait avertir ceux qui étaient en Judée,
64. Il vint camper au-dessus de Bethbessen: il la tint
longtemps assiégée, et fit dresser des machines de
guerre.
65. Mais Jonathas ayant laissé dans la ville Simon, son
frère, sortit à la campagne, et marcha avec un assez grand
nombre de troupes.
66. Il défit Odaren et ses frères, et les enfants de Pha-
séron, dans leurs tentes; et il commença à tailler en
pièces ses ennemis, et à devenir célèbre par ses grandes
actions.
67. Cependant Simon sortit de la ville avec ses gens;
et ils brûlèrent les machines.
68. Ils attaquèrent l'armée de Bacchide, et la défirent ;
et ils lui causèrent une extrême douleur, parce qu'il vit
que ses desseins et toute son entreprise étaient sans
effet.
69. C'est pourquoi il entra dans une grande colère con-
tre ces hommes d'iniquité qui lui avaient conseillé de
venir en leur pays ; et il en tua plusieurs, et résolut de
s'en retourner en son pays avec le reste de son armée.
70. Jonathas en ayant été averti, lui envoya des ambas-
sadeurs, pour faire la paix avec lui, et lui offrit de lui
rendre les prisonniers.
71. Bacchide reçut favorablement cette ouverture : il
consentit à ce qu'il voulait, et il jura que de sa vie il ne
lui ferait aucun mal.
72. Il lui rendit les prisonniers qu'il avait faits dans le
pays de Juda ; et étant retourné en son pays, il ne revint
plus depuis en Judée.
7Î. Ainsi la guerre cessa dans Israël : et Jonathas
demeura à Machmas, où il commença à juger le peuple ;
et il extermina les impies du milieu d'Israël.
COMMENTAIRE
y. 62. Bethbessen. Le grec Bethbasi. Josèphe:
Bcthalaga : c'est Belhagla (1), dans le désert de
] éricho.
y. 66. Percussit Odaren. Les ennemis des
Juifs étaient des habitants du pays, alliés de Bac-
chide, et attachés à son parti. Josèphe n'exprime
point cette circonstance.
CŒPIT C/EDERE, et crescere in virtutibus.
On peut traduire ainsi le grec (2) ; // commença à
ballre l'ennemi, el à pénétrer dans l'armée de Bac-
chide. C'est ainsi que le syriaque (5) et des com-
mentateurs l'entendent. D'autres : // commença à
ballre l'ennemi el à se montrer, à paraître en cam-
pagne avec des troupes, à marcher en force.
y. 73. Habitavit Jonathas in Machmas, et
cœpit ibi judicare populum. Jonathas demeura
à Machmas, où il commença à juger le peuple,
comme avaient fait autrefois les juges, qui succé-
dèrent à Josué. La nation juive se servit dans la
suite avec beaucoup d'avantage, de l'alliance
qu'elle avait faite avec les Romains ; elle recon-
quit une certaine indépendance. Machmas est
située sur les limites des tribus d'Éphraïm et de
Benjamin, dans les montagnes de Béthel (4). 11
ne lit pas d'abord sa résidence à Jérusalem, parce
que les troupes de Démétrius en occupaient en-
core la citadelle.
( i ) nSan n>3 - Josue. xv. 6.
(2) E'£»{>t*TO tûkteiv, /ai âvaSatvEtv Èv ôuva'u.eai.
(j) Joseph, lib. xiu. c. 2.
(4) 1. Reg. xiii. 2. 5.
CHAPITRE X
Alexandre Balas s'élève contre Démétrius So/er. Ils recherchent, l'un el Vautre V amitié Je
Jonathas. Celui-ci se déclare pour Alexandre qui le comble d'honneurs. Alexandre
défait el tue Démétrius. Il épouse fa fille de Ptolémée Philométor. Il fait venir
Jonathas à Ptolémals, el l'élève en gloire. Démétrius Nicalor envoie Apollonius contre
les Juifs. Jonathas défait Apollonius.
1. Et anno centesimo sexagesimo ascendit Alexander,
Antiochi filius, qui cognominatus est Nobilis, et occi;pa-
vit Ptolemaidam ; et receperunt eum, et regnavit illic.
2. Et audivit Demelrius rex, et congregavit exercitum
copiosum valde, et exivit obviam illi in praslium.
i. En la cent soixantième année, Alexandre, (ils d'An-
tiochus surnommé l'Illustre, s'empara de Piolémaïs, où
il fut reçu par les habitants; et il commença à y régner.
2. Le roi Démétrius en ayant été averti, leva une puis-
sante armée, et marcha à lui pour le combattre.
COMMENTAIRE
p. f. Alexander, Anthiochi filius, qui cogno-
minatus EST NOBILIS, OCCUPAVIT PTOLEMAIDAM,
et regnavit illic. Antiochus Épiphane, ou Vil-
lustre, nobilis, comme l'appelle la Vulgate, laissa
deux fils ; l'un légitime, qui fut Antiochus Eupator,
et qui régna après lui ; et l'autre, Alexandre, fils
naturel, surnommé Balles, ou Balas, du nom de
sa mère Bala, concubine du prince. C'est de lui
qu'il s'agit ici. Son origine est tout à fait obscure,
et les historiens lui contestent la qualité de fils,
même naturel, d'Épiphane (i). Florus l'appelle
un homme inconnu, et d'une origine incertaine ;
Justin (2) dit que les ennemis de Démétrius subor-
nèrent un jeune homme de la lie du peuple, exlre-
mœ sortis hominem, qui se déclara fils et héritier
d'Antiochus, et qui, ayant fait la guerre au roi de
Syrie, s'empara de son royaume. Appien (3) dit
nettement, qu'il prétendit faussement être de la
famille des Séleucides ; et Athénée (4), qu'il était
fils supposé d'Antiochus Épiphane. Enfin, Sulpice
Sévère (5) assure que c'était un jeune homme
élevé à Rhodes, qui se vanta faussement d'être
de la famille des rois de Syrie, et fils d'Antiochus.
Quoi qu'il en soit de son origine, le sénat romain
et les Juifs, aussi bien que les Égyptiens et les
Syriens, le reconnurent pour fils d'Antiochus
Epiphane. Les uns et les autres avaient intérêt
que la chose fût ainsi, et ils furent ravis d'avoir
trouvé ce prince vrai ou faux, pour l'opposer à
Démétrius Soter, qui s'était rendu suspect aux
Romains, odieux aux Juifs, méprisable aux Syriens,
et redoutable aux Égyptiens (6). .
Alexandre est surnommé Balas, dans Strabon,
et Balles dans Josèphe (7). Ce dernier terme peut
signifier un homme méprisable. (Rac. Sa bal, rien,
ou nS; ou bâlâh, tomber en décomposition, en
pourriture). Les médailles lui donnent le surnom
de Théopator Évergète, fils d'un père divin bien-
faisant. Par le premier mot, il marquait Antiochus
Épiphane, mis au rang des dieux, et éloignait
l'idée honteuse de son origine ; et par le surnom
de bienfaisant, il cherchait à s'attirer l'amitié et la
laveur des peuples.
Héraclide de Byzance (i), que Démétrius
avait dépouillé de la charge de trésorier des finan-
ces de Babylone, conduisit à Rome Alexandre et
Laodicée, fille d'Antiochus Épiphane. Il eut
l'adresse de s'insinuer et de gagner plusieurs séna-
teurs. Alexandre et Laodicée, étant un jour venus
au sénat, demandèrent qu'on voulût bien les aider
à rentrer dans le royaume de leur père, usurpé
par Démétrius, ou du moins qu'on leur permît de
s'en retourner en Syrie, pour y faire valoir leur
droit, avec le secours de ceux qui s'offraient de
les y aider. Héraclide appuya leur demande, par
un long discours, et, quoique plusieurs sénateurs
(1) Epilome Livii lib. lu. Homo ignotus et incertre
stirpis.
(2) Justin, lib. xxxv. Subornant Propalum quemdam
sortis extremœ juvenem, qui Syrias regnum velut pater-
num armis repeteret. Et ne quid conlumelia decsset,
nomen ei Alexandri inditur, genitusque ab Antiocho
rege dicitur.
(?) Appian.SYriœ. p. jl. 'Feuoo'u.evoç È'tvoct :où ÏeXeuxei'ou
yÉvouç.
(4j Athcn. L v. c. 10. A'vT'.d/ou ioù E'^i^avoù? ucôç
ujîo6Xj)8eiç.
['-,) Scvcr. I. ii. /(/s/, sacr. Adolescens Rhodii educatus,
Antiochi se esse filium falso dictitans.
(6j Vide si placet Usser. et Vaillant, hist. Reg. S/rice.
(7) Slrab. I. xvi. — (8) Joseph, lib. xin. c j.
104
I. - MACCABÉES. — X. - DÉMÉTRIUS ET ALEXANDRE BALAS
j. Et misit Demetrius epistolam ad Jonathan verbis
pacificis, ut magnificaret eum.
4. Dixit enim : Anticipemus facere pacem eum eo,
priusquam faciat eum Alexandro adversum nos.
$. Recordabilur enim omnium malorum quaî fecimus
in eum, et in fratrem ejus, et in gentem ejus.
6 Et dédit ei potestatem congregandi exercitum, et
fabricare arma, et esse ipsum socium ejus; et obsides
qui erant in arce jussit tradi ei.
7. Et venit Jonathas in Jérusalem, et legit epistolas in
auditu omnis populi, et eorum qui arce erant.
8. Et timuerunt timoré magno, quoniam audierunt quod
dédit ei rex potestatem congregandi exercitum.
0. Et tradi ti sunt. Jonathas obsides, et reddidit eos
parentibus suis ;
10. Et habitavit Jonathas in Jérusalem, et ccepit aedifi-
care et innovare civitatem.
11. Et dixit facientibus opéra ut exstruerent muros, et
montem Sion in circuitu lapidibus quadratis ad munitio-
nem; et ita fecerunl.
12. Et fugerunt alienigenas qui erant in munitionibus
quas Bacchides asdificaverat.
I). Et reliquit unusquisque locum suum, et abiit in
terram suam.
14. Tantum in Bethsura remanserunt aliqui ex his qui
reliquerant legem et prascepta Dei; erat enim hase eis
ad refugium.
15. Et audivit Alexander rex promissa quas promisit
Demetrius Jonathas; et narraverunt ei praslia, et virtutes
quas ipse fecit et fratres ejus, et labores quos labora-
verunt.
10. Etait : Numquid inveniemus' aliquem virum talem ,
et nunc faciemus eum amicum et socium nostrum.
17. Et scripsit epistolam, et misit ei secundum hase
verba, dicens :
18. Rex Alexander, fralri Jonathas, salutem.
?. Il envoya en même temps à Jonathas une lettre qui
ne respirait que la paix, et où il relevait beaucoup son
mérite.
4. Car il dit : Hâtons-nous de faire la paix avec lui;
avant qu'il la fasse avec Alexandre contre nous.
$. Car il se souviendra de tous les maux que nous lui
avons faits, à lui, à son frère et à sa nation.
6. Il lui donna donc pouvoir de lever une armée, et
de faire faire des armes : il le déclara son allié, et
ordonna qu'on lui remit ses otages qui étaient dans la
forteresse.
7. Jonathas s'étant rendu à Jérusalem, lut ses lettres
devant tout le peuple, et devant ceux qui étaient dans
la forteresse.
8. Et ils furent saisis d'une grande crainte, lorsqu'ils
apprirent que le roi lui avait donné le pouvoir de mettre
une armée sur pied.
9. Les otages furent remis entre les mains de Jonathas 1
et il les rendit à leurs parents.
10. Il demeura dans Jérusalem ; et il commença à bâtir
et à renouveler la ville.
11. Il ordonna à ceux qui y travaillaient de bâtir tout
autour de la montagne de Sion des murs de pierres de
taille pour la fortifier ; et ils le firent comme il leur avait
dit.
12. Alors les étrangers qui étaient dans les forteresses
que Bacchide avait bâties s'enfuirent.
15. Ils quittèrent tous le lieu où ils étaient, et s'en
retournèrent en leur pays.
14. Il resta seulement dans Bethsura quelques-uns de
ceux qui avaient abandonné la loi et les ordonnances de
Dieu ; parce que cette ville leur servait de retraite.
i<;. Cependant le roi Alexandre apprit les promesses
que Demetrius avait faites à Jonathas : on lui raconta
aussi les combats qu-rlui et ses frères avaient livrés, les
victoires qu'ils avaient remportées, et les grands travaux
qu'ils avaient exécutes :
10. Et il dit : Pourrons-nous trouver un autre homme
tel que celui-ci ? songeons donc à le faire aussi notre ami
et notre allié.
17. Ainsi il lui écrivit, et lui envoya une lettre conçue
en ces termes :
18. Le roi Alexandre, à son frère Jonathas, salut.
COMMENTAIRE
regardassent tout cela comme une fable, ceux qui
avaient été gagnés par Héraclide l'emportèrent, et
il futarrêté sur le champ qu'Alexandre et Laodicée,
fils et fille du roi Antiochus, pourraient rentrer dans
les états de leurs pères, et que le peuple romain les
appuyerait et leur donnerait son secours. Aussitôt
Héraclide se mit à lever des troupes, et, ayant
ramené Alexandre et Laodicée à Éphèse, il se
prépara à faire la guerre à Demetrius. Alexandre
passa en Syrie ; Ptolémaïs, qui était gardée par
des troupes mécontentes de Demetrius, se rendit
à lui, et ce fut le commencement de sa fortune.
Au reste, rien ne contribua tant au bonheur et à
la liberté des J uifs, que les troubles de Syrie, et la
division entre Demetrius et Alexandre (153-152
av. J.-C.i.
f. }. Ut magnificaret eum. Demetrius Soter
ayant appris qu'Alexandre, son compétiteur, s'était
rendu maître de Ptolémaïs, qui était une bonne
place de Phénicie, avec un port de mer, crut de-
voir se ménager l'amitié des Juifs, et prévenir
Alexandre en écrivant à Jonathas. L'amitié du
grand prêtre avait une influence considérable. 11
était, en quelque sorte, par le secours de circons-
tances inespérées, l'arbitre de la situation.
y. 6. Odsides qui erant in arce. Voyez le cha-
pitre ix, 53.
f, 11. Ut exstruerent muros, et montem
Sion. Judas Maccabée avait bâti desmurailles au-
tour de la ville haute, ou du mont Sion (1) ; mais
les Syriens les avaient démolies (2). Jonathas les
fit rétablir.
jr\ 18. Rex Alexander fratri Jonath>e. Le
roi Alexandre à son frère Jonathas; le nom de
(1) 1. Macc. îv. 60.
(:) Ibid. vi, 0:.
I.
MACCABEES.
X. - ALEXANDRE ET JONATHAS
ro$
19. Audivimus de te quod vir potens sis viribus, et
aptus es ut sis amicus noster;
20. Et nunc constituimus te hodie summum sacerdotem
gentis tua;, et ut amicus voceris régis (et misit ei pur-
puram et coronam auream), et quas nostra sunt sentias
nobiscum, et conserves amicitias ad nos.
si. Et induit se Jonathas stola sancta septimo mense,
anno centesimo sexagesimo, in die solemni scenopegise;
et congregavit exercitum, et fecit arma copiosa.
10. Nous avons appris que vous êtes un homme puis-
sant, et propre pour être notre ami.
20. C'est pourquoi nous vous établissons aujourd'hui
grand prêtre de votre nation, nous vous donnons la qua-
lité d'ami du roi; et nous voulons que vous soyez tou-
jours attaché à nos intérêts, et que vous conserviez l'ami-
tié avec nous. Il lui envoya en même temps une robe de
pourpre et une couronne d'or.
21. Et l'année cent soixante, au septième mois, Jona-
thas se revêtit de la robe sainte en la fête solennelle des
Tabernacles. Il leva une armée, et fit faire une grande
quantité d'armes.
COMMENTAIRE
frère peut marquer ici simplement ami et allié.
Ou bien Alexandre reconnaît Jonathas comme
souverain indépendant, fondé sur ce que les Ro-
mains avaient fait alliance avec les Juifs, comme
avec un peuple libre. La coutume entre les sou-
verains de s'appeler frères, est très ancienne (1) ;
enfin le nom de frère se donnait alors assez sou-
vent aux gouverneurs des provinces (2).
y. 20. Et NUNCCONST1TUIMUS TE HODIE SUMMUM
sacerdotem gentis tu^e. On est surpris de voir
un prince païen conférer la souveraine sacrifi-
cature à Jonathas, et on trouve extraordinaire
qu'un défenseur zélé de la sainteté de la loi sem-
ble 'l'avoir violée lui-même, en recevant cette
dignité de la main d'un roi profane, qui ne pou-
vaitlégitimementl'en revêtir Maison peut répon-
dre avec le savant Estius, que ce prince en
établissant, comme il le dit, Jonathas grand prêtre
de sa nation, ne fit autre chose que le confirmer
par l'autorité royale dans la dignité qu'il avait
déjà reçue après la mort de Judas son frère. Nous
le voyons en effet exercer à Machmas, les fonc-
tions de guerrier, de juge et de prêtre (3). Ce
ne fut donc pas du roi Alexandre qu'il reçut
cette dignité : mais l'autorité de ce prince servit
seulement à lui en rendre l'exercice plus facile,
en l'appuyant puissamment contre la mauvaise
volonté des déserteurs de la loi, qui s'opposaient
de tout leur pouvoir au zèle si généreux des Mac-
cabées.
D'ailleurs, Jonathas ne sollicita point Alexan-
dre afin qu'il le confirmât dans sa dignité : mais
ce fut Alexandre même qui lui écrivit sur ce sujet,
sans en avoir été prié. Alexandre lui envoya une
robe de pourpre avec une couronne d'or, et l'Écri-
ture ajoute, que Jonathas se revêtit de la robe
sainte en la fête solennelle des Tabernacles. On ne
doit pas entendre, par cette robe, celle de pour-
pre, mais, selon Josèphe (4), la robe pontificale,
qui était la robe vraiment sainte, et destinée aux
fonctions du grand prêtre. Peut-être donc qu'il ne
commença à s'en revêtir qu'après que l'autorité
de ce prince, aussi bien que celle de Démétrius,
l'eut mis à couvert de la violence des Syriens qui
étaient dans la forteresse de Jérusalem.
Il est vrai qu'on peut faire une nouvelle objec-
tion sur cette double alliance que fit Jonathas
avec ces deux princes armés l'un contre l'autre,
et l'accuser en quelque façon d'avoir manqué de
sincérité ; puisqu'il semblait ne pouvoir se lier
ainsi avec l'un des deux, sans se déclarer en même
temps contre l'autre. Mais Jonathas jouait ici un
rôle purement passif; il laissait agir ces princes,
dans le dessein qu'ils avaient de le mettre chacun
dans son parti. S'il eût promis à Démétrius de se
déclarer en sa faveur contre Alexandre, il aurait
manqué à sa parole en recevant les présents
qu'Alexandre lui envoya : mais on ne voit point
qu'il eût donné aucune parole à ce prince, qui,
d'ailleurs, avait exercé mille violences contre les
Juifs, etqui usurpait injustementla domination sur
Israël. Comme c'était donc la seule crainte du
ressentiment de Jonathas et de tout son peuple,
qui le portait à le rechercher alors, en lui faisant
même rendre les otages qu'il avait forcé les Juifs
de lui donner, il était libre à Jonathas d'user de
son droit, en recevant les otages qu'on lui avait
retenus injustement sans que, pour cela, il fût
obligé d'user de ménagements avec un usurpa-
teur. Ainsi il envisageait tout ce que Démétrius
faisait alors, comme étant moins un effet de sa
bonne volonté pour lui, que de la nécessité pré-
sente de ses affaires, ou plutôt de la divine pro-
vidence, qui relevait les faibles et abaissait les
orgueilleux.
Misit ei purpuram et coronam auream.
L'usage de la pourpre était réservé aux rois, et à
ceux à qui ils voulaient bien l'accorder (5). La
couronne d'or de même.
y. 21. Induit se Jonathas stola sancta. Jona-
thas se revêtit de la robe sainte, en la fête solen-
nelle des Tabernacles de l'an 1 <, 2, huit ans après
(i) Voyez m. Reg. ix. 15. et xx. }?• (5) Voyez plus bas f. 62. ch. xi. 58; xiv. 44. - Esth.
(2) 11. Macc. xi. 1. e*22. viii. 15. - Dan. v. 29. - liai. xxn. 22. in grxco. -
}) Joseph. Antiq. Jud. xm. 2.— (4) Joseph. Antiq.Kin. 5. 11. Macc. iv. j8.
io6
I. - MACCABÉES. — X. - SECONDE LETTRE DE DÉMÉTRIUS
22. Et audivit Demetrius verba ista, et contristatus
est nimis, et ait :
2J. Quid hoc fecimus, quod praeoccupavit nos Alexan-
der apprehendere amicitiam Judœorum ad munimen sui ?
24. Scribam et ego illis verba deprecatoria, et digni-
tates, et dona, ut sint mecum in adjutorium.
25. Et scripsit eis in hase verba : Rex Demetrius,
genti Judœorum, salutem.
26. Quoniam servastis ad nos pactum, et mansistis in
amicitia nostra, e' non accessistis ad inimicos nostros,
audivimus, et gavisi sumus.
27. Et nunc perseverate adhuc conservare ad nos
fidem, et retribuemus vobis bona pro his quse fecistis
nobiscum;
28. Et remittemus vobis prasstationes multas, et dabi-
mus vobis donationes.
22. Demetrius l'ayant su, en fut extrêmement affligé,
et il dit :
2;. Comment avons-nous permis qu'Alexandre nous
ait prévenus, et que, pour fortifier son parti, il ait gagné
l'amitié des Juifs.
24. Je veux leur écrire aussi d'une manière obligeante,
et leur offrir des dignités et des dons, afin qu'ils se joi-
gnent à moi pour me secourir.
2<,. Il leur écrivit donc en ces termes : Le roi Deme-
trius au peuple iuif, salut.
26. Nous avons appris avec joie que vous avez gardé
l'alliance que vous aviez faite avec nous; que vous êtes
demeurés dans notre amitié, et que vous ne vous êtes
point unis à nos ennemis.
27. Continuez donc maintenant à nous conserver tou-
jours la même fidélité; et nous vous rendrons avantageu-
sement ce que vous aurez fait pour nous.
28. Nous vous remettrons beaucoupde choses qui vous
avaient été imposées, et nous vous ferons de grands
dons.
COMMENTAIRE
la mort de Judas Maccabée, et sept ans après
celle d'Alcime, dernier grand prêtre (1); il est
probable que ces deux choix y concoururent, et
que le peuple pria Jonathas d'accepter la dignité
que le roi lui offrait. Cependant aucun historien
juif n'en dit rien, et ce silence laisse planer de
graves doutes.
f. 26. Quoniam servastis ad nos pactum. De-
metrius savait fort bien le contraire: mais il dissi-
mula pour ne pas aigrir les Juifs. 11 veut les enga-
ger à lui demeurer fidèles, en leur témoignant
lui-même beaucoup de confiance.
Demetrius était un grand politique ; il jugea
que la conjoncture présente l'engageait à dissi-
muler son ressentiment, de ce qu'il semblait que
Jonathas n'eût pas égard à la lettre qu'il lui avait
envoyée, et aux grâces qu'il lui avait faites. C'est
pourquoi il lui écrit de nouveau, comme s'il n'eût
rien connu de ce qu'Alexandre lui avait écrit, et des
présents qu'il lui avait envoyés. Bien plus, il lui
donne de grands éloges sur la fermeté qu'il faisait
paraître à demeurer dans son alliance, comme si
effectivement il en eût été convaincu ; il s'efforce
de le gagner tout à fait par les grâces extraordi-
naires dont il leint de vouloir le combler.
L'Ecriture se contente de rapporter simple-
ment ce qui se passait alors, sans le condamner
positivement ; voulant peut-être nous faire voir
jusqu'où va la prudence des enfants du siècle, nom
que Jésus-Christ même a donné dans l'Évangile
à cette conduite artificieuse (2). Car, quoique la
lettre de ce prince fût pleine d'astuce, et que sa
manière de traiter avec Jonathas ne tendît qu'à le
surprendre ; elle confond néanmoins, toute mé-
chante qu'elle est, l'emportement avec lequel nous
nous élevons d'ordinaire contre ceux de qui nous
croyons avoir été offensés. Il y a une sainte dissi-
mulation et un pieux déguisement, très dignes de
la charité des chrétiens. C'est d'agir avec nos
frères, lorsqu'ils nous ont outragés, et avec nos
plus cruels ennemis, comme s'ils ne violaient point
à notre égard la charité chrétienne, et qu'ils nous
fussent demeurés toujours unis. C'est de leur
prouver, par la douceur de notre conduite, et par
ie zèle que nous témoignons pour les servir, que
nous ne pouvons les regarder autrement que
comme étant demeurés dans le devoir de l'amitié
à notre égard. C'est de nous dissimuler à nous-
mêmes tous les sujets qu'ils nous donnent de
penser mal de leur conduite, pour ne songer
qu'au bien qui nous revient devant Dieu d'oublier
ainsi nos injures, et à celui que nous désirons leur
procurer à eux-mêmes par notre patience et notre
douceur.
Cette dissimulation apparente, qui naît d'un
grand fond de sincérité chrétienne, est digne des
enfants du Père céleste, qui, outragé tous les jours
par les blasphèmes des hommes, fait luire égale-
ment son soleil sur les impies et sur les justes, et
qui, ayant invité longtemps par un excès de pa-
tience ses ennemis à se reconnaître, leur donne à
la fin lui-même, comme à saint Paul, la lumière
dont ils ont besoin pour connaître leur égarement,
et les comble ensuite de ses grâces.
Que les enfants de lumière ne soient donc pas
moins prudents que les enfants du siècle : et si
Jésus-Christ à proposé à ses disciples la prudence
de l'économe infidèle, pour les exhorter à se faire
des amis dans le ciel par le bon usage des riches-
ses de la terre ; qu'il nous soit permis de nous
proposer aussi la sagesse d'un roi politique, qui eut
la force de dissimuler ses injures pour venir à bout
(1) Joseph. Anliq. xm. c. 7. et lib. Usscr. ad an. $852.
(2) Luc. xviii. 8.
I. — MACCABÉES. — X. - LETTRE DE DÉMÉTRIUS
107
29. Et nunc absolvo vos et omnes Judaeos a trihutis;
et pretia salis indulgeo, et coronas remitto, et tertias
seminis;
jo. Et dimidiam partem frucUis ligni,quod est portionis
meoe, relinquo vobis ex hodiemo die, et deinceps, na
accipiatur a terra Juda, et a tribus civitatibus quœ additse
sunt illi ex Samaria et Galila;a, ex hodierna die et in
totum tempus ;
ji. Et Jérusalem sit sancta et libéra cum finibus suis,
et décimas et tributa ipsius sint.
29. Et dès à présent je vous remets, et à tous les Juifs,
les tributs, les impôts du sel, les couronnes, la troisième
partie des fruits de la semence.
50. Et ce que j'avais droit de prendre pour la moitié
des fruits des arbres : je vous tiens quittes de toutes ces
choses dès à présent et pour l'avenir, ne voulant plus
qu'on les lève sur !e pays de Juda ; ni sur les trois vil-
les qui lui ont été ajoutées et détachées de la Samarie,
et de la Galilée, à commencer depuis ce jour, et dans
toute la suite.
;i. Je veux aussi que Jérusalem soit sainte et libre
avec tout son territoire ; et que les dimes et les tributs
lui appartiennent,
COMMENTAIRE
de ses desseins; afin qu'usant d'une plus sainte
dissimulation, fondée sur une vraie charité, nous
ne songions qu'au grand dessein que nous devons
tous avoir de nous sauver, et de sauver avec nous
nos ennemis mêmes, par la fermeté de notre dou-
ceur, invincible à tous leurs outrages.
$. 29. Pretia salis indulgeo. Je vous remets
les impôts du sel; ou je vous remets ce que vous
versiez au trésor pour le sel : j'abandonne la pro-
priété des salines de Judée, et je permets à cha-
cun de se fournir de Sel où il pourra, et comme il
voudra. Il y avait des salines dans le pays, comme
on le voit au chapitre xi, verset 35. Il est
parlé en quelques endroits de l'Écriture, de la
vallée des salines (1); mais on ne convient pas
que c'ait été de véritables salines ; c'était plutôt
un vallon situé sur la mer Morte, appelée en hé-
breu, la Mer du sel.
Coronas remitto. Je vous remets les couronnes,
que vous deviez nous donner tous les ans. Antio-
chus le Grand avait déjà fait une pareille remise,
longtemps auparavant (2), aux anciens, aux prêtres,
aux scribes et aux chantres du temple ; mais l'obli-
gation était demeurée pour le reste du temple.
Les Juits, après la destruction du temple, avaient
coutume de faire ce présent à leurs princes ; les
empereurs romains exigèrent ensuite ce droit, des
Juifs comme des autres ; ce tribut spécial portait
le nom d'aurum coronarium (3).
Jf. 30. Dimidiam partem fructusligni. Certains
exégètes pensent que ce texte désigne le profit
que le roi tirait de la moitié des forêts. Ils préten-
dent que Josèphe le favorise (4); mais le passage
parallèle du chapitre xi. 34. détermine au sens
que nous avons exprimé dans la traduction (<,).
Et a tribus civitatibus qu/e audits sunt illi.
Le nom de civitas en cet endroit ne signifie pas
une simple ville : il se prend pour un canton, une
petite province. Le grec se sert ici du nom de
vou.o; (6), qui rappelle les Nomes, ou cantons de
l'Egypte. Josèphe se sert du terme de Topar-
chie 17). Il dit que Démétrius accorda l'exemption
de tribut à tous les Juifs qui habitaient la Judée
et les trois toparchies de la Samarie, de la Gali-
lée et de la Pérée. On avait démembré trois can-
tons de ces trois provinces, pour les joindre à la
Judée ; et les principales villes des trois cantons
réunis, étaient Lydda, Ramatha et Apherima (8).
Ces trois districts occupaient une partie du bassin
delà rivière actuellement connue sous le nom de
Nahr-el-Aujeh, à l'est de Joppé.
jfr. 31. Jérusalem sit sancta et libéra cum
finibus suis. Il accordait à cetteville le droitd'asi-
le, selon Josèphe (9), ou plutôt, selon le grec($),illa
déclarait ville sainte et privilégiée, se gardant elle-
même sans garnison étrangère, comme la ville de
Delphes, en Grèce. On a divers exemples de ces
villes qui passaient pour saintes, et qui jouissaient du
droit d'asile ; elles avaient grand soin de marquer
ce privilège sur leurs médailles, de l'acquérir et
de le conserver comme une marque de distinction
très particulière. La ville de Tyr est quelquefois
qualifiée de sainte et de ville d'asile, dans les
médailles, depuisla 174e année des Séleucides (11).
Décimée et tributa ipsius sint. Que les dîmes
et les tributs que le roi tirait de son territoire, lui
appartiennent : qu'elle en soit exempte, ou qu'elle
les convertisse à son usage, à son entretien.
(1) 11. Reg. vin. 1 ?. et 1. Par. xviu. 12. et titul. Psal. lix.
(2) Vide Joseph, tib. xii. A 'jioXus'aOu oà tj yspouai'a, -/.ai
tepeî;, xaî fpa|j.[xa'C£tç toû UpoCf, y.a't lepo^âXtat,':(jû ate-aav:'-
tou ^opou.
(j) Grot. hic. Vide L. penutt. c. de Judœis.
(4) Toû ^uiaou; toù xapnoû toû ÇuXfvou.
(5) Joseph, xiii. 5. Toû ï]|j.iaoù; toû ÇuXt'vou xap7ioû, tô
YEvojjuvov laoi pi^po; ûjjùv â»t/)u.i.
(6) Tpiûv vou.ûv.
(7) Ka't tojv Tpiwv Torcap^iôiv. Joseph, toco cit.
(8) Vide infra C. xi. f. 54.
(9) Joseph. I'cpàv y.a't àauXov e"tvat |3oûXo[j.at.
(10) Grot.hic. sic inlerprctntur Grœc. A'ylot xat â^etuevr).
Ne ullo prsRsidio externo oneretur, ad exemplum Del-
phorum in Graecia.
(11) Vaillant, hisi. Reg. Syr. pag. 504. J05. TTPOT
IEPAS ASTAOT,
io8
1. — MACCABÉES. — X. - LETTRE DE DÉMÉTRIUS
}2. Remittoetiam potestatem arcis quas est in Jérusalem,
et do eam summo sacerdoti,ut constituât in ea viros quos-
cumque elegerit, qui custodiant eam.
?;. Et omnem animam Judaeoium, quas captiva est a
terra Juda in omni regno meo, relinquo liberam gratis,
ut omnes a tributis solvantur, etiam pecorum suorum.
J4. Et omnes dies solemnes, et sabbata, et neomenias,
et dies decreti, et trts dies ante diem solemnem, et très
dies post diem solema^m, sint omnes immunitstis et remis-
sionis omnibus Judaeisqui sunt in regno meo;
j$. Et nemo habebit potestatem agere aliquid, et movere
negotia adversus aliquem illorum, in omni causa.
i6. Et ascribantur ex Judasis in exercitu régis ad tri-
gin ta mil lia virorum, et dabuntur illis copias ut oportet
omnibus exercitibus régis, et ex eis ordinabuntur qui sint
in munitionibus régis magni ;
J7. Et ex his constituentur super negotia regni quas
aguntur ex fide, et principes sint ex eis, et ambulent in
legibus suis, sicut praecepit rex in terra Juda.
?8. Et très civitates quas additas sunt iudsœ ex regione
Samariœ, cum Judasa reputentur, ut sint sub uno, et non
obediantalii potestati nisi summi sacerdotis;
jh }2. Remitto POTESTATEM ARCIS QU/E EST IN
Jérusalem. On a vu précédemment (i), que les
troupes de garnison s'étaient retirées, à l'excep-
tion de celles de Bethsura ; mais la citadelle de
Jérusalem était toujours occupée par les Syriens.
Jonathas ne profita point de l'offre que le roi lui
fait ; nous verrons plus loin (2), qu'il fut obligé dé-
faire le siège de cette forteresse, et de la réduire
par force.
jh ■)■). Ut omnes a tributis solvantur, etiam
pecorum suorum. Je les affranchis tous des tri-
buts, et des charges mêmes qu'ils devaient pour
leurs bestiaux ; c'est-à-dire, des corvées et des
services publics pour lesquels on les obligeait de
fournir leurs animaux (;).
y. 34. Très dies ante diem solemnem, et très
dies post diem solemnem. Que les trois jours
d'avant une fête solennelle, et les trois jours d'après,
soient des jours d'immunités, afin que le peuple
puisse, en toute sûreté et en toute liberté, venir
au temple, et s'en retourner. Qu'on n'exige aucun
tribut de tout ce qu'ils pourront porter à Jérusa-
lem, ni de tout ce qu'ils pourront en rapporter ;
qu'on ne puisse point les saisir, et les arrêter pen-
dant ces jours réservés. Voyez le verset suivant.
J2. Je remets aussi entre vos mains la forteresse qui
est dans Jérusalem, et je la donne au grand prêtre, afin
qu'il y établisse, pour la garder, 'les gens que lui-même
aura choisis.
j?. Je donne encore la liberté, sans aucune rançon, à
tous les Juifs qui ont été emmenés captifs du pays de
Juda, qui se trouveront dans tout mon royaume ; et je les
affranchis tous des tributs et des charges mêmes qu'ils
devaient pour leurs bestiaux.
J4. Je veux aussi que toutes les fêtes solennelles, les
jours de sabbat, les nouvelles lunes, les fêtes instituées,
les trois jours qui précèdent une fête solennelle, et les
trois jours qui la suivent, soient des jours d'immunité et
de franchise pour tous les Juifs qui sont en mon royau-
me,
jç. fit qu'il ne soit permis alors à personne d'agir en
justice contre eux, ni de leur faire aucune peine, pour
quelque alfaire que ce puisse être.
;6. J'ordonne de plus qu'on fera entrer dans les trou-
pes du roi jusqu'à trente mille Juifs, qui seront entrete-
nus comme doivent l'être toutes les troupes des armées
du roi ; et qu'on en choisira d'entre eux pour les mettre
dans les forteresses du grand roi ;
57. Que l'on confiera aussi à quelques-uns d'entre eux
les affaires importantes du royaume, qui demandent le
plus de fidélité, et qu'ils en auront l'intendance, en vivant
toujours selon leurs lois, comme le roi l'a ordonné pour
le pays de Juda ;
?8. Et que les trois villes du pays de la Samarie, qui
ont été annexées à la Judée, afin qu'elles ne dépendent
que d'un chef, sans obéir à aucune autre puissance qu'à
celle du grand prêtre.
COMMENTAIRE
Le texte exprime ici les jours du sabbat, les pre-
miers jours du mois, les trois grandes fêtes de
l'année et les fêtes ordonnées, Dies decreti, com-
me sont la fête de Judith, la fête des Sorts, la
fête de la dédicace du temple, etc. Tous ces jours
étaient privilégiés.
f. 36. Ascribantur ex Jud^eis in exercitu
régis ad triginta millia. 11 ne les oblige pas à
s'enrôler dans ses troupes ; il le leur permet seu-
lement, pour preuve de sa confiance en eux.
v. 37. Constituentur super negotia regni,
qu/e aguntur ex fide. Josèphe (4) l'explique de
la garde de la personne du roi. D'autres l'enten-
dent, avec plus de raison, des affaires de l'état ou
des finances ()). C'est le sens du grec et de la
Vulgate.
Principes sint ex eis. Que leurs officiers ne
soient point étrangers ; qu'ils n'obéissent, après le
roi, qu'à des gens de leur nation. C'était la der-
nière marque de distinction et de confiance.
Ambulent in legibus suis. Il confirme les an-
ciens privilèges de la nation (6), et révoque les
ordres injustes d'Antiochus Épiphane (7).
y. 38. Très civitates, etc. Voyez plus haut le
verset 30.
(1) Vers. 12. 15.
(2) Chap. xi. 20.
(}) nâvie; ct^t/tojaav xoù; epopou;, xai t<j">v xxr\viï>V «utfflv.
(4) Antiq. xm. $. Tivàç Si m\ rcspl -^v cpu^a/.fjv iou
<jÙ)u.otoç. Ita cl Grol.
(5) Vide Baducl. Tir.
(6) Eslh. xiv. 19. - Joseph. Ant'uj. xi. ult.
(^) 1. Mjcc. 1. 46. et seq.
MACCABEES.
LETTRE DE DEMÉTRIUS
109
?9. Ptolemaida et confines ejus, quas dedi donum
sanctis qui sunt in Jérusalem ad necessarios sumptus
sanctorum.
40. Et ego do singulis annis quindecim miilia siclorum
argenti de rationibus régis, qu<e me contingunt ;
41. Et omne quod reliquum fuerit, quod non reddide-
rant qui super negotia erant annis prioribus, ex hoc dabunt
in opéra domus.
42. Et super hœc quinque miilia siclorum argenti, quse
accipiebant de sanctorum ratione per singulos annos, et
haec ad sacerdotes pertineant qui ministerio funguntur.
4Î. Et quicumque confugerint in templum quod est
Jerosolymis et in omnibus finibus ejus, obnoxii régi in
omni negotio dimittantur, et universa quœ sunt eis in
regno meo libéra habeant.
44. Et ad œdificanda vel restauranda opéra sanctorum,
sumptus dabuntur de ratione régis;
45. Et ad exstruendos muros Jérusalem, et commu-
niendos in circuitu, sumptus dabuntur de ratione régis,
et ad construendos muros in Judasa.
46. Ut audivit autem Jonathas et populus sermones
istos, non crediderunt eis, nec receperunt eos, quia
recordati sunt malitiae magnas quam fecerat in Israël, et
tribulaverat eos valde.
47. Et complacuit eis in Alexandrum, quia ipse fuerat
eis princeps sermonum pacis; et ipsi auxilium ferebant
omnibus diebus.
;o. Je donne hiissi Ptolémaïs et tout son territoire en
don au sanctuaire de Jérusalem, pour fournir à toute la
la dépense nécessaire à l'entretien des choses saintes.
40. Je donnerai outre cela tous les ans quinze mille
sicles d'argent à prendre sur-les droits du roi, et sur les
revenus qui m'appartiennent.
41. J'ordonne aussi que ceux qui gouvernaient mes
finances les années passées paieront, pour les ouvrages
du temple, tout ce qui reste de ces années qu'ils n'ont
point encore payé.
42. Pour ce qui est des cinq mille sicles d'argent qui
se prenaient sur le sanctuaire chaque année, ils seront
remis aux prêtres, comme appartenant à ceux qui font
les fonctions du saint ministère.
4î. Je veux encore que tous ceux qui, étant redevables
au roi. pour quelque affaire que ce puisse être, se réfu-
gieront dans le temple de Jérusalem et dans tout son
territoire, soient en sûreté; et qu'on leur laisse la jouis-
sance libre de tout ce qu'ils ont dans mon royaume.
44. On donnera aussi de l'épargne du roi de quoi four-
nir aux bâtiments ou aux réparations des lieux saints.
4>. Et on prendra encore des mêmes deniers de quoi
bâtir et fortifier les murailles de Jérusalem, et desautres
villes qui sont en Judée.
46. Jonathas et le peuple ayant entendu ces proposi-
tions de Démétrius, ne les crurent point sincères et
ne les reçurent point ; parce qu'ils se souvinrent des
grands maux qu'il avait faits a Israël, et de quelle manière
il les avait accablés.
47. Ils se portèrent donc à favoriser plutôt Alexandre,
parce qu'il leur avait parlé le premier de paix ; et ils l'as-
sistèrent toujours dans la suite.
y. 39. Ptolemaida... dedi donum sanctis.
Démétrius ne fait pas un grand présent en donnant
Ptolémaïs, puisque cette ville était alors entre
les mains d'Alexandre son compétiteur ; mais il
tâche d'engager les Juifs à entrer dans son parti,
pour l'aider à chasser Alexandre de cette ville,
en vue de leurs propres intérêts.
y. 40. Quindecim millia siclorum. Josèphe
met cent cinquante mille drachmes ■ (1). Les quinze
mille sicles d'argent, font 42.4^0 fr. Le chiffre
donné par Josèphe réprésente une somme trois
fois plus forte.
y. 41. Omne quod reliquum fuerit, etc. Tout
ce qui reste à payer au trésor, est abandonné au
temple. Démétrius n'était guère alors en état de
contraindre les reliquataires, puisqu'Alexandre
occupait une bonne partie du pays. 11 est libéral
de ce qu'il ne possède point.
y. 42. Quinque millia siclorum argenti, qu^:
accipiebant de sanctorum ratione. Les cinq
mille sicles d'argent ( 14,150 fr.) que l'on prenait
chaque année, sur les comptes du temple, sur les
revenus des prêtres, sur leurs dîmes, leurs pré-
mices, leur offrande. Le grec à la lettre (2) :
COMMENTAIRE
Les cinq mille sicles qu'ils prenaient des dettes du
Saint, du compte de chaque année. On lit dans
Josèphe (]), que Bagose, gouverneur de la Judée
au nom d'Artaxerxès, roi de Perse, exigeait cin-
quante drachmes pour chaque agneau, avant
qu'on pût offrir le sacrifice de chaque jour. Ce
chiffre paraît exagéré, puisque c'était beaucoup
plus que la valeur de l'agneau.
y. 43. Quicumque confugerint in templum.
Cette proposition constituait le droit d'asile le
le plus ample qu'on puisse souhaiter ; non seule-
ment l'intérieur du temple, mais aussi son contour,
jouit du droit de protection ; et non seulement
les personnes des débiteurs y sont en sûreté ;
mais aussi leurs biens et leurs effets sont privilégiés.
Les débiteurs des deniers royaux, ne sont point
exclus de celte grâce; elle est générale pour
tous.
y. 47. Complacuit eis in Alexandrum. Plus
Démétrius promettait de grandes choses aux
Juifs, moins ils crurent qu'il y eût de la sincérité
dans ses promesses. Ils jugèrent de ce prince,
non par les paroles que la nécessité tirait de sa
bouche comme par force, mais par les grands maux
(1) Antiq. xm. 5. Kccc' ëto; [/upcocûa; lé-
(2) Ou; EXau.6avov txno Ttliv ypE'.ûv tou âyi'ou, ârco tou
XÔyoC y.at' ÉvirjTov. Grol. legit. tûv ypsn">v debitorum,
pro tûv ypsiàiv. Negotiorum. Ms. Alex et edilion.es Com-
plut. Aldina, Basil, addunt. w; Év loi? Ttpcôtoi; Bteat, ut in
prioribus annis. - Joseph. Anliq. xm. 5. Ta; 6è u.up:'à;
ôpayjjià; a; sXâ[j.6avov éx toû ispoù 6c (3acjcXeu, &|xïv âo-'ijut.
(ï) Idem. Antiq. I. xi. c. 7. lïpi'v r\ Ta; y.oOr)(jiEptvà{
ËJtEOE'pEiv Ouaia;, unèp àpvou Ixiatou teXecv àutoù; Ô7]p.03i<x
Spa/aà; ù. Voyez 11. Macc. xi. 1.
no
!.
MACCABÉES. — X. - MORT DE DÉMÉTRIUS
48. Et congregavit rex Alexander exercilum magnum,
et admovit castra contra Demetrium.
49. Et commiserunt praïlium duo reges, et fugit exer-
citus Demetrii; et insecutus est eum Alexander, et incu-
buit super eos.
50. Et invaluit prœlium nimis, donec occidit sol; et
cecidit Demetrius in die i lia.
51. Et misit Alexander ad Ptolemaeum, regem /Egypti,
legatos secundum hase verba, dicens :
$3. Quoniam regressus sum in regnum meura, et sedi
in sede patrum meorum, et obtinui principatum, et con-
trivi Demetrium, et possedi regionem nostram,
5J. Et commisi pugnam cum eo, et contritus est ipse
et castra ejus a nobis, et sedimus in sede regni ejus ;
$4. Et nunc statuamus ad invicem amicitiam, et da mihi
filiam tuam uxorem, et ego ero gêner tuus, et dabo tibi
dona, et ipsi, digna te.
48. Après cela, le roi Alexandre leva une grande
armée, et marcha contre Démétrius.
49. Les deux rois se livrèrent bataille, et l'armée de
Démétrius s'enfuit : Alexandre les poursuivit, et fondit
sur eux.
<,o. Le combat fut rude et opiniâtre, et dura jusqu'au
coucher du soleil ; et Démétrius y fut tué.
51. Alexandre envoya ensuite des ambassadeurs à Pto-
lémée, roi d'Egypte, et lui écrivit en ces termes :
52. Comme je suis rentré dans mon royaume; que je
suis assis sur le trône de mes pères; que j'ai recouvré
mon empire, et tous les pays qui m'appartenaient, par la
défaite de Démétrius,
5J. A qui j'ai livré bataille, et que j'ai défait avec
toute son armée ; étant ainsi remonté sur le siège du
royaume qu'il occupait,
$4. Faisons maintenant amitié ensemble : donnez-moi
votre fille en mariage, ^t je serai votre gendre; et je
vous ferai, aussi bien qu'à elle, des présents dignes de
vous.
COMMENTAIRE
qu'il avait faits à Israël. C'était un des dignes suc-
cesseurs d'Antiochus, le plus grand persécuteur
des Juifs ; et il imitait fort bien son faux repentir.
L'un et l'autre promettait ce qu'il n'avait point la
volonté de tenir ; et ils méritèrent tous deux
d'être rejetés comme de faux pénitents qui s'ef-
forçaient de tromper Dieu et les hommes.
Jonathas n'entreprit point d'éclaircir le droit
qu'Alexandre pouvait avoir à la couronne : il ne
se mit point en peine de juger de ce différend,
dont il laissa la décision à Dieu même. Mais le
souvenir des violences que Démétrius avait exer-
cées contre sa nation, le convainquant du peu de
sincérité de ses promesses, lui fit croire qu'il
était plus sûr de se fier à Alexandre, de qui les
Juifs n'avaient reçu aucun mal. Ce fut ce qui le
porta, avec tout le peuple, à le favoriser et à
l'assister en tout ce qu'ils purent dans la suite de
cette guerre.
Mais on a peine à comprendre, comment il est
véritable qu'Alexandre leur avail parlé le premier
de paix; puisqu'on a vu que Démétrius s'était
hâté de prévenir Alexandre, en écrivant le premier
à Jonathas, pour faire alliance avec lui. C'est
peut-être que les Juifs, n'ayant pu se fier à la pa-
role d'un prince qui s'était toujours déclaré leur
ennemi, ne regardèrent la première proposition
d'alliance qu'il leur fit, que comme une ruse et
une vraie trahison. Ainsi, quoique l'autre n'écrivît
sur ce sujet à Jonathas que le second, il fut néan-
moins regardé comme l'ayant fait le premier •
parce que les Juifs, n'ayant nul sujet de se défier
de lui, regardèrent ce qu'il mandait comme ten-
dant sincèrement à la paix ; au lieu que les
propositions de Démétrius cachaient, sous une
apparence de paix, un esprit de haine et de guerre.
// se portèrent donc à favoriser plulôt Alexandre,
pour plusieurs raisons : i° Parce qu'il avait parlé
le premier, et qu'on avait déjà pris des engagements
avec lui. 20 Parce qu'on ne se fiait point à Démé-
trius, et qu'on avait l'expérience de la haine que
ses pères et lui, avaient fait éclater contre les
Juifs. }° Enfin, il put entrer encore une autre
raison dansleurdétermination; c'est qu'Alexandre
était allié et ami des Romains, dont les Juifs de-
vaient ménager les bonnes grâces. Il n'entrèrent
point dans l'examen du droitdes prétendants. Cela
ne les regardait pas directement. 11 suffisait
qu'Alexandre se portât pour fils d'Antiochus Épi-
phane, et qu'il fût reconnu pour tel par les
Romains et par plusieurs chefs syriens.
f. 49. Commiserunt pr/elium duo reges.
Alexandre ayant réuni une grande armée, tant des
troupes syriennes, qui désertaient, que de celles
qui lui furent fournies parlesrois Attale,Ariarathe,
Ptolomée Philométor, et par Jonathas, prince
des Juifs, livra la bataille à Démétrius l'an i^o
avant Jésus-Christ. L'aile gauche de Démétrius
mit en fuite les troupes d'Alexandre, qui lui
étaient opposées ; mais l'aile droite où ce prince
combattait en personne, fut obligée de reculer.
Démétrius résista seul, et tint ferme contre les
ennemis, poussant les uns, tuant les autres ; à la
fin, s'étant jeté malheureusement dans un bour-
bier, il tomba de cheval, fut percé de flèches, et
ne cessa de combattre vaillamment, jusqu'au der-
nier soupir. 11 avait régné douze ans, et il périt
par la conspiration des rois voisins, avecqui il n'avait
pas su se maintenir en bonne intelligence (1).
y. 51. Ad Ptolem/eum. Ptolémée Philométor, à
qui Alexandre devait principalement la victoire
qu'il venait de remporter.
;i) Voyez Joseph. Anltq. XIII. 5. - Justin. Ub. xxxv.
Appian. Syriac, p. i;i.
!.— MACCABEES. — X. - GLOIRE DE JONATHAS
i 1 1
55. Et respondit rex Ptolemaeus, dicens : Félix dies in
qua reversus es ad terram patrum tuorum, et sedisti in
sede regni eorum !
56. Et nunc faciam tibi quod scripsisti ; sed occurre
mini Ptolemaidam, ut videamus invicem nos, et spon-
deam tibi sicut dixisti.
<,". Et exivit Ptolemaeus de .-Egypto, ipse, et Cleopa-
tra, filia ejus, et venit Ptolemaidam, anno centesimo
sexagesimo secundo.
58. Et occurrit ei Alexander rex, et dédit ei Cleopa-
tram, filiam suam; et fecit nuptias ejus Ptolemaidaî,
sicut reges, in magna gloria,
$<). Et scripsit rex Alexander Jonathas, ut veniret
obviam sibi.
60. Et abiit cum gloria Ptolemaidam, et occurrit ibi
duobus regibus, et dédit illis argentum multum, et aurum,
et dona; et invenit gratiam in conspectu eorum.
61. Et convenerunt adversus eum viri pestilentes ex
Israël, vin impii interpellantes adversus eum ; et non
intendit ad eos rex.
62. Et jussit spoliari Jonathan vestibus suis, et indui
eum purpura ; et ita fecerunt. Et collocavit eum rex
sedere secum ;
65. Dixitque principibus suis: Exite cum eo in médium
civitatis, et prasdicate ut nemo adversus eum interpellet
de ullo negotio, nec quisquam ei molestus sit de ulla
ratione.
64. Et factum est, ut viderunt, qui interpellabant, glo-
riam ejus quae praedicabatur, et opertum eum purpura,
fugerunt omnes.
65. Et magnificavit eum rex, et scripsit eum inter pri-
mos amicos, et posuit eum ducem et participem princi-
patus.
66. Et reversus est Jonathas in Jérusalem cum pace et
laetitia.
67. In anno centesimo sexagesimo quinto venit Deme-
trius, fil ius Demetrii,a Creta in terram patrum suorum.
68. Et audivit Alexander rex, et contristatus est valde,
et reversus est Antiochiam.
69. Et constituit Demetrius rex Apollonium ducem,
qui prœerat Cœlesyrias, et congregavit exercitum ma-
gnum ; et accessit ad Jamniam, et misit ad Jonathan,
summum sacerdotem,
COMM
;V. 57. ANNO CENTESIMO SEXAGHSIMO SECUNDO.
En l'an 1^0 avant Jésus-Christ.
f. 61. Viri pestilentes. Les Hébreux donnent
le nom de pesle, ou dlwmmes pestiférés, aux mé-
chants, aux impies; ils se servent souvent de ce
terme dans leurs Livres moraux (1).
f. 65. Posuit eum ducem ac participem prin-
cipatus. Au lieu de participem principatus,\e grec
porte [j.spioap^r)v, c'est-à-dire gouverneur d'une
partie de l'armée ou d'une portion du pays.
j>. 67. Venit Demetrius, filius Demetrii, a
Creta in terram patrum suorum. Au commen-
cement de la guerre, Demetrius Soter, craignant
l'incertitude des événements et la bizarrerie de la
fortune, envoya ses deux fils, Demetrius, qui fut
<,<,. Le roi Ptolémée lui répondit : Heureux le jour où
vous êtes rentré en possession du pays de vos pères, et
où vous vous êtes assis sur le trône de leur royaume.
;6. Je suis prêt à vous accorder ce que vous m'avez
demandé ; mais venez jusqu'à Ptolémaïs afin que nous
nous voyions, et que je vous donne ma fille, comme
vous le désirez.
57. Ptolémée sortit donc d'Egypte avec Cléopàtre sa
fille, et vint à Ptolémaïs, l'an cent soixante-deuxième.
58. Le roi Alexandre vint l'y trouver; et Ptolémée lui
donna sa fille Cléopàtre : et les noces furent célébrées à
Ptolémaïs avec une grande magnificence, selon la cou-
tume des rois.
Y). Le roi Alexandre écrivit aussi à Jonathas, afin qu'il
vint au-devant de lui à Ptolémaïs.
60. Jonathas y alla avec grand éclat, et salua les deux
rois: il leur apporta quantité d'argent etd'or,et leurfit de
grands présents; et il fut fort bien reçudecesdeux princes.
61. Alors quelques Israélites qui étaient des hommes
couverts d'iniquité, et comme des pestes publiques,
s'unirent ensemble pour présenter des chefs d'accusa-
tion contre lui ; mais le roi ne voulut point les écouter.
62. Il ordonna même qu'on ôtàt à Jonathas ses vête-
ments, et qu'on le revêtit de pourpre; ce qui fut fait :
et le roi le fit asseoir près de lui.
6;. Et il dit aux grands de sa cour : Allez avec lui au
milieu de la ville, et dites tout haut : Que nul n'entre-
prenne de former aucune plainte contre lui, et ne lui
fasse aucune peine, pour quelque aifaire que ce puisse
être.
64. Ceux donc qui étaient venus pour l'accuser, voyant
ce qu'on publiait de lui, et la pourpre dont il était revê-
tu, s'enfuirent tous.
65. Le roi l'éleva en grand honneur, le mit au nombre
de ses principaux amis, et l'établit chef, et prince asso-
cié.
66. Et Jonathas revint à Jérusalem en paix et avjc
joie.
67. En la cent soixante-cinquième année, Demetrius,
fils de Demetrius, vint de Crète au pays de ses pères.
68. Le roi Alexandre en ayant été averti, en fut extrê-
mement affligé, et retourna à Antioche.
60. Le roi Demetrius fit général Av. ses troupes Apol-
lonius, gouverneur de la Cœlé-Syrie, lequel leva une
grande armée ; et, étant venu à Jamnia, il envoya dire à
Jonathas grand prêtre
ENTAIRE
depuis surnommé Nicalor, et Anliochus SiJétès, à
Cnide, chez un de ses amis (2), pendant les trou-
bles de son royaume. Après sa mort, et en l'an
148, Demetrius Nicator, l'aîné de ses fils, ayant
appris qu'Alexandre s'était plongé dans la débau-
che et dans la négligence, se mit à la tête de
quelques troupes, qu'il avait reçues de Lasthène
de Crète, et passa en Cilicie. Alexandre en ayant
été informé, quitta la Phénicie, où il était alors,
et vint en grande hâte à Antioche, pour mettre
ordre à ses affaires, avant l'arrivée de Deme-
trius (3), en 147.
y. 69. Constituit Demetrius rex Apollo-
nium ducem. Apollonius, qui avait été établi
gouverneur de laCcelé-Syrie par Alexandre, quitta
(1) Psalm. 1. 1. - Prov. xix. 2$; xxi. 24; xxn. 30; xxiv. 9. (j) Justin. I. xxxv. c. 2. - Diodor. Sicut. in excerp, VaUs.
(2) Lin. L. lu. et Justin. '.. xxxv. Usser. ad an. 3856. - Joseph. Antiq. t. xni. c. 8.
II
1. — MACCABÉES. — X. - APOLLONIUS FT JONATHAS
70. Dicens : Tu solus resislis nobis ; ego autem lactus
sum in derisum et in opprobrium, prop'.erea quia tu
potestatem adversum nos exerces in montibus.
71. Nunc ergo si confidis in virtutibus tuis, descende
ad nos in campum, et comparemus illic invicem; quia
mecum est virtus bellorum.
72. Interroga, et disce quis sum ego, et ceteri qui
auxilio sunt mihi, qui et dicunt quia non potest stare pes
vester ante faciem nostram, quia bis in fugam conversi
sunt patres tui in terra sua;
7J. Et nunc quomodo poteris sustinere equitatum et
exercitum tantum in campo ubi non est lapis, neque
saxum, neque locus fugiendi ?
74. Ut audivit autem Jonathas sermones Apollonii,
motus est animo : et elegit decem millia virorum,et exiit
ab Jérusalem, et occurrit ei Simon, frater ejus, in adjuto-
rium ;
75. Et applicuerunt castra in Joppen, et exclusif eum
a civitate, quia custodia Apollon'i Joppe erat, et oppu-
gnavit eam.
76. Et exterriti qui erant in civitate aperuerunt ei, et
obtinuit Jonathas Joppen.
77. Et audivit Apollonius, et admovit tria millia equi-
tum et exercitum multum.
70. Ces paroles : Vous êtes le seul qui nous résiste?: ;
et je suis devenu un sujet de risée et d'opprobre, parce
que vous vous prévalez contre nous de l'avantage que
vous avez sur vos montagnes.
71. Si vous vous fiez donc maintenant en vos troupes,
descendez à nous dans la plaine ; et faisons là l'essai de
nos forces; car la valeur et la victoire m'accompa-
gnent toujours.
72. Informez-vous, et apprenez qui je suis, et qui sont
ceux qui combattent avec moi, lesquels disent haute-
ment que vous ne pouvez tenir ferme devant nous, parce
que vos pères ont été mis en fuite par deux fois dans
leur pays.
7;. Comment donc pourrez-vous soutenir présen-
tement l'effort de ma cavalerie et d'une si grande armée,
dans une campagne où il n'y a ni pierres ni rochers, ni
aucun lieu pour vous enfuir?
74. Jonathas ayant entendu ces paroles d'Apollonius,
fut ému au fond de son cœur ; et il choisit dix mille hom-
mes, et partit de Jérusalem, et Simon son frère, vint à
son secours.
7<j. Ils vinrent camper près de Joppé; et les habitants
de la ville lui fermèrent les portes, parce que Joppé
avait une garnison d'Apollonius : Jonathas assiégea donc
cette ville.
70. Les habitants de la ville étant épouvantés, lui ou-
vrirent les portes : et il se rendit ainsi maître de Joppé.
77. Apollonius l'ayant su, prit avec lui trois mille che-
vaux et beaucoup de troupes.
COMMENTAIRE
son parti, et se jeta du côté du jeune Démétrius.
Celui-ci lui confia le commandement de ses trou-
pes, et lui ordonna de marcher contre les Juifs,
qui demeuraient fermes dans l'alliance d'Alexan-
dre.
f. 70. Ego autem factus sum in derisum. Je
suis devenu un sujet de risée, de m'attacher à un
ennemi tel que vous, dont toute la force consiste
en des montagnes inaccessibles, où vous vous
tenez : osez paraître en rase campagne, si vous êtes
des hommes de cœur, et venez éprouver vos forces
contre les miennes.
jh 72. BlS IN FUGAM CONVERSI SUNT PATRES TUI.
Vos pères ont été mis en fuite par deux fois; c'est-
à-dire, plusieurs fois, dit Josèphe. Apollonius
veut peut-être marquer la défaite de Joseph et
d'Azarias, qui avaient combattu contre Gorgias,
malgré les ordres de Judas (1), et la déroute de
l'armée de Judas, dans le dernier combat, où ce
héros fut tué (2).
f. 74. Ut audivit autem Jonathas sermones
Apollonii, motus est animo. C'est une parole
très commune dans les Écritures, et confirmée
par l'expérience de tous les siècles, que les gran-
des chutes sont précédées ordinairement par un
grand orgueil; et que les impies, dans le temps
même qu'ils s'élèvent le plus audaciéusement,
approchent le plus près du précipice. A entendre
les insultes d'Apollonius, on eût cru entendre
encore l'impie Goliath, qui insultait du temps de
Saùl, avec tant d'impudence, au camp d'Israël et
au peuple du Seigneur. Il se fiait, en la force de
la cavalerie, et en la grande multitude de ses
troupes! Et il croyait que Jonathas mettait comme
lui sa confiance dans la force de ses soldats : Si
vous vous fie\, lui disait-il, en vos troupes, descen-
de^ à nous dans la plaine, et faisons ensemble l'essai
de nos forces.
Mais cet homme vain, qui se regardait comme
invincible, mecum est, dit-il, virtus bellorum,
jugeait des choses d'une manière bien différente
de Jonathas, qui pouvait lui répondre avec le roi
prophète : Pour nous, notre force est dans l'invo-
cation du nom adorable de notre Dieu : Nos au-
tem in nomine Domini Dei noslri invocabimus (j).
Ce fut là sans doute la principale cause de cette
grande émotion que ressentit Jonathas, en enten-
dant les paroles insolentes d'Apollonius, qui
s'attribuait ridiculement un titre qui n'appartient
qu'au Dieu des armées, d'être invincible dans les
guerres. Aussi n'hésita-t-il point d'aller l'attaquer.
j^. 77. Tria millia equitum et exercitum
multum. Josèphe lui donne huit mille hommes de
pied et trois mille chevaux.
[i) 1. A.'acc. v. 00.— v2) r ace. îx M. 6. 18.
(j) Psalm. xix. 8.
I,
MACCABEES.
X. - DÉFAITE D'APOLLONIUS
ii3
78. Etablit Azotum tanquam iter faciens, et statimcxiit
in campuin, eo quod haberet multitudinem equitum, et
confideret in ois. Et insecutus est eum Jonalhas in Azo-
tum, et commiserunt praslium.
79. Et reliquit Apollonius in oastris mille équités post
eos occulte.
80. Et cognovit Jonathas quoniam insidias sunt post se.
Et circuierunt castra ejus,et jecerunt jacula in populum,
a mane usque ad vesperam.
81. Populus autem stabat, sicut praeceperat Jonathas;
et laboraverunt equi eorum.
82. Et ejecit Simon exercitum suum, et commisit con-
tra legionem, équités enim fatigati eranl ; et contriti sunt
ab eo, et fugerunt.
8;. Et qui dispersi sunt per campum fugerunt in Azo-
tum, et intraverunt in Bethdagon, idolum suum, ut ibi se
liberarent.
84. Et succendit Jonathas Azotum et civitates quae
erant in circuitu ejus, et accepit spolia eorum ; et tem-
plum Dagon, et omnes qui fugerunt in illud, succendit igni.
8ç. Et fuerunt qui ceciJerunt gladio, cum his qui suc-
censi sunt, fere octo millia virorum.
86. Et movit inde Jonathas castra, et applicuit ea As-
calonem; et exierunt de civitate obviam illi in magna
gloria.
87. Et reversus est Jonathas in Jérusalem cum suis,
habentibus spolia multa.
88. Et factum est, ut audivit Alexander rex sermones
istos, addidit adhuc glorificare Jonathan.
80. Et misit ei fibulam auream, sicut consuetudo est
dan cognatis regum; et dédit ei Accaron et omnes fines
ejus, in possessionem.
78. Il marcha comme pour aller vers Azot, et il se
jeta tout d'un coup dans la plaine, parce qu'il avait beau-
coup de cavalerie en laquelle il se fiait principalement.
Jonathas le suivit vers Azot, et i's livrèrent bataille.
79. Apollonius avait laissé secrètement dans son camp
mille chevaux derrière les ennemis ;
80. Et Jonathas fut averti qu'il y avait derrière lui une
embuscade : les ennemis environnèrent donc son camp,
et lancèrent beaucoup de traits contre les gens, depuis
le matin jusqu'au soir.
81. Mais les gens de Jonathas demeurèrent fermes,
selon l'ordre qu'il leur en avait donné. Cependant les
chevaux des ennemis se fatiguèrent beaucoup.
82. Alors Simon fit avancer ses troupes, et attaqua
l'infanterie, parce que la cavalerie était déjà fatiguée ; et
l'ayant rompue, elle prit la fuite.
8j. Et ceux qui se dispersèrent dans la campagne se
réfugièrent à Azot, et entrèrent dans le temple de Dagon
leur idole, pour y être en sûreté.
84. Mais Jonathas brûla Azot et les villes desenvirons;
et il emporta les dépouilles : et il brûla aussi le temple
de Dagon, avec tous ceux qui s'y étaient réfugiés.
8^. Il y périt près de huit mille hommes, tant de ceux
qui furent tués par l'épée,que de ceux qui furent brûlés.
86. Jonathas ayant décampé de ce lieu, marcha contre
Ascalon;mais les habitants de la ville sortirent au devant
de lui, et le reçurent avec de grands honneurs.
87. Il revint ensuite à Jérusalem avec ses gens chargés
de butin.
88. Le roi Alexandre ayant appris ces nouvelles, éleva
encore Jonathas à un plus haut degré de gloire.
89. Et il lui envoya une agrafe d'or, telle qu'on en
donnait d'ordinaire aux princes du sang royal : il lui
donna de plus Accaron, avec tout son territoire, afin
qu'il la possédât en propre.
COMMENTAIRE
fi. 80. Circuierunt castra ejus. Les ennemis
environnèrent son camp, ou plutôt son armée ;
car, l'auteur de ce livre donne ordinairement le
nom de castra, le camp, à l'armée, surtout à
l'infanterie. Josèphe explique autrement le texte
de cet endroit (1). Il dit que Jonathas ayant
aperçu les ennemis qui venaient par derrière, n'en
fut pas troublé; mais qu'ayant rangé ses troupes,
en un bataillon carré (à la lettre, comme une
tuile, selon la forme de la phalange macédo-
nienne) ; il leur ordonna de faire face de tous
côtés.
fi. 82. Et ejecit Simon exercitum suum, et
COMM1S1T CONTRA LEGIONEM. Simon détacha SCS
troupes, et attaqua l'infanterie, ou la phalange des
ennemis. Ce fut seulement vers le soir que
Simon, voyant la cavalerie fatiguée et l'infanterie
épuisée, détacha le corps de troupes qu'il com-
mandait, et se jeta sur l'infanterie ennemie.
fi. 83. Et qui dispersi sunt per campum fuge-
runt in Azotum. Il y a beaucoup d'apparence
que les copistes ont mis et qui pour equi ; car le
texte porte (2) : La cavalerie fut dispersée dans la
plaine, et se sauva vers Azot.
Intraverunt in Bethdagon, idolum suum (3).
Le grec.Ils entrèrent dans le temple de Dagon, leur
lieu d'idole. Il porte idolium suum, au lieu d'idolum
suum, qui pourrait bien être une faute du copiste
latin ; car la construction, intraverunt in idolum
suum, n'est pas naturelle. Belh-dagon en hébreu
psi n»= signifie la maison, ou temple de Dagon.
On a parlé de cet idole sur les Juges (4).
fi. 89. Misit ei fibulam auream. L'agrafe
d'or était une marque de distinction parmi les
Grecs (5) et parmi les Perses (6), à qui les Macé-
doniens avaient sans doute emprunté ces marques
de dignité. Les Romains furent jaloux de cet
honneur. On ne donnait d'abord la boucle d'or
(1) Kaî Ëzôy.Xcoaav âutoû irçy 7Cap£u.6<Àr)v, xa't ÊÇetêîvafav
iâ; o//Ça; Et; xov >.âov, etc. Joseph. Antiq. xui. 8. TaÇa;
oe zi\<i a-rpauav Év nXivOtoj xat' aiioôispa Toù; Kokiaiouç
oi[j.ôveaÛat TCap£-/.eXsûaa-:o.
(2) Ka; i) [kko; EaxopjtiVjï) sv :oi rceôtu>, xai ïyuyov il;
S. B. - T. XII.
ATtoTov. Ita et Srr. et Joseph.
(?) Kai siafjXO'jv Et; fiqDùxyd)'/ '.o stSùAstOV âuTàlv.
(4) Judic. XVI. 2).
(<,) Voyez 1. M ace. xi. 58. et xiv. 44. et 11. Macc. xt. 55.
(6) Alex, ab Alex. Génial, dier. I. 11. c. 29.
'M
I.
MACCABEES.
X. - HONNEURS ACCORDÉS A JONATHAS
qu'aux tribuns militaires ; ensuite on en récom-
pensa jusqu'aux simples soldats, pour des actions
d'une valeur extraordinaire (i). L'agrafe se por-
tait sur l'épaule, comme le dit saint Isidore, et
comme on le remarque dans les médailles. Quant
aux parents du roi dont il est parlé ici, c'étaient
des personnes de la première dignité à la cour des
rois de Perse ; souvent ils ne touchaient nulle-
ment au roi par le sang, ni par les alliances : on
leur donnait le nom de parents, par distinction et
par honneur. Aman était nommé le père du roi
Assuérus (2); Quinte-Curce compte jusqu'à quinze
mille parents du roi Darius (3), cognati régis.
Xénophon parle de cette dignité avec beaucoup
d 'estime (4\On verra au chapitre suivant (^Lasthène
nommé parent du roi, et père de Démétrius.
(1) TU. Liv. xxxix. ;i. - Plin. xxxm.
Alex. Génial, dicr. cl not. Tiraquel.
(2) Esth. xvi. 1 1.
12. - Alex, al
1 5) Quint. Curt. I . m.
(4) Xcnopk. Cyropxd. L vin
(5) 1. Macc. xi. ji. et î2.
CHAPITRE XI
Ptolémée Philométor envahit le royaume d'Alexandre Balas. Combat entre ces deux
princes. Alexandre se sauve; on lui tranche la tête. Ptolémée meurt. Démétrius Nicator
monte sur le trône, comble d'honneurs Jonalhas, accorde plusieurs privilèges aux Juifs.
Entreprise de Tryphon. Soulèvement à A ntioche. Les Juif s sauvent Démétrius. Ingratitude
de ce prince. Antiochus Théos est mis sur le trône et recherche l'amitié de Jonathas.
Guerre de Jonathas contre les troupes de Démétrius.
i. Et rex /Egypti congregavit exercitum, sicut arena
quae est circa oram maris, et naves multas : et quœrebat
obtinere regnu.ti Alexandri dolo, et addere illud regno
suo.
2. Et exiit in Syriam verbis pacificis; et aperiebant ei
civitates, et occurrebant ei, quia mandaverat Alexander
rex exire ei obviam, eo quod socer suus esset.
;. Cum autem introiret civitatem Ptolemasus, ponebat
custodias militum in singulis civilatibus.
4. Et ut appropiavit Azoto, ostenderunt ei templum
Dagon succensum igni et Azotum, et cetera ejus demolita,
et corpora projccta, et eorum qui cœsi erant in bello
tumulos quos fecerant secus viam.
1. Après cela, le roi d'Egypte rassembla une armée
qui était comme le sable du rivage de la mer, et un grand
nombre de vaisseaux; et il cherchait à se rendre maître
par surprise du royaume d'Alexandre, et à l'ajouter au
sien.
2. Il marcha d'abord comme ami dans la Syrie ; et les
habitants des villes lui ouvraient les portes, et venaient
au devant de lui, selon l'ordre qu'Alexandre leur avait
donné, parce que le roi d'Egypte était son beau-père.
5. Mais aussitôt que Ptolémée était entré dans une
ville, il y mettait une garnison de ses gens.
4. Lorsqu'il fut venu près d'Azot, on lui montra le
temple de Dagon qui avait été brûlé, les ruines de la
ville d'Azot, plusieurs corps qui étaient encore sur la
terre, et tous les autres qui avaient été tués dans
la guerre, et qu'on avait amassés dans des sépultures
communes le Ions du chemin.
COMMENTAIRE
jh 1. Rex .tEgypti qu/erebat obtinere regnum
Alexandri dolo. Ptolomée Philométor, roi
d'Egypte, avait eu des vues d'intérêt, en se joi-
gnant à Alexandre Balas, pour détrôner Démé-
trius Soter, et en lui donnant sa fille en mariage.
Son dessein était de réunir les deux royaumes de
mauvais dessein ; et, pour colorer sa trahison, il
publie qu'Alexandre a voulu le surprendre, en lui
dressant des embûches dans Ptolémaïs. Il s'avance
alors jusqu'à Antioche, sans trouver de résistance.
Ammonius est abandonné, le roi d'Egypte prend
possession du royaume de Syrie, et met sur sa
Syrie et d'Egypte, comme ils l'avaient été autre- tète les deux diadèmes. Alexandre était occupé
dans la Cilicie, qui avait été soulevée par Démé-
trius. Il y assembla beaucoup de troupes, et, de
là, vint avec son armée dans la Syrie. Pendant ce
temps, Ptolémée avait donné à Démétrius Nica-
tor, sa fille, qui avait épousé Alexandre. Ces
fois. Alexandre étant monté sur le trône d'une
manière inespérée, s'abandonna à la débauche, et
laissa le gouvernement à Ammonius ; les cruautés
d'Ammonius et la lâcheté d'Alexandre, les rendi-
rent odieux et méprisables. Démétrius Nicator,
fils aîné de Démétrius Soter, profita de ces con- deux princes alliés marchèrent contre Alexandre,
jonctures et déclara la guerre à Alexandre, ainsi lui livrèrent la bataille, et l'obligèrent à s'enfuir
qu'on l'a vu dans le chapitre précédent. Ptolomée en Arabie, avec cinq cents hommes (1).
Philométor feignit d'aller au secours d'Alexandre,
son gendre, mais avec la résolution secrète de se
rendre maître de ses états. Sous le spécieux pré-
texte d'assister Alexandre, il lève une grande ar-
mée de mer et de terre, et s'avance vers la Syrie.
Toutes lesvilleslereçoiventcommeami, et comme
beau-père du roi ; Ptolémée en profite pour met-
tre partout des garnisons. Enfin, il découvre son
jfr. 3. Cum introiret civitatem Ptolem/eus,
ponebat custodias militum. Plusieurs exemplai-
res grecs (2) lisent : Aussitôt quil fût entré dans
ta ville de Ptolémaïde, d y mit une garnison, etc.
Mais l'édition romaine, le syriaque, et Josèphe
lisent Ptolémée, ce qui fait un bien meilleur sens.
f. 4. Eorum qui cesi erant in bello tumu-
los. Ces monceaux de cadavres avaient pour but
(1) Vide Usser. ad an. $8$8. - Joscj.li. Antiq. twn. C.8.-
Diodor. t. xxxu. - Epilotn. Liv. lu. - Justin, t. xxxv.
(2) Ms. Alex, alia cdit, Gr. prxtcr Rom.
n6
MACCABEES.
XI.- FUITE D'ALEXANDRE BALAS
'-.. Et narraverunt régi quia hœc fecit Jonathas, utinvi-
diam facerent ei ; et tacuit rex.
6. Et occurrit Jonathas régi in Jcppen cum gloria; et
invicem se salutaverunt, et dormierunt illic.
7. Et abiit Jonathas cum rege usque ad fluvium qui
vocatur Eleutherus, et reversus est in Jérusalem.
8. Rex autem Ptolemœus obtinuit dominium civitatum
usque Seleuciam marilimam, et cogitabal in Alexandrum
consiiia mala.
0. Et misit legatos ad Demetrium, dicens : Veni, com-
ponamus inter nos pactum ; et dabo tibi filiam meam
quam habet Alexander, et regnabis in regno patris ta i.
10. Pœnitet enim me quod dederim illi filiam meam ;
quœsivit enim me occidere.
11. Et vituperavit eum, propterea quod concupierat
regnum ejus.
12. Et abstulit filiam suam, et dédit eam Demetrio, et
alienavit se ab Alexandro; et manifestatœ sunt inimicitiœ
ejus.
i;. Et intravit Ptolemœus Antiochiam, et imposait duo
diademata capiti suo, /Egypti et Asiœ.
14. Alexander autem rex erat in Cilicia illistemporibus,
quia rebellabant qui erant in locis illis.
1 ç. Et audivit Alexander, et venit ad eum in bellum ;
et produxit Ptolemœus rex exercitum, et occurit ei in
manu valida, et fugavit eum.
16. Et fugit Alexander in Arabiam, ut ibi protegeretur;
rex autem Ptolemœus exaltatus est.
<,. Et ils dirent au roi que c'était Jonathas qui avait fait
tous ces maux; voulant ainsi le rendre odieux dans son
esprit : mais le roi ne répondit rien.
6. Jonathas vint ensuite avec grand éclat trouver le
roi à Joppé ; ils se saluèrent, et passèrent la nuit en ce
lieu ;
7. Et Jonathas ayant accompagné le roi jusqu'au fleuve
qu'on nomme Éleuthère, revint à Jérusalem.
8. Or le roi Ptolémée se rendit maître des villes jus-
qu'à Séleucie, qui est au bord de la mer; et il avait de
mauvais desseins contre Alexandre,
9. Et il envoya des ambassadeurs à Démétrius, pour
lui dire de sa part: Venez, afin que nous fassions alliance
ensemble ; et je vous donnerai ma fille qu'Alexandre a
épousée, et vous rentrerez dans le royaume de votre
père.
10. Car je me repends de lui avoir donné ma fille en
mariage, parce qu'il a cherché les moyens de me tuer.
11. Il l'accusait de la sorte, par ;le désir qu'il avait de
lui enlever son royaume.
12. Rt enfin lui ayant ûté sa fille, il la donna à Démé-
trius, et s'éloigna tout à fait d'Alexandre ; et alors son
inimitié se manifesta publiquement.
1 j. Ptolémée entra ensuite dans Antioche, et se mit sur
la tête deux diadèmes, celui d'Egypte et celui d'Asie.
14. Le roi Alexandre était alors en Cilicie, parce que
les habitants de ces régions s'étaient révoltés contre lui.
1 5. Ayant donc appris ces choses, il marcha avec ses
troupes pour le combattre; et le roi Ptolémée fit mar-
cher aussi ses gens, et vint au devant de lui avec une
puissante armée, et le défit.
16. Alexandre s'enfuit en Arabie, pour y trouver quel-
que protection; et le roi Ptolémée fut élevé en grande
gloire.
COMMENTAIRE
de rendre odieuse la conduite de Jonathas, et
d'irriter contre lui le roi d'Egypte. Mais ce prince
avait alors bien autre chose dans l'esprit; il
n'avait garde d'aigrir Jonathas.
}. 7. Usque ad fluvium qui vocatur Eleu-
therus. Les géographes ne conviennent pas de
la situation de ce fleuve. Les uns le mettent entre
Tyr et Sidon, d'autres au delà du L'rban. I! coule
entre Tripoli et Antarade, et porte aujourd'hui
le nom de Nahr-el-Kebir.
f. 8. Usque Seleuciam maritimam. Jusqu'à
Séleucie qui est au bord de la mer, sur l'embou-
chure de l'Oronte.
jr. 10. Qu^sivit me occidere. Ptolémée fei-
gnit qu'Ammonius lui avait dressé des embûches
à Ptolémaïs, et qu'Alexandre n'avait pas voulu
le lui livrer, pour en faire justice (1). Josèphe
prend cette accusation au sérieux, et la croit vé-
ritable ; mais l'historien sacré insinue que ce
n'était qu'un prétexte de Ptolémée, pour rompre
avec son gendre.
^.13. Intravit Ptolemœus Antiochiam. Cette
ville et toute la province se révoltèrent contre
Alexandre, à cause d'Ammonius, dont ils avaient
été maltraités. Alexandre, occupé alors à mainte-
nir la Cilicie, n'avait pu intervenir. Antioche ou-
vrit ses portes à Ptolémée et le proclama roi. Am-
monius s'étant déguisé en femme pour se sauver
fut tué. Ptolémée, qui avait donné sa fille Cléo-
pâtre à Démétrius Nicator, pria les habitants
d'Antioche d'oublier les injures qu'ils avaient
reçues de Démétrius Soter, et de recevoir Démé-
trius Nicator, son gendre, pour roi ; pour lui, il
se contentait du royaume d'Egypte, et ne préten-
dait pas garder celui de Syrie, qu'ils lui avaient
déféré (2).
f. 14. Alexander autem rex erat in Cilicia...
QUIA REBELLABANT QUI ERANT IN LOCIS ILLIS. Le
texte semble dire qu'Alexandre était allé en Cili-
cie, parce que cette province s'était révoltée con-
tre lui. 11 y a deux opinions à cet égard. D'après
la première, ces mots in locis illis doivent s'en-
tendre de la province de Syrie. 11 convient donc
de traduire le verset en ce sens : Le roi Alexandre
était alors en Cilicie, parce que les habitants des
provinces syriennes s'étaient repolies contre lui.
Josèphe est favorable à cette opinion, puisque,
d'après son récit, Alexandre se relira en Cilicie.
(ij Vide Joseph. Antiq. I. xm. c,
Reg. Syr. pag. 2.;o.
8, Ha et Vaillant hist.
(a) Justin. I. xxxv. - Joseph. Antiq. XIII. c. 8.
MACCABÉES. — XI. - DÉMÉTRIUS ET JONATHAS
1:7
17. Et abstulit Zabdiel Arabs caput Alexandri, et misit
Ptolemaeo.
18. Et rex Ptolemaeus mortuus est in die tertia ; et qui
erant in munitionibus perierunt ab his qui erant inter
castra.
19. Et regnavit Demetrius anno centesitno sexagesimo
septimo.
20. In diebus il lis congregavit Jonathas eos qui erant
in Judasa, ut expugnarent arcem quae est in Jérusalem ;
et fecerunt contra eam machinas multas.
2t. Et abierunt quidam qui oderant gentem suam viri
iniqui ad regem Demetrium, et renuntiaverunt ei quod
Jonathas obsideret arcem.
22. Et ut audivit, iratus est; et statim venit ad Ptole-
maidam, et scripsit Jonathas ne obsideret arcem, sed
occurreret sibi ad colloquium festinato.
2?. Ut audivit autem Jonathas, jussit obsidere ; et ele-
git de senioribus Israël, et de sacerdotibus, et dédit se
perici'lo.
24. Et accepit aurum, et argentum, et vestem, et alia
xenia multa, et abiit ad regem Ptolemaidam ; et invenit
gratiam in conspectu ejus.
25. Et interpellabant adversus eum quidam iniqui ex
gente sua.
26. Et fecit ei rex sicut fecerant ei qui ante eum fue-
rant, et exaltavit eum in conspectu omnium amicorum
suorum ;
27. Et statuit ei principatum sacerdotii, et quascumque
alia habuit prius pretiosa, et fecit eum principem amico-
rum.
17. Mais Zabdiel, prince des Arabes, fit couper la tête
d'Alexandre, et 1 envoya à Ptolémée.
18. Trois jours après, le roi Ptolémée mourut, et ses
gens, qui étaient dans les forteresses, furent tués par
ceux du camp de Démétrius,
19. Qui recouvra son royaume en la cent soixante-
septième année.
20. En ce même temps, Jonathas rassembla ceux qui
étaient dans la Judée, pour prendre la forteresse de
Jérusalem ; et ils dressèrent plusieurs machines de
guerre pour la forcer :
21. Mais quelques méchants qui haïssaient leur nation,
allèrent trouver le roi Démétrius, et lui rapportèrent
que Jonathas assiégeait la forteresse.
22. Démétrius l'ayant su, entra en colère ; il vint aus-
sitôt à Ptolémaïs, et il écrivit à Jonathas de ne point
assiéger la forteresse, mais de venir le trouver prompte-
ment, pour conférer avec lui.
25. Jonathas ayant reçu cette lettre, ordonna que Ton
continuât le siège; et il choisit quelques-uns des anciens
du peuple et des prêtres ; et il alla avec eux s'exposer
au péril.
24. Il prit de l'or, de l'argent, de riches vêtements, et
beaucoup d'autres présents et se rendit près du roi à
Ptolémaïs; et il trouva grâce devant lui.
25. Quelques hommes perdus de sa nation formèrent
encore des plaintes et des accusations contre lui.
2ô. Mais le roi le traita comme l'avaient traité les
princes ses prédécesseurs, et l'éleva en grand honneur à
la vue de tous ses amis.
27. Il le confirma dans la souveraine sacrificalure, et
dans toutes les autres marques d'honneur qu'il avait eues
auparavant, et le fit le premier de ses amis.
COMMENTAIRE
La seconde opinion veut que la Cilicie se soit ré-
voltée, et qu'Alexandre y soit allé pour rétablir
l'ordre. Cette opinion n'est pas dépourvue de
vraisemblance, puisque c'était en Cilicie que Dé-
métrius avait débarqué. 11 est évident qu'il n'au-
rait pas pris terre en Cilicie avec ses Cretois, s'il
n'y avait eu quelques intelligences. Le savant juif
S. Munk soutient cette seconde opinion, et c'est
aussi la nôtre.
v. 17. Abstulit Zabdiel Arabs caput Alexan-
dri. Diodore de Sicile appelle Dioclès ce prince
des Arabes. Les historiens (1) nous apprennent
que les généraux d'Alexandre, pensant à leurs in-
térêts et à leur sûreté, après la retraite de leur
maître, traitèrent en particulier avec Démétrius,
et tuèrent Alexandre, dont la tète fut envoyée à
à Ptolémée, par Zabdiel, dont on a parlé.
T. l8. PtOLEM/EUS MORTUUS EST IN DIE TERTIA.
Ce prince avait été renversé de cheval, dans le
combat, car son cheval s'était effarouché au cri
d'un éléphant. Les soldats d'Alexandre s'étaient
jetés sur lui, et lui avaient porté plusieurs coups
sur la tête ; il fut délivré à grand'peine par ses
gardes. Il demeura quatre jours sans connaissance,
enfin il revint à lui frappé par la vue de la tête
d'Alexandre son ennemi. Mais trois jours après,
les médecins ayant voulu essayer le trépan, il
mourut dans l'opération.
Qui erant in munitionibus perierunt ab his
qui erant intra castra. Après la mort de Ptolé-
mée, les troupes qu'il avait laissées dans les villes
et dans les forteresses de Syrie, furent tuées par
celles de Démétrius Nicator, son gendre. Ce
jeune prince, oubliant les services que lui avait
rendus Ptolémée, maltraita les troupes, qu'il avait
laissées en mourant dans la Syrie, et les obligea à
se retirer en Egypte (2).
y. 19. Et regnavit Demetrius anno cente-
simo sexagesi mo septimo. En l'an 146 avantJ.-C.
y. 20 Ut expugnarent arcem quje est in Jé-
rusalem. Démétrius Soter, père de Nicator, avait
offert de remettre à Jonathas la forteresse de Jé-
rusalem, et d'en retirer ses troupes (3); mais les
Juifs n'ayant pas jugé à propos de se ranger du
parti de ce prince, ses offres n'avaient point eu
d'effet; la citadelle de Jérusalem était demeurée
entre les mains des Syriens. Jonathas voulut donc
en entreprendre le siège.
y. 27. Fecit eum principem amicorum. Le
grec à la lettre (4) : // le fit chef de ses premiers
(1) Vide Usser. ad an. jStf.-Polyb. excerpt. Vales. p. 194.
■ Diod. Sicut. I. xxxiv. in Photii Biblict. etc.
(2) Joseph. Antiq. /. xut. c. 18. — (?) 1. Macc. x.
(4) B'7:o''r)Tev âutôv T<iy Tcpok'nv tfiXi^v Tiye'tcrôa'..
II!
I.— MACCABÉF.S.- XI. CONCESSIONS DE DÉMÉTRIUS
28. Et postulavit Jonathas a rege ut immunem faceret
Judasam, et très toparchias, et Samanam, et confinesejus;
et promisit ei talenta trecenta.
20. Et consensit rex ; et scripsit Jonathas epistolas de
his omnibus, hune modum continentes :
50. Rex Demetrius, fratri Jonathas, salutem, et genti
Judasorum.
?i. Exemplum epistolas quam scripsimus Lastheni,
parenti nostro, de vobis, misitnus ad vos, ut sciretis.
52. Rex Demetrius, Lastheni parenti, salutem.
?}• Genti Judasorum, amicis nostris, et conservantibus
quas justa sunt apud nos, decrevimus benefacere, prop-
ter benignitatem ipsorum, quam erga nos habent.
34. Statuimus ergo illis omnes fines Judasas,et très civi-
tates, Lydan, et Ramathan, quas additae sunt Judasas ex
Samaria, et omnes confines earum, sequestrari omnibus
sacrificantibus in Jerosolymis, pro his quae ab eis prius
accipiebat rex per singulos annos, et pro fruclibus terrr«
et pomorum.
1<>. Et alia quas ad nos pertinebant, decimarum et tri-
butorum, ex hoc tempore remittimtis eis ; et areas sali-
narum, et coronas quas nobis deferebantur.
;0. Omnia ipsis concedimus ; et nihil horum irritum
erit ex hoc, et in omne tempus.
28. Jonathas supplia le roi de donner la franchise et
l'immunité à la Judée, aux trois toparchies, à Samarie et
à tout son territoire ; et il lui promit trois cents talents.
29. Le roi y consentit ; et il fit expédier à Jonathas,
touchant toutes ces affaires, des lettres patentes qui
étaient conçues en ces termes :
jo. Le roi Demetrius, à son frère Jonathas, et à la
nation des Juifs, salut.
?i. Nous vous avons envoyé une copie de la lettre
que nous avons écrite à Lasthène, notre père, touchant
ce qui vous regarde, afin que vous en fussiez informés.
52. Le roi Demetrius, à Lasthène, son père, salut.
;î. Nous avons résolu de faire du bien à la nation des
Juifs, qui sont nos amis, et qui nous conservent la fidé-
lité qu'ils nous doivent, à cause de la bonne volonté
qu'ils ont pour nous.
54. Nous avons donc ordonné que les trois villes,
Lyda, Ramatha (et Aphérima), qui ont été annexées à la
Judée du territoire de Samarie, avec toutes leurs appar-
tenances, seront destinées aux prêtres de Jérusalem, au
lieu des impositions que le roi en retirait chaque année,
et de ce qui lui revenait des fruits de la terre et des
arbres.
;Ç. Nous leur remettons aussi dès à présent les autres
choses qui nous appartenaient, comme les dîmes et les
tributs; et de même les impôts des salines, et les cou-
ronnes qu'on nous apportait.
;6. Nous leur donnons toutes ces choses; et cette con-
cession demeurera ferme dès maintenant et pour tou-
jours.
COMMENTAIRE
amis. Il lui donna des marques d'une distinction
très particulière, et d'une parfaite amitié.
f. 28. Très toparchias et Samariam. On a
déjà parlé précédemment (1) des trois toparchies
ajoutées à la Judée; elles étaient démembrées de
la Samarie. Jonathas rachète les tributs et les
charges que Demetrius pouvait imposer à ces
provinces, pour la somme une fois payée, de
trois cents talents, soit 2.$ 50,000 francs.
jr. 31. Lastheni, parenti nostro. C'est ce Las-
thène de Crète, qui contribua tant à mettre Deme-
trius sur le trône de ses ancêtres, en lui fournis-
sant les troupes avec lesquelles il passa en Cili-
cie, et de làen Syrie. Demetrius l'en récompensa,
en lui confiant la principale autorité, et le gouver-
nement du royaume ; mais comme Lasthène abu-
sait visiblement du pouvoir, il jeta bientôt le roi
dans de nouveaux dangers.
f. 34. Lydan, et Ramathan. Le grec ajoute
Aoaicî^ia qui manque ici dans la Vulgate. Le syria-
que l'appelle Aphrem. C'est la ville d'Aphérima,
placée dans la carte qui accompagne l'ouvrage de
S. Munk au nord de la Nahr-el-Aujeh. Lidda
ou Diospolis est bien connue, à la naissance de
la vallée. On a voulu identifier Ramatha avec la
ville de Ramleh actuelle ; mais cette identification
est loin d'être admise. On ne peut douter toute-
fois qu'il n'y ait eu dans ces parages, même aux
origines chrétiennes, une ville de Ramatha ou de
Ramathem, désignée aussi sous le nom d'Arma-
tha. Elle n'était point éloignée de Lidda, c'est
tout ce que l'on peu attester. Eliam periere ruina'.
D'Allioli écrit : « Ces petits pays (cercles) étaient
les districts d'Ephraïm, de Lidda et de Rama-
thaïm. » C'est se payer des mots qui ne fixent
absolument rien pour Aphérima et Ramatha.
Le grec peut faire un autre sens (2): Nous
fixons les limites de la Judée, el nous y comprenons
les villes de Lidda, de Ramalha el d' Aphérima, el
loul leur territoire ; el nous remettons à ceux qui
sacrifient à Jérusalem, les droits royaux, que le roi
recevait des fruits de la terre et des arbres, comme
aussi les dîmes et les tributs qui nous appartiennent.
y. 55. Areas Salinarum. Le grec (4): Les lacs
des salines. Il est probable qu'il s'agit de salines
exploitées aux environs de la mer Morte « Sur le
rivage sud-ouest, » dit Volney, « il y a des mines
de sel gemme, dont j'ai rapporté des échantillons.
Elles sont situées dans le flanc des montagnes
qui régnent de ce côté, et elles fournissent, de
(11 1. Macc. x. jo. IX«u.6«v6' ô [îaaiXeùç rap' âui<ôy... xfc rà âXXa Ta àvrjxovta
(2) EaTaxafUV o"'uv âuTOîç tare o~pca ttjî I'ouoa^aç, xa'i r);j.îv... navra ércapxôiç jeapte^EV âutoî? ou £7rapy.£aop.Ev.
xoù; toeî; vop.où; xa't îtavra rà au-f/upoûvra àutoî;. Oaat (j) Ta; xoû aXoç X/p:vaç.
xo\; QuatâÇoujt éi; IspoaûXupa, ayri rtôv JjaatXtxojv oj'v
1. — MACCABÉES. — XI. - RÉVOLTE DE TRYPHON
"9
57. Nunc ergo curate facere horum exemplum, et de tur
Jonathae, et ponatur in monte sancto, in lococelebri.
58. Et videns Demetrius rex quod siluit terra in cons-
pectu suo, et nihil ei resistit, dimisit totum exercitum
suum, unumquemque in locum suum, excepto peregrino
exercitu, quem contraxit ab insulis gentium : et inimici
erant ei omnes exercitus patrum ejus.
jo.Tryphonautem erat quidam partium Alexandri p.ius;
et vidit quoniam omnis exercitus murmurabat contra
Demetrium, et ivit ad Emalchuel Arabem, qui nutriebat
Antiochum, filium Alexandri ;
40. Et assidebat ei ut traderet eum ipsi, ut regnaret
loco patris sui ; et enuntiavit ei quanta fecit Demetrius,
et inimicitias exercituum ejus adversus illum ; et mansit
ibi diebus multis.
41. Et misit Jonathas ad Demetrium regem, ut ejiceret
eos qui in arce erant in Jérusalem, et qui in preesidiis
erant, quia impugnabant Israël.
42. Et misit Demetrius ad Jonathan, dicens : Non hase
tantum faciam tibi, et genti tuée, sed g'oria illustrabo te,
et gentem tuam, cum fuerit opportunum.
4;. Nunc ergo recte feceris si miseris in auxilium mihi
viros, quia discessit omnis exercitus meus.
44. Et misit ei Jonathas tria millia virorum fortium
Antiochiam ; et venerunt ad regem, et delectatus est rex
in adventu eorum.
45. Et convenerunt qui erant de civitate, centum viginti
millia virorum, et volebant interficere regem.
46. Et fugit rex in aulam ; et occupaverunt qui erant
de civitate itinera civitatis, et cœperunt pugnare.
47. Et vocavit rex Judasos in auxilium, et convenerunt
omnes simul ad eum et dispersi sunt omnes per civitatem,
?7. Ayez donc soin de faire une copie de cette ordon-
nance ; et qu'elle soit donnée à Jonathas, et qu'on l'ex-
pose sur la montagne sainte, en un lieu où elle soit vue
de tout le monde.
;8. Le roi Demetrius voyant que tout le royaume était
paisible, et que rien ne lui résistait, licencia toute son
armée, et renvoya chacun en sa maison, excepté les
troupes étrang'res qu'il avait levées des peuples des
îles : et ceci lui attira la haine de toutes les troupes qui
avaient servi ses pères.
?o. Alors Tryphon, qui avait été auparavant du parti
d'Alexandre, voyant que tous les gens de guerre murmu-
raient contre Demetrius, alla trouver Emalchuel, roi des
Arabes, qui nourrissait auprès de lui Antiochus, fils
d'Alexandre.
40. Et il le pressa longtemps, afin qu'il lui donnât ce
jeune prince, pour le faire régner en la place de son
père : il lui rapporta tout ce que Demetrius avait fait, et
la haine que les gens de guerre avaient conçue contre
lui, et il demeura longtemps en ce lieu.
41. Cependant Jonathas envoya vers le roi Demetrius,
pour le prier de chasser ceux qui étaient en garnison
dans la forteresse de Jérusalem et dans les autres forte-
resses, parce qu'ils faisaient beaucoup de mal à Israël.
42. Demetrius envoya dire à Jonathas : Non seulement
je ferai pour vous et votre nation ce que vous me deman-
dez ; mais je vous élèverai en gloire, vous et votre peu-
ple, aussitôt que le temps me le permettra.
4;. Vous ferez donc maintenant une action de justice de
m'envoyer de vos gens pour me secourir, parce que
toute mon armée m'a abandonné.
44. Alors Jonathas envoya à Antioche trois mille hom-
mes très vaillants, qui vinrent trouver le roi ; et le roi
reçut une grande joie de leur arrivée.
4<;. En ce même temps, cent vingt mille hommes de la
ville voulaient tuer le roi.
46. Le roi s'enfuit dans le palais; et les habitants de la
ville se saisirent de toutes les rues, et commencèrent à
l'attaquer.
27. Le roi fit venir les Juifs à son secours; et ils s'as-
semblèrent tous près de lui, et firent des courses dans la
ville.
COMMENTAIRE
temps immémorial, à la consommation des Ara-
bes de ces cantons, et même de la ville de Jéru-
salem (1). » Voyez chap. x. ). 29.
f. 37. In loco celebri. Dans un lieu célè-
bre (2). un lieu apparent, un lieu d'assemblée.
jr. 38. Ab insulis gentium. Particulièrement
de Crète, d'où était la plupart de ses troupes.
C'était apparemment Lasthène qui donnait ce con-
seil au roi ; mais il ne pouvait rien faire, ni de plus
contraire aux intérêts du prince, ni de plus dange-
reux pour lui-même, comme l'évène.nentle fit voir.
f. 39. Tryphon autem erat quidam partium
Alexandri. Tryphon s'appelait auparavant Dio-
dote ; il ne prit le nom de Tryphon, que lorsqu'il
fut monté sur le trône de Syrie ; il était dans la
forteresse de Cassiana, près d'Apamée. S'étant
aperçu du mécontentement des troupes que De-
metrius Nicator avait congédiées, il alla en Ara-
bie, et sollicita puissamment Elmachucl ou, selon
le grec, S^a^ouè, roi des Arabes, deluiconfier le
jeune prince Antiochus, fils d'Alexandre Balas,
se faisant fort de le rétablir sur le trône de Syrie.
L'Arabe ne se rendit à ses prières qu'avec diffi-
culté ; mais enfin il lui donna le jeune prince qui
n'était alors qu'un enfant.
f. 4î. Convenerunt qui erant de civitate,
centum viginti millia virorum. Demetrius Nica-
tor ayant congédié les anciennes troupes du pays,
et s'étant appuyé exclusivement sur les troupes
étrangères qu'il avait amassées, entreprit d'ôtei
les armes aux habitants d'Antioche. Non seule-
ment ils n'obéirent point à ses ordres, mais ils se
soulevèrent et coururent assiéger leur roi, jusque
dans son palais (3). Il ne se tira de ce danger que
par le secours des Juifs, mais il ne sut pas recon-
naître un si grand service.
(1) Volncy, Voyage en Egypte et en Syrie, 11. ch, 1, 7.
(2) E'v tÔtio) É7narîu.(|).
Vide Diodor. Sicul. excerpta Vates.p. 546.
120
I. — -MACCABÉES. — XI. - INGRATITUDE DE DÉMÉTRIUS
48. Et occiderunt in illa die centum millia hominum,
et succenderunt civitatem, et ceperunt spolia multa in
die illa, et hberaverunt regem.
49. Et viderunt quierant de civitate, quod obtinuissent
Judaei civitatem sicut volebant, et infirmati sunt mente
sua ; et ciamaverunt ad regem cum precibus dicentes :
■;o. Da n >bis dextras, et cessent Judaei oppugnare nos,
et civitatem.
51. Et projecerunt arma sua, et fecerunt pacem. Et
glorificati sunt Judaai in conspectu régis et in conspectu
omnium qui erant in regno ejus; et nominati sunt in
regno, et regressi sunt in Jérusalem habentes spolia
multa.
52. Et sedit Demetrius rex in sede regni sui ; et siluit
terra in conspectu ejus.
<;;. Et mentitus est omnia quaecumque dixit; et abalie-
navit se a Jonatha, et non retribuit ei secundum béné-
ficia quas sibi tribuerat, et vexabat eum valde.
54. Post hase autem reversus est Tryphon,et Antiochus
r.um eo puer adolescens ; et regnavit, et imposuit sibi
diadema.
51. Et congregati sunt ad eum omnes exercitus quos
disperserat Demetrius ; et pugnaverunt contra eum, et
fugit, et terga vertit.
56. Et accepit Tryphon bestias, et obtinuit Antiochiam.
<■"]. Et scripsit Antiochus adolescens Jonathas dicens:
Constituo tibi sacerdotium, et constituo te super quatuor
civitates, ut sis de amicis régis.
58. Et misit illi vasa aurea in ministerium, et dédit ei
potestatem bibendi in auro, et esse in purpura, et habere
fibulam auream ;
59. Et Simonem, fratrem ejus, constituit ducem a ter-
minis Tyri usque ad fines /Egypti.
60. Et exiit Jonathas, et perambulabat trans (lumen
civitates, et congregatus est ad eum omnis exercitus
Syrias in auxilium ; et venit Ascalonem, et occurrerunt ei
honorifice de civitate.
48. Et ils tuèrent en ce jour-là cent mille hommes : ils
mirent aussi le feu à la ville, en remportèrent un grand
butin, et délivrèrent le roi.
49- Les habitants de la ville voyant que les Juifs s'en
étaient rendus maîtres, pour y faire tout ce qu'ils vou-
draient, furent consternés ; et étant venus implorer le roi,
ils lui firent cette prière :
ço. Tendez-nous une main favorable, et que les Juils
cessent de nous attaquer, nous et notre ville.
51. Ils mirent en même temps bas les armes, et firent
la paix : les Juifs s'acquirent une grande gloire dans l'es-
prit du roi et des habitants de son royaume, et revinrent
à Jérusalem chargés de dépouilles.
52. Le roi Demetrius fut ainsi affermi sur son trône et
dans son royaume ; et le pays demeura paisible en sa
présence.
$?. Mais ce prince ne tint rien du tout ce qu'il avait
promis: il s'éloigna de Jonathas; et, bien loin de lui
témoigner aucune reconnaissance de toutes les obliga-
tions qu'il lui avait, il lui fit même tout le mal qu'il pût.
54. Après cela, Triphon revint, et avec lui le jeune
Antiochus, qui commença à se faire reconnaître pour roi,
et qui se mit le diadème sur la tète.
H'. Toutes les troupes que Demetrius avait licenciées
se rassemblèrent aussitôt près d'Antiochus ; elles com-
battirent contre Demetrius, qui fut défait et qui s'enfuit.
56. Tryphon se saisit alors des éléphants, et se rendit
maître d'Antioche.
<i7. Le jeune Antiochus écrivit ensuite à Jonathas, en
ces termes : Je vous confirme dans la souveraine sacrifi-
cature, et je vous établis sur les quatre villes afin que
vous soyez du nombre des amis du roi.
î8. Il lui envoya des vases d'or pour son service, et
lui donna le pouvoir de boire dans une coupe d'or,
d'être vêtu de pourpre, et de porter une agrafe d'or.
59. Et il établit son frère Simon gouverneur, depuis la
côte de Tyr jusqu'aux frontières d'Egypte.
60. Jonathas alla ensuite dans les villes qui sont au-
delà du fleuve, et toute l'armée de Syrie vint àson secours;
il marcha vers Ascalon ; et les habitants de la ville vin-
rent au devant de lui, en lui faisant de grands honneurs.
COMMENTAIRE
v. ^3. Et mentitus est omnia quaecumque
DIXIT ; ET ABAL1ENAV1T SE A JONATHA. Les princes
syriens étaient avant tout des ambitieux sans
scrupule et sans honneur. Ils flattaient les Juifs
en faisant appel à leur dévouement, quand ils
en avaient besoin ; mais à peine le danger avait-il
disparu, qu'ils oubliaient toutes leurs promesses.
Mais enfin de compte, ils étaient toujours victimes
de leur mauvaise foi. Car c'est une loi de la Pro-
vidence que la fausseté amène toujours après elle
des conséquences funestes. Elle peut réussir
pendant quelque temps ; mais il arrive un temps
où, fatalement, elle échoue.
f. 54. Reversus est Tryphon, et Antiochus
cum eo. Ce fut en 144, que Tryphon ramena le
jeune Antiochus, qui prit ensuite le surnom de
Theos Épiphane, c'est-à-dire Dieu qui se manifeste,
à l'imitation d'Antiochus Épiphane, son aïeul.
Après la prise d'Antioche, il se fit encore appeler
Nicéphore (1), ou victorieux.
jh 58. Misit illi vasa aurea in ministerium. //
lui envoya des vases d'or pour son service, de la
vaisselle d'or pour son usage. Ministerium signifie
proprement, les vases d'or et d'argent qu'on met
sur le buffet. Il n'y avait que le roi, ou ceux
à qui il en donnait la permission, qui pussent user
de vaisselle d'or. Le grec porte Swvwvios, service,
fonction domestique.
jh 59. Simonem constituit ducem a terminis
Tyri usque ad fines jEgypti. Gouverneur de
la Phénicie, et de la Palestine. Ainsi ce prince
donna aux deux frères, Jonathas et Simon, toutes
les marques d'estime et de confiance, qu'il pouvait
leur donner. Eupator avait donné déjà autrefois à
Judas le même gouvernement, mais seulement
depuis Ptolémaïs jusqu'à l'Egypte (2).
f. 60. Perambulabat trans flumen civitates,
ET CONGREGATUS EST AD EUM OMNIS EXERCITUS
Syri^e. Jonathas s'étant déclaré pour Antiochus,
fils d'Alexandre Balas, et ayant obtenu permission
(i) Vaiil. hist. Reg. Syr. p. 281.
(2) n. Macc. xiii. 24.
I. — MACCABÉES.— XI. - VICTOIRES DE JONATHAS
I 21
61. Et abiit inde Gazam, et concluserunt se qui erant
Gazas ; et obsedit eam, et succendit quae erant in cir-
cuitu civitatis, et praedatus est ea.
62. Et rogaverunt Gazenses Jonathan, et dédit illis dex-
teram ; et accepit filios eorum obsides, et misit illos in
Jérusalem; et perambulavit regionem usque Damascum.
6). Et audivit Jonathas quod prasvaricati sunt princi-
pes Demetrii in Cades, quae est in Galilasa, cum exer-
citu multo, volentes eum removere a negotio regni ;
64. Et occurrit illis, fratrem autem suum Simonem reli-
quit intra provinciam.
6^. Et applicuit Simon ad Bethsuram, et expugnabat
eam diebus multis, et conclusit eos.
66. Et postulaverunt ab eo dextras accipere, et dédit
illis; et ejecit eos inde, et cepit civitatem, et posuit in
ea praesidium.
67. Et Jonathas et castra ejus applicuerunt ad aquam
Genesar ; et ante lucem vigilaverunt in campo Asor.
68. Et ecce castra alienigenarum occurrebant in campo,
et tendebant ei insidias in montibus ; ipse autem occurrit
ex adverse
69. Insidiae vero exsurrexerunt de locis suis, et com-
miserunt praelium.
70. Et fugerunt qui erant ex parte Jonathas omnes, et
nemo relictus est ex eis, nisi Mathathias, filius Absalo-
mi, et Judas, rilius Calphi, princeps militiae exercitus.
71. Et scidit Jonathas vestimenta sua, et posuit terram
in capite suo, et oravit.
72. Et reversus est Jonathas ad eos in praslium, et
convertit eos in fugam, et pugnaverur.t.
7?. Et viderunt qui fugiebant partis illius, et reversi
sunt ad eum, et insequebantur cum eo omnes usque
Cades ad castra sua ; et pervenerunt usque illuc.
61. Il alla de là à Gaza ; et les habitants de la ville lui
fermèrent les portes : il y mit le siège, et il pilla et
brûla tous les environs de la ville.
62. Alors les habitants de Gaza demandèrent à capi-
tuler, et Jonathas le leur accorda : il prit leurs fils pour
otages et les envoya à Jérusalem ; et il alla dans tout le
pays jusqu'à Damas.
6;. Mais ayant appris que les généraux de Démétrius
étaient venus avec une puissante armée soulever la ville
de Cadès, qui est en Galilée, pour l'empêcher de se
mêler davantage de ce qui regardait le royaume de
Syrie,
64. Il marcha au-devant d'eux, et laissa dans la pro-
vince son frère Simon.
6^. Simon mit le siège devant Bethsura, et l'attaqua
longtemps, et il tint investis ceux qui étaient dedans.
66. Ils lui demandèrent ensuite à capituler, et il le
leur accorda : il les fit sortir hors de la ville, s'en rendit
le maître, et y mit garnison.
67. Jonathas vint avec son armée sur le bord de l'eau
de Génésar, et s'étant levés avant le jour, se rendirent
dans la plaine d'Azor.
68. Il y trouva l'armée des étrangers qui venaient au-
devant de lui, et qui lui dressaient des embuscades sur
les montagnes : il marcha droit à eux.
69. Et cependant ceux qui étaient cachés sortirent de
leur embuscade, et vinrent charger ses gens.
-o. Tous ceux du côté de Jonathas s'enfuirent, sans
qu'ilen demeurât aucun, sinon Matthathias fils d'Absalom,
et Judas fils de Calphi, général de son armée.
71. Alors Jonathas déchira ses vêtements, se mit de
la terre sur la tête, et fit sa prière.
72. Et Jonathas retourna au combat, chargea les enne-
mis, et les fit fuir devant lui; et ils furent mis en dé-
route :
77. Et ses gens qui avaient fui, voyant cela, revinrent
le joindre, ei poursuivirent avec lui les ennemis jusqu'à
Cadès, où éiait leur camp : et ils vinrent jusque-là.
COMMENTAIRE
de faire la guerre auxgénéraux de Démétrius (t),
rassembla des troupes, et alla d'abord au-delà du
Jourdain, où il fut joint par les troupes de Syrie ;
il parcourut toutes les villes de la région jusqu'à
Damas, et les assura au parti d'Antiochus. De là,
étant venu sur les côtes de la Méditerrannée, il
fut reçu dans Ascalon, et fit le siège de Gaza, qui
se rendit bientôt après, comme il est marqué ici.
y. 63. Pr^evaricati sunt principes Demetrii
in Cades. Le grec (2) met simplement: Les géné-
raux de Démétrius étaient venus devant Cadès,
avec une grande armée, pour éloigner Jonathas de
la province, où il était alors, ou pour l'éloigner
des affaires. Cadès était une ville très considérable
de la Galilée, au nord-ouest au lac Samochonitis.
Les généraux syriens crurent, et ils ne se trom-
pèrent pas, que Jonathas ne manquerait pas
d'accourir au secours de ses frères assiégés dans
Cadès ; mais il eut la précaution de laisser son
frère Simon dans la province, pour continuer à
réduire ce qui ne leur obéissait pas.
y. 67. Applicuerunt ad aquam Genesar, et
ante lucem vigilaverunt in campo Asor. Le
grec est fautif, il lit N asor au lieu d'Asor. Cette
ville est célèbre dans l'Écriture (j); elle était
dans la haute Galilée, vers les eaux du lac Sa-
mochonitis. Le lac de Génésar, ou de Génésareth,
ou la mer de Tibériade est sur le haut Jourdain.
Jonathas suivit le Jourdain, arriva au lac de Gé-
nésareth ou mer de Tibériade, puis au lac Samo-
chonitis ou de Mérom, pour se rendre devant
Cadès.
'y. 70. Nemo relictus est ex eis, nisi Mattha-
thias, filius Absalomi, et, Judas filius Calphi.
Josèphe (4) appelle Judas fils de Chasphée. Il dit
que ces deux capitaines demeurèrent avec Jona-
thas, accompagné d'environ cinquante hommes.
Ce fut avec cette petite troupe que Jonathas
(1) Josep. Antiq. I. xui. c. 9.
(2) 0"xt icaprjaav 01 aç^ovts; Ar)f£3?p'!ou Et; KâS7)ç....
(JoiAdjjievoi jjutaatTJaaiâutdv I* Tijç y_iopâ;, ou sx ir\i y_psia;.
(;) Josue xi. 1. et seq.
(4) Joseph. Antiq. I. xiu. c. 9.
122
I. MACCABEES. - XI. ■ RÉFLEXIONS
74. Et ceciderunt de alienigenis in die illa tria millia
virorum ; et reversus estJonathas in Jérusalem.
74. ïl demeura sur place, en ce jour-là, trois mille
hommes de l'armée des étrangers : et Jonathas retourna
à Jérusalem.
COMMENTAIRE
attaqua l'ennemi, et le fit plier ; le reste de son 1
armée se rallia ensuite, et les généraux de Démé-
trius furent enfin mis en fuite.
f, 74. Tria millia virorum. Josèphe n'en met
que deux mille.
Dieu permet que Jonathas soit surpris par les
ennemis, et abondonné de ses propres soldats,
afin que, dans cette grande extrémité, il soit
obligé de mettre toute sa force en Dieu seul. Que
fait-il donc en ce moment, sinon de s'anéantir en
sa présence, en jetant de la terre sur sa tête ; de
marquer son deuil en déchirant ses vêlements ; et
de prier Dieu, pour implorer son secours ? I! ne
craint point que le temps qu'il emploie ,à la
prière soit perdu, et donne le loisir à ses ennemis
de le défaire entièrement : il sait bien qu'il les
combat plus puissament par cette prière que
par son épée. 1 1 rend à Dieu cet hommage, de lui
remettre tous ses intérêts entre les mains : et
néanmoins, se relevant aussitôt avec une grande
foi sans regarder le petit nombre de ceux qui
l'accompagnaient, il a la force de mettre en fuite
ses ennemis vainqueurs, et de redonner le courage
à tous ceux qui l'avaient abandonné.
Le désir qu'avait Jonathas de vaincre ses enne-
mis, n'était pas en lui l'effet d'une gloire humaine ;
a profonde humiliation par laquelle il s'efforça de
mériter le secours de Dieu, fait bien connaître
qu'il regardait la cause pour laquelle il combattait,
comme étant plus celle de Dieu même que la
sienne. Il craint donc d'être vaincu, moins pour
lui, que parce qu'il soutient la cause du peuple de
Dieu, et celle de sa religion. Il doit, en cela,
servir de modèle aux princes de l'Église. Comme
un général ne peut séparer ses intérêts d'avec
ceux de ses soldats, et que leur perte est la
sienne ; il en est de même des supérieurs ecclési-
astiques. Ils doivent se regarder comme vaincus
et abattus en la personne des fidèles, lorsqu'ils le
sont. Ils doivent dire très sincèrement avec
saint Cyprien, que leur propre salut ne saurait
les consoler, lorsqu'ils voient leurs enfants couchés
par terre, et blessés à mort.
Jonathas ne refuse point le concours de ceux
qui voulaient lutter avec lui ; c'est un devoir aussi
pour les princes de l'Église de ne pas écarter bru-
talement ou décourager, par une avilissante jalousie,
les prêtres et les fidèles qui veulent engager avec
eux et soutenir à la vie et à la mort le bon combat.
Jonathas seul n'aurait pu rien faire sinon mourirà
la tâche ; avec une cinquantaine d'hommes déter-
minés, il mit l'ennemi en fuite.
CHAPITRE XII
Jonathas renouvelle l'alliance avec les Romains et avec les Lacé démo mens. Il met en finie
V armée de Démé/rius. Il tourne ses armes contre les Arabes et les Syriens. Simon étend
ses conquêtes jusqu'à Joppé. Jonathas est pris à Ploléma'fs par Tryphon.
i. Et vidit Jonathas quia tempus eum juvat, et elegit
viros, et misit eos Romam, statuere et renovare cum eis
amicitiam ;
i. Et ad Spartiatas et ad alia loca micit epistolas secun-
dum eamdem formam.
j. Et abierunt Romam, et intraverunt curiam, et dixe-
runt : Jonathas, summus sacerdos, et gens Judaeorum,
miserunt nos ut renovaremus amicitiam et societatem,
secundum pristinum.
4. Et dederunt illis epistolas ad ipsos per loca, ut dedu-
cerent eos in terrain Juda cum pace.
5. Et hoc est exemplum epistolarum quas scripsit Jona-
thas Spartiatis :
0. Jonathas summus sacerdos, et seniores gentis, et
sacerdotes, et reliquus populus Judoeorum, Spartiatis
fratribus, salutem.
1. Jonathas, voyant que le temps lui était favorable,
choisit des hommes qu'il envoya à Rome, pour renouve-
ler l'amitié avec les Romains.
2. Il envoya aussi vers les Lacédémoniens, et en d'au-
tres lieux, des lettres semblables.
?. Ses gens allers nt donc à Rome; et étant entrés
dans le sénat, ils dirent : Jonathas, grand prêtre, et le
peuple juif, nous ont envoyés pour renouveler avec vous
l'amitié et l'alliance, selon qu'elle a été faite auparavant
entre nous.
4. Et les Romains leur donnèrent des lettres adressées
à leurs officiers, dans chaque province, pour les (aire
conduire en paix jusqu'au pays de Juda.
ç. Voici la copie des lettres que Jonathas écrivit aux
Lacédémoniens :
6. Jonathas grand prêtre, les anciens de la nation, les
prêtres et le reste du peuple juif, aux Lacédémoniens
leurs frères, salut.
COMMENTAIRE
y. 1. Vidit Jonathas quia tempus eum juvat.
Jonathas voyant que le temps lui était favorable ,
que les divisions qui régnaient en Syrie, lui four-
nissaient les moyens de s'affermir, et d'affranchir
sa nation, songea à s'assurer d'une puissante pro-
tection au dehors, en faisant alliance avec les
deux plus célèbres républiques du monde, celle
de Rome et celle de Lacédémone.
$. 2. Ad Spartiatas et ad alia loca. On
ignore quels sont les autres lieux, différents de
Rome et de Lacédémone, où les Juifs envoyèrent
renouveler l'alliance, si ce n'est peut-être aux
Juifs restés dans la Mésopotamie, ou à quelques
peuples d'Arabie, comme les Nabathéens, leurs
alliés.
jh 4. Ut deducerent eos in terram Juda.
Les gouverneurs des provinces les reçurent, leur
fournirent des voitures et des escortes, comme
aux députés d'un peuple ami, allié de la répu-
blique.
v. 6. Jonathas, summus sacerdos, etseniores
GENTIS, ET SACERDOTES, ET RELIQUUS POPULUS.
L'état des Juifs était alors une aristocratie mêlée
de démocratie, assez semblable au gouvernement
des républiques romaine et Spartiate. Le grand
prêtre et le sénat gouvernaient la nation ; mais le
peuple avait part aux délibérations, et on ne
faisait rien sans sa participation.
Spartiatis fratribus. Il paraît par toute la
suite, que le nom de frères, en cet endroit, ne
signifie pas de simples alliés, mais des peuples
sortis d'une même souche.
Les Lacédémoniens, ayant trouvé dans leur
tradition ou dans quelque histoire, qu'ils étaient
frères des Juifs, et qu'ils avaient pour père com-
mun Abraham, cette origine les flatta, et, malgré
la fierté qui était propre aux Spartiates encore
plus qu'aux Grecs, ils comprirent qu'une parenté
si ancienne et si belle ne pouvait que leur faire
honneur : ils résolurent de cultiver cette liaison,
et ils firent la première démarche. Aréus, leur
roi, écrivit au grand prêtre Onias, qui était alors
à la tête de la nation des Juifs ( 1 ), qu'ayant appris
que les Lacédémoniens étaient frères des Juifs et
(ij 1. Macc. xii. 20. et seq. Le texte latin porte que
les Juifs avaient écrit les premiers aux Lacédémoniensi
et que ceux-ci leur rendaient réponse : Bene facitis scri-
bentes nobis de pace veslra; sed et nos rcscripsimus vobis,
etc. Mais le texte grec porte au contraire que ce furent
les Lacédémoniens qui écrivirent les premiers, et qui
prièrent les Juifs de leur rendre réponse : KaXûi; notr)-
ct£TS Ypâ:poy:e; fjjitv r.zp\ T7Jç Etprjvr]; ujuov, x«l f]u.eU 3è
«vuYpâ?i>;iev ûu.ïv. Josèphe reproduit la lettre d'Aréus,
sans nier la parenté, ni s'en expliquer d'aucune manière.
124
I. MACCABEES. — XII.- JUIFS ET LACEDEMONIENS
7. Jampridem missae erant epistolse ad Oniam, minimum
sacerdotem, ab Ario, qui regnabat apud vos, quoniam
estis fratres nostri, sicut rescnptum continet quod sub-
jectum est.
8. Et suscepit Onias virum qui missus luerat cum
honore, et accepit epistolas in quibus significabatur de
societate et amicitia.
7. Il ya déjà longtemps qu'Aréus, qui régnait à Lacé-
démone, envoya des lettres au grand prêtre Onias, qui
témoignaient que vous êtes nos frères, comme on peut
le voir par la copie de ces lettres que nous avons join-
tes à celles-ci.
8. Et Onias reçut avec grand honneur celui que le roi
avait envoyé, et ses lettres où il lui parlait de cette
alliance et de cette amitié que nous avons avec vous.
COMMENTAIRE
de la race d'Abraham, il le priait de leur mander
l'état de leurs affaires ; que pour eux, ils leur en-
voyaient cette lettre, pour les assurer de leur
parfaite union, et qu'ils pouvaient disposer en
maîtres de tout ce qui appartenait aux Lacédé-
moniens.
Nous ne savons pas quelle fut la réponse
d'Onias ; mais nous voyons par la suite de l'his-
toire, que ces deux peuples entretinrent de bonne
foi cette nouvelle alliance, et qu'ils se considérè-
rent sérieusement dans la suite moraine frères.
Nous lisons que le grand prêtre Jason, étant
obligé de quitter la Judée sa patrie, et l'Arabie
où il s'était retiré, se réfugia chez les Lacédé-
moniens; et plusieurs années après la lettre
d'Aréus à Onias, nous voyons ici Jonathas, frère
de Judas Maccabée, écrire au sénat et au peu-
ple de Lacédémone, pour renouveler l'ancienne
alliance qui était entre eux. Ainsi cette parenté
était un article dont on convenait, les Juifs et les
Lacédémoniens étant également persuadés qu'ils
descendaient les uns et les autres d'Abraham.
Mais ni les monuments qui nous restent aujour-
d'hui dans les Écritures saintes des Juifs, ni les
écrits des auteurs grecs ou étrangers, ne nous
fournissent aucune preuve assez claire ni assez
solide pour faire sur nous la même impression,
ni pour nous convaincre que ces deux peuples
soient des branches sorties d'une même souche,
et qu'Abraham soit le père des urts et des autres.
Nous ne prétendons pas soutenir la parenté
des Juifs avec les Spartiates; les documents nous
font défaut. Cependant l'assertion de ces deux
peuples pourrait bien repeser sur une tradition
sérieuse. M. Clermont-Ganneau a déjà signalé,
il y a quelques années, de curieux rapports entre
les nations cananéennes et les petites républiques
du Péloponnèse(i).Diodore de Sicile raconte une
tradition qui a dû reposer sur quelque chose.
« Dans un temps très reculé de nous », dit-il,
« une contagion pestilentiellesedéclara en Egypte,
et le plus grand nombre des habitants attribua
cette calamité au courroux d'une divinité offen-
sée. En effet, comme le pays contenait une foule
d'étrangers de nations diverses, qui étaient venus
s'y établir, et dont les cérémonies religieuses
différaient grandement de celles qui étaient jadis
pratiquées en Egypte, il résulta de ce mélange
que le mode des sacrifices et le culte des dieux,
transmis de père en fils, étaient insensiblement
tombés en désuétude. Les habitants indigènes en
avaient inféré que la maladie qui les désolait
n'aurait un terme que par l'expulsion des étran-
gers. Cette mesure fut donc adoptée, et les hom-
mes les plus distingués par leur valeur, qui s'y
trouvaient compris, se réunirent et quittèrent
l'Egypte, pour aller, si l'on en croit le récit de
quelques historiens, chercher un refuge, soit en
Grèce, soit dans quelque autre région. Les chefs
qui présidaient à cette émigration étaient Danai'is
et Cadmus; mais une nombreuse population qui
n'en faisait pas partie gagna la Judée, contrée
de l'Egypte, et à cette époque tout à fait
déserte. Le conducteur de cette dernière co-
lonie se nommait Moïse, homme d'une haute
sagesse et d'un grand courage, etc. (2). »
L'époque où nous fait remonter ce récit est
bien celle de l'expulsion des Hyksos ou Impurs.
D'après la tradition générale, certaines popula-
tions grecques tiraient donc leur origine de
l'Egypte comme les Hébreux. Il n'est pas impos-
sible que quelques descendants de Jacob ne se
soient mêlés aux étrangers et n'aient fui avec
eux la servitude, avant l'arrivée de Moïse. Quoi
qu'il en soit, les Spartiates pouvaient s'autoriser
de la tradition générale pour se dire parents des
Juifs, et ceux-ci accepter cette parenté sous
bénéfice d'inventaire, pour avoir au dehors des
alliés naturels.
f. 7. Jampridem miss^î erant epistoltE ad
Oniam, summum sacerdotem, ab Ario. C'est le
grand prêtre Onias III, qui reçut les lettres des
Lacédémoniens. On ignore en quelle année. Ce
grand prêtre commença son pontificat en 19=; et
fut assassiné en 171. Il ne serait pas impossible
que les Lacédémoniens ne l'eussent écrite au
moment où dans leurs difficultés avec la ligue
achéenne (en 1B8); ils avaient besoin de compter
sur des alliances solides pour résister. Ils avaient
tout intérêt alors à exploiter, à leur profit, ces
(1) Journal asiat. VU, x, 157 et suiv.
(2) Diod. sicul. Fragm. lib. xl.
I. _ MACCABÉES. r- XII. - JUIFS ET LACÉDÉMON I ENS
125
0. Nos, cum nullo horum indigeremus, habentes sola-
tio sanctos libros qui sunt in manibus nostris,
10. Maluimus mittere ad vos renovare fraternitatem et
amicitiam, ne forte alieni efticiamur a vobis; multa enim
tempora transierunt, ex quo misistis ad nos.
11. Nos ergo in omni tempore sine intermissione in
diebus solemnibus, et céleris quibus oportet, ratmores
sumus vestri in sacrifiais quae olferimus, et in dbserva-
tionibus, sicut fas est et decet nieminisse fratrum.
12. Lœtamur itaque de gloria vestra.
ij. Nos autem circumdederunt multas tribulationes et
multa prœlia; et impugnaverunt nos reges qui sunt in
circuitu nostro.
14. Noluimus ergo vobis molesti esse, neque ceteris
sociis et amicis nostris, in his praeliis;
1 5. Habuimus enim de coelo auxilium, et liberati sumus
nos, et humiliati sunt inimici nostri.
16. Elegimus itaque Numenium, Antiochi filium, et
Antipatrem, Jasonis filium, et misimus ad Romanos reno-
vare cum eis amicitiam et societatem pristinam ;
17. Mandavimus itaque eis ut veniant etiam ad vos, et
reddant vobis epistolas nostras de innovatione fraterni-
tatis nostrae.
9. Quoique nous n'eussions aucun besoin de ces cho-
ses, ayant pour notre consolation les livres saints qui
sont entre nos mains,
10. Nous avons mieux aimé néanmoins envoyer vers
vous, pour renouveler cette amitié et cette union fra-
ternelle, de peur que nous ne devenions comme étran-
gers à votre égard, parce qu'il s'est déjà passé beaucoup
de temps depuis que vous avez envoyé vers nous.
11. Sachez donc que nous n'avons jamais cessé depuis
ce temps-là, de nous souvenir de vous dans les fêtes
solennelles, et les autres jours où cela se doit, et dans
les sacrifices que nous offrons, et dans toutes nos céré-
monies, selon qu'il est du devoir et de la bienséance de
se souvenir de ses frères.
12. Nous nous réjouissons de la gloire dans laquelle
vous vivez.
ij. Mais pour nous autres, nous nous sommes vus dans
de grandes afflictions, et en diverses guerres ; et les rois
qui nous environnent, nous ont souvent attaqués.
14. Cependant nous n'avons voulu être à charge ni à
vous, ni à nos autres alliés, dans tous ces combats.
ij. Car nous avons reçu du secours du ciel ; nous
avons été délivrés, et nos ennemis se sont vus humiliés.
16. Ayant donc choisi Numénius, fils d'Antiochus, et
Antipater, fils de Jason , pour les envoyer vers les
Romains renouveler l'alliance et l'amitié ancienne que
nous avons avec eux.
17. Nous leur avons donné ordre d'aller aussi vers
vous, de vous saluer de notre part, et de vous remettre
nos lettres touchant le renouvellement de notre union
fraternelle.
COMMENTAIRE
vagues traditions qui leurdonnaient,avecles Juifs,
une commune origine. Les exemplaires grecs
et le syriaque, lisent ici Darius, au lieu de Arius,
Mais l'erreur est manifeste. Le nom véritable est
Oniarès, Aréios ou Aréus.
f. 9. Cum nullo horum indigeremus, haben-
tes solatio sanctos libros. Si nous recherchons
votre alliance, c'est moins par intérêt, et par le
besoin que nous en avons, que par l'estime que
nous faisons de votre amitié (1). Le syriaque :
Mais sans nous fier sur cela, car les livres saints
que nous avons nous servent de consolation, nous
avons voulu, etc. D'autres donnent ce sens au
grec (2) : Quoique nous ri ayons aucun besoin de
ce témoignage, de la lettre d'Aréus, pour nous
assurer de notre parenté réciproque, puisque nous
en sommes avertis et instruits par les livres saints.
C'est en ce sens que Josèphe, Sérarius, et de
nombreux commentateurs l'entendent (2); et c'est
ce qui paraît le plus naturel. Nous ne trouvons
plus rien à cet égard dans les livres saints, à moins
que ce ne soit, de la part des Lacédémoniens et
des J uifs, une réminiscence commune de l'Exode.
S'il en était ainsi, cette tradition confirmerait ce
ce que nous avons dit au verset 6.
f. 11. In diebus solemnibus, et ceteris qui-
bus OPORTET, MEMORES SUMUS VESTRI IN SACRIFI-
cns, et in observationibus. Au lieu de cérémo-
nies, le grec lit (4), dans nos prières. Et il y a
beaucoup d'apparence que le traducteur avait
d'abord mis dans le latin, obsecralionibus, au lieu
a" observationibus, qui s'y est glissé depuis. Les
Juifs priaient et offraient des sacrifices pour les
princes leurs alliés, et pour ceux auxquels ils
étaient soumis, comme nous l'avons déjà vu plus
d'une fois (<;). Ces sacrifices ne pouvaient être
que pour demander à Dieu la conversion de ces
peuples, ou pour leur obtenir la paix et les autres
biens temporels, que Dieu donne souvent aux
bons comme aux méchants.
f. I 2-1 3. L/ETAMURITAQUEDEGLORIA VESTRA. NOS
AUTEM CIRCUMDEDERUNT MULTjE TRIBULATIONES. On
croirait entendre parler des disciples de l'Évan-
gile, se réjouissant de la paix et de la gloire de
leurs frères, et ne mettant leur propre gloire que
dans leurs grandes souffrances, et dans l'assis-
tance du Seigneur. Ils parlent de leurs persécu-
tions à peu près comme saint Paul parlait lui-même
des siennes.
Impugnaverunt nos reges. Depuis le pontifi-
(1) Lvran. Men. Tir. Hue\. Demonstrat. Evcing. prop. 4.
(2) H'[i£îç o"uv àjt;joa8sE~[ç tojtov û'vte; , 7;apâx).Tjaiv
evovteç Ta pt(3X['a ïà ayta.
(j) Joseph. Antiq. I. xiii. c. 9. O'j geoulevoi x/jç TOtâuxrj?
ajtoÎEtçEto? 3:a to ex tôjv îêpùiv f,[iwv TzerttatEÙaOat ypa|jL|j.aT(j)v,
lia Grot.
(4) K'v raîç rcpoaeu^aîç. lia et Syr.
(5) Voyez Chap. vu. jj.
126
I. — MACCABÉES. — XII.- JUIFS ET LACÉDÉMON I ENS
18. Et nunc benefacietis respondentes nobis ad haec.
iQ. Et hoc est rescriptum epistolarum quod miserat
Onias :
20. Arius, rex Spartiatarum, Onias, sacerdoti magno,
salutem.
11. Inventum est in scriptura de Spartiatis et Judaeis,
quoniam sunt fratres, et quod sunt de génère Abraham.
22. Et nunc ex quo hase cognovimus, benefacitis r,cr\-
bentes nobis de pace vestra.
2j. Sed et nos rescripsimus vobis : Pecora nostra, et
possessiones nostras, vestras sunt ; et vestrœ, nostrae :
mandavimus itaque haec nuntiari vobis.
24. Et audivit Jonalhas quoniam regressi sunt princi-
pes Demetrii cum exercitu multo supra quam prius,
pugnare adversuseum ;
25. Et exiit ab Jérusalem, et occurrit eis in Amathite
regione, non enim dederat eis spatium ut ingrederentur
regionem ejus.
t8. C'est pourquoi vous ferez bien de répondre à ce
que nous vous avons écrit.
19. Voici la copie des lettres qu'Aréus avait envoyées
à Onias :
20. Aréus, roi des Lacédémoniens, au grand prêtre
Onias, salut.
21. Il a été trouvé ici, dans un écrit touchant les Lacé-
démoniens et les Juifs, qu'ils sont frères, et qu'ils sont
tous de la race d'Abraham.
22. Maintenant donc que nous avons su ces choses,
vous ferez bien de nous écrire, si toutes choses sont en
paix parmi vous.
2;. El voici ce que nous vous avons écrit : Nos bes-
tiaux et nos biens sont à vous ; et les vôtres sont à nous.
C'est ce que nous avons ordonné qu'on vous déclare de
notre part.
24. Cependant Jonalhas apprit que les généraux de
l'armée de Déméirius étaient revenus pour le combattre,
avec une armée beaucoup plus grande qu'auparavant.
25. Ainsi il partit de Jérusalem, et alla au devant d'eux
dans le pays d'Amathite, parce qu'il ne voulait pas leur
donner le temps d'entrer sur ses terres.
COMMENTAIRE
cat d'Onias III, et les premières lettres des
Lacédémoniens, les Juifs avaient souffert la per-
sécution, et soutenu la guerre de la part des rois
Antiochus Épiphane, Antiochus Eupator, Démé-
trius Soter, Démétrius Nicator.
i. 21. Inventum est in scriptura de Spartia-
tis ET JUD/EIS, QUONIAM SUNT FRATRES. Josè-
phe ( 1 ) rapporte cette lettre en sa place naturelle,
dans l'histoire du grand prêtre Onias. Mais il la
rapporte dans des termes différents de ceux que
nous lisons ici. En voici la traduction d'après
Arnauld d'Andilly : Arius, roi de Lacédémone, à
Onias, salut. Nous avons vu par certains titres
que les Juifs et les Lacédémoniens n'ont qu'une
même origine, étant tous descendus d'Abraham.
Puis donc que nous sommes frères, et qu'ainsi
tous nos intérêts doivent être communs, il est
juste que vous nous fassiez savoir avec une en-
tière liberté ce que vous pouvez désirer de nous ;
et que nous en usions de la même manière à vo-
tre égard. Démotélès vous remettra cette lettre
écrite sur une feuille carrée, scellée d'un cachet
où est empreinte la figure d'un aigle qui tient un
serpent dans ses serres.
Nous ignorons quelle fut la réponse du grand
prêtre Onias. On verra dans le chapitre xiv de ce
livre, versets 22 et suivants, la lettre que les La-
cédémoniens envoyèrent plus tard à Simon, et au
sénat des Juifs.
f. 23. Seu et nos rescripsimus vobis. Le grec
porte (2): Voici ce que nous récrivons, comn.e si
les Juifs leur avaient écrit les premiers ; ce qui
ne paraît nullement, ni par l'Écriture, ni par Jo-
sèphe ; ce furent les Lacédémoniens qui firent la
première démarche, et qui recherchèrent l'amitié
des Juifs. Ce fut probablement, comme nous l'a-
vons dit plus haut, après les terribles épreuves de
188, ou Philopœmen prit Sparte, en fit raser les
murailles et abolit la législation de Lycurgue.
Ils demandent que les Juifs entretiennent, de leur
côté, cette amitié mutuelle, en leur écrivant l'état
de leurs affaires. Benejacitis scribentes nobis de
pace vèslra. Le grec (3) est au futur : Vous ferez
bien de nous écrire ce qui vous regarde.
y. 24. Audivit Jonathas quomiam regressi
sunt principes Demetrii. Démétrius Nicator,
dépouillé d'une partie de ses états par le jeune
Antiochus, demeurait à Laodicée, uniquement
occupé à faire bonne chère et à se divertir, sans
se mettre en peine du mauvais état de ses affai-
res (4). Pendant ce temps, ses généraux résolurent
de faire une irruption dans la Judée, pour tâcher
de détacher Jonathas du parti d'Antiochus. Mais
Jonathas ayant été informé de leur dessein, alla
au devant d'eux et les empêcha d'entrer dans sa
province. Il s'avança jusqu'au pays d'Emath ou
Émèse en Syrie, dans la vallée de l'Oronte, et
s'étant approché de l'armée ennemie, à la dis-
tance de cinquante stades, il intimida les géné-
raux de Démétrius au point qu'ils repassèrent le
fleuve Eleuthère, Nahr-el-Kebîr, avant que Jona-
thas eût rien su de leur fuite.
(1) Joseph. Antiq. L xti. c. 5. E\ioy oV.3, Ypa?;j tivi
l'jpouev fïiç éÇ Ivo; eTiev y^vou; I'o^Saîoi /.où Aax.e5atu.oviO'.,
iv. ttj; T.oo; A'Spaàu. oix££<kt)Tqç. A;'/.aiov oùv éati â8eX;pou;
$)aâ; O'/ra , 3carc6|.>.7t£50ai npô; J)u.â; reepi <n~'v àv [JoûX^aÛe,
Jt0:'7|30a£v Oî /.ai ï),ast; ;o auro, etc.
(2) Ka'i T\u.t"ii Si âvnypaso^ev ûu.Tv.
(j) KaXù; TCotrjaeTE ypâ:aovTEç f)u,tv rtepi iffi ètprfvT); ûjxaiv.
(4) Excerpla Vales. ex Diodor. Sicul. p. j6;.
MACCABEES.
XII.- EXPEDITIONS DIVERSES
27
26. Et misit speculaiores in castra eorum, et reversi
renuntiaverunt quod constituunt supervenire illis nocte.
27. Cum occiiisset autem sol, prascepit Jona'has suis
vigilare, et esse in armis paratos ad pugnam tota nocte ;
et posuit custodes per circuitum castrorum.
23. Et audierunt adversarii quod paratus est Jonathas
cum suis in bello. et timuerunt, et formidaverunt in corde
suo ; et accenderunt focos in castris suis.
29. Jonathas autem, et qui cum eo erant, noii cogno-
verunt usque mane, videbant autem luminaria ardentia.
jo. Et secutus est eos Jonathas; et non compre hendit
eos, transierant enim tlumen Eleutherum.
;i. Et divertit Jonathas ad Arabas, qui vocantur Zaba-
daei ; et percussit eos, et accepit spolia eorum.
?2. Et junxit, et venit Damascum, et perambulabat
omnem regionem illam.
5}. Simon autem exiit, et venit usque ad Ascalonem,
et ad proxima praesidia ; et declinavit in Joppen, et occu-
pavit eam :
54. Audivit enim quod vellent praesidium tradere par-
tibus Demetrii ; et posuit ibi custodes ut custodirent
eam.
55. Et reversus est Jonathas, et convocavit seniores
populi, et cogitavit cum eis aedificare praesidia in Judasa,
}6. Et asdificare muros in Jérusalem, et exaltare alti-
tudinem magnam inter médium arcis et civitatis ut sepa-
raret eam a civitate, ut esset ipsa singulariter, et neque
emant, neque vendant.
$7. Et convenerunt ut œdificarent civitatem; et cecidit
murus qui erat super torrentem ab ortu solis, et repara-
vit eum, qui vocatur Caphetetha.
26. Et il envoya dans leur camp des espions, qui rap-
portèrent qu'ils avaient résolu de venir le surprendre
pendant la nuit
27. Après donc que le soleil fût couché, Jonathas or-
donna à ses gens de veiller, et de se tenir toute la nuit
sous les armes et prêts à combattre, et il mit des gardes
autour du camp.
28. Les ennemis ayant su que Jonathas se tenait avec
ses gens prêt au combat, eurent peur, et leurs cœurs
furent saisis de frayeur, et ils allumèrent des feux dans
leur camp.
20. Jonathas et ceux qui étaient avec lui, voyant ces
feux allumés, ne s'aperçurent point de leur retraite jus-
qu'au matin.
;o. Et Jonathas les poursuivit : mais il ne put les attein-
dre, parce qu'ils avaient déjà passé le fleuve Éleuthère.
JI. Il marcha de là vers les Arabes, qui sont appelés
Zabadéens : il les défit, e' en rapporta les dépouilles.
52. Il partit de là ensuite, et vint à Damas; et il faisait
des courses dans tout le pays.
;j. Cependant Simon alla jusqu'à Ascalon, et jusqu'aux
forteresses voisines: il marcha de là vers Joppé, et la
prit ;
34- Car il avait su qu'ils voulaient livrer la place aux
partisans de Démétrius : et il y mit garnison pour gar-
der la ville.
;<. Jonathas étant revenu, rassembla les anciens du
peuple ; et il résolut avec eux de bâtir des forteresses
dans la Judée,
;0. De bâtir les murs de Jérusalem, et de faire aussi
élever un mur d'une très grande hauteur entre la forte-
resse et la ville, afin que la forteresse en fût séparée et
sans communication, et que ceux de dedans ne pussent ni
acheter ni vendre.
J7. On s'assembla donc pour bâtir la ville; et la mu-
raille qui était le long du torrent, du côté de l'orient,
étant tombée, Jonathas la rétablit; et elle fut appelée
Caphététha.
COMMENTAIRE
^31. Divertit ad Arabas, qui dicuntur Za-
BADiCi. La plupart des commentateurs adoptent
la manière de lire de Josèphe, qui porte Naba-
Ihéens, au lieu de Zabadéens. En effet, on ne
connaît point d'Arabes Zabadéens ; mais tout le
monde connait les Nabathéens. Mais il y a une
difficulté, c'est que les Nabathéens étaient alliés
des Juifs (4), au lieu que ceux-ci étaient leurs
ennemis ; il peut se faire pourtant que, au milieu
de tant de rivalités politiques, les Nabathéens
aient soutenu un prince et les Juifs un autre. Ou-
tre cette objection historique que l'on peut oppo-
ser à la leçon de Josèphe, il en est une autre plus
grave, tirée de la position géographique: c'est
que Jonathas opère au nord et non au midi de la
Palestine. Émèse, le fleuve Éleuthère, Damas se
trouvent dans la même région. Ces Arabes de
Zabad ne seraient-ils pas ce mélange de peuples
qui occupaient l'ancienne province de Tsobah ?
L'auteur écrivant en hébreu, n'avait guère d'autre
mot pour désigner ces peuplades diverses, ara-
méennes, arabes, cananéennes et autres peut-être
que le substantif collectif hébreu 2-1? ' creb, qui
signifie un mélange d'étrangers, une multitude
composée de toutes sortes de gens. Le traduc-
teur grec aura traduit littéralement par Arabe,
sans faire preuve pour cela d'ignorance, puisque,
au moment du siège de Tyr, Alexandre faillit pé-
rir parmi ces Arabes. 11 y avait donc réellement
des Arabes dans la chaîne de l'Antiliban. Et ces
mêmes Arabes d'Alexandre se trouvaient juste-
ment sur la route qui mène d'Émèse à Damas,
dans le Tsobah. Le royaume de Tsobah a joué
un rôle important sous David.
jfr. 36. Exaltare altitudinem magnam inter
médium arcis et ci vitatis. C'était afin d'ôter aux
Syriens tout moyen de subsister, en leur cou-
pant la communication avec la ville, dont ils
tiraient leur nourriture.
v. ■)"]. Et cecidit murus qui erat super tor-
rentem. Le grec porte (2) : El il approcha de la
muraille du torrent, qui passe à l'orient de la ville.
(1) 1. Macc. v. 25. et ix. 55.
[i, Kai vcYtas îofl Te:'-/ouî. Mais le ms. alex. lit : srase
;o tvl/o;, que notre Vulgate a suivi.
128
F.— MACCABÉES. — XII.- TRAHISON DE TRYPHON
j8. Et Simon aediricavit Adiada in Sephela, et munivit
eam, et imposuit portas et seras.
$o. Et cum cogitasset Tryphon regnare Asiae, et assu-
mere diadema. et extendere manum in Antiochum regem,
40. Timens ne forte non permitteret eum Jonathas,
sed pugnaret adversus eum, quajrebat comprehendere
eum, et occidere.Et exsurgens abiit in Bethsan.
41. Et exivit Jonathas obviam illi cum quadraginta mil-
libus virorum electorum in prœlium, et venit Bethsan.
42. Et vidit Tryphon quia venit Jonathas cum exercitu
multo ut extenderet in eum manus, et timuit;
4). Et excepit eum cum honore, et commendavit eum
omnibus amicis suis, et dédit ei munera, et prsecepit exer-
citibus suis ut obedirent ei sicut sibi.
44. Et dixit Jonathas : Ut quid vexasti universum popu-
lum, cum bellum nobis non sit ?
45. Et nunc remitte eos in domossuas; elige autem
tibi viros paucos, qui tecum sint, et veni mecum Ptole-
maidam, et tradam eam tibi, et reliqua pra.-sidia, et exer-
citum, et universos prasposilos negotii, et conversus
abibo ; propterea enim veni.
46. Et credidit ei, et fecit sicut dixit; et dimisit exer-
citum, et abierunt in terram Juda.
47. Retinuit autem secum tria millia virorum, ex quibus
remisit in Galilfeam duo millia; mille autem venerunt
cum eo.
48. Ut autem intravit Ptolemaidam Jonathas, clauserunt
portas civitatis Ptolenienses, et comprehenderunt eum ,
et omnes qui cum eo intraverant gladio interfecerunt.
j8. Simon bâtit aussi Adiada, dans la plaine, et la for-
tifia, et y mit des portes et des serrures.
;q. Mais Tryphon avait résolu de se faire roi d'Asie,
de prendre !e diadème, et de tuer le roi Anticchus.
40. Craignant que Jonathas ne l'en empêchât, et ne
lui déclarât la guerre, il cherchait les moyens de se sai-
sir de sa personne, et de le tuer : il s'en alla donc dans
cette pensée à Bethsan.
41. Jonathas marcha au devant de lui avec quarante
milie guerriers de choix, et vint à Bethsan.
42. Tryphon voyant que Jonathas était venu avec une
grande armée pour le combattre, fut saisi de crainte.
4j. Il le reçut avec distinction, le recommanda à tous
ses amis, lui fit des présents, et ordonna à toute son
armée de lui obéir comme à lui-même.
44. Il dit ensuite à Jonathas : Pourquoi avez-vous fati-
gué inutilement tout ce peuple, puisque nous n'avons
point de guerre ensemble ?
4Ç. Renvoyez-les donc dans leurs maisons, et choisis-
sez-en seulement un petit nombre d'entre eux pour être
avec vous : venez avec moi à Ptolémaïs, et je vous la
mettrai entre les mains, avec les autres forteresses, les
troupes et tous ceux qui ont la conduite des affaires, et
je m'en retournerai ensuite ; car c'est pour cela que je
suis venu.
4b. Jonathas le crut, et fit ce qu'il lui avait dit ; il ren-
voya ses gens, qui s'en retournèrent au pays de Juda.
47. Et il ne retint avec lui que trois mille hommes,
dont il renvoya encore deux mille en Galilée; et mille
l'accompagnaient.
48. Aussitôt que Jonathas fut entré dans Ptolémaïs, les
habitants fermèrent les portes, et le prirent et ils passè-
rent au fil de l'épée tous ceux qui étaient venus avec lui.
COMMENTAIRE
L'ouvrage nouveau queJonathas avait commencé,
bordait la vallée du Cédrpn, qui coulait à l'orient
de Jérusalem.
Reparavit eum qui vocatur Caphetetha. //
répara le mur appelé Caphélétha, ou selon le
grec (1), Chaphénatha. C'est un mur différent du
précédent. Le syriaque le nomme Chespanalsa
qu'on pourrait traduire par argenlé, ou mur d'ar-
gent.
f. 38. Adiada in sephela. Schephêlâh signifie
en hébreu une plaine (2); elle se prend principa-
lement pour celle qui est aux environs d'Éleuté-
ropolis, au couchantdes montagnes Je Juda, vers
le pays des Philistins, de J oppé à Gaza. Voyez ce
qu'on a dit sur Josué, x. f. 40. Adiada ne nous
est connue que par ce passage, elle est nommée
Addus. 1. Macc. xin, 1 j. Reland croit que c'est
la môme ville que Hadid (3).
jh 39. Cum cogitas5Et Tryphon regnare
Asi/E. Tryphon, ayant mis le jeune Antiochus sur
le trône, ne se contenta pas de régner sous son
nom, et d'exercer la souveraine autorité dans son
royaume ; il voulut se défaire de ce jeune prince;
mais connaissant le pouvoir de Jonathas, et sa-
chant bienque, tant qu'il soutiendrait Antiochus, il
ne pourrait le déposséder, il commença par l'atta-
quer, et lui faire la guerre. Il vint pour cela jus-
qu'à Bethsan, autrement Scythopolis, au sud du
lac de Génésareth (4).
f. 48. Ut autem intravit Ptolemaidam, etc.
On peut bien blâmer Jonathas de s'être fié trop
légèrement à son ennemi : mais on ne doit pas,
comme ont fait quelques hérétiques, regarder cet-
te perfidie dont Tryphon usa envers lui, comme
un châtiment par lequel Dieu le punissait d'avoir
eu recours aux Romains et aux Lacédémoniens
sans nécessité. Ce que l'on a dit auparavant de
ses véritables dispositions, peut suffire à réfuter ce
sentiment. Il est vrai qu'il fit une faute, en croy-
ant si facilement ce que lui disait un traître: mais
cette faute était elle-même une preuve de la
grandeur de son âme, et de la simplicité de son
cœur. Il jugeait de la bonne foi de Tryphon par
la sienne propre. S'il manqua de prudence, c'est
qu'il était trop haut de caractère pour soupçon-
ner la trahison. 11 méprisait d'ailleurs le danger.
C'était pour lui un très petit mal de tomber dans
l'embuscade d'un perfide, dont toute la cruauté
(1) Ka'i iîliay.tiacsev x6 xa).oû(isvov XaasvaOa.
(2) lle'V.ov rnsv
(î) Esdras. 11. jj- ~ Nèhim. xi. J4.
(4) Josue xvii. 11.
I. — MACCABÉES.
XII.- TRISTESSE DES JUIFS
120
49. Et misit Tryphon exercitum et équités in Gali-
lœam et in campum magnum, ut perderent omnes socios
Jonathae.
$0. At illi, cum cognovissent quia comprehensus est
Jonathas, et periit, et omnes qui cum eo erant, hortati
sunt semetipsos, et exierunt parati in praelium.
5 1. Et videntes hi qui insecuti fuerant, quia pro anima
res est illis, reversi sunt;
52. Illi autem venerunt omnes oum pace in terram
Juda. Et planxerunt Jonathan, et eos qui cum ipso fue-
rant, valde; et luxit Israël luctu magno.
5;. Et quœsierunt omnes gentes, quse erant in circuitu
eorum, conterere eos: dixerunt enim :
S4. Non habent principem et adjuvantem ; nunc ergo
e.xpugnemus illos, et tollamus de liominibus memoriam
eorum.
40. Et Tryphon envoya ses troupes et sa cavalerie en
Galilée, et dans la grande plaine, pour tuer tous ceux
qui avaient accompagné Jonathas.
50. Mais ceux-ci, ayant appris que Jonathas avait été
arrêté, et qu'il avait péri avec tous ceux qui l'accompa-
gnaient, s'encouragèrent les uns les autres, et se présen-
tèrent pour combattre avec une grande assurance.
}I. Ceux qui les avaient poursuivis, les voyant résolus
à vendre chèrement leur vie, s'en retournèrent.
«2. Ainsi ils revinrent tous dans le pays de Juda sans
être attaqués ; ils pleurèrent beaucoup Jonathas, et ceux
qui étaient avec lui; et tout Israël en fit un grand deuil.
5J. Alors tous les peuples dont ils étaient environnés
firent un nouvel effort pour les prendre, en disant :
54. Ils n'ont aucun chef qui les commande, ni personne
qui les assiste : attaquons-les donc maintenant ; exter-
minons-les, et effaçons leur nom de la mémoire des
hommes.
COMMENTAIRE
1
ne pouvait faire autre chose qu'avancer un peu sa
mort. C'était même quelque chose de plus glo-
rieux pour lui, de mourir ainsi par la main de ses
ennemis, que de jouir paisiblement de tous les
honneurs attachés à sa dignité. Car enfin, le par-
tage des vrais Israélites a toujours été la souf-
france, l'opprobre et la persécution : et s'ils cher-
chaient des consolations en cette vie, c'était dans
les livres saints,, dont la lecture les soutenait con-
tre toutes sortes d'afflictions, et les affermissait
dans la patience.
,v. 49. In campum magnum. La grande plaine,
ou le grand Champ, est la plaine d'Esdrelon ou
de Jezrahel.
y. <,o. Quia comprehensus est Jonathas, et
periit. On crut d'abord que Tryphon l'avait fait
mourir; mais on sut le contraire dans la suite.
fi. 53. Et qu.esiek.unt omnes gentes, que:
erant in circuitu eorum, conterere eos. Si
Dieu permet quelquefois la consommation de la
malice des hommes, il les empêche souvent d'en
recueillir tout le fruit qu'ils se proposaient : et ja-
mais sa toute-puissance n'éclate plus sensiblement
pour les confondre, que lorsqu'ils se flattent
d'avoir triomphé de ceux qu'il protège. Try-
phon use de la plus noire de toutes les perfidies
pour se saisir de la personne de Jonathas, que
l'on regardait alors comme l'invincible bouclier
de la maison d'Israël. Dieu souffre que cette
indigne trahison lui réussisse ; et tous les peuples
qui environnaient les Juifs, regardant cette occa-
sion comme favorable pour détruire un pays dont
ils ne pouvaient supporter la religion et l'éclat,
sedisentlesunsaux autres: Voiciletemps d'exter-
miner tout à fait les Israélites ; puisque, n'ayant
point de chef, il est très facile de les perdre
entièrement, et d'effacer leur nom même de la
mémoire des hommes.
Hœc cogilaveru.nl, et erraveru.nl ; excœcavitenim
illos malitia eorum (1). Telles étaient leurs pen-
sées, dit l'Écriture sur un sujet semblable ; mais ils
s'égaraient dans leurs vains raisonnements, aveu-
glés par leur propre malice. Ils regardaient le
gouvernement du peuple de Dieu comme un gou-
vernement tout humain ; et ils ne considéraient
pas que c'était le Tout-Puissant qui veillait pour
la garde d'Israël, et qu'il tendait même des piè-
ges à l'orgueil de ses ennemis, lorsqu'il permet-
tait que les défenseurs de son peuple périssent.
Nous verrons, en effet, dans la suite, que jamais
l'état des Juifs ne parut plus florissant sous les
Maccabées, que lorsque leurs ennemis, après la
prise de Jonathas, les regardaient comme perdus
sans ressource : tant il est vrai que le méchant
n'a jamais moins de sujet de se confier en ses for-
ces, que lorsqu'il se considère comme le plus
fort ; etqu'au contraire l'humble serviteur de Dieu
n'a jamais plus de sujet d'espérer son assistance,
que lorsqu'il semble que tous les hommes et tous
les démons conspirent également pour le perdre.
(1) Sap. 11. 21.
S. B.
T. Xli.
CHAPITRE XIII
Simon succède à Jonalhas. Il s'oppose aux entreprises de Tryphon. Mort de Jonalhas.
Simon bâtit un sépulcre pour son père et ses frères. Tryphon tue le jeune A nliochus
et règne à sa place. Simon recherche l'amitié de Démétrius Nicator , et obtient
V affranchissement de son pays. Il assiège et prend Ga\a. La forteresse de Jérusalem
lui est rendue. Il met Jean Hyrcan, son fils, à la tète de l'armée.
i. Et audivit Simon quod congregavil Tryphon exer-
citum copiosum, ut veniret in terrain Juda, et attereret
eam.
2. Videns quia in tremore populus est, et in timoré,
ascendit Jérusalem, et congregavit populum;
5. Et adhortans, dixit : Vos scitis quanta ego, et IVa-
tres mei, et domus patris mei fecimus pro iegibus et pro
sanctis prœlia, et angustias quales vidimus :
i. Cependant Simon fut averti que Tryphon avait levé
une grande armée, pour venir tout ravager dans le pays
de Juda.
2. Et voyant le psuple saisi de frayeur, il monta à
Jérusalem, et fit assembler tout le monde.
5. Il leur dit pour les encourager: Vous savez combien
nous avons combattu, mes frères et moi, et la maison de
mon père, pour nos lois et pour le temple saint, et en
quelles afflictions nous nous sommes vus.
COMMENTAIRE
f. ]. VOS SCITIS QUANTA EGO, ET FRATRES MEI,
ET DOMUS PATRIS MEI, FECIMUS PRO LEGIBUS ET PRO
sanctis pr/ELia, etc. Dieu fait connaître, par ces
grands exemples, combien le courage et la fer-
meté sont nécessaires aux chefs des peuples ; tout
Israël était saisi de frayeur en se voyant en-
vironné de nations qui avaient conjuré sa perte
et près d'être exterminé par les troupes de Try-
phon. Qu'aurait fait ce peuple dans une conster-
nation si générale, si un homme rempli de cou-
rage et de vertu ne se fût mis à sa tête pour le
rassurer r Mais qui rend cet homme intrépide,
sinon Dieu même qui remplit, quand il lui plaît,
de son esprit et de sa force, ceux qu'il a choisis
pour sauver son peuple? Le pouvoir passe de
main en main chez les Maccabées et tous se
montrent à la hauteur de leur tâche, car ils sont
plus attachés à leur foi qu'à leur vie. Nous avons
vu (1) que Matthathias, leur père commun, dans
le discours si touchant qu'il fit à ses fils sur son
lit de mort, les exhorta par les exemples de tous
les saints qui les avaient précédés, à mépriser la
puissance et la gloire des impies, et à donner de
bon cœur leur vie pour la défense de la loi de
Dieu. Par une sorte d'intuition prophétique, il
leur désigna Judas et Simon comme particuliè-
rement doués pour être les chefs d'Israël. A pro-
pos de Simon, il leur dit que c'était un homme
d'un bon conseil, scio quod vir boni consilii est;
qu'il le leur donnait pour père, ipse erit vobis
pater; et leur commandait d'écouter toujours ce
qu'il leur dirait, ipsum ctudite semper.
C'était donc une excellente vocation que celle
de ce grand homme; puisque ce fut par le choix
d'un père mourant et rempli du Saint-Esprit, qu'il
fut établi comme le père et l'oracle de tout Israël.
Si nous ne voyons point que, pendant la vie de
Judas. Maccabée et de Jonathas, ses frères, il ait
entrepris de conduire le peuple de Dieu par ses
conseils; et si l'on voit, au contraire, que ces
deux illustres chefs conduisirent successivement
Israël dans la guerre comme dans la paix, la
sagesse de Simon n'en paraît que plus admirable,
d'avoir su si bien obéir lorsqu'il était si capable
de commander, et de ne s'être prévalu en aucune
sorte du jugement de son père, pour ôter ni à
Judas ni à Jonathas une partie de leur autorité.
Ce rare exemple d'une modestie si humble mé-
rite presque d'être comparé avec celui de David,
qui, ayant été sacré roi par l'ordre de Dieu, n'eut
jamais la moindre pensée de s'élever sur le trône
avant le temps marqué par la Providence.
Ce fut donc après la prise de Jonathas, que
l'on croyait mort, que Simon, son frère, resté seul
des fils de Matthathias, commença véritablement
à paraître comme le père d'Israël. Ce fut alors
que, s'étant tû si longtemps, il mérita d'être
écoulé comme un homme dont le conseil devait
être le salut du peuple. Tous les travaux qu'ils
avaient soufferts, toutes leurs guerres et leurs
Macc. 11. 65.
MACCABÉES. - XIII - GOUVERNEMENT DE SIMON
Mi
4. Horum gratis perierunt (ratres mei omnes propter
Israël ; et relictus sum ego solus.
5. El mine non imhi contingat parecre animas meas in
oinni tempore tribu lationis ! non enim melior sum fratri-
Tdus meis.
6. Vindicabo itaque gentem meam et sancta, natos
quoque nostros et uxores, quia congr'egatae sunt univer-
sels génies conterere nos inimicitiae gratia.
7. El accensus est spiritus populi, simul ut audivit ser-
mones istos ;
8. Et responderunt voce magna, dicentes : Tu es dux
uoster loco Judue et Jonathce, fratris tui ;
q. Pugna praelium nnstrum, et omnia quœcumque di-
xeris nobis faciemus.
10. Et congregans omnes viros bellatores, acceleravit
consummare universos muros Jérusalem, et munivil eam
in gyro.
11. Et misit Jonathan, filium Absalomi, et cum eo exer-
citum novuni, in Joppen ; et, ejectis his qui erant in ea,
lemansit illic ipse.
12. Et movit Tryphon a Ptolemaida cum exercitu
multo. ut veniret in terrain Juda ; et Jonathas cum eo in
custodia.
4. C'est pour cela que tous mes frères ont péri, en vou-
lant sauver Israël ; et je suis demeuré seul.
(,. Mais à Dieu ne plaise que je veuille épargner ma
vie, tant que nous serons dans l'affliction ; car je ne suis
pas meilleur que mes frères.
G. Je vengerai donc mon peuple et ie sanctuaire, nos
enfants et nos femmes, parce que toutes les nations se
sont assemblées pour nous opprimer, par la seule haine
qu'elles nous portent.
7. A ces paroles tout le monde fut animé de courage.
8. Ils lui répondirent à haute voix : Vous êtes notre
chef en la place de Judas et de Jonathas votre frère.
9. Conduisez-nous dans nos combats; et nous ferons
tout ce que vous nous ordonnerez.
10. Aussitôt il fit rassembler tous les gens de guerre,
et il rebâtit en toute hâte toutes les murailles de Jéru-
salem, et il la fortifia tout autour.
11. Il envoya Jonathas fils d'Absalom â Joppé avec une
nouvelle armée ; et, après qu'il en eût chassé ceux qui
étaient dedans, il y demeura avec ses troupes.
12. Cependant Tryphon partit de Ptolémaïs avec une
grande armée, pour venir dans le pays de Juda; et il
menait avec lui Jonathas qu'il avait retenu prisonnier.
COMMENTAIRE
afflictions précédentes, la mort môme de ses frè-
res, qui avaient péri en voulant sauver Israël,
étaient les moyens les plus puissants qu'il em-
ploya pour rassurer les J uifs ; il leur fit comprendre
que toute leur gloire devait être, comme la sienne
et comme celle de la maison de son père, de sup-
porter toutes sortes d'afflictions, et de soutenir
toutes sortes de combats pour la sainteté de leurs
lois et de leur temple. Comme il ne se croyait pas
meilleur que ses frères, c'est-à-dire, d'une condi-
tion à se ménager plus qu'eux, il déclare qu'il
n'épargnera jamais sa vie tant que son peuple
sera dans l'affliction ; parce qu'en effet le père du
peuple doit donner sa vie pour le sauver ; et ce
n'est pas aimer que de rechercher la douceur et
le repos, lorsque ceux dont on est chargé de pro-
curer le salut, sont affligés et persécutés.
Mais il est très remarquable , que ce qui
augmente son courage pour venger son peuple et
le sanctuaire du Seigneur, est le nombre même
de ses ennemis, leur conspiration générale pour
le perdre, et l'injustice de la haine toute gratuite
qu'ils lui portent: Je les vengerai, dit-il, parce que
toutes les nations se sont assemblées pour nous oppri-
mer par la seule haine quelles ont conçue contre
nous. Quel est ce langage si disproportionné à la
faiblesse de l'homme, sinon celui du roi prophète,
qui, tout environné de troupes campées autour de
lui. déclarait aussi que son cœur n'en était point
effrayé : Si consistant adversum me caslsa, non
iimebil cor meum (1). On a vu auparavant (2), que
Simon avait déjà donné des preuves éclatantes de
courage en d'autres rencontres; comme lorsqu'é-
tant choisi par Judas pour s'en aller délivrer les
Juifs qui étaient en Galilée, il attaqua les nations
et les défit en divers combats, mit en liberté ceux
de ses frères qui avaient gémi jusqu'alors sous
l'oppression de ces infidèles, et les ramena avec
leurs femmes, leurs enfants et tous leurs biens,
de Galilée en Judée. Mais rien ne parut plus
grand en lui que cette humble fermeté qu'il fit
paraître, et qu'il eut la force d'inspirer, par son
exemple, à tout Israël, lorsqu'étant privé de l'ap-
pui de tous ses frères, il n'eut pas la moindre
crainte de ce qui avait abattu le courage de tout le
peuple; il trouva dans la mort même de ses frères
un nouveau sujet de s'encourager à mourir,
comme eux, pour la gloire du Seigneur.
f. 10. Acceleravit consummare universos
muros. lise hâta de rebâtir toutes les murailles de
Jérusalem, qui avaient été commencées par Jona-
thas (]).
jh 11. Jonathan, filium Absalomi. Il envoya
Jonathas, fils d'Absalon; c'était un homme de
confiance, et ami particulier de Simon (4), et dont
il est parlé plus haut (<,).
v. 12. Et Jonathas cum eo in custodia. On
attachait ces sortes de personnes par une chaîne,
avec un soldat qui en était chargé, et qui en
répondait sur sa vie (6). Saint Paul demeura quel-
que temps à Rome, lié avec le soldat qui le gar-
dait (7).
( 1) Psalm. xxvi. ç.
(2) 1. M ace. v. 17. si.
(j) Sap. xn. ;o.
(4) Joseph. Grot.
Ci) 1. Macc. xi. 70.
(G) Grot. hic— (7) Ad. xvin. 16.
IJ2
1.
MACCABÉES. -- XKI.- MAUVAISE FOI DE TRYPHON
ij. Simon autem applicuit in Addus, contra faciem
campi.
14. Et ut cognovit Tryphon quia surrexit Simon loco
fratris sui Jonathas, et quia commissurus esset cum eo
proihum, misit ad eum legatos,
1$. Dicens : Pro argento quod debebat frater tuus
Jonathas in ratione régis propter negotia quas habuit,
detinuimus eum.
16. Et nunc mitte argenti talenta centum, et duos filios
ejus obsides, ut non dimissus fugiat a nobis,et remitte-
mus eum.
17. Et cognovit Simon quia cum dolo loqueretur secum;
jussit tamen dari argentum et pueros, ne inimicitiam ma-
gnam sumeret ad populum Israël, dicentem :
18. Quia non misit ei argentum et pueros, propterea
periit.
10. Et misit pueros et centum talenta; et mentitus est,
et non dimisit Jonathan.
:o. Et post hœc venit Tryphon intra regionem, ut con-
tereret eam ; et gyraverunt per viam qure ducit Ador -,
et Simon et castra ejus ambulabant in omnem locum
quoeumque ibant.
ai. Qui autem in arce erant miserunt ad Tryphonem
legatos, ut feslinaret venire per desertum, et mitteret
alimonias.
ij. Simon campa près d'Add«s, vis-à-vis de la plaine.
14. Et Tryphon ayant su que Simon avait été établi en
la place de Jonathas, son frère, et se disposait à lui livrer
bataille, lui envoya des ambassadeurs,
15. Et il lui fit dire : Nous avons retenu Jonathas votre
frère, parce qu'il devait de l'argent au roi, à cause des
alfaires dont il a eu la conduite.
16. Mais envoyez-moi présentement cent talents d'ar-
gent, et ses deux fils pour otages, afin qu'étant mis en
liberté, il ne s'enfuie pas, et nous le renverrons.
17. Quoique Simon Reconnût qu'il ne lui parlait ainsi
que pour le tromper, il ordonna néanmoins que l'on
envoyât l'argent avec ses enfants, de peur d'attirer sur
lui une grande haine de la part du peuple d'Israël, qui
aurait dit :
18. Jonathas a péri, parce qu'on n'a pas envoyé cet
argent et ses enfants.
i<). Il envoya donc et les enfants et les cent talents ;
•et Tryphon manqua à sa parole, et ne renvoya point
Jonathas.
20. Il entra ensuite dans le pays, pour tout ravager;
et il tourna par le chemin qui mène à Ador; mais Simon
le côtoyait avec son armée par tous les lieux où il mar-
chait.
21. Et ceux qui étaient dans la forteresse envoyèrent
des gens à Tryphon, pour le prier de se hlter de venir
par le désert, et de leur envoyer des vivres.
COMMENTAIRE
î. 13. Applicuit in Addus, contra faciem
campi. Addus est, à ce qu'on croit, la même quA-
diada, dont on a parlé plus haut (1) ; et la plaine
est celle de Schephêlâh, au-dessus d'Éleuthéro-
polis. Simon occupa donc le défilé d'Adiada, pour
fermera Tryphon l'entrée de la Judée, et l'abord
de Jérusalem, qui n'était guère accessible à un
corps d'armée que de ce côté.
% 16. Ut non dimissus fugiat a nobis. Comme
garantie qu'il ne se détachera pas du parti du
jeune Antiochus pour s'attacher à Démétrius Ni-
cator. Les cent talents forment une somme de
850.000 francs.
jfr. 17. Et cognovit Simon quia cum dolo lo-
queretur SECUM ; JUSSIT TAMEN DARI ARGENTUM
et pueros. Ce que Simon fit alors peut être blâmé
comme une espèce de cruauté qu'il commit à
l'égard des enfants de Jonathas. Puisque, à son
avis, il n'y avait point de sincérité dans ce que
Tryphon lui faisait dire, il semble d'abord qu'il
aurait mieux fait de ne point exposer ces pauvres
enfants à la fureur d'un perfide, et de ne point
dépouiller l'état de cette somme d'argent qui de-
vait être inutile pour sauver la vie à Jonathas.
Mais l'éloge que Matthathias fit de Simon avant
sa mort, en lui attribuant le conseil et la sagesse,
doit nous empêcher de l'accuser légèrement en
cette circonstance. En agissant autrement, il au-
rait donné lieu à tout Israël, selon l'Écriture, de
le blâmer comme n'ayant pas voulu sauver la vie
à Jonathas ; il n'était pas maître absolument de
faire alors ce qu'il aurait souhaité.
Ainsi l'on peut bien juger de la douleur que lui
causa la nécessité indispensable où il se voyait,
de refouler au fond de son cœur les plus nobles
sentiments, d'imposer silence à la voix du sang et
de la pitié pour exposer à la mort ses deux ne-
veux, sans espérance de sauver la vie au père.
C'était un double sacrifice qu'il fit, en se dépouilr
lant de toute tendresse naturelle, et en renonçant
à la lumière de sa raison, pour ne pas scandaliser
Israël.
f. 20. Gyraverunt per viam qvje ducit Ador.
Josèphe écrit Dora. Adora ou Dura était à une
lieue au sud-ouest d'Hébron. C'était une des vil-
les les plus méridionales de la tribu de Juda, sur
la frontière de l'Idumée. Si l'on veut admettre
que cette ville est bien celle qui est ici désignée, il
faut dire que Tryphon fit le tour de la Judée pour
l'envahir par le midi. Mais cette marche est en
dehors de toutes les règles, et nous paraît abso-
lument inexplicable. Aussi n'essayons-nous pas
d'expliquer à autrui ce que nous ne comprenons
pas nous-môme. Notre opinion est absolument
contraire, et voici sur quoi elle repose. Deux
points sont connus, les points de départ : Tryphon
est à Ptolemaïs, Simon à Adiada. Tryphon des-
cend vers la Judée. La vallée du Cison lui ouvre
l'accès au cœur du pays. Mais pour éviter les
nombreuses places fortes qui se dressent sur le
(1) Chapitre xu. 38.
I. — MACCABÉES. — XIII. - MORT DE JONATHAS ET DE SES FILS 15;
22. Et paravit Tryphon omnem equitatum, ut veniret
illanocte; erat autem nix multa valde, et non venit in
Galaaditim.
2?. Et cum appropinquasset Bascaman, occidit Jona-
than et filios ejus illic.
24. Et convertit Tryphon, et abiit in terram suam.
25. Et misit Simon, et accepit ossa Jonathœ, fratris
sui, et sepelevit ea in Modin, civitate patrum ejus.
25. Et planxerunt eum omnis Israël planc.tu magno, et
luxerunt eum dies multos.
27. Et œdificavit Simon super sepulcrum patris sui et
fratrum suorum asdificium altum visu, lapide polito rétro
et ante.
28. Et statuit septem pyramidas, unam contra unam,
patri et matri, et quatuor fratribus;
22. Tryphon tint toute sa cavalerie prête pour partir
cette nuit-la même ; mais, comme il y avait une grande
quantité de neige, il n'alla pas au pays de Galaad.
2j. Et lorsqu'il fut proche de Bascaman, il tua là Jona-
thas avec ses fils.
24. Ensuite rebroussant chemin tout d'un coup, il s'en
retourna en son pays.
25. Alors Simon envoya chercher les os de son frère
Jonathas, et les ensevelit à Modin, qui était la ville de
ses pères.
26. Tout Israël fit un grand deuil à sa mort ; et ils le
pleurèrent pendant plusieurs jours.
27. Et Simon fit élever sur le sépulcre de son père et
de ses frères un haut édifice qu'on voyait de loin, dont
toutes les pierres étaient polies devant et derrière.
2Û. Il fit dresser sept pyramides, dont l'une répondait
à l'autre, une à son père, une à sa mère, et quatre à ses
frères.
COMMENTAIRE
chemin de Jérusalem, il fait un détour à travers
le Carmel, descend dans la petite vallée de la
Nahr-Belka, et arrive à Dora, sur le littoral :
Gyraverunt per viam qucv ducil Ador. Il n'a plus
qu'à suivre le littoral pour pénétrer, par la voie
qui lui paraîtra préférable, au cœur de la Judée.
Mais quand il s'éloigna du littoral, l'armée juive
manœuvra sur une ligne parallèle, de manière à
couvrir toujours Jérusalem. Les soldats enfermés
dans la citadelle, envoient dire à Tryphon de ve-
nir par le désert de Jéricho leur porter secours.
Il se préparait à profiter de la nuit pour tourner
l'armée juive. Du moment où il entrait avant elle
dans la vallée du Jourdain, toute difficulté avait
disparu : Jérusalem était découverte : la position
des deux armées était intervertie. Mais la neige
qui tomba la nuit même, empêcha la réalisation
de ce hardi projet. Cette circonstance de la neige
prouve que l'armée de Tryphon était alors dans
le nord du pays et non dans l'Idumée, où la cha-
leur est forte en toute saison. Il fallait que la
quantité de neige fût considérable pour être un
obstacle à la marche de la cavalerie.
jh 22. Et non venu Galaaditim. Le grec ex-
plique la chose plus clairement (1) : // ne put pas
aller à Jérusalem, à cause de la neige ; il décampa
et alla vers le pays de Galaad. Il prit la direction
de Galaad, mais n'y alla point, selon la Vulgate.
Les deux versions ne sont point absolument con-
traires.
f. 23. Cum appropinquasset Bascaman. Bas-
cama ou Basca, comme l'appelle Josèphe, est
probablement Bésech. Cette ville était assez près
de Bethsan, et de l'endroit où l'on passait ordi-
nairement le Jourdain, pour aller au pays de Ga-
laad. Saùl y marqua le rendez-vous général de
l'armée, qui devait aller au secours de Jabès de
Galaad (2). Cette situation s'accorde assez avec
ce que nous lisons ici du dessein de Tryphon de
passer le Jourdain, pour aller dans ce pays.
^. 24. Et convertit Tryphon, et abiit in
terram suam. Au lieu de passer le Jourdain, il
reprit la route de Syrie. K« ini-npitys Tpûstov. Ce
verset est inintelligible dans le cas où l'on veut
que Tryphon soit venu de l'Idumée. Il est évi-
dent, au contraire, que venant du nord au sud, de
Ptolémaïs à Dora, puis obliquant à l'est pour évi-
ter l'armée juive et les places de l'intérieur, Try-
phon arrivé à Besech, devait ensuite rebrousser
chemin vers le nord, convcrlere, ij:<mpssi6iv, pour
regagner la Syrie.
jh 28-29. Septem pyramidas... et his circumpo-
suit columnas magnas. Les septpyramides étaient
comme des monuments funèbres, portant sans
doute une inscription, mais ne recouvrant pas les
restes de ceux dont elles portaient le nom. C'était
plutôt des obélisques que des pyramider, propre-
ment dites.
Les frères de Simon étaient Judas et Jona-
thas, Jean et Éléazar. Mais comme ces héros,
avec leur père et leur mère, faisaient seule-
ment le nombre de six personnes et qu'il est
marqué ici que Simon fil dresser sept pyramides,
on ne peut guère douter que la septième n'ait été
pour lui, et qu'il n'ait songé à joindre sa sépulture
à celle de sa famille ; non par un esprit de vanité,
mais dans le dessein de se réunir, après sa mort,
à ceux avec qui l'esprit de Dieu l'avait uni si étroi-
tement pendant la vie, pour défendre d'un com-
mun accord la sainte religion de leurs pères, et le
temple du Dieu d'Israël. Aussi était-il très juste
et même très utile qu'il y eût un monument éter-
(i) Ka'i oùz T|X0s S'.à ytdva, xal àxrjpt, xai t|X9ev hc, tr]v
raXaao'/civ.
[2) 1. Reg. xi.
154
I. — MACCABÉES. — XIII. - SIMON ET DÉMÉTR1US
2g. Et his circumposuit columnns magnas ; et super
co'umnas arma, ad memoriam aîternatn ; et juxta arma
naves sculptas, quas viderentur ab omnibus navigantibus
mare.
50. Hoc est sepulcrum quod fecit in Modin, usque in
hune diem.
JI. Tryphon autem, cum iter faceret cum Antiocho,
rege adolescente, dolo occidit eum.
J2. Et regnavit loco ejus, et imposuit sibi diadema
Asiaa; et fecit plagam magnam in terra.
5;. Et œdificavit Simon prassidia Judaîae, muniens ea
turribus excelsis, et mûris magnis, et portis, et seris ; et
posuit alimenta in munitionibus.
J4- Et elegit Simon viros, et misit ad Demetrium
regem, ut faceret remissionem regioni, quia actus omnes
Tryphonis per direptionem fuerant gesti.
20. Il fit dresser tout autour de grandes colonnes, et
sur ces colonnes, des armes pour servir de monument
éternel ; et auprès des armes, des navires en sculpture,
pour être vus de loin par tous ceux qui naviguaient sur
la mer.
;o. C'est là le sépulcre qu'il fit à Modin, et que l'on
voit encore.
ji. Or, Tryphon étant en voyage avec le jeune roi
Antiochus, le tua en trahison;
j2. Et il régna en sa place, s'étant mis sur la tète le
diadème d'Asie ; et il lit de grands maux dans tout le
pays.
?j. Simon cependant réparait les places de la Judée, les
fortifiant de hautes tours, de grandes murailles, avec
des portes et des serrures ; et il faisait mettre des vivres
dans tous les lieux fortifiés.
54. Il choisit aussi des hommes qu'il envoya vers le
roi Démétrius, le priant de rétablir la Judée dans ses
franchises, parce que toute la conduite de Tryphon
n'avait été jusqu'alors que brigandage.
COMMENTAIRE
nel de cette union si admirable du père et de ses
enfants, dans les exercices d'une piété toujours
constante malgré les plus grandes persécutions,
et dans la défense de leurs lois et de leur patrie.
11 fallait que la postérité connut, par un tel exem-
ple, qu'il n'y a point de circonstance qui doive
jamais dispenser les vrais serviteurs de Dieu de
demeurer fermes dans le devoir.
f. 29. Super COLUMNAS arma... et juxta arma,
naves sculptas. Ces colonnes avaient pour but
de marquer les victoires de son père et de ses
frères, et leur application à procurer la liberté et
la sûreté des Juifs, sur mer et sur terre. Les Mac-
cabées avaient réparé le port de Joppé, qui fut,
dans la suite, le principal port juif sur la Méditer-
née (1). Simon était alors gouverneur de toutes
les côtes maritimes depuis Tyr jusqu'aux frontiè-
res d'Egypte (2). La coutume de mettre des ar-
mes et des trophées, ou en réalité, ou en scul-
pture, sur les tombeaux des grands capitaines, est
commune dans l'antiquité (3).
jh 3 1. Tryphon, cum iter faceret cum Antio-
cho, rege adolescente, dolo occidit eum. Try-
phon n'ayant pu réussir à se rendre maître de la
Judée, se contenta de faire mourir Jonathas, et
s'en retourna en Syrie. Il s'appliqua alors à se dé-
faire du jeune Antiochus, dont jusqu'alors il avait
eu la tutelle ; il corrompit des médecins, qui pu-
blièrent que le jeune prince était tourmenté de
la pierre, et qui le tuèrent en le taillant (4). Antio-
chus n'avait alors que dix ans; il mourut en 144.
f. 32. Et regnavit loco ejus. Après la mort
du jeune Antiochus, Tryphon sollicita l'armée par
de grandes promesses, à lui déférer la couronne.
Les soldats, se flattant de s'enrichir sous son rè-
gne, se déclarèrent aussitôt pour lui (5). Il com-
mença par se saisir d'Apamée, sa patrie, puis de
Larissa, de Casiane, de Mégare, d'Apollonie, et
des villes voisines (6), et il étendit rapidement sa
domination sur les autres villes de Syrie. Ensuite
il se hâta de demander au sénat romain la confir-
mation du royaume qu'il venait d'usurper. Il en-
voya à Rome une statue de la victoire, du poids
de dix mille pièces d'or, espérant que la valeur
du présent lui ferait obtenir tout ce qu'il voudrait.
Mais le sénat sut éluder ses espérances, en rece-
vant la statue, et en y mettant le nom du jeune
Antiochus, que Tryphon venait de faire mourir.
On trouve quelques médailles de ce tyran, où il
prend le nom de roi et d'autocrate (7). Il est tou-
jours représenté avec le casque.
f. 34. Misit ad Demetrium regem, ut face-
ret remissionem regioni. Démétrius Nicator
s'était toujours maintenu dans une bonne partie
de la Syrie ; le jeune Antiochus était maître
d'Antioche, et de l'autre partie du royaume. Jona-
thas s'était attaché au jeune Antiochus (<"), et
avait abandonné Démétrius, qui ne lui avait rien
(1)1. Macc. x. ;ç. 75 ; xiv. 6. - Strabo. I. vi. Kai os v.a.\
EKtve^O) -out<|) zê/f.Tjvtat xottaoavts; V-Eypi OuXâtTiri; 61
l 'ouoai'ot.
(2) 1. Macc. xi. 59.
(?) Vide E;cch. xxxn. 27. - Virgil. AZncid.
(4) F.pilomc Lirii. i. i.v. Alexandri filius, rex Syriœ,
decem annos admodum habens, a DioJoto, qui Tryphon
eognominabatur, tutore suo per fraudem occisus est :
corruptis quidem medicis, qui cum calcul i dolore con-
sumi ad populum mentiti, dura sécant illum, occiderunt.
On peut voir aussi Strabon. I. xvi. - Jus/in. t. xxxvi. -
Appian. Srr.
(5) Joseph. Anliq. t. xm. c. 12.
(6) Appian. S\r. Strabo. I. xvi. Vide Vaillant, hisl. Rcg.
Srriat p. 28;. 284. et 205. 296.
(7) !!A2JLAi;<.2i: TPY<î>QNOi] AYTOKPATOrOS.
Vide Vaillant ibid.
(8) 1. Mat c. xi. ) ;. 57.
1. — MACCABÉES. — XIII. - LETTRE DE DÉMÉTRIUS
135
;Ç. Et Demetrius rex ad verba ista respondit ei, et
scripsit epistolam talem :
56. Rex Demetrius Simoni, summo sacerdoti et amico
regum, et senioribus, et genti Judœorum, salutem.
?7. Coronam auream, et bahem quam misistis, susce-
pimus; et parati sumus facere vobiscum pacemmagnam,
et scribere prœpositis régis remittere vobis quas indulsi-
raus.
?8. Quaecumque enim constituimus vobis constant ;
munitiones quas asdificastis vobis sint.
?0. Rcinittimus quoque ignorantias et peccata usque in
hodiernum diem, et coronam quam debebatis; et si quid
aliud erat tributarium in Jérusalem, jam non sit tributa-
rium.
40. Et si qui ex vobis apti sunt conscribi inter nostros,
conscribantur ; et sit inter nos pax.
;ï- Le roi Demetrius répondit à la demande qu'il lui
avait faite, et lui écrivit en ces termes :
56. Le roi Démétnus, à Simon grand prêtre et ami des
rois, aux anciens, et à tout le peuple des Juifs, salut.
?7. Nous avons reçu la couronne et la palme d'or que
vous nous avez envoyées; et nous sommes disposés à
faire avec vous une paix solide et durable, et à écrire à
nos intendants qu'ils vous fassent les remises, selon les
grâces que nous vous avons accordées.
?8. Tout ce que nous avons ordonné en votre faveur,
demeurera ferme et inviolable : les places que vous avez
fortifiées seront à vous.
jo. Nous pardonnons aussi toutes les fautes et tous
les manquements qui auraient pu se commettre jusqu'au-
jourd'hui : nous vous déchargeons de la couronne que
vous deviez : et si l'on payait quelque autre impôt dans
Jérusalem, on ne le paiera plus à l'avenir.
40. S'il s'en trouve parmi vous qui soient propres à
être enrôlés dans nos troupes, ils peuvent y entrer : et
nous voulons qu'il y ait entre nous une bonne paix,
COMMENTAIRE
tenu de tout ce qu'il lui avait promis. Depuis la
mort du jeune Antiochus et la tyrannie de Try-
phon, Simon, successeur de Jonathas, jugea qu'il
était de l'intérêt de sa nation de se réconcilier
avec Demetrius Nicator, et de le reconnaître
pour roi de Syrie, mais sous des conditions avan-
tageuses à son pays. Il lui demanda donc, de
rétablir la Judée dans ses franchises, ou plutôt de
la délivrer de tout tribut ; c'était ce que Deme-
trius Soter, père de Nicator, avait offert longtemps
auparavant à Jonathas (1); mais cette proposition
n'avait point eu de suite, parce queJonathas avait
préféré le parti d'Alexandre Balas, à celui de
Demetrius (2).
'y. 37. Coronam auream, et bahem quam mi-
sistis, suscepimus. Le terme Bahem de la Vul-
gate n'est pas connu. Le grec lit Bafvr) (3; ,
branche de palmier. L'Ecriture ne dit pas que
cette branche ait été d'or ; mais il y a beaucoup
d'apparence qu'elle n'était pas de moindre valeur
que la couronne. Et ce qui confirme cette opinion
c'est qu'au second livre des Maccabées (4), on
lit qu'Alcime vint offrir à un autre Demetrius
une couronne d'or jet une palme. On remarque
chez les anciens des palmiers, des vignes, des
raisins d'or.
Le syriaque entend Bainan, d'un habit ; les
Romains donnaient un habit orné de palme en
broderie d'or, à ceux qui triomphaient : lunica
palmata ; ils accordaient quelquefois cet honneur
aux rois amis et alliés, comme ils firent à Masi-
nissa, roi de Numidie (5). Masinissam primum re-
gem appellalum, eximiisque ornatum laudibus,
aurea corona, aurea paiera, sella curuli, el scipione
eburneo, loga picta, el palmata lunica donat.
Ainsi, en cet endroit, Baina pourrait marquer
cette espèce d'habit broché d'or, et orné de pal-
mes. D'autres croient que ce terme signifie un
manteau de pourpre (6), parce que la branche du
palmier est rouge, à l'endroit qu'on l'a arrachée
de son tronc.
D'autres enfin veulent que Bahem signifie des
perles ; ils traduisent : II lui envoya une couronne
d'or, semée de perles, ou plutôt, une couronne d'or
el un collier de perles ; colloque monile baccalum,
comme parle Silius (lib. vm), Bacca, signifie une
perle. Nicolas de Lyre et quelques autres, sous
le nom de couronne, entendent un collier com-
posé d'anneaux d'or (7); mais de tous ces senti-
ments, le premier est le plus suivi (8).
V. 38. Qu^CUMQUE CONSTITUIMUS VOBIS CONS-
TANT. Demetrius Nicator accorde à Simon tout
ce qu'il lui avait demandé, et la confirmation de
tout ce qu'il avait promis auparavant, au commen-
cement de son règne (9).
f. 39. Remittimus quoque ignorantias et
PECCATA USQUE IN HODIERNUM DIEM. Les Juifs
appellent péchés d'ignorance, les péchés qu'on
commet par erreur, par précipitation, par empor-
tement , quelquefois seulement toute sorte de
péchés. Demetrius Nicator se conduit avec une
grande habileté en accordant cette amnistie gé-
nérale.
y. 40. Si qui ex vobis apïi sunt conscribi in-
ter nostros. Il confirme l'offre qu'il avait faite
autrefois. 1, Macc. x, 36.
(1)1. Macc. x. 20.
(2) Ibid. y. 46. 47. _
15) Tov ccé^avov xov ^puaoCv, xai if(v (2a!/7]v, f]v àr.io-
Tei'Xoae.
(4) 11. Macc. xiv. 4. Alcimus venitad regem Demetrium..
offerens ei coronam auream, et palmam.
(5) Lis. Dec. m. lib x. Vide si lubet eumdem 1. Decad.
/.x.- Sucton. in Claud. c.iy.-Seri>ius in Aîneid. Lxi.etEclog.x.
(6) Munk, Palestine, p. 508.
(7) Vide et Isidor. orig. in Bae'n.
(8) Vide Serar. Menoch. Tir. la Haie, etc.
(91 1. Macc. xi. jj... ?7.
ij6
I. -• MACCABEES.
XIII. - PRISE DE GAZA
41. Anno centesimo septuagesimo ablatum est jugum
gentium ab Israël.
42. Et cœpit populus Israël scribere in tabulis et ges-
tis publicis : Anno primo sub Simone, summo sacerdote,
magno duce, et principe Judasorum.
4;. In diebus illis applicuit Simon ad Gazam, et cir-
cumdedit eam caslris, et fecit machinas, et applicuit ad
civitatem et percussit turrem unam, et comprehendit
eam.
44. Et eruperunt qui erant intra machinam in civitatem,
et factus est motus magnus in civitate.
41. Et ascenderunt qui erant in civitate, cum uxoribus
et filiis, supra murum, scissis tunicis suis; et clamave-
runt voce magna, postulantes a Simone dextras si bi dari.
46. Et dixerunt : Non nobis reddas secundum malitias
nostras, sed secundum misencordias tuas.
47. Et flexus Simon, non debellavit eos ; ejecit tamen
eos de civitate, et mundavit œdes in quibus fuerant simu-
lacra, et tune intravit in eam cum hymnis, benedicens
Dominum.
48. Et éjecta ab ea omni immunditia, collocavit in ea
viros qui legem facerent, et munivit eam, et fecit sibi
habitationem.
41. En l'année cent soixante-dixième, Israël fut affran-
chi du joug des nations.
42. Et le peuple d'Israël cemmença à mettre cette
inscription sur les tables et sur les registres publics : La
première année sous Simon souverain pontife, grand
chef et prince des Juifs.
4;. Vers ce temps-là, Simon alla mettre le siège devant
Gaza : il l'investit avec son armée, dressa des machines,
s'approcha des murailles de la ville ; et en ayant attaqué
une tour, il l'emporta.
44. Ceux qui étaient dans une de ces machines étant
entrés tout à coup dans la ville, il s'excita un grand
tumulte parmi le peuple.
41. Les habitants de la ville vinrent donc avec leurs
femmes et leurs enfants sur les murailles, ayant leurs
habits déchirés ; et ils jetèrent de grands cris, en deman-
dant à Simon qu'il les reçût à composition.
46. Et lui disant : Ne nous traitez pas selon notre ma-
lice, mais selon vos miséricordes.
47. Simon, touché de compassion, ne voulut point les
exterminer ; mais il les chassa seulement hors de la ville,
et il purifia les maisons où il y avait eu des idoles : il
entra ensuite dans Gaza, en chantant des hymnes, et
bénissant le Seigneur.
48. Et après qu'il eût ôté de la ville toutes les impure-
tés, il y établit des hommes pour y observer la loi ; il la
fortifia, et y fit sa demeure.
COMMENTAIRE
^.41. Anno centesimo septuagesimo ablatum est
jugum gentium ab Israël. 142 avant J ésus-Christ.
v. 43. Applicuit Simon ad Gazam. Gaza avait
été soumise par Jonathas (1). Mais les habitants
ayant appris sa mort, se révoltèrent, et ne voulu-
rent plus obéir aux Juifs. Simon les réduisit de
nouveau, et les chassa de la ville, pour y mettre
des Juifs. Voyez les versets 47, 48.
Fecit machinas. Le grec à la lettre (2) : // fît
des élépoles. Ce nom signifie à la lettre, des ma-
chines à prendre les villes; mais il se donna en
particulier à une machine, d'une grandeur mons-
trueuse, inventée par Démétrius, fils d'Antigone,
exécutée par Epimaque et mise en usage au siège
de Rhodes ; elle fit donner à ce Démétrius, le
surnom de Poliorcète. Vitruve (5) dit qu'elle avait
cent vingt-cinq pieds de haut, et soixante de
large. Elle était couverte de tissus de poil, et de
cuirs nouvellement écorchés, de manière qu'elle
était à l'épreuve d'une baliste qui eût jeté une
pierre de trois cent soixante livres ; la machine
en pesait trois cent soixante mille. Ammien Mar-
cellin (4) ajoute que le haut de la machine
était couvert de mortier pour la préserver du
feu. Elle était armée par devant de plusieurs
pointes de fer fort pesantes. Des soldats cachés au
dedans de la machine, la faisaient avancer à force
de roues et de cordages, et l'on choisissait l'en-
droit le plus faible des murs, pour les heurter de
cette lourde masse ; il en était peu qui lui résis-
tassent. Cette description convient assez à ce que
l'Ecriture nous dit ici, de l'entreprise de Simon
contre Gaza. Il appliqua son élépole près d'une
tour, et l'abattit, de manière que les soldats sorti-
rent de la machine, et se jetèrent dans Gaza, verset
44. El eruperunt qui erant intra machinam in civita-
tem, etc.
Jf. 47. Mundavit ^edes in quibus fuerant simu-
lacra. // purifia les maisons où il y avait eu des
idoles, soit qu'on entende, par ces maisons, les
temples de Gaza, ou les maisons particulières, où
il y avait toujours au moins des dieux domesti-
ques. Ayant destiné cette ville à la demeure des
Juifs, il en abolit toutes les marques d'idolâtrie.
Gaza faisait partie de l'ancien héritage d'Israël (5);
elle avait été attribuée par Josué à la tribu de
Juda ; par conséquent, la loi qui ordonnait la des-
truction des idoles dans les villes prises sur les
Cananéens (6) avait lieu à son égard.
f. 48. Fecit sibi habitationem. Il n'y demeura
pas ordinairement en personne ; mais il y allait
souvent, afin d'être à portée de contenir toute la
côte dans l'obéissance, et de mettre le pays à cou-
vert du côté de l'Egypte. Jean Hyrcan, son fils,
avait sa demeure à Gazara, près d'Azot, un peu
plus au nord.
(1) 1. Macc. xi. 61.
(2) Kal É7tonr)<jev iXsTtoXeiç-
(j) Vitriw. I. x. c. 22. Voyez les notes de Ferrant sur
cet endroit.
(4) Ammian. Marcell. /. xxiu. c. 9.
(1) Josuc. xv. 47.
(6) Deut. vu. 2j.
I. — MACCABÉES. — XIII. - REDDITION DE LA CITADELLE DE SION 157
49. Qui autem erant in arce Jérusalem prohibebantur
egredi et ingredi regionem, et emere, ac vendere ; et
esurierunt valde, et multi ex eis famé perierunt;
50. Et clamaverunt ad Simonem ut dextras acciperent;
et dédit illis; et ejecit eos inde, et mundavit arcem a
con ta minât ion i bus.
51. Et intraverunt in eam tertia et vigesima die secundi
mensis, anno centesimo septuagesimo primo, cum laude,
et ramis palmarum, et cinyris, et cymbalis, et nablis, et
hymnis, et canlicis, quia contritus est inimicus magnus
ex Israël.
<,2. Et constituit ut omnibus annis agerentur dies hi
cum lsetitia.
ÎJ. Et munivit montem templi, qui erat secus arcem, et
habitavit ibi ipse et qui cum eo erant.
^4. Et vidit Simon Joannem, filium suum, quod fortis
prselii vir esset, et posuit eum ducem virtutum universa-
rum ; et habitavit in Gazaris.
49. Or, ceux qui étaient dans la forteresse de Jérusa-
lem, ne pouvant ni en sortir, ni entrer dans le pays, ni
rien acheter, ni rien vendre, parce qu'on les en empê-
chait,se virent réduits à une grande famine ; et plusieurs
d'entre eux moururent de faim.
ço. Ils crièrent donc vers Simon, pour lui proposer
une capitulation, et il la leur accorda, et il les chassa
de la forteresse, et la purifia de toutes souillures.
51. Et ils y entrèrent le vingt-troisième jour du second
mois, l'année cent soixante-onzième, ayant des bran-
ches de palme à la main; et louant Dieu avec des har-
pes, des cymbales et des lyres, et chantant des hymnes
et des cantiques, parce qu'un grand ennemi avait été
exterminé d'Israël.
52. Et il ordonna que ces jours se célébreraient tous
les ans avec grande jouissance.
S 5. Il fortifia aussi la montagne du temple, qui était
près de la forteresse et il y habita avec ses gens.
$4. Ensuite Simon voyant que Jean, son fils, était un
homme de guerre très vaillant, le fit général de toutes
les troupes : et Jean, demeura à Gazara.
COMMENTAIRE
y. '-,0. Ejecit eos inde, et mundavit arcem a
contaminationibus. La forteresse de Jérusalem
avait été entre les mains des Syriens, depuis l'an
168 (1) jusqu'en 142. Après qu'ils en furent sortis,
la ville se trouva absolument libre ; on eut soin,
avant d'y entrer en solennité et d'en prendre pos-
session dans les formes, d'en ôter toutes les mar-
ques d'idolâtrie, et tout ce qui était contraire aux
lois des Juifs.
y. ',i. Et cinyris, et cymbalis, et nablis.
On peut voir dans la préface des Psaumes les noms
de ces divers instruments. An 141.
y. 5 2. Constituit ut omnibus annis agerentur
dies hi cum Laetitia. C'était la fête de l'affran-
chissement de Jérusalem. Simon, comme grand
prêtre, ordonna cette solennité ; elle était du
nombre de ces jours d'ordonnance, dies decreti,
dont il est parlé ailleurs (2). Peut-être ne la célé-
bra-t-on pas après le pontificat de Simon. On n'en
voit aucune mention dans Josèphe. Cet historien
nous apprend une circonstance particulière, qu'on
ne lit point ici (5) ; c'est qu'après l'évacuation de
la citadelle, Simon assembla tout le peuple, et lui
ayant représenté les maux que cette forteresse
avait causés à la ville, et le danger qu'il y avait
que, dans la suite, elle ne devînt encore funeste
à sa liberté, il l'exhorta à la raser, et à aplanir la
hauteur sur laquelle elle était bâtie. Le peuple se
laissa aisément persuader ; il y travailla pendant
trois ans, sans relâche, et vint à bout de ce grand
ouvrage. Mais il faut reculer cet événement de
quelques années ; car nous lisons dans le chapitre
suivant (4), que Simon, ayant chassé les étrangers
de la forteresse de Jérusalem, y mit des Juifs en
leur place, pour la sûreté du pays ; et au chapitre
xv. verset 28, Antiochus Sidèle réclame la cita-
delle de Jérusalem, comme ayant été usurpée par
Simon ; ce prince ne commença à régner que l'an
1 39, et la citadelle était rendue dès l'an 142 ;ainsi
elle demeura au moins trois ans dans son entier.
y. $?. Munivit montem templi. Josèphe assure
qu'on fut six ans à cet ouvrage (^).
y. >)4. Vidit Simon Joannem, filium suum. Jean
Hyrcan, succéda à Simon, son père, dans le gou-
vernement du peuple, et dans la souveraine sacri-
ficature.
Habitavit in Gazaris. Voyez le chapitre îv, 1 <, .
(1) Vide 1. Macc. 1. 54.
(2) 1. Macc. x. J5.
(5) Anliq. I. xm. c. 11.
(4) 1. Macc. xiv. 56. J7- — (5) Joseph. Antiq.xui. eu.
CHAPITRE XIV
Guerre de Demetrius contre les Par thés; il est fait prisonnier . Bonheur du gouvernement
de Simon. Les Romains et les Lacédémoniens renouvellent l'alliance avec lui. Les Juifs
lui confirment par un acte solennel la souveraine autorité.
i. Anno centesimo septuagesimo secundo, congregavit
rex Demetrius exercitum suum. et abiit in Mediam ad
contrahenda sibi auxilia, ut expugnaret Tryphonem.
2. Et audivit Arsaces, rex Persidis et Médias, quia
intravit Demetrius confines suos, et misit unum de prin-
cipibus suis ut comprehenderet eum vivum, et adduceret
eum ad se.
i. En la cent soixante-douzième année, le roi Demetrius
rassembla son armée, et s'en alla en Médie,pour s'y for-
tifier par un nouveau secours, et être en état de combattre
contre Tryphon.
2. Or, Arsacès, roi des Perses et des Mèdes, ayant
appris que Demetrius était entré dans ses états, envoya
l'un des généraux de ses armées, pour le prendre vif et
le lui amener.
COMMENTAIRE
f. i. Anno septuagesimo secundo, congrega-
vit rex Demetrius exercitum suum. Josèphe ( i)
meteette expéditionde Demetrius Nicator avant la
mort du jeune Antiochus, mais l'Écriture marque
clairement que Simon n'envoya ses ambassadeurs
à Demetrius qu'après la mort du jeune prince, et
en 142 (2), et que Demetrius entreprit la guerre
contre les Parthes, en 140. Voici ce qui donna
occasion à ce voyage de Demetrius. Ce prince
voyait ses états diminuer tous les jours, par la dé-
sertion des villes qui quittaient son parti, car il
s'était rendu méprisable par sa fainéantise et par
ses débauches ; il crut qu'en entreprenant une
guerre importante, il rétablirait et sa fortune et
sa réputation. Le royaume des Parthes s'était
extrêmement agrandi, fortifié par la sage conduite
et par la valeur de Mithridate. Son empire s'éten-
dait depuis l'Euphrate jusqu'à l'Indus ; la Méso-
potamie, la Babylonie, et les provinces voisines,
qui, jusqu'alors, avaient obéi aux rois de Syrie,
furent soumises comme les autres.
Demetrius assembla une puissante armée, et
marcha vers la Mésopotamie. D'abord la Médie
se déclara pour lui ; il se vit ensuite appuyé par
les Élyméens, les Bactriens, et les Perses, qui se
révoltèrent contre Mithridate; il gagna plusieurs
batailles, et remporta divers avantages sur l'enne-
mi. Mais enfin, il tomba dans les embûches qu'on
lui avait dressées; son armée fut taillée en pièces,
et, prisonnier entre les mains de son ennemi, on
le promena dans les villes, pour intimider ceux
qui avaient envie de remuer (3).
Ut expugnaret Tryphonem. Depuis la mort
du jeune Antiochus, Tryphon gouvernait sou-
verainement la Syrie, et prenait le titre de roi.
Demetrius, fatigué d'un tel compétiteur, qui
occupait la plus belle partie de ses états,
résolut de passer l'Euphrate, et d'y rétablir son
autorité, afin de venir ensuite plus aisément à
bout de Tryphon. Celui-ci, n'ayant plus rien à
ménager, s'abandonna à la débauche, et étant
tombé insensiblement dans le mépris, ses troupes
l'abandonnèrent petit à petit, et se donnèrent
à Cléopâtre, épouse de Demetrius Nicator. Cette
princesse habitait Séleucie, sur l'embouchure
de l'Oronte, pendant que le roi, son mari, était
prisonnier chez les Parthes (4).
f. 2. Arsaces. Ce nom devint commun à
tous les rois des Parthes, depuis Arsace, fondateur
de leur monarchie ($) ; de même que celui de
César à tous les empereurs romains, depuis
Jules César. Ce sont les Arsacides. Le nom
propre de ce prince, à qui Demetrius fit la guerre,
était Mithridate.
Misit unum de principibus suis. Ce ne fut
qu'après quelques combats, que ùémétrius tomba
entre les mains de Mithridate. Orose dit que
ce fut dans la seconde bataille (6). Mais Justin
assure qu'il livra plusieurs combats, où il eut
l'avantage (7) : Cum mull's congressionibus viclor
(1) Joseph. Antiq. I. xiu. c. 9.
[2) 1. Macc. xtii. 41.
(?) Vide Usser ad an. mundi j86j.- Joseph. Antiq. I. xm.
c. o. - Justin. I. xxxvi. cl l. xli. - Paul. Oros. l. v
(4) Vaillant, hisl. Rcg. Svr. et Usscr. Annal.
(5) Justin. 'XLI. Cujus memorias hune honorem Parthi
tribuerunt, ut omnes exinde reges suos, Arsacis nomine
nuncupent.
(6) Lib. v. c. 4.
(7) Justin. I. xxxvi. c\ 1.
I.
MACCABEES.
XIV. - BONHEUR DES JUIFS
139
;. Et abiit, et percussit castra Demetrii, et comprehen-
dit eum, et duxit eum ad Arsacem, et posuit eum in cus-
todiam.
4. Et siluit omnis terra Juda omnibus diebus Simonis ;
et qucesivit bona genti suse, et placuit illis potestas ejus,
et gloria ejus, omnibus diebus.
ç. Et eum omni gloria sua accepit Joppen in portuni,
et fecit introitum in insulis maris.
6. Et dilata vi t fines gentis suce, et obtinuit regionem.
7. Et congregavit eaptivitatem multam, et dominatus
est Gazaras, et Beihsurœ, et arci ; et abstulit immundi-
tias ex ea, et non erat qui resisteret ei.
8. Et unusquisque colebat terrain suam eum pace ; et
terra Juda dabat fructus suos, et ligna camporum fruc-
tum suum.
9. Seniores in plateis sedebant omnes, et de bonis
terras tractabant ; et juvenes induebant se gloriam et
slolas bel 1 i.
;. Il marcha donc contre Démétrius, défit son armée,
le prit, et le mena à Arsacès, qui le fit mettre en prison.
4. Tout le pays de Juda demeura paisible pendant tout
le temps de Simon ; il ne chercha qu'à faire du bien à
sa nation ; et sa puissance et sa gloire furent agréables
aux Juifs tant qu'il vécut.
ç. Outre toutes les actions glorieuses qu'il fit, il prit
Joppé pour lui servir de port ; et il en fit un passage pour
aller dans les îles de la mer.
6. Il étendit les limites de sa nation, et se rendit maître
de tout le pays.
7. Il lit un grand nombre de prisonniers : il s'empara
de Gazara, de Bethsura, et de la forteresse; en ôta toutes
les impuretés, et il n'y avait personne qui lui résistât.
8. Chacun cultivait alors sa terre en paix : la terre de
Juda donnait ses moissons, et les arbres de la campagne
leurs fruits.
9. Les vieillards étaient tous assis dans les places
publiques, et s'entretenaient de l'abondance des biens de
la terre ; les jeunes gens se paraient de vêtements magni-
fiques, et d'habits de guerre.
COMMENTAIRE
fuissel, repente insidiis circumvenlus, amisso exer-
cilu capilur. Ainsi ce ne peut être que la deuxième
année de la guerre ; et l'on trouve encore de ses
médailles de l'an 174 des Séleucides (i).
V. }. DUXIT EUM AD ARSACEM, ET TOSU1T EUM
IN custodiam. Après avoir tenu quelque temps
Démétnus dans les liens, et l'avoir fait voir en
cet état aux peuples qui l'avaient suivi (2), Tra-
duclus per ora civilalum, populis qui desciveranl,
in iudibnum favoris ostendilur, Mithridate l'envoya
dans l'Hyrcanie, où il le traita d'une manière pro-
portionnée à sa première fortune ; non seulement
il lui rendit les marques de la royauté, mais il lui
donna sa fille en mariage, et lui promit de le ré-
tablir dans son royaume de Syrie (3).
jh 4. Et siluit omnis tf.rraJuda omnibus die-
bus Simonis. C'est ainsi que Dieu se joua des
vains projets, et qu'il renversa tous les desseins
des ennemis de son peuple. La chute de Jonathas
leur avait fait prendre la résolution de perdre
les Juifs, lorsqu'ils les voyaient sans chef, et dé-
pouillés d'un appui si invincible. Ils avaient espéré
en venir à bout sans difficulté : mais il arriva, au
contraire, que jamaisceux qu'ils haïssaient si injus-
tement, ne jouirent d'une paix plus profonde ; et
qu'à l'ombre de Simon, ce nouveau bouclier
d'Israël, ils demeurèrent inaccesibles à toute la
mauvaise volonté de leur adversaires. C'est donc
le Seigneur qui leur procure, contre toute attente,
cette paix parfaite ; c'est lui qui ferme la gueule
à ces lions affamés, et qui les empêche, par sa
puissance, de faire du mal à ses serviteurs.
Touché de compassion pour un peuple qui lui
était demeuré fidèle au milieu de tant de persécu-
tions, il arrête tout d'un couple fléau des guerres
en sa faveur et le comble des bienfaits de la paix.
Placuit illis potestas ejus, et gloria ejus.
Simon usa de son pouvoir avec tantde modération
et de justice, que personne n'en eut de jalousie
ni de peine ; il sut contenter toute la nation ; et
c'est là un des éloges lesplusrares qu'on ait peut-
être jamais donné à aucun prince, de n'avoir
mécontenté personne dans l'exercice de la sou-
veraine autorité.
y. 5. Accepit Joppen in portum, et fecit in-
troitum in insulis maris. On a déjà vu que
Joppé était le port ordinaire des Juifs (4), dans
ces derniers temps de leur république. Ce port
était déjà très fréquenté sous les rois, comme
on le voit par l'histoire de Salomon («) et de
Jonas (6). C'était pourtant un assez mauvais port,
sans fond et sans abri. Les îles de la mer, dans le
style des Hébreux, signifient non seulement les
îles proprement dites, mais tous les pays maritimes
et où l'on va parmer,et qui n'étaient pas du même
continent que la Palestine.
f. 7. Congregavit captivitatem multam. Il fit
de nombreux prisonniers, dans les diverses expé-
ditions qu'il entreprit.
Dominatus estGazar/e. Ils'empara de Gazara,
ou plutôt de Gadara, près d'Azot, dont on a déjà
parlé au chapitre iv, verset iî. C'était une place
considérable, par rapport aux côtes de la Médi-
terranée.
% 9. De bonis terr,e tractabant. Les vieil-
lards traitaient de ce qui était avantageux au pays,
(i) Vaillant kist. Reg. Syr. p. 279.
(2) Justin, lib. xxxvi. c. 1.
(i) Justin, ibid. t. xxxvni.
(4) Supra xiii. 29. Vide et 1. Esdr. m.
(5) 11. Par. 11. 16.
(6) Jonas. 1. j.
'4°
I. — MACCABÉES. — XIV. - ALLIANCES RENOUVELÉES
io. Et civitatibus tribuebat alimonias, et constituebat
eas ut essent vasa munitionis, quoadusque nominatum est
nomen gloriae ejus usque ad extremum terrœ.
il. Fecit pacem super terrain, et lœtatus est Israël
laetitia magna.
12. Et sedit unusquisque sub vite sua et sub ficulnea
sua; et non erat qui eos terreret.
iî. Defecit impugnans eos super terram, reges contriti
sunt in diebus illis.
14. Et confirmavit omnes humiles populi sui, et legem
exquisivit, et absluiit omnem iniquum et malum ;
15. Sancta glorificavit, et multiplicavit vasa sanctorum.
16. Et auditum est Romas quia defunctus esset Jona-
thas, et usque in Spartiatas, et constritati sunt valde.
17. Ut audierunt autem quod Simon, frater ejus, factus
esset summus sacerdos loco ejus, et ipse obtineret om-
nem regionem et civitates in ea,
18. Scripserunt ad eum in tabulis aereis, ut renovarent
amicitias et societatem quam fecerant cum Juda et cum
Jonatha, fratribus ejus.
19. Et lectae sunt in conspectu ecclesias in Jérusalem.
Et hoc exemplum epistolarum quas Spartiatœ miserunt:
20. Spartianorum principes et civitates, Simoni, sacer-
doti magno, et senioribus, et sacerdotibus, et reliquo
populo Judaeorum, fratribus, salutem.
10. 11 distribuait des vivres dans les villes ; et il en
faisait des places d'armes : enfin son nom devint célèbre
jusqu'aux extrémités de la terre.
11. Il établit la paix dans son pays ; et Israël fut rempli
d'une grande joie.
12. Chacun se tenait assis sous sa vigne et sous son
figuier ; et nul n'était en état de leur donner de la crainte.
15. Il ne se trouva plus dans le pays aucun ennemi
qui osât les attaquer, et les rois furent abattus dans ces
jours-là.
14. Il protégea tous les pauvres de son peuple ; il fut
zélé pour l'observation de la loi, et il extermina tous les
injustes et tous les méchants.
iç. Il rétablit la gloire du sanctuaire, et il multiplia les
vases saints.
16. Or, la nouvelle de la mort de Jonathas ayant été
portée jusqu'à Rome et à Lacédémone, cas peuples en
furent fort affligés.
17. Mais lorsqu'ils apprirent que Simon, son frère, avait
été fait grand prêtre en sa place, et qu'il était maître de
tout le pays et de toutes les villes,
18. Ils lui écrivirent sur des tables d'airain pour renou-
veler l'amitié et l'alliance qu'ils avaient faite avec Judas
et Jonathas, ses frères.
19- Ces lettres furent lues dans Jérusalem, devant le
peuple ; et voici ce que contenaient celles que les Lacé-
démoniens envoyèrent :
20. Les princes et les villes des Lacédémoniens, à
Simon grand prêtre ; aux anciens, aux prêtres et à tout
le peuple des Juifs leurs frères, salut.
COMMENTAIRE
de ce qui concernait le bien de la nation ; les
anciens, les conseillers s'assemblaient en toute
liberté, et traitaient entr'eux des moyens d'assurer
la paix et la prospérité publique.
Stolas belli. Des habits de guerre, des armes,
ou bien des habits pris à la guerre, des dépouilles
de l'ennemi.
fi. 10. Ur essent vasa munitionis. Legrec(i):
// les déposa, il les prépara à soutenir des sièges,
s'il en était besoin, par les instruments de force ;
il y mit des provisions de bouche ; il les munit
de machines de guerre, et de tout ce qui pouvait
les mettre en état de défense.
fi. 12. Sedit unusquisque sub vite sua. Manière
de parler proverbiale, parmi les Hébreux, pour
marquer un état, où l'on jouit d'une paix profonde,
et où l'on est dans l'abondance (2). C'était la
juste récompense du zèle que les Maccabées et
les Juifs fidèles avaient déployé pour leur religion.
En prenant la défense de leur foi, ils défendirent
et relevèrent la patrie. Le bonheur temporel fut
ici, comme dans tous les siècles, la conséquence
de la paix religieuse et de la ferveur avec laquelle
Dieu était servi.
fi. 14. Confirmavitomneshumii.es populi sui,
et legem exquisivit. Ce peu de paroles, qui font
l'éloge de Simon, comprennent les principaux de-
voirs de ceux qui sont à la tête des peuples : leur
puissance ne'. tend pas à les relever simplement,
et à les faire respecter desautres : ils sont grands,
non pour eux-mêmes, mais pour le bien de ceux
qui leur sont soumis. Proléger les pauvres, exter-
miner les méchants, être \élé pour la loi de Dieu,
et pour la gloire de son sanctuaire, .ou de son
Église ; c'est le caractère propre de ceux qui sont
revêtus de l'autorité de Dieu. Car si la puissance
ne se propose pas ces effets différents, elle tend
à tout autre chose qu'à sa fin: c'est un abus cri-
minel du pouvoir de Dieu ; c'est travailler pour
soi-même et pour ses propres intérêts, lorsqu'on
est chargé d'agir dans les intérêts du peuple. Si-
mon devint donc grand, honoré parmi son peuple,
et redouté de ses ennemis, par la protection qu'il
donna à ceux que leur pauvreté exposait aux vio-
lences des puissants ; par la fermeté qu'il témoi-
gna pour abattre les impies; par le zèle qu'il fit
éclater pour toutes les choses qui regardaient la
gloirede Dieu. Toute autre voie que celle-là nous
rend indignes de l'amour des peuples, et de la
bénédiction du ciel.
fi. 20. Spartianorum principes et civitates,
Simoni. Le grec (3) : Les magistrats et la ville des
Spartiates, au grand, prêtre Simon. Les Lacédé-
moniens n'avaient plus de rois à cette époque.
(1) K«*. É'taijev âuxâ; év oxeûsoi ô/uptôaEo>;.
(2) Voyez 111. Rcg. iv. 25. - Mich. iv. 4. - Zach. in. 10.
(j) Ercapnarwv ap/ovte;, xoù r\ Ko'Xt;, S^fitiiVt ispe't
[JLEIfàXuj.
[.
MACCABÉES. - XIV.- ALLIANCES RENOUVELEES
'4'
21. Legati qui missi suntad populum nostrum nuntia-
verunt nobis de vestra gloria, et honore, ac laetitia; et
gavisi sumus in introitu eorum.
22. Et scripsimus quai ab eis erant dicta in conciliis
populi, sic : Numenius Antiochi, et Antipater, Juaonis
tilius, legati Judceorum, venerunt ad nos, rénovantes
nobiscum amicitiam pristinam.
2;. Et placuit populo excipere viros gloriose, et ponere
txemplum sermonum eorum in segregatis populi libris,
ut sit, ad memoriam populo Spartiatarum. Exemplum
autem horum scripsimus Simoni, magno sacerdoti.
24. Post hœc autem misit Simon Numenium Romain,
habentem clypeum aureum magnum, pondo mnarum mille,
ad statuendam cum eis societatem.
Cum autem audisset populus romanus sermones istos,
25. Dixerunt : Quam gratiarum actionem reddemus
Simoni et filiis ejus?
26. Restituit enim ipse fratres suos, et expugnavit ini-
micos Israël ab eis; et statuerunt ei libertatem; et des-
cripserunt in tabulis ajreis, et posuerunt in titulis in monte
Sion.
27. Et lioc est exemplum scripturœ : Octava décima
die mensis elul, anno centesimo septuagesimo secundo,
anno tertio sub Simone, sacerdote magno, in Asaramel,
28. In conventu magno sacerdotum, et populi, et prin-
cipum gentis, et seniorum r egionis, nota facta sunt hœc :
Quoniam fréquenter facta sunt prselia in regione nostra.
21. Les ambassadeurs que vous avez envoyés vers notre
peuple, nous ayant informés de la gloire, de l'honneur et
de la joie où vous êtes présentement, nous nous sommes
réjouis de leur arrivée.
22. Et nous avons écrit en ces termes dans les registres
publics, ce qu'ils nous avaient dit de votre part : Nume-
nius, fils d'Antiochus, et Antipater, fils de Jason, députés
des Juifs, sont venus vers nous pour renouveler l'ancienne
amitié qui est entre nous.
2;. Et le peuple a trouvé bon de recevoir ces ambas-
sadeurs avec grand honneur, et d'écrire leurs paroles
dans les registres publics, afin qu'elles servent de monu-
ment au peuple de Lacédémone : et nous avons envoyé
une copie de cet écrit à Simon grand prêtre.
24. Après cela, S, mon envoya à Rome Numenius, avec
un grand bouclier d'or du poids de mille raines, pour
renouveler l'alliance avec elle ; ce que le peuple romain
ayant appris,
2;. 11 dit : Comment témoignerons-nous notre recon-
naissance à Simon et à ses fils ?
2ù. Car il a rétabli ses frères, et il a exterminé du milieu
d'Israël ses ennemis. Et ils lui donnèrent le privilège
d'une entière liberté ; et cela fut écrit sur des tables
d'airain, et mis dans une instruction publique sur la mon-
tagne de Sion.
27. Voici ce que contenait cet écrit : Le dix-huitième
jour du mois d'ÉluI, l'an cent soixante-douzième, la troi-
sième année de Simon grand prêtre, cette déclaration
fut faite à Asaramel,
28. Dans la grande assemblée des prêtres et du peuple,
des premiers de la nation et des anciens du pays : Tout
le inonde sait que le pays de Judée ayant été affligé de
beaucoup de guerres,
COMMENTAIRE
Nabis le dernier des tyrans de Lacédémone, était
mort longtemps avant Simon (1), en 192, et l'an-
née suivante, la république avait été agrégée à la
ligue achéenne.
f. 22. Scripsimus qvje ab eis erant dicta in
conciliis populi. Nous avons écrit dans les regis-
tres publics, ce qu'ils nous avaient dit de votre part ;
ou bien : Nous avons écrit en ces termes, ce qu'ils
nous ont dit de votre part, dans l'assemblée du peu-
ple. Le grec et le latin peuvent souffrir ces deux
sens (2). L'historien sacré ne rapporte pas ici les
propres mots, mais seulement la substance de
ce qui fut dit par les envoyés des Juifs, et ce qui
était porté dans les registres publics (3).
,v. 23. In segregatis populi libris. Dans les
registres publics, ou dans les archives.
f. 24. Pondo mnarum mille. Il s'agit sans
doute ici de la mine grecque de 324 grammes.
Cum audisset populus romanus. Ni le grec,
ni le syriaque, ne lisent point Romain; mais sim-
plement (4): Le peuple ayant appris ces choses. Et
les interprètes (5) conviennent qu'il est bien plus
naturel de l'expliquer du peuple juif, que du peu-
ple romain, puisque dans toute la suite du dis-
cours, ce sont les Jui.'s qui parlent, et qui expri-
ment leur reconnaissance, pour les services que
Simon a rendus à leur nation.
f. 26. Restituit enim ipse fratres suos, iît
expugnavit inimicos Israël. Il a rendu la liberté
à son peuple, il l'a délivré du joug des Syriens. Le
grec (6) : // a affermi, lui et ses frères, et la maison
de son père, et ils ont combattu contre les ennemis
d'Israël. Le syriaque : Ils se sont comportés avec
valeur, lui et ses frères, et la maison de son père,
et ils ont fait la guerre aux ennemis d'Israël.
jh 27. Mensis elul. Ce mois répond à août
et septembre ; c'est le sixième de l'année sainte,
et le dernier de l'année civile. La 172e année des
Séleucides revient à l'an 140. C'était la troi-
sième du pontificat de Simon.
In Asaramel. Dom Calmet pense (7) que c'est
la même place qui est nommée Mello, dans les
livres des Rois (8). Hasarmello dit-il, peut signi-
fier le parvis de Mello. D'autres (9) veulent
(1) Vide Grol. hic.
(2) Ksi àvEYpài|/a|jL£v ta ûr. ' âuiûv iipr\iiv/a. iv xatç (îouXat;
xoùi orjaou, oiltoç, etc.
(j) E'v toïç aTtooeoEifuivot; toù orju.ou (BiëXc'oi,-.
(4) Q ; oi rjxouaev ô ôrju.o; twv Xoywv ■toùuov.
(5) Serar. Salian. Menoch. Tir. Drus. alii.
(6) E 'atrjpias yàp âuro;, xat ôt âcsX^o't âvcoZ, xal 6 ôixoç
xoù Jtatpo; àuxsù, xai £7toXÈu.riaav xoù; ê'/Ûpoùç l 'aparjX.
Voyez la même expression i. Macc. xvi. 2.
17) lia Grol. hic. et alii quidam.
.(8) 11. Reg. v. 9 Nbn iyn Atrium Mello.
(9) Ita Valab. Tirin
142
i. — MACCABEES. -- XIV. - GLOIRE DE SIMON
20. Simon autem, Mathathiae filius, ex filiis Jarib, et
fratres ejus, dederunl se periculo, et restiteruru adver-
sariis gentis suas, ut starent sancta ipsorum, et lex, et
gloria magna glonficaverunt gentem suara.
;o. Et congregavit Jonathas gentem suam, et factus est
illis sacerdos magnus, et appositus est ad populum suum.
II. Et voluerunt inimici eorum calcare et atterere
regionem ipsorum, et extendere manus in sancta eorum.
j?. Tu"C restitit Simon, et pugnavit pro gente sua, et
erogavit pecunias multas, et armavit viros virtutis gentis
suse et dédit illis stipendia ;
jî. Et munivit civilates Judaeas. et Bethsuram, qu» erat
i n finibus Judnsre. ubi erant arma hostium antea ; et posuit
illic praesidium viros Judasos
Î4. Et Joppen munivit, quas eratad mare, et Gazaram,
quas est in finibus Azoti.in qua hostes antea habitabant :
et collocavit illic Judasos, qua;cumque apta erant ad cor-
reptionem eorum posuit in eis.
55. Et vidit populus actum Simonis, et gloriam quam
cogitabat facere genti su», et posuerunt eum ducem suum
et principem sacerdotum, eo quod ipse fecorat hase
omnia, et justitiam, et fidem quam conservavit genti suas,
et exquisivit omni modo exaltare populum suum.
20. Simon, fils de Matthathias,de la race de Jarib, et ses
Irères, se sont abandonnés au péril, et ont résisté aux
ennemis de leur nation, pour soutenir leur temple saint
et leur loi, et ont élevé leur peuple à une grande gloire.
;o. Jonathas a rassemblé ceux de sa nation, est devenu
leur grand pontife, et a été réuni à son peuple.
; ; . Et les ennemis des Juifs se sont efforcés ensuite de
les fouler aux pieds, de ravager leur pays, et de profaner
leur temple saint.
!2. Mais Simon leur a résisté alors : il a combattu pour
son peuple ; il a distribué beaucoup d'argent : il a armé
les hommes vaillants de sa nation, et les a entretenus à
ses dépens.
}?• Il a fortifié les villes de Judée, et la ville de
Bethsura, qui était sur la frontière de Judée, dont les
ennemis avaient l'ait auparavant leur place d'armes, et il
y a mis une garnison de Juifs.
;4 II a fortifié Joppé sur la côte de la mer, et Gazara
qui est sur la frontière d'Azot, où les ennemis demeu-
raient auparavant ; il y a mis des Juifs, pour les garder
et les a pourvues de toutes les choses nécessaires pour
leur défense.
;$. Le peuple a vu la conduite de Simon, et tout ce
qu'il faisait pour relever la gloire de sa nation ; et ils
l'ont établi leur chef et prince des prêtres, parce qu'il
avait fait toutes ces choses, qu'il avait conservé toujours
la justice et une exacte fidélité envers son peuple, et
qu'il s'était efforcé par toutes sortes de moyens de relever
l'honneur de sa nation.
COMMENTAIRE
qu'Asaramel, ou, comme porte le grec, Saramel,
soit mis pour Jérusalem ; le syriaque lit Israël.
Sérarius croit que c'est un terme hébreu, qui
signifie le prince du Seigneur, et qu'il faut tra-
duire : La troisième année du grand prêtre Simon,
prince du Seigneur, un ~v iwn ; d'autres préfèrent
lire : -n c; isin dans la chambre du trésor du peu-
ple de Dieu. L'ôlsâr est le ga\ophylacium de
l'Évangile. Ce sens paraît le meilleur en ce qu'il
fixe le lieu où ladéclaration fut faite. Cette décla-
ration du peuple juif avait pour but de transmet-
tre à la postérité la reconnaissance publique, pour
les éminents services que ce grand prêtre lui avait
rendus.
y. 29. Jarib. Autrement Joarib. 1 . Macc. 1 1 . 1 .
et 1. Paralip. xxiv. 7.
y. 33. Bethsuram, quje erat in finibus ]udjeje.
Cette lorteresse n'avait été fortifiée par Judas,
que pour servir de boulevard à Jérusalem, du
côté de l'Idumée (1). Les Iduméens occupaient
alors toute la partie méridionale de ce pays. Leur
territoire s'étendait jusqu'à Hébron.
y. 34. Gazaram, quje est in finibus Azoti. Ga-
zara est la même que Gadara. Voyez plus haut ce
que nousen avons dit (2).
QU/ECUMQUE APTA ERANT AU CORREPTIONEM
eorum. Toutes les choses nécessaires pour leur
défense; le grec (}) : pour leur rétablissement:, ou
pour les remettre en meilleur état ; ad correclio-
nem, représenterait mieux la force du grec, que,
ad correptionem.
y. 3 5 . Et vidit populus actum Simonis, et glo-
riam QUAM COGITABAT FACERE GENTI SU^ET POSUE -
runt eum ducem suum. L'Ecriture a soin de nous
faire remarquer ce qui motiva le choix qu'on fit de
Simon. Le peuple vitsa conduite, dit le texte sacré;
car il est juste de n'établir pourlaconduitedesau-
tres qu'un hommedont la conduite particulièreleur
soit connue; afin qu'étant persuadés de sa sagesse
et desa vertu, ils lui obéissent, non à regret, mais
avec joie. Et c'est pour cette raison qu'on choisissait
dans les premiers temps, pour être pasteur d'une
église, un membre du clergé de cette église, afin
que la connaissance que l'on y avait de sa con-
duite rendît les peuples plus dociles à sa voix et à
ses saintes instructions. Ce fut la justice et l'ex-
acte fidélité de Simon qui le rendit digne d'être
établi chef d'Israël et prince des prêtres; c'est
aussi sur ce modèle que toutes les élections doi-
vent être faites. Saint Paul dit que ce qui est à
désirer principalement dans les dispensateurs des
my stères de Dieu, est qu'ils soient trouvés fidè-
les (41. Et Jésus-Christ avait déclaré avant lui,
queceuxqui n'avaient pas été fidèles dans les riches-
ses injustes, ne méritaient pas qu'on leur confiât les
biens véritables ('-,).
(1) 1. Macc. iv. 61.
(2) 1. Macc, iv. 15.
(4I 1. Cor. iv. 1. 2. — ()) Luc. xvi. 11,
I.— MACCABÉES.— XIV.- GLOIRE DE SIMON
M3
?6. Et in diebus ejus prosperatum est in manibus ejus,
ut tollerentur gentes de regione ipsorum, et qui in civi-
tate David erant in Jérusalem, in arce, de qua procede-
bant, et contaminabant omnia quas in circuitu sanctorum
sunt, et inferebant plagam magriam castitati :
?7. Et collocavit in ea viros Judaeos ad tutamentum
regionis et civitatis, et exaltavit muros Jérusalem.
;8. Et rex Demetrius siatuit illi summum sacerdotium;
59. Secundum hœc (ecit eum amicum suum, et glorifi-
cavit eum gloria magna.
40. Audivit enim quod appellati sunt Judaei a Romanis
amici, et socii, et fratres, et quia susceperunt legatos
Simonis gloriose ;
41. Et quia Judaei et sacerdotes eorum consenserunt
eum esse ducem suum et summum sacerdoiem in a?ter-
num, donec surgat propheta fidelis;
42. Et ut sit cuper eos dux, et ut cura esset illi pro
sanctis, et ut constitueret prœpositos super opéra eorum,
et super regionem, et super arma, et super praasidia ;
;6. Les araires ont réussi de son temps 1res heureu-
sement sous sa conduite ; en sorte que les étrangers ont
été bannis du pays d'Israël, et qu'il a chassé de la ville
de David, et de la forteresse de Jérusalem, ceux qui y
étaient en garnison, qui faisaient des sorties, profanaient
tout aux environs du sanctuaire, et faisaient une grande
plaie à la pureté des lieux saints.
57. Et il y a établi des Juifs pour la sûreté du pays et
de la ville, et a relevé les murs de Jérusalem.
j8. Le roi Démétrius l'a confirmé dans la souveraine
sacrificature,
?q. Et en même temps, il l'a déclaré son ami, et l'a
élevé dans une haute gloire,
40. Car il avait su que les Romains avaient appelé les
Juifs leurs amis, leurs alliés et leurs frères ; et qu'ils
avaient reçu avec grand honneur les ambassadeurs de
Simon;
41. Que les Juifs et les prêtres avaient consenti qu'il
fût leur chef et leur grand prêtre pour toujours, jusqu'à
ce qu'il s'élevât parmi eux un prophète fidèle.
42. En sorte qu'ayant sur eux l'autorité de chef, il prit
soin des choses saintes, qu'il établit ceux qui devaient
avoir l'intendance sur les ouvrages publics, sur la pro-
vince, sur les armes, et sur les garnisons;
COMMENTAIRE
La justice que l'on demande aux pasteurs est
celle qui, les rendant justes devant Dieu par la
pureté du cœur, les rend encore des modèles et
comme des sources de justice à l'égard des peu-
ples. Il faut qu'ils soient justes, non seulement
pour eux-mêmes, mais encore pour tous ceux
dont ils doivent procurer la justification par leurs
travaux, par leurs prières, par leurs exhortations,
et par tous les autres moyens que Dieu leur pres-
crit. Leur fidélité n'est pas non plus celle qui est
propre à tous les particuliers, qui ne sont char-
gés que du bon usage des dons qu'ils ont reçus
pour leur propresalut ; mais, comme la dispensa-
tion de tous les trésors et des mystères de Dieu
est confiée à ses ministres, en faveur des peuples
à qui ils sont obligés d'en faire part, ils ont besoin
d'une sagesse surnaturelle, pour s'en acquitter
avec cette fidélité qui est propre à leur ministère.
C'est de la sorte qu'ils travailleront, comme
Simon, à relever l'honneur et la gloire de leur peu-
ple, qui consiste à rendre à Dieu ce qu'ils lui doi-
vent, par le culte véritable de leur cœur.
y. 56. Inferebant plagam magnam casti-
tati (1). Ils faisaient une grande plaie à ta pureté,
ou à l'innocence. Le syriaque : Dans le sanctuaire;
ou dans le culte de Dieu. Les Latins se servent
du nom de chaste, chastement, lorsqu'ils parlent
de la pureté de leurs mystères. C'est aussi le
sens d'âpo; qui signifie pur, principalement sous
le rapport religieux. Il est probable que l'auteur
avait écrit p'p: niqqâyôn, qui a le même sens en
hébreu.
y. 37. Collocavit in ea viros Jud^os. Josè-
phe assure qu'il la démolit ; mais ce ne fut pas
immédiatement. Voyez ce qu'on a dit plus haut
au chapitre xm, 5 2.
y. 39. Secundum h^ec fecit eum amicum suum.
Le grec joint ce verset au précédent, de la
sorte (2) : Démétrius l'établit grand prêtre, suivant
cela, ou en toutes choses, ou pour toujours, ou
pour toute sa race, ou avec tous ses droits. Voyez
le verset _j 1.
y. 41 . Summum sacerdotem in1 sternum. On
rétablit en sa faveur l'ordre primitif des grands
prêtres qui se succédaient l'un à l'autre, de père
en fils, et qui possédaient cette dignité toute
leur vie. O.i y avait dérogé auparavant depuis
Onias III.
Donec surgat propheta fidelis. Ce rétablis-
sement du sacerdoce dans la famille des Macca-
bées, s'étant fait simplement par le choix des
hommes, en suivant les lumières naturelles, on a
soin de marquer ici, que cette disposition ne pré-
judiciera point aux ordres surnaturels, à la révé-
lation particulière de Dieu, s'il juge à propos de
découvrir un jour plus formellement ses volontés,
par la voie de la prophétie, en faveur de quel-
qu'autre famille sacerdotale. Ce passage et celui
qu'on a vu précédemment (3), à l'occasion de la
démolition de l'autel des holocaustes, profané par
les Grecs, montrent que les Juifs attendaient
alors l'avènement prochain d'un prophète fidèle,
qui devait les éclairer sur tous leurs doutes, et
fixer d'une manière irrévocable leur constitution
(i) Kot! Èlïo'.oûv ttXtj-,"},'; [i£-;oà.rlv Év tf, âyvEta.
(2) At)u./!tp 0; à'on)(7£v âw.ù) xr,v acyicf-oiùvr)/ vatà raïï'a,
ou selon d'autres exemplaires, '-ata TtavT».
(}) 1. Macc. iv. 46.
144
I. — MACCABÉES. — XIV. - GLOIRE DE SIMON
4J. Et cura sit illi de sanctis, et ut audiatur ab omni-
bus, et scribantur in nomine ejus omnes conscriptiones
in regione, et ut operiatur purpura et auro;
44. Et ne liceat ulli ex populo, et ex sacerdotibus, irri-
tum facere alijjuid horum, et contradicere his quas ab eo
dicuntur, aut convocare conventum in regione sine ipso,
et vestiri purpura, et uti fibula aurea ;
4^. Qui autem fecerit extra haoc, aut irritum fecerit ali -
quid horuin, reus erit.
46. Et complacuit omni populo staluere Simonem, et
facere secundum verba ista.
47. Et suscepit Simon, et placuit ei ut summo sacerdo-
tio fungeretur, et esset dux et princeps gentis Judaeorum
et sacerdotum, et prasesset omnibus.
48. Et scripturam istam dixerunt ponere in tabulis
aereis, et ponere eas in peribolo sanctorum, in loco
celebri ;
49. Exemplum autem eorum ponere in aerario, ut habeat
Simon, et filii ejus.
47. Qu'il veillât à la garde des lieux saints; que tous
lui obéissent, que tous les actes publics fussent écrits en
son nomdansle pays ; et qu'il fût vêtu de pourpre etd'or;
44. Qu'il ne fût permis à aucun ni du peuple, ni des
prêtres, de violer aucune de ces choses, ni de contredire
à ce qu'il aurait ordonné, ni de convoquer aucune
assemblée dans la province sans son autorité, ni de se
vêtir de pourpre, et de porterune agrafe d'or.
45. Et que quiconque agirait contre cette ordonnance
ou en violerait quelque chose, serait tenu pour coupable.
46. Tout le peuple agréa donc que Simon fût établi
dans celte grande autorité, et qu'on exécutât tout le
contenu de cette déclaration.
47. Simon accepta le gouvernement, et il consentit à
faire les fonctions de la souveraine sacrificature, et à
être chef et prince de la nation des Juifs et des prêtres,
et à avoir le commandement sur toutes choses.
48. Il fut ordonné que cette déclaration serait écrite
sur des tables d'airain, que l'on placerait dans les gale-
ries du temple, en un lieu exposé à la vue de tous.
49. Et qu'on en mettrait une copie dans le trésor du
temple, pour servir de titre à Simon et ses enfants.
COMMENTAIRE
civile et religieuse. Les derniers prophètes (1) Juifs, et de les disposer à recevoir ce Messie, ce
en avaient désigne la venue comme très pro- grand Prophète, qui est venu nous donner un
chaine ; et toute la nation l'attendait avec impa- sacerdoce nouveau et éternel,
tience ; il semble même que, par un effet de la jfr. 43. Operiatur purpura, et auro. Qu'il
sagesse de Dieu, la prophétie ait manqué dans porte des habits de pourpre, et l'agrafe d'or.
Israël pendant quelques siècles, avant la venue Voyez les chapitres x, 89, et xi, 58, et ici ver-
de Jésus-Christ, afin d'augmenter l'ardeur des set 44.
(11 Malach. m. I. Stalim veniet ad lemplum suum
dominator quem vos qurcritis, et angélus testamenli quem
vos vullis, ecce venit. Agg. il. 7. Adhuc unum modicum
est, et ego commovebo cœlum et terrain... et veniet de-
sideraïus cunciis gentibus, etc. Et Eiech.u. H. Ecce enim
ego adducam servum meum orientem, etc. Et v. 12. Ecce
vir oriens nomen ejus. Et ix. 9. Ecce rex tuus veniet libi
justus et salvator, etc.
CHAPITRE XV
Offres avantageuses d' Anliochus Sidèle à Simon. Tryphon, abandonné de ses troupes,
est assiégé dans Dora. Les Romains écrivent en faveur des Juifs aux rois et aux
peuples voisins. Anliochus se broudle avec Simon. Tryphon se sauve de Dora.
Antiochus le poursuit, après avoir donné l'ordre à Cendébée de marcher contre les
Juifs avec une puissante armée.
i. Et misit rex Antiochus, filius Demetrii, epistolas ab
insulis maris Simoni, sacerdoti et principi gentis Judae-
orum, et universas genti ;
2. Et erant continentes hune modum : Rex Antiochus
Simoni, sacerdoti magno et genti Judasorum salulem.
?. Quoniam quidam pestilentes obtinuerunt regnum
patrum nostrorum, volo autem vindicare regnum, et res-
lituere illud sicut erat antea; et electam feci multitudi-
nem exercitus, et feci naves bellicas.
i. Alors le roi Antiochus, fils deDémétrius, écrivit, des
îles de la mer, des lettres à Simon grand prêtre et prince
des Juifs, et à toute la nation.
2. Et voicieequecontenaient ces lettres: Le roi Antio-
chus,à Simon grand prêtre et à la nation des Juifs, salut.
;. Quelques corrupteurs de nos peuples s'etant rendus
maîtres du royaume de nos pères, j'ai entrepris d'y ren-
trer et de le rétablir comme il était auparavant ; c'est
pourquoi j'ai levé une grande armée de gens choisis, et
j'ai fait construire des vaisseaux de guerre.
COMMENTAIRE
y. i. Misit rex Antiochus. Le roi Anliochus,
fils de Démétrius Soter, et frère de Démëtrius
Nicator, écrivit à Simon. Cet Antiochus avait été
envoyé par son père, avec Démétrius Nicator,
son frère, à Gnide, chez un de ses amis, où il
demeura jusqu'au règne de Nicator (i). Celui-ci
étant allé au-delà de l'Euphrate, pendant que la
plupart des villes de Syrie se déclaraient pour
Tryphon, Antiochus, son frère, après avoir erré
quelque temps dans ce pays, sans pouvoir trouver
de retraite assurée dans aucune ville, par la
crainte qu'on avait de Tryphon, fut obligé de se
retirer dans l'île de Rhodes (2), où il apprit la
captivité de Nicator, pris par Mithridate, roi des
Parthes. C'est de cette île qu'il écrivit à Simon
et au peuple juif, pour les engagerdans son parti ;
Misit epislolas ab insulis maris, dit [ici l'Écriture.
Il prend le titre de roi dans ces lettres, parce
que la reine Cléopâtre, épouse de son frère, en-
fermée avec ses enfants dans Séleucie, lui avait
offertde l'épouser, etde luiremettre l'armée qu'elle
avait auprès d'elle. Quoique Nicator, son époux
ît frère d'Antiochus, fût encore vivant, cette
alliance inconvenante fut conclue. Antiochus
îe tarda pas à passer la mer ; il épousa Cléo-
)âtre, prit le diadème, et se mit à la tète de l'ar-
mée, pour combattre Tryphon, dont le parti
s'affaiblissait de jour en jour, exolescenle favore
recenlis imperii, comme dit Justin. Antiochus prit
alors le nom de Sidèle (j), soit à cause de son
inclination pour la chasse, rs Isid, en phénicien
et en hébreu (4), soit parce qu'il partit de Side,
ville de Pamphilie, pour aller combattre Try-
phon (5) ; mais, dans ses médailles, on ne le
trouve jamais sous ce nom ; peut-être parce qu'il
n'est point assez relevé. Josèphe lui donne en-
core les noms de Pieux (6) et de Soler (7), ou
sauveur ; mais on ne les lui a point donnés dans
ses monnaies ; on n'y voit que celui A'Evergèle,
ou bienfaisant (8).
Simoni, sacerdoti et principi gentis Jud^eo-
rum. Le grec (9) : Prêtre, et elhnarque des Juifs.
Ce titre d'ethnarque se trouve souvent dans Josè-
phe pour marquer un prince indépendant, mais
d'un rang au-dessous de celui de roi.
y. }. Pestilentes obtinuerunt regnum. Des
hommes peslijérés, des hommes corrompus, qui
répandent, pour ainsi dire, partout le venin de la
discorde. Les Hébreux et les Syriens se servent
souvent de ce terme (10). Antiochus voulait dési-
gner sous ce nom, Alexandre Balas, Antiochus
son fils, et particulièrement Tryphon.
(1) Justin. L. xxxv. c. 2. et t. xxxvi. c. 1.
(2) Joseph. Antlq. I. xm. c. 12. et Appian. Syriac. p. ij2.
(j) Trog. Prolog, t. xxxix.-Euseb. Cronic.
{<,) Usscr. ad an. J864. - Vaillant hist. Rcg. Syr. Vide
Hularch. Problem.
(5) Syncell. Grot. hic.
S. B. — T. XII.
(6) Anliq. lih. xm. 16. — (7) Idem. lib. xm. c. 12.
(8) E'uÉpysxri; dicitur Porphyrio apud Euseb. Vide Vail-
lant hist. Reg. Syr. p. Î05. jo6. BASIAEQS ANTIO-
XOY EYEPrEÏOY.
(9) ï^fitovi upti /.al c'9vàp/7) tûiv Iou5a''tov.
(10) Voyez vin. 29; xi. jj; xii. 6; xm. j6 ; xiv. 20.
10
146
I. - MACCABÉES.— XV.- LETTRE D'ANTIOCHUS SIDÈTE
4. Volo autem procedere per regionem, ut ulciscar in
eos qui corrupeTunt regionem nostram, et qui desolave-
runt civitates multas in regno meo.
5. Nunc ergo statuo tibi omnes oblationes quas remise-
runt tibi ante me omnes reges, et quascumque alia dona
remiserunt tibi ;
6. Et permitto tibi facere percussuram proprii numis-
matis in regione tua ;
7. Jérusalem autem sanctam esse, et liberam, et omnia
arma quas fabricata sunt, et prœsidia quas construxisti,
quae tenes, maneant tibi.
8. Et omne debitum régis, et quas futura sunt régi, ex
hoc et in totum tempus remittuntur tibi.
9. Cum autem obtinuerimus regnum nostrum, glorifica-
bimus te, et gentem tuam, et templum gloria magna, ita
ut manifestetur gloria vestra in universa terra.
10. Anno centesimo septuagesimo quarto exiit Antio-
chus in terram patrum suorum, et convenerunt ad eum
omnes exercitus, ita ut pauci relicti essent cum Try-
phone.
1 1. Et insecutus est eum Antiochus rex, et venit Doram
fugiens per maritimam;
12. Sciebat enim quod congregata sunt mala in eum, et
reliquit eum exercitus.
ij. Et applicuit Antiochus super Doram cum centum
viginti millibus virorum belligeratorum et octo millibus
equitum ;
14. Et circui vit civitatem, et naves a mari accesserunt ;
et vexabant civitatem a terra et mari, et neminem sine-
bant ingredi vel egredi.
4. Ainsi j'ai dessein d'entrer dans mes états pour me
venger de ceux qui ont ravagé mes provinces, et qui ont
désolé plusieurs villes dans mon royaume.
5. Je vous remets donc maintenant tous les tributs qu
tous les rois mes prédécesseurs vous ont remis, et je
vous confirme dans toutes les immunités qu'ils vous ont
données.
6. Je vous permets de faire battre monnaie à votre
coin dans votre pays.
7. J'ordonne que Jérusalem soit une ville sainte et
libre, et que vous demeuriez maître de toutes les armes
que vous avez fait faire, et de toutes les places fortes
que vous avez rétablies, et que vous occupez.
8. Toutes",les dettes du roi, tant pour le passé que
pour l'avenir, depuis ce temps et pour toujours, vous
sont remises.
9. Et lorsque nous serons rentrés dans la possession
de notre royaume, nous renouvellerons de telle sorte
votre gloire, et celle de votre peuple et de votre tem-
ple, qu'elle éclatera dans toute la terre.
10. En la cent soixante-quatorzième année, Antiochus
entra dans le pays de ses pères ; et toutes les troupes
vinrent aussitôt se donner à lui ; de sorte qu'il n'en resta
que très peu avec Tryphon.
11. Le roi Antiochus le poursuivit ; et Tryphon vint à
Dora, en s'enfuyant le long de la côte de la mer.
'.z. Car il vit bien qu'il allait être accablé de malheurs,
l'armée l'ayant abandonné.
1 ;. Antiochus vint camper au-dessus de Dora avec
cent vingt mille hommes de guerre et huit mille chevaux.
14. Et il investit la ville, et fit avancer les vaisseaux
qui étaient sur mer ; et il la pressait par terre et par mer,
sans permettre que personne y entrât ou en sortit.
COMMENTAIRE
y. 5. Statuo tibi omnes oblationes quas re-
miserunt tibi ante me omnes reges. Le grec (1)
iça{pE|A«« qui est traduit ici par oblaliones, signifie
les prémices, les dîmes, et les autres choses qu'on
séparait de l'usage commun, pour les offrir au
Seigneur. On pourrait le traduire par séparation,
retranchement, ou même, don, présent (2). Dru-
sius semble croire qu'il faudrait lire &s&u.<«a(3.) ;
je vous confirme toutes les remises que vous ont
faites les rois mes prédécesseurs ; mais cela re-
vient au même pour le sens. Antiochus était libé-
ral du bien d'autrui ; il ne se dépouillait de rien
en accordant à Simon tout ce dont il était alors
en possession ; il lui était bien plus aisé de le lui
abandonner, que de le lui contester.
y. 6. Permitto tibi facere percussuram pro-
prii numismatis in regione tua. C'est un droit
de souverain que celui de battre la monnaie à son
coin. Antiochus comptait apparemment que Simon
y ferait mettre son empreinte ou sa tête. Mais,
dans les médailles qui nous restent de lui, on n'y
remarque aucune figure humaine (4) ; on y voit
seulement quelques vases du lemple, ou quelques
plantes, lauriers, palmes, ceps de vigne qui étaient
le symbole du pays.
L'inscription de ces monnaies est quelquefois
Sicle, ou demi-sicle d'Israël, et d'autres fois,
année 1. 2. 3. ou 4, années de la délivrance de
Sion, ou de Jérusalem, ou d'Israël. Dans quel-
ques-unes, paraît le nom de Simon, ou de Simon
prince d'Israël ; mais dans la plupart, ce nom ne
se lit pas. On ne trouve de ces sicles, que pour
quatre années du gouvernement de Simon. Jean
Hyrcan, son successeur, ne fit point frapper de
monnaie, que l'on sache. Il ne parait pas même
que Simon ait usé de ce privilège pendant tout
son règne ; soit qu'il s'en soit abstenu par un mo-
tif de religion, comme l'ont pensé quelques com-
mentateurs, de crainte que ces empreintes ne
fussent pas permises par la loi ; soit qu'il n'ait pas
jugé à propos de continuer de fabriquer des mon-
naies, qui n'apportaient aucun profit à l'Etat.
y. 10. Exiit Antiochus in terram patrum
suorum. Antiochus entra dans le pays de ses pères ;
en l'an i74des Séleucides, 1 }8avant Jésus-Christ.
11 aborda à Séleucie, où il épousa Cléopâtre, sa
(1) I"«»]u.l aoi r.ânct xà âoa''pêu.«ta â âorjxav soi ôi r.po (j) Io0ti)(xi aoî îiâvca ta ào^iata. Vide 1. Macc. x. 28;
£u.où fiaatXeiç. *M. J7-
(2) Hcsych- AWp7]|,.a, ÂvâOri(xa, oôifov. (4) Voyez S. Munk, Palestine, pi. xxi.
MACCABÉES. — XV. - LETTRE DU CONSUL ROMAIN
14/
iî. Venit autem Numenius, et qui cum eo fuerant, ab
urbe Roma, habentes epistolas regibus et regionibus
scriptas, in quibus continebantur haec :
16. Lucius, consul Romanorum,Ptolemaeo régi, salutem.
17. Legati Judajorum venerunt ad nos amici nostri,
rénovantes pristinam amicitiam et societatem, missi a
Simone, principe sacerdotum, et populo Judasorum
18. Attulerunt autem et clypeum aureum mnarum mille.
19. Placuit itaque nobis scribere regibus et regionibus,
ut non inférant illis mala, neque impugnent eos, et civi-
tates eorum, et regiones eorum ; et ut non ferant auxi-
lium pugnantibus adversus eos.
20. Visum autem est nobis accipere ab eis clypeum.
21. Si qui ergo pestilentes refugerunt de regione ipso-
rum ad vos, tradite eos Simoni, principi sacerdotum, ut
vindicet in eos secundum legem suam.
22. Hasceadem scripta sunt Demetrio régi, et Attalo,
et Ariarathi, et Arsaci,
2;. Et in omnes regiones; et Lampsaco, et Spartiatis,
et in Delum, et in Myndum, et in Sycionem,et in Cariam,
et in Samum, et in Pamphyliam, et in Lyciam, et in Ali-
carnassum, et in Coo, et in Siden, et in Aradon, et in
Rhodum, et in Phaselidem, et in Gortynam, et Gnidum,
et Cyprum, et Cyrenen.
iç. Cependant Numenius et ceux qui avaient été avec
lui, !x Rome, en revinrent avec des lettres écrites aux
rois et aux divers peuples, lesquelles contenaient ce qui
suit :
16. Lucius, consul des Romains, à Ptolémée, roi, salut.
17. Les ambassadeurs des Juifs, nos amis, sont venus
vers nous, envoyés par Simon, prince des prêtres, et par
le peuple des Juifs, pour renouveler l'ancienne alliance
et amitié qui est entre nous.
18. Ils ont aussi apporté un bouclierd'or de millemines.
19. Nous avons donc résolu d'écrire aux rois et aux
peuples, qu'ils ne leur fassent aucun mal;qu'ils n'attaquent
ni eux, ni leurs villes, ni leur pays, et qu'ils ne donnent
aucun secours à ceux qui leur font la guerre.
20. Or, nous avons cru devoir recevoir le bouclier
qu'ils ont apporté.
21. Si donc quelques gens corrompus sont sortis de
leur pays pour se réfugier vers vous, remettez-les entre
les mains de Simon, prince des prêtres, afin qu'il en fasse
la punition selon la loi.
22. Ils écrivirent ces mêmes choses au roi Démétrius,
à Attale, à Ariarathe, àArsace,
2;. Et dans tous les pays qui leur étaient alliés ; à
Lampsaque, aux Lacédémoniens, à Délos, à Myndos, à
Sicyone. en Carie, à Samos, en Pamphylie. en Lycie, à
Halicarnasse, à Coo, à Siden, à Aradon, à Rhodes, à
Phasélides, à Gortyne, à Gnide, en Chypre et à Cyrène.
COMMENTAIRE
belle-sœur, indignée de ce que Démétrius Ni-
cator, son époux, avait épousé Rhodogune, fille
du roi des Parthes(i).Les troupes qui, jusqu'alors,
étaient demeurées attachées au parti de Tryphon,
vinrent en foule se soumettre à Antiochus ; il
composa une armée de cent vingt mille hommes
de pied, et de huit mille chevaux, avec lesquels il
battit Tryphon, le chassa de la haute Syrie, et
alla l'assiéger dans Dora, ville maritime de Pales-
tine, au midi du mont Carmel, où il s'était jeté.
Voyez plus haut, chapitre xm, 20.
f. 16. Lucius, consul Romanorum. Ce Lucius
était, selon les uns (2), Lucius Melellus Calvus,
ou Lucius F urius Philus. Ou, selon Usserius (3),
Lucius Calpurnius Piso, qui eut pour collègue
Lucilius Popilius Lœnas, qui fut envoyé cette
même année en Espagne, contre la ville de Nu-
mance. Plolémée, à qui est adressée la lettre du
consul, est Ptolémée Évergète II, ou Physcon.
y.22.\\j£C EADEM SCRIPTA SUNT DEMETRIO REGI.
Ils écrivirent ces mêmes choses au roi Démétrius
Nicator, nonobstant qu'il fût alors captif chez les
Parthes ; mais les lettres furent remises à Antio-
chus, son frère.
Attalo. A Attale, roi de Pergame, surnommé
Philadelphe, qui établit le peuple romain héritier
de son royaume.
Ariarathi. A Ariarathe, roi de Cappadoce (4).
Arsaci. A Arsace, roi des Parthes; c'est le mê-
me que Mithridate, dont on a déjà parlé, qui
retenait alors prisonnier Démétrius Nicator.
$. 2j. Lampsaco. A Lampsaque, célèbre dans
la Mysie sur l'Hellespont, alors ville libre (^). Le
grec lit (6): Sampsamé, ou Sampsacé. On connaît
Samsa dans l'Arabie, et Samphé dans la Phénicie ;
mais il faut s'en tenir à la Vularate.
Delum. Ile célèbre de la mer Egée, connue
par son temple d'Appollon, et par l'importance
de son commerce, après la ruine de Carthage.
Myndum. Ile de Carie, avec un bon port.
Sicyonem. Ville très ancienne dans l'Achaïe,
avec un port sur le golte de Corinthe.
In Cariam. En Carie. Province maritime de
l'Asie mineure. Cette indication paraît une répé-
tition avec Mindos, mais la Carie avait d'autres
villes plus considérables que ce port de mer.
Samum. Ile très puissante alors, et libre, près
des côtes de l'Asie mineure.
Pamphyliam. Province maritime d'Asie mi-
neure, comprenant la Pisidie et l'Isaurie.
Lyciam. La Lycie estvoisine de la Pamphylie ;
les Romains l'ôtèrent aux Rhodiens, et lui rendi-
rent sa liberté (7).
(1) Appian. Srriac. p. ija. - Justin, xxxvi.
(2) Drus. Grot.
(J) lia et Salian. Menoch. etc.
(4) Vide Justin. I. xxxv.
(5) Vide Livium. I. xxxm. et xliii. Elle avait favorisé
les Romains contre Antiochus le Grand.
(6) Sa[jnJ;âu.r], vel Sau.tj/âxr]. Srr. Samsane.
(7) Livius. I. xliv.
148
I.
MACCABEES.
XV.- MAUVAISE FOI D'ANTIOCHUS
24. Exemplum autem eorum scripserunt Simoni, prin-
cipi sacerdotum, et populo Judxorum.
2Ç. Antiochus autem rex applicuit castra in Doram
secundo, admovens ci semper manus, et machinas faciens ;
et conclusit Tryphonem, ne procederet.
26. Et misit ad eura Simon duo milla virorum electo-
rum in auxilium, et argentum, et aurum, et vasa copiosa;
27. Et noluit ea accipere, sed rupit omnia quee pactus
est cum eo antea, et aliehavit se ab eo.
24. Les Romains envoyèrent une copie de ces lettres à
Simon, prince des prêtres, et au peuple des Juifs.
25. Or, le roi Antiochus mit une seconde fois le siège
devant Dora et la serra toujours de plus près, en cons-
truisant diverses machines ; et il y renferma tellement
Tryphon, qu'il ne pouvait plus en sortir.
20. Alors Simon envoya à Antiochus un secours de
deux mille hommes choisis, avec de l'argent et de l'or,
et des vases précieux en grande quantité.
27. Mais il ne voulut point les recevoir; et il ne garda
aucun des articles du traité qu'il avait fait avec lui aupa-
ravant, et s'éloigna tout à fait de lui.
COMMENTAIRE
Alicarnassum. Ville de Carie, célèbre dans
l'antiquité.
Coo, ou mieux Cos,île et ville célèbre de l'Ar-
chipel, au sud-ouest de la Carie.
Siden. Side, ville de la Pamphylie. Au lieu
de Siden, il faudrait peut-être lire Sidon, capitale
de la Phénicie.
Aradon. Ile près des côtes de Syrie (1).
Rhodum. Ville et île célèbre par son colosse
du Soleil.
Phaselidem. Ville maritime sur les confins de la
Lycie et de la Pamphilie. Phisélis était habitée
par des pirates, et tormait un district séparé du
reste des Lyciens.
Gortynam. Ville fameuse dans l'île de Crète.
Cette île était alors indépendante et alliée du
peuple romain.
Gnidum. Ville de Carie dans la Doride.
CYPRUM.Ile célèbre de la Méditerranée, que sa
position mettait en contact avec l'Europe, l'Asie
mineure, la Syrie et la Phénicie.
Cyrenen. Ville et province de Libye. Il faut que
dès lors, elle ait joui de quelque liberté, et qu'elle
ait été alliée des Romains, quoique dans la dé-
pendance des rois d'Egypte.
f. 24. Exemplum eorum scripserunt Simoni.
Ils envoyèrent une copie de ces lettres à Simon,
pour lut faire connaître les égards qu'on avait eus
pour lui.
f. 25.. Applicuit castra in Doram secundo.
Ce terme secundo (2), peut signifier qu'il com-
mença ce siège le jour qui suivit l'arrivée des
députés (2); ou le lendemain de leur arrivée (4) ;
ou qu'enfin il recommença le siège avec plus
d'ardeur que jamais, ayant été obligé de l'inter-
rompre ou de le quitter (5), pour des raisons qui
ne nous sont point connues. Il ne serait pas im-
possible cependant que le texte n'eût voulu indi-
quer par là une seconde parallèle dans les travaux
des assiégeants. Peut-être même l'auteur a-t-il
eu en vue la ville plutôt que l'armée. C'était
peut-être la seconde fois que Dora était assiégée :
la première fois par Tryphon (6), et la seconde
par Antiochus, en cet endroit.
jL 26. Misit ad eum Simon duo millia viro-
rum. Simon lui envoya un secours de deux mille
hommes choisis, qu'il ne voulut pas recevoir. Josè-
phe(;) semble dire le contraire; il raconte qu'An-
tiochus étant occupé au siège de Dora, envoya
des ambassadeurs à Simon, pour lui demander
son amitié, et des vivres pour ses troupes. Simon
accorda volontiers au roi tout ce qu'il lui
demandait, et lui envoya des vivres et de l'argent ;
mais Antiochus oublia bientôt les obligations
qu'il avait au grand prêtre. 11 envoya contre lui
Cendébée avec des troupes. Cet historien ne
parle pas de la députation d'Antiochus vers
Simon. Voyez le verset 28.
Lorsque Dieu veut humilier un prince, il l'aban-
donne à son propre orgueil, afin que sa chute soit
d'autant plus redoutable, qu'il se sera plus élevé.
On en voit ici un grand exemple en la personne
d'Antiochus. Sa fierté et sa perfidie le firent tom-
ber à la fin dans une très grande confusion. Rien
ne l'avait obligé de faire à Simon, comme on le
voit au commencement de ce chapitre, toutes ces
avances, qui semblaient tendre à affermir une
paix solide entr'eux ; ni de lui promettre tant de
choses avantageuses, soit pour lui-même ou pour
tous les Juifs, soit pour le temple. Il lui était
libre de ne point lui témoigner cet empressement
à relever la gloire du peuple de Dieu. Mais de
rompre tout d'un coup ces bons procédés, de se
moquer des paroles qu'il avait données pour
marquer sa vénération pour le temple, et de se
porter, sans autre raison que celle de son ambi-
tion, à s'éloigner tout à fait du grand prêtre, dans
le temps même qu'il lui donnait les plus fortes
preuves de son attachement; c'était insulter en
même temps à Dieu et aux hommes, c'était faire
(1) Voyez Gcnes. x. 18.
(2) Ilapsve'SaXEv in: Aiopa e'v t?/ SEurepa.
(j) Grotius.
iv4) Drusius.
(5) Lyran.
(6) 1. Macc. xm. 20.
(7) Joseph. Antiq. t. xm. c. 12. Il^u.7tei ?:pô; £iu,a)va.
rcepi «piXia; xal au|j.jj.a^iaç r.piiÇxii, etc.
I.
MACCABÉES.
XV.- MISSION D'ATHENOBIUS
H9
28. Et misit ad eum Athenobium, unum de amicis suis,
ut tractaret cum ipso, dicens : Vos tenetis Joppen, et
Gazaram, et arcem quae est in Jérusalem, civitates regni
mei.
29. Fines earum desolastis, et fecistis plagam magnam
in terra, et dominati estis per loca multa in regno meo.
;o. Nunc ergo tradite civitates quas occupastis, et tri-
buta locorum in quibus dominati estis extra fines Judaeae.
51. Sin autem, date pro illis quingenta talenta argenti,
et exterminii quod exterminastis, et tributorum civitatum
alia talenta quingenta; sin autem, veniemus, et expugna-
bimus vos.
?:. Et venit Athenobius, amicus régis, in Jérusalem, et
vidit gloriam Simonis, et claritatem in auro et argento,
et apparatum copiosum, et obslupuit ; et retulit ei verba
régis.
H- Et respondit ei Simon, et dixit ei : Neque alienam
terram sumpsimus, neque aliéna detinemus; sed heredi-
tatem patrum nostrorum, quae injuste ab inimicis nostris
aliquo tempore possessa est.
J4. Nos vero tempus habentas, vindicamus heredita-
tem patrum nostrum.
;$. Nam de Joppe et Gazara quas expostulas, ipsi
faciebant in populo plagam magnam, et in regione nos-
tra ; horum dainus talenta centum. Et non respondit ei
Athenobius verbum.
;6. Reversus autem cum ira ad regem, renuntiavit ei
verba ista, et gloriam Simonis, et universa quae vidit; et
iratus est rex ira magna.
57. Tryphon autem fugit navi in Orthosiada.
28. Antiochus envoya ensuite Athenobius, l'un de ses
confidents, pour traiter avec Simon, et lui dire de sa
part : Vous avez entre vos mains Joppé, Gazara, et la
forteresse de Jérusalem, qui sont des villes de mon
royaume.
20. Vous en avez'désolé tous les environs ; vous avez
fait un grand ravage dans le pays, et vous vous êtes rendu
maître de beaucoup de lieux qui étaient de ma dépendance.
50. Rendez donc maintenant les villes que vous avez
prises, et les tributs des lieux où vous avez dominé hors
des frontières de la Judée.
jl. Ou payez, pour les villes que vous retenez, cinq
cents talents d'argent ; et pour les dégâts que vous avez
faits, et les tributs des villes, cinq cents autres talents
d'argent : autrement nous viendrons a vous, et vous trai-
terons comme ennemis.
52. Athenobius. favori du roi. vint donc à Jérusalem :
il vit la gloire de Simon, l'or et l'argent qui brillaient
chez lui de toutes parts, et la magnificence de sa maison,
et il en fut fort surpris : ii lui rapporta ensuite les paroles
du roi.
j j. Et Simon lui répondit en ces termes : Nous n'avons
point usurpé le pays d'un autre, et nous ne retenons
point le bien d'autrui ; mais nous avons seulement repris
l'héritage de nos pères qui avait été possédé injustement
par nos ennemis pendant quelque temps.
J4. Ainsi le temps nous ayant été favorable, nous nous
sommes remis en possession de l'héritage de nos pères.
?$. Pour ce qui est des plaintes que vous faites tou-
chant Joppé et Gazara, c'étaient elles-mêmes qui cau-
saient beaucoup de maux parmi le peuple et dans notre
pays : cependant nous sommes prêts à donner pour ces
villes cent talents. Athénobiusne lui répondit pas un mot.
56. Mais il retourna tout en colère vers le roi : il
lui rapporta cette réponse de Simon, la magnificence où
il était, et tout ce qu'il avait vu, et le roi en fut extraordi-
nairement irrité.
J7- Cependant Tryphon s'enfuit, par le moyen d'un
vaisseau, à Orthosiade.
COMMENTAIRE
connaître que, s'il avait recherché d'abord l'ami-
tié de ce grand prêtre des Juifs, la crainte seule
de sa puissance l'y avait porté ; l'orgueil de sa
récente victoire sur Tryphon son ennemi, lui
inspirait cette rupture et cette honteuse infidé-
lité. Mais quand orgueil chemine devant, misère
suit après, dit un vieux proverbe. Une défaite
imprévue renversa en un moment tous les grands
desseins qu'Antiochus avait formés contre cette
nation, dont Dieu même s'était déclaré le protec-
teur.
f. 28. Vos tenetis Joppen, et Gazaram, et
ARCEM QUjE EST IN JERUSALEM. Pour Joppé et
Gazara ou plutôt Gadara, comme parle l'édition
de Bâle, voyez le chapitre xiv, versets >. 7. La
forteresse de Jérusalem avait été cédée à Simon,
par Démétrius Soter (1), en l'an 160 des Séleu-
cides, 152 avant Jésus-Ghrist. Mais la cession
n'eut point d'effet alors; Simon ne s'en rendit le
maître que l'an 171 des Séleucides, 142 avant
Jésus-Christ (2).
y. 30. Tributa locorum, in quibus dominati
estis extra fines JuDMM. Les Iribuls des diffé-
rents lieux où vous ave\ dominé, hors des fron-
tières de la Judée ; par exemple les trois toparchies
démembrées de la Galilée, de la Samarie et de
la Pérée, les villes de Gaza et de Gadara, et les
autres lieux que Simon avait réunis à la Judée.
Antiochus demande qu'on lui restitue ces villes, ou
qu'onluidonne cinqcents talents, soit 2.78o.ooofr.
en prenant le talent attique.
j. 31. Et exterminii quod exterminastis, et
tributorum civitatum alia talenta quingenta.
Quant au dégât fait dans les villes de Bethsura, de
Gaza, de Joppé et autres domaines du roi, Antio-
chus demande encore cinq cents talents.
y. p. Claritatem in auro et argento. Le
grec (]) : // vil le buffet couvert de vases d'or et
d'argent, et un service proportionné, des serviteurs
en grand nombre, ou des meubles en quantité.
y. 37. Tryphon fugit navi in Orthosiada.
Cette ville était dans la Phénicie, entre l'île
(i) 1. Macc. x. ?2.
(2) 1. Macc. xiii. 51.
(}) KuXixsîov [*età ^,-uacDi.i.accov, xa'i «pYupwu.âtoJV, xat
napâatastv ï*avr)v.
150
I. — MACCABÉES. — XV. - EXPÉDITION DE CENDÉBÉE
38. Et constituit rex Cendebaeum ducem maritimum, et
exercitum peditum et equitum dédit illi.
39. Et mandavit illi movere castra contra faciem Judaeaî)
et mandavit ei asdificare Gedorem, et obstruere portas
civitatis, et debellare populum. Rex autem persequeba-
tur Tryphonem.
40. Et pervenit Cendebaeus Jamniam, et cccpit irritare
plebem, et conculcare Judaeam, et captivare populum, et
inlerficere, et aedificare Gedorem.
41. Et collocavit illic équités, et exercitum, ut egressi
perambularent viam Judasae, sicut constituit ei rex.
38. Et le roi Antiochus donna à Cendébée le comman-
dement de toute la côte de la mer, avec une armée
composée d'infanterie et de cavalerie.
39. Et il lui ordonna de marcher contre !a Judée, de
fortifier Gédor, de boucher les portes de la ville, et de
réduire le peuple par la force de ses armes : quant au
roi, il alla poursuivre Tryphon.
40. Cendébée étant arrivé à Jamnia, commença à vexer
le peuple, à ravager la Judée, à faire un grand nombre
de prisonniers, à en tuer d'autres, et à fortifier Gédor.
4t. Il y mit de la cavalerie et des gens de pied, pour
faire des courses dans le pays de la Judée, selon que le
roi le lui avait commandé.
COMMENTAIRE
d'Arade et Tripoli. D'Orthosiade, ou cCOrlho-
sie, Tryphon s'enfuit à Apamée, sa patrie, dans la
vallée de l'Oronte, où il avait beaucoup d'amis
et de correspondance. Frontin (1) raconte que,
pour arrêter les soldats d'Antiochus, qui le pour-
suivaient dans sa marche, il sema beaucoup d'ar-
gent dans le chemin. Apamée fut assiégée et prise
de force, et Tryphon mis à mort la cinquième
année de son règne ou de son usurpation (2).
Strabon assure qu'il s'enferma dans un château,
où il fut contraint de se donner la mort, pour se
dérober à la vengeance de son ennemi (3).
y. 38. Constituit rex Cendeba;um ducem ma-
ritimum. Antiochus donna à Cendébée le com-
mandement de toute la côte de la mer. Le jeune
Antiochus, fils d'Alexandre Balas, avait donné
auparavant ce gouvernement à Simon (4), et il en
avait été en possession jusqu'alors.
p. 39. Gedorem. Ville delà Palestine, aux envi-
rons de Jamnia et d'Azot ($). Le grec lit Cedron
et le syriaque Hebron. Le mot œdificare ne si-
gnifie pas toujours bâtir, mais il est souvent pris,
en parlant des villes, dans le sens de reconstruire,
fortifier.
Obstruere portas civitatis. Le grec lit sim-
plement (6) -.Fortifier les portes, les munir de
tours, et de défenses, les armer de fer, de barres
et de bonnes serrures. Quelques auteurs (7) l'en-
tendent des défilés : garder, ou fortifier les défi-
lés; l'on sait que ce nom de portes leur est sou-
vent donné dans les historiens ; le manuscrit
alexandrin porte (8), fortifier des villes.
(1) Frontin. Stratag. t. 11. c. 13.
(2) Vaill. hist. Reg. Syr. p. 294. 295
/. xiii. c. 12.
(3) Strabo. tib. xiv. — (4) 1. Macc. xi. ^9.
(<i) Voyez Josue x». ;8. - 1. Paralip.
Joseph. Aniiq. (6) O'y ucoiaai toc; rciAà;. ita Syr.
(7) Grotius.
(8) O'yupcôiai toc; r.okti;.
J9-
CHAPITRE XVI
Guerre de Cendébée contre les Juifs. Il est mis en fuite par les fils de Simon. Simon est
tué par Ptolémée son gendre. Jean Hyrcan succède à Simon son père.
i. Et ascendit Joannes de Gazaris, et nuntiavit Simoni,
patn suo, quas fecit Cendebasus in populo ipsorum.
2. Et vocavit Simon duos filios seniores, Judam et
Joannem, et ait illis : Ego, et fratres mei,et doraus patris
mei, expugnavimas hostes Israël ab adolescentia usque
in hune diem; et prosperatum est in manibus nostris
liberare Israël aliquoties.
}. Nunc autem senui, sed estote loco meo, et fratres
mei, et egressi pugnate pro gente nostra; auxilium vero
de cœlo vobiscum sit.
4. Et elegit de regione viginti millia virorum belligera-
torum et équités ; et profecti sunt ad Cendebasum, et
dormierunt in Modin.
5. Et surrexerunt mane, et abierunt in campum ; et ecce
exercitus copiosus in obviam illis peditum et equitum, et
lluviiis torrens erat inter médium ipsorum.
6. Et admovit castra contra faciem eorum ipse, et
populus ejus; et vidit populum trepidantem ad transfre-
tandum torrentem, et transfretavit primus; et viderunt
eum viri, et transierunt post eum.
7. Et divisit populum, et équités in medio peditum;
erat autem equitatus adversariorum copiosus nimis.
1. Jean étant venu de Gazara, avertit Simon, son père,
de tout ce que Cendébée avait fait contre leur peuple.
2. Et Simon ayant fait venir ses deux fils aînés, Judas
et Jean, il leur ait : Nous avons battu, mes frères et moi,
et la maison de mon père, les ennemis d'Israël, depuis
notre jeunesse jusqu'à ce jour ; et les affaires ayant
réussi sous notre conduite, nous avons délivré Israël
diverses fois.
;. Me voilà maintenant devenu vieux ; mais prenez ma
place : tenez-moi lieu de frères, et allez combattre pour
notre peuple ; je prie Dieu qu'il vous envoie son secours
du ciel.
4. Après cela, il choisit de tout le pays vingt mille
hommes de pied, et de la cavalerie ; et ils marchèrent
contre Cendébée, et reposèrent à Modin.
5. Et s'étant levés dès la pointe du jour, ils se rendi-
rent dans la plaine ; et il parut tout d'un coup une grande
armée de gens de pied et de cheval, qui marchait contre
eux, et un torrent séparait les deux armées.
6. Jean fil avancer ses troupes vers eux ; et voyant
que ses gens craignaient de passer le torrent, il le passa
le premier : ce que ses troupes ayant vu, elles le passè-
rent après lui.
7. Il divisa son infanterie en deux corps, et mit au
milieu sa cavalerie : quant aux ennemis, ils avaient une
cavalerie très nombreuse.
COMMENTAIRE
f. 1. Ascendit Joannes de Gazaris. Jean
Hyrcan, fils du grand prêtre Simon, qui avait été
envoyé par son père à Gazara, ou Gadara, pour
gouverner en son nom, et pour garder la côte de
Palestine (1), vint à Jérusalem rapporter les dé-
gâts que Cendébée faisait dans ce pays. Cha-
pitre précédent, versets 40, 41.
f. 2. Ego, et fratres mei, et domus patris
mei, 'expugnavimus hostes Israël. Le grec du
ms. alexandrin et le syriaque (2) : Nous avons
soutenu, mes frères et moi, et la maison de mon
père, les guerres d'Israël. Voyez chapitre xiv,
verset 26.
î. 3. Nunc autem senui, sed estote loco
meo, et fratres mei. Le grec (3) et le syriaque :
Me voilà maintenant devenu vieux ; pour vous, -par
la miséricorde de Dieu, vous êtes asse? en âge,
pour faire la guerre, prene\ ma place, et celle de
mon frère. Il parle de son frère Jonathas, qui
avait été malheureusement tué dans le temps
qu'ils gouvernaient ensemble.
f. 4. Dormierunt in Modin. Ce fut une grande
sagesse de la part de Simon, d'engager ses fils,
de son vivant, à le remplacer dans la lutte entre-
prise pour la gloire du Seigneur et pour le salut
d'Israël. Il était vieux, et il craignait "que, si ses
enfants attendaient après sa'mortà prendrela con-
duite des armées, ils fussent moins en état alors
de résister à leurs ennemis. Il voulait donc qu'ils
s'accoutumassent de bonne heure à les vaincre, et
à protéger leur peuple ; afin que sa mort, quand
elle serait arrivée, ne pût préjudicier à la sûreté
de sa nation. Il paraît que ce fut là sa véritable pen-
sée; car, quoiqu'il fût avancé en âge, il ne laissait
pas d'avoir encore de la vigilance et delà vigueur,
comme on le verra dans la suite. Il pouvait com-
battre encore, s'il n'avait songé à former ses fils
et à asseoir d'une manière incontestable leur
(1) 1. Macc. xiii. 54.
(;) E'::eXE[j.7J!jau.Ev toù; JtoXÉ|j.ou; I'apa'-;)..
(}) Nùv oè YEYrJpaxa, xat Ofj.=T; ÔÊ Èv tû ÉXs'et Ixavol serte
îv tôt; ïxstsi. TiveÔe ave' £,uoC, xal toù aScXçou u,ou.
1)2
I.
MACCABEES.
XV!.- DEFAITE DE CENDEBÉE
8. Et exclamaverunt sacris tubis, el in fugam conver-
sus est Cendebeeus, et castra ejus ; et ceciderunt ex eis
multi vulnerati, residui autem in munitionem fugerunt.
<). Tune vulneratus est Judas, frater Joannis; Joannes
autem insecutus est eos, donec venit Cedronem, quam
asdificavit.
10. Et fugerunt usque ad turres quae erant in agris Azoti,
et succendit eas igni; et ceciderunt ex illis duo millia
virorum ; et reversus est in Judaeam in pace.
il. Et Ptolemseus, filius Abobi, constitutus erat dux in
campo Jéricho, et habebat argentum et aurum multum ;
12. Erat enim gêner summi sacerdotis.
ij. Et exaltatum est cor ejus; et volebat obtinere
regionem, et cogitabat dolum adversus Simonem, et filios
ejus, ut tolleret eos.
8. Mais, dans le moment où l'on eut fait retentir les
trompettes sacrées, Cendébée prit la fuite avec toutes
ses troupes : plusieurs furent blessés et tués ; et le reste
s'enfuit dans la forteresse.
0. Judas, frère de Jean, fut blessé en cette occasion ;
et Jean poursuivit les ennemis, jusqu'à ce qu'il arriva à
Cédron, que Cendébée avait fortifiée.
io. Et ils s'enfuirent jusqu'aux tours qui étaient dans la
campagne d'Azot ; et Jean fit brûler ces tours ; et il y
eut deux mille ennemis qui furent tués : ensuite Jean
retourna heureusement en Judée.
il. Or Ptolémée, fils d'Abobus, avait été établi gou-
verneur de la plaine de Jéricho ; et il avait beaucoup
d'or et d'argent.
12. Car il était le gendre du grand prêtre.
i?. Et son cœur s'éleva d'orgueil : il voulait se rendre
maître de tout le pays ; et il cherchait quelque moyen
de se défaire par trahison de Simon et de ses fils.
COMMENTAIRE
autorité sur la nation. Le pouvoir se transmettait
ainsi sans secousse, et les Juifs, habitués à obéir,
ne s'apercevaient pas de la mort du vieillard.
f. 8. Sacris tubis. La plupart des exemplaires
grecs, et le syriaque lisent simplement, les trom-
pettes. Mais l'édition romaine porte : les trompettes
sacrées; ce sont celles dont les prêtres sonnaient
dans les armées, conformément à la loi (i).
Ces trompettes étaient d'argent, et on les nom-
mait les trompettes sacrées, parce qu'elles avaient
été faites par Tordre de Dieu, pour appe-
ler le peuple à l'entrée du Tabernacle, et
parce que c'étaient les prêtres et les enfants
d'Aaron qui en sonnaient. Les prêtres étaient les
seuls qui en eussent l'usage, même à la guerre,
et Dieu y avait attaché ses bénédictions. Si vous
sorle\, leur dit il, pour aller à la guerre contre vos
ennemis qui combattent contre vous, vous fere\ re-
tentir bruyamment ces trompettes, el le Seigneur
voire Dieu se souviendra de vous, pour vous déli-
vrer des mains de vos ennemis. Le son des trom-
pettes sacrées était donc comme un signal dont il
avait plu à Dieu de convenir avec son peuple,
pour le secourir au moment où elles sonneraient.
Ce n'était pas qu'il eût besoin de ce son pour se
souvenir d'Israël; mais il obligeait plutôt le peu-
ple à se souvenir, lorsqu'il entendait sonner ces
trompettes, que c'était de Dieu qu'il devait atten-
dre tout son secours, afin que cet humble sou-
venir lui fit mériter d'être effectivement secouru.
Ainsi lorsque nous lisons, qu'au moment où ion
eut fait retentir les trompettes sacrées, Cendébée
s'enfuit avec toutes ses troupes, nous concevons
aussitôt que Dieu, en accomplissant sa promesse,
donnait une nouvelle preuve aux Israélites, que
c'était lui, et non eux, qui avait mis tous leurs
ennemis en fuite.
In munitionem fugerunt. Le reste se sauva
dans la forteresse de Gédor, que Cendébée avait
fait bâtir, chapitre xv, versets 39. 40.
jk 9. Donec venit Cedronem. Jusqu'à ce qu'il
arriva à Cédron, ou plutôt à Gédron ou Gédor
dont on vient de parler ; on a déjà vu la même
faute dans le grec, au chapitre xv, 19.
y. 10. Fugerunt usque ad turres quje erant
in agris Azoti. Une partie des fuyards se jetè-
rent dans les redoutes, ou dans de petits forts
qu'on avait faits dans la campagne pour y placer
des sentinelles, ou les gardes avancées de l'ar-
mée (2). Il paraît que les tours étaient de bois,
puisque Jean les brûla.
v. 1 l-I 2.PTOLEM/EUS...GENERSUMMISACERDOTIS.
Ptolémée, gendre du grand prêtre, c'est-à-dire, de
Simon. Ce Ptolémée ne se contenta point du
gouvernement de la plaine de Jéricho, qui lui
avait été confié par Simon; il prétendit parvenir
au gouvernement de toute la Judée, en assassi-
nant le grand prêtre et en appelant à son secours
les Syriens, qui ne demandaient qu'une occasion,
pour recouvrer la souveraineté de la Judée.
y. 13. Et exaltatum est cor ejus... Simon
autem, etc. On peut remarquer ici deux conduites
bien opposées l'une à l'autre, et deux hommes ani-
més de deux esprits bien différents : l'un enflé
d'orgueil, ne songeant qu'à son intérêt particulier;
et l'autre, rempli d'amour pour sa patrie, ne s'ap-
pliquant qu'à procurer le bien commun ; l'un,
ingrat envers celui dont il avait épousé la fille, et
enivré de la cruelle ambition de déposséder son
beau père, de le tuer, et de s'emparer de son
pays ; l'autre, plein de reconnaissance envers
Dieu et Israël, qui l'avaient choisi pour chef et
grand prêtre, et tout occupé du soin de veiller à
la sûreté et au soulagement de ses villes ; enfin,
|i) Num. x. 8. 9.- Dcut. xx. 2. - n. Par. xxix. 26.
(2) Vide Gret. hic.
MACCABEES.
XVI.- ASSASSINAT DE SIMON
'5?
14. Simon autem perambulans civitates quas erant in
regionem Judœae, et sollicitudinem gerens earum, des-
cendit in Jéricho ipse, et Mathathias, filius ejus, et Judas,
anno centesimo septuagesimo septimo, mense undecimo,
hic est mensis sabath.
15. Et suscepit eos filius Abobi in munitiunculam, quas
vocaïur Doch, cum dolo, quam asdificavit, et fecit eis
convivhim magnum, et abscondit illic viros.
16. Et cum inebriatus esset Simon, et filii ejus, surrexit
Ptolemasus cum suis, et sumpserunt arma sua, et intra-
verunt in convivium,et occiderunteuin, et duos filios ejus,
et quosdam pueros ejus.
17. Et fecit deceptionem magnam in Israël, et reddidit
mata pro bonis.
18. Et scripsit ha?c Ptolemasus, et misit régi, ut mitte-
ret ei exercitum in auxilium, et traderet ei regionem, et
civitates eorum, et tributa.
14. Simon faisait alors la visite des villes qui étaient
dans le pays de la Judée, et avait un grand soin d'y régler
toutes choses. Étant arrivé à Jéricho, lui et ses deux fils
Matthathias et Judas, Tan cent soixante-dix-septième et
le onzième mois appelé Sabath,
i;. Le fils d'Abobus les reçut avec un mauvais des-
sein, dans un petit fort qu'il avait fait bâtir, appelé Doch ;
et il leur fit un grand festin, ayant caché auparavant
plusieurs hommes en ce lieu.
16. Après donc que Simon et ses fils eurent fait grande
chère, Ptolémée se levaavec ses gens, et ayant pris leurs
armes, ils entrèrent dans la salle du festin, et tuèrent
Simon, ses deux fils et quelques-uns de ses serviteurs.
17. Il causa une grande déception dans Israël, et ren-
dit le mal pour le bien.
18. Ptolémée écrivit ceci au roi, et lui demanda de lui
envoyer une armée pour le secourir, promettant de lui
livrer le pays avec toutes les villes, et de lui payer un
tribut.
COMMENTAIRE
l'un en proie à tous les excès où l'orgueil est
capable de précipiter l'homme qui s'y abandonne ;
et l'autre en qui le Seigneur faisait éclater la cha-
rité et la vigilance infatigables des vrais pasteurs
de son peuple. Si Dieu permit que l'orgueil et
l'ambition monstrueuse de Ptolémée triomphât
de la bonne foi et de la candeur de Simon,
c'est qu'il voulut faire voir, comme en tanl d'au-
tres occasions, que cette vie temporelle est peu
de chose, puisqu'elle expose tous les jours ses
serviteurs à la perdre par la violence des mé-
chants.
,v. 14. Mensis Sabath. Le mois de Schebalh était
le onzième de l'année sainte et le cinquième de
l'année civile ; il correspondait à janvier, avec une
partie de février selon la lunaison (135 a°s avant
Jésus-Christ).
y. 1 v In munitiunculam qu^e vocatur Doch.
Josèphe l'appelle Dagon (1) ; c'était une forte-
resse près de Jéricho.
i. 16. Cum inebriatus esset Simon. Les com-
mentateurs (2) remarquent avec raison que, dans
le langage des Hébreux, l'expression inebriari
ne marque pas toujours cette action honteuse que
nous appelons s'enivrer. Ce verbe ne signifie par-
fois autre chose que faire bonne chère, boire
librement mais sans excès (}). Inebriatio pro saiie-
tale, disent saint Jérôme et saint Augustin.
OcCIDERUNT EUM, ET DUOS FILIOS EJUS. J 0-
sèphe (4) dit que Ptolémée fut assiégé dans la for-
teresse de Doch, au-dessus de Jéricho, par Jean
Hyrcan, fils de Simon. Pour paralyser son cou-
rage, il faisait cruellement battre à coups de fouet
sur les murailles, la mère de Jean et ses deux
frères, lorsque les assiégeants voulaient donner
l'assaut à la forteresse. La compassion de Jean
et l'inhumanité de Ptolémée furent cause que le
siège tira en longueur. L'année sabbatique étant
commencée, Hyrcan fut obligé de lever le siège,
et Ptolémée se retira chez Zenon, surnommé
Cotyla, tyran de Philadelphie, après avoir fait
mourir la mère et les deux frères de Jean Hyrcan
qui, à son égard, par son mariage avec une fille
de Simon, étaient sa belle-mère et ses beaux-
frères. Selon cet historien, il faudrait dire qu'il
n'y eut que Simon de tué à Doch, et que Ptolé-
mée réserva Matthathias et Judas, fils de Simon,
jusqu'après le siège de Doch. Mais Salien et
Usher montrent que le récit de Josèphe est fabu-
leux et ne s'accorde, ni aux circonstances du
temps, ni à celles des personnes {<,). L'Écriture
dit ici expressément que Ptolémée fit tuer en
même temps Simon et ses deux fils, et on a
de fortes raisons de le soupçonner de n'avoir
commis ce parricide, qu'avec la participation
d'Antiochus, roi de Syrie, et sur l'assurance d'être
fait gouverneur du pays après la mort de Simon.
Toute la suite favorise cette conjecture.
y. 17. Fecit deceptionem magnam in Israël.
Le syriaque : // fil un grand crime dans Israël (6).
y. 18. Et traderet ei regionem. Promellant
de lui livrer le pays, de lui en remettre la sou-
veraineté (7), pourvu que lui, Ptolémée, en eût le
gouvernement, sous la charge de payer le tribut.
(1) Joseph. Antiq. xm. 15.
(2) Lrr. Vatab. Tir. Grot. Drus, alii passim.
(?) Voyez Gènes, xliu. 54. - Agge. 1. 6. - Eccli. 1. 14. -
Joann. 11. 10.
(4) Joseph. Antiq. I. xm. c. 14. 15. et de Belto. I. 1. c. 2.
(5} Salian. ad an. joio. §. 5. 6. 7. et J920. §. $. 6. Usser.
ad an j86q.
(6) lia Vatab. Badwel.
(7) Joseph. Antiq. I. xm. 14.
ï$4
I. — MACCABEES. — XVI. - JEAN HYRCAN
19. Et misit alios in Gazaram tôlière Joannem; et tri-
bunis misit epistolas, ut venirent ad se, et daret eis
argentum etaurum, et dona.
20. Et alios misit occupare Jérusalem, et montem tem-
pli.
21. Et prascurrens quidam, nuntiavit Joanni in Gazara,
quia periit pater ejus, et fratres ejus, et quia misit te
quoque interfici.
22. Ut audivit autem, vehementer expavit, et compre-
liendit viros qui vénérant perdere eum, et occidit eos :
cognovit enim quia quserebant eum perdere.
2j. Et cetera sermonum Joannis, et bellor-im ejus, et
bonarum virtutum quibus fortiter gessit, et œdificii muro-
rum quos exstruxit, et rerum gestarum ejus :
24. Ecce hœc scripta sunt in libro dierum sacerdotii
ejus, ex quo tactus est princeps sacerdotum post patrem
suum.
19. Il envoya en même temps d'autres soldats à
Gazara, pour tuer Jean : et il écrivit aux officiers de
l'armée de venir se joindre à lui, et recevoir de l'argent
et de l'or, et plusieurs présents qu'il voulait leur faire.
20. Il en envoya encore d'autres pour se rendre maî-
tres Je Jérusalem, et de la montagne du temple.
21. Mais un homme les ayant prévenus, arriva à Gazara,
et avertit Jean que son père et ses frères avaient été tués
par Ptolémée, et qu'il avait envoyé des gens pour le
tuer aussi lui-même.
22. Cette nouvelle l'effraya extrêmement : il fit arrêter
ceux qui venaient pour le perdre, et les fit mourir, car
il reconnut qu'ils avaient dessein de le tuer.
2j. Le reste de la vie de Jean, ses guerres, les grandes
actions qu'il fit avec un' courage extraordinaire, le soin
qu'il eut de rebâtir les murailles, et enfin tout ce qu'il
fit pendant son gouvernement,
24. Est écrit au livre des annales de son sacerdoce,
depuis qu'il fût établi prince des prêtres en la place de
son père.
COMMENTAIRE
jÊ. 19. In Gazaram tollere Joannem. Josèphe
raconte que Jean Hyrcan, après avoir fait arrêter
et mettre à mort ceuxque Ptolémée avait envoyés
pour l'assassiner, alla promptement à Jérusalem,
où il entra, en même temps que Ptolémée, qui
se présenta à une autre porte, qui lui fut fermée.
Jean prit possession delà souveraine sacrificature
et fut reconnu prince de la nation, en la place de
Simon ; et, après avoir offert des sacrifices, il
marcha contre Ptolémée et l'assiégea dans la for-
teresse de Doch, comme on Ta dit plus haut.
f. 24. Ecce h^ec scripta sunt in libro dierum
sacerdotii ejus. Depuis que les grands prêtres
furent en possession du gouvernement, on fit à
leur égard, ce qu'on avait fait, avant la captivité,
pour les rois de Juda et d'Israël ; on écrivit des
Annales, de tout ce qu'ils faisaient de mémorable
et de tout ce qui arrivait dans la nation. C'est
dans ces sources que Josèphe a puisé un grand
nombre des documents qu'il reproduit, et le récit
des événements qu'il raconte.
LIVRE DEUXIEME
CHAPITRE PREMIER
Lettre des Juifs de Judée à ceux d'Egypte, pour leur recommander de célébrer la fêle de
la nouvelle dédicace du temple. Autre lettre antérieure à la précédente. Les Juifs de
Judée exhortent ceux d' Egypte à célébrer avec eux la fête de la nouvelle dédicace
du temple et celle du recouvrement du feu sacré.
i. Fratribus, qui sunt per /Esyptum, Judasis, salutem
dicunt Iratres, qui sunt in Jerosolymis, Judasi, et qui in
regione Judaeœ, et pacem bonam.
2. Benefaciat vobis Deus, et meminerit testamenti sui
quod locutus est ad Abraham, et Isaac, et Jacob, servo-
rum suorum fidelium ;
!. Et det vobis cor omnibus, ut colatis eum, et facia-
tis ejus voluntatem corde magno, et animo volenti.
4. Adaperiat cor vestrum in lege sua, et in prasceptis
suis, et faciat pacem ;
1. Les Juifs qui sont dans Jérusalem et dans le pays
de Judée, aux Juifs leurs frères qui sont répandus dans
l'Egypte, salut et heureuse paix.
2. Que Dieu vous comble de biens ; qu'il se souvienne
de l'alliance qu'il a faite avec Abraham, Isaac et Jacob,
ses fidèles serviteurs.
?. Qu'il vous donne à tous un cœur, afin que vous l'ado-
riez, et que vous accomplissiez sa volonté avec un cœur
vraiment grand, et un esprit plein d'ardeur.
\. Qu'il ouvre votre cœur à sa loi et à ses préceptes,
et qu'il vous donne la paix.
COMMENTAIRE
f. 1. Fratribus, qui sunt per .tEgyptum, Ju-
d^eis. On voit par les deux lettres qui sont rap-
portées dans ce chapitre, que les Juifs de Jérusalem
et de la Judée entretenaient une correspondance
suivie avec ceux de l'Egypte ; on peut remarquer
la même chose par la conclusion qui se lit à la fin
du livre d'Esther dans le grec (1). 11 ne paraît
pas qu'ils aient eu les mêmes liaisons et les mê-
mes égards pour les autres Juifs des provinces
éloignées ; peut-être parce qu'ils n'étaient point
en si grand nombre, ni si près que ceux de
l'Egypte.
f. 5. Det vobis cor omnibus. Ils avaient sans
doute un cœur ; mais c'était un cœur humain, un
cœur charnel, un cœur étroit et inanimé, inca-
pable par lui-même d'adorer Dieu, et de l'aimer
d'une manière digne de lui. Il leur fallait donc
un autre cœur, qui fût grand, spirituel et plein
d'ardeur, afin qu'ils pussent accomplir sa volonté,
et l'adorer en vérité et en esprit. Or il n'y avait
que Dieu qui pût leur donner ce cœur : et c'est-là
le plus grand don qu'il fasse aux hommes, puisque
c'est lui qui les rend dignes de l'aimer, et d'être
en même temps aimés de lui. C'était donc ce
cœur que les Juifs de Jérusalem souhaitaient que
Dieu donnât à leurs frères, aux Juifs qui demeu-
raient en Egypte.
jh 4. Adaperiat cor vestrum in lege sua, et
IN PR.CCEPTIS SUIS, ET FACIAT PACEM. Qu'il VOUS
donne la paix ; ou qu'il vous comble de biens et de
prospérités. Ces Juifs d'Egypte se flattaient en
quelque sorte d'observer la loi de Dieu, en lui
immolant des victimes, et en lui offrant des sacri-
fices. Ils s'étaient même imaginé que le temple
bâti dans cette terre étrangère servirait à réunir
tous les Juifs qui y demeuraient, en les rassem-
blant dans un même lieu, pour célébrer les louan-
ges du Seigneur (2). Ils s'appuyaient sur cette
prédiction mal entendue du prophète Isaïe, qu il
y aurait dans V Egypte un autel consacré à Dieu (3).
Leur cœur était donc fermé à sa loi et à ses pré-
ceptes : et c'était leur propre orgueil et leurs dif-
férentes passions qui le tenaient ainsi fermé, en
l'empêchant de découvrir la vérité, ou au moins
de s'y soumettre. C'est pourquoi les Juifs de Jéru-
salem, touchés de zèle pour le salut de leurs frères,
priaient Dieu qu'il daignât ouvrir leur cœur à sa
loi et à ses préceptes ; en leur en faisant pénétrer
(1) Esllier. xi. 1. in Vulg.
(2) Joseph. Antiq. lib. xm. c. 6. — (5) Isai. ix. 9.
Ho
II.
MACCABEES.— I. - CORRESPONDANCE DES JUIFS
Ç. Exaudiat orationes vestras, et reconcilietur vobis,
nec vos deserat in tempore malo.
6. Et nunc hic sumus orantes pro vobis.
7. Régnante Demetrio, anno centesimo sexagesimo
nono, nos Judasi scripsimus vobis in tribulatione, et im-
petu qui supervenit nobis in istis annis, ex quo recessit
Jason a sancia terra et a regno.
5. Qu'il exauce vos prières, qu'il se réconcilie avec
vous, et qu'il ne vous abandonne point dans le temps
mauvais.
6. Quant à nous, nous sommes maintenant occupés ici
à prier pour vous.
7. Sous le règne de Démétrius, l'an cent soixante-neu-
vième, nous vous écrivîmes, nous autres Juifs, dans
l'affliction et dans l'accablement des maux qui nous étaient
survenus pendant ces années, depuis que Jason se fut
retiré de la terre sainte et du royaume.
COMMENTAIRE
le sens véritable, ou en les leur faisant accomplir.
Car si c'était un malheur pour eux de ne pas con-
naître la volonté du Seigneur, c'en eût été un
plus grand encore de ne pas l'accomplir, après
l'avoir connue.
jh 5. Exaudiat orationes vestras, et recon-
cilietur vobis. Les prières des Juifs fixés en
Egypte ne pouvaient être que désagréables à Dieu,
tant qu'ils les offraient dans un temple bâti contre
son précepte, tant qu'ils ne se réunissaient point
avec leurs frères, en reconnaissant pour seul tem-
ple celui de Jérusalem. Lors donc que les Juifs
de Jérusalem souhaitent que Dieu exauce les
prières de ces autres Juifs, ils (ont connaître le
grand désir qu'ils avaient de voir leurs frères réu-
nis avec eux en un seul temple, l'unique où Dieu
exauçât les prières de son peuple. Qu'il se récon-
cilie avec vous, ajoutent-ils, c'est-à-dire, qu'il vous
regarde d'un œil favorable, en rompant ce mur
de séparation qui est entre son sanctuaire et vous;
afin que vous méritiez ensuite qu'i/ ne vous aban-
donne point dans le temps mauvais. Car qu'est-ce
qu'un peuple qui, en s'éloignant de Dieu par ses
crimes, s'est rendu digne d'être abandonné de lui
dans le temps où ses ennemis ont reçu le pouvoir
de l'affliger et de l'accabler ? Et qu'est-ce qu'une
âme qui ne s'est point réconciliée avec son Dieu,
et qui mérite de n'être point exaucée dans le temps
mauvais, lorsque l'ennemi de son salut la persé-
cute et la pousse, selon la parole d'un prophète t •■ \
leur salut, comme ils la sentent pour la leur pro-
pre. C'est là un admirable esprit de charité digne
du christianisme. « Si les marchands traversent les
terres et les mers, disait autrefois saint Jean Chry-
sostôme, pour s'enrichir de plus en plus ; si les
artisans se tuent pour ajouter quelque chose au
peu de bien qu'ils ont ; comment nous autres,
pouvons-nous être assez lâches pour nous con-
tenter de nous sauver seuls ; puisque nous hasar-
dons notre propre salut si nous n'avons soin de
celui des autres ? »
jL 7. Régnante Demetrio, anno centesimo
sexagesimo nono. L'auteur du second livre des
Maccabées, marque la date des événements,
d'après l'ère des Séleucides, de même que l'auteur
du livre précédent. Mais le premier commence
ses années au mois de Nisan (mars), et l'auteur
du second les commence en Thischri (septembre);
de là vient que leurs dates ne paraissent pas tou-
jours se rencontrer. Démétrius, roi de Syrie, dont
l'auteur parle ici, est Démétrius Nicator.
In tribulatione, et impetu. Le grec(2): Dans
V affliction, et dans la pointe qui est venue sur nous;
c'est-à-dire, dans le fort de nos afflictions; quand
notre douleur était la plus vive et la plus sensible;
ou enfin dans les premières attaques de nos maux.
Cette description ne convient pas au temps de Dé-
métrius Nicator, mais à celui de la persécution
d'Antiochus Épiphane. Les Juifs de Judée rappel-
lent ici une première lettre, que nous n'avons plus,
dans des lieux glissants et au milieu des ténèbres, et qui fut écrite à ceux d'Egypte, quand sévis
de précipice en précipice ? Mais quel est l'état
sans comparaison plus effroyable de cette àme
même lorsque, sortant de ce monde sans ce gage
de sa réconciliation, elle se voit tout d'un coup
abandonnée de son Dieu dans ce temps vraiment
mauvais, où il n'y a plus aucune espérance, et
qui est le commencement de son malheur éternel }
jh 6. Et nunc hic sumus orantes pro vobis.
Tel est l'exercice continuel de la charité des jus-
tes. Ils ne prient pas seulement pour eux-mêmes;
mais ils regardent véritablement tous leurs frères
comme les membres du corps mystique de
l'Église, ils sentent une sainte inquiétude pour
sait la persécution d'Antiochus Épiphane. Celle-
ci ne fut envoyée qu'environ trente-huit ans après,
en l'an 169 des Séleucides. Dom Calmet propose
de joindre cette date à ce qui précède, de la sorte :
verset 6. Quant à nous, nous sommes occupés à
prier pour vous, à présent, en Vannée 169 des Sé-
leucides, sous le règne de Démétrius Nicator. Il
est bien certain que la date ne peut tomber sur ce
qui suit. La persécution ne durait plus sous Dé-
métrius, et Jason n'était plus en vie.
Ex quo recessit Jason a sancta terra et a
regno. Josèphe (3) raconte qu'après la mort du
grand prêtre Onias, la souveraine sacrificature
(1) Psalm. xxxi v. 6.
(2) E'v tf) GXIiJ/é;, xo'i év tt) owu.fj xf) ÉJuXOoôar] î)u.iv.
(5) Joseph. Antiq. t. XIII. c. 6.
II. — MACCABÉES. — I. - CORRESPONDANCE DES JUIFS
'57
8. Portam succenderunt, et effuderunt sanguinem inno-
centem ; et oravimus ad Dominum, et exauditi suraus, et
obtulimus sacrificium, et similaginem, et accendimus
lucernas, et proposuimus panes.
9. Et nunc frequentate dies scenopegiae mensis casleu.
10. Anno contesimo octogesimo oclavo, populus qui
est Jerosolymis, et in Judaea, senatusque et Judas, Aris-
tobolo, magistro Ptolemasi régis, qui est de génère chris-
torum sacerdotum, et his qui in /Egypto sunt Judasis,
salutem et sanitatem.
8. Ils brûlèrent la porte du temple, et ils répandirent
le sang innocent. Nous priâmes le Seigneur et nous fûmes
exaucés ; nous offrîmes le sacrifice accoutumé, et les
offrandes de fleur de farine ; nous allumâmes les lampes,
et nous exposâmes les pains devant lui.
9. Célébrez donc maintenant la fête des tabernacles du
mois de Casleu.
io. L'an cent quatre-vingt-huitième.
1-e peuple qui est dans Jérusalem et dans la Judée, le
sénat et Judas, à Anstobule précepteur du roi Ptolémée,
de la race des prêtres sacrés, et aux Juifs qui sont en
Egypte, salut et prospérité.
COMMENTAIRE
lut déférée à Jason son frère ; mais le roi (sans
doute le roi d'Egypte, à qui la Judée obéissait
alors), ayant conçu quelque mécontentement con-
tre Jason, le déposa, et mit en sa place Onias,
son frère cadet, qui prit le nom de Ménélaùs.
Jason, irrité de la préférence qu'on avait donnée à
Ménélaùs, souleva le peuple, et se mit à la tête
d'un puissant parti, qui obligea Ménélaùs et ses
adhérentsàseretirerauprès d'Antiochus Épiphane,
et de lui demander sa protection. Mais le même
historien parle ailleurs (i)d'une manière bien diffé-
rente, de la succession d'Onias III. Il dit
qu'AntiochusEpiphane le déposa de la souveraine
sacrificature, et donna cette dignité à Jason, frère
d'Onias, moyennant la somme de trois mille six
cent soixante talents par an, que Jason s'engagea
de lui payer. Enfin l'auteur de ce second livre
des Maccabées parle encore de cet événement,
d'une manière assez éloignée de Josèphe. Il ra-
conte (2) que Jason, frère du grand prêtre Onias,
ayant conçu le dessein d'usurper la souveraine
sacrificature, s'adressa à Antiochus Épiphane, à
qui il promit, pour le prix de cette dignité, trois
cent soixante talents d'argent, et quatre-vingt
talents pour d'autres revenus, plus cent cinquante
talents, si on lui donnait pouvoir d'établir à Jéru-
salem un gymnase pour la jeunesse, et de donner
aux habitants de Jérusalem le titre de citoyens
d'Antioche. Il obtint du roi tout ce qu'il deman-
dait, et n'omit rien pour se rendre agréable à ce
prince. Cependant il ne put conserver longtemps
une dignité, dans laquelle il était entré d'une fa-
çon si peu régulière. Ménélaùs, son frère, sut
gagner l'esprit d'Antiochus, et obtint le souverain
pontificat, sous la promesse d'une plus grande
somme d'argent. 11 n'est pas aisé sans doute
d'accorder ces divers récits; mais comme Josèphe
n'est pas d'accord avec lui-même, il y a beaucoup
d'apparence qu'il n'a pas été parfaitement informé
de cet événement ; ainsi l'on doit s'attacher uni-
quement à ce que nous apprend l'auteur de ce
livre. Ce qu'il dit dans ce verset, que Jason
quitta la terre Sainte et le royaume, marque la con-
duite irrégulière et séditieuse de ce grand prêtre,
qui, au lieu d'attendre la mort naturelle de son
frère, pour lui succéder, selon les lois du pays,
s'adresse à un prince étranger, à Antiochus Épi-
phane, roi de Syrie, pour obtenir de lui le souve-
rain pontificat, dans le temps que les rois d'Egypte
étaient les souverains de la Judée. Le royaume
qu'il quitte est donc le royaume â! Egypte, que
l'auteur appelle simplement le royaume, parce
qu'il écrit aux Juifs d'Egypte. Le syriaque porte:
Depuis que Jason et les siens furent envoyés de la
part du royaume dans la terre Sainte.
f. 8. Obtulimus sacrificium, et similaginem.
Après que Judas Maccabée eût purifié le temple,
on y offrit les sacrifices ordinaires du soir et du
matin (3), et tous les autres sacrifices, tant d'obli-
gation que de dévotion. Les offrandes de pure
farine, sont nommées en hébreu nn:a Minhah,
et on comprend sous ce terme, les offrandes de
grains, de gâteau et de diverses manières de farine
et de gruaux.
f. 9. Frequentate dies scenopegiae mensis
casleu. C'est la fête du renouvellement, ou de
la nouvelle purification du temple, par Judas
Maccabée (4) ; elle se fit le 25 du mois de Casleu,
qui répond à novembre, et elle dure huit jours..
On l'appelle ici, la fête des Tabernacles du mois
de Casleu, parce qu'on lu célébra à peu près avec
les mêmes cérémonies que la fête des Taberna-
cles, en portant des branches de perdure et de pal-
mier, comme il est marqué plus bas (5). Se sou-
venant qu'ils avaient passé, peu de temps auparavant,
la fêle solennelle des Tabernacles sur les monta-
gnes et dans les cavernes, où ils vivaient comme
les bêles. On sait que la vraie fête des Taberna-
cles se célébrait au mois de Thischri (octobre).
Le grec de l'édition de Complute lit (6) : Afin
que vous célébriez aussi la fêle, comme celle des
Tabernacles.
f. 10. Anno centesimo octogesimo octavo.
« D'après la ponctuation de nos éditions », dit
(1) Lib. de Maccab. c. 4.
(2) 11. Macc. îv. 7. et seq.
(j) 1. Macc. iv. 56.
(4) 1. Macc. iv. 52.
1,5) 11. Macc. x. 6. 7.
(6) r'voc -/.ai âuTOt â-(i\\e <1>; <7/i7)v07:7|y!.'aç.
i58
II. -- MACCABÉES. — I. - CORRRSPON DANCE DES JUIFS
m. De magnis periculis a Deo liberali, magnifiée gra-
tias agi mas ipsi, utpote qui adversus talem regem dimi-
cavimus.
12. Ipse enim ebullire fecit de Perside eos qui pugna-
verunt contra nos et sanetam civitatem.
I}. Nam cum in Perside esset dux ipse, et cum ipso
immensus exercitus, cecidit in templo Naneae, concilio
deceptus sacerdotum Naneae.
14. Etenim cum ea habitaturus venit ad locum Antio-
chus, et amici ejus, et ut acciperet pecunias tnultas dotis
nomine ;
i^.Cumque proposuissent eas sacerdotes Naneas, et
ipse cum paucis ingressus esset intra ambitum fani, clau-
serunt templum cum intrasset Antiochus ;
1 1. Dieu nous ayant délivrés de très grands périls, nous
lui en rendons aussi de très grandes actions de grâces,
pour avoir eu la force de combattre contre un tel roi.
12. Car c'est lui qui a fait sortir de Perse cette multi-
tude de gens qui ont combattu contre nous et contre la
ville sainte.
ij. Mais ce chef de nos ennemis étant lui-môme en
Perse avec une armée innombrable, a péri dans le tem-
ple de Nanée, ayant été trompé par le conseil trauduleux
des'prêtres de cette idole.
14. Car Antiochus étant vsnu avec ses amis au temple
de cette déesse, pour habiter avec elle, et pour y rece-
voir de grandes sommes d'argent à titre de dot.
15. Les prêtres de Nanée lui montrèrent tout cet
argent ; et après qu'Antiochus fût entré avec peu de gens
au dedans du temple, ils le fermèrent sur lui.
COMMENTAIRE
M. Vigouroux,« la date donnée II Mac. 1, ioa de
l'année 1 SB de l'ère des Séleucides, c'est à dire
Tan 1 24 avant Jésus-Christ, se rapporte à la let-
tre suivante ; mais comme la date des lettres se
met à la fin, 1 1, Mac. xi, 21, 33, 38, non au com-
mencement, il en résulte que io" appartient à
la lettre. C'est l'opinion soutenue par Bellar-
min (1). »
Judas est Judas Maccabée ; Aristobule est un
de ces nombreux Juifs qui étaient alors en Egypte.
C'est sans doute le Juif péripatéticien qui dédia
à Ptolémée VI Philométor son explication allégo-
rique du Pentateuque. L'abbé Rupert croit que,
depuis le règne de Ptolémée Philadelphie, qui fit
traduire la Bible en grec, les rois d'Egypte avaient
coutume de prendre des précepteurs juifs. Il pou-
vait au moins y en avoir ordinairement quelques
uns de cette nation, parmi ceux qui étaient pré-
posés à leur éducation. Car la connaissance de la
langue et des usages juifs et syriens était indis-
pensable à des souverains qui dominaient ou re-
vendiquaient des droits sur ces contrées.
f. 11. Adversus talem regem. La plupart des
commentateurs (2) l'entendent d'Antiochus Sidète;
dom Calmet pense que c'est Antiochus Epiphane.
Nous préférons, avec M.Vigouroux, y voir Antio-
chus III, le Grand.
f. 12. Ipse EBULLIRE FECIT de Perside eos qui
pugnaverunt contra nos. Le grec (3) : C'est lui
qui fit fourmiller ceux qui attaquèrent la sainte cité.
L'édition romaine, et le ms. alexandrin ne lisent
point dans ce verset le nom de Perse. D'autres
éditions portent : c'est leSeigneur quia jeté comme
une fourmillière dans la Perse, ceux qui attaquaient
la ville sainte. Le Seigneur a obligé Antiochus à
aller avec une puissance armée, dans le pays où
il est mort misérablement (4). D'autres entendent
ainsi la Vulgate : Le même Antiochus, qui a en-
voyé contre nous tant de troupes de la Perse, est
lui-même mort dans la Perse (5). Le nom de
Perse se prend ici, pour tout le pays soumis à
Antiochus ; ou bien, l'auteur veut marquer que
ce prince envoya de grandes armées dans la
terre Sainte, en même temps qu'il partit pour la
Perse.
f. 13. Cecidit in templo Nane^e. Le temple
de Nanée, Nana (6), ou Anaïs, est célèbre dans
l'antiquité. Nous avons parlé de cette déesse au
premier livre des Maccabées (7).
jh 14. Cum ea habitaturus venit ad locum
Antiochus, et amici ejus, et ut acciperet pe-
cunias multas dotis nomine. C'est ainsi que les
païens se jouaient de leur religion. Les prêtres
faisaient difficulté de donner les trésors de leurs
temples à Antiochus ; ce prince, pour avoir un
prétexte de les ravir, feignit de vouloir prendre
pour femme la déesse Nanée, afin de profiter, en
sa qualité d'époux, des grandes richesses qui
étaient inutiles à la déesse, et qui seraient deve-
nues communes entre lui et elle, par ce mariage
prétendu. Les Athéniens autrefois ayant choisi
Marc-Antoine pour époux à leur Minerve (8), ce
nouveau mari leur demanda pour la dot de son
épouse, une somme de mille talents. Héliogabale
épousa en cérémonie la déesse Uranie, ou Vénus
céleste, et voulut qu'on la lui amenât (9). Cali-
gula eut aussi cette folie, au rapport de Suétone.
Il invitait la lune à s'approcher de lui.
(1) Vigouroux, Manuel blbliq., 11. 18 7.
(2) Rupert. Médina. Sigon. Serar. Tir. Ménoch.
(?) A'utô; f*P ÉçE'Spooe toù; ^aparaÇaiiEvou; sv xî] ay'?
KÔXei.
(4) lia Syr. Cum enim venisset in nos rex ad bellum
contra civitatem sanetam gerendum, depulit eum, et in
Persidem ejecit. lia et Val.
(5) Ita Grot. Lyr. Men. Tyr.
(6) Smith, Histor oj Assurbanipal, p. 274,
(7) 1. Macc. vi. 1.
(8) Senec.pater, Suasoriar, 1. et Dion, epitom. in Augusto-
(9) Xiphilin.
II.
MACCABÉES. — I.- CORRESPONDANCE DES JUIFS
IÎ9
16. Apertoque occulto aditu templi, mittentes lapides,
percusserunt ducem et eos qui cum eo erant, et diviserunt
membratim, et capitibus amputatis, foras projecerunt.
i". Per omnia benedictus Deus, qui tradidit imnios !
18. Facturi igitur, quinta et vigesima die mensis casleu,
purificationem templi, necessarium duximus significare
vobis, ut et vos quoque agatis diem scenopegias, et diem
ignis qui datus est quando Nehemias, asdificato templo,
et altari, obtulit sacrilicia.
19. Nam cum in Persidem ducerentur patres nostri,
sacerdotes, qui tune cultores Dei erant, acceptum ignem
de altari occulte absconderunt in valle, ubi erat puteus
altus et siccus, et in eo contutati sunt eum, ita ut omni-
bus ignotus esset locus.
20. Cum autem pra?terissent anni multi, et placuit Deo
ut mitteretur Nehemias a rege Persidis, nepotes sacer-
dotum illorum qui absconderant, misit ad requirendum
ignem; et sicut narraverunt nobis, non invenerunt ignem,
sed aquam crassam.
21. Et jussit eos haurire, et afferre si bi ; et sacrificia
quse imposita erant jussit sacerdos Nehemias aspergi
ipsa aqua, et ligna, et quae erant superposita.
16. Alors ouvrant une porte secrète du temple, ils
l'assommèrent à coups de pierres, lui et ceux qui l'accom-
pagnaient; et mettant leurs corps en pièces, ils leur cou-
pèrent la tête, et les jetèrent dehors.
17. Dieu soit béni en toutes choses, lui qui a livré
ainsi les impies.
18. Comme donc nous devons célébrer, le vingt-cin-
quième jour du mois de Casleu, la purification du temple,
nous avons jugé nécessaire de vous en donner avis, afin
que vous célébriez aussi la lête des tabernacles, et la fête
du feuqui fut donné lorsque Néhémie, après avoir rebâti
le temple et l'autel, y offrit les sacrifices.
19. Car lorsque nos pères furent emmenés captifs en
Perse, ceux d'entre les prêtres qui craignaient Dieu,
ayant pris le feu qui était sur l'autel, le cachèrent secrè-
tement dans une vallée, où il y avait un puits qui était
profond et à sec, et le mirent là pour être gardé
sûrement ; comme en[effet ce lieu demeura inconnu à tout
le monde.
20. Et beaucoup d'années s'étant passées depuis ce
temps-là, lorsqu'il plut à Dieu de faire envoyer Néhémie
en Judée, par le roi de Perse, il envoya les petits-fils
de ces prêtres qui avaient caché ce feu pour le cher-
cher; et ils ne trouvèrent point ce feu, comme ils nous
l'ont dit eux-mêmes, mais seulement une eau épaisse.
21. Alors le prêtre Néhémie leur commanda de puiser
cette eau, et de la lui apporter ; et il leur ordonna d'en
faire des aspersions sur les sacrifices, sur le bois, et sur
ce qu'on avait mis dessus.
COMMENTAIRE
$. 16. Apertoque occulto aditu templi, mit-
tentes lapides percusserunt ducem. Alors ou-
vrant une porte secrète, qui regardait sur te temple,
iis l'assommèrent à coups de pierres. Le grec lit (1) :
Ils ouvrirent une fausse porte, qui était au lam-
bris du temple, et firent tomber sur ce prince une
grêle de pierres. Antiochus fut vaincu par les
Romains et obligé de payer une très forte indem-
nité de guerre. Pour ?e procurer de l'argent, il
attaqua en 187 le temple de Bélus, en Élymaïde,
et fut tué par le peuple. C'est ce que racontent
les historiens profanes (2). Or nous voyons dans
une inscription d'Assour-ban-habal que la déesse
Nana était honorée dans l'Elymaïde (3). Bélus
était le dieu, et Nana la déesse (4).
f. 18. Ut et vos quoque agatis diem sceno-
PEGI.E. Afin que vous célébriez aussi la fête des
Tabernacles ; ou plutôt la fête de la dédicace du
temple, du vingt-cinq de Casleu, avec des céré-
monies à peu près pareilles à celle de la fête des
Tabernacles. Voyez plus haut le verset 9.
Et diem ignis qui datus est quando Nehe-
mias, etc. La fête de la découverte du feu sacré,
du temps de Néhémie, tombait au septième mois,
ou au mois de Thischri, en même temps que la
fêle des Tabernacles, plus de deux mois avant
la fête de la purification du temple par Judas
Maccabée. Voyez IL Esdr. vin. 1. 14.
,v\ 19. In Persidem. En Perse, ou plutôt en
Chaldée. Du temps de l'auteur de ce livre, on
comprenait sous le nom de Perse, tout le pavs au
delà de l'Euphrate.
Acceptum ignem de altari occulte abscon-
derunt. On montreencore aujourd'hui cepuits(<;),
dans la vallée de Topheth, au pied du mont des
Oliviers, vers le midi. Le puits est d'une profon-
deur médiocre, et il y a de l'eau en assez grande
quantité ; il est couvert d'un petit bâtiment fait
en forme de salle. On voit au verset 33, que le
roi Artaxerxès Longue-main fit bâtir un temple,
c'est-à-dire, un enclos de murailles tout autour.
jK 21. Jussit sacerdos Nehemias. Le prêtre
Néhémie ordonna qu'on répandît de cette eau
boueuse sur le bois, et sur les victimes préparées.
Le grec (6) porte que Néhémie commanda aux
prêtres de faire cette aspersion ; il n'est pas dit
qu'il fut prêtre.
Si la foi parut admirable dans ces prêtres, lors-
qu'ils cachèrent le feu sacré de l'autel pour le
conserver jusqu'au temps du retour des Juifs;
elle ne parut pas moins dans Néhémie, lorsque,
revenant dans la Palestine pour le rétablissement
(1) A vo;Çavxî; tr|v toC <paTvcôu.aro; xpDjrtrjv Oûpav, fiàX-
KQ'/xii X:'Hou; G'jvo/.epaûy&jaav tov f)y£u.cva.
(2) Diod. sicul. Jragm. xxix. - Strabo. xvi. - Justin, xxxu.
:. - Appian. Syr. 57.
(?) Smith, Histor of Assurbanipal, toc. cil.
(4) Maspcro, Hist. anc. des peuples de l'Orient, p. 149.
(5) Voyez Doubdan, ch. xv, p. 118. - Voyage nouveau
de la Terre-Sainte, p. !j 24 et suiv. - Pockocke, Voyages,
m. 67. - Mémoires du chevalier d'Arvieux, 11, 171.
(6) E'xs'Xsuas Toii; ispeîç Nscpuaç É^ippàvai.
i6o
II.— MACCABEES. — I. - CORRESPONDANCE DES JUIFS
22. Utque hoc faclum est, et tempus affuit quo sol
refulsit, qui prius erat in nubilo, accensus est ignis ma-
gnus, ita ut omnes mirarentur.
2î. Orationem autem faciebant omnes sacerdotes, dum
consuminaretur sacrificium, Jonatha inchoante, ceteris
autem respondentibus.
24. Et Nehemias erat oratio hune habens modum ; Do-
mine, Deus omnium creator, terribilis et fortis, justus et
misericors, qui solus es bonus rex,
25. Solus prasstans, solus justus, et omnipotens, et
aeternus, qui libéras Israël de omni malo, qui fecisti
patres electos, et sanctificasti eos ;
26. Accipe sacrificium pro universo populo tuo Israël,
et custodi partem tuam, et sanctifica.
27. Congrega dispersionem nostram, libéra eos qui ser-
viunt gentibus, et contemptos et abominatos respice, ut
sciant gentes quia tu es Deus noster.
28. Afflige oppriinentes nos, et contumeliam facientes
in superbia ;
2Q. Constitue populum tuum in loco sancto tuo, sicut
dixit Moyses.
îo Sacerdotes ai'tem psallebant hymnos, usquequo
consumptum esset sacrificium.
22. Ce qui ayant été fait, et le soleil qui était aupara-
vant caché d'un nuageayant commencé à luire, il s'alluma
un grand feu, qui remplit d'admiration tous ceux qui
étaient présents.
2j. Cependant tous les prêtres faisaient la prière à
Dieu, jusqu'à ce que le sacrifice fût consumé, Jonathas,
commençant, et les autres lui répondant.
24. Et Néhémie priait en ces termes : Seigneur Dieu,
Créateur de toutes choses, terrible et fort, juste et misé-
ricordieux, qui êtes le seul bon roi,
2Ç. Seul excellent, seul juste, tout-puissant et éternel,
qui délivrez Israël de tout mal, qui avez choisi nos pères,
et qui les avez sanctifiés;
26. Recevez ce sacrifice pour tout votre peuple d'Israël;
conservez et sanctifiez ceux que vous avez rendus votre
portion.
27. Rassemblez tous nos frères dispersés : délivrez
ceux qui sont sous l'esclavage des gentils ; regardez
favorablement ceux qui sont devenus un objet de mépris
et d'abomination ; afin que les nations connaissent que
vous êtes notre Dieu.
28. Affligez ceux qui nous oppriment, et qui nous outra-
gent aveô orgueil.
29. Et établissez votre peuple dans votre lieu saint,
selon que Moïse l'a prédit.
50. Cependant les prêtres chantaient des hymnes jusqu'à
ce que le sacrifice fût consumé.
COMMENTAIRE
du temple de Jérusalem, il envoya les petits-fils
de ces anciens prêtres chercher ce feu, dans le
lieu où ils savaient que leurs grands-pères l'avaient
caché. Mais ce qui fait éclater bien davantage la
foi si vive de ce grand serviteur de Dieu, est
qu'ayant su que ce feu n'existait plus, mais seule-
ment une eau épaisse en sa place, il ne se rebuta
point. Quoique rien ne paraisse plus opposé au
feu que l'eau, il crut avec fermeté, que Dieu
saurait convertir cette eau épaisse en un feu divin,
propre pour les sacrifices qu'il se préparait à lui
offrir. Aussi commanda-t-il aussitôt que l'on
puisât de celle eau pour la répandre sur le bois, et
sur les victimes qui étaient dessus.
y. 22. Utque hoc factum est, et tempus af-
fuit QUO SOL REFULSIT... ACCENSUS EST IGNIS
magnus. Il ne faut pas s'imaginer, disent les com-
mentateurs,que lechangement de cette eau épaisse
en feu, ait été produit d'une manière naturelle
par la lumière du soleil, qui se découvrit tout
d'un coup de dessous le nuage qui le cachait.
Dieu vouiut seulement, en faisant luire sur cette
eau le soleil qui était caché, et en produisant en
même temps un grand feu qui remplit d'élonne-
menl tous ceux qui étaient [présents, faire admirer
sa toute puissance : il voulut convaincre, par cette
figure, tout son peuple, que, de même que cette
eau épaisse n'était que de l'eau, tant que le soleil
demeura caché, et qu'elle fut convertie en feu dès
le moment que le soleil eût paru ; ainsi tant que
les crimes des Juifs obligèrent Dieu, soleil de jus-
tice, à s'éloigner et à se cacher d'eux, toute leur
religion figurée par ce feu sacré n'était plus alors
que comme de l'eau, une eau épaisse devant lui,
incapable de servir aux sacrifices, et de consumer
les holocaustes : mais dans l'instant que sa divine
miséricorde avait regardé favorablement son peu-
ple, et fait luire la lumière de sa grâce dans les
cœurs, il avait produit en eux ce changement si
miraculeux d'une eau épaisse en un feu divin, pour
marquer qu'il se réconciliait avec Israël, et qu'il
agréerait à l'avenir les sacrifices, qu'il avait eus
auparavant en abomination.
y. 23. Orationem faciebant omnes, Jonatha
inchoante. Ce Jonathas n'était pas le grand prê-
tre, car du temps de Néhémie le grand prêtre se
nommait Éliasib ; c'est peut-être Joïada, fils
d'Éliasib, ou quelqu'autre prêtre d'un rang dis-
tingué, qui prononçait les paroles de la prière,
que tous les prêtres répétaient après lui.
y. 2<. Qui FECISTI PATRES ELECTOS. Qui aVC\
choisi nos pères, qui en avez fait la nation sainte
et choisie, qui les avez distingués et séparés des
autres peuples.
f. 28. Afflige opprimentes nos. Du temps de
Néhémie, les Samaritains et les païens ne cessè-
rent de harceler les Juifs.
y. 29. Sicut dixit Moyses. Selon que Moïse
Va prédit, en disant ( 1 ) : Le Seigneur vous tirera
de votre captivité, et vous rassemblera du milieu des
( 1) Deut. xxx. j. 4. 5.
MACCABEES. — [. - CORRESPONDANCE DES JUIFS
iôt
51. Cum autem consumptum essct sacrificium, ex resi-
dua aqua Nehcmias jussit lapides majores perfundi.
J2. Quod ut factum est, ex eis flamma accensa est ; sed
ex lumine quod refulsitab altari consumpta est.
>?■ Ut vero manifestata est res, renuntiatum est régi
Persarum quod in loco in quo.ignem absconderant hiqui
transluti fuerant sacerdotes, aqua apparuit,de qua Nehe-
mias, et qui cum eo erant, purificaverunt sacrificia.
)4. Considerans autem rex, et rem diligenter exami-
nans, fecit ei ternplum, ut probaret quod factum erat.
Î5- Et cum probasset, sacerdolibus donavit multa bona,
et alia atque alia munera,et accipiens manu sua, tribue-
bat eis.
56. Appellavit autem Nehemias hune locum Nephthar,
quod interpretatur Purificatio ; vocatur autem apud plu-
res Nephi.
ji. Et le sacrifice étant consumé, Néhémie ordonna
que Ton répandît ce qui restait de cette eau sur les gran-
des pierres.
J2. Ce qu'on n'eut pas plus tôt fait, qu'il s'y alluma une
grande flamme ; mais elle fut absorbée par la lumière
qui s'éleva de dessus l'autel.
?;. Lorsque cet événement fut rendu public, on rap-
porta au roi de Perse, qu'au môme lieu où les prêtres
qui avaient été emmenés captifs avaient caché le feu
sacré, on avait trouvé une eau, dont Néhémie et ceux
qui se trouvaient avec lui avaient purifié les sacrifices.
?4. Le roi, après avoir considéré ce qu'on lui disait,
et s'être assuré par une recherche exacte de la vérité du
fait, fit bûtir en ce même lieu un temple.
;ç. Et se tenant assuré de ce prodige, il donna aux
prêtres de grands biens, et leur fit divers présents, qu'il
leur distribuait de sa propre main.
?6. Néhémie appela ce lieu Nephthar, c'est-à-dire
purification ; mais il y en a plusieurs qui l'appellent
Nephie, c'est-à-dire sacré.
COMMENTAIRE
peuples, où il vous avait dispersés. Quand vous
serie\ écartés aux coins du monde, il saura vous en
retirer ; il vous prendra, el vous inlroduira dans la
terre que vos pères ont possédée, etc.
f. }2. Ex EIS FLAMMA ACCENSA EST, SED EX LU-
MINE QUOD REFULSIT AB ALTARI, CONSUMPTA EST.
On distingue ici deux sortes de feu ; l'un allumé
sur les pierres de l'autel, par le moyen de l'eau
qui y fut répandue, et l'autre descendu du ciel, ou
produit miraculeusement sur l'autel. Celui ci,
plus fort et plus véhément, absorba le feu qui
s'était allumé, après l'épanchement de l'eau
boueuse, dont on a parlé au verset 20.
f. 34. Fecit ei templum. Le grecàla lettref:):
Le roi s'étant informé de la chose, fil enfermer le
lieu, el le rendit sacré et inviolable. L'auteur parle
du lieu où le feu avait été trouvé. Le nom de
templum se prend souvent pour une enceinte
découverte, mais fermée de murailles, et séparée
des choses communes et profanes.
}. 35. Et cum probasset, sacerdotibus do-
navit MULTA BONA, ET ALIA ATQUE ALIA MUNERA,
ET ACCIPIENS MANU SUA TRIBUEBAT EIS. Le grec
est plus court (2) : Et le roi prenait et distribuait
divers présents à ceux à qui il était favorable. Le
syriaque dit que le roi vint sur les lieux, qu'il
examina exactement la chose, qu'il y bâtit un
temple, et qu'il fit plusieurs présents aux prêtres,
lesquels en faisaient la distribution à ceux qui en
avaient besoin. Grotius croit qu'il faut lire (3) :
Le roi prit el distribua de sa main beaucoup d'ar-
gent à ceux dont il s'était servi pour découvrir la
vérité de la chose. On pourrait aussi traduire (4) :
Le roi leur fit distribuer de l'argent, selon leurs
besoins. Les anciens exemplaires latins, manus-
crits et imprimés, varient beaucoup dansce verset.
fi. 36. Nephthar. Néhémie appela ce lieu Neph-
thar, c'est-à-dire purification. Il vaudrait mieux
lire (5), Necphar.
Nephi. Le syriaque et l'édition romaine Naph-
lai. Le ms. alexandrin et les autres exemplaires
grecs , Nephlar ; Vatable, Ephlar. On peut le
dériver du chaldéen Phelir (6), qui signifie être
pur, sans mélange, sans levain.
(l) FlEpicppâÇaç ok o pa-tXcù;, ispov È7:oi7J<7e.
12) Kat o~i; Éyapi'ÇeTO ô (jotaiÀEÙ; r.oW'a. ôtà-jopa ïki'jfiivs,
/.ai jjLsxêoi'ôou
(j) Ivai ôj; ÈypïjaaTO ô |îaat).£Ù;, TtoXXà àtâfopa ÈXocuSavs,
xa'c u.eteo:'oou. Le mot Siotcpopa signifie de l'argent. Voyez
11. Macc. in. 6. - Eccli. vu. 19. et xxvn. i.
(4) K0.1 ojv É/pr)iÇovio, etc.
(5) 1333 de 133 II a expié, il a nettoyé.
(6) i"U3 A^rinum, purum, non inixtum.
S. B. — T. XII.
11
CHAPITRE II
Suite de la lettre précédente, où se trouvent diverses particularités arrivées au temps
de la transmigration des Juifs à Babylone. Préface où V auteur de ce livre
expose son dessein.
i. Invenitur autem in descriptionibus Jeremiae prophe-
tœ, quod jussit eos ignem accipere qui transmigrabant, ut
significalum est, et ut mandavit transmigratis.
2. Et dédit illis legem ne obliviscerentur prascepta Do-
mini, et ut non exerrarent mentibus videntes simulacra
aurea et argentea, et omamenta eorum ;
?. Etalia hujusmodi diccns, hortabatur ne legem arri-
vèrent a corde suo.
4. Erat autem in ipsa scriptura, quomodo tabernacu-
lum et arcam jussit propheta, divino responso ad se
facto, comitari secum, u^quequo exiit in montem in quo
Moyses ascendit, v.i vidit Dei hereditatem.
1. Or, on trouve dans les écrits du prophète Jérémie,
qu'il commanda à ceux qui allaient de Judée en un pays
étranger, de prendre le feu sacré, comme on l'a marqué
auparavant ; et qu'il leur donna des préceptes dans le
temps de leur transmigration.
2. Et il leur enjoignit très expressément de ne pas
oublier les ordonnances du Seigneur, et de ne pas tomber
dans l'égarement d'esprit, en voyant les idoles d'or et
d'argent, avec tous leurs ornements.
;. Et leur donnant encore divers avis, il les exhortait à
n'éloigner jamais de leur cœur la loi de Dieu.
4. Il était aussi marqué, dans le même écrit, que ce
prophète, par un ordre particulier qu'il avait reçu de
Dieu, ordonna qu'on emportât avec lui le Tabernacle et
l'Arche, jusqu'à ce qu'il fût arrwé à la montagne sur
laquelle Moïse était monté pour contempler de là l'héri-
tage du Seigneur.
COMMENTAIRE
jL 1. Invenitur in descriptionibus Jeremi/e
prophète. Ces écrits étaient sans doute encore
entre les mains des Juifs, lorsqu'ils écrivirent
cette lettre, la 1880 année des Séleucides, et 124
ans avant l'ère vulgaire ; mais on ne les trouve
plus, depuis très longtemps, parmi les écrits de
ce prophète. Peut-être même n'était-ce plus déjà
qu'une tradition, puisque les Septante omettent,
comme l'hébreu, les détails dont il est ici ques-
tion.
Et ut mandavit transmigratis. Lorsqu'on les
menait en captivité (1) , il les exhorta à la fidé-
lité envers le Seigneur.
f. 2. Dédit illis legem... ne exerrarent men-
tibus videntes simulacra aurea, etc. L'auteur
semble faire allusion à la lettre que Jérémie en-
voya â ceux des captifs qu'on allait mener en
Chaldée. Elle est reproduite dans Baruch, chap.
vi. Il leur donna aussi le livre de la loi, afin qu'il
leur servit durant l'exil.
Il est étonnant qu'après que Dieu a parlé aux
hommes poui leur faire connaître ses volontés, il
soit besoin qu'un prophète recommande à ces
mêmes hommes de ne pas oublier les ordonnances
du Seigneur: comme si la voix de Dieu ne devait
pas faire une impression sans comparaison plus
forteet plus vive surleurs cœurs, que celle detous
les prophètes. Mais telle est la fragilité du cœur
humain, telle est son inconstance, qu'il a besoin
d'être soutenu sans cesse contre les objets qui
frappent ses sens, et qui l'exposent à toute heure
à être emporté par l'attrait trompeur des créatu-
res, et à oublier ou à négliger la loi de son Dieu.
C'était contre cet égarement d'esprit que le pro-
phète Jérémie travaillait à affermir les captifs de
Jérusalem, lorsqu'entre les divers avis qu'il leur
donnait, il les exhorta de n'éloigner jamais de leur
cœur la loi de Dieu, de peur qu'il ne s'égarât en
voyant les idoles d'or et d'argent des Chaldéens si
bien ordonnées, et ne se laissât aller à les adorer.
fi. 4. Quomodo tabernaculum et arcam jussit
propheta, divino responso ad se facto, comi-
tari secum usque in montem, etc. Cette monta-
gne n'est autre que le Nébo, où Moïse monta,
pour considérer la terre Promise ; c'est là qu'il
mourut, et qu'il fut enseveli (2). Le texte ne mar-
que pas distinctement, si ce fut avant le dernier
siège, ou après la prise de Jérusalem, que Jéré-
mie sauva l'Arche et le Tabernacle, construits
par Moïse, et l'autel des parfums. La plupart des
commentateurs (3) croient avec assez de vraisem-
blance que Jérémie obtint de Nabuzardan, géné-
(1) E 'veTEi'Xoao xoiç (xEiafevouivot; ô 7tpoorjT7)î.
(2) Deut. xxxii. 49.
(?) lia Dorotheus cl Epiphan. in vila Jcrem. D. Thom
seu alius Aucl. Comment, in 11. Macc. Serar. Salian. Tor-
niel. Tyr. etc.
II.— MACCABÉES. — Il - L'ARCHE D'ALLIANCE
.63
rai des troupes chaldéennes, qui avait pour lui
une considération toute particulière (i), de pou-
voir cacher les vases sacrés. Il se passa apparem-
ment quelques jours entre la prise de Jérusalem
et l'ordre que Nabucodonosor donna de la brû-
ler, ainsi que le temple (2). D'autres veulent (3),
que c'ait été avant le siège, sous le règne de Joa-
chim, durant l'intervalle que Jérémie demeura en
liberté à Jérusalem. Cette affaire se fit en secret,
sans que personne en fût informé, sinon un petit
nombre de prêtres.
On demande ici si l'Arche fut retrouvée du
temps de Néhémie, ou si elle est encore aujour-
d'hui cachée et inconnue? Les commentateurs de
tous les siècles sont partagés sur cette question.
Le sentiment le plus répandu aujourd'hui, et qui
a été le plus ordinaire parmi les anciens, est que
l'Arche ne fut jamais recouvrée, et ne parut pas
dans le second temple. Le passage de Jérémie,
chap. m. f. 16, que l'on a cité, et où ce prophète
assure qu'on ne parlera plus de l'arche d'alliance
el que l'on ne s'en souviendra plus, est expliqué
fort naturellement par les Hébreux, parThéodo-
ret, par saint Thomas, par le cardinal Hugues et
par Sanctius, du temps qui suivit la captivité de
Babylone : il ne fut plus parlé alors de l'arche
d'alliance. C'est l'opinion qu'ont suivie le faux
Épiphane (4), Dorothée (5), le fils de Gorion(6),
quelques pères, et plusieurs théologiens moder-
nes (7) ; et voici les preuves dont ils l'appuient.
Le silence d'Esdras, de Néhémie, des Macca-
bées, de Josèphe, est d'un grand poids dans cette
matière. Ils ne parlent jamais de l'Arche, quoi-
qu'ils aient eu vingt occasions d'en parler; il n'en
est fait mention ni dans la dédicace du temple,
sous Néhémie, ni dans sa purification, sous Ju-
das Maccabée, ni dans le rétablissement des
sacrifices, au retour delà captivité, ni dans la pro-
fanation el le pillage des vases sacrés, sous Antio-
chus Épiphane, ni dans l'incendie du temple,
sous Titus. Pourquoi n'en aurait-on dit rien dans
le dénombrement de ce qu'Antiochus Épiphane,
Pompée, Crassus et Titus enlevèrent du temple
de Jérusalem, puisque c'était la chose qui aurait
mérité le plus d'attention, si elle s'y fût trouvée ?
Josèphe dit même expressément qu'à la prise de
Jérusalem par Titus, il n'y avait rien du tout dans
le sanctuaire (8). Dans la description du triom-
phe de Vespasien et de Titus, l'Arche ne parut
point, quoiqu'on eût porté la table d'or, et le
chandelier à sept branches, et la loi des Juijs, qui
était, dit Josèphe, la dernière des dépouilles qui
parurent dans celle pompeuse cérémonie (g). Il veut
dire apparemment le rouleau où les livres saints
étaient écrits.
On sait quequelques écrivains (10) ont prétendu
que Pompée avait vu dans le temple une arche et
des chérubins semblables à ceux que Moïse avait
faits; que l'on avait porté l'arche d'alliance au
triomphe de Vespasien(i i),et qu'on la remarquait
encore aujourd'hui dans l'arc de triomphe de Ti-
tus à Rome (12). Mais d'autres auteurs (13) sou-
tiennent qu'on ne voit rien de pareil dans l'arc de
triomphe en question ; que ce qu'on prend pour
l'arche d'alliance n'est autre chose que la table
des pains de proposition ; qu'il est aisé de s'en
persuader par la lecture de Josèphe, qui dit que
la loi des Juifs fut portée la dernière. Or ce qu'on
prend pour l'Arche ressemble à la vérité assez à
un coffre, mais il y a toute sorte d'apparence que
c'est la table des pains de proposition, ou l'autel
des parfums, parce qu'il est placé dans la marche
avant le chandelier d'or.
Quoique Dieu irrité contre son peuple à cause
de tant d'impiétés et d'abominations qu'il avait
commises, eût résolu de livrer aux idolâtres ce
temple auguste, qu'il avait choisi pour le lieu de sa
demeure parmi les hommes, et auquel les Juifs
avaient toujours été si fortement attachés ; il ne
voulut pas néanmoins exposer aux profanations
des infidèles ce qu'il y avait alors de plus sacré
dans la vraie religion, le Tabernacle, l'arche d'ail-
liance, el l'autel des parfums. Ce n'était pas que
cette arche, malgré sa haute sainteté, fût invio-
lable ; puisqu'autrefois il l'avait livrée entre les
mains des Philistins, pour punir l'infidélité et l'in-
gratitude de son peuple: mais il voulait ici mettre
des bornes à la rigueur de sa justice, et faire
connaître en même temps à tous les hommes que
c'était lui, comme il l'avait si souvent prédit, qui
(ij Vide Jerem. xxxix. II. 12.
(2) Vide iv. Reg. ait.
(?) Vide Natal. Alex. hist. vel. Test. art. de lib. Macc.
(4) Epiphan. de Vita Prophel. vita Jerem.
(5) Doroth. Sinops. vites prophet.
(6) Gorionid. I. 1. c. 17.
(7) Serar. in 11. Macc. il. (7. 17. 18.- Villalp. tom 11. p. 2.
I. v. c. 70. A Castro in Jerem. m. n. 20. - Porchet. 1. parte
Victoria: contra Heb. c. 7. - Galat. t. vu. c. 4. - Tost. in
Exod. q. 2. el 14. et in Deut. x. 7. 2. et alibi Lrr. Rickard.
a sancto Vict. Rupert. Carthusian. Mariana, Tirin et alii
non pauci.
(8) Joseph.de bello. t. v. c. 14. in grxco t. vi. c. 6. in
latino. E'/.sito 3= oùôàv o'Xa>; sv autûi.
(9) Joseph, de Bello, l. vu. c. 17. in grxco. Xpi/U/j zé
•tpàr^a, xrjv ôXxr)v noXutotXsvto; nai Xu/v;a ^puaoû uiv
Ôjxoicj; 7t£rtoiT)piév.. . 0 te vdfio; ô tcùv I'ouôai'ajv Eisi toutoî;
éoe'psto tcov Xa:pôpu>v TiXeuTato;.
(10) Hegestpp. lib. 1. car. 17.
(11) Pe.r. Comestor. Iiistor. yfudic. c. h
(12) Martian.de arca Tili. L m. c. 6. Vide Bartholocci
Bibl. Rabin. I. }. p. itf.-Torniel. annal, ad an. 7885.
(ij) Ribera in Aggcei, i.-Villalpand. alii p'.ures.
.64
II.— MACCABÉES. — II.- L'ARCHE D'ALLIANCE
ç. Et veniens ibi Jeremias, invenit locum speluncae ; et
tabernaculum, et arcam, et altare incensi intulit illuc, et
ostium obstruxit.
6. Et accesserunt quidam simul, qui sequebantur, ut
notarent sibi locum, et non potuerunt invenire.
7. Ut autem cognovit Jeremias, culpans illos dixit :
Quod ignotus erit locus, donec congreget Deus congre-
gationem populi, et propitius fiât ;
U. Et tune Dominus ostendet hase, et apparebit majes-
tas Domini, et nubes erit, sicut etMoysi manifestabatur,
et sicut cum Salomon petiit ut locus sanctificaretur ma-
gno Deo, manifestabat haec.
9. Magnifiée etenim sapientiam tractabat ; et ut sapien-
tiam habens, oblulit sacrificium dedicationis et consum-
mationis templi.
10. Sicut et Moyses orabat ad Dominum, et descendit
ignis de cœlo, et consumpsit holocaustum ; sic et Salomon
oravit, et descendit ignis de cœlo, et consumpsit holo-
caustum.
11. Et dixit Moyses : Eo quod non sit comestum quod
erat pro peccato, consumptum est.
12. Similiter et Salomon octo diebus celebravit dedi-
cationem.
ij. Inferebantur autem in descriptionibus et commen-
tariis Nehemias haec eadem ; et ut construens bibliothe-
cam congregavit de regionibus libros, et prophetarum,
et David, et epistolas Regum, et de donariis.
5. Et Jérémie y étant arrivé, y trouva une caverne, où
il mit le Tabernacle, l'Arche et l'autel des parfums ; et il
en boucha l'entrée.
6. Or, quelques-uns de ceux qui l'avaient suivi, s'étant
approchés pour remarquer ce lieu, ne purent le trouver.
7. Et Jérémie l'ayant su, les blâma et dit que ce lieu
demeurerait inconnu jusqu'à ce que Dieu eût rassemblé
son peuple dispersé, et qu'il lui eût fait miséricorde;
8. Et qu'alors le Seigneur ferait voir ces choses ; que
la majesté du Seigneur paraîtrait de nouveau ; et qu'il y
aurait une nuée, selon qu'elle avait paru à Moïse, et
qu'elle fut manifestée lorsque Salomon demanda que le
temple fût sanctifié pour le grand Dieu.
9. Car il faisait éclater sa sagesse d'une manière magni-
fique ; et il offrit le sacrifice de la dédicace et de la con-
sommation du temple, comme un homme qui était rempli
de sagesse.
10. Comme Moïse pria le Seigneur, et que le feu des-
cendit du ciel et consuma l'holocauste, ainsi Salomon
pria, et le feu descendit du ciel, et consuma l'holocauste.
11. Et Moïse dit : Parce que l'hostie qui a été offerte
peur le péché n'a point été mangée, elle a été consumée
par le feu.
12. Salomon de même célébra pendant huit jours la
dédicace du peuple.
1 ;. Ces mêmes choses se trouvent aussi dans les écrits
et dans les mémoires de Néhèmie, où l'on voit qu'il fit
une bibliothèque, ayant rassemblé de divers pays les
livres des prophètes, ceux de David, et les lettres des
rois, et ce qui regardait les dons faits au temple.
COMMENTAIRE
livrait Jérusalem, le temple, et son peuple à Na-
bucodonosor, et qui retirait d'entre ses mains ce
qu'il lui plaisait ; afin qu'on jugeât par là que la
destruction de la ville sainte était plus l'effet de
sa justice envers Israël, que de la puissance de
ses ennemis.
f. 7. Donec congreget Dominus congrega-
tionem populi. Cette expression marque naturel-
lement, que l'Arche devait être découverte au
retour de la captivité de Babylone. C'est le plus
fort argument en faveur de ceux qui soutiennent
qu'elle le fut; d'autres commentateurs le prennent
au sens spirituel et prétendent que l'arche véri-
table fut Jésus-Christ. Mais le sens spirituel, tout
respectable qu'il est, dogmatiquement parlant,
n'est pas d'une grande force en exégèse quand il
s'agit d'un fait historique. Dans le passage où
J érémie parle de l'Arche (m, 1 } ),Ie prophète déclare
très clairement que l'Arche ne paraîtra plus même
au retour de la captivité et durant les temps mes-
sianiques. Ce verset peut donc être interprété
des derniers temps, lors de la conversion générale
des Juifs. L'Écriture, en effet, parle bien du
leu sacré miraculeusement retrouvé ; elle ne dit
rien de l'Arche. Et pourtant, c'était là l'emblème
le plus sacré du culte.
f, 9. Magnifice enim sapientiam tractabat. //
faisait éclater sa sagesse d'une manière magnifique ;
ou bien, il faisait les choses grandement ; ou
enfin, il faisait principalement briller sa sagesse
dans la magnificence du temple, de sa cour, de
ses palais. Le grec (1) est plus simple : Il fit pa-
raître quelle était sa sagesse, lorsqu'il offrit les
sacrifices de la dédicace du temple. Ce fut princi-
palement dans la prière qu'il fit alors au Seigneur,
qu'éclata sa profonde sagesse.
f. 10. Descendit ignis de cœlo. Le /eu des-
cendit du ciel, à la dédicace du Tabernacle par
Moïse (2), et à la dédicace du temple de Salo-
mon (3). L'une et l'autre dédicace se célébra
pendant huit jours.
f, II. Eo QUOD NON SIT COMESTUM QUOD ERAT
pro peccato, consumptum est. L'auteur fait
allusion à ce qui arriva à Nadab et Abiu, qui
furent consumés par des flammes surnaturelles
pour avoir voulu offrir l'encens sur un feu com-
mun (4). Alors Aaron oublia de manger sa part
de l'hostie pour le péché, il la laissa entièrement
consumer par le feu. On apporte ici comme
exemple de l'attention de Moïse aux moindres
choses du culte, ce qu'il dit en cette occasion à
son frère Aaron.
jh 13. Inferebantur commentariis Nehemi^:
hmc eadem. On ne les lit point dans le livre que
(1) Ateaot'feïTO SI, xa'i 6>i aoolav ï-jfjuv âvrivEY« Guafov
iYxatviou.oû'.
(2) Lcvit. ix. 2j. 24.
(j) 11. Par. vu. 1. — (4) Levit. x. 1. 2.
II.
MACCABEES.— II.- PURIFICATION DU TEMPLE
16$
14. Similiter autem et Judas ea quae deciderant per
bellum, quod nobis acciderat, congregavit omnia, et
sunt apud nos.
15. Si ergo desideratis hœc , mittite qui perferant
vobis.
iô. Acluri itaque purificationem, scripsimus vobis :
bene ergo facietis, si egeritis nos dies.
17. Deus autem, qui liberavil populum suum, etreddi-
dit hereditatem omnibus, et regnum, et sacerdotium, et
sanctificationem,
18. Sicut promisit in lege, speramus quod cito nostri
miserebitur, et congregabit de sub cœlo in locum sanc-
tum.
19. Eripuit enim nos de magnis periculis, et locum
purgavit.
14. Judas a encore recueilli tout ce qui s'était perdu
pendant la guerre que nous avons eue ; et ce recueil est
entre nos mains.
15. Si vous désirez avoir ces écrits, envoyez-nous des
personnes qui puissent vous les porter.
16. Nous vous avons donc écrit, étant sur le point de
célébrer la purification ; et vous ferez bien de célébrer
cette fête comme nous.
17. Or, nous espérons que Dieu, qui a délivré son peu-
ple, qui a rendu à tous leur héritage, et qui a rétabli le
royaume, le sacerdoce, et le lieu saint,
18. Selon qu'il l'avait promis dans la loi, nous fera
bientôt miséricorde, et nous rassemblera de tous les
pays qui sont sous le ciel dans son lieu saint.
19. Car il nous a délivrés de grands périls, et il a purifié
son temple.
COMMENTAIRE
nous avons sous son nom ; ainsi ces mémoires
étaient autre chose ; ou bien le livrequi nous reste
de Néhémie, n'est qu'un abrégé de ses mémoi-
res ; ce qui est plus probable.
CONSTRUENS BIBLIOTHECAM CONGREGAVIT DE
regionibus libros. Il y a beaucoup d'apparence,
qu'avant Néhémie, on n'avait aucun recueil entier
et complet des livres saints ; ou du moins que,
depuis la captivité, personne, avant lui, n'avait eu
la curiosité ou les moyens de les amasser tous.
Il fallait les faire venir à grands frais de divers
endroits, où les Juifs étaient dispersés; de
l'Egypte, de la Babylonie, de la Perse et d'ailleurs.
A cette époque, les livres étaient d'un prix et
d'un rareté extraordinaires, et on ne saurait trop
louer le zèle de Néhémie, qui s'employa à une
chose si utile, si nécessaire à la religion. On croit
que ce fut à la sollicitation d'Esdras, que Néhémie
entreprit de réunir les livres saints, et que le
même Esdras les lui indiqua, et s'empressa de les
faire venir de tous côtés. Ce fut alors que fut
arrêté le canon des Juifs, c'est-à-dire qu'on fixa
le nombre des livres qu'ils reconnurent pour ins-
pirés. Cette grave mesure fut prise solennellement,
et d'une manière très authentique, dans une as-
semblée générale des anciens de la nation, à la-
quelle Néhémie et Esdras assistèrent (1).
Et epistolas Regum, et de donariis. Les
lettres de Cyrus, de Darius, d'Artaxerxès, d'As-
suérus, en faveur des Juifs, étaient comme les
titres de la nation, et les monuments de leur
liberté. Le grec lit (2): Les lettres du roi, louchant
les présents faits au temple. Les lettres dans les-
quelles les rois marquaient ce qu'ils envoyaient
au temple. On a quelques-unes deces lettres dans
Esdras (3). Josèphe en rapporte quelques autres.
$. 14. Similiter autem et Judas ea qu^e deci-
derant PER BELLUM.... CONGREGAVIT OMNIA. J udas
Maccabée imita le zèle de Néhémie, en recueil-
lant les livres sacrés, que la persécution d'Antiochus
Épiphane avait dispersés. On veut qu'il se soit
fait une seconde assemblée générale des docteurs
de ia nation juive, pour recevoir dans le canon
les livres qui avaient été écrits depuis Néhémie.
On peut remarquer, dans le premier livre des
Maccabées (4), qu'au milieu de la persécution,
Judas conservait précieusement les livres saints,
et qu'un des premiers soins des ennemis des
Juifs, fut de s'en saisir, et de les déchirer (5):
Libros legis Dei combusserunt igni, scindenles eos.
f. 15. Si ERGO DESIDERATIS HJEC, MITTITE QUI
perferant vobis. Les Juifs d'Egypte avaient les
anciens livres saints recueillis sous Néhémie, et
traduits en grec, sous Ptolémée Philadelphe ;
mais ils pouvaient n'avoir pas les monuments
écrits depuis cette époque, et rassemblés par
Judas Maccabée ; c'est de ces derniers qu'il est
parlé ici.
f. 16. Acturi purificationem. Étant sur le
point de célébrer la purification, la fête de la puri-
fication du temple, par Judas Maccabée ; c'est la
même fête qu'il a appelée précédemment la fête
des Tabernacles du 25 de Casleu (6).
}. 18. Speramus quod cito miserebitur, et
congregabit de sub cœlo. La captivité de Ba-
bylone étant finie, les J uifs jouissaient de la liberté
dans leur pays ; ceux qui avaient la dévotion de
retourner dans la Judée, n'en étaient point empê-
chés. Quelle autre délivrance pouvaient-ils donc
alors souhaiter, que la liberté et l'affranchissement
général, qu'ils attendaient du Messie, dont ils
ne doutaient point que la venue ne fût prochaine?
(\) On peut voir sur le Canon des Juifs, Gcnebr, Chro-
nolcg. Serar. Simon, hist.criliq. du V. T. I. 1. c. I,
(2) Kocï ÊJtiaToXà; paiiXcio; jwpi oiva8Ejj.âwnv.
(;) 1. Esdr. iv. 12; vi. 5; vu. 12. et 11. Esdr. 11, 8.
(4) 1. Macc. 11. 48.
(5) 1. Macc. 1. 59. — (6) 11. Macc. 1. 9. et 18.
[66
II.— MACCABÉES. — II.- DESSEIN DE L'AUTEUR
20. De Juda vero Machabaeo, et fratribus ejus, et de
templi magni purificaiione, et de aras dedicatione;
21. Sed et de praeliis, quse pertinent ad Antiochum
Nobilem, et filium ejus Eupatorem;
22. Et de illuminationibus quœ de cœlo factae sunt ad
eos qui pro Judasis fortiter fecerunt, ita ut universam
regionem, cum pauci essent, vindicarent, et barbaram
multitudinem fugarent,
2j. Et famosissimum in toto orbe templum recupera-
rent, et civitatem liberarent, et leges, quae abolitse erant,
restituerentur, Domino cum omni tranquillitate propitio
facto illis ;
24. Itemque ab Jasone Cyrenaeo quinque libris com-
prehensa, tentavimus nos uno volumine breviare.
15. Considérantes enim multitudinem librorum, et diffi-
cultatem volentibus aggredi narrationes historiarum,
propter multitudinem rerum,
26. Curavimus volentibus quidem légère, ut esset animi
oblectatio; studiosis vero, ut facilius possint memoriaj
commendare ; omnibus autem legentibus uti I i tas confe-
ratur.
27. Et nobis quidem ipsis, qui hoc opus breviandi causa
suscepimus ; non facilem laborem, immo vero negotium
plénum vigiliarum et sudoris assumpsimus.
28. Sicut hi qui praeparant convivium,et quœrunt alio-
rum voluntati parère propter multorum gratiam, libenter
laborem sustinemus.
20. Nous avons dessein d'écrire ce qui regarde Judas
Maccabée et ses frères, la manière dont le grand temple
a été purifié, et dont la dédicace de l'autel s'est faite;
21. Comme aussi les combats qui se sont livrés sous
Antiochus l'illustre, et sous son fils Eupator.
22. Et les faveurs éclatantes qu'ont reçues du ciel ceux
qui ont combattu pour les Juifs, avec un si grand cou-
rage, qu'étant peu de gens, ils se sont rendus maîtres de
tout le pays, ont mis en fuite une multitude de barbares.
2(. Ont recouvré le plus fameux temple qui soit dans
le monde, ont délivré la ville de la servitude, et remis
en leur vigueur les lois qui avaient été abolies, le Sei-
gneur les ayant favorisés par toutes sortes de témoi-
gnages de sa bonté.
24. Enfin nous avons tâché de rapporter en abrégé
dans un seul livre, ce qui a été écrit en cinq livres par
Jason le Cyrénéen.
2<;. Car, ayant considéré que la multitude des livres
rend l'histoire difficile à ceux qui veulent l'apprendre, à
cause de ce grand nombre de choses qu'on leur repré-
sente,
26. Nous avons tâché d'écrire celle-ci de telle sorte
qu'elle r pût plaire à ceux qui voudraient la lire ; qu'elle
pût se retenir facilement par ceux qui sont plus studieux ;
et qu'elle pût également être utile à tous ceux qui la liraient.
27. Or, nous engageant à faire cet abrégé, nous avons
entrepris un ouvrage qui demande une grande application
et beaucoup de peine.
28. Nous l'entreprenons néanmoins avec joie, en consi-
dérant l'avantage de beaucoup de personnes, comme
ceux qui, étant chargés de préparer un festin, s'étudient
à satisfaire les autres.
COMMENTAIRE
f. 20. De Juda vero Machab^o. Les deux
pièces qui précèdent, dans le chapitre premier et
dans celui-ci, n'ont point de rapport direct à l'his-
toire des Maccabées, qui ne commence qu'au
chapitre troisième. L'auteur de cet ouvrage est
un Juif, qui a réduit en un seul volume ce qui
avait été écrit auparavant en cinq livres, par un
nommé Jason de Cyrène (1). Ici commence la
préface du traducteur ; c'est un petit morceau
de littérature, où l'on constate malheureusement
la disparition du génie hébraïque devant les for-
mules de la rhétorique grecque.
f. 22. De illuminationibus qu>e de cœlo fac-
tje sunt ad eos. Comme il arriva avant la seconde
expédition d'Antiochus contre l'Egypte (2). On
vit pendant quarante jours, des escadrons de ca-
valerie, qui parurent en l'air, comme rangés en
bataille ; et lorsqu'Héliodore vint pour piller le
temple, il parut un homme à cheval, et deux jeu-
nes hommes à pied (3), qui faillirent le faire mou-
rir de frayeur et de coups.
y. 24. Itemque ab Jasone Cyrenaeo. La parti-
cule ilemque, qui se lit dans la Vulgate, est su-
perflue en cet endroit ; Jason était un Juif de la
province de Cyrène, voisine de l'Egypte; il y eut
toujours beaucoup de J uifs dans cette province ( 4).
$ 2$. Considérantes enim multitudinem li-
brorum, etc. Le grec (5): Car considérant la con-
fusion, ou la grande quantité des nombres, et la
difficulté de renfermer tant de choses, dans le récit
d'une histoire, à cause de la multitude de la matière.
Le syriaque : Faisant attention que le grand nom-
bre des versets (ou des lignes) cause de l'embarras
à ceux qui cherchent à s'instruire de la vérité de
l'histoire, etc.
v. 28. Sicut hi qui préparant convivium, et
qu^runtaliorum voluntati parère. Le grec (6):
De même que celui qui prépare un festin et qui
cherche l'avantage des autres, ne fait point une chose
aisée ; ainsi nous nous exposerons volontiers au
travail, pour faire plaisir à plusieurs. L'auteur
semble faire allusion à la coutume des anciens qui,
dans les festins, choisissaient ordinairement un
d'entr'eux, pour avoir soin de préparer toutescho-
ses, en sorte que chacun fût content (7) ; c'était
un emploi fort difficile de plaire au goût de tout
(1) Verset 24.
(2) 11. Macc. v. 2. ).
( j) II, Macc. m. 2Ç. 26.
(4) Acl. 11. 10. - Joseph. Anl.ii]. xiv. i j; xvi. 10. De Bello
lib. vin. c. j8.
(.;) yjuvopouvTEç y"P T° '(j*}?-* U')V *plV'',v> xo" x'iv °ùoav
3jT/£p£tav toÎç OAouai âazu^Xe'caÛat zolç, rfj; l'atoptaç 3cr)-
Yiju.aai oti -;j jiXfjOo; ttjç G'Xtjç.
(61 KaOaitep cû 7tapaa«'uâÇovu auanoacov, r.a\ 'Çtjtouvt'.
•ur,y ET^poiv Xuaue'Xetav, où/. eV/cpe'; [xiv.
(7) Voyez Eccti. xxxn. 1. et Estli. 1. 8.
II.— MACCABÉES. — II. - DESSEIN DE L'AUTEUR
167
29. Veritatem quidem de singulis auctoribus conceden-
tes, ipsi autem secundum datam formam brevitati stu-
dentes,
?o. Sicut enim novas domus architecto de universa
structura curandum est; ei vero qui pingere curât, quas
apta sunt ad ornatum exquiranda sunt : ita œstimanJum
est et in nobis.
}I. Etenim intellectum colhgere, et ordinare sermonem,
et curiosius partes singulas quasque disquirere, historiée
congruit auctori :
?2. Brevitatem vero dictionis sectari, et executiones
rerum vitare, brevianti concedendum est.
}?• Hinc ergo narrationem incipiemus: de praefatione
tantum dixisse sufficiat ; stultum etenim est ante histo-
riam effluere, in ipsa autem historia succingi.
20. Nous nous reposons de la vérité des choses sur les
auteurs qui les ont écrites ; mais pour nous, nous tra-
vaillerons seulement à les abréger, selon le dessein que
nous avons pris.
50. Car, comme un architecte qui entreprend de bâtir
une nouvelle maison est appliqué à en régler toute la
structure, et qu'un peintre cherche seulement ce qui est
propre à l'embellir, on doit juger de nous de la môme
manière.
jl. Il est, en effet, du devoir de celui qui compose
une histoire, d'en recueillir les différentes matières, de
les raconter dans un certain ordre, et de rechercher
avec grand soin les circonstances particulières de ce qu'il
raconte.
52. Mais on ne doit pas trouver mauvais que celui qui
fait un abrégé affecte d'être court dans ce qu'il écrit, et
qu'il évite de s'étendre en de longs discours.
î?. Nous commencerons donc ici notre narration, et
nous finirons notre préface ; car il y aurait de la folie
d'être long avant de commencer une histoire, tandis que
l'on serait court dans l'histoire même.
COMMENTAIRE
le monde, et de ménager leurs intérêts communs.
jL 29. Veritatem quidem de singulis aucto-
ribus concedentes. Le grec (1) : Nous laissons à
ihislorien, le soin de donner une description ache-
vée de chaque chose ; pour nous, nous nous effor-
çons de suivre les traits d'un abrégé. Il fait allusion
à l'art des peintres. Jason est comme un peintre
habile, qui a travaillé à faire un excellent tableau ;
pour moi, je me contente d'en donner une réduc-
tion ou une copie en petit.
f. 30. Sicut enim nov^e domus architecto de
universa structura curandum est, etc. Jason
est ce savant architecte, chargé d'élever ce mo-
nument ; je ne suis que comme un peintre occupé
à orner quelques parties de l'édifice. Les termes
grecs, qui sont traduits par peindre, signifient à la
lettre (2): Peindre au feu, et représenter des ani-
maux. Pour bien entrer dans la pensée de l'au-
teur, on doit faire attention que les anciens
avaient coutume d'orner leurs constructions de
peintures ; mais d'une manière assez différente de
la nôtre. Ils peignaient souvent de grandes pièces
à fresque, et chargeaient de peintures toutes les
murailles d'une salle ou d'une galerie (3). Ce
n'était pas de simples tableaux, que l'on plaçait
où l'on voulait; c'était une série de peintures, in-
séparables des murailles. Pour les conserver, et
pour donner du lustre à la peinture, on enduisait
le mur avec de la cire blanche (4), fondue avec
un peu de miel ; et, ayant étendu cette composi-
tion avec une brosse, on réchauffait avec un ré-
chaud, puis on la polissait, en passant dessus
un linge bien net. C'est ce qu'on appelait peindre
avec le feu, ou brûler. Il y avait encore une autre
manière de peindre avec le feu, plus recherchée
et plus riche; elle consistait à représenter d'ab&rd,
en creusant avec un fer chaud, la figure que l'on
voulait peindre sur le bois ou sur l'ivoire ; on y
appliquait ensuite avec un pinceau, de la cire
blanche fondue avec de l'huile et, après cela, on
échauffait cette cire avec des charbons allumés,
jusqu'à ce que le bois suât; puis on le frottait
avec du suif, et enfin avec du linge, en sorte que
cette peinture devenait luisante comme du mar-
bre, et ne se gâtait, ni à l'eau, ni au vent, ni au
soleil ; c'était une sorte d'émail. Pour revenir à
l'abréviateur de Jason, il se compare à un pein-
tre, qui orne les salles ou les galeries d'un bâti-
ment, et qui leur donne le lustre ou le vernis, par
le moyen de la cire.
f. 31. Etenim intellectum colligere. et ordi-
nare sermonem. Le grec porte (j) : Il est du de-
voir de celui qui écrit un corps d'histoire, de s'éten-
dre et de promener son discours, et d'embrasser
diverses choses, entrant dans le détail des événe-
ments.
(1) To uev ota'ptSoOv r.iry = ,'io-Tojv ïw ^uvYpa'fSï r.aoa-
•/'•jc.rj'îavTe:, TO os ir.ir.vpzÛE'jOct'. ^oî; ù^oypaajjtoî; Tij;
EWCOU.JJÇ Ôia/.OVOÛVCE'.
(2) "iô oè iy/.txluv /.ai Çojypaa-îv siït^Etpo'ûvu.
(?) Voyez Vitruve, t. vu. c. ;.
(4) Idem. ibid. c. 9. - Monuments de Ninive. - Description
des ruines de Pompeï et d'Herculanum.
(5) To [j.èv É;ji6aTeÙ£iv, xal rapiTtâtov ;roi£îaQai Xo'yov, xal
noXu7ipayu.oveîv Év tôt; xaià [j.£po;, tài Tfj; iuTOpi'a; âpx,7)"
ys'ir) xaOrfxEi.
CHAPITRE III
Bonheur des Juifs sous le pontificat d'Onias III. Simon, préfet du temple, fait savoir à
Séleucus, roi de Syrie, qu'il y a de grands trésors dans le temple. Héliodore est
envoyé pour les enlever. Dieu le châtie par la main des anges.
I. Ifjtur cum s&ncta civitas habitaretur in omtii pace,
leges etiam adhuc optime custodirentur, propier Onias
pontifias pietatem, et animos odio habentes mala,
t. Fiebat ut et ipsi reges et principes locum summo
honore dignum ducerent, et templum maximis muneribus
illustrarent;
;. Ita ut Séleucus, Asiœ rex, de redditibus suis prass-
taret omnes sumptus ad ministerium sacrificiorum perti-
nentes.
4. Simon autem, de tribu Benjamin, prœpositus templi
constitutus, contendebat, obsistente sibi principe sacer-
dotum, iniquum aliquid in civitate moliri.
1. La cité sainte jouissant donc d'une paix parfaite, et
les lois y étant exactement observées, à cause de la piété
du grand prêtre Onias et de la haine qu'il avait dans le
cœur contre tout mal,
2. Il arrivait de là que les rois mêmes et les princes
étrangers se croyaient obligés d'avoir pour le lieu saint
une grande vénération, et honoraient le temple de riches
présents;
j. En sorte que Séleucus, roi d'Asie, faisait fournir de
son domaine toute la dépense qui regardait le ministère
des sacrifices.
4. Mais Simon, qui était de la tribu de Benjamin, et
qui commandait à la garde du temple, s'efforçait de faire
quelque entreprise injuste dans la ville, malgré la résis-
tance qu'y apportait le prince des prêtres.
COMMENTAIRE
f. I. CUM SANCTA CIVITAS HABITARETUR IN
OMNI PACE... PROPTER ONI^E PONTIEICIS PIETATEM,
ET ANIMOS ODIO HABENTES MALA. Oll'iaS III (i), fils
de Simon 1 1 . C'est à ce grand prêtre que les Lacé-
démoniens adressèrent la lettre reproduite dans
le premier livre des Maccabées (2), et dans Josè-
phe (3); c'est également à lui que l'auteur de
l'Ecclésiastique a consacré le bel éloge que nous
lisons dans son livre (4). La paix et la religion
fleurirent sous son heureux gouvernement. Prop-
ier OnLv pontifias pietalem, et animos odio haben-
tes mala (<,). Ce pontife avait une vraie et solide
piété, une fermeté inébranlable contre les mé-
chants, un zèle qui ne pouvait souffrir le moindre
désordre. On voit encore un fait très glorieux
pour sa mémoire au chapitre xv, 12, et au chapi-
tre 1 du quatrième livre des Maccabées.
p. 2. Fiebat ut et ipsi reges... locum summo
HONORE DIGNUM DUCERENT. SoUS SOn pontificat,
Antiochus le Grand combla de bienfaits la ville
et le temple de Jérusalem. On peut voir les let-
tres que ce prince écrivit à ce sujet à Ptolémée,
gouverneur de la province (6). Sous ce terme,
locum, on peut entendre, ou la ville, ou le tem-
ple; cette expression se prend indifféremment
pour désigner l'un et l'autre (7); mais ce qui ferait
croire qu'il veut marquer la ville de Jérusalem,
c'est qu'immédiatement après, il parle du temple ;
Et templum maximis muneribus illustrarent.
f. 3. Séleucus, Asiœ rex. Séleucus, roi d'Asie,
surnommé Philopator, fils aîné d'Antiochus le
Grand, roi de Syrie, imita la piété de son père
envers le temple de Jérusalem. Mais les mauvais
rapports de Simon l'engagèrent à s'emparer du
trésor du temple et ce fait ternit sa mémoire.
v. 4. Simon, de tribu Benjamin, prœpositus
templi. Ce Simon n'était ni prêtre, ni lévite, puis-
qu'il était de la tribu de Benjamin ; l'emploi qu'il
occupait ne se donnait pourtant d'ordinairequ'aux
enfants de Lévi, comme on le voit dans l'histoire
des Rois et dans les Paralipomènes (8). Mais ce
n'était pas une nécessité que le préfet ou l'inten-
dant du temple, fût de cette tribu. Cet emploi
n'avait rien de sacré, ni d'incompatible avec la
qualité de simple laïque; il n'était chargé d'au-
cune fonction au-dedans du temple; son office se
(i) Joseph. Grot. Usser. alii.
(2) 1. M ace. xii. 20. et seq.
(;) Joseph. Antiq. I. xn. c. 5.
(d) Hccli. L.
(S) A là T7]v O'v.'oj tou A'p/ispe'co; sjasSetaviE, /.ai (j.iao-
rovrjpîav.
(0, Vide Joseph. Antiq. I. xn. c. j.
(7) Joan. xi. 48. et infrci f. 12. locus pro templo et forte.
Psalm. lxxviii. - Jerem. xix. ;. et passim pro Jérusalem.
(b) Voyez iv. Reg. XXII. 5. - 1. Par. xxvi. 29. et seq. -
11. F.sd. xi. 16. Super omnia opéra quas erant forinsecus
in domo Dei,
II. - MACCABÉES. - III. - MISSION D'HÉLIODORE
169
5. Sed cum vincere Oniam non posset, venit ad Apol-
lonium, Tharsasœ filium, qui eo tempore erat dux Cœle-
syrias et Phœnicis ;
6. Et nuntiavit ei, pecuniis innumerabilibus plénum êsse
rerarium Jerosolymis, et communes copias immensas
esse, quse non pertinent ad rationem sacrificiorum ; esse
autem possibile sub potestate régis cadere universa.
7. Cumque retulisset ad regem Apollonius de pecuniis
quas delatae erant, ille accitum Heliodorum, qui erat
super negotia ejus misit cum mandatis, ut prajdictam
pecuniam transportaret.
8. Stalimque Heliodorusiter est aggressus, specie qui-
dem quasi per Cœlesyriam et Phœnicen civitates esset
peragraturus.re vera autem régis propositum perfecturus.
9. Sed, cum venisset Jerosolyman, et bénigne a summo
sacerdote in civitate esset exceptus, narravit de dato
indicio pecuniarum, et, cujus rei gratia adesset, aperuit ;
interrogabat autem, si vere hase ita essent.
10. Tune summus sacerdos ostendit deposita esse heec,
et victualia viduarum et pupillorum ;
5. Et voyant qu'il ne pouvait vaincre Onias, il alla trou-
ver Apollonius, fils de Tharsée, qui commandait en ce
temps là dans la Coelé-Syrie et dans la Phénicie.
6. Il lui déclara qu'il y avait dans Jérusalem des sommes
infinies d'argent ramassées dans un trésor ; que ces
sommes étaient immenses et destinées pour les affaires
publiques, et non pour la dépense des sacrifices ; et
qu'on pourrait bien trouver le moyen de faire tomber
tous ces trésors entre les mains du roi.
7. Apollonius ayant donné au roi cet avis, qu'il avait
reçu touchant cette grande quantité d'argent, le roi fit
venir Héliodore, qui était son premier ministre, et l'en-
voya avec ordre de faire transporter tout cet argent.
8. Héliodore se mit aussitôt en chemin, comme pour
visiter les villes de Cœlé-Syrie et de Phénicie, mais
véritablement dans le dessein d'exécuter l'intentiondu roi.
9. Étant arrivé à Jérusalem, et ayant été reçu dans la
ville par le grand prêtre avec déférence, il lui déclara
l'avis qu'on avait donné au roi touchant cet argent, et le
vrai suiet de son voyage ; et il demanda si ce qu'on avait
dit était véritable.
10. Alors le grand prêtre lui représenta que cet argent
était en dépôt dans le temple ; que c'était la subsistance
des veuves et des orphelins ;
COMMENTAIRE
bornait à l'entretien des bâtiments du temple ; ou
à acheter les provisions et les habits des prê-
tres (1).
CONTENDEBAT, OBSISTENTE SIBI PRINCIPE SACER-
DOTÎJM, INIQUUM ALIQUID IN CIVITATE MOLIRI. Le
grec de l'édition romaine (2) : // étail en différend
avec le grand prêtre, sur les transgressions de la
loi, qui se commettaient dans la ville. Les autres
éditions portent, que ce différend regardait la
charge de lieutenant de police, ou de gouverneur
de la ville.
f. ). Venit ad Apollonium. C'est le même
dont il est parlé dans le premier livre des Macca-
bées, et qui attaqua Jonathas avec si peu de
succès (3).
,v. 6. Communes copias immensas esse. Simon
n'ignorait pas que Séleucus n'eût du respect pour
le temple de Jérusalem, puisqu'il fournissait à ses
frais les victimes pour les sacrifices (q). Il lui fait
comprendre que les Juifs ont dans le temple un
trésor public, qui renferme d'immenses richesses.
Un prince dans le besoin, comme était alors
Séleucus, encore chargé d'une partie du tribut
que les Romains avaient imposé à son père^ ne
manquait pas de prétextes, pour se saisir de ces
sortes de biens, des villes et des communautés.
La calomnie est toujours armée de prétextes
spécieux, capables d'imposer aux meilleures in-
tentions des princes. Séleucus, qui honorait,
comme on l'a dit, le temple de Jérusalem, n'au-
rait pas été si susceptible des mouvements d'ava-
rice qu'on voulait lui inspirer, si on ne lui eût
représenté les trésors du temple, comme n'étant
point destinés au culte sacré de la religion des
Juifs, mais aux dépenses de l'état. Il ne songe
point à s'informer davantage de la vérité, et, sans
consulter si la justice permettait qu'il fît ce que
la seule avarice lui inspirait, il charge Héliodore
d'aller enlever tout cet argent dont on lui avait
parlé.
,v. 7. Heliodorum, qui erat super negotia.
Le grec()) : Sur son argent; surintendant de ses
finances. L'édition romaine et le syriaque lisent
comme la Vulgate : Qui était sur ses affaires. Le
quatrième livre des Maccabées, ne parle point
d'Héliodore ; il porte que ce fut Apollonius
qui vint au temple, et qui y fut traité comme
l'Ecriture le dit ici d'Héliodore.
f. 10. Deposita esse hjec, et victualia vidua-
rum et pupillorum. Le grec lit simplement, que
c'étaient (6) les dépôts des veuves et des orphelins.
On peut l'entendre en deux manières : la pre-
mière, que cet argent était des aumônes ou des
offrandes qui se faisaient au temple, pour l'entre-
tien des veuves et des orphelins, conformément
à la loi (7), qui veut que, chaque année, on apporte
au temple, ou en argent, ou en espèces, une sorte
de dîmes, pour y faire des festins, en faveur de
la veuve et de l'orphelin. La seconde manière
d'expliquer ce passage, est de dire que les veuves
(i) n. Paralip. xxxiv. 8. 9. - iv. Reg. xu. 10.
(2) Atr)V£/')r) tùi âpytepet 7:spt xfjç xaià Trjv 7côXtv rapa-
vop.(a;. Ms. Alex, et Ed.it. Reg. resp'. xr]z /.ara ti)V r.ijlw
âyopavou.taç.
(?) 1. M ace. x. 69. et seq.
(4) Sup.f. h
(5) Tô; ÉJîi tûv ^p7)jjtâta)v. Edit. Rom. et Ms. Alex, tôv
ici t(ùv JtpaypiaTOJv.
(6) n<xpaQ}]xaç e'tvoa /7]pàivrs xat âpcpavffiv. Ita et Syr.
(7) Deut. xtv. 2?. 24. et seq. lia Lyran. Menoch.
I"0
II. MACCABÉES. — III. - MISSION D'HÉLIODORE
il. Quaedam vero esse Hircani Tobiae, viri valde emi-
nentis,in his quœ detulerat impius Simon; uni versa au te m
argenti taler.ta esse quadringenta, et auri ducenta;
12. Decipi vero eos, qui credidissent loco et templo,
quod per universum mundum honoratur, pro sui venera-
tione et sanctitate, omnino impossibile esse.
i ;. At i lie, pro his quœ habebat in mandatis a rege,
dicebat omni génère régi ea esse deferenda.
14. Constituta autem die intrabat de his Heliodorus
ordinaturus. Non modica vero per universam civitatem
erat trepidatio.
«Ç. Sacerdotes autem ante altare cum stolis sacerdota-
libus jactaverunt se, et invocabant de cœlo eum, qui de
depositis, legem posuit ut his, qui deposuerant ea, salva
custodiret.
16. Jam vero qui videbat summi sacerdotis vultum,
mente vulnerabatur ; faciès enim et color immutatus
declarabat internum animi dolorem.
17. Circumfusa enim erat mœstitia quœdam vir>, et
horror corporis, per quem manifestus aspicientibus dolor
cordis ejus efficiebatur.
18. Alii etiarn gregatim de domibus confluebant, publica
supplicatione obsecrantes, pro eo quod in contempium
locus esset venturus.
11. Qu'une partie même de cet argem, que l'impie
Simon av.iit signalé, appartenait à Hyrcan fils, de Tobie,
homme d'une très grande considération, et que toute
cette somme consistait en quatre cents talents d'argent,
et en deux cents talents d'or ;
12. Qu'au reste, il était absolument impossible de trom-
per ceux qui avait cru ne pouvoir mieux assurer leur
argent, qu'en le mettant en dépôt dans un temple qui
était en vénération à toute la terre pour sa sainteté.
II. Mais Héliodore, insistant sur les ordres qu'il avait
reçus du roi, répondit qu'il fallait, à quelque prix que ce
fût, que cet argent fût porté au roi.
14. Il entra donc dans le temple le jour qu'il avait
marqué pour exécuter cette entreprise : cependant toute
la ville était remplie d'effroi.
IÇ. Les prêtres se prosternaient au pied de l'autel avec
leurs robes sacerdotales, et ils invoquaient Celui qui est
dans le ciel, et qui a fait la loi louchant les dépôts, le
priant de conserver les dépôts de ceux qui les avaient
mis dans son temple.
16. Mais nul ne pouvait regarder le visage du grand
prêtre, sans être touché jusqu'au cœur, car le change-
ment de son teint et de sa couleur marquait clairement la
douleur intérieure de son âme.
i/. Une certaine tristesse répandue dans tout son exté-
rieur, et l'horreur même dont son corps paraissait saisi,
découvraient à ceux qui le regardaient, quelle était la
plaie de son cœur.
18. Plusieurs accouraient en troupes de leurs maisons,
conjurant Dieu, par des prières publiques, de ne pas
permettre qu'un lieu si saint fût exposé au mépris.
COMMENTAIRE
et les orphelins, et en général quiconque avait
dessein de conserver plus sûrement ce qu'il avait,
le mettait en dépôt dans le temple, comme cela
se oratiquait de tous temps parmi tous les peuples.
On ne croyait pas pouvoir placer plus sûrement
ce qu'on avait de précieux, que dans ces lieux
sacrés (1).
Rien n'est plus commun que la disposition du
cœur d'Héliodore : il s'informe au grand prêtre,
si ce qu'on avait mandé au roi touchant ces tré-
sors immenses gardés dans le temple, était véri-
table : il apprend qu'ils y étaient, mais seulement
en dépôt, et qu'ils étaient même en partie desti-
nés pour la subsistance des veuves et des orphe-
lins. Mais il ne s'attache qu'à l'une de ces deux
vérités qui était capable de satisfaire l'avarice du
roi son maître, et il néglige l'autre qui était con-
traire à son dessein. Il se contente d'être assuré
de la vérité de ces trésors, sans se mettre en peine
de cette autre vérité bien plus importante qu'il
ne pouvait pas toucher à un dépôt, et à la vie des
pauvres veuves et des orphelins. C'est ainsi qu'il
arrive encore tous les jours, que des vérités de
l'Évangile qui nous sont prêchées, nous en pre-
nons ce qui paraît plus conforme à notre humeur,
ou moins opposé à nos inclinations; et que nous
laissons à part ce qui choque davantage la pas-
sion dominante de notre cœur. Nous nous atta-
chons à ce qui nous plaît, et nous rejetons ce qui
nous gêne.
). II. Qu/EDAM VERO ESSE TOBI.E HlRCANI.
Qu'une partie de cet argent appartenait à Hyrcan
Tobie, ou plutôt, à Hyrcan, fils de Joseph, petit-
fils de Tobie, alors fort connu dans ce pays (2).
Il avait été établi par Séleucus, gouverneur de
tout le pays au-delà le Jourdain, et il en levait les
tributs pour le roi.
}/. 12. Decipi vero qui credidissent loco...
impossibile esse. Le grec (î)'-H était injuste,
indigne, contraire à toutes les lois, de frauder
ceux qui avaient confié leur argent au temple. Les
jurisconsultes disent qu'une chose est impossible,
lorsqu'elle est contre la justice.
^.15. Sacerdotes autem ante altare cum
stolis sacerdotalibus jactaverunt se, etc. On
vit autrefois Moïse combattre les ennemis du peu-
ple de Dieu, et les vaincre, en étendant ses mains
vers le ciel et en priant. C'est aussi par la prière,
que ces prêtres se disposent à résister à la vio-
lence d'Héliodore, qui ne regardait que les ordres
de son maître, sans envisager le respect qu'il de-
vait avoir pour un lieu si saint. Comme le grand
(1) Vide si placet Grol. hic.
(2) Joseph. Antiq. t. xn. c.
ï>erar et ex eo Tir in.
4-
(?) A'ôtx7]0fjvat os toù; TCsptuxsu/.ôta; tïj toû to'tiou âyico-
aûv»j... r.txvtwi àurj/avov E^ivat.
II.
MACCABÉES. — III. - DÉSOLATION DES JUIFS
17'
10. Accinctaeque mulieres ciliciis pectus, per plateas
confluebant ; sed et virgines quae conclusas erant, procur-
rebant ad Oniam, alias autem ad muros, quasdam vero
per fenestras aspiciebant ;
20. Universas autem protendentes raanus in cœlum
deprecabantur :
21. Erat enim misera commistas multitudinis, et magni
sacerdotis in agone constituti expectatio.
22. Et hi quidem invocabant omnipotentem Deum, ut
crédita sibi, his qui crediderant, cum omni integritate
conservarentur ;
2?. Heliodorus autem, quod decreverat, perficiebat
eodem loco ipse cum satel litibus circa œrarium prassens.
24. Sed spiritus omnipotentis Dei magnam fecit suae
ostensionis evidentiam, ita ut omnes, qui ausi fuerant
parère ei, ruentes Dei virtute, in dissolutionem et for-
midinem converterentur.
25. Apparuitenim illis quidam equus terribilem habens
sessorem, optimis operimentis adornatus ; isque cum im-
petu Heliodoro priores calces elisit; qui autem ei sede-
bat, videbatur arma habere aurea.
19. Les femmes revêtues de cilices, qui les couvraient
jusqu'à la ceinture, allaient en foule par les rues ; les
filles mêmes, qui demeuraient auparavant renfermées,
couraient les unes vers Onias, les autres vers les murailles
du temple, et quelques-unes regardaient par les fenêtres.
20. Toutes adressaient leurs prières à Dieu, en éten-
dant leurs mains vers le ciel.
21. Et c'était vraiment un spectacle digne de piété, de
voir toute cette multitude confuse de peuple, et le grand
prêtre accablé d'affliction, dans l'attente où ils étaient de
ce qui arriverait.
22. Pendant que les prêtres invoquaient le Dieu tout-
puissant, afin qu'il conservât inviolable le dépôtde ceux
qui le leur avaient confié,
2î. Héliodore ne pensait qu'à exécuter son dessein,
étant lui-même présent avec ses gardes à la porte du
trésor.
24. Mais l'esprit du Dieu tout-puissant se fit voir alors
par des marques bien sensibles ; en sorte que tous ceux
qui avaient osé obéir à Héliodore, étant renversés par
une vertu divine, furent tout d'un coup frappés d'une
frayeur qui les mit hors d'eux-mêmes.
25. Car ils virent paraître un cheval très richement
caparaçonné, sur lequel était monté un homme terrible,
qui, fondant avec impétuosité sur Héliodore, le frappa
en lui donnant plusieurs coups des deux pieds de devant,
et celui qui était monté dessus semblait avoir des
armes d'or.
COMMENTAIRE
prêtre Onias surpassait autant les autres par sa
piété, que par l'éminence de sa dignité, il sentait
encore plus vivement l'outrage qu'on voulait faire
au temple en ravissant ces dépôts sacrés. Son
silence et la douleur intérieure de son cœur
étaient une voix qui s'élevait jusqu'au trône du
Seigneur : et son visage abattu faisait connaître à
tous ceux qui le voyaient, quelle était l'angoisse
de son âme, et quelle devait être aussi celle de
tous les vrais serviteurs de Dieu. Cependant l'im-
pie croyait triompher, parce qu'on ne lui opposait
point d'autres armes que les prières. Mais ces
gémissements arrachés à la faiblesse, à des prêtres
désarmés, à une population timide, à des femmes
et à des jeunes filles consternées, sont plus
puissants que l'audace, car le ciel est intéressé à
les soutenir.
f. 19. Sed et virgines qvje conclus^ erant,
PROCURREBANT AD ONIAM, ALI/E autem ad muros.
Dans l'Orient, les filles ne paraissaient presque
jamais au dehors de la maison ; les Hébreux leur
donnent le nom d,Alamôth(i), qui signifie cachées,
fermées. L'auteur ne peut guère exprimer d'une
manière plus forte, la consternation où se trouva
Jérusalem, qu'en disant que les vierges même
sortirent de leurs maisons, et coururent les unes
vers Onias, les autres vers les murailles, comme
dans une ville prise par l'ennemi.
jfr. 21. Erat enim misera commist^e multitudi-
nis, et magni sacerdotis in agone constituti
expectatio. Le grec (2): Celait une chose digne
de compassion, de voir celte multitude jetée par
terre confusément, et l'attente du grand prêtre, qui
était alors dans un violent combat, partagé entre
la crainte et l'espérance. Dans de sembla-
bles occasions, on a souvent vu les Juifs se jeter
par terre, et y demeurer couchés pendant un long
temps, pour apaiser la colère du ciel, ou pour
fléchir la dureté de ceux qui les persécutaient (3).
f. 24. Qui ausi fuerant parère ei. Le grec (4):
Tous ceux qui furent asse% hardis pour s'y trouver,
pour se trouver avec Héliodore, quand il voulut
ouvrir le trésor, etc.
Jt. 25. Apparuit enim illis quidam equus, etc.
Les prières, les soupirs, les vœux ardents du grand
prêtre Onias et des autres prêtres, du peuple, des
femmes et des filles, qui imploraient tous ensem-
ble, avec une profonde humilité, le secours du
ciel, firent une sainte violence à Dieu, qui humilia
toutd'un coup le superbe Héliodoreavectousceux
de sa suite. Tout fut renversé en un instant par
la vertu de l'Esprit de Dieu. Ces soldats impi-
toyables que n'arrêtait aucun scrupule, senti-
rent combien ils étaient extravagants d'entre-
prendre d'attaquer ainsi sa toute puissance. Cet
homme terrible habillé magnifiquement, et monté
(1) rirnSy A'i 8à y.a-câxXetatoi tojv 7rap0£va)v. Vide m.
Macc. 1. 15. - Philo de Flacco.
(2) E'Xeêiv oè rjv xov toû; rcXrjûou; r.ajxjjLtY^ KpdrcTuxjtv,
■trjvie toû [xcyâXou ocayiovi-ôvco; <xp-/_iepc'u>ç rcpoaooxiav-
{)) Verset 1$. el Joseph, passim. et Judith. îv.
et 11. Macc. xiii. 12. etc.
(4) Q"<m mxvta; xat«i:oXfj.7J3avca; auvsXOetv.
vu. 4.
I"'2
MACCABÉES.
III.- CHATIMENT D'HÉLIODORE
26. Alii etiam apparuerunt duo juvenes virtute decori,
optimi gloria, speciosique amictu, qui circumsteterunt
eum, et ex utraque parte flagellabant, sine intermissione
multis plagis verberantes.
27. Subito autem Heliodorus concidit in terram, eum-
que multa caligine circumfusum rapuerunt, atque in sella
gestatoria positum ejecerunt.
28. Et is, qui cum multis cursoribus et satellitibus pras-
dictum ingressus est aerariiim, portabatur nullo sibi auxi-
lium ferente, manifesta Dei cognita virtute.
29. Et i I le quideni per divinam virtutem jacebat mutus,
atque omni spe et salute privatus.
îo. Hi autem Dominum benedicebant, qui magnificabat
locum suum; et templum, quod pauto ante timoré ac tu-
multu erat plénum, apparente omnipotente Domino, gau-
dio et laetitia impletum est.
51. Tune vero ex amicis Heliodori quidam rogabant
confestim Oniam ut invocaret Altissimum, ut vitam dona-
ret ei qui in supremo spiritu erat constitutus.
? 2. Considerans autem summus sacerdos, ne forte rex
suspicaretur malitiam aliquam ex Judasis circa Heliodo-
rum consummatam, obtulit pro salute viri hostiam salu-
tarem.
?;. Cumque summus sacerdo: exoraret. iidem juvenes,
eisdem vestibus amicti, astantes Heliodoro, dixerunt :
Onia; sacerdoli gratias âge ; nam propter eum Ijominus
tibi vitam donavit.
54. Tu autem a Deo flagellatus, nuntia omnibus magna-
lia Dei et potestatem. Et his dictis, non comparuerunt.
75. Heliodorus autem. hostia Deo oblata, et votis ma-
gnis promissis ei qui vivere illi concessit, et Oniae gra-
tias agens, recepto exercitu, repedabat ad regem.
26. Deux autres jeunes hommes parurent en même
temps, pleins de force et de beauté, brillants de gloire,
et richement vêtus, qui, se tenant aux deux côtés
d'Héliodore, le fouettaient chacun de son côté et le
frappaient sans relâche.
27. Héliodore tomba tout d'un coup par terre, enve-
loppé d'obscurité et de ténèbres : et ayant été mis dans
une chaise, on l'emporta de là, et on le chassa hors du
temple.
28. Ainsi celui qui était entré dans le trésor avec un
grand nombre de satellites et de gardes était emporté,
sans que personne pût le secourir ; la vertu de Dieu
s'étant fait connaître manifestement.
20. Cette vertu divine le réduisit à demeurer couché
par terre, sans voix, et sans aucune espérance de vie.
jo. Mais les autres bénissaient le Seigneur de ce qu'il
relevait la gloire de son lieu saint ; et le temple qui
était rempli auparavant de frayeur et de tumulte, le fut
ensuite d'allégresse et de cris de joie, le Seigneur y
ayant fait paraître sa toute-puissance.
JI. Alors quelques-uns des amis d'Héliodore se hâtè-
rent de supplier Onias de vouloir invoquer le Très-Haut,
afin qu'il donnât la vie à celui qui était réduit à l'extré-
mité.
?2. Le grand prêtre considérant que le roi pourrait
peut-être soupçonner les Juifs d'avoir commis quelque
attentat contre Héliodore, offrit pour sa guérison une
hostie salutaire.
55. Et lorsque le grand prêtre faisait sa prière, les
mêmes jeunes hommes, revêtus de leurs habits, se pré-
sentèrent à Héliodore, et lui dirent : Rendez grâces au
grand prêtre Onias, car le Seigneur vous a donné la vie
à cause de lui.
;4. Ayant donc été ainsi châtié de Dieu, annoncez à
tout le monde ses merveilles et sa puissance. Après avoir
dit ces paroles, ils disparurent.
?i. Héliodore ayant offert une hostie à Dieu, et fait
des vœux et de grandes promesses à Celui qui lui avait
redonné la vie, rendit grâces à Onias, alla rejoindre les
troupes, et retourna vers le roi.
COMMENTAIRE
sur un cheval, qui parut fondre d'abord sur Hé-
liodore pour le châtier de son orgueil, pouvait
bien représenter saint Michel, le protecteur du
peuple de Dieu : et ces deux autres jeunes hom-
mes qui parurent en même temps tout brillants de
gloire, et qui fouettèrent longtemps Héliodore,
jusqu'à le laisser à demi-mort, étaient sans doute
deux autres anges, à qui Dieu avait donné ordre
de réprimer l'insolence de ce chef impie, et de
venger l'honneur de son temple et sa propre gloi-
re. Saint Ambroise prenait autrefois son peuple à
témoin, combien il s'était souvent opposé aux em-
pereurs, et quels combats il avait été obligé de
soutenir pour la défense des dépôts sacrés que l'on
confiait à la garde de l'Église ( 1 ), et il assure qu'il
fallut un jour se servir de l'exemple du châtiment
d'Héliodore, pour faire entendre à l'empereur
qu'il voulait usurper des biens sacrés auxquels il
était très dangereux de toucher : Exposila divinœ
legis auctoritate, et Heliodori periculo, vix tandem
rationem imperator accepit.
jh 27. Concidit in terram. L'arabe dit qu'il
entra à cheval dans le temple, et qu'il fut renversé
de son cheval par un ange armé de toutes pièces,
et monté sur un cheval d'une grandeur extraor-
dinaire (2).
Jr. 32. Hostiam salutarem. Le grec, simple-
ment, une hostie ; le traducteur a ajouté salutaire,
avec raison, puisqu'en effet, ce sacrifice était
pour obtenir la guérison d'Héliodore.
j8\ 33. Propter eum Dominus tibi vitam do-
navit. Un si grand prodige étonna ces infidèles,
et, frappés de la puissance du Dieu des Juifs, ils
ne doutèrent point que Celui qui, par une vertu
divine, avait réduit tout d'un coup Héliodore à
une si grande extrémité, ne pût aussi l'en retirer
par sa volonté toute-puissante. Ainsi la foi que
ces idolâtres firent paraître en cette circonstance,
était comme une autre espèce de prodige aussi
surprenant que le premier : et cette humble sou-
mission avec laquelle ils viennent prier le grand
prêtre de redonner la santé à celui qui venait de
(1) Ambros. de Offic. lib 11. cap. 29.
(2) Arab. 11. Macc. 1. in Bibt. Polygloti. Paris.
II. — MACCABÉES. — III. - SES SENTIMENTS
'73
;6- Testabatur autem omnibus ea quae sub oculis suis
viderat opéra magni Dei.
;■?. Cum autem rex interrogasset Heliodorum, quis
esset aptus adhuc semel Jerosolymam mitti, ait :
j8. Si quem habes hostem, aut regni tui insidiatorem,
mitte illuc, et HagelUitum eum recipies, si tamen evase-
rit, eo quod in loco sit vere Dei quaedam virtus.
10. Nam ipse, qui habet in cœlis habitationem, visi-
tator et adjutor est loci illius, et venientes ad malefacien-
dum percutit,ac perdit.
40. Igitur de Heliodoro, et asrarii custodia, ita res se
habet.
?6. Il rendait témoignage à tout le monde des œuvres
du grand Dieu, qu'il avait vues de ses yeux.
57. Et le roi lui demandant qui lui paraissait propre
pour être encore envoyé à Jérusalem, il lui répondit :
j8. Si vous avez quelque ennemi, ou quelqu'un qui ait
formé des desseins sur votre royaume, envoyez-le en ce
lieu; et vous le verrez revenir déchiré de coups, si néan-
moins il en revient, parce qu'il y a véritablement quelque
vertu divine dans ce temple.
Î9. Car celui qui habite dans le ciel, est lui-même pré-
sent en ce lieu, il en est le protecteur : et il frappe de
plaies, et fait périr ceux qui viennent pour faire du mal.
40. Voilà donc ce qui se passa à l'égard d'Héliodore,
et la manière dont le trésor fût conservé.
COMMENTAIRE
se moquer de toutes ses remontrances, était une
preuve de leur conviction.
Héliodore ne méritait pas d'obtenir ce que ses
amis demandaient pour lui : mais il était de la
grandeur de Dieu de faire de ce chef impie un
témoin public de son pouvoir suprême. C'était
aussi un devoir pour le grand prêtre, de ne point
exposer la religion et les Juifs à la calomnie des
flatteurs qui approchaient de la personne du roi :
et d'ailleurs, le caractère des grands serviteurs
de Dieu, tel qu'était Onias, a toujours été un
esprit de charité et de douceur, qui les porte à
faire du bien à ceux qui leur font du mal, et à
demander miséricorde pour ceux que la main de
Dieu a frappés, lorsqu'il y a lieu d'espérer que
cette indulgence sera utile à eux-mêmes, ou aux
autres.
Ce que les deux anges témoignèrent à Hélio-
dore, lorsqu'ils lui dirent en le guérissant, de ren-
dre grâces au grand prêtre Onias, parce que le
Seigneur lui avait donné la vie à cause de lui, doit
faire connaître combien la prière ou la malédiction
des ministres de Dieu est puissante, et combien
on doit appréhender d'attirer sur soi leur juste
indignation ; puisque la vie ou la mort, d'Hélio-
dore était alors, selon que les anges le déclarent
hautement, entre les mains d'Onias.
f. 39. ViSITATOR ET ADJUTOR EST LOCI ILLIUS.
Le grec [( 1) : // est l'inspecteur, le gardien, le dé-
Jenseur de ce lieu. Il y préside, il le protège.
Tout est étonnant dans cette histoire : L'im-
piété d'Héliodore, qui veut d'abord piller le tem-
ple malgré toutes les remontrances d'Onias ; la
foi de ce souverain pontife et des autres prêtres,
qui a la force de faire une sainte violence à Dieu;
la punition si miraculeuse de cet officier du roi ;
la loi surprenante de ses amis ; sa guérison sur-
naturelle ; et sa généreuse liberté à annoncer à
tout le monde les merveilles et la puissance de Dieu,
selon l'ordre que les anges lui avaient donné.
Mais ce qui doit paraître encore plus étonnant
que toutes ces choses, est l'aveuglement et l'ava-
rice de ce prince, qui, non seulement ne se rend
point à des témoignages si sensibles de la divine
toute-puissance, mais qui semble même n'y faire
aucune attention. Il entend dire à son premier
ministre la manière dont Dieu l'avait empêché
d'exécuter l'ordre qu'il avait reçu de lui, et sa
guérison miraculeuse qui avait été l'effet des
prières du grand prêtre: mais, étant sourd à cette
voix si éclatante qui était capable de ressusciter
un mort, il demande froidement au même ministre
qui lui attestait tous ces prodiges, lequel de ses
officiers il croyait le plus capable d'être chargé de
la même commission, et envoyé de nouveau à
Jérusalem en sa place, pour en enlever tous les
trésors. La réponse d'Héliodore est remarquable;
elle prouve la réalité des souffrances qu'il avait
éprouvées.
(1 E'nÔTiTr); eari /.a>. J5o7)0o; èxsc'voo toù iù7tou.
CHAPITRE IV
Calomnies de Simon. Jason obtient à prix d'argent la souveraine sacrificature. Il commet
toutes sortes d'impiété. Antiochus est reçu à Jérusalem. Ménélails supplante Jason.
Il est accusé devant Antiochus, et laisse à sa place Lysimaque. Onias reprend Ménélails,
et est tué par Andronique. Antiochus venge la mort d' Onias. Lysimaque est tué par le
peuple. Ménélails rachète sa vie pour une somme d'argent.
!. Simon autem, praedictus pecuniarum et patriae dela-
tor, maie loquebatur de Onia, tanquam ipse Heliodorum
instigasset ad haec, et ipse fuisset incentor malorum ;
2. Provisoremque civitatis, ac defensorem gentis suae,
et asmulatorem legis Dei, audebat insidiatorem regni
dicere.
?. Sed cum inimicitiae in tantum procédèrent, ut etiani
per quosdam Simonis necessarios homicidia fièrent,
4. Considerans Onias periculum contentionis, et Apol-
lonium insanire, utpote ducem Cœlesyriae et Phœnicis,
ad augcfndam malitiam Simonis, ad regem secontulit,
<;. Non ut civium accusator, sed communem utilitatem
apud semetipsum universas multitudinis considerans.
6. Videbat enim sine regali providentia impossibile
esse pacem rébus dari, nec Simonem posse cessare a
stultitia sua.
7. Sed post Seleuci vitae excessum, cum suscepisset
regnuin Antiochus, qui Nobilis appellabatur, ambiebat
Jason, frater Onias, summum sacerdotium ;
8. Adito rege, promittens ei argenti talenta tr.centa
sexaginta, et ex redditibus ahis talenta octoginta ;
1. Mais Simon, qui avait, comme on l'a dit, donné l'avis
touchant cet argent, et qui s'était déclaré contre sa
patrie, décriait Onias par ses médisances, comme si c'eût
été lui qui eût inspiré à Héliodore ce qu'il avait fait, et
qu'il eût été la cause de tous ces maux.
2. El il osait faire passer pour un traître au royaume
le protecteur de la ville, le défenseur de sa nation, et
l'observaieur très zélé de la loi de Dieu.
?. Mais comme celte inimitié passa jusqu'à un tel excès,
qu'il se commettait même des meurtres par quelques
amis de Simon,
4. Onias, considérant les suites dangereuses de ces
querelles, et l'emportement d'Apollonius, qui, ayant
l'autorité de gouverneur dans la Cœlé-Syrie et dans la
Phénicie, secondait et fortifiait encore la malice de
Simon, alla trouver le roi,
5. Non pour accuser ses concitoyens, mais dans l'inté-
rêt commun de tout son peuple, qu'il se proposait uni-
quement.
6. Car il voyait bien qu'il était impossible de pacifier
les choses autrement que par l'autorité royale, et qu'il
n'y avait que ce seul moyen de faire cesser les folles
entreprises de Simon.
7. Mais après la mort de Séleucus, Antiochus surnommé
l'Illustre, lui ayant succédé sur le trône, Jason, frère
d'Onias, tâchait d'usurper le souverain sacerdoce.
8. Étant venu pour cela trouver le roi, et lui promet-
tant trois cent soixante talenis d'argent, et quatre vingts
talents d'autres revenus,
COMMENTAIRE
f. 1. Tanquam ipse Heliodorum instigasset
ad hjec. Simon veut faire retomber sur le grand
prêtre Onias, l'odieux de l'entreprise d'Héliodore,
en publiant partout, quec'était lui qui avait décou-
vert au roi les trésors du temple.
jr. 1. Provisorem civitatis.... audebat insi-
diatorem regni dicere. Le grec(i) : // osait
appeler traître des affaires (publiques), le bienfai-
teur de la ville. Il accusait d'avoir trahi les inté-
rêts de sa patrie, celui à qui la ville avait tant
d'obligations.
v. 4. Ad regem se contulit. // alla trouver le
roi Séleucus Philopator le même qui avait envoyé
Héliodore à Jérusalem, bien informé, par consé-
quent,de celui qui lui avait donné avis des riches-
ses cachées dans le temple.
f. 7. Post Seleuci excessum, cum suscepisset
regnum Antiochus, qui nobilis appellabatur.
Nous avons marqué ailleurs (2) de quelle manière
Antiochus Épiphane, ou l'Illustre, monta sur le
trône de Syrie. C'est à ce prince que Jason, frère
d'Onias, s'adressa, pour obtenir la souveraine
sacrificature, et pour en déposséder son frère.
jh 8. Talenta trecenta sexaginta. Le qua-
trième livre des Maccabées compte en tout trois
mille six cent soixante talents, ce qui est une
(1) Tov £u£pY^T7]v xi); jioXsu);, ÉtciSoijXov iôjv 7tpavu.àTwv
(2) 1. Macc. 1. il.
II. — MACCABÉES. — IV. - SIMONIE DE JASON
■7i
9. Super hoec promittebat et alia centum quinquaginta,
si potestati ejus concederetur gymnasium et ephebiam
sibi constituere, et eos, qui in Jerosolymis erant, Antio-
chenos scribere.
g. Et de plus, cent cinquante autres talents, si on lui
donnait pouvoir d'établir une académie pour la jeunesse, et
de faire les habitants de Jérusalem citoyens de la ville
d'Antioche.
COMMENTAIRE
somme exorbitante, pour un aussi petit pays que
la Judée. Il s'agit probablement ici du talent atti-
que qui valait 5 . 5 60 francs 90.
Quiconque envisage toutes ces offres d'or et
d'argent que Jason fait à Antiochus, afin d'acheter
de lui la souveraine sacrificature, et le pouvoir
d'établir, dans la ville même de Jérusalem, une
académie toute profane et toute païenne, est sans
• doute frappé d'horreur; et il a peine à concevoir
que le propre frère de ce grand pontife, qui était
si saint et si modéré, ait pu se porter à un tel
excès de brutalité et d'impiété, que de mettre à
prix d'argent ce qu'il y avait de plus sacré dans la
religion. Mais peut-être que l'on ne remonte pas
jusqu'à l'origine de cet attentat sacrilège, et que
l'on n'en envisage pas la première cause avec
horreur comme on le devrait . Car c'est cette
ambition secrète, et ce désir de l'élévation au-
dessus des autres, qui est comme la semence de
ces fruits de mort, et comme la source de tous
ces ruisseaux empoisonnés. Un cœur possédé de
cet orgueil, qui lui fait envisager avec jalousie les
premières dignités, renferme en soi le principe de
toutes sortes de crimes ; et l'on doit être, en
quelque sorte, moins étonné des mauvais fruits
que produit naturellement cette racine de corrup-
tion et de malice, que du principe qui les produit.
Jason conçoit d'abord le désir de l'élévation : ce
désir produit en lui une noire jalousie contre son
frère; cette jalousie le porte à vouloir se procurer
une dignité qui ne lui appartenait pas. Dès ce
moment, il se propose de se la faire donner par
un prince, qui n'avait point d'autre droit pour la
donner que c^lui de la force. Pour y parvenir, il
flatte l'ambition et l'avarice de ce roi; son ambi-
tion, en le regardant comme le maître de conférer
la première dignité de la religion des Juifs; et
son avarice, en lui offrant une très grande somme
d'argent . L'esprit tout profane avec lequel il
usurpe cette souveraine principauté, le porte à
complaire au prince païen qui la lui avait conférée.
Il commença, dit l'Écriture, à initier les habitants
de son pays aux mœurs et aux coutumes des gentils.
Il établit une académie pour instruire les jeunes
gens des maximes et des lois du paganisme : et,
renversant tout parmi ses concitoyens, après les
avoir initiés aux mœurs des infidèles, il les engage
dans la dissolution. Voilàoù conduit une ambition
désordonnée.
,v. 9. Si potestati ejus concederetur gymna-
sium, ET EPHEBIAM SIBI CONSTITUERE, ET EOS QUI
in Jerosolymis erant, Antiochenos scribere.
C'était donc une prérogative et un privilège par-
ticulier d'avoir de ces gymnases, puisque Jason
donne cent cinquante talents, pour qu'il lui soit
permis d'en établir un à Jérusalem. Il achète
aussi le droit de citoyen du royaume de Syrie,
pour les habitants de Jérusalem. Antioche était
alors la capitale de la Syrie ; et, en devenant
citoyens d'Antioche, ceux de Jérusalem avaient
part à la liberté et aux privilèges de cette ville ;
mais la première vue de Jason, en tout cela, était
de rapprocher insensiblement les Juifs des païens,
d'ôter aux premiers cette aversion invincible qu'ils
avaient des cérémonies étrangères, de détruire le
mur de séparation, qui existait entre le Grec et le
Juif; de s'affermir ainsi dans le pontificat, qui
était la première dignité de sa nation, et de faire
oublier les lois mosaïques. L'auteur du premier
livre des Maccabées exprime parfaitement ses
desseins, lorsqu'il lui fait dire et à ses asso-
ciés (1) : Allons et faisons alliance avec les nations
qui nous environnent, parce que depuis que nous
nous sommes retirés d'elles, nous sommes tombés
dans beaucoup de maux.
L'on distingue ici Y"!JLV*tIiyv, d'avec i<?i\Zeïov. Le
premier était pour les hommes faits, qui s'exer-
çaient à la course, au saut, au jet du palet, à la
lutte et à l'épreuve de leur force. Le nom de
Gymnasium vient du grec y"^0', nu, parce qu'on
s'exerçait tout nus dans les gymnases. L'î^ôeîov
était une salle destinée pour les exercices des
jeunes garçons au-dessus de quatorze ans ; Vi-
truve les décrit avec beaucoup d'exactitude (2).
L'auteur sacré parle ici de ces lieux d'exercice
des jeunes hommes, comme d'autant de lieux de
corruption et de prostitution : Et optimos quosque
epheborum in lupanaribus poncre, à cause du dan-
ger continuel que courait la chasteté, dans ces
sortes d'exercices, qui se faisaient tout nus, à la
vue de tout le monde. Les Grecs, surtout les La-
cédémoniens, avaient encore des gymnases, où
les jeunes filles s'exerçaient de même, mais sépa-
rées des garçons.
(1) 1. Macc. 1. j.
(2) Vitruv. t. v. c. 11.
6
II. — MACCABÉES. — IV.- DÉMORALISATION QU'IL PROPAGE
10. Quod cum rex annuisset, et obtinuisset priiKipa-
tum, statim ad gentilem ritum contribules suos transferre
cœpit.
il Et amotis his quas humanitatis causa Judasis a
regibus fuerant constituta, per Joannem, patrem Eupo-
lemi, qui apud Romanos de amicitia et socielate func-
tus est legatione, légitima civium jura destituens, prava
instituta sanciebat.
12. Etenim ausus est sub ipsa arce gymnasium consti-
tuere, et optimos quosque epheborum in lupanaribus
ponere.
ij. Erat autemhocnoninitium,sedincrementumquod-
dam, et profectus gentilis et alienigenaa conversationis,
propter impii et non sacerdotis Jasonis nefarium et inau-
ditum scelus.
14. Ita ut sacerdotes jam non circa altaris officia dediti
essent, sed contempto templo, et sacrificiis neglectis,
festinerent participes fieri palaestras, et praebitionis ejus
injustœ, et in exercitiis disci.
15. Et patrios quidem honores nihil habentes, graacas
glorias oplimas arbitrabantur.
10. Le roi lui accorda ce qu'il demandait ; mais il
n'eut pas plus tôt obtenu la principauté, qu'il commença à
faire prendre à ses concitoyens les mœurs et les coutu-
mes des gentils.
n. Il abolit les privilèges que la bonté des rois avait
accordés aux Juifs, par l'entremise de Jean, père d'Eupo-
lémus, qui fut envoyé en ambassade vers les Romains,
pour renouveler l'amitié et l'alliance des Juifs avec eux •
et il renversa les ordonnances légitimes de ses conci-
toyens, pour en établir d'injustes et de corrompues.
12. Car il eut la hardiesse de bâtir un lieu d'exercice
public sous la forteresse même, et d'exposer les jeunes
hommes les plus accomplis en des lieux infâmes.
iî. Ce qui n'était pas seulement un commencement,
mais un grand progrès de la vie païenne et étrangère,
causé par la méchanceté détestable et inouïe de l'impie
Jason, usurpateur du nom de grand prêtre.
14. Les prêtres mêmes ne s'attachant plus aux fonctions
de l'autel, méprisant le temple et négligeant les sacri-
fices, couraient aux jeux de la lutte, aux spectacles désor-
donnés qui se représentaient et aux exercices du palet.
i<. Ils ne faisaient aucun cas de tout ce qui était en
honneur dans le pays ; et ne croyaient rien de plus
grand que d'exceller en toul ce qui était en estime parmi
les Grecs.
COMMENTAIRE
f. 10. Cum obtinuisset principatum. La sou-
veraine sacrificature, qui lui donnait en môme
temps la principale autorité, le premier rang dans
sa nation. Voyez aussi les y. 21. et 50. où cette
môme façon de parler se remarque.
y. 11. Per Joannem, patrem Eupolemi. Eupo-
lème fut envoyé dans la suite en ambassade à
Rome, par Judas Maccabée, pour faire alliance
avec les Romains (1).
j^. 12. Optimos quosque epheborum in lupa-
naribus ponere. C'est ainsi qu'il appelle les lieux
d'exercices. Le grec l«,j)6tfovse prend quelquefois
en ce sens (2). Le grec est différent (3) : Et Jason
obligeait les plus forls des jeunes gens, ceux qui
réusissaient le mieux dans les exercices, à passer
sous le r.i-.asoi. Ce pélasos était un chapeau à
bord, semblable à celui dont on couvre la tête de
Mercure. Hésychius et Pollux nous apprennent
que les jeunes gens, Ephebi, le portaient (4). Il y
a donc assez d'apparence que Jason donnait le
pélasos, comme une marque d'honneur, et comme
une espèce de consécration à l'idolâtrie, à ceux
des jeunes gens qui s'étaient distingués dans les
jeux ; ou plutôt, il contraignait ceux qu'il croyait
propres aux exercices, à prendre le pélasos, que
portaient les jeunes gens, parmi les Grecs ; afinde
les engager par là à entrer dans le gymnase, et à
prendre les habits et les coutumes des Grecs.
f. 13. Hoc non initium, sed incrementum
quoddam, etc. Les exercices dont on vient de
parler, et le pélasos qu'on donnait aux jeunes
gens, étaient comme une consécration à la vie
païenne. Le grec ('■,): Ainsi l'hellénisme (ou les
mœurs des Grecs) se fortifiait, elles coutumes étran-
gères faisaient de nouveaux progrès.
y. 14. Participes fieri pal«str>e, et pr>ebi-
tionis ejus injustye. Le grec (6) : Ils se hâtaient
d'avoir pari à l'injuste distribution des prix qui se
faisait dans le lieu des exercices. Ou, ils s'em-
pressaient de fournir aux dépenses illégales de ces
exercices.
Exercitiis disci. C'était un lourd palet de
plomb, de fer ou d'airain, ou une pierre ronde,
que les athlètes s'exerçaient à jeter au plus loin
et au plus haut. Cet exercice est très ancien,
puisqu'on le voit dans Homère (7). Le grec
porte (8) : Ils s'empressaient d'avoir part aux
prix, après l'invitation (ou la provocation) du dis-
que. On exposait les prix au milieu de la place,
afin d'exciter par cette vue, le nombre et l'ardeur
de ceux qui entraient en lice pour cet exer-
cice.
y. 15. GR/ECAS glorias optimas arbitraban-
tur. Ils estimaient les prix, les récompenses, les
honneurs de ces exercices, comme quelque chose
de très relevé (9).
( 1) 1. Macc. vin. 17.
(2) Gloss. fsiJ. Ephebion, locus construprationis pue-
rorum pubentium.
(j) Ka't toùç /.piiiaTOu; rôiv Êçprj6tov ûitotâaato», urcô né-
■:ao6s l'jaycv.
(4) IKtaao; rô tûv e'cpr{6wv tpopTjrj.*..
(^) II"v oi oûtto; «y.u.7Jttç §XXr)yiau.oû, xai JtpoaâTjaiç
«XXo'iuXt3u.oû.
(6) E'areeuoov (aet^/siv x9\i iv 7caXa(aTpa jrapavôu.oO
yopT)YÏ«Ç.
(7) Homer. Odyss. vin. Voyez aussi dans Ovide, Mcta-
morph. I. x. la description de ce jeu. On peut voir dans
le Diction, des Aniiq. de Rich, art. Discobolus, un athlète
lançant le disque.
(8) Metx irjv tou oi'axou Jipda/.X7)aiv.
(9) Tirin. Vide Serar. hic.
II. — MACCABEES. — IV. - IMPIETÉ DE JASON
■/,
16. Quarum gratia periculosa eos contcntio habebat,
et eorum instituta asmulabantur, ac per omnia his con-
similes esse cupiebant, quos hostes et peremptores
habuerant.
17. In leges enim divinas impie agere impune non
cedit; sed hoc tempus sequens declarabit.
18. Cum autem quinquennalis agon Tyri celebraretur,
et rex prœsens esset,
19. Misit Jason facinorosus ab Jerosolymis viros pec-
catores, portantes argenti didrachmas trecentas in sacri-
ficium Herculis; quas postulaverunt hi qui asportaverant
ne in sacrificiis erogarentur, quia non oporteret, sed in
alios sumptus eas deputari.
20. Sed has oblatas sunt quidem, ab eo qui miserat, in
sacrificium Herculis; propter prœsentes autem datas
sunt in fabricam navium triremium.
10. Il s'excitait pour cela une dangereuse émulation
entre eux ; ils étaient jaloux des coutumes de ces païens,
et affectaient d'être en tout semblables à ceux qui
avaient été auparavant les mortels ennemis de leur pays.
17. Car on ne viole pas impunément les lois de Dieu ;
et on le verra clairement par la suite de cette histoire.
18. Un jour où l'on célébrait à Tyr les jeux qui se font
de cinq ans en cinq ans, et le roi étant présent,
10. L'impie Jason envoya de Jérusalem des hommes
couverts de crimes porter trois centsdidrachmes d'argent
pour le sacrifice d'Hercule ; mais ceux mêmes qui les
apportaient demandèrent qu'elles ne fussent pas
employées à ces sacrifices, parce qu'on ne devait pas
en faire un tel usage ; et qu'on s'en servît pour d'autres
dépenses.
20. Ainsi elles furent offertes pour le sacrifice d'Her-
cule par celui qui les avait envoyées ; mais en égard à
leur demande on les employa pour la construction des
galères.
COMMENTAIRE
f. 16. Quorum gratia periculosa eos con-
tentio habebat. Le grec fait un sens assez diffé-
rent (1) : Tout cela leur attira un grand malheur,
et Dieu se servit, pour les punir, de ceux mêmes
dontils imitaient les manières avec tant d'ardeur-
Les Grecs devinrent leurs plus grands ennemis,
leurs plus violents persécuteurs.
Quel changement dans ces prêtres ! Ces mê-
mes hommes qui déplorent avec Onias III la
violence d'Héliodore, méprisent aujourd'hui le
temple et vivent comme les païens. Il n'a fallu
qu'un mauvais pontife pour les perdre. Aujour-
d'hui encore, un saint évèque rend son clergé
saint, un ambitieux le rend ambitieux.
jh 18. Cum quinquennalis agon Tyri cele-
braretur. C'étaient les jeux Olympiques, si cé-
lèbres dans toute l'antiquité ; ils se célébraient
de cinq ans en cinq ans, à Élée, dans le Pélopo-
nèse. A leur imitation, on en institua de pareils
dans diverses autres villes, comme à Alexan-
drie, à Athènes et à Tyr. Le roi était présent
à ces jeux, et c'était apparemment en sa considé-
ration qu'on les célébrait.
f. 19. Misit ab Jerosolymis viros peccato-
res, portantes argenti didrachmas trecentas
in sacrificium Herculis. A cette époque le
didrachme valait environ 1 fr. 75. Cet argent tut
envoyé à Tyr, pour en offrir des sacrifices à Her-
cule, divinité tutélaire de cette fameuse ville.
Les Syriens l'appelaient Melcarth, c'est-à-
dire (:) le roi de la ville, ou selon d'autres (]), le
roi de la terre. Le grec porte ici (^), que Jason
envoya de Jérusalem des spectateurs, pour assis-
ter à ces jeux, des personnes qui étaient citoyens
d'Anlioche, (qui avaient reçu cet honneur de Ja-
son, Voyez II. Mac. 10. 9.) et qui portaient trois
cents drachmes d'argent, pour le sacrifice d'Her-
cule.
p. 20. Oblat-e sunt quidem ab eo qui miserat
in sacrificium Herculis, propter présentes
autem, dmm sunt in fabricam navium trire-
mium. L'argent que Jason avait destiné pour un
sacrifice sacrilège à Hercule, ne fut pas employé
à cet usage ; ceux qu'il avait envoyés à cette fête,
n'eurent aucun égard à son intention impie. Soit
par politique ou par honte de quitter ainsi leur
ancienne religion, ou par quelque reste de piété
et d'attachement au culte de leurs pires, ils de-
mandèrent qu'on employât les trois cents didrach-
mes, à construire les vaisseaux qu'on faisait alors
àTyr ; ilscrurent apparemment, parla, faire mieux
leur cour à Antiochus Épiphane, qu'en offrant
quelques victimes à Hercule.
L'emploi qu'on fit de cet argent, à la construc-
tion des galères, a fait croire à quelques commen-
tateurs que le texte qui lit trois cents drachmes,
est corrompu, et qu'il faudrait lire trois mille, au
lieu de trois cents (,). Usher trouva trois mille
trois cents dans un manuscrit de la bibliothèque
du comte d'Arundel (6). Le syriaque porte la mê-
me somme. Ménochius voudrait qu'on entendît
ce passage de trois cents drachmes d'or, qui fe-
(1) Qv /.scpiv Xipiiyrtv âutoli; y_aXer:r-, rcepîa'raaiç, /al wv
E^Xoi/v ta; âycoyà;.... toutou; 7ioXEp.''ou;, xal TtjaopTjiàç
È'<J£OV.
(2) n-ip iSn
(i) Grot. y-*N "ibc
(4) A'^s'atEiXEv Oewpo-j; ânô r'epciîoXûawv, A'vT'.o^Et;
ù'/toc:, zapay.op'ÇovTa; àpyupi'ou opayi-ià; ïptaxoafaç, etc.
S. B. — T. XII.
Grot. hic. ©ecooo: vocantur qui aliunde mittuntur ad
sacra externa. Sic usurpant Plato, Thucid. Sophoc. Plut.
At Hcnric.Stcph.Sacrorum procuratores./ta Hesrck. ©eco-
pO', ôt opovT^ÇovcE; Jvspl ta ÛEÎa. Idem. ©îiopcKOv, àpvù-
ptov to Éiç Ô£(ôv ^p.r)v, xal s'optrjv 8iodu.svov.
(5) lia Grot. hic.
(6) Approbat. Usser. ad an. ?8jo.
12
i78 II. - MACCABÉES. — IV.- RÉCEPTION D'ANTIOCHUS A JÉRUSALEM
2i.Misso autcm in /Egyptum Apollonio, Mnesthei
filio, propter primates Ptolem<Ei Philometoris régis,
cum cognovisset Antiochus alienum se a negotiis regni
efiectum, propriis utilitatibus consulens, profectus inde
venit Joppen, et inde Jerosolymam.
22. Et magnifiée ab Jasone et civitate susceptus, cum
facularum luminibus et laudibus ingressus est ; et inde in
Phœnicen exercitum convertit.
21. Cependant Apollonius, fils de Mnesthéus, avait été
envoyé en Egypte, pour figurer parmi les grandsdu roi
Ptolémée Philométor. Lorsque Antiochus eut reconnu
qu'on l'avait entièrement éloigné du gouvernement des
affaires du royaume, il ne consulta plus que ses propres
intérêts, il partit, vint, à Joppé, et ensuite à Jérusalem.
22. Il fut reçu magnifiquement par Jason et par la
ville ; et il y fit ion entrée à la lumière des flambeaux,
au milieu des acclamations publiques ; et il retourna de
là en Phénicie avec son armée.
COMMENTAIRE
raient une somme quatorze fois plus grande que
celle que nous avons marquée (1). Il est vrai que
le texte désigne formellement de l'argent ; mais
souvent ce terme signifie, non ce métal, mais la
valeur de la chose. Le grec lit trois cents drach-
mes, au lieu des trois cents didrachmes de la Vul-
gate. Il y a donc quelque erreur dans le chiffre
donné. Comme la somme, en drachmes ou en di-
drachmes, paraît trop faible pour compter dans la
fabrication d'une galère, dom Calmet pense que
cet argent fut employé à appareiller les galères,
qui servirent dans les jeux à cette occasion ? Le
grec peut souffrir ce sens (2) ; et les Tyriens, se
faisant un honneur d'exceller à conduire des na-
vires, ne manquèrent pas sans doute de donner
au roi le divertissement d'un combat naval.
f. 2 1 . Misso in ^gyptum Apollonio, propter
PRIMATES PTOLEM/EI PhiLOMETORIS REGIS. Le
grec dit qu'Apollonius fut envoyé en Egypte (3),
Pour la cérémonie de la première séance, du jeune
roi Ptolémée, sur son trône ; ou pour sa prise de
possession du royaume. Ce jeune prince était
neveu d'Antiochus Épiphane par sa mère Cléo-
pâtre, fille d'Antiochus le Grand. Après la mort
de cette princesse, Ptolémée, qui avait perdu
son père, quelques années auparavant, monta sur
le trône ; mais il était trop jeune pour gouverner
par lui-même. L'eunuque Eulaïus, nourricier du
jeune Ptolémée Philométor, et Lenœus, prirent
la régence du royaume. Ayant voulu obliger Antio-
chus Épiphane, à rendre au pupille la Cœlé-Syrie,
qui avait été cédée en dot à sa mère Cléopâtre,
par Antiochus le Grand, ils attirèrent sur l'Egypte
le fléau de la guerre. Antiochus Épiphane avait
plus d'une vue, en envoyant Apollonius en Egypte ;
il voulait, en apparence, honorer son neveu ; mais
son principal dessein était d'examiner la disposition
de la cour à son égard. Il voulait qu'on lui déférât
la tutelle de Ptolémée Philométor et le gouver-
nement de l'Egypte, en attendant que le jeune
prince fût en âge de gouverner ; mais Appollonius
vit bientôt qu'il n'y avait rien à faire pour Antio-
chus par cette voie ; c'est ce qui détermina le roi
de Syrie à faire la guerre à Ptolémée.
Propriis utilitatibus consulens, profectus
inde venit Joppen et inde Jerosolymam. Ce
détail continue l'accomplissement de la prophétie
que l'ange Gabriel avait faite au sujet d'Antio-
chus, en parlant à Daniel (4), dans cette célèbre
vision où il lui prédit les bouleversements des
empires de la terre, et tout ce qui devait arri-
ver au peuple de Dieu jusqu'à l'avènement du
Sauveur du monde. Car il lui marqua, entr'autres
choses, qu'on refuserait à ce prince la dignité de
roi ; mais qu'il viendrait en secret et s'emparerait
du royaume par artifice. Ainsi, quoique Démétrius,
fils de Séleucus, dût succéder à son père, Antio-
chus se rendit maître du royaume par adresse :
et comme il voulut encore usurper le royaume
d'Egypte, sous prétexte d'en être établi régent
pendant la minorité de Ptolémée Philométor,
lorsque s'en vit éloigné, il songea, dit l'Écriture,
à ses propres intérêts; c'est-à-dire qu'il pensa à
s'affermir dans l'usurpation du royaume qui ne
lui appartenait pas. Ainsi il partit de Tyr, et vint
par Joppé se rendre à Jérusalem. Car cette ville
était regardée par les rois d'Asie comme une
place forte dont il était très avantageux de s'as-
surer, aussi bien que de tout le peuple juif.
y. 22 Cum facularum luminibus et laudibus.
La coutume des feux de joie 'et des illuminations
aux jours de fête et de réjouissances, est très an-
cienne ()). On alluma des lampes sur les toits
d'Athènes, lorsque M arc- Antoine y fut reçu (6).
Jules César monta au Capitole, à la lumière des
flambeaux, qui étaient portés par quarante élé-
phants rangés à droite et à gauche du chemin (7).
Ascendit Capilolium ad lumina : quadraginta ele-
phanlis, dexlra atque sinislra, lychnos geslan-
iibus.
(1) Menoch. hic.
(2) E^ve/.dv 3à tàJv rtapa/.OU'.Ço'vîuiv, et; •cà; Xiïtv rptrfpaiV
/.axscaxsua;.
(?) Aià xà rotoTO/.Xi'aia ou ^u.coTO/'.XacJiïj Yl'.o\i[xcf[ou.
Grotius voudrait lire ^pwco/.ojp^a. La fête de la pre-
mière chevelure, c'est-à-dire le jour auquel on coupait
pour la première fois les cheveux, que l'on consacrait à
quelque divinité; ce jour était fort solennel, et on y
faisait grande fête.
(4) Daniel, xi. 21.
(ç) Vide si lubit Judith, m. 10. et Isai. xxv. 15. in Heb.
(6) Plutarch. in Antonio. — (7) Sueton. in Julio c. )■].
MACCABÉES. — IV. - TRAHISON DE MENELAUS
■79
2;. Et post triennii tempus misit Jason Menelaum, su-
pradicti Simonis fratrem, portantem pecunias régi, et de
negotiis necessariis responsa perlaturum.
24. At ille commendatus régi, cum magnificasset faciem
potestatis ejus, in semetipsum retorsit summum sacerdo-
tium, superponens Jasoni talenta argenti trecenta.
2<;. Acceptisque a rege mandatis venit, nihil quidem
habens dignum sacerdotio, animos vero crudelis tyranni,
et feras belluas iram gerens.
26. Et Jason quidem, qui proprium fratrem captivave-
rat, ipse deceptus, profugus in Ammanitem expulsus est
regionem.
2;. Trois ans après, Jason envoya Ménélaiïs, frère de
Simon, dont il a été parlé auparavant, pour porter de
l'argent au roi, et pour savoir sa réponse sur des affaires
importantes.
24. Mais Ménélai'is s'étant acquis la bienveillance du
roi, par la manière dont il le flatta en relevant la grandeur
de sa puissance, trouva moyen de faire retomber entre
ses mains la souveraine sacrificature, en donnant trois
cents talents d'argent par dessus ce que Jason en avait
donné ;
2;. Et ayant reçu les ordres du roi, il s'en revint,
n'ayant rien qui fût digne du sacerdoce, et n'apportant à
cette dignité que le cœur d'un cruel tyran et la colère
d'une bête farouche.
26. Ainsi Jason, qui avait surpris son propre frère, fut
trompé lui-môme et, ayant été chassé, il se réfugia au
pays des Ammonites.
COMMENTAIRE
jh 23. Menelaum supradicti Simonis fratrem.
Des commentateurs prennent ici le nom de
frère (1) dans sa signification rigoureuse, et veu-
lent que Ménélaùs ait été de la tribu de Benja-
min, de même que Simon (2) ; et que, comme
Simon avait usurpé la charge de préfet du temple,
Ménélaùs, par un attentat encore plus horrible, ait
acheté la souveraine sacrificature ; maisd'autres(2.),
après Josèphe (4), croient que Ménélaùs était
frère de Jason et d'Onias III, et cette opinion est
de beaucoup la plus admissible. S'il est nommé
frère de Simon, c'est, dit-on, parce qu'il était son
beau-frère, son parent quelconque ou parce qu'il
figurait dans son parti (<).
f. 24. At ille commendatus régi , cum ma-
gnificasset faciem potestatis ejus. Le grec
peut aussi s'entendre de cette manière (6) : Mé-
nélaùs s'étant rendu agréable au roi, et s'étant servi
des moyens que lui donnait sa légation pour s'éle-
ver, se fit donner la souveraine sacrificature.
fi. 25. Acceptis a rege mandatis. Ayant reçu
les lettres patentes, le diplôme de_ sa nomination
à la souveraine sacrificature.
f. 26 Jason qui proprium fratrem captivave-
rat. Le grec (7) : Qui avait trompé, fraudé, son
propre frère Onias III, à qui il avait ôté la souve-
raine sacrificature (8).
Tous les impies ne sont pas punis, dès ce
monde, des crimes qui leur ont servi de degré
pour s'élever au-dessus des autres. Mais Dieu en
fait néanmoins quelquefois des exemples écla-
tants, pour attester la vérité de sa providence, et
pour affermir les justes, lorsqu'ils se voient acca-
blés par la puissance des méchants. Il est impor-
tant d'envisager la facilité avec laquelle il se joue,
quand il lui plaît, de tous les mauvais desseins des
ennemis de ses serviteurs. Jason se regarde
comme le possesseur paisible d'une dignité usur-
pée ; Onias est obligé de se retirer à Antioche
pour y être en sûreté. Il agit en1 souverain prêtre
des Juifs, lorsqu'il n'en est qu'un fantôme : et,
continuant à faire sa cour au roi, il lui envoie un
homme semblable à lui, Ménélaùs, digne associé
de l'impie Simon, qui avait été le premier auteur
de tous les troubles arrivés à Jérusalem. Cet
homme rempli d'orgueil, comme celui dont il
était député, songe à procurer sa propre éléva-
tion : et la souveraine sacrificature étant exposée
alors comme à l'enchère, il en offre au roi trois
cents talents d'argent, plus que Jason ne lui en
avait promis. La plus grande somme l'emporta sur
l'esprit de ce prince avare; et, où il n'y avait au-
cun mérite de part ni d'autre, le plus scélérat fut
préféré : celui, dit l'Ecriture, qui n'avait rien qui
fût digne du sacerdoce, s'ingéra en cette dignité,
avec le cœur d'un tyran et la- fureur d'une bêle
féroce. Ainsi Dieu, sans prendre part à la [malice
de Jason, permet qu'Onias, ce saint prêtre, soit
éprouvé et purifié, obligé même de sortir de Jé-
rusalem : et, sans approuver en aucune sorte la
trahison de Ménélaùs, il permet que Jason soit
dépossédé par celui-là même dont il se ser-
vait dans son ministère d'impiété ; purifiant de la
sorte ses élus par la furear des méchants, et pu-
nissant ensuite ces méchants mêmes les uns par
les autres, sans se servir pour cela d'autres armes
(1) Sulpil. Server. I. 11.
(2) Lvr Tirin. Scrar. Harduin. Chronol. V. T. p. iSi.c/c.
(î) D. Tliom. in Maccab.- Gloss. or dinar, hist. Scolast.
- Pelav. de Doclr. Temp. I. x. c. 1.
(4) Joseph. Aniiq. xu. 6. cum. xv. j.
(5) D'Allioli, S. Munk.
(6) Û' ôî 5'v5:a0e'c; 'Si (3aitXs~!, x«: Sjçxîa; dtuïôv toi
Koonti'iTM tf;; Écouta;, si; ixj-à\i caT^vcrjos xtjv âp/tepo-
eûvr,v. Cum se commendasset ac spectabilem fecisset
proetextu potestatis acceptas. Grot.
(7) Tôv ïoiov aSdX^oy ûrîovoQs'JTa;.
(8) Supra f. j. 8. '
II.
MACCABEES.— IV. - ASSASSINAT D'ONIAS
27. Menelaus autem principatum quidem obtinuit; de
pecuniis vero régi promissis nihil agebat,cum exactionem
faceret Sostratus, qui arci erat prœpositus,
28. Nara ad liunc exactio vectigalium pertinebat; quam
ob causam utrique ad regem sunt evocati.
20. Et Menelaus amotus est a sacerdotio, succedente
Lysimacho, fratre suo; Sostratus autem praslatus est
Cypriis.
30. Et cum hase agerentur,contigit Tharsenscs et Mal-
lotas seditionem movere, eo quod Antiochidi, régis con-
cubinas, dono essent dati.
31. Festinanter itaque rex venit sedare illos, relicto
sulfecto uno ex comitibus suis Andronico.
32. Ratus autem Menelaus accepisse se tempus oppor-
tunum aurea quasdam vasa e templo furatus douavit
Andronico, et alia vendiderat Tyri, et per vicinas civi-
tates.
3?. Quod cum certissime cognovisset Onias, arguebat
eum, ipse in loco tuto se continens Antiochias secus
Daphnem.
34. Unde Menelaus accedens ad Andronicum, rogabat
ut Oniam interficeret. Qui cum venisset ad Oniam, et
datis dextris cum jurejurando (quamvis esset ei suspec-
tus) suasisset de asylo procedere, statitn eum peremit,
non veritus justitiam.
27. Ménélaùs entra de la sorte dans la souveraine sacri-
ficature ; mais il ne se mit point en peine d'envoyer au
roi l'argent qu'il lui avait promis, quoique Sostrate,
qui commandait à la forteresse, le pressât d'en faire le
paiement,
28. Comme ayant l'intendance des tributs: c'est pour-
quoi ils reçurent tous deux un ordre de se rendre auprès
du roi.
29. La dignité de grand prêtre fut ôtée à Ménélaùs;
et Lysimaque, son frère, lui succéda dans cette charge :
et le gouvernement de Chypre fut donné à Sostrate.
30. Pendant que ces choses se passaient, les habitants
de Tharse et de Mallo excitèrent une sédition, parce
qu'ils avaient été donnés à Antiochide, concubinedu roi.
31. Le roi y vint en grande hâte pour les apaiser,
ayant laissé pour son lieutenant un desgrands de sa cour,
nommé Andronique.
32. Mais Ménélaùs croyant que cette occasion lui était
favorable, déroba du temple quelques vases d'or, et en
donna une partie à Andronique, et vendit les autres à
Tyr, et dans les villes voisines.
33. Onias l'ayant su à n'en pouvoir douter, le repro-
chait à Ménélaiis, se tenant cependant à Antioche dans
un lieu sur près de Daphné.
54. C'est pourquoi Ménélaùs alla trouver Andronique,
et le pria de tuer Onias. Andronique étant donc venu
où était Onias, et lui ayant persuadé, par la parole qu'il
lui donna avec serment (quoiqu'il le tînt pour suspect),
de sortir de l'asile où il était, il le tua aussitôt, sans avoir
aucune crainte de la justice.
COMMENTAIRE
que de leur propre cupidité, qui les rend mutuel-
lement ennemis, par un effet de l'ambition qui les
possède également.
Jr. 27. Sostratus qui arci erat pr/epositus.
Soslrale commandait dans la forteresse que les
Syriens avaient à Jérusalem, sur le mont de Sion.
Cette citadelle n'était pas encore dans l'état ou
elle fut mise dans la suite (1).
jh 29. Menelaus amotus est a sacerdotio,
succedente Lysimacho fratre suo. On ne con-
vient pas qu'il ait succédé en qualité de grand
prêtre; il ne paraît pas qu'il ait jamais été reconnu
en cette qualité, ni qu'il en ait fait les fonctions;
il fut simplement son vice-gérant (2), pour exer-
cer quelques-unes de ses fonctions en son ab-
sence. Ménélaùs n'était pas encore déposé; il
était allé à Antioche pour rendre compte au roi,
du délai apporté dans le paiement des trois cents
talents qu'il avait promis.
Sostratus autem pr^elatus est cypriis. Le
grec (3) : El Soslrale laissa en sa place Craies, qui
èlail, ou qui avait été gouverneur de Chypre, ou
commandant des troupes de cette île.
f. 30. CONTIGIT THARSENSES ET MaLLOTAS SE-
DITIONEM movere. Tharse était la capitale de Ci-
licie; Mallo, ou Mallus, est une autre ville de la
même province, sur le Pyramus(4). La cause de
cette révolte, était qu'Antiochus avait donné
ces deux villes à une de ses concubines nommée
Antiochide. Outrés de ce mépris, les habitants
prirent les armes, et se soulevèrent. Les exem-
ples de quelques villes données par les rois de
Perse à leurs iemmes, à leurs maîtresses, et à
leurs amis, sont fréquents dans l'histoire (5). Ces
villes n'en étaient nullement déshonorées dans
l'opinion; mais il n'en était pas ainsi des villes
grecques ; elles étaient plus délicates sur le point
d'honneur.
f. 32. Menelaus aurea quidam vasa e tem-
plo furatus, donavit Andronico. Ménélaiis
n'était plus à Jérusalem; mais il y avait Lysima-
que son vice-gérant, aussi méchant que lui, qui,
par ses ordres, enleva des vases d'or du temple
et les envoya à Antioche.
f. 33. Onias arguebat eum. Le grand prêtre
Onias III était allé à Antioche, pour détruire
(1) 1. Macc. 1. 35.
(2) A'veXitté srfi cÉpyjspoaûv?)j Suoayov. Vide Grol. hic.
infra f. 31. et ix. 23; xiv. 20. et Usscr. ad an. M. 3834.
(3) 2]oJ5TpaTo; os Kpcr.rjta xov i~.i tov Kurcpttov. lia Srr.
et Inlerpp. passim.
[a) Plin. I. v. c. 27. - Slrabo. L xiv. - Grct.
(5) Vide si placct Plat, in Aleibiad. Ptutare. in Themis-
toct. Athen. t. 1. Serar. Grol. Tutti, in Verrem. 5. Uxo-
nbus attribuunt civitates hoc modo : hœc civitas mulieri
in redimiculum prajbeat, hase in collum, hase in crines.
lta populos habent universos non solum conscios libi-
dinis suse, sed etiam administros.
II.— MACCABÉES. — IV.- CHATIMENT D'ANDRONIQUE
îtfi
5$. Ob quam causam non solum Judœi, sed alise quo-
que nationes indignabantur, et moleste ferebant de ne ce
tanti viri injusta.
56. Sed regressum regem de Cilicias locis adierunt
Judœi apud Antiochiam, simul et Grœci, conquerentes
de iniqua nece Onioe.
?7. Constritatus itaque animo Antiochus propter Oniam,
et flexus ad misericordiam, lacrymas fudit, recordatus
defuncti sobrietatem et modestiam:
58. Accensisque animis, Andronicum purpura exutum,
per totam civitatem jubet circumduci, et in eodem loco,
in quo in Oniam impietatem commiserat, sacrilegum vita
privari, Domino 1 11 ï condignam retribuente pœnam.
j$. Aussi non seulement les Juifs, mais les autres
nations même en conçurent de l'indignation, et ne pou-
vaient supporter l'injustice de la mort d'un si grand
homme.
;6. C'est pourquoi le roi étant revenu de Cilicie, les
Juifs avec les Grecs allèrent le trouver à Antioche, et lui
firent leurs plaintes de ce meurtre si injuste d'Onias.
J7. Antiochus fut saisi de tristesse au fond du cœur à
cause de la mort d'Onias ; il fut touché de compassion ;
et il répandit des larmes, se souvenant de la sagesse et
de la modération qui avaient toujours éclaté dans sa
conduite.
38. Et entrant dans une grande coière contre Andro-
nique, il commanda qu'on le dépouillât de la pourpre,
qu'on le menât par toute la ville, et que ce sacrilège fût
tué au même lieu où il avait commis cette impiété contre
Onias ; le Seigneur rendant ainsi à ce misérable la puni-
tion qu'il avait si justement méritée.
COMMENTAIRE
dans l'esprit du roi les calomnies de Simon (1).
Pendant ce temps, Jason, son frère, obtint d'An-
tiochus la souveraine sacrificature, et Onias, qui
aimait la paix, demeura à Antioche (2). Il eut
l'honneui de gagner l'estime et l'amitié du prince,
et Antiochus fut si touché de sa mort, qu'il en
versa des larmes. Onias étant à Antioche, fut
informé des sacrilèges commis par Lysimaque,
suivant les ordres de Ménélaiis, il s'en plaignit
auprès d'Andronique, que le roi avait laissé à
Antioche, pour gouverner en son absence (3).
Onias se tenait dans l'asile de Daphné près de
la ville, craignant avec raison, la violence de Mé-
nélaiis. Ce faubourg de Daphné est fort célèbre
dans toute l'antiquité. Strabon (4) dit qu'il est à
quarante stades de la ville, dans un lieu délicieux,
renommé pour ses belles eaux, et pour l'ombre
de son bois de lauriers, au milieu duquel est le
temple d'Apollon, un asile inviolable pour tous
ceux qui s'y retirent. Onias, tout pieux qu'il était,
ne craignit point, dans une occasion si péril-
leuse, de se retirer dans l'asile d'une fausse divi-
nité. 11 est permis dans ces occasions, non pas
de reconnaître les faux dieux, mais de profiter
des privilèges que l'erreur des hommes a attachés
à leurs temples ou aux bois qui leur sont consa-
crés.
En nous marquant qu'Onias ne reprocha à
Ménélaiis l'enlèvement des vases sacrés qu'après
qu'il en eût été très assuré, l'Écriture semble vouloir
nous instruire touchant la sagesse avec laquelle
on doit se conduire dans les réprimandes. 11 faut
connaître très certainement la vérité des choses
dont sont accusés ceux qu'on veut reprendre;
parce qu'il est aussi dangereux de s'élever injus-
tement contre les personnes innocentes accablées
par la calomnie, que de tolérer et de laisser im-
punis des méchants couverts de crimes. Plus
même les accusations sont atroces, comme l'était
celle dont on chargeait Ménélaiis, plus l'équité et
la charité nous obligent à les examiner, pour ne
pas tomber dans des fautes presqu'irréparables
contre la réputation de nos frères. Que de juge-
ments précipités et téméraires seraient arrêtés
par la sagesse de cette conduite, dont ce saint
prêtre nous montre ici un si bel exemple! Que
de calomnies seraient étouffées dès leur naissance,
si l'on n'a'vait pour principe que de s'éclaircir de
la vérité ! Que de calomniateurs seraient même
retranchés du milieu des hommes, s'ils savaient
qu'on ne dût les écouter que pour les convaincre
de fausseté! Onias connaissait l'impiété de Mé-
nélaiis, et il pouvait bien juger qu'un homme qui
avait eu l'insolence d'enlever à prix d'argent la
souveraine sacrificature, était très capable aussi
d'enlever les vases sacrés du temple et de les
vendre : mais ce n'était pas assez pour un saint
prêtre comme Onias, de connaître en général la
corruption de ce prêtre simoniaque, pour l'accu-
ser de cette impiété particulière qu'on lui impu-
tait, s'il n'en avait eu une connaissance très cer-
taine.
Aussitôt qu'il en eût été assuré, il ne craignit
point de lui reprocher ce sacrilège, s'acquittant
de ce qu'il devait à la sainteté de son ministère,
et se mettant néanmoins, autant qu'il put, à cou-
vert de sa fureur. Si Dieu permit que sa géné-
reuse liberté à reprendre cet impie fut suivie de
la trahison et du meurtre qu'on commit en sa
personne', c'est que ce grand prêtre, modèle de
sainteté, devait mourir martyr de son zèle.
f. 27. CONTRISTATUS ANIMO ANTIOCHUS PROP-
TER Oniam. C'est le plus bel éloge que l'on puisse
faire de la vertu d'Onias, que de dire qu'Antio-
(1) 11. Macc. iv. 4. 5. 6. et sdj.
(2) Verset 57.
(?) Verset \i.
(4) Strabo. t. xvi. p. 712.
i82 II.— MACCABÊES. — IV.- CONDUITE COUPABLE DE MÉNÉLAUS
?0. Multis autem sacrilegiis in templo a Lysimacho
commissis Menelai consilio, et divulgata fama, congre-
gata est multitudo adversum Lysimachum, multo jam
auro exportato.
40. Turbis autem insurgentibus, et animis ira repletis,
Lysimachus, armatis fere tribus millibus, iniquis manibus
uti cœpit, duce quodam tyranno, œtate pariter et demen-
tia proveclo.
41. Sed, ut intellexerunt conatum Lysimachi, alii lapi-
des, alii fustes validos arripuere, quidam vero cinerem
in Lysimachum jecere.
42. Et multi quidem vulnerati, quidam autem et pros-
trati,omnes vero in lugam conversi sunt; ipsum etiam
sacrilegum secus œrarium interfecerunt.
4?. De his ergo ccepit judicium adversus Menelaum
agitari.
44. Et cum venisset rex Tyrum, ad ipsum negotium
detulerunt missi très viri a senioribus.
45. Et cum superaretur Menelaus, promisit Ptolemœo
militas pecunias dare ad suadcndum régi.
4C. Itaque Ptolemœus in quodam atrio positum quasi
refrigerandi gratia regem adiit, et deduxit a se.itentia ;
47. Et Menelaum quidem universas malitias reum cri-
minibus absolvit, miseros autem, qui, etiamsi apud Scy-
thas causam dixissent, innocentes judicarcntur, hos morte
damnavit.
4O. Cito ergo injustam pœnam dederunt, qui pro civi-
tate , et populo, et sacris vasis, causam prosecuti
sunt.
49. Quamobrem Tyrii quoque indignati, erga sepultu-
ram eorum, liberalissimi extiterunr
50. Menelaus autem, propter eorum, qui in potentia
erant, avaritiam, permanebat in potestate, crescens in
malitia ad insidias civium.
COMM
chus Épiphane lui-même, son ennemi, qui l'avait
privé de sa dignité, ne put retenir ses larmes à la
nouvelle de sa mort. On raconte (1), que Jules
César versa des larmes en voyant la tête de
Pompée; et, lorsqu'il apprit la mort de Caton, il
dit qu'il enviait sa gloire, et que Caton lui avait
dérobé celle de lui conserver la vie : Se illius glo-
riœ invidere, et illum suce invidisse dixit.
f, 40. Duce quodam tyranno. Ayant pour
chej un certain Tyran, un homme du nom de
Tyran. Le grec lit: A"upâvou un homme du Hau-
rân, contrée voisine de Damas.
f. 41. Quidam cinerem in Lysimachum jecere.
Le grec (2) : Quelques uns prenant de la cendre
qui était là, en répandirent de toutes parts sur Lysi-
maque et les siens. On lui jeta de la cendre ou de
?o. Or, Lysimaque ayant commis plusieurs sacrilèges
dans le temple par le conseil de Ménélaus, et le bruit
s'étant répandu qu'il en avait déjà emporté quantité d'or,
la multitude se souleva contre Lysimaque.
40. Comme donc les habitants de la ville se soulevaient,
et qu'ils étaient animés d'une grande colère, Lysimaque
arma environ trois mille hommes, et commença à user
de violence, ayant pour chef un certain Tyran également
avancé en âge, et consommé en malice.
4. Mais lorsque les Juifs virent que Lysimaque les
attaquait de cette sorte, les uns prirent des pierres, les
autres de gros bâtons ; et quelques-uns jetèrent de la
cendre contre lui.
42. Il eut beaucoup de ses gens blessés, et quel-
ques-uns de tués ; et tous furent mis en fuite : et le
sacrilège fut aussi tué lui-même près du trésor.
4;. On commença donc à accuser Ménélaus de tous
ces désordres.
44. Et le roi étant venu à Tyr, trois députes envoyés
par les anciens de la ville vinrent lui porter leurs plaintes
sur cette alfaire.
4v Ménélaus, voyant qu'il succombait sous cette accu-
sation, promit à Ptolémée une grande somme d'argent
pour l'engager à parler au roi en sa faveur.
46. Ptolémée ayant donc été trouver le roi, lorsqu'il
s'était mis dans un vestibule comme pour se rafraîchir,
le fit changer de résolution.
47. Et ce prince déclarant Ménélaus innocent, quoiqu'il
fût coupable de toutes sortes de crimes, condamna en
même temps à la mort ces pauvres députés, qui auraient
été jugés innocents par des Scythes môme, s'ils avaient
plaidé leur cause devant eux.
4". Ainsi ceux qui avaient soutenu les intérêts de la
ville et du peuple, et le respect dû aux vases sacrés,
furent punis aussitôt contre toute justice.
49. C'est pourquoi les Tyriens même, touchés d'indi-
gnation, se montrèrent fort généreux dans la sépulture
honorable qu'ils leur donnèrent.
ço. Cependant Ménélaus se maintenait dans l'autorité,
à cause de l'avarice de ceux qui étaient puissants auprès
du roi ; et il croissait en malice, ne travaillant qu'à ten-
dre des pièges à ses concitoyens.
ENTAIRE
la poussière. Tout ceci se passa dans le temple, où
il y avait beaucoup de cendre, à cause du feu
de l'autel. Il y avait même un endroit du parvis,
destiné à y mettre la cendre (j).
j^. 4). Cum superaretur Menelaus. Le
grec (4) : Ménélaiïs se voyant en défaut, abandonné
ou convaincu, s'adressa à Ptolémée, favori du roi.
C'est ce même Ptolémée, fils de Dorymini, dont
il est parlé au premier livre des Maccabées (5).
Ayant quitté le parti de Ptolémée Philométor,
roi d'Egypte, il livra l'îledeChypreàAntiochus(6),
et reçut, en récompense de sa perfidie, le gouver-
nement de la Cœlé-Syrie et de la Phénicie.
fr. 46. In quodam atrio. Le grec (7) Dans un
péristyle, une galerie, soutenue de colonnes, pour
prendre le frais.
(1) Valcr. Max. I. 1. c. 5. cxcmplo 11. 10.
(2) TVve; Sa h. x/j; r:apotxEt(iévr)i cr7:ôîou opaaior/evo1. ç<5p-
£r,v ëvETi'vaaaov hi touç r.tp\ xov Auat[j.â/ov.
(?) Ltvit 1. 16; îv. 12. etc.
(4) H"o7] Vi XeXsifijjLê'vo; ô MeveXoco;
(5) 1. Macc. ni. jO.
(6) 1. Macc. x. 5.
(7) E'iç xi îîeptatuXov o'j; âva'Iu'Jovxa.
CHAPITRE V
Antiochus se prépare à marcher contre V Egypte. Prodiges effrayants qui paraissent dans
l'air au dessus de Jérusalem. Expédition de Jason contre Jérusalem; sa fuite et sa fin
malheureuse. Antiochus marche contre Jérusalem; violences qu'il y exerce. Il envoie
Appollonius , qui y exerce de nouvelles cruautés; Judas Maccabée se retire dans
le désert.
i. Eodem tempore Antiochus secundam profectionem
paravit in ^Egyptum.
2. Contigit autem per universam Jerosolymorum civi-
tatem videri diebus quadraginta per aéra équités diseur-
rentes, auratas stolas habentes, et hastis, quasi cohor-
tes, armatos ;
5. Et cursus equorum per ordines digestos, et con-
gressiones fieri cominus, et scutorum motus et galeato-
rum multitudinem gladiis districtis, et telorum jactus, et
aureorum armorum splendorem, omnisque generis lori-
carum.
4. Quapropter omnes rogabant in bonum monstra con-
verti.
5. Sed cum falsus rumor exisset, tanquam vita exces-
sisset Antiochus, assumptis Jason non minus mille viris,
repente aggressus est civitatem; et civibus ad murum
convolantibus, ad ultimum apprehensa civitate, Mene-
laus fugit in arcem.
î. En ce temps-là, Antiochus se préparait pour faire
une seconde fois la guerre an Egypte.
2. Or il arriva que l'on vit dans toute la ville de Jéru-
salem, pendant quarante jours, des hommes à cheval,
qui couraient en l'air, habillés de draps d'or, et armés de
lances comme des troupes de cavalerie ;
;. Des chevaux rangés par escadrons, qui couraient
les uns contre les autres ; des combats de main h main ;
des boucliers agités ; une multitude de gens armés de
casques et d'épées nues ; des dards lancés ; des armes
d'or brillantes ; et des cuirasses de toutes sortes.
4. C'est pourquoi tous priaient Dieu que ces prodiges
tournassent à leur avantage.
î. Mais un faux bruit de la mort d'Antiochus s'étant
répandu, Jason prit mille hommes avec lui, vint attaquer
tout d'un coup la ville : et, quoique les citoyens accou-
russent de tous côtés aux murailles, il se rendit enfin
maître de la ville ; et Ménélaus s'enfuit dans la forteresse.
COMMENTAIRE
y. 1. Antiochus secundam profectionem para-
vit in iEcYPTUM. Antiochus Épiphane avait fait
une première tentative contre l'Egypte, en y en-
voyant Apollonius (1), sous prétexte d'assister à
la prise de possession du royaume par le jeune
Ptolémée Philométor; mais Antiochus Épiphane
ne passa pas, cette fois, jusque dans l'Egypte,
arrêté sans doute par la crainte des Romains; il
n'alla que jusqu'à Joppé, vint à Jérusalem, où il
fut reçu par Jason, et s'en retourna en Phéni-
cie (2). Trois ans après (3), voyant que les régents
d'Egypte se préparaient sérieusement à lui faire
la guerre, pour l'obliger à rendre à Ptolémée
Philométor la Cœlé-Syrie, qui avait été cédée à
Cléopâtre, sa mère, pour dot, Antiochus les pré-
vint et alla les attaquer dans l'Egypte. C'est de
cette seconde guerre que parle ici l'auteur (170
avant Jésus-Christ).
f. 2. Contigit videri per aéra équités dis-
currentes. Souvent Dieu a permis qu'on vît de
semblables signes, présages des malheurs futurs.
Josèphe nous décrit ceux qui parurent avant le
dernier siège de Jérusalem (4). Suétone et Tite-
Live sont pleins de ces sortes de prodiges signi-
ficatifs. L'imagination et l'erreur des peuples, et
la trop grande crédulité des historiens, les ont
sans doute beaucoup grossis; mais cela ne doit
pas nuire aux prodiges certains et véritables. On
peut assurer au contraire, qu'il y a de vrais pro-
diges et de vrais miracles, puisque l'on en a tant
publiés de faux. Ceux dont on nous parle ici ont
un caractère particulier de certitude. Ils sont
rapportés par un auteur contemporain, ou presque
contemporain ; ce ne sont point des phénomènes
qui n'aient fait que passer devant les yeux de peu
de personnes, ou distraites, ou d'un esprit faible;
ils ont paru pendant quarante jours, à la vue
de toute une ville de plus de cent mille habi-
tants, dont une grande partie étaient très éclairés,
nullement superstitieux, si peu enclins à la mys-
ticité qu'ils abandonnaient la religion de leurs
pères pour suivre les cultes étrangers.
y. 5 . Cum falsus rumor exisset tanquam vita
excessisset Antiochus. Cette fausse nouvelle
de la mort d'Antiochus, qui était alors en Egypte,
occupé au siège d'Alexandrie, causa bien des
(1) Usser. ad an. M. j8ji.
(2) 11. Macc. iv. ai.
(?) An. 38j4-
(4) Joseph, de Bello. I. vu. c. 12.
;84
II. — MACCABÉES. - V.- FIN MISERABLE DE JASON
6. Jason vero non parcebat in caede civibus suis, nec
cogitabat prosperitatem adversum cognatos malum esse
maximum, arbitrans hostium, et non civium, se trophcea
capturum.
7. Et principatum quidem non obtinuit, finem vero insi-
diarum suarum confusionem accepit, et profugus iterum
abiit in Ammaniten.
8. Ad ultimum, in exitium sui conclusus ab Areta, Ara-
bum tyranno, fugiens de civitate in civitatem, omnibus
odiosus, ut refuga legum et execrabilis, ut patrias et
civium hostis, in /Egyptum extrusus est ;
0. Et qui multos de patria sua expuierat, peregre periit,
Lacedœmonas profectus, quasi pro cognatione ibi refu-
gium habiturus ;
10. Et qui insepultos multos abjecerat, ipse et illamen-
tatus et insepultus abjicitur, sepultura neque peregrina
usus, neque patrio sepulcro participans.
6. Cependant Jason fit un grand carnage, sans songer
à épargner ses concitoyens : il ne considérait point que
c'est un très grand malheur d'être heureux dans la
guerre qu'on fait à ses proches ; et il croyait remporter
un trophée de ses ennemis, et non de ses concitoyens.
7. 11 ne put pas néanmoins se mettre en possession de
la principauté : mais tout le fruit de sa trahison et de sa
malice fut sa propre confusion : et il se vit obligé de
s'enfuir de nouveau, et de se retirer au pays des Ammo-
nites.
8. Il fut enfin mis en prison par Arétas, roi des Arabes,
qui voulait le perdre; s'étant sauvé, et fuyant de ville en
ville, haï de tout le monde comme un violateur de toutes
les lois, comme un homme exécrable, comme un ennemi
déclaré de sa patrie et de ses concitoyens, il fut chassé
en Egypte.
9. Ainsi celui qui avait chassé tant de personnes hors
de leur pays, périt lui-même hors du sien, étant allé à
Lacédémone pour y trouver quelque refuge, à cause de
la parenté.
10. Et comme il avait fait jeter de nombreux corps
sans les faire ensevelir, le sien fut jeté de même, sans
être ni pleuré ni enseveli, et sans qu'il ait pu trouver de
tombeau, ni dans son pays, ni parmi les étrangers.
maux à Jérusalem. Jason, qui avait été déposé
du pontificat par ce prince, et qui s'était retiré
dans le pays d'Ammon, auprès d'Arétas, crut que
l'occasion était venue de recouvrer sa première
dignité ; il se rend à Jérusalem, à la tête de mille
soldats, et prend la ville ; mais il ne put conserver
une conquête de cette importance. Ménélaûs se
sauva dans la forteresse, où étaient les troupes
d'Anliochus; Jason fut obligé de se retirer de
nouveau chez le roi des Ammonites.
D'un autre côté, Antiochus, informé que les
Juifs avaient témoigné de la joie, à la nouvelle de
sa mort (1), en conçut une indignation, dont ils
ressentirent bientôt les violents effets. Il comprit
par là qu'ils n'étaient nullement affectionnés à sa
domination, et qu'ils conservaient du penchant
pour les rois d'Egypte, à qui ils avaient été sou-
mis assez longtemps ; il revint donc en Judée, et
exerça contre Jérusalem tout ce que la rage et la
vengeance purent lui inspirer de plus cruel.
L'arabe dit que les mauvais Juifs firent entendre
à Antiochus, qu'on avait pris les signes qui avaient
paru dans l'air, au-dessus de Jérusalem, comme
des présages de sa mort, et que le peuple en avait
témoigné de la joie (2).
f. 6. Nec cogitabat prosperitatem adversus
cognatos malum esse maximum. Il ne considérait
point que c'est un très grand malheur d'être heu-
reux dans la guerre qu'on fait à ses proches ; parce
qu'on se détruit soi-même, en diminuant le nom-
COMMENTAIRE
bre de ses propres sujets ; c'est là le malheur
des guerres civiles, où la victoire est toujours
désavantageuse. Tacite, en parlant de la guerre
entre Othon et Vitellius : Ulrasque impias
preces, utraque delesianda vola, inler duos, quorum
bello solum id scires détériorera fore qui vicisset.
i. 8. In exitium sui conclusus ab Areta. On
ne connaît pas la raison de son emprisonnement.
Le grec porte (5) : 77 reçut enfin la récompense de
sa mauvaise conduite, ayant été arrêté par A ré las,
roi des Arabes. Quelques-uns lisent : Ilreçul enfin
la peine de sa mauvaise vie, ayant été accusé près
d'Arélas. La construction du grec s'accorde mieux
avec cette dernière manière de lire, et, en gardant
même la leçon ordinaire, il vaut mieux traduire:
Il fut tellement resserré et attaqué de toute part
chez les Ammonites, qu'il fut contraint de se
sauver de ville en ville, et enfin de s'enfuir en
Egypte.
j>. 9. Quasi pro cognatione refugium ibi
habiturus. Voyez 1. Macc. xn, 21. Le grec
lit (4) : Il se rendit auprès des Lacédémoniens. Des
exégètes l'entendent des Lacédémoniens, qui
étaient alors en Egypte, et qui servaient dans l'ar-
mée de Ptolémée Philométor. Il est certain que
les Lacédémoniens faisaient alors partie de la
ligue Achéenne, avec qui le roi d'Egypte était
allié (<,).
f. 10. Sepultura neque peregrina usus,
NEQUE PATRIO SEPULCHRO PARTICIPANS. LegreC (6):
(i) Joseph, libelle- de Maccab. c. 4. H'V.oucs oïl ÇiffJW)?
oiaooOsi'or]; 7T2pt toù xsOvâvat àuTov to; è'vtoi [j.âXcaxa ya:-
pats/ Si I'Epoao).u;j.tTa[.
(2) n.Macc.^c. j. Vide Arab. in Polyglott. Paris.
(j) IL'pa: oùv /.a/.fjç âvasTpoyrj; È'toyov ÉY'/AeiaOjiç rcpà;
A'pe'tay. Quelques commentateurs lisent ey/Ai^Oà:, accusé,
au lieu de iy/.lsiGQù:, enferme.
(4) Ilpô; Aazsôatjioviou; àva/Oe'iç.
(5) Polyb in excerpt. de Lcgationib. xxxvn. et lvii.
(6) Kai y.7)3j:'a; oùoè fjitlvoç, offxs r.o.zç>MW tâ-fou [Uïia/J..
II. — MACCABÉES. — V. - MASSACRE DES JUIFS
18
il. His itaque gestis, suspicatus est rex societatem
deserturos Judasos; et ob hoc profectus ex ^gypto effe-
ratis animis, civitatem quidem armis cepit.
12. Jussit autem militibus interficere , nec parcere
occursantibus, et per domos ascendentes trucidare.
i j. Fiebant ergo csedes juvenum ac seniorum, et mulie-
rum et natorum exterminia, virginumque et parvulorum
neces.
14. Erant autem toto triduo octoginta millia interfecti,
quadraginta millia vincti, non minus autem venundati.
15. Sed nec ista sufficiunt : ausus est etiam intrare
templum universa terra sanctius, Menelao ductore, qui
legum et patrios luit proditor;
16. Et scelestis manibus sumens sancla vasa ; quas ab
aliis regibus et civitatibus erant posita^ad ornatum loci
et gloriam, contrectabat indigne, et contaminabat.
17. Ita alienatus mente Antiochus, non considerabat
quod propter peccata habitantium civitatem, modicum
Deus fuerat iratus, propter quod et accidit circa locum
despectio ;
18. Alioquin, nisi contigisset eos muitis peccatis esse
involutos, sicut Heliodorus, qui missus est a Seleuco
rege ad expoliandum œrarium, etiîm hic statim adveniens
flagellatus et repulsus utique fuisset ab audacia.
11. Ces choses s'étant passées de la sorte, le roi s'ima-
gina que les Juils pourraient bien abandonner l'alliance
qu'ils avaient faite avec lui; ainsi il partit d'Egypte plein
de fureur, et, ayant emporté la ville de vive force,
12. Il commanda à ses soldats de tuer tout, de n'épar-
gner aucun de tous ceux qu'ils rencontreraient, et
d'égorger ceux qui monteraient au haut des maisons.
ij. Ils firent donc un carnage général des jeunes gens
et des vieillards, des femmes et des enfants ; et ni les
filles, ni les plus petits enfants ne purent éviter la mort.
14. Il en fut tué quatre-vingt mille pendant trois jours :
quarante mille furent faits captifs ; et il n'y en eut pas
moins de vendus.
15. Mais, comme si cette cruauté n'eût pas suffit à An-
tiochus, il osa même entrer dans le temple, qui était le
lieu le plus saint de toute la terre, ayant pour conduc-
teur Ménélaûs, l'ennemi des lois et de sa patrie.
16. Et, prenant avec ses mains criminelles les vases
sacrés, que les autres rois et les villes avaient placés en
ce lieu saint, pour en être l'ornement et la gloire, il les
maniait d'une manière indigne, et les profanait.
17. Ainsi, Antiochus ayant perdu toute la lumière de
l'esprit, ne considérait pas que, si Dieu faisait éclater
pour un peu de temps sa colère contre les habitants de
cette ville, c'était à cause de leurs péchés ; et que c'était
pour cela qu'un 'lieu si saint avait été exposé à la profa-
nation.
10. Car autrement, s'ils n'avaient été coupables de plu-
sieurs crimes, ce prince, à l'exemple d'Héliodore qui fut
envoyé par le roi de Séleucus pour piller le trésor,
aurait été fouetté comme lui au moment de son arrivée
et empêché d'exécuter son entreprise insolente.
COMMENTAIRE
On ne lui rendit aucun des devoirs qu'on rend aux
morts, et il ne fut point enterré dans le tombeau de
ses pères. Ce que la Vulgate traduit ici par sepul-
tura peregrina, peut marquer les devoirs que 1 "hu-
manité ne permettait pas 'de refuser même aux
étrangers, qui mouraient hors de leur pays. On
employa les trente pièces d'argent, qui furent don-
nées pour le prix de Jésus-Christ, à acheter un
champ pour la sépulture des étrangers (1).
jK 11. Suspicatus est rex societatem deser-
turos Jud/EOS. L'entreprise de Jason, et la joie
que les habitants de Jérusalem avaient témoignée
à la fausse nouvelle de sa mort, lui donnèrent de
l'inquiétude. Il craignit qu'ils ne se rendissent à
l'Egypte et n'abandonnassent son parti.
Civitatem quidem armis c-epit. Josèphe dit
que les habitants de Jérusalem sortirent en armes,
contre Antiochus (2) ; que ce prince forma le siège
de la place, et qu'il la prit de force (5) ; mais ail-
leurs, il avance qu'il la prit sans combat, parce
que ses partisans lui en ouvrirent les portes (4).
y. 14. Octoginta millia interfecti. Il y a
apparence que, dans ces quatre-vingt mille, sont
compris les quarante mille qui furent vendus.
Voici le grec ()): II y en eut quatre-vingt mille de
détruits; quarante mille dans le premier feu du com-
bat, ou l'épée à la main, et autant de vendus. La
construction insinue que la somme de quatre -vingt
mille, comprend tous ceux qui furent tués ou faits
captifs dans cette occasion.
jL 17. Ita alienatus mente Antiochus, non
CONSIDERABAT, QUOD PROPTER PECCATA HABITAN-
TIUM CIVITATEM MODICUM DEUS FUERAT IRATUS.
La connaissance de tant de prodiges que Dieu
avait faits en faveur du peuple juif, dans le cours
de tous les siècles, depuis son établissement,
aurait dû convaincre en effet ce prince, qu'il fal-
lait bien que ce même Dieu fût en colère contre
son peuple, lorsqu'il permettait à ses ennemis d'en
faire un si grand carnage, et de profaner ainsi son
temple et les vases consacrés à son saint culte. 77
avait donc perdu toute la lumière de l'esprit, en se
prévalant ridiculement de ce pouvoir que Dieu lui
donnait pour punir les péchés des Juifs, comme
s'il ne l'avait pas reçu de lui. Car il n'était point
absolument nécessaire d'avoir la foi pour en juger
de la sorte : la lumière naturelle de la raison
devait lui suffire pour le détromper de sa sotte
vanité. Il devait savoir, ce que tant de princes
avant lui avaient éprouvé, que le peuple d'Israël
(1) Matth. xxvn. 7.
(2) Joseph, de Bdlo lib. vi. p. 929.
(j) Idem. ibid. t. 1. c. 1.
(4) Idem. lib. xii. Antiq. e. 7.
(1) OV.Ttù [iuptâos; xaiE-jOotpEoav. Téaaape; [jiv ëv a/S
pdW voaaïç, où/. fjiTov oï wov £a^ayu.e'vcov eîtoâO^aav.
i86
II. — MACCABÉES. — V. - LEUR OPPRESSION
19. Verum non propter locum gentem, sed propter
gentem locum Deus elegit.
20. Ideoque et ipse locus particeps factus est popul'
malorum, postea autem fiet socius bonorum ; et qui de-
relictus in ira Dei omnipotentis est, iterum in magni
Domini reconciliatione cum summa gloria exaltabitur.
21. Igitur Antiochus, mille et octingentis ablatis de
templo talentis, velociter Antiochiam regressus est, exis-
timans se, praa superbia, terram ad navigandum, pelagus
vero ad iter agendum deducturum, propter mentis ela-
tionem.
22. Reliquit autem et prœpositos ad affligendam gentem:
Jerosolymis quidem Philippum, génère Phrygem, mori-
bus crudeliorem eo ipso a quo constitutus est ;
2?. In Garizim autem Andronicum et Menelaum, qu'
gravius quam ceteri imminebant çivibus.
19. Mais Dieu n'avait pas choisi le peuple à cause du
temple; il a choisi au contraire le temple à cause du
peuple.
20. C'est pourquoi ce lieu saint a eu part aux maux
qui sont arrivés au peuple, comme il aura part aussi aux
biens qu'il doit recevoir; et, après avoir été quelque
temps abandonné, à cause de la colère du Dieu tout-
puissant, il sera encore élevé à une souveraine gloire,
lorsque le grand Dieu se réconciliera avec son peuple.
ai. Antiochus ayant donc emporté du temple dix-huit
cents talents, s'en retourna promptement à Antioche,
s'abandonnant à un tel excès d'orgueil, et s'élevant dans
le cœur d'une manière si extravagante, qu'il s'imaginait
pouvoir rendre la terre navigable, et (aire de la mer un
chemin ferme.
22. Il laissa aussi des hommes, qu'il établit en autorité
afin qu'ils affligeassent le peuple; savoir, dans Jérusa-
lem, Philippe, originaire de Phrygie, plus cruel que celui
qui l'y avait établi ;
25. Et à Garizim, Androniqueet Ménélaùs, plus acharnés
que tous les autres à faire du mal à leurs concitoyens.
COMMENTAIRE
avait en tout temps paru invincible, tant qu'il avait
observé fidèlement la loi de son Dieu : Quant au
temple, l'exemple tout récent d'Héliodore, que le
roi, son prédécesseur, avait envoyé pour le piller,
pouvait lui faire juger que le même Dieu qui l'avait
si hautement protégé contre la violence de Séleu»
eus, n'était pas moins redoutable qu'il l'avait été
alors, pour faire encore éclater sa toute-puis-
sance.
y. 19. Non propter locum, gentem; sed prop-
ter gentem, locum Deus elegit. Dieu n'a que
faire de nos temples, ni de nos sacrifices (1) ; c'est
pour nous que nous travaillons, lorsque nous
bâtissons des temples au Très-Haut ; c'est pour
nous procurer des asiles contre la colère du Sei-
gneur, des lieux de prières pour fléchir sa colère.
Qui suis-je, disait Salomon, pour entreprendre de
bâtir un temple au Seigneur, dont le ciel et la
terre ne sont pas capables de contenir l'immen-
sité (2) ? Ce n'est donc que pour avoir des lieux
où nous puissions lui rendre nos vœux et nos hom-
mages : Ad hoc lantum facla est, ut respicias ora-
iionem servi lui, cl obsecralionem ejus, cl audias
preces quas fundil famulus tuus coram le. De là
vient que le Seigneur, dans sa vengeance, ne
manque guère de permettre la profanation des
temples et des autels, comme pour faire sentir
aux peuples, qu'il abandonnait ces lieux sacrés,
qui étaient comme des gages de sa présence et de
sa protection, et qu'il ne regarde qu'avec horreur,
dès qu'ils ne servent plus que de retraite à des
méchants.
y. 11. Terram ad navigandum, pelagus vero
ad iter agendum deducturum. Expressions hy-
perboliques, qui marquent l'extravagance et la
vanité du roi Antiochus, qui, après la conquête
de l'Egypte, ne se croyait plus rien d'impossible.
L'histoire a conservé la mémoire de l'entreprise
de Xerxès et de Caligula, qui, par un effet c l'une
vanité ridicule, voulurent rendre la terre naviga-
ble, et la ruer ferme, propre à y marcher à che-
val. Le premier bâtit un pont pour joindre l'Asie
à l'Europe (1), fit aplanir les montagnes et rem-
plir les vallées, fit percer les terres, pour la com-
munication des mers ; enfin prétendit se faire
passer pour le maître de la nature. L'autre, plus
ridicule, voulut à l'imitation de Xerxès, faire un
pont sur le lac Lucrin, entre Baies et Pouzzoles,
à la longueur de trois mille six cents pas, pour
avoir le plaisir d'y marcher à cheval, et d'y passer
dans l'équipage d'un triomphe chimérique (2.)
Antiochus avait trouvé si peu de résistance dans
l'armée d'Egypte, et dans les conquêtes qu'il
avait faites dans ce pays, qu'il ne devait pas beau-
coup se flatter de ses victoires.
y. 23. In Garizim autem Andronicum. Il faut
finir ici le sens ; car Ménélaùs n'eut aucune auto-
rité sur les Samaritains, qui avaient leur temple
à Garizim. Cette montagne semble être mise ici,
pour tout le pays de Samarie.
Et Menelaum, qui gravius imminebant çivi-
bus. Outre ceux-ci il laissa en Judée Ménélaùs
qui élait plus acharné que les autres, contre ses
citoyens. Il faut lire imminebat et non imminebant,
(1) hai. 1. 11. - Jercm. vi. 20. - Ames. v. 22.
(2) Vide m. Reg. vin. 27. et n. Par. 11. 6. cl vi. 19.
(j) Justin, t. 11. Fiducia virium velut naturas ipsius
dominus, et montes in planum deducebat, et convexa
vallium rcquabat, et quœdam maria pontibus sternebat,
quasdam ad navigationis commodum, per compendium
ducebat.
(4) Vide Sucloti. in Caio Caligula.
II.
MACCABÉES. — V.- RETRAITE DE JUDAS MACCABÉE
187
24. Cumque appositus esset contra Judœos,misit odio-
sum principëm, Apollonium, eu m exercitu viginti et
duobus millibus, prœcipiens ei omnes perfeclaa aetati s
interficere, mulieres ac juvenes vendere.
2$. Qui cum venisset Jerosolymam, pacem simulans,
quievit usque ad diem sanctum sabbati ; et tune feriatis
Judœis, arma capere suis prœcepit.
26. Omnesque qui ad spectaculum processerant, Iru-
cidavit ; et civitatem cum armatis discurrens, ingentem
multitudinem peremit.
27. Judas autem Machabaaus, qui decimus fuerat,
secesserat in desertum locum, ibique inter feras vitam in
montibus cum suis agebat; et fœni cibo vescentes, demo-
rabantur, ne participes essent coinquinationis.
24. Et la haine qu'il avait contre les Juifs n'étant pas
encore satisfaite.il leur envoya le détestable Apollonius,
avec une armée de vingt-deux mille hommes qu'il com-
mandait; et il lui donna ordre de tuer tous ceux qui se-
raient dans un âge mûr, et de vendre les femmes et les
jeunes hommes.
2Ç. Lors donc qu'il fut arrivé à Jérusalem, il feignit de
vouloir la paix, et il demeura en repos jusqu'au saint jour
du sabbat; mais lorsque les Juifs se tenaient dans le
repos auquel le sabbat les obligeait, il commanda à ses
gens de prendre les armes.
26. Il tailla en pièces tous ceux qui étaient venus pour
les regarder; et courant toute la ville avec ses soldats,
il tua un grand nombre de personnes.
27. Cependant Judas Maccabée s'était retiré, avec neuf
autres, en un lieu désert, où il vivait avec les siens
sur les montagnes parmi les bêtes; et ils demeuraient là
sans manger autre chose que l'herbe des champs, afin de
ne point prendre part à ce qui souillait les autres.
COMMENTAIRE
en suivant le grec (1): Cet acharnement ne re-
garde que la personne de Ménëlaùs.
V. 24. MlSlT ODIOSUM PRINCIPËM ApOLLONIUM.
La Vulgate semble rapporter ceci à Ménélaùs ;
mais quelle autorité avait ce grand prêtre, pour
envoyer Apollonius contre les Juifs ? Le syriaque
marque que ce fut Antiochus qui l'envoya, et la
suite du discours et des faits racontés ici et dans
le premier livre des Maccabées (2), semble de-
mander ce sens. Le grec n'en est point éloigné^),
et c'est aujourd'hui le sens le plus généralement
admis. Le grec (4), au lieu de l'épithète d'odieux,
de détestable, que la Vulgate donne à Apollo-
nius, lui donne le nom de [waip)rjis , c'est-à-dire,
prince des scélérats. Grotius croit qu'il était prince
ou gouverneur de Mysie.
f. 26. Omnes qui ad spectaculum processe-
rant, trucidavit. 77 tailla en pièces tous ceux qui
étaient venus pour les regarder, ou (5), tous ceux
qui étaient venus pour cette fête, qui étaient venus
à Jérusalem et au temple, le jour du sabbat, pour
participer aux sacrifices et pour satisfaire leur
dévotion. Il faut comparer le premier livre des
Maccabées, chapitre 1, verset 30 et suivants pour
voir la suite de cette histoire.
f. 27. Judas Machab^eus qui decimus fuerat.
L'auteur nomme exprès Judas Maccabée, parce
que son nom était alors plus fameux que celui de
Matthathias, son père, et d'aucun de ses frères.
Matthathias et ses cinq fils, du nombre desquels
était Judas, et quatre autres Juifs dont nous ne
connaissons pas les noms, se retirèrent d'abord
ensemble ; mais il y en eut beaucoup d'autres qui
les suivirent dans les montagnes. Le texte dit
qu'ils se nourrirent d'herbes sauvages, c'est-à-dire,
de fruits, d'herbes, de racines, et de ce qu'ils
trouvèrent à la campagne, n'ayant pu emporter
des provisions, pour tout le temps qu'ils furent
obligés de demeurer dans les solitudes.
(1) ripôç Sè TOikoiç MsvAaov, ô; /EipiaTa TiT.v a)J.wv
ur.^peio toî; -.okhot-i: . lia Syr. etc.
^2) Vide 1. Macc. 1. ;o. et ni. 10.
(j) A'^e^Orj Se r.pô; to;j; ^oXita; I'ouoa'iou; è'/.wv ola-
Oetiv, zr.zp.fyi Sa xov u.uaxp-/7]v A'r.oXXûvio'/, etc.
(4) Vide Serar. Tir. Grot.Usser. Vaill. Vide ad 1. Macc. i.]o.
(5) Toù; z^iXOôna; Tïâyia; zr:\ xr,v Oscopiav auvsxEVTrjcrc.
Vide supra ad cap. iv. 19.
CHAPITRE VI
Antiochus force les Juifs d? abandonner les lois de Dieu pour embrasser le culte des idoles.
Profanation du temple. Cruautés exercées contre les Juifs fidèles à la loi du Seigneur.
Dessein de Dieu en permettant ces maux. Martyre du saint vieillard Eléa\ar.
i. Sed non post multum temporis, misit rex senem
quemdam Antiochenum, qui oompelleret Judasos ut se
transferrent a patriis et Dei legibus ;
:. Contaminare etiam quod in Jerosolymis erat tem-
plum, et cognominare Jovis Olympii, et in Garizim,
prout erant hi qui locum inhabitabant, Jovis hospitalis.
j. Pessima autem et universis gravis erat maiorum
incursio ;
i. Peu de temps après, le roi envoya un certain vieil-
lard d'Antioche pour forcer les Juifs à abandonner les
lois de Dieu et celles de leur pays;
2. Pour profaner le temple de Jérusalem, et l'appeler
le temple de Jupiter Olympien ; et pour donner au tem-
ple de Garizim le nom de temple de-Jupiter l'Étranger,
comme l'étaient ceux qui habitaient en ce lieu.
;. Ainsi l'on vit fondre tout d'un coup sur tout le peu-
ple comme un déluge terrible de toutes sortes de maux :
COMMENTAIRE
f. i. Senem Antiochenum. Un vieillard d'An-
tioche, ou un sénateur d'Antioche. Le grec (i) :
Un vieillard Athénien, on un sénateur nommé
Athénée.
f. 2. Cognominare Jovis Olympii. Les Grecs,
voulant introduire leur religion dans l'Asie, se
contentèrent de remarquer les propriétés des di-
vinités anciennes du pays, et d'en changer les
noms, pour y substituer les noms grecs. On
trouva quelque ressemblance entre le Dieu du
Ciel, que les Juifs adoraient, et le Jupiter Olym-
pien des Grecs ; on voulut obliger les Juifs à trans-
férer à ce dieu des Grecs, les honneurs qu'ils
rendaient au Dieu du ciel. Les autres nations n'y
firent point de façon ; elles changèrent aisément
le nom et les cérémonies de leurs dieux, croyant
qu'il était indifférent de les adorer à la manière
des Grecs, ou autrement. On ne leur en deman-
dait pas davantage ; mais les Juifs, plus éclairés
et plus religieux que les autres peuples, ne prirent
pas le change, et surent toujours mettre une dif-
férence infinie, entre le Dieu du ciel qu'ils ado-
raient, et le Jupiter Olympien des païens. Ils ne
purent se résoudre à rendre à la créature , le
culte qui n'est dû qu'au Créateur ; ils aimèrent
mieux souffrir les derniers supplices, que de faire
le moindre changement à leurs cérémonies. Dans
le quatrième livre des Maccabées (2), il est dit que
le vieillard Eléazar et les sept frères Maccabées
souffrirent en la présence d'Antiochus lui-même.
C'était plus par politique que par religion, que les
conquérants voulaient contraindre les J uifs à l'apos-
tasie. Tant qu'ils conserveraient leur culte, ils
formeraient nécessairement une nation à part,
réfractaire à la fusion dans une même nationalité
avec les Syriens. Il fallait donc détruire cette reli-
gion exclusive, briser le cadre de la législation
mosaïque, pour assouplir ce peuple à un joug
étranger.
Et in Garizim prout erant hi, qui locum
inhabitabant, Jovis hospitalis. Jupiter l'hospita-
lier était le protecteur des étrangers et des voya-
geurs. Les Samaritains ayant vu la persécution
allumée contre les Juifs, recoururent à leur artifice
ordinaire ; ils nièrent d'avoir aucun rapport avec
les Juifs, ni avec leur religion ; ils écrivirent même
à Antiochus Épiphane (3), une lettre pleine de
flatterie, dans laquelle ils prenaient le nom de
Sidoniens, demeurant à Sichem, et exposaient que
leurs ancêtres, portés par de vaines superstitions,
avaient embrassé la coutume des Juits, de célé-
brer le jour du sabbat, pour se mettre à couvert
de la peste, qui avait souvent ravagé leurs pays,
et qu'ils avaient érigé un temple, sur le mont
Garizim, sans le dédier à aucune divinité. Ils
ajoutaient que le roi ayant ordonné qu'on fit
souffrir aux Juifs la juste peine de leur méchan-
ceté, ces officiers voulaient les envelopper dans
leur châtiment, comme étant de la même nation,
et de même religion qu'eux. C'était une erreur
et une injustice, puisqu'ils étaient Sidoniens
d'origine, et qu'ils n'avaient rien de commun avec
les Juifs; ils priaient donc le roi d'écrire à Apol-
lonius et à Nicanor, ses officiers, de les laisser
(1) E'ÇanstKEtXeô pxo:X=j; Yepsvïa A'0r)vxïov. lia et Syr.
(2) iv. Macc. c. 2.
(?) Joseph. Antiq. I. xil. c. 7. Bas'.Xst A'vtiÔ/i.» Osa>
E'j;iyavsî, &rcrffl.VT)fj.a r.apà. tàiv ev Euc^LOtç StScovtav.
II.— MACCABÉES.— VI.- PERSÉCUTIONS CONTRE LES JUIFS
189
4. Nam templum luxuria et comessationibus gentium
erat plénum, et scortantium cum meretricibus, sacratis-
que aadibus mulieres se ultro ingerebant, intro ferentes
ea quse non licebat.
<,. Altare etiam plénum erat illicitis, quce legibus pro-
hibebantur.
6. Neque autem sabbata custodiebantur, neque dies
solemnes patrii servabantur, nec simpliciter Judasum se
esse quisquam confitebatur.
7. Ducebantur autem cum amara necessitate in die
natalis régis ad sacrificia ; et cum Liberi sacra celebra-
rentur, cogebantur hedera coronati Libero circuire.
8. Decretum autem exiit in proximas Gentilium civita-
tes, suggerentibus Ptolemaais, ut piri modo et ipsi adver-
sus Judasos agerent, ut sacrificarent ;
9. Eos autem, qui nollent transire ad instituta gentium,
interficerent. Erat ergo videre miseriam.
4. Car le temple était rempli des dissolutions et des
festins de débauche des gentils, d'hommes impudiques
mêlés avec des courtisanes, et de femmes qui entraient
insolemment dans ces lieux sacrés, y portant des choses
qu'il était défendu d'y introduire.
5. L'autel était plein aussi de viandes impures, qui sont
interdites par nos lois.
6. On ne gardait point les jours de sabbat; on
n'observait plus les fêtes solennelles du pays; et nul
n'osait plus avouer simplement qu'il était Juif.
7. Ils étaient menés par une dure nécessité aux sacrifi-
ces profanes, le jour de la naissance du roi, et, lorsque
l'on célébrait la fête de Bacchus, on les contraignait
d'aller par les rues couronnés de lierre, en son hon-
neur.
8. Les Ptoléméens suggérèrent aussi et furent cause
qu'on publia un édit dans les villes voisines des gentils,
pour obliger d'agir de la même sorte contre les Juifs, et
de les contraindre à sacrifier,
9. Ou de tuer ceux qui voudraient point embrasser les
coutumes des gentils : ainsi on ne voyait que misère.
COMMENTAIRE
en paix , et de dédier leur temple à Jupiter
Grec (1). Le roi écrivit à Nicanor en leur faveur,
et leur accorda tout ce qu'ils demandaient; mais
il changea sans doute d'opinion dans la suite,
puisque nous apprenons de l'auteur de ce livre,
que leur temple fut consacré à Jupiter l'Hospita-
lier, ou l'étranger.
f. 4. Scortantium cum meretricibus. Le
grec {2) : Le temple était plein de gentils, qui
commettaient des actions abominables, avec leurs
semblables, et qui s'approchaient des courtisanes
jusque dans les sacrés portiques. C'était un sacri-
lège odieux, puisqu'il n'était pas même permis aux
prêtres de s'approcher de leurs femmes légitimes,
durant le temps de leur service au temple, et que
les femmes les plus pures n'avaient point entrée
dans l'intérieur.
p. 6. Neque simpliciter Jud^eum. Nul n'osait
avouer simplement qu'il était Juif, ou qu'il était de
la religion des Juifs. Le nom de Juifs était alors
un crime, comme longtemps après celui de chré-
tiens, sous les persécuteurs de l'Église.
f. 7. In die natalis régis. Le grec (3) : Ils
étaient conduits par une dure nécessité, au festin
de la naissance du roi, qui se faisait chaque mois. Il
y a beaucoup d'apparence que c'est de cette fête
de la naissance, ou de la prise de possession du
royaume d'Antiochus, qu'on doit entendre ce qui
est dit dans le premier livre des Maccabées (-|),
qu'on maltraitait ce jour-là tous les Israélites qui
se trouvaient dans chaque ville. Il était ordinaire
aux rois d'Orient de célébrer, et défaire célébrer
dans leurs états, le jour de leur naissance, ou de
leur avènement à la couronne (5). Mais c'est une
innovation de la part d'Antiochus Épiphane, d'a-
voir fait célébrer cette fête tous les mois. Le grec,
pour exprimer le festin superstitieux qu'on faisait
alors, se sert d'un terme qui signifie les entrail-
les (6), parce qu'après avoir immolé la victime,
les prêtres rendaient à ceux qui fournissaient
l'hostie, une partie des entrailles pour faire un
festin (7).
Cogebantur hedera coronati Libero cir-
cuire. Cette fausse divinité était très honorée
dans ce pays. On voit son image sur plusieurs mé-
dailles des rois deSyrie(8). Nous croyons que l'on
substitua son culte à celui d'Adonis, si connu dans
toutes ces provinces (9). Le terme grec que nous
traduisons par circuire, aller par les rues, signifie
proprement, marcher avec solennité, à la suite
d'une idole, faire une procession à l'honneur de
Bacchus ; à la lettre (10) ; on les contraignait de
suivre la marche de Dionysius, ou de Bacchus,
ayant du lierre, ou couronné de feuilles de lierre,
ou portant des branches de cet arbre, ou des
thyrses, c'est-à-dire des bâtons enveloppés de
lierre; tout le monde sait que cet arbre était con-
sacré à Bacchus.
f. 8. Decretum ex;it in proximas gentilium
civitates, suggerentibus Ptolem^is. Les parti-
(t) Idem ib'ui. riposayopEuOrjvai oï xô «vojvu;j.ov ttpôv,
AIOS EAAIINIOY. _
(2) Y'jio Tt3v iOvàjv f âûuao'jv'ojv u.ïrà twv Ixaipcov, xal
Sv toî; îspo~iç JîîpiSôXct; yuvaiÇt TtXrptaÇovtujY.
( J) H'youvxo Cî fj.ità r.v/.cà.; ctvây/.Tj; s':; Ti-,v y.aîà [jltjV3
xoù j3a;X:co; yEvÉOX'.ov rjjxspav sri a7;Xay^vtau6v.
14) 1. Macc. 1. Ot. In virtute sua faciebant hase populo
qui inveniebatur in omni mense et mense in civitatibus.
(5) Voyez le commentaire sur saint Matthieu xiv. 0.
(6) SitX*Y^v'.au.ôv. Vide infra y. 8. et 21. cl vu. 42.
(;) Vide Grot. Anstoplian. osXay^veysiv. Plaut. ad exta
vocare.
(8) Vaillant, lust. Reg. S,t. pag. j 17. 520. 564.
(9) Doetlingcr Pagan. cl jud. 1. 204. - Selden. de Diis
syris, p. 80.
(10) II 'vayxâ.'o/TO ô; l'ouo>;oi y.ioaoù; 6/Ovte; 7:oa^eij£ty
xài A'.ov'J'aj.
190
II. — MACCABÉES. — VI. - PERSÉCUTION CONTRE LES JUIFS
10. Duœ enim muliercs delatœ sunt natos suos circum-
cidisse, quas, infantibus ad ubera suspensis, cum publice
per civitateni circumduxissent, per muros prœcipave-
runt.
11. Alii vero, ad proximas coeuntes speluncas, et laten-
ter sabbati diem célébrantes, cum i ndicati essent
Philippo, flammis succensi sunt, eo quod verebantur,
propter religionem et observantiam , manu sibimet
auxilium ferre.
12. Obsecro autem eos qui hune librum lecturi sunt,
ne abhorrescant propter adversos casus, sed reputent
ea quae acciderunt, non ad interitum, ssd ad correptio-
nem esse generis nostri.
10. Car deux femmes ayant été accusées d'avoir circon-
cis leurs enfants, furent menées publiquement par toute
la ville, ayant ces enfants pendus à leurs mamelles ; et
ensuite furent précipitées du haut des murailles.
1 1. D'autres s'étant assemblés en des cavernes voisines>
et y célébrant secrètement le jour du sabbat, Philippe
en fut averti ; il les fit tous consumer par les flammes,
car ils n'osèrent se défendre, à cause du grand respect
qu'ils avaient pour l'observation du sabbat.
12. Je conjure ceux qui liront ce livre de ne pas se
scandaliser de tant d'infortunes; mais de considérer que
tous ces maux sont arrivés, non pour perdre notre nation,
mais pour la châtier.
COMMENTAIRE
sans des Plolémées ou mieux les habitants de Plo-
Umaïs (]) donnèrent l'idée de publier aussi un
édit dans les villes des gentils, voisines des Juifs,
pour les obliger de contraindre les Israélites, qui
demeuraient dans ces lieux, à sacrifier. En effet,
nous voyons dans le premier livre des Macca-
bées (2), que les habitants de Ptolémaïs, de Tyr
et de Sidon, s'étaient attroupés contre les Juils,
et que toute la Galilée s'était soulevée contre
eux. Cette ligue malfaisante obligea Judas Mac-
cabée d'accourir au secours de ses frères, et de
les amener dans la Judée, pour les mettre à cou-
vert de la fureur de leurs ennemis. Le syriaque
porte que l'on envoya à Ptolémaïs et aux villes
des gentils, qui étaient voisines, l'ordre qu'elles
eussent à faire quartier à ceux qui leur obéiraient,
et qui sacrifieraient; mais qu'elles missent à mort
ceux qui refuseraient de le faire. La plupart des
exemplaires grecs lisent que cet édit fut rendu à la
sollicitation de Plolémée, ce qu'on entend de Pto-
lémée, fils de Dorymini (3). Mais nous préférons
la leçon de l'édition romaine, qui est conforme à
la Vulgate.
£. 10. Du£ mulieres. Voyez 1. Macc. 1, 04,
et suivants.
$. II. LATENTER SABBATI DIEM CELEBRANTES.
Comparez 1. Macc. 11, 31. Philippe dont il est
parlé ici, est le gouverneurdeJérusalem, verset 22.
y. 12. Ne abhorrescant propter adversos
CASUS, SED REPUTENT EA QU.E ACCIDERUNT NON AD
INTERITUM SKD AD CORRECTIONEM ESSE GENERIS
nostri. Ce scandale dont il est parlé ici, et que l'au-
teur craignait pour ceux qui y verraient tant de mal-
heurs arrivés au peuple de Dieu, consiste dans un
affaiblissement de la foi, causé très souvent par la vue
des grandes persécutions où se trouvent exposés
ceux qui vivent dans la piété. Le peuple d'Israël
s'était attirélacolère de Dieu par ses crimes, mais
tout le monde n'était pas également perverti : il y
avait beaucoup de justes qui lui rendaient un culte
sincère, et qui cependant éprouvaient, comme les
autres et plus que les autres, la cruauté d'Antio-
chus. Sans parler des Maccabées qui souffrirent
le martyre, et des enfants de Matthathias qui
soutinrent tant de travaux pour la défense de leur
patrie et de leur religion; on le voit assez par
l'exemple de ces Juifs même dont il est parlé ici,
et à l'occasion desquels l'écrivain sacré conjure
tous les lecteurs de n'être point scandalisés. Le
soin qu'ils eurent de se retirer dans des cavernes
et d'y célébrer secrètement le jour du sabbat, mar-
quait assez qu'ils avaient de l'attachement à la
vraie religion, et la fermeté qu'ils firent paraître,
en aimant mieux se laisser brûler tout vifs, que
de violer la sainteté du sabbat en prenant les
armes pour se défendre, fait admirer la fidélité
avec laquelle ils craignaient de se départir de
l'observation de la loi de Dieu.
C'était donc véritablement un grand scandale
au temps de l'ancienne loi, de voir tant de justes
et de fidèles périr, au lieu des coupables dont un
grand nombre se rachetaient en trahissant leur
religion. Mais, quoique la loi promit effective-
ment toute sorte de bonheur à ceux qui l'accom-
pliraient, les vrais enfants d'Israël et d'Abraham
ont toujours compris néanmoins que les biens
qu'on leur promettait étaient autres que ceux
d'ici-bas , qui n'en étaient qu'une image : et
ainsi ils pratiquaient par avance cette vérité que
saint Pierre a longtemps après enseignée à toute
l'Église, lorsqu'il disait aux fidèles, de n'être point
surpris lorsque Dieu les éprouvait par le feu des
afflictions, comme si quelque chose d'extraordinaire
leur arrivait ; mais de se réjouir plutôt de ce qu'ils
participaient ainsi aux souffrances du Sauveur (4).
Souffrant donc, comme dit encore le même apô-
tre, selon la volonté de Dieu, ils se conl entaient
de remettre leurs âmes entre les mains de Celui qui
(1) Edit. Roma.ia. IlToXeiKtfaiv î>-cmGsuiva>v. Edi/iones
aliœ. Il'.olv,).*(ot) ir.oOe|j.ê'vou. Nous pensons qu'il faudrait
lire ritoXîijiaEtoiv Plclcmccnscs, rhoXepEî;. Infra xnt.25.
et 1. Macc. xii. 4.
(2) i. Macc. v. ij.
(j) Supra 11. Macc. IV. 45.
(4) 1. Pctr. iv. 12.
II.— MACCABCES. — VI.- MORT D'ÉLÉAZAR
191
n. Etcnim multo tempore non sinere peccatoribus ex
sententia agere, sed statim ultiones adhibere, magni
beneficii est indicium.
14. Non enim, sicut in aliis natioribus, Dominus patien-
ter expectat, ut eas, cum judicii dies advenerit, in pleni-
tudine peccatorum puniat;
11;. Ita et in nobis statuit, ut peccatis nostris in finem
devolutis, ita demum in nos vindicet.
16. Propter quod nunquam quidem a nobis misericor-
diam suam amovet ; corripiens vero in adversis, populura
suum non derelinquit.
17. Sed liœc nobis ad commonitionem legentium dicta
sint paucis; jam autem veniendum est ad narrationem.
18. Igitur Eleazarus, unus de primoribus scribarum, vir
œtate provectus, et vultu decorus, aperto ore hians
compellebatur carnem porcinam manducare.
10. At ille gloriosissimam mortem magis quam odibi-
lem vitam complectens, voluntarie prœibat ad suppli-
:j. Car c'est la marque d'une grande miséricorde de
Dieu envers les pécheurs, de ne pas les laisser long-
temps vivre selon leurs désirs, mais de les châtier
promptement.
14. En effet, le Seigneur n'agit pas à notre égard
comme à l'égard des autres nations, qu'il souffre avec
patience, se réservant de les punir dans la plénitude de
leurs péchés, lorsque le jour du jugement sera arrivé.
15. Quant à nous, il n'attend pas, pour nous punir,
que nos péchés so ient montés à leur comble.
16. Ainsi il ne retire jamais sa miséricorde de nous, et
parmi les maux dont il alllige son peuple pour le châtier,
il ne l'abandonne po int.
17. Après avoir dit ce peu de paroles pour l'instruction
des lecteurs, il faut reprendre maintenant la narration.
18. Eléazar, l'un des premiers d'entre les docteurs de
la loi, un vieHlard d'un visage vénérable, fut pressé de
manger de la chair de porc, et on voulait l'y contraindre,
en lui ouvrant la bouche par force.
19. Mais lui, préférant une mort pleine de gloire à une
vie criminelle, alla volontairement au supplice.
COMMENTAIRE
en était le créateur, et qui ne pouvait manquer
de leur être fidèle pour récompenser leurs bonnes
œuvres. C'est cette foi touchant la conduite ado-
rable de Dieu dans les châtiments qu'il exerce sur
son peuple, que l'auteur veut inspirer à ses lec-
teurs, pour les empêcher d'être -affaiblis, par la
vue de tant de malheurs, dans l'attachement à
tous leurs devoirs.
Voyez le discours de Matthathias 1. Macc. 11,
Jl, 52, et suivants. Judith, vin, 22, 25 et sui-
vants, et plus bas chapitre vu, 32, 33, 34.
y. 13. Statim ultiones adhibere, magni bene-
ficii est indicium. En effet, s'il les laisse lone-
temps impunis, ils en deviendront plus mauvais, ;et
tomberont enfin dans l'impénitence et l'incorrigi-
bilité. Dieu ne peut nous donner en cette vie une
plus grande preuve de sa colère, que de nous
laisser impunis ; c'est la dernière menace qu'il
fait à son peuple infidèle (1): Ma colère se repo-
sera à votre égard, ma jalousie ne s'allumera plus
sur vous, je demeurerai en repos, je ne me fâche-
rai plus.
f. Ut eas, cum judicii dies advenerit, in ple-
nitudine peccatorum puniat. A l'égard des
païens, Dieu les abandonne à eux-mêmes ; il leur
laisse remplir la mesure de leurs crimes ; i! voit
en quelque sorte, sans s'émouvoir, qu'ils mettent
le comble à leur iniquité. Il se réserve à les punir
dans l'autre vie, au jour terrible de son jugement;
quelquefois cependant, dès cette vie, il exerce
contre eux un jugement sans pitié, il les exter-
mine sans miséricorde ; comme il a fait pour les
Cananéens et les habitants de Sodome. Il n'en
est point ainsi des Juifs ; Dieu exerce contre eux
sa justice pour les corriger, pour les éprouver,
pour les rendre meilleurs. Ses châtiments sont à
leur égard, comme ceux d'un père envers ses
enfants, toujours tempérés de miséricorde et de
clémence. Il faut avouer que les philosophes
païens n'ont jamais émis de maximes si élevées.
j^. l6. NUMQUAM QUIDEMANOBIS MISERICORDIAM
suam amovet. Quoique Dieu retirât alors sa mi-
séricorde de nombreux pécheurs, qui devaient
persévérer jusqu'à la fin dans l'impiété, il ne la
relirait jamais entièrement de son peuple ; parce
que, même en le châtiant par un grand nombre de
maux dont il l'affligeait, il ne l'abandonnait point ;
mais lui faisait même recueillir des fruits de vie et
de salut, en sauvant plusieurs pécheurs par les
châtiments qu'il leur envoyait.
f. l8. ÉLEAZARUNUSDE PRIMORIBUS SCRIBARUM.
Saint Grégoire de Nazianze et saint Ambroise
assurent, après Josèphe, qu'il était de race sacer-
dotale. Josèphe, dans son livre des Maccabées (2),
a décrit en détail le martyre du vieillard Éléazar ;
il prétend qu'il eut lieu en présence d'Antiochus
lui-même ; l'Écriture paraît l'insinuer au chapitre
suivant, verset 1. Nous croyons qu'il souffrit à
Antioche, aussi bien que les sept frères Macca-
bées, ses disciples, dont on on parlera au chap.vn.
f. 19. Pr^eibat ad supplicium (3). // marchait
devant ses bourreaux, et allait volontairement au
iympanum. Le supplice du tympanum était la
bastonnade. C'est apparemment Éléazar qu'avait
en vue l'auteur de l'Épître aux Hébreux, lorsqu'il
a parlé de ceux qui ont souffert ce supplice (4).
(1) Ei&ch. xvi. 42. — (3) Libcl. dé Macc. c. j.
(3) A 'uOaioTs'oj; iz\ tô tûtir.xw/ noO'jf^i.
(4) Hcb. xi. 35. A"XXoi 3s fwjxrta/iaOTjîjav. Vulgat. Dis-
tend sunt.
102
II.— MACCABÉES.— VI.- MORT D'ÉLEAZAR
20. Intuens autem, quemadmodum oporterct accedere,
patienter sustinens, destinavit non admittere illicita
propter vilae amorem.
21. Hi autem qui astabant, iniqua m'seratione commoti,
propter antiquam viri amicitiam, tollentes eum sacreto,
rogabant alTerri carnes quibus vesci ei licebat, ut simu-
laretur manducasse, sicut rex imperaverat, de sacrifiai
carnibus.
22. Ut, hoc facto, a morte liberaretur; et propter
veterem viri amicitiam, hanc in eo faciebant humanita-
tem.
2'. At ille cogitare ccepit œtatis ac senectutis suas
eminentiam dignam, et ingenitae nobilitatis canitiem,
atque a puero optimoe conversationis actus ; et secundum
sanctaî et a Deo conditas legis constituta, respondit cito,
dicens, prœmitti se velle in infernum.
24. Non enim œtati nostrae dignum est, inquit, fingere,
ut multi adolescentium, arbitrantes Eleazarum nonaginta
annorum transisse ad vitam alienigenarum,
25. Et ipsi, propter meam simulationem, et propter
modicum corruptibilis vitœ tempus, decipiantur, et per
hoc maculam, atque execrationem meas senectuti con-
quiram.
20. Considérant ce qu'il lui faudrait soulTrir en cette
rencontre, et demeurant ferme dans la patience, il réso-
lut de ne rien faire contre la loi par amour de la vie.
zt. Ceux qui étaient présents, touchés d'une compas-
sion impie, à cause de l'ancienne amitié qu'ils avaient
pour lui, le prirent à part, et le supplièrent de trouver
bon qu'on lui apportât des viandes dont il lui était permis
de manger, afin qu'on pût feindre qu'il avait mangé des
viandes du sacrifice, selon le commandement du roi,
22. Et qu'on le sauvât ainsi de la mort : ils usaient
donc de cette espèce d'humanité à son égard, par un
effet de l'ancienne affection qu'ils lui portaient.
2j. Mais pour lui, il commença à considérer ce que
demandaient de lui un âge et une vieillesse si vénérable,
ces cheveux blancs qui accompagnaient la grandeur de
cœur qui lui était naturelle, et cette vie innocente et
sans tache qu'il avait menée depuis son enfance ; et il
répondit aussitôt, selon les ordonnances de la loi sainte
établie de Dieu, qu'il aimait mieux descendre dans le
tombeau.
24. Car il n'est pas digne de l'âge où nous sommes,
leur dit-il, d'user de cet:e fiction, qui serait cause que
plusieurs jeunes gens, s'imaginant qu'Éléazar, à l'âge de
quatre-vingt-dix ans, aurait passé au paganisme,
25. Seraient eux-mêmes trompés par cette feinte, dont
j'aurais usé pour conserver un petit reste de cette vie
corruptible : et ainsi j'attirerais une tache honteuse sur
moi, et l'exécration des hommes sur ma vieillesse.
COMMENTAIRE
f. 20. Intuens autem quemadmodum oporte-
RET ACCEDERE, PATIENTER SUSTINENS, DESTINAVIT
NON ADMITTERE ILLICITA PROPTER VIT/E AMOREM.
Le grec est entortillé et peu compréhensible, à
moins de reconstituer la phrase en hébreu (1).
Le voici mot à mot en latin : Expuens autem se-
cundum quemoporlebat modum accedere sustinen-
les puniri, qux non licebat gustare propter vîtes
amorem. C'est-à-dire, littéralement, mais selon la
manière dont devaient se conduire ceux qui avaient
la force de souffrir, il crachait ces choses qu'il ne lui
était pas permis de goûter pour sauver sa vie. La
phrase a une tournure hébraïque très accentuée.
y. 21. Qui astabant iniqua miseratione com-
moti. Le grec (2) : Ceux qui étaient préposés à
cet injuste festin, où l'on servait les entrailles des
bêles immolées aux idoles. Ce grand homme aime
mieux souffrir la mort que de scandaliser les fai-
bles par une action permise en elle-même, mais
qui serait prise infailliblement pour une prévari-
cation. Il suivait dès lors, dans la pratique, les
règles de morale que Jésus-Christ (3), que saint
Paul (4), que les martyrs {<,), ont depuis, ensei-
gnées et pratiquées.
h 24. Non enim jetati nostr/e dignum est,
inquit, fingere. CeUe fiction n'aurait été digned'au-
cun âge, puisque tous les hommes, de quelque âge
qu'ils puissent être, sont obligés de donner aux
autres l'exemple d'une foi sincère, et d'une piété
sans déguisement. Mais le scandale que cause la
chute d'un homme chargé d'années et consommé
dans les exercices de la piété, est d'une autre
conséquence sans comparaison, que celui que
causerait la chute d'une personne ordinaire. La
grande estime que l'on a conçue pour la vertu et
pour la lumière du premier, donne un poids par-
ticulier à toutes ses actions. Il ne fait rien qui ne
soit, non pas seulement un fruit, mais une se-
mence de vie ou de mort pour plusieurs person-
nes, qui le regardent comme un modèle que l'on
doit suivre. Ainsi Éléazar avait raison, quand il
répondit à ceux qui voulaient lui inspirer cette
fiction, qu'elle aurait été indigne de son grand âge :
non qu'elle eût pu convenir àun âge moinsavancé,
mais parce que sa vieillesse aurait rendu son
exemple plus dangereux pour plusieurs jeunes
personnes qu'il aurait trompées par ce déguise-
ment, et à qui il serait ainsi devenu un sujet de
scandale.
11 préféra donc, comme il le dit, laisser
aux jeunes gens un exemple de fermeté, plutôt
que de conserver un petit reste de cette vie corrup-
tible, par une dissimulation si pernicieuse tant à
son salut qu'à celui de ses frères.
(1) ripT-Ttisa; _3È xaO' 5v à'Sst tpo'sov Kpoocp'/c^Oa; toù;
C-oyeVjvtaç ap.'JvïïOat, wv où Ùc'iju; ^tûjx^tloi'. o:x xr)v itpo;
16 Çt,v oiXociopyfav.
(2) 0"i Ss ^po; toi r.«pavdjj.oj o7c).a-1'-i'_v,.o;j.fÔ Z£.xx-([j.i'/0'..
(5) Maltk. xvitt. 7. et scq.
(4) Rom. xiv. 14. 15. 20. 21. et 1. Car. vtn. 4. 10. II.
(5) S. Saba, Marlyrolog. 12. April.
II.— MACCABÉES. - VI.- MORT D'ÉLÉAZAR
•93
26. Nam, etsi in prœsenti tempore suppliciis hominum
eripiar, sed manum Omnipotentis nec vivus, necdefunc-
tus effugiam.
27. Quamobrem fortiter vita excedendo, senectute
quidem dignus apparebo ;
28. Adolescentibus autem exemplum forte relinquam, si
prompto animo, ac fortiter pro gravissimis ac sanctissi-
mis legibus honesta morte perfungar. His dictis, confestim
ad supplicium trahebatur.
29. Hi autem qui eum ducebant, et paulo ante fuerant
mitiores, in iram conversi sunt propter sermones ab eo
dictos, quos illi per arrogantiam prolatos arbitrabantur.
;o. Sed, cum plagis perimeretur, ingemuit, et dixit :
Domine, qui habes sanctam scientiam, manifeste tu scis,
quia cum a morte possem liberari, duros corporis sustineo
dolores ; secundum animam vero propter timorem tuum
libenter hsec patior.
51. Et iste quidem hoc modo vita decessit, non solum
juvenibus, sed et universae genti memoriam mortis suas,
ad exemplum virtutis et fortitudinis derelinquens.
26. Car bien que je me délivrasse présentement des
supplices des hommes, je ne pourrais néanmoins fuir la
main du Tout-Puissant, ni pendant ma vie, ni après ma
mort.
27. C'est pourquoi mourant courageusement, je paraî-
trai digne de la vieillesse où je suis ;
28. Et je laisserai au jeunes gens un exemple de fer-
meté, souffrant avec joie une mort honorable pour le
culte sacré de nos lois très saintes. Aussitôt qu'il eut
achevé ces paroles, on le traîna au supplice
20. Et ceux qui le conduisaient, ayant paru aupara-
vant plus doux envers lui, passèrent tout d'un coup à
une grande colère, à cause de ces paroles qu'il avait
dites, et qu'ils attribuaient à l'orgueil.
;o. Lorsqu'il était près de mourir des coups dont on
l'accablait, il jeta un grand soupir, et il dit : Seigneur,
qui avez la science divine, vous connaissez clairement
qu'ayant pu me délivrer de la mort, je souffre dans mon
corps de très sensibles douleurs, mais que dans l'âme
je sens de la joie de les souffrir pour votre crainte.
jl. Il mourut ainsi, laissant non seulement aux jeunes
gens, mais aussi à toute sa nation, un grand exemple de
vertu et de fermeté dans le souvenir de sa mort.
COMMENTAIRE
f. 26» Manum omnipotentis nec vivus, nec
defunctus effugiam. On ne peut rien souhaiter
de plus formel, pour attester le châtiment des
méchants dans l'autre vie. Ces sentiments parais-
sent plus nettement formulés dans les écrits des
auteurs sacrés, depuis Ézéchiel et Daniel, qu'au-
paravant (1). A mesure qu'on approchait du
Messie, Dieu répandait de plus vives lumières
sur son peuple.
f. 30. Domine, qui habes sanctam scientiam.
La science de Dieu est sainte, en ce qu'elle est
pure et exempte de tout mélange d'erreur ; elle
est sainte encore, en ce qu'elle naît de la source
même de la sainteté ; elle n'est point semblable à
la nôtre, que quelque levain d'enflure et d'orgueil
secret souille presque toujours ; car rien n'est
plus rare en cette vie qu'une science humble et
fondée sur la charité. Éléazar s'adresse donc à
Dieu même au milieu de ses plus grandes souf-
frances, parce que seul il connaissait clairement le
fond de son âme, et sa science ne pouvait être
suspecte d'aucune tâche ni d'aucune erreur : il le
prend à témoin de la véritable disposition de son
cœur. J'aurais pu, Seigneur, lui dit-il, et vous le
savez ; j'aurais pu me délivrer de la mort présente.
C'est donc volontairement que je m'expose à
mourir : mais si je meurs, ce n'est pas par entête-
ment, ni par vaine gloire, ni par aucune considé-
ration humaine, c'est par votre crainte, par votre
amour, par le seul désir que j'ai de ne point vous
offenser. Quoique je souffre dans mon corps de
très sensibles douleurs, mon esprit, mon âme est
dans la joie de les souffrir pour l'amour de vous.
Il faisait cette déclaration, non pas pour Dieu
qui avait une parfaite connaissance du fond de
son cœur, mais pour tous ceux qui étaient pré-
sents, car il leur laissait un grand exemple à sui-
vre. C'est ainsi, dit saint Ambroise (2), qu'Éléa-
zar ne voulut point, étant vieux, devenir un piège
pour faire tomber les jeunes gens, lui qui leur
avait servi jusqu'alors de modèle ; mais il regarda
sa vieillesse comme un port, et non pas comme
un écueil où il dût faire naufrage et perdre le fruit
de toute sa vie passée, Sanctus portus débet esse,
non vilœ superioris naufragium. « C'est ainsi, »
dit saint Grégoire de Nazzianze (3), que ce saint
prêtre et ce vénérable vieillard paraissant à la
tête de ceux qui souffrirent avant Jésus-Christ,
comme Etienne a paru, depuis, à la tête de tous
ceux qui sont morts pour Jésus-Christ ; ayant of-
fert auparavant des sacrifices et des prières pour
le peuple, s'offrit à la fin lui-même à Dieu com-
me une victime en expiation pour ce même peu-
ple, et commença le premier à combattre avec un
succès si avantageux. » Saint Jean Chysostô-
me (4) a fait aussi son éloge presque dans les mê-
mes termes. Il l'appellelechef des généreux com-
battants ; la base et le fondement des anciens
martyrs : la porte de la carrière où ont couru
ceux qui remporté le prix ; le général des héros ;
le précurseur qui a donné à tous les autres un
modèle de constance; le vieillard en qui éclata
toute la force de la jeunesse ; le premier martyr
de l'ancienne loi ; l'image de Pierre le chef des
(1) Vide si lubet, Grot. hic et in Matth. xn. 52. et infra
c. vu. 9. 11. 14. 2$. etc. Vide et Sap. v. 16. et Commenta,
nostr. in Psalm. 1. 6.
S. B. — T. XII.
(2) Ambros. de Jacob. I. 11. c. 10. 14.
(?) Gregor. Na^. orat. xxn.
(4) Chrvsost. hom. L. de Macc. scrmt J.
13
194
II. — MACCABÉES.— VI.- MORT D'ÉLÉAZAR
apôtres. « O nouvelle espèce de victoire, » s'é-
crie-t-ii. « Un seul vieillard tout chargé de coups
et couvert de plaies renverse une armée amassée
contre lui. »
La raison qui a porté les saints pères à donner
cette qualité de premier martyr de l'ancienne loi à
Éléazar, a été de ce qu'étant mort pour la loi de
Dieu avec une si grande piété, il lui offrit en mê-
me temps les sept frères Maccabées comme des
fruits de sa sainte éducation, comme des hosties
vivantes et agréables au Seigneur, comme des vic-
times plus illustres et plus pures que toutes celles
qu'on offrait dans ces anciens sacrifices (i). Car
quoique plusieurs fissent autrefois difficulté d'ho-
norer ces saints comme des martyrs, parce qu'ils
n'avaient point souffert après Jésus-Christ, le
même père nous assure qu'ils méritent d'autant
plus d'être révérés de tous les fidèles, qu'ayant
souffert avant Jésus-Christ, ils nous donnent lieu
de juger ce qu'ils auraient fait, s'ils avaient été
persécutés pour Jésus-Christ, et qu'ils eussent eu
à imiter le grand exemple de cet amour ineffable
d'un Homme-Dieu mort pour nous. Et il ajoute,
que ni lui ni tous ceux qui aimaient Dieu vérita-
blement, ne pouvaient douter que nul homme
avant Jésus-Christ n'était parvenu à la vraie jus-
tice, sans la foi en Jésus-Christ, parce que le
Verbe adorable, même avant sa naissance tempo-
relle, ne laissait pas d'être connu de ceux qui
avaient l'esprit et le cœur pur.
C'est ce que saint Augustin (2) a déclaré enco-
re plus précisément en faisant l'éloge de ces
saints martyrs de l'ancienne loi. « Il est vrai, dit-
il, que Jésus-Christ n'était pas encore mort: mais
Jésus-Christ néanmoins qui devait mourir, était
celui qui les rendait martyrs. Nondum quidem eral
inorluus Christus : sed eos martyres fecit morilurus
Chrislus. Ils étaient chrétiens par la foi, et ils ont
prévenu par leurs actions le nom de chrétiens,
qu'on n'a connu que depuis.. Les martyrs chrétiens
ont souffert pour Jésus-Christ lorsque l'Évangile
nous a été révélé, et les anciens ont souffert pour
le nom de Jésus-Christ, caché encore sous les
voiles de la loi. Les uns et les autres appartien-
nent à Jésus-Christ ; Jésus-Christ les a assistés
les uns et les autres lorsqu'ils combattaient : il les
a tous couronnés, et il a paru en cela comme un
prince accompagné d'un grand nombre de minis-
tres et d'officiers, dont les uns marchent devant,
et les autres vont après. Tanquam quidam polen-
lissimus incedens cum agmine obsequenlium ,
aliis prœcedenlibus, aliis sequentibus. Et afin que
vous ne puissiez douter, ajoute-t-il, que ceux qui
sont morts en défendant la loi de Mcfïse, sont
morts effectivement pour Jésus-Christ, écoutez
parler Jésus-Christ même : Si vous croyie\ en
Moïse, disait-il aux Juifs, vous croiriez aussi en
moi, parce que c'est de moi qu'il a écrit (3). S'il est
donc vrai que Moïse a écrit de Jésus-Christ, ce-
lui qui est mort véritablement pour la défense de
la loi de Moïse, a souffert par conséquent pour
Jésus-Christ : Si de Chrislo Moyses scripzil, qui
pro lege Moysi veraciler morluus est, pro Chrislo
animam posuil .
(1) Cregcr. Na%. ib. ut sup.
(2) Aug. de diverscr. cix. — (j) Joan. v. 46.
CHAPITRE VII
Martyre des sept frères Maccabées et de leur mère.
I. Contigit autem et septem fratres una cum matre sua
apprehensos, compelti a rege edere contra fas carnes
porcinas, flagris et taureis cruciatos.
i. Unus autem ex il lis, qui erat primus, sic ait : Quid
quaeris, et quidvis discere a nobis ? Parati sumus mori,
magis quam patrias Dei leges prsevaricari.
i. Or, il arriva que Ton prit aussi sept frères avec
leur mère : et le roi voulut les contraindre à manger,
contre la défense de la loi, de la chair de porc, en les
faisant déchirer avec des fouets et des lanières de
cuir de taureau.
2. Mais l'un d'eux, qui était l'aîné, lui dit : Que de-
mandez-vous, et que voulez-vous apprendre de nous ?
Nous sommes prêts à mourir plutôt que de violer les
lois de Dieu et de notre pays.
COMMENTAIRE
% i. Flagris et taureis cruciatos. Le
grec (i)lit: Avec des fouets et des nerfs. Le latin
taurea, sign'rfie du cuir de taureau, ou un nerf de
bœuf (2). Les sept frères, dont l'auteur parle dans
ce chapitre, sont ordinairement appelés Macca-
bées. Josèphe leur a le premier donné ce nom,
dans le livre qu'il a composé sur leur martyre ; les
pères, et l'Église même, ont adopté ce sentiment,
et leur ont attribué le même nom, quoiqu'il ne se
trouve pas dans les livres canoniques. On est as-
sez peu d'accord sur l'origine de cette dénomina-
tion (?). Les uns (4) croient qu'elle vient de leur
mère, qui se trouve quelquefois appelée Macca-
bœa, ou de leur frère aîné ($), qui porte le
nom de Maccabœus, dans l'ancienne édition latine
du livre de Josèphe. Mais ce nom ne se lit pas
dans le grec, et il ne lui est pas plus propre qu'à
ses frères ; c'est un nom commun et générique,
qui leur est donnéàtous, à la mèreet aux enfants.
D'autres (6) veulent que le nom deMaccabées ait
étécommun généralementà tous ceux quise distin-
guaient par leur courage, dans cette persécution.
Nous croyons que Judas Maccabée s'étant mis à
la tête de ceux qui persévérèrent dans la religion
de leurs pères, rendit son nom si célèbre qu'il fut
communiqué, non seulement à ses frères et à tou-
te sa famille ; mais encore à tous ceux qui com-
battirent alors contre l'impiété, soit en versant
leur sang dans les supplices, comme Éléazar et
ses sept frères, dont nous parlons, soit en expo-
sant leur vie dans les combats, contre les ennemis
de leur nation, comme Judas et les siens. Aussi
tous les livres qui renferment l'histoire de ces
guerres ou de ces persécutions, sont-ils appelés
les livres des Maccabées ; même ceux qui racon-
tent ce qui est arrivé avant Judas, comme le troi-
sième livre des Maccabées, qui parle de la persé-
cution des Juifs en Egypte, et le petit livre de Jo-
sèphe, touchant le martyre d'Éléazar et des sept
frères, qui souffrirent avant que Judas fut chef du
peuple.
Quelques commentateurs ou historiens (7) ont
cru qu'ils avaient souffert à Jérusalem, pendant
qu'Antiochus y était encore, ou lorsqu'il y retour-
na la seconde fois ; mais l'opinion la plus suivie
et la plus certaine, est qu'ils souffrirent à Antio-
che (8). Du temps de saint Jérôme, on y montrait
leurs tombeaux (9), et saint Augustin (10) parle
de l'Église dédiée en leur nom, dans cette même
ville. L'ancien traducteur latin de Josèphe assure
qu'on les amena du château, ou du bourg de Su-
sandre à Antioche, pour être présentés à Antio-
chus Éhiphane; mais ces particularités, qui ne
se lisent pas dans le grec, sont fort suspectes.
y. 2. Quid qu^eris, et quid vis discere a no-
bis ? parati sumus mori. On peut se moquer,
dit saint Ambroise, de ce tyran, qui crut devoir
commencer à exercer sa fureur sur un vieillard
(1) MctJïtÇi, -/.où vEup'jî; âtxu^opivouç.
(2) Gloss. Taurea scutica de veretro tauri facta.
(5) Vide Serar. in hune loeum.
(4) Auctor. Comment, in Maccab. sub nomine D. Thcmx
in Prœfat.
(5) Serar. Esti. Tir in.
(6) Scatig. I. v.
(7) Joseph. Antiq. l.xn. c.~. et Libet. de Macc. - Cedrcnus.
(8) lia Gorionid. Lrran. Serar. Tir. Martrrol. Rom. et
alia Martyrologia.
(9) Hieron. in locis, verbo Modin. Il s'étonne qu'on
montre les tombeaux des Maccabées h Antioche; mais
M ne pensait qu'aux descendants de Matthathias, dont les
tombeaux étaient à Modin, sans faire attention aux sept
frères Maccabées martyrisés à Anlioche, qui n'étaient
pas de la ra;e de Matthathias.
(10) Aug. Ser. 1. de Macc. jo. Nov. Edit.
196
II. — MACCABÉES. — VII. - LES SEPT FRÈRES
;. Iralus itsque rex, jussit sartagines et ollas œneas
succendi; quibus slatim succcnsis,
4. Jussit, ci qui prior fuerat locuius, amputari linguam;
et cute capitis abstracta, summas quoque manus et pedes
ei praescindi, ceterisejus fratribus etmatre inspicienhbus-
ç. Et cum jam per omnia mutilus factus esset, jussit
ignem admoveri, et adhuc spirantem torreri in sartagine;
in qua cum diu cruciaretur, ceteri una cum matre invicem
se hortabantur mori fortiter,
j. Le roi entrant en colère, commanda qu'on fit chauf-
fer sur le feu des poêles et des chaudières d'airain, et
lorsqu'elles furent toutes brûlantes,
4. Il ordonna qu'on coupât la langue à celui qui avait
parié le premier, qu'on lui arrachât la peau de la tète,
et qu'on lui coupât les extrémités des mains et des
pieds, à la vue de ses frères et de sa mère.
5. Après qu'il l'eut fait ainsi mutiler par tout le corps,
il commanda qu'on l'approchât du feu, et qu'on le fit
rôtir dans la poêle, pendant qu'il respirait encore : et
dans tout le temps qu'il était tourmente, ses autres frè-
res s'encourageaient l'un l'autre avec leur mère à mourir
constamment,
COMMENTAIRE
accablé de faiblesse, sans songer qu'il choisissait
en sa personne un maître excellent, dont l'exem-
ple devait servir à rendre plus forts et plus coura-
geux les disciples. Insullare licel tyranno, qui dum
calllde a sene incipkndum putat, magistrum elegil
quo discipulos facerel forliorcs. Antiochus s'ima-
gina que des enfants comme ceux qu'il attaquait,
pourraient se laisser gagner par les récompenses
qu'il leur promettait, ou intimider par ses mena-
ces. Mais ils parurent comme de braves soldats,
dignes du vaillant chef qui venait de leur donner
un si bel exemple ; et ils résolurent de le suivre,
comme des enfants suivent leur père, et' des dis-
ciples leur maître : Sequamur patrem filii, disci-
puli doclorem.
L'aîné lui ayant donc été présenté le premier,
il méprisa le tyran, dit saint Ambroise, et lui fit
connaître que c'était très justement qu'il gardait à
son égard l'ordre même de la nature : il se réjouis-
sait de ce qu'il voulait commencer par lui ; mais
il pouvait l'assurer qu'il se trompait, s'il s'imagi-
nait que ses frères, quoique moins âgés, n'auraient
pas tous le même courage que leur aîné pour la
défense de la religion : et pro piclale quidem om-
nes maximi sumus. « Que cherchez-vous, lui dit-
il ? Je vous déclare que nous servons le grand
Dieu : et vous-mêmes vous nous apprenez ce
que nous avons à faire ; puisque cette ténacité
avec laquelle vous vous efforcez de nous arracher
la vérité, nous apprend en même temps à nous y
tenir attachés de toutes nos forces. »
De quelques supplices dont on usa envers lui,
sa piété l'emporta sur la fureur du tyran. S'il per-
dit la beauté physique lorsqu'on lui fit enlever la
peau de la tête, il acquit en même temps un nou-
veau courage et une nouvelle force au fond de son
cœur; Conum capitis exulus, speciem mulaveral,
virlulem auxeral (1).
jt. 5 . C/ETERI UNA CUM MATRE INVICEM SE EXHOR-
tabantur mori fortiter. L'esprit est frappé
d'horreur à la vue d'un tel spectacle, et l'homme
n'est pas par lui-môme capable de concevoir une
si grande constance, jointe à une si grande fai-
blesse, au milieu de tant de supplices effroyables.
Mais il ne faut pas, comme le dit fort bien saint
Jean Chrysostôme (2), juger de ces combats di-
vins comme des spectales profanes, où l'on attend
la victoire des athlètes, de la jeunesse et de la
grande vigueur de leur corps. Les combats de
ceux qui appartiennent à Jésus-Christ sont tout
différents. « Car ce ne sont pas des hommes qui
combattent contre d'autres hommes ; mais ce sont
. des hommes qui combattent contre les démons.
Ainsi Jésus-Christ ne nous propose point ici des
jeunes gens robustes et aguerris, mais des en-
fants, un vieillard, une femme âgée, mère de ces
enfants. Qui avait jamais entendu parler de cette
espèce de combat et de spectacle si nouveau et
si surprenant ? Mais celui qui y préside, Jésus-
Christ, ne fait pas dépendre entièrement, comme
les autres, l'issue du combat de la force des com-
battants. Il est lui-même présent parmi eux;
il les assiste divinement ; il leur tend sa main
invisible; et enfin l'heureux succès de leurs
combats est l'effet du secours même qu'il leur
donne.
Lors donc que vous voyez une personne faible
triompher de toute la cruauté d'un tyran, et de
toute la fureur du démon, admirez lagrâce de celu
qui la soutient dans ce grand combat ; adorez la
toute puissance de Jésus-Christ dans les athlètes,
qui ne vainquent pas leurs ennemis par la force
de leur corps, mais par l'ardeur de leur foi; et
qui se trouvent aussi puissants par l'onction toute
divine de la grâce, qu'ils sont faibles et fragiles
de leur nature. Ne les envisagez point d'après les
apparences, mais pénétrez jusqu'au fond de leur
âme, pour y remarquer la vertu toute-puissante
de leur foi. Obslupesce in inluenda Chrisli virtuU,
cujus athlelce non corporis robore, sed fidei pirlule
luclaniur. Infirma eorum natura : sed quœ eos un-
xil gralia, potens est. »
(1) Idem, Ambros. de Ojfic. I. i.-c. 11
(2) Chrvsosl. hom. xliv.
II. — MACCABÉES. — VII. - LES SEPT FRÈRES
'97
6. Dicentes : Dominus Deus aspiciet veritatem, et
consolabitur in nobis, quemadmodum in protestatione
cantici declaravit Moyses : Et in servis suis consolabitur.
7. Mortuo itaque i!lo primo hoc modo, sequentem
deducebant ad îlludendum ; et cute capitis ejus cura
capillis abstracta, interrogabant, si manducaret prius
quam toto corpore per membra singula puniretur.
8. At ille, respondens patria voce, dixit : Non faciam.
Propter quod et iste, s'equenti loco, primi tormenta
suscepit ;
9. Et in ultimo spiritu constitutus, sic ait : Tu quidem,
scelestissime, in praesenti vita nos perdis; sed rex mundi
defunctos nos pro suis legibus in aeternaî vitze resurrec-
tione suscitabit.
6. En disant : Le Seigneur Dieu considérera la vérité,
il sera consolé en n )us, selon que Moïse le déclare dans
son cantique par ces paroles : Et il sera consolé dans
ses serviteurs.
7. Le premier ét?nt mort de la sorte, ils se moquaient
du second en le conduisant au supplice : et lui ayant
arraché la peau de la tète avec les cheveux, ils lui de-
mandaient s'il voulait manger des viandes qu'on lui pré-
sentait plutôt que d'être tourmenté dans tous les mem-
bres de son corps.
8. Mais il répondit en la langue de ses pères : Je n'en
ferai rien. C'est pourquoi il souffrit aussi les moines
tourments que le premier.
9. Et étant près de rendre l'âme, il dit au roi : Vous
nous faites perdre, ô très méchant prince ! la vie pré-
sente ; mais le Roi du monde nous ressuscitera un jour
pour la vie éternelle, après que nous serons morts pour
la défense de ses lois.
COMMENTAIRE
f. 6. Consolabitur in nobis. Ce passage peut-
être pris en trois sens différents : Les souffran-
ces des serviteurs de Dieu attestent leur amour,
et par là même, elles consolent des ingrati-
tudes ou des outrages des méchants. Dans
l'autre sens plus conforme à la phrase hébraïque,
il s'apilo/era sur ses serviteurs, il les vengera (1).
Enfin ilseraconsolé en nous; c'est-à-dire, nous
recevrons nous-mêmes en lui une consolation
ineffable.
C'est la vue de cette joie, préparée par Dieu à
ses fidèles serviteurs, qui les soutient d'une ma-
nière admirable pendant cette vie, et qui les em-
pêche de s'affaiblir dans les plus grandes souf-
frances. Aussi saint Ambroise exprimant les
sentiments intérieurs de l'un de ces saints mar-
tyrs, lui mét-il dans la bouche ces admirables
paroles : Qu'il est agréable de mourir pour la
religion ! Que l'amertume de la mort la plus
cruelle devient douce à ceux qui la souffrent pour
la religion, lorsqu'ils envisagent la récompense
infinie qui les attend! Les tourments que vous
souffrez, ô prince, sont plus grands que les sup-
plices que nous souffrons ; et vous êtes plus cru-
ellement déchiré que nous, quand vous vous
sentez vaincu, malgré tous les efforts de votre
puissance.
}'. 8. Patria voce. Il répondit en hébreu, qui
était la langue de ses pères. Les Juifs ont toujours
été jaloux de la langue hébraïque ; ils l'ont pres-
que toujours conservée parmi eux, quoique pour
le commerce avec les étrangers, ils soient obligés
d'apprendre la langue des peuples, au milieu des-
quels ils vivent. Ce jeune homme savait sans doute
le grec, puisqu'il avait été élevé à Antioche, et il
y a toute apparence que son frère aîné n'avait
répondu qu'en cette langue : celui-ci répond en
hébreu ou en araméen, qui était à cette époque la
langue vulgaire de la Judée. On voit aux ver-
sets 21 et 27 que la mère de ces sept frères, leur
parlait en hébreu, en les encourageant au martyre.
f. 9. IN JETERN.-E VIT/E RESURRECTIONEM SUSCI-
TABIT. Ce sentiment de la résurrection, paraît si
clairement clans toutes las réponses de ces mar-
tyrs (2), qu'on peut dire, qu'ils étaient déjà chré-
tiens par leur foi, aussi bien que par leur cons-
tance, Christiani fuerunt, dit saint Augustin (3),
sed nomen Chrislianorum postect divulgatum, factis
antecesserunt. Les vérités de la religion, la résur-
rection des corps, les récompenses de l'autre vie,
se développaient de plus en plus, à mesure qu'on
approchait du Libérateur.
On peut remarquer ici, en effet, quecesgénéreux
martyrs parlent beaucoup de la résurrection ; ce
qui n'était pas ordinaire avant cette époque : et l'on
croit que la raison qui les y portait, pouvait être
de ce que, selon Josèphe, la secte des saducéens
qui niaient la résurrection des morts, s'était
élevée parmi les Juifs. Ainsi les Maccabées, com-
battant l'erreur de cette doctrine impie, attes-
taient publiquement que le motif qui les engageait
à mépriser la vie présente que ce méchant prince
leur faisait perdre, était l'assurance qu'ils avaient
que le Roi de l'univers les ressusciterait un jour
pour une vie qui ne serait plus périssable, mais
éternelle. En effet, il eut été impossible qu'ils se
fussent soutenus dans de si cruels tourments, si
l'espérance d'une autre vie plus heureuse ne leur
avait inspiré un vrai mépris pour tous les maux
de celle-ci : car ce n'est pas sans raison que saint
Paul a déclaré que, si nous n'avions d'espérances en
Jésus-Christ que pour celle vie, nous serions les
plus misérables de tous les hommes (4). Et pouvait-
on effectivement se figurer un état plus malheu-
(1) Voyez Dcuteron. xxxu. 56.
(2) Voyez les versets 11, 14, 27/29.
(?) At/g. Scr. 1. de Maccab. c. 2.
(4) 1. Cor. xv. 29.
ic;8
II. — MACCABÉES.
VII.- LES SEPT FRERES
io. Post hune tertius illuditur; et linguam postulatus
cito protulit, et manus constanter extendit,
11. Et cum tiducia ait : Et cœlo ista possideo, sed
propter Dei leges nunc hase ipsa despicio, quoniam ab
ipso me ea recepturura spero;
12. Ita ut rex, et qui cum ipso erant, mirarentur ado-
lescentis animum, quod tanquam nihilum duceret cru-
ciatus.
ij. Et hoc ita defuncto, quartum vexabant similiter
torquentes.
14. Et cum jam esset ad mortem, sic ait : Potius est ab
hominibus morti datos spem expectare a Deo, iterum ab
ipso resuscitandos ; tibi enim resurrectio ad vilam non
erit.
15. Et cum admovissent quintum, vexabant eum. At
il le respiciens in euro, dixit ;
10. Après celui-ci, on insulta encore au troisième :
on lui demanda sa langue, qu'il présenta aussitôt ; et il
étendit constamment ses mains,
11. Et dit avec confiance : J'ai reçu ces membres du
ciel ; mais je les méprise maintenant pour la défense des
lois de Dieu, parce que j'espère qu'il me les rendra un
jour.
12. De sorte que le roi et ceux qui l'accompagnaient
admirèrent le courage de ce jeune homme, qui considé-
rait comme rien les plus grands tourments.
1;. Celui-ci étant aussi mort de la sorte, ils tourmen-
tèrent de même le quatrième.
14. Et lorsqu'il était prêt de rendre l'âme, il dit : Il
est bien avantageux d'être tué par les hommes, dans l'es-
pérance que Dieu nous rendra la vie en nous ressus-
citant; car pour vous, votre résurrection ne sera point
pour la vie.
i<,. Ayant pris le cinquième, ils le tourmentèrent
comme les autres. Alors regardant le roi, il lui dit:
COMMENTAIRE
reux que celui de ces Maccabées, à qui l'on cou-
pait tous les membres l'un après l'autre, à qui l'on
arrachait la peau delà tête, que l'on faisait rôtir
tout vivants dans des poêles ardentes, s'il eût été
vrai, selon que l'assuraient les saducéens, que
leur âme dût mourir avec leur corps ?
C'était donc la plus pernicieuse doctrine que
l'on pût enseigner, et la plus directement oppo-
sée à la piété, puisqu'elle n'était capable que de
faire des apostats et des impies, qui, n'espérant
et ne craignant rien après la mort, se donnent une
entière liberté de vivre présentement comme ils
l'entendent, sans consulter d'autres règles que
celles de leurs passions et de leur caprice.
,v. 10. Linguam postulatus cito protulit, et
manus constanter extendit. Il ne craint point
qu'en donnant sa langue à couper, il ne puisse
plus confesser le nom de son Dieu ; parce que
cette constance avec laquelle il la perdait pour la
défense de sa religion, était la plus noble confes-
sion qu'il pût faire de sa foi. Aussi saint Ambroise,
qui ne peut assez admirer la généreuse disposition
de ces saints martyrs, lui fait dire encore ces paro-
les si touchantes (1). « Vous voilà vaincu, ô An-
tiochus, du moment que vous commandez qu'on
me coupe l'instrument de ma voix. C'est confes-
ser publiquement que vous êtes dans l'impuis-
sance de répondre à nos raisons, et que les coups
de notre langue vous sont plus sensibles que ne le
sont pour nous, tous ceux que vous nous faites
souffrir. Mais vous vous trompez, si. en nous
ôtant la voix, vous croyez par là vous échapper ;
car sachez que Dieu entend ses serviteurs lors
même que leur langue ne lui parle pas, et qu'il les
entend même alors d'autant plus, qu'ils ne lui par-
lent que par les cris de leur cœur. Ainsi vous
pouvez couper ma langue ; mais vous ne pouvez
me dépouiller de la constance que Dieu m'ins-
pire ; vous ne pouvez m'empècher de rendre té-
moignage à la vérité ; vous ne pouvez étouffer le
cri de mon cœur. Le sang a sa voix, par laquelle
il crie vers Dieu ; et celui qui entend nos pensées
les plus secrètes, entend encore plutôt la voix du
sang qui s'élève jusqu'à son trône. Habel el san-
guis vocem suam qua clamât ad Deum : audit enim
sanguinis vocem, qui audit internas cogilaliones.
Il est marqué que le roi et ceux qui raccom-
pagnaient, ne purent s'empêcher d'admirer eux-
mêmes le courage de ce jeune homme : mais on ne
sait ce que l'on doit admirer le plus, de ce cou-
rage des martyrs, qui donnaient leur langue et
leurs autres membres à couper, et leur tête à
écorcher, comme si leur corps eût été le corps
d'un autre ; ou de la fureur et de l'obstination
presque incroyable de ce roi, qui se contente
d'admirer dans ceux qu'il persécutait des effets si
surprenants, sans se mettre en peine de remon-
ter jusqu'à la cause d'une résolution si étonnante.
Ce sont deux prodiges presqu'également incom-
préhensibles, si ce n'est toutefois que l'un est
l'effet des ténèbres les plus profondes d'un cœur
plongé dans l'impiété et dans l'orgueil, et que
l'autre, au contraire, est un effet surnaturel de la
grâce toute-puissante de Celui qui vit dans les
justes : Vivit vero in me Chrislus (2). C'est lui qui
souffre dans les martyrs, selon le témoignage
d'une très illustre martyre, sainte Félicité (5).
Elle souffrait alors les grandes douleurs de l'en-
fantement. Un de ses cardes lui demanda ce
qu'elle ferait étant exposée aux bêtes, si elle
criait pour mettre simplement au monde un enfant;
elle lui fit aussitôt cette admirable réponse: C'est
(1) Ambras, de Jacob. I. 11. c. 11. Idem deOffïc. I. n.c.41.
(2) Galal. 11. 20. — (?) Ad. Perpel. el Fdicis.
II. — MACCABÉES. — VII. - LES SEPT FRÈRES
199
16. Potestatem inter homines habens, cum sis corrup-
tibilis, facis quod vis; noli autem putare genus nostrum
a Deo esse derelictum.
17. Tu autem patienter sustine, et videbis magnam
potestatem ipsius, qualiter te et semen tuum torquebit.
18. Post hune ducebant sextum, et is, mori incipiens,
sic ait : Noli frustra errare ; nos enim propter nosmet-
ipsos hase patimur, peccantes in Deum nostrum, et
digna admiratione facta sunt in nobis.
19. Tu autem ne existimes tibi impune futurum, quod
contra Deum pugnare tentaveris.
20. Supra modum autem mater mirabilis, et bonorum
memoria digna, quas pereuntes septem filios sub unius
diei tempore conspiciens, bono animo ferebat, propter
spem quam in Deum habebat;
16. Vous faites ce que vous voulez, parce que vous
avez reçu la puissance parmi les hommes, quoique vous
soyez vous-même un homme mortel; mais ne vous ima-
ginez pas que Dieu ait abandonné notre nation :
17. Attendez seulement un peu, et vous verrez quelle
est la grandeur de sa puissance, et de quelle manière
il vous tourmentera, vous et votre race.
18. Après celui-ci, ils menèrent au supplice le sixième ;
et lorsqu'il était près de mourir, il dit : Ne vous trompez
pas vainement vous-même ; car si nous souffrons ceci,
c'est parce que nous l'avons mérité, ayant péché contre
notre Dieu ; et ainsi nous nous sommes attiré ces fléaux
si épouvantables.
19. Mais ne vous imaginez pas que vous demeurerez
impuni, après avoir entrepris de combattre contre Dieu
même.
20. Cependant leur mère, plus admirable qu'on ne
peut dire, et digne de vivre éternellement dans la mé-
moire des bons, voyant périr en un même jour ses sept
enfants, souffrait constamment leur mort, par l'espérance
qu'elle avait en Dieu.
COMMENTAIRE
moi qui souffre à présent, mais là, il y en aura un
autre qui souffrira en moi, parce que je souffrirai
pour lui.
f. 16. Potestatem inter homines habens...
facis quod vis. On ne peut rien de plus libre
que cette réponse, qui a beaucoup de rapport à
celle de Jésus-Christ (1) : Vous riaurie\ aucun
pouvoir sur moi, s'il ne vous eût été donné d'en
haut.
f. l8. NOS ENIM PROPTER NOSMETIPSOS H/EC
PATIMUR, PECCANTES IN DEUM NOSTRUM. Dans Ces
paroles, le jeune martyr parle au nom et comme
faisant partie de la nation juive. Les Juifs, dans
leur ensemble, avaient irrité le Seigneur et mérité
un sévère châtiment ; il était Juif, et, comme tel, il
ne pouvait se soustraire aux châtiments qu'avaient
mérités ses compatriotes.
v. 20. Supra modum autem mater mirabilis et
bonorum memoria digna, etc. Tous les pères (2)
ont été, effectivement, dans l'admiration de la
constance et de la foi presque incroyable de cette
mère de tant de martyrs. Saint Grégoire de
Nazianze dit qu'elle sut allier parfaitement l'amour
de Dieu à celui de ses enfants. Elle sentait ses
entrailles déchirées, mais d'une manière qui
paraissait tout opposée à la nature, parce qu'elle
n'était pas touchée de voir ses enfants souffrir ;
elle était au contraire dans la dernière inquiétude,
de peur que quelqu'un d'eux ne souffrît pas comme
les autres ; elle offrit à Dieu, en quelque sorte,
un sacrifice plus grand que celui même d'Abra-
ham, puisque ce saint patriarche n'offrit au Sei-
gneur qu'un seul fils, quoiqu'il fût à la vérité un
fils unique et l'enfant de la promesse, mais elle lui
consacra successivement toute une famille qu'elle
aimait très tendrement ; elle surpassa, par cette
oblation volontaire de tant de victimes raison-
nables qui se hâtaient de mourir pour Dieu, et
toutes les mères et tous les sacrificateurs, lors-
qu'elle montrait ses mamelles à ceux qu'elle
avait nourris ; lorsqu'elle leur remettait devant les
yeux la peine et les soins qu'elle avait pris pour
les élever; et lorsqu'enfin, elle leur représentait
sa vieillesse, pour les engager plus fortement, non
à conserver leur vie, mais à souffrir et à mourir
pour leur Dieu, ne craignant rien tant que le
retard de leur mort.
Saint Jean Chrysostôme témoigne qu'il ne
savait ce qu'il devait admirer le plus en elle, ou
la faiblesse du sexe, ou l'état môme de la vieillesse,
ou la tendresse si compatissante d'une mère pour
ses enfants, qui étaient, comme il le dit, trois
grands obstacles à la constance dont elle eut
besoin pour courir dans une si rude carrière. Mais
il ajoute qu'il y en avait encore un autre, où la
malice du démon, et la fermeté de cette mère
incomparable se remarquèrent plus sensiblement.
« Considérez, dit-il, qu'on ne la fit pas entrer
la première dans le combat, mais après tous ses
enfants ; afin qu'étant abattue parleurs supplices,
à la vue de tant de souffrances, elle fut moins en
état de soutenir les attaques de son ennemi. Car,
dit-il, il faut se représenter qu'à chaque fois que
l'on tourmentait l'un de ses fils, elle souffrait en
elle-même des tourments encore plus cruels
qu'eux ; et qu'elle mourait en quelque sorte autant
de fois qu'elle en voyait quelqu'un mourir avant
elle, h
(1) Joan. xix. n.
(2) Grcgor. Nazian. oral. xxu.
Aug. de divers, ser. cix.
Chrrsost. Iwm. xlix.
200
II. — MACCABEES. — VII. - LES SEPT FRÈRES
21. Singulos i'.lorum hortabatur voce patria fortiter,
repleta sapientia; et feminea? cogitationi masculinum
animum inserens,
22. Dixit ad eos : Nescio qualiter in utero meo appa-
ruistis ; neque enim ego spiritum et animam donavi vobis
et vitam, et singulorum membra non ego ipsa compegi.
2?. Sed enim mundi Creator, qui formavit hominis nati-
vitatem, quique omnium invenit originem, et spiritum
vobis iterum cum misericordia reddet et vitam, sicut
nunc vosmetipsos despicitis propter leges ejus.
24. Antiochus autem, contemni se arbitratus simul et
exprobrantis voce despecta, cum adhuc adolescentior
Superesset, non solum verbis hortabatur, sed et cum
juramento affirmabat, se diviiem et beatum facturum, et
translatum a patriis legibus amicum habiturum, et res
necessarias ei prsebiturum.
25. Sed ad hase cum adolescens nequaquam inclinare-
tur, vocavit rex matrem, et suadebat ei ut adolesccnti
fieret in salutem.
26. Cum autem multis eam verbis esset hortatus, pro-
misit suasuram se fil io suo.
1. Elle exhortait chacun d'eux avec des paroles fortes
dans la langue de ses pères, étant remplie de sagesse:
et alliant un courage mâle avec la tendresse féminine.
22. Elle leur disait : Je ne sais comment vous avez
été formés dans mon sein, car ce n'est point moi qui
vous ai donné l'âme, l'esprit et la vie, ni qui ai joint tous
vos membres pour en faire un corps ;
25. Mais le Créateur du monde, qui a formé l'homme
dans sa naissance, et qui a donné l'origine à toutes cho-
ses, vous rendra encore l'esprit et la vie par sa miséri-
corde, en récompense de ce que vous vous méprisez
maintenant vous-mêmes pour la défense de ses lois.
24. Or. Antiochus croyant qu'on le méprisait, et
voyant toutes les insultes qu'il avait faites à ces jeunes
hommes devenues inutiles, comme le plus jeune de tous
était resté, il commença, non seulement à l'exhorter par
ses paroles, mais à l'assurer avec serment qu'il le met-
trait au rang de ses favoris et lui donnerait toutes les
choses nécessaires, s'il voulait abandonner les lois de
ses pères.
25. Mais ce jeune homme ne pouvant être ébranlé par
ces promesses, le roi appela sa mère, et l'exhorta à ins-
pirer à son fils des sentiments plus salutaires.
26. Après donc qu'il lui eut dit beaucoup de choses
pour la persuader, elle lui promit d'exhorter son fils.
COMMENTAIRE
jh 21. Voce patria. Elle leur parlait hébreu,
et n'était point comprise du roi, ni de la plupart
des assistants.
f. 22. Nescio qualiter in utero meo appa-
ruistis. La formation de l'homme dans le sein de
la mère, d'une manière inconnue à la mère même,
et souvent malgré elle, a toujours été le sujet de
l'étonnement des physiologistes. L'Écriture, en
plus d'un endroit (1 ), relève la puissance de Dieu,
dans la production naturelle de l'homme.
f. 24. Antiochus contemni se arbitratus,
SIMUL ET EXPROBRANTIS VOCE DESPECTA. Le
grec (2): Antiochus croyant qu'on le méprisait, et
soupçonnant quelle lui insultait par ses discours.
Ce prince n'entendait pas la langue hébraïque,
que cette femme parlait à ses enfants ; mais les
voyant si fermes, il se douta que la mère les
encourageait et rendait inutiles ses remontrances,
ses menaces et ses supplices. Le syriaque: An-
tiochus se voyant méprisé, se détourna pour ne pas
entendre ses reproches, faisant semblant de m les
pas écouler.
j. 25. Vocavit rex matrem et suadebat ei,
UT ADOLESCENTI FIERET IN SALUTEM. Le persécu-
teur Antiochus jugeait, dit saint Augustin (3), de
la disposition de cette femme si généreuse par
celle des autres mères. Persuade^ à votre fils, lui
disait ce prince, de ne pas périr par sa faute. Je
l'exhorterai, lui répondit-elle. Mais elle entendait
ces paroles d'une manière toute différente de ce
qu'il croyait : car elle voulait lui procurer la vraie
vie, en l'exhortant à mourir, au lieu qu'il aurait
voulu l'engager dans une mort éternelle, en lui
conservant la vie présente. « Mais quel est
donc, ajoute le même saint, l'entretien de la
mère avec le fils ? Quelle piété! quelle sollicitude
maternelle ! Et combien elle pouvait être inter-
prétée différemment par les hommes spirituels et
par les charnels ! Qualis collocutio ! quam pia!
quam materna ! quam inler spirilales et carnales in
ambiguo suspensa ! Mon fils, lui dit-elle, aye\
pitié de moi qui vous ai porté neuf mois dans mon
sein, qui vous ai nourri de mon lait pendant trois
ans, et qui vous ai élevé jusqu'à cet âge où vous
îles. Tous ceux qui l'ont ainsi entendue parler,
devaient croire, dit saint Augustin, qu'elle allait
ensuite ajouter ces autres paroles: Consentez,
mon fils, à ce que demande Antiochus. et ne
soyez pas assez dur pour abandonner votre mère.
Mais elle, bien éloignée d'un tel langage, exhorta
son fils à ne se soumettre qu'à Dieu, et à ne pas
se séparer d'avec ses frères. Ne diminuez pas,
mon fils, lui disait-elle, le nombre de mes cou-
ronnes. Soyez uni à vos frères dans les souffran-
ces du martyre, comme vous l'avez été dans les
entrailles qui vous ont enfanté. Que la vertu ne
vous rende pas moins frères que la nature. Et
enfin ne faites pas, mon cher fils, qu'étant mère
de sept enfants, je ne le sois que de six martyrs.
« Où sont maintenant, s'écrie saint Jean Chry-
(1) Jcb. x. 10. - Sap. vu. 2. - Voyez S. Aug. de anima aavj'f<j£o5u.£vo; çuv^'v. Hcsych. C"jop'ô;j.evo;, u-o6Xî^o;j.£vo;,
et cjus origine lil>. 1. c. 15. oovjum.evo;, &jsovowv.
(2) A'-iV.o/o-. ôi6\itvoi xaiatppovefoOat, »«': xtjv ôvaioCou- (3) Aug. de divers, serin, cix. g
II. — MACCABÉES. — VII. - LES SEPT FRÈRES
201
27. Itaque inclinita ad illum, irridens crudelem tyran-
num, ait palria voce : Fili mi, miserere mei, quaa te in
utero novem mensibus portavi, et lac triennio dedi et
alui, et in œtatem istam perduxi.
28. Peto, nate, ut aspicias ad crelum et terram, et ad
omnia quse in eis sunt, et intelligas quia ex nihilo fecit
illa Deus, et hominum genus ;
29. Ita fiet, ut non timeas carnificem istum ; seddignus
fratribus tuis effectus particeps, suscipe mortem, ut in
illa miseratione cum fratribus tuis te recipiam.
?o. Cum hase illa adhuc diceret, ait adolescens : Quem
sustinetis ? non obedio prsecepto régis, sed prsecepto
legis, quse data est nobis per Moysen.
51. Tu vero, qui inventor omnis malitiœ factus es in
Hebraeos, non elîugies malum Dei.
J2. Nos enim pro peccatis nostris hsec patimur ;
?}• Et si nobis propter increpationem et correptionem
Dominus Deus noster modicum iratus est, sed iterum
reconciliabitur servis tuis.
J4. Tu autem, o sceleste, et omnium hominum flagitio-
sissime, noli frustra exlolli vanis spebus in servos ejus
inflammatus,
55. Nondum enim omnipotentis Dei, et omnia inspi-
cientis, judicium effugisti.
?6. Nam fratres mei, modico nunc do'ore sustenlato,
sub testamento alternas vitse effecti sunt; tu vero,judicio
Dei justas superbise tuas pœnas exsolves.
27. Elle se baissa en même temps pour lui parler, et
se moquant de ce cruel tyran, elle lui dit en la langue
de ses pères : Mon fils, ayez pitié de moi, qui vous ai
porté neuf mois dans mon sein, qui vous ai nourri de
mon lait pendant trois ans, et qui vous ai élevé jusqu'à
l'âge où vous êtes :
28. Je vous conjure, mon fils, de regarder le ciel et la
terre, et toutes les choses qui y sont renfermées ; et de
bien comprendre que Dieu les a créées de rien, aussi
bien que tous les hommes.
29. Ainsi vous ne craindrez point ce cruel bourreau ;
mais, vous rendant digne d'avoir part aux souffrances de
vos frères, vous recevrez de bon cœur la mort, afin que
je vous reçoive de nouveau avec vos frères dans cette
miséricorde que nous attendons.
îo. Lorsqu'elle parlait encore, ce jeune homme se mit
à crier : Qu'attendez-vous de moi ? je n'obéis point au
commandement du roi, mais au précepte de la loi qui
nous a été donnée par Moïse.
ji. Quant à vous, qui êtes l'auteur de tous les maux
dont on accable les Hébreux, vous n'éviterez pas la
main de Dieu.
;2. Car pour nous, c'est à cause de nos péchés que
nous souffrons ces persécutions ;
??. Et si le Seigneur notre Dieu s'est mis un peu en
colère contre nous, pour nous châtier et nous corriger,
il se réconciliera de nouveau avec ses serviteurs.
54. Mais pour vous, qui êtes le plus scélérat et le plus
abominable de tous les hommes, ne vous flattez pas
inutilement par de vaines espérances, en vous enflam-
mant de fureur contre les serviteurs de Dieu ;
ij. Car vous n'avez pas encore échappé au jugement
de Dieu, qui peut tout et qui voit tout.
j6. Et quant à mes frères, après avoir supporté une
douleur passagère, ils sont entrés maintenant dans l'al-
liance de la vie éternelle ; mais pour vous, vous souf-
frirez au jugement de Dieu la peine que votre orgueil a
justement méritée.
COMMENTAIRE
sostôme (1), ceux qui refusent de faire à Dieu
quelques offrandes de leurs biens, lorsque cette
mère offre aujourd'hui à son divin Maître sept
jeunes enfants tout à la fois, et qu'elle n'hésite
point à lui faire ce grand sacrifice du fond de ses
propres entrailles ? »
j8\ 27. Lac triennio dedi. Les enfants tétaient
ordinairement jusqu'à ce qu'ils fussent capables
de prendre une nourriture solide. Les anciens
médecins ont approuvé cette méthode (2). Voyez
notre commentaire sur la Genèse, xxi, 8.
f. 28. Ex nihilo fecit illa. Deus. Illes a tirées
du néant. Le grec (5): // les a faites de ce qui
n'était pas. Voilà l'éternité prétendue, et la pré-
existence de la matière première et du chaos, clai-
rement renversées. Tout ce que Dieu n'a pas pro-
duit de sa substance, dit saint Augustin (4), mais
qu'il a créé au dehors par son Verbe, il ne l'a pas
fait de ce qui était déjà, mais de ce qui n'était pas,
c'est-à-dire du néant. De là celle parole de l'Apô-
tre ($) : Dieu appelle les choses qui ne sont pas,
comme celles qui sont. Judas Maccabée parle plus
loin, du pouvoir infini de Dieu, qui peut d'un
clin d'oeil, réduire toutes choses au néant. Uni-
versum munduin uno nulu delere. II. Macc,
vin, 18.
f. 29. UT IN ILLA MISERATIONE CUM FRATRIBUS
tuis te recipiam. Afin que je vous reçoive de
nouveau avec vos frères, dans cette miséricorde que
nous attendons ; afin que je vous reçoive dans le
ciel, dans l'autre vie, dans la résurrection. C'est
le vrai sens du texte (6).
f. 36. Sub testamento ^etern,*: vit/e effecti
sunt. Ils sont entrés dans l'alliance de la vie éter-
nelle ; ou plutôt, dans la jouissance de la vie éter-
nelle, qui leur est promise par l'alliance de leurs
(1) Chrysost. hom. l.
(2) Valcs. de sacra Philcsoph. c. 8j.
(j) E'Ç où/ ovxojv Ê^o;'r)(jcv âuxà ô ®(ô:_.
(4) Aug. iib. de Nat. boni. c. 26. Deus omnia quae de
se non genuit, sed per Verbum suum fecit, non de his
rébus quse jam erant, sed de his quse omnino non erant,
hoc est de nihilo fecit : ita dicit Aposlolus : Qui vocat
ea quse non sunt, tanquam ea quse sunt.
(5) Rom. iv. 17.
(6) I"va Èv zS> ÊXùi gÙv toïç àotX'JOî; aou xou/aoj;j.ai aô'.
Comparez ce verset avec le 2j et le syriaque.
202
II.
MACCABEES. — VII. - LES SEPT FRERES
J7. Ego aulem, sicut et fratres mei, animam et corpus
meum trado pro patriis legibus, invocans Deum maturius
genti nostras propitium fieri, teque cum tormentis et
verberibus confiteri quod ipse est Deus solus.
j8. In me vero et in fratribus meis desinet Omnipo-
tentis ira, quas super omne genus nostrum juste super-
ducta est.
5Q. Tune rex, accensus ira, in hune super omnes cru-
delius de:asvit, indigne ferens se derisum.
40. Et hic itaque mundus obiit, per omnia in Domino
confidens.
41. Novissime autem post filios et mater consumpta
est.
42. Igitur de sacrificiis, et de nimiis crudelitatibus satis
dictum est.
57. Pour ce qui est de moi, j'abandonne volontiers,
comme mes frères, mon corps et mon âme pour la dé-
fense des lois de mes pères, en conjurant Dieu de se
rendre bientôt favorable à notre nation, et de vous con-
traindre par les tourments et par plusieurs plaies, à con-
fesser qu'il est le seul Dieu.
j8. Mais la colère du Tout-Puissant, qui est tombée
justement sur tout notre peuple, finira à ma mort et à
celle de mes frères.
;9. Alors le roi tout transporté de colère fit éprouver
sa cruauté à celui-ci encore plus qu'à tous les autres,
ne pouvant souffrir qu'on se moquât ainsi de lui.
40. Il mourut donc dans la pureté de son innocence,
comme les autres, avec une parfaite confiance en Dieu.
41. Enfin la mère souffrit aussi la mort après ses en-
fants.
42. Mais nous avons assez parlé et de sacrifices et de
cruautés excessives.
pères avec Dieu. Le grec (1
vie éternelle, promise par l'alliance que Dieu a faite
avec leurs pères.
jL 37. Teque cum tormentis et verberibus
CONFITERI, QUOD IPSE EST DEUS SOLUS. On vit
l'accomplissement de ces menaces ou de ces
prédictions, lorsqu'Antiochus accablé de maux,
et prêta expirer, reconnaissait la main vengeresse
du Seigneur et promettait de se faire Juif (2).
Voyez le verset 17, et le chapitre ix, 15, 16, 17.
f. 38. In me et in fratribus meis desinet om-
nipotentis ira. Nous sommes comme les victimes
d'expiation de notre peuple. Dieu, content de
notre sacrifice, se réconciliera avec notre nation.
En effet, si la persécution d'Antiochus fut violente,
elle ne fut pas longue. Dieu commença bientôt à
faire briller les rayons de sa miséricorde sur ses
fidèles (?).
f. 40. Mundus obiit. Il mourut sans s'être souillé
par les viandes immolées aux idoles, ni par le
culte impie des taux dieux. Le quatrième livre
des Maccabées porte qu'il se jeta dans une chau-
dière bouillante où il mourut.
v.41 . Novissime et mater consumpta est. Cette
héroïque mère, est nommée Salomona dans le
latin du livre de Josèphe, sur les Maccabées. Les
Grecs, dans leur calendrier, l'appelaient Salomé.
L'original grec de Josèphe, ne lui donne point
de nom particulier ; il nous apprend seulement
que, pour éviter qu'aucun homme ne la touchât,
elle se jeta dans un bûcher qui était allumé (4).
Josèphe ben Gorion et l'arabe assurent, qu'après
COMMENTAIRE
Leur sort sera la le martyre de ses fils, elle se mitau milieude leurs
corps, et élevant ses mains au ciel, elle demanda
à Dieu qu'il la tirât du monde ; elle fut exaucée,
et elle tomba morte sur ses enfants. D'autres [<,)
ont avancé qu'elle était morte de joie, d'avoir vu
souffrir constamment ses sept fils, sans qu'aucun
d'eux ait manqué de générosité et de courage.
Mais la plupart ont cru, après le traducteur latin
du livre de Josèphe, que cette héroïne souffrit
un glorieux martyre, immédiatement après ses
fils ; qu'on la traîna, qu'on la dépouilla, qu'on lui
déchira les mamelles ; et qu'après lui avoir fait
souffrir le supplice du fouet, elle fut jetée dans
une chaudière bouillante où elle expira.
L'Église n'a pu marquer d'une manière plus
éclatante, son estime et sa vénération pour les
Maccabées, qu'en instituant une fête en leur hon-
neur et en leur érigeant des temples, dès les pre-
miers siècles, avant même qu'elle eût accordé
cet honneur à aucun autre martyr de l'Ancien
Testament. On a divers sermons que les pères
ont prononcés le jour de leur fête. Saint Gré-
goire de Nazianze(6), saint Chrysostôme (7),
saint Ambroise(8), saint Léon, saint Augustin (9),
saint Gaudence de Bresse (10), saint Maxime de
Turin, leur ont consacré des éloges, et ont relevé
leur mérite comme appartenant déjà à Jésus-
Christ et à la nouvelle alliance. On peut à juste
titre, les appeler, martyrs de la résurrection des
corps, personne dans l'Ancien Testament, n'en
ayant parlé d'une manière si distincte et si for-
melle.
(1) A'svvaou Çcofj; ur.ô 8taO»{x7)V 0£oî r.îztto'.xii. Ceci-
derunt, id est sors illorum cecidit, sub testamentum Dei
aeiernœ vitaî.
(21 1. Macc. vi. j. - 11. Macc. ix. 12. cl scq. - Joseph.
Anliq. I. xn. 1 ;.
(5) 11. Macc. vin. 5. et 27.
(4) Joseph, libel de Macc. c. . I"va [i.t] tyxiieit rlo tou
ob>ij.xzo', àjT7J;, laur/jv ?ppi<|<e xaxà ttjç itQpa;.
(5) Vide Scxt. Scn. Bibl. I. v. Victor in. Carm. de Macc.
apud Serar. hic.
(6) Gregor. Na^ian^. Orat. xxu.
(7) Chrysost. homil. de Maccab.
(8) Ambros. de Offic. lib. \. c. 14. cl Ep. 17. et de Jacob,
lib. 11. cm. 12.
(9) Aug. Serin, ecc et ceci de Maccab. in nov. edit. alias
cix. et ex.
(10) Gaudent. Serin, de Maccab. etc.
CHAPITRE VIII
Judas Maccabée fortifie son parti et fait des courses sur les ennemis. Nicanor et Gorgias
sont envoyés contre lui. Il exhorte les siens à combattre avec courage. Il met en fuite
l'armée ennemie. Il continue
à Antioche.
de remporter de grands
avantages.
Nicanor s'enfuit
i. Judas vero Machabaeus, et qui cum illo erant, in-
troibant latenter in castella, et convocantes cognatos et
amicos, et eos qui permanserunt in Judaismo, assumentes,
eduxerunt ad se sex millia virorum.
2. Et invocabant Dominum, ut respiceret in populum,
qui ab omnibus calcabitur; et misereretur templo, quod
contaminabatur ab impiis;
;. Misereretur etiam exterminio civitatis, quae esset
illico complananda, et vocem sanguinis ad se clamantis
audiret ;
4. Memoraretur quoque iniquissimas mortes parvulo-
rum innocer.tum, et blasphemias nomini suo illatas, et
indignaretur super his.
<,. At Machabasus, congregata multitudine, intolerabilis
gentibus efliciebatur ; ira enim Domini in misericordiam
conversa est.
6. Et superveniens castellis et civitatibus improvisus
succendebat eas ; et opportuna loca occupans, non pau-
cas hostium strages dabat;
7. Maxime autem noctibus ad hujuscemodi excursus
ferebatur, et fama virtutis ejus ubique difîundebatur.
1. Cependant Judas Maccabée, et ceux qui étaient avec
lui, entraient secrètement dans les châteaux, et faisaient
venir leurs parents et leurs amis ; et, prenant avec eux
ceux qui étaient demeurés fermes dans la religion judaï-
que, ils attirèrent à eux jusqu'à six mille hommes.
2. Et ils invoquaient le Seigneur, afin qu'il regardât
favorablement son peuple, que tout le monde foulait
aux pieds; qu'il fût touché de compassion pour son tem-
ple, qui était profané par les impies ;
5. Qu'il eût pitié des ruines de la viile, qui allait être
rasée ; et qu'il écoutât la voix du sang qui criait jusqu'à
lui ;
4. Qu'il se souvînt aussi des meurtres si injustes des
petits innocents, et des blasphèmes que l'on avait pro-
férés contre son nom ; et qu'il conçût de l'indignation
contre cet excès.
<,. Maccabée ayant donc rassemblé près de lui beau-
coup de gens, devenait formidable aux gentils ; car la
colère du Seigneur se changea alors en miséricorde.
6. Il surprenait tout d'un coup les villages et les villes,
et il les brûlait ; et, se saisissant des lieux les plus avan-
tageux, il taillait en pièces un grand nombre d'ennemis.
7. Il faisait principalement ces courses pendant la
nuit; et le bruit de sa valeur se répandait de toutes
parts.
COMMENTAIRE
jh 1. In castella. Le grec (1) : Dans tes pil-
lages. Voyez pour plus de détails le livre premier
des Maccabées, chap. m,
y. 3. Vocem sanguinis ad se clamantis audi-
ret. Le sang de tant d'Israélites misa mort, d'une
manière si cruelle. La voix du sang d'Abel, cria
vers le ciel (2), de même que celle du sang de
Jésus-Christ en notre faveur (5). C'est un hé-
braïsme qui est passé dans un certain nombre de
langues.
y. 5. Ira enim Domini in misericordiam con-
versa est. Le dernier des martyrs avait déclaré
en parlant à Antiochus que la colère du Tout-
Puissant, qui était tombée sur tout son peuple, de-
vait finir à sa mort et à celle de ses frères (1). Et
c'est l'accomplissement de cette prédiction, qui
est marquée en ce lieu. Car, en effet, ni Antiochus
ni ses successeurs, n'eurent plus depuis cette épo-
que, la liberté de fouler aux pieds comme aupa-
ravant, le peuple juif, et de profaner impunément
le temple du Seigneur. Au contraire, leurs armées
furent presque toujours vaincues par un petit
nombre de Juifs conduits par Judas et par ses frè-
res ; et la puissance du Dieu d'Israël, qu'ils avaient
soin d'invoquer, et en laquelle ils mettaient leur
principale confiance, éclatait publiquement dans
les victoires miraculeuses qu'il leur faisait rem-
porter sur leurs ennemis, comme on l'a vu déjà
au premier livre et qu'on le verra encore dans la
suite de celui-ci.
Dieu fit donc connaître aux Juifs, en changeant
ainsi tout d'un coup sa colère en miséricorde, que,
forcé de les traiter selon la rigueur de sa justice,
lorsqu'ils l'avaient irrité par leurs crimes, il s'était
laissé fléchir par leur pénitence et par leurs priè-
res, et toucher de compassion pour son temple,
(1) E't; là; xcô[j.a;.
(2) Gènes, iv. 10.
(i) Heb. xii. 24.
(4) 11. Macc. vu. j8.
204
II.— MACCABÉES.— VIII.- INVASION DE NICANOR
8. Videns autem Philippus paulatim virum ad prof.ec-
tum venire, ac (requentius res ei cedere prospère, ad
Ptolemaeum, ducem Cœlesyriaî et Phœnicis scripsit, ut
auxilium ferret régis negotiis.
0. At ille velociter misit Nicanorem Patrocli, de pri-
moribus amicum, dalis ei de permistis gentibus, armatis
non minus viginti millibus,ut universum Judœorum genus
deleret, adjunctoei et Gorgia, viro militari, et in bellicis
rébus experientissimo.
io. Constituit autem Nicanor, ut régi tributum, quod
Romanis erat dandum : duo millia talentorum, de capti-
vitate Judasorum suppleret;
il. Statimque ad maritimas civitates misit, convocans
ad cocmptionem judaicorum mancipiorum, promittens
se nonaginta mancipia talento distracturum, non respi-
ciens ad vindictam, quas eum ab Omnipotente esset
consecutura.
12 Judas autem ubi comperit, indicavit his qui secum
erunt Judseis, Nicanoris adventum.
i?. Ex quibus quidam formidantes, et non credentes
Dei justifias, in fugam vertebantur ;
8. Alors Philippe, voyant le progrès que ce grand
homme faisait de jour en jour, et le bonheur de ses en-
reprises qui réussissaient presque toujours, écrivit à
Ptolémée, qui commandait dans la Ccelé-Syrie et dans
la Phénicie. de lui envoyer du secours pour fortifier le
parti du roi.
9. Ptolémée lui envoya aussitôt Nicanor, fils de Pa-
trocle, l'un des premiers de la cour, et son ami, à qui il
donna environ deux mille hommes de guerre de diverses
nations afin qu'il exterminât tout le peuple juif; et il lui
adjoignit Gorgias, brave capitaine et homme d'une grande
expérience dans les choses de la guerre.
10. Nicanor résolut de payer le tribut de deux mille
talents que le roi devait aux Romains, avec l'argent qui
reviendrait de la vente des esclaves juifs.
il. Il envoya donc en même temps vers les villes ma-
ritimes, pour inviter les marchands à venir acheter des
esclaves juifs, promettant de leur en donner quatre-
vingt-dix pour un talent, sans faire réflexion sur la ven-
geance du Tout-Puissant qui devait bientôt tomber
sur lui.
12. Judas ayant appris l'arrivée de Nicanor, en avertit
les Juifs qui l'accompagnaient.
ij. Quelques-uns étant saisis de crainte, et n'ayant pas
de confiance en la justice de Dieu, prirent la fuite.
COMMENTAIRE
lorsqu'ils s'étaient humiliés, et qu'ils l'avaient
invoqué comme leur Dieu. Car lorsqu'il punit les
peuples, c'est pour leur faire miséricorde, en sol-
licitant leur conversion, et non la mort des pé-
cheurs.
î. 8. Videns autem Philippus, ad Ptolem/eum
ducem Cœlesyri/e scripsit. Ce Philippe est celui
qui avait été laissé pour gouverneur de Jérusalem,
deux ans auparavant (i). Lorsqu'il vit que Judas
avait mis en déroute les armées d'Apollonius,
gouverneur de la Samarie (2), et de Séron, gou-
verneur de la Ccelé-Syrie ( j ) ; il envoya vers Pto-
lémée, fils de Dorymini (4), pour le prier d'en-
voyer promptement dans la Judée, des forces
capables d'arrêter les progrès de Judas Macca-
bée, qui commençait à devenir très redoutable.
f. 9. Nicanorem Patrocli. Voyez ce qui est
dit 1. Macc. 111. 38. 39. On lui donne ici vingt
mille hommes qui faisaient partie des quarante
mille, dont était composée l'armée envoyée con-
tre la Judée. Ces troupes étaient commandées par
Ptolémée, par Nicanor et par Gorgias.
f. 10. Constituit Nicanor ut régi tributum,
quod Romanis erat, etc. Antiochus le Grand,
père d'Antiochus Épiphane, ayant été vaincu par
les Romains, fut obligé de payer la somme de
quinze mille talents, pour les frais de la guerre ;
cinq cents comptant, deux mille cinq cents après
la signature de la paix, et les douze mille restants
dans l'espace de douze ans, mille talents chaque
année (5). Antiochus Épiphane était chargé du
reste de cette dette, comme héritier d'Antiochus
le Grand : ses prodigalités l'avaient mis en retard ;
il devait encore deux mille talents aux Romains, il
était parti lui-même de Syrie, pour aller amasser de
l'argent dans les provinces au-delà de l'Euphra-
te (6). Nicanor se natta de fournir au roi deux
mille talents, de la vente des Juifs qu'il prendrait
à la guerre. Il s'agit probablement ici du talent
attique évalué à 5.560 fr. 90.
jiï. 1 1. Ad maritimas civitates misit. 77 envoya
dans les villes maritimes, pour inviter les marchands
à venir acheter des esclaves juifs ; il leur promit
de les leur donner à bon compte : quatre-vingt-
dix pour un talent. Les esclaves de choix se
payaient jusqu'à un talent par personne ; et Josè-
phe (7) assure que le jeune Hyrcan, fils de Joseph,
en acheta deux cents pour les présenter au roi et
à la reine d'Egypte, cent jeunes garçons et autant
de jeunes filles, au prix d'un talent chacun. On
peut juger par là du mépris que Nicanor faisait
des Juifs, en 'offrant quatre-vingt-dix hommes,
pour un talent. Voyez ce qu'on a dit, 1. Macc.
m. 41.
f. 13. Non credentes Dei justitiœ. Ils furent
donc sa'sis de crainte, parce qu'ils manquaient de
confiance en Dieu, et qu'ils ne comptaient pas sur
sa justice, qui, étant fléchie par leurs larmes, ne
pouvait manquer de se faire sentir à leurs enne-
mis. Judas, au contraire, envisageait cette guerre
comme celle du Seigneur ; il méprisait le nombre
et l'orgueil de ces infidèles, parce qu'il savait
(1) 11. Macc. v. 2j.
(2) 1. Macc. ni. 10. 11. iî. - Joseph. Antiq. xn. c. 10.
(j) Ibid. 1. Macc. m. ij... 24. Vide Usscr. ad an. j3}8-
(4) Vide 11. Macc. iv. 45. — (5) Vide Liv. t. xxxvn.
(6) 1. Macc. m. J2-- 37-
(7} Joseph. Antiq. t. XII. c. 4.
II. — MACCABÉES. — VIII. - JUDAS MACCABÉE
205
14. Alii vero si quid eis supererat vendebant, simulque
Dominum deprecabantur ul eriperet eos ab impio Nica-
ivore, qui eos, priusquam continus veniret, vendiderat;
15. Et si non propter eos, propter testamentum tamen
quod erat ad patres eorum, et propter invocationem
sancti et magnifici nominis ejus super ipsos.
16. Convocatis autem Machabœus septem millibus qui
cum ipso erant, rogabat ne hoslibus reconciliarentur,
neque metuerent inique venientium adversum se hostium
multitudinem, sed fortiter contenderent,
17. Ante oculos habentes contumeliam quas loco sancto
ab his injuste esset illata, itemque et ludibrio habit»
civitatis injuriam, adhuc etiam veterum instituta convulsa.
18. Nam i 11 i quidem armis confidunt, ait, simul et au-
dacia; nos autem in omnipotente Domino, qui potest et
venientes adversum nos, et universum mundum uno nutu
delere, confidimus.
19. Admonuit autem eos et de auxiliis Dei, quaî facla
sunt erga parentes, et quod sub Sennacherib centum octo-
gintaquinque miUia perierunt ;
20. Et de praslio quod eis adversus Galatas fuit in
Babylonia, ut omnes, ubi ad rem ventum est, Macedo-
nibus sociis hassitantibus, ipsi sex millia soli peremerunt
centum vigint i millia, propter auxilium illis datum de
ccclo, et bénéficia pro his plurima consecuti sunt.
21. His verbis constantes effecti sunt, et pro legibus et
patria mori parati.
14. Les autres vendaient tout ce qui pouvait leur être
resté; et en même temps ils conjuraient le Seigneur de
les délivrer de l'impie Nicanor qui, avant même de s'être
approché d'eux, les avait vendus ;
15. Et de vouloir bien le faire, sinon pour l'amour
d'eux-mêmes, au moins en considération de l'alliance
qu'il avait faite avec leurs pères, et de l'honneur qu'ils
avaient de porter son nom si grand et si saint.
16. Maccabée ayant fait assembler les sept mille hom-
mes qui étaient avec lui, les conjura de ne point se récon-
cilier avec leurs ennemis, et de ne point craindre cette
multitude d'adversaires qui venaient les attaquer injuste-
ment, mais de combattre avec grand courage,
17. Ayant devant les yeux la profanation si indigne
dont ils avaient déshonoré le lieu saint, les insultes et
les outrages qu'on avait faits à la ville, et la violation
des ordonnances des anciens.
18. Car pour eux, ajoutait-il, ils se fient sur leurs ar-
mes et sur leur audace ; mais pour nous, nous mettons
notre confiance dans le Seigneur tout-puissant, qui peut
renverser par un clin d'œil, et tous ceux qui nous atta-
quent, et le monde entier.
19. Il les fit souvenir aussi des secours que Dieu avait
autrefois donnés à leurs pères, et des cent quatre-vingt-
cinq mille hommes qui furent tués du temps de Senna-
cherib ;
20. Et de la bataille qu'ils avaient livrée contre les
Galates en Babylonie : Ils avaient attaqué avec leurs
alliés, mais réduits à six mille par l'hésitation des Macé-
doniens, ils avaient tué cent vingt mille hommes, à cause
du secours qu'ils avaient reçu du ciel, et avaient ensuite
obtenu pour récompense de grandes faveurs.
21. Ces paroles les remplirent de courage; en sorte
qu'ils étaient prêts à mourir pour leurs lois et pour leur
patrie.
COMMENTAIRE
qu'un million d'hommes qui osent s'attaquer à
Dieu, ne sont devant lui que comme une armée
de moucherons qu'il peut dissiper en un instant
par le souffle de sa bouche. La foi donc était ce
qui le distinguait, lui et ses gens, de ces autres
J uifs timides. Ces derniers, prenant la fuile, étaient
regardés dès ce moment comme vaincus par leurs
ennemis; mais Judas demeurant ferme par la con-
fiance qu'il avait en Dieu, s'assurait en même
temps la victoire, et se mettait en état de faire
fuir ses adversaires. Tel fut alors, et sera durant
tout le cours des siècles, le vrai caractère et des
bons et des méchants ; les premiers sont toujours
victorieux par cette foi pratique dont saint Paul
relève lé mérite dans tous les justes de la loi an-
cienne (1) ; et les derniers sont toujours vaincus
par un effet de cette vaine confiance qu'ils ont en
eux-mêmes, et qui les rend lâches et timides dans
le combat.
f. 16. Rogabat ne hostibus reconciliarentur.
// les conjura de ne point se réconcilier avec leurs
ennemis, de n'entrer en aucune composition avec
eux, persuadés qu'ils ne feraient jamais de bonne
foi aucun traité. Le grec(2j: // les pria de ne
point s'effrayer à cause du grand nombre de leurs
ennemis.
y. 20. ET DE PR/ELIO QUOD EIS ADVERSUS GALA-
tas fuit in Babylonia. Le grec est plus cir-
constancié ; il porte que les Galates vinrent atta-
quer les Juifs dans la Babylonie ; l'armée des
Juifs n'était que de huit mille hommes (3), sou-
tenus de quatre mille Macédoniens ; ces derniers,
hésitèrent et ne prirent aucune part au combat ;
les huit mille Juifs seuls défirent cent-vingt mille
Galates. Le syriaque lit que l'armée des Galates
était de quatre-vingt mille hommes, outre quarante
mille Macédoniens, qui étaient venus avec eux
comme alliés ; les Juifs, réduits à une poignée de
monde, défirent cette grande armée. L'Écriture
ne nous dit pas, ni quand, ni à quelle occasion
ceci arriva ; et les exégètes jusqu'ici n'ont encore
pu découvrir à quoi l'on doit rapporter cette
guerre.
Onsaitseulement que, sous le règne d'Antiochus
le Grand, les Galates étaient très puissants en
Asie ; ces peuples, au moins en partie, s'étaient
fi) Hebr. xi.
(2) napsxocXei pj xatarcXayrjvai xoù; JtoXsuiou?.
(j) OV.xo/.tcr/iXiot. Ms. Alex. E'Çout<j£i'Xiot, Six mille,
comme la Vulgate.
2c6
II. — MACCABÉES. — VIII. - CAMPAGNE CONTRE NICANOR
22. Constituit itaque fratrcssuos duces utrique ordini :
Simonem, et Josephum, et Jonathan, subjectis unicuique
millenis et quingentenis.
2j. Ad hoc etiam ab Esdra lecto illis sancto libro, et
dalo signo adjutorii Dei, in prima acie ipse dux commi-
sit cum Nicanore.
22. Il divisa son armée en plusieurs corps, et en par-
tagea le commandement avec ses frères, Simon, Joseph
et Jonathas, chacun d'eux ayant sous soi quinze cents
hommes.
2j. Esdras leur ayant lu aussi le livre saint, le général,
après les avoir assurés du secours de Dieu, se mit lui-
même à la tête de l'armée, et marcha contre Nicanor.
COMMENTAIRE
joints à ce prince, contre les Romains ; et leurs
forces étaient alors si grandes, qu'après la victoire,
le consul Cneius Manlius ne crut pas pouvoir
assurer la paix dans l'Asie , tant qu'une nation
si belliqueuse et si remuante ne serait pas domp-
tée. Ils avaient alors trois rois qui les gouvernaient,
et la nation était composée de trois peuples dif-
férents ; les Tolistoboïens, les Tectosages et les
Trocmes. Ils furent vaincus et obligés de de-
meurer dans leurs terres, sans en sortir pour
faire des courses sur les pays voisins ( i ). Mais ils
observèrent mal ces conditions : ils ne purent se
contenir dans les bornes qu'on leur avait prescri-
tes. Dans le temps même qu'Antiochus persécu-
tait les Juifs, ils attaquèrent le roi Eumène jusque
dans son royaume (2). Il est assez croyable que
l'afTaire dont on nous parle ici, fut quelque entre-
prise de ces Galates sur la Babylonie. L'on sait
que les Juifs, depuis Alexandre le Grand, servirent
ordinairement dans les armées des rois de Syrie.
Les Macédoniens exprimés ici, sont les soldats
grecs ou syriens chargés de défendre la Babylonie,
avec d'autres troupes juives.
D'autres exégètes croient que cette guerre
arriva sous le règne d'Antiochus Soter, parce que
ce prince, selon que l'écrit un historien (3), re-
poussa les Galates qui étaient venus fondre de
l'Europe dans l'Asie. Et ce qui est dit ici, que les
Juifs, à la suite de cette fameuse victoire, obtinrent
pour récompense de grandes faveurs, s'accorde
avec ce que plusieurs historiens, môme profanes,
ont remarqué que des honneurs et des privilèges
très considérables leur furent accordés tant par
ce prince que par son fils.
Quoi qu'il en soit, rien ne paraissait plus propre
à affermir le courage des sept mille hommes qui
accompagnaient Judas Maccabée, que cet exem-
ple qu'il leur rapporta de sept mille Juifs qui
avaient tué cent-vingt mille hommes par [le secours
qu'ils avaient reçu du ciel : et c'était avec raison
que Judas conjurait ses compagnons, en souvenir
de ce grand miracle, de ne point craindre la multi-
tude des ennemis qui venaient les attaquer si injus-
tement ; parce que Dieu les soutiendrait et ven-
gerait par leurs mains les profanations de son saint
temple.
Quelle foi dans ce grand homme, lorsque mé-
prisant la vaine confiance que ses ennemis avaient
en leurs armes et en leur audace, il engageait les
siens à regarder tout cet appareil d'une armée si
imposante comme le jouet de la toute-puissance du
Seigneur, qui pouvait, dit- il, en un clin a" ce il
renverser même le monde entier ! On est assez con-
vaincu, en général, du pouvoir infini de Dieu, et
de l'impuissance de tous les hommes unis ensem-
ble, s'il était possible, contrelui ; mais l'on manque
trop souvent à faire l'application de cette grande
vérité aux différentes occasions qui se présentent.
Or il n'appartient qu'à 'la foi et à une foi non
chancelante de la faire et non au raisonnement,
qui trompe presque toujours quand il s'agit de faire
passer de l'esprit au cœur ces vérités qui, pour
être utiles, doivent passer du domaine de la
théorie dans la pratique.
v. 22. Constituit fratres suos duces utri-
que ordini. 11 partagea son armée en quatre
corps, composés chacun de quinzeeents hommes ;
Judas et trois de ses frères, Simon, Joseph et
Jonathas commandaient ces quatre corps. Le
nom de Joseph ne se trouve point ailleurs au
nombre des frères de Judas. Des exégètes (4)
croient que c'est le même que Jean Gaddis (<) ;
d'autres que c'est Eléa\ar, surnommé Abaron (6),
qui fut dans la suite écrasé sous un éléphant (7).
D'autres aiment mieux dire que Joseph était sim-
plement parent, ou beau-frère de Judas. Si
Éléazar, dont il est parlé dans le grec au verset
suivant, est le frère de Judas, il est visible que ce
ne peut-être que lui qui est marqué sous le nom
de Joseph.
f. 25. Ab Esdra lectio illis sancto libro.
On ne voit pas dans l'Écriture, que c'ait été la
coutume dans Israël de lire l'Écriture avant le
combat; mais Judas avait assemblé son armée à
Maspha, comme il l'aurait fait dans le temple, il
l'avait sanctifiée par le jeûne et par la prière ; il y
a beaucoup d'apparence que pour encourager ses
soldats, il leur fit lire quelque passage choisi des
(t) Vsser. ad an. M. jSi$. et J817.
(2) Usser. ad an. $857.
U) Appian. in Syriac.
(4) Serar. et ex eo Tirin.
(5)1. Macc. 11. 2.
(6) Ibid. f. 5. - D' Ailloli,
(7) i. Macc. vi. 4J.
II. - MACCABÉES. - VIII. - VICTOIRE DES JUIFS
207
2\. Et facto sibi adjutore Omnipotente, interfecerunt
super novem millia hominum ; majorem autem pariem
exercitus Nicanoris vulneribus debilem factam fugere
compulerunt.
25. Pecuniis vero eorum, qui ad emptionem ipsorum
vénérant, sublatis, ipsos usquequaque pcsecuti sunt;
26. Sed reversi sunt hora conclusi, nain erat ante sab-
batum : quam ob causam non perseveraverunt insequentes.
27. Arma autem ipsorum et spolia congregantes, sab-
batum agebant, benedicentes Dominum qui liberavit eos
>n isto die, misericordiœ initium stillans in eos.
28. Post sabbatum vero, debilibus, et orphanis, et
viduis diviserunt spolia ; et residua ipsi cum suis habuere.
29. His itaque gestis, et communiier ab omnibus facta
obsecratione, miseiicordem Dominum postulabani ut in
finem servis suis reconciliaretur.
jo. Et ex his qui cum Timotheo et Bacchide erant
conira se contendentes, super viginti millia interfecerunt ;
et munitiones excelsas obtinucrunt, et plures praedas
diviserunt, a?quam portionem debilibus, pupillis et viduis,
sed et senioribus facientes.
2.4. Et le Seigneur tout-puissant, s'étant déclaré en
leur faveur, ils tuèrent plus de neuf mille hommes; et la
plus grande partie de l'armée de Nicanor s'étant allai-
blie par les blessures qu'elle avait reçues, ils la forcè-
rent de prendre la fuite.
2Ç. Ils prirent tout l'argent de ceux qui étaient venus
pour les acheter, et les poursuivire/it bien loin ;
26. Mais ils revinrent, se voyant pressés de l'heure,
parce que c'était la veille du sabbat ; ce qui les empêcha
de continuer à les poursuivre.
27. Ayant ensuite ramassé les armes et les dépouilles
des ennemis, ils célébrèrent le sabbat, en bénissant le
Seigneur, qui les avait délivrés en ce jour-là et qui avait
répandu sur eux comme les premières gouttes de la rosée
de sa miséricorde.
28. Après le «abbat, ils firent part des dépouilles aux
infirmes, aux orphelins et aux veuves; et ils retinrent le
reste pour eux et pour ceux qui leur appartenaient.
20. Ils firent ensuite la prière tous ensemble, en con-
jurant le Seigneur très miséricordieux de se réconcilier
pour toujours avec ses serviteurs.
50. lis tuèrent dans la suite plus de vingt mille hom-
mes des gens de Timothée et de Bacchide, qui combat-
taient contre eux : ils se rendirent maîtres de diverses
places fortes ; et ils firent un grand butin, qu'ils partagè-
rent également entre les malades, les orphelins, les veu-
ves et même les vieillards.
COMMENTAIRE
livres saints. Peut-être aussi qu'on lut seulement
l'endroit du Deutéronome (1), où il est dit que
les nouveaux mariés, ceux qui ont bâti une nou-
velle maison, qu'ils n'ont pointencore habitée. etc,
peuvent se retirer dans leurs maisons. En effet,
dans le premier livre des Maccabées(2), il est
marqué expressément que Judas fit publier cette
ordonnance à la tête de son armée, avant le com-
bat. Le grec et le syriaque, lisent Eléa^ar, au lieu
d'Esdras, et on croit avec assez de fondement,
que c'était Éléazar, frère de Judas. 11 était prêtre
et la fonction de lire la Bible lui convenait en cette
qualité.
Il y en a qui joignent le grec à ce qui précède
de la sorte (3) : Il établit sur chaque corps de ses
troupes, Simon, Joseph, Jonathan et Eléazar ; et
après avoir lu le livre Saint, et avoir donné le
signal... Mais nous préférons la leçon de la Vul-
gate, qui est semblable au syriaque et à laquelle
on peut rapporter l'expression grecque. Gro-
tius (4), dit que Judas lui-même lut le récit de la
mort d'Éléazar, le saint vieillard de ce nom, car
l'autre Eléazar ne mourut que sous le règne du
jeune Antiochus Eupator, successeur d'Épipha-
ne(5).
Dato signo adjutorii Dei. C'était comme le
mot d'ordre, auquel ses troupes devaient se re-
connaître. Nous lisons (6) que, dans une autre
occasion, Judas leur donna pour mot d'ordre : La
victoire de Dieu.
y. 24. Super novem mili.ia hominum. Il en
demeura sur place trois mille (7) : le reste fut tué
dans la déroute.
f. 26. Reversi sunt hora conclusi. Le sabbat
commençait au soir, il s voulurent être au camp avant
que la fête commençât : il paraît même que leur
dessein était de recueillir les^ dépouilles avant la
nuit, verset 27.
f. 28. Debilibus, et orphanis, et viduis divi-
serunt spolia. Cela n'était point ordonné par la
loi: elle (8) voulait seulement qu'on partageât
également les dépouilles entre ceux qui avaient
assisté au combat, et ceux qui étaient demeurés
pour garder le bagage. Judas fait un acte de
subrogation, suivant plutôt l'esprit (9) que la
lettre de la loi.
y. 30. Ex his qui cum Timotheo et Bacchide
ERANT, SUPER VIGINTI MILLIA INTERFECERUNT. On
ne connaît pas les particularités de cette guerre,
contre Timothée et Bacchide ; l'Écriture en fait
(1) Deut. xx. 6. 7. 8.
1 (2) 1. Macc. va, 56.
(j) E"ti Se /.ai E'XeàÇapov 7capavayvûù; tJjv îïpàv pVSXov.
Dom Calmet croit que l'auteur a mis ^apay^yvoù;, au
lieu de sxeXeiJse rcapava-Yivoisxeiv, comme s'il y avait en
hébreu N>-ipn
(4) Grot. le g il : E"ti Sa xai E'X£a£apou KapavaY^ûù; Tr,v
ÎEpàv fjt'SXov.
(5) Vide Usscr. adan. M. J841. Vide et 1. Macc. vi. ji.?2.
(6) 11. Macc. xni. 15.
(7) 1. Macc. iv. 1 5.
(8) Vide Num. xxxi. 27. et 1. Rcg. xxx. 24. 25.
{<)) Deut. xiv. 29.
2o8
I._ MACCABÉES.-VIII.- IMPORTANCE DE CETTE VICTOIRE
>I Et cum arma eorum diligenter collegissent, omnia
composuerunt in locis opportunis : residua vero spolia
Jerolosymam detulerunt ;
'2. Et Philarchen, qui cum Timotheo erat, înterfece-
runt,' virum scelestum, qui in multis Judaeos adlixerat.
,5 Et cum epinicia agerent Jerosolymis.eum qui sacras
januas incenderat, id est, Callisthenem, cum in quoddam
domicilium refugisset, ir.cenderunt, digna ei mercede pro
impietatibus suis reddita.
54. Facinorosissimus autem Nicanor, qui mille nego-
tiantes ad Judaeorum venditionem adduxerat,
jt Humiliatus, auxilio Domini, ab his quos nullos exis-
timaverat, deposita veste gloriaa, per Mediterraneam fu"
giens, solus venit Antiochiam, summam infehcitatem de
interitu sui exercitus consecutus.
j6. Et qui promiserat Romanis se tributum restituere
de'captivitate Jerosolymorum, praîdicabat nunc protec-
torem Deum habere Judaeos, et ob ipsum invulnerabiles
esse, eo quod sequerentur leges ab ipso constitutas.
31. Ils ramassèrent avec soin les armes de leurs enne-
mis, qu'ils mirent en réserve dans des lieux avantageux ;
et ils portèrent le reste des dépouilles à Jérusalem.
32. Ils tuèrent aussi Philarque, qui était un homme
très méchant, et l'un de ceux qui accompagnaient Timo-
thée, et qui avait fait beaucoup de mal aux Juifs.
jj. Et lorsqu'ils rendaient à Dieu, dans Jérusalem, des
actions de grâces pour cette victoire, ils découvrirent
que Callisthène, qui avait brûlé les portes sacrées, s'était
sauvé dans une maison, et ils l'y brûlèrent ; Dieu lui ren-
dant de la sorte une digne récompense pour toutes les
impiétés qu'il avait commises.
34. Mais Nicanor, cet homme couvert de crimes, qui
avait amené mille marchands pour leur vendre les escla-
ves juifs, .
35. Ayant été humilié, avec le secours du Seigneur,
par ceux mêmes qu'il avait regardés comme des gens
méprisables, s'enfuit par la mer Méditerranée, après
s'être dépouillé des riches habits qui le distinguaient, et
arriva seul à Antioche, ayant trouvé le comble de ses
malheurs dans la perte de son armée.
36. Et celui qui avait promis de payer le tribut aux
Romains du prix de la vente des habitants de Jérusalem
qu'il réduirait en esclavage, publiait alors que les Juits
avaient Dieu pour protecteur, et qu'ils étaient invul-
nérables, parce qu'ils s'attachaient à suivre les lois qu'il
leur avait données.
COMMENTAIRE
encore mention en passant au chapitre x, verset
24 (1). Ceci n'arriva probablement qu'après la
prise de Jérusalem et la purification du temple,
puisqu'on porta dans cette ville les dépouilles
prises sur Timothée et Bacchide (2). Il iaut bien
distinguer cette première guerre contre Timo-
thée et Bacchide, d'avec d'autres combats livrés
au même Timothée, quelque temps après, et rap-
portés au premier livre des Maccabées, chap. v,
versets 5, 6, 7, 8, et au second livre, chapitre x,
24, jusqu'au verset 37. Ce Timothée est différent
d'un autre général du même nom, avec qui Judas
et ses frères rirent la guerre au delà du Jour-
dain (3).
jh 31. Residua spoiia. jerosolymam detule-
runt. Ils avaient pris cette ville à l'exception de
la citadelle, et avaient purifié le temple aussitôt
après la victoire contre Nicanor (4).
}. 35. Deposita veste glori^., per Mediter-
ranea fugiens. Il quitta les marques de sa dignité
et se sauva par des chemins détournés, seul et
déguisé comme un fugitif (5).
Summam infelicitatem de interitu exercitus
sui consecutus. Le grec (6) : Trop heureux
d'avoir échappé après la perle de son armée.
L'édition romaine (7) et le syriaque sont confor-
mes à la Vulgate.
(1) Timotheus qui prius fuerat a Judaeis superatus.
(2) Ici verset 31.
(j) Voyez 1. Macc. v. 11... J4. J?. et 11. Macc. xu.
et scq.
(4j Voyez 1. Macc. îv. 56. et 11. Macc*. 1. 2. J.
(5) Tr;v BoÇtMiV «JtoO^evo;, éoû^a Stà T% juao-ft'.oa,
Spane'tou zpénov, iaurév k'p7i;xov j:o:îj(J«î> Vev ^ A'vwS/ etav.
'(0) Y'r.lp zr.Oiv 6Uï)fiepn)xu>î êïci tf, toù a:paxoÛ SiayOopa.
(7) Y'rcepâyav cuaJifiepïjaaç, clc.
CHAPITRE IX
Antiochus revient de Perse. Il apprend que ses généraux ont été défaits par les Juifs.
Il jure la perte de ce peuple. Dieu le frappe, et le force de confesser sa propre
faiblesse. Vaines protestations d' Antiochus. Lettre qu'il écrit aux Juifs. Il meurt
misérablement. Philippe transporte son corps.
i. Eodem tempore Antiochus inhoneste revertebatur
de Perside.
2. Intraverat enim in eam, quœ dicitur Persepolis, et
tentavit expoliare templum, et civitatem opprimere; sed
multitudine ad arma concurrente, in fugam versi sunt; et
ita contigit ut Antiochus post fugam turpiter rediret.
;. Et cum venisset circa Ecbatanam, recognovit quœ
erga Nicanorem et Thimotheum gesta sunt.
4. Elatus autem in ira, arbitrabatur se, injuriam illorum
qui se fugaverant, posse in Judseos retorquere ; ideoque
jussit agitari currum suum, sine intermissione agens
iter, cœlesti eum judicio perurgente, eo quod ita superbe
locutus est : Se venturum Jerosolymam, et congeriem
sepulcri Judœorum eam facturum.
5. Sed qui universa conspicit Dominus Deus Israël,
percussit eum insanabili et invisibili plaga. Ut enim fini-
vit hune ipsum sermonem, apprehendit eum dolor dirus
viscerum, et amara internorum tormenta ;
6. Et quidem satis juste, quippe qui multis et novis
cruciatibus aliorum torserat viscera, licet illenullo modo
a sua malitia cessaret.
7. Super hoc autem superbia repletus, ignem spirans
animo in Judasos, et preecipiens accelerari negotium,
contigit illum impetu euntem de curru cadere, et gravi
corporis collisione membra vexari.
1. En ce temps-là, Antiochus revint de Perse, honteux
de son échec.
2. Car étant entré dans la ville de Persepolis, et se
disposant à piller le temple et à accabler la ville, tout
le peuple courut aux armes, et le mit en fuite avec ses
gens ; ainsi Antiochus fut obligé, après cette fuite hon-
teuse, de se retirer.
?. Lorsqu'il fut venu vers Ecbatane, il reçut les nou-
velles de la défaite de Nicfinor et de Timothée.
4. Et, transporté de colère, il s'imaginait qu'il pour-
rait se venger sur les Juifs de l'outrage que lui avaient
fait ceux qui l'avaient mis en fuite. C'est pourquoi il
commanda à celui qui conduisait son chariot de presser
sans cesse et de hâter son voyage, étant lui-même pour-
suivi par la vengeance du ciel, à cause de cette parole
insolente qu'il avait dite, qu'il irait à Jérusalem et qu'il
en ferait le tombeau de tous les Juifs.
ç. Mais le Seigneur Dieu d'Israël, qui voit toutes cho-
ses, frappa ce prince d'une plaie incurable et invisible;
car, dès qu'il eut proféré cette parole, il fut attaqué
d'une effroyable douleur dans les entrailles, et d'une
colique qui le tourmentait cruellement.
6. Et ce fut sans doute avec beaucoup de justice, puis-
qu'il avait déchiré lui-même les entrailles des autres, par
un grand nombre de nouveaux tourments, et qu'il n'avait
point depuis renoncé à sa malice.
7. Au contraire, se laissant aller aux transports de son
orgueil, ne respirant que feu et flamme contre les Juifs,
il commanda qu'on précipitât son voyage ; mais lorsque
ses chevaux couraient avec impétuosité, il tomba de son
char et eut les membres tout meurtris de cette chute.
COMMENTAIRE
y. 1 Inhoneste revertebatur ex Perside. On
a vu au premier livre des Maccabées,le motif qui
engagea Antiochus à ce voyage, et l'échec qu'il
subit (1).
y. 2. Intraverat enim in eam, qvm dicitur
Persepolis. Voyez ce que nous avons dit au pre-
mier livre des Maccabées. vi, 1.
y. }. Cum venisset circa Ecbatanam. Ce fut
après avoir été chassé d'Elymaïs, que, s'en retour-
nant vers Babylone, il apprit le malheur qui était
arrivé à ses troupes commandées par Nicanor et
Timothée. Ecbatane n'est pas la ville de ce nom
située en Médie, mais l'Ecbatane des Mages,
située non loin de Persepolis. Ce détail fournit
un puissant argument en faveur de l'opinion qui
préfère lire Persepolis, au lieu d'Elymaïs, au pre-
mier livre des Maccabées, comme au second.
Ajoutons que plusieurs très anciens manuscrits
grecs ne lisent pas le nom d'Elymaïs au premier
livre.
j^. 4. CvELESTI EUM JUDICIO PERURGENTE. Il Se
sentit d'abord attaqué de violentes douleurs d'en-
trailles. Voyez le verset suivant, et 1. Macc. vi,8
et suiv.
y. 7. Contigit illum impetu euntem de curru
cadere. L'arabe ajoute qu'un des éléphants de
l'armée s'étant échappé, avait rugi d'une manière
qui effraya leschevauxqui portaient la litière d'An-
(1) 1. Macc. ni. ji. 37. et vi. 1. et seq.
S. B. — T. XII.
U
210
li.- MACCABÉES. — IX.- MALADIE D'ANTIOCHUS
8. Isque qui sibi videbatur etiam fluctibus maris impe-
rare, supra humanum modura superbia repletus, et înon-
tium altitudines in statera appendere, nunc humiliatusad
terram in gestatorio portabatur, manifestam Dei virlutem
in scmetipso contestans;
9. Ita ut de corpore impii vermes scaturirent, ac vi-
ventis in doloribus carnes ejus eftluerent, odore etiam
illius et fcetore exercitus gravaretur.
10. Et qui paulo acte sidéra cœli contingere se arbitra-
batur, eum nemo poterat, propter intolerantiam fœtoris,
p'ortare.
11. Mine igitur cœpit, ex gravi superbia deductus, ad
agnitionem sui venire, divina admonitus plaga, per mo-
menta singuia doloribus suis augmenta capientibus,
12. Et cum nec ipse jam fœtorem suum ferre posset,
ita ait : Justum est subditum esse Deo, et mortalem non
paria Deo sentire.
ij. Orabat autem hic scelestus Dominum, a quo non
esset misericordiam consecuturus ;
8. Ainsi celui qui, s'élevant par son orgueil au-dessus
de la condition de l'homme, s'était flatte de pouvoir
même commander aux flots de la mer, et peser dans une
balance les montagnes les plus hautes, se trouva alors
humilié jusqu'à terre; on le portait mourant dans une
chaise, attestant publiquement la toute-puissance de
Dieu, qui éclatait en sa personne ;
9. Car il sortait des vers du corps de cet impie comme
d'une source; et vivant au milieu de tant de douleurs,
toutes ses chairs tombaient par lambeaux, avec une
odeur telle, que toute l'armée ne pouvait en souffrir la
puanteur.
10. Celui qui, peu auparavant, s'imaginait pouvoir
atteindre jusqu'aux étoiles du ciel, était alors en un tel
état, que nul ne pouvait plus le porter, à cause de l'in-
fection intolérable qui sortait de lui. .
11. Il commença donc à rabattre de ce grand orgueil
dont il était possédé, et à entrer dans la connaissance
de lui-même, averti de ce qu'il était, par la plaie dont il
se sentait frappé, et ses douleurs redoublaient h chaque
que moment.
12. Ainsi, ne pouvant plus lui-même souffrir la puan-
teur qui venait de lui, il dit : Il est juste que l'homme
soit soumis à Dieu, et que celui qui est mortel, ne
s'égale pas au Dieu souverain.
ij. Or, ce scélérat priait le Seigneur, de qui il ne
devait point recevoir de miséricorde.
COMMENTAIRE
tiochus ; ce prince fut alors jeté par terre et tout
froissé de sa chute. Au lieu d'être portées à bras,
ces litières étaient posées sur deux chevaux (1).
f. 8. Qui sibi videbatur etiam fluctibus ma-
ris imperare. Voyez le chapitre v,2i,où il est dit
que ce prince s'imaginait pouvoir naviguer sur la
terre, et faire marcher ses troupes sur la mer.
f. 12. Justum est mortalem non paria Deo
sentire. Antiochus avait pris le nom superbe de
Dieu manifesté aux hommes Oso; lnioay»}<. L'ara-
be (2) assure même qu'il avait voulu se faire
adorer comme un Dieu, et qu'il avait fait mettre
sa statue, comme celle d'une divinité, dans le
temple. Le chapitre ix, verset 8 insinue quelque
chose de pareil: Supra humanum modum superbia
repletus. Voyez aussi Daniel, xi, 36, 37.
^.13. Orabat autem hic scelestus Dominum
a quo non esset misericordiam consecuturus.
// priait le Seigneur dont il ne devait point recevoir
miséricorde, suivant la menace, ou la prédiction
que lui en avaient faite les martyrs, qu'il fit si
cruellement tourmenter (3). Antiochus avait aban-
donné le Seigneur, et le Seigneur à son tour
l'abandonne et lui tourne le dos (4) : Ego autem
in interilu vestro ridebo, et subsannabo, cum vobis
id quod timebalis, adi'cnerit. Ce prince est le mo-
dèle des pécheurs endurcis, et des faux pénitents,
qui n'ont point d'autre motif de leur retour à
Dieu, qu'une crainte purement servile, naturelle
et intéressée.
Au verset 1 i,il est dit: Ccepit ex gravi superbia
deductus ad agnitionem sui venire, et ici hic sce-
lestus, il paraît d'abord très difficile de concilier
ces paroles l'une avec l'autre ; et on a peine à
comprendre comment il peut être vrai que ce
prince commença à quitter ce grand orgueil dont
il était possédé, et à entrer dans la connaissance de
soi-même; et que, néanmoins, il était encore un
scélérat aux yeux du Seigneur. Il confesse qu'iï
était juste que l'homme fût soumis à Dieu; et il
est regardé de Dieu en même temps comme un
orgueilleux invétéré : il le priait sans qu'il dût
recevoir miséricorde. Quoi donc! s'il est vrai que
ce prince quittât son orgueil, le Saint-Esprit n'a-
t-il pas promis de se reposer sur celui qui est
humble.-' S'il entra véritablement dans la connais-
sance de soi-même, et s'il reconnut la justice avec
laquelle tous les hommes doivent se soumettre à
Dieu, ne cessait-il pas d'être superbe ? Et enfin,
s'il priait le Seigneur dans cette disposition d'hu-
milité et de foi, n'était-il pas digne d'obtenir misé-
ricorde ? Cependant la sainte Écriture nous dit
ici nettement, que ce prince était scélérat lors
même qu'il priait le Seigneur; et que, nonobstant
cette protestation publique, par laquelle il déclara
qu'il était juste que l'homme fût soumis à Dieu, il
ne devait point recevoir miséricorde.
Disons donc sans crainte, qu'il est certain
qti Antiochus ne renonça point sincèrement à son
orgueil, que la connaissance qu'il eut de soi-même
(1) Voyez la Perse de M. L. Dubeux, planche Lxxvt.
(2) Vide 11. Maee. c. j. Arabice in Polyglott. Paris,
et Lcndin.
(?) 11. Mace. vu. 14. 17. 19. 51. $4. 75. j6.
(4) Proverb. 1. 26.
II.
MACCABÉES. - IX.- VAIN REPENTIR D'ANTIOCH US
21 I
14. Et civilatem, ad quam festinans veniebat ut eam ad
solimi deduceret, ac sepulcrum congestorum faceret,
nunc optât liberam reddere;
15. Et Judasos, quos nec sepultura quidem se dignos
habiturum, sed avibus ac feris diripiendos traditurum,
et cura parvulis exterminaturum dixerat, asquales nunc
Atheniensibus facturum pollicetur.
14. Et celui qui se hâtait auparavant d'aller à Jérusa-
lem pour la raser jusqu'en terre, et pour n'en faire qu'un
sépulcre de corps morts entassés les uns sur les autres,
souhaite maintenant de la rendre libre ;
15. Et il promet d'égaler aux Athéniens ces mêmes
Juifs qu'il avait jugés si indignes de la sépulture, et de
qui il avait dit qu'il exposerait en proie leurs corps
morts aux oiseaux du ciel et aux bêtes féroces, et qu'il
exterminerait jusqu'aux plus petits enfants.
COMMENTAIRE
ne l'humilia point véritablement devant Dieu, et
que sa prière ne partait point d'un cœur péni-
tent. Il est vrai que, frappé d'une si terrible plaie,
sa chair fut humiliée, son esprit abattu et décon-
certé ; mais il paraît que son cœur n'en fut pas
touché. Il ne quitta donc ce grand orgueil qu'à
l'extérieur seulement ; il cessa de se vanter comme
auparavant, avec insolence, de ruiner Israël ;
parce que la pesanteur de la main de Dieu l'avait
terrassé. // commença à se connaître soi-même;
c'est-à-dire, qu'il connut, par la douleur et par
i'horreur de cette plaie si sensible dont il fut
frappé, que Dieu était sans comparaison plus
fort que l'homme, et qu'/7 était juste qu'un
homme mortel ne s'égalât pas au Dieu souverain.
Mais ce sentiment était plutôt un sentiment
de la chair, ou tout au plus de l'esprit, que
d'un cœur pénétré sincèrement de son néant
et de la grandeur de Dieu. 11 ne parlait de la
sorte que par désespoir, semblable à cet autre
prince, Julien l'Apostat, qui, ayant été abattu de
même par la main toute-puissante du Très-Haut,
lorsque/ ne respirait, comme celui-ci, que feu et
flammes contre les fidèles, se sentit forcé de se
déclarer vaincu, et de dire d'une manière déses-
pérée en s'adressant à Jésus-Christ même : Vi-
cisti, Galilœe (1).
Saint Augustin (2) dit que Dieu sauva les trois
jeunes gens des flammes de la fournaise de Baby-
lone, pour faire grâce à Nabucodonosor, afin que
ce grand miracle le portât à croire en lui, et
qu'ainsi la délivrance de leur corps fût le salut de
son âme; mais qu'Antiochus, qui tourmenta si
cruellement les Maccabées, se rendit indigne
d'une telle grâce, en se réjouissant de ce que ces
saints martyrs avaient été consumés par le feu et
par les autres tourments: cette joie cruelle devint
en lui la source jl'une effroyable humiliation.
Le même saint dit encore ailleurs, en parlant
de la différence des péchés, que, s'il est vrai que
le pécheur pénitent obtienne toujours le pardon,
il y a certains péchés, tel que celui de Judas, (et
nous pouvons ajouter celui d'Antiochus), dont la
malice est si grande, qu'elle empêche ceux qui
les ont commis, d'entrer dans les sentiments
d'une humilité sincère, pour en demander le
pardon comme ils le doivent; quoique d'ailleurs
leur mauvaise conscience soit forcée de recon-
naître et de publier leur péché : quia illius pec-
cali ianlœ labes, ut deprecandi humililalem subire
non possit, eliamsi peccalum suum mala conscien-
iia et agnoscere el enuntiare cogalur. C'est pour-
quoi, ajoute ce père, il est important de discerner
la pénitence qui mérite le pardon de Dieu. Car'
il y en a beaucoup qui confessent très prompte-
ment qu'ils ont péché, et qui, entrant en colère
contr'eux-mêmes, souhaiteraient extrêmement de
n'être point tombés dans le péché qu'ils confes-
sent : mais cependant ils n'humilient et ne brisent
point leur cœur, pour en implorer le pardon.
Mullum inlerest quali pcenitent'uv ignoscat Deus :
mulli enim mullo cilius se falenlur peccasse, alque
ila sibi succensent, ut vehemenler se peccasse nol-
lent : sed tamen animum ad humiliandum el oble-
rendum cor, implorandamque veniam non depo-
nunt.
Si l'on veut objecter qu'Antiochus ayant prié
le Seigneur, semblait n'être pas dans cette dispo-
sition dont parle ici saint Augustin, on peut ré-
pondre que sa prière n'était pas efficace, car elle
ne partait pas d'un eœur humilié et brisé, mais de
la douleur qui arrachait à un homme accablé sous
le poids de la divine justice un tardif repentir.
f. 14. Optât liberam reddere. 77 souhaite de
rendre libre Jérusalem, de lui donner le privilège
de se gouverner d'après ses lois, avec ses magis-
trats propres, de se garder elle-même, d'être ville
libre et indépendante. Telles étaient Antioche et
Séleucie, sous les rois de Syrie (}).
y. i). ./Equales Atheniensibus. Le grec et le
syriaque lisent Athénien. Mais ce mot ne signifie
absolument rien ici. Pour un sens logique en
rapport avec les événements, il faut lire Anlio-
chenis (4). Antiochus voulait donner aux habitants de
Jérusalem, le droit de bourgeoisie d'Antioche. Ce
droit avait déjà été acquis moyennant la somme de
cent cinquante talents (s) ; mais ce privilège avait
été révoqué, ou du moins n'avait point eu son
exécution, depuis les derniers troubles. On a déjà
remarqué (6) le nom d'Athénien glissé peut-être
(1) Theodoret. hist. Ecoles. I. m. c. 20.
(:) August. ex und homil. Iiomil. xxiv.
(j) Plln. I. v. c. 21. et vi. 26. — (4) Vide Grot. hic.
(5) a. M ace. iv. 9. — (6) 11. Macc. vi. 1.
2 12
II.
MACCABEES.
IX. - VAIN REPENTIR D'ANTIOCHUS
16. Templum etiam sanctum, quod prius expoliaverat,
optimis donis ornaturum, et sancta vasa multiplicaturum,
et pertinentes ad sacrificia sumptus de redditibus suis
pravstaturum ;
17. Super hœc, et Judœum se futurum, et omnem locum
terra; perambulaturum, et prœdicaturum Dei potestatem.
18. Sed non cef santibus doloribus, supervenerat enim
in eum justum Dei judicium, desperans, scripsit ad Ju-
dœos, in modum deprecationis, epistolam hœc conti-
nentem :
19. Optimis civibus Judœis plurimam salutem, et bene
valere, et esse felices, rex et princeps Antiochus.
20. Si bene valetis, et filii vestri, et ex sententia vobis
cuncta sunt, maximas agirr. us gratias.
21. Et ego in infirmitate constitutus, vestri autem me-
mor bénigne, reversus de Persidis locis, et infirmitate
gravi apprehensus, nccessarium duxi pro communi utili-
tate curam habere ;
12. Non desperans memetipsum, sed spem multam ha-
bens eirugiendi infirmitatem.
2;. Respiciens autem quod et pater meus, quibus tem-
poribus in locis superionbus ducebat extrcitum, ostendit
qui post se susciperet principatum ;
24. Ut si quid contrarium accideret, aut difficile nun-
tiaretur, scientes hi qui in regionibus erant, cui esset
rerum summa derelicta, non turbarentur ;
2'. Ad hœc considerans de proximo potentes quosque
et vicinos, temporibusinsidiantes, et eventum expectantes,
desisrnavi filium meum Antiochum regem, quem sœpe
recurrens in superiora régna multis vestrum commenda-
bam ; et scripsi ad eum quœ subjecta sunt.
COMM
dans le grec, pour celui d'Anlicchicn si on le
prend comme nom commun. On a quelques
exemples de villes de Syrie, qui ont joui des
droits de citoyens d'Antioche. Certaines mé-
dailles donnent ce' titre à Ptolémaïs, et à Cal-
lirhoé (i).
y. 16. Pertinentes ad sacrificia sumptus, etc.
C'est ce qu'avaic it fait avant lui Darius (2) et
Ptolémée Philométor (3), et ce que fit depuis
Démétrius Nicator(_|).
y. 20. Si bene valetis et filii vestri. Cette
formule se remarque dans les lettres des empe-
reurs au sénat et au peuple romain (5) : Si vos U-
berique vestri valetis, bene est. Ils l'ont aussi quel-
quefois employéâ envers les peuples amis et alliés,
comme Jules César en écrivant aux Sidoniens (7),
et Marc-Antoine aux Juifs (6).
v. 2}. Respiciens quod et pater meus, quibus
temporibus in locis superioribus ducebat exer-
citum. Au sujet du voyage d'Antiochus le Grand,
16. Il s'engage aussi à orner de dons précieux le tem-
ple saint qu'il avait pillé auparavant, à y augmenter le
nombre des vases sacrés, et à fournir de ses revenus les
dépenses nécessaires pour les sacrifices,
17. Et même à se faire Juif, et à parcourir toute la
terre pour publier la toute-puissance de Dieu.
18. Mais lorsqu'il vit que ses douleurs ne cessaient
point, parce que le juste jugement de Dieu était enfin
tombé sur lui. commençant à perdre espérance, il écri-
vit aux Juifs une lettre en forme de supplication, qui
contenait ce qui suit :
19. Le roi et prince Antiochus souhaite le salut, la santé
et toutes sortes de prospérités aux Juifs ses bons citoyens.
20. Si vous êtes en santé, vons et vos enfants, et si
tout vous réussit comme vous le souhaitez, nous en ren-
dons de grandes grâces à Dieu.
21. Étant maintenant dans la langueur, et n'ayant pour
vous que des sentiments de bonté, dans cette grande
maladie dont je me suis trouvé surpris lorsque je reve-
nais de Perse, j'ai cru nécessaire de prendre le soin des
intérêts communs de mon état.
22. Ce n'est pas que je désespère de ma santé; j'ai au con-
tra ire une grande confiance que je reviendrai de m a maladie.
2;. Ayant donc considéré que mon père même, lors-
qu'il marchait avec son armée dans les hautes pro-
vinces, déclara celui qui devait régner après lui,
24. Afin que s'il arrivait quelque malheur, ou qu'on
vint à publier quelque fâcheuse nouvelle, ceux qui
étaient dans les provinces de son royaume ne pussent
en être troublés, sachant qui était celui qu'il avait laissé
héritier de sa couronne ;
2<>. Sachant de plus queceux qui sont proches de nous
et les plus puissants de nos voisins observent les temps
favorables à leurs desseins, et se préparent à profiter
des conjonctures qui leur seront propres, j'ai désigné
mon (ils Antiochus pour régner après moi, lui que j'ai
souvent recommandé à plusieurs d'entre vous, lorsque
j'étais obligé de me transporter dans les hautes provinces
de mes états : je lui ai écril ce qui est joint ci-dessous.
ENTAIRE
dans les provinces au-delà de l'Euphrate, que
l'Écriture, aussi bien que les historiens profanes,
appelle les provinces supérieures, Diodore de Sicile
et d'autres écrivains (8) nous apprennent que ce
prince, se voyant chargé d'un gros tribut par les
Romains, soit qu'en effet il manquât d'argent,
ou qu'il voulût colorer son avarice, sous le pré-
texte de ce tribut, qui lui avait été imposé, prit la
résolution de dépouiller le temple de Bélus à
Élymaïs, des richesses immenses qui y étaient
amassées depuis des siècles. Il y vint avec son
armée, entra la nuit dans le temple, enleva une
grande quantité d'argent; mais les habitants des
peuples voisins en ayant été informés, y accou-
rurent, et le taillèrent en pièces, avec toute son
armée. 11 eut pour successeur Séleucus Philopa-
tor, qu'il avait désigné avant son départ, et à qui
il avait donné la régence du royaume.
y. 25. Designavi filium meum Antiochum
regem. C'est Antiochus Eupator, qui n'avait
(1) Apud Harduin. Chronol. Vit. Tes!, p. 181. ANÏIO-
XlSQN TÛN EN I1TOAUMAIAI. //cm ANTIOXEQN
TON IIPO2; KAAAIPOIIN.
(2) 1. Esdr. vi. 6.
(?) Jcscph. Anliq. t. xn, c. 2. — (4) 1. Macc. x. 59. 40.
(5) Vide Grol. hic. et Tull. Epistctas.
(6) Joseph. Anliq. I. xiv. 17. — (7) ibid. c. 22.
(8) Vide Diodor- in excerptis Vales. p. 292. 298. - Strabo.
I. xvi. - Justin. I. xxxu. et Usser ad an. M. 5817. - llicrcn.
in Dan. xi.
II.— MACCABEES.
MORT D'ANTIOCHUS
213
26. Oro itaque vos et peto, memores beneficiorum
publiée et privatim, ut unusquisque conservet fidem ad
me et ad filium meum.
27. Confido enim eum modeste et humane acturum, et
sequentem propositum meum, et communem vobis fore.
28. Igitur homicida et blasphemus, pessime percussus,
et ut ipse alios tractaverat, peregre in montibus misera-
bili obitu vita functus est.
29. Transferebat autem corpus Philippus, collactaneus
ejus, qui metuens lilium Antiochi, ad Ptolemaeum Philo-
metorem in /Egyptum abiit.
26. Je vous prie donc, et je vous conjure que, vous
souvenant des grâces que vous avez reçues de moi en
public et en particulier, vous gardiez la fidélité que vous
deviez et à moi et à mon fils;
2". Car j'espère qu'il se conduira avec modération et
avec douceur, selon mes intentions, et qu'il vous don-
nera des marques de sa bonté.
28. Enfin ce meurtrier et ce blasphémateur, frappé
d'une horrible plaie, et traité de même qu'il avait traité
les autres, étant sur les montagnes, et loin de son pays,
finit sa vie par une misérable mort,
29. Philippe, son frère de lait, prit soin de trans-
porter son corps, et craignant le fils d'Antiochus, il
s'en alla en Egypte vers Ptolémée Philométor.
COMMENTAIRE
alors que neuf ans (1). Lysias gouvernait en son
nom, malgré la dernière disposition du roi, qui
avait nommé Philippe régent du royaume, pen-
dant la minorité d'Eupator (2).
Scripsi ad eum, QUM subjecta sunt. La lettre
qu'il écrivit à son fils, en faveur des Juifs, est
perdue.
f. 26. Memores beneficiorum. Tout ce dis-
cours d'Antiochus se ressent du dérangement de
son esprit. Pouvait-il dire avec vérité, qu'il eut
fait des grâces aux Juifs, après avoir exercé con-
tre eux toutes les cruautés qu'il imagina? Il n'y
a guère plus d'apparence de vérité dans ce qu'il
dit au verset 2 5 , que souvent il avait recommandé
son fils à plusieurs d'entre les Juifs : Quem sœpe
mullis veslrum commendabam.
jfr. 27. Communem vobis fore. Qu'il vous sera
commun, qu'il sera tout à vous. Le grec (3) :
qu'il s'accordera avec vous. Qu'il vivra bien avec
vous.
jh 28. Peregre in montibus vita functus est.
Polybe (4), et après lui saint Jérôme (5), assurent
qu'il mourut dans Tabès, ville de Perse, située
la Parétacène, selon Quinte-Curce (6). Les his-
toriens remarquent que ce prince impie tomba
dans la folie, quelque temps avant sa mort (7). Il
était continuellement agité par les remords de sa
conscience, et par des terreurs causées, à ce
qu'ils croyaient, par l'apparition de la déesse,
dont il avait voulu piller le temple à Élymaïs
Les Juifs et les chrétiens l'attribuent plutôt aux
sacrilèges qu'il avait commis en Judée, et à sa
cruauté contre les martyrs.
Ji. 29. Transferebat corpus Philippus col-
lactaneus ejus. Le grec (8) : Philippe qui avaH
élé nourri avec lui. Le syriaque : Philippe, fils de
sa nourrice; c'était son confident, et son plus
grand ami. Il lui remit son diadème, son anneau,
et son manteau royal, pour les donner à son fils;
il le chargea de son éducation et de la régence du
royaume, pendant son bas âge (9), car le jeune
prince n'avait que neuf ans.
Qui metuens filium Antiochi, ad Ptolem/eum
Philometorem in jEgyptum abiit. Lysias, qu'An-
tiochus Epiphane avait nommé gouverneur du
royaume et de son fils, Antiochus Eupator, avant
son départ pour la Perse, n'eut pas plutôt appris
la mort d'Epiphane, qu'il fit reconnaître le jeune
roi, et se fit nommer régent du royaume, gouver-
neur de la Ccelé-Syrie et de la Phénicie (10), sa s
se mettre en peine des dernières volontés d'Ai-
tiochus Epiphane. Jugeant bien après cela, qu'il
ne serait pas sûr pour lui, d'aller en Syrie, Phi-
lippe prit le parti de se retirer en Egypte, et de
demander la protection de Ptolémée Philométor,
pour l'exécution du testament de son maître.
(1) Appian. Syriac.
(2) 1. Macc. vi. 14.
(?) Suuxepievca/OrjaêaOat ûlul"iv. Vide Grot. hic. 2u;j.jrept-
çe'pcsOat se dit des amis qui se donnent réciproquement
des marques d'amitié par leurs bons services, par leurs
complaisances; et du mari et de la femme qui sont bien
unis, etc.
{4) Polyb. in excerpt. Vales. p. 144.
(5) Hieron. in Dan. xi.
(6) Quint. Curl. lib. v. - Vide Grot. et Usser. ad an
Mundi Î840.
(7) Polyb. loco cit. E'v Ta6at; zrfi Ilspatoo; i%i)..r.i v><>
(3r'ov, 8atu.ov7Jaaî, w; È'viol tpaa:', oià tq ysvEaOat tîvaç
iKiGÔr^xx'ylai zoù 3aiu.o'viOu, xaià tf,v Jtepi là 7:po£'.prj;j.£vov
(A'pTEpLtoo;) hpàv ^apovo^av. lia et Hieron. in Dan. xi.
(8) 0' a'jviposu; âuiou.
(9) Vide 1. Macc. vi. 14. 15. 16.
(10) 11. Macc. xi. 11. Vide Joseph. Antiq. I. xii. c. ri.
CHAPITRE X
Purification du Temple par Judas Maccabée. Lysias régent du royaume de Syrie sous
Antiochus Eupator. Mort de Ptolémée Macron. Courses de Gorgias sur les Juifs.
Victoires de Judas sur les Idumeens. Défaite de Timothée. Prise de Ga^a.
i. Machabœus autem, et qui cum eo erant, Domino se
protegente, templum quidem et civitatem recepit.
2. Aras autem, quas alienigenaj per plateas exstruxe-
rant, itemque delubra demolitus est ;
5. Et purgato templo, aliud altare fecerunt ; et de
ignitis lapidibus igné concepto sacrificia obtulerunt post
biennium, et incensum, et lucernas, et panes propositionis
posuerunt.
4. Quibus gestis, rogabant Dominum, prostrati in ter-
rain, ne amplius talibus malis inciderent ; sed et si quando
peccassent, ut ab ipso mitius corriperentur, et non bar-
baris ac blasphemis hominibus traderentur.
5. Qua die autem templum ab alienigenis pollutum
(uerat, contigit eadem die purificationem fie r i, vigesima
quinta mensis, qui fuit casleu.
1. Cependant Maccabée et ceux qu'il avait avec lui,
soutenusde la protection du Seigneur, reprirent le temple
et la ville.
2. Ils détruisirent les autels que les infidèles avaient
dressés dans les places publiques, et les temples des
idoles.
;. Et après avoir purifié le temple, ils y élevèrent un
autel ; et, ayant fait sortir quelques étincellesdes pierres
à feu, ils offrirent des sacrifices au bout de deux ans, et
ils y mirent l'encens, les lampes, et les pains qu'on ex-
posait devant le Seigneur.
4. Cela étant fait, prosternés contre terre, ils con-
juraient le Seigneur de ne plus permettre qu'ils tom-
bassent en de grands maux ; mais de vouloir bien les
châtier plus doucement, s'il arrivait quelque jour qu'ils
péchassent contre lui, et de ne plus les livrer à des
barbares et des blasphémateurs de son nom.
ç. Et il arriva que le temple fut purifié le même jour
qu'il avait été profané par les étrangers, c'est-à-dire le
vingt-cinquième du mois de Casleu.
COMMENTAIRE
f. I. M ACCABjEUS TEMPLUM ET CIV1TATEM RE-
CEPIT. Il avait repris l'un et l'autre, avant la mort
d'Antiochus Épiphane (1. L'auteur retourne ici
à son sujet et à l'ordre des événements, qu'il avait
interrompus, pour mettre le voyage d'Antiochus
en Perse, et sa mort.
v. 2. Aras quas alienigen/e per plateas ex-
TRUXERANT, ITEMQUE DELUBRA DEMOLITUS EST. On
a vu dans le premier livre des Maccabées (2), que
l'on avait dressé des autels devant les portes des
maisons, el au milieu des rues ou des places pu-
bliques ; qu'on avait bâti des temples et consa-
cré des bois (3) en l'honneur des faux dieux.
Les villes païennes étaient pleines de statues pro-
fanes: on en voyait presque à chaque porte, et
dans chaque rue. Jérémie reprochait autrefois aux
Juifs de Jérusalem, d'avoir érigé autant d'autels à
Baal, qu'il y avait des rues dans leurs villes (4) :
Secundum numerum viarum Jérusalem, posuisti
aras confusionis, aras ab libandum Baalim.
f. 3. Aliud altare fecerunt. Voyez 1. Mac-
cab. iv, 47, et dans Josèphe, Antiq. I, xn, C, II,
les circonstances de ce qui se fît alors.
On a vu auparavant que Dieu avait défendu
aux Juifs de se servir dans les sacrifices d'un feu
étranger, c'est-à dire, d'un autre feu que celui
qui était anciennement descendu du ciel sur le
sacrifice d'Aaron, et que les prêtres étaient obli-
gés de conserver avec grand soin. On a aussi
remarqué que ce fut pour cette raison que, lors-
que la ville de Jérusalem fut détruite avec le
temple par Nabucodonosor, on cacha ce même
feu au fond d'un puits sec, où les Juifs le retrou-
vèrent après leur retour de Babylone, changé en
une eau épaisse; et que cette eau répandue par
l'ordre de Néhémie sur le sacrifice et sur les
pierres de l'autel, se convertit de nouveau en feu.
Ainsi le temple de Dieu ayant été profané par
l'impiété et par les abominables sacrifices d'An-
tiochus, comme le feu sacré s'était sans doute
perdu pendant la persécution, il /allut, lorsque
Judas Maccabée purifia le temple, renouveler le
même feu pour les sacrifices.
De ignitis lapidibus igné concepto. Ayant
fait sortir quelques étincelles des pierres à feu ; en
battant deux cailloux l'un contre l'autre, ou avec
(1) Voyez 1. Macc. iv. 56... el Usser. ad an. j8.|o.
(2) 1. Macc. 1. 50. cl 58.
(;) Te|A£V7). 1. Macc. 1. ço. C'est le même terme qui
est traduit ici pour delubra.
i,4j Jerem. xi. ij.
II.— MACCABÉES. — X. - PURIFICATION DU TEMPLE
215
6. Et cum laetitia diebus octo egermU in modum taber-
naculorum, recordantes"quod, ante modicum temporis,
diem solemnem tabernaculorum in montibus et in spelun-
cis, more bestiarum, egerant.
0. Ils célébrèrent cette fête avec grande joie pendant
huit jours, comme celle des tabernacles, se souvenant
qu'ils avaient passé peu de temps auparavant la fête
solennelle des tabernacles sur les montagnes et dans les
cavernes, où ils vivaient comme les bêtes.
COMMENTAIRE
de l'acier (1), et recevant les étincelles dans du
linge sec, ou dans quelque autre matière inflam-
mable. Ce feu passait pour plus pur et plus saint
que le feu ordinaire, qui a déjà servi à divers usa-
ges communs. L'Église imite cette cérémonie
respectueuse des Juifs, en faisant, le jour du
Samedi saint, du feu nouveau, qu'elle tire d'un
caillou, ou d'une pierre à fusil. Quelques com-
mentateurs (2) ont cru que Judas ayant fait chauf-
fer au feu des pierres, jusqu'à les rendre toutes
brûlantes, leur avait appliqué une matière com-
bustible, qui servit à mettre le feu au bois de
l'autel. Le grec et le syriaque sont très favorables
à cette opinion. D'autres(2) veulent que les Juifs,
après avoir mis le bois sur l'autel, se soient
adressé à Dieu, et aient obtenu du ciel un feu
miraculeux, qui sortit de la pierre.
Les païens, qui avaient, comme les Hébreux,
la coutume de conserver un feu perpétue! dans
leur temple (4), auraient cru manquer au respect
dû à la divinité, s'ils se fussent servi d'un feu
commun et ordinaire, pour rallumer celui qu'ils
regardaient comme sacré, lorsque, par hasard, il
était éteint. C'était déjà une chose à expier, que
cette extinction; on punissait sévèrement ceux
qui, par leur faute ou autrement, avaient contri-
bué à ce malheur ; et on avait inventé diverses
manières, pour allumer cette flamme sacrée. A
Delphes, on en tirait d'un miroir ardent ; à Rome,
également, selon quelques auteurs. On avait un
vase d'airain battu et fort luisant à trois faces,
dont les rayons venant se réunir au centre, ou
au foyer, qui était rond, allumaient la matière
qu'on lui exposait, comme nous le voyons dans
nos miroirs ardents. Sextus(^) assure que lorsque
le feu sacré de Vesta était éteint, la vestale, par
la négligence de qui ce malheur était arrivé, était
fouettée par le pontife; et, pour rallumer le feu,
on taraudait le tronc desséché d'un arbre fruitier,
jusqu'à ce que le bois s'enflammât ; alors la ves-
tale portait ce feu dans le temple, dans un crible
d'airain. On renouvelait ce feu tous les ans, vers
les calendes de mars (6), quoiqu'il ne fût pas
éteint.
Adde quod arcani fieri novus ignis in asJe
Dicitur,_et vires flamma refecta capit.
On connaît la dévotion des Guèbres pour le
feu (7). On n'éteint le feu sacré en Perse qu'à la
la mort des rois. Alexandre le Grand ordonna
qu'on l'éteignit dans toute la Perse, aux obsèques
d'Éphestion son ami (8).
Ces pratiques étaient superstitieuses chez les
païens : chez les Hébreux, elles étaient fondées
sur diverses déclarations assez sensibles de la
volonté de Dieu. On sait avec quelle sévérité
Dieu punit Nadab et Abiu, fils d'Aaron, pour
avoir osé présenter l'encens sur l'autel, avec un
feu étranger (9). Jérémie,un peu avant la captivité,
eut la précaution de cacher le feu sacré (10), et
au retour de Babylone, à la dédicace du second
temple, Dieu fit un miracle éclatant, pour renou-
veler le feu sacré ; on vit la flamme s'élever du
bois, qui avait été arrosé de l'eau du puits, où le
feu avait été caché si longtemps auparavant( 1 1 ).
Post biennium. Deux ans après que Judas eut
pris le gouvernement du peuple (12), et trois ans
après la profanation du temple (13).
j}\ 6. In modum tabernaculorum. Non seule-
ment ils la célébraient avec la même solennité que
celle desTabernacles ; mais même avec les mêmes
cérémonies, puisqu'ils allaient autemple avec des
branches vertes ou des bâtons environnés de feuil-
lages et des palmes.
(\) Lrran. Menoc. Marian. Sacr, Usser. ad an. M. j8fo.
(2) Scrar. et Srr. et Grxc. Kal 7:jpà>javTE; X.'Uou;, v.<x(
KÙo ex toùtcov Xaoôvïe:, <x'ji\vs.yy.of.'/ (W;av.
(?l Gortonid. I. xm. Et ut videlur Tirinus nec aliénas est
Serar. Ita et Arabs in Polrglott. Paris. - n. Macc. c. 9.
(4) Tels étaient les Athéniens, qui entretenaient une
lampe perpétuelle à Minerve, Plut, in fila Numce. Les
Delphiens, les Perses, les Mèdes, les Chaldéens, les
Assyriens, les Romains, les Bretons, avaient aussi la
coutume d'entretenir dans leurs temples un feu éternel.
Alex. ab. Alex. I. v. c. 12. Génial, dier.
(s) Sext. Pompeius, voce ignis. Ignis Vestaî si quando
interstinctus esset, virgines verberibus alliciebantur a
pontifice, quibus mos erat tabulam felicis materias tandiu
terebrare quousque exceptum ignem cribro asneo virgo
in asdem ferret.
(6) Ovid. Fust. I. m.
•7) Doellinger, Pagan. et judai. 11. 19 j.
^8) Diodor. Sicul. I. xvn. - Doellinger, Pagan. et jud.xi
11. et 111. passim. - Vossius de Idotolat. id.
(9) Leml. x. 1. et 2. 3
(10) 11. Macc. 1. 18. 10, cl seq. et 11. 1.
(11) Ibid. et 1. Macc. 1. 20. 21. etc.
(12) Usser. ad an. 5840.
(ij) 1. Macc. îv. 'il. 54. - Joseph. Antiq. xm. 11.
2l6
II. — MACCABEES. — X. - MORT DE PTOLEMEE MACER
7. Propter quod thyrsos, et ramos virides, et palmas
praeferebant ei qui prosperavit mundari locum suum.
8. Et decreverunt, communi prascepto etdecreto, uni-
vers» genti Judasorum, omnibus annis agere dies istos.
9. Et Antiochi quidem, qui appellatus est Nobilis, vitaa
excessus ita se liabuit.
10. Nunc autem de Eupatore, Antiochi impii filio, quas
gesta sunt narrabimus, breviantes mala quas in bellis gesta
sunt.
11. Hic enim, suscepto regno, constituit super negolia
regni Lysiam quemdam, Phccnicis et Syrire militiae prin-
cipem.
12. Nam Ptolemœus, qui dicebatur Macer, justi tenax
erga Judœos esse constituit, et prœcipue propter iniqui-
tatem quae facia erat in eos, et pacifiée agere cum eis.
ij. Sed ob hoc accusatus ab amicis apud Eupatorem,
cum fréquenter proditor audirel, eo quod Cyprum crédi-
tant sibi a Philometore deseruisset, et ad Antiochum No-
bilem translatus etiam ab eo recessisset, veneno vitam
finivit.
7. C'est pourquoi ils portaient des bâtons couverts de
feuillages, des rameaux verts et des palmes en l'honneur
de Celui qui leur avait procuré la liberté de purifier son
temple.
8. Et ils enjoignirent, par une déclaration et une or-
donnance unanime, à toute la nation des Juifs, de célé-
brer cette fête tous les ans les mêmes jours.
g. Telle fut donc la mort d'Antiochus qui fut appelé
l'Illustre.
10. Nous raconterons maintenant les actions'd'Eupator,
fils de cet impie Antiochus, et nous abrégerons le récit
des maux qui sont arrivés pendant ses guerres.
11. Ce prince, étant parvenu à la couronne, établit
pour la conduite des affaires de son royaume, un certain
Lysias, général des armées de Phénicie et de Syrie.
12. Car Ptolémée, surnommé le Maigre, résolut d'ob-
server religieusement la justice envers les Juifs, princi-
palement à cause de ce traitement si injuste qu'on leur
avait fait, et d'agir toujours avec un esprit de paix à leur
égard.
ij. C'est pourquoi étant accusé auprès d'Eupator par
ses favoris, qui le traitaient souvent de traître, parce
qu'il avait abandonné Chypre que le roi Philométor lui
avait confiée, et qu'après être passé dans le parti d'An-
tiochus l'Illustre, il s'était encore éloigné de ce prince,
il mit fin à sa vie par le poison.
COMMENTAIRE
jt\ 7. Thyrsos et ramos virides, et palmas.
Le grec (1) : Des Thyrses, de belles branches et
des palmes. Le thyrse signifie proprement un bâ-
ton orné de feuillages, ou de branches de lierre
ou de vigne ,que les païens donnaient comme
attribut à Bacchus et aux Bacchantes. Ilseprend
aussi quelquefois, pour un simple rameau de ver-
dure (2). Ce que le texte appelle de belles bran-
ches, est tiré du livre du Lévitique, où il est
ordonné de prendre des branches des plus beaux
arbres, avec leurs fruits, pour célébrer la fête des
Tabernacles (3).
f. 8. Decreverunt communi pr/ecepto.
Voyez 1. Macc. iv, ^9, Joseph. Anliq. lib. xn,
chap. 11, et 11. Macc. 1, 9.
jK 11. Constituit super negotia regni Ly-
siam quemdam PHENICIS ET SyRI^Î MILITI/E prin-
cipem. C'est ainsi que Lysias le publiait, et vou-
lait qu'on le crût : mais au fond, c'était lui-même
qui s'était donné cet emploi, et qui usurpait la
régence du royaume sous un jeune prince âgé
seulement de neuf ans. Voyez le chapitre ix, 29.
Lysias était non seulement gouverneur de la
Phénicie et de la Syrie, mais généralement de
toutes les provinces qui obéissaient à Eupator, de-
puis l'Euphrate jusqu'aux frontières de l'Egypte,
et cela, avant même la "mort d'Antiochus Épi-
phane (4).
$. 12. Ptolem^us qui dicebautr Macer.
Ptolémée surnommé Macer, ou plutôt Macron,
comme porte le grec (5). Macron signifie le long,
haut de taille : et Macer, en latin, signifie maigre.
Ce Ptolémée est celui dont on a parlé plus
haut (6) ; il fut longtemps en honneur et en crédit
à la cour d'Antiochus Epiphane ; mais ayant
témoigné d'une manière trop sincère, qu'il n'ap-
prouvait pas la conduite qu'on tenait envers les
Juifs et souhaitant qu'on leur rendit la paix, il
devint suspect à Lysias. On voulut le faire passer
pour un traître, et on disait à la cour, que, comme
il avait trahi le roi d'Egypte, en livrant l'île de
Chypre à Antiochus Epiphane, il voulait aussi
trahir celui-ci, en favorisant les Juifs. Ne pouvant
souffrir ces reproches, Ptolémée résolut de finir
sa vie par le poison. Polybe dit à sa louange,
qu'il ne tenait rien des défauts des Égyptiens,
mais qu'il était prudent et homme d'exécution (7).
f. n. Et ad Antiochum nobilem translatus
etiam ab EO recessisset. On disait qu'il trahis-
sait ses intérêts, en favorisant les Juifs ; on le
soupçonna peut-être d'avoir reçu d'eux de l'ar-
gent. Le grec est un peu différent (8). Se voyant
(1) 0ûpŒOu;, /.ai y.).x5ou; {ôpa?ouç, ïn Se -/.ai tpoiv'/a;
è'-/ovte;'
(2) Auclor. Comment, in Horal. Epod. 16. Thyrsi, et ar-
borum rami sunt, et velamenta puellarum.
(j) Lcvti. xxin. 40.— (4) 1. Macc m. $2.
(5) llToXsij.aîc; ô xaXotiu.Evo; |/cMpioy. Le syriaque:
Maccdo.
(6) 11. Macc. iv. 45; vin. 8.
(7) Polyb. in excerpt. Valcs. p. 126. IlT<AEu.aîo; ô cj-epa-
•crj^oç ô w.z KuTtpov, oùootfjiwç A'tyuTiTiaxo; Ys'yovsv, àXXà
v0ovE/r)C xai TCpa/.TCxoç.
(#) Ka; r.po; A'vrfojrov tov E'^tyavîj âva/topfjsai |/fj-*
èuYÊvrj tJjv è^ow7''av ë/oov.
II. ~ MACCABÉES. — X. - EXPLOIT DE JUDAS MACCABEE
217
14. Gorgias autem, cum esset dux locorum, assumptis
advenis, fréquenter Judasos debellabat.
15. Judosi vero, qui tenebant opportunas munitiones,
fugatos ab Jerosolymis suscipiebaut, et bellare tentabant.
16. Hi vero qui erant cum Machabaso, per orationes
Dominum rogantes ut essetsibi adjutor, impetum fecerunt
in munitiones Idumasorura ;
17. Multaque vi insistentes, loca oblinuerunt, occur-
rentes interemerunt, et omnes simul non minus viginti
millibus trucidaverunt.
18. Quidam autem, cum confugissent in duas lurres
valde munitas. omnem apparatum ad repugnandum ha-
bentes,
19. Machabaeus ad eorum expugnationem, relicto Si-
mone, et Josepho, itemque Zachaeo, eisque qui cum ipsis
erant satis multis, ipse ad eas, quas amplius perurgebant,
pugnas conversus est.
20. Hi vero qui cum Simone erant cupiditate ducti, a
quibusdam qui in turnbus erant suasi sunt pecunia, et
septuaginta millibus didrachmis acceptis, dimiserunt
quosdam effugere.
21. Cum autem Machabseo nuntiatum esset quod fac-
tum est, principibus populi congregatis, accusavit, quod
pecunia fratres vendidissent, adversariis eorum dimissis.
22. Hos igitur proditores factos interfecit, et confes-
tim duas turres occupavit.
14. Or, Gorgias, qui commandait vers la Palestine,
ayant pris avec lui des troupes étrangères, combattait
souvent et maltraitait fort les Juifs.
iç. D'un autre côté, les Juifs qui tenaient des places
fortes et d'une situation avantageuse, recevaient ceux
qui avaient été chassés de Jérusalem, et cherchaient les
occasions de faire la guerre.
16. Cependant ceux qui étaient avec Maccabée, ayant
conjuré par leurs prières le Seigneur de venir à leur
secours, attaquèrent avec une grande vigueur les forte-
resses des Iduméens.
17. Et, après un rude combat, ils s'en rendirent maîtres,
taillèrent en pièces tout ce qu'ils rencontrèrent ; et tous
ensemble ne tuèrent pas moins de vingt mille hommes
18. Quelques-uns s'étant retirés dans deux tours extrê-
mement fortes, où ils avaient tout ce qui était néces-
saire pour se bien défendre,
19. Maccabée laissa pour les forcer Simon, Joseph et
Zachée, et des troupes assez nombreuses qu ils avaient
avec eux; et pour lui, il s'occupa des expéditions les
plus pressantes.
20. Mais les gens de Simon, poussés par un mouve-
ment d'avarice, se laissèrent gagner pour de l'argent
par quelques-uns de ceux qui étaient dans ces tours, et
ayant reçu soixante-dix mille didrachmes, en laissèrent
échapper queiques-uns.
ai. A cette nouvelle, Maccabée assembla les premiers
du peuple, et accusa ces gens-là d'avoir vendu leurs
frères pour de l'argent, en laissant échapper leurs en-
nemis.
22. Et après avoir fait mourir ces hommes devenus
traîtres, il força aussitôt les deux tours.
COMMENTAIRE
accusé par ses amis auprès d'Antiochus Eupator,
et désigné comme un traître parce qu'il avait livré
l'île de Chypre, qui lui avait été confiée par Phi-
lométor ; et comme après avoir embrassé le parti
d'Antiochus Êpiphane, on ne lui donnait point un
emploi proportionné à sa dignité ; à la lettre, qu'on
ne lui donnait pas une puissance noble, Ptolémée
prit du poison et se fit mourir.
f. 14. Gorgias cum esset dux locorum.
Gorgias était un ancien capitaine fort expérimen-
té (3), qui commandait dans l'Idumée et avait le
gouvernement des places de la Palestine, qui sont
sur lacôte delà Méditerranée, au midi du mont
Carmel ; comme il manquait de monde ou d'ar-
gent, il ne pouvait tenir la campagne; mais il tirait
la guerre en longueur (4), attendant l'occasion de
battreles Juifs, et profitant de tous les avantages
que le temps lui fournissait.
f. I =;. JUD.EI VERO QUI TENEBANT OPPORTUNAS
munitiones. On peut l'entendre des Juifs renégats
qui tenaient pour Antiochus, et qui recevaient
dans leurs forteresses, ceux que Judas chassait de
Jérusalem. Le grec (5) et le syriaque portent
que leslduméensqui tenaient les forteresses, don-
naient beaucoup de soucis aux Juifs, et, recevant
dans leurs places les fuyards de Jérusalem, ils
s'efforçaient de traîner la guerre en longueur, de la
soutenir avec Gorgias, de lasser les Juifs, de les
tenir en bride. La suite fait voir en effet que
c'étaient les Iduméens qui tenaient les forteresses,
et non pas les Juifs.
jh 16. Impetum fecerunt in munitiones Idu-
m^orum. Ils attaquèrent les forteresses des Idu-
méens, ces forteresses dont on vient de parler,
qui étaient dans le pays méridional de Juda, oc-
cupé alors par les Iduméens. Voyez les particula-
rités de cette guerre dans 1. Macc.v. versets 3,4;
Joseph, antiq. xn. c. 11.
y. 18. Cum confugissent in duas turres. Ce
furent apparemment les fils de Béan, qui se reti-
rèrent dans ces tours. L'histoire en est plus cir-
constanciée ici, que dans le premier livre des
Maccabées (1).
,v. 20. Septuaginta millibus didrachmis. Le
didrachme à cette époque, valait environ 1 fr. 75.
(1) Sup. vin. 9. et infra xn. 52.
(2) Fréquenter Judasos debellabat. Grec. Iiap^.aaa
^po; toj; I'ouîaiou; lnoXerjio:pdcp£i Bellum ducebat, vel
trahebat. Grot.
(5) 0'fi°u Sa TOÔtco y. ai ôi I'ooujj.atoi éy/.pairsî? Iwy.a'ptov
<r/u,.)â(j.âTG)v o'vcEç, èfûjxvaÇov xoù; I'ouSaiouç, xa'i toù;
cpuyaosuOcvca; ârcô I 'eposuXû(j.u>v 7:poaXa6ôu.evoi TioXejjiOTpo-
tfSÎV ïJVE/EipoCiy.
(4) 1. Macc. v. 4. 5.
:l8
II. — MACCABÉES.— X.- INVASION DE TIMOTHÉE
2j. Armis autem ac manibus omnia prospère agendo,
in duabus munitionibus plus quam viginti millia peremit.
24. At Timotheus, qui prius a Judasis fuerat superatus,
convocato exercitu peregrinse multitudinis,et congregato
equitatu asiano, advenit quasi armis Judœam capturus.
25. Machabasus autem, et qi-i cum ipso erant, appro-
pinquante illo, deprecabantur Dominum, caput terra as-
pergentes, lumbosque ciliciis praecincti,
26. Ad altaris crepidinem provoluti, ut s'.bi propitius
inimicis autem eorum esset inimicus, et adversariis • ad-
versaretur, sicut lex dicit.
27. Et ita post orationem, sumptis armis, longius de
civitate procedentes, et proximi hostibus effecti, rese-
derunt.
28. Primo autem solis ortu utrique commiserunt, isti
quidem victorias et prosperifatis sponsorem cum virtute
Dominum habentes, illi autem ducem bel 1 i animum ha-
bebant.
2;. Tout céda heureusement à la valeur de ses armes
il tua dans ces deux places plus de vingt mille hommes
24. Mais Timothée, qui avait auparavant été vaincu
par les Juifs, ayant levé une armée de troupes étran-
gères, et rassemblé de la cavalerie d'Asie, vint en Judée,
s'imaginant s'en rendre maître par les armes.
25. Dans le temps même qu'il approchait, Maccabée
et ceux qui étaient avec lui, conjurèrent le Seigneur, la
cendre sur la tête, les reins couverts d'un cilice,
26. Prosternés a 1 pied de l'autel, de leur être favo-
rable, et de se déclarer l'ennemi de leurs ennemis, et
l'adversaire de leurs adversaires, selon la parole de la
loi.
27. Ayant ainsi pris les armes après la prière, et
s'étant avancés assez loin de la ville, ils s'arrêtèrent lors-
qu'ils furent près des ennemis.
28. Aussitôt que le soleil commença à paraître, les
deux armées marchèrent l'une contre l'autre; les uns
ayant, outre leur valeur, le Seigneur même pour garant
de la victoire et du succès de leurs armes; et les autres
n'ayant pour guide dans le combat que leur courage.
COMMENTAIRE
$. 23. Plusquam viginti millia peremit. Quand
on parle de tours, il ne faut pas entendre une
seule tour ; c'étaient des forteresses défendues
par quelques tours d'une force et d'une grandeur
extraordinaires. On lit ailleurs que Judas y mit
le feu et les brûla, avec tous ceux qui étaient de-
dans (1).
f. 24. Timotheus, qui prius a Jud^eis fuerat
superatus. Il fut battu avec Bacchide, par Judas
Maccabée, peu de temps après la célèbre victoire
remportée sur Nicanor (2).
f. 26. Ad altaris crepidinem provoluti. Le
grec (5): Ils se prosternèrent sur le pavé, qui est
vis-à-vis l'autel du parfum, c'est-à-dire, devant le
Saint, entre l'autel des holocaustes, et le vesti-
bule du temple : Inter vestibulum et allare, comme
parle Joël (4). C'est l'endroit ordinaire où les prê-
tres se prosternaient pour prier dans les calamités
publiques.
Ut adversariis adversaretur, sicut lex di-
cit. De se déclarer l'adversaire de leurs adversai-
res, selon la parole de la Loi, qui porte (5): Si
feceris omnia quœ loquor, inimicus ero inimicis
luis; et affligam affligeâtes le.
jr, 27. Longius de civitate procedentes. Ils
attaquèrent Timothée et le défirent, avec le se-
cours de cinq anges, qui parurent comme des
cavaliers, trois en l'air et deux au côté de Judas,
pour le protéger et pour le mettre à couvert avec
leurs armes.
f. 28. Isti quidem victori/e et prosperitatis
sponsorem cum virtute Domini habentes. La
victoire que Judas avait remportée sur Timothée,
quelque temps auparavant, ne l'avait point enor-
gueilli. La foi le convainquait que c'était Dieu
qui le rendait victorieux ; elle le tenait toujours
dans la même disposition d'esprit devant lui, et
lui inspirait également, avant et après la victoire,
des sentiments d'une profonde humilité en sa pré-
sence. C'est pourquoi il est dit ici que, lorsqu'il
vit approcher ce général qu'il avait déjà vaincu,
il se prosterna avec les siens devant Dieu, se cou-
vrit la tête de cendre, et ceignit ses reins d'un cilice,
pour le conjurer de se déclarer l'ennemi de leurs
ennemis. Il n'agissait pas ainsi par timidité, mais
par un effet de cette foi éclairée, qui lui faisait
regarder le Tout-Puissant comme le Dieu des
armées. Car on ne doit pas s'imaginer que la piété
véritable inspire la lâcheté ; puisque la foi, au
contraire, rend les hommes intrépides. Elle ne
les rend donc pas lâches, mais humbles, et par
conséquent courageux et invincibles. Elie ne re-
tranche du cœur de l'homme que l'enflure de l'or-
gueil, qui le priverait du secours de Dieu ; et,
l'empêchant de fonder, comme ces peuples dont
il est parlé ici, sa victoire sur sa propre force,
elle l'oblige, sans le dépouiller de sa valeur, à
prendre pour guide dans ses combats le Seigneur
même qui se déclare toujours pour les humbles,
et qui, résistant aux superbes, fit mériter à l'hum-
ble Judas et à ses saints compagnons, de triom-
pher de l'orgueil de leurs ennemis.
(1) lbid. jr. 5.
(2) 11. Macc. vin. ;o.
(j) E'tç it)v anévavci xoù 0uacao,C7|p''ou Y.^r.loa jtpoaree-
oôvte;.
(4) Joël 11. 17.
(;) Exod. xxiii. 22. \oyez__I.evit. xxvi. 7.8. cl scq.
Dilll. vil. 15. 10.
II.— MACCABÉES. — X - DÉFAITE DE TIMOTHÉE
219
29. Sed, cum vehemens pugna esset, apparuerunt ad-
versariis de caelo viri quinque in equis, frenis aureis
decori, ducatum Judasis prajstantes.
50. Ex quibus duo Machabasum médium habentes, ar-
mis suis circumseptum incolurnem conservabant ; in ad-
versarios autem tela et fulmina jaciebant, ex quo et cœ-
citate confusi, et repleti perturbatione, cadebant.
jl. Interfecti sunt autem viginti millia quingenti, et
équités sexcenti.
;2. Timotheus veto confugit, in Gazaram, praesidium
munitum,cui prœerat Chasreas.
;;. Machabœus autem, et qui cum eo erant, lsetantes
obsederunt praesidium diebus quator.
54. At hi qui intus erant, loci firmitate confisi, supra
niodum maledicebant, etsermonss nefandos jactabant.
}>. Sed cum dies quinta illuscesceret, viginti juvenes
ex his qui cum Machabaso erant, accensi animis propter
blasphemiam, viriliter accesserunt ad murum, et feroci
animo incedentes ascendebant ;
36. Sed et alii similiter ascendentes, turres portasque
succendere aggressi sunt, atque ipsos maledicos vivos
concremare.
57. Per continuum autem biduum prœsidio vastato.
Timotheum occultantem se, in quodam repertum loco
peremerunt; et fratrem illius Chaîream, et Apollopha-
ncm occiderunt.
29. Mais lorsque le combat était opiniâtre de part et
d'autre, les ennemis virent paraître, venant du ciel, cinq
hommes sur des chevaux ayant des freins d'or éblouis-
sants, et servant de guides aux Juifs.
30. Deux d'entre eux marchant aux deux côtés de Mac-
cabée, le couvraient de leurs armes, afin qu'il ne pût être
blessé; et les autres lançaient des traits et des foudres
contre les ennemis, qui, frappés d'aveuglement et mis
en désordre, tombaient morts devant eux.
ji, Il y en eut vingt mille cinq cents de tués, et six
cents chevaux.
52. Timothée s'enfuit à Gazara, qui était une place
forte où commandait Chéréas.
3î. Maccabée et ceux qui étaient avec lui, pleins de
joie, assiégèrent cette forteresse pendant quatre jours.
J4 Ceux qui étaient dedans, se confiant en la force
de la place, les outrageaient extraordinairement par
leurs injures, et proféraient des paroles abominables.
• J5. Mais, dès le matin du cinquième jour, vingt jeunes
hommes de ceux qui étaient avec Maccabée, irrités par
ces blasphèmes, s'approchèrent courageusement de ja
muraille, et y montèrent avec un courage inébranlable.
j6. Ft d'autres y étant montés ensuite, commencèrent
à mettre le feu aux tours et aux portes, et brûlèrent
tout vifs ces blasphémateurs.
37. Ils pillèrent et ravagèrent tout dans la place pen-
dant l'espace de deux jours entiers; et, ayant trouvé Ti-
mothée en un certain lieu où il se cachait, ils le tuèrent
avec son frère Chéréas, et Apollophanes.
COMMENTAIRE
f. 29. Apparuerunt adversariis de celo viri
quinque. Dieu rendait, quand il voulait, son peu-
ple victorieux, sans faire paraître aucun ange
pour le protéger ; mais quelquefois il faisait voir
ces esprits célestes, soit pour effrayer davantage
les ennemis, soit pour inspirer un plus grand cou-
rage à ses serviteurs, et les affermir en même
temps dans l'humilité, par la vue même de ceux
qui, combattant à leur tête, leur procuraient la
victoire. L'Écriture ne dit point ici si ces anges
du Seigneur, revêtus extérieurement de la îigure
et de l'apparence d'homme, furent vus des Juifs :
elle ne marque autre chose sinon qu'ils parurent
du ciel aux ennemis, c'est-à-dire, qu'ils parurent
comme descendre du ciel : et peut-être effective-
ment que ni Judas ni ses gens ne les virent point.
Dieu exerçait davantage leur foi en leur cachant
la vue de son assistance.
La lumière de la foi nous fait donc connaître
que les anges du Seigneur combattent pour nous
quand nous combattons pour lui, lors même que
nous ne les voyons pas. Ils sont ses ministres pour
nous assister dans toutes nos guerres spirituelles;
et ils marchent, pour ainsi dire, à nos côtés, comme
ceux qui marchaient aux deux côtés de Judas Mac-
cabée ; afin de couvrir nos âmes de leurs armes
invincibles, et d'empêcher que nous ne soyons bles-
sés par les traits empoisonnés des ennemis de
notre salut.
jfr. 32. Gazara. Voyez ce que nous avons dit
dans le livre précédent( 1). Les Juifs s'étant rendus
maîtres de cette place, en firent une des meilleures
forteresses du pays.
Ch/ereas. C'était le frère de Timothée, général
syrien.
jK 36. Sed et alii similiter ascendentes. Voici
le grec de tout le verset (2) : Les autres montant
de même par des détours, ou par des endroits
écartés et mal défendus, contre ceux qui étaient
au- dedans (3) mirent le feu aux tours, et, dressant
des bûchers, brûlèrent ces blasphémateurs. Le sy-
riaque : Les autres se hissant et sautant sur les
murailles, brûlaient ceux qui étaient dans les tours,
etc. Le terme grec jcEç^nasad; signifie proprement
le tour de conversion d'une armée, à droite ou à
gauche.
jfr. 37. Per continuum biduum pr^sidio vas-
tato. Ce détail ne se lit, ni dans le grec, ni dans
(1) Vide 1. Macc. iv. 15.
(2) E"Tspoi Se Ôuloc'oj; 7ïpotjava6âvte; êv xw JtîpctT7ïa<Tu.<3
r.çià; toùç Ëvoov, J7i'.'[j.^pajy t«; 7tûpY0U»> **'< tupà; ivà'|av:ê;,
ïàWta; xoù; |3Xaapr)jj.ou; /.ai^/.atov.
(j) Grot. hic : Ubi non erant propugnatores.
220 II. — MACCABÊES. — X. - ACTIONS DE GRACES DES JUIFS
j8. Quibus gestis, in hymnis et confessionibus bene- 38. Après cela, chantant des hymnes et des cantiques,
dicebant Dominum, qui magna fecit in Israël, et victo- ils bénissaient le Seigneur, qui avait fait ces grandes
riam dédit illis. choses en Israël, et qui les avait rendus victorieux de
leurs ennemis.
COMMENTAIRE
le syriaque ; voici ce qui s'y trouveen la place (1 ): In quodam repertum loco. Le grec (2), et
Ils brisèrent les portes, et, ayant fait entrer dans le syriaque : dans un certain creux, dans une
la forteresse le reste de Varmée, ils se rendirent citerne.
maîtres de la place.
([) O'iSiià; JT'jXa; Gi:'xo7;-.ov, ÊisSeÇaixsvo! oï tJ;v Xotnqv une citerne, ou dans une fosse où l'on serre le vin qui
Ta^'.v, r.fj:y.ix-.i\i''jQv-.o if,v r.6\iv. coule du pressoir, et que les copistes ont corrompu le
(2) E'v ~.lvi "ki'.v.ut. II y a beaucoup d'apparence que texte en voulant le corriger, et en mettant in quodam loco.
l'ancien interprète latin avait mis in quodam lacu, dans
CHAPITRE XI
Lysias vient en Judée avec une armée nombreuse. Les Juifs invoquent le Seigneur, et
remportent la victoire. Lysias leur demande la paix : Judas l'accorde. Lettre de Lysias
aux Juifs. Lettres d'Antiochus Eupalor à Lysias et aux Juifs. Lettre des Romains
aux Juifs.
i. Sed parvo post tempore, Lysias, procuratorregis,
et propinquus, ac negotiorum prœpositus, graviter ferens
de his quae acciderant,
2. Congregatis octoginta millibus, et equitatu universo,
veniebat adversus Judaeos, existimans se civitatem qui-
dem captam gentibus habitaculum facturum ;
j. Templum vero in pecuniœ quaastum, sicut cetera
delubra gentium, habiturum, et per singulos annos vénale
sacerdotium ;
4. Nusquam recogitans Dei potestatem, sed mente
effrœnatus, in multitudine peditum, et in inillibus equi-
tum, et in octoginta elephantis confidebat.
1. Peu de temps après, Lysias, gouverneur du roi et
son parent, qui avait la conduite de toutes les affaires
du royaume, étant sensiblement touché de tout ce qui
était arrivé,
2. Rassembla quatre-vingt mille hommes de pied avec
toute la cavalerie, et marcha contre les Juifs, s'imaginant
qu'il prendrait la ville, et qu'il la ferait habiter par les
gentils ;
j. Qu'il tirerait de l'argent du temple de Dieu, comme
des temples païens ; et qu'il vendrait tous les ans la di-
gnité du grand prêtre.
4. Ne faisant aucune réflexion sur le souverain pouvoir
de Dieu, mais s'abandonnant à l'emportement de son
orgueil, il mettait toute sa confiance dans la multitude
de son infanterie, dans le grand nombre de sa cavalerie,
et dans quatre-vingts éléphants,
COMMENTAIRE
f. 1. Lysias procurator régis, etpropinquus.
C'est le môme Lysias, dont il a été parlé plus
haut (1) : il était gouverneur du roi, son tuteur,
et régent du royaume ; il avait supplanté Philippe,
et l'avait exclus de cet emploi, auquel Antiochus
Épiphane l'avait nommé avant sa mort (2). Il est
nommé ici parent du roi, et plus loin frère du
roi (}) ; il était en effet du sang royal (4); mais ce
nom de frère ne lui convient, à la rigueur, qu'à
cause de sa dignité. Les empereurs romains don-
naient souvent cette qualité aux gouverneurs des
provinces (5).
p. 3. Templum in pecuni;e quœstum. Qu'il lire-
rail de l'argent du temple, comme d'une ferme (6);
soit en vendant les charges et les dignités de ce
temple, soit en exigeant de l'argent de ceux qui
y venaient offrir des victimes. On peut voir ce que
nous avons dit précédemment sur le premier
livre des Macc. x. 42.
}. 4. Nusquam recogitans Dei potestatem
sed mente effrœnatus in multitudine peditum.
L'aveuglement des impies a quelque chose d'in-
compréhensible, et leur orgueil entraîne avec soi
des ténèbres, qui les portent jusqu'àTextravagance.
Tant d'expériences réitérées auraient dû faire
connaître à un homme qui aurait usé de la seule
lumière de la raison, qu'il y avait quelque chose
de surnaturel dans les avantages que Judas Mac-
cabée remportait sur ses ennemis. Plus le petit
nombre de ses troupes pouvait paraître méprisable
à Lysias, plus il était obligé de croire que Dieu
combattait pour eux : et le dernier prodige de
cette apparition miraculeuse de cinq anges sous
la figure de cinq hommes qui avaient mis en dé-
route l'armée du roi, était seul capable de faire
rentrer ce général en lui-même, si l'excès de son
désespoir et de son orgueil ne l'eût emporté sur sa
raison. Il s'abandonna donc à l'impétuosité de son
esprit que la fureur aveuglait, et qui ne pouvait,
dit l'Écriture, souffrir ce qui était arrivé; c'est-à-
dire, et la mort de Timothée, et la défaite de ses
troupes. Son extrême ambition et son avarice
excessive lui faisaient d'ailleurs envisager la ville
de Jérusalem, le temple de Dieu, et la dignité de
grand prêtre, comme des objets très propres à
satisfaire l'une et l'autre, à cause de la gloire et
vt. 0. 1;
(1) 1. Macc. m. 72; iv. 25. J4. j
11. Macc. x. 11.
(2) 11. Macc. vi. 14. 15. - 11. Macc ix. 29
[1) Verset 22. Lysise fratri salutem.
et (4) 1. Macc. 111. j2. Lysiam hominem nobilem, de
génère regali.
(5) Vide Grot. ad y. 22. et si lubcl, 1. Macc. xi. 18.
(6) To 3à îepôv oépvupo).(ÎY^xov , /.aQù>; T« Xotrcà tûy
èOvw/ lepivr).
222
II.
MACCABÉES. — XI. - SECOURS PROVIDENTIEL
Ç. Ingressus autem Judaeam, et appropians Bethsurae,
quas erat in angusto loco. ab Jerosolyma intervallo quin-
que stadiorum, illud praesidium expugnabat.
t>. Ut autem Machabseus, et qui cum eo erant, cogno.
verunt expugnari prassidia, cum fletu et lacrymis roga-
bant Dominum, et omnis turba simul, ut bonum angelum
mitteret ad salutem Israël.
7. Et ipse primus Machabœus, sumptis armis, ceteros
adhortatus est simul secum periculum subire,et ferre auxi-
lium fratribus suis.
8. Cumque pariter prompto animo procédèrent, Jero-
solymis apparuit prœcedens eos eques in veste candida,
armis aureis hastam vibrans.
9. Tune omnes simul benedixerunt misericordem Do-
minum, et convaluerunt animis, non solum homines, sed
et bestias ferocissimas, et muros ferreos parati pene-
trare.
10. Ibant igitur prompti, de caelo habentes adjutorem,
et miserantem super eos Dominum.
11. Leonum autem more impetu irruentes in hostes,
prostraverunt ex eis undecim mil lia peditum, et equitum
mille sexcentos :
12. Universos autem in fugam verterunt, plures autem
ex eis vulnerati nudi evaserunt : sed et ipse Lysias tur-
piter fugiens evasit.
1?. Et quia non inser.satus erat, secum ipse reputans
factam erga se diminutiontm, et intelligens invictos esse
Hebrseos, omr.ipotentis Dei auxilio innitentes, misit
ad eos ;
14. Promisitque se consensurum omnibus quae justa
sunt, et regem compulsurum amicum fieri.
5. Étant entré en Judée et s'étant approché de Beth-
sura, située dans un lieu étroit, à cinq stades de Jérusa-
lem, il attaqua cette place.
6. Lorsque Maccabée et ceux qui étaient avec lui,
eurent su que les ennemis commençaient à attaquer les
forteresses, ils conjurèrent le Seigneur avec tout le
peuple, par leurs prières et par leurs larmes, d'envoyer
un bon ange pour le salut d'Israël.
7. Et Maccabée prenant les armes le premier, exhorta
les autres à s'exposer comme lui au péril, pour secourir
leurs frères.
8. Et lorsqu'ils marchaient tous ensemble, avec un
courage assuré, il parut à la sortie de Jérusalem un
homme à cheval, qui marchait devant eux revêtu d'un
habit blanc avec des armes d'or, et une lance qu'il tenait
à la main.
9. Alors ils bénirent tous ensemble le Seigneur plein
de miséricorde, et ils s'animèrent d'un grand courage,
étant prêts à combattre, non-seulement les hommes,
mais les bêtes les plus farouches, et à passer au travers
des murailles de fer.
10. Ils marchaient donc avec une grande ardeur, ayant
pour eux le Seigneur, qui du haut du ciel se déclarait
leur protecteur, et faisait éclater sur eux ses miséri-
cordes,
11. En même temps, ils se jetèrent impétueusement
sur leurs ennemis comme des lions ; et ils tuèrent onze
mille hommes de leur infanterie, et seize cents chevaux :
12. Ils firent fuir tout le reste, dont la plupart ne se
sauvèrent que blessés et sans armes : Lysias même
n'échappa que par une luite honteuse.
IJ. Comme il ne manquait pas de sens, considérant en
lui-même la perte qu'il avait faite, et reconnaissant, que
les Hébreux étaient invincibles, lorsqu'ils s'appuyaient
sur le secours du Dieu tout-puissant, il leur envoya des
ambassadeurs ;
14 Et il leur promit de consentir à toutes les condi-
tions de paix qui seraient justes, et de persuader au roi
de devenir leur ami.
COMMENTAIRE
des grands trésors qu'il espérait recueillir de cette
conquête qui lui paraissait facile. Ainsi, ne son-
geant en aucune façon au pouvoir suprême du Dieu
d' Israël, il se confia uniquement dans la force de
son infanterie, de sa ca-valerie et des éléphants
armés et exercés au combat.
Telle est fort souvent la source du renversement
des plus grands états ; et telle est aussi, selon le
sens spirituel, l'origine des plus grandes chutes
et de la perte d'un grand nombre d'âmes. Dieu
renverse quelquefois tous nos desseins ; et, pour
punir notre orgueil, il permet que nous devenions
comme le jouet de nos ennemis. On doit regarder
cette première punition comme un châtiment
de miséricorde, qui nous avertit d'humilier notre
esprit sous sa main toute-puissante. Si, par une
confiance présomptueuse en nous-mêmes, nous
osons nous ailermir contre lui, notre orgueil ne
peut alors que nous attirer une plus grande
confusion et une plus dangereuse chute. Heureux
néanmoins si, à la fin, nous reconnaissons, comme
Lysias, que la main de Dieu est invincible.
y. 5. Appropians Bethsur/E. On doit bien dis-
tinguer cette guerre, de celle qui est racontée
dans le premier livre de-s Maccabées (1).
Bethsur.*: ab Jerosolyma intervau.o quinque
stadiorum. Les cinq stades ne faisaient pas un
kilomètre ; nous croyons que ce nombre est peu
correct, et que Bethsur était beaucoup plus éloi-
gnée de Jérusalem. Eusèbe et saint Jérôme (2),
la mettent à vingt milles de cette ville, en tirant
vers Hébron, ce qui nous paraît beaucoup plus
juste. Bethsur était un château fort situé sur le
chemin de l'idumée à Jérusalem, environ à six
lieues de cette ville. Voyez notre commentaire,
sur Josué, chapitre xv. verset 58.
y. 8. Apparuit prœcedens eos eques in veste
candida. C'était un ange sous la forme d'un cava-
lier. Voyez ce qu'on a dit ailleurs des cinq cava-
liers, qui parurent à la tète de l'armée juive (3).
(1) 1. Macc. vt. 20. et seq.
(i) Euscb. in Bethsur. — (j) 11. Macc. x. 29.
II. — MACCABÉES.
XI. - LETTRE DE LYSIAS
225
15. Annuit aufem Machabosus precibus Lysias, in om-
nibus utilitati consulens ; et quaecumque Machabasus
scripsit Lysias de Judasis, ea rex concessit.
16. Nam erant scriptas Judasis epistolae a Lysia quidem
hune modum continentes : Lysias populo Judasorum,sa-
lutem.
15. Maccabée se rendit aux prières de Lysias, n'ayant
pour but en toutes choses que' l'intérêt du public ; et le
roi accorda toutes les choses que Maccabée demanda
pour les Juifs, dans les lettresqu'il écrivit à Lysias.
16. Car la lettre que Lysias écrivit aux Juifs était
conçue en ces termes :
Lysias, au peuple juif, salut :
COMMENTAIRE
Judas et les siens avaient demandé à Dieu, par
leurs larmes et par leurs prières, qu'il voulût bien
envoyer son bon ange pour le salut d'Israël. Ainsi
on ne peut douter que cet homme qui parut, à la
sortie de Jérusalem, marcher à cheval à leur tête,
n'ait été l'ange favorable au peuple de Dieu,
peut-être, selon les commentateurs, l'archange saint
Michel, le protecteur des Hébreux, et de tous les
justes. Ils marchaient déjà avec un courage assuré,
dit le texte sacré, lorsque cet ange leur apparut.
Ainsi ils étaient soutenus invisiblement, avant
même que Dieu leur fit voir le ministre de sa
puissance, qu'il envoyait pour les secourir. Car ils
vivaient de la foi, et ils agissaient parle mouvement
de cette vertu surnaturelle, qui rendait visibles aux
yeux de leur âme les choses les plus invisibles.
Pourquoi donc Dieu leur fait-il voir cet homme
à cheval, puisqu'ils marchaient avec une entière
confiance en son secours, et qu'il semblait qu'ils
n'eussent aucun besoin de cette apparition afin
d'en être assurés? C'était peut-être pour les affer-
mir plus puissamment dans l'humilité, et les pré-
server, dans la suite, d'une aussi grande tentation
que le pouvait être leur victoire même. Car qu'une
armée de quatre-vingt mille hommes de pied, de
quatre-vingts éléphants, et d'une nombreuse cava-
lerie, soit défaite par une petite troupe de sept
ou huit mille hommes , c'est quelque chose de si
surprenant, qu'on peut dire que c'aurait été pour
les Juifs le sujet d'une très redoutable tentation,
Ainsi on peut assurer que Dieu leur fit une grâce
sans comparaison plus grande, en leur ôtant par
avance tout sujet de s'enorgueillir de leur victoire,
qu'en leur procurant la victoire même sur leurs
ennemis.
y. 15. Annuit autem Machabœus precibus
Lysine, in omnibus utilitati consulens. Qui
n'admirera la grandeur de Dieu, et son extrême
bonté envers son peuple ? Celui qui s'était vanté
auparavant de rendre Jérusalem la retraite des na-
tions, de s'enrichir des dépouilles du temple, et
de faire un revenu considérable de la vente annu-
elle de la dignité de grand prêtre ; celui qui foulait
aux pieds le pouvoir suprême du Dieu d'Israël et
qui se livrait tout entier à l'emportement de son
orgueil ; celui qui se regardait comme invincible,
au milieu de cette multitude de troupes armées
qui l'environnaient, est abattu tout d'un coup ; et
d'audacieux qu'il était, il devient suppliant. Il re-
connaît la toute-puissance du secours de Dieu: il
donne lui-même aux Hébreux la qualité d'invincibles,
à cause de ce secours du Seigneur qu'il appelle le
Tout-Puissant : enfin il est le premier à demander
la paix à Judas Maccabée. Or comme Judas n'avait
en vue, selon 'l'Écriture, que l'intérêt public en
toute choses ; il se rendit aux prières de Lysias.
Mais l'intérêt public n'était-il donc pas de pous-
ser plus loin sa victoire, et d'achever de détruire
des ennemis qui cherchaient toujours les occasions
de perdre Israël, etqui ne cessaient de lui insulter
que lorsqu'ils étaient dans l'impuissance de le
faire ? Il est vrai que la politique du siècle aurait
peut-être demandé qu'on en usât de la sorte :
mais ce n'était point la sagesse que Dieu inspirait
à Judas Maccabée. Quelque courageux qu'il fût,
quelqu'invincible qu'il parût, il n'envisageait la
guerre que comme un moyen pour parvenir à la
paix, selon l'excellente idée que nous en donne
saint Augustin dans ses ouvrages : Pacem habere
débet voluntas, bellum nécessitas ; non enim pax
quœrilur, ut bellum excitetur : sed bellum gerilur,
ut pax acquiralur (1). Il savait que toutes les
guerres, mêmes les plus justes, sont comme de
très grandes maladies, et des fièvres très dange-
reuses qui peuvent être la ruine des états. Assuré
du secours de Dieu dans celles qu'on lui suscitait,
et qu'il était obligé de soutenir pour la défense
de sa gloire, il avait, au contraire, tout lieu
de douter de son assistance, s'il s'engageait par
lui-même à combattre les ennemis, et s'il refusait
de procurer à ses frères un aussi grand bien
qu'était celui de la paix, lorsqu'on la lui deman-
dait, et qu'on lui laissait la liberté de s'acquitter
tranquillement de tous les devoirs de la .vraie reli-
gion. C'était en cela qu'il regardait l'intérêt public
plutôt que sa propre gloire, qui aurait pu le
porter, comme les héros mondains, à chercher les
occasions de se rendre nécessaire à sa patrie. 11
jugeait que la seule chose qui fût nécessaire alors,
était de donner la paix à ses frères, et il se crut
obligé de regarder les offres que lui faisait Lysias,
plutôt comme lui étant faites par le Seigneur
(1) August. epist. cv. ad Boni/.
224
II.
MACCABÊES. — XI.- LETTRE DE LYSIAS
17. Joannes et Abesalom, qui missi fuerant a vobis,
tradentes scripta, postulabant ut ea, quàe per illos signi-
lïcabantur, implerem.
18. Quœcumque igitur régi potuerunt perferri, expo-
su i , et qua; res permittebat, concessit.
19. Si igitur in negotiis fidem conservaveritis, et dein-
ceps bonorum vobis causa esse tentabo.
20. De ceteris autem per singula verbo mandavi, et
istis, et his> qui a me missi sunt, colloqui vobiscum.
21 . Bene valete. An no centesimo quadragesimo octavo,
mensis dioscori die vigesima et quarta.
22. Régis autem epistola ista continebat : Rex Antio-
chus Lysias fratri, salute-m.
2;. Pâtre nostro inter deos translato, nos volentes
eos, qui sunt in regno nostro, sine lumultu agere, et
rébus suis adhibere diligentiam ;
24. Audivimus Judaeos non consensisse patri meo ut
transferrentur ad ritum Grascorum, sed tenere velle
suum institutum, ac oropterea postulare a nobis concedi
sibi légitima sua.
25. Volentes igitur hanc quoque gentem quietam esse,
statuentes judicavimus templum resti lui illis, ut agerent
stcundum suorum majorum consuetudinem.
2t>. Bene igitur feceris, si miseris ad eos, et dexteram
dederis, ut cognita nostra voluntate, bono animo sint,
et utilitatibus prûpriis deserviant.
17. Jean et Abesalom que vous m'avez envoyés, m'ayant
transmis vos lettres, m'ont demandé que j'accomplisse les
choses qu'elles contenaient.
18. Aussi, ayant exposé au roi tout ce qui pouvait lui
être représenté, il a accordé ce que ses affaires ont pu
lui permettre.
19. Si donc vous demeurez fidèles au roi dans vos
traités, je tâcherai à l'avenir de vous procurer tout le
bien que je pourrai.
20. Pour ce qui regarde les autres choses, j'ai chargé
ceux que vous m'avez envoyés, et ceux que je vous en-
voie de conférer en détail avec vous.
il. Adieu. L'an cent quarante-huitième, le vingt-qua-
trième jour du mois de Dioscore.
22. La lettre du roi contenait ce qui suit :
Le roi Antiochus, à Lysias son frère, salut.
2;. Le roi notre père ayant été transféré entre les
dieux, et nous, désirant que ceux qui .sont dans notre
royaume vivent en paix, pour pouvoir s'appliquer avec
soin a leurs affaires,
24. Nous avons appris que les Juifs n'ont pu consentir
au désir qu'avait mon père de les faire passer aux céré-
monies des Grecs, mais qu'ils veulent conserver toujours
leurs coutumes; et que, pour cette raison, ils nous de-
mandent qu'il leur soit permis de vivre selon leurs lois-
25. C'est pourquoi, voulant que ce peuple soit en
paix comme les autres, nous avons arrêté et ordonnô
que leur temple leur sera rendu, afin qu'ils vivent selon
les coutumes de leurs ancêtres.
26. Vous ferez donc bien d'envoyer vers eux, et de
faire alliance avec eux : afin qu'ayant connu notre vo-
lonté, ils reprennent courage, et qu'ils s'appliquent à ce
qui regarde leurs intérêts particuliers.
COMMENTAIRE
même, que par ses ennemis, puisqu'elles étaient
l'efTet de la victoire que le Dieu d'Israël lui avait
fait remporter sur eux.
f. 17. Joannes et Abesalom, qui missi fuerant
a vobis. Ils furent députés de la part des Juifs,
pour proposer au roi les conditions auxquelles ils
souhaitaient la paix. Le grec porte (1) que ces
députés rendirent l'arrêt souscrit, et demandèrent
l'exécution de ce qui /était contenu. Cet arrêt ou
cette décision peut marquer, ou la résolution de
Judas et des Juifs, ou les lettres qu'Antiochus
Épiphane avait écrites aux Juifs peu de temps
avant sa mort (:), ou la lettre que le roi avait
envoyéeà Lysias, par laquelle il lui donnait le pou-
voir de traiter avec les Juifs.
f. 2), Anno centesimo quadragesimo octavo
mensis Dioscori. En 16?. On ne connaît point
parmi les Grecs de mois Dioscore ; le texte grec
lit ici, At6: xopivûîou c'est-à-dire, de Jupiter deCorin-
the : ce qui est encore plus inconnu. Le syriaque:
Du dernier Thischri. C'est ce nom grécisé, et
ensuite défigurépar les copistes, qui est devenu par
deux tranformations différentes le A.o. xoptvtiîou
du grec, et le Dioscorus de L Vulgate.
Une autre difficulté très considérable, est de
savoir comment Eupator date sa lettre de l'an
148 des Séleucides, après la mort d'Antiochus
Épiphane son père, Paire nostro inler deos trans-
lato, quoiqu'Antiochus ne soit mort que l'année
suivante 149, comme il est expressément marqué,
dans le premier livre des Maccabées (3). Mais
nous avons tâché de donner la solution de cette
difficulté, qui n'est fondée que sur la manière de
commencer l'ère des Séleucides, usitée parmi les
Juifs, les Grecs et les Chaldéens.
y. 22. Lysi/E fratri. Voyez précédemment le
verset 1 de ce chapitre.
f. 23. Pâtre nostro inter deos translato.
La coutume impie de donner aux hommes le nom
de dieux, et de leur rendre pendant leur vie et
après leur mort, les honneurs divins, commença
dans l'Orient : elle infecta ensuite les Grecs et
passa aux Romains. Le christianisme en a enfin
aboli l'usage.
f. 24. Concedi sibi légitima sua. Qu'il leur
soit permis de vivre selon leurs lois (4), conformé-
ment aux privilèges accordés par Alexandre le
Grand et par les rois, ses successeurs.
j. 25. Templum restitui illis. Ils le possé-
daient déjà alors ; [mais on leur en confirme la
(l) E'rciodvTE; tôv ùî:'jyfypjtu.[j^vûv ypT)u.atfa;aôv, fâouv
îtipi ttôv 01 auroù or)|jLa[vop.svu-v. La Vulgate et le syriaque
ont lu Ë'jctS^ovt-î,
(2) 11. Mac. ix. 19. et scq.
(?) 1. Macc. vi. 16,
(4) yj'jy^(jjpiOf(vat âuïoîs :à v5u.'.u.« i\)-.JJ'i.
II. - MACCABÉES. - XL- LETTRE D'ANTIOCHUS
22<
27. Ad Judaeos vero régis epistola talis erat : Rex
Antiochus senatui Judasorum, et ceteris Judaeis salutem.
28. Si valetis, sic eslis ut volumus; sed et ipsi bene
valemus.
29. Adiit nos Menelaus, dicens velle vos descendere
ad vestros qui sunt apud nos.
30. His igitur, qui commeant usque ad diem trigesimum
mensis xanihici, damus dextras securitatis,
?i. Ut Judaei utantur cibis et legibus suis, sicut et
prius, et nemo eorum ullo modo molestiam patiatur de
his quae per ignorantiam gesta sunt.
52. Misimus autem et Menelaum, qui vos alloquatur.
35. Valete . Anno centesimo quadragesimo octavo ",
xanthici mensis quinta décima die.
?4. Miserunt autem etiam Romani epistolam ita se
habentem : Quintus Memmius et Tilus Manilius, legati
Romanorum, populo Judaeorum, salutem.
;5. De his quae Lysias, cognatus régis, concessit vobis,
et nos concessimus.
36, De quibus autem ad regem judicavit référendum,
confestim aliquem mittite, Jdiligentius inter vos confe-
rentes, ut decernamus, sicut congruit vobis ; nos enim
Antiochiam accedimus.
27. La lettre du roi aux Juifs contenait ce qui suit :
Le roi Antiochus, au sénat des Juifs, et à tous les
autres Juifs, salut.
28. Si vous vous portez bien, vous êtes en l'état que
nous souhaitons ; et nous nous portons bien aussi nous-
mêmes.
29. Menelaus s'est adressé à nous, et nous a dit que
vous désirez venir trouver vos gens qui sont auprès de
nous.
;o. Nous donnons donc un passeport pour ceux qui
voudront venir jusqu'au trentième jour du mois de Xan-
thique ;
?i. Et nous permettons aux Juifs d'Iser de leurs
viandes, et de vivre selon leurs lois comme auparavant,
sans qu'on puisse faire la moindre peine à aucun d'eux
pour les fautes qui ont été faites par ignorance.
32. Nous avons aussi envoyé Ménélaus, afin qu'il en
confère avec vous.
;;. Adieu. L'an cent quarante-huitième, le quinzième
de Xanthique.
34. Les Romains envoyèrent aussi une lettre conçue
en ces termes :
Quintus Memmius et Titus Manilius, envoyés des Ro-
mains, au peuple des Juifs, salut.
; s. Nous vous accordons les mêmes choses que Lysias,
parent du roi, vous a accordées.
36. Et pour ce qui est de celles qu'il a cru devoir être
représentées au roi, envoyez quelqu'un au plus tôt, après
en avoir bien délibéré entre vous, afin que nous ordon-
nions ce qui vous sera le plus avantageux, car nous
allons à Antioche,
COMMENTAIRE
jouissance, on leur accorde la liberté d'y exercer
la religion, sans crainte de la part des troupes qui
étaient dans la citadelle voisine du temple, et qui
jusqu'alors avaient fort molesté ceux qui allaient
accomplir leurs dévotions.
f. 27. Senatui Judaeorum. Le gouvernement
des Juifs était alors aristocratique. Ils avaient un
chef pour la guerre, lequel présidait aussi aux
assemblées ; mais toutes les résolutions émanaient
des notables de la nation (1).
f. 29. Adiit nos Menelaus, dicens velle vos
DESCENDERE AD VESTROS, QUI SUNT APUD NOS.
Ménélaus, qui était alors auprès du roi, à Antio-
che, s'employa pour obtenir de ce prince un
passeport, afin que les assiégés pussent conférer
avec leurs frères, dans le camp syrien. Ces Juifs
étaient ou des transfuges volontaires, partisans
de Ménélaus, ou des prisonniers de guerre faits
à Bethsura ou ailleurs. Ménélaus passait encore
pour grand prêtre des Juifs, car il avait été établi
dans cette dignité par Antiochus Épiphane (2);
mais il ne fut pas reçu dans Jérusalem, et
ne fit pas les fonctions du sacerdoce dans le tem-
ple. Les Juifs avaient déféré la dignité de grand
prêtre à Judas, pendant l'absence de Méné-
laus.
y. 31. QuM PER IGNORANTIAM GESTA SUNT.
C'est ainsi qu'il excuse tout ce qui s'est passé
jusqu'alors ; il en donne une amnistie générale.
On a déjà vu de pareilles expressions, dans un
cas semblable (3).
fi. 34. Miserunt etiam Romani epistolam.
Les légats envoyés par les Romains en Syrie,
s'intéressèrent aussi aux affaires des Juifs ; comme
étant alliés des Romains. Ils écrivirent donc à
Judas et au sénat, d'envoyer quelques-uns des
leurs vers le roi de Syrie, pour lui représenter
leurs raisons, et pour soutenir leurs intérêts. On
ne sait pas positivement quel était le sujet du
voyage de ces légats. Il en vint d'autres bientôt
après (4), pour brûler les vaisseaux, et couper les
jarrets aux éléphants d'Antiochus Eupator ; car il
en possédait plus que le nombre prescrit, par les
articles de la paix avec Antiochus le grand.
f. 36. Ut decernamus sicut congruit vobis.
Le grec (5) : Afin que nous exposions selon qu'il
vous sera le plus avantageux. Afin que nous
apprenions vos prétentions et vos demandes.
(1) 1. Macc. xii. 6. et 11. Macc. 1. 10. c/iv, 44.
(2) 11. Macc. iv. 27. 50.
(3) 1. Macc. xiii. 39.
S. B. — T. XII
(4) Vide Usser. ad an. M. 3841.
(5) I"vx è/.0wp.EV (ï>; xaOrj/.ci Gfjûv.
>î
226
II. — M ACCABLES. — XI.- LETTRE DES ROMAINS
Î7. Ideoque festinate rescribere, ut nos quoque scia-
nius cujus eslis voluntatis.
jS. Bene valete. Anno centesimo quadragesimo octavo,
quinta décima die mensis zanthici.
37. C'est pourquoi hâtez-vous de nous récrire , afin que
nous soyons informés de ce que vous souhaitez.
;8. Adieu. L'an cent quarante-huitième, le quinzième
du mois de Xanthique.
COMMENTAIRE
Nos enim Antiochiam accedimus. 11 paraît par romains devaient se rendre incessamment auprès
tout ce qui précède, que le roi n'était point au d'Antiochus Eupator, où l'on devait arrêter tous
camp devant Jérusalem, mais à Antioche ; et par les articles de la paix avec les Juifs ; mais cette
conséquent, que cette guerre est différente de paix ne fut pas de longue durée, comme on le
celle qui est rapportée dans le chapitre vi du pre- verra au chapitre suivant. 11 n'est pas même bien
mier livre des Maccabées, où le roi était en per- certain, si elle fut arrêtée; il semble qu'il n'y eut
sonne devant la capitale de la Judée. Les légats qu'une trêve.
CHAPITRE XIII
Antiochus Eupafor marche contre les Juifs avec une puissante année. Il fait mourir
Ménélaûs. Judas jette le trouble dans le camp des ennemis. Siège de Belhsura. Paix
entre Eupator et les Juifs.
i. Anno centesimo quadragesimo nono, cognovit Ju-
das Antiochum Eupatorem venire cum multitudine adver-
sus Judasam,
2. Et cum eo Lysiam, procuratorem et praspositum
negotiorum, secum habentem peditum centum decem
millia, et equitum quinque milia, et elephantos vijinti
duos, currus cum falcibus trecentos.
J. Commiscuit autem se illis e^ Menelaus ; et cum
multa fallacia deprecabatur Antiochum, non pro patrias
salute, sed sperans se constitui in principatum.
t. La cent quarante-neuvième année, Judas apprit
qu'Antiochus Eupator marchait avec de grandes troupes
contre la Judée.
2. Accompagné de Lysias régent et premier ministre
du royaume ; et qu'il avait avec lui cent dix mille hommes
de pied et cinq mille chevaux, vingt-deux éléphants, et
trois cents chariots armées de faux.
;. Ménélaûs se mêla aussi avec eux ; et, poussé par
un esprit de dissimulation et de tromperie, il faisait des
prières à Antiochus, non pour procurer le salut de sa
pairie, mais pour s'établir par son moyen dans la souve-
raine autorité, selon l'espérance qu'il en avait.
COMMENTAIRE
f. 1. Anno centesimo quadragesimo nono.
Voyez 1 Macc. vi,2o. Antiochus Eupator vint en
Judée avec une puissante armée (en 162), pour la
réduire entièrement, et pour écraser Judas, qui
avait battu en plusieurs rencontres toutes les trou-
pes syriennes, qui étaient dans le pays et aux
environs. Cette guerre est différente de celle
qu'on a vue au chapitre xi,mais c'est la même qui
est racontée au premier livre des Maccabées
chapitre vi, verset 28 et suivants.
^v. 2. Peditum centum decem millia. Le premier
livre des Maccabées (1) porte cent mille hommes
de pied, vingt mille chevaux, et trente-deux éléphants.
Il ne dit rien des chariots armés de faux. Comme
cette armée était composée de troupes auxiliaires
de divers pays (2), et qu'elle se grossit à mesure
qu'elle s'avança vers Jérusalem, on ne doit pas
être surpris, que, considérée en divers temps, elle
fût tantôt plus, et tantôt moins grosse, et par
conséquent, que les dénombrements ne s'accor-
dent pas tout à fait entr'eux.
f. 3. Menelaus cum multa fallacia depre-
cabatur Antiochum. Ménélaûs avait acheté
d'Antiochus Épiphane, la dignité de grand
prêtre (3) : mais depuis que Judas s'était rendu
maître de Jérusalem, ce grand prêtre n'avait point
osé se présenter au temple, ni même paraître dans
la Judée; il se tint à Antioche auprès d'Eupator,
cherchant quelque occasion d'entrer dans la pos-
session réelle d'une dignité, dont il n'avait eu
jusqu'alors que le nom. Il priait donc Antiochus
Eupator de conserver sa patrie, d'épargner le
temple et les habitants inoffensifs, et de se con-
tenter de punir les chefs du parti et de la rébellion ;
c'est ainsi qu'il appelait Judas et ses partisans;
mais ces prières étaient toutes intéressées ; il ne
tendait qu'à se faire donner le gouvernement du
pays, et la première dignité de sa nation : Sperans
se constilui in principalum.
Sed Rex regum suscitavit animos Antio-
chi in peccatorem. C'est donc Dieu qui
remue le cœur des princes comme il lui plaît, et
qui leur fait exécuter les ordres de sa justice,
lorsqu'ils pensent n'accomplir que leur volonté.
C'est lui qui, après avoir supporté longtemps avec
une patience toute divine l'impiété et les sacrilèges
de Ménéiaiis, ce trafiqueur des choses saintes,
qui avait mis à l'enchère la souveraine sacrificature,
se sert enfin, pour le punir, de ceux qui étaient
les plus grands ennemis de son peuple. Tous les
instruments lui sont propres pour exécuter ce
qu'il lui plaît ; il sait tirer des méchants mêmes
tout le bien qu'il veut, sans qu'ils aient de part au
bien qu'il en tire, et sans qu'il participe lui-même
à leur perversité. Il est vrai qu'Antiochus punit
Ménélaûs en apparence par un principe de justice,
comme l'auteur et la cause de tous les maux : mais
cette action d'une justice apparente ne tendait
qu'à satisfaire son ambilion ; puisqu'il s'efforçait
dans ce temps même, par la plus grande de toutes
les injustices, de détruire le peuple de Dieu, à qui
il avait donné sa parole, auparavant, de le laisser
vivre en paix, et de ne point le troubler dans
l'exercice de sa religion (4).
(1) 1. Macc. vi. ;o. lia el Joseph. Antiq. I. xn. c. 11.
(2) 1. Macc. vi. 79.
(5) n. Macc. iv. 24.
(4) 11. Macc. xi. 25.
228
II.— MACCABÉES. -XII.- EXPLOIT DE JUDAS
6. Venit adversus interfectores fratrum, et portum
quidem noctu succendit, scaphas exussit, eos autem qui
ab igné refugerant, gladio peremit.
7. Etcum hœc ita egisset, discessit quasi iterum rever-
surus, et universos Joppitas eradicaturus.
8. Sed cum cognovisset et eos qui erant Jamniœ, velle
pari modo facere habitantibus secum Judasis,
9. Jamnitis quoque nocte supervenit, et portum cum
navibus succendit; ita ut lumen ignis appareret Jeroso-
lymis a stadiis ducentis quadraginta.
io. Inde cum jam abiissent novem stadiis, et iter face-
rent ad Timotheum , commiserunt cum eo Arabes,
quinque millia viri, et équités quingenti ;
11. Cumque pugna valida fieret, et auxilio Dei prospère
cessisset, residui Arabes victi petebant a Juda dextram
sibi dari, promittentes se pascua daturos, et in ceteris
profuturos.
12. Judas autem arbitratus vere in multis eos utiles,
promisit pacem ; dextrisque acceptis, discessere ad
tabernacula sua.
ij. Aggressus est autem etcivitatem quamdam fïrmam,
por.tibus murisque circumseptam, quœ a turbis habita-
batur gentium promiscuarum, cui noinen Casphin.
6. Il marcha contre ces meurtriers de leurs frères ; il
brûla leur port pendant la nuit ; il mit le feu à leurs
barques, et fit passer au fil de l'épée ceux qui s'étaient
échappés des flammes.
7. Après cette action, il partit faisant mine de vouloir
y revenir pour exterminer tous les habitants de Joppé.
8. Mais, averti que les habitants de Jamnia voulaient
user d'une semblable perfidie à l'égard des Juifs qui de-
meuraient avec eux,
9. Il les surprit de même la nuit, et brûla leur port
avec leurs vaissaux ; de sorte que la lumière de ce feu
parut jusqu'à Jérusalem, quoique éloignée Je deux cent
quarante stades.
10. Lorsqu'il (ut parti de Jamnia avec ses gens, ayant
déjà fait neuf stades, et marchant contre Timothée, il
fut attaqué par les Arabes, qui avaient cinq mille hommes
d'Infanterie et cinq cents chevaux.
11. Et après un rude combat, Judas réussit heureuse-
ment par le secours de Dieu ; les Arabes qui étaient
restés, se voyant vaincus, lui demandèrent qu'il com-
posât avec eux, promettant de lui donner des pâturages,
et de l'assister en tout.
12. Judas, croyant qu'effectivement ils pourraient lui
être utiles en beaucoup de choses, leur promit la p^.ix ;
et l;i paix étant faite, ils se retirèrent dans leurs tentes.
ij. Il attaqua aussi une place nommé Casphin, que ses
ponts et ses murailles, où habitait un mélange de diverses
nations, rendait presque imprenable.
COMMENTAIRE
n'ayant aucun motif de vengeance contre eux, les
noyèrent, etc.
Les habitants de Joppé, préméditant cette
noire trahison dont ils avaient résolu d'user à
l'égard des Juifs qui demeuraient dans leur ville,
publièrent un arrêté par lequel ils établissaient
une nouvelle alliance avec eux, soit pour trafi-
quer ensemble, soit pour vivre entr'eux avec
encore plus d'union. Les Juifs qui ne soupçon-
naient aucun mal, et qui regardaient les habitants
de Joppé comme bien intentionnés à leur égard,
agirent de bonne foi : mais ces hommes perfides
les ayant ensuite engagés, sous prétexte d'amitié,
à monter, eux, leurs femmes et leurs enfants sur
des barques qu'ils leur avaient préparées, ils en
noyèrent tout d'un coup environ deux cents, lors-
qu'ils furent avancés en pleine mer. Judas, qui
était alors l'homme du Seigneur, et comme l'ange
tutélaire de sa nation, ayant appris cette perfidie,
se crut obligé de venger ses frères ; mais ayant
Dieu dans le cœur, et ne suivant point l'impétuo-
sité de son humeur, il ne marcha contre ces injus-
tes meurtriers, qu après qu'il eut invoqué Dieu, le
juste juge de tous les hommes. Aussi la fidélité
avec laquelle il s'acquittait en toutes rencontres,
dans la vue de Dieu seul, de ce qu'il devait à son
peuple, le rendait digne de l'avoir toujours
pour protecteur, et de faire tous les jours,
comme un autre Josué, de nouveaux prodiges,
en renversant tous ses ennemis, en dissipant parla
vertu de sa foi des armées nombreuses et redou-
tables, comme si c'étaient des moucherons.
v. 6. Portum noctu succendit. Il brûla les
édifices bâtis sur le port, les jetées, les passerel-
les mobiles, et surtout les vaisseaux.
jK 9. Stadiis ducentis quadraginta. Le stade
était de 184 à 185 mètres. La situation de Jéru-
salem, sur une hauteur permettait de voir ce feu,
à la distance de onze lieues.
jfr. 10. Commiserunt cum eo Arabes. C'étaient
de ces Arabes vagabonds, et qui n'ont point
d'autres demeures que leurs tentes: les Grecs les
appellent Scéniles et Nomades, et le texte grec
leur donne ici ce dernier nom au jfr. 11. Residui
Arabes victi, en grec (1) : Les Arabes nomades qui
avaient été\vaincus. Ce peuple ne vivait que de rapi-
nes, et de ce que ses troupeaux lui fournissaient ;
toujours prêta se battre et à piller (2). C'était
l'horoscope d'Ismaél. Manus ejus contra omnes,
et manus omnium contra eum (2).
f, I]. ClVITATEM QUAMDAM FIRMAM, PONTIBUS
MURISQUE CIRCUMSEPTAM, CUI NOMEN CASPHIN. La
ville de Casphin n'est autre qu'Hésebon (4), ou
Chasbon ()) ou Esbus, fameuse avant même le
(i) E'XaTTioOevre; ô: Nou.âos; A"p»os;.
{il Strabo. hb. xvi. O'i 2/7pîTcu A'paSê: Xyjaïptxol
Tlv^l, /ai KOtpEVUQ!,
(5) Gènes, xvi. 12.
(4) Num. xxi. 25 ; xxxu.
(5) 1. Macc. v. 26. et }ù.
j. - Deu/. t. 4. etc.
II.
MACCABEES.
XII. - PRISE DE CASPHIN
229
14. Hi vero qui intus erant, confidentes in stabilitate
murorum, et apparatu alimoniarum, remissius agebant,
maledictis lacessentes Judam, et blasphémantes, ac
loquentes quœ fas non est.
15. Machabœus autem.invocato magno mundi Principe,
qui sine arietibus et machinis temporibus Jesu prœcipi-
tavit Jéricho, irruit ferociler mûris;
16. Et capta civitate per Domini voluntatem, innume-
rabiles casdes fecit, ita ut adjacens stagnum stadiorum
duorum latitudinis, sanguine interrectorum lluere videretur.
17. Inde discesserunt stadia septingenta quinquaginta
et venerunt in Characa ad eos, qui dicuntur Tubianaei,
Judaeos ;
18. Et Timotheum quidem in illis locis non compre-
henderunt, nulloque negotio perfecto regressus est,
relicto in quodam loco firmissimo prassidio.
ig. Dositheus autem et ïosipater, qui erant duces cum
Machabaeo, peremerunt a Timotheo relictos in pras-
sidio, decem millia viros.
20. At Machabasus, ordinatis circum se sex millibus,
et constitutis per cohortes, adversus Timotheum pro-
cessif, habentem secum centum viginti millia peditum,
equitumque duo millia quingentos.
14. Ceux qui l'habitaient se confiant en la force de leurs
murailles, et en l'abondance des vivres dont ils avaient
provision, se défendaient négligemment, et disaient à
Judas des injures mêlées de blaphèmes et de paroles
détestables.
15. Mais Maccabée ayant invoqué le grand Prince du
monde, qui au temps de Josué fit tomber sans machines
et sans béliers les murs de Jéricho, monta avec furie
sur les murailles :
16. Et ayant pris la ville par la volonté du Seigneur,
il y fit un carnage incroyable ; de sorte que l'étang
d'auprès, qui avait deux stades de large, était tout rouge
du sang des tués.
17. Etant partis de là, ils marchèrent sept cent cinquante
stades, et ils vinrent à Characa vers les Juifs qui étaient
appelés Tubianéens.
18. Et ils ne purent prendre Timothée en ces parages,
parce que, comme il n'avait pu y rien faire, il s'en était
retourné après avoir laissé en un certain lieu une gar-
nison très forte.
10. Mais Dosithée et Sosipater, qui commandaient les
troupes avec Maccabée, tuèrent dix mille hommes que
Timothée avait laissés pour la garde de cette place.
20. Cependant Maccabée ayant mis en ordre autour de
lui six mille hommes de ses troupes, et les ayant divisés
par cohortes, marcha contre Timothée, qui avait cent
vingt mille hommes de pied et deux mille cinq cents
chevaux.
COMMENTAIRE
temps de Moïse, et connue par ses belles eaux (1).
Nous voyons au y. 16. qu'il y avait près de là, un
étang de deux stades de largeur, et que la ville
était forle par ses ponts qui en rendaient l'appro-
che difficile et dangereuse, soit qu'on démontât
les ponts, soit qu'on les fermât, ou qu'on voulût
les défendre. On lit dans le premier livre des
Maccabées, que les Juifs qui se trouvèrent dans
cette ville, et dans quelques autres, y avaient été
enfermés et que leurs ennemis étaient résolus à
les y exterminer (2).
f. 14. Loquentes qvm fas non est. Les enne-
mis des Juifs les attaquaient pour l'ordinaire, par
les injures, par les blasphèmes et les insultes (3) ;
la nation juive était odieuse aux Grecs et aux
autres peuples.
y. 15. Invocato magno mundi Principe. Judas
ne commence d'actions importantes, qu'après
avoir invoqué le Dieu des armées.
y. 16. Innumerabiles cèdes fecit. Judas est
l'homme des contrastes. Nous le voyons succes-
sivement courageux, et néanmoins défiant de lui-
même ; saint et en même temps sanguinaire, un
homme plein de bonté envers le peuple de Dieu,
et plein de rigueurà l'égard de ses ennemis ! On le
voit tantôt brûler les ports de Joppé et de Jam-
nia avec leurs vaisseaux, et faire passer au fil
de l'épée ceux qui s'étaient échappés des flam-
mes; tantôt tuer dix mille hommes d'une garnison;
tantôt trente mille hommes de l'armée de Timo-
thée; tantôt vingt- cinq mille à Camion; tan-
tôt vingt-cinq autres mille hommes à Éphron ;
enfin on peut dire qu'il faisait un carnage perpé-
tuel des ennemis du peuple de Dieu ; mais sans
perdre néanmoins de vue Celui dont il défendait
la gloire, pour la religion duquel il combattait, et
dont le secours seul le rendait victorieux d'un si
grand nombre d'adversaires, quoiqu'il ne les atta-
quât ordinairement qu'avec une petite poignée de
gens choisis et fidèles, comme lui, à ce qu'ils de-
vaient à Dieu.
y. 17. Venerunt in Characa. Ils vinrent à
Characa, vers les Juifs, qui étaient appelés Tubia-
néens, qui habitaient le pays de Tob (4) ou de
Tubin. On voit dans le premier livre des Mac-
cabées, que les ennemis des Juifs avaient déjà
tué en ce canton, près de mille hommes, et avaient
emmené leurs femmes et leurs enfants (<,). La
ville de Characa est peut-être celle dont parle
Ptolémée, sous le nom de Charac-Moab, ou
Charac-Moba à l'est de la mer Morte.
y. 18. NULLO NEGOTIO PERFECTO REGRESSUS
EST, RELICTO IN QUODAM LOCO FIRMISSIMO PRjESI-
dio. Les Juifs du pays de Tubin, s'étant retirés
dans Dalhéma (6), ou à Characa,T\mothée ne put
les y forcer; il dévasta le pays, y laissa une gar-
nison, et abandonna ce canton pour éviter la ren-
contre de Judas Maccabée. Mais sa garnison fut
(1) Cant. vu. 4.
(2) 1. Macc. v. 25. 26. 27.
(?) Voyez 11. Macc. vin. 4; îx.
*• 4- ?4- J5- J'J-
(4) Judic. xi. j.
($) 1. Macc. v. 9... ij.
(6) Comparez ceci avec 1. Macc. v.
9. et suiv.
230
II.— MACCABEES.— XII. - ACTIVITE DE JUDAS
2t. Cognito autem Judas adventu, Timotheus prœ-
misit mulieres, et filios. et reliquum apparatum, in pras-
sidium quod Camion dicitur : erat enim inexpugnabile,
et accessu dillicile propter locorum angustias.
22. Cumque cohors Judae prima apparuissel, timor
hostibus incussus est, ex praesenlia Dei. qui universa
conspicit, et in fugam versi sunt alius ab alio, ita ut
magis a suis dejicerentur, et gladiorum suorum ictibus
debilitarentur.
2j. Judas autem vehementer instabat, puniens profa-
nos; et postravit ex eis tringinta millia virorum.
24. Ipse vero Timotheus incidit in partes Dosithei et
Sosipatris, et multis precibus postulabat ut vivus dimit-
teretur, eo quod multorum ex Judasis parentes haberet,
ac fratres, quos morte ejus decipi eveniret.
25. Et cum fidem dedissel restituturum se eos secun-
dum constitutum, illœsum eum dimiserunt, propter fra-
trum salutem.
26. Judas autem esressus est ad Camion, interfectis
viginti quinque millibus.
27. Post horum fugam et necem, movit exercitum ad
Ephron, civitatem munitam, in qua multitude diversarum
gentium habitabat, et robusti juvenes pro mûris consis-
tentes fortiter repugnabant; in hac autem machina; multa?,
et telorum erat apparatus,
28. Sed cum Omnipotentem invocassent, qui potestate
sua vires hoslium conlringit, ceperunt civitatem, et ex
eis qui intus erant viginti quinque millia prostraverunt.
29. Inde ad civitatem Scytharum abisrunt, quse ab
Jerosolymis sexcentis stadiis aberat.
50. Contestantibus autem his, qui apud Scythopolitas
erant, Judasis, quod bénigne ab eis haberentur, etiam
temporibus infelicitatis quod modeste secum egerint,
jl. Gratias agentes eis, et exhortati etiam de cetero
erga genus suum benignos esse, venerunt Jerorolymam
die solemni septimanarum instante.
?2. Et post Pentecostem abierunt contra Corgiam,
praepositum Idumœas.
21. Timothée ayant su l'arrivée du Judas, envoya les
femmes, les enfants et le reste du bagage dans une place
nommé Camion, qui était imprenable, l'accès en étant
difficile à cause des défilés qu'il fallait passer.
22. Mais la première cohorte de Judas ayant paru,
les ennemis furent frappés de terreur par la présence de
Dieu qui voit toutes choses ; et ils furent renversés et
mis en fuite les uns par les autres ; en sorte qu'ils étaient
percés plutôt par leurs propres épées que par celles
des ennemis.
2j. Judas les poursuivit avec la dernière vigueur, en
punissant ces profanes ; et il en tua trente mille.
24. Timothée étant tombé entre les mains de Dosi-
thée et de Sosipater, les conjura avec de grandes ins-
tances qu'ils voulussent le laisser aller en vie, parce
qu'il avait fait prisonniers plusieurs pères et plusieurs
frères des Juifs, qui perdraient par sa mort l'espérance
de recouvrer la liberté.
25. Et leur ayant donné sa parole qu'il leur rendrait ces
prisonniers, selon l'accord fait entre eux, ils le laissè-
rent aller, sans lui faire aucun mal, dans la vue de sau-
ver leurs frères.
2<S. Judas retourna ensuite a Camion, 011 il tua vingt-
cinq mille hommes.
27. Après la fuite et le carnage de ces ennemis, il fit
marcher son armée vers Ephron, qui était une ville
forte, habitée par une multitude de divers peuples : ses
murailles étaient bordées de jeunes hommes fort vail-
lants, qui les défendaient vigoureusement ; et il y avait
dedans plusieurs machines deguerre, et toutes sortes de
traits et de dards.
2!!. Mais les Juifs ayant invoqué le Tout-Puissant, qui
renverse par son pouvoir toutes les forces des ennemis,
prirent la ville, et tuèrent vingt-cinq mille hommes de
ceux qui étaient au dedans.
29. De là ils allèrent à la ville des Scythes, éloignée
de six cents stades de Jérusalem.
;o. Et les Juifs qui demeuraient dans Scythopolis
ayant eux-mêmes assuré que ces peuples les avaient fort
bien traités, et avaient usé d'une grande modération à
leur égard, dans le temps même de leur malheur ;
jl. Judas leur en rendit grâces ; et les ayant exhortés
à continuer à l'avenir de témoigner la même bonté à
ceux de sa nation, il vint à Jérusalem avec ses gens,
Ionique la fête solennelle des semaines était proche.
52. Ils en partirent après la Pentecôte, et marchèrent
contre Gorgias, gouverneur de l'Iduméc.
COMMENTAIRE
taillée en pièces par Dositéeet Sosipater, envoyés
par Judas; et Timothée lui-même, quoiqu'il eut
une armée de cent-vingt mille hommes, fut battu
par Judas, qui n'en avait que six mille (1).
% 21. In praesidium quod Carnion dicitur.
C'est la ville de Camaim, ou Aslarolh Car-
naïm (2). Elle prenait son nom de la déesse
Astarté ou la Lune ; Carnaïm en hébreu signifie
les deux cornes. La déesse portait deux cornes
sur la tète en forme de croissant . Le grec, au
verset 26, ajoute à Carnion A'^pyaniov, que l'on
croit être le temple de Dercéto, déesse philistine,
"où les ennemis s'étaient réfugiés (3).
f. 24. Quos morte ejus decipi eveniret. On
les traiterait sans miséricorde, on ne leur ferait
aucun quartier, si l'on tue Timothée.
y. 27. Ad Ephron. Voyez ce qui a été dit
sur 1. Macc. verset ^6.
y. 29. Ad civitatem Scytharum. A Scytho-
polis, autrement Bethsan, à quelque distance de
la pointe méridionale de la mer de Tibériade,
près du Jourdain.
f. 31. Die solemni septimanarum.
tecôte, ainsi nommée, parce qu'elle se
sept semaines après Pâques (4).
v. 32. Pr/epositum Idum,E;e. Grotius croit
qu'il faut lire Jamniœ, au lieu à'Idumeœ, parce
que, dans le premier livre des^Maccabées (<,) et
La Pen-
célébrait
(1) Ibid. versets 57... 47. — (2) 1. Macc. v. 44.
(?) 1. Macc. v. 4?. - Cf. Rcland, Palesl. illust. p. 601.
(4) Lcrit. xxm. If. Numerabitis ab altcro die sabbati,
in quo obtulistis manipulum primitiarum septem Hebdo-
uiadas plenas.
(5) 1. Macc. v. 58. 5}.
II. — MACCABEES.
XII. - ACTIVITE DE JUDAS
-ni
?;. Exivit autem cum peditibus tribus millibus, et equi-
tibus quadringentis.
j4. Quibus congressis.contigitpaucos ruere Judaeorum.
}Ç. Dositheus vero quidam de Bacenoris eques, vir
fortis, Gorgiam tenebat; et cum vellet illum capere
vivum, eques quidam de Thracibus irruit in eum, hume-
rumque ejus amputavit, atque ita Gorgias etTugit in
Maresa.
56. At il lis, qui cum Esdrin erant, diutius pugnantibus
et fatigatis, invocavit Judas Dominum adjutorem et du-
cem belli lieri ;
57. Incipiens voce patria, et cum hymnis clamorem
extollens, fugam Gorgias militibus incussit.
55. Judas alla l'attaquer avec trois mille hommes de
pied, et quatre cents chevaux.
54. Et les deux armées en étant venues aux mains, peu
de Juifs demeurèrent sur place.
;$. Un cavalier de Bacenoris, nommé Dosithée, un
vaillant homme, se saisit de Gorgias ; et lorsqu'il vou-
lait le prendre vif, un cavalier de Thrace se jeta sur
lui, et lui coupa l'épaule. Gorgias put ainsi se sauver à
Marésa.
56. Mais ceux qui étaient commandés par Esdrin,
combattant depuis longtemps se trouvaient fatigués ;
Judas invoqua le Seigneur, afin qu'il devint lui-même le
protecteur et le chef de son armée.
57. Et, commençant à élever sa voix dans la langue
de ses pères, et poussant vers le ciel des cris avec des
hymnes et des cantiques, il mit en fuite les soldats de
Gorgias.
COMMENTAIRE
dans Josèphe (1) il est dit que Gorgias était gou-
verneur de Jamnia, et plus bas au verset 39, on
remarque que quelques soldats de l'armée de
Judas, avaient pris de l'or et de l'argent dans les
temples de Jamnia. Mais cela empèche-til qu'il
ne commandât dans l'Idumée, c'est-à-dire, dans
la partie la plus méridionale du pays de Juda ?
jf, 55. Dositheus quidam de Bacenoris eques-
Ce Dosithée est sans doute différent de Dosithée,
capitaine d'une partie des troupes de Judas, dont
il est parlé au verset 24. Celui-ci était de Kinnéreth,
ou Génésareth, sur le lac de même nom, c'est
l'explication la plus naturelle du terme. Bacenoris,
ou en grec Baxijvapoc. En reconstruisant la phrase
en hébreu, nous aurions m:~ a qui se décom-
pose = be dans le sens de D avec lequel il se per-
mute : de et mua Kinnéreth ; de Kinnéreth, de
Génésareth. D'autres commentateurs (2) croient
que le cavalier était de la compagnie d'un nommé
Bacénor.
Effugit in Maresa. Gorgias se sauva à Marésa,
près d'Éleutéropolis. Voyez ce qu'on a dit sur 1,
Macc. v, verset 66. Le syriaque lit ici : La Sa-
marie, de même que la Vulgate, et le grec dans
l'endroit cité du premier livre des Maccabées.
jL }6. Qui cum Esdrin erant. Ceux qui étaient
commandés par Esdrin, ou par Esdras, ou peut-
être par Avarias, l'un de ces capitaines, qui
avaient été maltraités par Gorgias, quelque temps
auparavant, et repoussés jusque dans la Judée (3).
Invocavit Judas dominum adjutorem. La
mort de ces Juifs qui demeurèrent sur place, et
cette fatigue extraordinaire qu'eurent les autres,
jointe à l'opiniâtreté des ennemis qui les combat-
taient, marquaient visiblement qu'il y avait quel-
que raison pour laquelle Dieu différait de les
secourir comme auparavant. C'est pourquoi
l'humble Maccabée l'invoqua avec plus d'ardeur;
et, redoublant ses prièresetses cris, eny joignant
les louanges et les cantiques pour relever la ma-
jesté de Celui qu'il invoquait avec la foi de ses
pères, il obtint enfin la grâce de surmonter ceux
qui étaient près de triompher du peuple de Dieu
pour la faute de quelques-uns. Judas ignorait la
cause de ce petit désavantage qu'il avait souffert:
mais, après que ses soldats se turent purifiés selon
l'ordonnance de la loi, à cause du sang répandu
dans le combat, et qu'ils eurent célébré le sabbat.
Dieu lui fit la grâce de lui découvrir, et à ses
gens, la vraie raison de la mort de leurs compa-
gnons.
On a vu auparavant, qu'ils avaient brûlé le
port avec les vaisseaux de la ville de Jamnia.
Quelques-uns d'entr'eux, peut-être par avarice,
avaient réservé des choses consacrées aux idoles
qu'adoraient les habitants de Jamnia. Cependant,
quoique le nombre de ceux qui étaient tombés
dans cette faute fût très petit, Dieu fit sentir sa
justice en punissant les coupables par une mort
temporelle, et en effrayant tous les autres par
cette punition. Tous les Juifs qui accompagnaient
Judas Maccabée furent en danger de périr par
la faute de ce petit nombre de coupables ; et il
fallut une prière aussi ardente, soutenue par une
foi aussi vive que celle du héros d'Israël, pour
attirer de nouveau la miséricorde de Dieu sur les
troupes.
Que les innocents ne se flattent donc point de
leur innocence, comme s'ils pouvaient être in-
différents aux péchés des autres. L'Église est un
corps, dont les membres qui sont sains doivent
s'intéresser aux membres malades comme à leurs
propres membres. Dansnotrecorps naturel, la main
qui se porte bien ne néglige point et ne peut
point regarder indifféremment le pied lorsqu'il est
malade ; parce que la liaison des membres entre
(1) Joseph. Antiq. t. un. c. 1:
v:a; aTpacr^YoO.
Tooylov os tou iîj; I'au.-
(2) Mcnoc. Usser.
(?) i.'Macc. v. 60.
2J2
II. — MACCABÉES. — XII. - CHATIMENT PROVIDENTIEL
58. Judas autem, collecto exercitu, venit in civitatem
Odollam, et cum septima dies superveniret, secundum
consuetudinem purification eodem loco sabbatum egerunt.
J9. Et sequenti die venit cum suis Judas, ut corpora
prostratorum tolleret, et cum parentibus poneret in se-
pulcris patcrnis.
40. Invenerunt autem sub tunicis interfectorum, de
donariis idolorum quse apud Jamniam fuerunt, a quibus
lex prohibet Judaeos; omnibus ergo manifestum factum
est ob hanc causam eos corruisse.
41. Omnes itaque benedixerunt justum judicium Do-
mini, qui occulta fecerat manifesta ;
?8. Judas rassembla ensuite ses gens, et vint à la ville
d'Odollam, où se trouvant le septième jour, il se puri-
fièrent selon la coutume, et célébrèrent le sabbat.
59. Le jour suivant, Judas vint avec ses gens pour
emporter les corps de ceux qui avaient été tués, et
pour les ensevelir avec leurs parents dans les tom-
beaux de leurs pères.
40. Or, ils trouvèrent, sous les tuniques de ceux qui
étaient morts au combat, des choses qui avaient été con-
sacrées aux idoles qui étaient dans Jamnia, et que la loi
interdit aux Juifs : tout le monde reconnut donc claire-
ment que ce fut la cause de leur mort.
41. C'est pourquoi tous bénirent le juste jugement du
Seigneur, qui avait découvert ce que l'on avait voulu
cacher.
COMMENTAIRE
eux fait sentir la nécessité des uns aux autres.
Elle n'est pas moindre, selon saint Paul, entre
tous les membres du corps spirituel de 1 Église,
quoiqu'elle soit moins sensible : mais Dieu, pour
en augmenter le sentiment, permet quelquefois,
comme il fit alors, que les innocents souffrent
effectivement, et se trouvent en péril pour les
coupables, afin que la charité les unissant tous
ensemble plus étroitement, leur inspire une sainte
inquiétude les uns pour les autres, et une plus
grande ardeur à s'entr'aider mutuellement.
Mais tout est prodigieux dans ces récits. Com-
ment une poignée de monde parvint-elle à sortir
victorieuse de tant de champs de bataille, sans
tomber sous le poids de ses lauriers mômes ?
C'était donc visiblement par un miraclecontinuel,
que ces Juifs qui étaient tantôt au nombre de
six à sept mille, et tantôt au nombre de trois
mille hommes seulement, remportaient la victoire
sans perdre de leurs frères. Et ce prodige par
lequel ils étaient ainsi conservés , paraissant,
comme le dit un des généraux d'Antiochus, invul-
nérables, n'était que l'effet d'un autre miracle
beaucoup plus grand, par lequel l'esprit de Dieu
les affermissait d'une manière admirable dans la
piété et dans la foi, qui les rendaient dignes de
combattre jusqu'à la fin pour sa gloire.
y. 38. In civitatem Odollam. A la pille
d'Odollam, située dans la partie méridionale de
Juda (1), et qui était peuplée de Juifs. L'armée de
Judas vint s'y rafraîchir et y passer le sabbat.
L'Ecriture remarque ici, qu'ils se purifièrenl pour
célébrer celle fête ; ils se lavèrent avec de l'eau
d'expiation, faite avec la cendre de la vache
rousse, dont se purifiaient ceux qui avaient tou-
ché des corps morts, même à la guerre (2). La
loi ordonnait que ceux à qui cet accident était
arrivé demeurassent sept jours hors du camp;
mais lorsque toute l'armée avait été à la bataille,
on n'observait pas le nombre de jours. Ils se pu-
rifiaient tous ensemble, en même temps, surtout
lorsque le temps pressait. Il est très probable que
l'armée de Judas n'entra pas dans la ville d'Odol-
lam, de peur d'y communiquer quelque souil-
lure : elle put passer le sabbat près de cette
ville.
f. 39. Sequenti die venit cum suis Judas. Le
jour suivant Judas vint avec ses gens, pour empor-
ter les corps de ceux qui avaient été tués dans le
combat. Le grec (3) dit que, le jour suivant,
comme cela devenait nécessaire, Judas et les
siens, vinrent pour donnerlasépulture aux morts;
ils y vinrent dès le samedi au soir, où le sabbat
finit, et où il est permis de travailler ; où ils vin-
rent dès le matin du jour qui suivit le sabbat.
In sepulcris paternis. Dans les tombeaux de
leurs pères, ou plutôt dans les tombeaux destinés
aux hommes de leurs nations, dans le cimetière
d'Odollam ; car comment discerner tous ces sol-
dats morts dans la bataille, et commentles porter
aux tombeaux de leurs ancêtres, dans les divers
cantons de la Judée d'où ils étaient venus ?
v. 40. De donariis idolorum. Ces Israélites
avaient pillé quelques uns des temples de Jam-
nia, et y avaient pris des ex-voto d'or et d'argent
qui étaient consacrés par les païens. La bataille
s'était peut-être livrée aux environs de Jamnia,
dont Gorgias était gouverneur. Voyez plus haut
le commentaire sur le verset 32. La loi défendait
expressément de prendre aucune chose consa-
crée aux idoles (4) : Nec infères quidquam ex
idolo in domum luam.
(1) Gènes, xxxvm. 1.
(2) Vide Num. xix. 2. 12. 17. et xxxi. 19.
(;) Tfj oï E^ofju'vr] rjXOov ôt r.io\ rôv I'oùoav y.aQ' ov ypdvov
(4) Deut. vu. 25. 26.
II.— MACCABÉES.— XII.- PIETE DE JUDAS
233
4:. Atque ita ad preces conversi, rogaverunt ut id
quod factum erat delictum oblivioni traderetur. At vero
t'ortissimus Judas hortabaïur populum conservare se sine
peccato, sub oculis videntes qua: facta sunt pro peccatis
eorum qui prostrati sunt.
4;. Et facta collatione, duodecim millia drachmas
argenti misit Jerosolymam, olferri pro peccatis mortuo-
rum sacrificium, bene et religiose de resurrectione co-
gitans,
44. (Nisi enim eos, qui ceciderant, resurrecturos spe-
raret, superfluum videretur et vanum orare pro mortuis),
42. Et, se mettant en prières, ils conjurèrent le Sei-
gneur d'oublier le péché qui avait été commis ; mais le
très vaillant Judas exhortait le peuple à se conserver
sans péché, en considérant ce qui était arrivé à cause
des péchés de ceux qui avaient été tués.
4;. Et, ayant recueilli, d'une quête qu'il fit faire, douze
mille drachmes d'argent, il les envoya à Jérusalem, afin
qu'on offrît un sacrifice pour les péchés de ces personnes
qui étaient mortes : bons et religieux sentiments tou-
chant la résurrection.
44. ( Car s'il n'avait espéré que ceux qui avaient été
tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une
chose vaine et surperflue de prier pour les morts. )
COMMENTAIRE
jh 42. ROGAVERUNT UT ID QUOD FACTUM ERAT
DELICTUM, OBLIVIONI TRADERETUR. Le grec ( I ) :
Ils priaient que le péché commis fût entièrement
effacé. Le syriaque: Ils prièrent que, pour cela,
on ne leur confiât point un péché parfait. Quel-
ques anciens exemplaires grecs (2) : Ils prièrent
qu'à cause de ce péché, ils ne fussent pas entière-
ment effacés ; que cette faute ne leur fût point
imputée comme un crime irrémissible. Ils ne dou-
taient pas qu'il n'y eût certains péchés, dont les
morts pouvaient obtenir le pardon, dans leur vie,
surtout, lorsque les vivants s'intéressaient à leur
salut, et qu'ils faisaient poureux quelques actions
satisfactoires. Les Juifs, dès le temps de la capti-
vité de Babylone, ont commencé à prier pour les
morts (3). Le prophète Ézéchiel et Daniel leur
découvrirent sur l'état d'une autre vie, et sur le
jugement dernier, des vérités qu'ils ne connais-
saient point auparavant d'une manière si distincte.
On voit depuis ce temps-là, la résurrection des
morts, le soin des sépulcres, la prière pour les
défunts, beaucoup plus clairement qu'avant la
captivité. Les docteurs juifs (4), reconnaissent
une espèce de purgatoire, oà se purifient les pré-
varicateurs d'Israël, c'est ainsi qu'ils appellent
ceux qui ne sont ni tout-à-fait méchants, ni tout-
à-fait bons, et qui meurent sans faire pénitence.
Ils croient que Dieu, toujours plus miséricordieux
que sévère, ne punira pas éternellement des fau-
tes, souvent assez légères. Le purgatoire des
Juifs, n'est point différent de l'enfer ; les mêmes
flammes brûlent tous ceux qui meurent dans le
péché ; ils sont tous tourmentés dans le même
lieu ; mais on peut en sortir après quelque temps,
secourus des prières des vivants. Ces docteurs
croient que le feu infernal respecte les Juifs dam-
nés, pendant le jour du sabbat. Ils ne souffrent
point ce jour là. Ce serait une légère consolation
si elle reposait sur quelque chose.
f. 43. Facta collatione, duodecim millia
DRACHMAS ARGENTI MISIT JEROSOLYMAM, OFFERRI
PRO PECCATIS MORTUORUM SACRIFICIUM. Le grec
ne porte que deux mille drachmes, et le syriaque
trois mille {'-,) ; mais les exemplaires latins por-
tent unanimement douze mille drachmes, et saint
Prosper lisait même douze mille talents (6). La
drachme valait environ 0,80. La loi n'ordonnait
point de sacrifices pour les morts, mais la prati-
que des Juifs, autorisée par les prophètes, et par
les plus saints personnages de la Synagogue, était
déjà bien établie du temps de Judas Maccabée.
On remarque dans l'auteur de cet ouvrage, une
attention particulière, à relever tout les endroits
qui prouvent la résurrection des morts et les ré-
compenses d'une autre vie (7), pour les opposer
apparemment aux saducéens qui commençaient
alors à répandre dans Israël leurs dogmes perni-
cieux, contraires à ces vérités. C'est ce qui lui
fait faire la réflexion que, si Judas n'avait espéré
que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un
jour, il aurait regardé comme une chose vaine et
superflue, de prier pour eux ; il conclut que c'est
une sainte et salutaire pensée, de prier pour les
morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés.
C'était donc la persuasion du commun des Juifs.
C'est d'eux, que l'Église a pris ce pieux usage,
qu'elle a conservé jusqu'aujourd'hui. Nous ne
nous étendrons pointàprouverl'antiquité de cette
tradition parmi nous; on peut voir nos contro-
versistes (8). Nos adversaires eux-mêmes con-
viennent que telle a été l'opinion des Juifs et des
anciens chrétiens ; mais ils se retranchent à nier
l'antiquité des livres des Maccabées, et à traiter
de superstitions ce qui s'est pratiqué si religieuse-
(1) A'fiajoavTe; iô yE^ovoç caj.âpTrju.a 'eXei'oo; ÈÇa.X£[cp0^vac.
(2) Edit. Aldina et Ms. Arundel. npud Usser. ad an.
M. 841. H"Çt'wo«v pi) ocà. xo -ysyovo; â(j.àpTrllua teX^w;
ÈijaXEîsOfjvat.
(5) Grot. hic.
(4) Bartolocci Bibliot. Rabinic. tome 11. p. 150. Basnage,
Hist. des Juifs, tom. 111, liv. îv, c. J2, art. 9 et suiv. Léon
de Modène, ve partie, c. 10. Vide si placet et Cenebr. et
BeUar. et Serar. et Tirin, et Est.
(5) Ita Arundelian. Codex Grxc. apud Usser.
(6) Prosper lib. de promissione parte 2. c. Usser.
(-7) Voyez 11. M ace. vu. 9. 11. 14, 2j. 29. ;6. ctxiv. 46.
(8) Vide Bellarmin. de Purgalorio, et si lubet Serar. hic.
Est. Tir. alios passim.
234
II.
MACCABÉES. — XII. - PRIÈRES POUR LES MORTS
4>. Et quia considerabat quod hi, qui cum pietate
durmitionem acceperant, optimam haberent repositam
gratiam.
46. Sancta ergo et salubris estcogitatio pro defunctis
exorare, ut a peccatis sovlantur.
4Ç. Ainsi il considérait qu'une grande miséricorde était
réservée à ceux qui étaient morts dans la piété.
46. C'est donc une sainte et salutaire pensée de prier
pour les morts, afin qu'ils soient délivrés de leurs péchés-
COM MENTAIRE
ment, depuis tant de s'.ècles, etdansla Synagogue
et dans l'Église, comme si les plus illustres pré-
lats de l'antiquité chrétienne (1), et les plus pieux
personnages de la Synagogue avaient été capables
de souffrir et d'autoriser la superstition ; comme
si l'on pouvait faire ces mêmes reproches à Jésus-
Christ et aux apôtres, qui ont trouvé cette prati-
que établie parmi les Juifs, et non seulement
l'ont soufferte sans l'attaquer, mais qui l'ont même
autorisée par leur témoignage, et par leur appro-
bation (2). Et à l'égard des livres des Maccabées,
nouscroyons avoirbien montrédansl'introduction,
qu'ils ont tous les caractères de vérité et d'au-
thenticité, que l'on peut souhaiter. On ne s'arrête
pointa réfuter l'imagination de Munster, qui a
soupçonné ce passage d'avoir été ajouté en cet
endroit ; tous les exemplaires grecs, latins et
syriaques, tant imprimés, que manuscrits, portent
uniformément, comme la Vulgate: et les anciens
pères l'ont cité et connu, sans aucune variante, ni
aucun doute.
jL 45. Quia, considerabat quod hi, qui cum
PIETATE DORMITIONEM ACCELERANT, OPTIMAM
haberent repositam gratiam. On ne peut pas
assurer que les soldats qui s'étaient rendus cou-
pables d'une espèce de sacrilège, en portant sur
eux, contre l'ordonnance de la loi, des choses
consacrées aux idoles, soient morts dans la piété ;
mais Judas put charitablement présumer qu'ils
avaient conçu du repentir de leur action avant
leur mort, et qu'ils en avaient demandé pardon à
Dieu, ou qu'ils ne s'étaient portés à enlever ces
présents des idoles, que comme de simples
dépouilles, sans aucun dessein d'idolâtrie, ou
qu'ils avaient envie, après la bataille, de rapporter
à Judas ces dépouilles, pour être fondues, et
ensuite distribuées aux troupes, suivant les règles
de la guerre. La petitesse de la matière, ou
d'autres circonstances, qui ne nous sont point
connues, purent faire juger à ce sage général,
que leur faute n'était pas de la nature de celles
qui donnent la mort à l'âme, et qui lui ôtent tout
espoir de pardon après la mort ; ces soldats étaient
morts dans la foi, et dans une guerre juste, pour la
défense de la liberté et des lois de leur pays : la
précipitation, l'ignorance, l'avidité du gain, eurent
sans doute beaucoup de part à leur action. Enfin,
Dieu ayant permis qu'ils fussent tués dans ce
combat, voulait apparemment les châtier en cette
vie, pour leur faire miséricorde en l'autre ; c'est
ainsi que la charité veut qu'on en juge, tant qu'on
n'a pas de preuves positives du contraire.
Quoi qu'il en soit des soldats juifs, on ne peut
nier que, d'après la pratique des siècles, on ne
doive prier pour les défunts. Cependant « il y en
a », dit saint Augustin (3), « à qui les choses que
l'on fait pour eux après qu'ils sont morts, sont
tout à fait inutiles : et ce sont ou ceux dont la vie
a été si méchante, qu'ils sont indignes d'être aidés
par tous ces devoirs de la piété ; ou ceux, au con-
traire, dont la vie a été si pure, qu'ils n'ont point
besoin de ces assistances. C'est donc par la
manière dont on a vécu, qu'on se rend digne ou
indigne d'éprouver, après sa mort, l'effet salutaire
de ce que la piété fait faire pour nous aux fidèles :
car c'est en vain que l'on cherche après cette vie
un mérite qui nous rende ces choses utiles, si
nous n'avons pas eu soin d'en acquérir pendant
que nous vivions : Nain rmriium per quod isla
prosinl, si nullum comparalum est in liac viia.
frustra quœrilur post hanc vilain.
(l) Vide Alhanas. qu. J4. ad Ar.tioch. - Na;ian^. oral, in
Ccsar.- Crrill. Catheches. <,. - Euscb. de viia Const l. v.-
Epiph. hceres. i.xxv. cl in fine lib. de hœres. - Chrysost-
liomil. xli. in i. ad Cor. et Jiomil. xi.ix. ad popul. et alibi
scepius. - 7 heodoret. lit', v. c. 26. - Damasc. Ub. de us qui
in fuie migrorunt. - Tertull. de Corona militis, et Ub. de
Monog. et lib. de Exhort. castil. - Cyprian. t. 1. ep. 9. -
Ambres, cp. ad Faust, et Ora/ionib. de obilu Theodos.
Valentin. et Satyri. - Aug. de cura pro mort. c. 1. et alibi
scepius, etc.
(2) Vide Malt. m. lJ.etl.C0r.lll.13.14. 15. c/xv. 29. -
1. Tunol. 1. 16. 18. Vide et Luc. xvi. 9. et 24.
(j) Augiist. De car. pro mort, gerend. c. 1.
CHAPITRE XII
Les Juifs sont persécutes par les gouverneurs des pays voisins de la Judée. Expéditions de
Judas contre les habitants de Joppéet contre ceux de Jam nia. Il marche contre Timothée
au-delà du Jourdain. Il défait l'armée de Timothée. Il revient à Scythopolis. Il marche
contre Gorgias, et le met en fuite, Oblalions pour les Juifs qui avaient été tués
dans ce combat.
i. Mis f a c t; s pactionibus, Lysias pergebat ad regem,
Judœi autem agriculture operam dabant.
2. Sed lii qui resederant, Timotheus, et Apollonius,
Gennxi lilius, sed Hieronymus, et Demophon super
hos, et Nicanor Cypriarches, non sinebant cos in silen-
lio ogcre et quiète.
;. Joppita? vero taie quoddam llagitium perpetrarunt :
rogaverunt Judaeos, cum quibus habitabant, ascendere
scaplias, quas paraverant, cum uxoribus et filiis, quasi
nullis inimicitiis inter eos subjacentibus.
4. Secundum commune itaque decretum civitatis, et
ipsis acquiescenlibus, pacisque causa nihil suspectum
habenhbus, cum in altum processissent, submerserunl
non minus ducentos.
<,. Quam crudelitatem Judas in suas gentis homines
factam ut cognovit, preecepit viris qui erant cum ipso ;
et invocato justo judice Deo,
1. Ce traité ayant été fait, Lysias s'en retourna vers le
roi, et les Juifs s'occupaient alors à cultiver leurs
champs.
2. Mais ceux qui étaient demeurés dans le pays, Timo-
thée, et Apollonius (11 s de Gennéus, et de plus Jérôme,
Demophon, et Nicanor, gouverneur de Chypre, ne les
laissaient point vivre en paix ni en repos.
;. Cependant il arriva que les habitants de Joppé
commirent alors une grande perfidie : ils prièrent les
Juifs avec lesquels ils habitaient, de monter, avec leurs
femmes et leurs enfants, sur des barques qu'ils avaient
préparées, comme s'il n'y avait eu aucune inimitié entre
eux.
4. Et suivant la convention arrêtée d'une commune voix
dansla vilie.et à laquelle les Juifs mêmes avaient adhéré, ils
n'eurent aucun mauvais soupçon, à cause de la paix qui
était entre eux : mais lorsqu'ils furent avancés en pleine
mer, les habitants de Joppé noyèreni les Juifs qui n'é-
taient pas moins de deux cents.
<,. Lorsque Judas eut appris cette cruauté qu'on avait
commise contre les gens de sa nation, il donna ses ordres
à ceux qui étaient avec lui ; et, après avoir invoqué Diej
qui est le juste juge,
COMMENTAIRE
f. 1. His factis pactionibus. Ce traité ayant
été fait, Lysias s'en retourna vers le roi à Antio-
che. Il n'est pas bien clair par le texte, si la paix
entre les Juifs et Antiochus, fut ratifiée. On ne
sait si Lysias attendit !a réponse du roi, ou s'il
n'alla pas à Antioche, pour y terminer lui- même
cette affaire, car le jeune Antiochus Eupator n'é-
tait point encore en âge de gouverner par lui-
même. Quoi qu'il en soit, les Israélites, confiants
en la parole donnée par Lysias et dans la trêve
dont on était convenu, se mirent à cultiver
leurs terres, comme en pleine paix.
f. 2. Sed hi qui resederant, Timotheus, etc.
Mais ceux qui étaient demeurés dans le pays, Ti-
mothée et les autres, ne les laissèrent pas tran-
quilles. Il y eut deux généraux du nom de Timo-
thée. Le premier fut tué à Gazara, avec son frère
Chéréas (1); le second figure au premier
livre (2) et dans ce chapitre. Son gouvernement
était au delà du Jourdain; c'est là que Judas lui fit
la guerre.
Apollonius Genn/ei filius. Apollonius, fils de
Gennée, différent d'un autre Apollonius, fils de
Tharsée, dont il est parlé ailleurs (]). On ne sait
pas où il commandait, non plus que Jérôme et
Demophon ; mais Nicanor était gouverneur de
Chypre. Cette île avait été livrée à Antiochus
Epiphane, par Ptolémée, fils de Dorymini (4).
f. .\. Secundum commune decretum civitatis,
et ipsis acquiescentibus. D'après le grec (5).
Les Juifs étaient montés dans les barques, comme
n'ayant aucuns différents avec eux; mais selon
l'accord fait avec la ville, et les habitants de Joppé,
les ayant reçus dans leurs barques, comme amis, et
(1) 11. M ace. x. 51. 57,
(?) 1. Macc. v. 9. et suiv ; et ici verset ij et suiv.
(1) 11. Macc. m. Ç. et 1. Macc. x. 69.
(2) Supra 1. Macc. m. j8.
(j) O'ç u.7]OEfjua; évE^rùsr]; Jtpôç âuTOÙ; ou?rj.EVE''jc:, x«à
oà t6 y.oivôv Tïjç tcÔXewç iprjaiap.a, xoci TOÛfb.v cTtiOîÇafAcviov
d>; av ètpïjveijsiv OeXcvtcov, xa't [j.rjSÈv Gt.qtctov s^o'vtwv,
Lr.ayQivxuç, âuioù; É^uOt'aav.
236
II. — MACCABÉES. — XIII. - SUPPLICE DE MÉNÉLAUS
4. Sed Rex regum suscitavit animos Antiochi in pecca-
torem ; et suggerente Lysia hune esse causam omnium
malorum, jussit, ut eis est consuetudo, apprehensum in
eodem loco necari.
<,. Erat autem in eodem loco turris quinquaginta cubi-
torum, aggestum undique habens cineris ; haec prospec-
tum habebat in prasceps.
6. Inde in cinerem dejici jussit sacrilegum, omnibus
eum propellentibus ad interitum.
7. Et tali lege prasvaricatorem legis contigit mori, nec
terras dari Menelaum ;
8. Et quidem satis juste : nam quia multa erga aram Dei
delicta commisit, cujus ignis et cinis erat sanctus, ipse
in cineris morte damnatus est.
9. Sed rex mente elTrenatus veniebat, nequiorem se
pâtre suo Judasis ostensurus,
10. Quibus Judas cognitis, praecepit populo ut die ac
nocte Dominum invocarent, quo, sicut semper, et nunc
adjuvaret eos,
4. Mais le Roi des rois suscita le cœur d'Antiochus
contre ce méchant homme ; et Lysias lui ayant, dit que
c'était lui qui était cause de tous les maux, il commanda
qu'on l'arrêtât, et qu'on le fit mourir dans le lieu même,
selon la coutume.
<,. Or, il yavait en cette endroit une tour de cinquante
coudées de haut, qui était environnée de toutes parts
d'un grand monceau de cendres, et du haut de laquelle
on ne voyait qu'un grand précipice.
6. Il commanda donc que ce sacrilège fût précipité de
là dans la cendre ; tout le monde le poussant à la mort.
7. Ce fut ae la sorte que Mér.élaïis, prévaricateur de
la loi, mourut, sans que son corps fut mis en terre ;
8 Et cela, par un jugement bien juste ; car comme il
avait commis beaucoup d'impiétés contre l'autel de Dieu,
dont le feu et la cendre étaient des choses saintes, il
fut lui-même condamné à être étouffé dans la cendre.
9. Cependant le roi s'avança plein de fureur, dans le
dessein de se montrer encore plus violent que son père
à l'égard des Juifs.
10. Judas en ayant été averti, commanda au peuple
d'invoquer le Seigneur jour et nuit, afin qu'il les assistât,
comme il avait toujours fait.
COMMENTAIRE
jf. 4. HUNC ESSE CAUSAM OMNIUM MALORUM. En
effet, tous les troubles de la Judée n'étaient venus
que de la résolution qu'Antiochus Épiphane avait
prise, de changer les lois et la religion du pays ;
résolution qui lui avait été inspitée par Jason, et
ensuite par Ménélaus (1); lesquels, pour satis-
faire leur ambition et pour se conserver le sacer-
doce, avaient renversé tous les droits divins et
humains, et n'avaient épargné, ni meurtres, ni
violences, ni sacrilèges.
Jussit, ut est illis consuetudo, apprehensum
in eodem loco necari. De la manière dont ceci
est raconté, il semblerait que Ménélaus fut pris et
mis à mort dans quelque ville, sur la route de
Syrie à Jérusalem, pendant le voyage du roi, à la
tète de sen armée ; maisJosèphe(2) prétend que la
mort de Ménélaus n'arriva qu'au retour de cette
guerre. Lysias ayant mis Antiochus Eupator en
défiance de ce misérable apostat, et l'ayant dépeint
comme l'auteur de tous ces troubles, le roi le fit
prendre, et, l'ayant mené jusqu'à Bérée, il le fit
précipiter dans la cendre, comme il est porté ici.
L'historien sacré a voulu mettre tout de suite, ce
qu'il avait à dire de Ménélaus, pour ne pas trop
interrompre le fil de son récit.
f. 5. Turris quinquaginta cubitorum, agges-
tum UNDIQUE HABENS CINERIS : H/EC prospectum
habebat in pr,eceps. Ce supplice de la cendre fut
inventédans la Perse; ce fut Darius, fils d'Hystape,
qui le mit le premier en usage (3) et depuis, l'on
en remarque divers exemples dans l'histoire des
Perses. Valère Maxime (4) nous décrit ainsi ce
supplice. On faisait remplir de cendre un enclos
fermé de hautes murailles ; une longue poutre
était passée en travers au haut de cet espace, et
tenait d'une muraille à l'autre. Après avoir fait
bien boire et manger ceux qu'on destinait à ce
supplice, on les plaçait au milieu de cette poutre,
afin que les fumées du vin, ou le sommeil, ou sim-
plement la vue de cette profondeur, les fit tomber
dans les cendres, qui étaient au-dessous, et où ils
étaient bientôt suffoqués.
L'Ecriture nous en parle d'une manière un peu
différente dans le texte grec (,) : // y avait à
Bérée une tour de cinquante coudées de haut, rem-
ptie de cendre à une certaine hauleut ; au-dessus
était une machine ronde, ou une roue qui portait
sur le précipice de cette tour : c'est de là qu'on pous-
sait dans la cendre, ceux qui s'étaient rendus cou-
pables de sacrilèges, ou de quelques autres crimes.
Le syriaque n'a point exprimé la manière de ce
supplice ; il passe les versets 5 et 6.
f. 9. Sed rex mente effr^natus veniebat. Le
grec lit (6) : Le roi venait avec des sentiments bar-
bares, résolu de traiter les Juifs avec encore plus
de dureté que n'avait fait Antiochus Épiphane,
son père.
$. 10. PR/ECEPIT populo ut die ac nocte
Dominum invocarent. Nous ne voyons point que
Judas se soit jamais mis en peine d'amasser de
(1) Vide 1. Macc. 1. 12. ij. 14. ?/ 11. Macc. iv. 7. 8. et
2j. 24. 20. 27.
(2) Joseph. Anliq. I. xu.c. 15. Vide Usser. ad Mail. . J842.
(}) \alex. Max. I. îx. c. 2. de crudelit. extern.
(4) Valbr. Max. loco citalo.
($) Verset 5. Ilôpyo; KevTTJxOVSOC r.r\/yyi ^Xrjp»); arcooou,
oÎjto; 8s opyavov £Ti'/s ^spiçspÈ; rcâvioOsv arcoxpTjuvov Et? tt]v
aTcoîôv. Verset 6. E'viaûOa tôv upoaiAi'ai; È'vo-^ov, f, xai
TtvtTiv aX^o>/ xaxôiv vKtpoyjr^ JtETCO»jp.^vov cir.ouiî; Jipoato-
Goîa'.v ècç oXe'ôpov.
(6) Tôt; os 9povrî(;.aatv 6 [îaaiXsù; (j£Sap6apo>|.iivO; rjpyeto.
Ms. Alex. |'ie6apT)(j.svo;. Mali.
II. — MACCABÉES. — XIII. - PIÉTÉ DE JUDAS
237
11. Quippe qui lege, et patria, sanctoque templo pri-
vari vererentur ; ac populum, qui nupcr paululum res-
pirasset, ne sineret blasphemis rursus nationibus subdi.
12. Omnibus itaque simul id facientibus, et petentibus
a Domino misericordiam, cura iletu et jejuniis, per tri-
ci u u m continuum prostratis, hortatus est eos Judas ut se
praspararent.
Ij. Ipse vero cura senioribus cogitavit, priusquam rex
admoveret exercitum ad Judaeam, et obtineret civitatem,
exire, et Domini judicio committere exitum rei.
14. Dans itaque potestîtem omnium Deo, mundi crea-
tori, et exhortatus suos ut fortiter dimicarent, et usque
ad mortem pro legibus, templo, civitate, patrii, et civi-
bus starent, circa Modin exercitum constituit.
1 1. Car ils avaient à craindre de se voir privés de leur
loi, de leur patrie et de son saint temple ; et qu'il ne
permit pas que son peuple, qui commençait seulemen
à respirer quelque peu, fût assujetti de nouveau aux na-
tions qui blasphémaient son saint nom.
12. Tous firent conjointement ce qu'il leur avait
ordonné, et implorèrent la miséricorde du Seigneur par
leurs larmes et par leurs jeûnes, se tenant toujours pros-
ternés devant lui durant trois jours : alors Judas les
exhorta a se tenir prêts.
i;. Et, ayant tenu conseil avec les anciens, il résolut
de marcher contre le roi, avant qu'il eût fait entrer ses
troupes dans la Judée, et qu'il se fût rendu maître de la
ville ; et d'abandonner au jugement du Seigneur l'issue
de cette entreprise.
14. Remettant donc toutes choses au pouvoir de Dieu,
Créateur de l'univers, et ayant exhorté ses gens à com-
battre vaillamment et jusqu'à la mort pour la défense de
leurs lois, de leur temple, de leur ville, de leur patrie
et de leurs concitoyens, il fit camper son armée près de
Modin.
COMMENTAIRE
plus grandes troupes ; et la multitude de ses
ennemis ne pouvait produire d'autre effet sur lui,
que de ranimer sa foi, de le porter à redoubler
ses prières et à faire, en même temps, prier et
jeûner tout le peuple d'Israël : car il savait que
le jeûne, la prière et l'humiliation du cœur et du
corps étaient les armes les plus fortes d'un peu-
ple consacré à Dieu. C'est pourquoi, il est marqué
que les Juifs demeurèrent prosternés devant le Sei-
gneur trois jours durant : et qu'après qu'ils eurent
rendu cet hommage à Dieu, Judas Maccabée leur
dit de se tenir prêts pour aller combattre ses enne-
mis, abandonnant, dit l'Écriture, au jugement du
Seigneur l'issue de son entreprise, c'est à-dire se
tenant en paix touchant le succès de ce combat,
et se contentant d'être assuré qu'il combattait
pour la cause de Dieu même, en qui seul il met-
tait toute sa confiance.
La pureté de l'intention par laquelle les Juifs
se conduisaient dans ces guerres saintes est expri-
mée par l'Écriture, lorsqu'elle témoigne qu'ils
invoquaient l'assistance du Seigneur, dans la
crainte qu'ils avaient de se voir privés de leur loi,
de leur patrie, et de son saint temple, et assujettis
de nouveau aux nations qui blasphémaient son saint
nom. On ne pouvait désirer de plus saints motifs.
Les Juifs surpassaient infiniment un grand nombre
de chrétiens puisque, dans la guerre comme dans
la paix, l'accomplissement de la loi évangélique,
et la gloire du saint nom de Dieu sont presque
toujours les moindres motifs qui occupent leur
esprit. Leur cœur, plus sensible à leurs intérêts
temporels, envisage plus la perte des biens de la
terre, que celle des biens spirituels qui sont
néanmoins les biens propres des enfants de Dieu,
tous les autres ne leur étant qu'étrangers et com-
muns avec les enfants du siècle.
f. 13. Ipse vero cum senioribus cogitavit.
Le grec (1) : Il se consulta en particulier avec les
sénateurs. Ils tinrent ensemble un conseil parti-
culier, sans convocation du peuple.
jh 15. Dato signo suis, Dei Victoria. Après
avoir donné aux siens pour signal : La victoire de
Dieu; ou Dieu est le maître de la victoire ; ou
une victoire divine, une victoire complète, une
très grande victoire. Judas avait cette coutume
de donner aux siens, pour mot d'ordre une sen-
tence pieuse. Voyez plus haut (2).
NOCTE AGGRESSUS AULAM REGIAM, IN CASTRIS
interfecit viros quatuor millia. Ceci se passa
à Modin, près de Diospolis, où Judas était campé
avec sa petite armée. Il pénétra jusqu'à la tente
du roi (3), et tua dans le camp quatre mille hom-
mes, suivant la Vulgate et le grec de l'édition
romaine (4). D'autres exemplaires grecs n'en por-
tent que deux mille, et le syriaque trois mille :
les anciens exemplaires de la Vulgate en portaient
jusqu'à quatorze mille (<>), d'autres douze mille,
et d'autres deux mille (6).
(1) KaO' Èaj-rov ôè aùv tùî; JTpsiSut'pot; yf/o^Z'/Q; Éôou-
"kiù-J3.X0.
(2) u. Macc. vin. 2 j.
({) L}V: xr)v pacjtXix'-.v «jXrjv. Ad prastorium régis.
(4) Ms. Alex, et Edilio Complut, et alla.
($) Vide Nobilii notas in edit. Sept, et édition. Sixt. V. et
alias anle Clem. VIII.
(b) Vide Lyran. hic.
238
II.
MACCABEES. — XIII. - SIEGE DE BETHSURA
15. Et dato signo suis : Dei victoriae, juvenibus for-
tissimis electis, nocte aggressus aulam regiam, in castris
interfecit viros quator mil I ia, et maximum elephantorum,
cum his qui superpositi fuerant;
16. Summoque metu ac pertubatione hostium castra
replentes, rébus prospère gestis, abierunt.
17. Hoc autem faclum est die illucescente, adjuvante
eum bomini protectione.
18. Sed rex, accepto gustu audaciae Judasorum, arte
difticultatem locorum tentabat,
19. Et Bethsuraï, quae erat Judaeorum praesidium mu-
nitum, castra admovebat; sed fugabatur, impingebat,
minorabatur.
20. His autem qui intus erant , Judas necessaria
mittebat.
21. Enuntiavit autem mysteria hostibus Rhodocus qui-
dam de Judacio exercitu, qui requisitus comprehensus
est, et conclusus.
22. Iterum rex sermonem habuit ad eos qui erant in
Bethsuris; dextram dédit, accepit, abiit.
2;. Commisit cum Juda, superatus est.
Ut autem cognovit rebellasse Philippum Antiochiœ,
qui relictus erat super negotia, mente consternatus,
Judasos deprecans, subditusque eis. jurât de omnibus
quibus justum visum est; et reconciliatus obtulit sacri-
ficium, honoravit templum, et munera pesuit.
IÇ. Et, après avoir donné aux siens pour signa! la vic-
toire de Dieu, et pris avec lui les plus braves d'entre les
jeunes hommes, il attaqua la nuit le quartier du roi, et
tua dans son camp quatre mille hommes et le plus grand
des éléphants, avec ceux qui le montaient.
16. Ayant rempli de la sorte le camp des ennemis
d'effroi et trouble, ils s'en retournèrent après cet heu-
reux succès.
17. Cette action se fit à la pointe du jour, le Seigneur
ayant assisté Maccabée de sa protection.
18. Mais après que le roi eut fait cet essai de la
hardiesse des Juifs, il tachait de prendre des villes fortes
par stratagème.
19. Il vint donc mettre !e siège devant Bethsura, une
des places juives les mieux fortifiées ; mais ses gens
furent repoussés et renversés ; et ils soulfrirent de
grandes perles.
20. Judas cependant envoyait aux assiégés les choses
qui leur étaient nécessaires.
il. Mais un nommé Rhodocus, de l'armée des Juifs,
allait découvrir les secrets aux ennemis; et après quel-
ques recherches qui en furent faites, il fut pris et mis en
prison.
72. Le roi ayant fait parler encore à ceux qui étaient
dans Bethsura, leur donna sa parole, la reçut d'eux, et
se retira.
2?. Mais il combattit auparavant contre Judas, et il
fut vaincu. Or, ayant reçu la nouvelle que Philippe, qui
avait été établi pour le gouvernement de toutes les
affaires, s'était révolté à Antioche, il en fut consterné ;
et n'usant plus que de supplications et de soumissions
à l'égard des Juifs, il jura de garder avec eux toutes les
conditions qui parurent justes ; et après cette réconcilia-
tion, il oifrit un sacrifice, honora le temple, et y fit des
dons.
COMMENTAIRE
Et maximum elephantorum , cum his qui
superpositi fuerant. Le grec (1) peut s'en-
tendre autrement : et il tua le commandant des élé-
phants, avec sa maison (2), ou ses domestiques.
La charge de maître, ou de commandant des élé-
phants, n'était pas petite (3).
jL 19. Bethsura castra admovebat. // vint
mettre le siège devant Bethsura. Voyez 1. Mac-
cab. vi, 3:, 32.
f. 21. Rhodocus quidam de judaico exercitu.
Un nommé Rhodocus de Varmée des Juifs, allait
découvrir aux ennemis les secrets de son parti;
ce traître était, ou de la garnison de Bethsura ou
du camp de Judas, qui était alors à Bethzachara,
près de l'armée du roi.
V. 22. DEXTERAM DEDIT, ACCEPIT, ABIIT. Cet
événement est raconté plus en détail dans le pre-
mier livre des Maccabées (4). Le roi ayant pris
Bethsura, parce que la garnison manquait de vivres,
s'avança vers Jérusalem pour en faire le siège.
f. 23. Commisit cum Juda, superatus est. //
combattit contre Judas, et fut vaincu ; dans la jour-
née où Éléazar se distingua en attaquant le plus
bel éléphant de l'armée ennemie ($). Cela se
passa avant le siège de Jérusalem.
Utcognovit rebellasse Philippum AntiochI/E.
Ayant reçu la nouvelle que Philippe, à qui Antio-
chus Épiphane avait donné la régence du royaume,
penJant la minorité d'Eupator (6), s'était révolté
à Antioche. L'auteur appelle ici rébellion, l'action
de Philippe, selon la qualification qui lui était
donnée à la cour d'Antiochus Eupator, où Lysias
était maître absolu ; mais, au fond, Philippe ne
demandait rien que de juste ; Lysias était usur-
pateur d'un emploi qui avait été donné à un autre;
il s'était rendu maître du gouvernement, sans
aucun droit. Philippe s'était d'abord rendu à
Antioche, avec le secours du roi d'Egypte, auprès
duquel il s'était retiré, en revenant de Perse, et
voulait se mettre en possession de la régence,
(1) Kir iov TvpojTeicvîa *<Sv êXeçivtwVjO&v tû x&:' û'.xikv phantis quem indicis praafecerat. Item 111. Macc.i. 1. 2.
ôjf>> ouv'é77i«. (4)«- Macc.vi. 5;- 4>.
(2! lia Srr. Grot. alii quidam. (S) lbi&. 4?- 44- 4<-
1) Vide 11. Macc. xiv. 12. Elzza.zâp/jnv. Tirent. Ele- (6; 1. Macc. vi. 14. 15.
II.
MACCABÉES. — XIII. - PAIX AVEC LA SYRIE
2 39
24. Machabœum amplexatus est, et fecit eum a Ptole-
maide usque ad Gerrenos ducem et principem.
25. Ut autem venit Ptolemaidam, graviter ferebant
Ptolemenses amicitias conventionem, indignantes ne forte
fœdus irrumperent.
26. Tune ascendit Lysias tribunal, et exposuit rationem,
et populum sedavit, regressusque est Antiochiam ; et hoc
modo régis profectio et reditus processit.
24. Il embrassa Maccabée, et le déclara chef et prince
de tout le pays, depuis Ptolémaïs jusqu'aux Gîrréni2ns.
2,. Lorsqu'Antiochus fut entré dans Ptolémaïs. les
habitants de cette ville, fort mécontents du l'accord
qu'il avait fait, en témoignèrent leur indignation, crai-
gnant que leur aillance ne fût rompue.
26. Mais Lysias, étant monté sur le tribunal, exposa
les raisons de cet accord et apaisa le peuple ; et il
retourna à Antioche. Ce fut ainsi que le roi entra Ju Jéj,
et qu'il s'en retourna ensuite.
COMMENTAIRE
qui lui avait été confiée par le feu roi ; Lysias,
qui gouvernait souverainement, sous le nom
d'Eupator, fit comprendre à ce prince, que, dans
la conjoncture présente, ce qui pressait le plus,
était de mener promptement l'armée en Syrie,
pour éteindre cet incendie naissant ; que le siège
de Jérusalem tirerait en longueur, que le succès
en était fort douteux, et que l'armée manquait de
vivres ; qu'enfin l'intérêt de l'état voulait qu'on
fit la paix avec les Juifs, et qu'on tâchât de les
avoir pour amis. Ces raisons déterminèrent le
roi à laire avec eux un accommodement, qui leur
était assez avantageux, s'il eût été fidèlement
observé. On leur accordait la liberté de vivre
selon leurs lois religieuses et civiles (1); on don-
nait à Judas le gouvernement de toute la côte,
depuis Ptolémaïs jusqu'aux frontières d'Egypte.
Le roi fit même des présents au temple, et y offrit
des sacrifices, par les mains des prêtres : mais,
ayant considéré les murailles, dont les Juifs avaient
entouré le mont de Sion, il les fit abattre, et s'en
retourna à Antioche.
f. 24. A Ptolemaide usque ad Gerrenos.
Depuis Ptolémaïs jusqu'aux Gerréniens, toute
cette côte de la Palestine, depuis Ptolémaïs au
nord , jusqu'aux Gerréniens au midi , près de
l'Egypte. C'est là qu'était l'ancienneGérare,dont il
est parlé dans la Genèse (2), la même que Gerrus,
ville dont parle Ptolomée. Les successeurs de
Judas possédèrent dans la suite ce même gou-
vernement, avec quelques augmentations (j). Le
grec (4), et le syriaque, semblent dire que le roi
ayant embrassé Judas, partit pour Antioche, et
laissa Hégémonide pour gouverneur, depuis Pto-
lémaïs jusqu'aux Gerréniens. Le mot r\ fejioWç est le
féminin de SJYEpoSv, chef, commandant. Ce ne peut
guère être ici qu'un nom propre, puisque le genre
empêche de l'appliquer à Judas, et que, d'ailleurs,
il y a déjà, dans le même verset oTpaTrjyôv qui a le
même sens. A ce traité commence la dynastie des
Asmonéens. Jusque-là, les Maccabées étaient
considérés comme des généraux d'élite. Le traité
conclu avec Antiochus les faisait entrer au rang
des rois. Ils furent nommés Asmonéens, parce
que Matthathias était petit-fils d'Asmonée. La
domination des Asmonéens dura, selon la remar-
que de Josèphe (5) cent vingt-six ans (162-37),
jusqu'à la prise de Jérusalem par Hérode.
jh 2). Graviter ferebant Ptolemenses ami-
citi^e conventionem. Les habitants de Ptolémaïs
avaient toujours été très opposés aux Juifs (6);
leur mécontentement venait non seulement de la
jalousie et de l'antipathie qui était entre les deux
peuples, mais principalement de ce qu'on les avait
soumis au gouvernement d'un Juif. Le grec (7) :
Ceux de Ptolémaïs en étaient indignés, c'est pour-
quoi ils voulaient faire casser l'accord fait avec les
Juifs (8|, ou bien ils voulaient se départir de
l'obéissance du roi.
(1)1. Macc. vi. ^9.
( 1} Gencs. xx. 1.
( il Vide 1. Macc. xi. 50.
(4) Kxt£X;-c (rcpatrjyôv àno IlîCiXs[jLa;3o;, £u>;
prjvùv îryey.oyiorjv. Ita Usser. ad an. M. 584 1.
Ô5v Vii-
(?) Antïq. jud. xiv. 28.
[G] Vide sup.i. Macc. v, 15; xii. 48. el il. Macc. vi. î
'7/ ESs-'vaÇov yip &Jtèp &■/ ^OcXrjiav àOî-reTv -x; o;ao
(8) lia Grot. el Syr.
CHAPITRE XIV
Démétrius, fils de Séleucus, vient se remettre en possession du royaume de Syrie. Alcime
V irrite contre Judas. Il envoie Nicanor contre les Juifs. Nicanor fait la paix avec
Judas. Alcime la trouble. Démétrius ordonne à Nicanor de lui envoyer Judas lié et
garotlé; Judas se retire. Nicanor blasphème contre le temple. On accuse auprès de lui
Radias. Mort glorieuse de ce vieillard.
i. Sed post triennii tempus, cognovit Judas, et qui cum
eo erant, Demetrium Seleuci, cum multitudine valida et
navibus, per portum Tripolis ascendisse ad loca oppor-
tuna,
2. Et tenuisse regiones adversus Antiochum, et ducem
ejus Lysiam.
?. Alcimus autem quidam, qui summus sacerdos fuerat,
sed voluntarie coinquinatus est temporibus commis-
tionis, considerans nullo modo sibi esse salutem, neque
accessum ad altare,
4. Venit ad regem Demetrium, centesimo quinquage-
simo anno, offerens ei coronam auream, et palmam,
super ha?c et thallos, qui templi esse videbantur; et ipsa
quidem die siluit.
1. Mais trois ans après. Judas et ceux qui étaient avec
lui apprirent que Démétrius, fils de Séleucus, était venu
avec une puissante armée et quantité de vaisseaux, et
qu'ayant pris terre au port de Tripoli, il s'était saisi des
postes les plus avantageux,
2. Et rendu maître d'un grand pays, malgré Antiochus
et Lysias, général de son armée.
;. Or un certain Alcime qui avait été grand prêtre, et
qui s'était volontairement souillé dans le temps du dé-
sordre, considérant qu'il n'y avait plus aucune ressource
pour lui, et que l'entrée de l'autel lui était fermée pour
jamais,
4. Vint trouver le roi Démétrius en la cent cinquan-
tième année, lui présenta une couronne et une palme
d'or, avec des rameaux qui semblaient être du temple,
et ne lui dit rien pour ce jour-là.
COMMENTAIRE
jL 1. Post triennii tempus, cognovit Judas
Demetrium Seleuci, per portum Tripolis, as-
cendisse ad loca opportuna. Trois ans après la
mort d'Antiochus Épiphane, ou la troisième an-
née du règne d'Eupatorson fils, ou enfin la troi-
sième année après la purification du temple (1),
'an 151 des Séleucides, 162 ans avant Jésus-
Christ. Démétrius, fils de Séleucus, cousin ger-
main d'Antiochus Eupator, à qui le royaume
appartenait de droit, s'enfuit de Rome, de la ma-
nière que nous l'avons raconté ailleurs (2), et vint
en Syrie.
jh 2. Tenuisse regiones adversus Antiochum.
Le grec (3) : // s'était rendu maître du pays, après
avoir mis à mort Antiochus et Lysias. En effet, il les
fit mettre à mort par leurs propres soldats, qui les
avaient livrés à Démétrius (4).
jh 3. Alcimus, qui summus sacerdos fuerat.
Il avait succédé à Ménélaus, comme nous l'avons
dit sur le premier livre des Maccabées (5) ; mais
les Juifs n'avaient pas voulu le reconnaître, et
avaient déféré le sacerdoce à Judas Maccabée.
Alcime s'était rendu indigne de cette éminente
dignité, parce qu'il s'était souillé volontairement,
sans avoir souffert aucune persécution de la part
des païens, pendantle temps des troubles ; Volun-
tarie coinquinatus est temporibus commistionis (6),
dans les temps de confusion, et lorsque l'on exer-
çait la plus cruelle persécution contre les Juifs :
ou, selon quelques éditions, dans le temps que
l'on vivait séparé et éloigné des gentils ; dans le
temps de la séparation, et avant la persécution.
Palmam, super H/Ec et thallos , qui tem-
pli esse videbantur. Une branche de palmier, et
des bâtons ornés de feuillages d'or, qu'on présu-
mait avoir été enlevés du temple. Les particuliers
et les princes offraient au temple divers présents,
chacun suivant son inclination et son goût, des
arbres, des plantes, des couronnes, des boucliers,
des armes d'or et d'argent. Ce sont les monu-
ments de la piété et de la libéralité des personnes
pieuses, que les apôtres admiraient dans l'Évan-
gile (7).
jk 4. Centesimo quinquagesimo anno. L'au-
teur du premier livre des Maccabées met une
année de plus. I. Macc. vu, 1.
(1) Vide sup. ind. c. x.
(2) Voyez 1. Macc. vu. 1. 2.
( j) Ks/.patr]/.Evai ttj; "/oipa;, âveXôiiEvOV A \xloyoj f /ai
A ■j al av.
(4) 1, Macc. vu. 4. Zonar. ex Dion,
(5) IbiJ. f. J.
(6) E -1 toT; rîjs ifiiu.iÇfa« ypôvot;. lia edil. Rom. sed alix
iv toî; tri; àpuÇ/a; ypdvoi;. Vide infra f. ;8.;
{-) Luc. xxi. 5. Quibusdam dicentibus de tempio quod
bonis lapidibus et donis ornatum esset.
II. — MACCABÉES.— XIV.- CALOMNIES D'ALCIME
241
C. Tempus autem opportunum dementias suae nactus,
convocatus a Demetrio ad concilium, et interrogatus
quibus rébus et consiliis Judœi niterentur,
6. Respondit : Ipsi qui dicuntur Assidaai Judseorum,
quibus prasest Judas Machabasus, bella nutriunt, et sedi-
tiones movent, nec patiuntur regnum esse quietum.
7. Nam et ego defraudatus parentum gloria, dico
autem summo sacerdotio, hue veni :
8. Primo quidem utilitatibus régis fidem servans, se-
cundo autem etiam civibus consulens; nam illorum pra-
vitate universum genus nostrum non minime vexatur.
9. Sed oro, his singulis, o rex, cognitis, et regioni, et
generi, secundum humanitatem tuam pervulgatam omni-
bus, prospice ;
10. Nam, quamdiu superest Judas, impossibile est
pacem esse negotiis.
11. Talibus autem ab hoc dictis, et ceteri amici, hosti-
liter se habentes adversus Judam, inflammaverunt Deme-
trium.
12. Qui statim Nicanorem, prœpositum elephantorum,
ducem misit in Judasam,
Ij. Datis mandatis, ut ipsum quidem Judam caperet;
eos vero qui cum il lo erant, dispergeret, et constitueret
Alcimum maximi templi summum sacerdotem.
5. Mais ayant trouvé une occasion favorable pour exé-
cuter son dessein plein de folie, lorsque Démétrius le
fit venir au conseil, et lui demanda sur quels fonde-
ments et sur qutls conseils les Juifs s'appuyaient princi-
palement,
6. 11 répondit : Ceux d'entre les Juifs qu'on nomme
Assidéens, dont Judas Maccabée est le chef, entretien-
nent la guerre, excitent les séditions, et ne peuvent
souffrir que le royaume demeure en paix;
7. Car j'ai moi-même été dépouillé de la gloire que
je tenais de mes pères, c'est-à-dire du souverain sacer-
doce ; et c'est ce qui m'a obligé de venir ici,
8. Premièrement pour garder la fidélité que je dois au
roi en ce qui regarde ses intérêts; et puis pour procurer
aussi l'avantage de mes concitoyens; car toute notre
nation est ailligée de grands maux par la méchanceté de
ces personnes.
9. Ainsi je vous prie, ô roi, que connaissant tous ces
désordres, vous vouliez bien protéger les intérêts de
notre pays et de notre nation, selon votre bonté, qui est
si connue de tout le monde ;
10. Car tant que Judas vivra, il est impossible qu'il
y ait aucune paix dans l'état.
n. Après qu'il eut parlé de la sorte, tous ses amis
animèrent encore Démétrius contre Judas, dont ils
étaient les ennemis déclarés.
[2. C'est pourquoi il ordonna aussitôt à Nicanor, qui
commandait les éléphants, d'aller en Judée en qualité de
général,
ij. De prendre Judas en vie, de disperser tous ceux
qui seraient avec lui, et d'établir Alcime souverain pon-
tife du grand temple.
COMMENTAIRE
fi. 6. Assidu Jud^orum. Les Juifs qu'on
nomme Assidéens, ou plutôt, ceux des Juifs qui
prennent le nom d'Assidéens (1); c'étaient les
plus zélés et les plus courageux détenseurs des
lois et de la liberté du pays. Alcime, quelque
temps auparavant, étant venu en Judée, avec Bac-
chide, en avait fait mourir soixante, de la manière
la plus perfide et la plus indigne (2).
fi. 7. Defraudatus parentum gloria. Il y a
plus d'un mensonge dans le récit d'Alcime. Il est
vrai qu'il était de la race d'Aaron (j); mais non
de la race des grands prêtres; Lysias l'avait choisi
exprès, d'une famille sacerdotale d'un rang infé-
rieur , afin de diminuer l'autorité des grands
prêtres. Il n'avait donc pas été dépouillé d'une
dignité qui lui était due par sa naissance ; de plus,
il s'en était rendu lui-même indigne par ses cri-
mes; il était tombé dans des fautes qui devaient
l'exclure pour toujours du ministère sacré.
fi. 9. Et regioni, et generi prospice. Le
grec (4) : Veuille^ jeter un regard sur noire pays,
et sur noire nation assiégée, affligée, désolée.
fi. 1 r. Talibus autem ab hoc dictis et ceteri
amici hostiliter se habentes adversus Judam,
inflammaverunt Demetrium C'est bien là l'his-
toire de l'ambition humaine. Elle ne recule devant
rien pour se satisfaire, et n'hésite pas à noircir
l'innocence pour se donner des airs de dévoue-
ment près de ceux qui sont au pouvoir. Récem-
ment arrivé de Rome, Démétrius ignorait quelles
étaient les dispositions des Juifs. Il était naturel
qu'il s'en rapportât à Alcime, que sa qualité de
grand prêtre rendait vénérable entre tous. C'était
le contraire qui était la vérité, et Judas Macca-
bée fut victime de ce misérable ambitieux.
fi. 12. Nicanorem pr^epositum elephantorum.
C'est peut-être le même Nicanor (<), qui, ayant
été battu par Judas, fut obligé de se sauver seul
et déguisé à Antioche.
fi. 13. Maximi templi summum sacerdotem.
D'établir Alcime souverain pontife du très grand
temple, du temple auguste de Jérusalem. C'est
l'idée que les païens eux-mêmes en avaient. Voyez
plus bas verset 3 1.
(1) Voyez 1. Macc. 11. 42.
(2) 1. Macc. vu. 12... 19.
(5) 1. Macc. vu. 14. et Joseph. Antiq.l.xu.c. $.c/xx. c.8.
S. B. — T. XII.
(4) Kal t% yojpa,- , xal toù r.tp;[<s?ct'i{'jo<j -((•/ou; tjjjlôjv
JipovorJOïjU.
(5) 11. Macc. vin. 2$. 24. jo. 56. et 1. Macc. iv. 8... i^.
16
242
II. — MACCABÊES. — XIV. - JUDAS ET NICANOR
14. Tune gentes, quae de Judaea fugerant Judam, gre-
gatim se Nicanori miscebant miserias et clades Judaeo-
rum, prosperitates rerum suarum existimantes.
15. Audito itaque Judasi Nicanoris adventu, et conventu
nationum, conspersi terra rogabant eum qui populum
suum constituit, ut in aeternum custodiret, quique suam
portionem signis evidentibus protegit.
16. Imperante autem duce, statim inde moverunt, con-
veneruntque ad castellum Dessau.
17. Simon vero,frater Judae, commiserat cum Nicanore,
sed conterritus est repentino adventu adversariorum.
18. Nicanor tamen, audiens virtutem comitum Judae,
et animi magnitudinem, quam pro patriae certaminibus
habebant, sanguine judicium facere metuebat;
19. Quamobrem praamisit Posidonium, et Theodotium,
et Matthiam ut darent dextras atque acciperent.
20. Et cum diu de his consilium ageretur, et ipse dux
ad multitudinem retulisset, omnium una fuit sententia
amicitiis annueie.
21. Itaque diem constituerunt, qua secreto inter se
agerent ; et singulis sellas prolatae sunt, et positae.
22. Prsecepit autem Judas armatos esse locis oppor-
tunis, ne forte ab hostibus repente mali aliquid oriretur';
et congruum colloquium fecerunt.
2j. Morabatur autem Nicanor Jerosolymis, nihilque
inique agebat, gregesque turbarum, quae congregatae
fuerant, dimisit.
24. Habebat autem Judam semper carum ex animo, et
erat viro inclinatus.
25. Rogavitque eum ducere uxorem, filiosque pro-
creare. Nuptias fecit, quiète egit, communiterque vive-
bant.
14. Alors les païens, que Judas avait fait fuir de Judée
vinrent en foule se joindre à Nicanor, regardant les
misères et les pertes des Juifs comme leur prospérité
propre et le rétablissement de leurs affaires.
15. Les Juifs ayant appris l'arrivée de Nicanor, et que
cette multitude des nations s'était unie contre eux, se
couvrirent la tête de terre, et offrirent leurs prières à
Celui qui s'était choisi un peuple pour le conserver
éternellement, et qui s'était déclaré par tant de marques
éclatantes le protecteur de ce peuple qu'il avait pris
pour son partage.
t6. Aussitôt après, ils partirent du lieu où ils étaient
par l'ordre de leur général, et vinrent se rendre près
du château de Dessau.
17. Simon, frère de Judas, ayant commencé à com-
battre contre Nicanor, fut effrayé par l'arrivée imprévue
des ennemis.
18. Nicanor néanmoins, connaissant quelle était la va-
leur des gens de Judas, et la grandeur de courage avec
laquelle ils combattaient pour leur patrie, craignait de
s'exposer au hasard d'un combat sanglant.
19. C'est pourquoi il envoya en avant Posidonius,Théo-
dotius et Matthias pour donner la main et la recevoir.
20. Cette délibération ayant duré longtemps, et le
général ayant exposé lui-même la chose à toute l'armée,
tous furent d'avis d'accepter l'accord,
21. C'est pourquoi les deux généraux prirent un jour
pour en conférer entre eux en secret; et on leur porta
à chacun une chaise, où ils s'assirent.
22. Cependant Judas fit tenir des gens armés dans des
lieux avantageux, de peur que les ennemis n'entreprissent
tout d'un coup quelque chose, et la conférence qu'ils
eurent entre eux se passa comme elle le devait.
2j. Nicanor demeura ensuite à Jérusalem, où il ne fit
rien contre l'équité; et il licencia ces grandes troupes
qu'il avait levées.
24. Il aimait toujours Judas d'un amour sincère, et il
sentait une inclination particulière pour sa personne.
2i II le pria même de se marier et de songer à avoir
des enfants. Ainsi Judas se maria'; il jouit d'un grand
repos : et ils vivaient familièrement l'un et l'autre
ensemble.
^.14. Gentes quje de Jud^a fugerant Judam.
Les étrangers que Judas chassait des villes de
Judée, ainsi que les Juifs prévaricateurs qu'il
poursuivait partout.
fi. 16. Castellum Dessau. On n'en sait pas la
situation ; il n'en est pas parlé ailleurs.
). 17. Conterritus est repentino adventu
adversariorum. Le grec(i):// souffrit quelque
pelil échec, à cause de V arrivée imprévue de l'enne-
mi. D'autres traduisent : Simon fut troublé par
le silence inespéré des ennemis. Il craignit que ce
silence ne fût un stratagème, ou ne marquât quel-
que embûche qu'ils lui avaient dressée.
jL 20. Cum ipse dux ad multitudinem retulis-
set. Judas exposa les propositions que lui faisait
Nicanor, devant une assemblée du sénat et de
tout le peuple de Jérusalem.
COMMENTAIRE
fi. 21. Singulis sellée
prolat,e sunt. Le
grec (2) : On posa des chaises différentes devant
chacun d'eux. On ne faisait cet honneur de pré-
senter ces sortes de chaises, qu'à des personnes
de la première distinction.
fi. 23. Morabatur Nicanor Jerosolymis. Il
fit sa demeure dans la citadelle (2). Par les arti-
cles de la paix, Alcime ne fut pas reconnu pour
grand prêtre ; mais Nicanor confirma Judas dans
cette dignité. Voyez le verset 26. Alcime fit bien-
tôt éclater son mécontentement, et contre Nica-
nor et contre Judas.
v. 24. Habebat Judam semper carum ex animo.
Le grec (4) : // avait toujours Judas devant les
yeux. La plupart l'expliquent en bonne part (S).
Il ne pouvait vivre sans lui ; il le vovait toujours
volontiers. Mais Tirin veut que son amitié n'ait
(1) Bpa/e'ioî os Sià xrjv âiWôiov tûv xvctnxXcov âya<j:'av
ÈTtTainàj;.
(2; Ilap' l/taa'iou oia-fo'pou; ïôeuav Sfypouj.
()) 1. Macc. xn. ??•
(4) Ka't iv/i xov I'oûSav 6ta7:avî6; sv xrpoawTtp.
(5) Ita Syr. Nobil. Grot. Badvcl. ald.
II. — MACCABÉES. - XIV. - TRAHfSON DE NICANOR
U)
26. Alcimus autem, videns caritatem illorum ad invicem,
et conventiones, venit ad Demetrium, et dicebat Nica-
norem rébus alienis assentire, Judamque, regni insidia-
torem, successorem sibi destinasse.
27. Itaque rex exasperatus, et pessimis hujus crimina-
tionibus irritatus, scripsit Nicanori, dicens, graviter qui-
dem se ferre de amicitias conventione, jubere tamen
Machabasum citius vinctum mittere Antiochiam.
28. Quibus cognitis, . Nicanor consternabatur, et gra-
viter ferebat, si ea, quse convenerant, irrita faceret, nihil
Issus a viro.
29. Sed quia régi resistere non poterat, opportunitatem
observabat qua praaceptum perficeret.
jo. At Machabasus, videns secum austerius agere Nica-
norem, et consuetum occursum ferocius exhibentem,
intelligens non ex bono esse austeritatem istam, paucis
suorum congregatis, occultavit se a Nicanore.
51. Quod cum ille cognovit fortiter se a viro prasven-
tum, venit ad maximum et sanctissimum templum;et
sacerdotibus solitas hostias offerentibus, jussit sibi tradi
virum.
52. Quibus cum juramento dicentibus nescire se ubi
esset qui quasrebatur, extendens manum ad templum,
??. Juravit, dicens : Nisi Judam mihi vinctum tradi-
deriiis, istud Dei fanum in planitiem deducam, et altare
effodiam, et templum hoc Libero patri consecrabo.
?4. Et his dictis, abiit. Sacerdotes autem, protendentes
manus in caslum, invocabant eum qui semper propu-
gnator esset gentis ipsorum, hase dicentes :
!Ç. Tu, Domine universorum, qui nullius indiges, vo-
luisti templum habitationis tuas fieri in nobis;
?6. Et nunc, Sancte sanctorum omnium Domine, con-
serva in asternum impollutam domum istam, quas nuper
mundata est.
26. Mais Alcime, voyant l'amitié et la bonne intelligence
qui était entre eux, vint trouver Démétrius, et lui dit que
Nicasor favorisait les intérêts de ses ennemis, et qu'il
lui avait destiné pour successeur Judas, qui aspirait à
son royaume.
27. Alors le roi étant fort aigri et irrité par les ca-
lomnies détestables de ce méchant homme, écrivit à
Nicanor qu'il trouvait fort mauvais qu'il eût fait ainsi
amitié avec Maccabée, et que néanmoins il lui comman-
dait de l'envoyer au plus tôt lié et garrotté à Antioche.
28. Nicanor ayant reçu cette nouvelle, en fut cons-
terné, et il souffrait une grande peine de violer l'accord
qu'il avait fait avec Maccabée, qui ne l'avait offensé en
aucune sorte.
29. Mais parce qu'il ne pouvait résister au roi, il cher-
chait une occasion favorable pour exécuter l'ordre qu'il
avait reçu.
;o. Cependant Maccabée s'étant aperçu que Nicanor
le traitait plus durement qu'à l'ordinaire, et que lors-
qu'ils s'abordaient, il lui paraissait plus fier qu'il n'avait
coutume, jugea bien que cette fierté ne pouvait avoir
une bonne cause : c'est pourquoi ayant assemblé près
de lui quelques-uns de ses gens, il se déroba à Nicanor.
ji. Lorsque Nicanor eut su que Judas avait eu l'habi-
leté de le prévenir, il vint au très auguste et très saint
temple; et les prêtres offrant les victimes ordinaires, il
leur commanda de lui remettre Maccabée entre les mains.
;2. Mais ces prêtres l'ayant assuré avec serment, qu'ils
ne savaient où était celui qu'il cherchait, il étendit la
main vers le temple,
j). Et jura, en disant : Si vous ne me remettez Judas
lié entre les mains, je raserai jusqu'à terre ce temple de
Dieu ; je renverserai cet autel, et je consacrerai ce tem-
ple au père Bacchus.
54. Après avoir parlé de la sorte, il s'en alla. Or, les
prêtres, étendant leurs mains vers le ciel, invoquaient
Celui qui s'était toujours déclaré le protecteur de leur
nation, en disant :
;$. Seigneur de tout l'univers, qui n'avez besoin d'au-
cune chose ; vous avez voulu qu'on bâtit un temple où
vous demeurassiez au milieu de nous.
jt>. Maintenant donc, ô Saint des saints, ô Seigneur de
toutes choses I exemptez pour jamais de profanation
cette maison qui vient d'être purifiée.
COMMENTAIRE
été que feinte et apparente ; Diligebal fade
tenus.
f. 26. Judamque regni insidiatorem succes-
sorem sibi destinasse. Qu'il lui avait destiné pour
successeur Judas, ou plutôt que Nicanor avait éta-
bli Judas grand prêtre, en la place de lui Alcime.
C'est le vrai sens du texte (2). Le syriaque le
prend autrement : Nicanor a choisi Judas pour
son ami, au préjudice des intérêts du roi.
f. 30. Paucis suorum congregatis occulta-
vit se. Le grec (3), et le syriaque lisent au con-
traire, qu'il assembla un nombre considérable de
ses gens, et qu'il se retira avec eux ; et on voit
dans le premier livre des Maccabées (4), que
Nicanor l'ayant été attaquer, fut obligé de se re-
tirer à Jérusalem, après avoir perdu cinq mille
hommes.
f. 32. Extendens manum ad templum, juravit.
Nicanor étend la main versle temple du Seigneur,
pour le menacer qu'il le rasera jusqu'au niveau
du sol : et les prêtres étendent aussi leurs mains
vers le ciel, mais pour invoquer contre Nicanor
le bras tout-puissant du Maître suprême de ce
saint temple, contre qui il blasphémait. Qui l'em-
portera, de ce général qui s'élève insolemment
à la vue des troupes dont il dispose, ou de ces prê-
tres qui s'humilient profondément à la vue de
leur faiblesse ? Ce sera sans doute l'humilité qui
triomphera de l'orgueil, selon cet oracle de Jésus-
Christ, que celui qui s'élève sera humilié, et que
(1) Tov y*? érctéouXov *î\i PasiXa'aç I'oôSav 8iiooj(ov
«vaoc'Biiysv £auToO.
(2) Suat^aç où* ôXiyou; tâiv Jttpl lautôv auvs<pôîU5t<?
tàv Ntxâvopa.
(j) 1. Macc. XII. 27... ?t.
244
II. -• MACCABEES. — XIV. - RAZIAS
57. Razias autem quidam de senioribus ab Jerosolymis
delatus est Nicanori, vir amator civitatis, et bene audiens,
qui pro aifectu pater Judaeorum appellabatur.
;8. Hic multis temporibus continentias propositum
tenuit in judaismo, corpusque et animam tradere con-
tentus pro perseverantia.
59. Volens autem Nicanor manifestare odium quod
habebat in Judabos, misit milites quingentos, ut eum
comprehenderent;
40. Putabatenim, si illum decepisset, se cladem Judaeis
maximam illaturum.
41. Turbis autem irruere in domum ejus, et januam
disrumpere, atque ignem admovere cupientibus, cum
jam comprehenderetur, gladio se petiit,
?7. On accusa alors auprès de Nicanor un des anciens
de Jérusalem, nommé Razias, homme zélé pour la ville,
qui était en grande réputation, et qu'on appelait le père
des Juifs, à cause de l'affection qu'il leur portait.
38. Il menait depuis longtemps dans le judaïsme une
vie très pure, et éloignée de toutes les souillures du
paganisme ; et il était prêt à abandonner son corps et sa
vie pour y persévérer jusqu'à la fin.
39. Nicanor voulant donc donner une marque publique
de la haine qu'il avait contre les Juifs, envoya cinq cents
soldats pour le prendre ;
40. Car il croyait que, s'il séduisait cet homme, il fe-
rait aux Juifs un grand mal.
41. Lors donc que ces troupes s'efforçaient d'entrer
dans sa maison, d'en rompre les portes, et d'y mettre le
feu, comme il se vit sur le point d'être pris, il se donna
un coup d'épée,
COMMENTAIRE
celui qui s'humilie sera élevé. Ce sera l'ardente
prière des saints ministres du Dieu d'Israël, qui
humiliera la fierté, et qui rendra inutiles toutes
les menaces de leur ennemi.
Mais que cette prière qu'ils lui adressent dans
un péril si pressant, est admirable et digne d'être
exaucée! Ils le reconnaissent pour le Seigneur de
tout V univers, et, par conséquent, pour le Maître
souverain de tous les princes, qu'ils regardent
comme lui étant nécessairement assujettis. Ils
confessent humblement que, n'ayant besoin d'au-
cune chose, s'il a voulu qu'on lui élevât un temple,
c'a été pour l'amour d'eux-mêmes, et pour de-
meurer au milieu d'eux, comme au milieu de son
peuple, qu'il avait choisi entre toutes les nations
par un pur effet de sa bonté, pour le consacrer à
son service, et pour se rendre son protecteur. Ils
l'appellent le Saint des saints, et ils le conjurent,
par cette considération, de conserver sa maison
dans la pureté, sans permettre que des impies et
des profanes lui impriment quelque tache, et la
souillent de leurs abominations.
Ce que ces prêtres disaient alors avec tant
d'humilité et de foi au sujet de ce temple maté-
riel de Jérusalem, nous devrions tous le dire avec
encore plus d'ardeur et plus de' reconnaissance
sur ce qui regarde la sainteté de l'Eglise et la
pureté des temples vivants du Saint-Esprit, nos
âmes rachetées et sanctifiées par le sang cje
Jésus-Christ. La structure toute divine de cette
Église et de ces temples n'a point été un ouvrage
delà main des hommes, comme celui de Jérusa-
lem, mais de la toute-puissance de Dieu : Dei
œdijicalio eslis : Vous des, disait autrefois saint
Paul aux fidèles, l'édifice que Dieu bâtit : Vous
êtes, leur disait encore le même Apôtre (1), te
temple de Dieu, et l'Esprit de Dieu habile en vous.
Si quelqu'un profane le temple de Dieu, Dieu le
perdra : carie temple de Dieu est saint, et c'est vous-
mcmes qui êtes ce temple. Le démon menace tous
les jours de profaner et de détruire ce temple du
cœur des fidèles consacrés à Dieu : il étend sa
main contre ce lieu saint, sanctifié par l'onction
du baptême. Que pouvons-nous faire pour rendre
vains tous ces efforts et toutes ces menaces de
notre ennemi ? Ce que firent les prêtres de Jéru-
salem pour humilier l'insolence de Nicanor : II
faut élever nos mains vers le ciel par la prière, et
humilier dans le même temps nos cœurs : il faut
reconnaître par le sentiment d'une foi vive, que
notre divin Protecteur est infiniment plus puis-
sant que notre ennemi : il faut confesser avec
une profonde humilité, que le Seigneur n'a aucun
besoin de nous, et que c'est par un excès de
bonté, qu'il a bien voulu nous rendre son temple,
et demeurer au milieu de nous : il faut aimer sa
sainteté souveraine, et lui demander très instam-
ment, qu'ayant été purifiés et rendus saints pour
être son temple, il nous conserve toujours sans
tache, et ne souffre pas que sa maison soit pro-
fanée.
f. 37. Razias autem.. delatus est Nicanori.
On ne put accuser ce vertueux vieillard, que d'un
trop grand attachement aux lois de son pays.
On le représenta aussi apparemment, comme par-
tisan de Judas, et comme contraire au gouverne-
ment royal.
jfr. 38. CONTINENTI/E PROPOSITUM TENUIT IN Ju-
daismo. Le grec porte (2) : Dans les temps de
confusion qui avaient précédé, il s'était montré fer-
mement attaché au judaïsme, et avait voué son corps
et son âme, avec une entière constance pour la re-
ligion judaïque. Il avait peut-être été accusé et
condamné, comme observateur zélé de sa reli-
(1) 1. Cor. m. 9. 16. 17.
(2) H*v yàp êv totç 6u.Kpoo0tv /pôvot; xrti âjiiÇi'aç y.pi'oiv
étacvrjvEYpivoç I'ouSataaou.
II. — MACCABÉES. — XIV. - SA MORT
M)
4:. Eligens nobiliter mori potius quam subditus fieri
peccatoribus, et contra natales suos indignis injuriis agi.
4j. Sed, cum per festinationem non certo ictu plagam
dedisset, et turbae intra ostia irrumperent, recurrens
audacter ad murum, praecipitavit semetipsum viriliter in
turbas;
42. Aimant mieux mourir noblement, que de se voir
assujetti aux pécheurs, et de souffrir des outrages indi-
gnes de sa naissance.
4?. Mais parce que, dans !a précipitation où il était, il
ne s'était pas donné un coup mortel, lorsqu'il vit tous ces
soldats entrer en foule dans sa maison, il courut avec une
fermeté extraordinaire à la muraille, et se précipita lui-
même courageusement du haut en bas sur le peuple.
COMMENTAIRE
gion. Selon le syriaque, il avait déjà été appelé
en jugement, comme empêchant qu'on ne commît
l'idolâtrie dans Israël.
,v. 42. Eligens nobiliter mori potius, quam
subditus fieri peccatoribus. L'action de Razias
regardée, selon le sentiment que les païens
avaient de la générosité, de la grandeur d'âme,
du mépris de la mort, de l'amour de la liberté,
est au-dessus de toutes louanges, et constitue le
véritable héroïsme. Les Grecs et les Romains,
aux plus beaux jours de leur histoire, n'auraient
point agi autrement. Les Juifs mettent ce grand
homme, au nombre de leurs plus illustres mar-
tyrs ; et prétendent faire voir par son exemple,
par celui de Saùl, et par Samson, qu'il est de
certains cas, où le meurtre volontaire de soi-
même, est non seulement permis, mais même
louable et méritoire. Ces cas sont produits par la
juste défiance de ses propres forces, et la crainte
de succomber à la violence de la persécution, ou
à la rigueur des tourments. Lorsqu'on prévoit que,
si l'on tombe en vie entre les mains des ennemis,
ils en prendront occasion d'insulter au Seigneur,
de blasphémer son nom, de l'accuser d'indiffé-
rence ou d'impuissance ; alors, disent ces docteurs,
on peut se tuer soi-même, pour éviter un plus
grand mal, et pour empêcher que le nom de Dieu
ne soit déshonoré.
Mais le christianisme nous fournit des règles
plus sûres, et des principes plus autorisés, pour
juger de l'action de Razias. Nous savons qu'il
n'est pas permis de faire un mal, pour qu'il en
arrive un bien (1), ni de commettre le crime, pour
empêcher que les autres ne le commettent. S'il
eût été permis de se donner la mort, pour éviter
le danger de chanceler dans la confession, ou de
renoncer à la foi devant ses persécuteurs, et en
souffrant les plus affreux tourments, combien de
martyrs ne l'auraient-ils pas fait ? Et si, sous le
spécieux prétexte de prévenir les blasphèmes et
profanations du nom de Dieu, de la part des in-
fidèles, ils eussent cru qu'on pouvait se tirer de
leurs mains, par un trépas volontaire : combien
en aurions-nous d'exemples dans l'histoire r lis
étaient donc persuadés que, dans la persécution,
il n'y a point d'autre parti à prendre à un chré-
tien, que la patience et l'humilité, la résistance
ou la fuite. C'est ainsi que les sept frères Mac-
cabées et leur admirable mère, comme le vieillard
Eléazar, en ont agi en^ présence du roi persécu-
teur ; c'est ainsi que Jésus-Christ, que les apô-
tres, et que les martyrs se sont conduits.
Les Circoncellions, célèbres autrefois dans
l'Afrique, avaient la fureur de se faire mourir,
sous le faux prétexte de procurer la gloire de
Dieu; ils se précipitaient en bas des rochers, ils
se jetaient dans les flammes, ils se plongeaient
dans les eaux ; en un mot, ils se faisaient mourir
en mille manières cruelles. Saint Augustin em-
ploya toute la force de son raisonnement et de
son éloquence, pour arrêter cette manie. Ces
êtres furieux ne pouvant résister à la force des
raisons tirées de la loi de Dieu, qui défend si
expressément le meurtre, se servaient de l'exem-
ple de Razias, pour autoriser leurs crimes; mais
saint Augustin les força dans ce retranchement ;
il prétendit que l'action de cet homme n'était pas
capable de les mettre à couvert. Il soutint que
l'Écriture ne s'étant point exprimée sur la qualité
de cette action, mais l'ayant simplement exposée
à nos yeux, c'est à nous à en juger, suivant les
règles de la vérité renfermées dans les mêmes
livres, qui nous rapportent cet exemple (2) ;
Quamvis hofno isle Radias, fueril laudatus, faclum
narration est, non laudalum, et judicandum potius
quam imilandum, quasi ante oculos constilutum,
non sane nostro judicio judicandum, quod nos ut
homines habere possemus, sed judicio doctrinœso-
briœ, quœ in ipsis quoque iibris veteribus clara est.
Le même père avoue ailleurs que l'Écriture
donne quelques louanges à Razias; mais de quoi
le loue-t-elle ? d'avoir aimé sa patrie, d'avoir été
attaché au judaïsme, d'avoir été regardé comme
le père des Juifs, de s'être précipité généreuse-
ment ; enfin, d'avoir invoqué, en mourant, le sou-
verain Dominateur de la vie et de l'âme. Mais
tout cela suffit-il pour justifier une action notoi-
rement contraire à la loi de Dieu r Ne peut-on
pas trouver la même énergie dans un méchant ?
n'en voit-on pas qui ont de la générosité, de la
force, de l'humanité, du zèle pour des pratiques
extérieures ï Ces vertus toutes humaines ne prou-
(1) Rom. m. 8.
(2) Aug. Epist. lxi. Vet. Edit. num. cciv. in Nov. cdit
Ut
II. — MACCABÉES. — XIV. - OPINION DE SAINT AUCUSTIN
vent pas à la rigueur, que Razias nous ait donné
dans sa mort un exemple à imiter. Quand ce
serait une action louable à un chrétien, si Ra-
zias n'est ni juste, ni innocent, pourquoi veut-on
l'imiter, dit saint Augustin, et s'il est juste et
innocent, pourquoi se tue-t-il soi-même ( i) ? Saint
Augustin pourrait paraître excessif dans son juge-
ment, si les raisons qu'il donne et sa haute sain-
teté ne le mettaient au-dessus d'un critique vul-
gaire. Il nous avertit d'abord (2) que l'histoire
des Maccabées n'a pas été reçue inutilement par
l'Église, surtout à cause de ces grands saints qui
souffrirent de si horribles persécutions pour la loi
de Dieu comme de véritables martyrs; pourvu,
dit-il, qu'on la lise avec précaution, et qu'on l'en-
tende comme on doit l'entendre : Scriplura quœ
appellalur Machabœorum recepla est ab Ecclesia
non inulilitersi sobrie legalur vel audiatur, maxime
propler illos Machabœos qui pro Dei lege, sicut
veri martyres, a persecutoribus iam indigna alque
horrenda perpessi sunt. Le grand évêque a fait
cette remarque à cause de la mort si surprenante
de Razias. Il tient à prémunir les fidèles contre
un enthousiasme pernicieux.
Il cite d'abord saint Cyprien, pour faire voir
que ceux qui, du temps des persécutions, préve-
naient l'arrêt des persécuteurs, et se jetaient dans
les flammes sans avoir été condamnés, ne le fai-
saient point par un esprit de sagesse, mais par
une folie pleine de fureur : Non est hoc consdium,
sed fur or : non est sapieniia, sed amentia. Il dit
que, quand le saint homme Job était tout couvert
depuis la tête jusqu'aux pieds d'une pourriture
effroyable, et qu'il se sentait déchiré dans tout le
corps par les plus horribles douleurs, il aurait pu
se délivrer tout d'un coup d'une vie insupportable,
s'il l'avait voulu; mais qu'il n'y songea même
point, parce que la justice ne le lui permettait pas.
(( Mais on nous objecte, ajoute le saint doc-
teur, l'autorité des Écritures, qui ont donné des
louanges à Razias. Considérons donc comment il
est loué : Parce qu'il aimait sa ville, dit l'Écri-
ture. Mais il a pu le faire charnellement en
aimant la Jérusalem terrestre qui est esclave avec
ses enfants, et non celle qui est d'en-haut, qui
est libre, et notre vraie mère. Il a été loué comme
s'élant conservé pur dans le judaïsme, mais c'est
ce que l'Apôtre a regardé comme une déchéance,
en comparaison de la justice chrétienne (3). Il
était loué, parce que tous le nommaient le père
des Juifs : mais qu'y a-t-il d'étonnant si, étant
homme, il s'est élevé et flatté en lui-même sur ce
sujet, et si, au milieu de cette gloire dont il jouis-
sait parmi ses concitoyens, il a mieux aimé se
tuer de sa propre main, que de tomber dans une
honnête servitude entre les mains de ses enne-
mis ? Razias était très éloigné de la disposition
que nous marque le Saint-Esprit par ces pa-
roles (4) : Accepte^ tout ce qui vous arrivera : sou-
tenez-vous dans votre douleur, et conserve^ la
patience dans votre humiliation. Il fit paraître, non
sa sagesse à choisir ce genre de mort volontaire,
mais son impatience à ne pouvoir souffrir l'humi-
liation qui lui arrivait.
11 est encore marqué qu'il voulut mourir noble-
ment et courageusement : mais s'ensuit-il, pour
cela, qu'il l'ait fait sagement? Cette noblesse con-
sistait en ce qu'il ne voulait pas perdre la liberté
de sa naissance, en tombant captif entre les mains
de ses ennemis; et son courage, en ce qu'il eut
une si grande force d'âme, que, n'ayant pu se
donner un coup mortel avec son épée, il alla se
précipiter du haut du mur, courut ensuite, lors-
qu'il perdait tout son sang, monta sur une pierre
escarpée, et tirant ses entrailles hors de son
corps, il les jeta avec ses deux mains sur le
peuple. Ces choses sont grandes, ajoute saint
Augustin, mais elles ne sont pas bonnes : car il
ne s'en suit pas que tout ce qui est grand soit
bon; puisqu'il y a aussi de grands maux.
Ainsi nous ne devons pas approuver légère-
ment tout ce que les Écritures nous apprennent
qu'ont fait des personnes qui sont louées par le
témoignage de Dieu même : mais il faut l'exami-
ner avec un sage discernement, non en suivant
la lumière de notre propre autorité, mais celle
même des divines Écritures. De quelque manière
donc qu'on veuille entendre les louanges qui sont
données en ce lieu à la vie de Razias, sa mort ne
peut être louée par la Sagesse, puisqu'elle n'est
point accompagnée de la patience qui convient
aux vrais serviteurs de Dieu : et c'est à lui qu'on
doit appliquer plutôt cette parole de la Sagesse
même qui ne tend pas à louer sa mort, mais à la
la faire détester : Malheur à ceux qui ont perdu la
patience (<;).
« Car quanta ce qui est dit, qu'étant tout près
de mourir, il invoqua le Dominateur de la vie et
de l'âme, afin qu'il les lui rendît un jour : ce qu'il
demanda alors n'est point une chose qui puisse
faire discerner les bons d'avec les méchants :
puisque Dieu rendra et la vie et l'âme aux mé-
chants mêmes, en les faisant ressusciter, non
pour la vie éternelle, mais pour la condamnation
(1) Aug. Ep. cciv. Si iste innocens et jnstus non fuit,
cur proponitur imitandus '< Si autem innocens et justus
fuit, quare interfector innocentis et justi, id est ipsius
Razii, insuper putatur esse laudandus ?
(2) August. corira Gaudcnl. lib. 1. c. jo. 51. jj-
(j) Plulipp. m. 7. - August' ep. lxi.
(4) Eccli. 11. 4.
{}) Eccli. 1. 16.
II. — MACCABÉES.
XIV.- OPINION DE SAINT AUGUSTIN
247
éternelle. Reconnaissons donc que l'Écriture
nous a plutôt raconté la mort de Razias comme
un événement qui pouvait nous étonner, qu'elle
ne nous l'a proposée comme un exemple louable
de sagesse qu'on pût imiter : Istam ejus mortem
mirabiliorem quant prude nliorem narravit, quem-
admodum facla esset, non ianquam facienda esset,
Scriplura laudavit. Ainsi, quand il est marqué
qu'il choisit de mourir noblement, il faut entendre
qu'il aurait fait un meilleur choix de mourir plus
humblement, parce qu'il l'eût fait utilement;
et les histoires profanes ont coutume de se servir
de ces sortes d'expressions pour louer, non les
martyrs de Jésus-Christ, mais les héros de ce
siècle : Dictant est quod elegerit nobiliter mori :
melius vellet humilité r ; sic enim utililer. Illis aulem
verbis hisloria genlium laudare consuevil, sedviros
fortes hujus sœculi, non martyres Chrisli. »
Saint Augustin nous fait remarquer néanmoins,
que cet exemple de Razias ne laisse pas de pou-
voir nous être utile, pour nous apprendre ce
qu'un chrétien est obligé de souffrir de ses enne-
mis en toute charité, puisque ce Juif a tant souf-
fert de lui-même par la crainte seule d'une humi-
liation humaine. Mais cette ardeur de la charité,
dit le grand évêque d'Hippone, descend d'en
haut, c'est en effet de la grâce de notre Dieu;
au lieu que la crainte d'une humiliation tempo-
relle naît de l'amour-propre, et du désir de la
louange des hommes. Aussi un chétien combat
et est victorieux par la force de sa patience : au
lieu que ce Juif pécha, et fut vaincu par son
impatience. <> Qu'aurait donc dû faire alors Ra-
zias, ajoute le même saint ? Ce que nous lisons
dans le même livre de l'Écriture, que firent les
sept frères Maccabées. Étant pris, il aurait dû
demeurer inviolablement attaché à la loi sainte
du Seigneur : accepter tout ce qu'il lui serait
arrivé; se soutenir humblement dans sa douleur,
et conserver la patience dans son humiliation.
N'ayant donc pu supporter la confusion de tomber
entre les mains de ses ennemis, il a donné un
exemple non de sagesse, mais de folie, et un
exemple qui ne peut être imité par les martyrs de
Jésus-Christ. »
Saint Thomas (1), et quelques autres commen-
tateurs,historiens, théologiens ou philosophes ont
suivi saint Augustin (2) et ont assez témoigné
que l'action de Razias n'était nullement louable
en elle-même, et qu'il aurait mieux valu qu'il fit
paraître de l'humilité et de la patience, que de
l'emportement et de la grandeur d'âme dans cette
occasion. A défaut d'une mort violente, il pou-
vait, par la grandeur de son courage et l'intré-
pidité de sa foi, taire trembler sur leur tribunal
ceux qui opprimaient sa nation. Sa mort les débar-
rassa d'une victime gênante.
Mais quelques théologiens modernes (3), ont
cru trouver dans les principes mêmes de saint
Augustin, et dans les exemples de nos martys,
et de quelques saints de l'Ancien Testament, de
quoi justifier Razias. Ils supposent que cet
homme n'agit en ceci que par une inspiration
particulière de Dieu; après cela, il ne leur est pas
difficile de prouver que son action n'a rien d'irré-
gulier, ni de contraire à la justice et à la raison.
Toute la difficulté consiste à prouver cette ins
piration; car il ne suffit point de se donner pour
inspiré, de le croire même intérieurement, si on
n'a de bonnes et solides preuves, qui nous
en convainquent, et qui puissent le persuader aux
autres. L'Écriture signale la piété de Razias, sa
prudence, son zèle pour la loi, sa fermeté dans
la persécution, la prière qu'il fait à Dieu en mou-
rant, sa ferme espérance de la résurrection fu-
ture; enfin la bonté de sa cause, qui n'est autre
que celle de la religion, et de la conservation des
lois de son Dieu. Est-il croyable que, dans une
semblable occasion, Dieu ait voulu refuser son
secours à son serviteur, à son soldat r et n'est-il
pas bien plus juste de croire, qu'il lui inspira le
dessein de se donner la mort, comme quelque
chose d'extraordinaire et de nouveau, dans la vue
de frapper d'étonnement son persécuteur ; au lieu
de lui donner la patience et l'humilité, qui sont
des voies plus ordinaires, et des vertus plus con-
nues? On ajoute à tout cela l'exemple de Sam-
son, loué par l'Écriture, et celui de quelques
vierges chrétiennes, qui, pour éviter la souillure
de leurs corps, se jetèrent dans une rivière, où
elles se noyèrent. Saint Augustin (4), lui-même,
convient que Samson, et que ces saintes vierges,
ont pu s'exposer au danger certain de la mort,
par un mouvement particulier de Dieu; et pour-
quoi n'en dira-t-on pas autant de Razias. Le mé-
pris qu'il fait de la mort et de la souffrance a
néanmoins son mérite. Il montrait à l'ennemi que
rien ne saurait abattre l'énergie des Juifs, et aux
Juifs qu'il fallait s'élever au-dessus de tout pour
soutenir la religion. A ce double point de vue,
l'action de Razias n'est pas le fait d'un déses-
péré, mais l'acte réfléchi d'un homme qui fait de
sa vie un sacrifice au Seigneur. Nous n'osons donc
le condamner ni l'absoudre, nous nous contentons
d'admirer son héroïque courage.
(i) D. Thom. 11. 2. q. 64. art. 5. ad 5. Esti. Sacr. Natal.
Alex. hist. Eccl. V. T. tom. u.Macc.
(2) Aug. contra Epist. Gaudent. I. 1. c. ji.
(j) vidi Lyran. hic. Serar. Francise. Victoria rclect/one
de Homicidio. Tir in.
(4) Aug. loc. cit. contra Gaudent. et de civit. lib 1. c. 21.
248 II. — MACCABÉES. — XIV. - EFFROYABLE SPECTACLE
44. Quibus velociter locum dantibus casui ejus, venit 44. Et tous s'étant retirés promptement pour n'être
per mediam cervicem. pas accablés de sa chute, il tomba la tète la première.
45. Et cum adhuc spiraret, accensus animo, surrexit ; 4^. Lorsqu'il respirait encore, il fit un nouvel effort, et
et cum sanguis ejus magno fluxu deflueret, et gravissi- se releva ; et des ruisseaux de sang lui coulant de tous
mis vulneribus esset saucius, cursu turbam pertransiit ; côtés, à cause des grandes plaies qu'il s'était faites, il
passa en courant au travers du peuple ;
46. Et stans supra quamdam petram prœruptam, et 46. Et étant monté sur une pierre escarpée, lorsqu'il
jam exsanguis elTectus, complexusintestina sua, utrisque avait presque perdu tout son sang, il tira ses entrailles
manibus projecit super turbas, invocans dominatorem hors de son corps, et les jeta avec ses deux mains sur le
vit» ac spiritus, ut hsec i!li iterum redderet ; atque ita peuple, invoquant le Dominateur de la vie et de l'âme,
vita defunctus est. afin qu'il les lui rendît un jour : et il mourut de la sorte.
COMMENTAIRE
f. 44. Venit per mediam cervicem. Le grec (i): tomba dans la rue, au milieu de la foule, qui avait
// tomba sur le milieu du ventre : ce qui fut cause fait place ; le terme grec signifie le ventre, où un
qu'il ne fut pas tué de sa chute ; autrement (2), il lieu où il n'y a point d'édifice.
(1) II'XOe /.arà piaov tôv /svswva. Edit. Rom. /sveojv hic non est venter, sed locus ab aedificiis vacuus,
(2) Alice Edit. ID.0; zatà jji^aov et; xov xewûva. Grot. quomodo et apud Nonnum sumilur.
CHAPITRE XV
Nicanor veut attaquer les Juifs. Il blasphème contre le Seigneur. Judas exhorte les siens :
il leur rapporte une vision qu'il a eue. Il défait l'armée de Nicanor. Nicanor est
trouvé tué sur le champ de bataille; sa tête et sa main sont suspendues à la vue de
tous. Actions de grâces rendues, et fête instituée en mémoire de cette victoire.
1. Nicanor autem, ut compcrit Judain esse in locis
Samariœ, cogilavit cum omni impetu die sabbati com-
mittere bellum.
2. Judœis vero, qui illum per necessitatem sequeban-
tur, dicentibus : Ne ita ferociter et barbare feceris, sed
honorem tribue diei sanctificationis, et honora eum qui
universa conspicit,
;. llle infelix interrogavit si est potens in casIo, qui
imperavit agi diem sabbatorum.
4. Et respondentibus illis: Est Dominus vivus ipse in
caslo potens, qui jussit agi septimam diem ;
S- At ille ait: Et ego potens sum super terram, qui im-
pero sumi arma, et negotia régis impleri. Tamen non
obtinuit ut consilium perficeret.
6. Et Nicanor quidem cum summa superbia erectus,
cogitaverat commune tropheeum statuere de Juda.
7. Machabœus autem semper confidebat cum omni spe
auxilium sibi a Deo alfuturum.
8. Et hortabatur suos ne formidarent ad adventum na-
tionum, sed in mente haberent adjutoria sibi facta de
cœlo, et nunc sperarent ab Omnipotente sibi alîuturam
victoriam.
r. Or, Nicanor ayant appris que Judas était sur les
terres de Samarie, résolut de l'attaquer avec toutes ses
forces le jour du sabbat.
2. Et lorsque les Juifs, qui étaient contraints de le sui-
vre, lui dirent : N'agissez pas si fièrement, ni d'une ma-
nière si barbare, mais rendez honneur à la sainteté de ce
jour, et révérez Celui qui voit toutes choses ;
;. Ce malheureux leur demanda s'il y avait dans le ciel
un Dieu puissant, qui eût commandé de célébrer le jour
du sabbat.
4. Ils lui répondirent : C'est le Dieu vivant et le puis-
sant Maître du ciel, qui a commandé qu'on honorât le
septième jour ;
<,. Il leur dit : Je suis aussi moi-même puissant sur la
terre ; et je vous commande de prendre les armes, pour
obéir aux ordres du roi. Il ne put pas néanmoins exécu-
ter ce qu'il avait résolu ;
6. Car Nicanor, dans le comble d'orgueil où il était,
avait dessein d'élever un même trophée de Judas et de
tous ses gens.
7. Mais Maccabée espérait toujours avec une entière
confiance, que Dieu ne manquerait point de lui envoyer
son secours.
8. Et il exhortait ses gens à ne point craindre l'abord
de ces nations, mais à repasser dans leur esprit les
assistances qu'ils avaient reçues du ciel, et à espérer en-
core présentement que le Tout-Puissant leur donnerait
la victoire.
COMMENTAIRE
f. 1. In locis samarie. Judas était campé à
Adarsa, dans la tribu d'Éphraïm (1), à trente
stades de l'ennemi, n'ayant quetrois mille hommes
avec lui. Nicanor établit son camp à Béthoron, et
ce fut près de là que s'engagea la bataille. L'arabe
dit que Judas se retira à Sébaste, ou autrement
Samarie.
f. 2. JUD/EIS QUI ILLUM PER NECESSITATEM SEQUE-
BANTUR, DICENTIBUS... HONOREM TRIBUE DIEI
sanctificationis. Nicanor s'iimginait que les
Juifs de Judas Maccabée refuseraient de com-
battre le jour du sabbat, ou du moins, qu'il
pourrait les surprendre ce jour-là, qui est pour eux
un jour de repos (2). Il donna ses ordres en con-
séquence ; mais comme il y avait dans son armée
un certain nombre de Juifs, qui le suivaient comme
troupes auxiliaires, et qu'on contraignait à porter
les armes contre leurs frères; ces troupes repré-
sentèrent à Nicanor, que la loi leur défendait toute
action laborieuse au jour du sabbat, et le prièrent
d'avoir égard à la sainteté de ce jour. Nicanor n'y
répondit que par des blasphèmes.
jh 5. Ego potens sum super terram, qui
impero sumi arma. Si Celui qui vous ordonne de
ne pas travailler le jour du sabbat, est tout puis-
sant dans le ciel ; je suis moi-même revêtu d'au-
torité sur la terre, et je puis vous faire des
commandements contraires aux siens. Présomption
aveugle et impie, qui fait que l'homme superbe
s'égale à Dieu, et veut même s'élever en quelque
sorte au-dessus de lui.
;v. 6. Commune troph/eum statuere de Juda.
Les trophées étaient des monuments qu'on éri-
geait au lieu où l'on avait gagné quelque victoire.
[!) 1. Macc. vin. 40.
(2) Vide ad 1. Macc. 11. j6.
250
II.— MACCABÉES. — XV. - VISION DE JUDAS
9. Et allocutus eos de lege et prophetis, admonens
etiam certamina quae fecerant prius, promptioivs cons-
tituit eos.
10. Et ita animis eorum erectis, simul ostendebat gen-
tium fallaciam, et juramentorum prasvaricationem.
11. Singulos autem illorum armavit, non clypei et
hastœ munitione, sed sermonibus optimis, et exhortatio-
nibus, exposito digno fide somnio, per quod universos
laetificavit.
12. Erat autem huiuscemodi visus : Oniam, qui fuerat
summussacerdos, virum bonum et benignum, verecundum
visu, modestum moribus, et eloquio décorum, et qui a
puero in virtutibus exercitatus sit, manus proter.dentem,
orare pro omni populo Judaeorum ;
i). Post hoc apparuisse et alium virum astate et gloria
mirabilem, et magni decoris habitudine. circa illum.
14. Respondentem vero Oniam dixisse : Hic est fra-
trum amator, et populi Israël ; hic est qui multum orat
pro populo et universa sancta civitate, Jeremias, pro-
pheta Dei ;
9. Leur ayant aussi donné des instructions tirées de la
loi et des prophètes, et les ayant fait ressouvenir des
combats qu'ils avaient auparavant soutenus, il leur inspira
une nouvelle ardeur.
10. Après avoir relevé ainsi leur courage, il leur re-
présenta en même temps la perfidie des nations, et la ma-
nière dont elles avaient violé leur serment.
1 1. Il les arma donc tous, non de boucliers et de dards,
mais par des paroles et des exhortations excellentes ; et
leur rapporta une vision très digne de foi qu'il avait eue
en songe, et qui les combla tous de joie.
12. Voici quelle fut cette vision: il lui sembla qu'il
voyait Onias, qui avait été grand prêtre, étendre ses
mains, et prier pour tout le peuple juif, Onias, homme
vraiment bon et plein de douceur, modeste dans son vi-
sage, modéré et réglé dans ses mœurs, éloquent en ses
discours, exercé dès son enfoncée toutes sortes de vertus;
ij. Qu'ensuite avait paru un autre homme vénérable
par son âge, éclatant de gloire, et environné d'une grande
majesté ;
14. Et qu'Onias avait dit en le montrant : C'est là le
véritable ami de ses frères et du peuple d'Israël ; c'est
là Jérémie le prophète de Dieu, qui prie beaucoup pour
ce peuple, et pour toute la ville sainte ;
COMMENTAIRE
Ordinairement c'était un tronc d'arbre ébranché
auquel on suspendait les armes de l'ennemi. Le
grec à la lettre (1) : // résolut d'ériger un trophée
commun de tous cevx qui étaient avec Judas. Le
syriaque s'éloigne assez de ce sens : Nicanor
ayant appris que l'armée de Judas s'était rassem-
blée en un seul lieu, prête à combattre, se fortifia
extrêmement.
}. 10. Ostendebat gentium fallaciam, et
juramentorum prœvaricationem. 1 1 s en avaient
un exemple tout récent, dans la conduite
d'Antiochus Eupator, qui, après avoir été reçu
dans Jérusalem, fit abattre les murailles de Sion (2).
Ils se souvenaient de la perfidie des habitants de
Joppé (3) ; ils avaient devant les yeux la malice
d'Apollonius, qui profita du jour du sabbat, pour
tailler en pièces le peuple qui était venu à la
fête (4).
f. 11. Exposito digno fide somnio. Judas
comprit parfaitement que cette vision n'était point
du nombre des songes vains, qui ne signifient rien.
Il ne craignit point d'en faire le récit à ses troupes
et de leur exposer les raisons qu'il avait de croire
qu'il était divin et significatif.
f. 12. Oniam qui fuerat summus sacerdos,
orare pro omni populo. Il s'agit ici d'Onias III,
ce pontife loué dans l'Ecriture, et qui avait été
injustement mis à mort par Andronique, à la
sollicitation de Ménélaùs (5 ). Il paraît par ce pas-
sage, et par le verset i-i,que les Juifs ne doutaient
nullement alors, que les saints, dans l'autre vie, ne
priassent pour les vivants, et ne prissent part à ce
qui se passait ici-bas. Cette tradition venait sans
doute de plus haut. L'Église a hérité de ces sen-
timents des Juifs, et les a conservés dans leur
pureté. Notre âme, d'ailleurs, quitte le corps sans
rien perdre de ses facultés. Ses connaissances, ses
affections, ses sentiments particuliers lui demeu-
rent, sauf l'inclination au péché. Délivré du poids
delà matière, qui l'a asservie et comme appesantie
pendant !a vie terrestre, elle est plus active, plus
maîtresse d'elle-même; aussi nous est-il avan-
tageux de mourir, du moment que nous sommes
bien avec Dieu, c'est-à-dire en état de grâce. A
cette condition, la mort est pour nous une libéra-
trice. Nous devons l'aimer, la désirer même, en
conformité avec la volonté de Dieu.
f. 14. Jeremias propheta Dei. La charité par-
faite qui unit les saints après leur mort, les rend
incapables de jalousie, et ce doit être notre but
d'y tendre par tous nos désirs et par toutes
nos prières tant que nous vivons. Onias avait été
souverain pontife; il avait vécu, dès son enfance,
dans l'exercice de toutes sortes de vertus ; il s'é-
tait généreusement acquitté de son ministère,
jusqu'à mériter de mourir par la main sacrilège
des impies; enfin, il est représenté, en cet endroit,
comme digne de prier après sa mort pour tout le
peuple. Cependant il semble n'apparaître à Judas
Maccabée que pour lui montrer et lui faire con-
naître Jérémie, mort plus de quatre cents ans
avant lui, et qui n'avait été que simple prêtre.
(1) Atefvw/Et xoivov T'iiv Jtep'i I'oûoov ouTurjaaaôat
Tpôraiov.
(2) 1. Macc. vi. 62.
(j) 11. Macc. xii. j.
(4) 11. Macc. v. 2$. 26
15) 11. Macc. iv. j4.
II. — MACCABÉES. — XV. - VISION DE JUDAS
251
25. Extendisse autem Jeremiam dextram, et dédisse
Judae gladium aureum, dicentem :
16. Accipe sanctum gladium, munus a Deo, in quo deji-
cies advenarios populi mei Israël.
15. Qu'en même temps, Jérémie avait étendu la main,
et donné à Judas une épée d'or, en disant :
16. Prenez cette épée sainte, comme un présent que
Dieu vous fait, et avec lequel vous renverserez les en-
nemis de mon peuple d'Israël.
COMMENTAIRE
Comme il n'appartient qu'à Dieu de connaître
dans ses saints la mesure de ses dons, c'est lui
seul aussi qui peut nous en donner la connaissance
quand il lui plaît. Jérémie paraît donc ici après
Onias; mais éclatant de gloire, et environné d'une
grande majesté : et parce que Judas Maccabée
ne pouvait pas le connaître comme Onias, qu'il
reconnut aisément pour l'avoir vu plusieurs fois,
ce saint pontife lui déclara, en le lui montrant,
qui il était, et, sans pouvoir être touché d'aucun
sentiment de jalousie au sujet d'un simple prêtre
qui lui fut beaucoup inférieur en dignité pendant
sa vie, mais dont il voyait alors avec joie, dans la
lumière de Dieu même, le grand mérite, il lui dit
ces paroles si remarquables : C'est là le véritable
ami de ses frères et du peuple d'Israël.
Quoi donc! Onias que le Saint-Esprit nous
représente comme unhomme vraiment bon et plein
de douceur, déclare, en montrant Jérémie, que
cétail-là le véritable ami de ses frères; ce prophète
que le peuple juif n'avait pu souffrir, et que ses
concitoyens avaient regardé et traité comme leur
plus grand ennemi pendant qu'il vivait, parce qu'il
ne leur parlait que des malheurs, ne leur prédi-
sait que des guerres, des incendies et des fami-
nes, et usait presque toujours de la plus grande
sévérité dans ses discours, cet homme, persécuté
pendant sa vie comme un ennemi de sa nation,
était son meilleur ami ! Oui sans doute, Onias
avait raison de le nommer de la sorte, puisque la
vraie amitié consiste souvent dans la fermeté avec
laquelle on parle à ceux que l'on aime, quand on
voit que la douceur leur serait pernicieuse , et
qu'ils ont besoin, comme les malades dangereu-
sement blessés, qu'on emploie le fer et le feu
pour les guérir. On a vu dans la lecture de Jéré-
mie, que, tant que ce saint prophète put espérer
que ses paroles procureraient le salut à quelques-
uns de ses frères, il leur parla avec force, il les me-
naça, il les effraya par la vue des plus terribles
jugements de Dieu; et jusqu'alors il pouvait être
regardé des hommes charnels comme un homme
dur, qui n'était point compatissant aux maux de
son peuple; mais quand l'arrêt delà divine justice
eut été exécuté à l'égard de Jérusalem; que le
peuple de Juda eut été mené en captivité à Baby-
lone, et que l'ennemi eut brûlé le temple du Sei-
gneur; ce fut alors qu'on put bien connaître de
quel principe partaient ces reproches si âpres qu'il
leur avait faits, et cette rigueur apparente qui avait
accorpagné tous ses discours. On vit par ces
plaintes remplies d'une tendresse compatissante
qu'il fit sur tous leurs malheurs, combien il brû-
lait d'amour pour ses ingrats compatriotes, dans
le temps même qu'il paraissait les traiter si dure-
ment; on vit qu'il n'ava't jamais été plus vérita-
blement ami de ses frères, que lorsqu'ils le regar-
daient et le repoussaient comme un ennemi ; on
vit qu'il ne se rendit jamais plus digne de prier
pour eux, que lorsqu'il ne craignait pas de s'ex-
poser à leur fureur, pour leur annoncer des véri-
tés qui auraient pu les sauver, si l'aveuglement de
leur cœur et leur endurcissement ne s'y étaient
opposé.
S'il paraît clairement, par ce passage d'un livre
cité par les pères comme canonique depuis l'éta-
blissement de l'Église, et déclaré tel par l'autorité
des conciles, que l'utilité de l'intercession des
saints en faveur de ceux qui vivent encore, était
reconnue dès le temps de l'ancienne loi, c'est-à-
dire, avant que ces saints fussent entrés dans la
gloire avec Jésus-Christ; combien l'Eglise a t-elle
encore plus de raison de déclarer que, depuis la
résurrection et l'ascension du Sauveur, les saints
qui jouissent avec lui de la parfaite vision de Dieu
dans le ciel, lui présentent leurs prières pour le
salut du peuple fidèle qui combat encore ici sur
la terre ? Le texte sacré nous fait voir, selon la
remarque d'Estius, le fondement de cette doc-
trine, par ces paroles : C'est ici celui qui aime
véritablement ses frères.... et qui prie beaucoup pour
ce peuple. Étant donc uni à ses frères par une vraie
charité, il ne pouvait pas ne point prier pour ceux
qu'il aimait. Et c'est cette union sainte de tous
les membres du corps de l'Église, qui porte ceux
qui sont déjà dans la gloire à prier pourceux qui
sont encore exposés dans le péril.
j^. 1^. Dédisse Jud,e gladium aureum. // avait
donné à Judas une épée d'or, comme la portaient
les rois de Perse, et leurs principaux officiers (1).
Dieu faisait connaître par cette vision à Judas
Maccabée, non seulement qu'il serait victorieux
de ses ennemis, mais qu'il le serait par la vertu
de cette épée d'or dont il lui/disait présent : c'est-
à-dire par une force supérieure à la sienne, qui
lui viendrait d'en-haut. Ce fut Jérémie qui lui
(1) Xcnophon lib. 1. A'v<x6a;. Vide Brisson tib. 1. de Reg. Pers. p. 128. 129.
2)2
II.— MACCABEES.— XV.- SENTIMENTS DES JUIFS
17. Exhortati itaque Judas sermonibus bonis valde, de
quibus extolli posset impetus, et animi juvenum confor-
tari, statuerunt dimicare et confligere fortiter, ut virtus
de negotiis judicaret, eo quod civitas sancta et templum
periclitarentur.
18. Erat enim pro uxoribus, et filiis, itemque pro fra-
tribus, et cognatis, minor sollicitudo ; maximus vero et
primus pro sanctitate timor erat templi.
19. Sed et eos qui in civitate erant, non minima solli-
citudo habebat pro his qui congressuri erant.
20. Et, cum jam omnes sperarent judicium futurum,
hostesque adessent, atque exercitus esset ordinatus,
bestias equitesque opportuno in loco composai,
31. Considerans Machabasus adventtim multitudinis, et
apparatum varium armorum, et ferocitatem bestiarum,
exiendens manus in caslum, prodigia facientem Dominum
invocavit, qui non secundum armorum potentiam, sed
prout ipsi placet, dal dignis victoriam.
22. Dixit autem invocans hoc modo : Tu, Domine,
qui misisti angelum tuum sub Ezechia, rege Juda, et in-
terfecisti de castris Sennacherib centum octoginta quin-
que mil 1 ia ;
2j. Et nunc, dominator cœlorum, mitte angelum tuum
bonum ante nos, in timoré et tremore magnitudinis
brachii tui,
24. Ut metuant qui cum blasphemia veniunt adversus
sanctum populum tuum. Et hic quidem ita peroravit.
17. Étant donc excités par ces excellentes exhortations
de Judas, qui étaient capables de relever les forces, et
d'animer le courage des jeunes gens, ils résolurent d'at-
taquer et de combattre vigoureusement les ennemis, afin
que le courage décidât de l'issue de cette guerre, car
la ville sainte et le temple étaient exposés à un grand
péril ;
18. Us se mettaient moins en peine pour leurs femmes,
pour leurs enfants, pour leurs frères et pour leurs pa-
rents ; mais la plus grande et la première crainte qu'ils
avaient était pour la sainteté du temple.
19. Ceux qui demeuraient dans la ville étaient aussi
dans une extrême inquiétude au sujet de ceux qui de-
vaient combattre.
20. Et lorsque tous s'attendaient à voir quel serait le
succès du combat, que les ennemis étaient en présence,
l'armée en bataille, les éléphants et la cavalerie rangée
au lieu qui leur avait paru le plus avantageux ;
21. Maccabée considérant cette multitude d'hommes
qui allait fondre sur eux, cet appareil de tant d'armes dif-
férentes, et la furie de ces bêtes formidables, étendit les
mains vers le ciel, et invoqua le Seigneur, qui fait des
prodiges et qui donne la victoire, comme il lui plaît, à
ceux qui en sont les plus dignes, sans avoir égard à la
puissance des armes.
22. 11 implora donc son secours en lui parlant de cette
manière : C'est vous, Seigneur, qui avez envoyé votre
ange sous Ézéchias, roi de Juda, et qui avez tué cent
quatre-vingt-cinq mille hommes de l'armée de Senna-
cherib.
2;. Envoyez donc aussi maintenant devant nous, ô Do-
minateur des cieux, votre bon ange, qui inspire la terreur
et l'effroi de la grande puissance de votre bras ;
24. Afin que ceux qui, en blasphémant votre nom, vien-
nent attaquer votre peuplesaint, soient frappés de crainte.
Et il finit ainsi sa prière.
COMMENTAIRE
donna cette épée, pour marquer que ce saint pro-
phète et cet ami véritable de ses frères avait obtenu
de Dieu, par sa prière, ce présent qu'il lui faisait,
mais qui lui venait de Dieu. Prene^, lui dit-il,
celle épée sainte comme un présent que Dieu vous
fait; c'est-à-dire, ne regardez pas la main qui vous
la présente, mais Celui de la part duquel elle
vous est présentée. Elle est sainte cette épée;
parce qu'elle vous vient du Saint des Saints,
parce qu'elle est destinée à un saint usage, qui
est la défense de son peuple et de son temple ;
parce que vous ne devez pas vous l'approprier
comme une chose qui serait à vous, mais comme
une chose qui est à Dieu ; parce qu'enfin elle
vous sanctifiera vous-même par l'usage que vous
en ferez.
f. 17. Animi juvenum confortari. Animer le
courage des jeunes gens; c'est ainsi que les Hé-
breux appellent ordinairement leurs soldats.
Statuerunt dimicare, et confligere fortiter,
ut virtus de negotiis judicaret. Le grec (1):
Ils résolurent de ne pas fortifier leur camp, mais de
marcher généreusement à l'ennemi, et de combat-
tre avec valeur pour décider l'affaire. Le syriaque :
Ils résolurent de ne pas mettre leur confiance dans
les troupes rangées en bataille, mais de se munir
de courage, et d'exposer leur vie, dans celle extré-
mité, pour leur patrie et pour le temple.
,v. 2 1. Considerans Machab^usadventum mul-
titudinis, etc. Judas Maccabée avait été assuré
de la victoire par la vision que nous venons d'expli-
quer, et il ne pouvait douter du succès de la
bataille, après que Dieu même le lui avait déclaré.
Cependant, à la vue de cette armée formidable, il
étend ses mains vers le ciel : H invoque le Seigneur
qui fait des prodiges, pour rendre un hommage
public à sa toute-puissance, et reconnaître devant
son armée que, s'il gagnait la victoire, ce ne
pourrait être que par la vertu de Celui qui, seul,
avait le pouvoir de faire les plus grands prodiges.
Mais il nous apprend encore par son exemple,
que toute la certitude qu'on pourrait avoir, comme
lui, de la victoire, ne doit point nous dispenser de
la demander à Dieu, parce qu'il ne veut l'accor-
(1) A'.e'Yvojaav [a») axpatonrjîcÛEoOat^Evvai'io; oï i^'fipinOa'. , xo'i |j.e:à niiT); iuavopt'a; i[in\a.niviti xpîvai xà ^payu-aïa.
II. — MACCABÉES. — XV. - MORT DE N1CANOR
2*53
2$. Nicanor autem, et qui cum ipso erant,
et canticis admovebant.
cum tubis
26. Judas vero, et qui cum eo erant, invocato Deo,
per orationes congressi sunt
27. Manu quidem pugnantes, sed Dominum cordibus
orantes, prostraverunt non minus triginta quinque mil lia ,
prœsentia Dei magnifiée delectati,
28. Cumque cessassent, et cum gaudio redirent, co-
gnoverunt Nicanorem ruisse cum armis suis.
29. Facto itaque clamore, et perturbatione excitata,
patria voce omnipotentem Dominum benedicebant.
}o. Prœcepit autem Judas, qui per omnia corpore et
animo mori pro civibus paratus erat, caput Nicanoris,
et manum cum r.umero abscissam, Jerosolymam perferri.
}I. Quo cum pervenisset, convocatis contribulibus, et
sacerdotibus ad altare, accersiit et eos qui in arce erant;
?2. Et ostenso capite Nicanoris, et manu»nefaria,
quam extendens contra domum sanctam omnipotentis
Dei, magnifiée gloriatus est,
;?• Linguam etiam impii Nicanoris praecisam jussit par-
ticulatim avibus dari ; manum autem démentis contra
templum suspendi.
54.0mnes igitur casli benedixerunt Dominum, dicentcs :
Benedictus qui locum suum incontaminatum servavit !
25. Cependant Nicanor marchait avec son armée au
son des trompettes, et au bruit des chants qui animaient
au combat.
26. Mais Judas, et ceux qui étaient avec lui, ayant in-
voqué Dieu, combattirent par leurs prières.
27. Ainsi, priant le Seigneur au fond de leurs cœurs,
en même temps qu'ils chargeaient les ennemis l'épée à la
main, ils tuèrent trente-cinq mille hommes, se sentant
comblés de joie par la présence de Dieu.
28. Le combat étant fini, lorsqu'ils retournaient pleins
d'allégresse, ils reconnurent que Nicanor était tombé
mort, couvert de ses armes.
2Q. Et aussitôt, ayant jeté un grand cri, et un bruit de
voix confuses s'étant élevé, ils bénirent le Seigneur tout-
puissant dans la langue de leurs pères.
jo. Judas, qui était toujours prêt de corps et d'esprit à
donner sa vie pour ses concitoyens, commanda qu'on
coupât la tète de Nicanor, et sa main avec l'épaule, et
qu'on les portât à Jérusalem.
ji. Lorsqu'il y fut arrivé, il fit assembler près de l'au-
tel ses concitoyens avec les prêtres ; et ii appela aussi
ceux qui étaient dans la forteresse.
;:. Et leur ayant montré la tète de Nicanor, et cette
main détestable qu'il avait osé étendre contre la maison
sainte du Dieu tout-puissant, avec tant d'orgueil et d'in-
solence,
;;• Il commanda qu'on coupâtaussi en petits morceaux
la langue de cet impie Nicanor. et qu'on la donnât à man-
ger aux oiseaux, et qu'on suspendît vis-à-vis du temple
la main de ce furieux.
Î4. Tous bénirent donc le Seigneur du ciel, en disant:
Béni soit celui qui a conservé pur son temple saint !
COMMENTAIRE
der qu'à nos prières et à nos larmes, lors même
qu'il nous l'accorde par un pur effet de sa bonté
et de son amour.
f. 2). Cum tubis, et canticis admovebant. Le
grec (1) : Au son des trompettes et des cantiques de
victoire. C'est la propre signification de >=aiav ;
mais il se prend en général pour toute sorte
d'hymne en l'honneur d'Apollon, et même pour
un chant joyeux et un cantique de fête. Grotius
remarque après le scoliaste d'Aphtone, qu'il y
avait deux sortes de raxi*v, l'un qu'on chantait
avant le combat, pour invoquer Apollon, et l'autre
après la victoire, pour lui en rendre grâces (2).
f. 27. Triginta quinque millia. Josèphe en
met seulement trente mille (3). L'orgueilleux
Nicanor était vaincu, malgré le nombre et la bra-
voure de ses troupes ; l'humble prière de Judas et
des siens, répondant au son des trompettes et au
chant de victoire de l'ennemi, se changeait à son
tour en hymne de triomphe.
f. 28. Cum redirent cocnoverunt Nicanorem
ruisse. Nicanor avait été tué au commencement
de la bataille, et ses troupes ayant vu leur général
mort, avaient jeté leurs armes, et avaient pris la
fuite (4). Les soldats de Judas ne connurent
qu'après le combat la mort de Nicanor. On peut
voir dans le premier livre des Maccabées, quel-
ques circonstances qui ne sont point marquées
ici.
f. 29. Patria voce omnipotentem Dominum
benedicebant. Ils bénirent le Tout- Puissant, en la
langue de leurs pères, en hébreu ; ou bien, ils
chantèrent des cantiques, composés par leurs
ancêtres, pour rendre grâces à Dieu de leur
victoire.
f. 30. Caput Nicanoris et manum cum
humero abscissam. On coupa Nicanorau-dessous
des épaules, on enleva son buste (5); sa tête, ses
mains et ses épaules furent apportées à Jérusalem :
on sépara sa main droite avec l'épaule, du reste
du buste, et on la pendit à un poteau, vis-à-vis
du temple (6) ; la tête avec le reste, fut pendue
aux murailles de la citadelle. Suspendit Nicanoris
caput in summa arce. Verset }<,.
f. 34. Omnes igitur cjeu benedixerunt
Dominum. Le grec (7) : Élevant les mains au
(1) Mexoc aaXr.lvyyyv , x*l rcaiavcov Tîpo-rjyov.
(2) flatâve; ojo i',aav , évuàXto;, oxs rjp/ov, ô; xai jxpô
Xfjç fjLa-^r) ; Èyi'vsxo, /.ai ïxspoc, o:s ivlxcov,
(J; Joseph. Anliq. xu. 1",
(4) 1. Macc. vu. 44.
(5)T/)v xoû N'xavopoç /.eaalrjv â:roxe;j.dvxa;, xai xf|v
yEîpa awv xcô o\im- Et au verset 75. Trjv xoù Ntxâvopo;
jxpoxopjv Ix xfj; cupa;.
(6) 1. Macc. vu. 47.
(7) O't 8s Ttivxêç it; xôv oùpavov euXoYrjaav xov érti^*vr|
Kupfov.
254 IL- MACCABÉES. — XV.- FÊTE ÉTABLIE A CETTE OCCASION
$Ç. Suspendit autem Nicanoris caput in summa arce,
ut evidens esset et manifestum signum auxilii Dei.
?6. Itaque omnes communi consilio decreverunt nullo
modo diem istum absque celebritate prasterire,
37. Habere autem celebritatem tertia décima die
mensis Adar, quod dicitur voce syriaca, pridie Mardo-
chœi diei.
j8. Igitur his erga Nicanorem gestis, et ex illis tempo-
ribus ab Hebrœis civitate possessa, ego quoque in his
faciam finem sermonis.
jo. Et si quidem bene, et ut historias competit, hoc
et ipse velim ; sin autem minus digne, concedendum est
mihi.
40. Sicut enim vinum semper bibere, aut semper
aquam, contrarium est; alternis autem uti, delectabile :
ita legentibus, si semper exactus sit sermo, non erit
gratus. Hic ergo erit consummatus.
;ç. Il suspendit aussi la tête de Nicanor au haut de la
forteresse, afin qu'elle fût exposée aux yeux de tout le
monde, comme un signe visiole du secours de Dieu.
J6. Il fut arrêté, d'un commun consentement, qu'on ne
devait point laisser passer ce jojr si célèbre sans en faire
une fête particulière ;
?7. Et qu'on la célébrerait le treize du mois appelé
Adar en langue syriaque, la veille de celui de Mardo-
chée.
j8. Telle fut la fin de Nicanor, après laquelle les Hé-
breux demeurèrent les maîtres de la ville sainte ; et je
finirai aussi par là ma narration.
J9. Si elle est bien, et telle que l'histoire le demande,
c'est ce que je souhaite moi-même ; si, au contraire, elle
est écrite d'une manière moins digne de son sujet, c'est
à moi qu'on doit l'attribuer.
40. Car comme on a de l'éloignement de boire toujours
du vin ou de l'eau, et qu'il paraît plus agréable d'user de
l'un et de l'autre successivement ; aussi un discours ne
plairait pas aux lecteurs, s'il était toujours si régulier. Je
finirai donc ici.
Ciel, ils bénirent tous le Seigneur, qui leur était
apparu, ou qui les avait secourus.
f. i,y. Tertia décima die mensis Adar, quod
DICITUR VOCE SYRIACA, PRIDIE MaRDOCHjEI DIEI.
Le mois Adar est le douzième de l'année sainte,
et le sixième de l'année civile. II répond en partie
à février-mars (1). Le treizième jour d'Adar est la
veille de la fête des Sorts, dont on a parlé sur
Esther (2).
f. 40. ITA LEGENTIBUS, SI SEMPER EXACTUS SIT
sermo, non erit gratus. Aussi un discours ne
plairait pas au lecteur, si le style en était toujours
exact; ou plutôt s'il était toujours uniforme et
égal à lui-même : soit qu'on écrive d'un style
sublime, comparé au vin, soit qu'on écrive d'un
style plus simple et moins élevé, comparé à l'eau;
les lecteurs veulent de la variété. Le grec semble
COMMENTAIRE»
faire un autre sens (5): De même qu'il est contraire
à la santé de boire du vin pur, ou de l'eau pure, et
que pour boire agréablement, il faut mêler le vin
avec Veau : ainsi la manière d'écrire que j'ai suivie
est propre à faire plaisir aux lecteurs qui étudient
l'histoire. L'auteur veut dire apparemment que,
pour ne pas dégoûter son lecteur, il a tâché de
régler son style de manière qu'il ne soit ni trop
pompeux, ni rampant. Cette excuse ne regarde
que le style et n'atteint pas le fond des choses,
pour l'inspiration, qui n'exclut point l'art des
paroles et du style, ni l'usage des qualités natu-
relles ou acquises, dans la composition des
ouvrages les plus sacrés. Saint Paul reconnaît
qu'il n'est pas habile dans l'art de bien dire,
quoiqu'il fût fort instruit des choses (4) : Nam
et si imperilus sermone, sed non scientia.
(1) Voyez 1. EsJr. iv. 7. 6et; rjoù;, nal IrtiTSpjtfj tf,v -^aptv âr.ozilî7., ouou y.tx\ to x*j;
(2) Eslk. îx. 2j. xaras/eurj; xo'j Xo'-fou tsprcsi là; â/.oà; tàiv évTUY/avoivTiov ifj
(;) KaBâirsp yàp o'ivov zatafiova; Ki'vêtv, (îj^aûta; os zal auviâÇct.
Coup 7:àX[v, JzoXi'rj.iov. 0"v ôs Tpôitov (Avo; iiSatt cuyxepixs- (4) h. Cor. xi. 6.
LIVRE TROISIEME
CHAPITRE PREMIER
i. Philopator autem, ab iis qui retulerant, cognita loco-
rum a se possessorum abstractione facta ab Antiocho,
denuntians omnibus exercitibus suis et pedestribus et
equestribus,
2. Et sororem Arsinoen secum assumens, processit
usqvie ad ea quas sunt ad Raphiam, loca ubi castra metati
erant qui circa Anliochum.
j. Theodoratus autem quidam complere insidias co-
gitans, assumens ex commissis suas custodiae armis Pto-
lemaicis optima, contulit se noctu ad Ptolemasi taberna-
culum, tanquam solus interfecturus eum ; et in hoc dis-
soluturus bellum.
4. Hune autem deducens quidam, Dositheus Drimyli
dicebatur, gent-re judasus, postea autem abjiciens légi-
tima, et a patriis sanctionibus alineatus, ignobilem quem-
dam decunibere fecerat in tabernaculo quem contigit
ferre illius supplicium.
Ç. Facto autem ingenti praelio, et rébus melius succe-
dentibus Antiocho, vehementer Arsinoe obambulans ex-
ercitus hortabatur cum ejulatione. et lacrymis, crinibus
solutis, ut auxiliarentur sibi ipsis, et filiis.et uxoribus, au-
dacter, promittens daturam se vincentibus, cuique duas
minas auri.
6. Et ita contigit adversarios in conserendis manibus
perire, multos vero etiam captivos fieri.
7. Compos autem factus propositi statuit propinquas
civitates adiens consolari. Quod cum fecisset, et delu-
bris dona tribuisset, bono esse animo subditos fecit.
8. Cum autem Judasi misissent ad eum ex senatu, et
senioribus, salutaturos eum et munera portaturos, et
pro his quas gesta erant, congratulaturos ; factum est ut
magis ille cuperet quam citissime ad eos venire.
9. Cum autem pervenisset Hierosolymam, et sacrificas-
set maximo Deo, et eorum, quas ordine sequebantur, ali-
quid ipsi loco fecisset,
10. Et jam advenisset ad locum, et sedulitate et dé-
core stupefactus esset, admiratus vero etiam sacras aedis
bonam dispositionem, cogitavit consilium capere intro-
eundi in templum.
il. His autem d'.centibus non licere hoc fieri, quia neque
his qui ex gente, liceret ingredi, neque omnibus sacerdo-
tibus, sed soli omnium praefecto summo sacerdoti, et hoc
in anno semel ; ille vero nequaquam acquiescebat,
1. Philopator ayant appris par ses coureurs qu'An-
tiochus lui avait enlevé plusieurs de ses forteresses,
rassembla toutes ses forces.
2. Et, suivi de sa sœur Arsinoi, il s'avança jusqu'à
Raphia, où Antiochus était campé avec toute son armée.
3. Alors un certain Théodore songea à exécuter le
dessein qu'il avait pris, de tuer Ptolémée, dans l'espoir
que sa mort ferait enfin cesser la guerre. Pour cet effet
il choisit, parmi les troupes que ce prince lui avait con-
fiées, celles qui lui parurent les plus propres à seconder
son entreprise, et, à la faveur de la nuit, il s'avança
jusqu'à la tente de Ptolémée.
4. Mais Dosithée, fils de Drimyle, Juif d'origine, et
qui depuis avait renoncé à la loi et à la religion de ses
pères, ayant été informé des complots secrets de Théo-
dote, avait fait sortir Ptolémée de sa tente, et n'y avait
laissé qu'un homme de basse condition qu'ils tuèrent au
lieu de ce prince.
<,. Alors on se battit avec vigueur de part et d'autre,
mais la victoire commençant à pencher du côté d'An-
tiochus, Arsinoé, les cheveux épars et les yeux baignés
de larmes, courait dans tous les rangs, et conjurait les
soldats de combattre généreusement pour leur propre
liberté, et pour celle de leurs femmes et de leurs enfants,
leur promenant à tous deux mines d'or par tète, s'ils re-
venaient victorieux.
6. Elle eut bientôt remis la victoire dans son parti, et
ses ennemis ou périrent dans le combat, ou furent faits
prisonniers.
7. Ptolémée, échappé avec tant d'avantage aux mauvais
desseins de ses ennemis, crut qu'il devait se montrer aux
villes voisines, et rassurer par ses discours ceux que la
crainte avait pu ébranler. Il fit partout des présents aux
temples des dieux et releva l'espérance de tous ses
sujets.
8. Les ambassadeurs des Juifs arrivèrent en ce temps-
là ; ils étaient chargés de présents, et venaient au nom
de toute la nation le féliciter de sa nouvelle victoire.
Ptolémée ne les eut pas plus tôt vus à sa cour, c,u'il se
sentit enflammé plus que jamais du désir violent de passer
en Judée,
9. Et sans délibérer davantage, il vint à Jérusalem, il
y sacrifia au vrai Dieu, et s'acquitta de tout ce que la
reconnaissance et la sainteté du lieu pouvaient exiger
de lui.
10. Étant ensuite entré dans le temple, il en admira
l'excellente structure, et vit avec étonnement l'art et la
magnificence qui régnaient partout. Alors la curiosité
s'irritant de plus en plus, il déclara aux Juifs l'impatience
où il était de pénétrer jusque dans le sanctuaire.
11. Ils lui représentèrent en vain que ce lieu auguste
était interdit non seulement à tous ceux de leur nation,
mais même à leurs prêtres, à la réserve du souverain
pontife, et qu'encore n'y pouvait-il entrer qu'une seule
fois l'année. Toutes les raisons furent inutiles contre un
désir si violent ;
2^6 III. — MACCABÉES. - I. IMPIÉTÉ DE PTOLÉMÉE
12. Spretaque lege non cessabat provehere se, intran- 12. Et pendant qu'on lui montrait dans les livres saints
dum omnino dicens ; et si illi privati sunt hoc honore , l'endroit où ;ette loi était marquée, il s'avançait vers le
me non oportet. Et interrogabat quam ob causam intran- sanctuaire, disant avec fierté : Qu'aucune loi ne pour-
tem ipsum in quodcunque fanum; nemo eorum qui ade- rait lui en défendre l'entrée, et que si cet honneur
rant prohibuisset. n'avait encore été accordé à personne avant lui, il était
d'un rang à devoir l'obtenir. Leur ayant ensuite de-
mandé pourquoi on ne l'avait empêché nulle part d'en-
trer dans les temples des dieux ,
IJ. Et quidam imprudenter dixit maie hoc ipsum pro- ij. Et quelqu'un lui ayant répondu hardiment qu'on
digiosum esse. Factum autem hoc fuerit, inquit, quavis l'aurait dû faire : Eh bien! dit-il, puisqu'on a eu quel-
de causa, nonne omnino se intraturum, et volentibus ques raisons de le souffrir, soit que vous y consentiez
ipsis, et nolentibus ? ou non, je vais à vos yeux satisfaire ma curiosité.
14. Cum autem sacerdotes cum omnibus vestibus pro- 14. Alors les prêtres revêtus de leurs ornements et le
cubuissent, et orarent maximum Deum auxilium ferre visage prosterné contre terre, prièrent le Dieu tout-puis-
imminenti necessitati, et impetum maie irruentis repri- sant de les secourir dans cette extrémité et d'arrêter les
mère, clamoreque cum lacrymis templum implerent ; qui efforts d'un prince orgueilleux. Au bruit des gémisse-
in civitate remanserant, turbati exsilierunt,occultum quid ments et des cris dont ils remplissaient le temple, toute
esse, quod fiebat, existimantes : la ville fut troublée, et, dans l'incertitude de ce qui pou-
vait être arrivé, ils accoururent en foule.
1^. Et inclusas virgines in thalamis, cum genitricibus iî. De jeunes filles, sortant des appartements où on
proruperunt, et cinere et pulvere aspersis capitibus, les tenait auparavant renfermées, suivaient leurs mères,
gemitibus et suspiriis plateas implebant. et, se couvrant la tète de cendre et de poussière, elles
faisaient retentir partout d'horribles clameurs.
16. Et alias vero, nuper astrictœ, thalamos ad occur- 16. D'autres, nouvellement mariées, quittant leur
sum assignatos, et congruum pudorem relinquentes, demeure, sans consulter la pudeur et les bienséances de
cursum inordinatum in civitate faciebant. leur sexe, couraient de tous côtés par la ville.
i". Infantes autem filii, et cum his matres, et nutrices 17. Les mères et les nourrices abandonnaient leurs
defatigatas aliter et aliter, has quidem per domos, hae enfants encore tendres, les unes dans leurs maisons, les
vero per vias irrevocabiliter ad eminentissimum templum a.itres au milieu des rues, où elles n'avaient plus
congregabantur. d'espérance de les retrouver ; et elles accouraient au
temple.
18. Varia autem erat eorum qui in illud conveniebant 18. Et là toute cette multitude rassemblée sollicitait
oratio pro his quee ab illo injuste tentabantur. le ciel contre lesenlreprises d'un prince impie et orgueil-
leux.
19. Cum his autem nonnulli excivibus audaces facti non 19. Quelques-uns mêmes plus hardis que les autres se
ferebant illum omnino instantem, et propositum suum mirent devant lui pour l'empêcher d'avancer, criant
implerestatuentem. Clamantes autem se ruituros ad arma, qu'ils étaient résolus de prendre les armes et de corn-
et audacter pro patria lege obituros, magnam fecerunt battre généreusement pour la défense de leur loi, aux
in loco asperitatem, dépens mêmes de leur propre vie. Ces discours n'ayant
fait qu'augmenter le désordre,
20. Vixque a senibus et presbyteris cohibiti, ad 20. Les anciens et les prêtres eurent beaucoup de
eamdem orationis steterunt stationem, peine à les contenir ; mais enfin ils les obligèrent de se
retirer dans le liau où l'on fait la prière.
21. Et turba quidem, ut antea, in his versabatur orans. 21. Et pour eux, ils environnaient le prince, et met-
Seniores autem, qui erant circa regem, multis modis taient tout en usage pour le détourner d'une entreprise
conabantur superbam ejus mentem a suscepto consilio si téméraire.
removere.
22. Induratus autem, et omnia abjiciens, jam et irnpe. 22. Ptolémée plus aigri par toutes ces résistances, fit
tum faciebat, finem putans se impositurum rei praedictas. quelques pas pour entrer, croyant qu'il en viendrait aisé-
ment à bout.
2î. Hase igitur et qui circa illum erant, spectantes, eo 2). Et alors les officiers mêmes de sa garde s'unissant
se converterunt, ut cum nostris invocarent eum qui aux Juifs, priaient ensemble le Dieu tout-puissant de
omnem potestatem habet, ut his qui aderant auxilium regarder son peuple d'un œil favorable, et de ne point
ferret, non despiciens iniquum et superbum facinus. laisser impuni un crime si énorme et si détestable.
24. Ex densissima autem et laboriosa turbarum col- 24. Du milieu de cette multitude effrayée sortait un
lecta vociferatione, incomparabilis quidam erat clamor. cri confus et épouvantable.
2Ç. Existimare enim licebat, non modo homines, sed 2\. Toutes les parties du temple parurent emprunter
etiam muros, et totum solum resonare, quasi jam omni- des voix et les mêler avec celles du peuple, pour con-
bus tune niortem obeuntibus pro loci contaminatione. jurer le ciel de les anéantir plutôt que de souffrir l'abo-
mination dans le lieu saint.
CHAPITRE II
i. Alqui summus sacerdos Simon, ex adverso templi,
flectens genua, et manus extendens honeste, taiem ora-
tionem habebat :
2. Domine, Domine rex cœlorum , et dominator
omnis creatura», sancte in sanctis, monarcha, omnipo-
tens, intende nobis oppressis ab impio, et prophano, qui
praî audacia et robore intumuit :
J, Tu enim qui creasti omnia, et omnia imperio tenes,
Dominus, justus es : et eos qui contumelia et superbia
in agendo uluntur, judicas.
4. Tu illos, qui olim iniquitatem fecerunt, inter quos
et gigantes fuerunt, robore et audacia freti, perdidisti
superinducens eis immensam aquam.
5. Tu superbiam opérantes Sodomitas, conspicuos ini-
quitatibus factos, igné et sulphure combussisti, exen\-
plum posteris constituens.
6. Tu confidentem illum Pliaraonem, qui servitute
oppresserat populum tuum sanctum Israël, cum variis
et multis suppliciis exanimasses, notam fecisti potentiam
tuam :
7. In quibus declarasti magnitudinem fortitudinis tuas :
et cum ille persequeretur cum curribus, et turbarum
multitudine, obruisti profundo mari : eos autem qui se
tibi crediderant, qui omni creaturas dominaris, salvos
traduxisti. Qui etiam cognoscentes opéra manus tuas lau-
daverunt te omnipotentem.
8. Tu rex, qui creasti interminatam immensamque ter-
rain, elegisti Civitatem hanc, et sanctificasti locum hune
ad nomen tibi, nullius rei egenti ; et mirum in modum
glorificasti apparitione magnifica commendationem faciens
ejus ad gloriam magni et honorati nominis tui.
0. Et diligens domum Israël, pollicitus utique es, si
accidat nobis adversitas, et appréhendai nos angustia, et
venientes ad locum hune oremus, exauditurum te oratio-
nem nostram.
10. Et quidem fidelis es, et verax. Quoniam autem saspe
affiictis patribus nostris, auxilium tulisti eis in humilitate,
et eruisti eos de magnis periculis ;
11. Ecce nunc, sancte rex, propter multa et magna
peccata nostra opprimimur, et subjecti sumus inimicis
nostris, et collabimur in infirmitatibus.
12. In nostra autem calamitate audax hic et prophanus
conatur afficere injuria locum hune sanctum super ter-
rain erectum nomini gloriae tuas.
1?. Nam habitaculum quidem tuum, cœlum cœli est,
incomprehensibile hominibus : sed quoniam eligisti
gloriam tuam in populo tuo Israël, sanctificasti locum
hune.
14. Non ulciscaris nos in horum immunditia, neque
punias nos in contaminatione : ne glorientur iniqui in
furore suo, neque exultent in superbia linguas suas,
dicentes : nos conculcavimus domum sanctificationis,
sicut conculcantur domus abominationum.
S- B. — T. XII,
1. Alors Simon, le souverain pontife, se prosterna vers
le temple, et les mains élevées vers le ciel, il fit sa
prière en ces termes :
2. Seigneur, Seigneur, roi du ciel, souverain maître de
toutes les créatures, source de toute sainteté, Dieu
tout-puissant, jetez un regard favorable sur votre peuple
qui gémit sous l'oppression d'un roi impie, abominable,
et enflé de son audacieuse puissance.
;. Ce vaste univers est l'ouvrage de vos mains, vous le
gouvernez par de justes lois, et vous punissez avec
rigueur ceux qui font de l'orgueil et de la violence la
règle de leurs actions.
4. Vous avez effacé par un déluge universel l'impiété
des premiers hommes, et avec eux périrent aussi les
géants, ces hommes audacieux qui avaient mis toute leur
confiance dans leur propre force.
5. Vous avez consumé dans des torrents de soufre et
de feu les habitants de Sodome, ces peuples si fameux
par leur orgueil et leurs honteuses abominations ; et
vous avez fait de cette ville un exemple redoutable à
tous les siècles, de la rigueur de vos jugements.
6. Vous avez armé votre bras puissant contre le pha-
raon qui opprimait votre peuple sous une dure servi-
tude ; et, après avoir frappé de plusieurs plaies ce prince
endurci,
7. Vous l'avez enseveli dans les profonds abîmes de
la mer avec ses chars de guerre et toute son armée ;
et vous avez délivré de ses mains le peuple dont vous
étiez toute l'espérance, et qui, dans les transports de sa
juste reconnaissance, publia par des cantiques la force
de votre bras tout-puissant.
8. Seigneur, souverain créateur d= ce vaste univers,
vous avez choisi cette ville; et quoique^uffisant à vous
même, et n'ayant aucun besoin de vos créatures, vous
vous l'êtes consacrée, vous y avez paru dans tout l'éclat
de votre gloire, et vous l'avez rendue célèbre par la
sainteté de votre nom redoutable.
9. Vous avez aimé la maison d'Israël, et vous avez
promis, que quand même elle se serait éloignée de vous,
et que, pour la punir vous l'auriez réduite à la plus
affreuse misère, vous écouteriez néanmoins les prières
qu'elle viendrait vous offrir dans ce saint temple.
10. Vous êtes fidèle et véritable dans vos promesses,
vous avez souvent secouru nos pères dans leurs afflic-
tions ; et, touché de la sincérité de leurs larmes, vous
les avez délivrés des maux extrêmes qu'ils souffraient.
11. Et maintenant, Seigneur, Dieu saint, le nombre et
l'énormité de nos crimes nous ont réduits dans une
affreuse servitude, nos ennemis triomphent de notre fai-
blesse ;
12. Et pour comble de misère, un roi hardi et mé-
chant est sur le point de profaner le seul endroit de la
terre qui soit consacré à la sainteté de votre nom.
i;. Car vous habitez au plus haut des cieux, et ce lieu
est inaccessible à des hommes mortels. Mais, Seigneur,
parce que vous avez établi votre gloire au milieu
d'Israël, vous avez choisi cet endroit entie tous les
autres ;
14. Ne vous vengez point sur nous de ces abomina-
tions, et ne faites point retomber sur votre peuple les
châtiments que nos ennemis ont mérités ; de peur qu'ils
ne se glorifient dans leur impiété, et que, dans l'excès de
leur orgueil, ils ne disent : Nous avons foulé aux pieds
le lieu saint, comme on foule les lieux profanes.
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258
III. — MACCABEES.
II. PRIERE DU GRAND PRETRE SIMON
15. Dele peccata nostra, et dissipa errata nostra, et
ostende misericordiam tuam in tempore hoc. Cito préoc-
cupent nos miserationes tuae : et da laudationes in ore
prostratorum, et contritorum animis, faciens nobis pa-
cem.
16. Hic omnium inspector Deus, et ante oranes sanc-
tus in sanctis, exaudita sancta supplicatione, eum qui
contumelia et audacia valde elatus erat flagellavit ; hinc
et inde vibrans eum ut arundinem a vento, ita ut in solo
jam inutilis, et membris resolutus, neque loqui posset,
justo implicatus judicio.
17. Quamobrem amici, et corporis ejus custodes, eum
celerem et acutam vidèrent eum apprehendisse pœnam,
timentes ne et vita deficeret, cito illum extraxerunt,
ingenti perculsi timoré.
18. Sequenti autem tempore eum se collegisset nequa-
quam ad pœnitentitm venit, castigatus : sed eum amara
comminatione discessit.
19. Reversus autem in /Egyptum, et malitiamadaugens,
per compotores, et sodales jam indicatos ab omni jus-
tilia semotos, non solum in innumerabilibus libidinibus
perseveravit, sed etiam eo temeritatis processit, ut
infanda in locis constitueret, et multi ex amicis inten-
dentes in régis propositum etiam ipsi sequerentur illius
voluntatem.
;o. Proposuit autem publiée contra gentem dissemî-
nare vituperationem : et in turri, quas erat ad aulam,
erigens columnam, insculpsit scripturam, neminem
eorum qui non sacrificarent, ad sacra eorum ingredi ,
omnes autem Judasos in vulgi descriptionem et servilem
conditionem abduci ; qui autem contradicerent, vi abla-
tos, vita privan :
21. Hos autem descriptos signari etiam per ignem insi-
gni liberi, hederas folio, ac secedere ob jam coercitam
libertatem.
22. Verum ne omnibus infensus videretur, subscripsit :
sin autem ex eis aliqui elegerint versari eum iis qui
secundum Teletas initiati sunt, hos aequo jure cives eum
Alexandrinis esse.
2j. Igitur nonnulli quidem in civitate civilis religionis
gradus honorantes facile seipsos dederunt, tanquam ma-
gnas cujusdam gloriaî participes futuri ex ea quas lutura
esset eum rege conversatione.
24. Plerique autem generoso animo seipsos confirma-
verunt, et a pietate non secesserunt : et pecunias pro
vita commutantes, intrépide conabantur seipsos liberare
a descriptionibus, bona autem spe fieti perstabant, auxi-
lium se conseculuros ;
25. Et suos illos, qui recesserant. abominabantur, et
tanquam hostes gentis judicabant, et communi consuetu-
dine et utilitate privabant.
iç. Effacez nos péchés, ne vous ressouvenez plus de
nos iniquités; et, dans l'extrémité où nous nous trou-
vons réduits, faites éclater votre miséricorde. Hâtez-
vous, Seigneur, de nous secourir, et, en nous rendant la
paix et, la tranquillité, donnez à ce peuple abattu et
humilié de justes sujets de vous offrir leurs louanges.
16. Alors Celui à qui tout est présent, Dieu, la source
de toute sainteté, exauça des vœux si purs. Il étendit
son bras vengeur sur ce prince, qui allait ajouter à
l'orgueil de son cœur l'insulte et l'emportement ; et
l'agitant avec violence, comme un faible roseau devenu
le jouet du vent, il le renversa par terre sans force et
sans mouvement ; en sorte qu'accablé sous la main de
Celui qui le frappait avec tant de justice, il ne trouvait
plus de voix pour se faire entendre.
17. En même temps, ses favoris et ses gardes, qui
étaient les tristes témoins d'un châtiment si subit, crai-
gnirent qu'il n'expirât à leurs yeux ; et, saisis eux-mêmes
d'une vive crainte, ils l'emportèrent de ce lieu.
18. Ptolémée reprit peu à peu ses sens, et, tout brisé
qu'il était, il n'eut aucun regret de son crime; mais,
en se retirant, il fit d'horribles menaces à tous les Juifs.
19. Lorsqu'il fut de retour en Egypte, il mit le comble
à sa malice, et, soutenu de ses alliés et de ses amis, qui
ne conna ssaient pas plus que lui la justice et l'équité,
il s'abandonna à toutes sortes de voluptés; il poussa
même l'audace et l'effronterie jusqu'à répandre partout
les plus noires calomnies contre les Juifs, et engagea
ses favoris à le soutenir par de lâches artifices.
20. Ayant donc résolu de flétrir la nation juive par une
infamie publique, il fit élever une colonne dans la tour
qui était près de son palais ; elle portait par l'inscrip-
tion que personne n'entrât dans les temples de l'Egypte
sans y sacrifier aux dieux; qu'on fît un dénombrement
exact de tous les Juifs qui se trouveraient dans son em-
pire, et qu'ils fussent réduits au rang des esclaves : que
si quelqu'un refusait de se soumettre à cet ordre, il fût
mis à mort ;
ai. Que ceux qui seraient enregistrés fussent marqués
avec un fer chaud d'une feuille de lierre, pour preuve
de leur consécration à Bacchus, et de leur servitude.
2:. Mais pour ne point s'attirer en même temps la
haine de toute la nation, il ajouta que, si quelques-uns
d'entre eux voulaient se faire initier aux mystères de ses
dieux, ils jouiraient des mêmes privilèges que les
citoyens d'Alexandrie.
2;. Plusieurs Juifs renoncèrent aisément. à la sainte
alliance pour embrasser la religion du prince, dans
l'espérance que ce changement leur ouvrirait la voie à
toutes sortes d'honneurs et de dignités.
24. Mais d'autres, inébranlables dans leur foi, s'y tin-
rent courageusement attachés, et, rachetant leur vie de
quelques sommes d'argent, ils tâchaient de se délivrer
d'une honteuse servitude ; ils avaient une ferme assu-
rance que le ciel combattrait enfin pour eux.
25. Ils regardaient avec abomination et comme les
véritables ennemis de leur nation ceux qui les avaient
si indignement abandonnés, et ne voulaient avoir avec
eux ni liaison ni commerce.
CHAPITRE III
I. Quœ cura comperisset impius, adeo iratus est, ut
non solum iis qui ad Alexandriam succenseret, sedetiam
iis qui in regione gravius adversaretur, et juberet festi-
nantes congregare omnes simul, et pessima nece vitam
ipsis adimere.
2. His autem constitutif, fama inimica pervulgabatur
contra ipsum genus, hominibus consentientibus ad male-
ficium, occasione data ad constitutionem, tanquam eos a
legitimis prohibèrent.
;. At Judasi erga régis quidem benevolentiam et fidem
immutabilem conservabant ;jenerantes autem Deum, et
ex ipsius lege rempublicam gerentes secessionem in
aliquibus faciebant, et mutationem ; quam ob causam ali-
quibus odiosi videbantur. Sed justarumactionum functione
conversationem ornantes, omnibus hominibus probati
extiterunt.
4. Igitur ipsam quidem de génère in omnibus pervulga-
tam recte agendi rationem alienigenœ nequaquam recen-
suerunt, verum de adorationibus et cibis discrimen
pervulgabant, dicentes; neque régi, neque exercitibus
lœderatos esse homines, sed esse odiosos,et majorem in
modum negotiis adversari ; et non mediocrem excitarunt
vituperationem.
5. Grasci autem, qui erant in civitate, nullis injuriis
atïecti tumultum inexpectatum circa homines videntes, et
concursus improvisos fieri ; auxiliari quidem non pote-
rant (tyrannica enim erat constitutio) :
0. Sed consolabantur, et graviter ferebant, et mutatum
hase iri putabant : non enim sic contemnet talem consti-
tutionem, qui nihil ignoraverit.
7. Jam vero et quidam vicini, et amici, et qui simul
negociabantur, secreto quosdam accersentes, fidein
dabant contegendo, et omnem diligentiam ad defen-
sionem.
8. Igitur ille quidem praesenti prosperitate exultans,
et non considerans maximi Dei potestatem, putans au-
tem perpetuo in eodem perseverare consilio, scripsit
contra eos epistolam hanc :
9. Rex Ptolemaîus Philopator iis qui per ^Egyptum et
per loca, ducibus, et militibus, gaudere et valere. Valeo
autem et ego ipse, et res nostrse.
10. Post factam nobis in Asiam expeditionem, quam
ipsi etiam scitis, quae deorum erga nos improviso con-
silio, et fortitudme etiam nostra secundum rationem ad
optimam finem perducta est, putavimus non violentia
lanceee, sed, œquitate, et multa humanitate indulgenter
tractare gentes, quas habitant Ccelesyriam, et Phceni-
cem, ac libenter benefacere.
11. Et cum templis, quas sunt per civitates, tribuisse-
mus reditus multos, venimus etiam Hierosolymam, as-
cendentes, honorare templum scelestorum illorum, et
nunquam desistentium ab amentia.
1. L'impie Ptolémée, instruit de toutes ces choses,
entra dans une furieuse colère contre les Juifs d'Alexan-
drie, et, s'irritant encore davantage contre ceux qui
étaient répandus dans les autres endroits de l'empire, il
ordonna qu'on les assemblât tous promptement dans un
même lieu, et qu'on les y fit mourir par les supplices les
plus redoutables.
2. Ces ordres ayant été donnés, les ennemis des Juifs
profitèrent de ces conjectures si favorables à leur ani-
mosité, et publièrent partout qu'ils voulaient s'opposer
à l'exécution des lois qu'on venait de faire contre leur
nation.
;. Les Juifs cependant étaient inébranlables dans
l'obéissance et la soumission qu'ils devaient aux puis-
sances temporelles ; mais, comme ils craignaient Dieu et
qu'ils cherchaient à se conformer en toutes choses à ses
ordonnances, ils se séparaient et s'éloignaient des enne-
mis de son culte ; ce qui les rendait odieux à un petit
nombre de personnes, pendant qu'ils forçaient la mul-
titude d'admirer l'innocence et la pureté de leur vie.
4. En effet, dans les bruits que leurs ennemis répan-
dirent contre eux, ils épargnèrent toujours leurs mœurs
et n'attaquèrent que la singularité de leur culte et de leur
manière de vivre, disant que c'était une nation ennemie
des rois et des puissances, et toujours prête à troubler
la tranquillité publique.
<,. Pour les Grecs d'Alexandrie qui n'avaient aucun
sujet d'inimitié contre les Juifs, ils virent avec douleur
l'orage qui se formait contre eux et les mouvements qui
allaient hâter leur perte; et, dans l'impuissance où ils
étaient de les secourir sous un gouvernement si tyran-
nique, ils venaient compatir à leurs malheurs ;
6. Et par des discours pleins de consolations, ils leur
faisaient espérer que cette entreprise tomberait d'elle-
même, et que Dieu rendrait inutiles les pernicieux des-
seins de leurs ennemis.
7. Leurs voisins, leurs amis, ceux avec qui ils avaient
quelque liaison s'unirent ensemble ; et, après en avoir
attiré d'autres, ils promirent tous avec serment de ne
rien négliger pour les secourir.
8. Cependant Ptolémée, enflé de sa fortune présente,
méprisait la présence de Dieu, et, persistant toujours
dans la résolution de se venger des Juifs, il écrivit cette
lettre contre eux.
9. Le roi Ptolémée Philopator, aux généraux de nos
armées, et à tous ceux qui combattent sous leurs ordres
dans l'Egypte et dans les autres lieux de notre empire,
salut et prospérité. Nous jouissons nous-mêmes d'une
santé parfaite, et le bonheur nous accompagne en toutes
choses.
10. Après que nous eûmesentrepris l'expédition d'Asie,
commevousle savez, et que, soutenu du puissant secours
des dieux et de la valeur de nos troupes, nous eûmes
fait réussir cette entreprise selon nos désirs, nous ju-
geâmes que, pour soumettre les peuples de Ccelé-Syrie
et de Phénicie, nous n'avions point d'autres armes à
employer que la douceur, l'humanité et les bienfaits.
il. Et après avoir offert dans tous les temples nos
vœux et nos dons, nous formâmes le dessein d'aller à
Jérusalem, et d'y rendre de pareils hommages à la Divi-
nité de ces hommes perfides et insensés.
2Ô0
III.— MACCABÉES. — III. LETTRE DE PTOLÊMÈE
12. Illi auterr. verbo quidem nostram suscipientes
praesentiam, re autem falso, volentibus nobis introire in
templum eorum, et decentibus ac pulcherrimis donis
honorare, tumoribus antiquioribus agitati prohibuerunt
nos ab ingressu.
15. (Cum inferiores essent nostris viribus) ob eam
quam erga omnes homines habemus, humanitatem. Suam
autem erga nos malevnlentiam manifestam facientes,
quippe soli prorsus gentium contra reges et beneficos
suos cervicem erigentes, nihil legitimum ferre volunt.
14. Nos autem cum horum amentia conversati, et cum
Victoria reversi, et in ^Egypto omnibus nationibus huma-
niter occurrentes, prout decebat, fecimus.
1Ç. In his autem erga gentiles eorum oblivionem inju-
riarum omnibus notam facientes, propter societatem, et
commissa eis antiquitus cum simplicitate sexcenta ne-
gotia aggressi mutare, voluimus Alexandrinorum etiam
republica eos dignari, et participes semper sacerdotum
constituere.
16. Illi autem in contrariam partem accipientes, et
insitaimprobitate honestum repellentes, perpetuo autem
ad malum proni, non solum cum ignominia repudiarunt
jus civitatis ; sed etiam abominantur, et verbo et silentlo
paucos quosdam ex eis erga nos légitime affectos, sem-
per suspicantes, ob infamem vitas rationem cito nos
eversuros recte facta.
17. Quamobrem argumentis etiam probe persuasi hos
omnibus modis contra nos maie sentire, et providentes
ne forte repentina post hac turbatione nobis imminente
hos a tergo proditores, et barbaros habeamus hostes.
18. Jussimus, simul atque allata fuerit epistola hase,
eadem hora eos qui habitant cum uxoribus et filiis, cum
coniumeliis et vexationibus mittere ad nos vinculis ferreis
undique conclusos, ad tetram et infamem inimicis cor.ve-
nientem casdem.
10. His enim simul punitis, putavimus, in reliquum
tempus perfecte nobis res in bono statu et optima dispo-
sitione constitutum iri.
20. Quicumque autem quempiam Judœorum texerit a
sene usque ad infa"tem, usque ad lactentes, turpissimis
tormentis occidetur cum tota domo :
21. Qui autem indicare posuerit, eo ipso substantiam
ejus qui incidit in pœnam accipiet, et de regali argento
drachmas bis mille, et libertatem adipiscetur et coro-
nabitur.
22. Omnis autem locus, ubicunque deprehensus fuerit
omnino tectus Judaeus, invius et igné combustus fiât, et
omni mortali naturas ad omnia inutilis extet in sempi-
ternum tempus. Et formula quidem epistolae sic scripta
est.
12. Ils parurent se réjouir à notre arrivée; mais
comme leur joie n'était point sincère, à peine nous
fûmes-nous avancés pour offrir nous-mêmes dans le
temple les riches dons que nous y apportions, que, rap-
pelant leur ancien orgueil, ils nous en défendirent l'en-
trée.
ij. Oubliant cette haute puissance où nous nous
sommes élevé par notre humanité envers tous les hom-
mes, ils ne dissimulent plus la haine qu'ils ont pour
nous; et, comme s'ils étaient les seuls maîtres de la
terre, ils s'élèvent avec insolence contre les rois leurs
bienfaiteurs, et ne peuvent souffrir aucune autorité légi-
time.
14. Outré donc de tous ces excès, nous revînmes en
Egypte pour y goûter les fruits de nos victoires, et
nous laissâmes dans tous les lieux de notre passage des
marques éclatantes de notre bonté.
iç. Enfin, pour mettre le comble a notre générosité
envers les Juifs, nous leur accordâmes par un édit le
pardon général des injures passées, tant à cause des
traités faits entre eux et nous, que pour la sûreté d'une
infinité d'affaires qire nous leur avions confiées avec
trop de facilité : nous ne fîmes pas même difficulté de
violer en leur faveur les anciens usages de cet empire,
en les associant aux privilèges des citoyens d'Alexan-
drie et en leur faisant part du sacerdoce perpétuel.
16. Mais eux au contraire, par une méchanceté natu-
relle et plus forte que tous nos bienfaits, ne se sont pas
contentés de rejeter avec mépris le droit de citoyens
qu'on leur offrait. Ils regardent même avec abomination
ceux de leur nation qui nous sont sincèrement attachés,
et ils se flattent que les crimes dont ils nous croient
coupable, arrêteront enfin le cours de nos prospérités.
17. Etant donc fortement convaincus qu'ils ne roulent
que de mauvais desseins contre nous, et pour empêcher
qu'au premier signal de révolte nous ne trouvions dans
ces hommes également traîtres et impies, des ennemis
redoutables,
i3. Nous vous faisons savoir qu'aussitôt que vous
aurez reçu ces lettres, vous ajoutiez les tourments à
l'insulte, et que vous nous les envoyiez chargés de
chaînes avec leurs femmes et leurs enfants, afin qu'ils
périssent par une mort honteuse et proportionnée à
l'énormité de leurs crimes.
19. Car nous espérons que leur perte assurera pour
toujours le bonheur et la tranquillité de notre empire.
20. Quiconque, grand ou petit, se rendra protecteur
des Juifs, sera puni avec toute sa maison par les sup-
plices les plus honteux.
21. Si quelqu'un, au contraire, vient à déceler un Juif ;
outre la confiscation de tous les biens du coupable, il
aura déplus avec la libertédeux mille drachmes d'argent
qui lui seront payées de nos trésors.
22. Toute maison où l'on trouvera un Juif caché sera
détruite par le feu et rendue à jamais inutile à quel-
que usage que ce soit. Tels étaient les termes de la
lettre du roi.
CHAPITRE IV
i. Ubicunque autem promulgatum fuit hoc edictum ;
populare convivium constitutum est gentibus cum jubi-
lationibus et gaudio, tanquam jam antiquitus indurata in
eorum mente, audacter simul se prodente inimicitia.
2. Judasis autem insanabilis luctus erat, et prorsus
lugubris cum lacrymis clamor, gemitibus undique inflam-
mato ipsorum corde, gementibus improvisam repente
sibi constitutam perniciem.
j. Quas prasfectura, aut civitas, aut quis omnino habi-
tatus locus, vel quas via? planctu et gemitibus super his
non complebantur ?
4. Sic enim acerbo et immili animo, a ducibus qui
per civitates unanimiter ejiciebantur, ut ad eximia sup-
plicia quidam etiam ex inimicis ante oculos sibi ponen-
tes communem misericordiam, et considérantes incer-
tam vitas mutationem, fièrent miserrimam eorum expul-
sionem.
5. Agebatur enim senum multitudo canitie cooperto-
rum, ob tarditatem quas ex aatate, pedibus incurvis, im-
petu violentas ejectionis, absque ullo pudore abutentibus
ad citam itionem.
6. Quae autem nuper ad vitas communionem conjuga-
lem subierant thalamum adolescentulas, pro delectatione
translatas ad gemitus, et pulvere unguentatam consper-
sas comam, aperte autem ductas lamentationem pro
hymenaeis unanimiter incipiebant, tanquam laceratae vexa-
tionibus alienigenis. Vinctae autem populares usque ad
ascensum in navim trahebantur cum violentia.
7. Ipsiqae horum conjuges laqueis pro coronis impli-
cati cervicibus cum florida et juvenili setate, pro con-
vivio, et juvenili negligentia reliquos nuptiarum dies in
lamentis agebant, ad pedes jam infernum videntes posi-
tum.
8. Abducebantur autem ferarum more tracti ferreo-
rum vinculorum necessitatibus : hi quidem transtris
navium aflïxi collis, illi autem constricti pedes insolu-
bilibus compedibus, prasterea vero desuper densa
tabula disposita a lumine exclusi, ut undique obtene-
bratisoculis, vitam insidiatorum in tota navigatione dege-
rent.
9. His autem super dictam ratem ductis, et naviga-
tione confecta, sicut erat sancitum a rege, jussit eos in
Hippodromo, qui est ante civitatem, castrametari ; cu-
jus ingens erat spatium, quique ad manifestum oppro-
brium valde erat opportunus, propositus omnibus qui
pergebant in civitatem, et qui ex his in regionem profi-
ciscebantur peregre : ut neque exercitibus ejus commu-
nicarent, neque mûris omnino dignarentur.
10. Postquam vero id factum est, cum vidisset eos
qui in civitate ejusdem gentis essent, clam egredientes
frequentius lugere ignominiosam fratrum miseriam ;
iratus jussit et his simul eodem modo diligenter fieri,
atque illis, nihil minus ullo modo habentibus illorum
supplicio : describi autem omne genus ex nomine,
11. Ad paulo ante demonstratam operum laboriosam
servitutem, tortos autem denuntiatis tormentis demum
deleri sub unius diei tempus.
1. Dans tous les lieux où ces ordres furent publiés
éclatait la joie commune par des festins publics et des
acclamations générales, et, dans la licence de ces fêtes,
se montrait enfin cette haine secrète qu'on nourrissait
depuis longtemps contre les Juifs.
2. Pour eux, ils étaient dans une affreuse désolation,
et déploraient avec les larmes les plus arriéres et les
gémissements les plus vifs la perte iuévitable de leur
nation.
j. Quelle province, quelle ville, quelles places, quels
lieux enfin un peu connus des hommes, ne retentirent
point de leurs plaintes et de leurs gémissements?
4. Les ordres des gouverneurs s'exécutaient partout
avec tant de barbarie et d'inhumanité, que plusieurs
même de leurs ennemis, cédant aux sentiments d'une
compassion naturelle, et frappés d'une vive image de
l'instabilité des choses humaines, ne pouvaient s'empê-
cher d'accuser la rigueur avec laquelle on les chassait
de toutes les villes pour les conduire en Egypte.
Ç. A la tête de toute cette multitude rassemblée mar-
chaient des vieillards vénérables qui, malgré leurs corps
appesantis et courbés, étaient obligés de hâter leurs
pas pour éviter les traitements cruels dont on ne rou-
gissait point de les menacer.
6. De jeunes femmes, enlevées à leurs époux parmi
les réjouissances de leur mariage, tombaient tout d'un
coup dans un deuil affreux, et changeaient en d'horri-
bles gémissements leurs chansons et leurs cantiques.
Elles cachaient sous la poussière dont elles se cou-
vraient la tête, les ornements et les parfums de leurs
cheveux, et toutes liées ensemble, elles suivaient jus-
qu'au rivage des conducteurs barbares et inhumains.
7. Leurs nouveaux époux quittaient les couronnes
qu'ils avaient sur leurs têtes, et, chargés de chaînes
pesantes, ils passaient dans l'attente de la mort, des
jours destinés au plaisir et à la joie.
8. On les traînait avec violence comme des bêtes fauves
jusqu'au vaisseau qui devait les transporter, les uns étaient
attachés par le cou aux bancs des rameurs; d'autres
avaient des entraves aux pieds, et, pour leur ôter jusqu'à
la vue de la lumière pendant tous les jours de la naviga-
tion, on mit par-dessus leurs têtes un plancher fort
épais ; ils furent traités comme les plus scélérats de tous
les hommes.
9. Les Juifs étant enfin arrivés en Egypte, le roi ne
voulut pas qu'ils eussent aucune communication avec les
habitants d'Alexandrie, ni même avec ses troupes ; il
ordonna qu'ils restassent sous des tentes dressées dans
l'Hippodrome, qui était un lieu spacieux et très favora-
ble à exposer aux yeux de tous ceux qui entraient dans
la ville et qui en sortaient, la vengeance qu'il allait exer-
cer sur toute cette nation.
10. Ayant ensuite été informé que quelques Juifs
d'Alexandrie venaient souvent mêler leurs larmes à
celles de leurs frères, il entra dans une étrange colère,
et commanda qu'on traitât ces derniers comme les
autres, qu'on les punît des mêmes supplices, et qu'on
fît un dénombrement exact de toute la nation des
Juifs,
11. Ajoutant que la servitude à laquelle on les avait
déjà assujettis ne les garantirait pas des tourments les
plus horribles, jusqu'à ce qu'il eût enfin le plaisir de les
voir tous périr en un même jour.
2Ô2
III.
MACCABEES.
IV. RECENSEMENT DES JUIFS
12. Facta igilur est horum descriptio cum acerbo
studio, et ambitiosa assessione a solis ortu usque
ad occssum, nondum accipiens finem ad dies quadra-
ginta.
i{. Magnifiée autem et assidue rex gaudio impletus
convivia ad omnia idola celebrans, errante procul a veri-
tate mente, et prophano ore, muta quidem, et quae non
possunt ipsis loqui, neque auxiliari, laudans, in summum
autem Deum, qua2 non decebat, loquens.
14. Post prsedictum autem temporis intervallum nun-
tiaverunt scribaî régi, non posse ulterius Judaeorum des-
criptionem fieri propter immensam eorum multitudinem :
quippe cum adhuc plures essent per regionem, hi quidem
adhuc domi consistentes, illi vero et per loca, ita ut
minime id prasstari posset ab omnibus, qui super /Egyp-
tum ducibus.
H. Cum autem durius illis minatus esset, tanquam,
qui muneribus corrupti essent ad machinationem fugœ,
contigit ei manifesto de hac re fidem fieri, dicentibus
illis cum demonstratione et chartam jam, et scriptorios
calamos quibus utebantur, defecisse.
16. Hoc autem erat opus invictae e cœlo auxiliantis
Judas providentiae.
12. L'on fit donc ce dénombrement avec beaucoup
d'exactitude et de diligence, et, quoiqu'on y travaillât
régulièrement depuis le lever du soleil jusqu'au soir,
il ne put néanmoins être achevé au bout de quarante
jours.
1;. Le roi, cependant, dans le transport de sa joie,
faisait des festins à toutes les idoles, et, se livrant sans
réserve à l'erreur de son cœur, il donnait des éloges
profanes et criminels à des dieux muets et incapables
de le secourir: pendant qu'il vomissait d'horribles blas-
phèmes contre le Dieu tout-puissant.
14. Enfin, après quarante jours de travail, les secré-
taires rapportèrent qu'ils ne pouvaient plus suffire au
dénombrement des Juifs à cause de leur nombre prodi-
gieux, les uns se trouvant répandus dans diverses pro-
vinces, les autres se tenant cachés dans les maisons; en
sorte que la chose ne s:rait pas même possible quand
tous les intendants de l'Egypte s'en mêleraient.
i<,. Le roi, peu satisfait de ces raisons, leur fit des
menaces sévères, et les accusa d'avoir reçu des présents
pour soustraire les Juifs à sa vengeance. Cependant il
ne douta plus de leur rapport lorsqu'il eut vu de ses
propres yeux leurs registres remplis et leurs plumes
entièrement usées ;
\lj. Ce qui sans doute était l'ouvrage de cette Provi-
dence à qui rien ne résiste, et qui, du haut du ciel où
elle réside, faisait éprouver aux Juifs les effets de sa
protection.
CHAPITRE V
1. Tune vocans Hermonem praspositum elephantorum i. Ptolémée, transporté d'une colère furieuse et qui
curas, gravi plenus ira et bile, omnino immutabilis jussit, rien n'était capable de fléchir, fit appeler Hertnon qui avait
insequerti die, largis pugillis thuris, et vino multo puro l'intendance sur cinq cents éléphants, et lui ordonna que,
omnes potare elephantos, qui erant numéro quingenti ; le lendemain, l'on donnât à ces animaux une grand;
et efferatos copiosa potionis praebitione immittere in quantité de parfums broyés avec du vin pur, afin qu'eni-
occursum mortis Judasorum. vrés de ce breuvage violent, ils se tournassent avec plus
de fureur contre les Juifs.
2. Ille quidem hase prascipiens vertit se ad convivium, 2. Il se rendit ensuite au festin auquel il avait invité
congregans eos maxime ex amicis et exercitu, qui infensi ses courtisans et les généraux de ses armées, tous enne-
erant Judasis. Praepositus autem elephantorum, Hermon, mis communs des Juifs, hermon se hâta d'exécuter les
quod prasceptum erat, apte perficiebat. ordres du roi.
;. Ac prasterea ministri ad vesperam exeuntes, mise- ?. Il envoya des gardes à l'entrée de la nuit pour lier
rorum manus ligabant, et reliquam sibi moliebantur les mains de tous les Juifs, et prit à leur égard toutes les
circa ipsos cautionem, crepusculo matutino existimantes sûretés imaginables, assuré que le jour suivant serait
simul accepturam gentem terminum mortis. le dernier pour toute cette nation.
4. Qui autem omni protectione destituti videbantur 4. Ht en effet, leur perte paraissait inévitable dans
gentibus Judasi, eo quod undique premeret eos cum vin- l'impuissance où étaient les Juifs de rompre les fers dont
culis nécessitas, omnipotentem Dominum, et omnipo- on les avait garrottés ; en cet état, ils ne cessaient tous
tentias dominantem misericordem Deum suum, et patrem, ensemble d'invoquer avec des larmes amères Celui à qui
incessabili clamore omnes cum lacrymis invocabant, appartient l'empire et la puissance sur toutes les créa-
orantes ut removeret impium quod contra se consilium, tures, conjurant ce père tendre, ce Dieu de miséricorde,
et ipsos liberaret cum magnifica prœsentia, ex ea quas de rendre inutiles les desseins impies qu'on avait formés
ad pedes erat in promptu morte. contre eux, et de les garantir par un secours éclatant
d'une mort à laquelle ils ne pouvaient échapper.
Ç. Ergo horum quidem supplicatio assidue ascendebat ?. Leurs prières parvinrent jusqu'au ciel : Hermon
in cœlum : Hermon autem, cum immites elephantos po- avait déjà eu soin d'irriter la cruauté des éléphants en
tasset, repletos multa praebitione vini.et thure saturatos, leur faisant boire du vin mêlé d'encens, et s'était rendu
diluculo ad aulam affuit, ut haec nuntiaret régi. au palais de grand matin pour en rendre compte au roi-
6. Hanc autem ab asterno tempore creaturam bonam 6. Mais Dieu qui tient en sa puissance le repos du
in nocle et die concessaVn ab eo qui gratificatur omnibus jour et de la nuit, ce présent plein de charmes qu'il a
quibuscumque ipse voluerit, somni parlem misit ad reeem: fait aux hommes avec tant de libéralité, envoya à Ptolé-
mér un sommeil doux et profond,
7. Et jucundissima et profunda detentus operatione 7. Qui fit avorter ses projets funestes, et empêcha
Domini, injusto quidem proposito valde fraudatus, et ab l'exécution des ordres qu'il avait donnés le jour précé -
irrevocabili cogitatione magnifiée deceptus. dent.
8. Judasi autem prassignatam horam fugientes sanctum 8. Les Juifs, voyant que le temps marqué pour leur
laudabant Deum suum : et iterum rogabant eum qui facile supplice était passé, louaient le Dieu de toute sainteté,
reconciliatur, ut demonstraret robustissimas suae manus et le conjuraient de nouveau de faire éclater la puissance
potentiam gentibus superbis. de son bras aux yeux des nations orgueilleuses.
9. Cum autem média jam fere esset décima hora, qui 0. Vers le milieu de la dixième heure du jour, les
ad vocationes erat ordinatus, confertos videns vocatos, courtisans étaient assemblés depuis longtemps, lorsqu'un
pupugit accedens regem. Et, cum vix excitasset, osten- officier entra dans la chambre du roi, et l'ayant éveillé
dit compotationis tempus jam praslerire, eam quas de his avec assez de peine, lui représenta que l'heure du repas
rébus solet,rationem faciens. Quam rex reputans, et ver- était presque passée; le roi vint aussitôt dans la salle
sus ad convivium jussit eos qui vénérant ad compotatio- du festin, et, après avoir fait asseoir tous les convives eu
nem accumbere coram se. sa présence,
10. Quod etiam cum factum esset, hortabatur ut epu- 10. Il les exhorta à donner le reste du jour aux plaisirs
lis sese dantes praesentem compotationis partem multum et aux délices de la table.
célébrantes in ïaetitia insumerent.
11. Longius autem procedente convivio, Hermonem 11. Sur la fin du repas, il fit venir Hermon, et lui de-
accersens rex, cum acerbis minis interrogabat, quam ob manda d'une voix terrible et menaçante pourquoi on ne
causam permissi essent Judasi praesentem diem supers- l'avait pas encore délivré des Juifs.
tites agere.
12. [îlo autem ostendente, noctu, quod prasceptum 12. Hermon lui ayant répondu qu'il avait employé
erat, se ad finem perduxisse, et amicis ei testimonium toute la nuit à exécuter ses ordres; et les convives
dantibus, ille deteriorem Phalaride crudelitatem habens, l'ayant pleinement justifié sur cela : Eh bien, dit ce roi
dixit : Hodierno somno gratiam habeant illi. plus barbare que Phalaris, si un trop long sommeil leur
a été favorable et est cause que je ne suis point encore
vengé,
1?. Sine dilatione autem in advenientem diem simili- 1 j. Qu'on prépare de nouveau les éléphants, afin que
ter para elephantos ad scelestorum Judasorum perditio- demain, sans aucun délai, ces hommes abominables ces-
nem. sent enfin de vivre.
26-}
II
MACCABÉES. — V. INCONSTANCE DE PTOLÉMÉE
14. Cum dixisset autem rex, ultro omnes qui aderant
cum gaudio simul collaudantes, in propriam domum
unusquique reversus est. Neque tam in somno insump-
ser.int tempus noctis, quam in excogitandis omnis gene-
ris ludibriis in eos qui miseri videbantur.
iç. Nuper autem gallus cantaverat matutinus, et bes-
tias cum armasset Hermon, in magno porticu concitabat-
Turbaî autem quae in civitate convenerant ad maxime
miserabile spectaculum, expectantes auroram cum avi-
ditate.
16. Judasi autem ad invisibile tempus animo suspensi
lacrymosa supplicatione in canticis luctuosis tendentes
manus in crclum orabant summum Deura, ut rursus ipsis
auxiliaretur brevi.
17. Nondum autem solis radii disseminabantur, et rege
amicos admittente, Hermon adstans vocabat ad exitum,
ostendens propositum régis in promptu esse.
18. 1 1 le autem, cum percepisset, et obstupuisset super
iniquo exitu, ignoratione prorsus detentus interrogabat
quodnam negotium esset, pro quo id ei cum festinatione
confectum esset. Hoc autem erat opus omnium domi-
nantis Dei, eorum quae antea ipsi excogitata erant, obli-
vionem in mentem immittentis.
19. Hermon autem suggessit, et omnes amici, bes-
tias, et exercitus paratos esse, o rex, juxta tuum instans
propositum.
20. Ille autem super his quae dicta erant, repletus bile,
eo quod omnis ejus de his cogitatio per Dei providentiam
dissipata esset, intuens cum minjs dixit :
21. Si tibi parentes essent, aut filiorum fœtus : hune
bestiis ferocibus apparasses copiosum cibum pro incul-
patis, et qui majoribus meis perpetuam firmam fidem
eximie praestiterunt,Judaeis ? atqui, nisi intercederet com-
munis educationis amor, et utilitatis ratio, vita pro his
privatus esses.
22. Ita Hermon improvisam et periculosam subiit
comminationem, et aspectu et vultu demissus fuit. Unus-
quisque autem amicorum mœste tabescens, eos quicon-
gregati erant, dimiserunt unumquemque ad proprium ne-
gotium.
25. At Judasi, cum audissent ea quae a rege, prsesentem
Deum, et regem regum laudabant, hoc etiam ipsiusauxi-
lium assecuti.
24. Verum secundum has ipsas leges rex iterum cons-
tituens convivium, hortabatur ad lastitiam se converte-
rent. Accersito autim Hermone cum minis dixit ; quo-
ties tibi de his ipsis praecipiendum est, infelicissime ?
Elephantos adhuc etiam nunc arma in crastinum ad Ju-
dasorum perditionem.
25. Cognati autem, qui simul discumbebant, incons-
tantem illius mentem admirantes, proferebant haec : rex,
usquequo nos tanquam stolidos pertentas, praecipiens
jam tertio illos deleri et iterum in rébus ipsis, mutatione
dissolvens ea quas tibi décréta sunt ?
26. Quamobrem civitas propter expectationem tumul-
tuatur, et plena coitionum, jam etiam periciitatur ssepe
diripi.
27. Quocirca rex in omnibus Phalaris impletus stolidi-
tate,ei factas in se ad visitationem Judseorum mutationes
animi pro nihilo ducens,
28. Impium confirmavit juramentum, statuens hos qui-
dem sine dilatione mittere in infernum, genibus et pedi-
bus (erarum cruciatos : exefeitu autem ducto contra Ju-
daeam, solo illam ajquaturum igné et hasta velociter, et
14. Tous ceux qui étaient présents applaudirent aux
discours du roi, et chacun se retira chez soi, moins pour
s'y livrer au sommeil, que pour employer le temps qui
leur restait à imaginer de nouveaux genres d'insultes et
d'outrages contre ce peuple malheureux.
iç. Au chant du coq, Hermon avait déjà rangé ses
éléphants sous de vastes galeries; toute la ville accou-
rait en foule et attendait avec impatience que le jo-ir
parût pour jouir de cet horrible spectacle.
16. Les Juifs, dans le peu de temps qui leur restait,
levaient les mains vers le ciel, et, par des torrents de lar-
mes et les gémissements les plus vifs, ils conjuraient le
Dieu tout-puissant de leur accorder encore un prompt
secours.
17. Le jour commençait à paraître et les grands avaient
été introduits dans l'appartement du roi, lorsque Her-
mon vint avertir qu'il était temps de sortir pour se pla-
cer, et qu'on allait exécuter les ordres du roi.
18. Ptolémée, surpris de voir sortir tout le monde
avec tant d'ardeur et de précipitation, en demanda la
cause a Hermon ; car il ne se ressouvenait plus des or-
dres qu'il lui avait donnés le jour précédent, et Dieu,
par un effet de sa puissance, avait elfacé de la mémoire
de ce prince tous les desseins formés contre les Juifs.
19. Alors Hermon et tous les grands de la cour ré-
pondirent au roi qu'on avait disposé les éléphants et
toutes les autres choses nécessaires pour le supplice des
Juifs, selon le vif désir qu'il avait témoigné en avoir le
jour précédent.
20. Alors le roi, changé tout d'un coup par une puis-
sance invisible, entra dans une furieuse colère contre
Hermon, et lui dit :
21. S'il eût été question du supplice de quelques-uns
de vos enfants ou de vos parents, eussiez-vous excité
les éléphants avec autant de fureur que vous l'avez fait
aujourd'hui contre les Juifs, qui ont toujours eu pour
mes prédécesseurs une fidélité inviolable? Sachez donc
que, sans les services que vous m'avez rendus, et les liens
étroits qu'une éducation commune a formés entre vous
et moi, je vous ferais mourir en leur place.
22. Hermon fut extrêmement troublé de ces menaces
auxquelles il s'attendait si peu, et les grands de la cour
s'étant retirés tristes et confus de devant le roi, ordon-
nèrent à tout le peuple de retourner chacun à leurs oc-
cupations ordinaires.
2;. Les Juifs n'eurent pas plutôt appris ce qui s'était
passé, que tous, de concert, ils bénirent le Dieu sou-
verain qui les avait délivrés d'une manière si écla-
tante.
24. Quelques jours après, Ptolémée donna un second
festin, et, après avoir exhorté les convives à se réjouir,
il fit appeler Hermon, et lui dit d'un ton menaçant : In-
digne serviteur, quand enfin respecterez-vous mes or-
dres ? que demain donc, sans différer, les éléphants
soient en état de me délivrer des Juifs.
2'). Ceux qui étaient à table avec le roi, indignés de
ces fréquentes irrésolutions, lui parlèrent en ces termes:
O roi, jusques à quand nous traiterez-vous comme des
gens sans raison ; c'est la troisième fois que vous vou-
lez la perte des Juifs, et, chaque fois, changeant de sen-
timents, vous révoquez ces premiers ordres.
26. Cependant toute la ville est troublée dans l'attente
de ce qui arrivera, et les fréquentes assemblées (ont
craindre pour elle les derniers malheurs.
27. Alors ce roi rempli de la fureur de Phalaris, sans
écouter davantage ce que la pitié pouvait lui suggérer
en faveur des Juifs qu'il avait résolu de perdre,
28. Promit par un serment irrévocable qu'il les ferait
tous périr sous les pieds des éléphants; que, retournant
ensuite en Judée, il mettrait tout à feu et à sang ; qu'il
détruirait le temple dont on lui avait défendu l'entrée,
III.— MACCABÉES. — V. - DÉSESPOIR DES JUIFS 265
invium illorum nobis templum igné cito prostraturum, et et qu'il empêcherait qu'on y offrit davantage des sacri-
ab i II o sacrificantibus vacuum facturum. fices.
29. Tune lœti discedentes amici et cognati, cum fide 29. Les courtisans se retirèrent très satisfaits de ce dis-
disposuerunt exercitus opportunissimis locis civitatis ad cours, et, de ce pas, ils allèrent placer dans les endroits
custodiam. les plus commodes de la ville des troupes capables d'y
maintenir la tranquillité et le bon ordre.
;o. Elephantorum autem prœpositus, cum feras, quasi ?o. Hermon, de son côté, employa les breuvages les
ut ita dicam, ad insanam habitudinem adduxisset, odora- plus parfumés et les plus violents pour augmenter la
tissimis potionibus vini cum thure misti horribilibus prse- férocité naturelle des éléphants, et voyant que le peuple
parationibus praeparatas, circa auroram, civitate jam avait prévenu l'aurore pour s'assembler à l'Hippodrome,
turbis innumerabilibus ad Hippodromum referta, in- il vint au palais, et engagea le roi à voir enfin ce qu'il
gressus aulam, ad id quod propositum erat, incitavit avait désiré avec tant de passion,
regem.
ji. Ille autem gravi ira impletus impium cor, omni ;i. Ptolémée, le cœur gonflé de colère, suivit les élé-
mole cum leris exiliit, volens immiti corde, etiam pupil- phants dans l'Hippodrome, pour y donner à sa cruauté,
lis oculorum spectareœrumnosam et miscram eorum qui dtns la ruine de tout un peuple, un spectacle plein
jam dicti sunt, subversionem. d'horreur et de barbarie, digne enfin de son impiété.
J2. Ut autem elephantorum exeuntium circa portam, 52. Quand les Juifs aperçurent l'horrible poussière
et subsequentis armati exercitus, et multitudinis euntis qu'excitait en l'air le concours d'éléphants, de gens de
pulverem viderunt, et gravisonum tumultum audierunt guerre et de spectateurs, ils se crurent au dernier
Judaei, ultimum îllum vitse momentum finem sibi esse instant de leur vie, et à la fin de leur triste attente,
putantes,
jj. Miserrimre expectationis, ad miserationem et gémi- 55. Ainsi, touchés d'une compassion mutuelle, et gé-
tus conversi, osculabantur se invicem complicati cogna- missant sur leur disgrâcecommune, ils embrassaient leurs
tis, super colla procidentes, parentes pueris, et matres proches ; les pères, les mères, les enfants, s'embras-
puellis, saient pour la dernière fois, fondant tous en larmes ;
J4. Alias autem nuper genitos ad ubera habentes in- 54. Quelques mères présentaient à leurs enfants nou-
fantes ultimum sugentes lac. vellement nés une nourriture dont ils allaient être bientôt
privés. Elles cessèrent soudain,
jç. Verumtamen et quse sibi antea prasbita essent de 55. Car tous se rappelant ce que le ciel avait déjà
ccelo, auxilia, conscii,pronos unanimiter se projicientes, fait en leur faveur, se prosternèrent contre terre,
et separatis infantibus ab uberibus,
56. Exclamaverunt voce magna valde, omnis potentiae ;6. Et par des cris éclatants, ils conjuraient le Dieu
Dominum suppliciter orantes, ut ipsorum cum prajsentia tout-puissant d'avoir compassion de l'état où ils étaient
miseraretur, qui jam ad portas inferni essent. réduits, et de les tirer des portes du tombeau.
CHAPITRE VI
i. Eleazarus autem quidam, vir insignis, ex iis, qui de i. Alors un prêtre nommé Eléazar, également respec-
regione, sacerdotibus, in senio jam œtatem sorlitus, et table par son grand âge et par toutes sortes de vertus,
omni virtute ad vitam pertinente ornatus,eos qui circa se fit cesser les cris des vieillards qui l'environnaient, et
cohibens presbyteros ab invocando sancto Deo.precatus s'adressant au Dieu tout-puissant, il le pria en ces
est haec : termes :
2. Rex magnipotens, Altissime, omnipotens Deus, qui 2. Souverain monarque du ciel, Dieu tout-puissant,
creaturam omnem in miserationibus gubernas, respice in qui gouvernez tout l'univers avec tant de bonté, Père de
semen Abraham, in filios sanctificati Jacob, sanctificalae miséricorde, regardez favorablement la race d'Abraham,
portionis tuae populum in peregrina terra peregrinum les enfants du juste Jacob, ce peuple choisi, qui a été
injuste pereuntem, pater. transporté dans une terre étrangère, où il est prêt à suc-
comber sous l'iniustice de ses ennemis.
h Tu Pharaonem abundantem curribus, olim hujus 5. Vous avez signalé autrefois votre puissance en faveur
/Egypti Dominum elatum iniqua audacia, et lingua magni- d'Israël dans ce même empire, et vous avez puni un roi
loqua cum superbo exercitu demersos ponto perdidisti superbe, cruel et endurci, en l'ensevelissant sous les
ostenso lumine misericordiœ generi Israël. eaux avec son armée et ses chars de guerre.
j. Tu innumerabilibus exercitibus exultantem Senna- 4. Vous avez Irappé Sennachérib, qui avait mis sa con-
cherib gravem Assyriorum regem, qui hasta universam fiance dans le nombre de ses soldats, et qui, après avoir
jam subjugarat terram, et elatus super sanctam civitatem soumis presque toute la terre, osa dans son orgueil blas-
tuam gravia loquebatur fastu, et audacia, Domine, fre- phémer contre la ville sainte, et vous en avez fait aux
gisti, manifesto ostendens gentibus multis potentiam yeux des nations un exemple terrible de vos vengeances,
tuam.
ç. Tu très illos, qui in Babylonia, socios, qui sponte <,. Vous avez versé une douce pluie sur la fournaise
animam igni dederant, ne servirent vanis, ignitum irro- de Babylone, et en avez fait sortir sans aucun mal ces
rans caminum liberasti usque ad capillum illassos, flamma trois jeunes hommes qui y étaient entrés avec joie pour
jmmissa in omnes adversarios. y mourir, plutôt que de sacrifier aux idoles ; mais vous
avez ordonné aux flammes de se répandre contre les
ennemis de votre nom.
6. Tu calumniis invidias per terram leonibus projectum 0. Vous avez retiré de la fosse aux lions Daniel, votre
feris cibum Danielem in lucem revocasti incolumem, et serviteur, que l'envie y avait fait descendre pour servir
in. ventre ceti in mari educati dure liquescentem Jonam, de proie à ces animaux cruels, et avez rendu Jonas à ses
illaesum omnibus familiaribus ostendisti, pater. frères, après l'avoir retenu avec rigueur dans le ventre
d'un gros poisson, ô Père.
7. Et nunc osor contumeliaî, multum misericors, uni- 7. Et maintenant, Seigneur, vous qui détestez le crime,
versorum protector, cito appareas his qui de génère et qui protégez l'innocence, Dieu de miséricorde, ne
Israël, qui contumcliis afliciuntur ab abominaiis iniquis différez point de secouiir un peuple que des nations
gentibus. abominables traitent avec tant d'injustice.
8. Quod si impietalibus per ipsam per-rgrinationem vita 8. Si nous avons commis l'iniquité dans cette terre
nostra constricta est; cum erueris nos de manu inimico- étrangère, tirez-nous des mains de nos ennemis, et, loin
rum, prout elegeris, Domine, perde nos morte. de leurs yeux, vengez-vous vous-même,
9. Non vanis vana sapientes benedicant super dilecto- 9 De peur que ces nations orgueilleuses ne se vantent
rum tuorum perditione, dicentes : neque Deus eorum d'avoir anéanti le peuple que vous aimiez, et qu'ils ne
liberavit eos. disent : Le Dieu même qu'ils servent n'a pu les délivrer
de nos mains.
10. Tu autem qui omne robur, et potentiam omnem 10. Vous donc, Seigneur, qui, dans l'éternité de votre
habes, aeterne, nunc respice. Être, possédez la force et la souveraine puissance,
11. Miserere nostri, qui per injustam inimicorum inju- 11. Regardez-nous dans votre miséricorde, nous qui,
riam, e vita morte insidiatorum, submovemur. par l'injustice et l'impiété de nos ennemis, allons perdre
la vie comme les plus criminels de tous les hommes.
12. Admirentur autem gentes invictam tuam potentiam 12. Que les nations soient saisies de frayeur, en voyant
hodie, honorate. qui potestatem habes ad saluiem gène- aujourd'hui les effets d'une puissance à qui rien ne résiste,
ris Jacob. Supplicat tibi universa multitudo parvulorum, 6 Adorable, que votre force éclate enfin pour le salut de
et horum parentes cum lacrymis. Jacob, les enfants mêlent leurs larmes avec celles de
leurs parents, pour obtenir de vous cette faveur,
ij. Pateat omnibus gentibus, quod nobiscum es, 1 ;. Apprenez aux nationsque vousn'avez point détourné
Domine, et non avertisti faciem tuam a nobis : de nous votre visage, Seigneur,
14. Sed, sicut dixisti, neque cum ess.jnt in terra 14. Et accomplissez la promesse que vous fîtes autre-
inimicorum suorum, ipsos despecturum, sic perfice, fois à votre peuple, Seigneur, en l'assurant que vous ne
Domine. l'abandonneriez jamais, quand même il aurait été trans-
porté dans une terre ennemie.
1^. Eleazaro autem finem jam faciente orationis, rtx 15. A peine tlcazar eût-il cessé de prier, que Ptolémée
cum feris, et toto exercitu fremitu ad HippoJromum entra dans l'Hippodrome, suivi des éléphantset de toutes
accedebat. ses troupes.
III.— MACCABÉES. — VI. DÉLIVRANCE MIRACULEUSE
267
16. Et aspicientes Judœi, vehementer exclamarunt in
cœlum, ita ut adjacentes etiam convalles simul sonantes,
continuum fletum facerent universo exercitui.
17. Tune magnifiée gloriosus, omnipotens, et verax
Deus, ostendens sanctam faciem suam, aperuit cœlestes
portas : e quibus inclyti duo terribiles angeli descende-
runt, manifesti omnibus, praeterquam Judasis :
18. Et ex adverso steterunt, et exercitum adversariorum
impleverunt turbatione, et formidine, et immobilibus
ligaverunt compedibus. Atqui régis etiam corpus f.ictum
est horrens, et oblivio gravem ejus audaciam occupavit.
19. Et converterunt se bestias super subséquentes
armatos exerciius , et conculcabant eos, et extermi-
nabant.
20. Et versa est régis ira in misericordiam et lacrymas
pro his qua; antea molitus fuerat.
21. Audiens enim vocilerationem, et videns précipites
omnes ad perditionem, illacrymatus, cum ira amicis
minabatur, dicens ;
22. Regios transgredimini mores, et tyrannos superastis
crudelitate : et me benefactorem vestrum aggredimini a_
principatu jam et spiritu removere, clam machinantes
quae non conferunt regno.
25. Quis eos qui obtinent nostra in fide munitiones
regionis, e domo removens, stulte congregavit hue ?
24. Quis eos qui ab initio benevolentia erga nos om-
nibus in rébus superant omnes gentes, et deterrima
saspe hominum susceperunt pericula, sic iniquis impli-
cuit suppliciis ?
25. Solvite, dissolvite injusta vincula ; ad propria cum
pace dimittite, quae ante facta sunt, deprecati, dimittite
filios omnipotentis cœlestis Dei viventis, qui a nostris
majoribus hujusque nunc incolumem cum gloria bonum
statum praebet rébus nostris.
26. Ergo ille quidem hsec dixit. Hi autem indivisibili
tempore soluti sanctum Salvatorem Deum suum bene-
dicebant, nuper a morte evadentes.
27. Deinderex in civitatem reversus, prœfectum redi-
tuum accersens, jussit et vina et cetera ad convivium
necessaria prœbere Judaeis ad dies septem, statuens eos
quo in loco pernicieni subire putabant, in hoc cum omni
laetitia salutaria celebrare.
28. Tune qui antea ig.tominiosi, et prope infernum
erant, quinimo in eum descenderant ; pro acerba et lugu-
bri morte convivium salutare instruentes, paratum ipsis
ad ruinam et sepulturam locum tentoriis convivalibus
diviserunt pleni gaudio :
29. Ac desinentes gemeDundum lamentationis canticum,
resumpserunt cantum patrium, salvatcrem, et prodigio-
rum factorem laudantes Deum: rîetumque omnem et
planctum removentes, choros constituerunt pacifie»
lsetitiae signum.
?o. Eodem autem modo et rex pro his magno congre-
gato symposio, sine intermissione erga cœlum confite-
batur magnifiée pro inopinata, quœ sibi obvenerat salute.
51. Quique antea in perniciem et avium escam eos
futuros putabant, et cum gaudio descripserant ; gemue-
runt confusione in seipsis induti, et ignivoma audacia
inglorie extincta :
52. Judaei autern. S'eut prœdiximus, constituto prasdicto
choro, cum epulis, in confessionibus hilaribus, et psal-
mis, degebant :
i 16. A cet aspect, les Juifs poussèrent des cris vers le
ciel; tous les lieux voisins en retentirent, et toute l'armée
du roi en fut touchée jusqu'à répandre des larmes.
17. Alors Celui à qui la gloire, la vérité, et la puis-
sance appartiennent, fit sentir sa présence salutaire ; il
ouvrit les portes du ciel, et il en sortit deux anges
revêtus d'un éclat terrible, et qui furent vus de tout le
monde, excepté des Juifs.
18. Ils s'avancèrent vers les troupes ennemies, et y
répandirent le trouble et la terreur, et, les garottant de
liens invisibles, ils les rendirent sans force et sans mou-
vement : le roi, saisi et troublé dans toutes les parties
de son corps, perdit tout d'un coup la mémoire de ce
qu'il avait résolu de faire,
iq. Et les éléphants se tournant contre les troupes qui
les suivaient, les foulaient sous leurs pieds et les écra-
saient,
20. Plolémée lui-même fut ébranlé parles cris affreux
eue jetaient les Juifs, qui s'étaient prosternés par terre
dans l'attente de la mort,
21. 11 eut pitié, et se repentit de tout ce qu'il avait fait
contre eux, et, s'adressant à ses favoris avec une voix
menaçante et entrecoupée de sanglots :
22. Vous m'avez trompé, leur dit-il, et, par une cruauté
plus noire que celle des tyrans, digne enfin de votre
ingratitude, vous avez cherché à m'ôter en même temps
la vie et la couronne, en formant secrètement des entre-
prises si funestes à l'état.
2j. Par quel ordre injuste les Juifs se trouvent-ils ras-
semblés ici de toutes parts pour y périr par de honteux
supplices, eux qui n'ont jamais troublé la tranquillité de
cet empire?
24. Et qui veut faire périr dans d'injustes supplices,
des gens qui de tout temps nous ont témoigné plus d'at-
tachement et d'affection qu'aucun autre peuple, [en s'ex-
pesant pour nous à des périls extrêmes et sans nombre?
25. Rompez au plustôt ces liens dont on les a chargés
injustement, et, pleins de regret de ce qui s'est passé,
renvoyez-les en paix dans leurs maisons ; car ils sont les
enfants du Dieu tout-puissant, qui vit au plus haut des
cieux, et par qui cet empire est resté inébranlable de-
puis le premier de mes ancêtres jusqu'à moi.
26. Le roi cessa de parler, et les Juifs, se voyant dé-
chargés de leurs chaînes, rendirent grâces à Dieu du se-
cours qu'il leur avait accordé, en les arrachant à la mort.
27. Ptolémée rentra ensuite dans Alexandrie, et>
ayant fait appeler l'intendant de sa maison, il lui ordonna
de fournir aux Juifs pendant sept jours, du vin et toutes
les autres choses nécessaires pour leur nourriture, vou-
lant qu'ils célébrassent leur délivrance dans le lieu même
où s'étaient faits les tristes appareils de leurs supplices.
7.8. Les Juifs échappés à tant de malheurs et à la mort
même, dressèrent partout des tentes pour s'y livrer à la
joie et aux plaisirs des festins, au lieu de périr ignomi-
minieusement d'une mort ïi cruelle ;
29. Et, quittant les airs tristes et lugubres, ils chantaient
les doux cantiques de leur nation, et formaient des
chœurs de danses en signe de la paix qu'ils venaient
d'obtenir ; et, au milieu de toutes ces réjouissances, ils
publiaient la gloire et la puissance de Celui qui les
avait sauvés.
50. Ptolémée donna aussi un grand festin aux premiers
de sa cour, et ne cessait de rendre grâces au ciel du
salut inespéré qu'il lui avait accordé,
;i- Pendant que ceux qui s'apprêtaient à triompher
des Juifs et à les donner en proie aux oiseaux, ne rem-
portaient pour fruits de leur rage et de leurs efforts, que
la honte et la confusion.
52. Les Juifs n'étaient donc occupés qu'à passer ces
jours dans les festins, les danses, les actions de grâces
et les cantiques.
268 III. — MACCABEES. — VI. RECONNAISSANCE DES JUIFS
ÎT. Et communi de his lata lege ad omnem habitatio- ;?• Us en firent même une loi pour les races suivantes,
nem suam in generationes, praedictos dies agendos de- et voulurent que ces jours de réjouissance fussent à
creverunt la;tos, non potationis causa, et edacitatis, sed jamais renouvelés, moins pour servir d'occasion au plaisir
salutis sibi per Deum datas, et à la bonne chère, que pour rappeler dans tous les
âges la mémoire d'un si grand bienfait.
J4. Adierunt autcm regem, dimissionem suam ad pro- 54. Ayant ensuite été trouver le roi, ils lui demandè-
pria postulantes. rent la permission de retourner chacun chez eux.
j;. Describunt autem eos a vigesima quinta niensis Pa- 55. Au reste, le dénombrement des Juifs dura l'espace
chon usque ad quartum mensis Epiphi, ad dies quadra- de quarante jours, depuis le vingt-cinq du mois Pachon
ginta : statuunt autem eorum perditionem a quinta Epi- jusqu'au mois Épiphi, et l'on employa trois jours à dis-
phi, usque ad septimam diebus tribus, in quibus etiam poser toutes choses pour les perdre, depuis le cinq
magna cum gloria patefaciens misericordiam suam om- d'Épiphi jusqu'au sept du mime mois ; mais le Dieutout-
nium Dominas, incolumes eos liberavit simul. puissant les regarda dans sa miséricorde, et les délivra
par des prodiges éclatants, des mains de leurs ennemis.
;o. Epulabantur autem omnibus a rege preebitis usque j6. Ils furent nourris aux dépens du roi, jusqu'au qua-
ad quartam decimam : in qua etiam rdierunt pro dimis- torzième jour auquel ils vinrent le trouver pour lui de-
sione sua. mander à s'en retourner.
J7. Collaudans autem eos rex, scripsit eis subjectam 57. Le roi le leur ayant accordé avec joie, il écrivit des
epistolam ad duces, qui per civitates ; qua; magnam lettres très pressantes à tous les gouverneurs de l'empire ;
animi intentionem prae se ferebat : elles étaient conçues en ces termes :
CHAPITRE VII
i. Rex Ptolemœus Philopator ducibus per /Egyptum,
et omnibus negoliorum praifectis, gaudere, et valere.
Valemus autem et ipsi, et filii nostri, prospère dirigente
nobis res magno Deo, sicut volumus.
2. Ex amicis quidam morum improbitate, frequentius
nobis assistentes, persuaserunt nobis, ut Judaei, qui sub
regno sunt, quod conjurationem congregassent, puniren-
tur novis rebellium suppliciis,
5. Pr&tendentes nunquam bono in statu collocatum
iri res nostras, propter odium quod hi haberent erga
omnes gentes, quoadusque hoc perficiatur.
4. Qui et vinctos adducentes eos cum vexationibus
tanquam mancipia potius autem tanquam insidiatores,
sine ullo judicio, et inquisitione aggressi sunt inter-
ficere, lege Scytharum ferociorem induti crudelita-
tem.
<,. Nos autem super his durius comminati, pro ea
quam habemus erga omnes homines asquitate, vix vitam
eis condonantes, et cœlestem Deum agnoscentes, qui
tuto protexerat Judseos, tanquam pater pro filiis assidue
propugnans, et amicitias, quam habent erga nos et ma-
jores nostros, stabilem benevolentiam recolenies, juste
aimisimus, quolibet cujusque causas modo :
6. Et praecepimus cuique, ut omnes ad propria
reverterentur, nemine usquam ipsos prorsus lœdente,
neque exprobrarent de iis quas praster rationem gesta
essent.
7. Scitote enim si quid contra hos machinemur mali,
vel omnino eos contristemur ; non hominem sed omnis
potentias Dominum Deum Altissimum adversarium nobis
ad ultionem rerum usquequaque inevitabiliter perpetuo
nos habituros. Valete.
8. Accepta autem epistola hac, non statim urserunt
abitionem, sed regem obsecrarunt, qui ex Judœorum
génère sanctum Deum sponte deseruissent, et ejus
legem ; ii per ipsos debitam pœnam reportarent ;
9. Proponentes, qui ventris causa transgressi essent
divinas leges, ne in régis quidem rébus unquam bene
sensuros.
10. 1 1 le autem vere eos dicere confessus, et collau-
dans, dédit eis omnium potestatem, ut eos qui trans-
gressi erant Dei legem, disperderent per omnem, qui
in regno ipsius, locum lidentersine ullaregali auctoritate
aut scientia.
11. Tune bene precantes ei, sicut par erat, qui ex his
erant sacerdotes, et omnis multitudo acclamantes [allé-
luia, cum gaudio abierunt.
1. Le roi Ptolémée-Philopator, à tous les gouverneurs
et autres ofliciers de l'Egypte; salut et prospérité. Nous
et nos enfants jouissons tous d'une santé parfaite, le
Dieu souverain ayant fait réussir nos affaires selon nos
désirs.
2. Quelques-uns de nos favoris, prévenus d'une hainî
injuste contre les Juifs, avaient obtenu de nous, après
plusieurs instances, la permission de faire une exacte
recherche de tous ceux de ce peuple qui vivent sous
notre domination, et de les faire tous périr, comme des
rebelles, par de nouveaux genres de supplices,
?. Ils prétendirent qu'il n'y avait que ce moyen qui pût
assurer la tranquilité de l'empire contre un peuple na-
turellement ennemi de tous les autres.
4. Après donc les avoir rassemblés ici de toutes parts
avec une rigueur inouie, et les avoir traités non plus
comme des esclaves, mais comme les plus criminels de
tous les hommes, ils n'ont observé à leur égard aucune
formalité, et, par une cruauté plus horribleque n'est celle
des barbares, ils ont tâché d'assouvir leur haine dans la
perte entière de cette nation.
(,. Pour nous, au contraire, suivant la tendresse pater-
nelle que nous ressentons pour tous les hommes, nous
avons conçu une vive indignation contre les auteurs de
ces noirs desseins, et leur avons fait à grand'peine grâce
de la vie, car nous avons reconnu qu'en toutes choses
les Juifs étaient sous la protection du Dieu du ciel, et
qu'il les défendait comme un père défend ses propres
enfants. Ayant donc rappelé la fidélité inviolable qu'ils
ont toujours eue pour nous et pour nos prédécesseurs,
nous les avons déclarés innocents.
6. Et nous avons ordonné qu'on les laissât retourner
dans les lieux ordinaires de leur résidence, sans qu'on
leur fit la moindre insulte, ou qu'on leur reprochât
jamais les traitements qu'ils avaient soufferts avec tant
d'injustice.
7. Sachez donc que si nous formons contre eux quel-
ques mauvais desseins, ou que nous les inquiétions en
quelque manière que ce soit, nous en répondrons, non à
un homme, mais à un Dieu terrible et tout-puissant qui
étendra sur nous un bras vengeur sans que nous puis-
sions l'éviter. Salut.
8. Les Juifs ayant reçu ces lettres ne se pressèrent
point de partir sur le champ ; mais ils vinrent trouver le
roi pour lui demander qu'il leur fût permis de punir par
un juste supplice ceux de leur nation, qui, sans y être
contraints, n'avaient respecté ni le Dieu tout-puissant, ni
la sainteté de sa loi.
9. Il est impossible, ajoutèrent-ils, que des hommes,
qui, pour quelqu'intérèt temporel, n'avaient point fait
difficulté de violer les préceptes de leur Dieu, res-
pectassent davantage les ordres d'un prince de la terre.
10. Le roi ayant reconnu la vérité de ce qu'ils lui
disaient, les combla de louanges et leur accorda la perte
de tous ceux des Juifs, qui, dans l'étendue de son em-
pire, avaient violé la loi du Seigneur, sans qu'ils pussent
jamais appréhender aucune recherche ni défense de sa
part.
it. Les prêtres et toute la multitude des Juifs, après
s'être acquittés d'une juste reconnaissance envers le roi,
sortirent avec des transports de joie, louant tous le Sei-
gneur à haute voix.
2-0 III. - MACCABÉES. — VII. - RETOUR DES JUIFS
12. Tune occurrentem ex contaminatis concivem per 12. Alors ils se jetèrent sur tous les Juifs impies qu'ils
viam puniebant, et exempla edentes interficiebant. rencontraient, et les massacrèrent en les maudissant.
1?. llla autem die sustulerunt supra trecentos 13. Ils en tuèrent ce jour-là plus de trois cents, et se
viros, et egerunt Isetitiam cum gaudio prophanis inter- réjouirent beaucoup de leur mort,
fectis.
14. Illi autem ipsi. qui usque ad mortem Deum reti- 14. Pour les autresqui avaient été fidèles jusqu'à défen-
nuerant, intégra salutis fruitione percepta, profecti dre leur foi au prix de leur propre vie, ils goûtaient les
sunt e civitate cujusqueinodi optimi odoris rloribus fruits salutaires de leur piété; et couronnés de (leurs
coronati, cum lagtitia et clamore, in laudibus et suavissi- odorantes; ils sortirent de la ville en formant des chœurs
mis hymnis gratias agentes Deo patrum suorum asterno agréables d'hymnes, de cantiques et de cris de joie, pour
salvatori Israël. louer le Dieu de leurs pères du salut qu'il venait d'ac-
corder à Israël.
15. Cum venissent autem Ptolemaidam, quae propter 15. Étant arrivés heureusement à Ptolémaïs surnom-
loci proprietatem nominatur Rosifera, in qua expec- mée la Rosière, à cause de la nature de ce lieu qui
taverat eos classis ex communi ipsorum consilio dies sep- porte quantité de roses, ils furent tous d'avis de différer
tem. de quelques jours leur embarquement,
16. Ibi fecerunt convivium salutare, rege prœbente eis 10. Et de passer sept jours entiers dans la joie et dans
bono animo, quœ ad discessum, omnia unicuique usque les festins, car le roi avait ordonné qu'on leur fournît
ad propriam domum. abondamment tout ce qui leur serait nécessaire pendant
le voyage, jusqu'à ce qu'ils fussent de retour chacun chez
eux.
17. Delati autem cum pace in confessionibus decenti- 17. Voyageant ainsi en paix au milieu des actions de
bus, si militer et ibi statuerunt hos agere dies ad tempus grâces, et résolus de passer dans la joie les derniers
sui inclatus laetos, jours de leur exil,
18. Quos etiam consecrantes in columna ad con- 18. Ils érigèrent en souvenir, sur le lieu même du
vivii locum, confirmantes votum, abierunt illaasi, liberi, festin, une colonne votive. Ils partirent ensuite libres et
gaudio delibuti, et per terram, et mare, et flumen, inco- contents, et achevèrent leur voyage avec beaucoup de
lûmes, régis jussione, unusquisque ad propriam sedem ; bonheur, surterre, sur mer et sur lesfleuves. Aussitôtqu'ils
et majorem quam antea, in inimicos potestatem adepti furent arrivés on exécuta partout les ordres du roi ; ils
cum gloria et timoré, prorsus a neminedimoti de substan- furent rétablis dans leurs biens et dans leurs maisons, et
lia. devinrent plus puissants et plus redoutables à leurs
ennemis qu'ils ne l'étaient auparavant ; ils ne perdirent
pas la moindre partie de ce qui leur appartenait :
19. Et omnia sua omnes reportarunt ex descriptione, 19. Car tout leur fut rendu selon l'inventaire qui en
ila ut, qui ahquid habebant, maximo cum timoré eis avait été fait par l'ordre du roi ; en sorte que ceux qui
redderent, cum magnalia summus Deus fecisset perfecte en avaient détourné quelque partie l'abandonnaient
ad saluiem ipsorum. promptement dans la crainte d'être punis. C'était ainsi
que le Dieu souverain achevait de protéger son peuple
par des prodiges de sa puissance.
:o. Bencdictus liberator Israël in sempiterna tempora. 20. Que Celui quia délivré Israël soit béni dans tous
Amen. les siècles. Ainsi soit-il.
LIVRE QUATRIEME
CHAPITRE PREMIER
i. In decretis fuit Grsecorum Ethnicorum regibus, sin-
gulis annis mitiere in sanctam civitatem pecuniam pluri-
mam tradendam sacerdotibus, ut eam thesauro domus
Dei apponerent, in pecuniam eleemosynarum pupillis, et
viduis.
2.Eratautem rex Seleucus in Macedonia: habebatque
amicum, qui dicebatur Heliodorus, ex ducibus suis. Hic
destinatus est ad expilandum thesiurum, accipiondumquc
quidquid in eo erat pecuniarum.
;. Quod quidem cum divulgatum esset, magnum attulit
mœrorem civibus, timueruntque ne ab hoc procederet
Heliodorus ad alia, viribus nequaquam sibi sulïragantibus
eum prohibere a decretis.
4. Quamobrem ad Deum confugiunt omnes,et jejunium
cunctis decreverunt, et supplices oraverunt cum humili-
tate, submissione, planctuque magno, induentes cilicia,
et sese cinere volutantes cum Onia sacerdote magno, ac
reliquis principibus, et senioribus, usque ad plebem et
mulieres, atque pueros.
5. Cumque altéra esset dies, venit Heliodorus in do-
mum Dei cum apparatu, et ingressus est cum peditibus
domum equo insidens ipse, ac thesaurum appetens ;
6. Cui immisit Deus optimus maximus vocem magnam
terribilem : viditque personam bellicis instructam instru-
mentis, incidentem ingenti equo, illum impetentem ;
7. Quare timoré ac tremore auctus est, adstititque ei
persona illa, et avulsit illum e sagmate ipsius, atque in
terram percussit. Quare mente perculsus maximo opère,
atque alienatus obmutuit.
8. Cumautem vidissent sui quod ei acciderat, et nemi-
nem conspexissent qui hase ipsi intulisset, festinantes
detulerunt eum in domicilium illius : mansitque dies
aliquos, neque loquens, neque sumens alimentum :
9. Quare convenientes principes amicorum illius, pro-
fecti sunt ad Oniam sacerdotem, rogantes eum ut propi-
tiaretur ei, ac Deum optimum maximum deprecaretur, ne
illum supplicio afïiceret.
10. Quod praestitit Onias,et sanatus est Heliodorus ex
morbo suo. Et vidit personam quam viderat in sanctuario,
praecipientiem adiré Oniam sacerdotem, et salutare eum,
et debitos déferre ei honores, indicantem ei Deum opti-
mum maximum illius exaudisse preces, ipsumque sanasse
Oniae rogatu.
11. Festinavit ergo Heliodorus ad Oniam sacerdotem,
quem adorans salutavit, et tradidit ei denarios, et drach-
mas, rogans ut apponeret iis, quae sunt in thesauro.
12. Tum profectus est ex Jérusalem inregionem Mace-
doniae : et notum fecit Seleuco régi, quod sibi evenerat,
deprecans, ne illum subrogari cogeret in Jérusalem.
I. Les rois de la Grèce s'étaient engagés à envoyer
t ous les ans à la ville Sainte une grande somme d'argent
qui devait être remise aux prêtres pour être déposée
dans le trésor de la maison de Dieu, et servir à la subsis-
tance des orphelins et des veuves.
2. Seleucus régnait alors en Macédoine, et il avait
parmi les généraux de ses armées un favori qui s'appe-
lait Héliodore ; ce fut celui qu'il chargea d'aller piller le
temple et d'en enlever tout ce qu'il y trouverait de
richesses.
î. A cette nouvelle, les Juifs tombèrent dans une
affreuse consternation, et, se voyant hors d'état de s'op-
poser aux violences d'un roi sacrilège, ils craignirent
qu'Héliodore ne se portât à desexcès encore plusgrands.
4. Dans cette extrémité, ils n'attendirent leur secours
que de Dieu seul; on qjdonna un jeûne général : tout le
peuple sans exception, les tem mes, les enfants, les princes,
les anciens et le grand prêtre Onias, tous se mirent sous
le sac et la rendre, et, par des cris redoublés, ils sollici-
taient le ciel d'exaucer les humbles prières qu'ils lui
présentaient.
5. Le jour suivant, Héliodore vint au temple avec
main-forte, et, y étant entré à cheval et suivi de gens
armés, il s'avança vers le trésor dans le dessein de s'en
ouvrir l'entrée.
6. Mais Dieu fit entendre une voix terrible, et, dans ce
moment, Héliodore vit devant lui un cheval fort haut
sur lequel était monté quelqu'un armé et prêt à le com-
battre.
7. A cet aspect, sa frayeur redoubla ; mais cet homme
s'étant approché et l'ayant renversé de dessusson cheval,
Héliodore tomba par terre, et demeura privé de senti-
ment et de parole.
8. Ses gardes, le voyant en cet état, sans apercevoir
la main qui l'avait frappé, le reportèrent promptement
dans sa maison où il fut quelques jours sans pouvoir ni
parler, ni prendre aucune nourriture.
9. Alors les principaux amis d'Héliodore, vinrent sup-
plier Onias d'avoir pitié de lui et d'invoquer le Très-
Haut, de peur qu'il ne le fit mourir.
10. Onias s'étant renduà leurs instances, Héliodore fut
guéri ; et le même homme qu'il avait vu dans le temple
lui apparut de nouveau, et lui ordonna d'aller rendre
grâces au grand prêtre Onias, ajoutant que ce n'était
qu'aux prières de ce pontife qu'il était redevable de sa
guérison.
II. Héliodore vint promptement trouver Onias, et,
après s'être prosterné humblement en sa présence, il lui
présenta quelques sommes d'argent, le priant de vouloir
bien les accepter pour le trésor.
12. Etant ensuite parti de Jérusalem, il revint en Macé-
doine, et raconta à Seleucus ce qui lui était arrivé, le
conjurant de ne le point obliger davantage d'aller à
Jérusalem.
272 IV. — MACCABEES. — I.- HELIODORE
ij. Quare demiratus est rex ea quas ineminit Helio- ij. Ce prince, étonné du récit d'Héliodore, lui ordonna
dorus: prascepitque ea nota facere hominibus. Et curavit de publier partout ces merveilles ; il fit même revenir
transferri, ac dimitti e Jérusalem viros suos, augens ea, ses troupes de Jérusalem et augmenta la somme qu'il
quae illuc singulis annis mittebat, propter ea, quaa eve- avait coutume d'y envoyer tous les ans.
neranl lleliodoro :
14. Atque magis addiderunt reges pecuniam deferri 14. Et, à son exemple, les rois ses successeurs aug-
sacerdotibus, quae erogaretur in pupillos, et viduas : et mentèrent les dons qu'ils étaient obligés d'envoyer aux
quae erogaretur in sacrificia. prêtres de la ville Sainte pour les sacrifices, et pour la
subsistance des orphelins et des veuves.
CHAPITRE II
i. Erat vir Macedo, Ptolemœus nuncupatus, scientia
atque intell igentia prasditus; qui cum habitaretin /Egypto,
constituerunt eum ^Egyptii regem super regionem /Egypti.
2. Quare inquirendarum scientiarum amore auctus,
oranes sapientum libros undique collegit.
j. Cupiens autem viginti quatuor libros sibi acquirere,
scripsit sacerdoti magno in Jérusalem, ut sibi mitteret
ex peritioribus in istis libris. septuaginta senes ; misitque
epistolam cum munere ad sacerdotem.
4. Perveniente itaque epistola régis ad sacerdotem,
selegit septuaginta peritos viros, eosque misit cum viro,
qui dicebatur Eleazarus, prsestans religione, scientia,
atque disciplina ; qui profectus est in /Egyptum.
Ç. Cum autem innotuisset eorum adventus régi, sep-
tuaginta domicilia parari, eosque ibi excipi jussit.
6. Prœcepit praîterea singulis destinari scribam, qui
exciperet horum librorum irterpretationem characteribus
grascis, et graeca lingua.
7. Interdixit insuper ne quis horum septuaginta cum
socio conveniret, ne conspirarent in cujusquam istorum
librorum mutationem.
8. Exceperunt itaque scribas ex singulis eorum, viginti
quatuor librorum translationem.
9. Et cum absolutce essent translationes, illas obtulit
régi Efeazarus, easque inter se ^pso présente) contulit;
quibus collatis, concordare compense sunt ;
10. Unde valde laetatus est rex, prascepitque pecuniam
plurimam dividi inter gentem. Eleazarum vero maxima
cumulavit remuneratione ;
11. Dimisit quoque ea die universam captivitatem, quae
inventa est in vCgypto de tribu Judse, et Benjamin : ut
reverterentur in suam regionem Syriam.
12. Erat autem numerus eorum circiter centum et tri-
ginta millia. Jussit insuper pecuniam distribui eis, ita ut
singulis obvenirent denarii plures : qui accipientes pro-
fecti sunt in regionem suam.
ij. Tum mensam magnam fieri praicepit ex auro pu-
rissimo, quee totius regionis .Cgyptii imaginis capaxesset,
imaginisque Nili, ab origine ejus decursus, ad illam
usque, omniumque preterea ipsius per illam divisionum et
quomodo totam alluit regionem.
14. Prœcepit quoque multis eam interdistingui gemmis.
Et facta est mensa hœc, atque perfecta ejus figuratio, et
gemmis interdistincta, et delata est in civitatem Jérusa-
lem, munus domui magnificae. Quee intégra perveniens
collocata fuit in domo, secundum prseceptum régis. Et
sane similem non viderunt homines quoad pulchritudi-
nem picturarum, et sapientiam artis.
1. Ptolémée, Macédonien d'origine, s'étant établi en
Egypte, s'y distingua tellement par son savoir et par
sa sagesse, que les Egyptiens le choisirent pour leur roi.
2. Elevé sur le trône, il ne pensa qu'à satisfaire la pas-
sion qu'il avait pour les sciences, et, dans cette vue, il
amassa de tous côtés les livres des sages.
j. Voulant encore enrichir sa bibliothèque des vingt-
quatre livres de l'Écriture, il écrivit une lettre au grand
prêtre de Jérusalem et l'accompagna de riches présents,
afin qu'il lui envoyât soixante-dix Juifs recommandables
par leur âge et par leur intelligence dans la loi.
4. Le grand prêtre ayant reçu la lettre du roi, choisit
soixante-dix hommes très habiles, et les fit partir pour
l'Egypte, sous la conduite d'un nommé Éléazar que la
vertu, le savoir et la connaissance des livres saints dis-
tinguaient également.
5. Ptolémée ayant su leur arrivée, les fit conduire dans
des celluies qu'il avait fait préparer pour chacun d'eux,
au nombre de soixante-dix.
6. 11 ordonna outre cela qu'ils eussent chacun un secré-
taire, pour écrire leur version en caractères grecs et en
langue grecque ;
7. Et défendit à ces interprètes de conférer ensemble,
craignant qu'ils ne convinssent entre eux de faire quel-
que changement à leurs livres.
8. Les secrétaires écrivirent donc les versions que
chacun de ces interprètes avait faites des vingt-quatre
livres.
9. Et quand elles furent entièrement achevés, Éléazar
les présenta au roi, et, les ayant confrontées devant lui
les unes avec les autres, elles se trouvèrent toutes par-
faitement semblables.
10. Ptolémée extrêmement satisfait, fit de grands dons
à Eléazar et à tous les interprètes. Éléazar fut récom-
pensé magnifiquement.
11. Et dès ce moment, il permit à tous les captifs des
tribus de Juda et de Benjamin, qui étaient alors en
Egypte, de s'en retourner en Syrie.
12. Ils s'assemblèrent donc au nombre d'environ cent
trente mille, et se mirent en chemin après avoir reçu
l'argent qu'on leur distribua par ordre du roi. Chacun
reçut plusieurs deniers.
ij. Ptolémée fit faire ensuite une grande table de l'or
le plus pur, sur laquelle était représentée toute l'Egypte
et le cours du Nil, avec les différentes contrées qu'il
arrose, depuis sa source jusqu'à l'endroit où il se jette
dans la mer.
14. Tout cet ouvrage était travaillé avec des pierres
précieuses. Quand cette table eut reçu toute sa perfec-
tion, elle fut portée à Jérusalem et placée dans le tem-
ple, comme une offrande que Ptolémée faisait à l'au-
guste maison du Seigneur, et chacun y admira l'excel-
lence de l'art, la beauté des couleurs, et la perfection
du dessin.
S. B.
T. XII
18
CHAPITRE Iil
1. Erat ex regibus Macedonum homo quidam qui An-
tiochus dicebatur ; inter cujus gesta id fuit, ut cum de-
functus esset Ptolemaeus rex yEgypti ante memoratus,
profectus est cum exercitibus suis ad Ptolemeum secun-
dum oppugnandum ; victo autem Ptolemaîo, atquecasso,
potitus est ejus regione .4ïgypto : eamque obtinuit.
2. Hinc robur accipientibus rébus ipsius, majorem ter-
ra? subegit partem, obedientiam deferentibus ei Persidis
rege, aliisque.
j. Quare e'.atum est cor ejus : et superbia inflatus,idola
ad suam similitudinem confici jussit, ut eis déferrent
homines adorationem, in i 11 i us magnificentiam, et cultum.
.). Qua?. quidem cum confecta fuissent, misit in omnes
sui regni regiones per nuncios, jubentes ea coli, et ado-
rari. His annuerunt gentes, timentes, alque metuentes
tyrannidem ejus.
<,. Erant autem eo tempore in Judœa très viri mortalium
omnium pessimi : et unicuique in eodem génère mali non
absimilis erat familia.
6. Quorum trium unius nomen erat Menelaus: secundi,
Simon : tertii, Alcimus. Apparuerunt autem eo tempore
imagines quaedam, quas quadraginta dierum spatio in
aère conspexerunt cives Jérusalem : erant quidem ima-
gines insidentium equis igneis in sese decertantium.
7. Adiverunt itaque impii isti Antiochum, ad obtinen-
dam aliquam pênes eum auctoritatein, ut facile perpe-
trare possent quidquid vellent scortationis, expilationis
facultatum hominum, ac denique imperare reliquis, item-
que coercere.
8. Et dixerunt ei : Rex, jam apparuerunt in aère su-
per Jérusalem équités ignei in sese decertantes : propte-
rea gavisi sunt Hebrsei dicentes,indicem hase esse mor-
tis Antiochi.
9. Quibus verbis prœstans fidem rex, furore percitus,
profectus est in Jérusalem quam breviori tempore, ac
genti supervenit de nulla ejus praemonita; fama.
10. Invaseruntque eos viri illius, et gladio percusse-
runt, plurimas perpétrantes clades ; pluresque excepe-
runt vulneribus ac multitudinem magnam in captivitatem
redegerunt.
11. Quidam vero fugientes, sese in montes ae nemora
contulerunt, ubi diu morati sunt, herbis vescentes.
12. Post hase a regione abscedere decrevit Antiochus.
At non sat illi fuit quod genti intulerat : verum subroga-
vit virum nomine Felicem, injungens ei, eos cogère suam
colère imaginem, ac suillam edere carnem.
U, Quod prasstitit Félix, gentem accersens ad obe-
diendum régi in iis, quae ipsi prœceperat. At illi ea, ad
quœ accersiti fuerunt, suscipere negaverunt : quare ma-
gnam multitudinem ex eis peremit, servans pessimos
illos, eorumque familiam, et exaltans eorum dignita-
tem.
1. Il y eut parmi les rois de Macédoine un prince
nommé Antiochus, dont on raconte ceci entre autres
choses. Après la mort de Ptolémée, roi d'Egypte, celui
dont nous avons déjà parlé, Antiochus s'avança à la tète
de toutes ses troupes pour combattre Ptolémée second;
il le vainquit et, après l'avoir tué lui-même dans le com-
bat, il se rendit maître de toute l'Egypte.
2. Et sa puissance augmentant par de continuels suc-
cès, il mit sous sa domination une grande partie de la
terre, en sorte que le roi de Perse et plusieurs autres
princes se virent assujettis à son obéissance.
j. Son cœur s'enfla de ces prospérités, et, se livrant
enfin à son orgueil, il fit faire des idoles à sa ressem-
blance, afin que les hommes l'adorassent et lui rendis-
sent un culte digne de s grandeur.
4. Quand ces figures furent achevées, il les fit porter
dans tous les lieux de son empire, avec ordre de leur
rendre des adorations et de leur offrir des sacrifices. Les
nations qui redoutaient la colère et le ressentiment
d'Antiochus se rendirent sans peine à ses volontés.
5. Il y avait alors en Judée trois Juifs qui étaient les
plus méchants de tous les hommes, tous dignes suppôts
des familles dont ils sortaient.
6. Le premier s'appelait Ménélaûs, le second, Simon,
et le troisième, Alcime. En ce temps-là, toute la ville
de Jérusalem vit pendant quarante jours des hommes qui
couraient en l'air sur des chevaux de feu, et qui combat-
taient les uns contre les autres.
7. Alors ces hommesimpies vinrent trouver Antiochus,
et s'appuyèrent de son autorité, afin d'exercer impuné-
ment toutes sortes d'infamies et de brigandages, et de
décider eux seuls du sort de tous les autres.
8. Ils dirent aussi au roi qu'il avait paru au-dessus de
Jérusalem des armées de feu qui combattaient en l'air. et
que les Juifs s'en étaient réjouis, comme d'un présage de
sa mort prochaine.
9. Antiochus prêtant l'oreille à ces discours entra
dans une étrange colère, et, sans perdre de temps, il se
mit en chemin, et arriva à Jérusalem avant que les Juifs
eussent eu le moindre soupçon de sa marche.
10. Il tomba sur eux avec toutes ses forces, il rem-
plit tout de sang et de carnage et fit un grand nombre de
prisonniers.
11. Quelques uns, s'étant garantis par la fuite, allèrent
se cacher dans les bois et dans les montagnes, et y vé-
curent longtemps des seules herbes qui y croissaient.
12. Après cela, Antiochus résolut de quitter la Judée ;
et, ne croyant pas s'être encore assez vengé par tous les
maux qu'il avait fait aux Juifs, il laissa en sa place un
nommé Félix, avec ordre de les contraindre d'adorer ses
images et de manger de la chair de porc.
ij. Félix, pour exécuter les ordres du roi, fit venir les
Juifs devant lui , et, sur le refus i,u'ils firent de s'y sou-
mettre, il en punit plusieurs des derniers supplices pen-
dant qu'il épargnait ces hommes impies avec toutes leurs
familles, augmentant même encore leur pussance et leur
crédit.
CHAPITRF. IV
i.Post hase captus est Eleazarus, qui profectus eratcum
doctoribusad Ptolemasum; et tune erat senex aetate provec-
tus,nonagenarius ;etconstitutus estcoram Felice,cui ait:
2. Eleazare, equidem vir sapiens es, ac prudens, et
sane a multis te dilexi annis, nec propterea tuam cupi-
rem necem : obtempéra ergo régi, et adora ejus imagi-
nem, et de ejus immolatis comede, et incolumis évade.
j. Cui respondit Eleazarus : Profecto non sum deser-
turus obedientiam Dei, ut obediam régi.
4. Cui accedens Félix secreto ait : Fac te accersere
quempiam, qui afferat tibi carnes de vestris immolatis,
quas apponito mensas meas,
$. Et comede aliquid ex illis, hominibus praesentibus,
ut agnoscant te obedivisse régi : et redîmes animam tuam
nullo illato religioni tuœ detrimento.
6. Huicait Eleazarus: Nequaquam Deo obsequcr ullo
fraudum génère, sed hanc potius sustinebo violentiam.
7. Etenim cum sim senex nonagenarius, jam extenuata
sunt ossa mea, et corpus meum contabuit. Si forti ergo
animo feram ea, quas fortissimi juvenes metuentes refu-
giunt, me imitabuntur fortes populi mei, et juvenes meae
nationis, et dicent :
8. Quomodo non licet ea pati, quas passus est nobis
viribus infirmier, et carne ac osse exilior? Quod sane
expeditius mihi erit, quain fallere eos, simulata régi
obedientia :
9. Dicent en i m : Si senex iste decrepitus, sapiens, prudens,
vitae est cupidus, et rerum caducarum dolore eorripitur,
suam abdicans religionem ; nobis profecto licebit, quod
eilicuit,cumsitsenexacsapiens,etquem sequi nosoportet,
lo.Quare perire malo, relicta eis constantia religionis,
ac patientia adversus tyrannidem, quam vivere ipsorum
infirmata constantia in obediendo Domino suo, et ipsius
beneplacitis obsequendo : ut felices per me reddantur,
non autem infelices.
11. Cum audisset itaque Félix Eleazari sententiam,vehe-
menterin eumiratusest.jussitqueipsummultissuppliciorum
generibus affici : ita quidem, ut maximum inierit certamen,
12. Et ait, Deus utique, scis, quod liberare potuissem
memetipsum ab iis in quas incidi, alteri a te obediendo.
1;. Quod quidem non prsestiti : sed malui tibi obedire :
et facilem existimavi omnem illatam mihi vim, pro cons-
tantia in tua obedientia.
14. Et nunc parum reputo ea quas mihi evenerunt secun-
dum beneplacitum tuum, eaque sustineo quantum valeo.
15. Rogo te itaque ut hoc accipias a me, et mori me
facias antequam infirmior reddar in sustinendo.
16. Et exaudivit Deus preces illius, et stalim obiit.
Reliquit autem populum suum cultui Domini sui deditum,
sanaque prasditum fortitudine, ac constantia in religione,
et patientia adversus ea quae illis obveniunt.
1. Le vieillard Éléazar, âgé de quatre-vingt-dix ans,
l'un des interprètes envoyés autrefois à Ptolémée, fut
pris et amené devant Félix, qui lui dit :
2. Éléazar, vous êtes un homme plein de sagesse et de
prudence, et il y a longtemps que vous êtes au nombre
de mes amis ; c'est pourquoi je souhaiterais conserver
une vie qui m'est si chère : obéissez donc aux ordres du
roi, adorez son image, et mangez des viandes qui lui ont
été offertes si vous ne voulez point mourir.
?. Eléazar lui ayant répondu qu'il ne violerait jamais
les lois de son Dieu, pour plaire au roi,
4. Félix s'approohant de lui, et, le prenant à part :
Faites venir, lui dit-il, quelqu'un qui vous apporte des
viandes dont il vous est permis d'user, et quand vous les
aurez mises sur ma table,
5. Mangez-en devant tous ceux qui sont ici présents,
afin qu'ils ne doutent plusde votre soumission aux ordres
du roi, et vous vous garantirez ainsi de la mort, sans
intéresseren aucune manière la saintetéde votre religion.
6. Mais Éléazar lui répondit en ces termes : Une
pareille feinte ne pourrait être agréable aux yeux de
Dieu ; et plutôt que d'y consentir je me livrerais avec
joie aux supplices les plus horribles.
8. Car si, malgré les langueurs et les infirmités d'un
corps usé par le grand âge, je soutiens avec courage des
tourments qui ont coutume de triompher de la jeunesse
la plus vigoureuse, les forts de mon peuple et les jeunes
gens de ma nation m'imiteront en disant :
8. Comment craindrions-nous des tourments qui n'ont
pu ébranler la constance d'un vieillard languissant et
sans force ? Ce qui m'est incomparablement plus avan-
tageux que de les engager dans l'erreur, en feignant
d'obéir à des ordres sacrilèges.
9. Car ils ne manqueraient pasde dire : Si ce vieillard
sage et prudent a cru pouvoir conserver sa vie aux
dépens même de sa religion, pourquoi ne nous serait-il
pas permis de l'imiter?
10. Ainsi j'aime mieux leur laisser, par ma mort, un
exemple de constance pour ma religion, et de patience
dans les tourments, que de leur apprendre à violer la loi
de Dieu en conservant ma propre vie ; et c'est par là
que je les conduirai à un bonheur véritable.
11. Félix ayant entendu le discours d'Éléazar, en fut
extrêmement irrité, et commanda qu'on le tourmentât
par différents supplices.
1 2. Mais ce saint vieillard s'écriait au milieu des plus rudes
assauts : Seigneur, vous connaissez clairement que j'aurais
pu me garantir des maux que je souffre, si j'avais voulu violer
vos ordonnances en consentante ce qu'on exigeait de moi;
ij. Mais, Seigneur, j'ai mieux aimé vous obéir,et toute
la violence des tourments m'a paru aisée à supporter
plutôt que de vous manquer de fidélité :
14. A présent même, je regarde comme peu de chose
tous les maux que vous avez bien voulu me susciter, et
je les supporte autant que je le puis.
iç. Mais, Seigneur, contentez-vous de ce que j'ai déjà
souffert, et faites, je vous prie, que je meure avant que
la douleur ait pu triompher de ma constance.
16. Et Dieu exauça ses prières, et il mourut dans le
moment, laissant un peuple tout dévoué au culte de son
Dieu, animé d'un saint courage, ferme dans la religion,
et patient dans les tourments auxquels ils étaient expos>
pour la défendre.
CHAPITRE V
1. Et capti sunt post haec septem fratres, et mater i. On prit ensuite une femme et ses sept enfants, et
ipsorum : et missi sunt ad regem : non enim longe adhuc l'on se hâta de les faire conduire au roi, qui n'était pas
recesserat a Jérusalem. Et cum deducti fuissent ad regem, encore fort éloigné de Jérusalem. L'un d'eux lui ayant
introductus est unus eorum ad illum : cui propriam été présenté, le roi lui ordonnade renoncer à sa religion,
jussit abdicare religionem ;
2. Qui renuens, ait illis : Si enim nos veritatem docere 2. Mais ce jeune homme, bien loin de lui obéir, lui dit:
putas, non ita sese res habet ; quippe veritas ea est, Prince, si vous prétendez nous mener ainsi à la vérité,
quam didicimus a patribus nostris, et qua nosmetipsos vous vous trompez fort; car il n'y en a point d'autre que
obstrinximus solius Dei amplecti cultum, et constanter celle que nous avons reçue de nos pères, et par laquelle
observare legem : et ab hac nequaquam recedemus. nous nous sommes obligés d'embrasser le culte du vrai
Dieu, et d'observer constamment ses lois, et rien jamais
ne sera capable de nous faire changer de résolution.
;. Et iratus est rex Antiochus his dictis : praecepitque 3. Antiochus, irrité de ces discours généreux, com-
alTerri sartaginem' ferream, et igni admoveri. Tum jussit manda qu'on fit chaulïer sur le feu une poêle de fer,
amputari linguam juvenis, et manus ac pedes proescindi, qu'on coupât la langue de ce jeune homme, qu'on lui
et detrahi pellem capitis, et imponi sartagini : arrachât la peau de dessus la tète, qu'on lui coupât
aussi les extrémités des pieds et des mains, et que toutes
ces parties de son corps fussent jetées dans la poêle
ardente.
4. Et factum est ei ita. Deinde afferri praacepit ollam 4. Ces ordres ayant été exécutés, il fit mettre sur le
œneam magnam, et igni admoveri, in quam projectum est feu une grande chaudière d'airain dans laquelle il fit
reliquum corporis. jeter les restes de ce corps ainsi mutilé.
ç. Et cum prope morerelur vir, jussit removeri ab eo 5. Et comme le jeune homme était sur le point d'expi-
ignem, ut diutius cruciaretur : intendens his matrem rer dans ces tourments, le roi commanda qu'on écartât
deterrere, ac fratres. le feu, afin que son supplice fût plus long, et que sa
mère et ses frères en fussent intimidés.
6. Atsanehoc fortitudinem et robur religionis constan- 6. Mais ce spectacle, tout horrible qu'il était, ne ser-
ter servandœ illis addidit, ac sustinendi ea omnia quœ vit qu'à les rendre plus courageux pour la défense de
eis per tyrannidem inferri poterant, leur loi, et plus patients au milieu des supplices.
7. Mortuo itaque primo, oblatus ei secundus. Cui qui- 7- Le premier de ces frères étant mort de la sorte, on
dam puerorum aiunt : Obsequere iis quae rex tibi praeci- fit venir le second ; aussitôt qu'il parut, quelques enfants
piet, ne pereas sicut periit frater tuus. lui crièrent : Obéissez au roi, de peur que vous ne mou-
riez comme votre frère ;
8. Qui ait : Non sum fratre meo infirmior corde, neque 8. Mais il leur répondit : Je n'ai ni moinsde courage,
minor fide. Afferte ignem, et gladium : nec minuatis quic- ni moins de foi que mon frère ; préparez vos feux et vos
quam illorum quae fecistis fratri meo. Et factum est ei épées, et ne diminuez rien des tourments que vous
quemadmodum factum fuit fratri ejus. lui avez fait souffrir. On le traita aussitôt comme on
avait traité son frère;
9. Et appellavit regem, et dixit ei : Audi, crudelis sce- 9- Et s'adressant au roi, il lui dit : O le plus méchant
lestissime inter homines, ac scito, quod nihil nostri obti- des hommes, écoutez-moi, et sachez que si vous êtes le
nés, nisi corpora : spiritus vero nostros nequaquam maître de nos corps, vous n'avez néanmoins nul empire
obtines ; et paulo post pergent ad creatorem, quos res- sur nos âmes ; elles vont se réunir à leur auteur qui les
tituet corporibus ipsorum cum vivificabit mortuos gentis revêtira une seconde fois de leur corps, lorsqu'il vivi-
SU82, et caesos populi sui. fiera ceux de sa nation qui sont morts, et ceux de son
peuple qui ont été tués. Il mourut enfin;
10. Et deductus est tertius, qui annuens manu, dixit 10. Et on en amena un troisième, qui, après avoir fait
régi : Cur terres inimice ? Scito hoc de ccelo nobis im- signe de la main, parla ainsi au roi : Pourquoi nous
missum esse, quod et suscipimus, gratias Deo agentes menacez-vous, prince cruel r Sachez que c'est le ciel qui
et ab illo prasmia nostra speramus. permet tous les maux que vous nous faites; c'est pour-
quoi nous les acceptons avec joie et avec actions de
grâces, et nous en attendons la récompense de Dieu
même.
11. Et demiratus «st rex, itemque adstantes, fortitudi- n. Le roi ayant admiré, avec tous ceux qui étaient
nem adolescentis, et constantiam mentis, et pulchritudi- présents, la constance inébranlable de ce jeune homme
nem sermonis. Tum jussit ; et trucidatus est. et les grâces de son discours, ordonna qu'il fût mis à
morl, ce qui s'exécuta dans le moment.
12. Et deductus est quartus, qui ait : Pro Dei reli- 12. On fit avancer le quatrième, et il dit : Nous aban-
gione animas nostras venundamus, ac locamus, ut ab eo donnons nos vies pour notre sainte religion, et nous les
mercedem exigamus, ea die, cum nulla tibi erit excusatio livrons volontiers aux douleurs les plus horribles, pour
in judicio, neque sustinebis cruciatus. en recevoir de Dieu même une juste récompense au
jour que vous paraîtrez à son jugement, sans appui et
sans défense; pour y être condamné à des tourments
insupportables.
IV.
MACCABEES.
V. LES SEPT FRERES
77
t;. Qui jussit ; et trucidatus est. Et deductus est quin-
tus, cui ait : Ne putes in te ipso, Deum nos derel:-
quisse propter ea quœ in nos immisit. Sed sane ejus
voluntas est, his nobis déferre honorem, et amoiem ; et
ipse ulciscetur nos de te, et de tua progenie. Et jussit;
et trucidatus est.
14. Et deductus est sextus, qui ait : Equidem fateor
Deo delicta mea, credo tamen ea mihi dimittenda fore
mea nece.
15. At tu jam Deo adversatus es, occidendo eos qui
ipsius amplectantur religionem ; et certe rependet tibi
secundum opéra tua, et e suo mundo, te eradicabit. Et
prascepit in eum ; et trucidatus est.
16. Et deductus est septimus, qui erat puer. Tune sur-
rexit mater ejus intrepida,atque imperturbata, et inspexit
cadavera filiorum. Tum ait :
17. Filii mei, nescio profecto qualiter concepi unum-
quemque vestrum, cumillum concepi. Neque potuiappo-
nere illi spiritum : neque educere in mundi hujus auram :
neque elargiri illi forlitudinem, et intellectum : sed enim
Deus optimus maximus ipse formavit illum, secundum
voluntatem suam : et imaginem ipsi tribuit secundum
suum beneplacitum :
18. Et eduxit illum in mundum sua potentia, consti-
tuens ei terminum vitse, et bona statuta, et dispensatio-
nem, ut ei placet.
10. Vos autem jam venundastis Deo corpora vestra,
quas ipse fecit, et animas vestras, quasi ipse creavit : et
acquievistis judiciis ejus, quas decrevit. Quare felices vos
pro iis, quas felicite.r obtinuistis : ac beati vos pro iis,
quas vicistis.
20. Visum autem erat Antiocho, cum eam surrexisse
vidisset, ipsam id prasstitisse timoré perculsam pro
parvulo filio, et existimavit omnino, illam ipsi prascep-
turam obedientiam régi, ne pereat, sicuti perierunt fra-
tres illius.
21. Cum vero audisset verba ipsius, eum puduit, et
erubuit.
22. Prascepitque deduci ad se puerum, ut hortaretur
eum, et persuaderet amorem vitas, et deterreret eum
morte; ne omnes isti adversari viderentur ejus imperio,
et eorum sequerentur exemplum plurimi hominum.
2;. Deductum itaque sermonibus hortabatur, et divi-
tias pollicebatur : et juravit ei, se illum proregem sibi
sulTecturum.
24. Sed cum puer ad ejus verba nequaquam converte-
retur, neque ea curaret : conversus est rex ad matrem
illius, et ait illi : Infelix mulier, miserere filii tui hujus,
quem solum superstitem habes, et hortare eum, ut am-
plectetur mea jussa, et évadât ea quas evenerunt fratribus
ejus.
!<,. Quae ait : Deducite eum ad me, ut horter ipsum
verbis Dei. Et cum deduxissent illum ad eam, secessit a
turba. Tum osculata est eum, et irrisit ea, quas ab Antio-
cho sibi dicta fuerunt ; deinde dixit ei : Fili mi, âge,
quod mihi obedias, quoniam peperi te, et lactavi, et
educavi, et edocui te divinam religionem :
26. At aspicito cœlum et terram, et aquam et ignem :
etintellige, quod Deus unus verus ipse creaverit ea : et
creaverit hominem ex carne, et sanguine, qui parum vivit,
tum morietur :
27. Quare time Deum verum, qui non moritur : et
obtempéra veraci, qui non permutât premissa : nec
timeas hune gigantem vulgarem : et morere pro religione
Dei, quemadmodum mortui sunt fratres tui ;
1;. Il cessa de parler et expira dans les supplices.
On lit venir le cinquième qui dit au roi : Ne croyez pas
que Dieu nous ait abandonnés en nous rendant ainsi le
jouet de votre puissance et de votre fureur : il veut que
ces maux soient pouF nous le gage de son amour et le
sujet d'une gloire véritable; mais il nous vengera lui-même
sur vous et sur votre race. En disant cela, il fut mis à
mort par l'ordre du roi.
14. On amena le sixième, et il dit : Je confesse à Dieu
mes iniquités, toutefois j'espère que ma mort m'en
obtiendra le pardon.
1;. Mais pour vous, ô prince, vous vous êtes soulevé
contre Dieu, en faisant mourir ceux qui le servent ; il
vous arrachera de dessusja terre ; et, en disant ces mots
il fut mis à mort.
16. Quand on eut amené le septième, qui était encore
un jeune enfant, la mère se leva, et.se tournant avec un
courage inébranlable vers ces cadavres défigurés, elle
parla en ces termes :
17. Mes enfants, je ne sais point comment je vous ai
conçus dans mon sein, ce n'est pas moi qui vous ai donné
l'âme, la vie, la force et l'intelligence; c'est le Très-
Haut qui vous a formés par sa volonté bienfaisante, et
qui vous a créés à son image.
18. Il vous a mis au monde par sa puissance, il a mar-
qué le cours de votee vie et vous a donné des biens pour
en jouir autant de temps qu'il lui plaira.
10. Vous venez de lui sacrifier les corps et les âmes
que vous aviez reçus de lui, et vous avez été fidèles à sa
loi aux dépens de votre propre vie ; vous jouissez déjà
de cette glorieuse victoire, et elle fait dès à présenttout
votre bonheur.
20. Cependant Antiochus ayant vu cette femme se
lever, s'était imaginé, qu'attendrie enfin sur le dernier
de ses enfants, elle allait lui persuader d'obéir, afin qu'il
ne pérît point comme ses frères.
21. Mais quand il l'eût entendu parler avec tant de
générosité, il rougit de honte et de confusion,
22. Et fit approcher ce jeune enfant pour l'exhorter
lui-même à conserver sa vie, craignant que l'exemple de
tous ses frères n'en entraînât plusieurs autres dans le
mépris de ses ordres.
25. Il employa pour le vaincre tout ce qu'il y avait de
plus flatteur; il lui promit de grandes richesses, et jura
même qu'il le ferait le plus grand de son royaume.
2\. Mais ce jeune homme ne pouvait être ébranlé par
toutes ces promesses, le roi se tourna vers la mère et
lui dit : Malheureuse mère, ayez pitié du seul fils qui
vous reste, et portez-le à m'obéir, de peur qu'il n'ait le
même sort que ses frères.
2^. Et elle dit : Qu'on me l'amène, afin que je l'exhorte
au nom même de mon Dieu ; et quand il fut approché,
elle le tira à l'écart, et, au mépris des ordresdu roi, elle
lui dit en l'embrassant : Mon fils, obéissez-moi avec cou-
rage ; puisqu'après vous avoir enfanté, je vous ai nourri
de mon lait, je vou; ai élevé jusqu'à l'âge où vousêtes,
et que je vous ai instruit de notre loi divine :
26. Je vous conjure, mon fils, de regarder le ciel, la
terre et toutes les choses qui y sont renfermées, et de
bien comprendre que Dieu les a créés de rien aussi bien
que l'homme qui est composé dï chair et de sang, et qui
meurt enfin, après avoir vécu quelque temps.
27. C'est pourquoi craignez le vrai Dieu qui jamais ne
cessera d'être : obéissez à Celui qui est la vérité même,
et dont toutes les promesses s'accompliront; ne redoutez
point ce tyran qui n'est digne que de vos mépris, et
mourrez pour la défense de la loi de Dieu à l'exemple de
vos frères.
278
IV.— MACCABÉES.— V.- LES SEPT FRÈRES
28. Si enim videres, fili mi, honorem domicilii ipso-
rum, et lumen habitationis eorum, et ad quantam perve-
nerint glonam, utique haud patereris non sequi eos :
equidem spero et ego, Deum optimum maximum me
prœparatum, et prope sequor vos.
29. Tune ait puer : Sciatis quod obedio Deo, et non
obediam Antiochi praeceptis; quare ne dilTeratis me
sequi fratres meos, neque impediatis me abire quo abie-
runt.
30. Tum dixit régi : Vae tibi a Deo, quo fugies ab eo ?
et quo confugies? aut cujus implorabis opem, ne sup-
plicio te afiieiat ?
jl. Equidem benefecisti nobis, cum constituisses ma-
lefacere : malefecisti animas tuas, et perdidisti eam, cum
esses arbitratus benefacere. Nos autem pergimus ad
vitam, quam non sequetur mors, et habitabimus in
lumine, quod non removebunt tenebras.
52. At habitaculum tuum in inferiserit, cum vehemen-
tibus Dei suppliciis.
33. Ego vero confido, Dei iram a populo suo recessu-
ram propter ea quas sustinuimus pro eo :
34. Et te cruciatibus afficiet in hoc mundo, et perdet
te pessima morte : et tandem ad perpetuos cruciatus
abibis.
3$. Et iratus est Antiochus, videns puerum suo
adversari imperio : quare jussit ipsum alïici crucia-
tibus prae fratribus ejus. Et factum est id, et mortuus
est.
36. Rogavit autem matrem ipsorum Deum, et depre-
cata est sequi filios, et illico mortua est.
37. Tum profectus est Antiochus in Macedoniam
regionem suam : et scripsit Felici, et reliquis praefectis
in Syria, ut neci traderent Judœos omnes, exceptis
illis, qui ejus amplecterentur religionem. Et obsecuti
sunt sui imperio ejus, interficientes multitudinem homi-
num.
28. Car si vous pouviezdéeouvrir quelques rayons de
cette gloire qui les environne dans cet heureux séjour,
dont ils sont déjà les augustes habitants, vous ne pour-
riez souffrir qu'on vous retînt ici plus longtemps; et
moi-même, j'espère que le Dieu tout-puissant m'y
prépare une demeure, et que dans peu je vous y suivrai
tous.
29. Alors ce jeune enfant s'écria : Qu'attendez-vous ?
Sachez que je n'obéis point aux ordres d'Antiochus,
mais à la loi de Dieu ; ne m'empêchez donc plus
d'aller rejoindre mes frères dans le séjour où ils sont
déjà.
30. Ensuite il dit au roi : Malheur à vous qui allez
tomber sous la main de Dieu ! Comment vous cacherez-
vous de devant sa face, et qui pourra vous garartir de
sa fureur ?
31. Vous nous avez fait du bien en voulant nous nuire,
et vous avez perdu votre âme en croyant la rendre heu-
reuse. Nous allons entrer dans une vie qui n'a pour
bornes que l'éternité môme, et bientôt nous serons
revêtus d'une lumière qu'aucune ombre n'altérera
jamais.
32. Mais pour vous, ô roi impie, l'enfer va ouvrir son
sein pour vous recevoir, et la justice de Dieu vous y
prépare des supplices sans nombre.
3;. J'ai cette confiance que Dieu, satisfait de ce que
nous avons souffert pour la défense de sa loi, retirera
enfin sa colère de dessus son peuple.
34. Mais pour vous, il vous accablera de maux dès ce
monde, et après vous avoir fait périr par une mort
funeste, il vous livrera à des tourments qui ne finiront
jamais.
3$. Antiochus, irrité qu'un enfant lui résistât ainsi,
ordonna qu'on le traitât avec encore plus de rigueur que
ses frères ; et ce jeune homme expira enfin au milieu des
tourments.
36. Il ne restait plus que la mère, qui conjura Dieu de
la réunir à ses heureux enfants; elle mourut aussitôt.
37. Antiochus étant de retour en Macédoine, écrivit
à Félix et aux autres gouverneurs de Syrie, de faire
mourir tous les Juifs qui refuseraient d'embrasser sa
religion; et ses ordres furent exécutés avec une rigueur
extrême.
CHAPITRE VI
i. Fugit vir quidam nomine Matliathias filius Jocha-
nan, in aliquem montium munitorum ; et confugerunt ad
eum dispersi homines, et quidam sese absconderunt in
locis abditis.
2. Postquam autem longe reeessisset Antiochus a re-
gione,misit Mathathias Judam filium suum clam in civitates
Jud«e, ut certiores eos faceret de sua, suorumque salute,
et ut pergerent ad eum quotquot commoventur fortitu-
dine, magnanimitate, et zelo erga religionem, uxores et
liberos.
?. Et perrexerunt ad eum quidam de nobilioribus
populi, qui remanserunt, qui eum adessent apud eum,
ait illis :
4. Nihil nobis restât, nisi oratio ad Deum, et confi-
dentia in eo, et praslium adversus hostes nostros, ut
forte concédât nobis Deus opem, et victoriam contra
eos. Et acquievit populus opinioni Mathathias, et fece-
runt secundum eam.
5. Et renuntiatum est Felici, et profectus est adversus
eos eum exercitu magno ; et nuntiatum est ei dum per-
geret, de populo Judasorum esse circiter mille homines
ex viris et mulieribus congregatos, et in spelunca qua-
dam commoratos.ut suam servare possent religionem ; et
declinavit ad eos eum aliquo numéro suorum mittensduces
virorum suorum,cum reliquo exercitu contra Mathathiam.
6. Félix autem petiit ab iis, qui sunt in spelunca, ut
egrederentur ad eum, et consentirent ingredi suam reli-
gionem ; at ipsi recusarunt :
7. Unde comminatus est se suppositurum (uitium, et
sustinuerunt id, et non sunt egressi ad eum, et supposuit
eis fumum, et mortui sunt universi.
8. Cumque pergerent duces exercitus contra Matha-
thiam, et pervenerunt ad eum, ipso parato ad praelium :
accessit ad eum quidam ex nobilioribus ducibus, propo-
nens ei obedientiam régi, et ut non adversetur ipsius
imperio,ut viveret ipse,etquicum eo erant,et non périrent.
9. Cui ait : Equidem Deo obedio régi vero ; at vos
obedite régi vestro,et facite quascumque vobis videntur,
et sese a loquendo continuit.
10. Et cceperunt astruere ei insidias. Et venit quidam
de pessimis Judaaorum, qui eum eis erant, et concitavit
eos pergere contra eum, et bellum constituere.
11. Et irruit in illum Mathathias stricto gladio, et am-
putavit caput Judsei ; tum percussit ducem, quem Judaeus
alloquebatur, et occidit eum quoque.
12. Videntes autem socii Mathathiae quod fecerat, fes-
tinaverunt ad eum, et irruperunt in castra inimicorum
trucidantes ex eis multitudinem plurimam, et in fugam
verterunt eos; deinde secuti sunt fugientes, donec inter-
fecerunt omnes.
ij. Post haec cecinit Mathathias buccina, et indixit
expeditionem contra Felicem. Et ingressus est ipse, et
socii, regionem Judaeorum, et suscepit plurimas ex civi-
tatibus eorum.
14. Et quiescere eos fecit Deus excelsus per manus
ejus a ducibus Antiochi; et reversi sunt ad observantiam
suae religionis, et recesserunt ab eis manus hostium
ipsorum.
1. Matthathias fils de Jochanan, s'étant enfui sur l'une
des montagnes fortifiées, plusieurs Juifs que la persé-
cution avait dispersés s'y retirèrent avec lui, et d'autres
se cachèrent dans des lieux écartés.
2. Lorsqu'Antiochus fut suffisamment éloigné de Jéru-
salem, Matthathias envoya secrètement son fils Judas,
dans les villes de la Judée, pour les informer de la santé
parfaite dont ils jouissaient lui et les siens, et le chargea
de lui amener tous ceux qui avaient assez de force et
de courage, ae zèle pour leur religion, et d'amour pour
leurs femmes et leurs enfants.
?. Quelques-uns des premiers du peuple se joignirent
à Judas, et, s'étant rendus auprès de Matthathias, ce
grand homme leur parla en ces termes :
4. Il ne nous reste plus présentement qu'à offrir à
Dieu d'humbles prières, et à marcher avec confiance
contre un ennemi dont sa puissance nous fera triompher.
Cet avis plut à tout le monde, et l'on se mit en devoir
de l'exécuter.
5. Félix, averti de la résolution de Matthathias, marcha
contre lui avec une armée nombreuse; mais, ayant appris
ensuite qu'environ mille Juifs, tant hommes que femmes,
s'étaient enfermés dans une caverne pour y faire en paix
l'exercice de leur religion, il s'y rendit avec quelques-
uns des siens, et envoya contre Matthathias ses géné-
raux avec le reste de l'armée.
6. Félix, s'étant approché de la caverne, exhorta tous
ceux qui y étaient cachés de le venir trouver et d'em-
brasser sa religion ; mais ils le refusèrent.
7. Félix les ayant ensuite menacés de faire allumer du
feu à l'entrée de la caverne, ils restèrent inébranlables et
périrent tous par ce supplice plutôt que de quitter cet asile.
8. Les généraux de Félix s'étant avancés vers Mattha-
thias, et l'ayant trouvé en état d'accepter le combat ;
l'un des plus distingués d'entre eux l'exhorta à se sou-
mettre aux ordres du roi, de peur qu'il ne périt avec
tous les siens.
0. Matthatias lui répondit : Je n'obéis qu'à Dieu, le
seul et véritable souverain ; mais pour vous, obéissez à
votre roi et faites tout ce qu'il vous plaira, et il cessa
de parler.
10.. Après cela, ils commencèrent à tendre des embû-
ches à Matthathias ; et un de ces Juifs impies, qui avait
embrassé le parti d'Antiochus, vint presser les généraux
de l'armée de marcher contre Matthathias, et d'engager
le combat.
II. Mais Matthathias s'étant jeté l'épée à la main sur
ce Juif insolent, lui abattit la tète, et du même coup tua
le général à qui le Juif avait adressé la parole.
13. Les gens de Matthathias, prenant cette action gé-
néreuse pour le signal du combat, se joignirent promp-
tenient à leur chef, et, pénétrant avec lui dans le camp
des ennemis, ils en tuèrent un grand nombre, mirent les
autres en fuite et les poursuivirent jusqu'à ce qu'ils les
eussent tous massacrés.
ij. Après ce premier avantage, Matthathias fit sonner
les trompettes et tourna sa marche Wers Félix. Et il
entra, lui et ses compagnons, dans la Judée et se rendit
maître de plusieurs villes.
14. Et le Très-Haut délivra ainsi les Juifs des géné-
raux d'Antiochus, et ils recouvrèrent enfin, avec la
paix et la tranquillité, la liberté de vivre dans l'exercice
de leur religion.
CHAPITRE VII
i. Mathathias autem infirmatus est, et cum prope esset
ut moreretur, vocavit filios suos, qui erant quinque, et
ait illis :
2. Certe scio excitanda fore in regione Juda bella
quamplurima ac magna, causa eorum pro quibus com-
movit nos Deus optimus maximus ad bellandum contra
hostes nostros.
;. Ego autem prœcipio vobis ut timeatis Deum, et
confidatis in illo, et asmulatores sitis legis, et sanctuarii,
et populi ipsius, et prœparemini ad bellandum contra
hostes illius :
4. Nec timeatis mortem, quoniam omnibus hominibus
procul dubio décréta est.
Ç. Quod si victores vos reddiderit Deus, jam obtinuis-
tis quod desiderabatis : si vero pereatis, non amittitur
id vobis apud illum.
6. Et defunctus Mathathias, et sepultus est, et fecerur.t
filii ejus secundum quod praecepit eis. Et consenserunt
praeficere sibi fratrem suum Judam.
7. Erat Judas frater eorum omnium consilio optimus,
et robore fortissimus. Et missus est contra eos exercitus
a Felice cum viro qui dicebatur Seron, quem fugavit
Judas cum sociis suis, et interfecit multitudinem magnam.
8. Et divulgata est fjma Judas, ac percrebuit in aures
valde; et timuerunt eum omnes gentes, quas erant in
circuilu ejus.
9. Et perlatum est régi Antiocho quidquid fecerat
Mathathias, et Judas filius ejus. Pervenerunt hsec quo-
que ad regem Persarum, unde prasvaricatus est in Antio-
chum, deficiens ab eo, sequens exemplum Judas. Quod
quidem cum maximopere alilixisset Antiochum.
10. Vocavit ad se virum quemdam de domesticis suis,
qui dicebatur Lysias, vir strenuus ac fortis, et ait illi :
11. Jam decrevi proficisci in Persidis regioneni ad
bellandum; volo autem sufficere post me filium meum
in locum meum, et ducere mecum dimidiam partem exer-
citus, et reliquam partem relinquere cum filio meo; et
ecce tradidi gubernationem filii mei, et gubernationem
virorum quos relinquo cum illo.
1 2. Et quidem scis quid fecit Mathathias et Judas ami-
cis meis, et viris meis. Quare mitte in regionem Judas
ducentem exercitum potentem ; et jubé irruere gladio in
regionem Judas, et eradicare eos, et destruere domicilia
eorum, et ipsorum vestigia delere.
ij. Dein profectus est Antiochus in regionem Persi-
dis. Lysias vero expedivit très duces strenuos ac fortes,
et in bellis peritos, quorum unus dicebatur Ptolemasus,
alter Nicanor, tertius vero Gorgias. Misitqje cum eis
de viris electis quadraginta millia, etseptem m illia equo-
rum.
14. Tune prascepit eis quoque ut adducerent secum
exercitum de Syris, et Palasstinis; et prascepit eis om-
nino extirpare Judasos.
15. Et profecti sunt, adducentes secum multitudinem
mercatorum, ut venderent eis captivitatem, quam obten-
turi erant de Judœis.
1. En ce temps-là, Matthathias tomba malade, et étant
près de mourir, il fit venir ses cinq fils, et leur parla
en ces termes :
2. Je sais certainement qu'il s'excitera en Judée plu-
sieurs guerres importantes, et que les intérêts de notre
Dieu vous mettront de nouveau les armes à la main.
;. Je vous conjure donc, mes enfants, de craindre le
Seigneur et de mettre en lui toute votre confiance, brûlez
d'un saint zèle pour sa loi, pour I'honneurde son sanc-
tuaire et pour la défense de son peuple.
4. Soyez toujours prêts à marcher contre les ennemis
de son nom, et ne craignez point de mourir; puisque
c'est le sort inévitable de tous les hommes.
ç. Si Dieu vous accorde la victoire sur vos ennemis,
il ne vous restera plus rien à désirer. Si, au contraire,
il permet que vous périssiez dans le combat, ce Dieu ne
laissera point sans récompense votre zèle et votre valeur.
6. Après cela Matthatihas mourut et fut mis dans le
tombeau. Ses enfants exécutèrent ce qu'il leur avait
ordonné, et, d'un commun consentement, ils mirent à
leur tête Judas leur frère.
7. Or Judas lessurpassait tous en sagesse et en valeur.
Alors Félix envoya une armée contre eux sous la con-
duite de Séron ; mais Judas le mit en fuite après lui
avoir tué une partie de ses gens.
8. Le nom de Judas se répandait de tous côtés et
inspirait la terreur à toutes les nations voisines.
9. Le roi de Perse, encouragé par l'exemple, secoua
le joug, ef se mit en état de soutenir sa révolte. Antio-
chus, vivement louché de ce coup imprévu, et instruit
de tout ce que Matthathias et son fils Judas avait fait
contre lui,
10. Fit appeler un officier de sa maison qui s'appe-
lait Lysias, et qui ne manquait ni d'esprit ni de courage,
et il lui parla ainsi :
11. J'ai enfin résolu d'aller porter la guerre en Perse,
et, dans l'intention où je suis d'assurer la couronne à
mon fils, je l'abandonne à vos soins et à votre conduite,
aussi bien que la moitié de l'armée que je laisse auprès
de lui.
12. Et vous n'ignorez pas de quelle manière Mattha-
thias et Judas ont traité mes généraux et mes soldats :
songez donc à envoyer en Judée une armée puissante ;
qu'elle y entre le fer à la main, qu'elle extermine le peu-
ple qui l'habite, qu'elle détruise ses villes, et qu'elle n'y
laisse rien qui en puisse renouveler la mémoire.
ij. Antiochus étant parti pour la Perse, Lysias leva
une armée de quarante mille hommes d'infanterie et de
sept mille chevaux, toutes troupes d'élite, et l'envoya
sous la conduite de Plolémée, Nicanor et Gorgias, trois
généraux qui joignaient à beaucoup de valeur une par-
faite connaissance de la guerre.
14. Il leur ordonna en même temps de grossir leur
armée des troupes qu'ils trouveraient en Syrie et en
Phénicie, afin d'anéantir plus aisément toute la nation
des Juifs.
15. Ces généraux partirent enfin, menant avec eux
un grand nombre de marchands à qui ils comptaient
vendre ceux des enfants d'Israël qu'on devait faire escla-
ves.
IV. — MACCABÉES.— VII. - DÉFAITE DES SYRIENS 28!
16. Pervenit autem fa ma ad Judam filium Mathathise, 16. Judas, fils de Matthathias, intruit des desseins de
et petiit domum Dei optimi maximi ; et congregavit ho- l'ennemi, vint au temple du Dieu souverain ; et y ayant
mines, indixitque eis jejunium, et orationes, et preces ad fait assembler le peuple, il ordonna des jeûnes et des
Deum optimum maximum : et ut eum deprecarentur pro prières pour obtenir la victoire.
Victoria contra hostes ; quod quidem prœstiterunt.
17. Post hœc congregans Judas viros suos, constituit 17- H fit ensuite la revue de ses troupes, les divisa par
singulis millibus, principem : et similiter singulis centum, bandes de mille, de cent, de cinquante et de dix hom-
virum : et singulis quinquaginta : et singulis decem. mes, et établit un officier pour chacune de ces bandes.
18. Tum prœcepit prœcini in exercitu suo, ut revertatur 18. Il fit aussi publier à son de trompe, dans toute
quisquis timidus est, et quemcumque prœcepit Deus l'armée, que tous ceux qui craignaient l'ennemi se reti-
dimitti de exercitibus. Et reversa est multitudo magna : rassent, selon l'ordre que Dieu en avait donné lui-même ;
remanseruntque cum illis septem milli.i virorum stre- et de toute cette multitude nombreuse il ne resta que
nuorum ac fortium, et in bellis peritorum, iisque assue- sept mille hommes pleins de force et de valeur, instruits
torum : nec quispiam illorum unquam novit fugam ; et aux travaux de la guerre, et qui jamais n'avaient fui dans
pr.ofecti surit contra hostes suos. les combats : ce fut avec de telles troupes que Judas
marcha aux ennemis.
19. Cum autem appropinquassent eis, oravit Judas ad '9- Et comme il était proche il pria son Dieu de ren-
Dominum suum, rogans eum, ut averteret a se malitiam verser leurs desseins funestes e de luiaccorderla victoire
hostis sui, et ut opitularetur ei, et victorem ipsum red- par son secours.
deret.
20. Deinde prœcepit sacerdotibus canere buccinis, 20. En. même temps, il ordonna aux prêtres de sonner
quod prœctiterunt, et Deum invocaverunt omnes sui, et les trompettes, et, à ce signal, ils se jetèrent tous au
in exercitum Nicanoris irruerunt. nom du Seigneur sur l'armée de Nicanor.
21. Et concessit illis Deus victoriam contra eos, et 21. Dieu leur donna la victoire ; ils battirent Nicanor
fugaverunt illum ac socios ejus, interficientes ex illis avec toute son armée, lui tuèrent neuf raille hommes et
novem millia virorum ; reliqui autem dispersi sunt. obligèrent les autres à prendre la fuite.
22. Et reversus est JuJas, et amici ejus ad castra Nica- 22. Judas, suivi des siens, rentra dans le camp des
noris, et deprœdati sunt ea, diripueruntque bona merca- ennemis, mit tout au pillage, prit toutes les richesses
torum plurima, et miserunt ea dividenda inter infirmos. des marchands et les fit distribuer à ceux qui étaient dans
le besoin.
2j. Hœc autem pugna fuit feria sexta ; quare stetit :?. Ce combat se livra le sixième jour de la semaine ;
Judas, et sui, eodem in loco, donec pertransiret dies c'est pourquoi Judas et les siens restèrent sur le champ
sabbati. de bataille jusqu'à ce que le jour du sabbat lût passé.
24. Tum profecti sunt contra Ptolemaeurn, et Gorgiam, 24- Le lendemain, il joignit Ptolémée et Gorgias, il les
quos invenientes expugnaverunt, et victoriam reporta- vainquit et leur tua vingt mille hommes : ces deux géné-
verunt ex eis, occidentes ex eorum exercitu viginti millia. raux prirent la fuite et 'furent suivis par Judas; mais,
Et fugerunt Ptolemœus et Gorgias, quos secutus est ayant SaSné la ville des deux idoles, et s'y étant retran-
Judas cum sociis : tamen eos comprehendere non potuit, chés avec les débris de leur armée, ils échappèrent de
quoniam sese contulerunt in civitatem duorum idolorum, ses mains.
et sese munierunt in ea cum reliquis viris suis.
25. Et invasit Judas Felicem, et fugatus est ante eum, 2;. Judas marcha ensuite contre Félix, qui prit la fuite
quem secutus est Judas. Qui veniens in domum quam- et se retira dans une maison voisine et bien retranchée,
dam proximam, ingressus est eam, et clausit januas ; erat dont il fit barricader la porte.
autem domus munita.
26. Et prœcepit Judas, et succendit eam igni, et coin- 26. Mais Judas, qui l'y poursuivit, y fit mettre le feu,
busta est domus, combustus est Félix. Sumpsit ergo de et vengea par la mort de Félix celle d'Éléazar et de plu-
eo Judas vindictam Eleazari, et aliorum, quos interfe- sieurs autres dont cet homme indigne avait versé le sang,
cerat Félix. Post hœc reversus est populus ad interfec- Après cela, les soldats de Judas vinrent visiter les morts,
tos, et acceperunt spolia, et arma ipsorum : miserunt prirent leurs dépouilles et leurs armes, et envoyèrent à
autem prœstantiora prœdœ in regionem anctam. à la ville Sainte ce qui se trouva de plus précieux par-
mi le butin.
27. At Nicanor mutato habitu ignotus abivit, et rêver- 27- Nicanor, ayant changé d'habit, se sauva sans être
sus est ad Lysiam, indicavitque ei omnia quœ sibi suis- connu, et, s'étant rendu auprès de Lysias, il lui apprit
que evenerant. quel était son sort et celui de toute l'armée.
CHAPITRE VIII
i. Reversas est autem Antiochus de regione Persidis,
fugiens dimisso exercitu. Qui cum intellexisset quod acci-
dit exercitui suo, quem miserat Lysias, et omnibus viris
suis, egressus est cum exercitu magno, petens regionem
Judas.
2. Qui pergens cum ad médium pervenisset iter, per-
cussit illum Deus telis maximis : at id nequaquam illum
remorari potuit ab itinere, sed institit iili, proferens
omnia gênera injuriarum in Deum,ac dicens: Quod nemo
illum avertere, aut impedi posset a decretis suis ;
;. Quare percussit quoque illum Deus optimus maxi-
mus ulceribus totum invadentibus ejus corpus : nec
tamen destitit, aut corripuit se ab itinere, sed auctus est
ira, et aviditate percitus obtinendi quod der.reverat, et
consequendi quod deliberaverat.
4. Erant autem in exercitu ejus elephanti quamplurimi.
Accidit ergo ut quidam eorum fugeret, et barritum ede-
ret ; quamobrem diffugerunt equi portantes lectum in quo
jacebat Antiochus, et excusserunt illum.
5. Cum autem esset corpore obesus, debilitata sunt
membra ejus, et quœdam juncturae divulsae fuerunt : et
ulcerum quidem ejus, quae fœtorem jam emittabant,adeo
fcetor auctus est,utneque ipse sustinere amplius posset,
nec qui ad eum accedebant.
ô.Cadentem itaque sustulerunt servi, et super humeros
portaverunt : ingruente vero fcetore projecerunt illum,
et longe recesserunt.
7. Videns itaque quae mala cum convenerunt, pro
certo credidit, id totum supplicium sibi evenissea Deo
optimo maximo propter injuriam, ac tyrannidem Hebrasis
illatam et sanguinis eorum effusionem injuste perpe-
tratam.
8. Timens ergo conversus est ad Deum, et peccata sua
confitens dixit ; Deus, utique mereor quae in me immi-
sisti : et quidem justus es in judiciis tuis : humilias qui
exaltatur, et diminuis qui superbit : iibi vero est magni-
tudo, et magnificentia, et majestas, et fortitudo.
9. Vere inquam, oppressi populum hune, et tyrannice
egi, et decrevi in ipsos.
10. Parce, quaeso, Deus lapsum hune meum, et dimitte
peccatum meum, et elargire mihi sanitatem meam ; et
meum erit implere thesauros domus tuas auro, et argento:
et sternere domum sanctuarii veslimentis purpureis,
11. Et circumeidi, et praeconio edicere per universum
regnum meum te esse Deum verum solum,non habentem
participem, nec esse Deum praster te.
12. At nequaquam exaudivit Deus illius preces, nec
orationem excepit : sed adeo multiplicata sunt mala
ipsius, ut emitteret viscera : et adeo creverunt ulcéra, ut
decideret caro ejus a corpore.
ij. Dein mortuus et sepultus est in loco suo. Et regna-
vit filius ejus loco ejus, eratque nomen ipsius Eupator.
1. Antiochus ayant été battu en Perse, abandonna son
armée par une fuite honteuse et revint dans son royaume;
mais lorsqu'il eût appris l'entière défaite des troupes que
Lysias avait envoyées contre les Juifs, il se mit à la tète
d'une puissante armée et marcha vers la Judée.
2. Il avait fait à peine la moitié du chemin que Dieu le
frappa d'une manière terrible : Antiochus cependant
s'obstinait à poursuivre sa marche et vomissait contre le
ciel les plus horribles blasphèmes, disant que rien ne
pourrait le détourner de son entreprise, ni l'empêcher de
l'exécuter.
5. Alors le Dieu tout-puissant le couvrit d'ulcères
depuis les pieds jusqu'à la tète; mais ces coups, bien
loin d'arrêter ce prince, ne firent qu'irriter davantage sa
colère et le désir violent d'achever sa première entre-
prise.
4. 11 traînait après lui un grand nombre d'éléphants, et
l'un de ces animaux étant sorti de son rang avec des cris
épouvantables, les chevaux qui traînaient le char où
reposait Antiochus en prirent l'épouvante et le renver-
sèrent par terre.
<,. Ce prince, qui était gros, fut fort affaibli de cette
chute et se rompit même quelques parties du corps :
outre cela, l'horrible puanteur qui sortait de ses ulcères
devenait si violente, que ni lui ni ceux qui l'appro-
chaient ne la pouvaient plus supporter.
6. Cependant ses serviteurs le relevèrent et le chargè-
rent sur leurs épaules ; mais l'infection s'augmentant de
plus en plus, ils furent contraints de le mettre par terre
et de s'éloigner.
7. Dans cette affreuse situation, Antiochus ne douta
plus que ce ne fût le Dieu tout-puissant qui se vengeait
sur lui de tous les maux qu'il avait faits aux Juifs, et qui
lui redemandait tout le sang qu'il avait versé avec tant
d'injustice.
8. Alors, pénétré de crainte, il se tourna vers Dieu, et
confessant ses crimes, il lui dit : Seigneur, j'ai mérité
tous ces châtiments et vous êtes juste dans vos juge-
ments, vous humiliez celui qui s'élève, vous abaissez
celui qui s'enfle d'orgueil, et c'est à vous seul qu'appar-
tient la grandeur, la magnificence, la force et la majesté.
9. 11 est vrai que j'ai opprimé votre peuple, que je l'ai
tyrannisé et que j'en avais résolu la perte.
10. Mais, Seigneur, retirez votre main de dessus moi,
oubliez mon iniquité et rendez-moi la santé. Je remplirai
d'or et d'argent les trésors de votre temple. Je cou-
vrirai de tapis de pourpre le pavé de votre sanctuaire.
11. Je prendrai sur moi la marque de la circoncision,
et je ferai publier dans toute l'étendue de mon empire,
que vous êtes le seul Dieu véritable et qu'il n'y en a
point d'autre que vous.
u. Mais Dieu n'écouta point les prières de ce prince,
et ses maux s'augmentèrent tellement, qu'il jetait ses
entrailles; et ses ulcères s'augmentèrent au point que
toutes ses chairs tombaient en lambeaux.
1 ?. Il mourut enfin et fut mis dans le tombeau de ses
pères, laissant Eupator son fils, héritier de sa couronne.
CHAPITRE IX
i. Cum fugasset Judas Ptolemasum, et Nicanorem, et
Gorgiam, et occidisset viros eorum, reversus est ipse, et
viri ejus in regionem domus sanctœ.
2. Praecepitque destrui omnia altaria quae extrui jus-
serat Antiochus, et amovit omnia idola, quas erant in
sanctuario,et éedificarunt altare novum, jussitque offerri
sacrificia super illud.
) Oraverunt quoque ad Deum optimum maximum ad
educendum ignem sanctum qui maneret in altari ; et
egressusest ignis de quibusdam lapidibus altaris, et com-
bussit ligna ac sacrificia ; et ex eo remansit ignis in
altari usque ad tertiam transmigrationem.
4. Feceruntque tune soiemnitatem altaris novi octo
diebus, incipientibus die quinta et vicesima mensis Cas-
leu. Tum autem posuerunt panem super mensam domus
Dei, et accenderunt lucernas candelabri.
<,. Singulis autem diebus horum octo conveniebant ad
orationem, et laudem : constitueruntque prœterea id in
ritum singulis annis.
1. Judas étant revenu à Jérusalem après avoir taillé en
pièces l'armée de Ptolémée, de Nicanor et de Gorgias,
et les avoir forcés eux-mêmes à prendre la fuite, se tint
auprès du temple saint.
2. Il abattit tous les autels qui avaient été élevés par
ordre d'Antiochus, ôta les idoles qui étaient dans le
sanctuaire et fit dresser un nouvel autel sur lequel il fit
offrir des sacrifices.
5. Alors les enfants d'Israël prièrent le Dieu tout-
puissant d'envoyer du ciel le feu sacré et qu'il ne cessât
jamais de brûler sur l'autel ; et il sortit du feu de quel-
ques-unes des pierres de l'autel, et, après avoir consumé
le bois" et les victimes, il s'y conserva toujours depuis
jusqu'au temps de la troisième captivité.
4. On fit ensuite la dédicace de ce nouvel autel, et elle
dura huit jours ayant commencé le vingt-cinquième jour
du mois de Casleu ; l'on mit aussi les pains de pro-
position sur la table de la maison du Seigneur, l'on alluma
le chandelier ;
?. Et, tous les jours de l'octave, on s'assemblait au
temple pour la prière ; l'on ordonna encore que cette
solennité se renouvellerait tous les ans.
CHAPITRE X
i. Post dies autem dedicationis, profectus est Judas in i. Apres la fête de la dédicace, Judas s'avança dans
regionem Idumasorum, videlicet in montem Sarah ; Gor- l'idumée jusqu'au mont Sarah où était Gorgias, qui, sans
gias enim ibi morabatur. Et egressus est contra ipsum l'attendre, en descendit et vint à sa rencontre avec une
Gorgias cum exercitu magno, et fuerunt inter eos pugnas armée nombreuse. Ils se livrèrent des combats sanglants,
magnas perieruntque de viris Gorgias viginti millia. et Gorgias, après y avoir perdu vingt mille hommes,
2. Et fugit Gorgias ad Ptolemasum in terram occidentis 2. Vint trouver Ptolémée dans les provinces de l'occi-
(praefecerat enim illum Antiochus illi regioni, moraba- dent, où il était par ordre d'Antiochus, et lui apprit la
turque ibi), et indicavit ei quod sibi acciderat. défaite de son armée.
3. Quare egressus est Ptolemasus cum exercitu, in quo 3. Alors Ptolémée se mit en marche avec une armée
erant centum et viginti millia de viris Macedonum, et de cent-vingt mille hommes, tant Macédoniens qu'occi-
viris occidentis. Profectus autem est donec pervenit in dentaux ; et, s'étant avancé jusqu'en Galaad, à Giarès et
regionem Giares, id est Galaad, et adjacentia, et occidit aux environs, il immola partout un grand nombre de
ex Judasis multitudinem magnam. Juifs.
4. Scripserunt itaque Judas indicantes ei quod sibi 4. Ces peuples alarmés firent aussitôt savoir à Judas le
evenit, invocantes eum ad debellandum Ptolemasum, et triste sort de leurs frères, et le conjurèrent de venir
depellendum a se. chasser Ptolémée de leur pays.
5. Et pervenit ad eum epistola eorum eodem tempore, 5. Judas reçut en même temps les lettres des habitants
quo pervenit ad ipsum epistola ab incolis montis Galileas, de la montagne de Galilée, qui lui marquaient les combats
indicantibus quoque illi, qualiter Macedones, qui sunt que leur avaient déjà livrés les Macédoniens de Tyr et
Tyri et Sydone, jam convenissent contra eos, et bello de Sidon, et le carnage qu'ils faisaient de plusieurs de
impetivissent, occidentes ex eis. leurs habitants.
6. Cum autem legisset Judas utramque epistolam, coegit 6. Après avoir communiqué ces lettres aux siens, Judas
viros suos, etsignificavit eis tenorem epistolarum, indixit- ordonna des jeûnes et des prières ; il commanda ensuite
que illis jejunium et orationem. Post hase jussit fratri suo à son frère Simon de se mettre à la tète de trois mille
Simoni,ut secum assumeret tria millia virorum de Judasis, Juifs, et d'aller promptement à la montagne de Galilée
et festinanter pergeret in montem Galileas, et elfringeret pour en chasser les Macédoniens, pendant qu'il irait lui-
Macedones, qui in eo erant : même à la rencontre de Ptolémée.
7. Et profectus est Simon. Judas vero festinavit in 7. Simon étant parti sur le champ surprit les Macédo-
occursum Ptolemasi. At Simon improviso irruit in Mace- niens, leur tua huit mille hommes, et rendit la tranquillité
dones, interfecitque ex illis octo millia virorum, et attulit aux Galiléens.
quietem Galilasis.
8. Judas vero profectus est donec pervenit ad Gor- 8. Pour Judas, il ne s'arrêta point qu'il n'eût atteint
giam,et Ptolemaeum: urgens eos, ac obsidens: et decer- Gorgias et Ptolémée, il les harcela et les tint serrés de
tarunt, intercesserunt^ue inter eos accerrimae pugnas : près ; il se livra de rudes combats.
<). Ptolemœus enim ducebat multitudinem numerosam, 9. Ptolémée avait une armée nombreuse et aguerrie,
fortem ac strenuam, Judas vero paucissimo erat comi- Judas, au contraire, n'avait que très peu de monde ;
tatus numéro; verumtamen, cum populus qui cum eo cependant comme c'était l'élite et toute la valeur d'Israël,
erat, constaret fortissimis atque robustissimis.constanter il fit une longue résistance. Le combat fut acharné et de
restitit. Etdiu duravit pugna inter eos, et invaluit valde. longue durée.
10. Quare exclamavii Judas ad Deum optimum maxi- 10. Alors Judas cria vers le Dieu tout-puissant, et le
mum, et invocavit eum. Meminit autem se vidisse quinque pria de l'assister ; car il avait vu cinq jeunes cavaliers,
équités juvenes : e quibus très pugnabant contra exerci- dont deux se tenaient à ses côtés, et les trois autres com-
tum Ptolemasi, duo vero stabant secum. battaient contre l'armée de Ptolémée.
11. Quos cum attente contemplaretur, visi sunt ei angeli 11. Et, les ayant considérés avec attention, ils lui
Dei. Quamobrem confortatum est cor cjus, et corda parurent être quelques-uns des anges du Seigneur. Ce
sociorum : et irrumpentes saspe in hostes fugaverunt eos, prodige rendit le courage à Judas et à toute son armée;
occidentes ex eis multitudinem plurimam. après plusieurs eirorts, il mit en fuite les ennemis et en
tua un très grand nombre,
12. Erat autem summa eorum, qui interfecti sunt de 12. En sorte que leur perte, pendant toute la durée de
exercitu Ptolemasi, ab initio pugnas hujus usque ad finen-,, l'action, se montait à vingt mille cinq cents hommes,
viginti millium quingentorum. His peractis, fugit Ptole- Ptolémée, après cet échec, se retira vers la mer avec les
masus, et viri ejusad oras niaritimas, débris de son armée.
13. Persequente eos Juda, et interficiente ex illis 13. Mais Judas l'y poursuivit, et lui tua encore tous
quotquot ipse comprehendebat. Ptolemasus autem fugit ceux qu'il put atteindre ; Ptolémée s'enfuit enfin dans
in Gazam, et moratus est in ea, et convenerunt ad eum Gaza et s'y arrêta. Les habitants de Chahsa s'avançaient
viri Chalisam. pour se jeter dans cette place,
14. Et profectus est Judasad eos, quos inveniens expu- 14. Mais ils furent suivis par Judas, qui les attaquaet les
gnavit: et dispersi sunt viri Ptolemasi, qui confugit in Gazam, contraignit de se retirer en désordre à Gaza, où se forti-
ac ibi sese munivit. Et persecuti sunt viri Judas palantein liait Ptolémée, et, ayant été poursuivis par quelques-uns de
populum,interfeceruntqueex illis multitudinem plurimam. ses gens, ils perdirent encore un grand nombre des leurs.
1$. Perrexit vero Judas, et qui remanserunt cum eo 15. Judass'étant approché de Gaza avec ce qui lui
viri Gazam, et castrametatus est, et obsedit eam. Ke- restait de troupes, il mit le siège devant cette place et fut
versique sunt viri Judas ad eum. bientôt rejoint par ceuxqui étaient allés après les fuyards.
IV. — MACCABÉES. — X. SIÈGE DE GAZA 285
16. Et ascenderunt qui superfuerant cum Ptoloma;o iô. Cependant les assiégés parurent sur les remparts,
munitionem, multisque Judam injuriis impetebant : per- et de là vomissaient mille injures contre Judas ; on se
duravitque bellum inter eos, et viros Judas quinque dies. battit cinq jours durant.
17. Cum autem adesset dies quintus, institit populus 17. Tout le cinquième jour, les gens de Ptolémée
injuriis ita inurere Judam, et maledictis incessere ipsius ayant redoublé leurs insultes contre Judas et leurs blas-
religionem : phèmes contre sa religion.
18. Quamobrem incaluerunt de viris Judas viginti viri, 18. Vingt Juifs ne pouvant plus supporter ces outrages,
qui acceptis clypeis manu sinistra, dextera vero manu prirent leur bouclier de la main droite et leur épée de
gladiis, habentes secum quemdam ferentem scalam, quam la gauche, et suivis d'un homme qui portait une échelle
l'ecerant, profecti sunt donec pervenerunt ad murum : qu'ils avaient faite, s'avancèrent jusqu'au pied de la mu-
raille.
10. Steteruntque ex eis viri octodecim jaculantes in eos 19. Dix-huit d'entre eux jetaient des traits contre ceux
qui erar.t supra murum, duo vero festinantes ad murum, qui en bordaient le haut, pendant que deux autres, sans
erexerunt scalam, et ascenderunt per eam. perdre de temps, l'escaladèrent avec l'échelle qu'ils
avaient apportée.
20. Animadvertentes autem quidam qui erant eo in loco :o. Quelques-uns de ceux qui défendaient la muraille
eos ascendisse, et socios insecutos fuisse, et simul s'étant aperçus que les gens de Judas l'avaient franchie
descendisse de muro intra civitatem, descenderunt post et étaient entrés dans la place, vinrent les attaquer par
eos de muro, quos expugnaverunt, caeso hostium ma- derrière; mais ils perdirent un grand nombre des leurs-
ximo numéro.
21. Exercitus vero Judai applicuit portas civitatis, 21. Ces vingt Juifs s'étaient avancés jusqu'à la porte de
accurrentibus viginti versus portam, ut earn aperirent : la place pour l'ouvrir à leur armée qui les y attendait
at expellebantur inde acerrime ; quamobrem invocabant avec Judas; mais ayant été repoussés avec vigueur, ils
exclamationibus magnis. jetèrent de grands cris pour se faire entendre des leurs.
22. Cognovit ergo Judas et socii ejus ipsos prope 22. Alors Judas comprit qu'ils n'étaient pas éloignés
portam accessisse, et invaluit pugna extra portam et de la porte, et enfin après un long combat au dedans et
intra; et igné percussit Judas, et socii portam quae ceci- au dehors, Judas mit le feu aux portes, se rendit maître
dit; et periit populus, et comprehensi sunt qui Judam de la place, fit brûler en sa présence ceux qui l'avaient
injuriis inurebant, quos adductos jussit comburi. outragé d'une manière si injurieuse.
25. Prœterea gladio exierminari civitatem prœcepit, 2;. Il condamna tous les habitants à périr par l'épée ;
perduravitque clades in ea duobus diebus ; tum igné après un carnage de deux jours, la ville fui réduite en
percussa est. cendres par ses ordres.
24. Ptolemasus vero fugit, nec innotuit eo tempore 24. Cependant Ptolémée trouva moyen de s'échapper
fama ejus, quoniam mutatis vestimentis sese abdiderat in sans être aperçu ; car il avait changé d'habits et s'était
quodam puteorum, et latuit fama ejus. caché dans un puits.
25. Duo vero fratres ipsius capti sunt, et ad Judam 25. Deux de ses Irères ayant été pris furent amenés à
addueti quorum colla percuti gladio jussit. Judas qui leur fit couper la tète.
26. Post hase profectus est in regionem sar.ctuarii cum 26. Il vint ensuite à Jérusalem avec un grand butin, il
praeda maxima, oravitque in eo ipse et socii, gratias y offrit ses prières, et rendit grâces à Dieu avec toute
agentes Deo de acceptis beneficiis. son armée de la protection qu'il leur avait accordée.
CHAPITRE XI
i. Erat nomen Antiochi, cujus prœcessit mentio, Epi-
phanus ; nomen vero filii ejus, qui regnavit post illum,
Eupator, qui et Antiochus quoque nominabatur.
2. Cumque contigissent prœlia Judœ contra hos duces,
scripserunt de hoc Eupatori, qui misit cum Lysia fi 1 io
patruelis sui magnum exercitum, in quo erant octoginta
millia equitum, et octoginta elephanti.
j. Qui pervenientes ad urbem, quœ appellatur Bethner,
castrametati sunt circa eam, et obsiderunt, quippe urbs
ampla erat, et in ea populus multus.
4. Et erexit circa eam Lysias tormenta bellica, insti-
titque oppugnare cives.
5. Quod cum ad Judam perlatum esset, egressus est
ipse cum sociis quosdam montes munitos : et morati
sunt ibi, ne in aliqua urbe morantes peteret eam Lysias,
et obsideret, et opprimeret eos.
6. Coegit ergo Judas socios suos, et statuit cum eis
proficisci ad castra Lysiœ postquam adeuntes domum
Dei obtulerint in ea sacrificia, rogantes Deum optimum
maximum ut averteret a se malitiam inimicorum suorum,
et victoriam sibi in ipsos concederel : quod quidem
praestiterunt.
7. Post hœc perrexerunt de regione Domus sanctae ad
Bethner. Statuerant enim opprimere exercitum impro-
viso, illumque debellare sine contentione.
8. Ferunt autem sibi apparaisse personam quamdam
inter ccclum et terram, insidentem equo igneo, haben-
temque in manu magnam hastam, qua percutiebat exer-
citum Grœcorum. Quare addidit eis quod viderant
fortitudinem, et animos.
9. Et festinantes irruperunt in exercitum, interfece-
runtque de viris ejus multitudinem plurimam. Unde
commotus exercitus, et perturbatus est vehementissime,
et totus in fugam promiscue conversus.
10. Et institit gladius Judœ, et sociorum ; et occidit
illis undecim millia virorum, et mille sexentos équités.
Fugatus est quoque Lysias, et socii ejus ad remotum
locum in quo tuto morabatur. Et misit ad Judam ut sub-
jectus sit régi, salva ejus, populique sui religione :
11. Cui in hoc moram congessit Judas, dummodo scri-
beretur régi, et acciperetur responsum illorum assensu.
Et scripsit Judas de hoc : scripsit quoque Lysias régi,
significans ei quœ evenerant, et quœ expertus est de ro-
bore et fortitudine gentis ;
12. Et quod continuatio bellorum cum illis esset
exterminatura viros, quemadmodum exterminati sunt
prœcedentes : et indicat ipsi prœterea eorum assensum,
et moram suam, donec reciperet epistolam de iis quœ sibi
agenda sunt.
Ij. Cui respondit, rectum sibi videri pacem inire cum
génie, ablato obice eorum exercendœ religionis ; etenim
hœc ipsa eos induxit ad defectiones, et oppugnationes,
prœdecessorum. Prœcepit quoque ei inire cum eis fidus
de pace, ei obedientia, ita quidem ut nullus opponatur
illis obex in negotio religionis.
14. Scripsit etiam Judœ, et omnibus Judœis, qui in re-
gione Judœ secundum hoc ; et duravit id inter eos aliquo
spatio temporis.
1. Antiochus dont on a déjà parlé, s'appelait Épiphane,
et son fils qui lui succéda à l'empire, outre le nom
d'Eupator, portait aussi celui d'Antiochus.
2. Les généraux macédoniens ayant été battus par
Judas en plusieurs rencontres, en écrivirent à Eupator
qui leur envoya une puissante armée sous la conduite
de Lysias, son cousin ; elle était composée de quatre-
vingt mille chevaux et de quatre-vingts éléphants.
3. Lorsque ces troupes furent arrivées à Bethner, ville
très grande et très peuplée, elles y campèrent et l'en-
vironnèrent de toutes parts.
4. Après avoir disposé toutes ses machines de guerre,
Lysias commença ses attaques ;
5. Mais Judas en ayant été informé, mena promptement
sonarmée surquelquesmontagnes élevées et s'y retrancha,
de peur que, restant enfermée dans les villes, Lysias ne
l'y vînt assiéger et ne l'y réduisît aux dernièresextrémités.
6. Ensuite Judas assembla ses gens et résolut avec
eux de forcer Lysias jusque dans son camp, après qu'ils
auraient été au temple du Seigneur, pour y offrir des
sacrifices et prier le Dieu tout-puissant de leur accor-
der la victoire, en rendant inutiles les mauvais desseins
de leurs ennemis. Quand ils se furent acquittés de ce devoir,
7. Ils sortirent de Jérusalem et vinrent droit à Bethner;
car leur dessein était de tomber sur l'ennemi dans le
temps qu'il s'y attendait le moins, et par là de rendre la
victoire plus aisée.
8. Ils rapportèrent même qu'il y avait paru entre le
ciel et la terre une figure humaine montée sur un cheval
de feu, et tenant dans sa main une longue pique, dont
elle frappait l'armée des Grecs, ce qui ne contribua pas
peu à relever encore leur courage et leurs espérances.
9. Alors sans différer, ils pénétrèrent dans le camp de
Lysias, et le remplirent de meurtres et de carnage. Les
ennemis, surpris et épouvantés, s'enfuirent tous dans un
désordre affreux.
io. Mais Judas, les ayant poursuivis, leur tua onze
mille hommes et seize cents chevaux. Lysias contraint
lui-même de se sauver, se retira dans un lieu écarté,
d'où il envoya proposer à Judas de se soumettre au roi,
lui accordant néanmoins pour lui et pour son peuple le
libre exercice de leur religion.
11. Judas répondit qu'il acceptait ces offres, pourvu
qu'on y fît consentir le roi; il lui écrivit même sur ce
sujet, et Lysias en fit autant de son côté, lui marquant
les pertes qu'il avait faites contre cette nation, les preuves
éclatantes qu'elle avait données de sa valeur en tant de
rencontres,
12. Et qu'il était à craindre, qu'en continuant la guerre,
il n'exposât ce qui lui restait de troupes à devenir
comme les autres la proie du vainqueur. Il lui marquait
de plus les conventions laites entre Judas et lui, et la
trêve qu'ils avaient conclue jusqu'à ce qu'il eût tait sa-
voir ses ordres.
ij. Le roi lui écrivit qu'il trouvait bon qu'on fît la paix
avec les Juifs, et qu'on reçût l'offre qu'ils faisaient de se
soumettre, ordonnant en même temps qu'on ne les
inquiétât en aucune manière sur l'exercice de leur reli-
gion, ce qui de tout temps avait été le sujet et le pré-
texte de leurs révoltes.
1 4. Le roi écrivit aussi la même chose à Judas et à tous
les Juifs ; et l'on employa quelque temps à ces négo-
ciations.
CHAPITRE XII
i. Hoc eodem tempore, cujus prsecessit mentio, ccepe-
runt res Romanorum exaltari, ut adimpleret Deus opti-
mus maximus quod prasdixerat Daniel propheta(cui pax)
de quarto regno.
2. Erat item hoc eodem tempore rex quidam in Africa
munificentissimus, nomine Annibal. Erat autem regiae
regniipsiusCarthago. Hic decrevit Romanorum occupare
regionem.
5. Quamobrem ad oppugnandum eum convenerunt, et
multiplicata sunt bella inter eos, ita ut commiserint octo-
decim praslia spatio decem annorum,
4. Nec expellere illum valuerunt de sua regione ob
innumerum exercitum, et populum illius.
<,. Decreverunt ergo cogère magnum exercitum selec-
tum ex omnibus strenuis, et exercitibus, et fortissimis
quibusque suis, et impetere Annibalem in bello, et sus-
tinere, donec averterent a se res ipsius.
6. Quod quidem prasstiterunt : prasfeceruntque exer-
citui duos viros praeclarissimos, unius nomen erat .-Emi-
lius, alterius autem Varro. Qui occurrentes Annibali,
commiserunt cum eo bellum, et cassa sunt de exercitu
eorum nonaginta millia virorum ; de exercitu vero Anni-
balis ceciderunt virorum quadraginta millia. Interfectus
quoque est /Emilius eo in bello.
7. Varro autem fugit in civitatem quamdam maximam,
munitissimam, dictam Venusiam ; quem non est perse-
cutus Annibal : sed Romam profectus est ad expiignan-
dam eam, et ibi morandum.
8. Instititque contra eam per octo dies, cœpitque
extruere e regione illius domicilia. Quod cum vidissent
cives, deliberarunt inire pacem, et fcedus cum illo, et
dedere regionem.
9. Erat autem inter eos juvenis quidam nomine Scipio
(erant quippe Romani eo tempore sine rege, et tota
rerum ipsorum administratio committebatur trecentis
et viginti viris, quibus praserat vir qui dicebatur Se-
nior :)
10. Adest ergo eis Scipio, qui Annibali ejusque obe-
dientiœ nequaquam fldendum esse persuasit.
11. Cui responderunt se nequaquam ipsi fidere, nisi
quod illi resistere nequeant.
12. Quibus ait : Regio Africœ militibus omnino des-
tituta est, quia omnes cum Annibale sunt ; concedite
ergo mihi turmam de electis virorum, ut vadam in Afri-
cain :
ij. Et talia in ea perpetrabo gesta, quorum nuntia
cum ad illum pervenient, forte relinquet vos, et libéra •
bimini ab eo, et quiescetis ; et reparatis rébus vestris, et
roboratis, si iterum pararet reditum, adversus illum satis
eritis.
14. Quibus recta visa est Scipionis sententia ; et tradi-
derunt ei triginta millia virorum de fortissimis eorum. Ft
profectus est in Afrieam ; cui occurrens Asdrubal frater
Annibalis, praîliatus est cum eo, quem vicit Scipio ; et
amputavit collum, accepitque caput, et portans cum reli-
qua prasda, reversus est Romam.
15. Et conscendens munitionem, vocavit Annibalem,
et ait illi : Quomodo valebis contra regionem nostram
1. En ce même temps-là, les Romains s'élevèrent à un
haut point de grandeur et de puissance, afin que le Dieu
tout-puissant accomplît ce que le prophète Daniel
(avec qui soit la paix) avait prédit touchant le quatrième
empire.
2. Il y avait alors en Afrique un roi puissant nommé
Annibal, et Carthage était le lieu où il tenait sa cour ; ce
prince étant entré en Italie dans le dessein d'en faire la
conquête,
5. Les Romains s'avancèrent pour le combattre; ils en
vinrent souvent aux mains les uns avec les autres ; en
sorte que, dans l'espace de dix ans, il se livra dix-huit
batailles.
4. Mais les Romains n'ayant pu obliger Annibal à quit-
ter l'Italie, et n'étant plus en état de se soutenir contre un
si grand nombre d'ennemis,
5. Résolurent de former une armée de tout ce qu'il y
avait, dans l'empire, d'hommes vaillants et courageux
pour attaquer Annibal, ou du moins se mettre en état de
lui résister, jusqu'à ce qu'on l'eût contraint de renoncer
aux espérances qu'il avait sur l'Italie.
6. Quand ces troupes furent levées, on leur donna pour
chefs deux hommes célèbres dont l'un s'appelait Emilius,
et l'autre Varron : ils marchèrent aussitôt contre Anni-
bal, et, lui ayant présenté la bataille, ils la perdirent :
quatre-vingt-dix mille Romains y périrent avec Emilius,
l'un des chefs, et les ennemis y perdirent eux-mêmes qua-
rante mille hommes.
7. Varron se retira à Venuse, qui était une ville très
grande et très forte; mais Annibal, sans l'y poursuivre,
vint droit à Rome, dans le dessein de la prendre et d'en
faire le siège de son empire.
8. Il employa huit jours à la reconnaître, et les Ro-
mains, le voyant campé sous leurs murs, résolurent enfin
de demander la paix et de faire alliance avec Annibal,
en le rendant maître de l'Italie.
9. Les Romains n'étaient point alors gouvernés par
des rois; mais toute l'autorité était entre les mains de
trois cent-vingt sénateurs qui avaient un consul à leur
tête. Un jeune Romain nommé Scipion, ayant su la lâche
résolution de ses citoyens,
10. Vint les trouver et leur dit qu'ils ne devaient ni
se soumettre à Annibal, ni compter sur la foi de ses
traités.
11. Mais ils lui répondirent qu'ils ne le faisaient que
parce qu'ils n'étaient point en état de lui résister.
12. Alors Scipion leur dit : L'Afrique est épuisée de
soldats, Annibal les a tous amenés en Italie; donnez-
moi donc des troupes aguerries, je passerai dans ces
pays abandonnés :
1 j. J'y causerai des pertes qui obligeront bientôt An-
nibal de repasser la mer, et je vous délivrerai de cet
ennemi terrible; ou, s'il lui prenait envie de revenir en
Italie, au moins aurez-vous le temps de rétablir vos
affaires et de vous mettre en état de ne plus le craindre.
14. Cette proposition ayant été reçue de tout le sénat,
on donna à Scipion un corps d'élite de trente mille
hommes. Il passa en Afrique avec cette armée, et mar-
chant droit à Asdrubal, frère d'Annibal, il lui présenta
la bataille et le vainquit; il lui fit ensuite couper la tête
et l'emporta à Rome avec le reste du butin.
i'). Et s'étant approché des retranchements d'Annibal,
il le fit appeler et lui dit : Qu'espérez-vous faire en
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IV.- MACCABÉES. — XII. - ANNIBAL
hanc, cum non valeas cxpellere me de regione tua, ad
quam profectus sum : destruxi eam, et occidi fratrem
tuum.et attuli caput ipsius. Tum projecit ad illum caput.
Quod cum Annibali allatum esset, et illud cogno-
visset, auctus contra populum est furore, ac ira, juravit-
que se non discessurum nisi expugnata Roma.
17. At cives ut illum repellerent a se, et coercerent,
deliberarunt remitti Scipionem. ut obsideret, urgeretque
Carthaginem. Keversusqueest Scipio, et exercitus ejus in
Africain : et castrametati sunt circumcicca Carthaginem ;
et obsederunt eam obsidioneaccerima.
18. Quamobrem scripserunt cives ad Annibalem, dicen-
tes : Tu alienam cupis regionem, quam nescis utrum
obtinere poteris, necne : ad regionem vero tuam pro-
fectus est, qui eam occupare intentât.
Quamobrem si remoratus fueris,dedemus ei regio-
nem, et trademus domesticos tuos, et omnia bona tua.
et thesauros tuos, ut incolumes evadamus nos et bona
nostra.
20. Cum autem perlata ei fuisset epistola, recessit
Roma, et festinavit, donec pervenit in Africain ;
31. Ad quem perrexit Scipio et occurrit ci, commisit-
que cum illo ter accerrimum bellum ; et csesi sunt de
viris ejus quinquaginta millia. Annibal vero fugetus sese
contuiit in regionem .Kgypti, quem insecutus est Scipio:
et cepit Annibalem captivum,et reversus est in Africain.
::. Oimque esset ibi, indignatus est Annibal sic videri
ab Africanis; quare sumpto veneno inleriit.
2:. Et obiinuit Scipio regionem Africae, atque potitus
est omnium bonorum, et domesticorum, et thesaurorum
Annitv
24. Quamobrem magnificat.» est fama Romanorum,
cœperuntque inde sumere incrementuin res eorum.
Italie, vous qui n'avez pu m'empêcher de passer en Afri-
que. J'ai désolé vos provinces; Asdrubal votre frère est
tombé sous mes coups, et voilà sa tête que j'ai apportée ;
et, en même temps, il la jeta dans son camp.
16. Quand Annibal eut reconnu la tète de son frère, il
entra dans une étrange colère contre Rome, et jura
qu'il ne quitterait point l'Italie qu'il n'eût pris cette ville.-
1;. Cependant les Romains, pour se délivrer d'Anni-
bal, résolurent de renvoyer Scipion en Afrique, afin qu'il
fit le siège de Carthage. Scipion s'y étant donc rendu
avec son armée attaqua cette ville avec tant de vigueur,
18. Que les habitants écrivirent a Annibal en ces ter-
mes : Vous avez regardé l'Italie comme une conquête
digne de votre ambition, et vous y faites une guerre
dont le succès est fort incertain, pendant que vos pro-
pres états sont en proie à l'ennemi.
19. C'est pourquoi, si vous différez davantage de nous
secourir, nous le rendrons maître de tout le pays, et
nous lui livrerons vos serviteurs, vos biens et vos tré-
sors, pour nous sauver, nos personnes et nos biens.
20. Annibal, avant reçu ces lettres, quitta Rome et se
hâta de repasser en Afrique.
21 Scipion n'eût pas plus tôt appris son arrivée qu'il
alla à sa rencontre, et en trois combats lui défit cin-
quante mille hommes; il le poursuivit lui-même en Egypte
où il s'était réfugié, et l'ayant fait son prisonnier, il revint
en Afrique.
22. Mais Annibal, ne pouvant soutenir en cet état les
yeux de ses sujets, prit un poison et finit ainsi ses jours.
2j. Scipion, devenu maître de l'Afrique, s'empara des
biens, des esclaves et de tous les trésors d'Annibal.
24. Cette conquête répandit partout la gloire du nom
romain, et c'est alors que commença la grandeur de
Rome qui depuis alla toujours en croissant.
CHAPITRE XIII
i. A seniore et trecentis viginti rectoribus, ad Judam
praefectum militise, et Judeeos, salus vobis. Jam perla-
tum est ad nos de victoriis, et fortudine vestra, et con-
stantia in bellis, quibus Isetati sumus.
2. Intelleximus prasterea concordiain vobis initam fuisse
cum Antiocho. Nos scribimus vobis secundum haec, ut
sitis nobis amici, non autem Graecis, qui malefecerunt
vobis.
5. Intendimus praeterea petere Antiochism, et inferre
bellum civibus ejus ; quare festinate indicare nobis, qui-
bus adversamini, et quibuscum vobis intercedit amicitia,
ut faciamus secundum hoc.
EXEMPLAR FŒDERIS
4. Hoc est fœdus, a seniore, et trecentis et viginti
ejus rectoribus, Juda praefecto militiae, et Judasis, ut
apponerentur Romanis, et concordes sint Romani et
Judaei in bellis et victoriis semper.
J. Quod si institerit Romanis bellum, auxilium ferent
eis Judas et populus ejus, nullo praestito auxilio inimicis
Romanorum, annona, sive ullo génère armorum.
6. Cum vero acciderit Judaeis bellum, auxilium ferent
eis Romani, quantum valent et possunt, nullo praestito
auxilio inimicis eorum in ullo génère auxilii.
7. Quemadmodum vero tenentur Judsei Romanis, simi-
liter Romani Judaeis, sine ullo incremento aut decre-
mento. Et acceptarunt îd Judas et populus ejus ; et
remansit fœdus, atque perduravit inter eos, el inter
Romanos longo tempore.
1. Ils écrivirent aux Juifs : Le consul romain et les
trois cent vingt sénateurs aux Juifs et à Judas le général
de leurs troupes, salut. Le bruit de vos victoires est
déjà venu jusqu'à nous, et nous avons appris avec joie
quelle est la valeur de votre nation, et sa constance dans
les travaux de la guerre.
2. Nous savons aussi que vous avez fait alliance avec
Antiochus ; c'est pourquoi nous vous écrivons, afin que
vous nous accordiez votre amitié plutôt qu'aux Grecs,
qui vous ont fait tant de maux.
;. D'ailleurs nous avons résolu d'aller faire la guerre
aux habitants d'Antioche; ainsi faites-nous savoir au plus
tôt quels sont vos amis ou vos ennemis, afin que nous
puissions prendre nos mesures avec les uns et les autres.
COPIE DU TRAITÉ D'ALLIANCE
4. Voici l'alliance laite entre le consul romain et les
trois cent vingt sénateurs, d'une part, les Juifs et Judas,
leur général, de l'autre, afin qu'ils soient toujours unis
ensemble, et dans la guerre et dans la paix.
$. S'il survient une guerre aux Romains, Judas et les
Juifs les secourront, et ne pourront fournir aux ennemis
des Romains ni vivres, ni aucun genre d'armes.
6. De même, s'il survient une guerre au peuple juif,
les Romains les assisteront autant qu'ils 'e pourront, et
ne secourront en aucune manière que ce soit les enne-
mis des Juifs.
7. Et les conditions de l'alliance seront réciproques
pour les uns et pour les autres, sans qu'on puisse y ajou-
ter ou en retrancher la moindre chose. Judas et les
Juifs acceptèrent ce traité, et il subsista longtemps entre
les deux nations.
S. B. — T. XII.
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CHAPITRE XIV
1. Post haec coegit Ptolemœus cenlum viginti millia i. Ptolémée ayant rassemblé une armée de cent-vingt
virorum, et équités mille, et petiverunt Judam. Cui occur- mille hommes et de mille chevaux, vint attaquer Judas,
rcns Judas cum decem millibus, fugavit illum et cecide- qui, suivi seulement de dix mille hommes, le mit en fuite
runt de viris Ptolemasi. et lui tua une grande partie de cette armée.
2. Qui supplex Judam rogavit, atque deprecatus est, ut 2. Ptolémée vint lui-même se jeter aux pieds de Ju-
superstitem dimitteret ipsum, juravitque se nunquam das et le prier de lui accorder la vie, lui jurant que
amplius ei bellum illaturum; et Judseis, qui in cunctis jamais il ne prendrait les armes contre lui, et qu'il ferait
suis regionibus, bénéficia collaturum. du bien à tous les Juifs qui étaient dans ses états.
5. Cujus misertus est Judas, et superstitem dimisit, ?• Judas eut pitié de ce prince, il lui donna la vie, et
stetitque ut Ptolemœus juramento suo. Ptolémée observa exactement ce qu'il lui avait juré.
4. Gorgias vero, collectis tribus millibus virorum de 4. Gorgias ayant ramassé trois mille hommes du mont
monte Sarah, id est Idurnseas, et quadringentis equitibus, Sarah en Idumée, et quatre cents chevaux, vint chercher
occurrit Judae, et interfecit ducem militias Judae, et ali- Judas, tua son lieutenant et quelques soldats,
quos de viris ejus.
<,. Tum ad illos tetendit Judas, et sui, et fugatus est 5. Mais Judas étant survenu, Gorgias perdit la plus
Gorgias, et interfecta est major pars virorum ejus, et grande partie de ses troupes et prit lui-môme la fuite;
terga vertit; et quscsitus est, et nullum de eo innotuit on le chercha sans qu'on ait jamais pu en avoir aucune
nuncium : fertur autem ipjum cecidisse in pugna. connaissance, ce qui fit croire qu'il avait été tué dans la
mêlée.
CHAPITRE XV
i. Cum autem perlatum esset Antiocho, qui est Eupa- i. Antiochus surnommé Eupator, ayant appris l'heureuse
tor, res Judae roboratas esse, et expugnationes quas situation des affaires des Juifs et les victoires qu'ils
expugnaverat, iratus est valde, et dissolvit fœdus quod avaient remportées, entra dans une furieuse colère, et,
inierat cum Juda, et ccegit exercitum magnum, in quo rompant des ce moment l'alliance qu'il avait faite avec
erant viginti duo elephanli : Judas, il prit avec lui Lysias, son cousin, et, suivi d'une
armée puissante et de vingt-deux éléphants,
2. Ac profectus est cum Lysia filio patruelis sui in 2. Il entra en Judée et vint mettre le siège devant
regionem Judas, petens urbem Bethner, circa quam cas- Béthner. Judas en ayant été informé se rendit au temple
trametatus est, et obsedit eam. Quod cum nuntiatum avec tous les anciens des enfants d'Israël ; et, après avoir
esset Judas, convenit ipse, et omnes seniores filiorum offert tous ensemble des prières et des sacrifices au Dieu
Israël, et oraverunt ad Deum optimum maximum multa tout-puissant, il prit avec lui l'élite de ses troupes,
offerentes sacrificia : quibus peractis perrexit Judas cum
ducibus virorum suorum,
3. Et venit in castra noctu, et improviso irruit in ea, ;. Se jeta dans le camp des ennemis à la faveur de la
et occidit ex illis quatuor millia virorum, et elephantum nuit, leur tua quatre mille hommes et un éléphant, et
unum de elephantis : et reversus est in c\stra sua, donec retourna dans son camp en attendant que le jour parût,
illucesceret diluculum.
4. Tune utraque acies ordinata est, et invaluit pugna 4. Alors les deux armées se trouvant en présence, on
inter eor. ; viditque Judas quemdam elephantum cum donna le signal, et elles se battirent avec vigueur : Judas
ornamentis aureis, arbitratusque est illi regem insidere. ayant aperçu un éléphant paré d'ornements d'or, crut
que le roi était monté dessus.
5. Vocavitque viros suos, et ait : Quis vestrum egre- <,. Appelant aussitôt ses gens, il leur dit : Qui de vous
dietur, et occidethunc elephantum? s'avancera pour tuer cet éléphant?
6. Et egressus est adolescens de domesticis ejus, qui 6. Alors Eléazar, qui était un jeune homme de la mai-
dicebatur Eleazarus, et irruit in aciem trucidans dextror- son de Judas, se jeta au milieu des ennemis, tuant à
sum, et sinistrorsum, ita ut declinarent homines de cons- droite et à gauche, et écartant tout ce qui s'opposait à
pectu ejus, et processit quousque pervenit ad elephantum: son passage ;
7. Cui supponens se, disrupit ventrem ejus, ceciditque 7. Et étant allé se mettre sous le ventre de l'éléphant,
elephantus super eum, et occidit. il le tua, le, fit tomber par terre, et fut lui-même écrasé
sous ce monstrueux animal.
8. Videns itaque rex hœc, jussit receptui canere, et 8. Le roi, étonné de cette action, fit promptement
factum est. Et fuit summa interfectorum ea die de nobi- retirer ses troupes, et le nombre de ceux qui furent tués
lioribus exercitus octingentorum virorum, praster cassos en ce jour-là se monta à huit cents hommes des premiers
ex vulgo exercitus, et qui noctu ceciderant. officiers, sans compter une infinité de soldats, ni ceux
qui périrent à l'action de la nuit.
9. Tune nunciatum est régi, quod vir quidam de amicis 9. L'on vint ensuite dire à Antiochus que Philippe, l'un
ejus nomine Philippus defecisset ab eo ; et Demetrius de ses amis, l'avait abandonné, et que Démétrius, fils de
filius Seleuci egressus esset Roma cum exercitu magno Séleucus, était parti de Rome avec une armée puissante,
Romanorum, intendens regnum de manu illius eripere. dans le dessein de venir lui ôter la couronne.
10. Quibus valde perterritus, misit ad Judam de ineunda 10. Antiochus, extrêmement troub'.é de ces préparatifs,
pace inter sese : cui assensus est Judas, juravitque illi fit faire à Judas des propositions de paix ; et Judas les
Antiochus et Lysias filius patruelis ejus, nequam se illi ayant acceptées, Antiochus et Lysias, son cousin, lui
bellum illaturos amplius. jurèrent que jamais ils ne lui feraient plus la guerre.
11. Et exhibuit rex magnam pecuniarum vim, et tra- 11. Antiochus lui donna outre cela une grande somme
didit eam Judas in munus domus Dei. d'argent pour être offerte dans la maison du Seigneur.
12. Jussit prœterea rex comprehendi Menelaum, unum 12. Ayant ensuite fait arrêter Ménélaus, l'un de ces
trium iniquorum Judseorum, qui mala intulerant Judasis trois Juifs impies qui avaient causé tant de maux à leur
in diebus Antiochi patris ipsius, quem conduci prœcepit nation, il ordonna qu'on le conduisît dans l'endroit le
in excelsum palatium, et inde prascepitem agi quod qui- plus élevé du palais, et qu'on l'en précipitât, ce qui fut
dem praestitum est. exécuté.
ij. Hoc enim intendebat rex lastitia afficere Judasos, ij. H était ravi de pouvoir obliger les Juifs, en les
quandoquidem fuit vir iste ex praecipuis eorum hoslibus délivrant d'un homme qu'ils regardaient comme le plus
quique interfecerat ex illis multitudinem plurimam. grand ennemi de leur nation, et qui avait tant de fois
trempé ses mains dans le sang innocent de ses frères.
CHAPITRE XVI
j. Post hase profecius est rex Eupator in regionem
Macedoniae : tum reversusest Antiochiam. Quem aggres-
sus est Demetrius cum exercitu Romanorum expugna-
vitque,ac interfecit una cum Lysia filio patruelis ejus, et
regnavit Antiochiae.
2. Ad quem autem perrexit Alcimus princeps trium
illorum iniquorum, qui ingressus ad eum, prostravit sese
ante illum, et fievit vehementissimo fletu, ac dixit :
;. O rex, jam Judas et socii ipsius trucidarunt e nobis
mullitudinem plurimam. eo quod déficientes ab eorum
relieione, religionem régis amplexati sumus,
4. Quare adjuva nos, rex, contra eos, et ulciscere nos
de illis. Tum egit Judaeos ad eum, atque concitavit, sug-
gerens ipsis ea quae provocare poterant Demetrium, et
irritare, ut expediret exercitum ad expugnandum illum.
5. Quibus morem gerens, misit ducem nomine Nica-
norem cum exercitu magno, atque copioso armorum ap-
paratu.
6. Cum autem pervenisset Nicanor in regionem sanc-
tam, misit nuntios ad Judam ut veniret ad se, nec aperuit
se venisse ad oppugnandam gentem, sed aperuit se ve-
nisse solum ob initam interse et gentem pacem, et quod
sint in obedientia Romanorum. ,
7. Et egressus est Judas ad eum cum aliquo numéro
suorum, fortitudine et robore praeditorum ; jussitque ne
secederent a se, ne proderet illum Demetrius.
8. Cum ita occurrisset Demetrio, salutavit eum ac po-
sita unicuique eorum sede, sederunt ; collocutusque est
Demetrius ei quod voluit ; deinde profectus est unus-
quisque eorum in tabernaculum quod ei tetenderant.
9. Et abiit Nicanor, et Judas in civitatem sanctam, et
morati sunt in ea simul ; intercessitque inter eos firma
familiaritas :
10. Quod cum innotuisset Alcimc, adiit Demetrium et
irritavit illum in Judam, ac induxit ut scriberet, et prœ-
ciperet Nicanori, ut Judam catenis devinctum ad se
mitteret.
11. Innotuit autem fama Judas, et egressus est de ci-
vitate noctu, abiitque Sebesten, et misit ad socios ut ad
se venire.nt.
il. Quibus convenientibus cecinit buccina, prœce-
pitque eis sese parare ad oppugnandum Nicanorem.
ij. Nicanorvero perquisivit Judam diligentissime, nec
de illo quicquam ei innotescere potuit. Quare adivit do-
mum Dei, requirens a sacerdotibus, ut illum sibi trade-
rent, ut catenis devinctum ad regem mitteret.
14. Qui jura verunt nequaquam ipsum venisse in domum
Dei. Quamobrem injuriis eos, et domum Dei incessivit,
et oblocutus est contra templum, atque comminatus se
illud eversurum a fundamentis; abiitque indignatus:
15. Inquirere etiam curavit domos universas sanctae
civitatis. Misit quoque suos ad domicilium cujusdam viri
praeclarissimi, qui comprehensus fuerat tempore Antio-
chi, et maximis affectus suppliciis : mortuo autem Antio-
clio, exaltaverunt auctoritatem illius Judaei, et magnifece-
runt eum.
1. Eupator partit ensuite pour la Macédoine, et de là
revint à Antioche ; mais Demetrius l'ayant attaqué avec
les troupes romaines, le tua aussi bien que Lysias son
cousin, et se fit roi d'Antioche.
2. Alors Alcime, le chef de ces trois Juifs impies
vint se jeter aux pieds de Demetrius, et, répandant des
torrents de larmes, il lui parla en ces termes :
5. O roi ! Judas e\ les siens ont déjà tué une grande
partie des nôtres; parce que nous avons abandonné leur
religion pour embrasser celle du roi.
4. C'est pourquoi, ô roi ! Secourez-nous et vengez-
nous de ces outrages. Alcime ne se contenta pas d'avoir
parlé lui-même au roi, il lui envoya quelques Juifs, les
animant et leur suggérant même tout ce qui était capa-
ble de l'irriter et de le porter à leur accorder une
armée contre Judas.
<,. En effet, ce prince se laissa gagner à leurs artifices
et envoya une armée nombreuse et bien équipée sous la
conduite de Nicanor.
6. Ce général étant entré en Judée envoya prier Judas
de le venir trouver, et dissimulant d'abord ses mauvais
desseins, il lui fit dire qu'il n'était entré en Judée qu'en
qualité d'allié de sa nation, et comme étant, les uns et
les autres, sous la domination des Romains.
7. Judas se rendit donc auprès de Nicanor, n'ayant
pris avec lui qu'un très petit nombre de Juifs, pleins de
force et de valeur, leur ordonnant en même temps de
ne point s'éloigner de sa personne, de peur que Deme-
trius ne le trahît.
8. S'étant approché de Demetrius, il le salua, et tous
deux s'assirent ensemble sur des sièges qu'on leur avait
préparés. Demetrius entretint Judas sur tout ce qu'il
avait à lui dire, et ils se retirèrent ensuite dans la lente
qui lui avait été préparée.
9. Après cela, Nicanor et Judas vinrent à la ville
sainte ; ils y restèrent quelque temps ensemble et s'y
lièrent d'une amitié fort étroite.
10. Alcime en ayant eu connaissance vint trouver De-
metrius, et, n'oubliant rien pour l'irriter contre Judas, il
l'engagea à écrire à Nicanor de le lui envoyer après
l'avoir fait charger de chaînes.
11. Judas, informé de tout ce qui se tramait, sortit de
Jérusalem pendant la nuit, et se jeta dans Sébaste, d'où
il envoya dire à ses gens de le venir trouver.
12. Quand ses troupes furent rassemblées, il fit sonner
la trompette, et leur ordonna de se tenir prêtes pour
aller attaquer Nicanor.
ij. Cependant Nicanor faisait chercher Judas très ex-
actement, et ne l'ayant pu trouver, il vint à la maison
du Seigneur et somma les prêtres de le lui remettre
entre les mains, afin qu'après l'avoir chargé de chaînes,
il le fit conduire au roi.
14. Mais les prêtres lui jurèrent qu'il n'avait point paru
dans le temple. Alors Nicanor, vomissant mille injures
contre eux et contre la maison de Dieu, se retira plein
d'indignation, et les menaça de renverser le temple jus-
que dans ses fondements.
15. Il fit ensuite chercher Judas dans toutes les mai-
sons de Jérusalem, et envoya quelques gardes chez us
Juif célèbre qui avait souffert de très grands supplices
dans la persécution d'Antiochus, et qui, depuis !a mort de
ce prince, avait acquis beaucoup d'autorité et de distinc-
tion parmi les siens.
IV.
MACCABÉES. — XVI. - DÉFAITE DE NICANOR
29 J
16. Ad quem vero cum pervenissent nuntii Nicanoris,
timuit vir ne sibi inferretur, quemadmodum illatum estei
ab Antiocho : quare manus sibi conscivit.
17. Quod cum perlatum esset ad Judam, contristatus
est valde, et mcerore aflectus ; misitque ad Nicanorem
dicens : Ne quaaras me in civitate, etenim in ea non sum :
perge itaque ad me ut occurramus invicem, sive in cam-
pis sive in montibus, uti tibi libet.
18. Et profectus est ad illum Nicanor, et occurrit illi
Judas, his dictis ; Deus, tu es qui exterminasti exercitum
Sennacherib régis, et quidem erat major isto, fama, et
imperio, et multitudine exercitus.
[9. Et eripuisti Ezechiam regem Judae ab eo, cum in te
confisus fuisset, et ad te orasset; eripe, quasso, nos,
Domine, a mal itia illi us, et victores contra illum redde nos.
20. Dein sese ad bellum paravit, et expetivit Nicano-
rem, dicens : Cave tibi, ad te venio. Et terga vertit Ni-
canor fugiens : quem persequens Judas percussit numé-
ros ejus quos secuit ; et fugati sunt sui.
21. Et ceciderunt ex il lis ea die triginta millia ; et
egressi sunt incolaa civitatum et occiderunt eos, ita ut
non reliquerint unum quidem.
22. Decreverunt autem ut talis dies singulis annis sit
dies gratiarum actionis Deo optimo maximo, ac dies
œtitias, et comessationis, et potus.
( Hue usque absolutus est liber secundus ex transla-
tione Hebraeorum).
16. Cet homme, voyant les officiers de Nicanor entrer
dans sa maison, craignit qu'on ne renouvelât sur lui les
tourments qu'il avait déjà soufferts, et, dans ce moment,
il se donna la mort de ses propres mains.
17. Judas ayant appris ce funeste accident, fut pénétré
d'une vive douleur, et sur le champ il députa vers Nica-
nor, et lui fit dire : Ne me cherchez point dans Jérusa-
lem, car je n'y suis pas ; mais avancez-vous partout où
voudrez, soit dans les plaines, soit sur les montagnes,
afin que nous combattions l'un contre l'autre.
18. Nicanor aussitôt marcha vers Judas, qui vint à sa
rencontre après avoir fait cette prière à Dieu : Seigneur,
c'est vous qui avez exterminé autrefois l'armée du roi
Sennacherib, qui était fort au-dessus de Nicanor par sa
renommée, par sa puissance, et par le nombre de ses
troupes.
19. Cependant vous avez délivré de ses mains Ezéchias
roi de Juda, après que ce saint roi eût mis en vous sa
confiance et qu'il vous eût offert ses prières. Délivrez-
nous, Seigneur, je vous conjure, de la méchanceté decet
ennemi, et donnez-nous la victoire sur lui.
26. Judas s'étant ensuite préparé au combat, s'avança
vers Nicanor et lui dit : Soyez en garde ; car c'est vous-
même que je cherche. Nicanor s'enfuit aussitôt; mais
Judas l'ayant poursuivi le frappa de son épée et lui sé-
para les épaules en deux; toute l'armée de Nicanor
prit la fuite.
21. Et il en tomba en ce jour trente mille hommes ; or,
les habitants des villes voisines ayant couru sur eux,
ils les tuèrent, sans qu'il pût échapper un seul de toute
cette armée.
22. Après cela, les Juifs ordonnèrent que tous les ans,
à pareil jour, l'on rendrait grâces de cette victoire au
Dieu tout-puissant, et que ce jour se passerait dans les
festins et les réjouissances.
(Ici finit le second livre des Maccabées 'traduit sur
l'hébreu). *
CHAPITRE XVII
i. Cum autem adesset idem fere tempus vertentis an- I. A peu près dans ce même temps et sur la fin de
ni, profecms est Bacchides cum trij^inta millibus de for- l'année, Bacchide se mit en campagne avec trente mille
tissimis Macedonum: et supervenit nulla eorum innotes- Macédoniens des plus braves, et parut avant que Judas
cente ipsi Judas fama. eût pu être informé de sa marche.
2. Cuin esset in quadam urbe, quas dicitur Lalis, cum 2. Le général juif était alors dans la ville de Lalis avec
tribus millibus virorum ; quamobrem plurimi eorum, qui trois mille hommes, mais l'ennemi ne se fut pas plus tôt
cum illo erant fugerunt, remanseruntque cum illo octin- montré qu'ils l'abandonnèrent tous, à la réserve de Si-
genti viri, et Simeon ac Jonathas fratres ejus. Erant au- méon et Jonathas ses frères, et de huit cents hommes des
tem qui remanserant cum Juda robustissimi, ac fortlssi- P'us forts et des plus aguerris qui lui avaient déjà donné
mi, et qui jam multa sustinuerant in caeteris bellis quas des marques de leur valeur et de leur constancï dans les
commiserat. périls de la guerre.
5. Et egressus est Judas, et socii ad Bacchidem, et J- Alors Judas s'avança vers Bacchide, qui partagea
exercitum ejus. Et divisit Bacchides exercitum suum son armée en deux corps, opposant quinze mille hom-
constituens quindecim millia ad dexteram Judas, et socio- mes à l'aile droite de Judas et quinze mille à l'aile gau-
rurn : et quindecim millia ad sinistram eorum, che.
4. Tum vociferata est utraque pars contra Judam, et 4- En même temps, les troupes de Bacchide jetèrent
socios. Qui considerans utramque, nactus est robustissi- de grands cris contre les Juifs et contre Judas, qui, voyant
mos exercilus,et fortissimos ejus esse in dextera, cogno- que les ennemis avaient garni leur droite de tout ce
vitque Bacchidem inibi adesse. Divisit quoque Judas qu'ils avaient de meilleur, et que Bacchide lui-même la
socios suos, et assumpsit secum fortissimos eorum, re- commandait, partagea aussi ce qu'il avait de monde,
liquos vero tradidit fratribus. prenant l'élite avec lui, et laissant le reste à ses frères.
<;. Tum impetum fecit in eos qui erant in dextera, oc- 5- H vint tomber aussitôt sur la droite des ennemis et
ciditque ipse cum sociis circiter duo millia virorum. leur tua environ deux mille hommes; ayant ensuite aperçu
Dein conspiciens Bacchidem collimavit oculos, et in il- Bacchide, il le suivit des yeux et tourna contre lui tous
lum intendit, interfecitque fortissimos quosque, qui erant ses efforts, tuant tout ce qu'il avait de braves autour de
circa illum : et ingruentem multitudinem sustinuit ipse sa personne, et soutenant avec le petit nombre des siens
cum sociis, l'effort de toute l'armée ennemie.
0. Plurimis ex illis prostratis: accessitque ad Bacchi- 6. Enfin, après en avoir renversé un grand nombre, il
dem. Quem cum vidisset Bacchides in se intendentem s'avança droit à Bacchide, qui, l'ayant vu s'élancer
tanquam leonem stringentum manu gladium ingentem comme un lion, et tenant en main une longue épée teinte
sanguine infeclum, timuit illum timoré vehementissimo : de sang, fut frappé d'une vive crainte et ne songea
et contremuit, ac fugit e conspectu illius. qu'à fuir.
7. Quem persecutus est Judas, et socii ipsius, et pros- 7- Mais Judas et les siens, l'ayant poursuivi, firent
traverunt gladio gentem, ita ut exterminarent majorem main basse sur toute cette aile et en tuèrent la plus
partem illorum quindecim millium : et fugit Bacchides grande partie, au nombre de quinze mille. Cependant
usquc in Asedod. Et secuta sunt eum quindecim millia, Bacchide se sauva à Asedod, où il fut bientôt suivi du
quas erant a sinistra Judas, et agressa sunt Judam, ad second corps de ses troupes qui faisaient front à la
quem jam pervenerant fratres ipsius, et qui cum illis gauche de Judas; Siméon et Jonathas avaient aussi
erant defatigati. ramené à Judas leurs troupes harassées.
8. Et irruerunt in eos quindecim i I la. millia, et inter- 8. Lorsque les quinze mille hommes de Bacchide les
cessit inter ea et Judam pugna maxima ; ceciditque ex attaquèrent, le combat fut très sanglant, plusieurs furent
utriusque numerus aliquis interfectorum, in qua summa tués de part et d'autre, et Judas lui-même resta parmi les
cassus est Judas. morts.
'). (, uem ferentes fratres illius, sepelierunt ad latus se- 9. Ses frères ayant emporté son corps le mirent dans le
pulchri Mathathias patris ejus (Deus miseratur illorum), sépulcre de leur père, (Dieu prenne pitié d'eux!) et tous
et fleverunt eum filii Israël diebus multis. Fuit autem les enfants d'Israël le pleurèrent plusieurs jours. Il gou-
tempus principatus ejus septem annorum. Et successit verna Israël pendant sept ans, et Jonathas, son frère, lui
rébus post illum Jonathas frater illius. succéda dans le gouvernement des affaires.
CHAPITRE XVIII
1. Et successif Jonathas fratri suo, et contendit ad Jor-
danem cum pauco numéro. Quod cum nuntiatum esset
Bacchidi, profectus est ad eum cum exercitu magno.
2. Quem cum vidisset Jonathas, et viri ejus,transierunt
Jordanem natando ; et insecutus est eos Bacchides, et
exercitus ejus ac circumdederunt.
j. Jonathas autem irrupuit in Bacchidem, et cedentibus
hominibus Jonathas, egressusque est de medio illorum
ipse, et socii, et abierunt in Bersabee ; quem convenit
Simeon frater illius, et morati sunt ibi ; et concinnave-
runt quidquid in munitione collapsum erat : et munierunt
se ibi.
4. At Bacchides profectus est ad eos, et obsedit ; ad
quem egressus Jonathas, et frater ipsius, et qui cum il-
lis erant viri, noctu, interfecerunt de exercitu multitu-
dinem virorum, atque incenderunt arietes, et tormenta
bellica,
1;. Et dispersus est exercitus, fugitque Bacchides in de-
sertum : quem insequens Jonathas, et Simeon, et qui cum
illis erant viri, comprehenderunt illum.
6. Qui cum vidisset eum, interitum sibi omnino adesse
cognovit : quare praeconio indixit Jonathas pacem, jura-
vitque se nunquam amplius bellum ipsi illaturum, et in-
super restituturum universam captivitatem,quam ceperat
de exercitu Judas.
7. Cui dexteram porrigens Jonathas, recessit ab il lo ;
nec intercessit amplius post hase inter eos bellum. Non
multum autem post hase obiit Jonathas : et successif Si-
meon frater illus.
1. Jonathas ayant succédé à la place de son frère, ga-
gna le Jourdain avec le petit nombre de troupes qui lui
restait; Bacchide, ayant été informé de ce mouvement,
vint à lui avec une grosse armée.
2. Et Jonathas ne l'eut pas plus tôt aperçu qu'il passa
le Jourdain à la nage avec ses troupes ; Bacchide en fit
autant, et, l'ayant atteint au delà du fleuve, il l'enveloppa
de toute son armée.
?. Mais Jonathas rompit les ennemis, et, se faisant jour
à travers les bataillons, il se retira avec ses compagnons
à Bersabee, où Simeon son frère vint le trouver. Ils réta-
blirent les ouvrages de cette place et s'y fortifièrent.
4. Cependant Bacchide vint les y assiéger ; mais Jona-
thas et son frère se mirent à la tète de toutes leurs trou-
pes, et, pénétrant dans le camp de Bacchide à la faveur
de la nuit, ils tuèrent une grande partie de ses gens, et
brûlèrent les béliers et tous les instruments qui servaient
au siège.
<;. Le reste de l'armée fut mis en déroute, et Bacchide
lui-même se sauva dans le désert, où Jonathas et Si-
meon le poursuivirent avec leur armée et le firent pri-
sonnier.
6. Bacchide ayant aperçu Jonathas, ne douta plus que
sa perte ne fût certaine ; c'est pourquoi il lui demanda
la paix, avec serment que jamais il ne lui ferait la guer-
re, et qu'il lui rendrait tous les prisonniers qu'il avait
faits sur l'armée de Judas.
7. Jonathas lui ayant tendu la main pour marque de la
paix qu'il lui accordait, se retira, et il n'y eut plus de
guerre entre eux depuis ce jour-là. Jonathas étant mort
peu de temps après, Simeon son frère fut élu chef de
l'armée.
CHAPITRE XIX
i. Tum potitus est rerum Simecn filius Malhathias, et i. Siméon ayant pris en main le gouvernement, ras-
coegit quotquot remanserant de exercitu Judse, et inva- sembla tout ce qui restait des troupes de Judas: il se
uerunt res ipsius, debellavitque omnes, qui inimicitias rendit redoutable, se vengea de tous ceux qui avaient
exercuerant in Judasos post necem Judas fratris sui, et exercé leur inimitié contre les Juifs, traita le peuple
bene sese gessit erga populum suum, et directa sunt ne- avec beaucoup de douceur, et rétablit les affaires de sa
gotia regionis suas. nation.
2. Quare expetivit eum Antiochus, et ipse est Deme- ;. Antiochus,le même que Démétrius fils de Séleucus,
trius filius Seleuci : et niisit ad illum exercitum ma- songea dès ce moment à le traverser, et, pour cet effet,
gnum : il envoya contre lui une armée nombreuse.
î. Ad quem egressus est Simeon, et duo filii ejus, di- ;. Siméon, sans l'attendre, se mit en campagne avec
visitque exercitum suum duas in partes, quarum unam se- ses deux fils, et, leur donnant la moitié de ses troupes, il
cum retinens altcram tradidit filiis. Tum profectus est leur commanda de s'avancer par un endroit pendant qu'il
ipse, et qui cum eo erant ad exercitum, misilque filios irait par un autre, et convint avec eux qu'ils tomberaient
suos, et qui cum eis erant per aliam partem, et conve- sur l'ennemi dans le temps qu'il leur marqua.
nit cum il lis, ut aggrederentur exercitum tempore eis
constituto.
4. Post hœc occurrit cxercitui Antiochi, et oppugnavit 4. S'étant ensuite avancé vers l'armée d'Antiochus, il
illum, ac cœpit illi praevalere ; veneruntque duo filii ejus, engagea le combat : on se battit avec ardeur, et la vie -
cuin jam commixtum esset bellum, et pugna invaluisset, toire commençait déjà à pencher du côté de Siméon, lors-
et circumdederunt lerga exercitus : et conslitutus exer- que ses deux fils parurent à l'arrière-garde de l'ennemi,
citus Antiochi inter duos exercitus exterminatus est, nec Les gens d'Antiochus se trouvant ainsi entre les deux
evasit quispiam virorum illius : armées furent taillés en pièces, sans qu'il en pût s'en
échapper un seul.
5. Nec reversus est amplius Antiochus ad oppugnan- 5. Antiochus n'osa se présenter davantage devant Si-
dum Simeonen : et perduravit Judasis pax, et quies Ion- méon, et les Juifs jouirent de la paix et de la tranquillité
gitudine dierum Simeonis. Fuit autem tempus ipsius do. pendant tout le temps de son gouvernement, qui fut de
minii per duos annos. deux ans.
o. Dein irruit in illum Plolemasus Sororius, interfecit- 6. Siméon ayant ensuite été tué au milieu d'un festin par
que illum in quodam convivio, cui aderat. Et compre- Ptolémée Sororius, qui prit aussi sa femme et ses deux
hendit uxorem, et duos filios illius, et suffectus est filius fils, hyrcan, son troisième fils, fut mis en sa place.
Simeonis, cujus nomen erat Hyrcanus.
CHAPITRE XX
i. Constituerai jam Siineon (ipso vivente) ducem filium i. Simëon, dès son vivant, avait établi son fils Jocha-
suum Jochanan, et aggregatis ei viris quam plurimis, mi- nan général de troupes, et, l'ayant mis à la tête d'une
sit illum ad debellandum virum quemdam, qui in illum grosse armée, l'avait envoyé contre un nommé Hyrcan,
egressus erat, dicebaturque Hyrcanus. qui était venu attaquer la nation des Juifs.
2. Eratautem vir magnœ famae, fortis robore, et vetusti 2. Cet Hyrcan joignait à une haute réputation beau-
principatus. coup de valeur, et régnait depuis longtemps dans son pays
;. Cui occurrens Jochanan, proflagravit illum, qua- ;. Jochanan s'étant avancé pour le combattre, lui
propter nuncupavit Simeon filium suum Jochanan, Hyr- défit toute son armée, le tua lui-même de sa main et
canum, ob occisum Hyrcanum, et victoriam de il l o reçut de Siméon, son père, le surnom d'Hyrcan, en mé-
reportatam. moire de cette victoire.
4. Cum autem audisset Hyrcanus iste Ptolemœum 4. Hyrcan, ayant appris que Ptolémée avait tué son
interfecisse patrem ipsius,timuit Ptolemajum, fugitque in père, fut saisi de crainte et se sauva à Gaza, où Ptolé-
Gazam.quem insecutus est Ptolemœus cum pluribus viris. mée le suivit avec plusieurs de ses gens.
5. At opitulati sunt cives Gazas Hyrcano, et clauserunt s. Mais les habitants, ravis de favoriser Hyrcan, fer-
portas civitatis, prohibueruntque Ptolemœum pervenire mèrent leurs portes à son ennemi, et le sauvèrent ainsi
ad Hyrcanum. de ses mains.
6. Et reversus Ptolemasus abiit in Dagon, habens se- 6. Ptolémée, contraint de revenir sur ses pas, se re-
cum matrem Hyrcani, et duos fratres illius. Habebat tira à Dagon, menant avec lui la mère et les deux frères
autem Dagon tune arcem munitissimam. d'Hyrcan : or Dagon avait alors une citadelle très forte.
7. Hyrcanus vero profectus est ad domum sanctam, et 7. Hyrcan cependant vint au temple de Jérusalem, y
obtulit sacrificia, et successit patri suo; coegitque exer- offrit des sacrifices, et succéda à la dignité de son père;
citum magnum, et perrexit ad Ptolemaeum : s'étant mis ensuite à la tête d'une armée nombreuse, il
s'approcha des murs de Dagon.
8. Quamobrem clausit Ptolemaeus portam Dagon super 8. Ce qui obligea Ptolémée d'en fermer les portes, et
se et socios, et sese munivit in ea. de s'y retrancher avec ce qu'il avait de monde.
9. Et obsedit illum Hyrcanus fecitque arietem ferreum 9. Hyrcan l'y assiégea, et fit suspendre un bélier de
ad percutiendum nuirum, atque aperiendum. 1er pour battre la muraille et l'ouvrir.
10. Et diu duravit inter eos pugna, et prasvaluit Hyr- 10. Les assiégés firent une longue défense ; mais Hyr-
canus contra Ptolemasum, et accessit prope munitio- can devenant de plus en plus fort, se rendait maître des
nem, et pêne eam obtinuit. retranchements et allait bientôt prendre la ville;
11. Cum ergo vidisset hoc Ptolemœus, praecepit de- 11. Lorsque Ptolémée fit amener sur le haut du mur
duci matrem Hyrcani, et duos fratres illius super murum, la mère et les deux frères d'Hyrcan, et les fit tourmenter
et supplicio affici vehementissimo, quod factum est illis. par d'horribles supplices.
12. Videns autem hase Hyrcanus, constitit, et timens ne 121 A ce triste spectacle, Hyrcan s'arrêta, et, craignant
interficerentur, destitit a pugna. qu'on ne les fit expirer à ses yeux, il ne songea qu'à
s'éloigner promptement de devant cette place.
15. Quem interpellavit mater illius, et ait : Fili mi, ne ij. Mais sa mère l'ayant appelé, lui parla ainsi : Mon
commovearis amore et pietate erga me et fratres tuos fils, que la tendresse que vous avez pour moi et pour
pras pâtre tuo, nec molliaris affectibus propter captivi- vos frères ne l'emporte pas sur celle que vous devez à
tatem nostram ulciscendi illum, votre père, et que la triste vue des maux que nous souf-
frons dans cette captivité, n'étouffez point votre juste
ressentiment contre lemeurtrier de votre père.
14. Sed reposée vindictam juris patris tui, et mei, 14. Hàte-.-vous de le venger, et vengez-moi aussi au-
quantum vales. tant qu'on doit l'attendre de votre valeur.
1 <, Quod autem times pro nobis a tyranno isto, neces- iç, Ce que vous craignez pour nous de la part du ty-
sario omnino nobis facturus est : quare insta oppugnationi, ran est inévitable; c'est pourquoi pressez la place sans
nulla iiiterpolatione data. aucun relâche.
16. Cum ergo audisset Hyrcanus verba parentis suas, 16. Hyrcan, fortifié par ce discours, redoubla les atta-
institit oppugnationi : quare auxit Ptolemasus supplicia ques ; mais Ptolémée fit tourmenter avec plus de rigueur
matri, et fratribus illius ; juravitque se prascipitaturum qu'auparavaat sa mère et ses frères, et jura qu'il les
eos ex munitione deorsum, quolies accederet Hyrcanus précipiterait l'un après l'autre du haut de la muraille à
ad munitionem. mesure qu'il s'en approcherait de plus près.
17. Timuit itaque Hyrcanus ne causa esset necis eorum, 17. Alors Hyrcan, craignant de devenir la cause de
et reversus est ad castra sua, continuata obsidione Pto- leur mort, revint dans son camp, sans cependant inter-
lemaei. rompre le siège.
i8.Accidit autem ut adessetsolemnitas tabernaculorum 18. Mais la fête des Tabernacles étant proche, Hyrcan
quapropter profectus est Hyrcanus in civitatem domus se rendit à Jérusalem pour la célébrer et pour offrir des
sanctœ,utprsesto esset festivitati, et soient ni tati,etsacri fi ciis. sacrifices.
19. Cum ergo cognovisset Ptolemœus concessisse in 19. Ptolémée ayant donc su qu'Hyrcan était à Jéru-
domum sanctam, et ibi detineri, irruit in matrem Hyrcani salem, et qu'il y était occupé à la solennité d'une fête,
et fratres illius, et occidit eos, fugitque in locum ad quem se jeta sur sa mère et sur les frères de ce prince, les tua
pervenire non poterat Hyrcanus. de sa propre main, et se sauva dans un lieu où Hyrcan
ne pouvait le forcer.
CHAPITRE XXI
i. Cum autem audisset Antiochus Simeonem occubuisse,
coegit exercitum, et profectus est, donec pervenit ad
civitatem domus sanctas : et castrametatus est circa
eam, et obsedit, intendens illam expugnare :
2. At non valuit ob firmitatem et altitudinem mœnium
ipsius, et multitudinem virorum bellatorum, in ea. Vo-
lente autem Deo, coercitus est ab illa :
?. Sese enim contulerat ad partem septentrionalem
civitatis, et extruxerat ibi e regione mûri centum triginta
turres ; et conscendere fecit super eas viros ad oppu-
gnationem eorum, qui mœnia civitatis conscendere inten-
tarent.
4. Et constituil qui suffoderent terram in quodam loco,
donec perventum est ad fundamentum mûri : quod, cum
ligneum compertum esset, igni incenderunt, ceciditque
ex muro pnrs magna valde.
<,. Et occurrerunt viri Hyrcani ad eos, et prohibuerunt
ingredi, custodientes locum ruinas, et egressus est Hyr-
canus cum potiori parte virorum bellatorum ad exerci-
tum Antiochi, et multam intulit eis cladem.
6. Et fugatus est Antiochus, et sui, quos persecutus est
Hyrcanus cum suis, donec removissent a civitate.
7. Tum reversi ad turres quas extruxerat Antiochus,
destruxerunt eas, et morati sunt in civitate, et circa illam.
3. Antiochus vero castrametatus est in quodam loco,
qui distabat a civitate domus Dei circiter duo stadia.
Adveniente autem solemnitate tabernaculorum, misit
legatos ad illum Hyrcanus de induciis, donec praeteriret
solemnitas :
9. Quod concessit ei, misitque victimas, et aurum, et
argentum ad domum Dei. Praecepitque Hyrcanus sacer-
dotibus, ut susiiperent, quod miserat Antiochus : et
praestiterunt. Cum autem vidisset Hyrcanus, et sacerdo-
tes Antiochi reverentiatn erga templum Dei, legatos ad
eum misit de pace.
10. Cui assensus est Antiochus, et profectus est in
Jérusalem; occurrens ergo ei Hyrcanus ingressi sunt
imul civitatem. Fecitque Hyrcanus Antiocho, et princi-
pibus ejus convivium : et comederunt una, et biberunt,
11. Et obtulit ei munus, trecenta talenta auri, et pepi-
git unusquisque eorum cum socio suo de pace, et auxilio
ferendo, et abiit Antiochus in regionem suam.
12. Fertur autem Hyrcanum aperuisse thesaurura, qui
fuerat quibusdam regibus de filiis David, (cui pax) qui
protulit inde pecuniam plurimam, et tantumdem reliquil,
restituens illum pristinae occultationi.
ij. Tum construxit quod dirutum erat ex muro, et re-
paravit : et gregis sui utilitati, et commodo, provide
consuluit, et recte erga eos sese gessit.
14. Cum autem pervenisset Antiochus in regionem
suam, decrevit oppugnare regem Persidis, defecerat
enim a tempore Antiochi primi : et misit legatos ad Hyr-
canum, ut proficisceretur ad eum : et profectus est cum
eo Hyrcanus, ac abiit in regionem Persidis.
1. Antiochus ayant appris la mort de Siméon, rassem-
bla toutes ses forces et vint mettre le siège devant Jéru-
salem, dans l'espérance de la prendre.
2. Mais la hauteur et la solidité de ses murailles, et le
grand nombre de gens de guerre qui la défendaient,
rendirent inutiles tous les efforts de ce prince, et Dieu
même renversa tous ses desseins.
?. Antiochus avait formé les attaques à la partie sep-
tentrionale de la ville, et c'était là qu'il avait fait éleve-
cent trente tours remplies d'hommes armés, pour com-
battre contre ceux des assiégés qui oseraient se présen-
ter sur le haut des murailles.
4. D'autres furent chargés de creuser dans un certain
endroit de la terre, jusqu'à ce qu'ils en eussent trouvé
les fondements; et ayant enfin gagné les pilotis qui les
soutenaient, ils y mirent le feu et firent tomber une
grande partie de la muraille.
<,. Mais les gens d'Hyrcan se placèrent sur la brèche
se présentèrent aux travailleurs, et les empêchèrent
d'entrer dans la ville. Hyrcan, prenant aussitôt l'élite de
ses troupes, fit une sortie sur l'armée d'Antiochus, et
lui tua beaucoup de monde.
(>. Ce prince ayant pris la fuite avec les siens, Hyrcan
le poursuivit jusqu'à ce qu'il l'eût vu éloigné de Jérusa-
lem,
7. Et, s'approchant ensuite des tours qu'Antiochus
avait élevées, il les fit abattre et répandit ses troupes
au-dedans et au-dehors de la ville.
8. Cependant Antiochus s'était campé dans un lieu
éloigné d'environ deux stades de Jérusalem. La fête des
Tabernacles étant proche, Hyrcan, lui envoya demander
une suspension d'armes jusqu'à ce que la solennité fût
passée.
9. Antiochus la lui accorda, et fit même offrir au tem-
ple des victimes avec de l'or et de l'argent : Hyrcan et
les prêtres reçurent les dons de ce prince, et, voyant la
vénération qu'il avait pour la maison de Dieu, ils lui
envoyèrent des ambassadeurs pour traiter de la paix.
10. Antiochus accepta leurs propositions, et s'avança
vers Jérusalem; Hyrcan vint au devant de lui, et ils en-
trèrent ensemble dans la ville : Hyrcan fit un festin à
Antiochus et aux princes de sa cour ; et ils mangèrent et
burent ensemble.
11. Et après le repas, il lui fit un présent de trois
cents talents d'or. Ces princes ayant ensuite conclu la
paix de part et d'autre, avec promesse de se secourir
mutuellement dans le besoin, Antiochus retourna dans
ses états.
12. On dit qu'Hyrcan ouvrit un trésor amassé par quel-
ques-uns des successeurs de David (avec qui soit la
paix!), et qu'après en avoir pris une grande somme d'ar-
gent, il y en laissa une pareille quantité, et le referma
de la même manière qu'il était auparavant.
tj. Il employa cet argent à relever les murs de Jéru-
salem, à faire subsister ses troupes, et à procurer à son
peuple toutes sortes d'avantages et d'utilités.
14. Antiochus étant de retour dans ses états, résolut
de faire la guerre au roi de Perse qui avait rompu les
alliances dès le temps d'Antiochus premier : pour cet
effet, il envoya prier Hyrcan de venir le trouver, et ils
passèrent ensemble dans la Perse.
IV. — MACCABÉES. — XXI. MORT D'ANTIOCHUS 299
1;. Cui occurrens exercitus Persarum congressus est 15. L'armée des Perses vint à la rencontre d'Antio-
cum eo, quos profligans Antiochus, reportavit victoriam chus, mais il les battit, les passa tous au fil de l'épée, et
ex illis, etgladio percussit eos. Tum stetit in loco suo, fit élever sur le champ de bataille un superbe monu-
et construxit mirabile œdificium, ut esset ei in memoriam ment, pour perpétuer parmi les Perses le souvenir de
in regione eorum. sa victoire.
16. Et perrexit post aliquod tempus in occursum régis 16. Quelques jours après, Antiochus alla chercher le
Persarum, et moratus est rétro Hyrcanus causa sabbati, roi de Perse, laissant Hyrcan derrière lui à cause du
cui Pentecoste instabat. sabbat qui précédait la fêle de la Pentecôte.
17. Et sibi occurrerunt rex Persidis et Antiochus, ac 17. Les deux rois en étant venus aux mains, ils se
intercessere inter eos bella maxima, in quibus periit livrèrent des combats sanglants, et Antiochus y périt
Antiochus, et plures de exercitu ejus. enfin avec une grande partie de son armée
18. Perveniente autem nuntioad Hyrcanum, profectus 18. Hyrcan ayant appris cette défaite, prit le chemin
est in regionem Syrias, et oppugnavit in itinere Haie- de la Syrie : il trouva sur son passage la ville d'Halep
pum : cui sese dederunt cives, déférentes ei tributa, et et l'attaqua ; mais les habitants s'étant rendus et lui
rececsit ab illis, reversusque est in civitatem sanctam, ayant apporté des tributs, il se retira et revint à Jéru-
et moratus est ibi aliquos dies. salem, où il resta quelque temps.
19. Tum contendit in Samariae regionem, et oppugna- 19. De là il s'avança dans la Samarie, et vint attaquer
vit Neapolim, quem prohibuerunt cives eam ingredi. Naplouse ; mais les habitants lui en ayant fermé les por-
Et destruxit quidquid habebant eedificiorum in monte tes, il détruisit tous les édifices qu'ils avaient sur le
Jezabel, et templum quod quidem fuit post ducentos mont de Jézabel, et le temple même qui subsistait depuis
elapsos annos, ex quo asdificaverat illud Sanbalat Sama- deux cents ans, que Sanbalat le Samaritain avait bâti,
rita.
20. Occidit prasterea sacerdotes, qui erant in Sebeste. 20. Il tua outre cela les prêtres qui étaient dans Sé-
Et profectus est in regionem Idumeas, id est, montes baste; et, étant venu dans l'Idumée jusqu'aux montagnes
Sarah, et sese illi dederunt : quibuscum convenit, ut de Sarah, il reçut l'hommage des habitants et leur
circumciderentur, et ingrederentur religionem Torah, accorda la paix à condition qu'ils se feraient circoncire,
seu legis Mosaïcae. et qu'ils embrasseraient la Thorah ou loi de Moïse.
21. Cui morem g*erentes circumcisi, et Judasi facti sunt, 2t. Ainsi ces peuples, pour lui plaire, reçurent la cir-
et confirmati fuerunt in hoc usque ad destructionem concision et restèrent incorporés à la nation des Juifs
domus secundae. jusqu'à la destruction du second temple.
22. Et perrexit Hyrcanus ad omnes circumvicinas 22. Hyrcan parcourut toutes les nations voisines : Elles
gentes,cui omnes in clientelam sese dederunt, et inierunt se mirent toutes sous sa protection et firent avec lui un
simul fredus de pace et obedientia. traité de paix et d'obéissance.
2j. Misit praeterea legatos ad Romanos, scribens eis 2;. Il envoya ensuite des ambassadeurs au peuple
de renovatione fœderis inter sese. Cum pervenissent romain, pour renouveler les traités d'alliance : ils furent
itaque ejus legati ad Romanos, honoraverunt eos, et reçus à Rome avec beaucoup d'honneur et de distinc-
exaltaverunt eorum locum, et auscultaverunt legationcm, tion, et les Romains, après avoir écouté leurs demandes,
cujus causa vénérant et fecerunt negotia eorum, ac y satisfirent, et répondirent à la lettre d'Hyrcan.
responderunt i 11 i us epistolas.
CHAPITRE XXII
1. A seniore, et trecentis viginli rectoribus ejus, Hyr-
cano regi Judoe, salus. Jam pervenit ad nos epistola tua,
quam legentes gavisi sumus. Et interrogavimus legatos
tuos de rébus tuis.
2. Agnovimus item locum dignitatis eoium in scientia,
disciplina, et virtutibus ; et honoravimus eos, et sedere
fecimus in praesentia senioris, qui expedire curavit omnia
negotia illorum,.
;. Prascipiens restitui vobis omnes urbes, quas vi
abstulerat Antiochus, et auferri omnem obicem circa
exercitium religionis vestras, et irritum fieri quicquid in
vos decreverat Antiochus.
4. Praecepit quoque, ut firmae maneant cunctae civi-
tates quas ipse expugnaverat. Mandavit praeterea per
epistolas omnibus suis provinciis honorari legatos tuos,
atque cohonestari.
<,. Misit etiam cum illis ad te legatum nomine Cynaeum,
habentem secum episiolam ; cui et legationem injunxit,
ut coram tecum ageret.
6. Cum ergo pervenisset epistola Romanorum ad
Hyrcanum, rex nuncupari ccepit, cum antea sacerdos
ma'.'nus nuncuparetur :
7. Coaluerunt itaque in eo dignitas regni et dignitas
sacerdotii. Fuit autem primus qui nuncupatus est rex ex
regibus Judaeorum tempore domus secundae.
1. Le consul, et ses trois cent-vingt sénateurs, à Hyr-
can, roi de Judas, salut : Votre lettre nous a enfin été
rendue et nous l'avons lue avec joie ; Nous nous sommes
informés à vosambassadeurs de la situation où vous étiez.
2. Nous avons reconnu combien ils étaient recomman-
dables par leur science, par la sagesse de leur conduite,
et par une infinité d'autres vertus, et, pour les honorer
davantage, nous les avons fait asseoir en présence du
consul qui les a satisfaits prompternent sur toutes leurs
demandes,
?. Ordonnant qu'on vous restituât toutes les villes
qu'Antiochus vous avait enlevées par force; qu'on ne
vous inquiétât plus dans la suite sur l'exercice de votre
religion, et qu'enfin l'onsupprimât toutes iesordonnances
qu'il avait publiées contre vous.
4. Il a ordonné de plus, que toutes les villes qu'An-
tiochus avait prises, rentrassent sous votre obéissance :
il a encore écrit dans toutes les provinces de l'empire,
qu'on reçût vos ambassadeurs avec toutes sortes d'hon-
neurs et de distinctions.
<;. Outre cela, il vous envoie avec eux un ambassadeur
nommé Cyneus, il l'a chargé de lettres et l'a revêtu de
tous les pouvoirs nécessaires pour traiter avec vous de
vive voix.
0. Lorsqu'Hyrcan eut reçu la lettre des Romains, il
commença à prendre la qualité de roi, n'ayant eu jusque-
là que celle de grand prêtre.
7. Il réunit ainsi en sa personne ces deux dignités su-
prêmes, et il fut le premier qui porta le nom de roi,
depuis que le second temple eut été bâti.
CHAPITRE XXilI
i. Hyrcanus autem contendit in Sebesten, et obsedit i. Hyrcan s'étant avancé vers Sébaste assiégea les
Samaritas, qui erant in ea, longo tempore : donec eo Samaritains qui étaient dans cette ville, et les réduisit à
necessitatis eos redegit, ut coacti fuerint vesci omni ge- une telle extrémité par la longueur du siège, qu'ils furent
nere morticinii. contraints, pour vivre, démanger toutes sortes de bêtes
mortes.
2. Hœc nihilominus aequo ferebant animo, timentes 2. Mais la crainte qu'ils avaient d'Hyrcan, et les se-
gladium ejus, et fiduciam habentes in Macedonibus, et cours qu'ils attendaient de Macédoine et d'Egypte, leur
jEgyptiis, quorum opem imploraverant. firent supporter tous ces maux avec une grandeconstance.
j. Interea adest jejunium majus, cui prœsto esse debe- 5. Le grand jeûne des Juifs approchait, et Hyrcan
bat Hyrcanus in domo sancta, ut offerret sacrificia était obligé de se trouver à Jérusalem pour y offrir les
hoc die. sacrifices.
4. Suffecit itaque duos filios suos, nempe Antigonum, 4. Il laissa donc le commandement de l'armée à ses
et Aristobulum exercitui, prascipiens eisobsidere Sama- deux fils Antigone et Aristobule, les chargeant de pres-
ritas, et in angustias redigere. ser le siège avec vigueur.
<,. Jussit quoque exercitui filiis suis obedire, et man- 5. Et, après avoir ordonné aux troupes de leur obéir
datis eorum obsequi, et profectus est in civitatem domus en toutes choses, il se rendit à la ville du temple saint,
sanctœ.
6. Perrexit quoque Antiochus Macedo ad opem feren- 6. Cependant Antiochus le Macédonien s'avançait pour
dam civibus Sebestes ; et perlata est fama ejus duobus secourir Sébaste; les deux fils d'Hyrcan en furent infor-
filiis Hyrcani, qui, suffecto qui Sebestes obsessioni ins- mes, et laissant à quelqu'un des leurs la conduite du
taret, obviam Antiocho iverunt : siège, ils marchèrent au-devant d'Ar.tiochus,
7. Quem oppugnantes fugaverunt, et reversi sunt Se- 7. Et, après l'avoir mis en fuite, ils revinrent à Sébaste.
besttn. Adventavit praeterea ex >Egypto Lythras fihus La fête des Juifs était passée lorsqu'Hyrcan de son côté
Cleopatras reginasad opitulandum Samaritis. Hujus nun- apprit que Lythras, fils de la reine Cléopâtre, amenait
tium cum perlatum esset ad Hyrcanum, contendit ad aux Samaritains des secours d'Egypte.
eum transacta jam solemnitate :
8. Cui occurrens oppugnavit accerrime, occiditque de 8. 11 vint à la rencontre de ce prince, l'attaqua avec
viris ejus quamplures: et fugatus est Lythras, nec re- vigueur et lui tua une grande partie de ses troupes,
versi sunt posthac /Egyptii opem ferre Samaritis. Lythras fut contraint de s'enfuir, et les Egyptiens n'en-
treprirent plus depuis de secourir les Samaritains.
0. Et reversus est rex Hyrcanus Sebesten, et institit 9- Le roi Hyrcan, étant de retour à Sébaste, pressa vi-
in eam, donec gladio expugnavit; et occidit qui reman- vement cette place jusqu'à ce qu'enfin il l'eût emportée
serant de civibus, et exterminavit eam, et mœnia des- l'épée à la main ; il tua tout ce qui y restait d'habitants,
truxit. la détruisit entièrement et l'ensevelit sous les débris de
ses murailles.
CHAPITRE XXIV
1. Lythras quidem filius Cleopatrae, cum roboratus I. Lylhras, fils de Cléopâtre, ayant en main des forces
esset bonis, et viris, descivit a matre sua Cleopatra, considérables avec de grandes sommes d'argent, et se
opitulaniibus ei prœclarissimls regni. voyant appuyé des premiers de l'empire, se révolta
contre sa mère.
2. Accitos itaque Cleopatra duos viros de Judasis, 2. Alors Cléopâtre fit venir deux Juifs dont l'un s'ap-
quorum unus dicebatur Chelcias, alter vero Hananias, pelait Chelcias et l'autre Hananias, et, les préférant à
prœposuit iis, qui secum remanserant ex magnatibus tous ceux des princes égyptiens qui lui étaient restés
/Egyptorum, ac prefecit ambos copiis /Egypti. fidèles, elle leur donna le commandement de ses troupes.
}. Hi autem bene gerebant omnia erga plebem, et sa- >. Ces deux Juifs gouvernaient alors l'Egypte avec
pienter administrabant negotia regni. beaucoup de sagesse, et traitaient les peuples avec une
grande douceur.
4. Hos misit Cleopatra ad oppugnandum Lythram ; qui 4. Ils s'avancèrent donc contre Lythras par ordre, de
profecti ad eum inierunt bellum, et fugaverunt eum, Cléopâtre, et, l'ayant attaqué, ils le mirent en fuite après
profligatis viris ejus : avoir défait toute son armée.
5. Qui fugit in Cyprum, ibique morabatiir cum paucis, S. Lythras se sauva en Chypre, où il resta avec le petit
qui secum remanserant. nombre des siens Cjui l'y avaient suivi.
CHAPITRE XXV
1. Erant Judaeorum eo tempore très sectse : una Plia- I. Il y avait alors parmi les Juifs trois sectes différen-
risasorum.idest segregatorum, seu religiosorum, quorum tes: la première était celle des pharisiens, c'est-à-
institutum erat asserere quidquid in lege continetur dire d'hommes séparés, religieux et zélés défenseurs de
secundum prœdecessorum expositiones. 'a 'oi, qu'ils expliquaient selon les traditions de leurs
pères.
2. Secunda Sadducœorum, et sunt asseclœ viri cujus- 2. La seconde était celle des saducéens, qui suivaient
dam de doctoribus, ncmine Sadoc ; quorum institutum les opinions d'un certain docteur juif nommé Sadoc; ils
erat asserere secundum ea, quaî prsecipiuntur ex textu n'admettaient rien qui ne fût tiré du texte de la loi, ou
legis, et de quibus demonstratur ex ipsa scnptura, non que l'on ne pût prouver par l'Ecriture même, et reje-
autem quod in textu non extat, nec demonstratur ex eo. taient tout ce qui n'était point dans cette règle.
j. Tertia vero secta erat Hasdanim, seu virtutibus 5. La troisième secte était celle des Hasdanimou adon-
operam novantium : nec meminit auctor libri institutum nés à la vertu. L'auteur du livre ne parle point de leur
istorum, sed quatenus hoc elicitur ex nomine, incumbe- institut; mais, autant qu'on peut le conjecturer de leur
bant enim iis operibus, quœ ad prœstantiores virtutes nom, ils s'appliquaient avec ardeur à ce qui pouvait les
accedebant, quod est, seligere ex istis duobus institutis élever aux vertus les plus sublimes, et prenaient dans
quod est tutius in fide, securius, ac cautius. les deux premières sectes ce qu'il y avait de plus sûr et
de moins dangereux pour la foi.
4. Hyrcanus autem fuit primo ex Pharisaais, tum mi- 4- Hyrcan s'était d'abord attaché aux pharisiens, mais
"ravit ad Sadducasos '' 'es °,u'tta pour embrasser la secte des saducéens,
° 5. Eo quod dixera't il 1 i quidem Pharisœorum : Non 5- Parce qu'un pharisien lui dit un jour : Il ne vous est
licet tibi esse sacerdotem magnum, Point permis de posséder la dignité de grand prêtre,
6. Quia mater tua captiva fuit antequam te gigneret in 6. Puisque votre mère, avant que de vous mettre au
diebus Antiochi ; filium vero captivitatis non decet esse monde, a été captive pendant la persécution d'Antio-
sacerdotem magnum chus ; et il est honteux qu'un fils de la captivité soit
souverain pontife.
7 Erat autem colloquium hoc pœsentibus Pharisseorum 7- Ce reproche, qui lui fut fait en présence des plus
principibus. Quod quidem causa fuit transmigrations considérables d'entre les pharisiens, le détermina à
ejus ad institutum Sadducseorum. Passer dans la secte des saducéens.
8. Sadducœi autem inimicitias exercebant cum Phari- 8. Ces deux sectes vivaient dans une inimitié ouverte,
saeis; quare inter eos discordias nutriebant, et eo indu- et les saducéens fomentant à dessein ces discordes,
xerunt illum, ut interfecerit de Pharisasis multitudinem obligèrent Hyrcan de sacrifier à leur haine un grand
plurimam nombre de pharisiens.
9. Les choses en vinrent à une telle extrémité qu'on
9. Eoque devenit rerum calamitas, ut belia et mala vit pendant plusieurs années ces deux partis se faire une
multa inter eos longo annorum spatio duraverint. guerre cruelle, et se causer réciproquement des maux
sans nombre.
CHAPITRE XXVI
1. Erant Hyrcano très filii, Antigonus videlicet, Aris- I. Hyrcan avait trois fils, Antigone, Aristobule et
tobulus, et Alexander. Diligebat autem Hyrcanus Anti- Alexandre. Il aimait les deux premiers, et n'avait que de
gonum, et Aristobulum ; exosus vero erat ci Alexander. la haine pour le troisième.
2. Vidit autem aliquando in somniis quod regnatu- 2. Ayant vu une fois en songe qu'Alexandre était celui
rus esset post se de liliis Alexander, quod moerorem ei qui de /ait lui succéder, il en fut très affligé.
attulit.
j. Nec illi visum est, ipso vivente,prasficere quempiam ?. Cependant, retenu par cette vision, il n'osa pas de
tiliorum suorum, quos diligebat, propter visionem ; nec son vivant choisir pour son successeur l'un des deux
Alexandrum constituere regem, quod invisus ei erat. qu'il aimait ; et ne voulut pas aussi se déclarer en fa-
veur d'Alexandre à cause de la haine qu'il lui portait.
4. Quare dimisit negotium, ut eum haberet eventum 4- Ainsi, il en remit l'événement entre les mains du
post obitum suum, qui Deo optimo maximo erit in pla- Dieu souverain, afin qu'après sa mort, il en décidât selon
citis. sa volonté toute-puissante.
<,. Erant autem Judrei tempore patris illius, et patrue- 5. Les Juifs avaient toujours aimé le père d'Hyrcan et
lium, consentientes in amore illorum, et propensi ad il- ses frères tant qu'ils avaient vécu; l'éclat de leurs gran-
lorum obedientiam, ob hostium suorum debellationem,et des actions et les victoires qu'ils avaient remportées sur
res optime gestas ab eis. leurs ennemis cimentèrent ces penchants naturels.
6. Perstiterunt quoque conjuncti in amore Hyrcani,do- 0. Ils restèrent encore unis dans les mêmes sentiments
nec perpretrata est ab illo caedes Pharisaeorum, et ex d'amour pour Hyrcan, jusqu'à ce qu'il se fût souillé du
terminium Judœorum, ac civilia bella ob religionem. sang des pharisiens et de celui de toute la nation, et
qu'il eûtarmé ses sujets les uns contre les autres sous
prétexte de défendre les intérêts de la religion.
7. Hinc obortas sunt perpétuai inimici tise, et continuata 7. De lànaquirent des haines irréconciliables, des com-
mala, et mullae clades. bats fréquents et un enchaînement funeste de toutes sor-
tes de maux ;
8. Quod quidem causa fuit multis detestari Hyrcanum. 3. Ce qui rendit Hyrcan si détestable à plusieurs de
Fuit autem tempus regni illius triginta, et unius annorum, ses sujets. Ce prince mourut enfin, après avoir régné
et defunctus est. trente-et-un ans.
CHAPITRE XXVII
i. Defuncto Hyrcano, regnavit post illum Aristobulus
filius ejus, qui osientavit fast'.im, superbiam, et poten-
tiam, imponebatque capiti suo magnum diadema, in des-
pectum diadematis sacerdotii sancti.
2. Propensus autem erat in fratrem suum Antigonum,
quem prœtulit omnibus amicis suis ; Alexandrum vero
fratrem suum in vinculis habuit, itidem et matrem suam,
ob amorem illius erga Alexandruin.
?. Et misit fratrem suum Antigonum, qui oppugnavit
eum, et vicit eum cum omnibus et copiis,quas profligavit,
et reversus est in civitatem domus sanctœ.
4. Accidit autem hoc, cum infirmus jaceret Aristobu-
lus. Cum itaque accederet ad civitatem Antigonus, nun-
tiata est ei fratris aegritudo : qui ingressus civitatem, adiit
domum Dei, ut gratias ageret de collato sibi beneficio
liberationis ab hoste, et efflagitaret Deum optimum ma-
ximum, ut fratri valetadinem largiretur.
$. Petunt ergo quidam de hostibus et osoribus Antigoni
Aristobulum, et dicunt : Utique aegritudinis tua=i nuntium
fratri tuo perlatum est, et ecce adventat cum sociis, ins-
tructus armis,
6. Et jam perrexit in sanctuarium conciliaturus sibi
socios, ut irruat in te, et occidat.
7. Et timuit rex Aristobulus ne ob id, quod sibi dictum
est, citius properaret in fratrem suum, antequam certior
fieret de relatis.
8. Quamobrem prascepit universis pueris suis, ut armis
instructi sisterent in loco quodam, quem declinare nequit
quicumque ejus petit palatium.
9. Jussit prasterea prœconio prascini, ne quis ullo ar-
morum génère instructus, in aulam ad regem injussus ac-
cederet.
10. Post haec misit ad Antigonum, prascipiens ad se
venire : quare exutus est Antigonus armis morem gerens
régi.
11. Intérim adventavit ad eum legatus uxoris fratris sui
Aristobuli (quippe exosus ei erat) quas ait illi : Rex tibi,
dicit : Jam nuntiata mini est pulchritudo habitus tui
cum ingrederens civitatem, et jam cupio te contemplari
sub hac forma ; quare perge ad me in hune modum, ut
intuens te gaudeam.
12. Nec dubitavit Antigonus hanc legationem esse a
rege, ut retulerat legatus, et quod eum nequaquam cœ-
teris in armorum depositione vellet sequare ;
15. Et adivit illum eo modo et habitu. Qui cum per-
venisset ad locum illum, in quo jusserat rex Aristobulus
viros suos sistere, et occidere quicumque illuc armatus
adventaret,
14. El vidissent illum viri instructum armis suis, insti-
terunt in illum, et illico occiderunt ; et fluxit sanguis ejus
super marmora eo in loco.
15. Et invaluit clamor hominum, ac elevatus est eorum
fletus, et ululatus, condolentes necem Antigoni ob illius
speciositatem, et sermonis elegantiam, et ea quae fe-
cerat.
1. Hyrca.n étant mort, son fils Aristobule lui succéda,
et fit voir dans une puissance excessive beaucoup de
faste et d'orgueil, portant sur sa tête un grand diadème,
méprisant celui que portait ordinairement le souverain
pontife.
2. Il aimait naturellement son frère Antigone, et le dis-
tingua toujours des autres favoris. Il fit charger de
chaînes Alexandre, son frère, aussi bien que sa mère, ne
pouvant soulîrir l'affection qu'elle avait pour ce fils.
î. Il envoya contre lui son autre frère Antigone, qui,
après l'avoir vaincu, avoir défait toutes ses troupes, et
dissipé son parti, revint à Jérusalem.
4. Aristobule était alors retenu au lit pour quelque in-
firmité. Antigone, en arrivant, apprit sa maladie. et étant
aussitôt entré dans la ville, il vint au temple pour ren-
dre grâces au Dieu tout-puissant de la victoire qu'il lui
avait accordée sur son ennemi, et pour lui demander la
guérison de son frère.
5. Mais quelques ennemis d'Antigone, profitant de ces
circonstances, vinrent trouver Aristobule et lui dirent :
Votre frère a sans doute appris votre maladie, il vient
d'entrer dans Jérusalem à main armée, et, suivi des
compagnons de sa révolte,
6. Il s'est déjà avancé vers le temple où il cherche à
grossir son parti, pour venir ensuite vous forcer jusque
dans votre palais, et vous ôter la vie de ses propres
mains.
7. Aristobule ne voulut rien précipiter contre son
frère, avant d'avoir été suffisamment éclairci de la vérité
de cette accusation.
8. C'est pourquoi il ordonna à tous ses gardes de se
porter en armes dans un certain endroit, par lequel on ne
pouvait éviter de passer en venant au palais.
q. Et, après avoir fait publier que personne ne parût
à la cour avec quelque arme que ce fût, et n'y vint même
sans avoir été mandé,
10. Il envoya chercher Antigone, qui quitta prompte-
ment ses armes pour se conformer aux ordres du roi.
Sur ces entrefaites,
11. La femme d'Aristobule, qui cherchait à le perdre,
lui envoya dire que le roi, son frère, ayant entendu par-
ler de la magnificence avec laquelle il était entré dans
Jérusalem, souhaitait le voir dans le même éclat et re-
vêtu des mêmes habits; qu'il vint donc au plus tôt lui
donner cette satisfaction.
12. Antigone, sur le rapport du courrier, ne douta
point que cet ordre ne lui fût envoyé de la part du roi,
et, s'imaginant là-dessus qu'il n'avait point prétendu le
comprendre dans la défense qu'il avait faite de paraître
armé à la cour,
1?. Il y vint avec le même appareil et le même habit
qu'il avait en entrant dans Jérusalem. Lorsqu'il fut à l'en-
droit où Aristobule avait placé des gardes avec ordre de
tuer quiconque y paraîtrait armé,
14. Et que ces gardes eurent aperçu Antigone qui
s'avançait avec ses armes, ils se jetèrent sur lui et le
tuèrent ; le marbre dont ce lieu était pavé fut couvert
de son sang.
1^. Ceux qui se trouvèrent là poussèrent aussitôt des
cris mêlés de pleurs et de hurlements, regrettant ce
prince à cause de sa beauté, de la douceur de ses dis-
cours et des grandes actions qu'il avait faites.
S. B.
T. XI!
20
5 i6
V.- MACCABÊES.— XXVII. - MORT D'ARISTOBULE
Ki. Audiens itaque rex clamorem hominum interrogavit
de re, percepitque Antigonum csesum esse : quod sum-
mum attulit ei mcerorem, tum propter amorera quo il-
lum prosequebatur, tum quod talia non merebatur :
17. Et cognovit insidias fratri tensas fuisse, et excla-
mavit, flevitque lletu magno,et continenter percussit pec-
tus ; ita ut disrumperentur quœdam venas illius pectoris,
et erumperet sanguis de ore ipsius.
18. Accesserunt autem ad illum pueri, et principes
amicorum ejus, consolantes, et lenientes, et blandientes
ei, ut ipsum distinerent ab hujuscemodi opère, veriti ne
periret, cum esset aeger, et prope animam exhalaret
propter ea, quse ab ipso gesta sunt.
19. Acceperunt autem catinum aureum ad excipien-
dum erumpentem ex ore sanguinem, et miserunt catinum
cum sanguine qui in eo erat per quemdam puerorum ad
medicum, ut videret et consuleret quid ei adhibendum
esset.
20. Et abiit puer cum catino, et cum advenisset in
locum in quo occisus fuerat Antigonus, et fluxerat san-
guis ejus, prolapsus est puer, et cecidit, et effusus est
qui erat in catino ex sanguine régis super sanguinem
fratris sui occisi.
21. Et reversus est puer cum catino, indicavitque au-
licis quod acciderat. Qui injuriis et contumeliis impetive-
runt justificantem, et jurantem id se haud ex industria,
vel sponte intendisse.
22. Cum autem audisset rex contendentes, petiit ut sibi
indicarent quid loquerentur, qui se continuerunt; at ubi
comminatus est, indicaverunt ei.
23. Qui ait: Laus judici juslo, qui effundit sanguinem
oppressoris super sanguinem oppressi. Tum ingemuit, et
mortuus est statim :
24. Et fuit tempus regni illius unius exacti anni. Et
flevit illum totus grex illius, quia erat magnanimus, viclor,
liberalis : et regnavit post illum frater illius Alexander.
16. Au bruit de toutes ces clameurs, le roi demanda
quel en était le sujet, et ayant su qu'Antigone venait
d'expirer, il en fut vivement affligé, tant à cause de
l'amitié qu'il ressentait pour iui, que parce qu'il le croyait
digne d'un sort plus heureux.
17. Reconnaissant alors qu'on avait trompé son frère,
il criait, versait des torrents de larmes et ne cessait de se
frapper la poitrine ; en sorte que, s'étant rompu quel-
ques veines, il vomissait le sang par la bouche.
18. Les officiers du palais et ses principaux amis, crai-
gnant que sa maladie n'augmentât et qu'il n'expirât enfin
au milieu de tous ses efforts, vinrent pour le consoler et
l'obliger par toutes sortes de raisons à modérer sa dou-
leur.
19. Ayant pris ensuite un vase d'or pour recevoir le
sang qui lui sortait par la bouche, ils chargèrent un jeune
officier de le porter au médecin, afin qu'il examinât ce
qu'il y avait à faire.
20. L'officier partit avec ce vase, et, quand il fut
arrivé à l'endroit où Antigone avait été tué, il glissa et
se laissa tomber ; en sorte que le sang du roi se répandit
sur celui d'Antigone.
21. L'officier revint aussitôt avec le vase et raconta
aux amis du roi ce qui lui était arrivé; et quoiqu'il dit
pour se justifier, en assurant que cet accident était arrivé
par hasard et sans aucun dessein de sa part, ils l'acca-
blèrent d'injures et de reproches.
22. Le roi ayant entendu ces contestations voulut sa-
voir quelle en était la cause, ses amis se turent d'abord,
et, cédant enfin aux menaces du roi, ils lui dirent la
chose telle qu'elle était.
2). Alors il leur répondit : Gloire soit rendue au juste
juge qui a répandu le sang de l'oppresseur sur celui de
de l'innocent; et, après avoir poussé quelques gémisse-
ments, il expira.
24. Le temps de son règne fut d'une année entière, et
le peuple le pleura, parce qu'il était magnanime et libé-
ral, et qu'il avait remporté plusieurs victoires. Son frère
Alexandre régna après lui.
CHAPITRE XXVIII
1. Postquam mortuus est Aristobulus, vinculis solutus
est frater illius AIexander,et e carcere eductus successit
in regnum.
2. Rebellaverat autem praefectus urbis Acche, quas est
Ptolemais,et miserat legatosad Lythram,lïlium Cleopatras,
flagitans utauxilio sibi esset, reciperetque in clientelam,
j. Qui multum recusavit, timens ea quae hactenus
sustinuerat ab Hyrcano.
4. Cui animos addidit legatus ob promissa auxilia do-
mini Tyri, et Sidonis, aliorumque.
5. Etprofectusest Lythrascum triginta millibus virorum:
et perlata est fama Alexandro,qui antevertit eum ad Pto-
lemaidem,et invasit eam ; clauseruntque cives Ptolemaidis
portam in faciem ipsius, et prohibere eum conabantur.
6. Quare coarctabat eos Alexander, instititquc obsi-
dens, donec nuntiatum est de profectione Lythrae : tune
enim recessit ab eis, adventante Lythra eum suis.
7. Erat autem inter Ptolemaidenses cives senex qui-
dam acceptas auctoritatis, qui persuasit civibus ne Ly-
thram ingredi civitatem suam permitterent, nec ejus
obedientiam admitterent, eum sit alterius religionis.
8. Ait illis quoque : Conducibilior quidem vobis unde-
quaque erit obedientia Alexandro, qui ejusdem religio-
nis est, quam obedientia Lythrae ;
9. Nec destitit donec admiserunt ipsius sententiam. Et
prohibuerunt Lythram ingredi Ptolemaidem, negantes ei
obedientiam.
10. Et hassit Lythras circa res suas, nec deliberabat
quid sibi agendum esset. Et perlatum est hoc régi Sido-
nis, ad quem misit legatos, ut ei auxilio esset in bello
contra Alexandrum,
11. Vel ut expugnarent illum aut aliquas ejus civitates,
et punirent eum in hoc,
12. Et sic reverteretur Lythras in regionem suaro,
gestis iis, quas illum timendum redderent, quod sane
conducibilius illi fore, quam rébus infectis reverti.
1?. Et nuntiatum est hoc Alexandro, qui misit ad
Lythram honestam legationem eum pretiosissimo munere,
et statuit eum illo, ne auxilio esset domino Sidonis.
14. Et acceptavit Lythras munus Alexandri, annuens
ejus petitioni. Alexander autem profectus est Sidonem,
et oppugnavit dominum ejus, quem victorem reddidt
Deus adversus eum,
15. Occiditque multitudinem plurimam de viris ejus,
et ipso fugato, obtinuit illius regionem.
16 Post hase misit Alexander legaîos ad Cleopatram,
ut proficisceretur eum exercitu ad Lythram filium suum,
ut pergeret et ipse eum exercitu suo ad eumdem, et cap-
tum traderet ei.
17. Quod cognoscens Lythras abiit in moiHem Galilasas,
et occidit de incolis multitudinem plurimam, et decem
captivorum millia abduxit, et cassa est de viris ejus mul-
titudo magna.
1. Aristobule étant mort, son frère Alexandre fut tiré
des fers et de la prison, pour être élevé sur le trône.
2. Le gouverneur de la ville d'Acchée, autrement
Ptolémaïs, s'était révolté et avait envoyé prier Lythras,
(Lathyre), fils de Cléopâtre, de le recevoir sous sa pro-
tection, et de se joindre à lui.
?. Lythras, se ressouvenant encore des pertes qu'il
avait faites contre Hyrcan, refusa d'abord de l'écouter.
4. Mais les députés du gouverneur agirent si bien
auprès de Lythras, en lui représentant les secours que
les rois de Tyr et de Sidon, et d'autres princes étaient
sur le point d'envoyer,
5. Qu'il partit enfin avec trente mille hommes. Alexan-
dre en ayant eu avis, le devança et vint pour se jeter
dans Ptolémaïs; mais les habitants refusèrent de le rece-
voir et lui fermèrent leurs portes.
6. Il mit aussitôt le siège devant la ville qu'il attaqua
vigoureusement; et, ayant su enfin que Lythras s'avan-
çait à la tête de ses troupes, il se retira.
7. Il y avait dans Ptolémaïs un vieillard qui, par l'auto-
rité qu'il avait acquise sur ses concitoyens, entreprit de
les détourner d'ouvrir leurs portes à Lythras, et de se
soumettre à un homme qu'une religion étrangère devait
leur rendre odieux ;
8. Leur représentant en même temps qu'il leur serait
bien plus avantageux de se donner à Alexandre, qui était
de la même religion qu'eux,
9. Et il ne les quitta point qu'il n'eût achevé de les
persuader, et aussitôt ils convinrent de ne point s'assu-
jettir à Lythras, et se mirent en devoir de lui refuser
l'entrée de leur ville.
10. Cependant Lythras ne savait à quoi se déterminer.
Le roi de Sidon, informé de l'état où il se trouvait, fit
partir des ambassadeurs pour engager ce prince à se
joindre à lui contre Alexandre,
11. Afin que, de concertais pussent ou le prendre, ou
du moins se venger en lui enlevant quelques-unes de ses
villes,
12. Et que lui-même ne reprît le chemin de l'Egypte
qu'après avoir fait des actions capables d'inspirer la
terreur à ses ennemis ; ce qui lui serait beaucoup plus
glorieux que de s'en retourner sans avoir pu venir à bout
de ses desseins.
iî. Alexandre, averti de ce qui se tramait contre lui,
envoya à Lythras des ambassadeur de distinction char-
gés de riches présents, et le pria de ne point donner de
secours au roi de Sidon.
14. Lythras accepta les présents d'Alexandre, et con-
sentit à tout ce qu'il lui demandait. Cependant Alexandre
vint attaquer le roi de Sidon et le vainquit par la protec-
tion de Dieu.
15. Il lui tua une grande partie de ses troupes, et,
après l'avoir mis en fuite, il se rendit maître de son pays.
16. Alexandre envoya dire ensuite à Cléopâtre de
s'avancer à la tête de ses troupes contre Lythras, qu'il
marcherait aussi de son côté, et qu'après avoir pris son
fils, il le lui remettrait entre les mains.
17. Lythras, ayant été informé de leurs desseins, se
retira sur la montagne de Galilée ; il tua une grande
partie de ceux qui l'habitaient ; il perdit lui-même, beau-
coup de monde, et emmenant avec lui dix mille hommes
qu'il avait faits prisonniers,
}o8
IV.
MACCABEES. — XXVIII. - EXPLOITS D'ALEXANDRE
18. Inde profectus est quoadusque pervenit ad Jorda-
nem, et castrametatus est ibi, ut requiem caperent viri,
et jumenta ipsius ; deinde proficisceretur in Jérusalem
ad oppugnandum Alexandrum.
19. Quod nuntiatum est Alexandre et contendit ad
illum cum quinquagenta millibus, e quibus sex millia vi-
rnrum habebant asneos clypeos : fertur autem quod unus-
quisque eorum aptusesset resistere alicui numéro virorum.
20. Et invasit illum ad Jordaoem, et congressus est
cum illo ibi; at non obtinuit victoriam, quoniam fidebat
in viris suis, et in eorum numéro collocaverat fiduciam.
21. Erunt autem cum Lythra viri petitissimi in bellis,
et instruendis aciebus : qui illi consuluerunt, ut divideret
suos duas in partes ; ita quidem, ut una pars esset cum
Lythra, et cum suis ad prselia, altéra vero cum aliquo
suorum.
22. Qui pugnavit usque ad meridiem, et coesa est de
viris ejus multitudo magna. Et prodiit amicus ejus cum
iis, qui secum erant de reliquo exercitu, integns viribus,
contra Alexandrum, et suos ; quos jam oppresserat labor,
et obtinuit eos ut voluit,
25. Occiditque ex eis multitudinem plurirnam : et fugit
Alexander, et qui remanserant cum eo viri in civitatem
domus sanctae.
24. Abiit quoque Lythras prope vesperam in oppidum
quoddam proximum, et occurrerunt ei casu mulieres
quaadam de Judasis, et pueri,
2$. Mandavitque occidi quosdam eorum, et coqui
carnes, simulans intersuos esse qui vescerentur carnibus
humanis ; intendens his incutere timorem suorum incolis
regionis.
26.Advertavtt post haec Cleopatra, quam excepit Alexan-
der, et indicavit ei quod fecerat Lythras suis, statuitque
abire cum ea ad illius inquisitionem :
27. Quod cum perlatum esset Lythras, perfugit ad lo-
cum ubi erat statio navium illius, quas conscendens re-
versus est in Cyprum ; Cleopatra vero in /Egyptum rediit.
28. Exacto autem anno profectus est Alexander in
Gazam, quippe dominus illius defecerat ab illo, et mi-
serai ad quemdam reguum Arabum nomine Hartam, ut
ei auxilio esset : cui annuit, et profectus est in Gazam,
quod perlatum est ad Alexandrum,
29. Qui relictis quibusdam de viris suis contra Gazami
profectus est ad Hartam, et conseruit cum illo manus,
et fugavit eum. Dein réversus eam, exacto anno expu-
gnavit.
jo. Fuit autem expugnationis hujus causa frater domini
illius, qui irruens in illum occidit. Hic, civibus quseren-
tibus illum occidere, cogens amicos, abiit ad poriam
civitatis, interpellavitque Alexandrum, petens ut data
sibi suisque securitate, ingrederentur urbem :
JI. Quibus data Alexander dextra ingressus est Gazam,
et occidit cives ejus, atque evertit lemplum quod in ea
erat, ac succendit idolum aureum, quod in templo erat.
Quibus peractis perrexit in civitatem domus sanctas,
ibique celebravit festum tabernaculorum.
?2. Exacto itaque festo sese expedivil contra Hartam,
quem oppugnavit, occiditque de viris ejus multitudinem
plurirnam : et coarctatae sunt valde res Hartam, et in
angustiam redactas, timuitque sibi ultimum exterminium.
jj. Quare securitatem ab Alexandro poscens, prsestitit
illi obedientiam, et tributa ei contulit.
54. Discessitque ab eo Alexander, et profectus est in
Hemat, et Tyrum, et expugnavit eas, et accepto tribuio
a civibus, réversus est in civitatem domus sanctae.
18. Il s'avança jusqu'au bord du Jourdain et y campa,
afin qu'après avoir fait reposer ses toupes et toutes les
bêtes de bagage, il fût en état de venir attaquer Alexan-
dre jusque dans Jérusalem.
19. Alexandre partit aussitôt avec cinquante mille
hommes, dont six mille portaient des boucliers d'airain.
On rapporte qu'un seul de ces hommes était en état de
résister à plusieurs autres.
20. Il atteignit Lythras sur le bord du Jourdain et
l'attaqua; mais il ne put le vaincre, parce qu'il avait mis
toute sa confiance dans la valeur et dans le nombre de
ses soldats.
21. Lythras avait d'ailleurs auprès de sa personne des
gens aguerris et expérimentés, qui lui conseillèrent de
partager son armée en deux corps, dont l'un serait com-
mandé par lui, et l'autre par quelqu'un de ses officiers.
22. Lythras se battit donc jusqu'à la moitié du jour et
perdit un grand nombre de ses troupes, mais celui qui
commandait le second corps s étant avancé avec des
troupes fraîches, tomba sur les ennemis dont les forces
étaient déjà épuisées, et les battit à discrétion.
2;. Il en fit un grand carnage, et contraignit Alexandre
de se sauver en la ville du temple saint avec le petit
nombre de ceux qui purent échapper.
24. Lythras vint, sur le soir, dans une petite ville voi-
sine, où, ayant rencontré par hasard quelques femmes
juives avec leurs enfants,
25. Il commanda qu'on en tuât un certain nombre et fit
cuire leurs chairs pour intimider tout le pays, en leur
laisant croire que lui et ses troupes ne vivaient que de
chair humaine.
26. Cléopâtre étant enfin arrivée, Alexandre la reçut,
et, après l'avoir instruite de tous les maux que Lythras
avait faits aux Juifs, il résolut de l'aller chercher avec
elle.
27. Mais Lythras en ayant eu avis gagna promptement
ses vaisseaux et retourna en Chypre, et Cléopâtre re-
prit le chemin de l'Egypte.
28. Cependant le roi de Gaza s'était révolté contre
Alexandre, et avait envoyé demander du secours à un
certain roi des Arabes nommé Harta, qui lui amena des
troupes. Alexandre partit au commencement de l'année
suivante,
29. Et s'étant approché de Gaza, il y laissa une partie
de son armée pour en faire le siège pendant qu'il irait
attaquer Harta ; il lui livra bataille, et, après l'avoir mis
en fuite, il revint à Gaza, pressa vivement cette place,
et la prit sur la fin de cette année.
îo. Il ne dut cette conquête qu'à la mort du roi de
Gaza, qui fut tué par sou propre frère. Ce prince, sa-
chant que le peuple le cherchait pour venger sur sa
personne le meurtre du roi, assembla ses amis et vint
à la porte de la ville, d'où ayant appelé Alexandre, il
l'invita d'entrer en lui demandant grâce pour lui et pour
les siens.
ji. Alexandre lui tendit la main en signe d'amitié, et,
s'étant ainsi rendu maître de Gaza, il tua les habitants,
renversa le temple et brûla l'idole d'or qu'on y adorait.
Il se rendit ensuite à la ville sainte pour y célébrer la
fête des Tabernacles.
J2. Après la fête, il se prépara à marcher contre Harta,
il l'attaqua et tua une grande partie de ses troupes.
Harta, voyant le mauvais état de ses affaires, craignit
pour lui les derniers malheurs.
jj. C'est pourquoi, après avoir eu recours à la bonté
d'Alexandre, il se soumit à sa domination et lui paya
des tributs.
J4. Alexandre se sépara d'Harta et vint à Hémath et
à Tyr ; il prit ces villes, et après 'es avoir contraintes à
payer tribut, il revint à Jérusalem.
CHAPITRE XXIX
1. Deinde contingerunt mala inter Pharisarjos et Sad-
ducasos, et perduraverunt sex annorum spatio. Et auxilio
luit Alexander Sadducasis contra Pharisaeos, e quibus
interfecta sunt spatio sex annorum quinquaginta millia.
2. Quare rerum status inter utramque sectam ad inter-
necionem usque oorruptus est, penitus et confirmatae
sunt inimicitiae .
j. Accitos itaque Alexander seniores utriusque sectas
blande allocutus est, ad reconciliationem horlatus.
4. Cui responderunt : Utique nece secundum nos di-
gnus es, ob elTusam sanguinis innocentis copiam ; quare
inter nos nihil interJecedat nisi gladius.
<,. Tum post ha:C palam exercere inimicitias cœperunt,
mittentes legatos ad Demetrium Macedonem, ut cum
exercitu ad se adventaret.
6. Pollicitantes se illi auxilio fore contra Alexandrum,
et suos ; et Hebrasos in Macedonum obedientiam reduc-
turos:
7. Ad quos profectus est Demetrius cum exercitu ma-
gno. Quod, et Alexandro nuntiatum est, qui misit qui
sibi conduceret mercede sex milia virorum de Macedo-
nibus, quos viri suis adjiciens, contendit ad Demetrium.
8. Abierunt quoque ad Demetrium rmilti de Judaeis
Pharisasis. Et misit Demetrius clam ad Macedones, qui
erant cum Alexandro, qui il las avocaret ab illo; at nequa-
quam morem ei gesserunt. Misit et Alexander clam et
J udaeos, qui erant cum Demetrio, qui il 1 os in suam in-
clinarent partem ; at neque hi morem gesserunt ipsi.
9. Et occurrentes Alexander et Demetrius praelium
commiserunt, in quo omnes Alexandri viri perierunt, et
evasit ipse solus in regionem Judas.
10. Obaudientibus autem suis quod incolumis evasisset,
et cognoscentibus locum in quo erat, congregata sunt
adeum circiter sex millia virorum fortissimorum filiorum
Israël ; et sese ei commiserunt multi de illis, qui defece-
rant ad Demetrium.
11. Dein confluxerunt adeum homines undique, et re-
versus est ad oppugnationem Demetrii cum multitudine
magna, et fugavit eura : reversusque est Demetrius in
regionem suam.
12. Et contendit Alexander contra illum in Antiochiam,
et obsedit eam tribus annis; egredientem autem Deme-
trium ad pugnam vicit Alexander, et occidit :
15. Recessitque ab urbe, et reversus est in Jérusalem
ad cives ; quem magnificaverunt, honorantes atque lau-
dantes pro expugnatis hostibus :
14. Consenseruntque Judasi illi obedire, et conquievit
cor ejus ; misitque exercitus suos ad universos hostes,
quos profligavit, et victoriam reportavit de illis.
15. Potitusque est montibus Sarah, etregione Ammon,
et Moab, et regione Palaestinorum, et omnibus quae
erant in manu Arabum, qui cum illo decertabant, usque
ad terminos solitudinis.
16. Et directas sunt res regni illius, et securum reddi-
dit gregem suum et regionem suam.
1. Les pharisiens et les saducéens s'acharnèrent les
uns contre les autres l'espace de six ans, pendant les-
quels ces derniers, soutenus d'Alexandre, firent périr
cinquante mille pharisiens.
2. Ce lut la cause que ces deux sectes, s'affermissant
dans des haines réciproques, ne cherchèrent plus qu'à se
détruire mutuellement.
5. Alexandre ayant donc assemblé les plus considéra-
bles d'entre eux, les exhorta à se réconcilier ensemble.
4. Mais ils lui répondirent en ces termes : Nous vous
croyons digne de mort à cause de tout le sang que vous
avez versé si injustement ; ainsi que l'épée seule décide
denos querelles.
ç. Et dès lors, commençant à exercer ouvertement leur
inimitié, ils implorèrent le secours de Demetrius le
Macédonien.
6. Lui promettant de s'unir avec lui contre Alexandre
et de mettre les Hébreux sous la domination des rois de
Macédoine.
7. Demetrius se mit donc en campagne avec une puis-
sante armée. Alexandre en ayant reçu avis débaucha six
mille Macédoniens dont ilgrossitses troupes, et marcha
à l'ennemi.
8. Plusieurs pharisiens passèrent aussi du côté de
Demetrius, et chacun de ces deux princes tenta inutile-
ment de ramener ses troupes fugitives sous leurs propres
drapeaux.
9. Les armées en étant venues aux mains, celle d'A-
lexandre fut entièrement défaite et il se sauva tout seul
en Judée.
10. Les Juifs, sachant qu'il était de retour sans aucun
accident et ayant appris le lieu où il était, six mille Israé-
lites des plus braves vinrent l'y trouver ; plusieurs de
ceux qui d'abord avaient suivi Demetrius s'y rendirent
aussi,
11. Et il lui vint des troupes de tous côtés; alors, se
mettant à la tète de cette multitude nombreuse, il marcha
de nouveau contre Demetrius, le mit en fuite et l'obligea
de se retirer dans ses états.
12. Il le suivit même jusqu'à Antioche où il le tint
assiégé l'espace de trois ans ; Demetrius en étant enfin
sorti dans le dessein de se battre, Alexandre le vainquit
et le tua ;
ij. Et, ayant levé le siège de cette ville, il revint à
Jérusalem, où il reçut de ses citoyens tous les honneurs
et tous les éloges que méritait cette victoire.
14. Les Juifs consentirent même à lui obéir comme
à leur prince, et il goûta le repos dans la joie de son
cœur ; il envoya ensuite desarmées contre tousles enne-
mis de sa nation, il les défit et la victoire le suivit par-
tout.
15. Il se rendit maître des montagnes de Sarah (Séïr),
des pays d'Ammon, de Moab, de la Palestine et de tous
ceux qui étaient entre les mains des Arabes, jusqu'à l'ex-
trémité du désert.
10. Il rendit son règne illustre, et rétablit la sûreté
dans ses états.
CHAPITRE XXX
i. Deinde aegrotavit Alexander rex febri quartana,
triennio integro. Déficiente autem ab eo domino urbis
Ragaba nuncupatae, duxit illuc exercitum fortem, ha-
bens securn uxorem, et familiam, obseditque civitatem.
2. Cum autem prope esset ut expugnaretur, invaluit
morbus, et vires collapsœ sunt : omnemque amisit uxor
(quse Alexandra dicabatur) spem saiutis ejus :
;. Quae accedens ait illi : Jam scis quid intercedit in-
ter te, et Pharisseos ; duo vero filii tui parvuli pueri sunt,
4. Et ego mulier, nec simul omnes valebimus eis re-
sistere : quid ergo consilii et mini, et ipsis dabis?
5. Ait illi : Consilium meum est ut instes contra hanc
civitatem, donec expugnabitur, quod prope erit.
6. Cum autem expugnata fuerit, stabilies res ejus,
juxta quod stabilitse sunt similes.
7. Cum omnibus tamen his simulabis me asgrum jacere,
et quodcumque faciès ex meo consilio te facere simula;
et mortem meam detege iis famulis quibus fidis.
8. Cum autem absolveris haec, perge in civitatem do-
mus sanctas, recondito ante aromatibus corpore meo, et
exsiccato, et cumula loculum meum multis aromatibus,
ne prodeat a me detestabilis fœtor.
9. Et cum regionis status stabilitus fuerit, tum profecta
inde, involve me multis aromatibus, et in palatium intro-
ducito tanquam aegrum :
10. Et cum ibi fuero, accersito principes Phariseeo-
rum, quos accedentes honora, et bona verba loquere
eis, tum dicito :
1 1. Alexander jam mortuus est, et ecce trado illum
vobis, facile de illo quodcumque vobis placuerit ; ego
vero ero vobis posthac, ut vobis lubebit.
12. Si enim feceris hoc, optime quidem scio nihil eos
facturos mihi et vobis nisi bonum, quos sequetur plebs,
et dirigentur res tuée post me, et tu secure dominaberis,
donec creverint duo filii tui.
ij. Post hase obiit Alexander, cujus mortem uxor ce-
lavit, et expugnata civitate, rediit Jérusalem,
14. Et accitos principes Pharisasorumallocuta est prout
monuerat illam Alexander.
15. Cui responderunt illi Alexandrum ipsorum fuisse
regem, et ipsos gregem illius; et allocuti sunt eam omni
benevolentia, pollicitantes eam praeficere rébus suis.
16. Tum egressi congregaverunt homines, et accipientes
corpus Alexandri, sumptuose extulerunt ad sepulchrum :
17. Atque acciverunt hominesad constituendam Alexan-
dram in reginam; quibus annuentibus constituta est.
Fuerunt autem anni regni Alexandri septem et viginti.
1. En ce temps-là, Alexandre fut attaqué d'une fièvre
quarte qui dura trois ans entiers. Cependant ayant ap-
pris la révolte du roi de Ragaba, il marcha à 'a tète
d'une armée puissante, et, suivi de sa femme et de ses
enfants, il vint mettre le siège devant Ragaba.
2. Il était sur le point de la prendre, lorsque sa maladie
augmenta, et ses forces se trouvèrent entièrement épui-
sées, sa femme appelée Alexandra, désespérant alors
de sa vie,
5. S'approcha de son lit et lui dit : Vous savez les su-
jets d'inimitié qu'il y a entre vous et les pharisiens ; les
deux fils que vous me laissez sont encore des enfants.
4. Et, pour moi, je ne suis qu'une femme. Nous ne
sommes point en état de résister à nos ennemis : quel
conseil avez-vous donc à nous donner?
5. Et Alexandre lui répondit en ces termes : Ce que je
vous conseille de faire est de continuer le siège de cette
ville, jusqu'à ce qu'elle tombée ; ce ne sera pas long.
6. Et quand vous l'aurez prise, vous en réglerez lesaffai-
res comme on a fait à l'égard de toutes les autres villes.
7. Alors, de concert avec tous ceux qui sont ici pré-
sents, vous feindrez que je suis retenu au lit par la ma-
ladie, et qu'en toutes choses vous n'agissez que par mes
ordres et par mon conseil ; cependant vous découvrirez
ma mort à ceux de mes serviteurs en qui vous avez le
plus de confiance ;
8. Ensuite vous retournerez à la ville du temple saint,
ayant eu soin auparavant d'embaumer mon corps aussi
bien que le cercueil où vous le renfermerez, de peur
que la pourriture et la corruption ne s'y mettent.
9. Vous partirez donc après avoir réglé les affaires de
la province, et vous me ferez porter en cet état dans le
palais, comme si j'étais encore malade.
10. Lorsque j'y serai arrivé, vous enverrez chercher les
princes des pharisiens, et, après les avoir reçus avec
honneur et avec amitié, vous leur direz :
1 1. Alexandre est mort et je le remets entre vos mains,
afin que vous le traitiez comme vous le jugerez à propos;
vous ferez ensuite de moi tout ce qu'il vous plaira.
12. Car je suis sûr, ajouta-t-il, que si vous prenez ce
parti, ils n'auront pour vous et pour moi que de senti-
ments d'humanité, et que le peuple même imitera leur
exemple; vous rétablirez par-là vos affaires et vous
régnerez en paix jusqu'à ce que vos deux enfants soient
en état de me succéder.
i). Après ce discours, Alexandre mourut; sa femme
tint sa mort cachée, et aussitôt que la ville de Ragaba
fut prise, elle revint à Jérusalem,
14. Où, ayant faitassembler les princes des pharisiens,
elle leur parla selon le conseil qu'Alexandre lui avait
donné.
iï. Mais ils répondirent à la reine avec beaucoup de
soumission qu'Alexandre avait été leur roi, qu'ils étaient
son peuple, et ils lui promirent de la rendre maltresse
des affaires,
10. Étant en même temps sortis du palais, ils allèrent
chercher quelques-uns du peuple, et, ayant enlevé le
corps d'Alexandre, ils le portèrent au tombeau avec
beaucoup de magnificence.
17. Ils convoquèrent Lensuite une assemblée, et, d'un
commun consentement, Alexandra y fut déclarée reine.
La durée du règne d'Alexandre fut de vingt-sept ans.
CHAPITRE XXXI
i. Cum autem regnasset Alexandra, accivit ad se prin-
cipes Pharisasorum, et prœcepit eis scnbere ad universos,
qui fugerantex illis in diebus Hyrcani, et in diebus Alex-
andri, in ^gyptum, aliasque partes, ut reverterentur in
regionem Judas.
2. Et indicavit illis suam erga eos propensionem, nec
sese opposuit institutis eorum, neque interdixit eorum
cseremonias, quemadmodum interdixerant Alexander, et
Hyrcanus.
?. Dimisit quoque omnes qui ex illis in carceribus
detinebantur. Et convenerunt undequaque, continuerunt-
que se Sadducaei illis nocumenta inferre. Et directae sunt
res,et prosperatusstatus ipsorum sublatis contentionibus.
4. Cum autem crevissent Hyrcanus, Aristobulus, duo
filii Alexandri, constituit Hyrcanum sacerdotem magnum,
cum esset humilis, mansuetus, ac simplex :
5. Aristobulum vero constituit principem exercitus,
erat enim strenuus, fortis, et magnanimus, adjunxitque
ei exercitum Sadducasorum ; nec sibi visum est consti-
tuer illum regem, cum esset puer.
6. Misit quoque ad eos omnes, qui deferebant tributa
Alexandro, et accepit filios regum ipsorum, et constituit
eos pênes se obsides, ac ]ugiter praestiterunt ei obedien-
tiam, déférentes singulis annis iributa.
7. Et recte ambulavit cum populo, divulgans justitiam,
eamque prœcipiens populo suo facere, quare perduravit
utrisque pax : et consecuta est eorum amorem.
r. Alexandra ayant été reconnue reine, fit venir les
princes des pharisiens et leur ordonna de faire savoir
à tous ceux de leur secte, qui, sous le règne d'Hyrcan
et d'Alexandre, s'étaient enfuis en Egypte, ou dans d'au-
tres lieux, qu'ils pouvaient revenir en Judée.
2. Elle leur témoigna le penchant qu'elle avait pour
eux, en ne les troublant ni dans leurs opinions, ni dans
leurs usages, comme avaient fait Alexandre et Hyrcan.
?. Elle fit encore ouvrir les prisons à ceux des phari-
siens qui y avaient été enfermés. Ainsi ils se rassemblè-
rent de tous côtés sans que les saducéens fissent au-
cune entreprise contre eux ; en sorte qu'ils se rendirent
très puissants depuis que la bonne intelligence eut été
rétablie entre les deux sectes.
4. Les enfants d'Alexandre étant devenus grands,
Alexandra donna la souveraine sacrificature à Hyrcan,
dont elle connaissait la bonté, la douceur et la simplicité.
5. Pour Aristobule, comme il avait de la force et de
la valeur, elle lui donna le gouvernement de l'armée
qu'elle augmenta d'un corps de saducéens ; mais elle
le trouvait encore trop jeune pour lui mettre la cou-
ronne sur la tête.
6. Elle envoya ensuite des députés ii tous les rois qui
avaient été tributaires d'Alexandre, ils donnèrent leurs
enfants pour servir d'otages; et, fidèles à l'obéissance
qu'ils lui devaient, ils payaient tous les ans les tributs
ordinaires.
7. Alexandra gouverna le peuple avec beaucoup de
justice, elle eut même soin qu'on la rendit partout exac-
tement ; c'est pourquoi elle gagna l'amour de ses sujets,
et elle fut en paix avec eux.
CHAPITRE XXXII
i Erat Sadducasis princeps quidam praslatus apud i. Les saducéens avaient pour chef un certain Dio-
Alexandrum, nomine Diogenes, qui induxerat illum ali- gène, qui, par son grand crédit auprès d'Alexandre, avait
quando ad occidendos octingentos viros de Pharisaeis. autrefois porté ce prince à faire mourir huit cents pha-
risiens.
2. Veniunt ergo principes Pharisasorum ad reginam, 2. Alors les princes des pharisiens étant venus trouver
et commémorant ei, quod gesserat Diogenes, et perpe- la reine, lui représentèrent tout ce que Diogène avait
traverat, rogantes, ut sibi permitteret illum occidere : fait contre eux et lui demandèrent la permission de le
quas fecit. tuer, et ils l'obtinrent.
j. Quem accipientes, et multos cum illo Sadducasos j. Et, s'étant saisis de Diogène, ils le massacrèrent
jugularunt. Quod multum aegre ferentes Sadducasi, pro- avec plusieurs de sa secte. Les saducéens, sensibles à
fecti sunt ad Aristobulum, et secum sumentes, adiverunt à cet outrage, allèrent chez Aristobule, et, le prenant
reginam, et dixerunt ei : avec eux, ils vinrent trouver la reine et lui parlèrent en
ces termes :
4. Jam cognovisti quam terribilia ac magna sustinui- 4. Vous n'ignorez ni les maux affreux que nous avons
mus; et bella, ac plurima certamina, quse gessimus, soufferts, ni les combats sans nombre auxquels nous
opem ferentes Alexandro, et Hyrcano patri ejus : nous sommes exposés pour la défense d'Alexandre et
d'Hyrcan, son père.
5. Nec propterea consentaneum erat nostra proterere 5. Devions-nous attendre pour récompense de ces
jura, et extendere super nos manus inimicorum nostro- services qu'on foulât aux pieds tous nos droits, qu'on
rum, ac nostras deprimere dignitates. soulevât contre nous nos propres ennemis et qu'on nous
enlevât tous les honneurs attachés à notre secte.
6. Hujuscemodi enim res nequaquam latebit Hartam, 6. Une chose de cette nature ne peut rester cachée
et alios de inimicis vestris, qui experti sunt nostram for- à Harta, ni à tous ceux de vos ennemis qui ont cédé s
titudinem nec resistere nobis valuerunt, et timoré nostri souvent à nos efforts, et que nous avons frappés de
compléta sunt corda eorum. crainte et de terreur.
7. Quotiesergo perceperint, quod nobis intulisti, con- 7. Ils ne d'outeront point, en apprenant les maux que
cipient, quod corda nostra te machinentur : qua de re vous nous avez faits, que nous ne songions à nousven-
cum certiores facti fuerint, in te praevaricaturos fore, ger; mais, quand ils nous verront les armes à la main,
crede. Nec sustinebimus occidi a Pharisseis, tanquani soyez sûre que, de concert avec nous, ils se soulèveront
oves. contre vous ; nous ne souffrirons point que les phari-
siens répandent notre sang comme celui des victimes,
8. Aut ergo coerce a nobis malitiam eorum, aut per- 8. Ou défendez-nous contre leur fureur, ou permettez-
mitte nobis egredi de civitate ad aliqua oppida Judae. nous d'aller chercher un asile dans quelque endroit de
la Judée.
9. Quibus ait : Facite hoc, ut arceatur a vobis illorum 9. La reine y ayant consenti, ils sortirent de Jérusalem
noxa. Et egressi sunt Sadducasi de civitate, egressique suivis de leurs princes et de quelques gens de guerre ;
sunt principes eorum cum sequacibus de viris belli, ac et, s'étant retirés avec leurs troupeaux dans les villes
profecti sunt cum pecoribus suis ad civitates quas ele- de Judée qu'ils avaient choisies,
gérant de civitatibus Juda;,
10. Et habitaverunt in eis : adjectique sunt illis ope- 10. Ils s'y établirent et reçurent parmi eux des Juifs
ram navantes virtutibus, hi Hasdanim. qui vivaient dans la pratique de la vertu, et qui pour
cela s'appelaient Hasdanim.
CHAPITRE XXXIII
i. Post haec cecidit Alexandra in morbum, ex quo
obiit. Cujus cum prope desperaretur salus, egressus
est filius ejus Aristobulus de Jérusalem cum famulo suo
noctu ;
2. Abiitque in Gabatham ad quemdam virum de prin-
cipibus Sadducœorum, de amicis suis, quem secum
sumens, perrexitad urbes quas incolebant Sadducaei.
;. Notamque fecit eis causam suam, hortatusque est
eos secum egredi, et opem ferentes auxilio sibi esse in
bello contra fratrem et Pharisaeos, et regem se consti-
tuere.
4. Cui morem gerentes, palam prasvaricati sunt in
Alexandram, cogentes virosad Aristobulum undequaque.
5. Quorum fama perveniente ad Hyrcanum sacerdotem
filium Alexandras, et seniores Pharisœorum, adiverunt
Alexandram, cum esset eo in statu, et indicaverunt ei
rem, inculcantes ipsi magnitudinem timoris, quo sibi
filioque Hyrcano timebant ab Aristobulo et iis qui cum
eo erant :
6. Quibus ait : Ego quidem sum prope interitum,
quare asquius ac conducibilius mihi est rerum mearum
satagere :
7. Quid ergo facere possum in tali constituta statu ?
Viri autem nostri, et bona nostra, et arma nostra pênes
vos, et in manibus vestris sunt : dingite itaque negotium)
ut rectum vobis,
8. Dei implorantes opem pro rébus vestris; rogantes
ab eo liberationem : tum fatis concessit.
9. Fuit autem tempus illius astatis septuaginta trium
annorum, tempus vero regni illius, novem annorum.
1. Après cela Alexandra fut attaquée d'une maladie
dont elle mourut. Lorsqu'on eut presque perdu toutes
les espérances de guérison, Aristobule, son fils, sortit
la nuit de Jérusalem, accompagné d'un de ses serviteurs ;
2. Et étant arrivé à Gabatha chez un des princes des
saducéens qui était de ses amis, il le prit avec lui et
parcourut les villes qu'habitaient les saducéens.
j. Après leur avoir exposé les raisons qui l'amenaient,
il les exhorta à le suivre avec toutes leurs forces
contre son frère et contre les pharisiens, et à le recon-
naître pour roi.
4. Les saducéens, s'étant laissés gagner par Aristo-
bule, se déclarèrent ouvertement contre Alexandra, et
levèrent des troupes de tous côtés.
5. Les plus considérables d'entre les pharisiens en
ayant été informés, vinrent trouver Alexandra, qui était
malade, et l'instruisirent de tout ce qui se passait, lui
exagérant ce que son fils Hyrcan,le souverain pontife, et
ce qu'eux-mêmes avaient à craindre d'Aristobule et de
son parti.
6. Et elle leur répondit en ces termes : Je suis près
de mourir, et il n'y a rien de plus juste et de plus impor-
tant pour moi que de songer à mes propres affaires.
7. Et d'ailleurs, que puis-je entreprendre dans l'état
où je suis ? Tout ce que j'ai de richesses, d'armes et de
gens de guerre, est entre vos mains, servez-vous en
selon que vous le jugerez à propos.
ii. Mais surtout implorez le secours de Dieu dans cette
entreprise, et priez-le de vous délivrer de vos ennemis;
et après ces paroles elle mourut. *
9. Elle était dans la soixante-treizième année de son
âge et dans la neuvième de son règne.
CHAPITRE XXXIV
1. Cum egressus esset Aristobulus de Jérusalem in
diebus Alexandras, reliquerat uxorem et filios suos in
Jérusalem. Cum autem pervenisset fama egressionis ejus
ad Alexandram, deligavit eos in domo quadam posita
custodia.
2. Defuncta autem Alexandra, adduxit eos Hyrcanus
ad se, et benefecit eis, atque servavit, ut liberarent eum
a fratre suo, si forte vinceret eum.
?. Tum Aristobulus duxit exercitum magnum usque ad
Jordanem, contra quem egressus est Hyrcanus cum
exercitu Pharisaeorum.
4. Cum autem sibi concurrisset uterque exercitus, inter-
fecta est de exercitu Hyrcani multitudo magna, et fugit
Hyrcanus ac reliquus exercitus ejus.
Ç. Quos insequentes Aristobulus et viri ejus, occide-
runt quemcumque comprehendebant, exceptis iis qui sese
dederant.
6. Deinde secessit Hyrcanus in civitatem sanctam, quo
adventavit et Aristobulus cum exercitu suo, et concluse-
runt eam castra undequaque, intentavitque arte destruere
munitionem.
7. Ad quem egressi sunt seniores Judas, et seniores
sacerdotum, et vetuerunt eum perpetrare quod machina-
tus erat, rogantes ut ex animo dimoveret quidquid inerat
contra fratrem suum : qui rei assensus est.
8. Tum stabilitum est inter eos ut Aristobulus esset
Rex super Judam, Hyrcanus vero sacerdos magnus in
domo Dei, et secundus a rege.
9. Et assensus est eis Aristobulus, atque ingressus civi-
tatem, et convenit cum fratre suo Hyrcano in domo Dei,
et juraverunt simul rata habere ea quas stabilierant inter
se seniores.
10. Regnavitque Aristobulus, et secundus ab eo habi-
tus est Hyrcanus. Et conquiverunt nomines, ac directa?
sunt res horum duorum fratrum, et pacatus est status
gregis, et regionis eorum.
1. Lorsqu'Aristobule sortit de Jérusalem du vivant de
sa mère, il y laissa sa femme et ses enfants; Alexandra,
sur la nouvelle de sa fuite, leur donna des gardes et les
tint enfermés dans une maison.
2. Mais aussitôt qu'elle fut morte, Hyrcan les fit
venir auprès de lui et les traita avec beaucoup de dou-
ceur, afin que, si la fortune lui devenait contraire, ils lui
fissent trouver grâce devant son frère.
{. Cependant Aristobule s'était avancé jusqu'au Jour-
dain avec une armée considérable, et Hyrcan l'y avait
suivi à la tète des pharisiens.
4. Les deux armées en étant venues aux mains, Hyrcan
perdit une grande partie de la sienne et se sauva avec
le peu de gens qui lui restait.
v Mais Aristobule les ayant poursuivis, tua tous les
hommes qu'il put atteindre, à la réserve de ceux qui se
rendirent à lui.
6. Hyrcan se retira ensuite a Jérusalem et s'y retran-
cha ; Aristobule s'en étant approché avec ses troupes,
mit son camp autour de la ville et chercha des moyens
pour renverser les murailles.
7. Mais les anciens des prêtres et du peuple l'étant
venu trouver, l'empêchèrent d'exécuter les projets qu'il
avait formés et le prièrent d'avoir pour son frère des
sentiments de paix et d'amitié ; ce prince y consentit,
8. Et il fut arrêté entre eux qu'Aristobule régnerait
sur la Judée, qu'Hyrcan exercerait la souveraine sacri-
ficature dans la maison du Seigneur, et qu'il serait le
premier après le roi.
9. Aristobule y ayant consenti entra dans Jérusalem,
et s'étant rendu au temple avec Hyrcan son frère, ils y
ratifièrent par des serments ce que les anciens avaient
résolu entre eux.
10. Aristobule fut ainsi reconnu roi, et Hyrcan tint le
second rang du royaume. La paix et la tranquillité
furent rendues à toute la Judée, et les deux frères gou-
vernèrent fort heureusement.
CHAPITRE XXXV
1. Erat Antipater vir de Judasis, ac de filiis quorumdam
eorum qui ascenderant de Babylonia cum Esdras sacer-
dote.
2. Erat autem sapiens, prudens, astutus, strenuus,
magnanimus, bonas indolis, ber.ignus ac familiaris, dives
quoque, ac multarum villarum, facultatum, et pecudum.
;. Hune vero pragfecerat Alexander rex Idumasorum
regioni, unde duxerat uxorem, ex qua quatuor suscepit
filios, Phaselum videlicet, Herodem, qui regnavit super
Judam, Pheroram, ac Josephum.
4. Dein remotus a montibus Sarah, id est regione Idu-
masorum in diebus Alexandri, habitavit in civitate domus
sanctœ : diligebatque illum Hyrcanus, et erga ipsum pro-
pensus erat, quare voluit Aristobulus illum interficere,
quod tamen assecutus non est.
5. Timuit itaque Antipater Aristobulum timoré vehe-
mentissimo, ac propterea clam machinari cœpit in re-
gnum Aristobuli. Adivit ergo principes regni : acceptaque
arcani celandi securilate circa ea quœ proditurus erat,
6. Memorare eis cœpit pessimam Aristobuli viam,
tyrannidem, impietatem, et effusionem sanguinis perpe-
tratam ab eo, et usurpationem regni, quo dignior erat
frater ejus major.
7. Tum incussit eis timorem Dei optimi maximi nisi
amoverent manum tyranni, et redderent debitum Domino
digno.
8. Nec remansit quispiam de principibus quem non
circumvenerit, et inclinaverit ad obedientiam Hyrcani,
removens ab obedientia Aristobuli, Hyrcano nesciente.|
g. Sed hase ipsi adscribebat Antipater, nolens indicare
ei antequam id stabiliret.
10. Cum itaque stabilivisset rem hanc cum gente, adivit
Hyrcanum, etaitilli: Utique frater tuus valde et timet,
eo quod videt res suas haudquaquam securas esse dum
vivis.
11. Aucupatur propterea tempus interficiendi te, nec
te superstitem passurus est. At Hyrcanus verbis ejus
fidem non prasstitit, ob bonitatem et simplicitatem cordis
sui.
12. Quare Antipater iteravit illi sermonem eumdem
semel atque iterum : obtulit quoque pecuniam plurimam
viris quibus fidebat Hyrcanus, eisque acquiescebat, ut
loquerentur ipsi similia iis quas locutus fuerat Antipater,
dummodo non imaginaretur ipsos novisse,quod allocutus
fuerat eum Antipater.
ij. Credidit itaque Hyrcanus verbis eorum, et induc-
tus moliri est aliquid, quod liberaretur a fratre suo.
14. Cum ergo iteraret illi Antipater rem hujuscemodi,
significavit ei jam patere sibi veritatem verborum ejus,
atque scire ipsum bene admonuisse, sciscitatusque est
de consiho circa hoc.
i<,. Cui consuluil Antipater egredi de civitate ad ali-
quem cui sese fideret, et ope atque auxilio illi esse pos-
set.
16. Et adiit Antipater Hartam, et constituit cum eo
ut venientem Hyrcanum exciperet hospitem, quoniam
suspectam habet cohabitationem fratris.
1. Antipater était Juif d'origine, et descendait des en-
fants de quelques-uns de ceux qui revinrent de Babylone
avec le prêtre Esdras.
2. Il était sage, prudent, adroit, courageux, magna-
nime, d'un heureux naturel, libéral, familier, et riche
enfin en terres, en argent et en troupeaux.
}. Ayant obtenu d'Alexandre le gouvernement de
l'Idumée, il épousa une femme du pays de laquelle il eut
quatre fils, Phasel, Hérode qui fut roi des Juifs, Phéro-
ras et Joseph.
4. Il avait quitté l'Idumée du vivant même d'Alexandre
et était venu s'établir à Jérusalem. Aristobule s'étant
aperçu qu'Antipater était aimé d'Hyrcan, résolut de le
tuer, mais il ne put exécuter ses desseins.
5. Frappé d'une vive crainte, Antipater chercha secrè-
tement les moyens de se venger d'Aristobule : pour cet
effet, il s'attacha les grands de la cour, et après leur
avoir fait promettre le secret sur les choses qu'il avait
à leur dire,
0. Il commença à décrier en leur présence la vie indi-
gne que menait Aristobule, sa tyrannie, son impiété, sa
cruauté qui l'avait rendu l'auteur de tant de meurtres,
et l'usurpation qu'il avait faite d'une couronne dont son
frère aîné était plus digne que lui.
7. Il les menaça ensuite de la colère du Dieu tout-
puissant, s'ils ne s'élevaient contre le tyran, et s'ils ne
vengeaient les droits du Seigneur.
8. Il n'y eut aucun des grands de la cour qu'Antipater
par ses sollicitations ne vînt à bout de détacher d'Aris-
tobule, et d'attirer ensuite au parti d'Hyrcan, et, quoi-
qu'il n'eût encore rien découvert de son dessein à Hyrcan,
9. Il ne laissait pas d'agir au nom de ce prince, se
réservant à lui faire part de l'entreprise quand il l'aurait
mise en état de pouvoir réussir.
10. Enfin tout étant suffisamment disposé, Antipater
vint trouver Hyrcan, et lui dit : Votre frère est toujours
en crainte contre vous, et croira sa couronne mal assu-
rée sur sa tète tant qu'il vous verra respirer.
11. Sachez donc qu'il cherche à se défaire de vous, et
qu'il ne permettra jamais que vous lui surviviez. Mais la
bonté d'Hycan et la simplicité de son cœur l'empêchè-
rent d'abord d'ajouter foi à ces discours.
12. C'est pourquoi Antipater revint plusieurs fois à la
charge, et engagea même par des sommes considérables
ceux en qui ce prince se confiait davantage à lui faire les
mêmes rapports, sans néanmoins qu'ils parussent rien
savoir de la conversation qu'il avait eue avec lui en par-
ticulier.
ij. Hyrcan les ayant entendus, ne fit aucune difficulté
de les croire, et chercha dès ce moment à prévenir les
mauvais desseins de son frère.
14. Antipater étant encore venu lui dire les mêmes
choses qu'auparavant, Hyrcan lui répondit qu'il avait
enfin reconnu la vérité de ses dispositions, qu'il lui savait
bon gré de lui avoir donné ces avis, et le pria en même
temps de lui dire ce qu'il avait à faire en cette rencontre.
15. Alors Antipater lui conseilla de sortir de la ville et
de se retirer chez quelque personne de confiance, qui fût
en état de l'aider d'argent et d'autres secours nécessaires.
16. En même temps, Antipater alla trouver Harta, et
l'engagea à recevoir Hyrcan dans sa maison, et à lui
donner un asile contre les entreprises de son frère.
jiô
IV. — MACCABEES. — XXXV. INTRIGUES D'ANTIPATER
17. Quo gavisus est Hartam, et amplexatus est hoc:
pepigitque cum Antipatro se nequaquam traditurum Hyr-
canum, et Antipatrum hostibus eorum, et auxilio fore,
ac protecturum eos.
18. Et reversus est Jérusalem, ac notum fecit Hyrcano
quod gesserat, et statuerat cum Hartam de profectione
ad illum. Quare egressi sunt ambo de urbe noctu, et
profecti sunt ad Hartam, moratique sunt apud illum ali-
quo tempore.
19. Tum Antipater persuadere cœpit Hartam ut duce-
ret exercitum cum Hyrcano ad debellandum, capien-
dumque Aristobulum fratrem i 11 i us.
20. At Hartam renuit id prosequi, timens ne impares
sibi essent vires ad resistendum Aristobuio. Antipater
vero nequaquam destitit facile ei reddere negotium Aris-
tobuli,
21. Et pecuniarum vi id ei insinuare, et magnificentia
famae, et memorias, donec acquievit profïcisci,
22.' Ita, tamen, ut restitueret ei Hyrcanus quidquid
abstulerat Alexander pater ejus ex urbibus et oppidis
quas ad se spectabant.
2). Quibus acquiescente Hyrcano, et fœdus feriente,
profectus est Hartam et Hyrcanus cum quinquaginta
millibus equitum et peditum, contendens in regionem
Judœ:
24. Ad quos egrediens Aristobulus, congressus est cum
eis. Cumque invaluisset pugna, sese contulerunt ad Hyr-
canum de exercitu Aristobuli viri quamplures.
2Ç. Quod videns Aristobulus receptui cecinit, et re-
versus est ad castra, timens ne afflueret exercitus totus,
et ipse caperetur.
26. Ingruente autem nocte, egressus est Aristobulus
solus de castris, et contendit ad civitatem sanctam. Et
cum facto mane innotuisset exercitui profectio il.ius,
major pars eorum junxerunt se Hyrcano, reliqui vero
palantes abscesserunt.
27. Hyrcanus vero, Hartam et Antipater perrexerun1
ad civitatem dor.ius sanctœ, ducentes exercitum magnum '■
inveneiuntque Aristobulum jam paratum ol sidionem
subire; clauserat eiiim portas civitatis, atque statuerat
super raœnia propugnatores.
28. Et castrametati sunt Hyrcanus et Hartam cum
exercitibus suis contra civitatem, et obsederunt eam.
17. Hrrta accepta avec joie c :tte proposition, jurant
qu'il ne livrerait jamais Hyrcan ni Antipater à leurs en-
nemis, et qu'au contraire ils trouveraient toujours auprès
de lui toute sorte de protection.
18. An'ipater revint aussitôt à Jérusalem, et, après
avoir ins'ruit Hyrcan de toutes les mesures qu il avait
prises avec Harta, ils sortirent tous deux de la ville pen-
dant la nuit, et vnrent chez Harta, où ils restèrent
quelque temp's.
19. C'ipendrnt Antipater commençi à porter Harta à
se mettre avec Hyrcan à la tète d'une armée, pour atta-
quer Aristooule, et le prendre.
20. Mais Harta rejeta cet avis, craignant de n'être pas
en état d'j résister à l'ennemi. Cepend int Antipater ne
cessa p int de lui aplanir les difficultés de cette entre-
prise,
11. Et de l'y engager à force d'argent, et en lui repré-
sentant la gloire et le succès qu'il en devait attendre,
jusqu'il ce qu'enfin il eût consenti à se meure er. campa-
gne,
22. A condition qu'Hyrcan lui rendrait toutes es villes
et toutes les places qu'Alexandre, son père, lui avait en-
levées injustement,
2j. Hyrcan y consentit, et l'alliance ayant été jurée,
ils pai tirent tous deux à la tête de cinquante mille hom-
mes, tr\nt d'infanterie que de cavalerie.
24. Aristobule s'étant avancé, on en vint aux mains, et,
après quelque temps de combat, une grand2 r rtie des
gens d'Aristobule vint se rendre à l'armée d'il rcan.
25. Aristobule, s'en étant aperçu, fit senner la retraite
et se relira dans son camp, craignant que toutes ses
troupes ne l'abandonnassent et que lui-même ne fût pris.
26. A l'entrée de la nuit, il sortit seul de son camp et
vint à la ville sainte ; le jour ayant enfin annoncé sa fuite,
la plus grande partie de l'armée passa du côté d'Hyrcan
et le reste se retira en désordre.
2-. Alors Hyrcan, Harta et Antipater s'étant appro-
chés de la ville du temple saint avec une puissante
armée, trouvèrent Aristobule déjà prêt à soutenir un
siège; car il avait fermé les portes de la ville, et avait
rangé des gens armés sur le haut des murailles.
28. Hyrcan et Harta campèrent autour de Jérusalem,
et en firent le siège.
CHAPITRE XXXVI
i. Accidit autem ut egrederetur Gneus princeps mil! -
tiae Romanorum ad Tyrcanem Armenum expugnandum :
nam Damasci cives, et Hames, et Halepi, et reliqui
Syriaa qui referuntur ad Armenos, jam rebellaverant
contra Romanos :
2. Ac propterea miserat Gneus Scanrum Damascum,
et in ditiones illius, ut occuparet eas : uuod quidem Aris-
tobulo Hyrcanoque perlatum est.
j. Misit ergo Aristobulus ad Scaurum legatos, et pe-
cuniam pluriman:, rogans eum ad se veniie cum cxercitu,
ut sibi auxilio esset contra Hyrcanum.
4. Misit quoque Hyrcanus ad eum legatos, efflagitans
ejus opéra adversus Aristobulum ; sed non misit ei
munus.
5. Scaurus vero renuit proficisci ad quempiam eorum,
sed scripsit ad Hartam, prœcipiens ei ut recederet ab
urbe domus sanctae cuni exercitu suo, et prohibuit eum
auxilium ferre Hyrcano adversus fratrem ejus,
6. Et minatus est se venturum in regionem ejus cum
exercitu Romanorum et Syrorum, nisi moiera sibi ges-
serit.
7. Cum autem pervenisset epistola ad Hartam, statim
recessit ab urbe; recessit et Hyrcanus quoque, quos
insecutus est Aristobulus cum aliquo numeio suorum, et
apprehendit eos et conflixit cum il lis ;
8. Occisusque est ea in pugna de Arabibus magnus
numerus, caesique sunt de Judaeis viri plurimi, et rever-
sus est Aristobulus io sanctam civitatem. Intérim adven-
tavit Gneus Damascum, cui detulit Aristobulus hortum
et vineam ex auro, pendentes omnes quingenta talenta
cum pretiosissimo munere, per virum nomine Nicome-
dem, rogavitque eum ut sibi auxilio esset contra Hyr-
canum.
9. Misit quoque Hyrcanus Antipatrum ad Pompeium,
similia petens. Et incfinatus est Pompeius (et ipse est
Gneus) ad auxiliandum Aristobulo. Quod videns Anti-
pater, quasrebat opportunitatem, donec seorsum conve-
nu Pompeium, et ait illi :
ic. Utique quod habuisti ab Aristobulo, nequaquam
erit reslituendum, etsi auxilium ei non feras : Hyrcanus
tamen duplum tibi offert ; nec poterit Aristobulus sub-
jicere tibi Judasos, Hyrcanus vero id prasstabit.
11. Et arbitratus est Pompeius rem se habere ut dixe-
rat Antipater, et gavisus est si Judasos sibi subjicere
posset. Quare dixit Antipatro : Ego opem feram amico
tuo contra Aristobulum, tametsi simulem opitulari illi
adversus vos, ut se mihi ridât.
12. Nam certus sum, quod quoties cognovcrit me opem
ferre fratri suo adversus se, prasvaricabitur cum omni-
bus viris, sibique cavebit, et in longius protrahentur res
illius.
ij. Sed accersam illum ad me, et ibo cum illo in civi-
tatem sanctam, et faciam tune ut amicus tuus assequatur
suum jus, cum hoc tamen, ut déférât nobis singulis annis
tributum.
LEGATUS ARISTOBULI.
[4. Post hase, accito Nicomedi, dixit : Vade ad domi-
num tuum, et indica ei quod aciuieverim ejus petitioni,
1. En ce temps-là, Gnéus (Pompée), général des armées
romaines, se mit en marche pour attaquer Tyrcané
l'Arménien (Tigrane); car les habitants de Damas, d'Ha-
mès et d'Alep, et ceux de Syrie qui relevaient de l'Ar-
ménie, s'étaient déjà révoltés contre les Romains.
2. C'est pourquoi, Génus avait donné ordre à Scaurus
d'aller s'assurer de Damas et de tous les lieux qui dé-
pendaient de cette ville. Le bruit s'en étant répandu,
;. Aristobule envoya à Scaurus de grandes sommes
d'argent, et l'exhorta par ses ambassadeurs à venir le
secourir contre Hyrcan.
4. Hyrcan, de son côté, implora aussi la protection
de Scaurus contre Aristobule; mais il ne lui fit point de
présents.
<i. Scaurus ayant refusé également d'écouter ces deux
frères, écrivit à Harta de se retirer de devant la ville
du temple saint, et de ne point donner de secours à
Hyrcan contre son frère ;
6. Le menaçant, en cas de refus, d'entrer dans son
pays à la tête d'une armée de Romains et de Syriens.
7. Harta n'eut pas plus tôt reçu ces ordres qu'il obéit;
Hyrcan se retira aussi ; et Aristobule les ayant pour-
suivis les atteignit, et se battit avec eux.
8. Il périt dans ce combat un grand nombre d'Arabes
et de Juifs, et Aristobule revint enfin à la ville Sainte.
Cependant Gnéus étant arrivé à Damas, Aristobule lui
envoya par Nicomède un )ardin et une vigne d'or du
poids de cinq cents talents; il lui fit outre cela de riches
présents et le pria de lui donner du secours contre son
frère Hyrcan.
9. Hyrcan fit aussi par l'entremise d'Antipater les
mêmes demandes à Pompée, qui est le même que Gnéus.
Pompée se détermina en faveur d'Aristobule. Antipater
ayant su la résolution de Pompée, vint le trouver secrè-
tement et lui dit :
10. Rien ne vous obligerait de rendre à Aristobule ce
que vous avez reçu de lui, quand même à présent vous
refuseriez de le secourir ; Hyrcan cependant vous fait
des offres une fois plus'grandes, et d'ailleurs il peut
vous rendre maître de la Judée, ce que vous ne deve>.
jamais attendre d'Aristobule.
11. Pompée, flatté par l'espérance de cette conquête,
et s'imaginant que les choses étaient telles qu'Antipater
les lui disait, lui répondit en ces termes : J'accorde mon
secours à votre ami contre son frère, quoique cependant
je feindrai de favoriser Aristobule, pour attirer sa con-
fiance.
ij. Car je suis persuadé que, s'il venait à savoir que
j'ai pris le parti de son frère contre lui, il soulèverait
tout le monde en sa faveur, et les mesures qu'il pren-
drait pourraient faire traîner en longueur cette entre-
prise.
ij. Je l'attirerai donc auprès de moi, et, lorsque je
serai entré avec lui dans la ville Sainte, je ferai en sorte
qu'Hyrcan soit rétabli dans ses droits, à condition
néanmoins que tous les ans il paiera un tribut à la répu-
blique romaine.
AMBASSADE D'ARISTOBULE.
14. Pompée ayant ensuite fait venir Nicomède, lui dit :
Retournez vers votre maître, et apprenez-lui que j'ai
3 18
IV. — MACCABÉES. — XXXVI. - ARISTOBULE ET POMPÉE
et ferto ei meam epistolam, et dicito ei, ut festicians
absque mora veniat ad me,nam eum expecto. Scripsitque
Aristobulo epistolam, cujus hoc est exemplar :
i;. Ab Gneo duce militiœ Romanorum Aristobulo régi,
filio regni, et sacerdotii, salus tibi.
16. Jam pervcnit hortus et viiis aurei. et accepi eos,
et misi ad seniorem et rectores, quos suscipientes col-
locaverunt in templo Romae, gratias tibi agentes.
17. Scripserunt praaterea ut auxilio tibi essem et con-
stituerem te regem super Judaos. Si ergo tibi visum
fuerit venire ad me festinanter, ut contendam tecum ad
civitatem sanctam, et adimpleam tua optata, faciam
hoc.
18. Et abiit Nicomedes ad Aristobulum cum Gnei epis-
tola ; reversusque Antipater ad Hyrcanum indicavit ei
promissionem Gnei, consulens ei, ut pergeret Damascum.
19. Perrexit itaque Hyrcanus Damascum : perrexit
quoque Aristobulus, et convenerunt Damasci in consis-
torio Pompeii, qui est Gneus, et dixerunt Antipater, et
seniores Judasorum Gneo:
20. Scias, dux praeclarissime, quod Aristobulus hic jam
praevaricaïus sit adversus nos, et usurpaverit gladio re-
gnum fratris sui Hyrcani, qui dignior eo est, cum sit
frater major, melioris quoque, et justioris vitae;
21. Nec sat illi fuit opprimere fratrem, atqui oppressit
omnes, quae in circuitu nostro sunt gentes, elTundens
sanguinem earum, et facultates injuste expilans, atque
confirmans inter nos, et eas inimicitias a quibus abhor-
remus.
22. Tum steterunt mille senes testantes veritatem ver-
borum illius. Et ait Aristobulus : Sane frater hic meus
melior me est ;
2j. At non appetivi regnum, nisi cum viJissem uni-
versos, qui fuerant subjecii Alexandro patri nostro, jam
praevaricatos fuisse in nos post mortem illius, cognos-
centes iratris mei impotentiam.
24. Quae cum inspexissem, cognovi me opportere sus-
cipere regnum eo quod melior eram ad bella, et aptior
eo conservationi regni :
2Ç. Et oppugnavi quicumque contra nos prœvaricati
sunt, et restitui obedientiœ : et hoc est mandatum patris
nostri ante obitumejus: statuitque testes qui testarentur
veritatem verborum suorum.
26. His gestis, discessit Pompeius ab urbe Damasco,
petens domum sanctam : Antipater vero clam misit ad
incolas civitatum, quas expugnaverat Aristobulus, con-
citans eos ut conquererentur apud Gneum exponentes
exercitam in se illius tyrannidein : quod quidem prassti-
terunt.
27. Et prœcepit ei Gneus scribere libellum manumis-
sionis, et quod nequaquam molestiam ît lis foret il la tu-
rus ; quod quidem fecit, et exemptas sunt gentes ab
obedientia Judasorum. •
28. At Aristobulus cum vidisset quod fecerat sibi
Gneus, discessit ipse, et viriejus de exercitu Gnei noctu,
ipso inconsulto,et profectus estad civitatem domus sanctas,
et insecutus est eum Gneus donec pervenit ad civita-
tem domus sancta;, circa quam castrametatus est.
29. Cum vero vidisset altitudinem murorum et tirmi-
tatem aedificiorum ejus, et multitudinem hominum qui
in ea erant, et montes ambientes, cognovit blanditias et
acquiescé à sa demande, vous lui rendrez cette lettre ;
et vous lui direz qu'il vienne me trouver sans aucun de-
lai, car je l'attends : et il écrivit à Aristobule une lettre
dont voici la teneur :
15. Gnéus, général des -armées romaines, au roi Aris-
tobule, fils d'un père qui avait réuni en sa personne la
royauté et le sacerdoce. Je vous salue.
16. Or m'a apporté de votre part un jardin et une vigne
d'or, et j'ai envoyé l'un et l'autre au consul et aux séna-
teurs ; ils ont reçu ces dons avec des sentiments de re-
connaissance, et les ont consacrés dans le temple de
Rome.
17. Ils m'ont ordonné outre cela de vous donner du
secours, et de vous établir roi des Juifs. Si donc vous
vous hâtez de me venir trouver, nous irons ensemble à
la ville Sainte, et je remplirai vos voeux.
18. Nicomède apporta cette lettre à Aristobule : Anti-
pater retourna vers Hyrcan, et, l'ayant inlormédes pro-
messes que Gnéus lui avait faites, il l'exhorta à s'avancer
usqu'à Damas.
19. Hyrcan et Aristobule s'étant donc rendus à Damas,
ils comparurent tous deux devant Pompée, qui est le
même que Gnéus; alors Antipater et les princes des
Juifs parlèrent en ces termes devant Gnéus:
20. O illustre général, sachez qu'Aristobule nous a
déjà fait une infinité de maux, et qu'il a usurpé à main
armée un royaume dont son frère Hyrcan était plus
digne que lui, tant parle droit de l'âge, que par la bonté
et la droiture de ses mœurs.
21. Il ne s'est pas contenté d'opprimer son frère, sa
tyrannie s'est étendue sur tous les peuples voisins ; il a
répandu leur sang, il a pillé leurs biens, et a cimenté
entre eux et nous des inimitiés que nous ne cherchions
qu'à étouffer.
22. Ces accusations ayant été confirmées par mille des
anciens du peuple, Aristobule prit la parole, et dit:
J'avoue que mon frère a plus de vertu que moi ;
2;. Mais je n'ai songé à me mettre la couronne sur la
tête, que lorsque j'ai vu les sujets d'Alexandre, notre
père, se soulever contre nous après sa mort ; parce
qu'ils connaissaient le peu de capacité qu'avait mon
frère pour régner sur eux. t
24. Dans ces funestes conjonctures, je crus qu'il était
de mon devoir de prendre en main les rênes du gouver-
nement, parce que je savais mieux faire la guerre, et que
j'étais plus propre que mon frère à soutenir le poids d'un
état ébranlé.
25. J'attaquai tous les rebelles, selon que l'avait or-
donné mon père avant de mourir, et je les fis tous
rentrer dans le devoir. En même temps, il produisit des
témoins qui attestèrent la vérité de tout ce qu'il venait
d'avancer.
26. Après cela, Pompée partit de Damas et vint au
temple suint; cependant Antipater envoya secrètement
des députés aux habitants des villes dont Aristobule
s'était rendu maître par force, et les porta à se plaindre
à Pompée delà tyrannie qu'il avait exercée sur eux.
27. Et au sujet de ces plaintes, Pompée obligea Aris-
tobule de lui faire une renonciation par écrit de toutes
ces villes, avec promesse qu'il ne s'en vengerait en au-
cune manière ; ce qu'il exécuta, et ces peuples furent
ainsi délivrés de la domination des Juifs.
28. Aristobule faisant réflexion à ce qu'on l'avait obligé
de faire, s'échappa la nuit avec ses gens du camp de
Pompée, à l'insu de celui-ci, et vint à la ville du temple
saint: Pompée l'y suivit aussitôt, et campa autour de
cette ville.
29. Mais ayant considéré la hauteur de ses murailles,
la solidité de ses édifices, le nombre de ses habitants, et
les montagnes qui lui servaient de rempart, il crut qu'il
IV.— MACCABÉES. — XXXVI. - ARISTOBULE ET POMPÉE
5 »9
astutiam in Aristobulum conducibiliores fore, quam
irritamenta :
jo. Quare legatos ad eum misit ut ad se egrederetur,
promissa securitate ; et egressus est ad eum Aristobulus,
quem bénigne suscepit Gneus, nulla mentione facta de
antegestis ab eo.
ji. Post hase, ait Aristobulus Gneo : Vellem ut auxilio
mini esses adversus fratrem meum, nulla data hostibus
meis in me potestate, et pro hac re quodeumque vis
habebis.
?2. Respondit Gneus : Si vis hoc, defer ad me quic-
quid est in templo pecuniarum et gemmarum, et conse-
qui te faciam quod optas : cui ait Aristobulus : Profecto
'd faciam.
53. Et misit Gneus ducem nomine Gabinium eum plu-
rimis viris ad capessendum quicquid erat in templo pe-
cuniarum et gemmarum :
H- At cives et sacerdotes renuerunt permittere id :
quare obstiterunt Gabinio, occidentes plurimos de viris
et amicis ejus, etexpulerunt de urbe.
;;. Unde iratusGneus in Aristobulum, catenis devinxit.
Tum perrexit eum exercitu, ut irrumperet in urbem et
ingrederetur eam. At egressi de civibus quamplurimi
cohibuerunt eum ab hoc, multis de viris ejus cassis.
j6. Et quidem deterruit illum, quam viderat, multi-
tudo, magnanimitas atque fortitudo gentis : quibus ti-
moré perculsus secedere ab eis constituerai, nisi aborta
fuissent mala in urbe inter amicos Aristobuli et amicos
Hyrcani.
J7- Nam quidam eorum volebant aperire Pompeio,
quidam vero ab hoc abhorrebant. Quare congressi sunt
propter hoc, et incrementum sumente hoc rerum statu,
perduravit bellum.
j8. Quod percipiens Pompeius se applicuit eum exer-
citu portas civitatis, cui quidam ex populo januam ape-
rientes, ingressus occupavit palatium régis.
J9- At templum obtinere non potuit, quoniam sacer-
dotes clauserant januas, et aditus incluserant viris.
40. Ad quos misit Pompeius qui oppugnarent unde-
quaque, et fugaverunt eos. Accedentes autem amici ejus
ad templum, ascenderunt murum, et descenderunt in
illud; aperueruntque portas ipsius, interfecta multitudine
sacerdotum.
41. Venit autem Gneus, donec ingressus est illud, et
demiratus est pulchritudinem, et splendorem il li us, quem
viderat, et obstupuit eum vidisset opes et gemmas quas
in eo erant,
42. Et abstinuit accipere ex illo quicquam : manda-
vitque sacerdotibus repurgare domum cassis, et oti'erre
sacrificia juxta patrios ritus.
réduirait plus aisément Aristobule par caresse et par
adresse que par des violences ouvertes.
;o. A cet eiret, il lui envoya dire de le venir trouver,
et lui donna un sauf-conduit. Aristobule étant venu,
Pompée le reçut avec beaucoup de bonté et ne fit au-
cune mention de tout ce qui s'était passé auparavant.
ji. Aristobule lui dit ensuite : Je vous conjure de me
secourir contre mon frère et de ne donner à mes enne-
mis aucun pouvoir sur moi ; et soyez sûr qu'il n'y a rien
dont je ne sois prêt à payer ce service.
?2. Pompée lui répondit : Si vous êtes dans cette ré-
solution, livrez-moi tout ce qu'il y a d'argent et de pier-
reries dans le temple, et je ferai tout ce que vous me
demandez. Aristobule lui répondit : Certainement je le
ferai.
}}. Pompée envoya le général Gabinius avec plusieurs
soldats, pour apporter tout ce qu'il y avait d'argent et
de pierreries dans le temple.
J4. Mais le peuple et les prêtres ne voulurent jamais
permettre qu'on enlevât la moindre chose de ce lieu
sacré; ils s'opposèrent à Gabinius et le chassèrent de
Jérusalem, après avoir tué plusieurs de ses gens et de
ses amis.
?<!. Pompée déchargea toute sa coll-re sur Aristobule
et le fit lier de chaînes ; il s'avança ensuite à la tète de
son armée pour forcer Jérusalem et s'en ouvrir l'entrée;
mais plusieurs citoyens en étant sortis les armes à la
main, il fut obligé de se retirer après avoir perdu un
grand nombre des siens.
j6. Il avait été tellement frappé de la multitude des
habitants et de leur valeur, qu'il avait renoncé à son
entreprise, et songeait même à se retirer, si les dissen-
sions excitées dans la ville entre les amis d'Aristobule
et ceux d'Hyrcan ne l'eussent retenu.
57. Car les uns étaient d'avis de lui ouvrir les portes,
et les autres avaient horreur de cette résolution; en
sorte que, chacun prenant les armes pour la défense de
son parti, il s'excita entre eux une guerre sérieuse.
38. Pompée, instruit de ces dissensions, se tint avec
ses troupes, à la porte de Jérusalem, et quelques hom-
mes du peuple la lui ayant ouverte, il y entra et s'em-
para du palais du roi.
59. Mais il ne put se rendre maître du temple auss'
aisément ; parce que les prêtres en avaient fermé les
portes, et que les entrées en étaient gardées par des
hommes de guerre.
40. Cependant Pompée les fit attaquer de tous côtés,
et ils furent mis en fuite. Les Romains ayant enfin gagné
le temple, quelques-uns y entrèrent par le haut, et en
ouvrirent les portes aux autres, après avoir tué un grand
nombre de prêtres.
41. Pompée s'y rendit aussitôt, et y étant entré, il en
admira la magnificence et la splendeur, il vit avec éton-
nement les richesses et les pierreries qui y étaient em-
ployées avec tant de profusion,
42. Et refusa d'en emporter la moindre chose ; en-
suite il ordonna aux prêtres d'ôter du temple les corps
de ceux qui y avaient été tués, et d'y offrir des sacri-
fices, selon les antiques usages de leur nation.
CHAPITRE XXXVII-
i. His peractis, constiluit Pompeius Hyrcanum in i. Après cela, Pompée donna le royaume de Judée à
regem, abduxitque fratrem illius Aristobulum catenis Hyrcan, et emmena à Rome Aristobule, chargé de chaî-
devinctum ; mandavit praeterea ne ullam haberent Judœi nés. Il défendit outre cela aux Juifs d'exercer aucune
pctestaterri ^uper eos qui subacti erant a regibus eorum puissance sur les peuples qui avaient été soumis par
ante ejus adventum, leurs rois avant son arrivée en Judée.
2. Et exegit tributum ab urbe domus sanctas, et con- :. Il imposa un tribut à la ville du temple saint, et
venit cum Hyrcano ut inauguraretur a Romanis singulis convint avec Hyrcan que, tous les ans, il enverrait
annis. demander aux Romains la permission de régner.
j. Et profectus est ducens secum Aristobolum, et duos j. Pompée, après avoir laissé le gouvernement de
filios, et filias ejus : remansitque ipsi filius nomme Judée à Hyrcan, à Antipater et à Scaurus, son collègue,
Alexander, quem capere non potuit Pompeius, eo quod partit enfin, suivi d'Aristobule, des deux fils et des filles
fugerat. Subrogavit itaque Pompeius in civitate domus de ce prince, à la réserve d'Alexandre qui échappa à
sanctas Hyrcanum, et Antipatrum, atque cum eis Seau- Pompée. Celui-ci établit donc dans le gouvernement de
rum collegam suum. la ville sainte Hyrcan et Antipater, et il leur adjoignit
Scaurus, son propre collègue.
CHAPITRE XXXVIII
i. Cum profectus est Pompeius Romam, perrexerunt i. Pompée étant parti pour Rome, Hyrcan et Antipater
hyrcanus et Antipater ad Arabes, ut subigerent eos allèrent trouver les Arabes, pour leur proposer de se
Romanorum obedientiae. soumettre à la domination des Romains.
2. Quod quidem praîstiterunt Arabes, confidentes 2. Ils y consentirent aisément à cause des liaisons
familiaritati Antipatri, et multum tribuentes ejus con- qu'ils avaient avec Antipater, et du cas qu'ils faisaient
silio : quibus intendebat Antipater sibi reconciliare de ses conseils, quoique Antipater n'eût d'autre vue en
Romanos. tout cela que de se réconcilier avec les Romains.
;. Cum ergo percepisset Alexander filius Aristobuli 5. Alexandre, fils d'Aristobule, ayant donc appris
expeditionem Hyrcani, Antipatri et Scauri contra Arabes, qu'Hyrcan, Antipafr et Scaurus, avaient pris leur route
et longe eos recessisse ab urbe sancta, profectus est vers '.es Arabes, et qu'ils étaient fort loin de Jérusalem,
donec il lue adventavit : il y vint.
4. Et ingressus regiam, protulit inde pecuniam in expen- 4. Et, étant entré dans le palais, il en tira tout ce qu'il
sas restaurationis mûri civitatis, quem exciderat Pom- y trouva d'argent pour l'employer à relever les murs
peius. que Pompée avait abattus.
5. Coegitque sibi exercitum, et firmavit ea omnia, ç. Il leva ensuite des troupes, et régla toutes choses
quae voluit, antequam reverteretur Hyrcanus, et qui comme il le voulut, avant qu'Hyrcan et ses partisans
cum eoerant, in civitatem domus sanctae : revertentibus fussent de retour à Jérusalem. Ayant su qu'ils s'appro-
vero obviam egressus est, et oppugnavit, atque profli- chaient, il marcha à leur rencontre et les défit entière-
gavit. ment.
S. B. - T. XII il
CHAPITRE XXXIX
i. Jam egressus erat Gabinius Roma, ut moraretur in i. Gabinius était déjà parti de Rome, pour aller pren-
terra Syriae, ad illius curam gerendam : et nuntiatum est dre possession du gouvernement de Syrie, lorsqu'il
ei quod gesserat Alexander filius Aristobuli, extruendo apprit qu'Alexandre ne s'était pas contenté de réparer
quod destruxerat Pompeius, et oppugnando successo- les ruines de Jérusalem, qu'il avait même osé attaquer
rem ejus, atque occidendo amicos. le successeur de Pompée; et qu'outre cela il s'était
défait des amis de ce général.
2. Quare perrexit, donec venit Jérusalem : et conten- 2. C'est pourquoi il vint promptement à Jérusalem, et
dit ad eum Hyrcanus, et qui cum eo erant. Quibus obviam Hyrcan se rendit auprès de lui avec son armée. Alexan-
egressus est Alexander, cum decem millibus peditum, et dre étant venu à leur rencontre avec dix mille hommes
mille quingentis equitibus, et decertavit contra eos ; d'infanterie et quinze cents chevaux, leur livra bataille.
j. Quem profligantes occiderunt ex viris ejus aliquem ?. Il fut battu, et, après avoir perdu une partie de son
numerum, fugitque in quamdam urbem, quœ dicitur armée, il se sauva dans une ville de Judée appelée
Alexandrium, in terra Judse, in qua sese munivit cum Alexandrie, où il se retrancha avec ce qui lui restait de
viris suis. troupes.
4. Et profectus est ad eum Hyrcanus, Gabinius quo- 4. Hyrcan et Gabinius l'y ayant suivi, l'assiégèrent
que, et qui cum eis erant, et obsederunt eum; et egres- dans cette place; mais Alexandre fit une sortie dans
sus est ad eos Alexander, decertavitque cum eis, et laquelle il tua un grand nombre de ses ennemis,
occidit de viris eorum multitudinem.
Ç. Et processit ad eum Marcus, qui nominatur Anto- ç. Alors Marc surnommé Antoine, s'avança contre
nius, et fugavit in Alexandrium. Et egressa est mater Alexandre, et l'obligea de rentrer dans Alexandrie. Ce-
Alexandri ad Gabinium, deprecans atque rogans ut filio pendant la mère d'Alexandre vint trouver Gabinius, et le
Alexandro daret securitatem ; supplia instamment d'accorder le pardon à son fils.
6. Cui acquievit Gabinius in hoc, et egressus est ad 6. Il le lui promit, et, sur cette assurance, Alexandre se
eum Alexander, quem occidit Gabinius : cui visum est rendit auprès de lui ; mais Gabinius le tua, et partagea
dividere regiones Judas quinque in partes. toute la Judée en cinq régions.
7. Una est Jerosolymitana regio, et quae ei adjacent : 7. La première comprenait Jérusalem avec ses dépen-
et huic parti prœfectus est Hyrcanus. Altéra vero pars dances, et Hyrcan en fut fait gouverneur. La seconde
est Gadira, et quae ei subjacent. Tertia autem Jéricho, comprenait Gadire et ses environs. 'La troisième, Jéricho
et campestria. Quarta quidem est Hemat in regione et ses plaines. La quatrième, Hémat ; et la cinquième
Judae. Quinta tandem Sephoris. enfin, Séphoris.
8. Intendit his removere bella, et seditiones a regione 8. Gabinius ne négligea rien pour bannir de Judée les
Judae, sed nequaquam remota sunt. guerres et les séditions qui la désolaient ; mais il n'en
put venir à bout.
CHAPITRE XL
i. Tum machinatus est Aristobulus, donec res ei suc-
cessisset, et fugisset Roma cum filio suo Antigono, et
profectus esset in civitatem Judas.
2. Et cum in publicum sese protulisset Aristobulus,
affiu\it ad eum muHitudo magna virorum, e quibus octo
millia selegit, et contendit ad Gabinium, et oppugnavit
illum, cœsaque est de exercitu Romanorum multitudo
numerosa valde :
5. Ceciderunt quoque de viris ejus septem millia,
mille vero evaserunt, et insecutus est eum exercitus ;
at non destitit eos oppugnare ipse et qui cum eo reman-
serant usque ad internecionem suorum, nec superfuit nisi
ipse solus,
4. Quipugnavit acerrime, donec vulneribus aggravatus
cecidit, et captus est, et ductusad Gabinium, qui curari
eum jussit, donec sanatus est.
5. Tum catenis devinctum Romam misit, remansitque
carcere inclusus usque ad regnum Cajsaris, qui eductum
e carcere muneribus cumulavit atque beneficiis,
6. Adjunctisque duobus ducibus cum duodecim mini-
bus virorum, misit eum in regionem Judée, ut abduceret
eos a partibus Pompeii ad obedientiam Csesaris : erat
quippe Pompeius tuncpraefectus super regionem .^Egypti.
7. Et pervenit fama Aristobuli et suorum ad Hyrca-
num, qui timuit valde : scripsitque ad Antipatrum, ut
solutis machinamentis averteret a se res ipsius.
8. Misitque Antipater viros de principibus virorum
Jérusalem, tradens cuidam eorum venenum, prœcipiens
ei astu preebere illud Aristobulo.
9. Et occurrerunt ipsi in terra Syriae tanquam légat'
civitatis sanctas ad illum : quos suscipiens lœtatus est,
et comederunt cum illo, atque biberunt. Et machinati
sunt viri illi, donec praebuerunt ei venenum illud ; et
mortuus est, et sepultus in regione Syriae.
10. Fuit autem tempus regni illius, donec captivus
abductus est prima vice, trium annorum cum dimidio ; et
erat quidem vir fortis, gravis, optimœ indolis.
11. Jam vero scripserat Gabinius senatui ut dimitteret
duos filios ejus ad matrem suam, quoniam id ipsum roga-
verat; quod quidem prasstitit.
12. Factum est autem ut cum lorge recessisset Pom-
peius a Jérusalem, dissolverunt l'ccdus obedientiae Roma-
nis : quamobrem perrexit ad eos Gabinius, oppugnavit,
atque vicit, Romanorumque obedientiae restituit.
IJ. Inierea rebellavit terra /Egypti contra Ptolemasum,
et expulerunt eum de regia urbe, récusantes déferre
tnbutum Romanis.
14. Qua de causa scripsit Ptoiemœus Gabinio ut con-
tendeietsibi auxiliaturus adversus /Egyptios, ut reduce-
ret eos ad obedientiam Romanorum.
15. Et profectus est Gabinius de regione Syrios, scrip-
sitque Hyrcano, ut sibi occurreret cum exercilu, ut con-
tenderent ad Ptolemasum.
1. Cependant Aristobule mit tout en usage pour faire
réussir le dessein qu'il avait de se sauver de Rome ; et,
s'étant enfin échappé avec son fils Antigone, il revint à
Jérusalem.
2. Aussitôt qu'il se fut montré en public, tout le monde
accourut vers lui en foule : et Aristobule ayant choisi
parmi cette multitude huit mille hommes, il vint à leur
tête attaquer Gabinius. Il fit un grand carnage des
Romains.
?. Et après avoir perdu lui-même sept mille des siens,
il se sauva avec les mille hommes qui lui restaient:
cependant les Romains l'ayant poursuivi, il soutint leurs
eil'orts jusqu'à ce qu'il eût perdu le dernier de ses gens.
4. Enfin, restant lui seul après une longue résistance,
il tomba accablé sous le nombre de ses blessures ; et,
ayant été pris en cet état, il fut conduit à Gabinius, qui
le fit traiter jusqu'à ce qu'il fût parfaitement guéri.
5. Aristobule fut ensuite mené à Rome, chargé de
chaînes, et il y fut jeté dans une prison, où il resta Jus-
qu'au règne de César, qui, après l'en avoir tiré, le com-
bla d'honneurs et de bienfaits.
6. Il lui donna même douze mille hommes sous la
conduite de deux généraux romains , pour aller en Judée
lui gagner les peuples, en les détachant des intérêts de
Pompée qui gouvernait alors les provinces de l'Egypte,
et les gagner à César.
7. Hyrcan ayant appris qu'Aristobule s'avançait à la
tête d'une armée romaine, fut saisi d'une grande crainte,
et écrivit à Antipater d'employer ses artifices ordinaires
afin de détourner cet orage.
8. Pour cet effet, Antipater fit partir quelques Juifs
des plus distingués de Jérusalem, chargeant l'un d'en-
tr'eux de poison, avec ordre de le donner adroitement à
Aristobule.
0. Ces Juifs étant donc arrivés en Syrie comme dépu-
tés de la ville sainte, Aristobule les reçut avec joie, et
les fit boire et manger à sa table, et ces hommes s'y pri-
rent si bien, qu'ils lui firent avaler le poison. Il mourut,
et fut enterré en Syrie.
10. Le temps de son règne jusqu'à sa première prison
fut de trois ans et demi. Ce prince avait de la valeur,
de la dignité dans sa personne, et était d'un très bon
naturel.
11. Gabinius écrivit aussitôt au sénat de Rome de ren-
voyer les deux fils d'Aristobule à leur mère, ainsi que
ce prince l'avait souhaité en mourant ; ce qui fut exécuté.
12. Ces deux frères ne furent pas plus tôt de retour en
Judée, que voyant Pompée éloigné de Jérusalem, ils
secouèrent le joug des Romains. Gabinius marcha aussi-
tôt contre les rebelles, et, les ayant vaincus, il les remit
dans l'obéissance.
1 ;. Cependant l'Egypte s'était révoltée contre Ptolémée
et l'avait même chassé de sa ville capitale, refusant de
payer tribut aux Romains.
14. Ce prince en écrivit à Gabinius et le sollicita de
lui amener du secours contre les Égyptiens, afin qu'il les
fit rentrer dans le devoir.
15. Gabinius étant donc parti de Syrie, écrivit à Hyr-
can de le venir trouver avec ses troupes pour [aller
secourir Ptolémée.
r-4
IV.— MACCABÉES. — XL. - EXPÉDITION D'EGYPTE
16. Et profectus est Antipater cum exercitu magno ad
Gabinium, et occurrit ei Damasci, congratulans ipsi de
Victoria a Persis relata :
17. Et mandavit ei Gabinius, ut properaret ad Ptole-
maeum, quod quidem praestitit, et oppugnavit /Egyptios,
occiditque ex illis multitudinem plurimam.
18. Posthasc adventans Gabinius, restituit Ptolemasum
in regnum, reversusque in civitatem sanctam, et innova-
vit regnum Hyrcano, et rediit Romani.
16. Alors Antipater se mit en marche avec une armée
considérable, et, ayant joint Gabinius à Damas, il le féli-
cita de la victoire qu'il avait remportée sur les Perses"
17. En même temps, il reçut ordre de Gabinius de se
rendre promplement auprès de Ptolémée, et, lorsqu'il
fut arrivé, il attaqua les Égyptiens et en tua un très
grand nombre.
18. Gabinius arriva quelque temps après, et remit
Ptolémée sur le trône ; étant ensuite retourné à Jérusa-
lem, il confirma à Hyrean le droit de régner, et revint à
Rome.
CHAPITRE XLI
1. Reverso Gabinio Romain, prasvaricati sunt Persas
adversus Romanos : et profectus est Cransus ducens
magnum exercitum in Syriam, venitque Jérusalem, re-
quirens a sacerdotibus, ut traderent quidquid est in domo
Dei pecuniarum.
2. Cui inquiunt : Quomodo hoc tibi fas erit, cum Pom-
peius, Gabinius, et alii, nefas arbitrati sint ? Respondit
autem : Omnino id mihi faciendum est.
;. Cui ait Eleazarus sacerdos : Jura mihi quod non
extendes manum tuam ad quicquam illius, et ego dabo
ibi trecentas minas auri.
4. Et juravit ei, se nihil accepturum de pecunia domus
Dei, si sibi tradiderit quod meminerat.
5. Et tradidit ei Eleazarus laminam auream fabrefactam,
cujus vertex parieti gazophylacii templi insertus erat,
cui apponebantur singulis annis exuvias velaminum do-
mus, novis substitutis.
6. Pendebat autem lamina trecentas minas auri, et
cooperta erat adjectis longo annorurn spatio velaminibus,
nemini nota nisi Eleazaro.
8. Accepta itaque Crassus hac lamina, fefellit, recedens
ab initio cum Eleazaro pacto, accepitque omnes thesau-
ros templi, et expilavit quidquid in eis erat pecuniarum,
quarum summa erat duorum millium talentorum :
8. Quoniam has pecunias congregalas erant ab aedifi-
catione templi ad tempus illum usque, ex prsedis regum
Judae, et votis eorum, insuper ex iis, quaa miserant reges
gentium, et multiplicabantur, augebanturque annorurn
decursu : quas omnes accepit.
9. Tum contendit Crassus iste cum pecunia, et exer-
citu in (regionem Persarum, et pugnantem proliigarunt
cum ejus exercitu, iinterficientes eos unica die, et de-
prsedatus est exercitus Persarum omne, quod erat in
castris Crassi.
10. His peractis profecti sunt in regionem Syria;, quam
obtinentes abduxerunt ab obedientia Romanorum. Quod
cognoscentes Romani, miserunt prasclarum ducem no-
mine Cassium cum exercitu magno :
11. Qui in Syriae regionem adventans, expulit qaierant
in ea ex Persis. Dein in civitatem sanctam contendens,
exemit Hyrcanum a bello ipsi illato a Judasis, reconci-
lians partes.
12. Tum prsetergrediens Euphratem, expugnavit Per-
sas, atque reduxit in Romanorum obedientiam : reduxi
quoque in eorum obedientiam viginti duos reges, quos
subjegerat Pompeius : et redegit in Romanorum obedien-
tiam quidquid erat in regionibus orientis.
1. Lorsque Gabinius fut de retour à Rome, les Perses
se révoltèrent contre les Romains : Crassus passa alors
en Syrie à la tête d'une grosse armée, et, étant venu à
Jérusalem, il ordonna aux prêtres de lui livrer tout ce
qu'il y avait d'argent dans les trésors du temple.
2. Mais ils lui représentèrent qu'il ne lui était point
permis de faire une chose que Pompée, Gabinius, et
tant d'autres avaient regardée comme un crime. Crassus
leur répondit qu'il avait besoin de ces secours.
j. Et alors le prêtre Éléazar lui dit : Jurez-moi que
vous ne porterez la main à rien de ce qui est dans le
temple, et je vous donnerai trois cents mines d'or.
4. Crassus s'y engagea avec serment, à condition que
le grand prêtre s'acquitterait de sa promesse.
5. Et en même temps, Éléazar lui donna une lame d'or
travaillée avec art et qui tenait par unede ses extrémités
à la muraille du trésor du temple : C'était à cette lame
que, tous les ans, on attachait les voiles que l'on ôtait
du temple après en avoir mis de nouveaux.
6. Son poids était de trois cents mines d'or, et elle
était entièrement cachée sous ces voiles dont on la cou-
vrait depuis plusieurs années ; en sorte qu'Eléazar était
le seul qui en eût quelque connaissance.
7. Quand Crassus eut reçu cette lame, il manqua de
parole au grand prêtre ; et, n'ayant aucun égard à l'ac-
cord fait entre eux, il s'empara des trésors du temple et
pilla tout l'argent, qui se montait à deux mille talents.
8. Ces richesses, amassées depuis la fondation du tem-
ple, venaient des dépouilles enlevées par les rois de
Juda sur les nations étrangères, des offrandes de ces
princes, et de tout ce que les rois des nations avaient
jamais présenté au temple du Seigneur; et ces trésors
grossissaient tous les jours.
9. Crassus s'en étant enrichi, gagna la Perse à la tête
de ses troupes. Les Perses, l'ayant défait avec toute
son armée en une seule bataille, pillèrent tout ce qu'ils
trouvèrent dans son camp.
10. Ils vinrent ensuite en Syrie et affranchirent tous
ces peuples de la domination des Romains. Rome, infor-
mée de ces pertes, fit partir de nouvelles troupes sous
les ordres d'un général nommé Cassius, qui avait acquis
beaucoup de réputation dans la conduite des armées.
11. Cassius étant arrivé en Syrie en chassa tous les
Perses; il vint ensuite à Jérusalem, où il réconcilia Hyr-
can avec les Juifs qui avaient pris les armes contre ce
prince.
12. De là s'avançant jusqu'à l'Euphrate, il battit les
Perses, les remit sous le joug des Romains, y ramena
aussi vingt-deux rois que Pompée avait déjà subjugués ;
et acquit enfin à l'empire toutes les provinces de l'Orient.
CHAPITRE XL1I
1. Ferunt fuisse Romae mulierem quamdam praegnan-
tem, quae mortua est cum esset prope partum, et vehe-
mentioribus urgeretur partus doloribus; cum vero infans
quateretur, caesus est utérus macris, et inde eductus
vixit atque crevit,
2. Ac Julius nuncupatus estmense quinto ; vocatus vero
Caesar, quoniam viscera matns e quibus eductus est cassa
sunt.
jt. Cum autem misit senior Pompeium in orientem,
misit Cassarem quoque in occidentem ad debellandas
gentes quasdam, qiiœ jam desciverant a Romanis.
4. Et prcfectus est Caesar, et vicijt, reduxitque eas in
obedientiam Romanorum, atque réversus est Romam
cum gloria magna :
5. Et invaluit fama ejus, et res ipsius percrebuerunt
valde, et summa superbia ipsum invasit; quare petiit a
Romanis ut regem nuncuparent eum.
6. Cui respondit senior, et rectores : Utique patres
nostri juraverunt a diebus Tarquinii régis, qui vi acce-
perat uxorem cujusdam viri, quae manus sibi conscivit,
ne illa potiretur; neminem eorum, qui praeficerentur
ipsorum rébus, nuncupaturos regem :
7. Propter quod autem juramentum tibi satisfacerc non
possumus. Quamobrem excitavit seditiones, et bellis
desaeviit Romae; multis cassis, donec occupaverit regnum
Romanorum, et Regem sese nuncupavit, imposito capiti
diademate.
8. Exinde appellali sunt reges Romanorum ex regno,
appel lati quoque sunt Caesares.
9. Cum ergo audisset Pompeius nuntium Cœsaris, et
quod occidisset trecentos viginti rectores, cogens exer-
citus suos, profectus est in Cappadociam :
10. Cui occurrens Cassar oppugnavit eum, vicit, atque
interfecit, et obtinuit universam Romanorum regionem.
11. Post hase Caesar contendit in Syriae provinciam :
cui obviam occumt Mithridates Armenius cum exercitu
suo, certiorem illum faciens se pacifiée venisse, atque
paratum quoscumque prœciperet oppugnare hostes :
13. Quem abire mandavit in .Cgyptum : et profectus
est Mithridates donec pervenit Ascalonem. Hyrcanus
autem Caesarem maxime timebat, eo quod nota esset
ejus obedientia erga Pompeium, quem interfecerat Caesar.
1?. Quare festinanter expedivit Antipatrum cum exer-
citu forti in auxilium Mithridatis : et profectus est Anti-
pater ad eum, et auxiliatus est adversus quamdam civi-
tatsm de civitatibus ^Egypti, et expugnaverunt eam.
14. Inde vero abeuntes invenerunt exercitum de Judaeis
/Egypti incolis, obsistentem in aditu ad prohibendum
Mithridatem ingredi ^Egyptum.
15. Et protulit eis Antipater epistolam ab Hyrcano
praecipiente eos abstinere, ne sese opponerent Mithri-
dati amico Caesaris, qui se continuerunt.
16. Caeterum prol'ecti sunt donec pervenerunt ad
urbem régis, eo tempore regnantis : qui egressus est ad
eos cum omnibus exercitibus .■Egyptiorum, et congre-
dientes cum eo vicit atque profligavit :
1. On rapporte qu'il y eut à Rome une femme enceinte
qui, étant près d'accoucher, expira au milieu des plus
vives douleurs de l'enfantement ; quand elle fut morte
on lui ouvrit le ventre, et l'enfant en ayant été tiré vécut
et grandit.
2. Il fut nommé Julius, parce qu'il était né le cin-
quième mois; et César, parce qu'on avait déchiré les
entrailles de sa mère pour l'en retirer.
;. Le consul romain ayant envoyé Pompée dans
l'Orient, chargea en même temps César d'aller en Occi-
dent pour remettre sous le joug quelques nations qui
l'avaient déjà secoué.
4. César s'élant avancé vers ces peuples les vainquit,
et, après les avoir fait rentrer dans le devoir, il revint à
Rome comblé de gloire.
5. L'éclat de ses victoires et la grandeur de sa répu-
tation lui inspirèrent un tel orgueil, qu'il demanda aux
Romains de lui donner le litre de roi.
6. Mais le consul et les sénateurs lui répondirent en
ces termes : Après que le roi Tarquin eut en-
levé par force la femme d'un citoyen romain, et que,
pour se défendre de la brutalité de ce roi, cette femme
eut été contrainte de se donner la mort de ses propres
mains, nos pères s'engagèrent par serment à ne jamais
donner le titre de roi à aucun de ceux qui seraient des-
tinés à '.es gouverner.
7. C'est pourquoi nous ne pouvons vous accorder ce
que vous demandez. Alors César ne gardant plus de
mesures, excita des troubles et desséditions en sa faveur ;
il tourna ses armes contre Rome, et, après l'avoir inon-
dée du sang de ses citoyens, il se rendit maître de l'em-
pire, et prit avec le diadème le titre et le nom de roi.
8. Et depuis ce temps-là, les Romains furent gouver-
nés par des rois qui portaient le nom de Césars.
9. Pompée ayant appris les progrès de César et le car-
nage qu'il avait fait de trois cent vingt sénateurs, rassembla
toutes ses troupes et prit le chemin de la Cappadoce.
10. César étant venu à sa rencontre, lui présenta la
bataille, le tua, et par cette victoire devint maître de
tout l'empire romain.
h. César s'avança ensuite en Syrie, et Mithridate
l'Arménien vint l'y trouver avec son armée, l'assurant
qu'il venait à lui dans des sentiments de paixet qu'il était
prêt à combattre tel ennemi à qui il l'opposerait.
12. César lui ordonna d'aller en Egypte, et Mithridate
s'avança jusqu'à Ascalon. Or Hyrcan craignait fort que
César, après avoir tué Pompée, ne vint enfin le punir
d'avoir favorisé le parti de son ennemi.
ij. C'est pourquoi il se hûta d'envoyer Antipater avec
une armée nombreuse au secours de Mithridate. Anti-
pater ayant joint Mithridate, l'aida à faire le siège d'une
ville d'Egypte, et ils s'en rendirent les maîtres.
14 Et, s'étant avancés dans le pays, ils furent arrêtés
par une armée de Juifs établis dans ces provinces, qui
gardait les passages, pour empêcher Mithridate d'entrer
en Egypte.
i;.Mais Antipater leur ayant fait voir l'ordre d'Hyr-
can, par lequel ce prince leur défendait de s'opposer à
Mithridate qui était l'ami de César, ils se retirèrent.
16. Mithridate et Antipater s'avancèrent donc jusqu'à
la ville du roi qui régnait alors en Egypte. Mais ce
prince étant venu à leur rencontre à la tète de toute son
armée les vainquit, et les mit en déroute.
IV. — MACCABÉES. — XLII. VICTOIRE D'ANTIPATER 327
17. Et terga verlens Mithridates fugit, quem yEgyptiis 17. Mithridate prit la fuite et allait laisser sa vie entre
copiis circumseptum liberavit Antipater a morte : et les mains des Egyptiens qui l'avaient déjà enveloppé, si
constanter restiterunt Antipater et viri ejus in bcllo Antipater ne l'eût garanti de ce danger. Antipater sou-
adversus yEgyptios, quos prolligavit, et vicit, expugna- tenu des siens se défendit courageusement contre les
vitque regionem ^Egypti totam. Égyptiens, et, après les avoir entièrement défaits, il
devint maître de toute l'Egypte.
18. Et scripsit Mithridates ad Caèsarem, significans et 18. Mithridate fit aussitôt savoir à César les grandes
quod gesserat Antipater, et quanta pertulerat bella, choses qu'Antipater venait d'exécuter, les périls auxquels
quantaque acceperat vulnera, et quod expugnatio Anti- il s'était exposé et les blessures qu'il avait reçues, l'as-
patri non sibi adscribenda esset, et quod ille reduxisset surant d'ailleurs que, de sa part, il n'avait contribué
/Efyptios in obedientiam Cœsaris. en rien à cette conquête, qu'Antipater lui seul avait
ramené les Égyptiens à l'obéissance de César.
19. Cum autem legisset Caesar epistolam Mithridatis, 19. César ayant lu la lettre de Mithridate, releva fort
commendavit Antipatri gesta, et illum praslicere et exal- l'action d'Antipate-r et résolut môme de travailler à sa
tare constituit. grandeur et à son élévation.
20. His gestis perrexerunt Mithridates et Antipater ad 20. Quelque temps après, Mithridate et Antipater vin-
Caîsarem, cum esset Damasci : et nactus est apud Caesa- rent trouver César à Damas; il reçut Antipater d'une
rem quidquid jucundum état, pollicitus est ei quidquid manière fort gracieuse, et promit de lui accorder tout
optabat. ce qu'il pouvait souhaiter.
CHAPITRE XL11I
i. Cseterum venit Antigonus filius Aristobuli ad Cassa- i. Antigone, fils d'Aristobule, étant venu trouver César,
rem, et commemoravit ei expeditionem Aristobuli patris le fit ressouvenir de la guerre de son père contre Pom-
sui ad oppugnationem Pompehet quantum obediens et, pée, et de l'attachement sincère qu'il avait toujours eu
et obsequens erat. pour ses intérêts.
2. Tum ait illi, quod Hyrcanus et Antipater mississent 2. Hyrcan et Antipater, ajouta-t-il alors, l'ont fait
clam ad pairem suum, qui venenoillum interimeret, inten- empoisonner dans !e dessein de favoriser Pompée contre
dentés auxiliari Pompeio adversus tuos. vous.
?. Accersitum ergo Antipatrum sciscitatus est Caesar 5. César ayant donc fait venir Antipater en sa présence
de re : cui respondit Antipater : Profecto obsequebar lui demanda ce qu'il avait à dire de cette accusation, et
Pompeio, quoniam rerum tune potiebatur, et mihi bene- Antipater lui répondit en ces termes : Il est vrai que
faciebat : j'étais alors dans les intérêts de Pompée, parce que je le
voyais maître des affaires, et que même il me faisait du
bien.
.4. At non gressi prœlia nunc cum ^gyptiis causa 4. Mais si, depuis, j'ai combattu contre les Egyptiens,
Pompeii, qui jam factis concessit, neque sustinui ardua et si, pour les soumettre, je me suis exposé à tant de
in debellandis iis,atque restituendis obedientiae Pompeii: périls et de travaux, ce n'était point pour l'amour de
verum hoc feci, obsequens Cassari, et ut restituerem eos Pompée, qui ne vivait plus, mais pour vous seul, 6
ipsius obedentiae. César, et pour mettre ces peuples dans votre obéissance.
ç, Dein aperuit Antipater caput et manus, ac ait : Hase ç. Découvrant ensuite sa tète et ses mains : Les bles-
vulnera quas sunt in capite et corpore meo testantur sures dont je suis tout couvert, ajouta-t-il, prouvent
meum amorem erga Cassarem, et obedientiam, majores assez quel est celui que j'ai servi avec plus d'attache-
esse amore et obedientia mea erga Pompeium, quia ment et de fidélité, puisque jamais je n'ai fait pour
nequaquam me opposui in diebus Pompeii iis quibus Pompée ce que j'ai fait pour César,
memet opposui in diebus Csesaris régis.
6. Et ait illi Caesar : Pax tibi, fortissime Judaeorum, et f>. César lui dit alors : O le plus courageux de tous les
omnibus amicis tuis ; vere enim ostendisti fortitudinem, Juifs ! Soyez en paix, vous et tous vos amis ; car vous
magnanimitatem, obedientiam et amorem tuum erga nos. avez certainement fait éclater en notre faveur, votre
force, votre courage, votre soumission et votre zèle.
7. Et auctus est Caesar exinde amore erga Antipatrum, 7. Depuis ce temps-là, César se sentit encore plus
illumque prastulit universis suis, ac principem prasposuit d'inclination qu'auparavant pour Antipater. Il l'éleva
suis exercitibus. et in Persarum regionem secum duxit : au-dessus de tous les grands de l'empire, le fit généra-
viditque ex ejus fortitudine et rébus bene gestis quod lissime de toutes ses troupes, le mena en Perse avec
magis sibi insinuavit ejus desiderium et amorem : lui ; et, sentant croître de plus en plus la passion qu'il
avait pour un homme que la valeur et les victoires lui
rendaient si cher,
8. Demum reduxit illum in regionem Judae optime 8. Il le ramena en Judée après l'avoir comblé d'hon-
cohonestatum, et dominio cumulatum. Et profectus est neurs et de puissance. De là, César partit pour Rome,
Caesar Romain directis rébus Hyrcani, qui construxit ayant mis ordre auparavant aux affaires d'Hyrcan, qui
meenia civitatis sanctae,et sese gessit erga populum opti- releva les murailles de Jérusalem et gouverna le peuple
mis moribus : avec beaucoup de douceur.
0. Erat enim bonus, virtutibus praeditus, optimœ vitae, 9. Ce prince était bon, vertueux, d'une vie irrépro-
verumtamen ejus in bellis impotentia omnibus nota erat. chable, mais d'une incapacité pour la guerre qui était
connue de tout le monde.
CHAPITRE XI. IV
i. Misit ergo Hyrcanus ad Cœsarem legatos cum
epistola de renovatione fœderis quod erat inter se et
Romanos.
2. Pervenientes itaque legâtos Hyrcani ad Cœsarem
jussit coram sedere : quod quidem nemini fecerat lega-
torum regum, qui ad eum adventabant.
;. Insuper benefecit eis expediens negotia eorum, jus-
sitque responsura dari epistolœ Hyrcani : cui scripsit et
fœdus, cujus hoc est exemplar.
4. A Cœsare rege regum principibus Romanorum qui
sunt Tyri, et Sydoni, pax vobis. Notum facio vobis, quod
epistolœ Hyrcani filii . Alexandri, regum Judœ, ad me
perlatas sint.
5. Quarum adventu sum lœtatus ob tenorem benevo-
lentiœ quam ipse et populus ejus erga me Romano-
rucnque gentem habere ferunt.
6. Et quidem veritatem verborum ejus ex eo confir-
mavi, quod misisset Antipatrum equitem Judœorum, et
equitatum eorum cum Mithridate amico meo : quem
oppugnavere cohortes /Egyptiorum, liberavitque Mithri-
datem a morte,
t. Expugnata nobis >Egypti regione, atque reductis
yEgyptiis ad Romanorum obedientiam, et profectus
est mecura in regionem Persarum, contendens gratuitus
miles.
8. Et idcirco prœcipio ut déférant omnes incolœ orae
maritimœ a Gaza usque ad Sydonem, omnia quœ debent
nobis tributa, singulis annis in domum Dei magni, quas
est in Jérusalem, prœter Sidonios cives :
9. Nam hi déférant ad illam juxta statutum tributi
eorum, viginti millia vibarum tritici, et quingentas quin-
quaginta vibas singulis annis.
10. Prœcipio quoque restitui Laodiceam, et ditiones
ejus, ac omnia quas erant in manu regum Judœ usque ad
ripam Euphratis, cum iis omnibus quœ expugnaverant
Hasmonœi a transitu Jordanis, Hyrcano filio Alexandri
régis Judœ.
11. Nam omnia hœc expugnaverant patres ejus gladio
suo, at injuste alienaverat et Pompeius tempore Aristo-
buli : quœ ex nunc et in posterum Hyrcano sunto, atque
succedentibus régis Judœ.
12. Fœdus autem hoc meum est pro me ac omni rege
de regibus Romanorum post me :
1?. Quicumque ergo dissolverit quidquam illius perdat
illum Deus gladio, et deseratur domus ejus, et provincia,
atque excidatur.
14. Cum autem legeritis epistolatn hanc meam, descri-
bite eam insisis characteribus in tabulis aeneis lingua
Romanorum, et characteribus eorum, et lingua Grœco-
rum, et characteribus eorum :
15. Et ponite tabulas in locis editis templorum, quœ
sunt Tyri et Sydoni, ut videre eos queat unusquisque,
atque intelligat quœ constitui Hyrcano, et Judœis.
1. Hyrcan envoya donc à César des ambassadeurs avec
les lettres touchant le renouvellement de l'alliance faite
entre lui et les Romains.
2. Lorsqu'ils furent arrivés devant César, ce prince les
fit asseoir en sa présence ; honneur qu'il n'avait jamais
accordé à aucun des ambassadeurs des rois étrangers.
;. Il eut encore la bonté d'expédier leur affaire, fit
répondre à le lettre d'Hyrcan et renouvela avec lui
l'alliance, dont voici la copie.
4. César, roi des rois, aux princes de l'empire romain,
qui sont à Tyr et à Sidon, salut. Je vous fais savoir que
j'ai reçu des lettres d'Hyrcan, fils d'Alexandre, tous deux
rois des Juifs.
<,. J'y ai vu avec joie les témoignages de la bonne
volonté qu'Hyrcan et son peuple paraissent avoir pour
ma personne et pour toute la nation des Romains.
6. J'ai même reconnu combien les discours d'Hyrcan
sont sincères, en ce qu'ayant envoyé Antipater à la tête
de la cavalerie des Juifs pour secourir Mithridate, mon
allié, ce général a soutenu seul tout l'effort des Égyp-
tiens, a garanti Mithridate de la mort,
7. A conquis pour nous l'Egypte entière, et, après
l'avoir remise sous le joug romain, est passé en Perse
avec moi sans rien exiger de tous ces services.
8. C'est pourquoi j'ordonne que tous les peuples de la
côte maritime, depuis Gaza jusqu'à Sidon, portent à
l'auguste temple de Jérusalem les tributs qu'ils nous
paient tous les ans, excepté les citoyens de cette der-
nière ville.
9. Car les Sidoniens y enverront vingt mille mesures
de froment, et, tous les ans, cinq cent cinquante mesures,
selon la quantité des tributs qu'on leur a imposés.
10. Je veux encore qu'on restitue à Hyrcan, fils
d'Alexandre, roi de Judée, Laodicée avec ses dépen-
dances, et tout ce qui était sous la domination des rois
de Judée, jusqu'à l'Euphrale avec tous les pays dont les
Asmonéens s'étaient rendus maîtres depuis qu'ils avaient
passé le Jourdain,
11. Car leurs pères les avaient conquis les armes à la
main, et Pompée les avait enlevés injustement à Aristo-
bule. Qu'ils soient donc, dès à présent et dans la suite
à Hyrcan et à tous les rois ses successeurs.
12. L'alliance que je fais aujourd'hui est pour moi et
pour tous les rois qui gouverneront après moi l'empire
romain.
ij. Quiconque donc la rompra, ou la violera en quel-
que chose que ce soit, que Dieu le fasse périr par l'épée,
que sa maison et son héritage deviennent désertset enfin
entièrement détruits.
14. Après que vous aurez lu la lettre que je vous écris,
faites-la graver sur des tables d'airain, en grec et en
latin, et en caractères de ces deux langues.
15. Vous mettrez ensuite ces tables dans les endroits
élevés des temples de Tyr et de Sidon, afin que chacun
les puisse voir et s'instruire de ce que j'ai ordonné en
faveur d'Hyrcan et des Juifs.
CHAPITRE XLV
i. Erant cum Cœsar duo viri de amicis Pompei quo- i. César tenait auprès de sa personne deux hommes
rum unus dicebar Cassius, alter vero Brutus ; qui moliti qui avaient été amis de Pompée ; l'un s'appelait Cas-
sunt occidere Caesarem. sius et l'autre Brutus, et ils conjurèrent ensemble la mort
de César.
2. Quare sese absconderunt in templo, quod sibi Ro- 2. Sur le point d'exécuter leur entreprise, ils se ca-
mas dicaverat ad orandum. Ad qund ergo cum perve- chèrent dans le temple qu'il avait dédié dans Rome
nisset securus, tutus, ac minime sibi cavens, irruerunt in pour y prier : ce prince y étant entré sans crainte et
eum, atque occiderunt. avec sa confiance ordinaire, ils se jetèrent sur lui et le
tuèrent.
j. Et potitus est Cassius regno, coegitque exercitum j. Cassius, après s'être ainsi emparé de la couronne,
magnum, et transfretavit mare, timens Caesarianos,si Ro- mit sur pied une armée nombreuse ; mais, craignant le
mas degisset. ressentiment de ceux qui étaient attachés au parti de
César, s'il restait dans Rome, il passa la mer,
4. Et profectus est in terram Asiae, et vastavit eam : 4. Et il entra dans l'Asie, et la mit au pillage; étant
inde perrexit in regionem Judas : et voluit Antipater op- venu de là en Judée, Antipater voulut lui faire résis-
pugnare illum, at videns impares sibi esse vires, pacem tance ; mais, se voyant inférieur en troupes, il fit la paix
cum il lo inivit. Et mulctavit Cassius regionem Judae s"îp- avec Cassius, qui obligea le pays à lui donner sept cents
tingentis auri talentis. talents d'or.
<. Et sese obstrinxit Antipater fidejussor pro pecunia, Ç. Antipater s'étant rendu garant de cette somme, or-
prœcepitque Herodi filio suo eam cogère de regione donna à Hérode, son fils, de la lever sur les peuples
Judae, et déferre Cassio, de Judée et de la remettre entre les mains de Cassius,
6. Qui eam accipiens profectus est in regionem Mace- 6. Qui, après l'avoir reçue, se retira en Macédoine, où
donum, ibique moratus timens Romanos. il resta par la crainte qu'il avait des Romains.
CHAPITRE XLVI
i. Jam inicrant principes Judje consilium ut occidcrent
Antipatrum, eaque de causa immiserant in illum clanculo
virum qui dicebatur Malchia.
2. Intentaviique Malchia, sed in longum protractum
est ; percrebuitque fania usque ad Antipatrum, qui ex-
petivit Malchiam ut illum interficeret.
5. At sese purgavit Malchia apud Antipatrum de iis
quœ de se ad illum delata erant, juravitque ei inanem
esse famam : cui credidit Antipater remota a se suspec-
tione.
4. At Malchia plurima oblata pecunia pincernae Hyr-
cani, statuit cum illo venenum prsebere Antipatro dum
adesset in triclinio potus, prsesente rege.
<,. Et prasstitit id pincerna, mortuusque est rex Anti-
pater eadem die : nec id fuit ex Hyrcani consilio aut
scientia.
6. Mortuo autem Antipatro, substituit Hyrcanus Mal-
chiam In locum ejus.
1. Les princes de Judée, ayant déjà formé entre eux
le dessein de tuer Antipater, chargèrent secrètement un
nommé Malchia du soin d'exécuter ce complot.
2. Malchia n'attendait qu'une occasion favorable ; mais
la chose tirant en longueur, Antipater fut informé de ce
qui se tramait contre sa personne et voulut faire mourir
Malchia.
j. Mais cet homme s'étant justifié auprès de lui et
ayant juré que tout ce qu'on lui avait rapporté contre lui
était faux, Antipater le crut et cessa de le soupçonner.
4. Cependant Malchia gagna à force d'argent l'échan-
son d'Hyrcan, et convint avec lui qu'il mettrait du poi-
f.on dans la coupe d'Antipater lorsqu'il serait à boire
avec le roi.
5. L'échanson tint parole, et le roi Antipater mourut
ce jour-là même, sans qu'Hyrcan eût été averti de cet
attentat, ni qu'il l'eût conseillé.
6. Antipater étant mort, Hyrcan mit Malchia en !a
place de ce prince.
CHAPITRE XLV1I
1. Cum itaque certior factus esset Herodes filius An- i. Hérode, fi!s d'Antipater, instruit que Malchia était
tipatri, Malchiam occidisse patrem suum, deliberavit ir- l'auteur de la mort de son père, résolut d'aller sur le
ruere in Malchiam, prohibuitque eum ("rater ejus,consu- champ lui ôter la vie ; mais son frère l'en détourna lui
lens ut astu interficeretur. conseillant de s'en défaire adroitement.
2. Adivitque Herodes Cassium, et indicavit ei quod 2. Hérode vint donc trouver Cassius et l'informa de
fecerat Malchia, cui ait: Cum profectus fuero Tyrum,et l'action de Malchia. Cassius lui dit : Quand je serai à
fuerit apud me Hyrcanus et cum eo Malchia, irrue in Tyr et que Malchia sera entré chez moi avec Hyrcan, je-
illum, et occide. tez-vous sur lui et tuez-le.
j. Cum ergo profectus esset Cassius Tyrum, et perre- i. Cassius étant donc arrivé à Tyr, Hyrcan et Malchia
xisset ad illum Hyrcanus habens secum Malchiam, atque se rendirent au festin auquel Cassius les avait invités
adstitissent simul coram Cassio in convivio quodam, avec tous ses amis,
ad quod eos invitaverat Cassius, cum omnibus amicis
suis :
4. (Jam autem mandaverat Cassius pueris suis prass- 4. Cassius avait ordonné auparavant à ses gens de faire
tare quicquid prascepturus erat eis Herodes) adfuitquo- tout ce qu'Hérode leur dirait. Hérode s'y trouva aussi
que Herodes cum fratre suo imer sodales Hyrcani, et avec son frère parmi les amis d'Hyrcan.et convint avec
convenit Herodes cum quibusdam pueris de occidendo quelques-uns des serviteurs qu'à un signal qu'il leur fe-
Malchia, dato signo, oculorum nutu. rait des yeux ils tueraient Malchia.
5. Cum ergo comedisset Hyrcanus, atque bibisset cum 5. Hyrcan et ses amis ayant bu et mangé, ils s'endor-
amicis, dormierunt tempore meridiano : quibus exper- mirent tous sur le midi, et lorsqu'ils se furent réveillés,
rectis a somno, jussit Hyrcanus cuidam sternere sibi Hyrcan fit dresser un lit à l'air devant la salle du festin
stratum sub dio ante januam triclinii in quo dormierant : où ils s'étaient endormis ; il s'y reposa et y fit asseoir
et sedit ipse, prascepitque sedere secum Malchiam, se- auprès de lui, Malchia, Hérode et son frère.
dere quoque fecit Herodem, et fratrem illius.
6. Adstiteruntque pueri Cassii Hyrcano, quibus in- 6. Les serviteurs de Cassius se tenaient debout auprès
nuit Herodes contra Malchiam, qui irruentes in illum d'Hyrcan, et au signal que leur donna Hérode, ils se je-
statim occiderunt : et timuit Hyrcanus valde et sincopem tarent sur Malchia et le tuèrent : Hyrcan fut saisi de
incidit. frayeur et perdit connaissance.
7. Cum autem decessissent pueri Cassii, et sublatus es- ".Cependant les gens de Cassius se retirèrent et
set Malchia caesus, rediit ad se Hyrcanus sciscitatusque emportèrent le corps de Malchia. Hyrcan ayant re-
est ab Hérode causam necis Malchiœ. prit ses sens demanda à Hérode pourquoi l'on avait tué
Malchia.
8. Respondit autem Herodes : Penitus ignoro, nec 8. Et Hérode lui ayant répondu qu'il en ignorait en-
scio rei causam, et tacuit Hyrcanus, nec quicquam de tièremenl la raison, Hyrcan se tut et n'en parla pas da-
hoc iteravit. vantage.
9. Et profectus est Cassius in Macedoniam obviam Oc- 9. Cassius partit ensuite poui la Macédoine, où il vint
taviano filio fratris Caesaris, et Antonio duci miliiiae ejus: chercher Octavien, fils du frère deCésar, et Antoine, le
egressi enim erant Roma cum exercitu magno inquiren- général de ses troupes; car ils étaient partis de Rome
tes Cassium. et menaient contre Cassius une armée formidable.
CHAPITRE XLVIII
i. Cum profectus esset Octavianus in Macedoniam,
obviam exivit ei Cassius, et conflixit cum eo, fugatusque
est Cassius, quem persequens Octavianus devicit, atque
occidit :
2. Regnoque potitus est Octavianus loco 'patrui sui
Cassaris, et nuncupatus est quoque Cassar nomine
patrui.
j. Innotescente itaque Hyrcano casde Cassii, misit
legatos cum muncribus, opibus, ac gemmis Augusto et
Antonio; scripsitque ei rogans de renovatione fœderis
quod cum Caesare habebat,
4. Et ut prasciperet dimitti omnes qui sunt in regno
eju: captivi de Judas, et qui captivi ducti fuerant in diebus
Cassii,
Ç. Et ut permitteret omnibus Judasis qui sunt in
regione Grascorum, et terra Asias, reverti in regionem
Judos, nullo requisito prastio, aut redemptione, vel obice
a quoquam inferendo.
6. Pervenientibus itaque cum epistola et muneribus
Hyrcani legatis ad Augustum, legatos honoravit, et
suscepit munera, acquievitque omnibus quas petierat
Hyrcanus, scribens ei epistolam, cujus hoc est exemplar.
7. Ab Augusto rege regum, et Antonio collega ejus,
Hyrcano régi Judas, salus tibi. Jam pervenit epistola tua,
qua gavisi sumus, et misimus ea quas optabas de renova-
tione fœderis, et scripturas, ad universas provincins nos-
tras quas sunt a regione Indiarum usque ad oceanum
mare occiduum.
8. Quod autem nobis in mora fuit, quin citius scribe-
remus ad te de renovatione fœderis, extitit nostra
occupatio in expugnando Cassio fornicario tyranno, qui
impie agens in lumen orbis terrarum Cassarem, occidit
illum.
9. Unde totis viribus confliximus contra eum, donec
victorem nos reddidit Deusoptimus maximus, et incedere
illum fecit in manus nostras, quem occidimus.
10. Occidimus quoque Brutum collegam ejus, et
exemimus regionem Asias de manu ejus, postquam vasta-
verat illam, et incolas exterminaverat.
11. Nec stetit fcederi ulli, nec templum ullum honora-
vit, nec jus reddidit oppresso, nec miseratus est Judaso,
vel cuipiam de subditis nostris :
12. Sed multa impie egit cum suis mala cunctis per
oppressionem, et tyrannidem ; quamobrem convertit
Deus malitiam eorum super eos, tradens illos cum con-
fœderatis.
1;. Gaude ergo nunc, o rex Hyrcane, et casteri
Judasi, et incolas regionis sanctas, ac sacerdotes qui
sunt in templo Jérusalem : suscipiantque munus, quod
misimus ad templum gloriosissimum,et orent pro Augusto
semper.
14. Scripsimus prœterea omnibus nostris provinciis, ne
remaneat in ulla earum quispiam de Judasis, servus sit
ille, vel ancilla, sed dimittantur omnes sine pretio et sine
redemptione :
iç. Et ne impediatur a quopiam rediens in regionem
Judas, et hoc ex mandato Augusti, et Antonii quoque
ejus collega.
I. Octavien étant entré en Macédoine, Cassius mar-
cha à sa rencontre et ils en vinrent aux mains. Cassius
fut mis en fuite, et Octavien l'ayant poursuivi le défit
entièrement et le tua.
'.. Octavien, par cette victoire, devint tranquille pos-
sesseur de la couronne de César, son oncle, et prit,
comme lui, le nom de César.
j. Cependant Hyrcan ayant appris la mort de Cassius,
envoya à Auguste et à Antoine des ambassadeurs char-
gés de riches présents en or et en pierreries. Il écrivit
aussi à Auguste, le priant de renouveler l'alliance faite
entre lui et César,
4. D'ordonner aussi qu'on mit en liberté tous ceux
de Juda qui avaient été faits prisonniers par Cassius, et
qui étaient encore retenus dans son royaume,
5. Et de permettre enfin à tous les Juifs qui étaient
en Grèce et en Asie de retourner en Judée, sans qu'on
pût exiger d'eux aucune rançon, ni apporter aucun
obstacle à leur retour.
6. Les ambassadeurs d'Hyrcan s'étant présentés devant
Auguste avec la lettre et les présents de leur maître,
ce prince les reçut avec beaucoup d'honneur, accepta
leurs présents, et, ayant accordé à Hyrcan tout ce qu'il
lui demandait.il lui écrivit une lettre dontvoici la teneur :
7. Auguste, roi des Romains, et Antoine, son collègue
à l'empire, à Hyrcan, roi de Judée : Nous vous saluons.
Nous avons reçu avec plaisir !a lettre que vous nous
avez écrite, et nous avons fait publier dans toute l'éten-
due de l'empire, depuis l'Inde jusqu'à la mer d'Occident,
8. L'alliance que vous avez souhaité de renouveler
avec nous. Nous vous eussions même écrit plus tôt sur
ce sujet, si nous n'avions point été occupé à poursuivre
Cassius, cet infâme tyran, qui, portant son impiété jus-
que sur César, l'empereur de toute la terre, l'a tué de
ses propres mains.
9. C'est pourquoi nous lui avons livré de grands com-
bats; et le Dieu tout puissant, après nous avoir fait
sortir victorieux, l'a fait enfin tomber sous le tranchant
de notre épée. •
10. Brutus son collègue a eu le même sort, et nous
avons recouvré l'Asie, dont il avait ravagé les provinces
et tué les habitants.
II. Il n'a tenu aucun compte des alliances, n'a res-
pecté aucun temple, n'a point rendu justice à l'opprimé,
n'a eu pitié ni des Juifs, ni d'aucuns de nos sujets ;
12. Et, par une horrible impiété, lui et les siens ont
causé mille maux dans l'empire, et l'ont asservi à une
affreuse tyrannie : mais Dieu a fait retomber sur eux
leur propre malice, et les a livrés entre nos mains.
15. Que le roi Hyrcan, tous les Juifs, les peuples de
la terre Sainte, et les prêtres qui sont dans le temple de
Jérusalem, se réjouissent donc ; qu'ils reçoivent les
offrandes que nous avons envoyées à l'auguste temple de
Jérusalem, et qu'ils y offrent sans cesse leurs prières
pour nous.
14. Nous avons de plus ordonné dans tous les lieux de
notre empire qu'on n'y retînt aucun Juif, soit esclave,
soit servante; mais qu'ils fussent tous renvoyés gratui-
tement et sans rançon,
15. Et que personne ne les empêchât, de retourner
en Judée, et cela par ordre d'Auguste et d'Antoine son
collègue.
334 IV. — MACCABÉES. — XLVIII. - INTRIGUES JUIVES
16. Ad hase scripsit amicis suis, qui sunt Tyri, et 16. Auguste écrivit encore à ses amis qui étaient à
Sydoni, aliisque locis, restitui quidquid abstulerant a Tyr, à Sidon, et dans les autres lieux, qu'on remît les
regione Judae in diebus Cassii fornicarii, Juifs en possession de tout ce que l'infâme Cassius leur
avait enlevé en Judée ;
17. Et tractare Judaeos pacirice, nec in quoquam illis 17. Qu'on les traitât avec douceur; qu'on ne les
opponi, ac facere illis quidquid decreverat Cassar insuo inquiétât en rien, et qu'on exécutât fidèlement les traités
fcederecum ipsis. d'alliance que César avait faits avec eux.
18. Antonius vero moratus est in regione Syriae, ad 18. Antoine, cependant, s'était arrêté en Syrie, et
quem profecta est Cleopatra regina yEgypti, quam in Cléopâtre, reine d'Egypte, l'y étant venu trouver, il
uxorem duxit. Erat autem sapiens, artium magicarum et l'épousa. Cette femme était habile, et avait une parfaite
proprietatum perita : connaissance de la magie.
19. Quare allexit eum, et corde ejus adeo potita est, 19. Elle s'en servit pour gagner Antoine, et se rendit
ut nihil ei omnino inficiari posset. tellement maîtresse de son cœur, qu'il ne lui pouvait
rien cacher.
20. Profecti sunt eo eodem tempore centum viri de 20. En ce temps-là. cent des principaux Juifs vinrent se
principibus Judaeorum ad Antonium, et conquesti suntde plaindre è Antoine d'Hérode et de Phasel son frère,
Herode, et fratreejus Phaselo, filiis Antipatri, dicentes : tous deux fils d'Antipater, et lui dirent que ces deux
Jam potiti sunt omnium rerum Hyrcani, nec remanet ei frères s'étaient déjà emparés de toute l'autorité, et
quicquam de regno nisi nomen. n'avaient laissé à Hyrcan que le nom de roi,
21. Et hujus rei occultatio index est captivitatis domini 21. Et qu'une marque certaine de la captivité de leur
eorum. maître était le soin qu'on avait pris d'empêcher qu'il n'en
fût informé.
22. Cum autem sciscitatus est Antonius ab Hyrcano 22. Mais Antoine ayant voulu savoir d'Hyrcan même
veritatem eorum quas meminerant illi, mendaces decla- la vérité de cette accusation, Hyrcan en fit voir la faus-
ravit eos Hyrcanus, removens ab Herode et fratre ejus seté, et détruisit les soupçons qu'on lui avait (ait conce-
quod eis tribuerant. voir contre Herode et son frère.
2j. Et la?tatus est his Antonius; propensus quippe erat 2j. Antoine fut très aise d'avoir été désabusé, parce
in eos, atque eos diligebat. Conquesti praeterea sunt qu'il aimait naturellement ces deux frères. Il se pré-
apud eum alii de Herode, et fratre ejus alio tempore, senta dans la suite de nouveaux accusateurs contre
cum esset Tyri. Herode et Phasel, dans le temps qu'Antoine était à Tyr.
24. Quorum non solum non admisit verba, sed occidit 24. Mais Antoine, bien loin de les écouter, en cori-
quosdam, reliquos vero in carcerem detrusit : exaltavit- damna quelques-uns à mort, et fit mettre les autres en
que dignitatem Herodiset fratris ejus, ipsis benefaciens, prison. Il releva même la dignité d'Hérode et celle de
remisitque in Jérusalem magno cum honore. son frère,'et les renvoya à Jérusalem comblés d'honneurs
et de bienfaits.
2;. Antonius vero pergens in Persarum regionem 25. Antoine étant ensuite entré dans la Perse, il en fit
debellavit eos, atque devicit, et Romam reversus est. la conquête, et revint à Rome.
CHAPITRE XLIX
i. Cum factus est Augustus et Antonius Romae, abiit
Antigonus ad regem Persarum, et promisit ei mille
talenta auri signata, et octinginta puellas de virginibus
filiarum Judas, et principum eorum, speciosas, atque
sapientes,
2. Si mitteret cum eo ducem ducentem exercitum
magnum in Jérusalem, et prasciperet ei ut illum consti-
tueret regem super Judam, et" Hyrcanum patruum ejus
caperet, et occideret Herodem, ac fratrem illius.
5. Cui acquiescens, misit cum eo ducem cum exercitu
magno, profectique sunt donec venerunt in terram
Syrias, et occiderunt amicum Antonii, et aliquos de viris
Romanorum, qui ibi divertebant.
4. Inde profecti sunt in civitatem sanctam simulantes
securitatem et pacem, et quod Antigonus venisset tan-
tum ut oraret in sanctuario, et rediret ad suos.
5. Et ingressi sunt civitatem., in qua cum facti essent,
deceperunt, cœperuntque occidere homines et depopu-
lari civitatem, juxta quod mandaverat eis rex Persarum.
6. Et accurrit Herodes, et viri ejus ad custodiendum
palatium Hyrcani ; fratrem vero suum misit, praecepitque
custodire viam quee ducit a mœnibus ad palatium.
7. Cum autem occupavisset utrumque locum, elegit
quosdam de suis, et contendit ad viros Persarum qui
erant in civitate, quem insecutus est frater illius cum
aliquo numéro suorum, et occiderunt majorem partem
eorum qui erant in civitate ex Persis : cœteri vero extra
urbem refugeruni.
8. Cumque vidisset dux Persarum sibi ex sententia non
successisse, destinavit legatos ad Herodem, et fratrem
ejus de pace ineunda, significans eis : jam ea sibi cons-
titisse de eorum virtute et fortitudine, ut prasferantur
Antigono :
ç.Eaque de causa sepersuasurum suis auxiliari Hyrcano
potius et ipsis, quam Antigono; suumque votum maxi-
mis confirmavit juramentis ; ita ut lidem adhibuerint ei
Hyrcanus et Phaselus, non quidem Herodes.
10. Egressi itaque Hyrcanus et Phaselus frater Herodis
ad ducem Persarum, significarunt ei suam in ipsum fidu-
ciam ; qui consuluit eis collegam suumadire qui Damasci
morabatur, et profecti sunt.
11. Qui cum ad illum pervenissent, honoravit eos
ostentavitque se magni illos facere, atque comiter habuit,
etsi clam jusserat, ut caperentur.
12. Ad quos venientes quidam de magnatibus terra;
idipsum indicaverunt, consulentes fugam arripere, suam
pollicitantes operam pro liberatione.
1?. At isti confisi non sunt, timentes ne esset machina-
mentum aliquid in se, propterea morati sunt. Cumque
nox ingrueret capti fuerunt, Phaselus quidem manus sibi
conscivit :
14. Hyrcanus vero catenis fuit devinctus, et praeci-
piente duce régis Persarum, amputata est ipsius auris, ne
esset unquam sacerdos, misitque in Herak ad Persarum
regem, cujus adventantis vincula solvi jussit, et benefecit
illi.
1. Auguste et Antoine étant de retour à Rome, Antigone
vint trouver le roi de Perse, et lui promit mille talents
d'or en espèces avec huit cents filles juives, belles, spi-
rituelles, et des premières maisons de Judée,
2. S'il voulait ordonner à un de ses généraux de le
ramener à Jérusalem avec une puissante armée, et de l'y
établir roi, de prendre Hyrcan son oncle, et de tuer
Hérode et son frère.
?. Le roi de Perse y ayant consenti, fit partir avec
Antigone un de ses généraux à la tête d'une armée nom-
breuse, et, lorsqu'ils furent arrivés en Syrie, ils tuèrent
l'ami d'Antoine, et quelques Romains qui s'y trouvèrent
alors.
4. De là ils s'avancèrent jusqu'à Jérusalem, sous une
apparence de paix et de bonne intention, feignant
qu'Antigone n'était venu que pour faire sa prière au
temple, et s'en retourner ensuite vers les siens.
<,. Etant entrés dans la ville, ils commencèrent à faire
éclater leur mauvais dessein, tuant les habitants, et
mettant tout au pillage, selon l'ordre que le roi de Perse
leur avait donné.
6. Hérode accourut aussitôt avec ses gens pour défen-
dre le palais d'Hyrcan, et donna ordre à son frère d'aller
se rendre maître du chemin qui conduisait des murailles
au palais.
7. S'étant donc assuré de ces deux postes, il prit quel-
ques troupes d'élite, et, suivi de son frère, il vint cher-
cher les Perses qui étaient dans la ville : ils tuèrent la
plus grande partie des Perses, et obligèrent les autres
de sortir de Jérusalem.
8. Le général des Perses voyant, contre son attente,
la mauvaise issue de cette entreprise, envoya faire des
propositions de paix à Hérode et à son frère, et leur fit
dire par ses députés qu'il savait depuis longtemps com-
bien ils l'emportaient en force et en valeur sur Antigone-
9. Et que, pour cette raison, il allait persuader à ses
troupes de s'attacher à eux et à Hyrcan plutôt qu'à Anti-
gone. : il confirma même par les plus grands serments
la promesse qu'il leur faisait ; en sorte que, s'il ne put
gagner la confiance d'Hérode, il gagna celle d'Hyrcan et
de Phasel.
10. Ceux-ci s'étant rendus auprès du général des Per-
ses, lui marquèrent la confiance qu'ils avaient en lui ;
mais le général leur conseilla d'aller trouver son collè-
gue qui était à Damas. Ils partirent donc,
u. Et allèrent trouver cet homme, qui les reçut avec
des marques sensibles d'estime et d'amitié, quoiqu'il eût
déjà donné des ordres secrets de les arrêter.
12. Cependant quelques grands du pays vinrent aver-
tir Hyrcan et Phasel des mesures prises contre eux, et
leur conseillèrent de prendre la fuite, s'offrant même de
les aider à se sauver.
1;. Mais ils rejetèrent ces avis, craignant que ce ne fût
un piège qu'on leur tendît ; ainsi ils restèrent, et à l'en-
trée de la nuit ils furent arrêtés. Phasel se tua de ses
propres mains.
14. Pour Hyrcan il fut chargé de chaînes, et le général
des Perses lui fit couper une oreille pour le rendre à
jamais incapable des fonctions du sacerdoce; il l'envoya
ensuite à Hérac où était le roi de Perse, qui, à son arri-
vée,lui ôta ses chaînes, et lui témoigna beaucoup debonté.
3?6 IV. — MACCABÉES. — XLIX. - HABILETÉ D'HÉRODE
15. Moratusque in Herak cumulatus honoribus, donec IÇ. Hyrcan y resta comblé d'honneur, jusqu'à ce que
requisivit illum Herodes a rege Persarum : ad quem Hérode l'eût envoyé redemander au roi de Perse. Et,
remisso acciderunt et quae acciderunt. Post hase profec- depuis son retour vers Hérode, il lui arriva les choses
tus est dux cum Antigono in civitatem sanctam : que nous verrons dans la suite : quelque temps après, le
général des Perses vint avec Antigone à la cité Sainte.
16. Et perlata sunt ad Herodem quae circa Hyrcanum 16. Hérode ayant su ce qui s'était passé à l'égard
et Phaselum gestasunt; quamobrem sumpta Cypn matre d'Hyrcan et de Phasel, prit à Chypre sa mère, sa femme
ejus, et uxore Marianna fil ia Aristobuli et ejus matre Marianne, fille d'Aristobulé, et Alexandra la mère de
Alexandra, misit eas cum equis et multis impedimentis sa femme, et les envoya avec une grosse escorte à
ad Josephum fratrero in montem Sarah. Joseph son frère, qui était alors sur la montagne de Sarah.
17. Ipse vero cum exercitu mille virorum lentius profi- 17. Pour lui, il marchait plus lentement, et attendait,
ciscebatur, et prasstolabatur eos qui ex Persis illum à la tête d'une troupe de mille hommes, ceux des Perses
insequi tentarent. qui auraient la hardiesse de le poursuivre.
18. Et persecutus est eum dux Persarum cum exercitu 18. Cependant le général des Perses le suivit avec son
suo, quos oppugnans Herodes superavit atque profii- armée; mais Hérode lui présenta la bataille et le défit
gavit : post haîC persecuti sunt quoque eum viri Antigoni, entièrement; il battit aussi les gens d'Antigone qui
et oppugnarunt eum acerrime, quos percussit, occidit- l'attaquèrent vivement, euil en tua un grand nombre.
que ex illis multitudinem plurimam,
19. Tum protectus est in montes Sarah : invenitque 19. S'étant ensuite avancé vers les montagnes de
fratrem suum Josephum, quem f'amilias in tuto loco Sarah, il y trouva son frère Joseph à qui il ordonna de
munire, et ea parare omnia quae illis necessaria erant, mettre dans un lieu sûr les personnes qu'il lui avait
jussit : envoyées, et de leur fournir toutes les choses néces-
saires.
20. Tradiditque eis copiosam pecuniam, ut sibi alimenta 20. Il leur laissa même à tous une grande quantité d'ar-
comparare possent, si res postularet. gent, afin qu'ils pussent ;plus aisément se procurer les
nourritures dont ils auraient besoin.
21. Et relictis viris suis cum Josepho fratre, processit 21. Ayant donc laissé ses troupes à son frère Joseph,
ipse cum paucis comitibus in /Egyptum, ut conscenso il vint en Egypte avec un très petit nombre de gens,
mari pergeret in regionem Romanorum. dans le dessein de s'y embarquer pour passer en Italie.
22. Quem comiter suscepit Cleopatra, rogavitque 22. Cléopâtre le reçut avec amitié, et le pria de vou-
capescere principatum suae militiœ, atque administratio- loir bien prendre le commandement de ses troupes, et
nem omnium rerum suarum : cui notificavit omnino l'administration de toutes les affaires du royaume, mais
Romam sibi proficiscendum esse. Hérode fit voir à cette reine qu'il était absolument
nécessaire qu'il allât à Rome.
2j. Quae tradidit ei pecuniam et naves : profectusque 2j. Elle lui fournit de l'argent et des vaisseaux pour
est donec pervenit Romam : et divertit apud Antonium, ce voyage. Hérode étant arrivé à Rome, alla trouver
narravitque ei quod fecerat Antigonus, et quee egerat Antoine, et l'informa de ce qu'Antigone, soutenu de la
contra Hyrcanum, et fratrem suum ope régis Persarum : faveur du roi de Perse, avait fait contre Hyrcan, et con-
tre son frère Phasel.
24. Et una equitavit Antonius ad Augustum, et ad 24. Alors ces deux princes montèrent à cheval, et vin-
senatum, et idipsum illis narravit. rent ensemble en informer Auguste et le sénat.
CHAPITRE L
i. Percipiens Augustus, et senatus, quaa fecerat Anti-
gonus, unanimi consensu constituerunt Herodem regem
super Judaeos, mandantes poni capiti ejus diadema
aureum, et equum conscendere, atque prœeuntibus buc-
cinis acclamari: Regnavit Herodes super Judaeos, et Jéru-
salem civitatem sanctam ; quod quidem faotum est.
2. Et revertens ad Augustum, equitavit Augustus,
Antonius, et Herodes, profectique sunt in domum Anto-
n i i , qui invitaveratsenatum et universos romanos principes
ad convivium, quod paraverat Antonius.
i. Qui comederunt, et biberunt, atque gavisi sunt in
Herode gaudio magno, ferientes cum illo fœdus incisum
in tabulis aereis, et collocatum est in templis,
4. Et inscripserunt diem illum primum regni Hero-
dis ; et factus est exinde in aeram, ex qua tempoia notan-
tur.
5. His gestis perrexerunt Antonius, et Herodes, per
mare cum exercitu magno atque copioso ; qui perve-
nientes Anliochiam, exercitum diviserunt, cujus sumptam
partem duxit Antonius in regionem Persarum, quas est
Herak, et ejus adjacentia :
6. Herodes vero, alia sumpta parte perrexit donec
pervenit Ptolemaidem. Audiens itaque Antigonus, Anto-
nium expeditionem fecisse in regionein Persarum, et
Herodem adventasse Ptolemaidem ; profectus est e
domo sancta in montem Sarah ad capiendum Josephum
fratrem Herodis, et eos, qui cum illo erant.
7. Quos impetivit, atque obsedit, et interrupto canali,
aquas ad illos decurrentes intercepit : quare invaluit
sitis, et in augustiam res eorum redactas sunt. Quamo-
brem Josephus decrevit fugere, et familiaa sese Anti-
gono dedere, si Josephus fugisset, deliberaverant.
8. At immisit illis Deus copiosam pluviam, quae imple-
vit universas cisternas, et vasa eorum : quare corrobo-
rata sunt corda eorum, et directus est status, perstititque
Josephus protelare Antigonum, et suos ab arce, nec
obt'nere potuerunt de illo quicquam.
9. Herodes vero perrexit in regionem Sarah ad redu-
cendum fratrem suum, et familias, ac viros, qui cum illo
erant, in Jérusalem.
10. Et invenit Antigonum obsidentem fratrem sui'm,
in quem improviso irruit : egressusque est ad eos Jose-
phus, et qui cum illo erant, et periit major pars exercitus
Antigoni, et refugit in Jérusalem.
11. Quem persecutus est Herodes cum exercitu magno
ex Judaeis, qui ad illum convenerant undique, cum per-
ceperint ipsum rediisse, et auctus est auxiliis, ut minus
indigeret exercitu Romanorum.
12. Cumergo pervenisset Herodes in civitatem sanc-
tam, occlusit Antigonus portas ejus in faciem ipsius, et
pugnavit contra eum, misitque ad principes exercitus
Romanorum pecuniam copiosam, rogans eos ne opem
ferrent Herodi : qui prasstiterunt.
15. Quamobrem diu bellum duravit inter Antigonum
et Herodem, nemine eorum socio praevalente.
1. Auguste et le sénat n'eurent pas plus tôt été infor-
més de la conduite d'Antigone, que d'un commun con-
sentement, Us donnèrent à Hérode le royaume de Judée,
ordonnant qu'on lui ceignit la tête d'un diadème d'or,
qu'on le fit monter sur un cheval, et qu'au bruit des
trompettes on criât devant lui : Vive Hérode, roi des Juifs
et de Jérusalem, la ville sainte ! ce qui fut exécuté.
2. Hérode étant ensuite de retour auprès d'Auguste,
ils allèrent ensemble à cheval chez Antoine, qui leur
avait fait préparer un festin, auquel le sénat et tous les
grands de Rome étaient invités.
;. Ils burent et mangèrent, et, après avoir célébré ce
jour par toutes sortes de réjouissances, ils contractèrent
une alliance avec Hérode ; elle fut gravée sur des tables
d'airain, et exposée dans tous les temples.
4. Ce jour fut regardé comme le premier du règne
d'Hérode, et devint dans la suite une ère d'où l'on com-
mença à compter les temps.
<,. Après cela, Antoine et Hérode se mirent en mer
avec une armée nombreuse, et, étant arrivés à Antioche
ils la partagèrent en deux corps. Antoine en prit un,
et, gagnant la Perse, s'avança jusqu'à Hérac et aux envi-
rons.
6. Hérode, de son côté, vint avec l'autre corps à
Ptolémaïs. Lorsqu'Antigone sut qu'Antoine avait pris
le chemin de la Perse, et qu'Hérode était arrivé à
Ptolémaïs, il se rendit de Jérusalem au mont Sarah, dans
le dessein de prendre Josèphe, frère d'Hérode, et tous
ceux qui s'y étaient retirés avec lui.
7. 11 les attaqua donc sur cette montagne, et leur ôta
la communication des eaux, en coupant le canal. Josè-
phe, pressé de la soif et réduit à la dernière extrémité,
songeait à se sauver, et ses gens, le voyant dans celte
résolution, avaient déjà délibéréde se rendre à Antigone.
8. Mais Dieu fit tomber une pluie abondante qui rem-
plit toutes leurs citernes, et tous leurs vases. Alors ils
reprirent courage, rétablirent leurs affaires, et Josèphe
se défendit avec tant d'opiniâtreté contre les gens
d'Antigone, qu'ils ne purent remporter aucun avantage
sur lui.
9. Cependant Hérode s'avança vers Sarah pour rame-
ner à Jérusalem son frère Josèphe, toute sa famille et
tout ce qu'il y avait de gens avec lui sur la montagne.
ic. Mais, l'ayant trouvé investie par Antigone, il fon-
dit tout d'un coup sur l'ennemi. Josèphe le joignit en
même temps avec toute sa troupe, et Antigone rentra
dans Jérusalem après avoir perdu la plus grande partie
de son armée.
11. Hérode le poursuivit avec un grand nombre de
Juifs qui l'étaient venus trouver de tous côtés, aussitôt
qu'ils avaient été informés de son retour, et ses troupes
étaient tellement grossies, qu'il fut bientôt en état de se
passer de l'armée romaine.
12. Hérode étant donc arrivé à la ville sainte, Anti-
gone lui en fit fermer les portes, et se mit en état de se
défendre ; il envoya même prier les généraux romains
de ne point secourir Hérode, ce qu'il obtint à force
d'argent.
ij. En sorte que la guerre dura longtemps entre Anti-
gone et Hérode, sans qu'ils remportassent aucun avantage
l'un sur l'autre.
S. B. — T. XII.
22
CHAPITRE LI
i. Jam fures et alienis rébus inhiantes multiplicati
erant in diebus Antigoni, sese recipientes in speluncas
quasdam in montibus sitas, nullo dato accessu nisi uni
viro per loca quaedam ab ipsis coaptata, illisque solis
nota.
2. Et si vero alii ea cognovissent, conscendere in
speluncam non poterant, eo quod ad ostium prassto
erat, qui vel minima re conscendentem expellere facile
poterat.
j. Et jam quidam eorum sibi paraverant ea in spe-
lunca arma multa, alimenta, atque potum ; et ea om-
nia, quibus indigebant, cum omnibus iisquibus grassando
obvios spoliabant, quasque per fas et nefas capiebant.
4. Cum ergo intellexisset Hsrodes res eorum, atque
cognovit rem istorum in longius protrahi, et quod scalis
illuc ascendere non daretur, neque scandere omnino ;
5. Usque est arcis ligneis magnis coaptatis, atque com-
pactis, complevitque eas viris (additis escis et aqua) has-
tas falcatas ac prolongas gestantibus ;
6. Jussitque dimitti arcas i 11 as e vertice montium, in
quorum medio speluncas illae erant, donec opponerentur
ostiis earum : quibus cum oppositas fuerint pugnare con-
tra eos cominus gladiis, et eminus attrahere hastis il 1 ïs ;
et factae sunt arcae, atque viris complétas.
7. Cumque dimissas essent quasdam earum, et oppositas
essent ostiis illarum speluncarum, nulla innotescente fama
degentibus ibi,
8. Irruit quidam virorum qui erant in arca in spelun-
cam, sequentibus sociis, et interfecerunt latrones qui in
ea erant cum asseclis, et deturbarunt in subjectas valles :
asmulantibus hos cunctis quos miserai Herodes in arcis.
9. Eosque claruit in hoc istorum magnanimitas, forti-
tudo, atque audacia, ut par nunquam visa fuerit ;
10. Et exterminarunt cunctos latrones ab omnibus locis
mis.
1. Il s'était formé du temps d'Antigone des troupes de
voleurs et de gens avides du bien d'autrui ; ils avaient
pour retraites desca-vernes creusées dans des montagnes
inaccessibles, où ils étaient venus à bout de pratiquer un
sentier connu d'eux seulement, et par lequel il ne pou-
vait passer qu'un seul homme.
2. Et quand même quelqu'autre qu'eux en aurait eu
connaissance, il ne serait jamais parvenu jusqu'à la ca-
verne, parce que celui qui en gardait l'entrée, pouvait
avec le moindre effort le précipiter en bas.
j. Ces brigands avaient déjà amassé de grosses provi-
sions d'armes, de vivres, de mille autres choses dont ils
pouvaient avoir besoin, et de tout ce qu'ils enlevaient
par force dans leurs courses.
4. Hérode ayant donc su l'état où s'étaient mis ces
voleurs, et jugeant qu'on ne pourrait les réduire qu'après
bien du temps, parce que les échelles et les autres
machines étaient devenues inutiles pour grimper jusqu'à
eux,
Fit construire de grands coffres de bois attachés les
uns aux autres, et les remplit d'hommes armés de lon-
gues piques faites en forme de faux; il y fit mettre encore
des provisions de bouche,
6. Et ordonna que, du haut des montagnes, on descendit
ces hommes jusqu'à l'entrée des cavernes, afin qu'en cet
état ils attaquassent les voleurs, se servant de leurs
épces pour les combattre de près, et de leurs longues
faux pour les atteindre de loin.
7. Quand on les eut ainsi descendus jusqu'à l'entrée
des cavernes, sans que ceux qui les habitaient en eus-
sent eu le moindre soupçon,
5. L'un de ceux qui étaient dans les coffres en sortit
aussitôt et entra dans la caverne : tous les autres à son
exemple s'y étant jetés, ils tuèrent les voleurs, et tous
ceux qu'ils y trouvèrent, et les précipitèrent à l'envi
dans lesvallées qui étaient au pied de la montagne.
9. Ce fut par cette action qui n'eut jamais d'exemple,
que les gens d'Hérode firent éclater leur valeur, leur
force, et leur courage;
10. Et ils exterminèrent tous les voleurs qui s'étaient
retirés dans ces lieux inaccessibles.
CHAPITRE LU
i. Tum Antonius, post relictum Herodem, Antiochia
profectus est in regionem Persarum, et pugnavit cum
Persarum rege, superavit, interfecit, et obtinuit illum :
et reductis ad Romanorum obedientiam Persis, divertit
ad Euphratem.
2. Et nuntiata Herodi fama ejus, profectus est gratula-
turus ei de relata Victoria, atque rogaturus, ut secum
veniret ad regionem sanctam.
;. Et invenit turbam plurimam collectam, cupientem
adiré Antonium, cui sese opposuerant plures turmœ
Arabum, eam adiré Antonium impedientes.
4. Profectusque est Herodes ad Arabes, et occidit
eos, aperiens viam cunctis qui Antonium adiré vellent.
Et nuntiatum est hoc Antonio antequam adventaret
Herodes ;
;, Qua de causa misit illi diadema aureum, et plurimos
equos. Pervenientem autem Herodem comiter excepit
Antonius, collaudans eum pro gestis contra Arabes,
6. Adjunxitque ei Sosium ducem militiae suse cum
exercitu magno, prascipiens ei abire cum ipso ad civita-
tem domus sanctae, tradens insuper ei epistolas ad cunc-
tam regionem Syriœ, quas est a Damasco usque ad
Euphratem, et ab Euphrate usque ad regionem Armenias,
7. Dicensei: Augustus rex regum, et Antonius collega
ejus, ac senatus romanus, jam constituerunt in regem
Herodem super Judasos, ipsique praecipiunt vobis ducere
cum Herode universos viros vestros fortes, opem illi
ferentes :
8. Si ergo contrarium feceritis, nobiscum vobis bellan-
dum erit. Deinde profectus est Antonius in oram mariti-
mam, et inde in ^îgyptum ; Herodes vero, et Sosius,
una cum exercitu suo ducebant exercitum Syriae.
9. Cum autem appropinquasset Herodes Damascum
cognovit Josephum fratrem suumegressum fuisse e domo
sancta cum exercitu Romanorum ad obsidendam Jéricho,
et segetes ejus metendas,
10. Ad quos egressus Pappus dux militiae Antigoni,
occidit ex illis circiter triginta milita, interfecto et Jose-
pho tratre Herodis.et oblatuin caput Antigono émit frater
ejus Pheroras quingentis talentis, et sepelivit in sepulchro
patrum suorum :
11. Et quod insuper Antigonus, et Pappus se peterent
cum exercitu magno. Quod cum constitisset Herodi,
decrevit expeditionem facere in Antigonum, et improviso
opprimere,
12. Et convenit cum Sosio, ut acceptis ex Romanis
duodecim millibus virorum,et viginli millibus de Judaeis,
contenderet ad Antigonum, illevero cum reliquo exercitu
lentius vestigia sequeretur.
ij. Profectusque est Herodes cum collectis viris, et
occurrit Antigono in monte Galilas e,et praeliati sunt con-
tra eum a meridie usque ad noctem.
14. Tum divisus est exercitus, et obnoctavit Herodes
cum quibusdam de suisin domo quadam,et corruit domus
super eos, at evaserunt omnes de ruina nemine mortuo,
nec osse cuiquam fracto.
15. Mox properavit Herodes ad pugnandum contra
Antigonum, intercessitque inter eos pugna maxima, et
fugit Antigonus in domum sanctam, resistente fortiter
I. Antoine, après avoir quitté Hérode, était parti
d'Antioche, et avait gagné la Perse ; il attaqua le roi
de Perse, le vainquit et le tua ; et, ayant remis tout le
pays sous la domination des Romains, il s'avança vers
l'Euphrate.
I. Hérode n'eut pas plus tôt appris les conquêtes
d'Antoine, qu'il partit pour aller l'en féliciter et le prier
en même temps de l'accompagner jusqu'à la ville Sainte.
î. Après quelque temps de marche, il rencontra une
grande multitude de gens qui cherchaient à joindre
Antoine ; mais ils en étaient empêchés par plusieurs
troupes d'Arabes qui s'y opposèrent.
4. Hérode attaqua ceux-ci, en fit un grand carnage et
permit aux autres de continuer leur chemin. Antoine
ayant été informé de cette action avant qu'Hérode se
fût rendu auprès de lui,
5. Lui envoya un diadème d'or et plusieurs chevaux ;
et, quand Hérode fut arrivé, Antoine lui fit beaucoup
d'accueil et leloua de ce qu'il avait faitcontre les Arabes,
6. Ensuite il lui adjoignit Sosie, général de ses troupes,
lui ordonnant de remener Hérode à Jérusalem avec une
armée nombreuse, et il le chargea de lettres pour tous
les lieux de la Syrie, depuis Damas jusqu'à l'Euphrate,
et depuis l'Euphrate jusqu'à l'Arménie.
7. Elles étaient conçues en ces termes: Auguste, roi des
rois, Antoine, son collègue, et le sénat romain, ont établi
Hérode roi de Judée, et ils vous ordonnent de vous
rendre auprès de lui avec tout ce que vous avez de gens
de guerre.
8. Sachez donc que si vous refusez d'exécuter nos
ordres, nous vous y obligerons les armes à la main.
Après cela, Antoine s'avança vers la mer et passa en
Egypte ; Hérode et Sosie, de leur côté, entrèrent ensem-
ble en Syrie, chacun à la tète d'une armée.
o. Hérode, s'étant approché de Damas, apprit que
Josèphe, son frère, était sorti de Jérusalem avec une
troupe de Romains, dans le dessein d'assiéger Jéricho, et
de faire fourrager la moisson dans les campagnes voisines,
10. Que Pappus, général de l'armée d'Antigone, était
venu à sa rencontre, lui avait tué environ trente mille hom-
mes ; que Josèphe lui-même était resté parmi les morts, et
quesa tête, vendue cinq cents talentsà son frère Pheroras,
avait été mise ensuite dans le tombeau de ses pères ;
II. Et qu'enfin Pappus et Antigone s'avançaient, l'un
contre l'autre, chacun à la tête d'une armée formidable.
Hérode, ne pouvant plus douter de la vérité de ces
bruits, résolut de marcher contre Antigone, et de fondre
tout d'un coup sur lui.
12. Il fut donc arrêté qu'il s'avancerait contre Antigone
à la tête de douze mille Romains et de vingt mille Juifs,
et que Sosie le suivrait à quelque distance avec le reste
de l'armée.
ij. Hérode s'étant mis en marche avec ses troupes,
rencontra Antigone sur la montagne de Galilée, ils se
battirent depuis midi jusqu'au soir.
14. Les armées se séparèrent, et Hérode s'étant retiré
dans une maison avec quelques-uns des siens pour y pas-
ser la nuit, la maison tomba sur eux ; mais ils sortirent
tous de dessous les ruines sans avoir reç'i la moindre
meurtrissure.
1^. Hérode aussitôt vint attaquer Antigone, et le com-
bat fut très sanglant ; Antigone se sauva dans le temple
de Jérusalem, pendant que Pappus signalait sa força
34o
IV. — MACCABEES.— LU. - HERODE ET ANTIGONE
Pappo, et sustentante pugnam, erat quippe magnanimus
et fortissimus.
16. Ceciditque ea die major pars exercitus Antigoni,
cœsus quoque est Pappus, cujus caput ampuiavit Phe-
roras, et Herodi detulerunt, quod sepeliri jussit.
17. Cum ergo nul li, nisi aut captivi, aut palantes
remansissent ex Antigoni exercitu, prascepit suis Herodes
ut quietem caperent, et comederent, atque biberent.
18. Ipse vero adivit balneum quoddam quod erat in
proximo oppido, inermisque ingressus est balneum. Jam
vero latuerant in balneo très viri strenui, ac fortes,
habentes in manibus strictos gladios :
19. Qui cum ingredientes balneum, atque inermem
vidissent, festinarunt egredi unus post alium, veriti illum
et sic evasit.
20. His peractis adventavit Sosius, simulque perrexe-
runt ad civitatem domus sanctas, quam circumvallentes,
intercesserunt bella plurima inter eos et Antigonum :
21. Cœsique sunt de Sosii viris quamplurimi, superante
pluries Antigono, at eos profligare non potuit ob cons-
tantiam et tolerantiam in eo sustinendo.
22. Tum prasvaluit Herodes contra Antigonum, fugit-
que Antigonus, et ingressus civitatem, portas clausit,
quem diu obsedit Herodes.
25. Quadam autem nocte obdormierunt quidam custo-
des mûri : quod cognoscentes quidam Herodiani viri,
accurrerunt viginti ex illis, et accipientes scalas, muro
applicuerunt, et scandentes occiderunt custodes.
24. Herodes vero festinavit cum viris suis ad portam
civitatis, quaa e regione ipsorum erat, et infringentes
ingressi sunt civitatem. Quam capientes Romani instige-
bant cladem civibus; quod aîgre ferens Herodes, ait
Sosio :
z<i. Si consumpseris populum meum, super quem me
constitues regem? et mandavit Sosius proclamari ut sis-
teret gladius : nec cecidit quisquam post proclamationem:
26. Duces autem Sosii prasdas inhiantes ad domum Dei
depopulandam accurrerunt : at Herodes stans ad portam
strictum habens in manu gladium, prohibuit eos ; misitque
ad Sosium ut compesceret suos, promissa pecunia.
27. Et proclamari mandavit Socius ad suos, ut se con-
finèrent a direptione, et sese continuerunt. Et quœsitum
Antigonum invenerunt, et captus est Antigonus. Post
hase se recepit Sosius in /Egyptum ad Antonium Colle-
gam, secum ducens Antigonum catenis devinctum.
28. Herodes vero misit Antonio munus maximum, atque
pulchrum, rogans ut interimeret Antigonum : et interemit
illum Antonius : fuit autem hoc anno tertio regni Hero-
dis, qui item est annus tertius Antigoni.
et sa valeur en soutenant lui seul tout l'effort de la
bataille.
16. La plus grande partie de l'armée d'Antigor.e périt
en ce jour-là ; Pappus resta lui-même parmi les morts,
et sa tête, ayant été coupée par Phéroras, fut apportée
à Hérode qui lui donna la sépulture.
17. Tous ceux qui restaient de l'armée d'Antigone
ayant été mis en déroute ou faits prisonniers, Hérode
exhorta ses troupes à prendre quelque repos, à manger
et à boire.
18. Pour lui, étant allé à la ville voisine dans le des-
sein de se baigner, il entra sans armes dans un bain ;
trois hommes forts et courageux s'y étaient cachés et
tenaient déjà leurs épées pour !e frapper.
19. Mais ils ne l'eurent pas plus tôt aperçu tout désarmé
qu'il était, que, saisis de frayeur, ils se hâtèrent de sortir
du bain ; ce fut ainsi qu'Hérode échappa de leurs mains.
20. Sosie étant arrivé sur ces entrefaites, ils marchè-
rent ensemble à Jérusalem et l'investirent de tous côtés,
il s'y livra plusieurs combats de part et d'autre.
2i. Antigone tua un grand nombre de gens de Sosie;
mais, malgré ces fréquents avantages, il ne put vaincre
leur opiniâtreté et leur constance.
22. Hérode commençant enfin à devenir le plus fort,
Antigone se sauva, et, étant entré dans Jérusalem, il
ferma les portes sur lui et soutint un long siège contre
Hérode.
2j. Mais il arriva que les sentinelles de la muraille
s'étant une fois endormies pendant la nuit, les soldats
d'Hérode s'en aperçurent ; et aussitôt vingt d'entre eux
prenant des échelles, escaladèrent la muraille et tuèrent
les sentinelles.
24. Hérode suivi des siens gagna promptement la porte
voisine; et l'ayant fait briser, ils entrèrent tous dans
Jérusalem : les Romains, s'en étant rendus maîtres, fai-
saient main basse sur les citoyens. Hérode indigné de ce
cruel spectacle dit à Sosie :
25. Si vous détruisez ainsi mon peuple, sur qui pré-
tendez-vous m'établir roi ? Alors Sosie fit publier par
toute la ville qu'on épargnât les citoyens, et aussitôt le
carnage cessa.
26. Cependant les ofiïciers de Sosie, avides du butin,
accoururent à la maison de Dieu pour la piller; mais
Hérode, se tenant à la porte du temple l'épée à la main,
les empêcha d'avancer et envoya prier Sosie de les faire
retirer, moyennant une somme d'argent qu'il promit.
27. Sosie envoya aussitôt des ordres,' et le temple fut
garanti du pillage. On trouva enfin Antigone et il lut fait
prisonnier; après cela, Sosie retourna en Egypte auprès
d'Antoine, collègue d'Auguste, menant à sa suite Antigone
chargé de chaînes.
28. Hérode envoya à Antoine un présent d'un très
grand prix, le priant en même temps de faire mourrir
Antigone, ce qu'Antoine lui accorda . Ceci se passa la
troisième année du règne d'Hérode, | qui était aussi la
troisième de celui d'Antigone.
CHAPITRE LUI
i. Cognita Herodes casde Antigoni, tutus habebatur,
quin quispiam ex familia Hasmonœi régis cum illo con-
tenderet :
2. Quare operam dédit exaltandi dignitates, benefa-
ciendi, ac prœponendi eos, qui in eum propensi erant
atque obesequebantur.
j. Operam quoque navavit eos interficiendi una cum
familiis, et expilandi pecora, et supellectilia eorum qui
obstiterant ei, auxilia contra illum prasbentes.
4. Et oppressif homines, accipiens eorum facilitâtes,
et spolians universos qui obedientiam Judaaorum ex-
cusserant, et interfecit sibi obsistentes, et bona eorum
diripuit.
5. Convenit quoque cum omnibus ei obsequentibus, ut
pecuniam illi déferrent. Posuit quoque ad portas civita-
tis domus sanctas custodes, qui scrutarentur egredientes,
et acciperent quicquid auri vel argenti cum aliquo inve-
nerint, et ad illum déferrent :
6. Prascepit quoque scrutari feretra mortuorum.et ac-
cipi quidquid pecuniarum astu quis efferre conaretur.
7. Et congessit quantum nullus regum ex regibus do-
mus secundae congesserat.
1. Hérode, ayant appris la mort d'Antigone, ne songea
plus qu'à s'assurer la couronne contre les entreprises que
pouvaient former ceux de la famille du roi Asmonéen.
2. C'est pourquoi il fit tomber les dignités, les bien-
faits et les honneurs sur ceux qu'il savait lui être sincè-
rement attachés.
j. Mais à l'égard des autres qui avaient favorisé ses
ennemis, il les fit mourir avec toute leur famille, et
prit leurs troupeaux et tout ce qu'ils possédaient.
4. Il exerça sur le peuple une horrible tyrannie, s'em-
parant des biens de tous ceux qui avaient secoué la do-
mination des Juifs, et sacrifiant à sa cruauté quelques
autres qui lui faisaient ombrage.
J. Il exigea même de l'argent de ceux qui lui étaient le
plus dévoués. Il mit des gardes aux portes de Jérusa-
lem avec ordre de fouiller tous ceux qui sortiraient de
la ville, et de lui apporter tout ce qu'ils leur trouveraient
d'or ou d'argent.
6. Il fit visiter jusqu'aux tombeaux, et en fit enlever
tout l'argent qu'on y avait caché pour l'emporter hors
de la ville, afin de le dérobera son avidité.
7. Hérode amassa plus de richesses que n'en avait
amassé aucun des rois qui étaient montés sur le trône
d'Israël depuis le second temple.
CHAPITRE LIV
i. Morabatur Hyrcanus, postquam dimiserat illum
rex Persarum in HeraUin, honestissimo statu, et at-so-
lutissimo honore: quamobrem timuit Herodes ne res
aliqua induceret Persarum regem, ut illum in regem
constitutum mitteret in regionem Judas.
2. Quare animum suum quietum reddere volens, ma-
chinatus est pro hsc re, misitque ad regem Persarum
maximum munus, et epistolam, in qua meminit Hyrcani
in se mérita, et bénéficia, etquomodo profectus est Ro-
main causa eorum qua; illi intulerat Antigonus filius fra-
tris illius,
j. Et quod regno potitus, et rébus directis vellet re-
pendere illi pro beneficiis collatis, ut par ipsi erat.
4. Misit itoque rex Persarum legatum ad Hyrcanum
dicens : Si vis reverti in regionem Judas, revertere : sed
moneo ut caveas ab Hérode, et notum tibi facio illum
nequaquam te requirere ut bene tibi faciat,
<,. Verum intendit tutum sese reddere, cum nullus re-
maneat, quem timeat pra.'ter te ; quare cave ab illo dili-
gent'ssime, et ne decipiaris.
6. Convenerunt quoque ad illum Judasi Babylonis, et
dixerunt ei similia his. Rursum aiunt illi: Utique vir se-
nex es, nec aptus ad fungendum sacerdotio propter ma-
culam qua te affecit filius fratris tui ;
7. Herodes vero vir malus est, et sanguinis effusor ;
nec te revocat, nisi quia sibi timet a te : nec indiges apud
nos re aliqua, ut sis, et es apud nos, ut par est.
8. Familia vero tua ibi in optimo est statu ; quare
mane apud nos, nec auxilio sis inimico tuo adversus te
ipsum.
0. At non acquievit Hyrcanus verbis eorum neque
auscultavit admonitiones bene admonentis. Et profectus
est donec pervenit in civilatem sanctam ob maximum de-
siderium, quo affectus erat erga domum Dei, familiam,
et patriam.
10. Cumque prope accessisset ad urbem. occurrit ei
Herodes eo exhibito honore, et magnificentia, ut deci-
peretur Hyrcanus, et sese confideret.
11. Vocabatque illum Herodes in consistorio suo, et
coram suis, patrem : nec tamen machinamenta corde
astruere desistebat, dummodo illi imputari non possent.
12. Quare adeunt Alexandra et Mariamna fît ia ejus
Hyrcanum, incutientes illi timorem Herodis, et persua-
dentes ut sibi caveat : at neque acquievit il lis, neque
fidem adhibuit, etsi iterumatque iterum hoc illi repetunt,
consulentes ei fugam arripere ad aliquem regem ex
regibus Arabum ;
15. His tamen, omnibus non acquiescebat, donec com-
pellentes adegerunt illum repetitis admonitionibus et
terroribus.
14. Scripsit ergo tuncregi illi Arabi epistolam, et accito
viro quodam (cujus Herodes interfecerat fratrem, et
bona proscripserat, multisque affecerat malis).
1$. Indicavit se velle aperire ei arcanum quoddam,
adjurans ne indicaret illud cuiquam, et tradita ipsi pecu-
1. Hyrcan était toujours à Hérac, où le roi de Perse
l'avait envoyé, et il y était traité avec beaucoup d'hon-
neur et de distinction ; c'est pourquoi Hérode, crai-
gnant qu'il ne prît envie au roi de Perse de lui donner le
royaume de Judée, et qu'il ne l'aidât même à en prendre
possession,
2. Songea à se mettre en état de ne rien craindre.
Pour cet effet, il envoya de grands présents au roi de
Perse et lui écrivit une lettre dans laquelle il relevait
tout ce qu'Hyrcan avait fait en sa faveur, et de quelle
manière il avait été à Rome pour lui faire rendre justice
contre Antigone son neveu :
}. Qu'étant enfin paisible possesseur du royaume, il
était bien aise de reconnaître, comme il le devait, des
services si importants.
4. Le roi de Perse ayant reçu cette lettre fit dire à
Hyrcan qu'il pouvait s'en retourner en Judée, s'il le vou-
lait, qu'il l'avertissait cependant de se méfier d'Hérode,
que ce n'était pas pour lui faire du bien que ce prince
le redemandait ;
Ç. Mais pour s'assurer en sa personne de celui seul
qu'il pouvait encore craindre ; ainsi qu'il prît garde de
se laisser surprendre dans le piège qu'on lui tendait.
0. Les Juifs de Babylone vinrent aussi trouver Hyrcan
et lui dirent les mêmes choses: Ni votre grand âge,
ajoutèrent-ils, ni l'outrage que vous a fait le fils de vo-
tre frère, ne vous permettent plus d'exercer les fonctions
du sacerdoce.
t. Hérode est un homme plein de méchanceté et qui
se plaît à répandre le sang; il ne vous rappelle à sa ccur
que parce qu'il vous craint ; et vous savez d'ailleurs que
nous ne vous laissons manquer de rien, que nous vous
rendons tous les honneurs qui vous sont dus,
8. Et que tous les vôtres sont ici dans l'éclat et dans
l'abondance. Demeurez donc avec nous et n'allez point
vous livrer vous-même entre les mains de votre ennemi.
9. Hyrcan rejeta néanmoins des avis si salutaires, et
n'écoutant que le violent désir qu'il avait de revoir la
maison sainte, sa famille et sa patrie, il partit pour se
rendre à Jérusalem.
ro. Lorsqu'il en fut à quelque distance, Hérode vint à
sa rencontre et le reçut avec beaucoup d'honneur et de
magnificence, afin d'attirer sa confiance ;
11. Et pour le mieux tromper, il l'appelait même son
père dans les assemblées et en présence des grands
de sa cour, pendant qu'en secret il songeait à le perdre
aussitôt qu'il pourrait échapper aux soupçons de samort.
12. Alexandre et Mariam ne, sa fille, qui savaient le dessein
d'Hérode, vinrent trouver Hyrcan, et après avoir tâché
de fairenaitre dans son cœur de la défiance pour Hérode,
elles l'engagèrent en vain à se tenir sur ses gardes et le
pressèrent même plusieurs fois de se retirer chez quel-
qu'un des rois arabes.
ij. Mais il resta toujours inébranlable et ne se rendit
enfin qu'après bien des sollicitations et des instances.
14. Hyrcan écrivit donc une lettre à l'un des rois
arabes, et ayant envoyé chercher un homme dont
Hérode avait tué le frère après s'être emparé de son
bien, et lui avait fait mille autres maux,
iç. Il lui dit qu'il avait une chose à lui communiquer ;
mais que le secret devait être inviolable ; et lui donnant
IV.
MACCABEES. — XLIV. - MORT D'HYRCAN
?43
nia, et epistola ad regem Arabum, significavit ei quid in
epistola petebat.
16. Accepta itaque epistola, ratus est legatus se ma-
gnum obtenturum apud Herodem locum, remoturumque
a se malumquod ab illo semper timebat,si rem detulisset,
17. Et id utilius sibi fore occultatione secreti Hyr-
cani : cum nec tutus esset quin res Herodi aliquando
pateret, et sui exterminii causa esset.
18. Detulit ergo epistolam Herodi, et rem totam ape-
ruit, cui ait Herodes : Fer epistolam, uti est, ad regem
Arabum, et refer mihi responsum.ut sciam illud : indica
quoque mihi locum virorum quos mittet rex Arabum, ut
abeat cum illis Hyrcanus.
19. Profectus est autem nuntius, et obtulit epistolam
Hyrcani régi Arabum, qui lœtatus est, misitque viros
ex suis, mandans abire ad locum quemdam prope civi-
tatem sanctam, et ibi morari, donec adventaret ad illos
Hyrcanus : et adventantem Hyrcanum comitarentur
donec ad se perducerent : scripsitque ad Hyrcanum res-
ponsum titierarum ejus, et misit cum nuntio.
20. Profecti itaque viri cum nuntio ad locum statutum
ibique morati sunt : nuntius vero attulit epistolam
Herodi, qui intellexit tenorem illius ; indicavit insuper
locum virorum,
21. Ad quos misit qui eos comprehenderent. Post hase,
accitis de senioribus Judasorum septuaginta senibus,
accito et Hyrcano, qui cum adesset, ait illi :
22. Num inter te et regem Arabum mutua est con-
scriptio ? Et ait Hyrcanus, non. Cui dixit : Num misisti,
ut ad illum confugeres ? Et ait, non.
25. Et prascepit Herodes in médium adesse nuntium
ejus, et Arabes, et equos, protulit quoque responsum
epistolas ejus, et lectum est.
24. Tum praecepit percuti collum Hyrcani, et per-
cussum est collum ejus, nec ausus est quisquam alloqui
pro eo.
25. Jam vero liberaverat Hyrcanus Herodem a ca;de
merito illi décréta in consistorio judicii, praecipiens
consistorium differri in crastinum, dimittens Herodem
noctu.
26. Hinc destinatus est ut illum interficeret, benefi-
ciorum ejus erga se et patrem suum immemor.
27. Interfectus est autem Hyrcanus cum esset octoge-
narius, et regnavh quadraginta annis ; nec fuit quispiam
de regibus Hasmonasorum laudabilioris viaa, nec eo
honestioris vitas.
en même temps une lettre et de l'argent pour le roi des
Arabes, il lui découvrit tout le sujet de la commission dont
il le chargeait.
16. Cet homme ayant reçu la lettre crut qu'il obtien-
drait quelque récompense d'Hérode, ou du moins qu'il
se garantirait des maux qu'il avait toujours lieu d'ap-
préhender de sa part s'il allait lui découvrir la chose ;
17. Et que ce parti lui serait même beaucoup plusavan-
tageux que tout ce qu'il avait à attendre d'Hyrcan,
puisqu'il pouvait arriver que cette affaire vînt aux oreil-
les d'Hérode, et qu'en ce cas sa perte était infaillible,
îK. Il vint donc lui remettre la lettre entre les mains
et lui découvrit tout le secret; Hérode lui dit de porter
cette lettre telle qu'elle était au roi des Arabes, le char-
geant en même temps de lui en rapporter la réponse, et
de s'informer exactement du lieu où les troupes arabes
devaient se trouver pour enlever Hyrcan.
10. Cet homme s'étant donc rendu auprès du roi, lui
présenta la lettre d'Hyrcan. Le prince la reçut avec
beaucoup de satisfaction, et ayant fait appeler quelques-
uns des siens, il leur ordonna de se rendre en un certain
lieu qu'il leur marqua aux environs de Jérusalem et d'y
attendre Hyrcan, afin de lui amener. Il fit aussi une
réponse aux lettres d'Hyrcan et la donna à cet homme.
20. Les gens du roi étant partis arrivèrent enfin au
lieu marqué et y restèrent pendant que le courrier
d'Hyrcan vint apporter à Hérode la réponse du roi, et
lui indiquer l'endroit où étaient les Arabes.
21. Hérode fit partir aussitôt des troupes pour les
arrêter, et, ayant ensuite envoyé chercher Hyrcan, il lui
parla aussi en présence de soixante-dix des plus anciens
Juifs qu'il avait fait assembler.
22. Y a-t-il quelque intelligence entre vous et le roi
des Arabes? Hyrcan répondit que non. Lui avez-vous
envoyé demander une retraite dans ses états? Hyrcan
répondit encore que non.
2j. Alors Hérode fit paraître le courrier qu'il avait
envoyé au roi, aussi bien que les Arabes et les che-
vaux ; il produisit aussi la réponse du roi et on en fit la
lecture.
24. Ensuite il ordonna qu'on coupât la tète à Hyrcan;
ce qui fut exécuté sans que personne osât parler en
faveur de ce prince.
2Ç. Hyrcan avait autrefois garanti Hérode de la mort
à laquelle il avait été justement condamné par un juge-
ment juridique ; en remettant l'assemblée au lendemain,
il l'avait fait sauver pendant la nuit.
26. Hérode était ainsi destiné à être un jour le meur-
trier d'Hyrcan, au mépris des bienfaits que son père et
lui en avaient reçus.
27. Hyrcan fut tué la quatre-vingtième année de son
âge et la quarantième de son règne ; et il n'y eut aucun
des rois Asmonéens dont la conduite fût plus digne de
louange, ni dont les mœurs fussent plus pures.
CHAPITRE LV
i. Erat Aristobulus filius Hyrcani, ejus speciei pul-
chritudinis, et perfectae habitudinis, et intellectus, cui
par sane non habebatur :
2. Erat quoque Manama soror ejus uxor Herodis, si-
milis illi in pulchritudine, erga quam propensus erat
Herodes mirum in modum.
j. Abhorrebat au'.em Herodes constituere Aristobu-
lum in sacerdotem magnum loco Hyrcani patris ejus, ne
propensi in eum Judaei ob amorem patris constituèrent
aliquando in regem,
4. Quare constituit quemdam de turba sacerdotem,
qui non erat de familia Hasmonaeorum, in sacerdotem.
<,. Quod per quam œgre ferens Alexandra mater Aristo-
buli, scripsit Cleopatras, rogans obtinere littcras ab An-
tonio ad Herodem, utamoto sacerdote, quem erexerat,
constitueret Aristobulum filium suum in sacerdotem
magnum pro eo.
6. Et prœstitit Cleopatra, rogavitque Antonium, ut
litteras daret de hac re ad Herodem, et mitteret cum
aliquo pr*:cipuo servorum. Scripsit itaque Antonius lit-
teras, mittens cum Gellio servo suo : et veniens Gellius
ad Herodem obtulit ei litteras Antonii.
7. At Herodes praestare abstinuit quod scripserat An-
tonius, asserens : non esse consuetudinem apud Judaeos,
deponere sacerdotem quempiam de gradu ejus.
8. Accidit vero ut Gellius videret Aristobulum, et de-
miratus est pulchritudinem formas et perfectionem habi-
tudinis quas viderat.
9. Quamobrem depinxit eiïigiem illius similitudinis, et
misit ad Antonium subdita effigiei scriptura, dicens :
haudquaquam homo genuit Aristobulum, sed angélus
congressus cum Alexandra illum ex ipsa genuit.
10. Cum ergo pervenisset effigies ad Antonium, vehe-
mentissimo desiderio conflagravit videndi Aristobulum.
Scripsitque ad Herodem epistolam, commemorans ei
quomodo constituerai illum regem, et adversus hostes
opem tulerat, recensens sua erga illum bénéficia.
11. .Ad hase addidit petens ut mitteret sibi Aristobu-
lum, et minatus est ei pro hac re repetitis verbis. Cum
autem perlata esset epistola Antonii ad Herodem, recu-
savit mittere Aristobulum, sciens quid intendebat Anto-
nius, ac propterea dedignatus est : et festinanter depo-
suit sacerdotem illum quem praefecerat, constituens
Aristobulum in locum ejus.
12. Et scripsit ad Antonium significans ei se jam exe-
cutioni mandasse, antequam perlata esset ejus epistola,
quod scripserat sibi ante de sufficiendo Aristobulo loco
patris ejus.
ij. Quod quidem eo distulerat, quia opportuit rem
cum aliquibus sacerdotibus, et Judœis tractare, aliquo
dierum intervallo, cum esset res praeter consuetudinem :
at re sibi ex sententia succedente, statim praafecit illum.
14. Nec fas esse ipsi jam suffecto, egredi de Jerosoly-
mis, cum non sit rex, sed sacerdos addictus ministerio
templi : et quoties vellet illum cogère ut egrederetur,
recusarent Judaei, nec permutèrent illi, etsi majorem
eorum partem intenmeret.
15. Perveniente ergo epistola Herodis ad Antonium,
destitit petere Aristobulum : et factus est Aristobulus
Sacerdos magnus.
1. Aristobule était fils d'Hyrcan et effaçait tout le
monde par sa beauté, et par mille autres perfections de
l'esprit et du corps.
2. Il avait une sœur nommée Mariamne qui n'était pas
moins belle que lui et qui avait épousé Hérode, dont
elle était éperdument aimée.
j. Cependant Hérode ne voulut point donner à Aris-
tobule la souveraine sacrificature, de peur que les Juifs
ne rappelassent l'attachement qu'ils avaient eu pour le
père de ce prince, et ne vinssent à lui déférer la couronne.
4. C'est pourquoi il éleva à cette dignité un simple
prêtre, qui n'était point de la famille des Asmonéens.
5. Alexandra, mère d'Aristobule, vivement offensée de
cette préférence, écrivit à Cléopâtre et la pria d'engager
Antoine à demander à Hérode la souveraine sacrificature
pour son fils, à l'exclusion de celui que ce prince en
avait déjà revêtu.
6. Cléopâtre pria Antoine d'écrire une lettre à Hérode
sur ce sujet, et de la lui envoyer par un de ses prin-
cipaux officiers. Gellius eut ordre de partir prompte-
ment, et, étant arrivé à la cour d'Hérode, il lui présenta
les lettres d'Antoine.
7. Hérode refusa d'abord d'exécuter ce qu'on lui de-
mandait, protestant que le moindre de leurs prêtres ne
pouvait être déposé du souverain sacerdoce quand une
fois on l'y avait élevé.
0. Cependant Gellius ayant vu Aristobule fut frappé de
sa beauté et des grâces qui éclataient dans toute sa per-
sonne.
9. Et sur le champ il fit faire un portrait de ce prince
et l'envoya à Antoine, avec cette inscription qu'il mit
au bas : Ce n'est point un homme qui est le père d'Aris-
tobule, mais un ange qui l'a eu d'Alexandra.
10. Antoine n'eut pas plus tôt vu ce portrait qu'il se
sentit enflammé d'un violent désir de voir Aristobule ;
il écrivit donc aussitôt une lettre à Hérode, dans laquelle
il lui rappelait le souvenir de tout ce qu'il avait fait
pour l'élever sur le trône et l'y maintenir contre les en-
treprises de ses ennemis.
11. Il le priait ensuite de lui envoyer Aristobule, et
lui faisait même plusieurs menaces en cas de refus.
Hérode, ayant reçu la lettre d'Antoine, eut horreur
d'exécuter ce qu'il lui demandait, sachant bien quel était
son dessein, et sur le champ il ôta la souveraine sacri-
ficature au prêtre qu'il en avait revêtu et la donna à
Aristobule.
12. Il écrivit ensuite à Antoine, qu'avant qu'il eût reçu
sa seconde lettre il avait déjà disposé du souverain sa-
cerdoce en faveur d'Aristobule, comme il l'avait sou-
haité d'abord.
1;. Qu'il n'avait différé d'exécuter ses ordres que parce
que l'affaire devait être communiquée à quelques prê-
tres et à quelques autres Juifs en raison de sa nou-
veauté ; mais que tout ayant réussi selon ses désirs, il avait
enfin nommé Aristobule à la dignité de grand prêtre.
14. Qu'à présent Aristobule ne pouvait plus sortir de
Jérusalem, puisqu'il n'était point roi, mais grand prêtre,
et en cette qualité attaché au ministère du temple ; et
quand même il voudrait le contraindre d'aller à Rome,
les Juifs soulfriraient la mort plutôt que de le permettre.
15. Antoine ayant reçu la lettre d'Hérode ne fit plus
d'instance pour obtenir Aristobule, et celui-ci jouit pai-
siblement de sa nouvelle dignité.
ÏV.
MACCABEES. — LV. - MORT D'ARISTOBULE
!4)
iO. Tuin adfît solemnitas tabernaculorum, et congre-
gati homines ad domum Dei, viderunt Aristobulum ves-
tibus sacerdotalibus indutum, stantem ad altare, et au-
dierunt eum sibi benedicentem,
17. Et placuit hominibus adeo, ut mirum in raodura in
illum suam ostcntarent propensioncm.
18. Quod quidem plene recognoscens Herodes con-
tristatus est, et timuit ne rébus Aristobuli robur acci-
pientibus, requireret ab illo regnum, si in longius protra-
herentur dies ejus :
19. Quare casdem illius machinati crepit. Erat autem
regibus in more positum, egredi post solemnitatem ta-
bernaculorum ad loca quasdam voluptatis in Jéricho,
quas fecerant priores reges :
20. Et sunt horti multipliées sibi contigui, in quibus
erant piscinas aquarum latas, ac profundœ, ad quas con-
duxerant aquas, et pulchra construxerant prseterea in
illis hortis : construxerant prœterea in Jéricho pulchra
palatia et asdificia speciosa.
ai. Refert autem auctor libri, arbores balsami copiosas
provenisse in Jéricho, etnullibi fuisse nisi in ea, et reges
multos translulisse ex illis in suam regionem,
22. At nullaî creverunt, nisi quœ in yEgyptum fuerunt
translatas, nec defecisse ex Jéricho, nisi destructa domo
secunda, tune enim aruerunt, nec germinarunt posthac.
2j. Egressus est itaque Herodes ad Jéricho volupta-
tatem venans,quem secutus est Aristobulus. Quibus per-
venientibus Jéricho, mandavit Herodes famulis quibus-
dam, ut descendentes in piscinas luderent juxta morem :
24. Quod si vero descenderit ad eos Aristobulus, lu-
dant cum eo tempus aliquod, tum mergant illum. Sedit
autem Herodes in triclinio, quod sibi constituerai ad se-
dendum : et accitum Herodes Aristobulum, ad latus se-
dere fecit :
25. Sederunt quoque, et principes puerorum et ami-
corum ejus coram eo, afferrique jussit cibos, et potum,
et comederunt et biberunt, et lastati sunt,
2b. Et properarunt pueri ad aquas secundum morem,
et luserunt. Et peroptavit Aristobulus descendere cum
eis ad aquas, prœvalente eis potu : pro qua re facultafem
petiit ab Herode, cui respondit: Hoc neque tibi con-
venu, nec decet tui similem :
27. Ultro vero instantem hortabatur, et prohibebat :
at cum iterasset illi sermonem Aristobulus, ait illi : Fac
ut tibi lubet. Inde surgens Herodes petit quoddam pa-
latium, ut cubaret ibi.
28. Et descendit Aristobulus ad aquas, lusitque diu
cum pueris : qui cum cognovissent, quod jam lassus, at-
que defatigatus ascendere vellet, merserunt illum, inter-
fecerunt et extulerunt inde mortuum :
29. Invaluitque tumultus hominum, et clamor, atque
fletus elatus est. Et accurrens Herodes, egressus est ad
videndum quid acciderat : qui cum vidisset Aristobulum
mortuum, miseratus est ejus, et flevit super eum tenerri-
me fletu vehementissimo.
50. Tum jussit deportari in civitatem sanctam, et co-
mitatus est eum, donec venit in civitatem, coegitque ho-
mines adesse funeri illius, nec quicquam summi honoris
prsetermisit, quod ei non prasstiterit. Obiit autem cum
esset filius sexdecim annorum, et fuit pontificatus ejus
paucorum dierum.
16. La fête des Tabernacles arriva et les Juifs s'étaient
assemblés dans le temple du Seigneur, quand ils virent
Aristobule, se tenant debout à l'autel et revêtu des or-
nements sacrés, et qu'ils lui entendirent prononcer les
bénédictions sur le peuple ;
17. Ils furent tellement charmés, qu'ils ne purent s'em-
pêcher de faire connaître le penchant qu'ils avaient
pour ce prince.
18. Hérode s'en étant aperçu en fut très consterné,
et, craignant qu'Aristobule ne se mît en état de lui rede-
mander la couronne s'il lui en donnait le temps,
19. Il songea dès ce moment à s'en défaire. Les rois
des Juifs avaient coutume d'aller, après les fêtes des Ta-
bernacles, à certaines maisons de plaisance qu'ils avaient
à Jéricho, et qui étaient l'ouvrage des rois leurs prédé-
cesseurs.
20. C'étaient plusieurs jardins qui se tenaient ensemble
et où l'on avait creusé de vastes et profondes piscines
toutes remplies d'eau. On y avait bâti de belles mai-
sons, et Jéricho était elle-même ornée de palais et
d'édifices somptueux.
si. L'auteur du livre rapporte qu'il y avait beaucoup
d'arbres balsamiques à Jéricho, et qu'il n'en croissait pas
ailleurs, et que plusieurs rois en avaient transplantés
dans leur pays,
22. Mais qu'ils étaient tous morts, excepté ceux qui
avaient été transportés en Egypte, et que ceux de Jéri-
cho s'étaient toujours conservés jusqu'à la destruction
du second temple ; car alors ils séchèrent et ne poussè-
rent plus depuis ce temps-là.
2j. Hérode partit donc pour Jéricho, 'et Aristobule l'y
accompagna ; lorsqu'ils y furent arrivés, Hérode ordonna
à quelques uns de ses serviteurs d'aller se divertir à
l'ordinaire sur les piscines,
24. Et en cas qu'Aristobule y descendit, de s'y réjouir
quelque temps avec lui et de le noyer ensuite. Hérode
cependant s'assit dans un lieu qu'il avait fait préparer à
ce dessein : il fit mettre Aristobule auprès de lui.
25. Et les principaux de ses serviteurs et de ses amis
s'assirent aussi en sa présence. Le roi ayant fait appor-
ter des viandes, ils se livrèrent à tous les plaisirs de la
table ;
26. Et ensuite les serviteurs du roi coururent aux pis-
cines et y prirent les exercices ordinaires. Aristobule,
après qu'ils eurent bien bu, voulut aller se réjouir avec
eux, et en demanda la permission à Hérode, qui lui ré-
pondit que cela ne convenait nullement à une personne
de son rang et de son caractère,
27. Et l'empêcha même d'abord malgré tout ce qu'il
put lui dire pour l'obtenir ; mais, cédant enfin à ses vives
instances, il lui dit qu'il pouvait faire ce qu'il lui plai-
rait, et, se levant aussitôt, il passa dans un de ses ap-
partements pour s'y reposer.
28. Et Aristobule descendit aux piscines et s'y divertit
longtemps avec les autres. Cependant les serviteurs du
roi s'étant aperçus qu'il était déjà las et fatigué, et qu'il
songeait à se retirer, ils le plongèrent dans l'eau et l'en
retirèrent mort.
29. Dans le moment, il s'excita parmi le peuple un
grand tumulte accompagné de cris et de pleurs ; Hérode
accourut lui-même pour voir ce qui était arrivé, et ayant
trouvé Aristobule en cet état, il déplora son sort, en
parut atl:n.!ri, et versa sur son corps des torrents de
larmes.
;o. Ensuite il le fit porter à la ville Sainte où il l'ac-
compagna. Il ordonna que tout le monde se trouvât à ses
funérailles, et n'épargna rien pour en relever la pompe.
Aristobule mourut à l'âge de seize ans, après un pontifi-
cat de quelques jours.
J46 IV. - MACCABÉES. — LV. - MARIAMNE
?I. Quamobrem creverunt inimicitiae inter Alexandram ji. Depuis ce temps là les inimitiés s'augmentèrent en-
matrem ejus, et filiam ejus Mariama uxorem Herodis, et tre Alexandra, mère d'Axistobule, et Mariamne sa fille
inter matrem Herodis et sororem ejus. et femme d'Hérode, d'une part, et lanière etla sœur de
ce prince, de l'autre.
?2. Nota autem erant maledicta et opprobria quae Ma- J2. Les injures et»les opprobres que Mariamne répan-
riama in eas congerebat, quae quidem, licet ad Herodem dait contre ces princesses n'étaient que trop publi-
pervenirent, non prohibebat eam, neque reprehendebat, ques, et quoique Hérode en fût lui même instruit il les
pras nimio illius erga eam amore ; souffrit néanmoins, et ne songea pas à en arrêter le
cours à cause de la passion violente qu'il avait pour sa
femme.
j ;. Timebat insuper ne animo conciperet, illum erga ;j- 11 craignait même outre cela que Mariamne ne
eas esse propensum : hinc perduraverunt hase inter has s'imaginât qu'il eût quelque penchant pour ces princes-
mulieres. ses, et c'est ce qui nourrit si longtemps ces mésintelli-
gences entre elles.
?4. Ccepitque soror Herodis (maxima quippe maligni- j4. La sœur d'Hérode qui possédait à un souverain
tate et vehementi fraude prœdita erat) machinari contra degré la malignité et la fourberie, commença à tramer
Mariama. contre Mariamne.
?5. Mariama vero religiosa erat, pura, pudica, atque }$. Quant à Mariamne, c'était une princesse religieu-
honesta ; verum tangebatur aliquantulum superbia, fastu, se, chaste, vertueuse, et d'une conduite irréprochable,
et odio erga maritum. niais un peu vaine, pleins de hauteur et désaffectionnée
contre son mari.
CHAPITRE LVI
i. Erat Cleopatra regina ^Egypti uxor Antonii : eosque
adinveniebat ornandi modos, rationesque fucandi, quib'js
homines pellicere feminaî assolent, quales femina ulla
in orbe adinvenit ;
2, lia quidem, ut cum esset mulier astate provecta,
virguncula puella videretur, immo delicatior, et pul-
chrior.
j. Nactusque est in ea Antonius eos pulchritudinum
modos, et rationes voluptates conciliantes, quales mini-
me nactus fuit in multiplici mulierum numéro, quibus
fruebatur.
4. Quare adeo potita est corde Antonii, ut nullus su-
perfuerit in eo locus alieni amoris. Induxit ergo illum ad
expugnandos reges quosdam Romanorum subditos, pri-
vatis suadentibus rationibus ;
5. Qui morem gessit ei in his, occidens quosdam reges
ipsa suadente, quosdam vero superstites reliquit, eadem
prascipiente, constituens eos in famulos, et servos illi.
6. Et perlatum est id Augusto, qui scripsit ei, detestans
ha?c ac prohibens, ne similia rursum perpetrarel.
7. Indicavitque Antonius Cleopatrae quod scripserat
sibi Augustus ; quas deficere ab Augusto consilium illi
dédit, remque reddidit ei perfacilem,
8. Cujus sententiae morem gerens, palam prasvaricatus
est in Augustum, coegitque exercitus, et apparatus, ut
pergeret per mare Antiochiam indeque pergeret per
terram ad occurendum Augusto, ubicumque casus sese
obtulerit.
9. Accivitque Herodem, ut secum proficisceretur, et
profectus est ad illum Herodes, cum validissimo exercitu,
absolutoque apparatu,
10. Qui cum pervenisset ad illum, ait ei Antonius :
Recta ratio suadet, ut expeditionem faciamus in Arabes,
et congrediamur cum illis : nam nequaquam tuti sumus,
quin irrumpant in Judasos, et regioni ^Egypti, quoties
terga eis verterimus.
1 1. Et profectus est Antonius per mare : Herodes vero
expeditionem fecit in Arabes : misitque Cleopatra ducem
nomine Athenionem cum exercitu magno ad opem feren-
dam Herodi in debellandis Arabibus : mandavitque ei ut
constitueret Herodem, et viros ejus in prima belli acie,
et statueret cum rege Arabum, ut concludentes simul
Herodem et viros ejus exterminarent.
12. Eam autem ad id induxerat cupido obtinendi quod
Herodes possidebat : Alexandra quoque ïampridem roga-
verat eam ut induceret Antonium ad occidendum Hero-
dem, quod quidem prœstiterat : at id perpetrare Antonius
renuit.
ij. Ad haec accessit quod Cleopatra jam appetiverat
Herodem et concubitum illius poposcerat aliquando,
qui sese continuit, quoniam pudicus erat ; et has quidem
sunt causae quae illam induxerant ad praestandum hase.
14. Perveniens ergo Athenio ad Herodem, juxta man-
datum Cleopatra? misitad statuendum cum rege Arabum,
ut illum concluderet. Occurrentibus autem Herode et
suis Arabibus, et bellum committentibus, aggressus est
Athenio, et viri ejus Herodem, qui inclusus est inter utrum-
que exercitum,et ingruitpugna contra eumanteet rétro.
1. Cléopâtre, reine d'Egypte, était femme d'Antoine ;
cette princesse entendait mieux que personne l'art des
parures, et tous les artifices que les femmes ont coutume
d'employer pour se faire aimer des hommes;
2. En sorte que, dans un âge avancé, elle paraissait
néanmoins telle qu'elle avait été dans sa première jeu-
nesse, et même encore plus belle et plus gracieuse.
;. Antoine trouvait en elle plus d'attrait et de charmes,
qu'il n'en eût pu trouver dans le grand nombre de fem-
mes qui servaient à ses plaisirs.
4. C'est pourquoi il lui livra tellement son cœur, qu'il
n'y restait plus de place à une nouvelle passion. Cette
reine l'ayant engagé, par des intérêts particuliers, à la dé-
faire de quelques rois qui relevaient de l'empire Romain,
5. Antoine marcha contre eux, en tua quelques-uns
dont elle lui demanda la mort, et en réserva d'autres
qu'elle voulait mettre au rang de ses esclaves et de ses
serviteurs.
6. Ces choses vinrent jusqu'aux oreilles d'Auguste, qui
en écrivit à Antoine, lui marquant à quel point il détes-
tait ces excès, et l'avertissant de prendre garde qu'il
arrivât rien de semblable dans la suite.
7. Antoine ayant fait voir à Cléopâtre ce qu'Auguste
lui mandait, elle lui conseilla de se tirer de servitude,
et lui aplanit même toutes les difficultés que cette entre-
prise pouvait avoir.
8. Antoine, cédant à ses conseils, se déclara ouverte-
ment, assembla dis troupes, et se disposa à se rendre
par mer à Antioche, pour s'avancer de là par terre et
marcher contre Auguste en quelque endroit qu'il fût.
9. Il sollicita Hérode de l'accompagner dans cette
expédition, et ce prince partit aussitôt à la tête d'une
armée nombreuse, et pourvue de toutes les choses
nécessaires.
10. Lorsqu'Hérode l'eut joint, Antoine lui dit : La pre-
mière chose que nous avons à faire est d'attaquer les
Arabes, et de nous assurer de ces peuples, car nous ne
pourrions autrement les empêcher d'entrer en Judée et
en Egypte, dès que nous aurions quitté ces provinces.
11. Antoine s'embarqua, et Hérode marcha contre les
Arabes. Aussitôt Cléopâtre lui envoya une puissante
armée, sous la conduite d'un général nommé Athénion,
à qui elle ordonna de mettre Hérode au front de la
bataille, et de convenir avec le roi des Arabes de l'enve-
lopper de concert, et de l'exterminer lui et tous les siens.
12. Cléopâtre espérait par là se rendre maîtresse des
états d'Hérode, et d'ailleurs Alexandra la sollicitait
depuis longtemps de porter Antoine à faire mourir ce
prince ; mais Antoine n'y avait jamais voulu consentir.
1?. Cléopâtre, outre cela, avait voulu autrefois inspirer
de la passion à Hérode ; mais comme il était chaste, il
avait toujours rejeté les avances de cette reine, et ce
furent-là les raisons qui lui firent prendre alors ce parti.
14. Athénion n'eut pas plus tôt joint Hérode, qu'il
envoya traiter avec le roi des Arabes selon les ordres
qu'il avait reçus de Cléopâtre. Les Arabes ayant livré le
combat, Athénion se tourna contre Hérode qui se trouva
tout d'un coup entre deux armées ennemies, en sorte
qu'il eut à combattre en même temps et devant et derrière.
?48
IV. — MACCABEES.
LVI. - VALEUR D'HÉRODE
IÇ. Videns autem Herodes quod acciderat, collegit
suos, et pugnavit accerrime donec evaserunt utruitique
exercitum, maximum post laborcm, et reversus est in
domum sanctam.
16. Et accidit terrae motus magnus in regione Judas,
qualis non accidit a tempore Harbœ régis, quo periit
multitudo magna hominum, etanimalium.
17. Et perterruit hoc Herodem, ac timorem illi valde
incussit, fregitque animum illius. Inivit ergo consilium
cum senioribus Judœ de concordia ineunda cum omnibus
gentibus, quaî in circuitu eorum erant, intendens pacem,
et tranquillitatem, et remotionem beliorum, ac sanguinis
effusionis.
18. Misit itaque legatos de his ad gentes, quaî omnes
amplexatœ sunt pacem, ad quam eas invitaverat, excepto
Arabum rege, qui jussit occidi legatos, quos miserat ad
illum Herodes,
19. Arbitratus namque est, Herodem id fecisse ob
deperditos viros suos in terras motu, ac propterea debi-
litatem, conversum esse ad pacem ineundam.
20. Quare decrevit bellum inire cum Herode, coacto-
que magno, ac copiosissimo exercitu, profectus est ad
eum. Et perlatum est id Herodi, et contristatus est valde
duabus de causis, una propter necem legatorum suorum
quod nullus regum hactenus perpetraverat :
21. Altéra quoniam ausus est contra illum, concipiens
animo illius infirmitatem et virorum paucitaiem.
22. Voluit autem ,'ostendere rem aliter se habere, ut
cognoscerent omnes ad quos legatos miserat de ineunda
pace illum id nequaquam prœstitisse ob tùnorem aliquem,
aut debilitatem.
2j.Sed beneficiorum atque boni desiderio, ne quispiam
auderet in Judœos, aut infirmitatem animo versaret.
24. Voluit prœterea vindictam sumere suorum lega-
torum de rege Arabum ; decrevit propterea festinanter
expeditionem contra illum. Coegit ergo homines de
regione Judœ, et ait illis ;
25. Jam scitis illatam ab Arabe isto nostris legatis
cœdem, quod nullus regum hactenus perpetravit :
26. Existimat enim nos infirmatos esse, atque impo-
tentes effectos, aususque est nos impetere, oinniaque
sua optata de nobis seconsecuturum putat : nec desistet
quidem nobis bellajugiter inferre.
27. Quare obtendendum voDis est in ardua, ut ves-
tram palam faciatis fortitudinem, et subju^etis hostes
vestros, et prœdas eorum referatis; quanquam res ali-
quando secunda, aliquando vero adversa sese nobis
exhibuerit, secundum mundi hujus morem et solitas vi-
cissitudines.
28. Profecto expeditio vobis modo facienda est ad
sumendam oppressorum istorum vindictam, et compes-
cendam audaciam cunctorum, qui vos floccifaciunt.
29. Si vero dixentis : Terras motus hic infirmavit corda
nostra,et multitudinem plurimam ex nobis perdidit; scitis
profecto quod nullum ex bellatoribus viris exterminavit,
sed quosdam alios.
30. Nec a ratione distare existimandum nobis est, eum
perdidisse pessimos gentis, optimos vero superstites
reliquisse. Haud dubium quoque est, hune meliora red-
didisse corda vestra, et conscientias vestras.
51. Partes autem illius, quem exemit Deus a perdi-
tione, et ab exterminio li'oeravit, exigunt ut ei obediat,
faciatque quod bonum ac rectum est.
5:. Et quidem nulla obedientia honoratior, aut glo-
riosior est, quam repetere jus oppressi ab oppressore,
et hostes Dei, ac religionis ejus, et gentis debellare,
15. Hérode, dans cette extrémité, rassembla ses trou-
pes, se battit avec une valeur extrême, et, après une
longue résistance, il se fit jour à travers les deux armées
et revint à la ville Sainte.
16. En ce temps là, il y eut en Judée un grand tremble-
ment de terre dans lequel périt un grand nombre
d'hommes et d'animaux, et il n'en était point arrivé de
semblable depuis le roi Harbas.
17. Hérode en fut fort effrayé, et, dans le trouble où
cet événement l'avait jeté, il proposa aux anciens de
Juda d'offrir la paix aux nations voisines, afin de rétablir
partout le bonheur et la tranquillité, en arrêtant le cours
de la guerre et des meurtres.
18. Dans cette vue, il envoya des ambassadeurs à ces
nations qui acceptèrent toutes la paix qu'on leur offrait
à la réserve du roi des Arabes, qui fit mourir les ambas-
sadeurs qu'Hérode lui avait envoyés,
19. S'imaginant que ce prince ne voulait la paix que
parce qu'il n'était plus en état de soutenir la guerre,
après avoir perdu une grande partie de ses sujets dans
un tremblement de terre :
20. C'est pourquoi il résolut de lui faire la guerre, et
marcha contre lui avec une armée formidable. Hérode,
ayant appris ces nouvelles, fut extrêmement affligé que,
contre un droit qu'aucun roi n'avait encore violé, l'on
eût mis à mort ses ambassadeurs,
21. Et que, sur une fausse assurance de sa faiblesse et
du petit nombre de ses forces, le roi des Arabes eût osé
former le dessein de lui faire la guerre.
22. Il voulut donc effacer ces préventions, et faire con-
naître à tous les peuples à qui il avait fait offrir la paix,
que, s'il la recherchait, ce n'était point qu'il fût frappé de
quelque crainte ou qu'il manquât de soldats ;
2;. Qu'il n'avait d'autre vue que celle de leur procurer
du bien : Il le fit afin qu'aucun d'eux n'osât prendre les
armes contre les Juifs, dans l'espérance qu'ils ne seraient
point en état de leur résister.
24. Il songea, outre cela, à venger la mort de ses
ambassadeurs, et résolut de marcher promptement contre
le roi des Arabes. Il assembla donc les peuples de Judée,
et leur parla en ces termes :
25. Vous savez de quelle manière le roi des Arabes a
fait mourir nos ambassadeurs, en violant les droits que
tous les rois avaient jusque là respectés.
26 II se persuade que nous sommes affaiblis, et hors
d'élat de lui résister : il a osé nous attaquer, et ne ces-
sera de nous faire la guerre qu'il n'ait remporté sur nous
les avantages dont il se flatte.
27. C'est pourquoi il faut tout entreprendre, et signaler
votre valeur à triompher de vos ennemis, et à vous en-
richir de leurs dépouilles, quoique, selon les vie issitudes
ordinaires, nous ayons éprouvé tour à tour la bonne et
la mauvaise fortune.
28. Il s'agit donc maintenant de venger la mort de nos
ambassadeurs, et d'aller réprimer l'audace de ceux qui
nous traitent avec mépris.
;9. Si cependant vous alléguez que ce dernier tremble-
ment de terre vous a ôté le courage en vous enlevant
un grand nombre de vos frères, sachez qu'aucun de nos
hommes de guerre n'y a péri.
;o. Et d'ailleurs, n'avons-nous pas lieu de croire qu'en
abîmant les plus méchants de la na'ion, il a épargné les
gens de bien, et qu'il vous a portés à purifier de plus en
plus vos cœurs et vos consciences.
ji. Ainsi, il est juste que ceux que Dieu a garantis du
péril et de la mort lui obéissent, en pratiquant le bien
et la justice :
32. Et certes, l'obéissance la plus éclatante et la plus
glorieuse est de prendre en main la défense des oppri-
més et de soumettre les ennemis de Dieu, de sa religion
IV.
MACCABEES. — LVI. - SES VICTOIRES SUR LES ARABES
349
opem ferendo iis, qui obedientiam atque obsequium illi
exhibent.
;j. Nec vos latet, quid nobis jam accidit cum Arabibus
istis, quando nos incluserant cum Athenione, et quomodo
Deus optimus maximus opitulatus nobis est contra eos,
nosque ab eis eripuit.
J4. Timetc itaque Deum, sequentes antiquum morem
vestrum, prœdecessorumque vestrorum laudabilem mo-
rem, et expedite vos contra hostem hune antequam sese
expédiât contra vos, et prœveniat : et Deus suppedi-
tabit vobis auxilium, et opem contra inimicum vestrum.
?). Audita itaque Herodis oratione, responderunt
homines se ad expeditionem paratos esse, nec remoratu-
ros.
j6. Et gratias egit Deo et illis pro re, prcecepitque
mulla offerri sacrificia : item exercitum cogi mandavit,
et coacta est multitudo magna de tribu Judse, et Benja-
min.
??. Et profectus ad regem Arabum, occurrit illi Hero-
des, invaluitque pugna inter eos, interlectisde Arabibus
quinque milhbus virorum.
38. Rursus commissum est praîiium, et cassa de Arabi-
bus quatuor millia : quare reversi sunt Arabes ad sua
castra, moratique sunt ibi, nec potuit contra eos I lerodes
quicquam ; quippe munitus erat locus :
59. Verum perstitit cum exercitu suo, obsidens eos
eodem in loco, atque exire prohibens. Et manserunt in
hoc statu quinque dies, invasitque eos vehementissima
sitis : miserunt ergo ad Herodem legatos cum pretiosis-
simo munere, rogantes inducias, et facultatem hauriendi
aquas ad bibendum :
40. Verum nequaquam illis acquievit, sed eodem in
furore perstitit. Tune ergo dixerunt Arabes : Egrediamur
adgentemjnam aut vincere, aut mori, conducibilius
nobis est quam periresiti.
41. Et egressi sunt ad eos, quos superantes Hero-
diani, interfecerunt ex illis novem millia virorum, et
fugientes Arabes secutus est Herodes cum suis, inter-
empta multitudine plurima : et obsedit eorum civlta-
tes, atque expugnavit.
42. Quamobrem petunt sibi securitatem prœstita ei
obedientia ; quibus acquiescens recessit ab eis, et rever-
sus est in domem sanctam.
4;. Arabes quidem memorati in hoc libro sunt Arabes,
qui habitabant a regione Sarah usque ad Hegiaz, et adja-
cer.tia ; erantque magnae famœ, et multitudinis.
et de son peuple, en secourant ceux qui lui rendent un
culte plein de soumission.
J2. Et vous n'ignore/ pas ce qui nous est déjà arrivé à
l'égard des Arabes, lorsque, de concert avec Athénion,
ils nous avaient enveloppés de leurs troupes, et comment
le Dieu très bon nous tira de leurs mains par son secours
tout puissant.
i4. Craignez donc le Seigneur, comme vous l'avez
toujours craint à l'exemple de vos pères; armez-vous
contre l'ennemi avant qu'il ait eu le temps de former des
desseins contre vous, prévenez-le, et Dieu vous en fera
triompher par la protection qu'il vous accordera.
;;. Quand Hérode eut cessé de parler, ils répon-
dirent tous qu'ils étaient prêts à marcher à l'ennemi, et
que rien ne retarderait en eux l'ardeur de combattre.
;6. Après avoir rendu grâces à Dieu, et les avoir
remerciés de leur bonne volonté, Hérode ordonna qu'on
oïl'rit plusieurs sacrifices : il fit faire en même temps des
levées de soldats, et il s'en trouva un grand nombre
dans les tribus de Judaet de Benjamin.
37. S'étant aussitôt avancé vers le roi des Arabes, il
lui livra bataille; l'on se battit vivement de part et
d'autre, et les Arabes y perdirent cinq mille des leurs.
38. 11 y eut un second combat où ils en perdirent
encore quatre mille ; c'est pourquoi ils rentrèrent dans
leur camp et s'y tinrent renfermés sans qu'Hérode
pût rien entreprendre contre eux à cause de la nature
du lieu.
59. Cependant il investit leur camp avec toute son
armée et leur ôta la liberté d'en sertir; il y avait cinq
jours qu'ils étaient en cet état, lorsque, pressés d'une
soif très violente, ils envoyèrent des ambassadeurs à
Hérode avec de riches présents, le conjurant de leur
accorder quelque trêve et la liberté d'aller puiser de
l'eau pour éteindre l'ardeur de leur soif.
40. Mais Hérode, sans rien relâcher de sa colère,
n'écouta point leurs prières ; alors les Arabes se dirent
l'un à l'autre : Allons nous faire jour à travers les enne-
mis ; car il vaut beaucoup mieux s'exposer à vaincre ou
à mourir que de périr ici par la soif.
41. Ils sortirent aussitôt de leur camp, et furent vain-
cus par les Juifs, qui en tuèrent neuf mille. Hérode
poursuivit ensuite les fuyards, en fit un grand carnage, il
assiégea les villes des Arabes et s'en rendit maître.
42. Et, après leur avoir accordé la sûreté qu'ils lui
demandèrent avec toute sorte de soumission, il les quitta
et revint à Jérusalem.
4J. Or les Arabes dont il est parlé dans ce livre sont
ceux qui habitaient depuis Sarah, jusqu'à Hégiaz (Hedjaz)
et auxenvirons, etils étaient célèbres,et engrand nombre.
CHAPITRE LVII
i. Cum profectus esset Antonius ex >*£gypto in regio-
nem Romanorum, et occurrisset Augusto, commissa
sunt inter eos maxima prœlia, in quibus victoria cessit
Augusto, et periit Antonius in bello ; obtinuitque Augus-
tus castra illius, et quicquid in eis erat.
2. Hisperactis, perrexit in Rhodum, ut ex inde con-
scenso mari, proficisceretur in /Egyplum. Et perlatum
est nuntium Herodi, anxiatusque est valde de interitu
Antonii, et timuit Augustum timoré vehementissimo, de-
crevitque adiré illum salutaturus, atque gratulaturus.
î. Quare misit matrem suam, et sororem cum fratre
suo ad arcem, quam habebat in monte Sarah ;
4. Misit quoque uxorem suam Mariamam, et matrem
ejus Alexandram cum Joseplio Tyrio in Alexandrium,
adjurans eum occidere uxorem et matrem illius, quoties
nuntiatus illi fuerit ejus obitus.
<,. Post hase adiit cum pretiosissimo munere Augustum.
Jam autem decreverat Augustus occidere Herodem,
quod fuisset amicus Antonii, et fautor illius, quod et
jam deliberasset proficisci cum i 11 o contra Augustum.
6. Cum ergo nuntiatus esset Augusto adventus Hero-
dis, eum coram adesse mandavit cum regio habitu, quem
habebat, excepto diademate, deponendum namque e
capite jusserat.
7. Qui cum coram eo adstitisset,deposito e capite dia-
demate, ut praeceperat Augustus, ait : O rex, forte ob
amorem meum erga Antonium excanduisti adversus me,
ut deponeres diadema a capite meo, an alia de causa ?
8. Quando quidem si excandescis adversus me, obse-
quii mei causa erga Antonium, vere inquam, illi obse-
quebar, quoniam benemeritus est de me, et imposuit
capiti meo diadema quod tu deposuisli a me.
9. Et quidem imploraverat opem meam contra te
quam exhibui ei, quemadmodum exhibuit et ipse mini
pluries opem suam; at mihi non contigit adfuisse prœlio,
quod in te commisit, nec strinxi gladium meum contra
te, neque conflixi : quod sane in causa fuit mea occu-
patio in debellandis Arabibus.
10. Attamen haudquaquain prœtermisi, quin illi suppe-
ditassem opem virorum, et armorum, et commeatuum,
prout exigebar.t ejus amicitia, et mérita erga me.
11. Et profecto mœreo me illum deseruissse, ne con-
ciperent homines me dereliquisse amicum cum mei indi-
geret.
ir. Equidem si cum illo fuissem, pro viribus illi opem
tulissem, et animos addidissem si timuisset, et corrobo-
rassem si infirmatus fuisset, et élevassent si cecidisset,
donec sanxisset Deus qua2 sibi placuissent.
Ij; Et sane hoc mihi levius fuisset, quam ut concipe-
retur, me defuisse illi, qui meam imploraverat opem, in-
deque fiet, ut Mocci haberetur mea amicitia.
14. Mea quidem sententia suo ipsius periit malo con-
silio, acquiescendo Cleopalrœ magae, quam, consule-
rain ei, ut occideret, et amoveret a se malitiam ejus ;
verum non acquievit.
1. Antoine étant passé d'Egypte en Italie marcha à la
rencontre d'Auguste, et il y eut entre eux des combats
sanglants, Antoine y laissa sa vie; et Auguste, étant en-
tré victorieux dans le camp ennemi, se rendit maître de
tout ce qui y était.
2. Il vint ensuite à Rhodes dans le dessein de passer
la mer et d'aller en Egypte. Hérode, ayant appris la mort
d'Antoine, en fut extrêmement troublé, et, craignant le
ressentiment d'Auguste, il résolut de venir trouver ce
prince, pour le saluer et le féliciter de sa victoire.
5. Dans cette vue, il envoya sa mère et sa sœur sous
la conduite de son frère, dans la forteresse qu'il avait
sur le mont Sarah ;
4. Et chargea Josèphe leTyrien de conduire à Alexan-
drie Mariamne sa femme, et Alexandra la mère de cette
princesse, le conjurant en même temps de les tuer toutes
deux aussitôt qu'il aurait appris sa mort.
5. Hérode partit ensuite avec de riches présents et se
rendit auprès d'Auguste, qui avait déjà pris la résolution
de le faire mourir, parce qu'il avait été l'ami d'Antoine,
qu'il s'était attaché à son parti, et qu'il s'était môme dé-
cidé à le suivre en Italie.
6. Auguste, ayant su l'arrivé d'Hérode, voulut que ce
prince parût en sa présence avec toutes les marques de
la royauté, à la réserve du diadème qu'il lui fit ordon-
ner de quitter.
7. Hérode se présenta donc devant Auguste, sans dia-
dème selon l'ordre qu'il en avait reçu, et parla en ces
termes : O roi ! serait-ce l'attachement que j'ai eu pour
Antoine, ou quelque autre raison qui a excité votre co-
lère contre moi et vous a porté à m'ôter le diadème ?
8. Il est vrai que je me suis attaché aux intérêts d'An-
toine, parce qu'il était mon bienfaiteur ; et c'est lui qui
m'a mis sur la tête le diadème que vous m'ôtez aujour-
d'hui.
9. Je n'ai pu lui refuser le secours qu'il me demandait,
puisqu'il m'avait si souvent accordé le sien ; mais je ne
me suis pas trouvé au combat qu'il vous a livré, et je n'y
ai point paru combattant contre vous l'épée à la main,
j'étais alors occupé à soumettre les Arabes.
10. Cependant je n'ai rien négligé pour fournir à An-
toine des secours d'hommes, d'armes et de vivres,
comme l'exigeaient les droits de l'amitié et la reconnais-
sance de ses bienfaits;
11. Et certes je regrette de l'avoir abandonné; je crains
qu'on ne s'imagine que j'ai manqué à mon ami lorsqu'il
avait besoin de moi.
12. Car si je me fusse trouvé alors auprès de lui, je
l'aurais secouru de tout mon pouvoir ; j'aurais dissipé ses
terreurs, fortifié ses faiblesses et réparé ses pertes, jus-
qu'à ce que Dieu en eût enfin ordonné, selon sa volonté
toute-puissante,
ij. Et cela m'aurait paru beaucoup plus supportable
que le peu de cas qu'on fera désormais de mon amitié,
depuis qu'on a pu croire que j'ai manqué à un ami qui
implorait mon secours.
14. Je suis cependant convaincu qu'Antoine n'a péri
que par sa propre faute, en acquiesçant aux conseils
enchanteurs de Cléopâire, dont je lui demandais la
mort, comme l'unique moyen qui lui restait de se garan-
tir de la malice de cette femme ; mais il refusa de
m'écouter.
IV. — MACCABEES. — LVII. AUGUSTE ET HERODE
35'
i$. Nunc vero si removisti a capite meo diadema,
certe non removebis a me intellectum, et fortitudinem
meam,et qualis sum, ero amicus amicis, et hostis hosti-
bus meis.
iô, Cui ait Augustus : Utique superavimus Antonium
viris nostris, te vero superavimus allicientes te, et ut
duplicior sit erga nos amor tuus mediantibus beneficiis
nostris in te, curabimus, quoniam his dignus es.
17. Et quemadmodum praavaricatus est Antonius con-
silio Cleopatrae, pari ratione ingratus se gessit erga nos,
rependens pro beneficiis nostris mala, et pro gratiis
rebellionem.
18. Nos vero acceptum habemus bellum quod in-
tulisti Arabibus, qui sunt hostes nostri : nam quicuroque
vobis hostis est, iste nobis est ; qui autem vobis obse-
quitur, idem et nobis prasstat.
19. Tum prascepit Augustus poni capiti Herodis
aureum diadema, ac totidem provincias, quot possidebat,
ipsi addi.
20. Et profectus est Herodes cum Augusto in ACgyptum,
traditaque sunt ei omnia quaa Antonius decreverat Cleo-
patras.
21. Et abiit Augustus Romam ; Herodes vero reversus
est in civitatem sanctam.
1^. Maintenant donc si vous m'ôtez le diadème, du
moins ne m'ôterez-vousni mes sentiments, ni ma valeur ;
et, quelle que soit ma condition, je serai l'ami de mes
amis, et l'ennemi de mes ennemis.
16. Auguste répondit à Hérode en ces termes : Nous
avons triomphé d'Antoine par la force de nos armes,
mais nous n'emploierons contre vous que des caresses ;
et par des bienfaits, dont vous n'êtes que trop digne,
nous vous forcerons d'avoir pour nous plus d'attache-
ment que vous n'en avez eu pour Antoine,
17. Et s'il a été assez ingrat que de préférer les con-
seils de Cléopâtre aux vôtres, il ne l'a pas été moins
envers nous, en nous rendant le mal pour le bien,
et en se servant de nos bienfaits pour se soulever contre
nous.
18. Nous approuvons la guerre que vous avez faite
aux Arabes ; nous les regardons comme nos ennemis,
puisqu'ils sont les vôtres, et désormais vous déciderez
de ceux que nous devons mettre au rang de nos amis et
de nos ennemis,
19. Alors Auguste ordonna qu'on mit un diadème d'or
sur la tête d'Hérode,et lui donna une fois autant de pro-
vinces qu'il en possédait déjà.
20. Hérode étant passé en Egypte avec Auguste, reçut
de la libéralité de ce prince tout ce qu'Antoine avait
destiné à Cléopâtre.
21. Auguste reprit ensuite le chemin de Rome, et
Hérode s'en revint à la ville sainte.
CHAPITRE LVIII
1. Jam vero revelaveral Josephus maritus sororis He-
rodis Manama?, quod Herodes sibi praecepisset : illam
cura matie interficere. quoties ipse occubuisset in sua
profectione ad Augustum.
2. Et quidem ipsa odio jampridem habebat Herodem,
ex quo interfecit patrem, et fratrem illius ; his non minor
facta est odii accessio,cum innotuisset ei quod mandave-
rat contra illam.
?. Cum ergo adventassct ex /Egypto Herodes, reperit
illam odiis eiga se quam maxime ebriam : quod sane
perquam aagre ferens, aggressus est illam sibi reconci-
liare omnibus, quos poterat, modis.
<. Venit autem soror ejus quadam die, post conten-
tiones quaa intercesserant inter illam et Mariamam, et
dixit ei : Utique Josephus maritus meus secessit cum
Mariama.
5. Herodes vero non acceptavit verba illius, sciens
quam pura esset Mariama atque pudica. Post hase in-
visit Herodes Mariama ca nocte, quae hune sequitur
diem,et blar.ditus est ei. atque assentatus, commemorans
suum erga illam amorem, mulla de his insinuans :
6. Cui illa ait : Num vidisti aliquem amare quempiam,
et praccipere illum occidi ? et num osor nisi talia prass-
tat -
7. Tune cognovit Herodes, Josephum jam aperuisse
Mariamae arcanum quod illi crediderat, et quod id
nequaquam prœstitisset, nisi illa ipsi sui copiant fecis-
set :
8. Et credidit ea quœ sibi soror de hac re detulerat,
et illico recedens a Mariama, odio illam habuit, atque
detestatus.
9. De qua re certior facta soror ejus, adiit pincernam,
et ob'.ata pecunia, tradidit ei non nihil veneni, et ait :
Hoc ferto régi, et dicito illi : Mariama uxor régis tradi-
dit mihi hoc venenum, et pecuniam hanc, mandans im-
misceri potui régis :
10. Quod prasstitit pincerna. Videns autem rex vene-
num, haud hassit de veritate rei : quare mandat illico
percuti collum Josephi sororii,
11. Mandat prœterea Mariamam vinculis haberi, donec
adessent septuaginta senes, et justam proferrent in eam
sententiam.
12. Timuit itaque soror Herodis ne revelaretur quod
molita erat, et periret ipsa, liberata Mariama ; et ait illi :
Rex, si distuieris necem Mariamœ in crastinum, nequa-
quam id assequi poteris :
ij. Nam quoties innotuerit,quod illam occidere velles,
conveniet tota domus patris ejus et omnes servi, ac
propinqui eorum, et sese interponent, nec pervenire
valebis ad illius necem, nisi niagnos post furores:
14. Et ait Herodes : Facile quod vobis videtur. Et fes-
tinanter misit soror Herodis qui educeret Mariamam ad
locum candis, agens in illam ancillas suas, aliasque mulieres
ut injuriis eam aflicerent, et objicerent omr.e genus
obscenitatis :
1. Josèphe avait déjà découvert à Mariamne sa belle-
sœur, femme d'Hérode, l'ordre que ce prince lui avait
donné en partant pour se rendre auprès d'Auguste, lors-
qu'il le chargea de la tuer, elle et sa mère, aussitôt qu'il
aurait appris sa mort.
2. Et d'ailleurs Mariamne ne pouvait souffrir Hérode
depuis qu'il avait fait mourir son père et son frère;
mais sa haine devint encore plus furieuse quand elle sut
les ordres barbares qu'il avait donnés contre elle.
;. Hérode, à son ictour d'Egypte, la trouva dans ces
affreuses dispositions à son égard, et ne pouvant sup-
porter ses ressentiments, il chercha par toutes sortes
de moyens à se réconcilier avec elle.
4. Cependant sa sœur vint le trouver au sujet de quel-
ques contestations survenues entre elle et Mariamne, et
l'avertit que Josèphe, son mari, s'était trouvé seul avec
cette princese dans un lieu écarté.
5. Mais Hérode ne la crut point, parce qu'il connais-
sait la pudeur et la sagesse de Mariamne. La nuit sui-
vante,il se rendit auprès d'elle et employa toutes sortes
de caresses et de complaisances pour lui témoigner à
quel point il l'aimait.
6. Mais elle n'y répondit que par des reproches: Est-
ce aimer une personne, lui répondit-elle, que de donner
des ordres pour la faire mourir, et n'est-ce pas plutôt la
haïr véritablement ?
7. Hérode reconnut alors que Josèphe avait découvert
à Mariamne le secret qu'il lui avait confié, et que cette
confidence ne pouvait même être que le prix des fa-
veurs qu'il avait reçues de cette princesse.
3. Ainsi ne doutant plus de la vérité des choses que sa
sœur lui avait rapportées, il se sépara sur le champ
de Mariamne, et n'eut plus pour elle qu'une haine af-
freuse.
9. Cependant la sœur d'Hérode, instruit de tout ce
qui s'était passé, vint trouver le grand échanson du pa-
lais, et, lui mettant entre les mainr, de l'argent et du poi-
son, elle le chargea de porter l'un et l'autre au roi et de
lui dire que Mariamne, sa femme, avait voulu le corrom-
pre par cet argent et l'engager à mettre ce poison dans
la coupe où il buvait.
10. L'échanson exécuta cet ordre, et Hérode, voyant
de ses propres yeux le poison, crut que l'accusation
n'était que trop prouvée : c'est pourquoi il ordonna sur
le champ qu'on coupât la tète à Joseph son beau-frère,
il. Et fit mettre Mariamne dans les fers, jusquà ce que
le sénat des soixante-dix fût assemblé pour décider de
la peine que méritait son crime.
12. Alors, la sœur d'Hérode, craignant qu'on ne dé-
couvrit ses complots, et que, pour les expier, elle-même
ne fut mise à mort en la place de Mariamne, dit au roi :
Si vous attendez jusqu'à demain à vous venger de Ma-
riamne, sachez qu'il ne sera plus temps.
1 ;. Car aussitôt qu'on saura que vous êtes dans la réso-
lution de la faire mourir, la maison de son père, ses ser-
viteurs, ses parents, tous s'armeront pour sa défense ; et,
avant de la voir expirer dans les supplices, il vous faudra
surmonter bien des obstacles.
14. Hérode lui ayant donc permis de faire ce qu'elle
jugerait à propos, elle ordonna sur le champ qu'on la
conduisit au supplice, excitant contre elle ses servantes
et ses femmes qui la suivaient 'en l'accablant d'injures,
et en lui reprochant toutes sortes d'obscén'tés.
IV.— MACCABÉES. — LVIII. - MORT DE MARIAMNE 353
1^. At ipsa nulli earum quicquam respondit, nec apicem 15. Mais Mariamne, insensible u ces outrages, ne leur
quidem protulit : nec his omnibus mutaïus est color ejus, répondit pas la moindre chose ; elle ne changea point
nec timor ullus apparuit in ea, aut perturbatio, neque de couleur, et, sans faire paraître aucun trouble ni aucune
incessus mutatus est, sed so'ito more processif ad locum, altération dans toute sa personne, elle s'avança avec sa
quo ducta est, ut occideretur, tranquillité ordinaire jusqu'au lieu où elle allait perdre
la vie.
16. Quaa tlexis genibus cervices ultro extendit ; disces- 16. Elle se mit à genoux et présenta d'elle-même sa
sitque a mundo, religione atque pudicitia insignis, nullo tète ; elle mourut dans une haute réputation de pudeur
notata scelere aut crimine inusta ; verum superbia non et de vertu, et sans qu'on pût lui reprocher aucun autre
caruit juxta morem generis sui. crime que la fierté qui était naturelle aux personnes de
sa maison.
17. Nec minus in causa fuit, Herodis erga illam obse- 17. Les complaisances et les hommages que sa beauté
quiorum cultus ac propensio, ob venustatem formas, lui attiraient de !a part d'Hérode ne contribuèrent même
unde nihil erga se mutationis, suspicabatur. pas peu à nourrir en elle ;cette faiblesse, et à lui faire
croire que ce prince ne serait jamais capable de changer
à son égard.
18. Jam autem genuerat ex illa Herodes duos filios, 18. Hérode avait eu de cette princesse deux fils,
Alexandrum nempe et Aristobulum, qui degebant cum Alexandre et Aristobule, qui étaient alors à Rome où il
occisa est mater eorum, Romae : illuc quippe miserat les avait envoyéspour apprendre la langue et lessciences
eos, ad ediscendas Romanorum litteras et linguam. des Romains.
iy. Post haec pœnituit Herodem uxorem occidisse 19- Hérode ne fut pas longtemps sans se repentir
suam, eoque mœrore ob illius obitum affectus est, ut d'avoir fait mourir sa femme, et il en fut même tellement
inde morbum contraxerit, quo prope perierat. accablé de douleur qu'il en pensa perdre la vie.
20. Occumbente Mariama molita est Alexandra mater 20. Après la mort de Mariamne, Alexandra sa mère
ejus Herodem occidere, quod cum illi constitisset, ipsam songea à se venger d'Hérode en le faisant périr; mais
interemit. ce prince, ayant su ses desseins, la condamna au dernier
supplice.
S. D. - T. XII
CHAPITRE LIX
i. Cum perlatum esset Alexandro et Arislobulo nun-
tium necis ab Hcrode matri ipsorum illatse, maximo
alTecti sunt mœrore,
2. Et discedenles Roma, venerunt in civitatem sanctam,
nullo exhibito Herodi parenti honore, utantea consueve-
rant, ob conceptum in eorum animis odium causa
maternas necis.
j. Et jam Alexander in uxorem duxerat filiam Archelaï
régis ; Aristobulus vero duxerat filiam sororis Herodis.
Cum ergo vidisset rex Herodes eos minime sibi défé-
rentes honorem, cognovit se iilis exosum esse,
4. Et devitavit eos ; nec id fugit pueros, et familiam
ejus.
5. Rex autem Herodes liabebat uxorem ante Maria-
mam, nomine Dosithasam, ex qua susceperat filium,
nomine Antipatrum.
6. Cum ergo constitisset Herodi de duobus filiis suis,
quod ante memoratum est, transtulit uxorem suam Dosi-
thœam ad palatium suum,
7. Adjunxitque sibi Antipatrum filium suum, commit-
tens illi universa negotia sua, et sibi successorem ex
testamenlo instituit.
8. Et insectatus est Antipater iste fratres suos, Alexan-
drum et Aristobulum, intendens tranquillitatem sibi com-
parare, pâtre vivente, ne post obitum illius ullum haberet
competitorem.
9. Quare ait patri : Utique fratres mei hsereditatem
adeunt ob matris eorum familiam, quia nobilior est
familia matris meas, prùpterea potioris sunt juris quam
sum ego, ad ea, quibus dignum adjudicavit me rex ;
10. Hic moliuntur interficere te, mox me quoque :
1 1. Et hase sœpe repetebat Herodi, submittens quoque
qui ea insinuarent ipsi, quas majus odium erga eos apud
illum concitarent.
12. Interea proficiscitur Herodes Romam ad Augus-
tum, inducens filium suum Alexandrum.Qui cum ades-
set coram Augusto, conquestus est apud eum Herodes
de filio, rogans ut illum corriperet.
ij. Ait autem Alexander : Profecto mœrorem meum
ob interfectam sine crimine matrem non inficior, nam et
animalia ipsa excellentius hominibus in matris pietatem
exhibent et diligunt eas.
14. At machinamentum parricidii penitus nego, memet-
que apud Deum justifico ; iisdem enim, quibus teneor
versus matrem, teneor et versus patrem ; nec ejus sum
conditionis, ut citius mihi congeram crimina in parentem,
ac prarsertim cruciatus asternos.
15. Mox Ha vit Alexander fletu amaro atque vehemen-
tissimo, misertus est illius Augustus, fleveruntque omnes
adstantes Romanorum principes.
16. Tum rogavit Augustus Herodem, ut in pristinam
reconciliaret fi'ios benignitatem atque familiaritatem ;
prœcepitque Alexandrum paternos exosculari pedes '■
qui preestitit. Preecepit quoque Herodi ut amplecteretur
illum, et osculo exciperet quod obsecutus est Herodes-
1. Alexandre et Aristobule, ayant appris qu'Hérode
avait fait mourir leur mère, furent pénétrés d'une vive
douleur,
2. Et, partant aussitôt de Rome, ils arrivèrent à Jéru-
salem sans rendre aucun honnejr à Hérode (comme ils
avaient coutume de faire auparavant), à cause de la
haine qu'ils lui portaient depuis qu'il était devenu le
meurtrier de leur mère.
J.Alexandre avait déjà épousé la fille du roi Arche-
laus, et Aristobule celle de la sœur d'Hrode. Hérode
s'étant donc aperçu que ses enfants n'avaient manqué à
lui rendre leurs devoirs que parce qu'ils le haissaient,
4. Evita de les voir, ce qu'ils n'ignorèrent pas non
plus que tout le reste de sa famille.
Ç. Or, Hérode avait épousé avant Mariamne une femme
nommée Dosithée, de laquelle il avait eu Antipater.
6. Ne doutant donc plus de l'animosité desesdeux fils,
il logea sa femme Dosithée dans son palais.
7. Il attacha aussi à sa personne Antipater son fils, lui
confia la conduite de toutes ses affaires, et il l'établit
par son testament l'héritier de sa couronne.
8. Antipater, pour se l'assurer du vivant de son père
et n'avoir personne qui la lui disputât après sa mort,
chercha par toutes sortes de calomnies à se défaire de
ses frères.
9. Dans cette vue, il dit à son père: Certainement
mes frères songent à faire valoir contre moi la noblesse
de leur mère ; car, quoique vous m'ayez jugé digne de
vous succéder au trône, ils y ont cependant plus de droit
que moi, et pour y monter plus assurément,
10. Ils en veulent à votre vie et à la mienne en-
suite.
11. Antipater ne se contentait pas de redire souvent
ces choses à Hérode, il avait encore auprès de ce prince
des personnes qui l'aigrissaient de plus en plus contre
ses frères.
12. Cependant Hérode vint à Rome avec son fils
Alexandre, et s'étant présenté devant Auguste, il éclata
en accusations contre son propre fils, et demanda qu'il
fût puni rigoureusement.
1 j. Alors Alexandre prenant la parole : Je ne dissimule
point, dit-il, l'accablement où m'a précipité la mort in-
juste qu'on a fait souffrir à ma mère ; puisque les ani-
maux font éclater plus fortement que les hommes mê-
mes, leur amour et leur reconnaissance envers ceux de
qui ils tiennent la naissance.
14. Mais je nie que j'aie attenté aux jours de mon
père, et je prends Dieu à témoin de mon innocence ; car
je n'ai pas moins d'attachement pour mon père que j'en
avais pour ma mère, et je craindrais, en portant sur lui
une main parricide, de me précipiter dans des supplices
éternels.
1 ;. Alexandre n'ayant interrompu ce discours que par
des pleurs entrecoupés di sanglots, Auguste fut tou-
ché de compassion, et tous les grands qui étaient pré-
sents ne purent davantage retenir leurs larmes.
16. Alors Auguste pria Hérode de rendre à ses en-
fants son amitié et ses bonnes grâces ; il ordonna en-
suite à Alexandre de se jeter aux pieds de son père, et
au père, d'embrasser son fils ; ce qu'ils firent l'un et
l'autre.
IV.— MACCABÉES. — LIX. - INTRIGUES D'ANTIPATER
355
17. Mox mandavit rex Augustus m as: ni fi eu m munus
Herodi, et delatum est ei ; et post transactos apud illum
dies aliquos, reversus est Herodes in domum sanctam et
advocatis senioribus Juda;, ait:
18. Sciatis Antipatrum meum esse filium primoge-
nitum, filiorumque meorum majorem, sed mater ejus
ignobilis est familia ; Alexandri vero, et Aristobuli fi-
liorum meorum mater de familia sacerdotum et regum
est.
19. Ad hase dilatavit Deus regnum meum, et manum
meam extendit ac propterea mihi visum est, très liberos
hos meos constituere asqualiter, ita ut nullum habeat
Antipater in fratres suos imperiuin, neque fratres ejus im-
perium in illum habeant.
?o. Obsequimini itaque, o cœtus hominum, omnibus
tribus, nec interponatis vos nisi in iis, quse eorum corda
componere valeant, neque proponatis quicquam, quod
corruptionem et dissidium inter eos pariât, neque com-
potetis, neque nimium confabulemini cum eis.
21. Inde enim fiet, ut aliquis eorum vobis efïutiat,
quas in fratrem molitur ; ad quœ, ut eos vobis concilietis
consequituré'vestra assentatio, apud unumquemque eorum
secundum placita ejus, et perdetis eos ac perdemini vos
quoque.
22. Vestrum quidem est, filii mei, Deo obsequi, et
mihi, ut diutius vivatis, et prosperentur res vestras. Mox
amplectens eos exosculatus est, praecepitque homines
abire.
2;. Sed nullum prosperum successum habuit quodfecit
Herodes, neque filiorum composita sunt corda. Quan-
doquidem Antipater rem totam sibi deferri volebat, prout
pridem constituerai pater ejus : fratribus vero minime
œquum videbatur, illum asqualem sibi haberi.
24. Antipater autem prœditus erat tolerantia, ac omni
prava amicitia, atque simulata : fratres vero non item.
25. Constituit ergo Antipater speculatores in fratres,
qui sibi déferrent nuntia eorum : alios quoque posuit,
qui vana nuntia de il Lis Herodi déferrent.
26. Quando autem apud regem aderat Antipater, au-
diebatque aliquos similia de fratribus déférentes, ea ab
ipsis amovebat, mendaces declarans auctores, rogabatque
regem ne hase cTederet.
27. Quas quidem pntstabat Antipater, ne dubitationem,
aut suscipionem aliquam de se injiceret. régi. Hinc nul-
lum inhassit régi dubium quin esset propensus in fratres,
nullum optans illis malum :
28. Quod cognoscens Antipater, inclinavit Pheroram
patruum, et amitam (hi enim inimicitias exercebant cum
fratribus causa matris eorum),
29. Ofîerens Pheroras patruo pretiosissimum munus,
rogans ut deferret régi, quod Alexander videlicet et
Aristobulus moliti essent occidere regem.
?o. (Herodes autem propensus erat in Pheroram fra-
trem, et ipsius sententiam excipiebat ; deferebat illi
quippe is, singulis annis, copiosam pecuniam ex provin-
ciis, quibus praeerat ad ripam Euphratis),
}i. Et prasstitit id Pheroras. Post hase adiit Antipater
Herodem, et ait illi : O rex, ulique tratres mei moliti
sunt me occidere.
J2. Insuper tradidit Antipater pecuniam tribus eunuchis
régis, ut dicerent : Alexander obtulit nobis pecuniam, ut
nobis abuteretur, et ut occideremus te, et abhorrentibus
nobis caîdem minatus est.
17. Enfin il fit donner à Hérode un présent magnifi-
que, et ce prince, après avoir passé quelques jours à la
cour d'Auguste, s'en retourna à la ville Sainte. Il n'y fut
pas plus tôt arrivé qu'il assembla les anciens de Juda et
leur tint cediscours :
18. Sachez qu'Antipater est le premier-né de mes
enfants et le plus accompli d'entre eux ; maissa mère est
d'une famille obscure, au lieu que la mère d'Alexandre
et d'Aristobule descend d'une maison où le sacerdoce
était uni avec la royauté.
19. Cependant Dieu m'a donné un vaste royaume et je
l'ai encore agrandi par mes conquêtes ; c'est pourquoi
j'ai résolu de le partager également entre mes trois fils,
en sorte néanmoins qu'Antipater n'ait aucun empire sur
ses frères non plus que ses frères sur lui.
20. O vous donc que j'ai assemblés ici, ne vous mêlez
des affaires de ces trois princes qu'autant qu'il s'agira
d'établir entre eux la concorde ; ne leur proposez rien
qui puisse ni la rompre, ni même la troubler; évitez
encore de vous trouver ensemble à des repas, et d'avoir
avec eux des entretiens trop longs.
21. Car ils ne seront pas longtemps sans vous décou-
vrir leurs secrètes intrigues pour se détruire l'un l'autre,
et par d'indignes ménagements, ou de lâches complai-
sances pour toutes leurs volontés, vous les précipiterez
dans des malheurs où bientôt vous seriez vous-mêmes
enveloppés.
22. Pour vous, mes enfants, il est de votre devoir
d'obéir à Dieu et à moi, afin que vos jours soient longs
sur la terre et qu'il fasse réussir toutes vos entreprises ;
les ayant ensuite embrassés, il les baisa et congédia
l'assemblée.
2j. Cependant toutes les mesures d'Hérode furent
inutiles, et ses enfants vécurent toujours dans la mésin-
telligence ; car Antipater, suivant les premières intentions
de son père, voulut attirer à lui toute l'autorité, et ses
frères avaient de la peine à supporter qu'Hérode leur
père l'eût entièrement égalé à eux.
24. Antipater paraissait insensible aux outrages ; mais,
sous les dehors d'une amitié sincère, il cachait la malice
et la dissimulation: pour ses frères ils étaient d'un carac-
tère tout opposé.
25. Antipater chargea donc quelques personnes d'épier
la conduite de ses frères et de lui en rendre compte, et
en choisit d'autres pour aller faire à Hérode de faux
rapports contre eux.
26 Mais lorsqu'il se trouvait auprès du roi, et qu'en sa
présence on parlait mal de ses frères, il prenait ouver-
tement leur défense, traitant de mensonge tout ce qu'on
en disait et conjurant le roi de n'y point ajouter foi;
27. Ce qu'il faisait afin que le roi ne le soupçonnât
d'aucune inimitié contre ses frères ; et en effet, Hérode
ne douta plus qu'il ne les aimât sincèrement et qu'il ne
fût très éloigné de leur souhaiter du mal.
28. Étant venu ainsi à bout d'abuser Hérode, il cher-
cha à mettre dans ses intérêts Pheroras son oncle, et sa
tante, qui tous deux haïssaient Alexandre et Aristobule,
à cause de leur mère.
29. Il offrit donc un présent très considérable à Phe-
roras son oncle, s'il voulait dire à Hérode qu'Alexandre
et Aristobule cherchaient à lui ôter la vie,
?o. Or Hérode aimait fort son frère Pheroras et défé-
rait en tout à ses sentiments ; car Pheroras lui rendait
tous les ans des sommes considérables qu'il tirait des
provinces de l'Euphrate, dont il avait le gouvernement.
51. Quand Pheroras eut exécuté ce qu'il avait promis,
Antipater vint trouver Hérode et lui dit : O roi, certai-
nement mes frères ont juré ma perte.
32. Ensuite il corrompit trois eunuques du roi, afin
qu'ils allassent dire à ce prince qu'Alexandre leur avait
offert de l'argent pour lui ôter la vie, et que, sur leur
refus, il les avait menacés de les tuer.
3)6
IV.— MACCABÉES. — LIX. - TRIBULATIONS D'HERODE
33. Et iratus est rex in Alexandrum, jussitque in vin-
cula injici : captosque cunctos Alexandri pueros tormen-
tis subjici mandavit, donec faterentur ea, quee sciebant
circa illa,quas Alexander machinatus esset de cœde ipsius.
34. Quorum plures licet vi tormentorum succubuissent,
nequaquam in Alexandrum mentili sunt ; quidam vero
vim cruciatus minime sustinere valentes, falsa ementiti
sunt liberationis libidine, asserentes Alexandrum et Aris-
tobulum molitos fuisse irruere in regem,atq'je occidere,
55. Et Romam arripere fugam, et accepto ab Augusto
exercitu proficisci in domum sanctam, ad occidendum
Antipatrum fratrem, et regnum Judae occupandum.
36. Et mandavit rex comprehendi Aristobulum, et vin-
culis devinciri : et devinctus est, atque constitutus cum
fratre. Cum autem perlatum esset nuntium Alexandri ad
Archelaum ejus socerum, profectus est ad Herodem,
furorem prae se ferens adversus Alexandrum :
37. Ac si, perlato sibi machinamento parricidii, venisset
consulto ad videndum, utrum filia sua uxor Alexandri
conscia esset facti, illudque sibi non aperuisset, ut illam
occideret ; si vero conscia non esset cujusquam rei hu-
jus, dirimeret illam Alexandro, et ad se duceret.
38. Erat autem Archelaus iste vir prudens, sapiens,
atque disertus. Cum autem audisset Herodes verba ejus,
eique constitisset de prudentia et virtute illius, mirum in
raodum corde ejus potitus est, et sese ei credidit, atque
confisus est nullo inhasrente ei dubio.
39. Cognoscens ergo Archelaus Herodis erga se pro-
pensionem, diuturnam post familiaritatem,ait illi quadam
die cum simul successissent :
40. Profecto pensitando res tuas, o rex, compertus
sum te constitutum in senectute magis indigere mentis
ranquillitate, et ut lasteris in filiis tuis, ubi e contra con-
raxisti ex illis mœrorem, et sollicitudinem.
41. Pensitavi praeterea circa hos duos filios tuos, nec
reperio te defuisse de illis bene merendo, nam praefe-
cisti eos, et reges constituisti, nec quicquam praetermi-
sisti, quod illos impie adigat ad tuam necem, nec ullam
circa rem hanc causam habent.
42. Sed forte id provenit a maligno homine, astruente
tibi et illis mala : aut ob invidiam, vel inimicitiam induxit
te ad detestandos eos.
43. Si igitur iste lui potitus est, cum esses senex,scien-
tia, atque cognitione prasditus et rerum experienlia,
transferens te a paterna clementia ad crudelitatem et
furorem in filios :
44. Quanto ergo magis potitus fuisset, cum sint juve-
nes inexperti, imprudentes, ac nullius scientiae circa ho-
mines, et fraudes eorum, quapropter nactus est pênes
eos quod optabat circa heec.
45. Considéra itaque, o rex, res tuas, et ne procbeas
aures verbis delatorum, nec propercs in filios tuos, et
inquire, quis sit ille qui mala tibi et illis astruxit.
46. Cui respondit: Res profecto se liabet, ut meministi,
utinam sciam quis induxit ecs ad haïe. Cui ait Archelaus:
Hic est Pheroras frater tuus.
47. Cui respondit rex : Fieri potest rem ita se habere.
Post haec mutatus est rex maximopere contra Pheroram.
Quod animadvertens Pheroras timuit illum, veniensque
33. Hérode, transporté de colère contre Alexandre, le
fit charger de chaînes et ordonna qu'on tourmentât tous
ses serviteurs, jusqu'à ce qu'ils eussent avoué tout ce
qu'ils savaient des mauvais desseins d'Alexandre.
14. Plusieurs d'entre eux défendirent jusqu'à la mort
l'innocence de leur maître ; mais quelques-uns, pour se
délivrer des tourments dont ils ne pouvaient plus sup-
porter la violence, déposèrent faussement qu'Alexandre
et Aristobule avaient résolu de tuer le roi,
3$. Et de se sauver à Rom et qu'ils devaient ensuite
revenir à Jérusalem après avoir obtenu une armée d'Au-
guste, avec laquelle ils espéraient se défaire de leur
Irère Antipater et s'emparer du royaume de Judée.
36. Hérode fit aussitôt arrêter Aristobule, et ce prince,
après avoir été chargé de chaînes, fut jeté dans la prison
où était déjà son frère. Archelaus, beau-père d'Alexandre,
ayant appris celte nouvelle vint à la cour d'Hérode et
parut dans une fureur étrange contre son gendre,
37. Comme s'il eût été dans le dessein de (aire mourir
sa fille en cas qu'elle se trouvât complice de quelque
crime, sans l'en avoir averti, ou l'ôter des bras de son
mari et la reprendre, si elle était entièrement innocente.
38. Or, Archelaus était sage, prudent et s'énonçait
avec beaucoup d'éloquence ; dès qu'Hérode l'eut en-
tendu parler et qu'il eut des preuves incontestables de
la sagesse et de la vertu de ce prince, il se sentit une
torte inclination pour lui, et, depuis ce temps-là, il le vit
sans aucune réserve.
50. Archelaus, après un assez long commerce d'amitié
entre Hérode et lui, ne pouvant plus douter des dispo-
sitions de ce prince à son égard, lui dit un jour qu'ils se
promenaient ensemble à l'écart :
40. O roi! Lorsque je considère, et la situation de vos
affaires et l'âge avancé ou vous êtes, je me persuade que
vous avez plus d'intérêt que jamais de vivre tranquille
et de trouver votre joie dans vos enfants ; quoiqu'au
contraire il paraisse qu'ils soient devenus pour vous un
sujet de tristesse et d'inquiétude.
41. Et, jetant ensuite les yeux sur vos deux fils, je
trouve que vous avez épuisé pour eux tous vos bienfaits
en les établissant rois par un partage égal de vos états ;
et qu'a-t-il échappé à votre tendresse pour qu'ils se por-
tassent avec tant d'impiété à vous ôter la vie ? Certaine-
ment vous ne leur en avez donné aucun sujet ;
42. Mais peut-être qu'un homme plein de malignité et
poussé, ou par l'envie, ou par quelque haine secrète, a
cherché à vous aigrir contre vos enlants pour faire tom-
ber sur eux et sur vous-mêmes des maux funestes.
4;. Si donc un tel homme est venu à bout de vous ob-
séder, malgré l'âge, les lumières et la lo"hgue expérience
que vous avez acquise, et qu'il ait pu même vous obliger
de changer en cruauté et en fureur la clémence et la
tendresse qu'un père doit naturellement à ses enfants ;
44 Est-il surprenant qu'il ait pu surprendre des princes
encore jeunes, sans prudence, sans expérience et peu
versés dans la science des hommes et de leurs fourbe-
ries ; c'est ainsi qu'il les a trouvés disposés et tels qu'il
les souhaitait pour ses desseins.
4i. Considérez donc, ô roi, ce que vous avez à faire,
ne précipitez rien contre vos enlants, ne prêtez point
légèrement l'oreille à leurs accusateurs, et examinez
quel est celui qui a formé contre eux et contre vous des
complots si funestes,
46. Hérode lui répondit : Les choses sont certainement
telles que vous le dites, et plût à Dieu que je pusse
connaître celui qui a donné de tels conseils à mes en-
fants. Alors Archelaus lui dit : c'est Pheroras votre
frère.
47. Cela pourrait être, répondit Hérode ; et, depuis ce
moment, il cessa de regarder Pheroras de bon œil. Phe-
roras s'en étant aperçu, commença à craindre Hérode, et
IV. — MACCABEES.
LIX. - SAGESSE D'ARCHELAUS
537
ad Archelaum, ait ei : Video jam regem mutaUim esse
in me,
48. Quamobrem rogo te ut mihi reconcilies cor illius,
removens ea quai in animo fovet adversus me. Cui res-
pondit Archelaus : Faciam profecto si promiseris aperire
régi veritatem circa ea, quœ in Alexandrum et Aristobu-
lum molitus es ; et assensus est ei de hoc.
49. Cumque esset aliquos post dies, dixit Archelaus
régi : O rex, sane cognati hominis instar membrorum ei
sunt, quemadmodum vero homini convenit,
50. Si membrum aliquod illius corrumpatur ob acci-
dentem morbum, medicamentis illum reparare, etiam si
dolorem id incutiat, nec convenit illud resecare, ne au-
geatur dolor, debililetur corpus, et deficiant membra
atque privatione illius membri pluribus careat commodis:
5t. Sed sustineat dolores medicamentorum, ut melius
sese habeat membrum, et sanetur, redeatque corpus
illius ad pristinam perfectionem, et firmitatem.
$2. Ita illi convenit, quoties mutatus fuerit :n eum
aliquis cognatorum, quacumque de re abominabili, ut
ipsum sibi conciliet, pelliciens ad obsequia, et amicitiam,
excusationes admittens, et dimittens crimina : nec in
illius necem festinus properet, nec diutius a se longe
r emoveat.
$;. Nam cognati hominis sunt fautores illius, et adju-
tores, ac in iis consistit décor illius, et gloria ; ac per
eos consequitur quod alioquin consequi non potuisset.
54. Pheroras quidem frater régis est, ac filius patris,
et matris illius : suumque fatetur crimen, regem depre-
cans, ut sibi parcat, dimittatque lapsum. Et respondit
rex : Faciam id quidem. Jussitque adesse Pheroram,
55. Qui cum coram adstitisset, ait illi: Jam peccavi
Deo optimo maximo et régi, astruens ma'a, et quœ res
ejus, ac filiorum corrumpere potuissant, ementitis men-
daciis.
$6. Quod vero ad hase me induxit, est, quia rex abs-
tulit a me meam talem concubinam, separavitque inter
me et illam.
57. Dixit rex Archelao : Jam peperci Pherorœ, ut ro-
gasti me ; etenim comperio te medelam attulisse corrup-
tioni, quœ rébus nostris acciderat, tuis lenimentis, que-
madmodum medetur pius medicus corruptionibus cor-
poris œgroti.
^8. Quare rogo te, ut parcas Alexandro, reconcilians
filiam tuam marito ; nam eam instar filias habeo, cum
sciam eam ipso prudentiorem esse, illumque a multis
rébus avertere sua prudentia, atque adhortationibus.
Unde quaeso te ne sépares inter eos, et perdas illum :
59. Ipse namque illi acquiescit, et ex ejus directione
multa capit commoda.
60. Respondit aulem Archelaus : Filia quidem mea,
ancilla est régi : at ipsum jam detestata est anima mea,
ob malum ejus consilium.
01. Permittat ergo rex quœso, ut separem inter illum
et filiam meam, quam copulet rex cuicumque vult servo-
rum suorum.
62. Cm respondit rex: Inio ne prastergrediaris pre-
ces meas, maneatque filia tua cum illo, nec mihi con-
tradicas.
6j. Et ait Archelaus : Utique prœstabo, nec contradi-
cam régi in quoquam eorum, quas mihi prascipiet. Mox
mandat Herodes solvi Alexanarum et Aristobulum vin-
culis, et coram se venire : qui cum adstitissent, sese
ante illum prostraverunt, crimina sua confitentes, excu-
santes se, ac veniam et remissionem deprecantes.
64. Quos stare jussit, et ad se accedere faciens exos-
aussitôt il vint trouver Archelaus, et lui dit : Je m'aperçois
que le roi n'est plus le même à mon égard ;
48. C'est pourquoi je vous prie de détruire les soup-
çons qu'il nourrit contre moi et de me remettre dans ses
bonnes grâces. Archelaus s'engagea de lui rendre ce
service, pourvu qu'il lui promît de découvrir au roi la
vérité de tout ce qu'il avait tramé contre Alexandre et
Aristobule, et Pheroras y consentit.
49. Quelques jours après Archelaus dit à Hérode :
O roi ! Nous devons regarder comme nos propres mem-
bres, ceux qui nous sont unis par les liens du sang.
t,o. Et de même que, si l'un de nos membres vient à
être attaqué de quelque infirmité, nous nous gardons bien
de le retrancher, de crainte que la douleur n'augmente,
que le corps ne s'affaiblisse, et qu'en le privant d'un de
ses membres, nous ne le privions en même temps de plu-
sieurs commodités,
(I. Mais, au contraire, nous avons recours aux remè-
des quelque douloureux qu'ilssoient, afin que le membre
malade se rétablisse et que tout le corps reprenne sa
première intégrité et sa vigueur ordinaire,
$2. De môme devons-nous nous comporter à l'égard
des nôtres quand ils nous ont offensés ; et, de quelques
crimes qu'Us soient coupables, ne rien précipiter contre
eux et ne point faire durer trop longtemps leur disgrâce.
<, h Car l'homme n'a point de plus ferme appui que ses
proches, il trouve en eux des gens toujours prêts à le
secourir ; ils sont son ornement et sa gloire, et il obtient
par leur moyen ce qu'il n'aurait pu espérer autrement.
$4. Pheroras est le frère du roi et le fils de son père
et de sa mère, il avoue son crime et conjure le roi de
le lui pardonner. Hérode y consentit et ordonna qu'on
fît venir Pheroras.
î$. Ce prince s'étant présenté devant le roi son frère,
lui dit: J'ai péché contre le Dieu tout-puissant et contre
mon roi, et par d'horribles mensonges j'ai tramé contre
l'État et contre vos enfants des desseins funestes.
56. Mais si je me suis porté à ces excès, ce n'est que
parce que le roi m'a enlevé une telle, ma concubine, et
qu'il nous a séparés l'un de l'autre.
57. Alors le roi dit à Archélaiïs : J'ai déjà pardonné à
Pheroras en votre considération ; car, comme un sage
médecin vous avez guéri nos maux par des remèdes
pleins de douceur.
58. C'est pourquoi je vous conjure à mon tour de par-
donner à Alexandre, et de lui rendre votre fille que je
regarde comme la mienne même; parce que je sais qu'elle
est plus prudente que lui, et que par ses sages conseils
elle peut le garantir de mille fausses démarche*. Ainsi,
pour éviter sa perte, je vous prie de ne point les séparer.
$9. Car il défère en toutes choses aux avis qu'elle lui
donne, et il en retire même de très grands avantages.
60. Archelaus répondit: Ma fille est la servante c£j
roi ; mais pour Alexandre je le regarde avec horreur
depuis qu'il a été capable d'écouter de mauvaisconseils
61. Que le roi permette donc que je rompe le lien
qui l'unissait avec ma fille, et qu'il la donne ensuite à
celui de ses serviteurs qu'il en voudra gratifier.
62. Ne rejetez point mes prières, répondit le roi : que
mon fils soit toujours l'époux de votre fille, et ne vous
opposez point à mes volontés.
6;. J'y consens, dit Archelaus, et j'obéirai au roi en
tout ce qu'il exigera de moi. Aussitôt Hérode ordonna
qu'on tirât des fers Alexandre et Aristobule, et qu'on
fît venir ces princes. Quand ils se furent présentés de-
vant lui, ils se prosternèrent à ses pieds, et, après avoir
fait un aveu de leur crime, ils s'excusèrent et lui deman-
dèrent pardon.
64. Hérode leur dit de se relever, et les ayant fait
?$8 IV. — MACCABÉES. — LIX. - NOUVELLES INTRIGUES D'ANTIPATER
culatus est, mandavitque abire in domos suas in cras-
tinum reversuros. Qui adfuerunt cibis, et potui ipsius,
restituitque eos prœstantiorem in locum.
6Ç. Rependitque Archelao septuaginta talenta, et au-
reum lectum, prascipiens quoque cunctis principibus ami-
corum suorum pretiosa mimera offerre Arcl.elao : qui
fecerunt.
66. His gestis, discessit Archelaùs ab urbe domus
sanctae in regionem suam, quem comitatus est Herodes,
ac demum vale dicto, reversus est in domum sanctam.
67. Nec tamen prastermisit Antipater machinationes
in fratres suos, ut exosos eos redderet. Accidit autem,
ut adventaret ad Herodem vir quidam, habens pretiosa
quaedam, ac speciosa, quibus expeti soient reges,
68. His regem donavit, quas ab ipso accipiens, rependit
ei pro illis, ac optimum obtinuit locum vir in corde
ejus, illiusque famulatui adscriptus potitus est corde
ipsius: dicebaturque is Eurycles.
69. Cum ergo animadvertisset Antipater virum istum
plane cor patris sui occupasse, obtulit ei pecuniam,
rogans ut dextere insinuaret cordi Herodis, atque con-
finnaret, quod duo filii ejus Alexander, et Aristebulus
casdem illius molirentur :
70. Quod pollicitus est ei vir. Mox adivit Alexandrum,
adeoque ejus consuetudine, et familiaritate est usus, ut
notus haberetur in ejus amicitia. compertumque esset
régi illum de ipsius esse familiaribus.
71. Post hase secessit cum rege, et ait illi : Certe id
erga me juris habes, o rex, ut nihll profecto me distinere
debeat, quin te bene admoneam : et quidem mihi est
negotium quod regem scire oportet, tibique illud aperire
debeam.
72. Cui rex ait : Quid habes ? respondit ei vir : Audivi
Alexandrum dicentem ; Utique Deus distulit vindictam
de pâtre meo ob necem matris, meas avi, et meorum
sine ullo crimine, ut id fiât per manum meam : speroque
me sumpturum eorum vindictam de ipso.
75. Et jam statuit cum ducibus irruere in te, voluitque
me immiscere his quas deliberaverat : at nefas id existi-
mavi, ob régis in me benemerita, atque liberalitatem.
74. Intentio autem mea est illum bene admonere, reque
haec ad eum déferre, ipse vero habet oculos et consi-
lium. Cum itaque audisset rex verba ejus, nequaquam ea
aspernatus est, sed mox investigare cœpit de eorum
veritate : verum nihil est compertus, cui inniteretur
praster ementitam epistolam nomine Alexandri, et Aris-
tobuli, ad principem oppidi cujusdam.
75. Erat autem in epistola : Volumus occidere patrem
nostrum, et confugere ad te, quamobrem para nobis lo-
cum, in quo maneamus, donec congregentur ad nos viri,
et dirigantur res nostrae.
76. Quod quidem régi confirmatum est, et verisimile
visum : quare captum principem oppidi illius tormentis
subdidit, ut fateretur ea quas in epistola contexta erant.
77. Quod negavit vir il le, sese justificans, nec appro-
batum est contra eos quicquam de his, aut aliis, quas
imposuit eis tanquam vera delator.
78. Jussitque eos comprehendi, et catenis, atque com-
pedibus devinciri. Dein profectus est Tyrum, et Tyro
Caesaream eos devinctos secum ducens.
approcher, il les embrassa et leur ordonna de se retirer
chez eux; le lendemain , il les fit manger avec lui à sa
table et les éleva à des honneurs encore plus grands
que ceux dont ils jouissaient auparavant.
65. Hérode,pour reconnaître les services d'Archélaûs,
lui donna soixante-dix talents et un lit d'or, et ordonna
à ses principaux amis de faire à ce prince de riches pré-
sents,'ce qui fut exécuté,
66. Après cela, Archélaûs partit de la ville Sainte pour
s'en retourner dans ses états; Hérode l'accompagna
quelque temps, et, ayant enfin pris congé de lui, il re-
vint à Jérusalem.
67. Cependant Antipater mettait tout en usage pour
prévenir de nouveau Hérode contre ses frères. II vintà la
courd'Hérode un certain Eurycles, qui avait de ces bijoux
rares et précieux avec lesquels on a coutume de s'insi-
nuer auprès des rois.
68. Cet homme en fit présent à Hérode qui les lui
paya, et lui donna en même temps ses bonnes grâces,
en sorte qu'ayant été admis dans la familiarité du roi,
il se fut bientôt rendu maître absolu de son esprit.
69. Antipater s'en étant aperçu, offrit de l'argent à cet
homme et le pria d'insinuer adroitement à Hérode, et de
lui persuader même que ses deux fils, Alexandre et Aris-
tobule, cherchaient à lui ôter la vie.
70. Eurycles promit à Antipater d'exécuter ce qu'i
lui demandait, et s'insinuant dès-lors auprès d'Alexandre,
il voyait ce prince avec tant de liberté et de familiarité
que leur liaison était connue de tout le monde, et
qu'Hérode même ne l'ignorait pas.
71. Eurycles, après avoir ainsi ménagé les choses, vint
trouver le roi et lui dit : O roi ! nulle raison ne peut
m'empècher de vous donner des avis pour votre propre
sûreté, et vous êtes en droit de l'exiger de moi. J'ai cer-
tainement une chose très importante à vous dire et je
ne dois point vous la cacher.
72. Le roi lui demanda de quoi il s'agissait; alors Euri-
clès lui répondit : J'ai entendu Alexandre qui disait :
Dieu, sans doute, n'a différé de punir mon père de la
mort injuste qu'il a fait souffrir à ma mère et à mon
aïeule, que parce qu'il me destinait à les venger, et j'es-
père faire bientôt retomber leur sang sur celui qui l'a
répandu.
75. Alexandre a déjà résolu de s'avancer contre vous
à la tête de son parti, et il a même voulu me rendre com-
plice de son crime ; mais j'ai cru devoir reconnaître au-
trement vos bontés et vos bienfaits.
74. Je viens donc vous donner ces avis importants, et
je laisse à votre sagesse et à votre prudence à faire le
reste. Hérode ayant entendu ces choses songea dès ce
moment à en découvrir la vérité; mais il ne trouva rien
sur quoi l'on pût fonder ses soupçons, sinon une lettre
écrite au nom d'Alexandre et d'Aristobule, et adressée
au gouverneur d'une certaine place.
75. Elle était conçue en ces termes : Nous avons résolu
de tuer notre père et de nous réfugier ensuite auprès
de vous; préparez-nous donc un lieu où nous puissions
nous retirer, jusqu'à ce que notre parti se soit grossi et
que nous ayons mis nos affaires en état de réussir.
76. Le roi, croyant que la chose pouvait être telle qu'on
la lui assurait, donna ordre qu'on arrêtât ce gouverneur,
et qu'on le tourmentât jusqu'à ce qu'il eût avoué tout
ce qui était contenu dans la lettre.
77. Mais le gouverneur se justifia sur tous ces chefs
en les niant, et l'on ne put prouver contre Alexandre et
Aristobule aucune de ces accusations, ni toutes les autres
que le délateur forma contre eux avec autant de fausseté
que les premières.
78. Cependant Hé>ode les fit charger de chaînes et
d'entraves : il alla ensuite à Tyr et deTyr à Césarée, les
menant partout avec lui en cet état.
IV. — MACCABÉES. — LIX. - LEURS TRISTES CONSÉQUENCES
559
79. Et miserati sunt eorum cuncti duces, cuncique
milites : at nullus intercedere pro illis apud regem aude-
bat, ne de se pro veris approbaret, quae dixerat delator.
80. Erat autem in exercitu senex quidam de viris belli,
habens filium in famulatu Alexandri : cum ergo vidisset
senex ille pessimum statum duorum filiorum Herodis,
vices eorum mirum in modum miseratus est,
81. Exclamavitque quam alta potuit voce : Periit mise-
ratio, defecit bonitav, et pietas, ablata est veritas de
mundo.
82. Tum ait régi : O immisericors in filios, hostis ami-
corum, et amicus hostium, amplectens verba delatorum,
et eorum qui tibi bonum minime exoptant.
8j. Ad quem accurrerunt hostes Alexandri et Aristo-
buli, et increpaverunt eum, dixeruntque régi : O rex,
nequaquam virum hune induxit anior erga te, et filios
tuos ista loqui,
84. Sed effutire voluit odium quod in corde adversus
te fovebat, atque obloqui de concilio, et administratione
tua tanquam amicus admonitor.
85. Et quidem nobis de ipso detulerunt observatores
quod jam convenisset cum tonsore régis, ut dum illum
tonderet, novacula jugularet.
86. Et jussit rex comprehendi senem, et filium ejus, et
tonsorem, et virgis caîdi senem et tonsorem donec fate-
rentur.
8;. Et virgis cassi sunt quam acerbissime, ac tormen-
torum multlplici generi subjecti : at nihil eorum fassi
sunt quœ non fecerant.
88. Cum ergo vidisset filius senis pessimum patrissui
statum, et ad quae devenerat, miseratus est ejus, atque
arbitratus illum liberatum iri.si ipse fateretur de eo.qua;
il 1 ï imputabantur, post acceptam a rege pro illo securi-
tatem.
89. Quare ait régi : O rex, concède milii et patri meo
securitatem, ut indicem tibi,quas quasris. Et ait rex: Sit
tibi hoc. Cui dixit : Jam statuerat Alexander cum pâtre
meo, ut te occideret : pater vero meus statuit cum ton-
sore, ut tibi relatum est.
90. Tum jussit rex occidi senem illum, et filium ejus,
et tonsorem, mandavit insuper deduci ambos filios suos,
Alexandrum et Aristobulum Sebasten, ibique occidi, et
patibulo affigi : qui [deducti, occisi, et patibulo ibi affixi
sunt.
91. Alexander autem duos superstites reliquit filios,
Tyrcanem videlicet, et Alexandrum ex filia Archelai ré-
gis : Aristobulus vero très reliquit filios, Aristobulum
nempe, Agrippam, et Herodem. Historiée autem Anti-
patri filii Herodis jam prsecessit descriptio in prsenar-
ratis.
Finis, et laus Deo.
79. Tous les chefs de l'armée et tous les soldats plai-
gnirent le sort de ces princes ; mais aucun n'osait parler
au roi en leur faveur dans la crainte qu'Euryclès ne le
rendit aussitôt suspect.
80. Il v avait parmi les officiers de l'armée un certain
vieillard dont le fils était au service d'Alexandre, ce
vieillard, voyant le déplorable état où étf.ient réduits les
deux enfants d'Hérode, en fut très vivement touchée;
81. Et, élevant la voix autant qu'il pût, il s'écria : Il
n'y a plus de compassion sur la terre, la bonté et la
piété en sont bannies, et la vérité ne s'y trouve plus.
82. Se tournant ensuite vers le roi, il lui dit : O père
cruel et sans pitié pour vos enfants, vous qui êtes l'en ne m
de vos amis, l'ami de vos ennemis, et qui prêtez aisément
l'oreille aux discours des délateurs et de ceux qui vous
haïssent véritablement.
8j. Aussitôt les ennemis d'Alexandre et d'Aristobule
accoururent à ce vieillard et l'ayant repris, ils dirent au
roi : O prince ! Ce n'est par aucun attachement, ni pour
vous, ni pour vos enfants, que cet homme a parlé ainsi.
8.|. Il n'acherché qu'à faire éclater la haine qu'il nour-
rit contre vous, sous le spécieux prétexte de vous don-
ner des avis désintéressés pour la conduite et le gouver-
nement de vos affaires,
85. Et l'on nous a même rapporté qu'il avait déjà
engagé votre barbier à vous couper la gorge dans le
temps qu'il vous raserait.
86. Le roi fit aussitôt arrêter le vieillard et son fils, et
le barbier, et ordonna que le vieillard et le barbier
fussent battus de verges, jusqu'à ce qu'ils eussent con-
fessé !a vérité.
87. Cela fut exécuté avec une rigueur extrême, et on
les éprouva par toutes sortes de supplices sans qu'on
pût jamais venir à bout de leur faire avouer des crimes
dont ils n'étaient point coupables.
88. Le fils du vieillard, ayant vu l'état affreux où son
père était réduit, en fut extrêmement touché, et s'imagi
nant qu'il le délivrerait si, après s'être assuré de sa grâce
auprès du roi, il l'avouait coupable des ^crimes qu'on
lui imputait,
89. Il dit au roi : O Prince ! Sauvez-nous mon père et
moi, et je vous découvrirai les choses que vous voulez
savoir; et le roi y ayant consenti, le fils du vieillard lui
dit : Alexandre était déjà convenu avec mon père de
vous ôter la vie, et, dans cette vue, mon père avait pris
avec votre barbier les mesures qu'on vous a dites.
90. A cette parole, le roi ordonna que le vieillard, son
fils et le barbier fussent mis à mort sur le champ; et il
fit conduire à Sébaste ses deux fils, Alexandre et Aris-
tobule, pour y souffrir une mort honteuse et être ensuite
attachés en croix, ce qui fut exécuté.
91. Alexandre laissa deux fils qu'il avait eus de la fille
d'Archélaùs, Tyrcan et Alexandre. Aristobule en laissa
trois, Aristobule, Agrippa et Hérode. Nous avons rap-
porté plus haut l'histoire d'Antipater fils d'Hérode.
Fin, et louange a Dieu.
NOTES SUR LES LIVRES APOCRYPHES
DE
L'ANCIEN TESTAMENT
Dans les volumes qui précèdent, nous avons
reproduit, suivant l'ordre des faits, quelques-uns
des livres apocryphes de l'Ancien Testament : La
prière de Manassé (i), les ni* et ive livres d'Es-
dras (2) et les m" et iv° livres des Maccabées(}).
La qualification d'Apocryphe n'offre pas un
sens fixe. On l'a appliqué avec la signification
d'anonyme, au temps de saint Jérôme. Dans une
décrétale du pape Gélase, il a le sens d'hérétique.
Les protestants donnent ce nom indistinctement
aux livres deutér o-cano niques et aux ouvrages reje-
tés de tous comme* faux et supposés. C'est dans ce
dernier sens que l'Église catholique l'entend tou-
jours.
Les livres apocryphes de l'Ancien Testament
sont très nombreux ; beaucoup ont péri sans
que leur perte excite aujourd'hui aucun regret.
De ce nombre sont Y Évangile d'Eve, les Pro-
phéties d'Eve, l'Échelle de Jacob, le Miroir de
Joseph, Y Apocalypse d'Élie, le Grand Ordre
d'Élie. Ceux qui restent, à peu d'exceptions près,
n'ont aucune valeur même littéraire. C'est un
ramas de rêveries incohérentes où se retrouve un
fond de gnosticisme ou de kabbalisme.
Le Livre d'Adam, admis encore chez des sec-
taires chaldéens, les Mandaïtes, mieux connus
sous le nom de Sabéens et de chrétiens de saint
Jean, est le produit d'une imagination déréglée,
qui a rempli le ciel, l'air et la terre, des scènes les
plus fantasmagoriques. Les planètes, les étoiles,
les signes du zodiaque y jouent un rôle actif. Les
deux principes de vie, Fira et Ayar, ont produit
d'innombrables émanations célestes, à la tête des-
quelles se trouve la Mana, ou intelligence sou-
veraine et glorieuse. Mais la révolte agite une
partie de ces émanations personnifiées. Our, prince
des ténèbres, se met à la tète des révoltés ; il lutte
avec un esprit céleste, sorte de généralissime des
troupes de Mana, et sur le point de succomber,
il se hâte d'engloutir la terre. Il y aurait réussi,
s'il n'eût été aussitôt vaincu et enchaîné. Gabriel
opère une nouvelle création. A la vue de sa splen-
deur, Our s'agite dans sa prison ; la terre menace
de se disloquer. L'envoyé de Mana s'en irrite et
lui fend le crâne d'un coup de massue. Mais
pour être atteint dans son chef, l'esprit de révolte
n'est pas détruit ; les génies célestes et les esprits
de ténèbres se partagent le monde. Ces derniers
mettront tout en œuvre pour perdre Adam ; mais
le génie céleste Manda-di-haï, connaissance de la
vie, l'encourage et le fortifie. Il lui recommande
surtout de se mettre en garde contre les sept
planètes et ceux qui les adorent. Il lui révèle que
la mort est entrée dans le monde, parce que les
sept planètes se sont partagé le zodiaque. Chacun
des douze signes, en prononçant 'une conjuration
secrète, a produit des animaux, des végétaux, des
maladies et des influences également nuisibles.
Ainsi s'expliquent le mal et le bien dans le monde.
Les Mandaïtes croient à la vie future, heureuse
pour les bons, malheureuse pour les méchants.
Un autre livre attribué aussi à un patriarche
anté-diluvien, le Livre d'Hénoch, a une tout autre
importance; on lui donna même autrefois une
sorte de caractère sacré, parce que l'apôtre saint
Jude l'avait cité. Mais, selon la remarque du savant
archevêque de Cashel, traducteur du Livre d'Hé-
noch, « la citation d'un simple passage faite par saint
Jude, ne prouve pas plus son approbation du
livre entier, que les citations empruntées par saint
Paul à certains poètes païens ne prouvent, de la
part de l'apôtre, l'approbation de chaque partie
des ouvrages auxquels il fait ces emprunts (4). »
Ce livre étrange fut composé, selon toute proba-
bilité, dans la seconde moitié du 11e siècle avant
Jésus-Christ. Il renferme cent-cinq chapitres. On
y raconte la chute des anges, leurs relations avec
les filles des hommes, d'où sortent les géants.
Cinq anges expliquent à Hénoch les mystères du
monde visible et invisible, de la terre et du ciel,
le règne messianique, le bonheur des élus, le mal-
heur des réprouvés. Le chapitre lviii6 mentionne
les deux monstres qui doivent servir de nourriture
au banquet des élus : le Béhémoth et le Léviathan.
(1) Tome iv, page 54}.— (2) Tome v, page nj et suiv.
(j) Tome xii, page 255.
(4) Richard Laurence, the book of Enoch, Prelemin.
dissert. xxvi.
;62
NOTES SUR LES LIVRES APOCRYPHES
C'est un précieux indice pour montrer que, déjà,
couraient ces traditions folles qui ont si fort
échauffé l'imagination des rabbins. Et il y avait de
quoi, en vérité, puisqu'un bateau naviguant sur le
dos du Léviathan, mettrait trois jours à aller d'une
nageoire à l'autre. Se peut-il rien de plus extraordi-
naire ?LeL(Vedr/^noc/inenousdonnepascemenu
détail, mais il figure en toutes lettres dans le Thal-
mud. Le chapitre lxviii donne pareillement en
détail les noms et les fonctions des mauvais anges.
Ensuite, nous assistons à an cours d'astronomie
absolument fantastique, où il y a des choses étour-
dissantes. Puis, du chapitre lxxxiv au xci, nous
assistons à un cours d'histoire où figurent Noé et
ses enfants, Abraham, Isaac, Esaù et Jacob, les
douze patriarches, Joseph, Moïse, Aaron, les
Juges, Samuel, Saùl, David, Salomon, les peuples
étrangers, les prophètes, Zorobabel et Néhémie.
Mais si, pour les sciences naturelles, la géogra-
phie ou l'histoire, le Livre d'Hénoch n'est qu'une
rêverie rabbinique, sa morale est toujours très
élevée, et l'auteur parle avec une conviction pro-
fonde de nos destinées futures. Quand il traite
ce sujet, son style s'élève, sa pensée s'échauffe, et
le texte est digne d'être comparé aux livres saints.
Malheureusement, ces passages sont rares.
Bien qu'arrivant après le déluge, Noé fut moins
heureux qu'Hénoch. Les compositions qui paru-
rent sous son nom sont perdues.
Abraham était trop célèbre pour ne point avoir
reçu le patronage de quelque folie de ce genre.
On lui attribua de nombreux écrits, mais il ne nous
en reste qu'un seul, le Sépher Jecirah. C'est un
ouvrage kabbalistique. Quelques auteurs l'attri-
buent avec assez de vraisemblance au célèbre
rabbin Akiba, mis à mort à Césarée, sous le règne
d'Adrien, lors de la révolte générale des Juifs.
L'Echelle de Jacob est perdue ; en revanche nous
avons le Testament des dou^e Patriarches. Le nom
de testament lui vient de ce que, aux approches
de la mort, chacun des enfants de Jacob adresse
à ses enfants des sentences remplies de sagesse,
et même y joint des prophéties. Il y a de fort bel-
les choses, mais aussi de fort drôles. Ainsi cette
confession de Ruben, trouvant Bala ivre et endor-
mie, puis abusant d'elle, bien qu'elle fût la femme
de son père. Un ange indiscret révéla le crime à
Jacob, et, à partir de ce moment, Ruben n'osa
plus regarder son père en lace jusqu'à sa mort,
ni adresser la parole à aucun de ses frères. A part
ce détail scabreux, ces testaments renferment des
conseils moraux empreints d'une grande sagesse,
mêlés à des songes et à des^visions.
Le testament de Lévi pourrait être encore d'une
certaine utilité, puisqu'il roule sur le sacerdoce et
l'orgueil. Que de prêtres, malheureusement, fiers
d'être élevés à cette haute dignité, oublient la
retenue qui sied à leur caractère, et deviennent
d'un incommensurable orgueil ! Ils s'arrogent tous
les droits, se croient des potentats et osent même
critiquer leurs supérieurs ou leurs égaux qui, plus
judicieux, plus instruits, plus religieux, se tiennent
dans une modeste réserve. Ils portent la tête
haute, parce qu'elle est vide, comme un épi droit
au temps de la moisson ; ils donnent tout à l'ap-
parence, parce qu'il n'y a rien au-dedans. Ils se
font plus de tort qu'ils ne pensent. Ce ne serait
encore que demi mal s'ils ne nuisaient qu'à leurs
intéressantes personnes ; mais ils exposent à la
critique cette religion sainte qu'ils devraient mieux
servir.
Si le testament de Lévi concerne spécialement
les prêtres, celui de Joseph peut servir, à son
tour, d'instruction aux hommes du moi.de. « Le
soir que je fus vendu par mes frères, » fait -on
dire au patriarche Joseph, « les Ismaélites me
demandèrent qui j'étais, et moi, pour ne pas ac-
cuser ni humilier mes frères, je répondis que j'étais
leur esclave. Alors le chef de la troupe me re-
garda et me dit : « Tu n'étais point leur esclave,
ton visage te dément. » Et il me menaça de la
mort, si je ne lui disais la vérité. « J'étais leur
esclave, » répondis-je, et je me tus. »
Joseph est vendu à Putiphar. Sa femme, frappée
de son extrême beauté, veut le séduire. Elle met
tout en œuvre pour l'engager dans le crime, et le
jeune Hébreu résiste, sans manquer pour cela
d'égard envers sa maîtresse; le combat journalier
dura sept ans. « Que de fois, • fait-on dire au
patriarche, « elle me menaça de la mort ! Puis, à
peine avait-elle ordonné de me punir, elle envoyait
un contre-ordre, et me rappelait auprès d'elle
pour me menacer encore. Elle me disait: « Tu
seras mon maître, le maître de tous mes biens,
tu seras mon seigneur et mon roi. » Mais moi,
je me souvenais des commandements de mes pè-
res, et, rentrant dans ma chambre, je priais le
Seigneur et jeûnais.
((Un jour elle me dit : a Tu ne veux pas m'ai-
mer ? Eh bien ! je tuerai mon mari, et alors je
t'épouserai. » Quand j'entendis ces paroles, saisi
de douleur, je déchirai mes vêtements, et je dis :
a Femme, respecte le Seigneur, et ne fais point
cette méchante action : ne perds pas ton âme.
Si tu persistes, je dénoncerai ta pensée impie à
tout le monde. » Elle me pria en grâce de ne
point révéler sa faute, et elle s'éloigna. Puis elle
m'envoya, pour m'apaiser, des présents. Son
mari, la voyant ainsi abattue, lui dit : « Pourquoi ton
visage est-il désolé ? » Elle répondit: «J'ai ma
au cœur ; je me sens étouffée. » A peine était-i
sorti qu'elle accourut à moi : « Si tu ne m'aimes
pas,» me dit-elle, «je vais m'étrangler ou me jeter
dans un puits, dans un précipice. Je la regardai ;
l'esprit de Bélial la possédait. Je priai le Seigneur,
et je dis à l'Égyptienne: « Pourquoi es-tu troublée
DE L'ANCIEN TESTAMENT
?63
et hors de toi ? Tes péchés t'aveuglent. Souviens-
toi que, si tu te tues, Sétho, la concubine de ton
mari, frappera tes enfants, et détruira ta mémoire
dans ta maison. » — « Ah I » répondit-elle, « tu
m'aimes, puisque tu prends intérêt à ma vie et à
mes enfants. »
« Ceci me semble sublime, dit Saint-Marc Gi-
rardin(i): Vos enfants auront une belle-mère !
Cette seule parole renverse toutes les idées de
l'amante désespérée. Voilà son cœur changé : ses
enfants seront frappés par Sétho ! Quel discours,
quelle éloquence contre le suicide ont valu ce
mot là ? Cette femme qui venait furieuse, possédée
par l'esprit d'impureté, un mot l'a attendrie, un
mot l'a guérie ; elle se souvient qu'elle est mère,
elle ne veut plus mourir, elle se reprend à aimer
la vie, elle espère encore, elle espère même que
Joseph l'aimera un jour, et pourquoi? C'est qu'il
a pris intérêt à sa vie et à ses enfants. Ce mé-
lange des sentiments divers qui l'agitent, est na-
turel et touchant ; elle est mère à la fois, et
amante.
« L'Égyptienne était belle, c'est Joseph lui-
même qui le dit, et cela à son lit de mort, à cent
dix ans, entouré de ses enfants, et les exhortant
à la chasteté. Homère n'a fait nulle part un plus
grand éloge de la beauté d'Hélène qu'en mon-
trant les vieillards de Troie, ravis d'admiration
quand ils la voient passer. N'est-ce rien, pour
témoigner de la beauté de la femme de Putiphar,
que ce souvenir de Joseph mourant à cent-dix
ans?» L'Egyptienne fut guérie de son idée de
suicide, mais elle n'en aima Joseph que devan-
tage, et on connaît le reste.
Le livre du Testament des dou^e Patriarches a
dû être écrit par un chrétien judaïsant, dans le
but de convertir sa nation.
Cinquante ans environ avant Jésus- Christ, un
Juif composa la Petite Genèse, sous la forme
d'une révélation faite à Moïse. C'est une sorte
de révélation chronologique où, à chaque année
jubilaire, sont groupés les faits qui se rattachent
à cette période. Cet ouvrage, écrit en hébreu
ou en araméen, avait été traduit en grec, dès
les premiers siècles du christianisme, avant saint
Jérôme. L'Apocalypse de Moïse et l'Assomp-
tion de Moïse sont des apocryphes de la même
époque, écrits par quelques pieux faussaires,
dans le but de réveiller la ferveur du peuple juif.
Salomon a donné son nom à de nombreux
ouvrages, sans parler des Clavicules. Les dialogues
avec un certain Marcoulf sont d'une telle crudité
qu'il serait impossible de les reproduire même
dans un langage inconnu. C'est une composition
du moyen âge, comme l'indique le nom même de
Marcoulf. Nous ne nous arrêterons pas à ces
publications obscènes ; elles ne sont de mise ni
ici, ni ailleurs. Peut-être ont-elles, cependant
servi de guide à l'imagination de Rabelais. Encore,
le curé de Meudon y a-t-il mis les adoucissements
que comportait notre langue, même de son temps.
Dans un ordre plus sérieux, on attribue à Sa-
lomon dix huit Psaumes, composés probablement
à l'époque de la conquête de la Palestine par
Pompée. Ils ne seraient pas hors de place dans
le recueil des Psaumes.
L'Ascension d'fsaïe a une telle autorité chez les
chrétiens d'Abyssinie, qu'ils mettent ce livre apo-
cryphe parmi les écrits canoniques. Le livre est
d'origine mixte. Une partie paraît juive, et l'autre
chrétienne ; il a pu être, comme le Testament des
dou^e Patriarches, écrit par un chrétien judaïsant.
C'est de cette source qu'est venue la tradition du
martyre d'Isaïe, scié en deux par ordredeManassé.
On y raconte encore une vision concernant le
crucifiement et l'Ascension de Jésus-Christ. Il
semble, en parcourant ces divers ouvrages apo-
cryphes, que le Dante et Milton leur aient fait
quelques emprunts.
Tous ces livres ont été rejetés par l'Église
comme apocryphes, et sont à peu près tombés
dans l'oubli. Il n'en est pas de même de la Prière
de Manassê, des me et ivc livres d'Esdras et des
deux derniers livres des Maccabées.
L'oraison ou la Prière de Manassé, ne contient
rien en soi que de très édifiant ; et l'on ne conçoit
point d'autre raison qui l'ait fait rejeter par la
Synagogue, et ensuite par l'Église du canon des
livres saints, sinon qu'on n'a pas trouvé de preuves
assez certaines pour assurer qu'elle fût véritable-
ment de ce prince, ou que l'on n'a pas cru que
les livres où elle se trouvait méritassent par eux-
mêmes, ou par leurs auteurs, d'être mis au même
rang que les livres divins. Il est dit, n Paralip.
cap. xxxiii, versets 12 et 13, que Manassé, fils
d'Ezéchias, vingtième roi de Juda, ayant été em-
mené, chargé de chaînes, à Babylone, la vingt-
deuxième année de son règne, et étant en pri-
son réduit en une extrême misère, reconnut
ses crimes ; s'adressant alors au Seigneur, il lui
fit une prière, et il est dit également aux ver-
sets 18 et iq du même chapitre, que cette prière
est rapportée dans les livres d'Hosaï et dans
les Annales des rois d'Israël, ou pour mieux dire
de Juda, comme porte le verset 17 du chapitre xxi
du quatrième livre des Rois ; mais il ne s'ensuit
pas que celle qu'on rapporte ici soit la nîjme que
celle de ces livres cités par l'Ecriture. Ceux qui
(1) Saint-Marc Girardin, Essai de littérature et de morale, 1. 109.
3^A
NOTES SUR LES LIVRES APOCRYPHES
soutiennent la vérité de l'antiquité de cette
prière, prétendent que c'est la môme, et disent,
mais sans preuves, qu'elle a été traduite en grec
sur l'hébreu. Mais l'on ne trouve plus ce texte
original hébreu, ni cette version grecque faite sur
ce prétendu original. Il est vrai que l'auteur des
Constitutions apostoliques, qui vivait vers la fin
du troisième siècle ou environ, a donné en grec
cette prière, qu'il a insérée au verset 13 du cha-
pitre xxxiii des Paralipomènes ; mais il paraît évi-
dent que c'est une version grecque faite après
coup sur le latin, par l'auteur même des Consti-
tutions. Voyez le livre 11 des Constitutions,, cap.
xxii, tom. 1, Concil.p. 254, où cette prière est im-
primée en grec et en latin : elle se trouve aussi en
quelques exemplaires grecs et latins à la fin du
deuxième livre des Paralipomènes, et elle est citée
par quelques pères latins.
On a donné au troisième livre d'Esdras le nom
qu'il porte, parce qu'à la réserve du chapitre pre-
mier, qui est copié sur le trente-cinquième chapi-
tre et sur les vingt-un premiers versets du chap.
xxxvi du second livre des Paralipomènes, presque
tout le reste n'est qu'une répétition des mêmes
choses rapportées, à quelques expressions près,
mot pour mot, dans le premier livre d'Esdras
et dans les treize premiers versets du chapitre
huitième du second livre du même nom ; mais ce
qui a déterminé le plus grand nombre des anciens
pères à le rejeter, nonobstant cela, hors du canon
des livres sacrés, c'est que l'histoire rapportéedans
le troisième et le quatrième chapitre , à l'occa-
sion du retour des Israélites de la captivité, et de
la permission qui leur fut accordée par Darius de
rebâtir le temple et la ville de Jérusalem, avait tout
l'air d'une fable, quoiqu'elle soit racontée aussi
par Josèphe. Il n'était pas possible de l'accorder
avec ce que l'auteur même avait emprunté et ex-
trait du premier livre d'Esdras. Ils ont trouvé en
outre, dans ce que cet auteur a copié ou extrait
de l'écrivain sacré, des méprises si grossières et
si fréquentes sur les faits historiques, et à l'égard
des noms propres de ceux qui revinrent à Jéru-
salenf, dont il transcrit la liste, qu'ils n'ont pu
s'empêcher d'en attribuer la faute, ou au mauvais
original dont l'auteur s'était servi, ou à l'ignorance
de ses copistes, ou enfin à celle des traducteurs.
Les Grecs ont conservé ce livre dans leur ca-
non, et l'ont mis même avant celui qui passe chez
nous pour le premier d'Esdras. Les exemplaires
grecs les plus anciens et les plus estimés, comme
celui de Rome, mettent d'abord celui que nous
appelons le troisième livre d'Esdras, puis Néhé-
mie, et en troisième lieu celui qui est le premiei
d'Esdras dans nos bibles latines. Il est vrai que
quelques éditions grecques (1) mettent à part le
troisième livre d'Esdras, et le rejettent après le
cantique des trois jeunes hommes dans la four-
naise, lequel, dans ces éditions, se trouve détaché
de la prophétie de Daniel, où ce cantique est
communément placé. Dans d'autres éditions grec-
ques (2), on ne lit point du tout le troisième livre
d'Esdras. Mais ce qui est incontestable, suivant
la remarque de Sixte de Sienne (3), c'est que les
pères grecs ont tenu pour canonique le troisième
livre d'Esdras, et l'ont mis avant Néhémie.
Les anciens manuscrits, et les éditions latines
ou grecques, ne sont pas uniformes sur cet arti-
cle. Nous avons quelques manuscrits (4) où l'on
trouve tout de suite le premier livre d'Esdras,
Néhémie, et le second d'Esdras ; car c'est ainsi
qu'ils intitulent celui que nous appelons le troi-
sième. Dans d'autres manuscrits, on ne trouve
pas le troisième livre d'Esdras, mais seulement le
premier d'Esdras et Néhémie. D'autres manus-
crits plus anciens, sont encore bien plus éloignés
de nos éditions latines. Dans une très ancienne
bible de Saint-Germain-des-Près, après avoir mis
tout de suite, et sans distinction, les deux livres
canoniques d'Esdras, on a placé immédiatement
l'histoire des trois gardes du corps de Darius, et
du problème qu'ils proposèrent à ce prince ; après
cela, on trouve le commencement du quatrième
livre d'Esdras, qui commence par ces paroles :
Incipil liber Esdrœ prophetœ secundus ; il n'y a
d'abord que les deux premiers chapitres de ce
livre ; on lit ensuite tout le troisième livre d'Es-
dras, à l'exception de l'histoire des trois officiers
de Darius ; puis recommence le quatrième d'Es-
dras, avec ce titre : Liber E^rœ quarlus, anno tri-
cesimo mince civilalis, eram in Babylone ego Sala-
thiel, qui et E\ra, et continue jusqu'à la fin. On y
voyait un autre manuscrit côté 773, où le qua-
trième livre d'Esdras ne commence qu'au chapi-
tre 111.
Le Fèvre, précepteur de Louis XIII, avait
trouvé un quatrième livre d'Esdras si différent des
imprimés, qu'il jugea à propos d'en envoyer les
diverses leçons au. cardinal Baronius. Dans les
anciennes bibles latines imprimées, on lit ordi-
nairement les trois livres d'Esdras de suite, c'est-
à-dire le premier d'Esdras, celui de Néhémie, et
le troisième d'Esdras, ou, comme portent quel-
ques exemplaires, le second d'Esdras. Cet ordre
s'est continué jusqu'à la bible de Sixte V. Depuis
ce temps, on a mis à part les troisième et qua-
(1) Editio grœca Francofurt. an.i^j.et Basilen. an. 1545.
(2) Editio Mil. Venet. an 1518.
(j) Sixt. Senens. 1. 1. pag. 8.
(4) Manuscrit du monastère de Saint-Michel, en Lor-
raine, et deux autres du Monastère de Saint-Germain-
des-Prés.
DE L'ANCIEN TESTAMENT
?65
trième livres d'Esdras, hors du rang des écritures
canoniques.
Les Hébreux ne faisaient qu'un livre des deux
premiers d'Esdras, ou, si l'on veut, du premier
livre d'Esdras et du livre de Néhémie. Les Grecs
les imitaient, mais avec cette différence que le
premier livre d'Esdras, dans les exemplaires grecs
et dans plusieurs exemplaires latins, était celui
que nous appelons le troisième. Les pères les ci-
tent suivant cet ordre, comme on le voit dans
Origène, sur la fin de l'homélie neuvième sur Jo-
sué, dans saint Athanase, ou l'auteur de la Sy-
nopse citée sous son nom, dans saint Augustin(i)
et saint Cyprien (2). Ce dernier, de même que
saint Augustin, cite l'histoire du problème pro-
posé par les trois gardes du corps de Darius,
comme étant du vrai Esdras. Cela n'est pas ex-
traordinaire pour saint Athanase, puisque c'était
l'opinion commune des Grecs, et que leurs exem-
plaires les plus anciens et les meilleurs lisaient ce
problème dans le premier livre. Josèphe (3.), plus
ancien que tous ces pères, le lisait de même ;
ainsi, on peut assurer qu'avant la traduction de
saint Jérôme, la plupart des églises tenaient le
troisième livre d'Esdras pour authentique, puis-
qu'elles suivaient ou les exemplaires grecs, dans
lesquels ce livre tenait le premier rang, ou des
exemplaires latins traduits sur la version grecque.
Et quand les pères et les conciles (4) des pre-
miers siècles ont déclaré les deux livres d'Esdras
canoniques, ils l'entendaient suivant leurs exem-
plaires, qui ne faisaient qu'un livre du premier
d'Esdras et de Néhémie. et qui comptaient pour
premier d'Esdras celui qui est le troisième dans
nos bibles.
Les mêmes pères grecs (5) et latins (6) citent le
livre que nous appelons troisième d'Esdras, quel-
quefois même contre les hérétiques, et dans des
matières contentieuses, sans témoigner le moindre
scrupule sur son autorité. Enfin, ce troisième li-
vre ne contenant que ce qu'on lit dans le premier
livre d'Esdras, à l'exception de quelques change-
ments et de l'histoire du problème proposé par les
trois gardes du corps de Darius (7), il semblerait
trop dur, dit-on, de le ranger absolument parmi
les apocryphes, surtout quand l'Église grecque
le reçoit pour canonique. D'ailleurs il ne contient
rien de contraire ni à la foi, ni aux bonnes mœurs;
et l'histoire du problème dont on a parlé est re-
çue par les pères, et par plusieurs auteurs ecclé-
siastiques, comme contenant le récit d'un événe-
ment certain. Ce sont ces raisons qui ont déter-
miné Génébrard (8j à soutenir la canonicité de ce
111e livre. Les Juifs ne le mettent pas, à la vérité,
au nombre des proto-canoniques ; mais ils le reçoi-
vent dans les deutéro-canoniques. Voilà ce qu'on
dit en faveur de ce livre.
Mais l'Église latine l'ayant rejeté, et placé parmi
les apocryphes, est-il encore permis de proposer
comme une question soutenable s'il est du nom-
bre des livres canoniques ? Le sentiment et la
pratique des Grecs sont-ils une loi pour nous,
surtout depuis le concile de Florence, où l'on ne
reçut pour canoniques que ces deux livres d'Es-
dras et de Néhémie ? La plupart des anciens pè-
res, qui l'ont cité comme authentique, pouvaient
ignorer, et ignoraient apparemment, que ce ut0
livre fût fort différent de l'hébreu. S'ils l'eussent
su, ils n'auraient eu garde de le recevoir, puis-
qu'en tant d'endroits ils déclarent ne recevoir
pour authentiques que les livres qui sont dans le
canon des Hébreux.
Saint Jérôme, 'qui était plus instruit dans ces
matières, rejette les troisième et quatrième livres
attribués à Esdras, comme des ouvrages fabuleux
et remplis de fictions : Nec apocryphorum teriïi et
quartï (Esdrœ) somniis quisquam delectelur (9).
Tout ce qui n'est point dans les exemplaires hé-
breux, ajoute-t-il, et qui ne vient pas des vingt-
quatre vieillards (10), ne mérite aucune croyance.
Si l'on objecte l'autorité des Septante, la variété
qui se remarque dans leurs exemplaires montre
assez qu'ils sont incohérents à ce sujet. On ne
peut établir ni assurer la vérité d'un écrit si plein
de variantes, et qui s'accorde si peu avec les ori-
ginaux : Nec potest ulique verum asseri, quod di-
version est. Saint Jérôme reconnaît donc que les
Grecs recevaient ce 111e livre ; mais il ne laisse pas
de le rejeter, comme étant différent du texte hé-
breu. Quand il n'y aurait que le problème pro-
posé par les trois gardes du roi Darius, il suffirait
pour taire regarder tout le livre comme fabuleux.
(s) Augusl. de Civit. Dei. lib. xviu. cap. 56. Nisi forte
Esdras in eo Christum prophetasse intelligendus est,
quod inter juvenes quosdam orta quasstione, quid amplius
valeret in rébus, cum regem unus dixisset, alter virum,
tertius mulieres,item tamen tertius veritatem super omnia
demonstravit esse victricem.
(2) Cyprian. Ep. lxxiv. ad Pompeiam.. Apud Fsdram
veritas vincit.
(j) Joseph. Antiq. I. xi. c. j.
(4) Concil.Carthag. 1u.can.4y.- Canones. Apostol. ctfrt.84.-
Laodice. c. ult.-D. Augus. de Doctrin. Ckrisl. t. 11. c. 8. -
Innoc. 1. ep. m. art. 7.
(<) Athanas. oral. m. contra Arlanos. ■* Justin, martyr.
Dialog cum Tryphon. p. 297. et atii passim.
(6) August. de Civit. t. xvm. cap. 36.- Cyprian. ad Pom-
peiam. - Opus imperfcctum in Malth. Homil. 1.
(7) Esdr. m. îv. v.
(8) Genebrard. in Chronico an. j7,'o. pag. 95. 96.
(9) Hieron. epist. ad Domnion. et Rogatian.
(1) Saint Jérôme entend par là les vingt-quatre livres
qui composent le canon des Hébreux. Voyez le Prolo-
gus Galcatus.
366
NOTES SUR LES LIVRES APOCRYPHES
Quant à l'auteur du in° livre d'Esdras, on peut
assurer qu'il est ancien, quoique inconnu, puisque
Josèphe et les anciens exemplaires grecs lisent
l'histoire du problème, qui est rapportée dans son
livre. Ce ne peut être qu'un Juif helléniste, qui a
voulu embellir la vie de Zorobabel par une cir-
constance qui lui est glorieuse, et qui d'ailleurs
est divertissante pour le lecteur. Nous ne vou-
drions point absolument l'accuser d'avoir fait
cette addition de mauvaise foi : il crut peut-être
qu'elle manquait, l'ayant apparemment trouvée
bien établie dans la tradition du peuple ; mais ces
traditions populaires ne sont pas toujours fondées
sur la vérité, et souvent une action véritable est
gâtée par les circonstances fabuleuses qu'on y
mêle. On peut croire que c'est ce qui est arrivé
à celle-ci. La fausseté s'y trahit elle-même ; et on
ne peut excuser l'auteur d'avoir modifié plusieurs
circonstances du véritable Esdras, pour appuyer
son roman, et pour empêcher qu'on ne s'aperçût
de sa fraude.
Le iiic livre d'Esdras (i) commence par la des-
cription de la Pâque magnifique qui fut célébrée
sous le roi Josias. Il rapporte ensuite la mort de
ce prince, et l'histoire de ses successeurs, jusqu'à
la ruine entière de Jérusalem. Tout cela est tiré
des deux derniers chapitres des Paralipomènes.
Le second chapitre raconte la manière dont
Cyrus mit les Juifs en liberté, et leur rendit les
vases sacrés; l'opposition que les ennemis des
Juifs apportèrent à la construction du temple; leur
lettre à Artaxerxès, et la réponse de ce prince(2).
Le troisième chapitre raconte que Darius ayant
fait un grand festin à tous les officiers de sa cour,
à tous les magistrats de la Médie et de la Perse,
et à tous les autres qui gouvernaient les cent
vingt-sept provinces de ses états, après le souper,
le roi s'endormit, et les trois gardes qui étaient
de service auprès de sa personne se dirent : Pro-
posons chacun quelque chose, et celui qui sou-
tiendra le mieux son sentiment sera richement
récompensé par le roi ; il portera la pourpre, boira
dans une coupe d'or, aura un lit d'or, un chariot
traîné par des chevaux ornés de brides d'or, un
collier précieux, le bonnet de byssus, nommé
Cydaris (qu'on n'accordait qu'aux personnes du
premier rang] : il sera assis à la seconde place
après Darius, et sera nommé le parent du roi.
Alors chacun d'eux écrivit sa proposition, et,
l'ayant cachetée, ils la mirent sous le chevet du
roi. L'un dit que la chose du monde la plus forte
est le vin ; le second, que c'est le roi ; le troi-
sième, que ce sont les femmes, mais que la vérité
l'emporte sur tout cela. Le roi se leva, et ils lui
présentèrent leurs écrits.
Alors Darius assembla tous ses officiers et les
gouverneurs de ses provinces. On lut en leur pré-
sence les propositions des trois gardes du roi, et
on les fit entrer dans la salle pour soutenir leur
sentiment. Le premier parla de la force du vin, et
fit voir ses effets sur l'esprit et le cœur des hom-
mes ; ôtant aux uns le souvenir de leur misère,
inspirant aux autres la joie et le courage, la har-
diesse, la libéralité, et quelquefois la colère et la
fureur. Le second parla sur la puissance du roi,
qui s'étend sur les mers et les terres, qui fait
trembler les nations, et qui, par le moyen de ses
armées, abat les montagnes, les tours et les mu-
railles, tue, ravage, terrasse, pardonne, rétablit,
soutient: les peuples soumis lui apportent le fruit
de leurs travaux ; ses ennemis le redoutent ; tout
le monde le respecte.
Zorobabel, qui était le troisième, exagéra le
pouvoir des femmes. Elles dominent, dit-il, et le
roi et les sujets ; elles donnent la naissance aux
grands comme aux petits ; ceux qui cultivent la
vigne et ceux qui boivent le vin ne feraient pas
sans les femmes. Ce sont elles qui leur donnent
des habits et des ornements précieux. L'homme
quitte ses parents, ses amis et sa patrie, pour
s'attacher à sa femme. Elle adoucitles plus farou-
ches ; elle gagne les plus violents. Le roi, tout
puissant qu'il est, se laisse quelquefois maltraiter
familièrement, et par amitié, d'une femme. J'ai
vu Apémée, fille de Besace, assise à la droite du
roi, lui ôter le diadème, se le mettre sur la tête
et frapper le roi de sa main gauche.
Mais, ajouta-t-il, la force de la vérité l'emporte
encore sur les caresses et les attraits de la femme.
Toutes les nations révèrent et invoquent la vérité,
le ciel la bénit ; toute la terre la craint et la res-
pecte. Le vin, le roi et les femmes, peuvent tom-
ber dans le désordre et dans l'injustice ; mais la
vérité est incorruptible et éternelle. Sa force n'est
ni passagère ni sujette au changement. Elle ne
fait acception de personne ; elle ne s'égare point
dans ses jugements ; elle fait toute la force, la
beauté, la puissance de tous les siècles. Béni soit
le Seigneur de la vérité. Il se tut, et toute l'as-
semblée s'écria : La vérité est grande !
Alors le roi le déclara vainqueur, et lui dit qu'il
lui accordait non seulement ce qui était porté
(1) Esdr. i. C'est la même que celle dont il est ques- le même jusqu'au verset 16, que le premier du premier
tion dans les deux derniers chapitres des Paralipo- livre ; et depuis le verset 16 jusqu'à la fin, il est le
mènes. même que le quatrième du premier livre, verset 7
(2) Le second chapitre du troisième livre d'Esdras,est et suivant.
DE L'ANCIEN TESTAMENT
}67
dans leur écrit, mais de plus qu'il lui permettait
de lui faire la demande qu'il voudrait. Zorobabel
le supplia très humblement de se souvenir du vœu
qu'il avait fait, lorsqu'il parvint à la royauté, de
faire rebâtir le temple qui avait été brûlé par les
Iduméens, lorsque les Chaldéens prirent la ville
de Jérusalem, et d'y renvoyer tous les vases que
Cyrus avait mis à part, lorsqu'il prit Babylone,
pour les faire reporter à Jérusalem; que c'était la
seule grâce qu'il lui demandait. Darius l'embrassa,
lui accorda sa demande, et écrivit aux gouver-
neurs des provinces d'au-delà de l'Euphrate de
ne point inquiéter les Juifs; de les laisser jouir,
eux et leur pays, d'une pleine et entière immu-
nité ; de contraindre les Iduméens, qui s'é-
taient emparés de leurs terres et de leurs villes, à
les abandonner; de faire conduire à Jérusalem les
bois du Liban nécessaires pour les constructions;
de fournir aux lévites et aux ministres du temple
la nourriture et l'habit dont ils se servent dans
les cérémonies, jusqu'à ce que la ville et le tem-
ple fussent entièrement rebâtis. Il veut aussi qu'on
donne vingt talents de son domaine par an pour
contribuer à la reconstruction du temple, et dix
autres talents pour les frais des sacrifices, qu'on
offrira tous lesjours soir et matin ; enfin il permet
au peuple de Juda de rebâtir Jérusalem, et leur
accorde une parfaite liberté, à eux, à leurs prê-
tres, et à leurs successeurs à perpétuité. Zoroba-
bel revint à Jérusalem avec ces ordres et ces
pouvoirs, qu'il communiqua et qu'il signifia aux
gouverneurs des provinces ; et ramena avec lui
quarante-deux mille trois cent quarante Juifs,
outre un grand nombre d'esclaves. Voilà en abrégé
ce qu'on lit dans les chapitres ni, iv et v du troi-
sième livre d'Esdras. C'est ce qui se fait le plus
remarquer dans ce livre, et ce qui fait sa princi-
pale différence d'avec le premier livre d'Esdras.
Quant à l'histoire des trois gardes du corps de
Darius, i° elle ne s'accorde nullement avec l'his-
toire d'Esdras, qu'on lit dans les livres hébreux
et dans les exemplaires canoniques. Si Darius,
en renvoyant les Juifs avec Zorobabel à Jérusa-
lem, eût écrit à ses officiers d'au-delà de l'Eu-
phrate en leur faveur, ces officiers auraient-ils eu
la hardiesse de venir leur demander pourquoi
ils bâtissaient le temple (i)? Ne savaient-ils pas
les ordres du roi, et n'étaient-ils pas eux-mêmes
obligés de contribuer à ce bâtiment (2) suivant le
faux Esdras r Zorobabel aurait-il été contraint de
recourir, comme il le fit (3), à l'ancienne permis-
sion accordée par Cyrus aux Juifs de rebâtir le
le temple ? 20 L'auteur suppose que Zorobabel ne
revint pas le premier en Judée, lorsque Cyrus y
renvoya les Juifs; et il suppose cela contre la vé-
rité de l'histoire (4). }° 11 ne met la consécration
de l'autel (5) et le renouvellement des sacrifices
que dans la seconde année de Darius, ce qui
répugne encore au vrai Esdras, qui nous apprend
que cela arriva au septième mois (dans la pre-
mière année du retour des Juifs), sous le règne de
Cyrus, et avant qu'Artaxerxès eût défendu de con-
tinuer la reconstruction du temple (6). 40 II donne
à Esdras la qualité de grand prêtre (7) dans une
circonstance où nous savons par Néhémie (8)
qu'Esdras n'était que simple prêtre. $° Il avance
sans aucune preuve deux faits insoutenables :
l'un, que Zorobabel était garde du corps de Da-
rius (en Perse) (9), pendant que le même Zoro-
babel était sûrement à Jérusalem (10); l'autre fait,
aussi incroyable que le premier, est que Darius,
lorsqu'il fut élevé à l'empire, fit vœu de rebâtir
le temple de Jérusalem (1 1). Si cela était, qu'était-
il besoin de faire fouiller dans les archives, pour
savoir si Cyrus l'avait autrefois permis (12)? 6° Il
fait dire à Darius qu'il donne aux Juifs une en-
tière immunité de toutes sortes de charges (ij);
et nous savons par Néhémie que les Hébreux
étaient surchargés de tributs (14). 70 II distingue,
ce semble, Néhémie d'Athersatha (1 <.), quoique,
selon l'opinion commune, Aihersalha soit simple-
ment le nom de l'office d'échanson (16), que Né-
hémie avait eu auprès d'Artaxerxès : ou plutôt,
s'il n'a pas prétendu les distinguer, il confond cet
Athersatha, dont il est parlé au temps de Zoro-
babel,avec Néhémie, qui ne revintque longtemps
après Zorobabel. 8° L'auteur avance une fausseté
manifeste, et tombe dans une contradiction visible
contre lui-même, lorsqu'il dit que Zorobahel pria
Darius de renvoyer à Jérusalem les vases sacrés,
que Cyrus avait préparés à cet effet (17), comme
si Cyrus n'eût pas exécuté ce dessein ; ce qui est
tout opposé à ce qu'en dit le véritable Esdras, et
à ce que l'auteur même en a écrit au chapitre 11,
versets 10, 11, 12. 90 11 charge, contre toute
apparence, les Iduméens du crime de l'incendie
(1) m.Esdr. vi. it.
(2) Ibid. iv. 48.
(j) Ibid. vi. 17.
(4) 1. Esdras. 11. 1. et seq.
(5) 1. Esdr. v. 47. et seq.
(6) 1. Esdr. m. t. et seq.
(7) m. Esdr. ix. $9,40-50.
(8) 11. Esdr. vin. 1,2-9.
(9) m. Esdr. m. 4-;.
(10) 1. Esdr. v. 1. 1.
(11) m. Esdr. iv. 45.
(12) Ibid. vi. 2j.
(1?) m. Esdr. iv. 50.
(14) 11. Esdr. v. 4. et ix. 37.
(15) ni. Esdr. v. 40.
(iô) 11. Esdr. vin. 9. — (17) m. Esdr. iv. 44. e/57.
3 68
NOTICE SUR LES LIVRES APOCRYPHES
du temple (1), lorsque Jérusalem fut prise par
les Chaldéens. io° Il renverse l'ordre des temps
et des événements, en voulant réunir ensemble
toute l'histoire d'Esdras. Il place à la fin de son
dernier chapitre (?) une circonstance qui n'arriva
que sous Néhémie, et qui n'est rapportée que
dans le livre de ce dernier (3). n° Il dit que
Darius donna aux Juifs, qui s'en retournaient à
Jérusalem, une escorte de mille chevaux, pour
les conduire eu paix et en sûreté (4) ; précaution
assez inutile pour escorter une troupe de près de
cinquante mille hommes. 120 Enfin il donne à son
récit l'air d'une fable en disant que ces trois offi-
ciers se partagent les honneurs (5), et prescrivent
en quelque sorte au roi les récompenses dont il
doit honorer celui qui aura gagné le prix. De
plus, ces récompenses sont excessives, c'est tout
ce que pourrait prétendre un général qui aurait
gagné des batailles et conquis des provinces.
Le reste du livre, du moins ce qu'il y a de vrai
et de bien lié, est tiré du premier livre d'Esdras.
presque mot pour mot. Nous croyons donc que
l'auteur du troisième livre est un Juif helléniste
qui, pour donner cours à l'histoire du problème
que nous avons vu, a jugé à propos d'ajuster à sa
narration le vrai texte d'Esdras. Mais il n'était
point assez habile pour une entreprise si délicate;
il est tombé dans des fautes si grossières, que son
ouvrage a été, avec raison, rejeté des églises; et
l'on s'en est tenu au texte hébreu des Juifs, et
aux anciens exemplaires grecs qui n'avaient pas
reçu cette addition.
Le quatrième livre d'Esdras est beaucoup plus
important. Ce livre a été originairement écrit en
hébreu, et traduitensuite engrec, mais de cesdeux
textes, il nenousresteaujourd'hui qu'une version la-
tine remplie de fautes parla négligence des copistes.
L'auteur est un Juif qui, sous le nom d'Esdras, a
tâché de consoler ses frères dans l'extrême déso-
lation où ils lurent réduits par les Romains, dans
les dernières guerres qu'ils eurent sous le règne
de Titus et de Vespasien. On ne peut pas douter
que cet ouvrage ne soit en effet d'un Juif hébreu.
i° Par les fréquents hébraïsmes qui s'y rencon-
trent, et par des expressions singulières qui ne
conviennent qu'à la langue hébraïque. 2° Parce
que l'auteur copie très souvent les paroles et
l'idiome des prophètes ; que les comparaisons
dont il se sert sont entièremnnt conformes au
style et au génie des Hébreux. 30 Que les fictions
dont cet auteur orne son discours approchent fort
de celles des thalmudistes et des rabbins moder-
nes. Telles sont les apparitions fréquentes des
anges Uriel et Jérémiel; tel est le passage mira-
culeux de l'Euphrate; telle est la supposition
d'une création d'hommes faite tout à la fois, des
eaux n'occupant que la septième partie de la terre,
et ce qu'il dit de Béhémoth et de Léviathan, des
trente années que les Juifs furent sans sacrifices
avant que Salomon eût bâti le temple ; du par-
tage des années du monde en douze âges diffé-
rents, dont les dix premiers âges et demi s'étaient
déjà écoulés de son temps ; enfin de la restitution
miraculeuse des livres de l'Écriture, après leur
prétendue perte entière.
On ne peut pas non plus douter que cet auteur
n'ait été chrétien, puisque dans cet ouvrage il
parle clairement et nommément de Jésus-Christ,
qu'il le reconnaît pour le fils de Dieu, qu'il an-
nonce sa venue et sa mort, la conversion des
gentils, la prédication des douze apôtres et l'éta-
blissement de l'Église: qu'il reconnaît que le
péché d'Adam a corrompu toute sa postérité ;
qu'il établit la nécessité des secours de Dieu, le
petit nombre des élus et le grand nombre des
réprouvés, la résurrection des morts et le juge-
ment dernier ; qu'enfin il emprunte les propres
termes des évangélistes, de l'apôtre saint Paul,
et surtout de saint Jean dans son Apocalypse :
d'où l'on doit conclure que l'auteur de ce livre a
vécu ver? la fin du premier, ou au commencement
du second siècle de l'Église : on croit même qu'il
vivait encore sous l'empereur Domitien; quelques
interprètes prétendent qu'il a parlé clairement de
ce prince et de ses prédécesseurs au chapitre xn,
verset 14 et suivants. En effet, il paraît dès le
temps même de saint Irénée, de saint Clément
d'Alexandrie et de Tertullien, que ce livre apo-
cryphe avait déjà reçu quelque autorité, puisque
c'est sans doute sur la foi de cet auteur que les
premiers pères de l'Église ont cru que le vérita-
ble Esdras avait recouvré les saintes Écritures
qu'ils prétendaient avoir été brûlées et entière-
ment perdues dans l'embrasement de Jérusalem,
sous le règne de Nabucodonosor.
Quoique l'auteur de ce livre ne soit pas le vé-
ritable Ésdras, comme il paraît évidemment par
tout ce que l'on vient de dire, et qu'il soit, vrai
qu'il a affecté d'emprunter un nom qui ne lui ap-
partient pas ; qu'il ait à ce dessein daté son livre
de la trentième année de la captivité de babylone,
et qu'il ait même emprunté le nom de ce'prophète,
on ne doit pas absolument le regarder comme un
faussaire; car si l'on considère le génie et le ca-
ractère de la nation juive, on ne sera plus surpris
que cet auteur ait pris le style prophétique pour
(i; m. Esdr. iv. 45. — (2) m. Esdr, i.x }'. et seqq.
(!) 11. Esdr. vin. 1. cl seqq.
\ (4) 111. Esdr. v. 2. et s:qq.
(5) 111. Esdr. m. v. et seq,
DE L'ANCIEN TESTAMENT
369
s'insinuer plus aisémentdans l'esprit de ses frères,
dont il désirait la conversion, et qu'il se soit con-
formé à leur goût, dans le dessein qu'il avait de
rendre ses instructions plus efficaces. Il pouvait ainsi
les porter plus aisément à embrasserla religion
de Jésus-Christ, et les disposer, parleurs bonnes
œuvres, et par la patience dans leurs maux, à pro-
fiter des nouvelles lumières qu'il leur offrait, afin
d'éviter la colère de Dieu au dernier jour de ses
vengeances. Tel est en effet le but de cet ouvrage
qui est rempli de force, d'énergie et de belles ins-
tructions. C'est ce qui a déterminé les fidèles à
ne pas le rejeter absolument, comme un écrit en-
tièrement faux et fabuleux ; mais à le séparer du
canon de la Bible, et à l'imprimer en caractères
différents, afin d'avertir les fidèles de la distinc-
tion qu'ils doivent mettre entre les Écritures divi-
nement inspirées, et les écrits des simples particu-
liers qui n'ont pas reçu la même autorité.
Quant aux 111e et iv° livres des Maccabées,
le premier est parfaitement étranger au nom
qu'il porte.
L'auteur est absolument inconnu, et le sur-
nom de troisième livre des Maccabées qu'on a
donné à son ouvrage ne lui convient point ; puis-
qu'il n'y est pas dit un seul mot de ces illustres
et vaillants défenseurs des lois de Dieu et de
celles de leur nation ; que les faits qui y sont
décrits ne conviennent point au temps auquel ils
ont vécu, et qu'ils regardent uniquement les cir-
constances delà délivrance miraculeuse des Juifs
captifs et prisonniers sous le règne d'un des Pto-
lémées. A l'égard de la vérité de l'histoire qui fait
le sujet de ce livre, on n'en peut pas douter, puis-
qu'elle est rapportée par Josèphe, contre Appion,
livre 11, mais avec cette différence, que l'auteur de
ce livre dit qu'elle s'est passée sous Ptolémée Phi-
lométor, ou, selon la version syriaque, Philopator,
lorsqu'après avoir remporté la victoire sur Antio-
chus, roi de Syrie, il vint voir par curiosité le
temple et la ville de Jérusalem, et que l'entrée
du sanctuaire lui ayant été refusée, il prit la réso-
lution de se venger de cet affront sur tous ceux
de cette nation qui demeuraient dans son royaume.
Josèphe, au contraire, dit que ce fut sous Ptolé-
mée Physcon, après la mort de Ptolémée Philo-
métor son frère, et à l'occasion de la guerre que
le grand prêtre Onias entreprit contre ce prince
au sujet de Cléopâtre, qu'il voulait chasser de son
trône aussi bien que ses enfants. Ces deux auteurs
ne s'accordent point dans ces circonstances non
plus que dans quelques autres ; mais cependant
ils conviennent également du miracle de la déli-
vrance des Juifs ; le dernier même s'en est servi
contre Appion, pour lui prouver que, dans cette
guerre contre Physcon, les Juifs n'avaient rien
S. B. — T. XII.
fait contre la fidélité qu'ils devaient aux princes
alliés ; puisque Dieu même, en prenant leur
défense, les avait miraculeusement justifiés.
Ce livre est écrit en grec par un Juif helléniste,
d'un style assez élégant ; il est imprimé dans plu-
sieurs éditions, et surtout dans les polygottes, où
l'on a même ajouté une version syriaque fidèle-
ment traduite, à quelques différences près, sur le
f^rec ; et comme cet ouvrage ne contient rien que
de très édifiant, qu'il a même été inséré entre les
livres canoniques par le 84e ou le dernier des
canons vulgairement appelés des Apôtres ; que
l'auteur de la Synopse, ou de l'abrégé des écri-
tures, attribuée à saint Athanase, l'a compris au
nombre des livres de l'Ancien Testament, dont
l'autorité est douteuse ; on a cru de tout temps
qu'il était à propos de l'imprimer avec les autres
livres apocryphes, pour ne rien omettre de tous
ce qui peut servir à l'éclaircissement et à l'intel-
ligence de l'histoire sainte. Malheureusement la
traduction latine est très défectueuse.
A l'égard du temps auquel on doit placer cette
histoire dans la chronologie, les interprètes et les
historiens paraissent ne pas convenir entre eux,
parce qu'on ignore sous lequel des Ptolémées
elle est arrivée; si c'est sous Ptolémée Physcon,
surnommé aussi Évergète, ou sous Ptolémée
son frère, surnommé Philométor ; si cette cap-
tivité des Juifs dont ils furent miraculeuse-
ment délivrés fut la suite de la guerre qu'eut le
grand prêtre Onias au sujet de Cléopâtre, ou si
ce fut du refus que les Juifs firent à ce Ptolémée
de le laisser entrer dans le sanctuaire, lorsqu'après
avoir remporté la victoire sur Antiochus, il vint
voir la ville et le temple de Jérusalem. L'auteur
en fixe l'époque sous la grande sacrificature de
Simon, fils d'Onias, cap. m, v. 1, par conséquent
' vers l'an 144 avant Jésus-Christ. D'autres placent
la rédaction de ce livre bien antérieurement au
temps où, selon Polybe, Ptolémée attaqua An-
tiochus près de Raphia ; d'autres lui attribuent
la date de 70 ans avant Jésus-Christ ; d'autres
vont même jusqu'à l'an 40.
Le iv° livre a reçu le nom des Maccabées parce
qu'il contient l'histoire de ces illustres défen-
seurs des libertésde leur patrieetde la foi de leurs
pères. En effet, ce quatrième livre, au moins
par rapport à la première partie, n'est au fond
qu'une copie ou un extrait des deux premiers
livres qui portent le même nom. Mais la seconde
partie, qui commence au chapitre xvn, poursuit
l'histoire des Juifs jusqu'en l'an 11 avant Jésus-
Christ.
Ces deux parties contiennent donc l'histoire
sommaire de ce qui s'est passé de plus considé-
rable chez les Juifs pendant près de deux cents
ans, c'est-à-dire, depuis les Maccabées jusqu'au
24
*/'
NOTICE SUR LES LIVRES APOCRYPHES
dénombrement de tous les sujets de l'empire ro-
main, qui fut exécuté dans la Judée peu de temps
avant la naissance de Jésus-Christ. On ne sait
point qui est l'auteur de ce livre, ni dans quel
temps il a été écrit, car, à en juger par les bornes
qu'il lui donne, il paraîtrait qu'il l'a composé
vers la quatrième année du règne d'Auguste ; et,
selon cette supposition, il serait antérieur à Josè-
phe, qui a continué son histoire jusqu'au règne
de Domitien : mais comme cet auteur dit lui-
même, chapitre îx, verset 3, que Judas Maccabée
ayant fait dresser un autel, il en sortit un feu qui
consuma les victimes qu'on y avait offertes au
Seigneur, et que ce feu s'y conserva depuis jus-
qu'au temps de la troisième captivité, usque ad
terliam transmigrationem, qui ne peut être autre
que celle qui arriva sous Titus et Vespasien, il
paraît évident qu'il vivait à peu près dans le même
temps que Josèphe : ainsi, il pourrait bien se
faire qu'il eût copié Josèphe, et ce pourrait être
Josèphe qu'il cite sans le nommer, chapitre xxv,
verset 3, par ces paroles : nec meminil auctor libri,
et ces autres du chapitre lv, verset 21, refert au-
iem auclor libri. Sixte de Sienne prétend aussi que
son style convient assez à celui de Josèphe, à la
réserve, dit-il, de quelques hébraïsmes ; mais il
nous paraît impossible de rien décideràcet égard,
puisque nous n'avons point le texte original, mais
seulement une version arabe. Il est vrai toutefois
que plus ordinairement il semble suivre l'ordre
de la narration de Josèphe, et le copier souvent
presque mot à mot ; cependant il y ajoute quel-
quefois ou en retranche quelque chose, et sem-
ble n'en donner que des extraits: il n'est pas tou-
jours aussi de son sentiment, car il n'admet pas
les éloges qu'il donne à Antipater : il favorise les
saducéens et les esséniens, et très peu les phari-
siens : il n'est pas non plus d'accord avec Josèphe
et Aristée sur le nombre des interprètes grecs de
l'Écriture, ni sur celui de leurs cellules et de leurs
secrétaires ; ainsi on pourrait croire que c'est un
auteur original, au moins à l'égard de la seconde
partie, et qu'il a composé son récit aussi bien que
Josèphe sur les ouvrages ou mémoires d'Hérode,
de Nicolas de Damas, de Strabon,de Tite-Live,et
d'autres auteurs que Josèphe cite souvent, et sur-
tout Anliq. xiv, cap. 8, liv. xv, cap. 9, liv. xvi,
cap. 1 1.
A l'égard de la première partie, quelques au-
teurs ont cru que c'était le même ouvrage qui est
cité dans le premier livre canonique des Macca-
bées, chapitre xvi, verset 24, ou un autre intitulé
les Fastes d'Hyrcan. Nous ne le pensons pas.
Dans l'une et dans l'autre des deux parties de
ce livre, il se rencontre des fautes très grossières
et des méprises considérables, dont les unes
paraissent venir de l'auteur, et les autres s'y être
glissées par l'erreur des copistes, comme on peut
le voir à l'égard de ce qui est dit d'Eléazar,
chap. iv, verset 1, et de Félix, que l'auteur prend
pour Apollonius, chap. vu, verset 7 ; de ce qu'il
attribue à Ptolémée au lieu de Timothée, ch. x,
verset 12; en ce qu'il alu Bethner pour Bethsura,
chap. xi, verset 3, et xv, verset 2, Lalis pour Laïs,
Asoth pour Asa, chap. xvn, verset 2, Arta pour
Aretas,c/2a/?. xxxvi, verset 5, Nicomède pour Nico-
dème, chap. xxxv, verset 18 ; en ce qu'il fait tuer
Alexandre par Gabinius, au lieu que Josèphe dit
que ce fut par l'ordre de Scipion, chap. xxxix,
verset 6; et enfin par rapport à ce qu'il dit sur les
circonstances particulières de la naissance de
Jules César, et plusieurs autres fautes très con-
sidérables.
Ce livre est cité par l'auteur de la Synopse,
comme nous l'avons fait remarquer précédemment,
et il le met à la fin de son abrégé au nombre de
ceux dont on doute. De iis qui ex veteri instru-
menta sunt quitus conlradicilur sunl Sapientia Salo-
monis, etc. Islis connumeraniur M 'achabœorum libri
quatuor : ainsi il distingue ce iv" livre aussi bien
que les trois autres, et la Sagesse de Salomon,
etc., de ceux qui sont absolument rejetés et mis
au nombre des apocryphes, et c'est peut-être de
ce livre que parle Clément d'Alexandrie, Strom.
liv. v. Il le cite sous le nom d' Epitome, ou abrégé
de ce qui s'est passé sous les Maccabées. Ce
livre a été confondu avec un autre dont le titre est
rhpî aÔ7o/.pa:op; My:iu.w , de l'empire ou de la sou-
veraineté de la raison ; mais ce n'est pas le même
ouvrage. On peut voir ce dernier dans les œuvres
de Josèphe.
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
Parvenus à la fin de l'Ancien Testament, il
n'est pas sans utilité de synthétiser la vie reli-
gieuse et sociale du peuple juif, de considérer
sur quelles bases était fondée cette nation extraor-
dinaire, qui menait une existence en désaccord
avec tous lesautres peuples. Heureuse tant qu'elle
pratiquait ses lois et était fidèle à ses usages, elle
tombait dans l'infortune dès qu'elle s'en écartait.
Tout changement lui était préjudiciable.
Le but de Moïse fut évidemment d'isoler le
peuple hébreu, pour lui permettre d'accomplir ses
destinées providentielles. Tout mélange avec les
autres peuples aurait compromis sa mission. De
là ces préceptes exclusifs qui parurent aux païens
haine de l'humanité.
Ce jugement formulé par Tacite avait une
apparence de réalité, bien qu'il fût complètement
faux dans son principe. Les païens en auraient eu
une tout autre opinion, s'ils avaient connu l'en-
semble de cette législation admirable, la plus
douce et la plus morale incontestablement de
toute l'antiquité.
Nous allons l'étudier brièvement pour en avoir
une vue d'ensemble.
Religion, Gouvernement, Lois, Coutumes, Sciences,
Arts, et Commerce des Juifs.
Moïse représente Dieu comme le fondateur
de la religion et de la république des Juifs. Aussi
Josèphe distingue-t-il le gouvernement de ce
peuple de tous les autres gouvernements du
monde, par le mot de théocratie (i); car quoique
cette théocratie ait souvent varié sous Moïse, les
Juges, les Rois et les grands prêtres, Dieu fut
toujours regardé comme le Monarque des Israé-
lites. Sous Moïse, cet Etre suprême était le Di-
recteur de tous les événements importants, et
Celui de l'autorité duquel émanaient toutes les
lois. Quoique Josué ne reçût point les ordres di-
vins de la bouche de Dieu même, il avait pour-
tant le privilège de consulter Dieu, quand il en
était besoin, par le moyen de l'ourim. Les Juges
étaient des hommes vaillants et sages, que Dieu
avait choisis pour gouverner les Israélites, et
pour les délivrer de temps en temps, de l'état de
servitude que leurs fréquentes rébellions leur
attiraient. C'était à cela que se bornait leur com-
mission.
Lorsque Josué eut délivré les Israélites du joug
des Madianites, et que le peuple eut offert de le
reconnaître, lui et ses descendants, pour- souve-
rains, il répondit sagement, que ce ne serait ni
lui ni ses fils, mais Dieu qui dominerait sur
eux (2). Quand, dans la suite des temps, leur envie
d'avoir un roi fut devenue si forte, que tous les
reproches de Samuel ne purent la modérer, Dieu
trouva bon de nommera la royauté Saùl, et, après
lui, DaVid, et de rendre cette dignité héréditaire
dans la maison de ce dernier, en se réservant
néanmoins le pouvoir d'altérer l'ordre de la
succession, en transportant la couronne dans
une branche cadette, quand il le jugerait à
propos, comme il arriva à l'égard de Salomon.
On peut même dire que Dieu, prévoyant com-
bien ils seraient portés pour le gouvernement
monarchique, se réserva le choix, et régla par
des lois la conduite de ceux entre les mains
desquels devait être remise la puissance sou-
veraine (3); et, toutes les fois que les rois ou
le peuple refusaient de suivre ses conseils ou
d'obéir à ses ordres, cette conduite était aussitôt
suivie de quelque châtiment, qui leur rappelait le
souvenir de leur devoir et de leur dépendance.
A la vérité, les rois d'Israël, après leur sépa-
ration d'avec Juda, s'arrogèrent un pouvoir plus
arbitraire ; mais leurs efforts pour secouer le joug
de Dieu, fut une source féconde de maux pour
les tribus rebelles, jusqu'à ce qu'enfin les exhor-
tations et les menaces des prophètes étant deve-
nues des moyens aussi impuissants pour les ra-
mener à l'obéissance que les plus sévères punitions,
Dieu les rejeta entièrement, et les condamna à
une éternelle captivité. Il paraît par là que le
royaume de Juda et même celui d'Israël, tout
corrompus et tout idolâtres qu'ils étaient, restèrent
soumis à la théocratie jusqu'à leur dissolution.
La plus grande partie de leurs lois fut donnée
(1) Contr. Appion,
(i) Jug. VIII f. 22. 2J.
(j) Deut. xvn. f. 14. et suiv.
17
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
à Moïse sur la montagne du Sinaï, et les autres
en différents temps, suivant que l'occasion l'exi-
geait.
Soit donc que nous les considérions comme le
le premier corps de lois qui ait jamais été com-
pilé, pendant que d'autres peuples ignoraient jus-
qu'au nom de loi (i), soit que nous supposions (2)
que les Égyptiens et les autres peuples avaient
déjà des lois, et que Dieu permit à Moïse de
former les siennes sur ce modèle, en y faisant les
changements nécessaires, il est clair que la plus
grande partie en fut dictée par Dieu lui-même, et
que Dieu mit aux autres, sinon la dernière main,
du moins le sceau de son approbation.
Si nous faisons attention que ces lois s'éten-
daient à tous les devoirs et à tous les cas moraux,
politiques ou cérémoniels; que les lois morales
obligeaient éternellement ; que la durée des lois
politiques devait égaler celle de l'état des Juifs ;
que la plupart des lois cérémonielles étaient ty-
piques ou figuratives, et devaient par cela même
subsister au moins jusqu'à la venue du Messie :
si nous considérons que les rois et les prêtres
n'étaient que de simples dépositaires de ces lois,
et qu'il leur était défendu, sous peine de mort et
de la malédiction divine, d'y faire le moindre
changement, nous trouverons naturel que Moïse
leur ait donné un air si respectable, tant à l'égard
de leur importance que de leur durée, puisque
Dieu en avait été l'auteur.
Des exégètes et des historiens ont voulu dis-
tinguer ces lois en morales, politiques et céré-
monielles, et rapporter chacune d'elles à quel-
qu'une de ces trois classes, surtout parce que
cette distinction est généralement reçue, et que
bien des gens prétendent la fonder sur les trois
différents termes que Moïse emploie : lois ou
préceptes, jugements et statuts (3).
Mais si nous considérons que Moïse emploie
d'autres termes encore pour exprimer les mêmes
choses, et qu'il désigne les mêmes lois tantôt par
un de ces mots, et tantôt par un autre; et enfin
que cette distinction ne saurait être appliquée à
plusieurs de ces lois, qui sont en partie morales
et en partie cérémonielles et politiques, nous
aurons lieu d'être convaincus que le législateur
hébreu n'avait pas une pareille distinction en vue.
C'est ainsi, par exemple, que la loi concernant
le jour du sabbat est en partie cérémonielle et
typique, et en partie politique et morale, en ce
qu'elle était destinée à procurer aussi bien le
repos des serviteurs et des esclaves que celui des
maîtres (4). Ajoutons à cela, que ces lois diffé-
raient pareillement par rapport au temps pendant
lequel elles obligeaient. Quelques-unes d'elles,
comme celles qui étaient relatives à la construc-
tion du Tabernacle, et aux bénédictions et malé-
dictions prononcées sur la montagned'Hébal etde
Garizim, devaient être observées une fois pour
toutes; d'autres devaient être abrogées au temps
du Messie, et d'autres enfin, subsister jusqu'à la
la fin du monde. Il suit de là, que tous les en-
droits de l'Ancien Testament, où il est commandé
aux Juifs d'observer toutes les lois et les ordon-
nances de Moïse, ne demandent point une obéis-
sance actuelle, mais un souvenir constant de ces
lois, et une ferme disposition à les accomplir dès
qu'elles redeviendraient en vigueur, car, dans l'exil
et la captivité, plusieurs d'entre elles devenaient
impraticables.
Les rabbins partagent ces lois en affirmatives
et en négatives (5), à l'imitation, du Décalogue,
qui contient en tout huit préceptes négatifs, et
seulement deux affirmatifs.
Les lois négatives, suivant leur calcul, montent
à trois cent soixante-cinq; et les affirmatives à
deux cent quarante-huit; en tout six cent treize.
Et comme ils ont une dextérité merveilleuse à
trouver des mystères partout, ils n'ont pas manqué
d'appliquer le premier de ces nombres aux jours
de l'année, et le second au nombre des parties
qui composent le corps humain; ils assurent
ensuite que Dieu a voulu apprendre par là, que
nous ne devons point passer un seul jour sans
faire de ses lois l'objet de notre méditation, ni
employer les membres de notre corps à aucun
autre usage qu'à son service, suivant cette maxime
de l'Écclésiaste : Crains Dieu et garde ses com-
mandements, car c'est là tout l'homme.
Telles sont quelques-unes decespieusesrêveries
(1) Spencer, deLeg. Rituat. Jud. pass.- Le Clerc, et ai.
(2) Cont. Appion.
Josèphe a tâché de le prouver contre son savant
antagoniste, par les ouvrages d'Homère, le plus ancien
écrivain, dans lesquels le mot de nomos (loi) ne se trouve
pas une seule fois,
(j) Basnag. Rep. Heb. I. 1. c. 18.
(4) Cf. Excd. ,\x. cum Dcut. v. y. i<).
(5) C'est ce qu'ils appellent, conformément au génie
de la langue hébraïque nwyn n4 rmSD, Mitsvoth lo ta-as-
sçeh. et ruuy mise, Miisvolh 'assceh, c'est-à-dire, com-
mandements que lu feras ou que tu ne feras pas, ou, sui-
vant notre manière de traduire, négatifs et affirmatifs.
Ils font, relativement à ces commandements, cette dis-
tinction, que si quelqu'un pèche contre les derniers, sa
faute peut lui être pardonnée, s'il s'en repent ou s'il l'ex-
pie : mais s'il pèche contre un précepte négatif, il ne
suffit pas, pour que sa faute lui soit pardonnée, qu'il s'en
repente, mais il doit attendre jusqu'au jour de l'Ex-
piation. Celui qui commet un péché digne de mort, ne
saurait en obtenir le pardon le jour de l'Expiation, mais
doit essuyer quelques châtiments de la part de Dieu :
enfin ceux qui profanent ou blasphèment le nom de Dieu,
ne peuvent expier ce crime qu'en souffrant la mort pour
l'avoir commis.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
1
qu'ils ont épuisées dans leur kabbale ou tradition
orale. Cependant il faut avouer que les Caraïtes,
ancienne secte juive, ont toujours rejeté cette
tradition, et se sont uniquement appliqués à
l'étude du texte sacré; mais ceux-ci sont en petit
nombre, en comparaison des autres qui les haïs-
sent mortellement ( i).
Il est nécessaire d'observer ici, que, quoique
cette kabbale judaïque, ou tradition orale, soit
rejetée avec raison par tous les chrétiens, comme
remplie d'une quantité de notions ridicules, il y a
cependant une autre kabbale, qui, reçue par quel-
ques-uns des anciens pères, est, jusqu'à ce jour,
fortement défendue par plusieurs savants moder-
nes. Cet ouvrage contient le sens mystique de
l'Ancien Testament, d'après l'interprétation que
les écrivains chrétiens judaïsants y ont attachée,
sens qu'ils affirment leur avoir été transmis depuis
Moïse parles prophètes, nonpartradition humaine,
mais par inspiration divine, comme étant quelque-
fois diamétralement opposé au sens littéral. C'est
ce qui paraît clairement, disent-ils, par l'interpré-
tation que saint Matthieu et saint Paul donnent
de différentes prophéties qu'ils citent, et particu-
lièrement de celles que nous indiquons (2); ils les
prennent dans un sens si éloigné du littéral, qu'il
n'y a pas moyen, disent ceux dont nous rappor-
tons le sentiment, de justifier leurs explications,
sans avoir recours à cette kabbale chrétienne,
et c'est ainsi qu'ils l'appellent.
Lois contre l'idolâtrie, et pour maintenir dans
toute sa pureté le culte du vrai Dieu.
Tu n'auras point d'autres dieux devant ma
face (5).
Vous ne profanerez point, ou ne prendrez point
en vain (4), mais vous sanctifierez le saint nom
de Dieu (5).
Vous détruirez entièrement les images taillées,,
les autels, les bocages et les autres monuments
de l'idolâtrie cananéenne (6).
Vous ne tenterez point l'Éternel, votre Dieu,
comme vous avez fait au désert (7).
Vous ne ferez, ni image taillée, ni aucune
ressemblance des choses qui sont là-haut aux
cieux, ni ici-bas sur la terre, ni aux eaux sous la
terre (8).
Tu ne te prosterneras devant aucune idole, et
tu ne la serviras point (9).
Quiconque voudra engager un autre à se ren-
dre coupable de l'idolâtrie, sera lapidé, s'il en est
convaincu ( 10).
Le butin d'une ville idolâtre ne sera point
conservé, sous quelque prétexte que ce soit,
mais brûlé en public. Les habitants de cette ville
passeront par le tranchant de l'épée, et la ville ne
sera point rebâtie, mais restera éternellement un
monceau de ruines (11)
L'argent, l'or, et les autres ornements pré-
cieux, appartenant aux idoles, seront détruits
avec horreur (1 2).
Quiconque sacrifiera sa lignée à Moloch, soit
Israélite, soit étrangerdans le pays, sera lapidé(i 3).
Il y a plusieurs autres lois, données dans les
mêmes vues, et qu'on trouve en plusieurs endroits
des quatre derniers livres de Moïse. De ce genre
sont aussi celles qui défendent d'avoir commerce,
et de s'allier par mariage avec des nations idolâ-
tres, afin de ne pas s'exposer au risque d'imiter
leur idolâtrie ; du même genre encore étaient
celles qui condamnaient, sous peine de mort (14),
les enchantements, les pronostics (15), la magie,
et autres choses semblables ; comme aussi de
(1) Entre mille autres preuves de cette aversion, nous
nous contenterons d'en citer une. Les Caraïtes sont
tous fort riches ; et comme ils se voient souvent dans
l'embarras de trouver une femme parmi eux, ils seraient
quelquefois charmés d'épouser, à quelque prix que ce fût,
quelqu'une des filles de leurs frères les thalmudistes ;
mais ces derniers, quoique très intéresses, n'ont jamais
pu se résoudre à contracter des alliances avec de si
abominables hérétiques.
(2) Malt. 11. y. \S. 17- 2;. Rom x. y. 6 et suiv. comp.
avec Dcut. xxx. y. 12. Et Ephcs. v. f. ji. avec Gen. 11.
y. 24. Hèbr. 11. y. 6. avec Psaum. vin, y. 6, 7, 8. et al.
( ;) Exod. xx. y. j.
(4^ Les Juifs l'expliquent, avec assez de justesse, en
donnant ce nom à des idoles, comme fit Aaron, lorsqu'il
dit au jeune taureau : Ce sont ici les dieux qui ont fait
sortir Israël d'Egypte. C'est-là un des péchés qui, suivant
eux, ne sauraient être expiés que par la mort du cou-
pable, et pour lequel Aaron aurait dû mourir, si Moïse
n'avait point intercédé en sa faveur.
(5) Exod. xx. y. 7.- Lévit. xxn. y. 52. et passim.
(ù) Deut. xii. f. 2. et suiv.
(7) Deut. vi. y 16. Ils entendent ce précepte de ceux
qui servent seulement Dieu dans l'espérance de quelque
avantage temporel, ce qui est, dans leur idée, une espèce
d'idolâtrie mineure.
(8) Exod. xx. y. 4.- Deut. iv. pass. et v. y. 8.
(9) Exod. xx. y. 5. - Deut. y. 9. et alib. Un homme,
suivant les rabbins, ne doit pas se baisser devant une
idole, quand ce serait pour s'ôter une épine du pied, ou
pour ramassr quelque chose qui serait tombé, ou même
pour puiser un peu d'eau dans le dessein d'étancher une
soif ardente, J3 peur que quelqu'un qui en seraittémoin
ne prît cette action pour un témoignée de respect :
c'est pourquoi, dans toutes les occasions de ce genre,
ils doivent s'asseoir à terre, et tourner le dos à l'idole.
Cependant aucune idolâtrie ne passait pour capitale, à
moins qu'elle ne fût accompagnée de quelqu'une de ces
quatre actions, savoir, de dresser un autel, d'offrir un
sacrifice, de l'encens, ou d'adorer.
(10) Dcut. xiu. y. 6 et suiv. et pass.
(11) Ibid. y. 15. et suiv.
(12) Ibid. vu. y. 2Ç. 26.
(1 j) Lévit. xx. y. 2.
(14) Deut xvm. y. 9. et suiv.
(15) Lévit. xix. y. 26. ji et passim.
574
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
tondre en rond les coins de la tête, de couper les
coins de la barbe, de se faire des incisions pour
un mort, de graver quelques caractères sur le
corps (i), et enfin de se revêtir, à l'exemple des
Cananéens, d'autres habits que de ceux qui con-
viennent à chaque sexe (2).
Lois positives, concernant le culte du vrai Dieu.
L'Éternel, qui donna sa loi aux Israélites sur
la montagne du Sinaï, est le seul Dieu du ciel et
de la terre (3).
Lui seul doit être aimé par eux de tout leur
cœur, de toute leur âme et de toute leur puis-
sance (4) ; lui seul doit être craint par-dessus
toutes choses (5), et son nom doit être sanc-
tifié.
Les parents doivent graver ses lois dans leurs
cœurs, les enseigner à leurs enfants, et aux en-
fants de leurs enfants (6), les porter comme des
fronteaux entre les yeux, et les écrire sur les por-
tes et autres endroits de leurs maisons (7).
Ils circonciront leurs cœurs aussi bien que leur
chair, et ne seront plus rebelles à Dieu, mais le
serviront sincèrement, s'attacheront à lui, et jure-
ront uniquement par son nom (8).
La loi entière sera lue par les prêtres à tout le
peuple, hommes, femmes et enfants, tous les sept
ans, à la fête des Tabernacles (9) ; chaque Israé-
lite en apprendra par cœur la substance, et chaque
roi d'Israël en écrira une copie desa propre main,
sur l'exemplaire que Moïse a donné en garde aux
(1) Lcvit. xix. fi. 2~ et suiv.
(2) Deut. xxii. fi. 5. et et suiv.
( j) Exod. xx. fi. H. — Deut. vu fi. 4.
(4) Ibid. fi. 5.
(5) Ibid. fi. 13.
(6) Deut. vi. fi. 6. 7.
(7) Ibid fi. 6. et suiv.
(8j Deut. x. fi. 16, 20.
(9) Ibid. xxxi. fi. 9. et suiv.
(10) Deut. xvii. fi. 18. et suiv.
( 1 1 ) Ce commandement de remercier Dieu de ses bien-
faits, est étendu par les Juifs à l'obligation d'adresser à
Dieu une prière, du moins avant le repas. Ils observent
cette loi avec tant d'exactitude, que, s'il arrivait à quel-
qu'un d'eux d'oublier à s'en acquitter, il serait tenu, même
après être sorli, de revenir chez lui pour réparer cette
omission. Ils fondent sur le même précepte la nécessité
de se laver les mains avant de manger, et alfirment
que celui qui mange avec des mains qui ne sont pas
nettes, commet un péché aussi grand que celui qui man-
gerait de quelque meis impur. Ils ont encore plusieurs
autres délicatesses supertmeuses, en faveur desquelles
cependant ils avouent n'avoir aucun commandement
positif dans la loi écrite, ni dans la loi orale, excepté
celui qui leur prescrit de se soumettre aux ordres de
leurs docteurs. Ainsi, c'est avec raison que notre Sau-
veur leur reproche si souvent d'observer plus exactement
des commandements d'hommes, que les choses les plus
importantes de la loi de Dieu, la justice, la miséricorde,
etc. Malt. xv. fi, j. et suiv.
(12) Deut. vin. pass.
lévites, afin de la lire continuellement, et d"en
être plus fidèle observateur (io).
Toutes les bénédictions seront reçues avec re-
connaissance, comme venant de Dieu (1 1), et tou-
tes les punitions avec soumission, comme étant
des châtiments paternels, ou des épreuves de
leur obéissance (12).
La loi sera gravée sur des pierres, et dressée
sur un autel, et les bénédictions promises à
l'obéissance, et les malédictions annoncées à la
rébellion, seront publiquement érigées surles mon-
tagnes d'Hébal et de Garizim,pour en perpétuer
la mémoire (13).
Sans l'aveu et le vif sentiment de leurs fautes,
les Israélites ne devront pas se flatter d'en obte-
nir le pardon, ni de voir cesser les maux qu'elles
leur avaient attirés (14),
Les holocaustes, les dîmes, les sacrifices, etc.,
ne devront être offerts en aucun autre endroit que
celui qu'il plaira à Dieu d'indiquer (1 5).
Lois positives et négatives, concernant le sabbat,
la Pâque, les autres jours solennels.
Le sabbat, ou septième jour, sera sanctifié ( 1 6).
Ni maître, ni serviteur, ni esclave, ni étranger,
ni bétail, ne fera en ce jour aucune œuvre ser-
vile (17). On n'allumera point de feu (18), et on
ne vendra ni n'achètera rien. Aucune personne
ne sera mise à mort, quelque crime qu'elle puisse
avoir commis, et personne n'entreprendra de
voyage ce jour-là (19).
(13) Deut. xvii. j. 4. ad. fin. et xxvin. pass.
(14) Ibid. xxx. pass.
(ici Ibid. xn. fi. ç. et suiv.
(16) Exod. xxni. fi. 12. xxxiv. fi. 21. -Deut. xvi. y. 14.
et passim.
(17) Exod. xx. fi. 10. et suiv. -Deut. v. fi. 14. et suiv.
(18) Exod. xxv. fi. j.
(19) Exod. xvi. fi. 29. Quoique le texte dise expressé-
ment qu'ils ne devaient point quitter leur place, le sens
de cette défense ne saurait regarder que l'action d'aller
rassembler de la manne ; car il est clair qu'ils étaient
obligés de se rendre au Tabernacle de tous les endroits
du camp, et dans la suite au temple des divers quartiers
de Jérusalem (/ cvil. xxnt. fi. 5.) Cependant les Juifs l'en-
tendent de l'action de sortir de sa place, pour quelque
raison d'intérêt ou de plaisir. Il ne leur était pas permis
de faire d'autre chemin que celui qu'ils appellent le che-
min d'un sabbat. A la vérité, ni Moïse, ni aucun prophète
n'en ont fixé la longueur ; mais quelques rabbins la fixent
à deux mille coudées. Quoiqu'ils ne soient pas d'ac-
cord sur la longueur de ce chemin, ils ne laissent pas
de convenir que le plus sûr est de ne point excéder
deux mil le pas médiocres, {Maint. Tract, row.c. 5. Sec t. 27.
Goodwin's Moses et Aar. I. m. c. j. S- 10.) ce qui parait
avoir été la distance entre Jérusalem et la montagne des
Oliviers, que saint Luc appelle le chemin du sabbat,
[Act. \. fi. 12.) Celui néanmoins qui excédait cette distance,
n'était pas considéré comme violateur du sabbat, mais en
était quitte pour quelque légère punition, au lieu que le
violateur du sabbat était lapidé (V. Maimon. ubi sup).
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
375
Le violateur du sabbat sera lapidé (i).
Nous omettons plusieurs autres lois relatives
au même sujet, mais moins importantes.
Lois concernant les trois grandes fêles, la Pàque,
la fêle des Semaines et la fêle des Tabernacles.
Trois fois par an, tous les enfants mâles d'Is-
raël comparaîtront devant Dieu, à l'endroit qu'il
aura choisi ; savoir, à la fête des pains sans levain,
ou de la Pâque ; à celle des Semaines, et à la
fête des Tabernacles. Ils ne viendront pas de-
vant lui, les mains \ides ; mais chacun offrira à
l'Éternel, à proportion des biens qu'il lui aura
accordés (2).
De la Pâque.
L'obligation d'observer cette fête, était perpé-
tuelle, tant pour les Israélites que pour les prosé-
lytes circoncis (5).
Aucun circoncis, soit descendant d'Abraham,
soit admis dans l'alliance faite avec ce patriar-
che,«à moins d'en être empêché par maladie, par
voyage, ou par quelque impureté légale, ne
devait manquer à la célébration annuelle de cette
fête, sous peine d'être retranché du peuple
d'Israël (4).
Aucun serviteur, ni étranger, ne mangeait de la
Pàque, à moins qu'il n'ait été circoncis (<,).
La fête commençait le soir du quatorzième
jour du mois d'Abib, ou, comme il y a dans l'ori-
ginal, entre les deux vêpres (6), auquel temps
l'agneau pascal était tué; et la fête se continuait
jusqu'au soir du vingt-et-unième jour du même
mois.
Le premier et le dernier jour étaient sanctifiés
par une exception générale de tout travail, de
même que le jour du sabbat avec cette exception
simplement, qu'au premier et au dernier jour dont
il s'agit, il était permis d'apprêter à manger, ce
qui était absolument défendu le jour du sab-
bat (7). Les mêmes deux jours devaient être so-
lennisés, par une convocation sainte (8).
Aucun levain n'était employé ni gardé dans les
maisons pendant ces sept jours, quiconque se
serait servi de levain ce jour-là, aurait été retranché
d'Israël (9). Ainsi tout levain était ôté des maisons
avant que l'agneau pascal fût tué (10).
Le premier jour de la Pàque, on offrait un ho-
locauste de deux jeunes taureaux, d'un mouton
et de sept agneaux d'un an, avec quelques autres
offrandes de moindre valeur (11); et le second
jour de la fête, on offrait, outre les sacrifices or-
dinaires, une poignée de fruits de la moisson de
l'année; on ne mangeait d'aucun nouveau blé
avant que la première poignée eût été présentée à
l'Éternel (12).
Quelques autres lois, concernant ces fêtes, se
trouvent répandues dans le Pentateuque ; nous
les omettons comme moins importantes.
De la fête des Semaines ou de la Penlecôte.
Cette fête fut instituée en mémoire de la loi
donnée sur la montagne du Sinaï, cinquante jours
après la sortie d'Egypte, et afin d'obliger le peu-
ple à comparaître devant l'Éternel, pour offrir les
prémices de la moisson (13), comme un aveu de
leur dépendance et du droit souverain qu'il avait
sur eux et sur les productions de leur pays.
On comptait sept semaines, ou cinquante jours,
depuis le seizième jour du mois d'Abib ou Nisan,
qui était le second jour de la Pâque, et le cinquan-
tième jour, qui était le premier de cette fête (14).
Les sacrifices prescrits pour ce jour, étaient,
outre les deux pains, sept agneaux d'un an, un
jeune taureau et deux moutons, en forme d'holo-
(1) Excd. xxxi. jh 14. 15.
(2) Dcut. xvi. f. iù, 17.- Exod. xxii. y. 2;. et passim,
(î) Exod. xii. y. 14, 24. et passim.
(4) Nomh. îx. f. 12, 1 ;, 14.
(<) Exod. xii. y. 4j, et suiv.
(6) Ibid. y 6. '
(7) Comp. Exod. xii. y. 16 avec xxxv. y. ?.
(8) lbid. y. 16.
(O) Ibid. f. iç. 19. Cette malédiction s'étendait seule-
ment à la personne qui mangeait quelque chose où il y
avait du levain, et non à celle qui gardait du levain dans
sa maison. Ce dernier péché devait seulement être puni
d'un certain nombre de coups : mais, sur le premier cas,
les docteurs juifs sont si sévères, qu'ils défendent de
manger un oiseau dans le gosier duquel se serait trouvé
un seul grain de blé, parce que ce grain a de la disposi-
tion a fermenter dès qu'il rencontre la moindre humilité.
Ils ont aussi, relativement aux liqueurs plus ou n oins
propres à fermanter, des distinctions pius délicates que
solides, et qui, par cela même, ne méritent guère que
nous nous y arrêtions. (Munster. Prsec. neg. 7-. et seq.
(10) Exod. xxxiv. y. 25. et alib. Vid. Prae. affirm. 548.
( 1 1) Nomb. xxvin. y. 19 et suiv.
(12) Lé vit. xxiii. y. 10. et suiv.
(1?) Quelques commentateurs pensent que chaque
famille était oh'igée d'offrir deux pains faits de nouveau
froment : mais il est plus probable qu'il n'y en avait que
deux en tout, offerts au nom de tout le peuple, comme
la première poignée d'orge. Ces pains étaient faits de
froment, parce que la moisson du froment finissait vers
le temps de cette fête.
(14) Ni le texte sacré, ni Josèphe, ni aucun écrivain
hébreu, ne nous disent si cette fête durait sept jours,
comme celle de la Pâque et des Tabernacles. Les Juifs
modernes ne l'observent que pendant deux jours, durant
lesquels tout ouvrage servile, excepté l'apprêt du man-
ger, est interdit. Ceux qui voudront savoir les autres
cérémonies qu'on pratiquait ce jour-là, pourront con-
sulter Léon de Modène (Cérémon. Jud. part, ni c. 4.)
576
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
causte, avec les gâteaux et leurs aspersions. Outre
cela, les Israélites devaient sacrifier un jeune bouc
en offrande pour le péché, et deux agneaux, en
hostie pacifique ou de prospérité (i). Aucun ou-
vrage servile ne devait être fait ce jour-là, que
celui qui avait rapport aux victimes; et la procla-
mation de la sainte convocation, avait lieu comme
dans les autres fêtes solennelles (2).
De la fêle des Tabernacles.
Cette fête était instituée en mémoire du séjour
de quarante ans que les Israélites firent dans le
désert. On l'appelait la tête des Tabernacles ou
des Tentes, parce qu'ils vécurent sous des tentes
durant tout ce temps, et que la fête même devait
être célébrée sous des tentes faites de branches
de différents arbres, comme palmiers, oliviers,
saules et autres, entrelacées ensemble d'une ma-
nière à la fois artistique et convenable (3).
C'était la troisième grande fête, égale en
solennité aux deuxautres, excepté ce que l'agneau
de la Pâque pouvait avoir de typique. Elle com-
mençait le soir du quinzième jour du septième
mois, nommé Thischri, qui était le premier de
l'année civile, et qui répondait à une partie de
notre mois de septembre; leur moisson recueillie
et serrée, leur donnait occasion d'en rendre de
solennelles actions de grâces à Dieu (4). Elle
devait durer sept jours, dont le premier et le der-
nier étaient observés avec la plus grande exacti-
tude. On se rendait au Tabernacle ou au temple,
des branches de palmier ou de quelque autre
arbre à la main ; on faisait le tour de l'autel ; on
chantait les louanges de Dieu ; on offrait des
sacrifices particuliers à cette solennité, outre les
sacrifices ordinaires, et on s'abstenait de toute
œuvre servile, excepté de ce qui avait rapport
aux offrandes (<,).
Ils étaient pareillement obligés de manger, de
boire, de coucher, en un mot, de passer les sept
jours entiers dans ces tentes, à moins qu'ils
n'en fussent dispensés par quelque ordonnance
légale (6).
Les sacrifices particuliers à cette fête étaient,
le premier jour, treize jeunes taureaux, deux
moutons, quatorze agneaux d'un an, avec les
offrandes ordinaires, qui consistaient dans une
certaine quantité de farine, mêlée avec de l'huile
et du vin. A ces sacrifices était ajouté celui d'un
bouc, comme une offrande faite au nom et pour
l'expiation des péchés de tout le peuple ; outre
les sacrifices ordinaires du soir et du matin, qui
ne devaient jamais être omis, et ceux qui pou-
vaient être offerts par un principe de dévotion
particulière.
Le second jour, on offrait douze jeunes tau-
reaux, quatorze agneaux, avec les gâteaux qui en
dépendaient, et un bouc, comme le premier
jour. Les mêmes sacrifices étaient répétés le troi-
sième, le quatrième, le cinquième, le sixième et
le septième jour, avec cette différence, que cha-
que jour il y avait un jeune taureau de moins, de
manière qu'on n'en immolait que sept le dernier
jour (7) : les autres offrandes restaient constam-
ment les mêmes.
Le huitième ou dernier jour, qui était le plus
solennel de tous, et pendant lequel les Israélites
(1) Il y a quelque différence entre les sacrifices ordon-
nés pour cette fête, dans le Lévitique et dans le livre
des Nombres (Comp. Lévit. xxiii. f. 18, 19.- Noinb. xxvtii.
f. 2?.) Josèphe les joint tous ensemble (Antiq. lib.in.c. 10.
Cependant, si on compare les deux passages, on sera
tenté de croire que, par rapport à l'un ou l'autre, il y a
eu quelque erreur de copiste. Buxtorf nous apprend que
les Juifs avaient tellement peur de se tromper dans le
calcul de cette lête et de celle de la Pâque, qu'ils l'obser-
vaient deux jours, au lieu d'un. Il cite un passage du
livre de Judith (Judith, vin. je. 6.) qui parait favoriser son
assertion, et répond par-là à la difficulté qu'on a pro-
posée au sujet de la Pâque que Jésus-Christ parait avoir
célébrée un jour plus tôt que le reste des Juifs. [Srnag.
Jad.v. et Cyril. Alex, in. Job. xin.- Chrysost.Hom.il. lxxxii.-
Epiphan.Eutym. Paul. Burg. P. de Midclb. Scalig. Janscn.
Maldon. et al. mult.)
(2) Lévit. xxiii. y. 15. 16. 18. 19.- Exod. xxiv. y. 22. -
Nomb. xxvin. y. 27. et alib.
(j) Lèvit. xxiii. y. 40. et suiv. et passim.
(4) Exod. xxiii. f. 16.
(<;) Nom. xxix. f. 12. et passim.
(6) Lévit. xiii. f 42.
(7) Les Juifs prétendent que le nombre des jeunes
taureaux diminuait d'un chaque jour, parce que le nom-
bre total de ceux qui étaient offerts durant ces sept
jours, montait à soixante-dix, ce qui est précisément,
disent-ils, le nombre des nations en faveur desquelles
ces sacrifices étaient offerts, afin que l'une après l'autre
elles se soumissent à l'empire du Messie, qui est ap-
pelé par excellence, le désiré des Nations. (Aggée, 11.
y. 7. Vid. Hospin, Orig. Fest. - GooJwin's, Mos. et
Aar. lib. m. c. 6. § 8). Ceux qui ont nommé ce huitième
jour le Hosannah rabbah, : Good\v\n ubi sup.-Ca!m.in voc.
Tabernacle), sont contredits par tous les Juifs, qui affir-
ment que c'était le septième, qu'on désignait sous ce
titre. (Voir à ce sujet Schulchan, Haruch , Arbah
Thurim, étal.) Quant à l'assemblée qui, suivant plusieurs
versions, devaient se tenir ce huitième jour, le mot hé-
bren ms? 'etsereth, signifie l'action de retenir ou celle
de contraindre ; ce qui a donné lieu d'assurer qu'après
que le septième jour était passé, le peuple était obligé
de rester encore un jour. (v. Munst. ibid. Meyer,de
Fest. c. xvi S. 15.) C'est ce jour-là que les Juifs finis-
sent la dernière Paraschah ou Section du Pentateuque,
et, immédiatement après, ils commencent la première,
afin qu'il ne semble pas qu'ils soient plus charmés de fi-
nir cette tâche que de la commencer (Buxtorf. in Ab-
breviat. et Synaj:. Jud. c. 28. v. et Abarb in Deut. v. ;i.
et c'est pour cette raison que la fête est appelée ;n
min nnoar, la Fête de joie de ta Loi [Exod xxiii. y. i0, et
xxxiv. y. 22.I
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
;;7
devaient s'abstenir de tout travail servile, on
n'offrait qu'un jeune taureau, qu'un mouton et
septagneaux, outre le bouc, etles sacrifices accou-
tumés ou volontaires (i); le nombre de ces der-
niers augmentait ou diminuait, suivant que la
moisson avait été plusou moins abondante. Enfin,
en ce jour, les prémices des fruits les plus tardifs
étaient apportées et présentées à Dieu ; et il arri-
vait quelquefois que le nombre de ceux qui s'ac-
quittaient de ce devoir était si grand, que la fête
était prolongée d'un jour (2).
De la fêle des Trompettes et des nouvelles Lunes.
Nous avons déjà observé que le mois de This-
chri était le premier de l'année civile, comme
celui d'Abib ou de Nisan l'était de l'année ecclé-
siastique. Le premier et le second jour de ce
mois étaient destinés à la célébration de la fête
des Trompettes. Elle devait être proclamée par
le son des trompettes, observée en s'abstenant
de tout travail servile, et distinguée des au-
tres nouvelles lunes, par des sacrifices particu-
liers (3).
Comme l'Écriture ne marque en aucun endroit
la raison de l'institution de cette fête, les
exégètes sont partagés sur ce sujet. Les Juifs
croient que c'est en mémoire de la création, qui
arriva en ce même mois (4). Quelques rabbins pen-
sent que cette fête fut aussi instituée en mémoire
de la délivrance d'Isaac, et du bélier, qui fut
retenu par les cornes, et substitué à sa place (5).
Quelques pères ont cru que c'était en mémoire
de la loi donnée sur la montagne du Sinaï (6),
parce qu'à cette occasion on entendit le sondes
trompettes et du tonnerre : d'autres enfin, à
cause de quelques cérémonies observées par les
Juifs, comme une préparation à cette fête, ont
avancé, qu'elle fut instituée afin de rappeler au
genre humain le souvenir de la résurrection, qui
doit se faire au son de la trompette (7) : mais le
but le plus vraisemblable de cette fête, et de
l'usage de proclamer par des trompettes le com-
mencement de l'année civile, était, suivant toutes
les apparences, de donner à ce commencement
un caractère plus remarquable, parce que tous
les contrats, marchés, hypothèques, aussi bien
que les années sabbatiques et les jubilés, étaient
réglés par là (8) ; ce qui faisait que les trom-
pettes ne cessaient de sonner, depuis le lever
jusqu'au coucher du soleil (9).
Les sacrifices particuliers à cette solennité,
étaient un jeune taureau, deux moutons, et sept
agneaux, offerts en holocaustes, avec les accom-
pagnements ordinaires de rieur de farine, et de
vin, au nom de tout le peuple, sans compter le
bouc, qui devait servir d'offrande pour le péché,
et les sacrifices journaliers (10).
Des Néoménies ou nouvelles Lunes.
Les Israélites avaient ordre d'observer le pre-
mier jour dechaque mois ou lune, et d'offrir, outre
les sacrifices ordinaires, un holocauste de deux
jeunes taureaux, d'un agneau et de sept moutons,
avec la quantité accoutumée de fleur de farine, de
vin et d'huile (11). La plus solennelle de ces nou-
velles lunes, était celle du mois de Thischri, dont
nous venons de parler, et qui était plus solennelle-
ment sanctifiée pour des raisons particulières.
Les autres nouvelles lunes n'avaient rien qui les
distinguât des jours ordinaires, à l'exception des
sacrifices qui viennent d'être indiqués, et qui
étaient accompagnés du son des trompettes. Il
y a lieu de présumer aussi que les Israélites fai-
saient alors meilleure chère qu'à l'ordinaire, et
formaient des assemblées religieuses particulières
à ces jours-là. A la vérité, nous ne trouvons aucun
ordre à cet égard, dans les écrits de Moïse; mais
il semble qu'on peut conclure le premier article
de l'excuse que David allégua pour s'absenter de
la table de Saiil le premier jour du mois, et du
ressentiment que Saùl en témoigna (12); et le der-
nier de ce que l'époux de la Sunamite lui dit pour
la dissuader d'aller trouver le prophète Elisée,
que ce n'était ni la nouvelle lune, ni le sabbat (13).
Cependant, quoiqu'à tous autres égards ce jour
fût comme unjourordinaire, les Juifs l'observaient
fort scrupuleusement ; et, comme l'espace pen-
dant lequel la lune sort des rayons du soleil,
appartient moitié à la vieille et moitié à la nou-
velle lune, et qu'ils manquaient de méthode pour
(1) Ibid. v. y. 14. ad fin.
(2) Cf. Sigonius, Bertrand, Cunœus,Meyer,Goodw. et al.
(;) Lèvit. xxiii. y. 24. - Nombr. xxix. y. 1. et suiv.
(4) La Ghémare affirme positivement que ^lyn n-qs
'"i»n2 le monde fut créé au mois de Thischri. ce qui donna
lieu à l'année civile; elle remarque que la fête des Taber-
nacles devait être observée, n;wn nspns, au retour, ou,
selon d'autres versions, à la fin de l'année (Maim. Kid-
dush. Haqodesh. c. 9.) La Mishnah ajoute que le pre-
mier jour de ce mois est aussi le premier de l'année, et
que c'est par ce jour qu'il faut commencer le calcul de
la septième année ou du Jubilé. [Tract, rov u/nt c. i. —
Lèvit, xxv. y. 5, 5, 6.
(5I R.Sal. Cf. Fag. Munst. et al. in Levit. xxm.
(6) Cf. Basil in Psalin.Lxxxi.- Théodoret,qu. ,'2. in Levit.
(7) Cf. Goodvvin, ubi supr. §. 0.
(8) Id. ibid. §. 5.
(9) Cf. Shindler, sub voc. isw.
( 10) Nomb. xxix. y. j. et suiv.
(m) Ibid. xxvm. jf. 11. 12, et suiv.
(12) 1. Rois xx. y. 5. 18. 27.
(15) iv. Rois iv. y. 2j.
/
37S
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
en faire le calcul avec exactitude, ils observaient
deux jours : savoir, le dernier jour de la vieille,
et le premier jour de la nouvelle lune, pour être
sûrs de leur fait. Cette coutume est d'un usage
très ancien, à en juger par l'histoire de Sai.il , qui,
après avoir excusé l'absence de David le premier
jour, ne témoigna son ressentiment, que quand il
ne le vit point à sa table le lendemain.
Cette irrégularité de la lune obligeait aussi les
■Juifs à transporter quelques jours du mois, afin
de fixer le commencement de celui de Thischri,
aussi bien que des autres mois; les transpositions
étaient basées sur plusieurs raisons. La première,
d'ordre chronologique, était de ne point célébrer
la nouvelle lune avant que la vieille fût expirée ;
la seconde était d'éviter que deux sabbats ou jours
de repos se suivissent. Il pouvait s'y mêler aussi
d'autres raisons secondaires. Mais nous ne sau-
rions déterminer avec certitude le commencement
de ces transpositions. Tout ce que nous savons,
c'est que Scaliger a pris des peines infinies pour
les trouver et pour les rectifier, et qu'elles ont été
depuis d'un grand usage en plusieurs cas (i).
Ce sontlà tous les jours de fête, qui furent
institués par la loi de Moïse. Les Juifs en ajou-
tèrent plusieurs autres dans la suite, en mémoire
de quelque grâce signalée, comme, par exemple,
la fête nommée Pourim, qui était destinée a con-
server le souvenir du bonheur qu'ils avaient eu
d'échapper à la cruauté d'Aman (2), celle de la
dédicace du temple, et plusieurs autres, telles que
la purification du temple sous les Maccabées.
Tout ce que nous devons ajouter, est, qu'il y avait
un commandement, en vertu duquel tout ce qui
restait des sacrifices offerts durant ces solennités,
après le premier et le second jour, ou même avant,
si la chair des victimes avait contracté quelque
souillure, ou acquis quelque mauvaise odeur,
devait être réduit en cendres (3).
Loi concernant l'année sabbatique, et celle du
Jubilé.
L'année sabbatique ou la septième année, et
celle du Jubilé, qui n'arrivait que tous les sept
fois sept ans, doivent aussi être considérées
comme des espèces de solennités. Dieu les avait
destinées au repos et à la joie ; et, comme elles
avaient une analogie bien marquée avec le sabbat,
ou septième jour, il est juste de leur donner place
parmi les fêtes solennelles des Juifs.
La loi mosaïque distingue quatre sortes d'an-
nées : i° l'année civile, qui réglait tout ce qui
concernait la police, consistait en douze mois
solaires, et dans la suite lunaires : elle commen-
çait par le mois de Thischri ou de septembre.
20 L'année ecclésiastique commençait au mois de
Nisan ou de mars, qui était le septième de l'année
civile, et réglait tout ce qui avait rapport aux
cérémonies religieuses ; de la Pàque, qui tombait
au milieu de ce mois, dérivait le comput établis-
sant la date de toutes les autres fêtes. 30 L'année
sabbatique, ou la septième ; et 40 la cinquantième
année, ou celle du Jubilé, qui était célébrée à la
fin de sept semaines d'années.
L'année sabbatique devait être observée chaque
septième année, et cette observation comprenait
principalement :
1" La cessation totale de tout ce qui a rapport
à l'agriculture (4).
2°Toutceque la terre produisait devait être
abandonné aux pauvres, aux orphelins et aux
étrangers (5).
jo Tous les esclaves hébreux devaient être relâ-
chés, àmoinsqu'ils ne renonçassentvolontairement
à la liberté qui leur était offerte, et ne se déter-
minassent à rester chez leurs anciens maîtres.
Dans ce cas, ils devaient être amenés devant les
juges, et avoir les oreilles percées en leur pré-
sence, pour marquer qu'ils embrassaient librement
une servitude perpétuelle, ou du moins jusqu'à
l'année du Jubilé (6).
4" Les Israélites étaient obligés de se remettre
l'un à l'autre toutes leurs dettes ; mais ce béné-
fice ne s'étendait point aux étrangers (7).
Elle commençait et finissait au mois de Thischri
ou de septembre, afin que les Israélites eussent
le temps nécessaire pour recueillir tous les fruits
de cette année, pour ensemencer la terre pour
l'année suivante, et que leur pays ne restât pas
en friche deux ans de suite (8).
Nous trouvons quelques autres lois relatives à
cette année ; par exemple, que les esclaves, qui
seraient remis en liberté, recevraient une récom-
pense en quelque sorte proportionnée à leurs ser-
vices (9) ; que les Israélites ne refuseraient pas
l'assistance dont leurs frères pauvres pourraient
avoir besoin, sous prétexte que la septième année
n'était plus guère éloignée (10). Il y a encore
quelques autres lois, relatives à l'époque à la-
quelle on devait ouvrir les champs, les vergers,
et les vignes au public . Parmi ces lois, il y en
(1) De EmcnJot. Teint?. - Hospin. Orig. Fesl. Buxt.
Goodw. Mer. Usser. et Munster et al. mult.
(2) Eslher. ix f. 20. et suiv.
(j> Lévil. vu. y. 1 5. et seq. Prœc. aff. 207. et 208.
(4) Lévil. xxv y. 4. — (<,) Ibid. v. y. 6.
(<> Exod. xxi. 2. y. et suiv. et passim.
(?) Deut. xv. y. 1. et suiv.
8 Lévit. xxv. y. 9.
(9) Dent, xv. y. 1 j. et suiv.
(10) Ibid. y. 7. et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
379
avait une bien remarquable. Elle consistait à lire
la loi devant tout le peuple, le jour de la Pente-
côte. Comme les Israélites devaient s'abstenir de
tout ouvrage qui eût rapport à l'agriculture, il
est à présumer que le concours pour entendre
cette lecture, devait être beaucoup plus grand
qu'aucune autre année.
Il serait bien inutile d'insister longtemps à
prouver l'excellence de ces lois, aussi bien que
de celles qui concernent le Jubilé. Qu'y avait-
il de plus propre à inspirer à un peuple ingrat
et rebelle, des sentiments de soumission aux
ordres de la Providence et de charité envers
leurs frères, leurs serviteurs et leurs esclaves, que
le souvenir de la servitude d'Egypte, qui est don-
née comme une des raisons de cette institu-
tion (i)? Nous pouvons y ajouter un autre motif,
c'était l'avantage que procurait au terrain une année
de repos.
Cependant la plupart des Juifs, et plusieurs
chrétiens, tant anciens que modernes, ont re-
gardé cette institution comme un type du repos
dont on jouira pendant le règne de mille ans, dont
parle l'Apocalypse, car, comme le Pentateuque
consacre, outre le septième jour, la septième
année et la sept lois septième, ils en concluent
que le monde subsistera six mille ans dans l'état
où nous le voyons, ou, comme le R. Élie s'ex-
prime dans le thalmud, deux mille ans sans loi,
deux mille sous la loi, et deux mille sous le
Messie (2) ; après quoi vient le grand sabbat de
mille ans.
Lois concernant le Jubilé.
Cette solennité est la dernière, et la plus con-
sidérable de celles que Dieu prescrivit aux Israé-
lites. Elle devait être célébrée chaque cinquan-
tième année (5), et avait cet avantage, qu'elle
procurait la liberté à tous les esclaves qui avaient
refusé d'être libres la septième année. Cette fête
acquittait d'ailleurs toutes les dettes, rendait à
chacun ses terres, ses maisons, sa femme, ses en-
fants, en un mot, ses possessions, de quelque
manière qu'elles pussent avoir été aliénées (4)
pendant ces cinquante ans. C'est pour celte rai-
son, que nous croyons avec plusieurs commen-
tateurs, que cette solennité s'appelait Jubilé ou
Yobel, parce qu'elle rétablissait chaque chose
dans son premier état (5).
Il faut observer cependant que ces privilèges
ne s'étendaient qu'aux Israélites de naissance, ou
à ceux qui avaient été incorporés à leur religion
ou leur république, par le moyen de la circon-
cision. Ces deux sortes d'hommes avaient droit
aux avantages du Jubilé, quand môme par sen-
tence du grand sanhédrin (6), en punition de
quelque crime, ils auraient été vendus pour
esclaves ; mais les gentils en étaient entièrement
exclus (7).
Il y a des auteurs qui croient que les Israélites
avaient coutume de compter par jubilés, comme
les Grecs faisaient par olympiades, les Romains
par lustres et les chrétiens par indictions (8). Ce
sentiment nous paraît d'autant plus vraisemblable,
qus les Israélites devaient toujours avoir égard à
cette année, dans tous leurs marchés de maison,
de terres, etc , lesquels rendaient plus ou
moins, suivant la proximité ou la distance du Ju-
bilé (9). 11 y avait quelque différence par rapport
à la vente des maisons situées dans les villes mu-
rées ; elles pouvaient être rachetées dans l'espace
de douze mois, en payant toute la somme de
l'achat ; mais si elles ne l'étaient point dans cet
intervalle, elles ne pouvaient pas revenir, même
l'année du Jubilé, à leur premier possesseur (10).
Les possessions des prêtres et des lévites
avaient leurs immunités et leurs privilèges (1 1),
dont nous parlerons ailleurs.
Pendant l'espace de l'année entière, toute
(1) Deul. xv. y. iç.
(2) Tract. Sankedr. §. Hclcc. - Hospin. Mer. Good<».
Munst. et al.
(?) Lé vit xxv. y. 8. et suiv.
(4) Ibid. y. 28. 41. et passim.
($) Les exégètes ont donné différentes étymologies de
ce mot ; les uns le font dériver du mot hébreu 'ijv Jobel,
qui signifie une trompette faite de cornes de bélier. Ce
nom vient à son tour du mot arabe jobelali, un bélier, parce
que le jubilé était proclamé au son de cet instrument
(Rabbin, mu.lt. Kun'h. in Rad. sub. voc. 73l> Goodw. Mer.
Munst. etc.) D'autres croient que ce ternie a été fait à
l'imitation du sondes instruments (Bocharl, Hieron. Beckius,
Annot. in Maïmon. Shcmitah Veyobct. Note v.); d'autres
enfin pensent que ce mot vient de Jubal, premier inven-
teur desinstruments de musique (Goodwin, Hotting, etc. ) :
mais nous préférons l'éiymologie, d'aprèc laquelle ce
terme vient de la racine ~o> Yabal, en hiphil, "oin hobil,
qui signifie rappcller, rétablir, etc.... ce qui était précisé-
ment l'effet du jubilé. Nos lecteurs pourront trouver ce
terme en plusieurs endroits de l'Écriture, et particulière-
ment dans le Livre des Psaumes, comme par exemple,
nitsS >w i'îov Yobilou schai lammora, apporte- des pré-
sents à celui qui doit être craint. (Psaumes lxxvk. vers,
penult. et Job. x. y. 19; xxi. y. jo, p.- Jérém. xxxi. jî^. 9.
et alib.)
\b) Lévit. xxv. y. 40.
17) lbid. Cf. y. 46. Cf. Maimon. Tract. QH3> c. 9.
(8j Hospin. Orig. Fest. c. 9. Goud<p. Hotting.
(<)) Lévit. xxv. y. 27 et suiv.
(10) Lévit. Jbui. f. 29. 50. Les rabbins ajoutent uneautre
exception, sans que nous puissions deviner sur quelle
autorité elle était fondée : ceux qui vendaient leurs
maisons, leurs terres, etc...., afin d'employer l'argent
à quelque trafic, en un mot, à quelqu'autre usage que
celui de subvenir aux besoins de la vie, étaient exclus du
bénéfice accordé par la loi du Jubilé. (Maïmon. Schemit.
Verobct. c. xn.)
(u) Lévit. lbid. y\ j2 et suiv.
380
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
sorte d'agriculture était expressément défendue ;
les pauvres recueillaient ce que la moisson et la
vendange pouvaient produire ; et, par rapport à
toutes les autres productions de la terre, on sui-
vait les mêmes lois qui avaient lieu pendant l'an-
née sabbatique.
Par un ordre exprès de Dieu, le commence-
ment du Jubilé était fixé au mois de Thischri (1),
c'est-à-dire vers le temps de l'équinoxe d'au-
tomne ; mais nous ne saurions déterminer avec
certitude l'époque à laquelle cette solennité fut
célébrée pour la première fois, ni si elle était cé-
lébrée au commencement de la quarante-neuvième
ou de la cinquantième année.
Quoi qu'il en soit, cette solennité devait être
célébrée avec de grandes marques de joie, parce
qu'elle était destinée à rappeler aux Israélites le
souvenir de la servitude d'Egypte, et à empêcher
qu'ils ne fissent subir à leurs frères un traitement
pareil à celui qu'ils avaient essuyé. Mais quelque
contentement que les maîtres et les possesseurs
des terres pussent faire paraître, il n'y a aucun
lieu de douter que la satisfaction des esclaves et
des pauvres ne fût plus sincère, à l'approche du
temps qui allait les rétablir dans leur premier
état.
11 est bien vrai que cette faveur ne leur était
accordée que le dixième du mois, autrement ap-
pelé le jour d'expiation ; mais, pendant les neuf
jours précédents, les esclaves étaient entièrement
exempts de l'obligation de travailler pour leurs
maîtres ; ils passaient ce temps à boire, à manger
et à se divertir ; ils portaient des guirlandes sur
leurs têtes, à peu près comme chez les Romains,
pendant la fête des Saturnales, et, dès que le
dixième jour était venu, le sanhédrin faisait son-
ner de la trompette dans tout le pays ; alors les
esclaves étaient remis en liberté, et ceux qui
avaient aliéné leurs possessions, en redevenaient
les propriétaires (2).
Le but de cette ordonnance était d'empêcher
que les pauvres ne fussent opprimés et détenus
dans un éternel esclavage, et que les riches ne
s'emparassent de toutes les terres. Par ce moyen,
le législateur établissait parmi les Israélites une
espèce d'égalité, infiniment propre à leur faire
aimer une patrie, dans laquelle leur postérité ne
pouvait être privée de son patrimoine, tout au
plus que l'espace d'un demi-siècle. S'il était ques-
tion de prouver que la loi, dont nous parlons,
devait naturellement produire cet effet, nous
pourrions citer, entre plusieurs autres exemples,
celui de Naboth, qui aima mieux s'exposer à la
colère du roi d'Israël, que de renoncer à une
petite portion de son héritage. Le ressentiment
de Jézabel lui fit expier cette marque de fermeté,
par la perte de sa vie et de son bien (3).
Le jour de l'Expiation.
C'est ici le dernier jour solennel d'institution
divine. Il différait de tous les autres, en ce qu'ils
étaient des jours de joie et d'actions de grâce,
au lieu que celui qui forme le sujet de cet article,
était un jour de jeûne et d'humiliation, et le seul
de ce genre établi par ordre de Dieu (4). Nous
devons en excepter cependant celui qui avait été
prescrit aux Israélites., après leur idolâtrie du
veau d'or (<). Mais Moïse ne dit point qu'il dût
être annuel ; et il ne fut observé annuellement par
les Juifs, qu'après leur retour de la captivité, qui
les avait rendus si religieux, qu'ils établirent
autant de fêtes qu'ils avaient commis de fautes,
ou essuyé de malheurs, de sorte qu'ils remplirent
presque la quatrième partie de leur calendrier (6).
Quelques auteurs conjecturent que ce jour
d'expiation était établi en mémoire de l'idolâtrie
du veau d'or; mais il paraît plutôt institué pour
expier les péchés de toute la nation, tant publics
que particulier?, et surtout ceux de l'année pré-
cédente. C'est ce qu'on peut inférer clairement
du nom que Moïse lui donne (7), aussi bien que
de la confession des péchés et autres cérémonies
remarquables, qu'il fallait observer ce jour-là,
et dont nous allons parler. Nous ne dirons rien
de la relation figurative que cette journée avait
avec la grande expiation qui devait être faite par
le Messie, parce que cette discussion est étran-
gère à notre dessein.
Ce jour commençait, comme les autres jours
solennels, le soir du neuvième jour du septième
mois, et durait jusqu'au soir du dixième. Pendant
(1) Ibid. y. 8. 9.
(2) Maimon, Halak. Schemitah Veyobel.
(?) m. Rois. xxi. pass.
(4) Lévit. xxni. y. 26. et suiv.
(î) Exod. xxiii. y. ■;. et suiv.
(6) Miskn.MégiLlath,Tha'jniih. per tot.Lamy,Calmet.et al.
(7) L'original appelle cette fêta cmsDn av Yomhakki-
phourim,lc jour des expiations, parce qu'elle était destinée
à expier les péchés commis par tout le peuple l'année
précédente; c'est ce qui fait que le thalmud la nomme
par excellence ndv Yoma, le jour, et peut-être aussi à
cause d'une tradition reçue parmi les Juifs, que ce fut
ce jour-là qu'Adam commença à se repentir de son
péché, et que Dieu le lui pardonna (Rab. Elea^ar. in
Talmud. Vid. Abarbanel. Comment, in Levit. xxiii). Le
monde, et par conséquent nos premiers parents, suivant
eux, furent créés le premier jour de ce mois; leur
péché et le châtiment qu'il leur attira vinrent immédia-
tement ensuite, et furent suivis de près de leur repentir.
C'est ce qui a fait croire à quelques-uns d'entre eux que
ce jour était établi en mémoire de la chute de nos pre-
miers parents. Imaginations.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
î»i
cet espace de temps, les Israélites étaient obligés
de s'abstenir de tout ce qu'on appelle travail ou
plaisir, et de se mortifier, sous peine d'être re-
tranchés d'entre le peuple. Ils devaient aussi
avoir ce jour-là une convocation sainte, confesser
leurs péchés, et offrir pour eux-mêmes certains
sacrifices particuliers par le feu (i).
Le ministère du grand prêtre avait alors quel-
que chose de plus redoutable encore qu'à l'or-
dinaire. Il ne lui était permis que dans cette cir-
constance, d'entrer dans le lieu très saint, ce qui
lui était défendu en tout autre temps, sous peine
de mort (2) ; pour cet effet, il devait se préparer
à cette grande cérémonie, par un ordre exprès
de Dieu, de la manière suivante :
Il était obligé d'abord de se laver, non seule-
ment les mains et les pieds, comme en d'autres
temps, mais aussi tout le corps. Le thalmud
ajoute qu'il devait s'abstenir durant huit jours de
tout commerce matrimonial, et de tout ce qui
pouvait lui causer quelque pollution accidentelle,
et le rendre par là inhabile à s'acquitter de sa
charge pendant la solennité (j). En second lieu, il
ne se servait point ce jour-là de sa tiare, de son
pectoral, ni de ses autres ornements pontificaux ;
il ne devait porter qu'un ceinturon de lin, autour
d'un vêtement de la même étoffe. Il était obligé,
en troisième lieu, aussitôt qu'il entrait dans le
lieu saint, d'offrir un jeune taureau en sacrifice
pour le péché, et un mouton en holocauste, pour
lui-même et pour toute sa maison. Après cela, il
recevait de quelques chefs de la congrégation
deux chevreaux et un mouton pour être immolés.
Ensuite deux boucs étaient amenés devant le
Tabernacle : le grand prêtre jetait le sort sur
eux, pour savoir lequel des deux devait être sa-
crifié, et lequel devait être renvoyé; ce der-
nier s'appelait 'Azazel. Le pontife entrait alors
dans le lieu très saint, son encensoir dans une
main, et dans l'autre une grande quantité de
l'encens le plus précieux, extrêmement con-
densé, afin que la fumée en pût tellement
remplir le lieu, que le propitiatoire fût par
ce moyen comme dérobé aux regards. Aussitôt
qu'il avait mis l'encensoir sur l'autel, il sortait,
trempait les doigts dans le sang du jeune taureau
qu'il avait immolé pour lui-même, et faisait as-
persion de ce sang par sept fois, au devant du
propitiatoire, vers l'orient. Il tuait ensuite le
bouc qui devait servir d'offrande pour les péchés
du peuple, et arrosait le propitiatoire du sang de
cette victime, dans le dessein de purifier par là
le Tabernacle de la pollution qu'il aurait pu con-
tracter au milieu d'un peuple coupable. Pendant
toute cette cérémonie, c'est-à-dire, avant que
l'expiation des péchés des prêtres et du peuple
eût été solennellemenl faite, il n'était permis à
personne de venir dans l'enceinte du Tabernacle,
ni même de ses parvis.
Les aspersions étant achevées, et les prêtres,
aussi bien que le peuple, étant purifiés, le bouc,
qui devait être relâché, était mené au grand prê-
tre, qui mettait les mains sur sa tète, et faisait
confession de ses propres péchés, et de ceux de
tout le peuple, en ces termes : O Éternel ! ton
peuple, la maison d'Israël, a péché contre loi ; et à
présent, ô Éternel, je te prie, pardonne-leur les
péchés par lesquels ils font offensé, ainsi qu'il est
écrit dans la loi de Ion serviteur Moïse : en ce jour,
il fera expiation pour vous, il vous nettoiera, et
vous sere\ purifiés de tous vos péchés, en présence
de l'Éternel (4). La confession étant finie, il re-
mettait le bouc 'Azazel à un homme, choisi ex-
près, qui conduisait cet animal dans un lieu dé-
sert, et l'y remettait en liberté, suivant quelques
auteurs ; suivant d'autres, on le jetait du haut
d'un précipice escarpé.
Après cette cérémonie, le grand prêtre se lavait
en entier, et, après avoir changé d'habits, ou, ce
qui paraît plus vraisemblable, après avoir pris
l'éphod, la tiare, le pectoral, et les autres orne-
ments sacerdotaux, il offrait un holocauste de
deux moutons, l'un pour lui-même, et l'autre pour
le peuple. Celui qui avait conduit le bouc, était
considéré comme souillé, jusqu'à ce qu'il se fût
baigné et qu'il eût lavé ses habits. La même obli-
gation était imposée à ceux qui emportaient la
chair, les entrailles, et le sang du jeune taureau,
ainsi que le bouc offert en sacrifice expiatoire, pour
être brûlés hors du camp (5).
(1) Liv'd. xxiii. f. 27 et suiv. — (1) Ibid. xvi. f. 2.
(?) Pnvc. affirm. 209.
(4) Lèvit. xvi. f. 30. Il devait aussi faire quelque autre
confession pareille, quand il offrait le jeune taureau pour
lui-même et pour sa famille, avant d'oser entrer dans le
lieu très saint : toute la différence qu'il y avait entre
ces deux confessions, c'est qu'au lieu de la maison
d'Israël, il faisait mention de celle d'Aaron. Cette con-
fession se trouve dans la Mishnah.
D'après les cérémonies qu'il devait accomplir, il paraît
que le grand prêtre était obligé d'entrer quatre fois dans
le lieu très saint. i° Pour allumer l'encens; car il y entrait
les deux mains pleines d'encens (Lcvit. xvi. f. 12. 15).
20 Pour y porter une partie du sang du jeune taureau
offert pour lui-même {Ibid. f. 14). ?° Pour y porter une
partie de celui qui était offert pour le peuple (verset 15).
4° Pour en emporter l'encensoir et le feu. Le thalmud
ajoute qu'il aurait payé de la vie la témérité d'y entrer
pour la cinquième fois. Ainsi, lorsque l'Apôtre dit qu'il
y rentrait une fois par an (Hebr. îx. f. 7;, il est clair
qu'il a suivi la version de! Septante, qui rendent les mots
n;-ù;3 inN, A'had beshanah, par txr.aÇ toù iyiauxoû au lieu
qu'il aurait fallu traduire un jour en un an.
(5) Lcvit. xvt. f. 2ù. 27. 28. V. Fag. in toc. Hotiing. et al.
3«2
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
Le même jour, le grand prêtre donnait au peu-
ple la bénédiction solennelle prescrite par
Moïse (i), et prononçait l'ineffable nom de Dieu;
car, suivant les Juifs (2), la prononciation de ce
nom était défendue en toute autre occasion,
comme une espèce de blasphème (3). Quoi qu'il
en soit à cet égard, la prononciation de ce nom
formidable, jointe à ce que le lieu même avait de
respectable, devait naturellement exciter des sen-
timents de crainte dans l'àme du grand prêtre,
qui sortait de ce lieu redoutable le plus tôt qu'il
pouvait, de peur d'être frappé de mort pour quel-
que inadvertance commise pendant le peu de sé-
jour qu'il y faisait (4).
Toutes ces cérémonies devaient prendre un
temps assez considérable : le reste du jour était em-
ployé en prières et en autres œuvres de mortifica-
tion. Les Juifs craignaient si fort de l'abréger, qu'ils
le commençaient une demi-heure plus tôt, et le
finissaient une demi- heure plus tard que les autres
jours de fête ; mais la trompette indiquait tou-
jours que la solennité était expirée. Dès qu'ils en
avaient entendu le son, ils s'habillaient de blanc,
ou du moins changeaient de linge, et n'attendaient
pas longtemps à rompre leur jeune. Le repas
qu'ils faisaient en cette occasion, était ordinaire-
ment somptueux et accompagné de sentimen's de
joie de ce que leurs péchés étaient expiés. Mais
celui qui témoignait le plus de satisfaction, était
le grand prêtre, qui avait rempli l'emploi solennel
et dangereux de cette grande journée, et qui était
sorti du lieu très saint (5).
Lois concernant les expiations.
Avant de quitter la matière des expiations, il
nous parait nécessaire de dire un mot de quelques
autres, qui étaient prescrites par Moïse, pour
servir de remèdes à certaines fautes commises à
dessein, ou par ignorance, et à des souillures
légales, comme celle d'une femme après ses cou-
ches, ou d'un homme qui aurait touché un cada-
vre, un lépreux, etc. Dans ces sortes de cas, on
contractait une souillure, dont on ne pouvait être
purifié, qu'en offrant les sacrifices ordonnés par la
loi (6) ; et cette purification devait se faire de la
manière suivante:
La personne qui avait commis une faute volon-
tairement ou par ignorance, devait amener à la
porte du Tabernacle une victime, qui était un
jeune taureau, ou un bouc, si c'était pour un prê-
tre; et un bouc, un mouton, un chevreau, ou un
agneau, si c'était pour un laïque : si la personne
était trop pauvre pour offrir quelque victime pa-
reille, deux pigeons, ou même un peu de fleur de
farine, pouvaient être substitués à la place. Un
ou plusieurs de ces animaux, suivant la nature de
la faute et les facultés du coupable, étaient ame-
nés au sacrificateur ; la personne qui devait être
purifiée amenait sa victime, et, après avoir con-
fessé son péché et mis ses mains sur la tête de
l'animal, le tuait et l'offrait. Le sacrificateur en
prenait ensuite un peu de sang avec ses doigts, et
l'appliquait aux cornes de l'autel des holocaustes
et versait le reste au pied de cet autel. Après
quelques autres cérémonies, et une prière adres-
sée à Dieu en faveur du coupable, il le prononçait
absous de son péché. La chair d'une victime,
ainsi offerte, appartenait au sacrificateur seul, et
personne n'avait droit d'en manger que lui (7).
Cette cérémonie se faisait avec plus de solen-
nité, quand le roi, le grand prêtre, ou tout le
peuple, avaient commis quelque faute ; mais, au
fond, c'était à peu près la même chose.
Par rapport aux pollutions légales, on ne pou-
vait en être purifié sans les cendres d'une jeune
vache rousse. Voici de quelle manière on s'y pre-
nait pour tuer et pour brûler cette vache (8). Le
grand prêtre devait prendre garde qu'elle n'eût ni
tache, ni défaut, et que jamais elle n'eût porté de
joug. Le sacrificateur devait la mener hors du
camp, la tuer en cet endroit, et faire avec ses
doigts sept fois aspersion du sang vers le sanc-
tuaire ; après quoi on jetait, en présence du peu-
ple, la victime avec sa peau et ses entrailles, et
une certaine quantité de bois de cèdre, d'hysope,
et de l'étoffe écarlate, dans un grand feu, où le
tout était réduit en cendres. Ces cendres étaient
(1) Ncmb. vi. f. t\. et suiv
(2) Pliilon. Vie de Moïse, lib. m.- Joseph. Thalmud et al.
(j) Liait, xxiv. y. 10. et suiv.
(4) Il sortait à reculons, ayant le visage tourné du côté
du propitiatoire et la tète baissée vers la terre.
(<,) Mislinah. Tract. Ynma'h. - Maïmon. Tract'. Yen.
Hakephur. - Mcver. c. xv. s 9. Les Juifs ajoutent plusieurs
autres particularités relatives à ce jour, que nous n'ose-
rions assurer avoir été en usage pendant que le premier
temple a subsisté ; ils disent que le bouc 'A\a^el était
escorté pendant tout le chemin par des prêtres et des
laïques jusqu'à l'endroit marqué. Entre le temple et cet
endroit, il y avait une chaussée faite exprès, et à dix
étages de hauteur : aussitôt que le bouc était jeté du
haut en bas du précipice, et brisé par la chute, le
peuple, qui attendait impatiemment cette nouvelle, en
était aussitôt averti par certains signaux.
(oj II ne nous parait pas nécessaire d'observer ici que,
dans le langage de l'Ancien Testament, toutes les trans-
gressions, avant d'être expiées, étaient comparées à une
souillure contractée par le transgresseur. Par la même
raison, le pardon qui accompagne l'expiation y est repré-
senté comme une ablution ou purification. Voilà pourquoi
les Septante ont rendu les mots isio et 1B3 koplier,
kaphar, comme aussi ceux de "înis et mon tahar, 'hatah,
quand ces derniers expriment un pardon, par ceux de
xa(Jao'.<jr.io; et de jtafioept'Çstv ; et c'est dans le même sens
que les écrivains du Nouveau Testamentassurent que le
sang de Jésus-Christ nous purifie de nos péchés.
(7) Lévit. iv. v. vi. pass. — (8) Nomb. xix.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
583
ensuite rassemblées et conservées avec soin, et
tous ceux qui avaient prêté la main à cette céré-
monie, étaient censés impurs jusqu'au soir.
Toutes les fois qu'un homme contractait une
souillure qui le rendait impur pendant sept jours,
on faisait aspersion sur lui, le troisième et le sep-
tième jour, de l'eau dans laquelle avait été mise
une partie des cendres ; et, par ce moyen, il
était purifié. S'il négligeait cette aspersion le troi-
sième jour, il ne pouvait être purifié que le
dixième.
Cette loi était si sévère contre ceux qui s'étaient
souillés par l'attouchement d'un corps mort, ou
en entrant dans une tente ou dans un apparte-
ment où il y avait quelque cadavre, que, s'ils
osaient paraître devant le Tabernacle, avant
d'avoir été purifiés, ils étaient retranchés du peu-
ple, comme ayant souillé le sanctuaire. Les vases
qui se trouvaient dans l'endroit sansètre couverts,
aussi bien que l'endroit même où avait été le
corps, étaient pareillement souillés, jusqu'à ce
qu'ils fussent arrosés par les eaux de séparation,
comme lé texte les appelle.
Les exégètes ne sont pas d'accord entr'eux sur
le nombre de fois que cette grande cérémonie a
été répétée, depuis le temps de Moïse jusqu'à
celui de la captivité. Quelques-uns prétendent que
la jeune vache rousse qui fut brûlée par Éléazar,
fils d'Aaron, lournit des cendres durant tout cet
espace ; d'autres assurent qu'on en brûlait une
chaque année, et qu'on envoyait une partie des
cendres à chaque ville et à chaque bourgade d'Is-
raël (1).
Les exégètes, tant juifs que chrétiens, sont
aussi divisés sur la question de savoir si ce sacri-
fice doit être rangé, ou non, dans la classe des ho-
locaustes qu'on offrait pour toute la nation. Mais,
sans entrer dans cette discussion, il est certain
que l'auteur de Tépître aux Hébreux considérait
cette vache comme une figure de Jésus-Christ,
qui, pour cette raison, souffrit hors des portes de
la ville, comme la victime dont nous parlons fut
brûlée hors du camp (2). Son sang est bien plus
efficace pour purifier les hommes de leurs
péchés, que celui des taureaux et des boucs, que
les cendres d'une vache, en un mot, que tous les
sacrifices lévitiques.
Lois concernant quelques autres sacrifices et obla-
lions, dont il nest pas fait mention dans les ar-
ticles précédents.
Les sacrifices et les oblations dont il nous reste
encore à parler, sont: i° le sacrifice journalier;
2° les sacrifices pacifiques ; yu les offrandes de
vin, d'huile et de fleur de farine ; 40 les offrandes
de purification ; ç° les prémices des fruits de la
terre ; 6° les premiers-nés et ~° les dîmes.
Outre ces sacrifices, il y en avait d'autres oc-
casionnels, dont les uns étaient ordonnée par des
prophètes, comme ceux qui furent prescrits par
Samuel (3) et par Élie (4), et les autres en usage
dans certaines familles. Ces derniers étaient plu-
tôt des fêtes que des sacrifices, si on en juge par
le prétexte que David allégua pour ne point se
trouver à la table de Saùl (',), et par plusieurs
autres exemples dont il est inutile de faire l'énu-
mération.
i° Le sacrifice journalier, ou, comme il y a dans
l'original, le sacrifice continuel, consistait avant
toutes choses, à brûler une certaine quantité
d'encens sur l'autel d'or, après quoi on offrait
deux agneaux d'un an, et sans défaut, comme un
holocauste perpétuel pour toute la nation. Ces
holocaustes étaient brûlés, le matin et le soir,avec
un feu moins violent qu'à l'ordinaire, afin de faire
durer davantage la cérémonie. On offrait pa-
reillement une certaine quantité de vin et de fleur
de farine mêlée avec de l'huile. Ce sacrifice avait
été prescrit par Dieu lui-même sur la montagne
du Sinaï (6) ; il est appelé continuel, parce que
l'oblation n'en pouvait être interrompue par au-
cune autre solennité, comme nous l'avons vu dans
l'article de chaque fête en particulier.
20 Les sacrifices pacifiques étaient destinés à
remercier Dieu des faveurs qu'il avait accordées,
ou à solliciter de nouvelles grâces, ou simplement
à honorer Dieu, ou enfin à s'acquitter de quelque
vœu. Tous ces sacrifices étaient volontaires ; au-
cune loi n'y obligeait les Israélites, à l'exception
de celle qui dit qu'ils ne comparaîtraient point les
mains vides devant l' Éternel, mais qu'ils témoigne-
raient leur générosité par ces sortes de sacrifices, à
proportion que Dieu les aurait bénis.
Il dépendait aussi d'eux d'offrir les animaux
qu'ils voulaient, sans distinction d'âge ni de sexe,
pourvu qu'ils fussent purs et exempts de défauts.
Celui qui offrait le sacrifice, devait amener la
victime à la porte du Tabernacle, mettre les mains
sur sa tète, et la tuer. Le prêtre prenait alors une
partie du sang, en répandait sur l'autel et tout
autour, et versait le reste au pied de l'autel.
Toute la graisse de la victime et les rognons étaient
brûlés sur l'autel. La poitrine et l'épaule de la
victime appartenaient au prêtre qui avait officié,
et le reste au propriétaire, qui pouvait en faire un
repas avec qui il lui plaisait, comme s'il avait tué
l'animal dans sa propre maison (7).
(1) S. Jérôme, lett. xxvii.
(2) Hebr. xin. fi. 11. 12.
(-?) 1. Rois. îx. p. ij; xii. fi. 9; xvi. fi. 2. et suiv.
(4) m. Rois. xvin. fi. 50. et suiv.— (5) 1. Rois. xx. fi. 29,
(6) Exod. xxix. fi. jb. - Nombr. xxvin. fi. û. et suiv.
(7) Lèfit. 111. pass.
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
3° Nous avons déjà eu occasion de parler des
offrandes de fleur de farine, de vin et d'huile,
parce qu'elles accompagnaient toujours les holo-
caustes de chaque fête, les sacrifices journaliers,
et tous les autres sacrifices faits par le feu. Ces
offrandes étaient proportionnées à la victime à la-
quelle elles servaient d'accompagnement fi). Ou-
tre ces offrandes, il y en avait quelques autres de
même nature, qui devaient être faites par des pau-
vres hors d'état de donner davantage.
4" Nous avons parlé de quelques-unes des of-
frandes de purification, dans l'article des expia-
tions. Mais nous devons dire un mot : r de celle
de deux pigeons qu'une femme relevée de cou-
ches devait offrir pour sa purification, dans le cas
où elle ne pourrait point fournir un agneau : si sa
pauvreté la mettait hors d'état de donner deux
pigeons, elle pouvait y suppléer par un peu de
fleur de farine et d'huile (2); et 2° de celle de deux
passereaux, que le lépreux offrait après sa guéri-
son, pour sa propre purification (]), et pour celle
de sa maison (4).
Dans les deux cas, l'un des oiseaux tenait lieu
de l'agneau qui devait être présenté en holo-
causte, et l'autre de sacrifice expiatoire. Le pre-
mier oiseau devait être tué dans un vase de terre,
au-dessus d'une eau vive ; après quoi le prêtre
prenait l'autre, le trempait avec un peu de bois de
cèdre, d'écarlate et d'hysope, dans le sang de
celui qui avait été immolé. Du tout ainsi mouillé,
il faisait sept fois aspersion sur la personne ou sur
la maison souillée, et les déclarait ensuite nettes
et pures, en permettant au passereau vivant de
s'envoler.
La personne souillée était aussi tenue d'ajouter
une certaine quantité de fleur de farine et d'huile,
dont on faisait des gâteaux qui devaient être of-
ferts à Dieu. Quelques-uns de ces gâteaux étaient
faits d'orge, d'autres de rieur de froment; d'autres
étaient pétris avec du levain, et par conséquent ne
pouvaient pas approcher de l'autel (s); mais tous
avaient plus ou moins de sel. Les uns étaient
offerts volontairement, et d'autres pouvaient ne
pas l'être ; les uns préparés d'une manière, et les
autres d'une autre.
11 nous reste à parler des pains de proposition,
qui sont appelés dans l'original les pains de la face,
parce qu'ils devaient toujours être devant l'Éter-
nel sur la table d'or dans le lieu saint. Ils devaient
être faits du froment le plus pur, au nombre de
douze, un pour chacune des douze tribus d'Israël
Les prêtres étaient obligés d'avoir soin d'en ap-
porter de frais, encore chauds, le matin de chaque
jour de sabbat, emportant en même temps les
vieux, qui ne pouvaient être mangés que par eux.
On en formait deux rangs, chacun de six l'un sur
l'autre.
Les Juifs assurent qu'il y avait de doubles pla-
tines d'or entre chaque pain, pour les empêcher
de moisir. Cette offrande était accompagnée d'en-
cens, dont les pains, auxquels il n'était pas per-
mis de mettre le moindre levain, devaient être
parfumés. Quelques commentateurs prétendent
qu'une certaine quantité de vin devait être offerte
avec les pains ; mais le texte ne fait mention que
d'encens et de sel (6). Ces pains étaient appelés
sacrés, par opposition aux autres pains, dont il
était permis à tout le monde de manger (7).
s. Nous avons déjà parlé des prémices qu'on
offrait à la Pâque, à la Pentecôte, et à la fête des
Tabernacles, au nom de toute la nation ; mais
chaque particulier était de plus obligé d'apporter
les premiers fruits de ses champs, de ses vergers
et de ses vignes au Tabernacle, et dans la suite
au temple, comme un aveu que c'étaient des pré-
sents de la libéralité de Dieu.
Comme la loi ne prescrivait ni le temps ni la
quantité, le peuple choisissait le temps qui lui était
le plus commode, et les lévites fixaient la quantité,
de manière cependant que chacun était libre de
donner plus ou moins. Ainsi, quoiqu'on fût con-
venu en quelque sorte qu'on n'était obligé d'offrir
que la soixantième partie de ce qu'on pouvait se
flatter de recueillir, quelques-uns en offraient la
cinquantième, et d'autres même la quarantième
partie (8). Après la construction du temple, les
Juifs furent obligés d'y apporter leurs prémices,
et cette cérémonie se faisait de la manière sui-
vante :
Aussitôt que celui qui venait les offrir était par-
venu au parvis des prêtres, les lévites entonnaient
le psaume xxxi, après lequel la personne faisait
cette confession : Je déclare aujourd'hui à l'Éter-
nel ton Dieu, que je suis parvenu au pays que
l Éternel a juré à nos pères de nous donner. Pen-
dant qu'il prononçait ces paroles, un des prêtres
lui aidait à ôter la corbeille de dessus ses épaules;
et tous deux soutenant cette corbeille, il termi-
nait sa confession par ces mémorables paroles (9):
Mon père a été un misérable S/rien, et il est des-
cendu en Egypte avec un petit nombre de gens, et
il y a séjourné, et il est devenu une grande nation,
(I) Nombr. xxvm. pass. — (2) Lé vit. xn.
(?) Ibid. xiv. f. 4. et suiv.
(4/ Ibid. y. 49. et suiv.
(S) Ibid. 11. jk II.
(ûj Exod. xxv. j}-. jo. - Lépit, xxiv. %. 5. et suiv.
(7) t. Rois. xxi. f. ;. 4.
(8) V. Miskn. Tract. Thercumah. et Bikkourim, et Corn-
ment, et Maïm. in toc.
(9) Deut. xxvi. f.4. et suiv. - V. Munst. Jun et al. in
Lcvit. xxii. et xxiii. et Deut. xxvi.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
385
forle et nombreuse : puis les Égyptiens nous ont
maltraités et nous ont affligés, et ils ont imposé sur
nous une dure servitude. El quand nous avons crié
à l'Éternel le Dieu de nos pères, il a exaucé nos
prières, et a regardé noire affliction, noire travail
et notre oppression. El l'Éternel nous a lires hors
d'Ég/pte avec un grand effroi, et avec des signes
et des miracles. El de puis, il nous a amenés en ce lieu,
el il nous a donné ce pays qui découle de lait et
de miel. Maintenant donc, voici que j'ai apporté
les prémices des fruits de la terre que l'Éternel
m'a donnée.
Après cela, la corbeille était posée devant
l'Éternel à côté de l'autel ; et celui qui avait pro-
noncé les paroles qu'on vient de lire, offrait
l'holocauste et le sacrifice pacifique, qui devaient
toujours accompagner les prémices. Ensuite, il lui
était permis d'aller manger avec ses amis sa portion
du sacrifice, pourvu qu'il en fît part à quelques
lévites, à des veuves ou des orphelins. Et c'est ce
qui était d'autant plus aisé aux riches, qu'il leur
était défendu de laisser jusqu'au lendemain, des
restes du jeune taureau qu'ils avaient offert (1).
Nous pouvons ranger dans la même classe le
gâteau qui servait de prémice à chaque morceau
de pâte, dont une portion devait être mise à part,
et donnée aux lévites (2), afin de sanctifier le
reste. Comme Moïse n'en avait point déterminé la
quantité, elle fut laissée à la discrétion de chaque
père ou mère de famille, jusqu'à ce que les rab-
bins assignèrent la vingt-quatrième partie de la
pâte qui était pétrie pour chaque maison, et la
quarante-huitième de celle qui devait être exposée
en vente (3).
6. Nous avons indiqué, en sixième lieu, les
premiers-nés. La loi de Moïse les partageait en
trois classes : les premiers-nés des hommes, ceux
des animaux, et les prémices des productions de
la terré (4). Les premiers-nés des hommes étaient
de droit consacrés à Dieu, mais leurs parents les
rachetaient moyennant une légère somme d'argent.
Nous observerons donc seulement ici, que le mot
de premier-né des hommes ne doit point être res-
treint au fils aîné : car il pourrait être l'aîné, et
cependant n'être pas le premier-né. C'est pour-
quoi Moïse ajoute l'épithète d'ouvrant la matrice :
d'où il suit que chez les Juifs, auxquels la poly-
gamie était permise, un seul et même homme
pouvait avoir plusieurs premiers-nés, chacun des-
quels était racheté pour cinq sicles aussitôt qu'il
avait trente jours. On. les présentait alors au
prêtre, et ia mère offrait en même temps le sacri-
fice de sa purification, dont nous avons fait men-
tion ; et ce n'était qu'après que le prix du rachat
de l'enfant avait été payé, qu'il commençait à
appartenir à ses parents ($).
Les premiers-nés des animaux purs, comme
veaux, agneaux, chevreaux et autres, étaient aussi
consacrés à Dieu ; mais avec cette différence, qu'ils
ne pouvaient pas être rachetés, mais devaient
être amenés au Tabernacle, et dans la suite du
temps au temple, pour y être tués. Le sang de
ces victimes était versé au pied de l'autel, la
graisse en était brû'lée, et la chair en appartenait
au sacrificateur, avec cette restriction néanmoins,
que si l'animal avait quelque défaut naturel,
comme d'être aveugle ou privé de quelque mem-
bre, etc. . . il ne devait point être sacrifié. Le prêtre,
en ce cas, le menait chez lui, l'y tuait, et en faisait
un repas, auquel il lui était permis d'inviter qui il
(1) Lèvit. vu f. 15. et alib.
(2) Nomb. xv. f. 19 et suiv.
(j) V. Mish. Tract. 'Hallali, c. 1. Les Juifs portaient si
loin le scrupule à cet égard que, quand ils ne pouvaient
trouver ni prêtres, ni lévites, ils jetaient la portion dont
il s'agit dans le four et la réduisaient en cendres, avant
d'y mettre le pain (Mishn. Tract. 'Hallali. - Philo de
Prcem. Sacerd. - Hicron. in cap. xlv. E^ech. - Maïm. Léo
de Moden. et al). C'était-là une des trois choses qui
étaient confiées au soin des femmes ; elles devaient
prononcer un certain formulaire de bénédiction dans le
temps qu'elles séparaient de la pâte la portion sacrée,
et cette obligation, disent les rabbins, s'étendait au pain
fait de froment, de seigle, d'orge ou d'avoine.
(4) Le mol ■'.13; , becor, que nous avons rendu par pre-
mier-né, signifie proprement ce qu'il y a de principal
dans une chose ou créature, tant dans un bon que dans
un mauvais sens. C'est ainsi que Dieu s'exprime, parlant
de David : Je ferai de lui mon premier-né, plus élevé que
les rois de la terre (Psalin. lxxxviii, y. 28;; le mot de pre-
mier-né est certainement pris dans un sens métaphorique.
D'un autre côté, une mort très cruelle est appelée dans
Job ma 1133, becor-maveth, le premier-né de la mort
(Job. xvin. f. ij), et Isaie nomme les plus pauvres, ou
plutôt les plus faibles de tous, 33'bi ni33 , becorè-dallim,
les premiers-nés des faibles (Isaie. xiv. f. jo). Il est, par
S. B. — T. XII.
conséquent, probable que ce mot était appliqué dans
un sens figuré aux premiers-nés, pour désigner leur
excellence en force et en dignité, conformément à
l'expression de Jacob, relativement à Ruben, son fils
aîné (Gènes, xlix. f. j).
(;) Exod. xiii. f. 2.-Nombr. xvm. y. 15 el alib. En consé-
quence de cette loi, la Vierge Marie rachela son fils
Jésus (Luc. 11. 22. 2?;. Cependant on a beaucoup disputé
s'il était sujet ou non à cette loi, quoiqu'il ait été incon-
testablement le premier-né de sa mère. 11 y en a qui
prétendent qu'il ne l'était pas, parce qu'il ne rompit pas
le sceau de la virginité de sa mère (Cm/. Hierosol. H omit,
de Occurs. Domin). D'autres, croyant que chaque mâle
ouvrant la matrice est équivalant à chaque premier-né,
soutiennent que Jésus-Christ devait être racheté (Cornet,
à Lapid. in Exod. xm, et Auct. ab eo citai j. Mais quel-
ques pères ont poussé encore plus loin cette idée, et
ont affirmé qu'à la rigueur, la loi dont il s'agit était
uniquement applicable à notre Sauveur, qui, à propre-
ment parler, est le seul enfant mâle qui ait ouvert la
matrice de sa mère, les autres femmes ayant la matrice
ouverte dans le temps même qu'elles conçoivent. Ce rai-
sonnement leur a fait conclure que cette loi était entiè-
rement figurative par rapport à Jésus-Christ. (Origen.
Terlul.Ambros.elal. ap. Calm. Diction. sub.i>oc.Premier~nû).
2i
j 86
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
voulait. Si la bête était impure, comme un âne, un
chien, etc., le propriétaire était libre de la racheter
en substituant à la place un agneau, ou en payant
cinq sicles, ou la mettait à mort (i).
Quant aux premières productions des arbres,
il faut remarquer que chaque arbre nouvellement
planté était censé incirconcis et impur pendant
les trois premières années ; il n'était pas permis
d'en cueillir, bien moins encore d'en manger le
fruit. Tout ce que l'arbre produisait la quatrième
année appartenait à l'Éternel, et était par cela
même donné aux prêtres, dont cependant il était
permis de le racheter, en donnant l'équivalent (2).
Mais ce temps expiré, le propriéraire pouvait en
disposer comme de ses vieux arbres (5).
7. Les dîmes jointes aux prémices et à ce que
rendait le rachat des premiers-nés, formaient le
revenu le plus sûr et le plus important des
prêtres et des lévites. De ces tributs, le plus
considérable était certainement celui des dîmes.
Nous nous bornerons uniquement à celles qui fu-
rent prescrites par Moïse. Ce législateur avait
ordonné qu'aucun des animaux purs qui seraient
offerts comme dîmes, ne serait racheté, mais qu'ils
seraient tous sacrifiés à l'Éternel ; que celles qui
consistaient en produits de la terre, comme grains,
fruits, etc., ne seraient point rachetées, à moins
que les propriétaires n'ajoutassent un cinquième
de plus à la valeur intrinsèque (4). Il n'est pas
nécessaire de remarquer ici que les dîmes étaient
données aux lévites et aux prêtres, comme un dé-
dommagement de ce que, dans îe partage du pays,
aucune portion ne leur était assignée avec le reste
du peuple (î).
Ces dîmes étaient de quatre sortes : 1 . Celles
qui étaient assignées à la tribu de Lévi (6). 2. Les
dîmes de ces dîmes, qui étaient destinées aux
prêtres ; car ces derniers ne rassemblaient pas les
dîmes eux mêmes : cet office appartenait aux
lévites, qui n'en touchaient pas la moindre partie,
avant d'avoir envoyé à Jérusalem la portion qui
était due aux prêtres (7). 3. Après qu'un laïque
avait payé ses premières dîmes aux lévites, il était
obligé de mettre à part une seconde dîme, ou
d'en donner l'équivalent en argent, en y ajoutant
le cinquième de la valeur, et il devait porter le
tout à Jérusalem, et donner dans cette ville un
festin auquel, avec ses amis et ses parents, étaient
invités les prêtres et les lévites (8). 4. La dernière
espèce de dîmes, prescrite par Moïse, revenait
tous les trois ans, et était employée en festins
domestiques, auxquels, par une loi expresse, de-
vaient assister les lévites, les orphelins, les pau-
vres, les veuves et les étrangers (9).
Il est vrai qu'il est parlé d'une autre sorte de
dîme, au profit du roi, quand Samuel prédit aux
Israélites qu'il les en chargerait, s'ils persistaient
dans le dessein d'en avoir un (10). Mais comme
(1) Nomb. xvin. f. 1^ et suiv. - Exod. xm. y. 1?.- Deut.
xv. p. 20 et suiv. Nicolas de Lyre, savant Juif converti,
assure que les chiens et autres animaux semblables qui
n'ont aucune valeur, ne doivent point être rachetés, mais
mis à mort, en vertu d'une loi du Deutéronome, qui
défend d'apporter dans la maison de l'Éternel, ni le sa-
laire d'une impudique, ni le prix d'un chien. [Deut. xxm.
18.) Cette opinion a été adoptée par Bochart et plusieurs
autres. (V. Mishn. Ma'im. et al. cl M un st. in loc.) Mais
nous doutons très fort que la plupart des Juifs aient été
forts exacts à observer lequel de ces animaux sortait le
premier ; nous avons plus de penchant à croire que
pour plus de sûreté ils les détruisaient tous.
(?) Prcec. ajfinn. ij-.
(?) Lévit. xix. f. 2?.
(4) Lévit xxvii. f. ;o. et suiv.
15) Une des raisons de cet arrangement pourrait bien
avoir été le dessein de les rendre plus religieux obser-
vateurs de la loi de Dieu, au militu d'un peuple fort en-
clin à la désobéissance ; leurs revenus devant naturelle-
ment augmenter ou diminuer à proportion que les Israé-
lites étaient plus ou moins dociles et vertueux.
(ô) Nomb.xMu. y. 20. et suiv.- Deut. xiv. f. 22. eialib. Cf.
et 11. Parai p. xxxi. jh j. et suiv. Quelques auteurs croient
que chaque homme était obligé d'apporter ou d'envoyer
ces premières dîmes à Jérusalem [Joseph. Antiq. lib. iv.
c. 8. Cf. Six. Amant, de Uecim. cl Aucl.ab eo cilat.,; mais
ils ne donnent aucune preuve de cette assertion : il sem-
ble plutôt, par les secondes dîmes que les lévites de-
vaient envoyer à Jérusalem (Comp. Deut. xiv. y. 12, 2j.
avec JSchcm. x. y. J4 et suiv.) aux prêtres, que les pre-
mières se payaient sur les lieux, ou du moins dans les
villes appartenant aux lévites. Et en effet, c'eût été
un grand embaras, particulièrement pour ceux qui demeu-
raient à une distance considérable de Jérusalem, s'il
avait fallu les envoyer si loin . Si l'on objecte que
c'était au fond la même chose pour les lévites, la réponse
s'offre d'elle-même : il était bien plus commode d'en-
voyer à Jérusalem une dixième partie que le tout, pour
remporter ensuite les neuf autres dixièmes chez eux.
(7) Nomb. xviii. y. 2;. et suiv.
(8) Deut. xii. jh 17. 18. xiv. y. 22. 2J. Cette dîme était
différente de la première, qu'on payait aux lévites,
quelque chose qu'aient pu dire certains commentateurs
pour prouver le contraire : i°. parce que la première
était un droit héiéditaire de la tribu de Lévi qui aurait
péri de faim sans cela, au lieu que celle dont il s'agit
ici était consommée par les propriétaires et par leurs
amis. 20. Les lévites étaient tenus de rendre la dixième
partie des premières aux prêtres, au lieu qu'ils n'étaient
que convives à l'égard des autres. j°. Les premières se
payaient par toute la Judée, et les autres seulement à
Jérusalem.
(0) Deut. xiv. p. :8. 29. Il est cependant plus probable
que cette dernière dîme différait uniquement de la troi-
sième, en ce que chacun la consommait chez soi chaque
troisième année, l'autre étant consommée à Jérusalem
les deux autres années, si bien qu'il pourrait n'y avoir eu,
à proprement parler, que trois espèces de dîmes, celle
des lévites, celle des prêtres, et ce'te dernière, qui
n'étaient au fond qu'un repas eucharistique, appelé
pour cette raison par les Juifs >jy is/ya , par les Grecs,
TCTw-ioosnixtr), ta d'une des pauvres, et par Tobie la troi-
sième dîme (Tob. y. 1. 8.)
(ioj 1. Rois. vin. y. 15. et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
;87
Moïse ne parle en aucune manière d'un pareil
droit dans les règles qu'il établit pour la conduite
de leurs rois futurs (1), il y a apparence que ce
prophète leur apprend, non ce que ces princes
feraient en droit, mais ce qu'ils seraient capables
de faire.
Il n'est pas facile de déterminer en quoi con-
sistait la première espèce de dîmes qui étaient
destinées à l'entretien des prêtres et des lévites ;
c'est-à-dire, si c'était en gros et en menu bétail,
et en d'autres sortes d'animaux, ou bien en grains
et en fruits ; ou enfin si c'était seulement en une
partie de ces objets.
Les Juifs, si nous en croyons quelques-uns des
plus savants d'entr'eux (2), assurent que la chair
de tous les animaux qui étaient décimés, appar-
tenait uniquement aux propriétaires ; et Obad de
Barthenora ajoute qu'il n'y a pas, dans toute la
loi, un seul passage qui prouve que les prêtres et
les lévites y eussent le moindre droit (3). Quant à
la manière dont le bétail était ordinairement dé-
cimé, elle était réglée par l'usage, suivant Mai-
monide (4) : « Un homme », dit-il, « qui de dix
agneaux en aurait mis à part un, par exemple, ou
dix de cent, ne serait pas réputé en avoir payé la
dîme. Voici donc comment il fallait s'y prendre.
On renfermait tous les agneaux, chevreaux ou
jeunes taureaux dans une étable, qui avait une
porte si étroite, que deux de ces animaux n'y
pouvaient point passer de front. Après cela, on
amenait les mères devant la porte, afin que les
jeunes, entendant leur voix, s'empressassent de
sortir, conformément à ce texte du Lévitique,
xxvn, 3 2, tout ce qui passe sous la verge du Pasteur.
Il fallait outre cela que ces jeunes sortissent
d'eux-mêmes, et sans y être forcés ; et à mesure
qu'ils sortaient l'un après l'autre, ceux qui se te-
naient auprès de la porte, comptaient un, deux,
trois, et ainsi de suite, jusqu'à dix ; ce dixième
était sur le champ marqué de rouge, et qu'il fût
mâle ou femelle, avec ou sans défaut, le proprié-
taire disait : Celui-ci sera consacré A payer les
dîmes.
« Si l'animal avait les conditions requises, il
était sacrifié à Dieu, sinon, il était permis au pro-
priétaire de le tuer, et de !e manger où il voulait ;
car il était défendu de le racheter ou de le chan-
ger pour un autre (5). »
A ces sortes d'offrandes, nous pouvons en ajouter
quelques autres, comme celle de l'encens que les
prêtres devaient brûler chaque jour sur l'autel des
parfums, avant le sacrifice du soir et du matin, et
celui que le grand prêtre portait une fois l'an dans
le sanctuaire. Il ne nous reste qu'une remarque
générale sur les sacrifices. Comme Jérusalem
devint dans la suite pour les Juifs ce que le camp
avait été pendant leur séjour dans le désert, les
victimes qui devaient être brûlées hors du camp,
le furent hors des murailles de la ville, après la
construction du temple.
Lois concernant les vœux.
Les vœux formant une partie solennelle du culte
et des offrandes des Juifs, nous pouvons les join-
dre comme un supplément à ces offrandes ; mais,
comme ils étaient libres et arbitraires, on ne peut
pas les placer dans le même rang. Il paraît par
l'exemple de Jacob, qui voua les dîmes de toutes
ses acquisitions, lorsqu'il alla en Padan-Aram,que
les vœux ont été de bonne heure en usage. Nous
nous bornerons à ceux qui ont eu lieu sous la dis-
pensation mosaïque; ce législateur établit diverses
règles, pour en diriger et en assurer l'accomplis-
sement (6).
Il y avait deux sortes de vœux : 1. Ceux qui
dévouaient la chose, homme, bête, argent, au
service de Dieu (7). 2. Ceux qui dévouaient
les mêmes choses à une entière destruction (8).
Par rapport aux vœux de la première espèce, il
est clair que ceux qui avaient droit de disposer
d'eux-mêmes, pouvaient se dévouer eux ou leurs
enfants, ou une partie de leurs possessions à
Dieu. Nous disons, qui pouvaient disposer d'eux-
mêmes, parce que les vœux d'un fils, d'une fille,
d'une femme ou d'un esclave, n'obligeaient qu'au-
tant qu'ils étaient approuvés par ceux à l'autorité
desquels ces personnes étaient soumises (9), de
manière qu'un père, un époux, ou un maître, s'il
entendait le vœu qu'on venait de faire, ou s'il en
était informé dans la suite, était libre de le con-
firmer, ou de l'annuler ; mais s'il prenait ce der-
nier parti, il était obligé de le faire le jour même,
suivant le texte, ou dans l'espace de vingt-quatre
heures, suivant les docteurs juifs.
Nous ne trouvons aucun exemple formel de
(1) Deul. xvii. f. 14. et seq.
(2) Mainion. in Bechoroth. c. 6.
(j) Barthenor in Zcbachim. c. 5. et al.
(4) Maim. ubi supr.
(5) Basnag. Rep. Héb. Tom. III. lib. xxxm. c. 4.
(6) Livil. xxvn. passim.
(7) Jbid. vers. 2 et siuv.
(8) Ibid. vers. 28. 29. L'original les distingue par le
mot lia , njdar, qui signifie vouer dans le premier sens,
et de :=-in , 'hâram, qui veut dire soumettre une chose
ou une personne à l'anathème, ou la vouer à la des-
truction. Plusieurs savants commentateurs rejettent ce
dernier sens appliqué aux hommes, et croient que les
personnes ainsi vouées devenaient entièrement et pour
toujours consacrées à Dieu (V. Munsi. Grot. Le Clerc.
Pagnin. Jun. Cahn.) ; mais l'histoire de Jephté, et l'immo-
lation des peuplades ou des habitants des villes vouées
à l'anathème, ne permet pas d'adopter cette opinion
sans réserve.
(9) Nombr. xxx. passim.
388
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
personnes qui se soient vouées elles-mêmes en ce
sens ; mais nous en avons un remarquable d'un
enfant voué, dans l'histoire de Samuel, qui fut
consacré à Dieu par le vœu de sa mère, ratifié,
à ce qu'il y a lieu de supposer, par son époux (i);
et qui, en conséquence de ce vœu, fut employé
pendant tout le temps de sa vie, au service de
Dieu. Cependant, dans ces sortes de cas, la loi
de Moïse permettait qu'on rachetât la personne
vouée pour une certaine somme d'argent, qui était
plus ou moins grande, suivant l'âge et le sexe de la
personne vouée. La taxe qui fut établie à cet
égard, et la manière d'en agir par rapport à
ceux qui étaient trop pauvres pour fournir la
somme qu'il aurait fallu payer, se trouvent dans le
Lévitique (?).
Il en était autrement du bétail, des terres, ou
de leurs productions. Ces objets ne pouvaient être
ni rachetés, ni changés en aucun cas. à moins
que l'animal voué n'eût, avant d'être offert, con-
tracté quelqu'imperfection légale qui le rendit
incapable d'être sacrifié : car, en ce cas, il fallait
en substituer à la place un autre sans défaut ;
et si la bête qu'un homme avait vouée était impure,
il devait, outre l'équivalent, donner encore la cin-
quième partie de la valeur, comme une espèce
d'amende (}). La même chose devait être observée
.si c'était une maison, un champ, ou quelqu'autre
bien pareil. Les premiers-nés du bétail ne pou-
vaient point être voués, parce qu'ils appartenaient
déjà à Dieu (4).
Il n'en était pas de même des choses qui étaient
vouées à la destruction ; elles ne pouvaient être
rachetées à aucun prix (5) : ce qui avait vie devait
être mis à mort, et ce qui était inanimé devait être
détruit par le feu, ou de quelqu'autre manière.
Nous en trouvons dans l'histoire des Juifs plu-
sieurs exemples, dont nous rapporterons les plus
remarquables.
Nos lecteurs se souviennent sans doute, que
Jes enfants d'Israël vouèrent à la destruction tout
le royaume d'Arad, et que toutes les villes des
Cananéens furent soumises au mêmeanathème(6),
et en particulier celle de Jéricho : cette malédic-
tion enveloppa Achan et tout ce qu'il avait, parce
qu'il avait conservé une partie du butin de cette
ville (7), dévouée à une totale destruction.
Les Israélites, assemblés à Masphath, vouèrent
à la destruction ceux qui n'avaient point aidé à
punir la tribu de Benjamin, du crime commis
envers la femme du lévite (8) ; et Saùl aurait
voulu sacrifier son propre fils Jonathas, pour
avoir encouru, sans le savoir, la malédiction pro-
noncée contre ceux qui mangeraient ou qui boi-
raient pendant qu'il serait occupé à poursuivre sa
victoire, et il l'aurait fait si toute l'armée ne s'y
était pas fortement opposée : ces exemples,
entre plusieurs autres, prouvent que la mort
n'était pas toujours le partage de ceux qui étaient
l'objet de ces sortes de vœux.
Les exégètes partisans de l'opinion modérée,
que, quand il s'agissait de victimes humaines,
leur dévouement n'avait d'autre effet que de les
consacrer au service de Dieu durant tout le temps
de leur vie, objectent, à la vérité, l'horreur que
Dieu témoigne contre toutes sortes de sacrifices
humains. Mais qu'il nous soit permis d'observer
qu'il n'est point question ici de sacrifices, mais de
vœux, et que ces vœux étaient tels, qu'il n'était
permis à aucun particulier de les faire, mais seu-
lement à toute la nation, comme dans l'exemple
du pays d'Arad, ou aux rois et aux juges, comme
dans les autres exemples que nous venons de
rapporter.
' De plus, tous ces vœux semblent relatifs à ces
nations idolâtres que les Israélites allaient subju-
guer, et dont les crimes, parvenus à leur comble,
avaient déjà engagé Dieu à prononcercontre elies
unesentencededestruction; un vœu solennel d'exé-
cuter cette sentence pouvait alors servir à mettre
les Israélites plus en état de s'acquitter de cette
commission. Aussi les trouvons-nous à cet égard
d'une exactitude extraordinaire quand la destruc-
tion était prononcée, et fort relâchés quand elle
ne l'était pas. Sans cela, auraient-ils laissé subsis-
ter tant de nations, dont le commerce séducteur
les rendit plus d'une fois coupables d'idolâtrie ?
Il paraît par là que, s'il était d'une si grande
importance pour eux d'être garantis de pareils
pièges, nous ne devons pas nous étonner de voir
les Israélites fortifier par un vœu une obligation
qui leur était déjà imposée. Mais après tout, le
vœu dont il s'agit peut, fort bien être considéré
comme un renouvellement de celui que Moïse
exigea de tout le peuple, un peu avant sa mort. Ce
vœu consistait à observer tous les commande-
ments de Dieu : l'un d'eux était d'extirper toutes
ces nations avec tous les monuments de leur ido-
lâtrie ; et, dans ce cas, le sens de ces paroles sera
simplement que, comme ils avaient fait solennel-
lement ce vœu à Dieu, ils ne devaient point pré-
tendre dans la suite s'exempter de l'exécuter, sous
quelque prétexte que ce pût être.
Si Saûl se fût rappelé ce vœu, il n'eût point
(i) 1. Rois. 1. f. 21. et suiv.
(2) Lêuit. xxvii. f. ]. et suiv.
(j) Ibid. y. ij.
(4) Ibid. y. 14 et suiv. — (5) Ibid. y. 28. 29.
(0) Nombr. xxi. y. 1. et suiv. - Deut. vu. y . 2j. et suiv. ;
xx. y. 15. et suiv.
(j) Jos. vi. et vu. passim.
(8) Jug. xx, y. 5.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
389
sauvé le roi d'Amalec et la meilleure partie du
bétail et du butin (1). Aussi, lorsque ce prince
allégua la puérile excuse qu'il destinait le butin et
le bétail pour en faire une offrande à Dieu, Samuel
le reprit avec raison, en lui montrant combien il
était insensé de vouloir expier la violation d"un
précepte de Dieu en en violant un autre.
L!Écriture ne marque pas quelle sorte de ma-
lédiction Jonadab, fils de Récab, donna à ses
descendants, s'ils n'obéissaient pas aux préceptes
arbitraires qu'il leur avait prescrits, surtout à
celui de s'abstenir de boire du vin, de planter et
de semer; mais il paraît, par la réponse qu'ils
firent à Jérémie, lorsque ce prophète les invita à
boire du vin, qu'ils ne s'en écartèrent point (2).
Nous finirons cet article en disant un mot des
Naziréens, dont il est souvent fait mention dans
l'Ancien Testament. C'étaient des personnes qui
se vouaient elles-mêmes, ou qui étaient vouées
par leurs parents à l'observation des lois du nazi-
réat. Cette obligation était quelquefois limitée
à un espace de temps assez court, comme un mois
ou une semaine, et quelquefois ne finissait qu'avec
la vie ; et c'était ordinairement le sort de ceux
qui avaient été consacrés au naziréat par leurs
parents. Tels étaient, entr'autres, Samson et Sa-
muel(]). Tout ce que nous trouvons de particulier
dans leur manière de vivre, c'est qu'ils devaient
s'abstenir de vin et de toute liqueur capable d'eni-
vrer, et laisser croître leurs cheveux sans jamais
les couper.
Tant que le naziréat, dont la durée était bor-
née à un certain temps, subsistait, il était défendu
au naziréen d'entrer dans une maison où il y au-
rait un mort, parce qu'il contractait par là une
souillure qui l'obligeait à recommencer de nou-
veau (4). Les femmes, aussi bien que les hommes,
pouvaient s'obliger parce vœu. Dès que le temps
assigné à la durée du naziréat était expiré, les
naziréens se présentaient à la porte du Taber-
nacle ou du temple, et ils y offraient les sacrifices
prescrits par Moïse en pareil cas(<;); ensuite le
prêtre, après leur avoir fait raser la tète, et jeter
leurs cheveux dans le feu, qui était au dessous du
sacrifice, les déclarait libres de leur voeu.
Ceux qui vivaient à une si grande distance
du temple, qu'il leur était impossible de s'y
rendre vers la fin de leur naziréat, pouvaient se
raser la tête en quelque endroit qu'ils se trou-
vassent, pourvu qu'ils missent en même temps à
part l'équivalent de leurs sacrifices, dans le dessein
de l'envoyer ou de le porter au temple à la pre-
mière occasion. C'est ce que nous lisons relative-
ment à saint Paul, qui, ayant fait vœu à Corinthe,
se rasa la tète à Cenchrée, et partit aussitôt après
pour Jérusalem, afin d'y terminer son naziréat
par l'offrande ordinaire.
Lois concernant les prêtres, les lévites et les
Ndhinim ou Nathinéens.
Les deux derniers articles qui restent à exami-
ner relativement au culte de Dieu, sont: 1. les
personnes, et 2. les choses qui étaient pareille-
ment destinées à ce culte. Dans la première classe
étaient les prêtres, les lévites et les Nethinim ;
dans la seconde, le Tabernacle et dans la suite le
temple, avec tout le pompeux appareil d'usten-
siles prescrits par Dieu lui même à Moïse sur la
montagne, afin de rendre la religion plus respec-
table aux yeux de ce peuple charnel.
Avant que la tribu de Lévi fût consacrée au
service de Dieu, la prêtrise ou sacrificature appar-
tenait au premier-né, suivant toutes les apparences;
et lorsque Moïse ratifia l'aliiance entre Dieu et
le peuple sur la montagne, ce législateur fit la
fonction de grand prêtre, et choisit un certain
nombre de jeunes hommes pour officier sous
lui (6). Mais, après que la tribu de Lévi eût été
choisie pour le service inférieur, et la famille d'Aa-
ron pour les fonctions plus relevées du ministère,
ce fut un crime capital pour les autres tribus,
de s'y ingérer; et la vengeancede Dieu éclata mi-
raculeusement dans la punition des premiers vio-
lateurs de cette loi, Coré, Dathan et Abiron, et
confirma par un prodige la prêtrise dans la maison
d'Aaron (7).
Il n'est pas aisé de concilier ce qui est dit des
lévites, que leur choix était fondé sur le zèle
qu'ils avaient témoigné en exterminant les adora-
teurs du veau d'or (8), avec l'élévation d'Aaron à
la dignité de souverain pontife, lui qui avait si
lâchement consenti à leur idolâtrie. Tout ce que
nous avons à répondre à cette difficulté, c'est
qu'il faut attribuerce choix de Dieu à cette même
liberté souveraine, qui porta cet Etre suprême à
choisir, préférablement à d'autres, Seth, Noé,
Sem, Abraham, Jacob, David, pour les instru-
ments de sa miséricorde. Quoi qu'il en soit à cet
égard, Moïse dit dans un endroit, que Dieu prit
les lévites à la place des premiers-nés d'Israël,
pour être sa tribu; et il est remarquable que,
quand le recensement des uns et des autres fut
fait, et que le nombre des derniers se trouva plus
(1)1. Rois. x. f. 9, et suiv.
(2) Jérem. xxxv. passim.
(;) Jug. xui. f. 5. - 1. Rois. 1. f. u.
(a) Nomb. vi. f. 14. et suiv.
(5) Ibid. f. 1 j. et suiv.
(6) Exod. xxiv. f. 5. et suiv.
(7) Nomb. xvii. et xvn. passim.
(8) Deut. xxxiii. f. 8. et suiv, et Exod. x,xu.f. 26. et suiv.
390
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
grand que celui des premiers, Dieu commanda
que le surplus serait racheté à cinq sicles par tète,
et que la somme qui viendrait de ce rachat, serait
donnée à Aaron et ses fils (i). Ainsi il est clair
qu'il y avait une substitution actuelle de la tribu
de Lévi à la place des premiers-nés, que Dieu
s'était réservés pour prix des premiers-nés d'Israël
qu'il avait épargnés, lorsqu'il détruisit ceux d'E-
gypte; et il avait accordé une supériorité à la
famille d'Aaron sur tout le reste de la tribu de
Lévi, probablement en considération de Moïse.
i. Des prêtres.
Cette tribu était composée de trois branches
distinguées par leurs principaux chefs; savoir :
Gerson, Caath et Mérari. Mais la prêtrise fut
donnée à la seule famille d'Aaron, qui n'était
qu'une petite branche de celle de Caath, et toutes
les autres, même les fils de Moïse, demeurèrent
dans le rang de simples lévites, et ne furent admis
qu'aux fonctions subalternes, soit du Tabernacle,
soit du temple; c'est pourquoi les lévites furent
toujours sujets aux prêtres.
A la tête du sacerdoce était le souverain sacri-
ficateur, ou grand prêtre, qui était aussi le chef de
l'Église judaïque, et le juge suprême de toutes
les controverses, tant au sujet de la religion, qu'à
l'égard de l'administration ordinaire de la justice.
Moïse ordonna au peuple, d'avoir recours aux
prêtres dans toutes les difficultés de cette nature,
de s'en tenir à leur décision, sous peine de
mort (2); et c'est en ce sens que Josèphe, Phi-
Ion, et la plupart des rabbins entendent ce pas-
sage (3). Cependant, dans ces sortes d'occasions,
le grand prêtre agissait moins comme tel qu'en
qualité de juge civil. Nous pouvons dire la même •
chose des prêtres subalternes et des lévites, qui
avaient ordinairement droit de séance dans les
cours inférieures de justice (4); car il est évident
qu'ils n'avaient été séparés des autres tribus, que
pour bénir le peuple et offrir à Dieu l'encens et
les sacrifices prescrits par la loi, exclusivement à
toutes les autres, sous des peines très sévères (5).
Les lois concernant le grand prêtre peuvent être
rangées sous trois classes : celles qui regardent sa
charge ; celles qui ont rapport à sa consécration ;
et celles qui sont relatives à ses habits.
Lois relatives à la charge de grand prêtre.
Le grand prêtre avait le pouvoir, quand il lui
plaisait, de remplir les fonctions des prêtres infé-
rieurs; mais il était seul en possession de l'oracle
divin de l'Ourim et Thoummin. Il avait seul la
permission d'entrer dans le lieu très saint, et de
prononcer la bénédiction solennelle le grand jour
de l'Expiation. Tous ces privilèges étaient res-
treints à sa personne, et transmis ensuite à celle
de son successeur, soit que ce fût son fils, ou
quelqu'un de sa famille. C'est ainsi que nous
trouvons les deux branches, c'est-à-dire, celle
d'ÉIéazar et d'Ithamar, fils d'Aaron, revêtues de
la souveraine sacrificature, en différents temps
jusqu'à la captivité, pendant que l'autre branche
était revêtue d'une prêtrise inférieure.
Le texte sacré ne dit pas à la suite de quel évé-
nement la ligne de Phinéès fut exclue du premier
(1) Nomb. m. y. 12. I}. 4;. et suiv.
(2) Deut. xvn. y. 8 et suiv. ; xix. f. 17; xxi. f. <,; xxn.
y. 10; xxxiii. y. 20. et E\ech. xliv. y. 24. Voici comment le
législateur s'exprime(De«/. xvu. y. 8. et suiv.) : « Quand il
sera trop difficile pour toi de juger entre le meurtre et le
meurtre, entre la cause et la cause, entre la plaie et la
plaie, et autres affaires ou procès en ces portes (ce qui
signifie clairement, si la décision du procès paraît trop
difficile aux juges de la ville dont dépendent les parties):
en ce cas tu te lèveras et monteras au lieu que l'Éternel
ton Dieu aura choisi, et tu viendras aux prêtres qui sont
de la race de Lévi, et au juge qui sera en ce temps-là, —
et tu feras exactement ce qu'ils t'auront déclaré, — sans
te détourner de ce qu'ils auront déclaré, ni à droite, ni
à gauche ; et l'homme qui, par fierté, n'aura pas voulu
obéir au prêtre qui assiste pour servir là ;l'Éternel ton
Dieu, ou aux juges, sera mis à mort. »
(;) Contr. Appion. et ahb. Pkil. Ma'imon. Seldcn dé
Sr.icdr. vet. Hxbr. et al.
(4) Nombr. xvi. y. 8. et alib.
(5) Ceci ne doit pas être cependant entendu h la der-
nière rigueur, parce qu'il est certain que plusieurs rois,
juges et prophètes se sont chargés de cet emploi, quoi-
qu'ils ne fussent pas de la tribu de Lévi. C'est ainsi que
nous lisons dans un passage que Samuel, qui était de la
tribu d'Éphraïm, était attendu pour bénir le sacrifice
(1. Rois. îx. I2\ et dans un autre qu'il offrit un agneau en
holocauste (1. Rois. vu. 9), quoique ces deux fonctions
appartinssent proprement aux prêtres. C'est ainsi encore
qu'on dit que Saùl, Élie et David, offrirent des holo-
caustes à Dieu (i. Roii. xm. 9. et suiv ; m Rois. xvm. jo.
et suiv.), et que David, aussi bien que son fils Salomon,
donnèrent la bénédiction au peuple au nom de l'Éternel
(11. Rois. vi. 17. 18. et 111. Rois. vui. 55. et suiv.) A la
vérité, suivant l'opinion commune, ils donnaient ordre
aux prêtres de s'acquitter d" celle fonction pour eux ;
mais cette explication est forcée et incompatible avec le
sens de l'original. Ainsi iil nous paraît plus vraisemblable
que ceux que nous venons de nommer ont pu, moins en
qualité de chefs du peuple, que comme prophètes, bénir
le peuple et offrir des sacrifices dans de certaines occa-
sions, pour ajouter à la cérémonie plus de solennité.
Saùl fut pendant quelque temps doué de l'esprit de
Dieu, et Samuel déclara à ce prince qu'il pourrait en
suivre la direction dans toutes les occasions (1. Rois. x.
7. et suiv.); ainsi, lorsque ce prophète blâma son indis-
crétion (Rois. xm. ij), ce fut moins parce qu'il avait
offert in holocauste, que parce qu'il l'avait fait contre
son avis, et par une frayeur déplacée, de peur d'être
surpris par ses ennemis ; car ce prince ajoute : Je me
suis fait violence à moi-même, c'est-à-dire, ma frayeur
m'a porté à cette action comme malgré moi.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
39'
rang; mais les imperfections légales qui empochaient
qu'un homme fût propre à remplir cette première
dignité, étaient si nombreuses, qu'il y a apparence
que cette raison transféra la souveraine sacrifica-
ture dans la branche cadette d'Héli, dans la mai-
son duquel elle resta jusqu'au temps de Saùl. Il
arriva encore un ou deux changements au temps
de David, jusqu'à ce que Salomon, mécontent
d'Abiathar, rétablit Sadoc, de la famille de Phi-
néès, dans le premier rang, qu'elle conserva
jusqu'à la fin. Il paraît par là, qu'Abiathar fut
moins déposé par ce prince, que réduit au rang
primitif de sa branche. Voilà pourquoi nous le
trouvons désigné, après sa prétendue déposition,
comme immédiatement inférieur à Sadoc : « Et
Sadoc et Abiathar étaient prêtres (:). »
Il y avait quelque chose de si sacré dans la
dignité de souverain pontife, qu'il était obligé
d'observer différentes lois, auxquelles les autres
prêtres n'étaient point soumis.
Il ne lui était pas permis d'épouser une veuve,
une femme répudiée, ou d'une conduite déréglée ;
la personne avec laquelle il se mariait, devait être
une vierge pure, et de sa propre tribu. Il lui était
défendu de porter le deuil de quelqu'un de ses
parents, et d'entrer dans une maison où il y avait
un corps mort (2) : il était obligé de s'abstenir de
tout commerce matrimonial, durant les fêtes dans
lesquelles il devait officier, ainsi que de tout ce
qui pouvait causer quelque souillure. Il devait,
comme tous les autres prêtres, être exempt des
défauts indiqués par Moïse (3), et n'avoir ni scor-
but, ni gale, ni, en un mot, la moindre imperfec-
tion par rapport à quelqu'un de ses membres. Les
fonctions sacerdotales étaient absolument inter-
dites à tous ceux qui avaient quelqu'un de ces dé-
fauts, et il leur était défendu d'entrer dans le
saint lieu, et d'offrir les pains de proposition (4).
Lois relatives A la consécration du grand prêtre.
La cérémonie de la consécration du grand prê-
tre, fut prescrite par Dieu lui-même, sur la mon-
tagne^), et exécutée par Moïse à l'égard d'Aaron,
avec une solennité proportionnée à l'éminence de
la charge dont elle était l'objet. Cette cérémonie
consistait en six choses :
1. Avant tout, il fut présenté à l'Éternel à la
porte du Tabernacle, en présence de tout le peu-
ple. 2. Il se lava tout le corps dans l'eau pure
tirée d'un grand vase placé près de l'autel. 3 Immé-
diatement après, on le revêtit de ses vêtements
pontificaux, du pectoral et de l'ourim. 4. Ensuite
il offrit certains sacrifices marqués, c'est-à-dire,
un jeune taureau en sacrifice expiatoire, un mou-
ton en holocauste, et un autre pour sa consécra-
tion. 5. Du sang de cette dernière victime, Moïse
oignit le bout de l'oreille droite d'Aaron, ainsi
que le pouce de sa main droite, et l'orteil de son
pied droit. 6. La dernière partie de la cérémonie
fut de l'oindre de l'huile sacrée, dont la compo-
sition avait aussi été prescrite par Dieu (6), et ne
devait servir à aucun autre usage.
Ces cérémonies étaient répétées sept jours de
suite, au moins en ce qui avait rapport à l'onction,
et à l'obligation de se laver et d'offrir des sacri-
fices ; mais il ne paraît pas que cette répétition
eût lieu à l'égard de la nécessité de se revêtir des
ornements sacerdotaux (7V Pendant tout ce temps,
Aaron et ses fils devaient rester dans le Taber-
nacle. Ils s'y nourrissaient des victimes offertes
pour leur consécration ; victimes qu'il était dé-
fendu de garder jusqu'au lendemain ; tous les
restes devaient être brûlés la nuit môme.
Le huitième jour, Aaron entra dans l'exercice
de sa charge, par un double sacrifice : l'un pour
lui-même, et l'autre pour le peuple, qu'il bénit
pour la première fois. Son installation fut honorée
par la gloire de Dieu, qui se manifesta à tout le
peuple, et par un feu sacré qui descendit des
cieux (8). Ce feu fut conservé depuis ce temps-là
jusqu'à la destruction du premier temple, parce
qu'il fut défendu expressément, sous peine de
mort, d'en employer quelqu'autre dans le minis-
tère sacré.
Ce qui mérite d'être observé dans cette pre-
mière consécration, c'est que, non seulement
Aaron, mais aussi ses fils, furent consacrés dans
le même temps et avec les mêmes cérémonies,
quoique ces derniers dussent rester dans le rang
des prêtres inférieurs. C'est peut-être pour cette
raison, qu'il est dit qu'Éléazar fut installé dans
la souveraine sacrificature en revêtant les vête-
ments de son père, sans aucune autre cérémonie;
ce qui a donné lieu à quelques commentateurs
de conclure que les autres cérémonies ne devaient
plus être employées dans l'installation des grands
prêtres.
Il est vrai que le texte de Moïse n'offre rien
qui nous mette en état de réfuter cette notion ;
mais si nous en croyons les anciens Juifs, qu'on
peut regarder comme juges aussi compétents que
qui que ce soit sur cette matière, l'onction accom-
pagna toujours l'investiture jusqu'à la destruction
(1) Comp. m. Rois. y. 1. 26. 27. et iv. y. j.
(2) Lévit. xxi. y. 10. et suiv.
(j) Ibid. xix. y. 16. et suiv.
(4) Ibid. xxi. y. 22. et suiv.
(<,) Exod. xl. y. 12. et suiv.
(6) Ibid. xxx. y. 22. et suiv.
(7) Lcvit. vin. f. 1. et suiv.
(8) Ibid. iv. pass. v. y. 2j et 24.
Î9^
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
du premier temple. A cette époque, Josias dé-
posa l'huile sacrée dans un lieu si secret, qu'il ne
fut plus possible de la trouver après le retour de
la captivité de Babylone.Ce ne fut que depuis ce
temps, que les grands prêtres furent installés sans
onction (i).
Quoi qu'il en soit à cet égard, il nous paraît
vraisemblable que Moïse eut ordre de consacrer
les deux fils d'Aaron, Éléazar et Ithamar, dans
cette auguste cérémonie, comme étant les chefs
des deux branches auxquelles la souveraine sa-
criiicature était bornée. Ce législateur consacra
également les habits sacerdotaux, le Tabernacle,
et tous les ustensiles sacrés, qui, dans la suite,
devaient être consacrés pour toujours au service
de Dieu (2).
Lois relatives aux paiements du grand prêtre.
Les vêtements sacerdotaux dont le grand prêtre
devait se servir, avaient été désignés par Dieu
même, et étaient composés de tout ce qui pouvait
les rendre riches et vénérables. Les pierres pré-
cieuses de différentes sortes, l'or, l'argent, la
pourpre, l'écarlate et le fin lin y étaient employés ;
mais, quant à la forme des ornements, on n'en
peut absolument rien dire que par conjecture,
parce que Moïse ne nous en a donné que les
noms, sans y ajouter aucune description.
Josèphe, à la vérité, est entré dans un plus
grand détail (3); mais sa description ne repré-
sente fidèlement que les habits des grands prêtres
de son temps ; ce qui ne donne aucune idée de
ceux que portaient les mêmes pontifes plusieurs
siècles auparavant. Les rabbins en ont donné une
description différente de la sienne, et celle de
saintJérôme ne s'accorde avecaucune desdeux(_|).
Nous pouvons donc dire avec raison que les
auteurs modernes qui nous ont retracé ces habits
avec tant d'exactitude, tant par écrit qu'en taille-
douce, n'ont enrichi le monde que d'habits de
leur invention. Voici cependant ce qu'on peut
dire de plus certain sur ce sujet [(!).
Il y avait des habits de deux sortes. L'un était
de lin, et commun au grand prêtre et aux autres
prêtres ; il ne différait qu'en ce que celui du grand
prêtre était d'un plus riche tissu, et fait d'un lin
plus fin.
Les habits qui lui étaient particuliers, et qu'il
devait porter les jours solennels, étaient si riches
et si magnifiques, que les Juifs les nommaient
béged \ahab, vêlements a"or, et que Moïse les
désigne par l'épithète de gloire ou ornement
d'Aaron (6).
Le premier était une robe violette ou de couleur
de pourpre, qu'il mettait pardessus sa tunique
de lin. Cet habit n'avait ni manches ni couture,
suivant Josèphe; il était tissu précisément comme
la robe du Sauveur, et n'avait qu'une ouverture
pour y passer la tête. Le bord qui venait presque
jusqu'à terre, était garni d'une riche frange, à
laquelle étaient attachées alternativement de pe-
tites sonnettes et des pommes de grenade curieu-
sement travaillées en or, à une égale distance
l'une de l'autre, afin que le son qu'elles rendaient
en s'entrechoquant, servît à annoncer le grand
prêtre. Autour de cet habit était un riche cein-
turon qui faisait deux fois le tour de son corps, et
dont les bouts pendaient devant lui à une longueur
convenable.
Au-dessus de cet habit, il en avait un troisième
nommé l'éphod , artistement travaillé en or et
en broderie, et qui n'avait que deux pieds en lon-
gueur. A la partie supérieure de ce vêtement,
étaient attachées deux pierres précieuses enchâs-
sées en or, sur lesquelles étaient gravés les noms
des douze tribus, six sur chacune, afin qu'il ne
perdît jamais le souvenir de ceux qui étaient con-
fiés à ses soins.
Sur le devant, à l'endroit de la poitrine, s'ap-
pliquait une sorte de plastron carré, large et
long d'un palme , que l'on appelait pectoral ou
rational. C'était une pièce de la même étoffe
que l'éphod, mais plus épaisse que le reste, à la-
quelle étaient attachées douze pierres précieuses
enchâssées en or, sur chacune desquelles était
gravé le nom d'une tribu. Ces pierres étaient dispo-
sées en quatre rangs, chacun de trois, et le tout
tenait à l'éphod par deux rubans couleur jacinthe
qui avaient aussi deux crochets d'or, de manière
que le pectoral pouvait être attaché à l'éphod, sans
qu'il y eût aucun risque qu'il vînt à tomber.
L'éphod et le pectoral ne devaient jamais être
séparés ; et les Juifs assurent que, s'il arrivait au
grand prêtre, volontairement ou par ignorance, de
mettre l'éphod sans le pectoral, il en était puni.
Cet ornement est appelé pour cette raison Mémo-
rial, afin de lui rappeler combien devaient lui être
chères les tribus dont il portait les noms sur sa poi-
trine. Il est aussi appelé le pectoral du jugement,
parce que l'oracle divin y était attaché. C'est ainsi, du
moins, que la plupart des commentateurs ont en-
(1) Selden. de Succession ad Pontificat, lib. 11. c. 9- -
Basnag. Rcp. Hcb. t. I. I. 11. c. 7.
(2) Lcvit. vin. f. 10. et suiv. ad jo. ix. pass.
( j) Antiq. jud. ni. c. 7.
(4) S. Jérôme à Fabiola.
(5) Antiq. 1. m. c. 7. Cunœus, Basnag. Lamy. C.almcl
Munk.
(0) Exod. XXVIII. $. 2.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
93
tendu le commandement que Dieu donna à Moïse
d'attacher l'ourim et le thoummim au pectoral (i),
comme si c'étaient des choses entièrement dis-
tinctes.
Nous avons vu en quoi cet oracle consistait,
et de quelle manière il était consulté ; il nous
reste maintenant à examiner quelle en était la
forme. Mais l'obscurité qui enveloppe ce sujet,
est si grande, que nous aurions besoin d'un nou-
vel ourim pour la dissiper. Aucun écrivain sacré
ne nous fournit à cet égard la moindre clarté ; et
ceux qui nous ont fait part de leurs conjectures,
semblent avoir tellement donné l'essor à leur ima-
gination, qu'on en trouve à peine deux ou trois
qui soient d'accord entr'eux sur un seul article.
Suivant quelques anciens, il y avait dans le
pectoral une treizième pierre dont le lustre ex-
traordinaire et supérieur à celui de toutes les
autres pierres, marquait au grand prêtre les inten-
tions de Dieu relativement aux demandes qu'on
faisait (2). Et quoique saint Augustin ait claire-
ment prouvé qu'il n'y a aucun argument solide en
faveur de l'existence de cette pierre surnumé-
raire (3), quelques modernes n'ont pas laissé d'en
ajouter encore une autre, afin que le thoummim
eut la sienne aussi bien que l'ourim (4).
Un ancien père, dont l'opinion a été adoptée
par un grand nombre de modernes, pense que ces
deux mots étaient gravés sur une lame d'or atta-
chée au pectoral, ou bien brodée dessus (î). La
plupart des Juifs croient que c'était le nom
ineffable, qui était écrit sur une lame d'or, ou
attaché au pectoral de quelqu'autre manière (6) ;
et le Clerc croit que Ourim et Thoummim étaient
lesnomsdedeux pierres précieuses, attachéesà une
chaîne d'orque le grand prêtre portait au cou, et
qui descendait jusqu'à sa poitrine (7). Nous avons
donné au chapitre xxvm de l'Exode les diverses
opinions concernant ce sujet ; nous n'avons point
à y revenir ici, dans cette récapitulation.
Le dernier ornement particulier au souverain
pontife, était la tiare. Moïse ne dit pas jusqu'à quel
point elle différait de celle de simples prêtres;
mais il y a lieu de supposer qu'étant désignées
par des noms différents, celle du grand prêtre
l'emportait sur les autres, du moins en beauté et
en richesse. En tout cas, quels que fussent les
points de ressemblance ou de différence qu'il y eût
entre elles, la tiare pontificale était distinguée des
tiares communes, par la lame d'or, sur laquelle
étaient gravés en hébreu, ces mots : La Sainteté
à l'Éternel (8). Cette lame était appelée, dans
d'autres endroits, une couronne (9), et était atta-
chée à la partie antérieure de la tiare par deux
rubans couleur jacinthe.
La sentence, à ce qu'assurent les Juifs, s'éle-
vait en relief au-dessus de l'or (10) : mais cette
assertion est réfutée par les paroles de Moïse,
qui dit expressément, qu'ils devaient être gravés
en forme de cachet. Quoi qu'il en soit, il n'y a
aucun lieu de douter qu'ils ne servissent à expri-
mer la sainteté du caractère de celui qui les por-
tait ; sainteté si absolue, que la moindre souillure,
quoiqu'involontaire, le rendait inhabile à remplir
sa charge, jusqu'à ce qu'il en eût été légalement
purifié.
Les Juifs rapportent à cet égard une particu-
liarité singulière ; quoique Moïse n'en fasse aucune
mention, elle mérite bien de trouver place ici,
parce qu'elle n'est aucunement destituée de vrai-
semblance.
Ils disent, d'après le thalmud ( 1 :), que, comme
le grand prêtre devait officier le jour de l'expiation,
et comme il était très possible que ce pontife con-
tractât quelque souillure qui le mît hors d'état de
s'acquitter de sa charge, on avait coutume de lui
donner un vicaire, la veille, pour officier à sa place
en, cas de besoin. Ce vicaire n'était ni oint, ni
consacré, quoique la solennité l'obligeât à entrer
dans le lieu très saint. Ils ajoutent qu'aussitôt que
le pontife était purifié, il rentrait dans l'exercice
de sa charge, et que son vicaire rentrait dans le
rang de prêtre ordinaire, avec cette différence
seulement, qu'il avait une sorte de supériorité sur
ses confrères, et que, si le grand prêtre venait à
mourir avant lui, il succédait de droit à cette dignité.
Josèphe confirme cette assertion par l'exemple
du grand prêtre Matthias, qui, s'étant souillé en
songe la nuit qui précéda le jour de l'Expiation,
fut remplacé par Joseph, fils d'EIie (12), un de ses
proches parents.
Le grand prêtre pouvait être souillé de tant de
(1) Exod. xxvm. y. ;o.
(2) Epiphan. Tract, de xn. Cemmis. Suidas, in Etpoo.
(?) Quest. in Exod. cxvn.
(4) Arr. Mont, et ot.
(5) Cyrill. Exposit. Srmbol.
(6) Rabbini plures, rabbi Salomon. V. Egub. et Munst.
(7) C'est probablement, dit-il, à l'imitation des Égyp-
tiens, dont les principaux magistrats portaient une chaîne
d'or, au bout de laquelle pendaient les figures de la
Justice et de la Vérité, gravées sur quelques pierres
précieuses (Diod. de Sic. 11. ;.- Elicn. Var.) Un voyageur
nous apprend, dans une lettre datée du Caire, qu'il
avait vu en Egypte une très ancienne momie, laquelle
a'vait un large collier qui lui descendait jusqu'à la poi-
trine et au bout duquel était attaché un oiseau gravé en
or {Pietro delta Valle, epist. xi.).
(8) Exod. xxvm. f. j6.
(q) Exod. xxix. y. 6; xxxix. f. ;o. - Lêvit. vin. f. 9.
(10) Maim. Ket. Hammikd. c. ix. §. 1.
(11) Idem. In Massic. in Yoma.
(12) Ant. iib. xviii. c. 8.
;94
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
manières différentes et imprévues, et il courait un
si grand danger, si, étant impur, il entrait dans le
lieu très saint, qu'il est plus que probable qu'on
désignait quelqu'un pour remplir sa place, s'il
était nécessaire. Mais nous n'oserions décider
quel était ce substitut, ni par qui, et comment il
était établi ; il est à présumer que c'était le chef
de la branche, non actuellement en exercice (i).
Pour ce qui concerne la personne qui nommait
ce grand prêtre de circonstance, ou la cérémonie
par laquelle il était choisi, Moïse n'a laissé par
écrit aucun éclaircissement à cet égard; il ne dit
rien non plus du choix d'un successeur à la dignité
pontificale, quand l'héritier immédiat était inha-
bile à remplir cette charge éminente.
Lois concernant les prêtres.
Quoique Moïse ne fasse mention que d'Éléazar
et d'Ithamar, comme étant les chefs des deux
principales branches de la sacrificature , il serait
absurde d'inférer de là qu'ils étaient les deux
seuls qui officiassent sous leur père ; car il paraît
que Phinéès avait déjà atteint l'âge viril, par le
zèle qu'il témoigna dans une occasion impor-
tante (2), et probablement il y en avait plusieurs
autres assez âgés pour s'acquitter des fonctions
sacerdotales. Ceux-ci étant subordonnés au grand
prêtre, et d'un rang supérieur à celui des lévites,
peuvent être considérés par rapport à leur consé-
cration, à leur emploi, et à leur habillement.
Leur consécration, si nous en exceptons celle
des fils d'Aaron, se faisait avec peu ou point de
cérémonie. D'abord, on examinait soigneuse-
ment s'ils étaient exempts d'imperfections natu-
relles et d'impuretés. Dès qu ils étaient trouvés
tels, on les introduisait dans le parvis du Taber-
nacle ou du temple ; ils s'y lavaient eux-mêmes
avec de l'eau pure, gardée pour cet usage; après
quoi, étant revêtus de leur habit sacerdotal, on
les amenait au souverain sacrificateur, qui les
présentait à l'Éternel.
Les sacrifices ordinaires, prescrits par Moïse,
étant achevés, le pontife, ou le prêtre officiant,
les sanctifiait, ou, comme il y a dans l'original
remplissait leurs niains.ceqm signifie qu'ils étaient
chargés d'une partie des fonctions de leur nou-
veau ministère. Au reste, ces cérémonies ne sont
pas détaillées spécialement ; on en juge d'après
celles qu'on employait à la consécration des
lévites ()); car, comme ces derniers étaient d'un
rang inférieur, il est raisonnable de supposer que
les prêtres n'étaient pas consacrés avec moins de
solennité qu'eux ; mais, dans cette supposition
même, on doute si quelques-uns d'eux, à l'excep-
tion seulement des deux ou trois premiers, ont
été jamais employés, sinon dans les cas de quel-
que défection signalée, comme il n'arriva que trop
souvent sous les règnes des rois impies qui désho-
norèrent le trône de Juda(4).
Leur emploi, déterminé par le sort dès qu'ils
entraient en fonction, était, ou de brûler de l'en-
cens le matin et le soir dans le lieu saint, ou d'of-
frir le sacrifice journalier, ou d'autres sacrifices
particuliers à la journée, de verser le sang au pied
de l'autel, d'entretenir un feu continuel sur l'au-
tel des holocaustes, d'allumer les lampes, de faire
et d'offrir les pains de proposition sur la table
d'or, et de s'acquitter de quelques autres devoirs
de même nature, dont nous avons eu occasion de
parler dans les articles des sacrifices, des pré-
mices et des purifications.
Ils étaient en fonctions depuis un sabbat jus-
qu'au sabbat suivant, par quartier, suivant leurs
classes : l'âge auquel ils devaient commencer leur
ministère, était fixé par Moïse à environ vingt-
cinq ou trente ans, et ils sortaient de charge à
cinquante environ (5) ; mais, du temps de David,
ils entraient dès l'âge de vingt ans dans l'exercice
de leurs charges (6).
Ceux qui, soit par vieillesse, soit par infirmité,
étaient hors d'état de s'acquitter des devoirs de
leurs emplois, étaient entretenus des offrandes
de l'autel, et autres revenus du sacerdoce ; et si
quelque lévite s'offrait volontairement à servir
dans ie temple toute sa vie, il était admis à jouir
du même privilège (7), comme nous le verrons
dans la suite.
Les autres parties importantes de l'office des
prêtres, étaient d'instruire le peuple (8), de pro-
noncer sur certaines controverses et disputes (9),
de juger de la lèpre et des autres pollutions (lu),
des causes du divorce, des occasions où il 1 allait
employer les eaux de jalousie (u), des vœux, des
victimes, de sonner de la trompette, soit quand
il était question d'aller à la guerre, soit pour pro-
(1) C'est vraisemblablement de ce personnage qu'il
est parlé dans le dernier chapitre de Jércmie, où il dit
que le capitaine de la garde emmena Saraïas le grand sacri-
cateui, cl Sopkonie le second sacrificateur (y. 24) Plusieurs
savants croient que c'est dans le même sens que saint
Luc dit qu'Anne et Caïphe étaient grands prêtres la
même année (Luc, m. y. 2- Vid. Cas.iub . adv. Baron- Jos.
Scaliger. prolog. in Euseb. - Hotting. in Goodivin's Mos
cl Art. lib. I, c. ;. Note 19 et al.)
(2) Nomb. xxv. y\ 7. et suiv.
(?) Nomb. vin. f. 5. et suiv.
(4) iv. Rois. 11. y. <,. 7.
(5) Nomb. iv. y. ?; vm. y. 24.
(6) 1. Paralip. xxui. y. 24; 11. Paralip. xxxi. y. 17.
(7) Deut. xviii. y. 6.
(8; Léu. x. y. u. - Malack. 11. 7.
(9) Deut. xvn. y. 8.
(io) Lévit. xi», xiv. xv. — (il) Nombr. v. y. 12
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
59<
clamer le sabbat et les fêtes solennelles, et pour
encourager les combattants. Mais, leur fonction
la plus sacrée était de porter l'Arche, d'être dépo-
sitaires de la loi, et de bénir le peuple au nom de
l'Éternel (i).
Il y avait aussi, relativement à leurs charges,
certaines défenses, dont les unes étaient expres-
ses, et les autres implicites. L'usage de quelque
feu étranger (2) leur était interdit, et ils ne pou-
vaient boire du vin ou quelque liqueur capable
d'enivrer, lorsqu'ils devaient s'acquitter de quel-
que partie de leur charge (3). Il leur était pareil-
lement défendu de commencer aucune fonction
sacerdotale, avant de s'être lavé les mains et les
pieds (4). Ils devaient ne remplir aucune de leurs
fonctions sans avoir leurs habits sacerdotaux, et
ne point paraître en public avec des habits déchi-
rés, parce que c'était une marque de deuil, ou
avec des cheveux trop longs, ou la tête décou-
verte.
A ces défenses, les thalmudistes en ont ajouté
quelques autres, comme de s'asseoir quand ils
remplissaient quelque partie de leur charge (5) ;
de se servir de la main gauche au lieu de la droite,
parce que les oreilles droites et les pouces droits
d'Aaron et de ses fils étaient sanctifiés par le
sang des victimes; et d'autres prohibitions de
moindre conséquence (6).
Du temps de David, les deux familles d'EIea-
zar et d'Ithamar furent, par des raisons d'ordre,
partagées en vingt-quatre classes, suivant l'impor-
tance de chaque famille ; la première, qui était la
plus nombreuse, était divisée en seize, et la der-
nière, en huit classes. Elles avaient leur tour dans
le ministère, suivant qu'il leur était assigné par le
sort jeté ordinairement en présence du roi, du
grand prêtre, et d'autres personnes de distinction,
afin d'éviter la fraude et la confusion : ces classes
empruntaient leurs noms de leurs chefs, et con-
tinuèrent à être ainsi appelées jusqu'à la fin ; de-là
vint que les chefs de ces classes portèrent dans
la suite le titre de princes des prêtres. Voilà pour-
quoi nous trouvons dans deux évangélistes (7)
une assemblée de ces grands prêtres ou souve-
rains sacrificateurs, prêtres suprêmes, summi sacer-
doles, qu'il faut bien distinguer du grand prêtre
qui remplissait les hautes fonctions du souverain
pontificat et de son suffragant.
Le costume des prêtres consistait en une tuni-
que, un caleçon, une ceinture et une tiare, le
tout de lin ; la tiare ressemblait, suivant Josèphe,
à un casque ou turban pointu. Leur ceinture, sur
laquelle différentes fleurs fit diverses figures
étaient représentées, était tissue de manière
qu'elle ressemblait à une peau de serpent. On
prétend que la tunique était sans couture, depuis
le haut jusqu'au bas. Quelques auteurs nous
en ont donné le dessin aussi exactement que
s'ils l'avaient vue (8). Il faut tenir compte plus
de leur bonne volonté, que de leurs rensei-
gnements.
Il n'était permis à aucun prêtre de laisser
acquérir à ses cheveux toute leur longueur; mais
il était obligé de se les couper, du moins quand il
allait entrer en fonction (9). Les prêtres n'étaient
tenus de porter leurs habits de cérémonie que
quand ils officiaient.
Rien n'était abandonné au hasard; toutes les
circonstances avaient été prévues de manière à
éviter tout conflit. Malgré leur position subal-
terne, la situation des lévites n'était pas; plus que
le reste, laissée à l'arbitraire.
Lois concernant tes lévites.
Les lois réglaient, ou leur emploi, ou leurs
privilèges et leurs revenus. A leur consécration,
on employait Veau lustrale en usage pour purifier
ceux qui avaient contracté quelque souillure
légale ; ensuite on leur rasait tout le corps, on
lavait tous leurs habits, et ils étaient présentés
parle peuple au grand prêtre (10).
Leur habillement était le même que celui des
autres Israélites, Moïse ne leur en ayant point
assigné de particulier.
Avant que David les eût partagés en classes,
leur ministère était en commun, et ils le rem-
plissaient tour-à-tour, par semaines, comme les
prêtres. L'emploi des uns était d'apporter l'eau,
le bois, et les autres choses dont les prêtres
avaient besoin ; d'autres tenaient le parvis du sanc-
tuaire, et tous les ustensiles qui étaient hors du
Tabernacle, dans un état de décence et de pro-
preté; d'autres étaient de garde, pendant la nuit,
devant le Tabernacle. De même, quelques-uns
étaient destinés à chanter et à jouer de certains
(1) Ibid. vi. f. 2j.
(2) Livil. x. f. 1.
( j) Ibid. verset 9.
(4) Exod. xxxi. y. ïi.
(«) Quelques-uns de leurs rabbins ont été, à la vérité,
plus relâchés, et ont permis aux prêtres de s'asseoir
pendant qu'ils n'officiaient point; mais les thalmudistes,
bien loin d'avoir une pareille condescendance, ont pré-
tendu qu'ils devaient se tenir debout, même en se lavant
les pieds : fondés sur ces paroles de Moïse : l'Eternel l'a
choisi pour assister, etc {Deut. xvm. j^. 5. - R. Salom.
Jar'hi. in Deut. xvm. <,. et al).
<b) V. Maimon. Biath Hammickdash. c. 1. seq.- Bas<iag.
R. H t. III. 1. 11. c. 4.
(7) Matin, xxvi, fi. j. - Marc. xv. fi. 2.
(8) Josèphe, Lamr, Calme/ et autres.
19) Comp. Lêuit. xxi. fi. 5. et É\éch. xliv. y. 20.
(10) Nombr. vm. fi. 7 et suiv.
596
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
instruments; d'autres à étudier la loi et à l'expli-
quer au peuple, comme aussi à assister aux cours
inférieures de justice ; et il y a apparence que les
talents particuliers de chacun décidaient de la
manière de l'employer. Mais après que David
eût fixé l'Arche à Jérusalem, et eût formé le
vaste projet de bâtir le temple; ce sage monarque
fit, relativement à leurs fonctions, plusieurs règle-
ments, qui subsistèrent jusqu'à la dissolution du
gouvernement des Juifs.
Nous avons vu plus haut que les lévites étaient
partagés en trois familles: celle de Gerson, de
Caath et de Mérari. Moïse subdivisa chacune
d'elles en diverses classes, qui devaient se suc-
céder tour-à-tour. Comme les fonctions de cha-
cune ne devaient durer qu'une semaine, ce légis-
lateur assigna ce qu'elle aurait à faire de la
manière suivante :
La première devait assister les prêtres au minis-
tère du Tabernacle, et les aider à préparer la
fleur de farine, les gâteaux, le vin et l'huile, en un
mot, tout ce qui avait rapport aux sacrifices.
L'emploi de la seconde, était de chanter et de
jouer de quelques instruments de musique à de
certaines fêtes, ou à l'occasion de certaines par-
ties du service divin; et la troisième devait mon-
ter constamment la garde autour du Tabernacle,
et dans la suite aux environs du temple.
Chacune de ces classes était gouvernée par des
officiers pris de son propre corps", et choisis à
cause de leur mérite. !! fit choix pareillement,
parmi eux, de quelques hommes distingués par
leur savoir et par leur piété, pour instruire les
jeunes lévites dans ce qui concernait leurs fonc-
tions, et pour expliquer la loi au peuple; sans
compter ceux qu'il destina à remplir des places
de magistrats dans chaque ville. Or, de toutes
ces fonctions, il n'y en avait aucune qu'un homme,
âgé de plus de cinquante ans, ne fût parfaite-
ment capable de remplir, si nous en exceptons
celle de chanter, parce que la voix perd une
grande partie de son agrément à un certain
âge(i).
Salomon distingua ces chantres de leurs frères,
en leur permettant de porter une robe ou surplis
de fin lin, quand ils étaient en [onction (2); mais
les autres n'obtinrent ce privilège que sous le
règne d'Agrippa, quelques années seulement
avant la destruction du second temple. Josèphe(3)
ajoute que les prêtres ne purent voir de pareils
changements sans en être indignés, et qu'ils entraî-
nèrent presque toujours après eux des châtiments
exemplaires. En donnant le nom de chantres aux
lévites dont il parle, il est tombé dans une
erreur manifeste, qu'il est peut-être plus simple
de rejeter sur l'inattention des copistes : il est
certain que l'espèce de privilège dont nous par.
Ions, fut dans toute son activité, même du temps
de Salomon, et que les chantres n'avaient rien à
obtenir d'Agrippa, à cet égard. Le roi juif ne fit
probablement qu'étendre ce privilège à d'autres
lévites.
Il serait inutile de traiter séparément des reve-
nus des lévites et de ceux des prêtres, car les
mêmes biens leur étaient pour ainsi dire communs.
On se rappelle sans cloute, que, selon la pro-
phétie de Jacob, la tribu de Lévi devait être
incorporée dans toutes les autres tribus (4), et
que, par une loi consacrée dans le Deutéro-
nome (5), les lévites ne devaient vivre dans la
terre Promise, que des dîmes, des offrandes, et du
rachat des premiers-nés, qu'ils représentaient.
Arrivés aux plaines de Moab, vis-à-vis de Jéricho,
Dieu leur désigna leurs possessions : elles s'éten-
daient sur quarante-huit villes avec leurs fau-
bourgs ; treize d'entr'elles furent le partage des
prêtres ; les trente-cinq autres restèrent à la tribu
de Lévi (6).
La plupart des villes qui appartenaient aux
prêtres, étaient placées dans les tribus de Juda
et de Benjamin, voisines de Jérusalem; mais le
sort avait seul présidé à la situation de celles qui
étaient échues aux lévites ; ces dernières étaient
élevées indistinctement des deux côtés du Jour-
dain, et se trouvaient enclavées dans différentes
tribus. En accomplissant la malédiction de Jacob
sur Lévi, le législateur la changea, pour ainsi dire,
en bénédiction; car cette dispersion des prêtres
et des lévites, communiqua au peuple l'amour de
l'étude et la connaissance de la vraie religion. Ce
serait faire des recherches aussi vaines que péni-
bles, que de vouloir faire la description des diffé-
rentes villes dont on vient de parler : on ne les
connaît guère que par les noms qu'elles ont por-
tés; et nous avons émis sur plusieurs d'entre elles
les conjectures les plus vraisemblables ; mais nous
pouvons examiner ici quels étaient leurs droits,
leurs privilèges, leurs exemptions et leurs revenus.
Les propriétaires des villes lévitiques avaient
non seulement la jouissance des revenus annuels
qu'elles produisaient, mais encore le privilège
particulier de les vendre ou de les aliéner. A ce
dernier droit s'en joignait un plus particulier
encore, celui de les racheter quand ils le juge-
(1) V. Obaci. Barlhenor. Trait. Cholin. c. 1. S- 6.
(2) 11. ParaLip. v. f. 12
(j) Antiq. 1. xv. c. 8.
(4) Gcncse. xlix. f. 7.
($) Ibid. xviii. passim.
(0) Nomb. xxxv. f. 1. et suiv. - Jos. xxi. f. 10. et suiv.
SUR L'ORGANISATION DELA NATION JUIVE
39:
raient à propos, et d'en reprendre possession
l'année du jubilé. Les laïques au contraire, s'ils
vendaient une maison située dans une ville murée,
en perdaient pour jamais la propriété, si, comme
nous l'avons observé ailleurs, ils n'exerçaient le
retrait avant que l'année de la vente fût révo-
lue (1). Le lévite était donc attaché à sa pos-
session d'un lien plus fort que le particulier ne
l'était à la sienne; aussi celle du premier est-elle
désignée dans l'Écriture sous le nom d'héritage (2).
Cependant il ne faut pas croire que le lévite eût
la faculté d'aliéner le territoire dépendant des
villes; un pareil droit n'appartenait à personne (j).
Les terres ainsi placées produisaient des pâtu-
rages communs, et auxquels chacun avait un droit
égal. Lorsque, par un consentement unanime, un
territoire commun devait être partagé pour en
former, soit des champs, soit des vergers parti-
culiers, on observait scrupuleusement que l'éten-
due des parts fût proportionnée au nombre des
individus qui formaient chaque famille, et leur sub-
sistance étant inséparable de ces sortes de pos-
sessions, il est évident qu'elles ne pouvaient être
aliénées.
Quoiqu'à l'époque du partage des terres il n'y
en eût aucune d'assignée aux lévites, on ne peut
cependant douter qu'ils n'eussent la faculté d'ac-
quérir et de posséder : l'Écriture en fournit assez
d'exemples. On y lit, à l'article des vœux, que si
un particulier consacrait sa maison ou son pays à
l'Éternel, sans avoir l'intention ou le moyen de
les retirer à l'avenir, ils restaient voués à Dieu (4),
c'est-à-dire, que les prêtres en devenaient les
propriétaires. On sait que le grand prêtre Abia-
thar fut exilé (>) par Salomon dans une terre qui
lui appartenait; et que, du temps de saint Paul, le
lévite Barnabe, Cypriote de nation, se défit d'un
bien-fonds pour en mettre la valeur aux pieds des
apôtres (6). Ajoutons à ces divers témoignages,
celui que nous fournit Maimonide : il dit que la
tribu de Lévi possédait de droit la douzième
partie de tous les pays conquis l'épée à la main(7).
Ne voilà-t-il pas des preuves suffisantes que les
lévites étaient habiles à posséder des terres ?
Quant aux privilèges d'en acquérir de nouvelles,
(1) Lêv. xxv. f. 29. et suiv.
(2) Ibid. f. jj-
(5) Ibid. f. m-
(4) Léoit. xxvii. p. 14. et suiv.
(5) m. Rois. 11. f. ai.
(O) Ad. iv. y. 56. J7.
(7) Halak, Shemltah Veyobel. V. Bisnag. ubi sup.
(S) Versets 7 et suiv.
(9) Nombr. xxv. f. 4, 5.
(10) V. Comm. in Exod. xm.-Nomb. xxxv. y. 6.- Deul.iv.
y. ai. et xix. y. 2.
(11) Voyez les citations faites par Basnage dans ses
Antiquités judaïques, I, liv. 1. c, 7.
il est également démontré par le chapitre trente-
deuxième du prophète Jérémie ; on y trouve le
détail assez curieux de toutes les formalités qu'il
fallait remplir dans l'acquisition d'une terre (8). _
Chaque ville qui appartenait aux lévites, était
entourée de ses faubourgs, dont les limites
avaient été fixées par ordre de Dieu (9) ; mais il
est extrêmement difficile de déterminer le sens
que Moïse a voulu donner à ses paroles, quand
il traite cette matière. Les Juifs disent que l'éten-
due de ces faubourgs devait former trois mille
coudées, en prenant les mesures en dehors des
muriilles (10). Selon eux, on ne devait ni planter, ni
semer dans l'étendue des mille coudées les plus
rapprochées du centre, parce qu'elles devaient être
entièrement consacrées à produire des pâturages.
On ne doit pas omettre qu'il leur était spéciale-
ment défendu d'enterrer leurs morts dans les
villes et dans les faubourgs. Les Juifs préten-
dent que le peuple leur accordait pour cet usage
une pièce de terre placée hors de l'enceinte. On
ne s'étendra point ici davantage sur les droits et
les prérogatives de ces villes. Les Juifs nous
racontent à ce sujet une foule d'anecdotes fabu-
leuses que les amateurs de fictions pourront con-
sulter à loisir dans Maimonide ( 1 1), et dans les
commentaires de quelques rabbins sur le Penta-
teuque (12); disons seulement que le nombre des
villes fournies aux lévites par chaque tribu,
n'était pas égal, mais relatif au nombre des cités
qu'elles possédaient; par exemple, la tribu de
Juda, comme puissamment riche, en céda neuf,
tandis* que celle de Benjamin, qui l'était infini-
ment moins, n'en fournit que quatre (14». Le
hasard décida du partage qui s'en fit aux lévites,
comme il avait présidé à la distribution de tout
le pays ; moyen qui n'avait été employé que pour
prévenir les différends qui auraient pu s'élever à
ce sujet (14).
Lois concernant les six villes de refuge.
On choisit ces villes parmi les quarante-huit
dont jouissait la tribu de Lévi. C'étaient des asiles
sacrés destinés à protéger l'innocence contre la
(12) Rab.Salom. in los. Ci", et Mos. de Coi-i, Munst.
Jun. et al. in loc.
( 1 j) Job. xxi. passim.
(14) On régla par le sort, que les tribus de Juda, de
Siméon et de Benjamin, fourniraient les treize villes
destinées aux prêtres, et que celles d'Éphraïm, de Dan,
et la demi-tribu de Manassé au-delà du Jourdain, en
céderaient dix aux Caathites. Les Gersonites en reçurent
treize, deux de l'autre demi-tribu de Manassé, trois de
Neph'thali, et huit d'Issachar et d'Aser. Enfin les Méra-
rites en eurent douze, dont les tribus de Ruben, de
Zabulon et de Gad, en fournirent quatre chacune (V.
Jo$. xxi. passim.)
v>'>,
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
sévérité des lois, dans les cas de meurtres invo-
lontaires; aussi ne doit-on pas les comparer à
ceux des Grecs et des Romains, qui trop souvent
devenaient la retraite des vrais coupables.
Le livre de l'Exode renferme le commande-
ment formel d'arracher même de l'autel, et de
mettre à mort le scélérat coupable d'un meurtre
volontaire ( i); ainsi le Tabernacle fut l'asile de
l'innocent, non seulement pendant le séjour des
Israélites dans le désert, mais même pendant tout
le temps qu'ils habitèrent le pays de Canaan.
Joab, se réfugiant dans le temple, justifie la der-
nière partie de cette assertion, mais son crime
était de nature à le priver du bienfait qu'il y cher-
chait (2). La loi était si sévère contre le meur-
trier, que, s'il l'était devenu, soit dans une que-
relle, soit en châtiant un serviteur, ou enfin dans
quelques-unes des circonstances qui peuvent pro-
duire ce que nous appelons un meurtre involon-
taire, le coupable n'en était pas moins puni (5);
et s'il était prouvé que l'action fut réellement
involontaire, bien que Dieu voulût conserver
l'innocent, il fallait qu'il se retirât dans quelqu'une
des villes de refuge. Quoique l'Éternel se char-
geât, pour ainsi dire, de la faute du coupable, il
ne laissait pas de le condamner à une espèce de
bannissement, qui ne finissait qu'à la mort du grand
prêtre alors en exercice (4); et si, dit Josèphe,
pendant cet exil il avait l'imprudence de sortir
de l'enceinte à laquelle il devait la conservation
de ses jours (5), il était libre au premier parent
du défunt qui le rencontrait, ou de lui arracher
lui-même la vie, ou de le livrer à toute la sévérité
de la justice, qui n'hésitait point à le faire punir
de mort.
Ces villes étaient également privilégiées, et en
faveur des Israélites, et en faveur des étrangers
qui vivaient parmi eux; mais l'orgueil juif voulait
que ce bienfait ne pût s'étendre qu'aux prosély-
tes (6). Nous l'avons déjà dit. Moïse avait voulu
que trois ces villes fussent situées sur chacun
des côtés du Jourdain (7). Il paraît difficile de
saisir la raison qui détermina une pareille division;
car on ne comptait que deux tribus et demie de
l'un des côtés de ce fleuve, tandis que l'autre en
contenait neuf et demie. C'est à la nécessité où
l'on était sans cesse de se défendre contre d'in-
justes agresseurs, disent les Juifs, que l'on doit
attribuer cette inégalité. En effet, où l'on est
continuellement les armes à la main, les meur-
tres doivent être plus fréquents qu'ailleurs. La
raison que donne Nachman de cette singulière
distribution, nous paraît encore plus vraisembla-
ble. Il a observé que les deux tribus et demie pos-
sédant une étendue de terrain tout aussi considé-
rable que les neuf autres et demie ensemble, on
ne devait plus être surpris que le nombre des
villes de refuge fût égal des deux côtés. Dieu
cependant fit espérer aux tribus d'au-delà du
Jourdain, que le nombre de leurs villes de refuge
serait augmenté sitôt que, par des conquêtes,
elles auraient reculé les bornes de leur pays (8).
La conduite des Juifs, malheureusement, ne se
trouvant presque jamais d'accord avec la loi de
Dieu, ce nouveau bienfait n'exista point; et ils ne
l'obtiendront de l'Éternel, disent leurs descen-
dants, qu'à la venue du Messie qu'ils attendent.
Ni le texte, ni les commentateurs ne nous appren-
nent clairement de quelle manière on s'y prenait
pour instruire le procès de l'homicide, quels
étaient les juges compétents, ou en quel lieu se
faisait l'instruction. Il ne s'agissait d'abord que
de savoir, si l'accusé devait jouir ou non du pri-
vilège attaché aux villes de refuge. Dom Cal-
met(o) a cru voir dans une expression du Deuté-
ronome et du livre de Josué (10), que l'instruction
devait se faire en deux endroits différents; savoir,
devant les magistrats de la ville de refuge, et,
devant ceux du lieu où le meurtre avait été com-
mis ; mais nous croyons que ce dernier tribunal
ne prononçait que quand l'accusateur en appelait
de la sentence rendue par les magistrats de la
ville de refuge. Il résulte de tous ces détails,
qu'un malheureux, coupable d'un assassinat invo-
lontaire, s'acheminait en grande hâte vers la ville
de refuge qui se trouvait le plus à sa portée ; et
pour qu'aucun obstacle ne pût s'opposer à la
rapidité de sa marche, Dieu avait ordonné que
les routes fussent toujours maintenues en bon
état. Le coupable arrivait donc à la ville la plus
proche, se présentait aux juges, leur déclarait le
sujet de son arrivée, et racontait toutes les cir-
constances du crime qu'il avait eu le malheur de
commettre. Du plus ou du moins de vraisem-
blance de son récit, dépendait le premier juge-
ment, par lequel on ordonnait que l'accusé joui-
rait on non de la protection accordée par la loi.
Si l'accusateur, et c'était toujours le plus proche
parent du mort, venait demander qu'on lui rendît
justice, son témoin et lui étaient entendus des
juges, et ceux-ci ou confirmaient la sentence, ou
remettaient l'accusé entre les mains des bour-
(1) Exod. xxi. f. 14.
(1) 11. Rois. 11. -jh 28.
(j) Exod. xxi. f. 12. 20.
(4, Nombr. xxxv. f. 25. et 9uiV.
(5) An.iq. I. iv. c. 7.
(6 V. Nomb. xxxv. jr. 1;.
(7j Ilnd. verset 14. - Deut. xix. pass.
(8) lbid. verset 9.
(9) Calmet, Diction, biblique, art. Refuge.
^10) Deut. xix. f. 11. 12. Comp. avec Jos. xx. f. 6. 9.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
399
reaux, s'il était prouvé que le crime avait été
commis volontairement. Dans le premier cas, on
le confiait à la garde de satellites vigilants qui le
ramenaient à la plus prochaine ville de refuge : là
il était à couvert de toute espèce de poursuite ; et
à la mort du grand prêtre alors en exercice, il
pouvait en toute sûreté s'en retourner au sein de
sa famille. Telles sont les particularités qui résul-
tent des divers textes, dans toutes les circons-
tances qui viennent d'être rapportées. Cependant,
comme le récit de Moïse, où sont consignés tous
ces détails, ne nous paraît pas aussi clair qu'il
pourrait l'être, et qu'il semble que les villes de
refuge étaient quelquefois à une si grande dis-
tance de L'endroit où le meurtre avait été commis,
que l'homicide pouvait facilement être atteint
avant d'y être arrivé, nous croyons plus raison-
nable de penser qu'il se rendait d'abord vers les
juges de la plus prochaine ville, et que, s'étant
justifié devant eux, il était conduit par leur ordre
à la ville de refuge la moins éloignée, et que le
tribunal qui siégeait dans celle-ci, examinait de
nouveau la première procédure, dont il confirmait
ou annulait le jugement.
Ce n'était pas seulement dans les villes de
refuge que le coupable trouvait son salut; le
Tabernacle, et, dans la suite, le temple, et surtout
l'autel des holocaustes avaient le privilège d'assu-
rer de même les jours d'un accusé (i). Quand les
rabbins assurent que l'autel ne communiquait ce
privilège qu'aux seuls prêtres, ils ne réfléchissent
pas que Joab leur en a donné un exemple con-
traire, et qu'il est prouvé par son histoire, qu'un
meurtrier volontaire était entraîné de force loin
de l'autel, pour subir la peine qu'il avait méritée ;
aussi des juges particuliers s'occupaient-ils soi-
gneusement des procès de cette nature, et obser-
vaient-ils de faire conduire l'innocent, sous une
bonne escorte, à l'une des villes de refuge (2).
Moïse passe sous silence une foule de cas, qui,
en même temps, serviraient de preuves à ce que
nous venons de dire, et nous instruiraient des
formalités que l'on observait en ces occasions. Il
ne nous fait point remarquer, par exemple, quelle
conduite les juges avaient à tenir quand le meur-
tre précédait immédiatement la mort du grand
prêtre ; il ne nous dit point si alors la sen-
tence qui absolvait l'accusé n'était rendue qu'a-
près la mort du grand prêtre, ni quelle diffé-
rence apportait un interrègne dans la forme de
la procédure, ni enfin comment le grand prêtre
lui-même devait être traité, s'il se rendait coupable
d'un homicide. Les thalmudistes ont fait de très
longues dissertations sur ces diverses circons-
tances ; il se trouve même dans leurs écrits des
réflexions assez judicieuses sur cette matière ;
mais nos lecteurs nous sauront gré de leur en
épargner la lecture.
Nous avons déjà dit que les Nathinéens étaient
employés au service de Dieu. Ils ne descendaient
pas des enfants d'Israël, mais des Gabaonites qui
les avaient adroitement forets à conclure la paix,
et qu'ensuiteJosuécondamnaàremplir lesemplois
les moins distingués et les plus pénibles du Taber-
nacle, comme à puiser l'eau et à couper le bois {3).
Ils ne portèrent ce nom de Nathinéens, à ce qu'il
parait, qu'après la captivité, dans le temps que
quelques-uns d'entre eux revinrent de Babylone
avec Esdras. Leur nom signifie donnés, et l'on
apprend par les livres d'Esdras, que David et
d'autres rois, ses successeurs, les destinèrent à
servir dans le temple, où ils étaient subordonnés
aux lévites (4). Dans un autre passage, ils les
appellent les enfants des serviteurs deSalomon (<).
Il faut cependant observer qu'ils n'étaient pas les
seuls connus sous cette dénomination, puisque
les Cananéens, subjugués et convertis, la parta-
gèrent avec eux (6). L'emploi dévolu plus tard aux
Gabaonites subsistait déjà du temps de Moïse. Ce
législateur en fait mention dans le discours si
pathétique qu'il adressa aux Israélites quelque
temps avant sa mort : Vous comparaisse^ tous
aujourd'hui, leur dit-il, devant l'Éternel.... tous,
dis-je, vos jeunes gens et vos femmes, et l'étranger
qui est dans votre camp, depuis celui qui est chargé
de couper le bois jusqu'à celui qui puise Veau (7).
C'est sans doute aux occupations des Nathinéens,
qu'il faut attribuer la longue durée du séjour que
rirent la plupart d'entr'eux dans les lieux de leur
captivité ; car l'Écriture ne parle que de deux
cent-vingt qui s'en retournèrent avec Esdras (8),
et de trois cent quatre-vingt douze avec Zoro-
babel, nombre insuffisant pour remplir l'espèce de
fonction dont ils étaient chargés dans le temple,
puisque, selon Josèphe,quandlesJuifs instituèrent
la fête Xylophone, le peuple fut obligé de porter
lui-même dans le temple une partie du bois qui
devait être consumé sur l'autel des holocaus-
tes (9). Il est vraisemblable aussi que, le dernier
jour de la fête des Tabernacles, il puisa à la fon-
(1) Philon. Légat, ad Cai.
(2) Maint. Tract. u?sa miDïr mm cap. Ci V; Hotting. in
Goodwin. lib. xi. c. 5. Note 2 et commentaire sur les
Namb. xxxv.
[]) Jos, îx. f, 2J. 27.
(4) 1 Esdr. vin. jjr. 20.
1 5) lbid. 11. fi ^b.
(0) m. Rois, ix, f. 2d 2t. et alibi.
(7) Deut. xix. f. 1 1.
(8j 1. Esdr. vin. f. 20. —(6) Guerre des Juifs, lib. it. C. 17,
400
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
taine de Siloé une partie de l'eau nécessaire à la
cérémonie. C'estauprophèteZacharie queJosèphe
attribue l'institution de la fête Xylophone.
Des objets consacrés au service divin.
Le Tabernacle, l'Arche, les deux autels, le
chandelier, et tout ce qui en dépendait, la table
des pains de proposition, et enfin le parvis, avec
ce qu'il renfermait, étaient autant d'objets spécia-
lement consacrés au service de Dieu. Ce n'est pas
sans étonnement que l'on voit Moïse donner
autant d'étendue à la description du Tabernacle
et de tout ce qui en dépendait, qu'à l'histoire de
la création même du monde ; et cependant, il est
de fait que l'on n'en peut, pour ainsi dire, parler
que d'après de simples conjectures, parce que
nous avons perdu la signification d'un nombre
infini de mots qui caractérisaient ou les différentes
parties de ces objets, ou les matériaux qu'on avait
employés à leur construction ; toutefois nous
observerons soigneusement de ne rien avancer
qui ne soit établi sur les principes les plus sûrs.
Dieu lui-même avait donné le plan et présidé à
la construction du Tabernacle ; il voulait demeurer
au milieu de son peuple (i). Les Israélites ayant
mérité, par leurs murmures et leurs fréquentes
désobéissances, que leur entrée dans le pays de
promission fût différée, le Tabernacle où devait
être rendu le culte le plus solennel, fut fait de
manière à pouvoir être démonté et transporté faci-
lement d'un lieu à un autre ; aussi, entr'autres
dénominations, est-il le plus souvent désigné dans
les écrits de Moïse par le mot ^n ohel, qui
signifie tente. Cette tente était magnifique, les
matériaux les plus précieux étaient entrés dans sa
construction, et il était l'ouvrage des ouvriers les
plus habiles. Tant de précautions avaient été
prises, pour inspirer aux Israélites et aux autres
peuples le respect le plus profond pour tout ce
qui tient à la Divinité. Les effets les plus précieux
apportés de l'Egypte et des autres royaumes con-
quis par les entants d'Israël, furent destinés à
l'ornement du Tabernacle : rien ne fut épargné de
tout ce que l'art et la nature pouvaient produire
de plus admirable.
Le Tabernacle avait la forme d'un carré, long
de trente coudées, sur dix de large, et sa hauteur
était égale à sa largeur. Quatre colonnes de bois
de sittim revêtues d'or massif, et placées sur des
piédestaux d'argent, partageaient le Tabernacle
en deux parties.
On ne voit point dans les écrits de Moïse si les
colonnes du Tabernacle étaient rondes ou carrées ;
mais il est vraisemblable qu'elles avaient cette
dernière forme. Comme le Tabernacle devait
être fréquemment changé de place, elles étaient
moins fragiles et plus commodes à transporter.
Du sommet de ces colonnes descendait, suspendu
à des crochets d'or, un rideau superbement tra-
vaillé. Il formait une séparation entre le lieu saint
et le lieu très saint ou sanctuaire, ou le saint des
saints. Cette dernière portion n'ayant que dix
coudées de profondeur, présentait un carré par-
fait ; la première contenait vingt coudées, et son
entrée vers le côté occidental était fermée par un
second rideau appuyé sur cinq colonnes, dont les
piédestaux n'étaient que d'airain. L'usage de ce
rideau était de dérober à l'œil du peuple l'inté-
rieur du lieu saint. Le premier, qu'on appelait le
voile, et qui séparait le lieu saint d'avec le lieu
très saint, était de la plus grande richesse. Il pré-
sentait, relevés en bosse, des chérubins, des
festons, et d'autres ornements de cette nature.
Les côtés du nord, de l'ouest et du midi, étaient
fermés par des planches de sittim recouvertes
d'or, et jointes les unes aux autres aux deux extré-
mités. Chacune de ces planches avait dix coudées
de longueur sur une coudée et demie de largeur ;
de manière que chacun des côtés n'en contenait
que vingt, et le bout occidental, huit seulement.
Toutes étaient encore liées ensemble par une
barre qui traversait un nombre considérable degros
anneaux revêtus d'or comme la tringle qui les
tenait assujettis. Le côté qui regardait l'orient
n'était point fermé par des planches, mais seule-
ment par un voile semblable à ceux dont nous
avons déjà parlé ; à cette seule différence près,
qu'il n'offrait que des feuilles et des fleurs tra-
vaillées à l'aiguille (2). On ne sait trop jus-
qu'où descendait le voile. Selon les uns, il laissait
un vide de cinq coudées, par lequel le peuple
pouvait voir ce qui se passait dans le lieu saint (3).
Selon les autres, il descendait jusqu'à terre, et
ne permettait de rien apercevoir dans l'intérieur.
Le ciel du Tabernacle était, comme les côtés,
formé de planches. Ce n'étaient pas des plaques
d'or qu'il présentait à la vue, examiné de l'inté-
rieur ; mais de riches étoffes de couleur pourpre,
écarlate, cramoisie, et parsemées de chérubins
comme le voile (4). Sa partie extérieure était cou-
verte de peaux de moutons teintes en rouge, et
recouvertes de peaux demoutonsd'un bleucéleste.
Ces deux couvertures semblaient n'avoir été
employées que pour mettre l'édifice à l'abri des
injures du temps, et empêcher que la poussière
(i) Exod. xxv. et allb. pass.
^ 2 j Exod. XXVI. f. JÙ.
(1) Joseph. Antiq. lib. III. c. (>.
(4) Exod. xxvi. f. i.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
40 [
n'y pénétrât ; aussi avait-on eu soin de les (aire
descendre des trois côtés jusqu'à fleur de terre,
pour ne laisser à découvert que le voile qui en
fermait l'entrée du côté de l'orient. Nous ne
trouvons nulle part qu'on eût ménagé dans la cons-
truction de ce lieu sacré des passages à la lumière;
ainsi il devait régner dans son enceinte une obscu-
rité complète, si l'on n'excepte, à l'égard du saint
des saints, le jour de l'Expiation, où le feu de
l'encensoir en éclairait les différentes parties. Dieu
avait voulu qu'un chandelier d'or à plusieurs
branches éclairât pendant la nuit la première par-
tie de l'édifice ; c'est-à-dire le lieu saint seulement.
Rien de ce qui pouvait concourir à inspirer la
vénération n'avait été épargné dans l'intérieur du
Tabernacle, d'ailleurs aussi facile à transporter
qu'il était solidement construit (1).
Le premier objet qui frappait les yeux dans le
Tabernacle, c'était le propitiatoire ; il servait
d'enveloppe àl'Arche; de là vient que quelques in-
terprètes ont traduit le mot Kapporeih par couver-
cle ; mais la plupart des traducteurs rendent
cette expression de Moïse par Propilialoire (2);
d'autres par Oracle (2) ; d'autres par Siège de mi-
séricorde. En effet, on trouve dans plusieurs en-
droits de l'Écriture, que c'est là que les enfants
de Dieu lui adressent leurs prières, qu'il rend les
oracles, et qu'il habite au milieu de ses chéru-
bins. Les Juifs, pénétrés de la présence réelle de
la Divinité en ce lieu qu'il avait choisi pour être
son séjour immédiat, le regardaient comme la
plus sainte de toutes les habitations, et punis-
saient des plus terribles châtiments le téméraire
qui osait s'en approcher (4) Le propitiatoire, à
ce que l'on croit, n'était point de bois de sittim
doublé d'or comme l'Arche; la table, et les autres
meubles sacrés, mais d'or massif, conformément
à l'ordre que Moïse en avait reçu de l'Éternel (;).
Il avait deux coudées et demie de longueur sur
une coudée et demie de largeur ; de manière que
les dimensions répondaient exactement à celles
de l'Arche. Les chérubins placés à chacune de
ses extrémités (6), étaient d'or aussi ; mais on
ignore s'ils avaient été jetés dans le même moule
d'où était sorti le propitiatoire, où s'ils avaient
été fondus séparément. Quelles étaient la forme
et l'attitude de ces chérubins ? D'après les paroles
de Moïse, quelque peu lumineusesqu'elles soient,
il paraît que leurs ailes étaient étendues et cou-
vraient le propitiatoire dans toute sa longueur, et
qu'ils paraissaient occupés à le contempler (7)
dans une attitude respectueuse. Un passage du
psalmiste vient encore à l'appui de cette conjec-
ture. Après avoir dit que Dieu est assis au milieu
des chérubins, après avoir parlé de sa majesté, de
sa justice et de sa puissance, il ajoute : Prosler-
ne^-vous devant son marchepied (8). Ce n'est pas
tout encore : l'apôtre saint Pierre, en parlant du
mystère de la rédemption, semble faire allusion à
cette attitude, quand il dit que les anges mêmes
désirent le voir dans toute sa profondeur (9).
Quant à leur stature, elle est assez facile à déter-
miner par la règle de la proportion, si l'on con-
vient que leurs ailes se rencontraient vers le
milieu du propitiatoire. Mais quels fruits retire-
rait-on de pareilles recherches r
De l'Arche.
L'Arche avait la forme d'un coffre ; elle était de
bois de sittim revêtu d'or dans toute? ses parties,
En donnant les dimensions du propitiatoire, on
a décrit celles de l'Arche; il n'y avait point de dif-
férence entre la largeur et la hauteur. Le nom
d'Arche d'alliance, et d'Arche de témoignage
qu'elle portait, était une allusion au pacte d'al-
liance que Dieu avait fait avec son peuple, au
traité écrit sur les Tables, qu'elle renfermait,
ainsi que le vase d'or plein de manne et la verge
miraculeuse d'Aaron. A chacun de ses côtés pen-
daient deux anneaux d'or, qui recevaient deux
barres dorées, pour en faciliter le transport. Le
droit de la changer de place appartenait exclusi-
vement aux prêtres. L'Arche était placée en long
au milieu du saint des saints. Moïse ne nous dit
point si elle était soutenue par des pieds, ou pla-
cée sur une base quelconque ; seulement il n'est
guère vraisemblable qu'elle touchât la terre.
Outre ce meuble sacré, on voyait encore à côté
le livre de la Loi, que les lévites y avaient déposé
par l'ordre de Moïse (10). On ne sait pas précisé-
sément si la place qu'il occupait était dans l'inté-
rieur ou en dehors de l'Arche ; mais cette der-
nière opinion nous paraît la plus vraisemblable( 1 1 ).
Si saint Paul n'en fait aucune mention dans la
liste qu'il nous a laissée des meubles sacrés (12),
sans doute c'est que le fait dont il s'agit était de
son temps assez notoire. On lit ailleurs, que l'Ar-
che ne contenait que les deux tables de pierre que
Moïse y avaient placées sur la montagne d'Ho-
(1) Exod. p. tût.
(3) Les Septante.
(?) Saint Jérôme, Vulgat. Exod. xxxvn, 6 et al.
(4) Jug- v. passim. vi. y. 19. - n. Rois, vi et suiv.
(5) Exod. xxv. f. 17.
(6) Ibid. verset 11.
S. B. — T. XII.
(7) Ibid. verset >o.
(8) Psaume xcvm. y. 1 et suiv.
{r>) Première épître de saint Pierre, 1. y. 1 2.
(10) Deut. m. y. 26.
(11; V. Prid, Conneet. part. I. lib. 1:1.
(12) Comp. in Rois vin. y. 0 avec Hcb. ix.
26
402
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
reb (i) ; et cependant il est certain que l'on y
tenait enfermés, et le vase d'or et la verge d'Aa-
ron. Quoi qu'il en soit, ces contradictions appa-
rentes ne nous paraissent pas mériter toutes les
peines que l'on s'est données pour les concilier (2).
Il ne faut pas croire que le livre dont nous par-
Ions fût unique, c'est-à-dire, que l'on n'en eût
tiré aucune copie, car alors on n'aurait pu s'en
servir que le jour de l'Expiation ; et la lecture en
devenait nécessaire à la fête des Tabernacles.
Nous pensons donc, et c'est l'opinion des Juifs,
qu'on avait tiré différentes copies du texte origi-
nal. On ne le conservait avec tant de soin que
pour être à portée de rectifier les erreurs qui au-
raient pu se glisser dans les copies. Quand on
rapporta l'Arche du pays des Philistins, on mit à
ses côtés le coffret avec les souris d'or, ainsi que
les images des hémorrhoïdes (5).
On voyait dans le lieu saint l'autel des parfums,
le chandelier d'or et la table des pains de propo-
sition. Souvent le premier était désigné sous le
nom d'autel d'or ; en effet, quoique construit de
bois de sittim. on avait mis tant d'art à le revêtir
de plaques de ce métal, qu'on l'eût pris pour un
massif. Si on l'appelait quelquefois l'autel inté-
rieur, ce n'était que pour ne pas le confondre
avec celui des holocaustes qui était placé hors du
Tabernacle.
On brûlait soir et matin l'encens sur cet autel,
que l'on arrosait ensuite du sang des victimes im-
molées, pour obtenir la rémission des péchés
commis par l'ignorance des prêtres nu même du
peuple (4J. Il n'avait en carré qu'une coudée, et
deux en hauteur ; ainsi la fumée pouvait s'élever
jusqu'à la hauteur de huit. Cet autel était mobile
comme l'Arche, et l'on employait aussi les mêmes
moyens quand on voulait le déplacer. Une espèce
de couronne d'or couvrait sa surface, et quatre
cornes revêtues d'or, attachées à chacun des an-
gles, lui servaient d'ornement. Une difficulté nous
arrête ici : nous ne savons ce que l'on doit en-
tendre par le dessus de l'autel (:); nous ne sa-
vons comment il était possible que cette surface,
quoique doublée d'or, fût à l'épreuve du feu.
Saint Jérôme, que cette réflexion a aussi décon-
certé, veut, avec quelques autres, que ce ne fût
qu'un simple grillage qui laissait passer entre ses
branches les cendres et les charbons (6) ; mais
cette opinion est absolument opposée à l'idée
que l'on nous a donnée de la construction
de cet autel. Josèphe l'appelle tout simplement
un brasier ; mais pour que cette dénomination
lui convînt, il faudrait lui supposer une épaisseur
extraordinaire . Quel qu'il fût , nous pensons
qu'il est plus simple de donner à cette espace de
toit une élévation suffisante pour le rendre inac-
cessible à l'action du feu.
L'Écriture n'indique pas clairement la place
qu'occupait l'autel des parfums dans le lieu saint;
elle laisse entrevoir, il est vrai, qu'il était posé
devant le voile(7). Josèphe cependant, dont l'opi-
nion a acquis un crédit universel, veut qu'il ait été
entre le chandelier et la table des pains de pro-
position (8). Le contraire n'est pas facile à dé-
montrer : mais ne serait-il pas plus simple et plus
conforme aux lois de la symétrie, de placer le
chandelier entre l'autel des parfums et la table
dont nous venons de parler > Selon l'auteur du
second livre des Maccabées, Jérémie, aux ap-
proches de la captivité, transporta cet autel et
l'Arche sur la montagne de Nébo, et les cacha
avec tant de soin dans le fond d'une caverne
dont il mura l'entrée, que depuis on les chercha
vainement (9). Le même fait est rapporté parles
thalmudistes d'une manière un peu différente.
Josias, selon eux, instruit par quelques prophètes,
que tous les vases du sanctuaire seraient trans-
portés à Babylone, déposa le feu sacré, l'Arche,
le vase d'or, la verge d'Aaron, le pectoral et
l'autel des parfums, dans un souterrain que Salo-
mon avait fait pratiquer dans ce dessein ; et les
mesures furent si bien prises pour que le secret
ne transpirât pas, qu'en effet ils furent inutilement
cherchés au retour de la captivité. Les thalmudis-
tes ajoutent que cette heureuse découverte n'aura
lieu qu'à la venue du Messie. Mais ces traditions
ne sont pas sans souffrir des difficultés. Ce qu'il
y a de positif, c'est la perte qu'il y eut alors de ces
objets, puisque les Juifs en firent construire de
nouveaux (10).
Il n'y avait rien dans le sanctuaire de plus riche
que le chandelier ; il était d'or massif et pesait un
talent, poids du sanctuaire (i;). Du pied qui lui
servait de soutien, sortaient six branches; la tige
du milieu formait la septième. Elles étaient toutes
ornées de plateaux, de pommes et de (leurs, et
portaient chacune une lampe dont on ne peut
mieux comparer la forme qu'à celle des aman-
diers. Elles étaient susceptibles d'être démontées
et replacées à volonté (12). Chacune de ses lampes
(1) 111 Rois vin. 9.
(2) Goodwin. ubi sup. §. 18 ad 24. 1 Rois vi. et alib. Vid.
Prid. ubi sup.
(?) 1 Rots vi. cl alib.
(4) Livit. îv. 'f. j. et 7. ij. et 18.
(5) Exod. xxx. f. h
{(>) Chald. Paraphr, Jagius in loc.
(7) Exod. xxx. fr. 6.
(8) Anliq. lib. ni. c. 6. ad fin.
(9) 11 Maccab. 11. f. 1 et suiv.
(io) V. Buxtorf. de Arc. c. 21. 22. - R. J.nhut. Prid.
Conn. part. 1. lib. m. Cunœ. Basnag. et al.
(iij Exod. xxv. f. 51 et suiv.
(12) Comp. Exod. xxv. f. 37, avec Nomb. iv. y. 9.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
! ■■:
était garnie de ses mouchettes et de son creuset
d'or. Les prêtres qui veillaient dans le sanctuaire
les allumaient tous les soirs quand on faisait brû-
ler les parfums, et les éteignaient le lendemain
pendant la même cérémonie. Moïse ne détermine
pas la hauteur du chandelier; quelques-uns la
portent jusqu'à cinq coudées; d'autres la font
égale à celle de l'autel des parfums. Dans ce cas,
il n'aurait donc que très faiblement éclairé la
table des pains de proposition; et dans l'autre,
non seulement il aurait fallu le secours d'une
échelle pour y atteindre, mais la fumée qui s'en
exhalait aurait nécessairement noirci la partie su-
périeure des rideaux dont il n'eût été qu'à très
peu de distance. Pourquoi ne supposerait-on pas
plutôt qu'il avait une hauteur proportionnée à
celle des hommes, environ cinq ou six pieds?
Nous n'avons pas plus de renseignements certains
touchant sa forme et sa largeur, que sur la place
qu'il occupait. Ce n'est pas qu'un grand nombre
de commentateurs n'aient beaucoup écrit sur
cette matière ; mais la diversité de leurs opinions
n'a fait que l'envelopper d'un voile plus épais (i).
On sait positivemeut qu'après la construction du
temple, Salomon fit placer dix chandeliers dans
le lieu saint, et qu'ils étaient tous du môme
métal (2). Celui de Moïse entrait-il dans le nom-
bre des dix, ou bien en formait-il un onzième?
C'est encore un problème. Ce dernier sentiment
paraît cependant le plus vraisemblable, parce que
le lieu saint était d'une bien plus vaste étendue
dans le temple que dans le Tabernacle, et que
tout ce qu'il contenait ayant des proportions
exactes, le chandelier de Moïse aurait détruit
cette uniformité.
On a déjà parlé des pains de proposition. La
table qui les soutenait, était de bois de sittim re-
vêtu d'or; elle avait une coudée et demie de hau-
teur, deux de longueur et une de largeur. Elle
était surmontée d'un bord massif, semblable à
celui de nos tables à thé (3). Selon Josèphe, ses
pieds avaient beaucoup de ressemblance avec
ceux qui servaient d'appui aux lits des Doriens (4) :
mais il serait difficile d'entendre ce que cet his-
torien a voulu dire par là. Par un verset de
Moïse, il paraît que cette table était ornée d'un
second bord, que quelques interprètes confondent
néanmoins avec le premier; au reste, supposé
qu'il existât, ce n'était vraisemblablement que
vers le bas de la table, et pour lui donner plus de
solidité. Du bord supérieur pendaient de chaque
côté deux anneaux, en tout quatre ; ils étaient,
comme on l'a déjà souvent remarqué en parlant
d'objets semblables, destinés à en faciliter le
transport. Outre les pains de proposition, on
voyait encore sur la môme table quelques ré-
chauds d'or, où l'on brûlait l'encens, et plusieurs
autres meubles, à la description desquels nous
ne nous arrêterons point, parce que nous n'en
avons rien de certain à dire (5). Salomon fit rem-
placer cette table par une autre (6), et celle-ci,
selon Josèphe (7), était beaucoup plusgrande : on
avait voulu sans doute la rendre plus conforme à
l'étendue du lieu. Le livre des Paralipomènesnous
apprend que le même prince en fit construire dix
autres, qu'on les plaça en nombre égal, au nord
et au midi du lieu saint, et qu'elles servaient à
soutenir les vases sacrés (8). Josèphe atteste
qu'on en voyait encore une infinité d'autres, de
diverses constructions, et qu'elles étaient char-
gées de vingt mille coupes d'or et quarante mille
vases d'argent (9).
Il ne nous reste plus à parler que du parvis du
Tabernacle, et des effets qu'il contenait. On nom-
mait parvis, un espace oblong qui avait cent cou-
dées de longueur sur cinquante de largeur. Il
était fermé de toutes parts, excepté vers l'orient;
et là une ouverture de vingt coudées laissait
passer les prêtres, les lévites et le peuple, lors-
qu'ils allaient présenter leurs offrandes. Toute-
fois, le parvis n'étant même fermé, de trois;côtés,
que par des voiles qui n'interceptaient point la
lumière, chaque spectateur, placé en dehors,
pouvait aisément observer tout ce qui s'y passait.
Moïse donne un nom particulier à ces rideaux,
pour ne pas les confondre avec ceux du Taber-
nacle, destinés à un usage tout différent. Les
voiles du parvis étaient appuyés contre des co-
lonnes de bois de sittim, élevées sur des pié-
destaux d'airain, dont les chapiteaux étaient or-
nés de filets d'argent (10). Moïse n'ayant rien dit
de leur hauteur, les commentateurs n'ont pu
leur en assigner ; on sait seulement qu'elles
étaient au nombre de cinquante-six ; savoir, vingt
sur chacun des longs côtés, dix à l'occident, et
six à l'orient, parmi lesquelles ne sont point
comptées celles qui soutenaient le rideau bleu
suspendu à l'entrée du parvis. Ce rideau se ti-
fi) Joseph, ubi sup. saint Jérôme. Art. Mont. Villalp
Basnag.
{2) m Rois vu. f. 49. - 11. Paralip. iv. y. 7.
(j) Exod. xxv. y. j2. et suiv.
(4) Antiq. lib. ni. c. 6.
(5) Exod. verset 29 et alib.
(ô) 111 Rois vu. y. 48. et suiv.
(7) Antiq. lib. vin. c. 2.
(8j 1 Paralip. îv. y. 3.
(<3 Antiq. toc. cit.
(10) V. Exod. xxxviii. v. 23.
404
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
rait également de droite à gauche, et de gauche
à droite, ou bien se levait de bas en haut, comme
l'assurent les Juifs (i).
Le circuit du parvis était de trois cents cou-
dées ; il est difficile de concevoir que le voile
dont on a parlé ne fût que d'une seule pièce.
Comment les enfants de Gerson, chargés de le
porter dans les voyages, auraient-ils pu le replier
suffisamment sur lui-même, s'il n'eût été formé
que d'une seule partie ? Ajoutons à cela, que
dans les occasions où Moïse en parle, il emploie
toujours le pluriel (2). Quoique la forme du
parvis fût égale à celle du Tabernacle, et que les
côtés de l'un fussent parallèles à ceux de l'autre,
il ne s'ensuit point que le Tabernacle occupât
précisément le milieu du parvis. On ne voit pas,
par exemple, qu'il fût nécessaire que l'espace,
qui se trouvait entre les deux lignes de l'occident,
fût de la môme étendue que celui des côtés op-
posés ; d'autant mieux qu'il renfermait beaucoup
moins d'effets. On voyait dans celui-ci l'autel des
holocaustes, la cuve d'airain, et plusieurs autres
objets dont nous parlerons bientôt. Malgré le
silence de Moïse sur les mesures de cet espace,
on a cru qu'il pouvait former un carré parfait,
dont chacun des côtés avait cinquante pieds ; en
effet, une grandeur moindre n'eût pu ni recevoir
tout ce qu'elle paraitavoir contenu, ni donner aux
prêtres la facilité de vaquer librement à toutes les
fonctions de leur ministère; car c'est là qu'on
immolait les victimes, et qu'on apportait la mul-
titude des offrandes. Les Juifs et les chrétiens
n'ont été d'accord ni sur le nombre ni sur la qua-
lité des personnes qui pouvaient y pénétrer. Les
premiers ont soutenu que les personnes qui ame-
naient les victimes, avaient la faculté de les
accompagner jusqu'au pied de l'autel, de leur
imposer elles-mêmes les mains, et enfin d'assister
à toute la cérémonie, comme la loi semblait l'exiger.
Les chrétiens, au contraire, pensent que les prê-
tres ou les lévites venaient recevoir les victimes
à l'entrée du parvis, que ceux qui les avaient
amenées leurimposaient les mains en ce moment,
et se retiraient ensuite vers l'un des côtés exté-
rieurs, d'où ils ne pouvaient voir ce qui se passait,
qu'à travers le voile dont on a parlé. En supposant
que l'opinion des Juifs soit vraie, il faut convenir
qu'il paraît difficile de concevoir que le parvis ait
pu contenir en certain temps le grand nombre des
assistants qui devaient se présenter : il faudrait
supposer alors que la qualité de ceux qui pou-
vaient être admis dans l'intérieur, était déter-
minée par quelque règle particulière. Nous ne
chercherons point ici à rendre raison du motif qui
avait fait placer l'entrée du parvis du côté de
l'occident; la raison qu'en donnent les Juifs nous
paraît assez plausible : c'est, disent-ils, pour se
trouver en opposition avec les païens, qui étaient
dans l'usage de se tourner vers l'orient, dans le
culte qu'ils rendaient à leurs faux dieux. Les
interprétations mystiques de quelques théolo-
giens chrétiens ne nous arrêteront point, parce
qu'elles sont étrangères à notre sujet.
C'est, comme on l'a déjà remarqué, à l'extré-
mité orientale du parvis qu'était placé l'autel des
holocaustes, et vraisemblablement à une distance
assez considérale du Tabernacle, pour que ni la
fumée du feu qui était sans cesse allumé, ni celle
des victimes qu'on y brûlait, ne pussent endom-
mager le voile. On appelait quelquefois cet autel
Y Autel extérieur, pour le distinguer de celui des
parfums renfermé dans le sanctuaire. Le premier
était de bois de sittim, doublé de cuivre : c'était
un carré de cinq coudées de face, sur trois de
hauteur. On le transportait comme l'autre, par le
moyen d'anneaux et de bâtons, aussi doublés de
cuivre. De chacun de ses angles paraissaient
s'échapper des cornes dont la figure nous est in-
connue. Une large grille le traversait dans le
milieu, et laissait passer à travers ses barreaux
les cendres et le charbon. Cette grille occupait
une place au-dessous de la partie que nos versions
appellent l'enceinte de l'autel (3). Les savants qui
ont cherché à prouver comment il avait été pos-
sible d'allumer de grands feux sur un autel de
bois, sans le réduire en cendres, ont eu une foule
de sentiments particuliers. Le moins invraisem-
blable, à notre avis, appartient à l'auteur des
Discours historiques sur le Pentaleuque (4). Voici
les expressions de cet écrivain. « Cet autel était
peut-être entièrement creux, et, dans sa cavité.
devaient être suspendus, par quatre gros anneaux
d'airain, le grillage ainsi que le grand vaisseau fait
pour recevoir la chair des victimes offertes en sa-
crifices. La grille soutenait le feu, et n'était point
adhérente à l'autel. Il est à présumer que la
grille et le vase pouvaient être détachés pour faci-
liter le nettoiement, ou le transport de l'autel. »
Telle est l'opinion de Saurin : en consultant son
ouvrage, on verra qu'elle est fondée sur des rai-
sons assez plausibles.
C'est sur cet autel que devait être continuelle-
ment entretenu ce feu sacré, descendu du ciel à
l'époque de la consécration du Tabernacle. Mais,
dira-t-on, comment pendant les courses des
Israélites, le feu sacré ne s'éteignit-il pas ? Car,
(1) Ibid. xxvii. f. 9. ad fin.
(2) Ibid. versets 9, io, 12 et suiv.
(5) Exod. xxvn. f. 1 et suiv.
(4) Saurin, Discours sur le Pcntatcuquc. Dis. liv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
40 )
vraisemblablement, l'autel, avec tout ce qu'il
contenait, était enveloppé de différentes couver-
tures, qui devaient être consumées elles-mêmes,
ou du moins mettre obstacle à l'action de l'air,
sans lequel le feu ne peut exister. Pour trouver
une réponse à cet argument, nous n'imiterons
point l'exemple des rabbins, qui, dans cette occa-
sion, comme dans beaucoup d'autres, se tirent
d'affaire en alléguait le pouvoir d'un miracle.
Puisque le vase qui contenait le feu devait être
dégagé de l'autel, pendant les marches, pour-
quoi ne croirait-on pas qu'alors il pouvait être
transporté de manière que le feu ne s'éteignît pas?
On ne doit pas oublier d'observer : i°Que cet
autel des holocaustes, dont nous venons de par-
ler, n'est pas le même que cet autre autel im-
mense que Salomon fit élever dans la suite ; et
2° Qu'on avait toujours soigneusement évité de
placer les autels sur des degrés, afin de prévenir
tout ce qui aurait pu approcher de la plus légère
indécence ( 1 '.
Le dernier des effets considérables qui se
voyait dans le parvis du Tabernacle, était la cuve
d'airain. Elle était placée à une certaine distance
de l'extrémité occidentale du parvis et de l'autel
des holocaustes. Moïse ne nous a laissé aucun
détail sur sa forme, non plus que sur sa grandeur.
Mais nous savons qu'elle était consacrée à deux
usages principaux : au lavement des pieds et des
mains des prêtres, cérémonie dont ils ne pou-
vaient se dispenser, sans encourir de sévères
punitions, avant de commencer les moindres fonc-
tions de leur ministère (2), et au nettoiement des
entrailles des victimes (3). Quelques Juifs assu-
rent qu'un second réservoir était destiné à ce
dernier usage (4) ; et cette assertion ne paraît pas
sans fondement, quand on se rappelle qu'en eiïet,
dans le temple de Salomon, la mer d'airain ne
servait qu'à l'usage des prêtres, tandis que dix
autres cuves étaient employées à la purification
des victimes (5). Cependant on peut croire que
l'eau était puisée dans la cuve d'airain, et trans-
portée dans d'autres vases pour le lavement des
holocaustes. On croit que ce lavoir était garni,
dans son contour, de plusieurs robinets qui lais-
saient tomber l'eau dans des bassins où les prê-
tres se baignaient les pieds, après avoir reçu l'eau
sur leurs mains (6). Les lévites étaient chargés de
tenir cette cuve toujours pleine d'eau (7), et l'on
croit que les Nathinéens la leur apportaient jus-
qu'à l'entrée du parvis. Moïse dit assez claire-
ment, que ce vase et son pied ressemblaient aux
miroirs des femmes qui s'assemblaient en foule à
la porte du Tabernacle (8) ; ce passage a donné
lieu à une infinité de conjectures. D'après ces
paroles de l'historien sacré, quelques interprêtes
ont voulu que cette cuve fût d'acier plutôt que
d'airain (y), comme si le poli de plusieurs autres
métaux n'aurait pas pu leur mériter la même
dénomination. Quant à notre avis particulier,
c'est que les vases dont il s'agit étaient indiffé-
remment, tantôt de cuivre, tantôt d'argent ou
d'étain, et quelquefois même d'une composition
de ces métaux réunis ; toutefois, il est vrai, et
Pline n'a pas oublié d'en faire la remarque, que
ceux d'argent ou d'airain étaient les plus esti-
més (10) : disons donc que le lavoir et son pied
répandaient un éclat pareil à celui des miroirs
dont les femmes se servaient à leur toilette.
C'est aux prêtres et aux lévites qu'était confiée
la garde de la cuve d'airain, et de tous les effets
conservés dans le Tabernacle. Ceux-ci étaient
spécialement chargés d'envelopper et d'emballer,
quand on devait transporter d'un lieu à un autre,
la tente du Seigneur. Il est bien extraordinaire
que Moïse n'ait parlé nulle part des tapis que l'on
étendait dans le Tabernacle ; car il n'est guère
vraisemblable que les effets riches et précieux
qu'il renfermait, fussent tout simplement posés
sur la terre : c'est cette omission qui a fait soup-
çonner que l'historien n'a décrit que les objets
construits avant l'élévation du Tabernacle. Si l'on
considère d'une part le grand nombre, et de l'autre
la variété de ces différents meubles, la richesse des
matières entrées dans leur composition, l'art avec
lequel ils avaient été exécutés, et le court espace
de cinq mois qu'on y avait mis (11), on sera sans
doute étonné d'un telle diligence de la part des
Israélites. Mais quand il s'agit du temple de Salo-
mon, plusieurs de ces objets sans changer de
nature et de destination, furent faits dans de plus
notables proportions. Le lecteur en a vu le détail
dans les livres historiques, et, comme nous
n'avons d'autre but dans cette étude que de réca-
pituler ce qui faisait le fond de la religion et de
la vie civile des Juifs, nous n'avons à mentionner
que les règlements et les objets qui en faisaient la
base, laissant de côté le luxe qui était de subro-
gation. L'enveloppe extérieure du Tabernacle
était remplacée par le somptueux édifice du tem-
(1) Exod. xx. f. 26.
(2) Exod. xxx. f. 20.
(j) Lêvit. xix.
(4) Kim'hi in hune loe.
{<,) 11. Paralip. iv. f. 6.
(6) Mishn. ap. Arr. Montan. in loc.
(7) N. de Lyrain loc.
(8) Exod. xxxvin. f. 8.
(9) V. Tremel. in hune loc.
(10) Hist. Nat. lib. xxxm. c. 9.
(11) ItaJudxi. V. Sedar. Olam. Munst.Cun. Usser. Ann.
p. 16 et al.
406
COUP DŒ!L RETROSPECTIF
pie ; mais les objets du culte et la liturgie ne
subisaient point de dérogation aux lois ou règle-
ments laissés pas Moïse.
Tous les détails qu'on vient de lire étaient rela-
tifs au culte, et se rapportaient expressément aux
lois de la première Table. Avant de passer à
celles de la seconde, il ne sera pas inutile de par-
ler des règlements qui concernaient les prosé-
lytes.
Par ordre exprès de Dieu, tout étranger qui
paraissait désirer d'être admis à célébrer lapâque,
devait être circoncis. Après cette cérémonie,
non seulement il pouvait participer à cette fête,
mais encore il était habile à jouir de toutes les
prérogatives accordées aux Israélites. On compta
parmi ces étrangers, un grand nombre ou de ceux
qui étaient venus d'Egypte, ou de ceux qui
avaient habité le pays de Canaan, après qu'Israël
en eut fait la conquête. Les circoncis jouissaient
d'une préférence si marquée sur les autres, qu'il
n'est pas surprenant qu'en très peu de temps leur
foule ne se soit considérablement ; ugmentée. On
en comptait de deux espèces : les prosélytes de
la porte, et les prosélytes de justice. Les pre-
miers, uniquement assujettis à l'observation des
préceptes de Noé, n'étaient point obligés de se
faire circoncire ; aussi les traitait-on à peu près
comme des esclaves. Du temps de Salomon, on
en comptait plus de cent cinquante-trois mille,
tous employés aux travaux les plus serviles (i). Il
était assez naturel qu'ils travaillassent à améliorer
leur sort, en se conformant en tout à la religion
judaïque. Cependant, nous apprenons des rab-
bins que, du temps de David et de ses successeurs,
on prenait les plus grandes précautions pour les
initier au culte du vrai Dieu (2). Moïse permit
aux Israélites de les nourrir de la chair des bêtes
qui mouraient de mort naturelle (3) ; mais cet
ordre ne s'accorde guère avec le précepte de Noé,
le seul dont Moïse ait fait mention, qui défendait
de manger la viande avec le sang (4). Quant aux
prosélytes de justice, une fois incorporés dans la
famille d'Israël, ils étaient forcés d'observer rigou-
reusement la loi. Avant la circoncision, ils subis-
saient un long examen; on leur exposait d'abord,
combien était pénible la tâche qu'ils allaient
s'imposer, la difficulté d'observer la loi, les dan-
gers qu'ils courraient en la violant; enfin on leur
demandait un courage capable de braver le mé-
pris, la haine et les persécutions. S'ils persistaient,
on leur administrait la circoncision, et dès que la
plaie était cicatrisée, ils recevaient le baptême.
Cette dernière cérémonie usitée dans les derniers
temps, étant regardée comme une espèce de con-
trat judiciaire, elle se faisait devant trois juges, et
ne pouvait être renouvelée pas même dans le cas
d'apostasie. Les enfants nés de pères baptisés,
n'étaient point assujettis à cette formalité ; on les
circoncisait simplement comme les enfants d'Is-
raël. Dans le cas où les prosélytes avaient reçu
le jour chez des peuples où la circoncision était
en usage, tels que les Ismaélites, les Idu-
méens, etc., on se contentait de leur tirer, avec
une lancette, quelques gouttes de sang à l'endroit
où se faisait la circoncision, et ensuite on les
baptisait : les femmes n'étaient sujettes qu'à cette
dernière cérémonie. Moïse établit encore quelque
différence entre ces nations : toutes n'étaient pas
également admises à la congrégation de l'Éter-
nel (5) : par exemple, les Iduméens, que les Juifs
nommaient leurs frères, ainsi que les Egyptiens,
parce qu'Israël avait habité en Egypte, pouvaient
prétendre à l'admission, quand leur grand père
seulement s'était fait circoncire ; mais il n'en
était pas de même des Moabites et des Ammo-
nites ; ceux-ci ne pouvaient être reçus qu'après
la dixième génération, et, selon quelques inter-
prètes, ce délai était même trop court. Tant de
sévérité, de la part des Israélites, avait pris
sa source, non seulement dans le refus qu'avaient
fait les Moabites et les Ammonites, de leur donner
l'hospitalité; mais surtout dans la malédiction de
Balaam, qu'ils avaient appelée contre eux. Les
bâtards, les Amalécites et les ennuques (6), de
quelque nation qu'ils fussent, étaient naturelle-
ment privés de l'adoption ; les premiers, parce qu'ils
étaient frappés d'anathème (7), et les autres,
parce qu'on envisageait leur condition comme
une imperfection légale (8). Les exégètes ne sont
point d'accord sur le sens qu'il faut donner à ces
mots : Ne pas entrer dans la congrégation de
V Etemel. Quelques-uns pensent que c'est l'inha-
bilité à être incorporé à la république d'Israël par
la circoncision; d'autres n'y voient que l'exclu-
sion aux premières places du gouvernement. Cette
dernière opinion est la plus généralement reçue
(1) 11 Paralip. 11. y. 18.
(2) Le thalmud compare ces prosélytes ou à des
ulcères, ou à la rouille qui ronge le fer. On était dans
l'usage de leur refuser jusqu'à trois lois la faveur de la
circoncision ; s'ils persistaient, ils recevaient la circon-
cision, ensuite le baptême, et enfin on les obligeait à
offrir des sacrifices expiatoires (V. Basnag. R. H. t. Il-
lib. 1. c. 1.
(j) Deut.xw. y. 21.— {4) Gènes, ix.f. 4.
(<;) Deut. xxiu. j!\ 1 et suiv.- Selden de jure, 11, 2, j.
(6) L'expression de l'original signifie un homme qui a
quelque défaut dans les parties destinées à la génération .
On remarquera à celte occasion qu'il ne se trouve, dans
les livres sactés, aucun terme pour les nommer. Les
Juifs attribuent cette omission à la pudeur de la langue
sainte. Mais il y aurait des réserves à faire à cet égard.
(7) Exod. xvn. y. 14 et suiv.
(8) Lêint. xxi y. 20.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
407
parles interprètes chrétiens: mais les Juifs reten-
dent jusqu'à la défense de contracter des mariages
avec les femmes d'Israël, conformément à cette
maxime, qui est chez eux dans toute sa vigueur,
que les enfants participent à la qualité de leur
mère. On imposait à chaque prosélyte de justice
l'obligation de circoncire tous les enfants mâies,
et b'aptiser toutes les filles de sa famille, qui
n'avaient pas atteint leur treizième année; car
alors ils étaient libres, ou de se soumettre à la
loi, ou de persister dans leur ancienne religion.
Lesenfants, avant l'âge de treize ans, ne pouvaient
être reçus prosélytes sans l'aveu de leurs parents ,'
mais quand le refus de ceux-ci était constaté, il
suffisait aux postulants de s"y faire au oriser par
deux ou trois juges, et alors leur admission était
regardée par les Juifs, comme une régénération,
une naissance nouvelle ; en un mot, ils devenaient
étrangers à leurs parents ; les Juifs allaient même
jusqu'à supposer une âme nouvelle aux convertis
de cette espèce (1). Voilà pourquoi Jésus-Christ
pat ut étonné de ce que Nicodème, docteur en
Israël, ne comprenait rien de ce qu'il disait au
sujet d'une nouvelle naissance (2). A vrai dire, ce
n'était pas une nouvelle naissance, mais une régé-
nération d'ordre spirituel. Le thalmud et quelques
autres ouvrages juifs renferment des détails sur
les prérogatives de ces prosélytes, auxquels nous
ne nous arrêterons point, parce qu'ils ressemblent
trop à des fictions Comment croire, par exemple,
à la loi qui voulait que les enfants nés après le
baptême de leur père, héritassent exclusivement
de ses biens, au préjudice de ceux qui avaient vu
le jour avant cette époque ? Et comment ajouter
foi au règlement qui laissait au premier occupant,
contre le droit ordinaire du fils, la succession d'un
prosélyte mort sans enfants ?
Lois de la seconde Table : usages et coutumes qui
y ont rapport.
Nous suivrons ici. dans l'énumération de ces
lois, l'ordre qu'on leur a donné dans le Décalo-
gue. Les premiers qui se présentent renferment
les devoirs des enfants envers leurs parents, ce
mot pris au sens naturel et au sens politique. Les
familles s'étant subdivisées à l'infini, le gouverne-
ment patriarcal devenait insuffisant : Dieu cepen-
dant voulait que son peuple obéit à un seul chef,
vécût dans une même religion, et n'eût qu'un seul
code de lois civiles ; mais les préceptes de Noé,
ou plutôt ceux de la nature, étant tombés dans
l'oubli, ou bien ayant été altérés pendant la ser-
vitude. Dieu, voulant prévenir les murmures
d'une nation ingrate et lâche, déclara aux Israé-
lites que désormais il serait lui-même leur roi ;
que de temps à autre il susciterait parmi eux des
hommes qui les gouverneraient en son nom,
et dont l'autorité, respectée des chefs de famil-
les, ferait revivre ses lois dans toute leur vigueur.
Moïse fut le premier à qui Dieu confia cet ho-
norable emploi. L'Écriture y fait allusion, quand
elle dit qu'i7 donna une loi, c'est-à-dire un corps
de législation et un héritage {}).
Josuéet les Juges succédèrent à Moïse. La
preuve la plus évidente qu'il fallait changer la
forme de leur gouvernement, se tire des actes de
rébellion et d'idolâtrie dont chaque interrègne
fournit des exemples sans nombre; aussi l'histo-
rien sacré remarque-t-il, qu'alors chacun d'eux
faisait ce qui paraissait juste à ses propres yeux,
quoique déplaisant à ï Élernel(4).Lapumùons>u\vant
toujours de très près leur désobéissance, ils pa
rurent se lasser enfin de la captivité ; ils deman-
dèrent à Dieu un roi qui pût, en même temps, et
veiller sur eux, et les protéger contre leurs enne-
mis. Ce premier monarque fut Saùl ; et à l'époque
de son avènement au trône, Israël perdit son
nom de république pour prendre celui de royau-
me. Dans le code de législation qui leur fut
donné, on trouve fort peu de choses relatives à
l'obéissance qu'ils devaient à leur nouveau roi,
tandis que la défense faite à celui-ci d'opprimer
le peuple, s'y présente, pour ainsi dire, à chaque
page. La pusillanimité des Israélites, on peut
même dire leur lâcheté, et le dessein qu'ils avaient
formé de prendre pour modèles les nations les
plus soumises, n'avaient point nécessité qu'on
leur prescrivît des règles de soumission ; mais
l'étendue du pouvoir que donnait alors la dignité
royale, voulait nécessairement qu'elle fût dirigée
par de sages règlements, dont le monarque ne
pût s'écarter sans se rendre coupable. L'histoire
même de Saûl, leur premier roi, ne nous fournit-
elle pas un exemple frappant, et du despotisme
des princes de ce temps, et de la lâche soumis-
sion des Israélites ? Nous voulons parler du mas-
sacre de quatre -vingt cinq sacrificateurs, et de
celui de tous les habitants de Nobé, où les ani-
maux, et même les enfants à la mamelle ne furent
pas épargnés ('-,). On peut ajouter que si les rois
d'alors n'eussent pas exercé la plus infâme tyran-
(1) Seldcn. ubi sup. et de J. N. et G. - Jac. Atling.
Disputée Proselyt.- R. Mos. Kot\. R. Mos. Egypt. Issur.
Biatk. Perek. Serrar. Trithœres. lib. 11. c. 2. - Drus, de
Trib. Sect. Fag. In Exod. xxn. f. 21 et al. in Deut xxm. et
Prce. neg. nj et suiv. - Léo de Moden. t. V. chap. ni. -
Calmet. Diction, art. Prosélyte, etc.
(2) S. Jean. m. f. 1 et suiv.
(?) Deut. xxxiii. f. 4. 5.
(4) V. Jug. n et suiv.
(5)1 Rois xxn. f. 18. 19.
4o3
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
nie sur les nations qui leur étaient soumises, Sa-
muel n'aurait pas fait une peinture si vive de tous
les maux qu'entraîne après lui le pouvoir absolu.
Au reste, quel qu'ait été le motif qui a dirigé la
conduite du Tout-Puissant, il est de fait que,
dans le premier code judaïque, on ne trouve d'au-
tre précepte concernant l'obéissance due aux
princes par les peuples, que celui d'honorer son
père et sa mère (i), et la défense de maudire les
gouverneurs du peuple (2). Mais on y voit au
contraire une foule d'ordonnances faites pour
contenir l'autorité royale dans de justes bornes,
et protéger les peuples contre l'oppression. Telles
sont celles qui ne permettent à aucun étranger de
parvenir à cette dignité (3) ; qui détendent qu'un
roi d'Israël accumule trop de richesses, et aug-
mente d'une manière démesurée le nombre de ses
femmes et de ses chevaux. Le prince de cette
nation était obligé de copier de sa propre main,
le livre de la Loi, de le lire, de le méditer, de le
prendre pour règle unique de sa conduite, et de
ne s'en écarter jamais (4), enfin de ne confier les
emplois de judicature qu'à des hommes d'une
sagesse et d'une probité reconnues (ç). Mais
comme ces rois ne devaient compte qu'à Dieu
seul de la transgression des préceptes, on voit
dans leur histoire, qu'ils ne craignirent guère de
les enfreindre, même dans les circonstances les
plus importantes. L'étendue de leur puissance ne
laissait qu'aux seuls prophèles que Dieu en avait
spécialement chargés, le droit de leur faire des
représentations ; et la précieuse prérogative
dont ils jouirent pendant un certain temps, d'être
sacrés par un prophète, et établis par lui, souve-
rains du peuple ou sacrificateurs royaux (6), leur
donnait une autorité presqu'absolue, tant en ma-
tière civile qu'à la tète des armées et dans les
affaires de religion. Plusieurs théologiens, il est
vrai, révoquant en doute ce dernier point, pen-
sent que ce n'est pas comme rois d'Israël, mais
comme prophètes et homme inspirés, tels que
David et Salomon, qu'ils avaient une influence
marquée dans le gouvernement ecclésiastique. Il
est facile de leur répondre, car Ezéchias, Josa-
phat, Josias, etc, n'étaient point prophètes; et ce-
pendant quelle réforme ne firent-ils pas dans la
religion ? Non seulement ils pouvaient, mais ils
devaient consulter, dans les occasions délicates,
et l'oracle de l'ourim et le grand sanhédrin auquel
ils présidaient quand ils jugeaient à propos de s'y
trouver (7). David, après avoir été sacré roi, con-
sulta l'oracle divin, du temps même de Saùl, sur
le succès de son entreprise (8). Ces rois s'étaient
arrogé un pouvoir de vie et de mort sur leurs su-
jets, et l'on voit qu'ils l'exercèrent souvent au
mépris de la loi, qui défendait qu'aucun homme
ne fût mis à mort sans avoir été jugé selon les
formes judiciaires. L'exemple de Miphiboseth et
de son serviteur Siba (9) prouve assez que les
propriétés n'étaient pas plus respectées. Il paraît
que, dans certaines circonstances, les biens des
coupables condamnés à mort retournaient au fisc.
Voyez ce que l'Écriture dit à ce sujet de Na-
both (10). Pour avoir une idée du profond respect
qu'imprimait la dignité royale, il suffit de réfléchir
aux expressions qu'on employait quand on parlait
au roi ( 1 1 ), et à l'humble contenance de ceux qui
l'abordaient. N'a-t-on pas vu des reines et des
prophètes se prosterner devant eux jusqu'à tou-
cher la terre de leur front t Nathan et Bethsabée
n'approchèrent-ils pas David dans cette posture
humiliante ? et que ne doit-on pas penser des pré-
tentions de son (ils Salomon, à cet égard, lui qui
porta si loin l'orgueil du trône? Selon les Juifs,
le grand prêtre était obligé de se tenir debout
devant le roi ; et celui-ci ne gardait cette attitude
en présence du grand -prêtre, que quand il con-
sultait l'oracle de l'ourim (12). Le roi seul avait le
droit de s'asseoir dans le parvis du temple, et
même à la place destinée aux prêtres, pourvu tou-
tefois qu'il fût du sang de David (13). La richesse
de leurs vêtements ne contribuait pas peu à leur
attirer les hommages respectueux de leurs sujets;
et quoique l'on ne trouve rien ni dans les livres
de Moïse, ni dans aucun autre écrivain sacré, sur
la forme et la matière de ces habits, il est suffi-
samment prouvé, par le passage où l'on dit que
Josaphat garda ses vêtements pendant qu'Achab
se revêtit d'un habit commun (14), qu'il y avait
quelque différence, soit dans la manière dont ils
étaient faits, soit dans l'éclat et la richesse des
étoffes, soit enfin par les joyaux qui peut-être ser-
vaient d'ornements à la couronne. On trouve dans
Josèphe (i<), que Salomon portait d'ordinaire un
habit blanc ; mais cette couleur était commune
aux prêtres et aux personnes de la première dis-
tinction ; de sorte qu'il pouvait bien n'y avoir
d'autre distinction entre les habits de ceux-ci et
(1) Exod. xx. y. 12 e( passim.
(2) Ibid. xxii. y. 18.
(j) Deut. xvn. y. 14. 1$.
(4) Ibid. f. 18 et suiv. et Proie. Neg. 2:1 et suiv.
(4) Deut. xvi. 18 et suiv.- Cf. et Prce.c. Affîrm. 96 et suiv.
(6) Exod. xix. f. 6 et alib.
(7) Maim. Halak. Mclaldm. c. 2.
(8) 1 Rois. xxx. y. 7 et 8. - Basnag. ubi sup.
(9) 11 Rois. .xix. fr. 29.
(10) m Rois. y. xxi. passim.
(11) 1 Rois. xxv. f. 2j et suiv. et
passim. xxiv. y. j et ahb.
(1 2) Maïtn. ubi sup.
( 1 j) Idem. Halak. Bclli. Habsar.
(14) m Rois. xxii. y. }o.
(15) Joseph, lib. vin. c. 2.
y. 40. - Il Rois. xiv.
SUR [-"ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
409
ceux du roi, que dans la beauté de la soie ou la
finesse du lin. Quoi qu'il en soit, comme ils
n'étaient obligés par aucune loi à se vêtir d'un
habit plutôt que d'un autre, il est à présumer
qu'ils se conformaient à la coutume des autres
pays, et qu'à certaines fêtes ils revêtaient des
habits plus riches que de coutume (1). On
trouve dans le psalmiste une belle description
de l'habillement des reines : il paraît qu'il l'em-
portait encore, par la magnificence, sur celui des
rois.
Des Tribunaux ou Cours de Justice.
Les Israélites, depuis le temps de Josué jus-
qu'à celui de Saùl, furent gouvernés par des
hommes extraordinaires que Dieu plaçait de
temps en temps au milieu d'eux, et dont lui-même
prenait soin, dans les circonstances les plus déli-
cates, de diriger l'esprit. Ces personnages privi-
légiés portaient le nom de Juges: l'autorité su-
prême leur était confiée pendant toute leur vie;
et leurs charges ne différaient de celles des rois,
que parce qu'elles étaient personnelles et point
héréditaires, et ceux qui en étaient revêtus ne
cherchaient point comme les autres à en imposer
par des titres fastueux et par une pompe orgueil-
leuse. Ils étaient les arbitres de la paix, ou fai-
saient prendre les armes à volonté ; en outre ils
avaient le droit de consulter l'oracle de l'ourim.
Eux seuls jugaient le peuple d'Israël, et chaque
année ils se transportaient dans certains cantons,
pour prononcer sur les différends qui avaient pu
s'élever (2). On ignore s'ils prononçaient alors
sur des cas purement douteux, ou bien s'ils con-
firmaient ou annulaient les jugements des tribu-
naux inférieurs. Indépendamment de ces premiers
magistrats, Moïse, et, après lui, ceux qui gou-
vernèrent la République, eurent ordre de choisir
dans chaque ville un certain nombre d'hommes
sages et vertueux, pour prononcer en première
instance dans les causes qui se présentaient. Ces
juges devaient connaître à fond la loi de Moïse ;
on exigeait qu'ils eussent donné des preuvesd'im-
partialité et d'horreur pour le crime, enfin qu'ils
parussent disposés à protéger l'innocence, la
veuve, l'orphelin, le pauvre et l'étranger (3). Ceux
qui, se laissant corrompre par des vues d'intérêt
dans l'administration de la justice, avaient l'au-
dace de violer la loi, devaient être punis des plus
sévères châtiments ; mais comme ils étaient nom-
més par les rois, leur conduite fut presque tou-
jours conforme à celle des princes. Samuel, dont
l'intégrité reconnue lui mérita le respect et la
vénération des peuples, laissa deux fils, qui s'écar-
tèrent sensiblement de la voie qu'il leur avait tra-
cée. David fut un monarque pieux ; mais son fils
Absalom regrettait de n'avoir pas occupé la
place de juge, sans doute parce qu'elle lui aurait
fourni l'occasion de commettre un plus grand
nombre d'injustices (4). Les tribunaux dont on
parle, siégeaient à la porte des villes; avec le temps
ils se multiplièrent beaucoup. On a fait d'inutiles
recherches, parce que l'Écriture ne fournit aucun
éclaircissement à cet égard, pour savoir de com-
bien de juges chaque tribunal était composé :
s'ils étaient tous revêtus de la même autorité, ou
enfin si les uns étaient subordonnés aux autres.
On sait cependant que, durant le séjour des Is-
raélites dans le désert, Moïse établit un chef sur
mille individus ; un second devait avoir l'œil sur
la conduite de cent personnes; un troisième en
observait cinquante, et dix étaient surveillés parun
quatrième (5). Selon toutes les apparences, il
devait y avoir une sorte de subordination entre
ces chefs eux-mêmes. On ne sait jusqu'à quel
point ce règlement fut mis en vigueur dans le
pays de Canaan. On croit pouvoir supposer que
les tribunaux n'étaient d'abord composés que d'un
trèspetit nombre de personnes, puisque, du temps
même de Josué, il n'est fait mention que de qua-
tre dignités ; savoir, celles des anciens, des chefs,
des juges et des officiers (6). Il n'est guère pos-
sible de déterminer les différentes fonctions qu'ils
avaient à remplir; mais il paraît que ceux qui
étaient connus sous la dénomination d'officiers,
n'étaientquedesimples agentsde police. Quoi qu'il
ensoit, leur nombre s'accrut infinimentsousles rè-
gnes de David etdeSalomon(7),etils portèrent en-
suite la dépravation des mœurs jusqu'à mériter
que les prophètes leur adressassent les repro-
ches les plus durs. L'un d'eux, député vers Josa-
phat, lui fit une telle peinture de la vengeance
de Dieu prête à éclater contre de si criants abus,
que ce bon roi entreprit sur le champ une réforme
presque entière de la magistrature. Il choisit
de nouveaux juges dans chaque ville murée, et
leur recommanda de réparer, par leur vigilance
et leur intégrité, les crimes de ceux qui les avaient
précédés : plusieurs d'entre ces nouveaux élus
appartenaient à la tribu de Lévi. Le même prince
érigea deux tribunaux dans la ville de Jérusalem ;
(1) 1 Rois, xxviii. y. 8.- m Rois. xxn. y. 10. jo. - Joseph.
Antiq. lib. vi. c. 20 et passim. Rase, et al.
(2) Jug. îv. y. 5.- 1. Rois. m. y. 20; iv. 1; vu. t. iî. et
suiv. et passim.
(j) Exod. xxiii. y. 3. et suiv.- Deut. xvi. y. 18. el suiv. -
xix. pass. xxtv. y. 16. et suiv. ; xxv. y. 1. et suiv. ; et
alib. passim. - E-éch. xliv. y. 24. - Prec. affir. 97. 8.
(4) 11 Rois. xv. y. 2. et suiv.
(5) Exod. xviii. y. 24. et suiv.
(6) Jos. xxiv. y. 1. — (7) 1. Paralip. xxm. et suiv.
4io
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
l'un, composé de prêtres et de lévites, jugeait des
matières de religion ; l'autre, formé de chefs de
familles, jugeait les causes en matière civile. Telles
furent, à ce que l'on croit, les cours de judicature
jusqu'au temps de la captivité ; époque où la cor-
ruption des juges et des rois les fit chasser les
uns et les autres. Josèphe et les thalmudistes ont
fait de longues dissertations sur ce sujet ; mais
comme leurs opinions sont tout à fait différentes,
on ne peut s'y arrêter. Après la captivité, un
même tribunal prenait connaissance de toutes les
causes tant au civil qu'au criminel. Celles même
delà religion y ressortissaient quand il était ques-
tion de sortilège, d'idolâtrie, de blasphème, de
sacrilège, etc. : aussi les prêtres et les lévites y
étaient-ils appelés. Après les magistrats, les pères
et les mères étaient revêtus de toute l'autorité ;
la loi voulait qu'on les honorât et qu'on leur
obéit, pour ainsi dire, aveuglément (i). Saint Paul
a remarqué, qu'à l'observation de ce commande-
ment a été attachée la première promesse de ré-
compense que Dieu ait faite à son peuple (2). Les
enfants étaient punis de mort, non seulement
pour avoir maudit ou frappé leurs parents (]),
mais pour avoir refusé de leur obéir. Dans ce
dernier cas, ceux-ci étaient autorisés à leur infli-
ger eux-mêmes toute sorte de châtiments, les
peines capitales seules exceptées. Si les correc-
tions étaient devenues inutiles, ils étaient auto-
risés à citer leurs enfants devant les tribunaux, et
sitôt qu'on avait la preuve du crime, le coupable
était condamné à la mort (4). C'est ici le lieu de
parler des différentes sortes de châtiments ordon-
nés par la loi de Moïse, et usités avant la cap-
tivité.
On comptait parmi les peines légères les amen-
des, par lesquelles on dédommageait le proprié-
taire du bien qui lui avait été dérobé ; et les
Juifs faisaient observer cette loi avec tant de sé-
vérité que, s'il se trouvait une seule pièce de bois,
une pierre volée dans la construction d'ure mai-
son, on renversait l'édifice, s'il n'y avait pas
d'autres moyens de les restituer au maître. Les
débiteurs insolvables subissaient le joug de l'es-
clavage, et le prix de la vente de l'individu était
consacré au dédommagement du créancier. La
loi primitive du talion était aussi dans toute sa
vigueur ; on avait grand soin de faire payer œil
pour œil, dent pour dent, etc. Le fouet était fré-
quemment une des punitions en usage chez eux,
mais le nombre des coups m devait pas excéder
celui de quarante ($), On y comptait aussi quatre
sortes de peines capitales. Les criminels étaient
ou lapidés, ou brûlés, ou décapités, ou enfin
étranglés (6). La lapidation était le genre de sup-
plice le plus ordinaire ; et quand la loi condam-
nait un coupable à mort, sans spécifier le genre
de supplice qu'il devait subir, c'était toujours
celui dont nous parlons qu'il subissait. On l'em-
ployait surtout contre l'inceste, la sodomie,
la bestialité, le blasphème, la violation du sabbat,
la magie, l'idolâtrie, la désobéissance envers les
parents, le dévouement d'une postérité à Moloch,
et plusieurs autres de la même espèce. Parmi les
crimes que nous venons de nommer, il y en a
quelques-uns qui faisaient suspendre à un gibet le
corps du coupable déjà lapidé. La plupart de ces
exécutions se faisaient hors de la ville ; et, pen-
dant le séjour des Israélites dans le désert, on
transportait toujours le criminel hors du camp,
pour lui faire subir la punition à laquelle il avait
été condamné. Dès qu'il avait fait l'aveu de sa
faute, les témoins imposaient les mains sur sa tête,
et criaient à haute voix: Que Ion sang soil sur toi!
Ils lançaient alors eux-mêmes les premières pier-
res, et tous les spectateurs, imitant leur exemple,
hâtaient le dernier moment de l'accusé (7). En
quelques circonstances le blasphémateur, l'ido-
lâtre, l'adultère, subissaient la mort sans aucune
forme de procès. On donnait à ces dernières exé-
cutions le titre spécieux de jugement de zélé,
auquel on se croyait autorisé par l'exemple de
Phinéès consacré dans le Deutéronome. C'est à
une réminiscence biblique de cette nature qu'est
due la loi du lynch, aux États-Unis.
Par la condamnation que prononça Juda con-
tre sa belle-tille, il paraît que le supplice du feu
était en usage avant Moïse (8). C'est sans le
moindre fondement que quelques interprètes ont
avancé qu'elle aurait seulement été marquée au
front d'un fer chaud, pour punition de son incon-
tinence. Les filles des prêtres reconnues coupables
de ce crime, étaient condamnées au feu par la
loi de Moïse (9) ; et Achan, accusé de sacrilège,
fut condamné à être lapidé et brûlé (10). On ne
trouve point dans l'Écriture d'autre exemple de
cette sorte de châtiment; cependant les Juifs
prétendent que quelques crimes encore, et surtout
un certain genre d'inceste, était expié par le
feu (n). Par ces mots, supplice du feu, on enten-
(1) Exod. xx. f. 1 2. - Dcut. v. y. 16. et alibi.
(2) Ephïs. VI. y. 2.
(?) Exod. xxi. y rç. 17. - Lcuit. xx. y. 0.
(4) Dcut. xxi. y. 18. et suiv.
(5) Ibid. xxv. y. ?.
(6) Lévtxxw. f 14 et Nomb. xv. y ?$.- m. Rois xxi.y. 1?.
(7) De ut. xvn. f. 7.
(8) Genès. xxxvm. y. 24.
(9} Lé vit. xxt. y. 9.
(10) Josue vu. y. 25.
(11) V. Mos. Kot^. in T- act. Sanhedr c. 1. - Goodwin's,
Mos. et Aar. lib. V. c. vu. §. ij.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
411
dait ou le bûcher sur lequel on laissait consumer
le corps du coupable, ou, selon les thalmudistes,
le plomb fondu qu'on lui faisait avaler comme
boisson.
Les docteurs juifs assurent que la décollation
était réservée aux meurtriers et aux habitants des
villes coupables d'idolâtrie. Rien ne nous apprend
que ce supplice ait été pratiqué, du moins judi-
ciairement, avant la captivité ; car il paraît qu'au-
cune procédure ne fut faite, ni quand Abimélech
fit décapiter ses soixante-dix frères (1), ni quand
les habitants de Samarie envoyèrent au nou-
veau roi d'Israël les soixante-dix tètes des fils
d'Achab (2). On trouve quelques exemples de
coupables frappés de mort par le glaive : Samuel
tua d'un coup d'épée le roi des Amalécites (3) ;
le messager qui porta la nouvelle de la mort de-
Saùl, perdit ainsi la vie par l'ordre de David (_|) ;
et par celui de Salomon, Adonias, Joab, Séméï,
furent mis à mort de la même manière : l'un d'eux
expira même sur les marches de l'autel (5).
L'Écriture n'entre dans aucun détail sur le sup-
plice de ceux qui étaient étranglés ; mais les
thalmudistes comptent parmi ceux à qui on
infligeait cette peine, les enfants qui frappaient
leur père, les ravisseurs, les prêtres rebelles aux
décisions de la cour, les faux prophètes, les
adultères et les séducteurs des filles des prêtres.
Pour faire subir le châtiment dont nous parlons
aux criminels, on les ensevelissait dans un tas
de fumier jusqu'aux genoux, et deux bourreaux,
après leur avoir passé un linge autour du cou, le
tordaient jusqu'à ce qu'ils fussent suffoqués. Le
jour même du supplice, on mettait le défunt dans
une sépulture isolée, où l'on enfermait avec lui
tous les instruments qui avaient servi à lui arra-
cher la vie, la politique voulant sans doute faire
perdre, s'il était possible, jusqu'au souvenir
des choses inanimées qui auraie. t pu rappe-
ler le scélérat à la mémoire de ses concitoyens (6).
De toutes les peines connues chez les Juifs, il
n'en était point de plus terrible que l'excommu-
nication. Il en était une, entre autres, qu'on
appelait nnNcw Schemallhah : elle répondait au
Maran-Atha dont parle saint Paul (7). Ces mots
signifient: Voici le Seigneur. Enoch passe pour être
l'inventeur de cette malédiction, et saint Jude lui
attribue ces paroles : Voici le Seigneur; il vient
avec ses sainls, ils sonl des millions ; il vient pour
prononcer le jugement (8). Ces mois, sans doute,
font allusion à quelque tradition reçue parmi les
Juifs : ceux-ci prétendent voir très clairement le
type de l'excommunication dans cette phrase de
Moïse : Celte âme étant retranchée d'Israël, lu
auras ôlé le mal du milieu de loi-même, et plus
clairement encore dans ces expressions du canti-
que de Déborah : Maudisse^ Mero^, a dit l'ange
de l'Eternel, maudisse\-en tous les habitants (9).
Sans s'arrêter à l'examen de toutes ces étymolo-
gies, qui sont pour le moins aussi subtiles que
solides, on peut passer à ui.e preuve plus certaine
de l'existence du genre de peine dont nous par-
lons : c'est l'excommunication formelle, consignée
dans Esdras et dans Néhémie (10).
On y voit qu'ils infligèrent ce châtiment à tous
ceux qui refusèrent de répudier les étrangères
qu'ils avaient épousées ; on y voit encore qu'ils
obligèrent le peuple, sous la foi du serment, à fuir
toute espèce de liaisons avec elles. Josèphe nous
fournit encore de nouvelles preuves qui viennent
à l'appui de celles-ci : il dit que l'on confisquait
au profit du trésor public, les biens des personnes
frappées de cet anathème (1 1). Après la captivité,
il est sûr que la peine d'excommunication avait
encore lieu ; car on lit qu'avant et après ce temps,
cette cérémonie se pratiquait conformément aux
lois de l'Eternel. Nous ignorons quelle espèce de
formule était employée dans ces occasions ; car
on ne peut guère s'en rapporter qu'à ce que
dit Buxtorf sur ce sujet (12), et il semble qu'il a
puisé ses opinions dans les ouvrages des thalmu-
distes; mais, si on l'en croit, les imprécations qu'il
rapporte sont telles, qu'on ne peut même les lire
sans frémir. Le psaume cvm paraît en avoir fourni
quelques-unes, maison y a ajouté des malédic-
tions horribles, qui ne portent pas moins sur
l'éternité que sur la vie présente. L'usage de
l'excommunication passa des Juifs aux chrétiens.
Saint Paul rapporte quelques-unesdesexpressions
dont on se servait dans la primitive église (13);
et le motif qu'il donne à ce châtiment [la mortifi-
cation de la chair, afin que V esprit puisse être sauvé
au jour du Seigneur), prouve du moins qu'alors les
chrétiens n'avaient pas l'intention de faire de ce
châtiment une punition éternelle.
(x) Jug. ix. f. 5.
(2) iv. Rois X. f. 7.
( j) 1. Rois xv. f. ?j.
(4) n. Rois 1. f. 15.
(5) in. Rois u. f. 2;. 50. et 40.
(6) Tract. Sanhedr. ubi sup.
(7) 1. Cor. xvi. f. 22.
(8) Ibid. v. #. 14.
(9) Jud. v. f. 2J.
(10) Esdr.x. f. 7. et suiv. Nèhcm. xm. f. 25.
(h) Antiq. lib. xi. c. <,.
(12) Buxtorf. Lex Talinud. p. J28.
(ij) 1. Cor. v. jh 5.
4'2
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
Lois contre le meurtre.
Quelle qu'ait été la punition du meurtrier avant
le déluge, il est sûr que, depuis, les lois voulu-
rent qu'il fût puni de mort (:); Dieu qui avait ce
crime en horreur, non seulement le défendit dans
le Décalogue (2), mais établit des hommes spécia-
lement chargés de punir le coupable, partout où
il se trouverait (3), dût-on môme l'arracher de
l'asile le plus sacré (4); il défendit encore très
expressément, et aux juges et aux garants du
sang, de se laisser gagner, en quelque occasion
que ce fût (5). Ces lois s'étendaient aux Israéli-
tes et aux étrangers qui habitaient parmi eux (6).
Voici les seules circonstances où l'homicide pou-
vait obtenir son pardon : c'était quand le garant
du sang rencontrait un meurtrier hors de l'en-
ceinte de la ville de refuge ; lorsque, pour défen-
dre sa propre vie, il avait fallu la ravir à un assas-
sin ; ou bien encore dans la circonstance où l'on
avait à protéger la vie d'un Israélite. On pouvait
encore priver de la vie un enfant qui mettait en
danger celle de sa mère ; mais jamais celle-ci ne
pouvait être sacrifiée à l'existence de son enfant.
Les Juifs avaient encore, comme nous l'avons
déjà indiqué plus haut, un droit sur la vie des hom-
mes; ils le nommaient le droit du ~cle : il leur
permettait de tuer sur le fait la personne sur-
prise commettant un crime énorme, comme en
blasphémant ou en dévouantsa postérité à Moloch.
C'est par une suite de ce droit, que les lévites
passèrent au fil de l'épée trois mille adorateurs du
veau d'or, et que Phinéès immola l'audacieux
Zambri et la Madianite Cozbi. On peut rappor-
ter ici les détails d'une institution judaïque, bien
propre à inspirer au peuple la plus grande hor-
reur pour le meurtre volontaire. Quand l'auteur
d'un assassinat était inconnu, les officiers du tri-
bunal le moins éloigné de la famille du mort,
ordonnaient aux anciens de la plus prochaine
ville, d'amener une jeune vache, qui n'eût jamais
porté le joug, dans une vallée qu'on leur dési-
gnait, et de l'y décapiter. Après cette cérémonie,
les citoyens les plus âgés se lavaient les mains
dans le sang de la génisse, et faisaient entendre
ces belles paroles : « Nos mains n'ont point ré-
pandu de sang, et nos yeux ne Vont point vu répan-
dre. Eternel ! sois propice à ton peuple, et ne lui
impute point l'effusion du sang de l'innocent (7). »
Cette cérémonie se faisait avec une solennité
pour le moins aussi propre à donner de l'horreur
pour le meurtre, que les lois dont nous venons de
parler, à faire craindre de s'en rendre coupable.
Ce n'est pas tout : ils avaient divers règlements
établis pour les détourner de tout ce qui peut
avoir quelque trait à la cruauté : par exemple, il
leur était défendu de faire bouillir un agneau ou
un chevreau dans le lait de sa mère, de prendre
un nid d'oiseaux, dans lequel la mère se trouve-
rait avec ses petits, et de muselerle bœuf au temps
de la récolte. Par ces points de discipline, la loi
avait voulu inspirer au peuple juif des sentiments
d'humanité, et le prémunir contre les inclinations
sanguinaires que lui eût infailliblement données
l'habitude de massacrer des nations entières.
Loi contre l'adultère; eaux de jalousie ; règlements
concernant le mariage et le veuvage.
11 est évident que, par ces mots : Tu ne com-
mettras point d'adultère [3], on a dû entendre toute
espèce de commerce illégitime ; car la bestialité,
la sodomie, le rapt et l'inceste étaient punis de
mort, comme l'adultère (9). Quoique la luxure en
elle-même ne fût pas regardée comme un crime
capital, elle n'en était pas moins sévèrement dé-
fendue par les lois (10). On lapidait la femme qui
s'était donnée pour vierge à un époux, quand il
était prouvé qu'elle l'avait trompé (11): mais
l'homme qui déshonorait une vierge, se mettait à
l'abri de toute espèce de punition, en lui donnant
cinquante sicles d'argent, et en l'épousant ; toute-
fois il est vrai qu'il avait perdu le droit de pouvoir
jamais la répudier (12). On punissait de mort
l'adultère, soit que les deux coupables fussent
liés parle serment du mariage, soit que la femme
fût seule engagée ; mais nous ne sommes pas
assurés que l'homme marié encourût la même
peine, quand il s'en était rendu coupaple avec une
personne libre. Alors, en effet, l'action devient
bien moins funeste pour la société ; d'ailleurs on
ne doit pas oublier que Moïse se crut obligé
d'employer la plus grande indulgence dans des
circonstances non moins graves, telles que le
divorce et la polygamie, si sévèrement condamnés
depuis par l'Évangile.
L'usage des eaux de jalousie fut établi par
Moïse, pour maintenir les femmes dans l'accom-
(1) Gcnès ix. y. 6.
{2) Exod. xx. y. 1 j ; xxi. y. 12.
xxiv. 17. et passim.
(?) Noinb. xxxv. y. 19.
(4) Exod. xxi. f. 4.
(5) Nonib. xxxv. y. ji. J2.
(b) Lcvit xxiv. f. 21.
Dcut. v. y. 17. - Lcvit.
(7) Deul. xxi. y. 1. et suiv.
(8) Exod. xx. y. 14. - Dcut. v. y. 18.
(9) Lcvit. xvm. pass. Ibid. xx. y. 10 et suiv.
xxii. y. 15.
(ioj Ibid. xxiil. f. 17. 18. - Lé vil. xxi. y. 7.
lit) Dcut. xxii. y. 20. ?i.
(12) Ibid. y. 28. 29.
Dcut.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
4»3
plissement de leurs devoirs envers leurs époux,
et détruire les injustes soupçons d'infidélité qu'ils
auraient pu concevoir contre elles. Voici les
détails de cette cérémonie (:).
Un époux soupçonnait-il la fidélité de sa
femme, il devait remettre entre les mains du
sacrificateur une offrande qui n'était autre chose
qu'un gâteau de farine d'orge : l'huile et l'encens
n'entraient pour rien dans cet acte de religion.
Le mari amenait avec lui son épouse, et faisait
le récit des circonstances qui avaient fait naître
ses doutes. Le prêtre conduisait ensuite l'accusée
devant l'Éternel, soit au Tabernacle, soit dans le
temple, lui découvrait la tête, déposait l'of-
frande entre ses mains, prenait de l'eau sainte, à
laquelle le mélange de quelques plantes avait
communiqué de l'amertume, et, après y avoir
avoir introduit quelques grains de la poussière
qui couvrait le pavé, il prononçait sur ce breuvage
une formule de malédiction, qui disait en subs-
tance, que si la femme avait souillé la couche de
son mari, ces eaux lui enflassent le ventre, et lui
fissent tomber la cuisse. On avait soin de la pré-
venir que, si elle était innocente, elle n'éprouve-
rait aucun mal. Après cet avertissement, si elle
persistait dans le dessein de s'exposer à l'épreuve,
en répondant Amen, on effaçait avec l'eau amère
les paroles de la malédiction, qui étaient tracées,
disent les Juifs, avec de l'encre sans vitriol ; puis
le prêtre lui présentait la coupe d'une main,
en prenant de l'autre le gâteau de jalousie,
qu'il faisait tourner dans sa main, et dont il brû-
lait une partie sur l'autel. Si la femme était cou-
pable, à peine l'eau de jalousie était-elle avalée,
que son ventre s'enflait jusqu'à forcer la peau de
de s'entr'ouvrir : était-elle innocenter non seule-
ment elle n'éprouvait aucune douleur, mais ce
breuvage affermissait sa santé, la rendait plus
féconde ; et l'épreuve, en un mot, imposait au
mari l'obligation de redoubler d'égards envers
une épouse d'une chasteté si authentiquement
avérée. Nous venons d'analyser succinctement
tout ce qu'a dit Moïse sur ce sujet. Les thamul-
distes y ont ajouté diverses autres circonstances
dont nous n'oserions garantir la vérité, non seule-
ment parce que, de leur propre aveu, l'usage des
eaux de jalousie était aboli plusieurs siècles avant
eux, ce qui peut-être n'avait pas peu contribué à
rendre l'adultère plus fréquent de leurs temps,
mais aussi parce que ni les livres apocryphes, ni
aucun autre ouvrage, ne fait mention des additions
dont ils parlent; de là, notre incrédulité à cet
égard. Les Juifs prétendent que les eaux de
jalousie ne produisaient aucun effet sur la femme
la plus coupable, quand le mari s'était mis secrè-
tement dans le cas de mériter les mêmes repro-
ches (;). Ils affirment aussi que le complice, quel-
que éloigné qu'il fût du lieu où se passait l'épreuve,
en recevait dans son corps le contre-coup au point
d'en mourir. Que cette opinion soit vraie ou
fausse, elle n'en est pas moins curieuse, en ce
qu'elle atteste déjà la croyance aux phénomènes
désignés aujourd'hui sous le nom de télépathie.
Nous ne savons si les Israélites avaient emprunté
cette coutume aux Égyptiens ou à quelque autre
nation ; il est certain seulement que ces sortes
d'épreuves devinrent par la suite fort à la mode
chez presque tous les peuples, qu'ils les employè-
rent, ou pour détruire ou pour confirmer les dou-
tes qu'on pouvait avoir sur l'incontinence des
femmes, et aussi dans tous les cas où les soupçons
d'un crime, quelconque ne paraissaient pas abso-
lument dénués de vraisemblance.
C'est à Moïse que l'on doit la plupart des lois
contre l'adultère. Avant ce législateur, les Israé-
lites avaient la liberté de contracter des mariages
entre parents, et cela, pour prévenir les alliances
qu'ils auraient pu faire avec les nations idolâtres
répandues au milieu d'eux. L'exemple d'Abraham,
qui choisit dans sa famille une épouse à Isaac(j),
fut suivi par sa postérité (4) ; mais Moïse abolit
cet usage, parce que, de son temps, le nombre des
enfants de Dieu s'étant prodigieusement accru,
ils pouvaient trouver parmi eux des femmes
israélites dans des familles étrangères aux leurs.
L'inceste était puni de mort. L'on regardait
comme incestueux, le mariage de l'enfant avec le
père ou la mère, le beau-père ou la belle-mère, le
frère ou la sœur de son père ou de sa mère, le
petit-fils ou la petite fille, l'oncle ou la tante, les
deux frères ou les deux sœurs du côté maternel
seulement, parce que, selon les Juifs, la mère
ayant plus de part encore que le père à la géné-
ration, la liaison du sang est plus intime du côté
maternel que de l'autre (Ç). C'était encore un in-
ceste que de se marier avec un beau-frère ou une
belle-sœur, l'époux ou l'épouse d'un oncle ou
d'une tante, enfin avec le père ou le fiis, ou la
mère et \a fille, soit qu'elles vécussent encore
l'une et l'autre, soit après la mort de l'une des
deux (6). Quant aux autres lois relatives au ma-
riage, elles ont toutes été calquées sur la conduite
qu'avaient tenue les patriarches : on peut en citer
pour preuve la défense que fit Moïse de déshériter
(1) Nombr. v. f. 24 et sulv,
(2) Scld. de Syncdr. et Uxor. Hœbr. Buxlorf. Muns'. in
Num. Basnag. Rcp. Hœbr. lib. 1. c. 12. Calmct. art.
Adult. et al. inult. pest Rab.
(?) Genis. xiv et suiv.
(4) Ibid. xxvi. f. J4, 55 ; xxvm. f. 1 cl alib.
(5) Philo de Spcc. Leg. Clem. Alex. Slrcm. 11.
(6) Lévit. xviii. f. 6 et suiv.
AH
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
l'aîné de ses enfants, par faiblesse pour une se-
conde femme, dont on aurait eu d'autres enfants,
et jamais il n'était permis de ravir l'hérédité au
premier-né pour en favoriser les enfants d'une
mère plus chérie (i) : telle avait été la conduite
d'Abraham, lorsqu'instituant Isaac son héritier, il
assigna une dot rarticulière à chacun de ses autres
fils (2). On ne trouve d'autre différence entre le
conduite d'Abraham et la règle établie par Moïse
à cet égard, si ce n'est que celui-ci accorda une
double portion à l'aîné (}). L'exemple du même
patriarche autorisait un homme à avoir deux
femmes ; et Moïse veut que le mari qui en épou-
serait une seconde, lût obligé de continuer à
pourvoir au besoin de la première, à la nourrir, à
l'habiller, et à s'acquitter envers elle des devoirs
du mariage (4). Laban avait exigé les mêmes con-
ditions de la part de Jacob, lorsqu'il consentit au
mariage de celui-ci avec Rachel (5).
Nous avons à parler ici d'une loi particulière
concernant le veuvage. Elle obligeait un homme
dont le frère était mort sans postérité, à épouser
sa veuve (6). Du temps même de Juda, on avait
vu pratiquer cette coutume (7) ; mais Moïse n'en
fit pas un précepte. Si le beau-frère refusait de
s'y soumettre, la veuve le citait au tribunal des
anciens, et là, s'il persistait dans son refus, elle
lui détachait un de ses souliers, et, lui crachant
au visage, l'injuriait par ces paroles : Ainsi sera
fait à V homme qui n'édifiera point la femme de son
frère. Et il restait à cet homme le sobriquet
de déchaussé qu'il portait toute sa vie.
Les Juifs étaient obligés de payer la virginité
de la fille qu'ils épousaient (8). Abraham combla
de présents celle qu'il destinait à son fils (9). Jacob
n'obtint ses deux femmes qu'au prix d'une ser-
vitude de quatorze années; et quand Hémor
vint demander en mariage la fille de ce même
patriarche pour son fils Sichem, il le laissa maître
de régler le prix ou mohar (10). Lorsque David
avoua que sa fortune ne lui permettait pas de payer
un mohai proportionné au mérite et à la naissance
de la fille de Saiil, celui-ci l'en tint quitte pour
cent prépuces de Philistins. Le prophète Osée
n'acheta-t-i! pas une femme pour quinze pièces
d'argent et quelques mesures d'orge (11)? Les
rabbins disent que le père de la prétendue était
aussi dans l'usage de lui faire quelques présents,
de lui donner un trousseau et une somme d'ar-
gent qui, d'ordinaire, n'excédait pas la valeur
d'environ une trentaine de francs. Nous avons
trouvé dans les mêmes sources, des détails sur la
manière dont se contractaient les mariages. Les
deux familles se réunissaient ; et aussitôt que l'on
était d'accord sur les conditions, il était permis à
l'époux de voir la femme qui lui était destinée.
Un certain nombre de témoins assistaient au
contrat, et la nouvelle mariée demeurait encore
quelque temps dans la maison paternelle, même
après la consommation du mariage ; ensuite
on choisissait une nuit pour la mènera la demeure
de son époux. Cette dernière cérémonie, à
laquelle sans doute fait allusion la parabole des
dix Vierges (12), étaient accompagnée de cris de
joie et du bruit de divers instruments de musique.
Souvent les Juifs avaient l'habitude d'enchaîner
leurs enfants, très jeunes encore, par les liens du
mariage : c'est ce qu'ils appelaient proprement
épouser. Les jeunes époux habitaient la maison
paternelle jusqu'à ce qu'ils eussent atteint l'âge
de ratifier, en se réunissant, l'engagement qu'on
leur avait fait contracter. Que les filles fussent
épousées ou non, on avait grand soin de les tenir
éloignées de la société des hommes. C'est à
l'aventure de Dina, à ce qu'il nous semble, qu'il
faut attribuer l'origine de cette coutume en usage
chez les Israélites, plutôt qu'à l'exemple de leurs
voisins ; il parait, en effet, que ceux-ci remet-
taient sans scrupule à leurs filles le soin de mener
paître leurs troupeaux : on peut en citer pour
exemple l'histoire de la sœur et des filles de
Laban, de même que celle des filles de Jéthro (13).
Cette précaution de soustraire les filles aux
regards des hommes, avait acquis aux premières
le surnom d'Almah, cachée. Nous avons déjà parlé
d'une loi particulière aux héritières ou filles uni-
ques, et qui n'assujettissait en aucune manière les
autres femmes, la défense expresse de prendre
d'époux h rs de leur propre tribu (u).Les hom-
mes, au contraire, avaient la liberté de se choisir
une compagne dans l'une des douze tribus indis-
tinctement, ou même chez un autre peuple,
pourvu qu'il fût du nombre de ceux qui se sou-
mettaient à la circoncision, tels que les Madiani-
tes, les Ismaélites, les lduméens, les Moabites et
les Égyptiens. Israël trouva cette loi dans les
paroles des fils de Jacob aux Sichémites : « Il ne
nous est point permis de donner notre sœur à un
(1) Deut. xxi. jK 15. et suiv.
(3) Gencs. xxv. y. 5, 6.
()) Deut. xxi. y. 17.
(4) Exod. xxi. f. 10.
15) Gen. xxxi. y. 50.
(6) Deut. xxv. f ç et suiv.
(7; Gen. xxxviii. y. û et suiv.
(B) Maini. in Iskolh. c. j. S. t-
(9) Gen. xxiv. pass.
(10) Ibid. xxxiv. f. 12 et suiv.
(11) 1 Rois, xviii. - Osée, m. y. 2.
(12) Matlk. xxv. f. 1 et suiv.
(ij) Gen. xxiv. y. 25 et suiv.; xxix. y. 9.- Exod. li.y. 6.
(14) Nomb. xxxvi. pass,
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
4''.
incirconcis (i) ». Ce n'était que dans un seul cas
qu'il était libre à un Juif d'entretenir quelque
commerce avec une femme païenne. S'il arrivait
qu'un soldat hébreux en fit une prisonnière, alors
il pouvait coucher une fois avec elle avant de
l'épouser (2); si elle ne lui avait pas plu, il était
maître de la renvoyer, toutefois après lui avoir
accordé sa liberté, que l'on regardait comme une
récompense de l'intime familiarité qu'il avait eue
avec elle. Une servante, quoique convertie au
judaïsme, ne pouvait se marier pendant son escla-
vage ; mais le paiement de sa rançon levait sur le
champ cet obstacle (3). Une preuve que le ma-
riage d'une femme, encore assujettie à l'esclavage,
n'avait pas le même degré de validité que si elle
eût été entièrement libre, c'est que, pour être
surprise dans l'adultère, elle n'était point punie de
mort, mais seulement fustigée (4).
Moïse n'a prescrit aucune règle pour la célé-
bration des mariages ; on trouve seulement épars
dans quelques endroits de l'Écriture, des détails
sur cette cérémonie ; le reste est consigné dans
les écrits des rabbins. Nous n'avons vu nulle part,
que l'on employât en cette occasion aucun rite
religieux ; par exemple, que l'on se rendît au
Tabernacle ou au temple, que l'on offrît des sa-
crifices, ni môme que l'on eût besoin du ministère
d'un prêtie. Quand Isaac épousa Rébecca ; Booz,
Ruth ; Tobie, Sara, les parents et les amis réunis
firent des vœux pour la prospérité de la nouvelle
union. Une semaine entière était consacrée à
donner des festins et à procurer différentes sortes
de divertissements : les noces de Samson durèrent
sept jours (5); et le beau-père de Tobie voulut
que celles de son gendre se prolongeassent jus-
qu'à quinze (6) ; sans doute parce qu'il prévoyait
qu'ils ne se reverraient plus. On peut se faire une
idée de la magnificence de ces fêtes, par la belle
comparaison, qu'a faite le Psalmiste, du soleil avec
un époux qui sort de la chambre nuptiale (7). Le
même prophète emploie ailleurs les expressions
les plus élégantes pour décrire les ornements
d'une épouse, et les particularités d'une semblable
fête (8). Dans le même psaume et dans le Can-
tique des Cantiques, il parle du paranymphe et
des compagnes de l'épouse. Il y avait encore un
certain nombre d'amis ou de parents qui restaient
avec les mariés jusqu'à la clôture de la fête : aux
noces de Samson, on en compta jusqu'à trente
de cette espèce (9). Il ne faut pourtant pas croire
que les hommes et les femmes se trouvassent
réunis dans les mêmes appartements : jamais
une telle familiarité ne fut permise chez les
peuples de l'Orient. L'occupation des femmes
était de chanter, de danser, ou de jouer de
quelques instruments de musique : les hommes
de leur côté, s'amusaient sans doute à des exer-
cices plus sérieux, et, dans les moments de
repos, ils se proposaient mutuellement des énig-
mes ; on accordait une récompense à ceux qui
avaient le talent de les deviner avec le plus
de promptitude et de précision : tels sont les dif-
férents plaisirs que l'on goûta aux noces de Sam-
son (10). Les thalmudistes ajoutent qu'ils étaient
de même en usage à tous les mariages (1 1) : selon
eux encore, l'époux et l'épouse avaient la tète
ornée d'une couronne pendant tout le temps de la
solennité, et ce ne fut qu'après la destruction du
second temple que cette coutume fut abolie (12).
La mère de Salomon présenta à ce prince une
couronne nuptiale ; mais on ne voit nulle part
qu'une pareille décoration couvrit les cheveux de
son épouse. D'après les rabbins, les Juifs auraient
eu autrefois trois manières de se fiancer à une
femme : i° par contrat écrit: 20 par consente-
ment verbal avec tradition d'une pièce de mon-
naie; j° par un commerce charnel. Cette dernière
méthode, par trop primitive, fut abolie très an-
ciennement à cause des désordres qui en résul-
taient. Mais la cérémonie principale était l'intro-
duction de l'époux dans la chambre nuptiale, bien
que le mariage pût n'être pas consommé à cause
des impuretés légales.
La pluralité des femmes n'était point une
charge pour les Juifs, qui vivaient en général avec
la plus grande frugalité, et qui n'affichaient dans
leurs maisons aucune espèce de luxe. Tandis
qu'ils vaquaient aux laborieuses occupations du
dehors (13), leurs femmes prenaient soin de tous
les détails domestiques ; elles élevaient leurs
enfants, apprêtaient les mets, et filaient. Quand
un époux voulait se séparer de sa femme, il re-
courait à la loi du divorce. On ne voit pas cepen-
dant qu'aucun patriarche l'ait mise en usage.
Voici les expressions de l'Écriture, qui ont au-
torisé les Juifs à rejeter de leurs maisons la
(i) Gen. xxxiv. f. 14.
(2) Deut. xxi. Ï. io et suiv.
(}) SeU. Jus Nat. et Gent. lib. v. c. 1;,
c. 8. - Cartton's Concord. part. !, c. 7.
(4) Lèvit. xix. f. 20.
(5) Jug. xiv. v. 17,
(6) To'-i. vin. f. 19, 20.
(7j Psa'm, xviii. f. 6.
(8) Psalm. xliv. et Isai. xli. p. 10.
(9) Jug. xiv. f. n.
Joseph, lib. iv. (10) Ibid. pass.
in) Pirké Aboth.
(12) Ibid. et SeLd. Vx . Hccbr. Lib. 11. c
Srnag. et al.
(15) 1. Rois. 11. f. 19. - 11. Rois, vin f. 1;
y. ij. et suiv. et passim.
i<. Buxtorf.
- Prou, xxxi,
4l6
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
femme dont ils croyaient avoir à se plaindre (i) :
Celui qui aura pris une femme en mariage, laquelle
n'aura point trouvé grâce devant ses yeux, parce
qu'il aura remarqué quelque chose de repréhensible
en elle, lui écrira une lettre de divorce, et la ren-
verra hors de sa maison : quand elle en sera
sortie...... elle pourra se marier à un autre mari, et
si son second mari la prend en haine, et lui adresse
une lettre de divorce.... ou s'il vient à mourir
elle ne pourra repasser à son premier mari. On
présume que la principale raison que l'on pouvait
alléguer pour être autorisé à renvoyer ainsi sa
femme, était prise dans un défaut naturel, ou
même un accident qui inspirait du dégoût au
mari. Jésus Christ désapprouva cette loi du di-
vorce, soit parce que l'on en usait trop fréquem-
ment, et qu'on se le permettait dans les plus
légères circonstances (2), soit parce qu'aux yeux
de Dieu le divorce n'est légitime que dans le cas
d'infidélité. Les Juifs, donnant à cette loi un sens
plus étendu que celui dont elle était susceptible,
employaient la formule suivante, quand ils répu-
diaient leurs femmes. La date étant rci.plie:
« Moi », disait le mari, « qui en ai le droit, de ma
pleine et libre volonté, je te répudie, t'éloigne
de moi, et te remets en liberté ; te permettant
d'aller désormais partout où il te plaira, et d'é-
pouser qui bon te semblera. Cette lettre est ma
lettre de divorce que je t'adresse, conformément
à la loi de Moïse et d'Israël. » Cet écrit devait
être signé de deux témoins, et remisa son adresse,
en présence de deux autres (3). Dès ce moment,
l'épouse répudiée jouissait d'autant de liberté
que si elle eût été veuve. L'une et l'autre cir-
constance l'obligeaient également, selon les rab-
bins, à laisser écouler un espace de quatre-vingt-
dix jours, avant de convoler à de secondes noces,
pour s'assurer qu'elle n'était point enceinte.
Des lois contre le vol.
Par ces mots du Décalogue : Tu ne déroberas
point (4), les Juifs entendaient seulement qu'il
leur était défendu de ravir aucune personne ;
et dans ceux-ci, lu ne covvoileras point, ils
croyaient trouver la défense de s'approprier
ou d'usurper, soit en fraude, soit de force, les
biens et les droits d'autrui. Nous traiterons ces
deux sujets dans un même article.
D'après le code de Moïse, on n'appelait vol
capital, que l'action de dérober des hommes.
Que le ravisseur eût déjà vendu sa proie, ou qu'elle
se trouvât encore entre ses mains, il était puni
de mort (5). Quand il n'était question que d'un
vol d'effets, on condamnait seulement le voleur
à la restitution, et à une amende proportionnée
à la valeur du larcin. Si un voleur était surpris
pendant la nuit dans une maison, il était permis
de le tuer; si c'était le jour, le propriétaire n'avait
plus le même droit (6). Celui qui dérobait un
bœuf en restituait cinq ; pour une brebis ou une
chèvre on en restituait quatre (7) ; et si l'objet
était encore vivant, et entre les mains du voleur,
il en était quitte pour restituer le double (8). Quand
le voleur n'avait pas en sa possession de quoi
dédommager, conformément à l'esprit de la loi,
celui qu'il avait volé, il était permis à l'offensé,
pourvu toutefois qu'on le comptât au nombre des
Israélites, de vendre le coupable à un autre Israé-
lite : ce privilège ne s'étendait point aux prosélytes.
Le ravisseur avait-il femme et enfants, l'offensé
pouvait ou les vendre ou les retenir en esclavage ;
et les Juifs en ont usé de cette manière envers
leurs débiteurs, quoique Moïse paraisse n'avoir
autorisé cette servitude qu'en cas de vol. L'inter-
prétation qu'ils ont donnée à ce passage, peut être
justifiée par les paroles du prophète Elisée (9),
adressée à la veuve, et par la parabole rapportée
dans l'Évangile, où le créancier ordonne que
la femme et les enfants de son débiteur soient
vendus avec lui (10). Dès que, par letemps de leur
servitude, ils avaient dédommagé leur maître de
la perte qu'ils lui avaient causée, la liberté leur
était rendue (1 ij. Si le voleur était célibataire, et
prenait une femme pendant son esclavage, les
enfants qui naissaient de cette union appartenaient
de droit au maître. De cette loi naquit un usage
abominable : il arrivait quelquefois que l'on per-
mettait à un esclave déjà marié d'avoir commerce
avec d'autres femmes que la sienne, parce que le
nombre des enfants qu'il en avait était compté
en diminution sur l'espace de temps qu'il aurait dû
passer en esclavage ; cependant sa femme légitime
n'en restait pas moins en possession de tous ses
droits, dont elle pouvait se départir autant de fois
et comme bon lui semblait. Le larcin était-il
d'une très petite valeur, la loi, très indulgente
alors, ne voulait point qu'on regardât le voleur
(1) Deut. xxiv. jh 1. et suiu.
(2) Joseph. Antiq. lib. iv, c. 8 et Lib. de Vtta Sua ad fin.
et Phit. de spécial. Legib. prsec. 6 et 8.
(j) Mos. Ko!- fol. rjji et Mos . JE?rpt. part, il,
fol. 59. - Scld. Buxiorf et Coodw. ubi sup.
^4) Exod. xx. y. 15.
(S) Exod. xxi. y. 16,
(6) Ibid. xxh. JK 2.
(7) Ibid, verset 1.
(8) ibid. v. f. 4.
(9) îv. Rois. iv. y. 1.
(10) Matlh. xviii. y. 25.
(11) Lèvit. xxi. }■. J.
SUR L'ORGANISATION DELA NATION JUIVE
417
comme infâme ; elle se trouvait en cela conforme
à ce passage de Salomon : « On ne doit pas
mépriser un voleur qui n'a dérobé que pour apaiser
sa faim. S'il est surpris pendant l'action, il en sera
quitte pour rendre une valeur septfoisplus grande
que celle du vol (1). » Cependant Moïse, loin
d'approuver de pareils larcins, avait voulu que le
pauvre, pour se tirer de la misère extrême, se ven-
dit à un maître pour un certain nombre d'années ;
par exemple jusqu'au temps du Jubilé (2). Un
malheureux de cette espèce pouvait môme aliéner
la liberté de sa fille non mariée, à la condition
cependant, ou qu'elle pouvait être rachetée par
l'homme qui se présenterait pour l'épouser, ou
même par l'acquéreur quelconque qui en offrirait
le plus (3). N'avait-on que de simples soupçons
sur un voleur, celui qui l'accusait pouvait le citer
au tribunal avec les complices qu'il lui suppo-
sait, et le serment alors les absolvait tous ; mais
si, par la suite, ils étaient convaincus de parjure,
on les condamnait sur le champ à la mort, non
comme voleurs, mais pour s'être parjurés. La
même loi s'étendait aussi aux receleurs; du moins
c'est le sens que les Juifs attachaient à ces
paroles : Ils seront chargés de leur iniquité (4). On
portait ces sortes de procès devant les juges
du lieu où l'action avait été commise ; et ceux-ci
fixaient les amendes, où désignaient les châti-
ments suivant la nature du délit. Si le voleur
s'accusait lui-même et restituait le vol, il n'était
plus sujet à aucune punition, parce que, disent
les Juifs, il s'était condamné lui-même (5). Moïse
prescrivit aussi des lois concernant les dépôts et
les effets engagés, tels que les bestiaux, les meu-
bles, les habits, au cas qu'ils fussent perdus ou
endommagés (6). La personne offensée, ou son
héritier direct, avait seul droit à la satisfaction
qui devait être faite ; et si la première mourait
sans laisser d'héritier, son droit était substitué
aux prêtres. Moïse défendit, non seulement les
faux poids et les fausses mesures (7), mais aussi
toutes les fraudes que l'on peut employer, soit
dans le commerce, soit dans les traités particu-
liers (8) ; même s'il était prouvé que, dans un
marché que l'on avait fait, le prix excédât d'un
sixième la valeur intrinsèque de l'objet acquis, le
vendeur pouvait obliger l'acheteur à la restitution
du surplus. Un Israélite ne pouvait se permettre
la plus légère usure envers un autre des enfants
de Dieu, que ce fût en argent, en grain ou en
bétail ; mais la seule peine de l'usurier se bornait
à la restitution de ce qu'il avaitinjustementacquis-
Les Israélites étaient tenus, selon la loi, à assister
ceux de leurs frères tombés dans l'indigence, et
n'avaient d'autre avantage à espérer de leur cha-
rité, que la bénédiction de Dieu qui leur était
promise (9). La loi qui défendait l'usure n'était
presque point observée envers les étrangers (10),
c'est-à-d're les gentils: cependant il n'était pas
permis d'user de vexations à leur égard. Dieu
voulait même que, dans ces circonstances, ils par-
tageassentles avantages de la veuve et de l'orphe-
lin, dont il se déclarait le protecteur immédiat,
menaçant ceux en général qui manqueraient aux
devoirs de l'humanité et de l'hospitalité (1 1). Il
défendait encore d'opprimer les serviteurs et les
ouvriers, de retenir leur salaire, ne fût-ce que
l'espace d'une nuit ( 1 2), de leur refuser les aliments
et le repos nécessaires (1 3), d'écarter un aveugle
de la voie qu'il voulait suivre, de disperser le
bétail de son voisin, de reculer les bornes de sa
propriétéauxdépens de celle d'autrui(i4)de creu-
ser une fosse sans la couvrir (1^) : ceux qui se
rendaient coupables de cessortesde crimes subis-
saient des châtiments dans ce monde, et s'ils
échappaient à la justice humaine, ils encouraient
le malheur des plus terribles malédictions. Nous
ne devons pas oublier non plus, que les Israélites
ne pouvaient recevoir certains gages de la part
des plus pauvres d'entre eux ; ils ne pouvaient
accepter les effets les plus indispensables aux
besoins de la vie, tels que leurs vêtements, les
draps de leurs lits, et autres objets semblables.
Des /aux témoins.
Tu ne rendras point de faux témoignage contre
ton prochain (16). Ces expressions du décalogue
sont le fondement des lois dont nous parlons ;
mais il faut observer que le Verbe njy 'ânâh que
les traducteurs ont rendu par dire, signifie propre-
ment répondre dans un interrogatoire. Les juges
étaient tenus de motiver leurs jugements dans les
causes capitales, d'après la déposition de deux ou
(1) Proverb. vi. f. 50, ji„
(2) Lévil. xxv. f. 19.
(?) Exod. xxi. f. 7 et suiv.
(4) Lévil. v. '$. 1.
(5) Maïm. Tract. Genoubah. lib. 1. ex Exod. xxii. f. 9.
(6) Exod. xxii. f. 5 et suiv.
(7) Doit. xxv. j). 1 j et suiv.
(8) Lévit. xix. jt, 11; xxv. p. 15. et alib.
(9) Exod. xxii. jr. 25 et suiv. - Lévit. xxv. jj\ ;6 et suiv.
Dcut. xxui. f. 19.
(10) Ibid. f. 20.
in) Exod. xxi. j!'. 20; xxiii. f. 2. - Lévit. xix. p. jj et
alib. passim.
(12) Lévit. xix. f. iç. - Deut. xxiv. p. 14, 16.
(ij) Ibid. y. p. 14; xxv. p. 4.
(14) Lévit. xix. f, 14. - Deut. xix. f. 14; xxvn. f. 17 et
alib. passim.
(15) Exod. xxi. jK j j.
(10) Exod. xx. ,v. 16 ; xxiii. f. 2. - Deut. v. je. 20.
S. B.
T. XII,
COUP D*ŒIL RÉTROSPECTIF
trois témoins ; car celle d'un seul était toujours
insuffisante (i). Pour mettre donc, autant qu'il
était possible, un frein à la malice des méchants,
la loi voulait que le faux témoin subit la peine que
l'on aurait infligée à l'innocent si la religion du
juge eût été surprise (2) ; et cette peine allait
toujours jusqu'à la mort, quand le faux témoin
s'était parjuré. Les juges devaient apporter la
plus grande attention à l'examen des témoins (?),
pour prévenir tout jugement injuste. Les thalmu-
distes ont réuni les diverses lois éparses dans les
livres de Moïse, concernant les devoirs des juges;
ils y ont ajouté des commentaires judicieux que le
lecteur peut consulter dans les livres spéciaux qui
traitent de ce sujet (4).
Lois qui défendaient de convoiter le bien dy autrui.
Le type de celte loi est renfermé dans ce pré-
cepte, le dixième du décalogue: Tu ne convoiteras
point la maison de ton prochain (5); elle est en même
temps, selon les docteurs juifs, le fondement de
toutes cellesde la seconde table, et de nature à ne
pouvoir être observée strictement, sans entraîner
après elle l'observation de toutes les autres.
Nous ignorons si l'on donnait à ce précepte le
sens rigoureux que l'Évangile y attache, ou si
l'on ne doit le regarder que comme la défense de
se procurer injustement une possession. Les thal-
mudistes prétendent que cette loi étend sa force
jusqu'à la condamnation du désir quand on s'y
complaît (6).
Des aliments, des habits, des actions de planter et
de semer, de la décence, de la propreté, des
maladies qui excluaient les hommes de la société.
Le sang est le premier aliment défendu aux
Juifs, puisque cette défense remonte jusqu'au
temps du déluge (7). Selon l'opinion générale,
au moment où Noé et ses enfants sortirent de
l'arche, Dieu leur permit de se nourrir de la
chair de toutes sortes d'animaux ; mais il leur
interdit en même temps, sous les peines les plus
sévères, le sang, même la chair où le sang se
trouverait mêlée, c'est-à-dire, celle de tout ani-
mal étranglé, ou qui aurait reçu la mort autre-
ment que par l'effusion de son sang. Moïse
réitéra le même commandement en plusieurs
endroits; il devait être observé sous peine de
mort, et il n'était point particulier aux Israélites,
car les étrangers qui demeuraient parmi eux
étaient aussi tenus de s'y conformer (8). Dieu
sembla même regarder d'un œil égal, et la viola-
tion de cette loi, et le dévouement d'une posté-
rité à Moloch : cette menace de mettre sa face
contre les Iransgresseurs, est commune aux coupa-
bles de l'un et de l'autre de ces deux crimes, et
paraît ne devoir être employée que dans ces deux
circonstances seulement. Le sang, ou, ce qui est
la même chose, la vie de la victime, étant destiné
à l'expiation du péché (9), servait à purifier le
Tabernacle et tous les objets consacrés au culte;
par lui était ratifiée l'alliance entre Dieu et son
peuple, et sans lui, point de rémission à espé-
îer (10). L'Apôtre applique ces différents passages
à la mort de Jésus-Christ (11).
Non seulement les Israélites devaient s'abste-
r.ir de sang, mais aussi de la chair d'un grand
nombre d'animaux, parmi lesquels se trouvent des
oiseaux, des poissons et des reptiles, que cette
prohibition a fait réputer animaux impurs. Cepen-
dant il n'est guère vraisemblable que la distinc-
tion établie entre les animaux purs et les ani-
maux impurs ait tiré son origine de la loi de
Moïse, puisque cet historien en fait mention en
parlant du déluge (12); autrement il faudrait sup-
poser qu'il en a parlé par anticipation, ce qui est
dénué de toute espèce de probabilité. Nous ne
croyons pas qu'il soit nécessaire de faire une lon-
gue énumération de tous les animaux dont il était
défendu aux Israélites de se nourrir. Nous avons
donné dans le texte tous les détails que le sujet
comporte. Nous nous contenterons d'indiquer
seulement les différentes marques désignées par
Moïse, pour distinguer les animaux purs des ani-
maux impurs (n). Dans la première classe sont
tous ceux qui ruminent, et dont le pied est four-
chu ; mais ceux qui ne réunissent pas ces deux
qualités, comme le pourceau qui a le pied four-
chu, mais qui ne rumine pas, le chameau, le lapin
et le lièvre qui ruminent, et dont le pied est divisé
en plusieurs parties, formaient la classe des ani-
maux impurs. Tous les oiseaux de proie, l'aigle,
le vautour, etc., et les quadrupèdes volants, tels
que la chauve-souris, etc., appartenaient à la
dernière classe. On permettait l'usage des pois-
sons pourvus en même temps de nageoires et
(1) Deuter. xvu. y. 6.
(2) Deut. xix. f. 1;, 16 et suiv.
(j) Conformément à un passage de l'Exode, les Juifs
ne recevaient le témoignage ni des mineurs, ni de ceux
qui s'étaient rendus coupables d'un crime qui leur avait
mérité le châtiment du fouet, ni des usuriers, ni môme
des voleurs qui avaient restitué le vol.
(4) Tract. Sanhcdr. Maim.in emnd. Prœc.Mg.194 e' 218.
(<) Excd. xx. f. 17. - Dcut. v. f. 21.
(6) Prxc. ncg. 158.
(7) Gencs. îx. y. 4 et suiv.
(8) Léuit. xvu. p. 10 et suiv. - Dcut. xu. y. 2; et suiv-
(9) Liv'd. loc. cit. jh 11.
(10) Hebr. ix. y. 22 et alibi.
(11 ) Ibid. y. ij et suiv.
(12) Gcn. vu. y. 2.
(1 j) Lèvil. xi. y. 1 et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
419
d'écaillés ; ceux qui étaient privés de ces deux
avantages, étaient défendus. On comptait au nom-
bre des animaux purs les insectes ailés; ceux qui
rampent sur la poussière étaient rejetés. Il y avait
encore une exception parmi les animaux purs,
car on pouvait en manger la chair, mais non la
graisse. Ce n'est pas que cette substance fût répu-
tée impure, ni que le législateur eût pour motif,
comme le prétendent quelques auteurs, d'inter-
dire aux Israélites une nourriture difficile à digé-
rer, car la vie active et laborieuse de ces peuples
contribuait assez à fortifier leur tempéramment ;
mais parce que la graisse était réputée appartenir
à Dieu, et qu'on la faisait brûler sur son autel ( 1 ).
Il paraît toutefois que la prohibition de la graisse
ne concernait que la graisse des bœufs, des mou-
tons et des boucs. Encore est-il douteux que
cette défense atteigne d'autres animaux que ceux
qui étaient offerts en sacrifice, et toute bête
morte d'elle-même ou déchirée. La chair des
animaux mis en pièces, et celle des animaux morts
naturellement, était aussi défendue (2). On ne
se souillait point pour toucher vivant un animal
impur; mais, s'il était mort, la personne qui le
touchait devenait impure jusqu'au soir. Les
liqueurs mêmes et les vases dans lesquels tom-
baient par hasard un de ces animaux, ne pou-
vaient être employés à aucun usage, qu'ils n'eus-
sent été purifiés. Si le hasard voulait que l'animal
se précipitât dans un puits, dans une fontaine, ou
dans quelque vaste bassin, la liqueur n'en était
point réputée impure, mais seulement la personne
chargée de l'en retirer (1).
On ne trouve dans Moïse aucune loi particu-
lière sur le vêtement des Israélites en général,
mais seulement sur celui des prêtres ; nous en
avons déjà parlé. Il donne à la vérité aux laïcs
l'ordre de border leurs vêtements d'une bande de
couleur pourpre, pour leur rappeler sans cesse
l'obligation que Dieu leur avait imposée , de
n'avoir désormais d'autre volonté que la sienne (4).
Parmi les lois négatives qui avaient rapport aux
vêtements, voici les plus remarquables : Un sexe
ne devait point porter les habits de l'autre (<;),
et la même étoffe ne pouvait être formée d'un
mélange de laine et de lin (6). Il paraît que Dieu
avait voulu prévenir, par la première, les abus et
la licence qui pouvaient résulter de la conformité
des habits entre les deux sexes. Le motif de la
seconde était d'empêcher toute espèce de confu-
sion entre les productions de la nature. Par la
même raison, un même champ ne pouvait rece-
voir des semences de différentes espèces, ni des
arbres de diverses sortes, ni même être labouré
avec des animaux d'une espèce étrangère l'une à
l'autre, comme le bœuf et l'âne (7).
Bien qu'il paraisse inutile de recommander la
propreté dans un climat où l'extrême chaleur en
fait naturellement une loi, elle fut cependant
prescrite par Moïse sous des peines très sévères.
Par exemple, toute espèce de commerce charnel
était interdit par la loi, pendant un certain temps,
entre un mari et une femme qui venaient de voir
s'augmenter leur progéniture. Il en était de
même dans quelques autres circonstances qui
n'ont pas besoin d'être décrites, parce qu'elles se
font assez présumer d'elles-mêmes. Tout ce que
touchaient les hommes et surtout les femmes,
dans ces occasions, par exemple une chaise, un
lit, une table ou quelqu'autre meuble, de quelque
nature qu'il fût, était réputé impur aux yeux de
la loi. Les deux sexes étaient également souillés,
quand il leur arrivait de toucher un cadavre ;
mais rien n'était plus immonde aux yeux des Juifs
que la lèpre. On obligeait ceux qui en étaient
infectés, de vivre séparés de leurs frères jusqu'à
leur entière guérison. Les rois mêmes n'étaient
pas exempts de cet assujettissement, comme le
prouve l'exemple d'Osias (8). Ce monarque ayant
été subitement frappé de la lèpre, pour avoir
voulu s'immiscer dans les fonctions sacerdotales,
fut dépouillé de la royauté, et obligé de passer
dans la retraite le reste de ses jours. Sans doute
s'il ne remonta pas sur le trône, c'est qu'il ne put
être guéri de cette maladie contagieuse, et contre
laquelle on ne pouvait prendre trop de précau-
tions. Les infortunés qui mouraient de cette
maladie, étaient inhumés dans une sépulture par-
ticulière et séparée de celle de leurs frères.
C'était aux prêtres qu'appartenait le droit d'exa-
miner ces sortes de maladies, et de prononcer sur
la guérison de ceux qui en avaient été atteints,
afin d'en avertir le peuple assemblé dans le temple.
Moïse leur donna différentes instructions à ce
sujet ; il ne paraît pas qu'il leur ait prescrit aucune
recette contre cette maladie. C'est, disent les
Juifs, parce que le législateur ne voulut pas
détruire le châtiment dont Dieu avait voulu punir
le coupable dès ce bas monde (9). On peut tirer
les mêmes conséquences du raisonnement qu'ils
font sur la lèpre des maisons et sur celle des
habits; maladie qui, selon eux, était particulière
(1) Lèvit, vu. y- 2;. et suiv.
(2) Exod. xii. y. 5 1. - Lèvit. xvn. y. 15,
0) Lèvit. xi. f. J2 et suiv.
(4) Nomb. xv. y. 38, jç>. - Dcut. xxn. y. 12.
(6) Ibid. y. 11.
(7) Ibid. y. 10.
(8) Comp. iv Rois. xv. y. 5. et 11 Paralip. xxv. y. 8 et
suivants.
(9) lia Rabbin, fer. omn. et Theodor. Quxst. 18 in Lèvit.
420
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
aux Israélites (i), parce que Dieu leur avait dé-
claré qu'ils ne cesseraient d'y être assujettis que
dans le temps où ils observeraient fidèlement ses
préceptes (2).
Lorsqu'un particulier avait été déclaré par les
prêtres infecté de la lèpre, non seulement il était
exclu de la société, mais il ne pouvait se montrer
que tête nue, couvert d'habits déchirés, et por-
tant au-dessus de la lèvre supérieure une espèce
de bande de toile, sans doute pour recevoir son
haleine impure, et empêcher qu'elle n'infectât les
passants. Selon toutes les apparences, on leur
assignait pour demeure des lieux particuliers et
destinés uniquement à les recevoir ; car, lorsque
Samarie éprouva les horreurs de la famine, quatre
hommes atteints de cette affreuse maladie, sorti-
rent ensemble de l'un des quartiers de cette ville,
et se rendirent au milieu du camp des Assy-
riens (j). Ne lisons-nous pas dans l'Évangile, que
dix lépreux vinrent en corps trouver Jésus-Christ,
et le prier de les guérir (4) ? Quand un lépreux
était parvenu à sa guérison, il devait recourir aux
prêtres pour se faire purifier. Les maisons même
ne pouvaient être habitées et les vêtements servir,
quand on avait eu des raisons de soupçonner
qu'ils n'avaient pas été à l'abri de la contagion,
qu'au préalable ils n'eussent aussi été purifiées par
la main des prêtres. Nous avons déjà parlé des
sacrifices qu'on offrait dans ces occasions ; quant
aux autres cérémonies prescrites par Moïse, on
peut consulter le Lévitique. Avant de finir cet
article, nous rapporterons une histoire que Mané-
thon, et après lui, plusieurs autres écrivains du
paganisme, ont rapportée sans doute pour jeter
du mépris et du ridicule sur la nation juive (5).
Quoiqu'elle soit diversement racontée, voici le
sens que nous avons cru pouvoir en général lui
donner. Bocchoris, roi d'Egypte, voyait son
royaume en proie aux ravages de la lèpre ; il alla
consulter l'oracle, et en reçut pour toute réponse,
le conseil d'envoyer tous les lépreux de ses états
dans le désert, où la faim et la misère les auraient
bientôt entièrement détruits. Cet avis fut suivi,
et les lépreux se mirent en route. Arrivés dans le
désert, Moïse qui était du nombre, observa, en
suivant les traces d'un âne sauvage, un endroit
d'où, pour peu que l'on creusât, devait jaillir une
source qui désaltérerait ces infortunés. Un ser-
vice de cette importance détermina sur le champ
les lépreux à confier à Moïse le soin de les gui-
der, et il les conduisit en Canaan dans le court
espace de sept jours. En mémoire de cet heureux
établissement, il ordonna que le septième jour
fût consacré au repos. Il défendit en même temps
que l'on fît usage de la chair du pourceau, animal
si sujet à la lèpre. Il voulut aussi, par reconnais-
sance pour l'âne, leur premier bienfaiteur, celui
qui leur avait sauvé la vie, qu'une tète d'animal de
cette espèce fût placée dans le temple, et qu'elle
y reçut les hommages de l'adoration. Cette his-
toire n'est qu'une fable ridicule que Josèphe a
très bien réfutée. Les règlements que fit alors
Moïse concernant cette maladie, prouvent assez
qu'à la sortie d'Egypte la plupart des Israélites
en étaient exempts. Si tous en eussent été infec-
tés, il n'aurait pas fait séparer les lépreux d'avec
les autres ; il n'aurait pas enjoint à ces derniers
d'évitertoute espèce de communication avec leurs
frères.
Telles sont les lois que Moïse rédigea par
l'ordre de Dieu. Nous en avons omis plusieurs
parce qu'elles nous ont paru d'une très médiocre
importance. Ce code sacré, non seulement por-
tait la défense expresse d'y rien ajouter ou d'en
retrancher un seul mot (6), mais il menaçait des
plus terribles châtiments, et flattait des plus
attrayantes promesses les uns et les autres, pour
déterminer la nation, aussi ingrate qu'indocile,
d'Israël, à l'entière observation des préceptes
qu'il renfermait.
Des coutumes, des arls, des sciences, et du
commerce des Juifs.
Les coutumes religieuses ou civiles des Israé-
lites, étant fondées en général sur les lois dont
nous venons de parler, il ne nous reste que peu
de choses à dire sur ce sujet, d'autant plus aride,
qui; très peu d'écrivains dignes de foi se sont
donné la peine de le traiter. Nous avons déjà fait
mention des plaisirs et des fêtes qui accompa-
gnaient leurs noces ; nous décrirons ici succinc-
tement ce qui était en usage à la naissance de
leurs enfants, et nous parlerons de même en
abrégé de leurs jeux, de leurs enterrements, de
leurs différents genres de divinations, des actes
d'idolâtrie dont ils se rendaient coupables, soit
dans leurs vergers ou sur les montagnes, ou enfin
dans les autres endroits qu'ils avaient consacrés à
un culte superstitieux.
La loi de la circoncision n'était point fondée
sur l'ordre de Moïse, mais sur un commandement
exprès de l'Éternel à Abraham. Il n'y était point
fait mention de la qualité de la personne qui de-
vait présider à cette cérémonie, ni de la manière
dont elle devait être faite ; seulement il y était
dit, en termes positifs, que le prépuce de l'enfant
(1) Mos. Gcrund. Racanat. Abr. Sepharad. étal.
(2) Munst. in Levit. xm.
(?) iv Rois vu. f. j, 8. — (4) S. Luc. xvn. fi, 12.
(5) Mancth. apud Joseph, contr. Appion. Tacil. Just.
PLutarq. et al.
(6) Deul. îv. f. 2; xii. f. j2.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
421
serait retranché le huitième jour après sa nais-
sance ; d'où nous concluons que le père pouvait
lui-même s'acquitter de ce devoir, ou en charger
quelqu'un de ses amis, qui eût assez d'adresse
pour faire cette opération sans inconvénient. On
se servait d'ordinaire d'un couteau ou d'un rasoir
fait d'une certaine pierre que l'on croyait moins
dangereuse que l'acier. Peut-être en avaient-ils
emprunté l'usage des Égyptiens, qui s'en ser-
vaient pour les embaumements (1). Rien n'obli-
geait à faire porter l'enfant au temple, ni même à
la synagogue. On pouvait le circoncire dans la
maison paternelle. Le père ou un ami tenait l'en-
fant dans ses bras, et celui qui faisait l'opération,
prenant la prépuce d'une main, le retranchait de
l'autre avec de petites pinces destinées seulement
à cet usage, et un troisième témoin recevait dans
un bassin rempli de sable le sang qui sortait de
la blessure. Appliquant ensuite sa bouche sur la
plaie, il la suçait par trois fois, et laissait couler le
sang qu'il en avait tiré dans un vase rempli de vin.
Celui qui avait fait l'opération mettait ensuite une
poudre styptique sur la blessure, et la couvrait
aussitôt d'une bande. Selon toutes les apparences,
il y avait une formule usitée dans ces sortes d'oc-
casions. Après la cérémonie, la personne qui y
avait le plus contribué, approchait des lèvres de
l'enfant le vase rempli de vin mêlé de sang, et
proférait ces paroles d'un prophète : « Vis en ton
sang» (2). Il récitait aussi le psaume cxxvn, et
souhaitait aux parents le plaisir d'assister un jour
aux noces du nouveau-né (3). Tels sont les dé-
tails de cette cérémonie, rapportés par les auteurs
juifs ; mais nous n'oserions assurer qu'ils aient été
observés dès les premiers temps : disons seule-
ment qu'ils étaient accompagnés de toutes les ex-
pressions de la joie, et que l'on choisissait ce
moment où les parents et les amis étaient réunis
pour donner un nom au nouveau-né (4). Ces noms,
qui ne disent rien à notre intelligence, faisaient
ordinairement allusion à quelque qualité particu-
lière à l'enfant ou à ses parents ; souvent ils
étaient relatifs à quelque circonstance, à quelque
événement remarquable. Nous en avons cité
plusieurs exemples en parlant des noms des pa-
triarches. Les Juifs, se piquant d'être de tous les
peuples le plus attaché à l'Etre suprême, avaient
coutume de joindre les noms de Dieu Jah et El
à ceux de leurs enfants, comme Abyah, qui veut
dire, Dieu mon père ; Zachariah, qui signifie le
mémorial de V Etemel ; Uriel et Daniel dont le
sens est également la lumière ou le jugement de
Dieu. Quelquefois ils les tiraient des créatures
vivantes. Ainsi Sephorah,s\gn\ûe un oiseau, Oreb un
corbeau ; Rachel, une brebis ; Nahasson, un ser-
pent ; Thamar, un palmier. Nous trouvons ce-
pendant quelques noms qui ne présentent pas un
sens fort honorable; tels sont, Ishboshelh, l'homme
de honte, Méphibosheth, honte de la bouche. Quant
à ceux qui avaient rapport à quelques événe-
ments, nous lisons que la belle-fille d'Héli, ap-
prenant que l'Arche avait été prise par les Phi-
listins, appela son fils Ichabod, qui veut dire, où,
est la gloire (Çj } On donnait aussi un nom aux
filles; mais comme on leur administrait point
la circoncision, c'était sans aucune cérémonie.
Les prêtres seulement, lorsque la mère était pu-
rifiée, prononçaient certaines bénédictions en
faveur de l'enfant, comme c'est encore aujour-
d'hui l'usage parmi les Juifs (6).
Les Israélites ne faisaient ordinairement d'au-
tres festins que ceux qui leur étaient prescrits par
la loi aux solennités annuelles, à leurs mariages,
à la naissance de leurs enfants. Le luxe était
presque toujours écarté de leurs repas particu-
liers, même aux fêtes qui revenaient souvent,
et se renouvelaient pendant plusieurs jours de
suite. Voi'ci quelques-unes des cérémonies qui
étaient en usage parmi eux dans ces occasions,
et qui semblent avoir quelques rapports avec
certains passages de l'Evangile. Le maître de la
maison saluait ses convives à leur arrivée, et les
oignait d'huile. Lorsqu'on était à table, il bénis-
sait la coupe, rompait le pain, et en taisait la dis-
tribution. A la fin du repas, il prononçait une ac-
tion de grâces, et reconduisait les invités. Le
salut n'était point le même entre un supérieur et
un inférieur. On saluait le premier en s'inclinant
jusqu'à terre, comme firent Abraham et Loth,
quand ils reçurent leurs hôtes célestes (7). Entre
égaux, le baiser était l'unique salutation que l'on
connût. La formule d'invitation, et le lavement
des pieds qui eut lieu de la part de Joseph envers
ses frères, lorsque, pour la première fois, ils
dinèrent avec lui en Egypte, confirment la distinc-
tion que nous venons d'observer (8). Cette cou-
tume de laver les pieds, était une marque d'hon-
neur que le chef de famille rendait à ses convives.
On sait la réponse que fit Abigaïl aux serviteurs de
David qui venaient la demander en mariage pour
(0 Hérodote, 1. 1. c. 86.
(2) E\ech. xvi. f. 6.
(j) V. Frag. in Deut. x. - Mos. Koi\. in Tract, de Cir-
cumcis. fol. 115. - Maim. Tract. Circum. c. 1 et 2. - Bux-
torj. Syn. c. 4. - Quandt. de Cuttris Circum. Hœbr.
(4) S. Luc. 1. jr. 49.
(5) 1 Rois iv. f. 21.
(6) Léon de Modene, Cérém. Jud. part. iv. c. 8.- Goodiv.
Mos. et Aar. 1. vi. c. 1.
(7) Gen. xvni. f. 2; xix. ji'. 1.
(8) Gen. xli.i. 24.
4?2
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
leur maître : « Que sa servante, » leur dit-elle,
« soit chargée de laper les pieds des serviteurs de
mon Seigneur (i). » Sans doute le psalmiste fait
aussi allusion au lavement des pieds, lorsqu'il
appelle Moab le bassin où il se lavera (2). La
cérémonie d'oindre la tète, quoique pratiquée gé-
néralement dans tout l'Orient, paraît n'avoir été
consignée que dans l'Évangile (3). Ces paroles du
psalmiste : « Tu as dressé ma table.... tu as oint
ma tête d'huile (4), » ne sont que de simples allu-
sions à cette coutume. Si au nombre des convives
il ne se trouvait ni étranger ni aucun personnage
supérieur en dignité, c'était le maître delà maison
qui bénissait les mets (<,). Si au contraire, il était
honorée d'une pareille visite, il priait la per-
sonne de distinction de vouloir bien s'acquit-
ter de ce devoir (6). Le maître prenait ensuite
une coupe remplie de vin, invoquait le Créateur
de la vigne, goûtait à la liqueur et remettait la
coupe à son plus proche voisin, qui, de même, la
faisait passer aux autres convives, jusqu'à ce
qu'elle eût fait le tour de la table. Les Juifs ap-
pellent cette cérémonie la bénédiction du vin.
Selon le rapport de saint Luc, c'est ainsi que
Jésus-Christ commença son dernier repas (7), et
qu'il fit précéder la bénédiction et la fraction du
pain par cette cérémonie (8).
Au sortir de table, celui qui avait prononcé la
bénédiction rendait aussi les grâces; ensuite il
faisait encore passer de main en main une seconde
coupe de vin ; et on appelait cette dernière céré-
monie la bénédiction de l'abondance. C'est à ce
dernier moment, selon l'opinion commune, que le
Sauveur institua le sacrement de l'Eucharistie (9);
quoique, selon toutes les apparences, cette béné-
diction n'eût lieu que dans les grandes cérémo-
nies, aux jours des grandes fêtes, surtout à celle
de Pâque. On croit que l'autre était d'un usage
ordinaire. Il est incertain si les Juifs prenaient
leurs repas assis ou couchés ; mais nous sommes
portés à croire que la première de ces attitudes
était en usage parmi eux, au moins avant la capti-
vité ; car nous lisons, que Joseph fit asseoir ses
frères pour prendre le repas qu'il leur donna en
Egypte (10), et que David dit à Jonathas : De-
main je devrais m'asseoir auprès du roi pour
manger (11). » Si on trouve dans l'Évangile que
les convives avaient coutume de se coucher, il en
faut conclure que l'ancienne habitude avait été
changée.
Il est aussi très vraisemblable qu'ils étaient
leurs souliers ou leurs sandales avant de prendre
leurs repas, puisque Dieu leur commanda d'être
chaussés quand ils mangeraient l'Agneau pascal.
La lecture de ces différents usages amène natu-
rellement une réflexion ; c'est que la libéralité et
l'hospitalité leur avaient été tellement recomman-
dées par leur législateur et par les exemples
d'Abraham, de Loth, et de quelques autres patri-
arches, qu'ils paraissent y avoir été toujours fidè-
les. Ils avaient grand soin d'inviter à leurs repas
solennels les lévites, les veuves,les orphelins et les
étrangers ; ou, s'ils ne les y invitaient pas, du moins
leur faisaient-ils passer quelque portion du festin.
Disons un mot à présent de l'idolàtriedes Israé-
lites. Ils nommaient hauts-lieux les endroits où ils
offraient des sacrifices particuliers, soit au vrai
Dieu, en faisant brûler de l'encens en son honneur,
soit à quelque fausse divinité. Les uns et les
autres se multiplièrent tellement, et acquirent
tant d'influence sur l'opinion commune, que peu
de rois eurent la hardiesse d'en entreprendre la
destruction. Plusieurs même de ces princes, dont
le zèle et la piété leur ont mérité des éloges, ne
laissèrent pas de tolérer ce dangereux abus. Les
hauts-lieux ou l'on adorait le Très-Haut, quoi-
qu'autorisés en quelque sorte par les exemples
de Samuel, de David, d'Elisée, et de quelques
autres personnages inspirés, étaient expressément
défendus, si ce n'est dans le cas où il avait plu à
Dieu d'y mettre une exception. Quant aux der-
niers, uniquement consacrés à l'idolâtrie, on con-
çoit aisément combien ils étaient abominables aux
yeux de l'Éternel ; en effet, aucune sorte de crime
ne fut punie avec plus de sévérité. Cependant,
vingt ans après la mort de Josué, vers le temps
d'Othoniel, les Israélites se livrèrent sans réserve
à l'idolâtrie ( 1 2 }; et ce désordre augmenta au point
qu'il serait impossible de fixer le nombre des di-
vinités qu'ils adoraient, et de déterminer celuides
lieux consacrés à leur culte. Ils adoptèrent les
idoles de toutes les nations parmi lesquelles ils
avaient vécu, et ils leur élevèrent des autels sur
le sommet de chaque montagne. C'est de là que
vint le mot hauts-lieux. Le soleil, la lune et les
étoiles étaient autant de dieux qu'ils honoraient
(1) 1 Rois xxv. f. 41. — (2) Psaum. cvn. f. 10.
(j) S. Matth. xvi, f. 7. - S. Luc. vu. f. 44.
(4) Psaum. xxii, f. 5.
(5) 1 Rois ix. f. 1 j.
(6) Il n'était permis de s'y refuser sous aucun prétexte ;
l'opinion commune voulait qu'on en fût puni dans ce
monde par une mort plus prochaine.
(7) S. Luc. xxii. J'. 17.
(tf) Drus, in Nov. Test. pars. ut. et Goodw. ubi sup.
I. III. c. 11, §. 15.
(9) V. Frag. in Prœc. Hœbr.
(10) Cen. xliii. ji'. jj-
(11) 1 Rois xx. f, 5.
(uj Juges, m. f. 5 et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
4^3
du culte le plus fervent ; cependant il vint un
temps où ils en rougirent, et alors ils cherchèrent
à envelopper ce même culte de l'ombre des
bois (1). Ce lut Salomon, au rapport de l'Écri-
ture, qui porta le crime de l'idolâtrie à son dernier
période, par la multitude des femmes étrangères
qu'il adopta ; et ce ne fut qu'environ trois cent
soixante ans après, sous le règne de Josias, que
cette coupable habitude fut entièrement déra-
cinée (2).
Plongés de plus en plus dans l'idolâtrie, les Is-
raélites ne tardèrent pas à se familiariser à la pra-
tique des divinations qui leur avaient été si for-
mellement défendues par Moïse. On en connais-
sait de plusieurs sortes ; la plupart sont désignées
dans les paroles suivantes (3) « Il ne s'en trouvera
parmi vous aucun qui fasse passer par le feu son
fils ou sa fille ; il ne s'y trouvera ni de devin qui
fasse usage de divination, de prédiction, d'enchan-
tement, ni qui présage le temps à venir ; ni de
sorcier qui consulte les esprits de Python, ni de
diseur de bonne aventure, ni, en un mot, qui que
ce soit qui interroge les morts. » Les prophètes,
outre ces différentes superstitions,signaIent encore
celle par qui l'on veut connaître l'avenir en con-
sultant les entrailles des victimes (4), l'usage de la
baguette (5), et enfin une foule d'autres sortilèges
presque tous défendus sous peine de mort ; mais
leur envie démesurée de connaître les événements
futurs, leur fit mettre en usage toutes les prati-
ques impies ou folles qu'ils croyaient propres à
les leur dévoiler.
Quant aux jeux, si l'on en juge par le silence
de l'Écriture, ils n'imitèrent point leurs voisins
sur ce point. Par ces mots, rire, jouer, se diver-
tir, ils n'entendirent jamais que des amusements
innocents; et Salomon lui-mètre, qui avait imité,
ou plutôt surpassé tous les autres rois par sa ma-
gnificence, lui qui avait attiré à sa cour des chan-
teurs et des cantatrices, et qui s'était livré à tous
les excès de l'orgueil et de la vanité, qu'il nomme
les délices des hommes (6), Salomon, ne parle
d'aucune sorte de représentations théâtrales, ni
de jeux de hasard. Il semble que la solennité de
leurs fêtes leur tînt lieu seule de spectacles et de
divertissements ; et l'on n'en sera pas étonné, si on
réfléchit que ces fêtes revenaient tous les ans, et
qu'il s'en trouvait un grand nombre dans le cou-
rant de chaque année. Ajoutons qu'à leur multi-
plicité se mêlait encore une pompe et une magni-
ficence étonnantes ; aussi les anciens pères, en-
tr'autres Tertullien (7) et saint Cyprien (8), attes-
tent que jamais les représentations théâtrales ne
furent en usage parmi les Israélites. Selden nous
apprend que les jeux môme de hasard, comme
celui des dés, étaient réputés une espèce de vol ;
ils regardaient encore comme injuste le gain que
plusieurs se procuraient en excitant un animal à
se battre contre un autre, pour savoir lequel des
deux sortirait vainqueur du combat (9).
En général, les divertissements que les Israé-
lites aimaient le plus, étaient la musique, la danse
et les repas. Il paraît du moins que ce fuient ces
plaisirs dont le sage Berzellai regretta le plus la
douceur; mais les excès qui s'y introduisirent
dans la suite leur attirèrent les plus vifs reproches
de la part des prophètes. La simplicité du bonheur
est souvent représentée dansrÉcriture,parl'image
d'une famille qui mange et qui boittranquillement,
assise à l'ombre de sa vigne et de son figuier.
Ils jouissaient surtout de ces sortes de plaisirs
dans les néoménies et les fêtes qui étaient très
nombreuses, ou dans le temps de la moisson
et des vendanges; autrement ils n'auraient pas eu
assez de loisir pour vaquer à leurs occupations or-
dinaires. Il n'est pas bien certain si la chasse et la
pêche étaient en usage parmi eux, ou comme de
simples plaisirs, ou comme des moyens de fournir
leurs tables de certains mets extraordinaires. Tout
ce que nous savons sur cet objet, c'est que les
auteurs sacrés parlent souvent des filets, de piè-
ges, de chasseurs et d'oiseleurs.
Si nous en exceptons les jours de fêtes, leurs
aliments ordinaires étaient toujours très simples.
L'Écriture dit de Booz, homme extrêmement
riche, qu'il pria Ruth de boire de la même eau, de
manger du même pain, et de le tremper dans le
même vinaigre que lui (10). Le présent de vivres
qu'Abigaïl envoya à David même, et aux guerriers
qui l'accompagnaient, lorsqu'il était forcé de fuir
dans les forêts la colère de Saùl, était composé
de grain rôti, de pain et de raisins secs, de miel,
de beurre, de fromage, d'huile, et de quelques
bètes grasses (11). Leur pain était fait d'avoine ou
de froment; ils le pétrissaient en forme de gâteau,
et le faisaient cuire dans un fourou dans une poêle,
avec de l'huile, ou simplement à sec. Leur miel
était renommé pour un des mets les plus exquis
(1) 111 Rois m. y. 2 et suiv. ; xn. y. ij, 28 et suiv.; xiv.
jt. 2;, 24, et alib.
(2) Comp. m Rois xi et iv Rois xxui.
(?) Dcut. xviii. y. 10, 11.
(4) E^éch. xxi. y. 21.
(5) Osée iv. y. 12.
(6) Ecclésiast. 11. y. 1.
(7) Lib. de Spectacut et Apolog. c. 58.
(8) Epit. à Donat. — De théâtre proprement dit, il est
certain qu'il n'y en eut pas chez les Hébreux, au moins
jusqu'à ces grands prêtres sacrilèges qui introduisirent en
Judée les mœurs des Gentils. Mais des Juifs qui font
autorité, comme S. Munk, croient que le mot danse pou-
vait renfermer <* une pantomine très animée ».
(9) Jus Nat. cl Gent.LVl, c. xi.
(10) Ruth. 11. y. 0,14.
(11) 1 Rois xxv. y. 18. - 11 Rois xvl. y. 1; xvn. f. 28,
29, et alib.
4^4
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
que l'on connût alors (i). La laine de leurs
troupeaux et le lait de leurs chèvres, dans les
maisons gouvernées avec une sage économie,
suffisaient pour la nourriture et pour le vête-
ment, tant des maîtres que de tous les servi-
teurs (2).
Les grands titres leur étaient inconnus, si nous
en exceptons les noms attachés à certains emplois
distingués, tels que ceux de général, de trésorier,
de secrétaire, etc. La noblesse et la gloire parmi
eux étaient fondées principalement sur la généa-
logie. Aussi trouve-t-on souvent dans l'Écriture,
les noms de certains hommes accompagnés de
ceux de cinq ou six de leurs ancêtres. Ils avaient
aussi égard à la distinction des tribus et des fa-
milles. Par exemple, c'était un honneur d'être
sorti de la tribu de Lévi, parce qu'elle était con-
sacrée au culte de l'Éternel ; de celle de Juda,
parce que le sceptre lui avait été promis, et de celle
d'Éphraïm, à cause du respect religieux que l'on
l'on avait toujours conservé pour la mémoire de
Joseph. Dans chaque tribu, ceux qui en étaient
les chefs, et en général toutes les branches aînées,
jouissaient des mêmes prérogatives. Après les
chefs, les vieillards, de quelque tribu ou de quel-
que branche qu'ils fussent, étaient les plus respec-
tés. Le nom de vieillard ou d'ancien, selon nos
versions, semble, dans l'Écriture, présenter quel-
que idée de dignité, par la raison, sans doute, que
la gravité et l'expérience d'un homme âgé le ren-
dent capable de prononcer un jugement solide
sur les questions les plus importantes. Mais cette
dignité ne donnait aucun titre particulier d'hon-
neur. La seule distinction qu'il y eût entre un vieil-
lard et un homme moins âgé, consistait seulement
dans l'attention et le respect que l'on témoignait
au premier, et la manière humble dont on lui
parlait. On employait pour cela une formule par-
ticulière à la langue hébraïque, dans laquelle celui
qui veut s'exprimer poliment se sert de la troisiè-
me personne en parlant de soi-même, et de la
seconde en parlant à celui à qui il s'adresse ;
comme, par exemple : que ton serviteur parle,
pour dire, que je parle : voici ton serviteur ou la
servante, pour dire : me voici. Les femmes surtout,
soit à cause de leur timidité naturelle, soit parce
qu'elles sont plus douces et plus insinuantes que
les hommes, se distinguaient par l'affabilité
de leurs manières et la modestie de leurs expres-
sions (3).
La vie frugale et laborieuse des Israélites, et
l'air pur qu'ils respiraient dans la Palestine, les
mettaient à couvert de toutes ces maladies dange-
reuses, fruits de la paresse et de la volupté, qui
depuis ont infecté presque toute l'espèce hu-
maine. Rarement les auteurs sacrés parlent de
maladies, et plus rarement encore de médecins :
ils font mention seulement de ceux que nous dé-
signons sous le nom de chirurgiens, et qui étaient
appelés médecins parles Grecs aussi bien que par
les Hébreux. Nous lisons, par exemple, que la
loi de Moïse condamne celui qui blesserait quel-
qu'un, à payer le salaire du médecin. Dans un
autre passage, le roi Aza est blâmé d'avoir recher-
ché avec trop de confiance des médecins pour le
guérir d'une incommodité qu'il avait aux
pieds (4). L'art de ces chirurgiens en général ne
s'étendait qu'à des maladies extérieures ; car,
dans les livres sacrés, il n'est jamais parlé de pur-
gations, de vomitifs et d'autres remèdes sembla-
bles, mais seulement de cataplasmes, de banda-
ges, etc. C'est peut-être la raison principale pour
laquelle les Israélites avaient de si longs jours, des
enfants si nombreux, et une santé si parfaite.
Mais on ne vit pas toujours, et l'heure vient pour
tous de mourir.
Le deuil se prenait à la mort des plus proches
parents, ou à l'occasion de quelque malheur
public ou particulier. Dans l'un et l'autre cas, ils
l'exprimaient à peu près de la même manière ; ils
ne se bornaient pas simplement, comme aujour-
d'hui, à des formalités extérieures, maisils.tâchaient
de montrer toutes les marques d'une tristesse,
vive et profonde. Dans le premier moment de
leur douleur, ils déchiraient leurs habits, se frap-
paient la poitrine, s'arrachaient les cheveux et la
barbe ; ensuite ils se couvraient lecorps d'un sac,
et la tête de cendres mêlées avec de la boue, s'in-
terdisaient l'usage des parfums durant tout le
temps du deuil, marchaient pieds nus, et cou-
chaient sur la dure (■}). Ces austérités étaient
encore surpassées par celles des nations voisines
qui, pour faire éclater plus vivement leurdouleur,
se faisaient des meurtrissures, et des incisions à
la peau. Mais une cruauté si extravagante était
défendue expressément par la loi de Moïse (6).
Les jours destinés à ces premiers transports étant
écoulés, ils quittaient le sac dont ils s'étaient enve-
loppés, et se revêtaient de leurs habits les moins
propres et les plus déchirés. Lorsqu'ils sortaient
(1) Psaum. xvin. f. 10 et passim.
(2) Prov. xxvii. f. 26, 27.
()) Ruth. 11. j^. \). - 1 Rois i.f, 15. 16; xxv. f. 2?, et
alibi passim.
(4) La plupart des commentateurs prétendent que
cette maladie était la goutte.
(5) 11 Rois 1. f. 11, 12; xn. jî\ 16; xiii. f. ji.- E^eck.
xxiv. f. 16, 17.
(6) Lcvit. xix. ji'. 28. - Deut. xix. f. 1.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
» i
de leurs maisons, ils se couvraient le visage de la
partie supérieure de leur manteau, pour cacher
leurs pleurs, et ils jeûnaient jusqu'au coucher du
soleil. Alors ils prenaient quelque nourriture sim-
ple et peu propre à flatter le goût. Pendant le
repas, ils gardaient un profond silence, qu'ils
n'interrompaient que par leurs soupirs ou leurs
plaintes (i). Quelques-uns mêmes se couchaient
sur la cendre ou sur du fumier, et semblaient ne
pouvoir supporter la lumière. La durée de ce
deuil était plus ou moins longue, selon la gran-
deur du sujet qui l'avait causé. Lorsqu'il était
occasionné par la mort de quelque chef de la
nation, il durait un mois entier; tel fut celui qui
fut observé à la mort de Moïse et d'Aaron (2).
Mais, pour la mort d'une personne ordinaire ou
d'un proche parent, il était borné à l'espace
d'environ une semaine. Lorsque le pays était
affligé par une calamité publique, le peuple mon-
tait sur les toits des maisons, pour donner un plus
libre essor à sa douleur. Les paroles qu'un pro-
phète adresse à Jérusalem : « A quoi te sert
maintenant d'avoir monté sur les toits r (3) » et
cette terrible prédiction que le même prophète
prononça contre les Moabites : « Chacun pous-
sera des hurlements, et fondra en larmes dans les
rues et sur les toits (4)», semblent faire allusion
à cette coutume.
L'appareil de leurs funéraillesofîrait un specta-
cle qui n'était pas moins lugubre. Dès qu'une
personne avait rendu le dernier soupir, tous les
parents, en habits de deuil, s'assemblaient dans
l'appartement du mort. Ensevelis dans un morne
silence, ils s'asseyaient à terre, tandis que des
pleureuses qui étaient mandées exprès, faisaient
retentir tout le reste de la maison de cris lamen-
tables, et du son de quelques instruments propres
à jeter dans l'âme une profonde tristesse. Ces
lamentations duraient pendant toute la cérémonie
funèbre, et lorsqu'elle était achevée, les parents
se replongeaient dans leur mélancolie : ils man-'
geaient couchés à terre, et ne parlaient jamais
que pour répondre à ceux qui leur adressaient la
parole. Les mets dont ils se servaient étaient cen-
sés impurs, et souillaient les personnes qui en
touchaient. Ils cessaient de faire leurs lits, de
prendre des bains, et de se couper les ongles :
enfin ils se refusaient tout ce qui pouvait leur
causer le plus léger plaisir. Cependant ils don-
naient une espèce de festin que les prophètes
appellent la coupe de consolation'^). Mais alors les
tables mêmes n'étaient couvertes que de plats de
bois ou d'argile, et les convives ne pouvaient y
prendre que dix verres de vin, trois avant le
repas, trois pendant le repas, et quatre après. On
avait dessein d'empêcher par là qu'une trop
grande quantité de cette liqueur ne les excitât à
témoigner une joie indécente, et peu conforme à
la situation où ils se trouvaient (6).
Tandis que les parents étaient ainsi plongés
dans la douleur, d'autres personnes s'occupaient
à faire .tous les préparatifs nécessaires pour que
le corps fût en état d'être mis dans un sépulcre.
C'était un devoir sacré et indispensable pour le
plus proche parent, de fermer les yeux du défunt.
Cette coutume tirait son origine de la promesse
qui fut faite par l'Eternel au père des douze
patriarches, que son fils Joseph s'acquitterait
envers lui de ce devoir (7). Si le défunt était d'un
rang distingué, on l'embaumait; s'il n'était que
d'une condition obscure, on se contentait de le
laver. Quelquefois aussi on enveloppait le corps
de certains aromates propres à retarder la cor-
ruption, ou on les brûlait à côté du mort, dans la
salle où il était placé. C'est ainsi qu'aux funé-
railles d'Asa on fit brûler, en grande abondance,
sur le corps de ce monarque, les parfums pré-
cieux dont lui-même avait fait remplir le lit de
parade sur lequel il fut exposé après son décès (8).
Ce prince ne fut pas le seul pour lequel on
observa cette cérémonie ; elle était commune aux
rois de Juda, et, par cette raison, elle fut promise
à Sédécias (9), et refusée à Joram (10). La manière
dont l^s Israélites portaient leurs morts au sépul-
cre, est un point sur lequel nous ne pourrions
donner une décision certaine. La loi ne prescrit
aucune règle sur ce sujet, non plus que sur les
autres détails relatifs aux funérailles. Nous pou-
vons cependant avancer, comme une conjecture
assez vraisemblable, que la cérémonie était plus
ou moins brillante, selon la richesse des person-
nes qui en faisaient les dépenses, et selon les
usages qui étaient observés alors. On n'était pas
obligé, par la loi, d'accompagner le corpsjusqu'au
lieu de la sépulture, mais on le faisait toujours
par un motif de considération : non seulement les
plus proches parents, les amis, les voisins sui-
vaient le convoi funèbre, mais tous ceux-mêmes
qui le rencontraient se joignaient à eux. Les prê-
tres seuls pouvaient se dispenser de ce devoir,
exceptédanslescas où lemort étaitun deleursplus
proches parents. Nous pouvons nous figurer l'or-
(1) 11 Rois 1. f. 17. et suiv.
(2) Nombr. xx. f. 30. - Deut. xxiv. f. 8.
(5) Isaie xxii. f. 1.
(4) lbid. xv. f. j.
(5) E\cch. xxiv. f. 17. - Jcrém, xvi. f. 7.
(6) In Tract. A bel. c. 4.
(7) Gen. xlvi. f. 4.
(8) 11 Paralip. xvi. f. 14.
(9) Jcrém. xxxiv. y. 5.
(10) 11 Paralip. xxi. f. 19.
426
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
dre qui était observé dans un enterrement, par la
description que l'Écriture fait de celui d'Abner,
un des braves de David (1). Les serviteurs du roi
ayant Joab à leur tète, et revêtus de sacs et d'ha-
bits déchirés, précédaient le cercueil ; le roi
venait ensuite : il suivit ainsi le convoi jusqu'à
Hébron, qui était le lieu de sépulture. Lorsqu'on
y fut arrivé, David fit l'éloge funèbre du défunt,
et tous les assistants y répondirent par des pleurs
et des sanglots. Au surplus, il paraît que cette
cérémonie se fit peu de temps après la naissance
du jour, puisque David, lorsqu'elle fut achevée,
se voyant sollicité par ses serviteurs de prendre
quelque nourriture, fit serment qu'il ne mange-
rait ni ne boirait qu'après le coucher du soleil (2).
Les Israélites éprouvaient une si grande hor-
reur à la seule pensée que leurs corps ou ceux de
leurs parents fussent exposés aux injures de l'air
après leur mort, qu'ils ne refusaient la sépulture
qu'aux suicidés ; encore n'était-ce que pour quel-
ques heures. Ils avaient des sépulcres destinés
aux étrangers, et à ceux qui avaient été punis de
mort pour quelque crime capital. Les soins
extraordinaires que les patriarches s'étaient don-
nés pour procurer un sépulcre à leurs descen-
dants, et plusieurs menaces contenues dans les
Livres sacrés à ce sujet, sous des expressions qui
présentent des images effrayantes, leur faisaient
regarder le bonheur d'être enterrés avec leurs
ancêtres comme une faveur du ciel, et la priva-
tion de la sépulture comme la plus terrible malé-
diction (3). C'est pourquoi ceux qui avaient hérité
de leurs pères un sépulcre, le conservaient soi-
gneusement a leur postérité, et ceux qui n'en
avaient point n'épargnaient ni soins ni dépenses
pour s'en procurer. La loi n'ayant rien statué sur
les lieux où ces sépulcres devaient être bâtis, il
leur était fort indifférent que ce fût un jardin, un
verger, un champ, une montagne ou un rocher,
pourvu que la possession leur en fûtassurée. Il ne
parait pas que l'usage d'inscrire des épitaphes sur
les tombeaux ait été pratiqué parmi eux ; il est
vraisemblable cependant que le sépulcre de cha-
que famille était reconnu par quelque marque
distinctive, puisque la loi leur avait imposé l'obli-
gation de distinguer les sépulcres destinés à ceux
qui étaient morts impurs, de peur qu'on ne se souil-
lât en y passant. On peut aussi présumer, avec
autant de vraisemblance, que les sépulcres des
personnes d'un rang éminent, se discernaient par
des caractères particuliers. Ainsi le tombeau
enfermé sous cet autel de Béthel, dont un pro-
phète avait prédit la destruction, fut reconnu trois
cents ans après par quelque inscription ou autre
marque, lorsque la prédiction dont il s'agit fut
accomplie par Josias (4). Les sépulcres des rois
de Juda étaient placés dans le quartier de Jérusa-
lem, où le temple était situé (5). Le prophète
Ézéchiel semble insinuer qu'ils étaient taillés
dans le roc, sous le temple même, lorsqu'il dit :
La demeure de V Éternel ne sera plus souillée par
les cadavres de leurs rois (6). Tous les princes dont
nous parlons furent enterrés dans le même
endroit, excepté Manassé qui eut sa sépulture
dans le jardin d'Oza, situé tout près de son
palais (7). Le sépulcre de David se montre encore
de nos jours, hors des murs de Jérusalem ; mais,
selon toute apparence, il était placé ancienne-
ment dans l'enceinte de cette ville. Il est incer-
tain s'il fut construit en tout ou en partie par
David lui-même, ou par Salomon, ou enfin par
quelques-uns de leurs successeurs.
Ce fut dans le lieu même où était cette tombe
royale, selon le témoignage de Josèphe (7), que
Salomon cachaun immense trésorqui ne futretrou-
vé, dit-on, ou du moins employé que par le grand
prêtre Hircan. Ce pontife en tira trois mille
talents, dont il envoya une partie à Antiochus,
pour l'engager à lever le siège de Jérusalem. Le
même historien ajoute qu'Hérode y trouva aussi
un trésor d'une grande richesse, mais qu'il ne put
jamais découvrir les ossements de David, qui
avaient été enterrés trop profondément dans la
terre (81. Les rois d'Israël qui régnèrent à Sama-
rie après la révolte de Jéroboam, avaient leurs
sépulcres dans cette ville. Ces derniers monu-
ments, selon toutes les apparences, n'étaient pas
aussi magnifiques que ceux des rois de Juda, dont
la richesse surpassait de beaucoup celle des rois
d'Israël. Le trône de ceux-ci d'ailleurs n'était
point héréditaire, puisqu'une même famille n'y
. régnait que trois ou quatre générations. Les
tombeaux des autres familles durent être plus ou
moins riches, à proportion de la qualité et de
l'opulence de leurs possesseurs. On avait soin
toujours de les faiie tailler dans le roc ; ce qui
pouvait être exécuté sans beaucoup de dépense,
dans un pays aussi pierreux que la Judée. Selon
les thalmudistes (9!, ces sépulcres devaient avoir
six coudées en longueur, quatre en largeur et
sept en hauteur. Us fondent apparemment ces
règles sur la forme des anciens tombeaux bâtis
(1) 11 Rois m. y. ji et suiv.
(2) Ibid. y j5.
(?) Jérém. vm. y. 2;xxn. y. 19.- Ecclcsiast. vi. y. j et al.
(4) Comp. m Rois xiu. f. l et suiv. et iv Rots xxm. y. 17.
(<,) m Rois 11. f. 10; xi. y. 4? et alib.
(6) Chapitre xliu. f. 7, 9.
(7) iv Rois xxi. f. 18, 2Û.
(8) Anliq. lib. vu, c. 12.
(9) Tract. Baba Baihra, c. vi, f. 2. V. Closs. Barten. ad
Tract. Mohed Qalon. c. 1.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
4^7
avant la captivité. Huit petites niches (quelques-
uns en mettent treize) destinées à placer les corps
morts, étaient taillées dans l'intérieur du sépulcre,
dont l'entrée se fermait par une grande pierre
qu'on appelait galgal. On avait soin de blanchir
souvent cette pierre, afin que les passagers pus-
sent l'apercevoir de loin. La même coutume se
pratiquait à l'égard des monuments érigés en
l'honneur de quelques personnages distingués. La
comparaison que fait Jésus-Christ des pharisiens
avec les sépulcres blanchis, prouve assez que, de
son temps, on s'appliquait à les décorer ou du
moins à en soigner l'extérieur ( 1). Il existe encore
aujourd'hui certains monuments que l'on désigne
sous les noms de tombeaux d'Abraham, de Ra-
chel, d'Absalom, d'Elisée, quoique ce soit une
question assez problématique, s'ils appartiennent
réellement à ces personnages. Mais si cette sup-
position est vraie, comme on le soutient, quels
soins n'a-t-on pas prodigués, et quelles dépenses
n'a-t-il pas fallu faire pour les conserver pendant
un si grand nombre de siècles ? En général, on
peut dire que les tombeaux étaient l'objet d'au-
tant de soins que les maisons.
Les maisons des Israélites étaient sans sculp-
ture, fort peu élevées, et couvertes d'une plate-
forme environnée de balustrades, afin d'empêcher
qu'on pût tomber. Les salles étaient sans che-
minée et sans fenêtre, ainsi que l'exigeait la
nature d'un climat où la fraîcheur était recherchée
comme un des premiers agréments de la vie. On
n'employait les tapisseries que pour s'y asseoir,
y prendre ses repas, ou y goûter les douceurs du
sommeil. Ils se servaient de rideaux faits d'une
gaze très fine, pour se garantir seulement de la
piqûre des moucherons. Il paraît que leurs lits
étaient élevés à une hauteur considérable de terre,
si nous en jugeons par le terme monter, dont ils
faisaient usage lorsqu'ils voulaient dire, aller se
coucher (2). Les riches se servaient quelquefois
délits d'ivoire; le prophète Amos ne manqua pas
de leur en faire de vifs reproches (3). Ils les déco-
raient de divers ornements, et les remplissaient
de parfums précieux: c'est ainsi qu'est représentée
la couche de la femme impudique dans le livre des
Proverbes (4). 11 est probable que les femmes
étrangères de Salomon apportèrent avec elles ce
luxe, qui fut reçu et imité dans la suite, chez les
enfants de Jacob, avec le plus vif empressement.
Mais les plus sages et les plus fervents préférèrent
toujours à cette mollesse voluptueuse, la coutume
de coucher sur la dure, comme plus convenable à
la chaleur du climat, et plus conforme à la sim-
plicité de leurs ancêtres. Si nous pouvons juger
du reste de leurs meubles par ceux que la Suna-
mite plaça dans la chambre du prophète auquel
elle donna l'hospitalité, nous aurons lieu de croire
qu'ils ne donnèrent dans aucun excès à cet égard,
soit pour la superfluité, soit pour la richesse. En
effet, on peut observer qu'en général nos livres
sacrés parlent bien plus souvent de vases de bois
et de terre, que de ceux formés d'une autre
matière plus rare ou plus précieuse.
La description que l'Ecriture fait de la chambre
du prophète dont nous venons de parler, et de
son ameublement, nous fournit encore deux remar-
ques. i° Il paraît que les chambres à coucher
étaient élevées à quelque distance de terre,
puisque le mot qui les exprime emporte l'idée de
monter, et répond à ce que nous appelons chambre
haute. Peut-être les élevait-on ainsi, pour éviter
les mauvaises exhalaisons, qui ne pouvaient
qu'incommoder ceux qui couchaient à terre, sur-
tout dans un appartement où il n'y a aucune
ouverture. 20 Quoique les Juifs n'eussent pas
adopté la coutume que l'on observe aujourd'hui
de faire de la nuit le jour, ils se servaient cepen-
dant d'une lumière artificielle; c'étaient des lampes
à huile, qui avaient plus ou moins de branches,
selon l'usage auquel elles étaient destinées. C'est
ainsi que, dans les Proverbes de Salomon, une
bonne ménagère est représentée se levant avant
le jour, à la lueur obscure de sa lampe, et distri-
buant de l'ouvrage à ses domestiques.
La grandeur des maisons, et le nombre des
appartements qu'elles contenaient, étaient vrai-
semblablement proportionnés à l'opulence des
familles et au nombre de personnes dont elles
étaient composées. Les femmes avaient leur
appartement particulier, soit parce qu'elles
vivaient séparées du commercedeshommes, selon
la coutume des peuples orientaux, soit parce que
leurs infirmités légales les empêchaient, pendant
un certain temps, de communiquer avec le reste
de leur famille ; il était alors défendu à toute
personne de se servir de leurs meubles. Dans ces
sortes de circonstances, la loi obligeait toutes les
femmes de se conduire avec la plus grande cir-
conspection; les plus pauvres même ne pouvaient
se dispenser de ce devoir, malgré les embarras
qu'il devait traîner à sa suite. C'est pour cela prin-
cipalement, et pour plusieurs autres raisons parti-
culières, qu'elles avaient, dans l'intérieur de leur
maisons, des endroits cachés, pour y prendre les
bains. La vie laborieuse des Juifs, aussi bien que
la grande chaleur qui régnait dans leur pays, leur
imposait la nécessité de se laver souvent ; mais
comme le bain sèche un peu trop la peau, ils
(1) S. Matth. xxin. % 27.
(2) Psaume cxxxi. f. j. - iv Rois 1 f. 16.
(?) Chap.vi. f. 4.
(4) Chap. vu. f. 16.
428
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
s'oignaient ou avec de l'huile ou avec quelqu'autre
liqueur, dont le prix était proportionné à l'éten-
due de leurs moyens. Il était rare cependant qu'ils
n'y mêlassent pas des parfums.
Dans la vie sociale, les arts dans lesquels les
Israélites se distinguaient le plus , étaient la
guerre, l'agriculture, la poésie et la musique. Le
premier leur était en quelque sorte naturel. Nous
ne déciderons pas si Moïse, conjointement avec
la nation dont il était le conducteur, l'avait appris
en Egypte. Mais si l'on fait attention à l'ordre
régulier des campements, des combats et des
retraites, exécutés par les Hébreux, on sera forcé
de convenir que leur chef ne le cédait en habileté
à aucun général de son temps, et que ses soldats
entendaient la profession des armes aussi bien
que les peuples qui s'y étaient acquis alors le plus
de célébrité. Ils n'employèrent que l'espace de six
ans à conquérir les terres de Canaan, malgré les
forces naturelles de ce pays, et les efforts réunis
des peuples les plus courageux. Cette intrépide
valeur se fortifia encore dans la suite, par les
guerres continuelles qu'ils eurent à soutenir
contre leurs voisins, depuis le temps de Josué,
jusqu'au règne de Salomon : car, durant tout cet
espace de temps, le plus long repos dont la Judée
pût jouir, fut de quarante années (i), ce que les
Israélites regardèrent comme une espèce de mer-
veille. Un auteur du siècle dernier (2) assure que
les Juifs étaient une nation naturellement guer-
rière, et il le démontre, non seulement par les
exemples remarquables de valeur consignés dans
les livres saints, mais aussi par le grand nombre
de termes deguerre qu'il a tirésdesmêmes livres.
Nous renvoyons les lecteurs à l'ouvrage même
de l'auteur. Nous nous contenterons d'observer
que les écrivains dans lesquels il a puisé ses
observations, n'étaient conduits ni par un amour-
propre aveugle, ni par une prévention ridicule
pour leur pays, mais qu'ils racontaient les faits
dont ils avaient été les témoins, avec cette can-
deur et cette simplicité qui est le caractère dis-
tinctif des hommes vraiment inspirés. Chaque
page des livres historiques retrace les actions glo-
rieuses des généraux, des juges, des princes et
des officiers qui étaient les premiers de l'état.
Quant au peuple nous croyons qu'il fut géné-
ralement instruit de la discipline militaire jusqu'au
règne de David ; car nous ne lisons pas qu'avant
cette époque, on se soit servi de troupes régu-
lières et séparées du gros de la nation. Dès que
les chefs de la république avaient résolu une
guerre offensive ou défensive, on en instruisait
les douze tribus ; et ceux qui étaient en état de
combattre se mettaient en chemin pour venir au
rendez-vous général. Ils apportaient avec eux
leurs armes et des provisions pour un mois. Lors-
que tous étaient rassemblés, on choisissait le
nombre d'hommes nécessaire pour le besoin pré-
sent, et le reste était renvoyé (3). L'expédition
étant achevée, les soldats reprenaient à l'instant .
le chemin de leurs maisons, ce qui arrivait quel-
quefois le jour même qu'ils en étaient partis ; car
leur pays n'était pas d'une grande étendue, et il
se trouvait souvent une très petite distance entre
eux et leurs ennemis. Les plus longues marches
que leurs armées fussent obligées de faire, étaient
seulement de trois journées, et par conséquent
elles pouvaient subsister toujours avec une grande
facilité. D'après ces observations, nous pouvons
considérer tout le peuple d'Israël, comme un
corps de milice, composé de plusieurs autres
petits corps employés tour à tour, pendant la
guerre, à repousser les fréquentes incursions des
ennemis, et pendant la paix, appliqués constam-
ment aux travaux de l'agriculture. Ils avaient à
leur tête un général qui les commandait. Parmi
ceux qui occupèrent ce rang, les uns furent établis
par Dieu, comme Othoniel, Gédéon,Samson (4);
les autres furent choisis par le peuple, comme
Jephté (5) ; quelques-uns enfin ne durent leur
élévation qu'à la trahison et à la cruauté, comme
Abimélech (6). Ces généraux, particulièrement les
deux derniers, n'étaient guère respectés que par
ceux qui avaient contribué à leur élection : de là
vinrent les mécontentements des uns etdes autres.
Aussi, pour terminer toute dispute, aimèrent-ils
mieux confier les rênes du gouvernement à un
monarque qui fût en état de les défendre contre
leurs ennemis.
Leurs armes étaient comme celles des autres
nations, offensives ou défensives. De la première
espèce étaient les lances, les javelines, les frondes,
les arcs et les flèches. Leurs épées étaient petites,
courbées, larges et fort pointues; ils avaient cou-
tume de les ceindre sur la cuisse (7). Nous lisons
aussi qu'ils avaient des épées à deux tranchants(8).
Leurs javelines paraissent avoir été des piques
courtes, telles que Saùl en lança une contre David.
La fronde était une des armes dont ils se servaient
avec le plus d'adresse, comme le prouve la mort
de Goliath, et ce qu'un auteur sacré dit des habi-
tants de Gabaa, qui atteignaient un cheveu avec
la pierre lancée par une fronde(9). Nous pouvons
(1) Juges v. y. 52.
(2) FoLard, Dissert, sur la Tactiq. des Hébr.
(?) 1 Rois Xi. pass. XIII. y. 2 et alib.
(4) Juges ni, v et vi, pass.
(<,) Ibid. xi. y. 6 et suiv.
(6) Ibid. ix.
(7) Exod. xxxii. y. 27. - Psaume xliv. y. j; lv. y. 4.
(8} Psaume cxlix. y. 6. —(9) Juges xx. y. 16.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
429
ajouter que, dans la suite, Osias, roi de Juda,
employa à Jérusalem des machines, d'une nou-
velle invention, par le moyen desquelles on lan-
çait, du haut des tours et des murailles, des
flèches et des pierres énormes qui allaient tomber
à une distance considérable (1). La coutume de
porter une épée, dans d'autres temps que celui de
la guerre, n'était pas en usage chez les Israélites,
même parmi les guerriers ; car l'Écriture emploie
souvent cette expression : Que chacun ceigne
son épée; et nous lisons que David, tandis qu'il
était fugitif et exposé au danger continuel de
tomber sous la main de son persécuteur, adres-
sait souvent les mêmes paroles aux fidèles com-
pagnons de son infortune (2). Saùl est le seul
guerrier dont l'Écriture remarque qu'il avait tou-
jours sa javeline près de lui (3) et, selon toutes
les apparences, ce prince n'usait de cette précau-
tion que pour se prémunir contre le ressentiment
de David, qu'il croyait toujours prêt à l'attaquer.
Les armes défensives étaient le casque, le bou-
clier, la cuirasse et la cotte de mailles. Les
jambières même étaient alors en usage, comme
on peut le voir dans rémunération des armes de
Goliath (4). Mais, selon toute apparence, avant
le règne de David, ces armes étaient moins
employées par les Israélites, que par leurs voisins;
car Débora dit, dans son cantique, que les qua-
rante mille hommes qui défirent l'armée de Sisara
n'avaient ni bouclier, ni javeline (5). Cette disette
d'armes était un trait de politique de la part de
leurs ennemis, qui, lorsqu'ils pouvaient les vaincre,
non seulement les dépouillaient de celles qu'ils
avaient prises, mais leur étaient les moyens d'en
forger de semblables. C'est ce qui fut cause, sans
doute, qu'un jour où les Israélites livrèrent un
combat, il ne se trouva ni épée, ni javeline dans
l'armée de Saùl, excepté celles de ce prince et de
son fils Jonathas (6) ; mais elles devinrent beau-
coup plus communes sous les règnes de David
et de Salomon ; et, dans la suite, Osias en
put fournir suffisamment à une armée composée
de trois cent mille hommes (7). La plupart de ces
armes étaient faites d'airain, quelquefois de fer,
d'acier et d'autres métaux (8). Job fait allusion à
des armes de fer, et des arcs d'airain (9). Le
psalmite fait aussi mention de cette dernière
arme. 11 est vrai que, dans plusieurs versions, on
trouve, arcs d'acier : mais le texte, dans les deux
passages que nous venons de citer, est également
susceptible de deux sens. L'Écriture parle aussi
du bouclier d'or et d'airain. On ne peut entendre,
par ces mots, que les boucliers faits d'un bois
léger, revêtu de ces sortes de métaux ; car autre-
ment ces armes eussent été un fardeau très incom-
mode pour ceux qui auraient voulu s'en servir.
Les motsdu prophète Isaïe(io) oindre le bouclier,
ont fait croire à quelques savants, que les boucliers
des Juifs étaient couverts de cuir ou de peaux
non préparées (11). Mais ne pourrait-on pas
admettre qu'il était nécessaire d*oindre l'airain
pour le rendre plus luisant ? Quoi qu'il en soit,
comme alors lescombats étaient plutôt des escar-
mouches, que des batailles livrées avec ordre, ils
s'appliquaient principalement à manier avec dexté-
rité ces sortes d'armes, qui blessent à une certaine
distance, comme l'arc, la fronde et la javeline.
La cavalerie, qui ne peut être employée que
dans les pays froids, où il faut faire de longues
marches, était inutile dans la Judée, qui est située
sous un climat chaud, et dont le sol peu étendu
est couvert de montagnes. Absalon fut le premier
qui en fit usage, dans sa révolte contre David (12)'?
aussi ne put-il remporter la victoire ; elle ne
rendit d'autres services à ses troupes, que de
leur faciliter une fuite honteuse et précipitée (13).
Salomon, il est vrai, fit venir d'Egypte un nombre
considérable de chevaux et de chars, mais ce fut
moins par un motif d'utilité, que par un principe
de vaine ostentation. Les dépenses qu'il fallait
faire pour l'entretien des chevaux, excédaient
tellement les services qu'on en pouvait retirer,
que les successeurs de Salomon préférèrent
s'adresser aux Égyptiens, pour en louer dans les
cas de nécessité : voilà pourquoi le rabsarés lança
contre Ézéchias cette raillerie mordante : J'offre,
disait-il au roi de Juda, de lui prêter deux mille
chevaux, pourvu qu'il soit en état de fournir un
pareil nombre d'hommes, capables de les monter (4).
Ce trait prouve évidemment que ni les chevaux,
ni les chars n'étaient pas fort recherchés par les
Israélites. Il est certain cependant, qu'ils avaient
vu des chars en Egypte, et que les Cananéens,
contre lesquels ils livrèrent tant de combats, se
mettaient rarement en compagne sans en amener
un nombre considérable avec eux. Le général
Sisara en avait neuf cents dans son armée (5), et,
ce qui doit paraître bien plus étonnant, les Philis-
(1) 11 Paralip. xxvi. f. 15.
(2) 1 Rois xxv. f. ij.
(3) Ibid. xvi. f. 7; xvin. f. 11.
(4) 1 Rois xvn. f. 5 et suiv.
(5) Juges v. f. 8.
(6) 1 Rois xiii. f. 19 et suiv.
(7) 11 Paralip. xxvi. f. ij, 14.
(8) Calm. Dissert, sur la Milice dss Hébreux.
(9) Job. xx. f. 24.
(10) Isaie xxi. f. 5. d'après l'hébreu.
(11) Calm. et Folard ubi sup.
(12) 11 Rois xv. f. 1,
(ij) Ibid. xviii. f. 6 et suiv.
(14) iv Rois xviu f.2). — (15) Juges iv. f. j, ij.
430
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
tins, dans une bataille qu'ils livrèrent à Saùl, en
employèrent jusqu'à trente mille (i) ; nombre si
prodigieux, qu'on serait fondé à croire qu'il a dû
se glisser une faute dans le texte. Il est vrai
cependant que ces chars étaient très petits : car
ils ne pouvaient contenir qu'un ou deux hommes
tout au plus, et n'étaient traînés que par deux
chevaux (2). L'Écriture les nomme chariots de
fer, parce que les roues étaient années de faux,
composées de ce métal. Lorsque les Israélites
entrèrent dans la terre promise, la tribu de Juda
employa plus de temps que les autres à faire la
conquête des villes situées dans la plaine (3), parce
que les Cananéens s'y servaient principalement
de chars, qui étaient d'un grand secours dans
un pays plat. Ils les mettaient ordinairement à la
tête de leurs armées, soit pour inspirer la terreur
à l'ennemi, soit pour rompre les rangs contre
lesquels ils précipitaient leur course. Le meilleur
parti que l'on pût prendre pour prévenir un effet
si terrible, c'était ou de tuer les chevaux lorsqu'ils
s'approchaient, ou de leur ouvrir un passage,
Vraisemblablement les Israélites entendaient par-
faitement l'une et l'autre de ces ruses, puisque,
sans avoir recours aux machines de guerre dont
nous parlons, ils remportèrent des victoires si
nombreuses et si éclatantes sur les peuples qui
s'en étaient servis contr'eux.
Avant Saùl, les Hébreux n'entretenaient pas
d'armée sur pied. Ce prince commença à établir
quelques troupes réglées ; mais elles étaient en
petite quantité, en comparaison du nombre pro-
digieux auquel David les porta dans la suite ; car
il entretint une armée composée de plus de deux
cent mille hommes(4) outre les Cérélhi et les Phé-
lélhi. étrangers qu'il avait aussi à sa solde ^5).
Salomon non seulement continua à maintenir
toutes ces troupes dans le même état où son père
les lui avait laissées, mais il leur joignit encore
une quantité considérable de chevaux et de chars.
L'auteur du Livre des rois rapporte que sa cava-
lerie était composée de douze mille chevaux, et
qu'il avait quatre mille écuries pour ceux qu'on
attelait à ses chars de guerre, dont la quantité
était immense (6). L'histoire de ses successeurs
fait aussi mention d'armées extrêmement nom-
breuses. Ainsi, dans le combat sanglant que se
livrèrent Abias, roi de Juda, et Jéroboam, premier
roi d'Israël, l'armée du premier était composée
de quatre cent mille hommes, et celle du second
de huit cent mille (7), dont cinq cent mille furent
taillés eh pièces par l'armée de Juda (8). De même
le roi Asa, successeur d'Abias, leva une armée
d'environ six cent mille combattants, avec laquelle
il défit celle de Zara, roi d'Ethiopie, qui montait
à un million d'hommes (9). Mais la plus grande
armée dont l'Ecriture fasse mention, est celle que
Josaphat entretint pendant son règne; il avait sur
pied onze cent mille hommes d'élite, sans com-
prendre dans ce nombre les troupes qui veillaient
à la garde des villes (10).
On ne trouve aucun passage, dans l'Écriture,
qui puisse indiquer la manière dont ils rangeaient
de si grands corp^. en ordre de bataille. Quelques
phrases seulement paraissent y faire allusion.
Mais si nous considérons l'ordre exact avec lequel
ils divisaient leurs troupes: i°en douze corps,
selon le nombre des tribus :' 20 chacun de ces
corps en plusieurs régiments composés de mille
hommes : 30 enfin, chaque régiment en compa-
gnies ou dizaines, avec des officiers à la tête de
chaque division ; si nous faisons attention surtout
à la méthode admirable qu'ils observaient dans
leurs marches et leurs campements, et dont nous
avons déjà parlé ailleurs, nous ne pourrons douter
aucunement qu'ils n'exécutassent, avec le même
ordre, leurs attaques, leurs évolutions, leurs re-
traites, et leurs autres mouvements militaires.
Selon les auteurs juifs, ils rangeaient leur armée
sur une seule ligne, qui avait environ vingt ou
trente hommes de profondeur. Au front de cette
ligne, on plaçait les soldats qui se servaient le
plus adroitement de l'arc ou de la fronde. C'étaient
ceux-là ordinairement qui commençaient l'attaque,
en jetant de grands cris, et en faisant pleuvoir sur
les ennemis une nuée de flèches et de pierres,
qui les mettaient en désordre, et empêchaient
l'arrivée de leurs chars. Souvent même ils tuaient,
dans ce premier choc, et les chevaux et leurs
conducteurs. Il est assez probable que les Israé-
lites commencèrent à suivre cette méthode dans
leurs combats, puisqu'elle fut celle de tous les
peuples de l'Asie. David avait à sa solde un nom-
bre considérable d'hommes qui se servaient éga-
lement bien de la main droite et de la main gauche
pour lancer des pierres et des flèches. L'auteur
sacré ajoute qu'ils avaient la force et la fierté des
lions, la souplesse et la légèreté des cerfs (11).
(1) 1. Rois. xiii. fr. 5. — (2) SUwch. in Veget. de re milit.
(?) Juges 1. f. 16.
(4; Le livre des Paralipomènes dit qu'il était servi par
vingt-quatre mille hommes qui se relevaient chaque mois,
et qui étaient commandés par leurs officiers respectifs.
Or 24,000 multipliés par 12 font 288,000.
{)) 1. Paralip. xvm. f. 17.
(6) iu. Roisw. fi. 26. x. y. 26. Le texte porte quarante
mille : erreur.
(7) 11. Paralip, xm. f. j.
(8) Ibid. f. 17.
(9) lbid. xiv. fi. 8 et suiv.
(10) Ibid. xvii. fi. 14. et suiv.
(11) Paralip. xvn. f. 1 et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
45'
Quant à la manière de ranger la cavalerie, lors-
qu'elle fut en usage chez les Israélites, vraisem-
blablement ils suivirent la méthode qu'ils avaient
vu pratiquer aux Egyptiens, qui étaient d'excel-
lents cavaliers ; elle consistait à placer sur les
deux ailes, des escadrons de six à huit cents
chevaux (i). Mais soit qu'ils eussent de la cava-
lerie ou non, ils est certain qu'ils ne redoutaient
guère celle de l'ennemi : pleins d'un ferme cou-
rage, ils s'ouvraient hardiment un passage au
milieu d'elle, et regardaient une pareille entreprise
comme le moyen le plus infaillible de remporter
la victoire. Ainsi l'on ne doit pas être étonné s'ils
furent si rarement vaincus par leurs ennemis,
quoique ces derniers eussent des chars et des
chevaux, et leur fussent souvent supérieurs en
nombre.
Leur méthode d'attaquer l'ennemi, en parta-
geant l'armée en différents corps, paraît aussi
ancienne qu'Abraham, qui divisa en petits pelo-
tons ses trois cent dix-huit domestiques, et défit
à leur tète l'armée des quatre rois confédérés (2).
Abimélech, dans la suite, employa avec succès le
même moyen contre les Sichémites (3), et Saùl
contre les habitants de Jabès (4). Nous passerons
sous silence plusieurs autres coutumes militaires,
qui leur étaient communes avec les autres na-
tions, comme de marcher à l'ennemi, ou de le
combattre au son des trompettes, et de haranguer
les soldats avant que de livrer bataille.
Leurs guerres étaient ou ordonnées par Dieu,
comme celles qu'ils firent aux Amalécites et aux
sept nations de Canaan, ou entreprises par leurs
princes et leurs chefs. La loi de Moïse leur per-
mettait de déclarer la guerre à une nation, pourvu
qu'ils y fussent fondés par des raisons légitimes.
Ils commençaient par proposer certaines condi-
tions d'accommodement à leurs ennemis; si
ceux-ci jugeaient à propos de les rejeter, la
guerre était déclarée (5). Quand ils avaient pour
but de recouvrer quelques terres envahies, ils les
redemandaient avant d'agir contre les usurpateurs.
S'ils se voyaient eux-mêmes attaqués sans cause,
ils envoyaient un héraut à l'ennemi pour lui faire
des reproches, et lui demander raison de sa con-
duite (6). Cependant ils ne laissèrent pas que
de déclarer la guerre sans aucun motif raison-
nable, comme on en peut juger par cette décla-
ration : « Viens, et que nous nous voyons l'un
l'autre en face (7) ». Le défi qu'un roi d'Assyrie
fit à un roi de Juda, était plus injurieux encore :
« Ton argent, ton or, tes femmes et tes enfants
sont à moi (8) ». Mais l'Écriture remarque que
le succès de l'un et de l'autre de ces messages
devint funeste à ceux qui le firent. Les rois hé-
breux commandaient toujours leurs armées en
personne, et le peuple était si accoutumé à leur
présence, que, dans le dernier combat livré par
Achab, ce prince ayant été mortellement blessé
par les Syriens, quelques-uns de ses serviteurs
furent obligés de le soutenir sur son char, afin
d'empêcher que la nouvelle de sa mort ne répan-
dît le trouble et le désordre dans son armée. Ce
stratagème trompa les soldats pendant quelques
moments ; mais dès qu'on aperçut le sang qui
ruisselait, on fit crier dans le camp, que chacun
s'en retournât chez soi, quoique Josaphat, roi de
Juda, qui était allié d'Achab, s'y trouvât pour
seconder les efforts de son parent (9). Au com-
mencement de la monarchie des Juifs, leurs rois
ne combattaient qu'à pied, comme avaient fait les
Juges avant eux ; car l'Écriture ne parle de che-
vaux et de chars que longtemps après ; et il est
très probable que l'usage n'en fut introduit parmi
eux qu'à l'occasion des alliances que les rois de
Juda et d'Israël furent obligés de contracter avec
les Égyptiens, les Syriens, et d'autres peuples.
Ces dernières circonstances leur imposèrent
l'obligation de paraître à la tète de leurs armées
avec une pompe égale à celle de leurs confédérés.
Les officiers qui commandaient sous eux, étaient :
i° le chef ou le général de l'armée (10): 2° les chefs
ou généraux de chaque tribut ces deux ordres
formaient sans doute, avec le roi, la haute dignité
du schalischin (11): 30 ceux qui étaient préposés
sur mille hommes: 4° sur cent : 50 sur cinquante :
6" sur dix : 70 les commissaires qui faisaient pas-
ser les troupes en revue : 8° enfin, les inspecteurs,
ou, selon d'autres, les prévôts de l'armée. Après
la campagne, chacun rentrait chez soi et s'adon-
nait à ses travaux agricoles. 11 ne restait dans les
rangs que ceux que les princes attachaient à leur
service.
L'agriculture faisait presque toute l'occupation
privée des Israélites. Rien n'était plus propre à
les rendre parfaitement heureux, que l'entière ob-
(i) Folard. ubi sup.
(2) Gen. xiv. f. ij et suiv,
(?) Juges îx. f. J4.
(4) 1. Rois, xi, f. 11.
Ci! Deut. xx. f. 18, et suiv.
(6, Jug. xi. f. 12. et suiv.
^7) iv. Rois xiv. f. 8.
(8) m Rois xx. f. 2. et suiv.
(9) m Rois xxn. f. J4. et suiv.
(10) On appelait cet officier N3JI ~iW S(ar Tsabd, ôU
prince de l'armée. C'est ainsi qu'Abner fut nommé sous
Saùl, Joab sous David, et Bénaïah sous Salomon.
(11) Voyez ce que nous avons dit de cette dignité au
chapitre xiv. f. 7. de notre commentaire sur l'Exode.
432
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
servation des règlements établis par Moïse. Cha-
que particulier était obligé de vivre de son propre
travail, sans luxe et sans ambition ; ainsi, ni le
danger de tomber dans une extrême infortune, ni
le désir d'acquérir de grandes richesses, ou de
parvenir à des postes éminents, ne pouvait trou-
bler la paix de leur âme. Chacun cultivait son
champ ou son verger, et après avoir affronté les
périls de là guerre, lorsque l'occasion s'en était
présentée, il s'en revenait dans sa maison, où il
coulait des jours paisibles à l'ombre de sa vigne
et de son figuier. Ils aimaient ce genre de vie, et
le préféraient à tout autre, non seulement pour se
conformer à l'exemple que leur en avaient donné
les anciens patriarches, mais aussi pour s'attirer
les bénédictions qui leur avaient été promises lors-
qu'ils seraient fidèles à la loi. Dieu ne s'était point
engagé à leur procurer de l'or, de l'argent, des
pierres précieuses, des maisons magnifiques, ni de
superbes ameublements, mais des pluies bien-
faisantes dans la première et la dernière saison,
des récoltes abondantes en blé, en vin et en huile ;
de plus, des femmes et des troupeaux féconds, et
enfin, la victoire sur leurs ennemis. L'appât de
ces promesses, et la fertilité naturelle du pays,
leur donnèrent de si puissants encouragements
pour l'agriculture, que nous ne connaissons aucun
peuple qui s'y soit plus entièrement et plus géné-
ralement livré que les Israélites. Aussi trouvons-
nous que les mêmes travaux occupaient également
toutes les familles ; les plus indigents de la tribu
de Juda ensemençaient les champs, battaient le
blé, ou menaient paître leurs troupeaux comme
faisaient les plus riches de la tribu de Benjamin.
Cette coutume fut constamment observée jusqu'au
temps de Salomon. Le luxe introduit dans l'état
par ce prince, enfanta le commerce et les manu-
factures.
Chacun était obligé de cultiver la portion de
terre que le sort avait assignée à ses ancêtres.
C'était son patrimoine, qu'il ne pouvait changer
ni aliéner, sans faire tort à ses enfants, et se dés-
honorer lui-môme. Les juges et les rois obser-
vaient aussi la coutume de faire valoir leurs ter-
res ; ce qui les distinguait seulement en cela des
particuliers, c'est qu'ils possédaient un plus grand
nombre de troupeaux, et un pays plus étendu.
Dans l'énumération des richesses de David,
l'Écriture fait mention principalement de ses pâ-
turages, de ses troupeaux de bœufs, de chameaux,
de brebis et d'ânes, de ses greniers à blé, de ses
celliers de vin et d'huile (i). Salomon le surpassa
encore en richesses, comme il le dit lui-même (2) ;
et l'on doit d'autant plus s'en rapporter à son
témoignage, qu'il est de fait qu'il entretenait un
nombre infini de femmes, de concubines et de
serviteurs.
Si nous considérons le peu d'étendue de la Ju-
dée, et le nombre des habitants qu'elle contenait,
nous aurons peine à concevoir comment ce pays,
qui devait se reposer tous les sept ans, quoique
cultivé avec tout le soin et toute l'industrie dont
les Juifs étaient capables, pouvait fournir à la
subsistance de tant de monde. Cependant il est
certain qu'ils en retiraient au-delà du nécessaire,
puisqu'ils transportaient à Tyr du froment, du
miel et de l'huile, tant pour les vendre aux étran-
gers qui s'y rendaient de toutes parts (3), que pour
les céder à titre d'échange à Hiram, dont ils four-
nissaient la table (4). Ils avaient, outre cela, une
grande quantité de riz, d'orge et d'autres grains,
et différentes sortes d'aliments en légumes, en ra-
cines et en fruits ; du nombre de ceux-ci étaient
les dattes, les figues et les grenades. Leurs vignes
mêmes, qui étaient très nombreuses, leur fournis-
saient une nourriture solide et une boisson agréa-
ble ; ils n'employaient point toutes les grappes à
faire du vin ; ils en faisaient sécher une grande
partie. Ajoutons à toutes ces productions natu-
relles du pays, la quantité de bétail, que non seu-
lement ils nourrissaient eux-mêmes, mais qu'ils
tiraient aussi des pays étrangers, comme on peut
le voir par le tribut de cent mille agneaux, et d'au-
tant de moutons avec leur laine (5) que le roi de
Moabpayaà Achab. Les Arabes fournirent aussi
un grand nombre de troupeaux de cette espèce à
Josaphat (6). Nous pouvons conclure de là, que
toutes les nations tributaires des Juifs payaient
leurs tributs en nature, des productions dont leur
pays abondait, et qui pouvaient servir, soit à la
nourriture soit au vêtement. On doit se ressou-
venir d'ailleurs que le pays de Canaan n'avait ni
bois, ni parcs, ni terres incultes. Les anciens
Cananéens, qui étaient extrêmement nombreux
et très resserrés sur le sol qu'ils habitaient, n'en
laissèrent aucune partie en friche. Leurs maisons
(1) 1. Paralip. xxvn. te. suiv. f. 25.
(2) Eccl. 11. v. 5. et suiv.
L'endroit de l'Ecclésiaste, que nous avons cité, prouve
que les jardins et les vergers de Salomon renfermaient
principalement de ces sortes d'arbres et de plantes qui
sont plus pour l'usage que pour l'ornement, et qui de-
mandent un soin particulier. Aussi recommande-t-il
beaucoup la diligence ; et dans presque tous les chapi-
tres du livre des Proverbes, il en t'ait l'éloge. Cependant
lui-même, dans la suite, devint infidèle h ces sages ma-
ximes, qui étaient fondées sur les lumières les plus rares
de la raison et d'une vraie politique.
(jl Eyéch. xxvn. et xxvm.
(4) m Rois v. f. II.
(s) iv Rois m. jr. 4.
(6) 11 Paralip. xvn. jh 11.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
4ÏÎ
n'étaient pas plus spacieuses que ne l'exigeait
l'étendue de leurs familles ; leurs jardins, leurs
vergers, leurs champs et leurs vignes, contri-
buaient également à leur subsistance. Ainsi, lors-
que les Israélites arrivèrent, quoiqu'ils eussent
oublié en grande partie l'agriculture chez les
Égyptiens, où ils avaient eu d'autres occupations,
et dans le désert où ils avaient passé quarante ans
sous des tentes, voyant un pays si bien cultivé et
si bien entretenu de toutes parts, ils furent, en
quelque sorte, forcés d'imiter l'activité et l'indus-
trie des premiers habitants.
Après tous les avantages dont nous venons de
parler, il n'est pas étonnant que le commerce et
les manufactures fussent si peu en usage parmi
eux avant les temps de David et de Salomon. Ils
n'y eurent recours que dans les cas d'une absolue
nécessité. Les hommes construisaient eux-mêmes
leurs propres maisons. Les femmes et les domes-
tiques filaient et faisaient les habits, cuisaient le
pain, préparaient à manger, en un mot, faisaient
l'office de tisserands, de tailleurs, de cordonniers,
de boulangers et de cuisiniers. La délicatesse des
mets, la somptuosité des meubles, leur étaient
entièrement inconnues ; et ils ne sentirent la né-
cessité du commerce, que quand ils éprouvèrent
les besoins du luxe, qui leur fut communiqué par
les rois. Ils avaient pu jusqu'alors se passer faci-
lement de manufactures, portant toujours des
vêtements de la plus grande simplicité. La matière
en était commune et la forme sans art. Nous
ne pourrions en donner une description fort
exacte, parce que les modèles de leurs différents
habits n'ont pas passé à la postérité, comme ceux
des vêtements des Grecs et des Romains. Mais
en rassemblant tout ce que l'Écriture fournit sur
ce sujet, nous en offrirons du moins des esquisses.
Selon toutes les apparences, ils portaient immé-
diatement sur la peau une tunique et des cale-
çons de toile, qu'ils recouvraient d'un manteau
quand ils sortaient. Ils faisaient consister la beauté
de ces habits dans la finesse de l'étoffe, ou dans
la richesse de la couleur. Le jaune ou le bleu,
le pourpre ou l'écarlate, étaient les plus précieu-
ses des teintures, et la couleur blanche était la
moins chère et la plus ordinaire, parce qu'elle
supporte plus aisément le blanchissage, et que
cette qualité en avait fait recommander l'usage
par Salomon (i). La chaleur du climat exigeait
que l'on changeât souvent d'habits. C'est de là
que vint l'habitude établie parmi eux de se faire
des présents de vêtements (2) ; car probablement
chaque personne en avaient plusieurs qui diffé-
raient en beauté en la couleur. Les plus beaux,
sans doute, étaient réservés pour les jours de
fêtes et les grandes solennités. Les jeunes gens
de l'un et de l'autre sexe, selon toutes les appa-
rences, portaient des robes rayées ou parsemées
de fleurs : telles étaient celles de Joseph, de
Thamar, et de toutes les filles non mariées de
David (3). Les habits d'hommes semblent n'avoir
été distingués des autres que par un seul orne-
ment, qui consistait en des franges attachées à un
cordon de pourpre qui formait le bord de l'étoffe.
La loi leur ordonnait de porter cette marque dis-
tinctive pour leur rappeler que la félicité à la-
quelle ils avaient droit de prétendre, dépendait de
leur soumission aux commandements de Dieu '4).
Nous ignorons entièrement qu'elle était la forme
de leur bonnet, chapeau ou coiffure, ainsi que la
matière et la forme de leurs bas, si toutefois ils
en faisaient usage. Leurs souliers, ou plutôt leurs
sandales, étaient des semelles de bois ou de cuir,
attachées à la partie supérieure du pied, par des
espèces de courroies. Cette chaussure leur faci-
litait le moyen de se laver les pieds, ce qui leur
arrivait très fréquemment.
Les femmes, surtout les femmes riches, met-
taient dans leurs habits plus d'art et d'ornement
que le commun de leur sexe : c'était le plus sou-
vent en broderies qu'elles travaillaient elles-
mêmes. Elles portaient des joyaux d'or et d'ar-
gent, qui, la plupart, étaient venus d'Egypte, et
dont le nombre dut naturellement s'augmenter à
mesure que les Israélites étendirent leurs con-
quêtes. Il est très probable d'ailleurs, que Tyr leur
fournissait plusieurs de ces joyaux, aussi bien que
des étoffes, qu'ils échangeaient contre leur blé,
leur baume, et les autres productions de leur
pays. Ce commerce se fit, surtout après le temps
de Salomon, lorsque l'orgueil et le luxe furent
parvenus à un si haut point, que le prophète
Isaïe employé un chapitre presqu'entier (<;) à faire
l'énumération des magnifiques ajustements, dont
se paraient les femmes de son temps. Ce chapitre
nous serait d'une grande utilité, relativement à
l'objet que nous traitons, si le texte en était in-
telligible; mais il n'est presque pas possible de le
débrouiller. La seule observation que nous puis-
sions en tirer, c'est que les femmes juives pla-
çaient la plus grande partie de leurs parures à la
tête, aux bras et aux pieds, et qu'elles portaient
à la jambe une espèce d'ornement, qui rendait
un son agréable lorsqu'elles marchaient. L'Ecri-
ture remarque qu'Holopherne tut charmé des
sandales de Judith (6). Les autres ornements de
1(1) Ecclès. îx. jK' 8.
{7) Gen. xlv. f. 22.- iv. Rois v. f. 5,
i(j) 11. Rois. xiii. f. 18.
S. B. — T. XII.
2J.
(4) Nomb. xv. f. j8.
(<) Cliap. m. f. 16. et suiv.
(6) Judith xvi. f. 11.
28
434
COUP D'ŒIL RÉTROSPECTIF
cette héroïne pourraient nous donner une idée
complète de la parure des femmes Israélites; mais
on soupçonne qu'il s'y trouve quelque mélangedes
ajustements babyloniens; aussi aimons-nous mieux
recourir au prophète Ézéchiel, qui nous fournira,
sur cet article, une description plus claire et moins
suspecte d'altération. C'est à l'endroit (i) où il
compare les Juifs à une femme pauvre, nue et
abandonnée : Dieu, dit-il, ému de pitié, la revêtit
de soie et de fin lin, mit à ses pieds des sandales,
des bracelets à ses bras, un collier à son cou, des
pendants à ses oreilles, une bague sur son front,
et une couronne sur sa tête. A ces divers orne-
ments ajoutons le voile, dont l'Écriture fait sou-
vent mention, et qui était, dans un pays si chaud,
très nécessaire aux femmes, tant pour garantir
leur teint des ardeurs du soleil, que pour obéir à
une loi de modestie, qui leur défendait de paraître
en public à visage découvert. Ces voiles étaient-
ils faits d'une étoffe assez transparente pourqu'elles
pussent voir à travers, et en même temps faire
apercevoir, jusqu'à un certain point, la richesse
de leurs ornements et l'éclat de leur beauté ? C'est
une question sur laquelle nous ne pouvons donner
aucune réponse décisive. Quant au luxe excessif
que, par la suite, elles mirent dans leur parure,
et dont les prophètes se plaignent dans plusieurs
endroits, il ne paraît pas qu'elles s'y soient livrées
a^ant la fin du règne de David.
Jusqu'à ce temps, les Juifs menèrent constam-
ment une vie laborieuse et frugale ; et c'est de là
que nous présumons si favorablement de leur
valeur, de leur force, de leur légèreté, et en géné-
ral des exploitsextraordinaires que l'Écriture attri-
bue aux forts de David et à ses troupes. Mais ce
monarque ayant amassé d'immenses trésors, et
voulant en consacrer une partie à Dieu, en taisant
élever en son honneur un temple magnifique, fut
obligé d'introduire dans ses états un grand nom-
bre d'ouvriers (2) en métaux, en bois, en pierres,
comme des sculpteurs, des maçons, des menui-
siers, des orfèvres, des fondeurs, etc. qui, à leur
tour, en rendirent nécessaires d'autres dont ils
ne pouvaient se passer. Salomon exécuta les pro-
jets de son père, et fit bâtir de superbes palais.
La pompe et la grandeur qu'offraient ces diffé-
rents édifices, inspirèrent à ses sujets le goût de
l'architecture, et par là augmentèrent encore le
nombre des artistes et des artisans. La révolte
des dix tribus, qui arriva après le règne florissant
de ce prince, par la nécessité de fortifier Jérusa-
lem et plusieurs autres villes, contribua aussi à
les multiplier. Il leur fallut construire des chariots
de guerre, et forger de nouvelles armes ; et nous
trouvons dans le livre des Paralipomènes que la
tribu de Juda possédait une vallée, qu'on nom-
mait ordinairement la vallée des Ouvriers, parce
qu'elle n'était habitée que par des gens de mé-
tier (3). On peut juger jusqu'à quel point ils
s'étaient augmentés, par le nombre de ceux que
Nabucodonosor emmena de la seule ville de Jé-
rusalem (4) à Babylone. Cependant, malgré le
vif empressement que les Juifs témoignèrent
d'abord pour les arts, ils restèrent toujours atta-
chés à leurs travaux champêtres, et continuèrent
à cultiver leurs terres avec la même vigilance et
la même activité. Le prophète Ézéchiel, en par-
lant des objets dont les Juifs faisaient commerce
avec les étrangers, fait mention seulement des
productions naturelles du pays. Salomon lui-même,
qui donna une si grande faveur au commerce et à
tout ce qui tient au luxe, était si éloigné de penser
que l'agriculture fut une occupation méprisable,
que non seulement il s'y appliqua lui-même, mais
qu'il la recommanda fortement à ses sujets, comme
l'un des plus sûrs moyens d'acquérir des richesses,
de conserver la santé, et d'obtenir des jours longs,
paisibles et heureux. On trouve ces vérités expri-
mées dans plus d'un endroit du livre des Prover
bes. Nous pouvons même ajouter que la perfec-
tion de l'agriculture fut un des plus puissants mo-
tifs qui engagèrent ce prince à favoriser le com-
merce et la navigation. Mais ces deux derniers arts
s'élevèrent et périrent en quelque sorte avec lui.
Heureux dans leurs héritages, au sein de leur
famille, de leurs troupeaux et de leurs terres, il
n'est pas surprenant que les Hébreux se fussent
livrés à la poésie avec l'ardeur propre aux Orien-
taux. Tout le monde, plus ou moins, était poète ;
mais nous regrettons de n'avoir plus que des
chants sacrés. Il eût été intéressant de connaître
ces romances populaires : La Biche de l'Aurore,
Colombe des chênes lointains, Ne détruis pas,
dont les premiers mots seuls sont parvenus inci-
demment jusqu'à nous. Mais si cette perte nous
afflige, en compensation, nous avons d'admirables
spécimens de la poésie religieuse dans ce qu'elle
a de plus suave ou de plus majestueux.
La plupart étaient inspirés par l'Esprit divin,qui
dictait, en quelque sorte, leurs ouvrages, dont
(1) E^éch, Ch.xvi. ji\ 10. et suiv.
(2, L'Écriture dit en deux endroits, que SaiOmon fit
demander à Hiram des ouvriers habiles dans l'art de
travailler les métaux, le bois et la pierre, et qu'immédia-
tement après, il employa trente mille hommes à la conti-
nuation de l'ouvrage. Il paraît par-là, que les hommes
envoyés per Hrem étaient dest:nés principalement à
apprendre aux ouvriers de Salomon les différents arts
nécessaires pour la construction de l'édifice immense
que ce grand prince voulait consacrer à l'Éternel.
(j)i Paralip. îv. f. 14.
(4) tv Rois. xxtv. jr. 14, 16.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
43^
l'objet principal était de célébrer la grandeur de
Dieu, ou ses bienfaits. Il n'est donc pas étonnant
que, non seulement leur saint législateur, mais
aussi leurs juges, leurs monarques, leurs prêtres
et leurs prophètes, de l'un et de l'autre sexe, aient
composé des poèmes immortels, où l'on trouve
les plus sublimes idées sur la Divinité. Tels sont
les deux inimitables cantiques de Moïse, ceux de
Débora et d'Anne, le livre des Psaumes, le Can-
tique des Cantiques, l'action de grâce d'Ézéchias,
le livre de Job, une grande partie des révélations
d'Isaïe,et tout le livre des Lamentations et la plu-
part des prophètes. Quelle hardiesse de figures !
Quelle sublimité d'expressions ! Quelle beauté
d'images, et quelle profondeur de sentiment !
Ces qualités conviennent à tous leurs poèmes, qui
présentent d'ailleurs d'excellents préceptes de
morale, et des instructions proportionnées à tous
les âges et à toutes les conditions. Cependant ils
renferment encore un grand nombre de beautés
que nous ne pouvons pas sentir, parce que, par
un malheur commun à toutes les pièces d'une
haute antiquité, ils font fréquemment allusion à
des circonstances ou à des coutumes qui nous
sont inconnues. On y trouve aussi plusieurs mots
dont on ne peut déterminer le sens que par con-
jecture, parce qu'ils ne sont répétés dans aucun
autre endroit. Combien donc les traductions des
poésies sacrées en des langues modernes, qui sont
déjà si imparfaites, doivent être au dessous de
l'original, soit pour la beauté, soit pour l'énergie!
Nous ne pouvons, pour ainsi dire, qu'apercevoir
les tours et les expressions de la langue sainte,
parce que, d'un côté, leur éclat nous éblouit, et
que, de l'autre, leur profondeur nous échappe :
c'est ainsi que paraît en juger Gildon : « Rien n'est
si doux, » dit-il, « si tendre, si pathétique, et en
même temps si grand, si majestueux et si terrible
que la partie poétique de la Bible. Combien la
comparaison avec les poèmes païens fait paraître
ceux-ci mesquins et rampants ! » Nous pouvons
ajouter que rien n'est si vrai que ce jugement porté
par un homme exempt de tout scrupule religieux.
Mais si tous les savants reconnaissent unani-
mement la supériorité de l'ancienne poésie des
Hébreux sur celle des autres peuples, ils ne s'ac-
cordent pas de même pour déterminer quelle était
la mesure, la cadence et les règles de cette poé-
sie. Plusieurs auteurs se sont applaudis d'avoir
fait sur ce sujet les plus heureuses découvertes ;
mais, ou ils ont eu la prudence de les tenir secrè-
tes (i), ou s'ils ont eu la témérité de les mettre
au jour, ils n'ont fait que donner occasion à quel-
que sage antagoniste, de démontrer le peu de
fondement et la vanité de leur présomption (2).
En effet, tous ceux qui ont voulu résoudre cette
difficulté, ont été obligés de transporter et d'al-
térer l'ordre, les mots, la ponctuation, et quel-
quefois le sens même, pour les ramener à leur
système. C'est ce qu'un savant du xvnc siècle a
osé faire dans une dissertation destinée à prouver
que les vers hébraïques étaient rimes, comme les
vers français et ceux de la plupart des langues
modernes (3). Pour donner un air de vérité à son
sentiment, il allonge ou raccourcit les vers et les
syllabes comme il le juge à propos, et fait en
sorte que le même son se trouve au bout des li-
gnes qu'il a ainsi décousues, sans y mettre d'autre
proportion. Mais par une telle méthode on pour
rait venir à bout de mettre en rimes, nous ne di-
sons pas avec dom Calmet (4), quelques haran-
gues de Cicéron, mais tout l'Ancien Testament ;
car dans les pièces de poésie dont nous parlons,
non seulement la rime était purement acciden-
telle, ainsi que l'a observé le savant commenta-
teur,mais elle était encore absolument inévitable,
ou il aurait fallu que les auteurs se fussent donné
des peines infinies pour n'y pas tomber. Ceux qui
ont appris les éléments de la langue hébraïque,
savent qu'entre les terminaisons des verbes et
même des noms au pluriel, et l'addition des pro-
noms possessifs à ces noms et à ces verbes, il se
trouve une si grande ressemblance, qu'il serait
beaucoup plus difficile de composer en cette lan-
gue un poème non rimé, qu'un poëmetouten rimes.
Les règles de la poésie hébraïque sont à la fois
plus larges et plus compliquées. La première règle
était le parallélisme des idées :
« Ma doctrine distillera comme la pluie,
Ma parole dégouttera comme la rosée,
<c Comme l'averse sur la verdure,
Comme la giboulée sur l'herbe. »
L'antithèse tenait lieu de parallélisme :
-c Les coups de l'ami sont fidèles ;
Les baisers de l'ennemi sont perfides. »
« L'arc des forts est brisé ;
Les faibles se ceignent de force. »
Quant à la facture matérielle, elle offrait un
large champ au génie des poètes hébreux. Indé-
pendamment des strophes et des refrains, ils pou-
vaient diversifier leurs poésies par la rime, l'asso-
nance, l'allitération, et même l'acrostiche (5).
(1) Fr. Vatabl. ap. Mcrccr. in Job in. Meibom. Cf. Jour-
nal des Savants 1699- et al.
{2)' Coinan. Lrra, David. Th. Herbert. Cf. Capel. cont.
Gonum. Bedfort contra le Clerc.
(■}) Bibliolh. univers. Mai io38.
(4) Comment, in Exod. xv. et alib.
{<,) Lowlh, Herder, Munk, Vigouroux.
436
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
La musique des Israélites ne nous est point
aussi connue que leur poésie. Rien ne nous a été
transmis de ce qui aurait pu nous faire juger si
cet art monta parmi eux au même degré de per-
fection que celui-ci. Nous ne pouvons guère for-
mer là-dessus que des conjectures. Cependant
s'il est permis d'apprécier l'un de ces arts par
l'autre, et si les phrases les plus harmonieuses,
composées sur les plus sublimes sujets, fournis-
sent au musicien des thèmes mélodieux, pourrait-
on croire que leur musique ne réunit pas la dou-
ceur, l'élégance et une heureuse variété, quoique
toujours accompagnée d'une gravité noble et ma-
jestueuse ? La musique et la poésie sont sœurs, et
supposent à peu près les mêmes talents. Nous
sommes bien éloignés d'admettre le sentiment de
certains auteurs, qui font une description fort peu
avantageuse des instruments de musique qui
étaient eh usage parmi les Hébreux. Nous nous
sommes suffisamment étendu, dans l'introduc-
tion au livre des Psaumes sur chacun de ces
instruments en particulier pour n'avoir rien à y
ajouter ici. Qu'il nous suffise de faire remarquer
que l'art musical devait être assez avancé, puisque
nous trouvons réunis les instrumentsà ventet à per-
cussion sous les formes de métal, bois et cordes.
Si nous voulons même un exemple de la beauté
de cette musique, rappelons-nous les effets qu'elle
avait coutume de produire non seulement sur
Saùl (i), mais aussi sur tous les prophètes dont
elle animait ou calmait les esprits, et qu'elle ren-
dait susceptibles des inspirations divines (2).Nous
serons obligés alors de reconnaître sa supériorité
sur celle de tous les peuples anciens, et même
d'avouer qu'elle devait au moins égaler tout ce que
nous connaissons de plus harmonieux. En effet, on
ne doit pas être surpris qu'elle ait atteint un si
haut degré de perfection, si l'on considère que,
depuis Moïse, elle fut constamment employée par
les Juifs, et dans leurs fêtes publiques et religieu-
ses, et dans leurs réjouissances particulières. Ils
s'en servirent même dans les cérémonies funèbres;
ainsi le cantique de David sur la mort de Saùl et
de Jonathas (}) et les lamentations deJérémiesur
la mort de Josias, furent composés pour être mis
en musique. Combien ne dut-elle pas se perfec-
tionner sous le règne de David, qui était en même
temps excellent poète et très bon musicien? L'in-
clination qu'un souverain témoigne pour un art, en
favorise à coup sûr les progrès. Combien n'en du-
rent point faire les quatre mille lévites qui s'y ap-
pliquaient uniquement sous la direction de deux
cent quatre-vingt-huit maîtres, ayant à leur tète
Asaph, Héman, et Idithun (4) ? La loi ayant
pourvu à leur subsistance, rien ne pouvait les em-
pêcher de donner tout leur soin et toute leur at-
tention à l'étude d'un art si agréable. Au surplus,
les femmes s'adonnaient aussi à la musique, tant
vocale qu'instrumentale, comme celles dont parle
le psalmiste. Ajoutons que les rois de Juda et
d'Israël eurent constamment à leurs cours des mu-
siciens de l'un et de l'autre sexe (<j). Dans pres-
que toutes les occasions, les Juifs faisaient usage
de musique; et nous pouvons affirmer, sans crainte
d'être contredit, qu'aucun peuple ne témoigna
pour elle autant de goût et d'attachement. Au
sortir de la captivité de Babylone, quoique la
tristesse dans laquelle les Israélites avaient été
plongés leur eût fait négliger cet art, puisque, se-
lon le psalmiste, ils avaient suspendu aux saules
leursharpes et leurs instruments, ils ne laissèrent
pas d'amener avec eux deux cents musiciens de
l'un et de l'autre sexe (6).
Après tout ce que nous venons de dire de 1 an-
tiquité, de l'usage presque général et des effets
étonnants de la musique chez les Hébreux, peut-
on s'imaginer qu'elle était si imparfaite el si gros-
sière, que le principe unique sur lequel elle était
fondée, consistât simplement dans la variété des
voix et des instruments, sans aucune combinaison
de basse et de dessus, ainsi que des autres parties
qui sont comme l'âme de la musique ? Le hasard
pouvait-il manquer de leur faire observer l'har-
monie de certaines notes composées pendant un
espace de temps si considérable et dans un con-
cours si nombreux de voix et d'instruments de
toutes les espèces ? Les admirables effets de cette
musique pourraient-ils se concevoir et s'expliquer
par le moyen de quelques tons simples, malgré
toute la mélodie qu'on veuille leur supposer?
Nous ne croyons pas qu'il soit possible d'admet-
tre un pareil sentiment. Une observation que nous
ne devons pas laisser échapper, c'est que le style
de plusieurs psaumes et les fréquentes transitions
qu'on y remarque de la première à la troisième
personne, semblent prouver que les personnes
qui chantaient ces cantiques, se répondaient en
chœurs. Quant aux progrès que les Juifs ont pu
faire dans la musique, à d'autres égards, nous
sommes obligé d'avouer que nous n'avons aucune
connaissance certaine sur cet objet.
On tâche ordinairement de décrier la musique
des Hébreux, en objectant la rudesse de leur
langue, qui abonde en consonnes, en gutturales
(1)1 Rois xvi y. 2). Cf. el xix. y. 2j. et suiv.
(2) iv. Rois 111. y. 15.
{}, 11. Rois. 1, y. 17. et suiv.
(-1) 11 Pcralip xxxv. y. iç. et alibi, passim.
{<,) 11 Rois xix. y.}<).~Ecclési. 11. y. 9 -11. Paralip xxxvj'. 35.
(6) Esd. 11. y. 65.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
437
et en monosyllabes, et qui, par cela même, dit-
on, n'était pas susceptible des charmes de l'har-
monie. Si cette supposition était vraie, elle réfu-
terait tout ce que nous venons de dire. Mais nous
croyons avoir suffisamment démontré le contraire
Nous pouvons même ajouter que tout juge impar
tial peut se convaincre, par quelques pièces hé-
braïques qui ont été mises en musique, que cette
objection est entièrement fausse et vient, ou du
peu d'attention qu'on fait à une langue aussi an-
cienne et aussi négligée que l'hébreu, ou de l'atta-
chement excessif de notre siècle à la musique
italienne, telle qu'elle est aujourd'hui. Il est à noter
cependant que depuis deux siècles, les Juifs ont
composé des chefs-d'œuvre qui rivalisent avec les
plus belles compositions italiennes ou allemandes.
Quand il n'est pas dominé par la soif de l'or et du
commerce, le Juif possède des talents artistiques
qu'il serait puéril de lui refuser.
Ce que nous avons dit de la musique des Hé-
breux, peut aussi s'appliquer à leurs danses.
Celles qui avaient rapport à leurs solennités reli-
gieuses,devaient s'exécuter sans doute avec beau-
coup de gravité et s'accorder avec la musique et
les paroles. Nous ignorons absolument quelles
étaient les règles observées dans ces danses ; si
elles avaient quelque conformité avec les nôtres,
ou si elles étaient simplement des danses en rond.
Peut-être reproduisaient-elles des figures géo-
métriques convenues à l'avance. Ainsi, sans nous
arrêter à faire, sur ce sujet, de vaines recherches,
nous passerons à un autre sujet sur lequel nous
avons des connaissances plus certaines.
Du langage, de l'écriture el des connaissances
des Hébreux.
La langue hébraïque se parlait anciennement
dans la Judée, telle qu'on la trouve dans les
écrits de Moïse et de quelques autres auteurs
sacrés. Plus tard, elle se corrompit et devint un
dialecte araméen tenant à la fois du syriaque et
du chaldaïque greffés sur l'hébreu primordial.
L'âge d'or de la littérature part de David jusqu'au
septième siècle avant Jésus-Christ. Mais le règne
de Salomon en fut le point culminant.
On a beaucoup décrié l'hébreu comme une lan-
gue pauvre. Ce reproche est vrai en grande par-
tie, surtout si on le compare au grec. Les termes
scientifiques, philosophiques et psychologiques,
font généralement défaut. On ne pourrait rendre
en hébreu toutes nos idées modernes. Mais à
l'exception du grec, n'en est-il pas un peu de
même du latin ? Que de mots la théologie a dû for-
muler pour rendre les idées abstraites. Et pour-
tant des génies de premier ordre avaient parlé
cette langue. Cicéron et Sénèque, pour ne citer
qu'eux, n'étaient pas des philosophes sans intelli-
gence. Mais le latin, langue positive, n'avait pas à
sa disposition l'étonnante variété de la syntaxe
grecque. Nous en dirons autant de l'hébreu. La
langue suffisait aux besoins civils et religieux. Elle
exprimait toutes les idées reçues; sa richesse était
appropriée à son usage.
Mais si nous devons en juger par le pej de li-
vres hébreux qui nous restent, et selon les .lumiè-
res que nous avons acquises sur cet objet, nous
affirmerons, sans crainte de porter un jugement
hasardé, que le génie en est pur, naturel, et con-
forme à la simplicité primitive des anciens patriar-
ches. Ses mots sont concis, énergiques, et dérivés
d'un petit nombre de racines. Cette langue a,
dans ses verbes, une étonnante fécondité, qui naît
principalement des modes extrêmement variés de
ses conjugaisons, dont plusieurs expriment une
phrase entière. Aussi lorsqu'on veut les traduire
en une autre langue, est on forcé nécessairement
d'employer des paraphrases. Ainsi par exemple,
aimer, être aimé, aimer avec ardeur, lire aimé avec
ardeur, se faire aimer el s'aimer soi-même, sont ex-
primés par le même verbe, avec quelque légère
variation dans les points, ou tout au plusdans une
ou deux lettres. De même un verbe, par le chan-
gement de conjugaison, peut signifier deux cho-
ses directement opposées ; tel par exemple, que
bénir et maudire, honorer Ket déshonorer, faire pren-
dre racine et déraciner. Les pronoms et les prépo-
sitions sont de simples lettres, dont la différence
consiste en ce que celles qui désignent les pro-
noms sont placées à la fin des mots, et celles qui
marquent les prépositions au commencement. La
grammaire est simple, aisée et naturelle. Les
noms ne varient jamais, que pour exprimer le
genre et le nombre. On trouve la même simpli-
cité dans tous les modes et les temps des verbes.
Les mots se suivent naturellement dans les phra-
ses, sans transposition, ni longues périodes qui
suspendent le sens, ou lui donnent de l'obscurité.
Ces différentes qualités, que les philologues sa-
vent si bien apprécier, attestent que le styfe des
livres sacrés dut paraître toujours net, clair et in-
telligible, tant que la langue des Hébreux fut vi-
vante. Si, dans quelques endroits, nous trouvons
des passages difficiles, c'est parce que nous ne
comprenons pas un grand nombre de mots dont
nous sommes obligés d'aller chercher la significa-
tion dans le chaldéen, le syriaque ou l'arabe, sou-
vent sans aucun succès, parce que nous ignorons les
usages et les coutumes auxquels plusieurs de ces
passages font allusion. Les Hébreux ont aussi
dans leur langue des tours et des expressions qui
nous paraissent fort étranges ; mais si nous les
examinons attentivement, non seulement nous y
trouverons de la justesse et de l'exactitude, mais
même de la noblesse et de l'élégance. Telle est la
coutume de leurs historiens, de faire parler, d'in-
438
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
troduire dans leurs narrations les personnes dont
ils rapportent les faits, comme on peut le voir dans
les phrases suivantes : El Dieu dit à Abraham: Je
suis Ion bouclier et ta grande récompense ; pour
dire, Dieu d'il à Abraham qu'il était son bouclier.
El Abraham dit : Oh! qulsmaël vive, au lieu de il
demanda qulsmaël fût conservé. Tout le monde
sait que ce langage est particulier à tous les au-
teurs de l'Ancien Testament. Si ces manières de
s'exprimer ne nous paraissent pas fort naturelles,
du moins ne saurait-on disconvenirqu'elles ont, je
ne sais quel air de simplicité antique qu'on ne
trouve pas même dans le chaldéen, moins encore
dans le syriaque, l'arabe et les autres langues an-
ciennes.
L'écriture des Hébreux est un point qui a donné
matière à beaucoup de difficultés. Quoique leur
coutume d'écrire de droite à gauche soit aussi ai-
sée et aussi naturelle que celle qui va de gauche
à droite, nous ne pouvons pas nous dissimuler que
leur écriture ne paraisse difficile et embarrassée.
Les exégètes s'accordent aujourd'hui à penser que
l'ancien caractère était celui que nous appelons
aujourd'hui samaritain. Au retour de la captivité,
Esdras lui substitua l'alphabet carré actuel, beau-
coup plus simple, emprunté aux Chaldéens.
Les caractères samaritains, quoique conformes
à ceux des anciens phéniciens, seraient entière-
ment perdus, s'ils n'avaient été conservés dans le
Pentateuque samaritain. C'est par leur moyen
qu'on est venu à bout de déchiffrer non seulement
l'inscription des sicles du temps des Macca-
bées, mais aussi les légendes de quelques médail-
les phéniciennes qui ont servi à éclaircir plusieurs
points importants de l'histoire ancienne.
Les voyelles des Hébreux ont occasionné une
autre dispute fameuse entre les savants. L'objet
de cette dispute est de savoir si les Hébreux
avaient des voyelles, ou si ce qu'on appelle au-
jourd'hui les points, leur a été substitué ; et, dans
cette dernière supposition, si ces points sont aussi
anciens que Moïse, ou s'ils ont été inventés par
Esdras ou par les massorètes. Nous n'avons pas le
dessein d'entrerdansces immenses discussions, ni
de rapporter tout ce que les philologues ont dit de
part et d'autre sur une matière si obscure. Nous
tâcherons seulement d'exposer avec précision les
sentiments adoptés par la plus grande partie des
auteurs sur ces deux questions.
On est généralement d'accord sur la première
question ; et l'on ifirme que les Hébreux avaient
des voyelles, qui étaient 1' n aleph, le n hé, le i
vau, le ' iod et 1' y ain, quoiqu'elles fussent de
temps en temps sous-entendues. Elles avaient
aussi plusieurs variations dans la manière d'être
prononcées, et servaient quelquefois de conson-
nes comme autrefois le i (j) et le u (v).S'il n'est pas
absolument décidé que les Hébreux n'eussent que
ces voyelles, il est au moins hors de doute que les
Samaritains n'en admettaient pas d'autres, quoi-
qu'ils pussent lire facilement le Pentateuque hé-
breu, à l'aide de leur propre alphabet. Nous pou-
vons dire la même chose des Chaldéens, des As-
syriens et des Arabes. Les derniers n'ont com-
mencé à faire usage des points-voyelles que plu-
sieurs siècles après Jésus-Christ, et les Juifsmême
ne les ont jamais employés dans leurs synagogues.
Ainsi, malgré toutes les objections qui ont été
faites, et celles que l'on pourrait faire, il paraît
certain que le texte hébreu peut se lire faci-
lement sans le secours des points, qui n'ont été
inventés que pour rendre cette langue plus in-
telligible, et pour en conserver la vraie pronon-
ciation.
Nous devons observer que les mêmes lettres
hébraïques, telles qu'on les voit aujourd'hui dans
les livres sacrés, sont d'un caractère, tantôt plus
fin, tantôt plus gros. Quelques-unes sont placées
au dessus de la ligne, d'autres au dessous, quel-
ques autres enfin sont tournées d'une manière ex-
traordinaire. Ces variations ne sont point des
tautes d'impression ; car elles existaient plusieurs
siècles avant que l'imprimerie fût inventée, et nous
ont été religieusement transmises par les Juifs,
tant dans les volumes écrits à la main, dont ils se
servent encore aujourd'hui dans leurs synagogues,
que dans leurs livres imprimés. Ils prétendent
qu'elles ont été faites à dessein par quelque au-
teur inspiré, soit pour indiquer quelque profond
mystère, soit pour exprimer un sentiment de vé-
nération si .la lettre est plus grande, et de mépris
si elle est plus petite,soit enfin pour avertir le lec-
teur d'en lire les paroles avec plus d'attention ;
mais tout cela est bien vague, aussi n'en tient-on
guère de cas en dehors des recherches kabba-
listiques.
Nous ajouterons une autre observation. Les
auteurs sacrés n'ont jamais exprimé les nombres
par des lettres numériques, mais ils les ont tou-
jours désignés par des mots. Ceux que l'on place
dans l'alphabet hébreu, vis-à-vis de chaque lettre,
sont seulement les nombres dont les Juifs se sont
servis de temps immémorial. Il est important de
faire cette remarque, parce que certains chrono-
logistes ont prétendu fixer des dates, et rectifier
des époques par le moyen des lettres numériques;
à peu près comme quelques Juifs, entêtés de
leurs chimères, ont voulu trouver le poids et la
mesure de certaines choses par le moyen de ces
mêmes caractères (i). Les premiers, par exemple,
(i) Basnag. Hist. des Juifs, t. vi. 1. xix. c. 8. 20 et suiv.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
439
prétendent que la lettre qui signifie i ou iooo,se
trouve six fois dans le premier vers de la Genèse;
ce qui veut dire, selon eux, que le monde, restera
six mille ans dans l'état où il est aujourd'hui, et
qu'ensuite il sera renouvelé ; mais ces opinions
chimériques ne sont appuyées sur aucune preuve,
et blessent entièrement la vraisemblance.
La seconde question que nous avons proposée,
regarde l'antiquité et l'autorité des points dont il
s'agit. Les Juifs ont eu divers sentiments à ce
sujet ; les uns en ont attribué l'invention à Moïse,
et leur ont accordé la même authenticité qu'au
reste du texte ; les autres à Esdras et aux mem-
bres de la Synagogue. Cette diversité d'opinions
a subsisté jusqu'au temps où Élie (i), savant Juif
allemand, qui vivait à Rome vers le milieu du
seizième siècle, démontra qu'on n'avait commencé
à s'en servir que depuis la compilation du thal-
mud. Son livre lui suscita d'abord une foule d'ad-
versaires, tant parmi ses compatriotes, que parmi
les chrétiens. Du nombre de ces derniers, furent
les deux Buxtorfs, qui produisirent quelques
livres d'une grande antiquité, dans lesquels se
trouvaient les points qui faisaient l'objet de la
dispute ; ces deux auteurs furent combattus par
Cappelet quelques autres critiques. Enfin Morin
ayant examiné, avec la plus grande attention, les
raisonnements des deux partis, se déclara en
faveur de la première opinion, et composa, sur ce
sujet, une savante dissertation, à laquelle on n'a
jamais rien pu répondre de solide. Aussi l'opinion
d'Élie fut-elle généralement adoptée par les écri-
vains des siècles suivants. On voit, par cette dis-
sertation, que, ni Origène, ni saint Jérôme, ni les
compilateurs du thalmud , qui, selon Morin,
n'était pas encore achevé au commencement du
septième siècle, ni enfin les rabbins qui écrivirent
durant le huitième et le neuvième, n'avaient pas la
moindre connaissance des pomts dont on parle.
Selon Cappel, on en trouve les premières traces
dans les écrits des rabbins Aaron Ben-Asher
et Moïse Ben-Naphthali, chefs de l'école orien-
tale et occidentale, c'est-à-dire, environ vers le
milieu du dixième siècle. Ainsi on peut faire
remonter l'origine des points au neuvième siè-
cle (2). Munk pense qu'ils ont commencé à être
usités au sixième siècle ; mais nous ne croyons
pas que cette opinion puisse s'appuyer sur des
preuves assez solides, pour échapper à toute-ob-
jection.
Ce fut dans le même temps que ces rabbins
s'appliquèrent à déterminer les endroits où devait
être placé un point ou une virgule, afin de parta-
ger les versets et les périodes, qui, jusqu'alors,
avaient été confondus, non seulement dans les
livres sacrés, mais aussi dans tous les livres
hébreux. Cette entreprise fut certainement d'une
grande utilité, quoique peu d'interprètes chré-
tiens se soient astreints à leurs divisions. Pres-
que toutes les versions s'en sont écartées, lors-
que la clarté du sens, la liaison des périodes,
ou les lois de l'analogie, paraissaient le demander.
Il est même fort probable, si l'on voulait faire une
nouvelle version de l'Ancien Testament, que la
ponctuation des massorètes serait changée en
beaucoup plus d'endroits qu'elle ne l'a encore été.
Il y aurait donc beaucoup à dire et sur les points-
voyelles et sur les points grammaticaux. Toutefois
les peines qu'ils se sont données, tant pour les
points-voyelles que pour les points grammaticaux,
méritent certainement la reconnaissance de tous
les savants qui s'appliquent à l'étude de la langue
sainte. Les autres additions qu'ils ont faites,
quoiqu'elles supposent également un grand tra-
vail, ont moins d'utilité. Ils ont inventé, par
exemple, un grand nombre d'autres points, dont
les uns avaient rapport à la musique, les autres à
la rhétorique, d'autres enfin à la critique. Par les
premiers, ils voulaient fixer le ton et là vraie
cadence de la langue hébraïque, et, par les der-
niers, déterminer à leur manière le sens des pas-
sages équivoques. Ils ont, en outre, calculé le
nombre des versets, et même des lettres renfer-
mées dans chaque livre, aussi bien que le nombre
de fois que chaque lettre s'y trouve. Le but de
ce travail était de prévenir les additions et les
omissions qu'on aurait pu glisser dans le texte ;
ce qui prouve que de pareilles altérations s'y
étaient déjà glissées, et qu'ils n'avaient peut-êtrepu
eux-mêmes éviter cet inconvénient, malgré la
scrupuleuse exactitude avec laquelle ils faisaient
ce travail.
La matière dont étaient faites les planches sur
lesquelles les Hébreux écrivaient, et les instru-
ments dont ils se servaient relativement à cet
objet, nous sont connus, du moins en partie, par
certains passages de l'Écriture. Nous savons que
le Décalogue fut tracé sur des tables de pierre.
Vraisemblablement Moïse se servit d'une matière
moins pesante et moins embarrassante, comme,
par exemple, de bois de sitiim, pour tracer ses
autres lois. Cette méthode d'écrire sur des tablet-
tes, était en usage, non seulement du temps
d'Isaïe ()), mais même du temps de Jésus-Christ.
(1) EU Lévit. Prcefat. j. in Masoran Hammasor.
(2) Morin. Disser/. Blblic. Cappell. Arcan. Punct. et
Diarrib. Wallon Prolegemen. Dupin. Voff. Wasmuth cl al.
mult.
(?) Isaï. xxx. jh 8. Les Septante traduisent les paroles
de ce prophète par ces mots, écris le exî 7iuSj'!ou, sur une
table de buis. Ce qui prouve qu'on se servait de ce bois
pour écrire avant leur temps. Le thalmud de même nous
apprend que le sort des deux boucs qui devaient être pré-
sentés au grand prêtre [Lévit xvi. f. 8.j le jour de l'Ex_
piation, devaient être tracé sur deux petites tables de
buis.
440
COUP D'ŒIL RETROSPECTIF
Les psaumes, le livre de Job et les prophètes,
parlent aussi très souvent de certains rouleaux
sur lesquels les Juifs écrivaient, et qui probable-
ment étaient faits de peaux ou de quelque autre
matière facile à plier, et propre éprendre la forme
d'un rouleau : c'est l'idée qu'en donne l'origi-
nal fi). Ce sentiment est conforme à l'opinion
d'Hérodote et de Diodore de Sicile (2), qui assu-
rent que les Ioniens et les Perses se servaient de
peaux de boucs et de brebis pour tracer leur écri-
ture, plusieurs années avant le roi de Pergame.
Ce prince, par conséquent, n'inventa pas l'usage
du parchemin, comme on l'a cru ; mais il ne fit
que le perfectionner. Ces rouleaux étaient plus
ou moins longs, selon la grandeur du sujet qu'on
voulait traiter, et le caractère que l'on employait.
Quelques-uns étaient formés de plusieurs peaux
cousues l'une à l'autre. Les Juifs en ont encore
de semblables dans leurs synagogues. Les lignes
n'étaient pas prolongées jusqu'à l'extrémité de
chaque peau, encore moins de tout le rouleau,
mais elles étaient disposées en forme de colonnes-
C'est ce que signifie le mot feuilles, que l'on
trouve dans un passage du prophète Jérémie (3),
où le roi coupe en pièces le rouleau, après en
avoir lu trois ou quatre pages (4). Le livre de la
loi que le grand prêtre trouva sous le règne de
Josias (5), était probablement fait de la même
nu tière et avait la même forme.
Par une conséquence naturelle de ce que nous
venons de dire, nous pouvons supposer que les
Juifs avaient deux sortes d'instruments pour tra-
cer leurs caractères ; l'un destiné à graver leurs
lettres sur la pierre ou le bois ; et l'autre sur des
peaux d'animaux. Le premier, vraisemblablement,
était d'acier ou de quelque autre métal dur.
L'une de ses extrémités devait être aiguisée, et
l'autre arrondie, de manière cependant qu'on pût
s'en servir pour effacer ce qui avait été gravé si on
voulait le retoucher. C'est de là qu'est venue la
phrase latine inverlere slylum. L'Écriture parle,
dans quelques endroits, de cette sorte d'instru-
ment (6). Sa figure néanmoins ne nous est connue
que par la ressemblance que nous lui supposons
avec ceux des autres nations. Le second, qui
devait servir à tracerdes caractères sur des peaux,
nous est de même absolument inconnu relative-
ment à sa forme ; et la seule chose que nous trou-
vions, dans l'Écriture, qui y ait rapport, est un
canif de secrétaire, avec lequel le roi Joachim
coupa en pièces le rouleau qui lui avait été
envoyé par Jérémie.
Nous ne trouvons dans aucun des livres sacrés,
que les Juifs aient eu des écoles publiques pour
l'instruction de la jeunesse, si nous en exceptons
les écoles des prophètes, dont l'objet était diffé-
rent, ainsi que nous le dirons dans la suite. La
langue hébraïque n'a même aucun terme pour
exprimer ce que nous entendons par le mot de
collège ; mais il est probable qu'il y avait dans
chaque localité des lévites qui initiaient les jeunes
Hébreux aux premiers rudiments des lettres.
Ceux qui ne pouvaient pas assister à ces leçons,
les recevaient dans leur famille. Mais d'études
plus étendues, il n'y en avait pas pour le commun
du peuple : c'étaient les prérogatives des prêtres
et des lévites. Cette particularité ne doit pas nous
surprendre, car si nous considérons leur manière
de vivre et d'élever leurs enfants, nous verrons
que les écoles ne pouvaient leur être, pour ainsi
dire, d'aucune utilité. Ils avaient coutume d'oc-
cuper les jeunes garçons à des exercices cor-
porels, qui leur donnassent un tempérament
robuste et vigoureux, propre également à sou-
tenir les fatigues de la guerre et les travaux de
l'agriculture. Mais ils laissaient aux filles le soin
du ménage, et ne leur donnaient d'autre connais-
sance que celles de la religion et de leurs lois.
Les parents devaient s'acquitter de ce dernier
devoir, principalement le jour du sabbat. Loin de
chercher à connaître les langues étrangères, ils
avaient pour elles une forte aversion, et celui,
parmi eux, qui savait bien parler et bien écrire sa
propre langue, aussi bien du moins que le com-
mun de ses compatriotes, se croyait assez savant.
La grammaire leur était inconnue ; la coutume
leur servait de règles. Toute autre histoire que
celle des livres saints, leur paraissait indigne de
la moindre attention. En effet, ils trouvaient dans
l'Écriture tout ce qu'on peut savoir de plus inté-
ressant, la création du monde, le déluge, l'origine
et la dispersion des hommes; ils y voyaient
d'ailleurs leur propre histoire, leur généalogie,
leur délivrance de la captivité d'Egypte, et tous les
prodiges que Dieu avait opérés en leur faveur ;
prodiges si nombreux et si éclatants, qu'on ne
doit pas être surpris que les Juifs, enivrés
d'àmour-propre, aient toujours affecté un orgueil
(i^ Le mot n*îJO Megilah est dérivé de Su, gâlal, qui
signifie plier un rouleau, comme volumen vient de vobere.
C'est dans le même sens que les mots de «TÙÇa; et
d'ivaTTiô-ja; sont employés par un évangéliste pour desi-
gner l'action d'ouvrir et de fermer un livre.
(2) Herod, 1. v.-Diod. I. II.
(;) Jérem. xxxvi. jL 2?.
(4) Le mot de l'original est mn"n Dalthotk, qui signifie
proprement une porte. Mais dans le passage que nous
citons, il veut dire une page ou une colonne, parce que
ces deux choses ont beaucoup de ressemblance avec
une porte. Le feuillet d'un livre a bien aussi la n Orne
ressemblance, surtout quand il est entouré d'un filet,
comme dans certaines éditions de luxe.
(<,) iv Rois xxii. f. 8.
(0) Job. xix. je. 24. -Psaume xliv. jr. 2. et alib.
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
44'
méprisant envers les autres nations. Outre le
Pentateuque et l'histoire de Josué, des Juges et
des Rois, que chaque Israélite devait savoir, ils
possédaient encore plusieurs autres livres qui ne
nous ont pas été transmis. Tels sont le Livre des
guerres du Seigneur, celui des Justes, et particu-
lièrement celui des rois de Juda, et des Chroni-
ques des rois de Juda et d'Israël : le livre des
Paralipomènes et celui des Rois, que nous avons
encore, font mention de ce dernier en plusieurs
endroits. Mais vraisemblablement ces ouvrages
ne se trouvaient pas entre les mains de tout le
monde, et n'étaient ouverts qu'aux rois, et à ceux
qui, par état, devaient s'appliquer à l'étude de la
politique.
Tous les objets relatifs à la religion et à la mo-
rale, étaient traités dans les livres de Moïse, et
en divers endroits des écrivains sacrés. Ainsi les
Psaumes, les Proverbes, l'Ecclésiaste, les Pro-
phètes, le livre de Job, sans parler de plusieurs
écrits de Salomon, qui ne sont point parvenus
jusqu'à nous, sont autant d'ouvrages moraux, qui
souvent rappellent et expliquent les préceptes du
Pentateuque. Les Juifs apprenaient, dès leur plus
tendre enfance, ce que ces livres contenaient de
plus important ; et les prêtres ou les lévites leur
en faisaient l'explication les jours de sabbat. Les
peintures effrayantes qu'ils leur faisaient de la
théologie païenne, durent sans doute leur ôter
tout désir de la connaître. Ce fut un trait de la
prudence éclairée de leur législateur, qui leur
défendit, sous des peines sévères, de s'instruire,
en aucune manière, de la religion et des sciences
des nations infidèles, parce qu'il savait parfaite-
ment bien à quels dangers une pareille connais-
sance pourrait exposer un peuple si facile à
séduire, et qui éprouvait un penchant si vio'ent
à la corruption.
Cette défense, vraisemblablement, était la cause
principale de l'extrême mépris qu'ils témoignaient
pour les sciences et les arts profanes, dont l'élude
faisait rejaillir tant de gloire sur les nations voi-
sines. Cependant il est probable que leurs négo-
ciants firent quelques progrès dans l'arithmétique.
Quant à la navigation et à l'astronomie, leur
histoire nous fournit plus d'une preuve que ces
deux sciences leur étaient absolument inconnues.
Les tribus qui habitaient le long des côtes de la
mer, se bornaient à faire le commerce avec les
marchands étrangers qui venaient dans leurs ports ;
mais elles ne songeaient en aucune manière à
l'étendre hors de leur pays. Aussi lisons-nous que
Salomon ayant formé le dessein d'envoyer quel-
ques vaisseaux dans des pays éloignés, ce prince
fut obligé de prendre à sa solde des matelots,
qu'il fit venir des contrées voisines pour l'aider de
leurs connaissances astronomiques. Pour se con-
vaincre de leur profonde ignorance à cet égard,
il suffit de se rappeler ce que nous avons dit sur
les ridicules moyens qu'ils employaient pour
trouver leurs nouvelles lunes. Au surplus, ils
étaient si éloignés de connaître la nature d'une
éclipse, qu'ils n'ont pas même de terme pour
l'exprimer. Peut-être les regardaient-ils comme
des effets miraculeux, ou des signes de la colère
céleste (1), et par conséquent comme des objets
impénétrables à l'esprit humain.
Leur manière de compter l'année solaire et
l'année lunaire, le changement du mois de trente
jours en un mois irrégulier, composé de vingt-neuf
et trente, la distinction des sept jours de la se-
maine en premier, deuxième, troisième jour
depuis le sabbat inclusivement, la division du jour
et de la nuit, non en douze parties égales, selon
la méthode vraisemblablement suivie par les
Egyptiens longtemps auparavant, mais du jour en
quatre parties, et de la nuit en quatre veillées ;
toutes ces divisions du temps si opposées à celles
qui étaient en usige chez les Egyptiens et chez
les nations voisines, semblent prouver que le
législateur les avaient établies de cette manière,
afin de les empêcher de s'appliquer à l'étude de
l'astronomie, qui aurait pu les conduire à celle de
l'astrologie. Cette science, vaine et souvent
puérile, était trop dangereuse pour un peuple
naturellement porté à la superstition. Nous igno-
rons s'ils se servaient des clepsydres des Égyp-
tiens, des cadrans solaires, ou de quelque autre
machine semblable pour mesurer le temps. L'écri-
ture, à la vérité, fait mention du cadran, ou,
comme dit l'original, des degrés d'Achaz (2).
Mais quand même on supposerait que c'était un
véritable cadran, on serait toujours fondé à croire
que ce fut- plutôt l'ouvrage d'un astronome
étranger, qu'une invention connue alors parmi
les Juifs; car Achaz, grand amateur de nouveautés,
ne se faisait aucun scrupule d'en introduire d'une
nature beaucoup plus dangereuse que celle-ci.
C'est ainsi qu'il fit construire un autel sur le mo-
dèle de celui de Damas (■}). D'ailleurs, comme ils
f l) Selon toutes les apparences ; ils avaient puisé cette
idée dans ces expressions figurées de Job : II couvre la
lumière de ses mains, et semble interposer quelque chose
entre elle (Job xxxvi. f. j2.) car [c'est-là le sens littéral
du texte et de la version des Septante. Ce passage a
beaucoup de conformité avec la terrible description de
la journée du Seigneur dans le prophète Joël, et avec la
prédiction de la chute des Égyptiens, et de quelques
autres nations, annoncée dans plusieurs prophètes.
(2) haie, xxxvin. j^. 8
(?) îv Rois xvt. f. 10. et suiv..
442
COUP D'GEIL RÉTROSPECTIF
partageaient le jour en quatre parties, dont les
deux premières renfermaient l'espace de temps
qui s'écoule depuis le lever du soleil jusqu'à ce
qu'il ait atteint le méridien, et les deux dernières,
celui qui se passe depuis midi jusqu'à l'entrée de
la nuit, il ne leur était pas difficile de déterminer
les autres divisions du temps, par des observa-
tions faites sur l'ombre des arbres, des maisons,
ou même de leurs corps, comme font la plupart
des peuples nomades. Ils pouvaient se servir de
même du mouvement apparent des étoiles, pour
faire la division des quatre veillées de la nuit.
11 serait aussi inutile de vouloir trouver chez
les Juifs d'autres sciences que celles dont nous
venons de parler, que de faire les mêmes recher-
ches chez les Goths et les Vandales. Ils n'eurent
jamais d'universités. Non seulement ils mépri-
saient également et les sciences et les nations
qui les cultivaient, mais ils les regardaient même
comme dangereuses et ennemies de la loi de
Dieu. Leur zèle ou plutôt leur haine contre elles,
loin de s'affaiblir après le retour de la captivité
de Babylone, où ils avaient vu fleurir les sciences
et les ans, semblait au contraire avoir pris de
nouvelles forces. Elle s'accrut à un tel point,
que leur grande chronique, intitulée Juchasin,
rapporte un anathème lancé du temps d'Hyrcan
et d Aristobule, contre ceux qui feraient appren-
dre à leurs enfants quelques-unes des sciences
enseignées par les Grecs. Salomon, il est vrai,
fut un grand naturaliste ; mais loin de recom-
mander aux hommes l'étude de la nature, il ap-
pelle les recherches qu'il avait faites à cet égard,
vanité et affliction de l'esprit.. C'est peut-être la
raison pour laquelle les Juifs, peu tentés d'imiter
l'exemple de ce prince, ont laissé dans l'oubli
tout ce qu'il avait écrit sur cette matière. A une
aversion si forte pour toutes les connaissances
des nations étrangères, ils joignirent la plus scru-
puleuse attention à leur dérober tout ce qu'ils
savaient eux-mêmes, et particulièrement à ce que
les livres sacrés ne pussent jamais tomber entre
leurs mains. Ils témoignèrent la plus grande
affliction lorsque Ptolomée eut obtenu une version
de ces livres en grec ; et, en mémoire de cet évé-
nement, qu'ils regardèrent comme un grand mal-
heur, ils établirent le huitième et le neuvième jour
du mois de Tébeth ou décembre, un jeûne so-
lennel, qui, dans la suite, devait être observé tous
les ans.
La principale, ou plutôt l'unique étude desJuils,
était donc l'écriture sainte. Ils s'y appliquaient,
dès leur enfance, avec le plus grand soin. Nous
ignorons s'ils avaient des synagogues avant la
captivité, quoique cela nous paraisse assez pro-
bable, quand on considère l'éloignement où plu-
sieurs étaient du temple auquel ils ne devaient se
rendre tout au plus que trois fois par an. Mais il
est certain qu'ils avaient d'autres endroits consa-
crés à la prière et à l'instruction, particulière-
ment les écoles des prophètes, où ils pouvaient
s'assembler les jours de fêtes, de nouvelle lune et
de sabbat (i). Nous n'entendons pas seulement
ici par prophètes, ceux que l'on désigne sous ce
nom, ces hommes doués du don de prophétie,
mais leurs disciples, ou, dans le style hébraïque,
les fils des prophètes. Les premiers élevaient eux-
mêmes leurs disciples, et les rendaient propres à
enseigner le culte de la Divinité et la pratique de
la vertu. Ils étaient presque toujours consultés
par les rois, les prêtres et les anciens du peuple,
soit sur les devoirs de la religion, soit sur les
affaires de l'état (2).
Les enfants des prophètes demeuraient ordi-
nairement à la campagne; ils formaient entre eux
une espèce de société, et avaient pour chefs un
ou plusieurs prophètes, auxquels ils donnaient le
nom de père {}). Leurs maisons étaient très sim-
ples : ils avaient coutume de les construire eux-
mêmes (4), Leur nourriture était toujours un po-
tage fait aux herbes (5), excepté lorsque le peuple
leur envoyait des mets plus délicats, comme du
pain, des gâteaux, du miel ou des fruits secs (6).
Ils ne se revêtaient que d'habits grossiers, qu'ils
serraient autour de leur corps avec une ceinture
de cuir (7). Ayant peu de besoins à satisfaire, ils
pouvaient facilement y suppléer par leur travail,
et consacrer le reste du temps à l'étude et à la
prière. Ils préféraient leur état de pauvreté au
vain éclat des richesses. Ainsi le prophète Elisée,
non seulement refusa d'accepter les présents de
Naaman, mais encore il fit une sévère réprimande
à son serviteur Giézi, pour en avoir reçu secrète-
ment une partie (8). Cette vie retirée, sobre et
laborieuse, et surtout la simplicité de leurs habits,
leur donnaient quelquefois un air d'insensés aux
yeux des enfants, et de quelques hommes habi-
bitués à la mollesse de la cour (9). La liberté ex-
traordinaire avec laquelle ils reprenaient les mau-
vaises actions des souverains, les exposait souvent
( 1) iv Rois IV. f. 2J.
(2) m Rois xxii. f. 5, 7. -iv. Rois xix. y. 2, 20 et suiv.-
Jcrem. xxvii. f. j. et suiv. - Esdras v. f. 1 et suiv. et alib
(j) 1 Rois. x. y. 12. - iv Rois xiii. y. 14. et suiv.
(4) lbid. vi. y. 2. j. et 4.
(5) iv. Rois. iv. y. ;8 et suiv.
(6> 111 Rois xiv. y. j. et suiv. - iv Rois iv.
(7) Zach. xiii. y. 4. - iv. Rois. 1. y. 8.
(8j iv Rois îv. pass.
(9) lbid. 11. f, 2_j; ix. 10.
y- 42-
SUR L'ORGANISATION DE LA NATION JUIVE
443
aux persécutions, et quelquefois même à la mort:
c'est ce qui arriva principalement sous les règnes
de quelques princes méchants, tels qu'Achab et
Manassé. Mais la plus sage partie de la nation
leur témoignait toujours beaucoup de respect, et
les regardait comme des hommes dignes de la
plus haute considération (i).
Telles sont les particularités que l'Écriture nous
apprend touchant ces communautés religieuses,
et leur manière de vivre. Quelques auteurs sont
entrés dans de plus grands détails sur ce sujet,
et prétendent que les fils des prophètes faisaient
vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance (2);
mais ils seraient fort embarrassés de donner des
preuves convaincantes de ce qu'ils avancent. Nous
ne lisons pas, il est vrai, qu'ils aient eu des fem-
mes parmi eux ; quelques-uns, au contraire, s'in-
terdisaient môme de les voir. Ainsi lorsque la
Sunamite vint annoncer la mort de son fils à Eli-
sée, il envoya vers elle son serviteur Giézi, au
lieu d'y aller lui-même. Mais il n'est pas moins
certain que plusieurs prophètes furent mariés, et
eurent des enfants, comme Samuel, Isaïe. dont la
femme est appelée la prophétesse (5 ), Ezéchiel (4)
et Osée (<,). Ce fut à la veuve d'un des fils des
prophètes, qu'Elie augmenta miraculeusement
l'huile, pour empêcher que les enfants de cette
veuve fussent vendus aux créanciers de son mari
délunt (A). Les prophétesses se mariaient aussi,
puisque Débora fut la femme de Lapidoth (7), et
Holda, que le roi Josias alla consulter, fut celle
de Sallum. Tant que ces personnages inspirés
instruisirent la Judée, comme ils avaient toutesles
qualités né< essaires pour expliquer la loi de
Moïse, ils furent toujours un ferme rempart con-
tre l'hérésie. Mais dès que le don de prophétie
cessa de se manifester, les Juifs se partagèrent en
diverses sectes, et se permirent tant d'opinions
nouvelles, que, de l'aveu des thalmudistes, Élie
même n'aurait pas été capable de répondre à
toutes les difficultés qu'ils élevèrent les uns et
les autres sur les points fondamentaux de leur
religion (8).
Les thalmudistes comptent, depuis Abraham
jusqu'à Malachie, quarante-huit prophètes et dix
prophétesses. Plusieurs des premiers ne nous sont
connus que par leurs noms. Seize d'entre eux ont
laissé des livres de prophéties. Observons encore
ici, que Dieu se manifestait à eux de plusieurs
manières. Il apparaissait aux uns sous quelque
forme visible, comme à Abraham et à Moïse,
adressait simplement la parole à d'autres, comme
à Samuel, à Jérémie et à Osée (9). Quelquefois il
leur apparaissait dans des visions, comme aux
trois grands prophètes, Isaïe, Ezéchiel et Da-
niel, et d'autres fois par des songes, mais presque
toujours en agissant d'une manière immédiate sur
l'âme des prophètes ( 10). C'est ainsi que les auteurs
des livres des Psaumes, Moïse, David, Salomon,
les trois fils de Coré, Asaph, et plusieurs autres,
durent sentir ses divines impressions lorsqu'ils
composèrent leurs admirables cantiques (11).
Voilà ce que fut le peuple juif dans sa vie so-
ciale et religieuse. L'avènement du Messie devait
lui procurer une gloire et des prérogatives immen-
ses; mais il le méconnut, et tomba, par son aveu-
glement, au dernier degré de l'infortune. C'est ce
que nous verrons dans le Nouveau Testament.
'1) m Rois xvm. j^. 7 et suiv. - îv. Rois 1. j^. ij ; xiu.
f. 14. et alib.
(2) Int. al. Boulduc. Eccl. ant. leg. Calm. sub voce Pro-
phètes.
(j) /sot vm. jr. ;.
;4) Ezéchiel xxiv. f. 18.
15) Osée 1. f, 2. et suiv.
(6) iv Rois. iv. y. 1 et suiv.
(7) Jug.iv. f. 4.
(8) Tract. MegiUak.
(o) 1 Rois m. v. 4. et suiv.- Jér. 1. y. 4. et alib. - Osée i,
(10) Dan. 11. y. 10.- Malth. 11. jh 20 et al.- Act. xvi. y. 9.
(ii) Saint Jérôme, préface des Psaume*.
FIN DES MACCABÉES ET DU TOME DOUZIÈME DE LA BIBLE
ANALYSIS BIBLICA
AUCTORE KILBER
EMENDATA ET PER SUCCESSIONEM CAPITUM
A J.A. PETIT ORDINATA
LIBRl DUO MACHAB^EORUM
HISTORIA POPULI A DEO ELECTI POST
HIEROSOLYMAM RESTAURATAM
ET TEMPLUM SECUNDUM ERECTUM
Pas-
INTRODUCTIO
PR^EFATIO
Ie Argumentum scribendoruin exhibet
Lib. ii, cap. ii, y. 20-23.
11° Forma m scribendi exponit et coin-
mendat. 24-30.
III0 Brevitaiem ium scriptionis tuin
prœfalionis excusât. 31-33.
PARS I
HISTORIA A TEMPORIBUS ALEXANDRI
MAGNI USQUE
AD BELLA MACHAB£ORUM
SECTIO I
STATUS JUD£ORUM VAR1US SUB
ALEXANDRI
MAGNI SUCCESSORIBUS
§ I. EPITOME HISTORICA
7° Alexandri magni
I. Victoria? et dominatus. Lib. i. c. i.
106
16-
17
Pag.
II. Morbus, dispositio extrema, et mors
cum annorum regni annotatione.
6-8. 19
11° Successorum Alexandri
I. Aditus in suas cujuslibet provincias.
9. 20
II. Regnum, posteritas et bella. 10. »
§11. STATUS JUD^ORUM COMVVS SELEUCO
1° Prius prosper
I. Ob pietatem populi. Lib. 11, cap. ni,
y. 1 108
II. Ob honorem templo sancto etiam
a regibus gentilibus habitum. 2. «
III. Ob sumptus sacrorum a Seleuco
subministratos. 3. »
11° Postea perlurbalus,
I. Simone Benjamita turbas ciente ,
per injectam Apollonio,et ab hoc
Seleuco spem occupandi thesau-
ros templi. 4-7. 169
II. Heliodoro régis commissario
i° De tliesauris Hierosolimas inquirente ;
8, 9. ..
20 Oniam veras et tenues depositi con-
ditiones enarrantem non exaudiente ;
10, [J. "
3° Pecunias jam attrectare parante. 14. 17c
III. Hierosolyma tota trepidente,nempe
i° Sacerdotibus ante altare prostratis et
Deunï deprecantibus, 14, 1}. »
2° Pontince summum animi dolortm et me-
tum, externis etiam rnœstitiae et hor-
roris indiciis, prodente ; 16, 17. »
j° Viris, fœminis et universo populo, per
varios deprecationis, pœnitentiaî et
sollicitudinis actus, gravissimam afflic-
tionem probantibus. 18-22. 171
446
ANALYSIS BIBLICA
Pag.
777° Subin compositus,
I. Deo ausus Heliodori reprimente.
23-24. I"1
i° Per equitem armatum immissum, qui,
impactis equi calcibus, Heliodorum
prosternit; 2$. »
2° Per duos juvenes succedentes pros-
tratum flagellantes ; 26. 172
j° Per ejectionem Heliodori sensibus pri-
vât! extra templum, et manifestatio-
nem divinae tum potentias lum cura pro
templi sanciitate. 27-;o. »
II. Onia, ad deprecandum pro Helio-
dori salute
i° Per hujus amicos rogato, Jl- >>
20 Ad declinandam malignitatis suspicio-
nem, hostiam salutarem olferente ; J2. »
5° Salutem eidem, duobus illis juvenibus
rem contestantibus, obtinenle; jj> !4- "
III. Heliodoro, pro sua erga Deum et
Oniam gratitudine,
i° Beneficium sibi factum ubique di vul-
garité ; J5, j6. 17J
2° Régi repetitionem ausus dissuadente ;
?7, '8.
3° Dei potentiam contra sacrilegos incul-
cante. 59, 40. »
7 V° Rursus inquielus,
I. Simone eodem
i° Calumnias contra Oniam spargente ;
lib. 11, cap. iv, y. i, 2. 174
2° Per suos caedes patrante. j. »
II. Onia, pro avertendo periculo, 4. "
Detersis calumniis, medelam malo per re-
giam auctoritatem captante. 5. 6. »
SECTIO II.
STATUS JUD/EORUM PERVERSUS SUB
PRIMORDIA
ANTIOCHI EPIPHANIS.
§ I. DEFECT10 JUD^ORUM AD SUPERSTITIONEM
GENTILEM,
7° Occasionem prœbcn'e
I. Perversa indole novi régis Antiochi
illustris. Lib. 1, cap. 1, y 1 i 2°
II. Ambitiosa aspiratione Jasonis ad
pontificatum. Lib. Il', cap. iv,
III. Insano multorum consilio ad pro-
curandatemporalia. Lib. 1, cap. 1,
y 12, 13, 21
77° Initium faciente
I. Jasone, per pecunia; oblationem pro
facultate gymnasii ethnici obti-
tinenda. Lib. 11, cap. îv, y 9. '75
II. Factione Judseorum,per legationem
ob eumdem finem ad regem mis-
sam. Lib. 1, cap. i, y 14. 22
176
22,176
Pag.
IIP Jncremenluin addenle ulroque,
I. Per subsfitutas sacris ritibus et piis
institutisprofanasnovitates.Lib.il,
cap. iv, y 10, 1 1.
II. Per erectionem gymnasiorum et
usum lupanarium. Lib. 1, cap. 1,
y 1 5 ; lib. n, cap. iv, ^ 1 2
III. Per neglectamapopularibuscircum-
cisionem, et a sacerdotibus sacri-
ficationem. Lib. 1, cap. 1, j^ 16;
lib. 11, cap. iv, ^13,14. »
IV. Per universam ad gentilium mores
conformationem. Lib. 1, ibii ;
lib. 11, cap iv, y. 14-17. "
V. Per pecuniam in sacrificium Her-
culis a Jasone submissam, in usus
tamen bellicos bajulorum rogatu
impensam. Lib. 11, cap. iv, y 18-20. '77
§ II. Variatio psf.udopontificum
FACINOROSA.
7° Epocha his/oriœ, prima Antiochi
expeditio in ÂLgYplum,
I. Sub initium felix,
i° Occupato regno ; lib. 1, cap. 1, y 17, 18.
2° Profligato Ptolemaeo ; 19.
}° Expugnatis munitionibus et captis spo-
liis. 20.
II. Sub progressum difficilis, ob suspi-
cionem eripiendae legitimo haeredi
coronae motam. Lib. 11, cap. iv,
^21.
III. Sub finem irrita, a Jasone tamen,
reducem Antiochum Jerosolymis
magnifiée excipiente,celebrata. 2 2.
11° Translatio pontificatus
I. Imprudenter initiata a Jasone, Me-
nelaum negotiorum causa legatum
ad regem mittente. 23.
I I. Perfide pertractata a Menelao, pon-
tificatum sibi pro majore pecunia
régi oblata mercato. 24.
III. Ferociter usurpata, Menelao pon-
tificatum et Jérusalem involante,
Jasone extruso et in Ammanitem
profugo. 25, 26.
77/° Menclai facinora :
I. Perfidia in regem,
i° Nonsatisfaciens promissispecuniariis,2 7.
2° Punita, trans'ato in Lysimachum ponti-
til'iL'alu. 28, 29.
II. Rapacitas sacrilega,
i° Tentata ex occasione discessus Antiochi
ad domandos seditiosos ; ?o, ji
20 Exercita et conversa ad emendam An-
dronici amicitiam, et augendum pro-
prium lucrum ; j 2.
5° Reprehensa ab Onia. jj.
24
178
179
180
ANALYSIS BIBLICA
Pag.
180
181
III. Oniae occisio,
i° Opéra Andronlci perpetrata ; 34.
2° Damnata ab omnibus, et delata ad re-
gem ; jj, ?6.
j° Vindicata infami Andronici supplicio.
?7, j8. »
IV. Consilium diripiendi sacra,
i° Lysimacho a Menelao suggestum ; 39. 182
2° Executori funestum ; 40-42. •>
3° Datori periculosum. 4}, 44. »
V. Impunitas sceleris,
i° Obtenta interventu Ptolemaei promis-
sionibus empti ; 45-47. »
20 Conversa in cladem innocentum accu-
satorum ; 48-49. »
3° Aucta subsidio pecunias ad ampliorem
nocendi potesiatem. 50. »
/ V° Jasonis exlrema :
I. Occasio facinoris,
i° Expeditio Antiochi a'.tera in /Egyptum ;
lib. 11, cap. v, jfr 1. 18 j
v- Portenta in aère observata ; 2-4. »
3° Rumor de Antiochi morte sparsus. 5. »
I I. Perfidia in patriam
i° Edita a Jasone, facto in Hierosolymam
assultu ; 5 »
2° Exasperata, promiscua civiumcœde; 6. 184
3° Frustrata eventu, et versa in turpem
auctoris fugam. 7. »•
III. Discursatio extorris,
i° Urgente undique et per plures urbes
insectante Arabiae rege, in /Egyptum
projecta ; 8.
:° Hinc in Lacedœmoniam deflexa ; 9. »
3° Ibidem finita morte, non lacrimis nec
sepulcro honestata. 10. »
SECTIO III
STATUS JUD^EORUM AFFLICTUS POST
^EGYPTIACAS
ANTIOCHI EXPEDITIONES.
§ I. IMPIA TYRANNIS EXERCITA.
1° Ab Antiocho ipso ex Mgypto re-
duce; qui,
I. Suspicione et ira plenus, invadit
Hierosolymam. Lib. 1, cap. 1,
f 2i, 22 ; lib. 11, cap. v, y 1 1. 24. '8;
II. Stragem maximam edit in cives.
Lib. 1, cap. 1, jf 26-29; l'b- "i
cap. v, y 12-15 25'"
III. Diripit sanctuarium, Deo permit-
tente inJudaeonm sceleratorum
pcenam. Lib. 1, cap. 1, f 23, 24 ;
lib. 11, cap. v, f 1 5-20 ","
IV. Relinquit discedens oppressores
gentis Philippum, Andronicum,
et Menelaum. Lib. 11, cap. v,
j^ 21-23. 1O6
//. Ab Appollonio, ad Antiochi man-
datum cuin copiis in Judœam
appulso, qui,
I. Pacem simulans, in sabbato trucidât
plurimos, flammas sedibus,et vin-
cula fœminis injicit. Lib. 1, cap. t.
$ 34-40 ; lib. 11, cap. v, jfr 24-26.
II. Arcem Sion munit et implet praesi-
diariis, ad turbanda Judaeorum
sacra intentis. Lib. 1, cap. 1, ^35-39.
III. Inducit desolationem sacrorum, Ju-
da?is partim quaquaversum dilap-
sis, partim cum Machabaeo in
desertum receptis , gentilibus
autem in urbem confluentibus.
Lib. 1, cap. 1, 'f 40-^2, et 56 ;
lib. 11, cap. v, jfr 27.
111° A Sene Antiocheno, itidem per
Antiochiim submisso; sub quo
I. Promulgatur, sancita mortis pœna,
lex de abolenda Judaeorum, et
universim adoptanda gentilium
religione. Lib. 1, cap. 1, ^43-52;
lib. 11, cap. vi, jî1 1.
II. Statuitur in templo sancto idolum
Jovis olympii, et ubique eriguntur
aras idolatrae. Lib.i, cap.i, ^57,58;
lib. 11, cap. vi, jt- 2-5.
I I I. Adiguntur ad idololatrica Judaei,
librique sacri flammis traduntur;
mulctantur pcenisaut morte cons-
tantes in religione. Lib. 1, cap. 1,
Jh3-$<>i et )9"67'> lib. 11, cap. vi,
j^ 6- 1 1 .
§ II. RELIGIOS/C FORTITUDINIS SPECIMINA.
1° Proloquium his/orici
I. Prœoccupans sinistram lectbris opi-
nionem ; lib. 11, cap. vi, v. 12.
II. Exponens inrlictas Judaeis plagas,
velut indicia divinae erga gentem
hanc misericordise ; 13-16.
III. Concludens hanc prœnotationem, et
transiens ad narrationem. 17.
11° Malurq Elea\ari virius. Describi-
tur herois hujus
Dignitas, aetas, et tentatio ad vio-
landam legem. 18.
Propositum moriendi potius quam
delinquendi, 19, 20.
III. Sollicitatio ab amicis ad simulandam
saltem transgressionen;. 21, 22.
IV. Repuisa iisdem data, opposito argu-
mento
447
Pag.
25,187
26
».,t38
27,189
191
I.
IL
192
448
ÀNALYSIS BIBLICA
i° Ex propria viri conditione ; 2j.
2° Ex secuturo aliorum scandalo ; 24, 25.
5° Ex timenda Dei vindicta ; 26.
40 Ex honestatis et religionis officio,27, 28.
V. Contemptus tormentorum et odii, a
repulsis sustinendi. 28, 29.
VI. Contestatio ad Deum, pro morte
religionis ergo acceptanda. 30.
VII. Mors secuta, et cedens ad univer-
sae gentis exemplum. ji.
///" Martynum septem fratrum et ma-
ins, ad escam Garnis porcinœ
sollicitatorum . Li b . 1 1 , cap . v 1 1 ,
y ■•
I. Certamen sex priorum :
1" Primus. contestatus verbis oblïrmatum
pro lege contra tenlationem et mortem
animum, 2.
1. Ab Antiocho efferato immaniter tor-
quetur, abscissione linguae, abstrac-
tione cutis, amputatione summarum
manuum ac pedum, ac corporis lor-
tione ; 3-5.
2. Adhortatione mutua fratrum et matris
ad fortiter pro Deo moriendum
excitatur ; 5, 6.
20 Secundus abstracta capitis cute et pro-
posais majorum pœnarum minis, ad
manducationem vetitam incitatus, 7.
1. Generose renuit, et hinc torquetur
amptius ; 8.
2. Sub extremum spiritum, exprobata
régi tyrannide, spem mercedis alter-
nas sibi propositam déclarât ; 9,
3° Tertius, linguam postulâtes, eamdem
cum manibus protendit ; reparationem
damni a Deo faciendam contestatus,
tortores ipsos in admirationem rapit ;
10-12.
4° Quartus, tertio defuncto succedens, et
tortus, eamdem sibi fixam fiduciam,
régi autem pœnam denuntiat ; 1 ;, 14.
$° Quintus, similia subiens, similia verbis
exaggerat ; 15-17.
6° Sexius asqualia pra?stat. 18, 19.
II. Comparatio matris huic scenae prae-
sentis : haec,
i° Spe in Deo concepta, mortem filiorum
le rt eequo animo ; 20.
2° Sapientia et fortitudine ultra fœminam
pra?stans, sermone pat ri o, h. e. hebraeo,
eosdem cohortatur ; 21.
)° Proposita Dei, in hominis formatione
et rcsuscitatione omnipotcntis, remu-
ner-itioni animât. 22, 25.
III. Certamen postremï adolescenlioris,
et matris :
i° Antiochus, nisi audiretur pudore se suf-
/'undendum metuens,
1 Promissis amplissimis juniorem aggrc-
ditur ; 24.
2 Ab hoc neglectus, matrem ad fiiium
peisuadcndum sollicitât ; 25.
3 Ab eadem legre, et simulato quidem,
obsequii assensum obtinet. 20.
Pag.
192
I9J
Paz
195
196
197
198
'99
2° Mater sermone patrio fiiium ad CôTlstâri-"
tiam et martyrium adhortatur, postu--
lans id
1 Tamquam gratitudinis , pro maternis
suis officiis, fflunus ; 27.
2 Tamquam debitum conditori omnium
Deo obsequium ; 28.
3 Tanquam laudabilem fraterni exempli
imitationem. 29.
3° Filius, matris sermonem interpellans,
1 Postulat maturari sibi mortem pro
lege ; 90.
2 Déclarât persecutionem gentis prassen-
tem peccatis quidem meritam, sed
Dei misericordia prope finiendam ;
?2, H-
3 Exprobrat persecutori crudelitatem et
minatur futuram Dei vindictam ; ;i,
>4, ?î.
4 Repetit eamdem confessionem et spem,
ac e contra exprobrationem et com-
minationem. j6-j8.
IV. Catastrophe praecedentis scenae :
i° Antiochus ob factam sibi illusionem atro-
cius furit ; 59.
20 Juvenis difficillimum mortis genus ge-
nerose subit ; 40.
3° Mater filiorum sorti gaudens postrema
adjungitur. 41.
Clausula sermonem de idolo-
latriaet tyrannide finiens. 42.
PARS II
DE MACHAB^EIS EORUMQUE BELLIS
SECTIO I
DE MATHATHIA DUCE MACHAB/EORUM
§ I. MATHATHIA INITIA
1° Noho personalis
I. Genealogica : sacerdos ex filiis Joa-
rib. Lib. 1, cap. 11, jfr. r.
II. Topographica : habitans in Mo-
din. 1.
III. QEconomica: paterquinque filiorum,
nempe Joannis Gaddis, Simonis
Thasi, Judae Machabaei, Elea-
zari Abaram, Jonathae Apphus.
2-?-
IV. Synchronica : coaevus persecutioni
ab Antiocho excitatae. 6.
II" Zelus religionis
I. Contestatus afiectu ; quem prodit
i° Oratio querula,
1. Afllictam religionis conditionem tristis-
sime depingens ; 8-12.
2. Vitam ideo sibi molestam enuntians;.
7, 1J.
:° Signum multiplex doloris et tristitias, 14.
II. Declaratus professione; quam edit
i° Contra Modinensium defectionem reli-
giosa constahtia ; 15, 16.
n
u
ANALYSIS BIBLICA
449
Pag,
2° Contra eivKSsanoruiri s.'llicitaiionem, ra-
tions et promisso defectionem suaden-
tijm, responsio 17, 18. )-!
1. Prava aliorum exempta damnans ; 19,
20. »
2. Utilitatem defectionis refutans ; 21. »
;. Obedientiam sacrile0'am palam detrec-
tans 21. »
III. Illustratus ausu triplici ; quem
perficit
i° Interrempto super aram Judœo i Jo lis
sacrificante ; 2 ;, 24. »
2e Occiso similiter, cum aras eversione,
Antioclii emissario : utrobique l'aeta ad
Phinees exemplum imitatione ; 2;, 20 55
;° Indicto et facto cum multis secessu in
desertum, ad religionis exercilium avi
et oppressione liberandum, 27-50. »
§11. GESTA EJUSDEM RELIQUA
1° Sapiens divuuv legis inierpretaiio.
I. Casus dubius de feriatione sabba-
tina, ortus ex praslio in diem sab-
bati ab insectatoribus constituto,
contra Judasos in desertum di-
gressos. 31 -34. f6
II. Religiositas minus prudens Judaso-
rum, ex sabbati veneratione, re-
pugnare non ausorum, seque ma-
gno numéro occidi sinentium.
55 - 38. »
III. Décréta, ex Mathathias consilio,
et ponderato excidii universalis
periculo, sententia vim vi etiam
in sabbato repellendi." 39-41 . »
11° Félix ejusdem defensio,
I. Conflato ex viris fortissimis et reli-
giosissimis, sponte accurentibus,
exercitu. 47,43. i7
II. Illata apostatis caede, et aris ever-
sione. 44, 4.. 38
I I I. Inducto rursus circumeisionis ritu,
et legum usu contra adversantes
vindicato. 46-48. »
111° Sollici/a commendatio, qua Ma-
thathias morti proximus (ilios
adlegiscustodiamadhortatur,
I. Desumpto a necessitate temporis et
utilitate rei argumento. 49-' 1. 39
II. Addito in confirmationem multiplici
patriarcharum praemia consecuto-
rum exemplo. 5 2-6I. »
II I. Subjuncto de inani adversariorum
contentione documento. 62, 63. j0
IV. Repetito ad commendationem tncul-
candam glorias incitamento. 64. »
/ V° Ullima disposilio
I. De Simone, tanquam pâtre colen-
do . 6 5 . »
S. B. — T. XII.
Pag.
40
I I . De J uda, tanquam belli duce sequen-
do. 66.
III. De Judasis colligendis et vindican-
dis, de gentilibus castigandis, de
legibus colendis. 67, 68.
V" Mors placida,
I. Post impertitam liliis benedictio-
nem secuta. 69.
II. Anno Grsecorum 146 notata, 70.
III. Sepultura et luctu honorata. 70.
SECTIO II
GESTA JUD.E MACHAB/EI CO/EVA REGNO
ANTIOCHI EPIPIIAMS
ij I. PR/ELUDIA BELLICA
1° Prcefectura miliiaris post patris obi-
tum a Juda assumpla,
I. SufTragantibus fratribus et antiquis
belli sociis. Lib. 1, cap. m, y 1 , 2. 41
II. Correspondentibus tum prasstanti-
bus corporis armis, tum heroicis
animi dotibus. J, 4. »
II0 Apparalus adbellum faclas,
I. Conscriptis ad militiam et extra
gentilium urbes clanculum educ-
tis Judasis. Lib. n, cap. vin, y 1. 203
II. Fusis ad Deum precibus pro res-
tauratione gentis, templi et civita-
tis, ad ultionem innocentum, et
peenam blasphemantium. 2-4. »
///" Excursiones improvisa1, noclurnœ
et disparates, in hostiles sta-
iiones faclœ, 5-7. »
I. Cum multa hostium strage et ter-
rore. Lib. 1, cap. ni, y 5, 6.
II. Cum Judas ab impiis purgatione,
gentis suas laetitia, et proprii no-
minis gloria. 7-9.
§ IL PR/ELIA CUM ANTIOCH! DUC1BUS COMMISSA
I" Cum Apollonio, quem bellum pa-
r,antem Judas opprimit, fun-
dit, spoliât inter caetera gla-
dio, posthac Judai servituro.
10-12.
Il" Cum Serone : ubi narratur
I. Seronis consilium, apparatus et pro-
gressio. 13-16.
IL Judas occursus, et oratio excitans
animos suorum, ob paucitatem
timentium. 16-22.
III. Seronis clades et fuga, Judas Victo-
ria et fama. 23-25.
29
40
4"
42
4J
4)0
ANALYSIS B1BLICA
Il i° Cum sudordinatis Lysiœ ductori-
bus : hic occurrunt
I. Régis Antiochi, gestorum nuntio
excitati,
i° Apparatus ad bellum, collecto universo
rogni exercitu et datis stipendiis ;
26-28.
2° Cura asrarii.ad sumptus haud sufficientis,
aliunde reficiendi ; 29- Jl.
j° Mandatum Lysias daium de tutela sui
filii, belloque contra Judasos gerendo,
et gente hac penitus exscindenda ; ji-
5Û.
40 Discessus ad expilandam Persidem. 57.
II. Ductores Ptolemaeus, Nicanor et
Gorgias,
i° Delecti a Lysia, et magno exercitui pras-
fecti ; ;K, J9.
20 Progressi Emmauntem usque ; 40.
j° Conventi a mercaloribus, prasvie jam
judaira mancipia licitantibus. 41.
III. Judœ et fratrum,
i° Propositum defensionis capiend.as ;
4244.
2° Conventiis cum populo in Maspha ;
45, 4<>-
5e Supplicatio ad Deum, susceptis jejunio
et pœnitentia, celebratis ritibus sacris,
et fusis ad cœlum precibus et tubarum
clangonbus ; 47-54.
4° Ordinatio exercitui officiales prasfiniens,
et vulgus inutile domum remittens ;
55. 56.
5" Eductio et instructio exercitus contra
hostes pugnaiuri. 57-60.
IV. P ugna Gorgiœ :
i° Consilium Gorgias, Judasos in castris
opprimere cogitantis, elusum a Juda,
populo in castra needum inducto ;
lib. 1, cap. iv, y 1-5.
2° Cohors Gorgias armata in fugam dis-
jecia et caesa a minore et inermi
Judseorum cohorta, adhortatore et ani-
mos inspirante Juda; 6-15.
j° Exercitus Judœorum, a spoliis detentus
et ad prasiium in campo applicatus,
eminus procedentem Gorgias exer-
cit,um, de clade accepta suspicantem,
terret et in fugam verlit ; 16-22.
40 Judas i nunc ad spolia versi ditantur, et
benedicunt Deum pro acespta salute ;
2J-25.
50 Lysia=, sinistro Gorgiœ eventu territus,
hoc anno quiescit. 26, 27.
V. Expeditio Nicanoris :
i° Nicanor, Philippi monilu, Ptolemasi
mandato, missus cum exercku ad inhi-
bendos Judas progressus, spe victorias
plenus, capienda Judasorum mancipia
jam venum proponit ; lib. 11, cap. vm,
> 8 11.
20 Judasi, audito Nicanoris adventu, partim
in fugam, partim in desperationem
abeunt ; 1 2-1 ;.
5° Judas, inspirala ultione, promisso Dei
auxilio, et laudato patrum experimento
adjunctum si bi exercitum erigit ad
constantiam, et in turmns distributum
committit ductoribus ; 16-22.
44
45
46
47
48
49
50
52
5J
204
54
Pag- Pag.
4° Confligitur, facto per Judam initio,
secuta Nicanoris clade et fuga, pecu-
niis mercatorum victori in spolium
cedentibus ; 2J.-2Ç. 206
5° Sabbato inteneniente, cessatur ab hos-
tium persecutione ; transacto autem,
distribuuntur spolia, data etiam viduis
et indigentibus portione : utroque tem-
pore solvuntur Deo grates et vota ;
26-70. 207
6° Effectus cladis in Nicanore, humiliatio
et confusio, prasterea agnitio divina=
potentias et tutelas pro Judaeis. J4- J6. »
IV Cum ipso Lysia :
I. Adventus ejusdem cum ingenti exer-
citu ad Bethoron. Lib. 1, cap. iv,
} 28, 29. 5ï
II. Occursus Judœ cum copiis multo
paucioribus,sedprecibusad Detim
ardentissimis. 29- 3 3 .
III. Prœlium commissum, vincenteJuda,
victo Lysia, et regresso Antio-
chiam ad restaurandum exerci-
tum. 34, 35.
S III. COROLLARIA. VICTORIARUM
J° Expialio templi
I. Parata,
i° Cummunicato a Juda cum suis consilio,
et adducto in Sion exercitu ; 56, 57.
20 Occupatis urbe et lemplo ; hb. 11, cap. x,
y t. 214
j" Concepto ad triste loci deformati spec-
taçulum dolore et luctu ; lib. 1, cap. iv,
'f 58-40. 54
4° Destructis aiis sacrilegis et delubris ;
iib. s, cap. x, f 2. 214
50 Opposito contra prassidiarios arcis mi-
lite obsessore. Lib. 1, cap. iv, p 41. 55
II. Suscepta,
* l° Sacerdotibus mundis lapides contami-
natos e templo dimoventibus ; 42, 4;. »
2° Altaris holocaustorum, ob profanationem
ex prudenti considcatione destructi,
lapidibus intérim in loco apto sepo-
sitis ; 44-46. »
5° Alteroad prioris formam constructo, et
domus sanctae interioribus ac atriis
restauratis et sanctificatis ; 47, 48. 56
4° Vasis novis conliatis, omnibusque sacro-
rum supellectilibus templo illatis.ador-
natiset usurpatis.49-5 1, lib. 2,cap.x, jt' j. >- , 2 1 4
II" Dedicalio altaris celebrata
I. Solemni inauguratione ;
i° Sacrifiais primis, die 2; mensis Casleu,
profanationis anniversario, iterum obla-
i;s ; lib. 1, cap. iv, y 52-54 ; lib. 11,
cap. x, f 5. 56,-1
20 Gratiis Deo actis, et precibus, ad simi-
lem castigationem avertendam, adjunc-
lis. I.ib.i, cap.iv, ^ 55 ; lib 11, c&p. x, ^4. 57,"
II. Festiva commemeratione
i° Ociiduana prassenti, ad tabernacularum
I est 1 rituin et pompam lucundissimam
exacta; lib. 1, cap. iv, y- 56-58; lib. 11,
205 cap. x, y 6, 7. ",215
ANALYSIS BIBLICA
2° Anniversaria, simili festivitate in eum-
dem diem unn'erso populo constiluia.
Lib. i, cap. îv, f ',9 ; lib. 11, cap. x, y 8.
111° Sec.uritas urbis firmala,
I. Arce prœsidiaria in Sion, ex oppo-
site» arcis hoslilis, constructa.
Lib. 1, cap. iv, y 60.
II. Munitione alia, ex Idumsese oppo-
sito, Bethsurœ adjecta. 61.
§ IV. BELLUM CUM VICINIS GENTIBUS
1" Expeditio meridionalis.
I. Occasio, gentilium aemulatio con-
tra sacrorum restaurationem, et
conspiratio in Judaeorum exci-
dium. Lib. 1, cap. v, y. 1, 2.
II. Successus secundus.
i° Idumasis prassertim Acrabathaneis cas-
sis ; ?.
20 Beanitis, cum suo turrium receptaculo,
exustis igné et deletis ; 4, 5.
5° Ammon'.tis, cum duce Timotheo, repe-
tita clade attritis, et urbe Gazer hu-
jusque pago mulctatis. 6-8.
// Expeditio orientalis et septentriona-
lis.
I. Occasio :
i° Galaaditarum, sub duce Timotheo, con-
silia et facta hostilia contra Judœos ;
horum in Datheman profugorum Hue-
ras, auxilium a Juda postulantes. 9 15.
2° Judaeorum e Galilasa nuntii idem de
Ptolemaiditis, Tyriis et Sidoniis con-
tra se agentibus referentes et rogan-
tes. 14, 1 $.
II. Dispositio :
1° Decretum de subsidio vexatis ferendo ;
16.
20 Expeditio in Galilaeam Simoni commissa
in Galaaditidem Judas et Jonathas re-
servata ; 17.
;° Custodia Hierosolymas Josepho et
Azaria? crédita, cum mandato absti-
nendi abomni excursione ; 18, 19.
4° Divisio exercitus ex prasscripto, 20.
III. Successus in Galilœa :
l° Hostium numerosa clades, et infestatio
ad portam Ptolemaidis usque ; 21, 22.
2° Liberatio et translatio Judasorum in Ju-
dasam. 2j.
IV. Successus in Galaaditide : Judas,
i° Trajecto Jordane, excipitur pacifice a
Nabathasis, et de Galaaditarum contra
Judaeos factis et consiiiis instruitur ;
24-27.
20 Converso itinere, occupât Bosor, occi-
sis incolis ; 28.
j° Vicinam munitionem, Judasorum asy-
lum, oppugnantes sub Timotheo hos-
tes die altéra obruit, et magna strage
édita fugat ; 29- J4.
5° Succedentibus aggressionibus, urbes
Maspha, Casbon, Mageth et a'.ias ca-
pit, succendit, et, masculis occisis,
exspoliat '; jç, ;0
Pag.
.» , 2 1 6
V>
60
61
62
6J
S" Timotheum cum restaurato exercitu et
Arabum auxilio regressum, contra il-
lius omen, invadit, vincit, et Carnaiin
usque fugat, eamque urbem cum fano
tandem exusto occupât; ;;-44-
6° Cum emigrantibus secum Judœis re-
dux, innoxio per Rphronem transitu
negato offensus, urbem, occisis civibus,
dévastât ; 4. s - 5 1.
7° Relecto Jordane, nullo amisso regres-
sus, grates in monte Sion persolvit.
111° Expeditio occidentalis .
I. Tentata a Josepho et Azaria,
i° Tempore absentis Juda;, studio captan-
dae glorias ; 55-58.
20 Sorte sinistra et clade per Jamnienses
illata, Judasis in fugam conjectis ; 59,
60, 67.
5° Documento inobedientias castigatas, et
negotii sine divina vocatione infelici-
ter suscepti relicto. 61, 62.
II. Resumpta a Juda,
1° Post fautas populi acclamationes ; 6j,
64.
.1° Initio (acto contra Idumœos australes
et urbem Chebron ; 65.
j° Bello per Samariamin Philistasorum re-
gionem et Azotum translato, cum
clade hostium utrobique édita. 66, 08.
§ V. FATA ANTIOCHI POSTREMA.
1° Deprœdatio Persepolis urbis et tem-
pli,
I. Ob ingentes divitias, ab Antiocho
tentata. Lib. 1, cap. vi, y. 1-3 ;
lib. 11, cap. ix, y. 2.
II. A civibus, prœvia moliminis fama
jam excitatis, vi et armis prohi-
bita. Lib. i, cap. vi, f. }, 4.
III. In fugam, dedecus et dolorem An-
tiochi conversa. Lib. 1, cap. vi,
y. 4 ; lib. 11, cap. ix, y. 1, 2.
Il" Nuntia ad Antiochum in Perside
délai a.
I. Exponentia clades tribus ejus duci-
bus illatas, Jérusalem autem cum
templo, et Bethsuram a Judaeis
recuperatas. Lib. 1, cap. vi, y.
5 9 ; lib. 11, cap. ix, y. 3.
IL Injicientia animo ejus terrorem,
mœstitiam, ac tandem ultionis
furorem. Lib. 1, cap. vi, y. 8 ; lib.
11, cap. ix, v. 4,
III. Afferentia, Deo puniente, corpori
sœvum viscerum dolorem, mem-
brorum collisionem, vermium e
carne nascentium cruciatum et
fœtorem. Lib. 1, cap. vi, y. 8 ;
45 «
Pag.
<>4
65
66
6,"
68,209
69,209
64
lib. 11, cap. ix, y. y
[O.
4)2
111°
I.
ANALYS1S BIBLICA
II
11
IV
I.
Il
11
Pcvmïudo de factis contra Judœos
Concepta animo,
i° Commoto, dolorum continuatione et ve-
hementia, ad agnoscendum Dei domi-
nium, sine desideratas tamen salutis
consecutione ; lib. u, cap. ix, y. ii-ij.
i° Pollicito Hierosolymas liberta'.em, Ju-
dasis autonomiam, et templo sumptus
ac reverentiam ; 14-16.
)° Professo se Judasum etiam, ac poten-
tias divins; prasconem futurum ; 17.
. Declarata, habito ad suos sermone,
quo exponit
1° Corporis animique sui afflictam condi-
tionem ; lib. 1, cap. vi, y. 9-1 1.
2° Confessionem considerationis suas, hase
mala tanquam mei itam suis contra Ju-
daeos factis pœnam agnoscentis. 12, ij.
I. Consignata litteris ad Judœos de-
precatoriis. Lib. Il, cap. îx, 17.
H arum litterarum
1° Inscriptio gratiosa est Antiochi ad Ju-
daeos ; 18.
2e Exordium constestatur benevolenliam ;
10.
j° Narratio exponit valetudinis conditio-
nem, et suam de subditorum felicilate
sollicitudinem ; 20, 21.
4° Propositio continet, declarari a se, ad
similis a paire facti imitationem, filium
suum regni successorem ; 22-25.
5" Postulatio exigit fidelitalem sibi et filio
prasstandam. 20, 27.
Fala ultima :
Constitutio Philippi
i° In curatorem regni ; lib. 1, cap. vi, y. 14.
20 In tutorem filii régis. 1 ;.
. Mors, annotato anno, loco, et mé-
rite Lib. 1, cap. vi, v. 16 ; lib. 11,
cap. îx, f. ?H.
I. Cura funeris et digressio curantis.
Lib. 11, cap. ix, f. 20.
Ptg.
SECTIO III.
GESTA JUD/E MACHAB/EI
CO-CVA REGNO
ANTIOCHI EUPATORIS
S I. 1URB/E SUB REGNI AUSPICIA
7° Prœfatio hislorici ad enarrationem
faclorum sub Eupaiore. Lib.
11, cap. x, y. 10.
11° Turbœ ex parle Syrorum:
I. Lysias, digresso Philippo, procu-
rator regni ab Eupatore constitu-
as. 1 1 ; lib. 1, cap. vi, y. 17.
II. Ptolemaeus, ob favens Judœis stu-
dium ad Eupatorem delatus, ve-
neno se ipsum perimens. Lib. 11,
cap. x, f, 12, 1 }.
111" Ex parle Judœorum :
I. Gorgiœ et Idumseorum, accedenti-
bus gentilibus et apostatis aucto-
rum, excursiones, a Juda fréquen-
ce tatis cladibus repressœ. 13-17. 217
II. Hostilium turrium expugnandarum
negotium,
mi
i°Simoni, Josepho, et Zachaso commis-
sum ; 18, 19. »
2# A Simonis sociis, pro pecunia aliquos
inclusorum elabi sinentibus, prodito-
rie neglectum ; 20. »
5° Proditione hac supplicio cas'igata, de-
69 mum a Juda confectum. 21-2J. »
III. Gravior belli aléa
i° Jacla a Timotheo, exarcilum potentissi-
70 r
mum adducente ; 24 210
2e Excepta a Juda, post imploratum riti-
212 bus solemnibus Numen, occurrente ;
:° Decisa, post pugnam ambiguam, a vins
„ de cœlo in Judas tu'.elam et subsidium
missis. 28-;o. 2 1 (,
" IV. Victoriae hujus supplementa ;
i° Strages hostium ingens et Timothei in
Gazaram fuga ; j 1 , j 2. »
20 Asyli hujus obsessio a Juda per qua-
triduum coiitinuata, ab obsessis male-
dicentius subsannata ; i!-J4. »
5" Conscensus murorum a juvenibus ah-
quot die quinta tentatus, mox exem-
plum imitanlibus pluribus, injecto in
turres et portas igné, completus ; J5,
4° Interitus Timolhei latebras quasrentis,
item Chaereas et Apollophanis, irium-
phus Judas et sociorum ; J7, 58. 220
5" Comportalio spoliorum, et epinicia in
Jérusalem ; rœna Philarchi socio Ti-
molhei et Cal listheni incendiario irro-
gata. Lib. 11, cap. vin, y. ji-jj. 208
$ II. VIC1SS1TUDINES SUB REGNI PROGRESSUM
/• Bellum geslum :
I. Lysiae, rébus Judœorum prosperis
!ib. II, cap. xi, y. 1, 2. 2:1
2'J
21 î
216
offensi,
1° Apparatus ingens
20 Consilium adversum ; 2, j.
j° Confidentia praesumpti'osa ; 4.
4° Marhinatio contra Beihsuram prospé-
ra, s-
II. Judae. hostili hac irruptione ad de-
fensionem excitati,
i° Preces ad Deum, et adhortatio ad so-
cios ; 6, 7.
2° Cumitatus Angeli a Deo datus, et forii-
tudo animi divinitus indita ; 8, 9.
>° Irruplio fortissima in hostes, cladem et
fugam iisdem injiciens. 19-12.
11° Pax in Ha :
I. Negotium pacis tractatum,
i° Lysia victo, fugato, suarumque et Ju-
daicarum rerum statum prudenter di-
menso, propositionem faciente, 12-14.
ANALYSIS BIBLICA
2°Juda, sub postulatis a Lysia et promis-
sis a rege conditionibus, propositio-
nem acceptante, 15.
I!. Documenta tractatus litteris consi-
gnata :
1° Epistola Lysiae, inscripta Judaeis, 16.
1. Narrât postulata legatorum Judaeorum
régi proposita, et ab eodem con-
cessa ; 17, 18.
2. Promittit, supposita Judaeorum l'uieli-
tate, reciprocum favorem ; 19.
j. Significat reliqua per legatos a se mis-
sos complananda ; 2u.
4. Finit apprecatione et anni notatione,
21.
20 Epistola Eupatoris, inscripta Lysiae, 22.
1. Exponit suum commodis subditorum
faventem animum,ab initio regni jam
susceptum ; 2î.
2. Recenset postulatam a se facultalem,
qua liceat Judaeis proprio suo ins-
tituto, non autem ritibus graecis vi-
vere ; 24.
;. Decernit, pro sua in Judaeos benevo-
lentia, iisdem templum et sacrorum
libertatem restitui ; 2^.
4. Mandat rem hanc cum Judaeis commu-
nicari, et componi, jo.
j° Epistola ejusdam, inscripta Judaeis, 27.
t. Habet initialem benevolentiae formu-
lam ; 28.
2. Memorat relatam per Menelaum pos-
tulationem Judaeorum, pro facultate
invisendi suos in Syria ; 29.
j. Concedit il lis liberum commeatum ad
quindecim dies.et usum rituum pro-
priorum ; ;o, ; r.
4. Notât Menelaum a se missum ad trac-
tandum cum ipsis ; 52.
5. Subdit apprecationis clausulam, et
anni, mentis, ac diei notam, j;.
4° Epistola Romanorum legatorum Q.
Memmii et T. Manlii, inscripta Judaeis,
Ï4-
1. Dat assensum transactis cum Lysia;
> i-
2. Monet de mittendis legatis, negotia a
Lysia ad regem remissa tractaturis ;
jo.
J. Petit accel(eratum responsum et vo-
luntatis declarationem ; )7.
4. Claudilur communi veto pt epocha
scriptionis, 58.
III. Quies utrinque capta et culta.
Lib. 11, cap. xii, f. 1.
III" Quies interlurbata,
I. Infestatione frequenti regiorum in
vicinia prsesidum. 2.
II. Proditorio facinore,
i° A Joppitis contra Judœos concives sub-
mersione perpetrato ; î, 4.
20 AJuda scapharum exustione et reorum
occisione castigato ; <,, 6.
j° A Jamnitis contra eamdem gentem de-
creto, a Juda autem praeoccupato,7-9.
III. Occursu Arabum,
i° Evocatorum a Timotheo ; 10.
2° Victorum a Juda praelio ; 1 1.
Pag.
22J
4Î5
Pag.
2?4
226
229
j° Residuorum, pro oblatis pascuis, liber-
tatem sibi et pacem pactorum, 12.
IV. Ferocia incolarum urbis Casphin,
1° Deditionem contemptu et maledictis re-
cusantium ; 1 ;, 14.
2e A Juda, post preces ad Deum fusas,
expugnatorum ; 1 ;.
î° Plena sanguinis strages deletorum, 16.
V. Expeditiono contra Timotheum,
i° Cœpta per nbsidionem urbis Characae,
quam, dilapso hinc Timotheo, Judas
urgendam comm'ttit Dosilheo et Sosi-
patro ; 1 "- 19.
2" Promota per progressum utriusque
exercitus ad pugnam ; 20, il.
j° Decisa per terrorem divinitus injectum,
et cladem ingentem a Juda inllictam
copiis Timothei ; 22, 2;.
4° Finita, Timotheo ftitercepto primum.ad
preces et promissa dein per Dosi-
theum et-Sosipatrum dimisso, Carnione
autem praecipuo Timothei prœsidio
per Judam devicto ; 24-20.
5° Coronata monumento triplici
1. Fortitudinis quidem, quia lïphron ur-
bem praesidio et machinis munitissi-
mam Judas expugnat, 27, 28.
2. Mansueludinis dein, qua idem Scytho-
poli ad Judaeorum, de incolis sibi
hactenus faventibus testantium, pre-
ces parcit 29, ;o.
?. Religionis denique, qua Judas, inter-
rupto victoriarum cursu, Hieroso-
lymam abit ad Pentecosten celé-
brandam, ;i.
VI. Excursione in Idumceam,
i° Excepta occursu Gorgiae et conflictu;
n-u-
20 Notata periculo ejusdem, captivitatem
vixelapsi; j;.
j° Interpolata tum conliictu, per fugam
hostium precibus Judae aegre obtentam
finito, tum reducto Odollam exercitu,
sabbatoque ibidem celebrato ; j6-;8.
4° Consignata documento triplici,
1. Imprimis experientiae, qua innotuit
aliqualis cladis acceptae causa, scili-
cet donaria idolorum sub prostra-
torum tunicis reperta ; 39-41.
2. Tum ritus relipiosi, quo preces fun-
duntur et sacrificia offeruntur pro
defunctorum peccatis; 42, 4).
j. Demum observationis historicae, qua,
ex factis relatis, veritas resurrec-
tionis et sanctitas orationis pro de-
functis colligitur, 44.
§ III. CONVERSIONES SUB REGNI FINEM,
/° Obsidio arcis Sion
I. Suscepta a Juda,
i° Ob fréquentes praesidiariorum sacra
turbantium excursiones, lib. 1, cap. vi,
y. 18.
2° Cum populi consensu et machinarum
apparatu. 19, 20.
II. Denuntiata Antiocho ab apostatis,
21.
1° Postulantibus auxilium ; 22.
229
2?I
2J2
2JJ
4)4
ANALYSIS B1BLICA
Pas
î° Criminanjibus Judam de illata sibi, ob
paganismi cultum, vi et oppressione ;
25-25.
5° Exaggerantibus periculum ex hacmachi-
natione secuturum. 26, 27.
III. Turbata ab Antiocho,
1° Ad hoc nuntium maximam contra Ju-
dœos expeditionem decernente; 28- 30.
20 Exercitum Bethsurae admovente et prae-
sidiarios fortins urgente, ji.
IV. Soluta a Juda, ad auxilium Bethsu-
raeis ferendum. 32.
Il" Ambitio Menebi
I. In spem maximam assurgens,
i° Occasione expeditionis contra Judasos
instructas ; lib. 11, cap. xin, f. 1, 2.
20 Opportunitate comitivaa et colloquii cum
Antiocho concessi.» 3.
II. In interitum dejecta,
1° Morte eidem décréta, Deo disponente,
Lysia suggerente, et Antiocho ju-
ber.te ; 4.
20 Executione per prœcipitationem e turri
in cineris cumulum facta ; 5, 6.
3° Atrocitate pœnas ad culpas meritum
accommodata. 7, 8.
IIP Prœlium decrclorium :
I. Apparatus ingens
1° Ex parte Eupatoris,
1. Festinato e castris motu; lib 1, cap. vi,
>' ??, J4-
2. Instructo tum elephantorum, tum mili-
tum ordine ; 35-}8.
3. Ordinato ad pompam et terrorem
exercitus in aciem progressu. 59-41.
2° Ex parte Machabaji,
1. Indictisgenti univers* precibus ; lib. u,
cap. xiii, v 9-1 1.
2. Dato militibus mandato et senioribus
consilio ; 12, 13.
3. Copiis versus Modin promotis. 14.
II. Conflictus memorabilis,
ir Ob factam, sub Juda; classico, noctur-
nam in hostes irruptionem ; 15.
2° Ob stragem inter illos editam ; 16, 17;
lib. 1, cap. vi, y 42.
3° Ob heroicuni factum Eleazari
1. Elephantem generoso consilio et ausu
aggredientis ; 45-45.
2. Eumdem quidem sternentis, sed se
simul sub eodcm sepelientis, 46.
III. Proventus certaminis neutri secun-
dus,
i° Judasis retrogradis partes meras defen-
sionis eligentibus; 47.
2" Eupatore non vi sed arte duntaxat sibi
agendum intelligente. Lib. 11, cap. xiu,
y 18.
/ V" Caiaslasis obsidionalis :
I. Munimenti Bethsurœ
i" Oppugnatio a rege incassum repetita , 19.
20 Diflicultas annonaria a Juda aliquamdiu,
donec res a Rhodoco proderetur,
sublevata ; 20, 21.
j° Libertas et cura alimoniae ad pacem a
rege promulgatam capta; lib. 1, cap. vi,
$ 48, 49-
7i
»
72
4° Occupatio perfida a rege contra pacis
leges usurpata; ibid. 50; lib. 11, cap. XIII,
f. 22, 2J.
II. Urbis Hierosolymee
i° Impugnatio ab Eupatore, et propugnatio
a Juda?is diu ac fortiter gesta ; lib. 1,
cap. vi, f 51, <,2.
20 Penuria ciborum ex anno sabbatico et
paucitaspraesidiariorum hinc orta; 5 ?, 54
?° Pax, ob Philippi motus, a Lysia propo-
sita, a rege et principibus probata,
Judasis oblata, ab utrisque juramento
firmata ; 55-61.
4° Denudatio, destructis mûris a rege fœdi-
frago urbem ingresso. 62.
V° Pericope Eupatoris finalis :
2,5 I. InJudaea
i* Discit modestiam, accepta per Judam
clade, et audito de Antiochia per
Philippum captanuntio; lib. 11, cap. xiu,
y 2;.
2° Captât Judaeorum amicitiam, fide meliori
2* data, muneribus templo oblatis, Juda
vicinasprovinciae prasside creato; 2), 24.
3° Lenit commotos Ptolemensium animos,
reddita per Lysiam factorum ratione;
discedit in Syriam. 2^, :6.
II. In Syria
i° Appulsus, Antiochiae Philippum aggre-
ditur, vincit, ex urbe ejicit ; lib. 1,
cap. vi, ^. 6?.
20 Anno altero, oppressus per Demetrii
Roma Tripolim advecti exercitum,
capitur; lib. 1, cap. vu, f i, 2 ; lib. n,
cap. xiv, ^1,2.
3° Demetrio conspectum negante, ac sen-
tentiam ferente, idem cum Lysia occi-
ditur. Lib. 1, cap. vu, y 3, 4.
Pag.
",2?8
72
7?
74
236
237
2?8
",74
T>
j.38
76
77
238
239
78,240
SECTIO IV
GESTA JUD/E MACHAB^I CO/EVA REGNO
DEMETRII SOTERIS
§ I. 1NQUIS1TIO INSIDIOSA
7° Adornaia ab Alcimo,
I. Demetriumregno potitum pro recu-
perando pontificatu, cum amplis-
simis muneribus adeunte. Lib. 1,
cap. vu, ^ 5 ; lib. 11, cap. xiv,
h)4- 79,240
II. Ad eumdem, accepta opportunitate,
habente orationem, qua
i° Calumniatur Assidœos et Judam turba-
rum et oppressionum in Juda.a aucto-
res; lib. 1, cap. vu, y 6; lib. 11, cap. xiv,
y 5, 6. «,241
20 Queritur se régis et regni studiossis-
simum ab iisdem iniquissime vexatum;
lib. 11, cap. xiv, f 7, 8. »
3° Consulit his malis atïerri remedium,
misso homine fido, qui in factum inqui-
rat, et reos plectat ; lib. 1, cap. vu,
y 5 ; lib. 11, cap. xiv, y 9. v>
4° Monet, superstite Juda, res componi
non posse. Lib. 11, cap. xiv, y 10. »
ANALYSIS B1BL1CA
Pag.
», 2 4 I
80
III. Accipiente hujus consilii assenta-
toresomnes Judée adversarios. 1 1.
II" Decrela a rege,
<s 1
I. Deligente Bacchidem ad hoc nego-
tium. Lib. 1, cap. vu, ,v 8.
II. Adjungente Alcimum, utpote pon-
tificem a se nominatum, et vindi-
cem Judaeorum constitutum. 9. »
III0 Institula a Bacchide et Alcimo,
Judœam ingressis, 10.
6
I. Dolosa ad conventum invitatione, »
i° Neglecta a Juda et sociis, ob conceptam
ex adducto simul exercitu suspicio-
nem ; 1 1. »
20 Honorata accessu scribarum et Assi-
dasorum, nihil mali aut doli ob Alcimi
sacerdotium suspicantium. 12-14. „
II. Mendaci pacis promissione, 15. 81
i° Violata mox per sexaginta ex his credu-
lis hominum necem, a Davide praesi-
gnatam ; 16, 17. »
20 Excepta a populo hanc perfidiam
experto, cum metu, contemptu, et
detestatione. 18. »
IV0 Terminata ab utroque,
I. Bacchide' qu'idem, Antiochiam re-
gresso, post mota ad Bethzecham
castra, ac iram in dilapsas con-
ventus reliquias et populares
quosdam effusam. 19, 20. 82
II. Alcimo autam militia sibi relicta
munito, ab improborum acces-
sione aucto, et ferociter in pa-
triam grassato. 21, 22. »
V° Vindicata a Machabœo,
I. Malis per grassatores apostatas
gravioribus ilbtis excitato, 13. »
II. Pœna his desertoribus captis irro-
gata, securitatem regionis conse-
cuto. 24. »
§ II. MACHINATIO MULTIPLEX PALAM ADVERSA
1° Aggressio velitaris,
I. Sollicitata ab Alcimo calumnioso
Judae accusatore. Lib.i, cap. vu,
f. 2<,. »
II. Commissa Nicanori Judaeorum hos-
ti, 26 ; Hb. u, cap. xiv, f. 12,13. «,241
III. Praeparata utrinque, gentilibus ad
Nicanorem affluentibus, Judaeis
preces ad Deum fundentibus.
Lib. 11, cap. xiv, f. 14, i). 242
IV. Tentata ad castellum Dessau, Si-
mone Judœ fratre ob subitam
hostium irruptionem meticulosius
agente, Nicanore tamen per hoc
experimentum virtutem Judaeo-
rum discente et reverente. 16-18. »
V. Conversa in amicitiam, quam
i° Nicanor probanlibus consiliariis conci-
liaturus, proponit. congressum cum
Juda secretum ; 19-21.
2° Judas acceptaturus proviJc pcriculo
omni praecavet ; 22.
?" Uterque contractam colit, pr»ter alia
documenta nuptias etiam Nicanore
suadente et Juda ineunte. 25-25.
11° Insectatio hosïrfis
I. Concitata rursus,
i° Actore Alcimo, memoratam amicitiam
déférente et perfidiae insimulante ; 26.
20 Dictatore rege. Judam vinctum Antio-
chiam mitti imperante ; 27.
3° Executore Nicanore constituto, invito
quidem ob Judas innocentiam, obse-
quiose tamen ob régis metum agente.
27-29.
II. Declinata a Juda,
i° Ex mutata in asperius agendi ratione,
mutatum Nicanoris animum arguente,
et hinc se occultante; ;o.
20 Ex structis, sub assumpto arnicas visita-
tionis simulacre insidiis evadente, et
Nicanorem posthac évitante. Lib. 1,
cap vu, i\ 27-;o.
III. Exerta conflictu,
i° Ob elusas insidias, per Nicanorem
Judas ad Capharsalama il lato ; ji.
20 Clade quinquies mille Syrorum et fuga
reliquorum finito. ?2.
IV. Translata ad sacerdotes,
i° Sub honorificum occursum a Nicanore
contemptim habitos ; ;?, 34.
2° Ab eodem, sub intenninatione templi
profanandi ac evertendi, jussos sistere
Judam ; 55 ; lib. 11, cap. xiv, £•. ;i-jj-
3° Regressos in templum, hujusqu'e con-
servationem, hostis autem internecio-
nem precatos ; lib. 1, cap. vu, y ;6-
j8 ; lib. 11, cap. xiv, y. j4-;6.
V. Effusa in Raziam :
Describitur hujus viri
i° .-Estimatio apud omnes, virtute ac reli-
gione comparata; lib. 11, cap. xiv, y.
H, ?8.
2° Periculum a Nicanore Judasis asgre
facturo paratum ; 59, 40.
j° Suicidium ad captivitatem avertendam
tentatum ; 4iv 42.
4° Prascipitatio sui jam graviter saucii in
m-edias turbas secuta ; 4;, 44.
50 EfTusio viscerum cum precibus et morte
conjuncta. 45, 46.
III0 Expeditio internecina.
I. Castra
i° Nicanoris Hierosolymis translata ad
Bethoron, et aucta exercitu Syrias ;
lib. 1, cap. vu, J\ $9.
20 Judas posita in Adarsa cum tribus dun-
taxat millibus. 40.
II. Nicanoris consNium pugnandi sab-
bato
î" A Judasis ad sequelam coactis detrecta-
tum ; lib. 11, cap. xv, f. 1,2.
4V-)
Pag.
«,743
>4?
84,24!
244
245
248
84
249
456 ANALYSIS BIBLICA
Pag. Pag.
2" Ab eodem, blasphemis contra Deum 5° In publico conspectu et jubilo convo-
sabbati auctorem quœsitis et responsis, catorum Judacorum, Nicanoris lingua
obfirmatum; j, ç. 249 prœcisa, et avibus particulatim pro-
3° Elîectu tamen, contra arrogantem blas- jecta ; dextera ex templi opposito sus-
phemi opinionem, frustratuni. 5, 6. >j pensa, capite in arcis summitate prœ-
!II. Judœ, inunoDei auxilio confiden- flxo; lib. i, «p. ni, f47."48;Hb. ix,
cap. xv, v Ji-35. 85,»
tis,
Constituta in diem decimum tertium
1° Exhorta io animorum excitatoria ad mi- mensis Adar anniversaria memoriœ
lites, qua festivitate ; lib. 1, cap. vu, y 49;
1. Monet ab homine timendnm nihil, a lib. it, cap. xv, y 36. >?. ",-',A
Deo speranda omnia ; 7.8. » ço Qujete per tempus aliquod secuta
2. Memorat legis promissa et prophe- Lib. 1, cap. vu, £• 50. »,»
tarum vaticinia ; 9. 250
j. Recenset gentium perfidiam et perju- g III. ACTA 1VUJK POSTREMA
ria. 10 »
1° N:rratio confirmatoria somnii, qua ex- /" GlOUOSCL .'
ponitvisum sib. j Concepta de Romanis opinio, ex
1. Oniam pro Judœis deprecantem, cum vulgata fama
viro alio insigni ; n-ij. » _ » . ... ...
. _ . , i° De eorumdem notentia et lacilitate erga
2. Hune al.um, declaratum ab Onia Jere- exteros ,ih cap TII|j f r_ g6
miam phophetam, esse similiter pro 2„ De victricibus eorum eXpeditionibus
genteeturbesanctasolhdtumpreca- , In Galatiam, Hispaniam, et extremas
torem ! '*■ " provincias: 2-4. 87
}. Jeremiam tradidisse Judœ gladium au- 2. Contra Philippum, Persen, et Antio-
reum, victoriœ de hostibus repor- chum ; <,-'. 88
tandas certum instrumenlum. 15, 16. 251 ?. Adversus Indos, Medos, Lydos, Grœ-
IV. Militum oratione Judas animatorum cos, aliosque insularum et regnorum
decretum fortiter pugnandi, D _ '^0,as' 8-": .... 8'>
„ r ° . . ,. ;° De fidaerga socios amicitia et impensa
1° Conceptum maxime pro tuenda templi
sanctitate; .7, 18. 252 <utela < ,2J '»■ .
.... ., 4° De eorumdem modestia, ser.atu et con-
2° Adiutum sol icitudine et precibus com- , . ,
1 . . , h sulatu. 14-16. 90
morantium in urbe sancta 19. » T_ . , . . .
,, ,-, , , ... . II. Leeatio Judse, Iratrum, et populi
V. Praeambula pra?ln : ° ' ' r r
10 Acies u.rinque instruc.a; 20 » Judœorum ad RomatlOS,
2" Judœ periculum considérants et manus '° Commissa Eupolemo et Jasoni; 17.
incoclum extendentis oratio, 21. <> :° Destinata ad ineundam cum Romanis
,,,!-,. c , , amiciliœ, et contra Graecorum oppres-
1. Ut Ezechiœ contia Sennachenb erat ' ! , . ,,
, . ... »,. _ sioncs, fœderis societatem ; 17, 18. »
datum, ita sibi contia Nicanorem ' . ?"
;° Delata Romam, et in curia negotio
submitti Angeium percussorem ; 22,
rite deluncta ; 19. 20.
2; ; lib. 1, cap. vu, v 41. «,85
,. . . , . . ... , 4" Consecuta postulatam pacem ac socie-
Metum et stragem inferri hostibus ad ^ ,p,. . F . . .
, , , ... ,., ., tatem, tabuhs etiam aereis inscriptam,
blasphemiœ ultionem ; lib.i, cap. vu . ; r
et in Jérusalem deferendam. 21, 22.
III. Formula fœderis
y 42 ; lib. 11, cap. xv, y 24. 85,252
)° Nicanoris signa data ad pugnam. Lib. 11,
cap. xv, %■ 25. 25; i° Precatur Romanis et Judœis, ubique
VI. Prœliumdie décima tertia mensis prosperitalem, et ab hostibus immuni-
tatem ; ?;.
Adar COmmissum, 2o pr£escribit Judœis, ut Romanis aut so-
1° Judœis oratione non minus quam manu ciis bello lacessitis auxilium, hostibus
pugnar.tibus; lib. 1, cap. vu, y 41; autem nulla ratione subsidium prœs-
lib. Il, cap. xv, y 20, 27. 8î,» tent; 24-26.
2° Syrorum triginta quinque millibus et 3° Obligat Romanos ad reciprocum in si-
inter primos Nicanore cœsis ; ibid. »,» mili casu Judœis prœstandum ; 27-29.
j° Hostili exercitu abjectis armis fugiente, 4° Permittit utrisque, ex muluo consensu,
et per integri diei iler ab inhœrenti- his tabulis addere vel demere quœ-
bus victoribus conciso; lib. 1. cap. vu, cumque visa fuerint ; jo
a, , . ., „ <," Addit, Judœorum causa, datas ad De-
„», ,...".. . ,. metrium litteras dehortatorias, et
4°Reliqunsdispersis, per excitatos undique , , ... r> • ■ t
n M. . . \ , 'K , . . M comminatonas bel 1 1 a Romanis infe-
e vicinia Judœos. ad internecionem
rendi. jt, 32.
II" F une si a :
delelis. 45, 46. »
VII. Victoria celebrata,
i° F.piniciis in laudem Dei eiïusis; lib. ii, I- Expeditio bellica, Nicanoris cla-
cap. xv, y 28, 29. » dem reparatura,
20 Spoliis lectis, et, rescissis ad Judœ 1° Demandaia Bacchidi et Alcimo a De-
jussa, capite et brachio Nicanorisdextro metrio;lib 1, cap u, y 1.
Hierosolymam delatis , lib. 1, cap, vu, 20 Auspicata, castris ad Masaloth positis,
y 47 ; lib. il, cap. xv, y ;o. »,» et édita multorum strage ; 2.
94
ANALYSIS BIBLICA
4v
Pa?
Pas
5° Continuata stati vis ad Jérusalem pro'a-
tis, et parte copiarum ad Bcream de-
ducta, j, 4.
II . Statio Juda? in Laisa,
i° Sub initium tribus virorum millibus de-
finita, mox ad octingentos redacla, et
spe addendi plures restituta ; 5-7.
2° Ex sociorum quidem consilio deserenda,
sed a Juda, illos ad pugnam animante,
et se ad mortem fortiter oppetendam
ofl'erente, retenta ; 8-10.
5° Ad egressum hostium e castris et expli-
caiionem aciei opposita. 11.
III. Pra?Iium,
l° Datis utrinque signis, cœptum, et per
diem integrum protractum ; 12, 1 î.
20 Juda cum selecta manu in cornu dextrum
pugnacius incumbenle, féliciter hac ex
parle depugnatum ; 14, 1;,
;° Cornu autem sinislro in tergum Judas
inveclo resiauraHim, casuque Juda1 ac
luga reliquorum finitum. 1 6- 1 8.
IV. Posthuma Judas :
l° Translatio cadaveris a fratribus in se-
pulcrum patrium ; 10.
20 Planctus populi et elogium defuncti ;
20, ïi.
}° Confessio historici testantis datant
Judœ biographiam ob factorum multi-
tudinem mancam. ::.
V. Consectaria cladis:
l° Apostatarum recrudescens (erocia : 2;.
2° Judaeœ per famem aillictio, et sub Bac-
chidis jugum deditio : 24.
50 Bacchidis, per constitutos praafectos
apostatas, instituta contra Judœ ami-
cos persecutio ; 2ï, 26.
40 Tribulatio totius Israelis excedens prio-
rum temporum angustias. 27.
SECTIO V.
DE JONATHA JUD/E SUCCESSORE
§ I. MAG1STRATUS JONATHA PATRIUS
1° Ad Uns adeumdem
I. Datus a Judaeorum. congregatione,
i° Deligente Jonatham ob virtutem bel-
licam ; lib. 1, cap. ix. y 28, 29.
2° Déférente eidem principatum et praa-
fecturam militarem. 50.
II. Captus a Jonatha in locum Judse
succedente. -, 1.
III. Infestatus a Bacchide,
l° Mortem Jonathas minitante; )2.
2° Eumdem cum suis ad recessum in de
sertum adigente ; ; j.
;° Recedentes trans Jordanem persequente.
U-
IV. Funestatus a Jambritis,
i° Joannem Macchabaeum, ad Nabuthaeos
pro apparalu deponendo missum, in-
tercipientibus et perimeniibus ; j$, ;6.
2° Similiter a Jonatha ultore in solemi i
sponsae deductione interceptis, spo-
liatis, et partim occisis, partira dis -
persis. jr-42.
00
97
V. Communitus praelio
i° Inito ad Jordanis ripam, inlcr Bf.cchidem
94 aggressorem et Jonatham defensorem,
suorumqus hortatorem ; 4.-46.
20 Finiio post editam mille hostium stra-
gem, Jonatha Jordanem tranante, et,
o^ post praesentissimum periculum dr-'er-
sione declinatum, Bacchide Hieroso-
Ivmam revertente. 47-49.
11° Posscsssio e jus de ni
I. Quieta per biennium,
» t° Syris ad reliquam Judaeam munimentis
sibi lirmandam, et Israelem, auctis cus-
todiis, acceplisque obsidibus, in fide
continendum conversis ; ^o-;?.
ï° Alcimo destruendis domussanctœ mûris
interioribus jam intento, sed paralysi
subita dissoluto et inter dolores maxi-
mos exstincto ; ^-sô.
1° Bacchide Antiochiam digresso. 57.
II. Tentata per insidias
l° Ab apostatis suggestas ; \8, îo.
20 A Bacchide structas, sed détectas ; 60.
;" In aucloribus punitas ; 01.
4" A Jonatha in Bethbe;sen digresso decli-
natas. 02.
Fil. Turbata per vim et arma,
i° A Bacchide urbi B^thbessen admota ;
" 6;, 64.
20 A Jonatha in hostilem regionem cum
.. caedibus illata ; 6:, 66.
5° A Simone, facta felici eruptionc, contra
r)3 oppugnatores versa et victricia. 67, ù8.
IV. Ratihabita per pacem,
i° Prassumptam ex supplicio de consilii
" auctoribus sumpto, et reditu Bacchi-
dis decreto ; 09.
20 Propositam a Jonatha, adjecta capti-
vorum sibi reddendorum conditione ;
70.
5° Concessam a Bacchide, addita jurisju-
randi fide et redditis captivis ; 71-72.
4" Stabilitam subsequa Bacchidis perpétua
ab his terris absentia, et Jonaih.e libéra
sui muneris facullate. 72, 7;.
§ ÏI. AUCTORITAS JONATH/C EXTRANEA
/° Ex regum, amiciliam Jonathœ cap-
lanlium, sludiis conspicua.
1. Studia Demetrii,
l° Concepta animo,
1. Ex occasione instaniis cum Alexandro
Bala appulso contentionis ; lib. 1,
" cap. x, $ i, 2.
2. Ex spe praeveniendi officia Alexandri
aemula ; 4.
;. Ex metu ullionis a Jonatha injuria-
" r.jin memori alias sumendae. 5.
2° Exposita opère,
t. Datis ad Jonatham lilteris honoritîcis; 5.
2. Concessis eidem facultate armorum,
99 societate fœderis, et remissione ob-
sidum ; 6.
;. Praslectis in Jérusalem regiis lilteris
ac reverenter exceptis. 7, 8.
» j° Percepta usu,
îo;
lot
»
45<
ANALYSIS BIBLICA
i. Parentibus proies obsides recipien-
tibus ; 9.
2. Jonatha Jérusalem inhabitante, inno-
vante et muniente ; 10, 11.
;. Alienigcnis plerisque difTugientibus ,
paucis in Bethsura remanentibus 12-14
I I. Studia Alexandri
i° Constituta, perspectis Demetrii ambitu,
Jonathae merito , et proprio com-
modo ; 1 ;, 16.
20 Impensa, delatis Jonathas per litteras
pontificatus honoribus, additisque pur-
puras et coronae aureaedonis, 17-20.
;° Rata habita, Jonatha ad scenopegiae
solemnitatem stolam sanctam usur-
pante, et exercitum colligente. 21.
III. Sollicitatio altéra
i° Resumpta a Demetrio, initam Alexandri
cum Jonatha amicitiam aegerrime fe-
rente ; 22-24.
20 Proposita litteris,
1. Factum Jonathae novissimum dissimu-
lantibus, et prioris contractus cons-
tantiam dumtaxat repetentibus; 25-27.
2. In hujus officii compensationem tri-
buts varia remittentibus ; 28-ji.
?. Item sacrorum jus proprium, facul-
tatem et immunitatem , privilégia
etiam militaria et civilia indulgenti-
bus ; ; 2- J7.
4. Denique pontifici possossionem ci vj-
tatum et reditus, sacerdotibus sti-
pendia et pecunias, templo jus asyli,
œdibus sacris et mœnibus urbis
sumptus pro rcstauratione donan-
tibus; 38-45.
3° Rej^cta a Jonatha et populo, Alexan-
drum Demetrio gemina ex causa pras-
ferentibus. 46, 47.
11° Ex Alexandri Jonalham honoran-
iis magnificcntia illusfris.
I. Victoria Alexandri, copiis Judaicis
aucti,
ir' Post praelium cum Demetrio initum ; 48.
20 Post idem cum eodem fugitivo renova-
tum ; 49.
î° Post Demetrii in pugna csedem ac mor-
tem. 50.
II. Amicitia cum Ptolerrueo Philome-
tore, et nuptise cum Cleopatra
hujus fil ta
i° Expetitae ab Alexandro, per legatos
victoriam et regni adilum nuntiante,
et dona spondente ; 51-54.
2" Promissae a Ptolemaeo, conventum
tamen prœvium postulante; 55, JO.
3° I n itae et célébrât» ingenti cum pompa
in Ptolemaida. 57, 58.
III Jonathae ad hanc cclebritatem invi-
tati et cum ampiissimis muneribus
accurrentis
1" Exceptioab utroque regegratiosa; 59,60.
2° Vestitus et concessus regius ab Alexan-
dro, invidos interpellatores non au-
diente, datus ; Ci, C:.
Pag.
104
Pag.
105
106
107
108
109
3° Deductio per urbem et administratio
prior testimonio regio comprobata, et
ab obtrectatorum jam fugientium ausu
vindicata ; Cî, 64. 1 1 1
4° Annumeratio inter reg:s amicos, duces
et principes ; C5. »
5° Reditus in urbem pace et lastitia re-
pletus 66. 1,
111° hx merito in Alexandri commo-
dum redundante amplificafa.
I. Periculum ortum
i° Ex armato Demetrii Nicatoris in Syriam
adventu ; C7. »
20 Ex Alexandri conterriti recessu ad me-
tropolim ; C8. »
4° Ex immisso ad Jamniam exercitu hostili
sub duce Apollonio : 69. »
5» Ex evocatione Jonathaj vel ad defectio-
nem, vel ad pugnam in campo aperto,
facta p2r Apollonium superbe insul-
tantem. 70-7;. 1 1 2
I I. Bellum gestum,
i° Initio facto per Jonathae cum Simone
juncti in campestria descensum, et Jop-
pes cinctionem, oppugnationem ac de-
ditionem ; 74-76. >>
20 Progressu dato,
1. Per stratagema Apollonii , copias ver-
sus azotum moventis et insidias
circa Jamniam relinquentis ; 77, 79. 113
2. Per consilium Jonatœ in Apollonium
excurrentis, peditatu autem relicto
insidias cohibentis ; 78,80,81. •>
;. Per virtutem Simonis adversam le-
gionem invadentis, caadentis et dis-
pergentis ; 82.
}° Fine imposito, per expilationem Azoti
cum vicinis urbibus, et exustionem
templi Dagon cum omnibus eo pro-
fugis, clademque universam octo mil-
lium. 85-85. »
III. Fructus collectus
i° Ex hostibus, Ascalon in deditionem ac-
cepta et spolia plurima ; 8û, 87. »
20 Ab Alexandro, augmentum glorias,
signum cognationis regias, possessio
Accaronis cum regione subjecta. 88,89. "
§ III. INVARIATA JONATHAE FORTUNA INTER
FUNESTAS REGUM VARIATiONES
1° Aucloritas Jonafha', inlcr damno-
sas A lexandn Balœ et Plole-
mœi Philometoris mulaliones,
illœsa .
I. Ptolemœi ambitio
i° Intenta occupando Alexandri regno; lib.i,
cap. xi, f ia 115
:° Polita, sub amioi ingressus specie, civi-
tatibus multis ; 2, 3. »
3° Sollicitata malevolis sermonibus contra
Jonatham, ad Azoti conspectum. 4, 5. »
II. Jonathae œconomia prudens,
i° Officiosa ad Ptolemaeum excursione
adhibita ; û. 116
ANALYSIS BIBLICA
2° Comitaui eidem ad extremos Judœœ
limites praestito continuata ; 7.
j° Regressu dein in Jérusalem opportune
finita. 7.
III. Ptolemeei machinatio perfida,
i° Occupatisjam maritimisstationibus erup-
tura ; 8.
20 Demetrio, oblatis Cleopatra Alexandri
conjuge in sponsam, et regno patrio in
possessionem, sub mendaci colore pro-
posita ; 9, 10.
3° Alexandro ambitum exprobrante, et Pto-
lemaso Cleopatram transferente pro-
dita ; 11, 12.
4° Contra Demetrium asque ac Alexan-
drum a Ptolemœo, Asias et /Ggypti
coronas conjungente, manifestata. 13.
IV. Alexandri oppositio
i° Nuntio in Ciciliam delato excita; 14.
2° Inito praelio tentata ; 1 5.
;° Capta post cladem acceptam in Arabiam
fuga, frustrata ; 16.
V. Utriusque catastrophe,
Ie Alexandri quidem, resecto per Zabdiel
Arabem capite, tragica ; 17.
2° Ptolemaei autem, triduo post allatuin
illud caput, mortui importuna ; 18.
3° Demetrii tandem, Syris /Egyptios ubique
opprimentibus, elevati inopinata; 18,19.
//o Virtus Jonathœ ex alternante De-
metrii Nicanoris conditione
illustrior.
I. Sub regni aditum, ubi
l° Demetrius, ad delatam invidiosius obsi-
dionem arcis in mpnte Sion, iratus,
Jonatham desistere et coram adesse
jubet ; 20-25.
20 Jonathas, omisso primo, alterum cum
seniorum comitatu et donorum delectu
executus
1. Excipitur a rege bénigne ; 2?, 24.
2. Contra accusantium vota habeiur
amice ; 25, 26.
3. Secundum morem pristinum confirma-
tur sacerdotio et principatu. 27.
II. Sub conversationem eamdem,
1e Jonathas, promissis joo talentis, immu-
nitatem Judreas et adjectarum topar-
chiarum paciscitur ; 28,
20 Demetrius addicit, Jonathas datis litteris
continentibus e.xemplar epistolse, Lys-
t heni primario ministro inscriptse; 29- 32.
In qua
1. Prsemittitur ratio motiva concessio-
nis ; 33.
2. Tribuitur immunitas petita ; 54.
3. Additur remissio tnbutorum alio-
rum ; 35.
4. Stabilitur concessionis perpetuitas; 36.
5. Mandatur communicatio rescripti a
Jonatha custodiendi. 57.
III. Sub tempus quietis,
i° Demetrius, retento milite extero, exauc-
torat exercitum patrium cum subdito-
rum offensa ; 38.
Pag,
IlO
119
2° Tryphon, occasione hincarrepta, Emal-
chuel Arabem Antiochi nutritium sol-
licitât ad hune tanquam regem produ-
cenJum ; 39, 40.
j° Jonathas facultatem pro arce Sion
expugnanda urgens,a Demetrio majora
pollici ta rogatus, submittit ter mille
armatos Antiochiam. 41-4}.
IV. Sub seditionem Antiochiae, ortam,
I" Rex ab Antiochenis in aula obsessus im-
plorât Judasorum submissorum auxi-
lium ; 4?-47,
2° Judœi civibus stragem ingentem, civitati
incendium inl'erunt ; 47, 43.
3° Cives, viribus Judœorum compulsi, de-
ponunt arma et precanturpacem, 49-5 r.
V. Sub tranquillitatem redditam,
l° Judasi gloria et spoliis divites reverlun-
tur Hierosolymam ; ;r.
2° Demetrius pacato regno fruitur ; 52.
3° Mox tamen ingratus fidem datam negli-
git, Jonatham spernit, Judasos vexât. $3.
111° Fama Jonathœ sub Antiochi Dei
initia celebrior :
I. Ex a iditis ab Antiocho honoribus,
qui,
i° Tryphonis opéra renuntiatus rex, fugat
Demetrium et occupât Antiochiam ;
54-56.
2° Jonath» pristinas dignitates et immuni-
tates confirmât, additis donis et insi-
gnibus ; 57, ',8.
3° Simonem ejus fratrem ducem regionis
Tyro et /Egypto interjectas créât. 59.
II. Ex suscepto contra perfidi Deme-
trii partes bello, quo Jonathas
i° Ascalonem sponte cedentem occupât,
Gazam ad deditionem cogit.omnemque
regionem Damascum usque subigit ;
60-62.
20 Contra Demetrii copias in Cades Gali-
lasas excurrit , relicto in provincia
Simone, et per eum expugnata Beth-
sura ; 63-66.
3° Promoto ad aquasGenesar et campum
Asor exercitu, in ostium insidias inci-
dit ; 67, 68.
4° Facto prajlio, exceptis turmis duabus,
deseritur ab omnibus; 69, 70.
5° Implorata divina misericordia et ope,
restaurât praelium, vincit, fugat, et
usque Cades cum desertoribus rever-
sis persequitur hostes ; 71-7?."
6° Caesis ter mille hostibus victor Hiero-
solyman redit. ^4.
III. Ex renovatis amicitiae fœderibus,
quae
1° J„iidlhas, opportuno nunc tempore et
missis legatis ac litteris, meditatur ;
lib. 1, cap. xii, f 1, 2.
2° .Romani, auditis legatis et datis vicissim
litteris commendatitiis, probant; 3, 4.
3° Epistola Spartiatis a Jonatha inscripta
exhibet ; 5, 6.
Cujus argumentum
459
Pag.
119
12;
400
ANALYSIS BIBLICA
Pag.
t. Memorat olim per litteras ab Ario
postulatam Judasorum amicitiam, et
hanc ab Onia Spartiatis promis-
sam ; 7, 8. i 24
2. Proponit renovationem a Judaais of-
ferri necessitate nulla urgente, sed
temporisdiuturnitatesuadente; o, io. 12;
;. Significat Spartiatarum memoriam fieri
semper a Judaeis in sacrificiis : it. »
-| Indicat sortem Spartiatarum hactenus
laetani, Judaeorum aulem tristem ob
bellorum turbas ; 12, ij. »
Ç. Addit Judaeostamen abstinuissea pos-
tulandis socioruni subsidiis, cum
divinum auxilium praesto fueri; ij, 1}. »
6. Exponit legatorum nomina et mandata
illis data ; 16, 17. •>
7. Petit responsum reddi. 18. 126
* Exemplar epistolas olim ab Ario ad
Oniam datae, 19, 20. »
Qua Arius
a. Renuntiat, ex Scriptura innotuisse
de utriusque gentis cognatione et
descensu ex Abraharoo ; 21. »
ô. Cupit edoceri de Judasorum prospe-
ritate ; 22. »
y. Offert et addicit suorum cum illis
amicitiam. 2J. »
IV. Ex repetitis expeditionibus
l° Conira Demetrianos,
1. Ad bellum regressos, sed extra Judasam
adhuc a Jonatha occurrente occu-
patos ; 24, 2^. »
2. A nocturna aggressione vigilantia Jona-
thae prohibitos ; 26-28. 127
?. Ope focorum accensorum dissimulata
fuga elapsos, nec a Jonatha inse-
quente comprehensos ; 29, jo. »
20 Contra Arabes Zabadasos caesos et spo-
liatos ; ji. »
}° Contra Damascum etregionem vicinam,
militari percursione suD jugo retentam;
?2. 9
4° Contra oram maritimam et Joppem,
quam postremam,civibusad Demetrium
inclinantibus, Simon occupât et prae-
sidio continet ; j ), 54. »
V. Ex paratis defensionibus, quarum
i° Consilium et ideam Jonalhas Hieroso-
lymam redux senioribus proponit; ;î, ;0 »
20 Executionem consentientes seniores
reparatione Hierosolymae prasstant; )~. »
j° Amplificationem Simon asdificatione mu-
nitionum in Adiada facit. i8. 128
ij IV. INGLORIUS JONATH/E EXITUS CUM
STRENUO SIMONIS IN1TIO
I" Proditoria Jonathœ interceplio.
Pas.
Machinatio Tryphonis
i° Habens pro fine regnum, submoto
Anliocho, occupandum ; pro medio
comprehensionem et necem Jonathae,
facinus alias impedituri ; jg, 40.
2° Ccepta ingressu in Bethsan, sed inter-
rupta adventu Jonathae cum exercitu";
40-42.
j° Artificiose tecta honorum testi fica tio-
nibus largitionibus et obsequii prass-
tationibus ; 4;.
40 Dolose promota, propositis tum pro
remittendo exercitu rationibus, tum de
Ptolemaide tradenda promissionibus.
44, 45-
II. Imprudentia Jonathae
1 n Ex credulitate nimia exercitum dimit-
tentis ; 46.
20 Ex prasfidentia temeraria, remissis duo-
bus millibus, socios duntaxat mille
retinentis : 47.
)° Ex ingressu Ptolemaidis incauto a suis
abscissi,et, sociis omnibus interemptis
capti. 48.
III. Consectaria hujus infortunii :
1° Periculum agminis postremo retiissi ab
insequentibus Tryphonianis structum,
sed ageneroso illius ad occumbendum
fortiter aut vincendum apparalu dis-
jectum ; 49-51.
20 Planctus reversi in Judasam agminis et
universi Israelis de Jonathaet sociis; 52.
j° Conspiratio hostilis vicinarum geniium
contra Judasos, duce jam destitutos.
5!, U-
II" Ducalus ad Simonen translalio.
Hujus
I. Nécessitas agnita
i° Ex parata a Tryphone in Judaeam expe-
ditione ; lib. 1, cap. xm, f 1.
2° Ex timoré ac perturbatione populi
judaici. 2.
II. Opportunitas data, Simone ad con-
gregatum Hierosolymae populum
i° Recensente patris et fratrum pro lege ac
gente tum facta tum tolerata ; j, 4.
2° Offerente suum similitercaput pro iisdem
contra ingruentes undique hostes. 5,6.
III. Dignitas delata a populo,
i° Simonem ducem unanimiter procla-
mante ; 7, 8.
2° Eidem obedientiam spondente. 9.
IV. Functio inita,
i* Consummatis ad Hierosolymae muni-
tionem meeniis ; 10.
2° Ejectis ex Joppe hostium reliquiis, et
illic admotis sub Jonathano copiis ; il.
j° Oppositis contra Addus castris, dum
Tryphon, Jonatham secum irahens,
movet Ptolemaidam. 12, ij.
1 11° Repehta Tryphonis prœvaricaho
I. Contra honorem ac familiam Jona-
thae, quem
i° Captum propter débita et régis negotia,
missis ad Simonem ante praelium para-
tum legatis, Tryphon criminatur; 14, 1 î.
20 Liberandum, muneratis centum argenti
talentis et duobus liliis obsidibus datis,
idem pollicetur ; 16.
3° Redimendum sibi hoc pretio Simon,
licetperfidiam subodoratus, arbitratur
ad invidiam declinandam ; 17, 18.
4° Redemptum praestitis omnibus Tryphon
captivum retinet. 19.
I I. Contra vitam ejusdem, dum Tryphon
i° Ingressus in Judaeam a Simone ubique
ad latus hasrente a vi prohibetur; 20.
ANALYSIS BIBLICA
461
rag.
2° Rogatus a prœsidiariis arcis in Sion ad
annonam deferendam, nive copiosa
impeditus excluditur ; 21, ?3. 1 î 2
jo Reversurus in Syriam, et occasione
actae fraudis poslhac caiïturus, Jona-
iham et filios trucidât. 2;, 24. i;j
1 V° Fanas Joua/ha' curalum,
I. Ossibus defuncti acceptis, et in
Modin in sepulcro familia; repo-
sitis. 2î. »
II. Planctu universi Israelis per multos
dies continuato. 26. »
III. Mausolaeo pro Machabaeorum fami-
lia e poli tis lapidibus erecto,
atque pyrar.iidibus, columnis, ad-
ditisque armorum et navium
simulacris, ad œter.iam memo-
riam exornato. 2"- 30. »
SECTIO VI
DE SIMONE ALTERO WDJE
SUCCESSORE
§ I. RERUM SUB SIMONE GESTARUM CLASS1S
PRIOR
Ie Principaius Simoni slabdilus
I. Sapienti delectu, quo is
i° Abstinet a Tryphone, Syria, post Antio-
chum alumnum suum inlerfeclum,
tyrannice poiito ; 31, ;2. 134
2° Convertit operam ad lirmanJam pras-
sidiis, munitionibus, et alimoniis Ju-
dœam; 3;. »
t° Quaerit Demetrii amicitiam, missis ad
eum legatis. ,'4. »
II. Indulgenti gratia Demetrii, qui,
per epistolam Simoni et Judaeis
inscriptam, 3<, 36. î;;
i° Acceptatis gratanter muneribus, vicissim »
remittit decretum de sancienda pace
et societate ; 57. »
20 Déclarât liberam et proprii juris Ju-
daeam ; ;8. »
3° Concedit amnestiam, et facultatem miK-
tiam regiam sequendi. 59, 40. »
III. Plena libertate
i" Vindicata a jugo gentiuni et dominatu
alieno ; 41. 1 ;6
2° Signata et expressa postmodum in tabu-
lis et actis publicis. 42. »
IV. Aucta securitate,
i° Per urbem Gazam
1. Valida aggressione prope expugna-
tam;4î,44.
:. Ad supplices civium preces non qui-
dem eversam, 45, 46. »
5. Pur^atam tamen penitus ab infideli-
bus, et fidelibus commissam, muni-
tamque. 47, -)B. »
2" Per arcem Sion,
1. Inlerclusa annona et faîne urgente,
ad deditionem adactam ; 49, î°.
2. Ejectis inde habitatonbus, occupa-
tam cum sumtna laetitiae ; stalo te m •
pore renovandœ, contestatione ; s1»
î2-
3. Adjectis ad templi montem munimen-
tis, a Simone et sociis inliabitatam ;
52. Sh
j° Per Joannem Simonis filium, virum lor-
tissiinum, militiae ducem constitutum.
54-
11° Prosperilas reipublicœ , facta
I. Indemnis inter turbas, queis
i° Demetrius Tryplxonem impetiturus Me-
20 Arssces Médise rex incitatus Deme-
trium praslio victumaddicit captivitati ;
2, h
j° Simon abstinens fruitur pace et amore
populi. 4.
II. Accrescens inter molitiones, queis
Simon
i° Joppen subactam aptat ad commer-
cium maritimum ; 5.
diam ingreditur; lib. i, cap. xiv, v. 1.
20 Provinciae fines amplificat ; 6.
;° Civitates mundat et locupletat, incolis e
caplivitate liberatis. 7.
III. Elflorescens inter studia pacis,
queis
i° Cives excolunt agros, seniores consu-
lunt familiis, juvenes discunt honesta-
tem et militiam ; 8, 9.
20 Providetur de necessariis pro bello,
laeta agitur tranquillitas, et curaïur
securitas ; 10-1 ;.
jc Custodia legis défendit bonos etcoercet
malos ; honor et lib^rali tas promovet
sacrorum cultum. 14, 15.
II 1° Amicitia et socielas culta
I. A Romanis,
i° Coniristatis de casu Jonathae ; 16.
20 Gratulantibus de successione Simonis ;
>7-
î° Curantibus tabulas, ad eumdem pro
fotdere renovando missas, et Hieroso-
lymas in synedrio lectas. 18, 19.
II. A Spartiatis, litteras ad Simonemet
gentem judaicam dantibus. 19,20.
Earum formula
i° Memorat legationem a Judasis nuper
missam, a Spartiatis cum gaudio
exceptam ; 21.
20 Récitât senatusconsultum, postulatas
amicitiae renovaticni consentiens : 22.
30 Communicat decreti hujus transumptum
Simoni. 23.
III. A Judœis,
i° Numenium cum clypei aurei dono Ro-
main iegantibus; 24.
20 Gratitudii.is signiiïcationem, et Simonis
laudes ibidem celebratas audienlibus ;
25, 26.
30 Testimonium de agnita Judaeorum, nu!-
lius dominio obnoxiorum, libertate
recipientibus. 20.
•57
|J6
158
140
M'
46:
ANALYSIS BIBLICA
/ V° Memoria Simonis celebrata monu-
mento, sub tcrtium princi-
patus annum , a Judaeis
eidem erecto, et tabulis
œreis inscripto. 26-28.
In hac scriptura
I. Prremittitur
i° Eloaium brève omnium Mathathiae filio-
rum ; 29.
2° (,'ompendiaria de Jonatha notitia ; 30.
3° Epitome hostilium contra Judaeam ma-
chinationum, ji.
II. Recensetur multiplex Simonis cura,
impensa
i° Ad conscribendos, armandos et alendos
sua e gente milites ; 52.
20 Ad urbes judaeas muniendas ; 33.
5° Ad munitionesphilistasas prœsidiis asse-
rendas. 34.
III. Exhibetur
i° Redditum his curis a populo prsemium,
principatus nempe et summum sacer-
dotium ; ;$.
20 Redundans inde fructus, per extermi-
nationem hostium ex arce Sion et
vicinia auctus ; 36.
5° Accedens securitas, per Hierosolymas
prœsidiarios et muros additos conci-
liata. 37.
IV. Refertur accessus Demetrii
1° Summum sacerdotium Simoni confir-
mantis; 38, ?9.
2° Praeviam Romanorum amicitiam imitan-
lis ; 40.
30 Electionem Judœorum approbantis. 41.
V. Describiturauctoritatis collatœ am-
plitudo,
i° In constituendis tum magistratibus civi-
libus, tum prasfectis militaribus ; 42.
2° In stabilienda ex Simonis nomine au-
thentia omnium tabularum ; 4;.
3° In imponenda omnibus sine exceptione
obediendi necessitate 44, 45.
VI. Subjicitur relatio
i° Desecuto populi in'prsemissa consensu ;
46.
2° De siiicepto a Simone principatu et
summo sacerdotio ; 47.
}° De dato mandato, formulas hujus exem-
p!ar alterum suspendendi in publiCD,
alterum asservandi in Simonis archi-
vio. 48, 49.
§ II. RERUM SUB SIMONE GESTARUM CLASSIS
POSTERIOR
1° Pax et tranquilhias aliquandiu
conlinuata,
I. Antiocho Sedcte, sub regni auspi-
cia, datis ad Simonem et Judaeos
litteris, lib. 1, cap. xv, y. 1, 2.
l° Significante suum \injicandi regni patrii
animum, et ad insequendos hostes
transitum per Judccam ; 3, 4.
Pag. Pag.
2° Confirmante concessa Judias a suis
praedecessoribus privilégia, adjecta
insuper monetas cudendi facultate ;
Ç-8. 146
?° Promittente , post regnum occupatum,
ampliora dona et bénéficia. 9. »
»' II. Tryphone regni usurpatore
i° Deserto a suorum plerisque ; 10. »
20 Doram, cum nihil superesset, profugo ;
11, 12. »
3° Obsesso ibidem terra marique ab An-
142 tiocho, fugientem insecuto, 13, 14. »
" III.Numenio Judajorum legato cum
litteris Romanis ad reges et pro-
vincias datis reverso. 1$. 147
Harum litterarum exemplar, a
Lucio Romanorum consule
» Ptolemœo inscriptum, 16. »
i° Narrât legatio-nem pro renovanda so-
cietate a Simone missam, et clypeum
aureum dono oblatum ; 17, 18. »
2° Exhibet decretum Romanum de dandis,
pro Judœorum tranquillitate asse-
renda, ad vicinas gentes mandatis,
» deque admittendo clypei oblali mu-
nere ; 19, 20. »
3° Mandat transfugas, si qui fuerint, Simoni
14? ad poenam sumendam tradi. 21. »
IV. Litteris iisdem missis
i° Ad Demetrium, Attalum, aliosque re-
ges ; 22. »
20 In provincias magnas Graecias plerasque
nominatas ; 2 3. »
" • 3" Ad Simonem etiam in transumpto. 24. 148
» F Amiciluv fœdus ab Anliocho viola-
" tum,
I. Dato alienati animi indicio, dum,
sub obsidionem Dorae continua-
„ tam, missas a Simone copias auxi-
liares ac donationes respuit, et
M4 pacta rescindit. 25-27. »
II. Postulato per Athenobium, ab An-
tiocho missum, a Simone magni-
fiée exceptum, proposito, 28, p.. 149
» Quo
t° Detentio Joppes, Cizaras et arcis Sion
" aliorumque locorum declaratur iniqua ;
29. »
2" Repetitur eorumdem restitutio cum tri -
butis perceptis ; ;o. »
" 30 A Jditur condhio, nisi malit Simon loco
utnusque solvere mille talenta : si
neutrum fecerit, indicitur bellum. 31. ><
III. Responso ad postulatum
i° Dato a Simone, proprietatem urbiufm
Judasaa sibi asserente ; pro redemp-
tione aliarum, extra Judœam defensio-
nis titulo occjpatarum, centum talenta
olferenté ; 3 i-j^. »
20 Relato ad Antiochum ab Athenobio,
145 nihil cor<im obloquente, sed irato, et
Simonis magnificenuam in.idiosius
exaggerante, 35, 36. »
<• )° Excepto cum indignatione Antiochi. ;6. >>
ANALYSIS BIBLICA
46 j
IV. Infestatione Judaeae hostili,
i° Demandata Cendebaeo, constitutoexpe-
ditionis duci, dum Antiochus Try-
phonem Dora elapsum persequeretur ;
Î7-Î9-
20 C'cpta ab hoc duce per vicinae ad
Janmiam provinciaa vexationem, et
Cedronis munimenti œdificationem ; 40.
5° Parata amplius per collocatos ibidem
excursuros in Judaaam, 41.
III0 Defensio contra Ahtiochi vim
hostile m
I. Delata filiis a Simone,
i° Irruptionem hostilem audiente ; lib. 1,
cap. xvi, f. 1.
2° Ob senium, post facta olim gloriosa,
nunc ellcetum, sibi Judam et Joannem
lïlios natu majores substituente ; 2, ;.
j° Eosdem ad pugnandum sub Dei adju-
torio animante, et cura viginti millibus
ac equi ta t u contra hostes mit tente, }, 4.
Iï. Suscepta ab iisdem,
i° Oppositis contra CenJebaei castra cas-
tris; ç.
2° Transmisso fortiter torrente interme-
dio ; 6.
?° Acie praelii ordinata. 7.
III. Gesta féliciter,
i° Hostibus prœlio victis, caesis pluribus,
reliquis Cedronem profugis ; 8.
2°Joanne, cum Judas vulneraretur, eos
Cedronem usque persequente ; 9.
5° Eodem hinc etiam in turres Azoto con-
terminas dilapsos urgente, turribus in-
censis confidente, in Judaaam denique
cum pace reverso. 10.
I V° Facinus atrox Ptotcmœi filii Abob,
I. Ortum ex ambitione hujus viri,
i° Dignitati et divitiis ornati ; 11.
2°Aflinitale cum Simone conjuncti ; 12.
j° Ampliori fortunée et soceri atîiniumque
vitas insidiali. ij.
II. PatratumdissimuIataproditione,qua
i° Simonem cum filiis Judaeam lustrantem,
ad descensum in Jéricho, invitât in
Doch suam munitiunculam ; 14.
20 Ibidem, parato convivio, et disposilis
clam sicariis, excipit; 1$.
J° Sub finem convivii armatus invadit et
penmit , casde simul quibusdam -ser-
vis, noxa aulem universo Israeli illata.
16, 17.
III. Auctum multiplici perfidia,
t° Contra patriam, evocando Ptolemaeum
/Egyptium ; 18.
2° Contra jura, machinando mortem
Joanni, et sollicitando tribunos ; 19.
j° Contra sacra, mittendo occupaturos
Hierosolymam et templum. 20.
IV. Inhibitum ab ulteriore progressu,
i° Prrccursore nuntio Joannem rnonente
de facinore et insidiis ; 21.
2° Jeanne immisos contra se sicarios prœ-
veniente et occidente ; 22.
)° Eod^m in pontricatum succedente, ac
de;nceps claro gtstis tum bellicis, tum
politicis, in libro sacerdolii ejusdem
consignais. 2), 24.
Pas
154
II
EPILOGUS
I. Narrationem scriptoris cum Nica-
noris epocha finitam pronunciat.
Lib. 11, cap. xv; f. ]8.
Sciiptum probari optât; scriptionis
elegantiam forsan minorem non
dissimulât. 30.
III. Eamdem tamen excusât, scriptorum
varietate pro more in aliis solito
placitura, finemque libro imponit.
40.
APPENDIX
EPISTOLAS DUAS EXTRA NARRATIONIS
SERIEM
POSITAS SUBNECTENS
EPISTOLA PRIOR
I. Inscribitur Judaeis per vEgyptum
sparsis a Judaeis Hierosolymam
et Judaeam incolentibus, salutem
et pacem praemittentibus. Lib.'ii,
cap. 1, ji>. 1.
II. Apprecatur a Deo
l° Bénéficia patriarchis olim et omnibus
tidelibus promissa ; 2.
20 Gratiam ad divinum cultum et obse-
quium, legisque observantiam magno
et lubenti animo prasstandam ; ?, 4.
5° Annutum orantibus, indulgentiam pœni-
tentibus, et opem patientibus. 5.
III. Certiores facit de memoria eorum
in precibus fieri solita. 6.
IV. Piovocat ad litteras, anno Graeco-
rum centesimo nono scriptas, de
gravissimis malisaJasone illatis.7.
V. Adjicit, sublatis nunc iisdem, sa-
crorum usum frequentatum. 8.
VI. Invital ad festum scenopegiae cele-
brandum. 9.
EPISTOLA POSTERIOR
7° Inscriptio consignatur anno Grse-
corum centesimo octogesi-
mo octavo, fit a Juda, sena-
tu, populoque Judœorum in
Judtea, dirigitur ad Aristo-
ma-
ac
Juda'os in /Egypto, preca-
tur salutem et sanitatem. io.
Il" Exordium
I. Exhibet gratiarum actionem Ju-
daeorum pro liberatione ab An-
tiocho Sedete, pessimo Israelis
hoste in Pers-ia demum sublato.
bulum régis Ptolem.ci
gistrum et sacerdotem,
Pas.
254
156
1)8
4<*4
I!
ANALYSIS BIBLICA
II
IV
Pag.
. Describit breviter simulatam An-
tiochi procationem Naneœ in
sponsam, ingressum in hujus fa-
num, cœdem a sacerdotibus ex
occuho aditu irrumpentibus fao
tam. 14-16.
I; Instaurât rcdditas a Judaeis pro hoc
beneficio Deo laudes. 17. 1^9
Propositio enuntiat decretam ab
Hierosolymitanis purificatio-
nem templi in vigesimam
quintam Casleu, exhortatur
^Egyptios ad celebrandam
scenopegiam et memoriam
reperti a Nehemia ignis sa-
cri. 18.
Narralionis pars prima de igné
cœlitus dato.
Factum antecedens :
l° Sub transmigrationis Bjbylonicas ini-
iium,sacerdoles ignem de altari trans-
latum abscondunt in vallis puteo, alto,
sicco et igno'o ; 10. »
2° Post annos plures et reditum Nehemias,
inquiritur ab illorum nepolibus ignis
iste, sed nonnisi aqua crassa inveni-
lur ; 20. n
)" Nehemia; jussu, hac aqua asperguntur
sacnficia et ligna apposita ; 21. >.
40 Alliilgente sole, aceendilur magnus in
altari holocaustorum ignis, miramibus
omnibus, et preces fundentibus sacer-
dotibus ; 22, 2 j. iùo
. Oratio Nehemiae intercedens, qua
Deum
i° Invocat, atlributis Dei enumeratis ;
2-t. 2;.
2° Rogat, suscepto hoc sacrificio, et po-
pulo tum sanctificato tum reducto,
maniftstare gloriam suam ; 20, 27. »
)° Postulat vinlictam de hostibus et pos-
sessionem loci sancti,a Moyse praedic-
lam ; 28, 29. »
II. Factum consequens :
i° Sacerdotes, consumptis inter hymnos a
se continuât os sacrificiis, jubentur aqua
residua lapides majores perfunJere ;
50, il.
i° Ignis hinc etiam accensus consumitur a
tlamma de altari progressa. ;2. 161
50 Fama hujus rei, in Persidem perlata,
exercitatus rex, pott diligens examen
agnoscit miraculum, in memoriam eri-
git templum, sacerdotibusdonat varia;
40 Nomen memoriale loco a Nehemia
adjicitur. ;6.
V" Narrationis pars aller a, ex Jere-
mise commentariisdesumpta,
I. De igné sacro, quem Jeremiasjus-
sit a transmigrantibus assumi,
additis monitis de vitando idolo-
rum cultu, et iege sancita colenda.
Lib. 11, cap. 11, y 1-).
II. De arca, tabernaculo, et altari
thymiamatis, qu«3
i° Jeremias a Deo jussus in spelunca mon-
tis Nebo abscondit ; 4, ç.
2° Indagatores pone sequentes non inve-
niunt, ob curiositatem hanc reprehensi
a propheta. 6, 7.
III. De oraculo Jeremise
i° Prajnuntiantis locum hune fore ignotum
usque ad secuturam populi Dei congre-
gationem ; 3.
3° Describentis futuram tum majestati.s
divinas manifestationem ; 9.
3° Probantis, ex Moysis et Salomonis
exemplo, necessariam devotionis excel-
lentiam pro impetranda hujusmodi
gratia. 10-12.
VI° Narrationis pars Icr/ia breviter
notât,
I. Eadem fuisseconscripta a Nehemia,
bibliothecam adornante ; 15.
II. Sacros codices per bella dissipatos
simili cura a Juda collectos ; 14.
III. Horum transumpta posse commu-
nicari desiderantibus. 15.
Vil0 Epilogtts repetit
I. Exhortationem ad celebrandum
festum tabernaculorum et memo-
riam ignis. 16.
II. Grates et laudes Deo pro restitutis
sacris débitas. 17.
IlI.Augurium de omnimoda populi
reparatione, ex beneficio parti
Judœorum jam praestito. :B, 19.
Pas
161
162
10;
16;
TABLE DES MATIÈRES
LES MACCABEES
Page
Introduction
Concordance des deux
Maccabées.
livres canoniques des
Livre i. — Chapitre 1er. — Victoires d'Alexan-
dre le Grand. Sa mort. Partage de ses états. Des
Juifs impies se séparent de l'alliance sainte. Antio-
chus Épiphane ravage la Judée et pille le temple.
Jérusalem est désolée par ses ordres. Il veut con-
traindre les Israétes d'abandonner leur loi. Il fait
dresser une idole dans le temple.
Chap. h. — Matthathias, touché des maux de son
peuple, se retire à Modin. Il refuse de sacrifier
aux idoles ; il tue un Juif qui s'avançait pour sacri-
fier, et l'officier qui l'y contraignait. Plusieurs Juifs
se retirent dans le désert. Ils se laissent tuer de
peur de violer le sabbat. Matthaihias avec un corps
d'armée entreprend de détruire le culte des idoles:
il exhorte ses enfants ; il meurt.
Chap. m. — Judas Maccabée succède à Mattha-
thias, son père. Il défait et tue Apollonius. Il mar-
che contre Séron et le défait. Les victoires de
Juda irritent Antiochus. Lysias envoie une armée
nombreuse contre les Juifs. Judas et les siens se
préparent à combattre les ennemis.
Chap. iv. — Judas Maccabée attaque séparé-
ment Nicanor et Gorgias, et les met en déroute.
Il remporte la victoire sur Lysias. Il va à Jérusa-
lem, purifie les lieux saints et fortifie la montagne
de Sion.
Chap. v. — Guerres de Judas contre les Idu-
méens et contre les Ammonites. Expéditions de
Simon dans la Galilée, et de Judas dans le pays de
Galaad. Joseph et Azarias laissés en Judée, s'avan-
cent témérairement contre Gorgias, et sont vaincus.
Judas revenu en Judée, marche contre les Idumé-
ens et contre les Philistins.
Chap. vi. — Mort d'Antiochus Épiphane; son fils
Eupator lui succède. Eupator vient en Judée avec
une puissante armée. Prise de Bethsura. Les Juifs
sont assiégés dans le temple. Paix entre Eupator
et les Juifs.
Chap. vu. — Démétrius, fils de Séleucus, vient
en Syrie et fait mourir Antiochus Eupator et Ly-
sias. Il envoie en Judée Bacchide pour établir
grand prêtre l'impie Alcime. Bacchide tache en
vain de surprendre Judas ; il se retire. Nicanor
est envoyé contre Judas; il est tué et son armée
entièrement défaite.
Chap. viii. — Le nom des Romains vient à la
connaissance de Judas Maccabée. Il envoie des
ambassadeurs à Rome pour faire alliance avec eux.
Formules et conditions de cette alliance.
i
16
4i
50
59
68
80
Chap. ix. "— Bacchide et Alcide reviennent en
Judée. Judas est tué dans !e combat. Jonathas, son
frère, lui sucède. Bacchide le poursuit. Jean, frère
de Jonathas, est tué. Jonathas traverse le Jourdain
à la vue de l'ennemi. Alcime meurt frappé de Dieu.
Bacchide se retire ; il revient, et est défait par Jo-
nathas. Paix entre Jonathas et Bacchide.
Chap. x. — Alexandre Balas s'élève contre Dé-
métrius Soter. Ils recherchent l'un et l'autre l'ami-
tiéde Jonathas. Celui-ci se déclare pour Alexandre
qui le comble d'honneurs. Alexandre défait et tue
Démétrius. Il épouse la fille de Ptolémée Philo-
métor. Il fait venir Jonathas à Ptolémaïs, et l'élève
en gloire. Dé.nétrius Nicanor envoie Appollonius
contre les Juifs Jonathas défait Apollonius.
Chap. xi. — Ptolémée Philométor envahit le
royaume d'Alexandre Balas. Combat entre ces
deux princes. Alexandre se sauve ; on lui tranche
la tète. Ptolémée meurt. Démétrius Nicanor monte
sur le trône, comble d'honneurs Jonathas, accorde
plusieurs privilèges aux Juifs. Entreprise de Try-
phon. Soulèvement à Antioche. Les Juifs sauvent
Démétrius. Ingratitude de ce prince. Antiochus
Théos est mis sur le trône et recherche i'amitié de
Jonathas. Guerre de Jonathas contre les troupes
de Démétrius.
Chap. xu. — Jonathas renouvelle l'alliance avec
les Romains et avec les Lacédémoniens. Il met en
fuite l'armée de Démétrius. Il tourne ses armes
contre les Arabes et les Syriens. Simon étend ses
conquêtes jusqu'à Joppé. Jonathas est pris à Pto-
lémaïs par Tryphon.
Chap. xiii. — - Simon succède à Jonathas. Il s'op-
pose aux entreprises de Tryphon. Mort de Jona-
thas. Simon bâtit un sépulcre pour son père et ses
frères. Tryphon tue le jeune Antiochus et règne à
sa place. Simon recherche l'amitié de Démétrius
Nicanor, et obtient l'affranchissement de son pays.
Il assiège et prend Gaza. La forteresse de Jérusa-
lem lui est rendue. Il met Jean Hyrcan, son fils, à
la tète de l'armée.
Chap. xiv. — Guerre de Démétrius contre les
Parthes ; il est fait prisonnier. Bonheur du gouver-
nement de Simon. Les Romains et les Lacédémo-
niens renouvellent l'alliance avec lui. Les Juifs
lui confirment par un acte solennel la souveraine
autorité.
Chap. xv. — Offres avantageuses d'Antiochus
Sidète à Simon. Tryphon, abandonné de ses trou-
pes, est assiégé dans Dora. Les Romains écrivent
en faveur des Juifs aux rois et aux peuples voisins.
Antiochus se brouille avec Simon. Tryphon se
sauve de Dora. Antiochus le poursuit, après avoir
donné l'ordre à Cendébée de marcher contre les
Juifs avec une puissante armée.
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TABLE DES MATIÈRES
Chap. xvi. — Guerre de Cendébée contre les
Juifs. Il est mis en fuite par les fils de Simon. Si-
mon est tué par Ptolémée, son gendre. Jean Hyr-
can succède à Simon son père.
Livre h. — Chapitre Ier.— Lettre des Juifs de
Judée à ceux d'Egypte, pour leur recommander de
célébrer la fôte de la nouvelle dédicace du temple.
Autre lettre antérieure à laprécédente. Les Juifs
de Judée exhortent ceux d'Egypte à célébrer avec
eux la fête de la nouvelle dédicace du temple et
celle du recouvrement du feu sacré.
Chap. ii. — Suite de la lettre précédente où se
trouvent diverses particularités arrivées au temps
de la transmigration des Juifs à Babylone. Préface
oii l'auteur de ce livre expose son dessein.
Chap. m. — Bonheur des Juifs sous le pontificat
d'Onias III. Simon, préfet du temple, fait savoir
:'i Séleucus, roi de Syrie, qu'il y a de grands tré-
sors dans le temple. Héliodore est envoyé pour
les enlever. Dieu le châtie par la main des anges.
Chap. iv. — Calomnies de Simon. Jason obtient
à prix d'argent la souveraine sacrillcature. Il com-
met toutes sortes d'impiété. Antiochus est reçu à
Jérusalem. Ménélaïis supplante Jason. Il est accusé
devant Antiochus, et laisse à sa place Lysimaque.
Onias reprend Ménélaiis et est tué par Andronique.
Antiochus venge la mort d'Onias. Lysimaque est
tué par le peuple. Ménélaiis rachète sa vie pour
une somme d'argent.
Chap.v. — Antiochus se prépare à marcher contre
l'Egypte. Prodiges effrayants qui paraissent dans
l'air au dessus de Jérusalem. Expédition de Jason
contre Jérusalem ; sa fuite et sa fin malheureuse.
Antiochus marche contre Jérusalem. Expédition de
Jason contre Jérusalem ; sa fuite et sa fin malheu-
reuse. Antiochus marche contre Jérusalem ;
violences qu'il y exerce. Il envoie Apollonius, qui
y exerce de nouvelles cruautés ; Judas Maccabée
se retire dans le désert.
Chap. vi. —Antiochus force les Juifs d'abandonner
!es lois de Dieu pour embrasser le culte des
idoles. Profanation du temple. Cruautés exercées
contre les Juifs fidèles à la loi du Seigneur. Dessein
de Dieu en permettant ces maux. Martyre du saint
vieillard Éléazar.
Chap. vu. Martyre des sept frères Maocabées et
de leur mère.
Chap. vin. — Judas Maccabée fortifie son parti et
fait des courses sur les ennemis. Nicanor et Gorgias
sont envoyés contre lui. Il exhorte les siens à com-
battre avec courage. Il met en fuite l'armée
ennemie. Il continue de remporter de grands avan-
tages. Nicanor s'enfuit à Antioche.
Chap. ix.— Antiochus revient de Perse.il apprend
que ses généraux ont été défaits par les Juifs. Il
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jure la perte de ce peuple. Dieu !e frappe, et le
force de confesser sa propre faiblesse. Vaines
protestations d'Antiochus. Lettre qu'il écrit aux
Juifs. Il meurt misérablement. Philippe transporte
son corps.
Chap. x. — Purification du temple par Judas
Maccabée. Lysias régent du royaume de Syrie sous
Antiochus Eupator. Mort de Ptolémée Macron.
Courses de Gorgias sur les Juifs. Victoires de
Judas sur les Iduméens. Délaite de Timothée.
Prise de Gaza.
Chap. si.— Lysias rient en Judée avec une armée
nombreuse. Les Juifs invoquent le Seigneur et
remportent la victoire. Lysias leur demande la paix :
Judas l'accorde. Lettre de Lysias aux Juifs. Lettres
d'Antiochus Eupator à Lysias et aux Juifs. Lerftre
des Romains aux Juifs.
Chap. su. Les Juifs sont présentés par les gou-
verneurs des pays voisins de la Judée. Expéditions
de Judas contre les habitants de Joppé et contre
ceux de Jammia. Il marche contre Timothée au-
delà du Jourdain. Il délait l'armée de Timothée. Il
revient à Scythopolis. Il marche contre Gorgias,
et le met en fuite. Oblations pour les Juifs qui'
avaient éié tués dans ce combat.
Chap. xni. —Antiochus Eupator marche contre les
Juifs avec une puissante armée. Il fait mourir
Ménélaiis. Judas jette le trouble dans le camp des
ennemis. Siège de Bjthsura. Paix entre Eupator
et les Juifs.
Chap xiv.— Démétrius, fils de Séleucus, vient se
mettre en possession du royaume de Syrie. Alcime
l'irrite conire Judas. Il envoie Nicanor contre les
Juifs. Nicanor fait la paix avec Judas. Alcime la
trouble. Démétnus ordonne à Nicanor de lui
envoyer Judas hé et garrotté ; Judas se retire.
Nicanor blasphème contre le temple. On accusé
auprès de lui Razias. Mort glorieuse de ce
vieillard.
Chap. xv. — Nicanor veut attaquer les Juifs. Il
blasphème contre le Seigneur. Judas exhorte les
siens : il leur rapporte une vision qu'il a eue. Il
détail l'armée de Nicanor. Nicanor est trouvé tué
sur le ciiamp de bataille ; sa tète et sa main sont
suspendues à la vue de tous. Actions de grâces
rendues, et fêtes instituées en mémoire de cette
victoire.
Livre III.
Livre iv.
Notice sur les livres apocryphes de l'ancien
Testament.
Coup-d'œil rétrospectif sur l'organisation de
la nation juive.
ANALYSIS BlBLICA.
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