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BOOK 220 51. B4 7 1 v 4 c. 1
BIBLE # LA SAINTE BIBLE TRADUITE
EN FRANCAIS SUR LES TEXTES
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ariginaui:, abcc intrabuctinns ct nates,
ct la Vulgate latine en regaub,
— par =.=^=:=
m\q, Grampan, Ctian. ti'Hmiens. WM
— :•:— Tome quatrieme. — :i:—
Les Psaumes. — Les Proverbes.
L'Ecclesiaste.
Le Cantique des Cantiques.
La Sag-esse. — L'Ecclesiastique.
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,^.^- -,_^,^— _ Sint castae deliciae me£e Scriptur^e tuje,
''{^^Sl^^ Domine; nee fallar in eis, nee fallam ex
(S. Aug. Con/ess. xi, 2.j
eis.
Societe nc Saint^-^ean rGuangeliste ^^
Desclee, Lefebvre et Cie, Edit. Pontif.
PARIS — ROME — TOURNAI
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Llrufai;
Imprimatur.
Tornaci, 20^ Junii 1902
►J* C, G.. Epus Tornacen.
L'impression de cet ouvrage, interrompue apres le P' volume par la mori
de Tauteur, a ete continuee d'apres le manuscrit laisse par M. Crampon, avec
le concours du R. P. Corluy, S. J., du R. P. Piffard, et d'autres professeurs
d'Ecriture sainte de la meme Societe.
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Introbuctian.
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LES Psaumes sont un recueil de
chants religieux et nationaux
en usage chez les Juifs, qui les
appelaient cantiques de louange ou
simplement loiianges. Comme, chez
les Hebreux, et en general dans I'an-
tiquite, la poesie, le chant et la mu-
sique etaient etroitement unis, le tra-
du6leur grec donna a ces cantiques
le nom de Psauuies, qui designe une
poesie destinee a etre chantee avec
accompagnementd'instrumentsacor-
des, tels que la harpe ou la lyre ; de
meme il appela Psautier la coUeftion
entiere, et ces deux noms ont passe
en latin et dans nos langues modcrnes.
Quelques Peres ont attribue tous
les Psaumes au roi Qaviij ; mais la
difference de langage, le contenu et
les titres memes ou inscriptions de
ces chants sacres prouvent qu'ils ap-
partiennent a des auteurs divers et a
des epoques eloignees les unes des
autres^. C'est ce que S. Jerome re-
connaissait deja de son temps. David
est celui qui en a compose le plus
grand nombre, environ la moitie, et
c'est pourquoi le recueil tout entier,
qui en compte cent cinquante, porte
justement son nom.
MoTse est designe com me I'auteur
du Psaume 89; il n'y a pas de raison
serieuse pour mettre en doute cette
indication. — Douze sont attribues
a Asaplk tous remarquables par la
noblesse du style et I'elevation des
idees; plusieurs d'entre eux sont de
petits poemes dida6liques,contenant,
non des prieres, mais des lecons de
morale. Asaph, que I'auteur des Pa-
ralipomenes appelle le Voyant, c'est-
a-dire le chantre inspire de Dieu,etait
I'un des principaux musiciens etablis
par David dans la maison du Sei-
gneur. Mais tous les Psaumes qui
portent son nom ne sont pas de lui ;
quelques-uns ren ferment des traces
evidentes d'une epoque posterieure;
ils sont I'oeuvre de I'un de ses des-
cendants. — Onze Psaumes, egale-
mentdistingues parmi tous les autres
par leur beaute litteraire, sont attri-
bues aux enfants de CorCj autre fa-
mille de chantres de la tribu de Levi.
La plupart se rapportent aux der-
niers siecles de la royaute, a la cap-
tivite ou aux annees qui I'ont suivie.
— Deux enfin portent le nom de
3aloiuori, mais un seul parait lui ap-
partenir, le 71^, qui decrit d'avance
le regne du Messie. — Les autres
sont sans nom d'auteur; les anciens
rabbins les appelaient orphelins. lis
ont ete composes a differentes epo-
ques, la plupart au retour de I'exil de
Babylone, par divers auteurs incon-
nus ; mais les Juifs aussi bien que les
Chretiens les regardaient comme ecrits
sous inspiration divine. Rien ne
prouve qu'aucun de nos Psaumes soit
posterieur a Esdras, et qu'il en existe
du temps des Macchabees.
Le nombre des Psaumes est de
cent cinquante, repartis en cinq livres,
d'inegale etendue; chacun d'eux a sa
conclusion sous la forme d'une doxo-
logie : amen, avien, pour les trois pre-
miers; amen, alleluia, pour le qua-
U 1 La plupart des Psaumes sont precedes
t3 d'un fitre qui nous fait connaitre soit leur
■*" auteur, soit leur caracflere et la maniere de
les chanter, soit I'occasion historique de
leur composition. La haute antiquite de ces
titres leur assure une grande autorite; un
petit nombre seulement paraissent donner
des indications inexadles.
N° 23. — LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
LES PSAUMES.
trieme; alleluia, pour le cinquieme.
C'est Esdras qui, au retour de la cap-
tivite, mit la dernicre main a cette
colle61;ioni. Mais il existait dans les
temps anterieurs des recueils parti-
culiers, moins complets, de chants
sacres, puisque nous lisons au 11^ livre
des Paralipomenes (xxix, 30), que le
roi Ezechias donna I'ordre aux levi-
tes de chanter les louanges de Dieu
en se servant des paroles de David et
d'Asaph le Voyant.De plus,on trouve
a la fin du Psaume 71 une note ainsi
congue : " Ici finissent les hymnes ou
prieres de David, fils d'lsai". " Cette
note ne saurait etre de I'auteur de la
coUeftion generale, puisqu'il se ren-
contre encore dans les livres suivants
plusieurs Psaumes qui portent le nom
de David. II y avait done, bien ante-
rieurement a Esdras, des recueils par-
ticuliers de Psaumes; et ce sont ces
recueils separes que Nehemie fit reu-
nir en une colle6lion unique pour en
former notre Psautier acluel.
Par qui et a quelle epoque avaient
ete rassembl^es ces collections par-
tielles? On ne pent faire a ce sujet
que des conjeftures. Les Psaumes du
premier livre, au nombre de quarante,
tons composes par David, ont sans
doute ete reunis de sonlemps et par
ce roi lui-meme^ pour servir a la
priere publique aupres du tabernacle.
— Les Psaumes ^i a_2j composent
un second recueil ajoute au premier
probablement sous le roi Ezechias.
II s'ouvre par huit cantiques deFBls
de Core, dont plusieurs sont poste-
rieurs a David, et un d'Asaph, et se
termine par un de Salomon ; les
autres sont des Psaumes de David
recueillis apres sa mort. Le P. Cor-
nelys fait remarquer que, dans ce
second livre, Dieu est appele ordi-
nairement Elohim {Deus\ et non plus
Jehovah {Doniinus), d'ou ce savant
exegete conjecture que le recueil
avait pour destination prochaine plu-
tot I'usage prive des pieux Israelites,
que les ceremonies publiques du culte.
— La plupart des cantiques du troi-
sieme livre (Ps. 72-88) portent le nom
d'Asaph ; quelques-uns sont attribues
aux fils de Core, un seul a David. Ce
recueil parait avoir ete aussi forme
par I'ordre d'Ezechias. — Le qua-
trieme livre (Ps. 89-105J et le cin-
quieme (Ps. 106- 150) renferment, avec
un Psaume de Salomon, treize can-
tiques attribues a David, qui avaient
ete omis dans les recueils precedents;
les autres ne portent pas de nom
d'auteur. Ces derniers ont ete com-
poses soit pendant la captivite, soit
surtout apres le retour de Babylone.
Esdras est I'auteur probable de ces
deux colle61;ions; il les joignit aux
trois recueils deja formes avant lui et
reunit ainsi en un seul corps toutes
les poesies religieuses d'Israel, pour
les faire servir a la priere publique
dans le nouveau temple et fournir en
meme temps un aliment a la piete
dans les assemblees des synagogues
et dans la vie privee. Cette poesie
nationale, composee en giande partie
de louanges et de prieres, renfermait
er. meme temps le souvenir et I'abrege
de I'histpire dlsrael. 11 y avait un
merveilleux accord entre tous ces
chants, composes a de longs inter-
xalles, dans les circonstances les plus
diverses, mais formant dans leur en-
semble une suite non interrompue de
faits, de souvenirs, de pensees et de
sentiments connus et compris de
tous. L'ame religieuse des Hebreux
y trouvait tout ce qui eleve, tout ce
qui console, tout ce qui encourage,
tout ce qui attache la creature intelli-
gente a Dieu, son Pere et son Sei-
gneur; c'etait vraiment, comme on I'a
dit, I'evangile d'Israel .4
^ Le second livre des Macchabe'es (ii, 13)
attribue ce travail k Nehemie; mais Ndhe-
mie en avait confie I'exe'cution a Esdras, qui
^tait charge de rdorganiser le culte public.
^ Voy. I Par. xiv; II, xxiv, 25.
•' Iiitrodti^io in sacros Vet. Testamenii
libros. 1 1-2. p. 112.
■* Mabire.
LES PSAUMES.
L'Eglise chretienne a recueilli I'he-
ritage d'Israel. Des I'origine, les
Psaumes furent son Hvre de priere
par excellence. Familiers aux fideles,
qui en recueillaient avidement I'ex-
plication de la bouche de leurs pas-
teurs, ils formaient et forment encore
aujourd'hui la partie principale de
rOffice divin. Tandis que les autres
llvres deTa'sainte Ecriture n'y figu-
rent qu'une fois chaque annee, et
encore par fragments, I'Eglise veut
que le Psautier soit a toutes les heu-
res du jour entre les mains de ses
ministres et de ses religieux, qu'il
passe tout entier sur leurs levres une
fois par semaine^. Ce n'est pas seule-
ment a I'edification du premier peu-
ple de Dieu que I'Esprit-Saint a des-
tine ces pieux et sublimes cantiques;
ils conviennent a toutes les condi-
tions et a toutes les situations de
I'ame humaine; venus du ciel par
I'inspiration, ils doivent y remonter,
en aspirations vives et ardentes, jus-
qu'a la fin des siecles.
Les Psaumes ne sont done pas une
oeuvre purement hebrai'que, comme
on pourrait le penser au premier coup
d'oeil. Plusieurs, nous le montrerons,
annoncent dire6lement le_Messie fu-
tur, sa passion, sa resurrection, son
regne glorieux : propheties eclatantes
qui attestent la verite de I'Eglise
chretienne, et qu'elle se plait a redire
et a chanter dans ses jours de fete.
Un certain nombre sont des hymnes
en I'honneur de Dieu et de ses per-
fe6lions infinies : sa toute-puissance,
sa bonte pour toutes ses creatures,
les rigueurs terribles de sa justice et
les merveilleuses effusions de sa mi-
sericorde; d'autres, des poesies didac-
tiques qui celebrent les charmes de
la loi divine et le bonheur des justes :
ceux-la aussi ont un cara6lere uni-
versel dont le temps ne les a pas de-
pouilles. La plupart, il est vrai, se
rapportent soit a la personne de Da-
vid, soit a I'histoire d'Israel, aux gloi-
res et aux malheurs de Jerusalem.
Mais David, c'est le type du Messie :
Jesus-Christ reproduira dans sa vie
les epreuves et les triomphes de celui
dont il sera le fils selon la chair; lui
seul realisera dans leur plenitude les
gloires promises a son royal ancetre.
Mais Jerusalem, c'est la figure de
I'Eglise chretienne, et dans I'exis-
tence de I'Eglise, toujours persecutee
et toujours triomphante, se renou-
velle et s'acheve I'histoire du premier
peuple de Dieu ; elle est la veritable
Sion a laquelle doivent venir toutes
les nations de la terre, pour appren-
dre a connaitre et a adorer le vrai
Dieu (/s. ii, 2 : comp. Ps. Ixxxvi). Le
Psautier renferme done en abrege
toute I'histoire de la religion depuis
la creation jusqu'au jugement final :
la lutte des bons et des mechants sur
la terre, le choix d'une famille benie
d'ou sortira le peuple de Dieu, les
prodiges operes en faveur de ce peu-
ple singulier, qui est en meme temps
une prophetie et une grande figure
de I'avenir ; I'attente du Messie, le
tableau de ses abaissements et la
splendeur de son regne eternel, les
persecutions et les vi6loires de son
Eglise, son retour a la fin des temps,
et la consommation du royaume de
Dieu.
II y a plus : chaque ame chretienne
trouve dans les Psaumes sa propre
histoire : ses infidelites et ses regrets,
ses joies et ses tristesses, ses inquie-
tudes et ses esperances, S'il est parle
du desert et du voyage qu'y firent
les Hebreux pour arriver a la terre
promise, elle se souvient que tout
leur arrivait en figure ; cette longue
route, semee de tant d'epreuves et de
fatigues, et plus encore de bienfaits
divins et d'eclatants prodiges, c'est
I'image de son pelerinage sur la terre
et des secours surnaturels de la grace
que Dieu lui menage a chaque pas.
Elle n'a pas de peine a trouver quelle
1 Dans rOffice du temps.
LES PSAUMES.
est la nianne, ce pain dcscendu du
del, que Ic Seigneur lui donne en
nourriture; quelles sont les eaux ra-
fraichissantes dont il ctanche sa soif :
S. Paul lui a appris que le rocher d'ou
clles jaillissent, c'est le Christ. La
captivite de Babylone est finie depuis
des siecles, mais la captivite du pe-
che et du mal existe toujours, et les
memes cantiques qui ne raconterent
d'abord que les tristesses de Texil,
disent maintenant les douleurs de
I'ame eloignee de la patrie celeste,
de I'ame surtout separee de Dieu par
le peche, et les joies de celle qu'ont
ramenee a lui les larmes du repentir.
Et que dire, a ce point de vue, des
Psaumes composes par David, I'hom-
me qui a le mieux, peut-etre, connu
toutes les vicissitudes de la vie hu-
maine? Petit patre, du haut des col-
lines de Bethleem, il admirait deja
la beaute des cieux qui proclament
la gloire du Seigneur; il entendait
les voix secretes du jour redisant au
jour, de la nuit redisant a la nuit la
louange divine (Ps. xviii). A ces pre-
mieres impressions de I'adolescent,
succedent bientot les emotions les
plus diverses. Un prophete lui an-
nonce qu'il sera roi et fait couler
I'huile sainte sur son front. Arme de
sa fronde et de sa confiance en Dieu,
il renverse le geant Goliath. Tour a
tour favori de Saiil et I'objet de sa
haine, il est traque comme une bete
fauve. Dans le meme temps, il goute
la fraternelle amitie de Jonathas, et
la trahison des hommes de cceur le
remplit d'amertume et de colere. Le
voila enfin roi d'lsrael; il triomphe
de ses ennemis dans des guerres lon-
gues et difficiles. Sur le mont Sion,
pres de son propre palais, il dresse
un riche tabernacle pour y recevoir
I'arche sainte, gage de la faveur de
Dieu, et symbole de sa presence au
milieu de son peuple. Cependant un
jour arrive oil ce meme homme qui
avait vu les m^chants a I'oeuvre et
qui avait crie vengeance contre la
mcchancete et I'injustice, devient lui-
meme injuste et criminel. Mais a
peine est-il tombe dans cet abime,
qu'il voit toute I'horreur de sa situa-
tion et qu'il se prend en haine et en
pitie. Alors il confesse a ciel ouvert
ses erreurs et ses crimes et sollicite
son pardon comme le plus humble
des mortels. II I'obtient, mais au prix
des plus dures expiations. Son propre
fils, Absalon, se revolte contre lui, et
le vieux roi s'enfuit de sa capitale en
prenant Dieu a temoin de son bon
droit. La mort du rebelle, en lui ren-
dant le trone, fait a son ccEur de pere
une incurable blessure, et il trouve a
peine quelques jours de repos sur le
bord de la tombe. C'est bien de lui
qu'on pent dire qu'il a passe " par
toutes les extremites des choses hu-
maines ", qu'il a connu tous les senti-
ments, toutes les emotions, depuis les
plus douces jusqu'aux plus ameres.
Or les Psaumes de David sont
I'image fidele de sa vie; et comme
cette vie resume les vicissitudes pres-
que infinies de toute existence hu-
maine, c'est I'histoire, non d'une ame,
mais de toutes les ames, qu'ils racon-
tent. II n'est pas un sentiment du
cceur qui n'y soit exprime. La dou-
leur, la tristesse, la crainte, I'espe-
rance, le repentir, la joie, la confiance,
la reconnaissance, y font entendre
tour a tour, souvent dans le meme
Psaume, leurs accents joyeux ou de-
chirants. Est-ce un roi qui parle.^ Oui,
dans quelques passages oil I'Oint du
Seigneur,dans la conscience du choix
que le Seigneur a fait de lui et des
sublimes promesses qu'il en a recues,
rappelle a ses ennemis qu'en I'outra-
geant c'est Dieu meme qu'ils outra-
gent. Mais habituellement c'est un
homme, un homme comme nous, ce
pauvre, comme il s'appelle (^Fs.
xxxiii, 7), qui se plaint et qui gemit,
ou plutot qui prie. Car " tous sessen-
timents,toutessespensees,dit deMais-
tre, se tournent en prieres. " Et ces
prieres jaillissent de son ame avcc
LES PSAUMES.
5
tant de foi et d'ardeur, qu'on sent
qu'elles seront infailliblement exau-
cees; lancees vers le ciel de toute la
force du desir et de la confiance,
" elles atteindront surement leur but,
elles iront tomber aux pieds de Dieu
avec la vitesse et la precision d'une
fieche ^." Pour David, Dieu est vrai-
ment le Dieu vivant ; il lui parle, tan-
tot comme a son juge avec la terreur
d'un coupable, tantot comme a son
ami avec I'assurance d'un juste per-
secute; il se repent et il pleure comme
un pecheur,il se tient assure du triom-
phe de son droit comme un saint qui
n'a jamais failli. De la un accent ini-
mitable ou sont fondues a la fois la
grandeur et I'humilite, I'inquietude et
la confiance, et qui est I'accent vrai
de la priere. Et c'est la aussi ce qui
donne a ces prieres un cara6lere
d'universelle a6luaHte : comme le
Pater, elles sont applicables a tous
les hommes sans exception; elles sont
conformes a toutes les conditions et
a toutes les situations de la vie. Le
I'salmiste ne fait pour ainsi dire qu'un
avec nous : ce qu'il confesse nous est
arrive hier, nous menace aujourd'hui,
nous surprendra demain.
Les Psaumes conviennent done
aux fideles de I'Eglise chretienne,
comme ils convenaient aux enfants
d'Israel. Ce livre est le tresor com-
mun de toutes les ames qui connais-
sent et qui aiment le vrai Dieu, le
Dieu juste et bon, le Dieu pere et
maitre de toutes les creatures. Le Chre-
tien y trouve.comme autrefois le pieux
israelite, non seulement I'histoire de
la religion et les grandes verites qui
sont I'objet de sa foi et le fondement
de ses immortelles esperances, mais
I'histoire intime de son ame.
De tous les livres de la sainte
Ecriture, le Psautier a toujours ete le
plus populaire et le plus repandu.
Non seulement I'Eglise lui a donne
la place d'honneur dans sa liturgie,
mais elle le regarde comme eminem-
ment propre a la formation morale
du Chretien et au developpement de
la piete dans les ames. Dans les pre-
miers siecles, ses ministres et ceux
qui aspiraient a la vie religieuse de-
vaient le savoir par coeur^. Ces pieux
cantiques, dit S. Augustin, reconfor-
taient les martyrs au milieu des tour-
ments, et leur inspiraient cette joie et
cette intrepidite qui etonnaient leurs
bourreaux.3 Les fideles les recitaient
dans leurs maisons pendant qu'ils
prenaient leurs repas et avant de se
livrer au repos de la nuit; ils en fai-
saient retentir les places pubHques.4
Partout, dans les campagnes de la
Palestine, au temoignage des saintes
Paula et Eustochium, " le laboureur,
tenant le manche de sa charrue.chan-
tait alleluia ; le moissonneur se repo-
sait de ses fatigues par le chant d'un
Psaume, et le vendangeur, la faucille
a la main, modulait quelque hymne
de David. 5 " Ces cantiques n'etaient
pas moins populaires dans la Gaule
chretienne, et Sidoine Apollinaire,
dans una de ses poesies, decrit en vers
gracieux les mariniers et les passa-
gers chantant des Psaumes en suivant
le cours d'un fleuve, image de la vie.
Ce qu'ont ete les Psaumes pour les
Hebreux, ce qu'ils etaient pour les
Chretiens des siecles passes, pourquoi
ne le seraient-ils plus pour nous?
Descendus du ciel, ces chants reli-
gieux ne vieillissent pas; des qu'on
les comprend, ils reprennent leur
eclat et leur jeunesse primitive. En
les recitant, nous parlons a Dieu un
^ E. Montegut, Op. cif. p. 41.
-Regie de S. Paconie, 140.
^ Cite de Dieu, xiii, 52.
■* Clement d'Alex. : Psalmi autem dum ci-
bus sumitur, et anteqaam eatur ad cubitum,
etc. Stromat. vii, 7.
S. Basile : Psalmorum oracula et domi
modulantur et in forum circiimferunt. Iti
Ps. i, I.
^Quocumque te vertas, arator stivam te-
nens alleluia decantat, sudans messor Psal-
mis se avocat,et curva attendens vitem falce
vinitor aliquid canit Davidicum. SS. Paiike
et Eustoch. Epist. ad Marcell.
6
LES PSAUMES.
langagc qui lui est connu ; nous lui
adressons des formules de prieres,
d'aftes de contrition ou d'a6lions de
graces que lui-meme a inspirees. II y
a plus encore : ces saints cantiques,
Jesus les connaissait, il les a recites
en son nom et au notre; beaucoup
meme ne pouvaient lui convenir
qu'autant qu'il tenait notre place et
s'appropriait nos etats; les Apotres
et les disciples autour de lui les ont
recites, et apres eux tous les saints,
tous les do6leurs, tous les hommes
pieux de toutes les contrees de la
terre. Un grand nombre, a leur der-
niere heure, comme le Sauveur sur la
croix, comme Etienne son premier
martyr, en murmuraient des passages
de leur bouche mourante. Les Psau-
mes s'offrent k nous comme embau-
mes de la ferveur, des saintes aspira-
tions, des repentirs et de I'amour de
toutes les ames fortes et grandes qui
s'en sont servi pour prier : semblables
a ces pieuses images qui se transmet-
tent dans les families chretiennes
d'une generation a I'autre, rendues
plus venerables par toutes les mains
qui les ont touchees, par toutes les
levres qui les ont baisees, par toutes
les larmes qui sont tombeessur elles,
par la foi et I'ardeur des prieres qu'el-
les ont inspirees.
Notre Psautier latin est la traduc-
tion litterale et comme le caique de
la version grecque dite des Septante,
et, de tous les livres de I'Ancien Tes-
tament, les Psaumes sont, avec I'Ec-
clesiaste, la partie la plus faible de
cette version grecque. Expliquons
cela brievement.
Ce qu'on appelle version grecque
des Septante n'est pas une ceuvre
homogene, d'une seule epoque, ayant
le meme ou les memes auteurs. Les
Septante primitifs, ceux de Ptolemee
Philadelphe, ne traduisirent que la
Thoiuxh, la Loi, c'est-a-dire les cinq
livres de Moise, et ce travail a ete
execute par eux d'une maniere supe-
rieure. Les autres livres de I'Ancien
Testament furentsuccessivement tra-
duits en grec par des auteurs incon-
nus, plus ou moins habiles. Or il est
incontestable, dit Le Hir, que le tra-
ducleur des Psaumes "ne connaissait
assez bien ni I'hebreu ni le grec ^."
C'est sur cette version grecque, non
sur I'original hebreu, qu'a ete faite
notre traduction latine des Psaumes;
c'est la version d'une version, et d'une
version quelque peu defe6lueuse. Elle-
participe done a toutes les imperfec-
tions de celle-ci, si meme elle n'y
ajoute; car elle suit le grec de si pres,
qu'elle emploie des expressions et des
constru6lions de phrase que I'usage
de la langue grecque pent seul expli-
quer. II est vrai que S.Terome. a la
demande du pape S. Damase, retou-
cha a deux reprises differentes cette
tradu6lion latine primitive; mais il
ne lui fit subir que des corre6lions
Icgeres et peu nombreuses, de peur,
nous dit-il, de troubler par de trop
grands changements les habitudes
des pretres et des fideles, qui savaient
les Psaumes par cceur sous leur an-
cienne formule, et en faisaient le plus
frequent usage aussi bien dans la vie
privee que dans les offices publics de
i'Eglise 2. Lui-meme se montra peu
satisfait de ce premier travail. Afin,
selon ses expressions favorites, de se
rapprocher davantage de la verite he-
bra'iqiie et de puiscr a la source meme
une eaii phis pure, il entreprit une tra-
duction des Psaumes toute nouvelle
sur le texte hebreu. Cette version est
une ceuvre de grand merite, que les
travaux des exegetes modernes n'ont
pu qu'amender sur des points de
detail.3 Neanmoins, toujours par res-
^ Op. at. Preface, p. xxxvi.
-" Ne nimia novitate leefloris stadium ter-
reremus. "
« On la trouve, non seiilement dans les
Qiuvres de S. Jerome, mais encore dans la
courte Explication des Psaumes de Bossuet,
ainsi que dans le volume des Psaumes qui
complete les Commentaires de Corn, de La-
pierre edites par M. Vives.
LES PSAUMES.
pe6l pour les habitudes des fideles,
I'Eglise ne jugea pas a propos de
I'adopter officiellement. De la pre-
miere revision de S.Jeromc etait sorti
le Psautier roinain, adopte en Italic
et employe dans le Missel et le Bre-
viaire jusqu'a S. Pie V. La seconde
recension porte Ic nom de Psautier
£a//u-an, par ce que,apportee de Rome
en Gaulc par S. Gregoire de Tours,
clle fut introduite dans les Offices de
ce pays. Une plus haute fortune lui
etait reservee : c'est le Psautier gal-
lican que S. Pie V adopta plus tard
pour le Breviaire; c'est lui que le Con-
cile de Trente fit entrer dans I'edition
authentique de La Bible. ^
DU PARA(Jfcfc£LISME.
Le cara6lere le plus saillant de la
poesie hebrai'que, c'est le parallelisme.
Le D'' Lowth, qui a signale le pre-
mier, vers le milieu du dernier siecle,
ce mecanisme poetique, lui a aussi
donne son nom. II le definit la cor-
respondance d'tin vers avec un autre.
C'est, dit M. I'abbe Vigouroux, une
sorte de rime de la pensee, une rela-
tion de I'idee, exprimee ordinaire-
ment deux fois, quelquefois trois, en
termes differents, tantot synonymes,
tantot opposes. Exemple tire du
Ps. 113 Qn exitu) :
Quand Israel sortit de I'Egypte,
La maison de Jacob du milieu d'un peiiple
barbare,
Juda devint son san6luaire,
Israel son royaume.
La mer le vit, et elle s'enfuit,
Le Jourdain recula vers sa source;
Les montagnes bondirent comme des be-
liers,
Et les collines comme des agneaux.
Qu'avais-tu done, 6 mer, pour t'enfuir,
Et toi, Jourdain, pour reculer vers ta
source?
Montagnes, pourquoi bondissiez-vous com-
me des beliers,
Et vous, collines, comme des agneaux?
Autres exemples :
Quid est homo, quod memor es ejus,
Aut filius hominis, quoniam visitas eum?
Ps. viii, 5.
Sitivit anima mea ad Deum fortem, vivum,
Quando veniam... ante faciem Dei?
Ps. xli, 3.
Dans ces phrases oil les membres
de chaque verset se correspondent en
exprimant le meme sens en termes
equivalents, le parallelisme est dit
syuonyuiique.
D'autres fois le parallelisme pro-
cede par opposition; on I'appelle alors
antithetique. Ex.
Hi in curribus, et hi in equis (confidunt) ;
Nos autem in nomine Domini invocabimus.
Ipsi obligati sunt et ceciderunt,
Nos autem surreximus et erecfli sumus.
Ps. xix. 8 sv.
Enfin il arrive souvent que le
sens des membres paralleles n'est
ni le meme, ni oppose; le paralle-
lisme consiste alors dans I'analogie
de la stru6lure de la phrase poeti-
que, se developpant en deux ou trois
vers. Ex.
Voce mea ad Dominum clamavi,
Et exaudivit me de monte sancflo suo.
Ps. iii, 5.
1. In Domino confido : quomodo dicitis
animte meae :
Transmigra in montem, sicut passer?
2. Quoniam ecce peccatores intenderunt ar-
cum,
Paraverunt sagittas suas in pharetra,
Ut sagittent in obscuro reftos corde.
Ps. X.
Le Psaume xviii, 8 sv. est surtout
remarquable sous ce rapport :
Lex Domini immaculata,
Recreans (reficiens) animas;
Testimonium (lex) Domini fidele,
Sapientiam prasstans parvulis ;
Justitia; (prascepta) Domini recflae,
Laetificantes corda, etc.
^ Les passages des Psaumes cites dans nos
Missels, ainsi que I'Invitatoire de Matines,
sont empruntes au Psautier remain; ce
Psautier ne sert plus pour le Breviaire que
dans I'eglise de Saint-Pierre de Rome.
8
LES PSAUMES.
Ces notions bricvcment rappclccs,
on comprend que la connaissance du
parallclisme offre un moyen aussi
efificace qu'ingenieux de mieux saisir
le sens du texte sacrc, et cela preci-
sement dans les livres les plus obs-
curs ct les plus difficiles, les livres
poetiques. Prenons pour exemple le
vers. 7 du Ps. 121, dont les deux
membres donncnt un parallclisme
S3'non}'mique :
Fiat pax in virtute tua,
Et abiindantia in turribus tuis.
Quel sens faut-il attacher a vir-
tute, mot susceptible de quatre
ou cinq significations differentes?
Les mots parfaitement clairs du
membre correspondant, /;/ turribus
tuis, nous donnent la reponse :
in virtute tua doit signifier quelque
chose d'analogue, une chose qui
fait la force et assure la paix de
Jerusalem ; ce sont ses reviparts, et
c'est ainsi que S. Jerome a traduit
{in miiris tuis) dans sa version latine
des Psaumes sur I'hebreu.
Le parallclisme antithetique ren-
dra le meme service. Prenons un
exemple tire des Proverbes, ou 11
se rencontre si frequemment {Prov.
xi, 2) :
Simplicitas justorum diriget eos,
Et supplantatio perversorum vastabit illos.
Le sens un peu obscur, un pen va-
gue, de diriget et de supplantatio est
clairement indique par celui des ter-
mes opposes, vastabit et simplicitas.
Nous avons d'un cote la simpHcite
du juste, sa droiture, qui dirige ses
pas et le fait marcher dans une voie
sfire, a I'abri du danger; de I'autre, la
perversite du mechant, qui le porte a
tendre des pieges au prochain, mais
qui aboutit a sa propre ruine.
^:^M'^^^HHMHHHH'^MMMM^M:^^m.
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LIVRE PREMIER.
W
PSAUME I.
E Psaume decrit le bonheur de I'homme pieux et le malheur reserve a I'impie.
C'est un co!/f/ p7-oloi!;iie, dit S. Basile, mis en tete de tout le recueil, au moins
du livre I. Voila pourquoi S. Paul appelle prcmiej- le Psaume qui vient ensuite
{AlI. xiii, 33, texte grec). II ne porte pas de nom d'auteur ; S. Jerome, suivi par
Hengstenberg et beaucoup d'autres interpretes, I'attribue a David ; mais le mot letsiin,
inoqiieiirs, qui ne reparait plus dans aucun autre Psaume, et qui revient souvent dans les
Pfcnfeibes (i, 22; iii, 34; xiii, i), indiquerait plutot Salomon.
Ps. i. I Heureux I'homme qui ne marche pas dans le conseil des impies,
Qui ne se tient pas dans la voie des pecheurs,
Et qui ne s'assied pas dans la compagnie des moqueurs,
2 Mais qui a son plaisir dans la loi de Jehovah,
Et qui la medite jour et nuit !
3 II est comme un arbre plante pres d'un cours d'eau,
Qui donne son fruit en son temps,
Et dont le feuillage ne se fletrit pas :
Tout ce qu'il fait lui r^ussit.
4 II n'en est pas ainsi des impies :
lis sont comme la paille que chasse le vent.
5 C'est pourquoi les impies ne resteront pas debout auyV'/zr 1/7/ jugement,
Ni les pecheurs dans I'assemblee des justes.
6 Car Jehovah connait la voie du juste.
Mais la voie des pecheurs mene a la ruine.
PSAUME II.
ftTj E Psaume ne porte pas de nom d'auteur, mais les premiers Chretiens I'attribuaient
^ a David {Atl. iv, 25), et sa ressemblance avec Ps. ex vient a I'appui de cette
tradition. 11 annonce et proclame la domination vieflorieuse du Roi-Messie, c.-a-d.
du P^ils de Dieu fait homme, sur toutes les nations de la terre. Ainsi I'ont entendu les
Apotres reunis {A^. iv, 25) et specialement S. Paul {Hel>r. i, 5; v, 5. Comp. Apoc. ii, 27;
xii, 5; xix, 5). Est-ce dans le sens litteral, ou seulement dans le sens typique, que cette
application est faite a Jesus-Christ et a son royaume, c.-a-d. a son Eglise? La grandeur
des images et la magniticence des expressions ne permettent gucre de s'arreter au dernier
sentiment; mais on peut admettre que les ev^nements du regne de David forment le fond
historique du tableau.
Ps. ii. I Pourquoi les nations s'agitent-elles en tumulte,
Et les peuples meditent-ils de vains projets?
2 Les rois de la terre se souli^vent,
Et les princes tiennent conseil ensemble
Centre Jehovah et centre son Oint.
3 " Brisons leurs liens, disent-ils,
Et jetons loin de nous leurs chaines! "
4 Celui cjui est assis dans les cieux rit,
Le Seigneur se moque deux.
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Jiifici: Piialnmruni.
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TTT-TTTTTTTI I 1 I 1 I I 1 I I I ! TT T T I I I
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— :i-- PSALMUS I. — :>—
Felicitas jiistoriim, et impiorum miseria.
EAT US vir, qui non
abiit in consilio impio-
rum, et in via peccato-
rum non stetit, et in
cathedra pestilentias non
sedit : 2. "sed in lege Domini vo-
luntas ejus, et in lege ejus medita-
bitur die ac nocte. 3/Et erit tam-
quam lignum, quod plantatum est
secus decursus aquarum, quod fru-
ctum suum dabit in tempore suo :
et folium ejus non defluet : et om-
nia quaecumque faciet, prospera-
buntur.
4. Non sic impii, non sic : sed
tamquam pulvis, quem projicit ven-
tus a facie terras. 5. Ideo non resur-
gent impii in judicio : neque pecca-
tores in concilio justorum. 6. Quo-
PSAUME I.
1. Le C07iseil des iinptes, ou dcs mecJiania,
ce sont leurs sentiments ou" leurs desseins
mauvais; leur voie, ce sont leurs a(5\es exte-
rieurs. — Moqi/ei/is, ceux qui tournent en
derision Dieu et ses lois. Vulgate ... assis
dans la chaire de corruption, des honnmes
corrompus.
2. Comp. y^j. i, 8.
3. Comiue tin arbre : le palmier, aux ra-
meaux toujours verts, aux fruits abondants
et delicieux {Ps. cii, 13 : comp. /^'r. xvii, 8).
5. Ne t-esteront pas deboiit, seront renver-
ses, c.-a-d. condamnes (en lat. causa ca-
dent), an Jour de la retribution finale, du
jugement dernier. L'expression, tout h. fait
g^nerale, comprend aussi les jugements,
c.-a-d. les chatiments dont la justice de
Dieu frappe quelquefois les impies dans la
vie presente. — Dans Passeinblce desjusies,
au dernier jour. Ici-bas les mdchants vivent
niam novit Dominus viam justo-
rum : et iter impiorum peribit.
— :i:— PSALMUS II. — :>—
Christi imperium vanis conatibus
homines expugnabunt.
^"UARE fremuerunt gen-
tes, "et populi meditati
sunt inania.^ 2. Astiterunt
reges terras, et principes
convenerunt in unum adversus
Dominum, et adversus Christum
ejus. 3. Dirumpamus vincula eo-
rum : ct projiciamus a nobis jugum
ipsorum.
4. Qui habitat in coelis irridebit
eos : et Dominus subsannabit eos.
5. Tunc loquetur ad eos in ira
sua, et in furore suo conturbabit
eos. 6. Ego autem constitutus sum
rex ab eo super Sion montem san-
ctum ejus,
dans la societe des bons, commel'ivraie est
melee au froment; le jugement de Dieu fera
la separation {Sag. v, i; Matth. xiii, 30;
XXV, 32).
6. Connait d'une connaissance pleine de
complaisance et d'amour {Ps. xxxvii, 18;
Jean, x, 14). En ce sens, Dieu ne connait
pas les impies {Matth. vii, 23). — A la
ruine : seule la voie des justes est une I'oie
d'cternite {Ps. cxxxix, 24), conduisant h.
Feternelle vie.
PSAUME II.
1. Comp. Ad. iv, 27,
2. Tiennent conseil; litt., sont assis pour
deliberer. — Son Oint : en general, celui
qui a regu I'oncftion royale; ici, I'Oint par
excellence de Jehovah, le Roi-Messie.
3. Leurs liens... leurs chatftes {com\). Luc,
xix, 14) : ils appellent ainsi le joug si doux
du service de Dieu et de I'obe'issance a
Jesus-Christ {Matth. xi, 2Z).
■ A(5l. 4, 25.
12
PREMIF.R LIVRE DES PSAUMES.
5 Alois il leur parlera dans sa collie,
Et dans sa fureur il les epouvantera :
6 " Et moi, j'ai etabli mon roi
Sur Sion, ma montagne sainte." —
7 " Je publieiai le decret :
Jehovah m'a dit : Tu es mon Fils,
Je t'ai engendre aujourd'hui.
8 Demande, et je te donnerai les nations pour heritage,
Pour domaine les extremites de la terre.
9 Tu les briseras avec un sceptre de fer,
Tu les mettras en pieces comme le vase du potier."
lo Et maintenant, rois, devenez sages;
Recevez I'avertissement, juges de la terre.
Servez Jdhovah avec crainte,
Tressaillez de joie avec tremblement.
Baisez le Fils, de peur qu'il ne s'irrite
Et que vous ne perissiez dans votre voie ;
Car bientot s'allumerait sa colere.
Heureux ceux qui mettent en lui leur confiance !
II
12
PSAUME III.
I^^^Avid, fuyant devant Absalon et ses partisans revokes, courut les plus grands
dangers (voy. II Sam. xv sv.). II exprime dans ce Psaume les sentiments de foi et
1 de confiance en Dieu dont il etait alors penetre. Dans quelle circonstance precise
le composa-t-il? On ne saurait le dire avec certitude : probablement, dit Delitzsch, apres
une nuit (vers. 6) passee sans accident au milieu des plus extremes perils. Ce serait un
chant du matin, comme le Psaume iv est un chant du soir.
Pg_ iii. ^ CHANT de David. A I'occasion de sa fuite devant Absalon, son fils,
2 Jehovah, que mes ennemis sont nombreux!
Quelle multitude se leve contre moi !
3 Nombreux sont ceux qui disent a mon sujet :
" Plus de salut pour lui auprcs de Dieu ! " — • Sela.
4 Mais toi, Jehovah, tu es mon bouclier;
Tu es ma gloire, et tu releves ma tete.
5 De ma voix je crie vers Jehovah,
Et il me repond de sa montagne sainte. — Sela.
6 Je me suis couche et me suis endormi;
Je me suis reveille, car Jehovah est mon soutien.
7 Je ne crains pas devant le peuple innombrable
Qui m'assiege de toutes parts.
8 Leve-toi, Jehovah ! Sauve-moi, mon Dieu!
Car tu frappes k la joue tous mes ennemis,
Tu brises les dents des mechants.
9 A Jdhovah le salut !
Que ta benedi(ftion soit sur ton peuple ! — Sela.
5. Alors, quand le temps sera venu.
6.y'rt/ clabli; d'autres :fai olnt : meme
sens. L'histoire d'Israel ne mentionne aucun
roi qui ait requ I'oncflion sacree sur le mont
Sion, si ce n'est Joas (II /?ois, xiv). — Sion,
la colline du Temple, sera le centre du
royaume messianique.
D'apres les anciennes versions, ce serait
le Fils de Dieu qui parlerait dans ce verset,
comme il le fait au vers. 7. LXX et Vulg. :
El moi, fat ete Etabli par lui roi stir Siotj,
sa montas^ne sainte.
7. Le Roi-Messie repute aux rebelles le
decret eternel de Jehovah. — Moti Fils, non
par I'adoption, comme I'etait Israel {Exod.
iv, 22 sv. Dent xiv, i), mais dans le sens
absolu du mot, mon Fils unique et I'heritier
de mon souverain domaine {Hcbr. i, 5). Les
docfleurs juifs I'entendaient si bien de la
sorte, que le nom de Fils de Dieu leur servait
LIBER PSALMORUM.
13
Prasdicans praeceptumejus.y/Do-
minus dixit ad me : Filius meus es
tu, ego hodie genui te. 8. Postula a
me, et dabo tibi gentes hereditatem
tuam, et possessionem tuam termi-
nos terras. 9. ""Reges eos in virga
ferrea, et tamquam vas figuli con-
fringes eos,
10. Et nunc reges intelligite : eru-
dimini qui judicatis terram. 1 1. Ser-
vite Domino in timore : et exsultate
ei cum tremore. 12. Apprehendite
disciplinam nequando irascatur Do-
minus, et pereatis de via justa.
13. Cum exarserit in brevi ira ejus,
beati omnes, qui confidunt in eo.
— :i:— PSALMUS III. — :>—
David fugiens Absalom a Deo
salutem sperat.
I. Psalmus David, Cum fugeret
a facie Absalom filii sui. {2 Reg.
OMINE quid multiplicati
sunt qui tribulant me?
multi insurguntadversum
me. 3 . Multi dicunt animas
mese : Non est salus ipsi in Deo ejus.
4. Tu autem Domine susceptor
meus es, gloria mea, et exaltans ca-
put meum. 5. Voce mea ad Domi-
num clamavi : et exaudivit me de
monte sancto suo.
6. Ego dormivi,et soporatus sum :
et exsurrexi, quia Dominus suscepit
me. 7. Non timebo millia populi
circumdantis me :
Exsurge Domine, salvum me fac
Deus meus. 8. Quoniam tu percus-
sisti omnes adversantes mihi sine
causa : dentes peccatorum contri-
visti. 9. Domini est salus : et super
populum tuum benedictio tua.
a designer le Messie {Jean, i, 49 ; MattJi.
xxvi, 23). — Je t\ii cngefidre aujoiirtr/im,
en un jour sans veille ni lendemain, de toute
eternite. S. Paul {Afl. xiii, 33) et les Saints
Peres appliquent ces paroles a certains fails
particuliers de la vie terrestre de J.-C, tels
que sa naissance, sa resurre<f\ion, sans doute
parce que ces faits ont leur fondement et
leur raison dans la dignite meme de Fils de
Dieu,et qu'ils en sont comme la manifesta-
tion dans le temps.
8. Dieu le Pere continue de parler au
Verbe comme Messie, comme revetu de la
nature humaine. — Les nations pai'ennes :
ce qu'Israel seul dtait pour Jehovah, tous les
peuples le seront pour le Messie. Comp.
Matth. xxviii, 18.
9. Sceptre de douceur et d'amour pour
les hommes de bonne volonte {Matth.
xii, 20), verge de fer pour les rebelles
{ci. Jer. xix, 1 1).
Les anciennes versions ont lu thireevt (de
raah, mener paitre) : /« les condtiiras.
10 sv. Reprise du Psalmiste, pour donner
un double avertissement aux grands de la
terre, I'un relatif a Jehovah (vers. 1 1), I'autre
relatif au Messie (vers. 12).
11. Tressaillez de joie ^owx cet honneur,
mais avec crainte, k la pensee d'une Ma-
jeste si haute.
12. Baisez le Fils : le baiser, ordinaire-
ment sur la main, etait un adle d'hommage
et d'adoration. Voy. I Sa?n. x, i; I Rois,
xix, 18. Seule de toutes les anciennes ver-
sions, la Peschitto (syriaque) a bien rendu
le mot ^ar. LXX et Vulg., attachez-vous a
Vinst}-u£lio7i que je vous donne. — De peur
gu'il ne sHrrite. Dieu le Pere ou le Fils? Le
Pere, suivant Delitzsch, a cause du dernier
membre du verset : c'est toujours a la con-
fiance en Jehovah qu'exhorte le Psalmiste.
PSAUME III.
I. Chant., hebr. mizinor.
3. A inon sujet, litt. au sujet de mon ame :
hc^bra'isme. Delitzsch donne a cette locution
un sens plus rigoureux : au sujet de mon
dine, de sa situation morale devant Dieu.
Comp. II Sam. xvi, 7.
4. Afon bouclier, litt. un bouclier ardour
de moi, ou devant moi. Vulgate, 7/ion pro-
tcdetir.
6. D'autres traduisent par le present :je
me couch e, ou par le futur.
Les SS. Peres appliquent ce verset, dans
le sens spirituel, a Jesus- Christ, dont la
mort, semblable k un court sommeil, fut
suivie d'une glorieuse resurrecflion.
7. Lcve-toi : comp. Nombr. x, 35.
8. Tu frappes, etc. : c'est ce que Dieu fait
constamment pour David. — A la joue ou
a la mdchoirc : blessure qui est en meme
temps un outrage {Job, xvi, 10 sv.).
Vulg., car tu as frappe tous ceux qui
e'taiettt sans raison vies adversaires ; de
meme les LXX; ils ont dii lire lechinnam
au lieu de lechi.
9. A Jehovah appartient le salut; il en
dispose et il le donne a qui il lui plait. —
(?ue ta bene'diclion : ce souhait touchant en
14
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
s. \v.
PSAUME IV.
E Psaume parait avoir ete compose pendant la revolte d'Absalon, dans les memes
circonstances que le pre'cedent. David implore le secours divin Cvers. 2) il inter-
im pelle ses ennemis et les engage a revenir a de meilleurs sentiments (3-6); il affirme
qu'en Dieu seal on trouve le bonheur et la paix (7-9). C'est aux chefs de la revolte, plutot
qu'k la foule des rebelles, qu'il semble s'adresser ici. L'Eglise a mis ce Psaume dans son
Office du soir.
lAU maitre de chant, sur les instruments a cordes. Psaume de David.
2 Quand je t'invoque, reponds-moi, Dieu de ma justice,
Toi qui, dans ma detresse, me mets au large,
Aie pitie de moi et entends ma priere.
3 Fils des hommes, jusques a quand ma gloire sera-t-elle outragee*''
Jusques a quand aimerez-vous la vanitd
Et rechercherez-vous le mensonge? — Si'/a.
4 Sachez que Jehovah s'est choisi un homme pieux.
Jehovah entend quand je I'invoque.
5 Tremblez, et ne pechez plus !
Parlez-vous k vous-memes sur votre couche, et cessez ! — Sc'/a.
6 Offrez des sacrifices de justice,
Et confiez-vous en Jehovah.
7 Beaucoup disent : " Qui nous fera voir le bonheur?"
Pais lever sur nous la lumicre de ta face, Jehovah I
8 Tu as mis dans mon caur plus de joie qu'ils n'en ont
Au temps 011 abondent leur froment et leur vin nouveau.
9 En paix je me coucherai et je m'endormirai aussitot;
Car toi, Jehovah, toi seul,
Tu me fais habiter dans la securite.
PSAUME V.
's. v.
I Psaume est une priere du matin adressee a Dieu, qui protege le juste et punit le
pecheur. D'apres Le Hir, David I'aurait compose durant la 1
compose durant la persecution de Saiil,
i^ contre Doeg I'ldumeen (I Sa///. xxii, 9), qui serait vise vers. 7 et 10, et centre les
autres mauvais conseillers du roi ; d'autres en placent la composition k Jerusalem (vers. 8),
peu de temps avant la revolte d'Absalon. Apres une pressante invocation a Dieu
(vers. 2-4), qui hait I'iniquit^ (5-7), le Psalmiste oppose sa piete (8-9) a la perversite de
ses ennemis (lo-ii), et termine par une nouvelle expression de confiance (12-13).
^AU maitre de chant. Sur les flutes. Psaume de David.
2 Prete I'oreille a mes paroles, Jehovah,
Entends mon secret gemissement;
3 Sois attentif a mes cris, 6 mon Roi et mon Dieu;
Car c'est a toi que j'adresse ma priere.
4 Jehovah, des le matin, tu entendras ma voix;
Des le matin je dispose pour toi /e sacrifice de ma priere, et j'observe.
faveur de son peuple, jette une profonde
lumiere sur lagrande ame de David (Ewald.)
PSAUME IV.
1. Au mattre de chant, charge d'adapter
la musique a I'usage public du temple, et
d'exercer a I'execution les choeurs des le-
vites.
LXX et Vu\g.,/>our/afin, ou jusquW la
fin, cantique de louange. Psaume de David.
2. Dieu de ma justice, c.-a-d. mon Dieu
juste, ou bien Dieu par qui je suis juste.
La Vulg. rend ce i*^'' membre : quand je
l^invoquais, le Dieu de ma justice )n\i
exaucc.
3. Fils des homines, hebraisme pour /lo/n-
mes en general, ou, d'apres quelques-uns,
les grands. — Gloire outragce. Les LXX et
la Vulg., d'apres une autre legon -.jusques
a quand aurez-vous le cwur appesanli, en-
durci, obstine dans la revoke.''
4. S''est choisi (litt. s'est distingue) un
homme pieux, David lui-meme, I'oint du
Seigneur.
LIBER PSALMORUM.
15
'Eph. 4,
— :;:— PSALMUS IV. — :;=—
David hortatur ad pacem et omnia bona
a Deo speranda.
I. In finem in carminibus, Psal-
mus David.
UM invocarem exaudivit
me Deus justitias meas : in
tribulatione dilatasti mihi.
Miserere mei, et exaudi
orationeni meam.
3. Filii hominum usquequo gravi
corde? ut quid diligitis vanitatem,
et quasritis mendacium? 4. Et scitote
quoniam mirificavit Dominus san-
ctum suum : Dominus exaudiet me
cum clamavero ad eum. 5. "Irasci-
mini, et nolite peccare : quae dicitis
in cordibus vestris, in cubilibus ve-
stris compungimini. 6. Sacnficate
sacrificium justitias, et sperate in
Domino :
Multi dicunt : Quis ostendit no-
bis bona? 7. Signatum est super nos
lumen vultus tui Domine : dedisti
laetitiam in corde meo. 8. A fructu
frumenti, vini, et olei sui multipli-
cati sunt, 9. In pace in idipsum dor-
miam, et requiescam; 10. quoniam
tu Domine singulariter in spe con-
stituisti me.
— :;:— PSALMUS V. — :;=—
Contra malignum Justus auxilium
divinum implorat.
I. In finem pro ea, quas here-
ditatem consequitur, Psalmus Da-
vid.
^ERBA mea auribus per-
cipe Domine, intellige cla-
morem meum. 3. Intende
voci orationis meas, rex
meus et Deus meus, 4. Quoniam ad
te orabo : Domine mane exaudies
5. Treiiiblez d'effroi, redoutez la colere de
Dieu, qui m'a consacre par I'ondlion royale.
Ou bien, avec la Vulg., suivie par Delitzsch :
iiiettez-vous en colere contre moi, mais ne
pechez point par votre rebellion. S. Paul
parait aussi I'entendre dans ce dernier sens
{Ephcs. iv, 26}; mais il ne fait que suivre les
LXX. — A votis-memes, litt. dansvos cauas.
— Stir vofre couche. S. Jean Chrysostome :
" Ouand, avec le declin de la lumicre du
jour, s'est levee la lumiere de I'esprit, que
le bruit des affaires et les soucis de la jour-
nde ont fait silence, c'est le temps favorable
pour examiner, non seulement ce que nous
avons fait ou dit, mais encore ce que nous
avons pense." — Cessez de vous agiter. La
Vulg. traduit le 2e membre .• les vains pro-
jets que votes meditez dans votre ca'ur, re-
grettez-les siir voire coiiclie.
6. Sacrifices de justice, offerts avec un
coeur droit.
7. Beaucoicp disent avec decouragement :
Qui nous fera voir des jours meilleurs? Le
pieux roi repond par une priere : Que Jeho-
vah laisse tomber sur nous un regard favo-
rable, et notre cause est gagnee ! La htniicre
de la face de Dieu est le symbole du bon-
heur, comme les tenebres sont celui du
malheur. Comp. Nonibr, vi, 25.
La Vulgate traduit le 2^ membre : la lu-
miere de ton visage, Seigneur, a etc iiiipri-
tne'e sur nous coinnie un signe.
8. Leur fronient, des ennemis de David,
ou bien des hommes en general. La Vulgate
ajoute le mot huile.
9. Toi seiilj ou bien avec Delitzsch, dans
la retraite oil je suis confine.
PSAUME V.
1. NecJuloth, probablement /?///£'i', instru-
ment en usage dans la musique hebraique
(I Satn. X, 5 ; I Rois, i, 40; Is. xxx, 29); se-
lon d'autres, ce mot indiquerait un mode
musical, ou serait le debut d'un air connu.
Vulgate, pour celle qui a requ V heritage
(de la vie eternelle), c.-a-d. pour I'Eglise,
comme les Peres ont interpre'te cette tra-
duflion.
2. Mon secret geinisse/nent, litt. inapetisc'e,
ma priere interieure; Vulg., nwn cri.
3. Mon Roi, dans le sens theocratique :
souverain de toute la terre, Jehovah est a
un titre particulier le roi propre d'Israel et
le roi de David, qui n'est que son ministre
et son representant.
4. Je dispose : I'expression est emprunte'e
aux fonclions des levites, charge's par Moise
de disposer ou de preparer les choses ne'ces-
saires aux sacrifices, le feu de I'autel, les
offrandes, les pains de proposition, etc. —
/'observe I'arrivee du secours que tu dois
m'envoyer; ou bien : allusion an pretre qui
regarde monter vers le ciel la fumee du
sacrifice.
Vulg., ... des le matin je me presente de-
vant toi, et j' observe.
16
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
5 Car tu n'es pas un Dieu qui pienne plaisir an mal;
Avec toi le mediant ne saurait habiter.
6 Les insenses ne subsistent pas devant tes yeux;
Tu hais tous les artisans d'iniquite.
7 Tu fais perir les menteurs;
Jdhovah abhorre rhomme de sang et de fraude.
8 Pour moi, par ta grande misericorde, j'irai dans ta maison;
Je me prosternerai, dans ta crainte, devant ton saint temple.
9 Seigneur, conduis-moi, dans ta justice, a cause de mes ennemis;
Aplanis ta voie sous mes pas.
lo Car il n'y a point de sincerite dans leur bouche;
Leur coeur n'est que malice;
Leur gosier est un sepulcre ouvert.
1 1
Leur langue se fait caressante.
6 Dieu !
Chatie-les,
Qu'ils echouent dans leurs desseins;
A cause de leurs crimes sans nombre, precipite-les;
Car ils sont en revoke centre toi.
Ps. vi.
12 Alors se rejouiront tous ceux qui se confient en toi;
lis seront clans une perpetuelle all(^gresse, et tu les protegeras;
lis se livreront a de joyeux transports, ceux qui aiment ton nom.
13 Car tu benis le juste, Jehovah;
Tu I'entoures de bienveillance comme d'un bouclier.
PSAUME VL
lEduit a une extreme detresse, sans doute au commencement de la revoke d'Absa-
lon (II Sunt. XV, 1-6), et regardant avec raison ses maux comme le chatiment de
son peche, David a recours k Dieu : il implore sa misericorde (vers. 2-4); il lui
expose sa triste situation (5-8); k la fin, il sent qu'il est exauce et il annonce la mine de
ses ennemis (9-1 1).
Ce Psaume est le premier des sept que I'Eglise appelle penitentiaux ; il convient en
effet k toutes les ames touche'es du repentir de leurs peches.
^AU maitre de chant. Sur les instruments a cordes, a I'ocftave. Psaume de David.
2 Jehovah, ne me punis pas dans ta colere,
Et ne me chatie pas dans ta fureur.
3 Aie pitie de moi, Jehovah, car je suis sans force;
Gueris-moi, Jehovah, car mes os sont tremblants.
4 Mon ame est dans un trouble extreme,
Et toi, Jehovah, jusques a quand...?
5 Reviens, Jehovah, delivre mon ame;
Sauve-moi h. cause de ta misericorde.
6 Car celui qui meurt n'a plus souvenir de toi;
Qui te louera dans le sejour des morts?
7 Je suis epuise a force de gdmir;
Chaque nuit ma couche est baigne'e de mes larmes,
Mon lit est arrose de mes pleurs.
6. Les insenses : ce mot, chez les He-
breux, de'signe tres souvent les mediants
ou les impies en general; d'autres, les or-
gneilleiLX.
8. Ta maison... ton temple : le taber-
nacle avec I'arche, qui dtait le signe et
le gage de la presence de Jehovah au
milieu de son peuple. Pour I'expression,
coiw^. Jos. vi, 24; ix, 23; II .5"^;/;. xii, 20;
xxii, 7. On salt cjue saint Louis, roi de
France, mourut en pronongant les paroles
de ce verset.
9. Dans ta jtisiice, comme il convient a
ta justice, qui protege tes serviteurs. —
Sous mes pas, litt. devant moi; Vulg., di-
vant toi.
10. Dans leur bouche; litt. dans sa bouche;
les anciennes versions ont lu le pluriel. —
Sepulcre ou7'ert : n'exhale qu'infertion,
c.-k-d. des paroles de pertidie et de mort.
LIBER PSALMORUM.
17
vocem meam. 5. Mane astabo tibi
et videbo :
Quoniam non Deus volens iniqui-
tatem tu es. 6. Neque habitabit jiixta
te malignus : neque permanebunt
injusti ante oculos tuos. 7. Odisti
omnes, qui operantur iniquitatem :
perdes omnes, qui loquuntur men-
dacium. Virum sanguinum et dolo-
sum abominabitur Dominus :
8. Ego autem in multitudine mi-
sericordias tuas. Introibo in domum
tuam : adorabo ad templum san-
ctum tuum in timore tuo. 9. Do-
mine deduc me in justitiatua : pro-
pter inimicos meos dirige in con-
spectu tuo viam meam. i o. Quoniam
non est in ore eorum Veritas : cor
eorum vanum est. 1 1. "Sepulcrum
patens est guttur eorum, linguis suis
dolose agebant, judica illos Deus.
Decidant a cogitationibus suis, se-
cundum multitudinem impietatum
eorum expelle eos, quoniam irrita-
verunt te Domine.
I 2. Et lastentur omnes, qui spe-
rant in te, in asternum exsultabunt :
et habitabis in eis. Et gloriabuntur
in te omnes, qui diligunt nomen
tuum, 13. quoniam tu benedices
justo. Domine, ut scuto bonas vo-
luntatis tuae coronasti nos.
— :>— PSALMUS YI. —:i:—
Oratio poenitentis, Dei misericordiam
implorantis.
I. In finem in carminibus, Psal-
mus David, pro octava.
OMINE, ne in furore tuo
arguas me, neque in ira
tua corripias me, 3. mise-.
] rere meiDominequoniam
infirmus sum : sana me Domine
quoniam conturbata sunt ossa mea.
4. Et anima mea turbata est valde :
sed tu Domine usquequo.''
5. Convertere Domine, et eripe
animam meam : salvum me fac pro-
pter misericordiam tuam, 6. quo-
niam non est in morte qui memor
sit tui : in inferno autem quis con-
fitebitur tibi.^* 7. Laboravi in gemitu
meo, lavabo per singulas noctes le-
ctum meum : lacrymis meis stratum
Leur latigue, etc.; litt., Us font leur langiie
douce.
11. A cause de, ou au milieu dc leurs
cri?nes, precipite-les dans la mine ou dans
le sclieol {Gen. xxxvii, 35).
12. Alors se rejouiront ; ou bien avec la
Vulg., et que se n'jouissent. — Tti les pro-
tcgeras ;^\.\\^., tu Jiabiieras mi milieu d'eux.
— lis se livreront; etc.; Vulg., Us se glori-
fieroiit en toi.
PSAUME VI.
1. Comp. Ps.'w. Les instruments a cordes
devaient accompagner le chant a PoHave,
probablement I'oflave basse.
2. Ta colere... tafureur. S. Jean Chrysos-
tome : Quand vous entendez parler de la
colere ou de la fureur de Dieu, n'imaginez
rien de pareil a ce que ces mots expriment
appliques a des hommes; la colere de Dieu,
c'est I'aversion, calme et sans trouble, que
sa saintete ressent pour le mal, aversion
toujours accompagnee de misericorde pour
le pecheur repentant.
6. Souvenir de toi : le second membre
explique le premier : il s'agit d'un souvenir
de louange, des chants de louange adresses
a Dieu dans les ceremonies du culte. —
Dans le sejour des marts, ou des ames, le
scheol (Vulg., les enfers). Le livre des Psau-
mes ne connait qu'un seul sejour pour tous
les morts, dans les profondeurs de la terre,
oil ils sont vivants, mais comma dans une
solitude silencieuse et sombre, separde de la
lumiere de ce monde, et, ce qui est plus
triste, de la lumiere de la presence de Dieu,
c.-a-d. de son tabernacle ou de son temple,
ne pouvant plus prendre part aux fetes reli-
gieuses et aux pieux cantiques qu'Israel
faisait retentir dans ses solennites {Ps.
XXX, 10; Ixxxviii, 11 sv. Comp. Is. xxxviii,
18 sv.). La revelation n'avait encore rien
appris de plus k cet egard. En fait, le scheol
n'etait pas, pour les justes memes de I'Anc.
Testament, un sejour de joie et de bonheur.
Avant que le Sauveur eut fait son entrde
dans le sandiuaire du ciel comme vainqueur
de la mort et comme grand pretre de I'al-
liance eternelle {Hebr. ix, 11), le ciel restait
ferme; il n'y avait pas d'Eglise triomphante
composee des saints de la terre; I'oeil du
juste mourant n'entrevoyait alors qu'une
vague et lointaine lueur. Ce n'est que depuis
J.-C. que la mort a perdu ses tristesses, et
que le cupio dissolvi a pu venir sur les levres
humaines.
NO 23. — LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
18
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
8 Mon ceil est consume par le chagrin;
II a vieilli a cause de tous ceux qui me persecutent.
9 Eloignez-vous de moi, vous tous qui faites le mal !
Car Jdhovah a entendu la voix de mes larmes.
10 Jehovah a entendu ma supplication,
Jdhovah accueillera ma priere.
11 Tous mes ennemis seront confondus et saisis d'^pouvante;
lis reculeront, soudain couverts de honte.
PSAUME VII.
E Psaume appartient au temps des persecutions de Sai.il. Le titre porte que David
le composa " a I'occasion des paroles de Chus, le Benjaminite. " Ce personnage,
inconnu d'ailleurs, parait avoir ete un de ces courtisans qui se plaisaient h. calom-
nier David pour le rendre odieux au roi (voy. I Sa;/i. xxiv, lo). David implore le secours
de Dieu (vers. 2-3); proteste de son innocence (4-6); prie Jehovah de se prononcer entre
ses ennemis et lui (7-10); il menace le mechant de la justice divine (11-17). II termine par
un cri de reconnaissance (vers. 18).
Dans le sens spirituel, David represente le Messie, calomnie et crucifie par ses
ennemis.
Ps. vii. ^DITHYRAMBE de David, qu'il chanta a Jehovah a roccasion des paroles de Chus,
le Benjaminite.
2 Jehovah, mon Dieu, en toi je me confie;
Sauve-moi de tous mes persecuteurs et delivre-moi :
3 De peur qu'il ne //le dechire, comme un lion
Emportant sa proie que nul ne lui arrache.
4 Jehovah, mon Dieu, si j'ai fait cela,
S'il y a de I'iniquite dans mes mains;
5 Si j'ai rendu le mal a qui est en paix avec moi,
Si j'ai depouille celui qui m'opprime sans raison,
6 Que I'ennemi me poursuive et m'atteigne,
Qu'il foule a terre ma vie,
Qu'il couche ma gloire dans la poussiere.
7 Leve-toi, Jehovah, dans ta colore,
Porte-toi contre les fureurs de mes adversaires;
Veille sur moi, toi qui ordonnes un jugement.
8 Que I'assemblee des peuples t'environne !
Puis, t'elevant au-dessus d'elle, remonte dans les hauteurs.
9 Jdhovah juge les peuples :
Rends-moi justice, Jehovah,
Selon mon droit et mon innocence.
ID Mets un terme a la malice des mechants,
Et afifermis le juste,
Toi qui sondes les coeurs et les reins, 6 Dieu juste!
11 Mon bouclier est en Dieu,
Qui sauve les hommes au coeur droit.
12 Dieu est un juste juge;
Tous les jours le Tout- Puissant fait entendre ses menaces.
13 Certes, de nouveau il aiguise son glaive,
II bande son arc et il vise;
8. // a vieilli; Vulg.,y'cj/ vieilli.
9. L'expression de la douleur vient d'at-
teindre son plus haut degre; tout a coup,
comme une lumiere qui jaillit des tenebres,
un rayon de confiance brille au regard du
Psalmiste. II sent que sa priere est exauct'e.
et il s'ecrie : Eloignez-vous de moil (Ps.
cxxvi, 5).
II. Sefont cottfo/idus ; ou bien, avec la
Vulg., que mes emteinis soient confondus.
David, selon Tesprit de la loi ancienne,
souhaite que ses ennemis et ceux de Dieu
LIBER PSALMORUM.
19
" Matth. 7,
236125,41.
Luc. 13,27.
meum rigabo. 8. Turbatus est a
furore oculus meus: inveteravi inter
omnes inimicos meos.
9. "Discedite a me omnes qui
operamini iniquitatem : quoniam
exaudivit Dominus vocem fletus
mei. 10. Exaudivit Dominus depre-
cationem meam, Dominus oratio-
nem meam suscepit. 1 1 . Erubescant,
et conturbentur vehementer omnes
inimici mei : convertantur et eru-
bescant valde velociter.
— :i:— PSALMUS VII. — :;:—
David orat ut ob siiani innocentiam ser-
vetur, et ut consumatur nequitia pecca-
torum.
I. Psalmus David, quem cantavit
Domino pro verbis Chusi filii Je-
mini. (2 Reg. 16.)
OMINE Deus meus in te
speravi : salvum me fac
ex omnibus persequenti-
bus me, et libera me.
3. Nequando rapiat ut leo animam
meam, dum non est qui redimat,
neque qui salvum faciat.
4. Domine Deus meus si feci
istud, si est iniquitas in manibus
meis : 5. si reddidi retribuentibus
mihi mala, decidam merito ab ini-
micis meis inanis. 6. Persequatur
inimicus animam meam, et compre-
hendat, et conculcet in terra vitam
meam, et gloriam meam in pulve-
rem deducat.
7. Exsurge Domine in ira tua: et
exaltare in finibus inimicorum meo-
rum. Et exsurge Domine Deus meus
in praecepto quod mandasti : 8. et
synagogapopulorumcircumdabitte.
Et propter hanc in altum regrede-
re : 9. Dominus judicat populos.
Judica me Domine secundum justi-
tiam meam, et secundum innocen-
tiam meam super me. 10. Consume-
tur nequitia peccatorum, et diriges
justum, "scrutans corda et renes
Deus.
II. Justum adjutorium meum a
Domino, qui salvos facit rectos
corde. 12. Deus judex Justus, fortis,
et patiens : numquid irascitur per
singulos dies.^ 13. Nisi conversi fue-
ritis, gladium suum vibrabit: arcum
suum tetendit, et paravit ilium.
" I Par. 28,
9. Jer. ir,
20. 17, 10 et
20, 12.
soient ramenes au bien par la voie du cha-
timent.
PSAUME VII.
I. Hdbr. schiggaionj le sens de ce mot
est incertain. Suivant quelques interpretes,
dithyra))ibe, elegie ou complainte. Vulg.,
Psatiine.
3. // ine dec/lire : le singulier apres le plii-
riel; // designe un des principaux ennemis
de David, peut-etre Saul.
4. Cela, ce dont I'accusaient ses ennemis.
5. Vulg., si fai rendu le mal a ceicx qui
ni^en faisaient, que je toiiibe impuissant de-
vant mes enneinis, je le inerite.
6. Ma gloire, c.-a-d. mon ame ou ma vie
(comp. Gen. xlix, 6; Ps. xvi, 9) : I'ame, souffle
de la bouche de Dieu et cieee a son image,
n'est-elle pas la gloire de I'homme, ce qui
le distingue des animaux sans raison?
7. Contre les fureurs de mes adversaires,
ou bien, dans tafureur, contre mes adver-
saires.
8. Que Passemblee : image empruntde k la
maniere de rendre la justice en Orient, ou
le roi, entoure d'uiie grande foule, prononce
la sentence. — Puis, ton jugement rendu,
remonte dans le ciel. Selon d'autres : Vas-
sembli'e des peuples fenvironfte, pour voir si
tu laisseras triompher I'injustice et I'inno-
cence opprimee; mo/ile done sur ton trone
du ciel, d'ou tu juges le monde, et prononce
en ma faveur.
Au lieu de au-dessus d'elle, la Vulg. tra-
duit, a cause d''elle.
10. Mets un ferine a la malice : ce n'est
pas le pecheur, c'est le peche que David
demande k Dieu d'aneantir. Ce passage est
h. remarquer pour I'intelligence de plusieurs
autres ou le Psalmiste semble tenir un
autre langage. — Les cccurs, siege de I'in-
telligence et du sentiment; les reins, siege
des affecflions et des passions inferieures. —
O Dieu juste : la Vulg. lie le mot jus/e a ce
qui suit.
12. Pail entendre ses menaces, litt. est
irrite.
Vulg. : Dieu est un juge juste, fort et
patient; est-ce quHl est tous les jours en
colere ?
13. // vise; litt., il le dispose, il y met la
fleche dans telle ou telle dire(flion; d'autres,
il lejixe.
20
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
14 11 dirige sur lui des traits meurtriers,
Des fleches qui portent la flamme.
1 5 Voici Ic jnechant en travail de I'iniquite :
II a congu le malheur, et il enfante le mensonge.
16 II ouvre une fosse, il la creuse,
Et il tombe dans I'abime qu'il preparait.
17 Son iniquity retombe sur sa tete;
Et sa violence redescend sur son front.
18 Je louerai Jehovah pour sa justice,
Je chanterai le nom de Jehovah, le Tres-Haut.
PSAUME VIII.
Ans ce Psaume, echo lyrique du recit de la creation {Gen. i), David commence par
celebrer la grandeur de Dieu manifestee dans ses oeuvres d'une maniere si frap-
pante, que les enfanls memes la saisissent et la proclament a leur maniere, a la
confusion des impies (vers. 2-3). Cette grandeur de Dieu fait d'autant mieux ressortir sa
bonte pour I'homme, etre petit et faible, qu'il a etabli roi de la creation (4-9). Un refrain
encadre le tout. — " Ce petit poeme, qui ressemble au chant d'un patre contemplant
pendant la nuit les splendeurs d'un ciel d'Orient, est sublime par sa simplicite nieme. "
Ce qui est dit ici, a la lettre, de I'homme en general, convient dans un sens superieur,
k I'homme par excellence, au Verbe incarne, au Fils de Dieu fait homme, en qui et par
qui la nature humaine a ete rdtablie dans son integrity originelle, et qui a requ du Pere
la domination universelle sur toutes les creatures. Comp. iMatt/i. xxi, 16; Cor. xv, 26;
Hebr. ii, 6 sv.
Ps. viii. lAU maitre de chant, sur la Gitthienne. Chant de David.
2 Jehovah, notre souverain Maitre,
Que ton nom est glorieux sur la terre,
Toi qui as revetu les cieux de ta majeste !
3 Par la bouche des enfants et de ceux qui sent k la mamelle
Tu t'es fonde une force viHoricttse, pour confondre tes ennemis,
Pour imposer silence k I'adversaire et au blasphemateur.
4 Quand je contemple tes cieux, ouvrage de tes mains,
La lune et les etoiles que tu as creees,yV »{' eerie :
5 Qu'est-ce que I'homme, pour que tu te souviennes de lui;
Et le fils de I'homme, pour que tu en prennes soin?
6 Tu I'as fait de peu infdrieur a Dieu,
Tu I'as couronne de gloire et d'honneur.
7 Tu lui as donnd I'empire sur les ceuvres de tes mains;
Tu as mis toute la creation sous ses pieds :
8 Brebis et boeufs, tous ensemble,
Et les animaux des champs,
9 Oiseaux du ciel et poissons de la mer,
Et tout ce qui parcourt les sentiers de I'oc^an.
10 Jehovah, notre Seigneur,
Que ton nom est magnifique sur toute la terre !
14. La flamme : les anciens lan^aient
quelquefois contre I'ennemi des fleches en-
duites de matieres inflammables, qu'on allu-
mait au moment de tirer, ou qui prenaient
feu dans le trajet {Epkes. vi, 16). Ces traits
meurtriers et ces fleches briilantes sont les
Eclairs et la foudre, ou tout autre fleau sou-
dain que Dieu envoie.
16. Une fosse : les anciens, k la chasse ou
k la guerre, creusaient des fosses, qu'ils re-
couvraient ensuite de branchages et de
terre, pour y faire tomber les hommes ou
les betes.
17. Son iniquife, etc. : tel fut Nabal.
I Sam. XXV, 39; tel fut Saiil. I Sam. xxxi, 4.
PSAUME VIII.
I. Sur la Gitthienne, soit un instrument
de musique, soit un air venant de Geth, ville
des Philistins. LXX et Vulg., pour les pres-
LIBER PSALMORUM.
21
14. Et in eo paravit vasa mortis, sa-
gittas suas ardentibus effecit.
* Job. 15, 15. *Ecce parturiit injustitiam :
35.13.59,4. concepit dolorem, et peperit iniqui-
tatem, 16. Lacum aperuit, et effo-
dit eum : et incidit in foveam, quam
fecit. 17. Convertetur dolor ejus in
caput ejus : et in verticem ipsius
iniquitas ejus descendet.
18. Confitebor Domino secun-
dum justitiam ejus : et psallam no-
mini Domini altissimi.
— :i:— PSALMUS VIII. — :!:—
In operibus suis mirabilis Dominus.
I. In finem pro torcularibus, Psal-
mus David.
'OMINE Dominus noster,
quam admirabile est no-
men tuum in universa
terra! Quoniam elevata
est magnificentia tua, super ccelos.
3. "Ex ore infantium et lactentium
perfecisti laudem propter inimicos
tuos, ut destruas inimicum et ulto-
rem.
4. Quoniam videbo coelos tuos,
opera digitorum tuorum : lunam et
Stellas, quas tu fundasti. 5. Quid est
homo, quod memor es ejus? aut
filius hominis, quoniam visitaseum?
6. ^Minuisti eum paulominus ab
Angelis, gloria et honore coronasti
eum : 7. et constituisti eum super
opera manuum tuarum. 8. "Omnia
subjecisti sub pedibus ejus, oves et
boves universas : insuper et pecora
campi. 9. Volucres coeli, et pisces
maris, qui perambulant semitas
maris.
10. Domine Dominus noster,
quam admirabile est nomen tuum
in universa terra!
«Mattli.2i,
16.
sot'rs : peut-etre les auteurs de ces versions
entendaient-ils un chant vif et joyeux comme
celui des vendangeurs; les Peres ont donne
a ce mot divers sens mystiques.
2. Le no//i de Dieu, c'est comme I'em-
preinte de son etre, c'est Dieu lui-meme tel
qu'il se revele dans les CEUvres de la nature
et de la grace. — Toi qui, litt. a mis ta
gloire, un reflet de ta splendeur et de ta ma-
jeste, dans (ou stcr) les cieiix, en y plagant
les astres. Comp. Ps. xix, i.
3. A la mainelle : chez les Hebreux, les
enfants prenaient le sein jusqu'a deux ans
et plus. — Blaspheinateur, litt. vindicaiif,
celui qui voudrait se venger de Dieu, qui se
revoke centre lui. Sens du verset : un petit
enfant eprouve deja du plaisir a contempler
la belle nature, et particulierement le ciel
etoile; les cris a peine articules par lesquels
il manifeste son admiration sont un hymne
de louange au Cr^ateur. Pour confondre les
impies qui le nient ou le blasphement, il n'a
pas besoin d'une axxtrQ/orce que celle de ces
petits enfants.
Au lieu de, tu fesfondeune force, les LXX
et la Vulg. trad ui sent, tu fes prepare line
lotmnge : c^tst au fond le meme sens, moins
la metaphore.
J.-C. renvoie a ce verset les Pharisiens
qui s'indignaient d'entendre les enfants
crier : " Hosanna au Fils de David ! " Sa
pensee n'est pas que le verset doive etre
entendu dire(ftement de lui; il veut seule-
ment dire que les petits enfants, dont I'es-
prit simple et droit le reconnait et le salue
joyeusement comme le Messie, sont la con-
damnation de I'incrddulite orgueilleuse des
Pharisiens.
4. En Palestine, a travers I'atmosphere
limpide de I'Orient, la lune et les etoiles
apparaissent avec un vif eclat.
6. A Dieu, hebr. Elohiin, la divinite
(S. Jerome) : malgre la distance infinie qui
separe I'homme de Dieu, on peut parler
ainsi de I'homme, parce que, cre^ a I'image
de Dieu, il est comme son lieutenant sur la
terre et le roi de la nature.
Les LXX et la Vulg. et bon nombre
d'exegetes traduisent, un pen tn/e'rieur aux
anoes. S. Paul, dans son epitre aux Hebreux
(ii, 7), s'adressant aux Juifs hellenistes, qui
ne se servaient que des LXX, cite aussi le
passage d'apres celte) traduction, et I'appli-
que aux abaissements de J.-C. et a son Ele-
vation a la droite du Pere.
Tu Pas couronne de gloire, en le fai-
sant a ton image et a ta ressemblance,
prerogative d'ou ddcoule I'empire sur la
creation.
7. S. Paul (I Cor. xv, 27) applique Egale-
ment le second membre de ce verset k J.-C,
dans le sens ideal et prophetique.
-HIH—
* Hebr. 2, 7.
•^Gen. 1,28.
I Cor. ic,
26.
22 PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME IX.
IE Psaume est un chant de reconnaissance pour des vicfloires remportees sur les
,. ™_J: ennemis du dehors, <\ I'epoque oii I'arche reposait deja sur le mont Sion, peut-etre
ib^^l au retour de I'expedition contre les Syriens et les Philistins, ou apres la guerre
contra les Ammonites (11 Sam. xii, 31).
Dans I'hebreu, le Psaume ix finit avec le vers. 21, et les 18 versets qui suivent ferment
le Psaume x; mais les anciennes versions (LXX, Vulg., etc.) reunissent les 39 versets en
un Psaume unique. L'unite primitive du poeme parait indiquee par I'alphabetisme des
deux parties. Chaque lettre de I'alphabet, sauf plusieurs exceptions, commence deux ver-
sets, et la serie des lettres, non epuise'e dans la premiere partie, s'acheve dans la seconde.
Exorde, vers. 2-3; — recit de la vifloire remportee, vers. 4-1 1 ; — aiflion de grace,
vers. 12-21.
Ps. ix, lAU maitre de chant. Sur Pah- " Mort au fils. " Psaume de David.
2 Je louerai Jehovah de tout mon coeur,
Je raconterai tes merveilles.
3 Je me rejouirai et je tressaillerai en toi,
Je chanterai ton nom, 6 Tres-Haut.
4 Mes ennemis reculent;
II trebuchent et tombent devant ta face.
5 Car tu as pris en main mon droit et ma cause,
Tu t'es assis sur ton trone en juste juge.
6 Tu as chatid les nations, tu as fait perir I'impie;
Tu as efface leur nom pour toujours et ^ jamais.
7 L'ennemi est aneanti ! Des ruines pour toujours !
Des villes que tu as renversees !
Leur souvenir a disparu I
8 Mais Jehovah siege a jamais,
II a dresse son trone pour le jugement.
9 II juge le monde avec justice,
II juge les peuples avec droiture.
10 Jehovah est un refuge pour I'opprime,
Un refuge au temps de la detresse.
1 1 En toi se confient ceux qui connaissent ton nom;
Car tu ne delaisses pas ceux qui te cherchent, Jehovah.
12 Chantez h. Jehovah, qui reside en .Sion;
Publiez parmi les peuples ses hauts faits.
13 Car celui qui redemande le sang verse s'en est souvenu,
II n'a point oublie le cri des affligds.
14 " Aie pitie de moi, Jehovah, disaient-Us;
Vois I'afflirtion ou m'ont reduit mes ennemis,
Toi qui me retires des portes de la mort,
15 Afin que je puisse raconter toutes les louanges
Aux portes de la fille de Sion,
Tressaillir de joie a cause de ton salut."
16 Les nations sont tombdes dans la fosse qu'elles ont creusee;
Dans le lacet qu'elles ont cache s'est pris leur pied.
17 Jehovah s'est montre, il a exerce le jugement;
Dans I'ceuvre de ses mains il a enlac^ I'impie. — Higgaiotu Sela.
18 Les impies doivent retourner au sejour des morts,
Toutes les nations qui oublient Dieu.
PSAUME IX.
I. Mort au Jib., ou vieurs pour lejils: ces
mots designent probablement un chant
connu, sur I'air duquel le Psaume devait
etre chante. V\x\g.,potir les secrets du /ils,
les P&res I'entendent des mysteres du Fils
de Dieu.
3. Eti toi : Dieu est le fondement et la
cause de ma joie.
4. lis tri'bucJtent, ou qinls trebuchent, etc.
6, L'impie, les nations idolatres enne-
LIBER PSALMORUM,
23
iglS^SJtg^S-^^^^^^?^^^^^^^^?^^^?^
— -— PSALM US IX.
Celebratur potentia Dei qui impios
disperdit et pauperes tuetur.
I . In finem pro occultis filii, Psal-
mus David.
ONFITEBOR tibi Do-
mine in toto corde meo :
narrabo omnia mirabilia
tua. 3. Laetabor et exsul-
tabo in te : psallam nomini tuo Al-
tissime,
4.rnconvertendoinimicummeum
retrorsum : infirmabuntur, et per-
ibunt a facie tua. 5. Ouoniam fecisti
judicium meum et causam meam :
sedisti super thronum qui judicas
justitiam. 6. Increpasti gentes, et
periit impius : nomen eorum delesti
in aeternum et in saeculum saeculi.
7. Inimici defecerunt frameas in
finem : et civitates eorum destruxi-
sti. Periit memoria eorum cum so-
nitu :
8, Et Dominus in asternum per-
manet. Paravit in judicio thronum
suum : 9. et ipse judicabit orbem
terras in a^quitate, judicabit populos
in justitia. 10. Et factus est Domi-
nus refugium pauperi : adjutor in
opportunitatibus, in tribulatione.
II, Et sperent in te qui noverunt
nomen tuum : quoniam non dereli-
quisti quasrentes te Domine.
12. Psallite Domino, qui habitat
in Sion : annuntiate inter gentes
studia ejus : 13. quoniam requirens
sanguinem eorum recordatus est :
non est oblitus clamorem paupe-
rum. 14. Miserere mei Domine :
vide humilitatem meam de inimicis
meis. 15. Qui exaltas me de portis
mortis, ut annuntiem omnes lauda-
tiones tuas in portis filias Sion.
1 6. Exsultabo in salutari tuo : infixas
sunt gentes in interitu, quem fece-
runt. In laqueo isto, quem abscon-
derunt,comprehensusest pes eorum.
17. Cognoscetur Dominus judicia
faciens : in operibus manuum sua-
rum comprehensus est peccator.
18. Convertantur peccatores in in-
mies du peuple de Dieu, prises coIle(fli-
vement.
7. Vulgate : les epees de Vennemi sontpour
ioujours re'duites a Ptinpiiissance; tic as de-
truit letirs villesj leiir souvenir a disparu
avec eclat.
9. II jiige. Delitzsch traduit par le futur,
il jii^e7-a : les vers. 8 et 9 ouvriraient ainsi
une perspecflive sur le jugement final et uni-
versel.
10. Un refuge., litt. un fort bati sur quelque
rocher escarpe (II Sam. xxii, 3).
11. Ceux qui connaissent ton /win, les ma-
nifestations de ta puissance et de ta bonte.
Voy. viii, i.
12. E?i Sion, sur le mont Sion, oii etait
deposee I'arche, le trone terrestre de Jeho-
vah. — Tes hauts faits, Vulg., ses desseins
[studia ejus).
13. Car celui, dans le sens de : dites que
ce/iei, etc. — S'en est sou7'e?iu, s'est souvenu
du sang (Vulg., d^eux, des affliges du ver-
set 10) : d'apres la loi de Moise {Nombr.
XXXV, 12), quand un meurtre avait ete com-
mis, le plus proche parent de la viftime
avait le droit et meme le devoir de le ven-
ger dans le sang du meurtrier; on le desi-
gnait sous le nom de goel, c.-a-d. vengeur,
ou vengeur du sang : Dieu est le goel ou
vengeur du sang de toute I'humanite {Gen.
i-^. 5)-
15. Aux partes : en Orient, devant les
principales portes des villes se trouvait une
place ou les habitants se rcunissaient pour
les affaires, les jugements, etc.; c'etait
Vagora ou le forum des Grecs et des Ro-
mains. — La fiUe de Sioti : hebraisme, pour
signifier simplement la ville de Sion, Jeru-
salem.
Beai'.coup d'interpretes, au lieu de voir
dans les vers. 14-15 une priere adress^e a
Dieu avant la delivrance par les Israelites
opprimes (Delitzsch, Le Hir, etc.), y voient
une priere afluelle de David apres sa vic-
toire, demandant a Dieu d'achever son
ceuvre. Les verbes des vers. 16 et suiv. se-
raient alors traduits par le futur.
16. L'image est empruntee k la ehasse
des animaux feroces, que les anciens pre-
naient au moyen de fosses recouvertes de
branchages, ou de lacets habilement dissi-
mules.
17. Higgaion : indication musicale mar-
quant peut-etre un certain jeu des instru-
ments.
18. D'apres Delitzsch, ce verset ouvrirait
aussi une vue sur I'avenir : voy. la note du
vers. 9.
24
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
19 Car le malheureux n'est pas toujours oublie,
L'esperance des affiiges ne perit pas a jamais.
20 Leve-toi, Jdhovah ! Que I'homme ne triomphe pas!
Que les nations soient jugees devant ta face !
21 Frappe-les d'epouvante, Jehovah;
Que les peuples sachent qu'ils sent des hommes ! — Scla.
PSAUME X (VULG. ^.
E Psahniste se plaint c\ Dieu de ce qu'il semble deiaisser ses tideles, en butte aux
persecutions de I'impie puissant et oppresseur (vers, i-ii); il le prie avec instance
aj de leur venir en aide (12-15); sur d'etre exauce, il contemple d'avance les mechants
punis, les pauvres et les faibles delivres (16-18).
Sur I'auteur du Psaume et sa reunion dans la Vulgate avec le Ps. ix selon I'hebreu,
voyez le preambule de ce dernier Psaume.
A partir du Ps. x, il faut diminuer d'une unite le nombre marquant la s^rie des
Psaumes selon I'hebreu, pour avoir le Psaume correspondant selon la Vulgate.
1 POURQUOI, Jfhovah, te tiens-tu eloigne?
Pourquoi te couvres-tu les yeitx au temps de la detresse?
2 Pendant que le mediant s'enorgueillit, les malheureux se consument;
lis sont pris dans les intrigues qu'il a conques.
3 Car le mechant se glorifie de sa convoitise;
Le ravisseur maudit, mdprise Jehovah.
4 Dans son arrogance, le mechant dit : " II ne punit pas!
II n'y a pas de Dieu ! " Voila toutes ses pensees.
5 Ses voies ne cessent pas d'etre prosperes;
Tes jugements sont trop eleves pour qu'il s'en inquiete;
Tous ses adversaires, il les dissipe d'un souffle.
6 II dit dans son cceur : " Je ne serai pas ebranle,
Je suis pour toujours h, I'abri du malheur."
7 Sa bouche est pleine de maledidlion, de tromperie et de violence;
Sous sa langue est la malice et I'iniquite.
8 II se met en embuscade pres des hameaux;
Dans des lieux converts il assassine I'innocent;
Ses yeux epient I'homme sans defense.
9 11 est aux aguets dans le lieu convert, comme un lion dans son fourre;
II est aux aguets pour surprendre le pauvre;
II s'en saisit, en le tirant dans son filet.
10 II se courbe, il se baisse, et les malheureux tombent dans ses griffes.
11 II dit dans son coeur : " Dieu a oublie!
II a couvert sa face, il ne voit jamais rien."
12 Leve-toi, Jehovah; 6 Dieu, leve ta main !
N'oublie pas les affliges.
13 Pourquoi le mechant meprise-t-il Dieu?
Pourquoi dit-il en son cceur : " Tu ne punis pas?"
14 Tu as vv\ poiirtant ; car tu regardes la peine et la souffrance,
Pour prendre en main leur cause.
A toi s'abandonne le malheureux,
Tu viens en aide a I'orphelin.
15 Brise le bras du mechant;
L'impie, — si tu cherches son crime, ne le trouveras-tu pas?
16 Jehovah est roi a jamais et pour I'eternite,
Les nations sont exterminees de sa terre.
19. Desperance; Vulg., la patience, I'at-
tente patiente de la delivrance, ne sera pas
definitivement frustree.
20. Leve-toi : c'est le cri de Mo'ise, No)iibr.
X, 35-
21. Frappe-les d^epouvaiite, hebr. iiiorah
(Aquila, Theod.); les LXX et la Vulg. ont
lu iiiore/i : inipose-lettri/n dofleur, un maitre
qui leur apprenne qu'ils ne sont rien devant
Dieu.
LIBER PSALMORUM.
25
fernum, omnes gentes quae oblivi-
scLintur Deum. 1 9.Q_uoniam nop in
finem oblivio erit pauperis: patien-
tia pauperum non peribit in finem.
20. Exsurge Domine, non con-
fortetur homo : judicentur gentes in
conspectu tuo: 21. constitue Domi-
ne legislatorem super eos : ut sciant
gentes quoniam homines sunt.
Psalm. X. seciDidum HebrcBos.
I. Ut quid Domine recessisti
longe, despicis in opportunitatibus,
in tribulatione? 2. Dum superbit
impius, incenditur pauper : com-
prehenduntur in consiliis quibus
cogitant. 3. Quoniam laudatur pec-
cator in desideriis animas suas : et
iniquus benedicitur. 4. Exacerbavit
Dominum peccator, secundum mul-
titudinemirassuaenonquasret.5.Non
est Deus in conspectu ejus : inqui-
natas sunt vias illius in omni tem-
pore. Auferuntur judicia tua a facie
ejus : omniumi inimicorum suorum
dominabitur. 6. Dixit enim in corde
suo : Non movebor a generatione
«Supra5, in gcncrationem sine malo. 7. "Cu-
II. Infra 13, —
3 Rom. 3,
jus maledictione os plenum est, et
amaritudine, et dolo : sub lingua
ejus labor et dolor. 8. Sedet in insi-
diis cum divitibus in occultis, ut
interficiat innocentem. 9. Oculi ejus
in pauperem respiciunt : insidiatur
in abscondito, quasi leo in spelunca
sua. Insidiatur ut rapiat pauperem :
rapere pauperem dum attrahit eum.
10. In laqueo suo humiliabit eum,
inclinabit se, et cadet cum domina-
tus fuerit pauperum. 1 1. Dixit enim
in corde suo : Oblitus est Deus,
avertit faciem suam ne videat in
finem.
12. Exsurge Domine Deus, exal-
tetur manus tua : ne obliviscaris
pauperum. 13. Propter quid irrita-
vit impius Deum.^ dixit enim in
corde suo : Non requiret. 14. Vides,
quoniam tu laborem et dolorem
consideras : ut tradas eos in manus
tuas. Tibi derelictus est pauper :
orphano tu eris adjutor. 15. Contere
brachium peccatoris et maligni :
quasretur peccatum illius, et non
invenietur.
1 6. Dominus regnabit in asternum,
PSAUME X.
1. Te coiivres-tti les yeux, pour ne pas
voir la triste situation cle tes fideles; ou les
oreilles, pour ne pas entendre leurs plaintes.
Vulg., es-tu dedaigncux de tes fideles, sans
egard pour eux.
2. Se consument d'indignation, en voyant
la prosperite et I'insolence du mechant
(comp. Is. xiii, 18); d'autres, deperissent
dans leur misere et leur afflicftion.
3. Se glori/ie, au lieu d'en rougir; il est
fier de leur donner satisfaflion, comme s'il
n'avait ni Dieu ni maitre. — Le ravisseur,
Fhomme cupide. — Maudit, litt. bcnit Jeho-
vah., euphemisme cf. Ill Reg. xxi, 10. 13.
Job i, 5; ii, 5. Vulgate : on applavdit le pe-
cheur qui assoitvit ses desi/s pefvers, et le
vieclunit recoit des bt'nediflio)is.
4. // (Dieu) ne punii pas; litt. // ne re-
cherche pas le crime pour le punir.
5. Prosperes, litt. feniies, asstireesj elles
le menent surement au but qu'il poursuit.
— Z?'z/;/ souffle. Comp. ce passage de Plaute
{Mil. glor. I, i, 17) :
Cujus tu legiones ditflavisti spiritu
Quasi ventus folia.
Delitzsch traduit un peu autrement : il leur
donne un souffle : il souffle sur eux avec de-
dain, il ne s'en soucie pas.
La Vulg. s'ecarte d'une maniere notable
de I'hebr. dans les vers. 3-5 : " On glorifie
le pecheur pour ses convoitises, et I'impie
revolt des benedidlions. Le pecheur aigrit
de plus en plus le Seigneur; dans sa fureur
aveugle, il ne tient compte de rien; Dieu
n'est jamais present a sa pense'e.Ses voies en
tout temps sont pleines de corruption. Vos
jugements sont loin de son regard ; aussi
traite-t-il en despote tous ses ennemis. "
8. Pres des hanieaux ou aes villages;
Vulg. , avec les riches.
9. Le pauvre, ici, n'est pas I'homme denue
de biens, mais I'homme pacifique et doux,
aussi incapable decommettre I'injustice que
de la repousser. — Dans son fflet : a I'image
du lion succede celle du chasseur. Au ver-
set 10 reparaitra celle du lion.
10. // se courbe, etc. D'autres : e'crase, le
}nalheuretixs'affaisseet ionibedans sesgriffes.
11. II a couverl, Vulg. dcHourne.
14. Orphelin, ici, par synecdoche, celui qui
est prive de tout appui et secours humain.
16. Cette fin du Psaume rappelle le pre-
cedent (ix, 19 sv.), et vient a I'appui du sen-
timent qui regarde les deux comme une
26
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
17 Tu as entendu le desir des affliges, Jehovah;
Tu affermis leiir cceur, tu pretes une oieille attentive,
18 Pour lendre justice h ForpheHn et a I'opprime,
Afin que I'homme tiid de la terre cesse d'inspirer I'effroi.
rSAUME XI (VULG. X).
[CS^^Avid composa ce Psaume, soit pendant la persecution de Saiil, soit lorsqu'il etait
tC^J' 6"^o''^ ^ 1^ cour, mais deja I'objet de graves calomnies qui I'avaient rendu suspe<5\
irj^rjJi ou odieux au roi. A ceux qui lui conseillaient de sauver sa vie par la fuite, il repond
que toute sa confiance repose sur Dieu, qui chatie les mechants et recompense les justes.
Ps. xi. ^AU maitre de chant. De David.
En Jehovah je me confie;
Comment dites-vous a mon ame :
" Fuyez h votre montagne, co7iu)ie I'oiseau.
2 Car voici que les mechants bandent Tare,
lis ont ajuste leur fleche sur la corde,
Pour tirer dans I'ombre sur les hommes au coeur droit.
3 Quand les fondements sont renverse's,
Que peut faire le juste? "
4 Jehovah dans son saint temple,
Jehovah, qui a son trone dans les cieux, —
A les yeux ouverts,
Ses paupieres sondent les enfants des hommes.
5 Jehovah sonde le juste;
II hait le mechant et celui qui se plait a la violence.
6 11 fera pleuvoir sur les mechants des lacets ;
Feu, soufre et vent brulant sont la coupe qu'ils auront en partage.
7 Car le Seigneur est juste, il aime la justice;
Les hommes droits contempleront sa face.
PSAUME XII (VULG. Xl).
Avid se plaint h. Dieu de I'impiete et de la mauvaise foi qui regnent parmi les
hommes et lui demande de reprimer les mechants (vers. 2-6); le Seigneur repond
qu'il va en effet proteger les pauvres et les opprimes (vers. 6), et le Psalmiste,
appuye sur cette parole infaillible, se repose dans une douce et ferme confiance (7-9).
Ps. xii. ^AU maitre de chant. Sur I'oflave. Chant de David.
2 Sauve, Jehovah ! car les hommes pieux s'en vont,
Les fideles disparaissent d'entre les enfants des hommes.
3 On se dit des mensonges les uns aux autres;
On parle avec des levres flatteuses et un coeur double.
4 Que Jehovah retranche toutes les levres flatteuses,
La langue qui discourt avec jacflance,
5 Ceux qui disent : " Par notre langue nous sommes forts;
Nous avons avec nous nos levres : qui serait notre maitre? "
6 " A cause de I'oppression des afflig^s, du gemissement des pauvres,
Je veux maintenant me lever, dit Jehovah;
Je leur apporterai le salut apres lequel ils soupirent."
7 Les paroles de Jehovah sont des paroles pures,
Un argent fondu dans un creuset sur la terre,
Sept fois purifie.
seule et unique composition. — Les nations
paiennes. — De sa le>re d'lsracl, type de
son royaume celeste, ou les saints seront
seuls admis.
LIBER PSALMORUM.
27
et in sasculum saeculi : peribitis gen-
tes de terra illius. 17. Desiderium
pauperum exaudivit Dominus: prae-
parationem cordis eorum audivit
auris tua, 18. Judicare pupillo et
humili, lit non apponat ultra ma-
gnificare se homo super terram.
— :;:— PSALM US X. — =!:—
Animae in Deo confidentis securitas,
I, In finem, Psalmus David.
N Domino confido : quo-
modo dicitis animas meas :
Transmigra in montem
sicut passer? 3. Quoniam
ecce peccatores intenderunt arcum,
paraverunt sagittas suas in pharetra,
ut sagittent in obscuro rectos corde.
4. Quoniam qua^ perfecisti, destru-
xerunt : Justus autem quid fecit?
5. "Dominus in templo sancto
suo, Dominus in coelo sedes ejus :
Oculi ejus in pauperem respiciunt :
palpebras ejus interrogant filios ho-
minum. 6. Dominus interrogat ju-
stum et impium : qui autem diligit
iniquitatem, odit animam suam.
7. Pluet super peccatores laqueos :
ignis, et sulphur, et spiritus procel-
larum pars calicis eorum. 8. Quo-
niam Justus Dominus et justitias
dilexit : asquitatem vidit vultus ejus.
— *— PSALMUS XL — :::—
Oratio pro imploranda Dei ope
contra impios.
I. In finem pro octava, Psalmus
David.
ALVUM me fac Domine,
quoniam defecit sanctus :
quoniam diminutas sunt
veritates a filiis hominum.
3. Vana locuti sunt unusquisque ad
proximum suum : labia dolosa, in
corde et corde locuti sunt. 4. Dis-
perdat Dominus uni versa labia do-
losa, etiinguammagniloquam. 5. Qui
dixerunt : Linguam nostram ma-
gnificabimus, labia nostra a nobis
sunt, quis noster Dominus est?
6. Propter miseriam inopum, et
gemitum pauperum nunc exsurgam,
dicit Dominus. Ponam in salutari :
fiducialiter agam in eo.
7. "Eloquia Domini, eloquia ca-
sta : argentum igne examinatum,
" Prov. 30,
PSAUME XI.
I. A nion dine, a moi. — Fuyez : ce plu-
riel s'adresse a David et a ses compagnons.
— Voire inontaojie^ ou plus d'une fois deja
David avait trouvd un refuge. — L'oiseaie,
propr. le petit oiseau,le passereau. Plusieurs,
donnant a ce mot un sens coUedlif, tradui-
sent :fityez..., petiis oiseaux.
3. Les fo7tdements de la justice et meme
de la societe. — Le juste, que rien ne pro-
tege, n'a plus qu'a chercher son salut dans
la fuite.
Voici la reponse de la foi,
4. Notre tradu<51;ion reproduit exacflement
la marche assez peu r^guliere de la phrase
hebraique. — Soil saint temple du ciel.
5. Sonde, connait intimement, et par con-
sequent protege le juste. — // /lait, etc.;
Vulg., mats celui qui ainie Viniquite est
Venneini de son ante.
6. Allusion au chatiment qui detruisit
Sodome et Gomorrhe {Gett. xix, 24). —
Lacets, comme on en jette pour prendre les
animaux sauvages (conip. Job, xviii, 9 ;
xxi, 17; Prov. xxii, 5). Au lieu de pachim
plusieurs \\%txv\.pechani, c/iardons, hra\se, ce
qui va mieux avec le contexte. — Vent drit-
lant, le siinoun des Arabes. — ■ La coupe,
etc.; litt. la part de leur coupe, c.-k-d. leur
part ou leur partage. La figure est tiree de
i'usage oil etait le pere de famille de verser
a chacun dans une coupe sa part de boisson.
"J. Les hoinvies droits, etc. : cf. xvii, 15,
cxl, 14 (ht^br.) ou bien : sa face regardera
les Jionivies droits d'un regard d'amour et
de bienveillance. Vulg., son visage consi-
(iere Pequite.
PSAUME XII.
1. Voy. v, I,
2. Les hommes fideles; litt., les Jidelitcs;
Vulg. , les verites.
3. Ca'ur double ; comp. /acq. i, 8 ; Deut.
XXV, 13. ^
6. Apres lequel its soupirent. Vulg., et en
celaj'agirai avec une entiere liberie,
7. Pures de tout alliage de mensonge. —
Fondu dans le creuset ou le fou7'neau, d'ou
il se repand sur la terre ; Le Hir, eprouve
par les travaux de la terre, c.-k-d. de la
mine; d'autres autrement. Vulg., U7i argent
28
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
8 Toi, Jehovah, tu les garderas;
Tu les preserveras k jamais de cette generation,
9 Autour d'et/x les mdchants se promenent avec arrogance :
Autant ils s'elevent, autant seront hiimilies les enfants des hommes.
PSAUME XIII (VULG. XIl).
Ivement poursuivi par ses ennemis, probablement vers la fin de la persecution
de Saiil, David se plaint de I'oubli ou Dieu semble le laisser (vers. 1-3); il le con-
jure de liii venir en aide (4-5), et il exprime I'espoir de chanter bientot le cantique
de la delivrance (vers. 6).
xiii. 'AU maitre de chant. Chant de David.
2 Jiisques k quand, Jehovah, m'oublieras-tu toujours?
Jusques k quand me cacheras-tu ta face?
3 Jusques a quand mon ame formera-t-elle des projets,
Et chaque jour le chagrin remplira-il mon coeur?
Jusques a quand mon ennemi s'eldvera-t-il centre moi?
4 Regarde, reponds-moi, Jehovah mon Dieu !
Donne la lumiere a mes yeux,
Afin que je ne m'endorme pas dans la mort,
5 Afin que mon ennemi ne dise pas : '' Je I'ai vaincu! "
Et que mes adversaires ne se rejouissent pas en me voyant chanceler.
6 Moi, j'ai confiance en ta bonte;
Mon coeur tressaillira a cause de ton salut,
Je chanterai Jehovah pour le bien qu'il m'a fait.
PSAUME XIV (VULG. XIIl).
|Avid commence par faire le tableau de la corruption qui regne sur la terra
(vers. 1-3); puis il montre le souverain Juge pret k faire eclater sa vengeance sur
les mechants, persecuteurs des justes (4-6) ; il termine par une priere pour la deli-
vrance d' Israel (vers. 7).
Ce Psaume est identique au liiie, sauf quelques variantes. Tous deux nomment David
comme auteur, et la situation decrite convient assez bien, en effet, a la revoke d'Absalom.
Cependant, comme il est question de captivite tm. vers. 7, plusieurs critiques (D. Calmet,etc.)
rapportent la composition du Psaume au temps de la captivite de Babylone. Mais ce
verset peut s'entendre autrement, comme nous le verrons plus loin ; on peut d'ailleurs
supposer sans invraiseniblance qu'il aurait cte ajoute plus tard au chant prnnitif pour
I'adapter a une situation nouvelle.
S. Paul {Rom. iii, 12 sv.) cite k s premiers versets de ce Psaume pour montrer aux
Juifs qu'aucun d'eux n'avait pu etre justifie par la loi, puisque tous la transgressaient d'une
maniere si criante.
Ps. xiv. 'AU maitre de chant. De David.
L'insense dit dans son coeur : " II n'y a point de Dieu !
Les hommes sont corrompus, ils commeltent des adlions abominables;
II n'en est aucun qui fasse le bien.
2 Jehovah, du haut des cieux, regarde les fils de I'homme,
Pour voir s'il est quelqu'un de sage qui cherche Dieu.
3 Tous sont egards, tous sont pervertis;
II n'en est pas un qui fasse le bien.
Pas un seul !
4 Ont-ils a ce point perdu le sens, ceux qui commettent I'iniquite?
lis devorenl mon peuple comme ils mangent du pain;
Ils n'invoquent point Jehovah.
eprouve au feu.pmHJie de la terre, c.-a-d.
de ses scories.
8. Tu les garderas^ les opprimes du vers. 6.
Cette oc aeration d'hommes
Vulg., nous.
LIBER PSALMORUM.
29
probatum terras purgatum septu-
plum. 8. Tu Domine servabis nos :
et custodies nos a generatione hac
in aeternum 9. In circuitu impii
ambulant : secundum altitudmem
tuam multiplicasti filios hominum.
— :i:— PSALM US XII. — *—
Deprecatio aniiiice fidelis in tribulatione.
I. In finem, Psalmus David.
SQUEQUO Domine
oblivisceris me in finem?
Usquequo avertis faciem
tuam a me? 2. Quamdiu
ponam consilia in anima mea, dolo-
rem in corde meo per diem? 3. Us-
quequo exaltabitur inimicus meus
super me?
4. Respice, et exaudi me Domine
Deus meus. Illumina oculos meos
ne unquam obdormiam in morte :
5. ne quando dicat inimicus meus :
Prasvalui adversus eum. Qui tri-
bulant me, exsultabunt si motus
fuero :
6. Ego autem in misericordia tua
speravi. Exsultabit cor meum in sa-
lutari tuo : cantabo Domino qui
bona tribuit mihi : et psallam no-
mini Domini altissimi.
— :i:— PSALMUS XIII, — :i:—
Impiorum maliticC. Salus a Deo speranda.
I. In finem, Psalmus David.
IXIT insipiens in corde
suo : Non est Deus. Cor-
rupt! sunt, et abominabi-
les Facti sunt in studiis
suis : non est qui faciat bonum, non
est usque ad unum. 2. Dominus de
coelo prospexit super filios homi-
num, ut videat si est intelligens, aut
requirens Deum. 3. *Omnes decli-
naverunt, simul inutiles facti sunt :
non est qui faciat bonum, non est
usque ad unum.
Sepulcrum patens est guttur eo-
rum : linguis suis dolose agebant,
venenum aspidum sub labiis eorum.
Quorum os maledictione et amari-
tudine plenum est : veloces pedes
eorum ad efHindendum sanguinem.
Contritio et infelicitas in viis eorum,
et viam pacis non cognoverunt : non
est timor Dei ante oculos eorum.
" Infra 52,
I.
'' Rom. 3,
12, 13.
4.
Nonne cognoscent
omnes qui
cS^
corrompus et corrupteurs, la masse de la
generation pr^sente.
9. Autour d^eux, des justes; ou bien, dc
ions cotes. — Delitzschet d'autres traduisent
le 2e membre, tandis que la bassesse regne
parvii les en funis des /loninies. Le texte pa-
rait altere.
PSAUME XIII.
2. Jtisqiies a qiiand... tonjours, ou potir
toujotirs : I'epreuve a dte si longue, qu'il est
pies de desesperer, tout en esperant encore.
4. La liuniere a ines yeiix obscurcis par la
tristesse et la douleur. Cette lumiere vient
du visage favorable que Dieu tourne vers
ceux qu'il aime; elle leur apporte la joie, la
force et la vie.
6. De toti sahit, de la delivrance que tu
m'accorderas.
Les LXX et la Vulg. ajoutent : et je cele-
hrcrai le notn die Seigneur^ le Trh-Haiit,
emprunte peut-etre a Ps. vii, 1 8, ou a ix, 3.
PSAUME XIV.
I. Dans son cantr, le coeur est, pour les
Hdbreux, le siege de I'intelligence aussi bien
que de la volonte. // Ji'en est aiccun, parmi
les impies dont on vient de parler (S. Au-
gustin, S. Hilaire); a cote d'eux^ il y a la
race des justes (vers. 5), en si petit nombre
que le Psalmiste semble ici les perdre de
vue.
3. Comp. Is. Ixiv, b\Jer. v, i. Pervertis,
Vulg. inutiles : en hdbr. les id^es de me-
chancet(f et d'inutilite sont connexes; le
juste seul porte du fruit {Ps. i, 3).
La Vulgate insere ici trois versets que
S. Paul cite a la suite du'vers. 3, et qu'il
emprunte a d'autres passages de I'Ecriture
(voy. Rom. iii, 13-18); ils ne figurent pas
dans le Ps. liii; leur presence dans le Ps. xiv
est due a une inadvertance de copiste. Les
voici : " Leur gosier est un sepulcre ouvert;
ils se servent de leurs langues pour trom-
per; un venin d'aspic est sous leurs levres.
Leur bouche est pleine de male'dicflion et
d'amertume; ils ont les pieds agiles pour
repandre le sang. L'affli(nion et le malheur
sont dans leurs voies; ils ne connaissent pas
le chemin de la paix; la crainte du Seigneur
n'est pas devant leurs yeux."
30
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
5 lis trembleront tout h. coup d'^pouvante,
Car le Seigneur est au milieu de la race juste.
6 Essayez de confondre les projets du malheureux!
C'es/ en vain, car le Seigneur est son refuge.
7 Oh! puisse venir de Sion la delivrance d'Israel!
Ouand Jehovah ramenera les captifs de son peuple,
Jacob sera dans la joie, Israel dans I'all^gresse.
PSAUME XV (VULG. XIV).
Orsque David fit transporter I'arche sur le mont Sion (II Sam. vi, i6 sv.), 11 com-
posa pour la circonstance le Ps. xxiv. Le Ps. xv dut etre compost a la meme occa-
sion, ou du moins peu de temps apres, car il a beaucoup de rapport avec ce
dernier (voy. surtout le verset 4). David y enseigne ce cjue doivent etre les vrais serviteurs
de Dieu, pour etre admis a se presenter devant son tabernacle, sur sa montagne sainte,
et pour avoir droit a sa protedtion. C'est un abrege de la morale de I'Ancien Testament;
le prophete Isaie en donne une magnifique variante (ch. xxxiii, 13-16), et I'epitre de saint
Jacques en est comme le commentaire. — Sion et le tabernacle sont la figure de I'Eglise
de la terre et du sandluaire du ciel.
Ps. XV.
1 PSAUME de David.
Jehovah, qui habitera dans ta tente?
Qui demeurera sur ta montagne sainte? —
2 Celui qui marche dans I'innocence, qui pratique la justice,
Et qui dit la verite dans son coeur.
3 II ne calomnie point avec sa langue,
II ne fait point de mal h. son frere,
Et ne jette point I'opprobre sur son prochain.
4 A ses yeux le reprouve est digne de honte,
Mais il honore ceux qui craignent Jehovah.
S'il a fait un serment k son prejudice, il n'y change rien.
5 II ne prete point son argent a usure,
Et il n'accepte pas de present contre I'innocent : —
Celui qui se conduit ainsi ne chancellera jamais.
PSAUME XVI (VULG. XV).
[vS^^Avid composa ce cantique probablement pendant la persecution de Saiil, alors qu'il
|S-^^j etait r^duit h, vivre sur une terre etrangere, entoure d'idolatres (I Sam. xxvi, 19;
Ik^^I XXX, I.) II conjure le Seigneur de le sauver de la mort. Jehovah est son Dieu
il n'a d'affecflion que pour lui et pour ses saints qui habitent le pays d'Israel (vers. 1-6).
Dans la confiance que lui donne son union avec Dieu, il tressaille de joie, sentant qu'il n'a
pas a craindre le tombeau et que des d^lices sans fin lui sont reservees devant la face
du Seigneur (7-1 1).
Le caracftere messianique du Psaume est indubitable pour quiconque reconnait I'auto-
rite du Nouveau Testament. En effet, S. Pierre et S. Paul, au livre des Acfles (ii,25;
xiii, 35 sv.) I'expliquent de la mort et de la resurredion de Jesus-Christ, et la tradition
catholique I'a toujours entendu en ce sens. Ce n'est done pas seulement en son propre
nom, c'est aussi au nom du Messie que parle le Psalmiste, bien qu'il se serve d'expressions
et d'images empruntees aux circonstances de sa propre vie. Mais ces expressions memes
ont une portee qui depasse la personne de David ; elles n'ont eu leur parfaite realisation
qu'en la personne du Christ, a la fois fils de David et fils de Dieu, dont I'ame n'a pas ete
laissee au pouvoir du scheol, et dont la chair n'a pas connu la corruption du tombeau.
Toutefois la prophetie s'accomplira aussi en David ; non seulement il sera preserve de la
mort jusqu'a ce qu'il ait acheve de remplir sa mission providentielle; mais un jour, par les
merites du Christ, il sera tire du sombre sejour et admis a la veritable vie.
L'Eglise fait usage de ce Psaume dans I'office du Samedi-Saint ; elle I'applique egale-
ment a ceux qui, en entrant dans la clericature, prennent le Seigneur pour la part de leur
heritage (vers. 5-6).
LIBER PSALMORUxM.
31
operantur iniquitatem, qui devorant
plebem meam sicut escam panis?
5. Dominum non invocaverunt, illic
trepidaverunt timore, ubi non erat
timor. 6. Quoniam Dominus in ge-
neratione justa est, consilium inopis
confudistis : quoniam Dominus spes
ejus est.
7. Ouis dabit ex Sion salutare
Israel? cum averterit Dominus ca-
ptivitatem plebis suae, exsultabit
Jacob, et lastabitur Israel.
— :i:— PSALM US XIV. — ^i^—
Oueenam virtutes ad Deum perducant.
1. Psalmus David.
OMINE quis habitabit in
tabernaculo tuo? aut quis
requiescet in monte sancto
tuo?
2. yui ingreditur sine macula, et
operatur justitiam : 3. qui loquitur
veritatem in corde suo, qui non egit
dolum in lingua sua : nee fecit pro-
ximo suo malum, et opprobrium
non accepit ad versus proximos suos.
4. x^d nihilum deductus est in con-
spectu ejus malignus : timentes au-
tem Dominum glorificat : qui jurat
proximo suo, et non decipit, 5, qui
pecuniam suam non dedit ad usu-
ram, et munera super innocentem
non accepit : qui facit hasc, non mo-
vebitur in asternum.
— :i:— PSALMUS XV. — :;:—
Justus invocat Deum partem hereditatis
suae; resurrecflionem sperat.
I. Tituli inscriptio ipsi David.
JONSERVA me Domine,
quoniam speravi in te.
2. Dixi Domino : Deus
meus es tu, quoniam bo-
norum meorum non eges. 3. San-
5. I/s trembler out tout a coup, litt. la lis
trembleront. — Uepouvante: la Vulg. ajoute,
la on il ny avail pas de cause iVepotivante.
7. De Sion : Sion avait ete longtemps le
san(fluaire ou siegeait Jehovah comme roi
de son peuple, et le centre de son acflion en
faveur d'Israel. A Tepoque de la captivite,
le temple etait detruit de fond en comble ;
neanmoins les exiles esperent toujours que
leur delivrance viendra de Sion, non en ce
sens que Jehovah continuerait d'en habiter
les ruines, mais parce que le moment de cette
delivrance devait etre celui de la recons-
tru(5\ion de I'ancien sandluaire. Comp. Da/i.
vi, 10; Is. Ixvi, 6. — Qieand Jehovah raine-
nera les captifs, litt. la captivite'. Hengsten-
berg et d'autres donnent a ce dernier mot
le sens figure de malheur, infortune, qu'il a
quelquefois, par ex. Job, xlii, 10; Ezech.
xv'> 53) et traduisent, quand JehovaJi fera
revefiir (litt. tourner), c.-a-d. cesser, le tiial-
heur de son peuple; cette interpretation ad-
mise, le vers. 7 appartiendrait au Psaume
primitif.
PSAUME XV.
I. Dans ta tente, la tente sacree, le taber-
nacle contenant I'arche d'alliance. — Habi-
tera... devieurera : ces verbes marquent un
etat durable, I'etat de ceux que S. Paul ap-
pelle doniestici Dei, qui font partie de la
maison de Dieu, etant unis a lui par la grace
sandlifiante.
4. Le reprouve, le mechant que Dieu re-
jette : quels que soient ses talents, ses ri-
chesses et sa puissance, le juste le tient pour
me'prisable. Delitzsch prefere I'ancienne in-
terpretation des rabbins : il se deplatt a ses
propres yeux, il se regarde comme digne de
honte, c.-a-d., le juste n'a aucune estime
pour lui-meme. Comp. II Sain, vi, 22 et
Ps. cxxxi. — Un sernient : voy. Lev. v, 4-6;
xxvii, 10. Vulg., il Jait serineftt a son pro-
chain, et ne trompe point.
5. A nsure {E.xod. xxii, 25; Lei', xxv, 37;
Deuf. xxiii, 20) : la loi de Moise defendait
de preter de I'argent a un Israelite centre
un interet. Point d'entreprises commerciales
ayant besoin de capitaux; les pauvres seuls
empruntaient; c'eut ete aggraver leur misere
et blesser la charite que de leur demander
un interet. — De present {E.xod. xxiii, 8;
Dent, xvi, 19) contre Pinnocent, de maniere
a ce que, juge inique, il donne gain de
cause au coupable et condamne I'innocent.
Comp. II Par. xix, 6 sv.
PSAUME XVI.
I. Hynine, hebr. 7nikthani. On n'est pas
d'accord sur la signification de ce mot, qui
se trouve encore dans les titres des Ps. Ivi-lx.
La traducftion des LXX, suivie par la Vul-
gate, Inscription nionuinentale, semblerait
indiquer un poeme destine a etre grave, en
tout ou en partie, sur une stele ou un autre
monument, ou bien peut-etre ecrit en eftet
sur quelque muraille du palais de David.
32
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
XVI.
iHYMNE de David.
2 Je dis ^ Jehovah : " Tu es mon Seigneur,
Toi seul es mon bien.''
3 Les saints qui sont dans le pays,
Ces illusties, sont I'objet de toute mon affedlion.
4 On miiltiplie les idoles, on court apres les dieux etrangers;
Je ne repandrai point leurs libations de sang,
Je ne mettiai pas Icurs noms sur mes levres.
5 Jehovah est la part de mon heritage et de ma coupe,
C'est toi qui m'assures mon lot.
6 Le cordeau a mesure pour moi une portion delicieuse;
Oui, un splendide heritage m'est echu.
7 Je benis Jehovah qui m'a conseille;
La nuit meme, mes reins m'avertissent.
8 Je mets Jehovah constamment sous mes yeux,
Car il est k ma droite : je ne chancellerai point.
9 Aussi mon coeur est dans la joie, mon ame dans I'alle'gresse,
Mon corps lui-meme repose en securite.
10 Car tu ne livreras pas mon ame au sejour des morts,
Tu ne permettras pas que celui qui t'aime voie la corruption.
11 Tu me feras connaitre le sentier de la vie;
II y a plenitude de joie devant ta face,
Des delices dternelles dans ta droite.
PSAUME XVII (VULG. XVl).
^^pE Psaume ofFre une grande analogic avec le precedent et appartient a la meme
E«L.«i ^^pQqyg Comme le titre I'indique, il consiste en une pricre adressee au Seigneur
gj^^i par David. Trois pensees le partagent : justice du Psalmiste (vers. 1-5); que Dieu
le sauve de ses ennemis (6-12); que les mechants soient punis et le juste delivre (13-15). —
Dans le sens spirituel, David represente le Sauveur persecute par les Juifs, I'Eglise et les
justes en butte a la mechancete des impies.
Ps. xvii. IPRIERE de David.
Jehovah, entends la justice,
Ecoute mon cri;
Prete I'oreille a ma priere
Qui n'est t^tks proferce par des levres trompeuses.
2 Que mon jugement sorte de ta face,
Que tes yeux regardent I'equite !
3 Tu as eprouve mon coeur, tu I'as visite la nuit,
Tu m'as mis dans le creuset : tu ne trouves rien.
Avec ma pensee ma bouche n'est pas en desaccord.
4 Quant aux acflions de I'liomme, fidele a la parole de tes levres,
J'ai pris garde aux voies des violents.
5 Mes pas se sont attaches a tes sentiers,
Et mes pieds n'ont pas chancel^.
2. Toi seul es ino7t bien, ou tu es mon sou-
veraifi bien; litt., mon bien n^est pas au-
dessus ou a cote de toi. Vulg. , tu n\xs pas
besoin de Dies biens.
3. Les saints J litt. quant aux saints...,
its, etc. ; ou bien avec Delitzsch : et (j'ai dit)
aux saints, etc. Ces saints, ces illustres,
sont les notables d'Israel, a qui David, avant
de rdgner, envoyaplusieurs fois des presents
(I Sam. xxx, 26). \'ulgate, c'est cnvcfs les
saints qui sont dans le pays qu''il tn'a donne
de signaler ma liberalite.
4. Autour de moi, sur la terre etrangcre.
on miiltiplie, etc. D'autres, midtipliees se-
ront les douleurs de ceux qui courent apres
d\iutres dieux, ou bien acJietent d'autres
dieux, hebr. ma/iarou : c'est le \erbe dont
se sert Moise pour designer Tacquisition
d'une epouse moyennant une somme d'ar-
gent (hebr. nio/iar) payee au pere {Hxod.
xxii, 15). — Libations de .yti«^''humain, selon
I'usage des peuplades idolatres au milieu
desquelies David s'elait refugie. Delitzsch :
je ne repandrai pas comme eux des libations
avec des mains souillees de sang, de meur-
tres. — Leurs noms, le nom des idoles.
LIBER PSALMORUM
33
ctis, qui sunt in terra ejus, mirifica-
vit omnes voluntates meas in eis.
4. Multiplicatae sunt infirmitates
eorum : postea acceleraverunt. Non
congregabo conventicula eorum de
sanguinibus : nee memor ero nomi-
num eorum per labia mea. 5. Domi-
nus pars hereditatis meas, et calicis
mei : tu es, qui restitues hereditatem
meam mihi. 6. Funes ceciderunt
mihi in pr^claris : etenim hereditas
mea prasclara est mihi.
7. Benedicam Dominum, qui tri-
buit mihi intellectum : insuper et
usque ad noctem increpuerunt me
renes mei. 8. "Providebam Domi-
num in conspectu meo semper : quo-
niam a dextris est mihi, ne commo-
vear. 9. Propter hoc Istatum est
cor meum, et exsultavit lingua mea :
insuper et caro mea requiescet in
spe. 10. ^Quoniam non derelinques
animam meam in inferno : nee da-
bis sanctum tuum videre corruptio-
nem. Notas mihi fecisti vias vitas.
adimplebis me laetitia cum vultu
tuo : delectationes in dextera tua
usque in finem.
— :l:— PSALM US XVL — =>—
Justus ab inimicis liberari poscit;
sperat beatitudinem.
Oratio David.
KAUDI Domine justi-
tiam meam : intende de-
precationem meam. Auri-
bus percipe orationem
meam, non in labiis dolosis. 2. De
vultu tuo judicium meum prodeat :
oculi tui videant aequitates. 3. Pro-
basti cor meum, et visitasti nocte :
igne me examinasti, et non est in-
venta in me iniquitas. 4. Ut non
loquatur os meum opera hominum :
propter verba labiorum tuorum ego
custodivi vias duras. 5. Perfice gres-
sus meos in semitis tuis : ut non
moveantur vestigia mea.
5. Ma cojipc : voy. xi, 6. — (lui vC assures
nton lot, qui me donnes un lot assure, que
je ne saurais perdre. En qualite de chef de
la theocratic ot comme type de celui qui
sera oint pretre roi et Seigneur de tous,
David reclame pour lui I'heritage d'Aaron
et de ses descendants {Noinbr. xviii, 20).
7. Qui m'a conseille; Vulg., qici rnhi dotme
rintellig£7tce,<\\x\ m'a fait comprendre lavani-
te des idole5,etc. — Ales reius, siege des affec-
tions et du sentiment, iiiavertissetit, m'ex-
hortent a la louange et a I'acflion de graces.
8. Car il est ; ou bien avec la Vulg. : puis-
qti'tl est a ma droit e^je ne chancellerai poitit.
9. Mon dine, litt. ma gloire : voy. vii, 6;
Vulg., ma langiie.
10. Ate scjotir des morts, au scheol (voy.
vi, 6), considere surtout comme puissance :
au pouvoir du scheol; Vulg., dans Venfer.
Cest la que, apres sa passion, I'ame du Sau-
veurdescendit pour annoncerleur delivrance
aux ames des justes de I'ancienne Loi : voy.
A£l. ii, 24 sv. — Celui qui faiine, litt. ton
pieur, Vulg. ton saint. — La corruption du
tombeau. Le mot hebr. signifie a la fois cor-
ruption et fosse, la fosse du tombeau oil tout
se corrompt : voy. A^. xiii, 35 sv., ou S. Paul,
s'attachant au sens stridl des expressions,
qui ne peuvent s'appliquer dans toute leur
etendue a David, voit la une prophetic dc
la resurredlion du Sauveur.
1 1. Tu me feras connaitre, d'unc connais-
sance d'expei-ience, en m'y faisant marcher,
le setilier qui conduit a la vie, a la resurrec-
tion glorieuse. — Devant, litt. avec ta face :
ces paroles marquent une union intimc avec
Dieu, source de cet ineffable bonheur :
comp. iv, 7. Vulg., tu me rempliras de joie
avec ton visage.
PSAUME XVII.
1. Entends la justice, la cause juste, le
bon droit, et fais-le triompher : la justice en
general, et specialement celle de David. Le
Psalmiste entcnd par la, non I'absence ab-
solue de tout peche, mais la sincerite et la
droiture, soit dans sa piete envers Dicu,
soit dans ses relations avec les hommcs,
par ex. avec Saiil.
2. Que monjugement, etc. : que mon inno-
cence soit en quelque sorte proclamee par ta
bouche et apparaissc aux yeux de tous par
Ic secours vicflorieux que tu m'accorderas.
4. Quant a ce qui est de la manierc com-
mune d'agir de I'homme, de I'homme natu-
rel, ne dans Ic peche et incline au mal {Gen.
viii, 21. Qoxivi^. Job, xxxi, '^'^•, Oscc, vi, 10),
etc. — Fidele a la parole, litt. sur la parole,
appuye sur ce fondement, a cause de ta pa-
role. — J\ii pris garde, pour les eviter, aux
voies des violents, des hommes de violence
et de meurtre.
LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
34
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
6 Je t'invoque, car tii m'exauces, 6 Dieu;
Incline vers moi ton oreille, ecoute ma priere.
7 Signale ta bonte, toi qui sauves ceux qui se refugient
Dans ta droite contra leurs adversaires.
8 Garde-moi comma la prunelle de I'reil;
A I'ombre de tes ailes mets-moi a convert
9 Des impies qui me persecutent,
Des ennemis mortels qui m'entourent.
10 lis ferment leurs entrai lies a A«////V',
lis ont a la bouche des paroles hautaines.
11 lis sont sur nos pas, ils nous entourent,
lis nous ^pient pour nous renverser par terra.
12 On dirait un lion avide de devorer,
Un lionceau campe dans son fourre.
13 Leve-toi, Jehovah, marche a sa rencontre, terrasse-le,
Delivre mon ame du mechant par ton glaive;
14 Des liommes par ta main, de ces hommes du siecle
Dont la part est dans la \'\& prcse7!fe,
Dont tu remplis le ventre de tes tresors,
Qui sont rassasies de fils,
Et laissent leur superflu a leurs petits-fils.
15 Pour moi, dans mon innocence je contemplerai ta face;
A mon reveil, je me rassasierai de ton image.
Ps. xviii.
PSAUME XVIII (VULG. XVIl).
SjE Psaume est un cantique d'acflion de graces, compose par David apres la soumis-
I sion complete de ses ennemis exterieurs, ainsi que des partisans de la famille de
Saiil. L'auteur du second livre de Samuel I'a insdrd dans son recit (ch. xxii), mais
avec des variantes assez nombreuses. Quoiqu'il figure dans ce livre a la fin du regne de
David, on lui assigne generalement une date anterieure h, la revoke d'Absalom; la periode
decrite II Sam. vii-ix est celle qui parait le mieux lui convenir. On peut I'analyser ainsi :
Exorde (vers. 2-4) : louange ^ Jdhovah, liberateur de David. I'''^ Pariic (5-8) : a) peinture
de la delivrance sous I'image d'une th^ophanie, c.-a-d. d'une apparition extraordinaire de
Jehovah (5-20); b) raison de la delivrance (21-28). Ih Partie (29-46) : puissant secours que
David a regu de Jehovah pour combattre viclorieusement les ennemis d'Isracl. Conclusion
(47-51) : louange a Jehovah.
Ce cantique est Tun des plus beaux du Psautier au point de vue litteraire. D'apres
le P. Berthier on y trouve des traits et des expressions qui depassent les vicfloires de
David et qui ne conviennent qu'au triomphe du Messie, etendant son empire sur toutes
les nations. Comp. Rom. xv, 9.
^AU maitre de chant. Psaume du servitenr de Jehovah, de David, qui adresse
a Jehovah les paroles de ce cantique, lorsque Jehovah I'eut delivre de la main de tons
ses ennemis et de la main de Saiil. -II dit :
Je t'aime, Jehovah ma force !
3 Jehovah mon rocher, ma forteresse, mon liberateur,
Mon Dieu, mon roc ou je trouve un abri,
Mon bouclier, la corne de mon salut, ma citadellel
4 J'invoque Jehovah, digne objet de louange,
Et je suis delivre de mes ennemis.
5 Les liens de la mort m'environnaient,
Les torrents de la destrucilion me remplissaient d'epouvante,
6 Les liens du scheol m'entouraient,
Les filets de la mort etaient tombes sur moi.
7 Dans ma detresse, j'ai invoque Jehovah,
J'ai crie vers mon Dieu;
10. Leurs entrailles, litt. leur gratsse,
omentum^ la membrane avec la graisse qui
recouvre les intestins. Cela d^signe ici le
siege des emotions et des sentiments.
LIBER PSALMORUM.
35
6. Ego clamavi, quoniam exau-
disti me Deus : inclina aurem tuam
mihi, et exaudi verba mea. 7. Miri-
fica misericordias tuas, qui salvos
facis sperantes in te. 8. A resisten-
tibus dexteras tuas custodi me, ut
pupillam oculi. Sub umbra alarum
tuarum protege me : 9. a facie im-
piorum qui me afflixerunt. Inimici
mei animam meam circumdederunt,
10. adipem suum concluserunt : os
eorum locutum est superbiam.
1 1. Projicientes me nunc circum-
dederunt me : oculos suos statue-
runt declinare in terram, 12. Susce-
perunt me sicut leo paratus ad pras-
dam : et sicut catulus leonis habi-
tans in abditis.
13. Exsurge Domine, pr^veni
eum,et supplanta eum : eripe animam
meam ab impio, frameam tuam
14. Ab inimicis manus tuas. Domi-
ne a paucis de terra divide eos in
vita eorum : de absconditis tuis ad-
impletus est venter eorum. Saturati
sunt filiis : et dimiserunt reliquias
suas parvulis suis. 15. Ego autem
in justitia apparebo conspectui tuo :
satiabor cum apparuerit gloria tua.
— :;:— PSALMUS XVII. ~:i:—
Gratiarum a6lio pro liberatione
ab inimicis.
I . /;/ finem puero Domini David,
qui locutus est Domino verba cantici
/iitjus, in die, qua eripuit eum Domi-
ujis de mamt omnium inimicorum
ejus, et de nianu Saul, et dixit :
ii Reg. 22, 2.)
ILIGAM te Domine for-
titudo mea : 3. Dominus
firmamentum meum, et
refugium meum, et libe-
rator meus. "Deus meus adjutor
meus, et sperabo in eum. Protector
meus, et cornu salutis meas, et sus-
ceptor meus. 4. Laudans invocabo
Dominum : et ab inimicis meis sal-
vus ero.
5. Circumdederunt me dolores
mortis: et torrentes iniquitatis con-
turbaverunt me. 6. Dolores inferni
circumdederunt me : praeoccupave-
runt me laquei mortis. 7. In tribu-
latione mea invocavi Dominum, et
ad Deum meum clamavi : et exau-
" Hebr. 2,
^3-
II. lis nous entourent; ou bien, d'apres le
chetib, Us m'entourent.
14. Dont la part, dont les aspirations ne
depassent pas les biens de cette vie terres-
tre, et qui jouissent en effet de ces biens,
que Dieu donne indifferemment aux bons
et aux mediants (comp. Luc, xvi, 8, 25). —
Qui sont rassasies de fits, en ont un grand
nombre; ou bien, dont les fits sont rassasies,
heritent de grandes richesses. Comp. yc^,
xxii, 18.
15. A moti reveil :\ts Peres I'ont toujours
entendu du reveil qui suit la mort du juste,
admis a la bienheureuse contemplation de
la vision divine. — Ton image ou ta figure
(Vulg., ta gloire), c.-a-d. de ton Verbe,
''reflet de la gloire, empreinte de la subs-
tance du Pere." Hebr. i, 3.
PSAUME XVIII.
I. Serviteur de Dieu, qui a " servi le con-
seil de Dieu, " comme I'explique S. Paul
{Ad. xiii, 36), c.-a-d. qui a etd entre les
mains de Dieu un fidele instrument de ses
desseins, comme Moise et Josue, les seuls
avant lui qui aient ete honores de cette ap-
pellation. — De la main de Saiil, et, apres
sa mort, de I'opposition suscitee par les par-
tisans de sa famille.
3. La come de mon salut, la force qui m'a
sauve : image empruntee aux animaux pour-
vus de cornes pour leur defense. — Cita-
delle, propr. hauteur fortifiee : la plupart de
ces expressions sont tirees de la nature du
sol en Palestine, ou des rochers et des ca-
vernes sans nombre servent d'asile aux fugi-
tifs et aux persecutes.
4. Digne objet de louange, laudalilem,
comme la Vulg. a bien traduit II Sam.
xxii, 4; ici elle met a tort laudans.
5. Les liens de la mort : la mort, et plus
loin le scheol, lieu des ames des trepasses
(vers. 6), sont represent^s comme des puis-
sances mysterieuses se servant comme ins-
truments des ennemis de David. Vulg., les
douletcrs de la mort : le mot hdbr. a aussi
ce sens, mais I'autre est preferable ici. —
Les torrents de la destrudion, qui entrainent
dans la destrucflion et la mine; litt. de belial,
que Ton peut aussi traduire, avec la Vulgate,
de Viniquite, c.-k-d. des hommes pervers
qui en voulaient a ma vie.
7. De son palais, ou de son temple, du ciel,
d'oili il va descendre (vers. 10),
36
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
De son palais il a entendu ma voix,
Et mon cri devant lui est arrive a ses oreilles.
8 Et la terre fut ebranlee et elle cliancela,
Les fondements des montagnes tremblerent,
Et ils furent ebranles, parce qu'il etait en courroux.
9 La fum^e montait de ses narines,
Un feu devorant sortait de sa bouche,
De lui jaillissaient des charbons ardents.
10 II a abaisse les cieux, et il est descendu;
Une nuee epaisse etait sous ses pieds.
11 Porte sur le cherubin, il a pris son essor;
II planait sur les ailes du vent.
12 Les te'nebres I'enveloppaient comme un manteau; sa tente autour de lui,
Ceiaiefii des eaux obscures et de sombres nuages.
13 De la splendeur qui I'entourait s'elancerent ses nuees,
Portant la grele et les charbons ardents.
14 Jehovah a tonne dans les cieux,
Le Tres-Haut a fait retentir sa voix :
Grele et charbons ardents !
15 II a envoye ses fleches et disperse mes ennemis;
II a lance ses foudres et les a mis en deroute.
16 Alors le lit des eaux apparut,
Les fondements de la terre furent decouverts,
A ta menace, Jehovah,
Au souffle impetueux de tes narines.
17 D'en haut, il a etendu sa main, il m'a pris,
II m'a retire des grandes eaux.
18 II m'a delivre de mon terrible adversaire,
De mes ennemis qui ^taient plus forts que moi.
19 lis m'avaient surpris au jour de ma detresse;
Mais Jehovah a ete mon soutien.
20 II m'a mis au large,
11 m'a sauve, parce qu'il s'est complu en moi.
21 Jehovah m'a traite selon ma justice,
II m'a rendu selon la purete de mes mains.
22 Car j'ai observe les voies de Jehovah,
Et je n'ai rien fait d'impie qui m'^loignat de mon Dieu.
23 Toutes ses lois etaient devant mes yeux
Et je n'ai point rejete loin de moi ses preceptes.
24 J'ai ete sans reproche envers lui,
Et je me suis tenu en garde contre mon iniquite.
25 Aussi Jehovah m'a rendu selon ma justice,
Selon la purete de mes mains devant ses yeux,
26 Avec celui qui est pieux tu te montres pie'ux,
Avec I'homme integre tu agis avec integrite;
27 Avec celui qui es pur tu te montres pur,
Et avec le pervers tu te fais pervers.
28 Car tu sauves le peuple qu'on opprime,
Et tu abaisses les regards hautains.
?9 Oui, tu fais briller mon flambeau;
Jehovah, mon Dieu, illumine mes tenebres !
30 Par toi je cours sur la troupe en armes,
Par mon Dieu je franchis la muraille.
10. Une mice epaisse qui reccle la foudre,
et annonce aux ennemis de Dieu et de son
christ (oint) I'approchedu chatiment. Comp.
Nahiiin. i, 3.
II. Le cherubin., pris coIle(flivement. Les
chdrubins sont des esprits celestes qui ac-
compagnent Jehovah dans les manifesta-
tions de sa puissance. Ils nous apparaissent
LIBER PSALMORUM.
37
divit de templo sancto suo vocem
meam : et clamor meus in conspectu
ejus, introivit in aures ejus.
8. Commota est, et contremuit
terra : fundamenta montium con-
turbata sunt, et commota sunt,
quoniam iratus est eis. 9. Ascen-
dit fumus in ira ejus : et ignis a
facie ejus exarsit : carbones suc-
censi sunt ab eo. 10. Inclinavit
coelos, et descendit : et caligo sub
pedibus ejus.
1 1. Et ascendit super Cherubim,
et volavit : volavit super pennas
ventorum. 12. Et posuit tenebras
latibulum suum, in circuitu ejus
tabernaculum ejus : tenebrcsa aqua
in nubibus aeris. 13. Prae fulgore in
conspectu ejus nubes transierunt,
grando et carbones ignis. 14. Et
intonuit de coelo Dominus, et Altis-
simus dedit vocem suam : grando
et carbones ignis. 15. Et misit sa-
gittas suas, et dissipavit eos : fulgu-
ra multiplicavit, et conturbavit eos.
16. Et apparuerunt fontes aqua-
rum, et revelata sunt fundamenta
orbis terrarum : ab increpatione
tua Domine, ab inspiratione spiri-
tus irae tuas.
17. Misit de summo, et accepit
me : et assumpsit me de aquis mul-
tis. 1 8. Eripuit me de inimicis meis
fortissimis, et ab his qui oderunt
me : quoniam confortati sunt super
me. I 9. Prasvenerunt me in die affli-
ctionis meae: et factus est Dominus
protector meus. 20. Et eduxit me
in latitudinem : salvum me fecit,
quoniam vokiit me.
21. Et retribuet mihi Dominus
secundum justitiam meam, et secun-
dum puritatem manuum mearum
retribuet mihi : 22. Quia custodivi
vias Domini, nee impie gessi a Deo
meo. 23. Quoniam omnia judicia
ejus in conspectu meo : et justitias
ejus non repuU a me. 24. Et ero
immaculatus cum eo : et observabo
me ab iniquitate mea. 25. Et retri-
buet mihi Dominus secundum justi-
tiam meam : et secundum puritatem
manuum mearum in conspectu ocu-
lorum ejus. 26. Cum sancto sanctus
eris, et cum viro innocente innocens
eris : 27. et cum electo electus
eris : et cum perverso perverteris.
28. Quoniam tu populum humi-
lem salvum facies : et oculos super-
borum humiliabis.
29. Quoniam tu illuminas lucer-
nam meam Domine : Deus meus
illumina tenebras meas. 30. Qjao-
niam in te eripiar a tentatione, et
pour la premiere fois comme gardiens du
paradis terrestre {Gen. iii, 24); mais leur
fondlion sp^ciale parait etre de porter le
trone de Dieu; voilk pourquoi deux cheru-
bins figurent sur I'arche, oii residait Jeho-
vah. Le5 Hebreux se les representaient
comme des animaux ailes, avec des formes
emprunt^es d'abord a I'Egypte par Moise,
puis a I'Assyrie par Eztfchiel.
12. Un maiiteaie; ou bien, line retraite :
quand Dieu entre en rapport avec les hom-
mes, il voile d'un nuage sa splendeur; ce
nuage derobe sa vue, mais denote sa pre-
sence pleine de menaces.
13. Charbons a f dents, eclairs.
14. Grele, etc. : ce 3*= membre est suspedl
k la critique; on ne le trouve ni dans les
LXX, ni au livre de Samuel; il semble em-
pruntd au verset precedent.
15. Ses Jleches, c.-a-d. les eclairs et la
foudre. — II I mica; ou, avec la Vulgate, il
mnllifilia les coups de la foudre.
16. Effets de la tempete sur les eaux,
mer et fleuves, dont les eaux se soulevent,
laissant le fond k nu ; tremblements de
terre, etc.
17. Des gratidcs eaux, des iorrenis du
vers. 5, sjanbole de perils extremes et de
grandes calamites.
21. Ma justice : voy. xvii, i.
24. Mon iniquitc, mes penchants au mal.
26. Qui est pieiix, qui a de bons senti-
ments envers Dieu et envers les hommes.
La pensee de ce verset et du suivant est que
Dieu traite chacun selon son mdrite, et cela
parce qu'il est souverainement juste. Comp.
Le'ii. XX vi, 23 : " Si vous marchez avec moi
hostilement, je marcherai aussi avec vous
en hostilite."
29. Mon Jiambeau, ou ma lanipe : symbole
de vie et de prosperite (I Rois, xi, 36). —
Tcnebres : symbole de I'adversite et du
malheur.
30. Par toi, avec ton secours,y> coins stir,
ou \i\&n je I'omps les bataillons ennemis, et
je franchis la tnuraille qui les abrite.
38
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
31 Les voies de Dieu sont parfaites,
La parole de Jehovah est epure'e,
II est un boudier pour tous ceiix qui se confient en lui.
32 Car qui est Dieu, si ce n'est Jehovah seiil?
Et qui est un rocher, si ce n'est notre Dieu :
33 Le Dieu qui me ceint de force,
Qui rend ma voie parfaite;
34 Qui donne k mes pieds I'agihte des biches,
Et qui m'a place sur mes hauteurs;
35 Qui exerce mes mains a combattre,
Mes bras a courber Tare d'airain.
36 Tu m'as donne le bouclier de ton salut,
Ta droite me soutient,
Et c'est ta bonte qui m'a fait grand.
yj Tu as elargi le chemin sous mes pas,
Et mes pieds ne chancellent point.
38 Je poursuis mes ennemis et je les atteins,
Je ne reviens point que je ne les aie acheves.
39 Je les brise, et ils ne peuvent se relever;
lis tombent sous mes pieds.
40 Tu me ceins de force pour le combat,
Tu fais plier sous moi mes adversaires.
41 Tu fais tourner le dos devant moi a mes ennemis,
Et j'extermine ceux qui me haissent.
42 lis crient, et personne pour les sauverl
Ils crient a Jehovah, et il ne leur r^pond pas !
43 Je les broie comme la poussiere qu'emporte le vent,
Je les balaie comme la boue des rues.
44 Tu m'as delivre des dissensions du peuple,
Tu m'as mis a la tete des nations;
Des peuples que je ne connaissais pas me sont asservis.
45 Au premier ordre ils m'obeissent,
Les fils de I'etranger me flattent.
46 Les fils de I'etranger tombent en defaillance,
lis sortent en tremblant de leurs forteresses.
47 Vive Jehovah, et b^ni soit mon Rocher!
Que le Dieu de mon salut soit exalte,
48 Le Dieu qui est mon vengeur,
Qui ;iie soumet les peuples,
49 Qui me delivre de mes ennemis !
Oui, tu m'eleves au-dessus de mes adversaires,
Tu me sauves de I'homme de violence.
50 C'est pourquoi je te louerai parmi les nations, Jehovah;
Je chanterai a la gloire de ton nom :
^\ A la gloire d^tm Dieu qui accorde de merveilleuses d^livrances ci son roi.
Qui fait misericorde \ son oint,
A David et a sa posterite pour toujours.
31. Les voies de Dieu sont parfaites : eWts
conduisent au but qu'il veut atteindre, et
cela d'une maniere irreprochable, particu-
lierement en ce qui est de sa droiture et de
safideliteenvers ses serviteurs. — La parole,
ici les promesses de Jehovah envers les siens,
sont un or pur, sans alliage : comp. xii, 7.
32. Ufi rocher inebranlable, un siir abri.
LIBER PSALAIORUM.
39
in Deo meo transgrediar murum.
31. Deus meus impolluta via ejus :
eloquia Domini igne examinata :
protector est omnium sperantium
in se.
32. Quoniam quis Deus praeter
Dominum? aut quis Deus praster
Deum nostrum? 23- Deus qui pras-
cinxit me virtute : et posuit imma-
culatam viam meam. 34. *Qiii per-
fecit pedes meos tamquam cervo-
rum, et super excelsa statuens me.
35- 'Qui docet manus meas ad proe-
Jium : et posuisti, ut arcum asreum,
brachia mea. 36. Et dedisti mihi
protectionem salutis tuae : et dex-
tera tua suscepit me : et disciplina
tua correxit me in finem : et disci-
plina tua ipsa me docebit. 37. Dila-
tasti gressus meos subtus me : et non
sunt infirmata vestigia mea :
38. Persequar inimicos meos, et
comprehendam illos : et non con-
vertar donee deficiant. 39. Confrin-
gam illos, nee poterunt stare : ca-
dent subtus pedes meos. 40. Et
praecinxisti me virtute ad bellum :
et supplantasti insurgentes in me
subtus me. 41. Et inimicos meos
dedisti mihi dorsum, et odientes me
disperdidisti. 42. Clamaverunt, nee
erat qui salvos faceret, ad Domi-
num : nee exaudivit eos. 43. Et
comminuam eos, et pulverem ante
faciem venti : et lutum platearum
delebo eos.
44. Eripies me de contradictioni-
bus populi : constitues me in caput
gentiurn. 45. Populus, quem non
cognovi, servivit mihi : in auditu
auris obedivit mihi. 46. Filii alieni
mentiti sunt mihi, filii alieni inve-
terati sunt, et claudicaverunt a se-
mi tis suis.
47. Vivit Dominus, et benedictus
Deus meus, et exaltetur Deus salu-
tis meas. 48. Deus qui das vindictas
mihi, et subdis populos sub me,
liberator meus de inimicis meis ira-
cundis. 49 '^Et ab insurgentibus in
me exaltabis me : a viro iniquo eri-
pies me. 50. ^Propterea confitebor
tibi in nationibus Domine : et no-
mini tuo psalmum dicam, 51. ma-
gnificans salutes regis ejus, et faciens
misericordiam christo suo David,
et semini ejus usque in saeculum.
'^2 Reg. 22,
49.
' 2 Reg. 22,
50. Rom. 15,
9-
.1.
— • —
•I*
33. Ma vole parfnite, a peu pres dans le
meme sens qu'au vers. 31.
34. Mes picds :\qs anciens prisaient beau-
coup la legerete a la course. Comp. AcJiillc
aux pieds legers dans I'lliade. — Mcs hcui-
leiirs : la Palestine appartient a qui en pos-
sede les lieux eleves.
43. Je les balaie^ litt. je letir fais vider la
place; selon d'autres,7> les foiele, litt. y^" les
aiiii/tcis.
44. Des dissensions ou divisions du penple,
dont une partie etait pour David, I'autre
pour Saiil et ceux de sa famille.
45. Ale fla/tent, litt. ine mentent, ce qui
peut aussi signifier : me font humblement
des protestations de soumission que leur
cceur dement.
46. Tonibent en defaillance, sont tout ^ fait
decourages.
47. I'^ive, etc. ; ou bien, vivant est Jehovah,
et heni /non RocJier.
48. Qui est mon vengeu?; litt. gui vie
dontie les vengeances, qui se sert de moi
pour punir ses injustes adversaires.
50. Pari/ii les nations. S. Paul {Rojn.
XV, 9) rapporte ce verset au Messie et a son
Eglise.
51. ^ sa post erite : zWnsxon a II Sam. vii,
12-16, 26-29.
Ce Psaume renferme un element messia-
nique. Ce qui se rapporte b. David et k sa
posterite pour toujoiirs ne peut avoir sa
pleine verite qu'en Jesus-Christ. Comp.
vers. TO.
"t^ KiH—
40
PREMIER LIYRE DES PSAUMES.
PSAUME XIX (VULG. XVIIl).
i^^^Ieu s'est revele dans la creation; les cieux en particulier annoncent sa gloire (ver-
] sets 2-7). Mais la loi de Jehovah est dans le monde moral ce qu'est le soleil dans
le monde physique, une predication : elle aussi, par sa perfection et sa beaute,
proclame la gloire de Dieu (8-12). Telles sont les deux parties essentielles du Psaume.
A la fin le Psalmiste demande une double grace : que Dieu lui pardonne les fautes legeres
qui auraient echappe a sa fragilite ou a sa vigilance, qu'il le preserve surtout de commettre
des peches volontaires qui seraient une revolte contre lui (13-15).
Le philosophe Kant se souvenait-il de ce Psaume lorsqu'il disait : " II y a deux choses
qui excitent en moi une continuelle admiration : le ciel etoile au-dessus de ma tete et la
loi morale dans mon coeur?"
Dans le sens spirituel, le Fils de Dieu, figure par le soleil, se leve radieux du sein de
Marie, comme du lit nuptial ou il s'est uni a la nature humaine; il sort du ciel et rentre au
ciel; il illumine le monde et nul ne peut se derober a la chaleur de ses rayons (Le Hir).
S. Paul applique aussi le vers. 5 aux Ap&tres, dont la voix, comme celle du firmament,
a ete entendue de toute la terre (Rom. x, 18).
Ps. xix. 1 AU maitre de chant. Chant de David.
2 Les cieux racontent la gloire de Dieu,
Et le firmament annonce I'oeuvre de ses mains.
3 Le jour crie au jour la louange,
La nuit I'apprend a la nuit.
4 Ce n'est pas un langage, ce ne sont pas des paroles
Dont la voix ne soit pas entendue.
5 Leur son parcourt toute la terre,
Leurs accents vont jusqu'aux extremites du monde.
C'est la qu'il a dresse une tente pour le soleil.
6 Cet astre, semblable ;i I'epoux qui sort de la chambre nuptiale,
S'elance joyeux, comme un heros, pour fournir sa carrifere.
7 II part d'une extremite du ciel,
Et sa course s'acheve a I'autre extremite :
Rien ne se derobe ;\ sa chaleur.
8 La loi de Jehovah est parfaite : elle restaure I'ame;
Le temoigoage de Jehovah est siir : il donne la sagesse aux snnples.
9 Les ordonnances de Jehovah sont droites : elles rejouisscnt les cocurs;
Le precepte de Jehovah est pur : il eclaire les yeux;
10 La crainte de Jchov-ah est sainte : elle subsiste ^ jamais;
Les decrets de Jehovah sont vrais : ils sont tous justes.
11 lis sont plus precieux que I'or, que beaucoup d'or fin.
Plus doux que le miel, que le miel qui decoule des rayons.
12 Ton serviteur aussi est eclaire par eux;
A les observer il y a une grande recompense.
13 Qui connait ses egarements?
Pardonne-moi ceux que j'ig^nore !
14 Preserve aussi ton serviteur des orgueilleux;
Ou'ils ne dominent point sur moi !
Alors je serai integre, pur de grands pdches.
PSAUME XIX.
2. Les cieux, dont, en Orient, I'azur est si
beau pendant le jour, et les astres si etince-
lants pendant la nuit. — Dc Di'eu^ hdbr. E/,
le Dieu de la nature; quand il s'agira de la
loi (vers. 8 sv.), le Psalmiste I'appellera
fehovaJi^ le Dieu de I'alliance {Kxod. vi, 3).
3. Au jour, a un autre jour. Sens : chaque
jour qui recommence, renouvelle, repete
{Wit. fa/V JaiV//r ; Vulg., eruc7a/) la louange
du jour qui vient de finir. De meme pour la
lutif.
4. S. Paul {Rom. i, 20 sv.) . " Les perfec-
tions invisibles de Dieu, son eternelle puis-
sance et sa divinite, sont, depuis la creation
du monde, apercues par I'intelligence au
moyen de ses oeuvres. lis (les paiens) sont
done inexcusables puisque, ayant connu Dieu,
ils ne Font pas glorifie comme Dieu," etc.
5. Leur son : hebr. qa^i, litt. Icur corde,
d'ou le son rendu par la corde et siniplement
LIBER PSALMORUM.
41
— :i:— PSALM US XVIII. -^^
Deum prsedicant creaturte et lex divina.
Peccatorum condonatio postulatur.
In finem, Psalmus David.
ICELI enarrant gloriam
Dei, et opera manuum
ejus annuntiat firmamen-
tum. 3. Dies diei eructat
verbum, et nox nocti indicat scien-
tiam. 4. Non sunt loquelas, neque
sermones, quorum non audiantur
Rom. 10, voces eorum, 5. "In omnem terram
8- exivit sonus eorum : et in fines
orbis terras verba eorum. 6. In sole
posuit tabernaculum suum : *et ipse
tamquam sponsus procedens de tha-
lamo suo : exsultavit ut gigas ad
currendam viam, 7. a summo coslo
egressio ejus : et occursus ejus usque
ad summum ejus : nee est qui se
abscondat a calore ejus.
8. Lex Domini immaculata con-
vertens animas : testimonium Do-
mini fidele, sapientiam prasstans
parvulis. 9. Justitiae Domini rectae,
lastificantes corda : prasceptum Do-
mini lucidum; illuminans oculos.
10. Timor Domini sanctus, perma-
nens in saeculum sasculi : judicia
Domini vera, justificata in semet-
ipsa. II. Desiderabilia super au-
rum et lapidem pretiosum mul-
tum : et dulciora super mel et
favum. I 2. Etenim servus tuus cu-
stodit ea, in custodiendis illis retri-
butio multa.
13. Delicta quis intelligit.'' ab oc-
cultis meis munda me : 14. et ab
alienis parce servo tuo. Si mei non
fuerint dominati, tunc immaculatus
ero : et emundabor a delicto maxi-
le sopf. D'autres, st(r totiie la ierre s^etaid
lew- domaine, le domaine assigne aux cieux
pour y publier la gloire de Jehovah; qav
conserverait ainsi son sens ordinaire de
cordeau a mesurer. Comp. Jer. xxxi, 39.
S. Paul {Rom. x, 18) emploie ces expressions
du psalmiste, en parlant de la predication
evangeliqiie qui s'etend a tous les hommes.
— Oest Id, dans les cieux, et specialement
a I'extremite du monde.
6. Uit nouvel epoux, litt. un fiance. —
Chanibre miptialc {Joel, ii, 16) : le mot
hebr. designe propr. le baldaqtiin qui sur-
monte la couche nuptiale. S. Ambroise salue
sous cet embleme le Verbe incarne sortant
du sein de la Vierge :
Procedit a thalamo suo,
Pudoris aula regia,
Geniinas gigas substantia?,
Alacris ut currat viam.
8. Vulg., elle rainene Vdme de I'ignorance
et de la mort. — Le teiiwio;nage : autre noni
donne a la loi de Dieu, en tant qu'ellc attestc'
la volonte divine; il designe specialement
le Decalogue {Exod. xxv, 6). — Sftr : dont
I'autorite et la divine origine excluent tout
doute; j/zraussi dans le sens d&Jidele{Wu\g.):
dont les promesses comme les menaces se
realisent toujours. La plupart des hommes
etant simples et faciles a seduire, ils n'ont
qu'a s'attacher a cette loi pour etre sages.
9. Les ordo72nances ou commandements :
autre expression synonyme de loi. — Piir,
comme la lumiere du soleil {Cajtf. vi, 10).
Salomon dit dans le meme sens : " Le prd-
cepte est une lampe, et la loi une lumiere, "
Prov. vi, 23. — // eclaire les yetix : la claite
des yeux est souvent, dans I'Ecriture, le
s}-mbole de la joie et du bonheur, de meme
que leur obscurcissement signifie la tris-
tesse et le malheur. Mais ici il s'agit plutot
de I'oeil intdrieur et de la lumiere de la con-
naissance divine communique'e a I'ame.
10. La crainte de Jehovah, ici, c'est la
partie religieuse de la loi qui apprend la
maniere d'honorer Dieu, la 7-eligion. —
Sainte, litt. pin-e comme I'or natif, et par
consequent inalterable. En effet, les ele-
ments essentiels de cette religion, la partie
morale, subsistent toujours dans la religion
chretienne. — Les decrets, les diverses dis-
positions de la loi consideree comme C07-
ptes juris dinini, sont vrais, fondes sur une
base morale immuable, et par consequent
jiistes. Vulg., ils se justijiciit etix-memes.
11. D^ or fill; Vulg., de pierres pi'ccieicses.
— Le miel qui coule spontanement des
rayo7is est de qualite superieure.
13. Egare77ie7its, fautes de fragilite et de
faiblesse, dans lesquelles on tombe par sur-
prise ou inadvertancc, et qui ne laissent
que peu de traces dans la conscience.
14. Des orgueillettx qui s'elevent insolem-
ment centre Dieu et meprisent sa loi.
D'autres, des fautes de 7/talice, qui suppo-
sent une revoke insolente et orgueilleuse
contre Dieu. — Au lieu de sedi77i, les LXX
suivis par la Vulg. ont lu seri/zi, etra7igers.
— Gi-a7tds peclies, qui font perdre la grace
et I'amitie de Dieu.
42
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
Ps. XX.
Ps. x\i.
15 Acciieille avec faveur les paroles de ma bouche
Et les sentiments de mon cceur devant toi,
Jehovah, mon rocher et mon libdrateur!
PSAUME XX (VULG. XIX).
P|Avid va partir pour une grande guerre, probablement celle qui fut entreprise centre
wrcsi ' ^^^ Ammonites et les Syriens (II Sam. xii). Le peuple, dans ce Psaume, demande
lla^yi a Dieu de donner la viftoire a son roi (vers. 2-6), et il exprime sa pleine confiance
dans I'heureuse issue de la guerre (7-10).
Sens spirituel. Le royaume de David etant la figure de celui du Messie, les vidloires
de ce roi sont aussi une image de celles de J.-C. et de son Eglise sur la puissance de
Satan et sur toute puissance ennemie de Dieu. C'est pourquoi les SS. Peres (S. Jerome,
S. Aug,) se plaisent k voir dans ce Psaume la peinture prophetique des magnifiques
triomphes que le christianisme, par lui-meme faible et sans amies, mais soutenu par la
force de Dieu (II Co7-. xii, 10), a remportes et doit remporter encore sur le monde.
^ AU maitre de chant. Psaume de David.
2 Que Jehovah t'exauce au jour de la detresse,
Que le nom du Dieu de Jacob te protege !
3 Que du sandluaire il t'envoie du secours,
Que de Sion il te soutienne !
4 Qu'il se souvienne de toutes tes oblations,
Et qu'il ait pour agreables tes holocaustes ! — Sela.
5 Qu'il te donne ce que ton cceur desire,
Et qu'il accomplisse tous tes desseins !
6 Puissions-nous de nos cris joyeux saluer ta viftoire,
Lever I'etendard au nom de noire Dieu !
Que Jehovah exauce tous tes vceux !
7 Deja je sais que Jehovah a sauve son Oint;
II I'exaucera des cieux, sa sainte demeure,
Par le secours puissant de sa droite.
8 Ceux-ci mettent leur confiance dans leurs chars, ceux-lk dans leurs chevaux ;
Nous, nous invoquons le nom de Jehovah, notre Dieu.
9 Eux, ils plient et ils tombent ;
Nous, nous tenons ferme et restons debout.
10 Jehovah, s.auve le roi ! —
Qu'il nous exauce au jour ou nous I'invoquons.
PSAUME XXI (VULG. XX).
^lE peuple celebre les faveurs divines accordees k David (vers. 2-8); il lui predit dc
^^^' nouvelles prosperites et de nouveaux triomphes (9-13); il termine par une priere et
Ja^nmiji un cri de reconnaissance. Ce Psaume oftVe une certaine ressemblance avec le pre-
cedent, et beaucoup d'interpretes pensent qu'il a pour objet de celebrer la vicfloire deman-
dee dans ce dernier cantique. D'apres Hengstenbcrg, il serait I'expression de la reconnais-
sance d'Israel pour les promesses faitesa David et a sa posterite (II Sajii. vii). Les anciens
rabbins le rapportaient au Messie, ce qui est vrai en ce sens que certains traits ne
conviennent a aucun roi en particulier, et qu'en J.-C. seul les promesses ont recu leur
dernier et plus haut accomplissement.
1 AU maitre de chant. Psaume de David.
2 Jehovah, le roi se rejouit de ta puissante protecflion;
Comma ton secours le remplit d'allegresse !
3 Tu lui as donnd ce que son cceur ddsirait,
Tu n'as pas refuse ce que demandaient ses levres. — Scla.
4 Car tu I'as prevenu de benedictions exquises,
Tu as mis sur sa tete une couronne d'or pur.
5 II te demandait la vie, tu la lui as donnee,
De longs jours a jamais et k perpe'tuite.
6 Sa gloire est grande grace a ton secours;
Tu mets sur lui splendeur et magnificence.
LIBER PSALMORUM.
43
mo. 15. Et erunt ut complaceant
eloquia oris mei : et meditatio cor-
dis mei in conspectu tuo semper.
Domine adjutor meus, et redemptor
mens.
— :;:— PSALM US XIX. — :;■—
Oratio pro principe ad bellum proficiscente.
I. In finem, Psalmus David.
IXAUDIAT te Dominus
in die tribulationis : pro-
tegat te nomen Dei Jacob.
3. Mittat tibi auxilium de
sancto : et de Sion tueatur te. 4. Me-
mor sit omnis sacrificii tui : et holo-
caustum tuum pingue fiat. 5. Tri-
buat tibi secundum cor tuum : et
omne consilium tuum confirmet.
6. Laetabimur in salutari tuo : et in
nomine Dei nostri magnificabimur.
7. Impleat Dominus omnes peti-
tiones tuas : nunc cognovi quoniam
salvum fecit Dominus CHRI-
STUM suum. Exaudiet ilium de
coelo sancto suo : in potentatibus
salus dexteras ejus. 8. Hi in curri-
bus, et hi in equis : nos autem in
nomine Domini Dei nostri invoca-
bimus. 9. Ipsi obligati sunt, et ceci-
derunt : nos autem surreximus et
erecti sumus. 10, Domine salvum
fac regem : et exaudi nos in die, qua
invocaverimus te.
— *— PSALMUS XX. — :i--
Chiisti post deviftos inimicos
gratiarum aiftio.
I. In finem, Psalmus David.
]OMlNE in virtute tua
lastabitur rex : et super
salutare tuum exsultabit
vehementer. 3. Deside-
rium cordis ejus tribuisti ei : et vo-
luntate labiorum ejus non fraudasti
eum. 4. Quoniam prasvenisti eum
in benedictionibus dulcedinis : po-
suisti in capite ejus coronam de
lapide pretioso. 5. Vitam petiit a te :
et tribuisti ei longitudinem dierum
in saeculum, et in sasculum sasculi.
6. Magna est gloria ejus in salutari
tuo : gloriam et magnum decorem
impones super eum. 7, Quoniam
dabis eum in benedictionem in sas-
culum sasculi : lastificabis eum in
gaudio cum vultu tuo. 8. Quoniam
rex sperat m Dommo : et m miseri-
cordia Altissimi non commovebitur.
9. Inveniatur manus tua omnibus
inimicis tuis : dextera tua inveniat
PSAUME XX,
2. Deiresse : la guerre contre les Ammo-
nites et les Syriens offrait de sdrieux dan-
gers : voy. II Sam. x, 6, 18 sv. — Le 710/11,
pour la personne memo.
3. Du sa/ifliiaire : I'arche rcsidait alors
sur le mout Sion.
4. Oblations {Lev. ii, i sv.), sacrifices non
sanglants, mis en parallele avec les holo-
caustes {Fs. iii, i). — Qii'i/ ait pour agrea-
bles, litt. pour gr as.
6. Piiissions-7ious saltier; ou bien avec la
Vulg., notes saltcerons. — Ta vidoire, litt.
ton saliit. — Lever Veiendard en signe
de triomphe; d'autres, nous celebrerojis le
Item, etc.; S. Jerome, notis formerons des
danses sacrdes. Les LXX et la Vulgate ont
lu negaddel ou fiegouddel, notes notes glo-
rifierons.
7. A sateve', parfait proph^tique. — Chars,
chevaux de guerre. Dieu avait d^fendu
d'avance {Deut. xvii, 16) aux rois d'Israel
d'avoir une cavalerie nombreuse. Saiil et
David n'eurent en effet qu'un petit nombre
de chevaux de guerre; mais Salomon les
multiplia.
10. QieHl (Jehovah) iioits exatecej ou bien,
// notes exatecera.
PSAUME XXI.
4. Be'nediflions exqteises, litt. de bien, de
bonheur, benediflions qui apportent le veri-
table bonheur.
5. La vie, etc. : bien des fois David, au
milieu de dangers extremes, avait demande
a Dieu de lui conserver la vie. Allant au-
dela de ses voeux, Dieu lui a promis qu'il
vivrait et regnerait eternellement dans sa
posterite (II Sam. vii, 16), posterite qui
devait aboutir au Messie. C'est cette pro-
messe qui est rappelee dans le second
membre du verset. Comp. Hebr. v, 7;
Apoc. v, 18.
6. Pour I'application au Messie, comp
Ps. xlv, 5 sv. Hebr. i, 2.
44
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
7 Tu le rends a jamais un objet de benediftions,
Tu le combles de joie devant ta face.
8 Car le roi se confie en Jehovah,
Et par la bonte du Tres-Haut il ne chancelle point.
9 Ta main, 6 roi, atteindra tons tes ennemis,
Ta droite atteindra ceux qui te haissent.
10 Tu les rendras comme une fournaise ardente,
Au jour ou tu montreras ta face;
Jehovah les aneanlira dans sa colere,
Et le feu les devorera.
1 1 Tu feras disparaiire de la terre leur posterite,
Et leur race d'entre les enfants des hommes.
12 lis ont prepare ta ruine,
lis ont concu des desseins pervers, mais ils seront impuissants.
13 Car tu leur feras tourner le dos;
Sur la corde de ton arc tu disposeras des traits pour les frapper au visage.
14 Leve-toi, Jehovah, dans ta force!
Nous voulons chanter et celebrer ta puissance.
PSAUME XXII (VULG. XXl).
jt-jjE Psalmiste, reduit ci la derniere extremite par ses ennemis (persecution de Saiil :
voy. 1 Sam. xxiii, 25 sv.), se plaint k Dieu de I'abandon oii il le laisse (vers. 1-12),
et lui fait la peinture de ses maux (13-22); puis changeant subitement de ton, il
Ps. xxil.
invite ses freres ^ se joindre a lui pour louer le Seigneur d'une delivrance accomplie, et
annonce I'extension du royaume de Dieu k toutes les nations de la terre (23-32).
Nous avons, dit Bossuet, une raison particuliere de rapporter ce Psaume a J.-C,
parce que lui-meme, etant a la croix, se Test applique, en disant ^ son Pere : '• Mon Dieu,
mon Dieu, pourquoi m'avez-vous delaisse?" Les Apotres {Jean, xix, 24; Hebr. ii, 11), les
SS. Peres, tons les interpretes catholiques et un grand nombre de protestants I'ont
entendu de la meme maniere. La tradition juive y reconnaissait aussi "les plaintes du
Messie souffrant." On y trouve, en effet, des traits dont plusieurs pris a part, les autres
dans leur ensemble, ne sont pas applicables a la personne de David; ils ne conviennent
qu'a I'Homme de douleurs et h. lui seul. Mu par I'Esprit-Saint, David rappelle ses afflic-
tions passe'es et expriine ses futures esperances dans un langage qui trouve son parfait
accomplissement dans le Messie dont il est un des principaux types. Le Psaume a done
un double objet, Fun prochain, se rapportant a David, I'autre t^loigne, se rapportant au
Messie, et cela de telle sorte que, en certains endroits, les deux objets semblent se con-
fondre, et qu'en d'autres endroits I'objet prochain disparait entierement pour ne laisser
voir que I'objet eloigne.
1 AU maitre de chant. Sur " Biche de I'aurore." Psaume de David.
2 Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonnc?
Je gemis, et le salut reste loin de moi !
3 Mon Dieu, je crie pendant le jour, et tu ne r^ponds pas;
La nuit, et je n'ai point de repos.
4 Pourtant tu es saint,
Tu habites parmi les hymnes d'lsrael.
5 En toi se sont confies nos peres;
Ils se sont confies, et tu les as delivres.
6 Ils ont cx\€ vers toi, et ils ont dte sauves;
Ils se sont confies en toi, et ils n'ont pas etd confus.
7 Et moi, je suis un ver, et non un homme,
L'opprobre des hommes et le rebut du peuple.
8 Tous ceux qui me voient se moquent de moi;
Ils ouvrent les levres. ils branlent la tete, en disant :
9 " Qu'il s'abandonne a Jehovah ! qu'il le sauve,
Qu'il le delivre, puisqu'il I'aime!"
10 Oui, c'est toi qui m'a tire du sein maternel.
Qui m'a donnc confiance sur les mamelles de ma mere.
LIBER PSALMORUM.
45
omnes, qui te oderunt. lO. Pones
eos ut clibanum ignis in tempore
vultus tui : Dominus in ira sua con-
turbabit eos, et devorabit eos ignis.
II. Fructum eorum de terra per-
des : et semen eorum a filiis homi-
num. 12. Quoniam declinaverunt in
te mala; cogitaverunt consilia, quae
non potuerunt stabilire. 13. Quo-
niam pones eos dorsum : in reliquiis
tuis prseparabis vultum eorum.
14. Exaltare Domine in virtute
tua : cantabimus et psallemus vir-
tutes tuas.
— :i:— PSALMUS XXI. — *—
Christus morituriis obsecrat ut sibi adsit
Deus, et eum laudat.
I. In finem pro susceptione ma-
tutina. Psalmus David.
EUS Deus meus respice
in me : "quare me dereli- «Matth.27,
quisti? longe a salute mea 46- Marc,
verba delictorum meo-
15- 34-
rum. 3. Deus meus clamabo per
diem, et non exaudies : et nocte, et
non ad insipientiam mihi. 4. Tu
autem in sancto habitas, laus Israel.
5. In te speraverunt patres nostri :
speraverunt, et liberasti eos. 6. Ad
te clamaverunt, et salvi facti sunt :
in te speraverunt, et non sunt con-
fusi. 7. Ego autem sum vermis, et
non homo : opprobrium hominum,
et abjectio plebis. 8. *Omnes viden-
tes me, deriserunt me : locuti sunt
labiis, et moverunt caput. 9. 'Spe-
ravit in Domino, eripiat eum : sal-
vum faciat eum, quoniam vult eum.
10. Q^uoniam tu es, qui extraxisti
me de ventre : spes mea ab uberibus
7. Un objet de benedin:ions, litt. tu le fends
hhiediflions^ et rela dans un double sens : tu
repands sur lui tes benedictions, et, dans son
union avec le Messie,tu le fais cause et sour-
ce de benediflion pour les hommes, comme
autrefois Abraham, Gen. xii, 3. — Devant, ou
a-vec ta face., en I'admettant dans ton intimite
et en lui montrant un visage favorable.
8. Ce verset forme la transition entre la
ii<ipartie, ou la parole est adressee a Dieu,
et la 2'=, oil elle est adressee a David.
10. Tu les reitdras coin vie une fournaise
ardente : image d'une rapide destrucflion
{Ose'e, vii, 7; Mai. iii, 19); sens : tu les met-
tras dans le meme etat que s'ils etaient
dans une fournaise; la comparaison n'est
qu'indique'e. — Le jour on tu leur inonire-
ras taface irrit^e.
PSAUME XXII.
1. Sur BicJie de Paurore, probablement
sur I'air d'un chant connu oil ces mots se
rencontraient. Sous I'image de la Biche du
matin, les Hebreux designaient le soleil,
langant ses premiers rayons, qu'ils appe-
laient comes. Le poete arabe Hariri s'ex-
prime de meme : " Lorsqu'eut paru la corne
de la biche" c.-a-d. de I'aurore. Vulg.j/cwr
le secours du matin, ce qui signifie, selon I'in-
terpretation la plus commune : priere de J.-C.
a I'effet d'obtenir assistance de son Pere ce-
leste, pour passer de la nuit de ses souffran-
ces a I'aurore de sa resurrection (Eusebe).
2. Mon Dieu, etc. Charge de I'iniquite de
tons, vi(5\ime volontaire pour le peche,
Notre-Seigneur s'adressant a son Pere pro-
nonga ces paroles sur la croix [Mait/i.
xxvii, 46 ; Marc, xv, 34. Comp. Hebr. v, 7).
.•\pres le second mon Dieu, les LXX et la
Vulg. ajoutent, rci^ardez-moi. — Je gemis :
litt., les paroles de mon gemissement sont loin
de mon salut, du secours qui me sauverait, il
y a entre les deux un abime. Vulg., le cri de
mes pechcs (des pechds des hommes que le
Christ a pris sur lui pour les expier) eloigne
de moi le saliit, la delivrance. " II fallait, dit
Bourdaloue, que la reprobation sensible de
I'Homme-Dieu remplit la mesure de la ma-
ledi(flion et de la punition due au peche."
3. Et je n\ii point de repos, aucun soula-
gement ne m'est accorde. Vulg., et ce n'est
point a moi, accable de maux comme je
suis, une folic de me plaindre ainsi.
4. Saint, ou le Saint, sans aucune imper-
fediion; tu dois done me rendre justice. —
Les Jtymncs d'Tsrael qui celebrent tes pro-
messes et tes bienfaits passes : serai-je le
seul que tu delaisses?
7. Un ver de terre, qu'on croit pouvoir
ecraser impunement et sans qu'il ait droit
de se plaindre.
9. Abandojine-toi au Seigneur; Vulg., il
a mis S071 espoir dans le Seigneur.
C'est ce qui fut accompli, dit Bossuet,
lorsque, par une derision sanglante, ceux
qui passaient devant la croix de J.-C. blas-
phcmaient contre lui, branlant la tete en
disani : LI a saiive les autres, il ne saurait
se sauver lui-meme. . . LI met sa co7iJiance en
Dieu; si done Dieu Paime, qu'il le delivre,
etc. {Matth. xxvii, 39 suiv.).
10. Ce verset et le suivant conviennent
d'une maniere speciale a J.-C, lie niiracu-
leusement d'une vierge.
* Matth. 27,
39. Marc.
15, 29.
■^ Matth. 27,
43-
46
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
11 Des ma naissance, j'ai et^ porte sur tes genoux;
Depuis le sein de ma mere, c'est toi qui es mon Dieu.
12 Ne I'eloigne pas de moi, car I'angoisse est proche,
Car personne ne vient a mon secours.
13 Autour de moi sont de nombreux taureaux,
Les forts de Basan m'environnent.
14 lis ouvrent contra moi leur gueule,
Comme un lion qui dechire et rugit.
15 Je suis comme de I'eau qui s'ecoule,
Et tous mes os sont disjoints;
Mon cceur est comme de la cire,
II se fond dans mes entrailles.
Ma force s'est dessdchee comme un tesson d'argile,
Et ma langue s'attache a mon palais;
Tu me reduis a la poussiere de la mort.
Car des chiens m'environnent,
Une troupe de scelerats rodent autour de moi,
lis ont perce mes pieds et mes mains.
1 8 Je pourrais compter tous mes os.
Eux, ils m'observent, ils me contemplent;
19 Ils se partagent mes vetemcnts,
lis tirent au sort ma tunique.
20 Et toi, Jehovah, ne t'eloigne pas!
Toi qui es ma force, viens en hate a mon secours !
Ddlivre mon ame de I'epee,
Ma vie du pouvoir du chien !
Sauve-moi de la gueule du lion,
Tire-moi des comes du bufifle !
16
17
21
22
23 Alors j'annoncerai ton nom a mes freres,
Au milieu de I'assemblee je te louerai :
24 " Vous qui craignez Jehovah, louez-le !
Vous tous, posterite de Jacob, glorifiez-le I
Reverez-le, vous tous, posterite d'lsrael !
25 Car il n'a pas meprise, il n'a pas rejete la souffrance de I'afflige,
II n'a pas cache sa face devant lui,
Et quand I'afflige a cri^ vers lui, il a entendu."
26 Grace a toi, mon liymne retentira dans la grande assemblee,
J'acquitterai mes voeux en presence de ceux qui te craignent.
27 Les affliges mangeront et se rassasieront;
Ceux qui cherchent Jehovah le loueront.
Que votre coeur revive a jamais !
28 Les extremites de la terre se souviendront et se tourneront vers Jehovah,
Et toutes les families des nations se prosterneront devant sa face.
1 1. J\ii ete parte sur tes genoux : allusion
a I'usage des anciens de presenter au pere
I'enfant nouveau-nd. A ce propos. Delitzsch
fait observer que, dans I'Anc. Testament, il
est souvent fait mention de la mere du Mes-
sie, mais jamais d'un homme qui serait son
pere.
13. For/s de Basan, taureaux de la con-
tree de ce nom, situee h. I'E. du Jourdain et
celebre par ses paturages. Ces taureaux re-
presentent les ennemis de David et ceux
de J.-C.
15. Peinture de la tristesse, de I'abatte-
ment, de I'epouvante et de la desolation
qu'eprouva J.-C. au commencement de sa
passion {Maith. xxvi, 38; Jean, xii, 27;
Marc, xiv, '^'i; Liic, xxii, 13). Bossuet :
"J.-C. paraissant comme un pecheur de-
laisse h. lui-meme, il convenait a cet ^tat
qu'il pari^it aussi une espece d'opposition
entre sa volonte et celle de Dieu. David
exprime en un mot ce grand mystere, lors-
qu'il lui fait dire : Mon cceur s'est fondu...,
je ne me sens plus de courage, et je ne me
trouve ni force, ni hardiesse, ni resolution,
ni consistance."
16. Ma force, etc. Epuise de sang, les
membres disloques par une torture et une
suspension violente, le Sauveur eprouve une
soif ardente, le plus cruel tourment des cru-
cifies. — A la poussiere de la ntort, c.-ci-d.
au tombeau. Cf Job, xxi, 26.
17. lis ont perce, hebr. caarou. L'hebreu
aifluel, tout en proposant cette legon au
LIBER PSALMORUM.
47
matris meas. 1 1 . In te projectus sum
ex utero : de ventre matris meas
Deus meus es tu, 12. ne discesseris
a me : quoniam tribulatio proxima
est : quoniam non est qui adjuvet,
13. Circumdederunt me vituli
multi : tauri pingues obsederunt
me. 14. Aperuerunt super me os
suum, sicut leo rapiens et rugiens.
15. Sicut aqua effusus sum : et dis-
persa sunt omnia ossa mea. Factum
est cor meum tamquam cera lique-
scensin medio ventris mei.i6,Aruit
tamquam testa virtus mea, et lin-
gua mea adhassit faucibus meis : et
in pulverem mortis deduxisti me.
17. Quoniam circumdederunt me
canes multi : concilium malignan-
tium obsedit me. Foderunt manus
meas et pedes meos : 18. Dinume-
raverunt omnia ossa mea. Ipsi vero
consideraverunt et inspexerunt me :
Mauh.27, 1 9. '^Diviseruntsibi vestimenta mea,
5. joann. gf super vestem meam miserunt
^' ^^' ^^' sortem. 20. Tu autem Domine ne
elongaveris auxilium tuum a me :
ad defensionem meam conspice.
21. Erue a framea Deus animam
meam : et de manu canis unicam
meam. 22. Salva me ex ore leonis :
et a cornibus unicornium humilita-
tem meam.
23. ^Narrabo nomen tuum fratri- 'Hebr. 2,
bus meis : in medio ecclesias lauda- ^-•
bo te. 24. Oui timetis Dominum
laudate eum : universum semen
Jacob glorificate eum : 25. timeat
eum omne semen Israel : quoniam
non sprevit, neque despexit depre-
cationem pauperis : nee avertit fa-
ciem suam a me : et cum clamarem
ad eum exaudivit me. 26. Apud te
laus mea in ecclesia magna : vota
mea reddam in conspectu timen-
tium eum. 27. Edent paup^res, et
saturabuntur : et laudabunt Domi-
num qui requirunt eum : vivent
corda eorum in saeculum sasculi.
28. Reminiscentur et convertentur
ad Dominum universi fines terras :
qeri, porte au chetib caari, c.-a-d. coniine
7(11 liott, ce qui laisse flottants les mots qui
suivent, mes pieds ct ines mains. Mais des
indices serieux, tires de la tradition juive,
etablissent que la legon primitive etait caa-
rou, et que caari est ne, non d'une super-
cherie antichretienne,comme le pensait Bos-
suet, mais d'une erreur de copiste qu'ex-
plique facilement la grande ressemblance
des lettres iod et vav. En outre, toutes les
anciennes versions (LXX, Vulg., Syr., etc.),
a I'exception du Chaldeen, ont lu caaroit, ils
ont perce (comp. Is. liii, 5; Zacli. xii, 10).
Ajoutons que meme la legon caari donne-
rait le sens de percer, en prenant ce mot
pour la forme apocopee de caarim, participe
pluriel, fodientes.
18. lis me contemplent avec orgueil et
complaisance, comme on fait d'un ennemi
vaincu.
19. Ce pari age des vetements de J.-C. est
raconte par les Evangelistes {Ltic, xxiii, 34;
Jean., xix, 24).
20-22. Dans ces trois versets, le Messie
demande a son Pere d'echapper prompte-
ment, par la resurredlion, aux etreintes de
la mort qui va le saisir ou qui I'a deja saisi.
Cette pri^re forme la transition entre la
2e partie du Psaume et la 36.
Lep^e est le symbole d'une mort violente.
— Ma vie, litt. mon unique, c.-iX-d. mon
ame, mon bien le plus precieux. — Le chien,
le lion et le bnffle (Vulg. licorne) represen-
tent la mort personnifiee, qui croyait tenir
le Messie dans ses liens.
Dans le sens historique et immediat,
David, sous ces images, demande a Dieu
de le preserver de la mort.
23. Le Messie, maintenant exauce', fait
eclater sa reconnaissance; il fera connaitre
et aimer son Pere, d'abord aux Apotres,
qu'il appelle ses frcres {Maith. xxviii, 10),
et aux Juifs, puis a tous les hommes par la
predication de I'Evangile. S. Paul applique
expressement ce verset a J.-C. ressuscitd
{Hebr. ii, ii suiv.).
25. L'afflige, Vulg. le pauvrc : c'est ainsi
que les prophetes designent le Messie souf-
frant {Is. liii, 4; Zach. ix, 9).
26-27. Grace d, toi, k ton secours, mon
hymne (litt. ma louange) de reconnaissance,
etc. Selon d'autres : sicr toi o\\ de toi sera ma
louange. —Jhicquiiterai mes vceux^&n offrant
un sacrifice d'aftions de graces pour ma de-
livrance {Lev. vii, 16). Ces sortes de sacrifi-
ces etaient suivis d'un repas sacre dont la
chair des vittimes fournissait la matiere, et
auquel I'offrant invitait ses parents et amis.
Le sacrifice d'aflions de graces ofifert par
le Messie, auquel tous ses freres sont invi-
tes, c'est le sacrifice de nos autels, avec le
banquet sacre de I'Eucharistie, ou les fideles
viennent manger le pain celeste qui donne
la vie eternelle.
48
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
29 Car a Jdliovah appartient I'empiie,
II domine sur les nations.
30 Les puissants de la teire mangeront et se prosterneront;
Devant lui s'inclineront tons ceux qui descendant a la poussiere,
Ceux qui ne peuvent prolonger leur vie.
31 La posterite le servira;
On parlera du Seigneur a la generation future.
33 lis viendront et ils annonceront sa justice;
Au peuple qui naitra, ils diront ce qu'il a fait.
PSAUME XXIII (VULG. XXIl).
Ouce et riante peinture du bonheur dont jouit le Psalmiste sous la protedion de
Jehovah, considere surtout sous I'image d'un pasteur. Delitzsch et d'autres conjec-
turent que ce Psaume aurait ete compose a I'occasion du fait raconte II Sam. xvii, 28.
Ps. xxiii. 1 PSAUME de David.
Jehovah est mon pasteur; je ne manquerai de rien.
2 II me fait reposer dans de verts paturages,
II me mene pi-es des eaux rafraichissantes.
3 II restaure mon ame,
II me conduit dans les droits sentiers,
A cause de son nom.
4 Meme quand je marche dans une vallee d'ombre de mort,
Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi :
Ta houlette et ton baton me rassurent.
5 Tu dresses devant moi une table en face de mes ennemis;
Tu repands I'huile sur ma tete;
Ma coupe deborde.
6 Oui, le bonheur et la grace m'accompagneront
Tous les jours de ma vie,
Et j'habiterai dans la maison de Jehovah
Pour de longs jours.
PSAUME XXIV (VULG. XXIIl).
|B^S|!!L n'y a guere de doute que ce Psaume ait cte compose pour la solennite du trans-
1^*1^ port de I'arche sur le mont Sion, a I'endroit qui lui avait ete prepare dans la forte-
l^^^i resse (II Sam. vi, 17; I Far. xv-xvi). On dut s'en servir plus tard dans des
circonstances analogues, lorsque I'arche, apres avoir cte emportee pour une guerre, etait
ramenee triomphalement dans sa demeure.
Le Psaume a deux parties : I'une se chantait pendant le trajet (vers. 1-6); I'autre,
devant les portes memes de la forteresse (7-10). II parait avoir ete dialogue, c.-k-d. chante
par un chosur de lovites auquel un pretre on le grand prcire repondait. La pensee generale
est que la presence de Jehovah au milieu de son peuple exige des Israelites un coeur pur
et la pratique de la vertu.
Dans le sens spirituel, ce cantique a recu diverses applications; la plus ordinaire
parmi les Peres est I'entree de J.-C. au ciel le jour de I'Ascension.
Ps. xxiv. i PSAUME de David.
A Jehovah est la terre et ce qu'elle renferme,
Le monde et tous ceux qui I'habitent.
2 Car c'est lui qui I'a fondee sur les mers,
Qui I'a affermie sur les fleuves.
3 Qui pourra monter a la montagne de Jehovah.'
Qui se tiendra dans son lieu saint? —
4 Celui qui a les mains innocentes et le cceur pur;
Celui qui ne livre pas son ame au mensonge,
Et qui ne jure pas pour tromper. —
29. A JJhovah, par opposition aux faux
dieux des idolatres, etc. ; mais nous savons
que Jehovah a donne cet empire au Messie
{Ps. ii).
LIBER PSALMORUM.
49
et adorabunt in conspectu ejus uni-
versas familias gentium. 29. Quo-
niam Domini est regnum : et ipse
dominabitur gentium. 30. Mandu-
caverunt et adoraverunt omnes pin-
gues terras : in conspectu ejus ca-
dent omnes qui descendunt in ter-
ram. 3 1 . Et anima mea illi vivet : et
semen meum serviet ipsi. 32. An-
nuntiabitur Domino generatio Ven-
tura : et annuntiabunt coeli justitiam
ejus populo qui nascetur, quem fecit
Dominus.
-:;:— PSALMUS XXII. — :>—
Beneficia divina psaltes agnoscit.
Psalmus David.
O MINUS regit me, "et
nihil mihi deerit : 2. in
loco pascuae ibi me collo-
cavit. Super aquam refe-
ctionis educavit me : 3. animam
meam convertit. Deduxit me super
semitas justitias, propter nomen
suum. 4 '"
Nam, et si ambulavero in
medio umbras mortis, non timebo
mala : quoniam tu mecum es. Virga
tua, et baculus tuus : ipsa me con-
solata sunt. 5. Parasti in conspectu
meo mensam, adversus cos, qui tri-
bulant me. Impinguasti in oleo ca-
put meum : et calix meus incbrians
quam prasclarus est! 6. Et miseri-
cordia tua subsequetur me omnibus
diebus vitas meas : et ut inhabitem
in domo Domini, in longitudinem
dierum.
— *— PSALMUS XXIII. — :i:—
Dei in omnes creaturas dominium.
Dotes requisitas ut cum Christo regnetur.
I. Prima sabbati, Psalmus David.
OMINI est terra, et ple-
nitude ejus : 'orbis terra-
rum, et universi, qui ha-
bitant in eo. 2. Quia ipse
super maria fundavit eum : et super
flumina prasparavit eum.
3.*Quis ascendet in montem Do-
mini? aut quis stabit in loco sancto
ejus.'' 4. Innocens manibus et mun-
" Ps. 49, 12.
I Cor. 10,
26.
'Supra 14,
30. Les puissants (litt. les ji^ras) les riches
qui ont tout en abondance, viendront aussi a
ce banquet de la grace et du salut. — Ceux
qui descendent dans la poussiere ,\t.^ mortels.
31. La posterite \s. plus reculee.
33. lis viendront, de nouvelles genera-
tions, se succ^dant tour a tour, annonceront
sa justice, c.-a-d. tout ce que Dieu, par suite
de son alliance et de ses promesses, a fait
pour le salut du monde par J.-C. Dans la
Vulg., le mot cceli trouble le sens; on ne
trouve rien qui y corresponde ni en hebreu
ni en grec, et il manque meme dans plusieurs
manuscrits latins. — Ce qti'il a fait, litt.
(pt'il a fait cela, savoir, I'oeuvre de la re-
demption et de la sandlification des hommes.
PSAUME XXIII.
1. Mon pasfeur : Dieu est souvent repre-
sente sous cette image : voy. Is. xl, \\\Jcr.
xxiii, 4; I Pier, ii, 25; Apoc. vii, 17. Comp.
Jean, x, 1 1 .
2. Rafraichissantes ; d'autres, paisibles.
3. // restaure mon dine, lui rend force et
vigueur : comp. xix, 8. — Droits sentiers,
litt. sentiers de justice : qui conviennent aux
besoins des brebis, qui les conduisent di-
rertement et sans danger au but. — A cause
de son nom : Dieu se proclame en beaucoup
d'endroits bon et misericordieux : il doit
done, pour meriter cette louange, prendre
soin de ceux qui se confient en lui.
4. C/ne vallee d'o/ndre de viort, tres obs-
cure, oii les animauxsauvagessontacraindre.
5. Table, /mile parfumee, etc. : images des
bienfaits de Dieu envers ses serviteurs.
6. La grace, la faveur de Dieu.— /'/labitc-
rai dans la ntaison de Jehovah : cette locu-
tion n'exprime sans doute que des rapports
familiers avec Dieu et la jouissance de ses
faveurs. Delitzsch, qui met la composition
du Psaume pendant la revoke d'Absalom
{II Sam, xvu,2y-2g),tra.du\t,jeretournerai.
PSAUME XXIV.
1. A Jehovah : comp. I Cor. x, 26.
2. Sur les niers : allusion a Tdmersion suc-
cessive des continents, ensevelis auparavant
sous les eaux (Gen. i, 9). — Les fleuves, les
eaux en mouvement, aussi bien les Hots et
les courants de la mer {Jon. ii, 4) que les
fleuves proprement dits. Le Psalmiste deerit
les apparences, il ne fait point de the'orie
scientifique.
4. Les mains designent les acles exte-
rieurs; le cceur, les sentiments et les pen-
se'es. — Mensonge, chose vaine, souvent
iniquite, et meme idolatrie.
yfi 23 — LA SAINTE BIBLE. TO.ME IV. — .(
50
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
5 11 obtiendra la b^nedidlion de Jehovah,
La justice du Dieu de son salut
6 Telle est la race de ceux qui le cherchent,
De ceux qui cherchent la face du Dieu de Jacob. — Scla.
7 Portes, elevez vos linteaux;
Elevez-vous, portes antiques !
Oue le Roi de gloire fasse son entree ! —
8 Quel est-ii ce roi de gloire? —
Jehovah fort et puissant,
Jehovah puissant dans les combats.
9 Portes, elevez vos linteaux;
Elevez-vous, portes antiques !
Que le Roi de gloire fasse son entree 1 —
lo Quel est-il ce Roi de gloire? —
Jehovah des armees,
Voila le roi de gloire ! — Sela.
PSAUME XXV (VULG. XXIV).
E Psaunie ne se rattache et ne fait allusion a aucun fait historique particulier; il est
purenient moral. David temoigne sa confiance en Dieu, dont il implore le secours
et le pardon de ses peches. La composition est alphabetique, c.-a-d. que chacune
des lettres de I'alphabet hebreu commence un verset, sauf quelques exceptions, dues peut-
etre a des fautes de copiste. Les pensdes ne se suivent pas dans un ordre bien rigoureux.
Ps. XXV. ' PSAUME de David.
Vers toi, Jehovah, j'eleve mon ame.
2 Mon Dieu, en toi je me confie : que je n'aie pas de confusion I
Que mes ennemis ne se rejouissent pas a mon sujet !
3 Non, aucun de ceux qui esperent en toi ne sera confondu;
Ceux-la seront confondus qui sont infideles sans cause.
4 Jehovah, fais-moi connaitre tes voies,
Enseigne-moi tes sentiers.
5 Conduis-moi dans ta verite et instruis-moi;
Car tu es le Dieu de mon salut,
Tu es tout le jour mon esperance.
6 Jehovah, souviens-toi de ta mise'ricorde et de ta bonte,
Car elles sont eternelles.
7 Ne te souviens pas des peches de ma jeunesse ni de mes transgressions ;
Souviens-toi de moi selon ta misericorde,
A cause de ta bonte.
8 Jehovah est bon et droit;
C'est pourquoi il indique aux pecheurs la voie.
9 II conduit les humbles dans la justice,
II enseigne aux humbles sa voie.
ID Tons les sentiers de Jehovah sont misericorde et tidelite
Pour ceux qui gardent son alliance et ses commandements.
11 A cause de ton nom, Jehovah,
Tu pardonneras mon iniquite, car elle est grande.
12 Quel est I'homme qui craint Jehovah?
Jehovah lui montre la voie qu'il doit choisir.
13 Son ame repose dans le bonheur,
Et sa posterity possddera le pays.
5. La justice, la justification, I'etat de
grace, qui rdtablit dans I'homme I'image de
Dieu. D'autres : la recompense qu'il merite.
6. La face du Dieu de Jacob, d'apres les
LXX. L'h^breu porte : taface, Jacob.
7. Portes, elevez vos linteaux, litt. vos
LIBER PSALMORUM.
51
do corde, qui non accepit in vano
animam suam, nee juravit in dolo
proximo suo. 5. Hie accipiet bene-
dictionem a Domino : et misericor-
diam a Deo salutari suo. 6. Usee
est generatio quaerentium eum, quas-
rentium faciem Dei Jacob.
7. Attollite portas principes ve-
stras, et elevamini portas aeternales ;
et introibit rex glorias. 8. Quis est
iste rex glorias? Dominus fortis et
potens : Dominus potens in proelio,
9. Attollite portas principes vestras,
et elevamini portas aeternales : et
introibit rex glorias. 10. Quis est
iste rex glorias .'^ Dominus virtutum
ipse est rex glorias.
^ itjc w. ^^ :<u M i^ '^i. 'ii>. ^•. :<'■)•. i^y. ^ ^' i^: i^: i^: ^' ^ w. ^j
— *— PSALM US XXIV. — :>—
Psaltes precatur liberationeni, peccatorum
condonationem, et protedlionem divinam.
I. In finem, Psalmus David.
D te Domine levavi ani-
mam meam : 2. Deus
meus in te confido, non
erubescam : 3. neque ir-
rideant me inimici mei : etenim
universij qui sustinent te, non con-
fundentur.
4. Confundantur omnes iniqua
agentes supervacue. Vias tuas Do-
mine demonstra mihi : et semitas
tuas edoce me. 5. Dirige me in ve-
ritate tua, et doce me : quia tu es
Deus salvator meus, et te sustinui
tota die.
6, Reminiscere miserationum tua-
rum Domine, et misericordiarum
tuarum, quae a sa^culo sunt. 7. De-
licta juventutis meas, et ignorantias
meas ne memineris. Secundum mi-
sericordiam tuam memento mei tu :
propter bonitatem tuam Domine.
8. Dulcis et rectus Dominus :
propter hoc legem dabit delinquen-
tibus in via. 9. Diriget mansuetos
in judicio : docebit mites vias suas.
10. Universas viae Domini, mise-
ricordia et Veritas, requirentibus te-
stamentum ejus et testimonia ejus.
II. Propter nomen tuum Domine
propitiaberis peccato meo : multum
est enim.
12. Quis est homo qui timet Do-
minum? legem statuit ei in via,
quam elegit. 13. Anima ejus in bo-
somntefs, faites-vous plus hautes et plus
larges pour reconnaitre la majeste du sou-
verain Seigneur. Vulg., princes^ exhaussez
vos partes : on entendra par ces piinccs des
officiers, des levites ou des anges, selon que
les partes seront prises pour celles de la
ville, celles du tabernacle ou celles du ciel
(Ascension de J.-C).
\o. Jehovah des armees celestes, anges et
astres (comp. Ps. ciii, 21 ; cxlviii, 2), expres-
sion qui implique I'idee de toute-puissance.
PSAUME XXV.
2. Canfusiofi, pour avoir espere vainement
en Dieu.
3. Infideles, propr. perfides, soit a Tegard
de Dieu, soit vis-a-vis du prochain.
4. Tes votes, les voies de la justice et du
salut, qui sont aussi celles du bonheur. La
volonte de Dieu est exprimee dans ses lois
ecrites, mais c'est Dieu lui-meme qui doit
en donner I'intelligence.
5. Conduis-inot : apres avoir demande la
grace pour connaitre, il demande la grace
pour agir. — Dans ia veritej ou bien : dans
le chemin trace par ta volonte; ou bien : par
un effet de ta fidelite dans tes promesses.
7. De ines transgressions plus refl^chies
et plus coupables. Vulg., de mes fautes
d'igtiorance. — Seton ta iiiisericorde, et non
selon la rigueur de ta justice.
8. Aux pccheurs : il s'agit surtout de ceux
qui tombent par faiblesse ou ignorance. —
La vole qui conduit a la vie, au salut.
10. Les sentiers de Jehovah, ses desseins
et sa conduite a I'egard des homnies, sont
miscricorde : ils tendent au salut de tous,
et yide/i te : \ls attestent que les promesses
divines sont toujours realisees.
ri. A cause de ton nam, <ie ton etre divin
manifeste comme misericorde et fidelite. —
Car elle est grande : plus mon iniquite est
grande, plus le pardon m'est necessaire;
plus aussi il fera eclater son infinie miseri-
corde. Comp. Liic, vii, 47.
12. Lui nwntre la vote, conformement a
la priere du vers. 4. Dans la Vulg., il fau-
drait eligat au lieu de elegit.
13. Son dine, lui-meme, par opposition a
sa posterite. — Posscdera (propr. aura en
heritage) le pays : allusion aux passages de
la loi ou Dieu promet a son peuple, r^cem-
ment sorti d'Egypte, la possession paisible
et durable du pays de Chauaan, par ex.
52
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
14 La familiaritd de Jehovah est pour ceux qui le craignent;
11 leur fait connaitre les bcncdiflions de son alliance.
15 J'ai les yeux constanunent tournes vers Jehovah,
Car c'est lui qui tirera mes pieds du lacet.
16 Regarde-moi et prends pitie de moi,
Car je suis delaisse et malheureux.
17 Les angoisses de mon cceur se sont accrues :
Tire-moi de ma detresse !
1 8 Vois ma misere et ma peine,
Et pardonne tous mes peches.
19 Vois combien sont nombreux mes enneniis.
Et quelle haine violente ils ont centre moi !
20 Garde mon ame et sauve-moi !
Que je ne sois pas confus, car j'ai mis en toi ma confiance!
21 Que I'innocence et la droiture me protegent,
Car j'espere en toi.
22 O Dieu, delivre Israel
De toutes ses angoisses!
PSAUME XXVI (VULG. XXV).
N n'est pas d'accord sur I'occasion de ce Psaume; plusieurs croient la trouver
II Snin. XV, 25, ou il est dit que David, fuyant devant Absalom, ordonna au pretre
Sadoc de reporter I'arche dans la ville sainte, que le pieux roi esperait revoir un
jour. Quoi qu'il en soit, David, dans ce cantique, fait I'apologie de sa conduite et implore
le secours divin.
Ps. xxvi. ^ DE David.
Rends-moi justice, Jehovah, car j'ai marche dans I'innocence;
Je me confie en Jehovah, je ne chancellerai pas.
2 Eprouve-moi, Jehovah, sonde-moi,
Fais passer au creuset mes reins et mon cceur :
3 Car ta misericorde est devant mes yeux,
Et je marche dans ta v^ritc.
4 Je ne me suis pas assis avec les hommes de mensonge,
Je ne vais pas avec les hommes dissimules;
5 Je hais I'assemblee de ceux qui font le mal,
Je ne siege pas avec les mdchants.
6 Je lave mes mains dans I'innocence,
Et j'entourerai ton autel, Jehovah,
7 Pour faire entendre une voix de louange
Et raconter toutes tes merveilles.
8 Jehovah, j'aime le sdjour de ta maison,
Le lieu oii ta gloire reside.
9 N'enleve pas mon ame avec celle des pecheurs.
Ma vie avec celle des hommes de sang,
10 Qui ont le crime dans les mains,
Et dont la droite est pleine de presents.
1 1 Pour moi, je marche en mon innocence;
Delivre-moi et aie pitie de moi !
12 Mon pied sc tient sur un sol uni :
Je bdnirai Jdhovah dans les assemblees.
Exod. XX, 12. Sens : sa posterite sera com-
blee de benediflions temporelles et spi-
rituelles. Notre-Seigneur revet de la meme
forme une pensee analogue, lorsqu'il pro-
met aux doux m-x'/ls posscdcroiit la /cr/c,
c.a-d. le ciel, veritable terre promise, dont
LIBER PSALMORUM.
53
nis demorabitur : et semen ejus he-
reditabit terram. 14. Firmamentum
est Dominus timentibus eum : et
testamentum ipsius ut manifestetur
illis.
15. Oculi mei semper ad Domi-
num : quoniam ipse evellet de la-
queo pedes meos. 16. Respice in
me, et miserere mei : quia unicus
et pauper sum ego. 17, Tribulatio-
nes cordis mei muldplicatas sunt :
de necessitatibus meis erue me.
18. Vide humilitatem meam, et la-
borem meum : et dimitte universa
delicta mea. 19. Respice inimicos
meos quoniam multiplicati sunt, et
"odio iniquo oderunt me. 20. Cu-
stodi animam meam, et erue me :
non erubescam quoniam speravi in
te. 21. Tnnocentes et recti adhasse-
runt mihi : quia sustinui te.
22. Libera Deus Israel, ex omni-
bus tribulationibus suis.
— :i:— PSALM US XXV. — *—
David sua? innocentice conscius ad judicium
Dei recurrit.
I. In finem, Psalmus David,
UDIC A me Domine, quo-
niam ego in innocentia
mea ingressus sum : et in
Domino sperans non in-
firmabor. 2. Proba me Domine, et
tenta me : ure renes meos et cor
meum. 3. Quoniam misericordia
tua ante oculos meos est : et com-
placui in veritate tua. 4. Non sedi
cum concilio vanitatis : et cum ini-
quagerentibusnonintroibo.5.0divi
ecclesiam malignantium : et cum
impiis non sedebo. 6, Lavabo inter
innocentes manus meas : et circum-
dabo altare tuum Domine : 7. ut
audiam vocem laudis, et enarrem
universa mirabilia tua. 8. Domine
dilexi decorem domus tuae, et lo-
cum habitationis gloriae tuae.
9. Ne perdas cum impiis Deus
animam meam, et cum viris sangui-
num vitam meam : 10. in quorum
manibus iniquitates sunt : dextera
eorumrepletaestmuneribus. I i.Ego
autem in innocentia mea ingressus
sum : redime me, et miserere mei.
12. Pes meus stetit in directo : in
ecclesiis benedicam te Domine.
le pays de Chanaan n'etait que la figure
{Matih. V, 4).
14. La fa//ii7/an7e (Vu\g., /e ferwe app^ii):
Jehovah se communiquera familierement a
eux : comp. Prov. iii, 32; Jean, xv, 16; et
comme exemple Gen. xviii, 17. — Connaitrc
par experience, gouter.
15. Du lacet : image d'une situation diffi-
cile et perilleuse.
21. Vulg. : /es hommes innoceyits et droits
se sont attaches a inoij parce qtie j\ii mis en
I'oiis nion espoi}-.
22. Ce verset, qui est en dehors de la
serie alphabetique, parait avoir etd ajoute
plus tard, soit pendant la captivite, soit
quand le Psaume cut etd admis dans
I'lisage liturgique.
PSAUME XXVI.
2. Fais passer au creuset^ eprouve par le
feu mes afifeftions et mes pensees {Ps.
xvi, 7) : il n'y a en moi rien de criminel.
3. Ta vt'rite', c.-k-d. ta loi, cf. xxv, 5.
6. Je lave mes mains., comme les pretres
devaient le faire avant de s'approcher de
I'autel {Exod. xxx, 17-21). Se laver les mains
etait chez les Hebreux una adlion symbo-
lique signifiant qu'on etait innocent de tout
crime; c'est ce qu'expriment ici les mots
da7is Pinnocence, ou plus exadlement en
innocence {Dent, xxi, 6). — Et fentourerai
ton atttel, j'y viendrai souvent.
7. Pour faire entendre; Vulg., pour en-
tendre.
8. Le sejour; Vulg. , la beauie.
10. Presents : la venalite des juges et des
fon(5\ionnaires a toujours ete la plaie du
despotisme oriental.
12. A/on pied, etc. : c.-a-d. je suis sorti
des chemins dangereux ; ou bien, selon
d'autres, //ion pied si' est tenu dans la droi-
ture, dans la fidelite a Dieu; c'est pourquoi
je serai bientut exauce, mon exil prendra
tin, et je pourrai benir le Seigneur, etc.
54
PREMIER LIYRE DES PSAUMES.
rSAUME XXVII (vuLc;. xxvi).
fXpose a de grands pt^rils le Psalmiste exprime toute sa confiance en Dieu et son
desir d'habiter pies de lui, d'abord sur un ton de triomphe (vers. 16), puis sur celui
de la supplication (7-14). Ce cantique pent etre rapporte, soit a la persecution de
Saiil (I Sat/1, xxi sv.), soit a la revoke d'Absalom, peu de temps avant la derniere et deci-
sive bataille (II Sam. xviii).
Ps. xxvii. ' DE David.
Jdhovah est ma lumiere et mon salut :
Qui craindrais-je?
Jehovah est le rempart de ma vie :
De qui aurais-je peur?
2 Quand des mechants se sont avances rontre moi
Pour devorer ma chair;
Ouand nies adversaires et mes ennemis se sont avances,
Ce sont eux qui ont chancele et qui sont tombes.
3 Qu'une armee vienne camper contre moi,
Mon coeur ne craindra point;
Que contre moi s'engage le combat,
Alors mcme j'aurai confiance.
4 Je demande a Jehovah une chose,
Je la desire ardemment :
Je voudrais habiter dans la maison de Jehovah
Tous les jours de ma vie.
Pour jouir des amabilites de Jehovah,
Pour me perdre dans la contemplation de son sancfluaire.
5 Car il m'abritera dans sa demeure
Au jour de I'adversite,
11 me cachera dans le secret de sa tente,
II m'dtablira sur un rocher.
6 Alors ma tete s'elevera au-dessus des ennemis
Qui sont autour de moi;
J'offrirai dans son tabernacle des sacrifices d'acflion de graces,
Je chanterai et je dirai des hymnes a Jehovah.
7 Jehovah, dcoute ma voix qui t'invoque;
Aie pitie de moi et exauce-moi !
8 Tn as dit : " Cherchez ma face "; mon coeur te repond :
" Je cherche ta face, Jehovah."
9 Ne me cache pas ta face,
Ne repousse pas avec colere ton serviteur;
Tu es mon secours, ne me delaisse pas,
Et ne m'abandonne pas, Dieu de mon salut !
10 Car mon pere et ma mere m'ont abandonne,
Mais Jehovah me recueillera.
Ti Seigneur, enseigne-moi ta voie;
Dirige-moi dans un sentier uni, a cause de ceux qui m'cpient.
12 Ne me livre pas a la fureur de mes adversaires,
Car contre moi s'elevent des temoins de mensonge,
Et des gens qui ne respirent ciue violence.
13 Ah ! si je ne croyais pas voir la bonte de Jehovah
Dans la terre des vi\ants...
14 Espere en Jehovah !
Aie courage et que ton cceur soit ferme !
Espere en Jehovah !
I.
Vul<:
PSAUME XXVII.
Psainiic de David. Les LXX et la
. ajoutent, avant son sacre. Si cette
indication est exacfle, il s'agit probablement
de la deuxieme ondlion que rei;ut David,
lorsqu'il fut mis a la tete de la tribu de Juda
(II Sam. ii, 4).
LIBER PSALMORUM.
55
— :i:— PSALMUS XXVI. — :i:—
David siiam profitetur fiduciam in Deo,
et ejus implorat auxilium.
I. Psalmus David priusquam lini-
retur.
OMINUS illuminatio
mea, et salus mea, quern
timebo? Dominus prote-
ctor vitas meae, a quo tre-
pidabo? 2. Dum appropiant super
me nocentes, ut edant carnes meas :
qui tribulant me inimici mei, ipsi
infirmati sunt et ceciderunt. 3. Si
consistant adversum me castra, non
timebit cor meum. Si exsurgat ad-
versum me proelium, in hoc ego
sperabo.
4. (Jnam petii a Domino, hanc
requiram, ut inhabitem in domo
Domini omnibus diebus vitas meae :
ut videam voluptatem Domini, et
visitem templum ejus. 5. Quoniam
abscondit me in tabernaculo suo :
in die malorum protexit me in abs-
condito tabernaculi sui. 6. in petra
exaltavit me : et nunc exaltavit ca-
put meum super inimicos meos.
Circuivi, et immolavi in taberna-
culo ejus hostiam vociferationis :
cantabo,etpsaImumdicam Domino.
7, Exaudi Domine vocem meam,
qua clamavi ad te : miserere mei, et
exaudi me. 8. Tibi dixit cor meum,
exquisivit te facies mea : faciem
tuam Domine requiram, 9. Ne
avertas faciem tuam a me : ne de-
clines in ira a servo tuo. Adjutor
meus esto : ne derelinquas me, ne-
que despicias me Deus salutaris
meus, 10. Qjuoniam pater meus, et
mater mea dereliquerunt me : Do-
minus autem assumpsit me.
1 1, Legem pone mihi Domine in
via tua: et dirige me in semitam re-
ctam propter inimicos meos. 12. Ne
tradideris me in animas tribulan-
tium me : quoniam insurrexunt in
me testes iniqui, et mentita est ini-
quitas sibi. 13, Credo videre bona
Domini in terra viventium. 14. Ex-
specta Dominum, viriliter age : et
confortetur cor tuum, et sustine
Dominum.
Ma lujiiilre. Cast le premier endroit de
la Bible et le seul de I'Ancien Testament
oil ce nom est expressement donne a Jeho-
vah. Comp. Is. Ix, I ; Jean, i, 7-9; I Jean,
i, 5 ; Apoc. xxl, 23,
2. Pour devofer nia chair : I'image est
empruntee aux betes feroces.
4. Ce verset suppose que David est eloi-
gnd du tabernacle ou residait I'arche, et que,
si elle n'etait pas encore a Jerusalem, il
avail le dessein de I'y transporter, peut-etre
meme de lui batir un temple. — Four me
perdre, etc. ; ou bien avec Hengstenberg et
Delitzsch,/<97/r mediter dans ton sanHiiaire.
Vulg., pour visiter ton sattHuaire.
5. Dans le secret de la tente, c.-k-d. du
tabernacle de Jehovah, David sera en su-
rete, comme sur lui rocker inaccessible.
6. Je dirai des hymnes avec accompagne-
ment de la cithare.
8. Tu as dif, etc. : c'est ainsi que la plu-
part des modernes expliquent ce verset, tres
elliptique en hebreu. Chercher la face de
Jehovah, c'est chercher Jehovah lui-meme,
c. a-d. rechercher son amitie, sa faveur, son
secours. Vulg. : nion caur vous a fnrle.
mes yeux vous ont cherche; toujours, Sei-
g7teur, je chercherai votreface.
9. Avec colcre, propr. etant en colere.
10. Mon pere et nia mere, etc. Poursuivi
par Saiil, David avait confie ses parents h,
la garde du roi de Moab (I 6'«w. xxii, 3); et
c'est a ce fait que se rapporte le verset.
Nous ne partageons pas ce sentiment. Ou
bien inon pere et ma mere sont mis ici, par
maniere de proverbe, pour mes proches et
mes amis; ou bien nous traduirions avec
Le Hir : lors meme que mon pere et ma mere
m' abandon neraient. — Me recueillera comme
son enfant dans sa maison.
11. Ta vote, le chemin ou tu veux que je
marche; en y marchant, je n'aurai rien a
craindre de ceux qui m\'pient pour me
perdre.
13. Dans la tei're des vivants, dans cette
vie, par opposition au scheol, le sdjour des
morts. La phrase n'est pas achevee; on pent
sous-entendre : Que je serais malheureux.
Ma situation serait de'sesperee, ou quelque
chose de semblable. Vulg.. je crois que je
verrai, etc.
56
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME XXVIir (VULG. XXVIl).
Avid persecute, soit au temps de Saiil, soit plutot pendant la revoke d' Absalom,
implore le secours de Dieu contra ses ennemis (vers. 1-5); puis, siir d'etre exaucc,
il remercie le Seigneur a I'avance (6-9).
Ps. xxviii. ' DE David.
C'est vers toi, Jehovah, que je crie;
Mon rocher, ne reste pas sourd a ma voix,
De peur que, si tu gardes le silence,
Je ne ressemble it ceux qui descendent dans la fosse.
2 Ecoute la voix de mes supplications, quand je crie vers toi,
Ouand j'eleve mes mains vers ton saint sancl;uaire.
3 Ne m'emporte pas avec les m^chants et les artisans d'iniquite,
Qui parlent de paix a leur prochain,
Et qui ont la malice dans le coeur.
4 Rends-leur selon leurs oeuvres et selon la malice de leurs anions,
Rends-leur selon I'ouvrage de leurs mains,
Donne-leur le salaire qu'ils meritent.
5 Car ils ne prennent pas garde aux ceuvres de Jehovah,
A I'ouvrage de ses mains :
II les d^truira et ne les batira pas.
6 Bdni soit Jehovah,
Car il a entendu la voix de mes supplications!
7 Jehovah est ma force et mon bouclier;
En lui s'est confie mon cttur, et j'ai ete secouru;
Aussi mon creur est dans I'allegresse,
Et je le louerai par mes cantiques.
8 Jehovah est la force de son peuple,
II est une forteresse de salut pour son Oint.
9 Sauve ton peuple et bdnis ton heritage !
Sois leur pasteur et porte-les h. jamais!
rSAUME XXIX (VUL(;. XXVIIl).
A grandeur de Dieu manifeste'e par I'orage, tel est le sujet de ce cantique. Le Psal-
miste se transporte au milieu des anges et les invite ?i louer et h adorer Jehovah
(vers. 1-2); suit la description de I'orage, qui part des montagnes du Liban au nord
et arrive jusqu'au desert dArabie au sud; la 7'oi\\- de Jcho7'ah se fait enrendre sept fois
(3-9); il termine en exprimant la confiance que Jehovah, maitre de la nature, donnera force
et paix i\ son peuple (10- 11).
Ps. xxix. ' PSAUME de David.
Donnez a Jehovah, fils de Dieu,
Donnez il Jehovah gloire et puissance I
2 Donnez h. Jehovah la gloire de son nom !
Adorez Jehovah dans de saints ornaments I
3 La voix de Jehovah gronde au-dessus des eaux,
Le Dieu de la gloire tonne,
Jehovah est sur les grandes eaux.
PSAUME XXVIII.
I. Man rocJicr (Vulg. mon Dieu), appella-
tion frequente de Dieu, compare a un lieu
eleve qui sert d'abri et de defense. — De pciir
que je >tc fessoiible a ceux qui descendent
dans la fosse, le tombeau ou le scheol (sejour
des morts) : de peur que je ne meure de
douleur de me voir abandonne de Jehovah.
4. Rends-leur, etc. : le Psalmisle annonce,
sous la forme d'une priere, le chatiment qui
doit frapper les pecheurs, chatiment cer-
tain, puisqu'il est exige par la justice divine.
A ceux qu'etonnerait ce langage dans la
bouche d'un auteur inspire, nous rappelle-
lons que le Christ, dont David etait la figure
prophetique, mais une figure necessaire-
LIBER PSALMORUM.
57
— :i:— PSALMUS XXYII. — *—
David ad Deum clamat, ejus auxilio adjutus
non timet perire cum impiis.
Psalmus ipsi David.
D te Domine clamabo,
Deus meus ne sileas a
me : ne quando taceas a
me, et assimilabor descen-
dentibus in lacum. 2. Exaudi Do-
mine vocem deprecationis meas
dum oro ad te : dum extollo manus
meas ad templum sanctum tuum.
3. Ne simul trahas me cum pecca-
toribus : et cum operantibus iniqui-
tatem ne perdas me : "qui loquun-
tur pacem cum proximo suo, mala
autem in cordibus eorum. 4. Da
illis secundum opera eorum, et se-
cundum nequitiam adinventionum
ipsorum. Secundum opera manuum
eorum tribue illis : redde retribu-
tionem eorum ipsis. 5. Ouoniam
non intellexerunt opera Domini, et
in opera manuum ejus destrues
illos, et non asdificabis eos.
6. Benedictus Dominus : quo-
niam exaudivit vocem deprecationis
meae. 7. Dominus adjutor meus, et
protector meus : in ipso speravit
cor meum, et adjutus sum. Et re-
floruit caro mea : et ex voluntate
mea confitebor ei. 8. Dominus for-
titudo plebis suas : et protector
salvationum Christi sui est. 9. Sal-
vum fac populum tuum Domine,
et benedic hereditati tuae : et rege
eos, et extolle illos usque in aeter-
num.
— :i:— PSALMUS XXVI I L — *—
Vocantur filii Dei ad adorandum Domi-
num, cujus vox describitiir.
Psalmus David,
I. In consummatione tabernaculi.
FFERTE Domino filii
Dei : afFerte Domino filios
arietum : 2. afferte Domi-
no gloriam et honorem,
afFerte Domino gloriam nomini
ejus : adorate Dominum in atrio
sancto ejus.
3. Vox Domini super aquas, Deus
majestatis intonuit : Dominus super
ment imparfaite, n'etait pas encore venu
apporter au monde sa loi de grace et
d'amour. Yoy. le Preambule du Ps. cix.
5. Aux ivirorcs de JeJwvaJi : le I'salmiste
a surtout en vue le choix que Dieu a fait de
David et la protection manifeste dont il I'a
entoure; ses ennemis n'ont pas voulu voir
res signes evidents, — Bdiir qticlqu^ia?,
dans la Bible, c'est lui assurer une posle-
rite : ni Saiil ni Absalom n'ont laissd d'heri-
tiers de leur puissance.
7. Aussi iiion ca:itr, etc. LXX et ^'uIg.,
sans doute d'apres une autre legon : )iia
chair a j-eflemi, et c'est de tout cauir qtie jc
tc loiierai.
8. Soft Oi/tt, David, qui a recu Tondlion
royale {Ps. xx, 6).
g. Porte-les dans tes bras, comme le ber-
ger porte ses brebis {Dent, i, 31; xxxii, 11.
Comp. Is. xl, 11; Ixiii, 9; Luc, xv, 4 sv.).
D'autres, avec la Vulg., exalte-tes.
PSAUME XXIX.
I. Au court titre de I'hebreu, les LXX et
la Vulg. ajoutent une indication religieuse,
a la fm du tabrrnac/e, dont le sens probable
est que le Psaume devait etre chante le der-
nier jour de la fete des Tabernacles, lequel
etait le plus solennel {Lev. xxiii, 36). Une
tradition juive plus recente le fait figurer
dans le rituel de la fete de la Pentecote ou
des Seniaines.
Fits de Dieu : les esprits celestes, crees
semblables a lui et formant en c^uelque sorte
sa maison {Jol), xxiii, 36). D'autres enten-
dent par la soit les chefs des principales
families, soit les prctres et les levites. Ce
sens est celui de la Vulg. oit on lit, apportez
au Seigneur de jeunes agneaux pour lui etre
ofterts en sacrifice. Mais ces mots manquent
dans I'hebreu, ou plutot ils ne sont autre
chose qu'une repetition maladroite, par suite
de I'inadvertance d'un copiste, du premier
membre du verset, avec le changement
Hi' Eli in (pour Elo/iim), Dieu, en eilini, be-
liers.
2. Dans de saints ornements (Vulg., dans
son saint parvis), symbole de la beauttf mo-
rale dont Dieu a revetu les anges en les
creant : I'image est empruntee aux pretres
levitiques, qui revetent des ornements sa-
cres pour remplir les foncflions du culte.
3. La 7'oix de Jehovah, le tonnerre, la
foudre. — Au-dessus des eaux superieures.
58
PREMIER LIVRK DES PSAUMES.
4 La voix de Jehovah est puissante,
La voix de Jehovah est majestueuse.
5 La voix du Seigneur brise les cedres;
Le Seigneur brise les cedres du Liban,
6 II les fait bondir comme un jeune taureau,
Le Liban et le Sirion comme le petit du buffle.
7 La voix de Jehovah fait jaillir des flammes de feu.
8 La voix de Jehovah dbranle le desert;
Jehovah ebranle le desert de Cades.
9 La voix de Jehovah fait enfanter les biches,
Ella depouille les forets de leiir feuillai^e,
Et dans son temple tout dit : " Gloire ! ".^
10 Jehovah, au deluge, est assis siir son tronc^
Jehovah siege sur son trone, roi pour Teternitc.
11 Jehovah donnera la force a son peuple;
Jehovah benira son peuple en lui donnant la paix.
PSAUME XXX (VULG. XXIX).
JAuv^ misericordieusement du danger d'une ruine totale (vers. 2-4), le Psalmiste
invite tons les hommes pieux a celebrer avec lui la divine clemence (5-6). La pros-
it perite avail fait naitre en lui I'orgueil et la presomption, et Dieu lui avait t^moigne
sa colere (7-9); priere qu'il lui adressa dans son malheur (lo-ii); sa joie et sa reconnais-
sance d'avoir ete exauce (12-13).
Parmi les evdnements de la vie de David auxquels on pourrait rapporter ce Psaume,
il en est un qui en explique de la maniere la plus naturelle le titre et le contenu. On sait
que David, oubliant qu'il n'etait comme roi d'lsrael que le representant de Jehovah,
ordonna de faire le denombrement du peuple, et que Dieu, pour I'en punir, fit p^rir par la
peste 70 mille hommes en trois jours; apres quoi I'Ange exterminateur apparut, au-dessus
d'une aire situde sur le mont Moria; et le fleau cessa. David consacra cette aire pour en
faire I'emplacement du temple futur. (Voy. II Sam. xx, 14, 16-25; I Par. xxi, 18 — xxii, 5).
Telle fut, probablement, I'occasion de ce cantique, " le modele, dit Ewald, des hymnes
d'aflions de graces, compose dans le meilleur age de la poesie hebraique."
Ps. XXX. ^PSAUME. Cantique pour la dedicace de la maison. De David.
2 Je t'exalte,- Jehovah, car tu m'as releve,
Tu n'as pas rejoui mes ennemis a mon sujet.
3 Jehovah, mon Dieu,
J'ai crie vers toi, et tu m'as gueri.
4 Jehovah, tu as fait remonter mon ame du sejour des morts,
Tu m'as rendu la vie, pour que je ne descende pas dans la fosse.
5 Chantez Jehovah, vous ses fideles,
Celebrez son saint souvenir I
6 Car sa colere dure un instant,
Mais sa grace toute la vie;
Le soir viennent les pleurs
Et le matin I'allegresse.
7 Je disais dans ma securite :
" Je ne serai jamais ebranle ! "
8 Jehovah, par ta grace, tu avais affermi ma montagne; —
Tu as cache ta face, et j'ai etc trouble.
9 Jehovah, j'ai crie vers toi,
J'ai implor^ Jehovah :
10 " Que gagnes-tu h. verser mon sang,
A me faire descendre dans la fosse?
des nuages amonceles qui portent la foudre
dans leurs flancs. — Le Dieit de la gloire
(avec I'article), la gloire faisant en quelque
sorte jiartie de son ctre.
6. II fait bondir, en les ebranlant par le
fracas du tonnerre, le Liban et le Siiion :
ce dernier mot est le nom phenicien de
I'Hermon {Dent, iii, 9). prolongement mcri-
LIBER PSALMORUM.
59
aquas multas. 4. Vox Domini in
virtute : vox Domini in magnificen-
tia. 5. Vox Domini confringentis
cedros : et confringet Dominus ce-
dros Libani : 6. et comminuet eas
tamquam vitulum Libani : et dile-
ctus quemadmodum filius unicor-
nium. 7. Vox Domini intercidentis
flammam ignis : 8. vox Domini
concutientis desertum : et commo-
vebit Dominus desertum Cades.
9. Vox Domini prasparantis cervos,
et revelabit condensa : et in templo
ejus omnes dicent gloriam.
10. Dominus diluvium inhabitare
facit : et sedebit Dominus rex in
aeternum. 11. Dominus virtutem
populo suo dabit : Dominus bene-
dicet populo suo in pace.
— *— PSALMUS XXIX. — *—
Gratiarum acflio pro liberatione a morte
et tribulationibus.
I. Psalmus Cantici
In dedicatione domus David.
X ALT ABO te Domine
quoniam suscepisti me :
nee delectasti inimicos
meos super me. 3. Do-
mine Deus meus clamavi ad te,
et sanasti me. 4. Domine edu-
xisti ab inferno animam meam :
salvasti me a descendentibus in
lacum. 5. Psallite Domino san-
cti ejus : et confitemini memoriae
sanctitatis ejus. 6. Quoniam ira
in indignatione ejus : et vita in
voluntate ejus. Ad vesperum de-
morabitur fletus : et ad matuti-
num laetitia.
7. Ego autem dixi in abun-
dantia mea : Non movebor in
a^ternum. 8. Domine in volunta-
te tua, prasstitisti decori meo vir-
tutem. Avertisti faciem tuam a
me, et factus sum conturba-
tus. 9. Ad te Domine clamabo :
et ad Deum meum deprecabor.
10. Quae utilitas in sanguine meo,
dum descendo in corruptionem?
Numquid confitebitur tibi pulvis,
aut annuntiabit veritatem tuam.^
dional de I'Anti-Liban. — Buffle ou bceuf
sauvage; Vulg., licornc.
La Vulg. s'dcarte notablement de I'he-
breu dans ce verset; il nous est impossible
d'en saisir le sens.
7. Lance, litt. coupe, divise, des flammes
divisees en plusieurs jets : ce sent les zig-
zags des eclairs et de la foudre, tela fn'siika
des anciens.
8. Desert de Cades, au S. de la Palestine.
9. Fait enfanter les biclies avant le temps,
par la terreur qu'elle leur inspire. — Et pen-
dant que tout est ainsi bouleverse sur la
terre, les anges disent a Dieu dans son
teinple celeste : " Gloire " a toi !
10. Au dehisce, pendant que des torrents
de pluie tombent sur la terre apres I'orage.
Le mot hebr. est le meme qui est employe
dans la Genese pour designer le deluge uni-
versel {1 nab bote I); il y a done ici une allusion
a cette catastrophe. Plusieurs meme tra-
duisent -.JeJiovaJi, au deluge universel, eiait
assis sur son trone, comme il y siegeait pen-
dant la tempete, et comme il y siegera cter-
nellement.
11. Le cantique commence "^txx \q gloria
in excelsis Deo, il se termine par le fax in
terra.
PSAUME XXX.
I. Cafitiquc compose a I'occasion de la
dedicacc ou inauguration de la inaison de
Dieu, inauguration c[ui ne consista pas seu-
lement dans la designation d'un emplace-
ment, mais encore dans Tereclion d'un
" autel des holocaustes pour Israel." I Par.
xxii, I. D'autres, Psautne-cantique, c.-a-d.
Psaume destine a etre chante.
3. Til ni\is gueri. Delitzsch et quelques
autres, qui rapportent le Psaume 5, une de-
dicace de la maison de David dans la forte-
resse de Sion (II Sam. \, 11), supposent que
le roi relevait alors d'une grave maladie.
Mais rien n'empeche de supposer que le
Psalmiste represente ses souffrances mo-
rales sous I'image d'un mal physique, et par
consequent de donner a gucrir un sens
figure.
4. Sejour des viorts, le scheol : voy. Ps.
vi, 6.
5. Son saint souvenir, c.-a-d. son saint
nom, en tant que ce nom rappelle toutes les
CEUvres de misericorde et de justice par
lesquelles Dieu s'est manifest^.
8. Ma viontagne de Sion, a la fois siege
et symbole de la puissance de David.
10. Vcrser luon sang : se dii de toute
espece de mort violente ou prematuree : la
60
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
La poussi^re chantera-t-elle des louanges?
Annoncera-t-elle ta verite?
11 Ecoute, Jehovah, sois-moi propice;
Jehovah, viens a mon secouis ! '' —
12 Et tu as change mes lamentations en allegresse,
Tu as deUe mon sac et tu m'as ceint de joie,
13 Afin que mon ame te chante et ne se taise pas.
Jehovah, mon Dieu, h jamais je te louerai.
PSAUME XXXI (VULG. XXX).
Nvironne de dangers, insulte par ses ennemis, abandonne par ses amis, David
exprime dans une fervente priere sa confiance absohie en Dieu : 11 implore sa deli-
vrance (vers. 2-9); il decrit sa triste situation (10-14); il exprime sa confiance en
Jehovah (15-19); il loue sa bonte a son egard et exhorte les justes a le louer avec lui. —
On peut rapporter ce Psaume a la persecution de Saiil, et specialement aux circonstances
mentionnees I Sam. xxiii, 26.
Le prophete Jeremie a fait quelques emprunts a ce cantique. Comp. vers. 10 et Lament.
i, 20; — vers. 13 ttje'r. xxii, 28; — vers. 14 t\.Jcr. xx, 10. Comp. aussi vers. 7 et 23 et
Jon. ii, 5 et 9.
Ps. xxxi. ^ AU maitre de chant. Psaume de David.
2 Jehovah, en toi j'ai place mon refuge :
Que jamais je ne sois confondu !
Dans ta justice delivre-moi !
3 Incline vers moi ton oreille, hate-toi de me secourir!
Sois pour moi un rocher protefleur,
Une forteresse ou je trouve mon saluti
4 Car tu es mon rocher, ma forteresse,
Et a cause de ton nom tu me conduiras et me dirigeras.
5 Tu me tireras du filet qu'ils m'ont tendu,
Car tu es ma defense.
6 Entre tes mains je remets mon esprit;
Tu me delivreras, Dieu de verite!
7 Je hais ceux qui rdverent de vaines idoles;
Pour moi,c'est en Jehovah que je me confie.
8 Je tressaillirai de joie et d'allegresse k cause de ta bonte.
Car tu as regarde ma miscre,
Tu as vu les angoisses de mon ame,
9 Et tu ne m'as pas livre aux mains de I'ennemi;
Tu donnes a mes pieds un libre espace.
fo Aie pitie de moi, Jehovah, car je suis dans la detresse;
Mon oeil, mon ame, mes entrailles sont usees par le chagrin.
1 1 Ma vie se consume dans la douleur,
Et mes annees dans les gemissements;
Ma force est epuisee h. cause de mon iniquito,
Et mes OS d^perissent.
12 Tous mes adversaires m'ont rendu un objet d'opprobre,
Un fardeau pour mes voisins, un objet d'effroi pour mes amis.
Ceux qui me voient dehors s'enfuient loin de moi.
13 Je suis en oubli, comme un mort, loin des creurs;
Je suis comme un vase brise.
14 Car j'ai appris les mauvais propos de la foule,
L'epouvante qui r^gne ;\ I'entour,
Pendant qu'ils tiennent conseil contre moi :
lis ourdissent des complots pour m'eUer la vie.
peste elle-mcme est con^ue comme I'ceuvre
de TAnge exlerminateur tenant une epee
dans sa main. — La poussiere : les morts
te rendront-ils un culte public et solennel,
comme ils le faisaient sur la terre : voy.
Ps. \'\, 0, note. — Ta Vi'ritc : voy. Ps. xxvi, 3.
LIBER PSALMORUM.
61
II. Audivit Dominus, et misertus
est mei : Dominus factus est adju-
tor meus.
12. Convertisti planctum meum
in gaudium mihi : conscidisti sac-
cum meum, et circumdedisti me
lastitia : (3. ut cantet tibi gloria
mea, et non compungar : Domine
Deus meus in asternum confitebor
tibi.
M :<&: :<g '}^'. y^): 's^i m h j^: 's^. w. .<¥. :^ i^s. h :<»: :<^: %: :<^ i^' :^.i
-;:— PSALM us XXX. — :i:-
Precatio Christi et fidelium se Deo
in moerore committentium.
I. In finem, Psalmus David, pro
extasi.
"N te Domine speravi non
confundar in asternum : in
justitia tua libera me.^.In-
clina ad me aurem tuam,
accelera ut eruas me. Esto mihi in
Deum protectorem : et in domum
refugii, ut salvum me facias. 4. Quo-
niam fortitudo mea, et refugium
meum es tu : et propter nomen
tuum deduces me, et enutries me.
5. Educes me de laqueo hoc, quem
absconderunt mihi : quoniam tu es
protector meus. 6. "In manus tuas ■^ Luc. 23,
commendo spiritum meum : rede- •^^•
misti me Domine Deus veritatis.
7. Odisti observantes vanitates, su-
pervacue. Ego autem in Domino
speravi : 8. exsultabo, et lastabor in
misericordia tua. Q^uoniam respexi-
sti humilitatem meam, salvasti de
necessitatibus animam meam. 9. Nee
conclusisti me in manibus inimici :
statuisti in loco spatioso pedes meos.
10. Miserere mei Domine quo-
niam tribulor : conturbatus est in
ira oculus meus, anima mea, et ven-
ter meus : 11. quoniam defecit in
dolore vita mea : et anni mei in ge-
mitibus. Infirmata est in paupertate
virtus mea : et ossa mea conturbata
sunt. 12. Super omnes inimicos
meos factus sum opprobrium et vi-
cinis meis valde : et timor notis
meis. Qui videbant me, foras fuge-
runt a me : 13. oblivioni datus
sum, tamquam mortuus a corde.
Factus sum tamquam vas perditum :
14. quoniam audivi vituperationem
multorum commorantium in cir-
cuitu : in eo dum convenirent simul
12. En alle'gresse, litt. en dattse, viva ex-
pression de la joie et de la reconnaissance :
voy. Exod. XV, 20; II Sam. vi, 14, 16. —
Mott sac, le vetement de deuil et de peni-
tence dont je m'etais revetu : voy. I Par.
xxi, 16.
13. Moft dnie, litt. ma gloire.
PSAUME XXXI.
3. Un rocher (Vulg. un Dieu) proteHeur,
litt. de defense.
4. Tu me dirigeras, Vulg. in me noiirri-
ras. — A cause de ton nom : voy. Ps. xxiii, 3.
6. Mon esprit, ma vie, considdree dans
son element supdrieur, le souffle sorti de la
bouche de Dieu. Notre-Seigneur et, a son
exemple, S. Etienne et beaucoup d'autres
saints ont prononce en mourant ces paroles
{Luc, xxiii, 46; An. vii, 58). — Tu me deli-
vreras, litt. tu in\i delivfe, preterit de con-
fiance analogue au preterit prophetique : je
sens que je suis delivre. — Dieu de verite,
qui ne trompe pas; probablement aussi avec
I'idee de Dieu veritable, par opposition aux
vaines idoles du vers. 7.
"]. Je hais; LXX, Vulg., Syr., tu hais. —
(2ui reverent de vaines idoles, litt. des vani-
tes de neant ou de mensonge : expression qui
parait designer ici, non seulement les idoles
proprement dites, mais encore toutes les
observances superstitieuses dont la Bible
fait mention a I'epoque de David : ndcro-
mancie, divination, theraphim, etc.
8. Tu as regarde avec amour et compas-
sion. — Tu as pris connaissance ; LXX,
Vulg., tu as sative mon dine de Pangoisse.
11. Mon iniquiiej LXX, Vulg., Syr., ma
misere, ma triste situation. Cette le^on
pourrait etre la vraie, car David ne parle
guere de son itiiquite dans les Psaumes an-
terieurs a ses fautes publiques.
12. Tous mes adversaires, par leurs ca-
lomnies, et surtout a raison de leur nombre
et de leur rang, ont reussi a me faire passer
pour un ambitieux et un rebelle; mes amis
eux-memes craignent de me donner asile.
— Un fardeau (Delitzsch); ou, selon I'inter-
pretation commune, tin grand opprobre.
13. David fugitif est aussi oublie qu'un
mort, qu'un vase use, mis au rebut.
14. A Pentour, autour de moi, parmi mes
amis. — Us ourdissent; ou bien, en ratta-
chant plus etroitement ce 4^ mcinbre au
precedent : (pendant) qicHls ourdissent, etc.
62
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
15 Et moi, je me confie en toi, Jdhovah;
Je dis : Tu es mon Dieu !
16 ivies destinies sont dans ta main;
Ddlivre-moi de la puissance de mes ennemis et de mes perst'cuteurs I
17 Fais luire ta face sur ton seiviteur,
Sauve-moi par ta grace !
iS Jehovah, que je ne sois pas confondu quand je t'invoque !
Que la confusion soil pour les mediants !
(2u'ils descendent impuissants au sejour des morts I
19 Qu'elles deviennent muettes les Icvres menteuses,
Qui parlent avec arrogance contre le juste,
Avec orgueil et mepris.
20 Qu'elle est grande ta bonle,
Que tu tiens en reserve pour ceux qui te craignent,
Que tu temoignes a ceux cjui mettent en toi leur refuge,
A la vue des enfants des hommes !
21 Tu les mets a convert, dans I'asile de ta face, contre les machinations des hommes,
Tu les caches dans ta tente a I'abri des langues qui les attacjuent.
22 Beni soit Jehovah !
Car il a signale sa grace envers moi
En me mettant dans une ville forte.
23 Je disais dans mon trouble :
" Je suis rejete loin de ton regard ! "
Mais tu as entendu la voix de mes supplications,
Quand j'ai crie vers toi.
24 Aimez Jehovah, vous tous qui ctes pieux envers lui.
Jehovah garde les fideles,
Et il punit sevcrement les orgueilleux.
25 Ayez courage, et que votre cueur s'affermisse.
Vous tous qui esperez en Jehovah!
Ps. xxxii.
PSAUME XXXII (VULG. XXXl).
ifi^^^^ "^"^ "-^^ j°^^ ^^ ^^ reconnaissance du pecheur ;i qui Dieu a pardonne sa faute. On
i^a croit que David le composa apres avoir rei;u de Dieu le pardon de son adultere
avec Bethsabee et du meurtre d'Urie (II Sam. xii, 13). Pensees principales :
Bonheur de I'ame a laquelle Dieu a remis son iniquite (vers. 1-2); triste etat de David
apres son peche (3-4); il a confesse son iniquite, et la joie lui a ete rendue (5-7); il invite
tous les hommes a la fidelite aux lois divines (8-11). C'est le developpement d'une sentence
des Proverbes (xxviii, 13).
Ce Psaume est le second des penitentiaux. Les Juifs en font usage pour clore les ce're-
monies de la grande Expiation.
1 DE David. — Pieuse meditation.
Heureux celui dont la transgression a ete remise,
Dont le peche est pardonne !
2 Heureux I'homme a qui Jehovah n'impute pas I'iniquite,
Et dans I'esprit duquel il n'y a point de fraude !
3 Tant que je me suis tu, mes os se consumaient
Dans mon gemissement de chaque jour.
4 Car jour et nuit ta main s'appesantissait sur moi;
La seve de ma vie se dessechait aux ardeurs de I'ete. — Sela.
5 Je t'ai fait connaitre mon peche, je n'ai point cache mon iniquitd;
J'ai dit : " Je veux confesser k Jdhovah mes transgressions."
Et toi, tu as remis I'iniquitd de mon peche. — Scla.
15. Mes destinees, litt. /lies tcnips^ toutes
le^ periodes de ma vie, avec leurs vicissi-
tudes.
17. Faites luire votre face : I'dloignement
de Dieu est tenebres et tristesse; sa pre-
sence et sa faveur sont lumiere et joie.
LIBER PSALMORUM.
63
adversum me, accipere animam
meam consiliati sunt.
15. Ego autem in te speravi Do-
mine : dixi : Deus meus es tu : 1 6. in
manibus tuis sortes meas. Eripe me
de manu inimicorum meorum, et a
persequentibus me. 17. Illustra fa-
ciem tuam super servum tuum, sal-
vum me fac in misericordia tua :
18. Domine non confundar, quo-
niam invocavi te. Erubescant impii,
etdeducanturin infernum: ig.muta
fiant labia dolosa. Quas loquuntur
adversus justum iniquitatem, in su-
perbia, et in abusione.
20, Quam magna multitude dul-
cedinis tuas Domine, quam abscon-
disti timentibus te. Perfecisti eis,
qui sperant in te, in conspectu filio-
rum hominum. 21. Abscondes eos
in abscondito faciei tuae a conturba-
tione hominum. Proteges eos in ta-
bernaculo tuo a contradictione lin-
guarum. 22. Benedictus Dominus :
quoniam mirificavit misericordiam
suammihiincivitatemunita.23.Ego
autem dixi in excessu mentis meas :
Projectus sum a facie oculorum tuo-
rum. Ideo exaudisti vocem orationis
meae, dum clamarem ad te.
24. Diligite Dominum omnes san-
cti ejus : quoniam veritatem requiret
Dominus, et retribuet abundanter
facientibus superbiam. 25. Viriliter
agite, et confortetur cor vestrum,
omnes qui speratis in Domino.
—0— PSALMUS XXXI. — :i:—
Beatitude eorum, quorum remittuntur
peccata; peccatoris insipientia.
Ipsi David intellectus.
EATI quorum remissas
sunt iniquitates : "et quo- « Rom. 4,7.
runt tecta sunt peccata.
2. Beatus vir, cui non im-
putavit Dominus peccatum, nee est
in spiritu ejus dolus.
3. Quoniam tacui,inveteraverunt
ossa mea, dum clamarem tota die.
4. Quoniam die ac nocte gravata est
super me manus tua : conversus
sum in asrumna mea, dum configi-
tur spina,
5, Delictum meum cognitum tibi
feci : et injustitiam meam non abs-
cond!. *Dixi : Confitebor adversum *is. 65, 24.
me injustitiam meam Domino : et
tu remisisti impietatem peccati mei.
18. Que les mechanls soient confondusj ou
bien, les mechants seront confondus, descen-
d)ont^ etc. Voy. Ps. xxviii, 4, note.
20. Que tu tetnoi^nes (litt. exerces)... a la
vue, etc., de maniere que tous les hommes
la reconnaissent.
21. La face de Dieu, symbole de sa fa-
veur, est presentee d'abord comme un
asile, puis comme une fente, ou le juste est
a I'alari.
22. Cette inlle forte, c'est Dieu meme et
sa puissante protedlion. Peut-etre, selon De-
litzsch, ces mots pourraient-il s'entendre
sans figure de la ville de Siceleg, que le roi
Achis avait donnee pour residence a David
et a ses compagnons (I Sam. xxvii, 6).
24. JcJiovah garde les fidelesj d'autres,
avec la Vulg., garde la fidclite a I'egard de
ses serviteurs.
PSAUME XXXII.
I. Meditation, hebr. inaskil. D'autres,
poeme didadique, litt. qui rend intelligent,
sage, et par consequent, dans le sens bibli-
que, pieux (Gesenius); mais ce cara(flere ne
convient qu'k deux des treize Psaumes qui
portent ce titre (au xxxil<^ et au LXXVllie).
Ewald : cJiant intelligent, a executer avec
un art particulier. \\\\g., pour Pinstru^ion.
Remise, litt. otee. — Pardonne, litt. cou-
vert aux yeux de Dieu, et par la meme de-
truit, eftace, comme I'indique d'ailleurs le
parallelisme.
2. Dafis Vesprit, etc. : qui reconnait son
peche et en a un sincere repentir.
S. Paul cite ces deux versets pour mon-
trer que la justification est gratuite de la
part de Dieu {Rom. iv, 6), c'est-a-dire qu'elle
s'obtient par la foi, sans les oeuvres de la
Loi.
3. Tant que je vie suis tu : David avait
ete plus d'un an sans faire a Dieu I'humble
aveu de son double crime.
4. La seve de ma vie, ma vigueur, se des-
sechait, comme celle de I'arbre pendant les
ardeurs de Pete. Vulg., je me retournais
dans ma douleur, et Pcpine s'enfongait da-
I'antage.
5.y'a/' dit, comme I'enfant prodigue {Luc,
XV, 17). Comp. Prov. xxviii, 13.
64
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
6 Que tout homme pieux te prie done au temps favorable !
Non, quand les grandes eaux deborderont,
Elles ne I'atteindront point.
7 Tu es mon asile, tu me preserveras de la detresse;
Tu m'entoureras de chants de ddlivrance. — Sela.
8 — ■ " Je t'instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre;
Je serai ton conseiller, mon ceil sera sur toi." —
9 Ne soyez pas comnie le cheval ou le mulet sans intelligence;
II faut les gouverner avec le mors et le frein,
Autrement ils n'obe'issent pas.
10 De nombreuses douleurs sont la part du mechant,
Mais celui qui se confie en Jehovah est environne de sa grace.
11 Justes, rejouissez-vous en Jehovah et soyez dans I'allegresse !
Poussez des cris de joie, vous tous qui avez le coeur droit !
PSAUME XXXIII (VULG. XXXIl).
j^/j^flE Psalmiste, dans une sublime contemplation des oeuvres de Dieu, la creation et la
i^^M providence, invite tous les justes h. se joindre a lui pour faire retentir les louanges
f^aidi du Seigneur (vers. 1-3); Jehovah est juste et fidele (4-5); il est tout-puissant, c'est
Ps. xxxiii.
lui qui a fait le ciel et la terre (6-9); les nations sont sous sa dependance, il dejoue leurs
projets (lo-ii). Heureux done le peuple qu'il protege! C'est kii qui gouverne tous les
hommes (12-15); l^s ressources humaines ne peuvent rieii par elles-memes; c'est Uii qui
donne le salut a ceux qui le craignent (16-19). Meltons done en lui notre esp^ranee et
notre joie (20-21).
Le style est doux, calme et tempere. Ce caradlere et I'absence de titre en hebreu
font douter que le Psaume soil de David, quoique les LXX et la V^ulgate aient inscrit en
tcte le nom de ce roi.
1 JUSTES, rejouissez-vous en Jehovah!
Aux hommes droits sied la louange.
2 Celebrez Jehovah avee la harpe ;
Chantez-le sur le luth a dix cordes I
3 Chantez a sa gloire un eantique nouveau !
Unissez avee art vos instruments et vos voix.
4 Car la parole de Jehovah est droite,
Et toutes ses ctuvres s'accomplissent dans la fidelite.
5 II aime la justice et la droiture ;
La terre est remplie de la bonte de Jehovah.
6 Par la parole de Jehovah les cieux ont ete faits,
Et toute leur armee par le souffle de sa bouche.
7 II rassemble comme en un monceau les eaux de la mer;
II met dans des reservoirs les flats de I'abime.
8 Que toute la terre eraigne Jehovah !
Que tous les habitants de I'univers tremblent devant lui !
9 Car il a dit, et tout a ete fait ;
II a ordonne, et tout a existe.
10 Jehovah renverse les desseins des nations;
II reduit a neant les pensees des peuples.
11 Mais les desseins de Jehovah subsistent a jamais,
Et les pensees de son coeur dans toutes les generations.
6. Au temps favorable, litt. au temps de
te trouver, pendant que dure le temps de la
misericorde. Comp. Is. Iv, 6. — Les grandes
eaux, les chatiments divins.
7. Tu in\'ntoureras, ete. La traducilion de
ees mots n'est pas sure. Vulg., toi, qui es
ma joie, delivre-moi de ceux qui m\issiigeut.
8. Touehante reponse de Dieu. Keil et
d'autres mettent ces paroles dans la bouche
de David, d'aprcs Ps. li, 15.
LIBER PSALISrORUM.
65
6. Pro hac orabit ad te omnis
sanctus, in tempore opportune. Ve-
rumtamen in diluvio aquarum mul-
tarum, ad eum non approxima-
bunt. 7. Tu es refugium meum a
tribulatione, quae circumdedit me :
exsultatio mea erue me a circum-
dantibus me. 8. Intellectum tibi
dabo, et instruam te in via hac,
qua gradieris : firmabo super te
oculos meos.
9. Nolite fieri sicut equus et mu-
lus, qui bus non est intellectus. In
camo et fraeno maxillas eorum con-
stringe, qui non approximant ad te.
10. Multa flagella peccatoris, spe-
rantem autem in Domino misericor-
dia circumdabit. 11. Lastamini in
Domino, et exsultate justi, et gloria-
mini omnes recti corde.
— :i:— PSALM US XXX I L — V—
Commendatur laudatio et timor Dei
qui justorum saluti invigilat.
Psalmus David.
XSULTATEjusti in Do-
mino ; rectos decet col-
laudatio. 2. Confitemini
Domino in cithara : in
psalterio decem chordarum psallite
illi. 3. Cantate ei canticum novum :
bene psallite ei in vociferatione.
4. Quia rectum est verbum Do-
mini, et omnia opera ejus in fide.
5. Diligit misericordiam et judi-
cium : misericordia Domini plena
est terra.
6. Verbo Domini coeli firmati
sunt : et spiritu oris ejus omnis vir-
tus eorum. 7. Congregans sicut in
utre aquas maris : ponens in the-
sauris abysses.
S.Timeat Dominum omnis terra :
ab eo autem commoveantur omnes
inhabitantes orbem. 9, "Quoniam
ipse dixit, et facta sunt : ipse man-
davit, et creata sunt.
10. Dominus dissipat consilia
gentium : reprobat autem cogitatio-
nes populorum,et reprobat consilia
principum. 11. Consilium autem
Domini in aeternum manet : cogi-
tationes cordis ejus in generatione
et generationem.
12. Beata gens, cujus est Domi-
nus, Deus ejus : populus, quem ele-
git in hereditatem sibi. iv De coelo
respexit Dominus : vidit omnes
filios hominum. 14. De praeparato
habitaculo suo respexit super om-
« Judith. 16,
17-
9. Autreinent Us (on avec la Vulg., qui)
n^obcHsseiif pas, litt. ne s'approchent pas de
toi ; cette expression est assez etrange et le
texte paiait altere. Comp. Prov. xxvi, 3. Le
Hir et d'autres : letir fierte, leur allure impe-
tueuse, doit ctre coiitenue par le mors, etc.
PSAUME XXXIII.
1. Se rcjouir en Jehovah, c'est etre heu-
reux de sa gloire et de sa faveur, de I'aimer
et de le servir, etc. — Justes ... droits : le
peuple de Dieu, Israel, par opposition aux
nations pai'ennes. — Sied la louange : comp.
Eccli. XV, 19.
2. La liarpe ou la cithare (hebr. kinnor),
et le htth (hebreu ncbel, le psalterioii),
etaient deux instruments a cordes, qui dif-
feraient soit par la disposition des cordes,
soil, selon Josephe, en ce que le premier
se jouait avec le ple£lrui)i, et le second
avec les doigts.
3. Cantiqiie nouveau, pour celebrer de
nouveaux bienfaits de I'inepuisable bonte de
Dieu.
La inatiere de la louange est developpt'e
dans les vers. 4-19.
5. La justice; LXX et Vulg., la miscri-
corde. — La terre, etc. : comp. Ps. cxix, 64.
6. La pai'ole de Jehovah, c'est le comman-
dement qui appela toules choses a I'exis-
tence ; le souffle de sa bouche, c'est I'Esprit
divin planant sur I'abinie et deposant dans
les elements confus un principe d'ordre et
de vie {Gen. i, 1-2). Les Peres ont vu dans
ce verset une indication de la Trinite des
personnes divines, et du concours du Verbe
et de I'Esprit-Saint avec le Pere dans I'ceu-
vre de la creation. — Leur armee, les astres
{Gen. \\, i).
7. Un monceau : les anciens interpretes
ont pris I'hebr. ned, tas, monceau, dans le
sens de nod, outre : il reunit coinine dans
une outre, etc. — Uabinie, litt. les abiines, les
oceans. Ce verset fait allusion au rassemble-
ment des eaux au sein des mers {Gen. i, 9).
10. Les LXX et la Vulg. ajoutent un
3*= membre : // rend vains les frojets des
princes.
LA SAINTE lilBLE. TO-ME IV. — 5
66
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
12 Heureuse la nation dont Jehovah est le Dieu !
Heureux le peuple qu'il a choisi pour son heritage!
13 Du Jiaut des cieux Jehovah regarde,
II voit tous les enfants des hommes ;
14 Uu lieu de sa demeure, il observe
Tous les habitants de la terre,
15 Lui qui forme leur coeur a tous,
Qui est attentif a toutes leurs aflions.
16 Ce n'est pas le nombre des soldats qui donne au roi la vicloire,
Ce n'est pas una grande force qui fait triompher le guerrier.
17 Le cheval est impuissant a procurer le salut,
Et toute sa vigueur n'assure pas la delivrance.
18 L'ceil de Jehovah est sur ceux qui le craignent,
Sur ceux qui esperent en sa bonte,
19 Pour delivrer leur ame de la mort,
Et les faire vivre au temps de la famine.
20
21
Notre ame attend avec confiance Jehovah ;
II est notre secours et notre bouclier;
Car en lui notre coeur met sa joie,
Car en son saint nom nous mettons notre confiance.
Jehovah, que ta grace soit sur nous,
Comme nous esperons en toi !
^s. xxxiv.
PSAUME XXXIV (VULG. XXXIIl).
fOursuivi par Saiil, David s'etait refugie chez les Philistins, aupres du roi Achis.
II espdrait bien n'etre pas reconnu par ceux auxquels il avait naguere inflige une
sanglante defaite; il le fut pourtant, et ne put s'echapper qu'en contrefaisant I'in-
sense (voy. I Sa)n. xxi). II rend ici grace au Seigneur pour sa delivrance, et il exhorte
tous les justes a benir avec lui un Dieu qui prend des siens un soin si touchant (vers. 2-1 1);
puis, sur un ton plus simple et plus familier, il enseigne aux hommes le moyen de meriter
la faveur divine (12-23).
Ce Psaume est alphabetique, comme le xxve. II est vraisemblable que David le com-
posa quelque temps apres I'evenement pour I'ddification du peuple.
1 DE David : lorsqu'il contrefit I'insense en presence d'Abimelech, et que, chasse par
lui, il s'en alia.
2 JE veux benir Jdhovah en tout temps;
Sa louange sera toujours dans ma bouche.
3 En Jehovah mon ame se glorifiera :
Que les humbles entendent et se rejouissent !
4 Exaltez avec moi Jehovah !
Ensemble cdlebrons son nom I
5 J'ai cherche Jehovah, et il m'a exauce,
Et il m'a dclivrc de toutes mes frayeurs.
6 Quand on regarde vers lui, on est rayonnant de joie,
Et le visage ne se couvre pas de honte.
7 Ce pauvre a crid, et Jehovah I'a entendu,
Et il I'a sauve de toutes ses angoisses.
8 L'ange de Jehovah campe autour de ceux qui le craignent,
Et il les sauve du danger.
9 Goutez et voyez combien Jehovah est bon!
Heureux I'homme qui met en lui son refuge!
10 Craignez Jehovah, vous ses saints!
Car il n'y a point d'indigence pour ceux qui le craignent.
11 Les lionceaux peuvent connaitre la disette et la faim,
Mais ceux qui cherchent Jehovah ne sont privds d'aucun bien.
12 Venez, tiies fils^ ecoutez-moi,
Je vous enseignerai la crainte de Jdhovah.
LIBER PSALMORUM.
67
nes, qui habitant terram. 15. Qui
finxit sigillatim corda eorum : qui
intelligit omnia opera eorum.
16. Non salvatur rex per multam
virtutem : et gigas non salvabitur
in multitudine virtutissuas. 17. Fal-
lax equus ad salutem : in abundan-
tia autem virtutis suae non salva-
bitur.
34, 18. *Ecce oculi Domini super
metuentes eum : et in eis, qui spe-
rant super misericordia ejus, 19. Ut
eruat a morte animas eorum : etalat
eos in fame,
20. Anima nostra sustinet Domi-
num : quoniam adjutor et protector
noster est. 21. Ouia in eo lastabitur
cor nostrum : et m nomine sancto
ejus speravimus. 22. Fiat misericor-
dia tua Domine super nos : quem-
admodum speravimus in te.
— :;:— PSALMUS XXXI II. — =>—
Benedicit Dominum qui est justorum lumen
et tutela, et impiorum aversor.
I, Davidi, cum immutavit vul-
tum suum coram Achimelech, et
dimisit eum, et abiit. (/, Reg: 21.)
ENEDICAM Dominum
in omni tempore : semper
laus ejus in ore meo, 3, In
Domino laudabitur anima
mea: audiant mansueti,etlaetentur.
4. Magnificate Dominum mecum :
et exaltemus nomen ejus in idipsum.
5. Exquisivi Dominum, et exau-
divit me : et ex omnibus tribulatio-
nibus meis eripuit me. 6. Accedite
ad eum, et illuminamini : et facies
vestras non confundentur. 7. Iste
pauper clamavit, et Dominus exau-
divit eum : et de omnibus tribula-
tionibus ejus salvavit eum, 8. Im-
mittet Angelus Domini in circuitu
timentium eum : et eripiet eos.
9. Gustate, et videte quoniam sua-
vis est Dominus : beatus vir, qui
sperat in eo. 10. Timete Dominum
omnes sancti ejus: quoniam non est
inopia timentibus eum. ii.^Divites -^Luc.i.ss.
eguerunt et esurierunt : inquirentes
autem Dominum non minuentur
omni bono.
12. Venite filii, audite me : timo-
12. La nation : le Psalmiste parle en
general, mais c'est Israel qu'il a en vue.
15. Qui for)ne leiir ca;ur, leur ame avec
toutes ses facultes et ses puissances :
comment n'en connaitrait-il pas tous les
ressorts et les plus secrets mouvements?
— Leur canir a totts; Vulgate, a chacun en
farticulie}'.
16 sv. Toute sa force, peut-etre dans le
sens de grand nombre : une nombreuse
cavalerie. Comp. Prov. xxi, 31. Ces deux
versets indiquent un etat de choses qui con-
vient plutot a I'epoque d'Asa ou de Josaphat
qu'a celle de David.
20. Comp, pour le premier membre Gen.
xlix, 18; pour le second, Deut. xxvi, 29.
22. Ce verset a ^te insere dans le Te
Deuni, vers la fin.
PSAUME XXXIV.
I. // contrefit Vinsenscj Vulg., il changea
son visage. — Abimelech : nom commun aux
rois de Geth, comme Ce'sar aux empereurs
remains. Le nom propre du roi dont il s'agit
etait Achis.
Au lieu de Abimelech, la Vulg. acfluelle
met Achimelech, sans doute a la suite de
quelques Peres qui, ignorant I'identite
dAchis et dAbimelech, ont applique le
Psaume a I'entrevue de David avec le grand
pretre Achimelech, Mais de bons manus-
crits latins lisent encore Abimelech, comme
dans I'hebreu et les LXX,
3. Se glo7'iJier eti Jehovah, c'est etre heu-
reux de I'avoir pour protefleur,
5. Mes frayeurs a la cour d'Achis ; Vulg.,
nies tribulations.
7. Ce paiivre, David lui-meme; ou bien,
dans un sens plus general : quand le nial-
Jieureux crie, Jehovah entend.
8. Campe (Vulg., immiftet, probablement
se place) : cette expression fait penser, non
a un ange quelconque, mais a I'ange de
I'alliance, le chef de I'armde de Jehovah
{Jos. V, 14; Gen. xxxii, i sv.).
9. Goufez, par une experience intime et
direcfle, par le coeur, et voyez, compre-
nez, etc.
10. Craignes d'une crainte filiale, qui ne
redoute rien tant que d'offenser et de
deplaire. — II n^y a point dHndigence :
comp. Matth. vi, 33.
12. La crainte, le service de Dieu en
general.
68
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
13 Quel est I'homme qui aime la vie,
Oui desire da longs jours pour jouir du bonheur? —
14 Preserve ta langue du mal,
Et tes levres des paroles trompeuses ;
15 Eloigne-toi du mal et fais le bien,
Recherche la paix, et poursuis-la.
16 Les yeux de Jehovah sont sur les justes,
Et ses oreilles sont attentives a leurs cris.
17 Jdhovah tourne sa face contre ceux qui font le mal,
Pour retrancher de la terre leur souvenir.
18 Les jusies crient, et Jehovah les entend,
Et il les delivre de toutes leurs angoisses.
19 Jehovah est pres de ceux qui ont le coeur brise,
11 sauve ceux dont I'esprit est abattu.
20 Souvent le malheur atteint le juste,
Mais Jehovah I'en d^livi-e toujours.
21 II garde tons ses os,
Aucun d'eux ne sera brise.
22 Le mal tue le m^chant,
Et les ennemis du juste sont chaties.
23 Jehovah delivre Fame de ses serviteurs,
Et tous ceux qui I'ont pour refuge echappent au chatiment.
Ps. xxxv.
PSAUME XXXV (VULG. XXXIV).
E Psaume est I'expression d'une ame en proie a une profonde douleur et une vive
emotion; prieres, imprecations, plaintes, cris d'esperance s'y succedeni brusque-
ment. Le langage est rude, avec des formes archaiques et des termes obscurs. Tous
ces cara(51;eres nous reportent k la premiere periode de la vie de David, alors qu'il etait en
butte aux persecutions de Saiil. Comp. I Sam. xxiv, 16. — On y distingue neltement
3 strophes, dont chacune contient ces trois elements : plainte, priere et promesse de recon-
naissance (vers. 8-10; 11-18; 19-28). — Notre-Seigneur s'est applique a lui-meme un partie
du vers. 19 {/ean, xv, 25); il ne s'en suit pas que le Psaume soit diretlenient et exclusive-
ment messianique.
1 DE David.*
Jehovah, combats ceux qui me combattent,
Fais la guerre a ceux qui me font la guerre !
2 Saisis le petit et le grand bouclier,
Et leve-toi pour me secourir!
Tire la lance et barre le passage a mes persecuteurs;
Dis h mon ame : " Je suis ton salut ! "
Qu'ils soient lionteux et confus ceux qui en veulent a ma vie I
Qu'ils reculent et rougissent ceux c|ui meditent ma perte !
Ou'ils soient comme la paille au souffle du vent.
10
Et que I'ange de Jehovah les chasse devant lui
Que leur voie soit tc'nebreuse et glissante,
Et que I'ange de Jehovah les poursuive!
Car sans cause ils ont cache leur filet pour ma mine,
Sans cause ils ont creuse la fosse pour me faire pt'rir.
Que la ruine tombe sur lui h. I'improviste,
Que le filet qu'il a cache le saisisse,
Qu'il y tombe et perisse !
Et mon ame aura de la joie en Jdhovah,
De ralk'gresse dans son salut.
Tous mes os diront : "Jehovah, qui est semblable k toi,
Delivrant le malheureux d'un plus fort que lui,
Le malheureux et le pauvre de celui qui le depouille?"
13. Comp. I Pier, iii, 10 sv.
14. Comp. y^r^. iii, 2; I Pier, ii, 22.
15. "Autant qu'il est en vous, dit de mcme
S. Paul, ayez la paix avec tous les hommes."
{Rom. xii, 18).
21. Ses OS, ce qui soulient le corps, et par
LIBER PSALMORUM.
69
IS.
'"•4.
inquire pacem,
1 6. Oculi Do-
et aures ejus in
Vultus autem
3, rem Domini docebo vos. 13. ^(^uis
est homo qui vult vitam : diligit
dies videre bonos? 14. Prohibe lin-
guam tuam a malo : et labia tua ne
loquantur dolum. 15. Diverte a
malo, et fac bonum
et persequere earn,
mini ""super justos ;
preces eorum. 17.
Domini super facientes mala : ut
perdat de terra memoriam eorum.
18. Clamaverunt justi, et Dominus
exaudivit eos : et ex omnibus tribu-
lationibus eorum liberavit eos.
1 9. Juxta est Dominus iis, qui tri-
bulato sunt corde : et humiles spi-
ritu salvabit. 20. Multae tribulatio-
nes justorum : et de omnibus his
liberabit eos Dominus, 21. Custodit
Dominus omnia ossa eorum : unum
ex his non conteretur. 22. Mors
peccatorum pessima : et qui ode-
runt justum delinquent. 23. Re-
dimet Dominus animas servorum
suorum : et non delinquent omnes
qui sperant in eo.
— :i-- PSALM US XXXIV. —:l:—
Inimicis excidium, et sibi saliitem precatur.
Ipsi David.
QDICA Domine nocen-
tes me, expugna impu-
gnantes me. 2. Apprehen-
de arma et scutum : et
exsurge in adjutorium mi hi. 3. Ef-
funde frameam, et conclude adver-
sus eos, qui persequuntur me : die
animas meae : Salus tua ego sum.
4. 'Confundantur et revereantur
quasrentes animam meam. Avertan
tur retrorsLim, et confundantur co-
gitantes mihi mala. 5. Fiant tam-
quam pulvis ante faciem venti : et
Angelus Domini coarctans eos.
6. Fiat via illorum tenebrae et lubri-
cum : et Angelus Domini perse-
quens eos. 7. Q^uoniam gratis abs-
conderunt mihi interitum laquei
sui : supervacue exprobraverunt
animam meam. 8. Veniat illi la-
queus, quem ignorat : et captio,
quam abscondit, apprehendat eum :
et in laqueum cadat in ipsum.
9. Anima autem mea exsultabit in
Domino : et delectabitur super sa-
lutari suo. 10. Omnia ossa mea di-
> " Infra 39,
la meme la vie. — Brise. Jesus-Christ, le
juste par excellence, a realise a la lettre cet
oracle {Exod. xii, 46 ; Jean, xix, 36).
22. Le vial personnifie, la malice meme
du pecheur amene sa perte.
Vulg., la iiwrt (lit pec/iear est affreicse, et
les en/ie Jills desji/sfes set'ont traitcs coinnic
cfliipables.
23. Ce verset depasse la serie alphabeti-
que; il a du ctre ajoute plus tard, probable-
ment au temps de la captivite (comp.
XXV, 22).
PSAUME XXXV.
I. Combats : I'amour des ennemis n'est
pas etranger a I'Anc. Testament {Exod.
xxiii, 4 sv. Lci'. xix, 18; Prov. xx, 22;
xxiv, 17; XXV, 21 sw. Job, xxxi, 29 sv.); et
non seulement David avait conscience de
ce devoir {Ps. vii, 5), mais il le remplit plus
d'une fois a I'egard de Saiil. Ici, c'est le zele
pour la cause de Dieu qui le fait parler. Si
ce zele parait se rapporter h. sa propre per-
sonne, c'est que, consacre par I'onftion
sainte, il represente le roi legitime en face
de Saiil revoke contre Dieu, et par conse-
quent la cause meme de Jehovah et les des-
tinees d'Israel.
2. Les anciens avaient deux sortes de
boucliers; le plus grand couvrait ci pen pres
tout le corps.
3. Ttfe du fourreau.
5. La paille, la glume. — Eajige de Jeho-
vah .• voy. xxxiv, 8. Comp. Exod. \\v, 15. —
Les fresse, ou les frapfie.
7. Image empruntee aux chasseurs de
betes feroces, qui tendent leur piege devant
ou sur une fosse. La Vulg. traduit le second
membre, safts raison lis 711' out outi'a^e.
8. Sitr ltd : le chef ou le repre'sentant de
tons mes persecuteurs.
10. Tons 7/ies OS, ce qu'il y a en moi de
plus intime, comme nous disons : Toutes
les fibres de mon coeur.
70 PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
11 Des temoins iniques se levent;
lis m'accusent de choses que j'ignore.
12 lis me rendent le nial pour le bien;
Mon ame est dans I'abandon.
13 Et moi, quand ils ^taient malades, je revetais un sac,
J'affligeais mon ame par le jeune,
Et ma priere retournait sur mon sein.
14 Comme pour un ami, pour un frere, je me trainais lentement;
Comme pour le deuil d'une mere, je me courbais avec tristesse.
15 Et maintenant que je chancelle, ils se rejouissent et s'assemblent,
Contre moi des calomniateurs s'assemblent h. mon insu;
Ils me dechirent sans relache.
16 Comme d'impurs parasites a la langue moqueuse,
Ils grincent les dents contre moi.
17 Seigneur, jusques h. quand le verras-tu?
Arrache mon ame a leurs persecutions,
Ma vie a lafitrciir dc ces lions !
18 Je te louerai dans la grande assemblee,
Je te celebrerai au milieu d'un peuple nombreux.
19 Qu'ils ne se rejouissent pas k mon sujet, ceux qui m'attaquent sans raison !
Ou'ils ne clignent pas des yeux, ceux qui me haissent sans cause I
20 Car leur langage n'est pas celui de la paix;
lis m^ditent de perfides desseins contre les gens tranquilles du pays.
21 lis ouvrent contre moi leur bouche,
Ils disent : " Ah ! ahl notre oeil a vu...! "
22 Jehovah, tu le vois ! Ne reste pas en silence!
Seigneur, ne t'eloigne pas de moi !
23 Eveille-toi, leve-toi pour me faire justice;
Mon Dieu et mon Seigneur, prends en main ma cause!
24 Juge-moi selon ta justice, Jehovah, mon Dieu,
Et qu'ils ne se rejouissent pas a mon sujet !
25 Qu'ils ne disent pas dans leur coeur : " Notre ame est satisfaite ! "
Ou'ils ne disent pas : " Nous I'avons englouti ! "
26 Ou'ils rougissent et soient confondus tons ensemble,
Ceux qui se rejouissent de mon malheurl
Ou'ils soient couverts de honte et d'ignominie,
Ceux qui s'elevent contre moi !
27 Qu'ils soient dans la joie et I'allegresse,
Ceux qui desirent le trioniphe de mon droit ;
Et que sans cesse ils disent : " Gloire .\ Jehovah,
Qui veut la paix de son serviteur! "
28 Et ma langue celebrera ta justice,
Ta louange tous les jours.
PSAUME XXXVI (VULG. XXXV).
JE Psaume parait avoir ctd compose par David dans la periode paisible de son rcgne.
Apres avoir decrit la profonde perversite des mechants (vers. 2-5), il rassure et
console les justes en leur rappelant la mis^ricorde et la fidelite de Dieu envers ses
serviteurs (6-13). Comp. Ps. xii et xiv.
II. Tevioins iniques : ceux qui, par leurs
faux rapports, aigrissaient le coeur de Saiil
contre David. — lis i/i'accusent, litt. ils
7ii'i/ilerpellent, c.-k-d. ils reqiiierent contre
moi, ils sont deinandetirs en justice, faisant
peser sur moi des griefs que je ne connais
meme pas : expression technique. Comp.
II Cor. XV, 21.
13. Quand ils etaient malades (LXX et
Vulg., quand ils me harcclaient : ce qui s'ac-
re7'etais dhin sac, comme on le fait dans
une grande afflicflion, tant je leur etais atta-
chd. — Jl fa priere pour eux, que je faisais
la tete penchee et comme abattue par la
douleur, retournait sur mon sein, d'ou elle
etait partie. Comp. I Rois, xviii, 42.
14. _/(? me trainais lentetnent, litt. yV mar-
cJiais gravemoit, comme fait une personne
dans le deuil. D'autres, dans un sens plus
general, je marchais, je me comportais.
corde moins bien avec le contexte), /f me I Vv\'g.,favais une affec^ueuse compassion.
LIBER PSALMORUM.
71
cent : Domine, quis similis tibi?
Eripiens inopem de manu fortio-
rum ejus : egenum et pauperem a
diripientibus eum.
II. Surgentes testes iniqui, quas
ignorabaminterrogabantme. i2.Re-
tribuebant mihi mala pro bonis :
sterilitatem animae meae. 13. Ego
autem cum mihi molesti essent, in-
duebar cilicio. Humiliabam in jeju-
nio animam meam : et oratio mea
in sinu meo convertetur. 14. Quasi
proximum, et quasi fratrem no-
strum, sic complacebam : quasi lu-
gens et contristatus sic humiliabar.
1 5. Et adversum me lastati sunt, et
convenerunt : congregata sunt su-
per me flagella, et ignoravi. 16. Dis-
sipati sunt, nee compuncti, tenta-
verunt me, subsannaverunt me sub-
sannatione : frenduerunt super me
dentibus suis. 17. Domine quando
respicies? restitue animam meam a
malignitate eorum, a leonibus uni-
cam meam. 18. Confitebor tibi in
ecclesia magna, in populo gravi lau-
dabo te.
19. Non supergaudeant mihi qui
adversantur mihi inique : ^qui ode-
runt me gratis et annuunt oculis.
2,0. Quoniam mihi quidem pacifice
loquebantur : et iracundia terras lo-
quentes, dolos cogitabant. 21. Et
dilataverunt super me os suum :
dixerunt : Euge, euge, viderunt
ocuh nostri. 22. Vidisti Domine, ne
sileas : Domine ne discedas a me.
23. Exsurge etintendejudicio meo:
Deus meus, et Dominus meus in
causam meam. 24. Judica me se-
cundum justitiam tuam Domine
Deus meus, et non supergaudeant
mihi. 25. Non dicant in cordibus
suis : Euge, euge, animas nostras : nee
dicant : Devoravimus eum. 26. Eru-
bescant et revereantur simul, qui
gratulantur malis meis. Induantur
confusione et reverentia qui magna
loquuntur super me. 27. Exsultent
et laetentur qui volunt justitiam
meam : et dicant semper : Magni-
ficetur Dominus, qui volunt pa-
cem servi ejus. 28. Et lingua mea
meditabitur justitiam tuam, tota
die laudem tuam.
— D'une mere; les LXX et la Vulg., au
lieu de em^ ont lu m, dans le sens de aiiisi.
15. Des ca/oin/tiateu7's, litt. des frappcurs
par la langue (com p. Jer. xviii, 18). —
A vion insu; d'autres , sans que je sache
poiirquoi. Hengstenberg et Delitzsch tra-
duisent ainsi le second membie : avec eii\
s'assemble co7itre moi une vile populace^
des gens de rebut, que je ne coiinais
menie pas.
16. Impiirs parasites qui, pour flatter
celui qui les nourrit, dechirent de leurs
moqueries ses adversaires. D'autres au-
trement.
La Vulg. rend ainsi les vers. 15-16 : its se
sont rejouis conire moi et se sont assembles ;
ils ont ai/iasse si/r moi des calomnies a mon
insH (ou dont je n\xvais pas le soicpco7i).
Leur malice a ete dejoiiec une premiere fois,
mais ils ne se sont pas repentij ils m^ont
attaqne dt nouveau, tn'ont insiilte avec nio-
qiterie et ont grince, etc.
17. Le verras-tn sans intervenir. — Ma
vie, litt. mott unique : voy. xxii, 21.
18. Peuple puissant.^ parallele a gratide
assemblee, c.-a-d. peuple nombreux.
19. Clignent des yeux : signe de moquerie
et de mutual concert entre les ennemis du
Psalmiste. D'autres, ne reportant pas sur le
second membre la negation du premier :
eux qui me haissent satis motif et clignent
des yeux (Vulg.).
20. I.XX et Vulg. : ils me (hebr. //, au
lieu de lo) disaient des paroles de paix, mais,
pai lant dans le pays avec colere, ils tnedi-
taiejit des embfiches.
21. Leur bouche, soit comme la bete feroce
qui s'apprete k ddvorer, soit pour faire ecla-
ter des rires insultants. — Notre ceil a vu
sa ruine ; eile est irremediable.
22. Tu le vols, en opposition avec notre
a'il a vu.
25. Notre dme, notre desir. — Englouii,
perdu totalement et sans retour.
72
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xxxvi. 1 AU maitre de chant. — De David, serviteiir de Jehovah.
2 L'iniquite parle au mechant dans le fond de son coeur;
La crainte de Dieu n'est pas devant ses yeux.
3 Car il se flatte lui-meme, sous le regard divin,
Doutant que Dieu decouvre jamais son crime et le deteste.
4 Les paroles de sa bouche sont injustice et tromperie;
II a cesse d'avoir I'intelligence, de faire le bien.
5 II medite l'iniquite sur sa couche;
II se tient sur une voie qui n'est pas bonne ;
II ne rejette pas le mal.
6 Jdhovah, ta bonte atteint jusqu'aux cieux,
Ta fidelite jusqu'aux nues.
7 Ta justice est comme les montagnes de Dieu,
Tes jugements sont comme le vaste abime.
Jehovah, tu gardes les hommes et les betes.
8 Combien est precieuse ta bonte, 6 Dieu !
A I'ombre de tes ailes les fils de Thomme cherchent un refuge.
9 Us s'enivrent de la graisse de ta maison,
Et tu les abreuves au torrent de tes dclices.
10 Car aupres de toi est la source de la vie,
Et dans ta lumiere nous voyons la lumiere.
11 Continue ta bonte a ceux qui te connaissent,
Et ta justice a ceux qui ont le coeur droit.
12 ()ue le pied de I'orgueilleux ne m'atteigne pas,
Et que la main des mechants ne me fasse pas fuir !
13 Les voila tombes, ceux qui commettent l'iniquite I
lis sont renverses, et ils ne peuvent se relever.
P.SAUME XXXVII (VULG. XXXVl).
Saume alphabetique et didacflique (comp. Ps. xxv). L'.mteur se presente comme un
homme revetu de I'autorit^ de I'age et de I'experience (vers. 25). Le titre nomme
David; il I'aurait compose vers la fin de sa vie, et aucune raison scrieuse ne vient
a I'encontre de cette indication. Le veritable but de ce pocme est de reconforter les justes
en presence de la prospcrite des mechants : cette prosperite n'est qu'accidentelle et
passagere; le malheur ne manque jamais d'atteindre ici-bas le mechant, et le juste aftligd
est sur de retrouver le bonheur. Les Hebreux n'ignoraient pas I'existence d'une vie future;
mais la nature et les conditions de cette vie leur etaient peu connues, et ils ne pouvaient
se promettre d'en gouter les recompenses que dans un avenir fort eloigne. A part quel-
ques esprits superieurs, capables de s'elever assez haut pour se consoler d'une vie d'adver-
site par I'esperance des biens eternels que devait assurer le Redempteur promis, la foi
en I'immortalite de I'ame n'avait que peu d'inrtuence sur la vie morale du peuple. La
supreme joie de I'Hebreu, c'est d'habiter la terra de Chanaan, la terre promise a ses
peres, oil reside le san(fluaire de Jehovah, de se sentir I'objet de sa puissante prote(!lion,
et de savoir que sa posterite heritera de son bonheur. Comp. vi, 6, note.
Plusieurs sentences de ce Psaume sont reproduites dans le lixrc des Proverbes
(iii, 31; xxiii, 17; xxiv, i, 19. Comp. /<>/', xxi, 6, al.).
Ps. xxxvii
' DE David.
Ne t'irrite pas au sujet des mechants,
Ne t'indigne pas a propos de ceux qui font le mal.
2 Car, comme I'herbe, ils seront vite coupes;
Comme la verdure du gazon, ils se dessccheront.
3 Mets ta confiancc en Jehovah, et fais le bien ;
Habite le pays, et jouis de sa fidelite.
PSAUME XXXVI.
2. IJinhjidf(\ etc. Litt., un oj-ncle tfe Vini-
qiiiii' est au nuxJiant dans le fond de son
CiViir (en lisant libho avec les anciennes ver-
sions, au lieu de la lecon massoretique lihb;).
L'iniquite est ici personnifiee ; cest elle, et
LIBER PSALMORUM.
73
— :i:— PSALM US XXXV. — :!=—
Impiorum malitia; justitia Dei;
justorum gloria.
I. In finem, servo Domini ipsi
David.
IX IT injustusutdelinquat
in semetipso : non est ti-
mor Dei ante oculos ejus.
3, "Ouoniam dolose egit
in conspectu ejus : ut inveniatur
iniquitas ejus ad odium. 4. Verba
oris ejus iniquitas, et dolus : noluit
intelligere ut bene ageret. 5. Iniqui-
tatem meditatus est in cubili suo :
astitit omni viae non bonae, malitiam
autem non odivit.
6. Domine in coelo misericordia
tua : et Veritas tua usque ad nubes.
7. Justitia tua sicut montes Dei :
judicia tua abyssus multa. Homi-
nes et jumenta salvabis Domine :
8, quemadmodum multiplicasti mi-
sericordiam tuam Deus. Filii au-
tem hominum, in tegmine alarum
tuarum sperabunt. 9. Inebriabun-
tur ab ubertate domus tuas : et
torrente voluptatis tuae potabis
eos. 10. Quoniam apud te est fons
vitae : et in lumine tuo videbimus
lumen. 11. Prastende misericor-
diam tuam scientibus te, et justi-
tiam tuam his, qui recto sunt cor-
de. 1 2. Non veniat mihi pes su-
perbias : et manus peccatoris non
moveat me.
13, Ibi ceciderunt qui operantur
iniquitatem : expulsi sunt, nee po-
tuerunt stare.
— :;:— PSALM US XXXV L — :i:—
Bonorum et malorum dispares sunt spes
et exitus.
Psalmus ipsi David.
OLI asmulari in mali-
gnantibus : neque zelave-
ris facientes iniquitatem.
2. Quoniam tamquam foe-
num velociter arescent : et quem-
admodum olera herbarum cito de-
cident.
3. Spera in Domino, et fac boni-
non la loi ou la crainte de Dieu, qui parle a
I'impie, qui I'inspire, qui rend en quelque
sorte des oracles au fond de son cccur pour
I'exciter au mal. Vulg., Pimpie 7i\i pas
(Vantre peiisee dans son ca'itr tjue ccllc de
pikJier.
3. II se flatic Iiii-maiie, il se fait illusion,
et cela sous le regard divin, au point de
douter que, etc., et le detest c^ c.-a-d. le pu-
nisse. Ou bien : il se flatte lid-inniu\soiis le
regai'd de Dieii, de pouvoir realiser son crime
pour assouvir sa haine. D'autres, avec Le
Hir : carVm\(\vi\X.€ ltd rend facile (lui pre-
sente comme facile) a ses yettx de realiser
son crime pour assouvir sa Jiaine. Vulg., //
aoit de ruse sons le regard divin, pour em-
pecher que Dieu dccouvre son crime et le
deteste.
4. D'autres, dans le 2° membre, subor-
donnent les deux complements : il a cesse
d''t'tre sage pour /aire le bien, de savoir fa ire
le bien.
7. Les montagncs de Dieu, les montagnes
les plus elevees {Gen. xiii, 10). — Le vaste
abtme des eaux {Geti. vii, 11).
9. Im graissc fait allusion aux vifli-
mes immolees dans les sacrifices et figure
I'abondance des biens exquis, naturels et
surnaturels, dont le Seigneur comble les
siens.
10. Au sens litteral, la vie et la lumiere
sont les symboles du bonheur que Dieu
communique a ses serviteurs sur la terre,
prelude du bonheur de la vie future ou
les saints contemplent les splendeurs di-
vines.
12. Ne me fasse pas fuir, ne me rende pas
fugitif et errant comme je I'ai etc au temps
de la revoke d'Absalon.
13. Le Psalmiste re^oit I'assurance qu'il
est exauce, et dcja il voit en esprit ses cnne-
mis abattus.
PSAUME XXXVI,
2. Seront coupes (niph. de malal : Gen.
xvii, 11); ou bien avec la Vulg., ils sejletri-
ro?!t (kal de malal).
3. Habile, etc. Ce 2e membre est diverse-
ment explique : les uns, avec Le Hir, y
voient, sous la forme plus vive de I'impera-
tif, I'expression d'une promesse : et alors ///
habit eras le pays et tu jouiras des bienfaits
d'un Dieu fidele. D'autres, avec Delitzsch,
Patrizi, etc., conservent a I'imperatif son
sens stri(fl : Jinbitc ... et repais-toi de fide-
lite, que ta fidelite a Dieu soit comme
74 PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
4 Fais de Jehovah tes delices
Et il te donnera ce que ton coeur desire.
5 Remets ton sort a Jehovah
Et confie-toi en lui : il agira :
6 II fera resplendir ta justice comme la lumiere,
Et ton droit comme le soleil a son midi.
7 Tiens-toi en silence devant Jehovah et espere en lui;
Ne t'irrite pas au sujet de celui qui reussit dans ses voies,
De I'homme qui vient a bout de ses mauvais desseins.
8 Laisse la colere, abandonne la fureur;
Ne t'irrite pas, pour n'aboutir qu'au mal.
9 Car les mechants seront retranches,
Mais ceux qui esperent en Jehovah possederont le pays.
10 Encore un peu de temps, et le mechant n'est plus;
Tu regardes sa place, et il a disparu.
11 Mais les doux possederont la terre,
lis gouteront les delices d'une paix.profonde.
12 Le mechant forme des projets contre le juste,
II grince les dents contre lui.
13 Le Seigneur se rit du mechant,
Car il voit c]ue son jour arrive.
14 Les mechants tirent le glaive,
lis bandent leur arc.
Pour abattre le malheureux et le pauvre,
Pour egorger ceux dont la voie est droite.
15 Leur glaive entrera dans leur propre coeur,
Et leurs arcs se briseiont.
16 Mieux vaut le peu du juste,
Que I'abondance de nombreux mechants;
17 Car le bras des mechants sera brise,
Et Jehovah soutient les justes.
18 Jehovah connait les jours des hommes integres,
Et leur heritage dure h. jamais.
19 lis ne sont pas confondus au temps du malheur,
Et ils sont rassasies aux jours de la famine.
20 Mais les mechants perissent;
Les ennemis de Jehovah sont comme la gloire des prairies;
Ils s'en vont en fumee, ils s'evanouissent.
21 Le mechant emprunte, et il ne rend pas;
Le juste est compatissant, et il donne.
22 Car ceux que benit Jehovah possedent le pays,
Et ceux qu'il maudit sont retranches.
23 Jehovah affermit les pas de I'homme jus/e,
£t il prend plaisir k sa voie.
24 S'il tombe, il n'est pas etendu par terre.
Car Jehovah soutient sa main.
25 J'ai et^ jeune, me voila vieux,
Et je n'ai point vu le juste abandonne,
Ni sa posterite mendiant son pain.
26 Toujours il est compatissant, et il prete,
Et sa posterite est en benedi(f\ion.
LIBER PSALMORUM.
75
tatem : et inhabita terram, et pasce-
ris in divitiis ejus. 4. Delectare in
Domino : et dabit tibi petitiones
cordis tui.
5. Revela Domino viam tuam, et
spera in eo: et ipse faciet. 6. Et edu-
cet quasi lumen justitiam tuam : et
judicium tuum tamquam meridiem :
7. Subditus esto Domino, et ora
eum. Noli aemulari in eo,qui prospe-
ratur in via sua : in homine faciente
injustitias.
8. Desine ab ira, et derelinque fu-
rorem : noli asmulari ut maligne-
ris. 9. Quoniam qui malignantur,
exterminabuntur : sustinentes au-
tem Dominum, ipsi hereditabunt
terram.
10. Et adhuc pusillum, et non
erit peccator : et quaeres locum ejus,
et non invenies. 11. "Mansueti au-
tem hereditabunt terram, et dele-
ctabuntur in multitudine pacis.
12. Observabit peccator iustum :
et stridebit super eum dentibus suis.
13. Dominus autem irrideblt eum :
quoniam prospicit quod veniet dies
ejus.
14. Gladium evaginaverunt pec-
catores : intenderunt arcum suum,
ut dejiciant pauperem et inopem :
ut trucident rectos corde. 15. Gla-
dius eorum intret in corda ipsorum :
et arcus eorum confringatur.
16. Melius est modicum justo,
super divitias peccatorum multas.
17. Quoniam brachia peccatorum
conterentur: confirmat autem justos
Dominus.
18. Novit Dominus dies immacu-
latorum : et hereditas eorum in
aeternum erit. 19. Non confunden-
tur in tempore malo, et in diebus
famis saturabuntur :
20. Quia peccatores peribunt.
Inimici vero Domini mox ut ho-
norificati fuerint et exaltati : de-
ficientes, quemadmodum fumus
deficient.
21. Mutuabitur peccator, et non
solvet : Justus autem miseretur et
tribuet. 22. Quia benedicentes ei
hereditabunt terram : maledicentes
autem ei disperibunt.
23. Apud Dominum gressus ho-
minis dirigentur : et viam ejus volet.
24. Cum ceciderit, non collidetur :
quia Dominus supponit manum
suam.
25. Junior fui, etenim senui : et
non vidi justum derelictum, nee se-
men ejus quaerens panem. 26. Tota
ton aliment ; I'apodose ne viendrait qu'au
2« membre du vers. 4.
6. Comp. Prov. iv, 18.
7. Garde dev ant Jehovah un respedlueux
silence; attends en paix ce qu'il fera.
8. Pour 7i'aboiitir, cela n'aboutirait §'?^'a/^
inal.
II. Les doux, qui auront patiemment sup-
portd les injustices des mediants. Comp.
Matth. V, 5; xi, 29.
13. Son jottr, le jour du mechant, ou il
recevra son chatiment. Comp. Job, xviii, 20;
xxi, 30.
17. Les bras, les forces, les ressources.
18. Connait, d'une connaissance accom-
pagnee d'amour et de soUicitude (i, 6. Comp.
Exod. xxiii, 26).
20. EnftDnee, ou comnie la fiiniee (Vulg.).
— La gloire ou la beaute des pj-airies, la
verdure, les fleurs. Vulg., les ennemis du
Seigneur^ des quails sont arrives aux hon-
ncurs et aux plus haute s dignite's, s\'va-
nouissent, etc.
21. Sens : le mechant, riche naguere, est
reduit a emprunter, sans meme pouvoir ren-
dre; le juste, naguere si pauvre, a mainte-
nant, non seulement pour soi, niais encore
de quoi donner aux autres. Comp. Deut.
xxviii, 12, 44.
22. (lue benit Jehovah. LXX et Vulg.,
qui bTtiiss^nt le Seigneur; de meme au
second membre, qui le vuiudissent.
24. S'il tonibe, s'il fait un faux pas; sens
de I'image : s'il survient au juste quelque
adversite, Dieu vient a son secours. Comp.
Prov. xxiv, 16; II Cor. iv, 9.
25. Verite morale de tons les temps, mais
qui souffrait moins d'exceptions chez un
peuple dont I'infirmite, dit Bossuet, denian-
dait en general d'etre soutenue par des be'-
nedidions temporelles. II s'agit d'ailleurs
ici, non d'une epreuve passagere, telle que
David lui-meme en avait connue plus d'une
fois, mais d'un abandon proprement dit,
d'un etat durable de privation des clioses
necessaires a la vie.
26. Comp. vers. 21.
76
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
29
Detouine-toi du mal et fais le bien,
Et habite a jamais ta demeure.
Car Jehovah aime la justice,
Et il n'abandonne pas ses fideles;
lis sont toujours sous sa garde,
Mais la posterity des mdchants sera retranchce.
Les justes possederont le pays,
Et ils y habiteront a jamais.
30 La bouche du juste annonce la sagesse,
Et sa langue proclame la justice.
31 La loi de son Dieu est dans son coeur;
Ses pas ne chancellent point.
32 Le mechant epie le juste,
Et il cherche a le faire mourir.
2,3 Jehovah ne I'abandonne pas entre ses mains,
Et il ne le condamne pas quand vient son jugement.
34 Attends Jehovah et garde sa voie,
Et il t'elevera et tu possederas le pays;
Ouand les mechants seront retranches, tu /e verras.
35 J'ai vu I'impie au comble de la puissance;
II s'etendait comme un arbre verdoyant.
36 J'ai pass^, et il n'etait plus;
Je I'ai cherche, et il ne se trouvait plus.
37 Observe celui qui est integre, et regarde celui qui est droit;
Car il y a une postdrite pour I'homme de paix.
38 Mais les rebelles seront tous aneantis,
La posterite des mechants sera retranchee.
39 De Jehovah vient le salut des justes;
II est leur protefteur au temps de la detresse.
40 Jehovah leur vient en aide et les ddlivre;
II les delivre des mechants et les sauve,
Parce qu'ils ont mis en lui leur confiance.
PSAUME XXXVIII (VULG. XXXVIl).
Avid composa ce Psaume quelque temps apres son adultcre avec Pethsabee, pro-
bablement dans le commencement de la rcvolte d'Absalon. Nathan lui avait
i^^l apporte de la part de Dieu le pardon de son peche; mais, la faute remise, il lui
Ps.
.wxviii.
restait a I'expier par de dures epreuves : mort du premier ne de Belhsabee, guerre terrible
centre les Ammonites, crimes et revokes dans sa propre famille, abandon et hostilite de
ses amis. II commence par peindre, sous la figure de souffrances corporelles, I'etat de tris-
tesse et d'accablement ou il est reduit, vers. 2-9; il se plaint de I'abandon et meme de
I'hostilite que lui temoignent ses anciens amis (10-15); enfin il invoque le Seigneur, qui
seul pent le secourir (16-23).
Ce Psaume est le troisi^me Aespentfen/iat/x; les sentiments qu'il exprime conviennent
a tous les pccheurs repentants. Au sens spirituel, S. Augustin I'applique au Messie, souf-
frant non pour ses propres fautes, mais pour I'expiation des peches des hommes.
1 PSAUME de David. Pour faire souvenir.
2 Jehovah, ne me punis pas dans ta colere,
Et ne me chatie pns dans ta fureur.
3 Car tes filches m'ont atteint,
Et ta main s'est appesantic sur moi.
4 11 n'y a rien de sain dans ma chair a cause de ta colere,
II n'y a rien de sauf dans nies os ii cause de mon pdche.
5 Car mes iniquites s'elevent au-dessus de ma tcte;
Comme un Unird fardeau, elles m'accablent de leur poids.
LIBER PSALMORUM.
77
die miseretur et commodat : et se-
men illius in benedictione erit.
27. Declina a malo, et fac bo-
num : et inhabita in sasculum sae-
culi. 28. Quia Dominus amat ju-
dicium, et non derelinquet sanctos
suos :
In asternum conservabuntur. In-
justi punientur: et semen impiorum
peribit. 29. Justi autem heredita-
bunt terram : et inhabitabunt in sas-
culum sasculi super eam.
*Prov. 31, 30. *Os justi meditabitur sapien-
^- tiam, et lingua ejus loquetur judi-
cis. 51. cium. 31,'^ Lex Dei ejus in corde
ipsius : et non supplantabuntur
gressus ejus.
32, Considerat peccator justum :
et quasrit mortificare eum. 23- Do-
minus autem non derelinquet eum
in manibus ejus : nee damnabit eum
cum judicabitur illi.
34. Exspecta Dominum, et cu-
stodi viam ejus : et exaltabit te ut
hereditate capias terram : cum
perierint peccatores videbis.
2S. Vidi impium superexaltatum,
et elevatum sicut cedros Libani.
26. Et transivi, et ecce non erat :
et quassivi eum, et non est inventus
locus ejus.
37. Custodi innocentiam, et vide
asquitatem : quoniam sunt reliquiae
homini pacifico. 33. Injusti autem
disperibunt simul : reliquiae impio-
rum interibunt.
39. Salus autem justorum a
Domino : et protector eorum in
tempore tribulationis. 40. Et ad-
juvabit eos Dominus, et liberabit
eos : et eruet eos a peccatoribus,
et salvabit eos : quia speraverunt
in eo.
— :>— P A L M U S XXX VII. — :;:—
Orat Deum ut sibi propter peccatum multis
modis afflitlo opem ferat.
I. Psalmus David, in rememora-
tionem de sabbato.
OMINE ne in furore tuo
arguas me, "neque in ira
tua corripias me. 3. Quo-
niam sagittas tuas infixas
sunt mihi : et confirmasti super me
manum tuam. 4. Non est sanitas in
carne mea a facie iras tuas : non est
pax ossibus meis a facie peccatorum
meorum. 5. Quoniam iniquitates
meas supergressas sunt caput meum :
et sicut onus grave gravatae sunt su-
''Siipra6,2.
27. £■/ habite, pour tu habiteras (comp.
vers. 3, note), ta demeure, le pays que Dieu
t'a donne.
^iZ- Son jugevient, le jugement du juste.
Tertullien disait dans le memo sens aux
persecuteurs paiens : " Lorsque vous nous
condamnez, Dieu nous absout."
34. Tu le verras avec complaisance, et tu
seras console en voyant ma justice.
35. Cotnnie un arbre : I'expression hebr.
indique un arbre qui croit sur son sol natal,
qui n'a pas ete transplante, et par conse-
quent tres vigoureux. LXX et Vulgate,
d'apres une autre legon : comnie les ccdres
du Liban.
36. J\ii passe : c'est la lec^on des versions
anciennes, et tres probablement la vraie.
Le texte hebr. acluel porte : // (le mechant
figure par I'arbre) a passe, ce que Delitzsch
traduit : on a passe, et le mechant n^ctait
plus.
37. Car, dans le sens de : et tu verras
quV/j/ a icne posterite, ou, dans un sens plus
general, un avenir {Prov. xxiii, 18), pour
etc. D'autres, avec \d.\u\g., garde Vinno-
cence (litt. V Innocent abstrait) et n\iie en
vue que la justice, car, etc.
38. Comp. Prov. xxiv, 20; Sag. iii, 16-19.
PSAUME XXXVIII.
1. Pour faire souvenir Dieu de David,
qu'il semble avoir oublie : allusion a la par-
tie de I'oblation nommec ascarah, c.-a-d.
souvenir, que I'on bridait sur I'autel; la fu-
mee qui s'elevait vers le ciel faisait monter
jusqu'a Dieu une sorte de ine/i/ento, en fran-
cais, souvenez-vous de moi. Les LXX et la
Vulg. ajoutent une indication liturgique,
pour le sabbat, pour servir aux assemblies
tenues ce jour-la.
2. Comp. Ps. vi, I.
3. Flecbes : calamites que Dieu lance,
comme des traits. Comp. Job. vi, 4.
4. // n^y a rien de sauf (hebr. schaloin,
intcgrite, bon e'tat) : tous mes os sont ma-
lades.
5. S''elevent, comme des ejvux debor-
dees.
78
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xxxix.
6 Mes meurtrissures sont infe<fles et purulentes
Par I'effet de ma folie.
7 Jc suis courbe, abattu a I'exces;
Tout le jour je marclie dans le deuil.
8 Un mal brulant devore mes reins,
Et il n'y a rien de sain dans ma chair.
9 Je suis sans force, brise outre mesure;
Le trouble de mon coeur m'arrache des g^missements.
ID Seigneur, tous mes desirs sont devant toi,
Et mes soupirs ne te sont pas caches.
1 1 Mon coeur palpite, ma force ni'abandonne,
Et la lumiere meme de mes yeux n'est plus avec moi.
12 Mes amis et mes compagnons s'eloignent de ma plaie,
Et mes proches se tiennent a I'ecart.
13 Ceux qui en veulent a ma vie tendent leurs pieges;
Ceux qui cherchent mon malheur proferent des menaces,
Et tout le jour ils meditent des embuches.
14 Et moi, je suis comme un sourd, je n'entends pas;
Je suis comme un muet, qui n'ouvre pas la bouche.
15 Je suis comme un homme qui n'entend pas,
Et dans la bouche duquel il n'y a point de replique.
16 C'est en toi, Jehovah, que j'espere;
Toi, tu repondras, Seigneur mon Dieu !
17 Car je dis : " Qu'ils ne se rejouissent pas a mon sujet,
Eux qui seront insolents contre moi, si mon pied chancelle.''
18 Car je suis pres de tomber,
Et ma douleur est toujours devant moi.
ig Car je confesse mon iniquite,
Je suis dans la crainte a cause de mon peche.
20 Et mes ennemis sont pleins de vie, ils sont puissanls;
Ceux qui me hai'ssent sans cause se sont multiplies.
21 lis me rendent le mal pour le bien;
lis me sont hostiles, parce que je cherche la justice.
22 Ne m'abandonne pas, Jehovah !
Mon Dieu, ne t'eloigne pas de moi !
23 Hate-toi de me secourir.
Seigneur, toi qui es mon salut !
PSAUME XXXIX (VULG. XXXVIIl).
E Psaume est empreint de la plus touchante tristesse; au sentiment d'Ewald, c'est
la plus belle elegie du Psautier. Le fond des pensees ofire une grande analogic
avec les discours de Job et le Ps. xc. On le rapporte avec vraisemblance aux der-
nieres annees de la vie de David, a I'epoque de la revolte d'Absalon (comp. I Par. xxix, 15).
Apres avoir longtemps retenu I'expression de sa douleur (vers. 2-4), le Psalmiste I'exhale
enfin en une plainte amere sur les miseres de la vie rapprochees de sa brievete et de la
faiblesse de I'homme (5-7). Puis, reprenant confiance, il conjure le Seigneur de I'epargner
et de lui accorder quelque repit avant de mourir (8-14).
1 AU maitre de chant, k Idithun, Chant de David.
2 Je disais : " Je veillerai sur mes voies,
De peur de pecher par la langue;
Je mettrai un frein k ma bouche,
Tant que le mechant sera devant moi."
3 Et je suis reste muet, dans le silence;
Je me suis tu, qtioique privd de tout bien,
Mais ma douleur s'est irritee;
6. Mes meiirlrissiires, resultat des chati-
ments divins. — Folie, ici et souvent ail-
leurs, synonyme de peche.
7. Je marche triste et sombre, comme
dims le deuil.
8. Car un mal brulant, etc. Vulg., mes
LIBER PSALMORUAI.
79
per me. 6. Putruerunt et corruptas
sunt cicatrices meae, a facie insipien-
tias meae, 7. Miser factus sum, et
curvatus sum usque in finem : tota
die contristatus ingrediebar. 8. Ouo-
niam lumbi mei impleti sunt illu-
sionibus : et non est sanitas in carne
mea. 9. Afflictus sum, et humiliatus
sum nimis : rugiebam agemitu cor-
dis mei.
10. Domine, ante te omne desi-
derium meum : et gemitus meus a
te non est absconditus. 11. Cor
meum conturbatum est, dereliquit
me virtus mea : et lumen oculorum
meorum, et ipsum non est mecum.
•Job. 19, 12. *Amici mei, et proximi mei ad-
versum me appropinquaverunt, et
steterunt. Et qui juxta me erant, de
longesteterunt: ij.et vim faciebant
qui quasrebant animam meam. Et qui
inquirebant mala mihi, locuti sunt
vanitates : et dolos tota die medita-
bantur. 14. Ego autem tamquam
surdus non audiebam : et sicut mu-
tus non aperiens os suum. 15. Et
factus sum sicut homo non audiens :
et non habens in ore suo redargu-
tiones.
16. Quoniam in te Domine spe-
ravi : tu exaudies me Domine Deus
meus. 17. Quia dixi : Nequando
supergaudeant mihi inimici mei : et
dum commoventur pedes mei, super
me magna locuti sunt. 1 8. Quoniam
ego in flagella paratus surn : et do-
lor meus in conspectu meo semper.
19. Quoniam iniquitatem meam an-
nuntiabo : et cogitabo pro peccato
meo. 20, Inimici autem mei vivunt,
et confirmati sunt super me : et mul-
tiplicati sunt qui oderunt me inique,
21, ^Qui retribuunt mala pro bonis,
detrahebant mihi : quoniam seque-
bar bonitatem.
22. Ne derelinquas me Domine
Deus meus : ne discesseris a me.
23. Intende in adjutorium meum,
Domine Deus salutis meas.
— :i:— PSALMUS XXXVIII, —:i:—
Agit de vanitate et brevitate vitae, Deum
oiat ut peccatum remittat et sibi adsit.
I. In finem, ipsi Idithun, Canti-
cum David.
^^IXI : Custodiam vias meas :
ut non delinquam in lin-
gua mea. Posui ori meo
custodiam, cum consiste-
ret peccator adversum me. 3. Ob-
PS. 34. 12.
reins sotit remplis dHllusions : expression
diversement expliquee.
9. Sans force, ou bien dans la iorpeur,
comme un homme engourdi par le froid.
10. Liaison : mais a quoi bon m'etendre
sur ces choses? Vous connaissez mes besoins
et mes desirs (Le Hir).
12. S^eloigneni de ma plaie, aa lieu d'en
approcher et de me consoler. Vulg., se sont
approcht's vis-a-vis de nioi, et, au lieu de me
secourir, se sont arretes a distance. — Et
mes procJies : Delitzsch voit dans ce second
membre une variante du premier ou une
glose, mais tres ancienne, car on le trouve
dans toutes les versions.
13. Profcrent des menaces, litt. parlent de
mines. Vulg., ptiblient des mensonges.
14. Les SS. Peres appliquent ce verset a
Jesus-Christ qui, pendant sa passion, ne
voulut pas ouvrir la bouche pour se de-
fendre. Comp. Is. liii, 7.
16. Tu repondras par des adl;es, en pre-
nant ma defense.
17. Car je me dis : tu ne saurais permettre
qu'ils triomphent de moi, et qu'ils s'affer-
missent ainsi dans leur insolence et leurs
mauvais desseins.
18. A tombcr. LXX et Vulg., ate chdti-
ment. — Ma douleiir, mon peche et les
chatiments qu'il provoque.
20. Ptdssants, probablement dans le sens
de nombretix.
PSAUME XXXIX.
\. Idithun, un des trois chefs de la musicjue
sacr^e au temps de David (I Par. xvi, 41 sv.
XXV, I, 3; II Par. V, 12; xxxv, 15) : c'est k
lui que le Psalmiste confia I'execution de ce
morceau.
2. Mes votes, ma conduite^ ce qui com-
prend aussi les paroles. — Tant que le me-
chant, dont on doit attendre la ruine pro-
chaine, sera encore devaiit inoi.
3. Quoique prive de tout bien, au milieu
des plus vives souffrances. La Vulg. peut
s'entendre aussi de cette maniere; ou bien :
je ine suis tu, abstenu, meme de bonnes pa-
roles, de peur d'en laisser echapper aussi de
80 PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
4 Mon coeur s'est embrase au-dedans de moi;
Dans iT)es rtfflexions un feu s'est allume,
Et la parole est venue sur ma langue,
5 " Fais-moi connaitre, Jehovah, quel est le terme de ma vie,
Quelle est la mesuie de mes jours;
Que jc sache combien je suis perissable.
6 Tu as donne :i mes jours la largeur de la main,
Et ma vie est comme un rien devant toi.
Oui, tout homme vivant n'est qu'un souffle. — Scla.
7 Oui, rhomme passe comme une ombre:
Oui, c'est en vain qu'il s'agite;
II amasse, et il ignore qui recueillera."
8 Maintenant, que puis-je attendre, Seigneur?
Mon esperance est en toi.
9 Delivre-moi de toutes mes transgressions;
Ne me rends pas I'opprobre de I'insense.
10 Je me tais, je n'ouvre plus la bouche,
Car c'est toi qui agis.
11 Ddtourne de moi tes coups;
Sous la rigueur de ta main, je succombel
12 Quand tu chaties I'homme en le punissant de son iniquite,
Tu ddtruis, comme fait la teigne, ce qn'il a de plus cher.
Oui, tout homme n'est qu'un souffle. — Se/a.
13 Ecoute ma pricre, Jtihovah,
Prete I'oreille a mes cris,
Ne sois pas insensible a mes larmes !
Car je suis un etranger chez toi,
Un voyageur, comme tous mes peres.
14 Ddtourne de moi le regard et laisse-moi respirer,
Avant que je m'en aille et que je ne sois plus!
PSAUME XL (VULG. XXXIX.)
3!Atrizi rapporte ce cantique a la situation exposee I ^a/it. xxiv, lorsque David eut
|J[ echappe aux mains de Saiil a Engaddi. Le Psalmiste remercie le Seigneur de sa
m delivrance (2-6); il lui offrira en reconnaissance, non les sacrifices de la loi, mais
un cceur obeissant et fidele, et il publiera partout sa justice et sa bonte (7-1 1); enfin, comme
il est encore environne de dangers, il le conjure de le sauver et de confondre ses enne-
mis (12-18).
S. Paul {He'dr. x, 5 sv.) applique les vers. 7-9 a la satisfa6\ion de Jesus-Christ. Ces
versets conviennent en effet, dans un sens spirituel et typique, an Sauveur du monde, en
qui ils ont eu d'une fac^on plus haute leur accomplissement. Le Psaume n'en a pas moins
David pour objet diredl et immediat.
Les cinq derniers versets (14-18), legcrement modifies, sont devenus le Ps. Ixx.
Ps. xl. ^ AU maitre de chant. De David. Psaume.
2 j'ai mis en Jehovah toute mon esperance :
II s'est incline vers moi, il a ecoute ma pricre.
3 II m'a retire de la fosse de perdition,
De la fange du bourbier;
II a dresse mes pieds sur le rocher,
II a affermi mes pas.
4 II a mis dans ma bouche un cantique nouveau,
Une louange a notre Dieu;
Beaucoup le voient, et ils venerent Jehovah,
Et se confient en lui.
5 Heureux Thomme qui a mis en Jehovah sa confiance,
Et qui ne se tourne pas vers les orgueilleux et les menteurs !
6 Tu as multiplie, Jdhovah, mon Dieu,
Tes merveilles et tes desseins en notre faveur :
LIBER PSALMORUM.
81
mutui, et humiliatus sum, et silui
a bonis : et dolor meus renovatus
est. 4. Concaluit cor meum intra
me : et in meditatione mea exar-
descet ignis. 5. Locutus sum in
lingua mea :
Notum fac mihi Domine finem
meum, et numerum dierum meo-
rum quis est : ut sciam quid desit
mihi. 6. Ecce mensurabiles posuisti
dies meos : et substantia mea tam-
quam nihilum ante te. Verumtamen
universa vanitas, omnis homo vi-
vens. 7. Verumtamen in imagine
pertransit homo : sed et frustra
conturbatur. "Thesaurizat : et igno-
rat cui congregabit ea.
8. Et nunc quas est exspectatio
mea.? nonne Dominus.'' et substan-
tia mea apud te est. 9. Ab omni-
bus iniquitatibus meis erue me :
opprobrium insipienti dedisti me.
10. Obmutui, et non aperui os
meum, quoniam tu fecisti : 1 1. amo-
ve a me plagas tuas. 12. A for-
titudine manus tu£e ego defeci in
increpationibus : propter iniquita-
tem corripuisti hominem. Et tabe-
scere fecisti sicut araneam animam
ejus : verumtamen vane conturba-
tur omnis homo.
13. Exaudi orationem meam Do-
rnine, et deprecationem meam : au-
ribus percipe lacrymas meas. Ne
sileas : quoniam advena ego sum
apud te, et peregrinus, sicut omnes
patres mei. 14. Remitte mihi, ut
refrigerer prius quam abeam, et am-
plius non ero.
— *— PSALMUS XXXIX. — :i:—
Christus ut hostiam se offert; petit a malis
' liberationem et remissionem peccatorum.
I. In finem, Psalmus ipsi David.
XSPECTANS exspecta-
vi Dominum, et intendit
mihi. 3. Et exaudi vit pre-
ces meas : et eduxit me
de lacu miseriae, et de luto faecis. Et
statuit super petram pedes meos :
et direxit gressus meos. 4. Et im-
misit in os meum canticum novum,
carmen Deo nostro.Videbunt multi,
et timebunt : et sperabunt in Do-
mino. 5. Beatus vir, cujus est no-
men Domini spes ejus : et non re-
spexit in vanitates et insanias falsas.
6. Multa fecisti tu Domine Deus
meus mirabilia tua : et cogitationi-
bus tuis non est qui similis sit tibi.
mauvaises. Delitzsch : sans faire attention
au bonheur, sans m'arreter a cette pensee,
que le bonheur du mechant est le renverse-
ment de la justice divine. D'autres autre-
ment.
5. Fais-moi connaitrc : le Psaliniste ne
demande pas seulement a etre penetre lui-
meme du sentiment de la brievete de la vie,
il insinue que Dieu doit aussi en tenir
compte dans sa conduite envers I'homme.
— Perissable^ litt. finissant.
6. La largeur de la main, de quatre
doigts, un paluie. — Ma vie; Vulg., via
substance, nion etre. — Vivant, litt. debout.
7. // amasse, etc. : comp. Eccl. ii, 18 sv.
8. Mon espcraiice est ett toi; Vulg., ma
substance, mon etre, depend de vous.
9. Ne nie rends pasjYuV^., tu nCas rendu,
a moins qu'on ne traduise interrogative-
ment : ni\is-tu rendu, etc.
10. Ici la soumission a la volonte divine
ne laisse plus rien a desirer.
11. La rigueur, litt. Vattaque.
12. Les mots de la Vulg., in increpationi-
bus, se lient dans I'hebreu au membre de
phrase suivant. — Ce quHl a de plus cher,
sa vie, comme traduisent les anciennes ver-
sions. — Qui : repetition du refrain du
vers. 6.
13. Etranger... voyageur : en hdbreu les
deux mots sont synonymes; ils designent
un etranger au pays qui y fait un sejour plus
ou moins long, mais qui n'a pas le droit de
bourgeoisie, qui n'est pas citoyen {Gen.
xxiii, 4. Comp. I Pier, ii, 11; Hebr. xi, 13),
" C'est a moi qu'est la terre (de Chanaan),
avait dit Dieu aux Israelites {Lev. xxv, 2)'^,
car vous etes des etrangers et des botes
avec moi." Comp. I Par. xxix, 15).
14. Le regard de Dieu est ici un regard
de colere. — Avanl que je ne sois plus sur
cette terre. Comp.y^??^, x, 20 sv.
PSAUME XL.
4. Un cantique nouveau pour une nou-
velle delivrance.
6. Lis surpassent tout recitj Vulg., leur
multitude est sans nombre.
M° 23 — LA SAINTE lilLLE. TOME IV. — 6
^0134-
82
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
Nul n'est comparable a toi.
Je voudrais les publier et les proclamer;
lis surpassent tout recit.
7 Tu ne desires ni sacrifice ni oblation,
Tu m'as perce des oreilles;
Tu ne deniandes ni holocauste ni vidlime expiatoire.
8 Alors j'ai dit : " Voici que je viens
Avec le rouleau du livre ecrit pour moi.
9 le veux faire ta volonte, 6 mon Dieu,
Et ta loi est au fond de mon cceur."
10 J'annoncerai la justice dans une grande asseniblec;
Je ne fermerai pas mes levres,
Jehovah, tu le sais.
11 Je ne tiendrai pas ta justice cachee dans mon coeur;
Je publierai ta fid^lite et ton salut,
Je ne tairai pas ta bonte et ta vdrite dans la grande assemblee.
12 Toi, Jehovah, ne me ferme pas tes misericordes;
Que ta bonte et ta verite me gardent toujours !
13 Car des maux sans nombre m'environnent;
Mes iniciuites m'ont saisi,
Et je ne puis voir;
Elles sont plus nombreuses que les cheveux de ma tete,
Et mon cceur m'abandonne.
14 Qu'il te plaise, Jehovah, de me delivrer!
Jehovah, hate-toi de me secourir !
I 5 Qu'ils soient confus et honteux tous ensemble,
Ceux qui cherchent mon ame pour la perdre!
Qu'ils reculent et rougissent,
Ceux qui desirent ma ruine!
16 Qu'ils soient dans la stupeur a cause de leur honte,
Ceux qui me disent : " Ah ! ah ! "
17 Qu'ils soient dans Tallegresse et se rejouissent en toi,
Tous ceux qui te cherchent !
Qu'ils disent sans cesse : " Gloire a Jdhovah,"
Ceux qui aiment ton salut !
18 Moi, je suis pauvre et indigent,
Mais le Seigneur prendra soin de moi.
Tu es mon aide et mon liberateur :
Mon Dieu, ne tarde pas !
PSAUME XLI (VULG. XL).
E Psaume se compose de quatre strophes parfaitement reguli^res : Heureux Thomme
qui pratique la misericorde! Dieu lui viendra aussi en aide dans ses malheurs (ver-
sets 1-4); peinture du danger que court le Psalmiste entoure d'ennemis (5-7); un de
ses amis memes s'est tourne contre lui (8-10); que Dieu lui vienne en aide (11-13) ! — Le
vers. 14 est une formule de conclusion ajoutee au premier livre du Psautier.
On rapporte generalement ce Psaume a la revoke d'Absalon; I'ami infidele du vers. 10
serait le traitre Achitophel (II Sam. xvii, i sv.).
Notre-Seigneur {Jean, xiii, 18) applique le vers. 10 h. la trahison de Judas. D'ou Ton
conclut que le Psaume, h, cote du sens litteral et historique ou il s'agit de David, a un sens
spirituel et typique ou il s'agit du Messie et de Judas.
7. Tu ne dhires, en ce sens relatif que les
sacrifices de la loi ancienne n'avaient aucune
valeur par eux-memes, qu'ils n'etaient agrea-
bles a Dieu que comme expression de la
soumission parfaite de I'homme et comme
figures du sacrifice de Jesus-Christ, que
Dieu enfin attachait avant tout du prix a
I'obeissance et a I'amour (I Sai/i. xv, 22;
Ji'>-. vii, 22; Ps. li, 18 sv.). Appliquees au
Messie, ces paroles ont un sens absolu :
Dieu rejette tous les sacrifices mosaiques.
Jesus-Christ, dit Bossuet apres S. Paul, se
met a la place de toutes les viclimes an-
ciennes, et n'ayant rien dans sa divinite qui
put etre immole a Dieu, Dieu I'unit ii une
nature inferieure, il lui donne un corps
LIBER PSALMORUM.
83
Annuntiavi et lociitus sum : multi-
plicati sunt super numerum.
7. "Sacrificium et oblationem no-
luisti : aures autem perfecisti mihi.
Holocaustum et pro peccato non
postulasti : 8. tunc dixi : Ecce venio.
In capita libri scriptum est de me.
9. Ut facerem voluntatem tuam :
Deus meus volui, et legem tuam in
medio cordis mei. 10, Annuntiavi
justitiam tuam in ecclesia magna,
ecce labia mea non prohibebo: Do-
mine tu scisti. II. Justitiam tuam
non abscondi in corde meo: verita-
tem tuam et salutare tuum dixi.
Non abscondi misericordiam tuam,
et veritatem tuam a concilio multo.
12. Tu autem Domine ne longe
facias miserationes tuas a me : mise-
ricordia tua et Veritas tua semper
susceperunt me. 13. Quoniam cir-
cumdederunt me mala, quorum non
est numerus : comprehenderunt me
iniquitates meae, et non potui ut vi-
derem. Multiplicatae sunt super ca-
pillos capitis mei : et cor meum
dereliquit me. 14. Complaceat tibi
Domine ut eruas me : ^Domine, ad
adjuvandum me respice. 15. "Con-
fundantur et revereantur simul, qui
quaeruntanimam meam,ut auferant
eam. Convertantur retrorsum, et
revereantur qui volunt mihi mala.
16. Ferant confestim confusionem
suam, qui dicunt mihi : Euge, euge.
17. Exsultent et lastentur super te
omnes quasrentes te : et dicant sem-
per : Magnificetur Dominus : qui
diligunt salutare tuum. i 8. Ego au-
tem mendicus sum, et pauper: Do-
minus sollicitus est mei. Adjutor
meus, et protector meus tu es :
Deus meus ne tardaveris.
* Infra 69,
2.
" Supra 34,
4-
.1.
— • —
•r
propre a souffrir et accommode k I'etat de
serviteur et de vidlime ou il se met. — Ni
sacrifice sanglant, ni oblation non sanglante.
— Tu ni'as pcrce des oreilles, tu m'as fait
capable de recevoir tes ordres et de t'obeir,
et c'est la ce que je ferai pour te plaire. Ou
bien : tu in^as perce les oreilles : allusion a
la loi {Exod. xxi, 6) d'apres laquelle on per-
gait I'oreille a I'esclave juif qui, lorsqu'arri-
vait I'annee sabbatique, ne voulait pas re-
prendre sa liberte et se constituait volon-
tairement esclave perpetuel;comnie si David
disait a Dieu : Je me suis rendu volontaire-
ment obeissant et ton serviteur a jamais
(Le Hir). Au lieu de, tu nCas pcra\ etc., on
lit dans les LXX : tu nCasfacotme iin corps,
S. Paul, dans I'application qu'il fait de ce
passage a Jesus-Christ, suit cette legon qui
fait mieux ressortir I'incarnation du Verbe,
sans changer essentiellement la pensee de
I'hebreu afluel.
8. Je viens repond a tu in\is perce des
oreilles^ deux expressions parallcles indi-
quant I'obeissance parfaite, soit de David
vis-a-vis de Dieu, soit du Messie vis-a-vis
de son Pere. — Avec le rouleau : autrefois
les livres se composaient de feuilles de par-
chemin jointes ensemble et roulees sur un
cylindre. — Dtt livre, le livre de la loi ou
le Pentateuque. — Ecrit pour nioi, pour
etre la regie de ma vie.
D'autres, liant ce membre avec le com-
mencement du vers. 9 : void que je 7nens
iciest ce qui iii'est prescrit dans le livre de la
lot), pour fairs ta volonte. Ou bien : void
que je viens, — c^est de nioi qu^il est ecrit
dans le livre de la loi, - — pour fair e, etc.
g. Faire la volonte de Dieu : comp. Jean,
iv, 33; viii, 29.
\o. J\innoncerai : I'expression hdbr. ren-
ferme I'idee de bonne nouvelle. — La justice,
ce que Dieu fait pour le salut de I'homme.
— Dans une grande asseniblee, a tout Israel.
11. Ta fidelite dans tes promesses. ~ Ta
verite : meme sens.
12. Ne me ferme pas tes ntisericordes
repond k je tie ferinerai pas vies Icvrcs
(vers, 10).
13. Mes iniquites ni^ont saisi dans leurs
suites, dans les chatiments qu'elles ont fait
tomber sur moi. — Je ne puis voir, la dou-
leur obscurcit mes yeux : comp. xxxi, 9;
xxxviii, 10. Delitzsch : mes iniquites ni'otit
saisi, elles m'investissent de toute part et
de si pres qu'elles arretent ma vue; au point
que je ne puis voir. — APabandonne, me
fait defaut, comme un faux ami.
15. Mon dine, ma vie.
16. Ahf ah! cri de joie sarcastique en
presence d'un ennemi que I'on croit vaincu.
17. Qui aiment ton salut, qui sont bien
aises que tu me sauves.
84
PREMIER LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xli. lAU maitre de chant. Psaume de David.
2 Heureux celui qui prend souci du pauvre!
Au jour du malheur, Jehovah le delivrera.
3 Jehovah le gardera et le fera vivre;
II sera heureux sur la terre,
Et tu ne le livreras pas au desir de ses ennemis.
4 Jehovah I'assistera sur son lit de douleur;
Tu retourneras toute sa couche dans sa maladie.
5 Moi, je dis : " Jehovah, aie pitie de moi !
Gueris mon ame, car j'ai pechd centre toi ! "
6 Et mes ennemis proferent centre moi des maledicflions :
" Quand mourra-t-il? Quand perira son nom?"
7 Si quelqu'un vient me visiter, il ne profere cjue mensonges;
Son cceur recueille I'iniquite;
Quand il s'en va, il parle au dehors.
8 Tous mes ennemis chuchotent ensemble contre moi.
Centre moi ils meditent le malheur.
9 " Un mal irremediable, disent-ils, a fondu sur lui;
Le veila couche, il ne se relevera pas ! "
10 Meme I'homme qui etait mon ami,
Qui avait ma confiance et qui mangeait mon pain,
Leve le talon contre moi.
11 Toi, Jehovah, aie pitie de moi et releve-moi,
Et je ieur rendrai ce qu'ils meritent.
12 Je connaitrai que tu m'aimes.
Si mon ennemi ne triomphe pas de moi.
13 A cause de mon innocence tu m'as soutenu,
Et tu m'as ^tabli pour toujours en ta presence.
'"t Beni soit Jehovah, le Dieu d'Israel, dans les siecles des siecles! Amen! Amen!
PSAUME XLI.
2. Qui s'interesse, litt. qui coinprcnd^ prete
attention; au pauvre, litt. k celui qui est
faible et miserable.
3. Tu ne livreras pas : changement de
personne assez frequent dans le style bibli-
que. — Au desir, au ressentiment; litt., a
I'd me.
4. Tu retourneras toute sa couche, pour
la rendre plus molle et plus douce, commc
fait una mere pour son enfant. Selon d'au-
tres, la couche est mise ici pour I'etat du
malade; sens : tu changeras sa couche de
maladie et de douleur en un etat de sante
et de joie (S. Jean Chrysost. S. Augustin).
5. Ce misdricordieux dont on vient de
parler, c'est David lui-meme, mais devenu
pauvre et faible, et implorant la pitie du
Seigneur. — Gueris 711011 ame, gudris-mei :
le mot ame est souvent employe a la place
du pronom personnel. S'agit-il d'une mala-
die rt^elle; ou bien David a-t-il voulu. cemme
il le fait souvent ailleurs, peindre la souf-
france de son ame sous les traits d'un mal
physique? — Car fai pecJie, car mes peches
m'ont attir^ des chatiments qui me rendent
bien malheureux.
7. // ne profere que mensonges, d'hypo-
crites protestations d'amitie. — Son cwur,
etc. : il observe tout chez moi, pour recueillir
maticre a medire et h. calemnier; et quand
il sort de chez moi, il publie partout ie resul-
tat de ses malicieuses observations.
LIBER PSALMORUM.
85
— *— PSALMUS XL. — :i:—
Eleemosyna; meritum; querimoni^e de
hostium odio et amicorum perfidia.
I. In finem, Psalmus ipsi David.
]EATUS qui intelligit su-
per egenum, et pauperem :
in die mala liberabit eum
Dominus.j.Dominuscon-
servet eum, et vivificet eum, et bea-
tum faciat eum in terra : et non tra-
dat eum in animam inimicorum
ejus. 4. Dominus opem ferat illi su-
per lectum doloris ejus : universum
stratum ejus versasti in infirmitate
ejus.
5. Ego dixi : Domine miserere
mei : sana animam meam, quia pec-
cavi tibi. 6. Inimici mei dixerunt
mala mi hi : Quando morietur, et
peribit nomen ejus.^ 7. Et si ingre-
diebatur ut videret, vana loqueba-
tur, cor ejus congregavit miquita-
tem sibi. Egrediebatur foras, et lo-
quebatur
8. In idipsum. Adversum me
susurrabant omnes inimici mei : ad-
versum me cogitabant mala mihi.
9. Verbum iniquum. constituerunt
adversum me : Numquid qui dor-
mit non adjiciet ut resurgat ?
10. "Ecenim homo pacis meas, in
quo speravi : qui edebat panes
meos, magnificavit super me sup-
plantationem.
II. Tu autem Domine miserere
mei, et resuscita me : et retribuam
eis. 12. In hoc cognovi quoniam
voluisti me: quoniam non gaudebit
inimicus meus super me. 13. Me
autem propter innocentiam susce-
pisti : et confirmasti me in conspe-
ctu tuo in aeternum.
14. Benedictus Dominus Deus
Israel a saeculo, et usque in saecu-
lum : fiat, fiat.
" Infra 54,
14. A6t. I,
16.
8. Les mots in idipstim de la Vulg. signi-
fient ensemble^ et doivent se Her k ce qui suit.
Les ennemis de David esperent et publient
que la maladie, les epreuves, la vieillesse
I'obligeront a ceder le trone h un autre.
9. Un mal irremediable, chatiment de son
peche : une maladie reelle ou une epreuve
d'un autre genre? Les LXX et la Vulg.
peuvent s'interpreter dans le sens de I'he-
breu : ils repefent contre moi ceile parole
iniqtie : " IM^esi-ce pas que celiii qui est Id
coiiche ne se relevera jamais? "
10. nhomme qui etait mon ami, litt.
Vhomme de ma paix, de mon intimite. —
Qui mangeait mon pain : en Orient surtout
I'hospitalite est chose sacree; s'asseoir a la
table d'un bote, c'est contracfter avec lui une
^troite alliance. — A leve le talon, comme
un clieval qui frappe du pied son maitre, ou
bien comme un vainqueur qui pose le pied
sur son ennemi vaincu.
Nous avons vu plus haut que cet homme
designe, dans le sens historique, Achito-
phel, et dans le sens figuratif et spirituel
Judas qui, apres s'etre assis a la derniere
cene avec Notre-Seigneur, le livra a ses
ennemis.
II. /e leur rendrai,]t. les punirai : Da-
vid parle ici en roi, en representant de
Jehovah.
13. Mon innocence : il s'agit de I'innocence
de David vis-a-vis de ses ennemis. — Tu
m'as soiitenu et tu me soutiendras, confor-
mement k tes promesses (II Sam. vii, 16),
ne permettant pas que je sois renverse. —
En ta presence, dans la cite sainte de Jeru-
salem, ou etait le sanftuaire de Jehovah,
I'arche d'alliance et le tabernacle.
14. Doxologie qui sert de conclusion au
livre premier du Psautier. — Dans les siecles
des siecles ; litt., depuis Veiernite dans le
"^^Lsst JtisquW r eternite' ddixxs I'avenir.
^&Ǥ*5f*:^
86
deuxip:me livre des psaumes.
<
LIVRE DEUXIEME
■ ^
PSAUMES XLII KT XLIII (VULG. XLI ET XLIl).
ES yi/s de Core, dont les 8 premiers Psaumes du 2^ livre portent le nom, sont les
descendants de ce Core qui se revolta contre Moise avec Dathan et Abiron
{Nombr. xvi). L'histoire nous les montre, depuis le temps de David (I Par.\\, 2,3)
jusqu'a celui de Josaphat (II Pa7\ xx, 19), remplissant d'importantes fonflions
levitiques, entre autres celle de chantres. Plusieurs composerent aussi des cantiques sacres.
Les Psaumes xlii et xliii n'en forment evidemment qu'un seul, compose de 3 strophes,
terminees chacune par le meme refrain : xlii, 1-7; 7-12; xliii, 1-5. Eloigne du sanduaire,
le Psalmiste exprime un ardent ddsir de le revoir. Le souvenir des belles solennites aux-
quelles il prenait part autrefois augmente sa douleur. Dans son exil, il ne pense qu'a Jeho-
vah, et il le conjure de le ramener au plus tot auprcs de son tabernacle.
Le Hir rapporte ce Psaume, ainsi que les 7 suivants, a I'invasion de Sennacherib, qui
avait force le Psalmiste a s'eloigner de la maison de Dieu et a se cacher au-dela du Jour-
dain. D'autres, avec Patrizi, font de I'auteur un contemporain de David qui, lors de la
revoke d'Absalon, aurait accompagne le roi dans sa fuite. D'autres autrement.
Ps. xlii. ' AU maitre de chant. Cantique des fils de Core.
2 Comme le cerf soupire apres les sources d'eau,
Ainsi mon ame soupire apres toi, 6 Dieu.
3 Mon ame a soif de Dieu, du Dieu vivant :
Quand irai-je et paraitrai-je devant la face de Dieu?
4 Mes larmes sont ma nourriture jour et nuit.
Pendant qu'on me dit sans cesse : " Ou est ton Dieu? "
5 Je me rappelle, et a cc soirc'entr mon ame se fond en elle-mcme,
Quand je marchais entoure de la foule,
Et que je m'avangais a sa tete vers la maison de Dieu,
Au milieu des cris de joie et des adlions de graces
D'une multitude en" fete ! —
6 Pourqiioi es-tu abattue, 6 mon ame, et t'agites-tu en nioi?
Espere en Dieu, car je le louerai encore,
Lui, le salut de ma face et mon Dieu !
7 Mon ame est abattue au-dedans de moi;
Aussi je pense a toi, du pays du Jourdain,
De THermon, de la montagne de Misar.
8 Les eaux mugissantes s'appellent et se repondent, quand grondent tes cataracfles :
Ainsi toutes tes vagues et tes torrents fondent sur moi.
9 Le jour, Jehovah commandait ^ sa grace de »ic visiter;
La nuit, je chantais ses louanges,
J\idressais une priere au Dieu de ma vie.
10 Maintenant je dis a Dieu, mon rocher : " Pourquoi m'oublies-tu?
Pourquoi faut-il que je vive dans la tristesse, sous I'oppression de I'ennemi?"
11 Je sens mes os se briser, quand mes persccuteurs m'insultent,
En me disant sans cesse : " Oil est ton Dieu? " —
12 Pourquoi es-tu abattue, 6 mon ame, et t'agites-tu en moi?
Espere en Dieu, car je le louerai encore,
Lui, le salut de ma face et mon Dieu !
PSAUME XLII.
I. Cantique, hebr. inaskil ; ce moi ddsigne
le caracflere particulier du Psaume; beau-
coup traduisent, instri/clion. Comp. xxxii, i.
2. O Dieu : dans les Psaumes de ce
2^ livre, Dieu est presque toujours designe
par le mot Eloliim, et rarement par celui de
Jehflvalt; c'est le contraire dans le i<^'' livre.
Cela vient sans doute de ce que les canti-
LIBER PSALMORUM.
87
-^i:— PSALM US XLL — :!:—
Homo exsul et conturbatus anhelat
ad meliorem vitam.
Infi
nem.
Intellectus filiis Core.
^UEMADMODUM de-
^Isiderat cervus ad fontes
aquarum : ita desiderat
anima mea ad te Deus.
3. Sitivit anima mea ad Deum
fortem vivum : quando veniam et
apparebo ante faciem Dei? 4. Fue-
runt mihi lacrymas meas panes die
ac nocte : dum dicitur mihi quo-
tidie : Ubi est Deus tuus? 5. Hasc
recordatus sum, et efFudi in me
animam meam : quoniam transibo
in locum tabernaculi admirabilis,
usque ad domum Dei : in voce ex-
sultationis, et confessionis : sonus
epulantis. 6. Quare tristis es anima
mea? et quare conturbas me? Spera
in Deo, quoniam adhuc confitebor
illi : salutare vultus mei, 7. et Deus
meus.
Ad meipsum anima mea contur-
bata est : propterea memor ero tui
de terra Jordan is, et Hermoniim a
monte medico. 8. Abyssus abyssum
invocat, in voce cataractarum tua-
rum. Omnia excelsa tua, et fluctus
tui super me transierunt. 9, In die
mandavit Dominus misericordiam
suam : et nocte canticum ejus. Apud
me oratio Deo vitas meas, 10. dicam
Deo : Susceptor meus es, quare
oblitus es mei? et quare contrista-
tus incedo, dum affligit me inimi-
cus? II, Dum confringuntur ossa
mea, exprobraverunt mihi qui tri-
bulant me inimici mei : dum dicunt
mihi per singulos dies : Ubi est
Deus tuus? 12. Quare tristis es ani-
ma mea? et quare conturbas me?
Spera in Deo, quoniam adhuc con-
fitebor illi : salutare vultus mei, et
Deus meus.
ques du 2^ livre ont ete collecflionnes a une
epoque oil le nom de Jehovah etait devenu
pour les Juifs le nom ineffable; on commenga
a liii siibstituer, dans I'usage liturgiqae, celui
d'Elohim ou d'Adonai.
5. Se fo}id en elle-vicme de pieux desirs,
meles de regret et d'esperance. — Entoure
de lafoule, ce mot est douteux dans le texte.
Lyiine iiniltitiide en fete, Vulg., c'est conune
le bruit d^utt festin.
6. Le saint de ina face, le salut que Dieu
mettra un jour devant moi et me fera voir.
Cette legon est celle des LXX et de la Vulg.,
et en conformite avec les deux autres repe-
titions du refrain (vers. 12; xliii, 5). L'hebr.
aftuel porte : ( je louerai) ie saint de sa face,
qui me viendra de la face bienveillante de
Dieu; et ino)i Dieu est renvoye au verset
suivant. Ce leger changement dans le re-
frain n'aurait rien d'invraisemblable, car on
en rencontre encore ailleurs de semblables.
7. Pays dji Jourdain, au-delk du Jour-
dain, par opposition au paj's de Chanaan.
— De I' Herman, au pluriel en hebreu, c\
cause des trois sommets de cette montagne,
comme nous disons les Alpes. — Misar,
nom d'une montagne inconnue, peut-etre
un des sommets de I'Hermon. yl/Zi-czr sign i fie
proprement petit, et c'est ainsi que tradui-
sent les LXX et la Vulg.
8. Les eaux mugissantes, etc. ; iitt. Vabhne
appelje LaM/ne, ou bien, un flat appelle im
autre flot, le fait venir pour lui succeder. Ce
i^i- membre ddcrit un phenomene frequent
dans la contree montagneuse et profonde-
ment ravinee d'au-dela du Jourdain : orage,
pluie torrentielle, fracas du tonnerre; c'est
I'image des dangers et des tribulations.
9. Ce verset parait exprimer les souvenirs
du passe, les pcnsees (vers. 7) que se rappe-
lait le Psalmisle dans son exil. Le jour, la
iiuit, signifient ici simplement : tour &, tour.
D'autres entendent ce verset, soit du
temps present : au milieu meme de mes tri-
bulations, Dieu fait luire a mes yeux quel-
ques rayons de sa bonte; soit de I'avenir :
le jour viendra oii tu coniinanderas a ta
hoiite, etc., alorsje dirai, etc.
^^-^
88
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xliii. I Rends-moi justice, 6 Dieii, prencls en main ma cause centre une nation infidtile;
Delivre-moi de I'homme de fraude et d'iniquite !
2 Car tu es le Dieu de ma defense : pourquoi me repousses-tu?
Pourquoi faut-il que je vive dans la detresse sous I'oppression de I'ennemi?
3 Envoie ta lumiere et ta fidelite; qu'elles me guident,
Qu'elles me conduisent a ta montagne sainte et a tes tabernacles!
4 J'irai k I'autel de Dieu, au Dieu qui est ma joie et men allegresse,
Et je te celebrerai sur la harpe, 6 Dieu, men Dieu ! —
5 Pourquoi es-tu abattue, 6 mon ame, et t'agites-tu en moi?
Espere en Dieu, car je le louerai encore,
Lui, le salut de ma face et mon Dieu !
PSAUME XLIV (VULG. XLIIl).
E Psalmiste, faisant parler le peuple, rappelle au Seigneur les prodiges par lesquels
il a etabli Israel dans le pays de Chanaan et le supplie de prendre encore sa
defense (vers. 2-9); vaincu par ses ennemis, devenu leur jouet, Israel est mainte-
nant couvert de honte aux yeux des nations (10-17); cependant il est toujours reste fidele
a I'alliance du Seigneur (18-23); que Dieu s'eveille done et qu'il vienne en aide a son
peuple (24-27).
Les interpretes sont fort partages sur les circonstances historiques qui ont donne lieu
a la composition de ce Psaume. Le Hir le rapporte, comme les sept autres de cette serie,
a I'expedition de Sennacherib. Mais I'opinion la plus probable est qu'il a ete compose sous
le regne de David. Pendant que ce roi dtait occupd a combattre les Syriens en Arable et
sur I'Euphrate, les Edomites, pouss^s par leur vieille haine contre Israel, envahirent ce
pays et y exercevent de grands ravages : massacres, pillages, vente de captifs, etc. (comp.
I Rots, xi, 15). lis ne purent cependant s'emparer de la capitale, et David, vainqueur des
Syriens, ne tarda pas a tirer des Edomites une vengeance eclatante (II Sam. viii, 13 sv.).
Le fleau fit impression sur Israel qui, penetre de la pensee qu'il etait le peuple elu, etait
sensible au moindre revers. Aussi les fils de Core ont-ils trace de cette situation un tableau
aux sombres et tragiques couleurs. Cf le Psaume Ix, compose par David a peu pres sur le
meme sujet.
Les Juifs du temps des Macchabees avaient souvent sur leurs levres les strophes de
notre Psaume (I Macch. i, 64), et S. Paul {Rom. viii, 36) en cite un verset (vers. 23) a
propos des souffrances que les premiers chretiens avaient a endurer. C'est done a bon
droit que les Peres Font enlendu, dans le sens spirituel, des martyrs de I'Eglise chretienne.
Ps. xliv. 1 AU maitre de chant. Des fils de Core. Cantique.
2 O Dieu, nous avons entendu de nos oreilles,
Nos peres nous ont raconte
L'oeuvre que tu as accomplie de leur temps, aux jours anciens.
3 De ta main tu as chasse des nations pour les etablir,
Tu as frappe des peuples pour les etendre.
4 Car ce n'est point leur epc'e qui leur a conquis le pays,
Ce n'est point leur bras qui leur a donnd la vi<noire,
Mais c'est ta droite, c'est ton bras, c'est la lumiere de ta face,
Parce que tu les aimais.
5 C'est toi qui es mon roi, 6 Dieu :
Ordonne le salut de Jacob !
6 Par toi nous renverserons nos ennemis,
En ton nom nous ecraserons nos adversaires.
7 Car ce n'est pas en mon arc que j'ai confiance;
Ce n'est pas mon epee qui me sauvera.
8 Mais c'est toi qui nous delivres de nos ennemis,
Et qui confonds ceux qui nous haissent.
9 En Dieu nous nous glorifions chaque jour,
Et nous celebrons ton nom a jamais. — Sela.
10 Cependant tu nous repousses et nous couvres de honte;
Tu ne sors plus avec nos armees.
11 Tu nous fais reculer devant I'ennemi,
Et ceux qui nous haissent nous depouillent.
LIBER PSALMORUM.
89
—*— PSALM US XLIL — :i:—
Spem in Domino reponit a quo judicari
exoptat.
I
Psalmus David.
UDICA me Deus, et dis-
cerne causam meam de
gente non sancta, ab ho-
mine iniquo, et doloso
erue me. 2. Quia tu es Deus forti-
tude mea : quare me repulisti? et
quare tristis incedo, dum affligit me
inimicus? 3. Emitte lucem tuam et
veritatem tuam : ipsa me deduxe-
runt, et adduxerunt in montem san-
ctum tuum, et in tabernacula tua.
4. Et introibo ad altare Dei : ad
Deum, qui laetificat juventutem
meam. Confitebor tibi in cithara
Deus Deus meus : 5. quare tristis
es anima mea? et quare conturbas
me? Spera in Deo, quoniam adhuc
confitebor illi : salutare vultus mei,
et Deus meus.
— *— PSALMUS XLIIL -:>—
IsraelitcC ut Dei opem implorent, beneficia
recepta memorant et prsesentes miserias
exponunt.
I. In finem, Filiis Core ad intel-
lectum.
EUS auribus nostris audi-
vimus : patres nostri an-
nuntiaverunt nobis. Opus,
quod operatus es in die-
bus eorum : et in diebus antiquis.
3. Manus tua gentes disperdidit, et
plantasti eos : afflixisti populos, et
expulisti eos : 4. nee enim in gladio
suo possederunt terram,et brachium
eorum non salvavit eos : sed dextera
tua, et brachium tuum, et illumina-
tio vultus tui : quoniam complacui-
sti in eis.
5. Tu es ipse rex meus et Deus
meus : qui mandas salutes Jacob.
6. In te inimicos nostros ventilabi-
mus cornu, et in nomine tuo sper-
nemus insurgentes in nobis. 7. Non
enim in arcu meo sperabo : et gla-
dius meus non salvabit me. 8. Sal-
vasti enim nos de afiligentibus nos :
et odientes nos confudisti. 9. In
Deo laudabimur tota die : et in no-
mine tuo confitebimur in sasculum.
10. Nunc autem repulisti et con-
fudisti nos : et non egredieris Deus
in virtutibus nostris. 11. Avertisti
nos retrorsum post inimicos nostros:
et qui oderunt nos, diripiebant sibi.
I 2. Dedisti nos tamquam oves esca-
rum : et in gentibus dispersisti nos.
13. Vendidisti populum tuum sine
pretio : et non fuit multitude in
commutationibus eorum. 14. Posui-
sti nos opprobrium vicinis nostris.
PSAUME XLIII.
I. De VJiomine, pour des Jioinuies.
3. Ta lumiere, la lumiere de ta grace, de
ta faveur. — Tabernacles^ pluriel empha-
tique : ton divin tabernacle.
4. Qui est majoie et mon alle^ressej litt.,
la joie de mon allcgresse. Les versions an-
ciennes portent, qui fait la joie de ma jeti-
nesse. — O Dieic, dans le second membra,
a ete sans doute mis plus tard "poxix Jehovah.
PSAUME XLIV.
I. Cantiqne, h^br. maskil : voy. xlii, i.
3. Tti as chasse, ou depossede les nations
chananeennes, pour e'tablir, litt. planter,
comme un arbre, comme une vigne, nos
peres, etc. — Pour ctendre, faire croitre les
rameaux de cet arbre, multiplier les reje-
tons de cette vigne. Vulg., et tu les a chas-
ses, les peuples chananeens.
4. La lumiere de ta face, ta faveur, ta pro-
tection.
5. Ordonne, commande, comme il con-
vient a un Dieu et k un roi, le saint, la deli-
vrance de Jacob : ce nom fait sans doute
allusion a Gen. xxv, 23 : " Paine, Esaii, pere
des Edomites ou Idumeens, servira le cadet,
Jacob, pere des Israelites."
6. Notes renversero7is, litt. nous frappe7'ons
de la come (Vulg.), comme fait le buffle. —
Nous e'craserons,\\€bY. nabousj les anciennes
versions ont lu le piel de bosch : 7tous coit-
vrirotis de honte (Vulg.).
10. Tu 7te S07-S plus, pour nous don-
ner la vi(floire : les fils de Cere n'avaient
sans doute pas de nouvelles de I'armee
de David.
90
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
12 Til nous livres comme des brebis destinees a la boucherie,
Til nous dispei^ses parmi les nations.
13 Tu vends ton peuple h vil prix,
Tu ne restimes pas a une grande valeur,
14 Tu fais de nous un objet d'opprobre pour nos voisins,
De moquerie et de risee pour ceux qui nous entourent.
15 Tu nous rends la fable des nations,
Et les peuples branlent la tete a notre sujet.
16 Ma honte est toujours devant mes yeux
Et la confusion couvre mon visage,
17 A la voix de celui qui w'insulte et ///'outrage,
A la vue de I'ennemi et de celui qui respire la vengeance.
18 Tout cela nous arrive sans que nous t'ayons oublie,
Sans que nous ayons ete infideles a ton alliance.
19 Notre coeur ne s'est point detourue en arriere,
Nos pas ne se sont pas ecartes de ton sentier,
20 Pour que tu nous ecrases dans la retraite des chacals,
Et que tu nous couvres de I'ombre de la mort.
2 1 Si nous avions oublie le nom de notre Dieu,
Et tendu les mains vers un dieu etranger,
22 Dieu ne I'aurait-il pas aper^u,
Lui qui connait les secrets du coeur?
23 Mais c'est a cause de toi qu'on nous egorge tous les jours,
Qu'on nous traite comme des brebis destinees a la boucherie.
24 Reveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur?
Reveille toi, et ne nous repousse pas a jamais!
25 Pourquoi caches-tu ta face?
Pfl7irqiioi oublies-tu notre misere et notre oppression?
26 Car notre aine est affaissee jusqu'a la poussiere,
Notre corps est attach^ a la terre.
27 Leve-toi pour nous secourir!
Delivre-nous a cause de ta bonte!
PSAUME XLV (VULG. XLIV).
fE Psaume est un epithalame, ou chant en I'honneur des noces d'un grand roi. Les
images sont tiroes du temps des rois, et il a une premiere application historique
Zi
1 ftgs^al au mariage de I'un deux, probablement de Salomon avec une princesse egyp-
tienne. Mais cette application est loin d'en epuiser le sens. Ce roi magnifique, qui est
appele Dieu au vers. 7, c'est le roi Messie; la reine, c'est I'Eglise, c.-a-d. Israel converti
par le Messie a la loi nouvelle de I'Evangile, et amenant avec elle au roi Sauveur ses
rompagnes, c.-a-d. les nations idolatres. Rien de plus ordinaire dans la Bible que la figure
de I'union nuptiale pour carafl^riser I'alliance de Dieu avec son peuple. C'est ainsi que la
tradition juive et la tradition chretienne ont toujours interprete ce beau cantique. S. Paul
{HJbr. i, 8 sv.) en cite les vers. 7 et 8 comme adresses par le Pere eternel a son Fils
Outre I'exorde (vers. 2) et la conclusion (vers. 18), le Psaume comprend deux parties,
dont Tune est consacree au roi (3-10) et I'autre h la reine (11-17).
Ps. xlv. ^AU maitre de chant. Sur les lis. Cantique des fils de Core. Chant d'amour.
2 De mon coeur jaillit un beau chant;
Je dis : " Mon oeuvre est pour un roi ! "
Ma langue est comme le roseau dans la main agile du scribe.
3 Tu es le plus beau des fils de I'homme,
La grace est repandue sur tes lc!;vres ;
C'est pourquoi Dieu t'a beni pour toujours.
4 Ceins ton epee sur ta cuisse, 6 heros,
Revets ta splendeur et ta majeste,
5 Et dans ta majesty avance-toi, monte sur ton char,
Combcxts pour la v^rite, la douceur et la justice,
Et que ta droite se signale par des fails merveilleux.
I
LIBER PSALMORUM.
91
subsannationem et derisum his, qui
sunt in circuitu nostro. 15, Posui-
sti nos in similitudinem gentibus :
commotionem capitis in populis.
16. Tota die verecundia mea con-
tra me est, et confusio faciei meas
cooperuit me. 17. A voce expro-
brantis, et obloquentis : a facie ini-
mici, et persequentis.
18. Hasc omnia venerunt super
nos, nee obliti sumus te : et inique
non egimus in testamento tuo, 1 9. Et
non recessit retro cor nostrum : et
declinasti semitas nostras a viatua :
20, quoniam humiliasti nos in loco
afflictionis, et cooperuit nos umbra
mortis. 21. Si obliti sumus nomen
Dei nostri,et si expandimus manus
nostras ad deum alienum : 22. non-
ne Deus requiret ista? ipse enim no-
vit abscondita cordis. "Quoniam
propter te mortificamur tota die :
aestimati sumus sicutovesoccisionis.
23. Exsurge, quare obdormis Do-
mine.^ exsurge, et ne repellas in
finem. 24. Quare faciem tuam aver-
tis, oblivisceris inopias nostrae et tri-
bulationis nostrae.'' 25. Quoniam
humiliata est in pulvere anima no-
stra: conglutinatus est in terra ven-
ter noster. 26. Exsurge Domine,
adjuva nos : et redime nos propter
nomen tuum.
— :;:— PSALM US XLIV. — :>—
Epithalamium Christi et Ecclesias sub typo
connubii Salomonis et filias Pharaonis.
I. In finem, pro iis, qui commu-
tabuntur, filiis Core, ad intellectum,
Canticum pro dilecto.
JlRUCTAVIT cor meum
verbum bonum : dico ego
opera mea regi. Lingua
mea calamus scribae velo-
citer scribentis.
3. Speciosus forma pras filiis ho-
minum, diffusa est gratia in labiis
tuis : propterea benedixit te Deus
in asternum. 4. Accingeregladio tuo
super femur tuum, potentissime,
5. specie tua et pulchritudine tua
intende, prospere procede, et regna,
propter veritatem et mansuetudi-
nem, et justitiam : et deducet te
13. A vil prix, comme une chose dont
tu ne te soucies pas, dont tu veux te
debarrasser n'importe a quel prix. — Tu
lie Pestimes pas^ Viilg., z7 «'_y a pas heaii-
coiip (Tenchcrisseuis a la Tciife que Von
en fait.
23. A catise de ioi : la cause d' Israel eta it
celle de Dieu.
24. Dieu semble dormir, quand sa provi-
dence, c.-a-d. son aflion sur le nionde, cesse
de se manifester dans le chatiment des pe-
cheurs et la protecftion des justes.
26. Si profonde est notre afflicflion, que
notre ante semble affatsse'e, etc.
27. A cause de ta bonte; Vulg., a cause dc
ton 710111, pour ne pas faire mentir ton nom,
qui rappelle mille traits de ta puissance et
de ta bonte en faveur des justes.
PSAUME XLV.
I. Sur les lis : nom ou premier mot d'un
chant populaire dont Fair devait etre adapte
a ce Psaume; LXX et Vulg., pour ceux qui
seront changes (de I'hebr. schanah, etre
change). — Chant d' amour, de I'amour
noble et sacre, comme I'insinue le terme
hebreu. La representation de I'amour spiri-
tuel sous I'image de I'amour inferieur et ter-
restre est tout a fait dans le style de la
poesie orientale; on en trouve de nombreux
exemples dans les litteratures persane, arabe
et turque. Vulg., pour le bien-aiuic^ le Roi-
Messie.
2. Ma langue : I'expression me vient aussi
heureuse et aussi rapide qu'au scribe qui
ecrit sous la dicflee d'un autre. — Uagile
roseau, propr. style, instrument pointu, de
fer ou de roseau, avec lequel les anciens
ecrivaient.
3. Le phis beau : dans la Bible, la beaute
physique est regard ee comme un don de
Dieu et suppose ordinairement la beaut^
morale. Pour I'application au Messie, voy.
Jea?i, i, 14; Li/c, IV, 22. Comp. Is. liii, 2 sv.
4. Revets, etc. Ou bien : vaillant guer-
rier, ceins ton epe'e, (laquelle est) ta parure
et ta gloire.
5. Sur toti char ou ton cheval de guerre,
pour etablir sur la terre le regne de la verite,
etc. Au lieu de, la douceur et la justice, ou
bien au lieu de douceur pour la soumission,
c.-a-d. pour les hommes soumis et fideles.
— Que ta droite se signale, litt. f appreJi7ie ,
te fasse accomplir de merveilleux exploits.
On pourrait aussi traduire par \z futur : se
signaler a, etc.
92
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xlvi.
6 Tes filches sont aigiies;
Des peuples tombeionl a tes pieds ;
EUes perceront le cceur des ennemis du roi.
7 Ton irone, 6 Dieu, esl etabli pour toujours;
Le sceptre de ta royaiite est un sceptre de droiture,
S Tu aimes la justice et tu hais I'iniquite :
C'est pourquoi Dieu, ton Dieu t'a oint
D'une huile d'allegresse, de preference a tes compagnons.
9 La myrrhe, I'aloes et la casse s'exhalent de tes vetements ;
Des palais d'ivoire, les lyres te rejouissent.
lo Des fiUes de rois sont parmi tes bien-aimees;
La'reine est a ta droite, paree de I'or d'Ophir.
] I " Ecoute, ma fille, regarde et prete I'oreille :
Oublie ton peuple et la maison de ton pere,
12 Et le roi sera epris de ta beaute ;
Car il est ton Seigneur : rends-lui tes hommages.
13 La fille de Tyr, avec des presents,
Et les plus riches du peuple rechercheront ta faveur."
14 Toute resplendissante est la fille du roi dans I'int^rieur;
Des tissus d'or forment son vetement.
15 En robe de couleurs variees, elle est presentee au Roi ;
Apres elle, des jeunes filles, ses compagnes, te sont amene'es.
16 On les introduit au milieu des rejouissances et de ralldgresse;
Elles entrent dans le palais duRoi.
17 Tes enfants prendront la place de tes peres ;
Tu les etabliras princes sur toute la terre.
18 Je rappellerai ton nom dans tons les ages;
Et les peuples te loueront eternellement et a jamais.
PSAUME XLVI (VULG. XLV).
|E Psaume exprime la confiance absolue d'Israel en la protedlion de Dieu, protec-
tion qui vient de se manifester dans un grave peril. Quel est le fait historique
auquel il fait allusion? Parmi les interpretes modernes, les uns indiquent I'inva-
sion des armdes reunies de Moab, d'Ammon et d'Edom sous le regne de Josaphat
(II Par. xx); les autres, avec plus de raison, ce semble, I'expedition de Sennacherib et la
destrucflion de son armee par un ange devant les portes de Jerusalem (voyez-en le recit
Is. xxxvi sv.).
Le Psaume comprend 3 strophes, dont les deux dernieres sont suivies d'un refrain ;
on pense que ce refrain existait aussi h, la fin de la premiere, et que I'omission en est due
;i I'inadvertance d'un copiste. Au milieu des plus grands perils, Dieu est notre refuge
assure (vers. 2-4); il a delivrd Jerusalem et confondu ses ennemis (5-8); que les peuples
reconnaissent et reverent sa puissance (9-12)!
^ AU maitre de chant. Des fils de Core. Sur le ton des vierges. Cantique.
2 Dieu est notre refuge et notre force;
Son secours ne manque jamais dans la detresse.
3 C'est pourquoi nous sommes sans crainte si la terre est bouleversee,
Si les montagnes s'abiment au sein de I'ocean,
4 Si les flots de la mer s'agitent, bouillonnent,
Se soulevent jusqu'a ebranler les montagnes. — Sela.
7. Comp. Hcbr. i, 8 sv.
8. Dieti., ton Dieu. Le texte primitif por-
tal t probablement, ////^TV?// /on Dieu. Voy.
la note de Ps. xlii, 2. D'autres, avec S. Je-
rome, prennent le i^^"^ mot pour un vocatif :
0 Dieu. — Dhine huile dhxllcgressc, c.-h-d.
de I'huile parfumee qu'on repandait sur les
personnes qu'on voulait honorer. — Tes com-
paqfions, les autres rois.
Pour J^sus-Christ, ron(nion d'huile par-
fumee, c'est son union avec I'Esprit-Saint
habitant en lui dans sa plenitude, ^'oy. Is.
Ix, 3 sv.
9. La myrrlie, etc. : parfums que fournis-
sent des plantes d'Arabie : symbole des
perfe(flions divines et des vertus humaines
du Roi- M essie. — Des palais revetus d^ivoire
(comp. I Rois, xxii, 19', Atnos, iii, 15) : lors-
LIBER PSALMORUM.
93
mirabiliter dextera tua. 6. Sagittae
tuas acutas, populi sub te cadent, in
corda inimicorum regis. 7. "Sedes
tua Deus in sasculum saeculi : virga
directionis virga regni tui. 8. Dile-
xisti justitiam, et odisti iniquita-
tem : propterea unxit te Deus
Deus tuus oleo lastitias pras con-
sortibus tuis. 9. Myrrha, et gutta,
et casia a vestimentis tuis, a do-
mibus eburneis : ex quibus delecta-
verunt te 10. filiae regum in hono-
re tuo. Astitit regina ad dextris
tuis in vestitu deaurato : circumda-
ta varietate.
1 1. Audi filia, et vide, et inclina
aurem tuam : et obliviscere popu-
lum tuum, et domum patris tui.
12. Et concupiscet rex decorem
tuum : quoniam ipse est Dominus
Deus tuus, et adorabunt eum. 13. Et
filiasTyri in muneribusvul turn tuum
deprecabuntur : omnes divites ple-
bis. 14. Omnis gloria ejus filias regis
ab intus, in fimbriis aureis i^. cir-
cumamicta varietatibus. Adducen-
tur regi virgines post eam : proximas
ejus afferentur tibi. 16. AfFerentur
in l^titia et exsultatione : adducen-
tur in templum regis.
17. Pro patribus tuis nati sunt
tibi filii : constitues eos principes
super omnem terram. 18. Memores
erunt nominis tui in omni genera-
tione et generationem. Propterea
populi confitebuntur tibi in aster-
num : et in saeculum sasculi.
— :;:— PSALMUS XLV. — :i:—
Ecclesia divino praesidio munita est
inconcussa.
I. In finem, filiis Core pro arca-
nis, Psalmus,
jjEUS noster refugium, et
virtus : adjutor in tribula-
tionibus, quas invenerunt
i nos nimis. 3. Propterea
non timebimus dum turbabitur
terra : et transferentur montes in
cor maris. 4. Sonuerunt, et turbatas
que tu arrives dans le palais ou t'attend la
reine avec ses suivantes, /es tyres (hebr.
Diinni, pour iniiini/n, instruments a cordes :
comp. Ps. cl, 4) te rejouisseni. La Vulg.,
apres les LXX, joint la fin de ce verset au
commencement du suivant : ... de tes vete-
iiients et de tes niazsofis dHvoire qti'ont
ornees pour toi des filles de rois en ton hon-
iieur.
10. Des filles de rois, destinees a devenir
tes epouses secondaires. — La reine., I'epouse
principale, parce de vetements broches d^or
d^Ophir : sur ce nom de lieu, voy. I Rois,
X, 22. La Vulg. ajoute, circuindata varietate,
c.-a-d. couverte de vetements de diverses
couleurs : ces mots sont empruntes au ver-
set 14.
Dans le sens messianique, la reine, c'est
Israel converti et devenu I'Eglise chre-
tienne; \es filles des rois, les vierges du ver-
set 15, figurent les nations paiennes qui
seront a leur tour amenees k Jesus-Christ.
i2,.Lafille de Tyr : locution bibliquepour
la ville de Tyr (voy. la note de Ps. ix, 1 5) :
I'opulente et orgueilleuse Tyr represente ici
toil tes les nations paiennes.
14. Apres I'allocution qui precede, I'epouse
avec son cortege est conduite de la maison
paternelle au palais du roi. Le Psalmiste la
considere d'abord et I'admire dans I'inte-
rieur de son appartement. La fille du roi,
c.-k-d. la princesse.
D'autres, avec la Vulg., traduisent, toute
sa gloire est aii-dedans, consiste dans la
beaute interieure de Fame, quoiqu'elle soit
ornee des plus riches vetements.
1 7. Tes oifants : le Psalmiste s'adresse au
roi. ■ — Sur toute la terre dans le sens mes-
sianique; dans tout le pays, si I'on ne consi-
dere que Salomon (comp. I Rois, iv, 7).
\Z. Je rappellerai ton notn : le Psalmiste
parle ici au nom d'Israel ou du peuple de
Dieu.
PSAUME XLVI.
1. Sur le ton des vierges, c.-a-d. sur un ton
eleve, pour des voix de soprano telles qu'on
entrouvait parmi lesjeunes levites(sens dou-
teux). Wn\g.,pour les secrets, ou les mystcres.
2. Comp. II Par. xxxii, 7. Un secours,e\.c,
Vulg., tin secours dans les tribulations qui
nous out violenunent atteints.
3-4. Si la terre est bouleversee, etc. : a
plus forte raison ne craignons-nous pas une
armee ennemie. Plusieurs prennent ces ver-
sets au figure, et entendent par les flots de
la mer les innombrables armees de Senna-
cherib. Ce passage rappelle les vers d'Ho-
race :
Si fradlus illabatur orbis,
Impaviduni ferient riiina;.
94 DEUXifeME LIVRE DES PSAUMES.
5 Un rteuve rejouit de ses ondes la cite de Dieu,
Le sanfluaire oil habite le Tres-Haut.
6 Dieu est au milieu d'elle : elle est in^branlable ;
Au lever de I'aurore Dieu vient a son secours.
7 Les nations s'agitent, les royaumes s'ebranlent;
11 fait entendre sa voix et la terre se fond d'^pouvante.
8 Jehovah des armees est avec nous;
Le Dieu de Jacob est pour nous une citadelle. — Schi.
9 Venez, contemplez les reuvres de Jehovah,
Les devastations qu'il a operees sur la terre !
10 II a fait cesser les combats jusqu'au bout de la terre,
II a brise Tare, il a rompu la lance,
II a consume par le feu les chars de guerre. —
1 1 " Arretez et reconnaissez que je suis Dieu;
Je domine sur les nations, je domine sur la terrel "
12 Jehovah des armees est avec nous,
Le Dieu de Jacob est pour nous une citadelle. — Scla.
PSAUME XLVII (VULG. XLVl).
jjE Psaunie est un chant de triomphe apres une vitloire remportee, grace surtout a
la protecflion divine. Cette vicfloire est celle de Josaphat sur les JMoabites et
d'autres peuples voisins ligues contre Israel (II Par. xx). Les his de Core assis-
taient a l'expedition,et il est raconte que, " le quatricme jour, les vainqueurs se rendirent
dans la vallee de Benediflion, pour adresser leurs aftions de graces a Jehovah. " C'est
dans cette vallee que fut chante ce Psaume pour la premiere fois.
Le vers. 6 nous montre Jehovah, apres etre descendu, en quelque sorte, sur la terre
pour combattre k la tete de son peuple, remontant dans sa demeure, c.-a-d. dans le sanc-
tuaire de Sion et dans le san(5luaire plus eleve du ciel. Les Peres ont vu dans cette
ascension le type de I'ascension de Jesus-Christ remontant au ciel apres sa vidloire sur la
mort et I'enfer.
Ps. xlvii. ^ Au maitre de chant. Des fils de Core. Psaume.
2 Vous tous, peuples, battez des mains!
Celebrez Dieu par des cris d'allegressel
3 Car Jehovah est ires haut, redoutable,
Grand roi sur toute la terre.
4 II nous assujettit les peuples,
II met les nations sous nos pieds.
5 II nous choisit notre heritage.
La gloire de Jacob, son bien-aime. — Scla.
6 Dieu monte a son sniifluaire au milieu des acclamations;
Jehovah, au son de la trompette.
7 Chantez a Dieu, chantez!
Chantez a notre Roi, chantez!
8 Car Dieu est roi de toute la terre;
Chantez un cantique de louange.
9 Dieu rcgne sur les nations,
II siege sur son trone saint.
lo Les princes des peuples se reunissent
Au peuple du Dieu d'Abraham;
Car k Dieu sont les boucliers de la terre;
II est souverainement eleve.
LIBER PSALMORUM.
95
sunt aquas eorum : conturbati sunt
montes in fortitudine ejus,
5. Fluminis impetus lastificat civi-
tatem Dei : sanctificavit tabernacu-
lum suum Altissimus. 6. Deus in
medio ejus, non commovebitur :
adjuvabit earn Deus mane diluculo.
7. Conturbatae sunt gentes, et incli-
nata suntregna : dedit vocem suam,
mota est terra. 8. Dominus virtu-
tum nobiscum : susceptor noster
Deus Jacob.
9. Venite, et videte opera Domini,
quas posuit prodigia super terram :
10. Auferens bella usque ad finem
terras. Arcum conteret, et confrin-
get arma : et scuta comburet igni :
11. Vacate, et videte quoniam ego
sum Deus : exaltabor in gentibus,
et exaltabor in terra. 12. Dominus
virtutum nobiscum : susceptor no-
ster Deus Jacob.
— *— PSALMUS XLVI. — :i:—
Deus omnis teirtE Dominus ;
ipsi psallendum.
I . In finem, pro filiis Core Psalmus.
^MNES gentes plaudite
M'J manibus : jubilate Deo in
voce exsultationis.3. Quo-
niam Dominus excelsus,
terribilis : Rex magnus super om-
nem terram. 4. Subjecit populos
nobis : et gentes sub pedibus nostris.
5. Elegit nobis hereditatem suam :
speciem Jacob, quam dilexit.
6. "Ascendit Deus in jubilo : et
Dominus in voce tubas, 7. Psallite
Deo nostro, psallite : psallite Regi
nostro, psallite. 8. Quoniam Rex
omnis terras Deus : psallite sapien-
ter. 9. Regnabit Deus super gentes :
Deus sedet super sedem sanctam
suam. 10. Principespopulorumcon-
gregati sunt cum Deo Abraham :
quoniam dii fortes terras, vehemen-
ter elevati sunt.
" 2 Reg. 6,
15-
5. Q&fleiive est I'image des benedidlions
et de la protedlion divine. Comp. Is.
xxxiii, 21; Apoc. xxii, i. — Le saftHaaire,
la cite sainte elle-menie. La Vulg. traduit ce
second membre : le Trcs-Haut a sanBifie
sa demeure, et par consequent il la cquviiia
de sa protedlion.
6. Au lever de Paurore, c.-a-d. prompte-
ment, des qu'il en est besoin.
7. Les nations s\igitenf, se liguent contra
Israel; Dieu parle, et non seulement rois et
peuples ennemis disparaissent, mais la terre
elle-meme semble s'evanouir devant la co-
lere du Seigneur.
8. Jehovah des arinees., qui combat pour
Israel en tete des armees. Selon d'autres,
Seigneur des armees celestes, c.-a-d. des
astres.
9. Les devastations., la destruction des
armees ennemies d'Israel. Ou bien avec la
Vulg., les prodiges, litt. les etonneinejits.
10. Comp. Is. xiv, 4 sv. Larc, etc. : toutes
les armes des ennemis d'Israel. — Ses chars
de guerre; LXX et Vulg., les boucliers.
11. Arretes, cessez de combattre : c'est
Jehovah qui parle ainsi aux adversaires de
son peuple.
PSAUME XLVII.
2. Peuples, temoins des merveilles accom-
plies par le Seigneur en faveur d'Israel.
4. Les peuples, en general, avec une rela-
tion speciale a ceux que Josaphat venait de
combattre viiflorieusement.
5. Jehovah nous a choisi lui-meme notre
heritage, le pays de Chanaan, et il continue,
pour ainsi dire, de le choisir en le defendant
centre les envahisseurs.
6. La vi6\oire remportde,Dieu remonte dans
son sanftuaire (voy. le preambule), comme
la premiere fois (II Sam. vi, 15), au bruit
des acclamations, etc. Comp. I Far. xv, 28.
8. Chantes nn cantique de louange, hebr.
un ;/;<rw/&//, cantique d'un genre special : voy.
Ps. xxxii, I.
10. Les princes des peuples, les nations
idolatres se reunissent au peuple de Dieu
(Vulg. au Dieu) d'' Abraham pour adorer le
vrai Dieu : c'est surtout I'Eglise qui, par la
conversion des Gentils, a realise cet oracle.
— Les boucliers, les puissants de la terre,
appartiennent a Dieu, Souverain de tous les
hommes. Vulg., car les dieux ptdssants de
la terre se sont extraordinairement eleve's.
96 DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUMK XL\ III (VULG. XLVIl).
IjE Psaume a ete compose sur le meme sujet et dans la meme occasion que le pre-
cedent; on poLinait aussi, avec le Hir, le rapporter a la defaite de Sennacherib.
Le Psalniiste contemple plein de joie la dignite et la splendeur de Jerusalem, cit^
du Tres-Haut, miraculeusement preservee de I'attaque de ses ennemis.
Au sens spirituel, les Peres ont vu dans I'ancienne Jerusalem la figure de I'Eglise,
veritable cite de Dieu, dont Jdsus-Christ est Finvincible defenseur.
xlvii. 1 CANTIQUE. Psaume des fils de Core.
2 Jehovah e^t grand, il est I'objet de toute louange,
Dans la cite de notre Dieu, sur sa inontagne sainte.
3 Elle s'eleve gracieuse, joie de toute la terre,
La montagne de Sion, vers le septentrion,
La cite du grand Roi.
4 Dieu, dans ses palais, s'est montre comme un rempart.
5 Car voici que les rois s'etaient r^unis,
Ensemble lis s'etaient avances.
6 lis ont vu, soudain ils ont ete dans la stupeur;
Eperdus, ils ont pris la fuite.
7 La un tremblement les a saisis,
Une douleur comme celle de la femme qui enfante.
8 Par le vent d'Orient tu brises les vaisseaux de Tharsis.
9 Ce que nous avions entendu dire, nous I'avons vu
Dans la cite de Jehovah des armees,
Dans la cite de notre Dieu :
Dieu I'afifermit pour toujours. — Sela.
10 O Dieu, nous rappelons la memoire de ta bontc
Au milieu de ton temple.
11 Comme ton nom, 6 Dieu, ainsi ta louange
Arrive jusqu'aux extremites de la terre.
Ta droite est pleine de justice.
12 Que la montagne de Sion se rejouisse,
Que les fiUes de Juda soient dans I'allegresse,
A cause de tes jugements !
13 Parcourez Sion et faites-en le tour,
Comptez ses forteresses;
14 Observez son rempart,
Examinez ses palais,
Pour le raconter a la generation future.
15 Voila le Dieu qui est notre Dieu a jamais et toujours;
II sera notre guide dans tous les siecles.
PSAUME XLIX (VULG. XLVIll).
Saume didadlique et tout moral, dont le sujet est analogue a celui des Ps. xxxvii
(de David) et Ixxiii (d'Asaph) : que le juste voie sans crainte, comme sans scan-
il dale, les mechants, ses persecuteurs, prosperer sur la terre; I'inevitable mort va les
depouiller de leurs richesses; le juste aussi mourra ; mais, aime de Dieu, il sera rachete
par lui de la puissance meme du scheol (voy. Ps. vi, 6).
On ne saurait fixer la date de ce petit poeme. Mais, a en juger par le style, la couleur
et le ton general de la pensee, il appartient a la dernicre portion du grand age de la poesie
gnomique des Hebreux, lequel commence a David, atteint son epanouissement sous Salo-
mon et se continue avec des alternatives d'obscurite et d'eclat jusqu'au regne d'Eziichias.
La stru(51ure en est clairement marquee : d'abord une introducTlion solennelle, telle
qu'on en trouve dans plusieurs discours du livre de Job (vers. 2-5. Comp.yf/', xxxiv, i sv.),
puis deux strophes de 8 versets chacune, se terminant par un refrain.
Ce Psaume assez difficile est un des plus imparfaitement traduits dans la Vulgate.
J.-B. Rousseau en a fait une heureuse imitation dans ses odes sacrees (i, 3).
LIBER PSALMORUM.
97
— :i^ PSALM US XLVIL — :>—
Magnus et laudabilis Dominus qui
fundavit Sion.
I. Psalmus Cantici filiis Core
secunda sabbati.
AGNUS Dominus, et lau-
dabilis nimis in civitate
Dei nostri, in monte san-
cto ejus. 3. Fundatur ex-
sultatione universas terras mons
Sion, latera aquilonis, civitas Regis
magni. 4. Deus in domibus ejus co-
gnoscetur, cum suscipiet eam.
5. Quoniam ecce reges terr^ con-
gregati sunt : convenerunt in unum.
6. Ipsi videntes sic admirati sunt,
conturbati sunt, commoti sunt :
7. Tremor apprehendit eos. Ibi do-
lores ut parturientis, 8. in spiritu
vehementi conteres naves Tharsis.
9. Sicut audivimus, sic vidimus in
civitate Domini virtutum, in civi-
tate Dei nostri : Deus fundavit eam
in asternum.
10, Suscepimus Deus misericor-
diam tuam, in medio templi tui.
II. Secundum nomen tuum Deus,
sic et laus tua in fines terras : justi-
tia plena est dextera tua, 12. Laete-
tur mons Sion, et exsultent filias
Judas, propter judicia tua Domine.
13. Circumdate Sion, et comple-
ctimini eam : narrate in turribus
ejus. 14. Ponite corda vestra in vir-
tute ejus : et distribuite domos ejus,
ut enarretis in progenie altera.
15. Quoniam hie est Deus, Deus
noster in asternum, et in saeculum
sasculi : ipse reget nos in sascula.
.1.
PSAUME XLVIII.
1. La Vulg. ajoute au titre une indication
liturgique, disant que le Psaume devait etre
chante le second jotcr de la seniaifte.'"^
2. II esl Vobjet, ou bien il est digne (Vulg.),
de toute louange, dans la cite de noire Dieii,
dans Jerusalem : c'est la surtout qu'il mani-
feste sa puissance et son amour pour son
peuple.
3. Ce qui faisait la gloire de Je'rusalem,
c'etait la colline de Sion, ou se trouvait la
cit^ de David, et la colline de Moria, au
N. O. de Sion, ou etait bati le temple, cite
de Dieu.
Le Hir, sans faire cette distindlion, en-
tend par Sion Jerusalem en general; elle
serait appelee ici le cote, ou plus litter, les
extreniitJs, la partie la plus reculee d» sep-
tentrion^ par allusion k la croyance des an-
ciens qui plac;aient au pole nord, comme au
point le plus eleve, le sejour de leurs dieux.
cf. Is. xiv, 13 sv.
6. lis ont vu : campes dans le desert de
Thecue (II Far. xx, 2), les rois ennemis
pouvaient apercevoir de la les hauteurs de
Jerusalem. — /Is ont pris la fuite; ou bien,
avec les LXX et la Vulg., ils se sent agtte's,
ils ont tremble de trouble et d'effroi.
7. Une douleur : comp. Is. xiii, 8; xxi, 3.
8. Les vaisseaux de Tharsis, les plus forts
navires, ceux qui faisaient ordinairement le
voyage de Tartessus en Espagne. Sens : ta
puissance est irresistible; ce qui revient a
dire : de meme c|ue par le vent d'Orient tu
brises les vaisseaux de Tharsis, ainsi tu as
brise la force de nos ennemis.
g. Les antiques prodiges que tu avais
operes jadis en faveur d'lsracl, tu les as re-
nouveles sous nos yeux.
II. Coni/ne ton nojn, etc. Sens : tu es loue
partout ou est connu ton nom. — Ta droite
n'accomplit que des acfles de justice.
\2. Les filles de Jiida, les villes qui en-
tourent Sion (Jerusalem).
14. Pour raconter a la generation future
dans cjuel etat florissant vous I'avez vue apres
les menaces de ses ennemis. Ou bien : poicr
redire ce qui suit, savoir : Voila le Dieu, etc.
15. Datts tons les siecles, en lisant comme
les LXX et la Vulg., olamotJt, plur. de olani.
On lit aujourd'hui al-niout/i, que plusieurs
traduisent, jusqu'a la tnort, comme s'il y
avait al-niaveth. D'autres, avec Delitzsch,
prennent al-nioiet/i pour une indication mu-
sicale, la meme que celle du Ps. ix sur la
niort (du fils), et qui appartiendrait soit a
notre Psaume (comp. Hab. iii, 19), soit au
suivant. Dans cette derniere hypothese, le
sens du vers. 15 resterait suspendu.
LA SAINTK BIULE. TOiME IV. — 7
98
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xlix. 1 AU maitre de chant. Psaume des fils de Core.
2 Ecoutez tous ceci, 6 peuples ;
Pretez I'oreille, vous tous habitants du monde,
3 Homines du commun et hommes de condition,
Tous, riches et pauvres.
4 Ma bouche va faire entendre des paroles sages,
Et mon ccEur a des pensees pleines de sens.
5 Je prete I'oreille aux sentences qtte Dieu Di'tiispirej
J'accompagne de la harpe mon chant mysterieux.
6 Pourquoi craindrais-je aux jours du malheur,
Lorsque I'iniquite de mes persecuteurs m'assiege,
7 Eux qui mettent leur confiance dans leurs biens,
Leur gloire dans leurs grandes richesses?
8 Un homme ne peut racheter son frere,
Ni payer a Dieu sa rancjon,
9 (Le prix de leur vie est trop grand;
Le rachat en sera a jamais impossible),
10 Pour qu'il vive eternellement,
Et qu'il ne voie jamais la fosse.
11 Non, il la verra; les sages meurent,
L'insense et le stupide perissent egalement,
Laissant k d'autres leurs biens.
12 lis s'imaginent que leurs maisons seront eternelles,
Que leurs demeures subsisteront d'age en age,
Et ils donnent leurs noms a leurs domaines.
13 Mais au milieu de sa splendeur Fhomme ne dure pas;
II est semblable aux betes qui perissent.
14 Tel est leur sort, a ces hommes si confiants,
Et h. ceux ciui les suivent en approuvant leurs discours. — Sela.
15 Comme un troupeau, ils sont pousses dans le scheol.
La mort est leur pasteur;
Le matin, les hommes droits dominent sur eux,
Et leur ombre se consumera au scheol, sans autre demeure.
16 Mais Dieu rachctera mon ame de la puissance du scheol,
Car il me prendra avec bti. — Scla.
17 Ne Grains done pas, quand un homme s'enrichit,
Quand s'accroit I'opulence de sa maison.
18 Car il n'emportera rien k sa mort,
Son opulence ne descendra pas avec lui.
19 II aura beau s'estimer heureux pendant sa vie;
On aura beau te louer des jouissances que tu te donnes :
20 Tu iras rejoindre la generation de tes peres.
Qui jamais ne reverront la lumiere.
21 L'homme au milieu de sa splendeur ne comprend pas,
II est semblable aux betes qui perissent.
PSAUME XLIX.
^. J^acco7npaQnc, etc. Litt.,yV«7/r^, j'ex-
pose ail son de la harpc ma c/iida/i, I'enigme,
renseignement propose sous une certaine
forme qui pique I'attention.
6. LH7iiquiic de mes persecuteurs, litt. de
ceux qui veulent me siipplanter.
8. Ces persecuteurs mourront : aucun
homme, si riche qu'il soit, ne peut en rache-
ter un autre de la mort.
9. De leur vie, litt. de leur time : allusion a
Exod. xxi, 30, ou il est question du rachat de
la vie moyennant le paiement d'une somme
d'argent. Ce verset forme parenthese.
10. La fosse, la mort.
11. II la verra, la fosse; ou bien : // ven-a
ce qui suit, savoir, que les sages meurent,
etc. : speflacle bien propre k dissiper ses
foUes illusions.
12. lis s''imai:[inent que; ou mieux, en lisant
avec les LXX qiberam, au lieu de qireham,
des toinbeaux sont leurs demeures eternel-
les. — lis donnetit leurs ?wms, etc.; d'autres :
eux dont les no»is sont hotwres sur la terre.
13. Ne dure pas, litt. ne passe pas la nuit :
comp.vers. 15. — /I est seml>lable,un\quement
au point de vue de I'egalite devant la mort.
— <2«/ perissent, qu'on egorge sans fai^on
LIBER PSALMORUM.
99
— *— PSALMUS XLVIII.— :i-—
Nihil prosunt opes contra infernum.
I. In finem, filiis Core Psalmus.
UDITE hasc omnes gen-
tes: auribus percipite om-
nes, qui habitatis orbem :
3. quique terrigenas, et
filii hominum : simul In unum di-
ves et pauper. 4. Os meum loquetur
sapientiam : et meditatio cordis mei
nfia77,2. prudentiam. 5. "Inclinabo in para-
atth. 13, bolam aurem meam : aperiam in
psalterio propositionem meam.
6. Cur timebo in die mala? ini-
quitas calcanei mei circumdabit me:
7. qui confidunt in virtute sua : et
in multitudine divitiarum suarum
gloriantur. 8. Frater non redimit,
redimet homo : non dabit Deo pla-
cationem suam. 9. Et pretium red-
emptionis animas suas : et laborabit
in asternum, 10. et vivet adhuc in
finem. 11. Non videbit interitum,
cum viderit sapientes morientes :
simul insipiens, et stultus peribunt.
Et relinquent alienis divitias suas :
12. et sepulcra eorum domus illo-
rum in asternum. Tabernacula eo-
rum in progenie et progenie : vocave-
runt nomina sua in terris suis. i3.Et
homo, cum in honore esset, non in-
tellexit : comparatus est jumentis
insipientibus, et similis factus est
illis.
14. Hasc via illorum scandalum
ipsis : et postea in ore suo compla-
cebunt. 15. Sicut oves in inferno
positi sunt : mors depascet eos. Et
dominabuntur eorum justi in matu-
tino : et auxilium eorum veterascet
in inferno a gloria eorum. 16. Ve-
rumtamen Deus redimet animam
meam de manu inferi, cum accepe-
rit me. 17. Ne timueris cum dives
factus fuerit homo : et cum multi-
plicata fuerit gloria domus ejus,
18. Quoniam cum interierit, non
sumet omnia : neque descendet cum
eo gloria ejus. 19. Quia anima ejus
in vita ipsius benedicetur : confite-
bitur tibi cum benefeceris ei. 20. In-
troibit usque in progenies patrum
suorum : et usque in asternum non
videbit lumen. 21. Homo, cum in
honore esset, non intellexit : com-
14. D'autres : voi/d leur voie; folic est a
eux .' et ceicx qui vie/went ap7-cs approiive-
raient leurs disco urs/
1 5. Le sckeol, le sejour des morts {Ps. vi , 6).
— La mort personnifiee {Job^ xviii, 14) est
leur pasieur^ le berger qui conduira desor-
mais leur troupeau. D'autres, la mort en fait
sa pdture. — Le matin, bientot (comp. ver-
set i3),/t'J homines droits, \es justes, preser-
ves de la mort, domineront stir eux, ou les
fouleront auxpieds. — Leur ombre, litt. leur
forme (d'autres, /t'z/r^/6'2;r),leur figure (S.Je-
rome), la forme humaine qui reste apres la
mort, leur ombre, <se consumera au scheol.
16. Car, ou quand il me prendra. C'est la
meme expression qui est employee en par-
lant d'Henoch, que Dieu enleva de cette
terre pour le prendre avec lui [Gen. v, 24).
Le rachat ou la delivrance dont il s'agit ici
est done quelque chose de plus que la pre-
servation d'une mort violente ou prematu-
ree; le Psalmiste exprime, avec les faibles
lumieres de I'Anc. Testament, la croyance,
ou si Ton veut le pressentiment et la pieuse
confiance du peuple hebreu, que les amis
de Dieu ne seraient pas abandonnes dans
le triste sejour des ombres, mais que ce
Dieu les prendrait un jour pour les intro-
duire dans sa lumineuse demeure (Herder).
Cette delivrance n'est autre que la redemp-
tion meme de Jesus-Christ, par laquelle les
justes sont arraches a la puissance de I'enfer
et a la mort eternelle, qui est le partage des
mediants.
19. S'estimer heuretix ; litt., benir son
a me, c.-a-d. se feliciter de sa prosperite et
contenter ses desirs. Comp. Luc, xii, 19. — •
Te louer : le Psalmiste interpelle diredle-
ment le riche impie.
20. La generation ou la race de tes peres :
tes ancetres et tes predecesseurs en perver-
site.
21. Ale comprend pas le n^ant des ri-
chesses, et, oubliant Dieu, met en elles
toute sa confiance.
En comparant ce verset avec le 13^, on
constate une modification dans le refrain :
ne comprend pas (hebr. iabin) au lieu de tie
dure pas (hebr. ialin). Les anciennes ver-
sions ont lu partout iabin; mais rien ne
prouve que cette legere modification du re-
frain soit le resultat d'une erreur de copiste,
et non le fait de I'auteur meme du Psaume.
Voy. un changement analogue Ps. xlii, 6.
100 DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME L (VULG. XLIX).
E Psaume est le premier de ceux qui sont attribues a Asaph; le troisieme livre en
contient un groupe assez considerable {Ps. Ixxiii-lxxxiii). lis sont caracflerises par
une solennit<^ exceptionnelle, une allure pleine de majeste et de graves avertisse-
ments donnas sous la forme des oracles des prophetes. Asaph etait un levite du temps de
David et I'un des principaux chefs de la musique sacree; ses descendants remplirent les
memes fonflions sous les rois et jusqu'apres la captivite. Le Hir rapporte tous les Paanines
cV Asaph au temps d'Ochosias et d'Athalie;mais celui qui nous occupe convient egalement
a I'epoque de David, et rien n'empeche d'en considerer I'auteur comme contemporain de
ce roi.
Sujet : Dieu demande avant tout un culte interieur. Le Psalmiste debute par une
introdudion oil Dieu est represent^ apparaissant sur le mont Sion (comme il avait apparu
autrefois sur le Sinai) pour juger son peuple au sujet de I'accomplissement de la loi
(vers. 1-6). S'adressant d'abord aux Israelites fideles, mais trop attaches aux formalites
exterieures du culte, il leur rappelle que le sacrifice vraiment agreable au Seigneur est
celui d'un coeur rempli de reconnaissance et d'amour (7-15); ensuite il reprend les Israe-
lites violateurs de la loi et les menace de chatiments s'ils ne se convertissent (16-23).
Ps. I. 1 PSAUME d'Asaph.
Dieu, Elohim, Jehovah parle,
II convoque la terre du levant au couchant.
2 De Sion, beaute parfaite, Dieu resplendit.
3 II vient, notre Dieu, et il ne se taira point;
Devant lui est un feu devorant,
Autour de lui se dechaine la tempete.
4 II appelle les cieux en haut,
Et la terre, pour juger son peuple.
5 " Rassemblez-moi mes fideles,
Qui ont fait alliance avec moi sur le sacrifice. "
6 Et les cieux proclament sa justice,
Car Dieu va juger. • — Sela.
7 Ecoute, mon peuple, et je parlerai:
Israel, et je te reprendrai :
Je suis Elohim ton Dieu.
8 Ce n'est pas pour tes sacrifices que je te fais des reproches;
Tes holocaustes sont constamment devant iiioi.
9 Je ne prendrai point un taureau dans ta maison,
Ni des boucs dans tes bergeries.
10 Car a moi sont tous les animaux des forets,
Toutes les betes des montagnes par milliers;
11 Je connais tous les oiseaux du ciel,
Et tout ce qui se meut dans les champs est sous ma main.
12 Si j'avais faim, je ne te le dirais pas.
Car le monde est a moi, et tout ce qu'il renferme.
13 Est-ce que je mange la chair des taureaux?
Est-ce que je bois le sang des boucs?
14 Oftre en sacrifice a Dieu I'aclion de graces,
Et acquitte tes voeux envers le Tr^s-Haut.
15 Et invoque-moi au jour de la detresse :
Je te delivrerai, et tu me glorifieras.
16 Mais au mechant Dieu dit :
Ouoi done! tu enumeres mes preceptes,
Et tu as mon alliance ^. la bouche,
17 Toi qui delestes la discipline,
Et qui jettes mes paroles derricre toi!
18 Si tu vois un voleur, tu te plais avec lui,
Et tu fais cause commune avec les adulteres.
19 Tu abandonnes ta bouche au mal,
Et ta langue ourdit la fraude.
LIBER PSALMORUM.
101
paratus est jumentis insipientibus,
et similis factus est illis.
— :i:— PSALM US XLIX. — :i:—
In die judicii non vicflimse immolata?, sed
animi piiritas, et sacrificium laudis homi-
nem justificabiint.
I.
Psalmus Asaph.
EUS deorum Dominus
locutus est : et vocavit
terram. A solis ortu usque
ad occasum : 2. ex Sion
species decoris ejus, 3. Deus mani-
feste veniet : Deus noster et non
silebit. Ignis in conspectu ejus exar-
descet : et in circuitu ejus tempestas
valida. 4. Advocabit ccElum desur-
sum : et terram discernere populum
suum. 5. Congregate illi sanctos
ejus : qui ordinant testamentum ejus
super sacrificia. 6. Et annuntiabunt
coeli justitiam ejus : quoniam Deus
judex est.
7. Audi populus meus, et loquar :
Israel, et testificabor tibi: Deus Deus
tuus ego sum. 8. Non in sacriificiis
tuis arguam te : holocausta autem
tua in conspectu meo sunt semper.
9. Non accipiam de domo tua vitu-
los : neque de gregibus tuis hircos.
10. Quoniam mese sunt omnes ferae
silvarum, jumenta in montibus et
boves. II. Cognovi omnia volatilia
coeli : et pulchritudo agri mecum
est. 12. Si esuriero, non dicam tibi :
meus est enim orbis terrae, et pleni-
tudo ejus. ij.Numquid manducabo
carnes taurorum.^ aut sanguinem
hircorum potabo.^ i4,Immola Deo
sacrificium laudis : et redde Altis-
simo vota tua. 15. 'Et invoca me
in die tribulationis : eruam te, et
honorificabis me.
16. Peccatori autem dixit Deus :
Quare tu enarras justitias meas, et
assumis testamentum meum per os
tuum.^ 17. Tuvero odisti discipli-
nam : et projecisti sermones meos
retrorsum : 18. si videbas furem,
currebas cum eo : et cum adulteris
portionem tuam ponebas. 1 9. Os
" Infra 90,
15-
PSAUME L.
1. Dieu (hebr. El), etc. : trois noms de
Dieu (comp. Jos. xxii,22) mis en gradation,
El designant la puissance, Elohini la pleni-
tude ttjt'/tovah I'essence de I'Etre divin ;
leur reunion ajoute k la majeste de la scene.
LXX et Vulg., le Dieu des dieux, JehovaJi.
— La ter^e, et les cieux (vers. 4), pour assis-
ter comme temoins au jugement d'Israel,
comme ils I'avaient ete de I'alliance {Dent.
iv, 26; xxxi, 28; xxxii, l).
2. De Sion, ou Dieu a son trone comme
roi d'Israel, beaute parfaite, surtout en tant
que demeure de Jehovah : comp-Pj. xlviii,3;
I Mack, ii, 12. LXX et Vulg., de Sion res-
plcndit sa beaiitc, la beaute de Dieu.
3. 11 ne se taira point, il dira ce qui suit a
parti r du vers. 7. — Un feu devorant, sym-
bole de la colere de Dieu et de sa justice
vengeresse. Comp. Deut. iv, 24; ix, 3;
xxxii, 22; I Rois, xix, 11 sv. — La ie)npete :
comp. la theophanie plus longuement de-
crite Ps. xviii, 8-16.
4. /"(^//rassister au jugement que Dieu va
rendre.
5. Rassembles-nioi : Dieu s'adresse aux
anges, ses herauts ordinaires {Matth.
xiii, 41 ; xxiv, 31). — Mes fideles, mes pieux,
Israel, nation sainte par sa vocation et son
alliance avec Jehovah, comme les Chretiens
sont appeles saints {Rom. i, 7). Ici cette ex-
pression laisse percer une ironie. — Sur le
fondement ou la condition du sacrifice, de
sacrifices a m'offrir. D'autres, par le sacri-
fice : allusion aux sacrifices solennels par
lesquels avait ete scellee I'alliance de Dieu
avec son peuple {Exod. xiii, 9; xxiv, 3-9).
7. Je te reprendrai, litt. je te rendrai
tcnioi^7iage,]& dirai ce que tu as fait de mal.
9. Les sacrifices, en tant que ceremonies
exterieures, ne sont rien pour moi. Je n'ai
pas besoin de recevoir et je ne reclame pas
d'Israel des bceufs ou des boucs, puisque
j'en ai par milliers dans les forets et les
montagnes. Cf. Lsaie, i, 11 sv.
10. Par milliersj LXX et Vulg., et les
bceufs.
1 1. Du del (LXX, Vulg.) : c'est probable-
ment la vraie le9on; dans I'hebr. afluel, des
ino7itagnes. — Tout ce qui se ineut, Vulg.
toute la beaute des champs; le mot hebr.
vient d'un verbe qui signifie driller et se
mouc'oir. — Sous ma main, lilt, avec moi, a
ma disposition.
13. Comp. Dan. xiv, 5.
14. Eadion de graces, la reconnaissance
du coeur, par opposition aux sacrifices pure-
ment exterieurs.
16 sv. Comp. Rom. ii, 17-25.
17. La discipline, la loi morale.
102
deuxi£:me livre des psaumes.
20 Til t'assieds, ci tu paries centre ton frere,
Tu diftames le fils de ta mere.
21 Voila ce que tu as fait, et je me suis tu.
Tu t'es imagine que j'etais pareil k toi;
Mais je vais te reprendre et tout mettre sous tes yeux.
22 Prenez-y done garde, vous qui oubliez Dieu,
De peur que je ne dechire, sans que personne de'livre.
23 Celui qui offre en sacrifice ra(nion de graces m'honore,
Et a celui qui dispose sa voie
Je ferai voir le salut de Dieu.
PSAUME LI (VULG. L).
Ps. li.
penitent, ce pardon lui fit sentir pli
yivement encore la grandeur de sa faute. Faisant done appel a la misericorde du Seigneur,
il demande, non seulement d'etre lave plus completement encore de son pdche, mais
encore d'etre gueri de la blessure morale que ce peche a faite a son ame (vers. 3-14); en
reconnaissance, il invitera les pecheurs a revenir a Dieu, il celebrera ses louanges et lui
offrira le sacrifice d'un cceur humble et contrit (15-19). Les vers. 20-28, ajoute's pendant la
captivite, renferment une priere pour la restauration de Jerusalem et du temple.
Ce Psaume est le quatrieme des penitentiaux; il est devenu I'afle de contrition que
se sont plu a repeter de siecle en siecle les pecheurs repentants.
lAU maitre de chant. Psaume de David. -' Lorsque Nathan le prophete vint le
trouver, apres qu'il eut ete avec Bethsabee.
3 Aie pitie de moi, 6 Dieu, selon ta bonte;
Salon ta grande misericorde efface mes transgressions.
4 Lave-moi completement de mon iniquite,
Et purifie-moi de mon peche.
5 Car je reconnais mes transgressions,
Et mon peche est constamment devant moi.
6 C'est contre toi seul que j'ai peche,
J'ai fait ce qui est mal h, tes yeux,
Afin que tu sois trouve juste dans ta sentence,
Sans reproche dans ton jugement.
7 Je suis ne dans I'iniquite,
Et ma mere m'a congu dans le peche.
8 Et tu veux que la veritd soit au fond du coeur :
Fais done que je connaisse la sagesse au-dedans de moi.
9 Purifie-moi avec I'hysope, et je serai pur;
Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige.
10 Annonce-moi la joie et I'allegresse,
Et les OS que tu as brises se rejouiront.
1 1 Detourne ta face de mes peches.
Efface toutes mes iniquitds.
12 O Dieu, cree en moi un c(£ur pur,
Et renouvelle au-dedans de moi un esprit ferme.
13 Ne me rejette pas loin de ta face,
Ne me retire pas ton esprit saint.
14 Rends-moi la joie de ton salut,
Et soutiens-moi par un esprit de bonne volonte.
15 J'enseignerai tes voies a ceux qui les transgressent,
Et les pecheurs reviendront a toi.
16 O Dieu, Dieu de mon salut, delivre-moi du sang verse,
Et ma langue celebrera ta justice.
20. Tu t'assieds indique un a(fle reflechi
et persistant.
21. Pareil a toi, indifferent ou meme fa-
vorable vis-a-vis du mal.
LIBER PSALMORUM.
103
tuum abundavit malitia : et lingua
tua concinnabat dolos. 20. Sedens
ad versus fratrem tuum loquebaris,
et adversus filium matris tuas pone-
bas scandalum : 21. haec fecisti, et
tacui. Existimasti inique quod ero
tui similis : arguam te, et statuam
contra faciem tuam.
22. Intelligite hasc qui oblivisci-
mini Deum : nequando rapiat, et
non sit qui eripiat. 23. Sacrificium
laudis honorificabit me : et illic iter,
quo ostendam illi salutare Dei.
— *— PSALMUS L. — :!:—
Pcenitentis anims amara contritio.
1. In finem, Psalmus David.
2. Cum venit ad eum Nathan
propheta, quando intravit ad Beth-
sabee. (2 Re^^. 12.)
ISERERE mei Deus, se-
cundum magnam miseri-
cordiam tuam. Et secun-
dum multitudinem mise-
rationum tuarum, dele iniquitatem
meam. 4. Amplius lava me ab ini-
quitate mea: et a peccato meo munda
me. 5. Ouoniam iniquitatem meam
ego cognosco : et peccatum meum
contra me est semper. 6. Tibi soli
peccavi, et malum coram te feci :
"ut justificeris in sermonibus tuis, et
yincas cum judicaris. 7. Ecce enim
in iniquitatibus conceptus sum : et
in peccatis concepit me mater mea.
8. Ecce enim veritatem dilexisti :
incerta, et occulta sapientias tuas
manifestasti mi hi.
9. * Asperges me hyssopo, et mun-
dabor : lavabis me, et super nivem
dealbabor. 10. Auditui meo dabis
gaudium et lastitiam : et exsulta-
bunt ossa humiliata. 1 1. Averte fa-
ciem tuam a peccatis meis: et omnes
iniquitates meas dele. 12. Cor mun-
dum crea in me Deus : et spiritum
rectum innova in visceribus meis.
13. Ne projicias me a facie tua : et
spiritum sanctum tuum ne auferas
a me. 14. Redde mihi lastitiam sa-
lutaris tui : et spiritu principali con-
firma me.
15. Docebo iniquos vias tuas : et
impii ad te convertentur. 16. Libera
Rom. 3, 4.
* Lev. 14,
Num. 19.
22. Qiie je ne dcchire (Vulg., qtic Dietc ne
dec/tire) : I'image est empruntee au lion, a
qui personne ne pent arracher sa proie.
23. L'aclion de graces, comma au vers. 14.
— Qui dispose sa vote, regie sa conduite sur
la loi de Dieu. D'autres : ilviarclie dansune
voie oil je lui uionfrerai le saint de Dieu;
c'est aussi pour le fond le sens des LXX et
de la Vulg.
PSAUME LI.
6. Conire toi seul : quoique la faute de
David flit tout d'abord un attentat contre
les personnes, puisqu'il avait outrage Beth-
sabee et fait mourir Uric, il n'y voit plus, en
veritable Israelite qu'il est, qu'un peche con-
tre Dieu. Et en ef^et, de meme que I'amour
du prochain se resout en derniere analyse
dans I'amour de Dieu, ainsi I'injure faite au
prochain est en meme temps et principale-
ment une injure faite au Dieu de toute sain-
tete et de toute justice. — Afiti que, etc. :
je fais I'aveu de mon peche, aftn que fu sois
trouve juste dans le chatiment, quel qu'il
soit, que tu prononceras contre moi.
7-8. Sens de ces deux versets : la nature
humaine est deja souillee par le peche d'ori-
gine (c'est ainsi cjue les Peres ont toujours
explique le vers. 7), et cependant Dieu de-
mande a I'homme une justice interieure et
veritable : qu'il fasse done lui-meme, par sa
grace, briller en moi la divine sagesse qui
m'aide a acquerir cette justice.
9. Avcc Vhysope : allusion au mode de
purification employe pour les Idpreux; on
faisait sur eux des aspersions avec une bran-
che d'hysope trempee dans le sang d'un pas-
sereau ^Lev. xiv, 6. Comp. Nombr. xix, 20).
10. Annonce-nioi, litt. fais entendre a
I'oreille de mon ame, la joie, la joyeuse assu-
rance que tu m'as rendu tafaveur. — l),ue tu
as brises par la conscience que tu m'as don-
ne'e de la gravite de mon crime.
12. Ferine dans sa resolution d'etre fidele
a la loi divine.
13. To7t esprit saint, " I'esprit de Jehovah "
que David avait regu au jour de son sacre
(I Sam. xvi, 13. Comp. I Sam. x, 6, 10;
Is. xi, 2).
14. La joie que donne ton saiut, ici tout
d'abord la pleine remission de mes fautes.
— Esiirit de btvute volonte, g^nereux. Vulg.
Spiritu principali rend le grec des LXX
Tj-j's [j.ov'.y.o).
16. Diisang d'Urie quej'ai fait verseret qui
crie vengeance contre moi {Gett.'w, 10; ix, 5).
104
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
17 Seigneur, ouvie mes levies,
Et ma bouche publiera ta louange.
Car lU ne ddsires pas de sacrifices, — je t'en offrirais.
Tu ne prends pas plaisir aux holocaustes.
Les sacrifices de Dieu, c'est un esprit brise;
O Dieu, tu ne dedaignes pas un coeur brise et contrit.
18
19
20 Dans ta bonte, repands tes bienfaits sur Sion,
Batis les murs de Jerusalem !
21 Alors tu agr^eras les sacrifices de justice,
L'holocauste et le don parfait;
Alors on offrira des taureaux sur ton autel.
PSAUME LII (VULG. Ll).
E Psaume appartient au temps de la persecution de Saiil. L'Idumeen Doeg, pour
faire la cour a ce roi, lui avait denonce le grand pretre Achimelech comme ayant
donne asile a David, puis, sur son ordre, I'avait fait perir avec quatre-vingt-cinq
pretres (I Sajii. xxii, 9-18). Saisi d'horreur a cette nouvelle, David interpelle le cruel
courtisan (vers. 3-6) et lui predit sa ruine prochaine (7-9); pour lui, il met sa confiance en
Dieu qui le preservera de tout peril (lo-ii).
Ps. lii. 1 AU maitre de chant. Cantique de David. "Lorsque Doeg I'Edomite vint faire a Saiil
ce rapport : David s'est rendu dans la maison d'Achimelech.
3 Pourquoi te glorifies-tu dans le mal, 6 heros? —
La bonte de Dieu subsiste toujours! —
4 Ta langue ne medite que malice,
Comme une lame atfilee, fourbe que tu es!
5 Tu aimes le mal plutot que le bien,
Le mensonge plutot que la droiture. — Scla.
6 Tu aimes toutes les paroles de perdition,
O langue menteuse!
7 Aussi Dieu va te renverser pour toujours,
II te saisira et t'arrachera de ta tente,
II te deracinera de la terre des vivants. — Srla.
8 Les justes le verront et ils seront effrayes,
Et ils se riront de lui :
9 "Voila I'homme qui ne prenait pas Dieu pour sa forteresse,
Mais qui se confiait dans la grandeur de ses richesses,
Et se faisait fort de sa malice !"
10 Et moi, je suis comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu,
Je me confie dans la bontd de Dieu eternellement et a jamais.
1 1 Je te louerai sans cesse, parce que tu as fait cc/a;
Et j'espererai en ton nom, car il est bon,
En presence de tes fideles.
PSAUME LIII (VULG. LIl).
E Psaume ne differe du xiv^ que par de legeres variantes, destinees h adapter un
Kws^i cantique de David a quelque evdnement posterieur. A en juger par le vers. 6, cet
^^Mj evenement serait la ddlivrance d'un ennemi puissant, subitement frappe par la
colcre divine : soit les Ammonites sous Josaphat (II Par. xx, 22), soit plutot les Assyriens
sous Ezechias {Is. xxxvii, 33).
Pour les notes, voy. le Ps. xiv.
18. Dc sacrifices : il s'agit, non des sacri-
fices commandes par la loi, mais de ceux
que les pieux Israelites offraient librement
a Dieu apres un bienfait regu. Dieu 7ie les
desire pas, il ?t')' prend fas plaisir., en ce
sens qu'il prefere et demande avant tout le
sacrifice d'un coeur humble et repentant, qui
s'attache a Dieu par I'amour et une inviola-
ble fidelite.
20. Balis, rebatis. Les interpretes qui
LIBER PSALMORUM.
105
me de sanguinibus Deus, Deus sa-
lutis meas : et exsultabit lingua mea
justitiam tuam. 17. Domine, labia
mea aperies : et os meum annuntia-
bit laudem tuam. 18. Quoniam si
voluisses sacrificium, dedissem uti-
que : holocaustis non delectaberis.
19. Sacrificium Deo spiritus contri-
bulatus : cor contritum, et humilia-
tum Deus non despicies.
20. Benigne fac Domine in bona
voluntate tua Sion : ut asdificentur
muri Jerusalem. 21. Tunc accepta-
bis sacrificium justitise, oblationes,
et holocausta : tunc imponent super
altare tuum vitulos.
— *— PSALM US LL —^^
Frustra in divitiis sperant impii : salus est
sperantibus in Domino.
1. In finem, Intellectus David,
2. Cum venit Doeg Idumasus, et
nuntiavit Sauli : Venit David in do-
mum Achimelech (i Reo. 22. g).
Uip gloriaris in malitia,
quipotensesin iniquitate.?
4. Tota die injustitiam co-
^i^^^i gitavit lingua tua : sicut
novacula acuta fecisti dolum. 5. Di-
lexisti malitiam super benignitatem :
iniquitatem magis quam loqui aequi-
tatem. 6. Dilexisti omnia verba pras-
cipitationis, lingua dolosa.
7. Propterea Deus destruet te in
finem, evellet te, et emigrabit te de
tabernaculo tuo : et radicem tuam
de terra viventium. 8. Videbunt
justi, et timebunt, et super eum ri-
debunt, et dicent : 9. ecce homo,
qui non posuit Deum adjutorem
suum : sed speravit in multitudine
divitiarum suarum : et prasvaluit in
vanitate sua.
10. Ego autem, sicut oliva fructi-
fera in domo Dei,speravi in miseri-
cordia Dei in aeternum : et in sascu-
lum sasculi. 11. Confitebor tibi in
sasculum quia fecisti : et exspectabo
nomen tuum, quoniam bonum est
in conspectu sanctorum tuorum.
attribuent k David les vers. 20-21 conje6lu-
rent que, dans la pensee du Psalmiste, ces
j/ners sont ceux qui furent acheves au debut
du regne de Salomon (I Rots, iii, i).
21. Sacrifices de justice; \.&\s que la loi les
demande, soit pour la qualite des vi(5limes,
soit pour les dispositions de ceux qui les
offrent. — Le do7i parfait, litt. ia vidime
entiere, meme sens que Jiolocatiste. — Alors
on offrira, litt. alors tiioiileroni, etc. : ce qui
designe encore un holocauste.
PSAUME LII.
3. O Jicros^ ou bien 0 7>aillant : le Psal-
miste appelle ainsi par ironie Doeg qui
avait traitreusement massacre Achime-
lech et 85 pretres. Comp. Is. v, 22. D'au-
tres, 0 piitssant : Doeg etait I'intendant
des troupeaux du roi. D'autres, 0 iyrau. —
La bonte de Dieii : ses serviteurs peuvent
done se rassurer: il saura les defendre et
es venger.
4. Ta langue meditc : cela est dit de la
langue en tant qu'elle est instrument de
I'ame. — Malice, soit dans le sens de md-
chancete, soit dans celui de malheur et de
perdition. — Coninie une lame affilee : cf. Ps.
Ivii, 5; Ixiv, 4- ^
7. De ta tejife : I'expression convient bien
h, un intendant de troupeaux.
8. Les jtistes eux-memes seront effj-ayes
de la chute de I'impie, tantelle sera terrible.
10. Olivier verdoyafit {com'p. Jer. xi, 16),
plante dans la ntaison de Dieu, par conse-
quent dans une bonne terre : le tabernacle
dtait alors a Nobe, non loin du sommetsep-
tentrionnal du mont des Oliviers (I Sam.
xxii, 17).
11. Tu as fait cela : la confiance absolue
de David en Dieu lui rend presente sa pro-
chaine delivrance, dont il avait d'ailleurs
regu le gage dans son elecflion a la royaute.
— J^espcrerai en ion nom, Wtt. j'aliendrai
ton from, c.-a-d. la manifestation de ta jus-
tice et ta bonte, qui sont comme impliquees
dans ton nom.
— f€>4 — i®i — K^f—
106 DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. liii. 1 AU maitre de chant. Sur le ton plaintif. Cantique de David.
2 L'insensd dit dans son cceur : " II n'y a pas de Dieu ! "
Les homnies sont corrompus, ils commettent des crimes abominables,
II n'en est aucun qui fasse le bien.
3 Dieu, du haut des cieux, regarde les fils de Vhomme,
Pour voir s'il se trouve quelqu'un d'intelligent,
Quelqu'un qui cherche Dieu.
4 Tons sont egares, tous sont pervertis;
11 n'en est aucun qui fasse le bien,
Pas menie un seul.
5 Ont-ils perdu le sens ceux qui commettent I'iniquite,
Qui devorent mon peuple comme ils mangent du pain,
Qui n'invoquent point Dieu?
6 Soudain ils ont tremble d'epouvante,
Sans qu'il y eut sujet d'epouvante;
Car Dieu a disperse les os de celui qui campait contre toi;
Tu les as confondus, car Dieu les a rejetes.
7 Oh! puisse venir de Sion la delivrance d'Israel!
Quand Dieu ramenera les captifs de son peuple,
Jacob se rejouira, Israel sera dans I'alldgresse.
PSAUME LIV (VULG. LIIl).
Ache dans le desert de Ziph, mais trahi et denonce a Saiil par les habitants
de ces lieux, David appelle Dieu a son secours (vers. 3-5); il exprime I'assu-
rance d'etre exauce et promet des sacrifices d'a(flions de grace (6-9). Comp.
I Sa?n. xxiii, 19.
Ps. liv. 1 AU maitre de chant. Avec instruments k cordes. Cantique de David. - Lorsque les
Ziphdens vinrent dire a Saiil : David est cache parmi nous.
3 O Dieu, sauve-moi par ton nom,
Et rends-moi justice par ta puissance.
4 O Dieu, ecoute ma priere,
Prete I'oreille aux paroles de ma bouche.
5 Car des Strangers se sont leves contre moi,
Des hommes violents en veulent a ma vie;
lis ne mettent pas Dieu devant leurs yeux. — Scla.
6 Voici que Dieu est mon secours;
Le Seigneur est le soutien de mon ame.
7 II fera retomber le mal sur mes adversaires;
Dans ta verite, aneantis-les !
8 De tout coeur je t'offrirai des sacrifices;
Je louerai ton nom, Jehovah, car il est bon;
9 II me delivre de toute angoisse,
Et mes yeux s'arretent avec joie sur mes ennemis.
PSAUME LV (VULG. LIV).
^|E Psalmiste prie Dieu de le sauver de la situation desesp^ree 011 il se trouve reduit
(vers. 2-9); il depeint ensuite le desordre qui regne h Jerusalem et se plaint amere-
ment de la trahison de I'un de ses amis (10-16); enfin il exprime la confiance que
Dieu le delivrera des homn\es impies, hypocrites et cruels qui I'oppriment (17-24).
Ce Psaume est ordinairement rapporte a la revoke d'Absalon, servi par le traitre
Achitophel (II Sam. xv, 22), et a la fuite de David hors de Jerusalem. Hengstenberg n'y
voit qu'une priere du juste en general en butte aux attaques des mechants, priere dans
laquelle David ferait naturellement allusion k diverses circonstances de sa vie.
Dans le sens spirituel, ces revokes, ce sont les Juifs; ce traitre, c'est Judas, et ce juste
persecute, c'est Jesus-Christ.
LIBER PSALMORUM.
107
— :;:— PSALMUS LIT. — *—
Impioram insipientia, numerus et poena.
I. In finem, Pro Maeleth intelli-
gentias David.
IXIT "insipiens in corde
suo : Non est Deus. 2.Cor-
rupti sunt, et abominabi-
les facti sunt in iniquitati-
t)us : non est qui faciat bonum.
3. *Deus de cceIo prospexit super
tilios hominum : ut videat si est
intelligens, aut requirens Deum.
4. "^Omnes declinaverunt, simul
inutiles facti sunt : non est qui fa-
ciat bonum, non est usque ad unum.
5. Nonne scient omnes qui operan-
tur iniquitatem, qui devorant ple-
bem meam ut cibum panis.^ 6. Deum
non invocaverunt : illic trepidave-
runt timore, ubi non erat timor.
Quoniam Deus dissipavit ossa eo-
rum qui hominibus placent : con-
fusi sunt, quoniam Deus sprevit
eos.
7. Quis dabit ex Sion salutare
Israel.? cum converterit Deus capti-
vitatem plebis suas, exsultabit Jacob,
et Jaetabitur Israel.
— :i:— PSALMUS LI 1 1. — :;:—
David auxilium Dei implorat adversiis
hostium insidias.
1. In finem,
In carminibus intellectus David.
2. Cum venissent Ziphasi, et di-
xissent ad Saul : Nonne David abs-
conditus est apud nos? (i Reg: 23,
19 el 26, I.)
EUS in nomine tuo sal-
vum me fac : et in virtute
tua judica me. 4. Deus
exaudi orationem meam :
auribus percipe verba oris mei.
5. Ouoniam alieni insurrexerunt
adversum me, et fortes quaesierunt
animam meam : et non proposue-
runt Deum ante conspectum suum.
6. Ecce enim Deus adjuvat me :
et Dominus susceptor est animas
meas. 7. Averte mala inimicis meis:
et in veritate tua disperde illos.
8. Voluntarie sacrificabo tibi, et
confitebor nomini tuo Domine :
quoniam bonum est : 9. quoniam
ex omni tribulatione eripuisti me :
et super inimicos meos despexit
oculus meus.
PSAUME LIII.
1. Sur le ton plaintiff le ton de I'elegie
(de chalaJi); d'autres, stir la flute (de c/ialal).
Les LXX, et apres eux la Vulg., ignorant
sans doute le sens du mot hebreu, Font con-
serve tel quel : poter ou stir MaeletJi. —
Ccnitiqtie, propr. inaskil : Voy. Ps. xxxii.
2. Dieti, au lieu 6.0. JeJiovah : nous avons
deja remarque que, dans les derniers teinps
de la royaute, on dvitait souvent, par res-
pedl, de prononcer ou meme d'ecrire ce der-
nier nom.
5. Dii fain : comp. Noinbr. xiv, 9; Jcr.
XXX, 16.
6. Sens : des ennemis etaient campes
centre Israel; tout a coup, au moment ou
aucun danger ne semblait les menacer, une
terreur panique les saisit; leurs cadavres
sans sepulture couvrent la plaine et sont la
proie des betes feroces; par le secours de
ton Dieu, 6 Israel, tu les confonds, eux qui,
assures de la vi(ftoire, se preparaient a te
devorer, comme on fait une bouchee de pain.
Le vers. 5, dans la pensee du dernier re-
dacfleur, est rapportd aussi aux ennemis ex-
terieurs.
7. Voy. la note de Ps. xiv, 7.
PSAUME LIV.
3. Ton novi : la manifestation des attri-
buts que le nom de Dieu signifie : bonte,
puissance, verite.
5. Des etrangers : les Zipheens apparte-
naient a la tribu de Juda, comme David;
c'est done par le coeur et la conduite qu'ils
lui sont etrangers, ennemis.
7. II f era retomber (qeri iaschib) le mat
qu'ils veulent me faire; ou bien, le tnal re-
toiirnera (khetib iaschoiib). Vulg., fat's re-
tomber; de bons manuscrits lisent avertet
(au lieu de averte), comme dans I'hebreu. —
Dans ta verite, au nom de ta fidelite a ac-
complir tes promesses.
9. Son tioni : comp. viii, i; lii. ii. —
Mes yetix s'arretent avec joie, ou avec cojt-
fiance ; litt. se repaissent, stir nies enne-
mis : je les vois d'avance reduits ^i I'im-
puissance.
108
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. 1\
1 AU maitre de chant, avec instruments a cordes. Cantique de David.
2 O Dieu, i)rete I breille a ma priere,
Ne te derobe pas h mes supplications.
3 Ecoute-moi et reponds-moi !
J'erre qh. et Ik, plaintif et gemissant,
4 Devant les menaces de I'ennemi, devant ropprcssion du me'chant;
Car ils font tomber sur moi le malheur,
Et ils me poursuivent avec colere.
5 Men coeur tremble au-dedans de moi,
Et sur moi fondent les terreurs de la mort.
6 La crainte et I'epouvante m'assaillent,
Et le frisson m'enveloppe.
7 Et je dis : Oh ! si j'avais les ailes de la colombe,
Je m'envolerais et m'etablirais en repos;
8 Je fuirais bien loin,
Et je demeiirerais au desert; — Sf7a.
9 Je me haterais de chercher un asile
Loin du vent impetueux, loin de I'ouragan.
10 Reduis-les a neant, Seigneur, divise leurs langues!
Car je vois dans la ville la violence et la discorde.
11 Jour et nuit ils font le tour de ses remparts;
L'iniquite et la vexation sont au milieu d'elle,
12 La perversite est dans son sein,
L'oppression et I'astuce ne quittent point ses places.
13 Car ce n'est pas un ennemi qui m'outrage : je le supporterais;
Ce n'est pas un adversaire qui s'eleve contre moi :
Je me cacherais devant lui.
14 Mais toi, tu etais un autre moi-meme,
Mon confident et mon ami.
15 Nous vivions ensemble dans une douce intimite,
Nous allions avec la foule a la maison de Dieu.
16 Que la mort les surprenne,
Qu'ils descendent vivants au sejour des morts !
Car la mdchancete est dans leur demeure, au milieu d'eux.
17 Pour moi, je crie vers Dieu,
Et Jehovah me sauvera.
iS Le soir, le matin, au milieu du jour, je me plains et je gemis,
Et il entendra ma voix.
19 11 delivrera en paix mon ame du combat qui m'est livre,
Car ils sont nombreux ceux qui me font la guerre.
20 Dieu entendra, et il les humiliera,
Lui qui siege eternellement si/r son trone. — Sela.
Car il n'y a point en eux de changement,
Et ils n'ont pas la crainte de Dieu.
21 II porte la main sur ceux cjui etaient en paix avec lui,
II viole la foi juree.
22 De sa bouche sortent des paroles douces comme le lait,
Et la guerre est dans son caur.
Ses discours sont plus ontlueux que I'huile,
Mais ce sont des epdes nues.
23 Repose-toi sur Jehovah, et il te soutiendra;
11 ne laissera pas a jamais chanceler le juste.
PSAUME LV.
I. Ccmtique;\\€\)X. maskil : voy. Ps. xxxii.
3. Gemissant ; d'autres, as^tfc, bouleverse.
8. Dans Ic desert : voy,
xvii, 16.
il Satn. XV, 28;
9. Loin du vent impetueux, de la tempete
dechainee contre moi par mes ennemis,
comme la colombe se hate de se mettre a
I'abri contre I'ouragan. Ou bien, ///^j rapide
que le veiit impetueux, etc. Vulg., \)y,j\xt-
tcndrai celui qui m\i sauve de l\il'attement
LIBER PSALMORUM.
109
— *— PSALMUS LIV. — :i:—
David postulat inimicorum et ficftorum
amiconim confusionem.
I. In finem,
In carminibus intellectus David.
IXAUDI Deus orationem
meam, et ne despexeris
deprecationem meam :
3. intende mihi, et exaudi
me, Contristatus sum in exercita-
tione mea : et conturbatus sum 4. a
voce inimici, et a tribulatione pec-
catoris. Quoniam declinaverunt in
me iniquitates : et in ira molesti
erant mihi. 5. Cor meum contur-
batum est in me : et formido mortis
cecidit super me. 6. Timor et tre-
mor venerunt super me : et conte-
xerunt me tenebrae : 7. et dixi : Quis
dabit mihi pennas sicut columbs,
et volabo, et requiescam? 8, Ecce
elongavi fugiens : et mansi in soli-
tudine. 9. Exspectabam eum, qui
salvum me fecit a pusillanimitate
spiritus, et tempestate.
10. Prascipita Domine, divide
linguas eorum : quoniam vidi ini-
quitatem, et contradictionem in ci-
vitate. 1 1. Die ac nocte circumdabit
eam super muros ejus iniquitas : et
labor in medio ejus, 12. et injusti-
tia. Et non defecit de plateis ejus
usura, et dolus. 13. Quoniam si
inimicus meus maledixisset mihi,
sustinuissem utique. Et si is, qui
oderat me, super me magna locutus
fuisset : abscondissem me forsitan
ab eo. 14. Tu vero homo unanimis :
dux meus, et notus meus : 15. qui
simul mecum dulces capiebas cibos :
in domo Dei ambulavimus cum
consensu. 16. Veniat mors super
illos : et descendant in infernum vi-
ventes : quoniam nequitias in habi-
taculis eorum : in medio eorum.
17. Ego autem ad Deum clama-
vi : et Dominus salvabit me. 1 8. Ve-
spere, et mane, et meridie narrabo
et annuntiabo : et exaudiet vocem
meam. 1 9. Redimet in pace animam
meam ab his, qui appropinquant
mihi : quoniam inter multos erant
mecum. 20. Exaudiet Deus, et hu-
miiiabit illos, qui est ante sascula.
Non enim est illis commutatio, et
non timuerunt Deum: 2i.extendit
manum suam in retribuendo. Con-
taminaverunt testamentum ejus,
22. divisi sunt ab ira vultus ejus : et
appropinquavit cor illius. Molliti
sunt sermones ejus super oleum : et
ipsi sunt jacula.
23. "Jacta super Dominum cu-
de r esprit et du danger, j'attendrai le secours
de Dieu, qui tant de fois deja m'a sauve.
10. Divise leiirs langues, leur langage,
afin qu'ils ne s'entendent plus.
LI. lis (les partisans d'Absalon) font Ic
toicr des rcniparts, soit pour epier les mou-
vements du roi fugitif, soit pour assurer la
defense en cas d'une attaque de sa part.
12. V oppression, Vulg. I'lisure.
13. Je me cacherais devant lta\ je me
tiendrais en garde contre lui.
14. Uii ajitre moi-tneine, lilt, tin niortel
de ma valetir, que j'estimais autant que moi.
— Mon confident J Vulg., mon chef; I'hebr.
allotiphi signifie aussi ckef{de. tribu ou de
famille), mais cette acception ne convient
pas ici.
15. Vulg., tu partaoeais avec moi les doux
jnets de ma table, et nous allions d'uti com-
jnun accord, etc.
17. Que la inort, en suivant le qeri : iaschi
maveth. Le khetib, icschimoth, est peut-etre
preferable : devastation sitr eux! — Vivants,
subitement, sans avoir le temps de se recon-
naitre.
18. Le soir, etc., la journe'e tout entiere,
designee par ses principaux moments ;
c'etaient aussi, au moins dans les derniers
temps, les heures de la priere.
19. Du combat; d'autres, de Papproche de
mes ennemis : il empechera mes ennemis
de m'approcher.
20. // les Jiumiliera, les chatiera; ou bien,
// leur repondra, il repondra aux menaces
et aux maledidlions qu'ils proferent contre
le Psalmiste. — De changement moral,
d'amendement.
21. //, le traitre du vers. 14.
Ce verset et la i""*^ partie du suivant ne
presentent aucun sens dans les anciennes
versions.
22. Le lait, ou la creme; Vulg., comme
r/iuile.
23. Repose-toi, litt. mets ton fardeau sur...
« Matth. 6,
25. Luc. 12,
22. I Petr.
5. 7-
110 DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
24 Et toi, 6 Dieu, tu les feras descendre dans la fosse de perdition ;
Les hommes de sang et de ruse ne verront pas la moitie de leurs jours.
Pour moi, je mets en toi ma confiance.
PSAUME LVI (VULG. LV).
|Oursuivi par Saiil et ne trouvant de siirete nulle part dans son pays, David s'(!tait
refugie chez les Philistins. Mais le vainqueur de Goliath fut reconnu et conduit au
roi comme un ennemi dangereux. II sauva sa vie en contrefaisant I'insense (I Siuii.
xxi, 10-15). Comp. Ps. xxxiv.
Dans ce Psaume, il se plaint au Seigneur des ennemis qui le pressent; il le remercie
de sa delivrance et le conjure de ne pas oublier sa vie errante et ses larmes; enfin il lui
promet des sacritices eucharistiques.
Ps. Ivi. ^ AU maitre de chant. Sur la Colombe muette des pays lointains. Hymne de David.
Lorsque les Philistins le saisirent a Geth.
2 Aie pitie de moi, 6 Dieu, car I'homme s'acharne apres moi;
Tout le jour on me fait la guerre, on me persecute.
3 Tout le jour mes adversaires me harcelent;
Car ils sont nombreux ceux qui me combattent le front leve.
4 Ouand je suis dans la crainte,
Je me confie en toi.
5 Par le secoiirs de Dieu, je celebrerai V accomplissement de sa parole.
Je me confie en Dieu, je ne crains rien :
Que peut me faire un faible mortel?
6 Sans cesse ils enveniment mes paroles,
Toutes leurs pensees sont contre moi pour me perdre.
7 lis complotent, ils apostent des espions, ils observent mes demarches,
Parce qu'ils en veulent a ma vie.
8 Charges de tant de crimes, echapperont-ils?
Dans ta colere, 6 Dieu, abats les peuples iDipics!
9 Tu as conipte les pas de ma vie errante,
Tu as recueilli mes larmes dans ton outre,
Qui, elles sont inscrites dans ton livre.
10 Alors mes ennemis retourneront en arriere,
Au jour oil' je t'invoquerai;
Je le sais, Dieu est pour moi.
1 1 Par le sccours de Dieu, je celebrerai Vaccoinplissoiicnt de sa parole ;
Par le secoiirs de Jehovah, je celebrerai Vaccoinplissement de sa promesse.
12 Je me confie en Dieu, je ne crains rien :
C2ue peut me faire un faible mortel?
13 Les voeux que je t'ai faits, 6 Dieu, j'ai a les acquitter;
Je t'ofifrirai des sacrifices d'a(flions de graces.
14 Car tu as ddlivre mon ame de la mort,
Tu as preserve mes pieds de la chute,
Afin que je marche devant Dieu a la lumiere des vivants.
PSAUME LVII (VULG. LVl).
Omme le titre I'indique, ce Psaume fut compose lorsque David, fuyant Saiil, se trou-
vait dans la caverne. Est-ce la caverne d'OdoUam (I Sam. xxii, i), ou celle d'En-
gaddi (I Sam. xxiv, 4)? Plus probablement la premiere. Le Psalmiste prie Dieu de
le sauver; il voit deja ses ennemis tomber dans leurs propres pieges; aussi prelude-t-il avec
transport aux a(ftions de graces.
Ps. Ivii, ^AU maitre de chant. " Ne detruis pas." Hymne de David, lorsque, poursuivi par
Saiil, il se refugia dans la caverne.
24. La fosse de perdition, le scheol (verset 16), peut-etre le scheol spe'cial des impies. —
Les homines., etc.
LIEER PSALMORUM.
lU
ram tuam, et ipse te enutriet : non
dabit in seternum fluctuationem ju-
sto. 24. *Tu vero Deus deduces eos,
in puteum interitus. Viri sangui-
num, et dolosi non dimidiabunt
dies sLios : ego autem sperabo in te
Domine.
— :;:— PSALMUS LV. — :|:—
Promissionibus Dei fretus eum invocat pro
adversariorum exitio.
I. In finem,
Pro populo, qui a Sanctis longe
factus est, David in tituli inscri-
ptionem, cum tenuerunt eum AUo-
phyli in Geth. (i Re£. 21, 12.)
ISERERE mei Deus, quo-
niam conculcavit me ho-
mo : tota die impugnans
tribulavit me. 3. Concul-
caverunt me inimici mei tota die :
quoniam multi bellantes adversum
me. 4. Ab altitudine diei timebo : ego
vero in te sperabo. 5. In Deo lauda-
bo sermones meos, in Deo speravi :
non timebo quid faciat mihi caro.
6. Tota die verba mea exsecra-
bantur : adversum me omnes cogi-
tationes eorum, in malum. 7. Inha-
bitabunt et abscondent : ipsi calca-
neum meum observabunt. Sicut
sustinuerunt animam meam, 8. pro
nihilo salvos facies illos : in ira po-
pulos confringes. Deus,
9. Vitam meam annuntiavi tibi :
posuisti lacrymas meas in conspectu
tuo, sicut et in promissione tua :
10. tunc convertentur inimici mei
retrorsum : in quacumque die invo-
cavero te : ecce cognovi quoniam
Deus meus es. 11. In Deo laudabo
verbum, in Domino laudabo ser-
monem : in Deo speravi, "non time-
bo quid faciat mihi homo.
1 2. In me sunt Deus vota tua, quje
reddam, laudationes tibi. 13. Quo-
niam eripuisti animam meam de
morte, et pedes meos de lapsu : ut
placeam coram Deo in lumine vi-
ventium.
— :;:— PSALMUS LVI. — :i:—
De inimicis vicftoriam rogat : Dei miseri-
cordiam et veritatem exaltat.
I. In finem,
Ne disperdas, David in tituli in-
scriptionem,cumfugeret a facie Saul
in speluncam. (2 Re^. 7.2.1 et 24, 4.)
" Hebr. 13,
6.
PSAUME LVI.
1. Coloiiibe niuetie, etc. Les anciens don-
naient k ces mots un sens allegorique. Les
modernes preferent y voir le debut d'un
chant connu, k I'air diiquel ce Psaume etait
adapte. Plusieurs traduisent : stcr Colonibe
des te'n'binthes (en lisam eliin) lointaiiis. —
Hyjntte, hebr. Diikthain : voy. Ps. xvi, i.
2. niionivte (pris coUecflivement), hebr.
^/^tJj-r/Zjl'hommefaible et mortel. — S'acharne
aprcs moi, litt. iiihiat iJi me, comme I'animal
feroce s'apprete a engloutir sa proie.
4. La Vulgate, rattachant au vers. 4 le
mot hebr. maroui qui termine le vers. 3 et
que nous avons rendu, le f7'0)it leve, tra-
duit : des la haiiieiir diijoio', quand le jour
s'eleve, arrive k son plein,y> siils dans la
crainte, mats fespere en toi.
5. nacconiplissement de sa pm'ole, Vulg.
sermones meos.
6. lis enveniniettt mes paroles, ils les inter-
pretent malignement pour faire croire a
Saiil que je suis son ennemi. D'autres, ils
portent atteinte a mes affaires ou a ines
droits. — ■ Contre }noi, ou sur inoz.
7. lis complotent, litt. ils s\isseinblent. —
Ils apostent des espions; d'autres, ils cachent
des pieges.
8. Charges de tant de crimes, etc.; ou
bien : leur iniquitc les sauvera-t-elle? D'au-
tres, sans interrogation : par Viniqicite ils
esperent echapper. Vulg., vous ne les sauve-
res milleinefit, ou a auciin ptix.
9. Les pas, etc.; litt. mon exit, ma fiiite.
— Tu as reciieilli, ou bien recueille. — Dans
ton livre, de maniere a n'etre pas oublie'es :
comp. Malach. iii, 16.
II. Refrain : comp. vers. 5.
13. _/'«/ a les acquitter, ils m'obligent, car
deja je suis exauce, je suis assure de ma
delivrance.
PSAUME LVII.
I. Ne detruis pas. Ces mots, qui se re-
trouvent en tete des Ps. Iviii, lix, Ixxv, sent,
au sentiment general des modernes, I'indi-
cation de Pair sur lequel le Psaume devait
112
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
2 Aie pitie de moi, 6 Dieu, aie pitie de moi,
Car en toi mon ame cherche un refuge;
Je m'abriterai a I'ombre de tes ailes,
Jusqu'a ce que les jours mauvais soient passes.
3 Je crie vers le Dieu tres haut,
Le Dieu qui fait tout pour moi.
4 II m'enverra du ciel le salut : — ■
Mon persecuteur m'accable d'outrages! — Sela.
Dieu enverra sa bonte et sa vdritd.
5 Je couche au milieu des lions,
Au milieu d'hommes qui vomissent la flamme,
Qui ont pour dents la lance et les lleches,
Et dont la langue est un glaive tranchant.
6 Eleve-toi au-dessus des cieux, 6 Dieu,
Que ta gloire brille par toute la terre!
7 lis avaient tendu un piege devant mes pas :
Deja mon ame se courbait;
lis avaient creusd une fosse devant moi :
lis y sont tombes ! — SJla.
8 Mon cceur est affermi, 6 Dieu, mon coeur est affermi;
Je chanterai et ferai retentir de joyeux instruments.
9 Eveille-toi, ma gloire I
Eveillez-vous, ma lyre et ma harpe !
Que j'eveille I'aurore !
10 Je te louerai parmi les peuples, Seigneur,
Je te chanterai parmi les nations.
11 Car ta bonte atteint jusqu'aux cieux,
Et ta verite jusqu'aux nues.
12 Eleve-toi au-dessus des cieux, 6 Dieu,
Que ta gloire brille sur toute la terre !
PSAUME LVIII (VULG. LVIl).
[E Psaume, comme le precedent et le suivant, parait se rapporter a la persecution
de Saiil; en effet, lesjitgcs injusics, c.-a-d. les conseillers et les courtisans du roi,
dont David se plaint, paraissent en meme temps comme ses ennemis personnels et
ses persecuteurs acharnes. Le Psalmiste les interpelle vivement et depeint leur mechan-
cete (vers. 2-6); il demande leur chatiment (7-10), qu'il voit deja realise pour la joie des
justes et la gloire de Dieu (11-12).
Dans le sens spirituel, ce Psaume s'applique tres bien aux Juifs meurtriers du Sau-
veur et punis d'une maniere si eclatante, ainsi qu'aux persecuteurs de I'Eglise.
Ps. Iviii. 1 AU maitre de chant. Ne detruis pas. Hymne de David.
2 Est-ce'donc en restant muets que vous rendez la justice?
Est-ce selon le droit que vous jugez, fils des hommes?
3 Non : au fond du coeur vous tramez vos desseins iniques,
Dans le pays vous vendez au poids la violence de vos mains.
4 Les mdchants sont pervertis des le sein maternel,
Des leur naissance les fourbes se sont egares.
5 Leur venm est semblable au venin du serpent,
De la vipcre sourde qui ferme ses oreilles,
6 Et n'entend pas la voix de I'enchanteur,
La voix du charmeur habile dans son art.
7 O Dieu, brise leurs dents dans leur bouche;
Jehovah, arrache les machoires des lionceaux !
8 Qu'ils se dissipent, comme le torrent qui s'dcoule !
Qu'ils ne lancent que des Heches emoussees !
etre chante. — Hymne^ hebr. niiktham
voy. Ps. Ivi.
3. Qui fait tout, litt. ijiii achcvc pour moi,
ce qui peut s'entendre de plusieurs manieres.
LIBER PSALMORUM.
113
ISERERE mei Deus, mi-
serere mei : quoniam in te
confidit anima mea. Et in
umbra alarum tuarum spe-
rabojdonectranseat iniquitas.j.Cla-
mabo ad Deum altissimum : Deum
qui benefecit mihi. 4. Misit de coelo,
et liberavit me : dedit in opprobrium
conculcantes me. Misit Deus mise-
ricordiam suam, et veritatem suam,
5. Et eripuit animam meam de
medio catulorum leonum : dormivi
conturbatus. Filii hominum dentes
eorum arma et sagittas : et lingua
eorum gladius acutus. 6. Exaltare
super coelos Deus : et in omnem
terram gloria tua. 7. Laqueum pa-
raverunt pedibus meis : et incurva-
verunt animam meam. Foderunt
ante faciem meam foveam : et inci-
derunt in eam.
8. Paratum cor meum Deus, pa-
ratum cor meum : cantabo, et psal-
mum dicam. 9, Exsurge gloria mea,
exsurge psalterium et cithara : ex-
surgam diluculo. 10. Confitebor tibi
in populis Domine : et psalmum di-
cam tibi in gentibus : 1 1. quoniam
magnificata est usque ad coelos mi-
sericordia tua, et usque ad nubes Ve-
ritas tua. 12. Exaltare super coelos
Deus : et super omnem terram glo-
ria tua.
— *— PSALMUS LYII. — :;:—
Objurgatio contra calumniatores et iniquos
judices.
I. In finem,
Ne disperdas, David in tituli in-
scriptionem.
I vere utique justitiam lo-
quimini : recta judicate
filii hominum. 3. Etenim
in corde iniquitates ope-
rammi : in terra injustitias manus
vestras concinnant. 4. Alienati sunt
peccatores a vulva, erraverunt ab
utero : locuti sunt falsa. 5. Furor
illis secundum similitudinem ser-
pentis : sicut aspidis surdae, et obtu-
rantis aures suas, 6. quas non exau-
diet vocem incantantium : et vene-
fici incantantis sapienter.
7. Deus conteret dentes eorum
in ore ipsorum : molas leonum con-
fringet Dominus. 8. Ad nihilum
Le Hir, apres la Vulg. : (/ui achcve ses bien-
faits pour moi, qui les porte au comble.
D'autres : qui achcve, qui mene a bonne fin
toutes choses en ma faveur.
4. Dieu enverra, il mettra en jeu, sa bonte
gratuite, et sa ftdelite dans I'accomplisse-
ment de ses promesses.
6. Eleve-toi au-dessus des cieiix... au-des-
sus de tons les etres, pour lejugement.
7. Mon ante se courbaif, penchait deja
pour tomber dans le piege. Ou bien : ils
(litt. il) avaient cotirbe mon dme, deja incli-
nee et prete a tomber.
Les vers. 8- 11 forment le commencement
du Ps. cviii.
8. Les mots, mon cceur est affermi^ ne sont
pas reputes au Ps. cviii ; peut-etre ne le
sont-ils ici que par une erreur de copiste.
g. Ma gloire, mon ame, comme Ps. vii, 6.
— Que j''eveille Vaurore, en la devan^ant
par mes chants. Vulg., je me leverai dcs
Paiirore.
12. Repetition du vers. 6.
PSAUME LVIII.
1. Ne deiruis pas : voy. Ps. Ivii, i. —
Hymne, hebr. miJdham : voy. Ps. Ivi, i.
2. En resiant miiets, hebr. ele>n^ litt. mu-
tisme : ce mot est douteux; les versions an-
ciennes ne I'ont pas lu, et les interpretes
I'expliquent diversement. Wulg., parlez-vous
V raiment selon la justice?
3. Non, loin de la, hebr. aph, que la Vulg.
traduit ordinairement par etenim. — Voiis
vendez au poids (litt. vous pesez) la violence
de vos mains, vos decisions injustes, vous
mettez k prix votre conscience de juges.
5 sv. Leur veninj Vulg. leur fureur. —
La vipere sourde (ou I'aspic sourd) : les
Arabes appellent sourds et regardent comme
tres dangereux les serpents sur lesquels ils
croient que les enchanteurs ne peuvent rien.
7. Brise leurs dents : les ennemis de Da-
vidson! maintenant representes sous I'image
de betes feroces ; les versets suivants nous
offriront d'autres figures encore : ce brusque
changement d'images trahit la vive emotion
du Psalmiste. Sur ces imprecations : voy.
xxviii, 4.
NO 23
L.^ SAINTE BIBLE. TOME IV.
114
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
9 Qu'ils soient comme la limace qui va en se fondant!
Comme I'avorton d'une femme, qu'ils ne voient point le soleil !
10 Avant que vos chaudieres sentent I'epine,
Verte ou enflammee, I'ouragan I'emportera.
11 Le juste sera dans la joie, a la vue de la vengeance,
II baignera ses pieds dans le sang des mechants.
12 Et Ton dira : " Oui, il y a une recompense pour le juste;
Oui, il y a un Dieu qui juge sur la terre ! "
PSAUME LIX (VULG. LVIIl).
Occasion de ce Psaume est indiquee dans le titre (voy. I Saw. xix, ii sv.). Saiil
avait fait entourer par des soldats la maison de David, avec ordre de le tuer des
qu'il en sortirait le lendemain ; mais David fut sauve par une ruse de sa femme
Michol, et sa fuite fut le point de depart d'une longue et cruelle persecution. Dans ce
cantique, compose quelque temps apres le danger passe, le Psalmiste ne retrace que^ les
traits generaux de I'evdnement. II commence par implorer le secours divin; puis il decrit
la me'chancete de ses ennemis et demande leur chatiment, en exprimant a plusieurs
reprises sa confiance d'etre exauce.
Les Peres font une juste application de ce Psaume a Jesus-Christ persecute par les
Juifs et a la dispersion de ces derniers.
Ps, lix. 1 AU maitre de chant. Ne detruis pas! Hymne de David. Lorsque Saiil envoya cerner
sa maison pour le mettre a mort.
2 Delivre-moi de mes ennemis, 6 mon Dieu,
Protege-moi contra mes adversaires.
3 Delivre-moi de ceux qui commettent I'iniciuit^,
Et sauve-moi des honimes de sang.
4 Car voici qu'ils sont aux aguets pour m'oter la vie;
Des hommes violents complotent contre moi,
Sans que je sois coupable, sans que j'aie peche, Jehovah.
5 Malgre mon innocence, ils accourent et s'embusquent :
Eveille-toi, viens au-devant de moi et regarde !
6 Toi, Jehovah, Dieu des armees, Dieu d'lsracl,
Leve-toi pour chatier toutes les nations,
Sois sans pitie pour ces traitres et ces malfaiteurs! — Se'la.
7 Ils reviennent le soir, ils grondent comme le chien,
Ils font le tour de la ville.
8 De leur bouche I'injure s'echappe a flots,
II y a des glaives sur leurs levres :
" Qui est-ce qui entend?" dlse/it-ils.
9 Et toi, Jehovah, tu te ris d'eux,
Tu te moques de toutes les nations.
10 Ma force, c'est vers toi que je me tournerai,
Car Dieu est ma forteresse.
11 Mon Dieu par sa bonte viendra au-devant de moi;
Dieu me fera contempler avec joie mes ennemis.
12 Ne les tue pas, de peur que mon peuple n'oublie;
Fais-les errer par ta puissance et renverse-les,
O Seigneur, notre bouclier.
9. La limace^ en s'avangant, semble perdre
de sa substance et par consequent s'epuiser.
LXX et Vulg., coiiiiiie la tire. — Co /nine
I'avorton dhine feinmc. Les LXX et la Vulg.
ont lu autrement ; le feu (de la vengeance
divine) est tonibe\ et ils n'ofit plus vu le
soleil.
10. Avant que vos chaudihes, etc. : locu-
tion proverbiale empruntc'e a un usage de
rOrient. Ceux qui voyagent dans le desert
font cuire leurs aliments dans une chaudicre
dressee sur un tas d'epines (specialement
les branches d'un buisson epineux qu'on
appelle rhamnier ou nerprun); mais il arrive
que, avant la fin de I'operation, un ouragan
eteint le feu, emporte le bois et detruit tous
les apprets. Au lieu de enflanunce, on pour-
rait aussi traduire desscchee. Sens : Dieu
LIBER PSALMORUM.
115
devenient tamquam aqua deciir-
rens : intendit arcum suum donee
infirmentur. 9. Sicut cera, quae fluit,
auferentur : supercecidit ignis, et
non viderunt solem. 10. Priusquam
intelligerent spinae vestras rham-
num : sicut viventes, sic in ira ab-
sorbet eos.
1 1. Lastabitur Justus cum viderit
vindictam : manus suas lavabit in
sanguine peccatoris. 12. Et dicet
homo : Si utique est fructus justo :
utique est Deus judicans eos in terra.
— :i:— PSALM US LVIIL — =!:—
Orat ut inimici disperdantur; liberatus
Deum laudat.
In finem,
Ne disperdas, David in tituli in-
scriptionem, quando misit Saul, et
custodivit domum ejus, ut eum in-
terficeret. (i Re£. 19, 11.)
STRIPE me de inimicismeis
Deus meus : et ab insur-
gentibus in me libera me.
3. Eripe me de operanti-
bus iniquitatem : et de viris sangui-
num salva me, 4. Quia ecce cepe-
runt animam meam : irruerunt in
me fortes, 5, Neque iniquitas mea,
neque peccatum meum Domine :
sine iniquitate cucurri, et direxi.
6. Exsurge in occursum meum, et
vide : et tu Domine Deus virtu-
tum, Deus Israel, intende ad visi-
tandas omnes gentes : non mise-
rearis omnibus, qui operantur ini-
quitatem.
7, Convertentur ad vesperam :
et famem patientur ut canes, et
circuibunt civitatem. 8. Ecce lo-
quentur in ore suo, et gladius in
labiis eorum : quoniam quis au-
divit.'' 9. Et tu Domine deridebis
eos : ad nihilum deduces omnes
gentes, 10. Fortitudinem meam ad
te custodiam, quia Deus susceptor
meus es :
1 1. Deus meus misericordia ejus
prasveniet me. 12. Deus ostendet
mihi super inimicos meos, ne occi-
das eos : nequando obliviscantur
populi mei, Disperge illos in virtute
tua : et depone eos protector meus
dissipera les desseins des mechants avant
qu'ils aient pu les mettre a execution.
Les LXX,au lieu du mot h^breu sir,ch^u-
diere, ont vu ici le mot sir, epine. La Vulg.
traduit fidelement la version grecque "prius-
quam intelligerent spince vestrcc rhamnum."
II. Ce verset exprime dans toute sa force
et par une image saisissante I'idee de retri-
bution telle que la comprenait I'Ancien Tes-
ment. Ce n'est pas la main du juste qui fait
couler le sang des mechants; mais quand
Dieu les a frappes, il reconnait dans leur
mort I'effet d'un juste jugement de Dieu
rendu en sa faveur.
PSAUME LIX.
4. lis sont aux aguets, etc, Vulg., zls ont
prts mon dme, ils ont ma vie en leur pou-
voir. — Sans que j'aie attire sur moi la colere
divine par aucune faute publique : comp.
vii, 4 sv.
6. Toutes les nations : ce mot designe
ordinairement les nations idolatres ; il sem-
ble devoir se restreindre ici (et au vers, g)
aux seuls ennemis de David qui, quoique
appartenant au peuple de Dieu, se condui-
sent comme des paiens en persecutant le
serviteur et Point de Jehovah,
7. Ce verset parait decrire les'divers mou-
vements des emissaires de Saiil.
Le Hir : ils s'eti retourttent pendant la
miit, n'ayant trouve, grace a la ruse de
Michol, qu'un mannequin a la place de
David ; aussi ils grojtdent comme des chiens
qui ont manque ou a qui on a arrache
leur proie.
8. Qui est-ce : y a-t-il un Dieu pour nous
entendre et nous punir, disent dans leur
coeur ces mechants.
9. Tu te moques; Vulg., tu reduis k neant.
— Les nations : voy. la note du vers. 6.
10. Ma force : c'est ainsi qu'ont lu les
LXX : comp. vers. 18, Le texte massoreti-
que porte sa force, YvXg., je garde ma force
atcpres de toi, c'est en me tenant aupres de
toi que je suis fort.
11. Dieu par sa bonte' : c'est le ketib; le
qeri est moins bon : le Dieu de ma bonte,
qui me temoigne constamment sa faveur, —
Mes ennemis abattus.
12. Ne les tue pas de suite, de peur que
mon peuple (David avait ddjk regu des mains
de Samuel I'on^lion royale) n'oublie la le^on
de leur chatiment. Plusieurs Peres ont vu
dans ce verset une prophetie de la disper-
sion des Juifs par toute la terre.
116
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
13 Leur bouche peche k cliaque parole de leurs levies;
Qu'ils soient pris dans leur propre orgueil,
A cause des maIedi(nions et des mensonges qu'ils proferent!
14 Detruis-les dans ta fureur, detruis-les, et qu'ils ne soient plus!
Qu'ils sachent que Dieu regne sur Jacob
Jusqu'aux extrdmites de la terre! — Sela.
15 lis reviennent le soir, ils grondent comme le chien,
lis font le tour de la ville.
16 lis errent qk et la, cherchant leur proie,
Et ils grognent s'ils ne sont pas rassasies.
17 Et moi, je chanterai ta force;
Et le matin je celebrerai ta bonte,
Car tu es ma forteresse,
Un refuge au jour de mon angoisse.
18 O ma force, je te celebrerai dans mes chants,
Car Dieu est ma forteresse, mon Dieu plein de bonte.
PSAUME LX (VULG. LIX).
E Psaume a etd compose par David sur le meme sujet que le xlive, savoir I'invasion
des Idumeens au sud de la Palestine, tandis que le roi faisait la guerre au nord
contre les Syriens. Voyez II Sa?)i. viii, i sv. x, 7; I Par. xviii, i sv. Vainqueur
des Syriens, David retourna toutes ses forces contre les envahisseurs, et AbisaY, qui com-
battait sous les ordres de Joab, les defit dans la vallee du Sel, au sud de la mer Morte.
Le Psalmiste fait parler le peuple : il commence par pousser un cri de deiresse, mele
pourtant d'esperance (vers. 3-6); Dieu a promis et donne deja k son peuple la possession
de Chanaan et la domination sur tous ses voisins (7-10); qu'il lui accordc aussi la vieftoire
sur Edom (11-14).
Ps. Ix. 1 AU maitre de chant. Sur le Lis du temoignage. Hymne de David, k enseigner.
-Lorsqu'il fit la guerre aux Syriens de Mesopotamie et aux Syriens de Soba, et que Joab
revint et battit Edom dans la vallee du Sel, lui tuant douze mille hommes.
3 O Dieu, tu nous a rejetes, tu nous as disperses ;
Tu etais irrit^ : rends-nous ta faveur!
4 Tu as ebranle le pays, tu I'as dechire :
Repare ses breches, car il chancelle!
5 Tu as fait voir k ton peuple de rudes epreuves,
Tu nous a fait boire un vin de vertige.
6 Mais tu as donne a ceux qui te craignent une banniere,
. Afin qu'elle s'eleve a cause de ta verite. — Sela.
7 Afin que tes bien-aimes soient delivres,
Sauve par ta droite, et exauce-moi.
8 Dieu a parle dans sa saintete : Que je tressaille de joie!
J'aurai Sicheni en partage, et je mesurerai la vallee de Succoth.
9 Galaad est k moi, k moi Manasse!
Ephraim est I'armure de ma tete,
Et Juda mon sceptre.
10 Moab est le bassin ou je me lave;
16. Au lieu de loun, passer la unit, lire,
avec les memes consonnes poncluees autre-
ment, le hiph de loini, inur/iiurer. (LXX,
Vulg.)
PSAUME LX.
1. Sur le lis du temoigiuige, probablement
indication d'une melodie connue. — Hymne.,
hebr. iniktham : voy. Ps. Ivi, i. — A ensei-
gner au peuple : ce qui indique la de"-tina-
tion puMique et nalionale de ce cantique.
2. Syriens de Mesopolamie (lift. Aram
des deux fleuves), du pays situe entre le
Tigre et I'Euphrate. — Syriens de Sofia :
pays au nord de Damas, entre I'Euphrate
et rOronte. — Douze mille, probablement
faute de copiste pour dix-huit mille : comp.
II Sam. viii, 13; I Par. xviii, 12.
3. Tu nous a rejetes, etc. : ces expressions
supposent de graves echecs infliges aux
Israelites par les Idumeens. — Rends-ttous
la fai'eur, litt. tu feras revenir pour nous :
on peut sous-entendre ou bien ta faveur, ou
bien Ic sueees, la prosperite : tu retabliras
nos affaires.
LIBER PSALMORUM.
117
Domine : 13. delictum oris eo-
rum, sermonem labiorum ipso-
rum : et comprehendantur in su-
perbia sua. Et de exsecratione et
mendacio annuntiabuntur 14. in
consummatione : in ira consumma-
tionis, et non erunt. Et scient quia
Deus dominabitur Jacob : et finium
terras.
1 5. Convertentur ad vesperam, et
famem patientur ut canes : et cir-
cuibunt civitatem. 16. Ipsi disper-
gentur ad manducandum : si vero
non fuerint saturati, et murmura-
bunt. 17. Ego autem cantabo forti-
tudinem tuam : et exsultabo mane
misericordiam tuam. Quia factus es
susceptor meus, et refugium meum,
in die tribulationis meas. 18. Adju-
tor meus tibi psallam, quia Deus
susceptor meus es : Deus meus mi-
sericord i a mea.
— :;:— PSALM US LIX. — :;:—
Querimonia de Dei derelidtione : nixus pro-
missione Dei ejus opem et vidloriam
sperat.
T. In finem,
Pro his, qui immutabuntur, in
tituli inscriptionem ipsi David in
doctrinam,
2. Cum succenditMesopotamiam
Syrias, et Sobal, et convertit Joab,
et percussit Idumasam in valle Sali-
narum duodecim millia. (2 Reg: 8, i
et 10, y et I Par. 18, i.)
EUS repulisti nos, et de-
struxisti nos : iratus es, et
misertus es nobis. 4. Com-
movisti terram, et contur-
basti eam : sana contritiones ejus,
quia commota est. 5- Ostendisti
populo tuo dura : potasti nos vino
compunctionis. 6.Dedisti metuenti-
bus te significationem : ut fugiant a
facie arcus :
Ut liberentur dilecti tui : 7. sal-
vum fac dextera tua, et exaudi me.
8. Deus locutus est in sancto suo :
Lastabor, et partibor Sichimam : et
convallem tabernaculorum mctibor.
9. Meus est Galaad, et meus est
Manasses : et Ephraim fortitude ca-
pitis mei. Juda rex meus : 10. Moab
4. Ebra7ile le pays d'Israel : I'image est
prise des tremblements de teire, auxquels
le Psalmiste compare les ravages causes par
les Idumeens.
5. Vin de vertige, ou d^efourdisscmetit
(Is. li, 17) : I'attaque soudaine des Idumeens
avait jete les Israelites dans un etat de trou-
ble et d'effarement oii ils ne savaient plus
quel parti prendre.
6. La banniere, le signe de ralliement que
Dieu a donne a son peuple etqui doit s'ele-
ver dans les airs pour faire eclater la veracite
divine, c'est la promesse qui va etre rappe-
lee dans les vers. 7 sv. Tel est le sens pro-
bable de ce passage difficile. LXX, Vulg. ;
Sym., S. Jerome ont lu qescJieiJi, arc, au lieu
de qoschet, vcrite, et ont iraiAmtpoiirfitirde-
vant Pare. II y a difficulte de part et d'autre.
8. Daits sa sai?7tete\ en tant que saint, pur
de toute imperfedlion, et par consequent
incapable de tromper. Le Psalmiste a ici
en vue I'ensemble des promesses contenues
dans le Pentateuque touchant la possession
de Chanaan et la domination sur les peuples
voisins {Gett. xlix, 9 sv. Novibr. xxiv, 17 sv.
Dent, xxxiii), mais d'une mani&re plus spe-
ciale la grande promesse que Dieu lui avait
faite k lui-meme II Sam. vii, 9 sv., et qu'il
traduit avec toute la liberte du langage poe-
tique. — Sickem, au centre de la Palestine.
— Je mesurerai au cordeau, comme etant
ma propriete, Succoth ou Socoth., sur la rive
gauche du Jourdain. Ces deux villes repre-
sentent done le pays k I'ouest et le pays k
I'est de ce fleuve, la Palestine tout entiere.
Elles sont choisies k dessein par le Psal-
miste sans doute k cause du s^jour qu'y fit
Jacob k son retour de Mesopotamie {Gen.
xxxiii, 17 sv.), sejour qui etait comme le
prelude de la prise de possession de tout le
pays par ses descendants. Les LXX et la
Vulg. prennent Succoth pour un nom com-
mun : vallee des tentes ou des Jiiiites.
g. Galaad represente les deux tribus de
Gad et de Ruben, et Manasse' la demi-tribu
de ce nom, situees toutes les trois a I'E. du
Joui'dain; Ephraim et Juda, la Palestine
proprement dite, dont elles ^talent les tri-
bus les plus importantes, I'une au nord,
I'autre au sud. La Vulg., faisant parler le
peuple, traduit, yz/^/ci est mo7t roi; d'autres,
jHon legislateur : comp. Geii. xlix, 10.
10. Israel dominera aussi sur les nations
voisines de Chanaan. (?« je me lave les
pieds : sarcasme humiliant pour la nation
arrogante {Is. xvi, 6), que David venait
d'assujettir (II Sam. viii, 12). LXX et Vulg.,
Moab est le vase de mon esperance, en pre-
118
DEUXifeME LIVRE DES PSAUMES.
Sur Edom je jette ma sandale;
Pays des Philistins, pousse des acclamations en mon honneur!
11 Qui me menera a la villa forte?
Qui me conduira h Edom?
12 N'est-ce pas toi, 6 Dieu, qui nous avais rejetes,
O Dieu, qui ne sortais plus avec nos aimees?
13 Prete-nous ton secours contre I'oppresseur!
Le secours de I'homme n'est que vanite.
14 Avec Dieu nous accomplirons des exploits;
II ecrasera nos ennemis.
rSAUME LXI (VULG. LX).
lUT^^jOin du tabernacle et de Jerusalem, d'ou I'avait chasse la revoke d'Absalon, David
i^^! implore le secours de Dieu, son seul espoir (vers. 2-5); il lui demande de prolon-
InSfl ger les jours du roi, et promet de lui temoigner sa reconnaissance (6-9).
Ps. Ixi. ^ AU maitre de chant. Sur les instruments a cordes. De David.
2 O Dieu, entends mes cris,
Sois attentif k ma priere.
3 De I'extremit^ de la terre je crie vers toi dans I'angoisse de mon coeur;
Conduis-moi sur le rocher que je ne puis atteindre.
4 Car tu es pour moi un refuge,
Une tour puissante contre I'ennemi.
5 Je voudrais demeurer a jamais dans ta tente,
Me refugier a I'abri de tes ailes ! — Se7a.
6 Car toi, 6 Dieu, tu exauces mes voeux,
Tu m'as donne I'hdritage de ceux qui rdverent ton nom.
7 Ajoute des jours aux jours du roi !
Que ses annees se prolongent d'age en age !
8 Qu'il demeure sur le trone eternellement devant Dieu !
Ordonne k ta bonte et a ta verite de le garder !
9 Alors je celebrerai ton nom k jamais,
Et j'accomplirai mes voeux cliaque jour.
\
PSAUME LXII (VULG. LXl).
^^E Psaume offre une grande ressemblance de style et de structure avec le xxxix^,
\ dont le litre nomme aussi Idithun. Quelques indices font penser a I'epoque de la
persecution d'Absalon. On y distingue trois strophes : calme et confiance du Psal-
miste en face de ses ennemis (vers. 2-5); Dieu est un sur abri pour ses serviteurs (6-9);
les hommes ne sont rien, a Dieu seul appartiennent la puissance et la bonte (10-13).
Ps. Ixii. ^AU maitre de chant... Idithun. Psaume de David.
2 Oui, a Dieu mon ame en paix s'abandonne,
De lui vient mon secours.
3 Oui, il est mon rocher et mon salut ;
II est ma forteresse : je ne chancellerai point.
4 Jusques a quand vous jetterez-vous sur un homnie,
Pour I'abattre tous ensemble,
Comme une muraille qui penche,
Comme une cloture qui s'ecroule?
5 Oui, ils complotent pour le precipiter de sa hauteur;
lis se plaisent au mensonge;
Ils benissent de leur bouche,
Et ils maudissent dans leur coeur. — Sela.
6 Oui, u mon ame, a Dieu abandonne-toi en paix
Car de lui vient mon esperance.
LIBER PSALMORUM.
119
olla spei meae. In Idumaeam exten-
dam calceamentum meum : mihi
alienigenas subditi sunt.
1 1. Quis deducet me in civitatem
munitam? quis deducet me usque
in Idumasam? 12. Nonne tu Deus,
qui repulisti nos : et non egredieris
Deus in virtutibus nostris? 13. Da
nobis auxilium de tribulatione: quia
vana salus hominis. 14. ""In Deo
faciemus virtutem : et ipse ad nihi-
lum deducet tribulantes nos.
— :>— PSALM US LX. — :;:—
Exsul petit reditum, longam vitam,
et ampliationem regni Christi.
In finem,
In hymnis David.
XAUDI Deus depreca-
tionem meam : intende
orationi meae. 3. A iinibus
terras ad te clamavi : dum
anxiaretur cor meum, in petra exal-
tasti me. Deduxisti me, 4. quia fa-
ctus es spes mea : turris fortitudinis
a facie inimici. 5. Inhabitabo in ta-
bernaculo tuo in saecula : protegar
in velamento alarum tuarum.
6. Quoniam tu Deus meus exau-
disti orationem meam : dedisti he-
reditatem timentibus nomen tuum.
7. Dies super dies regis adjicies : an-
nos ejus usque in diem generationis
et generationis. 8. Permanet in aster-
num in conspectu Dei : misericor-
diam et veritatem ejus quis requi-
ret.'' 9. Sic psalmum dicam nomini
tuo in sasculum sasculi : ut reddam
vota mea de die in diem.
— :;:— PSALMUS LXI. — *—
Securitas ejus qui Deo subjedlus in eo solo
fiduciam habet.
I. In finem,
Pro Idithun, Psalmus David.
ONNE Deo subjecta erit
anima mea.'' ab ipso enim
salutare meum. 3. Nam et
ipse Deus meus, et saluta-
ris meus : susceptor meus, non mo-
vebor amplius. 4. Quousque irrui-
tisin hominem.^ interficitis universi
vos : tamquam parieti inclinato et
macerias depulsas.'' 5. Verumtamen
pretium meum cogitaverunt repel-
lere, cucurri in siti : ore suo benedi-
cebant, et corde suo maledicebant,
6. Verumtamen Deo subjecta esto
nant le sens arameen du mot hebreu rachats.
— Stir Edotn, etc. : d'apres RosenmuUer, les
rois d'Abyssinie jetaient leur sandale sur un
objet ou une terre dont ils voulaient prendre
possession : cet usage existait-il ou etait-il
connu en Palestine au temps de David?
II. La ville forte, la capitale d'Edom,
Petra, au S. de la mer Morte.
PSAUME LXI.
I. Sur les wsfnanettis a cordes, hebr. al
neginath, probablement avec le meme sens
que bineginoth du Ps. iv.
3. Du bout de la terra : David etait sans
doute alors k Mahanaim ou aux environs
(II Sam. xvii, 24), de I'autre cote du Jour-
dain : cette distance de Jerusalem parais-
sait longue k I'exile. — Sur le rocker^ dans
un lieu oil je serai en surete, peut-etre vers
Dieu lui-meme, souvent appele de ce nom.
5. Dans ta tenfe, le tabernacle. D'autres
prennent ce mot metaphoriquement : Dieu
est une tente dans le meme sens qu'il est
une tour, c. -a-d. un lieu de refuge.
6. Lheritage de ceux, etc., le pays de
Chanaan, la terre sainte de tes serviteurs.
8. Qu''il denietire, etc. David fait ici allu-
sion a la promesse d'un regne eternel qu'il
avait regue de la bouche de Nathan (II Sai)i.
vii, 12 sv.), promesse qui n'eut son accom-
plissement que dans le Messie. — Ordonne :
souvent, dans la Bible, Dieu est dit com-
mander a ses attributs personnifies; sens :
fais par ta bonte, etc. Vulg., qui sondera sa
viisericorde et sa bonte?
PSAUME LXII.
I. ...Idithun, le sens de la proposition
qui precede est douteux, stcr, d^aprrs?
3. Le texte porte je ne chancellerai pas
beaiicoup; ce dernier mot est suspecfl : il
manque au refrain (vers. 7), et il ofifre ici
un sens etrange.
5. De sa hauteur, de la dignite royale ; ou
dans le sens physique, du lieueleveou ils'Otait
refugie. — lis se plaisent au menso7-ige : ils
me trahissent avec d'hypocrites protesta-
tions de ^A€\\\.€.V\x\%.,faicouruayantsoif.
120
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
7 Oiii, il est mon rocher et mon salut ;
11 est ma forteresse : je ne chancellerai point.
8 Sur Dieu reposent mon salut et ma gloire;
Le rocher de ma force, mon refuge, est en Dieu.
9 En tout temps, 6 people, confie-toi en lui;
Epanchez devant lui vos coeurs :
Dieu est notre refuge. — Se'la.
10 Oui, les mortels sont vanite, les fils de I'homme sont mensonge;
Dans la balance ils monteraient,
Tous ensemble plus legers qu'un souffle.
11 Ne vous confiez pas dans la violence,
Et ne mettez pas un vain espoir dans la rapine;
Si vos richesses s'accroissent,
N'y attachez pas votre cceur.
12 Dieu a dit une parole,
Ou deux, que j'ai entendues :
" La puissance est h. Dieu;
13 A toi aussi, Seigneur, la bonte."
Car tu rends a chacun selon ses ceuvres.
PSAUME LXIII (VULG. LXIl).
E Psaume prdsente une grande analogie avec les deux precedents, surtout avec le
Ixie. David le composa au commencement de la revoke d'Absalon, probablement
la premiere nuit qu'il passa, apres s'etre enfui de Jerusalem, dans le desert de Juda,
qui s'dtend de cette ville a la mer Morte (II Sain, xvi, 2, 14). On y trouve, comme dans
la plupart des podsies de David, une tendresse exquise et un profond amour de Dieu,
joints a I'energie et meme h. quelque rudesse dans I'expression. Le Psalmiste exprime le
desir et I'espoir de revoir la maison du Seigneur, lequel est sa joie et son salut (vers. 2-9);
il predit la ruine de ses ennemis et son propre triomphe (10-12).
Ce cantique est une priere du matin, et il avail cette destination dans la liturgie de la
primitive Eglise {Constit. apostol. ii, 59); il en est de meme dans la liturgie aduelle, ou il
figure dans rofifice des Laudes.
Ps. Ixiii. -^PSAUME de David. Lorsqu'il etait dans le desert de Juda.
2 O Dieu, tu, es mon Dieu, je te cherche dls Vaurore;
Mon ame a soif de toi, ma chair languit apres toi,
Dans une terre aride, dessechee et sans eau.
3 C'est ainsi que je te contemplais dans le sandluaire,
Pour voir ta puissance et ta gloire.
4 Car ta grace est meilleure que la vie;
Que mes levres celebrent tes louanges !
5 Ainsi te benirai-je toute ma vie.
En ton nom j'eleverai mes mains.
6 Mon ame sera rassasiee comme de moelle et de graisse,
Et, la joie sur les levres, je chanterai tes louanges.
7 Quand je pense .\ toi sur ma couche,
Je mddite sur toi pendant les veilles de la nuit.
8 Car tu es mon secours,
Et je suis dans I'allegresse .\ I'ombre de tes ailes.
9 Mon ame est attachee ;\ toi,
Ta droite me soutient.
10 Mais eux, mes ojneiiits, cherchent a m'oter la vie :
lis iront dans les profondeurs de la terre.
11 On les livrera au glaive,
Ils seront la proie des chacals.
12 Et le roi se rejouira en Dieu;
Quiconque jure par lui se glorifiera,
Car la bouche des menteurs sera fermde.
LIBER PSALMORUM.
121
anima mea : quoniam ab ipso pa-
tientia mea. 7. Quia ipse Deus mens,
et salvator meus : adjutor meus, non
emigrabo. 8. In Deo salutare meum,
et gloria mea : Deus auxilii mei, et
spes mea in Deo est. 9. Sperate in
eo omnis congregatio populi, effun-
dite coram illo corda vestra : Deus
adjutor noster in asternum.
10. Verumtamen vani filii homi-
num, mendaces filii hominum in
stateris : ut decipiant ipsi de vani-
tate in idipsum. 11. Nolite sperare
in iniquitate, et rapinas nolite con-
cupiscere : divitias si affluant, nolite
cor apponere. 12. Semel locutus est
Deus, duo base audivi, quia potestas
Dei est, 13. et tibi Domine miseri-
cordia : "quia tu reddes unicuique
juxta opera sua.
— :;:— PSALM US LXII. — :;:—
Exsul se in Dei laudibus consolatur :
praedicit hostiiim ruinam.
1. Psalmus David,
Cum esset in deserto Idumasa^.
(i Re^. 22, 5.)
EUS Deus meus ad te de
luce vigilo. "Sitivit in te
anima mea, quam multi-
pliciter tibi caro mea, 3, In
terra deserta, et invia, et inaquosa :
sic in sancto apparui tibi, ut vide-
rem virtutem tuam, et gloriam
tuam. 4, Quoniam melior est mise-
ricordia tua super vitas : labia mea
laudabunt te. 5. Sic benedicam te in
vita mea : et in nomine tuo levabo
manus meas. 6. Sicut adipe et pin-
guedine repleatur anima mea : et la-
biis exsultationis laudabit os meum.
7. Si memor fui tui super stratum
meum, in matutinis medi tabor in
te : 8. quia fuisti adjutor meus. Et
in velamento alarum tuarum exsul-
tabo, 9. adhassit anima mea post te :
me suscepit dextera tua. 10. Ipsi
vero in vanum quassierunt animam
meam, introibunt in inferiora ter-
ras : II. tradentur in manus gladii,
partes vulpium erunt. 12. Rex vero
lastabitur in Deo, laudabuntur om-
nes qui jurant in eo : quia obstru-
ctum est OS loquentium iniqua.
"Supra 41,
9. Peiiple, la partie du peuple restee fidele
k David.
10. La seconde partie du verset est mal
coupee et mal traduite dans la Vulg.
12-13. Une parole... ces deux paroles : \o-
cution hebraique (comp. Prov. vi, 16; xxx,
15, 18, al.) dont le sens est : Dieu a dit et
j'ai entendu ces deux choses, savoir : il est
puissant, il est bon. Le Psalmiste presente
cette double verite comme une revelation
divine imprimee dans sa conscience par le
spedlacle de la Providence de Dieu dans
I'ordre moral. Au mechant qui r^siste a sa
volonte, il fait sentir sa puissance par le
chatiment; au juste qui le sert, il fait sentir
sa bont^ par la recompense.
PSAUME LXIII.
2. O Dieu., hebr. Elohim : la redaflion
primitive portait sans do\i\.& Jehovah : voy.
la note de Ps. xlii, 2. — Mon dme... ma
chair.^ I'homme tout entier. — Da7is une
lerre aride., etc., image, dans la pensde du
Psalmiste, de la desolation de son ame loin
du sandluaire de son Dieu.
3. Cest attisi, anime des memes d^sirs,
que souvent je t'ai visite dans ton sandluaire,
pour mediter tes infinies perfecflions.
5. Ainsi : meme sens qu'au vers. 3. —
y'e'leveral mes mains : geste de la priere.
6. De moelle et de graisse, symboles des
benedidlions divines [Deut. xxxii, \^; Jer.
xxxi, 14) : ces mots doivent etre pris au
figure.
10. Les profondeurs de la terre, le scheol,
s^jour des ames apres la mort.
11. Chacals (Vulg. rena?-ds), animaux qui
devorent les cadavres : comp. II Satn.
xviii, 8.
12. Le rot, David retabli sur son trone.
— Jure par ha, par Dieu {Deut. vi, 13), le
Dieu d'Israel et de David, et reconnait sa
toute-puissance. — Se glorifiera : les faits
lui montreront la justice de cette reconnais-
sance et de cet hommage. — La bouche des
nieitteurs qui, en refusant I'obeissance k
I'oint du Seigneur, se sont par la meme re-
voltes contre Dieu.
122
DEUXifiME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. Ixiv.
PSAUME LXIV (VULG. LXIIl\
Nvironne de pieges et de calomnies, David implore le secours de Dieu (vers. 2-7);
il voit ses ennemis frappes d'un chatiment divin, qui remplit les hommes de ter-
SIJ reur et les justes de joie (8-1 1). Ce Psaiime parait se rapporter a la persecution de
Saiil. Les Peres en ont fait Tapplication au Messie, poursuivi par la haine et les calomnies
des Juifs.
' AU maitre de chant. Psaume de David.
2 O Dieu, ecoute ma voix, quand je fais entendre mes plaintes;
Defends ma vie contre un ennemi qui m'epouvante;
3 Protege-moi contre les complots des malfaiteurs,
Contre la troupe soulevee des hommes iniques,
4 Qui aiguisent leurs langues comme un glaive,
Qui preparent leurs fleches — leur parole amere ! —
5 Pour les decocher dans I'ombre contre I'innocent :
lis les decochent contre lui a I'improviste, sans rien craindre.
6 II s'affermissent dans leurs desseins pervers,
lis se concertent pour tendre leurs pieges;
lis disent : " Qui les verra?"
7 lis ne meditent que forfaits :
" Nous sommes prets, diseni-ils, notre plan est bien dresse."
L'intdrieur de I'homme et son coeur sont un abime !
8 Mais Dieu a lance sur eux ses traits :
Soudain les voilk blesses !
9 lis sont jetes par terre; les traits de leur langue retombent sur eux !
Tous ceux qui les voient branlent la tcte !
10 Tous les hommes sont saisis de crainte;
lis publient I'ceuvre de Dieu,
lis comprennent ce qu'il a fait.
11 Le juste se rejouit en Jdhovah et se confie en lui;
Tous ceux qui ont le coeur droit se glorifient.
PSAUME LXV (VULG. LXIV).
Ps. Ixv.
^^^E peuple rassemble autour du sandluaire de Sion remercie Dieu de ses bienfaits :
d'abord du pardon des peches (vers. 2-5); ensuite des biens physiques qu'il repand
sur tous les peuples, et surtout sur Israel, qu'il protege contre les nations ido-
latres (6-9); enfin de I'abondance de la recolte (10-14).
Delitzsch et d'autres placent la composition du Psaume sous Ezechias, au printemps
de la y annee apres I'exteimination des Assyriens {Is. xxxi, 30). Mais rien n'oblige a
contredire le titre, qui I'attribue k David. Ce roi I'aurait compose pour la fete des Taber-
nacles, et nous montrerons que tous les details conviennent bien h. celte circonstance.
^ AU maitre de chant. Psaume de David. Cantique.
2 A toi est due la louange, 6 Dieu, dans Sion;
On accomplit les voeux qu'on te fait.
3 O toi, qui ecoutes la pricre,
Tous les hommes viennent h. toi.
4 Un amas d'iniquites pesait sur mol :
Tu pardonnes nos transgressions.
5 Heureux celui que tu choisis et que tu admets en ta presence,
Pour c[u'il habite dans tes parvis !
Puissions-nous etre rassasies des biens de ta maison,
De ton saint temple !
PSAUME LXIV.
4. Qui aigtcisent : de bons manuscrits de
la Vulg. lisent qui (comme dans I'hebr. et
les LXX) au lieu de qtiia. — Preparent,
\\\.t. foule?tt du pied leurflcche. Pour bander
un arc, les anciens appuyaient le pied des-
sus : d'ou la locution, fouler un arc, et par
extension fouler une Jlhhe.
LIBER PSALMORUM.
123
— :i:— PSALMUS LXIII. — *—
Implorat Dei opem contra inimicos :
peribunt et laetabitur Justus.
I. In finem, Psalmus David.
^XAUDl Deus orationem
meam cum deprecor : a
timore inimici eripe ani-
mam meam. 3. Protexisti
me a conventu malignantium : a
multitudine operantium iniquita-
tem. 4. Quia exacuerunt ut gladium
linguas suas : intenderunt arcum
rem amaram, 5. "ut sagittent in oc-
cultis immaculatum. 6. Subito sa-
gittabunt eum, et non timebunt :
firmaverunt sibi sermonem nequam.
Narraverunt ut absconderent la-
queos : dixerunt : Quis videbit eos.^
7. Scrutati sunt iniquitates : defe-
cerunt scrutantesscrutinio. Accedet
homo ad cor altum :
8. Et exaltabitur Deus. Sagittas
parvulorum factae sunt plagae eo-
rum : 9. et infirmitatas sunt contra
eos linguas eorum. Conturbati sunt
omnes qui videbant eos : 10. et ti-
muit omnis homo. Et annuntiave-
runt opera Dei : et facta ejus intel-
lexerunt. 11. Lastabitur justus in
Domino, et sperabit in eo, et lau-
dabuntur omnes recti corde.
— *— PSALMUS LXIV. — :;:—
Deus laudandus propter beneficia quibus
homines cumulat.
I, In finem, Psalmus David.
Canticum Hieremiae et Ezechie-
lis populo transmigrationis, cum
inciperent exire.
]E decet hymnus Deus in
Sion : et tibi reddetur vo-
tum in Jerusalem, 3. Ex-
audi orationem meam : ad
te omnis caro veniet. 4. Verba ini-
quorum praevaluerunt super nos :
et impietatibus nostris tu propitia-
beris. 5. Beatus, quem elegisti, et
5. Dans Vombre, litt. dans des cachettes.
— Sa7is riefi craindre, ni de Dieu, ni des
hommes.
6. Qui les verm (comp. x, 1 1 ; lix, 7).
7. Nous soinmes, etc. D'autres, ils sont
prets, leur plan, etc.; ou bien, z/s exccutent
tin plati bien combine. — Un abinie de per-
versite {Jer. xvii, 9).
Les deux derniers membres ne presentent
aucun sens dans la Vulg. ; le texte meme
n'en est pas sur, car de bons manuscrits
lisent scrutinia au lieu de scruiinio, et et cor
au lieu de ad cor.
8. A lance : passe de certitude, pour va
lancer. La Vulg. apres les LXX ayant lu
autrement traduit : et Dieu sera exalte; les
Jleches des insotses (hebr. pethaim au lieu
de pitheom) sotit devenues leurs blessures,
ils se sont percds de leurs propres fleches.
9. lis sont renverses, litt. on le (pour
les) precipite : ott, una force superieure au
service de Dieu, que le Psalmiste ne de-
termine pas : comp. Ltic, xii, 20. D'au-
tres autrement. Vulg., leurs langues redui-
tes a Vimpuissance se sont retournees cen-
tre eux. — Branlent ou secouent la tete :
geste d'etonnement, mele d'approbation et
de raillerie.
II. Se glorifietit, s'applaudissent de s'etre
attaches fidelement a Dieu (Le Hir).
PSAUME LXV.
r. La Vulg. ajoute au titre : caniique de
JeWniie et d'Eze'chiel pour le peuple de la
captivite, lorsqu'il commeriqa a partir : ces
mots ne se trouvent ni dans les LXX ni
dans le Syriaque; on sait d'ailleurs que Je-
remie n'alla jamais a Babylone, et qu'Eze-
chiel mourut tres probablement avant le
retour des exiles.
2. Est due, ou convientj c'est ainsi que
les LXX et la Vulg. traduisent I'hebr. dou-
niiah. D'autres avec S. Jerome : le silejice
est ta louange : I'ame qui se met en presence
de Dieu, penetree et comme effrayee de ses
infinies perfecflions, ne trouve pas d'abord
de paroles pour exprimer tout ce qu'elle de-
couvre et tout ce qu'elle sent. Delitzsch,
comparant Ps. Ixii, i, entend par doutniah
la soumission interieure.
3. Qui ecoutes la pricre : par opposition
aux idoles sourdes et muettes {Ps. cxv, 4-7;
cxxxv, 16). — Tous les homines, litt. toute
chair : I'homme designe par sa partie la
plus fragile. — Vien/iefit a toi, comme h.
leur supreme refuge.
5. Tes parvis... ton saijit temple : I'em-
phase poetique admet ces expressions en
parlant du tabernacle. — Rassasi^s, com-
bles : le sancfluaire est la maison de Dieu
124
DEUXifeME LIVRE DES PSAUMES.
6 Par des prodiges ou se montre ta justice, tu nous exauces, Dieu de notre salut,
Espoir des extr^mitds de la terre et des mers lointaines.
7 — II afifermit les montagnes par sa force,
II est ceint de puissance;
8 II apaise la fureur des mers, la fureur de leurs Acts,
Et le tumulte des peuples. —
9 Les habitants des pays lointains reverent tes prodiges,
Tu remplis d'allegresse I'Orient et I'Occident.
10 Tu as visite la terre pour lui donner I'abondance,
Tu la combles de richesses;
La source divine est remplie d'eau :
Tu prepares le ble, quand tu la fertilises ainsi.
11 Arrosant ses sillons, aplanissant ses mottes,
Tu I'amollis par des ondees,
Tu benis ses germes.
12 Tu couronnes I'annee de tes bienfaits,
Sur tes pas ruisselle la graisse.
13 Les paturages du desert sont abreuves,
Et les collines se revetent d'allegresse.
14 Les prairies se couvrent de troupeaux,
Et les vallees se parent d'epis;
Tout se rejouit et chante.
PSAUME LXVI (VULG. LXV).
E Psaume est un chant d'acftions de graces k la suite d'une grande vicfloire, peut-etre
rextermination de I'armee de Sennacherib. Auteur inconnu. II se divise en deux par-
ties : dans la F^, I'auteur parle au pluriel, au nom du peuple (vers. 1-13); dans la 2^,
au nom du grand pretre entrant dans le temple pour offrir des sacrifices k Jehovah (14-20).
Ps. Ixvi. ^ AU maitre de chant. Cantique. Psaume.
Pousse vers Dieu des cris de joie, terre entiere!
2 Chantez la gloire de son nom,
Celebrez ses louanges magnifiquement !
3 Dites h. Dieu : " Que tes oeuvres sont redoutables !
A cause de ta toute-puissance, tes ennemis te flattent.
4 Que toute la terre se prosterne devant toi et chante en ton honneur!
Ou'elle chante ton nom ! " — Se7a.
5 Venez et contemplez les grandes oeuvres de Dieu !
II est redoutable dans ses desseins sur les fils de I'homme.
6 II a change la mer en une terre seche,
On a passe le fleuve h. pied;
Alors nous nous rejouimes en lui.
7 II regne eternellement par sa puissance;
Ses yeux observent les nations :
Que les rebelles ne s'elcvent point ! — Si'/a.
8 Peuples, benissez notre Dieu,
Faites retentir sa louange !
9 II a conserve la vie k notre ame,
Et n'a pas permis que notre pied chancelat.
10 Car tu nous as eprouves, 6 Dieu,
Tu nous as fait passer au creuset, comme I'argent.
11 Tu nous as conduits dans le filet,
Tu as mis sur nos reins un pesant fardeau.
dans laquelle, comme un hote magnifi-
que, il regoit ses amis et les comble de
ses biens.
8. // apaise : les versions"(ayant lu pro-
bablement scJiabats au lieu de schabacli)
disent tout le contraire : // trouble, il agite
les profondeurs des mers, etc.
Si, comme le pense Delitzsch, le Psaume
a etd compose sous Ezechias, on pent voir
ici une imitation d'lsaie, vii, 12-14.
LIBER PSALMORUM.
125
assumpsisti : inhabitabit in atriis
tuis. Replebimur in bonis domus
tuae : sanctum est templum tuum,
6, Mirabile in asquitate. Exaudi
nos Deus salutaris noster, spes om-
nium finium terras, et in mari longe.
7, Prasparans montes in virtute tua,
accinctus potentia : 8. qui conturbas
profundum maris, sonum fluctuum
ejus. Turbabuntur gentes, 9. et ti-
mebunt qui habitant terminos a si-
gnis tuis : exitus matutini et vespere
delectabis.
10. Visitasti terram, et inebriasti
earn : multiplicasti locupletare earn.
Flumen Dei repletum est aquis, pa-
rasti cibum illorum : quoniam ita
est praeparatio ejus. 11. Rivos ejus
inebria, multiplica genimina ejus :
in stillicidiis ejus lastabitur germi-
nans. 12. Benedices coronas anni
benignitatis tuas : et campi tui re-
plebunturubertate. 13. Pinguescent
speciosa deserti : et exsultatione
colles accingentur. 14. Induti sunt
arietes ovium, et valles abundabunt
frumento : clamabunt, etenim hym-
num dicent.
*7«
— :i^ PSALMUS LXV. — *—
Hortatio ad laudandum Deum ob ejus
mirabilia opera et beneficia.
I. In finem,
Canticum Psalmi resurrectionis.
UBILATE Deo omnis
terra, 2. Psalmum dicite
nomini ejus : date gloriam
laudi ejus. 3. Dicite Deo,
quam terribilia sunt opera tua Do-
mine! in multitudine virtutis tuae
mentientur tibi inimici tui. 4. Om-
nis terra adoret te, et psallat tibi :
psalmum dicat nomini tuo.
5. Venite, et videte opera Dei :
terribilis in consiliis super filios
hominum. 6. Qui convertit mare in
aridam, in flumine pertransibunt
pede : ibi lastabimur in ipso. 7. Qui
dominatur in virtute sua in aster-
num, oculi ejus super gentes respi-
ciunt : qui exasperant non exalten-
tur in semetipsis.
8. Benedicite gentes Deum no-
strum : et auditam facite vocem
laudis ejus, 9. qui posuit animam
meam ad vitam : et non dedit in
commotionem pedes meos. i o.^Ouo-
niam probasti nos Deus : igne nos
examinasti, sicut examinatur ar-
gentum. 11. Induxisti nos in la-
" Prov. 17,
10. Four lui donner (litt. et tu lui donties)
Vabondance. Le Hir et d'autres : et tu re-
pands stir elle les pluies. — La source di-
vine, ou le ruisseati divin, c'est la rosee et
la pluie que Dieu fait tomber sur le sol pour
le fdconder.
12. Tu couronnes, etc. : I'annee entiere
a ete une serie non interrompue de bien-
faits. — Sur tes pas, litt. dans tes ornieres,
les ornieres du char sur lequel Dieu est
cense parcourir le pays.
13. Les collines personnifiees (comp.
Ps. xcvi, II sv. xcviii, 7 sv. Is, xliv, 23;
xlix, 13) : leur luxuriante verdure est com-
paree k une parure joyeuse qui revet leurs
flancs jadis denudes.
PSAUME LXVI.
I. Les LXX et la Vulg. ajoutent, de la
resurre^ion : ce mot indique le sens spiri-
tuel du Psaume, lequel exprime la recon-
naissance des elus au jour de la resurreeflion.
2. Celebrez, etc. ; litt. places gloire sa
louange, c.-k-d. offrez-Iui une glorieuse
louange; d'autres autrement. Vulg., donnez
gloire a sa loiiange.
3. Te flat tent, t'adressent des hommages
peu sinceres, que I'effroi leur arrache.
4. Ce voeu ne sera realise que dans les
temps messianiques.
5. Les grandes ceuvres de Dieu, ce qu'il a
fait en faveur de son peuple a partir de la
sortie d'Egypte. — Ses desseins, plus exac-
tement son a^lion, so7i gouvernenient.
6. La nier Rouge. - - Lejleuve du Jour-
dain {/os. iii, 14, 16).
7. // regne, etc. Son regne est sans fin;
il peut renouveler en notre faveur les mer-
veilles passees. — Ses yeux observent, pour
recompenser ou punir. — Ne s'elevent point,
ne se croient pas, dans leur fol orgueil, a
I'abri de tes vengeances.
126
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
12 Tu as fait marcher cles hommes sur nos tetes;
Nous avons passe par le feu et par I'eau;
Mais tu nous en as tires pour nous conduire au sein de I'abondance.
13 Je viens dans ta maison avec des holocaustes,
Pour m'acquitter envers toi de mes voeux,
14 Que mes levres ont proferes,
Que ma bouche a prononces au jour de ma detresse.
15 Je t'offre des brebis grasses en holocauste,
Avec la fumee des beliers;
J'immole le taureau et le jeune bouc. — Sela.
16 Venez, ecoutez, et je vous raconterai, a vous tous qui craignez Dieu,
Ce qu'il a fait a mon ame.
17 J'ai crie vers lui de ma bouche,
Et sa louange etait sur ma langue.
18 Si j'avais vu I'iniquite dans mon coeur,
Le Seigneur ne m'exaucerait pas.
19 Mais Dieu m'a exauce,
II a etd attentif h. la voix de ma priere.
20 Beni soit Dieu,
Qui n'a pas repousse ma priere,
Et n'a pas eloign^ de moi sa grace !
PSAUME LXVII (VULG. LXVl).
[E cantique, sans nom d'auteur, traite un sujet analogue a celui du Ps. Ixv : le
Psalmiste remercie Dieu de ses bienfaits en general, et en particulier de la rdcolte,
ij^%3l et il invite tous les peuples k s'unir a cette aflion de graces. Dans sa pensee, cette
heureuse rdcolte est pour Israel I'accomplissement de la benediction divine donnee a ses
peres Lev. xxvi, 4, benedi(flion qui doit se communiquer par lui a toutes les nations de la
terre.
Au sens spirituel, ce cantique, dit Theodoret, annonce Tincarnation du Verbe divin
et le salut apportd par lui a tous les peuples.
Ps. Ixvii. ^ AU maitre de chant. Avec instruments a cordes. Psaume. Cantique.
2 Que Dieu nous soit favorable et qu'il nous benisse!
Qu'il fasse luire sur nous sa face, — i^cla.
3 Afin que Ton connaisse sur la terre ta voie,
Et parmi toutes les nations ton salut!
4 Que les peuples te louent, 6 Dieu,
Que les peuples te louent tous!
5 Que les nations se rejouissent, qu'elles soient dans I'allegresse!
Car tu juges les peuples avec droiture,
Et tu conduis les nations sur la terre. — Sdla.
6 Que les peuples te louent, 6 Dieu,
Que les peuples te louent tous!
7 La terre a donne ses produits ;
Que Dieu, notre Dieu nous benissel
8 Que Dieu nous benisse,
Et que toutes les extr^mites de la terre le reverent!
PSAUME LXVIII (VULG. LXVIl).
AR sa magnificence poetique et le caradlere archaique du style, ce Psaume rappelle
le cantique de Debora. L'opinion la plus probable en place la composition apres
Wi la longue et terrible guerre que David soutint centre les Ammonites et les Syriens.
L'arche avait accompagne I'armee d'Israel; la vicftoire remportee, on dut la ramener a
Jerusalem et la replacer dans le tabernacle du mont Sion (II Sam. xi, 11). Ce retour
LIBER PSALAIORUM.
127
queum,posuisti tribulationes in dor-
so nostro : 12. imposuisti homines
super capita nostra. Transivimus
per ignem et aquam : et eduxisti
nos in refrigerium.
13. Introibo in domum tuam in
holocaustis : reddam tibi vota mea,
14. quas distinxerunt labia mea. Et
locutum est os meum, in tribula-
tione mea. 15. Holocausta medul-
lata oiFeram tibi cum incenso arie-
tum : offeram tibi boves cum hircis.
16. Venite, audite, et narrabo,
omnes qui timetis Deum, quanta
fecit animas meae. 17. Ad ipsum ore
meo clamavi, et exaltavi sub lingua
mea. 18. Iniquitatem si aspexi in
corde meo, non exaudiet Dominus.
19. Propterea exaudiv^it Deus, et
attendit voci deprecationis meas.
20. Benedictus Deus, qui non amo-
vit orationem meam, et misericor-
diam suam a me.
— :>— PSALM US LXVL — :i=—
Orat ut Deus ab omnibus gentlbus cogno-
scatur et laudetur.
.1.
— • —
•1*
In finem,
I. In hymnis, Psalmus Cantici
David.
EUS misereatur nostri, et
benedicat nobis : illumi-
net vultum suum super
nos, et misereatur nostri.
3. Ut cognoscamus in terra viam
tuam : in omnibus gentibus saluta-
re tuum.
4. Confiteantur tibi populi Deus :
confiteantur tibi populi omnes.
5. Laetentur et exsultent gentes :
quoniam judicas populos in asqui-
tate, et gentes in terra dirigis.
6. Confiteantur tibi populi Deus :
confiteantur tibi populi omnes :
7. Terra dedit fructum suum.
Benedicat nos Deus, Deus noster,
8. benedicat nos Deus : et metuant
eum omnes fines terr«.
12. Tu as fait marcher : tu nous as fait
ecraser sous les pieds des chevaux : image
de la plus horrible calamite. Sur plusieurs
monuments de I'ancienne Egypte on trouve
represente un conquerant poussant son
char de guerre sur ses ennemis couches
par terre.
15. Lafiimee, la graisse des beliers brulee
sur I'autel.
17. De ma boiiche., non seulement du fond
du coeur, mais a haute voix, avec force. —
Sa loieange etait dejk sur ma langice, tant
j'etais siar d'etre exauce.
18. Si favais vie, si j'avais eu con-
science d'avoir gravement offense Dieu ; ou
bien, si j^avais eit en vice, si j'avais forme
dans mon coeur le dessein de commettre
I'iniquit^.
19. Mais, on ?iVQc\2iY\.\\g.,c'est pourquoi,
parce que, au-dessous de ma priere, il y
avait un coeur pur.
PSAUME LXVII.
2. Qii^il fasse liiire, etc. : qu'il nous ac-
corde sa faveur. Comp. Nombr. iv, 24, 26.
3. Ta voie, ta conduite dans le monde, la
realisation progressive de tes desseins, pour
le salid, non seulement d'Israel, mais aussi
de toutes les nations.
5. Til condiiis les nations dans les voies
que ta sagesse leur a assigne'es.
7. ^es prodiiitsj\>\x\g., son fruit : dans le
sens spirituel, le Messie, Sauveur du monde.
v*^ v*^ v^^ v*^
128
DEUXI^ME LIVRE DES PSAUMES.
triomphal est le sujet du cantique; mais I'enthousiasme de I'auteur deborde bien au-dela
de ce cadre ; il y fait entrer toute Thistoire passee et future d'Israel. L'auguste char part,
non pas de Rabbath-Ammon, mais du Sinai, et traverse le desert en vainqueur pour
arriver sur la colline de Sion, que Jehovah s'est choisie pour demeure; puis, jetant un
coup d'oeil sur I'avenir, le Psalmiste aperqoit tous les peuples idolatres reprdsentes par
I'Egypte et I'Ethiopie, qui viennent rendre hommage au Dieu d'Israel.
Le veritable sujet du Psaume est done la vi(floire du Dieu d'Israel sur le monde.
L'auteur debute par les paroles qui servaient de signal au depart de I'arche dans la tra-
versee du desert (vers. 2); apres un court developpement de ces paroles (3-4), il rappelle
les principales merveilles que Dieu opera alors en faveur de son peuple (5-15), puis le
choix qu'il fit de la colline de Sion pour y etablir son sancluaire (16-17); il decrit ensuite
la ceremonie elle-meme (18-28), et demande a Dieu d'achever son oeuvre, c.-a-d. de sou-
mettre tous les peuples k son empire (29-32); il conclut par une louange h. Jehovah (33-36).
S. Paul {EpJies. iv, 8) applique ce cantique a Jesus-Christ remontant au ciel, ou il
reqoit les hommages de I'humanite rachetee par son sang.
Ps. Ixviii. lAU maitre de chant. Psaume de David. Cantique.
2 Que Dieu se leve, et que ses ennemis soient disperses,
Et que ceux qui le haissent fuient devant sa face!
3 Comme se dissipe la fumee, dissipe-les;
Comme la cire se fond au feu,
Que les inechants disparaissent en face de Dieu!
4 Mais que les justes se rejouissent et tressaillent devant Dieu;
Ou'ils soient transportes d'allegresse!
5 Chantez a Dieu, celebrez son nom!
Frayez le chemin a celui qui s'av-ance a travers les plaines!
Jehovah est son nom; tressaillez devant lui!
6 II est pere des orphelins et juge des veuves,
Notre Dieu dans sa sainte demeure.
7 Aux abandonnes Dieu donne une maison;
II delivre les captifs et les rend au bonheur;
Mais les rebelles restent au desert briilant.
8 O Dieu, quand tu sortais k la tete de ton peuple,
Ouand tu t'avan^ais dans le desert, — Scla.
9 La terre fut ebranlee,
Les cieux eilx-memes se fondirent devant Dieu,
Le Sinai trcmbla devant Dieu, le Dieu d'Israel.
10 Tu fis tomber, 6 Dieu, une pluie de bienfaits sur ton heritage;
II etait dpuise, tu le reconfortas.
11 Envoyes par toi, des animaux vinrent s'y abattre;
C'est ainsi que ta bonte prepare leur aliment aux malheureux.
12 Le Seigneur a fait entendre sa parole;
Les femm.es qui annoncent la vicloire sont une troupe nombreuse.
13 " Les rois des armees fuient, fuient,
Et celle qui habite la maison partage le butin. "
14 Quand vous etiez couches au milieu des bercails,
Les ailes de la colombe etaient reconvenes d'argent,
Et ses plumes brillaient de I'eclat de Tor.
15 Lorsque le Tout- Puissant dispersait les rois dans le pays,
La neige tombait sur le Selmon,
PSAUME LXVIII.
5. Chantez : I'invitation est adressee au
cortege qui accompagnait I'arche. — A tra-
vers les plaines, les steppes oil I'arche doit
passer pour revenir a Jerusalem : allusion
aux plaines du desert. Vulg., ix celui qui
nionte sur le couc/iant, le monl Sion, situe
k I'occident du pays des Ammonites.
6. Juge, qui rend justice, defenseur. — Sa
sainte demeure, le tabernacle du mont Sion.
7. Ce que Dieu fait maintenant pour nous,
il I'avait fait autrefois pour nos peres, aban-
don/u's et captifs en Egypte, en leur donnant
une maison, un pays h. eux, une patrie, le
pays de Chanaan. D'autres, comparant ste-
rilcin in donio du Ps. cxiii, 9, entendentpar
maison, non une habitation, mais une fa-
LIBER PSALMORUM.
129
— :i:— PSALM US LXVIL —^-
Cantus triumphalis quo exaltatur summa
Dei benignitas et providentia.
In finem,
I. Psalmus Cantici ipsi David.
XSURG AT Deus, et dis-
sipentur inimici ejus, et
fugiant qui oderunt eum,
a facie ejus. 3. Sicut defi-
cit fumus, deficiant : sicut fluit cera
a facie ignis, sic pereant peccatores
a facie Dei. 4. Et justi epulentur, et
exsultent in conspectu Dei : et dele-
ctentur in lastitia.
5. Cantate Deo, psalmum dicite
nomini ejus : iter facite ei, qui
ascendit super occasum : Dominus
nomen illi. Exsultate in conspectu
ejus, turbabuntur a facie ejus, 6. pa-
tris orphanorum, et judicis vidua-
rum. Deus in loco sancto suo :
7. Deus qui inhabitare facit unius
moris in domo : qui educit vin-
ctos in fortitudine, similiter eos,
qui exasperant, qui habitant in se-
pulcris.
8. Deus cum egredereris in con-
spectu populi tui, cum pertransires
in deserto : 9. terra mota est, etenim
coeli distillaverunt a facie Dei Sinai,
a facie Dei Israel. 10. Pluviam vo-
luntariam segregabis Deus heredi-
tati tuas et infirmata est, tu vero
perfecisti earn. 11. Animalia tua
habitabunt in ea : parasti in dulce-
dine tua pauperi, Deus.
12. Dominus dabit verbum evan-
gelizantibus, virtute multa. 13. Rex
virtutum dilecti dilecti : et speciei
domus dividere spolia. 14. Si dor-
miatis inter medios cleros, pennas
columbas deargentatas, et posteriora
dorsi ejus in pallore auri. 15. Dum
mille. — Les rebelles, les Hebreux qui mur-
murerent centre Dieu et se revolterent cen-
tre Moise : ils perirent dans le desert {Hebr.
iii, 17).
9. Se fondirent : le Psalmiste decrit par
ce mot, la tempete, accompagnee peut-etre
de torrents de pluie, qui environnait la mon-
tagne pendant que Dieu parlait a Mo'ise.
Le Hir : les cieux firent toinber de devant
Dieu la inafine. — Le Sinai ^ litt. ce Sittai
(hebr. ze Sinai) est probablement une glose
inseree plus tard,
10. Pluie de bienfaits, plus exaftement de
ge'ne'rosite's : soit I'ensemble des benedic-
tions que Dieu repandit sur le sol de Cha-
naan {Deut. xi, 1 1-14), soit plutot les moyens
miraculeux par lesquels Dieu nourrit les
Hebreux dans le desert : manne, cailles,
eau du rocher.
1 1 . Allusion aux cailles qui vinrent s'abat-
tre dans le camp des Hebreux {Exod. xvi).
Telle est I'explication de Le Hir, La plu-
part traduisent : ton troupeau (Israel. Comp.
Ps. Ixxiv, 19; Mich, vii, 14) etablit sa demeure
dans le pays; tu prc'pares dans ta bontc aux
fnalheureu.x, tu pourvois aux besoins de ce
peuple encore pauvre et faible.
Suit I'histoire de la conquete.
12. Sa parole, une parole de commande-
ment : Dieu commande le combat et en
meme temps la vi(51.oire des Hebreux. —
Les feiiiuics, messageres et chantres du
triomphe, comme Marie {Exod. xv, 20),
comme Debora (/«^. v) : comp. I Sam.
N° 23, — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — Q
xviii, 6. Le vers. 13 renferme I'expression
de leur message et de leur chant.
13. Comp. Jug. V, 3, 19, 30. Fuient, hebr.
tddodoun, de nadad. Les LXX et la Vulg.
font venir ce mot de iadad, aimer, et le tra-
duisent par dilefli (gen. sing.), ce qui ne
donne aucun sens. — Celle qui habile la
viaison, qui y reste : la femme, surtout en
Orient ; les guerriers lui apportent les dc-
pouilles de I'ennemi (II Sam. i, 24).
14. Couches au milieu des bercails, des
pares ou sont enferme's les troupeaux : image
de la paix et du repos. — La colombe est le
peuple hebreu {Os. vii, ii; xi, 11); I'argent
et I'or qui brille sur ses ailes figurent, soit
les richesses du sol, soit les depouilles pri-
ses a I'ennemi.
15. -Le Selinon {Jug. ix, 48) est une petite
montagne pres de Sichem, au centre de la
Palestine. L'interpretation de ce second
membre reste douteuse ; presque chaque
exegete a la sienne. Delitzsch : la neige
brillait (litt. il neigeait) sur le Selmon :
cette montagne,toutecouvertedes depouilles
(armes, objets precieux) des fugitifs, brillait
comme si la neige y etait tombde : voy. dans
Hoiliere (//. xix, 357 sv.) une comparaison
analogue. — Patrizi rapporte les vers. 14-15
a Debora (comp. Jug. v, 16) qui etait de la
tribu d'Ephraim : quand vous eties couches,
etc., il y avait une colombe aux ailes cou-
vertes d'or et d'argent dont Dieu se servit
pour disperser les rois de Chanaan, et qui
etait blanche et pure comme le Selmon cou-
130
DEUXifeME LIVRE DES PSAUMES.
1 6 Montagne de Dieu, montagne de Basan,
Montagne aux cimes elev^es, montagne de Basan,
17 Pourquoi regardez-vous avec envie, montagnes aux cimes elevdes,
La montagne que Dieu avoulue pour sdjoui?
Oui, Jehovah y habitera k jamais!
Le char de Dieu, ce sont cles milliers et des milliers;
Le Seigneur vient du Sinai dans son sanfluaire.
Tu montes sur la hauteur, emmenant la foule des captifs;
Tu regois les presents des hommes,
Meme les rebelles habiteront pres de Jehovah Dieu!
18
19
20 Beni soit le Seigneur!
Chaque jour il porte notre fardeau;
II est le Dieu qui nous sauve. — Sela.
21 Dieu est pour nous le Dieu des delivrances;
Jehovah, le Seigneur, peut retirer de la mort.
22 Oui, Dieu brisera la tete de ses ennemis,
Le front chevelu de celui qui marche dans I'iniquite.
23 Le Seigneur a dit " Je les ramenerai de Basan,
Je les ramenerai du fond de la mer,
24 Afin que tu plonges ton pied dans le sang,
Et que la langue de tes chiens ait sa part des ennemis."
25 On voit ta marche, 6 Dieu,
La marche triomphale de mon Dieu, de mon roi, vers le sanefluaire.
26 En avant sont les chanteurs, puis les musiciens;
Au milieu, des jeunes fiUes battant du tambourin.
27 " Benissez Dieu dans les assemblees,
Bcnissez le Seigneur, descendants d'Israel."
28 Voici Benjamin, le plus petit, qui domine sur eux;
Void les princes de Juda avec leur troupe,
Les princes de Zabulon, les princes de Nephthali.
29 Commande, 6 Dieu, a ta puissance,
Affermis, 6 Dieu, ce que tu as fait pour nous.
y:> A ton sancfluaire qui s\'lcve au-dessus de Jerusalem,
Les rois t'offriront des presents.
31 Menace la bete des roseaux,
La troupe des taureaux et les troupeaux des peuples,
Afin cju'ils se prosternent avec des pieces d'argent.
Disperse les nations qui se plaisent aux combats!
32 Que les grands viennent de I'Egypte,
Que I'Ethiopie s'empresse de tendre les mains vers Dieu.
vert de neige. — Le Hir joint le vers. 15
aux suivants : le Selmon se presenta aux
regards d'Israel comme une belle et haute
montagne, puisqu'il etait convert de neige,
bien supdrieure a la coUine de Sion ; et ce-
pendant c'est cette derniere que Dieu choi-
sit pour y dtablir son sandluaire. — Cook
conjecture que ce verset (comme le 13^) est
extrait textuellement d'un ancien chant, ce
qui explique la difticulte que nous avons k.
comprendre I'allusion renfermee dans les
paroles.
Dans les vers. 16-17, ^^ Psalmiste fait
ressortir la gloire du mont Sion choisi de
Dieu pOur y etablir son sandluaire.
16. Montague de Dieu, ainsi appelee a
cause de son (Elevation : pourtant Dieu lui
preferera pour sejour la petite coUine de
Sion. D'autres traciuisent, })io/i/ag>ie des
dieux, sur les sommets de lacjuelle les faus-
ses divinites avaient leurs sandluaires. —
Montagne de Basan, k I'E. du Jourdain, au
S. de I'Hermon.
17. Pouj-quoi, etc. Le Hir, avec la Vulg. :
pourquoi, 6 Israelites, regardez-vous ces
viont agues aux cimes nonibreuses? Ce n'est
point elles, c'est Sion que Dieu a choisie.
Puis Jehovah reprend possession de son
sancftuaire.
18. Des milliers d'anges {Matt/i. xxvi, 53)
forment ou entourent le char divin. Litt.,
deux 7>iyriades de niille redoubles. Delitzsch :
les chars (litt. le char, pris coUecflivement)
de Dieu, qui forment I'armee celeste de
Jehovah, sont des vtilliers, etc. — Le Sei-
gneur 7'ient du Sinai, en lisant avec beau-
coup de critiques modernes ba mi Sinai, au
lieu de bam etc.
19. Sur la hauteur de Sion. — Emme-
nant la/oule des captifs, image de I'enticre
LIBER PSALMORUM.
131
discernit coelestis reges super earn,
nive dealbabuntur in Selmon :
1 6. Mons Dei, mons pinguis,
Mons coagulatus, mons pinguis :
17. ut quid suspicamini montes
coagulates? Mons, in quo benepla-
citum est Deo habitare in eo : et-
enim Dominus habitabit in finem.
I 8, Currus Dei decern millibus mul-
tiplex, millia lastantium : Dominus
in eis in Sina in sancto. 19. Ascen-
disti in altum, cepisti captivitatem :
''accepisti dona in hominibus : et-
enim non credentes, inhabitare Do-
minum Deum.
20. Benedictus Dominus die quo-
tidie : prosperum iter faciet nobis
Deus salutarium nostrorum. 2 1 .Deus
noster, Deus salvos faciendi : et Do-
mini, Domini exitus mortis. 22. Ve-
rumtamen Deus confringet capita
inimicorum suorum : verticem ca-
pilli perambulantium in delictis
suis. 23. Dixit Dominus : Ex Basan
convertam, convertam in profun-
dum maris : 2^. ut intingatur pes
tuus in sanguine : lingua canum
tuorum ex inimicis, ab ipso.
25. Viderunt ingressus tuos Deus,
ingressus Dei mei : regis mei qui est
in sancto. 26. Prasvenerunt princi-
pes conjuncti psallentibus, in me-
dio juvencularum tympanistriarum.
27. In ecclesiis benedicite Deo Do-
mino, de fontibus Israel. 28. Ibi
Benjamin adolescentulus, in mentis
excessu. Principes Juda, duces eo-
rum : principes Zabulon, principes
Nephthali.
29. Manda Deus virtuti tuae :
confirma hoc Deus, quod operatus
es in nobis. 30. A templo tuo in
Jerusalem, tibi offerent reges mu-
nera. 31. Increpa feras arundinis,
congregatio taurorum in vaccis po-
pulorum : ut excludant eos, qui pro-
bati sunt argento. Dissipa gentes,
qu£e bella volunt : 32. *venient le- *is. 19,21.
soumission des ennemis. — Tu repots, etc.
S. Paul {Ephes. iv, 8) applique ce verset a
I'ascension de Jesus-Christ; mais, au lieu
de reqois, il dit (conime le Targum et la
version Syriaque) : tu domies des presents
aux hommes. Le Hir : " L'arche represente
I'humanite de Notre-Seigneur s'elevant au
ciel au jour de I'ascension et trainant cap-
tifs les princes des t^nebres {Col. ii, 15).
Tout ce qu'il revolt, il le reqoit avec son
Eglise a laquelle il le donne. C'est le sens
que S. Paul donne a ce verset. "
20. Ilporte notre fardeau (comp. Is. Iiii,4),
il nous aide i triompher des ennemis qui
nous entourent. Vulg., il nous fait jin che-
min prospere.
22. Le front (litt, le sominet de la tete)
chevelic, conime celui de Samson, d'Absa-
lon ; symbole de jeunesse et de force.
23. Vainement les ennemis se cacheraient
dans les forets de Basan, etc., Dieu saurait
les y atteindre.
24. Tu plon^esj ou, en lisant thirchats,
comme a fait la Vulg., tu laves.
Suit une description du cortege qui accom-
pagne l'arche.
25. La inarche, ou le cortege.
26. Chanteurs (hebr. schariin); les LXX
et la Vulg. ont lu sariin, princes.
27. Be'nissez, chantent-ils : allusion au
cantique de la mer Rouge. — Descendants^
litt. %'ous qui ties de la source, d' Israel.
28. Le plus petit, le plus jeune des fils de
Jacob. — Qui do mine sur eux, sans doute
parce que le premier roi, Saiil, etait sorti de
cette tribu ; peut-etre aussi parce que le
sancftuaire de Sion etait sur son territoire
{Dent, xxxiii, 12). D'autres, qui les de'passe,
qui marche au premier rang dans la proces-
sion. Vulg., toiit hors de lui (de I'hebr.
radain). — Leur troupe, Vulg. leurs chefs.
Benjamin et Juda representent la Palestine
du sud; Zabulon et Nephthali (nommes
aussi dans le cantique de Ddbora, Jug.
V, 18), la Palestine du nord.
La designation distincfle de ces tribus est
un puissant indice que le Psaume est ante-
rieur au schisme.
29. Toutes les anciennes versions ont lu
Dieu au lieu de ton Dieu.
30. A ton san£luaire; probablement il
faut lire dans le texte hebreu la preposition
b au lieu de m. (Minocchi).
31. Menace, frappe d'epouvante, la bite
des roseaux, le crocodile ou I'hippopotame,
symbole de I'Egypte {Job, xl, 16; Is. xxx, 6),
la plus ancienne ennemie du peuple deDieu.
— La troupe des taureaux, les princes, et
les troupeaux (litt. les veaux) des peuples, la
multitude a la suite des chefs. — Qu'ils se
prosternent devant toi et t'offrent des tri-
buts en argent.
32. Les grands ou les puissants; litt. les
grasr^vXg., les ainbassadeurs. — Viennent
faire leur soumission, te reconnaitre pour le
vrai Dieu.
132 DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
33 Royaumes de la terre, chantez a Dieu,
Celebvez le Seigneur! — SMa.
34 C/ianiez a celui qui est porte sur les cieux, les cieux antiques.
Voici qu'il fait entendre sa voix, sa voix puissante.
35 Reconnaissez la puissance de Dieu!
Sa majeste est sur Israel,
Et sa puissance est dans les nuees.
36 De ton sanduaire, 6 Dieu, tu es redoutable!
Le Dieu d'Israel donne k son peuple force et puissance.
Bdni soit Dieu!
PSAUME LXIX (VULG. LXVIIl).
^^'E Psaume a ete compose par David a I'occasion d'une de ses persecutions; mais
I'auteur, sous I'influence de I'Esprit de Dieu, peint ses souffrances sous des traits
^^^} qui n'ont eu leur veritable et entier accomplissement que dans la personne du
fm\
Messie soufifrant. Aussi plusieurs versets de ce cantique sont-ils cites dans le Nouveau
Testament et appliques au Sauveur, ce qui prouve qu'il n'y avait aucun doute a cette epoque
sur son caradlere messianique. Comme le xxi^, il nous revele les sentiments intimes de
Jesus pendant sa passion.
Tableau des maux qui accablent le juste (vers. 2-5); il prie Dieu de lui venir en aide,
car c'est pour sa cause qu'il souffre (6-13); que Dieu se hate done de le delivrer (14-22);
imprecations prophetiques contre ses persecuteurs (23-29); dans la confiance qu'il sera
exaucd, il promet a Dieu de lui rendre des adlions de graces (30-34); le ciel et la terre
beniront avec lui le protecfleur de Sion (35-37)'
Ps. Ixix. lAU maitre de chant. Sur les lis. De David.
2 Sauve-moi, 6 Dieu,
Car les eaux montent jusqu'a mon ame.
3 Je suis enfonce dans une fange profonde,
Et il n'y a pas oii poser le pied.
Je suis tombe dans un gouffre d'eau,
Et les flots me submergent.
4 Je m'e'puise k crier; mon gosier est en feu;
Mes yeux se consument dans Tattente de mon Dieu.
5 lis sont plus nombreux que les cheveux de ma tete,
Ceux qui me haissent sans cause;
lis sont puissants ceux qui veulent me perdre,
Qui sont sans raison mes ennemis.
Ce que je n'ai pas d^robe, il faut que je le rende.
6 O Dieu, tu connais ma folic,
Et mes fautes ne te sont point cachees.
7 Que ceux qui esperent en toi n'aient pas a rougir a cause de moi,
Seigneur, Jehovah des armees !
Que ceux qui te cherchent ne soient pas confondus a mon sujet,
Dieu d'Israel !
8 Car c'est pour toi que je porte I'opprobre,
Que la honte couvre mon visage.
9 Je suis devenu un etranger pour mes fr^res,
Un inconnu pour les fils de ma mere.
10 Car le zele de ta maison me devore,
Et les outrages de ceux qui t'insultent retombent sur moi.
11 Je verse des larmes et je jeune :
On m'en fait un sujet d'opprobre.
12 Je prends un sac pour vetement,
Et je suis I'objet de leurs sarcasmes.
13 Ceux qui sont assis a la porte parlent de moi,
Et les buveurs de liqueurs fortes font sur moi des chansons.
■^2,- C'est par le Messie et dans les temps
34. Antiques : le ciel 011 Dieu habite est
messianiques que ce voeu sera realise. plus ancien que les cieux crees le deuxicme
LIBER PSALMORUM.
133
gati ex i^gypto : ^Ethiopia prasve-
niet manus ejus Deo.
32' Regna terras, cantate Deo :
psallite Domino : psallite Deo,
34. qui ascendit super coelum coeli,
ad orientem. Ecce dabit voci suas vo-
cem virtutis, 2S- <^^te gloriam Deo
super Israel, inagnificetitia ejus, et
virtus ejus in nubibus. 36. Mirabi-
lis Deus in Sanctis suis, Deus Israel
ipse dabit virtutem, et fortitudinem
plebi suas, benedictus Deus.
'MM'M M '^^ '^'. :<$'• w. y^'. w. w. 'M ^ :<?>: 5?): m m 'ss^ m 'm n
— :::— PSALM US LXVIIL — :>—
Christus patiens orat pro salute sua et ini-
micorum exitio; promittit Deum laudare.
I. In finem, pro iis, qui commu-
tabuntur, David.
ALVUM me fac Deus :
quoniam intra verunt aquas
usque ad animam meam.
3, Infixus sum in limo
profundi : et non est substantia.
Veni in altitudinem maris : et tem-
pestas demersit me. 4. Laboravi da-
mans, raucae factas sunt fauces meae :
defecerunt oculi mei, dum spero in
Deum meum. 5. Multiplicati sunt
super capillos capitis mei, ''qui ode-
runt me gratis. Confortati sunt qui "^Joann.is,
persecuti sunt me inimici mei inju- '^^^
ste : quas non rapui, tunc exsolve-
bam.
6.Deustuscisinsipientiam meam:
et delicta mea a te non sunt abscon-
dita. 7. Non erubescant in me qui
exspectant te Domine, Domine vir-
tutum. Non confundantur super
me qui quaerunt te, Deus Israel.
8. Ouoniam propter te sustinui op-
probrium : operuit confusio faciem
meam. 9. Extraneus factus sum fra-
tribus meis, et peregrinus filiis ma-
tris meae. 10. * Quoniam zelus do-
mus tua2 comedit me : et ^opprobria *joann. 2,
exprobrantium tibi, ceciderunt su- ^J-
^ T-. ^ ' Rom. IS,
per me. 11. Et operui m jejunio 3.
animam meam : et factum est in
opprobrium mihi. 12. Et posui ve-
stimentum meum cilicium : et fa-
ctus sum illis in parabolam. 13. Ad-
versum me loquebantur qui sede-
bant in porta : et in me psallebant
qui bibebant vinum.
jour; on pourrait traduire, dternels. Vulg.,
du cote lie V Orient.
35. Sa majestt\ litt. sa inagiiificence ,
s'exerce et se manifeste sur Israel, par la
proteflion dont il le couvre, les graces dont
il le comble. — Sa puissance a pour theatre,
non seulement la terre, mais aussi les re-
gions du ciel.
36. De ton san^uaire (litt. tes san^nai-
7'es : pluriel po^tique), etc. : c'est de la cjue
Dieu est cense deployer sa puissance et
operer ses prodiges.
PSAUME LXIX.
I. Sur les lis : voy. Ps. xlv, i.
3. Et il n'y a pas, litt. de point d\ippui.
4. Mes yeux se consuuient, s'epuisent, a
force de regarder si Dieu vient me se-
courir.
5. Qui 7)ie haissent sans cause : Notre-
Seigneur s'applique ces paroles (comp.
XXXV, 19) Jean, xv, 25. — Qui sont sans
?'aison, etc. : I'authenticite de ce membre
est douteuse. — Ce que je iCai poitit de-
robe : locution proverbiale, pour peindre
I'injustice de ses ennemis. Comp. II. Sa7n.
xvi, 8.
6. Ma folic, dans le sens moral, synonyme
dQfautes. Quand David parle de son inno-
cence, il I'entend toujours vis-a-vis de ses
persdcuteurs, auxquels il n'a donne aucun
sujet de le hair; mais, du cote de Dieu, il
reconnait que ses malheurs sont le juste
chatiment de ses peches. Dans I'applica-
tion au Messie, ces peches sont les iniqui-
tes des hommes qu'il a prises sur lui pour
les expier.
8. Pour toi, pour ta cause. Dans le sens
le plus eleve, ce verset convient aussi au
Verbe incarne, venu dans le monde pour
glorifier son Pere en reconciliant avec lui
tous les hommes.
9. Com'p. Jean, i, 11 : " II est venu chez
les siens, et les siens ne I'ont pas regu. "
10. S. Jean (ii, 17) fait I'application du
premier membre a J^sus-Christ chassant
les vendeurs du temple ; le second lui est
applique par S. Paul {Rom. xv, 3), qui en
tire pour les fideles une legon de patience
et d'abnegation.
11-12. Les Juifs ddnigraient ainsi de parti
pris Notre-Seigneur {Matth. xi, 16 sv.).
13. Assis a la parte : soit les magistrats
et les juges {Job, v, 4), soit la foule oisive,
qui se r^unissait Ik pour apprendre ou debi-
ter des nouvelles (comp. Ps. ix, 15).
134
DEUXifeME LIVRE DES PSAUMES.
14 Et moi, je t'adresse ma pri^re, Jehovah, dans le temps favorable;
O Dieu, dans ta grande bontd exauce-moi,
Salon la verite de ton salut.
15 Retire-moi de la boue, et que je n'y reste plus enfonce;
Que je sois delivre de mes ennemis et des eaux profondesi
16 Que les flots ne me submergent plus,
Que I'abime ne m'engloutisse pas,
Que la fosse ne se ferme pas sur moi !
17 Exauce-moi, Jehovah, car ta bonte est compatissante;
Dans ta grande misericorde, tourne-toi vers moi,
18 Et ne cache pas ta face a ton serviteur;
Je suis dans I'angoisse, hate-toi de m'exaucer.
19 Approche-toi de mon ame, delivre-la;
Sauve-moi k cause de mes ennemis.
20 Tu connais mon opprobre, ma honte, mon ignominie;
Tous mes persecuteurs sont devant toi.
21 L'opprobre a brise mon coeur et je suis malade;
J'attends de la pitie, mais envam;
Des consolateurs, et je n'en trouve aucun.
22 Pour nourriture ils me donnent I'herbe amere;
Dans ma soif, ils m'abreuvent de vinaigre.
23 Que leur table soit pour eux un piege,
Un filet au sein de leur securite I
24 Que leurs yeux s'obscurcissent pour ne plus voir;
Pais chanceler leurs reins pour toujours.
25 Deverse sur eux ta colere,
Et que le feu de ton courroux les atteigne !
26 Que leur demeure soit devastee,
Ou'il n'y ait plus d'habitants dans leurs tentes!
27 Car ils persecutent celui que tu frappes,
Ils racontent les souffrances de celui que tu blesses.
28 Ajoute I'iniquite a leur iniquite,
Et qu'il n'aient point part k ta justice.
29 Qu'ils soient effaces du livre de vie,
Et qu'ils ne soient point inscrits avec les justes.
30 Moi, je sui^ malheureux et souffrant;
Que ton secours, 6 Dieu, me releve !
31 Je celebrerai le nom de Dieu par des cantiques,
Je I'exalterai par des a(flions de graces;
32 Et Jehovah les aura pour agreables
Plus qu'un jeune taureau avec cornes et sabots.
33 Les malheureux, en le voyant, se rejouiront,
Et vous qui cherchez Dieu, votre cceur revivra.
34 Car Jehovah ecoute les pauvres,
Et il ne mdprise point ses captifs.
35 Que les cieux et la terre le celebrent,
Les mers et tout ce C[ui s'y meut!
36 Car Dieu sauvera Sion [et batira les villes de Juda],
On s'y etablira et I'on en prendra possession;
37 La race de ses serviteurs I'aura en heritage,
Et ceux qui aiment son nom y auront leur demeure.
14. Seloti la verite, la certitude de ion
salut. D'autres partagent un peu autre-
ment ce verset : je t'adresse ma priere an
temps favorable ct caicse de ta grande bon-
tej exauce-moi avec ou seloti la verite de
ton salut.
15. Comp, vers. 3.
19. De mon a me, de moi. — A cause de
vies ennemis, pour qu'ils ne triomphent pas
de la chute de ton serviteur.
21. L! opprobre, etc. LXX et Vulg., mon
coeur n'attend (en lisant sabcrah au lieu de
schaberah) que l'opprobre et le malheur.
22. L'herbe amh'e et veneneuse : les deux
ideas sont connexesanhebreu. Comp.J/a////.
xxvii, 2)^;Jean, xix, 28.
LIBER PSALMORUM.
135
14. Ego vero orationem meam
ad te Domine : tempus beneplaciti
Deus. In multitudine misericor-
diae tuae exaudi me, in veritate
salutis tuas : 15. eripe me de luto,
ut non infigar : libera me ab iis,
qui oderunt me, et de profundis
aquarum. 16, Non ne demergat
tempestas aquas, neque absorbeat
me profundum : neque urgeat su-
per me puteus os suum. 17. Ex-
audi me Domine, quoniam benigna
est misericordia tua : secundum
multitudinemmiserationum tuarum
respice in me. 18. Et ne avertas fa-
ciem tuam a puero tuo : quoniam
tribulor,velociter exaudi me. 19. In-
tende animas meas, et libera eam :
propter inimicos meos eripe me.
20. Tu scis improperium meum, et
confusionem meam, et reverentiam
meam. 21. In conspectu tuo sunt
omnes qui tribulant me, imprope-
rium exspectavit cor meum, et mi-
seriam. Et sustinui qui simul con-
tristaretur, et non fuit : et qui con-
tth.27, solaretur, et non inveni. 22. "'Et
dederunt in escam meam fel : et in
siti mea potaverunt me aceto.
m. II, 23. 'Fiat mensa eorum coram
ipsis in laqueum, et in retributiones,
et in scandalum. 24. Obscurentur
oculi eorum ne videant : et dorsum
eorum semper incurva. 25. EfFunde
super eos iram tuam : et furor irae
tuas comprehendat eos. 26. ^Fiat aa.(51. i, 20.
habitatio eorum deserta : et in ta-
bernaculis eorum non sit qui inha-
bitet. 27. Quoniam quem tu per-
cussisti, persecuti sunt : et super
dolorem vulnerum meorum addi-
derunt. 28. Appone iniquitatem
super iniquitatem eorum : et non
intrant in justitiam tuam. 29. De-
leantur de Libro viventium : et
cum justis non scribantur.
30. Ego sum pauper et dolens :
salus tua Deus suscepit me. 3 1 . Lau-
dabo nomen Dei cum cantico : et
magnificabo eum in laude : 32. et
placebit Deo super vitulum novel-
lum: cornua producentem et ungu-
las. ;^2- Videant pauperes et laeten-
tur : quasrite Deum, et vivet anima
vestra : 34. quoniam exaudivit pau-
peres Dominus : et vinctos suos
non despexit.
2S- Laudent ilium coeli et terra,
mare, et omnia reptilia in eis.
36. Quoniam Deus salvam faciet
Sion : et asdificabuntur civitates Ju-
da. Et inhabitabunt ibi, et heredi-
tate acquirent eam. 37. Et semen
servorum ejus possidebit eam, et
qui diligunt nomen ejus, habitabunt
in ea.
23. Zeur tabic ^ leurs plaisirs, leurs pros-
perites : le mot est amene par le vers. 22.
— • La traducflion : an sein de leitr securite
est douteuse.
24. Que leurs yeicx : aveuglement spirituel
des Juifs. — Chanceler leurs reins (comp.
Dan. V, 6; II Esdr. ii, 10), de maniere qu'ils
soient sans force, et par suite assujettis aux
autres nations. Comp. Rom. xi, 9 sv.
26. S. Pierre {^Ad. i, 20) applique ce verset
k Judas.
28. Ajoute Piiu'quite : sur le livre ou sont
inscrites les aflions des hommes, ne cesse
pas d'ajouter k leur compte de nouvelles
iniquites : ce qui suppose que Dieu ne par-
donnera pas les anciennes, et que ces p^-
cheurs, endurcis dans le mal, ne cesseront
pas d'en commettre de nouvelles. II va de
soi, d'ailleurs, que le chatiment repondra
au nombre des peches. — Et quHls liaient
point part a ta justice^ qu'ils ne rentrent
jamais en grace avec toi.
29. Effaces dii livre de vie, rayes du
nombre des vivants. Cette expression qui,
dans le Nouv. Testament, se rapporte h. la
vie eternelle, semble, dans I'Ancien, avoir
un rapport immediat avec la vie presente.
32. Avec comes et sabots : ces mots se
rapportent aux conditions legales des vic-
times k immoler au sacrifice; la presence
des cornes indique un animal dans toute sa
vigueur, la presence des sabots un animal
pur {Lev. xi). Sens : une viflime ayant toutes
les qualites requises. Comp. Ps. li, 18 sv.
34. Ses capt/fs, ceux qui souffrent perse-
cution pour sa cause.
36. Sio7t : dans le sens spirituel, I'Eglise,
dont Sion etait la figure.
Plusieurs interpretes conje6lurent que les
vers. 35-37 auraient ete ajoutes au Psaume
primitif au temps de la captivitd; mais les
raisons alle'guees ne sont pas decisives, sauf
peut-etre pour les mots, et bdtira les villes
de Jnda.
136
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME LXX (VULG. LXIX).
E petit Psaume repioduit k pen pr&s litt^ralement la derniere partie du Ps. xl, dont
il a dte detache pour un usage liturgique. On I'a place dans le Psautier a la suite
du Ixixe, h cause de la ressemblance du contenu (comp. vers. 6 avec Ixix, 30).
Ps. XX. ■^AU maitre de chant. De David. Pour faire souvenir.
2 O Dieu, liate-toi de me delivrer!
Seigneur, hdte-toi de me secourir !
3 Qu'ils soient honteux et confus
Ceux qui en veulent a ma vie !
Qu'ils reculent et rougissent
Ceux qui desirent ma perte !
4 Qu'ils retournent en arriere, converts de honte,
Ceux qui me disent : " Ah ! ah ! "
5 Qu'ils soient dans I'allegresse et se rejouissent en toi
Ceux qui te cherchent !
Qu'ils disent sans cesse : " Gloire au Seigneur '',
Ceux qui aiment ton salut !
6 Moi, je suis pauvre et indigent :
O Dieu, hate-toi vers moi !
Tu es mon aide et mon liberateur :
Seigneur, ne tarde pas !
PSAUME LXXI (VULG. LXX).
E cantique est en grande partie compose de reminiscences et menie de citations
dire(fles de plusieurs Psaumes precedents, specialement des xxiie, xxxie, xxxve et
ij xle. II n'a pas de titre en hebreu ; mais celui que lui donnent les LXX et la Vulg.
indique probablement sa veritable origine. II aurait ete redige avec des paroles de
David soit par Jeremie, soit par I'un des Rechabites, fils de Jonadab (voy. //r. xxxv),
emmenes en captivitc a la premiere invasion de Nabuchodonosor. L'auteur parle tantot
en son propre nom, tantot au nom des captifs. II rappelle h. Dieu le secours et la protec-
tion qu'il a regus de lui des son enfance (vers. 1-8); il le conjure de ne pas I'abandonner
dans sa vieillesse au milieu de nombreux ennemis qui en veulent a sa vie (9-18); il promet
en reconnaissance d'offrir a Dieu des cantiques de louanges et d'adions de graces (19-24).
1 En toi, Jdhovah, j'ai place mon refuge;
Que je ne sois pas confondu a jamais!
2 Dans ta justice delivre-moi et sauve-moi.
Incline vers moi ton oreille et secours-moi!
3 Sois pour moi un asile inaccessible,
Ou je puisse toujours me retirer.
Tu as command^ de me secourir,
Car tu es mon rocher et ma forteresse.
4 Mon Dieu, delivre-moi de la main du me'chant,
De la main de I'homme inique et cruel.
5 Car tu es mon esperance, Adonai Jehovah!
L'objet de ma confiance depuis ma jeunesse.
6 C'est sur toi que je m'appuie depuis ma naissance,
Toi qui m'as fait sortir du sein maternel :
A toi mes louanges .\ jamais!
7 Je suis pour la foule comme un prodige,
Mais toi, tu es mon puissant refuge.
8 Que ma bouche soit pleine de ta louange,
Que chaque jour elle exalte ta magnificence!
9 Ne me rejette pas aux jours de ma vieillesse;
Au declin de mes forces ne m'abandonne pas.
10 Car mes ennemis conspirent contre moi,
Et ceux qui epient mon anie se concertent entre eux,
11 Disant : "Dieu I'a abandonne!
Poursuivez-le, saisissez-le; il n'y a personne pour le defendre! "
Ps. Ixxi.
I
LIBER PSALMORUM.
137
— :i:— PSALMUS LXIX. — =;:—
Oratio ad opem Uei petendam in magnis
periculis.
I. In finem, Psalmus David,
In rememorationem, quod salvum
fecerit eum Dominus.
fE^^^:^EUS in adjutorium meum
intende : Domine ad adju-
vandummefestina.3.Con-
^^j; fundantur, et reverean-
tur, qui quasrunt animam meam :
4. avertantur retrorsum, et erube-
scant, qui volunt mihi mala : aver-
tantur statim erubescentes, qui di-
cunt mihi : Euge, euge. 5. Exsul-
tent et lastentur in te omnes qui
quasrunt te, et dicant semper : Ma-
gnificetur Dominus : qui diligunt
salutare tuum. 6. Ego vero egenus,
et pauper sum : Deus adjuva me.
Adjutor meus, et liberator meus es
tu : Domine ne moreris.
"i^ws^-W-^. "^d: ^ 'M '^. M '?»: :^ ^: ^ :^. M 'n\ 'M ^ :^: "^
— :i:— PSALMUS LXX. — :i-^
Opem Dei implorat adversus persecutores;
promittit se Deo gratias acflurum.
I. Psalmus David,
Filiorum Jonadab, et priorum
captivorum.
]N te Domine speravi, non
confundar in asternum :
2. in justitia tua libera
me, et eripe me. Inclina
rad me aurem tuam, et salva me.
'3.Esto mihi inDeum protectorem,
et in locum munitum : ut salvum
ime facias, quoniam firmamentum
■ meum, et refugium meum es tu.
4. Deus meus eripe me de manu
peccatoris, et de manu contra legem
agentis et iniqui : 5- quoniam tu es
patientia mea Domine : Domine
spes mea a juventute mea. 6. In te
confirmatus sum ex utero : de ven-
tre matris meae tu es protector
meus : in te cantatio mea semper :
7, tamquam prodigium factus sum
multis : et tu adjutor fortis. 8. Re-
pleatur os meum laude, ut cantem
gloriam tuam : tota die magnitudi-
nem tuam.
9. Ne projicias me in tempore
senectutis : cum defecerit virtus
mea, ne derelinquas me. 10. Quia
dixerunt inimici mei mihi : et qui
custodiebant animam meam, consi-
lium fecerunt in unum, 11. dicen-
tes : Deus dereliquit eum, persequi-
mini, et comprehendite eum : quia
non est qui eripiat. 12. Deus ne
elongeris a me : Deus meus in auxi-
lium meum respice. 13. Confun-
dantur, et deficiant detrahentes
animas mea^ : operiantur confusione,
et pudore qui quasrunt mala mihi.
14. Ego autem semper sperabo : et
adjiciam super omnem laudemtuam.
15. Os meum annuntiabit justitiam
tuam : tota die salutare tuum. Quo-
niam non cognovi litteraturam,
16. introibo in potentias Domini :
PSAUME LXX.
I. Four /aire souve7tir : xoy. Ps.xxwm, i.
LXX et Vulg., en souvenir de ce que Dieic
le sativa.
Les versets suivants sont expliques au
Ps. xl.
PSAUME LXXI.
Titre dans les LXX et la Vulg. : Psauine
de David, des fils de Jonadab et des premiers
captifs.
Les vers. 1-3 sont emprunte's a Ps.
xxxi, 2-4.
3. Un asile inaccessible, hebr. ten roc
d'' habitation. Les versions anciennes ont In
un peu differemment le mot hebreu habita-
tion, et ont traduit : un a.s\\&forti/ie. — Tu
as cominandc a ta puissance, tu as resolu de
me secourir-
5. Adonai, c.-k-d. Seigneur, souverain
maitre.
6. Qui m ^ as fait sortir, h^br. gozi, de gouz;
ou bien avec la Vulg., qui es moTi bienfai-
teur, d^ gazah. Comp. Ps. xxii, 10.
•j.'Un prodige, par mes ^preuves et mes
cruelles souft'rances. Comp. Is. viii, 18;
Zach. iii, 8; I Cor. iv, 9.
8. Comp. Ps. xl, 4.
10. (2,ui tpient mon dme, guettent ma vie.
138
<
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
12 O Dieu, ne t'eloigne pas de moi;
Mon Dieu, hate-toi de me secourir!
13 Qii'ils soient confiis, qu'ils pdrissent,
Ceiix qui en veulent h. ma vie!
, Qu'ils soient converts de honte et d'opprobre,
Ceux qui cherchent ma perte!
14 Pour moi, j'espererai toujours;
A toutes tes louanges, j'en ajouterai de nouvelles.
15 Ma bouche publiera ta justice,
Et tout le jour tes favours,
Car je n'en connais pas le nombre.
16 Je dirai tes oeuvres puissantes, Adonai Jehovah;
Je rappellerai ta justice, la tienne seule.
17 O Dieu, tu m'as instruit des ma jeunesse,
Et jusqu'a ce jour je proclame tes merveilles.
18 Encore jusqu'a la vieillesse et aux cheveux blancs,
O Dieu, ne m'abandonne pas,
Afin que je fasse connaitre /a force de ton bras a la generation //w^/?/'^,
Ta puissance k la generation future.
19 Ta justice, 6 Dieu, atteint jusqu'au ciel;
Toi, qui accomplis de grandes choses, — 6 Dieu, qui est semblable a toi?
20 Toi qui nous a fait eprouver bien des detresses, bien des souffrances;
Mais tu nous rendras la vie,
Et des abimes de la terre tu nous feras renionter.
21 Tu releveras ma grandeur,
Et de nouveau tu me con soleras.
22 Et je louerai au son du luth,
Je chanterai ta fidelite, 6 mon Dieu,
Je te celdbrerai avec la harpe. Saint d' Israel.
23 L'allegresse sera sur mes levres, quand je te chanterai,
Et dans mon ame, que tu as delivree.
24 Et ma langue chaque jour publiera ta justice,
Tandis qu'ils seront converts de honte et d'ignominie
Ceux qui cherchent ma perte.
rSAUME LXXII (VULG. LXXl).
E cantique, attribue dans le titre ^ Salomon, porte de forts indices de son authen-
ticite : le style ressemble a celui des Proverbcs, et differe de celui des Psaumes
davidiques; de brillantes images empruntees a la nature, des allusions h des con-
trees lointaines, a une domination etendue et pacifique, entin un ton de calme et sereine
reflexion caraflerisent le fils de David. Salomon le composa sans doute au commencement
de son regne. C'est une priere, destinee peut-ctre a un usage liturgique, dans laquelle le
jeune roi demande a Dieu de benir son rcgne, et il exprime ses loyales et pieuses aspira-
tions. Mais le langage et les esperances du roi theocratique, de I'oint de Jehovah,
depassent de beaucoup la sphere du petit souverain de Jerusalem ; ils ne conviennent
qu'^ une royaute qui doit etre sans limite aussi bien dans I'espace que dans le temps, ^ la
royaute du Messie, dont le pacifique Salomon etait la figure.
Ps. Ixxii. ^ De Salomon.
O Dieu, donne tes jugements au roi,
Et ta justice au fils du roi.
2 Qu'il dirige ton peuple avec justice,
Et les malheureux avec equite!
3 Que les montagnes produisent la paix au peuple,
Ainsi c[ue les collines, par la justice.
4 Qu'il fasse droit aux malheureux de son peuple,
Qu'il assiste les enfants du pauvrc,
Et qu'il dcrase I'oppresseur!
5 Qu'on te revere, tant que subsistera le soleil,
Tant que brillera la lune, d'age en age!
LIBER PSALMORUM.
139
Domine memorabor justitiae tuas
solius. 17. Deus docuisti me a ju-
ventute mea : et usque nunc pro-
nuntiabo mirabilia tua. 1 8. Et usque
in senectam et senium : Deus ne
derelinquas me, donee annuntiem
brachium tuum generation! omni,
quas Ventura est : potentiam tuam,
1 9. Et justitiam tuam Deus usque
in altissima, quas fecisti magnalia :
Deus quis similis tibi? 20. Quantas
ostendisti mihi tribulationes mul-
tas,et malas : et conversus vivificasti
me : et de abyssis terras iterum re-
duxisti me : 21. multiplicasti ma-
gnificentiam tuam : et conversus
consolatus es me. 22. Nam et ego
confitebor tibi in vasis psalmi veri-
tatem tuam : Deus psallam tibi in
cithara, sanctus Israel. 23. Exsulta-
bunt labia mea cum cantavero tibi :
et anima mea, quam redemisti.
24. Sed et lingua mea tota die me-
ditabitur justitiam tuam : cum con-
fusi et reveriti fuerint qui quasrunt
mala mihi.
— :i:— PSALM US LXXL — :i:—
Christi regnum justum, pacificum et felix
precatur.
Psalmus,
In Salomonem.
lEUS judicium tuum regi
da : et justitiam tuam
filio regis : judicare po-
pulum tuum in justitia,
et pauperes tuos in judicio. 3. Sus-
cipiant montes pacem populo : et
colles justitiam. 4. Judicabit pau-
peres populi, et salvos faciet filios
pauperum: et humiliabit calumnia-
torem.
5. Et permanebit cum sole, et
ante lunam, in generatione et gene-
rationem. 6. Descendet sicut pluvia
in vellus : et sicut stillicidia stillan-
tia super terram. 7. Orietur in die-
bus ejus justitia, et abundantia pa-
cis : donee auferatur luna.
8. "Et dominabitur a mari usque
ad mare : et a flumine usque ad ter-
minos orbis terrarum. 9. Coram illo
" Zach. 9,
12. Comp. Ps. xxii, 12, 20; xl, 14.
13. Comp. Ps. XXXV, 4, 26.
15. Ta justice : la justice de Dieu est
I'attribut sur lequel repose tout espoir de
salut;elle seule nous donne I'assurance que
Dieu est favorable aux justes et qu'il tien-
dra ses promesses de misericorde et de par-
don en faveur du pecheur repentant. — Le
nonibre : le mot litteratura de la Vulg-. peut
s'entendre d'une relation ecrite par des scri-
bes, ou d'annales relatant les merveilles
operees par Dieu en faveur de son peuple.
17-18. Til iii\is insh-uit, tu m'as enseigne
tes voles. — Je proclatne : grace a tes bien-
faits, j'ai mati^re k proclamer tes merveil-
les. — A la getieraiio7i presenter Delitzsch,
a laposterite.
19. Atteitit jiisqii\m del : elle s'eleve au-
dessus de toutes les creatures, de toutes les
oeuvres divines accomplies sur la terre.
20. Tu nous a fait eprouver : notes ddsi-
gne le Psalmiste et ses freres exiles comme
lui. Le qeri, suivi par les LXX et la Vulg.,
met le singulier; de meme pour les pronoms
suivants.
21. Tu releveras, litt. /// viultiplicras.
Vulg., tti multiplier as les oeuvres de ta
grandeur, tes merveilles.
22. Saint d^ Israel, expression inconnue h.
David, mais familiere a Isaie; on la rencon-
tre seulement deux fois dans les Psaumes
et deux fois dans Jeremie.
PSAUME LXXII.
I. Tes jugenients, ton droit de juger; ta
Justice, pour juger selon I'e'quite. Salomon,
roi et fils de roi, obtint cette grace; mais le
Roi-Messie en eut la plenitude : " Le Fere,
lisons-nousy^'c?//, v, 22, 27, a donne au Fils
le jugement tout entier ... II lui a donne le
pouvoir de juger, parce qu'il est fils de
I'homme." £t S. Pierre {Ad. .x, 42) : " Jesus
de Nazareth a ete ^tabli par Dieu juge des
vivants et des morts. "
3. Que les niontagnes et les collines : ce
qui caraflerise le sol montueux de la Pales-
tine, pour la Palestine elle- meme. — Pro-
duisent pour le peuple le fruit beni de la
paix, grace au regne de la justice. Comp.
Is. Iv, i2;/ocl, iii, i8. Vulg., 1?/ que les col-
lines produisent la Justice.
5. Qu'on te revere, litt. qu''on te craigne :
la crainte du Seigtieur comprend tous les
devoirs religieux en vers lui. Vulg., il (le roi)
durera taut que, etc.
140
DEUXIEME LIVRE DES PSAUMES.
6 Qu'il descende comme la pluie sur le gazon,
Comme I'ondee qui arrose la terre!
7 Qu'en ses jours le juste fleurisse,
Avec I'abondance de la paix jusqu'a ce que la lune ait cesse d'exister!
8 II domiriera d'une mer a I'autre,
Du Fleuve aux extrdmit^s de la-terre.
9 Devant lui se prosterneront les habitants du desert,
Et ses ennemis mordront la poussiere.
10 Les rois de Tharsis et des iles paieront des tributs;
Les rois de Saba et de Meroe offriront des presents.
11 Tous les rois se prosterneront devant lui;
Toutes les nations lui seront soumises.
12 Car il d^livrera le pauvre qui crie vers lui,
Et le malheureux depourvu de tout secours.
13 II aura pitie du miserable et de I'indigent,
Et il sauvera la vie du pauvre.
14 II les affranchira de I'oppression et de la violence,
Et leur sang aura du prix a ses yeux.
15 lis vivront, et lui donneront de Tor de Saba;
lis feront sans cesse des voeux pour lui, lis le beniront chaque jour.
16 Que les bles abondent dans le pays, jusqu'au sommet des montagnes!
Que leurs epis s'agitent comme les arbres du Liban!
Que les hommes fleurissent dans la ville comme Therbe des
champs!
17 Que son nom dure k jamais!
Tant que brillera le soleil, que son nom se propage!
Qu'on cherche en lui la benddicflion!
Que toutes les nations le proclament heureux!
18 Beni soit Jehovah Dieu, le Dieu d'Israel,
Qui seul fait des prodiges!
19 Beni soit h jamais son nom glorieuxl
Que toute la terre soit remplie de sa gloire!
Amen! Amen!
-"Fin des prieres de David, fils d'Isai.
6. QiiHl descende : que I'avenement du roi
soit comme utte pluie, la chose la plus ddsi-
ree en Orient, sur le gazon recemment
coup^. Isaie (xlv, 8) compare aussi la venue
du Messie a une rosee et a une pluie bien-
faisante. LXX et Vulg., sur la toison : allu-
sion h la toison de Gedeon {Jug. vi, 37), qui
n'a rien a faire ici. Les Peres voient dans ce
verset I'indication du cara(flere pacifique de
la venue du Sauveur sur la terre.
7. Le juste, Vulg. la justice. — L\iboii-
dance de la pai.x : comp. Luc. ii, 14; Is.
ii, 3 sv. — JusquW ce que : I'idee d'un roi
dont le regne doit durer jusqu'a la fin des
siecles etait done presente a I'esprit du Psal-
miste.
8. // domi/io'a, ou qu^il dominc, de la
Mediterranee a la mer des Indes, et de
I'Euphrate, etc. : c'etait tout le monde connu
des anciens. La souverainete de Salomon
s'etendait sur les peuplades riveraines de
I'Euphrate.
9. Les habitants du desert (LXX et Vulg.,
les EtJiiopicns), probablement les nomades
du desert arabique,lequel confinait h lamer
Rouge et au golfe Elanilique.
LIBER PSALMORUM.
141
procident T^thiopes : et inimici ejus
terram lingent. lo. Reges Tharsis,
et insulas munera ofFerent : reges
Arabuni, et Saba dona adducent :
1 1. Et adorabunt eum omnes reges
terras : omnes gentes servient ei :
12. quia liberabit pauperem a po-
tente : et pauperem, cui non erat
adjutor. i3.Parcet pauperi et inopi:
et animas pauperum salvas faciet.
14. Ex usuris et iniquitate redimet
animas eorum: et honorabilenomen
eorum coram illo. 15. Et vivet, et
dabitur ei de auro Arabian, et adora-
bunt de ipso semper : tota die be-
nedicent ei.
16. Et erit firmamentum in terra
in summis montium, superextolle-
tur super Libanum fructus ejus : et
florebunt de civitate sicut foenum
terras. 17. Sit nomen ejus benedi-
ctum in sascula : ante solem perma-
net nomen ejus. Et benedicentur in
ipso omnes tribus terras : omnes
gentes magnificabunt eum.
18. Benedictus Dominus Deus
Israel, qui facit mirabilia solus :
19. et benedictum nomen majesta-
tis ejus in asternum : et replebitur
majestate ejus omnis terra : fiat, fiat.
20. Defecerunt laudes David filii
Jesse.
10. TJiarsis, Tartessus, colonic pheni-
cienne sur la cote mdridionale d'Espagne.
— lies : les Hebreux appelaient ainsi les
pays riverains de la Me'diterranee, qu'ils se
figuraient entoures par la nier. — Saba et
Mifroe, hebr. Scheba et Seba : Scheba est
Saba {Gen. x, 28 sv.) dans I'Yemen, dont la
reine vint visiter Salomon; Vulg. Arabes.
D'apres Josephe, Seba designe I'ile formee
par deux affluents du Nil, qu'on appela plus
tard Merod.
Le royaume du Messie embrassera le
monde entier : I'Europe, representee par
Tharsis et les iles; I'Asie, reprdsentde par
Saba, et I'Afrique, representee par Merod :
les anciens ne connaissaient pas d'autres
parties du monde.
12. Qui crie (piel de sc/iava) LXX et
Vulg., des mains dii puissaftf.
13. // aura pitie : comp. Tit. iii, 4.
14. Leur sang (LXX et Vulg. leur jtoin :
on soupgonne que le texte grec portait pri-
mitivement aT;j.o(, au lieu de ovotj.a) aura du
prix : il ne permettra pas qu'on le repande.
15. lis vivront ; litt. il vivra : il, chacun
des malheureux sauves par le Roi. Ou bien,
avec la Vulg., // (le Roi) vivra, et on ltd
donnera, etc. ; ou, qu'il vive, et qu^on lui
donne. — Us feroni des vaeux poicrlui. Dans
I'application au Messie, cette priere ne peut
etre que celle que lui-meme nous a apprise :
" Que votre regne arrive! " Des manuscrits
latins lisent orabunt, au lieu de adorabunt
(Vulg.).
16. Que les bles : au lieu de fifmamentuni
de la Vulg., des manuscrits Y\^&x\\. friunen-
tum. — Leurs epis (litt. leur fruit) s'agite-
ront avec bruit, comme le vent agite les
rameaux des cedres du Li ban. — Fleuris-
seiit et se multiplient de ville en ville.
17. Que son nom dure; Vulg. soil beni. —
Qu^on cherche e7t lui la benediflion, selon la
promesse faite a Abraham {Gen. xxii, 18).
18 sv. Doxologie servant de conclusion
au 26 livre ou recueil des Psaumes.
20. Fin : comp. Job, xxxi, 40. — Priercs,
Vulg. louanges : les Psaumes sont I'un et
I'autre. — Fils de Jesse : comp. II Sam.
xxiii, I.
Ce verset final semble indiquer que, ante-
rieurement a notre colleftion complete de
Psaumes en 5 livres, il en exista un recueil
moindre, ne comprenant que les deux pre-
miers livres.
142
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
M
LIVRE TROISIEME.
^
Ps. Ixxiii.
Des 1 8 Psaumes que ce livre contient, ii portent le nom d' Asaph,
4 celui des fils de Core, i celui d'Ethan; un seul est attribue a David. lis
appartiennent pour la plupart au genre didaftique, et se distinguent par un
ton grave, solennel et sententieux. A cote de peintures navrantes des cala-
mites qui affligeaient alors la nation, ils ouvrent sur I'avenir des perspe6lives
de benedi6lion et de felicite.
PSAUME LXXIII (VULG. LXXIl).
E Psalmiste expose qu'il a ete ebranle dans sa foi en la Providence par I'inso-
lente prosperite des mechants (vers. 1-9), qui est un scandale pour le peuple
fidele (10-15); pour se raffermir, il penetre par la meditation et la priere dans les
secrets de Dieu et decouvre que cette prosperity est de courte duree (16-20),
que rhomme qui s'eloigne de Dieu va a sa perte, et que pres de lui il trouve le bonheur
(21-28). Ce sujet, on le voit, est le meme que celui des Psaumes xxxvii et xlix ; le meme
aussi que celui du livre de Job. Le Psalmiste repond a la difficulte d'une maniere plus
vi6lorieuse; il s'attache a Dieu avec une confiance inebranlable.
L'auteur est-il Asaph contemporain de David, ou I'un de ses descendants, par example
le voyant de ce nom qui viva it a I'epoque d'Ezechias et de Manasse (II liois, xviii, 18, 37;
II Par.x\\x, 30; Is. xxxvi)? Le Hir soutient ce dernier sentiment. D'apres Cook, qui s'ap-
puie surtout sur le caradere de la di6\ion, le Psaume appartiendrait h I'tfpoque salomo-
nienne, soit aux dernieres annees de Salomon, alors qu'une noblesse turbulente et corrompue
avait toute licence; soit aux premieres anne'es du regne de son fils. L'apostasie dont parle
le Psalmiste serait done plutot morale que ceremonielle, et I'impiete plutot un atheisme
pratique qu'un culte idolatrique.
1 PSAUME d'Asaph.
Oui, Dieu est bon pour Israel,
Pour ceux qui ont le cceur pur !
2 Toutefois j'etais sur le point de flechir,
Mon pied a presque glisse.
3 Car je m'indignais contre les impies,
En voyant le bonheur des me'chants.
4 Pour eux, point de douleurs jusqu'k la mort;
Leur corps est plein de vigueur.
5 lis n'ont point de part au labeur des mortals,
lis ne sont point frappes comme le reste des hommes.
6 Aussi I'orgueil est la parure de leur cou,
Et la violence, la robe precieuse qui les couvre.
7 L'iniquite sort de leurs entrailles,
Les pensees de leur coeur se font jour.
8 lis raillent, ils tiennent des discours pervers,
lis proferent des paroles hautaines.
9 Leur bouche affronte le ciel meme,
Et leur langue s'exerce sur la terre.
10 C'est pourquoi mon peuple se tourne de leur cote,
II avale I'eau a grands traits.
11 II dit : " Comment Dieu saurait-il?
Comment le Tres-Haut connaitrait-il? —
12 Ainsi sont les mechants :
Toujours heureux, ils accroissent leurs richesses.
13 C'est done en vain que j'ai garde mon coeur pur,
Que j'ai lave mes mains dans I'innocence;
LIBER PSALMORUM.
143
— :l:— PSALM US LXXII. — :^--
Impii felices in hac vita peribunt :
Domino adhjerere bonum est.
Psalmus Asaph.
fUAM bonus Israel Deus
his, qui recto sunt corde!
1. Mei autem pene moti
sunt pedes : pene effusi
sunt gressus mei. 3. Quia zelavi su-
per iniquos, pacem peccatorum vi-
dens. 4. Quia non est respectus
morti eorum : et firmamentum in
plaga eorum. 5- In labore hominum
non sunt, et cum hominibus non
flagellabuntur : 6, ideo tenuit eos
superbia, operti sunt iniquitate et
impietate sua. 7. Prodiit quasi ex
adipe iniquitas eorum : transierunt
in affectum cordis. 8. Cogitaverunt,
et locuti sunt nequitiam : iniquita-
tem in excelso locuti sunt. 9, Po-
suerunt in coelum os suum : et lin-
gua eorum transivit in terra.
10. Ideo convertetur populus
meus hie : et dies pleni invenientur
in eis. 11. Et dixerunt : Ouomodo
scit Deus, et si est scientia in excel-
so.'* 12. Ecce ipsi peccatores, et
abundantes in sasculo, obtinuerunt
divitias. 13. Et dixi : Ergo sine
causa justificavi cor meum, et lavi
inter innocentes manus meas: 14. et
fui flagellatus tota die, et castigatio
mea in matutinis. 15. Si dicebam :
Narrabo sic : ecce nationem filio-
rum tuorum reprobavi.
16. Existimabam ut cognosce-
rem hoc, labor est ante me : 17. do-
nee intrem in Sanctuarium Dei :
et intelligam in novissimis eorum.
18. Verumtamen propter dolos po-
suisti eis : dejecisti eos dum alle-
varentur. 1 9. Quomodo facti sunt
in desolationem, subito defece-
runt : perierunt propter iniqui-
tatem suam. 20. Velut somnium
surgentium Domine, in civitate tua
imaginem ipsorum ad nihilum re-
diges.
21. Quia inflammatum est cor
meum, et renes mei commutati
sunt : 11. et ego ad nihilum reda-
ctus sum, et nescivi. aj.Ut jumen-
tum factus sum apud te : et ego
semper tecum. 24. Tenuisti manum
dexteram meam : et in voluntate
tua deduxisti me, et cum gloria
suscepisti me. 25. Quid enim mihi
est in coelo? et a te quid volui super
terram.^ 26. Defecit caro mea, et
cor meum : Deus cordis mei, et pars
mea Deus in a^ternum. 27. Quia
ecce, qui elongant se a te, peribunt :
perdidisti omnes, qui fornicantur
abs te. 28. Mihi autem adhserere
Deo bonum est: ponere in Domino
Deo spem meam : ut annuntiem
PSAUME LXXIII.
I. Old, ou vrainient : ce debut fait devi-
ner le resultat d'une lutte interieure, de
doutes apaises, de graves questions long-
temps agitees et enfin resolues.
4. Pleiii de vigueur, litt. gras, dans le
sens de vigoureux.
Ce verset, tres obscur dans la Vu\g.,po7ir
eux, niil souci de la viort, et leicrs blessiires
sont vita gueries.
6. Sens : loin de rougir de leurs crimes,
ils s'en font comme une parure (litt. iin col-
lier), un titre de gloire.
7. LUniquite : ainsi ont lu les anciennes
versions, et cette legon parait preferable a
celle de I'hebreu adluel : leiirs yeiix sortent
comme hors de la graisse, d'un visage re-
bondi. — De leurs entrailles, litt. de la
graisse, d'un coeur charnel, qui ne connait
que les passions grossieres. — Se font jour,
debordent au dehors, se donnent libre car-
riere.
8. Comp. Is. lix, 13. Vulg., ils ne pensent
ct ne disent que le nial, ils tiennent haute-
ment des discours criviinels.
10. C'est pourquoi : pour avoir leur part
des jouissances du mechant. — Monpeuple,
legon meilleure que celle de I'hdbreu acfluel :
S071 peuple, le peuple de Dieu. — L^eatc
figure ici la licence de tout faire et de tout
dire k laquelle le peuple s'abandonne, a
I'exemple des grands. Vulg., et des jours
pleins seront trouvcs en eux : en voyant
qu'une plenitude de jours leur est accordee.
11. Saurait-il ce qui se passe sur la
terre.
13. En vain : comp. Mai. iii, 14 sv.
144
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
14 Tout le jour je suis frappe,
Chaque matin men chatiment est la. "
15 Si j'avais dit : " Je veux parler comme eux ",
J'aurais trahi la race de tes enfants.
16 Ouand j'ai refldchi pour comprendre ce mystere,
La difficulte fut grande a mes yeux.
17 Jusqu'a ce que j'eusse penetre dans le sancfluaire de Dieu,
Et pris garcle au sort final des mediants.
18 Oui, tu les places sur des voies glissantes;
Tu les fais tomber, et ils ne sont plus que mines.
19 Eh quoi ! en un instant les voila detruits !
lis sont aneantis, ils disparaissent dans une terrible catastrophe!
20 Comme on fait d\\\\ songe au reveil,
Seigneur, a ton reveil tu repousses leur image.
21 Lorsque mon cceur s'aigrissait,
Et que je me sentais emu profondement,
22 J'etais stupide et sans intelligence,
Cojiune une brute devant toi.
23 Mais je serai a jamais avec toi :
Tu m'as saisi la main droite.
24 Par ton conseil tu me conduiras,
Et tu me recevras ensuite dans la gloire.
25 Quel autre ai-je au ciel que toi?
Avec toi, je ne desire rien sur la terre.
26 Ma chair et mon coeur se consument :
Le rocher de mon cceur et mon partage, c'est Dieu a jamais.
2"] Car ceux qui s'eloignent de toi perissent;
Tu extermines tous ceux qui te sont infideles.
28 Pour moi, etre uni a Dieu, c'est mon bonheur;
En Adonai Jehovah je mets ma confiance,
Afin de raconter toutes tes oeuvres.
; PSAUME LXXIV (VULG. LXXIIl).
ES interpretes sont partages sur I'occasion historique de ce Psaume;les uns la
trouvent dans la prise de Jerusalem par Nabuchodonosor : il aurait ete compose
par un Asaphide du temps d'Esdras, qui, apres avoir assiste k la ruine de sa
patrie, serait reste en Palestine durant I'exil de ses freres ; d'autres descendent jusqu'au
temps des Machabees, alors qu'Antiochus Epiphane pilla Jerusalem et profana le temple.
Ces deux sentiments, le second surtout, sont sujets a de graves objeftions. Nous remon-
terions plutot k I'invasion du roi d'Egypte, Sesac, sous Roboam (I Rois, xiv, 25 sv. Comp.
II Par. xii, 2-9).
Invocation h, Dieu (vers. 1-2); tableau des calamites causees par I'ennemi (3-9); que
Dieu, qui tant de fois, dans les temps anciens, nous a prodigue ses bienfaits (10-17), ^^
souvienne encore de son peuple et venge sa gloire outragee (18-23).
Ps. Ixxiv. 1 CANTI()UE d'Asaph.
Pourquoi, 6 Dieu, nous as-tu rejetes pour toujours?
Pourqiioi ta colere est-elle allumce centre le troupeau de ton palurage?
2 Souviens-toi de ton peuple que tu as acquis aux jours anciens,
Que tu as rnchete pour etre la tribu de ton heritage;
Souviens-toi de la montagne de Sion ou tu faisais ta residence.
3 Porte tes pas vers ces mines irreparables;
L'ennemi a tout ravage dans le san6luaire;
4 Tes adversaires ont rugi au milieu de tes saints parvis;
lis ont etabli pour emblemes leurs emblemes.
5 On les a vus, pareils au bucheron
Qui leve la cognee dans une cpaisse foret.
6 Et maintenant ils ont brise toutes les sculptures
A coups de hache et de marteau.
LIBER PSALMORUM.
145
omnes prasdicationes tuas, in portis
filias Sion.
— :i:— PSALM US LXXIII. — -—
Oratio qua in populi et templi calamitate
in auxilium appellatur Deus.
Intellectus Asaph.
T quid Deus repulisti in
finem : iratus est furor
tuus super oves pascuas
tuas? 2. Memor esto con-
gregationis tu^, quam possedisti ab
initio. Redemisti virgam heredita-
tis tuas : mons Sion, in quo habi-
tasti in eo. 3. Leva manus tuas in
superbias eorum in finem : quanta
malignatus est inimicus in sancto!
4. Et gloriati sunt qui oderunt te : in
medio solemnitatis tuas. Posuerunt
signa sua,'signa : 5. et non cogno-
verunt sicut in exitu super sum-
mum. Quasi in silva lignorum secu-
ribus. 6. Exciderunt januas ejus in
idipsum : in securi, et ascia dejece-
16. Ce mystere, I'apparente anomalie qui
existe dans le gouvernement du monde.
17. Penetre dans le sanfiiiatre : soit
qu'Asaph soit alle reellement dans le temple
pour demander h, Dieu de I'eclairer, soit
qu'il ait simplement eu recours a lui dans la
priere. — Sort final : puisque le mechant
est represente plus haut comme heureux
jusqu'a la mort, ce sort final ne peut se rap-
poi'ter qu'a la destinee de riiomme apres la
vie presente.
18. lis lie sent plus que ruznes; LXX et
Vulg., au moment de letir elevation.
20. Dieu, apres avoir assiste comme en-
dormi a la prosperite des niechants, s'eveil-
lera pour le jugement. Cette prosperite aura
passe comme un songe.
A ton reveil, hebr. bair, syncope de be-
hair; LXX et Vulg., dans ta ville,
22. Stiipide; Vulg. reduit a neant.
23. Mais je serai, etc. ; ou bien : cepen-
da?it je siiis toiijours reste avec toi. Tit ni'as
saisi la main droite, pour m'empecher de
tomber : voy. vers. 2.
24. Tu me conduiras (ou bien, tu m\is
conduit), et je me livre avec confiance a ta
conduite. — Tu me recevras, litt. tu me
prendras (comp. Gen. v, 24; xlix, 16). —
Dans la gloire; ou bien, en gloire, avec
gloire : a defaut d'une revelation exterieure
et positive, la foi du Psalmiste en la justice
de Dieu penetre I'obscurite qui enveloppe
le monde d'au-dela, et lui fait apercevoir
une issue glorieuse aux epreuves de la vie
presente.
25. Sens : avec toi, des lors que je te pos-
sede, je ne desire rien autre chose au ciel et
sur la terre.
26. Lc rocker (Vulg. Dieu), le sur abri.
Delitzsch : le sentiment de I'amour de
Dieu, que David {Ps. xvi, 2) exprime en ces
breves paroles : " Tu es mon Seigneur, toi
seal es mon bien," se deploie ici avec une
profondeur et une beaute mystique incom-
parable.
28. Tes cEuvres, qui mettent en lumiere
NO 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — lo
et en aflion ta justice, ta bonte et ta sagesse
dans le gouvernement du monde. Vulg., afin
de publier toutes tes louanges aux partes de
lafille de Sion : comp. ix, 15.
PSAUME LXXIV.
1. C antique, hebr. maskil : voy. /^.y. xxxii.
— Troupeau de ton pdlurage : locution fa-
miliere aux Asaphides (comp. ytV. xxiii, i).
2. Aux Jours anciens, probablement au
temps de Mo'i'se : la sortie d'Egypte est pre-
sentee comme une acquisition du peuple
hebreu par Jehovah, et comme un rachat
dans lequel Dieu a rempli le role de go'el ou
proche parent. — La tribu, ici, designe toute
la communautd d'Israel, formant, au milieu
des autres peuples, une tribu et comme une
grande famille qui est I'heritage special du
Seigneur. D'autres : souviens-toi de cctfe
tribu de ton heritage que tu as rachetee :
allusion a Gen. xlix, 8-10, ou la preeminence
est promise k Juda. Tel parait etre aussi
le sens de la Vulgate, qui met sceptre au
lieu de tribu; le mot hebreu a en effet les
deux sens.
3. Ruines irreparables, litt. d'eternite, que
nul autre que Dieu ne peut relever. La Vulg.
traduit le i^'' membre -.levetes mains contre
leur insolence qui ne finit pas.
4. Out rugi, ont fait entendre des cris
sauvages ; Vulg., se sont enorgueillis. — Tes
saints parvis : le mot hebr. designe le lieu
ou, d'apres la loi {Nombr. xvii, ig. Comp.
Lament, ii, 6 sv.) Dieu semettait en relation
direcfle avec son peuple. — Lis ont mis leurs
emblcmes (litt. leurs signes), non seulement
les etendards militaires, mais en general
tous les signes exterieurs qui rappellent le
paganisme et I'idolatrie, a la place des em-
blemes religieux d'Israel, qui rappelaient le
culte du vrai Dieu. Comp. I Mack, i, 45-49.
5. Ce verset, mal compris par les ancien-
nes versions, donne I'idee genei'ale des sau-
vages devastations de I'ennemi; le suivant
en decrit un episode relatif aux sculptures
(Vulg. paries) du temple.
146
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
7 lis ont livre au feu ton sancftuaire;
lis ont abattu et profane la demeure de ton nom.
8 lis disaient dans leur coeur : " Detruisons-les tons ensemble!"
lis ont hviili dans le pays tons les lieux saints.
9 Nous ne voyons plus nos signes;
II n'y a plus de prophete,
Et personne parmi nous qui sache jusques a quand ...
10 Jusques a quand, 6 Dieu, Toppresseur insultera-t-il,
L'ennemi blasphemera-t-il sans cesse ton nom?
11 Pourquoi retiies-tu ta main et ta dioite?
Tire-la de son sein et detruis-/t'^/
12 Poui'tant Dieu est mon roi des les temps anciens,
Lui qui tatit de fois a operd des delivrances sur la terre.
13 C'est toi qui as divise la mer par ta puissance,
Toi qui as brise la tete des monstres dans les eaux;
14 C'est toi qui as ecrase les tetes de Leviathan,
Et I'as donne en pature au peuple du de'sert.
15 C'est toi qui as fait jaillir la source et le torrent,
Toi cjui as mis a sec des fleuves ciui ne tarissent pas.
16 A toi est le jour, ^ toi est la nuit;
C'est toi qui a cree la lune et le soleil.
17 C'est toi qui as fixe toutes les limites de la terre;
L'ete et I'hiver, c'est toi cjui les as etablis.
18 Souviens-toi : l'ennemi insulte Jehovah,
Un peuple insense blaspheme ton nom!
19 Ne livre pas aux betes Fame de ta tourterelle,
N'oublie pas pour toujours la vie de tes pauvres.
20 Prends garde a ton alliance! car tons les coins du pays
Sont pleins de repaires de violence.
21 Que I'opprime ne s'en i-etourne pas confus!
Que le malheureux et le pauvre puissent benir ton nom!
22 Leve-toi, 6 Dieu, prends en main ta cause;
Souviens-toi des outrages que t'adresse chaque jour I'insense.
23 N'oublie pas les clameurs de tes adversaires;
L'insolence toUjOurs croissante de ceux qui te haissent.
Ps. Ixxv.
PSAUME LXXV (VULG. LXXIV).
^j^E Psaume et le suivant ont ele composes a I'occasion de I'invasion de Sennacherib.
L'un, faisant echo a la prophetic dlsaie (xxxvii, 11))^ annonce comme prochaine la
^ vi6\oire d'Israel; I'autie en celebre les fruits et rend a Dieu des acftions de graces.
Louange k Dieu (vers. 2) qui a promis de sauver son peuple (3-4); que les tiers enva-
hisseurs ne se glorificnt pas (5-6) : Dieu, qui eleve et abaisse les peuples comme il lui
plait, va exercer son jugement (7-11).
Le style est archaique, abrupt et en quelques endroits obscur, mais plein d'energie
et de grandeur. On rencontre quelques reminiscences du cantique d'Anne (I Sam. ii).
■^ AU maitre de chant. " Ne detruis pas! " Psaume d' Asaph. Cantique.
2 Nous te louons, 6 Dieu, nous te louons;
Ton nom est proche :
On raconte tes merveilles.
3 " Quand le temps sera venu,
Je jugerai avec justice.
S. Tous les lietix saints (litt. les lieux de
reunion de Dieu et de son peuple : comp.
vers. 4), probablement le temple avec ses
divers parvis et ses vastes dependances :
comp. Is. iv, 5.
La Vulg. traduit ce verset : lis ont dit
dans leur avnr, eux et ioute leur bande :
Faisons cesser dans le pays toutes les fetes de
Dieu.
9. Nos signes : tout ce qui rappelle notre
religion, notre culte, comme au vers. 4
(comp. Eccli. xxxvi, 6); peut-etre : les mira-
LIBER PSALMORUM.
147
runt earn. 7. "Incenderunt igni San-
ctuarium tuum : in terra polluerunt
tabernaculum nominis tui. 8. Dixe-
runt in corde suo cognatio eorum
simul : quiescere faciamus omnes
dies festos Dei a terra. 9. Signa no-
stra non vidimus, jam non est pro-
pheta: et nos non cognoscet amplius.
10. Usquequo Deus improperabit
inimicus : irritat adversarius nomen
tuum in finem? 1 1. Ut quid avertis
manurn tuam, et dexteram tuam,
de medio sinu tuoin finem? 1 2,*Deus
autem rex noster ante sascula : ope-
ratus est salutem in medio terrae.
13. Tu confirmasti in virtute tua
mare : contribulasti capita draco-
num in aquis. 14. Tu confregisti
capita draconis : dedisti eum escam
populisi^thiopum. i5.Tudirupisti
fontes, et torrentes : tu siccasti flu-
vios Ethan. 16. Tuus est dies, et tua
est nox : tu fabricatus es auroram et
solem. 17. Tu fecisti omnes termi-
nos terras : asstatem et ver tu plas-
masti ea.
18, Memor esto hujus, inimicus
improperavit Domino : et populus
insipiens nicitavit nomen tuum.
19. Ne tradas bestiis animas confi-
tentes tibi, et animas pauperum
tuorum ne obliviscaris in finem.
20. Respice m testamentum tuum :
quia repleti sunt, qui obscurati sunt
terras domibus iniquitatum. 21. Ne
avertatur humilis factus confusus :
pauper et inops laudabunt nomen
tuum. 22. Exsurge Deus, judica
causam tuam : memor esto impro-
periorum tuorum, eorum quas ab
insipiente sunt totadie. 23. Ne obli-
viscaris voces inimicorum tuorum :
superbia eorum, qui te oderunt,
ascendit semper.
— :i:— PSALMUS LXXIV. — :>—
Re6le vivendum quia imminet judicium Dei.
I. In finem, Ne corrumpas,
Psalmi Cantici Asaph.
ONFITEBIMUR tibi
Deus : confitebimur, et
invocabimus nomen tuum.
Narrabimus mirabilia tua:
3. Cum accepero tempus, ego ju-
cles d'autrefois. — P/us de prophcie : il n'y
a plus parmi nous, en ce moment, aucun
homme inspire de Dieu qui puisse nous dire
quand finiront nos malheurs.
11. La Vulg. peut se ramener au sens de
I'hebr., en la traduisant ainsi -.Pourquoi ne
tounies-tu pas contre I'ennemi fa inatn et ta
droife, sans la laisser constaininent dans ton
sein : celui qui laisse sa main dans son sein
indique qu'il ne veut pas agir.
12. Le Psalmiste a en vue les merveilles
operees en Egypte et dans le desert en fa-
veur des Hebreux.
13. Divisc la mer : passage de la mer
Rouge. Vulg., affcrrdi les eaux de la i/ier. —
La tete des inotistres : symbole des grands
d'Egypte.
1 4. Leviathan, le crocodile, embleme de
Pharaon et de la puissance egyptienne. —
Au peuple dii desert, aux betes fauves; Vulg.,
aux peuples d^Ethiopie.
1$. Jailltr 6\.\ rocher, a la voix de Moise.
— Des fleuves qui ne tarissent pas; hebr.
ethan, d'eternite : passage du Jourdain a
pied sec. Vulg., fleuves d^ Ethan.
16. La lune, litt. le Itiininaire de la nuit,
qui vient d'etre nommee. Vulg., Vatirore.
17. Les limites de la terre, non seulement
celles qui la separent de la mer, mais encore
celles qui partagent la terre elle-meme en
diverses contrees, au moyen des fleuves et
des montagnes : comp. Deut. xxxii, Z; A£l.
xvii, 26. — L^hiver, Vulg. le printenips.
19. Ta tourterelle : comp. Cant, ii, 14;
Ps. Ixviii, 14. Vulg., les dines qui te louent,
suit les LXX qui ont lu autrement.
20. Ton alliance {Gen. xvii, 7 sv.) : ne
serait-elle pas comme non avenue, si ton
peuple etait chasse de la terre promise a
nos peres? — Tous les coins, litt. les lieu.x
sonibres :\e.s nombreuses retraites que four-
nit le sol montueux de la Palestine sont
occupies par les ennemis, et sans doute
aussi par des brigands qui pillent a I'envi
les Israelites.
PSAUME LXXV.
1. Voy. Ps. Ivii, i.
2. Toti nom est proche (comp. Is. xxx, 27) :
la manifestation de tes attributs, et particu-
lierement de ta justice, n'est pas eloigne'e de
nous; tu vas chatier les ennemis d'Israel, et
deja, d'avance, on raconte, etc. Cette con-
fiance etait inspiree au peuple par la pro-
messe qu'Isaie (xxxvii, 2)3) lu' ^^^i^ faite du
secours divin.
148
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
4 La tene est ebranlee avec tous ceux qui I'habitent;
Moi, j'affermis ses colonnes. " — Scla.
5 Je dis aiix orgueilleux : Ne voiis enorgueillissez pas!
Et aux mediants : Ne levez pas la tete!
6 Ne levez pas si haut la tete,
Ne parlcz pas avec tant d'arrogance!
7 Car ce n'est ni de I'oiient, ni de I'occident,
Ni du desert des montagnes ... que 7'icndra le sccours.
8 Non; c'est Dieu qui exerce le jugement :
II abaisse I'un et il eleve I'autre.
9 Car il y a dans la main de Jehovah une coupe,
On bouillonne un vin plein d'aromates.
Et il en verse :
Oui, ils en suceront la lie,
lis boiront tous les mechants de la terra.
10 Et moi, je publierai ces choses a jamais,
Je chanterai les louanges du Dieu de Jacob.
1 1 Et j'abattrai toutes les cornes des mechants ;
Et les cornes du juste seront elevees.
Ps. Ixxvi.
PSAUME LXXVI (VULG. LXXV).
[^^^ Antique d'aclions de graces apres -la vifloire sur les Assyrians, annonce'a dans le
Psaume precedent.
^ ^ AU maitre de chant. Avec instruments a cordes. Psaume d'Asaph, cantique.
2 Dieu s'est fait connaitre en Juda,
En Israel son nom est grand.
3 II a son tabernacle a Salem,
Et sa demeure sur la nwtitagtic de Sion.
4 C'est la qu'il a brise les eclairs de I'arc,
La bouclier, I'epee et la guerre. • — Scla.
5 Tu rasplendis dans ta majeste,
Sur les montagnes d'ou tu fonds sur ta proie.
6 lis ont ete depouilles, ces heros pleins de coeur;
lis se sont endormis de leur sommeil;
Ils n'ont pas su. ces vaillants, se servir de leurs bras
7 A ta menace, Dieu de Jacob,
Char et coursier sont restes immobiles.
8 Tu es redoutable, toi!
Qui peut se tenir devant toi,quand ta colere eclate?
9 Du haut du ciel tu as proclame la sentence;
La terre a tremble et s'est tue,
lo Lorsque Dieu s'est levd pour faire justice,
Pour sauver tous les malheureux du pays. — Scla.
II
12
13
Ainsi la fureur de Thomme tourne a la gloire
Et les restes de sa colore
Faites des voeux et acquittez-les ji Jehovah votre Dieu;
Que tous ceux qui I'enxironnent apportent des dons au Dieu terrible!
II abat I'orgueil des puissants,
II est redoutable aux rois de la terre.
^.La terre est ebranlee (litt.r;/ dissoltiiiou),
toute boulevers^e par les ravages des Assy-
riens.
5-6. y^ dis : est-ce Dieu qui continue a
parler, comme le pense Delitzsch; ou bien
est-ce le Psalmiste qui, s'adressant aux en-
neniis, et faisant peut-etre allusion a la van-
tardise de Rabsaces (II Rois^ xviii, 19.
Comp. Is. xxxvii, 23), traduit en un conseil
pratique I'oracle divin? — La tete, litt. la
come, symbole de la puissance.
7. Le desert des inojitagnes est le desert
LIBER PSALMORUM.
149
stitias judicabo. 4. Liquefacta est
terra, et omnes qui habitant in ea :
ego confirmavi columnas ejus.
5. Dixi iniquis : Nolite inique
agere : et delinquentibus : Nolite
exaltare cornu : 6. Nolite extollere in
altum cornu vestrum : nolite loqui
adversusDeuminiquitatem. 7. Quia
neque ab oriente, neque ab occiden-
te, neq ue a desertis montibus : 8 . quo-
niam Deus judex est. Huhc humi-
liat, et hunc exaltat : 9. quia calix
in manu Domini vini meri plenus
misto. Et inclinavit ex hoc in hoc :
verumtamen faex ejus non est exi-
nanita : bibent omnes peccatores
terras. 10. Ego autem annuntiabo
in sasculum : cantabo Deo Jacob.
II. Et omnia cornua peccato-
rum confringam : et exaltabuntur
cornua justi.
m W!^W& '^ s?g :<?>:??£ ^ ?g: ^: 'm ^: 'm jj;. ??>: •^. m ^: --^
— :i:— PSALM US LXXV, -^>—
Gratiarum acflio post reportatam vidloriam-
I. In finem, in Laudibus,
Psalmus Asaph,
Canticum ad Assyrios.
OTUS in Judaea Deus : in
Israel magnum nomen
ejus. 3. Et factus est in
pace locus ejus : et habi-
tatio ejus in Sion. 4. Ibi confregit
potentias arcuum, scutum, gladium,
et bellum.
5. Illuminans tu mirabiliter a
montibus asternis : 6. turbati sunt
omnes insipientescorde.Dormierunt
somnum suum : et nihil invenerunt
omnes viri divitiariim in manibus
suis. 7. Ab increpatione tua Deus
Jacob dormitaverunt qui ascende-
runt equos.
8. Tu terribilis es, et quis resistet
tibi? ex tunc ira tua. 9. De coelo
auditum fecisti judicium : terra tre-
muit et quievit, 10. cum exsurgeret
in judicium Deus, ut salvos faceret
omnes mansuetos terras.
II. Quoniam cogitatio hominis
confitebitur tibi : et reliquiae co-
gitationis diem festum agent tibi.
12. Vovete, et reddite Domino Deo
vestro : omnes qui in circuitu ejus
affertis munera. Terribili 13. et ei
de Juda,qui separe la Palestine de I'Egypte.
Le nord n'est pas mentionne : c'est de la
que sont venus les Assyriens.
9. F/et'n d\xromates (litt, de melange), qui
ajoutent a sa vertu enivrante et en font le
symbole de la colere divine.
II. Resume de tout le Psaume. Les cor-
ftes, pour \a. pKt'ssance,
Comme le cantique se terminait bien avec
le verset 10, plusieurs soupgonnent que le
vers. II ou Dieu reprend si brusquement la
parole, aurait souffert une transposition par
I'inadvertance d'uncopiste;sa veritable place
serait apres le vers. 4.
PSAUME LXXVI.
1. Voy. Ps. iv. Apres cantique, les LXX
et la Vulg. ajoutent, sur les Assyriens.
2. Israel, dont le royaume particulier avait
cesse d'exister, est ici synonyme dejuda.
3. Son tabernacle, ou sa tente, est a Salem
("Vulg., dans la paix), c.-a-d. k Jerusalem
designee par son ancien nom : malheur a
celui qui s'attaque h. la cite sainte ou Dieu
reside!
&,.Les eclairs de Pare, les fleches, qui bril-
lent comme I'eclair en sortant de Fare.
^.Tu resplendis {q-ovc^-^. Dan. ii, 22; I Tim.
vi, 16). — Sur les montagties, etc.; litt. Tes
montagnes de proie : les collines de Jerusa-
lem, et particulierement celle de Sion, sur
laquelle le temple etait bati. Tel est le sens
le plus satisfaisant de ce verset difficile.
Le Hir : tu respletidis, 6 Majestueux,
comme le soleil qui se l^ve des montagnes
oil habile nt les fauves.
Nv\g., tu laftces des clartes merveilleuses
des montagnes eternelles : soit des hauteurs
celestes, soit de la coUine de Sion (comp.
Ps. Ixxxvi, i).
6. Depouilles de leurs armes. — Ces he'ros :
ironic|ue. — De leur dernier sommeil : c'est
pendant leur sommeil que les Assyriens
furent frappes par I'ange de Dieu.
Ce verset est bien defigure dans la Vul-
gate.
11. Le dernier mot tu ie ceins, lu autre-
ment par les LXX, ne donne aucun sens
satisfaisant, ou simplement intelligible.
12. Que tons ceux qui Peni'ironnent, le
Psalmiste s'adresse aux peuples environ-
nants, temoins du desastre des Assyriens.
— Au Dieu terrible : comp. Is. viii, 1 3.
13. // abat Porgueil, litt. il coupe le souffle
(hebr. rouach); ou bien, il moissonne la vie.
<Zom^. Joel, iii, 13; Apoc. xiv, 18-20.
150 TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME LXXVII (VULG. LXXVl).
f Ans une grande calamite, probablement nationale, le Psalmiste adresse a Dieu sa
plainte (vers. 2-7); il semble d'abord ddsesperer du secours divin (8-11); mais la
confiance renait dans son coeur au souvenir des anciennes merveilles que le Sei-
gneur a operees en faveur de son peuple k la sortie d'Egypte (12-21).
Habacuc, au chap, iii de son livre, parait s'etre inspire de ce Psaume.
Ps, Ixxvii. lAU inaitre de chant. ... Idithun. Psaume d' Asaph.
2 Ma voix s'eleve vers Dieu, at je crie;
Ma voix s'eleve vers Dieu : qu'il m'entende !
3 Au jour de ma detresse, je cherche le Seigneur;
Mes mains sont etendues la nuit sans se lasser;
Mon ame refuse toute consolation.
4 Je me souviens de Dieu, et je gemis;
Je m^dite, et mon esprit est abattu. — Se'la.
5 Tu tiens mes paupieres ouvertesj
Et, dans mon agitation, je ne puis parler.
6 Alo7-s je pense aux jours anciens,
Aux annees d'autrefois.
7 Je me rappelle mes cantiques pendant la nuit,
Je reflechis au dedans de mon coeur,
Et mon esprit se demande :
8 Le Seigneur rejettera-t-il pour toujours?
Ne sera-t-il plus favorable?
9 Sa bonte est-elle epuisee pour jamais?
En est-ce fait de ses promesses pour les ages futurs?
10 Dieu a-t-il oublie sa clemence?
A-t-il, dans sa coleie, retire sa misericorde? — Sela.
1 1 Je dis : " Ce qui fait ma souffrance,
C'est que la droite du Tres-Haut n'est plus la meme ! "
12 je veux rappeler les oeuvres de Jehovah,
Car je me souviens de tes merveilles d'autrefois.
13 Je veux reflechir sur toutes tes ceuvres,
Et mediter sur tes hauts faits.
14 O Dieu, tes voies sont saintes.
Quel dieu est grand comme notre Dieu?
15 Tu es le Dieu qui fait des prodiges;
Tu as manifeste ta puissance parmi les nations.
16 Par ton bras tu as delivre ton peuple,
Les fils de Jacob et de Joseph. — Sela.
17 Les eaux t'ont vu, 6 Dieu,
Les eaux t'ont vu, et elles ont tremble;
Les abimes se sont emus.
18 Les nuees deverserent leurs eaux,
Les nues firent entendre leur voix,
Et tes flinches volcrent de toutes parts.
19 Ton tonnerre retentit dans le tourbillon;
Les eclairs illuminerent le monde;
La terre fremit et trembla.
20 La mer fut ton chemin,
Les grandes eaux ton sentier,
Et Ton ne put reconnaitre tes traces.
21 Tu as conduit ton peuple comme un troupeau,
Par la main de Moise et d'Aaron.
LIBER PSALMORUM.
151
qui aufert spiritum principum, ter-
ribili apud reges terras.
— :i:— PSALMUS LXXVI. — :i:—
Affli(51:us clamat ad Dominum ; recogitans
Dei mirabilia in spem erigitur.
I. In finem, pro Idithun, Psal-
mus Asaph.
hOCE mea ad Dominum
clamavi : voce mea ad
Deum, et intendit mi hi.
3. In die tribulationis meas
Deum exquisivi, manibus meis no-
cte contra eum : et non sum dece-
ptus. Renuit consolari anima mea,
4. memor fui Dei et delectatus sum,
et exercitatus sum : et defecit spiri-
tus meus.
5. Anticipaverunt vigilias ocuH
mei : turbatus sum, et non sum lo-
cutus. 6. Cogitavi dies antiquos :
et annos aeternos in mente habui.
7. Et meditatus sum nocte cum
corde meo, et exercitahar, et scope-
bam spiritum meum.
8. Numquid in aeternum projiciet
Deus : aut non apponet ut compla-
citior sit adhuc? 9. Aut in finem
misericordiam suam abscindet, a ge-
neratione in generationem.? 10. Aut
obliviscetur misereri Deus.'* aut
continebit in ira sua misericordias
suas?
II. Et dixi : Nunc coepi : haec
mutatio dexteras Excelsi. 12. Me-
mor fui operum Dom/ini : quia me-
mor ero ab initio mirabilium tuo-
rum. 13. Et meditabor in omnibus
operibus tuis : et in adinventionibus
tuis exercebor.
14, Deus in sancto via tua : quis
Deus magnus sicut Deus noster.''
15. Tu es Deus qui facis mirabilia.
Notam fecisti in populis virtutem
tuam : 16. redemisti in brachio tuo
populum tuum, filios Jacob, et Jo-
seph.
17. Viderunt te aquae Deus, vi-
derunt te aquas : et timuerunt, et
turbatas sunt abyssi. 18. Multitudo
sonitus aquarum : vocem dederunt
nubes. Etenim sagittae tuas trans-
eunt : 1 9. vox tonitrui tui in rota.
Illuxerunt coruscationes tuas orbi
terrae : commota est et contremuit
terra. 20. In mari via tua, et semitas
tuas in aquis multis : et vestigia tua
non cognoscentur. 21. "Deduxisti
sicut oves populum tuum, in manu
Moysi et Aaron.
" Exod. 14,
29.
PSAUME LXXVII.
1. ...Idithim. Voir Psaume Ixii, i.
2. Le Seigneur^ hebr. Adoiiai.
3. Ales mains sont etendiies : geste de la
priere. — Satis se lasser ; litt. sans s'engotir-
dir; Vulg., et je n^ai pas ete de^u.
j\.Je me souviens, etc., probalDlement dans
le sens que Delitzsch developpe ainsi : quand
je veux me souvenir de Dieu, le rendre pre-
sent a ma pensee, lui qui jadis dtait pres de
moi, maintenant 11 se derobe, et je ge'mis.
5. Tu tiens, etc. : Tu me laisses dans une
douleur qui me prive de sommeil.
6. Atix jours anciens, ou tu nous pro-
diguais tes faveurs.
7. Mes cantiqties d'aclions de graces pour
tes bienfaits.
II. N' est plus la ineme a notre egard. Tel
est le sens qui nous parait le plus probable
de ce verset difficile et diversement explique.
16. Joseph est nomme comme etant le plus
illustre des fils de Jacob. Le nom du pere
d'Ephraim et de Manasse est peut-etre aussi,
en cet endroit, une allusion k la captivite
des Israelites des dix tribus, et h. la reunion
au royaume de Juda de ceux qui avaient
echappe a I'exil.
17. Les eaux de la mer Rouge.
18. Leur voix, le tonnerre. — Tes fleches,
les eclairs. Un violent orageaccompagna-t-il,
pour le proteger, le passage des Hebreux
(comp. Sag. xix, 12); ou bien ne faut-il voir,
ici et vers. 19, qu'une description poetique
de la grande manifestation de Jdhovah, le
tonnerre et les e'clairs figurant habituelle-
ment dans les theophanies bibliques (comp.
Ps. xviii, 14)?
19. Dans le tourbillon : I'ouragan se joi-
gnit a Forage.
20 Pendant que la nature etait ainsi bou-
leversee, Dieu, guide invisible d'lsrael, se
fraye un chemin a travers les eaux, entrai-
nant son peuple apres lui.
21. Comme le berger conduit son troii-
peau : le Psalmiste s'arrete sur cette douce
et gracieuse image, que nous retrouvons
dans les cantiques d'Asaph.
152
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps.
Ixxviii.
PSAUME LXXVIII (VULG. LXXVIl).
I'Histoire d'Israel, brievement esquissde et sans ordre chronologique, depuis I'Exode
jusqu'au regne de David, tel est le sujet de ce Psaume, destine sans doute h. un
usage liturgique. Le but de I'auteur est de rappeler au peuple les temoignages de
bonte dont il a ete I'objet de la part du Seigneur, comme aussi ses ingratitudes et ses
transgressions suivies de chatiments. Mais a cote de ce but principal, une autre intention
se r^vele dans plusieurs passages (vers. 9 sv. 60, 67-72) : le Psalmiste veut, k Tencontre de
la puissante tribu d'Ephraim, qui groupait autour d'elle les autres tribus du nord, etablir
la l^gitimite de la royaute de David (comp. II Sam. xix, 41-43), et justifier la translation
de I'arche de Silo sur le niont Sion. Ce petit poeme historique s'arretant au regne de David,
il est naturel de penser que \ Asaph dont il porte le nom etait le contemporain et I'ami de
ce roi.
Preambule (vers. 1-4); les faits merveilleux de I'histoire d'Israel doivent etre transmis
par les peres aux enfants (5-8); infiddlite d'Ephraim (9-1 1); prodiges de la mer Rouge et
du desert (12-16); murmures des Israelites (17-20); la manne (21-25); les cailles, nouveaux
murmures suivis de chatiments (26-33); fausse conversion du peuple a pieu,qui pardonne
encore (34-39); revokes des Isratffites au desert, oublieux des prodiges accomplis en
Egypte (40-51); etablissement d'Israel en Chanaan (52-55); ses infidelites dans la Terre
promise (56-58); Dieu abandonne le sancfluaire de Silo et livre Israel a ses ennemis (59-64);
il repudie Ephraim, et choisit Juda et Sion (65-67); royaute de David (68-72).
iCANTIQUE d'Asaph.
Ecoute, mon peuple, mon enseignement;
Prete Toreille aux paroles de ma bouche.
2 Je vais ouvrir ma bouche pour dire des sentences,
Je publierai la sagesse des temps anciens.
3 Ce que nous avons entendu, ce que nous avons appris,
Ce que nos peres nous ont racont^,
4 Nous ne le cacherons pas a leurs enfants;
Nous dirons a la generation future les louanges de Jehovah,
Et sa puissance, et les prodiges qu'il a operes.
5 II a mis une r^gle en Jacob,
II a etabli une loi en Israel,
Quand il a enjoint a nos peres
D'apprendre ces choses a leurs enfants,
6 Pour qu'elles soient connues des generations suivantes,
Des enfants qui naitraient,
Et que ceux-ci k leur tour les racontent a leurs enfants.
7 Ainsi ils mettraient en Dieu leur confiance,
lis n'oublieraient point les oeuvres de Dieu,
Et ils observeraient ses preceptes;
8 lis ne seraient point, comme leurs peres,
Une race indocile et rebelle,
Une race au coeur volage,
Dont I'esprit n'est pas fidele k Dieu.
9 Les fils d'Ephraim, archers habiles h tirer de Tare,
Ont tourne le dos au jour du combat;
10 Ils n'ont pas garde I'alliance de Dieu,
lis ont refuse de marcher selon sa loi;
lis ont mis en oubli ses grandes ceuvres.
II
12
13
14
15
Et les merveilles qu'il leur avait montrees.
Devant leurs peres, il avait fait des prodiges,
Au pays d'Egypte, dans les campagnes de Tanis.
II ouvrit la mer pour les faire passer,
II retint les eaux dressees comme une muiaille.
II les conduisit le jour par la nuee,
Et toute la nuit par un feu brillant.
II fendit les rochers dans le desert,
Et il donna a boire comme des flots abondants.
LIBER PSALMORUM.
153
— :i:— PSALMUS LXXVII.— ^S—
Judaeos excitat memorando beneficia
et flagella Dei.
Intellectus Asaph,
TTENDITE
popule
meus legem meam : in-
clinate aurem vestram in
verba oris mei. 2. Ape-
riam in parabolis os meum : loquar
propositiones ab initio. 3. Quanta
audivimus et cognovimus ea : et pa-
tres nostri narraverunt nobis.4.Non
sunt occultata a filiis eorum, in ge-
neratione altera. Narrantes laudes
Domini, et virtutes ejus, et mirabi-
lia ejus quas fecit.
5. Et suscitavit testimonium in
Jacob : et legem posuit in Israel.
Quanta mandavit patribus nostris
iiota facere ea filiis suis : 6. ut co-
gnoscat generatio altera. Filii qui
nascentur, et exsurgent, et narra-
bunt filiis suis, 7. ut ponant in Deo
spem suam, et non obliviscantur
operum Dei : et mandata ejus ex-
quirant : 8. ne fiant sicut patres
eorum : generatio prava et exaspe-
rans. Generatio, quae non direxit
cor suum : et non est creditus cum
Deo spiritus ejus.
9. Filii Ephrem intendentes et
mittentes arcum : conversi sunt in
die belli. 10. Non custodierunt te-
stamentum Dei : et in lege ejus no-
luerunt ambulare. 1 1. Et obliti sunt
benefactorum e;jus, et mirabilium
ejus quae ostendit eis.
12. Coram patribus eorum fecit
mirabilia in terra i^gypti,in campo
Taneos. 13. "Interrupit mare, et
perduxit eos : et statuit aquas quasi
in utre. 14. Et deduxit eos in nube
diei : et tota nocte in illuminatione
ignis. 15. ^Interrupit petram in ere-
mo : et adaquavit eos velut in abys-
so multa. 16. Et eduxit aquam de
petra: et deduxit tamquam flumina
aquas.
17. Et apposuerunt adhuc pec-
care ei : in iram excitaverunt Ex-
celsum in inaquoso. 18. Et tentave-
runt Deum in cordibus suis : ut
peterent escas animabus suis. 1 9. Et
male locuti sunt de Deo 1 dixerunt :
Numquid poterit Deus parare men-
sam in deserto? 20. Quoniam per-
cussit petram, et fluxerunt aquas, et
torrentes inundaverunt. Numquid
et panem poterit dare, aut parare
mensam populo suo.^
21. 'Ideo audivit Dominus, et
distulit : et ignis accensus est in
Jacob, et ira ascendit in Israel :
22. quia non crediderunt in Deo,
nee speraverunt in salutari ejus :
23. et mandavit nubibus desuper,
et januas coeli aperuit. 24. ''Et pluit
illis manna ad manducandum, et
panem coeli dedit eis. 25. 'Panem
Angelorum manducavit homo : ci-
baria misit eis in abundantia.
" Exod. 14,
22.
'' Exod. 17,
6. Ps. 104,
41.
Num. II,
I.
""Exod. 16,
4. Num. II,
1-
'■ Joann. 6,
31. I Cor.
10, 3.
PSAUME LXXVIII.
I, Cati/ique, hebr. viaskil :voy. Ps.-x.x\\\.
— Ecoute : comp. a ce preambule Dent.
xxxii, i; Is. i, 2; Ps. xlix, 2.
2.Je vais ouvrir : cite et applique au Sau-
veur par S. INIatthieu (xiii, 35). — • La sagesse,
hebr. chidof/i, paroles obscures, enigmes,
cachant un sens profond qu'on n'apergoit
pas tout d'abord.
3. Cf. Exode x, 2; xiii, 8, 14. Dent, iv, g.
9 sv. Les fits (T Eplira'i)ii : comme la puis-
sante tribu de ce nom eut la preponderance
dans la nation depuis Josue jusqu'ci David,
plusieurs interpretes pensent que ces mots
sont ici synonymes de tout Israel (comp.
Osee., iv, 7). Cette opinion est nettement
contredite par le vers. 67. Elle est vraie
seulement en ce sens que I'affirmation du
Psalmiste s'applique egalement aux Israe-
lites en general (vers. 57) ; mais il nomme
avec intention la redoutable tribu du nord,
afin de preparer la conclusion de son can-
tique, savoir le rejet de Silo et d'Ephrai'm.
— Ont tourne le dos, etc. : aucun fait histo-
rique connu ne vient appuyer cette asser-
tion prise k la lettre. Aussi les interpretes
sont-ils d'accord pour lui donner un sens
figure.
12. Tarn's, hebr. Tsoan, auj. Sati, sur un
large bras du Nil, residence favorite du pha-
raon contemporain de Moise.
I
>
154 TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
i6 Du rocher il fit jaillir des sources
Et couler I'eau par torrents.
17 Mais ils continuerent de pecher contre lui,
De se revolter contre le Tres-Haut dans le desert.
18 lis tentcrent Dieu dans leur coeur,
En demandant de la nourriture selon leur convoitise.
19 lis parlerent contre Dieu et dirent :
" Dieu pourra-il dresser une table dans le desert?
20 Voici qu'il a frappe le rocher, et des eaux ont coule,
Et des torrents se sont repandus; j
Pourra-t-il aussi nous donner du pain.? 1
Pourra-t-il procurer de la viande k son peuple?
21 Jehovah entendit et il fut irrite,
Un feu s'alluma contre Jacob,
Et la colere s'dleva contre Israel,
22 Parce qu'ils n'avaient pas eu foi en Dieu V
Et n'avaient pas espere en son secours.
23 Cepetida}it il commanda aux nuees d'en-haut,
Et il ouvrit les portes du ciel;
24 II fit pleuvoir sur eux la manne pour les nourrir,
Et leur donna le froment du ciel.
25 Chacun mangea le pain des anges,
II leur envoya de la nourriture a satiete.
26 II fit souffler dans !e ciel le vent d'orient,
II amena par sa puissance le vent du midi;
27 11 fit pleuvoir sur eux la viande comme de la poussiere,
Et les oiseaux ailes comme le sable des mers.
28 II les fit tomber au milieu de leur camp,
Autour de leurs tentes.
29 Ils mangerent et se rassasierent h. I'exces;
Dieu leur donna ce qu'ils avaient desire.
30 lis n'avaient pas encore satisfait leur convoitise,
Et leur nourriture etait encore k. leur bouche,
31 Quand la colere de Dieu s'eleva contre eux;
11 frappa de mort les mieux repus,
II abattit les jeunes hommes d' Israel.
32 Apres tout cela, ils pecherent encore,
Et n'eurent pas foi dans ses prodiges.
33 Alors il dissipa leurs jours comme un souffle,
Et leurs annt'es par une fin soudaine.
34- Quand il les frappait de mort, ils le cherchaient,
lis revenaient, empresses a retrouver Dieu.
35 lis se rappelaient que Dieu etait leur rocher,
Et le Dieu Tres-Haut leur liberateur.
36 INTais ils le trompaient par leurs paroles,
Et leur langue lui mentait.
37 Leur cccur n'etait pas ferme avec lui,
lis n'etaient pas fiddles h. son alliance.
38 Mais lui est misericordieux :
II pardonne le pt'che et ne detruit pas;
Souvent il retint sa colere,
Et ne se livra pas ;\ toute sa fureur.
39 II se souvenait qu'ils n'etaient que chair,
Un souffle qui s'en va et ne revient plus.
40 Que de fois ils se revolterent contre lui dans le dt'sert !
(2ne dc fois ils I'irriterent dans la solitude?
41 lis ne cesserent de tenter Dieu
Et de provoquer le Saint d'Israel.
42 lis ne se souvinrent plus de sa puissance,
Du jour ou il les delivra de I'oppresseur,
LIBER PSALMORUM.
155
26yTranstulit Austrum de coe-
lo : et induxit in virtute sua Afri-
cum. 2,7. Et pluit super eos sicut
pulverem carnes : et sicut arenam
maris volatilia pennata. 28. Et ceci-
derunt in medio castrorum eorum :
circa tabernacula eorum. 29. Et
manducaverunt et saturati sunt ni-
mis, et desiderium eorum attulit
eis : 30. non sunt fraudati a deside-
rio suo, ^Adhuc escae eorum erant
in ore ipsorum : 31. et ira Dei
ascendit super eos. Et occidit pin-
gues eorum, et electos Israel impe-
divit.
32. In omnibus his peccaverunt
adhuc : et non crediderunt in mira-
bilibus ejus. 33. Et defecerunt in
vanitate dies eorum : et anni eorum
cum festinatione. 34. Cum occide-
ret eos, quasrebant eum : et reverte-
bantur, et diluculo veniebant ad
eum. 25- Et rememorati sunt quia
Deus adjutor est eorum : et Deus ex-
celsus redemptor eorum est. 36. '' Et
dilexerunt eum in ore suo, et lingua
sua mentiti sunt ei : 37. cor autem
eorum non erat rectum cum eo :
nee fideles habiti sunt in testamento
ejus. 38. Ipse autem est misericors,
et propitius fiet peccatis eorum : et
non disperdet eos. Et abundavit ut
averteret iram suam : et non accen-
dit omnem iram suam : 39. et re-
cordatus est quia caro sunt : spiritus
vadens, et non rediens.
40. Quoties exacerbaverunt eum
in deserto, in iram concitaverunt
eum in inaquoso? 41. Et conversi
sunt, et tentaverunt Deum : et san-
ctum Israel exacerbaverunt.42.N0n
sunt recordati manus ejus, die qua
redemit eos de manu tribulantis,
43. sicut posuit in ^^igypto signa
sua, et prodigia sua in campo Ta-
neos.
44. 'Et convertit in sanguinem
flumina eorum, et imbres eorum, ne
biberent. 45. 'Misit in eos coeno-
myiam, et comedit eos : et ranam,
et disperdidit eos. 46. ''Et dedit
asrugini fructus eorum ; et labores
eorum locustas. 47. ^Et occidit in
grandine vineas eorum : et mores
eorum in pruina. 48. Et tradidit
grandini jumenta eorum : et posses-
sionem eorum igni. 49. Misit in eos
iram indignationis suas : indigna-
tionem, et iram, et tribulationem :
immissiones per angelos malos.
50. Viam fecit semitas irag suae, non
pepercit a morte animabus eorum :
et jumenta eorum in morte conclu-
sit. 51. "'Et percussit omne primo-
genitum in terra ^gypti : primitias
omnis laboris eorum in tabernaculis
Cham.
52. Et abstulit sicut oves popu-
lum suum : et perduxit eos tam-
quam gregem in deserto. 53. Et de-
duxit eos in spe, et non timuerunt:
"et inimicos eorum operuit mare.
54. Et induxit eos in montem san-
ctificationis suas, montem, quem
'Exod. 7,
20.
>Exod. 8,
6. 24.
^•' Rxod. 10,
15-
'Exod. 9,
■ Exod. 12,
"Exod. 14,
27.
18. 1/s tentereni Diett en mettant en ques-
tion, dmis leur cceter, sa puissance et sa
bonte : comp. I Cor. x, 9. — En deinandant,
sans foi, et comme par defi. — Leurs desirs
sensuels. Voy. Exod. .\vi, 3; Nombr. xi, 4.
19. Comp. Marc, viii, 4.
2.1. II flit irrite {Nombr. xi, i, 10); Vulg,,
il differa, il attendit un pen : en efifet, Dieu
accueillit favorablement la premiere de-
mande des Hebreux relative a la manne;
ce n'est que plus tard qu'il s'irrita.
22. Nombr. xiv, 11. Comp. Hebr. iii, 18.
24. Le fromeiit die ctel, envoye du ciel,
non produit par la terre : en quoi surtout la
manne est la figure de I'Eucharistie {Jean,
vi, 31, 59)-
25. Lepain des angesj non dont les anges
se nourrissent {Tob. xi, 19); mais qui sem-
ble venir du sejour des anges, ou meme etre
envoye par eux.
26 sv. Miracle des cailles : voy. Nombr.
xi, 31.
31. Les tmeiix repus, lilt, les plus gros;
d'autres, les plus vigoureu.v. Voy. Nombr.
32. Et li'eurent pas foi : se rapporte pro-
bablement au retour des espions envoyes en
Chanaan {Nombr. xiv, 11).
33. Tous les Israelites ages de plus de
20 ans furent condamnes a perir dans le
desert {Nombr. xiv, 23. Comp. xxi, 6).
41. Tefiier Dieu : xoy. \'&\s. 18. ..
156
TROISlfeME LIVRE DES PSAUMES.
i
43 Oil il montra ses prodiges en Egypte,
Ses adlions merveilleuses dans les campagnes de Tanis.
44 II changea leurs fleuves en sang,
Et ils ne piirent boire a leurs ruisseaux.
45 II envoya centre eiix le moucheron qui les devoraj
Et la grenouille qui les fit p^rir.
46 II livra leurs recoltes a la sauterelle,
Le produit de leur travail h. ses innombrables essaims.
47 II detruisit leurs vignes par la grele,
Et leurs sycomores par les grelons.
48 II abandonna leur betail a la grele,
Et leurs troupeaux aux coups de la foudre.
49 II dechaina centre eux le feu de son courroux,
La fureur, la rnge et la detresse,
Toute une armee d'anges de malheur.
50 II donna libre carriere a sa coiere,
II ne sauva pas leur ame de la mort,
II livra leur vie a la destruflion.
51 II frappa tous les premiers-nes en Egypte,
Les premices de la force sous les tentes de Cham.
52 II fit partir son peuple comme des brebis,
II les mena comme un troupeau dans le desert.
53 II les dirigea surement, sans qu'ils eussent rien k craindre,
Et la mer engloutit leurs ennemis.
54 II les fit arriver jusqu'a sa frontiere sainte,
Jusqu'k la montagne que sa droite a conquise.
55 II chassa les nations devant eux,
Leur assigna par le sort leur part d'heritage,
Et fit habiter dans leurs tentes les tribus d'Israel.
56 Cependant ils ont encore tente et provoque le Dieu Tres-Haut,
Et ils n'ont pas observe ses ordonnances.
57 Ils se sont detournes et ont ^te infideles comme leurs peres,
lis se sont detournes, comme un arc trompeur.
58 Ils Font irrite par leurs hauts lieux,
lis ont excitd sa jalousie par leurs idoles.
59 Dieu entendit et s'indigna,
II prit Israel en grande aversion.
60 II d(5daigna le demeure de Silo,
La tente ou il habitait parmi les hommes.
61 II livra sa force h la captivite,
Et sa majeste aux mains de Tennemi.
62 II abandonna son peuple au glaive,
Et il s'indigna contre son heritage.
63 Le feu devora ses jeunes hommes,
Et ses vierges n'entendirent point le chant nuptial.
64 Ses pretres tomberent par I'epee,
Et ses veuves ne se lamenterent point.
65 Le Seigneur se reveilla, comme un homme endormi,
Pareil au guerrier subjugut^ par le vin.
66 II frappa ses ennemis par derricre,
II leur infligea une honte eternelle.
67 Mais il prit en aversion la tente de Joseph,
Et il repudia la tribu d'Ephraim.
43. Tarn's : voy. vers. 12.
Suit I'enumeration des principales plaies
d'Egypte.
44. LeitrsJIciivcs, le Nil avec ses branches
et ses canaux. — Et ils ne ptiretit, etc.; ou
bien, ainsi que leurs ruisseaux, et ils ne
pureiit en boire.
47. Leurs vignes : les dccouvertes mo-
dernes ont prouve que la vigne etait cultivee
dans I'ancienne Egypte. Comp. Gen. xl, 9.
LIBER PSALMORUM.
157
acquisivit dextera ejus. Et ejecita
13,16. facie eorum gentes : et "sorte divisit
eis terram in funiculo distributionis.
SS- Et habitare fecit in tabernaculis
eorum tribus Israel.
56. Et tentaverunt, et exacerba-
verunt Deum excelsum : et testimo-
nia ejus non custodierunt. 57. Et
averterunt se, et non servaverunt
pactum : quemadmodum patres eo-
rum, conversi sunt in arcum pra-
vum.58. In iramconcitaverunteum
in collibus suis : et in sculptilibus
suis ad aemulationem eum provoca-
verunt.
59. Audivit Deus, et sprevit : et
ad nihilum redegit valde Israel.
eg. 4. 60. ^Et repulit tabernaculum Silo,
tabernaculum suum, ubi habitavit
in hominibus. 61. Et tradidit in
captivitatem virtutem eorum : et
pulchritudinem eorum in manus
inimici. 62. Et conclusit in gladio
populum suum : et hereditatem
suam sprevit. Sj. Juvenes eorum
comedit ignis : et virgines eorum
non sunt lamentatas. 64, Sacerdotes
eorum in gladio ceciderunt : et vi-
duae eorum non plorabantur.
65. Et excitatus est tamquam
dormiens Dominus, tamquam po-
tens crapulatus a vino. 66. ''Et per-
cussit inimicos suos in posteriora :
opprobrium sempiternum dedit
illis. 67. Et repulit tabernaculum
Joseph : et tribum Ephraim non
^ 1 Reg. 5.
49. Resumd de tous les maux dechaines
centre les Egyptians. Toute line arincc^ litt.
mission, d'anges de inalheur : le Psalm iste
appelle ainsi les fleaux personnifi^s. Ou
bien, avec Le Hir : envoi d'anges de nial-
heurs, probablement de bons anges {Exod.
xii, 12. Comp. Sag. xviii, 15), executeurs
des justices de Dieu.
50. Letir vie, ou avec la Vulg., leur detail.
■ — A la destrii£lion, ou a la peste (5^ plaie.
Exod. ix, 1-7).
51. Dixieme plaie. Les premices de la force
virile, comme nous dirions : la fleur de la
jeunesse. — Tentes de Cham, I'Egypte, ainsi
appelee parce que Mitsraim, fils de Cham,
est regarde comme le pere des Egyptiens.
Le Psalmiste reprend I'histoire d'Israel k
partir du desert.
53. La mer Rouge.
54. La frontiere de la Terre sainte. — La
montagne, le pays montagneux de Chanaan
{Is. xi, 9).
55. Les nations, les peuplades chana-
neennes.
56 sv. Arrivds dans la Terre promise, les
Israelites furent infideles k Dieu, tomberent
dans l'idolS,trie, comme leurs peres du de-
sert. — lis se detourncrent de Dieu, seul
objet legitime de leurs adorations, sembla-
bles a U7i arc trovipeur, fausse, qui lance la
fleche loin du but.
58. Hants liciix, tertres ou coUines ou les
Israelites rendaient un culte a des divinites
paiennes.
60. Oil il habitaitj ou bien, quHl avail
dressee. Le tabernacle resta k Silo depuis Jo-
sue {Jos. xviii, I ) jusqu'a Samuel ( I Sam. i, 3).
61. Sa force... sa majestc : I'arche d'al-
liance qui fut prise par les Philistins (I Sam.
iv, 10),
Le Hir, avec la Vulgate : sa force... sa
gloire, I'arche qui faisait la force et la gloire
d'Israel.
62. Au glaive, a I'epee des Philistins.
63. Le feu de la guerre. — Ses vierges,
etc. : il n'y avait plus de jeunes gens pour
les epouser. Vulg., ne furent point pleiirees,
sans doute par leurs fiances ou leurs peres
tues a la guerre.
64. Ses prctres, par ex. Ophni et Phinees
(I Sam. iv, 17). — Ne se lainenterent poitif,
ne purent, a cause de la guerre, celebrer
avec les ceremonies accoutum^es le deuil
de leurs maris : I'omission de ces rites fun^-
raires etait I'indice d'une extreme desola-
tion. Vulg., oti ne fit point le deuil de leurs
veuves.
65. Le Seigneur qui paraissait dormir
pendant qu'Israel etait sous le joug des ido-
latres, s'cveilla pour le delivrer : comp. Ps.
xliv, 24; Ixxiii, 20. — An guerrier subjugue'
par le vin, ou excite par le vin; le mot est
obscur : le premier sens va mieux pour le
parallelisme.
66. Par derriere, apres les avoir mis en
fuite; peut-etre aussi allusion a I Sam. v,
6 sv. En tout cas, le verset vise toutes les
vicfloires remportees sur les Philistins de-
puis Samuel jusqu'k David.
67. La tente ou le tabernacle de Joseph,
c.-a-d. d'Ephraim, fils de Joseph. Durant la
periode des Juges, le tabernacle renfermant
I'arche d'alliance fut garde a Silo, ville de
la tribu d'Ephraim; cette ville etait alors le
centre religieux et national ou se reunis-
saient les chefs des tribus {Jos. xviii, i, 10).
Dieu changea cet etat de choses en faveur
de la tribu de Juda, k laquelle appartenait
David, et qui devait avoir la preeminence
I dans la nation {Gen. xlix, 10). Apres diverses
158
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
68 II choisit la tribu de Juda,
La montagne de Sion qu'il aimait.
69 Et il batit son sanfluaire comme les hauteurs du del,
Comme la terre qu'il a fondee pour toujours.
70 II choisit David, son serviteur,
Et le tira des bergeries;
71 II le prit derriere les brebis meres,
Pour paitre Jacob, son peuple,
Et Israel, son heritage.
72 Et David les guida dans la droiture de son cceur,
Et il les conduisit d'une main habile.
PSAUME LXXIX (VULG. LXXVIIl).
E Psaume a le meme auteur, le meme style et probablement se rapporte au meme
sujet que le Ixxiv^. Asaph, apres avoir repr^sent^ a Dieu I'etat deplorable de la
ville sainte et du peuple fidele (vers. 1-4), implore sa misericorde et son secours
(5-13)-
Ps. l.xxix. i PSAUME d'Asaph.
O Dieu, les nations ont envahi ton heritage,
Elles ont profane ton saint temple.
EUes ont fait de Jerusalem un monceau de pierres.
2 Elles ont livre les cadavres de tes serviteurs
En pature aux oiseaux du ciel,
Et la chair de tes fideles aux betes de la terre.
3 Elles ont verse leur sang comme de I'eau
Tout autour de Jerusalem,
Et personne pour leur donner la sepulture!
4 Nous sommes devenus un objet d'opprobre pour nos voisins,
De risee et de moquerie pour ceux qui nous entourent.
5 Jusques a quand, Jehovah, seras-tu irrite pour toujours,
Et ta colere s'allumera-t-elle comme le feu?
6 Rcpands ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas,
Sur les royaumes qui n'invoquent pas ton nom.
7 Car ils ont ddvore Jacob
Et ravage sa demeure.
8 Ne te souviens plus contre nous des iniquitds de nos peres;
Que ta compassion vienne en hate au-devant de nous,
Car notre misere est au comble.
9 Secours-nous, Dieu de notre salut, pour la gloire de ton nom,
Delivre-nous et pardonne nos peches a cause de ton nom.
10 Pourquoi les nations diraient-elles : " Ou est leur Dieu?"
Ou'on sache parmi les nations, et que nos yeux en soient temoins,
Que tu venges le sang de tes serviteurs, le sang repandu!
11 Que les g^^missements des captifs montent jusqu'a toi;
Selon la grandeur de ton bras sauve ceux qui vont perir.
12 P'ais retomber sept fois dans le sein de nos voisins
Les outrages qu'ils t'ont faits, Seigneur!
13 Et nous, ton peuple, le troupeau de ton paturage,
Nous te rendrons gloire a jamais;
D'age en age nous publierons tes louanges.
LIBER PSALMORUM.
159
elegit : 68. sed elegit tribum Juda,
montem Sion quem dilexit. 69. Et
jedificavit sicut unicornium sancti-
ficium suum in terra, quam funda-
vit in sascula.
70. Et elegit David servum suum,
et sustulit eum de gregibus ovium :
de post foetantes accepit eum, 7 1 . pa-
scere Jacob servum suum, et Israel
hereditatem suam : 72. et pavit eos
in innocentia cordis sui : et in in-
tellectibus manuum suarum dedu-
xit eos.
— :i:— PSALMUS LXXVIII. —^^
Deplorat urbis et templi ruinam, et implorat
Dei opem.
Psalmus Asaph.
EUS venerunt gentes in
hereditatem tuam, pollue-
runt templum sanctum
tuum : posuerunt Jerusa-
lem in pomorum custodiam. 2, Po-
suerunt morticinaservorumtuorum,
escas volatilibus coeli : carnes san-
ctorum tuorum bestiis terras. 3. Effu-
derunt sanguinem eorum tamquam
aquam in circuitu Jerusalem : et
non erat qui sepeliret.4. F'acti sumus
opprobrium vicinis nostris : subsan-
natio et illusio his, qui in circuitu
nostro sunt.
5. Usquequo Domine irasceris in
finem : accendetur velut ignis zelus
tuus.? 6. "EfFunde iram tuam. in "Jer. 10,25.
gentes, qu« te non noverunt : et in
regna, quae nomen tuum non invo-
caverunt : 7 . quia comederunt Jacob :
et locum ejus desolaverunt.
8. *Ne memineris iniquitatum no- *is. 64, 9.
strarum antiquarum,cito anticipent
nos misericordias tuas : quia paupe-
res facti sumus nimis. 9. Adjuva
nosDeus salutaris noster: et propter
gloriam nominis tui Domine libera
nos : et propitius esto peccatis no-
stris, propter nomen tuum : 10. ne
forte dicant in gentibus : Ubi est
Deus eorum.^ et innotescatin natio-
nibus coram oculis nostris. Ultio
sanguinis servorum tuorum, qui
efFusus est :
1 1. Introeat in conspectu tuo ge-
mitus compeditorum. Secundum
magnitudinem brachii tui, posside
filios mortificatorum. 12. Et redde
vicinis nostris septuplum in sinu
eorum : improperium ipsorum,
quod exprobraverunt tibi Domine.
1 3. Nos autem populus tuus, et oves
pascuas tuas, confitebimur tibi in
ssculum : in generationem et ge-
nerationem annuntiabimus laudem
tuam.
stations, I'arche fut transportee definitive-
ment sur le mont Sion, et Jerusalem devint
la capitale religieuse et politique d'Israel.
69. Co}iiiiie les hauteurs du ciel : le Psal-
miste compare le san6luaire de Sion au
sancfluaire meme du ciel pour la hauteur et
la saintete (comp./^^, xxi, 22; xxii, 12); a la
terra, pour la solidite et la duree.
71. Les brebis meres ^ qui allaitent. Ainsi
le pasteur de brebis devint le pasteur d'Is-
rael, comme Pierre le pecheur sera choisi
plus tard pour etre un pecheur d'hommes.
PSAUME LXXIX.
1. Un monceaic de pierres, ou de ridnes.
LXX et Vulg., line cabane a garder les re-
coltes ou les fruits. Comp. I Rois, xiv, 25 sv.
II Par. xii, 2-10.
2. Ce verset et le suivant, combines en-
semble, sont cites, comme un oracle connu.
par I'auteur du i^r livre des Machabees
(vii, 17), et appliques aux calamites de cette
epoque.
3. La privation de sepulture etait pour les
Juifs le comble du malheur et de I'ignomi-
nie. Comp. y^'r. viii, 2; xiv, 16, al.
^.Jusqiccs a qtcaiid... pour toujours : voy.
la note de Ps, Ixxiv, i.
6. Ce verset et le suivant sont textuelle-
ment dans Jeremie (x, 25).
7. lis otit, litt. on a.
II. Cetix qui vont pe'rir, litt. les fils de la
inort, ceux qui sont destines a la ir.ort.
Vulg., les fils de ceux qu'on a fait mourir.
Les monuments de Karnac montrent que
Sesac emmena en captivite uncertain nom-
bre d'Israelites de distin(flion, et que plu-
sieurs devaient etre immoles en I'honneur
de ses dieux.
160
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME LXXX (VULG. LXXIX).
l^g^N pocte inspire de I'dcole d'Asaph adresse une priere a Dieu, le Pasteur d'Israel,
11^1 en faveur des dix tribus emmenees captives par Salmanazar, roi d'Assyrie. Que le
iSd^si Pasteur d'Israel aie pitie de son peuple (vers. 2-4), accable de maux (5-8); ce
peuple, c'est la vigne que le Seigneur avait transplantee d'Egypte (9-12) ses ennemis la
livrent au pillage (13-15); que Dieu le protege, et Israel lui sera d^sormais fidele (16-20).
L'exquise beaute des images, la grace et la noblesse du style font de ce cantique une
des plus remarquables produflions de I'ecole d'Asaph. Un refrain termine la F^, la 2e et
la dernicre strophe.
Ps. Ixxx. lAU maitre de chant. Sur les lis du temoignage. Psaume d'Asaph.
2 Pasteur d'Israel, prete I'oreille,
Toi qui conduis Joseph comme un troupeau;
Toi qui trones sur les Cherubins,
Parais dans ta splendeur.
3 Devant Ephraim, Benjamin et Manasse
Reveille ta force,
Et viens a notre secours.
4 O Dieu, rdtablis-nous;
Fais briller sur nous ta face, et nous serons sauves.
5 Jehovah, Dieu des armees,
Jusques a quand seras-tu irrite quand ton peuple tc prie?
6 Tu les a nourris d'un pain de larmes,
Tu les a abreuves de larmes abondantes.
7 Tu as fait de nous un objet de dispute pour nos voisins,
Et nos ennemis se raillent de nous.
8 Dieu des armees, retablis-nous;
Fais briller sur nous ta face, et nous serons sauves.
9 Tu as arrache de I'Egypte une vigne;
Tu as chasse les nations et tu I'as plantee.
10 Tu as menag^ de la place devant elle,
Et elle a enfonce ses racines et rempli la terie.
11 Son ombre couvrait les montagnes,
Et ses rameaux les cadres de Dieu;
12 Elle ^tendait ses branches jusqu'a la Mer,
Et ses rejetons jusqu'au Fleuve.
13 Pourquoi as-tu rompu ses clotures.
En sorte que tous les passants la devastent?
14 Le sanglier de la foret la devore,
Et les betes des champs en font leur pature.
15 Dieu des armees, reviens,
Regarde du haut du ciel, et vols,
Considere cette vigne!
16 Protege ce que ta droite a plante,
Et le fils que tu t'es choisi! ...
17 Elle est brulee par le feu, elle est coupee!
Devant ta face menac^ante, tout perit.
18 Que ta main soit sur I'homme de ta droite,
Sur le fils de I'homme que tu t'es choisi,
PSAUME LXXX.
2. Le peuple est nomme d'abord Israel,
comme descendant de Jacob, puis Joseph
(pore d'Ephraim), qui designe le royaume
des dix tribus ou au nioins les tribus du
nord; ce sont elles, comme le montre le
vers. 3, que le Psalmiste a principalement
en vue. — Sur les Cherubins : les Cheru-
bins vivants du ciel et ceux de I'arche, ima-
ges des premiers, forment egalement le
trone de Dieu. — Parais dans ta splendeur,
dans ta gloire de juge et de sauveur, en
delivrant ton peuple.
LIBER PSALMORUM.
161
^^^^^^'gK:'^^:gs^^
— :i:— PSALM US LXXIX. — :>—
Oratio Hebrasorum captivorum rogantium
Deum ut ipsis opem ferat.
I. In finem, Pro lis, qui commu-
tabuntur, testimonium Asaph, Psal-
mus.
|UI regis Israel, intende :
qui deducis velut ovem
Joseph. Qui sedes super
Cherubim, manifestare
3. coram Ephraim, Benjamin, et
Manasse. Excita potentiam tuam,
et veni, ut salvos facias nos. 4. Deus
converte nos : et ostende faciem
tuam, et salvi erimus.
5. Domine Deus virtutum, quo-
usque irasceris super orationem
servi tui? 6. Cibabis nos pane lacry-
marum : et potum dabis nobis in
lacrymis in mensura? y.Posuisti nos
in contradictionem vicinis nostris :
et inimici nostri subsannaverunt
nos. 8. Deus virtutum converte nos :
et ostende faciem tuam, et salvi
erimus.
9. Vineam de ^Egypto transtu-
listi : ejecisti gentes, et plantasti
earn. 10. Dux itineris fuisti in con-
spectu ejus : plantasti radices ejus,
et implevit terrarn. 11. Operuit
montes umbra ejus: et arbusta ejus
cedros Dei. 12. Extendit palmites
suos usque ad mare : et usque ad
flumen propagines ejus.
1 3. Ut quid destruxisti maceriam
ejus : et vindemiant eam omnes, qui
prastergrediuntur viam? 14. Exter-
minavit eam aper de silva : et sin-
gulars ferus depastus est eam.
15. Deus virtutum convertere :
respice de coelo, et vide, et visita
vineam istam. 16. Et perfice eam,
quam plantavit dextera tua : et su-
per filium homihis, quem confirma-
sti tibi.
17. Incensa igni, et sufFossa ab
increpatione vultus tui peribunt.
18. Fiat manus tua super virum
dexteras tuae : et super filium homi -
3. Ephraitn, Benjamin, etc., sont nommes
ensemble, probablement comme fils de
Rachel, I'epouse bien-aimee de Jacob. Au
moment du schisme, la tribu de Benjamin
resta unie au loyaume de Juda; mais la
partie de son territoire qui comprenait les
villes de Bethel, de Galgala et de Jericho
suivit Jeroboam et fit partie du royaume
d' Israel (I Rois, xii, 29; xvi, 34).
4. Retablis-noiis dans notre ancien etat,
restaure-nous, en general. D'autres, fais-
notts revenir de la captivite. Pais driller ta
face, sois-nous favorable. Dans ce i«='' re-
frain, Dieu est appele simplement Elohiiii;
dans le 2^ (vers. 8), Elohim Tsebaoth, Dieu
des armees; dans le 3*^ (vers. 20), Je'/wvah
Elohim Tsebaoih,]€\\ov3i\\, Dieu des armees.
Cette gradation est due sans doute a I'inten-
site croissante de la priere.
6. Un pain fait de larmes. — A pleines
coupes; litt., tu les a abreuves de pletirs au
schalisch, au boisseau; le schalisch est le
tiers de I'epha.
7. Nos voisins se disputent entre eux a
qui aura notre heritage.
9. Arraclie, ou tra7isporte (Vulg. ). — Une
vigne, Israel. On retrouve souvent cette
belle allegorie dans les prophctes : Is. v,
I sv. xxvii, 2 sv., al. ; Notre-Seigneur la re-
produit aussi Maith. xxi, ■^^. Comp. Gen.
xlix, 22. Une vigne d'or figurait au-dessus
de la porte du temple d'Herode :c'etaitune
allusion a cet embleme. — Plantee : comp.
Exod. XV, 17.
10. La terre de Chanaan, etendue jus-
qu'aux limites indiqudes dans les versets suiv.
11-12. Les montagnes de Juda au midi;
d'autres, les montagnes de la Palestine en
general. — Les cedres de Dieu, les grands
cedres du Liban au nord. Plusieurs, pour
eviter une trop forte hyperbole, traduisent,
et ses rameaux etaient coinme les cedres de
Dietc. — La mer Mediterranee k I'ouest. —
Le Fleuve, I'Euphrate, frontiere ideale du
peuple de Dieu a I'est, presque atteinte par
Salomon.
13. Sa cloture : la protection du Seigneur.
14. Ces betes sauvages figurent soit les
Assyriens, soit les tribus pillardes du voisi-
nage d'Israel.
15. Reviens a ta vigne, apres I'avoir si
longtemps abandonnee; ou bien regarde de
nouveaii.
16. Le fils, Israel, le premier-ne du Sei-
gneur {Exod. iv, 22. Comp. Osee, xi, i).
17. Elle, ta vigne.
18. Ehoinme de ta droite, le peuple
d'Israel; plus tardceserale Messie, ideal et
representant de la nation entiere; peut-etre
allusion au nom de Benjamin {Gen.xxxv, 18).
LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
162
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
19 Et nous ne nous eloignerons plus de toi.
Rends-nous la vie, et nous invoqueions ton nom.
20 Jehovah, Dieu des armdes, retablis-nous;
Fais briller sur nous ta face, et nous serons sauves.
PSAUME LXXXI (VULG. LXXX).
|*|^^^E Psalmiste invite le peuple a celebrer joyeusement une fete (vers. 2-6); apres lui
^1^ avoir rappele sa delivrance de la servitude d'Egypte (7-8), il I'exhorte a la fidelite
^" '^' (9-17)-
Cette fete est, soit la fete des Trompettes (i^r tisri, ou 7^ mois : Lev. xxiii, 24; Nombr.
xxix, i), qui servait de pre'paration a celle des Tabernacles; soit plutot la fete de Paque,
peut-etre la Paque qu'Ezechias fit celebrer avec une solennite extraordinaire (II Par. xxx :
comp. xxix, 30) : c'est ce qu'insinue le souvenir de la sortie d'Egypte.
Ps. Ixxxi. lAU maitre de chant. Sur la Gitthienne. D'Asaph.
2 Faites retentir des chants d'allegresse en I'honneur de Uieu, notre force,
Des cris de joie en I'honneur du Dieu de Jacob!
3 Entonnez I'hymne; au son du tambourin,
De la harpe harmonieuse et du luth!
4 Sonnez de la trompette a la nouvelle lune,
A la pleine lune, pour le jour de notre fete.
5 Car c'est un precepte pour Israel,
Une ordonnance du Dieu de Jacob.
6 II en fit une loi pour Joseph,
Ouand il marcha contre le pays d'Egypte.
J'entends une voix qui m'est inconnue :
7 " J'ai dechargd son epaule du fardeau,
Et ses mains ont quitte la corbeille. "
8 Tu as crie dans la detresse, et je t'ai delivre;
Je t'ai r^pondu du sein de la nuee orageuse;
Je t'ai eprouve aux eaux de Meriba. — Scla.
9 Ecoute, mon peuple, je veux te donner un avertissement;
Israel, puisses-tu m'ecouter!
10 Qu'il n'y ait point au milieu de toi de dieu etranger;
N'adore pas le dieu d'un autre peuple.
11 C'est moi, Jehovah, ton Dieu,
Qui t'ai fait monter du pays d'Egypte.
Ouvre la bouche, et je la remplirai.
12 Mais mon peuple n'a pas ecoute ma voix,
Israel ne m'a pas obei.
13 Alors je les ai abandonncs a rendurcissement de leur coeur,
Et ils ont suivi leurs propres conseils.
14 Ah! si mon peuple m'ecoutait.
Si Israel marchait dans mes voies!
15 Bientot je confondrais leurs ennemis,
Je tournerais ma main contre leurs oppresseurs.
16 Ceux qui haissent Jehovah le flatteraient,
Et la duree d' Israel serait assuree pour toujours.
17 Je le nourrirais de la fleur du froment,
Et je le rassasierais du miel du rocher.
PSAUME LXXXI.
I. La Gitthienne : voy. Ps. viii, i.
4. Trompette ou cor, de forme plus
ou moins recourbee. — A la 7iou-iicIIe
licne : chaque neomenie, ou nouvelle lune,
etait cdlebree par des sacrifices {Nombr.
xxviii, 11) et par des sonneries de trom-
pettes. — A la pleine lune : les fetes de la
Paque et des Tabernacles se celebraient
k la pleine lune.
6. Une loi, litt. un temoignage, une insti-
tution destinee a lappeler 4 la posterite le
souvenir d'un evenement memorable. —
Josepli est ici synonymed'/jrcit'/et &e Jacob.
C'est avec une intention spe'ciale que le
Psalmiste nonime le chef des deux princi-
pales tribus du royaume d'lsraiil (Ephraim
LIBER PSALMORUM.
163
nis, quern confirmasti tibi. 19. Et
non discedimus a te, vivificabis
nos : et nomen tuum invocabimus,
20. Domine Deus virtutum con-
verte nos : et ostende faciem tuam,
et salvi erimus.
^M^^M ■^- ^' ^- ^' ^' "^' "^ 5?): WMW/s^ W. M 'iS:i'M.
— *— PSALM US LXXX. — :;:—
Incitat ad festa pie celebranda; Dei benefi-
cia et Judaeorum ingratitudinem exponit.
I. In finem,
Pro torcularibus, Psalmus
ipsi Asaph.
[XSULTATE Deo adju-
tori nostro : jubilate Deo
Jacob. 3.Sumite psalmum,
tt date tympanum : psal-
terium jucundum cum cithara.
4. Buccinate in Neomenia tuba, in
insigni die solemnitatis vestras :
5. quia prasceptum in Israel est : et
judicium Deo Jacob. 6. "Testimo-
nium in Joseph posuit illud, cum
exiret de terra iEgypti : linguam,
quam non noverat, audivit.
et Manassd), dont les habitants devaient
aussi venir celebrer a Jerusalem la solen-
nite de la Paque (II Far. xxx, 1).
/'ept/emfs une voix qui nicest inconnue,
celle de Dieu, adressant au peuple le dis-
cours qui suit.
Vulgate : ...pour Joseph (Israel), lorsquHl
sortit de PEgypte, et qu'il e fit end it une langice
quHl ne connaissait pas. Une la)igi/e,c.-'k-<\.
une loi et des verites qu'Israel ne connais-
sait pas auparavant.
7. J'ai dcchargc : allusion aux cor-
vees des Israelites en Egypte, oii ils por-
taient de lourds fardeaux et des corbeilles
remplies d'argile pour la fabrication des
briques.
8. La nuee orageuse (litt. la retraite du
tonnerre), dans laquelle Dieu se cachait et
se manifestait en meme temps pour frapper
les ennemis de son peuple (plaies d'Egypte,
passage de la mer Rouge, etc.). Comp.
Fs. xviii, 17-19. ~ Eaux de Meriba : voy.
Exod. xvii, 1-7. Le re'sultat de I'e'preuve
n'est pas exprime; mais chacun connais-
7. Divertit ab oneribus dorsum
ejus : manus ejus incophino servie-
runt. 8. In tribulatione invocasti me,
et liberavi te : exaudivi te in abs-
condito tempestatis : *probavi te
apud aquam contradictionis. 9. Audi
populus meus, et contestabor te :
Israel si audieris me, 10. non ''erit
in te deus recens, neque adorabis
deum alienum. 11. Ego enim sum
Dominus Deus tuus, qui eduxi te
de terra ^gypti : dilata os tuum,
et implebo illud. 12. Et non audivit
populus meus vocem meam : et
Israel non intendit mihi. 13. "^Et
dimisi eos secundum desideria cor-
dis eorum, ibunt in adinventionibus
suis. 14. ""Si populus meus audisset
me : Israel si in viis meis ambulas-
set : 15. pro nihilo forsitan inimi-
cos eorum humiliassem : et super
tribulantes eos misissem manum
meam. 16. Inimici Domini mentiti
sunt ei : et erit tempus eorum in
sascula. 17. Et cibavit eos ex adipe
frumenti : et de petra, melle satu-
ravit eos.
sait la tradition historique sur cet evene-
ment.
Suivent les paroles que Dieu adressa a
Israel dans le desert.
13. A VendurcissenieHtj d'autres, avec la
Vulgate, aux de'sirs, aux penchants de leur
ccEiir. Comp. Dei.t. xxix, 19.
14. M\'coutaitj d'autres, ni'avait ecoute\
et ainsi jusqu'a la fin du Psaume.
16. Le flatteraient, lui rendraient hom-
mage : a Dieu, ou k Israel? plus probable-
ment k Israel. — La duree, ou le donheur,
litt. le temps, avec I'idee accessoire de
bien-etre.
"i-T-Je le nourrirais : en hdbr., comme
dans la Vulg., le verbe est a la 3^ personne,
peut-etre par suite d'une erreur de copiste :
on ou Dieu le nourrirait. — Flenr, litt.
graisse. — Miel du rocher : il arrive sou-
vent, en Palestine, que les abeilles deposent
leur miel dans le creux des rochers.
La fin un peu brusque du Psaume est
dans la maniere d'Asaph : voy. les Fs.
Ixxvii et suiv.
*Exod. 17,
5. Num. 20,
13-
^ Exod. 20,
3-
"'Aa. 14,
IS-
^ Baruch. 3,
13-
~i®i i®i i®i ^#i—
164
FROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME LXXXII (VULG. LXXXl).
Ps. Ixxxil.
Ps.
Ixxxiii.
^lEux discours de Dieu forment le fond du Psaume : dans le premier, il intime aux
1^' juges I'ordre d'etre justes; dans le second, il les menace de ses chatiments. Rien
dans ce petit poeme ne fait deviner la date de sa composition. On conje<fliire que
I'auteur se proposait de venir en aide a quelque roi de Juda desireux de retablir dans ses
Etats la bonne administration de la justice, soit Josaphat (II Par. xix, ii), soit Ezechias
(comp. Frov. xxxi, 8 sv.)-
Les magistrats d' Israel sont appeles elohim, c.-a-d. dieux, nom que leur donnait deja
I'Exode (xxi, 6; xxii, 8. Qovcv^. Jean, 35). Aux yeux de tous les peuples, le juge, investi du
droit de vie et de mort, remplit une fondtion sacree; chez les Hebreux, nation theocratique,
dont Jehovah etait le veritable souverain, il tenait plus direflement encore la place de
Dieu, juge supreme de toute la terre.
iCANTIQUE dAsaph. •
Dieu se tient dans I'assemblee du Tout-Puissant;
Au milieu des dieux il rend son arret :
2 " Jusques a quand jugerez-vous injustement,
Et prendrez-vous parti pour les mcchants? — Sela.
3 Rendez justice au faible et a I'orphelin,
Faites droit au malheureux et au pauvre,
4 Sauvez le miserable et I'indigent,
Delivrez-les de la main des mdchants.
5 lis n'ont ni savoir ni intelligence,
lis marchent dans les tenebres;
Tous les fondements de la terre sont ebranles.
6 J'ai dit : Vous etes des dieux,
Vous etes tous les fils du Tres-Haut.
7 Cependant vous mourrez comme des hommes,
Vous tomberez conune le premier venu des princes. "
8 Leve-toi, 6 Dieu, juge la terre,
Car toutes les nations t'appartiennent.
PSAUME LXXXIII (VULG. LXXXIl).
W^Mi^-' Psalmiste implore le secours de Je'hovah ii I'occasion d'une coalition formidable
l^p des Etats voisins contre le royaume de Juda, probablement celle des Moabites, des
t^^A Ammonites, etc., sous le regne de Josaphat (II Par. xx, 5-12). Le cantique a sans
doute pour auteur un levite de la famille dAsaph, nomme Jahaziel, " qui dtait pousse par
I'Esprit de Dieu a promettre une complete delivrance {ibid. 14-17). "
Que Dieu ddfende Israel contre ses ennemis conjures pour sa parte (vers. 2-9); qu'il
les chatie comme il a chatic autrefois les Madianites et les Chananeens (10-13); qu'il les
disperse et les confonde, et les amene ainsi a reconnaitre la toute-puissance de Jeho-
vah (14-19).
ICANTIQUE, Psaume d'Asaph.
2 O Dieu, ne reste pas dans I'inacflion;
Ne te tais pas et ne te repose pas, 6 Dieu !
3 Car void que tes ennemis s'agitent bruyamment,
Ceux qui te hai'ssent levent la tete.
4 lis forment contre ton peuple un dessein perfide,
lis conspirent contre ceux que tu proteges.
5 " Venez, disent-ils, exterminons-les d'entre les nations,
Et qu'on ne prononce plus le nom d'lsracil ! "
6 lis se concertent tous d'un meme coeur,
Contre toi ils forment une alliance :
7 Les tentes d'Edom et les Ismaelites,
Moab et les Agareniens,
8 Gebal, Ammon et Amalec,
Les Philistins avec les habitants de Tyr
LIBER PSALMORUM.
165
— :i:- PSALMUS LXXXI. — :i:—
Dominus deorum terrae judex, judices
improbos arguit.
I, Psalmus Asaph.
EUS stetit in synagoga
deorum : in medio aiitem
deos dijudicat. 2. Usque-
quo judicatis iniquitatem :
et facies peccatorum sumitis? 3. Ju-
dicate egeno, et pupillo : humilem,
et pauperem justificate. 4, "Eripite
pauperem : et egenum de manu
peccatoris liberate,
5, Nescierunt, neque intellexe-
runt, in tenebris ambulant : move-
bun tur omnia fundamenta terras.
6. *Ego dixi : Dii estis, et filii ex-
celsi omnes. 7. Vos autem sicut ho-
mines moriemini : et sicut unus de
principibus cadetis.
8. Surge Deus, judica terram :
quoniam tu hereditabis in omnibus
gentibus.
— :>— PSALMUS LXXXIL — :!:—
Exponit hostium improperia et illis
exitium imprecatur.
I. Canticum Psalmi Asaph.
EUS, quis similis erit tibi?
ne taceas, neque compe-
scaris Deus : 3. quoniam
ecce inimici tui sonue-
runt : et qui oderunt te, extulerunt
caput. 4, Super populum tuum ma-
lignaverunt consilium : et cogitave-
runt adversus sanctos tuos. 5. Dixe-
runt : Venite, et disperdamus eos
de gente : et non memoretur nomen
Israel ultra.
6. Quoniam cogitaverunt unani-
miter : simul adversum te testamen-
tum disposuerunt, 7. tabernacula
Idumasorum et Ismahelitas : Moab,
et Agareni, 8. Gebal, et Ammon, et
Amalec : alienigenae cum habitan-
tibus Tyrum. 9. Etenim Assur ve-
nit cum illis : facti sunt in adjuto-
rium filiis Lot.
10. Fac illis sicut "Madian, *et
Sisaras : sicut "Jabin in torrente Ci-
son. II, Disperierunt in Endor :
facti sunt ut stercus terras. 1 2.'' Pone
principes eorum sicut Oreb, et Zeb,
et 'Zebee, et Salmana : omnes prin-
cipes eorum : 13. qui dixerunt : He-
reditate possideamus Sanctuarium
Dei.
14. Deus meus pone illos ut ro-
tam : et sicut stipulam ante faciem
venti. 15, Sicut ignis, qui comburit
PSAUME LXXXII.
I. V assemblce des cieitx, litt. du Toiit-
Puissaiit (hebr. El, le Fort), c'est le ciel ou
Dieu siege sur son trone, environne de ses
anges. — Aic milieu des dieux, des juges de
la terre, par consequent des coupables, Dieu
va rendre ses arrets. D'apres Delitzsch, Pas-
semblee du Tout- Puissant, ou de Dieu, serait
la communau te meme d' I srael : comp. Nomb?:
xxvii, 17; xxxi, \6;Jos. xxii, 16 sv. Plusieurs,
par au milieu des dieux, entendent, au mi-
lieu des anges qui forment la cour de Jeho-
vah {Job, i, 6; I Rois, xxii, 19). La pensee
generale du verset reste au fond la meme :
Dieu juge les juges de la terre.
5. Tous les fondements de la terre, toutes
les bases de I'ordre social. Comp. Prov.
xiv, 34.
6. Notre-Seigneur cite ce passage pour
prouver aux Juifs, par un argument a mi-
nori ad majus, qu'il a le droit de se dire
Dieu {Jean, x, 34 sv. ).
7. Cependant voire, dignite ne vous defen-
dra pas contre le chatiment du a votre in-
justice : rwus mo7trrez comme les homines
du commun, comme un de ces princes cou-
pables frappes par la vengeance divine (voy.
Ju^. xvi, 7).
PSAUME LXXXIIl.
2. Ne reste pas i?iadif{dt I'hebr. damam)
dans le danger pressant qui menace ton
peuple. LXX et Vulg., qui est seinblablc a toi
(de datnak)!
6-9. Enumeration des peuples coalises :
les Edomites nomades et les Ismaelites au
sud ; les Moabites et les Agareniens a I'est;
Gebal, entre la mer Morte et les monts
Seir;... les Philistins (Vulg. les ^trattgers :
c'est la signification propre du mot hebreu)
et les Tyriens : comp. Amos, i, 9; Assur :
dejk, k cette epoque, les Assyriens avaient
soumis au tribut Tyr et Sidon, et ils son-
geaient sans doute a conquerir le reste de la
Palestine; ils pretent done leur appui a la
"Judic. 7.
22.
^Judic. 4,
IS-
■^Judic. 4,
24.
""Judic. 7,
25-
'^Judic. 8,
21.
166
TROISlfiME LIVRE DBS PSAUMES.
9 Assur aussi se joint h. eux
Et prete son bras aux enfants de Lot. — SrVa.
10 Traite-les comme Madian,
Comme Sisara, comme Jabin au torrent de Cison.
11 lis ont ete aneantis k Endor,
lis ont servi d'engrais k la terre.
12 Traite leiirs chefs comme Oreb et Zeb,
Et tons leurs princes comme Zebee et Salmana.
13 Car ils disent : " Emparons-nous
Des demeures de Dieu! "
14 Mon Dieu, rends-les semblables au tourbillon,
Au chaume qu'emporte le vent !
15 Comme le feu devore la foret,
Comme la flamme embrase les montagnes,
16 Ainsi poursuis-les de ta tempete,
Epouvante-les de ton ouragan.
17 Couvre leurs faces d'ignominie,
Afin qu'ils cherchent ton nom, Jehovah.
18 Qu'ils soient a jamais dans la confusion et I'dpouvante,
Dans la honte et dans la ruine !
19 Qu'ils sachent que ton nom, que toi seul, Jehovah,
Tu es le Tres-Haut sur toute la terre !
PSAUME LXXXIV (VULG. LXXXIIl).
Ps.
Ixxxiv.
s'Emblable pour le fond et pour la forme au Psaume xlii, ce cantique parait avoir ete
compose par un compagnon d'exil du roi David, vers la fin de la revoke d'Absalon,
^^j lorsque I'auteur entrevoyait dejk la possibilite de retourner bientot a Jerusalem et
de revoir le sancftuaire bien-aimd de Sion. Patrizi a emis una autre conjecflure qui ne
manque pas de vrai semblance. Le levite de la famille de Cord auteur de ce Psaume aurait
vecu h I'epoque ou Jeroboam I, pour empecher ses nouveaux sujets de se rendre au temple
de Jerusalem, 6ngea dans ses Etats un nouveau sancfluaire. On sait que la plupart des
pretres et des le'vites de son royaume, ne voulant pas s'associer a cette impiete, emigrerent
dans le royaume de Juda. Ce serait pour les encourager a faire ce sacrifice que le pieux
Invite aurait compose ce cantique.
Desir de revoir la maison de Dieu (vers. 2-5); aupres de Dieu on trouve force et bon-
heur (6-9); que le Seigneur exauce sa priere : le sejour dans la maison de Dieu est prefe-
rable h tous les biens (10-13).
^ AU maitre de chant. Sur la Gitthienne. Psaume des fils de Core.
2 Que tes demeures sont aimables,
Jdhovah Sabaoth !
3 Mon ame s'epuise en soupirant apres les parvis de J(^hovah,
Mon coeur et ma chair tressaillent vers le Dieu vivant.
4 Le passereau meme trouve une demeure,
Et I'hirondelle un nid oii elle depose ses petits :
Tes autels, Jehovah Sabaoth,
Mon roi et mon Dieu !
5 Heureux ceux qui habitent ta maison!
lis peuvent te loner encore. — Stf/a.
6 Heureux les hommes qui ont en toi leur force;
lis ne pensent qu'aux sarjifes montees.
7 Lorsqu'ils traversent la vallt'e des Larmes
Ils la changent en un lieu plein de sources,
Et la pluie d'automne la couvre aussi de benedicflions.
8 Pendant la marche s'accroit leur vigueur,
Et ils paraissent devant Dieu k Sion :
9 " Jdhovah, Dieu des armees, diseiii lis, ecoute ma priere;
Frcte I'oreille, Dieu de Jacob." — Scla.
LIBER PSALMORUM.
167
silvam : et sicut liamma comburens
montes : i6. ita persequeris illos in
tempestate tua : et in ira tua turba-
bis eos, 17. Imple facies eorum
ionominia:et quasrent nomen tuum,
Domine. iS.'Erubescant, et contur-
bentur in sasculum sasculi : et con-
fundantur, et pereant. 1 9. Et cogno-
scant quia nomen tibi Dominus : tu
solus Altissimus in omni terra.
— :i:— PSALM US LXXXIIL — :!:—
Desiderat atria Domini, et felicitatem
in his habitantium exponit.
I. In finem,
Protorcularibus filiisCore,Psalmus.
UAM dilecta tabernacula
tua Domine virtutum :
3. concupiscit, et deficit
anima mea in atria Do-
mini. Cor meum, et caro mea ex-
sultaverunt in Deum vivum. 4. Et-
enim passer invenit sibi domum :
et turtur nidum sibi , ubi ponat
pullos suos. Altaria tua Domine
virtutum : rex meus, et Deus meus.
5. Beati, qui habitant in domo tua
Domine : in saecula sasculorum lau-
dabunt te.
6. Beatus vir, cujus est auxilium
abs te: ascensiones in corde suo dis-
posuit, 7. in valle lacrymarum in
loco, quem posuit. 8. Etenim bene-
dictionem dabit legislator, ibunt de
virtute in virtutem : videbitur Deus
deorum in Sion. 9. Domine Deus
virtutum exaudi orationem meam :
auribus percipe Deus Jacob.
10. Protector noster aspice Deus :
et respice in faciem Christi tui :
1 1 . quia melior est dies una in atriis
tuis, super millia. Elegi abjectus
esse in domo Dei mei : magis quam
habitare in tabernaculis peccatorum.
12. Quia misericordiam, et verita-
tem diligit Deus : gratiam, et glo-
riam dabit Dominus. 13. Non pri-
vabit bonis eos, qui ambulant in
innocentia : Domine virtutum, bea-
tus homo, qui sperat in te.
-^0-
■O—*
confederation. — Les enfants ou descen-
dants de Lot, neveu d'Abraham, sont les
Ammonites et les Moabites.
10. Allusion aux anciennes vicftoires rem-
portees par Geddon, Barac et Debora centre
les Madianites et les Chananeens {Ju,^.
vii, 22; iv, 15, 24; V, 21). Le torrent de
Cison (ecrit ici par exception Cisson) des-
cend des montagnes d'Ephraim et se jette
dans la Mediterrande.
1 1. Endor, au S. du Thabor : defaite des
Chananeens, y«^. v, ig.
12. Voy. Juo, vii, 25; viii, 12, 21.
13. Des demeures de Dieii, du pays de
Chanaan, heritage propre du peuple de
Dieu. Vulg., dii san£liiaire de Dieit.
14. Le toitrbillon est I'image frappante
d'une armee en deroute.
15. Qui embrase les )nontagnes boisees et
n'y laisse que des sommets denudes.
19 Qtiils sacheni, litt. que tot seul, ton nom,
JehoTah, es le Tres-Haut, etc. Les mots ton
Jioin formentun second sujet,synonymede/£'z'
setil. Comp. pour la pensde II Par. xx, 29.
U'autres : quails sachent que toi seiil, doitt
le nom est Jehovah, es le Tres-Haut, etc.
Vulg., quils sachent que ton nom est Jeho-
vah^ et que seul tu es, etc.
PSAUME LXXXIV.
1. Voy. Ps. viii, i et xlii, i.
2. Tes denietires : pluriel emphatique, pour
ton sanfluaire, soit le tabernacle du mont
Sion, soit le temple.
4. Tes autels (avec le signe de I'accusatif
en hdbr.) : la phrase est incomplete, mais
la pensee se devine facilement : moi, je
trouve tes autels; ou bien : fais-moi trouver
tes autels. Quelques interpretes soupgonnent
une legere alteration dans le texte primitif
de ce verset et du suivant.
6. En toi, et non dans les hommes. —
Aux salutes montces (li'.t. les niontces sont
dans leur ca'ur), c.-a-d. aux pelerinages a
Jerusalem. On sait que les Evangelistes
disent toujours ntonter a Jerusalem.
7-9. Valle'e des Larnies, suivant toutes les
versions anciennes. La plupart des moder-
nes traduisent vallee de Baca, nom propre
qui serait tire de baca, arbuste balsamique.
168 TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
10 Toi qui es notre bouclier, vols, 6 Dieii,
Et regarde la face de ton Oint!
11 Car mieux vaut un jour dans tes parvis que mille loin de toi;
Je prdfere me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu,
Plutot que d'habiter sous les tentes des mediants.
12 Car Jehovah Dieu est un soleil et un bouclier;
II donne la grace et la gloire,
II ne refuse aucun bien a ceux qui marchent dans I'innocence.
13 Jehovah Sabaoth,
Heureux celui qui se confie en toi !
PSAUME LXXXV (VULG. LXXXIV).
jRofitant de I'edit de Cyrus, les Israelites exiles a Babylone etaient revenus joyeux
dans leur patrie. Mais la de nouvelles epreuves les attendaient : ils se trouvcrent
3j en butte k la jalousie de leurs voisins, qui voulaient les empecher de rebatir les
murailles de Jerusalem et le temple. C'est a cette situation que convient ce cantique. Le
Psalmiste remercie Dieu de la delivrance (vers. 2-4); puis, changeant brusquement de
pensee et de ton, il le conjure d'apaiser sa colere et de secourir son peuple (5-8); a la fin,
il fait entrevoir a Israel un avenir brillant et prospere (9-14).
Comme d'autres Psaumes attribues aux fils de Core, celui-ci porte un cachet bien
marque de ressemblance avec la seconde partie d'Isaie.
Dans le sens spirituel, le peuple ramene de la servitude et pour qui s'ouvrent de si
joyeuses perspectives, est le peuple chretien rachete de la mort et du peche par le Christ
sauveur.
Ps. Ixxxv. 1 AU maitre de chant. Psaume des fils de Core.
2 Tu as €\.€ favorable k ton pays, Jdhovah,
Tu as ramene les captifs de Jacob;
3 Tu as pardonne I'iniquite de ton peuple,
Tu as couvert tous ses peches; — Sela.
4 Tu as retir^ toute ton indignation,
Tu es revenu de I'ardeur de ta colere.
5 Retablis-nous, Dieu de notre salut;
Mets fin k ton ressentiment contre nous.
6 Seras-tu toujours irritd contre nous.''
Prolongeras-tu ton courroux c'ternellemenl?
7 Ne nous feras-tu pas revenir k la vie,
Afin cjue ton peuple se rejouisse en toi?
8 Jehovah, fais-nous voir ta bonte,
Et accorde-nous ton salut.
9 Je veux ecouter ce que dira le Dieu Jehovah : —
II a des paroles de paix pour son peuple et pour ses fideles
Pourvu qu'ils ne retournent pas k leur folie.
10 Oui, son salut est proche de ceux qui le craignent,
Et la gloire habitera de 7iouveaii dans notre pays.
11 La bonte et la verity vont se rencontrer,
La justice et la paix s'embrasseront;
12 La verite germera de la terre,
Et la justice regardera du haut du ciel.
13 Jehovah lui-mcme accordera tout bien,
Et notre terre donnera son fruit.
14 La justice marchera devant lui,
Et tracera le chemin k ses pas.
^4©^ — JO^ — J©^-
LIBER PSALMORUM.
169
— :i=— PSALMUS LXXXIV. — :i:—
De fine captivitatis gratias agit; adventum
Christi sperat.
I. In finem, Filiis Core, Psalmus.
ENEDIXISTl Domine
terram tuam : avertisti
captivitatem Jacob. 3. Re-
misisti iniquitatem plebis
tuasioperuisti omnia peccataeorum.
4. Mitigasti omnem iram tuam :
avertisti ab ira indignationis tuas.
5. Converte nos Deus salutaris
noster : et averte iram tuam a nobis.
6. Numquid in asternum irasceris
nobis.^ aut extendes iram tuam a ge-
neratione in generationem.^ 7. Deus
tu conversus vivificabis nos : et plebs
tua lastabitur in te. 8. Ostende nobis
Domine misericordiam tuam : et
salutare tuum da nobis.
9. Audiam quid loquatur in me
Dominus Deus : quoniam loquetur
pacem in plebem suam. Et super
sanctos suos : et in eos, qui conver-
tuntur ad cor. 10. Verumtamen
propetimenteseum salutare ipsius :
ut inhabitet gloria in terra nostra.
II. Misericordia, et Veritas obvia-
verunt sibi : justitia, et pax osculata^
sunt. 1 2. Veritas de terra orta est :
et justitia decoelo prospexit. 13. Et-
enim Dominus dabit benignitatem :
et terra nostra dabit fructum suum,
14. Justitia ante eum ambulabit :
et ponet in via gressus suos.
.1.
— • —
•I*
10. Ton oint, le roi David; dans I'hypo-
these de Patrizi, Roboam, reste fidele ^.
Jehovah; peut-etre I'ordre meme des levites.
11. Car : que Dieu fasse triompher Da-
vid, et le d^sir du Psalmiste se r^alisera :
il pourra retourner aupres du sanftuaire de
Jerusalem. — • Me tenir siir le seiizl, etre
gardien de la porte : c'est I'office que rem-
plissaient les fils de Core (I Par. xxvi, 13-19).
12. Un soleil et un boticlier .-on trouve
aupres de lui lumiere et protection. Nulle
part ailleurs dans I'Anc. Testament Dieu
n'est appele direcflement un soleil. Vulg.,
Dieii aiiiie la iinsericorde et la inH'ite. —
Aucun bien : comp. Matth. vi, 33.
PSAUME LXXXV.
I. Fils de Core : voy. Ps. xlii.
5. Rctablis-nous, rends-nous notre an-
cienne prosperite.
7. Ce verset est affirmatif dans la Vul-
gate : tti nous /eras revenir a la vie, etc.
9. La Vulg. traduit le dernier membre, et
pour ceux qui revienne7it a leur cceur, qui
rentrent en eux-memes pour se repentir et
revenir a Dieu.
10. Lagloire : c'est surtout la presence de
Jehovah dans son sanfluaire relev^ de ses
ruines, avec tous les privileges et toutes les
benedictions dont cette presence etait pour
Israel le gage et la source i^Zach. xii, 8 sv.).
Le temple rebati par Zorobabel n'eut pas la
magnificence du premier, construit par Sa-
lomon; mais un honneur plus grand lui etait
reserve : dans la plenitude des temps, le
Verbe fait chair y revela sa gloire, " une
gloire comme celle d'un Fils unique, ne du
Vhre." Jean, \, 14 sv.
II. "L^i grace et la veritc, \k justice et la
paix sont concues sous I'image de figures
celestes qui descendent sur cette terre re-
conciliee avec Dieu et s'y rencontrent dans
une fraternelle union. Comp. des allegories
toutes semblables dans Isaie (xxxii, 16 sv.
xlv, 8; lix, 14 sv.). La grace et la verite,
selon Patrizi, c'est la bonte gratuite de Dieu
et sa fidelite dans ses promesses; la justice
et la paix, c'est la fidelite d'Israel a la loi
divine, rdcompensee par I'abondance de
tous les biens. Ce passage ouvre une per-
spedlive sur le regne messianique.
La justice de Dieu, souriant du haut du
ciel ci la fidelite du peuple, et la recompen-
sant par toutes sortes de benediflions. Dans
le sens spirituel et prophdtique, la verite,
c'est le Verbe incarne.
13. Son frtiit, tous les fruits qu'on doit
attendre d'une terre ainsi benie de Dieu.
{Lez'it. xxvi, 4). Dans le sens prophetique, ce
fruit est celui que la vertu du Tres-Haut a
fait germer dans le sein virginal de Marie.
Comp. Is. xliv, 3; Zach. viii, 12.
14. Marchera devant lui, le precedera
comme son heraut. — Et tracera le cheiiiin
a ses pas, expression synonyme et parallele
du membre precedent. D'apres Baethgen, le
sens est tout different : Le salut (la justice)
inarche devant lui, et considcre la trace de
ses pas (pour la suivre); en d'autres termes :
le salut le precede et le suit.
170 TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME LXXKVI (VULG. LXXXV).
^■^g^iEtte belle priere du juste dans Tadversite est composee en grande partie de pensees
t®i2«i e,^ipj-^,jitggs >i des Psaumes davidiques. Est-ce David kii-meme qui I'a ainsi redigee?
Ou bien doit-on la regarder comme une CEuvre posterieure, redigee peut-etre par
un fils de Cor^, et destinee h. un ouvrage liturgique? Cette derniere hypothese est la plus
vraisemblable; on aurait mis le nom de David en tele dcs Psaumes pour indiquer la veri-
table source ou on I'avait puise.
Viens au secours de ton serviteur (vers. i-6), toi qui es le Dieu supreme (7-10); sois
mon guide, et je te glorifierai (11-13); delivre-moi des ennemis qui me persecutent (14-17)-
Ps.Ixxxvi. 1 PRIERE de David.
Prete I'oreille, Jehovah, exauce-moi,
Car je suis malheureux et indigent.
2 Garde mon ame, car je suis pieux;
Sauve ton serviteur, 6 mon Dieu;
II met sa confiance en toi.
3 Aie pitie de moi, Seigneur,
Car je crie vers toi tout le jour.
4 Rejouis I'ame de ton serviteur,
Car vers toi, Seigneur, j'eleve mon ame.
5 Car tu es bon, Seigneur, et clement,
Et plein de compassion pour tous ceux qui t'invoquent.
6 Jehovah, prete I'oreille a ma priere.
Sois attentif k la voix de mes supplications.
7 Je t'invoque au jour de ma ddtresse,
Et tu m'exauceras.
8 Nul ne t'egale parmi les dieux, Seigneur,
Rien ne ressemble h. tes ceuvres.
9 Toutes les nations que tu as faites
Viendront se prosterner devant toi, Seigneur,
Et rendre gloire h. ton nom.
10 Car tu es grand et tu operes des prodiges;
Toi seul, tu es Dieu.
11 Enseigne-moi tes voies, Jdhovah;
Je veux marcher dans ta fidelite;
Attache mon cceur a la crainte de ton nom.
12 Je te louerai de tout mon coeur, Seigneur, mon Dieu,
Et je glorifierai ton nom k jamais.
13 Car ta bonte est grande envers moi,
Tu as tire mon ame du fond du scheol.
14 O Dieu, des orgueilleux se sont levds centre moi,
Une troupe d'honmies violents en veulent a ma vie.
Sans tenir aucun compte de toi.
15 Mais toi. Seigneur, tu es un Dieu misericordieux et compatissant,
Lent a la coli^re, riche en bontd et en fidelite.
16 Tourne vers moi tes regards et aie pitie de moi;
Donne ta force a ton serviteur,
Et sauve le fils de ta servante.
17 Signale ta bonte envers moi;
Que mes ennemis le voient et soient confondusi
Car c'est toi, Jehovah, qui m'assistes et me consoles.
^-<> <^ O—
LIBER PSALMORUM.
171
■t^: M 'M 'M M W. M W. W. W. M'M-IS^. 'M M %>■ M ^' W- W ^
— *— PSALM us LXXXV. — *—
Petit a Deo custodiri, regi, at contra
hostes protegi.
Oratio ipsi David.
NCLINA Domine aurem
tuam, et exaudi me : quo-
niam inops, et pauper sum
ego. 1. Custodi animam
meam, quoniam sanctus sum : sal-
vum fac servum tuum, Deus meus,
sperantem in te. 3. Miserere mei
Domine, quoniam ad te clamavi tota
die : 4. lastifica animam servi tui,
quoniam ad te Domine animam
meam levavi. 5. ''Ouoniam tu Do-
mine suavis, et mitis : et multas mi-
sericordias omnibus invocantibus te.
6. Auribus percipe Domine oratio-
nem meam : et intende voci depre-
cationis meas.
7. In die tribulationis meas cla-
mavi ad te : quia exaudisti me.
S.Nonestsimilistui indiis Domine:
et non est secundum opera tua.
9. Omnes gentes quascumque feci-
sti, venient, et adorabunt coram te
Domine : et glorificabunt nomen
tuum. 10. Quoniam magnus es tu,
et faciens mirabilia : tu es Deus
solus.
ii.Deduc me Domine in via tua,
et ingrediar in veritate tua : lastetur
cor meum ut timeat nomen tuum.
12. Confitebor tibi Domine Deus
meus in toto corde meo, et glorifi-
cabo nomen tuum in asternum :
13. quia misericordia tua magna est
super me : et eruisti animam meam
ex inferno inferiori.
14. Deus, iniqui insurrexerunt
super me, et synagoga potentium
quassierunt animam meam : et non
proposuerunt te in conspectu suo.
15. Et tu Domine Deus miserator
et misericors, patiens, et multfe mi-
sericordias, et verax, 16. respice in
me, et miserere mei, da imperium
tuum puero tuo : et salvum fac
filium ancillas tuas. 17. Fac mecum
signum in bonura, ut videant qui
oderunt me, et confundantur : quo-
niam tu Domine adjuvisti me, et
consolatus es me.
PSAUME LXXXVI.
I. Comp. Ps. xl, 18.
i.Pieux (comp. iv, 4;xvi, 10) Vulg. sainf.
Le mot hebreu en effet correspond au grec
agios dans le Nouv. Testament, mais avec
cette difference que, dans le Nouv. Testa-
ment, agios n'est jamais employe pour un
Chretien determine, un iiidividu. Ici le mot
pieiix exprime simplement la convidlion in-
time qu'a le Psalmiste d'appartenir au peu-
ple de Dieu, d'etre dans sa grace. Pour la
suite du verset, comp. Is. xxv, 2c; xxxi, 7.
3. Comp. Ps. Ivii, 2 sv. Seigneur, hebr.
Adonai.
4. Comp. Ps. xxv, I.
6. Comp. Ps. cxxx, 2.
8. A tes cEuvres : comp. Dent, iii, 24.
9. Comp. Ps. xxii, 28 sv. La croyance du
Psalniiste a la future conversion des nafions,
c.-a-d. des paiens, repose sur la creation de
I'homme par Dieu, et les manifestations de
la puissance divine, comme aussi sur les pro-
messes messianiques. Comp. Apoc. xv, 4.
lo. Comp. Vs. Ixxii, 18.
w.Attaclie (ou unis : hebr. iached, imper.
de iachad) nwn cceur a la crainte de ton nom,
a ton culte et k ton service, de maniere qu'il
soit a toi tout entier et sans partage. LXX
et Vulg. qiie mon coeur se rejouisse (comme
s'il y avait ic/iad, fut. apocope de citadah, se
rejouir) dans la ct^ainte de ton notn, d'etre a
ton service.
13. Dti fond dii scheol, litt. die scheol qui
est au-dessous de la terre, du sejour des
morts {Deut. xxxii, 22). La suite fait con-
naitre I'extreme danger dont Dieu a tire
jusqu'ici le Psalmiste.
14. Comp. Ps. liv, 5.
15. Comp. Exod. xxxiv, 6.
16. Lefils de ta servante, k toi par conse-
quent des le sein de sa mere : le fils de I'es-
clave ^tait la propri^te du maitre.
17. Signale ta bonte', etc. {Wit. fais avec
inoi tin signe po7ir le bonheur) : fais en ma
faveur une chose qui soit un signe visible,
une preuve irrecusable de ta bonte pourmoi
et de ta protection.
172
TROISIEME LIVRE DFS PSAUMES.
Ps.
Ixxxvii.
PSAUME LXXXVII (VULG. LXXXVl).
;Loge de Jerusalem : Uieu I'aime d'un amour de predileflion (vers. 1-3); elle est la
mere de tous les peoples (4-6) et la source de leur salut (7).
Ce Psaume parait avoir ete compose sous le regne d'Ezechias, apres la des-
trucflion de I'arm^e de Sennacherib. Cette delivrance miraculeuse avait jete sur Jerusalem
un extraordinaire eclat; jamais la ville sainte n'avait ete plus glorieuse ni attire davantage
I'attention des peuples (comp. II Par. xxxii, 23).
Tous les interpretes reconnaissent le sens prophetique de ce Psaume. Ce n'est qu'au
temps du Messie que les nations sont arrivees a la connaissance du vrai Dieu et sont
venues se ranger autour de la cite sainte; .Sion est done ici la figure de la Jerusalem spiri-
tuelle, c'est-k-dire de I'Eglise, a qui il a ete dit : " Instruisez toutes les nations." Comparez
Isaie ii, 2-4: xi, 10; xviii; xix, 23-25; xx; xxiii.
1 PSAUME des fils de Core. Cantique.
IL I'a fondee sur les saintes montagnes !
2 Jehovah aime les portes de Sion
Plus que toutes les demeures de Jacob.
3 Des choses glorieuses ont ete dites sur toi,
Cite de Dieu ! — Sela.
4 " Je nommerai Rahab et Babylone parmi ceux qui me connaissent;
Voici les Philistins, et Tyr, avec I'Ethiopie :
C'est dans Sion qu'ils sont nes. "
5 Et Ton dira de Sion : Celui-ci et celui-1^ est ne dans son sein;
C'est le Tres-Haut qui I'a fondee.
6 Jehovah inscrira au role des peuples :
" II est ne dans Sion." — Scla.
7 Et chanteurs et musiciens dt'setit :
" Toutes mes sources sont en toi."
Ps.
Ixxxviii.
PSAUME LXXXVII! (VULG. LXXXVIl).
N Israelite, accable de maux, delaisse meme de ses amis, se plaint amerement h.
^^■i Dieu (vers. 2-10); Dieu le laissera-t-il descendre dans le scheol (11-13)? Pourquoi
^^J I'abandonne-t-il en proie a tant de souffrances (14-19)? Le Psaume se termine sans
une parole d'esperance. L'auteur parait avoir ete familier avec le livre de Job, auquel il
emprunte plusieurs expressions carac^leristiques. La date qui convient le mieux a cette
elegie est le regne de Roboam, epoque de cruelles epreuves pour tous les Israelites, et sp^-
cialement pour tous les pieux levites : rupture de I'unit^ nationale, idolatrie de Jeroboam
et persecution des pretres et levites restes fidcles k I'ancien culte, invasion du pharaon
Sesac et assujettissement momentanc de tout le royaume de Juda, etc. Plusieurs interpretes
soup(jonnent que Vafflii^i.' (\m parle dans ce Psaume n'est pas un individu rdel, mais qu'il
represente la nation juive sous le regne de Roboam. — Dans le sens spirituel, les Peres
ont vu en lui une figure du Messie souffrant.
1 CANTIQUE. Psaume des fils de Core. Au maitre de chant. A chanter sur le ton
plaintif. Cantique d'Heman I'Ezrahite.
2 Jehovah, Dieu de men salut,
Quand je crie la nuit devant toi,
3 Que ma pricre arrive en ta presence,
Prete I'oreille a mes supplications !
4 Car mon ame est rassasiee de maux,
Et ma vie touche au sejour des morts,
5 On me compte parmi ceux qui descendent dans la fosse,
Je suis comme un homme ci bout de forces,
PSAUME LXXXVII.
I. Le Psalmiste commence brusquement
I'eloge de Jerusalem sans la nommer, et
sans nommer Jehovah qui I'a fondee. Peut-
etre manque-t-il quelques vers au debut.
2. Les portes de Sion, pour la villa elle-
LIBER PSALMORUM.
173
— :i:— PSALM US LXXXVL — :i:—
Excellentia civitatis Dei.
I. Filiis Core, Psalmus Cantici.
UND AMENTA ejus in
montibus Sanctis : 3. dili-
^^j git Dominus portas Sion
super omnia tabernacula
Jacob. 4. Gloriosa dicta sunt de te,
ci vitas Dei.
5. Memor ero Rahab, et Baby-
lonis scientium me. Ecce alieni-
gena2, et Tyrus, et populus i^thio-
pum, hi fuerunt illic. Numquid
Sion dicet : Homo, et homo natus
est in ea : et ipse fundavit earn Al-
tissimus.^ 6, Dominus narrabit in
scripturis populorum,et principum:
horum, qui fuerunt in ea.
7. Sicut laetantium omnium habi-
tatio est in te.
— :i:— PSALMUS LXXXVIL — *—
Affliftus et ab amicis dereliftus
se Deo commendat.
I. Canticum Psalmi.
Filiis Core, in finem, pro Mahe-
leth ad respondendum, intellectus
Eman Ezrahitas.
OMINE Deus salutis
meas : in die clamavi, et
nocte coram te. 3. Intret
in conspectu tuo oratio
mea : inchna aurem tuam ad pre-
cem meam : 4. quia repleta est malis
anima mea: et vita mea inferno ap-
propinquavit. 5. ^Estimatus sum
cum descendentibus in lacum : fa-
meme. — Les diemeiires de Jacob, ou Dieu
avait manifest^ sa presence et ou I'arche
avait reside, telles que Silo et Bethel.
3. Des choses glorieiises, soit les anciennes
promesses faites a Jerusalem d'une eternelle
duree et d'un glorieux avenir, promesses que
le Psalmiste va developper par la bouche de
Dieu; soit les paroles memes que Dieu va
prononcer.
4. Rahab (tumulte) est le nom d'un monstre
mythique, et le nom symbolique de I'Egypte
{Is. XXX, 7; li, 9; Ps. Ixxxix, ii); Baby/o/ie
est le grand empire du nord : le jour
viendra ou ces deux empires connaitront
et honoreront le vrai Dieu. Les Philistins,
Tyr et I'Ethiopie, avec lesquels Ezechias
avait eu des relations, sont nommes en-
suite. Dieu pourra dire de chacun de ces
peuples : Cehii-ci est ne Id, dans Sion ;
Sion est devenue leur mere, la mere de
tous les peuples ; ils ont chez elle droit de
cite, (comp. Is. Ixvi, 7; liv, 1-3; Zach.
viii, 23). Comment cela se fera-t-il ? II
s'agit evidemment d'un changement moral,
d'une naissance spirituelle, de ce que le
Nouv. Testament appelle : " renaitre de
I'eau et de I'Esprit {Jean, iii, 8) " : I'eau du
bapteme, et I'Esprit d'adoption qui fait les
enfants de Dieu.
5. De Sion, ou a Sion. — Cehii-ci et
celui-ld,\\\X. un honiuie et un hoinnie, c.-a-d.
une multitude d'hommes appartenant aux
peuples les plus divers. — Qui Va fonde'e,
ou qui Paffermit et la rend invincible a ses
ennemis. Cette promesse assure la perpe-
tuite de I'Eglise, apres qu'elle a recu dans
son sein les paiens convertis. Comp. Matth.
xvi, 18.
6. Le Psalmiste represente Jehovah les
inscrivant au role des peuples, c.-a-d. sur un
grand livre ou les peuples sont recenses
avec tout ce qui les concerne.
7. Joie des paiens convertis : ils sont re-
presentes venant en procession, avec des
chants et des danses, faire leur entree dans
Sion ; ils s'ecrient : Toutes les sources de
mon salut et de ma felicite sont en toi.
Comp. Is. xii, 3.
PSAUME LXXXVIII.
1. Sur le ton plaintij : voy. Ps. liii. —
Cantique, hebr. niaskil : voy. Ps. xxxii. —
Hciiian I'Ezrahite (fils de Zara), personnnge
contemporain de Salomon, celebre par sa
sagesse (I Par. ii, 6; I Rois, iv, 31). Un
levite de ce nom figure avec Asaph comme
I'un des chefs proposes par David a la mu-
sique sacree (I Par. vi, 33-44).
Tout cela semble a beaucoup d'interpretes
faire deux litres distinfls, juxtaposes par
erreur, et dont le dernier serait seul authen-
tique. D'autres conservent le tout : les fils
de Cor^ ne viendraient la que pour la partie
musicale, et le veritable auteur du cantique
serait He'man; ou bien le Coraite de la pre-
niiere partie du titre et I'Ezrahite Heman
ne seraient qu'un seul et meme personnage,
2. Dieu de mon salut : c'est le seul rayon
d'espoir qui brille a travers la profonde tris-
tesse de ce Psaume. — Ouandje crie, etc.
D'autres, le jour je finvoque, la mcit je suis
devant toi.
174 troisi£me livre des psaumes.
6 Delaisse parmi les morts,
Pareil aux cadavres etendus dans le sepulcre,
Dont tu n'as plus le souvenir,
Et qui sont soustraits h. ta main.
7 Tu m'as jete au fond de la fosse,
Dans les tenebres, dans les abimes.
8 Sur moi s'appesantit ta fureur,
Tu m'accables de tous tes Acts. — Se7a.
9 Tu as eloigne de moi mes amis,
Tu m'as rendu pour eux un objet d'horreur;
Je suis emprisonnd sans pouvoir sortir.
10 Mes yeux se consument dans la souffrance,
Je t'invoque tous les jours, Seigneur,
J'etends les mains vers toi.
11 Feras-tu un miracle pour les morts?
Les ombres se leveront-elles pour te louer? — Se/a.
12 Publie-t-on ta bonte dans le sepulcre,
Ta fidelite dans I'abime?
13 Tes prodiges sont-ils connus dans la region des tenebres,
Et ta justice dans la terre de I'oubli?
14 Et moi, Jehovah, je crie vers toi,
Ma priere va au-devant de toi des le matin.
15 Pourquoi, Jehovah, repousses-tu mon ame?
Pourquoi me caches-tu taface?
16 Je suis malheureux et moribond depuis ma jeunesse;
Sous le poids de tes terreurs, je ne sais que devenir.
17 Tes fureurs passent sur moi,
Tes epouvantes m'accablent.
18 Comme des eaux dcbordees elle m'environnent tout le jour;
EUes m'assiegent toutes ensemble.
19 Tu as Eloigne de moi mes amis et mes proches;
Mes compagnons, ce sont les tenebres de la tombe.
PSAUME LXXXIX (VULG. LXXXVUl).
fE Psaume a pour auteur Ethan, frere d'Heman, I'auteur du Psaume prece'dent
(I Par. ii, 6; I Rois, iv, 31), le meme peut-elre que le levite Etlian, prepose par
3j David, avec Asaph et Heman, k la musique sacree (I Par. vi, 29; xv, 17) II parait
avoir e'te compose sous le rcgne de Roboam,apres le schisme des dix tribus et a I'occasion
de I'invasion du roi d'Egypte Sesac (voy. 1 AV/j, xiv, 25-27; II Par.y^\\, 2-9). Temoin, dans
sa vieillesse, des calamites du royaume de David et de Salomon, le Psalmiste commence
par rappeler en general les promesses faites a David (vers. 2-5) par un Dieu tout-puissant
(6-15), capable d'assurer le bonheur de son peuple (16-19); puis il donne le texte meme de
ces promesses (20-38), et il demande k Dieu d'accorder un prompt secours au roi et au
peuple C39-52)-
La prophetic qui remplit la deuxi^me partie du Psaume est essentiellement messia-
nique. La race de David a ete depouillee de tout, sauf de I'honneur de donner le Messie
au monde : c'est la la grande ^^rf^V^ qui lui sera certainemcnt accordee, le grand objet de
\a.Jidc'liic do. Dieu dans ses promesses {Eccli. xlvii, 24; Ltic, i, 72 sv.).
Ps. 1 CANTIQUE d'Ethan I'Ezrahite.
Lwxix.
2 Je veux chanter a jamais les bontes de Jehovah;
A toutes les generations ma bouche fera connaitre ta fidelite.
3 Car je dis : La bonte est un Edifice eternel,
Dans les cieux tu as etabli ta fidelite.
4 " J'ai contracfle alliance avec mon €\\x\
J'ai fait ce serment a David, mon serviteur :
5 Je veux afTermir ta race pour toujours,
Etablir ton trone pour toutes les generations." — iicla.
LIBER PSALMORUM.
175
ctus sum sicut homo sine adjutorio,
6. inter mortuos liber : sicut vulne-
rati dormientes in sepulcris, quo-
rum non es memor amplius : et ipsi
de manu tua repulsi sunt, 7, Posue-
runt me in lacu inferiori : in tene-
brosis, et in umbra mortis, 8, Super
me confirmatus est furor tuus : et
omnes fluctus tuos induxisti super
me, 9, Longe fecisti notos meos a
me : posuerunt me abominationem
sibi. Traditus sum, et non ingredie-
bar : 10. oculi mei languerunt prse
inopia. Clamavi ad te Domine tota
die : expandi ad te manus meas.
II. Numquid mortuis facies mi-
rabilia : aut medici suscitabunt, et
confitebuntur tibi.^ 12, Numquid
narrabit aliquis in sepulcro miseri-
cordiam tuam, et veritatem tuam
in perditione? 13. Numquid cogno-
scentur in tenebris mirabilia tua : et
justitia tua in terra oblivionis?
14. Et ego ad te Domine clamavi :
et mane oratio mea prasveniet te.
15. Ut quid Domine repellis ora-
tionem meam : avertis faciem tuam
a me? 16. Pauper sum ego, et in
laboribus a juventute mea : exalta-
tus autem, humiliatus sum et con-
turbatus, 17. In me transierunt iras
tu3£ : et terrores tui conturbaverunt
me. 18. Circumdederunt me sicut
aqua tota die : circumdederunt me
simul. 19. Elongasti a me amicum,
et proximum : et notos meos a mi-
ser i a.
-*- PSALMUS LXXXVIII. -:i:-
Enarrat foedus Dei cum Davide, et queritur
de Christi dilatione ac persecutionibus, a
quibus petit liberari.
I, Intellectus Ethan Ezrahitas.
riSERICORDIAS Domi-
ni in asternum cantabo. In
generationem et genera-
tionem annuntiabo verita-
tem tuam in ore meo. 3. Quoniam
dixisti : In asternum misericordia
asdificabitur in coslls : prasparabitur
Veritas tua in eis. 4. Disposui testa-
mentum electis meis, "juravi David
servo meo : 5, usque in asternum
prjEparabo semen tuum, Et asdifi-
cabo in generationem, et generatio-
nem sedem tuam.
«2 Rec
12.
6. Z?t'/aisse, Vulg. h'der que les Peres en-
tendent du Sauveur /t'dre en face de la mort
et de ses persecuteurs. Le Hir et d'autres,
gisant parini les marts, litt. ma cotcche est
parmi les morts. Le mot hebreu est obscur
ici et probablement fautif. — Soicstraits a
fa main, a I'aflion de ta providence. Vulg.,
repousse's de ta main.
7. Fosse, tenebres, etc., expressions qui
designent le sejour des morts (scheol) et le
sepulcre.
9. Pris a la lettre, tous ces traits con-
viennent soit a un lepreux, soit a un prison-
nier; au figure, ils peignent un malheureux
accable de souffrances (comp.y^^iiJ, xxxi, 34),
et c'est probablement dans ce dernier sens
qu'on doit les entendre.
11-13. Pensee : les hommes descendus
au scheol ne peuvent plus c^lebrer les
louanges de Dieu comme on le fait sur la
terre : pourquoi done Dieu me laisse-t-il
mourir? Voy. Ps. vi, 6, note.
Un miracle, pour rappeler les morts a la
vie. — Les o?nhres, hebr. les rephaim, litt.
les etres sans consistance, tels que sont les
morts dans le scheol. — La terre de Voubli,
oil les ombres, oubliees de Dieu, ne se sou-
viennent plus de lui.
15. Mon dme, moi; \'^ulg., ma priere.
17. Tes epouva7ites, comparees k des flots
souleves, m'aneantissent, m'engloutissent.
19. Mes compag/ions, etc. : il ne m'en
reste plus d'autres. Comp. Job, xvii, 14.
PSAUMi. LXXXIX.
1. Cantiqiie, hebr. maskil : voy. Ps. xxxii.
2. Pontes, misericordes gratuites...yfi///z7/
k tenir les promesses : toute I'esperance d'ls-
rael reposait sur ce double fondement, qu'Is-
rael appelle les misericordes fideles, c.-a-d.
assurees ix David et a sa posterite {Is. Iv, 3).
3. Dans les cieux, c.-a-d. dans une region
ou tout est immuable. La Vulgate rapporte
a tort i7i ca'lis a ce qui precede ; en outre,
elle traduit (habituellement : voy. vers. 5) par
preparer le verbe hebreu coim, qui signifie
presque toujours aff^ermir, consolider.
Suit un resum^ des promesses faites a
David (voy. II Sa)n. vii), place dans la
bouche de Dieu.
4. Mon elu, David : comp. I Rois, viii, 16.
Vulg., mes elus : David et ses descendants.
176
TROISIEME LIVRE DES PSAUMES.
6 Les cieux celebrent tes merveilles, Jehovah,
Et ta fideHte dans I'assemblee des saints.
7 Car qui pourrait, dans le ciel, se comparer a Jehovah?
Qui est semblable a Jehovah parmi les fils de Dieu?
8 Dieu est terrible dans la grande assemblee des saints,
II est redoutable pour tous ceux qui I'entourent.
9 Jdhovah, Dieu des armees, qui est comme toi?
Tu es puissant, Jehovah, et ta fidelite t'environne.
10 C est toi qui domptes I'orgueil de la mer;
Quand ses flots se soulevent, c'est toi qui les apaises.
11 C'est toi qui ecrases Rahab comme un cadavre,
Qui disperses tes ennemis par la force de ton bras.
12 A toi sont les cieux, a toi aussi la terre;
Le monde et ce qu'il contient, c'est toi qui I'as fonde.
13 Tu as cre'e le nord et le midi;
Le Thabor et THermon tressaillent a ton nom.
14 Ton bras est arme de puissance
Ta main est forte, ta droite elevee.
15 La justice et I'equite sont le fondement de ton trone,
La bonte et la fidelite se tiennent devant ta face.
16 Heureux le peuple qui connait les joyeuses acclamations,
Qui marche a la clarte de ta face, Jehovah!
17 11 se rejouit sans cesse en ton nom,
Et il s'eleve par ta justice.
18 Car tu es sa gloire et sa puissance,
Et ta faveur eleve notre force.
19 Car de Jehovah vient notre bouclier,
Et du Saint d'Israel notre roi.
20 Tu parlas jadis dans une vision a ton bien-aime, en disant
" J'ai prete assistance a un heros,
J'ai eleve un jeune homme du milieu du peuple.
21 J'ai trouve David, mon serviteur,
Je I'ai oint de mon huile sainte.
22 Ma main sera constamment avec lui,
Et mon bras le fortifiera.
23 L'ennemi ne le surprendra pas,
Et le fils d'iniquite ne I'emportera pas sur lui.
J'ecraserai devant lui ses adversaires,
Et je frapperai ceux qui le haissent.
Ma fidelite et ma bonte seront avec lui,
Et par mon nom grandira sa puissance.
6 J'etendrai sa main sur la mer
Et sa droite sur les tleuves.
11 m'invoquera " Tu es mon pere,
Mon Dieu et le rocher de mon salut. "
Et moi je ferai de lui le premier-ne,
Le plus eleve des rois de la terre.
9 Je lui conserverai ma bonte a jamais,
Et mon alliance avec lui sera indissoluble,
24
25
26
27
28
6-ig. Comme la valeur d'une promesse se
mesure a la dignite de celui qui I'a faite, le
Psalmiste entonne une hymne pour celebrer
la grandeur de Dieu, specialement sa toute-
puissance et sa fidelite.
6. Les saints, comme les fils de Dieu
au verset suivant, sont les anges, qui com-
posent la cour celeste {/ob, i, 6; v, i;
XV,
8. Terrible dans la grande asenibleej ou
bien, grandenient terrible dans Vassemblee
des saints, c.-a-d. des anges.
9. Ta fide/itJ, comme un tribut insdpa-
rable de toi, etc.
1 1 . Comme un cadavre, propr. comme un
guerricr frappc du glaive.
13. Le Tliabor a I'ouest du Jourdain,
I'Hermon a Test, marquant les deux autres
points cardinaux. Sens : Dieu est le souve-
rain maitre de la terre creee par lui.
LIBER PSALMORUM.
177
6. Confitebuntur coeli mirabilia
tuaDomine: etenim veritatem tuam
in ecclesia sanctorum. 7. Quoniam
quis in nubibus asquabitur Domino :
similis erit Deo in filiis Dei? 8, Deus,
qui glorificatur in consilio sancto-
rum : magnus et terribilis super
omnes qui in circuitu ejus sunt,
9. Domine Deus virtutum quis si-
milis tibi? potens es Domine, et Ve-
ritas tua in circuitu tuo.
10. Tu dominaris potestati ma-
ris : motum autem fluctuum ejus tu
mitigas. 1 1. Tu humiliasti sicut vul-
neratum, superbum : in brachio vir-
tutis tuae dispersisti inimicos tuos.
12. *Tui sunt coeli, et tua est terra,
orbem terras et plenitudinem ejus tu
fundasti : 13. aquilonem, et mare
tu creasti. Thabor et Hermon in
nomine tuo exsultabunt : I4.. tuum
brachium cum potentia. Firmetur
manus tua, et exaltetur dextera tua:
15. Justitia et judicium praeparatio
sedis tuas. Misericordia et Veritas
prascedent faciem tuam :
16. Beatus populus, qui scit jubi-
lationem. Domine, in lumine vultus
tui ambulabunt, 17. et in nomine
tuo exsultabunt tota die : et in justi-
tia tua exaltabuntur. 18. Quoniam
gloria virtutis eorum tu es : et in
beneplacito tuo exaltabitur cornu
nostrum. 19. Quia Domini est as-
sumptio nostra : et sancti Israel re-
gis nostri.
20. Tunc locutus es in visione
Sanctis tuis, et dixisti : Posui adju-
torium in potente : et exaltavi ele-
ctum de plebe mea. 21. Tnveni
David servum meum : oleo sancto
meo unxi eum. 22. Manus enim
mea auxiliabitur ei : et brachium
meum confortabit eum. 23. Nihil
proficiet inimicus in eo, et filius ini-
quitatis non apponet nocere ei.
24. Et concidam a facie ipsius ini-
micos ejus : et odientes eum in fu-
gam convertam. 25. Et Veritas mea,
et misericordia mea cum ipso : et in
nomine meo exaltabitur cornu ejus.
26. Et ponam in mari manum ejus :
et in fluminibus dexteram ejus.
27. Ipse invocabit me : '^ Pater meus
es tu : Deus meus, et susceptor sa-
lutis meas. 28. Et ego primogenitum
ponam ilium excelsum pras regibus
terr£e. 29. In asternum servabo illi
^i Reg. 16,
I. 12. Adt.
13, 22.
'^2 Reg. 7,
14.
15. 6"^ tiennent devani ta face, comme des
serviteurs qui attendent les ordres de leur
niaitre.
16. Lepetiple, celui du royaume dejuda,
ou le culte de Jehovah s'^tait maintenu. —
Lesjoyeiises acclamations et le son des trom-
pettes qui annon^aient les fetes religieuses
{Lev. xxiii, 24; xxv, 9).
17. Eft ton nom, en Dieu manifeste par
ses revelations et ses prodiges. — Par ta
justice, la fidelite de Dieu aux engagements
et aux promesses de son alliance.
18. Notre force, litt. notte come.
19. Sens : c'est Jehovah qui nous donne
notre bouclier et notre roi, notre roi qui est
en meme temps notre bouclier : il est done
impossible qu'Israel devienne la proie d'une
puissance paienne. D'autres traduisent :
Jehovah est notre boticlier^eile Saint cV Israel
notre roi.
20. Ton dien-aime', le prophete Samuel
(I Sant. xvi, 12 sv.), ou Nathan (I Far.
xvii, 7-15), peut-etre David lui-meme. Plu-
sieurs manuscrits hebreux et toutes les an-
ciennes versions ont le pluriel, a vies bien-
ainies, Samuel et Nathan. — A im heros.
un vaillant : cette assistance avait done pour
but de lui donner la vi(ftoire sur ses enne-
mis (par ex. Goliath). — Un jeune homme,
David; Vulg., a mon e'lu.
Les verbes sont au parfait dans les vers.
20 et 21, parce que David etait deja sacre
et etabli roi sur tout Israel, quand il regut
de la bouche de Nathan les promesses men-
tionndes II Sam. vii.
23. Allusion a Saiil et aux autres ennemis
de David.
25. Par mon nom : meme sens qu'au
vers. 17. — Ptcissaftce, litt. corne.
26. Allusion a la promesse faite (/?.?«/. xi, 14;
Jos. i, 4. Comp. Ps. Ixxii, 8;. Le royaume de
Salomon touchait d'un cote k la Mediterra-
nee, de I'autre a I'Euphrate. Celui du Messie
s'etendra d'un bout du monde a I'autre.
27. II m'invoqtiera, en me donnant le nom
de pere. Ce mot a dans la Bible un sens tres
etendu; il exprime toutes les tendres affec-
tions. David est fils de Dieu par adoption;
de meme Salomon (I Par.wW, 13); le Mes-
sie le sera par nature.
28. Le premier-nc : David aura le droit
d'ainesse parmi les rois de la terre.
N° 23 — LA SAINTE BIBLE. TO.ME IV. — 13
178
TROISlfeME LIVRE DES PSAUMES.
30 J'^tablirai sa posterite pour une duree eteinelle,
Et son trone aura les jours des cieux.
31 Si ses fils abandonnent ma loi,
Et ne marchent pas selon mes ordonnances;
32 S'ils violent mes preceptes,
Et n'observent pas mes commandements;
33 Js punirai de la verge leurs transgressions,
Et par des coups leurs iniquitds;
34 Mais je ne lui retirerai pas ma bonte,
Et je ne ferai pas mentir ma fidelite;
35 Je ne violerai pas mon alliance,
Et je ne changerai pas la parole sortie de mes levres.
36 Je I'ai jurd une fois par ma saintete;
Non, je ne mentirai pas a David.
;^7 Sa posterite subsistera eternellement,
Son trone sera devant moi comme le soleil;
38 Comme la lune, il est etabli pour toujours.
Et le temoin qui est au ciel est fidele. " Se7a.
39 Et toi, tu as rejete, et tu as dedaigne,
Et tu t'es irrite contre ton Oint!
40 Tu as pris en degout I'alliance avec ton serviteur,
Tu as jete a terre son diademe profane.
41 Tu as renverse toutes ses murailles,
Tu as mis en mines ses forteresses.
42 Tous les passants le depouillent;
II est devenu I'opprobre de ses voisins.
43 Tu as eleve la droite de ses oppresseurs,
Tu as rejoui tous ses ennemis.
44 Tu as fait retourner en arriere le tranchant de son glaive,
Et tu ne I'as pas soutenu dans le combat.
45 Tu Fas depouille de sa splendeur,
Et tu as jete par terre son trone,
46 Tu as abrege les jours de sa jeunesse,
Et tu I'as couvert d'ignominie. — Sc'la.
47 Jusques h. quand, Jehovah, te cacheras-tu pour toujours,
Et ta fureur s'embrasera-t-elle comme le feu?
48 Rappelle-toi la brievete de ma vie,
Et pour quelle ^phemere existence tu as cree les fils de I'homme !
49 Quel est le vivant qui ne verra pas la mort,
Oui soustraira son ame au pouvoir du scheol? — Sc/a.
50 Ou sont, Seigneur, tes bont^s d'aulrefois,
(2ue tu juras a David dans ta fidelite.''
51 Souviens-toi, Seigneur, de I'opprobre de tes serviteurs;
Soin'it'/ts-hii que je porte dans mon sein les outrages ds tant de peuples nombieux ;
52 Souviois-ioi des outrages de tes ennemis, Jehovah,
De leurs outrages contre les pas de ton Oint.
53 Beni soit k jamais Jehovah!
Amen! Amen!
30. Les jours des cicttx, une duree sans
limite. Cette promesse ne sera complete-
ment realisee dans la postdrite de David
que dans le sens messianique.
33. Emprunte a II Sam. vii, 14-16.
38. Le tciiiflin : Dieu lui-meme, qui atteste
ce qu'il decrete (/o/^, xvi, 20; Hcbr. vi, 19);
il y a ainsi gradation.
39. Tu t'es irrite'; \'ulg. , tu as differc re-
tarde ioti Oint.
— J€>5 \©\ \©\ ^©<—
LIBER PSALMORUM.
179
misericordiam meam : et testamen-
tum meum fidele ipsi. 30. Et ponam
in saeculum saeculi semen ejus : et
thronum ejus sicutdies coeli. 3i- Si
autem dereliquerint filii ejus legem
meam : et in judiciis meis non am-
bulaverint : 32. si justitias' meas
profanaverint : et mandatamea non
custodierint : 33. visitabo in virga
iniquitates eorum : et in verberibus
peccata eorum, 34. Misericordiam
autem meam non dispergam ab eo :
neque nocebo in veritate mea :
35. neque profanabo testamentum
meum : et quae procedunt de labiis
meis non faciam irrita. 36. Seme!
juravi in sancto meo, si David men-
tiar : 37. semen ejus in jeternum
manebit. 38. Et ''thronus ejus sicut
sol in conspectu meo, et sicut luna
perfecta in asternum : et testis in
coelo fidelis.
39. Tu vero repulisti et despe-
xisti : distulisti Christum tuum,
40. Evertisti testamentum servi tui :
profanastiin terraSanctuarium ejus,
41. Destruxisti omnes sepes ejus :
posuisti firmamentum ejus formidi-
nem. 42, Diripuerunt eum om.nes
transeuntes viam : factus est oppro-
brium vicinis suis, 43. Exaltasti
dexteram deprimentium eum : lasti-
ficasti omnes inimicos ejus. 44, A.ver-
tisti adjutorium gladii ejus : et non
es auxiliatus ei in bello. 45. Destru-
xisti eum ab emundatione : et sedem
ejus in terram coUisisti. 46, Mino-
rasti dies temporis ejus : perfudisti
eum confusione,
47. Usquequo Domine avertis in
finem : exardescet sicut ignis ira
tua? 48, Memorare quae mea sub-
stantia : numquid enim vane consti-
tuisti omnes filioshominum?49.Quis
est homo, qui vivet, et non videbit
mortem : eruet animam suam de
manu inferi? 50. Ubi sunt miseri-
cordiae tuas antiquae Domine, -^sicut
jurasti David in veritate tua.^
5 1 . Memor esto Domine opprobrii
servorum tuorum (quod continui
in sinu meo) multarum gentium,
52, Quod exprobraverunt inimici
tui Domine, quod exprobraverunt
commutationem Christi tui.
53. Benedictus Dominus in aster-
num : fiat, fiat.
fo. Reg. 7,
II.
40. Ton serviteur, David. — Son dtadhne,
enleve avec d'autres d^pouilles precieuses
par Sesac. Vulg. so/i sanfluairc, peut-etre
en ce sens que le diadenie des rois d' Israel,
representants de Jehovah, etait I'insigne
sacre de la puissance meme de Dieu.
41. Tu as mis en mines j Vulg., iu as re-
pandtc la fray ear dans ses forteresses.
46. Roboam avail 46 ans, quand il fut
vaincu par Sesac; il vecut encore 12 ans
dans I'humiliation et la honte (II Par.
xii, 2, 13).
Que Dieu mette fin k cette contradicflion
entre ses promesses et la situation a(fluelle.
47. Comp. Ps. Ixxix, 5.
48. Pour quelle ephemere existence, litt.
pojir quelle vanite. Sens : hate-toi de nous
secourir, afin que la generation presente aie
part aux benedicftions promises!
52. Centre les pas, la conduite de ton roi;
ce sens est loin d'etre sur. Vulg., au sujet
de ton chans^ejuent a Vcgard de ton Oint.
53-
Doxologie servant de conclusion au
^e livre des Psaumes.
^^
180 QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
^ LIVRE QUATRIEME.
Le Psaume cii, compose sur la fin de la captivite dc Babylone, indique
que les Psaumes dont se compose ce livre ont ete recueilHs pen avant
Tepoque ou, sous Esdras, le canon des Juifs fut forme. La plupart n'ont pas
de titre, et trois seulement portent un nom d'auteur. lis ne se rapportent, en
general, a aucune circonstance particuliere; ce sont des chants a la gloire de
Jehovah, dont la puissance s'etend sur tout I'univers (d'apres Le Hir).
PSAUME XC (VULG. LXXXIX).
^E titre de ce Psaume, la couleur antique du style et de nombreux traits de res-
semblance avec le Pentateuque, particulierement le Deutdronome, autorisent a
I'attribuer a Moise, qui I'aurait compose a I'occasion de la mort prematuree des
enfants d'Israel dans le desert. II se distingue par la magnificence des images et
une melancolie penetrante.
Contraste entre I'eternite de Dieu et la brievete de la vie humaine (vers. i-6); peinture
des miseres de I'homme (7-12); que Dieu vienne en aide a ses serviteurs (13-17).
Ps. XC. ' PRIERE de Moise, homme de Dieu.
Seigneur, tu as ete pour nous un refuge d'age en age.
2 Avant que les montagnes fussent n^es,
Et que tu eusses enfante la terre et le monde,
De I'eternite a I'eternite tu es, 6 Dieu.
3 Tu reduis les mortels en poussiere,
Et tu dis : " Retournez, fils de I'homme!"
4 Car mille ans sont, a tes yeux,
Comme le jour d'hier, quand il passe,
Et comme une veille de la nuit.
5 Tu les emportes, semblables a un songe;
Le matin, comme I'herbe ils repoussent :
6 Le matin, elle fleurit et pousse;
Le soir, elle se fletrit et se dessfeche.
7 Ainsi nous sommes consumes par ta colere,
Et ta fureur nous terrific.
8 Tu mets devant toi nos iniquites,
Nos fautes cachdes h. la lumicre de ta face.
9 Tous nos jours disparaissent par ton courroux,
Nous voyons nos annees s'evanouir comme un son leger.
10 Nos jours s'elevent a soixante-dix ans,
Et dans leur pleine mesure c\ quatre-vingts ans ;
Et leur splendeur n'est que peine et misere,
Car ils passent vite, et nous nous envolons!
11 Qui comprend la puissance de ta colere,
Et ton courroux, egal k ta majeste redoutable?
12 Enseigne-nous a bien compter nos jours,
Afin que nous acquerions un coeur sage.
13 Reviens, Jehovah; jusques k quand ...?
Aie pitie de tes serviteurs.
14 Rassasie-nous le matin de ta bonte,
Et nous serons tous nos jours dans la joie et I'alldgresse
15 Rejouis-nous autant de jours que tu nous a humilies,
Autant d'annees que nous avons connu le malheur.
LIBER PSALMORUM.
181
40, 6.
-:!:— PSALM US LXXXIX. — :i--
Oratio qua homo vitte instabilitatem spe-
(ftans ad Deum confugit.
Oratio Moysi hominis Dei.
OMINE, refugiiim factus
es nobis : a generatione in
generationem. 2. Prius-
: quam montes fierent, aut
formaretur terra, et orbis : a sasculo
et usque in sasculum tu es Deus.
3. Ne avertas hominem in humili-
tatem : et dixisti : Convertimini filii
hominum. 4. Quoniam mille anni
ante oculos tuos, tamquam dies
hesterna, quae prasteriit, et custodia
in nocte, 5. quae pro nihilo haben-
tur, eorum anni erunt. 6. "Mane
sicut herba transeat, mane floreat,
et transeat : vespere decidat, indu-
ret, et arescat.
7. Ouia defecimus in iratua,et in
furore tuo turbati sumus. 8. Posuisti
iniquitates nostras inconspectu tuo:
saeculum nostrum in illuminatione
vultus tui. 9. Quoniam omnes dies
nostri defecerunt : et in ira tua de-
fecimus. Anni nostri sicut aranea
meditabuntur : 10. ^'dies annorum ^'EccH. 18.
nostroruminipsisjSeptuagintaanni. ^'
Si autem in potentatibus octoginta
anni : et amplius eorum, labor et
dolor. Quoniam supervenit mansue-
tudo : et corripiemur. 1 1. Quis no-
vit potestatem irae tuae : et pras
timore tuo iram tuam 12. Dinume-
rare.? Dexteram tuam sic notam
fac : et eruditos corde in sapientia.
13. Convertere Domine usque-
quo.'' et deprecabilis esto super ser-
vos tuos. 14. Repleti sumus mane
misericordia tua : et exsultavimus,
et delectati sumus omnibus diebus
nostris. 15. Laetati sumus pro die-
PSAUME XC.
1. Homme de Dieii (comp. Dent, xxxiii, i;
Jug. xiv, 6) : ce titre honorifique donne aux
anciens prophetes exprime un rapport
d'union intime avec Dieu.
2. Les montagnes, qui sont pourlant I'em-
bleme de la duree et de la force.
3. Reiournez en poussiere : allusion k la
sentence portee contre Adam pecheur (6"^;^.
iii, 19). D'autres : Et tu dis h. une nouvelle
generation : A ton tour viens \ la vie : con-
traste entre I'immuable eternite de Dieu et
I'existence mobile de I'homme (comp. EccL
i, 4).
4. Mille atis ecoules ne paraissent pas
aux yeux de Dieu une durde plus longue que
ne nous parait le jour d'hier consider^ au
moment ou il se termine. Cf. II Pet. iii, 8 :
" Mille ans sont devant le Seigneur (Jesus-
Christ) comma un seul jour." — Couime une
veille : la nuit se partageait alors en trois
veilles.
5. Vulg., choses gui ne comptent potir rien,
voilk ce que sont leurs amie'es; elles sont en
tres petit nombre. Au vers. 6, elle donne h.
chalaf le sens de passer : leur vie passe en
un matin, comme PJierbe qui fleicrit et passe,
et qui le soir tonibe et se dessccJie. Le mot
induret ne repond k rien dans I'hebreu.
7. Ce verset nous ramene a I'histoire d'ls-
rael dans le desert, ou le plus grand nombre
fut condamne a mourir en punition de ses
fautes. Comp. Nombr. xiv, 29; Dcut. i, 35.
8. Nos fautes cacke'es, par opposition aux
iniquiies ow transgressions publiques. Vulg.
notre vie.
9. Comnie un soti le'ger; d'autres, comme
un scupirj ou bien, comme tinepefisee (comp.
Homere, Odyss. vii, 36). Vulg., nos annees
s'' exerceront (ou mediteront) comme Varai-
gnee; cette traduction, qui ne donne aucun
sens satisfaisant, rend fidelement celle des
LXX provenant sans doute d'une le^on
fautive.
10. Dans leur pleine mesure, au maxi-
mum. D'autres, avec la Vulgate, potir
les plus robustes. Le Psalmiste donne le
chitTre de la vie moycntte. — Le7(r splen-
deur, litt. leur orgueil, ce qu'il y a de plus
brillant et de meilleur dans ces annees :
richesses, beaute, consideration. Vulgate,
ce qtti depasse ce itombre d'annees : en con-
tradiftion avec ce qui precede immediate-
ment, et peu en harmonie avec I'ensem-
ble. — lis passent vite, etc. La Vulg. est ici
fort obscure.
12. A bien compter fios jours, k com-
prendre la brievete de notre vie et a la
Ijien employer. W\\g.,fais que ftous recon-
naissions ta main dans ces chatiments, et
qu\iinsi nos carters soient instruits dans la
saj^esse.
\^. Jours ... annees : les formes podtiques
de ces mots en hebreu ne se retrouvent que
dans le Deuteronome.
16. Yu]g.,jette les yeux sur tes ser^jiteurs
et sur tes auvres, et dirige leurs enjants.
182
QUATRIEME LIVRE DES PSAUAIES.
i6 Que ton ceuvre se manifeste a tes serv iteurs,
Et ta gloire, pour leurs enfants!
17 Que la faveur de Jehovah, notre Dieu, soit sur nous;
Affermis pour nous I'ouvrage de nos mains;
Oui, affermis I'ouvrage de nos mains!
iMm
PS A U ME XCI (VULG. XC).
^^^jE beau Psaume, sans titre en hebreu, est intitule dans les LXX et la Vulg., r/ia;?/
de lojiange, de David. On ne peut faire que des conjectures sur son auteur et sur
:S^. I'epoque de sa composition. II est le developpement poetique de cette pensee que
S. Paul formule en deux mots : " Si Dieu est pour nous, qui sera centre nous?" Rovt.
viii, 31. Le refrain du vers. 9 marque nettement la division en deux parties. Les brusques
changements de personne qu'on y remarque (vers. 2, 9, 14) ne repugnent pas au genie
des poetes hebreux. Plusieurs interpretes les expliquent ici par la supposition que c'etait
un cantique de pelerinage, chante par deux chceurs se repondant I'un h I'autre.
Ps. xci. I Celui qui s'abrite sous la protection du Tres-Haut
Repose a I'ombre du Tout-Puissant.
2 Je dis a Jehovah : " T71 es mon refuge et ma forteresse,
Mon Dieu en qui je me confie. "
3 Car c'est lui qui te delivre du filet de I'oiseleur
Et de la peste funeste.
4 II te couvrira de ses ailes,
Et sous ses plumes tu trouveras un refuge.
Sa fidelity est un bouclier et une cuirasse.
5 Tu n'auras k craindre ni les terreurs de la nuit,
Ni la fleche qui vole pendant le jour,
6 Ni la peste qui marche dans les tenebres,
Ni la contagion qui ravage en plein midi.
7 Que mille tombent a ton cote,
Et dix mille a ta droite,
Tu ne seras pas atteint.
8 De tes yeux seulement tu regarderas,
Et tu verras la retribution des mechants.
9 Car tu as dit : " Tu es mon refuge, Jehovah! "
Tu as fait du Tres-Haut ton asile.
10 Le malheur ne viendra pas jusqu'a toi,
Aucun fleau n'approchera de ta tente.
11 Car il ordonnera pour toi a ses anges
De te garder dans toutes tes voies.
12 lis te porteront sur leurs mains,
De peur que ton pied ne heurte contre la pierre.
13 Tu marcheras sur le lion et sur I'aspic,
Tu fouleras le lionceau et le dragon. —
14 " Puisqu'il s'est attache k moi, je le delivrerai;
Je le protegerai, puisqu'il connait mon nom.
15 II m'invoquera, et je I'exaucerai;
Je serai avec lui dans la ddtresse,
Pour le delivrer et le glorifier.
16 Je le rassasierai de longs jours,
Et je lui ferai voir mon salut. "
PSAUME XCII (VULG. XCl).
jE Psaume, d'apr^s le titre, confirme par le Talmud, ^tait chante le jour du sabbat,
i et I'oa remarque que le nom de Jehovah y figure sept fois : c'etait le nonibre sab-
batique. L'auteur en est inconnu. II commence par louer Dieu comme createur et
moderateur de cet univers (vers. 2-7); puis il exalte sa justice dans le monde moral, justice
par laquelle il punit les mechants (8-10) et recompense les bons (11-16).
LIBER PSALMORUM.
183
bus, quibus nos humiliasti : annis,
quibus vidimus mala. i6, Respice
in servos tuos, et in opera tua : et
dirige filioseorum. 17. Et sit splen-
dor Domini Dei nostri super nos,
et opera manuum nostrarum dirige
super nos : etopus manuum nostra-
rum dirige.
■gt M 'M ?y- 'M 'M 'M 'M W. W. W. 'M :^. 'M 'M M ■^. M '^ :^ '« '
-:;:— PSALMUS XC. — :;:—
Canticum quo prsedicatur securitas ejus
qui spem in Deo ponit.
Laus Cantici David.
UI habitat in adjutorio
Altissimi, in protectione
Dei cceli commorabitur.
2. Dicet Domino : Sus-
ceptor meus es tu, et refugium
meum : Deus meus sperabo in eum.
3. Quoniam ipse liberavit me de
laqueo venantium,et a verbo aspero.
4. Scapulis suis obumbrabit tibi : et
sub pennis ejus sperabis. 5. Scuto
circumdabit te Veritas ejus : non ti-
mebis a timore nocturno, 6. a sagitta
volante in die, a negotio perambu-
lante in tenebris : ab incursu, et
dasmonio meridian©. 7. Cadent a
latere tuo mille, et decem millia a
dextris tuis : ad te autem non appro-
pinquabit. 8. Verumtamen oculis
tuis considerabis : et retributionem
peccatorum videbis, 9. Quoniam tu
es Domine spes mea : Altissimum
posuisti refugium tuum.
10. Non accedet ad te malum : et
flagellum non appropinquabit ta-
bernaculo tuo. ii.^Ouoniam An-
gelis suis mandavit de te : ut custo-
diant te in omnibus viis tuis. 12. In
manibus portabunt te : ne forte
ofFendas ad lapidem pedem tuum.
13. Super aspidem, et basiliscum
ambulabis : et conculcabis leonem
et draconem.
14. Quoniam in me speravit, li-
berabo eum : protegam eum, quo-
niam cognovit nomen meum. 1 5.Cla-
mabit ad me, et ego exaudiam eum :
cum ipso sum in tribulatione : eri-
piam eum et glorificabo eum.
16. Longitudine dierum replebo
eum : et ostendam illi salutare
meum.
« Matth. 4,
6. Luc. 4,
17. La faveur; Vulg., la splendenr, la
clarte du visage, signe de faveur.
PSAUME XCI.
I. Plusieurs commentateurs voient dans
ce verset, ainsi coupe, une tautologie.
Baethgen, par exemple, coupe autrement
et traduit : Quand je m'abrite sous la pro-
tecflion du Tres-Haut, et quand je me repose
a I'ombre du Tout-Puissant, je dis ...
2.Je dis, hdbr. omar. LXX et Vulg., il dit.
3. Qui te delivre^ etc.; Vulg., qui me dcli-
vre. — De lapeste, dans le sens large : de
toute cause de ruine. LXX et Vulg., dc la
parole du7r, comme s'il y avait en hebreu
middabar.
4. Comparez Deut. xxxii, \\;Ps. xvii, 8.
5. Les terreurs de la iiuit, causees par
I'ennemi, les brigands ou les betes feroces
{Cant, iii, 8).
6. La peste; Vulg., I'aff'aire : le mot he-
breu a ete lu encore dabar au lieu de deber.
— La contagion, ou d'une manifere plus ge-
nerate, la destruHiofi qui ravage, devaste;
Vulg., de Pattaque du demon.
9. Tu as dit : ces mots sous-entendus ex-
pliquent naturellement le changement de
personne (Le Hir).
w. II ordottnera ; ou bien, avec la Vulg.,
il a ordojine, pour toi, dans ton interet.
Satan allegue ce texte, en le tronquant,
pour porter Jesus a se pr^cipiterdu hautdu
temple {Matth. iv, 6).
12. De peur que ton pied, etc. : cette
image s'accorde bien avec la supposition
qui voit dans ce Psaume un cantique de
pelerinage.
13. Le lion; Vulg., I'aspic : comp. Lttc,
x, 19. Ces animaux feroces, que I'on rencon-
ti-e souvent en Palestine, figurent aussi tons
les genres de perils qui peuvent menacer le
1 serviteur de Dieu.
184
QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. xcii.
PSAUME. Cantiqiie pour le jour du sabbat.
2 11 est bon de louer Jehovah,
Et de cclebrer ton nom, 6 Tres-Haut,
3 De publier le matin ta bontc,
Et ta fidelite pendant la nuit,
4 Sur I'instrument k dix cordes et sur le luth,
Avec les accords de la harpe.
5 Tu me rejouis, Jehovah, par tes oeuvres,
Et je tressaille d'alldgresse devant les ouvrages de tes mains.
6 Que tes oeuvres sont grandes, Jehovah,
Que tes pensees sont profondes!
7 L'homme stupide n'y connait rien,
Et I'insense n'y peut rien comprendre.
8 Quand les mechants croissent comme I'herbe,
Et que fleurissent tous ceux qui font le mal,
C'est pour etre extermines k jamais.
9 Mais toi, tu es eleve pour I'eternite, Jehovah!
10 Car voici que tes ennemis, Jehovah,
Voici que tes ennemis perissent,
Tous ceux qui font le mal sont disperses.
11 Et tu Aleves ma corne, comme celle du buf¥le,
Je suis arrose avec une huile fraiche.
12 Mon ceil se plait a contempler mes ennemis,
Et mon oreille h. entendre les mechants qui s'elevent centre moi.
13 Le juste croitra comme le palmier,
II s'elevera comme le cedre du Liban.
14 Plantes dans la maison de Jehovah,
lis fleuriront dans les parvis de notre Dieu.
15 lis porteront encore des fruits dans la vieillesse;
lis seront plains de seve et verdoyants,
16 Pour proclamer que Jehovah est juste :
II est mon rocher, et il n'y pas en lui d'injustice.
PSAUME XCIII (VULG. XCIl).
p^SjIES Psaumes xciii et xcvi-c, sans titre en hebreu, ont la plus grande analogie entre
5p^ eux et avec les dernieres propheties d'lsa'ie. lis paraissent I'ouvrage d'un seul et
^.«^^4 meme auteur, qui les aurait composes dans les premieres annees d'Ezechias, a I'oc-
casion de la restauration du culte, et qui aurait imite le grand prophete son contemporain.
Beaucoup de P5res appliquent ce Psaume au regne du Messie, soit dans son premier, soit
dans son second avenement.
Le Psaume xciii celebre la royaute de Jehovah, createur et souverain maitre de I'uni-
vers. II a pour titre, dans les LXX et la Vulg , Cantique de /otiange , de David, pour la
veille du sabbat, quand la terre fut peiiple'e (ou fondee).
Ps. xciii. I Jehovah est roi, il est revetu de majesty,
Jehovah est revetu, il est ceint de force :
Aussi le monde est ferme, il ne chancelle pas.
2 Ton trone est etabli d^s I'origine,
Tu es des I'eternitd.
3 Les fleuves ^Icvent, 6 Jehovah,
Les fleuves elevent leur voix,
Les fleuves elevent leurs flots retentissants :
4 Plus que la voix des grandes eaux,
Des vagues puissantes de la mer,
Jehovah est magnifique dans les hauteurs celestes.
PSAUME XCII.
2. Le sal:)bat est le jour que Dieu a
santlifie et que l'homme doit sanclifier pour
Dieu, en cessant ses occupations ordinaires
et en chantant les louanges du Seigneur.
Cela est bon, non seulement aux yeux de
LIBER PSALMORUM.
185
— :i:— PSALM US XCL — :i:—
Laudanda opera Dei qui bonos tuetur
et malos perdit.
I. Psalmus Cantici, In die sabbati.
ONUM est confiteri Do-
mino : et psallere nomini
tuo Altissime. 3. Ad an-
niintiandum mane miseri-
cordiam tuam : et veritatem tuam
per noctem. 4. In decachordo, psal-
terio : cum cantico, in cithara.
5. Quia delectasti me Domine in
factura tua: et in operibus manuum
tuarum exsultabo. 6. Quam magni-
ficata sunt opera tua Domine! nimis
profundas fact« sunt cogitationes
tuas, y.Vir insipiens non cognoscet:
et stultus non intelliget base.
8. Cum exorti fuerint peccatores
sicut foenum :et apparuerint omnes,
qui operantur iniquitatem : ut in-
tereant in sasculum sasculi : 9. tu
autem Altissimus in sternum Do-
mine. 10. Quoniam ecce inimici tui
Domine, quoniam ecce inimici tui
peribunt : et dispergentur omnes,
qui operantur iniquitatem.
II. Et exaltabitur sicut unicor-
nis cornu meum : et senectus mea
in misericordia uberi. 12. Fx despe-
xit oculus meus inimicos meos : et
in insurgentibus in me malignanti-
bus audiet auris mea. 13. Justus, ut
palma florebit : sicut cedrus Libani
multiplicabitur. i4.Plantati indomo
Domini, in atriis domus Dei nostri
florebunt. i5.Adhuc multiplicabun-
tur in senecta uberi : et bene pa-
tientes erunt, 16. ut annuntient :
quoniam rectus Dominus Deus no-
ster : et non est iniquitas in eo.
— *— PSALMUS XCIL — :;:—
Domini regnum pra^dicat a creatLirariim
administratione.
Laus Cantici ipsi David in die
ante sabbatum, quando fundata est
terra.
OMINUS regnavit,deco-
rem indutus est : indutus
est Dominus fortitudi-
nem, et prascinxit se. Et-
enim firmavit orbem terras, qui non
commovebitur. 1. Parata sedes tua
ex tunc : a sasculo tu es, 3. Eleva-
verunt flumina Domine : elevave-
runt flumina vocem suam. Eleva-
verunt flumina fluctus suos, 4. a
vocibus aquarum multarum. Mira-
Dieu, mais aussi pour I'homme, qui y trouve
la joie de Fame et la grace du ciel.
5. Tes ceiiuj-es : la creation du monde et
les prodiges operes en faveur d'Israel, pour
preparer le salut des hommes.
7. LHnsense, I'impie ne comprend rien au
gouvernement de la Providence.
8 En Orient le gazon arrive tres vite a
maturite, sous Tinfluence de la pluie et de
la chaleur; mais les ardeurs du soleil I'ont
bien vite aussi fletri et desseche. Comp. Ps.
xxxvii, 25 sv.
10. Disperses; peut-etre mieux, scpares de
I'assemblee des justes, comme la paille est
separee du grain par le vanneur {MattJi.
xiii, 30; XXV, 32).
11. Ma cor}ie : embleme de la puissance.
— Bujffle : voy. Ps. xxii, 22. — J^e suis ar-
rose : symbole de sante, de vigueur et de
joie. Vulg., et ;na vieillesse jouira cVune mi-
sericorde abondaiiie.
12. Pensee : I'oeil du juste qui n'osait
s'ouvrir ou qui se remplissait de larmes de- I
vant ses ennemis triomphants ; son oreille
qui tressaillait de crainte rien qu'en en-
tendant prononcer leur nom, contemple-
ront ou entendront desormais sans efifroi,
et meme avec satisfacflion, ces ennemis
frappes par la main de Dieu et reduits a
I'impuissance.
15. Les mots bene patienies de la Vulgate
sont un hellenisme traduisant litt. le grec
eicpathoft/ites, vaie7zies, vigoureux.
PSAUME XGIII.
1. Jehovah est rot : le regne theocratique
de Jehovah sur Israel, commence a I'^poque
de Moi'se, fut comme inaugure de nouveau
sous Ezechias, non seulement par la restau-
ration de son culte, mais encore par la vic-
roire remportee sur les Assyriens. La />ia-
jeste et la force sont comme les insignes de
cette royaute. — Le monde., cEuvre de Jeho-
vah, est done inebranlable.
2. Jon trone : tu regnes sur I'univers de-
puis qu'il existe.
186 QUATRlfeME LIVRE DES PSAUMES.
5 Tes t^moignages sont immuables;
La saintete convient k ta maison,
Jehovah, pour toute la duree des jours.
PSAUME XCIV (VULG. XCIIl).
[^^M;E Psaunie est v.ne plainte centre les exacftions et les injustices des princes du peuple
' r^^i et des magistrats. 11 repond a la situation decrite dans les premiers chapitres
l^^Mi d'Isaie (i, 23; x, 2). Les LXX et la Vulg. lui donnent pour titre : Psaume de David^
■pour Ic qiiatrie/iie joitr de hi se incline, UixQ exafl pour la derniere partie, mais inacceptable
pour la premiere. Comp. le Ps. Ixxxii.
Que Jehovah soit notre juge contre ceux qui nous oppriment (vers. 1-7); quoi qu'ils
en penseiit, Dieu connait leurs crimes (8-1 1); que les opprimes esperent, leur delivrance
est certaine (12-15); Dieu est k\ pour les secourir (16-19); '1 chatiera les mechants (20-23).
Ps. xciv. I Dieu des vengeances, Jehovah,
Dieu des vengeances, parais !
2 Leve-toi, juge de la terre,
Rends aux superbes selon leurs oeuvres !
3 fusques a quand les mechants, Jehovah,
Jusques a quand les mechants triompheront-ils?
4 lis se repandent en discours arrogants,
lis se glorifient, tons ces artisans d'iniquite.
5 Jehovah, ils ecrasent ton peuple,
lis oppriment ton heritage,
6 lis egoi-gent la veuve et I'etranger,
Ils massacrent les orphelins.
7 Et ils disent : " Jehovah ne regarde pas,
Le Dieu de Jacob ne fait pas attention. "
8 Comprenez done, stupides enfants du peuple!
Insenses, quand aurez-vous I'intelligence?
9 Celui qui a plante I'oreille n'entendrait-il pas?
Celui qui a forme I'oeil ne verrait-il pas?
10 Celui qui chatie les nations ne punirait-il pas?
Celui qui donne a Fhomme I'intelligence Jte connaitrait-il pas?
11 Jehovah connait les pensees des hommes,
II sait qu'elles sont vaines.
12 Heureux I'homme que tu instruis, Jehovah,
Et a qui tu donnes Tenseignement de ta loi,
13 Pour I'apaiser aux jours du malheur,
Jusqu'a ce que la fosse soit creusee pour le mechant.
14 Car Jehovah ne rejettera pas son peuple,
II n'abandonnera pas son heritage;
15 Mais le jugement redeviendra conforme a la justice,
Et tous les hommes au coeur droit y applaudiront.
16 Qui se levera pour moi contre les mechants?
Qui me soutiendra contre ceux qui font le mal?
17 Si Jehovah n'ctait pas mon secours,
Mon ame habiterait bientot le sejour du silence.
18 Quand je dis : " Mon pied cViancelle,"
Ta bonte, Jt^hovah, me soutient.
19 Quand les angoisses s'agitent en foule dans ma pensee,
Tes consolations rejouissent mon ame.
20 A-t-il rien de commun avec toi le tribunal de perdition
Qui fait le mal dans les formes legales?
21 lis s'empressent contre la vie du juste,
Et ils condamnent le sang innocent.
5. Tes temoigna^es , ta revelation, la loi et les promesses qui y sont jointes, sont vrais
et JidUes {Apoc. xix, 9; xxii, 6).
LIBER PSALMORUM.
187
biles elationes maris, mirabilis in
altis Dominus. 5. Testimonia tua
credibilia facta sunt nimis: domum
tuam decet sanctitudo Domine in
longitudinem dierum.
:<?g :<?>• M M "i^ M M M 's^ :<g :^ m '^'. '^ 'm m 'M m 'M %: '??;
— :;:— PSALMUS XGIII. — ^i^—
Deum pryedicat malos punienteni
et justos consolantem.
Psalmusipsi David, Ouartasabbati.
EUS ultionum Dominus :
Deusultionum libereegit.
2. Exaltare qui judicas
terram : redde retributio-
nem superbis. 3. Usquequo pecca-
tores Domine : usquequo peccatores
gloriabuntur : 4. effabuntur, et lo-
quentur iniquitatem : loquentur
omnes, qui operantur injustitiam?
5. Populum tuum Domine humi-
liaverunt : et hereditatem tuam
vexaverunt. 6. Viduam, et advenam
interfecerunt : et pupillos occide-
runt. 7. Et dixerunt : Non videbit
Dominus, nee intelliget Deus Jacob.
8. Intelligite insipientes in popu-
lo : et stulti aliquando sapite. 9. Qui
plantavit aurem, non audiet? aut
qui finxit oculum, non considerat?
10. Qui corripit gentes, non ar-
guet: quidocet hominemscientiam?
1 1 . Dominus scit cogitationes homi-
num, quoniam vanag sunt.
12. Beatus homo, quern tu eru-
dieris Domine : et de lege tua do-
cueris eum. 13. Ut mitiges ei a die-
bus malis : donee fodiatur peccatori
fovea. 14. Quia non repellet Domi-
nus plebem suam : et hereditatem
suam non derelinquet. 15. Quoad-
usque justitia convertatur in judi-
cium : et qui juxta illam omnes qui
recto sunt corde.
16. Quis consurget mi hi ad ver-
sus malignantes? aut quis stabit me-
cum ad versus operantes iniquita-
tem.'' 17. Nisi quia Dominus adjuvit
me: paulominus habitasset in infer-
no anima mea. i 8. Si dicebam : Mo-
tus est pes meus : misericordia tua
Domine adjuvabat me. 19. Secun-
dum multitudinem dolorum meo-
rum in corde meo : consolationes
tuas lastificaverunt animam meam.
20. Numquid adhaeret tibi sedes
iniquitatis : qui fingis laborem in
prascepto.? 21. Captabunt in ani-
mam justi : et sanguinem innocen-
PSAUME XCIV.
I. Paraz's, montre-toi et agis. Vulgate,
/e Dieu des vengeances va agir en ioutc
liberie.
6. Comp. Exod. xxii, 21 sv. Ce verset
montre bien qu'ici les oppresseurs ne sont
ni les Chaldeens, ni les Perses, mais les
princes et les juges de la nation israelite.
7. Ne 7-egarde, ou ne voit pas.
8. Ces enfants du peuple a qui manque la
sagesse, ce sont, non plus les juges oppres-
seurs, mais les Israelites opprimes qui, ne
voyant pas la main de Dieu dans leurs
epreuves, se laissent aller au decourage-
ment et au murmure.
10. Les 7tations paiennes. — Ne punirait-il
pas des Israelites, dont les prevarications
sont plus coupables a ses yeux que celles
des idolatres?
II. II sat t qu'elles sont vainesj d'autres,
car Us (les hommes) sont vanite et neant,
en regard de I'etre infini de Dieu.
S. Paul cite ce verset, avec un leger
changement, I Cor. iii, 20.
12. Que tu instriiis par le chatiment. —
H enseigneznent de la lot apprend k voir la
main de Dieu dans les epreuves de la vie,
et montre comme prochaine, ou du moins
assuree, la delivrance. Comp. Dent, viii, 5;
Job, V, 17; Prov. iii, 11.
14. Comp. Rom. xi, i sv.
15. Lesjugements rendus par des juges
iniques seront reformes, et Dieu en rendra
d'autres en conformite avec la justice eter-
nelle.
II devrait y avoir dans la Vulg. et juxta
illiid (erunt) omjies, etc.
16. Si ceux dont I'ofifice est de defendre le
peuple I'oppriment, oil trouver du secours?
17. Le sejour oii regne un perpetuel si-
le?tce, le scheol, ou demeure des ames apres
la mort.
19. Comp. II Cor. i, 5; vii, 4.
20. Dans les formes legates, d\xpres la loij
d'autres traduisent contre la lot.
Vulgate (en lisant avec plusieurs manus-
crits fi?tgit au lieu de fingis) : (siege) qui
en/ante la dotileur aux justes par des sen-
tences iniques.
188
QUATRlfeME LIVRE DES PSAUMES.
22 Mais Jehovah est ma forteresse,
Mon Dieu est le rocher ou je m'abrite.
23 II feia retomber siir eux leur iniquite,
II las exterminera par leur propre mahce,
II les exterminera, Jehovah, notre Dieu!
PSAUME XCV (VULG. XCIV).
?^^ E Psaume, sans titre en hebreu, est attribue a David par les LXX et la Vulg., pro-
bablement a tort. S. Paul, il est vrai, cite le vers. 8 en ajoutant : " Comme dit le
Saint-Esprit dans David" Hcbr. iii, 7; iv, 7; mais ces derniers mots ne signifient
pas autre chose sinon que le passage allegue se trouve dans le Psautier, dont David est le
principal auteur. II a un caracflere liturgique evident; la Synagogue I'avait insere dans la
liturgie du sabbat, et c'est par lui que debute I'office de matines dans la liturgie de I'Eglise
catholique. On lui donne souvent le nom de Psaume invifatoire, a cause des invitations a
adorer Dieu contenues dans les vers, i, 2, 6.
Le Psaume comprend deux parties nettement tranchees : une invitation a louer Dieu
(vers. 1-7), un avertissement solennel de ne manquer ni de foi ni d'obeissance (8-1 1). Cet
avertissement, dit Hengstenberg, " conserve pour I'Eglise chretienne toute sa signification.
Car, vis-a-vis du second avenement du Sauveur, dont nous ne savons ni le jour ni I'heure,
et qui doit nous surprendre, nous sommes dans le meme rapport que le peuple de I'Ancien
Testament vis-a-vis du premier. "
Le Psautier liturgique contient ce Psaume selon I'ancienne Italique; d'ou quelques
ditTerences avec le texte de la Wilgate.
Ps. XCV. I Venez, chantons avec allegresse h. Jehovah !
Poussons des cris de joie vers le Rocher de notre salut !
2 Allons au-devant de lui avec des louanges,
Faisons retentir des hymnes en son honneur !
3 Car c'est un grand Dieu que Jehovah,
Un grand roi au-dessus de tous les dieux.
4 II tient dans sa main les fondements de la terre,
Et les sommets des montagnes sont a lui.
5 A lui la mer, car c'est lui qui I'a faite;
La terre aussi : ses mains I'ont formee.
6 Venez, prosternons-nous et adorons,
Flechissons le genou devant Jehovah, notre Crdateur.
7 Car il est notre Dieu,
Et nous sommes le peuple de son paturage,
Le troupeau que sa main conduit.
Oh ! si vous pouviez dcouter aujourd'hui sa voix !
8 N'endurcissez pas votre coeur comme a Mdriba,
Comme a la journee de Massa, dans le desert,
9 Oil vos peres m'ont tente,
M'ont eprouve, quoiqu'ils eussent vu mes oeuvres.
10 Pendant quarante ans j'eus cette race en degout,
Et je dis : C'est un peuple an cceur ^gare;
Et ils n'ont pas connu mes voies.
11 Aussi je jural dans ma colere :
Ils n'entreront pas dans mon repos.
PSAUME XCVI (VULG. XCV).
^Orsque David transfera I'arche dans le tabernacle ou tente sacree qu'il avait fait
disposer sur le mont Sion, on chanta un assez long cantique (I Par. .\vi) dont la
K^S^ moitie a peu pres forme notre Psaume. Sans titre en hebreu, il est intitule dans
les LXX : Cantique de David, quand on consirtiisait la niaison apres la captiviie, c'est-a-
dire qu'on le chanta de nouveau, avec quelques changements pour I'adapter aux circons-
tances, lorsque les Israelites, revenus de Babylone, construisirent un nouveau temple et
restaurerent le culte de Jehovah. David s'y montre specialement prophete. II avait entrevu
dans plusieurs de ses cantiques {Ps. ii, 8; xxii, 28; Ixviii, 31 sv.) le regne universel de
LIBER PSALMORUM.
189
tern condemnabunt. 22. Et factus
est mihi Dominus in refugium : et
Deus mens in adjutorium spei meas.
23. Et reddet illis iniquitatem ipso-
rum : et in malitia eorum disperdet
eos : disperdet illos Dominus Deus
noster.
— *— PSALM US XCIV. — :i:~
Invitatio ad Dei cultum, et ad gratiae
bonum usum.
Laus Cantici ipsi David.
ENITE, exsultemus Do-
mino : jubilemus Deo sa-
jl lutari nostro : 2. prasoc-
IJ cupemus faciem ejus in
confessione: et in psalmis jubilemus
ei. 3. Quoniam Deus magnus Do-
minus : et rex magnus super omnes
deos. 4. Quia in manu ejus sunt
omnes fines terras : et altitudines
montium ipsius sunt. 5. Quoniam
ipsius est mare, et ipse fecit illud :
et siccam manus ejus formaverunt.
6. Venite adoremus, et procidamus :
et ploremus ante Dominum, qui fe-
cit nos. 7. Quia ipse est Dominus
Deus noster : et nos populus pascuas
ejus, et oves manus ejus.
8, "Hodie si vocem ejus audieri-
tis, nolite obdurare corda vestra;
9. Sicut in irritatione secundum
diem tentationis in deserto : ubi
tentaverunt me patres vestri, pro-
baverunt me, et viderunt opera
mea. 10. *Ouadraginta annis offen-
.sus fui generationi illi, et dixi :
Semper hi errant corde. 1 1. Et isti
non cognoverunt vias meas : 'ut
juravi in ira mea : Si introibunt in
requiem meam.
%
" Hebr. 3,
7 et 4, 7.
*Num. 14,
34-
' Hebr. 4, 3.
PSAUME XGV.
3. Totis les dieux imaginaires des idola-
tres, mais auxquels on supposait une exis-
tence et une puissance reelles. Le Psautier
liturgique ajoute ici : car le Seigneur ne re-
jeltera pas son peuple, emprunte au Ps. pre-
cedent (vers. 14).
4. Les fo ti dement s , ou les profondeurs.
Vulg. , les co7ifins, les extremites.
5. La terre, par opposition a la mer : le
continent.
6. Flcchissons le genoiij V\.\\g.., pleurofts.
8. Aleriba, c.-a-d. provocation; Massa,
c.-a-d. tentation : deux localites qui doivent
leur nom a des revokes des Hebreux au
desert {Exod. xvii, i sv. Nonibr. xx, 2 sv ).
La Vulg. fait de ces mots des noms com-
muns.
9. Mes osuvres^ les merveilles que j'ope-
rais tous les jours en leur faveur.
10. J\ii etc ceite race en de'gotU, ou ett
aversion; dans le Psautier romain, j'ai ete
pres de cefte getteration.
11. lis 7{entreront pas : tous les Hebreux
ages de plus de 20 ans, excepte Caleb et
Josu^, furent condamnes a mourir dans le
ddsert, sans avoir vu le pays de Chanaan,
ou Dieu fit reposer son peuple. Ce repos
terrestre est la figure de Te'ternel repos
reserve aux justes de I'autre vie {Hebr.
iv, 1-8).
190 QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
Jehovah par son Christ; ici il le voit et I'annonce avec une nettete, une clarte qu'Isaie
seal depassera plusieurs siecles apr&s.
Qu'on public parmi les nations la grandeur de Jehovah (vers. i-6); que tous les peuples
viennent lui rendre hommage (7-10); que son avenement rejouisse toute la terre (11-13).
's. cxvi. I Chantez a Jehovah un cantique nouveau !
Chantez a Jehovah, vous tous habitants de la terre!
2 Chantez a Jehovah, benissez son nom,
Annoncez de jour en jour sun salut.
3 Racontez sa gloire parmi les nations,
Ses merveilles parmi tous les peuples.
4 Car Jehovah est grand et digne de toute louange,
II est redoutable par-dessus tous les dieux.
5 Car tous les dieux des peuples sont neant,
Mais Jehovah a fait les cieux.
6 La splendeur et la magnificence sont devant lui.
La puissance et la majeste sont dans son sancfluaire.
7 Rendez a Jehovah, families des peuples,
Rendez a Jehovah gloire et puissance !
8 Rendez a Jehovah la gloire due a son nom!
Apportez I'offrande et venez dans ses parvis.
9 Proternez-vous devant Jtfhovah avec Tornement sacrc;
Tremblez devant lui, vous tous habitants de la terre I
10 Dites parmi les nations : " Jehovah est roi;
Aussi le monde sera stable et ne chancellera pas;
II Jugera les peuples avec droiture. "
11 Que les cieux se rejouissent et que la terre soit dans I'allegresse !
Que la mer s'agite avec tout ce qu'elle contient !
1 2 Que la campagne s'egaie avec tout ce qu'elle renferme,
Que tous les arbres des forets poussent des cris de joie,
13 Uevant Jehovah, car il vient,
Car il vient pour juger la terre;
II jugera le monde avec justice,
Et les peuples selon sa fidelite.
Ps. xcvii.
PSAUME XCVII (VULG. XCVl).
E Psaume celcbre le trioinphe de Jehovah sur les idoles du paganisme et la protec-
tion dont il couvre ses serviteurs. II n'a pas de titre enhebreu, et I'auteur ainsi que
I'occasion en sont inconnus. Les LXX et la Vulg. I'attribuent a David, qui I'aurait
compose apres I'apaisement de la revoke d'Absalon. Mais on y remarque de nombreuses
reminiscences des ecrits de David, d'Asaph, d'lsaie et d'autres prophetes, qui accusent
une epoque beaucoup plus recente; il date probablement du retour de la captivite.
L'instrument de ce triomphe de Jehovah et de son jugement souverain sera Jesus-
Christ; le Psaume doit done s'entendre indirecflement du Messie et de I'etablissement de
son regne, tant a son premier qu'a son second avenement.
1 Jehovah est roi : que la terre soit dans I'allegresse,
Que les iles nombreuses se rejouissent !
2 La nuee et I'ombre I'environnent,
La justice et I'equite sont la base de son trone.
3 Le feu s'avance devant lui,
Et devore a I'entour ses adversaires.
4 Ses eclairs illuminent le monde ;
La terre le voit el tremble.
5 Les montagnes se fondent, comme la cire, devant Jehovah,
Devant le Seigneur de toute la terre.
PSAUME XCVI.
I. Le cant/qiie HiHtvcaii xi'tsi pas ce Psau-
me lui-meme; le Psalmiste appelle ainsi la
louange qui retentira dans le monde pour
cdlebrer le nouvel ordre de choses inaugurc-
par le Messie {Is. xlii, 10).
2. Annoncez, prcchez "I'evangiledu royau-
LIBER PSALMORUM.
191
— *— PSALMUS XCV. — *—
Ad laudandum Deum omnes invitantur.
Canticum ipsi David,
Quando domus asdificabatur post
captivitatem. (i Par. 15.)
lANTATE Domino can-
ticum novum : cantate Do-
mi no omnis terra. 2. Can-
tate Domino, et benedicite
nomini ejus : annuntiate de die in
diem salutare ejus. 3. Annuntiate
inter gentes gloriam ejus, in omni-
bus populis mirabilia ejus. 4. Quo-
niam magnus Dominus, et laudabi-
lis nimis : " terribilis est super omnes
deos. 5. Quoniam omnes dii gen-
tium dasmonia : Dominus autem
coelos fecit. 6. Confessio, et pulchri-
tude in conspectu ejus : sanctimo-
nia, et magnificentia in sanctifica-
tione ejus.
7. Afferte Domino patrias gen-
tium, afferte Domino gloriam et
honorem : 8. afferte Domino glo-
riam nomini ejus. ToUite hostias, et
introite in atria ejus : 9. adorate
Dominum in atrio sancto ejus. Com-
moveatur a facie ejus uni versa terra:
10. dicite in gentibus quia Dominus
regnavit. Etenim correxit orbem
terras qui non commovebitur : judi-
cabit populos in aequitate.
II. Lastentur coeli, et exsultet
terra, commoveatur mare, et pleni-
tudo ejus : 12. gaudebunt campi,
et omnia, quae in eis sunt. Tunc
exsultabunt omnia ligna silvarum
13. a facie Domini, quia venit :
quoniam venit judicare terram. Ju-
dicabit orbem terras in asquitate, et
populos in veritate sua.
—:;•-- PSALMUS XGVL — :!:—
Hortatio ad regem Christum celebrandum
et adorandum.
I. Huic David,
Ouando terra ejus restituta est.
OMINUS regnavit, ex-
sultet terra : lastentur in-
sulas multas. 2. Nubes, et
caligo in circuitu ejus :
justitia, et judicium correctio sedis
ejus. 3. Ignis ante ipsum prascedet,
et inflammabit in circuitu inimicos
ejus. 4. Illuxerunt fulgura ejus orbi
terras : vidit, et commota est terra.
5. Montes, sicut cera fluxerunt a
tacie Domini: a facie Domini omnis
me " de Dieu {MattJi. iv, 23. Comp. Is. lii, 7;
Ix, 6).
5. Ne'atit, litt. des rtens (hebreu cliliiii,
frequent dans Isaie), des idolcs (1 Cor.
viii, 4). Vulgate, so?it des demons (comp.
I Cor. X, 20), qui se faisaient adorer dans
les idoles.
7. Families des peuples, peuples de toute
race.
8. IJoffrande : allusion k la coutume des
Orientaux d'offrir des presents au souve-
rain qui les admet en sa presence. —
Dans ses parvis; les Paralipomenes disent
en sa presence.
9. L'ornemeni sacre : il s'agit d'un afle
religieux {Ps. xxix, 2; ex, 3). Vulg., dans son
saint parvis.
10. Est roij le Psautier remain ajoute
a ligno, par le bois de la croix. Ces mots ne
sont pas authentiques; I'Eglise, qui n'a pas
admis ces mots dans son edition de la Vul-
gate, les a conserves dans sa liturgie. — II
jiigera les peuples, il les gouvernera par son
Messie, avec droitnre : le christianisme
amena un changement complet dans la vie,
les mceurs, les idees, etc.
1 1. Toute la creation, animee et inanimee,
avait gemi sous le poids de la maledicflion
originelle; elle temoignera tout entiere, ciel,
terre et mer, la joie de sa delivrance par le
Messie. Comp. Is. xxxv, i ; xlii, 4; xlix, 13;
Rom. viii, 21.
PSAUME XCVII.
1. les lies : les Hebreux paraissent avoir
entendu par Ik les contrees separees d'eux
par la mer Mediterranee; dans Isaie, les
habitants des ties sont synonymes de mon-
de paien. Comp. Is. xlii, 4 avec Matth.
xii, 21.
2. Jehovah est represents sous des traits
empruntes a des theophaniesplus anciennes.
Comp. Ps. xviii ; Hab. iii.
5. De toute la terre; la Vulg. met omnis
terra, cM nominatif, contrairement aux LXX:
il aurait fallu le genitif, omnis terrcc.
192 QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
6 Les cieux proclament sa justice,
Et tons les peuples contemplent sa gloire.
7 lis seiont confoiidus tons les adorateurs d'images,
Qui sont fiers de leurs idoles.
Tous les dieux se prosternent devant lui.
8 Sion a entendu et s'est rejouie,
Les filles de Juda sont dans I'allegresse,
A cause de tes jugements, Jehovah.
9 Car toi, Jehovah, tu es le Tres-Haut sur toute la terre,
Tu es souverainement eleve audessus de tous les dieux.
10 Vous qui aimez Jehovah, haissez le mal !
11 garde les ames de ses fideles,
II les delivre de la main des mechants.
11 La lumiere est semee pour le juste,
Et la joie pour ceux qui ont le coeur droit.
12 Justes, rejouissez-vous en Jehovah,
£t rendez gloire a son saint nom.
PSAUME XCVIII (VULG. XCVIl).
[E Psaume offre de grandes ressemblances avec le precedent : non seulement il
traite le nieme sujet, mais encore il lui emprunte son debut et sa conclusion; enfin
^M il est compose comme lui, en grande partie, de pensees et d'expressions empruntces
a des cantiques anterieurs.
II s'applique direflement aux vidloires du Messie k son premier et a son second ave-
nement.
Ps. xcviii. 1 PSAUME.
Chantez a Jehovah un cantique nouveau,
Car il a fait des prodiges;
Sa droite et son bras saints lui ont donne la vi(ftoire.
2 Jehovah a manifesto son salut,
II a revele sa justice aux yeux des nations.
3 II s'est souvenu de sa bonte et de sa fidelite envers la maison d'Israel;
Toutes les extremites de la terre ont vu le salut de notre Dieu.
4 Poussez vers Jehovah des cris de joie,
Vous tous, habitants de la terre !
Faites eclater votre allegresse au son de vos instruments;
5 Celebrez Jehovah sur la harpe,
Qu'aux accords de la harpe se mele la voix des cantiques !
6 Avec les trompettes d'argent et au son du cor
Poussez des cris de joie devant le Roi Jehovah !
7 Que la mer s'agite avec tout ce qu'elle renferme,
Que la terre et ses habitants ya^^t?;// eclater leurs transports,
8 Que les fleuves applaudissent,
Que toutes les montagnes poussent des cris de joie
9 Devant Jehovah ! Car il vient pour juger la terre;
II jugera le monde avec justice,
Et les peuples avec equitd.
PSAUME XCIX (VULG. XCVIIl).
E Psaume est le troisieme qui commence par ces mots : Jehovah est roi. II
annonce, comme les precedents, I'avenement, c'est-^-dire la reconnaissance par
tous les peuples de la royaute de Jehovah sur toute la terre (vers. 1-5); il rappelle
ses bienfaits et sa justice envers son peuple (6-8); il conclut que tous doivent I'adorer sur
sa montagne sainte (vers. 9). Le trisagion d'Isaie, II est saint, s'y trouve comme enclave
(vers. 3, 5, 9). Les LXX I'attribuent h. David; la plupart des interpr^tes le placent sous le
rcgnc d'Ezechias.
LIBER PSALMORUM.
193
terra. 6. Annuntiaverunt coeli justi-
tiam ejus : et viderunt omnes populi
gloriam ejus.
7. 'Confundantur omnes, qui
adorant sculptilia : et qui glorian-
tur in simulacris suis. * Adorate eum
omnes Angeli ejus : 8. audivit, et
lastata est Sion. Et exsultaverunt
fili« Judae, propter judicia tua Do-
mine : 9. quoniam tu Dominus al-
tissimus super omnem terram : ni-
mis exaltatus es super omnes deos.
10. "Qui diligitis Dominum,odite
malum : custodit Dominus animas
sanctorum suorum, de manu pecca-
toris liberabit eos. 1 1. Lux orta est
justo, et rectis corde Istitia. 1 2. Las-
tamini justi in Domino : et confite-
mini memorias sanctificationis ejus.
— :i:— PSALM US XGVIL — :i:—
Hortatio ad congratulandum Christo
venture.
I. Psalmus ipsi David.
ANTATE Domino can-
ticum novum : quia mi-
rabilia fecit. Salvavit sibi
dextera ejus : et brachium
sanctum ejus. 2. Notum fecit Do-
minus salutare suum : in conspectu
gentium revelavit justitiam suam.
3. Recordatusest misericordiassuas,
et veritatis suae domui Israel, "Vi-
derunt omnes termini terras salutare
Dei nostri.
4. Jubilate Deo omnis terra : can-
tate, et exsultate, et psallite. 5. Psal-
lite Domino in cithara, in cithara et
voce psalmi : 6. in tubis ductilibus,
et voce tuhse. corneas. Jubilate in
conspectu regis Domini :
7. Moveatur mare, et plenitudo
ejus : orbis terrarum, et qui habitant
in eo. 8. Flumina plaudent manu,
simul montes exsultabunt. 9. A
conspectu Domini : quoniam venit
judicare terram. Judicabit orbem
terrarum in justitia, et populos in
asquitate.
" Is. 52, TO.
Luc. 3, 6.
6. Les cieux proclament sa justice, par la
joie qu'ils manifestent {Ps. xcvi, 11) en
voyant realiser ses desseins pour le salut
du monde, et I'humanite tout entiere ado-
rant le vrai Dieu.
7. Comp. Is. xlii, 17; xliv, 9; Jc}-. x, 14.
U images sculptees, de statues. — Tous les
diciix (hebr. EloJiiiii) se proster/wnt ; ou
bien sous la forme un peu brusque de I'im-
peratif, prosfernez-i'ous, etc. II s'agit pro-
bablement des puissances cosmiques qui
^taient deifides, non seulement par le monde
paien, mais meme, a certaines epoques, par
un certain nombre d'Israelites toujours en-
clins a I'idolatrie.
Vulg. , vous tons, ses anges, adore z-le.
S. Paul {Hebr. i, 6) cite ainsi ce passage,
qu'il emprunte, soit a notre Psaume, soit au
Deuteronome (x>:>;i') 43> dans les LXX), en
I'appliquant au V'erbe incarne. Cette appli-
cation n'a rien de contraire a la significa-
tion generale de ce passage si Ton com-
prend sous le nom d'anges les bons et les
niauvais. Comp. Philip, ii, 10.
8. Sion, Jdrusalem; les filles de Jitda, les
villes ou les habitants de la Judee.
1 1 . La liimiere est seiiiee. — Vulg. (avec
LXX, S. Jerome, Targ. Syr.) : La lumicre
s'est levee, suppose une legon legerement
differente.
PSAUME XGVIII.
1. Uit cantique nouveau : voy. Ps. xcvi, i.
2. Son salut... sa jttstice : le salut du
monde par le Messie; ou, selon le pape
S. Ltfon, le Messie lui-meme, dans la per-
sonne de Jesus-Christ manifeste aux mages
le jour de I'Epiphanie. Comp. pour ce verset
et le suivant Is. xl, 10; lii, 10; lix, 16.
3. // s'est souvenu : comp. Luc, iii, 6. — •
Le salut envoye ou operd par notre Dieu.
4. Comp. Is. xliv, 23; xlix, 13; lii, 9.
6. Tronipettes d'' argent : voy. Nonibr. x,
I sv. On en sonnait a I'inauguration d'un
nouveau regne. — Cor, fait d'une corne re-
courbee.
7. Comp. Ps. xcvi, II.
8. Applaudissent, litt. batlent des mains :
on acclamait un nouveau souverain (II Rois,
xi, 12). Comp. Is. Iv, 12; Hab. iii, 10. Le
bruit des eaux justifie suffisamment cette
metaphore.
— L.\ SAINTE BIBLE. TOMIi IV.
13
194
QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
L'heritiere de la gloire et des benedidions promises a Sion, c'est I'Eglise du Nouveau
Testament.
Ps. xcix. I Jehovah est roi : les peuples tremblent;
II est assis sur les Cherubins : la terra chancelle.
2 Jehovah est grand dans Sion,
II est 6\e\'6 au-dessus de tous les peuples.
3 Ou'on c^lebre ton nom grand et redoutable!
II est saint!
4 (Ju'o/i celcbre la puissance du Roi qui aime la justice!
Tu affermis la droiture,
Tu exerces en Jacob la justice et I'equite.
5 Exaltez Jehovah, notre Dieu,
Et prosternez-vous devant I'escabeau de ses pieds.
II est saint !
6 Moise et Aaron parmi ses pretres,
Et Samuel parmi ceux qui invoquent son nom,
Invoquaient Jehovah, et il les exaugait.
7 II leur parlait dans la colonne de nuee;
lis observaient ses commandements
Et la loi qu'il leur avait donnee.
8 Jehovah, notre Dieu, tu les exauces,
Tu fus pour eux un Dieu clement,
Et tu les punis de leurs fautes.
9 Exaltez Jehovah, notre Dieu,
Et prosternez-vous sur sa montagne saintc,
Car il est saint, Jehovah, notre Dieu !
^s. c.
[I PSAUME C (VULG. XCIX).
Psaume clot la serie des Ps. xci-c, dont il forme comme la doxologie. La pen see
ncrale en est indiquee par le titre :louez Dieu, car il est digne de toute louange.
^PSAUME de louange.
Poussez des cris de joie vers Jehovah,
Vous tous habitants de la terre.
2 Servez Jehovah avec joie,
Venez en sa presence a\ ec allegresse.
3 Reconnaissez que le Seigneur est Dieu.
C'est lui qui nous a faits et nous lui appartenons;
Nous sommes son peuple et le troupeau de son paturage.
4 Venez a ses portiques avec des louanges,
A ses parvis avec des cantiques;
Celebrez-le, benissez son nom.
5 Car Jehovah est bon, sa misericorde est eternelle,
Et sa tidelite demeure d'age en age.
PSAUME XCIX.
I. Comp. Apoc. xi, 15-18. Les peuples
tremblent (ou, avec la Vulg., que les peuples
treinble/itj de meme au membre suiv.) de
respe(fl et de crainte. — Assis sur les Che-
rubins : allusion aux Cherubins figures au-
dessus de I'arche, et dont les ailes etendues
formaient comme le trone de Dieu : voy.
Ps. xviii, II.
3. Ton twin grand et redoutable : comp.
Deut. X, 17. — // (Jehovah : comp. vers. 5
et 9; Vulg., son nom) est saint : comp. Is.
vi, 3.
4. Qu^on Ci'lebre, etc. : telle est I'explica-
tion ordinaire de ceverset difficile. Delitzsch:
tu as afferuii en droiture (hebr. ineisc/iarim,
pris adverbialement) la puissance d'un roi
qui aime la justice J Q.^ roi serait David ou
Ezechias, tous deux figures du Messie. On
pourrait encore rattacher meisc/tarim a ce
cjui suit : tu as affermi la puissance ...; tu
exerces en Jacob la droiture, la justice et
Pe'quite. La Vulg. et les anciennes versions :
la gloire, plus exactement la force du roi,
un roi fort, aime la justice ; tu affer/nis la
droiture, la justice, etc.
^.L'escabeau de ses pieds, Varcht d'alliance,
LIBER PSALMORUM.
195
t^ ^: w. ^: 'M w. "M 'M 'M 'M M m 'm %>: :<?>: -^ -m mm'M's^
— :i:— PSALMUS XGYIII. — :i:—
Exaltatur Christi potestas, et omnes ad eum
colendum provocantur.
Psalmus ipsi David.
O MINUS regnavit, ira-
scantur populi : qui sedet
super Cherubim, movea-
tur terra. 2. Dominus in
Sion magnus : et excelsus super
omnes populos, 3, Confiteantur no-
mini tuo magno : quoniam terribile,
et sanctum est : 4. et honor regis
judicium diligit.Tu parasti directio-
nes : judicium et justitiam in Jacob
tu fecisti. 5. Exaltate Dominum
Deum nostrum, et adorate scabel-
lum pedum ejus : quoniam sanctum
est.
6. Moyses, et Aaron in sacerdo-
tibus ejus : et Samuel inter eos, qui
invocant nomen ejus : invocabant
Dominum, et ipse exaudiebat eos :
7. in columna nubis loquebatur ad
eos. Custodiebant testimonia ejus,
et pra^ceptum quod dedit illis.
8. Domine Deus noster tu exaudie-
bas eos : Deus tu propitius fuisti
eis, et ulciscens in omnes adinven-
tiones eorum.
9. Exaltate Dominum Deum no-
strum, et adorate in monte sancto
ejus : quoniam sanctus Dominus
Deus noster.
— :i:— PSALMUS XCIX. — :>—
Ad laudes Dei omnes invitantur.
I. Psalmus in confessione.
LJBILATE Deo omnis
terra : servite Domino in
lastitia. Introite in conspe-
ctu ejus, in exsultatione.
2. Scitote quoniam Dominus ipse
est Deus : ipse fecit nos, et non ipsi
nos : populus ejus, et oves pascuas
ejus : 3. introite portas ejus in con-
fessione, atria ejus in hymnis : con-
fitemini illi. Laudate nomen ejus :
4. quoniam suavis est Dominus, in
asternum misericordia ejus, et usque
in generationem et generationem
Veritas ejus.
indiquee ici, non comme objet, mais comme
lieu d'adoration. Dans le sens messianique,
les Peres ont applique cette expression a la
sainte humanite du Sauveur, dont I'arche
d'alliance etait la figure, et qui a droit a nos
adorations a cause de son union personnelle
avec la divinite.
6. Pour montrer que Jehovah est un Dieu
vivant, toujours misericordieux et juste, le
Psalmiste rappelle trois personnages cele-
bres des temps anciens, qui furent les inter-
cesseurs du peuple, savoir : Moise, qui rem-
plissait les fonflions sacerdotales avant
I'institution du sacerdoce levitique {Exod.
xxiv ; xl, 22 sv. Lev. viii), le grand pretre
Aaron, son frere, et le prophete Samuel,
simple levite, dont le role fut surtout celui
d'intercesseur, mais qui oftVit exceptionnel-
lement des sacrifices (I Sam. vii, 9, 17 :
comp. ix, 13). — // les exaii^ait : Moise :
voy. Exod. xvii, 11; xxxii, 30 sv NoDibr.
xii, 13; Samuel : voy. I Sam. vii, 8 sv.
xii, 16 sv.
7. // leur parlait : leur s'applicjue, non
plus a Samuel, mais a Moise et Aai'on, peut-
etre meme a tout le peuple dont ils etaient
les representants.
8. Et tu les piinis : le Dieu d'Israel ma-
nifeste sa saintete par son amour comme
par sa colere {Exod. xxxiv, 6-7).
PSAUME C.
Notts hti appartenons : comp. Is. xliii, i.
Le cht'tib ou texte re^u au temps des Mas-
soretes portait lo par un aleph, en lat. nott,
et c'est ainsi qu'ont lu les anciennes ver-
sions : et non pas nous, c.-a-d. ce n'est pas
nous qui nous sommes faits (comp. EzecJi.
xxix, 3). Mais comme il y a quelque chose
de dur dans cette opposition, les Massoretes
ont propose de lire {qeri) lo par un vav, en
lat. illi, scil. Deo, et c'est cette legon que
nous avons suivie dans notre traducflion.
Ouelques interpretes, tout en admettant lo
par un alepli, traduisent, etnon nos, c.-a-d.
alors que nous n'etions pas.
196
QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME CI (VULG. C).
IN a appele ce Psaume le miroir des rois, parce qu'il expose les principaux devoirs
*'! de la royaute, comnie le xv^ trace ceux du veritable Israelite. David le composa
Wi vraisemblablement lorsque, ayant recju de nouveau roncflion sacree, il commen^a
son regno sur toutes les tribus et occupa la ville de Jerusalem (II Sam. v, 7-9). Le livre
des Proverbes y fait plusieurs allusions {Prov. xi, 20; xx, 4).
Ps. ci. 1 PSAUME de David.
Je veux chanter la bonte et la justice;
C'est toi, Jehovah, que je veux celebrer.
2 Je prendrai garde a la voie de I'iunocence. —
Quand viendras-tu a moi? —
Je marcherai dans I'integrite de mon coeur
Au milieu de ma maison.
3 Je ne mettrai devant mes yeux aucune adlion mauvaise;
Je hais la conduite perverse;
EUe ne s'attachera point a moi.
4 Un cceur faux ne sera jamais le mien,
Je ne veux pas connaitre le mal.
5 Le detratleur qui dechire en secret son prochain,
Je I'exterminerai;
L'homme au regard hautain et au coeur gonfle d'orgueil,
Je ne le supporterai pas.
6 J'aurai les yeux sur les hommes fideles du pays,
Pour qu'ils demeurent aupres de moi;
Celui qui marche dans une voie integre
Sera mon serviteur.
7 II n'aura point de place dans ma maison,
Celui qui agit avec fourberie;
II ne subsistera pas devant mes yeux,
Celui qui profere le mensonge.
8 Chaque matin j'exterminerai tous les mechants du pays,
Afin de retrancher de la cite de Jehovah
Tous ceux cjui conmiettent I'iniquite.
PSAUME CII (VULG. Cl).
E Psaume parait avoir ete compost vers la fin de la captivite, alors que les exiles,
sur la foi des oracles de Jeremie, regardaient comme prochaine I'heure de la deli-
vrance. L'auteur est inconnu. II expose a Dieu ses souffrances personnelles,
causdes par les malheurs de Sion ; mais comme ses souffrances sont celles de tous ses
compatriotes, il leur fournit ainsi une priere que chacun d'eux pourra redire k son tour du
fond de son exil. Le titre, de date posterieure, indique pour le Psaume une destination
plus generale : il en fait une priere pour toute personne aftligee.
Humble demande de secours (vers. 2-3); peinture de sa misere (4-12); ferme espe-
rance du rdtablissement de Sion (13-23); l3ieu qui est eternel et immuable ne saurait
manquer k ses promesses; Israel continuera d'habiter le pays donne h. ses peres (24-29).
Dans la liturgie de I'Eglise c'est le cinquieme des Psaumes pdnitentiaux.
Ps cii. ^PRIERE du malheureux, lorsqu'il est accabld et qu'il repand sa plalnte devant
Jehovah.
2 Jehovah, ecoute ma priere,
3 Et que mon cri arrive jusqu'a toi.
Ne me cache pas ton visage au jour de ma detresse;
Incline vers moi ton oreille;
Quand je crie, hate-toi de m'exaucer.
4 Car mes jours s'dvanouissent comme la fumee,
Et mes OS sont embrase's comme par un feu.
5 Frappe comme I'herbe, mon coeur se desseche;
J'oublie meme de manger mon pain.
LIBER PSALMORUM.
197
-^- PSALMUS G. — :i:—
Virtutes boni principis depingit,
et colere proponit.
I. Psalmus ipsi David.
ISERICORDIAM,etiu
dicium cantabo tibi Do-
mine : Psallam, 2. et intel-
ligani in via immaculata,
quando venies ad me. Perambula-
bam in innocentia cordis mei, in
medio domus meae. 3. Non propo-
nebam ante oculos meos rem inju-
stam : facientes prasvaricationes
odivi. Non adhaesit mihi 4. cor
pravum : declinantem a me mali-
gnum non cognoscebam. 5. Detra-
hentem secreto proximo suo, hunc
persequebar. Superbo oculo, et insa-
tiabili corde, cum hoc non edebam,
6. Oculi mei ad fideles terras ut
sedeant mecum : ambulans in via
immaculata, hie mihi ministrabat.
7. Non habitabit in medio domus
meas qui facit superbiam : qui lo-
quitur iniqua, non direxit in con-
spectu oculorum meorum. 8. In
matutino interficiebam omnes pec-
catores terras : ut disperderem de
civitate Domini omnes operantes
iniquitatem.
-:i:— PSALWUS CI. — :;:—
Gemit de vitic niiseriis ; consolatur consi-
derans immutabilitatem Dei et ecclesise
quam fundavit.
I. Oratio pauperis,
Cum anxius fuerit, et in conspectu
Domini efFiiderit precem suam.
OMINEexaudi orationem
meam : et clamor meus ad
te veniat. 3. Non avertas
faciem tuam a me : in qua-
cumque die tribulor, inclina ad me
aurem tuam. In quacumque die in-
vocavero te, velociter exaudi me.
4. Quia defecerunt sicut fumus
dies mei : et ossa mea sicut cremium
aruerunt. 5. Percussus sum ut foe-
num, et aruit cor meum : quia obli-
tus sum comedere panem meum.
6. A voce gemitus mei adhassit os
meum carni meas. 7. Similis factus
sum pellicano solitudinis : factus
sum sicut nycticorax in domicilio.
8. Vigilavi, et factus sum sicut pas-
ser solitarius in tecto. 9. Tota die
exprobrabant mihi inimici mei : et
qui laudabant me adversum me ju-
rabant. 10. Quia cinerem tamquam
panem manducabam, et potum
meum cum fietu miscebam. 11. A
PSAUME CI.
1. La bonte et la justice de Dieu, deux
attributs divins qui doivent se reflechir dans
le loi qui le reprcsente sur la terre.
2. L'enchainement des pensees, assez
difficile a saisir, s'explique peut-etre par
Exode XX, 24 : " Partont oit je ferai (lire
probablement oi'i on /era) menwire de moti
710111, je 'c'le?i(trai a toi et je te beiiirai. "
3. Mettre devant ses jeux, c'est se propo-
ser, former un dessein.
4. Coniiattre le Jiial, entretenir en moi la
pensee du mal.
5. Je Pexteri/iinefai; les LXX et la
Vulgate ont une expression moins forte :
je le poursiiivrai; plusieurs modernes tra-
duisent d'une mani^re plus adoucie en-
core : je le r/din'rai ait silence (de meme
au vers. 8).
6. Pour qiiUls deineufent aitprh de moi,
qu'ils soient mes intimes et mes conseillers.
— Mon servifeiir, mon ministre; je lui con-
fierai des fon<flions publiques.
8. Chaque matin, sans aucun retard :
j'exterminerai soigneusement.
PSAUME ClI.
I. Pricrc a I'usage dhin malheiireitx, etc.
4. Comme lafumee, litt. en fumee. — Mes
OS so/it embf-ase's, devores par la fievre,
CO mine par tinfeit; ou bien, comme dans un
foyer. 1^'autres avec la Vulg., comme une
brindille; ou bien, comme un tison.
5 Frappe "par \e malheur et par le cha-
grin, comme Pherbe est frappee, soit par les
ardeurs du soleil, soit par la faux du mois-
sonneur. — Mon cceur, centre et organe
principal de la vie, — J^ai oublie' : signe
d'une extreme douleur (I Sam. i, \'];Job,
xxxiii, 20; Dan. vi, i8).
198 QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
6 A force de crier et de gemir
Mes OS s'attachent a ma chair.
7 Je ressemble au pelican du desert,
Je suis devenu comme le hibou des mines.
8 Je passe les nuits sans sommeil,
Comme I'oiseau solitaire sur le toit.
Q Tout le jour mes ennemis m'outragent;
Dans leur fureur, ils jurent ma ruine.
10 Je mange la cendre comme du pain,
Et je mele des larmes a men breuvage,
11 A cause de ta colere et de ton indignation,
Car tu m'as souleve et jete au loin.
12 Mes jours sont comme I'ombre qui s'allonge,
Et je me desseche comme I'herbe.
13 Mais toi, Jehovah, tu es assis sur un trone eternel,
Et ta memoire vit d'age en age.
14 Tu te leveras, tu auras pitie de Sion,
Car c'est le temps de lui faire grace,
Le moment fixe est venu.
15 Car tes serviteurs en cherissent les pierres,
Sa poussiere meme attendrit leur coeur.
16 Alors les nations revereront le nom de Jehovah,
Et tous les rois de la terre ta majeste,
17 Parce que Jehovah a rebati Sion;
II s'est montre dans sa gloire;
18 II s'est inclind vers la priere du miserable,
II n'a pas dedaigne sa supplication.
ig Que cela soit ecrit pour la generation future,
Et que le peuple qui sera crde celebre Jehovah,
20 Parce qu'il a regarde de sa sainte hauteur,
Parce que Jehovah a regarde des cieux sur la terre,
21 Pour ecouter les gemissements des captifs,
Pour delivrer ceux qui sont voues a la mort,
22 Afin qu'ils publient dans Sion le nom de Jehovah,
Et sa louange dans Jerusalem,
23 Ouand s'assembleront tous les peuples
Et tous les royaumes pour servir Jehovah.
24 II a brise ma force sur le chemin,
II a abrege mes jours.
25 Je dis : Mon Dieu, ne m'enleve pas au milieu de mes jours,
Toi, dont les annees durent d'age en age.
26 Au commencement tu as fonde la terre,
Et les cieux sont I'ouvrage de tes mains.
27 lis periront, mais toi, tu subsistes;
lis s'useront tous comme un vctement;
Tu les changeras comme un manteau, et ils seront changes :
28 Mais toi, tu restes !e mcme,
Et tes annees n'ont point de fin.
29 Les fils de tes serviteurs habiteront leur pays,
Et leur posterite sera stable devant toi.
PSAUME cm (VULG. CIl).
|E Psaume est plutot une imitation des chants de David (vers. 8-10) qu'une ccuvre de
David lui-meme; certaines particularite's de style (vers. 3, 4, etc.) accusent un
^ auteur plus moderne, soit de la fin, soit mcme du retour de la captivite. On pour-
rait I'intituler le cantique des misericordes du Seigneur. II y respire un souffle de foi tout
evangelique; la tendre et sincere Amotion qui y regne fait deviner dans I'auteur une ame
qui a senti r^ellement I'amere douleur du peche et que le pardon divin a renduc a I'espe-
rance et k la joie.
Bienfaits de Dieu envers le Psalmiste (vers. 1-5), envers les hommes en general (6-10);
sa bonte paternelle (11-18); que les anges et toutes les creatures le louent (19-22)!
LIBER PSALMORUM.
199
facie iras et indignationis tuas : quia
elevans allisisti me. 12. Dies mei
sicut umbra declinaverunt : et ego
sicut foenum arui.
13. Tu autem Domine in aster-
num permanes : et memoriale tuum
in generationem et generationem.
14. Tu exsurgens misereberis Sion :
quia tempus miserendi ejus, quia
venit tempus. 15. Quoniam placue-
runt servis tuis lapides ejus : et terras
ejus miserebuntur. 16. Et timebunt
gentes nomen tuum Domine, et
omnes reges terras gloriam tuam.
17. Quia asdificavit Dominus Sion :
et videbitur in gloria sua. 18. Respe-
xit in orationem humilium : et non
sprevit precem eorum. 19. Scriban-
tur haec in generatione altera : et
populus, qui creabitur, laudabit Do-
minum : 20. quia prospexit de ex-
celso sancto suo : Dominus de coelo
in terram aspexit : 21. ut audiret
gemitus compeditorum : ut solveret
filios interemptorum: 22. ut annun-
tient in Sion nomen Domini : et
laudem ejus in Jerusalem. 23. In
conveniendo populos in unum, et
reges ut serviant Domino.
24. Respondit ei in via virtutis
suas : Paucitatem dierum meorum
nuntia mihi. 25. Ne revoces me in
dimidio dierum meorum : in gene-
rationem et generationem anni tui.
26. Initio tu Domine terram fun-
dasti : et opera manuum tuarum
sunt coeli. 27. Ipsi peribunt, tu au-
tem permanes : et omnes sicut vesti-
mentum veterascent. Et sicut oper-
torium mutabis eos, et mutabuntur :
28. tu autem idem ipse es, et anni
tui non deficient. 29. Filii servorum
tuorum habitabunt ret semen eorum
in saeculum dirigetur.
.1.
— • —
6. A ma chair ^ c.-k-d. a via peau par une
niaigreur excessive.
7. Pelican ... hiboii : oiseaux impurs, qui
ne se melent pas aux autres ; image d'Israel
delaisse par Jehovah au milieu des nations
paiennes.
8. Un oiseau solitaire, le passereau qui a
perdu sa compagne.
9. Dans leiir fi/retir, litt. fittieux, hebr.
vieholalai J LXX et Vulg. ont hi vieJiollclai,
ceiix qui me louaienf.
10. La cendre sur laquelle il est assis et
qu'il repand sur sa tete et ses vetements en
signe d'affliflion, il la mange au lieu de
pain, ou melee a son pain. Comp. Lament.
iii, 16.
11. De fa colcre : ce qui ajoute a la dou-
leur du Psalmiste, c'est la pensee que I'exil
d'Israel est un chatiment de Dieu, et un
chatiment m^rite. — Car, comme un tour-
billon qui emporte un objet dans les airs et
le laisse retomber sur le sol (/od, xxvii, 21),
ainsi Dieu a enleve Israel de la Terre pro-
mise pour le Jeter en exil a Babylone.
12. Dans cet exil, mes jours sont comme
r ombre qui s''allonge\ mesure que s'abaisse
le soleil, et qui disparait avec lui {Jer. vi, 4),
commit une herbe qui se desseche.
13. Ta me'moire, ce qui te rappelle, ton
nom.
14. Le moment fixe par les oracles de
Jeremie (xxv, 11; xxix, 10). Comp. Dan.
ix, 12).
15. Voy. Neh. iv, 2; Lament, iv, i. Comp.
Ps. cxxxvii, 6.
17. Parce que Jehovah a rebati : le Psal-
miste voit,la chose comme deja faite. Ou
bien, qu and Jehovah aura rebati. D'autres
continuent le futur : oui, Jehovah 7-ebdtira,
etc.
19. Qiie cela soit ecrit ; ou bien, ccla sera
ccrit. — Le peuple qui sera cree, le peuple
k naitre. Les Peres entendent par cette ex-
pression le peuple spirituel, les Chretiens,
creation nouvelle de I'Esprit-Saint.
20-22. Comp. Is. xlii, 7; Ixi, i; li;i, 15.
23. Prophetie bien remarquable : le retour
de la captivite sera le signal de la conver-
sion generate des peuples au vrai Dieu; et
cette conversion a ete realisee par la predi-
cation de I'Evangile.
24. Sur le chemin de ma vie. Dans les
anciennes versions, le sens de ce verset est
completement defigure.
26. Au cotnmencement , litt. anciennement.
27. lis periront : la terre et les cieux, sou-
mis h. de perpetuels changements qui les
renouvellent sans cesse, et finiront par les
user : apres quoi, Dieu fera une terre nou-
velle et de nouveaux cieux {Is. li, 6, 16;
Ixv, 17; Ixvi, 22. Comp. Apoc. xxi, i)
S. Paul {Hebr. i, 10-12) applique au Fils
de Dieu fait homme, en tout egal k son
Pere, les vers. 26-28, ce cjui prouve que les
Juifs de son temps les entendaient du
Messie.
200
QUATRlfi:ME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. ciii.
1 DE David.
Mon ime, ben is Jdhovah,
Et que tout ce qui est en moi benisse son saint nom!
2 Mon ame, benis Jehovah,
Et n'oubhe pas ses nombreux bienfaits.
3 C'est lui qui pardonne toutes tes iniquites,
Qui gLierit toutes tes maladies;
4 C'est lui qui delivre ta vie de la fosse,
Qui te couronne de bonte et de misdricorde;
5 C'est lui qui comble de biens tes desirs;
Et ta jeunesse renouvelee a la vigueur de I'aigle.
6 Jehovah exerce la justice,
II fait droit a tous les opprimes.
7 II a manifeste ses voies a Ivloise,
Ses grandes oeuvres aux enfants d'Israel.
8 Jehovah est misericordieux et compatissant.
Lent a la colere et riche en bonte.
9 Ce n'est pas pour toujours qu'il reprimande,
II ne garde pas a jamais sa colere.
10 II ne nous traite pas salon nos peches,
Et ne nous chatie pas selon nos iniquites.
1 1 Car autant les cieux sont eleves au-dessus de la terre,
Autant sa bontd est grande envers ceux cjui le craignent.
12 Autant I'orient est loin de I'occident,
Autant il eloigne de nous nos transgressions.
13 Comme un pere a compassion de ses enfants,
Jehovah a compassion de ceux qui le craignent.
14 Car il sait de quoi nous sommes formes,
II se souvient que nous sommes poussiere.
15 L'homme! Ses jours sont comme I'herbe,
II fleurit comme la fleur des champs.
16 Ou'un souffle passe sur lui, il n'est plus,
Et le lieu qu'il occupait ne le connait plus.
17 Mais la bonte de Jehovah dure k jamais pour ceux qui le craignent,
Et sa justice pour les enfants de leurs enfants,
18 Pour ceux qui gardent son alliance,
Et se souviennent de ses commandements pour les observer.
19 Jehovah a etabli son trone dans les cieux,
Et son empire s'etend sur toutes choses.
20 Benissez Jehovah, vous ses anges,
Qui etes puissants et forts et qui exdcutez ses ordres,
En obeissant .\ la voix de sa parole.
21 Benissez Jehovah, vous toutes, ses armees,
Qui etes ses serviteurs et qui executez sa volonte!
22 Benissez Jehovah, vous toutes, ses oeuvres,
Dans tous les lieux de sa domination!
Mon ame, bdnis Jehovah!
PSAUME CIV (VULG. CIIl).
E Psaume, etincelant de poesie, est un hymne au Createur, dont il celebre les
merveilles dans I'ordre de la nature. L'auteur, probablement posterieur a David,
malgre I'indication contraire des LXX, a present k I'esprit le recit de la creation
qui ouvre le livre de la Genese, et il le suit dans ses grandes lignes, librement.
Exorde (vers, i); I'espace celeste, les mers et les continents (2-9); les sources et cou-
rants d'eau et le monde des plantes (ro-i8); la lune et le soleil (19-23); la mer et les
poissons (24-26); les animaux en general (27-30); gloire et puissance a Jehovah (31-35)!
Le souvenir de la creation mate'rielle rappelle une autre creation plus merveilleuse,
LIBER PSALMORUM.
201
s;. w :<»>: w. :<?>• '^Wr^M.W.M'^M m ^. ^ M ^$e %e w. '^.
— :^- PSALMUS CI I. — *—
Omnes creaturas invitat ad recolenda Dei
beneficia.
Ipsi David.
ENEDIC anima mea Do-
mino : et omnia,quas intra
me sunt, nomini sancto
ejus. 2. Benedic anima mea
Domino : et noli oblivisci omnes
retributiones ejus : 3. qui propitia-
tur omnibus iniquitatibus tuis : qui
sanat omnes iniirmitates tuas.4. Qui
redimit de interitu vitam tuam :_qui
coronat te in misericordia et mise-
rationibus. 5. Qui replet in bonis
desiderium tuum : renovabitur ut
aquilas juventus tua :
6. Faciens misericordias Domi-
nus : et judicium omnibus injuriam
patientibus. 7. Notas fecit vias suas
Moysi, filiis Israel voluntates suas.
8. "Miserator, et misericors Domi-
nus : longanimis, et multum mise-
ricors. 9. Non in perpetuum ira-
scetur : neque in aeternum commi-
nabitur. 10, Non secundum peccata
nostra fecit nobis : neque secundum
iniquitates nostras retribuit nobis.
1 1. Quoniam secundum altitudi-
nem coeli a terra : corroboravit mi-
sericordiam suam super timentes
se. 12. Quantum distat ortus ab
occidente : longe fecit a nobis ini-
quitates nostras. 13. Quomodo mi-
seretur pater filiorum7misertus est
Dominus timentibus se : 14. quo-
niam ipse cognovit figmentum no-
strum. *Recordatus est quoniam
pulvis sumus :
I 5. Homo, sicut fcenum dies ejus,
tamquam flos agri sic efflorebit.
16. Quoniam spiritus pertransibit
in illo, et non subsistet : et non
cognoscet amplius locum suum,
17. Misericordia autem Domini ab
aeterno, et usque in asternum super
timentes eum. Et justitia illius in
filios filiorum, 18. his qui servant
testamentum ejus : et memores
sunt mandatorum ipsius, ad facien-
dum ea.
19. Dominus in coelo paravit se-
dem suam : et regnum ipsius omni-
bus dominabitur. 20. Benedicite
Domino omnes Angeli ejus : poten-
tes virtute, facientes verbum illius,
ad audiendam vocem sermonum
ejus. 21. Benedicite Domino omnes
virtutes ejus : ministri ejus, qui fa-
citis voluntatem ejus. 22. Benedi-
cite Domino omnia opera ejus : in
omni loco dominationis ejus, bene-
dic anima mea Domino.
' I Pctr. I,
.1.
psAUME cm.
I . Oi/e tout cc qui est en inoi : que mon
intelligence, que mon cceur et toutes mes
facultes s'unissent pour benir le Seigneur!
4. De la fosse, du tombeau.
5. I'es desirs, litt. tes Joues, ou ta houche
a remplir. D'autres, ta vieillesse ; on n'est
pas d'accord sur la signification precise du
mot hebreu.
7. Ses votes, ses desseins; ses graudts
cvitvres, les merveilles qu'il devait accom-
plir en faveur de son peuple.
9. Comp. Exod. xxxiv, 6; Nombr. xiv, 18.
16. Sur lid, sur I'homme ; d'autres, sur
ellc, la fleur : les deux noms sont du mascu-
lin en hebreu et en latin.
17. Sa justice, sa fidelite .\ accomplir ses
promesses; d'ailleurs, envers les bons, la
justice de Dieu a les memes etTets que la
misericorde.
19. " Vous avez pitie de tons, dit I'auteur
de la Sagesse (xi, 24), parce que vous pou-
vez tout. "
21. Ses armees, tons les anges d'un rang
inferieur.
■^
202
QUATRlfeME LIVRE DES PSAUMES.
celle du monde spirituel, de I'Eglise du Nouv. Testament, oeuvre de Jesus-Christ et de
I'Esprit-Saint, qui fut realisee le jour de la Pentecote. De meme que toute creature
7-etcniruc a sa poiissicre (vers. 29) si Dieu lui retire son souffle, ainsi I'ame de rhomme a
besoin de I'Esprit divin pour vivre de la vie surnaturelle. Ce Psaume a done ete choisi
pour I'office de la Pentecote.
Ps. civ. I MON ame, b^iis Jehovah!
Jdhovah, mon Dieu, tu es infiniment grand,
Tu es revetu de majestd et de splendeur!
2 II s'enveloppe de lumiere comme d'un manteau,
II d(^ploie les cieux comme une tente,
3 Dans les eaux du del il batit sa demcure,
Des nuees il fait son char,
II s'avance sur les ailes du vent.
4 Des vents il fait ses messagers,
Des flammes de feu ses serviteurs.
5 II a affermi la terre sur ses bases :
EUe est k jamais inebranlable.
6 Tu I'avais enveloppee de I'abime comme d'un vetement;
Les eaux recouvraient les montagnes.
7 Elles s'enfuirent devant ta menace;
Au bruit de ton tonnerre, elles reculerent epouvantees.
8 Les montagnes surgirent, les vallees se creuserent,
Au lieu que tu leur avais assigne.
9 Tu poses une limite que les eaux ne sauraient franchir :
Elles ne reviendront plus couvrir la terre.
10 II envoie les sources dans les valines;
Elles s'ecoulent entre les montagnes.
11 Elles abreuvent tons les animaux des champs,
L'onagre vient y etancher sa soif.
12 Les oiseaux du ciel habitent sur leurs bords,
Et font resonner leur voix dans le feuillage.
13 De sa haute demeure il arrose les montagnes;
La terre se rassasie du fruit de tes oeuvres.
14 II fait croitre I'herbe pour les troupeaux,
Et les plantes pour I'usage de I'homme;
II tire le pain du sein de la terre,
15 Et le vin qui rejouit le cceur de I'homme;
II lui donne I'huile qui brille sur sa face,
Et le pain qui affermit son coeur.
16 Les arbres de Jehovah sont pleins de scve,
Et les cedres du Liban qu'il a plantes.
17 C'est Ik que les oiseaux font leurs nids,
Et la cigogne qui habite dans les cypres.
18 Les montagnes ^levees sont pour les chamois,
Et les gerboises s'abritent dans le creux des rochers.
PSAUME CIV.
1. Les LXX et la Vulgate metlent ce
titre : Psaume dc Dax'id; quelques nianus-
crits des LXX ajoutent : sur la creation
du monde.
2. // s^e}iveloppej ou bien, /// fen^'elop-
pes; les interpr^tes ne sont pas d'accord sur
la personne de ce verbe et de ceux qui sui-
vent (la Vulg. met partout la 2^ personne).
— De lunn'h-e : il ne s'agit pas ici de la
gloire essentielle de Dieu avant tous les
si&cles {Jude, 25), mais de la lumi&re dont
il s'est revetu depuis la creation du monde
{Jol>,\\, 10) et qui forme comme le manteau
royal du Souverain de I'univers {Dan. vii,9).
— UtJe tente, litt. une tenture {Is. xl. 22),
la peau ou I'etof^e en general qui recouvre
la tente. Cette expression repond a Pcten-
due {Y\\\g. firmament) de la Gen^se (i, 6),
c.-a-d. a I'espace atmospherique et plane-
taire.
3. Au sein des eaux superieures // luitit
sa demeure, litt. sn c/iavihre Jiautc. I'appar-
tement le plus honorable d'une maison
orientale. Vulg., /// cou7'res ses hauteurs (la
partie la plus elevee du ciel) par les eaux.
— Des nuees, qui recelent le tonnerre et les
dclairs, etc. {/s. xix, i). — Les ailes du vent :
comp. xviii, 10.
LIBER PSALMORUM.
203
— :i:— PSALMUS CHI. — :i:—
Benedicendus Deiis propter ejus opera
et providentiam.
Ipsi David.
lENEDIC anima mea Do-
mino :DomineDeus mens
magnificatus es vehemen-
ter. Confessionem, et de-
corem induisti :
2. Amictus lumine sicut vesti-
mento : extendens coelum sicut pel-
lem : 3. qui tegis aquis superiora
ejus. Qui ponis nubem ascensum
tuum : qui ambulas super pennas
ventorum. 4. "Qui facis Angelos
tuos, spiritus : et ministros tuos
ignem urentem. 5. Qui fundasti ter-
rain super stabilitatem suam : non
inclinabitur in sasculum sasculi.
6. Abyssus, sicut vestimentum, ami-
ctus ejus : super montes stabunt
aquas. 7. Ab increpatione tua fu-
gient : a voce tonitrui tui formi-
dabunt. 8. Ascendunt montes :
et descendunt campi in locum,
quem fundasti eis. 9. Terminum
posuisti, quem non transgredien-
tur : neque convertentur operire
terram.
10. Qui emittis fontes in conval-
libus : inter medium montium per-
transibunt aquas. 1 1. Potabunt om-
nes bestias agri : exspectabunt onagri
in siti sua. 12. Super ea volucres
coeli habitabunt : de medio petra-
rum dabunt voces, i j, Rigans mon-
tes de superioribus suis : de fructu
operum tuorum satiabitur terra :
14. producens foenum jumentis, et
herbam servituti hominum : ut edu-
cas panem de terra : 15, et vinum
lastificet cor hominis : ut exhilaret
faciem in oleo : et panis cor hominis
confirmet. 16. Saturabuntur ligna
campi, et cedri Libani, quas plan-
tavit : 17. illic passeres nidificabunt.
Herodii domus dux est eorum :
18. montes excelsi cervis : petra
refugium herinaciis.
4. Les flainines de feu, la foudre. Le verbe
faire a ici (et souvent ailleurs) deux com-
plements, en latin comme en hebreu; I'un
{messagejs, sei-viieurs) est I'attribut, I'autre
\ve7its, flammes) indique la matiere ou I'ins-
trument. Les LXX au contraire traduisent :
il fait de ses a>iges des vents, et de ses mi-
nistres des flam i/ies de feu, ce qui veut dire
que les anges remplissent en quelque sorte
les fonflions de ces elements, en les diri-
geant pour le service de Dieu. La Vulgate
se prele aux deux sens ; mais son auteur
avait en vue celui des LXX,
5. Paul {Hcbr. 1, 7) cite ce verset d'apres
les LXX pour montrer I'inferiorite des an-
ges, messagers et viinistrcs de Dieu, vis-a-
vis du Verbe incarne. 11 aurait pu raisonner
de meme en suivant le texte hebreu, ou des
creatures materielles de I'ordre le nioins
dleve sent assimilees aux anges.
7-9. La terre separee des eaux par le sou-
levement des montagnes sur certains points
du globe et par Taffaissement du sol sur
d'autres points : mers et continents.
9. Une liinite : comp. Job, xx\'i, 10;
xxxviii, 8-1 1.
10. // conduit; d'autres, il envoie, ou //
fait jail lir.
11. Les onagres ou anes sauvagesj/ etan-
c/ie/it leur soif, hebr. ischbarou. Les ancien-
nes versions ont lu par un sin : ils attendent
apres.
12. Dans le feuillage ou les branches, hebr.
aphaimj LXX et Vulg., du milieu des ro-
chers, hebr. kephaim.
13. Du fruit de tes auvres, de la pluie,
selon la plupart des interpretes. Delitzsch :
les habitants de la terre, hommes et betes,
se rassasient dti fruit de tes a'uvres, des pro-
duits du monde vegetal, dont il va etre parle.
La Palestine produisait surtout le ble, le vin
et I'huile.
14. Pour P usage, litt. potir le service, ce
que Le Hir entend des animaux au service
de I'homme.
1 5. Le vi}i : comp. Prov. xxxi, 6 sv. Eccle.
X, 19; Eccli. xl, 20. — Face est oppose a
cceur, comme I'exterieur a I'interieur.
16. Les arbres de JeJiovaJi, plant^s par
Jehovah, sont pleins de sevej d'autres, se
rassasient de pluie.
17. La cigogtte, litt. la pieuse, Vavis pia
des Latins, ainsi appelee a cause de sa ten-
dresse pour ses petits. Vulg., la demeure du
heron est leur chef; cette traducftion, qui ne
donne pas un sens satisfaisant, vient d'une
lecflure de I'hebreu un peu differente.
18. Gcrboises, plus exaftement le saphan
ou daman, hyrax Syriacus, assez semblable
a la marmotte.
204
QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
19 II a fait la Uine pour marquer les temps,
Et le soleil qui connait I'heure de son coucher.
20 11 amene les tenebres, et il est nuit;
Aussitot se mettent en mouvement toutes les betes de la foret.
21 Les lionceaux rugissent aprcs la proie,
Et demandent a Dieu leur nourriture.
22 Le soleil se leve : ils se retirent,
Et se couchent dans leurs tanieres.
23 L'homme sort alors pour sa tache,
Et pour son travail jusqu'au soir.
24 Que tes oeuvres sont nombreuses, Jehovah !
Tu les as toutes faites avec sagesse;
La terre est remplie de tes biens.
25 Voici la mer, large et vaste :
La fourmillent sans nombre
Des animaux petits et grands;
26 La se promenent les navires,
Et le leviathan que tu as forme pour se jouer dans les flots.
27 Tous attendent de toi
Que tu leur donnes la nourriture en son temps.
28 Tu la leur donnes, et ils la recueillent;
Tu ouvres ta main, et ils se rassasient de tes biens.
29 Tu caches ta face : ils sont dans I'epouvante;
Tu leur retires le souffle : ils expirent
Et retournent dans leur poussiere.
30 Tu envoies ton souffle : ils sont crees
Et tu renouvelles la face de la terre.
31 Qu'a jamais gloire soit a Jehovah !
Que Jehovah se r^jouisse de ses oeuvres !
32 II regarde la terre, et elle tremble;
II touche les montagnes, et elles fument.
33 Je veux chanter Jehovah tant que je vivrai,
Celebrer mon Dieu tant que j'existerai.
34 Puisse mon cantique lui etre agreable !
Moi, je mets ma joie en Jehovah.
35 Que les pecheurs disparaissent de la terre,
Et que les mechants ne soient plus !
Mon ame, benis Jehovah!
Alleluia !
Ps. cv.
PSAUME CV (VULG. CIV).
|E Psaume contient le recit de tous les bienfaits que Dieu a accordes au peuple
hifbreu depuis le temps d'Abraham jusqu'h I'occupation de la terre promise (comp.
/'j-. Ixxviii). II est en relation avec les deux precedents et avec le suivant : la
louange est empruntee dans le Ps. ciii a I'ordre de la grace, dans le Ps. civ a I'ordre de la
nature, et dans les Ps. cv-cvi .\ I'ordre de I'histoire.
Le !'''■ livre des Paralipomcljnes (xvi, 7), nous apprend que les 15 premiers versets de
ce Psaume furent chantes dans la ccremonie du transport de I'arche sur le mont Sion.
Ces 15 versets sont done du temps de David; peut-etre faut-il en dire autant du reste du
Psaume, logiquement lie h. cette premiere partie. Est-ce David lui-meme, ou Asaph, ou
quelque autre qui I'a compose? On ne saurait le decider.
Invitation a louer Dieu (vers. 1-6); vocation d'Abraham, promesses, sollicitude pour
le peuple choisi (7-15); histoire de Joseph (16-22); Jacob et ses fils en Egypte (23-25); les
plaies d'Egypte (26-36); sortie d'Egypte, miracles dans le desert (37-41); conclusion : Dieu
a etc fidcle a ses promesses et a son alliance, qu'Israiil le soit aussi (42-^5).
1 Celebrez Jehovah, invoquez son nom,
Faites connaitre parmi les nations ses grandes CEUvres.
2 Chantez-le, celebrez-le !
Proclamez toutes ses merveilles.
LIBER PSALMORUM.
205
■ 145.
19. Fecit lunam in tempora : sol
cognovit occasum suum. 20. Posui-
sti tenebras, et facta est nox : in ipsa
pertransibunt omnes bestias silvas.
21. Catuli leonum rugientes, ut ra-
piant, et quasrant a Deo escam sibi.
2 2.0rtus est sol, etcongregati sunt:
et in cubilibus suis collocabuntur.
23.Exibit homo ad opus suum : et
ad operationem suam usque ad ve-
sperum.
24. Ouam magnificata sunt opera
tua Domine! omnia in sapientia fe-
cisti : impleta est terra possessione
tua. 25. Hoc mare magnum, et spa-
tiosum manibus : illic reptilia, quo-
rum non est numerus. Animalia
pusilla cum magnis : 26. illic naves
pertransibunt : draco iste, quem
formasti ad illudendum ei. 27, Om-
nia a te exspectant ut des illis
escam in tempore. 28. Dante te
illis, colligent : aperiente te manum
tuam, omnia implebuntur bonita-
te. 29. Avertente autem te faciem,
turbabuntur : auferes spiritum eo-
rum, et deficient, et in pulverem
suum revertentur. 30. Emittes spi-
ritum tuum, et creabuntur : et re-
novabis faciem terras.
31. Sit gloria Domini in sascu-
lum : lastabitur Dominus in operi-
bus suis : 32. qui respicit terram,
et facit eam tremere : qui tangit
montes, et fumigant. 23- *Cantabo
Domino in vita mea : psallam Deo
meo quamdiu sum. 34. Jucundum
sit ei eloquium meum : ego vero
delectabor in Domino. ^5- Defi-
ciant peccatores a terra, et iniqui
ita ut non sint :
Benedic anima mea Domino.
W. 'S^. W. 'M ^: ji^. 'M W. M H M 'M %: M W. 'M 'M W. M M Sg
— :i:— PSALM US CIV. — ^l:—
Hortatur ad cultum Dei, memorans ejus
beneficia.
Alleluia, (i Par. 16, 8.)
ONFITEMINI Domi-
no, "et invocate nomen
ejus : annuntiate inter
gentes opera ejus. 2. Can-
tate ei, et psallite ei : narrate omnia
mirabilia ejus. 3. Laudamini in no-
mine sancto ejus : l^tetur cor quas-
rentium Dominum. 4. Ouasrite Do-
mmum, et connrmamim : quasrite
faciem ejus semper. 5- Mementote
mirabilium ejus, quse fecit : prodigia
ejus, et judicia oris ejus. 6. Semen
Abraham, servi ejus : filii Jacob
electi ejus.
7. Ipse Dominus Deus noster : in
uni versa terra judicia ejus. 8. Me-
mor fuit in speculum testamenti sui:
verbi, quod mandavit in mille gene-
rationes : 9. *quod disposuit ad
Abraham : et juramenti sui ad Isaac:
10. et statuit illud Jacob in prasce-
ptum : et Israel in testamenturn
aeternum : 11. dicens : Tibi dabo
terram Chanaan, funiculum heredi-
tatis vestras. 1 2. Cum essent numero
brevi, paucissimi, et incolas ejus :
13. et pertransierunt de gente in
gentem, et de regno ad populum
alterum. 14. Non reliquit hominem
" I Par. 16,
8. Is. 12. 4.
* Gen. 22,
16.
19. La lune : c'est elle surtout qui reglait
la vie civile et religieuse d' Israel {Ecc/i.
xliii, 7). — Qua/id, et sans doute aussi oi)
il doit se coucher.
24. De tes biefts, propr. de choses que tu
as cr^ees et qui, k ce titre, t'appartiennent.
26. Le leviathan (Vulg. le dragon) : ce
mot designe dans Job (xl, 20) le crocodile,
ici les monstres marins en general, peut-
etre la baleine.
Zi- Se 7-ejouisse de ou dans ses ceuvres :
qu'il repete eternellement ce qu'il dit a la
suite de la creation : " Elles sont trhs bon-
nes." Gen. i, 31.
32. Elles funient : allusion soit au Sinai,
soit aux effets de la foudre quand elle frappe
le sommet des montagnes.
2,^. Alleluia, c.-a-d. hues Jehovah ! C'est
la premiere fois que nous rencontrons ce
mot dans les Psaumes. Cet alleluia, dans
les L.XX et la Vulg., est reporte en tete du
Ps. suivant.
PSAUME GV.
T. Ce Psaume, sans titre en hebreu, porte
en tete, dans les LXX et la Vulg., le mot
alleluia.^ qui parait transporte ici du dernier
verset du Ps. precedent.
206 QUATRIEME LIVRE DES PSyVUMES.
|3 Glorifiez-vous de son saint nom;
Joyeux soit le coeur de ceux qui cherchent Jehovah!
4 Cherchez Jehovah et sa force,
Ne cessez pas de chercher sa face.
5 Souvenez-vous des merveilles qu'il a opdrees,
De ses piodiges et des jugements sortis de sa bouche,
6 Race d'Abraham, son serviteur,
Enfants de Jacob, ses elus.
7 Lui, Jehovah, est notre Dieu;
Ses jugements atteigncnt toute la terre.
8 II se soLivient eternellement de son alhance,^
De la parole qu'il a affirme'e pour mille generations,
9 — Alliance qu'il a contratlee avec Abraham, —
Et du serment qu'il a fait a Isaac.
10 II I'a erige pour Jacob en loi,
Pour Israel en alliance eternelle,
11 Disant : " Je te donnerai le pays de Chanaan
Com me la part de ton heritage. "
12 Comnie ils etaient alors en petit nombre.
Fort peu nombreux et etrangers dans le pays,
13 Qu'ils allaient d'une nation a I'autre,
Et d'un royaume vers un autre peuple,
14 II ne permit a personne de les opprimer,
Et il chatia des rois a cause d'eux :
15 " Ne touchez pas a mes oints,
Et ne faites pas de mal a mes prophetes ! "
16 II appela la famine sur le pays,
II les priva du pain qui les soutenait.
17 II envoya devant eux un homme :
Joseph fut vendu comme esclave.
18 On serra ses pieds dans des liens,
On le jeta dans les fers,
ig Jusqu'au jour ou s'accomplit sa pre'dicflion,
Et oil la parole de Dieu le justifia.
20 Le roi fit oter ses liens,
Le souverain des peuples le mit en liberte.
21 II I'etablit seigneur sur sa maison,
Et gouverneur de tous ses domaines,
22 Afin de lier les princes, selon son gre,
Et pour enseigner la sagesse ^ ses anciens.
23 Alors Israel vint en Egypte,
Et Jacob sejourna dans le pays de Cham.
24 Dieti accrut grandement son peuple,
Et le rendit plus puissant c^ue ses oppresseurs.
25 II changea leur coeur, au point qu'ils hairent son peuple,
Et userent de perfidie envers ses serviteurs,
26 11 envoya Moise, son serviteur,
Et Aaron qu'il avail choisi.
27 lis accomplirent ses prodiges parmi eux,
Us lirent des miracles dans le pays de Cham.
28 II envoya des ten^bres et il fit la nuit,
Et ils ne furent pas rebelles a sa parole.
29 II changea leurs eaux en sang,
Et fit perir leurs poissons.
30 Leur pays fourmilla de grenouilles,
Jusque dans les chambies de leurs rois.
31 A sa voix, vint une nuce d'insecles,
Des moucherons sur tout leur territoire.
32 II leur donna pour pluie de la grele,
Des flammes de feu dans leur pays.
TJBER PSALMORUM.
207
nocere eis : et corripuit pro eis re-
ges. 15. "Nolite tangere christos
meos : et in prophetis meis nolite
malignari.
16, Et vocavit famem super ter-
ram : et omne firmamentum panis
contrivit. 17. ''Misit ante eos vi-
rum : in servum venundatus est
Joseph. i8/Humiliaveruntin com-
pedibus pedes ejus, ferrum per-
transiit animam ejus, 1 9. donee ve-
niret verbum ejus, Eloquium Do-
mini inflammavit eum : 20. ^misit
rex, et solvit eum; princeps popu-
lorum, et dimisit eum. 21. Consti-
tuit eum dominum domus suas : et
principem omnis possessionis suas :
22. ut erudiret principes ejus sicut
semetipsum : et senes ejus pruden-
tiam doceret.
23. ^Et intravit Israel in vEgy-
ptum : et Jacob accola fuit in
terra Cham. 24. ''Et auxit popu-
lum suum vehementer : et firmavit
eum super inimicos ejus. 25. Con-
vertit cor eorum ut odirent popu-
lum ejus : et dolum facerent in
servos ejus.
26. 'Misit Moysen servum suum:
Aaron, quem elegit ipsum. 27. ' Po-
suit in eis verba signorum suorum,
et prodigiorum in terra Cham.
28. ''Misit tenebras, et obscuravit :
et non exacerbavit sermones suos.
29. ^Convertit aquas eorum in san-
guinem : et occidit pisces eorum.
30. "'Edidit terra eorum ranas in
penetralibusregumipsorum.3i."Di-
xit, et venit coenomyia : et cinifes
in omnibus finibus eorum. 32. Po-
suit pluvias eorum grandinem :
ignem comburentem in terra ipso-
rum. 33. Et percussit vineas eorum,
et ficulneas eorum : et contrivit li-
gnum finium eorum. 34. "Dixit, et
venit locusta, et bruchus, cujus non
erat numerus : 35. et comedit omne
fcenum in terra eorum : et come-
dit omnem fructum terras eorum.
36. -^Et percussit omne primogeni-
3. Glorifiez-vons^ soyez fiers d'avoir un
Dieu tel que Jehovah.
5. Des jiige»ients de sa bouclie, de ses de-
crets relatifs a son peuple et aiix ennemis
d'Israel.
8. De la parole designe exaflement la
meme chose que de son alliance. — Poiir
mille generations, pourtoujours(Z'^«/. vii, 9).
10. Comp. Gen. xxviii, 13 sv.
12. Alors, quand Abraham arriva pour la
premiere fois a Sichem {Gen. xii, 6).
13-14. Allusion aux peregrinations des
patriarches Abraham, Isaac et Jacob dans
le pays de Chanaan et les contrees voisines,
et a la protedlion dont Dieu les couvrit :
Abraham en Egypte {Gen. xii, 10 sv.), a
Gerare {idid. xx); Isaac a Gerare {Gen. xxvi);
Jacob en Mesopotamie {ibid, xxviii). —
Des rois d'Egypte et de Gerare : voir la
Genese aux endroits cites.
15. Mes oints, dans le sens large : rem-
plis de I'esprit de Dieu. — Mes prophetes :
a qui Dieu revele diredlement ses volontes,
et qui les font connaitre aux hommes.
16. La famine, au temps de Jacob {Gen.
xlii). — Litt. // brisa tout baton de pain.
Comp. Lev. xxvi, 26.
17. Voy. Gen. xxxvii, 36.
19. Sa predi£lioii relative a sa grandeur
future : comp. Gen. xlii, 9. — La parole de
Dieu, en s'accomplissant, donna raison a
Joseph.
22. Afiti de Her (de I'hebr. asar) ses
princes, litt. par soti ante, I'ame de Joseph,
c.-a-d. de faire dependre d&sapersonne (ou
de son ban vouloir), les officiers et les grands
du royaume. Vulg., pour qtiHl instruisit (de
I'hebr. iasar) les princes de I'Egypte, coniine
lui-nieme etait instruit. — - Et pour quHl
enseig7idt, etc., c.-a-d. probablement que
Joseph fut mis a la tete des colleges des
pretres et des scribes de I'Egypte. Voy.
Gen. xli, 39 sv.).
23. Alors : voy. Gen. xlvi, 6. — Le pays
de Cham, I'Egypte : comp. Gen. x, 6; Ps.
Ixxiii, 51.
27. Ses prodiges, les prodiges cjue Dieu
leur commanda d'operer. LXX et Vulg., il
niit en eiix les paroles de ses prodiges et de
ses miracles, des paroles ayant la vertu
d'operer des prodiges, etc. Cette legon pa-
rait preferable.
28. Tenebres : g^ plaie, E.xod. x, 21 sv.
— lis ne furent pas rebelles : s'agit-il de
Moise et d'Aaron, ou bien de Pharaon et
des Egyptiens, qui promirent d'obeir a la
suite du fleau {Exod. x, 16, 24)? Vulgate,
// ne rendif pas vaines ses paroles : il les
acconiplit.
29. En sang : F^ plaie, Exod. vii, 14 sv.
30. Grenouilles : 2^ plaie, Exod. viii, 2 sv.
31. Mouches : 3^ plaie, Exod. viii, 12 sv.
32-33. Grele : 7^= plaie, Exod. ix, 18 sv.
— Flammes de feu, eclairs.
% ' Exod. 3,
10 et 4, 29.
/Exod. 7,
10.
'''■ Exod. ID,
'Exod. 7,
20.
'"Exod. 8,
6.
" Exod. 8,
16, 24.
5" Exod. 10,
12.
-?'Exod, 12,
29- JifciSi::*j
208 QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
33 II frappa leurs vignes et leurs figuiers,
Et brisa les arbies de leur contree.
34 II dit, et arriva la sauterelle,
Des sauterelles sans nombre;
35 Elles devorerent toute I'herbe de leur pays,
Elles devorerent les produits de leurs champs.
36 II frappa tons les premiers-nes de leurs pays,
Les premices de toute leur vigueur.
37 II fit sortir son pen pie avec de I'argent et de I'or,
Et nul dans ses tribus ne fut arrcte par la maladie.
38 Les Egyptiens se rejouirent de leur depart,
Car la crainte d'lsracil les avait saisis.
39 II etendit la nuee pour les couvrir,
Et le feu pour /es eclairer la nuit.
40 A leur demande, il fit venir des cailles,
Et il les rassasia du pain du ciel.
41 II ouvrit le rocher, et des eaux jaillirent;
Elles coulerent comme un fleuve a travers le desert.
42 Car il se souvint de sa parole sainte,
D'Abraham, son serviteur.
43 II fit sortir son peuple dans I'allegresse,
Ses ^lus au milieu des cris de joie.
44 II leur donna les terres des nations,
Et ils possederent \e.fniii du travail des peuples.
45 A la condition de garder ses preceptes
Et d'observer ses lois.
Alleluia !
PSAUME CVI (VULG. CV).
^^lE Psaume historique offre de grandes analogies avec le l.\xviii<^ et le cv^. Dans le
Ixxviiie, le Psalmiste raconte les bienfaits du Seigneur pour faire ressortir I'ingrati-
tude du peuple; dans le cv^, il est tout entier a la reconnaissance pour les merveilles
operees en faveur d'Israel; dans le cvi^, il confesse simplement les peches du peuple, comme
le feront plus tard Daniel (ix) et Nehemie (ix, 5 sv.). Toutefois comme son but ici est de
rendre le courage et I'espoir a sa nation dans le malheur, il a soin de faire remarquer que
les Israelites, malgre leurs fautes, n'ont jamais ete completement abandonnes du Seigneur.
Trois versets de ce Psaume (i, 47 et 48) figurent I Par. xvi, comme faisant partie
d'une hymne chantee dans la ceremonie du transport de I'arche sur le mont Sion.
Debut : hommage et priere ^ Jehovah (vers. 1-5). Peches du peuple a la sortie
d'Egypte (6-12); au desert : murmures pour la viande et re'volte de Dathan (13-18); veau
d'or (19-23), decouragement (24-27), Beelphegor et eaux de iMeriba (28-33); peches dans le
pays de Chanaan (34-39), chatiments (40-46); priere pour la fin de la captivite (47); doxo-
logie du 4« livre des Psaumes.
Alleluia!
Ps. cvi. I LOUEZ le Seigneur, car il est bon,
Car sa misericorde est eternelle.
2 Qui dira les hauls faits de Jehovah?
Qui publiera toute sa gloire.''
3 Heureux ceux qui observent la loi,
Qui accomplissent la justice en tout temps!
4 Souviens-toi de moi, Jehovah, dans ta bontc pour ton peuple,
Visite-moi avec ton secours,
5 Afin que je voie le bonheur de tes elus,
Que je me rejouisse de la joie de ton peuple, .
Et que je me glorifie avec ton heritage.
6 Nous avons peche comme nos peres.
Nous avons commis I'iniquite, nous avons fait le mal.
7 Nos peres en Egypte n'eurent pas egard a tes prodiges,
Ils ne se souvinrcnt pas de la multitude de tes graces,
lis se sont revoltds a la mer, a la mer Rouge.
LIBER PSALMORUM.
209
turn in terra eorum : primitias om-
nis laboris eorum,
37. ''Et eduxit eos cum argento
et auro : et non erat in tribubus
eorum infirmus. 38. Lastata est
i?^gyptus in profectione eorum :
quia incubuit timor eorum super
eos. 39. 'Expandit nubem in pro-
tectionem eorum, et ignem ut luce-
ret eis per noctem. 40. 'Petierunt,
et venit coturnix : et pane coeli
saturavit eos. 41. ^Dirupit petram,
et fluxerunt aquas : abierunt in sicco
flumina;
42. "Quoniam memor fuit verbi
sancti sui,quod habuit ad Abraham
puerum suum. 43. Et eduxit popu-
lum suum in exsultatione, et electos
suos in laetitia. 44, Et dedit illis re-
giones gentium : et Jabores populo-
rum possederunt : 45. ut custodiant
justificationes ejus, et legem ejus
requirant.
!<?>: i^y. 'fi>'. 'ji)', .t?)! !t?)'. '^'. '^'. 'M [(i)', 's^', '■$)', 'sss, '^'. :<?£ :g>' '}S). ;;$: ^: ^; ^
— :i:— PSALMUS GV. — ^v—
Deus ob suam bonitatem laudandus;
JudcEorum ingratitude.
Alleluia. {Judith 13, 21.)
ONFITEMINI Domino
quoniam bonus : "quo-
niam in sasculum miseri-
cordia ejus. 2. *Quis lo-
quetur potentias Domini, auditas
faciet omnes laudes ejus.^ 3. Beati,
qui custodiunt judicium, et faciunt
justitiam in omni tempore. 4. Me-
mento nostri Domine in beneplacito
populi tui: visita nos in salutari tuo:
5. ad videndum in bonitate electo-
rum tuorum, ad lastandum in lastitia
gentis tuas : ut lauderis cum here-
ditate tua.
6. ' Peccavimus cum patribus no-
stris : injuste egimus, iniquitatem
fecimus. 7. Patres nostri in ^gy-
pto non intellexerunt mirabilia tua :
non fuerunt memores multitudinis
misericordias tuae. Et irritaverunt
ascendentes in mare, Mare rubrum.
8. Et salvavit eos propter nomen
suum : ut notam faceret potentiam
suam. 9.'^Et increpuit Mare rubrum,
et exsiccatum est : et deduxit eos in
abyssis sicut in deserto. 10. Et sal-
vavit eos de manu odientium : et
redemit eos de manu inimici. 1 1 . "Et
operuit aqua tribulantes eos : unus
ex eis non remansit. 12. Et credi-
derunt verbis ejus : et laudaverunt
laudem ejus.
13. Cito fecerunt, obliti sunt ope-
rum ejus : et non sustinuerunt con-
silium ejus. 14. ^Et concupierunt
concupiscentiam in deserto : et ten-
taverunt Deum in inaquoso. 1 5. ^ Et
dedit eis petitionem ipsorum : et
misit saturitatem in animas eorum.
16. Et irritaverunt Moysen in
castris : Aaron sanctum Domini.
17. *Aperta est terra, et deglutivit
35-35. Satiterelles: 8<^ plaie, Exod. x, 13 sv.
36. Fremiers-nes : lo^ plaie, Exod. xi. —
Les prcinices, etc. : periphrase qui ddsigne
les ■pretiiiers-nes. Comp. Ps. Ixxviii, 51; Gen.
xlix, 3.
37. Avec de Vargent et de Vor : voy.
Exod. xii, 35. — Nc ftit arrete', ne fut re-
tenu en Egj'pte ou arrete sur la route ; litt.
ne ckancela.
39. La nuee {Exod. xiii, 2\) potir les cou-
vrir, les abriter centre les ardeurs du soleil.
40. Cailles : Exod. xvi, 12. — Pain dtc
del, manne : comp. Ps. Ixxviii, 24.
41. Voy. Exod. xvii, 6; Noinbr. xx, 11.
Comp. I Cor. x, 14.
42. Voy. Gen. xvii, 7 sv.
43. Comp. Exod. XV, 1-21.
44. Le fruit die travail : maisons, vignes,
NO 23 — LA SAINTt BIBLE. TO.ME IV. — I4
oliviers, etc., les champs cultives : comp.
Jean, iv, 38.
45. Alleluia : renvoye par les anciennes
versions au commencement du Psaume sui-
vant.
PSAUME GVI.
I. Ce verset est peut-etre un rcpons que
le peuple repetait apres chaque verset du
Psaume (comp. cxviii, i); on le retrouve
Jud. xiii, 21; Jer. xxxiii, 1 1 et I Mach. iv, 24.
5. Et que je me glorifiej Vulg. et que tu
sots St
iorifie
6. Coxn^. Judith, vW, ig.
7. Nos peres : comp. Exod. v, 21; vi, 9.
— A la nier Rouge (litt. a la mer de Soiif,
c.-a-d. des algues ou des roseaux), lorsque
les Hebreux se virent accules entre la mer
et I'armee egyptienne {Exod. x, 19),
'Judith. 7,
19.
'^ Exod.
14.
21.
.-^Exod.
14.
27.
■/'Exod. 17,
2.
^'Num. II,
31-
'' Num. 16,
32.
210 QUx\TRIEME LIVRE DES PSAUMES.
S II les 'i,?M.\i?i pourtaiit a cause de son nom,
Pour faire eclater sa puissance.
9 II menaga la mer Rouge, et elle se dessecha;
Et il les fit marcher a travers I'abime comme dans un desert.
10 II les sauva de la main des ennemis,
II les delivra de la main des oppresseurs.
11 Les flots engloutirent leurs adversaires,
Pas un seul n'echappa.
12 lis crurent alors a ses paroles,
lis chanterent ses louanges.
13 Mais ils oublierent bientot ses oeuvres,
lis n'attendirenl pas qu'il executat ses desseins.
14 Ils furent pris de convoitise dans le desert,
Et ils tenterent Dieu dans la solitude.
15 II leur accorda ce qu'ils demandaient,
Mais il les frappa de consomption.
16 Puis ils furent jaloux de Moise dans le camp,
Et d' Aaron, le saint de Jehovah.
17 La terre s'ouvrit et engloutit Dathan,
Et elle se referma sur la troupe d'Abiron;
18 Le feu devora leur troupe.
La flamme consuma les mechants.
19 Ils firent un veau au mont Horeb,
Ils se prosternerent devant une image de metal fondu,
20 Ils echangerent leur gloire
Contre la figure d'un bceuf qui broute I'herbe.
21 Ils oublierent Dieu, leur liberateur,
Qui avait fait de grandes choses en Egypte,
22 Des miracles dans le pays de Cham,
Des prodiges a la mer Rouge.
23 II parlait de les exterminer.
Si Moise, son elu, ne se fCit tenu sur la breche devant lui,
Pour empecher sa colere de les detruire.
24 lis dedaignerent la terre de delices,
lis ne crurent pas a la parole de Jehovah;
25 lis murmurerent dans leurs tentes,
Et n'obeirent pas a sa voix.
26 Alors il leva la main contre eux,
Jurmit de les faire perir dans le desert,
27 De rejeter leur race parmi les nations,
Et de les disperser en d'autres contrees.
28 Ils s'attacherent a Beelphegor
Et mangerent des vicflimes offertes a des dieux sans vie.
29 Ils irrit^rent Jdhovah par leurs adlions,
Et un fleau fit irruption parmi eux.
30 Phinees se leva et donna satisfadlion,
Et le fleau s'arreta.
31 Cette adlion lui fut imputee k justice
D'age en age ci jamais.
32 lis arreterent Jehovah aux eaux de Meriba,
Et Moise eut a souffrir a cause d'eux;
'^■}i Car ils aigrirent son esprit,
Et il prononga des paroles inconsiderees,
34 Ils n'exterminerent point les peuples
Que Jehovah leur avait ordonne de detruire.
35 lis se melerent aux nations,
Et ils apprirent leurs cuuvres.
LIBER PSALMORUM.
211
Dathan : et operuit super congre-
gationem Abiron. i8. Et exarsit
ignis in synagoga eorum : flamma
combussit peccatores,
;xod. 32, I 9. 'Et fecerunt vitulum in Ho-
reb : et adoraverunt sculptile. 20. Et
mutaverunt gloriam suam in simili-
tudinem vituli comedentis foenum.
21. Obliti sunt Deum, qui salvavit
eos, qui fecit magnalia in 7?^gypto,
2'2. mirabilia in terra Cham : terri-
;xod. 32, bilia in mari rubro. 23. ^Et dixit ut
disperderet eos : si non Moyses ele-
ctus ejus stetisset in confractione in
conspectu ejus : ut averteret iram
ejus ne disperderet eos :
24, Et pro nihilo habuerunt ter-
ram desiderabilem : non credide-
runt verbo ejus, 25, et murmura-
verunt in tabernaculis suis : non
>fiim. 14, exaudierunt vocem Domini. 26. '^'Et
elevavit manum suam super eos : ut
prosterneret eos in deserto : 27. et
ut dejiceret semen eorum in natio-
nibus : et dispergeret eos in regio-
nibus.
28. Et initiati sunt Beelphegor :
et comederunt sacrificia mortuorum.
29. Et irritaverunt eum in adinven-
tionibus suis : et multiplicata est in
eis ruina. 30. 'Et stetit Phinees, et ^Num.
placavit : et cessavit quassatio. 3 1 . Et 7-
reputatum est ei in justitiam, in ge-
nerationem et generationem usque
in sempiternum.
3 2.'"Et irritaverunt eum ad Aquas '"Num.
contradictionis : et vexatus est Moy- ^°-
ses propter eos : 23- quia exacerba-
verunt spiritum ejus. Et distinxit
in labiis suis :
34. Non disperdiderunt gentes,
quas dixit Dominus illis. 35. Et
commisti sunt inter gentes, et didi-
cerunt opera eorum : 2^- et servie-
runt sculptilibus eorum : et factum
est illis in scandalum. 37. Et im-
molaverunt filios suos, et filias suas
dsemoniis. 38. Et effuderunt san-
guinem innocentem : sanguinem
filiorum suorum et filiarum sua-
rum, quas sacrificaverunt sculptili-
bus Chanaan. Et infecta est terra
in sanguinibus, 39. et contaminata
est in operibus eorum : et fornicati
sunt in adinventionibus suis.
40. Et iratus est furore Dominus
in populum suum : et abominatus
est hereditatem suam. 41. Et tradi-
dit eos in manu gentium : et domi-
nati sunt eorum qui oderunt eos.
25.
20,
9. Comp. Sa^. xix, 7.
12. lis cJianterent le cantique de Moise
{Exod. xv).
13. Bientot : 3 jours apres ils murmu-
rerent pour avoir de I'eau [Exod. xv, 22 sv.).
— lis }i\ittettdire/it pas, avec confiance, s'en
rapportant entierement a la sagesse et a la
bonte de Dieu.
14. lis tentere7it Dieu, lui demandant des
viandes : voy. Nombr. xi, 4 sv.
15. Le Hir : il envoy a a leur dme conten-
te)}ient. Vulg. de qiioi se rassasier.
16. Voy. NoDibr. xvi.
18. Voy. Nombr. xvi, 35.
19. Voy. Exod. xxxii, 4.
20. Leur gloire, Jehovah, Dieu glorieux
et la gloire de son peuple, qui marchait a
leur tete dans la colonne de nuee et de feu.
Comp. Deut. iv, 6-8.
23. A la breche, comme un guerrier qui
se tient sur la breche d'un rempart, pour
empecher I'ennenii de penetrer par la dans
la place. Comp. Exod. xxxii, 10; Deut. ix, 25.
24. Ils dedaigiiereiit : quand les messa-
gers envoyes en Chanaan revinrent au camp
des Hebreux faire leur rapport {Nombr.
xiii sv.).
26. // leva la main : geste de celui qui
fait un serment. Cf. Deut. xxxii, 40.
27. Comp. Lev. xxvi, 33; Deut. xxviii, 64.
28. Voy. Nombr. xxv. lis s\ittacherent, ils
entrerent en communion intime : comp.
I Cor. vi, 16 sv. x, 18. — A Beelphegor, au
Baal des Moabites, honore sur le mont
Phogor. — A des dieux sans vie, et non au
Dieu vivant.
30. Donna safisfailio/i a la justice di-
vine, en pergant de son epee I'Israelite
et la femme dans la tente de prostitution
{Nombr. xxv, 8).
32. Aux eaux de Meriba, ou de Contra-
diclion : ce fut la que Moise fut condamn^
a ne pas entrer dans la Terre promise
{Nombr. xx, 12).
33. Son esprit, I'esprit de Moise. D'autres
avec Delitzsch, I'esprit de Dieu.
34. Una fois entres dans le pays de Cha-
naan,les Israelites n'exterminerent pas com-
pletement ces nations idolatres et profonde-
ment corrompues (yoy. Jos. i-iii).
212
QUATRIEME LIVRE DES PSAUMES.
36 lis servirent leurs idoles,
Qui furent pour eux un piege.
37 lis inimolerent leurs fils
Et leurs filles aux demons.
38 lis verserent le sang innocent,
Le sang de leurs fils et de leurs filles,
Ou'ils sacrifiaient aux idoles de Chanaan,
Et le pays fut profane par des meurtres.
39 lis se souillerent par leurs o^uvres,
lis se prostituerent par leurs a<ftions.
40 La colere de Jehovah s'alluma contre son peuple,
Et il prit en horreur son heritage.
41 II les livra entre las mains des nations;
Ceux qui les haissaient dominerent sur eux.
42 Leurs ennemis les opprimerent,
Et ils furent humilies sous leur main.
43 Plusieurs fois il les delivra,
Mais ils se montrerent rebelles dans leurs desseins,
Et se perdirent par leurs iniquites,
44 Neanmoins il regarda leur detresse,
Lorsqu'il entendit leurs supplications.
45 II se souvint en leur faveur de son alliance,
II eut piti^ d'eux selon sa grande bonte,
46 Et il en fit I'objet de ses misericordes
Devant tous ceux qui les tenaient captifs.
47 Sauve-nous, Jdhovah, notre Dieu,
Et rassemble-nous du milieu des nations,
Afin cjue nous celebrions ton saint nom,
Et que nous mettions notre gloire a te louer.
48 Beni soit Jehovah, Dieu d'Israel
D'eternite en dternite!
Et que tout le peuple disc :
Amen! Alleluia!
37. Atix demons, h^br. schedim (comp.
Deut. xxxii, 17).
40-43. P^riode des Juges.
44-46.Ici le regard du Psalmiste embrasse,
non plus seulement la periode des Juges,
mais tous les temps qui Tont suivie jusqu'a
la captivite, et il y retrouve le trait caracfle-
ristique de I'histoire du peuple de Dieu :
I'infidelite d'Israel laisse toujours subsister
la fidelite de Dieu.
// vit letir detresse, pour leur venir en
aide.
LIBER PSALMORUM.
213
Dent. 30.
42. Et tribulaverunt eos inimici
eorum, et humiliati sunt sub mani-
bus eorum : 43. saspe liberavit eos.
Ipsi autem exacerbaverunt eum in
consilio suo : et humiliati sunt in
iniquitatibus suis. 44. Et vidit cum
tribularentur : et audivit orationem
eorum. 45. "Et memor fuit testa-
menti sui : et poenituit eum secun-
dum multitudinem misericordias
suae. 46. Et dedit eos in misericor-
dias in conspectu omnium qui cepe-
rant eos.
47. Salvos nos fac Domine Deus
noster : et congrega nos de nationi-
bus : ut confiteamur nomini sancto
suo : et gloriemur in laude tua.
48. Benedictus Dominus Deus
Israel a sasculo et usque in sa?culum :
et dicet omnis populus : Fiat, fiat.
45. // eiit pitie d^ettxj Vulg., il se repen-
tit, c.-a-d. il cessa de les chatier.
46. C'est ce que Salomon demandait a
Dieu dans sa priere (I Rois, viii, 50).
48. Doxologie du 4^ livre des Psaumes,
que I'auteur de cette colledlion emprunte
telle quelle k I Par. xvi, 36. Les mots, et
que tout le pcuple dise, sont une rubrique,
indiquant au peuple ce qu'il doit repondre
ici : Amen, qu'il en soit ainsi, Alleluia, louez
Jehovah.
214
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
M
LIVRE CINQUIEME.
W
Ps.
evil.
PSAUME CVII (VULG. CVl).
jlAntique d'aflions de graces, compose apres le retour de la captivite (vers. 3),
peut-ctre a roccasioii de la ceremonie de la fondation du second temple (Esdr.
iii, lo-ii). II consiste en une serie de tableaux ou sent peints divers accidents
de la vie humaine. Apres le debut (vers. 1-3), le Psalmiste repr(fsente : 1° des
hommes egares, errants dans le desert, que Dieu remet dans la voie (4-9); 2° des captifs
dont il brise les fers (1016); 30 des malades qu'il retire des portes du tombeau (17-22);
40 des na vires assaillis par la tempete qu'il conduit au port (23-32); 5° enfin des affames
dont la terre etait sterile, et auxquels il rend I'abondance (33-42). Conclusion : que cette
providence divine soit I'objet de la meditation des sages (43).
Parmi les interpretes, les uns se refusent a reconnaitre a ce cantique un sens histori-
que : le Psalmiste c^lebrerait simplement la Providence delivrant les hommes des divers
dangers qui peuvent les assaillir en cette vie. Les autres, avec Theodoret parmi les
anciens, lui donnent un sens historique : ce sent les malheurs de la captivite que I'auteur
aurait en vue, soit que, avec Delitzsch, on prenne a la lettre les tableaux representant
sous forme d'exemples les divers maux soufferts sur la terre etrangere; soit que, avec
Patrizi, on regarde ces tableaux comma des representations allegoriques des souffrances
de I'exil.
Dans le sens spiritual, le Psaume nous met sous les yeux, en cinq tableaux, les bien-
faits de la redemption, par laquelle Dieu nous retire des egarements du peche, nous
delivre de ses liens, nous guerit de ses blessures, nous protege contre les orages des
passions {Matth. viii, 26), et nous fait trouver dans son Eglise I'abondance des graces, au
lieu de la famine qui regne dans le monde (Le Hir).
1 LOUEZ Jdhovah, car il est bon,
Car sa misericorde est eternelle.
2 Ou'ainsi disent les rachetes de Jehovah,
Ceux qu'il a rachetes des mains de I'ennemi,
3 Et qu'il a rassembles de tous les pays,
De lorientet de I'occident, du nord et de la merl
4 lis erraient dans le desert, dans une solitude sans chemin,
Sans trouver une ville a habiter.
5 En proie k la faim, k la soif,
lis sentaient leur ame defaillir.
6 Dans leur detresse, ils crierent vers Jehovah,
Et il les ddlivra de leurs angoisses.
7 II les mena par le droit chemin,
Pour les faire arriver a une ville habitable.
8 Qu'ils louent Jehovah pour sa bonte,
Et pour ses merveilles en faveur du fils de I'homme.
9 Car il a desaltdre I'ame devoree par la soif,
Et il a comble de bien I'ame epuisee par la faim.
10 lis habitaient les tenebres et I'ombre de la mort,
Prisonniers dans la souffrance et dans les fers,
11 Parce cju'ils s'etaient revokes contre les oracles de Dieu,
Et qu'ils avaient meprise le conseil du Tres-IIaut :
12 II humilia leur coeur par la souffrance;
Ils s'affaisserent, et personne ne les secourut.
13 Dans leur detresse, ils crierent vers Jehovah
Et il les sauva de leurs angoisses;
14 II les tira des tenebres et de I'ombre de la mort,
Et il brisa leurs chaines.
15 Qu'ils louent Jehovah pour sa bonte,
Et pour ses merveilles en faveur des fils de I'homme.
LIBER PSALMORUM.
215
— :;:— PSALM US CVI. — =!:—
Laudandus Deus qui suos bonis cumulat,
et se invocantes a periculis liberat.
Alleluia. {Judith 13, 21.)
ONFITEMINI Domino
quoniam bonus : quoniam
in sasculum misericordia
ejus. i.Dicantqui redempti
sunt a Domino, quos redemit de
manu inimici : et de regionibus con-
gregavit eos : 3. a solis ortu, et oc-
casu : ab aquilone, et mari.
4. Erraverunt in solitudine in
inaquoso : viam civitatis habita-
culi non invenerunt, 5. esurientes,
et sitientes : anima eorum in ipsis
defecit, 6. Et clamaverunt ad Do-
minum cum tribularentur : et de
necessitatibus eorum eripuit eos.
7. Et deduxit eos in viam rectam :
ut irent in civitatem habitationis.
8. Confiteantur Domino miseri-
cordias ejus : et mirabilia ejus filiis
hominum. 9. Ouia satiavit animam
manem : et animam esurientem
satiavit bonis.
10. Sedentes in tenebris, et um-
bra mortis : vinctos in mendicitate,
et ferro. 11. Quia exacerbaverunt
eloquia Dei : et consilium Altissimi
irritaverunt. 12. Et humiliatum est
in laboribus cor eorum : infirmati
sunt, nee fuit qui adjuvaret. 13. Et
clamaverunt ad Dominum cum tri-
bularentur : etde necessitatibus eo-
rum liberavit eos. 14. Et eduxit eos
de tenebris, et umbra mortis : et
vincula eorum disrupit. 15. Confi-
teantur Domino misericordias ejus:
et mirabilia ejus filiis hominum.
16. Quia contrivit portas asreas : et
vectes ferreos confregif.
17. Suscepit eos de via iniquitatis
eorum : propter injustitias enim
suas humiliati sunt. 18. Omnem
escam abominata est anima eorum :
et appropinquaverunt usque ad
portas mortis. 1 9. Et clamaverunt
ad Dominum cum tribularentur : et
de necessitatibus eorum liberavit
eos. 20. Misit verbum suum, et sa-
navit eos : et eripuit eos de interi-
tionibus eorum. 21. Confiteantur
Domino misericordias ejus : et mi-
rabilia ejus filiis hominum. 22. Et
sacrificent sacrificium laudis : et
annuntient opera ejus in exsulta-
tione.
23. Qui descendunt mare in na-
vibus,facientes operationem in aquis
multis. 24. Ipsi viderunt opera Do-
mini, et mirabilia ejus in profundo.
25. Dixit, et stetit spiritus procellas:
et exaltati sunt fluctus ejus, 26. As-
cendant usque ad coelos, et descen-
dunt usque ad abysses : anima eo-
rum in malistabescebat.2 7.Turbati
sunt, et moti sunt sicut ebrius : et
omnis sapientia eorum devorata est.
28. Et clamaverunt ad Dominum
cum tribularentur, et de necessita-
tibus eorum eduxit eos. 29. Et sta-
tuit procellam ejus in auram : et si-
luerunt fiuctus ejus. 30. Et lastati
sunt quia siluerunt : et deduxit eos
PSAUME CVII.
1. La Vulg. met en tete de ce Psaume
Valleluia qui termine en h^breu le Ps. cvi.
2. Les rachetcs de Jehovah, expression
d'lsaie (Ixii, 12).
3. De tons les pays : Assyrie, Chaldee,
Medie, Perse {Esth. ii, 5), Egypte {Jer.
xliv, 28). — ■ De la uier Mediterranee : cette
expression designe ordinairement I'occi-
dent; ici elle marque le sud, I'Egypte.
4. Une solitude sans chemift. Les ancie ti-
nes versions, avec plus de raison peut-etre,
rattachent ce dernier mot a ce qui suit :
dans des lieux arides, sans trouver le che-
niin d'tt7te ville a habiter.
10. Its habitaient .• il y a en hebreu un
participe present. Les vers. 10-14 sont comma
le sujet complexe du verbe loner au vers. 1 5.
— Les tenebres et I'omdre de la mort {Is.
ix, i; xlii, 7), une prison obscure et tdne-
breuse comme le sejour de la mort.
11. Les oracles de Dieu, sa volonte expri-
mee dans la loi ou proclamee par la bou-
che des prophetes. — Meprise le conseil du
Trcs-Haut {/s. v, 19), son dessein de punir
tot ou tard le peche.
216 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
1 6 Car il a brise les poites d'airain
Et mis en pieces les venous de fer.
17 Les insenses! par leur conduite criminelle
Et par leurs iniquit^s ils avaient attire sur eux la souffrance.
18 Leur ame avait en horreur toute nourriture,
Et ils touchaient aux portes de la mort.
19 Dans leur detresse, ils crierent vers Jehovah;
Et il les sauva de leurs an<;^oisses;
20 II envoya sa parole et il les guerit,
Et il les fit echapper de leurs tombeaux.
21 Ou'ils louent Jehovah pour sa bonte,
Et pour ses merveilles en faveur des fils de I'homme!
22 Qu'ils offrent des sacrifices d'aftions de graces,
Et qu'ils publient ses ceuvres avec des cris de joie!
23 lis etaient descendus sur la mer dans des navires,
Pour faire le negoce sur les vastes eaux : —
24 Ceux-la ont vu les oeuvres de Jehovah
Et ses merveilles au milieu de I'abime. —
25 II dit, et il fit souffler la tempete,
Qui souleva les flots de la mer.
26 iTs montaient jusqu'aux cieux, ils descendaient dans les abimes;
Leur ame defaillait a la peine.
27 Saisis de vertige, ils chancelaient comme un homme ivre,
Et toute leur sagesse etait aneantie.
28 Dans leur detresse, ils crierent vers Jehovah,
Et il les tira de leurs angoisses;
29 II changea I'ouragan en brise legere,
Et les vagues se turent.
30 Ils se rejouirent en les voyant apaisdes,
Et Jehovah les conduisit au port ddsire.
31 Qu'ils louent Jehovah pour sa bonte,
Et pour ses merveilles en faveur du fils de I'homme!
32 Ou'ils I'exaltent dans I'assemblee du peuple,
Et qu'ils le celebrent dans le conseil des anciens!
33 II a changd les fleuves en desert,
Et les sources d'eau en sol aride,
34 Le pays fertile en plaine de sel,
A cause de la mechancete de ses habitants.
35 II a fait du desert un bassin d'eau,
Et de la terre aride un sol plein de sources.
36 II y etablit les affames,
Et ils fond^rent une ville pour I'habiter.
37 lis ensemencerent des champs, et ils planterent des vignes,
Et ils recueillirent d'abondantes recoltes.
38 II les benit, et ils se multipli^rent beaucoup,
Et il ne laissa pas diminuer leurs troupeaux.
39 Leurs enneinis ont ete reduits a un petit nombre et humili^s
Sous I'accablement du malheur et de la souffrance.
40 II a repandu la honte sur leurs princes,
II les fait errer dans des deserts sans chemin.
41 Mais il a releve le malheureux de la misere,
Et il a multiplie les families comme les troupeaux.
42 Les hommes droits le voient et se r^jouissent,
Et tous les mechants ferment la bouche.
43 Que celui qui est sage prenne garde k ces choses
Et qu'il comprenne les bontds de Jdhovah!
LIBER PSALMORUM.
217
i n portum volu ntatis eorum .31. Con-
fiteantur Domino misericordiseejus:
et mirabilia ejus filiis hominum.
32. Et exaltent eum in ecclesiaple-
bis : et in cathedra seniorum laudent
eum.
33. Posuit flumina in desertum :
et exitus aquarum in sitim. 34.Ter-
ram fructiferam in salsuginem, a
malitia inhabitantium in ea. 25' Po-
suit desertum in stagna aquarum :
et terram sine aqua in exitus aqua-
rum. 36, Et coUocavit illic esurien-
tes : et constituerunt civitatem ha-
bitationis. 37. Et seminaverunt
agros, et plantaverunt vineas : et
fecerunt fructum nativitatis. 38. Et
benedixit eis, et multiplicati sunt
nimis : et jumenta eorum non mino-
ravit, 39. Et pauci facti sunt : et
vexati sunt a tribulatione malorum,
et dolore. 40. Effusa est contemptio
super principes : et errare fecit eos
in invio, et non in via. 41. Et adju-
vit pauperem de inopia : et posuit
sicut oves familias. 42. "Videbunt
recti, et lastabuntur : et omnis ini-
quitas oppilabit os suum.
43, Quis sapiens etcustodiet hasc?
et inteJliget misericordias Domini.''
.1.
"Job. 22,
19.
17. Les insenses : les LXX et la Vulg.
ayant sans doute lu autrement dans I'hebreu,
traduisent : // les a reaieillis de la vote dii
peche, car leiirs iniqiiites avaient attire sur
eux P/iumiliatw7i : ce qui rompt entiere-
ment la suite des ideas.
18. Com^. Job, xxxiii, 18 sv.
20. // envoy a sa parole : la parole de Dieu
est son messager, lequel court avec rapidite
i^Ps. cxlvii, 15), execute ses ordres {Is.
Iv, Ti), habite avec ses prophetes {Is. ix, 8),
remplit, comme ici, la foncflion de medecin
guerissant les maladies du corps et celles de
Fame. Ces passages et d'autres semblables
{Zach. ix, I, al.) preparaient les esprits a
la dodlrine clairement exprimee par S. Jean
(i, 1-5), savoir, que le Verbe divin, par lequel
les cieux ont etd faits {Ps. xxxiii, 6), n'est
pas seulement une vertu, une ^nergie, mais
une personne divine.
24. Les ost<v7'es, etc., non seulement le
spe6lacle grandiose de I'ocean qui donne
une si haute idee du Createur, mais les tem-
petes que Dieu y souleve et ses miraculeu-
ses delivrances.
27. lis chancelaient, par I'effet du roulis
et du tangage {Is. xix, 14).
32. Conseil des anciefis, peut-etre la grande
Synagogue institute par Esdras.
39-40. Ces deux versets sont diversement
expliquds. Les uns les entendent des Chal-
ddens et de leurs princes, malheureux a leur
tour, apres la conquete de Cyrus. Comp.
Jer. li, 24, 49, 52, D'autres les appliquent
aux Israelites pendant I'exil : lis avaient etc
redid ts ...II avail rcpandii, etc.
Le vers. 40 est emprunte a Job, xii, 21, 24.
41. Le malheiiretcx, les Israelites exiles.
42. Comp. _/o^, xxii, 19; v, 16.
43. Comp. Osce, xiv, 16. Vulgate, qui est
sage pour prendre garde a ces choses, pour
compretidre les viiscricordes du Seigneur,
■ -»M)j|m»
218 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME CVIII (VULG. CVIl).
^^^E Psaume est compose, sans variantes notables, de deux fragments dont I'lm
'^^ (vers. 2-6) termine le Ps. Ivii, et I'autre (7-14) termine le Ps. Ix. De cet agencement,
!>-.^gfl| qui date probablement du retour de la captivite, resulte un chant triomphal, des-
/ V 1 _ !^- __i 11- 1^ i_ .r= 1- i_ n,_T ■ t„ „!„:„ J! — :„i
y
tine a quelque occasion solennelle. Dans la i^e partie, le Psalmiste, plein d'un saint
enthousiasme, excite son ame et reveille sa lyre pour benir le Seigneur; pour la seconde,
voy. Ps. Ix. — Pour les notes, voy. les deux Psaumes originaux.
Ps. cviii. ' CANTIQUE. Psaume de David.
2 Mon coeur est affermi, 6 Dieu,
Je veux chanter et faire rdsonner les instruments;
Debout, ma gloire!
3 Eveillez-vous, ma lyre et ma harpe,
Que j'eveille I'aurore!
4 Je te louerai parmi les peuples, Jehovah,
Je te chanterai parmi les nations.
5 Car ta bonte s'eleve au-dessus des cieux,
Et ta fidelite jusqu'aux nues.
6 Apparais plus eleve que les cieux, 6 Dieu;
Oue ta gloire brille sur toute la terre!
&■
7 Afin que tes bien-aimds soient delivres,
Sauve par ta droite et exauce-moi.
8 Dieu a parle dans sa saintete : Que je tressaille de joie!
J'aurai Sichem en partage, je mesurerai la vallee de Succoth.
9 Galaad est h. moi, a moi Manasse;
Ephraim est I'armure de ma tete,
Et Juda mon sceptre.
10 Moab est le bassin ou je me lave;
Sur Edom je jette ma sandale;
Sur la terre des Philistins je pousse des cris de joie.
11 Qui me mfenera k la ville forte?
Qui me conduira a Edom?
12 N'est-ce pas toi, 6 Dieu, qui nous avais rejeles,
O Dieu, qui ne sortais plus a la tete de nos armees?
13 Prete-nous ton secpurs contre I'oppresseur!
Le secours de I'homme n'est que vanite.
14 Avec Dieu nous ferons des exploits;
II ecrasera nos ennemis.
PSAUME CIX (VULG. CVIIl).
jE Psaume se rapporte probablement a la persecution de Saiil, et les maledicflions
I qu'il contient s'adressent an fourbe et cruel ennenii de David, I'ldumeen Doeg. Le
Psalmiste, aprcs avoir expose les persecutions dont il est I'objet de la part de ses
ennemis en general (vers. 1-5), maudit son principal adversaire (6-20); puis il implore le
Seigneur en lui faisant le tableau de sa miscre (21-29); il conclut en promettant h I'avance
des cantiques d'a(5lions de graces (30-31).
Sur les imprecations contenues dans ce Psaume, voy. Ps. xxviii, 4; xxxv, 4 sv. Ajoutons
avec S. Jean Chrysostome que ces souhaits de malheur sont au fond une proph^tie de ce
qui devait arriver; avec Schegg, qu'il est bien permis au juste de desirer ce que Dieu lui-
meme ne pent pas ne pas faire, savoir donner satisfa(5\ion a sa justice sur le pecheur impe-
nitent; enfin que, si I'esprit de I'Ancien Testament etait tout ;\ fait le meme que celui du
Nouveau, Notre-Seigneur n'aurait pas prononcd les paroles que nous lisons Matfh. v, 43 sv.
Au moyen age, dit Le Hir, quand un grand etait convaincu d'avoir opprime les pau-
vres ou les faibles, on prononcait contre lui dans I'eglise les maledicflions de ce Psaume.
Dans le sens spirituel, atteste par S. Pierre (^4i;7. i, 20), David est la figure du Messie
souffrant, et Doeg celle du traitre Judas, le chef des ennemis du Sauveur. Jesus-Christ
pr^dit done ici, sous une forme imprecatoire, les chatiments qui frapperont les Juifs
deicides et les pers^cuteurs de son Eglise.
LIBER PSALMORUM.
219
— :>— PSALM US CVIL — :i-^
Dicit cor suum ad Dei nutum paratum,
et ideo vidloriam sperat.
I. Canticum Psalmi ipsi David.
(5///r. 56, 8).
ARATUM cor meum
Deus, paratum cor meum :
cantabo, et psallam in glo-
ria mea. 3. Exsurge glo-
ria mea, exsurge psalterium, et ci-
thara : exsurgam diluculo. 4. Con-
fitebor tibi in populis Domine : et
psallam tibi in nationibus. 5. Quia
magna est super ccelos misericor-
dia tua : et usque ad nubes Veri-
tas tua. 6. Exaltare super coelos
Deus, et super omnem terram glo-
ria tua :
7, Ut liberentur dilecti tui. Sal-
vum fac dextera tua, et exaudi me :
8. Deus locutus est in sancto suo :
exsultabo, et dividam Sichimam, et
convallem tabernaculorum dime-
tiar. 9. Meus est Galaad, et meus
est Manasses : et Ephraim suscep-
tio capitis mei. Juda rex meus :
10. Moab lebes spei meae. In Idu-
mseam extendam calceamentum
meum : mihi alienigenas amici facti
sunt.
1 1. Ouisdeducet me in civitatem
munitam.f* quis deducet me usque
in Idumasam.'' 12. Nonne tu Deus,
qui repulisti nos, et non exibis Deus
in virtutibus nostris? 13. Da nobis
auxilium de tribulatione : quiavana
salus hominis. 14. In Deo faciemus
virtutem : et ipse ad nihilum dedu-
cet inimicos nostros.
— :i:— PSALMUS GVIIL — *—
Opem Dei implorat, et proditori dignas
poenas prsedicit.
I, In finem, Psalmus David.
EUS laudem meam me ta-
cueris: quia os peccatoris,
et OS dolosi super me aper-
tum est. 3. Locuti sunt
adversum me lingua dolosa, et ser-
monibus odii circumdederunt me :
et expugnaverunt me gratis. 4. Pro
eo ut me diligerent, detrahebant
mihi : ego autem orabam. 5. Et
posuerunt adversum me mala pro
bonis : et odium pro dilectione
mea.
6. Constitue super eum peccato-
rem : et diabolus stet a dextris ejus.
7. Cum judicatur, exeat condemn a-
tus : et oratio ejus fiat in peccatum.
8. Fiant dies ejus pauci : et episco-
patum ejus accipiat alter. 9. Fiant
filii ejus orphani : et uxor ejus vi-
dua. 10. Nutantes transferantur filii
ejus, et mendicent : et ejiciantur de
habitationibus suis, 11. Scrutetur
fenerator omnem substantiam ejus:
et diripiant alieni labores ejus.
12. Non sit illi adjutor : nee sit qui
misereatur pupillis ejus. 13. Fiant
nati ejus in interitum : in genera-
tione una deleatur nomen ejus.
14. In memoriam redeat iniquitas
patrum ejus in conspectu Domini :
et peccatum matris ejus non delea-
tur. 15. Fiant contra Dominum
semper, et dispereat de terra memo-
ria eorum : 16. pro eo quod non est
recordatus facere misericordiam.
17. Et persecutus est hominem
inopem, et mendicum, et compun-
ctum corde mortificare. 18. Et di-
lexit maledictionem, et veniet ei : et
noluit benedictionem, et elongabi-
PSAUME GVIII.
2. Ma gloire, mon ame : voy. Ps. vii,6.
10. Je fotisse des cris de joie, comme fait
un vainqueur tout fier de sa conquete : cette
partie du verset differe sensiblement du
Psaume primitif (Ix, 10).
220
CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. cix. ^ AU maitre de chant. Psaume de David.
Dieu de ma louange, ne garde pas le silence!
2 Car la bouche du mediant, la bouche perfide, s'ouvre contra moi.
lis parlent centre rnoi avec una langue de mensonge,
3 lis m'assiegent de paroles haineuses,
Et ils me font la guerre sans motif.
4 En retour da mon affeftion, ils me combattent,
Et moi, je ne fais que prier.
5 lis me rendent le mal pour le bien,
A mon amour ils repondent par la haine.
6 Mets-le au pouvoir d'un mechant,
Et que I'accusateur se tienne h. sa droite!
7 Ouand on le jugera, qu'il soit declare coupable,
Et que sa priere soit reputee peche!
8 Que ses jours soient abreges,
Et qu'un autre prenna sa charge!
9 Que ses enfants deviennent orphelins,
Que son epouse soit veuve!
10 Qua ses enfants soient vagabonds et mendiants,
Cherchant leiir pain loin de leurs maisons en ruines!
1 1 Que le cr^ancier s'empare de tout ce qui est "k lui,
Et que les etrangers pillent ce qu'il a gagne par son travail!
12 Qu'il n'ait personne qui lui garda son affedlion.
Que nul n'ait pitie de ses orphelins!
13 Que sas descendants soient voues k la ruine,
Et que leur nom s'eteigne k la seconde generation!
14 Que I'iniquite de ses peres resta en souvenir devant Jehovah,
Et qua le peche de sa mere ne soit point efface!
15 Que leurs transgressions soient toujours devant Jehovah,
Et qu'il retranche da la terre leur mdmoire,
16 Parce qu'il ne s'est pas souvenu d'exercer la misericorde,
Parce qu'il a persecute le malheureux et I'indigent,
Et I'homme au coeur brise, pour le faire mourir.
17 II aimait la malediflion : elle tombe sur lui;
II dedaignait la benedi(5lion : elle s'eloigne de lui.
18 II s'est revetu de la maledicflion comme d'un vetement;
Comma I'eau elle entra au-dadans de lui,
Et comme I'huile alia penetre dans ses os.
19 Ou'elle soit pour lui le vetement qui I'envaloppe,
La ceinture qui ne cesse de I'entourer!
20 Tel est de la part da Jehovah le salaire da mas ennemis,
Et de caux qui parlent mdchamment contra moi.
21 Et toi, Jehovah Adonai, prends ma defense h cause de ton nom
Dans ta bonte, delivre-moi.
22 Car je suis malheureux et indigent,
Et mon coeur est blesse au-dedans da moi.
23 Ja m'en vais comme I'ombre a son declin,
Je suis emportd comme la sauterelle.
24 A force de jeiana mes ganoux chancellent,
Et mon corps est epuise de maigreur.
25 Je suis pour aux un objat d'opprobre;
lis me regardant et branlent la tete.
26 Secours-moi, Jehovah, mon Dieu!
Sauve-moi dans ta bonte!
27 Qu'ils sachent que c'ast ta main,
Que c'est toi, jihovah, qui I'as fait.
28 Eux, ils maudissent; mais toi, tu beniras;
lis se levent, mais ils saront confondus,
Et ton serviteur sera dans la joie.
29 Mes advarsaires seront revetus d'ignominie,
lis seront enveloppes de leur honta comme d'un manteau.
LIBER PSALMORUM.
221
tur ab eo. Et induit maledictionem
sicut vestimentum, et intravit sicut
aqua in interiora ejus, et sicut oleum
in ossibus ejus. 1 9. Fiat ei sicut ve-
stimentum, quo operitur : et sicut
zona, qua semper praecingitur.
20. Hoc opus eorum, qui detrahunt
mihi apud Dominum : et qui lo-
quuntur mala adversus animam
meam.
21. Et tu Domine, Domine, fac
mecum propter nomen tuum : quia
suavis est misericordia tua. Libera
me 22, quia egenus, et pauper ego
sum : et cor meum conturbatum est
intra me. 23. Sicut umbra cum de-
clinat, ablatus sum : et excussus
sum sicut locustae. 24. Genua mea
infirmata sunt a jejunio : et caro
mea immutata est propter oleum.
25. Et ego factus sum opprobrium
illis : viderunt me, et moverunt
capita sua. 26. Adjuva me Domine
Deus meus : salvum me fac secun-
dum misericordiam tuam. 27. Et
sciant quia manus tua haec : et tu
Domine fecisti eam. 28. Maledicent
illi, et tu benedices : qui insurgunt
in me, confundantur : servus autem
tuus lastabitur. 29. Induantur qui
detrahunt mihi, pudore : et ope-
riantur sicut diploide confusione
sua. 30. Confitebor Domino nimis
in ore meo : et in medio multorum
laudabo eum -.31. quia astitit a dex-
tris pauperis, ut salvam faceret a
persequentibus animam meam.
PSAUME CIX.
I. DieUy objet de ma louange. D'auties,
Dieu en qui je mets ma gloire. — Ne garde
pas le silence, comme si tu etais insensible
k mes maux, mais prends ma defense.
4. Vulg., aic lieu de mhiimcr, ils disent
du mal de moi.
6. Mets-le, mon ennemi principal, celui
qui excite tous les autres. — Laccusateicr;
Vulg., le diable, I'accusateur par excellence
{comp. Jod, i, 6; Zach. iii, i sv.) : il s'agit
d'un jugement divin.
7. Sa priere, la priere qu'il adresse a Dieu
pour detourner la sentence de condam-
nation. — • Soil reputee pccht\ ne soit pas
mieux accueillie que le serait une offense,
sans doute parce qu'elle n'est pas inspiree
par un vrai repentir. Comp. Is. i, 15; Prov.
xxviii, 9.
8. C'est ce verset que S. Pierre applique
k Judas {AH:, i, 20), appel^ k I'apostolat,
c.-k-d. a etre pasteur d'ame, comme Doeg
etait pasteur de brebis (intendant des trou-
peaux du roi).
II. S'einpare 'pax ruse, selon la force du
mot hebr. Vulg. , recherche avec soin.
12. Persomte qui, connaissant sa perfidie,
lui garde de I'affedlion.
13. La generation suivante : comp. Matth.
xxiii, 36; xxiv, 34.
14. LHniquite de ses peres : comp. Matth.
xxiii, 35.
15. Que leurs transgressions, les pechds
du pere, de la mere et des ancetres en ge-
neral, soient toujours presentes a la pensee
de Dieu, et que Dieu retranche, efface le
souvenir de toute la race.
17. Elle toinbe, ou qti^elle tonibe.
18. Gradation : la maledicftion recouvre
I'exterieur, comme un vetement ; elle entre
k I'int^rieur, comme I'eau qu'on boit; elle
penetre le fond de I'etre, comme I'huile.
D'autres traduisent le verset par I'optatif :
qu HI revete.
20. Tel est, ou que tel soit. Comp. Deut.
xxxii, 35.
2\. A cause de ton notn, qui rappelle une
bonte infinie.
22. Blesse a mort.
23. Emporte, litt. secoue (Job, xxxviii, 13).
— Comme la sauterelle que le vent enleve
[Job, xxxix, 20).
24. A force de jeihie : dans la douleur, on
oublie de prendre la nourriture.
2 5 . Bran lent la tete : comp. Matth. xxvii, 35 .
29. Mes adversaires seront; Vulg., que mes
dctrafteurs soient.
222
CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
30 Mes levres loueront hautement Jehovah;
Je le celebrerai au milieu de la multitude;
31 Car il se tient a la droite du pauvre,
Pour le sauver de ceux qui le condamnent.
PSAUME CX (VULG. CIX).
j'Ans ce Psaume, David chante le Messie comma un roi puissant qu'il appelle son
Seigneur : il le montre assis a la droite de Jehovah (vers, i); de Sion, c.-a-d. de
Jerusalem, le Messie etend sa puissance sur toute la terre (vers. 2); tous les peuples
accourent a lui (vers. 3); Jehovah I'a etabli pretre eternel (vers. 4); il triomphe de tous
ses ennemis (5-6); c'est apres avoir ete humilie et souffrant qu'il sera couronne de gloire
(vers. 7).
Ce cantique a toujours ete regarde par la Synagogue comme se rapportant au Messie;
Notre-Seigneur lui-meme en invoque un passage pour prouver sa divinite {Matth. xxii,
41 sv. Marc, xii, 35 sv. LtiCj, xx, 41 sv.); les Apotres feront de meme {A61. ii, 34 sv. 1 Cor.
XV, 25; Hebr. i, 13); enfin S. Paul en tire la preuve que le sacerdoce levitique a ete aboli
et remplace par celui de Jesus-Christ {Hebr. v, 6; vii, 17, 21).
Ps. ex. ^ PSAUME de David.
Jehovah a dit a mon Seigneur :
"Assieds-toi a ma droite,
Jusqu'a ce que je fasse de tes ennemis I'escabeau de tes pieds."
2 Jehovah etendra de Sion le sceptre de ta puissance :
Regne en maitre au milieu de tes ennemis !
3 Ton peuple accourt a toi au jour 011 tu rassemblcs ton armee,
Avec des ornements sacrds;
Du sein de I'aurore vient a toi
La rosee de tes jeunes guerriers.
4 Le Seigneur I'a jure, il ne s'en repentira point :
" Tu es pretre pour toujours
A la maniere de Melchisedech."
5 Adonai est k droite;
II brisera les rois au jour de sa colere.
6 II exerce son jugement parmi les nations :
Tout est rempli de cadavres;
II brise les tetes sur la terre entiere.
7 II bolt au torrent sur le chemin,
C'est pourquoi il releve la tete.
PSAUME CX.
I. Le Psalmiste commence par saluer le
Messie au jour de son triomphe dans le ciel,
c.-k-d. au jour de I'ascension, oil son huma-
nite sainte, personnellement unie a la divi-
nite, fut introduite dans le ciel et prit place
sur un trone a la droite de Dieu.
Jehovah a dit; Yi'ii., parole, oracle de Jeho-
vah, a vioii Seigneur, au Messie, Fils de
Dieu et Seigneur de David. — A ma droite,
la place d'honneur (I Rois, ii, 19). — Les
vciois jiesquW ce qtce ne posent pas une limite
k la durce du regne celeste de Jesus-Christ
(comp. Matth. \, 25), ils indicjuent que, tan-
dis que ce regne se continue dans le ciel,
son empire se developpera sur la terre, et
cela jusqu'au jugement dernier, ou le Fils
de Dieu paraitra de nouveau pour juger les
vivants et les morts. — L'escabcau de tes
pieds : image de profonde humiliation; le
vainqueur posait parfois le pied sur le ecu
des vaincus {Jos. x, 24 sv.).
Suit la description du regne du Messie
sur la terre.
2. Etetidra, Wit. fera sortir et etendra au
loin, de Sion, de Jerusalem : c'est de la C|ue
le Messie en\erra ses apotres a la conquete
de I'univers.
3. AccoJirt, litt. se donjie, se livre gene-
reusenient a toi. — A u jour oii tu rassem-
blcs ton armec; ou bien, au jour de ia force,
du combat a livrer h, tes ennemis. — Avec
des orfte/nents sacres, comme il convient a
une tuition sainte, aux soldats d'un chef qui
est a la fois roi et pretre, et dont les con-
quetes seront toutes pacifiques. David,
homme de guerre, decrit ces conquetes sous
des images qui lui sont familieres. — De
tes jeunes guerriers, litt. de ta jeunesse. La
LIBER PSALMORUM.
223
— :H— PSALMUS CIX. — *—
Celebrat Christum ut regem, sacerdotem,
et judicem.
Psalmus David.
IXIT Dominus Domino
meo : " Sede a dextris meis :
Monec ponam inimicos
tuos, scabelJum pedum
tuorum. 2. Virgam virtutis tuas
emittet Dominus ex Sion : domi-
nare in medio inimicorum tuorum.
3. Tecum principium in die vir-
tutis tuas in splendoribus sancto-
rum : ex utero ante luciferum ge-
nui te. 4. Juravit Dominus, et non
poenitebit eum : '"Tu es sacerdos in
asternum secundum ordinem Mel-
chisedech. 5. Dominus a dextris
tuis, confregit in die iras suas reges.
6. Judicabit in nationibus, im-
plebit ruinas : conquassabit capita
in terra multorum. 7. De torrente
in via bibet : propterea exaltabit
caput.
'Gen. 14,
18. Joann.
i2,34.Hebr.
5. 6 et 7, I.
17-
jeunesse guerriere qui vient se ranger autour
du Messie et comparee a la rosee qui sort
du sein de I'aurore, tant a cause de la vi-
gueur qu'a cause du nombre. Comp. 1 1 Sau!.
xvii, 12; Mich, v, 7.
Le Hir : a toi toutes les excellences., les
perfe(5lions et les gloires, ate jour de ton
triomphe (ascension) dans les splendeurs des
cieux; du sein de Vaurore vient la rosee de
ta naissance ou de ta jeunesse j le sein de
I'aurore, image du sein de Dieu, te verse la
rosee d'une eternelle jeunesse : expression
poetique de la generation eternelle du Fils
de Dieu dans le sein de son Pere.
La Vulgate met ce verset, au moins quant
a sa derniere moitie, dans la bouche de Je-
hovah ou du Pere : a toi ou avec toi est la
puissance souveraine au jour de ta force
dans les splendeurs des saints, c.-a-d. au
jugement dernier ou Jesus-Christ manifes-
tera sa force en brisant toute resistance a
son regne, et cela au milieu de ses saints
tout resplendissants de gloire. Comp. Mattli.
xiii, 41-43. Oe vion sein, avant Vaurore,
avant la creation de la lumiere, et par con-
sequent de toute eternite, yV fai engendrc.
4. // ne s'en repentira point., I'institution
annoncee ne sera jamais changee et n'aura
pas lieu de Fetre. — Tu es pretre (hebr.
cohen) : ce mot signifie en arabe un delcgue,
un mitiistre. Dieu a deux classes de minis-
tres, les rois et les pretres; en hebr. coken
designe ordinairement les derniers, rare-
ment les premiers. Le Messie doit etre pretre
a cause de son role de redempteur et de
sauveur : roi seulement, il ne pourrait gud-
rir le mal moral dans le monde. II le sera
pour toujours ; son sacerdoce ne passera
pas en d'autres mains; il aura dans les pre-
tres de la nouvelle alliance des vicaires, non
des successeurs. Enfin il le sera a la i>ia-
niere de Melchisedech (voy. Gen. xiv, 18 sv.),
qui non seulement reunissait les deux fonc-
tions de pretre et de roi, mais qui etait pretre
du vrai Dieu en general, pretre universel, en
quelque sorte, au milieu de la gentilite, a la
ditference d'Aaron, qui ne I'etait que pour
le peuple elu.
5. Adonai, un des noms de Dieu, qui si-
gnifie seigneur, souverain. — Est a ta
droite, 6 Messie : au vers, i le Messie etait
represente assis a la droite de Jehovah,
comme associe a sa puissance; ici, par un
changement de figure, le Psalmiste nous
montre Jehovah venant du ciel se mettre h.
la droite du Messie pour I'assister dans le
combat et lui donner la vicfloire. — Les rois
adversaires du Christ, non seulement a la
fin du monde, mais dans le cours des ages,
par ex. les empereurs remains persecuteurs
des Chretiens. — Avec ce verset se termine
Vadresse au Messie; les deux suivants ex-
priment les reflexions du Psalmiste.
D'autres, avec Le Hir, donnent de ce
verset I'explication suivante, peut-etre pre-
ferable. Adonai serait le Messie lui-meme :
etant Dieu comme son Pere, il peut recevoir
cette denomination. Le Psalmiste s'adres-
serait done k Jehovah, et contemplant le
Messie toujours a sa droite (vers, i), dirait
jusqu'a la fin du Psaume les ceuvres accom-
plies par lui : Adonai (le Messie) est a ta
droite, 6 Jehovah; il brise les rois... il exerce
son jugement, etc.
6. Cadavres, etc. : le Psalmiste decrit la
vi(ftoire du Messie sous des images emprun-
tees aux guerres ordinaires.
7. // boit au torrent : beaucoup d'inter-
pretes voient ici I'iniage d'un guerrier qui,
fatigud du combat, se contente de se rafrai-
chir au torrent qu'il rencontre sur le chemin,
et recommence la lutte avec une nouvelle
vigueur jusqu'k la vicftoire definitive. Mais
comme ce guerrier n'est autre que le Messie,
le torrent figure plutot, selon I'explication
des Peres, les humiliations et les souffrances
du Fils de Dieu fait homme. Voy. Philip.
ii, <S sv. Hebr. xii, 2; Apoc. v, 9, 12. Comp.
I Pier, i, II.
224
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME CXI (VULG. CX).
^j^^jE Psaume et le suivant oftVent plusieurs traits de ressemblance : meme ton general,
meme rythme, meme arrangement alphabetique, chaque vers commengant par una
des lettres de ralphahet. Le cxi^ celebre, dans une suite de sentences pleines de
grace, de simplicite et d'onftion, les bienfaits de Dieu envers son peuple, bienfaits qui
sont la figure de ceux qu'il preparait pour les fideles du Nouveau Testament. Ainsi la
sortie d'Egypte, rappelee au vers. 9, figure le bapteme et la i-edemption; la manne (vers. 5),
I'Eucharistie; I'heritage de Chanaan (vers. 6), le ciel. Les idees se suivent sans s'unir par
un lien logique bien rigoureux, a peu pres comme dans les Proverbes. Ni I'auteur ni la
date de la composition ne se laissent siirement deviner.
Alleluia!
Ps. CXI. I JE veux louer Jehovah de tout mon coeur,
Dans la reunion des justes et dans I'assemblee.
2 Grandes sont les oeuvres de Jehovah;
Elles sont recherchees pour toutes les delices qu'elles procurent.
3 Son oeuvre n'est que splendeur et magnificence,
Et sa justice subsiste a jamais.
4 II a laisse un souvenir de ses merveilles;
Jehovah est misericordieux et compatissant.
5 II a donne une nourriture h. ceux qui le craignent;
II se souvient pour toujours de son alliance.
6 II a manifeste a son peuple la puissance de ses oeuvres,
En lui livrant I'heritage des nations.
7 Les oeuvres de ses mains sont verit^ et justice,
Tons ses commandements sont immuables,
8 Affermis pour I'eternite,
Faits selon la verite et la droiture.
9 II a envoye la delivrance a son peuple,
II a e'tabli pour toujours son alliance;
Son nom est saint et redoutable.
10 La crainte de Jehovah est le commencement de la sngesse;
Ceux-la sont vraiment intelligents, qui observent sa loi.
Sa louange demeure a jamais.
Ps. cxii.
PSAUME CXII (VULG. CXi).
E Psalmiste celebre I'excellence de la piete et sa recompense. Le Chretien pourra
s'appliquer cet eloge du pieux Israelite, pourvu qu'il prenne dans un sens plus spi-
rituel les benedidlions promises aux justes de Taticienne Loi.
Alleluia!
1 HEUREUX I'homme qui craint Jehovah,
Qui met toute sa joie a observer ses preceptes!
2 Sa posterite sera puissante sur la terre,
La race des justes sera benie.
3 II a dans sa maison bien-ctre et richesse,
Et sa justice subsiste a jamais.
4 La lumiere se l^ve dans les tcnebres pour les hommes droits,
Pour celui qui est misericordieux, compatissant et juste.
PSAUME CXI.
1. IJassemblee plus generale du peuple.
2. Les (£uvres deje/iovah, soit dans I'ordre
de la nature, soit dans I'ordre de la grace.
A ces dernieres se rapportent les merveilles
operees en faveur de son peuple. — Ponr
toiites les delices qii'ellcs f)roc7trent a ceux
qui les me'ditent; litt. pour toutes leurs de-
lices^ lettrsjoies, \\€br. lecol chef tsehein (comp.
Prov, iii, 15; viii, 11).
Ce verset est tres diversement interpret^.
Cook, rapportant comme nous le suffixe a
(viivres, traduit : elles sont exquises, excel-
lentes, pour tons ceux qui les aiiiie/it, au
jugement de ceux qui se plaisent h. les con-
templer. D'autres le rapportent a.n\ Justesy
Delitzsch : elles soul digues de rcchcrcJies
LIBER PSALMORUM.
225
— *— PSALMUS ex. — :>—
Laudat Deum ob beneficia, et incitat
ad ejus timorem.
Alleluia.
ONFJTEBOR tibi Do-
! mine in toto corde meo :
j in consilio justorum, et
I congregatione. 2. Magna
opera Domini : exqiiisita in omnes
voluntates ejus. 3. Confessio et ma-
gnificentia opus ejus : et justitia ejus
manet in saeculum saeculi. 4. Me-
moriam fecit mirabilium suorum,
misericors et miserator Dominus :
5. escam dedit timentibus se. Me-
mor erit in sasculum testamenti sui :
6. Virtutem operum suorum an-
nuntiabit populo suo : 7. ut det illis
hereditatem gentium : opera ma-
nuum ejus Veritas, et judicium.
8. Fidelia omnia mandata ejus :
confirmata in saeculum saeculi, facta
in veritate et asquitate. 9. Redem-
ptionem misit populo suo : manda-
vit in aeternum testamentum suum.
Sanctum, et terribile nomen ejus :
10. ''Initium sapientiae timor Do-
mini, Intellectus bonus omnibus
facientibus eum : laudatio ejus ma-
net in saeculum saeculi.
— :i:— PSALMUS GXL — *—
Justi beatitude, impio tabescente.
Alleluia, Reversionis Aggaei, et
Zachariae.
EATUS vir, qui timet
Dominum : in mandatis
ejus volet nimis. 2. Potens
in terra erit semen ejus :
generatio rectorum benedicetur.
3. Gloria, et divitiae in domo ejus :
et justitia ejus manet in saeculum
saeculi. 4. Exortum est in tenebris
" Prov. I,
7 et 9, 10.
Eccli. 1, 16.
dans ioutes letirs fins, les justes en tiennent
compte dans tous les desseins qu'ils for-
ment; Le Hir : elles sont exquises de ina-
mcre a satis f aire les aff'eHioits des jtcstes.
Les anciennes versions ont lu le suffixe
au singulier, se rapportant a Dieu; Vulg. :
elles sont exquises^ en /larinonie parfaite avec
sa volonte, avec la fin que Dieu s'est pro-
pose d'atteindre.
4. // a laisse; litt., // a fait, tin sotivejiir :
ce qui peut s'entendre de deux manieres :
il a fait des merveilles si eclatantes, que le
souvenir s'en conservera toujours dans Is-
rael ; ou bien : il a institue un souvenir,
c.-a-d. des fetes religieuses qui rappellent le
souvenir de ses merveilles.
5. Une noiirritnre : soit la manne, soit
plutot, dit Delitzsch, I'agneau pascal, via-
tique de la sortie d'Egypte, que les Hebreux
devaient manger chaque annee comme sou-
venir {Exod. xii, 14) : tous deux symboles
du festin eucharistique.
6. // a viatiifeste, etc. : il a deploye sa
puissance. — U heritage des nations, le pays
de Chanaan.
9. La delivrance de I'Egypte, qui figure
la redemption des hommes par Jesus-Christ;
cette delivrance fut suivie de Valliance con-
traflee au Sinai'.
10. La crainte du Seigneur, le respedl qui
lui est du, accompagne de la pratique de
son culte et de sa loi, est le commencetnetit,
la premiere chose et la plus importante que
commande la sagesse. Le Hir, a peu pres
dans le meme sens : la crainte de Dieu est
Ic principal et le resume (en lat. suniind)
de toute la sagesse. Ou bien encore : est le
premier fruit et le plus precieux, les pre-
mices de la sagesse : comp. Prov. viii, 22.
La meme sentence se retrouve Prov. i, 7;
ix, 10; Eccli. i, 16; Job, xxviii, 28. — lis
sont vratment intelligents, etc. : ils ont la
vraie prudence pour les guider dans la con-
duite de la vie. — Sa louange, la louange
de Dieu, sa gloire; Delitzsch : la louange
du juste.
PSAUME CXII.
Alleluia : la Vulg. ajoute : ati retour
d'Agge'e et de Zacharie; ces mots, qui re-
porteraient la date du Psaume a I'epoque
du retour de I'exil, ne se trouvent ni dans
I'hebreu, ni dans les LXX.
3. Sa justice, reflet et ecoulement de la
justice de Dieu {Ps. cxi, 3. Comp. xxiv, 5),
subsiste a jamais, avec les fruits de bene-
dicflion qui en sont la recompense.
4. Ouand le juste est dans les te'nebres,
c.-a-d. dans le malheur, et que tout semble
perdu, la lumiere, c.-k-d. la joie, la deli-
vrance, se live pour lui. Le Hir et d'autres,
avec la Vulg. : une lumiere, savoir Dieu
lui-meme, " la lumiere d' Israel (/y. Ix, 1-3;
Malach. iii, 20) ", Dieu, qtii est clement, mi-
sericordieux et juste {Exod. xxxiv, 6).
N° 23. — LA SAINTE BIELE. TOME IV. — 1$
226
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. cxiii.
5 Heureux I'homme qui exerce la misericorde et qui prete :
En justice il fait prevaloir sa cause,
6 Car il ne sera jamais ebranl^.
Le juste laissera une memoire eternelle.
7 II ne sera pas efifraye par de funestes nouvelles;
Son coeur est ferme, confiant en Jehovah.
8 Son ccEur est inebranlable, il ne craint pas,
Jusqu'a ce qu'il voie ses ennemis abat/us.
9 II seme Pautnone^ il donne a I'indigent;
Sa justice subsiste a jamais;
Sa corne s'eleve avec gloire.
lo Le mechant le voit et s'irrite,
II grince des dents et Penvie le consume :
Le desir des mechants perira.
PSAUME CXIII (VULG. CXIl).
Ouez Jehovah (vers. 1-3); eleve au-dessus du ciel et de la terre (4-6), il daigne secou-
rir les malheureux (7-9) : tel est le sujet de ce Psaume, dont I'auteur et la date de
I la composition sont inconnus. On y trouve, dit Berthier. un heureux alliage de
majeste et de douceur, de noblesse dans les idees et d'on(flion dans les sentiments.
Les Juifs donnent le nom de Haller-d. un groupe de Psaumes (cxiii-cxviii) commen^ant
par alleluia (dans les LXX et la Vulg.), et qu'ils chantaient a leurs principales fetes.
Alleluia !
1 LOUEZ, serviteurs de Jehovah,
Louez le nom de Jehovah.
2 Que le nom de Jehovah soit beni
Des maintenant et a jamais !
3 Du lever du soleil jusqu'k son coucliant
Lou^ soit le nom de Jehovah !
4 Jehovah est eleve au-dessus de toutes les nations,
Sa gloire est au-dessus des cieux.
5 Qui est semblable ;\ Jehovah, notre Dieu?
II siege dans les hauteurs,
6 Et il regarde en bas
Dans les cieux et sur la terre.
7 II releve le malheureux de la poussiere,
II retire le pauvre du fumier,
8 Pour les faire asseoir avec les princes,
Avec les princes de son peuple.
9 II donne une demeure a la sterile de la maison,
// c?i fait une mere joyeuse au milieu de ses enfants.
Alleluia!
Ps, cxiv.
PSAUME CXIV (VULG. CXIIl).
E Psaume c^lebre la puissance de Dieu, manifestee surtout dans les merveilles de
la sortie d'Egypte et du passage du Jourdain. II se distingue par une concision
^ pleine de force, par des tours vifs et hardis, dont aucun lyrique profane n'a sur-
passe la beauts.
1 QUAND Israel sortit d'Egypte,
Quand la maison de Jacob s'eloigna d'un peuple barbare,
2 Juda devint son sandluaire,
Israel son domaine.
5. Selon d'autres, le second membre con-
tinuerait la phrase commencee dans le pre-
mier : Heureux... qui prete., et qui regie ses
adions d'apres la justice.
6. Une tnanoire eternelle: comp. Prov. x, 7.
8. JusqitW ce quHl voie ; selon la force de
I'expression \\€hr., qu'il ait la satis fadion de
voir.
LIBER PSALMORUM.
227
lumen rectis : misericors, et misera-
tor, et Justus. 5. Jucundus homo
qui miseretur et commodat, dispo-
net sermones suos injudicio: 6. quia
inastermim non commovebitur.y.In
memoria asterna erit Justus : ab au-
ditione mala non timebit. Paratum
cor ejus sperare in Domino, S.con-
firmatum est cor ejus : non commo-
vebitur donee despiciat inimicos
suos. 9. "Dispersit, dedit pauperi-
bus : justitia ejus manet in sascu-
lum sasculi, cornu ejus exaltabitur
in gloria. lo. Peccator videbit, et
irascetur, *dentibus suis fremet et
tabescet : desiderium peccatorum
peribit.
— *— PSALM us CXI I. — :i:—
Laudandus Deus super omnia excelsus
et exaltans humiles.
Alleluia.
|AUDATE pueri Domi-
num : laudate nomen Do-
mini. 2. Sit nomen Do-
mini benedictum, ex hoc
nunc, et usque in sasculum. 3. "A -^Mai.i.n.
sol is ortu usque ad occasum, lauda-
bile nomen Domini.
4. Excelsus super omnes gentes
Dominus, et super coelos gloria ejus.
5. Quis sicut Dominus Deus noster,
qui in altis habitat, 6. et humilia
respicit in ccelo et in terra .^
7. Suscitans a terra inopem, et de
stercore erigens pauperem : 8. ut
collocet eum cum principibus, cum
principibus populi sui. 9. Qui habi-
tare facit sterilem in domo, matrem
filiorum laetantem.
— :;:— PSALMUS CXIIL — ^i:—
Narratio miraculorum Dei in exitu
de ^gypto : idolorum vanitas.
Alleluia.
N exitu Israel de ^gypto,
''domus Jacob de popu- '^Exod. 13,
lo barbaro : 2. facta est 3-
Judasa sanctificatio ejus,
Israel potestas ejus.
3. Mare vidit^ et fugit : *Jordanis
conversus est retrorsum. 4. Montes
'Jos. 3, 16.
9. II shneVaianone : S. Paul (II Cor. ix, g)
cite ce texte pour exciter les premiers fideles
a la pratique de la charity. — Sa justice
subsiste a jamais, ce que Notre-Seigneur
explique ainsi : " II s'amasse un tresor dans
le ciel. " Luc, xii, 32. — Sa come, symbole
de force et de prosperite, croit rapidement
et par consequent s'e'leve glorieusement
pour lui.
10. Le desir des viechants, les voeux im-
pies qu'ils forment pour le malheur des
justes restent sans effet.
PSAUME CXIII.
2. Les mots de la Vulg., ex hoc nunc, sont
calquds sur le grec dcTro xou vuv.
6. Dans les cieux et sicr la terre : de ces
deux termes, le premier se rapporte proba-
blement au 2^ membre du vers. 5, et le se-
cond au i^"^ membre du vers. 6 :
II siege dans les hauteurs, — dans les cieux;
II regarde en bas, — • sur la terre.
7 sv. Comp. le cantique d'Anne (I Sam.
ii, 8) et celui de Marie {Luc, i, 46, 48).
9. Une demeure assur^e : chez les Juifs,
avec la loi du divorce, la sterile de la
inaison, la femme sans enfants, n'avait
pas une demeure stable dans la maison
de son epoux, le lien le plus fort pour
I'attacher a ce dernier faisant defaut. En
meme temps que Dieu lui donnait des
enfants, Dieu lui donnait done aussi une
demeure. Plusieurs Peres font une belle ap-
plication de ce verset a Israel et a I'Eglise
chretienne; Israel est I'epouse longtemps
stdrile qui, devenue I'Eglise chretienne,
s'etonne de sa merveilleuse fecondite. Comp.
Is. xlix, 20 ; liv, i.
PSAUME CXIV.
r. D''un peuple barbare, c.-k-d. parlant
une langue etrang^re, autre que celle des
Hebreux; c'est le sens de I'hebr, loez comme
du grec barbaros.
2. Juda, la tribu preponderante a partir
de David, pour la nation entiere. — Son
sa?t&uaire;\\tt. sa saintete, par quoi on pent
entendre, ou bien son sanduaire (comp.
Exod. XV, 17), en ce sens que Dieu avait
son sandluaire terrestre (le tabernacle, puis
le temple) au milieu d'Israel; ou bien sa
chose saint e, sa propridte sacre'e; le peuple
separedetous les autres pour etre tout spe-
cialement le peuple de Dieu : le paralle'lisme
favorise la seconde explication.
228 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
3 La mer le vit et s'enfuit,
Le Jourdain retourna en arriere;
4 Les montagnes bondirent comme des beliers,
Les collines comme des agneaux.
5 Qu'as-tu, mer, pour t'enfuir,
Jourdain, pour retourner en arriere?
6 Qti'aves-voiis, montagnes, pour bondir comme des beliers,
Et vous, collines, comme des agneaux?
7 Tremble, 6 terre, devant la face du Seigneur,
Devant la face du Dieu de Jacob,
8 Qui change le rocher en etang,
Le roc en source d'eaux.
PSAUME CXV (VULG., SUITE DU PS. CXIIl).
[jUjet du Psaume : Gloire a Dieu tout-puissant (vers. 1-3); les dieux des nations ne
sont que de vaines idoles (4-8); qu'Israel se confie en Jehovah (9-1 1); il nous con-
tinuera ses bienfaits (12-15), et nous le louerons (16-18).
La Vulgate joint ce morceau au precedent pour n'en former qu'un seul Psaume. Les
interpretes modernes sont k peu pres unanimes a voir ici deux Psaumes distind,s et inde-
pendants.
Ps. CXV. I NON pas a nous, Jehovah, non pas a nous,
Mais a ton nom donne la gloire,
A cause de ta bonte, a cause de ta fidelite!
2 Pourquoi les nations diraient-elles :
" Ou done est leur Dieu? "
3 Notre Dieu est dans le ciel;
Tout ce qu'il veut, il le fait.
4 Leurs idoles sont de I'argent et de I'or,
Ouvrage de la main des hommes.
5 EUes ont une bouche, et ne parlent point;
Des yeux, et ne voient point.
6 Elles ont des oreilles et n'entendent point;
Des narines, et ne sentent point.
7 Elles ont des mains et ne touchent point,
Des pieds, et ne marchent point;
De leur gosier elles ne font entendre aucun son.
8 Ou'ils leur ressemblent ceux qui les font,
Et tous ceux qui se confient en elles!
9 Israel, mets ta confiance en Jehovah!
II est leur secours et leur bouclier.
10 Maison dAaron, mets ta confiance en Jehovah!
II est leur secours et leur bouclier.
11 Vous qui craignez Jehovah, mettez votre confiance en Jehovah!
II est leur secours et leur bouclier.
12 Jehovah s'est souvenu de nous : il benira —
II benira la maison d'Israel;
II benira la maison dAaron;
13 II benira ceux qui craignent Jehovah,
Les petits et les grands.
14 Que Jehovah multiplie sur vous ses faveurs,
Sur vous et sur vos enfantsi
15 Soyez benis de Jehovah,
Qui a fait les cieux et la terre!
16 Les cieux sont les cieux de Jdhovah,
Mais il a donne la terre aux fils de I'homme.
17 Ce ne sont pas les morts qui louent Jehovah,
Ni ceux qui descendent dans le lieu du silence;
LIBER PSALMORUM.
229
exsultaverunt ut arietes : et coUes
sicut agni ovium.
5. Quid est tibi mare quod fugi-
sti : eT tu Jordanis, quia con versus
es retrorsum? 6. Montes exsulta-
stis sicut arietes, et coUes sicut agni
ovium.
7, A facie Domini mota est terra,
a facie Dei Jacob. 8. Qui convertit
petram in stagna aquarum, et rupem
in fontes aquarum.
I. NON NOBIS DOMINE,
NON NOBIS : sed nomini tuo da
gloriam. 2. Super misericordia tua,
et veritate tua : nequando dicant
gentes : Ubi est Deus eorum.^
3. Deus autem noster in coelo : om-
nia quaecumque voluit, fecit.
4. ^Simulacra gentium argentum,
etaurum, opera manuum hominum.
5. ''Os habent, et non loquentur :
oculos habent, et non videbunt.
6. Aures habent, et non audient :
nares habent, et non odorabunt.
7. Manus habent, et non palpabunt :
pedes habent, et non ambulabunt :
non clamabunt in gutture suo.
8. Similes ilHs fiant qui faciunt ea :
et omnes qui confidunt in eis,
9. Dornus Israel speravit in Do-
mino : adjutor eorum et protector
eorum est. 10. Domus Aaron spe-
ravit in Domino : adjutor eorum et
protector eorum est. 1 1. Qui timent
Dominum, speraverunt m Domi-
no : adjutor eorum et protector
eorum est.
1 2. Dominus memor fuit nostri :
et benedixit nobis : benedixit domui
Israel : benedixit domui Aaron.
13. Benedixit omnibus, qui timent
Dominum, pusillis cum majoribus.
14. Adjiciat Dominus super vos :
super vos, et super filios vestros.
15. Benedict! vos a Domino, qui fe-
cit coelum, et terram.
16. Coelum coeli Domino : ter-
ram autem dedit filiis hominum.
Vulg., la terre a
3. La grande delivrance est comme com-
prise entre ces deux miracles : le passage
de la mer Rouge, qui eloigne pour jamais
Israel de I'Egypte, en marque le commen-
cement; le passage du Jourdain, qui lui
donne entree dans la Terre promise, en
marque I'achevement.
4. Montagues, collines : le mont Sinai
{Exod. xix, 18).
5. Comp. Ps. Ixviii, 16; Is. xxviii, 7
7. Ti'emble, 6 ierre
tremble.
8. Autre miracle accompli dans le desert
k I'epoque de la grande delivrance.
Cette fin un peu brusque s'explique natu-
rellement si, comme le pensent plusieurs
interpretes, le Psaume etait destine a etre
chants avec d'autres dans quelque cere'mo-
nie religieuse.
PSAUME CXV.
1-2. Sens : tu fais eclater ta puissance en
notre faveur, non pas tant a cause de nous,
qui en sommes indignes, qu'k cause de to72
nom, lequel est synonyme de ^(7;?/e'' (gratuite)
et de fidelite (dans I'accomplissement des
promesses), et qui, si tu nous abandonnais,
serait en butte aux sarcasmes 'des nations
idolatres.
3. Comp. Sag. xii, 18.
4. Leurs idoles, ou leiers dieux : comp.
Sag. XV, 15.
7. De leur gosier : comp. Is. xxxviii, 14.
8. lis (ou qu'zls) letir ressemblent : comp.
Is. xliv, 9.
9-1 1. Isi-a'el : la nation en general; la
/liaison d^ Aaron : les pretres et autres mi-
nistres du culte ; ceux qui craignent le Sei-
gneur : ou bien les vrais Israelites, qui ser-
vent Dieu avec foi et amour; ou bien les
proselytes, c.-k-d. ceux qui, sans etre juifs
de naissance, connaissent et adorent le vrai
Dieu (comp. Ad. xiii, 43; xvii, 4). V^ulg.,
Israel a mis sa coitjiance; de meme dans les
deux versets suiv. — // est letir secours :
ces mots forment comme une reponse du
chceur k I'exhortation qui precede ; d'autres
versets donneraient lieu a la meme remar-
que. Ouelques interpretes en concluent que
ce Psaume est un chant dialogue, sans qu'il
soit possible d'assigner la part exacfte des
interlocuteurs.
12. II beniraj Le Hir, qu'il benisse.
14. Que JeJiovah multiplie; onh'\Qr\,Je7to-
vah w;<'//i'^//^;a/l'optatif ne viendrait qu'au
vers. 15, peut-etre comme une reponse du
choeur.
16. Les cietix de JeJiovah, sa demeure
propre, reservee pour lui seul : maniere
de parler populaire, dit saint Jean Chry-
sostome ; car Dieu a crde egalement le
ciel et la terre, et il est partout present,
soutenant et gouvernant toutes ses crea-
tures.
17. Dans le lieu du silence, le scheol ou
les limbes, pour les Hebreux lieu d'attente,
230
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
i8 Mais nous, nous benirons Jehovah
Des maintenant et h. jamais.
PSAUME CXVI (VULG. CXIV ET CXV).
i Antique d'aaions de graces, compose probablement apres le retour de I'exil, pour
»J la d^livrance de quelque grand danger, peut-etre pour celle meme de la captivite.
H Le Psalmiste a invoque le Seigneur dans sa detresse (vers. 1-4); Dieu la secouru
(5-9); 11 lui temoignera publiquement sa reconnaissance en acquittant ses voeux (10-14) et
en lu'i offrant des sacrifices pacifiques (15-19). _
Dans la Vulg., ce Psaume en forme deux, le cxive qui comprend les vers. i-9. .et
le cxve, compose des vers. 10-19. La plupart des interpretes modernes admettent 1 unite
de composition.
Alleluia!
Ps, cxvi. I JE I'aime, car Jehovah entend
Ma voix, mes ardentes supplications;
2 Car il a incUne vers moi son oreille,
Et toute ma vie je I'invoquerai.
3 Les liens de la mort m'entouraient,
Et les angoisses du scheol m'avaient saisi;
J'etais en proie k la detresse et k Taffliflion.
4 Et j'ai invoque le nom de Jehovah :
" Jehovah, sauve mon ame! "
5 Jehovah est misericordieux et juste,
Notre Dieu est compatissant.
6 Jehovah garde les faibles;
J'etais malheureux, et il m'a sauve.
7 Mon ame, retourne a ton repos.
Car Jehovah te comble de biens.
8 Oui, tu as sauve mon ame de la mort,
Mon ceil des larmes,
Mes pieds de la chute.
9 Je marcherai encore devant Jehovah,
Dans la terre des vivants.
10 J'ai confiance, alors meme que je dis :
'•' Je suis malheureux a I'exces. "
11 Je disais dans mon abattement :
" Tout homme est menteur. "
12 Que rendrai-je k Jehovah
Pour tous ses bienfaits k mon egard!
13 J'elfeverai la coupe du salut
Et j'invoquerai le nom du Seigneur.
14 J'accomplirai mes vceux envers Jehovah
En pre'sence de tout son peuple.
15 EUe a du prix aux yeux de Jehovah,
La mort de ses fideles.
16 Ah! Jehovah, parce que je suis ton serviteur,
Ton serviteur, fils de ta servante,
Tu as detache mes liens.
17 Je t'offrirai un sacrifice d'aftions de graces,
Et j'invoquerai le nom de Jehovah.
18 J'accomplirai mes vceux envers Jehovah
En presence de tout son peuple,
19 Dans les parvis de la maison de Jehovah,
Dans ton enceinte, Jerusalem.
Alleluia!
triste et silencieux, ou Ton ne pouvait plus louer Dieu comme sur la terre : comp. Ps. vi, 6;
xxx, 10; Ixxxviii, ii sv. Is. xxxviii, 18.
LIBER PSALMORUM.
231
ly.'Non mortui laudabunt te Do-
mine : neque omnes, qui descendunt
in infernum. i8. Sed nos qui vivi-
mus, benedicimus Domino, ex hoc
nunc et usque in sasculum.
— :i=— PSALMUS CXIV. — ^i^—
Gratiarum aftio pro liberatione a periculis.
Alleluia.
ILEXI, quoniam exaudiet
Dominus vocem orationis
meas. 2. Quia inclinavit
aurem suam mihi : et in
diebus meis invocabo. 3. Circum-
dederunt me dolores mortis : et pe-
ricula inferni invenerunt me. Tri-
bulationem et dolorem inveni : 4. et
nomen Domini invocavi.O Domine
libera animam meam :
5. Misericors Dominus, et Justus,
et Deus noster miseretur. 6. Custo-
diens parvulos Dominus : humilia-
tus sum, et liberavit me. 7. Conver-
tere anima mea in requiem tuam :
quia Dominus benefecit tibi. 8. Quia
eripuit animam meam de morte :
oculos meos a lacrymis, pedes meos
a lapsu. 9. Placebo Domino in re-
gione vivorum.
— :i:— PSALMUS CXV. — ^i--
Gratiarum a6lio pro liberatione a periculis.
meo
Alleluia.
REDIDI, propter quod
locutus sum : "ego autem
humiliatus sum nimis.
1 1 . Ego dixi in excessu
^Omnis homo mendax.
12. Quid retribuam Domino, pro
omnibus,quaeretribuitmihi.? ij.Ca-
licem salutaris accipiam : et nomen
Domini invocabo. 14. Vota mea
Domino reddam coram omni po-
pulo ejus :
1 5. Pretiosa inconspectu Domini
mors Sanctorum ejus : 16. o Do-
mine quia ego servus tuus : ego ser-
vus tuus, et filius ancillas tuae. Di-
rupisti vincula mea : 17. tibi sacri-
ficabo hostiam laudis, et nomen
Domini invocabo. 18. Vota mea
Domino reddam in conspectu om-
nis populi ejus : 19. in atriis domus
Domini, in medio tui Jerusalem.
PSAUME cxvi.
i./e Pawie, Wit. f aim e, sons-^nt, Je'ho-
vah : comp. Ps. xviii, 2, que Fauteur imite
encore dans les vers. 3 et 4.
5. Comp. Exod. xxxiv, 6; Ps. cxii, 4.
6. Garde les faibles, litt. les simples, les
petits (en gr. nepia) de I'Evangile \Matth.
xi, 25), ceux qui n'ont pour se defendre ni la
force ni la ruse.
7. A ton repfls, au bien-etre et ^ la secu-
rite, par opposition a la detresse et a I'afflic-
tion du vers. 3.
9. Je marcherai, etc. : je vivrai sous le
regard et la proteftion de Jehovah (ou bien :
ayant toujours devant les yeux Jehovah),
qui m'a preserve de la mort. LXX et Vulg.,
je serai agreable au Seigneur, je le loue-
rai et le servirai, en cette vie : comp.
Ps. CXV, 18.
\o. J''ai confiance,\\\X. je crois, j'ai foi et
confiance en Dieu, je crois qu'il pent me
secourir, et que lui seul le peut. LXX et
Vulg., j'ai cru, c''est pourquoi j''ai parle et
dit a Dieu : Voyez combien je suis malheu-
reux! Comp. II Cor iv, 13.
II. Tout homme est menteur, fait defaut
k qui met en lui sa confiance, soit que les
moyens, soit que la volonte lui manque pour
venir en aide. C'est la meme pensee que
nous avons rencontree plus haut : " Le se-
cours de I'homme n'est que vanite. " Ps.
cvii, 13. Voy. Rom. iii, 4.
13. J^eleverai, dans quelque repas sacrd,
tel que les Israelites en faisaient apr^s avoir
ofFert k Dieu un sacrifice pour une grace
regue, la coupe du saint (Htt. des delivran-
ces), une coupe de benediction et d'a(flions
de graces : allusion k la troisieme coupe que
le pere de famille presentait dans le festin
pascal. — Et j'i/ivoqucrai, etc., j'offrii-ai a
Dieu mes sentiments de reconnaissance.
15. Elle a diiprix : ce n'est pas une chose
legere et sans importance, a laquelle Dieu
ne fasse pas attention, que la mort de ses
fideles; il s'en soucie beaucoup, au contraire,
et par consequent il veille sur leur vie pour
ladefendrecontre les attaquesdes mechants,
Comp. Luc, xxi, i8.
16. Fits de ta servante : voy. Ps. Ixxxvi, 16.
— Tu as detache mes Hefts, tu m'as delivre
du danger. Comp. vers. 3.
'^ 2 Cor. 4,
*Rom. 3,
232
CINQUlf^ME LIVRE DES PSAUMES.
Ps.
cxvu.
rSAUME CXVII (VULG. CXVl).
E court Psaume a beaucoup de ressemblance avec le c^. L'auteur invite les nations
idolatres a entrer dans le royaume de Dieu. S. Paul cite ce cantique comme une
prophetic de la conversion des Gentils {Ro/ii. xv, ii. Com^. Jean, xii, 32).
1 NATIONS, louez toutes Jehovah;
Peuples, celebrez-le tons !
2 Car sa bonte pour nous est grande,
Et la verite de Jehovah subsiste a jamais.
Alleluia!
Vers. 26-27.
Vers. 28.
Vers. 29.
PSAUME CXVIII (VULG. CXVIl).
Hant triomphal d'acflion de graces compose a I'occasion, soit de la pose solennelle
de la premiere pierre du second temple {Esdr. iii, 8-12), soit plutot de la dedicace
de ce temple apres son achevement, la sixieme annee de Darius {Esdr.\'\, 15 sv.).
Plus tard, il fit partie de la liturgie de la fete des Tabernacles (procession du S*" jour).
Tout indique que nous avons ici un Psaume chante a plusieurs choeurs dans une pro-
cession. Tout le peuple, ayant a sa tete un des principaux chefs, peut-etre Zorobabel,
s'avance processionnellement vers le nouveau temple; il chante au depart les vers. 1-4, et
pendant la marche les vers. 5-18. Lorsque le cortege est arrive pres du temple, un dialogue
s'engage, que I'on peut reconstituer ainsi :
Vers. 19. Le chef demande qu'on lui ouvre les portes.
Vers. 20. Les pretres et les levites r^pondent de I'interieur.
Vers. 21-22. Reponse du chef.
Vers. 23. Les pretres.
Vers. 24-25. Le peuple en entrant dans le temple.
Les pretres en benissant le chef d'abord, puis le peuple.
Le peuple.
Tons ensemble.
Sens spirituel : Entree triomphante de Jesus-Christ dans le ciel, d'abord le jour de
son Ascension, puis d'une maniere plus solennelle apres le dernier jugement; — allusions
a son entree dans Jerusalem le jour des Rameaux (vers. 22, 25 sv.). — Son entree mystique
dans les ames.
Au depart de la procession.
Ps. cxviii. I LOUEZ Jehovah, car il est bon.
Car sa misericorde est eternelle.
2 QuTsrael dise :
" Oui, sa misdricorde est eternelle."
Que la maison d'Aaron dise :
" Oui, sa misericorde est Eternelle."
4 Que ceux qui craignent Jehovah disent :
" Oui, sa misericorde est eternelle."
Petidani le irajet.
5 Du sein de ma detresse j'ai invoque Jehovah :
Jehovah m'a exauce et iii'a mis au large.
6 Jehovah est pour moi, je ne crains rien :
Que peuvent me faire des hommes?
Jehovah est mon secours;
Je verrai la mine de ceux qui me haissent.
Mieux vaut chercher un refuge en Jehovah
Que de se confier aux hommes;
9 Mieux vaut chercher un refuge en Jehovah
Que de se confier aux princes.
10 Toutes les nations m'environnaient :
Au nom de Jehovah je les taille en pieces.
EUes m'environnaient et m'enveloppaient :
Au nom de Jehovah je les taille en pieces.
Elles m'environnaient comme des abeilles :
Elles s'eteignent comme un feu d'epines;
Au nom de Jdhovah je les taille en pieces.
I
3
7
8
II
12
LIBER PSALMORUM.
233
— *— PSALMUS CXVI. — *—
Ad laudandum Deiun piovocatio.
Alleluia.
AUDATE Dominum
omnes gentes : "laudate
eumomnespopuli : 2.quo-
niam confirmata est super
nos misericordia ejus : *et Veritas
Domini manet in asternum.
^ M M :g^ :g!): ^ "5?): MMMM^MMM -g ^ ^' ^ -<^ ^
— :l:— PSALMUS CXVI I. — :i:—
Gratiarum acflio pro salute per Christum
consecuta.
Alleluia.
ONFITEMINI Domino
quoniam bonus : quoniam
in saeculum misericordia
ejus. 2. Dicat nunc Israel
quoniam bonus : quoniam in sascu-
lum misericordia ejus. 3. Dicat nunc
domus Aaron : quoniam in sasculum
misericordia ejus. 4. Dicant nunc
qui timent Dominum : quoniam in
sasculum misericordia ejus.
5. De tribulatione invocavi Do-
minum : et exaudivit me in latitu-
dine Dominus. 6. Dominus mihi
adjutor : non timebo quid faciat
mihi homo. 7. "Dominus mihi ad- «Hebr. 13,
jutor : et ego despiciam inimicos ^•
meos. 8. Bonum est confidere in
Domino, quam confidere in homi-
ne : 9. bonum est sperare in Domi-
no, quam sperare in principibus.
10. Omnes gentes circuierunt me :
et in nomine Domini quia ultus
sum in eos. 11. Circumdantes cir-
cumdederunt me : et in nomine
Domini quia ultus sum in eos,
12. Circumdederunt me sicut apes,
et exarserunt sicut ignis in spinis :
et in nomine Domini quia ultus sum
in eos. 13. Impulsus eversus sum
ut caderem : et Dominus suscepit
me. 14. *Fortitudo mea, et laus mea *Exod. 15,
Dominus : et factus est mihi in sa- ^^
lutem. 15. Vox exsultationis, et
salutis in tabernaculis justorum.
16. Dextera Domini fecit virtutem :
dextera Domini exaltavit me, dex-
tera Domini fecit virtutem. 1 7. Non
moriar, sed vivam : et narrabo opera
Domini. 18. Castiganscastigavit me
Dominus : et morti non tradidit me.
19. Aperite mihi portas justitias, in-
gressus in eas confitebor Domino :
20. hasc porta Domini, justi intra-
bunt in eam. 21. Confitebor tibi
quoniam exaudisti me : et factus es
mihi in salutem. 2 2.^Lapidem,quem
reprobaverunt asdificantes : hie fa-
PSAUME CXVII.
2. Sa bonte est gfunde, plus exacflement
ptassanie, se manifestant par de puissants
effets.
La boutc gratuite de Dieu, c.-k-d. sa
grace, sa misericorde, et sa veritc^ c.-k-d.
sa fidelite dans I'accomplissement de ses
promesses, sont les deux grands attributs
de Jehovah dans ses rapports avec I'huma-
nite; apres s'etre reveles et deployes dans
toute I'histoire d'Israel, ils feront, a I'epoque
du Messie, la conquete du monde entier.
PSAUME CXVIII.
I. Comp. Ps. cvi, I.
2-4. Israel, mai'son d'Aaron, etc. : tous
les ordres des serviteurs de Dieu : comp.
Ps. cxiv, 9-1 1.
5. M"'a mis au large, dans un endroit spa-
cieux, ou je puis respirer a I'aise, mes enne-
mis etant eloignes et impuissants.
6. Cite par S. Paul, Hebr. xiii, 6.
']. Jehovah est mon secours ; litt. tieiit lietc
de tons vies secoui's. — Mepriser mes en?!e-
mis ; litt., les regarder dhtii ceil satisfait. Ces
ennemis etaient les Samaritains, qui avaient
vainement essaye d'empecher les Israelites
de reconstruire Jerusalem et le temple.
9. Aux prittces : le successeurs de Cyrus,
surtout le faux Smerdis, se montrerent peu
favorables aux Juifs, et les satrapes ou gou-
verneurs de la province leur susciterent
toutes sortes de tracasseries; Darius leur
rendit la tranquillite. Voy. Esdr. iv, 5; v, 3.
10. Pontes les nations voisines : comp.
Esdr. iv, 9, 10.
Ce verset et le suivant pourraient aussi
s'entendre hypothetiquement : que toutes
les nations m^enviroftnent : au 710m de Jeho-
vah, etc. -:
12. Comma des abnlles acharnees k leur
proie. — Comme tin fen d'epijies, qui s'em-
brase vite et s'eteint de meme.
^ Is. 28, 16.
Matth. 21,
42. Luc. 20,
17. Ac5t. 4,
II. Rom. 9,
33. I Petr.
2, 7-
234 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
13 Tu me poussais violemment pour me faire tomber,
Mais Jehovah m'a secouru.
14 Jdhovah est ma force et I'objet de mes chants;
II a ete mon sakit.
15 Des cris de triomphe et de ddlivrance retentissent dans les tentes des justes;
La droite de Jehovah a deploye sa force;
16 La droite de Jehovah est elevee,
La droite de Jehovah a deploye sa force.
17 Je ne mourrai pas, je vivrai,
Et Je raconterai les ceuvres de Jehovah.
18 Jehovah m'a durement chatie,
Mais il ne m'a pas livre a la mort.
Le chef arrive devant le temple.
19 Ouvrez-moi les portes de la justice,
Afin que j'entre et que je loue Jehovah.
Les pretres.
20 C'est la porte de'J^hovah;
Les justes peuvent y entrer.
Le chef du penple.
21 Je te rends graces parce que tu m'as exaucd
Et que tu m'as sauvd.
22 La pierre rejetee par ceux qui batissaient
Est devenue la pierre angulaire.
Les pretres.
23 C'est I'oeuvre du Seigneur,
C'est une chose merveilleuse k nos yeux.
Le penple en entrant.
24 Voici le jour que Jehovah a fait;
Livrons-nous a I'allegresse et a la joie.
25 Jehovah, donne le salut !
Jehovah, donne la prosperity !
Les pretres au chef, puis an penple.
26 Beni soit celui qui vient au nom de Jehovah!
Nous vous benissons de la maison de Jehovah!
27 Jehovah est Dieu, il fait briller sur nous sa lumiere. —
Attachez la viclime avec des liens,
Jusqu'aux cornes de I'autel. —
Le penple.
28 Tu es mon Dieu, et je te louerai;
Mon Dieu, et je t'exalterai.
Tons ensemble.
29 Louez Jehovah, car il est bon,
Car sa miscricorde est eternelle.
PSAUME CXIX (VULG. CXVIIl).
'Idee fondamentale de ce Psaume didatlique est I'eloge de la loi de Dieu, de la loi
dans le sens le plus large, prescriptions, promesses, menaces, recompenses, chati-
^ ments. Dans une suite de sentences, enoncees souvent sous forme de prieres, I'au-
teur celebre la beaute de cette loi et son prix inestimable : c'est Dieu lui-meme qui I'a donnee
aux hommes, elle procure la vraie sagesse et preserve du mal; il I'aime de tout son coeur
et la medite tons les jours; tout son desir est de I'observer avec une entiere fiddlite, malgrd
les persecutions des mechants; il demande a Dieu sa grace pour lui rendre cette fidelity
possible et facile; il soupire apres la consolation et le secours dans ses dpreuves; enfin il
exprime la douleur qui le consume i\ la vue des offenses des pecheurs. Toutes ces pens(fes
sont repdtees sous des formes et des images differentes, sans liaison bien ^troite.
Le texte ne fournit aucune indication c[ui puisse nous renseigner sur I'auteur. L'absence
de toute allusion au temple et aux sacrifices a porte plusieurs interprctes a en placer la
LIBER PSALMORUM.
235
ctus est in caput anguli, 23. A Do-
mino factum est istud : et est mira-
bile in oculis nostris. 24. Hasc est
dies, quam fecit Dominus : exsul-
temus, et lastemur in ea. 25. O Do-
mine salvum me fac, o Domine
bene prosperare : 26. ''Benedictus
qui venit in nomine Domini. Bene-
diximus vobis de domo Domini :
27. Deus Dominus, et ilJuxit nobis.
Constituite diem solemnem in con-
densis, usque ad cornu altaris.
28. Deus meus es tu, et confitebor
tibi : Deus meus es tu, et exaltabo
te. Confitebor tibi quoniam exau-
disti me : et factus es mihi in salu-
tem. 29. Confitemini Domino quo-
niam bonus : quoniam in saeculum
misericordia ejus.
13. Tu me potcssais : Israel personnifie
tous ses ennemis en un seul homme.
14. Comp. Exod. XV, 2; Is. xii, 2.
15. Des cris... retentissent ; ou bien, que
des cris... retentissent. — Dans les tentes :
les Juifs venus pour la fete campaient sous
des tentes dans la ville et ses alentours.
16. Elevce., vi(ftorieuse,
17. Je ?ie inojtrrai pas : menace de perir,
Israel a reconquis son immortalite, grace
au secours de Jehovah.
ig. Les partes de la justice, donnant en-
tree dans le lieu ou le Dieu de toute justice
se rencontre avec son peuple, qui est un
peuple de justes (comp. Is. xxvi, 2). — Que
je I ou e Jehovah ., que je lui offre mes acflions
de graces.
20. Les justes, les enfants d'Israel
11. J e te rends graces : c'est
annoncee vers. 19.
22. Pierre angulaire, litt. tete d'angle, la
principale pierre de I'angle, et par conse-
quent de I'edifice. Par cette locution prover-
biale, le Psalmiste designe le peuple juif,
naguere rejete et meprise, aujourd'hui reta-
bli par la proteflion divine, et devenu la
pierre principale du temple que Dieu se
construit sur la terre, car de lui doit sortir
le salut du monde. La tradition juive enten-
daitceverset du Messie (comp. /y.xxviii, 16),
et Jesus-Christ se I'applique justement a
lui-meme : rejete et mis a mort par les Juifs,
il est devenu la pierre angulaire de I'edifice
de I'Eglise, le lien des peuples, juif et gentil,
reunis dans une meme foi. Voy. Matth.
xxi, 42, et comp. Aft. iv, 11 ; Ephes. ii, 20;
I Pier, ii, 7.
la louange
23. Comp. Is. XXV, 9.
25. Donne le salut, sauve, en hebr. hos-
chiah-na, d'oii notre hosajina : cette accla-
mation accueillit le Sauveur entrant a Jeru-
salem le jour des Rameaux {Matth. xxi, 9;
Jeafi, xii, 13).
26. Be'tii soil, etc. : repete par les Juifs en
I'honneur de J^sus-Christ {Matth. xxi, 9).
— Notes votis benissons : formule liturgique.
Comp. Noinbr. vi, 27; Deut. xxi, 5. — De
la niaison de Jehovah, du temple, d'ou part
toute benedidlion.
27. Sa lu/niere, symbole de sa faveur
{Ps. iv, 7). — La vidirne, pour les viili-
mes. — Jitsqii'aux corttes de Pautel : comme
il est tout a fait invraisemblable qu'on
attachat les viflimes aux comes de Pautel,
ces mots, d'apres Delitzsch, signifieraient
que les viftimes ^taient reunies en si grand
nombre dans le parvis, qu'il y en avait jus-
que pres de I'autel. D'autres sous-enten-
dent, amenez-les, pour les immoler, jus-
qti'aux corfies, etc.
L.XX et Vulg., celebrez ce jour de fete avec
des rameaux, soit portes dans vos mains,
comme on le fait k la fete des Tabernacles,
soit tresses en guirlandes et disposes comme
ornement dans les parvis du temple.
Le Hir rapproche I'hebreu de la Vulg. en
traduisant : serres (les rangs de) la proces-
sion, vous qui portes des rameaux touffus,
jusqti'aux cornes de Pautel : ne depassez
pas cette limite, que les pretres seuls ont le
droit de franchir.
28. Apres je fexalterai, les LXX et la
Vulgate repetent le verset ii, je te hnie-
rai, etc.
236 cinqui£:me livre des psaumes.
composition pendant I'exil; nous le croirions plus volontiers posterieur au retour de
Babylone.
Ce Psaume est alphabctique; il comprend 22 strophes, selon le nombre des lettres de
I'alphabet hebreu, ayant chacune 8 versets commenijant par la meme lettre. Cette disposi-
tion a pour but principal de venir en aide k la me'moire. La loi de Dieu y est appelee de
noms diffdrents, mais qui paraissent pris par I'auteur dans le meme sens : i" //lora/i, Vulg.
/e.v, loi (vers, i); — 2'' edotJi, \^ulg. testii/ionia, litt. iemoigttages, enseignements (vers. 2);
— 3" derek^ Vulg. via, voie (vers. 3); — ^' piqqoudiin, Vulg. mandata, ordonnances (vers. 4);
— z,'^ choiiqqim, Vulg. jtcstificaiiones, statuts, his (vers. 5); — 6" mitsevoth, Vulg. inajtdaia,
commandements (vers. 6); — 7" miscJipat, \u\g. jiidiciinii, arrets, jugements (vers. 7); —
8° dabar, Vulg. sernio, parole (vers. 9); — 9" iiiiera/i, Vulg. eloqi/iu/n, parole (vers. 11); —
ro° cDicth, Vulg. Veritas, verite (vers. 30). Un de ces noms se lit dans chaque verset, sauf
dans le vers. 122; ajoutez les vers. 84 et 132, ou mischpat ne designe pas la loi de Dieu.
Simple par les idees qu'il exprime,mais tout rempli, dit Le Hir, des plus beaux senti-
ments d'amour, d'un amour tendre, vif et desinteresse pour la loi de Dieu, ce Psaume a
inspire aux Peres de I'Eglise qui I'ont commente des instrucflions morales d'une grande
richesse. En efifet, aucune page de I'Ancien Testament n'est plus pendtrde de I'esprit Chre-
tien. Aussi I'Eglise I'a-t-elle insere tout entier dans son office quotidien, 011 il forme la
matiere principale des pelites Heures. M"'*' Perier, dans la vie de Pascal, raconte k ce
propos que son frere " avait un amour sensible pour tout I'office divin, mais surtout pour
les petites Heures, parce qu'elles sont composees du Ps. cxviii (Vulg.), dans lequel il trou-
vait tant de choses admirables qu'il sentait de la delectation k le reciter. Quand il s'entre-
tenait avec ses amis de la beaute de ce Psaume, il se transportait en sorte qu'il paraissait
hors de lui-meme. "
ALEPH.
Ps. cxix. 1 HEUREUX ceux qui sont irreprochables dans leur voie.
Qui marchent selon la loi de Jehovah !
2 Heureux ceux qui gardent ses enseignements,
Qui le cherchent de tout leur coeur,
3 Qui ne commettent pas I'iniquite,
Et qui marchent dans ses voies !
4 Tu as prescrit tes ordonnances,
Pour qu'on les observe avec soin.
5 Puissent mes voies etre dirigees
Pour que j'observe tes lois !
6 Alors je n'aurai point a rougir
A la vue de tous tes commandements.
7 Je te louerai dans la droiture de mon coeur,
En apprenant les preceptes de ta justice.
8 Je veux garder tes lois :
Ne me delaisse pas complctement.
BETH.
9 Comment le jeune homme rendra-t-il pur son sentier.-"
En se gardant selon ta parole.
10 Je te cherche de tout mon cceur :
Ne me laisse pas errer loin de tes commandements.
11 Je garde ta parole cachee dans mon coeur,
Afin de ne pas pdcher centre toi.
12 Renis sois-tu, Jehovah!
Enseigne-moi tes lois.
13 De mes l^vres j'enumere
Tous les preceptes de ta bouche.
14 J'ai de la joie h suivre tes enseignements,
Comme si je possedais tous les tresors.
15 Je veux mediter tes ordonnances.
Avoir les yeux sur tes sentiers.
16 Je fais mes delices de tes lois,
Je n'oublierai jamais ta parole.
GIMEL.
17 Use de bonte envers ton serviteur, afin que je vive,
Et j'observerai ta parole.
18 Ouvre mes yeux, pour que je contemple
Les merveilles de ta loi.
LIBER PSALMORUxM.
237
—:i:— PSALM US CXVIIL — *—
Multis modis ostendit beatam vitam in
legis observatione esse positam.
Alleluia.
ALEPH.
EATI immaculati in via:
qui ambulant in lege Do-
mini. 2. Beati, qui scru-
tantur testimonia ejus : in
toto corde exquirunt eum. 3. Non
enim qui operantur iniquitatem, in
viis ejus ambulaverunt. 4. Tu man-
dasti mandata tua custodiri nimis.
5. Utinam dirigantur vias meae, ad
custodiendas justificationes tuas.
6. Tunc non confundar, cum per-
spexero in omnibus mandatis tuis.
7. Confitebor tibi in directione cor-
dis : in eo quod didici judicia justi-
tias tuas. 8. Justificationes tuas cu-
stodiam : non me derelinquas us-
quequaque.
BETH.
9. In quo corrigit adolescentior
viam suam.'' in custodiendo sermo-
nes tuos. 10. In toto corde meo ex-
quisivi te : ne repellas me a manda-
tis tuis. II. In corde meo abscondi
eloquia tua : ut non peccem tibi.
1 2. Benedictus es Domine : doce
me justificationes tuas. 13. In la-
biis meis, pronuntiavi omnia judi-
cia oris tui. 14. In via testimonio-
rum tuorum delectatus sum, sicut
in omnibus divitiis. 15. In manda-
tis tuis exercebor : et considerabo
vias tuas. 16. In justificationibus
tuis meditabor : non obliviscar ser-
mones tuos.
GIMEL.
17. Retribue servo tuo, vivifica
me : et custodiam sermones tuos.
18. Revela oculos meos : et consi-
derabo mirabilia de lege tua. 1 9. In-
cola ego sum in terra : non abscon-
das a me mandata tua. 20, Concu-
pivit anima mea desiderare justifi-
cationes tuas, in omni tempore.
21. Increpasti superbos : maledicti
qui declinant amandatis tuis. 22. Au-
fer a me opprobrium, et contem-
ptum :quia testimonia tua exquisivi.
23. Etenim sederunt principes, et
adversum me loquebantur : servus
autem tuus exercebatur in justifica-
tionibus tuis, 24. Nam et testimo-
nia tua meditatio mea est : et consi-
lium meum justificationes tuas.
DALETH.
25. Adhassit pavimento anima
mea : vivifica me secundum verbum
tuum. 26. Vias meas enuntiavi, et
exaudisti me : doce me justificatio-
nes tuas. 27. Viam justificationum
tuarum instrue me : et exercebor
in mirabilibus tuis. 28. Dormitavit
anima mea pras taedio : confirma me
in verbis tuis. 29. Viam iniquitatis
amove a me : et de lege tua mise-
rere mei. 30, Viam veritatis elegi :
judicia tua non sum oblitus. 3 1 . Ad-
haesi testimoniis tuis Domine : noli
me confundere. 32. Viam mandato-
rum tuorum cucurri, cum dilatasti
cor meum.
PSAUME cxix.
1. Leur voie, leur conduite. — La lot :
I'ensemble des revelations faites a Moise.
2. Qui gardenij Vulg., qui scriiieni, etu-
dient avec soin.
3. Sens : en repassant dans mon esprit
tons tes commandements, je n'aurai a rou-
gir d'aucune transgression. D'autres \ je ne
serai point cotifondii, trompe dans la con-
fiance que j'ai mise en toi, tant que faurai
sous les yeux tes convnandenictits.
7. En apprenantj ou, de ce quefaiappris.
8. Ne /ne delaisse pas conipletenient, ne
m'abandonne pas a mes propres forces, mais
aide-moi par ta grace.
9. En se gardant, en veillant sur lui-
meme (ou bien, en gardant son sentier), pour
se conformer k ta loi.
11. Je garde, comme un precieux tresor.
i^. ye'mimere, ]t compte, pour n'en ou-
blier aucun.
16. Je fais mes delices; Vulg., je medite;
de meme plus loin, vers. 24, etc.
17. II demande a Dieu de lui conserver la
vie (comp. vers. 84), et promet de vivre selon
sa loi.
238 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
19 Je suis un etranger sur la terre :
Ne me cache pas tes commandements.
20 Mon ame est brisee par le desir
Qui toujours la porte vers tes preceptes.
21 Tu menaces les orgueilleux, ces maudits,
Qui s'egarent loin de tes commandements.
22 Eloigne de moi la honte et le mepris,
Car j'observe tes enseignements.
23 Que les princes siegent et parlent contre moi :
Ton serviteur meditera tes lois.
24 Oui, tes enseignements font mes delices,
Ce sont les hommes de mon conseil.
DALETH.
25 IMon ame est attachee h. la poussiere :
Rends-moi la vie selon ta parole!
26 Je t'ai expose mes voies, et tu m'as repondu j
Enseigne-moi tes lois.
27 Fais-moi comprendre la voie de tes ordonnances,
Et je mediterai sur tes merveilles.
28 Mon ame, en proie au chagrin, se fond en larmes :
Releve-moi selon ta parole.
29 Eloigne de moi la voie du mensonge,
Et accorde-moi la faveur de ta loi.
30 J'ai choisi la voie de la fidelite,
Je place tes preceptes sous mes yeux.
31 Je me suis attache a tes enseignernents :
Jehovah, ne permets pas que je sois confondu.
32 Je cours dans la voie de tes commandements,
Car tu elargis mon coeur.
HE.
5^ Enseigne-moi, Jehovah, la voie de tes preceptes,
Afin que je la garde jusqu'a la fin de ma vie.
34 Donne-moi I'intelligence pour que je garde ta loi,
Et que je I'observe de tout mon coeur.
35 Conduis-moi dans le sentier de tes commandements,
Car j'y trouve le bonheur.
36 Incline mon coeur vers tes enseignements,
Et non vers le gain.
37 Detourne mes yeux pour qu'ils ne voient point la vanite,
Fais-moi vivre dans ta voie.
38 Accomplis envers ton serviteur ta promesse,
Que tu as faite a ceux qui te craignent.
39 Ecarte de moi I'opprobre que je redoute,
Car tes preceptes sont bons.
40 Je desire ardemment pratiquer tes ordonnances :
Par ta justice fais-moi vivre.
VAV.
41 Que vienne sur moi ta misdricorde, Jehovah,
Et ton salut, selon ta parole!
42 Et je pourrai repondre a celui qui m'outrage,
Car je me confie en ta parole.
43 N'ote pas entierement de ma bouche la parole de verite,
Car j'espere en tes prdceples.
44 Je veux garder ta loi constamment,
Toujours et h perpetuity.
45 Je marcherai au large
Car je recherche tes ordonnances.
46 Je parlerai de tes enseignements devant les rois,
Et je n'aurai point de lionte.
47 Je ferai mes delices de tes commandements :
Je les aime.
48 J'eleverai mes mains vers tes commandements [que j'aime,]
Et je mediterai tes lois.
LIBER PSALMORUM.
239
HE.
22. Legem pone mihi Domine
viam justificationum tuarum : et
exquiram earn semper. 34. Da mihi
intellectum, et scrutabor legem
tuam : et custodiam illam in toto
corde meo. 35. Deduc me in semi-
tam mandatorum tuorum : quia
ipsam volui. 36. Jnclina cor meum
in testimonia tua : et non in avari-
tiam. 37. Averte oculos meos ne
videant vanitatem : in via tua vi-
vifica me. 38. Statue servo tuo
eloquium tuum, in timore tuo.
39. Amputa opprobrium meum,
quod suspicatus sum : quia judi-
cia tua jucunda. 40. Ecce concu-
pivi mandata tua : in aequitate tua
vivifica me.
VAU.
41, Et veniat super me miseri-
cordia tua Domine : salutare tuum
secundum eloquium tuum. 42. Et
respondebo exprobrantibus mihi
verbum : quia speravi in sermo-
nibus tuis. 43. Et ne auferas de
ore meo verbum veritatis usque-
quaque : quia in judiciis tuis su-
persperavi. 44. Et custodiam le-
gem tuam semper : in saeculum
et in saeculum sasculi. 45. Et am-
bulabam in latitudine : quia man-
data tua exquisivi. 46. Et loque-
bar in testimoniis tuis in conspe-
ctu regum : et non confunde-
bar. 47. Et meditabar in manda-
tis tuis, quas dilexi. 48. Et levavi
manus meas ad mandata tua, quas
ig./e stds un etranger : la terre n'est pas
ma veritable patrie ; je n'ai a y faiie qu'iin
court sejour (comp. Gen. xlvii, 9; Ps.
xxxix, 13; I Par. xxix, 15; II Cor. v, 6; Hebr.
xi, 13) : que la lumiere de ta loi soit mon
guide et ma consolation.
21. La poncfluation des anciennes versions
parait preferable : ... orgiieilleux; Us sont
viaudiis ceux qui s'e'cartent de tes coviman-
deinents.
23. Siegent dans leurs conciliabules et
s'entretiennent des moyens de me nuire.
25. Attachee a la poussiere, signe d'un
profond abattement (comp. vers. 28) : il
demande a Dieu de lui rendre la vigueur
du corps et de Fame, et cela en vertu de
sa parole, des promesses contenues dans
la loi.
26 sv. Mes votes, toute ma vie. — Tu
in^as repondn, tu m'as assure de ta bien veil-
lance : donne-moi de plus en plus I'intelli-
gence de ta loi, afin que, si j'ai les hommes
contre moi, j'aie Dieu pour moi.
28. Se fond en larmes; Vulg., est engour-
die et sans force.
29. Lafaveur de connaitre et de suivre
ta loi.
32. Tu elargis nioti canir, tu le mets a
I'aise, en le delivrant de ses angoisses.
D'autres : fe courrai ... qtcand tu elargiras,
etc.
33. Jusqii'a la fiti de ma vie. Baethgen
traduit co/nme une recompense; ci. vers. 112.
36. Le gain injuste ou sordide.
37. La vanite : en general tout ce qui est
mal aux yeux de Dieu ; ici, ce qui pourrait
me porter a des acftions ou a des pensees
coupables.
38. Ta promesse, litt. ta parole, les pro-
messes renfermees dans ta loi.
39. Lopprobre que je redoute, soit celui
dont les impies cherchent a le couvrir
(verset 22) ; soit plutot, selon Delitzsch,
celui qu'il encourrait en abandonnant la
loi de Dieu. — Tes preceptes sont bons, ils
procurent le bonheur k ceux qui les ob-
servent.
40. Par ta justice, en vertu de la justice
avec laquelle Dieu doit accomplir et accom-
plit en effet les promesses contenues dans
sa loi. — Fais-moi vivre, donne une vie
nouvelle k ton serviteur qui se consume
dans I'afiflidlion. Comp. vers. 25 et 28.
43. N^ote pas, etc. Sens : ne permets
pas que je n'aie rien Ji repondre aux im-
pies qui m'insultent; fais au contraire, en
me couvrant visiblement de ta proteftion,
que je puisse leur opposer ta "ocritd, c'est-
a-dire ta fidelite a tes promesses; et il en
sera ainsi, car j'espere, j'attends avec con-
fiance la realisation des promesses conte-
nues dans ta loi, Ou bien -.j^espere en tes
jugeinents, en entendant ce mot comme au
vers. 137.
45. Au large, librement et sans crainte,
comme dans un endroit spacieux. Le Hir :
au large, c'est-a-dire dans le bonheur et
la joie, par opposition a la detresse et a
I'angoisse.
48. J^eleverai mes mains vers tes coin-
mandements, comme on les ^leve vers le
sanfluaire ou Dieu reside, en signe d'amour
et de desir. — Qtee j^aime : probablement
repete a faux du verset prece'dent, dit
Le Hir.
240 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
ZAi'N.
49 Souviens-toi de la parole donnee h. ton serviteur,
Sur laquelle tu fais reposer mon esperance.
50 C'est ma consolation dans ma misere,
Car ta parole m'a rendu la vie.
51 Des orgueilleux me prodiguent leurs railleries :
Je ne m'ecarte point de ta loi.
52 Je pense k tes preceptes des temps passes,
Jehovah, et je me console.
53 L'indignation me saisit a cause des mediants
Qui abandonnent ta loi,
54 Tes lois sont le sujet de mes cantiques,
Dans le lieu de mon pelerinage.
55 La nuit je me rappelle ton nom, Jehovah,
Et j'observe ta loi.
56 Voici la part qui m'est donnee :
Je garde tes ordonnances.
HETH.
57 Ma part, Jehovah, je le dis,
C'est de garder tes paroles.
58 Je t'implore de tout mon coeur;
Aie pitie de moi selon ta parole.
59 Je reflechis a mes voies,
Et je dirige mes pieds vers tes enseignements.
60 Je me hate,je ne differe point
D'observer tes commandements.
61 Les pieges des mechants m'environnent,
Et je n'oublie point ta loi.
62 Au milieu de la nuit je me leve pour te louer,
A cause des jugements de ta justice.
63 Je suis I'ami de tons ceux qui te craignent,
Et de ceu.x qui gardent tes ordonnances.
64 La terre est pleine de ta bonte, Jehovah;
Enseigne-moi tes lois.
TETH.
65 Tu as use de bont^ envers ton serviteur,
Jehovah, selon ta parole.
66 Enseigne-moi le sens droit et I'intelligence,
Car j'ai foi en tes commandements.
67 Avant d'avoir ete humilie, je m'egarais;
Maintenant j'observe ta parole.
68 Tu es bon et bienfaisant :
Enseigne-moi tes lois.
69 Des orgueilleux imaginent centre moi des mensonges;
Moi, je garde de tout mon coeur tes ordonnances.
70 Leur coeur est insensible comme la graisse;
Moi, je fais mes ddlices de ta loi.
71 II m'est bon d'avoir ete humilie,
Afin que j'apprenne tes preceptes.
72 Mieux vaut pour moi la loi de ta bouche
Que des monceaux d'or et d'argent.
JOD.
73 Ce sont tes mains qui m'ont fait et qui m'ont fa^onne :
Donne-moi I'intelligence pour apprendre tes commandements.
74 Ceux qui te craignent, en me voyant, se rejouiront,
Car j'ai confiance en ta parole.
75 Je sais, Jehovah, que tes jugements sont justes;
C'est dans ta fidelite cjue tu m'as humilie.
76 ,Que ta bonte soit ma consolation,
Selon la parole donnee k ton serviteur !
77 Que ta compassion vienne sur moi, et que je vive,
Car ta loi fait mes delices I
LIBER PSALMORUM.
241
dilexi : et exercebar in justificationi-
bus tuis.
ZAIN.
49. Memor esto verb! tui servo
tuo, in quo mihi spem dedisti.
50. Hasc me consolata est in humi-
litate mea: quia eloquium tuum vi-
vificavitme. 5i.Superbi inique age-
bant usquequaque : a lege autem
tua non declinavi. 52. Memor fui
judiciorum tuorum a sasculo Domi-
ne : et consolatus sum. 53. Defectio
tenuit me, pro peccatoribus derelin-
quentibus legem tuam. 54. Canta-
biles mihi erant justificationes tuae,
inlocoperegrinationis meas.55,Me-
mor fui nocte nominis tui Domine :
et custodivi legem tuam. ^6. Hasc
facta est mihi : quia justificationes
tuas exquisivi.
HETH.
57. Portio mea Domine, dixi cu-
stodire legem tuam. 58. Deprecatus
sum faciem tuam in toto corde meo:
miserere mei secundum eloquium
tuum. 59. Cogitavi vias meas : et
converti pedes meos in testimonia
tua. 60. Paratus sum, et non sum
turbatus : ut custodiam mandata
tua. 61. Funes peccatorum circum-
plexi sunt me : et legem tuam non
sum oblitus, 62. Media nocte sur-
gebam ad confitendum tibi, super
judicia justificationis tuae. 63. Par-
ticeps ego sum omnium timen-
tium te : et custodientium man-
data tua. 64. Misericordia tua Do-
mine plena est terra : justificationes
tuas doce me.
TETH.
65. Bonitatem fecisti cum servo
tuo Domine, secundum verbum
tuum. 66, Bonitatem, et discipli-
nam, et scientiam doce me : quia
mandatis tuis credidi. 67. Priusquam
humiliarer ego deliqui : propterea
eloquium tuum custodivi. 68. Bonus
es tu : et in bonitate tua doce me
justificationes tuas. 69. Multiplicata
est super me iniquitas superborum :
ego autem in toto corde meo scru-
tabor mandata tua. 70. Coagulatum
est sicut lac cor eorum : ego vero
legem tuam meditatus sum. 7 1 . Bo-
num mihi quia humiliasti me : ut
discam justificationes tuas. 72. Bo-
num mihi lex oris tui, super millia
auri, et argenti.
JOD.
73. Manus tuae fecerunt me, et
plasmaverunt me : da mihi intelle-
ctum,et discam mandata tua.74.Qui
timent te videbunt me, et laetabun-
tur : quia in verba tua supersperavi.
49. Ta parole, les promesses contenues
dans ta loi; meme sens au verset suiv.
50. Delitzsch et Le Hir : ceci est ma con-
solation dans ma misere, savoir que ta pa-
role me rend la vie (comp. vers. 25, 48).
52. Tes preceptes donnas autrefois a Moise.
54. Mon pcleritiage : voy. vers. 19.
56. La part qui m'est faite, mon bien pro-
pre, la seule richesse et la seule gloire que
j'ambitionne.
57. /e le dis, je I'affirme hautement. Ou
bien ; Jehovah, tu es ma part d'h^ritage;
j''ai resolu de garder tes preceptes.
58. Je fimplore; litt. jejlatteje caresse ta
face.
S9 Je rcflechis a mes voies, je ne m'engage
pas inconsiderement dans toutes sortes de
chemins.
62. A cause des jugonents de ta justice^
de tes justes jugements en ma faveur; ou
bien : k cause de tes lois, qui sont justes et
saintes.
63. Lami, litt. le compagnon.
66. Le sens droit, litt. la bonte du juge-
mettt, un jugement parfait pour discerner le
bien du mal. Vulg., enseigne-inoi le bien
(moral), la regie de la vie et la sagesse. Je
te demande cette grace avec confiance, car
je suis attache a tes commandements.
67. Humilie ^?iX I'affliclion, chatie, — Je
m''igarais; Vulg., je pechais : I'expression
hebraique indique des fautes d'ignorance et
de fragilite. — Maintena/tt ({uq f observe ta
parole, rends-moi le bonheur.
70. Itisensible, litt. epais.
71. Comp. Hebr. xii, 11.
74. Se rejouii'ont, a la vue du bonheur
dont tu recompenses ma fidelite et ma con-
fiance en ta parole.
75. Dans ta fidelite, litt. en Jidelite ou
fidelement, c.-a-d. non comme un ennemi,
mais comme un ami ; car c'est surtout dans
I'epreuve que I'homme apprend a bien con-
naitre la douceur et le prix de ta loi.
NO 23
LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
16
242
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
78 Qu'ils soient confondus les orgueilleux qui me maltraitent injustement !
Moi, je mt^dite tes ordonnances.
79 Qu'ils se tournent vers moi ceux qui te craignent
Et ceux qui connaissent tes enseignements !
80 Que mon coeur soit tout entier a tes lois,
Afin que je ne sois pas confondu !
CAPH.
81 Mon ame languit apres ton salut,
J'espere en ta parole.
82 Mes yeux languissent apres ta promesse;
Je dis : " Quand me consoleras-tu? "
83 Car je suis comma une outi^e exposee a la fumee,
Mais je n'oublie pas tes lois.
84 Quel est le nombre des jours de ton serviteur?
Ouand done feras-tu justice de ceux qui me persecutent?
85 Des orgueilleux creusent des fosses pour me perdre;
lis sont les adversaires de ta loi.
86 Tous tes commandements sont fiddlite;
lis me persecutent sans cause : secours-moi.
87 lis ont failli m'aneantir dans le pays;
Et moi, je n'abandonne pas tes ordonnances.
88 Rends-moi la vie par ta bonte,
Et j'observerai les enseignements de ta bouche.
LAMED.
89 A jamais, Jehovah,
Ta parole est etablie dans les cieux.
90 D'age en age ta fidelite demeure;
Tu as fonde la terre, et elle subsiste.
91 C'est d'apres tes lois que tout subsiste jusqu'k ce jour,
Car tous les etres obeissent a tes ordres.
92 Si ta loi ne faisait mes delices,
Dejk j'aurais peri dans ma misere.
93 Je n'oublierai jamais tes ordonnances,
Car c'est par elles que tu m'as rendu la vie.
94 Je suis k toi : sauve-moi.
Car je recherche tes prdceptes.
95 Les mechants m'attendent pour me faire perir :
Je suis attentif h tes enseignements.
96 J'ai vu des bornes h. tout ce qui est parfait;
Ton commandement n'a point de limites.
MEM.
97 Combien j'aime ta loi !
Elle est tout le jour I'objet de ma meditation.
98 Par tes commandements tu me rends plus sage que mes ennemis,
Car je les ai toujours avec moi.
99 Je suis plus sage que tous mes maitres.
Car tes enseignements sont I'objet de ma meditation.
100 J'ai plus d'intelligence que les vieillards,
Car j'observe tes ordonnances.
loi Je retiens mon pied loin de tout sentier mauvais,
Afin de garder ta parole.
102 Je ne m'ecarte pas de tes preceptes,
Car c'est toi qui m'as instruit.
79. Que les serviteurs de Dieu, que mes
epreuves avaient peut-etre eloignes, se tour-
nent vers moi avec bienveillance et affec-
tion.
80. Toiii entier, sans reserve et sans de-
fiance (Vulg., irrcprochable datis tes lots).
81. Apres ton saltit, apres le secours qui
doit me sauver.
82. Ta proniessc, litt. ta parole, ta loi,
laquelle promet ta prote(flion a ceux qui
I'observent.
'&}). Comine une outre : les anciens expo-
saient k I'acflion de la fumee (Vulg. de la
gelee) les outres renfermant le vin pour le
faire vieillir plus vite. Naturellement ces
outres se dessechaient et se ridaient : image
LIBER PSALMORUM.
243
75. Cognovi Domine quia asquitas
judicia tua : et in veritate tua hu-
miliasti me. 76. Fiat misericordia
tua ut consoletur me, secundum
eloquium tuum servo tuo. 77. Ve-
niaiit mihi miserationes tuae, et vi-
vam : quia lex tua meditatio mea
est. 78. Confundantur superbi, quia
injuste iniquitatem fecerunt in me :
ego autem exercebor in mandatis
tuis. 79. Convertantur mihi timen-
tes te : et qui noverunt testimonia
tua. 80. Fiat cor meum immacula-
tum in justificationibus tuis, ut non
confundar.
CAPH.
81. Defecit in salutare tuum
anima mea : et in verbum tuum
supersperavi. 82. Defecerunt oculi
mei in eloquium tuum, dicentes :
Quando consolaberis me? 83. Quia
factus sum sicut uter in pruina :
justificationes tuas non sum obli-
tus. 84. Quot sunt dies servi tui :
quando facies de persequentibus
me judicium.'' 85- Narraverunt
mihi iniqui fabulationes : sed non
ut lex tua. 86. Omnia mandata
tua Veritas : inique persecuti sunt
me, adjuva me. 87. Paulominus
consummaverunt me in terra : ego
autem non dereliqui mandata tua.
88. Secundum misericordiam tuam
vivifica me : et custodiam testimo-
nia oris tui.
LAMED.
89. In asternum Domine, verbum
tuum permanet in coelo. 90. In ge-
nerationem et generationem Veritas
tua : fundasti terram, et permanet.
91. Ordinatione tuaperseverat dies:
quoniam omnia serviunttibi. 92. Nisi
quod lex tua meditatio mea est : tunc
forte periissem in humilitate mea.
93. In asternum non obliviscar justi-
ficationes tuas : quia in ipsis vivifi-
casti me. 94. Tuus sum ego, salvum
me fac : quoniam justificationes tuas
exquisivi. 95. Me exspectaverunt
peccatores ut perderent me : testi-
monia tua intellexi. 96,Omniscon-
summationis vidi finem: latum man-
datum tuum nimis.
MEM.
97. Quomodo dilexi legem tuam
Domine.^ tota die meditatio mea
est. 98. Super inimicos meos pru-
dentem me fecisti mandato tuo :
quia in asternum mihi est. 99. Super
omnes docentes me intellexi : quia
testimonia tua meditatio mea est.
100. Super senes intellexi : quia
mandata tua quaesivi. loi. Ab omni
via mala prohibui pedes meos : ut
custodiam verba tua. 102. A judi-
du Psalmiste dans ses epreuves et ses afflic-
tions.
84. Quel est le iwmbre : ce nombre est-il
done assez grand pour que tu tardes k me
secourir?
85. Des fosses, comma on en creusait pour
prendre des betes sauvages. Vulg., des hom-
ines iniqjies iiCont racontc des choses fabii-
leuses, frivoles, sans doute pour me detour-
ner de ton service ; uuiis ce rCest point
conime votre loi.
86. Sont fidelite : les promesses qu'ils
renferment ne trompent pas; viens done a
mon secours.
87. Dans le pays : habiter tranquillement
dans le pays de Chanaan etait une des re-
compenses promises aux observateurs de la
loi. Plusieurs traduisent : ... m^anea7ttir siir
la terre, c.-a-d. en me terrassant et me fou-
lant aux pieds.
89. La parole de Dieu, a laquelle le Psal-
miste est fermement attache, a, comme
Dieu lui-meme, son siege dans les cieux, et
comme eux elle est immuable. Comp. Ps.
Ixxxix, 3.
90. La stabilite de la terre est, dans
I'ordre physique, I'image et comme la ga-
rantie de la fidelite de Dieu dans I'ordre
moral. La meme pensee se poursuit au
verset suivant.
96. La loi divine s'adresse a tons les
hommes de tous les temps et de tous les
lieux.
99-100. La loi de Dieu ne laisse sans re-
ponse aucune des questions qui inte'ressent
I'humanit^, et ces reponses sont a la portee
d'une simple femme et d'un enfant. Origine
de riiomme, sa destine'e en cette vie et en
I'autre, ses rapports avec Dieu, ses devoirs
envers ses semblables et envers lui-meme,
un enfant du catechisme n'ignore rien, disait
avec admiration le philosophe Jouffroy.
244
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
103 Que ta parole est douce a mon palais,
Plus que le miel a ma bouche !
104 Par tes ordonnances je deviens intelligent.
Aussi je hais tous les sentiers du mensonge.
NUN.
105 Ta parole est un flambeau devant mes pas,
Una lumi&re sur mon sentier.
106 J'ai jure, — et j'y serai fidele, --
D'observer les pre'ceptes de ta justice.
107 Je suis reduit a une extreme afflicflion :
Jehovah, rends-moi la vie, selon ta parole.
108 Agrde, Jehovah, I'offrande de mes levres,
Et enseigne-moi tes preceptes.
109 Ma vie est continuellement dans mes mains,
Et je n'oublie point ta loi.
no Les mechants me tendent des pieges,
Et je ne m'egare pas loin de tes ordonnances.
111 Tes enseignements sont pour toujours mon heritage,
Car ils sont la joie de mon cceur.
112 J'ai incline mon cceur a observer tes lois
Toujours, jusqu'k la fin.
SAMECH.
113 Je hais les hommes au cceur double,
Et j'aime ta loi.
114 Tu es mon refuge et mon bouclier;
J'ai confiance en ta parole.
115 Retirez-vous de moi, mechants, *
Et j'observerai les commandements de mon Dieu.
116 Soutiens-moi selon ta promesse, afin que je vive,
Et ne permets pas c^ue je sois confondu dans mon esperance.
117 Sois mon appui, et je serai sauve,
Et j'aurai toujours tes lois sous les yeux.
118 Tu meprises tous ceux qui s'ecartent de tes lois.
Car leur ruse n'est que mensonge.
119 Tu rejettes comme des scories tous les me'chants de la terre;
C'est pourquoi j'aime tes enseignements.
120 Ma chair frissonne de frayeur devant toi,
Et je redoute tes jugements.
AiN.
121
123
124
J 'observe le droit et la justice :
Ne nvabandonne pas ^ mes oppresseurs.
122 Prends sous ta garantie le bien de ton serviteur;
Ne me laisse pas opprimer par des orgueilleux.
Mes yeux languissent apres ton salut,
Et apres la promesse de ta justice.
Agis envers ton serviteur selon ta bonte,
Et enseigne-moi tes lois.
125 Je suis ton serviteur : donne-moi I'intelligence,
Pour que je connaisse tes enseignements.
126 II est temps pour Jehovah d'intervenir :
Ils violent ta loi.
127 C'est pourquoi j'aime tes commandements
Plus que I'or et que I'or fin.
128 C'est pourquoi je trouve justes toutes tes ordonnances,
Je hais tout sentier de mensonge.
104. Tous les sentiers qui conduisent au
)iie?isonge, c.-k-d. ^ I'iniquite, comme traduit
la Vulgate.
108. L'flffrande, litt. les dons volonlaires,
les prieres que t'offrent mes libvres.
109. Ma vie, litt. mon dine, est dans mes
/nains, est tres exposee, en peril de mort
(comp./«4'-. xii, 3; I Sam. xix, 5;/^?/^, xiii, 14).
L'image est prise probablement d'un voya-
geur qui, traversant une route peu sure,
LIBER PSALMORUM.
245
ciis tuis non declinavi : quia tu le-
gem posuisti mihi. 103. Quam dul-
cia faucibus meis eloquia tua, super
mel ori meo! 104. A mandatis tuis
intellexi : propterea odivi omnem
viam iniquitatis.
NUN.
105. Lucerna pedibus meis ver-
bum tuum, et lumen semitis meis.
106. Juravi, et statui custodire judi-
cia justitias tua?. 107. Humiliatus
sum usquequaque Domine : vivi-
fica me secundum verbum tuum.
108. Voluntaria oris mei benepla-
cita fac Domine : et judicia tua doce
me. 109. Anima mea in manibus
meis semper : et legem tuam non
sum oblitus. 1 10. Posuerunt pecca-
tores laqueum mihi : et de manda-
tis tuis non erravi. 1 1 1. Hereditate
acquisivi testimonia tua in aster-
num : quia exsultatio cordis mei
sunt. 1 1 2. Inclinavi cor meum ad
faciendasjustificationestuasin aster-
num, propter retributionem.
SAMECH.
113. Iniquos odio habui : et le-
gem tuam dilexi. 114. Adjutor, et
susceptor meus es tu: et in verbum
tuum supersperavi. 115. Declinate
a me maligni : et scrutabor mandata
Dei mei. 1 16. Suscipe me secundum
eloquium tuum, et vivam : et non
confundas me ab exspectatione mea.
117. Adjuva me, et salvus ero : et
meditabor in justificationibus tuis
semper. 118. Sprevisti omnes disce-
dentes a judiciis tuis : quia injusta
cogitatio eorum. 1 19. Praevarican-
tes reputavi omnes peccatores ter-
ras : ideo dilexi testimonia tua.
120. Confige timore tuo carnes
meas : a judiciis enim tuis timui.
AIN.
121. Feci judicium et justitiam :
non tradas me calumniantibus me.
122. Suscipe serv^um tuum in bo-
num: non calumnientur me superbi.
123. Oculi mei defecerunt in salu-
tare tuum : et in eloquium justitiae
tuae. 124. Fac cum servo tuo secun-
dum misericordiam tuam : et justi-
ficationes tuas doce me. 125. Servus
tuus sum ego : da mihi intellectum,
ut sciam testimonia tua. i26.Tem-
pus faciendi Domine : dissipave-
runt legem tuam. 127. Ideo dilexi
mandata tua, super aurum et topa-
zion. 128. Propterea ad omnia
mandata tua dirigebar : omnem
viam iniquam odio habui.
porte dans ses mains un objet precieux. Le
Hir : ma vie est dans Jiies inaitis : comme
une chose que I'on retient, parce qu'elle va
voiis echapper.
112. Jusqii^a la fin; Viilg., a cause de la
recompense. Ceux-la ne pechent done pas,
conclut le Concile de Trente, qui, pour s'en-
courager k la pratique des commandements,
ont en vue, non seulement la gloire de Dieu,
mais aussi leur propre recompense. Comp.
Hebr. xi, 26.
113. Les Jiommes au ccetcr doiible, litt.
inde'cis, qui penchent tantot du cote de Je-
hovah et de sa loi, tantot du cote des idoles.
Comp. I Rots, xviii, 21.
115. Et je garderai : afin que je garde;
ou bien : car je veux garden
1 1 8. Let(r rtise li'est que meiisongej ce
dernier mot est diversement explique; les
uns lui donnent le sens de peche, itijustice :
leur ruse n'aboutit qu'a I'iniquite; d'autres
lui laissent sa signification premiere : leur
ruse ne sert qu'a les tromper eux-memes,
sans tromper Dieu; ou bien encore : leur
ruse est impuissante. NvXg.., parce que leur
peftse'e est injicste.
119. Dans le sein de la terre, les scories
sont unies au pur metal; de meme ici-bas
les mechants sont meles aux justes : le jour
viendra ou ils seront otes et mis a part
comme une vile scorie. Pour ne pas etre
enveloppds dans leur sort, le Psalmiste s'at-
tache a la loi de Dieu. La Vulg. traduit le
premier membre, fai regarde tons les pe-
chetirs de la terre comme des prevaricateurs.
123. Comp. vers. 81.
125. Comp. vers. 94.
126. D^interve7iir^ litt. d^agir, de prendre
en main la cause du juste, car I'iniquite
regne partout.
127. Cest pourquoi : pr^cisement parce
que les temps sont mauvais (vers. 126).
128. Je irouve justes; Vulg., je me con-
duis dhipres toutes tes ordonnances. — De
mensottge, d'iniquite et d'injustice.
246 CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
phf:.
129 Tes enseignements sont merveilleux,
Aussi mon ame les observe.
130 La revelation de tes paroles illumine,
Elle donne I'intelligence aux simples.
131 J'ouvre la bouche et j'aspire.
Car je suis avide de tes commandements.
132 Tourne vers moi ta face et aie pitie de moi;
C'est justice envers ceux qui aiment ton nom.
133 Afifermis mes pas dans ta parole,
Et ne laisse aucune iniquite dominer sur moi.
134 Delivre-moi de I'oppression des hommes,
Et je garderai tes ordonnances.
135 Fais luire ta face sur ton serviteur,
Et enseigne-moi tes lois.
136 Mes yeux repandent des torrents de larmes,
Parce qu'on n'observe pas ta loi.
SAT>t.
137 Tu es juste, Jehovah,
Et tes jugements sont equitables.
138 Tu as donne tes enseignements selon la justice
Et une parfaite fidelite.
139 Mon zele me consume,
Parce que mes adversaires oublienl tes paroles.
140 Ta parole est eprouvee par le feu,
Et ton serviteur I'aime.
141 Je suis petit et meprise;
Mats je n'oublie point tes ordonnances.
142 Ta justice est une justice eternelle,
Et ta loi est verity.
143 La detresse et I'angoisse m'ont atteint;
Tes commandements font mes delices.
144 Tes enseignements sont eternellement justes;
Donne-moi I'intelligence, pour que je vive.
CAPH.
145 Je t'invoque de tout mon cceur; exauce-moi, Jehovah,
Afin que je garde tes lois.
146 Je t'invoque, sauve-moi,
Afin que j'ohsen'e tes enseignements.
147 Je devance I'aurore, et je crie 7'ers toi ;
J'espere en ta parole.
148 Mes yeux devancent les veilles de la nuit
Pour mediter ta parole.
149 Ecoute ma voix selon ta bonte;
Jehovah, rends-moi la vie selon ton jugement.
150 lis s'approchent ceux qui poursuivent le crime;
Qui se sont eloignes de ta loi.
151 Tu es proche, Jehovah,
Et tous tes commandements sont la verite.
152 Des longtemps je sais, au sujet de tes enseignements,
Que tu les as etablis pour toujours.
RESCH.
153 Vois ma misere, et delivre-moi,
Car je n'oublie pas ta loi.
154 Defends ma cause et sois mon vengeur;
Rends-moi la vie selon ta parole.
155 Le salut est loin des mechants.
Car ils ne s'inquietent pas de tes lois.
156 Tes misericordes sont infinies, Jehovah;
Rends-moi la vie selon tes jugements :
157 Nombreux sont mes persecuteurs et mes ennemis;
Je ne m'dcarte point de tes enseignements.
LIBER PSALMORUM.
247
PHE.
129. Mirabilia testimonia tua :
ideo scrutata est ea anima mea.
130. Declaratio sermonum tuorum
illuniinat : et intellectum dat par-
vulis. 131. Os meum aperui, et
attraxi spiritum : quia mandata tua
desiderabam. 132. Aspice in me, et
miserere mei, secundum judicium
diligentium nomen tuum.13 3.Gres-
sus meos dirige secundum eloquium
tuum : et non dominetur mei om-
nis injustitia. 134. Redime me a ca-
lumniis hominum : ut custodiam
mandata tua. 135. Faciem tuam illu-
mina super servum tuum : et doce
me justificationes tuas. 136. Exitus
aquarum deduxerunt oculi mei :
quia non custodierunt legem tuam.
SADE.
137. Justus es Domine : et re-
ctum judicium tuum. 138. Man-
dasti justitiam testimonia tua : et
veritatem tuam nimis.i39.Tabesce
re me fecit zelus meus : quia obliti
sunt verba tua inimici mei. I40.1gni-
tum eloquium tuum vehementer :
et servus tuus dilexitillud. 141. Ado-
lescentulussumego,et contemptus:
justificationes tuas non sum oblitus.
142, Justitia tua, justitia in aster-
num : et lex tua Veritas. 143. Tri-
bulatio, et angustia invenerunt me :
mandata tua meditatio mea est-
I44.i^quitas testimonia tua in aeter-
num: intellectum damihi,et vivam.
COPH.
145. Clamavi in totocorde meo,
exaudi me Domine : justificationes
tuas requiram. 146. Clamavi ad te,
salvum me fac : ut custodiam man-
data tua. 147. Praeveni in maturi-
tate, et clamavi : quia in verba tua
supersperavi. 148. Prasvenerunt
oculi mei ad te diluculo : ut medi-
tarereloquia tua. i49.Vocem meam
audi secundum misericordiam tuam
Domine : et secundum judicium
tuum vivifica me. 150. Appropin-
quaverunt persequentes me iniqui-
tati : a lege autem tua longe facti
sunt. 151. Prope es tu Domine : et
omnes vias tuae Veritas. 152. Initio
cognovi de testimoniis tuis : quia in
asternum fundasti ea.
RES.
153. Vide humilitatem meam, et
eripe me : quia legem tuam non sum
oblitus. 1 54. Judica judicium meum,
et redime me : propter eloquium
tuum vivifica me. 155. Longe a
peccatoribus salus : quia justificatio-
nes tuas non exquisierunt. 156. Mi-
sericordias tuas multas Domine : se-
cundum judicium tuum vivifica me.
157. Multi qui persequuntur me, et
129. Les observe; Vulg., les scrute par la
meditation.
130. Comp. Matth. xi, 25; I Cor. xiv, 20.
132. C est justice, ou bien c'est ta cou-
twne, d'agir ainsi envers, etc.
133, Afferniis tnes pas dans ta parole,
dans Tobservation de ta loi. Vulg., dirige
vies pas selon ta parole, conformdment ^
ta loi.
135. Fais luire ta face, regarde d'un cell
favorable : comp. Ps. iv, 7.
137. Tesjugements, en parole et en acflion,
ce qui comprend la loi que Dieu a donnee
aux hommes et sa providence dans le gou-
vernement du monde.
138. Sens : ta loi a pour principe ta. jus-
tice eternelle, c.-k-d. ta saintete, et \.z.fidc-
li/e'h. vouloir toujours le plus grand bien de
I'homme.
139. Comp. vers. 136 et 158.
140. Ta parole est pure,comme I'or eprouve
par le feu.
141. Petit, plutot par la condition que par
I'age.
148. Mes yeiix n'attendent pas qu'une
veille de la nuit commence ou finisse pour
s'ouvrir afin que je medite ta loi.
149. Ton jiigement : ce mot designe ici
tous les moyens de salut que Dieu a dispo-
ses en faveur de I'homme; sa loi est un des
principaux.
150. lis s\ipprochent, pour m'opprimer.
151. Tu es prochc, pres du juste pour le
defendre.
152. Au suj'et de, o\i par tes preceptes,
1 54. Sois mon vengeur, mon goel : voy.
Job, xix, 25.
156. Tes fugeinents : meme sens qu'au
vers. 149.
248
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
58 A la vue des infideles, j'ai ressenti de I'horreur,
Parce qu'ils n'observent pas ta parole.
59 Considere que j'aime tes ordonnances;
Jehovah, rends-moi la vie selon ta bonte.
60 Le resume de ta parole est la verite,
Et toutes les lois de ta justice sont eternelles.
SIN, SCHIN.
61 Des princes me persdcutent sans cause :
C'est de tes paroles que mon coeur a de la crainte.
62 Je me rejouis de ta parole,
Comme si j'avais trouve de riches depouilles,
63 Je hais le mensonge, je Tai en horreur;
J'aime ta loi.
64 Sept fois le jour je redis tes louanges,
A cause des lois de ta justice.
65 II y a une grande paix pour ceux qui aiment ta loi,
Et rien ne leur est une cause de chute.
66 J'espere en ton salut, Jehovah,
Et je pratique tes commandements.
67 Mon ame observe tes enseignements,
Et elle en est eprise.
68 Je garde tes ordonnances et tes lois,
Car toutes mes voies sont devant toi.
THAU.
69 Que mon cri arrive jusqu'k toi, Jehovah!
Selon ta parole, donne-moi I'intelligence.
70 Que ma supplication parvienne jusqu'a toi!
Selon ta parole, delivre-moi.
71 Que mes levres proferent tes louanges,
Car tu m'as enseigne tes lois!
72 Que ma langue public ta parole,
Car tous tes commandements sont justes!
73 Que ta main s'etende pour me secourir.
Car j'ai choisi tes ordonnances!
74 Je soupire apr^s ton salut, Jehovah,
Et ta loi fait mes d^lices.
75 Que mon ame vive pour te louer,
Et que tes jugements me viennent en aide!
76 Je suis errant comme une brebis egarde : cherche ton serviteur;
Car je n'oublie pas tes commandements.
Ps. cxx.
PSAUME CXX (VULG. CXIX).
pt;^|ES quinze Psaumes qui suivent (cxx-cxxxiv) sont intitules, Cantiques des degre's, on
des Motttces (hebr. vnvaloih). D'apr^s I'opinion des anciens Juifs, ce nom leur vient
de ce qu'ils etaient chantes solennellement, aux trois grandes fetes de I'annee, sur
un des quinze degrds qui, dans le temple, conduisaient du parvis des femmes au parvis
des hommes. Les interpretes modernes traduisent generalement iiia'a/oth par vioiiices, et
regardent ces Psaumes comme des cantiques chantes sur la route par les Israelites qui
faisaient a certaines epoques, ordinairement par groupes nombreux {Lice, ii, 41, 44), le
pelerinage de la ville sainte {Dent, xvi), moiitaient a Jerusaleiii, selon le terme consacre.
Quatre de ces Psaumes sont attribues ^ David; mais ce nom ne peut guere etre retenu
que pour le cxxxi^, qui aurait ete insere plus tard dans le recueil pour les pelerins.
Tous les autres, k I'exception peut-etre du 132^, sont posterieurs au retour de la captivite.
Le Psaume cxx, dont I'auteur est inconnu, parait se rapporter au temps 011 les Juifs,
apres leur retour de Babylone, etaient en butte a I'hostilite des Samaritains et des peupla-
des paiennes du voisinage.
^ CANTIQUE des montdes.
Vers Jdhovah, dans ma detresse,
J'ai crie, et il m'a exauce.
LIBER PSALMORUM.
249
tribulant me : a testimoniis tuis non
declinavi. 158. Vidi prasvaricantes,
et tabescebam : quia eloquia tua
non custodierunt. 159. Vide quo-
niam mandata tua dilexi Domine :
in misericordia tua vivifica me.
160. Principium verborum tuo-
rum, Veritas : in aeternum omnia
judicia justitiae tuae,
SIN.
161. Principes persecuti sunt me
gratis : et a verbis tuis formidavit
cor meum. 162. Laetabor ego super
eloquia tua: sicutqui invenit spolia
multa. 163. Iniquitatemodio habui,
et abominatus sum : legem autem
tuam dilexi. 164. Septies in die lau-
dem dixi tibi, super judicia justitiae
tuas. 165. Pax multa diligentibus
legem tuam et non est illis scanda-
lum. 166. Exspectabam salutare
tuum Domine : et mandata tua di-
lexi. 167. Custodivit anima mea
testimonia tua : et dilexit ea vehe-
menter. 168. Servavi mandata tua,
et testimonia tua : quia omnes vias
meas in conspectu tuo,
TAU.
169. Appropinquet deprecatio
mea in conspectu tuo Domine : juxta
eloquiumtuum da mihi intellectum.
170. Intret postulatio mea in con-
spectu tuo : secundum eloquium
tuum eripe me. 171. Eructabunt la-
bia mea hymnum, cum docueris me
justificationes tuas. 172. Pronuntia-
bit lingua mea eloquiumtuum: quia
omnia mandatatuaaequitas. 1 73. Fiat
manus tua ut salvet me : quoniam
mandata tua elegi. 174. Concupivi
salutare tuum Domine : et lex tua
meditatio mea est. 175. Vivet anima
mea, et laudabit te : et judicia tua
adjuvabunt me. 176. Erravi, sicut
ovis, quae periit : quaere servum
tuum, quia mandata tua non sum
oblitus.
— :•:— PSALMUS CXIX. — :i:—
Vitae miserias luget, ab his liberari efiflagitat.
Canticum graduum.
D Dominum cum tribula-
rer clamavi : et exaudivit
me. 2. Domine libera ani-
mam meam a labiis ini-
quis, et a lingua dolosa.
3. Quid detur tibi, aut quid ap-
ponatur tibi ad linguam dolosam.^
4. Sagittas potentis acutae, cum car-
bonibus desolatoriis.
5. Heu mihi, quia incolatus meus
prolongatus est : habitavi cum habi-
tantibus Cedar : 6. multum incola
fuit anima mea. 7. Cum his, qui
oderunt pacem, eram pacificus :
cum loquebar illis, impugnabant me
gratis.
.1.
— • —
•I*
158. Des infideles^ des traitres a ta loi.
160. Le restiine, ou la so?nine, le total, en
lat. summa; ou bien avec la Vulg., le prin-
cipe : le mot hebr. rosc/i a les deux sens.
161. Afon ca'ur ne tremble pas devant les
hommes ; il ne craint qu'une chose, c'est
d'etre infidele k ta loi.
164. Sept Jois le join\ tres sou vent.
165. Une cause effe(fi;ive : Dieu les sou-
tient.
168. Car\^ marche, je vis devant toi, en
ta presence ; ou bien avec Delitzsch : je
garde ... tes lois; tu le sais bien, car toiites
Hies voles, toutes mes acflions, te sont par-
faitement connues.
169-170. Ta parole : meme sens qu'au
vers. 82. — Do?ine-vioi Vinielligence et de-
lh>re-inoi : ces deux prieres vont ensemble;
le Psalmiste souffre persecution a cause de
sa foi : il a done besoin et que sa foi soit
affermie et que ses persecuteurs soient ren-
dus impuissants.
175. Tes jugements : meme sens qu'au
vers. 149.
176. Comp. Matth. ix, 36; xviii, 12; I Pier.
ii, 25.
250
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
2 Jehovah, liii ai-je dit, dehvre mon ame de la levre de mensonge,
De la langue astutieuse!
3 Que te sera-t-il donne, quel sera ton profit,
Langue perfide?
4 Les fieches aigues du 7"i9/(r/-Puissant,
Avec les charbons ardents du genet.
5 Malheureux que je suis de sejourner dans Mesek,
D'habiter sous les tentes de Cedarl
6 Trop longtemps j'ai demeure
Avec ceux qui haissent la paix.
7 Je suis un homme de paix, et quand je leur parle,
lis me declarent la guerre.
PSAUME CXXI (VULG. CXX),
E p^lerin en marche vers la ville sainte exprime son entiere confiance dans le
secours divin.
Ps. cxxi. i^^-3 1 CANTIQUE pour les montees.
Je leve les yeux vers les montagnes.
D'ou me viendra le secours?
2 Mon secours viendra de Jehovah,
Qui a fait le ciel et la terre.
3 II ne permettra pas cjue ton pied trebuche;
Celui qui te garde ne sommeillera pas.
4 Non, il ne sommeille ni ne dort
Celui qui garde Israel.
5 Jehovah est ton gardien;
Jehovah est ton abri, totfjoiirs h. ta droite.
6 Pendant le jour le soleil ne te frappera point,
Ni la lune pendant la nuit.
7 Jehovah te gardera de tout mal,
II gardera ton ame;
8 Jehovah gardera ton depart et ton arrivee
Maintenant et a jamais.
PSAUME CXXII CVULG. CXXl).
jHant des p^lerins allant k Jerusalem, et celebrant la beaut^ et la gloire de la cite
^1 sainte. Le Psaume porte dans I'hdbreu le nom de David; mais ni les LXX ni la
y^S^ Vulg. n'ont cette mention, qui manque aussi dans plusieurs manuscrits hebreux.
Nous avons done ici, tres probablement, un cantique compose apres le retour de la
captivitd.
Ps. cxxii 1 CANTIQUE des montdes. De David.
J'ai ^te dans la joie quand on m'a dit :
" Aliens h, la maison de Jehovah! "
2 Nous voila debout
A tes portes, Jerusalem!
3 Jerusalem, tu es batie comme une ville
Ou tout se tient ensemble.
4 Lti montent les tribus, les tribus de Jehovah,
PSAUME CXX.
2. Ln Icvre mensongcre : allusion aux
Samaritainsqui s'effor5aient,pardes moyens
perfides, d'indisposer les rois de Perse cen-
tre les Juifs {Esdr. iv, 6 sv.)
3. Ton profit, litt. ton surcroit. On pour-
LIBER PSALMORUM.
251
^^MMW.^'^.^'iSi^.'iSS.'iSS.^^^f.'s^V^^^^^.
- PSALMUS CXX. — *—
Securus qui se Deo committit.
Canticum graduum,
EVAVI oculos meos in
montes, ''unde veniet au-
xiliurn mihi. 2. Auxilium
U meum a Domino, qui fe-
cit coelum et terram.
3. Non det in commotionem pe-
dem tuum : neque dormitet qui
custodit te. 4. Ecce non dormitabit
neque dormiet, qui custodit Israel.
5. Dominus custodit te, Domi-
nus protectio tua, super manum
dexteram tuam. 6. Per diem sol non
uret te : neque luna per noctem.
7. Dominus custodit te ab omni
malo : custodiat animam tuam Do-
minus, 8. Dominus custodiat introi-
tum tuum, et exitum tuum : ex hoc
nunc, et usque in sasculum.
— :i:— PSALMUS CXXL — =>—
EcclesicC Concordia, pietas et dotes
celebrantur.
I. Canticum graduum.
l^TATUS sum in_ hi?,
quas dicta sunt mihi : In
domum Domini ibimus.
2. Stantes erant pedes no-
stri, in atriis tuis Jerusalem. 3. Je-
rusalem, quae aedificatur ut civitas :
cujus participatio ejus in idipsum.
4. Illuc enim ascenderunt tribus
Domini : testimonium Israel ad
rait aussi traduire avec Delitzsch : qtie te
donnera-t-il (Dieu)? Qic\ij outer a-t-il en-
core? Le verset suiv. donne la reponse.
4. En plusieurs endroits la langue perfide
est comparee a un glaive aigu {Ps. Ivii, 4),
a une fleche {Jer. ix, 8), k un feu {Prov.
xvi, 27. Comp. /acq. iii, 6) : son chatiment
sera la peine du talion. Les cJiarbons du
genet (Vulg., cha> bons destrii^enrs; ailleurs,
I Rois^ xix, 4 sv. Job, xxx, 5, elle traduit
exacflement I'hebr. rethaniini) : le genet est
le meilleur combustible du desert : il pro-
duit un feu intense et qui dure longtemps.
Ces fleches et ces charbons ardents sont les
images de la foudre et des eclairs.
5. Mesek (Mosoch, Gen. x, 2), contree
entre la mer Noire et la mer Caspienne. —
Cedar, dans I'Arabie m^ridionale : ces deux
noms, ici, paraissent symbolic^ues; ils desi-
gnent par figure des peuplades barbares et
violentes. Vulg., malhetireux qtie je suis,
puree que man exit a e'te' prolonge f
6-7. La Vulg. coupe et ponflue autrement
ces deux versets : 6. Mon ante a deviettrc
longtemps siir une terre etrangere. 7. Avec
ceux qui /uiissaie?7t la paix f etais pacijiqtiej
quand je leur parlais, ils me faisaient la
guerre sans motif.
PSAUME CXXI.
I. Les montagfies de Juda, au milieu des-
quelles etait situee Jerusalem. — ■ D''oit me
vie?idra, etc.; d'autres, avec la Vulg., don-
nent k d'oii un sens relatif (Jos. ii, 4), ce qui
supprime I'interrogation : ... les montagjies
d^oii me viendra, etc. — Le secours : tout
d'abord le secours necessaire pour arriver
sans accident a Jerusalem, alors que le pays
etait encore infeste d'ennemis.
5. Jehovah est ton ombre, te couvre de son
ombre, pour te proteger contre les ardeurs
du soleil, grand bienfait en Orient, et par
figure, contre toute espece de dangers.
6. La hine : en Orient, dit Delitzsch, sur-
tout dans les contr^es equatoriales, les
rayons de la lune sont presque aussi insup-
portables que ceux du soleil et peuvent ame-
ner les memes accidents. Selon d'autres, le
Psalmiste se conforme ici a la croyance
populaire d'apres laquelle la lune serait
cause du rayonnement no6turne et du froid
tres vif qui en est la consequence.
7. JehouaJi te gardera; ou bien avec la
Vulg., que Jehovah te garde; de meme au
verset suivant.
8. Ton depart et ton arrivce, toutes tes
demarches : h^braisme.
PSAUME CXXII.
\. Allans : les pelerins formaient des grou-
pes {Lite, ii, 41, 44)-
2. A tes fortes; Vulg. dans des places.
3. Le pelerin, qui ne connaissait que les
bourgades et les villes ouvertes de la Pales-
tine, admire Taspecl grandiose de Jerusa-
lem recemment rebatie, avec son enceinte
de murailles et ses rues bordees de maisons
qui se touchent sans interruption.
4. Autre sujet d'admiration pour le pele-
rin : la foule des enfants d'Israel qui a fran-
chi les portes et inonde les rues, pour obeir
k la lot prescrivant ces pelerinages a la ville
sainte {Exod. xxiii, 17; xxxiv, 23; Deut.
xvi, 16).
252
CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
Selon la loi d' Israel,
Pour louer le nom de Jtfhovah.
5 La sont etablis des sieges pour le jugement,
Les sieges de la maison de David.
6 Faites des voeux pour Jerusalem :
Qu'ils soient heureux ceux qui t'aiment!
7 Que la paix regne dans tes murs,
La prosperite dans tes palais !
8 A cause de mes freres et de mes amis,
Je demande pour toi la paix;
9 A cause de la maison de Jehovah, notre Dieu,
Je desire pour toi le bonheur,
PSAUME CXXIII (VULG. CXXIl).
Srael opprime et outrage soupire apres le secours divin. Ce Psaume date de la cap-
tivite, ou des premieres annees du retour, alors que des voisins jaloux faisaient la
Mt^l guerre aux Juifs {Neh. ii, 19; iv, 1-5).
Ps. cxxiii. 1 CANT I QUE des montees.
J'eleve mes yeux vers toi,
O toi qui sieges dans les cieux.
2 Comme I'cEil du serviteur est fixe sur la main de son maitre,
Et I'ceil de la servante sur la main de sa maitresse,
Ainsi nos yeux se tiennent Aleves vers Jehovah, notre Dieu,
Jusqu'k ce qu'il ait pitie de nous.
3 Aie piti^ de nous, Jehovah, aie pitie de nous,
Car nous n'avons etd que trop rassasies d'opprobres.
4 Notre ame n'a dte que trop rassasi^e
De la moquerie des riches insolents, du mepris des orgueilleux,
P.SAUME CXXIV (VULG. CXXIIl).
[ANTIQUE d'adlions de graces pour la delivrance, soit de la captivite, soit de I'hos-
tilite des Samaritams apres le retour de I'exil.
aj Dans le texte h^breu, le nom de David figure en tele du Psaume; mais ni les LXX
ni les autres versions anciennes, ni meme plusieurs manuscrits hebreux ne portent cette
mention. Nous n'avons done ici, comme dans le Psaume cxxii, qu'un cantique compose
\ I'imitation de ceux de David.
Ps. cxxiv, 1 CANTIQUE des montees. De David.
Si Jehovah n'eijt ^te pour nous, —
Qu'Israel le proclame, —
2 Si Jehovah n'eiit ete pour nous,
Quand les hommes se sont eleves contre nous,
3 lis nous auraient ddvores tout vivants,
Quand leur colore s'est allumee contre nous;
4 Les eaux nous auraient engloutis,
Le torrent cut passe sur notre ame;
5 Sur notre ame auraient passe
Les eaux impetueuses.
6 Beni soit Jehovah,
Qui ne nous a pas livres k leurs dents !
7 Notre ame, comme le passereau, s'est echappee du filet de I'oiseleur;
Le filet s'est rompu, et nous avons et^ delivres.
8 Notre secours est dans le nom de Jehovah,'
Qui a fait les cieux et la terre.
LIBER PSALMORUM.
253
confitendum nomini Domini. 5. Quia
illic sederunt sedes in judicio, sedes
super domum David.
6. Rogate qus ad pacem sunt Je-
rusalem : et abundantia diligentibus
te : 7. fiat pax in virtute tua : et
abundantia in turribus tuis. 8. Pro-
pter fratres meos, et proximos meos,
loquebar pacem de te : 9. propter
domum Domini Dei nostri, quassivi
bona tibi.
— :;:— PSALM US GXXIL — :i:—
A(5lus fiducias in Deum tempore
tribulationis.
Canticum graduum.
D te levavi oculos meos,
qui habitas inccelis.2.Ecce
sicut oculi servorum, in
manibus dominorum suo-
rum, sicut oculi ancillae in manibus
dominas suas : ita oculi nostri ad
Dominum Deum nostrum donee
misereatur nostri.
3. Miserere nostri Domine, mise-
rere nostri : quia multum repleti
sum us despectione : 4. quia mul-
tum repleta est anima nostra : op-
probrium abundantibus, et despe-
ctio superbis.
— *— PS A L M US CXX 1 1 L — :!=—
Hortatio ad gratias agendum Deo, soli
liberatori.
I. Canticum graduum.
ISI quia Dominus erat in
nobis, dicat nunc Israel :
2. nisi quia Dominus erat
in nobis, cum exsurgerent
homines in nos, 3. forte vivos de-
glutissent nos : cum irasceretur fu-
ror eorum in nos, 4. forsitan aqua
absorbuisset nos. 5. Torrentem per-
transivit anima nostra : forsitan per-
transisset anima nostra aquam into-
lerabilem.
6. Benedictus Dominus qui non
dedit nos, in captionem dentibus
eorum. 7. Anima nostra sicut pas-
ser erepta est de laqueo venantium :
laqueus contritus est, et nos liberati
sumus, 8. Adjutorium nostrum in
nomine Domini, qui fecit coelum et
terram.
— :>— PSALMUS CXX IV. — :;:—
Fidelium Deus est tutela : impii peribunt.
I. Canticum graduum.
|UI confidunt in Domino,
sicut mons Sion : non
commovebitur in aeter-
num,qui habitat 2. in Je-
rusalem. Montes in circuitu ejus :
et Dominus in circuitu populi sui,
ex hoc nunc et usque in sasculum,
3. Quia non relinquet Dominus vir-
gam peccatorum super sortem ju-
storum : ut non extendant justi ad
iniquitatem manus suas.
4. Benefac Domine bonis, et re-
ctis corde. 5. Declinantes autem
in obligationes, adducet Dominus
cum operantibus iniquitatem : pax
super Israel.
5. Des sieges ou les lois successeurs de
David et, apres la captivite, les principaux
de la nation rendaient la justice. Comp.
II Sa//i. XV, 2; I I?ozs, iii, 16.
6. Faites des vceux, litt. demandez lapaix,
c.-k-d. I'ensemble de tous les biens.
7. La prosperite dans tes palais; ou bien,
la securite dans tes forteresses.
8. Mes freres, les Israelites qui habitent
dans ton enceinte.
9. La inaisoH de Jehovah, le temple; ou
bien le tabernacle, si le Psaume a David
pour auteur.
PSAUME CXXIII.
2. Uoeil du seruiteur, ici de I'esclave
oriental, est fixe stir la main de son mailre,
est attentif au moindre geste qui serait pour
lui un ordre.
PSAUME CXXIV.
7. Le passereatc : comp. Ps. xi, i.
254
CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
Ps. cxxv.
PSAUME CXXV (VULG. CXXIV).
Omposd dans les memes circonstances que le Ps. cxxiii, ce cantique exprime les
^^a sentiments de confiance d'Israel en la bonte et en la justice de Dieu.
^ CANTIQUE des montees.
Ceux qui se confient en Jehovah sont comme la montagne de Sion :
EUe ne chancelle point,
Elle est assise sur sa base pour toujours.
2 Jerusalem a autour d'elle une ceinture de montagnes :
Ainsi Jehovah entoure son peuple
Des maintenant et a jamais.
3 Le sceptre des mechants ne restera pas sur I'heritage des justes,
Afin que les justes ne portent pas aussi leurs mains vers I'iniquite.
4 Jehovah, repands tes bontes sur les bons
Et sur ceux qui ont le coeur droit.
5 Mais ceux qui se detournent en des voles tortueuses,
Que Jehovah les abandonne avec ceux qui font le mal !
Paix sur Israel !
PSAUME CXXVI (VULG. CXXV).
NE partie des captifs de Babylone, revenus en Palestine sous la conduite de Zoro-
babel, remercie Dieu de leur retour et lui demandent d'accorder la meme faveur a
leurs freres qui gemissent encore dans I'exil.
Ps. cxxvi. 'CANTIQUE des montees.
Quand Jdhovah ramena les captifs de Sion,
Ce fut pour nous comme un songe.
2 Alors notre bouche fit entendre des cris joyeux,
Notre langue des chants d'allegresse.
Alors on repeta parmi les nations :
" Jehovah a fait pour eux de grandes choses."
3 Old, Jehovah a fait pour nous de grandes choses;
Nous sommes dans la joie.
4 Jehovah, ramene les restes de nos captifs,
Comme ttc fats cottier les torrents dans le Midi.
5 Ceux qui sement dans les larmes,
Moissonneront dans I'allegresse.
6 lis vont, ils vont en pleurant,
Portant et jetant la semence;
Ils reviendront avec des cris de joie,
Portant les gerbes de leur moisson.
PSAUME CXXVII (VULG. CXXVl).
Out bien vient de Dieu, soit dans la citif, soit dans la famille : tel est le sujet de ce
Psaume. Le texte hebreu et plusieurs versions anciennes I'attribuent a Salomon;
mais cette attribution reste douteuse.
Ps.cxxvii. ' CANTIQUE des montees. De Salomon.
Si Jehovah ne batit pas la maison,
En vain travaillent ceux qui la batissent;
Si Jehovah ne garde pas la citd,
En vain la sentinelle veille a scs partes.
2 C'est en vain que vous vous levez avant le jour,
Et que vous retardez votre repos,
Mangeant le pain de la douleur :
II donne autant a ses bien-aimes pendant leur sommeil.
LIBER PSALMORUM.
255
— *— PSALM US CXXV. — :i:—
Gratulatio de fine captivitatis; oratio
ut perficiatur liberatio.
I. Canticum graduum.
N convertendo Dominus
captivitatem Sion : facti
sumus sicut consolati :
I 1. tunc repletum est gau-
dio OS nostrum : et lingua nostra
exsultatione. Tunc dicent inter gen-
tes : Magnificavit Dominus facere
cum eis. 3. Magnificavit Dominus
facere nobiscum : facti sumus las-
tantes.
4. Converte Domine captivitatem
nostram, sicut torrens in austro.
5. Qui seminant in lacrymis, in ex-
sultatione metent, 6. Euntes ibant
et flebant,mittentes semina sua. Ve-
nientes autem venient cum exsul-
tatione, portantes manipulos suos.
— :;:— PSALM us CXXVL — :i:—
Vani hominum labores quibus non
opitulatur Dominus.
I. Canticum graduum Salomonis.
ISI Dominus asdificaverit
domum, in vanum labora-
verunt qui sedificant earn.
Nisi Dominus custodierit
civitatem, frustra vigilat qui custo-
dit eam. 1. Vanum est vobis ante
lucem surgere : surgite postquam
sederitis, qui manducatis panem
doloris. Cum dederit dilectis suis
somnum :
3. Ecce hereditas Domini filii :
merces, fructus ventris. 4. Sicut sa-
gitt^ in manu potentis : ita filii ex-
cussorum. 5. Beatus virqui implevit
desiderium suum ex ipsis : non con-
fundetur cum loquetur inimicis suis
in porta.
—^
^>-
■o^
PSAUME GXXV.
1. La fermetd inebranlable que montrent
dans les epreuves ceux qui se confient en
Jehovah est comparee k la montagne de
Sion, parce que le Dieu sur lequel ils s'ap-
puient est celui-la meme qui a son trone sur
rette montagne.
Vulgate : ... de Sionj il ne sera jamais
ebranle cehii qui habite dans Jerusalem, ce
qui doit s'entendre, non d'une habitation
purement materielle, mais d'une union mo-
rale avec la ville sainte elle-meme.
2. Une ceinture de montagnes, qui lui font
un rempart naturel. Titus assiegea Jerusa-
lem du cote de I'occident, nioins bien pro-
tege sous ce rapport.
3. Le sceptre, etc. Sens : la domination
des Samaritains et des peuplades pa'iennes
du voisinage ne pesera pas toujours sur le
pays d'Israel, de peur que les Israelites eux-
memes, soumis a une trop longue epreuve,
ne perdent foi et confiance en leur Dieu.
5. Les abandonne, litt. les laisse aller a
leur perte.
PSAUME CXXVI.
I. Comme un songe, tant cette delivrance
fut merveilleuse. Vulg., nous etions comme
des console's.
4. Ces captifs repeupleront le pays desert
et lui rendront la fertilite et la vie, comme
un torrent qui vient a couler dans le Negheb,
c.-k-d. dans les plaines dess^chees du midi
de la Palestine. D'autres autrement.
5. Proverbe que le Psalmiste applique
aux exiles pour ranimer leur esperance : de
meme que le semeur apres avoir jetd sa se-
mence avec inquietude, quelquefois meme
avec larmes, apres une recolte manqu^e,
pousse des cris de joie a la moisson, ainsi,
pour les exiles, a la douleur succedera I'alle-
gresse.
PSAUME CXXVII.
1. Pensde : les efforts de I'homme ont
besoin que Dieu les benisse et les feconde.
2. Et que vous retardes voire repos ;
Vulg., levez-vous apres avoir pris voire re-
pos, vous qui manges le pain de la douleur,
gagne par un labeur penible. — Pendant
leur sommeil. Le Hir, avec les anciennes
versions : il donne a ses bicn-aimes h som-
meil, il les fait dormir en paix.
256
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
3 C'est un heritage du Seigneur que les enfants;
Une recompense, que les fruits d'un sein fecond.
4 Comme les fleches dans la main d'un guerrier,
Ainsi sont les fils de la jeunesse.
5 Heureux I'homme qui en a rempli son carquois !
lis n'auront point h. rougir
Quand ils devront repondre aux ennemis a la porte de la ville.
Ps.
cxxviii.
PSAUME CXXVIII (VULG. CXXIX).
Onheur de la famille qui vit dans la crainte du Seigneur. Ce delicieux cantique
pourrait servir d'epithalame aux epoux Chretiens. II continue les idees du Psaume
precedent et parait aussi se rapporter a I'epoque du retablissement des Juifs dans
leur patrie apres la captivite.
Dans le sens spirituel, dit Le Hir, cette famille, c'est I'Eglise, dont Notre-Seigneur est
I'epoux et qui lui donne d'innombrables enfants, qu'il invite a s'asseoir a sa table.
1 CANTIOUE des montees.
Heureux I'homme qui craint Jehovah,
Qui marche dans ses voies !
2 Tu te nourris alors du travail de tes mains;
Tu es heureux et comble de biens.
3 Ton epouse est comme une vigne feconde
Dans I'interieur de ta maison;
Tes fils, comme de jeunes plants d'olivier
Autour de ta table.
4 Voila comment sera beni
Celui qui craint Jehovah.
5 Que Jehovah te benisse de Sion!
Puisses-tu voir Jerusalem tiorissante
Tous les jours de ta vie!
6 Puisses-tu voir les enfants de tes enfants!
Que la paix soit sur Israel!
. PSAUME CXXIX (VULG. CXXVIIl).
E Psalmiste remercie le Seigneur de I'avoir fait triompher de tous ses ennemis, et
predit la ruine totale de ces derniers. Ce cantique appartient, comme les prece-
i dents, k I'epoque qui suivit le retour de la captivite.
Ps. cxxix. 1 CANTIQUE des monte'es.
lis m'ont cruellement opprime des ma jeunesse,
Qu'Isracl le dise! —
2 Ils m'ont cruellement opprime des ma jeunesse,
Mais ils n'ont pas prevalu centre moi.
3 lis ont laboure mon dos,
lis y ont trace de longs sillons.
4 Mais Jehovah est juste :
II a coupe les liens des mechants.
5 Qu'ils soient confondus et qu'ils reculent au loin
Tous ceux qui haissent Sion!
6 Qu'ils soient comme I'herbe des toits.
Qui seche avant qu'on I'arrache;
7 Le moissonneur n'en remplit pas sa main,
Ni celui qui lie les gerbes son giron;
8 Et les passants ne disent pas :
" Que la b^nedic'Tiion de Jehovah soit sur vous ! "
— " Nous vous benissons au nom de Jehovah. "
LIBER PSALMORUM.
257
■^^^^■6-x^/.^:^:^^^.5^^^^s>>:5?£^:^s?g^.;s.
PSALMUS CXXVII. — *—
Benedi(ftiones temporales piis promisss.
I. Canticum graduum.
EATI omnes, qui timent
Dominum, qui ambulant
in viis ejus. 2. Labores
manuum tuarum qui man-
ducabis : beatus es, et bene tibi erit.
3. Uxor tua sicut vitis abundans, in
lateribus domus tuas, Filii tui sicut
novellas olivarum, in circuitu men-
sas tuas.
4. Ecce sic benedicetur homo, qui
timet Dominum. 5. Benedicat tibi
Dominus ex Sion : et videas bona
Jerusalem omnibus diebus vitae tuas.
6. Et videas filios filiorum tuorum,
pacem super Israel.
— :;:— PSALMUS CXXVIIL —^^—
Funestus impiorum exitus.
Canticum graduum.
^PE expugnaverunt me
a juventute mea, dicat
nunc Israel : 2. Saspe ex-
pugnaverunt me a juven-
etenim non potuerunt
tute mea
mihi.3. Supra dorsum meumfabri
caverunt peccatores : prolongave-
runt iniquitatem suam. 4. Dominus
Justus concidit cervices peccatorum :
5. Confundantur et convertantur
retrorsum omnes, qui oderunt Sion.
6. Fiant sicut foenum tectorum :
quod priusquam evellatur, exaruit :
7. de quo non implevit manum
suam qui metit, et sinum suum qui
manipulos colligit. 8. Et non dixe-
3. Un heritage, un bien donne ^^^x Jeho-
vah. — Une rccoiiipeiise : comp. Gen. xxx, 18.
4. Les fils de la jeu/iesse, litt. des jeu-
nesses, de parents encore jeunes {Ge7i.
xxxviii, 3 ; xliv, 20). LXX et Vulg., ies fils
des bannis, des Israelites exiles a Babylone
et recemment revenus dans leur patrie : ces
fils d'exiles ne devaient etre que plus ardents
a defendre leur pays et leurs parents.
5. Qui en a reuipli son carquois; Vulg.,
qui en a selon son desir. — lis 7i\uironl, le
pere et les fils; Vulg., il n\iura, le pere. —
A la porle de la ville, ou Ton rend la justice
et ou se traitent toutes les affaires {Ps. ix, 1 5).
Un pere si bien protege impose au juge
I'equite et la verity aux temoins.
PSAUME GXXVm.
2. Du travail de tes mains : Dieu menace
les transgresseurs de la loi de ne pas les
laisser jouir du fruit de leurs travaux. Lev.
xxvi, 16; Dent, xxviii, 33.
3. Dans Vinterieur, etc. : la femme orien-
tale occupe toujours la partie la plus reculee
de la maison. — De jeunes plants., des reje-
tons qui s'^Ievent autour du tronc principal.
5. (hie Jehovah te benisse : plusieurs con-
tinuent le futur jusqu'h la fin du Psaume. —
De Sion, de son sancfluaire bati sur le mont
Sion.
6. Que la paix, etc. (comp. Ps. cxxv, 5);
la Vulg. joint ces mots a ce qui precede :
et la paix sur Israel.
PSAUME GXXIX.
I. Des nui jeunesse : le sejour des Hebreux
en Egypte est souvent presente comme I'epo-
que de la jeunesse d'Israel {Is. xlvii, 12, 15;
EzccJi. xxiii, 3; Osee, ii, i5;xi, i).
3. Laboure ni07i dos : allusion aux mau-
vais traitements inflige's en Egypte aux
Hebreux, que les surveillants des travaux
frappaient du baton ou de la verge. Comp.
Job, iv, 8; Is. li, 23; Osee., x, 13.
Vulg., siir Jiion dos les pecheurs 07tt forge.,
frappd comme sur une enclume, ils ont pro-
lo7ige leur i7iiqtcite.
4. Les lie7is dans lesquels les //lechants
me tenaient captifs ; ou plus exa6lement, les
cordes avec lesquelles ils me liaient au joug,
comme un animal de trait. Vulg., la tete ou
le cou, c.-^-d. I'orgueil, I'insolence.
5. Sous la forme d'un voeu ou d'une priere,
c'est une prophdtie qu'expriment ce verset
et le suiv.
6. Llierbe qu'une pluie fait croitre entre
les interstices des dalles ou des tuiles qui
forment la terrasse superieure des maisons
en Orient. Avant qu'on Parrache (Delitzsch,
apres S. Jerome : ava7it qu^elle se de'veloppe,
qu'elle arrive a maturite), elle est dessechee
par les ardeurs du soleil. Comp. Is. xxxvii, 27;
II Rois, xix, 26.
7. Sens : on ne la moissonne pas : c'est
une chose de nulle valeur.
8. Nous vous be7iisso7is, etc. : ces mots
paraissent etre la reponse des moissonneurs
aux passants. Comp. Ruth., ii, 4.
LA SAINTK BIULE. TOME IV. — \^
258 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME CXXX (VULG. CXXIX.)
lAlheureux et repentant, le Psalmiste attend de Jehovah sa delivrance et celle de
sa nation. La vivacite de sentiment qui anime ce Psaume fait penser au temps de
S^iSiSi I'exil; il conviendrait aussi h I'epoque du retour, par exemple a la circonstance
relat^e Esdr. ix, 5 sv. C'est le sixieme des Psaumes penitentiaux.
La deUvrance d' Israel etant la figure de la redemption du genre humain, I'Eglise a
insere ce Psaume dans les vepres de Noel. EUe le recite aussi pour obtenir la delivrance
des ames du purgatoire.
Ps. cx.xx. iCANTIQUE des montees.
Du fond de I'abime je crie vers toi, Jehovah.
2 Adonai, ecoute ma voix;
Que tes oreilles soient attentives
Aux accents de ma priere!
3 Si tu gardes le souvenir de I'iniquite', Jehovah,
Adonai, qui pourra subsister?
4 Mais aupres de toi est le pardon.
Afin qu'on te revere.
7s J'espere en Jehovah; mon ame espere,
Et j'attends sa parole.
6 Mon ame aspire apres Adonai
Plus que les guetteurs de la nuit n'aspirent apres I'aurore,
N'aspirent apres I'aurore.
7 Israel, mets ton espoir en Jehovah !
. Car avec Jehovah est la misericorde,
Avec lui une surabondante delivrance.
8 C'est lui qui rachetera Israel
De toutes ses iniquites.
PSAUME CXXXI (VULG. CXXX).
lleux sentiments d'humilite', de simplicite et d'abandon. Ce Psaume paraJt ctre un
fragment d'un cantique plus ancien, peut-etre de David (comp. 11 Sa)n. vi, 22),
auquel on aurait ajoutd plus tard le vers. 3, pour I'adapter au service religieux du
second temple.
Ps. cxxxi. ^CANTIQUE des montees. De David.
Jehovah, mon cceur ne s'est pas enfle d'orgueil,
£1 mes regards ne se sont pas portes en haut.
Je ne recherche point les grandes choses
Ni ce qui est eleve au-dessus de moi.
2 Non; je tiens mon ame dans le calme et le silence.
Comme un enfant sevrd sur le sein de sa mere,
Comme I'enfant sevre mon ame est en moi.
3 Israiil, mets ton espoir en Jehovah !
Maintpnant pt rmilnnrQ '
Maintenant et toujours !
PSAUME CXXXII (VULG. CXXXl).
^^c^mE Psaume se divise en deux parties : dans la premiere (vers. i-io),rauteur rappelle
'^^ ce que David a fait pour la maison de Jehovah (1-5) et raconte la translation de
w^^' I'arche sur le mont Sion (6-10); dans la seconde (vers, 11-18), il rappelle les pro-
messes que Dieu a faites h. ce roi et a sa descendance (11-13), ainsi que les^benedirtions
promises a Israel (14-18).
Le second livre des Paralipomenes (vi, 41 sv.) met les vers. 8-10 dans la bouche de
Salomon a la consecration du temple. D'oii la conclusion naturelle, tiree par la plupart
LIBER PSALMORUM.
259
runt qui prasteribant : Benedictio
Domini super vos : benediximus
vobis in nomine Domini.
— :i:— PSALM US CXXIX. — :i:—
Oratio pro precanda fiducialiter peccato-
rum venia.
T. Canticum graduum.
E profundis clamavi ad te
Domine : 2, Domine ex-
audi vocem meam : fiant
aures tuas intendentes, in
vocem deprecationis meas.
3. Si iniquitates observaveris Do-
mine : Domine quis sustinebit?
4. Quia apud te propitiatio est : et
propter legem tuam sustinui te Do-
mine. Sustinuit anima meain verbo
ejus :
5.Speravit anima mea in Domino.
6. A custodia matutina usque ad
noctem: speret Israel in Domino.
7. Quia apud Dominum miseri-
cordia : et copiosa apud eum re-
demptio. 8. Et ipse redimet Israel,
ex omnibus iniquitatibus ejus.
— -— PSALMUS CXXX. --:i:~
Humilitatis sincera professio.
I. Canticum graduum David.
OMINE non est exalta-
tum cor meum : neque
elati sunt oculi mei. Ne-
. que ambulavi in magnis
neque in mirabilibus super me. 2. Si
non humiliter sentiebam : sed exal-
tavi animam meam : sicut ablacta-
tus est super matre sua, ita retribu-
tio in anima mea.
3. Speret Israel in Domino, ex
hoc nunc et usque in sasculum.
.1.
— • —
•I*
Ce que les vers. 7-8 nient des persecu-
teurs d'lsrael, ils raffirment indiretlement
d'lsrael lui-meme. Les premiers sont una
herbe chetive, qui seche avant d'arriver a
maturite ; le dernier est une herbe abon-
dante, recueillie par les moissonneurs, a qui
les passants adressent le salut d'usage.
PSAUME CXXX.
I. Du fond dc Pabinie de mon peche et de
ma misere.
3. Si tu gardes dans ta memoire rijuquitc
pour la punir : coxcc^. Job, xiv, 17.
4. AJi}i qii'on te revere, afin que les hom-
mes soient attires par la a te rendre leurs
hommages.
^. /^attends la realisation de ta parole, le
secours promis a ceux qui t'implorent.
J'attends : ce mot exprime le desir et en
meme temps la confiance.
6. N^aspirent aprh Vaurore : la repeti-
tion indique I'intensite du sentiment.
Les vers. 4-7 presentent dans les LXX et
la Vulg. quelques differences : 4. mais au-
■pres de toi est le pardon, et a cause de ta loi
(des promesses qu'elle contient)y> f attends
(j'attends ton secours), Seigtieurj inon dme
attend, confiante datts ta parole. 5. Afon
dine a mis son espoir dans le Seigneur.
6. Dcpuis la veille du matin (celle qui se
termine au matin) //«^«'<j la nuit,qu Israel
espere dans le Seigneur/ 7. Car aupres de
lui, etc.
PSAUME GXXXI.
1 . De David : ces mots ne sont pas dans
les LXX.
Les grandes choses, peut-etre ici les voies
mysterieuses de la Providence.
2. Mon dme est en moi, calme, confiante
en la bonte et la puissance d'un Dieu infini-
ment sage, comme I'enfant sevre depuis
longtemps, qui ne s'agite plus pour obtenir
le sein, mais qui se repose en paix dans les
bras de sa mere. Comp. Matth. xviii, 3.
Le Hir traduit : si je n\ii pas apaise et
reprime mon dme, qu^elle soil sevree de tes
consolations, comme I'enfant que Von sevre
du lait dc sa tnere.
—^®^ ^©f
260
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
des interpretes, que ce cantique auiait ete compost tout entier par Salomon ou sur son
ordre pour la ceremonie de la consecration du premier temple. Cette conclusion n'est
pourtant pas absolument rigoureuse, et d'autres interpretes en reportent la date a une
epoque posterieure, alors que la dynastie de David etait profondement humiliee, et que
Dieu semblait avoir oublicf les promesses faites a ce roi au sujet de sa posterite. A cette
ide'e rdpondrait assezbien le regne de Jechonias.
Ps.cxxxii. ^CANTIQUE des montees.
Souviens-toi, Jehovah, de David,
De toutes ses peines!
2 II fit ce serment h Jehovah,
Ce voeu au Fort de Jacob :
3 " Je n'entrerai pas dans la Lente ou j'habite,
Je ne monterai pas sur le lit ou je repose;
4 Je n'accorderai point de sommeil a mes yeux,
Ni d'assoupissement a mes paupieres,
5 Jusqu'a ce que j'ai trouve un lieu pour Jehovah,
Une demeure pour le Fort de Jacob. "
6 Voici, entendions-nous dire, qu'elle est a Ephrata;
Nous I'avons trouvee dans les champs dejahar.
7 Allons au tabernacle de Jehovah,
Prosternons-nous devant I'escabeau de ses pieds.
8 Leve-toi, Jehovah, viens au lieu de ton repos,
Toi et I'arche de ta majeste!
9 Que tes pretres soient revetus de justice,
Et que tes fideles poussent des cris d'aliegresse!
10 A cause de David, ton serviteur,
Ne repousse pas la face de ton Oint!
11 Jehovah a jure a David la verite,
II ne s'en departira pas :
Je mettrai sur ton trone le fruit de ton sein.
12 Si tes fils gardent mon alliance,
Et les preceptes que je leur enseignerai,
Leurs fils aussi, a tout jamais,
Seront assis sur ton trone. "
13 Car Jehovah a choisi Sion,
II I'a desiree pour sa demeure.
14 " C'est le lieu de mon repos pour toujours;
J'y habiterai, car je I'ai desiree.
15 Je repandrai de riches benedic'lions sur sa subsistance,
je rassasierai de pain ses indigents.
16 Je revctirai de salut ses pretres,
Et ses fideles pousseront des cris d'aliegresse.
17 La je ferai grandir la puissance de David,
Je preparerai un tlambeau a mon Oint.
PSAUME GXXXII.
I. De David; litt., pour David ^ pour I'en
r^compenser dans la personne de ses des-
cendants. — De totites les pei?ies qu'il s'est
donnees pour procurer a Jehovah une de-
meure fixe et digne de lui. Non seulement
il fit transporter I'arche dans un riche taber-
nacle dresse sur le mont Sion, mais ii pro-
mit par serment de ne prendre aucun repos
avant d'avoir bati un veritable temple.
L'execution de ce projet ayant ete retardee
par diverses guerres et ensuite reservce a
son fils Salomon par un ordre expres du
Seigneur, David fit tous les preparatifs ne-
cessaires pourlarendre facile h son succes-
seur. A'ulg., de ioiete sa douceur.
2. Fori de Jacob, nom donne h. Jehovah
{Gen. xlix, 24; Is. i, 24). Vulg., Dieu de
Jacob.
3-4. Sens de I'hyperbole : jen'aurai point
de repos que je n'aie trouve, etc.
6. Le Psalmiste nous transporte h. I'cpo-
que de David et fait parler le peuple. On
sail cjue I'arche d'alliance, apres un long
sejour a .Silo (tribu d'Ephraim), fut prise
dans line bataiile par les I'hilistins, puis
rendue aux Israelites, qui la deposcrent a
Cariathiarim dans la maison d'Aminadab.
LIBER PSALMORUM.
261
— :i:— PSALM US CXXXL — ^i^—
Deo exponit votum de area in Jerusalem
reducenda, eumque orat ut impleat jura-
mentum de Christo mittendo.
1.
Can ti cum graduum.
EMENTO Domine Da-
vid, et omnis mansuetu-
dinis ejus : 2. sicut juravit
DominOjVotumvovitDeo
Jacob : 3. "Si introiero in taberna-
culum domus meae, si ascendero in
lectum strati mei : 4. si dedero som-
num oculis meis, et palpebris meis
dormitationem : 5. et requiem tem-
poribus meis : donee inveniam locum
Domino, tabernaculum Deo Jacob.
6. Ecce audivimus eam in Ephra-
ta : invenimus eam incampis silvas.
y.Introibimusin tabernaculum ejus:
adorabimus in loco, ubi steterunt
pedes ejus. 8. * Surge Domine in re-
quiem tuam,tu et area sanctificatio-
nis tuas. 9. Sacerdotes tui induantur
justitiam : et sancti tui exsultent.
10. Propter David servum tuum,
non avertas faciem Christi tui.
1 1. Juravit Dominus David veri-
tatem, et non frustrabitur eam : ^de
fructu ventris tui ponam super se-
dem tuam. 12. Si custodierint filii
tui testamentum meum, et testimo-
nia mea haec, quas docebo eos : et
filii eorum usque in saeculum, sede-
bunt super sedem tuam. 13. Quo-
niam elegit Dominus Sion : elegit
eam in habitationem sibi.
14. Hasc requies mea in sascu-
lum sasculi : hie habitabo quoniam
elegi eam. i5.Viduam ejus bene-
dicens benedicam : pauperes ejus
saturabo panibus. 16. Sacerdotes
ejus induam salutari : et sancti ejus
exsultatione exsultabunt. 17. ''Illuc
* 2 Par. 6,
41.
Devenu roi sur tout Israel et maitre de
Jerusalem, David resolut de la transporter
dans sa nouvelle capitale, sur le mont Sion.
Le peuple applaudit a ce dessein et se met
en marclie pour aller chercher I'arche k
Ephrata, ;\ Cariathiarim, et la ramener k
Jerusalem, ou il lui offrira ses hommages.
— A, ou efz EpJirata : les uns font de ce
mot un synonyme d'Ephraim : en EpJirata,
c.-h.-d. dans la tribu d'Ephraim, a Silo;
mais, ne I'y ayant pas trouvee, nous avons
ete la chercher a Cariathiarim. Selon
Delitzsch, Ephrata designe poetiquement
Cariathiarim, parce que Sobal, pere des
habitants de cette localite, descendait
d'Ephrata,la seconde femme de Caleb (voy.
I Par. ii, 19, 50). — Jaharow lahar, forme
abregee de Cariath-Iariin, c.-a-d. ville des
bois : d'ou la traduflion de la Vulg., dans
les champs de laforet.
7. Ate tabernacle de Jehovah : la nouvelle
demeure preparee pour I'arche sur le mont
Sion. — IJescabeau de ses pieds : les cheru-
bins places au-dessus de I'arche formant le
trone de Jehovah, I'arche elle-meme etait
son marchepied.
S. Lcve-toi : acclamation qui saluait I'ar-
che lorsque, dans le desert, on la levait pour
la transporter d'une station a I'autre {Novibr.
X, 35. Comp. /"j. Ixviii, 2; II Par. vi, 40 sv.).
— De ta majeste, ou ta majeste reside;
Vulg., de ta saintete.
9. De justice., d'innocence : comp. Is.
lii, II. Les riches ornements qui servaient
aux pretres dans les ceremonies sacrees
figuraient la beaute interieure, la saintete
dont leur ame devait etre ornee.
10. La face suppliante, la priere de ion
Oint, de ton roi. Salomon avait dit ces pa-
roles k la consecration du premier temple
(II Par. vi, 42); le Psalmiste les met dans
la bouche de celui de ses successeurs qui
regnait de son temps.
11. A Jure, aussitot apres la translation
de I'arche sur le mont Sion (II Sai/i. vii, 12).
— ■ Le frmt, des rejetons sortis de ton sein.
Comp. I Rois., viii, 25.
13. Si tes fils : cette condition, non expri-
mee dans la promesse faite k David, etait
implicite.
13. Car: la raison de ces promesses, c'est
le choix que Jehovah a fait de Jerusalem.
14 sv. Replique de Jehovah : " Oui, c'est
la le lieu, " etc.
15. .Sa subsistance, les produits de la terre
destines k la nourriture des habitants de
Jerusalem et de tout le pays dont cette ville
est la capitale. Vulg., sa veuve : le traduc-
teur grec avait mis thera7i, qui correspond
exadlement a I'hebreu; mais una erreur de
copiste introduisit cheran {viduani) dans
plusieurs manuscrits, et c'est cette lec^on
fautive qu'a suivie la Vulgate.
16. De salut, de ma protedlion salutaire,
de mes faveurs : comp. vers. 9.
17 .ye ferai grandir, litt. pousser a David ,
a la maison de David, ti7te corfte, symbole
de gloire et de prosperite. — A inon Oint,
"^ 2 Reg. 7,
12. Luc. 1,
55. Act. 2,
30-
""Mai. 3, I.
Luc. I, 6g.
262
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
i8 Je revetirai de honte ses ennemis,
Et sur son front resplendiia son diademe.
Ps.
cxwiii.
PSAUME CXXXIII (VULG. CXXXIl).
|E cantique celebre les charmes de I'union entre les freres. II porte en tete le nom
de David; mais cette attribution, oniise dans plusieurs versions anciennes, et meme
dans quelques maniiscrits hebreux, signifie seulement qu'il imite le ton et la maniere
des Psaumes davidiques. II se rapporte, soit k la reunion de tons les enfants d'Israel en
un seul peuple apres I'exil, soit aux grands pelerinages qui reunissaient plusieurs fois chaque
annee des foules nombreuses a Jei"saleni; peut-ctre aussi n'a-t-il qu'une signification
morale, sans relation a aucun fait historique.
1 CANTIQUE des montees. De David.
Qu'il est bon, qu'il est doux
Pour des freres d'habiter ensemble !
2 C'est comme I'huile precieuse qui, repandue sur la tete,
Coule sur la barbe, sur la barbe d' Aaron,
Et descend sur le bord de son vetement.
3 C'est comme la I'osee de I'Hermon
Qui descend sur les sommets de Sion.
Car c'est Ik que Jdhovah a etabli la benedicflion,
La vie, pour toujours.
Ps.
cxxxiv.
Ps.cxxxv,
PSAUME CXXXIV (VULG. CXXXIII).
»jl\K peuple invite les pretres et les levites a louer Dieu nuit et jour; ceux-ci repondent
au peuple en le benissant au nom du Seigneur. Ce cantique etant le dernier des
Psaumes graduels, on pent le considerer comme un dialogue entre les pelerins qui
vont quitter la Ville sainte, et les ministres du culte qui y font leur sejour habituel.
> CANTIQUE des montees.
B^nissez Jehovah, vous tous, ses serviteurs,
Qui etes de service dans la niaison de Jehovah pendant les nuits.
2 Levez les mains vers le saniftuaire,
Et b^nissez Jehovah.
3 Que Jehovah te benisse de Sion,
Lui qui a fait les cieux et la terre !
PSAUME CXXXV (VULG. CXXXIV).
Estine a un usage liturgique, et postdrieur k la captivite, ce Psaume est compose de
fragments ou de reminiscences d'ouvrages antt^rieurs. L'auteur invite a louer Jeho-
vah (vers. 1-4), a cause de ses ccuvres dans la nature (5-7) et dans I'histoire (8-12),
et de sa bontd et de sa preeminence sur les idoles (13-18); conclusion : benissez Jeho-
vah (19-21).
Alleluia,
1 Louez le nom de Jehovah,
Louez-le, serviteurs de Jehovah,
2 Vous qui faites le service dans la maison de Jehovah,
Dans les parvis de la maison de notre Dieu.
3 Louez Jehovah, car Jehovah est bon;
Chantez son nom sur la harpe, car il est plein de douceur.
4 Car Jehovah s'est choisi Jacob,
// s'esi choisi Israel pour en f aire son heritag"e.
h celui des successeurs de David qui regnait
a I'epoque ou le Psaume fut compose. Sens :
je donnerai puissance et gloire a la race de
David.
iS. Et sur son front resplendira, litt.
Jienrira son diadhne; sens : son regne sera
glorieux. Vulg., fleurira iiia smifUficaiion,
ou iita saintetc.
LIBER PSALMORUM.
263
producam cornu David, paravi
lucernam Christo meo. 18. Inimi-
cos ejus induam confusione : super
ipsum autem efflorebit sanctifica-
tio mea.
-:>— PSA L M U S C XXX I T . — "^
Celebrat communionem san(florum.
I. Canticum graduum David.
ICCE quam bonum, et
quam jucundum habitare
fratres in unum : 1. sicut
unguentuni incapite,quod
descendit in barbam, barbam Aa-
ron, quod descendit in oram vesti-
menti ejus : 3. sicut ros Hermon,
qui descendit in montem Sion.
Quoniam illic mandavit Dominus
benedictionem, et vitam usque in
sasculum.
— :l:— PSALMUS GXXXIII. — :i:—
Hoitatio ad benedicendum Domino.
I. Canticum graduum.
ICCE nunc benedicite Do-
minum, omnes servi Do-
mini : qui statis in domo
Domini, in atriis domus
Dei nostri, 2. in noctibus extollite
manus vestras in sancta, et benedi-
cite Dominum. 3. Benedicat te Do-
minus ex Sion, qui fecit caelum et
terram.
— :i:— PSALMUS CXXXIV. — :i:—
Hortatio ad laudandum Deum, ei gratias
agendum et vanitatem idolorum agno-
scendam.
Alleluia.
AUDATE nomen Do-
mini, laudate servi Do-
minum. 2. Qui statis in
domo Domini, in atriis
domus Dei nostri. 3. Laudate Do-
minum, quia bonus Dominus : psal-
lite nomini ejus, quoniam suave.
4. Quoniam Jacob elegit sibi Domi-
nus Israel in possessionem sibi.
Les anciens rabbins entendaient du Mes-
sie les'vers. 17-18, et c'est en Jesus-Christ,
en effet, qu'ils se sont realises. Comp.
Liic, i, 68-70.
PSAUME CXXXIII.
1. Pou7- des freres, deja unis par la com-
munaute de foi et d'amour envers le meme
Dieu, d'habiter aiissi (ce mot est dans I'he-
breu) ensemble.
2. Lhiiile precieuse, melee de parfums,
qui servait a la consecration des pretres
{Exod. XXX, 23-30). Cette ceremonie se re-
petait souvent sous les yeux du peuple, car
Aaron represente ici le sacerdoce en gene-
ral. — ■ S71}' le bord superieur, la partie de la
robe qui entourait le cou.
3. La rosee de VHei-inoii... les soiinnets de
Sion : les masses d'eau qui montent des
hauteurs boisees de I'Hermon (a 4c lieues
au N. de Jerusalem) et de ses ravins tou-
jours couverts de neige, reduites en vapeurs
retombent en pluie et en rosee, sur les mon-
tagnes inferieures du voisinage et sur toutes
les collines de la Palestine, portant partout
la fecondite : juste et gracieuse image de
I'union fraternelle qui fond en un seul peuple
les Israelites du nord et ceux du midi. Le
Psalmiste nomme specialement le mont
Sion, point central divinement etabli d'ou
partent toutes les benedi(n;ions qui se re-
pandent sur le peuple de Dieu. — La vie
naturelle et surnaturelle : c'est le contenu
et le but de la benedidion. — Pour toujours
se rapporte a etabli.
PSAUME CXXXIV.
I. Apres, dans la maison de Jehovah : les
LXX et les versions anciennes ajoutent,
dans les pai'vis de la maison de notre Dieiij
c'est probablement par une erreur de copiste
que ces mots ont disparu du texte hebreu.
— Pendatif les mciis, pieut-etre avec la si-
gnification generale ^& jour et nuit. Il€st
certain d'ailleurs que les pretres et les levites
avaient a remplir un service de nuit {Lev.
viii, 35; I Sam. iii, 3; I Par. ix, 33); ce ser-
vice n'etait-il que de simple surveillance
(^comp. Luc, ii, 37)? Dans les LXX et la
Wn\g., pendant les miits est joint a ce qui
suit : a tort.
3. Te be'tiisse, bdnisse le peuple, ou celui
qui a parld en son nom. Comp. Nombr. vi, 24.
PSAUME CXXXV.
1. Comp. Ps. cxiii, i.
2. Comp. Ps. cxvi, 19.
4. Comp. Deut. vii, 6.
264
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
5 Oui, je le sais, Jehovah est grand,
Notre Seigneur est au-dessus de tons les dieux.
6 Tout ce que veut Jehovah, il le fait,
Dans les cieux et sur la terre,
Dans la mer et dans tons les abimes.
7 II fait monter les nuages des extremites de la terre,
II en fait jaillir les eclairs et la pluie,
II tire le vent de ses tresors.
8 II {rappii Jadt's les premiers-nes de I'Egypte,
Depuis rhomme jusqu'k I'animal.
9 II fit eclater des signes et des prodiges au milieu de toi, u Egypte,
Contre Pharaon et tous ses serviteurs.
ID 11 frappa des nations nombreuses,
Et fit mourir des rois puissants :
11 Sehon, roi des Amorrheens,
Og, roi de Basan,
Et tous les rois de Chanaan.
12 Et il donna leur pays en heritage,
En heritage k Israel, son peuple.
13 Jehovah, ton nom subsiste a jamais;
Jehovah, ton souvenir dure d'age en age.
14 Car Jehovah fait droit a son peuple,
Et il a compassion de ses serviteurs.
1 5 Les idoles des nations sont de I'argent et de For,
Ouvrage de la main des hommes.
16 Elles ont une bouche et ne parlent pas;
EUes ont des yeux et ne voient pas.
17 Elles ont des oreilles et n'entendent pas;
De leur bouche ne sort pas meme un souffle.
18 Qu'ils leur ressemblent ceux qui les font,
Tous ceux qui se confient en elles !
19 Maison d'Israel, benissez Jehovah!
Maison d'Aaron, benissez Jehovah 1
20 Maison de Levi, benissez Jehovah!
Vous qui craignez Jehovah, benissez Jehovah I
21 Que de Sion soit beni Jehovah,
Qui habite a Jerusalem !
' Alleluia!
rsAUME cxxxvi (vi:lg. CXXXV).
J^^a'iE Psaume, comme le precedent, est une exhortation a louer Jehovah, avec un
>^^il refrain repete a chaque verset. Un ou plusieurs levites en cliantaient sans doute la
^^^1 premiere partie, et le peuple repondait par le refrain, comme dans nos litanies.
Apres I'exorde (vers. 1-3), les motifs invoques sont les merveilles de la creation (4-9J et les
merveilles particulieres opdre'es en faveur d'Israel (10-25); conclusion (26). Comp. la con-
fession relat^e A'e'/i. ix.
Ps. I RENDEZ hommage h Jehovah, car il est bon.
cxxxvi Car sa misdricorde est (?ternelle.
2 Rendez hommage au Dieu des dieux.
Car sa misericorde est eternelle.
3 Rendez hommage au Seigneur des seigneurs,
Car sa misericorde est eternelle :
4 A celui qui seul opere de grands prodiges,
Car sa misericorde est Eternelle;
5 Qui a fait les cieux avec sagesse.
Car sa misericorde est eternelle;
6 Qui a etendu la terre sur les eaux,
Car sa misericorde est eternelle;
LIBER PSALMORUM.
265
12, I.
11,23.
5. Quia ego cognovi quod ma-
gnus est Dominus, et Deus noster
pra2 omnibus diis. 6. Omnia quas-
cumque voluit, Dominus fecit in
coelo, in terra, in mari, et in omni-
bus abyssis. 7. "Educens nubes ab
extremo terras : fulgura in pluviam
fecit. Qui producit ventos de the-
sauris suis :
8. *Qui percussit primogenita
i^gypti ab homine usque ad pecus.
9. Et misit signa, et prodigia in me-
dio tui T^Lgypte : in Pharaonem, et
in omnes servos ejus. 10. 'Qui per-
cussit gentes multas : et occidit
reges fortes : 11, ''Sehon regem
Amorrha2orum,et Og regem Basan,
et omnia regna Chanaan. 12. ''Et
dedit terram eorum hereditatem,
hereditatem Israel populo suo.
13. Domine nomen tuum in aster-
num : Domine memoriale tuum
in generationem et generationem.
14. Quia judicabit Dominus popu-
lum suum : et in servis suis depre-
cabitur. 15. ''Simulacra gentium ar-
gentum, et aurum, opera manuum
hominum. 16. ^Os habent, et non
loquentur : oculos habent, et non
videbunt. 17. Aures habent, et non
audient : neque enim est spiritus in
ore ipsorum. 18. ''Similes illis fiant
qui faciunt ea : et omnes, qui con-
fidunt in eis,
1 9. Domus Israel benedicite Do-
mino : domus Aaron benedicite
Domino. 20. Domus Levi benedi-
cite Domino : qui timetis Domi-
num, benedicite Domino. 21. Bene-
dictus Dominus ex Sion,qui habitat
in Jerusalem.
— :;:— PSALM US CXXXV. — :i:—
Celebratur Deus a crealione, et a miraculis
in gratiam Israel.
I.
Alleluia.
ONFITEMINI Domino
quoniam bonus : quoniam
in asternum misericordia
ejus. 2. Confitemini Deo
deorum : quoniam in asternum mi-
sericordia ejus. 3. Confitemini Do-
mino dominorum : quoniam in aster-
num misericordia ejus.
4. Qui facit mirabilia magna so-
lus : quoniam in aeternum miseri-
cordia ejus. 5. "Qui fecit ccelos in
intellectu : quoniam in asternum
misericordia ejus. 6. Qui firmavit
terram super aquas : quoniam in
aeternum misericordia ejus. 7. Qui
fecit luminaria magna : quoniam in
asternum misericordia ejus. 8. So-
lem in potestatem diei : quoniam in
aeternum misericordia ejus. 9. Lu-
nam, et stellam in potestatem no-
ctis : quoniam in aeternum miseri-
cordia ejus.
10.* Qui percussit iEgyptum cum
primogenitis eorum : quoniam in
aeternum misericordia ejus. 1 1. ''Qui
eduxit Israel de medio eorum : quo-
niam in asternum misericordia ejus.
12. In manu potenti, et brachio ex-
celso : quoniam in aeternum mise-
ricordia ejus. 13. Qui divisit Mare
' Gen. r, i.
* Exorl. 12,
29,
' Exod. 13,
17-
^. Je le sai's, surtout par le specflacle de
la nature.
6. Comp. Ps. c.xv, 3.
7. Ei la pluie, litt. pour la pbiie : des
eclairs qui annoncent et accompagnent la
pluie. — De ses tresors: coxw^./ob, xxxviii, 22.
8. Comp. Exod. xii, 29.
9. Comp. Ps. cv, 27 sv. cxxxvi, 15.
10. Comp. Deuf. vii, i; Jos. xii, 1-7;
xxiii, 9.
11. Comp. Nonibr. xxi, 24 sv. Dent, iii,
8 sv. Ps. cxxxvi, 17.
13. Ton 110m, ton souveni?-, ta gloire.
Comp. Exod. iii, 15; Ps. cii, 13.
14. Comp. Dent, xxxii, 36; Ps. xc, 13.
15-20. Emprunte a Ps. cxv, 4-11.
PSAUME CXXXVI,
I. Rendez hoinmage a Jehovah : cet hom-
mage consiste h. reconnaitre et a louer ses
perfe6lions infinies, et specialement ses
bienfaits.
2-3. Comp. Deut. x, 17.
5. Avec sagesse, dans le sens diinicUi-
gence : comp. Prov. iii, 19.
6. La ierre au-dessns des eaiix : les conti-
nents emergent au-dessus des eaux qui les
entourent de toHtes parts.
266 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
7 Qui a fait les grands luminaires,
Car sa misericorde est eternelle,
8 Le soleil pour presider aux jours,
Car sa misericorde est Eternelle,
9 La lune at les etoiles pour presider a la nuit,
Car sa misericorde est eternelle;
10 A celui qui frappa les Egyptians dans leurs premiers-nes,
Car sa misericorde est eternelle,
11 II fit sortir Israel du milieu d'eux,
Car sa misericorde est Eternelle,
12 D'une main forte et d'un bras etendu,
Car sa misericorde est eternelle;
13 A celui qui divisa en deux la mer Rouge,
Car sa misericorde est eternelle,
14 Qui fit passer Israel au travers,
Car sa misericorde est eternelle,
15 Et precipita Pharaon et son armee dans la mer Rouge;
Car sa misericorde est eternelle;
16 A celui qui conduisit son peuple dans le desert,
Car sa misericorde est eternelle,
17 Qui frappa de grands rois.
Car sa misericorde est eternelle,
18 Et fit perir des rois puissants.
Car sa misericorde est Eternelle;
19 Sehon, roi des Amorrheens,
Car sa misericorde est eternelle,
20 Et Og, roi de Basan,
Car sa misericorde est dternelle;
21 Qui donna leur pays en heritage,
Car sa misericorde est eternelle,
22 En heritage a Israel, son serviteur,
Car sa misericorde est Eternelle;
23 A celui qui se souvint de nous quand nous etions humilies.
Car sa misericorde est eternelle,
24 Et nous delivra de nos oppresseurs,
Car sa misericorde est eternelle;
25 A celui qui donne h tout ce qui vit la nourriture,
Car sa misericorde est Eternelle.
26 Rendez hommage au Dieu des cieux,
Car sa misericorde est eternelle.
PSAUME CXXXVII (VULC. CXXXVl).
|E Psaume se rapporte au temps le plus voisin du retour de la captivite, soit avant,
soit apres ce retour. C'est un des chefs-d'oeuvre de la poesie lyrique des H^breux.
La tristesse du debut, I'emotion louchante des strophes du milieu, et a la fin une
indignation qui eclate en imprecations terribles, forment une gradation du plus grand effet.
— Tout entiers aux souvenirs de Sion (vers, i), les Israelites refusent de chanter les can-
tiques de Jehovah sur la terre etrangcre (2-4); Jerusalem est tout leur amour (5-6); que
Dieu punisse leurs oppresseurs, Edom et Babylone (7-9) I
Les noms de David et de Jeremie mis en tete du Psaume dans la Vulgate sent apo-
cryphes.
Ps. I AU bord des fleuves de Babylone
cxxxvii. Nous etions assis et nous pleurions.
En nous souvenant de Sion.
2 Aux saules de ses vallees
Nous avions suspendu nos harpes.
3 Car Ik nos vainqueurs nous demandaient nos cantiques,
Nos oppresseurs des chants joyeux :
" Chantez-nous un cantique de Sion ! "
LIBER PSALMORUM.
267
rubrum in divisiones : quoniam in
asternum misericordia ejus. 14. Et
eduxit Israel per medium ejus: quo-
niam in aeternum misericordia ejus.
)d. 14, i5.''Et excussit Pharaonem,et vir-
tu tem ejus in Mari rubro : quo-
niam in asternum misericordia ejus.
16. Qui traduxit populum suum
perdesertum : quoniam in aeternum
misericordia ejus. 17. Qui percussit
reges magnos : quoniam in asternum
^m. 21, misericordia ejus. 18. 'Et occidit
reges fortes : quoniam in asternum
misericordia ejus. 1 9. Sehon regem
Amorrhasorum : quoniam in aster-
1.21, num misericordia ejus. 20. ^Et Og
regem Basan : quoniam in aeternum
13, 7. misericordia ejus. 2 1 . ^Et dedit ter-
ram eorum hereditatem: quoniam in
asternum misericordia ejus. 22. He-
reditatem Israel servo suo : quo-
niam in aeternum misericordia ejus.
23. Quia in humilitate nostra me-
mor fuit nostri : quoniam in aster-
num misericordia ejus. 24. Et rede-
mit nos ab inimicis nostris : quo-
niam in asternum misericordia ejus.
25. Qui dat escam omni carni : quo-
niam in asternum misericordia ejus.
26. Confitemini Deo coeli : quo-
niam in asternum misericordia ejus.
Confitemini Domino dominorum :
quoniam in asternum misericordia
ejus.
— :!:— PSALM US CXXXVI. — :i:—
Flebilis captivi populi querimonia, dum
recordaretur Sion.
Psalmus David, Hieremias.
UPER flumina Babylo-
nis, illic sedimus et flevi-
mus : cum recordaremur
Sion : 2. in salicibus in
medio ejus, suspendimus organa
nostra. 3. Quia ilHc interrogaverunt
nos, qui captivos duxerunt nos,
verba cantionum : et qui abduxe-
runt nos : Hymnum cantate nobis
de canticis Sion. 4. Quomodo can-
tabimus canticum Domini in terra
aliena.''
5. Si oblitus fuero tui Jerusalem,
oblivioni detur dextera mea. 6. Ad-
hasreat lingua mea faucibus meis, si
non meminero tui : si non propo-
suero Jerusalem, in principio lasti-
tias meas.
7. Memor esto Domine filiorum
Edom, in die Jerusalem : qui di-
cunt : Exinanite, exinanite usque
ad fundamentum in ea. 8, Filia Ba-
bylonis misera : beatus, qui retri-
buet tibi retributionem tuam, quam
retribuisti nobis. 9. Beatus, qui te-
nebit, et allidet parvulos tuos ad
petram.
89. Comp. Ccn. i, 16.
12. Comp. Deut. iv, 34; v, 15.
17-22 : empiiinte au Ps. cxx.w, 10-12.
26. Dieu dii ct'el, appellation recente qui
se trouve pour la premiere fois Nt'k. i, 4; ii,4.
La Vulgate ajoute a ce verset : Rendes
horn mage an Seigiiair des seigneurs, car,
etc., emprunte au vers. 3.
PSAUME CXXXVII.
I. Les fleuves de Baby lone : I'Euphrate, le
Tigre, le Chobar, TUlai et d'innombrables
canaux. Les Juifs, pour faire plus facilement
leurs ablutions, s'etablissaient de preference
dans le voisinage des cours d'eau {Aft.
xvi, 13).
2. Sttspendti 9WS Jiarpes : faut-il prendre
a la lettre cette gracieuse image? Ou bien
I'auteur veut-il faire seulement entendre que
les Israelites, sur la terre etrangere, ont
cesse leurs chants et fait taire leurs instru-
ments ?
3. Nos vainqueiirs, plus exacflement cet(X
qui notis 07if eminertes en exil.
268
CINOUIEME LIVRE DES PSAUMES.
4 Comment chanterions-nous le cantique de Jehovah
Sur une terre (ftrangere?
5 Si jamais je t'oublie, Jerusalem,
Que ma droite oublie de se inouvoir!
6 Que ma langue s'attache a mon palais,
Si je cesse de penser k toi,
Si je ne mets pas Jerusalem
Au premier rang de mes joies !
7 Souviens-toi, Jehovah, des enfants d'Edom,
Quand, au jour de Jerusalem,
lis disaient : " Detruisez, detruisez-la
Jusqu'en ses fondements! "
8 Fille de Babylone, vouee ;\ la ruine,
Heureux celui qui te rendra
Le mal que tu nous as fait!
9 Heureux celui qui saisira tes petits enfants
Et les brisera contre la pierre !
PSAUME CXXXVIII (VULG. CXXXVIl).
Ps.
cxxxviii.
Avid rend graces a Dieu d'un bienfait regu, probablement de la promesse que lui fit
le Seigneur d'etablir son trone k jamais et de faire sortir de lui le IMessie (II Sam.v'n).
Les LXX ajoutent dans le titre : de ou par A_s^gt'e et Zacliarie, peut-etre pour rap-
peler que ces deux prophetes ont fait usage de ce Psaume dans quelque occasion solen-
nelle posterieure k la captivite.
Ciraces soient rendues a Jehovah pour sa magnifique promesse (vers. 1-3); quand elle
se realisera, tons les rois de la terre le loueront (4-6); le Psalmiste sera toujours I'objet de
sa bont^ (7"8).
' DE David.
Je veux te louer de tout mon cceur,
Te chanter sur la harpe en presence des dieux.
2 Je veux me prosterner dans ton saint temple,
Et celebrer ton nom ;i cause de ta bontc et de ta fid^lite,
Parce que tu as fait une promesse magnifique,
Au-dessus de tonics les gloires de ton nom.
3 Le jour ou je t'ai invoqucf, tu m'as exauce,
Tu as rendu a mon ame la force et le courage.
4 Tous les rois de la terre te loueront, Jehovah,
Quand ils auront appris les oracles de ta bouche.
5 Us ccleljreront les joies de Jehovah,
Car la gloire de Jehovah est grande.
6 Car Jehovah est eleve, et il voit les humbles,
Et son regard connail de loin les orgueilleux.
7 Si je suis dans la detresse, tu me rends la vie,
Tu dtends ta main pour arreter la colere de mes ennemis,
Et ta droite me sauve.
8 Jehovah achevera ce qu'il a fait pour moi.
Jehovah, ta bonte est eternelle,
N'abandonne pas I'ouvrage de tes mains!
PSAUME CXXXIX (VULG. CXXXVIIl).
E Psaume, I'un des plus beaux, mais aussi des plus difficiles du Psautier, est attri-
bue par le titre a David. La place qu'il occupe dans le recueil, et surtout plusieurs
aramaismes qui s'y rencontrent, ont fait naitre quelques doutes sur Texacflitude de
cette attribution. Dans la v^ partie (vers. 1-12), I'auteur depeint la science infinie et I'im-
mensite divine, k qui rien ne peut echapper; dans la 2^ (13-18), il loue Jehovah qui donne
la vie k I'homme et a qui les phases primitives de notre existence ne'sont pas cachees, non
LIBER PSALMORUM.
269
—:;:— PSALM US CXXXVIL— :?=—
Laudat Deiim ob beneficia, et omnes reges
ad laudandum Deum provocat.
Ipsi David.
ONFITEBOR tibi Do-
mine in toto corde meo :
quoniam audisti verba oris
; mei. In conspectu Ange-
loriim psallam tibi : 2, adorabo ad
templum sanctum tuum,et confite-
bor nomini tuo. Super misericordia
tua, et veritate tua : quoniam ma-
gnificasti super omne, nomen san-
ctum tuum. 3. In quacumque die
invocavero te, exaudi me : multipli-
cabis in anima mea virtutem.
4. Confiteantur tibi Domine om-
nes reges terras : quia audierunt
omnia verba oris tui : 5. et cantent
in viis Domini : quoniam magna est
gloria Domini. 6. Ouoniam excel-
sus Dommus, et humilia respicit :
et alta a longe cognoscit.
7. Si ambulavero in medio tribu-
lationis, vivificabis me : et super
iram inimicorum meorum extendi-
sti manum tuam, et salvum me fecit
dextera tua. 8. Dominus retribuet
pro me : Domine misericordia tua
in sasculum : opera manuum tua-
r.um ne despicias.
.1.
— • —
•I*
5. Que ma droit e onblie, sous-entendu le
mouveineitf; Vulg. , qtee ma droite soil ou-
blice^ comme un membie hors d'usage : ce
qui revient a peu pies au meme.
7. Les cnfants cVEdoni (Idume'ens), mal-
grd leur communaiite d'origine avec le peu-
ple de Dieu, se montrerent toujours ses en-
nemis. Quand les Chaldeens s'emparerent
de la ville sainte, ils etaient la, excitant les
vainqueurs et prenant part avec eux a la
destruflion et au pillage. (Comp. Lament.
iv, 21; Amos, i, \\\Jocl, iii, 19).
8. Fille de Babylone, periphrase hebraique
pour Babylone. — Vouce a la ruine, litt.
devastee :\t Psalmiste volt son souhait deja
accompli et assiste en esprit a la scene de
devastation. Prise par Cyrus I'an 538 avant
Jesus-Christ, Babylone ne fut detruite que
par Darius Hystaspes, vers I'an 516 : notre
Psaume est probablement anterieur a cette
epoque. — Heureicx celiii : qu'il soit beni
de Dieu !
g. Les hrisera : trait de barbarie frequent
a cette epoque dans le sac des villes {Os.
X, 14; NaJi. iii, 10; II Rois, viii, 12. Comp.
Homere, //. xxii, 63; xxiv, 732). Dans I'An-
cien Testament, le royaume cle Dieu etait
comme incorpore dans un seul peuple; il
n'avait pas encore revetu sa forme univer-
selle : voilk pourquoi le desir, et meme la
simple annonce de son extension a I'univers
entier emprunte leur expression a la langue
de la guerre et des batailles.
PSAUME GXXXVIII.
1. En presence des dicux, soit des anges
{Ps. viii, 7), soit des grands de la nation,
magistrats et pretres (II Sam. vii, 9). La
Vulgate ajoute : Car iu as entendn la parole
(priere) de ma boiichc.
2. Parce que tu as fait ; litt., parce que fit
as fait grande, par-dessus tout ton nom, ta
parole : la promesse faite a David depassait,
par la richesse de son contenu et la gran-
deur de ses consequences, tout ce qui, dans
les revelations anterieures, pouvait glorifier
le nom de Jehovah et manifester ses perfec-
tions. Telle est I'explication ordinaire du
texte hebreu acfluel. Cook : parce que tu as
magnifiqtcement acco)npli ta parole (pro-
messe), au-dela meme de ce que demandait
ton nom, ta gloire, ton renom de fidelite.
Les anciennes versions ont lu autrement.
LXX et \ \x\^. , paf'ce que tu as fait grand
par-dessus tout ton satttt nom.
5. Les voies de Jehovah, ses desseins pro-
videntiels,sa conduite dans legouvernement
du monde, et particulierement les moyens
dont il a voulu se servir pour procurer le
salut du monde par Jesus-Christ.
270
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
Ps.
cxxxix.
plus que notre destinee future; dans la 3^ enfin (19-24X il s'eleve centre les ennemis du
Createur et demande h etre lui-meme eprouve et purifie.
1 AU maitre de chant. Psaume de David.
Jdhovah, tu me sondes et tu me connais,
2 Tu sais quand je suis assis ou leve,
Tu decouvres mes pensees de loin.
3 Tu sais quand je suis en marche ou couche,
Et toutes mes voies te sonl familieres.
4 La parole n'est pas encore sur ma langue,
Que deja, Jehovah, tu la connais entierement.
5 Tu m'entoures de tous cotes,
Et tu mets ta main sur moi.
6 Une science aussi merveilleuse est au-dessus de ma portee,
EUe est trop elevee pour que je puisse y atteindre.
7 Ou aller pour me derober a ton esprit.''
Ou fuir pour echapper a ton regard?
8 Si je monte aux cieux, tu y es ;
Si je me couche dans le sejour des morts, te voila!
9 Si je prends les ailes de I'aurore,
Et que j'aille habiter aux confins de la mer,
10 La encore ta main me conduira
Et ta droite me saisira.
11 Et je dis : Au moins les tenebres me couvriront,
Et la nuit sera la seule lumiere qui m'entoure :
12 Les tenebres n'ont pas pour toi d'obscurite;
Pour toi la nuit brille comme le jour,
Et les tenebres comme la lumiere.
13 C'est toi qui as forme mes reins,
Et qui m'as tisse dans le sein de ma mere.
14 Je te rends graces d'avoir fait de moi une creature si merveilleuse;
Tes oeuvres sont admirables,
Et mon ame se plait a le reconnaitre.
15 Ma substance n'etait pas cachde devant toi,
Lorsque j'etais forme dans le secret,
Tisse avec art dans les profondeurs de la terre.
16 Je n'etais qu'un germe informe, et tes yeux me voyaient,
Et sur ton livre etaient tous inscrits
Les jours qui m'etaient destines,
Avant qu'aucun d'eux fiit encore.
17 O Dieu, que tes pensdes me semblent ravissantes!
Quelles sont nombreuses les cciivrcs de ta sagessc!
18 Si je veux les compter, elles surpassent en nombre les grains de sable;
Je m'eveille, et je suis encore avec toi.
19 O Dieu, ne feras-tu pas perir le mechant?
Hommes de sang, dloignez-vous de moi!
PSAUME CXXXIX.
1. Tu me cotmais tout entier : le Psal-
miste decompose ensuite cette idee en ses
divers elements : Dieu connait I'homme
(issis ou leve (vers. 2), en iimrcJie ou couche{2,) ;
il saisit ses pensees et ses sentiments, avant
meme qu'ils soienttout a fait formds (vers. 2);
ses voies, c.-a-d. ses acflions; enfin, il entend
sa parole (vers. 4).
2. He loin, dit S. Hilaire, se rapporte au
temps, non au lieu.
3. Ou couche. Vulgate, funiculuni, corde
de jonc (gr. aj^o^vov) servant de mesure :
probablement la diredion de mes pas.
5. Tu mets ta niain sur moi, ou, comme
dit Bossuet, " partout ta main puissante est
sur moi, " tu me tiens sous ta dependance
absolue.
Les vers. 4-5 sont tout a fait defigures
dans la Vulgate.
7. Ton esprit, ton souffle qui donne la vie
aux creatures. — Ton regard, litt. ta face,
bienveillante ou irritee.
LIBER PSALMORUM.
271
e^M^5
-:i:- PS A L M U S CXXX V 1 1 1 . -*-
Sciens Deum nihil latere, suam in eum
fiduciam profitetur.
1. In finem, Psalmus David.
OMINE probasti me, et
cognovisti me : 2. tu co-
gnovisti sessionem meam,
et resurrectionem meam.
3. Intel lexisti cogitationes meas de
longe : semitam meam, et funicu-
lum meum investigasti. 4. Et om-
nes vias meas praevidisti : quia non
est sermo in lingua mea. 5. Ecce
Domine tu cognovisti omnia novis-
sima, et antiqua : tu formasti me, et
posuisti super me manum tuam.
6. Mirabilis facta est scientia tuaex
me : confortata est, et non potero
ad eam.
7. Quo ibo a spiritu tuo.'' et quo
a facie tua fugiam.'^ 8. "Si ascendero
in coelum, tu illic es : si descendero
in infernum, ades. 9. Si sumpsero
pennas meas diluculo, et habitavero
in extremis maris : 10. etenim illuc
manus tua deducet me : et tenebit
me dextera tua. 1 1. Et dixi : Forsi-
tan tenebras conculcabunt me : et
nox illuminatio mea in deliciis meis.
12. Ouia tenebras non obscurabun-
tur a te, et nox sicut dies illumma-
bitur : sicut tenebras ejus, ita et lu-
men ejus.
1 3. Quia tu possedistirenesmeos:
suscepisti me de utero matris meae.
14. Confitebor tibi quia terribiliter
magnificatus es : mirabilia opera
tua, et anima mea cognoscit nimis.
15. Non est occultatum os meum a
te, quod fecisti in occulto : et sub-
stantia mea in inferioribus terras.
16. Imperfectum meum viderunt
oculi tui, et in libro tuo omnes scri-
bentur : dies formabuntur, et nemo
in eis. 17. Mihi autem nimis hono-
rificati sunt amici tui, Deus : nimis
confortatus est principatus eorum.
18. Dinumerabo eos, et super are-
nam multiplicabuntur : exsurrexi,
et adhuc sum tecum.
1 9. Si occideris Deus peccatores :
9. L'auteur prete des ailes a I'aurore, pour
peindre la rapidite des rayons lumineux qui,
partant de I'orient, arrivent en un clin d'oeil
aux confins de la mer (Mediterranee), a
I'occident. Ainsi le regard de Dieu le suit
dans toutes les diredlions, aussi bien de long
en large que de haut en bas.
10. La niain de Dieu, c'est le concours
divin en tout et partout necessaire.
11-12. Nous suivons I'interpretation de
Delitzsch, qui met I'apodose entre le vers. 1 1
et le vers. 12. La plupart, avec Le Hir, la
placent apres le i^r membre du vers. 11 :
St je dls : ait vioins les tctiebres me couvri-
ront, — la mat devient lumiere aiitoiir de
lot, les tenebres /I'ont pas pour toi d''obscu-
rite, pour toi la unit, etc.
13. Mes reins, siege intime des pensees et
des sentiments, dans la psychologic des
Hebreux.
15. Ma stibstatice, mon corps. ^ — Dans le
secret du sein maternel. Comp. II Macch.
vii, 22 sv. Tisse avec art, litt. brode, dans
les profondeurs de la tert-e : l'auteur appelle
ainsi le sein maternel par allusion kla crea-
tion de nos premiers parents formes de la
poussiere de la terre : comp. /ob, i, 21.
16. Dans ton livre : Dieu, dit Bellarmin,
a dans sa pensee les exemplaires ou idees
de toutes les creatures, de meme qu'un pein-
tre ou un statuaire salt ce que deviendra le
bloc informe qu'il a devant lui, parce qu'il
voit cette image dans son esprit. — Fornia-
buntur, dans la Vulg., signifie sont disposes,
arranges et determines d'avance par Dieu.
\Z. Je ni'eveille : apres avoir medite tout
le jour ces pensdes divines, cette sagesse
merveilleuse qui apparait dans le corps de
I'homme, j'y son^e encore pendant la nuit,
et, la matiere n'etant pas epuisee, je conti-
nue de m'en occuper a mon reveil.
Glaire traduit ainsi les vers. 17-18 d'apres
la Vulgate : Afais pour nioi, 0 Dieu, vos
amis sont deventis extremement Jionorables ;
leur empire s'' est extrememeni fortific. 18. Je
les compterai, etc. L'Eglise, dans sa liturgie,
applique le vers. 17 aux Apotres.
19. Tout ravi des perfeftions divines qu'il
vient de contempler, le Psalmiste s'indigne
que des creatures raisonnables outragent un
Dieu si sage et si puissant.
Les mechants, ce sont les Israelites infi-
deles et les nations idolatres, tous les hom-
mes en rdvolte contre Dieu. — Honimes de
sang : le peche conduit k la mort ; les pe-
cheurs peuventdonc etre appeles des meur-
triers {V Jean, iii, 15) : ils le sont d'eux-me-
mes et de ceux qu'ils pervertissent.
272
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
20 lis parlent de toi d'une inaniere criminelle,
lis prennent ton nom en vain, eux tes ennemis!
21 Ne dois-je pas, Jehovah, hair ceux qui te haissent,
Avoir en horreur ceux qui s'elevent contre toi?
22 Oui, je les hais d'une haine complete,
Je les regarde comme mes propres ennemis.
23 Sonde-moi, 6 Dieu, et connais mon cceur;
Eprouve-moi, et connais mes pensees.
24 Regarde si je suis sur la voie du mal,
Et conduis-moi dans la voie eternelle.
PSAUME CXL (VULG. CXXXIX).
Avid implore le secours divin contre les hommes mechants qui le persecutent
(vers. 2-6); plein de confiance en Dieu, il demande que leurs desseins soient
aneantis (7-12); promesse de reconnaissance (13-14).
Est-ce a la persecution de Saiil (I Sam. xxii, 9; xxiii, 19) ou a la revoke d'Absalon
que ce Psaume doit ctre rapporte? Les interpretes sont partages sur ce point, d'ailleurs
sans importance.
Ce cantique a beaucoup d'analogie avec Ps. Ivii et Ixiv, ainsi qu'avec Ps. cxli-cxliii :
L'Eglise I'a insere dans I'office des Jeudi et Vendredi saints, parce qu'elle voit dans la
personne de David la figure du Messie souftrant et persecute.
^^- c>;l. ^ AU maitre de chant. Psaume de David.
2 Jehovah, delivre-moi de I'homme mechant,
Defends-moi contre I'homme de violence,
3 Qui meditent de mauvais desseins dans leur ctuur.
Qui excitent sans cesse la guerre contre iiioi,
4 Qui aiguisent leur langue comme le serpent,
Et c[ui ont sous leurs levres le venin de I'aspic. — Sc'lii.
5 Jehovah, garde-moi des mains du mechant,
Ddfends-moi contre les hommes de violence,
Qui meditent de me faire tomber.
6 t3es orgueilleux cachent des pieges et des filets sous mes pas,
lis tendent des rets le long de mon sentier,
lis me dressent des embuches. — Se/a.
7 Je dis a Jehovah : Tu es mon Dieu!
Ecoute, Jehovah, la voix de mes supplications.
8 Jehoxah Adonai, mon puissant sauveur,
Tu couvres ma tete au jour du combat.
9 Jehovah, n'accomplis pas le desir des mechants,
Ne laisse pas reussir leurs perfides desseins ; ils en seraient trop fiers. — Selti.
10 Que sur la tete de ceux cjui m'assicgent
Retombe I'iniquite de leurs levres.
1 1 Que des charbons ardents soient secoues sur eux!
Que Dieu les precipite dans le feu,
Dans des abimes d'oii ils ne relcvent plus!
12 iXon, le calomniateur ne prosperera pas sur la terre,
Et le malheur |)oursuivra sans merci Thomme violent.
13 Je sais que Jehovah fait droll au miserable,
Et justice au pauvre.
14 Oui, les justes celebreront ton nom,
Et les hommes droits habiteront devant ta face.
PSAUME CXLI (VULG. CXL).
^^^^E Psaume presente plusieurs passages difhciles a interpreter; peut-ctre le texte en
'W^^ est-il corrompu. L'occasion historique de sa composition est incertaine. Le Hir le
rapporte au jour ou David apprit la mort de Saiil, Delitzsch k la revoltfe d'Absalon,
Hengstenberg k I'episode de la caverne d'Engaddi (I Sam. xxiv), d'autres a celui de la
LIBER PSALMORUM.
273
viri sanguinum declinate a me :
TO. Quia dicitis in cogitatione : Ac-
cipient in vanitate civitates tuas.
2 i.Nonne qui oderunt te Domine,
oderam : et super inimicos tuos ta-
bescebam? 22.Perfecto odio oderam
illos : et inimici facti sunt mihi.
23. Proba me Deus, et scito cor
meum : interroga me, et cognosce
semitas meas. 24. Et vide, si via
iniquitatis in me est : et deduc me
in via asterna.
— :i:— PSALMUS CXXXIX. — :>—
Orat pro sua salute : hostibus imprecatur.
I. In finem, Psalmus David,
RIPE me Domine ab ho-
mine malo : a viro iniquo
eripe me. 3. Oui cogita-
verunt iniquitates in cor-
de : tota die constituebant proelia.
4. " Acuerunt linguas suas sicut ser-
pentis: venenum aspidum sub labiis
eorum.
5. Custodi me Domine de manu
peccatoris : et ab hominibus iniquis
eripe me. Qui cogitaverunt supplan-
tare gressus meos : 6. ^absconderunt
superbi laqueum mihi: et funes ex-
tenderunt in laqueum : juxta iter
scandalum posuerunt mihi.
7. Dixi Domino : Deus mens es
tu : exaudi Domine vocem depre-
cationis meae. 8. Domine, Domine
virtus salutis meas : obumbrasti
super caput meum in die belli :
9. ne tradas me Domine a deside-
rio meo peccatori : cogitaverunt
contra me, ne derelinquas me, ne
forte exaltentur. 10. Caput circui-
tus eorum : labor labiorum ipso-
rum operiet eos. 11. Cadent super
eos carbones, in ignem dejicies
eos : in miseriis non subsistent.
12. Vir linguosus non dirigetur in
terra : virum injustum mala capient
in interitu.
13. Cognovi quia faciet Dominus
judicium inopis : et vindictam pau-
perum. 14. Verumtamen justi con-
fitebuntur nomini tuo : et habita-
bunt recti cum vultu tuo.
*Sup, 118,
no.
20. Vulgate •.parte que voiis dites eit vous-
iiieines : Us rccevront en vain vos cites,
c.-a-d. les amis de Dieu seront depossedes
par les mechants des villes dont Dieu les
avait mis en possession : pensee e'trangere
au Psaume.
21-22. Les amis de Uieu haissent tout ce
que Dieu hait, mais seulement comme Dieu
lui-meme le hait. Or Dieu hait les mechants
en tant qu'ennemis de son royaume.
23-24. Sondes mon coeur, pour voir s'il ne
s'y trouve pas quelque attachement a I'ini-
quite, et aidez-moi a marcher jusqu'a la fin,
non dans la voie du mal, qui conduit a la
ruine {^Ps. i, 6), mais dans la voie de Dieu
i^Ps. xxvii, 11), qui conduit a la vie eternelle.
PSAUME CXL.
I. De P/io/mne, probablement dans le sens
colletlif : des hoinnies.
4. Comp. Ps. v, II; Iviii, 5; Ixiv, 4.
8. Tic couvres nia tete, comme d'un cas-
que, par ta protetflion.
9. Vulgate : ne me livre pas au pecheur
contre mon desir (le de'sir exprime dans la
priere du vers. 7), ils cotispirent contre //loi,
ne nCabandonne pas, de peur quUls ne triom-
phent. S. Jean Chrysostome et S. Augustin
expliquent autrement le premier membre :
ne donne au pecheur rien de ce queje desire
et que j'aime.
10. Liniquite de leurs levres, le mal qu'ils
veulent me faire par leurs calomnies.
Le Hir donne a caput le sens de chef : le
chef des enneniis qui in\xssicgent (Doeg ou
Achitophel), que Piniquite de ses levres re-
tombe sur lui! La Vulg. pent se traduire de
la meme maniere.
Delitzsch et d'autres otent au vers. 9 le
verbe qui le termine et le reportent au ver-
set 10 : ils clevent la tete (litt. ils s'elevent
quant a la tete) ceux qui niassicgent : que
Viniquitc de leurs levres retombe sur eux!
12. Le calomniateur, litt. Phonune delan-
gue, ne prospcrera ou ne s^aj)ermira pas,
n'aura pas de demeure stable. — Sans merci,
litt. avec poussces ; Vulg. a saperte.
Ce verset pourrait aussi se traduire par
I'optatif.
14. Les honimes droits, ceux qu'on vou-
drait chasser de la terre d'Israel, et meme
faire disparaitre de la terre des vivants, au-
ront une demeure assuree devant la face de
Dieu. Sur cette dernicre expression, voy.
Ps. xvi, II, note.
N° 23 — LA SAINTE BIBLE. TO.MEI/. — iS
274
CINQUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
montagne de Maon, lorsque Saiil, sur le point de prendre David, dut abandonner sa proie
pour repousser une invasion des Philistins (I Sam. xxiii, 26 sv.), etc. etc.
Le Psalmiste commence par demander a Dieu de le preserver de la society des
mediants et de toute participation a leur malice (vers. 1-4), et il implore a la fin son
secoLirs centre les pieges qu'ils lui tendent (8-10). Les vers. 5-7 ont regu les interpretations
les plus diverses;nous donnerons sans discussion celle qui nous a paru la plus satisfaisante.
Ps. cxli. iPSAUMEde David.
Jehovah, je t'invoque; hate-toi de venir;
Prete I'oreille a ma voix, quand je t'invoque.
2 Que ma priere soit devant ta face comme I'encens,
Et I'elevation de mes mains comme I'offrande du soir!
3 Jehovah, mets une garde a ma bouche,
Une sentinelle a la porte de mes levres.
4 N'incline pas mon coeur vers le mal,
A des adions mauvaises avec les hommes qui commettent I'iniquite ;
Que je ne prenne aucune part a leurs festins!
5 Que le juste me frappe, c'est une faveur;
Qu'il me reprenne, c'est un parfum sur ma tete;
Ma tete ne le refusera pas,
Car alors encore je n'opposerai que ma priere a leurs mauvais desseins.
6 Mais bientot leurs chefs seront precipites le long des rochers;
Et le peuple entendra mes paroles et les aura pour agreables.
7 Comme quand le laboureur trace des sillons et ameublit la terre,
Ainsi nos ossements sont semes au bord du scheol.
8 Car vers toi, Jdhovah Adonai, je tourne mes yeux;
Aupres de toi je cherche un refuge : n'abandonne pas mon ame!
9 Preserve-moi des pieges qu'ils me tendent,
Des embuches de ceux qui font le mal !
10 Que les mechants tombent dans leurs propres filets,
Et que j'echappe en meme temps !
PSAUME CXLII (VULG. CXLl).
Oursuivi par les partisans de Saiil et refugid dans une caverne (celle d'Odollam,
I Sam. xxii, ou celle d'Engaddi, ibid, xxiv?), David implore le secours de Dieu,
qui seul pent le faire cchapper a ses ennemis.
Cette priere convient a tout fidele expose aux tribulations et aux miseres de cette vie.
S. Bonaventure nous apprend que S. Francois d'Assise mourant la recita et qu'il expira
apres en avoir repete le dernier verset : " Tirez mon ame de la prison, afin qu'elle chante
vos louanges." L'Eglise en a fait, comme du Ps. cxxx, une priere pour les morts.
Ps. cxlii. ^ CANTIQUE de David. Lorsqu'il etait dans la caverne. Priere.
2 De ma voix je crie a Jehovah,
De ma voix j'implore Jehovah;
3 Je repands ma plainte en sa presence,
Devant lui j'expose ma detresse.
4 Lorsqu'en moi mon esprit defaille,
Toi tu connais mon sentier;
I Tu sals que, dans la route ou je marche,
lis me tendent des pieges.
5 Jette les yeux a fjia droite et vois :
Personne ne me reconnait;
PSAUME CXLI,
2. CoDime Pencens, dont la fumee s'ele-
vant vers le ciel figurait cjue le sacrifice et
les pricres des assistants montaient jusqu'a
Dieu. — UHevation de mes mains, syno-
nyme de priere. — Cotninc Voff'ratidc qui
accompagnait le sacrifice du soir, plus solen-
nel que celui du matin. Eloigne de Jerusa-
lem, et par consequent des sacrifices qui s'y
offraient, le Psalmiste demande k Dieu que
LIBER PSALMORUM.
275
— :;:— PSALMUS CXL. — ^i^—
Petit regi a Domino tempore persecutionis.
I. Psalmus David.
OMINE clamavi ad te,
exaudi me : intende voci
meas, cum clamavero ad
te. 2. Dirigaturoratio mea
sicut incensum m conspectu tuo :
elevatio manuum mearum sacrifi-
cium vespertinum. 3. Pone Domine
custodiam ori meo : et ostium cir-
cumstantias labiis meis. 4. Non de-
clines cor meum in verba malitiae,
ad excusandas excusationes in pec-
catis. Cum hominibus operantibus
iniquitatem : et non communicabo
cum electis eorum.
5. Corripiet me Justus in miseri-
cordia, et increpabit me : oleum
autem peccatoris non impinguet ca-
put meum, Ouoniam adhuc et ora-
tio mea in beneplacitis eorum :
6. absorpti sunt juncti petra^ judices
eorum. Audient verba mea quoniam
potuerunt : 7. sicut crassitudo terras
erupta est super terram. Dissipata
sunt ossa nostra secus infernum :
8. Quia ad te Domine, Domine
oculi mei : in te speravi, non aufe-
ras animam meam. 9. Custodi me a
laqueo, quem statuerunt mihi : et a
scandalis operantium iniquitatem.
10. Cadent in retiaculo ejus pecca-
tores : singulariter sum ego donee
transeam.
— :>— PSALMUS CXLL — :!:—
Circumdatus a Saule orat pro sua salute.
I, Intellectus David,
Cum esset in spelunca, oratio.
(i Re^-. 24.)
OCE mea ad Dominum
clamavi : " voce mea ad Do-
minum deprecatus sum :
\a^^LAj^4, 3. effundo in conspectu
ejus orationem meam, et tribulatio-
nem meam ante ipsum pronuntio.
4. In deficiendo ex me spiritum
meum, et tu cognovisti semitas
meas. In via hac, qua ambulabam,
absconderunt laqueum mihi. 5. Con-
■' Supr. 76.
2.
ses prieres aient la meme valeur a ses yeux.
3. [//le seniinelle; d'autres font du mot
hebreu un verbe : veille a la porte, etc. —
La portc de i/ies Ih'ivs; on trouve la meme
image dans Euripide : TruAa-. a-zoiJ.txoz,. La
situation de David trahi par ses amis, lui
commandait une grande circonspe^lion
dans ses paroles.
4. A leitrs festins (litt. a leurs delices) :
ntanger a la meme table est un signe d'inti-
mite et de communaute de sentinients. Ou
bien dans un sens plus general : a leurs
joies coupables : les plaisirs criminels des
mechants seraient presentes sous I'image
d'une nourriture : CGva\>. Prov. iv, 17; ix, 17.
Ele£lis de la Vulgate a un sens neutre.
5. Le juste ^ un juste en general, par oppo-
sition a ses persecuteurs. Pour Le Hir, ce
juste, c'est Dieu. — Alors encore, etc. ; sens :
rien ne pourra troubler la serenite de mon
ame, ni m'arracher une parole violente con-
tre mes ennemis.
6. Les chefs de la revolte, ou bien de mes
persecuteurs en general. — Prccipites des
rockers; c'etait un supplice en usage : voy.
II Par. XXV, 12. Toutefois on pent ne pas
entendre ces mots a la lettre : ces ambitieux
seront renverses dun pouvoir usurpe. —
Le peiiple desabuse entendra les paroles de
son roi legitime et lui rendra I'obeissance
qu'il lui doit. Potuerunt de la Vulg. vient
d'une meprise : le traducileur a lu dans les
LXX fjOuvrjOriTxv, non potuerunt, au lieu de
TjO'JvOrjjav, suavia fuerunt.
7. Nos ossemcnts, ceux de David et de ses
compagnons, sont disperses au bord du
scheol : image d'un peril de mort imminent.
Mais, dans ce peril meme, nous avons I'es-
perance. II ne s'agit pas d'une dispersion
definitive; c'est comme quand le laboureur
ameublit le sol pour y deposer sa semence :
nos ossements aussi sont une semence jetee
en terre; ils revivront, Dieu nous sauvera.
10. Dans leurs propres Jiletsj Vulg., dans
son filet, le filet de Dieu. — Que j''echappe
en nienie tonps; Vulg. , pour inoije suis seul,
jusqu^a ce que je passe.
PSAUME CXLII.
I. Cantiquej hebr. niaskil :\oy. Ps. xxxii.
4. Tot, tu connais, etc. Sens : quand je
suis abattu, je me reconforte par la pensee
c[ue tu connais tous les dangers et tous les
pieges semes sur ma route.
^. Jette les yeux a droite : c'est, dit De-
litzsch, la place oii se trouve le protedleurj
276
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
Tout refuge me fait defaut,
Nul n'a souci de mon ame.
6 Je crie vers toi, Jehovah,
Je dis : Tii as mon refuge,
Mon partage sur la terre des vivants !
7 Prete I'oreille a ma plainte,
Car je suis malheureux k I'exces;
Delivre-moi de ceux qui me poursuivent,
Car ils sent phis forts que moi.
8 Tire mon ame de cette prison,
Afin que je celebre ton nom;
Les justes triompheront avec moi
De ce que tu m'auras fait du bien.
PSAUME CXLIir{VULG. CXLII).
g^ E cantique renferme un grand nombre d'imitations ou de reminiscences d'autres
Psaumes de David. Cette circonstance ne contredit pas absolument I'indication du
I titre, qui I'attribue a ce roi : il est assez naturel de retrouver les memes pensees et
les memes expressions dans des ouvrages differents d'un meme auteur. Plusieurs manus-
crits grecs, suivis par la Vulgate, ajoutent, ce qui est aussi tres vraisemblable, que David
le composa " quand Absalon, son fils, le poursuivait." — C'est le dernier des sept Psaumes
de la penitence. La priere et la plainte alternent sans un ordre logique bien rigoureux.
S. Hilaire : En nous decrivant ses souffrances, David prophetise les souft"rances du
Christ.
Ps. cxliii. ' PSAUME de David.
Jehovah, ecoute ma priere;
Prete I'oreille a mes supplications.
Exauce-moi dans ta vcrite et dans ta justice.
2 N'entre pas en jugement avec ton serviteur,
Car aucun homme vivant n'est juste devant toi.
3 Tu le vois, I'ennemi en veut a ma vie,
II me tient abattu h^ terre;
II me relegue dans les lieux tt'nebreux,
Comme ceux qui sont morts depuis longtemps.
4 Mon esprit defaille en moi,
Mon cceur est trouble dans mon sein.
5 Je pense aux jours d'autrefois,
Je medite sur toutes tes oeuvres,
Je rdtlechis sur I'ouvrage de tes mains.
6 J'etends vers toi mes mains suppiiantes,
Et mon ame, comme une terre dessechee, soupire aprcs toi. —
7 Hate-toi de m'exaucer, Jehovah;
Mon esprit va defaillir.
Ne me cache pas ta face,
Je deviendrais semblable a ceux qui descendent dans la tombe.
8 Fais-moi promptement sentir ta bontc.
Car c'est en toi que j'espere;
Fais-moi connaitre la voie oil je dois marcher.
Car c'est vers toi que j'elcve mon ame.
9 Delivre-moi de mes ennemis, Jehovah,
Je me refugie auprcs de toi.
lo Apprends-moi h. faire ta volonte.
Car tu es mon Dieu.
Que ton bon esprit me conduise dans la voie droite !
cette place est vide; David n'a personne
qui le defende. Le Hir : regarde a droite,
c.-a-d. jette sur moi un regard favorable.
Les versions anciennes ont lu les verbes k
I'infinitif absolu et traduit par la i^e per-
sonne : jc regarde a ma droite et f examine,
LIBER PSALMORUM.
277
siderabam ad dexteram, et vide-
bam : et non erat qui cognosceret
me. Periit fuga a me, et non est
qui requirat animam meam.
6. Clamavi ad te Domine, dixi :
Tu es spes mea, portio mea in terra
viventium. 7. Intende ad depreca-
tionem meam : quia humiliatus
sum nimis. Libera me a persequen-
tibus me : quia confortati sunt su-
per me. 8. Educ de custodia ani-
mam meam ad confitendum nomini
tuo : me exspectant justi, donee re-
tribuas mihi.
— *— PSALMUS CXLII. — *—
Persecutus ab Absalone, humiliter petit
Dei auxilium.
I Psalmus David.
Quando persequebatur eum Absa-
lom filius ejus. (2 Re^-. 17.)
OMINE exaudi oratio-
nem meam : auribus per-
cipe obsecrationem meam
in veritate tua : exaudi
me in tua justitia. 2. Et non intres
in judicium cum servo tuo : quia
non justificabitur in conspectu tuo
omnis vivens. 3. Quia persecutus
est inimicus animam meam : humi-
liavit in terra vitam. meam. Collo-
cavit me in obscuris sicut mortuos
sasculi : 4. et anxiatus est super me
spiritus meus, in me turbatum est
cor meum. 5. Memor fui dierum
antiquorum, meditatus sum in om-
nibus operibus tuis : in factis ma-
nuum tuarum meditabar. 6. Expan-
di manus meas ad te : anima mea
sicut terra sine aqua tibi :
7. Velociter exaudi me Domine :
defecit spiritus meus. Non avertas
faciem tuam a me : et similis ero
descendentibus in lacum. 8. Audi-
tam fac mihi mane misericordiam
tuam : quia in te speravi. Notam
fac mihi viam, in qua ambulem :
quia ad te levavi animam meam.
9. Eripe me de inimicis meis Do-
mine, ad te confugi : 10. doce me
facere voluntatem tuam, quia Deus
meus es tu. Spiritus tuus bonus de-
etc. — JVe me reconnait comme un ami a
qui il doit preter assistance.
6. La tetre des vivaiits, ou les hommes
vivent, par opposition au sejour des morts.
8. Cctte ptisott, la caverne ou il est refu-
gie, selon I'opinion commune. II nous parait
plus probable que David appelle ainsi, par
figure, la situation deplorable ou il est re-
duit,et d'ou il ne peut sortir sans le secours
de Dieu. — Les justes triotnp/ieront, litt.
prendront des courofi/ies, des ornements de
joie et de triomphe (comp. I Cor. xii, 26).
Le Hir et d'autres : les Justes iii'entoiire-
ront pour te benir avec moi de ce que.,
ou lorsqiie tu m'auras delivre. Vulg. : les
justes 7n'attende?it, attendent, les yeux fixes
sur mo\, J usquW ce que tii premies en main
ma cause.
PSAUME CXLIII.
1. Dans ta veritc, selon que tu es fidele a
accomplir tes promesses ; dans ta justice,
qui te commande de proteger tes serviteurs
contre les mdchants.
2. N^entre pas eii jugctnent : comp. /ol>,
ix, 32 ; xxii, 4. Ce n'est pas la justice abso-
lue de Dieu que David invoque, mais plutot
sa misericorde. II n'ignore pas que Thomme,
concu dans le peche {Ps. li, 7) ne saurait
s'elever a une justice parfaite qui lui donne
un droit stridl aux faveurs de Dieu; et pour
ce qui le concerne en particulier, il a con-
science de ses fautes passees.
3. Tu le vols, litt. car; ecoute ma priere
et sois indulgent pour moi, car, etc. — //
me tient ; litt., // foule a terre ma vie. —
II me relcgue ; litt. // me fait habiter :
comp. Latnetit. iii, 6. — Morts depuis long-
temps ou a tout jamais, dont on n'a plus
a s'occuper.
4. Comp. Ps. cxlii, 4; cix, 22.
5. Aux jours d\iutrefois, au temps ou
Dieu le protegeait visiblement. — Toutes
tes ceuvres... Vouvrage de tes mains, toutes
les merveilles operees en faveur d'Israel :
ces souvenirs consolent David, le fortifient
et lui donnent I'esperance d'un avenir meil-
leur. Comp. Ps. \\\yi\\, passim.
7. Comp. Ps. Ixix, 18; xxvii, 9; cii, 3;
xxviii, i; Ixxxviii, 5.
8. Oil je dois marcher, pour echapper aux
embuches de mes ennemis. — j"'eleve mon
dme, avec ses sentiments de foi et de con-
fiance.
c)./e me refugie, Xxit.je (me) cache.
10. Ton bon esprit, ou ton esprit de bonte
{Sag. i, 6; xii, i), qui est aussi un esprit de
lumiere.
278 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
11 A cause de ton nom, Jehovah, rends-moi la vie;
Dans ta justice, retire mon ame de la dctresse.
12 Dans ta bonte, aneantis mes ennemis,
Et fais perir tous ceux qui m'oppriment,
Car je suis ton serviteur.
PSAUME CXLIV (VULG. CXLIIl).
[E Psaume parait compose de deux fragments, de style et de ton difterents. Le pre-
mier (vers, i-ii) forme un tout complet : I'auteur, un roi d'lsracl, apres avoir
remercie Jehovah de vi(floires obtenues (1-4), lui demande de continuer son secours
contre des ennemis qui restent encore (5-8) et promet des atlions de graces (9-1 1); on
remarque dans cette partie des emprunts faits a Ps. xviii et II Sam. xxii. Le second frag-
ment (12-15) trace le tableau d'un peuple heureux et prospere; il se lie difficilement au
premier, et on y rencontre des expressions rarement ou jamais employees dans le livre des
Psaurnes. Le Psaume porte en tete le nom de David. Si cette attribution est exacfle, il se
rapporterait assez bien aux guerres que ce roi entreprit contre les Philistins apres sa
reconnaissance par toutes les tribus (II Sam. v, 7).
Ps. cxiiv. 1 DE David.
Beni soit Jehovah, mon refuge,
Qui a dresse mes mains au combat,
Et mes doigts a la guerre,
2 Mon bienfaiteur et ma forteresse,
Ma haute retraite et mon liberateur,
Mon bouclier, celui qui est mon refuge,
Qui m'assujettit mon peuple !
3 Jehovah, qu'est-ce que I'homme pour que tu le connaisses.'
Le fils de I'homme, pour que tu prennes garde ;i lui?
4 L'homme est semblable a un souffle,
Ses jours sont comme I'ombre qui passe.
5 Jehovah, abaisse tes cieux et descends;
Touche les.montagnes, et qu'elles s'embrasent;
6 Fais briller les eclairs, et disperse les ennemis;
Lance tes tleches, et mets-les en dcroute.
7 Etends tes mains d'en haut,
Delivre-moi et sauve-moi des grandes eaux,
De la main des fils de I'e'tranger,
8 Dont la bouche profcre le mensonge,
Et dont la droite est une droite parjure.
9 O Dieu, je te chanterai un cantique nouveau,
Je te celebrerai sur le luth a dix cordes.
10 Toi qui donnes aux rois la vidloire,
Qui sauves du glaive meurtrier David, ton serviteur,
11 Delivre-moi et sauvemoi de la main des fils de Tctranger,
Dont la bouche profere le mensonge,
Et dont la droite est une droite parjure.
12 Que nos fils, comme de jeunes plants,
Grandissent pleins de la seve de leur jeunesse!
Que nos fiUes soient comme les colonnes angulaires,
Dont les ornements varies embellissent nos palais!
13 Que nos greniers, toujours remplis,
Regorgent de toutes sortes de provisions!
Que nos brebis, dans nos campagnes,
.Se multiplient par milliers et par myriades!
14 Que nos genisses soient fe'condes!
Ou'il n'y ait a nos murailles ni breche, ni issue!
Qu'aucun cri d'alarme ne retentisse dans nos places publiquesi
15 Heureux le peuple qui jouit de ces biens!
Heureux le peuple dont Jehovah est le Dieu!
I
LIBER PSALMORUM.
279
ducet me in terram rectam : 1 1 . pro-
pter nomen tuum Domine vivifica-
bis me, in asquitate tua. Educes de
tribulatione animam meam : 12. et
in misericordia tua disperdes inimi-
cos meos. Et perdes omnes, qui tri-
bulant animam meam : quoniam
ego servus tuus sum.
— :i:— PSALMUS GXLIII. — :i:—
Gratias agit pro vittoria : petit hostium
exitium.
I.
Psalmus David
Adversus Goliath.
ENEDICTUS Dominus
Deus meus,qui docet ma-
nus meas ad proelium, et
digitos meos ad bellum.
Misericordia mea, et refugium
meum : susceptor meus, et libera-
tor meus : protector meus, et in
ipso speravi : qui subdit populum
meum sub me. 3. Domine quid est
homo, quia innotuisti ei.'' aut filius
hominis, quia reputas eum? 4. Ho-
mo vanitati similis factus est : 'dies
ejus sicut umbra prastereunt.
5. Domine inclina coelos tuos, et
descende : tange montes, et fumi-
gabunt. 6. Fulgura coruscationem,
et dissipabis eos : emitte sagittas
tuas, et conturbabis eos : 7. emitte
manum tuam de alto, eripe me, et
libera me de aquis multis: de manu
filiorum alienorum, 8. Quorum os
locutum est vanitatem : et dextera
eorum, dextera iniquitatis,
9. Deus canticum novum cantabo
tibi : *in psalterio, decachordo psal-
1am tibi. 10. Qui das salutem regi-
bus : qui redemisti David servum
tuum de gladio maligno : 1 1. eripe
me. Et erue me de manu filiorum
alienorum, quorum os locutum est
vanitatem : et dextera eorum, dex-
tera iniquitatis :
12. Quorum filii, sicut novellas
plantationes in juventute sua. Filias
eorum compositas : circumornataeut
similitudo templi. 13. Promptuaria
eorum plena, eructantia ex hoc in
illud. Oves eorum foetosas, abun-
dantes in egressibus suis : 14, boves
eorum crassas. Non est ruina mace-
rias, neque transitus : neque clamor
in plateis eorum. 15. Beatum dixe-
PSAUME CXLIV.
1-2. Comp. Ps. xviii, 2, 3, 47 sv. II Sa//i.
xxii, 44. Mon rocher, Vulg. inon Dieii. —
Ma haute retraite, colline ou rocher servant
de citadelle.
3. Comp. Ps. viii, 5,
4. Comp. Pj'. .Kxxviii, 6 sv. Ixii, 10; cii, 12;
ci.x, 23.
5-7. Comp. Ps. xviii, 5, 10, 17. — Ve/ra/i-
ger de'signe las Philistins et les autres peo-
ples voisins d'Israel {Ps. xviii, 45).
8. Droite parjicre, litt. trotiipeuse, qui se
Ifeve vers le ciel, ou frappe dans la main
d'un autre, pour attestor par serment un
mensonge.
10. Atix rots (avec I'article) de la maison
de David. — 10. Dit glaive meitrtrier : les
Targumistes voient ici une allusion au com-
bat de David contre Goliath. Ceux qui re-
jeltent I'indication du titre entendent David
dans le sens large de rois de sa dynastie.
12. Ici commence le second fragment; il
se rattache au premier par le mot asc/ier,
probablement ajoute comme liaison. S. Je-
rome le traduit par a/in que, ce qui met une
certaine suite dans les idees.
Nos Jils : dans la Vulg., tous les pronoms
sont a la 3*= personne : leursjils, leursjilles :
etc.; il en resulte un sens tout different de
celui de I'hebreu : le Psalmiste opposerait la
prosperite materielle des idoiatres au bon-
heur plus reel du peuple qui a Jehovah pour
son Dieu. j\Iais cette idee est contraire a
I'analogie de I'ancienne alliance, ou Dieu ne
cesse de promettre a son peuple I'abondance
de tous les biens temporels en recompense
de sa fidelite : comp. Ps. cxxvii, cxxviii, etc.
— Colonnes ou piliers places aux angles
interieurs des grandes salles d'un palais. —
Ornemeiits varies, en hebr. mechouttabotJi,
traduit ordinairement par jr//'^/i?>; Deli tzsch
avec S. Jerome : counne les angles peints de
diverses couleurs, tels qji'on les voit dans un
palais. Comp. Prov. vii, 16. |
14. Que nos gc'tiisses soient fecondes; ou
bien, que nos boeufs (le gros betail en gene-
ral) soient gras. — Ni breche, ni issue (comp.
Deut. xxviii, 52); Delitzsch : ni peste, ni ac-
cident pour les troupeaux.
15. La Vulgate, pour continuer interpre-
tation commencee, a du ajouter le mot di-
xerunt : " Les idoiatres et les mondains
proclament heureux le peuple qui jouit de
* Siipr. 32,
280 CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
rSAUME CXLV (VULG. CXLIV).
1*^^E titre de ce Psaume en indique exaflement le contenu : c'est un magnifique chant
K,^^! de louange sur la puissance et la bonte infinies du Createur. Le Psalmiste veut
[Ei^aj louer lehovah (vers. 1-3) et il invite toutes les generations a le louer avec lui(4-7);
suivent de toiichantes reflexions sur la Providence gouvernant avec amour toutes les crea-
tures (8-20); conclusion (21). Le Psaume est alphabetique ; mais il ne conipte que 21 ver-
sets, celui qui devait commencer par la lettre noun ayant disparu du texte, si jamais il y
a existe.
La tradition juive avait ce cantique en haute estime : " Ceux qui recitent trois fois
par jour la iJicJiillaJi de David, lisons-nous dans le traite Berac/ipfli, peuvent ctre certains
qu'ils sont des enfants du siecle futur." II ne convient pas moins aux fidtles de la nouvelle
alliance. S. Jean Chrysostome appliquait a la sainte Eucharistie les vers. 15 et 16, et
I'Eglise lui a emprunte en partie les prieres du Bniedicitc.
Ps. cxlv. 1 CHANT de louange. De David.
Je veux t'exalter, mon Dieu, 6 Roi,
Et b^nir ton nom k jamais et toujours.
2 Je veux chaque jour te benir,
Et celebrer ton nom toujours et a jamais.
3 Jehovah est grand et digne de toute louange,
Et sa grandeur est insondable.
4 D'age en age on celebrera tes ceuvres,
On publiera les merveilles de ta puissance.
5 Je dirai I'eclat glorieux de ta majeste,
Je chanterai tes ceuvres prodigieuses.
6 On parlera de ta puissance redoutable,
Et je raconterai ta grandeur.
7 On proclamera le souvenir de ton immense bonte,
Et on celebrera ta justice.
8 Jeliovah est misericordieux et compatissant,
Lent a la colere et plein de bontd.
9 Jehovah est bon envers tous,
Et sa misericorde s'etend sur toutes ses cr(?atures.
10 Toutes tes ceuvres te louent, Jehovaii,
Et tes fideles te b^nissent.
11 lis disent la gloire de ton regne,
Et proclament ta puissance,
12 Afin de faire connaitre aux hommes sa puissance,
Et le glorieux eclat de son regne.
13 Ton regne est un regne eternel,
Et ta domination subsiste dans tous les ages.
14 Jehovah soutient tous ceux (jui tombent,
II redresse tous ceux qui sont courbds.
15 Les yeux de tous les etres sont tourne's vers toi dans I'attente,
Et tu leur donnes la nourriture en son temps.
16 Tu ouvres ta main,
Et tu rassasies de tes biens tout ce qui respire.
17 Jehovah est juste dans toutes ses voies.
Et misericordieux dans toutes ses ceuvres.
18 Jehovah est prcs de tous ceux qui l'invoc[uent,
De tous ceux tjui I'invoquent d'un coeur sincere.
ig II accomplit les desirs de ceux cjui le craignent,
II entend leur cri et il les sauve.
20 Jehovah garde tous ceux cjui I'aiment,
Et il detruit tous les mediants.
21 ()ue ma bouche publie la louange de Jehovah
ICt que toute chair benisse son saint nom,
Toujours, ;\ jamais!
LIBER PSALMORUM.
281
runt populum, cui hasc sunt : bea-
tus populus, cujus Dominus Deus
ejus.
— :i:— PSALM US CXLIV. — "^
Canticum laudis quo praedicantur Dei boni-
tas et alia attributa.
I. Laudatio ipsi David.
^XALTABOteDeusmeus
rex : et benedicam nomini
tuo in sasculum, et in sas-
culum sa^culi. 2, Per sin-
gulos dies benedicam tibi : et lau-
dabo nomen tuum in sasculum, et in
sasculum saeculi, 3. Magnus Domi-
nus et laudabilis nimis : et magni-
tudinis ejus non est finis.
4. Generatio et generatio lauda-
bit opera tua : et potentiam tuam
pronuntiabunt. 5. Magnificentiam
glorias sanctitatis tuas loquentur : et
mirabilia tua narrabunt. 6, Et vir-
tutem terribilium tuorum dicent :
et magnitudinem tuam narrabunt.
7. Memoriam abundantias suavita-
tis tuas eructabunt : et justitia tua
exsultabunt.
8. Miserator et misericors Domi-
nus : patiens, et multum misericors.
9. Suavis Dominus universis : et
miserationes ejus super omnia opera
ejus. 10. Confiteantur tibi Domine
omnia opera tua : et sancti tui be-
nedicant tibi. 1 1. Gloriam regni tui
dicent : et potentiam tuam loquen-
tur : 12. ut notam faciant filiis ho-
minum potentiam tuam : et gloriam
magnificentias regni tui, 13. Regnum
tuum regnum omnium saeculorum :
et dominatio tua in omni genera-
tione et generationem. Fidelis Do-
minus in omnibus verbis suis : et
sanctus in omnibus operibus suis.
14. Allevat Dominus omnes, qui
corruunt : et erigit omnes elisos.
15. Ocidi omnium in te sperant
Domine : et tu das escam illorum
in tempore opportuno. 16. Aperis
tu manum tuam : et imples omne
animal benedictione. 17. Justus Do-
minus in omnibus viis suis : et san-
ctus in omnibus operibus suis.
I 8. Prope est Dominus omnibus in-
vocantibus eum : omnibus invocan-
tibus eum in veritate. 19. Volunta-
tem timentium se faciet, et depreca-
tionem eorum exaudiet : et salvos
faciet eos. 20. Custodit Dominus
omnes diligentes se : et omnes pec-
catores disperdet.
21. Laudationem Domini loque-
tur OS meum : et benedicat omnis
caro nomini sancto ejus in sasculum,
et in sasculum sasculi.
— • —
ces biens materiels; mais moi, je dis : Heu-
reux le peuple dont le Seigneur est le
Dieul"
PSAUME GXLV.
I. LonangCy hebr. tJiehillah; ce Psaume
est le seul qui porte ce nom, dont la forme
plurielle tJiehillini designe tout le Psautier.
3. Comp. Ps. xlviii, 2; xcvi, ^;/ob, xi, 7-9.
4. On cclebrera; d'autres, qti'oii celebre^ et
ainsi jusqu'au vers. 7. inclusivement.
5. De ta majestc; Vulg., de ta samteic.
8. Comp. Ps. ciii, 8.
w. De ion 7-cgne : Dieu est roi (vers. i).
13. Apres le vers. 13, on lit dans les LXX
et la Vulg. : Ji'hovaJi est fidclc datis ioiites
ses paroles^ et saint dans tontes ses a'levres.
Ce verset pourrait commencer par un 7ioiin
en hebreu : necnian iehovahj comme il ne
fait guere que repeter vers. 17, on conjec-
ture qu'il a ete ajoute plus tard pour com-
bler la lacune de la serie alphabetique.
1 5. En son temps, au temps ou il en est
besoin. Comp. Ps. civ, 27.
16. De tes biens, litt. de bon vouloir. D'au-
tres traduisent : tu. rassasies a soiiJtait, selon
ses desirs, tout cc qui respire.
*-~^
-O —
282
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUiME CXLVI (VULG. CXLV).
|.*-s|ES cinq Psaumes qui terminent le Psautier commencent et finissent par alleluia.
Le Psaume cxlvi offre plusieurs traits qui rappellent le precedent. Le Psal-
i^^S^I miste exhorte ses freres a louer Dieu et a mettre en lui leur confiance, parce qu'il
est un SLir appui, le createur du ciel et de la terre et le libdrateur de tous ceux qui souf-
frent. Les LXX et la Vulg. inscrivent en tete les noms d'Aggee et de Zacharie, soit que
ces personnages I'aient composd eux-memes, soit qu'ils I'aient seulement introduit dans la
liturgie du second temple.
Ps. cxlvi. I ALLELUIA!
Mon ame, loue Jehovah!
2 Toute ma vie je veux louer Jdhovah,
Jusqu'a mon dernier jour je veux chanter mon Dieu.
3 Ne mettez pas votre confiance dans les princes,
Dans les fils de I'homme, qui ne peuvent sauver.
4 Leur souffle s'en va, ils retournent a leur poussiere,
Et ce meme jour leurs desseins s'evanouissent.
5 Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob,
Qui met son espoir en Jehovah, son Dieu!
6 Jehovah a fait le ciel et la terre,
La mer et tout ce cju'elle renferme;
II est a jamais fidele a sa parole.
7 II rend justice aux opprimds,
II donne la nourriture a ceux qui ont faim.
Jehovah delivre les captifs;
8 Jehovah ouvre les yeux des aveugles;
Jehovah releve ceux qui sont courbes;
Jehovah aime les justes;
9 Jehovah protege les etrangers,
II soutient I'orphelin et la veuve;
Mais il renverse la voie des me'chants.
lo Jehovah est.roi pour I'eternite;
Ton Dieu, 6 Sion, subsiste d'age en age.
Alleluia !
Ps. cxlvii.
PSAUME CXLVII (VULG. CXLVI ET CXLVIl).
r^iiES Psaumes cxlvii-cl, que les LXX continuent d'attribuer h Aggee et h, Zacharie,
I' pourraient avoir pour auteursEsdras et Nehemie. Ils celebrent tous la restauration
ai de Jerusalem : le cxlvii*^ a pour objet special le retablissement des murs et des
portes de cette capitale; le cxlviii*^, le retablissement de la nationality juive; et le cxlixe, les
vicftoires remportees par les Juifs sur les nations voisines.
Le Psaume cxlvii renferme trois series de pensees semblables (vers. i-6, 7-1 1, 12-20),
commencant chacune par una exhortation a louer Dieu, dont on expose ensuite la puis-
sance et la bonte telles qu'elles se revelent dans les ceuvres de la nature etdans la protec-
tion accord^e a Israel. Chaque s^rie pourrait former un cantique independant. La troisieme
a ete, en effet, detachee des deux premieres pour former le Psaume cxlvii de la Vulgate :
Laitda, Je?'i/salc/>i, Dominuiii.
1 ALLELUIA [Louez Jehovah],
Car il est bon de celebrer notre Dieu,
Car il est doux, il est bienseant de le louer.
2 Jehovah rebatit Jerusalem,
II rassemble les disperses d'lsraiil.
3 II guerit ceux qui ont le cceur brise,
Et il panse leurs blessures.
4 II compte le nombre des etoiles,
II les appelle toutes par leur nom.
5 Notre Seigneur est grand, et sa force est infinie,
Et son intelligence n'a pas de limites.
LIBER PSALMORUM.
283
HMM^^ -^ ^' "^ '-^ 'f^ ^•. S:»£ ^ %£ W. ^ 'M '^.'^.^ 'M
— :i:— PSALMUS CXLV. — :i:—
Solus beatus qui soli Deo fidit.
I. Alleluia, Aggasi, et Zacharias.
lAUDA anima mea Domi-
num, "laudabo Dominum
in vita mea : psallam Deo
meo quamdiu fuero. No-
lite confidere in principibus : 3. in
filiis hominum, in quibus non est
salus. 4, Exibit spiritus ejus, et re-
vertetur in terram suam : in ilia
die peribunt omnes cogitationes
eorum.
5. Beatus, cujus Deus Jacob adju-
tor ejus, spes ejus in Domino Deo
ipsius : 6. ''Oui fecit coelum et ter-
ram, mare, et omnia qua^ m eis sunt,
7. Oui custodit veritatem in sascu-
lum, facit judicium injuriam patien-
tibus : dat escam esurientibus. Do-
minus solvit compeditos : 8. Domi-
nus illuminat cascos.Dominus erigit
elisos, Dominus diligit justos. 9. Do-
minus custodit advenas, pupillum,
et viduam suscipiet : et vias pecca-
torum disperdet.
10, Regnabit Dominus in sascula
Deus tuus Sion, in generationem et
generationem.
.1.
— :|:— PSALMUS CXLVL — :;:—
Hortatio ad laudandum Deum ob ejus
beneficia.
I, Alleluia.
AUDATE Dominum
quoniam bonus est psal-
mus : Deo nostro sit ju-
i^J cunda,decoraquelaudatio.
2. T^idificans Jerusalem Dominus :
dispersiones Israelis congregabit.
1,. Oui sanat contritos corde : et alii-
gat contntiones eorum. 4. Qui nu-
merat multitudinem stellarum : et
omnibus eis nomina vocat. 5. Ma-
gnus Dominus noster, et magna vir-
tus ejus : et sapientias ejus non est
numerus. 6. Suscipiens mansuetos
Dominus : humilians autem pecca-
tores usque ad terram,
7. Pr^cinite Domino in confes-
sione : psallite Deo nostro in ci-
thara. 8. Qui operit coelum nubi-
bus : et parat terras pluviam. Qui
producit in montibus foenum : et
herbam servituti hominum. 9. Qui
dat jumentis escam ipsorum : et
puUis corvorum invocantibus eum.
10. Non in fortitudine equi volun-
tatem habebit : nee in tibiis viri
beneplacitum erit ei. 11. Benepla-
citum est Domino super timentes
eum : et in eis, qui sperant super
misericordia ejus.
PSAUME CXLVI.
3. Comp. Fs. Is, 13.
4. Zeur souffle, le principe de leur vie,
leur ame, s^cn I'a, retourne a Dieu, et leur
corps retourne, litt. a leur tcrre, a la terre
d'ou il a ete tire a I'origine. Comp. Eccle.
xii, 7; Is. ii, 22. — Leurs desseins, leurs
projets doivent etre abandonnes.
7-9. Cette enumeration des divers maux
et besoins qui trouvent un secours dans la
bonte de Dieu, donne une idee exafle de la
situation d' Israel dans les premiers temps
qui suivirent le retour de la captivite. EUe
rappelle aussi les miseres physiques et mo-
rales ^numerees par Isaie et auxquelles
devait subvenir Ic Sauveur du monde {^Luc,
iv, 18 sv.).
9. // re?iverse, litt. fait devier, la voie des
mechants, en sorte qu'ils s'egarent et tom-
bent dans I'abime {Ps. i, 6).
PSAUME CXLVII.
I. Plusieurs traduisent : louez JehovaJi,
car il est bon; celebrez notre Dieti, car il est
doux; bienseaute est la louaiige. La Vulgate
traduit le dernier membre : que la louatige
soil agreable a iwtre Dieu et seante, digne
de lui.
4. Le nouibre des ctoiles : nos grands te-
lescopes en ont rendu visibles plus de
20 millions. Comp. Is. xl, 26; Gen. xv, 5.
5. Notre Seigneur, litt. notre Adouai. —
Et sa force est infniejWii., il est puissant
en force.
284
CINQUlfexME LIVRE DES PSAUMES.
i
6 Jehovah vient en aide aux humbles,
II abaisse les mechants jusqu'a terre.
7 Chantez a Jehovah un cantique d'aflions de graces,
Celebrez notre Dieu sur la harpe!
8 II couvre les cieux de nuages,
Et prepare la pluie pour la terre;
II fait croitre I'herbe sur les montagnes.
9 II donne la nourriture aux troupeaux,
Aux petits du corbeau qui crient vc'rs hii.
10 Ce n'est pas dans la vigueur du chevalqu'il se complait,
Ni dans les jambes de rhomme qu'il met son plaisir;
11 Jehovah aime ceux qui le craignent,
Ceux qui esperent en sa bonte.
12 Jerusalem, celebre Jehovah;
Sion, loue ton Dieu.
13 Car il affermit les verrous de tes portes,
II benit tes fils au milieu de tes murs.
14 II assure la paix a tes frontieres,
II te rassasie de la tleur du froment.
15 11 envoie ses ordres a la terre;
Sa parole court avec vitesse.
16 II fait tomber la neige comme une blanche toison,
II repand le givre comme de la cendre.
17 II jette ses glacons par morceaux;
Qui pent tenir devant ses frimas.
18 II envoie sa parole, et il les fond;
II fait souffler son vent, et les eaux coulent.
19 C'est lui qui a revele sa parole a Jacob,
Ses lois et ses ordonnances a Israel.
20 11 n'a pas fait de meme pour les autres nations;
Elles ne connaissent pas ses ordonnances.
Alleluia!
PSAUME CXLVIII.
ipA^^IEureux de voir la nationality et la puissance de son peuple retablies, le Psalmiste
3-^f ' invite toutes les creatures ti joindre leur voix h. la sienne pour chanter a Jehovah
s^MaJ un hymne d'acftion de graces. Tons les etres doivent louer Dieu, parce que la
Ps.
cxlviii.
creation tout enticre est interessee aux destinees de ce peuple qui porte en quelque sorte
dans ses llancs le Sauveur du monde {Rom. viii, 19 sv.). — Le Psaume descend graduel-
lement du ciel a la terre, pour s'arrcter a I'homme et s'achever par une exhortation
gendrale.
Comp. le cantique des trois Enfants dans la fournaise {Dan. iii, 57 sv.) et I'hymne du
Soleil de S. Francois d'Assise.
Alleluia.
1 LOUEZ Jehovah du haul des cieux,
Louez-le dans les hauteurs!
2 Louez-le, vous tous, ses anges;
Louez-le, vous toutes, ses armees!
3 Louez-le, soleil et lune;
Louez-le, vous toutes, etoiles brillantes!
4 Louez-le, cieux des cieux,
Et vous, eaux, qui etes au-dessus des cieux!
5 Qu'ils louent le nom de Jehovah;
Car il a commande, et ils ont ete crees.
6. Humbles, hebr. a/unn'm, ceux qui souf-
frent avec patience, qui sont doie.v devant le
malheur, devant mtMTie la persecution.
8. La pluie, une benedi(!lion pour la terre
en Orient.
La \'ulgate ajoute un 4"^ membre : el les
LIBER PSALMORUM.
285
--:i:— PSALMUS CXLVII. — *—
Ecclesiam invitat ad laudandum Deum
qui earn bonis cumulavit.
Alleluia.
AUDA Jerusalem Domi-
num : lauda Deum tuum
Sion. 13. Quoniam con-
fortavit seras portarum
tuarum : benedixit filiis tuis in te.
14. Qui posuit fines tuos pacem : et
adipe frumenti satiat te. 15. Qui
emittit eloquium suum terrae : velo-
citer currit sermo ejus. 16. Qui dat
nivem sicut lanam : nebulam sicut
cinerem spargit. 17. Mittit crystal-
lum suam sicut buccellas : ante
faciem frigoris ejus quis sustine-
bit.'' 18. Emittet verbum suum,
et liquefaciet ea : flabit spiritus
ejus, et fluent aquas. 19. Qui an-
nuntiat verbum suum Jacob : justi-
tias, et judicia sua Israel. 20. Non
fecit taliter omni nationi : et ju-
dicia sua non manifestavit eis.
Alleluia.
— :>— PSALMUS CXLVin. — :i:—
Invitat omnes creaturas ad laudan-
dum Deum.
I. Alleluia.
AUDATE Dominum de
coelis : laudate eum in
excelsis. 2. Laudate eum
omnes Angeli ejus : lau-
date eum omnes virtutes ejus.
3. Laudate eum sol et luna: laudate
eum omnes stella;, et lumen . 4. " Lau-
date eum coeli coelorum : et aquas
omnes, quse super coelos sunt, 5. lau-
dent nomen Domini. Quia ipse di-
xit, et facta sunt : ipse mandavit, et
" Dan.
59. 60.
plantes pour I'usage de Vhomvic, emprunte
a Ps. civ, 14.
9. Aux froupeaux, au gros betail. — Dii
corbeau, animal vorace, impur chez les Juifs,
mais Dieu ne dedaigne aucunede ses crea-
tures {Sag. xi, 25). Comp. Matth. vi, 26;
Luc, xii, 24.
10. Sens : ce qui plait a Dieu, ce n'est ni
le cavalier fier de son rapide coursier, ni le
guerrier confiant dans la vigueur et I'agilite
de ses jambes; c'est I'homme pieux qui, re-
connaissant sa faiblesse, se contie dans le
secours divin.
12. Ici commence le Ps. cxlvii de la Vul-
gate : Lauda, Jerusalem.
13. // affermit les verrous, il consolide les
barres servant k fermer tes portes a I'en-
nemi [Ne'h. vii, i sv.).
14. A tes frontieres ; ou bien a ton terri-
toire. — De la fieur, litt. de la graisse, de
ce qu'il y a de meilleur dans le froment \Ps.
Ixxxi, 17).
1 5. Ses ordres a la terre, au monde phy-
sique. — Sa parole, comme un messager,
court porter en tous lieux ses commande-
ments {Sag. xviii, 15).
16. Comme icne blanche toison, litt. comme
la laine. La neige, rare en Palestine, est
comparde a un objet bien connu, a la laine,
surtout pour sa blancheur {Is. i, 18), etsans
doute aussi pour sa forme, parce qu'elle
couvre la terre comme d'une toison. Les
anciens, dit Eustathe, appelaient elegam-
ment la neige spuoos? Gowp, une eau qui pr^-
sente I'aspefl de la laine. — Comme la ce?i-
dre laissee par une caravane et que le vent
disperse dans le desert.
17. Clacons : peut-etre s'agit-il du gre'sil;
mais la glace peut se presenter aussi sous
la forme de fragments, de petits blocs. Quel-
ques interpretes songent a \a. grele propre-
ment dite; mais elle ne tombe guere qu'en
ete, et tout indique que I'auteur decrit ici
les phenomenes de I'hiver. Comp. Job,
xxxviii, 29 sv.
18. II fond \a. neige, le givre et la glace.
Com^. Job, xxxviii, lo.
19. C^est lui : le Dieu qui commande en
maitre a la nature est le meme qtci a revele,
etc.
20. Comp. Dexit. iv, 7; xxxii, 34.
PSAUME CXLVIII.
1-2. Que Dieu soit loue d'abord dans le
ciel oil il a son trone et tient sa cour. — Ses
armc'es : ce mot s'applique aux anges et aux
astres; ici il designe les anges, ailleurs les
astres seulement.
3. Etoiles brillantes, litt. de htmierej LXX
et Vulg. : les etoiles et la lumiere.
4. Cieuxdes cleux, les spheres celestes les
plus reculees, au-dela meme de la region
des astres {Dcut. x, 14; Eccli. xvi, 18; I Rois,
viii, 27. — Eaux qui ctes au-dessus des cieux,
reservoirs de la pluie.
5. La Vulg. ajoute apres le !«■■ membre :
car il a dit, et tout a ete fait.
286
CINOUlfeME LIVRE DES PSAUMES.
6 II les a e'tablis pour toujours et a jamais;
II a pose des lois qu'on ne transgressera pas.
7 De la tene, louez Jehovah,
Monstres marins, et vous tous, oceans,
8 Feu et grele, neige et vapeurs de I'air,
Vents impetueux, qui ex^cutez ses ordres,
9 Montagnes, et vous toutes, collines,
Arbres frui tiers, et vous tous, cedres,
10 Animaux sauvages et troupeaux de toutes sortes,
Reptiles et oiseaux ailes,
11 Rois de la terre et tous les peuples,
Princes et vous tous, juges de la terre,
12 Jeunes hommes et jeunes vierges,
Vieillards et enfants, —
13 Qu'ils louent le nom de Jehovah,
Car son nom seal est grand,
Sa gloire est au-dessus du ciel et de la terre.
14 II a releve la puissance de son peuple,
Sujet de louang^e pour tous ses tideles,
Pour les enfants d' Israel, le peuple qui est pres de lui.
Alleluia!
PSAUME CXLIX.
Ps. cxlix.
|E Psaume appartient comma le precedent et le suivant a I'epoque du re'tablisse-
ment du peuple de Dieu apres la captivite. II chante les vidoires remportees par
Israel sur les nations voisines, qui s'opposaient a la reconstrucflion de Jerusalem et
de son temple. — Dans le sens spirituel, il s'applique aux jours du Messie et a son triom-
phe final, alors que ses Saints, sauves par lui, combles de joie et de gloire, seront associes
au jugement solennel qu'il exercera sur le monde. Comp. Is. xlv, 14; Ix, 2, 3, ii: Ixv, 6;
Ixix, 19-19, et TApocalypse, passim.
Alleluia.
1 CHANTEZ a Jehovah un cantique nouveau;
Que sa louange retentisse dans I'asscmblee des saints!
2 Qu'Israel se rejouisse en son Createur,
Que les fils de Sion tressaillent en leur Roi!
3 Qu'ils louent son nom dans leurs danse^,
Qu'ils le chantent avec le tambourin et la harpe!
4 Car Jehovah se complait dans son peuple,
II glorifie les humbles en les sauvant.
5 Les fideles triomphent dans la gloire,
lis tressaillent de joie sur leur couche.
6 Les louanges de Dieu sont dans leur bouchc,
Et dans leurs mains un glaive a deux tranchanls,
7 Pour cxercer la vengeance sur les nations,
Et porter le chatiment chez les peuples;
8 Pour lier leurs rois avec des chaines,
Et leurs grands avec des ceps de fer;
9 Pour executer contre eux I'arret ecrit.
C'est k\ la gloire rdservee a tous ses fideles.
Alleluia!
6. // les a e'tablis pour toujours occuper la
place et remplir les fonflions qu'il leur a
assignees a I'origine dans I'ensemble de la
creation, et cela, tant que ce monde mate-
riel lui-meme subsistera. Comp. II Pier.
iii, 10. — Qii'on fie transe^rcssera pas; Vul-
gate : et elles lie passeroiit pas outre.
7. De la terre, du bas de la terre, comme
au vers, i dtt Jiatit du ciel.
8. Feu, la tlamme de I'eclair.
1 3. Sa gloire, ou sa majeste.
14. La puissance , litt. la come.
LIBER PSALMORUM.
287
creata sunt. 6. Statuit ea in aeter-
num, et in sasculum sasculi : pras-
ceptum posuit, et non praeteribit.
7. Laudate Dominum de terra,
dracones, et omnes abyssi. 8. Ignis,
grando, nix, glacies, spiritus procel-
larum : quas faciunt verbum ejus :
9. montes, et omnes colles : ligna
fructifera, et omnes cedri. 10. Be-
stias, et universa pecora : serpentes,
et volucres pennatae : 11. reges
terr^, et omnes populi : principes,
et omnes judices terras, 12. Juvenes,
et virgines : senes cum junioribus
laudent nomen Domini : 13. quia
exaltatum est nomen ejus solius.
14. Confessio ejus super coelum, et
terram : et exaltavit cornu populi
sui. Hymnus omnibus Sanctis ejus:
filiis Israel, populo appropinquanti
sibi. Alleluia.
— :;:— PSALMUS CXLIX. — :i:—
Gratiarum aflio pro insigni vifloria.
T. Alleluia.
'AN TATE Domino can-
ticum novum : laus ejus in
ecclesia sanctorum. 2. Las-
tetur Israel in eo, qui fe-
cit eum:et filii Sion exsultentin rege
suo. 3. Laudent nomen ejus in choro:
in tympano, et psalterio psallant ei :
4. Quia beneplacitum est Domi-
no in populo suo : et exaltabit
mansuetos in salutem. 5. Exsulta-
bunt sancti in gloria : lastabuntur
in cubilibus suis. 6. Exaltationes
Dei in gutture eorum : et gladii an-
cipites in manibus eorum: 7. ad fa-
ciendam vindictam in nationibus :
increpationes in popuiis. 8. Ad alli-
gandos reges eorum in compedibus :
et nobiles eorum in manicis ferreis.
9. Ut faciant in eis judicium con-
scriptum : gloria haec est omnibus
Sanctis ejus. Alleluia.
PSAUME CXLIX.
1. C/n cantique iwuveau, pour un nouveau
et signale bienfait : comp. Ps. xxxiv, 3. — Dcs
saints, des Israelites, qui forment le peuple
de Dieu, la nation sainte {E.vod. xix, 6).
2. San Createiir, litt. cclui qui l\i fait;
peut-etre faut-il entendre ces mots, non de
la creation des individus, mais du retablis-
sement et de la reconstitution d'lsracl com-
me peuple de Dieu. — En lettr Roi : les
Israelites a cette ^poque n'en avaient pas
d'autre que Jehovah.
3. Dans leurs dafises sacrees, comme I'avait
annonce Jdremie (xxxi, 4). Comp. Jug.
xi, 34; xxi, 21.
4. Jehovah, apres avoir detourne sa face
de son peuple, se complait maintenant en
lui, il lui a rendu ses faveurs. — Les Juini-
bles ici, comme souvent ailleurs, ce sont les
justes persecutes qui souffrent en silence
dans I'attente du secours divin. Dieu les
glorifie e7t les sauvaftt, litt. leiir fait une
pariire par son saliit ou son secours. II fau-
drait dans la Vulg. in salute. Comp. la locu-
tion latine, ornare beneficiis.
5. Les fide les trioniphent; d'autres enten-
dent ce verset et le suivant dans le sens de
I'optatif : ^i^t' les fide les trioiiipke/it. — Duns
la gloire, revetus de gloire, eux qui naguere
encore etaient reduits a un honteux escla-
vage. — Sur leur couche, ou ils se lamen-
taient naguere {Osce, vii, 14).
6. Comp. II Macch. xv, 27.
7. On ne voit pas que cette prophe'tie se
soit jamais realisee dans I'histoire ulterieure
des Juifs; elle ne pent que se rapporter au
Messie, et c'est de lui que I'entendaient les
anciens rabbins; seulement,ils ne songeaient
qu'a des vifloires et a des conquetes mate-
rielles. Mais tout ici, dit S. Augustin, est
spirituel, et le combat livre et les armes des
combattants. II s'agit des vifloires rempor-
tees sur les rois et les peuples paiens par
les Apotres et les saints predicateurs de
I'Evangile, en sorte que, ajoute ce Pere, ce
Psaume qui semble un hymne guerrier, est
en realite un chant de paix et d'amour.
Ajoutons pourtant qu'il vise egalement le
triomphe final du Christ et le chatiment de
toutes les puissances mondaines opposees
au regne de Dieu.
8. Ceps., ou chaines en general.
9. V arret ccrit : le Psalmiste a en vue,
non tel ou tel passage determine de la loi,
mais le temoignage en general de la loi et
des prophetes, affirmant que toutes les na-
tions de la terre seront assujetties a Dieu et
a son Christ. — Cest la la gloire : cette
288
CINQUIEME LIVRE DES PSAUMES.
PSAUME CL.
iiE Psalmiste invite ses freres a louer Dieu a cause de sa grandeur (vers. 1-2), avec
tous les instruments de musique en usage chez les Hebreux (3-6). Chacun des
quatre premiers livres du Psautier se terminait par une courte doxologie; ce canti-
que est la magnifique doxologie du Psautier tout entier, comme un dernier cri et un der-
nier elan du peuple de Dieu vers son Roi et son Sauveur.
Alleluia.
1 LOUEZ Dieu dans son sanCluaire !
Louez-le dans le sejour de sa puissance!
2 Louez-le pour ses hauts faits!
Louez-le selon I'immensite de sa grandeur!
3 Louez-le au son de la trompette!
Louez-le sur la harpe et la cithare!
4 Louez-le dans vos danses avec le tambourin!
Louez-le avec les instruments a cordes et le chalumeau!
5 Louez-le avec les cymbales au son clair!
Louez-le avec les cymbales retentissantes!
6 Que tout ce qui respire loue Jehovah !
""Alleluia.
soumission de toutes les nations du nionde
a I'empire du Messie etant I'oeuvre du Dieu
d'Israel, et les saints d'lsrael eux-memes
devant y cooperer, elle est pour ces derniers
un titre de gloire. Conip. I Cor. vi, 2 sv.
PSAUME CL.
I. Dans son sancluaire du ciel, dit De-
litzsch : ces mots indiquent non le lieu d'oii
part la louange, mais celui oil elle arrive,
LIBER PSALMORUM.
289
— :i:— PSALMUS CL. — :>—
In omnibus et ubiqiie Deum celebrandum
profitetur.
Alleluia.
AUDATE Dominum in
Sanctis ejus : laudate eum
in firmamento virtutis
y ejus. 2. Laudate eum in
virtutibus ejus: laudate eum secun-
dum multitudinem magnitudinis
ejus. 3. Laudate eum in sono tubas :
laudate eum in psalterio, et cithara.
4. Laudate eum in tympano, et
choro : laudate eum in chordis, et
organo. 5. Laudate eum in cymba-
lis benesonantibus : laudate eum in
cymbalis jubilationis :
6. Omnis spiritus laudet Domi-
num. Alleluia.
comme s'il y avait : louez Dieu residant
dans son temple celeste. Selon d'autres, il
s'agit du sandluaire de la terre, qui serait
mis en parallele avec celui du ciel, comme
I J^ot's, viii, 38 sv. — Zf sejour (litt. Pcten-
due du ciel, \& Jiriiumieni, comme Geti. i, 6)
oil il exerce sa puissance.
2. Ses hauts faiis, ses a6lions d'eclat,
appeldes ailleurs ses incrveillcs, comme le
passage de la mer Rouge, la delivrance de
la captivite dc Babylonc, etc.
3. La trompette recourbee, ou clairon
(hebr. schofar).
4. CJialunieau, flute pastorale.
5. Cyinbales ou castagnettcs; il y en avait
de deux sortes : Tune plus petite, au son
clair et aigu; I'autre plus grande, d'une plus
puissante sonorite.
6. Tout ce qui respire : les instruments
vivants apres ceux qui sont inanimes ; ce
verset resume tout le Psautier.
LA SAINTE BIELE. TOME IV.
ty
'0.
'0.
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i\ H)'. '.'i\ I'll" /iv /ii ''i! /_ii '.'3'. /*>'. /i>'. '.'^'. 'fij. '.''■■)'. ':^'. /u Y-'X ':'< 's^i /'V. '.<•')'. ?■■)'. /'V. !<■■>', ?')! 'fii 'fi) '.'^'. !'')' ?^'.' /')' 'jV. /'^i' '''>' W '''i' W ■'^l' ''^i" '(=■>' 'tv;
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— :;:— lie Bdirc bee ©rDticrfice.
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WM'MW'JUWWWWWMWWWWWWWWWWWWWWWWWMWWWWMW^^WWi^WM
Introbuctiou.
I.
LE mot Proverbe ne rend pas
tres bien le sens du titre origi-
nal. Le titre grec, UaooiuAai,
n'en donne pas une idee plus exa6le.
Les Misle, comme les Hebreux nom-
ment ce livre, sont des sentences, des
maximes, nous dirions aujourd'hui
diQ^ pensccs. " Proverbe ", maxime vul-
gaire, diclon populaire, a un sens plus
restreint. Le mot ATisle, par son ety-
mologic, a signifie d'abord similitude,
coinparaison. Nombre de sentences,
dans notre livre, contiennent, d'une
maniere explicite ou deguisee, une
comparaison. Par exemple {Prov.
xxvi, 3) :
Le mors pour le cheval, le fouet pour I'ane,
Et la verge pour Ic dos de I'insense.
Puis, par extension, ce mot s'est ap-
plique a toute maxime sentencieuse,
par ex. {Prov. xii, 23) :
L'homme prudent cache sa science,
Et I'insense publie sa sottise.
Lc but religieux et moral des Misle
les distingue encore davantage des
proverbes proprement dits. Nos an-
ciennes versions de la Bible latine
traduisaient plus heureusement lc
titre de la Vulgate par : les diHs du
roi Salomon.
Le livre des Proverbes appartient
a la Y>ois\egnoiniqite{yvwj:ri, sentence),
qui releve du genre dida6lique. La
forme poetique des Hebreux, \e pa-
rallelisme, y regne d'un bout a I'autre.
En general elle s'y montre sous forme
de distique dont les membrcs, syno-
nymesouopposcs,expriment la meme
pensee sous deux aspefts un peu dif-
ferents ou par I'opposition des con-
traires. Ouelquefois la pensee se dc-
veloppe en trois, quatre et mcmc un
plus grand nombre de membrcs pa-
rallels (Cf Introd. a la poesic hebr.
T. IV.).
Quant a la forme littcraire, tantot
la verite est simplement cxprimce,
tantot elle se deguise sous le voile
de la metaphore ou de la comparai-
son plus ou moins explicite; parfois
elle affe6le lc tour de renigme, de la
question a resoudre (cf v. g. ch. xxx);
en un mot, elle prend les aspe6ls les
plus varies, dans le but evident de
piquer davantage I'attcntion et de
penetrer plus profondement.
Les Orientaux se plaisaient beau-
coup, plus que nous sans doute, a
Texcrcice intclle6lucl qu'exige la
composition et rintcUigence de ces
Misle. II est rapporte, au premier
livre des Rois (iv, 31), que Salomon
en avait compose trois mille. Au
troisieme livre (x, i) il est raconte
que la reine de Saba vint lui propo-
ser des sentences enigmatique^ pour
eprouver sa reputation d'intelligence
et de sagesse. Le lixrc de Y Ecelesiaste
et, plus tard, ceux de la Sagesse et
de X Ecclesiastique nous donnent une
nouvelle preuve de la vogue que ce
genre de composition avait en Orient.
II n'y a done rien detonnant que
I'Esprit-Saint ait voulu se servir de
cette poesic pour inculc]uer la verite
religieuse et morale.
Ces ouvrages ont etc designes, des
les premiers siecles, par les Peres de
I'Eglise, sous lc nom gencrique de
livres sapientiaux, et depuis, la litur-
gie ecclesiastique les a fait lire sous
le titre de Livre de la Sagesse : Liber
Sapientice. lis sont au nombre de
cinq {Oidtique libri Salojiionis) ; ce
sont, outre les Proverbes, VEecL'siaste,
le Cantique des eaiitiqiies, la Sagesse
et VEeelesiastiqiie.
LE LIVRE DES PROVERBES.
291
II.
Le livre des Proverbes ne presente
pas une parfaite unite de composi-
tion. II est forme de plusieurs collec-
tions distin6les de style, de methode
et meme d'origine. Neanmoins, ainsi
qu'on le verra, la presque totalite en
revient a Salomon, comme auteur.
La premiere collection comprend
les neuf premiers chapitres (i-ix), et
porte en tete I'inscription : Pamboles
de Salomon, fils de David, rol d' Israel.
EUe consiste surtout en instructions
et exhortations a embrasser la con-
duite de la sagesse. Les paroles, mon
fils, adressees par le sage a son dis-
ciple, peuvent servir a les distinguer.
II a particulierement en vue le jeune
homme inexperimente dans la vie.
Cette partie est tres soignee ; I'auteur
s'ycleve a une grande hauteur d'idees,
surtout dans les chapitres viii et ix.
La deuxieme colle6lion renferme
les chapitres x a xxii, i6, et porte
aussi I'inscription : Pamboles de Sa-
lomon. Ellc est suivie de deux supple-
ments (xxii, 17 — xxi\^, 22 et xxiv,
23-34), ^^ ^^"^"^ corps avec elle. Dans
cette partie I'auteur change de style
et de methode. Aux exhortations
precedentes font place une serie de
maximes, de preceptes moraux et
religieux detaches, sans liaison ni
ordre sensible. Tout a I'heure il
exhortait a suivre les conseils et la
conduite de la sagesse; a6luellement
il enseigne cette sagesse meme. Ses
lecons s'adressent a toutes les classes :
grands et petits, pauvres et riches,
maitres et serviteurs; maris et fem-
mes, peres et enfants, rois et sujets :
nul n'echappe a sa sollicitude. La
crainte de Dieu, I'horreur du vice, les
avantages de la vertu, les peines re-
servees au mechant sont le fond de
toutes ces sentences et en determi-
nent le cara6lere en meme temps que
I'unite. Les 376 maximes contenues
dans cette colle6lion cchappent a
I'analyse;. on trouvera neanmoins,
dans le commentaire, I'indication des
sujets qu'elles traitent, quand il y a
une suite.
La troisieme colle6lion s'etend du
chapitre xxv a xxix et contient les
proverbes de Salomon reunis et ajou-
tes au volume par les soins du roi
Ezechias. L'inscription qui la pre-
cede en fait foi. Qui furent ces gens
d' Ezcehias? lis ne sont pas positive-
ment connus, mais on pent nommer,
avec quelque probabilite, d'abord le
prophete Isaie, dont I'autorite etait
si grande aupres du roi ; puis le scri-
be Sobna ainsi que I'historiographe
Joahe,dontil est fait mention flVi?^/^,
xviii, 18). Ce recueil se distingue sur-
tout par le nombre de comparaisotis
et de similitudes ou paraboles qu'il
renferme. Etait-ce une colle6tion dis-
tin6le ou Ton avait reuni ce genre de
maximes, empruntees peut-etre aux
3000 proverbes? L'auteur avait-il lui-
meme fait ce recueil? on ne saurait
rien affirmer.
Deux petites colle6lions dues, Tune
a Agur fils de Jake, I'autre au roi
Lamuel, ou a sa mere, d'apres les ins-
criptions memes qu'elles portent, oc-
cupent les chap, xxx et xxxi, 1-9.
La methode et le style y different
beaucoup soit entre elles, soit avec
les parties precedentes. Dans la pre-
miere on est frappe de la forme
enigmatique des sentences. La deu-
xieme n'est qu'un fragment tres court
de neuf versets.
Le livre se termine (chap, xxxi,
1 0-3 1 J par le petit poeme alphabe-
tique, bien connu, de la Femme forte.
II contient 22 versets, commencant
chacun par I'une des lettres de I'al-
phabct hcbreu.
III.
Les Proverbes ont toujours etc
attribues a Salomon. Ouelques rares
auteurs, a raison du cara6lere de ce
livre, ont pu douter de leur inspira-
tion, mais la question d'authenticite
restait intacte. En voici les preuves.
10 La tradition constante et uni-
verselle. La Synagogue, I'Eglisechre-
292
LE LIVRE DES PROVERBES.
tienne, tous les Peres, le moyen-age,
les commentateurs modernes ont tou-
jours admis ce livre comme I'oeuvre
de Salomon. Nul temoignage histo-
rique, nul courant traditionnel n'est
venu ebranler cettc certitude.
2° Le temoignage des inscriptions
placees en tcte du livre et des diver-
ses colle6lions. Les trois principales
parties du livre portent, comme nous
I'avons dit, le nom de Salomon. II
est vrai que I'inscription de la 2'' par-
tie (x, i) ne se trouve ni dans les
Septante ni dans la version syriaque;
mais elle est dans I'original hebreu,
dans la paraphrase chaldaique et
dans la Vulgate. On ne pent faire
que des hypotheses sur son absence
cle ces deux versions. Mais a suppo-
ser qu'elle fut unc addition poste-
rieure, cette addition meme aurait
eu pour but d'affirmer la tradition
que, malgrc la difference de genre,
cette 2" partie etait encore dc Salo-
mon. Du reste, inscription du chap, i
suffirait a lui rapporter les chap,
i-xxiv, puisque au chap, xxv on nous
avertit qu'il ne .s'agit plus de la col-
le(5lion faite par Salomon, mais de
celle qui a etc ajoutee sous le roi
Ezechias. — Cette derniere partie
lui appartient done aussi. Deux a
trois siecles environ apres Salomon
on pouvait sans doute encore con-
naitre un auteur dont la reputation
de science avait eu un si grand re-
tentissement.
30 L'impossibilite d'assigner un
autre auteur. Contre ces preuves on
n'a rien allegue de serieux. Seul Ic
parti pris de nier fait rejeter le temoi-
gnage des inscriptions aussi bien que
celui de la tradition a quelques-uns
des hypercritiques contemporains.
Et toutefois nul auteur ne conteste
serieusement a Salomon les chap.
x-xxii, ceux prccisement dont I'ins-
cription pourrait paraitre douteuse.
11 n'y a pas plus dc motifs a contcs-
ter le reste. Les divergences de ma-
niere et de style s'expliquent natu-
rellement par la ditfcrencc des genres.
Salomon a pu ecrire les sentences
gnomiques de la 2" partie, et il n'au-
rait pu composer les similitudes et
les paraboles rontenues dans la 3"!
Autre grief. Comment attribuer ce
livre a un roi qui fut idolatre et de-
bauchc? Pour conclure il faudrait du
moins prouver qu'il le fut toujours.
Que penser des deux fragments
qui terminent la deuxieme colle6lion.''
EUes commencent par ces mots :
" Ecoute les paroles des sages "
(xxii, i7)"Voici encore les paroles
des sages " (xxiv, 23). On peut ad-
mettre que I'auteur les a empruntees,
peut-etre a la tradition populaire.
peut-etre a quelque recueil anterieur,
et se les soit appropriees en les mo-
difiant, ou en les laissant inta6les.
Cela est si vrai qu'il ajoute tout de
suite, dans le meme verset (xxii, 17) :
" Applique ton coeur a ///a doctrine " ;
et dans tout le passage, c'est sa doc-
trine qu'il recommande.
Agur et Lamuel sont les auteurs
des fragments qui portent leur nom.
La place qu'ils occupent a la fin du
volume, avec leur inscription respec-
tive, montre bien la pensee des col-
le6leurs. — Contre I'autorite de la
tradition on a releve que les anciens
s'etaient trompes en les attribuant a
Salomon. Cela est vrai, mais n'infirme
pas la valeur de la tradition. Les ins-
criptions de ces fragments avaient
ete totalement defigurees par les
Septante, et la Vulgate ayant traduit
les noms propres, on leur avait donne
un sens symbolique. Au 16" siecle
I'etudedu texte hebreu fit reconnaitre
I'erreur et attribuer les fragments a
leurs auteurs.
*t>'
IV.
Comme tous les livres Protocano-
niques de I'Ancien Testament, le livre
des Proverbes nous est reste dans sa
langue originale, I'hebreu. Nous en
possedons egalement plusieurs ver-
sions anciennes. Un mot sur leur va-
leur et leur etat relativemcnt aux
Proverbes.
LE LIVRE DES PROVERBES.
293
De I'hebreu, nous n'avons que la
recension massoretique, et c'est le cas
de la plupart des livres de I'Ancien
Testament. II est done malaise de
faire la critique du texte; critique
d'autant plus necessaire qu'il s'agit
ici de maximes decousues que ne
relie ni le fil du recit, ni I'ensemble
de la composition. La divergence
avec les anciennes versions, bien
qu'elle n'atteigne ni la doctrine, ni
les parties essentielles, nous fait re-
gretter d'anciens manuscrits, negli-
ges ou detruits par les massoretes,
et dont les variantes eussent jete
un jour precieux sur les endroits
obscurs, et comble sans doute mainte
lacune.
La version des Septante, dans les
Proverbes, suit assez bien I'original,
surtout pour les deux premieres par-
ties (chap, i-xxiv), sauf un certain
nombre de transpositions, omissions
ou additions de versets. II est pro-
bable que le manuscrit du tradu6leur
differait de I'hebreu a6luel, et conte-
nait plusieurs textes que nous a con-
serves I'interprete grec. Les derniers
chapitres s'ecartent davantage de
I'hebreu pour I'ordre suivi. Cette ver-
sion, obscure quelquefois, est pour
nous de la plus haute importance a
raison des manuscrits anciens qu'elle
represente.
La version syriaque {Pesc/iJto),h\QX\
que faitc sur I'hebreu, se rapproche
beaucoup des Septante. L'analogie
du Syriaque avec la langue de I'ori-
ginal lui permet d'etre plus fidele
que le grec qui paraphrase quelque-
fois le texte; mais cette fidelite meme
laisse subsister, pour nous du moins,
I'obscurite de I'hebreu dans les pas-
sages de sens douteux. Neanmoins
cette version est d'un grand secours
et temoigne de I'etat du texte au
second siecle.
La version latine de St Jerome,
celle de notre Vulgate, est egalement
faite sur I'hebreu. Elle contient pour-
tant un grand nombre de versets
propres aux Septante. Soit que St Je-
rome n'ait pas cru devoir negliger
cette importante version, soit qu'il
ait traduit un manuscrit contenant
des textes qui auraient disparu plus
tard dans le travail des massoretes, il
est du devoir de I'interprete dejuger,
suivant les lois de la critique, de la
valeur de ces passages au point de
vue de leur authenticite.
La version des Proverbcs par
St Jerome est une des parties les
moins soignees de sa traduction de
la Bible. La rapidite de son travail,
op?is fndm',si\[va.nt I'expression memc
de I'auteur, pourra nous en expliquer
parfois les imperfe6lions.
Citons enfin, pour terminer la se-
rie des anciennes versions, la para-
phrase chaldaique qui se rapproche
de I'hebreu.
^^=^
mHHHMHMH^^MMnH^MMM^^W^.
ixLiiii I u ixiiimrmniiti
rTiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiliiiiiiiiiiiiriiniiniiiiiniinm-T-rrmiiiiiTfiiiiiiii
^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWmS.
M
PREMIERE PARTIE.
^
Introduction generale.
Exhortations et avertissements adresses par la
sagesse aux jeunes gens [Ch. I — IX].
SECTION I.— Premiere serie d'exhortations [CH. I — III].
CHAP. I, — Prologue. — Epigraphe. — Le sage exhorte son disciple a fuir
les sentiers du vice ; a la fin, il fait parler la sagesse elle-meme.
Chap. I. [^ip^]ROVERBES de Salomon, fils de David,
Roi d' Israel :
2 Pour connaitre la sagesse et I'instruflion,
Pour comprendre les discours senses;
3 Pour acquerir une instruction eclairee,
La justice, I'equite et la droiture;
4 Pour donner aux simples le discernement,
Au jeune homme la connaissance et la reflexion :
5 Que le sage ecoute, et il gagnera en savoir;
L'homme intelligent connaitra les conseils prudents,
6 II comprendra les proverbes et les sens mysterieux,
Les maximes des sages et leurs enigmes.
7 La crainte de Jehovah est le commencement de la sagesse;
Les insenses meprisent la sagesse et I'instrucflion.
8 Ecoute, mon fils, I'instrutlion de ton pere,
Et ne rejette pas I'enseignement de ta mere;
9 Car c'est une couronne de grace pour ta tete,
Et une parure pour ton cou.
10 Mon fils, si des pecheurs veulcnt te seduire,
Ne donne pas ton acquiescement.
1 1 S'ils disent : " Viens avec nous, dressons des embiiches pour repandre Ic sang,
Tendons sans raison des pieges a I'innocent,
12 Engloutissons-les tout vifs, comme fci/i le sejour des morts,
Tout entiers, comme ceux qui descendent dans la fosse.
13 Nous trouverons toutes sortes de biens precieux,
Nous remplirons de butin nos malsons;
CHAP. I.
I. Proverbes : ce mot a ici, non le sens
restreint de locutioti prove7-biale , mais le
sens plus large de nmxiines^ sojfcnccs (en
gr. yvcoijia'.) : les diHs de Salomon, comme
traduisent nos vieillcs Bibles.
2. La sagesse, hcbr. c/iokeiiia/i, c.-;\-d. la
connaissance solide, I'intelligence vraie des
choses; dans le domaine religieux, des
'MMMMMMMMMMHM'MnM^Mm.M
...«....«....«...«.««««««»«««»»»»»»«»»««»««»»»«»»«
QUEM HEBR^I MISLE APPELLANT.
^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWW
— *— CAPUT I. — :l:—
Parabolarum utilitas : auditus et studium
sapientite commendatur : Filius admone-
tur ne peccatorum sequatur blanditias :
sapientia ad sui amplexum invitat, et
contemptoribus minatur exitium.
ARABOL.E Salomo-
nis, filii David, regis
Israel. 2. Ad sciendam
sapientiam, et discipli-
nam : 3. ad intelligenda
verba prudentias : et suscipiendam
eruditionem doctrinas, justitiam, et
judicium, et aequitatem : 4. ut detur
parvulis astutia, adolescenti scientia,
et intellectus. 5. Audiens sapiens,
no,
sapientior erit : et intelligens, guber-
nacula possidebit. 6, Animadvertet
parabolam,et interpretationem, ver-
ba sapientum, et asnigmata eorum.
7. "Timor Domini principium
sapientias. Sapientiam, atque doctri- [°- ^"[,'j^ ^
nam stulti despiciunt. 16'.
8, Audi, fili mi, disciplinam pa-
tris tui, et ne dimittas legem matris
tuas : 9. ut addatur gratia capiti tuo,
et torques collo tuo. 10. Fili mi, si
te lactaverint peccatores, ne acquie-
scas eis. 11. Si dixerint : Veni no-
biscum, insidiemur sanguini, abs-
condamus tendiculas contra inson-
tem frustra : 12. deglutiamus eum
sicut infernus viventem, et inte-
grum quasi descendentem in lacum.
choses de Dieu et princlpalement de sa loi,
de ce qu'il faut faire ou eviter pour accom-
plir sa volonte et conserver sa grace. Ce
mot a souvent pour synonymes bhiaJi, in-
telligence (Vulg. pr!{de?ifui), et daaih, con-
naissance (Vulg. scientia). — Linstruclion
morale, I'education, en gr. Tiatosiav, moyen
pratique pour arriver ^ la sagesse. — Les
di scouts se?jscs, litt. dHtitelligetice.
3. Une insirucliott eclaircc, capable de dis-
cerner le vrai du faux, le bien du mal.
4. Potir doiiner : ce verset, comme les
deux precedents, est coordoiiiir slxx premier;
les LXX et la Vulg. le siibordo7vicnt aux
vers. 2-3. — Akx simples : selon la force
du mot hebr., a ceux qui sont oitvcrfs sans
defiance a toute influence bonne ou mau-
vaise. — Le discerneinent, Vulg. la finesse.
- - La reflexion, Vulg. P intelligence.
5. Ces sentences ne sont pas seulement
pour les simples et Xesj'eioies gens.
6. II comprendra. Delitzsch traduit, poiir
cojnprendre, et fait de ce verset la suite du
vers. 4. Zoeckler le subordonne au vers. 5
et lui donne un sens pregnant : le sage doit
s'appliquer a le devenir davantage, afin de
se rendre familier les proverbes (meme sens
qu'au vers, i), les di scours obscurs, renfer-
mant un sens cache, et les enigmes (hebr.
c/iidot/i), dont la solution demande un esprit
penetrant et subtil, et par la de croitre en-
core en sagesse.
7. Ce verset exprime I'idee fondamentale
du livre; il en est comme I'epigraphe. Comp.
Job, xxviii, 28; Ps. cxi, 10. La crainte de
JeJiovali, c'est la soumission humble et res-
pecftueuse a I'egard de Dieu, createur de
i'univers, roi et legislateur d'Israel, en d'au-
tres termes, c'est la pratique de la religion
et I'observation des commandements, ce
que nous appellerons aujourd'hui une con-
duite chretienne. — L^e comnience?nent, le
point de depart, la racine et la base de la
sagesse. Pour le sage, il n'y a pas de vraie
morale et de science complete en dehors de
Dieu. — Les insenses, en hebr. les cpais : on
trouve la meme figure chez les Grecs et les
Romains : T^a./jlc„ crassi^= sensu careiiies.
9. Une couronne, un collier d'or ou de
pierres precieuses, etaient la parure des
rois et des grands {Gen. xli,42; Dan. v, 29).
11. Ces brigandages ont existe de tout
temps en Palestine {Jug. xi, 3; Luc, x, 30).
1 2. Toiit eniicrs, integros : Zockler entend
ce mot dans le sens moral : (engloutissons)
les homines in/egres, les justes.
296
LIVRE DES PROVERBES. Chap. I, 14—33.
14 Tu tireras ta part aii sort avec nous,
II n'y aura qu'une bourse pour nous tons." —
15 Mon fils, ne va pas avec eux,
Ddtourne ton pied de leur sentier;
16 Car leurs pieds courent au mal,
lis se hatent pour repandre le sang;
17 Et c'est vainement qu'on jette le filet
Devant les yeux de tout ce qui a des ailes.
18 Eux, c'est contre leur propre sang qu'ils dressenl des embuches,
C'est a leur ame qu'ils tendent des pieges.
19 Telle est la voie de tout homme avide de rapine;
La cupidite cause la perte de ceux qu'elle possede.
20 La sagesse crie dans les rues,
Elle cleve sa voix sur les places.
21 Elle preche a I'entree des lieux bruyants ;
Aux portes, dans la ville, elle fait entendre ses paroles :
22 " Jusques a quand, simples, aimerez-vous votre simplicite?
Jusques a quand les railleurs prendront-il plaisir a la raillerie?
Et les insenses hairont-ils la science.''
23 Retournez-vous pour entendre mes reprimandes,
Et je rdpandrai sur vous mon esprit,
Je vous ferai connaitre mes paroles
24 Puisque j'appelle et que vous resistez,
Puisque j'etends ma main, et que personne n'y prend garde,
25 Puisque vous abandonnez tous mes conseils
Et que vous n'aimez pas mes reprimandes,
26 Moi aussi je rirai quand vous serez dans le malheur,
Je me moquerai quand viendra sur vous I'epouvante,
27 Quand I'epouvante vous assaillira comme une tempcte.
Que le malheur vous enveloppera comme un tourbillon,
Que la detresse et I'angoisse fondront sur vous.
28 Alors ils m'appelleront, et je ne r^pondrai pas;
lis me chercheront, et ils ne me trouveront pas.
29 Parce qu'ils ont hai la science,
Et qu'ils n'bnt pas desire la crainte de Jehovah,
30 Parce qji'Ws n'ont pas accueilli mes conseils,
Et qu'ils ont dedaigne toutes mes reprimandes,
31 lis mangeront du fruit de leur voie,
Et ils se rassasieront de leurs propres conseils.
32 Car I'egarement des ignorants les tue,
Et la securite des insenses les perd.
33 Mais celui qui m'ecoute reposera avec securite,
II vivra tranquille, sans craindre le malheur."
-f©^ K^
14. U}te bourse, ou une caisse. La pensee
du second membre semble contredire celle
du premier; ou bien I'auteur veut dire que
tous auront droit k une part egale du butin,
quelle que soit la part que chacun ait prise
a I'affaire, et alors le second membre don-
nerait la raison du premier; ou bien il s'agi-
rait dans le second d'un fonds de reserve
laisse en commun, independamment de la
part de butin tir^e au sort et distribuee a
chaque associd.
17. Et c'est vainement : deuxicme raison
pour laquelle le disciple ne doit pas se lais-
ser gagner par les discours perfides des
mechants : meme I'oiseau sans raison, sait
se derober, en s'envolant au loin, au piege
qu'on a tendu sous ses yeux. Autre explica-
tion, qui parait etre celle de la Vulgate : on
a beau tendre un piege sous ses yeux, I'oi-
seau stupide s'y fait prendre : il ne fait
attention qu'k I'appat qu'il convoite; de
meme les mechants, uniquement preoccu-
LIBER PROVERBIORUM. Cap. I, 13—3:
297
13. Omnem pretiosam substantiam
reperiemus, implebimus domos no-
stras spoliis. 14. Sortem mitte no-
biscum, marsupium unum sit om-
nium nostrum. 15. Fili mi, ne am-
bules cum eis, prohibe pedem tuum
59.7- a semitis eorum. 16. *Pedes enim
illorum ad malum currunt, et fe-
stinant ut effundant sanguinem,
17. Frustra autem jacitur rete ante
oculos pennatorum. 18. Ipsi quo-
que contra sanguinem suum insi-
diantur, et moliuntur fraudes con-
tra animas suas. 19. Sic semitas
omnis avari, animas possidentium
rapiunt.
20. Sapientia foris prasdicat, in
plateis dat vocem suam : 21. in ca-
pite turbarum clamitat, in foribus
portarum urbis profert verba sua,
dicens : 22. Usquequo parvuli dili-
gitis infantiam, et stulti ea, quae sibi
sunt noxia, cupient, et impruden-
tes odibunt scientiam.^ 23. Conver-
timini ad correptionem meam : en
proferam vobis spiritum meum, et
ostendam vobis verba mea. 24,'" Quia
vocavi, et renuistis : extendi ma-
num meam, et non fuit qui aspice-
ret. 25. Despexistis omne consilium
meum, et increpationes meas ne-
glexistis. 26. Ego quoque in interitu
vestro ridebo, et subsannabo, cum
vobis id, quod timebatis, advenerit.
27. Cum irruerit repentina calami-
tas, et interitus quasi tempestas in-
gruerit : quando venerit super vos
tribulatio, et angustia : 28. tunc in-
vocabunt me, et non exaudiam :
mane consurgent, et non invenient
me : 29. eo quod exosam habuerint
disciplinam,ettimorem Domini non
susceperint, 30. nee acquieverint
consilio meo, et detraxerint univer-
sas correptioni meas. 31. Comedent
igitur fructus vias suas, suisque con-
siliis saturabuntur. 32. Aversio par-
vulorum interficiet eos, et prosperi-
tas stultorum perdet illos. 33. Qui
autem me audierit, absque terrore
requiescet, et abundantia perfrue-
tur, timore malorum sublato.
^IS. 65, 12
et 66, 4, Jer,
7. 13-
—^©i i®^. ^O?—
pes du butin a recueillir, oublient le chati-
ment divin qui les attend.
18. Troisieme motif de fuir les conseils
des mediants.
20. La sagesse peisonnifiee. — Dans les
fues, par opposition h. I'interieur des mai-
sons, non seulement parce qu'elle n'a pas a
rougir des lemons qu'elle donne, mais encore
parce qu'elle est Famie des hommes. Comp.
Matth. X, 27; Luc, xiv, 21.
21. A Peiiiree des lieux bruyanis, a la
naissance ou a I'angle des larges rues oii se
presse la foule. — Aitx porles, du cote de
la ville; c'est la que les habitants se reunis-
saient pour les affaires, les jugements, etc.
22. Simples, denues de sagesse. — Les
railleiirs de nos jours s'appellent esprits
forts, libres-penseurs.
2;?. Retain iiez-votis, revenez des voies
mauvaises oil vous marchez. — Je repaji-
drai^ litt. je ferai j'aillir, comme les flots
d'une source intarissable. Comp./oel, ii, 28;
Jeaii, xiv, 26.
24. J\'iends ma main, comme on le fait a
des egards, pour les ramener.
26. LVpouvante ; Vulg., ce que 7>mts ;r-
doitties.
2<S. lis me cliercJieroni des I'aurore, c.-a-d.
avec empressement, selon la force du mot
hebreu.
29. La science ou la connaissance, les
lecons de la sagesse.
Les vers. 29-30 donnent-ils la raison du
vers. 28 ou bien, comme dans notre traduc-
tion, sont-ils la protase d'une phrase nou-
velle dont I'apodose vient au vers. 31? Les
interpretes sont partages. Delitzsch rapporte
le vers. 29 a ce qui precede, et le vers. 30
a ce qui suit.
31. Sens : ils subiront les suites de leurs
mauvaises acftions. Comp. Ls. iii, 10; Ps.
Ixxxviii, 4; cxxiii, 4; Gal. vi, 8.
32. Des ignorants, litt. des simples, Vulg.
des enfants. — La fausse securite, le stupide
repos ou ils se tiennent, par opposition a la
paix solide, au bonheur assure du sage qui
craint Dieu (vers. 33).
298
LIVRE DES PROVERBES. Chap. II, i
Chap. II.
CITAP. II, — La docilitc aux lecons dc la sagessc procure bcaucoup
de bien et preserve de beaucoup de maux.
ON fils, si tu re(;ois mes paroles,
Et si tu gardes avec toi mes preceptes,
2 Rendant ton oreille attentive a la sagesse,
Et inclinant ton coeur vers la prudence;
3 Oui, si tu appelles la sagesse,
Et si tu eleves ta voix vers I'intelligence,
4 Si tu la cherches comme I'argent,
Et si tu la creuses comme pour decouvrir un tresor,
5 Alors tu comprendras la crainte de Jehovah,
Et tu trouveras la connaissance de Dieu.
6 Car Jehovah donne la sagesse,
De sa bouche sortent la science et la prudence.
7 II garde le bonheur pour les hommes droits,
II est un bouclier pour ceux qui marchent dans la perfecflion,
8 En protegeant les sentiers des justes,
En veillant sur la voie de ses fideles.
9 Alors tu comprendras la justice, I'equite,
La droiture et tous les sentiers du bien.
lo Lorsque la sagesse viendra dans ton cceur,
Et que la science fera les delices de ton ame,
La reflexion viendra sur toi,
Et la prudence te gardera.
Pour te ddlivrer de la voie du mal,
De I'homme qui tient des discours pervers,
13 De ceux qui abandonnent les droits sentiers,
Afin de marcher dans des chemins tenebreux,
14 Qui se rejouissent de faire le mal,
Et mettent leur plaisir dans les plus viles aiftions,
15 Qui suivent des sentiers tortueux
Et s'ecartent dans des voies obliques : —
16 Pour te delivrer de la femme qui est a un autre,
De I'etrangere qui use de paroles doucereuses,
17 Qui abandonne le guide de sa jeunesse
Et oublie I'alliance de son Dieu;
18 Car elle penche avec sa maison vers la mort,
Et sa route conduit aux enfers.
19 De tous ceux qui vont a elle, nul ne revient,
Aucun ne retrouve les sentiers de la vie : — -
20 Ainsi tu marcheras dans la voie des hommes de bien,
Et tu garderas les sentiers des justes.
21 Car les hommes droits habiteront la terre
Et les hommes integres y demeureront;
22 Alais les mechants seront retranches de la terre,
Et les infideles en seront arraches.
II
12
— -♦-
■<^
-<;^-
CHAP. II.
I. Af Of/ ^/s : Vautcur reprend dire6\ement
la parole.
3. Si in eleves ta 7'ozx (Vulgate, si iu
inclines lofi ccvur) vers V intelligence, pour
I'appeler; c'est plus que de la recevoir
(vers. i).
4. Comme Vnrgent cache dans les en-
trailles de la terre : allusion au travail des
mines. Comp. Job, xxviii.
5. La connaissance de Dieu, fruit et resul-
tat de la crainte de Jehovah.
7. II garde, comme on garde un tresor,
un joyau de prix, le vrai bonheur attache a
la sagesse.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. II, 1—22.
299
— :i:— CAPUT II. — :i:—
Sapiential acquisitio quanta bona conferat,
et quanta mala avertat : cum qua Dei
dona veniunt, et sine qua ubique erratur.
ILI mi, si susceperis ser-
mones meos, et mandata
mea absconderis penes te,
2. ut audiat sapientiam
auris tua : inclina cor tuum ad co-
gnoscendam prudentiam. 3. Si enim
sapientiam invocaveris, et inclina-
veris cor tuum prudentias : 4. si
quassieris eam quasi pecuniam, et
sicut thesauros effoderis illam :
5. tunc intelliges timorem Domini,
et scientiam Dei invenies : 6. quia
Dominus dat sapientiam : et ex ore
ejus prudentia. et scientia. 7. Custo-
diet rectorum salutem, et proteget
gradientes simpliciter, 8. servans
semitas justitias, et vias sanctorum
custodiens. 9. Tunc intelliges justi-
tiam, et judicium, et asquitatem, et
omnem semitam bonam.
10. Si intraverit sapientia cor
tuum, et scientia animae tuae pla-
cuerit : 11. consilium custodiet te,
et prudentia servabit te, ri. ut erua-
ris a via mala, et ab homine, qui
perversa loquitur : 13. qui relin-
quunt iter rectum, et ambulant per
vias tenebrosas : 14. qui lastantur
cum malefecerint, et exsultant in
rebus pessimis : 15. quorum viae
perversas sunt, et infames gressus
eorum. 1 6. Ut eruaris a muliere alie-
na, et ab extranea, quas mollit ser-
mones suos, 17. et relinquit ducem
pubertatis suae, 18. et pacti Dei sui
oblita est : inclinata est enim ad
mortem domus ejus, et ad inferos
semitas ipsius. 19. Omnes, qui in-
grediuntur ad eam, non reverten-
tur, nee apprehendent semitas vitae.
20. Ut ambules in via bona : et
calles justorum custodias. 21. Qui
enim recti sunt, habitabunt in terra,
et simplices permanebunt in ea.
22. Tmpii vero de terra perden-
tur : et qui inique agunt, auferen-
tur ex ea.
Job. If
17-
10. Lorsque (Vulg. si). Ici commence un
nouveau developpement, analogue a celui
des vers. 1-9, mais d'un caracftere plus pra-
tique. Delitzsch et d'autres regardent les
vers. 10 sv. comme la continuation de ce
qui precede, et traduisent le ki hebreu par
car., parce que.
13. Chanin tenehrux : " celui qui fait le
mal, dit S. Jean, hait la lumiere. " iii, 20.
Com p. Ep Ill's. V, II.
14. Se rejouir du mal est le plus haut de-
gre de la perversite.
16. Poitr te delivrer continue le vers. 12.
— De la femine qui est a un autre, litt. de la
femme e'trangcre, qui appartient k une autre
famille, c.-a-d. de la femme adultere. —
De P etraiigcre au pays, dit Delitzsch, de la
femme non Israelite : c'est le nom donne
aux femmes etrangeres qu'epousa Salomon
I Rois., xi, I, 8. A j'exemple de ce roi, des
Israelites, a cette epoque, prenaient pour
epouses ou pour concubines des femmes
nees chez les nations idolatres; elles rem-
plagaient, en quelque sorte, les prostituees,
severement interdites par la loi {Dent, xxiii,
18 sv.). D'autres interpretes entendent ega-
lement les deux expressions de la femme
adultere israelite, et le contexte parait favo-
rable k ce sens.
17. Z'a;/// (Vulg. le guide) de sa jeu7iesse,
son premier epoux. — Lalliance de son
Dieu. Cette expression suppose un carac-
tere religieux "dans le mariage des Israe-
lites; les epoux se juraient sans doute de-
vant Dieu une fidelite mutuelle. Comp,
Mal. ii, 14.
21. Hahiteront la terrede Chanaan : cette
habitation pacifique de la terre promise k
Israel etait la plus haute benedi6lion aussi
bien pour la nation entiere que pour les in-
dividus. Exod. xx, 12; Lev. xxv, 18; Ps.
xxxvii, passim. Comp. Deut. xxviii, 63; Ps.
Iii, 7. — Cette terre est la figure de la terre
des vivants, la patrie celeste.
300
LIVRE DES PROVERBES. Chap. Ill, x — 19.
Chap. III.
7
8
CHAr. HI. — Biens reserves aux serviteurs do Dieu ; secours que Dieu
lour menage ; exhortation a ramour du prochain et a la justice.
|0N fils, n'oublie pas mes enseignements,
Et que ton cceur garde mes preceptes.
2 lis te procureront de longs jours, des annees de vie,
La paix et le honJieiir.
3 C2ue la mise'ricorde et la verite ne t'abandonnent pas;
Attache-les k ton con, grave-les sur les tables de ton cocur.
4 Ainsi tu trouveras faveur et bonne renommee
Aux yeux de Dieu et des hommes.
5 Confie-toi de tout ton coeur en Jehovah,
Et ne t'appuie pas sur ta propre intelligence.
6 Pense a lui dans toutes tes voies,
Et il aplanira tes sentiers.
Ne sois pas sage a tes propres yeux;
Grains Jehovah et detourne-toi du mal.
Ce sera la sante pour ton corps,
Et un rafraichissement pour tes os.
9 Fais honneur a Dieu de tes biens,
Des premices de tout ton revenu.
10 Alors tes greniers seront abondamment remplis,
Et tes cuves deborderont de vin nouveau.
11 Mon fils, ne meprise pas la correction de Jehovah,
Et n'aie pas d'aversion pour ses chatiments.
12 Car Jehovah chatie celui qu'il aime,
Comme un pere chdtie Tenfant qu'il ch^rit.
13 Heureux I'homme qui a Irouve la sagesse,
Et rhomme qui a ac(|uis la prudence !
14 Son acquisition vaut mieux que celle de I'argent,
Sa possession est preferable cjue celle de Tor pur.
15 Elle est plus precieuse que les perles,
Tous tes joyaux ne I'egalent pas.
16 Dans sa droite est una longue vie,
Dans sa gauche, la richesse et la gloire.
Ses voies sont des voies agreables,
Tous ses sentiers, des sentiers de paix.
Elle est un arbre de vie pour ceux qui la posscdent
Et celui qui s'y attache est heureux.
I
'7
18
19 Cast par la sagesse que Jdhovah a fondc la terrc,
Par I'intelligence qu'il a affermi les cieux.
CHAP. III.
2. Dc longs jours, etc. Conip. Exod.
XX, 12; I Rois, iii, 14. Ce sont les promessas
de I'Anc. Testament; le Nouveau y ajoute
relies de la vie future : " La picte, dit
.S. I'aul (I Tim. iv, 8), est utile a tout, ayant
les promesses de la vie prcsente at de la via
;i venir.
3. La miscricordc, ou la cJuiriti\ et la ve-
rity : deux mots souvent reunis dans les
Proverhes pour exprimer les sentiments qui
doivant animer I'homme envers son pro-
chain. — Attaclie-les a ton con; sens :
qu'elles te soient toujours presentes; Moise
fait una recommandation analogue au sujet
de la loi Exod. xiii. 16; Dent. 6, 8. D'au-
tres : qu'allas soient ta phis belle parure :
comp. vi, 21. — Tables de ton caur : allu-
sion aux tables da la loi Exod. xxiv, 12.
Comp. II Cor. iii 3.
4. L-\fa7'eur ou \a. grace se rapporte sur-
lout a Dieu; la bonne renommee ou la honne
opinion se rapporte surtout aux hommes.
6. // aplanira tes sentiers, il les rendra
droits et unis : il conduira a bonne fin toutes
tas entraprises.
8. Ce sera, la crainta de Diau sera, ate. —
l^our ton corps : ainsi ont lu les LXX et la
traduflaur syriaqua; Fhel^reu aciluel porte,
pour tofi ombilic : cette partia centrale du
corps repr^sante rensambla des organas. —
LIBER PROVERBIORUM. Cap. Ill, i— 19.
301
— *— CAPUT III. — :>—
Sapientia vitam prolongat : misericordia et
Veritas non deserendK : fiducia in Deum :
timor Dei : honorandus Deus : coneftio
Dei cum ketitia ferenda : sapientias laus :
sapientiam sequentibus omnia prospera :
amico statim dandum, nee ei male facien-
dum : non contendendum : iniqui non
imitandi : impiorum perditio, et piorum
benedidlio.
ILI mi, ne obliviscaris le-
gis meas, et prascepta mea
cortuumcustodiat.2.Lon-
gitudinem enim dierum,
et annos vitas, et pacem apponent
tibi. 3. Misericordia, et Veritas te
non deserant, circumda eas gutturi
tuo, et describe in tabulis cordis tui :
4. et invenies gratiam, et discipli-
nam bonam coram Deo et homini-
bus, 5. Habe fiduciam in Domino
ex toto corde tuo, et ne innitaris
prudentias tuas. 6. In omnibus viis
tuis cogita ilium, et ipse diriget
gressus tuos. 7. "Ne sis sapiens
apud temetipsum : time Deum, et
recede a malo : 8. sanitas quippe
erit umbilico tuo, et irrigatio os-
sium tuorum. 9. *Honora Domi-
num de tua substantia, et de pri-
mitiis omnium frugum tuarum da
ei : 10. et implebuntur horrea tua
saturitate, et vino torcularia tua
redundabunt.
1 1. ' Disciplinam Domini, iili mi,
ne abjicias : nee deficias cum ab eo
corriperis : 12. quern enim diligit
Dominus, corripit : et quasi pater
in filio complacet sibi.
13. Beatus homo, qui invenit sa-
pientiam, et qui affluit prudentia :
14. melior est acquisitio ejus nego-
tiatione argenti, et auri primi et pu-
rissimi fructus ejus : 15. pretiosior
est cunctis opibus : et omnia, quas
desiderantur, huic non valent com-
parari. 16. Longitude dierum in
dextera ejus, et in sinistra illius di-
v'lUse, et gloria. 17. Viae ejus vias
pulchras, et omnes semitse illius pa-
cificas, 18. Lignum vitas est his, qui
apprehenderint eam : et qui tenue-
rit eam, beatus.
19. Dominus sapientia fundavit
terram, stabilivit coslos prudentia.
'■'Tob. 4, 7.
Luc. 14, 13,
^Hebr. 12.
5- Apoc. 3,
19.
l/fi rafrcnchisscincnt, lilt, un arrosement :
comp. Ps. cii, 4.
9. /^ais /lonneur d Dieu de tes bie/is,
en lui en consacrant une partie, la dime.
Cette recommandation vient ici, non pour
rappeler un precepte de la loi mosaique,
que I'auteur des Proverbes laisse absolu-
ment de cote, mais pour appuyer une obli-
gation naturelle, qu'on trouve observee
chez la plupart des nations paiennes de
I'antiquite.
10. Voy. II Par. xxxi, 10. Comp. Ltic,
'^ii, 33-
11. La corretlion^ litt. Viiistruflioii ou
P education^ mais I'instruflion par la correc-
tion et I'epreuve. C'est toujours en vue de
quelque bien que Dieu permet que nous
soyons dprouves : pour nous detacher des
choses d'ici-bas, pour nous retirer du mal,
pour affermir et developper en nous la foi
et I'amour, etc.
12. Coninie un pcre, etc. D'autres avec la
Vulg., ct il met en liii son affedion com/ne
un pcrc dans son enfant.
13. Qui a acquis, litt. puise (Vulg., qui a
en abondance), dans le tresor de Dieu, sans
exclure celui de I'experience personnelle.
14. So/i acquisition... sa possession :
d'autres : ie gain qtCelle procure... le profit
qu^on en tire.
15. Les perles, peut-etre les coraux rou-
ges {^Lament, iv, 7). — Tes joyaux, litt. tes
objets de prixj Vulg., tout ce qu^ofi pent
desirer.
16. La sagesse repand ses largesses des
deux mains; de la droite, qui est la plus
noble, elle dispense le bien le plus precieux,
savoir longueur de vie, et cette longueur,
dit S. Augustin, c'est I'eternite; de la gau-
che, elle donne ce que Notre-Seigneur ap-
pelle le surcroit {J\Iatth. vi, 33). Comp.
I Rois, iii, 11- 14.
18. Un arbre de vie.
I'auteur des Pi'overbes, qui I'emprunte a
I'histoire primitive de I'homme {Gen. ii, 9;
iii, 22).
19 sv. Ces deux versets sont peut-etre
amenes par le souvenir de I'arbre de vie;
d'ailleurs ils se lient bien avec I'ensemble ;
jusqu'ici la sagesse a et^ montree dans ses
relations avec I'homme; mais elle est aussi
en relation avec Dieu : c'est par elle que
Jehovah, c.-a-d. que Dieu a concu et realist
le plan de cet univers. Ici la sagesse n'est
plus seulement un attribut divin, elle nous
apparait comme une puissance vivante.
image familiere a
302 LIVRE DES PROVERBES. Chap. Ill, 20—35; IV, i— 10.
20 C'est par sa science que les abimes se sont ouverts,
Et que les nuages distillent la rosee.
21 Mon fils, que ces enseignements ne s'eloignent pas de tes yeux.
Garde la sagesse et la reflexion;
22 Elles seront la vie de ton ame
Et I'ornement de ton cou.
23 Alors tu marcheras en security dans ton chemin,
Et ton pied ne heurtera pas.
24 Si tu te couches, tu seras sans crainte;
Et quand tu seras couche, ton sommeil sera doux.
25 Tu n'as a redouter ni une terreur subite,
Ni une attaque de la part des mediants.
25 Car Jehovah sera ton assurance,
Et il preservera ton pied de tout picge.
27 Ne refuse pas un bienfait a ceux a qui il est du,
()uand il est en ton pouvoir de Taccorder.
28 Ne dis pas a ton prochain : " Va et reviens,
Demain je donnerai," quand tu peux donner sur I'heure.
29 Ne medite pas le nial contre ton prochain,
Lorsqu'il reste tranquille prcs de toi.
30 Ne conteste pas sans motif avec quelqu'un,
Lorsqu'il ne t'a point fait de mal.
31 Ne porte pas envie a Thomme de violence,
Et ne choisis aucune de ses voies :
32 Car Jehovah a en horreur les hommes pervers,
Mais aux coeurs droits il communique ses secrets.
33 La maledi(5lion de Jehovah est dans la maison du mechant,
Mais il bdnit le toit des justes.
34 II se moque des mocjueurs,
Et il donne la grace aux humbles.
35 La gloire sera le partage des sages,
Mais les insenses ont pour leur part I'ignominie.
SECTION IL— Seconde serie d'exhortations [CH. IV — VII]
Chap. IV.
CHAP. I\^ — Enseignements que le sage recut de son pere
pendant sa jeunesse.
COUTEZ, mes fils, TinStrudlion d'un pere,
Et soyez attentifs, pour apprendre I'intelligence;
2 Car je vous donne une bonne docflrine :
N'abandonnez pas mon enseignement.
3 Moi aussi j'ai tit6 un fils pour mon pere,
Un fils tendre et unique auprcs de ma mere.
4 II m'instruisait et il me disait :
Que ton coeur retienne mes paroles.
Observe mes preceptcs, et tu vivras.
5 Acquiers la sagesse, acquiers I'intelligence;
N'oublie pas les paroles de ma bouche, et ne t'en detourne pas.
6 Ne I'abandonne pas, et elle te gardera;
Aime-la, et elle te conservera.
7 Voici le commencement de la sagesse : acquiers la sagesse,
Au prix de tout ce que tu possedes, acquiers I'intelligence.
8 Tiens-la en haute estime, et elle t'exallera;
Elle fera ta gloire, si tu I'embrasses.
g Elle mettra sur ta tcte une couronnc de grace,
Elle t'ornera d'un magnifique diademe.
10 Ecoute, mon fils, et re(^ois mes paroles,
Et les annees de ta vie se multiplieront.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. Ill, 20—35; IV, i— 11.
303
20. Sapientia illius eruperunt abyssi,
et nubes rore concrescunt. 21. Fill
mi, ne effluant haec ab oculis tuis :
Custodi legem atque consilium :
22. et erit vita animas tuae, et gratia
faucibus tuis. 23. Tunc ambulabis
fiducialiter in via tua, et pes tuus
non impinget : 24. si dormieris, non
timebis : quiesces, et suavis erit
somnus tuus. 25. Ne paveas repen-
tino terrore, et irruentes tibi poten-
tias impiorum. 26. Dominus enim
erit in latere tuo, et custodiet pe-
dem tuum ne capiaris.
27. Noli prohibere benefacere
eum, qui potest : si vales, et ipse
benefac : 28. ne dicas amico tuo :
Vade, et revertere : eras dabo tibi :
cum statim possis dare. 29. Ne mo-
liaris amico tuo malum, cum ille in
te habeat fiduciam. 30. Ne conten-
das ad versus hominem frustra, cum
36,1. ipse tibi nihil mali fecerit. 3i.'^Ne
aemuleris hominem injustum, nee
imiteris vias ejus : 32. quia abomi-
natio Domini est omnis illusor, et
cum simplicibus sermocinatio ejus.
33. Egestas a Domino in domo im-
pii : habitacula autem justorum be-
nedicentur. 34. Ipse deludet illuso-
res, et mansuetis dabit gratiam.
35. Gloriam sapientes possidebunt :
stultorum exaltatio, ignominia.
— :;:— CAPUT IV. — :!:—
Sapiens suo exemplo hortatur qujerere sa-
pientiam, cujus explicat utilitates ; vise
impiorum declinandae, et justorum am-
plecflends : de custodia cordis, oris, et
gressuum.
UDITE iilii disciplinam
patris, et attendite ut scia-
tis prudentiam. 2. Donum
bonum tribuam vobis, le-
gem meam ne derelinquatis. 3. Nam
et ego filius fui patris mei, tenellus,
et unigenitus coram matre mea :
4. et docebat me, atque dicebat :
Suscipiat verba mea cor tuum, cu-
stodi pra^cepta mea, et vives. 5. Pos-
side sapientiam, posside pruden-
tiam : ne obliviscaris, neque decli-
nes a verbis oris mei. 6. Ne dimittas
eam, et custodiet te : dilige earn, et
conservabit te. 7. Principium sa-
pientias, posside sapientiam, et in
omni possessione tua acquire pru-
dentiam : 8. arripe illam, et exalta-
bit te : glorificaberis ab ea, cum eam
fueris amplexatus. 9. Dabit capiti
tuo augmenta gratiarum, et corona
inclyta proteget te.
10. Audi fill mi, et suscipe verba
mea, ut multiplicentur tibi anni
vitas. 1 1 . Viam sapiential monstrabo
20. Les abhnes, le reservoir des eaux sou-
terraines, se sont ouveris^ litt. separe's, pour
former les mers particulieres, les fleuves et
les rivieres qui arrosent le sol. Selon d'au-
tres interpretes, il s'agirait ici de la separa-
tion des eaux qui s'accomplit le 2*= jour
{Gen. i, 6, 7), et qui ont pour resultat d'en
transporter une partie, sous la forme de
nuages et de vapeurs, au-dessus du firma-
ment. — La rosce et la pluie.
21. Ces ettseignemenis, qui precedent; ou
bien : les deux choses exprimees dans le
second membre du verset.
27. A ceux a qui il est dfe, litt. a leurs
inaiircs : hebra'isme : au pauvre.
33. La inaledidion de Jehovah; Vulg.,
disette de la part du Seigneur, envoyee
par lui.
35. Mais les insensc's, etc. D'autres : mais
Ic deshoiincur enlcvc les inseiises, les mene
a la ruine.
CHAP. IV.
I. Dhin pcre : c'est le sage vis-a-vis de
ses disciples.
3. Moi aussi : cette situation de Jils qui
est la votre vis-k-vis de moi, elle a ete aussi
la mienne devant mon pere et ma mere.
7. Le commencement de la sagesse, dit
Corn, de Lapierre, " ne consiste pas en
d'arides speculations sur la vertu, mais dans
une volonte sincere et un serieux effort pour
I'acquerir." On peut appliquer ici ce que
S. Francois de Sales disait de I'amour de
Dieu : le moyen le plus aise, le plus court,
pour aimer Dieu de tout son coeur, c'est de
I'aimer de tout son coeur. Comme on ap-
prend a parler en parlant, aussi apprend-on
a aimer Dieu et le prochain en I'aimant.
10. Mon Jils : est-ce le pere du sage qui
continue de parler a son fils, ou bien est-ce
le sage lui-meme qui reprend la parole en
son propre nom.'' Les anciens en general
304
LIVRE DES PROVERBES. Chap. IV, 11—27; V, r— 7.
11 je te montre la voie de la sagesse,
Je te conduis dans les sentiers de la droiture.
12 Si tu marches, tes pas ne seront point a I'etroit,
Et si tu cours, tu ne trebucheras pas.
13 Retiens I'instruclilion, ne Tabandonne pas,
Garde-la, car elle est ta vie.
14 N'entre pas dans le sentier des mechants,
Et ne marche pas dans la voie des hommes mauvais.
15 Evite-la, n'y passe point,
Detourne-toi et passe.
16 Car ils ne dorment pas, s'ils ne font le mal;
lis ne trouvent pas le sommeil, s'ils ne font tomber personne.
17 Car ils mangent le pain du crime,
Ils boiront le vin de la violence.
18 Le sentier des justes est comme la brillante lumiere du matin,
Dont I'eclat va croissant jusqu'au milieu du jour.
19 La voie des mechants est comme les tencbres;
lis n'aperc^oivent pas ce qui les fera tomber.
20 Mon fils, sois attentif a mes paroles,
Prete I'oreille a mes discours,
21 Ou'ils ne s'eloignent pas de tes yeux,
Garde-les au milieu de ton coeur.
22 Car ils sont vie pour ceux qui les trouvent,
Sant^ pour tout leur corps.
23 Garde ton cceur avant toute chose,
Car de lui jaillissent les sources de la vie.
24 Eloigne de ta bouche les paroles tortueuses,
De tes levres la faussete.
25 ()ue tes yeux regardent en face,
Et que tes paupieres se dirigent devant toi.
26 Fais a tes pieds un chemin uni
Et que toutes tes voies soient droites.
27 N'incline ni a droite ni a gauche,
Et detourne ton pied du mal.
Chap. V.
CHAP. V. — Ou'il faut s'abstcnir des amours impurcs et s'attacher
a son epousc.
?g|ON fils, sois attentif a ma sagesse,
1 1 Et prete I'oreille a ma prudence,
2 Afin que tu conserves la retlexion,
Et que tes levres gardent la science.
3 Car les levres de t'etrangcre distillent Ic miel,
Et sa Ijouche est plus douce que I'huilc.
4 Mais ^. la fin elle est amere comme I'absinthe,
Aiguc comme un glaive a deux tranchants.
5 Ses pieds descendent vers la mort,
Ses pas vont droit au sejour des ombres.
6 Loin de prendre le chemin de la vie,
Elle porte ga et h\ ses pas incertains,
Elle ne sait ou die est.
7 Et maintenant, mes lils, ccoutez-moi,
Et ne vous ecartez pas des paroles de ma bouche.
adoptenl le dernier sentiment; la plupart
des modernes pensent que c'est encore le
pore qui parle, et cela jusqu'au vers. 20, et
mcme jusqu'a v, 6 (Delitzsch).
12. Rude et penible au premier abord, le
chemin de la sagesse est en realite moins
penible que celui du vice {Sap. v, 7); on y
marche a I'aise, on y court meme sans avoir
a craindre de trebucher.
14. N^ntre pas... ne marche pas. Vulg.,
ne /nets pas ton plaisir... ni ta complai-
sance.
16. Ils ne dorment pas : ce n'est pas le
remords qui trouble leur sommeil, c'est le
LIBER PROVERBIORUM. Cap. Ill, 12—27; V, 1—7.
305
tibi, ducam te per semitas asquitatis :
12. quas cum ingressus fueris, non
arctabuntur gressus tui, et currens
non habebis offendiculum. 1 3. Tene
disciplinam, ne dimittas earn : custo-
di illam, quia ipsa est vita tua. 1 4. Ne
delecteris in semitis impiorum, nee
tibi placeat malorum via. 15. Fuge
ab ea, nee transeas per illam : de-
clina, et desere earn. 16. Non enim
dormiunt nisi malefecerint : et ra-
pitur somnus ab eis nisi supplanta-
verint. 17. Comedunt panem im-
pietatis, et vinum iniquitatis bibunt.
18. Justorum autem semita, quasi
lux splendens, procedit et crescit
usque ad perfectam diem. 19. Via
impiorum tenebrosa : nesciunt ubi
corruant.
20. Fili mi, ausculta sermones
meos, et ad eloquia mea inclina au-
rem tuam. 2 i. Ne recedant ab ocu-
lis tuis, custodi ea in medio cordis
tui : 22. vita enim sunt invenienti-
bus ea, et universas carni sanitas.
23. Omni custodia serva cor tuum,
quia ex ipso vita procedit. 24. Re-
move a te OS pravum, et detrahen-
tia labia sint procul a te. 25. Oculi
tui recta videant, et palpebral tuas
prascedant gressus tuos. 26. Dirige
semitam pedibus tuis, etomnesvias
tuas stabilientur. 27. Ne declines ad
dexteram,neque ad sinistram : averte
pedem tuum a malo : vias enim,
quas a dextris sunt, novit Dominus :
perversa^ vero sunt quas a sinistris
sunt. Ipse autem rectos faciet cur-
sus tuos, itinera autem tua in pace
producet.
— :i:— CAPUT V. — *—
Vitare jubet meretricem : et ne labores et
anni perdantur : propria uxor diligatur, et
fugiatur aliena.
^ILI mi, attende ad sapien-
tiam meam, et prudentias
meas inclina auream tuam,
2, ut custodias cogitatio-
nes, et disciplinam labia tua con-
servent. Ne attendas fallacias mu-
lieris : 3. favus enim distillans
labia meretricis, et nitidius oleo
guttur ejus : 4. novissima autem
illius amara quasi absynthium, et
acuta quasi gladius biceps. 5. Pe-
des ejus descendunt in mortem,
et ad inferos gressus illius pene-
trant. 6. Per semitam vitas non
ambulant, vagi sunt gressus ejus,
et investigabiles.
7. Nunc ergo fili mi audi me, et
ne recedas a verbis oris mei.
regret de n'avoir pii faire le mal, tant ils
ont I'habitude du crime.
17. Sens, ou bien : ils mangent le pain
acquis par ieurs crimes (comp. Amos, ii, S);
ou bien : ils se nourrissent du crime comme
on mange du pain {Job, xv, 16; xxxiv, 7);
la seconde explication donne une pensee
plus dnergique, faisant gradation avec celle
du vers. 16.
Les deux versets suivants resument ce qui
precede : les deux voies proposees au choix
du jeune homme different entre elles comme
la lumiere et les tenebres.
18. Le scntier des justes, etc. : marchant a
cette lumiere, le juste n'a pas a craindre de
tomber; elle est pour lui tout a la fois secu-
rite et felicite.
22. Old les irouvd/it, qui parviennent a
se les procurer.
23. Les sources (litt. les sorties) de la vie :
dans la psychologic des Hebreux, le cceur
est le centre de la vie intelle6\uelle et mo-
rale, comme 11 Test, sous le rapport physio-
N" 2J — 1,.\ SAINTK BIBLE. TOME IV. — 20
logique, par le sang' qui porta la vie dans
tous les membres.
25. Regardent en face, contrairement au
regard faux et oblique du mechant.
26. Sens : evite tout ce qui n'est pas mo-
ralement uni et droit.
27. A"i/tcliiu', etc. : locution proverbiale
familiere a la Bible {Is. xxx, 21, al.)
Les LXX et la Vulg. ajoutent : car le Sei-
gneur connaU les voies qui sont ti droite,
niais celles qui sont (X gauche sont inauvai-
ses. Lui-nieme dirigera ta course, et te fcra
suivre ton cheniin dans la paix.
CHAP. V.
2. Les LXX et la Vulg. ajoutent : ne donne
aucune attention aux artifices de la leinme;
c'est comme le titre du chapitre.
3. Lctrangcre a la famille, radultcre oii
la courtisane. — Sa bouche, litt. son palais.
Comp. Ps. Iv, 21.
6. Oit elle est, ni oil elle va.
306
LIVRE DES PROVERBES. Chai>. V,
S— 23;
VI, 1—6.
8 Eloigne-toi du chemin qui conduit vers elle,
Ne t'approche pas de la poite de sa maison,
9 De peur que tu ne livres a d'autres la fleur de ta jeunesse,
Et tes annees au tyran cruel;
0 De peur que des etrangers ne se rassasient de tes biens,
¥a que le fruit de ton travail ne passe dans la maison d'aulrui;
1 De peur que tu ne gemisses, a la fin,
()uand ta chair et ton corps seront consumes,
2 Et que tu ne discs : Comment done ai-je pu hair la corre(flion,
Et comment mon cceur a-t-il dedaigne la reprimande?
3 Comment ai-je pu ne pas ecouter la voix de mes maitres,
Ne pas preter Foreille a ceux qui m'instruisaient?
4 J'ai failli en venir au comble du malheur
Au milieu du peuple et de I'assemblee.
5 Bois I'eau de ta citerne,
Les ruisseaux qui sortent de ton puits.
6 Que tes sources se repandent au dehors!
Que tes ruisseaux coulent sur les places publiquesi
7 Qu'ils soient pour toi seul,
Et non pour des etrangers avec toi!
8 Que ta source soit bdnie,
Et mets ta joie dans la femme de la jeunesse.
9 IJiche charmante, gracieuse gazelle, —
Que ses charmes t'enivrent en tout temps!
Sois toujours epris de son amour!
20 Pourquoi, mon fils, irais-tu a une etrangere,
Et embrasserais-tu le sein d'une inconnue?
21 Car les yeux de Jehovah regardent les voies de Ihonmie,
II considere tous ses sentiers.
22 Le mediant est pris dans ses propres iniquilds,
II est saisi par les liens de son ptche.
23 II mourra faute de discipline,
11 sera trompe par I'exces de sa folie.
Chap. VI.
CHAT. \ I. — Avertissements divers de la sagesse : ne pas se rendre impru-
demmeiit caution; la paresse; cviter Ic mechant et I'hypocrite ; I'impu-
rete et ses suites.
ON fils, si tu t'es rendu caution pour tun ami,
Si tu t'es engage pour un etranger,
2 Tu es lie pur les paroles de ta bouche,
Tu es pris par les paroles de ta bouche.
Fais done ceci, mon ami, degage-loi,
Puiscjue tu es tombe aux mains de Ion prochain,
Va, prosterne-toi et prcsse-le vivement;
Ne donne ni sommeil a les yeux,
Ni assoupissemenl a tes paupicres;
Degage-loi, conmie la gazelle de la main (/u c/iasscur,
Comme I'oiseau de la main de I'oiseleur.
6 Va vers la fourmi, 6 paresseux;
Considere ses voies et deviens sage.
9. La fleiir, ou la vionetir, de ta jeunesse,
lilt, ton /lonneur, ce qui fait I'honneur d'un
jeune homme. — A (Vautres, ... au tyran
cruel : il est probable que I'auteur entend
par la, la femme elle-meme, avec tout son
entourage de parents et d'amants, exploi-
tant comme une proie facile I'imprudent
jeune homn)e qui s'est jetd dans ses filets,
le poussant au fond de I'abime et le rui-
nant dans son corps comme dans ses
biens. Par tyran cruel, la plupart des an-
ciens interpretes entendent le d^mon, d'au-
tres la mort.
14. Du nuxlheur, litt. du nial, aussi bien
du mal moral, du vice, que du mal physi-
que, de ses suites lerriblcs. — Au milieu
IJBER PROVERBIORUM. Cap. V, 8—23; VI, 1—6.
307
8. Longe fac ab ea viam tuam, et
ne appropinques foribus domus ejus.
9. Ne des alienis honorem tuum, et
annos tuos crudeli. 10. Ne forte
impleantur extranei viribus tuis, et
labores tui sint in domo aliena,
1 1. Et gemas in novissimis, quando
consumpseris carnes tuas et corpus
tuum, et dicas : 12. cur detestatus
sum di^ciplinam, et increpationibus
non acquievit cor meum, 13. nee
audivi vocem docentium me, et ma-
gistris non inclinavi aurem meam?
14. Pene fui in omni malo, in me-
dio ecclesias et synagogas.
I 5. Bibe aquam de cisterna tua,
et fluentaputei tui : 16. deriventur
fontes tui foras, et in plateis aquas
tuas divide. 17. Habeto eas solus,
nee sint alieni participes tui. 18. Sit
vena tua benedicta, et lastare cum
muliere adolescentiae tuie : i 9.cerva
carissima, et gratissimus hinnulus ;
ubera ejus inebrient te in omni tem-
pore, in amore ejus delectare jugi-
ter. 20. Ouare seduceris fili mi ab
aliena, et foveris in sinu alterius?
3. 14, 21. "Respicit Dominus vias homi-
3I' 4 nis, et omnes gressus ejus conside-
21. •' o J
rat. 22. Iniquitates suae capiunt im-
pium,et funibus peccatorum suorum
constringitur. 23. Ipse morietur,
quia non habuit disciplinam, et in
multitudine stultitia^ suae decipietur.
— :i:— CAPUT VI. — :i:—
Sponsor! ut fidem datam liberet laboran-
dum : pigium formicce exemplo excitat ad
laborem : apostatam describit : sex qiue
Dominus odit : exhortatur ad legis custo-
diam, utque mulieris pulchritudinem non
concLipiscas, sed consortium vites adul-
teras.
ILI mi, si spoponderis pro
amico tuo, defixisti apud
extraneum manum tuam,
2. illaqueatus es verbis
oris tui, et captus propriis sermoni-
bus, 3. Fac ergo quod dico fili mi,
et temetipsum libera : quia incidisti
in manum proximi tui. Discurre,
festina, suscita amicum tuum : 4. ne
dederis somnum oculis tuis, nee
dormitent palpebras tuas. 5. Eruere
quasi damula de manu, et quasi avis
de manu aucupis.
6. Vade ad formicam o piger, et
de ses concitoyens scandalises et irrites.
15. Citerne^ reservoir ou I'on recueille les
eaux de pluie ; puits^ la fontaine plus ou
moins profonde d'oii jaillit Teau viva : c'etait
en Orient le bien le plus precieux; il avait
un caraClere sacre. Voila pourquoi Salomon
en fait I'image de I'epouse legitime (comp.
Is. li, i;xlviii, \\Noinbr. xxiv,7; Ps, lxviii,2.7;
Cant, iv, 12) : c'est a cette pure fontaine
que I'epoux doit etancher sa soif.
16-17. Tes sources, tes riiisseaiix : ces
mots, dit Delitzsch tigurent ici et designent
les nombreux enfants qui doivent sortir de
la famille soumise aux loisde la sagesse. —
(2ii'ils soient pour tot seul, qu'ils ne soient
pas meles a une autre famille. 11 se peut que
les quatre vers. 15-18 doivent se combiner
deux a deux en alternant de la maniere sui-
vante : 15 et 17, respetl de I'union conju-
gale, 16 et 18, benedi(flion attachee a ce
respeiTt. D'autres traduisent interrogative-
ment le vers. 16 : Tes sources doiveiii-elles
se repandre au dehors? Tes ruisseaux doi-
vent-ils couler sur les places publiques?
ig. Bic/u% gazelle : ces gracieux animaux
sent dans la poesie orientale Timage ordi-
naire de la beaute ; leur nom etait souvent
donne a des femmes. Voy. AlI. ix, 39, ou
figure une jeune chretienne appelee Tabi-
tha, c.-a-d. gazelle. Comp. Cant, ii, 9, 17;
viii, 1 1. — Ses charincs., litt. sa poitrine, son
sein.
22. Les liens que son pecJte porte avec lui.
CHAP. VI.
1. Ton ami, ou ton prochain. — .SV /// fes
engage (litt., si tu as frappe ta main) pour
un e'tranger, sans doute quelque marchand
phenicien debiteur d'un Israelite : comp.
xi, 15; XX, 16; ou bien, avec la Vulg., vis-a-
vis d''un etranger, creancier d'un Israelite.
2. Par les paroles de ta bouche : la re'pc-
tition a pour but de faire sentir a I'hom-
me-caution que c'est lui-meme qui s'est
ainsi lie.
3. Tu es tonibe', etc. : ton sort depend de
la probite et de la diligence de ton ami. —
Prosterne-toi, WXX. fais-toi fouler aux picds,
c.-a-d. pose-toi devant lui en suppliant, ou
bien trouve-toi continuellement sur ses pas;
d'autres, frappe du pied; Vulg., hilte-toi.
Comp. Ps. Ixviii, 31.
I
308
l.IVRE DES PROVERBES. Chap. VI, 7 -31.
7 EUe qui n'a ni chef,
Ni inspefleur des travaux, ni loi,
8 Elle amasse en die de quoi manger,
Elle recueillc pendant la moisson sa nourrilure.
9 Jusques a quand, 6 paresseux, seras-tu couche?
Quand te leveras-tu de ton sommeil?
10 '■ Un pen de sommeil, un pea d'assoupissenient,
Un pen croiser les mains sur men lit. "
11 Et la pauvrete te surprendra comme un voyageur,
Et la disette comme un homme en aimes!
12 Un hommc peivers, un homme inique,
Marche la perversite dans la bouche,
13 II cligne les yeu.x, parle du pied,
Fait des signes avec les doigts.
14 L'iniquite est dans son coeur,
II mddite le mal en tout temps,
11 suscite des querelles.
15 Aussi sa mine viendra subitement;
II sera brise tout d'un coup et sans lemcde.
16 11 y a six choses que hait Jehovah,
11 y en a sept qu'il a en honeur:
17 Les yeux altiers, la langue menleuse,
Les mains qui font couler le sang innocent,
18 Le cceur qui medite des projets coupables,
Les pieds empresses a courir au mal,
19 Le faux temoin qui profere des mensonges,
Et cclui qui seme la discorde entre freres.
20 Mon fils, garde les pre'ceptes de ton pere,
Et ne rejette pas I'enseignement de la mere.
21 Lie-les constamment siir ton cojur,
Attache-les a ton cou.
22 lis te dirigeront dans ta marche,
lis te garderont dans ton sommeil,
.\ ton rcveil ils converseront avec toi.
23 Car le preceple est une lampe, et la loi une lumicre,
Et les sages avertissements sont le chemin de la vie.
24 Ils te preserveront de la femme pei verse,
De la langue doucereuse dc IV'trangcre.
25 Ne convoite i^as sa beaute dans ton coeur,
Et ne le laisse pas seduire ]mr ses paupieres.
26 Car pour la courtisane on sc reduit a un morceau dc [jain,
Et la femme niariee prend au picge une vie precieuse.
2"] Se peut-il qu'un homme mette du feu dans son sein
Sans cjue ses vctements s'enflamment?
28 Qu'il marche sur des charbons ardents
Sans que ses pieds soient bruit's?
29 Ainsi en cst-il de celui qui s'approche de la femme de son prochain
Quiconque la louche ne saurait rester impuni.
30 On ne mcprise pas un voleur qui derobc
Pour satisfaire sa faim, quand il n'a ricn a manger.
31 Surpris, il rend sept fois autant,
II donnc tout ce qu'il a dans sa maison.
8. La fourmi est un annual liibernant,
c.-.\-d.' qui passe I'hiver dans un engourdis-
sement Idthargique. Les anciens s'imagi-
naienl qu'elle amassait en etc des provi-
sions pour I'hiver. Nous n'a\ons pas a exa-
miner si I'auleur des Proverbes partageail
cette croyance; sans le dire en termes for-
mels, il se sert d'ex|)rcssions qui la suppo-
sent. Qu'il nous suffise de remarquer que
la Hible n'a pas pour objet dc nous donner
des lemons scientifiques, cl ijue, quand clie
louche aux fails de I'ordre naturel, elle
LTBKR PROVER RIORUM. Cap. VI, 7—31.
309
considera vias ejus, et disce sapien-
tiani : 7. quae cum non habeat du-
cem, nee prjeceptorem, nee princi-
pem, 8. parat in aestate cibum sibi,
et congregat in messe quod com-
edat. 9. Usquequo piger dormies?
quando con surges e somno tuo.^
fra24, 10. "Paululum dormies, paululum
dormitabis, paululum conseres ma-
nus ut dormias : it. et veniet tibi
quasi viator egestas, et pauperies
quasi vir armatus. Si vero impiger
fueris, veniet ut fons messis tua, et
egestas longe fugiet a te.
12. Homo apostata, vir inutilis,
graditur ore perverso, 13. annuit
oculis, terit pede, digito loquitur,
14. pravocorde mac hinatur malum,
et omni tempore jurgia seminat.
15. Huic extemplo veniet perditio
sua, et subito conteretur, nee habe-
bit ultra medicinam.
16. Sex sunt, quae odit Dominus,
et septimum detestatur anima ejus :
17. oculos sublimes, linguam men-
dacem,manuseffundentesinnoxium
sanguinem, 18. cor machinans cogi-
tationes pessimas, pedes veloces ad
currendum in malum, iq. proferen-
tem mendacia testem fallacem, et
eum, qui seminat inter fratres dis-
cordias.
20. Conserva, fili mi, prascepta
patris tui, et ne dimittas legem ma-
tris tuas. 21. Liga ea in corde tuo
jugiter, et circumda gutturi tuo.
22, Cum ambulaveris, gradiantur
tecum : cum dormieris, custodiant
te, et evigilans loquere cum eis.
23, Quia mandatum lucerna est, et
lex lux,et via vitae increpatio disci-
plinae : 24. ut custodiant te a mu-
liere mala, et a blanda lingua extra-
neae. 25. Non concupiscat pulchri-
tudinem ejus cor tuum, nee capiaris
nutibus illius : 26. pretium enim
scorti vix est unius panis : mulier
autem viri pretiosam animam capit.
27. Numquid potest homo abscon-
dere ignem in sinu suo, ut vesti-
menta illius non ardeant.^ 28. Aut
ambulare super prunas, ut non
comburantur plantae ejus.^ 29. Sic
qui ingreditur ad mulierem proximi
sui, non erit mundus cum tetigerit
eam. 30. Non grandis est culpa,
cum quis furatus fuerit : furatur
enim ut esurientem impleat ani-
mam : 31. deprehensus quoque
reddet septuplum, et omnem sub-
doit se conformer aux idees vulgaires, pour
etre intelligible.
!o. Supplication du paresseux. La Vulg.
les met dans la boiiche de la sagesse : tn
dors iin peu, dis-tii, et pendant ce temps
vient la panvretc.
II. Comiue iin I'oyag^eiir qui arrive sou-
dainement; d'autres, coniine un rodeitr qui
vient la nuit pour piller. — Coiuute iin
Jioinme arnie du bouclier, auquel on ne
peut resister.
Les LXX et la Vulg. ajoutent : niais si in
es a^if, il te viendra unc moisson ahon-
danie, couiine Veau d''nne source, et Vindi-
gence s^cldignera de toi.
13. Cligne les yeiix, etc. : fait des signes
pour s'entendre avec un complice.
16. Six, sept : il y en a bien sept, mais
I'auteur precede ainsi soit pour piquer I'at-
tention, soit pour obtenir deux membres
paralleres.
22. lis te dirigeront : la Vulg. traduit ce
verset sous forme de conseil et de recom-
mandation : quails te dirigcnt, etc.
25. Par ses paupieres, teintes sans doute
de ko/il, selon Tusage de I'Orient, ce qui
donnait au regard plus de vivacite et en
meme temps une expression de langueur.
26. On se red id I a ten inorccau de pain, on
sacrifie tous ses biens. — Preiid au piege tciie
vie precietise, met en peril la vie meme,
I'adultere etant puni de mort. D'autres, avec
la Vulgate, preierent un parallelisme anti-
thetique : pour jouir d'une courtisane, il
suftit d'un morceau de pain, d'un leger pre-
sent; mais a la femme mariee, il faut sacri-
fier, ou du moins mettre en peril sa vie
meme, le bien le plus precieux.
30 sv. Nouvelle image pour faire com-
prendre, par le chatiment qui I'attend, le
pdche d'adultere : le vol lui-meme est moins
honteux et a des suites moins funestes.
31. Sept fois : la loi n'exigeait jamais plus
que le quintuple; mais ou bien sept est mis
comme nombie determine, peut etre choisi
a dessein comme maximum; ou bien il
arrivait qu'en fait un voleur rendait jusqu'a
sept fois plus, pour obtenir cjue sa faute ne
fut pas divulguee et cviter une condamna-
tion judiciaire.
310
LIVRE DES PROVERBES. Chap. VI,
J.I
S: VII, 1— 2T.
32 Mais celui qui corrompt une femme est dcpourvu de sens;
II se peid lui-meme, celui qui agit de la soite;
33 II ne recueille que plaie et ignominie,
Et son opprobre ne s'effacera pas.
34 Car la jalousie met en fuieur I'homme outrage;
II est sans pitie au jour de la vengeance;
35 11 n'accepte pas de ran^on;
II reste inflexible, quand tu lui ofifrirais les plus riches presents.
Ch. VII.
CHAr. VII. — Nouvelle exhortation a fair la femmc debauchee.
ON fils, retiens mes paroles,
Et garde avec toi mes preceptes.
Mj 2 Observe mes preceptes, et tu vivras,
Garde mes enseignements comma la prunelle de tes yeux.
3 Lie-les sur tes doigts,
Ecris-les sur la table de ton cocur.
4 Dis a la sagesse : Tu es ma soeur!
Et appelle I'intelligence ton amie,
5 Pour qu'elle te preserve de la femme d'autrui,
De I'etrangere cjui fait entendre de douces paroles.
6 Etatit a la fenetre de ma maison,
Je regardais a travers le treillis.
7 J'aper<;us parmi les insenses,
Je remarquai parmi les jeunes gens un gargon depourvu de sens.
8 II passait dans la rue, pres de Tangle,
Et il s'avan^ait lentement vers la demeure d'une de ces femmes.
9 C'etait au crepuscule, a la chute du jour,
Au milieu de la nuit et de I'obscurite.
10 Et voilk qu'il fut aborde par une femme
Ayant la mise d'une courtisane et la dissimulation dans le creur.
11 Elle est impctueuse et indomptable;
Ses pieds ne peuvent se reposer dans sa maison;
12 Tantot dans la rue, tantot sur les places,
Et pres de tous les angles, elle se tient aux aguets.
13 Elle saisit le jeune homme et I'embrasse,
Et avec un visage effronte lui dit :
14 " Je devais offrir des vicftimes pacifiques,
Aujourd'hui j'ai accompli mes vreux.
15 C'est pourcjuoi je suis sortie a ta rencontre,
Pour te chercher, et je t'ai trouvc.
16 J'ai garni mon lit de couvertures,
'De tapis de fil d'Egypte.
17 J'ai parfume ma couche
De myrrhe, cValocs et de cinnamome.
18 Viens, enivrons-nous d'amour jusqu'au matin,
Livrons-nous aux delices de la volupte.
19 Car mon mari n'est pas a la maison,
II est parti pour un lointain voyage;
20 II a pris avec lui le sac de I'argent,
II ne reviendra a la maison qu'a la pleine lune."
21 Elle le seduit a force de paroles,
Elle I'entraine par les caresses de ses levres;
33. Plate, coups; ^'ulg. honte.
35. Rcuico7i, nioyen de satisfaclion; \'ul
gate p7iire.
CHAP. VII.
3. JJe-lcs, comme un ornement, un an-
neau, a tes doigts : qu'ils president a toutes
les acftions.
4. Tu es Ilia su'itr (comp. Maitlt. xii, 50) :
que les rapports les plus intimes t'unissent
a la sagesse.
6. Tfeiitis, espece de persienne placee a
I'ouverture des fenetres en Orient, pour
preserver du soleil et conserver la frairlieur
dans les appartements.
7. Les i/isciisi's, litt. les peiits au point de
LIBER PROVERBIORUM. Cap. VI, 32—35; VII, 1—21.
311
stantiam domussuae tradet. 72. Qui
autem adulter est, propter cordis
inopiam perdet animam siiam :
22,. turpitudinem et ignominiam
congregat sibi, et opprobrium illius
non delebitur. 34. Quia zelus et
furor viri nonparcetin die vindicta.-,
2S' 'lec acquiescet cujusquam pre-
cibus, nee suscipiet pro redemptione
dona plurima.
-^^- CAPUT VII. -:i^
Hortatur adolescentem ad sapientias am-
plexum, et mandatoriim custodiam : ut-
que scortorum blanditias, quas late de-
scribit, evitet.
ILI mi, custodi sermones
meos, et prascepta mea re-
conde tibi. 2. Fili, serva
mandata mea, et vives : et
legem meam quasi pupillam oculi
tui : 3. liga earn in digitis tuis, scribe
illam in tabulis cordis tui. 4. Die
sapientias, soror mea es : et pruden-
tiam voca amicam tuam, 5. ut cu-
stodiat te a muliere extranea, et ab
aliena, quae verba sua dulcia facit.
6. De fenestra enim domus meae
per cancellos prospexi, 7. et video
parvulos, considero vecordem juve-
nem, 8. qui transit per plateam juxta
angulum, et prope viam domus
illius, graditur 9. in obscuro, adve-
sperascente die, in noctis tenebris,
et caligine. 10. Et ecce occurrit illi
mulier ornatu meretricio, prasparata
ad capiendas animas : garrula et
vaga, 1 1 . quietis impatiens, nee va-
lens in domo consistere pedibus suis,
12. nunc foris, nunc in plateis, nunc
juxta angulos insidians. 13. Appre-
hensumque deosculatur juvenem, et
procaci vultu blanditur, dicens :
14. Victimas pro salute vovi, hodie
reddidi vota mea. 1 5. Idcirco egressa
sum in occursum tuum, desiderans
te videre, et reperi. 16. Intexui fu-
nibus lectulum meum, stravi tapeti-
bus pictis ex i^gypto. 17. Aspersi
cubile meum myrrha, et aloe, et
cinnamomo. 18. Veni, inebriemur
uberibus, et fruamur cupitis ample-
xibus, donee illucescat dies. 19. Non
est enim vir in domo sua, abiit via
longissima. 20. Sacculum pecuniae
secum tulit : in die plenae lunae re-
versurusest in domumsuam, 21. Ir-
vue de rintelligence et de I'expenence. —
Depour^ni dc sens, litt. de amii-.
8. II pas salt et I'epassait <-/(^?//^ A« grande
rue, ou siir la place, pirs de Pantile, pour ne
pas etre apevQii. D'apres le texte massore-
tique : pres de son an^le, de I'angle ou se
tenait la femme, re qui s'accorde mal avec
le contexte.
9. Ces dififerentes heures sent celles ou le
sage fit ses observations, ou bien celles qui
s'^coulerent jusqu'a I'arrivee de la femme.
10. La dissimulation dans le cceur, litt.
7-etenue quant au cancr, ne faisant pas con-
naitre ses veritables sentiments. Vulgate,
ioute preparee a prendre (dans ses filets)
les dvies.
11. Elle est intpctueuse, plus exacflement
tuninltiieiise, elle s'agite avec bruit; indomp-
table, capricieuse, ne suivant que ses fan-
taisies, et rebelle ci toute regie, a tout de-
voir.
14. Dans les sacrifices d'a(flions de grices,
una part notable de la vicflime revenait a
I'offrant, qui la mangeait le jour meme dans
un festin sacre avec ses parents et ses amis
(Z/7'. vii, 15 sv.).
15. Pour te chcrcher, litt. pour chercher
ta face, c'est-c\-dire toi-meme, mais avec
I'idee d'un plaisir a le voir, comme traduit
la Vulgate.
16. Couvertures ou coussins; Vulg. de
sangles ou de bandes : ces couvertures etaient
peut-etre failes de bandes d'dtofTes entrela-
ce'es. — Fil d'Egy pie : com^. Ezcch. xxvii, 7.
17. Sur I'usage des parfums parmi les
femmes Israelites, voy. Is. iii, 20 sv.
20. Le sac, la bourse ou Ton met V argent :
preuve que le voyage doit etre long.
Le 32 membre du vers. 22 et le i^"" du
vers. 23 sont tres diversement interpr^tes
aussi bien par les anciens que par les mo-
dernes, ce qui fait soupgonner quelque alte-
ration dans le texte original. L'inse?tse, le
fou, peut-ctre le criminel, le forcene qu'on
ne peut contenir autrement. D'autres tra-
duisent : coninte les entraves (aux pieds)
servent au chdtinieiit de Vitiserise : c'est
la femme devenue maitresse absolue du
jeune homme qu'elle tient dans ses chaines,
qui serait comparee aux entraves. Vulg,,
comme un agneau folatrant, qui ignore sot-
tement qu'on I'entraine pour le lier.
312 LIVRE DES PROVERBES. Chap. VII,
17 ; VIII, I — 18.
22 II se met aussitot a la suivrc,
Comme le boeuf qui va a la boucherie,
Comme I'insense qui court au chatiment des entraves,
23 Jusqu'a ce qu'une fleche lui peice le foie,
Comme Toiseau qui se precipite dans le filet,
Sans savoir qu'il y va pour lui de sa vie.
24 Et maintenant, mes fils, ecoutez-moi,
Et soyez attentifs aux paroles de ma bouche.
25 Que ton coeur ne se detourne pas vers ses voies,
Ne t'egare pas dans ses sentiers.
26 Car elle en fait tomber beaucoup
Et les plus forts ont ete ses viflimes.
27 Sa maison est le chemin du scheol,
Qui descend au sejour de la mort.
SECTION III. — Troisieme serie d'exhortations [CH. VIII — IX].
Ch. VIII.
CHAP. VIII. --La sagesse personnifiee fait son propre eloge : richesse dc
ses dons [vers, i — 21]; sa generation eternelle [22 — 31]; bencdiftions
attachees a sa possession [32 — 36].
^A sagesse ne crie-t-elle pas?
La prudence n'eleve-t-elle pas sa voix?
2 Cost au sommet des hauteurs sur la route,
A la joncflion des chemins, qu'elle se place;
3 Pres des portes, ;i Fentree de la ville,
Lh ou passe la foule, elle fait entendre sa voix :
4 Hommes, c'est a vous cine je crie,
Et ma voix s'adresse aux enfants des hommes.
5 Simples, apprenez la prudence;
Insenses, apprenez Tintclligence.
6 Ecoutez, car j'ai a dire des choses magnifiques,
Et mes Icvres s'ouvrent pour enseigner le bien.
7 Car ma bouche proclame la verite,
Et mes levres ont I'iniquite en horreur.
S Toutes les paroles de ma bouche sont justes;
II n'y a en elles rien de faux ni de tortueux.
9 Toutes sont justes pour celui qui est intelligent,
Et droites pour ceux qui ont trouve la science.
10 Preferez mes enseignements a I'argent,
Et la science ii I'or le plus pur.
1 1 Car la sagesse vaut mieux que les perles,
Et les objets les plus precieux ne I'egalent pas.
12 Moi, la sagesse, j'habite avec la prutlence,
Et je possede la science des sages resolutions.
13 La crainte de Jehovah, c'est la haine du mal;
L'arrogance et I'orgueil, la voie du mal
Et la bouche perverse, voila ce que je hais.
14 Le conseil et le succes m'appartiennent;
Je suis rintelligence, la force est a moi.
15 Par moi les rois regnent,
Et les princes ordonnent ce c^ui est juste.
16 Par moi gouvernent les chefs,
Les grands, tous les juges de la terre.
17 J'aime ceux qui m'aiment,
Et ceux qui me cherchent avec empressement me trouvent.
18 Avec moi sont les richesses et la gloire,
Les biens durables et la justice:
23. Lc foie, les entrailles. Ce membre
se rapporte au jeune homme et doit ctre
mis entre parenthese (Zockler); d'autres,
avec Delitzsch, le deplacent et en font le
LIBER PROVERBIORUM. Cap. VII, 22—27; VIII, i — 16. 313
retivit eum multis sermonibus, et
blanditiis labiorum protraxit ilium,
22. Statim earn sequitiir quasi bos
ductus ad victimam, et quasi agnus
lasciviens, et ignorans quod ad vin-
cula stultus trahatur, 23. donee
transfigat sagitta jecur ejus : velut
si avis festinet ad laqueum, et nescit
quod de periculo animas illius agitur.
24. Nunc ergo fili mi, audi me, et
attende verbis oris mei. 25. Ne abs-
trahatur in viis illius mens tua : ne-
que decipiaris semitis ejus. 26. Mul-
tos enim vulneratos dejecit, et for-
tissimi quique interfecti sunt ab ea.
27. Viae inferi domus ejus, pene-
trantes in interiora mortis.
— :i:— CAPUT VIII. — *—
Sapientia ad siii amplexum invitat, se quo-
que multis modis commendat, quodque
sit Deo coieterna, cum ipso cund\a com-
ponens : quam qua^rentes, beati; spernen-
tes vero, miseri tandem evadent.
UMQUID non sapientia
clamitat, et prudentia dat
vocem suam? 2. In sum-
mis, excelsisque verticibus
supra viam, in mediis semitis stans,
3. juxta portas civitatis in ipsis fori-
bus loquitur, dicens : 4. O viri, ad
vos clamito, et vox mea ad filios
hominum. 5. Intelligite parvuli astu-
tiam, et insipientes animadvertite.
6. Audite, quoniam de rebus ma-
gnis locutura sum : et aperientur
labia mea, ut recta praedicent. 7. Ve-
ritatem meditabitur guttur meum,
et labia mea detestabuntur impium.
8. Justi sunt omnes sermones mei,
non est in eis pravum quid, neque
perversum. 9. Recti sunt intelligen-
tibus, et aequi invenientibus scien-
tiam. 10. Accipite disciplinam
meam, et non pecuniam : doctri-
nam magis, quam aurum eligite.
1 1. Melior est enim sapientia cun-
ctis pretiosissimis : et omne desi-
derabile ei non potest comparari.
12. Ego sapientia habito in consilio,
et eruditis intersum cogitationibus.
13. Timor Domini odit malum :
arrogantiam, et superbiam, et viam
pravam, et os bilingue detestor.
14. Meum est consilium, et asqui-
tas, mea est prudentia, mea est for-
titudo. I 5. Per me reges regnant, et
legum conditores justa decernunt :
1 6. per me principes imperant, et po-
3e membra du verset ; il se lapporte alors
a oiscaii.
CHAP. VIII.
I. La sagcsse personnifiee, opposee a la
femme du chapitre precedent, trie, fait en-
tendre aussi sa predication. L'interrogation
ici n'est qu'une affirmation plus ^nergique.
2-3. Cost la nuit, cachee dans les angles
et parlant bas, que la femme debauchee se-
duit ses vi(flimes; la sagesse, au contraire,
fait retentir sa voix dans les endroits les
plus eleves de la ville, aux lieux les plus
frequentes, tels que les carrefours et les
environs des porte«, ou la foule passe et se
rassemble.
4. Homines, en hebr. ischiiii, les hommes
distingues, ayant dejk quelque sagesse;
oifants des /loiiiiiies, en hebr. detie adu/n, les
hommes du commun, tout occupes de leurs
interets materiels.
^. Apprencz la p) udence... r intelligence
(Htt. le ccetir), c.-a-d. selon Delitzsch, ce
qu'elles sont, en quoi elles consistent. Les
LXX et la Vulg. paraissent avoir lu dans le
second membre hnkinou^ au lieu de habhioii
(comp. Fs. Ivii, 58), et traduisent, appliquez
voire esprit.
6. De grandes, ou bien de fiobles chases.
12. Moi, la sagesse. hs. prudence, ici, c'est
I'habilete pratique, la finesse, qui sait trou-
ver le parti a prendre, la conduite a tenir
dans toutes les circonstances de la vie.
13. I.a vole du nial, les mauvaises acflions.
14. Le succt's, le salut, le bonheur, comme
ii, 7. D'autres, la sainc raisonj Vulg.,
P ('quite. — Je sin's Vintelligeiice; Vulg.,
a iiioi rintelligetice. — La force, I'energie
dans I'acflion.
15-16. Non seulement la sagesse dirige
les hommes dans les acflions de la vie ordi-
naire, elle pre'side aussi au gouvernement
des Etats, non pas, comme on I'entend quel-
quefois, qu'elle donne I'autorite ou le pou-
voir de gouverner, mais en ce sens qu'elle
inspire les chefs des peuples et leur did\e
des lois justes. — Totis les Juges de la terre :
en un mot, tous ceux qui exercent a un titre
quelconque la puissance souveraine.
18. Les hiens durables, solides; Vulg. les
biens princiers, magnifiques.
314 LIVRE DRS PROVERP3ES. Chap. VIII, 10—36: IX, 1, 2.
19 Mon fruit vaut mieux que I'or, que I'or le plus pur,
Et ce qui vient de moi plus que I'argent eprouve.
20 Je marche dans le chemin de la justice,
Au milieu des sentiers du jugement.
21 Pour donner des biens h ceux qui m'aiment,
Et combler leurs tresors.
22 Jehovah m'a possedee au commencement de ses voies,
Avant ses oeuvres les plus anciennes.
23 J'ai ete fondee des I'eternite,
Des le commencement, avant Torigine de la terre.
24 II n'y avait point d'abimes quand je fus form^e,
Point de sources chargees d'eaux.
23 Avant que les montagnes fussent affermies,
Avant les collines, j'etais enfantee,
26 Lorsqu'il n'avait encore fait ni la terre, ni les plaines,
Ni les premiers elements de la poussiere du globe.
27 Lorsqu'il disposa les cieux, j'etais Ici;
Lorsqu'il traga un cercle a la surface de I'abime,
28 Lorsqu'il affermit les nuages en haut,
Et qu'il dompta les sources de I'abime,
29 Lorsqu'il fixa une limite a la mer,
Pour que les eaux n'en franchissent pas les bords,
Lorsqu'il posa les fondements de la terre,
30 J'etais k I'oeuvre aupres de lui,
Me rejouissant chaque jour,
Et jouant sans cesse en sa presence.
3r Jouant sur le globe de sa terre,
Et trouvant mes delices parmi les enfants des hommes
32 Et maintenant, mes fils, ecoutez-moi;
Heureux ceux qui gardent mes voies!
33 Ecoutez rinstrucflion pour devenir sages;
Ne la rejetez pas.
34 Heureux I'homme qui m'ecoute,
Qui veille chaque jour .h mes portes,
Et qui en garde les montants!
35 Celui qui me trouve a trouvc la vie,
Et il obtient la fa\eur de Jehovah.
36 Mais celui qui m'oftense blesse son ame;
Tous ceux qui me haissent aiment la mort.
CHAP. TX. — Les hommes sont invites a un double festin : celui dc la
sagesse [vers, i — 12] et celui de la folic [13 — 18].
I
Chap. IX.
^ifi^l A. sagesse a bati sa maison,
^-1^ Elle a taiil^ ses sept colonnes.
2 Elle a immold ses viflimes, mele son vin
Et dress^ sa table.
19. Que Vor le phis pier ; Vulg., que la
picrre precietise.
22. De ses voies, de ses ccnvres. L'auteur
a en vue la sagesse esscntielle de Dieu, per-
sonnifiee comme archetype du monde phy-
sique, ou meme, selon la plupart des Peres,
la Sagesse persoiiJielle^ le Verbe ou le Fils,
conqu de toute eternite dans le sein du
Pere. Cette sagesse est etcrnelle comme
Dieu; on pent neanmoins la presenter po(5-
tiquement comme «/<?, comme crece, lors-
qu'cUc rommenra de se mouvoir pour
preparer les ceuvres de I'univers (Tertul-
lien, S. Athanase, S. Basile, S. Hilaire).
Bossuet : " La sagesse eternellement con-
cue dans le sein de Dieu avait ete cree'e,
en quelque fagon, lorsqu'elle s'etait imprl-
mee et pour ainsi dire figuree elle-meme
dans son ouvrage. "
Comme le mot cree ne laissait pas que de
donner quelque pr^tcxte aux objecflions des
Ariens, d'autres Peres ou interpretes cher-
ch6rent k I'eviter en traduisant, ou bien :
Jchoi'aJt 111" a coftstitui'c, (^tablic, /e pn'tuipr
LIBER PROVERBIORUM. Cap. VIII, 17—36; IX, i, 2.
315
tentes decernunt justitiam. 17. Ego
diligentes me diligo : et qui mane
vigilant ad me, invenient me.
18. Mecum sunt divitias, et gloria,
opes superbas, et justitia. 1 9. Melior
est enim fructus meus auro, etlapi-
de pretioso, et genimina mea ar-
gento electo. 20. In viis justitias
ambulo, in medio semitarum judi-
cii, 21. ut ditem diligentes me, et
thesauros eorum repleam.
22. Dominus possedit me in ini-
tio viarum suarum, antequam quid-
quam faceret a principio. 23. Ab
asterno ordinata sum, et ex antiquis
antequam terra fieret. 24. Nondum
erant abyssi, et ego jam concepta
eram : necdum fontes aquarum eru-
perant : 25. necdum montes gravi
mole constiterant : ante colles ego
parturiebar : 26. adhuc terram non
fecerat, et flumina, et cardines orbis
terra?. 27. Ouando praeparabat coe-
los, aderam : quando certa lege, et
gyro vallabat abyssos : 28. quando
aethera firmabat sursum, et librabat
fontes aquarum : 29. quando cir-
cumdabat mari terminum suum, et
legem ponebat aquis, ne transirent
fines suos : quando appendebat fun-
damenta terrae. 30. Cum. eo eram
cuncta componens : et delectabar
per singulos dies, ludens coram eo
omni tempore; 31. ludens in orbe
terrarum : et delicias meae, esse cum
filiis hominum.
32. Nunc ergo filii audite me :
Beati, qui custodiunt vias meas.
23. Audite disciplinam, et estote
sapientes, et nolite abjicere eam.
34. Beatus homo qui audit me, et
qui vigilat ad fores meas quotidie,
et observat ad postes ostii mei.
2§. Qui me invenerit, inveniet vi-
tam, et hauriet salutem a Domino :
36. qui autem in me peccaverit, lae-
det animam suam. Omnes, qui me
oderunt, diligunt mortem.
— :{:— CAPUT IX. — "--
Sapientia domo sibi aedificata omnes ad se
allicit, vitam prorogat, et a niuliere stulta
ac vaga libeiat : pono eruditionem et cor-
reptionem non suscipiet impius ac devi-
sor, sed Justus et sapiens.
APIENTIA «dificavit
sibi domum, excidit co-
lumnas septem. 2. Immo-
lavit victimas suas, mis-
de ses a'livtrs, pour presider a ses ceuvres '
exterieures; ou bien avec la Vulgate -.Jeho-
vah vi^a posscdi'e, ce qui signifie, dit S. Je-
rome, I'existence eternelle du Fils dans le
Pere, et du Pere dans le Fils; il me posse-
dait ail coi/mienccuien/ de ses voies, lorsqu'il
exerqa son aflivite au-dehors par la crea-
tion de I'univers.
L'Eglise dans sa liturgie applique, par
accommodation, tout ce passage a la sainte
\''ierge, predestinee et preparee de toute
eternite, dans la pensee divine, au role de
mere du Verbe incarne.
24. A Mines, reservoirs des eaux souter-
xMwts; sources, doii ces eaux jaillirent a la
surface de la terre.
Dans cette description des ceuvres de
Dieu auxquelles preside la sagesse, I'auteur
suit Tordre du i^'' chap, de la Genese.
27. Disposa les cieux, fit le firmament par
la separation des eaux inferieures et des
eaux superieures. — Traca iin cercle, pour
ctablir la limite des eaux et des terres, ou
bien pour assigner un domaine fixe aux mers,
auK tieuves, etc. D'autres : lorsqit'il eie/idit
la I'oiiie celeste au-dessus de Pabime, pour
separer les eaux d'en bas de celles d'en haut.
28. Et qii'il dompta, comprima; ou bien et
que les sources de V abinie jaillirent avec force.
2,0-2,1. Je me rejouissais, etc. La sagesse
est heureuse de prendre part k la creation;
elle se joue dans I'univers, dit Bossuet, par
la facilite, la variete et I'agrement des ouvra-
ges qu'elle produit; mais le principal objet
de sa complaisance, c'est I'homme. D'autres
traduisent, /'c^/ais ses dclices, les delices de
Jehovah; il y a en \\€\>x.,j\Uais delices.
35. La faveur; Vulg., le salut, qui en est
I'effet. Les LXX (de meme le Syriaque)
ayant lu le verbe au passif {hophal) tradui-
sent, la volonte est preparee par Jehovah, et .
S. Augustin s'est souvent servi de ce texte
pour etablir contre les Pelagiens la neces-
site de la grace prevenante.
CHAP. IX.
1. Sept colonnes : ce nombre dtant celui
de la perfecftion, les sept colonnes marquent
la saintete et la magnificence de I'edifice.
2. Meie son 7'in : les anciens preparaient
316
LIVRR DES PROVKRBES. Chap. IX, 3—18; X, 1-4.
:; Kile a envoyc ses servantes, elle appelle
Sur les hauteurs de la ville :
4 " Que celui qui est sans instrudlion entre ici! "
Elle dit h ceux qui sont depourvus de sens :
5 Venez, mangez de mon pain,
Et buvez du vin que j'ai mele;
6 Ouittez I'ignorance, et vous vivrez,
Et marchez dans la voie de rintelligence.
7 Celui qui reprend le moqueur s'attiie la raillerie,
Et celui qui reprimande le mediant lecueille I'outrage.
8 Ne reprends pas le moqueur, de peur qu'il ne te hai'sse;
Reprends le sage, et il t'aimera.
9 Donne au sage, et il deviendra plus sage;
Instruis le juste, et il augmentera son savoir.
10 Le commencement de la sagesse, c'est la crainte de Jehovah;
Et I'intelligence, c'est la science du Saint.
11 Car par moi tes jours se multiplieront,
Par Dioi s'augmenteront les annees de ta vie.
12 Si tu es sage, tu es sage a ton profit;
Si tu es moqueur, tu en porteras seul la peine.
13 La folie est une femme bruyanle,
Stupide et ne sachant rien.
i_| Elle s'est assise, a la porte de sa maison,
Sur un siege eleve, dans les hauteurs de la ville,
15 Pour inviter les passants
Qui vont droit leur chemin :
16 "Que celui qui est sans instru(flion entre ici I"
Elle dit a celui qui est depourvu de sens :
17 " Les eaux derobees ?,o\\t pljis douces,
Et le pain du mystere est />///s agreable! "
iS Et il ne salt pas qu'il y a la des ombres,
Et que ses invites sont deja dans les profondeurs du scheol.
I
4
-^
DEUXIEME PARTIE,
■ ^
Proverbes et maximes se rapportant aux diverses
situations de la vie humaine [Cn. X, i — XXII, i6].
SECTION I. — L'homme religieux et I'impie compares entre
eux, soit dans leurconduite generale, soit dans le sort qui leur
est reserve [CH. X — XV].
Chap. X.
CHAP. X. — Parallele entre rhomme piciix ct le mechant.
Proverbes de Salomon,
E fils sage fait la joie de son pere,
Et le fils insense le chagrin de sa mere
2 Les richesses acquises par le crime ne profitent pas,
Mais la justice delivre de la mort.
3 Jehovah ne laisse pas le juste souffrir de la faim,
Mais il repousse la convoitise du mechant.
4 II s'appauvrit celui qui travaille d'une main paresseuse.
Mais la main diligente amasse des richesses.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. IX, 3—18; X, 1—4.
317
no,
cult vinum, et proposuit mensam
suam. 3. Misit ancillas suas ut vo-
carent ad arcem, et ad mcenia civi-
tatis : 4. si quis est parvulus, veniat
ad me. Et insipientibus locuta est :
5. venite, comedite panem meum,
et bibite vinum quod miscui vobis.
6. Relinquite infantiam, et vivite,
et ambulate per viasprudentiaf. 7. Qui
erudit derisorem, ipse injuriam sibi
facit : et qui arguit impium, sibi
maculam generat. 8. Noli arguere
derisorem, ne oderit te. Argue sa-
pientem,et diligette. 9. Dasapienti
occasionem, et addetur ei sapientia.
Doce justum, et festinabit accipere.
10. 'Principium sapientias timor
Domini : et scientia sanctorum, pru-
dentia. 1 1. Per me enim multiplica-
buntur dies tui, et addentur tibi
anni vitas. 12. Si sapiens fueris, tibi-
metipsi eris : si autem illusor, so-
lus portabis malum.
13. Mulier stulta et clamosa, ple-
naque illecebris, et nihil omnino
sciens, 14. sedit in foribus domus I
suas super sellam in excelso urbis
loco, 15. ut vocaret transeuntes per
viam, et pergentes itinere suo :
1 6. qui est parvulus, declinet ad me.
Et vecordi locuta est : 17, aquas
furtivas dulciores sunt, et panis abs-
conditus suavior. 18. Et ignoravit
quod ibi sint gigantes, et in profun-
dis inferni convivas ejus.
Parabola: Salomonis.
— ^i^ CAPUT X. — ^;>—
Alternat sermonem de filio sapiente etstulto,
justo et impio, operante etotioso, simplici
et pravo : de caiitate et odio : de bono
linguae, ej usque malo.
jILlUS sapiens lastificat
patrem : filius vero stultus
moestitia est matris su£e.
2. "Nil proderunt thesauri
impietatis : justitia vero liberabit a
morte. 3. Non affliget Dominus
fame animam justi, et insidias im-
piorum subvertet. 4. Egestatem
Infr. 11,4.
le vin pour la table en y melant des aroma-
tes et de I'eau.
5. Les Peres ont vu dans ce festin une
figure du sacrifice eucharistique; voila pour-
quoi I'Eglise a insere ce passage dans I'office
du S. Sacrement.
7-9. Ces versets n'lnterrompent pas I'in-
vitation ; la sagesse fait remarquer qu'en
s'adressant aux ignorants et aux simples,
elle exclut les moqueurs et les impies comme
tels : loin de profiter de ses lec^ons, ils n'y re-
pondraient que par I'ingratitude et le mepris.
9. Donne l'instru6lion. — Et il at/gincn-
tera son savoirj Vulg., et il s'empressera
d'apprendre.
10. Le conimenceinent, etc. Voy. i, 7. —
La science du Saint, la connaissance prati-
que de Dieu, lequel est trois fois saint :
comiJ. ii, 5. Vulg. la science des saints, ou
des choses saintes.
11. Car : c'est par la sagesse que s'ob-
tiennent les longs jours promis a la crainte
de Dieu {Prov. x, 27; xiv, 27; xix, 23. Comp.
Deut. iv, 40).
12. La sagesse termine son invitation
par ce tiotabene : En choisissant la religion
ou I'impiete, tu decides de ton bonheur ou
de ton malheur eternels.
13. Stupidc; \^ulg. , pleine d'att raits, de
seduflions.
17. Cet attrait du mal inconnu etdefendu,
preuve manifeste de la chute originelle, est
surtout frappant dans les plaisirs charnels.
Les philosophes et les poetes paiens I'ont
e'galement constat^ ; Ovide ; "Nitimur in
vetitum nefas, cupimusque negata"; et
ailleurs : " Quod non licet acrius ui'it. "
Horace : " Gens humana ruit per vetitum
nefas. " Et apres eux S. Augustin : " Quanto
minus licet, tanto magis libet. " Comp. Rom.
vii, 7.
18. Des onil'res {dest le sens de gigantes
dans la V'ulg.), des gens qui appartiennent
deja au sejour des morts et qui vont y des-
ceiidre.
CHAP. X.
2. Les richesses, etc., la nianiinona ini-
quitatis de I'Evangile. — La justice, avec
I'ide'e de bienveillance et de charite envers
le prochain. Comp. Ps. cxii, g; Tob. xii, 9;
Dan. iv, 24.
3. De la f aim : comp. Mattli. vi, 26; Ps.
xxxiv, 9-10; xxxvii, 25. — // repousse en
arriere, il empeche d'aboulir les desirs cri-
minels des mdchants; Vulg., les embuclies
dressees contre les justes.
4. Apres ce verset, la Vulgate ajoute :
s\ippuycr sur des /nensonges, c'est se nour-
rir de vent, c'est poursuivrc Poisenu a tra-
vers les airs.
318
LIVRP: DES PROVERBES. Chap. X, 5— 28.
5 Cekii qui lecueille pendant Pete est un fils prudent;
Celui qui doit au temps de la moisson est un fils de confusion.
6 La bene'didlion vient sur la tcte du juste,
Mais I'injustice couvre la bouche des mcchants.
7 La mcmoire du juste est en benedicflion,
Mais le noni des mechants tombe en pourriture.
8 Celui qui est sage de coeur rec^oit les preceptes,
^Llis celui qui est insense' des levres va a sa peile.
9 Celui qui marche dans I'integrite marche en confiance,
Mais celui qui prend des voies tortueuses sera decouvert.
ID Celui qui cligne les yeux sera une cause de chagrin,
Et celui qui est insense des levres va a sa perte.
1 1 La bouche du juste est une source de vie,
Mais I'injustice couvre la bouche du mechant.
I J La haine provoque des querelles,
Mais Tamour couvre toutes les fautes.
13 Sur les levres de Thomme intelligent se trouve la sagesse,
Mais la verge est pour le dos de celui qui manque de sens.
14 Les sages tiennent la sagesse en reserve,
Mais la bouche de I'insense est un malheur prochain.
1 5 La fortune est pour le riche sa place forte,
Le malheur des mise'rables, c'est leur pauvrete.
16 L'oeuvre du juste est pour la vie,
Le gain du mechant est pour le peche.
17 Celui qui prend garde a la correclion prend le chemin de la vie;
Mais celui qui oublie la reprimande s'egare.
18 Celui qui cache la haine a des levres menteuses,
Et celui qui diffame est un insense.
19 L'abondance de paroles ne va pas sans peche,
Mais celui qui retient ses levres est un homme prudent.
20 La langue du juste est un argent de choix;
Le cojur des mechants est de nul prix.
21 Les levres du juste instruisent beaucoup d'hommes,
Mais les insenses meurent par defaut d'intelligence.
22 C'est la benedicflion du Seigneur qui procure la richesse,
Et la peine que Ton prend n'y ajoute rien.
23 Commettre le crime parait un jeu a I'insense;
II en est de meme de la sagesse i^our I'homme intelligent.
24 Ce que redoute le mechant lui arrive,
Et ce que desire le juste s'accomplit.
25 Le tourbillon qui passe, voila I'image du mechant;
Le juste est etabli sur un fondement dternel.
26 Ce que le vinaigre est aux dents et la fumee aux yeux,
Tel est le paresseux pour celui qui I'envoie.
27 La crainte de Jehovah augmente les jours,
Mais les annees des mechants sont abregees.
28 L'attente des justes n'est que joie,
Mais I'esperance des mechants perira.
i
5. [/n fils de confusion^ un homme qui
agit honteusement et qui fait qu'on rougit
de lui.
6. U injustice et la violence retombent sur
le m(fchant en malediClion qui I'obligent nu
silence.
7. Tombe en pourri/ure et inspire I'hor-
reur a tous.
8. Vinsense des levres^ qui parle avec
suffisance, croyant tout savoir, et dedaigne
les conseils. Vulg., rinsens(f est chatic' par
ses propres levres : le mal qu'il dit retombe
sur lui. Elle traduit mieux au vers. 10.
9. Sera decouvert^ ses mauvais desseins
seront connus, dejoues et punis au jugement
de Dieu.
10. Cligner les yeux est le fait du mechant
et du fourbe. — Une cause de chagrin pour
les autres et pour lui-meme.
I I.Mais I'i/ijiislice, etc. , comnie au vers. b.
Ici la Vulg. traduit : Jiiais la bouche du me-
chant recele Piniquite.
12. La haine denature les intentions et les
acftes du prochain, et souleve ainsi des su-
jets de querelles ; Mainour, au contraire, cou-
I're les torts du prochain, n'y fait pas atten-
tion, les pardonne, S. Jacques (v, 20) et
S. Pierre (I, iv, 8) reproduisent le second
LIBER PROVERBIORUM. Cap. X, 5—28.
319
operata est manus remissa : manus
autem fortium divitias j)arat. Qui
nititur mendaciis, hie pascit ventos :
idem autem ipse sequitur aves vo-
lantes. 5. Qui congregat in messe,
filius sapiens est : qui autem stertit
asstate, filius confusionis. 6. Bene-
dictio Domini super caput justi : os
autem impiorum operit iniquitas.
7. Memoria justi cum laudibus : et
nomen impiorum putrescet. 8. Sa-
piens corde praeceptasuscipit : stul-
tus casditur labiis. 9. Qui ambulat
simpliciter, ambulat confidenter :
?[ui autem depravat vias suas, mani-
estus erit. 10. *Qui annuit oculo,
dabit dolorem : et stultus labiis ver-
berabitur. 1 1. Vena vitas, os justi :
et OS impiorum operit iniquitatem.
12, Odium suscitat rixas : 'et uni-
versa delicta operit caritas. 13. In
labiis sapientis invenitur sapientia :
et virga in dorso ejus qui indiget
corde. 14. Sapientes abscondunt
scientiam : os autem stulti confu-
sioni proximum est. 15. Substantia
divitis, urbs fortitudinis ejus : pavor
pauperum, egestas eorum. 16. Opus
justi ad vitam : fructus autem im-
pii ad peccatum. 17. Via vitas, cu-
stodienti disciplinam : qui autem in-
crepationes relinquit,errat. 1 8. Abs-
conderunt odium labia mendacia :
qui profert contumeliam, insipiens
est. iq. In multiloquio non deerit
peccatum : qui autem moderatur
labia sua prudentissimus est. 20. A r-
gentum electum, lingua justi : cor
autem impiorum pro nihilo. 21. La-
bia justi erudiunt plurimos : qui
autem indocti sunt, in cordis ege-
state morientur. 22. Benedictio Do-
mini divites facit, nee sociabitur eis
afflictio. 23. Quasi per risum stul-
tus operatur scelus : sapientia autem
est viro prudentia. 24. Quod timet
impius : veniet super eum : deside-
rium suum justis dabitur. 2 5. Quasi
tempestas transiens non erit im-
pius : Justus autem quasi fundamen-
tum sempiternum. 26. Sicut acetum
dentibus, et fumus oculis, sic piger
hisj qui miserunt eum. 27. Timor
Domini apponet dies : et anni im-
piorum breviabuntur. 28. Exspecta-
tio justorum lastitia : spes autem
membre dans un autre sens : la charite cou-
vre devant Dieu les pdches commis par ce-
lui qui pratique cette vertu,
13. Sens : tandis que le sage repand la
luniiere autour de lui, I'insense s'attire le
chatiment.
14. En reserve dans son cueur. — LUn-
sense, par son inconsid^ration, se prepare a
lui-meme et aux autres quelque malheur
toujours pret a eclater.
15. Sens : tandis que le riche se croit et
est en effet assure centre le malheur par
ses grands biens, le pauvre, par suite de
son indigence, se croit et est en effet
constamment menace de la misere et de
la ruine. Au lieu de, le malheur^ la Vulg,
met, la crainte du malheur, ce qui revient
au meme.
16. Sens : ce que fait le juste et ce qu'il
acquiert par son travail, sert k lui assurer
une vie heureuse; ce que gagne le mechant
ne sert qu'au peche (orgueil, plaisirs, etc.)
et le conduit a la mort.
17. Comp. Hebr. xii, 7-1 1.
18. Celtii qui, derriere ses paroles, cacJie
la haine dans son coeur.
ig. Qovc\'^. Jacq. i, 26; iii, 2.
20. La langue, pour les paroles. — Le
coeur, ce qui en sort, les sentiments, les des-
seins, etc.
21. Lnstruisent et font avancer dans la
voie du bien, ddifient. — Les insenses, loin
d'etre utiles aux autres, pdrissent eux-me-
mes.
22. Ei la peine, etc.; c'est I'explication de
Delitzsch; le proverbe resumerait ainsi Ps.
cxxvii, 1-2. Les anciennes versions tradui-
sent, et il n'ajoule pas la peine avec elle, ce
qui peut etre entendu a peu pres dans le
meme sens.
23. Sens du second membre : de meme
une conduite sage est un jeu, une chose fa-
cile pour I'homme intelligent. Vulg., mais la
sagesse donne a I'homme la prudence.
24. Ce que le mechant redoute, c'esi le cha-
timent.
25. Comp. Matth. vii, 24-27.
26. Qui Penvoie travailler a quelque ou-
vrage.
27. Auginente les jours, procure de longs
jours. Comp. iii, 2; ix, ii; Ps. Iv, 24.
28. N^est que joie, aura son joyeux ac-
complissement.
320 LIVRE DES PROVERBES. Chap. X, 29—32; XT, i— 21.
29 La voie de Jehovah est un rempart pour le juste,
Mais elle est une ruiiie pour ceux qui font le mal.
30 Le juste ne chancellera jamais,
Mais les mechants n"habiteront pas la terre.
La bouche du juste produit la sagesse,
Et la langue perverse sera arrachee. ^
Les levres du juste connaissent la grace,
Et la bouche cles mechants la perversite.
I
31
12
CHAP. XL — Parallele entre I'homme pieux et le mechant (suite).
Ch. .XL
,^^j|A balance fausse est en horreur a Jehovah,
Mais le poids juste lui est agreablc.
2 Si Torgueil vient, viendra aussi I'ignominie;
Mais la sagesse est avec les humbles.
3 L'innocence des hommes droits les dirige,
Mais les detours des pei fides causent leur ruine.
4 Au jour de la colere la richesse ne sert de rien,
Mais la justice delivre de la moi t.
5 La justice de I'homme intcgre dirige ses voies,
Mais le mechant tombe par sa mechancetc.
6 La justice des hommes droits les delivre,
Mais les hommes sans foi sont pris par leur propre malice.
7 Quand meurt le mechant, son espoir perit,
Et I'attente du pervers est aneantie.
8 Le juste est delivre de I'angoisse,
Et le mechant y tombe a sa place.
9 Par sa bouche I'impie prepare la ruine de son prochain,
Mais les justes seront delivres par la science.
10 Ouand les justes sont heureux, la ville se rejouit;
Ouand les mechants perissent, on pousse des cris de joie.
11 Par la benedicT-ion des hommes droits la ville prospere;
Elle est renversee par la bouche des impies.
12 Celui qui meprise son prochain est depourvu de sens,
INIais I'homme intelligent se tait.
13 Le medisant de voile les secrets,
Mais I'homme au cceur fidele les garde.
14 Quand la direftion fait defaut, le peuple tombe;
Le salut est le grand nombre des conseillers.
15 Qui cautionne un inconnu s'en repnt,
Mais celui qui craint de s'engager est en securitc.
16 La femme qui a de la grace obtient la gloire,
Les hommes energiques aequierent la richesse.
L'homme charitable fait du bien a son ame,
iNLais I'homme cruel aftlige sa propre chair.
Le me'chant fait un travail trompeur,
Mais celui qui seme la justice a une re'compense assurco.
19 La justice conduit a la vie,
Mais celui qui poursuit le mal va a la mort.
20 L'homme au cceur pervers est en abomination a Jehovah,
Mais celui qui est integre dans sa voie est I'objet de ses complaisances.
21 Non, le mechant ne restera pas impuni,
Mais la posterite des justes sera sauvee.
'7
iS
29. La voie de Jt'/iova/i, sa loi, ses com-
mandements, son culte. Comp. Ps. cxix, 27;
Matth. xxii, 16, etc. — Une ;-«/«i?y Vulg.,
une cpoH-c'cinie^ a cause des menaces que
renferme la loi de Dieu.
30. La terre 'promise, la patrie du peuple
de Uieu, figure de la patrie celeste : partout
ailleurs. c'est I'exil.
31. Produit, comme un arbre donne
son fruit : comp. H^br. xiii, 15. Vulgate,
enfante.
32. Connaissent (ou considerent) la grace,
litt. ce qui plait, ce qui est agreable a Dieu
et aux hommes, et s'appliquent h. le dire.
CHAP. XI.
I. Le poids juste, Wii. la pierre complete :
on se servait encore de pierres pour pcser.
LIBER PROVERBTORUM. Cap. X, 29—32; XI, i— 21.
321
impiorum peribit. 29. Fortitude
simplicis via Domini : et pavor his,
qui operantur malum. 30. Justus in
aeternum non commovebitur : impii
autem non habitabunt super ter-
ram. 31. Os justi parturiet sapien-
tiam : lingua pravorum peribit.
32. Labia justi considerant placita :
et OS impiorum perversa.
— :;:— CAPUT XI. — :i:—
^qiiitatis et justiticC ceterarumque virtu-
tum commoda, et vitiorum ac vanarum
divitiarum incommoda.
TATERA dolosa, abomi-
natio est apud Dominum :
et pondus asquum, volun-
tas ejus. 2, Ubi fiierit su-
perbia, ibi erit et contumelia : ubi
autem est humilitas, ibi et sapientia.
3. Simplicitas justorum diriget eos:
et supplantatio perversorum vasta-
bit illos. 4. *Non proderunt divitia^
in die ultionis : justitia autem libe-
rabit a morte. 5. Justitia simplicis
diriget viam ejus : et in impietate
sua corruet impius. 6. Justitia re-
ctorum liberabit eos : et in insidiis
suis capientur iniqui. 7. Mortuo
homine impio, nulla erit ultra spes :
et exspectatio sollicitorum peribit.
8. Justus de angustia liberatusest :
et tradetur impius pro eo. 9. Simu-
lator ore decipit amicum suum :
justi autem liberabuntur scientia.
10. In bonis justorum exsultabit
ci vitas : et in perditione impiorum
erit laudatio. 1 1. Benedictione ju-
storum exaltabitur civitas : et ore
impiorum subvertetur. 12. Qui de-
spicit amicum suum, indigens corde
est : vir autem prudens tacebit.
13. Qui ambulat fraudulenter, re-
velat arcana : qui autem fidelis est
animi, celat amici commissum.
14, Ubi non est gubernator popu-
lus corruet : salus autem, ubi multa
consilia. 15. Affligetur malo, qui
fidem facit proextraneo : qui autem
cavet laqueos, securuserit. 16. Mu-
lier gratiosa inveniet gloriam : et
robusti habebuntdivitias. 17. Bene-
facit anims suas vir misericors : qui
autem crudelis est, etiam propin-
quos abjicit. 18. Impius facit opus
instabile : seminanti autem justi-
tiam merces fidelis. 19. Clementia
prasparat vitam : et sectatio malo-
rum mortem. 20. Abominabile
Domino cor pravum : et volun-
tas ejus in iis, qui simpliciter am-
bulant. 21. Manus in manu non
Moi'se avail fait deposer dans le sandliiaire
des etalons des poids et mesures; mais le
controle de ceux qui etaient en usage n'etait
guere facile. De la ces maximes et ces aver-
tissements si souvent adresses a un peuple
enclin a la cupidite.
2. La sagcsse, en tant qu'oppos^e a I'infa-
tuation de I'orgueil et k ses funestes conse-
quences.
3. Les dirigc, les conduit dans une voie
sure.
4. De la colore (Vulg. de la vengeance)^ du
jugement inexorable de Dieu. Comp. Soph.
i, 18; Is. X, 3; Eccli. v, 40.
6. Malice, litt. desirs dcreglcs auxquels ils
se laissent aller. Vulg. picges.
7. Des honvnes iniques; Delitzsch, des
homines confiants dans leur force (comp. Is.
xl, 29); Vulg., des hommes inquiets, proba-
blement dans le sens de ambitieux.
9. Liiiipie, ou l' hypocrite (Vulg.). — La
science, la prudence.
II. La be'ne'di^ion, Its voeux et les pric-
res. — Par la boieche, par les discours per-
vers.
12. Qui ineprise et raille. — Se tait sur les
torts reels ou apparents du prochain.
13. Lhotnine aic coeiir fidele, digne de
confiance.
14. La dire^ion, le gouvernement.
15. Qui craint de s'etiga^er, litt., defrap-
per dans la main, ce qui etait alors comme
aujourd'hui le symbole d'un engagement.
16. Qui a de la grace, une vertu aimable
et douce. Le second membre parait pris en
mauvaise part : les homines energiques, vio-
lents, tfobiiennent que la richesse, qui vaut
bien moins que I'honneur (xxii, i).
17. Sa propre chair, lui-meme; Vulg. ses
proches, comme Gen. xxxvii, 27.
19. En hebr. le verset commence par /Jw/,
qui pent signifier de nihne que, ou bien solide,
ferine : la solide justice; Vulg. la clanence.
. 21. Non; litt. la main dans la main, pro-
bablement formule de serment (vers. 23) ou
de forte affirmation : je le jure, je I'afifirme.
LA SAINTE BIBLE. TOiMIi IV. — 21
322 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XI, 22—31; XII, i— n.
22 Un anneau d'or an nez d'un pourceau,
Telle est la femme belle et depourvue de sens.
"23 Le desir des justes, c'est unicjuenient le bien;
L'attente des mediants, c'est la fureur.
24 Celui-ci donne liberalement et s'enrichit;
Cet autre epargne et s'apauvrit.
25 L'ame bienfaisante sera rassasiee,
Et celui qui arrose sera lui-meme arrose,
26 Celui qui garde le ble est maudit du peuple,
Mais la b^nddiclion est sur la tcte de celui qui le vend.
27 Celui qui recherche le bien trouve la faveur,
Mais celui qui cherche le nial, le mal I'atteindra.
28 Celui qui se con fie dans sa richesse tombera,
Mais les justes germeront comme le feuiliage.
29 Celui qui trouble sa maison he'ritera le vent,
Et I'insense sera I'esclave de I'homme sage.
30 Le fruit du juste est un arbre de vie,
Et qui fait la concjuete des ames est sage.
31 Si le juste rec^oit sur la terre une retribution de peincs,
Combien plus le mechant et le pecheur !
CHAP. XII. — Parallele entre I'homme pieux et le mechant (suite).
Ch. XII. f^S^^ELUI qui aime la correflion aime la science;
Celui qui halt la reprimande est insense.
2 Celui qui est bon obtient la faveur de Jdhovah,
Mais Jehovah condamne I'homme de malice.
3 L'homme ne s'afifermit pas par la mechancete,
Mais la racine des justes ne sera pas ebranlee.
4 Une femme vertueuse est la couronne de son mari,
Mais la femme sans honneur est comme la carie dans ses os.
5 Les pensees des justes sont I'equite,
Les conseils des mtfchants, la fraude.
6 Les paroles des mechants sont des pieges de mort,
Mais la boqche des hommes droits les sauve.
7 Le mechant fait un tour, et il n'est plus;
Mais la maison des justes reste debout.
8 L'homme est estime dans la mesure de son intelligence;
Mais I'homme au coeur pervers sera m^prise.
9 Mieux vaut un homme humble qui suffit a ses besoins,
Qu'un glorieux manquant de pain.
10 Le juste s'occupe de son b^tail,
Mais les entrailles des mechants sont cruelles.
11 Celui qui cultive son champ est rassasie de pain,
Mais celui qui poursuit des choses inutiles est d^pourvu de sens.
22. Uii anneau pour le nez, hebr. nezem.
Comp. Gen. xxiv, 22; Ezcch. xvi, 12.
24. Qui epargne (htt. retient) a Pexcls :
Vulg., qui ravit le bie)i tVautrui.
25. Bienfaisante^ litt. bcnissante, qui est
pour les autres une benedidlion; a son tour
elle sera benie de Dieu. — (2ui arrose^ ou
selon la Vulg., qui donne liberalenienf a
boire.
26. Qui garde (Vulg. qui cache) : comp.
Amos, viii, 4-8.
27. Qici ?-ccherche des le matin, c.-a-d.
avec soin. — S\ittire; litt. cliercJie par la
meme, sans y penser, et obtient la faveur
des hommes. Vulg., // a raison de se le7>er
matin celui qui cJierche le bien.
28. Scront verdoyants, pousseront avcc
vigueur : comp. Ps. i, 3.
29. Qui trouble sa maison par un carac-
tere acariatre. — Le vent, c.-«\-d. rien. —
L'insensc, apr^s avoir perdu tons ses biens,
n'aura plus d'autre ressource que de se
vendre comme esclave.
30. Sens : le juste est compare a un arbre
bienfaisant; son fruit, c.-a-d. ses a(^l.es et
ses paroles, ont sur les autres une influence
vivifiante; il repand autour de lui la vie et le
bonheur. — Fait la conqucte, litt. s'en cm-
pare, les prend comme le pecheur prend le
poisson.
31. Rc{oit une retribution : on peut enten-
dre, ou bien une recompense, et Va fortiori
'
LIBER PROVERBIORUxM. Cap. XI, 22—31; XII, i — 11.
323
erit innocens malus : semen autem
justorum salvabitur. 22. Circulus
aureus in naribus suis, mulier pul-
chra et fatua. 23. Desiderium ju-
storum omne bonum est : praesto-
latio impiorum furor. 24. Alii di-
vidunt propria, et ditiores fiunt :
alii rapiunt non sua, et semper in
egestate sunt, 25. Anima, quas
benedicit, impinguabitur : et qui
inebriat, ipse quoque inebriabitur.
26. Qui abscondit frumenta, ma-
ledicetur in populis : benedictio
autem super caput vendentium.
27. Bene consurgit diluculo qui quae-
rit bona : qui autem investigator
malorum est, opprimetur ab eis.
28. Qui confidit in divitiis suis,
corruet : justi autem quasi virens
folium germinabunt. 29. Qui con-
turbat domum suam, possidebit
ventos : et qui stultus est, serviet
sapienti. 30. Fructus justi lignum
vitae : et qui suscipit animas, sapiens
est. 31. ^Si Justus in terra recipit,
quanto magis impius et peccator.?
— :i:— CAPUT XII. — :i:—
Vicissim loquitur de diligente disciplinam
et earn odiente; de impio et justo, ope-
rante et otioso, stulto et sapiente et de
bonis ac malis lingua?. -
Uldiligit disciplinam, di-
ligit scientiam : qui autem
odit increpationes, insi-
piens est. 2. Qui bonus
est, hauriet gratiam a Domino : qui
autem confidit in cogitationibus
suis, impie agit, 3. non roborabitur
homo ex impietate : et radix justo-
rum non commovebitur. 4. Mulier
diligens, corona est viro suo : et pu-
tredo in ossibus ejus, quas confusio-
ne res dignas gerit. 5. Cogitationes
justorum judicia : et consilia impio-
rum fraudulenta. 6. Verba impio-
rum insidiantur sanguini : os justo-
rum liberabit eos. 7. Verte impios,
et non erunt : domus autem justo-
rum permanebit. 8. Doctrina sua
noscetur vir : qui autem vanus et
excors est, patebit contemptui.
9. ?Melior est pauper et sufficiens
sibi, quam gloriosus et indigens pa-
ne. 10. Novit Justus jumentorum
suorum animas : viscera autem im-
piorum crudelia. 1 1. *Qui operatur
suppose I'idee que le juste n'y a pas un droit
absolu, etant toujours imparfait et pecheur
par quelque endroit; ou mieux avec les an-
ciennes versions, ttn chdtinierJ, soit pour
ses fautes legeres, soit k titre d'^preuve.
CHAP. XII.
2. Lliomme de malice et d'intrigue. Vulg.,
niais celid qui met sa C07ifiance dans ses
propres pense'es agit en zjnpie.
3. L'homme est compare k un arbre : le
mdchant a un arbre sans racines, etc. Comp.
Ephes. iii, 17.
4. Vcrtueusc, \\n. forte, telle elle est peinte
au chap. xxxi. — Sans honneur, litt. digne
de honte par sa conduite.
5. Chacun conforme ses pensees au but
qu'il veut atteindre.
6. Sens : les mediants, par leurs calom-
nies, faux tt'moignages, etc., mettent en
peril la vie du prochain; le juste, par des
moyens contraires, la sauve. Eos^ les justes
menaces par les mechants.
7. Fait 7m four, c.-a-d. promptement, en
un tour de main, le mechant disparait.
9. Mieux vaiti etre un homme humble et
pen considere, etc. — Qui suffit a ses be-
soins; ou, selon d'autres, ayant un esclave
pour le servir.
10. Pre/id soift de son be'tail, comme la loi
le prescrit {Exod. xxv, 19; Deui. v, 4;
xxii, 10; xx\^, 4) et a I'exemple de Dieu
meme, qui prend soin de toutes ses crea-
tures {Ps. xxxvii, 7; Sag. xi, 25). — Les en-
trailles, considerees comme le siege de la
sensibilite : ce qu'il y a de plus tendre dans
l'homme en general, ses entrailles memes,
est cruel dans le mechant.
11. Des chases inutiles; Vulg. la paresse,
ce qui revient a. peu pres au meme ; elle
ajoute : celui cjui se plait dans les reunions
ou Ton boit le vin laisse la honte dans les
citadelles. Cette addition, qui se trouve aussi
dans les LXX, parait n'etre qu'une double
tradu(ftion du premier membre du verset
suivant.
" Eccli. 10,
30-
* Eccli, 20,
30.
324 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XII, 12—28; XIII, 1—5.
12 Le mechant convoite la proie des mechants,
Mais la racine des justes donne son fruit.
13 11 y a dans le peche des levres un piege funeste,
Mais le juste se tire de la detresse.
14 C'est par le fruit de sa bouche qu'on est rassasie de biens,
Et il sera rendu a chacun suivant I'oiuvre de ses mains.
La voie de I'insense est droite a ses yeux,
Mais le sage ecoute les conseils.
15
16 L'insens^ faisse voir aussitot sa colere
Mais I'homme prudent sait dissimuler un outrage.
17 Celui qu'anime I'amour de la verite dit ce qui est juste,
Et le faux temoin trahit ses intentions perfides.
18 Ses paroles blessent comme un glaive,
Mais la langue des sages procure la guerison.
19 La langue veridique restera toujours,
Mais la langue mensongere est confondue.
20 La fraude est dans le coeur de ceux qui meditent le mal,
Mais la joie est pour ceux qui conseillent la paix.
21 Aucun malheur n'arrive au juste,
Mais les mechants sent accables de maux.
22 Les levres menteuses sont en horreur a Jehovah,
Mais ceux qui agissent selon la vdrite lui sont agreables.
23 L'homme prudent cache sa science,
Mais le cceur de I'insense publie sa folic.
24 La main vigilante dominera,
Mais Id main indolente sera tributaire.
25 Le chagrin dans le cceur de l'homme I'abat,
Mais une bonne parole le rejouit.
26 Le juste montre la voie a son ami,
Mais la voie des mechants les egare.
27 Le paresseux ne rotit pas son gibier,
Mais I'activile est pour Thomme un prccieux ircsor.
28 Dans le sentier de la justice est la vie,
Et dans le chemin eiu'elle trace I'immortalite.
I
CHAP, xin. — Parallcle cntre rhommc pieux et le mechant (suite).
Ch. XH. G^fSMK tils sage rcvcic I'instrutlion de son pcre,
Mais le moqueur n'ecoute pas la reprimande.
2 Du fruit de sa bouche l'homme goiite le bien,
Mais le dcsir des mdchants, c'est la violence.
3 Celui qui veille sur sa bouche garde son ame;
Celui qui ouvre irop ses levres court a sa perte.
4 Le paresseux a des dcsirs, et ils ne sont pas satisfaits,
Mais le desir des hoinmes dilit^ents sera rassasie.
5 Le juste dcteste les paroles mensongcres;
Le mechant procure la honte et la confusion.
12. Sens du premier membre : les me-
chants se disputent les di^pouilles du crime;
ils se jalousent et se perdent mutuellement.
Vulg. , le niechani desire que ses pareils s''af-
femiissent ; il regarde leur cause comme la
sienne propre.
13. Un picge funeste pour le mechant lui-
meme : comp. Ps. ix, 16.
17. Ce qui est juste et vrai, en droit comme
en fait. Vulg. : celui qui dit ce qu'il sait ina-
nifcste Injustice, la vdritd; mais Vhomme de
iiicusoi^e est un teinoiii troinpeur. Sens :
l'homme ami de la vtfritc otire a la justice
un temoignage sur; c'est le contraire pour
l'homme qui aime le mensonge.
iS. La Vulg. traduit le premier membre :
/ tel qui pro/net a la legere est eusuite perce
par le glaive de sa conscience.
19. Sens : ce que dit I'homme veridique
demeure; ce cjue dit le menteur est bien
vite reconnu faux.
21. Le juste peut etre eprouve, mais il
soutient avec Constance et memeavecjoie
cette epreuve passagere. Comp. Philip.
iv, 7.
22. Selon la verite ou la ^de'lite' {V u\g.) ,
la droiture.
26. Montre la 7'oie(iat/ier, hiph. de thour).
Vulg. : le juste s'inquiete peu iVeprouver tin
dominate pour son ami : comp.yi'a//, xv, 13.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XII, 12—28; XIII, 1—5. 325
terram suam, satiabitur panibus :
qui autem sectatur otium, stultissi-
mus est. Qui suavis est in vini de-
morationibus, in suis munitionibus
relinquit contumeliam. 12. Deside-
rium impii munimentum est pessi-
morum: radix autem justorum pro-
ficiet. 13. Propter peccata labiorum
ruina proximat malo : effugiet au-
tem Justus de angustia. 14, De fru-
ctu oris sui unusquisque replebitur
bonis, et juxta opera manuum sua-
rum retribuetur ei. 15. Via stulti
recta in oculis ejus : qui autem sa-
piens est, audit consilia. 16. Fatuus
statim indicat iram suam : qui au-
tem dissimulat injuriam, callidus
est. 17. Qui quod novit loquitur,
index justitiae est : qui autem men-
titur, testis est fraudulentus. 18. Est
qui promittit, et quasi gladio pun-
gitur conscientiae : lingua autem sa-
pientium sanitas est. 19. Labium
veritatis firmum erit in perpetuum :
qui autem testis est repentinus, con-
cinnat linguam mendacii. 20. Dolus
in corde cogitantium mala : qui au-
tem pacis ineunt consilia, sequitur
eos gaudium. 21. Non contristabit
justum quidquid ei acciderit : impii
autem replebuntur malo. 22. Abo-
minatio est Domino labia mendacia:
qui autem fideliter agunt, placent ei.
23. Homo versutus celat scientiam :
et cor insipientium provocat stulti-
tiam. 24. Manus fortium domina-
bitur : quas autem remissa est, tri-
butis serviet. 25. Moeror in corde
viri humiliabit ilium, et sermone
bono lastificabitur. 26. Qui negligit
damnum propter amicum, Justus
est : iter autem impiorum decipiet
eos. 27. Non inveniet fraudulentus
lucrum : et substantia hominis erit
auri pretium. 28. In semita justitias,
vita : iter autem devium ducit ad
mortem.
— *— CAPUT XIII. — :;:—
De filio sapiente : de oris custodia, et in-
considerate ad loquendiim : de paupere
divite, et divite paupere, lucerna impio-
rum, substantia festinata et dilatione spei :
omnia cum consilio agenda, et cum sa-
pientibus gradiendum : de parcente vir-
gce, et insaturabili ventre impii.
ILIUS sapiens, doctrina
patris : qui autem illusor
j est, non audit cum argui-
tur. 2. De fructu oris sui
homo satiabitur bonis : anima au-
tem prasvaricatorum iniqua. 3. Qui
custodit OS suum, custodit animam
suam : qui autem inconsideratus est
ad loquendum, sentiet mala. 4. Vult
et non vult piger : anima autem ope-
rantium impinguabitur. 5. Verbum
mendax Justus detestabitur : impius
autem confundit, et confundetur.
Ce premier membre est tres diversement
interprete aussi bien paries anciens que par
les modernes.
27. Ne rotit pas, ou ne fait pas lever, ou
i{atteint pas : meme sens au fond. Vulg., le
trojiipetir ne fait pas de profit, iandis que les
Mens dii juste out le prix de for.
28. LHimnortalite, litt. la nonniort. Vulg.,
inais le chemin detourne conduit a la niort.
CHAP. XIII.
1. D'autres, sous-entendant dans le pre-
mier membre le verbe du deuxieme, tra-
duisent : le fils sage econte Vinstrnnion de
son pcre.
2. Sens du i<^^ membre : I'homme dont la
bouche ne dit que des paroles bonnes et
utiles en regoit le fruit : comp. xii, 14. —
La violence avec ses suites funestes pour le
mechant lui-meme. Les anciennes versions
prennent nephesch dans le sens propre de
anima : mais Vame du mechatit est iniquej
ou bien : goute les suites de ses injustices
et de ses violences.
3. Celui qui ouvre dc grandes levres, qui
est inconsidere dans ses paroles, comme
traduit la Vulg.
4. La Vulg. traduit le i«>' membre : le
paresseux veut et ne vejtt pas.
5. Les paroles et les aflions (hebr. debar),
— Le incchant procure la confusion aux
autres, par ex. a ses parents, a ses amis,
qui ont ^ rougir de lui ; ou bien : se plait k
repandre sur les autres I'outrage et I'oppro-
bre; ou bien encore : se conduit d'une ma-
niere honteuse. Vulg., attire la confusion
sur les autres et sur lui-meme.
i
326 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XIII, 6—25; XIV, 1—3.
6 La justice garde la voie de Fhomme intfegre,
Mais la mechancete cause la ruine du pecheur.
7 Tel fait le riche qui n'a rien,
Tel fait le pauvre qui a de grands biens.
8 La richesse d'un homme est rangon de sa vie,
Mais le pauvre est a I'abri mcme de la menace.
9 La lumiere du juste brille joyeusement,
Mais la lampe des mediants s'eteint.
10 L'orgueil n'enfante que des querelles;
Mais la sagesse est avec ceux qui se laissent conseiller.
1 1 La richesse mal acquise s'evanouit,
Mais celui qui amasse peu a peu I'augmente.
12 L'espoir differ^ rend le coeur malade,
Mais le ddsir accompli est un arbre de vie.
13 Celui qui meprise la parole se perd,
Mais celui qui respe6\e le precepte sera recompense.
14 L'enseignement du sage est une source de vie,
Pour echapper aux pieges de la moi^t.
15 Une intelligence cultivee produit la grace,
Mais la voie des trompeurs est rude.
16 Tout homme prudent agit avec reflexion,
Mais I'insense etale sa folic.
17 Un envoye mechant tombe dans le malheur,
Mais un messager fidele procure la guerison.
18 Misere et honte k qui rejette la correcftion;
Celui qui rec^oit la reprimande est honord.
19 Le desir satisfait rejouit I'ame,
Et s'eloigner du inal fait horreur aux insenses.
20 Celui qui frequente les sages devient sage,
Mais celui qui se plait avec les insenses devient mechant.
21 Le malheur poursuit les pecheurs,
Mais le bonheur recompense les justes.
22 L'homme de bien laisse son heritage aux enfants de ses enfants;
Mais la richesse du pecheur est reservee au juste.
23 Dans le champ defriche par le pauvre abonde la nourriturc,
Mais il en est qui perissent par I'injustice.
24 Celui qui menage sa verge hait son fils,
Mais celui qui I'aime le corrige de bonne heure.
25 Le juste mange et satisfait son appetit,
Mais le ventre des mechants cprouve la disette.
CHAP. XIV. — Parallele entre rhomme pieiix ct Ic mechant (suite).
Ch. XIV. [^""/j^f^A femme sage batit sa maison,
Et la femme insens^e la renverse de ses propres mains.
ll 2 Celui-la marche dans la droiture qui craint Jehovah,
Et celui qui le meprise est pervers dans sa voie.
Dans la bouche de I'insensd est la verge de son orgueil,
Mais les levres des sages les gardent.
7. Sens : ne pas se fier aux apparences;
le glorieux indigent simule la richesse,
I'avare simule la pauvrete. Dans le sens
spirituel, tel est riche devant les hommes
qui est pauvre devant Dieu, et rdcipro-
cjuement.
8. Le riche pent, en certains cas, racheter
sa vie h, prix d'argent, en sacrifiant sa for-
tune; mais la vie du pauvre n'est pas meme
menacee. Dans le sens spirituel : le riche
rach^te et sauve son ame par le bon usage
de ses richesses; le salut du pauvre court
moins de dangers.
9. La himiere^ symbole d'une vie heureuse.
ID. n orgueil, qui a son principe dans
TegoYsme, fait naitre mille querelles.
II. Mai aa/uisc, litt. acquise par des
moyens hatifs (Vulg.) et frauduleux.
13. La parole, en general la parole de
celui qui a droit de commander, et en parti-
culier la parole de Dieu, sa loi, ses pr^ceptes.
— Vulg., cehii qtti dt'nii^rc U7ie c/tose s'eni:[age
Itii-meme pour Pavenir, ce que Jansenius
explique ainsi : Si la chose est bonne, il
sera puni; si elle est mauvaise, il s'oblige a
I'eviter,
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XIII, 6—25; XIV, 1—3. 327
6. Justitia custodit innocentis viam :
impietas autem peccatorem supplan-
tat. 7. Est quasi dives cum nihil ha-
beat : et est quasi pauper, cum in
multis divitiis sit. 8. Redemptio
animas viri, divitias suas : qui autem
pauper est, increpationem non sus-
tinet. 9. Lux justorum lastificat :
lucerna autem impiorum exstingue-
tur. 10. Inter superbos semper jur-
gia sunt : qui autem agunt omnia
cum consilio, reguntur sapientia.
1 1, Substantia festinata minuetur :
quae autem paulatim colligitur ma-
nu, multiplicabitur. 12. Spes, quae
differtur, affligit animam : lignum
vitae desiderium veniens. 13. Qui
detrahit alicui rei, ipse se in futurum
obligat : qui autem timet praece-
ptum, in pace versabitur. Animae
dolosas errant in peccatis : justi au-
tem misericordes sunt, et miseran-
tur. 14. Lex sapientis fons vitas, ut
declinet a ruina mortis. 15. Doctri-
na bona dabit gratiam : in itinere
contemptorum vorago. 16. Astutus
omnia agit cum consilio : qui autem
fatuus est,aperitstultitiam.i7.Nun-
tius impii cadet in malum : legatus
autem fidelis, sanitas. 18. Egestas,
et ignominia ei, qui deserit discipli-
nam : qui autem acquiescit arguenti.
glorificabitur. 19. Desiderium si
compleatur, delectat animam : de-
testantur stulti eos, qui fugiunt
mala. 20. Qui cum sapientibus gra-
ditur, sapiens erit : amicus stulto-
rum similis efficietur, 21. Peccato-
res persequitur malum : et justis
retribuentur bona. 22. Bonus relin-
quit heredes filios et nepotes : et
custoditur justo substantia peccato-
ris. 23. Multi cibi in novalibus pa-
trum : et aliis congregantur absque
judicio. 24." Qui parcit virgas,odit fi-
lium suum : qui autem diligit ilium,
instanter erudit. 25. Justus com-
edit, et replet animam suam : venter
autem impiorum insaturabilis.
— *— CAPUT XIV. — *—
Sapientiae et stultitias varise conditiones :
prudentia quivis status debite regulatur,
qua quis ad misericordiam movetur et
affeftiones moderatur : vitia autem per-
dunt homines.
APIENS mulier aedificat
domum suam : insipiens
exstructam quoque mani-
bus destruet. 2. Ambulans
recto itinere, et timens Deum, "de-
spicitur ab eo, qui infami graditur
via. 3. In ore stulti virga superbias :
La Vulg. ajoute au vers. 13 les mots sui-
vants, que les LXX mettent apres le vers. 9 :
/es dmes trompettses s'cf^arent dans leurs pe-
che's, mats les jiistes sont 7iiisericordteux ct
compatissants.
14. Poit7- cchappcr : cet enseignement
donne le moyen d'echapper aux dangers de
la vie presente et a la mort eternelle.
1 5. U?ie hifeflige/icc culthu'e par une bonne
education donne, comme son fruit naturel,
la faveur de Dieu et celle des hommes.
16. Etale sa fo/ie, au lieu de la cacher,
comme un marchand etale ses marchan-
dises.
17. Tonibe et fait tomber avec lui dans
le malheur celui qui I'envoie. Vulgate : le
inessager dii mecJiant ou de Pinipie. — La
gtierison, le soulagement, le bien-etre en
general. Legon morale : que les princes
ne donnent leur confiance qu'k des hom-
mes vertueux.
19. S^eloigner du 7nal, etc. : comme le
mdchant ddsire assouvir ses passions etque
son ame est fortement attachee au mal, il a
horreur de s'en separer.
20. Devient nicchanij Vulg., seniblable a
eux; d'autres, s^en froiive mal.
23. Pendant que le pauvre s'enrichit en
travaillant assidument sa terre, d'autres
sont precipites dans la ruine par leurs injus-
tices. Sens de la Vulg. : les fils qui conti-
nuent de cultiver les champs paternels s'en-
richissent; mais les produits amasses par les
hommes injustes passent a d'autres.
25. Eprouvc la disette;\\i\g., est insatia-
ble; au lieu de msatiabilis., il faudrait insa-
tiatiis.
CHAP. XIV.
1. Bdtit sa Tuaison, la rend prospere.
2. D'autres : cehii qni marcJie ..., crai7it
Jehovah. Vulg. : cehii qui i7iarcJie da7is la
voie droit e et qui crai7it Jehovah, est 7/teprise
par celui qui suit line voie ho7tteuse.
3. Sens du i^r membre : I'orgueil inspire
k I'insense des paroles qui sont une verge
pour le frapper. — Les lh>res, les paroles.
" Infra 23
13-
'Job. 12, 4.
328
LIVRE UES PROVERBES. Chap. XIV, 4—28.
4 Ou il n'y a pas de boeufs, la creche est vide,
Mais ia vigueur des boeufs procure des revenus abondants.
5 Le temoin fidele ne ment pas,
Mais le faux temoin dit des mensonges.
6 Le moqueur cherche la sagesse et ne la trouve pas,
Mais pour I'homme intelligent la science est facile.
7 Eloigne-toi de I'insense;
Car tu sals que la science n'est pas sur ses levres.
8 La sagesse de I'homme prudent est de comprendre sa voie;
La folie de I'insense, c'est la tromperie.
9 L'insense se rit du peche,
Mais I'homme droit est bienveillant.
10 Le cceur connait ses propres chagrins,
Et un Stranger ne peut partager sa joie.
11 La maison des mechants sera detruite,
Mais la tente des hommes droits fleuriia.
12 Telle voie parait droite a un homme,
Mais son issue aboutit a la mort.
13 Meme dans le rire le coeur trouve la douleur,
Et la joie se termine par le deuil.
14 L'impie sera rassasie de ses voies,
Et I'homme de bien de ses fruits.
15 L'homme simple croit tout ce qu'on dit,
Mais I'homme prudent veille sur ses pas.
16 Le sage craint et se detourne du mal,
Mais I'insense s'emporte et reste en securite.
17 L'homme prompt h. s'irriter fait des sottises,
Et le malicieux s'attire la haine.
icS Les simples ont en partage la folie,
Et les prudents se font de la science une couronne.
19 Les mechants s'inclinent devant les bons,
Et les impies aux portes du juste.
20 Le pauvre est odieux meme k son ami;
Mais les amis du riche sont nombreux.
21 Celui qui meprise son prochain commet un pech^;
Mais heureux celui qui a pitie des malheureux.
22 Ne s'egarent-ils pas ceux qui meditent le mal,
Et la misericorde et la verite ne sont-elles pas pour ceux qui cherchent le bien.
23 Tout travail produit I'abondance,
Mais les paroles vaines menent a la disette.
24 La richesse est une couronne pour les sages;
La folie des insenses est toujottrs folie.
25 Le temoin veridique delivre des ames,
L'astuce profei-e des mensonges.
26 Celui qui craint Jehovah appuie sa confiance sur un fondement inebranlable,
Et ses enfants ont un sur refuge.
27 La crainte de Jehovah est une source de vie,
Pour e'chapper aux pieges de la mort.
28 Le peuple nombreux est la gloire du roi;
S'il diminue, c'est la ruine du prince
4. La creche, prise pour les granges et les
greniers. L'auteur recommande I'dlcve des
animaux de labour, indispensables k I'agri-
culture : qui veut la fin veut les moyens.
5. Repetit. de xii, 17.
6. Le inoquciir, l'homme frivole pour qui
la verity n'est pas affaire de conscience. —
Lhotnine ititelUi^cni, qui sait que la crainte
de Dieu conduit a la vdrite.
7. La Vulg. traduit le 2^ membre : (de
I'insense) qui ne cottnaii pas les levres, les
paroles, dc la science.
8. Comprendre sa voie, prendre garde ?i
ce qui est bien ou mal, tenir compte du droit
et du devoir. — La tromperie : I'insense suit
des voies tortueuses pour tromper le pro-
chain; mais ses artifices sont decouverts, et
il est la premiere vi(flime.
10. Sens : personne ne connait mieux que
nous notre peine ou notre joie. Le xwaiqiwd
dans la Vulg. trouble le sens.
12. Telle voie :\7i\o\& des hommes ^loi-
gnes de Dieu, qui toute leur vie poursuivent
les richesses, les honneurs et les plaisirs.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XIV, 4—28.
329
labia autem sapientium custodiunt
eos. 4. Ubi non sunt boves, praesepe
vacuum est : ubi autem plurimas
segetes, ibi manifesta est fortitude
bovis. 5. Testis fidelis non menti-
tur : profert autem mendacium do-
losus testis. 6. Quasrit derisor sapien-
tiam, et non invenit : doctrinapru-
dentium facilis. 7. Vade contra
virum stultum, et nescit labia pru-
dentias. 8. Sapientia callidi est intel-
ligere viam suam : et imprudentia
stultorum errans, g. Stultus ilJudet
peccatum,et inter justos morabitur
gratia. 10. Cor quod novit amari-
tudinem animae suas, in gaudio ejus
non miscebitur extraneus. 11. Do-
mus impiorum delebitur : taberna-
cula vero justorum germinabunt.
12. Est via, quas videtur homini
justa : novissima autem ejus dedu-
cunt ad mortem. 13. Risus dolore
miscebitur, et extremagaudii luctus
occupat. 14. Viis suis replebitur
stultus, et super eum erit vir bonus.
15. Innocens credit omni verbo :
astutusconsiderat gressussuos. Filio
doloso nihil erit boni : servo autem
sapienti prosperi erunt actus, et di-
rigetur via ejus. 16. Sapiens timet,
et declinata malo : stultus transilit,
etconfidit. ly.Impatiens operabitur
stultitiam : et vir versutus odiosus
est. 18. Possidebunt parvuli stulti-
tiam, et exspectabunt astuti scien-
tiam. 1 9. Jacebunt mali ante bonos :
et impii ante portas justorum.
20. Etiam proximo suo pauper
odiosus erit : amici vero divitum
multi. 21. Qui despicit proximum
suum, peccat : qui autem miseretur
pauperis, beatus erit. Qui credit in
Domino, misericordiam diligit.
22. Errant qui operantur malum :
misericordia et Veritas prasparant
bona. 23. In omni opere erit abun-
dantia : ubi autem verba sunt plu-
rima, ibi frequenter egestas. 24. Co-
rona sapientium, divitias eorum :
fatuitas stultorum, imprudentia.
25. Liberat animas testis fidelis : et
profert mendacia versipellis. 26. In
timore Domini fiducia fortitudinis,
et filiis ejus erit spes. 27. Timor
Domini fons vitas, ut declinent a
ruina mortis. 28. In multitudine
populi dignitas regis : et in pauci-
tate plebis ignominia principis.
13. Aucune joie de la terre n'est sans me-
lange ni durable.
14. L'l'mpte, litt. k ccviir qtci se detoiirne
de Dieu, sera rassasic, recueillera jusqu'^
satiete les fruits de sa conduite. La Vulg.
traduit le 2^ membre : ct Vhomme de Men
sera au-dessus de lui.
15. L'/iomiiie simple, sans experience et
sans reflexion.
La Vulg. ajoute : il 7i\irrivcra rien de
bon ait fils ironipeiiry mats le servitetir sage
prosperera dans ses entreprises et reiissita.
Les LXX avaient place ces mots xiii, 13.
16. En langage du Nouv. Testament le
sage "fait son salut avec crainte et trem-
blement. " — S^emporie, passe les bornes,
se jette hors du devoir, et garde une fausse
securite.
I'j.Le ;«rt//aV«.r quijdissimulant sa colere,
prepare en silence la vengeance.
18. Les simples : comp. vers. 1 5. La Vulg.
traduit le 2^ membre : et les habiles atten-
dront la science.
19. Tot ou tard les mediants devront s'in-
c liner ou se cotirber devant les bans. L'image
parait empruntee a un usage de I'antiquitc ;
les prisonniers etaient etendus et enchaines
^ la porte de leurs vainqueurs.
20. Est odieux, n'est I'objet d'aucune affec-
tion, d'aucun egard : enonce d'un fait com-
mun a toute I'antiquite : le christianisme
seul a releve la dignitd du pauvre.
21. Ot(i nieprise, qui garde dans son cceur
des sentiments de mepris.
La Vulgate ajoute : celi/i qtci croit an Sei-
gneur aime la inisericoj'de.
22. La misericorde gratuite et la fidelite
dans les promesses, deux attributs divins
dont Fhomme est surtout I'objet : comp. Ps.
Ix, 8. — Vulg., la misericorde et la verite,
vertus humaines, procurent le bonhenr a qui
les pratique.
23. Les paroles en Pair, litt. des levres;
Vulg., 7iombrenses.
24. Sens : la richesse est un ornement
pour le sage, qui saiten faire un bon emploi;
mais elle n'empeche pas I'insense d'etre in-
sense.
25. Mais ceh/i, etc.; ou bien avec la Vulg.,
mais Vastucieiix profire le mensonge.
27. Comp. xiii, 14.
28. La rtdnej Vulg. , la hontc.
330 LIVRE DES PROVERP.ES. Chap. XIV, 29-35: XV, i — 21.
29 Celui qui est lent h. la colore a une grande intelligence;
Mais celui qui est prompt ;\ s'emporter public sa folie.
30 Un coeur tranquille est la vie du corps,
Mais I'envie est la carie des os.
31 Celui qui opprime le pauvre outrage celui qui I'a fait;
Mais il I'honore celui qui a pitie de I'indigent.
32 Par sa propre malice le mechant est renverse;
Jusque dans sa mort le juste a confiance.
33 Dans le cceur de I'homme intelligent repose la sagesse,
Et au milieu des insenses on la reconnait.
34 La justice eleve une nation,
Mais le peche est I'opprobre des peuples.
35 La faveur du roi est pour le serviteur intelligent,
Et sa colere pour celui qui fait honte.
CHAP. XV. — Parallele entre rhomme pieux et Ic mechant (suite).
Ch. XV,
10
NE reponse douce calme la fureur,
Mais une parole dure excite la colere.
2 La langue des sages rend la science aimable;
De la bouche des insenses ddborde la folie.
3 Les yeux de Jehovah sont en tout lieu,
Observant les me'chants et les bons.
4 La parole douce est un arbre de vie,
Mais la langue perverse brise le coeur.
5 L'insense meprise I'instrucflion de son pere,
Mais celui qui profite de la reprimande devient plus sage.
6 11 y a abondance dans la maison du juste,
Mais il y a du trouble dans les gains du mdchant.
7 Les levres du sage repandent la science,
Mais non le coeur de l'insense.
8 Le sacrifice des mechants est en horreur a Jehovah,
Mais la priere des hommes droits lui plait.
9 La voie du mechant est en abomination a Jehovah,
Mais il aime celui qui poursuit la justice.
Une correcftion severe frappe celui qui abandonne le sentier;
Celui qui hait la re'primande mourra.
11 Le sejour des morts et I'abime sont tr nii devant Jehovah :
Combien plus les coeurs des enfants des hommes!
12 Le moqueur n'aime pas qu'on le reprenne,
II ne va pas vers le sage.
13 Un coeur joyeux rend le visage serein,
Mais quand le coeur est triste, I'esprit est abattu.
14 Le coeur intelligent cherche la science,
Mais la bouche des insenses se repait de folie.
15 Tons les jours de Taffligd sont mauvais,
Mais le coeur content est un festin perpetual.
16 Mieux vaut peu avec la crainte de Jehovah,
Qu'un grand tresor avec le trouble.
17 Mieux vaut des legumes avec de I'afTecflion,
Qu'un boeuf gras avec de la haine.
18 L'homme violent excite des querelles,
Mais le patient apaise les disputes.
19 Le chemin du paresseux est comme une haie d'epines,
Mais le sentier des hommes droits est aplani.
30 Un fils sage fait la joie de son pore,
Et l'insense meprise sa mere.
21 La folie est une joie pour l'homme depourvu de sens,
Mais un homme intelligent va le droit chemin.
29. Met en nvant ; d'autres, a pour sa part,
n'emporte que la folie : comp. iii, 35.
30. Un cceiir calme (Vulg. sain), paisible,
que n'agite pas la passion de I'envie.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XIV, 29—35
XV, I— 21.
331
17. 5-
Infra 2:
29. Qui patiens est, multa guberna-
tur prudentia ; qui autem impatiens
est, exaltat stultitiam suam. 30. Vita
carnium, sanitas cordis : putredo
ossium, invidia. 31. 'Qui calumnia-
tur egentem, exprobrat factori ejus :
honorat autem eum, qui miseretur
pauperis. 32. In malitia sua expel-
letur impius : sperat autem Justus
in morte sua. 33. In corde pruden-
tis requiescit sapientia, et indoctos
quosque erudiet. 34. Justitia elevat
gentem : miseros autem facit popu-
los peccatum. 2S- Acceptus est regi
minister intelligens : iracundiam
ejus inutilis sustinebit.
— :i:— CAPUT XV. — :>—
Responsio mollis : lingua sapientis, et im-
moderata, fortitudo domus justi : vi6limie
impiorum ingratte : omnia Deo nota : cor
gaudensidies pauperis mali :secura mens :
vocari ad olera : vir iracundus : et rixo-
sus : laus patientis : iter pigrorum : do-
mus superborum : fide et misericordia
purgantur peccata : de abjiciente discipli-
nam : laus timoris Domini et humilitatis.
ESPONSIO mollis fran-
git iram : 'sermo durus
suscitat furorem. 2. Lin-
gua sapientium ornat
scientiam : os fatuorum ebullit stul-
titiam. 3. In omni loco oculi Do-
mini contemplantur bonos et malos.
4. Lingua placabilis, lignum vitas :
quas autem immoderata est, conte-
ret spiritum. 5. Stultus irridet disci-
plinam patris sui : qui autem cu-
stodit increpationes, astutior fiet.
In abundanti justiti avirtus maxima
est : cogitationes autem impiorum
eradicabuntur. 6. Domus justi plu-
rima fortitudo : et in fructibus im-
pii conturbatio. 7. Labia sapientium
disseminabunt scientiam : cor stul-
torum dissimile erit. 8. ^Victimae
impiorum abominabiles Domino :
vota justorum placabilia : 9. Abo-
minatio est Domino via impii : qui
sequitur justitiam, diligitur ab eo.
10. Doctrina mala deserenti viam
vitae : qui increpationes odit, morie-
tur, II. Infernus, et perditio coram
Domino : quanto magis corda filio-
rum hominum.? 12. Non amat pe-
stilens eum, qui se corripit : nee ad
sapientes graditur. 1 3. "Cor gaudens
exhilarat faciem : in moerore animi
dejicitur spiritus. 14. Cor sapientis
qua^rit doctrinam : et os stultorum
pascitur imperitia. 15. Omnes dies
pauperis, mali : secura mens quasi
juge convivium. 16. Melius est pa-
rum cum timore Domini, quam the-
sauri magni et insatiabiles. 17. Me-
lius est vocari ad olera cum cari-
tate : quam ad vitulum saginatum
cum odio. 18. Vir iracundus pro-
vocat rixas : qui patiens est, mitigat
suscitatas. 19. Iter pigrorum quasi
sepes spinarum : via justorum abs-
que offendiculo. 20. Filius sapiens
lastificat patrem : et stultus homo
despicit matrem suam. 21. Stultitia
33. Vulg., e^ elle insirtiira ions les igno-
7-atits.
34. La justice, ^zxi?> le sens le plus large de
ce mot, qui comprend toutes les vertus indi-
viduelles et sociales. — Est Vopprobre dcs
■peuplesj Vulg,, re7id les peuplcs viiserablcs.
35. Potir celui q id fait hoiite, qui se con-
duit mal. Vulg., pour le serviieur inutile.
CHAP, XV.
i.Dure, \\t\.. blessante ,ca.\\sa.ni du chagrin.
4. Brise, blesse I'ame du prochain.
5. La Vulg. ajoute d'apres les LXX :
dans une justice abondante se ttotive tine
grande force, mats les conseils des nie chants
seront deracines.
10. I.e sen tier de la piete et de la vertu.
11. L!abhne,\^. partie la plus profonde du
scheol ou sejour des morts.
12. Le moqueurj Vulg. le corronipu.
13. Abattu (Vulg.), litt. b7-ise.
16. Le trouble, ici, le defaut de contente-
ment. Thesauri insatiabiles, dans la Vulg.,
signifie des tresors dont on ne se contente
pas.
19. Le cheiiiin du paresseux est presente
comme entoure d'epines, parce que le pa-
resseux trouve tout difficile, qu'il voit par-
tout des obstacles et des difficultes, des
pretextes a ne pas avancer, a ne rien faire.
20. Comp. X, I.
21. La folic pratique, qui meconnait et
abandonne la voie du Seigneur, parait la
sagesse meme ^ I'insense.
* Infra 21,
27. Eccli.
34. 21.
' Infra 17,
22.
332 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XV, 22—33; XVI, 1—5.
22 Les projets ^chouent faute de deliberation,
Mais ils reussisseut quand il y a de nonibreux conseillers.
23 L'homme a de la joie pour une bonne reponse de sa bouche,
Et combien est agreable une parole dite a propos !
24 Le sage suit un sentier de vie qui mene en haut,
Pour se detourner du sejour des morts qui est en bas.
25 Jehovah renverse la maison des orgueilleux,
Mais il afifermit les bornes de la veuve.
26 Les pensees mauvaises sont en horreur a Jehovah,
Mais les paroles bienveillantes sont pures a ses yeux.
27 Celui qui est apre au gain trouble sa maison,
Mais celui qui hait les presents vivra.
28 Le coeur du juste medite ce qu'il doit repondre,
Mais le mal jaillit de la bouche des mechants.
29 Jehovah s'eloigne des mechants,
Mais il ecoute la priere des justes.
30 Un regard bienveillant rejouit le cceur;
Une bonne nouvelle engraisse les os.
31 L'oreille qui ecoute les reprimandes salutaires
A sa demeure parmi les sages.
32 Celui qui rejette la corre(flion meprise son ame,
Mais celui qui ecoute la reprimande acquiert la sagesse.
33 La crainte de Jehovah est I'ecole de la sagesse,
Et I'humilite precede la gloire.
Ch. XVL
SECTION II. — Exhortation a servir Dieu par la pratique
des vertus [CH. XVI, i - XXII, 16].
CHAP. XVI. — Confiance en Dieu, qui gouvcrnc le monde.
L'homme de former des projets dans son cceur,
Mais la reponse de la langue vient de Jehovah.
2 Toutes les voies de Thomme sont pures a ses yeux,
Mais Jehovah pese les esprits.
3 Recommande tes oeuvres ;\ Jehovah,
Et tes projets reussiront.
4 Jehovah a tout fait pour son but,
Et le m^chant lui-meme pour le jour du malheur.
5 Tout coeur hautain est en abomination h. Jehovah;
Surement, il ne sera pas impuni.
24. Nous voyons ici, ncttement formulee,
I'indication d'un sejour superieur reserve
aux justes; le scheol ou sdjour des morts,
commence a paraitre comme le lieu destine
aux mechants. Comp. Mattli. vii, 13 sv., les
deux voies dont I'une conduit .^ la vie et
I'autre k la perdition.
Vulg., Ic sentier de la vie est an-dess?/s de
VJiomnie ijistrnit, pour lui faire ei'iter le
profond nbhne dn scheol.
25. // afflnnit, etc. Sens : il protege les
humbles el les faibles.
26. Les pensees vimivnises, inspirees par
la haine et le desir de nuire au prochain.
Les mots firniabiiur ab eo sont une addition
de la Vulgate.
27. Les presents, non pas ceux qui sont
un tdmoignage et comme un ^change d'ami-
ti^, mais ceux que convoite et qu'exige la
cupidite pour une faveur obtenue ou un ser-
vice rendu, meme injustement.
La Vulg. ajoute : par la misericorde et la
foi ofi lave les peches, et par la crainte du
Seigneitr on se detot/rne dit mal : variante
du vers. 6 du chap, suivant.
28. Le vial jaillit naturellement et sans
reflexion, comme I'eau d'une source.
30. Un regard bienveillant, litt. la lu-
niiere des yeux : elle suppose la joie et
la bont(5, comme un regard sombre est
un indice de haine et de mauvais des-
seins. — Une bonne nouvelle, une bonne
parole en general, enofaisse les os, encou-
rage et affermit.
31. L'oreille pour l'homme qui ecoute, etc.
32. La sagesse : c'est le ^ens de cordis
dans la \'ulg., le coeur etant pour les He-
breux le siege de la sagesse.
IJBER PROVERBIORUM. Cap. XV, 22—33; XVI, 1—5. 333
gaudium stulto : et vir prudens di-
rigit gressus suos. 22. Dissipantur
cogitationes ubi non est consilium :
ubi vero sunt plures consiliarii, con-
firmantur. 23. Lastatur homo in
sententia oris sui : et sermo oppor-
tunus est optimus. 24. Semita vitas
super eruditum, ut declinet de in-
ferno novissimo. 25. Domum super-
borum demolietur Dominus : et fir-
mos faciet terminos viduas. 26. Abo-
minatio Domini cogitationes malae :
et purus sermo pulcherrimus firma-
bitur ab eo. 27. Conturbat domum
suam qui sectatur avaritiam : qui
autem odit munera, vivet. ''Per mi-
sericordiam et fidem purgantur pec-
cata : per timorem autem Domini
declinat omnis a malo. 28. Mens
justi meditatur obedientiam : os im-
piorum redundat malis. 29. Longe
est Dominus ab impiis: et orationes
justorum exaudiet. 30. Lux oculo-
rum lastificat animam : fama bona
impinguat ossa. 3 i, Auris, quae au-
dit increpationes vitas, in medio sa-
pientium commorabitur. 32. Qui
abjicit disciplinam, despicit animam
suam : qui autem acquiescit incre-
pationibus, possessor est cordis.
33. Timor Domini, disciplina sa-
pientias : et gloriam prascedit humi-
litas.
— :;:— CAPUT XVI. —:;:—.
Homo animam pneparat, Deus spiritiuim
ponderator, linguam viasque hominum
dirigit, omnia propter seipsum operant,
cui abominatio est omnis arrogans : mi-
sericordia redimuntur peccata : pondus
et statera Dei judicia : indignatio et de-
mentia regis : laus sapientite, prudentiic,
eruditi, ac dulcis in verbo, et patientis :
vituperatur insipiens et perversus : sortes
a Domino temperantur.
OMINIS est animam pras-
parare : et Domini guber-
nare Jinguam. 2. "Omnes
vias hominis patent oculis
ejus : spirituum ponderator est Do-
minus. 3. Revela Domino opera
tua, et dirigentur cogitationes tuas.
4. Universa propter semetipsum
operatus est Dominus : impium
quoque ad diem malum. 5. Abomi-
natio Domini est omnis arrogans :
etiam si manus ad manum fuerit,
non est innocens. Initium vias bo-
nas, facere justitiam : accepta est
autem apud Deum magis, quam
■^ Infra 20,
24 et 21, 2.
_ij. La crainte dc Jehovah correspond a
VhiDiiilite dans le 2^ membre, et la sagesse
a la q/oirc.
CHAP. XVI.
1. Agiter des pensees dans son coeur,
voila tout ce que I'homme peut faire; c'est
Dieu qui met sur la langue la reponse,
c.-a-d. I'expression juste et vraie du meilleur
parti a prendre. Vulg. : a I'houiine de pre-
parer son lime, el a Dieu de gouverner la
langue.
2. Jehovah pese les esprits, scrute les in-
tentions les plus secretes, et par consequent
peut seul apprecier la valeur morale des
a6lions humaines. Vulg. : toutes les voies de
Vhoinme, probablement ses a(5\ions exte-
rieures, sont manifestes a ses yeux.
3. Recommande a, litt. roule {volve, h^br.
gol) sur ou 7'ers Jehovah. Vulg. expose
(hebr. gal).
4. Pour son but (hebr. latnaanehou), pour
la fin qu'il s'est proposee dans son eternelle
sagesse. D'autres, pour le but ou la fin de
chaque chose. Vulg., pour lui-meine (comme
s'il y avait en hebr le//iaanou), ce qui pre-
cise le but dont parle I'hebreu. Syr. et
ChdiXd., pour ceux qui ltd obeissent. LXX :
toutes les ccuvres du Seigneur sont avec jus-
tice, conformes a la justice, et Viinpie est
re'serve' pour le jour mauvais. La legon de
I'hebreu acfluel est celle qui s'accorde le
mieux avec le parallelisme. — Pour le jour
mauvais en general. L'espece de chatiment
n'est pas specifiee. En admettant qu'il
s'agisse du jugement final et du chatiment
eternel, il va de soi que le mechant n'y
est destine qu'en vue et a raison de sa
mechancete et de ses crimes. Pensee : il
entre dans le plan de Dieu que I'homme
soit libre, qu'il puisse abuser de sa liber-
te et que, s'il en abuse et fait le mal lors-
c[u'il pouvait avec la grdce faire le bien, il
soit puni.
5. Suremeiit, litt. la main sur la main :
formule de serment, comme xi, 21. La Vulg.
ajoute d'apres les LXX : le commencement
de la bonne voie, c'est de pratiquer la jus-
tice (d'obeir a la loi divine), laquelle est plus
agreable a Dieu que les vidimes offertes en
sacrifice.
334 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XVI, 6—33.
6 Par la bonte el la fidelite on expie I'iniquite,
Et par la crainte de Jehovah on se detourne du mal.
7 Quand Jehovah a pour agreables les voies d'un homme,
II reconcilie avec lui ses ennemis memes.
8 Mieux vaut peu avec la justice,
(.)ue de grands revenus avec I'injustice.
9 Le c(uur de rhomme niedite sa voie,
Mais c'est Jehovah qui dirige ses pas.
10 Des oracles sont sur les levres du roi;
Que sa bouche ne viole pas la justice quand il juge !
1 1 La balance et les plateaux justes sont de Jehovah,
Tous les poids du sac sont son ouvrage.
12 C'est une abomination pour les rois de faire le mal,
Car c'est par la justice que le trone s'affermit.
13 Les levres justes jouissent de la faveur des rois,
Et ils aiment celui qui parle avec droiture.
14 La fureur du roi est un messager de mort,
Mais un homme sage I'apaise.
1 5 La serenite du visage du roi donne la vie,
Et sa faveur est comme la pluie du printemps.
16 Acquerir la sagesse vaut bien mieux que I'or;
Acquerir I'intelligence est bien preferable h. I'argent.
17 Le grand chemin des hommes droits, c'est d'eviter le mal;
Celui-la garde son ame qui veille sur sa voie.
18 L'arrogance precede la ruine,
Et I'orgueil precede la chute.
19 Mieux vaut etre humble avec les petits
Oue de partager le butin avec les orgueilleux.
20 Celui qui comprend les choses trouve le bonheur,
Et celui qui se confie en Jehovah est heureux.
21 Celui qui est sage de coeur est appele intelligent,
Et la douceur des levres augmente le savoir.
22 La sagesse est une source de vie pour celui qui la possede,
Et le chatiment de I'insense, c'est sa folic.
23 Le cceur du sage donne la sagesse a sa bouche,
Et sur ses levres s'accroit le savoir.
24 Les bonnes paroles sont un rayon de miel,
Douces a I'ame et salutaires au corps.
25 Telle voie parait droite a un homme,
Mais son issue aboutit a la mort.
26 Le travailleur travaille pour lui.
Car sa bouche I'y excite.
27 L'homme pervers prepare le malheur,
Et il y a sur ses levres comme un feu ardent.
28 L'homme faux excite des querelles,
Et le rapporteur divise les amis.
29 L'homme violent seduit son prochain,
Et le conduit dans une voie qui n'est pas bonne.
30 Celui qui ferme les yeux pour mediter la tromperie,
Celui cjui se mord les levres, est en train de commettre le mal.
31 Les cheveux blancs sont une couronne d'honneur;
C'est dans le chemin de la justice qu'on la trouve.
32 Celui qui est lent <\ la colere vaut mieux qu'un heros; 1
Et celui qui est maitre de lui-meme, que le guerrier qui prend des villes.
33 On jette les sorts dans le pan de la robe,
Mais c'est Jehovah qui decide.
6. Comp. XV, 27. que celui-ci se garde bien de rendre une
8. Comp. XV, 15; Ps. xxxvii, 16. decision, ou de porter une loi injuste.
9. Sens : l'homme propose et Dieu dis- 11. Sofii de /tf/iova/i, sont choses sacrets,
pose. d'institution divine. — Les poids, litti les
10. Sens : puisque le peuple regarde et piertes, que les marchands portaient dans
rec^oit comme un oracle la parole du roi, de petits sacs pour peser. La Vulg. traduit
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XVI, 6—33.
335
jpra 15, immolare hostias. 6. ^Misericordia
et veritate redimitur iniquitas : et
in timore Domini declinaturamalo.
7. Cum placuerint Domino vias ho-
minis, inimicos quoque ejus conver-
tet ad pacem. 8. Melius est parum
cum justitia, quam multi fructus
cum iniquitate. 9. Cor hominis dis-
ponit viam suam : sed Domini est
dirigere gressus ejus. 10. Divinatio
in labiis regis, in judicio non errabit
OS ejus. 1 1. Pondus et statera judi-
cia Domini sunt : et opera ejus om-
nes lapiides sacculi. 12. Abominabi-
les regi qui agunt impie : quoniam
justitia firmatur solium. 13. Volun-
tas regum labia justa : qui recta lo-
quitur, diligetur : 14. Indignatio
regis, nuntii mortis : et vir sapiens
placabit eam. 15. In hilaritate vul-
tus regis, vita : et dementia ejus
quasi imber serotinus. 16. Posside
sapientiam, quia auro melior est :
et acquire prudentiam, quia pretio-
sior est argento. 17. Semita justo-
rum declinat mala : custos animas
suas servat viam suam. 18. Contri-
tionem praecedit superbia : et ante
ruinam exaltatur spiritus. 19. Me-
lius est humiliari cum mitibus,
quam dividere spolia cum superbis.
20. Eruditus in verbo reperiet bo-
na : et qui sperat in Domino, beatus
est. 21. Qui sapiens est corde, ap-
pellabitur prudens : et qui dulcis
eloquio, majora percipiet. 22. Fons
vitae eruditio possidentis : doctrina
stultorum, fatuitas. 23. Cor sapien-
tis erudiet os ejus : et labiis ejus ad-
det gratiam. 24. ^ Fay us mellis, com- <^supra 15,
posita verba : dulcedo animas, sani- 's-infraiz.
tas ossium. 25. Est via, quas videtur
homini recta : et novissima ejus du-
cunt ad mortem. 26. Anima labo-
rantis laborat sibi, quia compulit
eum OS suum : 27. vir impius fodit
malum, et in labiis ejus ignis arde-
scit. 28. Homo perversus suscitat
lites : et verbosus separat principes.
29. Vir iniquus lactat amicum suum:
et ducit eum per viam non bonam.
30. Qui attonitis oculis cogitat pra-
va, mordens labia sua perficit ma-
lum. 31. Corona dignitatis sene-
ctus, quas in viis justitias reperietur.
32. Melior est patiens viro forti : et
qui dominatur animo sue, expugna-
tore urbium. ^t^. Sortes mittuntur
le ler membre : /e poids et la balance sont
desjt/gements de Dieu.
12, C'est une abomination, etc. Sens :
faire le mal, s'elever despotiquement au-
dessus des lois, est chose abominable dans
iin roi; ou bien : I'injustice commise par
leurs sujets est chose abominable aux yeux
du roi, car, etc.
14. Cet homme sage, ce sera celui contre
lequel le roi est irrite, ou tout autre sage, ou
enfin, selon plusieurs, le roi lui-meme.
15. La serenite, litt. la lumiere : comp.
XV, 30. — La pluie du priiitemps, celle qui
tombe en mars ou avril pour faire murir les
recoltes.
18. Ce verset complete la pensee de xv,33.
21. Est appele et est en effet un homme
intelligent ; mais il y a un don qui releve
encore la valeur de cette intelligence en ce
qu'elle lui fait porter des fruits pour les
autres, c'est la douceur des levres, dulcedo
orationis, comme parle Ciceron.
22. Le sage trouve sa recompense dans
sa sagesse, I'insense son chatiment dans sa
sottise. Son c/idtiment, litt. la discipline ou
la corredion : c'est le sens de dodrina dans
la Vulg.
24. Pour le corps, litt. pour les os. La
Vulg. fait du second membre une phrase
distin(fte : la douceur dc I'dme est la sante
des OS.
25. Repetition de xiv, 12.
26. Ce proverbe fait ressortir la sagesse
de la Providence qui a mis une relation ne-
cessaire entre le travail et le besoin de nour-
riture; celui-ci est I'aiguillon de celui-la.
Dans la condamnation qui oblige I'homme
ci manger son pain a la sueur de son front,
il y aussi une benediction.
27. Prepare, litt. creuse le mallieur, une
fosse pour y faire tomber les autres, et oil il
tombe lui-meme {Ps. \ii, 16). — Sur ses
levres, etc. : ses paroles sont un feu devo-
rant qui ravage et detruit.
28. La Vulg. traduit le 2"= membre : et le
grand parler divise les puissants.
29. Seduit son prochain, I'attire par des
paroles trompeuses dans un endroit ^carte
oil il pourra le d^pouiller ou le tuer.
30. Fermer les yeux, se mordre les levres :
signes auxquels on reconnait le m^chant et
qui semblent dire : prenez garde!
33. Les sorts, petits cailloux varies de
forme ou de couleur, ou marques de signes
336
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XVII, i— 21.
Chap.
XVII.
CHAP. XVII. — Frugalite et amour de la paix.
leux vaut un morceau de pain sec avec la paix,
Qu'une maison pleine de viandes avec la discorde.
2 Un serviteur prudent remporte sur le fils qui fait honte,
Et ii partagera I'heritage avec les freres.
3 Le creuset eprouve I'argent et le fourneau I'or;
Celui qui eprouve les coeurs, c'est le Seigneur.
4 Le mechant ecoute la levre inique,
Le menteur prete I'oreille a la mauvaise langue.
5 Celui qui se moque du pauvre outrage celui qui I'a fait;
Celui qui se rejouit d'un malheur ne restera pas impuni.
6 Les enfants des enfants sont la couronne des vieillards,
Et les peres sont la gloire de leurs enfants.
7 Des paroles distinguees ne conviennent pas a I'insense;
Mais bien moins a un noble les paroles mensongeres !
8 C'est un joyau que le present pour qui le rei^oit ;
Partout oil il arrive, il a du succes.
9 Celui qui couvre une faute cherche I'aniitie,
Et celui qui la rappelle divise les amis.
10 Une reprimande fait plus d'impression sur I'homme intelligent
Que cent coups sur I'insense.
1 1 Le rebelle ne cherche que le mal,
Mais un messager cruel sera envoye contre lui.
12 Mieux vaut rencontrer une ourse privee de ses petits
Qu'un insense pendant sa folie.
13 Celui qui rend le mal pour le bien
Ne verra jamais le malheur quitter sa maison.
14 C'est ouvrir une digue que de commencer une querelle;
Avant que la dispute s'allume retire toi.
15 Celui qui absout le coupable et celui qui condamne le juste
Sont lous deux en abomination a Jehovah.
16 A quoi sert I'argent dans la main de rinsense.?
A acheter la sagesse? il n'a pas de sens pour le /aire,
17 L'ami aimeen tout temps;
Dans le malheur il devient un frere.
18 L'homme sans intelligence prend des engagements,
II se fait caution pour son prochain.
1 9 Celui cjui aime les querelles aime le peche;
Celui qui eleve sa parole cherche sa ruine.
20 Un cceur faux ne trouve pas le bonheur,
Et la langue perverse tombe dans le malheur.
21 Celui qui donne naissance k un insense en aura du chagrin;
Le pere d'un fou ne sera pas joyeux.
differents. On les mettait dans un pli du
manteau, et les tirait I'un apres I'autre, ou
bien on secouait le pan du manteau pour
les faire sortir.
CHAP. XVII.
1. Pain sec : les Juifs avaienl coutume,
avant de manger le pain, de le trempcr dans
un liquide pour en relever la saveur. Comp.
/eafi, xiii, 26. — De viandes de viiflimes.
Dans les sacrifices pacifiques, une partie
considerable de la vidlime revenait a I'of-
frant, et etait mangee dans un repas sacre
oil, sous I'excitation du vin, pouvaient s'in-
troduire des querelles.
2. Un serviteuf (c'ctait alors un esclave)
pnidt'/if,']oy\\%S2i\\i de la faveur de son maitre.
est richemcnt recompense par ce dernier de
son vivant, et, apres sa mort, peut avoir
avec les fils sa part de I'heritage. Comp.
Gen. XV, 2 sv.
3. Eprouve les caurs (Ps. vii, 10; I Pier.
I, 5), sonde leur qualite, leur nature bonne
ou mauvaise.
8. Sens : Un present est toujours bien
accueilli; quelque part qu'on I'envoie, il ou-
vrira les portes et les cueurs.
La Vulgate traduit le i^r niembre : I'al-
tetite dUai present est dejii tin Joyau ires
precieux.
9. Cherche Vaniitie ou Pan/our, cherche a
I'exercer; ou bien : cherche Tamitie entre
les autres, entretient la concorde et la paix.
10. Cent coups : la loi n'autorisait que
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XVII, i— 21.
337
in sinum, sed a Domino tempe-
rantur.
^ :tg M M 'M 'i^: M M 'M 'M :<?>: :<?>: :<y :<^ ^. 's^ :'»: M w. ^:^
— :;:— CAPUT XVII. —^^
Buccella sicca cum gaudio : servus sapiens :
Dominus corda probat : despiciens pau-
perem : gaudens de alterius ruina : co-
rona senum : celans delictum : fatuus in
stultitia confidens : stulto inutiles divitiai :
altam faciens domum suam : omni tem-
pore diligit amicus : animus gaudens, et
spiritus tristis : stultus tacens.
ELIOR est buccella sicca
cum gaudio, quam domus
plena victimis cum jurgio.
2. 'Servus sapiens domi-
nabitur filiis stultis, et inter fratres
hereditatem dividet. 3, Sicut igne
probatur argentum, et aurum ca-
mino : ita corda probat Dominus.
4. Malus obedit linguae iniquas : et
fallax obtemperat labiis mendaci-
bus. 5. *Qui despicit pauperem, ex-
probrat factori ejus : et qui ruina
lastatur alterius, non erit impunitus.
6. Corona senum filii filiorum : et
gloria filiorum patreseorum. 7. Non
decent stultum verba composita :
nee principem labium mentiens.
8. Gemma gratissima, exspectatio
prasstolantis : quocumque se vertit,
prudenter intelligit. 9. Qui celat
delictum, quaerit amicitias : qui al-
tero sermone repetit, separat foede-
ratos. 10. Plus proficit correptio
apud prudentem, quam centum pla-
gas apud stultum. 1 1. Semper jurgia
quaerit malus : angelus autem cru-
delis mittetur contra eum. 12, Ex-
pedit magis urs« occurrere raptis
foetibus, quam fatuo confidenti in
stultitia sua. 13. Qui reddit mala '^Rom. 12,
pro bonis, non recedet malum de i7-iThess.
S • ' ^ . ,. . . 5,15.1 Petr.
domo ejus, 14. (Jui dmiittit aquam, 3, g.
caput est jurgiorum : et antequam
patiatur contumeliam, judicium de-
serit, 15. '^Qui justificat impium, et '^u a. 23.
qui condemnat justum, abominabi-
lis est uterque apud Deum. 1 6. Quid
prodest stulto habere divitias, cum
sapientiam emere non possit? Qui
altam facit domum suam, quaerit
ruinam : et qui evitat discere, inci-
det in mala. 17. Omni tempore dili-
git qui amicus est : et frater in an-
gustiis comprobatur. 18. Stultus
homo plaudet manibus cum spo-
ponderit pro amico suo. 19. Qui
meditatur discordias, diligit rixas :
et qui exaltat ostium, quaerit rui-
nam. 20. Qui perversi cordis est,
non inveniet bonum : et qui vertit
linguam, incidet in malum. 21. Na-
tus est stultus in ignominiam suam :
sed nee pater in fatuo laetabitur.
quarante coups de verges; meme cent coups
seraient sans efifet pour corriger I'insense.
II. Le rebelle, etc. Ce proverbe exprime
le respe(n,de I'Orientpour la souveraine au-
torite du roi. Le messager cruel &s\. I'officier
charge de reduire et de chatier la revoke.
D'autres avec la Vulg.traduisent le i«'' mem-
bre : le inecliant lie cherche que revolte.
14. Ouvrir une digue; litt. laisser s'^ecoic-
ler Peau par la digue : I'image est emprun-
tee a ces grands reservoirs soigneusement
entretenus en Orient pour I'alimentation des
villas. Qu'une tissure s'y produise, I'eau s'y
infiltre, I'agrandit peu a peu et bientot
s'echappe par torrents : ainsi une querelle,
l^gere au debut et causee par un motif fu-
tile, amene souvent les plus grands exces.
— Avant que la dispute s'allume, litt. avatit
qu^on se montre les dents.
Vulgate : laisser couler Peau, c'est occa-
sionner des querelles, et abandonner la jus-
tice avant ineine d'avoir souffert Vinjure.
Le i^'' membre se ramenerait au sens de
I'hebreu en sous-entendant sicut.
16. Pour acquerir la sagesse, ii faut avant
tout avoir du bon sens, de I'intelligence (litt.
du cceur).
La Vulg. ajoute : celui qui clcve bien liaut
sa inaisoii cherche la ruine, et celui qui ne'-
glige d'apprendre {cQiiQ legon d'humilite.'')
toinbera dans le nialheur. Comp. vers. 19.
17. Un ami devient, litt. /niit, est engendre
frere, redouble d'affedlion pourvous lorsque
vous etes dans I'adversite.
18. Comp. vi, 1-5. Prend des ejigagefnents,
Yxii.frappe (dans) la main. Vu\g.,frappe des
mains, s'applaudit des sottises qu'il fait.
19. Eleve sa porte, se batit une maison
elevee.
20. La langue perverse J litt. celui qui se
retire avec sa langue., qui dit tantot une
chose, tantot une autre.
i\0 2J •
LA SAINTE BIDLE. TOME IV. — 22
338 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XVII, 22—28; XVIII, i — 14.
22 Uii coeur joyeux est un excellent remede;
Un esprit abattu desscche les os.
2"? Le mechant regoit des presents caches dans Ic pli du manteau,
Pour pervertir les sentiers de la justice.
24 L'homme intelligent a la face tournee vers la sagesse,
Mais les yeux de I'insense sont a I'extremite de la terre.
25 Un tils insense fait le chagrin de son pere,
Et I'amertume de sa mere.
26 II n'est pas bon de frapper le juste d'amende,
Ni de condamner les nobles a cause de leur droiture.
27 Celui qui contient ses paroles posscde la science,
Et celui qui est calme d'esprit est un homme d'intelligence.
28 L'insense lui-mcme, quand il se lait, passe pour sage,
Pour intelligent, quand il ferme ses levres.
CHAP. XVIII.
Caraftere accomipodant. Fidelite a ses amis
Autres v^ertus sociales.
Chap.
XVIII.
ELUI qui se tient a I'ecart ne cherche quVx coiitcntcr sa passion,
II s'irrite centre tout sage conseil.
2 Ce n'est pas I'intelligencc qui plait a Pinsense,
C'est la manifestation de ses pensees.
3 Quand vient le mechant, vient aussi le mepris,
Et avec la honte vient I'opprobre.
4 Les paroles de la bouche de l'homme sont des eaux profondes;
La source de la sagesse est un torrent qui deborde.
5 II n'est pas bon d'avoir egard a la personne du mdchant,
Pour faire tort au juste dans le jugement.
6 Les levres de I'insense se melent aux querelles,
Et sa bouche provoque les outrages.
7 La bouche de I'insensd cause sa ruine,
Et ses levres sont un piege pour son ame.
8 Les paroles du rapporteur sont des morceaux friands,
Elles descendent jusqu'au fond des entrailles.
9 Celui qui est lache dans son travail
Est frere de celui qui va a la perdition.
10 Le nom de Jehovah est une tour forte:
Le juste s'y refugie et il y est en siirete.
1 1 La fortune du riche est sa ville forte;
Dans sa pensee, c'est une muraille elevee.
12 Avant la ruine, le cceur de l'homme s'eleve,
Mais rhumilite precede la gloire.
13 Celui qui repond avant d'avoir ecoute
Montre sa folic et est digne de confusion.
14 L'esprit de l'homme le soutient dans la maladie,
Mais l'esprit abattu, qui le rel^vera?
22. Est un excellent remede, litt. tin bon
souldi^enienlj Vulg., rend la sante floris-
sante.
23. Presents cacJies dans le pli du man-
teau^ furtifs, donnas en secret.
24. Les yeux de I'insense s'Gga.xtx\\. a tous
les horizons. La \'ulg. tiaduit le \" mem-
bre : sur le visage de l'homme prudent brille
la sagesse.
25. Comp. vers. 21.
26. Leur droiture, ou leur justice (Matth.
V, 10. Comp. Rom. xiii, 4).
27. La Vulg. traduit le 2^ membre, et c'est
un prrcieux esprit ijue l'homme instruit.
28. Proverbe arabe : " Le silence est le
manteau de I'insense." La Bruyere : "II
n'y a que de I'avantage pour celui qui parle
peu : la presomption est qu'il a de l'esprit. "
CHAP. XVIII,
1. Celui (/ui se tie/it a I'ecart, qui se separe
des autres, ne le fait que poui satisfairc
quelque mauvais dessein. Vulg. : celui qui
veut se separer de son ami epie les occasions
(hebr. Ictheoanah, Jug. xiv, 4, au lieu de
lethaa7>ah) de rompre a\'ec lui : cette legon,
suivie par les LXX, pourrait bien ctre la
bonne.
2. Comp. I Cor. ii, 14. La Vulgate tra-
duit ; I'insense n'aciueillc pas les paroles
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XVII, 22—28: XVIII, i— 14. 339
22, ' Animus gaudens setatem flori-
dam facit : spiritus tristis exsiccat
ossa. 23. Munera de sinu impius
accipit, ut pervertat semitas judicii.
24. 'In facie prudentis lucet sapien-
tia : oculi stultorum in finibus ter-
ras. 25. Ira patris, filius stultus : et
dolor matris quas genuit eum.
26. Non est bonum, damnum in-
ferre justo : nee percutere princi-
pem, qui recta judicat. 27. "Qui
moderatur sermones suos, doctus
et prudens est : et pretiosi spiri-
tus vir eruditus. 28/'Stultus quo-
que si tacuerit sapiens reputabi-
tur : et si compresserit labia sua,
intelligens.
'i^^M'^wsi-s. i^y. ^ '^ M'^M-'iss. :^ \^. ^: :<d: m m mm :<?)
de incorrigibili
— :;:— CAPUT XVIII
De recessu ab amico
non deviandum a veritate : os stulti
Justus se accusans : frater juvans fra-
trem : fructus oris : mulier bona et
mala : locutio divitis et pauperis : vir
amicabilis.
CCASIONES quasrit qui
vult recedere ab amico :
omni tempore erit expro-
brabilis. a. Non recipit
stultus verba prudentias : nisi ea di-
xeris quas versantur in corde ejus.
3. Impius, cum in profundum ve-
nerit peccatorum, contemnit : sed
sequitur eum ignominia et oppro-
brium. 4. " Aqua profunda verba ex " imv. 20, 5.
ore viri : et torrens redundans fons
sapientias. 5. Accipere personam
impii non est bonum, ut declines a
veritate judicii. 6. Labia stulti mi-
scent se rixis : et os ejus jurgia pro-
vocat. 7. Os stulti contritio ejus : et
labia ipsius, ruina animas ejus.
8. Verba bilinguis, quasi simplicia :
etipsaperveniunt usque ad interiora
ventris. Pigrum dejicit timor : ani-
mae autem efFeminatorum esurient.
9. Qui mollis et dissolutus est in
opere suo, frater est sua opera dis-
sipantis. 10. Turris fortissima, no-
men Domini : ad ipsum currit Ju-
stus, et exaltabitur. 11. Substantia
divitis urbs roboris ejus, et quasi
murus validus circumdans eum.
12. Antequam conteratur, exaltatur
cor hominis : et antequam glorifice-
tur, humiliatur. 13. "Qui prius /'Ecdi. u.
respondet quam audiat, stultum se ^•
esse demonstrat, et confusione di-
gnum. 14. Spiritus viri sustentat
imbecillitatem suam : spiritum vero
ad irascendum facilem quis poterit
pf ude/ites, ii moins que vous ne lui teniez
an langage conforme a ce qu'il a dans
son cojur.
3, Le niepris^ la honic, Vopprobre : ou bien
ils accompagnent le mechant et s'attachent
h. lui; ou bien le mehant les deverse sur le
prochain par ses paroles et ses adlions.
Vulg. : Piinpie, lorsqii'il est desccndu an
fond de Vabiine dti pcche, se moque; niais
la hontc et Vopprobre le sinvent, s'atta-
chent a lui.
4. De Phoinine sage, parfait. L'auteur pa-
rait considerer la sagesse, d'abord s'expri-
mant par la bouche de riiomme, et il la
compare a I'eau calme et profonde d'un
puits ou d'une citerne; puis r^sidant dans
le cceur, et il la compare a une source d'oii
I'eau jaillit en abondance. Delitzsch traduit :
Ics paroles de la bouche de r/io/nine (du sage)
sont une eau profonde, un torrent qui Jaillit,
line source de sagesse.
8. Sont des niorceaux friands; Vulg., pa-
raissent toutes simples, innocentes. — Elles
descendent, etc. : on les recueille avi dement
et on les conserve au fond du cceur : nianet
alia ntente.
La Vulg. ajoute : la craitite abat le pares-
seus, //lais les a/nes des effeniines eproiive-
ront la faini.
g. Est frcre, est de meme condition et
aura le meme sort. — Va a la perdition j
Vulg., qui dissipe le fruit de ses ivuvres.
10. Le novi de Jehovah, pour Jehovah
lui-meme : comp. Ps. Ixi, 4. — // est en si't-
rctc;X\\X., il est cleve, place dans un lieu sur,
a I'abri du danger.
1 1. Pensee : le riche a de tout autres sen-
timents que le juste : il met sa confiance
dans les biens perissables. — Une niuraille
clevce, derriere laquelle le riche n'a rien a
craindre. La Vulg. traduit le second mem-
bre : c''est un niur eleve qui fenvironne.
12. Comp. xvi, 18; XV, 'i)},-
13. La Bruyere : " II y a des gens qui
parlent un moment avant que d'avoir
pense. "
14. Abattu ; litt. brisc; V^ilg., prompt a la
CO I ere.
340 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XVIIl, 15—24; XIX, i— 13.
15 Un coeur intelligent acquiert la science,
Et roreille des sages cherche la do<5lrine.
16 I.es presents d'un homme lui elargissent la voie,
Et I'introduisent aupres des grands.
17 Le premier qui expose sa cause parait juste; ^
Vient la partie adverse, et on examine le diffcreiuL
18 Le sort fait cesser les contestations,
Et decide entre les puissants.
19 Un frere ennemi de son frere resiste plus qu'une ville forte,
Et leurs querelles sont comme les verrous d'un palais.
20 C'est du fruit de sa bouche que I'homme se nourrit,
I)u produit de ses Icvres qu'il se rassasie.
21 La mort et la vie sont au pouvoir de la langue;
Suivant son choix on mangera ses fruits.
22 Celui qui trouve une femme trouve le bonheur;
C'est une faveur qu'il a regue de Jehovah.
Le pauvre park en suppliant,
Et le riche repond durement.
L'homme aux nombreux amis les a pour sa perte,
Mais il est tel ami plus attache qu'un frere.
23
24
\
Ch. XIX.
CHAP. XIX. — Humilite, douceur et mausuetude.
|IEUX vaut le pauvre qui marche dans son integrite,
Que l'homme aux levres dedaigneuses et qui est insense.
SfflSi 2 L'ignorance de Tame n'est pas bonne.
Et celui dont les pieds se hatent tombe bientot.
3 La folic de l'homme pervertit sa voie,
Et c'est contre Jehovah que son creur s'irrile.
4 La richesse procure un grand nombre d'amis,
Mais le pauvre voit s'^loigner I'ami qu'il avait.
5 Le faux temoin ne restera pas impuni,
Et celui qui dit des mensonges n'echappera pas.
6 Nombreux sont les flatteurs de I'homme g'endreux,
Et tons sont les amis de celui qui fait des presents.
7 Tous les freres du pauvre le haissent;
Combien plus ses amis s'eloignent-ils de lui!
11 cherche des paroles bicnveillantes, et il n'en trouve pas.
8 Celui cjui acquiert de I'intelligence aime son ame;
Et celui qui observe la prudence obtiendra le bonheur.
9 Le faux temoin ne restera pas impuni,
Et celui qui dit des mensonges p^rira.
10 II ne sied pas a I'insense de vivre dans les delices :
Moins encore a I'esclave de dominer sur les princes!
1 1 La sagesse d'un homme le rend patient,
Et il se fait une gloire d'oublier les offenses.
12 La colore du roi est comme le rugissement d'un lion,
Et sa faveur est comme la rosee sur I'herbe.
13 Un fils insensd est la douleur de son pere,
Et les querelles d'une femme une gouttiere sans fin.
15. Comp. xiv, 33; xv, 14.
17. C'est la devise de Lothaire 1 1 de Saxe :
Audi ct alteram paj'teni. \'^ulg. : Ic juste est
le premier a s' ace user lui-ineine; survieiit
son a/iu\ qui Vexainitiera ci fond.
18. I.e sort, en I'absence de tout autre
moyen de decider.
ig. Un frere, soit dans le sens propre,
soit dans le sens plus large d'ami intime.
Sens : les querelles entre freres ou entre
amis foi'ment un obstacle insurmontable a
leur reconciliation; lever cet obstacle est
plus difficile que de prendre une ville forte
ou de faire ceder les verrous d'un palais.
Vulg. : le frere aide par son frere est comme
une ville forte, ct leurs decisions sont connne
les verrous des cites.
20. Comp. xii, 14; xiii, 2.
21. La mort, etc. : selon I'usage que
l'homme fait de sa langue, il tombe dans la
mort ou il arrive a la vie.
22. Une femme, dans le bens ideal du mot,
comme I homme au vers. 4. \ iilg., une
femme I'on/ie.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XVIII, 15—24; XIX, i— 13. 341
sustinere? 15. Cor prudens possi-
debit scientiam : et auris sapientium
quaerit doctrinam. 16. Donum ho-
minis dilatat viam ejus, et ante prin-
cipes spatium ei facit. 17. Justus,
prior est accusator sui : venit ami-
cus ejus, et investigabit eum.
I S.Contradictiones comprimit sors,
et inter potentes quoque dijudicat.
19. Frater, qui adjuvatur a fratre,
quasi civitas firma : et judicia quasi
vectes urbium. 20. De fructu oris
viri replebitur venter ejus : et geni-
mina labiorum ipsius saturabunt
eum. 21. Mors, et vita in manu lin-
guas : qui diligunt eam, comedent
fructus ejus. 22. Oui invenit mulie-
rem bonam, invenit bonum : et hau-
riet jucunditatem a Domino, Qui
expellit mulierem bonam, expellit
bonum : qui autem tenet adulte-
ram, stultus est et impius. 23. Cum
obsecrationibus loquetur pauper : et
dives effabitur rigide. 24. Vir ama-
bilis ad societatem, magis amicus
erit, quam frater.
— :i— CAPUT XIX. — *—
Pauper ambulans in simplicitate : divitice
addiint amicos : verba seflans : falsiis
testis : non decent stiiltum delicite : do-
ftrina per patientiam probatur : ira et
hilaritas regis : mulier litigiosa : uxor
prudens datur a Deo : pigritia : pra^cepli
custodia : misericordia in paupereni :
eruditio filii : acceptio consilii : vir men-
dax : timer Domini : pigritia : pestilens :
inobediens parentibus : testis iniquus :
derisores.
ELIOR est pauper, qui
ambulat in simplicitate
sua, quam dives torquens
labia sua, et insipiens.
2. Ubi non est scientia animas, non
est bonum : et qui festinus est pe-
dibus, offendet. 3. Stultitia hominis
supplantat gressus ejus : et contra
Deum fervet animo suo. 4. Divitias
addunt amicos plurimos : apaupere
autem et hi, quos habuit, separan-
tur, 5. "Testis falsus non erit impu-
nitus : et qui mendacia loquitur,
non effugiet. 6. Multi colunt per-
sonam potentis, et amici sunt dona
tribuentis, 7. Fratres hominis pau-
peris oderunt eum : insuper et amici
procul recesserunt ab eo. Qui tan-
tum verba sectatur, nihil habebit :
8. qui autem possessor est mentis,
diligit animam suam, et custos pru-
dentias inveniet bona, 9, Falsus te-
stis non erit impunitus : et qui lo-
quitur mendacia, peribit, 10, Non
decent stultum deliciae : nee servum
dominari principibus. 11. Doctrina
viri per patientiam noscitur : et glo-
ria ejus est iniqua praetergredi.
12. Sicut fremitus leonis, ita et re-
gis ira : et sicut ros super herbam,
ita et hilaritas ejus, 1 3, Dolor patris,
filius stultus : et tecta jugiter per-
' " Dan. 13,
61,
La Vulg. ajoute : ce/ui qtii chasse unc
femme bonne chasse le bonhciir; et celtii qni
garde I'adttltcre est sot et impie.
24. IJ]iO)nine aux nombretix amis, litt.
VJiomme des amis, qui veut etre et pa-
raitre I'ami de tout le monde; ou bien :
celui dont tout le monde se dit I'ami, n'en
est pas plus avance : ces amis sent trop
nombreux pour etre sinceres, ils ne vien-
dront pas a son secours. — La Vulgate
exprime une autre pensee ; L'hotnme donl
la socicte est agreable sera plus aime
gi(^un frcrc.
CHAP. XIX.
I, VJiotnme aux levres dedaigtjeuses, litt.
qui contourne les levres, les met de travers,
par orgueil et mepris pour le pauvre.
3, Pervertit ou bouleverse sa vote, I'em-
peche de reussir dans ses entreprises, et
c^est k Dieu qu'il s'en prend.
7. // n^en trouve pas, hebr. lo avec un
aleph (ketib); ou bien, c''est tout ce qti'il
aura, hebr./^ avec un vav (qeri). Ce 3^ mem-
bre n'est probablement qu'une moiti^ de
verset dont I'autre moitie s'est perdue. La
Vulg. le rattache pour la pensee ^ ce qui
suit : celui qui ne cherche que des paroles
7i'aura ricnj 8. mais celui qui acquiert, etc.
g. Repetition du vers. 5.
10. Dans les delices, au sein des richesses,
dont il ne pent que mal user. — A Pesclave :
comp. Eccle. x, 7.
13. Une goutticre sans Jitij ou, comme
I'explique la Vulg., ttn toil d^oii Veau de-
goutte toujours. En Palestine, les toits sont
342 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XIX, 14—29; XX, 1—6.
14 Une maison et des richesses sont un heritage pateinel;
Mais une femme intelligente est un don de Jehovah
15 La paresse fait tomber dans I'assoupissement,
Et I'ame nonchalante epiouvera la faim.
16 Celui qui garde le commandement garde son iime.
Celui qui n'est pas attentif ;\ sa voie mourra.
17 Cehii qui a pitie du pauvre prete h. Jehovah,
Qui recompensera sa bonne ccuvre.
iS Chatie ton fils, car il y a encore de I'esperance;
Mais ne va pas jusqu'k le faire mourir.
19 L'homme a la colore violente en subira la peine;
Si tu le sauves une fois, il te faudra recommencer.
20 Ecoute les conseils et recois I'instruflion,
Afin que tu sois sage dans la suite de ta vie.
21 Beaucoup de projets s'agitent dans le cceur de l'homme,
Mais c'est le dessein de Jehovah qui s'accomplit.
22 Ce qui recommande un homme, c'est la bonte,
Et mieux vaut un pauvre qu'un menteur.
23 La crainte de Jehovah mene a la vie,
Et I'on reste rassasie, sans etre visite par le malheur.
24 Le paresseux plonge sa main dans le plat,
Et ne la ramene pas a sa bouche.
25 Frappe le moqueur, et l'homme simple deviendra sage;
Reprends l'homme intelligent, et il comprendra la science.
26 Celui qui maltraite son pere et qui fait fuir sa mere
Est un fils qui se couvre de honte et d'opprobre.
27 Cesse, mon fils, d'ecouter I'instruflion,
Et tu t'eloigneras des paroles de la science.
28 Un temoin pervers se moque de la justice,
Et la bouche des mechants avale Finiquite..
29 Le jugement est pret pour les railleurs,
Et les coups pour le dos des insenses.
CHAP. XX. — Fuir les vices : ivresse, pare.ssc, jalousie, querelles, etc.
Ch. XX.
.^^]|E vin est moqueur, les boissons fermenlces, tumultueuses,
Quiconque s'y adonne n'est pas sage.
2 Semblable au rugissement du lion est la terreur qu'inspire le roi;
Celui qui I'irrite ]iLche centre lui-meme,
3 C'est une gloire pour l'homme de s'abstenir des querelles,
Mais tout insense s'abandonne h la colore.
4 A cause du mauvais temps, le paresseux ne laboure pas;
A la moisson, il cherchera, et il n'y aura rien.
5 La sagesse dans le co:ur de l'homme est une eau ])rofonde,
Mais l'homme intelligent y jniisera.
6 Heaucoup d'hommes vantent leur bonte;
Mais un homme fidele, qui le trouvera?
plats et formes de dalles ou de tuiles juxta-
posdes sur des poutres transversales. Si ces
dalles ne sont pas bien soudees ensemble,
elles laissent, clurant la saison des pluies,
passer I'eau dans I'interieur de la maison.
16. Afo7(rra, hebr. iavwiJi (qeri), Vulg.,
se7'a 7nis a morf, hebr. ioiiinatJi (ketib).
18. Lesperance de le rendre meilleur.
19. L'honme a la colar 7'iole/itc, en lisant
f^edol. — // fe faudra recoviiiie7Ke7- : il ne se
corrigera pas, et la peine finira par I'attein-
dre. Delitzsch interpr^te le 2^ membre : eii
vain ill cssaics de ii'pre'scrz'cr die citdiitiicjii,
ill 11c fais qii'augmeTiter sa fiireur, D'autres
autrement. La Vulg. est tres obscure; litt.,
lorsqii il aura cnlc7u' par 7'iolatcc, il ajou-
icra autre chose.
22. Ce qui fait aimer P/ioiiiiiiej litt., ce
gut le rend dcsiraldc, ou ce qii'on desire de
lui. A^ulg., rindigerii (celui qui de'sire, qui
manque de quelque chose) a de la compas-
sion. Conip. 11071 ig7iara i/iali 77tiseris stic-
cu7-7rre disco de Yirgile. — Uu pauv7'e (\\\\
a de la bonte. — Un 7iienteiir prodigue de
fausses promesses.
24. Dans le plat (\'ulg. sous Paisselle) :
les Orientaux ne se servent d'aucun instru-
ment pour prendre les mels.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XIX, 14—29; XX, 1—6.
343
stillantia, litigiosa mulier. 14. Do-
mus,et divitiae dantur a parentibiis :
a Domino autem proprie uxor pru-
dens. 1 5. Pigredo immittit soporem,
et anima dissoluta esuriet. 16, Qui
custodit mandatum, custodit ani-
mam suam : qui autem negligit
viam suam, mortificabitur. 17. Foe-
neratur Domino qui miseretur pau-
peris : et vicissitudinem suam red-
det ei. 18. Erudi filium tuum, ne
desperes : ad interfectionem autem
ejus ne ponas animam tuam. 1 9. Qui
impatiens est, sustinebit damnum :
et cum rapuerit, aliud apponet.
20. Audi consilium, et suscipe di-
sciplinam, ut sis sapiens in novissi-
mis tuis. 21. Multae cogitationes in
corde viri : voluntas autem Domini
permanebit. 22. Homo indigens
misericors est: et melior est pauper
quam vir mendax. 23. Timor Do-
mini ad vitam : et in plenitudine
commorabitur, absque visitatione
pessima. 24. ^Abscondit piger ma-
num suam sub ascella, nee ad os
suum applicat eam. 25. ^Pestilente
flagellate stultus sapientior erit : si
autem corripueris sapientem, intel-
liget disciplinam. 26. Qui affligit
patrem, et fugat matrem, ignomi-
niosus est et infelix. 27. Non cesses
fili audire doctrinam, nee ignores
sermones scientias. 28. Testis ini-
quus deridet judicium : et osimpio-
rum devorat iniquitatem. 29. Pa-
rata sunt derisoribus judicia : et
mallei percutientes stultorum cor-
poribus.
i^ M :^ ^ M 'M M M 'fis. :e'. m '^. ^: w. m r>f. 'm k>: :<y. :^ ^j
— :i:— CAPUT XX. — :>—
Luxuriosa res vinum : de peccante in re-
gem, et relinquendis contentionibus : pi-
ger propter frigus non laborans : rex in
solio : nemo potest dicere mundum se
habere cor : pondus et pondus : somnus
non diligendus. Malum est, dicit emptor;
panis mendacii : revelans mysteria : non
reddendum malum pro malo : devorare
sancflos ; festinata hereditas : misericor-
dia, Veritas et dementia roborant thro-
UXURIOSA res, vinum,
et tumultuosa ebrietas :
quicumque his delectatur,
non erit sapiens. 2. Sicut
rugitus leonis, ita et terror regis :
qui provocat eum,peccat in animam
suam. 3. Honor est homini, qui se-
parat se a contentionibus : omnes
autem stulti miscentur contumeliis.
4. Propter frigus piger arare noluit :
mendicabit ergo aestate et non dabi-
tur illi. 5. Sicut aqua profunda, sic
consilium in corde viri : sed homo
sapiens exhauriet illud. 6. Multi
homines misericordes vocantur : vi-
rum autem fidelem quis inveniet.^
25. Le moquettr pourra bien ne pas profi-
ter du chatiment, mais I'homme simple, qui
etait ro1:)jet de ses railleries, en profitera;
quant k I'homme intelligeiii, il met la repri-
mande a profit pour lui-meme.
27. Til fc/oigiief'as, etc. La Vulgate ajoute
une negation : fie cesse pas d''ccoutcr l'i?7s-
iruHioii^ et iCigfiore pas Ics paroles de la
science.
28. Devore Viniquite^ la boit comme I'eau,
selon I'expresbion de Job, xv, 16.
29. Les c/idtii/iciils, surtout les chati-
ments divins.
CHAP. XX.
T. Les boissons fortes, probablement le
vin de palmier de Syrie. — Sy livre avec
exrrs, litt., est pris de ce vertige; d'au-
tres, est foil de ces choses; Vulgate, en fait
ses deli ces.
2. Variante de xix, 12.
3. S'abandontie d la colere,
Delitzsch, mojitre les dents. Comp. xvii, 11:
xviii, 6;Jacq. iii, 15.
4. A cause du mauvais temps, \'^ulg. dit
froid : les Juifs ensemencaient a la fin de
novembre, avant les pluies d'hiver. — //
cherchera sa recolte. Delitzsch traduit un
peu autrement : des Vaiiiomne le paj-es-
seux lie laboure pas; a la moisson, il men-
diera aupres des voisins, et on ne lui don-
nera rien.
5. Le sage devine le secret cachd dans le
coeur d'autrui.
6. Proclavient leur bonte; Vulg., sont ap-
Peles bans. — Fidele a ses promesses. De-
litzsch traduit le i^'' membre : Beaucoup ren-
contrent (on rencontre souvent) un Jto7nme
qui se mo7itre bon pour eux (pour un tel ou
un tel).
344
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XX, 7—30.
7 Le juste marche dans son intdgrite;
Heureux ses enfants aprcs Uii !
8 Le loi, assis sur le trone de la justice,
Dissipe tout mal par son regard.
9 Qui dira : " J'ai purifie mon coeur,
Je suis net de mon peche?"
10 Poids et poids, cpha et cpha,
Sont Tun et I'autre en horreur h. Jehovah.
11 L'enfant montre deja par ses inclinations
Si ses oeuvres seront pures et droites.
12 L'oreille qui entend et I'oeil qui voit,
C'est Jehovah qui les a faits Fun et I'autre.
13 N'aime pas le sommeil, pour ne pas devenir pauvre;
Ouvre les yeux, et tu seras rassasie de pain.
14 Mauvais ! Mauvais ! dit I'acheteur,
Et en s'en allant il se felicite.
15 11 y a de Tor et beaucoup de perles,
Mais les levres sages sont d'un prix inestimable.
16 Trends son vetement, car il a repondu pour autrui;
Exige de lui des gages h cause cles etrangers.
17 Le pain de fourberie est doux a I'homme,
Mais a la fin sa bouche est remplie de gravier.
18 Les projets s'affermissent par le conseil;
Conduis la guerre avec prudence.
19 Celui cjui parle a tort et a travers devoile les secrets,
Evite avec soin celui qui a les levres toujours ouvertes.
20 Si quelqu'un maudit son pere et sa mere,
Sa lampe s'eteindra au sein des tenebres.
21 Un heritage hate a I'origine
Ne sera pas bdni a la fin.
22 Ne dis pas : " Je me vengerai."
Espere en Jehovah, et il te ddlivrera.
23 Poids et poids sont en horreur a Jehovah,
Et la balance fausse n'est pas une chose bonne.
24 C'est Jehovah qui dirige les pas de I'homme,
Et I'homme peut-il comprendre sa voie?
25 C'est un picge pour Ihomme de dire a la legcre : " Cela est sacre! '
Et de ne rdflechir qu'apres le voeu fait.
26 Un roi sage dissipe les mechants,
Et fait passer sur eux la roue.
27 L'ame de I'homme est une lampe de Jehovah;
Elle penetre jusqu'au fond des entrailles.
28 La bonte et la fidelite gardent le roi,
Et il affermit son trone par la bontc.
29 La force est la parure des jeunes gens,
Et les cheveux blancs sont I'ornement des vieillards,
30 La verge qui dcchire la chair gu^rit le mal,
De meme les blessures profondes.
I
7. Aprcs lui ne signifie pas prdcisement
apres sa inortj cet aprcs commence meme
de son vivant : comp. Dent. i\-, 10, et pour
la pensee Exod. xx, 6.
S. Dissipe tot(t mal : toute ccuvre mau-
vaise, tout dessein criminel, pcnctrc par ce
regard, se dissipe ^ tous les vents, ne pent
plus se realiser.
9. Qui diva: qui peut dire qu'il n'y a plus
aucune racine de peche cache'e dans les plus
secrets replis de son ca;ur? Personne. Comp.
I Rois^ viii, A,6;/ol>, xiv, 4 ; Ps. li, 7: Ecc/c.
vii, 21.
10. Poids ef poids ; deux sortes de poids.
Ucp/ia etait une mesure pour les matieres
scches, contenant environ 27 litres.
12. Ce proverbe est susceptible de plu-
sieurs applications : i. done Dieu sait tout;
craignez-le; 2. done il faut faire un bon
usage de l'oreille et de ru.'il, etc.
13. Et tu scras, litt. et sois rassasie.
15. Sens : les perles sont plus precieuses
que lor, et la science plus precieuse que les
perles.
16. Meme pensee que vi, i;xi, T5;xvii, 18.
// a repondu pour autrui, pour une per-
sonne insolvable : il apprendra ainsi h ne
pas se rendre caution imprudemment, —
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XX, 7—30.
345
7, Justus, qui ambulat in simplici-
tate sua, beatos post se filios dere-
linquet. 8. Rex, qui sedet in solio
judicii, dissipatomne malum intuitu
suo. 9. "Quis potest dicere : Mun-
dum est cor meum, purus sum a
peccato? 10. ''Pondus et pondus,
mensura et mensura : utrumque
abominabile est apud Deum. 1 1 . Ex
studiis suis intelligitur puer, si mun-
da et recta sint opera ejus. 12. Au-
rem audientem,etoculum videntem,
Dominus fecit utrumque. 13. Noli
diligere somnum, ne te egestas op-
primat : aperi oculos tuos, et satu-
rare panibus. 14. Malum est, ma-
lum est, dicit omnis emptor : et cum
recessit, tunc gloriabitur. 15. Est
aurum, et multitudo gemmarum :
et vas pretiosum labia scientiae.
16. 'Tolle vestimentum ejus, qui
fidejussor exstitit alieni, et pro ex-
traneis aufer pignus ab eo. 17. Sua-
vis est homini panis mendacii : et
postea implebitur os ejus calculo.
18. Cogitationes consiliis roboran-
tur : et gubernaculis tractanda sunt
bella. 19. Ei, qui revelat mysteria,
et ambulat fraudulenter, et diktat
labia sua, ne commiscearis. 20. ''Qui
maledicit patri suo, et matri, ex-
stinguetur lucerna ejus in mediis
tenebris. 21. Hereditas, ad quam
festinatur in principio, in novissimo
benedictione carebit. 22. ""Ne dicas :
Reddam malum : exspecta Domi-
num, et liberabit te. 23. Abomina-
tio est apud Dominum pondus et
pondus : statera dolosa non est bo-
na. 24. A Domino diriguntur gres-
sus viri : quis autem hominum in-
telligerepotestviamsuam?25.Ruina
est homini devorare sanctos, et post
vota retractare. 26. Dissipat impios
rex sapiens, et incurvat super eos
fornicem. 27. Lucerna Domini spi-
raculum hominis, guas investigat
omnia secreta ventris. 28. Miseri-
cordia, et Veritas custodiunt regem,
et roboratur dementia thronusejus.
29. Exsultatio juvenum, fortitudo
eorum : et dignitas senum canities.
30. Livor vulneris absterget mala :
et plagae in secretioribus ventris.
''Exod. 21,
21, 17. Lev.
20,9. Matth.
e Rom, T2,
17. 1 Thess.
S.iS.iPetr.
3. 9-
.1.
— • —
•I*
A cause des ctrangers, qu'il a cautionnes,
afin que tu n'eprouves pas de dommages.
17. Le mensonge et la fourberie ne sau-
raient procurer de bonheur durable.
18. Le conseil, la deliberation des sages.
19. Dans la Vulg., le verset ne forme
qu'une seule proposition : Eviie cehii qtii
di'voile les seae/s, qui agit avec foicrberie et
qui iic7it ses lh<res toujours ouvertes.
20. Si quelqihin inmtdit : ce crime etait
puni de mort {Exod. xxi, 17; Le'zK xx, 9;
MaitJt. XV, 4). — Sa lampe : sa vie, sa pos-
terite, son bonheur.
21. Un heritage hate, }^x€ivi?i\.wcivL\tx\\. ac-
quis, avant d'etre legitimement ouvert.
23. N^est pas niie chose Iwtmr, est une
chose tres mauvaise : litote.
24. Dirige par sa Providence les pas de
llioiinne, tout en lui laissant sa liberie. —
Sa voie, le cours de sa vie : I'avenir seul en
expliquera I'enigme. Comp. xvi, 9; xix, 21;
Ps. xxxvii, 23.
25. Uii piege, un danger. — Cela est sacre,
voue a Dieu (comp. Marc, vii, 11). — Et de
ne reflcchir, etc., ou bien, ct apres le 7'a'ii
d'cxaminer si et comment on pourra Tac-
complir. Vulg. : c''est une ruine pour nn
Jiomnic de pcrsccuter les saints, car Dieu les
venge, et en suite de re tracer ses 7/a'ux. Les
anciens manuscrits de la Vulg., outre la
leqon dez^orare, en ont pkisieurs autres : de-
votare, devovere, denotarc, dcTOcare, qui se
rapprochent davantage du veritable sens.
26. La rotie du lourd chariot a fouler le
ble. David ecrasa de cette fagon les Ammo-
nites vaincus (II Sam. xii, 31). Vulg., et ar-
rondit au-dessus d^eux une votlte : la voiite
d'une prison? son arc de triomphe?
27. II s'agit ici de la conscience, dont le
flambeau a ete allume par Dieu meme;
c'est la lumiere interieure de Matth. vi, 33 ;
r esprit de Vhomine de S. Paul (I Cor. ii, 1 1);
Aristote la nomme " I'oeil divin de I'ame. "
28. Lafidcliie, ici, la justice.
29. La force, surtoUt la force morale.
30. La verge, litt. la plaie. — Le vial mo-
ral, le vice. Sens : les fortes corrections
peuvent seules amender I'homme vicieux.
Comp. xix, 26.
346
LIVRE DRS PROVERBES. Chap. XXI, 1 — 23.
CHAP. XXI. — Justice, bonte et patience, abandon a la Providence.
Ch. XXI.
^■jjE cceur du roi est un cours d'eau dans la main de Jehovah,
II I'incline partout 011 il veut.
2 Toutes les voies de I'homme sont droites a ses yeux;
Mais celui qui pese les coeurs, c'est Jeliovah.
3 Pratiquer la justice et Tequite,
Aux yeux de Jehovah est preferable aux sacrifices.
4 Des regards hautains et un cceur superbe :
Flambeau des mechants, ce n'est que pcche.
5 Les projets de I'homme diligent vont a I'abondance;
Mais celui qui pre'cipite ses demarches n'arrive qu'a la disette.
6 Des tresors acquis par le mensonge :
Vanite fugitive d'hommes qui courent a la mort.
7 La violence des mdchants les egare,
Parce qu'ils n'ont pas voulu pratiquer la justice.
8 Le criminel suit des voies tortueuses,
Mais I'innocent agit avec droiture.
9 Mieux vaut habiter a Tangle d'un toit,
Que de rester avec une femme querelleuse.
10 L'ame du mechant desire le mal;
.Son ami ne trouve pas grace a ses yeux.
11 Quand on chatie le mechant, le simple devient sage,
Et quand on instruit le sage, il devient plus sage.
12 Le juste s'instruit devant la maison du mechant :
Dieu precipite les mechants dans le malheur.
13 Celui qui ferme I'oreille au cri du pauvre
Criera lui-meme et ne sera pas ecoute.
14 Un don fait en secret apaise la colore,
L'^n pre'sent tire du pli du manteau calme une fiireur violente.
15 C'est une joie pour le juste de pratiquer la justice,
Mais I'epouvante est pour ceux qui font le mal.
16 L'homme qui s'ecarte du sentier de la sagesse
Reposera clans Tassemblee des morts.
17 Celui qui aime la joie sera dans I'indigence;
Celui qui aime le vin et I'huile parfumee ne s'enrlchit pas.
18 Le mechant sert de rancon pour le juste,
Et le perfide pour les hommes droits.
19 Mieux vaut habiter dans un desert
Qu'avec une femme querelleuse et colere.
20 De precieux tresors, de I'lniile sont dans la maison dn sage;
Mais I'homme insense les engloutit.
21 Celui qui poursuit la justice et la mis^ricorde
Trouvera la vie, la justice et la gloire.
22 Le sage prend d'assaut une ville de heros,
Et il renverse le rempart ou elle mettait sa confiance.
23 Celui qui garde sabouche et sa langue
Preserve son ame des angoisses.
CHAP. XXI.
r. Lc avi/r du }-oi, si impenetrable et si
irresponsable qu'il soit pour ses sujets, est
dans la main de Dieu semblable a un cours
d'eau qu'on dirige ou Ton veut par des pentes
bien menagees.
2. Le(;;on indire<fle : que I'homme examine
sa conduite d'apres la r&gle de la volontd de
Dieu telle qu'elle nous est connueparla re-
velation. Comp. xiv, 12; xvi, 2, 25; xx, 24.
3. Supcriorite des oeuvres morales sur les
lois cdrc'^monielles. Comp. xv, 8; Ps. 1,8, 14.
4. Ceite lainpe des mechants (opposition a
ce qui precede), image et figure de leurs
sentiments orgueilleux. Delitzsch -.ce champ
des mcchanis prodnii lc pcche. V'ulg., les
yeux alfi'ers marquoit un canir orgueilleux
(litt. en/le); le flambeau des impies, c^est le
pcchc.
5. IJhomme diligent^ le lra\ailleur ener-
gique et calme. — Celui qui precipite... :
au lieu de Tccol-ats, la Vulg. a lu 7'elo-ats.
6. I'afiite fugiiii'e. D'autres : souffle leger
d'honunes qui i>ont mourir, litt. qui cher-
chcnt ou qui appcllent la mort.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXI, 1—22.
347
— :;:— CAPUT XXI. — ^i^—
Cor regis in manu Domini, cui misericordia
et judicium magis placent quam viftimas :
inique thesaurizans : melius est sedere in
angulo domatis, quam etc. : obturans au-
rem pauperi, etc. : diligens epulas : pro
justo dabitur impius : qui custodit os
suum : desideria ocridunt pigrum : non
est sapientia contra Dominum : equus
paratur ad bellum, etc.
ICUT divisiones aqua-
rum, ita cor regis in ma-
nu Domini : quocumque
voluerit, inclinabit illud.
2,';Omnis via viri recta sibi videtur:
appendit autem corda Dominus.
3. Facere misericordiam et judi-
cium, magis placet Domino, quam
victimas. 4. Exaltatio oculorum est
dilatatio cordis : lucerna impiorum
peccatum. 5. Cogitationes robusti
semper in abundantia : omnis au-
tem piger semper in egestate est.
6, Qui congregat thesauros lingua
mendacii, vanus et excors est, et im-
pingetur ad laqueos mortis. 7. Ra-
pinas impiorum detrahent eos, quia
noluerunt facere judicium. 8. Per-
versa via viri, aliena est : qui au-
tem mundus est, rectum opus ejus.
Q. ^'Melius est sedere in angulo do- 'infra 25,
matis, quam cum muliere litigiosa, '^■
et in domo communi. 10. Anima
impii desiderat malum, non misere-
bitur proximo suo. 11. Mulctato
pestilente sapientior erit parvulus :
et si sectetur sapientem, sumet scien-
tiam. 12. Excogitat Justus de domo
impii, ut detrahat impios a male.
13. Qui obturat aurem suam ad
clamorem pauperis, et ipse clamabit,
et non exaudietur. 14. Munus abs-
conditum exstinguit iras : et donum
in sinu indignationem maximarn.
15. Gaudium justo est facere judi-
cium : et pavor operantibus iniqui-
tatem, 16. Vir, qui erraverit a via
doctrinae, in coetu gigantum com-
morabitur. 17. Qui diligit epulas,
in egestate erit : qiii amat vinum.et
pinguia, non ditabitur. 18. Pro ju-
sto datur impius : et pro rectis ini-
quus. 19. ^Melius est habitare in '•eccH. 25.
terra deserta, quam cum muliere 23.
rixosa et iracunda. 2,0. Thesaurus
desiderabilis,et oleum in habitaculo
justi : et imprudens homo dissipa-
bit illud. 21. Qui sequitur justitiam
et misericordiam, inveniet vitam,
justitiam, et gloriam. 21. Civitatem
fortium ascendit sapiens, et destru-
Vulg. : cc/ia' qui aniasse dcs ircsors par
line Inni^iie dc inensonge est vain et insoisc,
et il tombej-a dans les filets de la nwi't.
7. La violence des mediants attire sur
eux la ruine qu'ils voulaient faire tomber
sur les autres.
8. Le crinii?iel, litt. PJioniine charge de
crimes, ^'ulg., la voie perverse de PJioviine
est line vote detoiirnce.
9. Hahiter a Vangle d''ttn toit, expose a
toutes les intemperies.
II. Pour le i*^"" membre, comp. xix, 25. Le
sage n'a pas besoin de chatiment : des qu'on
rinstruit, il accueille avec empressement la
science. La Vulg. traduit le 2^ membre : et
s'il (le simple) s'attache an sage, il acquerra
la science.
14. Comp. xvii, 23.
15. Lcpouvante, a la pensee du chati-
ment.
16. Dans Passeniblee dcs marts, hebr. des
rephaim , c.-a-d. des ombres, Vulg., des
geanis : cela suppose qu'il existe pour les
justes un autre lieu que le scheol.
17. Lajoic, les plaisirs, surtoiit de la ta-
ble (Vulg.). — Llwile parfnmee, dont on se
servait pour les festins {Ps. xxiii, 5; Jeaii,
>^i', 3)-
18. Par ex. : Aman b.vre au supplice a la
place de Mardochee {Esth. viii); Babylone
vaincue par Cyrus et les Israelites captifs
delivrds. Comp. xi, 8.
19. Comp. vers. 9.
20. Deprecieux ^;'/5^;-.s-,amassespar le sage
et mis en reserve pour les besoins de la vie.
— L'huile avait divers usages : nourriture,
eclairage, onflions, etc. — Les engloutit,
les devore en quelques jours.
21. La justice : dans le i«'' membre, c'est
la vertu par laquelle on rend a Dieu et aux
hommes ce qui leur est du; dans le 2^, c'est
la justice de Dieu, rendant a chacun selon
ses oeuvres.
22. Une ville defendue par des heros, des
braves. Sens : la sagesse I'emporte sur la
force (xx, 18). Voy. Eccle. ix, 14 sv., un pen-
dant a ce verset.
Chap.
XXII.
348 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXI, 24—31: XXII, T-14.
24 On appelle moqueur I'homme hautain, enfle d'orgueil,
Qui agit avec un exces d'arrogance.
25 Les desirs du paresseux le tuent,
Parce que ses mains refusent de travailler.
26 Tout le jour il desire avec ardeur
Mais le juste donne sans relache.
27 Le sacrifice des mediants est abominable;
Surtout quand ils I'offrent avec des pensees criminelles!
28 Le temoin menteur perira,
Mais riiomme qui ^coute pourra parler toujours.
29 Le mechant prend un air effront^,
Mais I'homme droit dirige sa voie.
30 II n'y a ni sagesse, ni prudence,
Ni conseil en face de Jehovah.
31 On equipe le cheval pour le jour du combat,
Mais de Jehovah depend la vicftoire.
CHAP. XXII. — La bonne renommee [vers, i — 16].
A bonne renommee vaut mieux que de grandes richesses,
Et I'estime a plus de prix que I'argent et que For.
2 Le riche et le pauvre se rencontrent;
Tons deux sont I'oeuvre de Jehovah.
3 L'homme prudent voit le mal et se cache,
Mais les simples passent outre et en portent la peine.
4 Le fruit de I'humilit^, c'est la crainte de Jehovah,
C'est la richesse, la gloire et la vie.
5 Des epines cl des pieges sont sur la voie du pervers;
Celui qui garde son ame s'en dloigne.
6 Instruis I'enfant selon la voie qu'il doit suivre;
Et meme lorsqu'il sera vieux, il ne s'en detournera pas.
7 Le riche domine sur les pauvres,
Et celui qui emprunle est I'esclave de celui cjui prete.
8 Celui qui seme I'injustice moissonne le malheur,
Et la verge de sa colere disparait.
9 L'homme au regard bienveillant sera bdni,
Parce qu'il donne de son pain au pauvre.
10 Chasse le moqueur, et la querelle prendra fin,
Les disputes et les outrages cesseront.
11 Celui qui aime la purete du coeur,
Et qui a la grace sur les levres, a le roi pour ami.
12 Les yeux de Jehovah gardent la science,
Mais il confond les paroles du pervers.
13 Le paresseux dit ; " II y a un lion dehors!
Je serai tue dans les rues! "
14 La bouche des e'trangeres est une fosse profonde;
Celui contre qui Jehovah est irrite y tombera.
23. Comp. xiii, 3; xix, 6.
24. Mogi/eier (\^ulg. ignorant), contemp-
teur de la religion ; on dirait aujourd'hui
esprit fort, libre penseur.
25. Les deshs de bien-ctre, de jouissance,
et cela sans peine ni travail. Que n'accom-
pagne aucun travail, restent sans effet. Le
juste, au contraire, grace a un travail assidu,
a de quoi donner meme aux autres, D'autres
autrement.
27. Comp. XV, 8.
28. Qtd ecoj/te, pour bien s'instruire et
connaitre la v^ritd. — Pourra fivler iou-
jmirs ; il sera toujours appelc h dcposer, son
temoignage etant trouve constamment ven-
dique. Vulg. : P/io/mne obeissant raeontera
des 'I'ifloires morales, il fera beaucoup d'ac-
tes de vertu.
29. Un air ejfrontc', dedaigneux pour les
choses divines et humaines. — Dirige,\\€br.
iakin (ket//ib); ou bien considhe, examine,
hebr. iabiii (qeri).
30. La sagesse humaine est impuissante
devant Dieu, qui fait toujours prevaloir ses
desseins.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXI, 24—31; XXII, i — 12. 349
xit robur fiducias ejus. 23. Qui cu-
stodit OS suuni et linguam suam,
custodit ab angustiis animam suam.
24. Superbus et arrogans vccatur
indoctus, qui in ira operatur super-
biam. 25. Desideria occidunt pi-
grum : noluerunt enim quidquam
manus ejus operari : 26. tota die
concupiscit et desiderat : qui autem
Justus est, tribuet, et non cessabit.
uprais, 27. 'Hostias impiorum abominabi-
'ccii.34, |gg^ q^jjj^ oiFeruntur ex scelere.
28. Testis mendax peribit : vir obe-
diens loquetur victoriam. 29. Vir
impius procaciter obfirmat vultum
suuni : qui autem rectus est, corri-
git viam suam. 30. Non est sapien-
tia, non est prudentia, non est con-
silium contra Dominum. 31. Equus
paratur ad diem belli : Dominus
autem salutem tribuit.
— *— CAPUT XXII. — :i:—
Laus boni nominis : callidus videns malum :
adolescens juxta viam suam : seminans
iniquitatem : deiisorem ejice : diligens
cordis munditiam : dicit piger : Leo etc. :
OS alienae : stultitia in corde pueri : ca-
lumnians paupeiem : audienda est sa-
pientia : vitandi sponsores : termini anti-
qui servandi : velox in opera suo, etc.
ELIUS est nomen bo-
num, quam divitias mul-
tas : 'super argentum et
; aurum,gratia bona. 2. "Di-
ves, et pauper obviaverunt sibi :
utriusque operator est Dominus.
3. Callidus vidit malum, et abscon-
dit se : innocens pertransiit, et affli-
ctus est damno. 4. Finis modestife
timor Domini, divitias et gloria et
vita. 5. Arma et gladii in via per-
versi : custos autem animas sua^
longe recedit ab eis. 6. Proverbium
est : Adolescens juxta viam suam,
etiam cum senuerit, non recedet ab
ea. 7. Dives pauperibus imperat : et
qui accipit mutuum, servus est foe-
nerantis. 8. Qui seminat iniquita-
tem, metet mala, et virga iras suas
consumrnabitur. 9. "^Qui pronus est
ad misericordiam, benedicetur : de
panibus enim suis dedit pauperi.
Victoriam et honorem acquiret qui
dat munera : animam autem aufert
accipientium. 10. Ejice derisorem,
et exibit cum eo jurgium, cessa-
buntque causae et contumelias.
II. Qui diligit cordis munditiam,
propter gratiam labiorum suorum
habebit amicum regem. 12. Oculi
Domini custodiunt scientiam : et
' Eccles.
■'■' Inl'ra .
' Eccli.
28.
CHAP. XXII.
1. Lestime, litt. la bonne grace, la faveur.
Comp. Eccle. vii, 2; Eccli. xli, 15; Rom.
xii, 17.
2. Sc rencontrent surle chemin de la vie.
— Tons les deux, I'un riche et I'autre pau-
vre. Dieu est I'auteurdes indgalites sociales,
dans le but d'unir les hommes entre eux par
des services mutuels.
3. Le Dial, le danger, par ex. une maison
qui menace de s'ecrouler, une tempete im-
minente. — Les simples au pluriel, pour
insinuer qu'il y a bien plus d'hommes sans
experience que Ae prudents. Comp. vers. 7.
4. Le fruit ou la recompense, litt. la Jin.
— L^/iumilite : le mot hebreu comprend
aussi dans sa notion la douceur et la man-
suetude. La plupart des modernes tradui-
sent : le fruit de r/mmilite, de la crainte de
Dieu, c^est la richesse, etc.
5. Des epines et des picges (V\ilg. des ar-
mes et des glaives), soit pour le pervers lui-
meme, soit pour les autres.
6. Instruis Vcnfant, etc. Vulgate : c'estun
proverbe : le jeune homine une fois engage
dans sa voie, ne la quittera plus, etc.
8. La verge, le baton dont il frappait
ses viiftimes, disparait : sa puissance est
aneantie.
9. Dhomme au regard bienveillant j Vulg.,
celui qui est enclin a la misericorde.
La Vulg. ajoute : Celui qui fait des pre-
sents obtiendra la vidioire et I'honneur, et il
ravit Fame de ceux qui les regoivent. Comp.
xi, 25.
10. Le moqueiir (voy. xxi, 24) qui, par ses
railleries et ses paroles inconsider^es, seme
la discorde.
11. La pureic du cceur, un coeur fidele et
loyal. Comp. Matth. v, 8. Ouelques moder-
nes traduisent : celui qui aime avec un avuy
pur.
12. Gardent la science, veillent sur ceux
qui possedent la sagesse.
13. Dit, pour s'excuser de ne pas aller au
travail. Comp. xxvi, 13.
14. La bouche, les discours seduisants des
courtisanes.
350 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXII, 15—29; XXIII, 1—4.
15 La folic est attachee au coeur de I'enfant;
La verge de la discipline I'eloignera de lui.
i6 Opprimez un pauvre, cela lui profile;
Donnez a un riche, c'est pour sa perte.
Chap.
XXII. 1"
Chap.
XXIII.
Premier supplement a la 11^ partie.
DIVERS CONSEILS DE JUSTICE ET DE PRUDENCE
[XXII, 17— XXIV, 22].
CHAP. XXII, 17 sv. — Prologue. Justice envers le prochain, surtout cnvers
les pauvres.
RLTE I'oreille et ecoute les paroles des sages,
Applique ton ccuur h. mon enseignement.
18 Car c'est une chose agreable si tu les gardes au dedans de toi :
Puissent-elles etre toutes presentes sur tes levres!
19 Afin que ta contiance repose sur Jehovah,
C'est toi que je veux instruire aujourd'hui.
20 Plusieurs fois deja j'ai mis pour toi par ecrit
Des conseils et des enseignements.
21 Pour t'enseigner des choses sures et vraies,
Afin que tu repondes par des paroles vraies a ceux qui t'envoient.
22 Ne depouille pas le pauvre parce qu'il est pauvre,
Et n'opprime pas le malheureux a la porta.
2^ Car Jehovah prendra en main leur cause,
Et il otera la vie a ceux qui les auront depouilles.
24 Ne lie pas societe avec Fhomnie colcre,
Et ne va pas avec Thomme violent.
25 De peur que.tu n'apprennes ses voies,
Et que tu ne prepares un picge a ton ame.
26 Ne sois pas de ceux qui prennent des engagements,
De ceux cjui se portent caution pour dettes.
27 Si tu n'as pas de quoi payer,
Pourquoi t'exposer a ce qu'on enlcve ton lit de dessous toi?
28 Ne deplace pas la borne ancienne,
Que tes pores ont poscfe.
29 Vois-tu un homme habile dans son ouvrage.''
Sa place est auprcs des rois, .
II ne demeurera pas auprcs des gens obscurs.
CHAP. XXIII. — Fuir la cupidite, I'intempcrance et I'l'mpurete.
il tu es a table avec un grand,
Pais attention a ce qui est devant toi.
^ 2 Mets un couteau a ta gorge.
Si tu as trop d'avidite.
J Ne convoite pas ses mets dclicats,
C'est un aliment trompeur.
4 Ne te tourmente pas pour devenir riche,
N'y applique pas ton intelligence.
16. Ct'/a profile au pauvre : son energie et
son aClivite se reveillent et Dieu benit son
travail. — Cesi pour la pcrte du riche qui,
devenu plus riche encore, se porte aux exces
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXII, 13—29; XXIII, 1—4. 351
supplantantur verba iniqui. 13. Di-
cit piger : Leo est foris, in medio
platearum occidendus sum. 14. Fo-
vea profunda, os alienas : cui iratus
estDominus,incidetin eam. i5.Stul-
titia coUigata est in corde pueri, et
virga disciplinas fugabit eam. 1 6.Qui
calumniatur pauperem, ut augeat
divitias suas, dabit ipse dition, et
egebit.
17. Inclina aurem tuam, et audi
verba sapientium : appone autem
cor ad doctrinam meam : 18. quae
pulchra erit tibi, cum servaveris
eam in ventre tuo, et redundabit in
labiis tuis : 19. ut sit in Domino
fiducia tua, unde et ostendi eam tibi
hodie. 20. Ecce descripsi eam tibi
tripliciter,in cogitationibus et scien-
tia : 2 1 . ut ostenderem tibi firmita-
tem,et eloquia veritatis, respondere
ex his illis, qui miserunt te.
22. Non facias violentiam pau-
peri, quia pauper est : neque conte-
ras egenum in porta : 23. quia ju-
dicabit Dominus causam ejus, et
configet eos, qui confixerunt ani-
mam ejus.
24. Noli esse amicus homini ira-
cundo, neque ambules cum viro fu-
rioso : 25. ne forte discas semitas
ejus, et sumas scandalum animae
tuas.
26, Noli esse cum his, qui defi-
gunt manus suas, et qui vades se
offerunt pro debitis : 27. si enim
non habes unde restituas, quid
causas est ut tollat operimentum de
cubili tuo?
28. Ne transgrediaris terminos
antiquos, quos posuerunt patres tui.
29. Vidisti virum velocem in
opere suo? coram regibus stabit,
nee erit ante ignobiles.
— :i:— CAPUT XXIII. — :;:—
Quomodo sit edendum cum principe : non
appetendcU divitiee, nee cibi invidoium :
non opprimendi pupilli : castigandus
puer : quterenda sapientia : fugiendi pec-
catores et guku dediti : honorandi paren-
tes : fugienda meietrix et ebrietas.
UANDO sederis ut come-
das cum principe, diligen-
ter attende quae apposita
sunt ante faciem tuam :
2. et statue cultrum in gutture tuo,
si tamen habes in potestate animam
tuam, 3. ne desideres de cibis ejus,
in quo est panis mendacii.
4. Noli laborare ut diteris : sed
et tombe dans la ruine. D'autres : opprimer
le pauvre pour augiiienter son bien^ le bien
de Toppresseur, c^est una chose aussi peu
sensee que de donner au riche pour n\xrri-
ver qu\i la disette, que de se depouiller de
tout en faveur d'un riche. La Vulg. peut se
ramener a ce dernier sens.
18. Oesi u?ic chose agreablc, belle aux
yeux de Dieu et des hommes. Vulg., elle te
se/nblera belle, si tu la gardes, etc.
20. Plusieurs fois, litt. trois foisj d'autres,
deja^ auparavant. Le qeri parait donner la
vraie legon, schaliscJiim, que Delitzsch in-
terprete setitcnccs priucicres, nous dirions
inagistrales, d'oii la tradudlion : J'ai mis
deja pour toi par ecrit de graves sentences^
enfermant des conseils et des cnseigneinents.
21. A ceux qui t'envoienl ou font envoy c
a I'ecole de la sagesse.
22. Le pauvre, le petit, le faible. — A la
parte : c'est la qu'on rendait la justice.
26. Comp. vi, i; xi, 15; xvii, iS.
27. Ton lit J Vulg., la couverttere.de ton
lit : le creancier pouvait saisir la couver-
ture, mais il devait la rapporter avant la
nuit au debiteur indigent {Exod. xxii, 27;
Deut. xxiv, 12 sv.).
28. Comp. XV, 25; Dcut. xix, 14.
29. Sa place, etc. : il pourra remplir les
charges du gouvernement.
CHAP. XXIII.
1. Ce verset se rattache au precedent :
c'est un conseil donne k I'homme habile dont
on vient de parler. — A ce qui est dcvatit toi,
aux mets, pour ne pas ceder a la friandise
ou k la gourmandise; ou bien : a cclui qui est
dcvant toij songe que tu n'es pas son egal !
2. Si tu as trop d'aviditc, litt. si toutefois
tu es U7i possesseur d\ippetit ou de convoitisc
(hebr. nepIicscJi); Vulg., si toutefois tu es ca-
pable de te posseder toi-nieinc, ce qui s'ac-
corde mal avec le contexte.
3. Oest ttn aliment trompeur, une douceur
d'un moment qui sera suivie d'amertume,
soit que ce grand a.\t un but tout autre que
celui qu'il parait avoir, soit que par caprice
il change de dispositions a ton egard.
352
LIVRE J)ES PRUVERBES. Chap. XXIII, 5—29.
5 Veiix-tu poursuivre du regard ce qui va s'evanouir!
Car la richesse se fait des ailes,
Et comme I'aigle elle s'envole vers les cieux.
6 Ne mange pas le pain de Thomme envieux,
Et ne convoite pas ses friandises;
7 Car il ne vaut pas plus que les pensees de son ame.
" Mange et bois, " te dira-t-il,
Mais son cocur n'est pas avec loi.
8 Tu vomiras le morceau que tu as mange,
Et tu en seras pour tes belles paroles.
9 Ne parle pas aux oreilles de I'insense',
Car il meprisera la sagesse de tes discours.
10 Ne deplace pas la borne antique,
Et n'entre pas dans le champ des orphelins.
11 Car leur vengeur est puissant :
II ddfendra leur cause contre toi.
12 Applique ton coeur a I'instruiflion
Et tes oreilles aux paroles de la science.
13 N'epargne pas la corre6lion a I'enfant;
Si tu le frappes de la verge, il ne mourra point.
14 Tu le frappes de la verge,
Et tu delivres son ame du sejour des morts.
15 Mon fils, si ton coeur est sage,
Mon ccEur, a moi aussi, sera dans la joie.
16 Mes entrailles tressailleront d'all^gresse,
Ouand tes Icvres diront ce qui est droit.
17 Que ton cccur n'envie pas les pecheurs,
Mais qu'il reste toujours dans la crainte de Jehovah;
18 Car il y a un. avenir,
Et ton esperance ne sera pas aneantie.
19 Ecoute, mon fils, et sois sage;
Dirige ton coeur dans la voie droite.
20 Ne sois pas parmi les buveurs de vin,
Parmi ceux qui se gorgent de viandes;
21 Car le buveur et le gourmand s'appauvrissent,
Et la somnolence fait porter des haillons.
22 Ecoute ton pere, lui qui t'a engendre,
Et ne nieprise pas ta mere, quand elle est devenue vieille.
23 Acquiers la verite, et ne la vends pas.
La sagesse, I'instruclion et I'intelligence.
24 Le pere du juste est dans I'allegresse,
Celui qui donne le jour a un sage en aura de la joie.
25 Que ton pere et ta mere se rdjouissent !
Que celle qui t'a enfante soil dans I'allegresse !
26 Mon fils, donne-moi ton coeur,
Et que tes yeux gardent mes voies.
27 Car la courtisane est une fosse profonde,
Et I'etrangere un puits ^troit.
28 Elle dresse des embuches comme pour une proie
Et elle augmente parmi les hommes le nombre des prevaricateurs.
29 Pour qui les ah.'' pour qui les helas?
Pour qui les disputes? pour qui les murmures?
Pour qui les blessures sans raison? pour qui les yeux rouges?
LIBER PR.OVERBIORUM. Cap. XXIII, 5—27.
353
prudently tuse pone modum. 5, Ne
erigas oculos tuos ad opes, quas non
potes habere : quia facient sibi pen-
nas quasi aquilas, et volabunt in
coelum.
6. Ne comedas cum homine in-
vido, et ne desideres cibos ejus :
7. quoniam in similitudinem arioli,
etconjectoris,asstimat quod ignorat.
Comede et bibe, dicet tibi ret mens
ejus non est tecum. 8. Cibos, quos
comederas, evomes : et pedes pul-
chros sermones tuos.
9. In auribus insipientium ne lo-
quaris : quia despicient doctrinam
eloquii tui.
10. Ne attingas parvulorum ter-
minos : et agrum pupillorum ne
introeas : 1 1. propinquus enim illo-
rum fortis est : et ipse judicabit
contra te causam illorum.
12. Ingrediatur ad doctrinam cor
tuum : et aures t uae ad verba scientias.
^rai3, 13. "Noli subtrahere a puero di-
Ecch. sciplinam : si enim percusseris eum
virga, non morietur. 14. Tu virga
percuties eum : et animam ejus de
inferno liberabis.
15. Fili mi, si sapiens fuerit ani-
mus tuuSjgaudebit tecum cor meum :
16. et exsultabunt renes mei, cum
locuta fuerint rectum labia tua.
ly.^Non asmuletur cor tuum pec- *infr. 24, i.
catores : sed in timore Domini esto
tota die : 18. quia habebis spem in
novissimo, et prasstolatio tua non
auferetur.
1 9. Audi fili mi, et esto sapiens :
et dirige in via animum tuum.
20. Noli esse in conviviis potato-
rum, nee in comessationibus eorum,
qui carnes ad vescendum conferunt:
21. quia vacantes potibus, et dantes
symbola consumentur, et vestietur
pannis dormitatio.
22. Audi patrem tuum, qui ge-
nuit te : et ne contemnas cum se-
nuerit mater tua. 23. Veritatem
eme, et noli vendere sapientiam, et
doctrinam,et intelligentiam. 24. Ex-
sultat gaudio pater justi : qui sa-
pientem genuit, laetabitur in eo.
25. Gaudeat pater tuus, et mater
tua, et exsultet quae genuit te.
26. Prasbe fili mi cor tuum mihi :
et oculi tui vias meas custodiant.
27. Fovea enim profunda est me-
retrix : et puteus angustus, aliena.
5. Ce qui va s''evanoiiir^ des biens fugi-
tifs qui s'evanouissent bientot.
7. II est, en reality, non tel que leferaient
croire ses feintes amabilites, mais tel que
sont les sentiments de son cueur.
8. Tu vomiras : pris de ddgout pour des
aliments sordidement prepares par un
hommeque tu reconnaitras pour un envieux
et un rapace, tu les vomiras. — Tes belles
paroles, les discours aimables et flatteurs
que tu lui auras adresses.
10. Comp. xxii, 28. Les homes antiques;
Vulg., les homes des pctits, des faibles. —
N''entre pas, dans le sens de empidter,
11. Leur vengeur, Dieu. Vulg., leur pro-
chc : c'etait le plus proche parent du Idse
qui devait revendiquer ses droits ou le ven-
ger {Nombr. xxxv, 12, 19, 21).
13. // ne tnourra point : ce remede, loin
de le faire mourir, lui sera salutaire. Comp.
iii, 17; xix, 18; xxii, 15.
14. Tu dclivres son dme, tu le preserves
de la mort prematuree qui frappe souvent
le pecheur endurci.
16. Mes entniilles, litt. nies reins, le siege
des affeflions dans la psychologie des He-
breux.
20. Qui se gorgent de viandesj Vulg., qui
mettent en commun les viandes dont ils se
nourrissent : il en etait ainsi dans les agapes
des premiers tideles (I Cor. xi, 21).
21. Le gourinandj Vulg., ceux qui font
des repas coinniuns, oil chacun apporte son
mets. — La somnolence, suite naturelle de
ces festins.
23. La verite en general; les elements qui
la constituent la sagesse, VinstruHion, etc.
— Ne la vettds pas, ne la sacrifie pas a des
interets d'ordre inferieur.
26. Mo7i fils : c'est la sagesse personni-
fiee qui parle. — Tott co^ur, ici, toute ton
ame. — Gardent fnes voies; les LXX et la
Vulg. suivent le qeri : observe/it mes voies.
27. Un puits dont I'ouverture est si etroite
qu'une pierre suffit a la fermer; celui qui y
est tombe ne peut plus en sortir : image de
la volupte.
28. Des prevaricateitrs, par ex. des epoux
infideles, des jeunes gens et des serviteurs
qui trompent la confiance de leurs parents
ou de leurs maitres.
29 Pour qui les he las j Vulg., pour le
pere de qui les helas. — Les yeux rouges,
litt. Vobscurcissement des yeux.
NO 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 2J
354 LIVRE DES PRO\'ERBES. Chap. XXIII, 30— 35 ; XXIV, 1 — 16.
30 Pour ceux qui s'attardent auprcs du vin,
Pour ceux qui vont boire du vin aromatise.
31 Ne regarde pas le vin : comme il brille,
Comme il fait des perles dans la coupe,
Comme il coule aisement.
32 II finit par mordre comme un serpent,
Et par piquer comme un basilic.
7i} Tes yeux se porteront sur des etrangcres,
Et ton cceur tiendra des discours pervers.
Tu seras comme un homme couche au milieu de 1
Comme un homme endormi au sommet d'un mat,
" On m'a frapp^... Je n'ai point de mal !
On m'a battu... Je ne sens rien 1...
Quand me reveillerai-je?... 11 men faut encore!
34
35
a mer,
CHAP. XXIV, I — 22.
P'uir les mechants et les insenses.
Chap.
XXIV.
'E porte pas envie aux hommes mechants
Et ne desire pas d'etre avec eux.
2 Car leur coeur medite la violence
Et leurs levres ne proferent que le malheur.
3 C'est par ia sagesse qu'une maison s'eleve,
Et par I'intelligence qu'elle s'affermit.
4 C'est par I'intelligence que I'interieur se remplit
De tous les biens precieux et agreables.
5 Un homme sage est plein de force,
Et celui qui a de la science montre une grande puissance.
6 Car avec la prudence tu conduiras heureusement la guerre,
Et le salut est dans le grand nombre de conseillers.
7 La sagesse est ^rop haute pour Finsense;
II n'ouvre pas la bouche a la porte c/e la ville.
8 Celui qui pense a faire le mal
S'appelle un artisan d'intrigues.
9 Le dessein de I'insense, c'est le peche,
Et le medisant est en abomination parmi les hommes.
10 Si tu te montres faible au jour de la detresse,
Ta force n'est que faiblesse.
11 Delivre ceux qu'on traine k la mort;
Ceux qu'on va egorger, sauve-les I
12 Si tu dis : " Nous ne le savions pas,"
Celui qui pcse les coeurs ne le voit-il pas?
Celui qui veiile sur ton ame ne le connait-il pas,
Et ne rendra-t-il pas a chacun selon ses ccuvres.^
13 Mon his, mange du miel, car il est bon;
Un rayon de miel est doux a ton palais;
14 Sache que la sagesse est la mcme chose pour ton ame;
Si tu I'acquiers, il est un avenir,
Et ton esperance ne sera pas frustrce.
15 Ne tends pas, 6 mechant, des embuches a la demeure du juste,
Et ne devaste pas le lieu ou il repose;
16 Car sept fois le juste tombe, et il se releve,
Mais les mechants sont precipit^s dans le malheur.
30. Du vin aroinatisc, litt. iiieseq^ vin
mele de substances aromatiques. V^ulgale,
pour ceux qui s'cinpresscntd vider les coupes.
31. II fait ties pcrlcs, ou ties yeu.xj \h\\g..
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXIII, 28—35; XXIV, i— 16. 355
28. Insidiatur in via quasi latro, et
quos incautos viderit, interficiet.
29. Cui vae? cujus patri vas? cui
rixae? cui foveae? cui sine causa
vulnera? cui suffusio oculorum?
30. Nonne his, qui commorantur
in vino, et student calicibus epotan-
dis? 31. Ne intuearis vinum quando
flavescit, cum splenduerit in vitro
color ejus: ingreditur blande,32, sed
in novissimo mordebit ut coluber,
et sicut regulus venena difFundet.
23. Oculi tui videbunt extraneas, et
cor tuum loquetur perversa. 34. Et
eris sicut dormiens in medio mari,
et quasi sopitus gubernator, amisso
clavo : 3^. et dices : Verberaverunt
me, sed non dolui : traxerunt me, et
ego non sensi : quando evigilabo, et
rursus vina reperiam?
— :;:— CAPUT XXIV. — =>—
/Emulatio malorum : sapientia et eruditio;
cogitatio stulti : eruendi oppress! : do-
(iflrina ut melle utendum : non insidian-
dum juste; casus inimici : detraftores :
juste judicandum : nullus verbis la(5lan-
dus, nee malum malo reddendum : ager
pigri : dormitanti pigro venit egestas.
E aemuleris viros malos,
"nee desideres esse cum
eis : 2. quia rapinas
meditatur mens eorum.
et fraudes labia eorum loquuntur.
3. Sapientia asdificabitur domus,
et prudentia roborabitur. 4. In do-
ctrina replebuntur cellaria, universa
substantia pretiosa et pulcherrima.
5. Vir sapiens, fortis est : et vir
doctus, robustus et validus. 6. Quia
cum dispositione initur bellum : et
erit salus ubi multa consilia sunt.
7. Excelsa stulto sapientia, in
porta non aperiet os suum.
8. Qui cogitat mala facere, stultus
vocabitur.
9. Cogitatio stulti peccatum est,
et abominatio hominum detractor.
10. Si desperaveris lassus in die
angusti as :imminuetur fortitude tua.
ii.''Erue eos, qui ducuntur ad ^'Pa. si, 4.
mortem : et qui trahuntur ad in-
teritum liberare ne cesses. 12. Si
dixeris : Vires non suppetunt :
qui inspector est cordis, ipse in-
telligit, et servatorem animas tuas
nihil fallit, reddetque homini juxta
opera sua.
13. Comede, fili mi, mel, quia
bonum est, et favum dulcissimum
gutturi tuo : 14. sic et doctrina sa-
piential animas tuas : quam cum in -
veneris, habebis in novissimis spem,
et spes tua non peribit.
15. Ne insidieris, et quasras im-
pietatem in domo justi, neque va-
stes requiem ejus. 16. Septies enim
z7 resplendit. — // coule aisementj ou bien
avec la Vulg., il glisse agreableinent dans le
gosier.
33. Des clrangeres, des courtisanes. — De-
litzsch, tesyeux verront des choses I'tranges.
34. Au milieu de la iner, recouvert et bal-
lotte par les vagues, — Endormi, incon-
scient du danger, aic souinief d'lin mat, sur
une vergue qui s'abaisse et se releve tour k
tour : image de I'homme ivre.
35. Propos incoherents de I'ivrogne.
CHAP. XXIV.
2. Ne profcre/il que le inalheur, des dis-
cours qui tendent au malheur du prochain.
5-6. Sens : En toutes choses, et speciale-
ment a la guerre, la sagesse assure le succes
mieux que la force materielle. — Le saluf,
la vicTloire. Comp. xi, 14; xx, 18.
7. A la porte, ou se tenaient les debats
judiciaires.
8. Un artisan dHnttHgues; Vulg., un in-
sense.
9. Le dessein : toutes les pensees de
I'homme denue de sagesse tendent au pe-
che ; ou bien avec Delitzsch : le pcchc est
un dessein dUnsetise, qui porte avec lui le
caradlere de la folie.
10. Aujour de la dctresse, alors justement
oil tu devais montrer ta force et ton energie.
12. Et ne rendra-t-il pas; ou bien : oui,
il rendra, etc.
14. Ufi avenir heureux, recompense du
sage (xxiii, 18 : comp. xix, 18).
15. (9 mechafit, ou bien jne'chaminent. La
Vulg. traduit le 2^ membre : }ie cherc/ie
point Pimpictc dans la maison du juste .• ne
pille pas la maison du juste, sous le pretexte
que cette maison est celle d'un impie, digne
de chatiment.
lb. Le juste toinbe dans la tribulation
(S. Augustin : CQva^.Job, v, 19; Ps. xxxiv, 19),
356
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXIV, 17—34-
17 Si Ion ennemi tombe, ne te rdjouis pas,
Et que ton cujur ne triomphe pas de sa ruine,
18 De peur que Jehovah ne le voie, que cela ne lui deplaise,
Et qu'il ne detourne de hii sa colere.
19 Ne I'inite pas a cause des mediants,
Ne porte pas envie aux peivers.
20 Car il n'y a point d'avenir pour celui qui fait le mal,
Et la lampe des mediants s'eteindra.
21 Mon fils, Grains Jehovah et le roi;
Ne te mele pas avec les homnies remnants;
22 Car soudain surgira leur nialheur,
Et qui connait la ruine des uns et des autres?
Deuxieme supplement a la IP partie.
RELATIONS SOCIALES. PARESSE [XXIV, 2^
;4].
Chap.
XXIV. =3
E qui suit vient encore des sages :
II n'est pas bon, dans les jugements, d'avoir egard aux personnes.
24 Celui qui dit aux mediants : Tu es juste,
Les peuples le maudissent, les nations I'execrent.
25 Mais ceux qui le corrigent sont applaudis,
Sur eux viennent la benedi<flion et le bonheur.
26 II baise sur les levres
Celui qui repond des paroles justes.
27 Soigne tes affaires au dehors,
Soigne ton champ,
Puis tu batiras ta maison.
28 Ne temoigne pas k la legere centre ton prochain :
Voudrais-tu troniper par tes lcvres?|
29 Ne dis pas : Je lui ferai comme il m'a fait;
Je rendrai a cet liomme selon ses auvres.
30 J'ai passe prcs du champ du paresseux
Et prcs de la vigne de I'insensc.
31 Et les epines y croissaient parlout,
Les ronces en couvraient la surface,
Et le mur de pierres dtait ccroule.
32 J'ai regarde, ^/j'ai reflechi en moi-meme;
J'ai considdre et j'ai tird cette le^on :
33 " Un peu de sommeil, un peu d'assoupissement,
Un peu croiser les mains pour dormir,
34 Et la pauvrete te surprendra comme un rodeur,
Et I'indigencc comme un homme arme. ''
V*^ V<tr v*^ v*^
^/•^ ^r* ^r^ ^j<^
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXIV, 17—34.
357
cadet Justus, et resurget : impii au-
tem corruent in malum.
17. Cum ceciderit inimicus tuus,
ne gaudeas, et in ruina ejus ne ex-
sultet cor tuum : 1 8. ne forte videat
Dominus, et displiceat ei, et auferat
ab eo iram suam.
1 9. Ne contendas cum pessimis,
nee asmuleris impios : 20. quo-
niam non habent futurorum spem
mali, et lucerna impiorum exstin-
guetur.
21. Time Dominum, fili mi, et
regem : et cum detractoribus non
commiscearis : 22. quoniam repente
consurget perditio eorum : et rui-
nam utriusque quis novit?
23. Hasc quoque sapientibus :
"Cognoscere personam in judicio
non est bonum. 24. Qui dicunt im-
pio : Justus es : maledicent eis po-
puli, et detestabuntur eos tribus.
25. Qui arguunt eum, laudabuntur:
et super ipsos veniet benedictio.
26. Labia deosculabitur, qui recta
verba respondet.
27. Praspara foris opus tuum, et
diligenter exerce agrum tuum : ut
postea aedifices domum tuam.
28. Ne sis testis frustra contra
proximum tuum : nee lactes quem-
quam labiis tuis.
29. ''Ne dicas : Quomodo fecit
mi hi, sic faciam ei : reddam unicui-
que secundum opus suum.
30. Per agrum. hominis pigri
transivi, et per vineam viri stulti :
31. et ecce totum repleverant urti-
cae, et operuerant superficiem ejus
spinae, et maceria lapidum destru-
eta erat. 32. Quod cum vidissem,
posui in corde meo, et exemplo di-
dici disciplinam. 23,- 'Parum, in-
quam, dormies, modicum dormita-
bis, pauxillum manus conseres, ut
quiescas : 34. et veniet tibi quasi
cursor egestas, et mendicitas quasi
vir armatus.
.1.
— • —
''Supra 20k
22.
^ Supra 6,
mais Dieu Ten retire toujours, tandis que le
mechant est precipite dans une ruine irre-
mediable. Ouelques manuscrits de la Vulg.
lisent, septies eni/n in die cadit : k tort. Les
auteurs mystiques, a la suite de quelques
Peres, appliquent ce texte aux fautes ve-
nielles que commet le juste.
18. Qii'il »e detoio'iie de liii sa colere, pour
la reporter sur toi.
19. Comp. Ps. xxxvii, i.
20. Uavenir : voy. vers. 14 et xxxiii, 18.
— La lampe : voy. xii, 9; xx, 20; xxi, 4,
Comp. /ofi, xviii. 5.
21. Remnants , litt. dissidents., rebelles k
Dieu et au roi. C'est peut-etre le sens qu'il
faut donner a detreflatoribus dans la Vulg.
22. Su>\s;ira, comme une puissance enne-
mie. — Qui con7taif., qui sait avec quelle
soudainete viendra la ruine des luis et des
autres., de ceux qui se rdvoltent contre Dieu
et de ceux qui se rdvoltent contre le roi.
D'autres : qui connatt le chdtifnent des deux,
dont I'un et I'autre, Dieu et le roi, les frap-
peront? Ou bien avec le Syriaque suivi par
Delitzsch : qui connait la fin., I'evanouisse-
ment de leurs anne'es, combien d'annees il
leur reste k vivre?
26. Une reponse juste est aussi agr^able
qu'un baiser sur les levres.
27. Ta inaison, dans le sens A& famille.
Chez les Hebreux, I'epoux seul apportait
une dot ; il devait done, avant de songer a
fonder une famille, poss^der qu^lque bien,
et avoir mis ses affaires en ^tat.
31. Le inur de pierj'e qui I'entourait pour
le proteger contre les pillards et les animaux
sauvages. Comp. Is. v, 2-6.
34. Comp. vi, 10 sv.
^^^M^^%^
N° 23. — !-A I5AINTE BIRI E TOME IV. — 23'
358
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXV, i — 16.
TROISIEME PARTIE.
La vraie sagesse souverain bien des rois
et des sujets [Ch. XXV— XXIX].
CHAP, XXV. — Exhortation a la crainte de Dieu et a la justice.
' Voici encore des Proverbes de Salomon, recueillis par les gens d'Ezechias, roi
de Juda.
Ch.XXV. ||g8»y^ A gloire de Dieu, c'est de cacher les choses,
La gloire des rois, c'est de les examiner.
3 Le ciel dans sa hauteur, la terre dans sa profondeur,
Et le cceur des rois sont impenetrables,
4 Ote les scories de I'argent,
Et il en sortira un vase pour le fondeur.
5 Ote le mechant de devant le roi,
Et son tione s'affermira dans la justice.
6 Ne prends pas des airs superbes devant le roi,
Et ne te mets pas h la place des grands;
7 Car il vaut mieux qu'on te dise : Monte ici,
Que si Ton t'humilie devant le prince que tes yeux ont vu.
S Ne sois pas prompt k contester,
De peur qu'k la fin tu ne saclies que faire.
9 Lorsque ton prochain t'aura outrage,
Defends ta cause contre ton prochain,
10 Mais ne revele pas le secret d'un autre,
De peur qu'en I'apprenant on ne te couvre de honte,
Et que ton ignominie ne s'efiface pas.
1 1 Comme des pommes d'or sur des ciselures d'argent,
Ainsi est une parole dite a propos.
12 Comme un anneau d'or et un ornement d'or fin,
Ainsi est le sage qui reprend une oreille docile.
13 Comme la fraicheur de la neige au temps de la moisson,
Ainsi est le messager fiddle pour ceux qui I'envoient,
II rejouit I'ame de son maitre.
14 Des nuages et du vent sans pluie,
Tel est I'homme qui se glorifie de presents raensongers.
15 Par la patience le juge se laisse flechir,
Et une langue douce peut briser des os.
16 Si tu trouves du miel, n'en mange que ce qui te suffit,
De peur que rassasie tu ne le vomisses.
CHAP. XXV.
I. ReciteilUs, rassembl^s de divers Merits ou ces proverbes etaient dissemines, peut-cire
aussi de la tradition orale.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXV, i— 16.
359
— :!:— CAPUT XXV. — :>—
r.loria Dei et regiim : cor regis : rubigo quoc
el impietas est : nc te exaltes : ne detra-
has; secreta tua serva : mala aurea, et
inauris aurea : frigus in messe ; nubes
sine pluvia : lingua mollis : mel inventum :
sagitta acuta : dens putridus : acetum :
tinea : benefac inimico : angulus doma-
tis : aqua frigida : fons turbatus : multum
mellis comestum : urbs absque muro.
7E quoque parabolae Salo-
monis, quas transtulerunt
viri Ezechias regis Juda.
2. Gloria Dei est celare
verbum, et gloria regum investigare
sermonem.3.Ccelumsursum,et terra
deorsum,et cor regum inscrutabile.
4, Aufer rubiginem de argento,
etegredietur vaspurissimum: 5. au-
fer impietatem de vultu regis, et fir-
mabitur justitia thronus ejus.
6. Ne gloriosus appareas coram
rege, et in loco magnorum ne stete-
ris. 7. Melius est enim ut dicatur
tibi : "Ascende huc;quam ut humi-
lieris coram principe.
8. Quae viderunt oculi tui, ne pro-
feras in jurgio cito : ne postea emen-
dare non possis, cum dehonestave-
ris amicum tuum. 9, Causam tuam
tracta cum amico tuo, et secretum
extraneo ne reveles : 10. ne forte
insultet tibi cum audierit,et expro-
brare non cesset. Gratia et amicitia
liberant : quas tibi serva, ne expro-
brabilis fias.
1 1 . Mala aurea in lectis argenteis,
qui loquitur verbum in tempore
suo.
12. Inauris aurea, et margaritum
fulgens, qui arguit sapientem, et au-
rem obedientem.
13. Sicut frigus nivis in die mes-
sis, ita legatus fidelis ei, qui misit
eum, animam ipsius requiescere
facit.
14. Nubes, et ventus, et pluviae
non sequentes, vir gloriosus, et pro-
missa non complens.
1 5. Patientia lenietur princeps,''et
lingua mollis confringet duritiam.
16. Mel invenisti, comede quod
sufficit tibi, ne forte satiatus evomas
'Supra 15,
2. Les reuvres de Dieu renferment des
mysteres et des secrets que I'homme ne
pourra jamais penetrer, et cela montre sa
science et sa puissance infmie. — Un roi
doit examiner a fond les choses, demeler et
mettre en lumiere ce qui est juste ou injuste.
utile ou nuisible.
4. Les scenes melees a I'argent quand on
le tire du sein de la terie. — Le fondeu}\,
I'artisan en general.
7. Devani le pi'i'iice que les yeux out 7't/,
et devant lequel tu faisais le fier : il sera
temoin de ton humiliation. La \"ulg. relie
ces derniers mots au vers, suivant.
8. \'ulg. : ce qu'ont vu tes yeux, ne le re-
vele pas precipitamment dans une discus-
sion, de peur qu'ensuite tu ne trouves plus
de remede au deshonneur que tu auras in-
tlige a ton ami.
9. Si le proces est inevitable, defends ia
cause, mais par des moyens honnetes, sans
reveler, pnr exemple, le secret d'un tiers c|ui
I'aurait ete confie ou que tu aurais decou-
vert. ^'ulg., nc revcle fornt le secret a lai
ctrauge)-.
10. De peur que celui qui apprendra cette
trahison du secret, soit le tiers, soit tout
autre, etc.
La Vulg. ajoute d'apres les LXX : la
honte et Vaimtic donnent la libei'tc d'dnie,
au contraire de la haine et de la vengeance
qui rendent Va.\nt CR\i\.\\e;garde-les, de peur
d\^ire en butte au niepris.
11. Des poinmes d^or, ornaments en forme
de boule. La Vulg. parait signifier : conimc
des pouunes d'or, des fruits dores par le so-
leil, peut-etre des oranges, dans des corbeil-
les d' argent.
12. Un anneau dh''r, un pendant d'oreille,
et un ornefnent d' or fin, peut-etre suspendu
a I'anneau, forment un ensemble agreable :
ainsi le sage et celui qui I'ecoute d'une
oreille attentive. Dans le langage figure des
Arabes, faire entendre de sages discours,
c'est " orner les oreilles de pendants et de
perles. "
13. La fraic/ieur de la nelge, non pas de
celle qui tomberait au temps de la moisson :
cela n'arrive jamais; mais de celle qui cou-
ronne perpetuellementles sommets du Liban
et de I'Hermon.
14. En Orient, la nuee qui passe sans don-
ner la pluie desiree cause une cruelle decep-
tion. — Presents viensongcrs, promis, mais
non donnes, comme I'explique la Vulgate.
15. Par la patience : com p. Luc. xviii,
4 sv. — Briser des os, surmonter les plus
opiniatres resistances.
Chap.
XXVI.
360 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXV, 17— 28; XXVI, i— 6.
17 Mets rarement le pied dans la maison de ton prochain,
De peur que fatigue de toi il ne te hai'sse.
18 Una massue, une epee et una fleche aigue,
Tel est rhomma qui porta un faux temoignage contra son prochain.
19 Une dent cassee et un pied foule,
Cast la confiance qu'inspira un perfide au jour du nialheur.
20 Oter son nianteau un jour da froid,
Repandra du vinaigre sur du nitre,
Ainsi fait celui qui dit des chansons a un cceur afflige.
21 Si ton ennemi a faim, donne-lui du pain k manger;
S'il a soif, donne lui de I'eau a boire.
22 Car tu amasses ainsi des charbons sur sa tete,
Et Jehovah te recompensera.
23 Le vent du nord enfante la pluie,
Et la langue mysterieuse un visage attriste.
24 Mieux vaut habiter k I'angle d'un toit,
Que de rester avec une femme querelleuse.
25 De I'eau fraiche pour une personne alteree.
Telle est une bonne nouvelle venant d'une terra lointaina.
26 Une foBtaine troublee et une source corrompue,
Tel est le juste qui tombe devant la mdchant.
27 II n'est pas bon de manger beaucoup de miel;
Ainsi celui qui veut sonder la majeste divine sera accable par sa gloire.
28 Une ville forcea, qui n'a plus de murailles,
Tel est I'homme qui ne peut se contenir.
CHAP, XXVI. ■ — Recommandations diverses.
OMME la neige en ete, et la pluie pendant la moisson,
Ainsi la gloire ne convient pas a un insense.
2 Comme le passereau qui s'echappe, comme Thirondelle qui s'envole,
Ainsi la malcdicflion sans cause n'atteint pas.
3 Le fouet est pour le cheval, le mors pour Fane,
Et la verge pour le dos des insenses.
4 Ne reponds pas h. I'insense salon sa folic,
De peur de lui ressembler toi-meme.
5 Reponds a I'insense selon sa folic,
Da peur qu'il ne se regarde comme saga.
6 11 se coupe les pieds, il boit I'iniquite,
Celui qui donne des messages a un insense.
18. Une massue; Vulg ,.«« trait. Sens :
le faux temoignage fait des blessures aussi
cruelles qu'une arme de guerre.
20. Nitre., probablement notre potasse :
melang^e k un acide, elle se dissoutet pard
toutes ses proprietes utiles.
La Vulg. rattache le i^"" membre au ver-
set precedent. Elle ajoute, en I'empruntant
aux LXX : comma la teigne nuit aux vcte-
ments et le vers au bois, ainsi la tristesse
nuit au cceur de rhomme.
22. Tu amasses des charbons sur sa tete
(comp. Rovt. xii, 20), ca qua S. Francois
de Sales explique trcs bien d'apres S. Au-
gustin ; " Rendez k votre ennemi la bien
pour Ic mal, jetez sur sa tete et sur son cceur
un brasier ardent dc temoignage de charity
qui le brule (c.-a-d. qui Ic fasse rougir de sa
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXV, 17—28; XXVI, 1—6. 361
illud. 17. Subtrahe pedem tuum de
domo proximi tui, nequando satla-
tus oderit te,
18. Jaculum, et gladius, et sagitta
acuta, homo qui loquitur contra
proximum suum falsum testimo-
nium,
19. Dens putridus, et pes lassus,
qui sperat super infideli in die an-
gustiae,
20. Et amittit pallium in die fri-
goris. Acetum in nitro, qui cantat
carmina cordi pessimo. Sicut tinea
vestimento, et vermis ligno : ita
tristitia viri nocet cordi.
om. 12, 21. 'Si esurierit inimicus tuus,
ciba ilium : si sitierit, da ei aquam
bibere : 22. prunas enim congrega-
bis super caput ejus, et Dominus
reddet tibi.
23. Ventus aquilo dissipat plu-
vias, et facies tristis linguam detra-
hentem.
ipra2i, 24. '^Melius est sedere in angulo
domatis, quam cum muliere liti-
giosa, et in domo communi.
25. Aqua frigida animae sitienti,
et nuntius bonus de terra longinqua.
26. Fons turbatus pede, et vena
corrupta, Justus cadens coram im-
pio.
27. Sicut qui mel multum com-
^ccii. 3, edit, non est ei bonum : 'sic qui
scrutator est majestatis, opprimetur
a gloria.
28. Sicut urbs patens et absque
murorum ambitu, ita vir, qui non
potest in loquendo cohibere spiri-
tum suum.
— :i:— CAPUT XXVI. — :i--
Gloria in stulto : avis volans : flagellum
equo : lespondere stulto : nuntius stultus;
parabola stulti : honor insipientis; impo-
nens stulto silentium : canis advomitum ;
sapiens proprio judicio : commisceri rixa;;
nocens amico : susurro : iracundus : labia
tumentia : inimicus : operiens odium : fo-
diens foveam : lingua fallax.
UOMODO nix in asstate,
et pluvias in messe : sic
indecens est stulto glo-
ria.
2. Sicut avis ad alia transvolans,
et passer quo libet vadens : sic ma-
ledictum frustra prolatum in quem-
piam superveniet.
3, Flagellum equo,et camusasino,
et virga in dorso imprudentium.
4. Ne respondeas stulto juxta stul-
titiam suam, ne efficiaris ei similis.
5. Responde stulto juxta stultitiam
suam, ne sibi sapiens esse videatur.
6. Claudus pedibus, et iniquitatem
bibens, qui mittit verba per nun-
mechancete, lui en inspire le remords) et le
force de vous aimer. "
23. Z^ 7'e»f dii iwrd, en Palestine, enfimfc
la phtie : plus exacflement /e vent dn nord-
ojicst. C'est sans doute pourcette raison que
la Vulg. traduit, dissipe la pluie. — La lan-
gtie mystcrieiisc, qui dit en secret du mal
du prochain, assombrit le visage de ce der-
nier. La Vulg. traduit le 2^ membre : et le
visage alMs/c dt I'auditeur (fmz/^r, fait taire
la laui^He inedisante.
24. Repetition de xxi, 9.
25. Venant dune terre lointaine^ par con-
sequent longtemps attendue.
26. Qin' tonibe {\\ s'agit d'une chute mo-
rale), qui se laisse cntrainer au mal par les
discours et les exemples des mechants.
27. Le i^'' membre exprime la meme pen-
sde qu'au vers. 16, mais avec une applica-
tion differente. Celui qiti vent sonder la
majeste divine, litt. les choses difficiles, les
myst^res divins. — Par sa gloire n'existe
pas en hebreu. Telle est I'interpretation de
la Vulgate. Le texte hebreu adluel parait
altere. Delitzsch, lisant kebdim, au lieu de
kebodam, traduit, mais la recherche des cho-
ses difficiles est un hottneur.
CHAP. XXVI.
2. Elle 7i\x point d^effet (hebr. lo par un
aleph) ; Vulg., elle relombe sur qiielqti'un
(hdbr. lo par un vavj, probablement sur ce-
lui qui I'a lancee (comp. vers. 27).
3. Le ffluet et le mors conviennent egale-
ment au cheval et a I'ane; Tauteur emploie
ici la figure appelee par les grammairiens
merismns, c.-a-d. partage.
5. Ce proverbe a pour but de corriger ce
que le precedent aurait de trop absolu.
6. 11 boit volontiers V injure, le dommage
(c'est le sens de iniquitatem), il s'y expose
de gaieie de cceur, il pourra, en quelque
sorte, s'en regaler.;
362 LIYRE DES PROVERBES. Chap. XXVI, 7—28.
7 Otez les jambes au boiteux,
Et la sentence de la bouche de I'insense.
8 C'est attacher one pierre a la fronde,
Que d'honoier un insensd.
9 Comme une epine qui s'enfonce dans la main d'un liomme ivre,
Ainsi est une sentence dans la bouche des insenses.
10 Comme un archer qui blesse tout le monde,
Ainsi est celui qui prend a gage les insenses et les passants.
11 Comme un chien qui retourne a son vomissement,
Ainsi est un insense qui revient a sa folie.
i2 Si tu vois un homme qui se croit sage,
II faut plus esperer d'un insense que de lui.
13 Le paresseux dit : II y a un lion sur la route,
II y a un lion dans les rues.
14 La porte tourne sur ses gonds,
Ainsi le paresseux dans son lit.
15 Le paresseux met sa main dans le plat,
Et il a de la peine a la porter a sa bouche.
16 Le paresseux se croit plus sage
Que sept conseillers prudents.
17 Comme celui qui saisit un chien par les oreilles,
Tel est le passant qui s'echauffe dans la querelle d'autrui.
18 Comme un furieux qui lance des traits enflammes,
Des flt'ches et la mort,
19 Ainsi est un homme qui a trompe son prochain
Et qui dit : " C'etait pour plaisanter. "
20 Faute de bois, le feu s'eteint;
Eloignez le rapporteur, et la querelle s'apaise.
21 Le charbon donne un brasier et le bois du feu :
Ainsi I'homme querelleur irrite une discussion.
22 Les paroles du rapporteur sont comme des friandises;
Elles descendent jusqu'au fond des entrailles.
23 Des scories d'argent appliquees sur un vase de terre,
Telles sont les levres brulantes avec un coeur mauvais.
24 Celui qui bait se d^guise par ses levres,
Mais il met au-dedans de lui la perfidie.
25 Ouand il adoucit sa voix, ne le crois pas,
Car il y a sept abominations dans son canir.
26 11 pent bien cacher sa haine sous la dissimulation,
Mais sa mdchancete se r^velera dans I'assemblee.
27 Celui qui creuse une fosse y tombe,
Et la pierre revient sur celui qui la roule.
28 La langue fausse hait ceux qu'elle blesse,
Et la bouche flatteuse cause la ruine.
7. O^es, etc. : vous pouvez le faire sans
inconvenient, car les jambes sont inuti-
les au hflitcux, comme les sages sentences
le sont a I'insense. D'autres : les jambes
du boiteux sont faibles, ainsi en est-il du
proverbe dans la bouche de I'insensd. Ou
Ijien : Ic IcTer des Jambes (pour la danse)
de la part du boiteux : icl est le pro-
verbe dans la bouche dc I'insense. \v\%. :
// ne sert dc rien an boiteux d^avoir de
belles jambes.
8. AltacJier iinc fierrc Cx la fronde, c'est
I'empecher de partir et d'atteindre son but,
c'est faire une chose absurde.
La Vulg.traduit le i^'membre: c'est mettrr
line pierre au monceait de Mcrcure. Mercure
etait chez les paiens le dieu des voyageurs;
on lui dlevait de loin en loin sur les chemins
des statues sans bras ni jambes, des Hermes,
et chaque voyageur qui passait jetait devant
elles une pierre en hommage. Les tas ainsi
formes s'appelaient moticcaux de Mercure.
En traduisant ainsi, S. Jerome n'etait sans
doute que I'echo des traditions juives.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXVI, 7—28.
363
tium stultum.y.Quomodo pulchras
frustra habet claudus tibias : sic in-
decens est in ore stultorum para-
bola. 8. Sicut qui mittit lapidem in
acervum Mercurii : ita qui tribuit
insipienti honorem. 9. Quomodo si
spina nascatur in manu temulenti :
sic parabola in ore stultorum. 10. Ju-
dicium determinat causas : et qui
imponit stulto silentium, iras miti-
gat. I I. 'Sicut canis, qui revertitur
ad vomitum suum, sic imprudens,
qui iterat stultitiam suam. 12. Vi-
disti hominem sapientem sibi vi-
deri.? magis illo spem habebit insi-
piens.
13. Dicit piger : Leo est in via,
et leasna in itineribus : 14. sicut
ostium vertitur in cardine suo, ita
piger in lectulo suo. 15. Wbscondit
piger manum sub ascella sua, et
laborat si ad os suum eam con-
verterit. 16. Sapientior sibi piger
videtur septem viris loquentibus
sententias,
17. Sicut qui apprehendit auribus
canem, sic qui transit impatiens, et
commiscetur rixas alterius.
I 8. Sicut noxius est qui mittit sa-
gittas, et lanceas in mortem : 19. ita
vir, qui fraudulenter nocet amico
suo : et cum fuerit deprehensus,
dicit : Ludens feci.
20. Cum defecerint ligna, exstin-
guetur ignis : et susurrone subtra-
cto, jurgia conquiescent. 21. Sicut
carbones ad prunas, et ligna ad
ignem, ^sic homo iracundus susci-
tat rixas. 22. Verba susurronis
quasi simplicia, et ipsa perveniunt
ad intima ventris.
23.0uomodo si argento sordido
ornare velis vas fictile, sic labia tu-
mentia cum pessimo corde sociata.
24. Labiis suis intelligitur inimi-
cus, cum in corde tractaverit do-
los. 25. Q_uando submiserit vocem
suam, ne credideris ei : quoniam
septem nequitias sunt in corde
illius. 26. Qui operit odium frau-
dulenter, revelabitur malitia ejus in
concilio.
27. C)ui fodit foveam, incidet in
eam : et qui volvit lapidem, rever-
tetur ad eum.
28. Lingua fallax non amat ve-
ritatem : et os lubricum operatur
ruinas.
■Supra 15,
iS.
9. Comp. vers. 7.
10. Verset difficile et ties diversement
interprete. Delitzsch : le bcmicoup empoiic
Ic toui^ c.-:i-d., celui qui par son travail a
commence et fait avancer une ceiivre, I'ache-
vera heureusement; mais les gages (en lisant
ouseJcar) de Pinsenac et cclui qui I'a pris a
gages passe/if, sans aboutir a rien ; les ga-
ges de I'insense, parce qu'il les dissipe fol-
lement; celui qui I'a pris a gages, parce que
le travail de I'insense lui est plutot nuisible
que profitable.
Vulg. : le jugevient (hebr. rib) decide les
p)'oces, ct celui qui impose silence a Vinsense
apaise les coleres.
11. Cite II Pier, ii, 22.
13. Meme pensee que xxii, 13.
14. Toume, sans changer de place.
15. Variante de xix, 24.
16. Sepl, pour plusieurs.
22. Repetition de xviii, 8.
23. Des scones d'ar^ent, litt. Pargeni de
scories, Toxyde de plonib ou litharge dont
on se servait alors, comnie aujourd'hui, pour
deposer unvernis sur les vases d'argile; ces
vases n'en restaient pas moins des vases de
terre. — Des Ih'res hrulanfes^ ayant toutes les
apparences d'une vive et sincere affeftion.
24. Vulg. : (i ses levres, k ses paroles, on
rcconnaii iin ennemi, lorsqu^il niedite la
tromperie dans son canir.
25. Sept abominations (comp. vers. 16) :
ici le nombre sept parait designer la pleni-
tude (comp. MattJi. xii, 45) : toutes les abo-
minations, une entiere perversite.
26. II pent bien cacher ; ou simplement, //
cacJie. :
27. La pierre : comp. Ps. vii, 16; Eccli.
xxvii, 25; peut-etre allusion aux usages de
la guerre : voy. Jug. ix, 53; II Sam. xi, 21.
28. La languefaicsse, I'homme qui a cause
par ses calomnies de graves dommages a
son prochain, n'en a que plus de haine pour
sa viflime; c'est Vodisse quern Iccseris de
Tacite, pensee que La Lruyere exprime
ainsi : " Comme nous nous affeflionnons de
plus en plus aux personnes a qui nous fai-
sons du bien, de meme nous haissons vio-
lemment ceux que nous avons beaucoup
often ses."
Ouelques interprctes proposent de lire,
au lieu de daccar' (contr'itos suos), adonav
364
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXVII, 1-17.
Chap.
XXVI I.
CHAr. xxvil. — Recommandations clivcrses (suite).
E te glorifie pas du lendcmain,
Car tu ne sais pas ce qu'enfantera le jour suivant.
2 Ou'un autre te loue, et non ta bouche;
Un ctranger, et non tes levres.
3 La pierre est lourde et le sable est pesant :
Plus que I'lin et I'autre pese la colere de I'insense.
4 La fureur est cruelle et la colere impetueuse,
Mais qui pourra tenir devant la jalousie?
5 Mieux vaut une reprimande ouverte
Qu'une aniitie cnchec.
6 Les blessures d'un ami sont inspirees par sa fid^lite,
Mais les baisers d'un ennemi sont trompeurs.
7 Celui qui est rassasie foule aux pieds le rayon de miel,
Mais celui qui a faim trouve doux tout ce qui est amer.
8 Comme I'oiseau qui erre loin de son nid,
Ainsi est Thomme qui erre loin de son lieu.
9 L'huile et les parfums rejouissent le coeur;
Do meme les doux conseils inspires par I'amitie.
10 N'abandonne pas ton ami et I'ami de ton pere,
Et n'entre pas dans la maison de ton frere au jour de ta detresse
Mieux vaut un voisin proche qu'un frere eloigne.
11 Mon fils, deviens snge et rejouis mon coeur,
Afin que je iruisse repondre h. celui qui m'outrngc.
12 L'homme prudent voit le mal et se cache;
Les simples avancent et en portent la peine.
13 Prends son vetement, car il a repondu pour autrui;
Demande des gages h cause des etrangers.
14 Benir son prochain h haute voix et de grand matin
Est repute comme une maledicT:ion.
15 Une goutticre continue dans un jour de pluie
Et une femme querelleuse se ressemblent.
16 Celui qui la retient, retient le vent,
Et sa main saisit de Fhuile.
17 Le fer aiguise le fer,
Ainsi un homme aiguise un autre homme.
(domimim situ in) : la Inngiic faitsse haii son
inai/jr, celui qui la possede, en ce sens
qu'elle le fait tomber dans le malheur.
CHAP. XXVII.
1. Ne te van/e pas du lendonain^ comme
si tu avals ce jour k ta disposition.
2. Comp. y^v?;/, viii, 54; II Cor. xii, 11.
4. Lajaloi/sie, la fureur de I't'poux outia-
g^. V'ulg. : qui pourra soutenir le choc d^un
lionwie eniporte?
5. Une amiiit' cac/ire, qui n'ose se montrer
assez pour donner un avis salutaire.
6. Sonl inspirees par la fidcliii'; litt. sont
Jideles, ont pour cause une affe(ftion verita-
ble. — So7il Irompeurs; Delitzsch, sont accn-
niules : un ennemi multiplie hypocritement
ses baisers. \'ulg. : les blessures faiics far
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXVII, 1 — 17.
365
— :i:— CAPUT XXVII. — >—
Non gloriandum in crastinum : ne teipsuni
laudaveris : ira stulti quam sit gravis :
manifesta corredio : vulnera diligentis :
aninia saturata : vicinus juxta : spondens
pro extraneo : litigiosa mulier : infernus
insatiabilis : probatur homo ore laudan-
tis : stultus contusus : vultum pecoris
lac caprarum in cibum.
E glorieris in crastinum,
ignorans quid superven-
tura pariat dies.
2. Laudet te alienus, et
non OS tuum : extraneus, et non
labia tua.
3. "Grave est saxum, et onerosa
arena : sed ira stulti utroque gra-
vior.
4. Ira non habet misericordiam,
nee erumpens furor : et impetum
concitati ferre quis poterit.?
5. Melior est manifesta correptio,
quam amor absconditus.
6. Meliora sunt vulnera diligentis,
quam fraudulenta oscula odientis.
7. *Anima saturata calcabit fa-
vum : et aninia esuriens etiam ama-
rum pro dulci sumet.
8. Sicut avis transmigrans de nido
suo, sic vir qui derelinquit locum
suum.
9. Unguento et variis odoribus
delectatur cor : et bonis amici con-
siliis anima dulcoratur.
10. Amicum tuum, et amicum
patris tui ne dimiseris : et domum
fratris tui ne ingrediaris in die affli-
ctionis tuas. Melior est vicinus jux-
ta, quam frater procul.
1 1. Stude sapientiae fili mi,et lae-
tifica cor meum, ut possis expro-
branti respondere sermonem.
12. Astutus videns malum, abs-
conditus est : parvuli transeuntes
sustinuerunt dispendia.
13. ''Tolle vestimentum ejus, qui 'Supra 20,
spopondit pro extraneo : et pro alie- '^
nis, aufer ei pignus.
14. Qui benedicit proximo suo
voce grandi, de nocte consurgens
maledicenti similis erit.
15. "^Tecta perstillantia in die '^Supraio,
frigoris, et litigiosa mulier compa- ^3-
rantur : 16. qui retinet eam, quasi
qui ventum teneat, et oleum dexte-
ras suas vocabit.
17. Ferrum ferro exacuitur, et
homo exacuit faciem amici sui.
un ami valent miettx que les baisers trovi-
peurs d''un ennemi.
8. De son lieu, de la demeine de ses
peres. Ce proverbe est dirige contre I'esprit
d'a venture; nous disons dans le meme sens :
" Pierre qui roule n'amasse pas mousse."
9. Repandre ou asperger de I'huile odo-
rante, bruler des parfums, etait alors d'un
usage general, pour donner a un bote des
marques d'honneur et d'amitie. — De meme,
ou plus encore la douce parole, etc., les con-
seils afifedlueux d'un ami. D'autres : la dou-
ceur dUen ami vient de son dme boniie con-
seillcre, des bons conseils qu'il donne. Vulg. :
les bons conseils d''un ami font les delices de
Vdme.
10. N^ abandonne pas, ne laisse pas de
cote un homme depuis longtemps uni a ta
famille par des relations d'amitie; au jour
de ta dctrcsse, c'est a lui, qui est la tout
proche et ton voisin, que tu t'adresseras,
et non a ton frere qui demeure au loin et
qui peut-etre serait moins dispose a te venir
en aide.
11. Afin t/uc je puissc rcpondre, atin que
je sois a I'abri de tout reproche, la mauvaise
conduite du fils etant un opprobre pour le
p^re. Vulg.,rtA"« que tu puisses rtpondre; &\\
lieu de. possis, plusieurs anciens manuscrits
oni possim, le^on preferable.
12. Repetition de xxii, 3.
13. Repetition de xx, 16.
14. Est repute, devant Dieu et devarit les
hommes, ne valoir pas mieux qu'une malc-
dic1ion,a cause, du motif int^resse qui inspire
d'ordinaire ces demonstrations exagerdes.
15. Comp. xix, 13.
16. Sa main saisit (litt. rencontre) de
riiuile : il n'est pas plus facile de faire taire
une femme querelleuse que d'arreter le vent
ou d'empecher I'huile de couler. Vulg., et il
appelleta Phuile pour sa main, pour guerir
la blessure qu'il se sera faite en luttant contre
sa femme.
17. Sens ; les hommes se perfeclionnent
par le frottement des relations sociales.
Fades designe ce qui parait au dehors, la
maniere d'agir, les mueurs. D'autres inter-
pretent le 2^ membre : ainsi un homme ex-
cite la colere d'un autre homme.
366 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXVII, iS— 27; XXVIII, 1—7.
18 Celui qui cultive un figuier en mangera les fruits,
Et celui qui garde son maitre sera honore.
1 9 Comnie dans I'eau le visage re'pond au visage,
Ainsi le coeur de I'liomme repond a I'liomme.
20 Le sejour des morts et I'abinie ne soiit jamais rassasies,
De mcme les yeux de rhomme sont insatiables.
21 Le creusot est pour I'argent, et le fourneau pour I'or;
C2ue rhomme eprouve de mcme la louange qu'il re^oit.
22 Quand tu pilerais I'insense dans un mortier,
Comme on broie le grain, avec le pilon,
Sa folie ne se separerait pas de lui.
23 Connais bien I'etat de tes brebis,
Donne tes soins a ton troupeau;
24 Car la richesse ne dure pas toujours,
Ni une couronne d'age en age.
25 Mais quand I'herbe a paru, que la verdure s'est montrc'e,
Que Ic foin des montagnes est recueilli,
26 Tu as des agneaux pour te vetir,
Des boucs pour payer un champ;
27 Tu as en abondance le lait des chcvres pour ta nourriture et celle de ta maison,
Et pour I'entretien de tes servantes.
CHAP. XXVIIL — Recommandations diverses (suite).
Chap.
XXVIIL
E miichant fuit sans qu'on le poursuive,
Mais les justes ont de I'assurance comme un lion.
J Dans un pays en revoke, les chefs se multiplient;
Mais avec un homme intelligent et sage
L'ordre se prolonge.
3 Un homme pauvre qui opprime les malheureux,
C'est une i)luie violente qui cause la disette.
4 Ccux qui abandonnent la loi louent le mcchanl,
Ceux qui I'observent s'irritent contre lui.
5 L'homme pervers ne comprend pas ce qui est juste,
Mais ceux qui cherchent jt^hovah comprennent tout.
6 Mieux vaut le pauvre dans son integrity
(2uc rhomme aux voies tortueuses etK.iui est riche.
7 Celui qui observe la loi est un fils intelligent,
Mais celui qui nourrit les ddbauches fait honte a son pore.
iS. Eloge du serviteur fidcle. L'Eglise
applique le 2<^ membre a S. Joseph, le pcre
nourricier du Sauveur.
19. Pensee : de mcme que chacun voit sa
propre figure se retleter dans le miroir des
eaux, de meme il voit dans le coeur des
autres hommes une image de son propre
cceur; il y retrouve les dispositions ct les
sentiments que lui-meme eprouve. En deux
mots : notre visage trouve dans Teau son
image, notre cccur trouve dans tout cccur
d'homme son echo.
20. I'our le i'^' membre, voy. xv, 11. —
Rassasic's de viftimes.
Les yeux, la
concupiscence des yeux : voyez I Jea/i,
II, 16.
21. Eproui'c, fasse passer au creuset la
louange qui lui est donnee, pour la purifier
de ralliage impur qu'y mele la fiatterie.
D'autres : onjui^e quelqifi/n scion la lotianoe
qtc'il se donne a lui-nicmc : s'il se loue de
bonnes et serieuses qualites, il est honncte
et vertueux; s'il se glorifie de choses futiles
ou mauvaises, c'est un homme de peu de
valeur ou meme vicieux. LXX et Vulg. : ce
qui cprouvc I'lionunc, c'est la bouche de celui
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXVII, 18—27; XXVIII, 1—7. 367
18. Qui servat ficum, comedet
fructus ejus : et qui custos est do-
mini sui, glorificabitur.
19. Quomodo in aquis resplen-
dent vuTtus prospicientium,sic cor-
da hominum manifesta sunt pru-
dentibus.
20. Infernus et perditio nunquam
iccii. 14, implentur : similiter et 'oculi homi-
num insatiabiles :
supra 17, 2 I. ^Quomodo probatur in con-
flatorio argentum, et in fornace au-
rum : sic probatur homo ore lau-
dantis.
Cor iniqui inquirit mala, cor au-
tem rectum inquirit scientiam.
22. Si contuderis stultum in pila
quasi ptisanas feriente desuper piJo,
non auferetur ab eo stultitia ejus.
23, Diligenter agnosce vultum
pecoris tui, tuosque greges consi-
dera : 24. non enim habebis jugiter
potestatem : sed corona tribuetur
in generationem et generationem.
25. Aperta sunt prata, et apparue-
runt herbas virentes, et collecta sunt
Tim. 6, fcena de montibus. 26. ^Agni ad
vestimentum tuum : et hoedi, ad
agri pretium. 27. Sufficiat tibi lac
caprarum in cibos tuos, et in neces-
saria domus tuas : et ad victum an-
cillis tuis.
— :i:— CAPUT XXVIII. — :!:—
De fuga impii et secuiitate justi : propter
peccata terrte multi principes ejus : pau-
per pauperem calumnians : pauper sup-
plex, et dives pravus ; nolens audire le-
gem : exsultatio justorum : abscondens
scelera sua : beatus semper pavidus :
princeps impius ut leo : dux indigens pru-
dentia : terram suam operans : a patre
subtrahens.
UGIT impius, nemine per-
sequente : Justus autem
quasi leo confidens, abs-
que terrore erit.
2. Propter peccata terras multi
principes ejus : et propter hominis
sapientiam, ethorum scientiam quse
dicuntur, vita dulcis longior erit.
3. Vir pauper calumnians paupe-
reSj similis est imbri vehementi, in
quo paratur fames.
4. Oui derelinquunt legem, lau-
dant impium : qui custodiunt, suc-
cenduntur contra eum. 5. Viri mali
non cogitant judicium : qui autem
inquirunt Dominum, animadver-
tunt omnia.
6. "Melior est pauper ambulans
in simplicitate sua, quam dives in
pravis itineribus.
7. Qui custodit legem, filius sa-
piens est : qui autem comessatores
pascit, confundit patrem suum.
'^ Supra 19,
I,
(jui Ic lone, la maniere dont il se comporte
en face de la louange.
La Vulg. ajoute d'aprcs les LXX : Ic avicr
dii mediant recJierche Ic vial, iiiais le ai'iir
droit recherche la science.
22. Des grains d'orge et de ble. — Sa
folie, etc. : elle lui est invinciblement atta-
chee, elle est comma sa substance meme.
34. La richesse, les provisions de toutes
sortes s'epuisent : il faut done soigner les
troupeaux, qui fournissent une subsistance
assuree. — CJne conronne, prise ici conime
symbole de la richesse en metaux precieux,
en joyaux, en vetements de prix. Vulg. : tu
nhiuras pas toiijours la puissance, niais ime
couronne te sera accordee d^dge en age.
25. Vlierbe ancienne, precedemment cou-
pee.
26. Des boucs dont la vente te perniettra
d'acheter un champ.
CHAP. XXVIII.
2. Dans nn pays en revolte; litt., par la
rebellion (Vulg. les pechc's) du pays, les pre-
tendants au pouvoir sont nombreux, et a
peine I'un d'eux y est-il arrive, cju'un autre
le renverse. — L'ordre, en prenant I'hebr.
ke/i pour un substantif; d'autres font de ce
mot un adverbe : alors il (le sage arrive
au pouvoir) prolonge son regne; ou bien :
// (le pays) prolonge ses jours d\uie ma-
niere stable.
3. Un horn me n€ pauvre, <j\m s'est empare
du pouvoir, et qui oppri/ne, etc. — Une pluie
violcnte qui, au lieu de faire croitre les mois-
sons, y porte le ravage.
5. Ne comprend pas : I'intelligence depend
h beaucoup d'egards de la moralite. Comp.
\ Jean, ii, 20; Jacq. i, 2^ sv.
6. Comp. xix, I.
368
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXVIII, 8—26.
8 Celui qui augmente ses biens par I'int^ret et I'lisure,
Les amasse pour celui qui a pitie des pauvres.
9 Si quelqu'un detourne I'oreille pour ne pas tcouter la loi,
Sa priere meme est una abomination.
10 Celui qui ^gare les hommes droits dans la vole niauvaise
Tombera lui-meme dans la fosse qu'il a creusee;
Mais les hommes intcgres possdderont le bonheur.
1 1 L'homme riche se croit sage;
Mais le pauvre qui est intelligent le connait.
12 Ouand les justes triomphent, c'est une grande fete;
Ouand les mediants s'elevent, chacun se cache.
13 Celui qui cache ses fautes ne prosperera point,
Mais celui qui les avoue et les quitte obtiendra misericorde.
14 Heureux l'homme qui est continuellement dans la crainte!
Mais celui qui endurcit son cteur tombera dans le malheur.
15 Un lion rugissant et un ours affame,
Tel est le mechant qui domine sur un peuple pauvre.
16 Le prince sans intelligence multiplie I'oppression,
Mais celui qui hait la cupidite aura de longs jours.
17 Un homme charge du sang d'un autre
Fuit jusqu'a la fosse : ne I'arrctez pas !
18 Celui qui marche dans I'integrite trouvera le salut,
Mais celui qui suit des voies tortueuses tombera pour ne plus se relever.
ig Celui qui cultive son champ sera rassasie de pain,
Mais celui qui poursuit des choses vaines sera rassasie de pauvrete.
20 Un homme fidele sera comble de benedidlions,
Mais celui qui a hate de s'enrichir n'echappera pas a la faute.
21 II n'est pas bon de faire acception des personnes;
Pour un morceau de pain un homme devient criminel.
22 L'homme envieux a hate de s'enrichir;
II ne salt pas que la disette viendra sur lui.
23 Celui qui reprend quelqu'un trouve en suite plus de faveur
Que l'homme a la langue flatteuse.
24 Celui qui vole son p6re et sa mere,
Et qui dit ; " Ce n'est pas un peche,"
Est le compagnon du brigand.
25 L'homme cupide excite les querelles;
Mais celui qui se confie en Jehovah sera rassasid.
26 Celui qui a confiance dans son propre ccuur est un insense,
Mais celui qui marche dans la sagesse sera sauve.
8 Unsure, ici, ce qu'on exige pour le pret
d'un oh]t\., fa'tius rcale (comp. Lev. xxv, 37).
— Pour celui., pour un heritier qui se mon-
trera liberal envers les pauvres.
g. Sa priere ne sera pas agreee de Die 11.
Comp. is. i, 1 5; _/(?<?«, ix, 31.
10. Posscderont le bonheur; Vulg. ses biens,
lesbiensdu mechant; mais le motdy"//j-,auquel
rien necorrespond ni en hcbr. nien grec, man-
que aussi dans plusieurs manuscrits latins.
11. Le connait, penetre a fond son peu de
valeur.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXVIII, 8—26.
369
8. Oui coacervat divitias usuris
et foenore, liberali in pauperes con-
gregat eas.
9. Qui declinat aures suas ne au-
diat legem, oratio ejus erit exsecra-
bilis.
10. Qui decipit justos in via mala,
in interitu suo corruet : etsimplices
possidebunt bona ejus.
1 1 . Sapiens sibi videtur vir dives :
pauper autem prudens scrutabitur
eum.
1 2. In exsultationejustorum multa
gloria est : regnantibus impiis rui-
nas horn i num.
I J. Qui abscondit scelera sua,
non dirigetur : qui autem confessus
fuerit, et reliquerit ea, misericor-
diam consequetur.
14. Beatus homo, qui semper est
pavidus : qui vero mentis est duras,
corruet in malum.
15. Leo rugiens, et ursus esu-
riens, princeps impius super popu-
lum pauperem.
16. Dux indigens prudentia, mul-
tos opprimet per calumniam : qui
autem odit avaritiam, longi fient
dies ejus,
17. Hominem, qui calumniatur
animae sanguinem, si usque ad la-
cum fugerit, nemo sustinet.
18. Qjui ambulat simpliciter, sal-
vus erit : qui perversis graditur viis,
concidet semel.
19. *Qui operatur terram suam,
satiabitur panibus : qui autem se-
ctatur otium, replebitur egestate.
20. Vir fidelis multum laudabi-
tur : "qui autem festinat ditari, non
erit innocens.
21. Qui cognoscit in judicio fa-
ciem, non benefacit : iste et pro
buccella panis deserit veritatem.
22. Vir, qui festinat ditari, et aliis
invidet, ignorat quod egestas super-
veniet ei.
23. Qui corripit hominem, gra-
tiam postea inveniet apud eum ma-
gis quam ille, qui per linguae blan-
dimenta decipit.
24. Qui subtrahit aliquid a patre
suo, et a matre : et dicit hoc non esse
peccatum, particeps homicidal est.
25. Qui se jactat, et diktat, jurgia
concitat : qui vero sperat in Domi-
no, sanabitur.
26. Qui confidit in corde suo,
stultus est : qui autem graditur sa-
pienter, ipse salvabitur.
* Supra 12,
II. Eccli.
20, 30.
'Supra 13,
II ct 20, 21.
12. Une graiide fete, litt. une grande ma-
gniticence; tout le peuple applaudit a cette
vicftoire dii juste sur ses ennemis. — Chacnn
se cache; ou bien, on cJierche Ics ge/is, parce
qu'ils se tiennent enfermes dans leurs mai-
sons, n'osant paraitre au dehors. II s'agit
piobablement de I'avenement au pouvoir
soit du juste, soit du mechant : comp. vers. 2.
13. Ses fautes, certains manquenients a
des prescriptions legales : voy. Lev. v, 5;
Nombr. v, 6 sv.
14. La crainte d'offenser Dieu.
15. Un peuple que les maux de la guerre
ont reduit a la pauvrete.
16. Delitzsch traduit plus litteralement
I'hebreu : 6 prince done d'' intelligence et
richc en oppression, sache que celtd qui halt,
etc.
17. Fuit, comma Cain, bourrele de re-
mords jusqu'a ce que le chatiment divin le
frappe. — Nc V arreted pas, n'essayez pas de
I'arreter dans le chemin ou il trouvera siire-
ment sa perte, de le soustraire a la justice
divine. Vulg., personne ne L attend "poMY lui
porter secours : elle a lu lo au lieu de dl.
18. Tombera pour ne plus se relever, litt.
une fois, une bonne fois. Semel a le meme
sens Virg. Aen. ii, 418.
19. Variante de xii, 11.
20. De benedmions de la part de Dieu et
des hommes. — N\'chappera pas a la fautc,
et par suite au chatiment; le mot hebr. reu-
nit les trois idees de faute, de culpabilite et
de chatiment.
21. Le i^' membre regarde les juges,
le 2e tous les hommes en general : il taut
souvent bien peu de chose pour faire pen-
cher leur volonte du cote du mal.
22. La Vulg. reunit les deux membres en
une seule phrase : Vhoinine (/ui parte envie
aux metres et qui a hate de s'enrichir, ne
sail pas, etc.
23. Ensuite. Delitzsch prend le mot hebr.
pour un adjeflif qu'il rattache a ce qui pre-
cede : celui qui reprend V lionune cloignc de
Dieu ou du bien : comp. y6*r. vii, 24.
25. Vhoinnie cupidc, litt. large dame,
qui etend au loin ses desirs; Vulg., Por-
gucilleux.
26. Vans son propre ca'ur, en lui-mcme.
N^ 2J. — LA SAINTE BIULE. TOME IV. — 24
370 LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXVIII, 27, 28; XXIX, i — 18.
Chap.
XXIX.
27 Celui qui donne au pauvre n'eprouve pas la disette,
Mais celui qui feime les yeux est charge de maledi<;^ions.
28 Quand les mechants s'elfevent, chacun se cache;
Ouand ils perissent, les justes se multiplient.
CHAP. XXIX. — Recommandations diverses (suite).
'HOMME digne de reproche et qui raidit le cou,
Sera brise subitement et sans remede.
2 Ouand les justes se multiplient, le peuple est dans la joie;
Quand le me'chant exerce le pouvoir, le peuple gemit.
3 L'homme qui aime la sagesse rejouit son pere,
Mais celui qui frequente les courtisanes dissipe son bien.
4 Un roi aftermit le pays par la justice;
Mais celui qui est avide de presents le ruine.
5 L'homme qui flatte son prochain
Tend un filet sous ses pieds.
6 Dans le peche de l'homme mechant il y a un piege,
Mais le juste est dans la jubilation et la joie.
7 Le juste connait la cause des pauvres,
Mais le mechant ne comprend pas la science.
8 Les railleurs soufflent le feu dans la ville,
Mais les sages apaisent la colere.
9 Si un sage conteste avec un insense,
Qu'il se fache ou qu'il rie, ils ne s'entendront pas.
10 Les hommes de sang haissent l'homme integre,
Mais les hommes droits protegent sa vie.
11 L'insense fait eclater toute sa passion,
Mais le sage la contient.
12 Ouand le prince ecoute les paroles mensongeres,
Tous ses serviteurs sont des mechants.
13 Le pauvre et I'oppresseur se rencontrent;
C'est Jehovah qui eclaire les yeux de I'un et de I'autre.
14 Un roi qui juge fidelement les pauvres
Aura son trone affermi pour toujours.
15 La verge et la correClion donnent la sagesse,
IVIais I'enfant abandonne il son caprice fait honte a sa mere.
16 Ouand les mechants se multiplient, le crime s'accroit,
Mais les justes contempleront leur chute.
17 Corrige ton fils, et il te donnera du repos,
Et il procurera des ddlices a ton ame.
18 Quand Dieu ne se montre plus, le peuple est sans frein;
Heureux qui observe la loi !
27. La Vulg. traduit librement le 2^ mem-
bre , mats celui qui tneprise sa priere souf-
frini Vindigcnce.
28. Quand les mechants : voy. vers. 12. —
Les justes, qui se cachaient, reparaissent et
forment un parti nombreux et puissant.
CHAP. XXIX.
1. La Vulg. traduit le 1^' membre :
Vhonwte qui mcprise, en raidissaiit son cou,
celui qui le reprcnd.
2. Comp. xxviii, 12, I'i.
3. Qui frequente; Vulg. qui nourrit ou
entretient.
4. Celui qui est avide de presents, ou qui
multiplie les impots, par ex. sur les produits
du sol ou de I'industrie, sur les heritages,
etc. C'est la probablement le sens de avarus
dans la Vulg.
6. Un picgc, oil le mechant finira par trou-
ver sa perte. — Le juste, dont la conscience
est pure et qui n'a pas k craindre le chati-
ment divin. -
7. Connait la cause des pauvres, leconnail
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXVIII, 27, 28; XXIX, i — 18. 371
27. Qui dat pauperi, non indige-
bit : qui despicit deprecantem, sus-
tinebit penuriam.
28. Cum surrexerint impii, abs-
condentur homines : cum illi per-
ierint, multiplicabuntur justi.
— :i:— CAPUT XXIX. — :>—
Non audiens conipientem : multiplicatio
justorum : amor sapientiie : rex Justus :
blandus amicus : pestilentes : contendere
cum stulto : viri sanguinum : totum pro-
ferens spiritum : verba mendacii : pauper
et creditor : rex Justus : corretlio : multi-
plicatio impiorum : erudi filium : prophe-
tia : velox ad loquendum : delicate ser-
vum nutriens : iracundus : superbus : cum
fure participans : timens hominem : justi
abominantur inipium, et e diverso.
IRO,qui corripientem du-
ra cervice contemnit, re-
pentinus ei superveniet
interitus : et eum sanitas
non sequetur.
2. In multiplicatione justorum
lastabitur vulgus : cum impii sum-
pserint principatum,gemet populus.
3. Vir, qui amat sapientiam, laeti-
ficat patrem suum : 'qui autem nu-
trit scorta, perdet substantiam.
4. Rex Justus erigit terram, vir
avarus destruet earn.
5. Homo, qui blandis, fictisque
sermonibus loquitur amico suo, rete
expandit gressibus ejus.
6. Peccantem virum iniquum in-
volvet laqueus : et Justus laudabit
atque gaudebit.
7. Novit Justus causam paupe-
rum : impius ignorat scientiam.
8. Homines pestilentes dissipant
civitatem : sapientes vero avertunt
furorem.
9. Vir sapiens, si cum stulto con-
tenderit, sive irascatur, sive rideat,
non inveniet requiem.
10. Viri sanguinum oderunt sim-
plicem : justi autem quasrunt ani-
mam ejus.
IT. Totum spiritum suum pro-
fert stultus : sapiens differt, et re-
servat in posterum.
I 2. Princeps, qui libenter audit
verba mendacii, omnes ministros
habet impios.
13. ^Pauper et creditor obviave- "Supra2a
runt sibi : utriusque illuminator est ^^
Dominus.
14. Rex, qui judicat in veritate
pauperes, thronus ejus in aeternum
firmabitur.
1 5. ' Virga atque correptio tribuit
sapientiam : puer autem, qui dimit-
titur voluntati suae, confundit ma-
trem suam.
16. In multiplicatione impiorum
multiplicabuntur scelera : et justi
ruinas eorum videbunt,
17. Erudi filium tuum, et refri-
gerabit te, et dabit delicias animas
tuas.
18. Cum prophetia defecerit, dis-
Supra 23,
13.
ce qui leur est du, savoir justice et compas-
sion. — jVe coinpreiid pas la science, n'a
pas le sentiment de ces deux devoiis envers
le pauvre.
8. Les inoqueurs, pour qui nulle autorite
n'est sacree (comp. fs. xxviii). — Le feic de
la discorde. La Vulg. traduit le i^'' membre :
les lioiiiDies corrompiis bouleversent la I'ille.
9. Si un sage, etc. : tel est le sens de la
Vulg. La plupart des modernes : si un sage
entre en discussion avec un insense, celui-ci,
au lieu d'ecouter avec calme, s'einporte et
rit tour a tour, et il n^y a pas de pair ; ou
bien avec Delitzsch, et ne se tient pas tran-
quil le.
10. Profegent sa vie, litt. cliercJient son dine
(Vulg.) pour la defendre.
12. Tons ses scrviteurs, ■its ministres, sont
ou deviennent des niechants, en ce qu'ils le
trompent par des mensonges, des llatteries,
de faux rapports, etc.
13. L'opprcsseur, litt. Phoinnie dhisures,
le riche usurier. — (2;tti eclaire, etc. : Jeho-
vah les a faits Fun et I'autre et les eclaire de
son salut {Mattli. v, 45); d'ou cette double
consequence morale : tous deux sont sous
le regard de Dieu, tous deux auront a lui
rendre compte de leur conduite.
14. Comp. xvi, 12; XX, 28; XXV, 5.
15. Comp. xiii, 24; xxv, 13; x, i; xvii, 21;
vxviii, 7.
18. Quand Dieu, etc.; litt., quand il n'y a
plus de vision, de revelation de Dieu faite
au peuple par un prophcte, quand il n'y a
plus personne parlant au peuple au nom de
Dieu, comme au temps de Samuel (I Sa/n.
372 LIVRE DKS PROVERBES. Chap. XXIX, 19—27; XXX, 1 — 4.
19 Ce n'est pas par des paroles qu'on corrige un esclave;
Ouand mcme il comprend, il n'obcit pas.
20 Si tu vols un homme prompt a parler,
II y a plus a esperer d'un insense que de lui.
21 Le serviteur moUement traite dcs I'enfance
Finit par se croire un fils.
22 Un homme colere excite des querelles,
Et riiomme violent tombe dans beaucoup de pcchcs.
23 L'orgueil dun homme le conduit a Thumiliation,
Rials I'humble d'esprit oljtient la gloire.
24 Celui qui partage avec un voleur halt son ame;
II entend la mak-ditlion et ne dit rien.
25 La crainte des hommes porte avec elle un picge,
IMais celui qui se confie en Jehovah est mis en surele.
2b Beaucoup de gens recherchent la faveur du prince,
Mais c'est Jehovah qui rend justice a chacun.
27 L'homme inique est en abomination aux justes,
Et celui dont la voie est droite est en abomination aux mechanls.
Premier supplement a la III^ partie.
PAROLES D'AGUR.
Chap.
XXX.
CHAP. XXX.- — rreambulc [vers, i — 6]. Divers provcrbes [7 sv.].
1 Paroles d'Agur, fils de Jake, sentence. Cet homme a dit :
^•g E me suis fatigue pour connaUrc Dieu,
l^our connaitrc Dieu, et je suis a bout de forces.
*^ 2 Car je suis plus stupide que personne,
Et je n'ai pas rintelligence d'un homme.
3 Je n'ai pas appris la sagesse,
Et je ne connais i^as la science du Saint.
4 Qui inonte au cie! et qui en descend?
()ui a lecueilli le vent dans ses mains?
Oui a lie les eaux dans son vctement.'
Oui a aftermi toutes les extrdmites de la terra?
Uuel est son nom et quel est le nom de son fils?
Le sais-tu?
iii, I. Comp. Oscc^ iii, 4; Ajiws, viii, 12;
II Par. XV, 3; Ps. Iwiv, 9). II ne rcste plus
alors au peuple que la loi (de Moise) : heu-
reux cjui I'observe !
20. Prompt a parler, irreflechi dans ses
paroles {Eccli. ix, iZ;Jacq. i, 19} : il n'a pas
mcme le temps de s'apercevoir de sa sotlise.
21. Uti Jils : nos pores auraient dit, un
daiiioiseaii : c'est le sens tres probable du
mot hdbreu. D'autres : a ia fin il dcviendra
ingrat ; V'ulg. rebcllc,
22. Comp. XV, 18.
23. Comp. xi, 16; xvi, 19; Luc, xiv, 1 1.
24. La inalcdiflion : aussitot qu'un vol
etait constate, la personne vol(^e(y/^^^xvii, 2)
on le juge de la ville {Lev. v, 1) prononc^ait
une maledi(flion solennelle centre le voleur
et tons ceux qui, Ic connaissant, ne le de-
nonceraient pas.
25. Celui qui, pour se soustraire a un dan-
ger dont on le menace, commet une injus-
tice ou nie la verite, tombe dans un picgc,
car non seulement il fait preuve de lachete,
mais encore il ofifense Dieu et se prepare de
cruels remords.
26. Qui fait droit a chacun, qui met tout
a sa vraie place.
27. Aprcs ce versct, la \'ulg. ajoute, sans
doute en guise d'epilogue : le fils qui garde
la parole est a I'abri de la perdition.
CHAP. XXX.
I. ^'Igur, Jake : inconnus. — Sentence,
litt. la sentence, est ajoutc'e pour mieux ca-
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXIX, 19—27; XXX, 1—4. 373
sipabitur populus : qui vero custo-
dit legem, beatus est.
1 9. Servus verbis non potest eru-
diri : quia quod dicis intelligit, et
respondere contemnit.
20. Vidisti hominem velocem ad
loquendum.^ stultitia magis speran-
da est, quam illius correptio.
21. Qui delicate a pueritia nutrit
servuni suum, postea sentiet eum
contumacem.
22. Vir iracundus provocat rixas:
et qui ad indignandum facilis est,
erit ad peccandum proclivior.
23. 'Superbum sequitur humili-
tas : et humilem spiritu suscipiet
gloria.
24. Qui cum fure participat, odit
animam suam : adjurantem audit,
et non indicat.
25. Qui timet hominem, cito cor-
ruet : qui sperat in Domino, suble-
vabitur.
26. Multi requirunt faciem prin-
cipis : et judicium a Domino egre-
ditur singulorum.
27. Abominantur justi virum im-
pium : et abominantur impii eos,
qui in recta sunt via. Verbum cu-
stodiens filius, extra perditionem
erit.
— :i:— CAPUT XXX. — :!:—
Homo Deo vicinus jiidicat se insipientem,
et opera Dei incomprehensibilia : sermo
Dei ignitus, cui niliil addendum : depre-
catur vanitatem, verba mendacii, mendi-
citatem et divitias : non accusandus ser-
vus apud dominum suum : aliquot gene-
rationes exsecrabiles : dute sanguisugae :
tria insaturabilia : oculus patrem subsan-
nans : tria difficilia : per tria movetur
terra : quatuor minima terra; : tria bene
gradientia : vehementer emungens.
ERBA Congregantis filii
Vomentis. Visio, quam
locutus est vir, cum quo
est Deus, et qui Deo se-
cum morante confortatus, ait :
2, Stultissimus sum virorum, et sa-
pientia hominum non est mecum.
3, Non didici sapientiam, et non
novi scientiam sanctorum. 4. Quis
ascendit in ccelum atque descendit?
quis continuit spiritum in manibus
suis.^ quis colligavit aquas quasi in
vestimento? quis suscitavit omnes
terminos terras? quod nomen est
r<Lc\er'\sev pnro/es et en relever I'importance.
— Po!fr connaitrc Dieu, sa nature, ses per-
fections (en lisant laiiJii El).
Ce titre du morceau est trcs diversement
interprete.
Delitzsch traduit la dernicre partie, sans
rien changer a la lecon massoretique .• Dire
de cet Jwinine a ou poiij- ItJiicl, a IfliicI, ct a
Rh-al.
Zockler : paroles ifAgi/r, fils do ccllc a
qui obeit Mnssa, de la souveraine de Massa,
contree au N. de I'Arabie, pres de I'ldumee,
habitee probablement par une colonic de
Simeonites (I }-ar. iv, 38-43. Comp. I Par.
h 30).
La Vulg., aprcs les LXX, prend dans un
sens allegorique tous les noms de ce verset :
pa?-oles de celiii qui rasseinhlc (Salomon),
fils de celui qui vomit (qui parle, David).
Vision rac07itee par un Jioinmc avec qui
Dieu csl ct qui^fortifie par la presence de
Dieu en lui, dit.
3. Du Saint, de Dieu : voy. ix, 10.
4. (2ui : I'auteur sait bien qu'il existe un
Dieu invisible, auteur des merveilles qu'il
va exposer; mais il ignore, et tout homme
avec lui, quelle est la nature de Dieu, et
c'est a ce mystere que se rapporte la ques-
tion. — Qui nionte au ciel, etc. : quel est
celui qui preside au gouvernement du
ciel et de la terre. — Qui a recueilli le vent
dans ses mains., de telle sorte qu'il le de-
chaine ou le retient a son gre. — Lie les
eati.x dans les nuees du ciel, d'ou il les de-
verse sur la terre quand il lui plait. — Les
extre/nites de la terre, oil la lerre ferme con-
fine a la mer. — Quel est son nom, non pas
le nom dont les hommes I'appellent, mais le
nom qui soit I'expression adequate de son
etre, de ses infinies perfections. — Le nom
de son fils : I'expression est empruntee sans
doute aux relations ordinaires de la famille
humaine; mais il est clair que I'auteur ins-
pire decouvre dans I'unite de I'Etre divin
une fecondite, une distincflion, une multi-
plicite mysterieuse qu'il voudrait mieux con-
naitre. Comp. ce qui est dit viii, 22 sv. de
la Sagesse increee. L'Evangile (par ex.
/ean, i) apportera au monde de nouvelles
lumicres sur ce mystere d'un Dieu en trois
personnes.
374
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXX, 5—24.
5 Toute parole de Dieu est dprouv^e par le feu.
II est un bouclier pour ceux qui se refugient aupres de lui.
6 N'ajoute rien a ses paroles,
])e peur qu'il ne te reprenne et que tu ne sois trouve menteur.
7 fe te demande deux choses;
"Ne me les refuse pas avant que je meure :
8 Eloigne de moi la faussete et le mensonge;
Ne me donne ni pauvrete, ni richesse;
Accorde-moi le pain qui m'est necessaire :
9 De peur que, dans Tabondance, je ne te renie
Et ne dise : " Qui est Jehovah?'"'
Et que, dans la pauvrete, je ne derobe
Et n'outrage le nom de mon Uieu.
10 Ne calomnie pas un serviteur aupres de son maitre,
De peur qu'il ne te maudisse et qu'il ne t'arrive mal.
11 II est une race qui maudit son pere,
Et qui ne benit pas sa mere.
12 II est une race qui se croit pure,
Et qui n'est pas lavee de sa souillure.
13 II est une race dont les yeux sont altiers
Et les paupieres elevees.
14 II est une race dont les dents sont des glaives
Et les molaires des couteaux,
Pour devorer les malheureux de dessus la teiTe,
Et les indigents parmi les hommes.
1 5 La sangsue a deux filles : Donne ! donne !
Trois choses sont insatiables,
Quatre ne disent jamais : Assez I
16 Le sejour des morts, le sein sterile.
La terre qui n'est pas.rassasiee d'eau
Et le feu, qui ne dit jamais : Assez!
17 L'ceil qui se moque d'un pere,
Et qui dedaigne I'obrissance envers une mere,
Les corbeaux du torrent le perceront,
Et les petits de I'aigle le devoreront.
iS U y a trois choses qui me sont cachees,
Et mcme quatre que je ne comprends pas.
19 La trace de I'aigle dans les cieux.
La trace du serpent sur le rocher,
La trace du navire au milieu de la mer,
Et la trace de I'homme chez la jeune fille.
20 Telle est la voie de la femme adultcre :
Elle mange, et s'essuyant la bouche,
EUe dit : " Je n'ai pas fait de mal. "
Trois choses troublent la terre,
Et il en est quatre qu'elle ne pent supporter :
Lin esclave qui vient .\ regner,
Un insensd qui est rassasie de pain,
Une femme dt^daignde qui se marie,
Et une servante qui hcrite de sa maitresse.
24 II y a sur la terre quatre animaux bien petits,
Et cependant tres sages :
21
22
23
5. Eprouvce par le feii, comme I'or, et par
consequent pure de toute scorie. C'est done
a la revelation divine que I'homme doit de-
mander toutes les lumicres qui lui nianquent.
6. N^njoutc 7ien : com p. Dn/^. iv, 2;
xii, 32: Apoc. xxii, iS,
LIBER PROVERBIORU^I. Cap. XXX, 5—24.
375
ejus, et quod nomen filii ejus, si
Ti. 7. nosti? 5.''Omnis sermo Dei igni-
tus, clypeus est sperantibus in se :
eut. 4, 6. ''ne addas quidquam verbis illius,
^~' ^^^' et arguaris inveniarisque mendax.
7. Duo rogavi te, ne deneges mihi
antequam moriar. 8. Vanitatem, et
verba mendacia longe fac a me.
Mendicitatem, et divitias ne dede-
ris mihi : tribue tantum victui meo
necessaria : 9. ne forte satiatus illi-
ciar ad negandum, et dicam : Quis
est Dominus.^ aut egestate compul-
sus furer, et perjurem nomen Dei
mei.
10. Ne accuses servum ad domi-
num suum, ne forte maledicat tibi,
et corruas.
1 1. Generatio, quae patri sue ma-
ledicit, et quae matri sua^ non bene-
dicit. 1 2. Generatio, quas sibi munda
videtur, et tamen non est lota a sor-
dibus suis. 13. Generatio, cujus ex-
celsi sunt oculi, et palpebral ejus in
alta surrectae, 14. Generatio, quae
pro dentibus gladios habet, et com-
mandit molaribus suis, ut comedat
inopes de terra, et pauperes ex ho-
minibus.
15. Sanguisugae duae sunt filiae,
dicentes : Affer, Affer. Tria sunt
insaturabilia, et quartum, quod nun-
quam dicit : Sufficit. 16. Infernus,
et OS vulvae, et terra, quae non sa-
tiatur aqua : ignis vero nunquam
dicit : Sufficit.
17. Oculum, qui subsannat pa-
trem, et qui despicit partum matris
suae, efFodiant eum corvi de torren-
tibus, et comedant eum filii aquilae.
18. Tria sunt difficilia mihi, et
quartum penitus ignoro : 19. viam
aquilae in ccelo, viam colubri super
petram, viam navis in medio mari,
et viam viri in adolescentia. 20. Ta-
lis est et via mulieris adulterae, quae
comedit, et tergens os suum dicit :
Non sum operata malum.
21. Per tria movetur terra, et
quartum non potest sustinere :
22. per servum cum regnaverit :
per stultum cum saturatus fuerit
cibo : 23. per odiosam mulierem
cum in matrimoniofueritassumpta:
et per ancillam cum fuerit heres do-
mi nae suae.
24. Quatuor sunt minima terrae,
et ipsa sunt sapientiora sapientibus.
7. /e te deiimnde, je demande a Dieif,
nomme vers. i.
9. Et n'onfi'ai^e, litt. ne prenne en vain :
soit en faisant de faux serments pour attes-
ter mon innocence, soit en dissimulant mes
crimes sous les dehors d'une feinte pie'te.
10. Qn'il 7ie f arrive vial, litt. que in lieii-
cotires une expiation. La maledi<flion, quand
elle est juste, peut attirer la colore divine
sur le coiipable.
11. Une race., litt. une ge'ttc'rafiofi, une
espece d'hommes freres par la malice et la
perversite.
12. Comp. Is. iv, 4; Ezcch. xvi, 4.
13. Les yeiix altiers sont le signe exte-
rieur de I'orgueil.
14. Peinture symbolique de la cupidite.
15. Deuxfillcs, dont le nom : donne, dotifie,
indique le caracflere.
16. Le sein sterile (litt. occliisio uteri),
qui n'arrive pas a concevoir et a enfanter.
Pour I'expression, comp. Gen. xvi, 2; xx, 18;
pour la pensee, Gen. xxx, i sv.
17. (2ui dcdaiojie Vohcissance; Vulg., qui
lucprise Penfantenient de sa inh'e, la mere
qui I'a enfante. — Les corheaux s'attaquent
tout d'abord aux yeux d'un cadavre. — Les
petits, les aiglons auxquels I'aigle aura ap-
porte ce morceau de choix.
19. Lm jeiine pile, hebr. ainiah, comp. Isai
vii, 14. Si un homme parvient a arriver jus-
qu'a elle et a la seduire, la trace de ce crime
est, au moins pour quelque temps, aussi diffi-
cile a saisir que celle que laisse apres lui I'ai-
gle volant dans les airs,ou le serpent glissant
sur le roclier. Ce 4<^ membre est le noeud du
proverbe ; la Vulg. le traduit : et la trace 07i
le chemin de Vhonivie dans sa jcunesse.
20. Application a la femme adultere.
22. Un esclave : comp. xix, 10, — Un in-
scnse, arrive sans travail a I'abondance de
toutes choses, se montre insolent et orgueil-
leux : comp. vers. 9.
23. U7te feniine sans aucun attrait, long-
temps dedaign^e et devenue vieille fille, si
elle trouve enfin un mari, donne un libre
cours a sa vanite et a ses caprices. — Une
servante qui he'rite des biens de sa viaitresse,
et arrive ainsi a la fortune, devient fiere et
insolente. Quelques interpretes entendent
ce proverbe d'une servante qui supplante sa
maitresse dans I'affeflion de son maitre.
376 LIVRE UES PROVERBES. Chap. XXX, 25—33; XXXI, 1—9.
25 Les fourmis, peuple sans force,
Prepaient en cte leur nourriture;
26 Les damans, peuple sans puissance,
Placent leui" gite dans les rochers ;
27 Les sauterelles n'ont pas de roi,
Et elles sortent toutes par bandes;
28 Tu peux prendre le lezard avec la main,
Et il se trouve dans le palais des rois.
29 II y en a trois qui ont une belle allure,
Et quatre qui ont une belle demarche :
30 Le lion, le plus brave des animaux,
Ne reculant devant aucun adversaire:
31 L'animal aux reins agiles, ou le bouc,
Et le roi, :i qui personne ne resiste.
32 Si tu es assez fou pour te laisser emporter par Torgueil,
Et si tu en as la pensee, mets la main sur ta bouche,
33 Car la pression du lait produit du beurre.
La pression du nez produit du sanj?,
Et la pression de la colere produit la querelle.
Cliap.
XXX L
Deuxieme supplement a la IIP partle.
PAROLES DE LA MERE DE LAMUEL.
CHAP. XXXI, vers, i — 9.
1 Paroles du roi Lamuel. Sentences par lesquelles sa mere Tinstruisit :
I^^^UE ic dirai-ji\ mon fils? Que tc dirai-je, fils de mes entrailles?
i^^l ^"^ ^''^ dhai-jc, mon fils, objet de mes vceux.'
I^^Sl 3 Ne livre pas ta vigueur aux femmes,
Et tes voies ^ celles qui perdent les rois.
4 Ce n'est point aux rois, Lamuel,
Ce n'est point aux rois de boire du vin,
Ni aux puissants de rechercher les rujueurs fermentees.
5 De peur qu'en buvant ils n'oublient la loi
Et ne faussent le droit de tous les malheureux.
6 Donnez des liqueurs fortes a celui qui peril,
Et du vin a celui dont le coeur est rempli d'amertume;
7 Qu'il boive et qu'il oublie sa misere,
Et qu'il ne se souvienne plus de ses peines.
8 Ouvre ta bouche en faveur du nuiet,
Pour la cause de tous les abandonncs.
9 Ouvre ta bouche, rends de justes arrets,
Et fais justice an malheureux et a I'indigent.
—JO^ K>i K>5--
25. Les fourmis : voy. vi, 7 sv.
26. Les damans (Vulg. Ic lapin) : cet ani-
mal, qui ressemble pour la forme a la mar-
la Syrie et I'.Xfrique; il sait
motte, habite
trouver dans les rochers un abri pour sa
faiblesse.
28. Tu pcux prendre Ic h'zard a7>ec la
main; \'ulg., Ic lezard se souiient sur ses
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXX, 25—33; XXXI, 1—9. 377
25. Formicae, populus infirmus,qui
prasparat in messe cibum sibi :
26. lepusculus, plebs invalida, qui
collocat inpetracubile suum : 2 7. re-
gem locusta non habet, et egreditur
universa per turmas suas : 28. stel-
lio manibus nititur, et moratur in
asdibus regis.
29. Tria sunt, quae bene gradiun-
tur, et quartum, quod incedit feli-
citer : 30. leo fortissimus bestiarum,
ad nullius pavebit occursum : 3 1 .gal-
lus succinctus lumbos : et aries : nee
est rex, qui resistat ei.
32. Et qui stultus apparuit post-
quam elevatus est in sublime : si
enim intellexisset,ori suo imposuis-
set manum. 1,3- Qui autem fortiter
premit ubera ad eliciendum lac, ex-
primit butyrum : et qui vehementer
emungit, elicit sanguinem : et qui
provocat iras, producit discordias.
^ ^: '■s>: '^ ^: m m '^ m h m :^: 'm m ^: 's^: m :<$: m m ^
— :i:— CAPUT XXXI. — :i:—
Exhortatiir ne mulieiibus dederis substan-
tiam tiiam, nee regibus vinum, sed mce-
lentibus ; aperi os tiuim muto : vindica
inopem : laus et raritas mulieris fortis :
pulchritudo fallax gratia.
'ERBA Lamuelis regis.
Visio, qua erudivit eum
mater sua. 2. Quid dilecte
11 mi, quid dilecte uteri mei,
quid dilecte votorum meorum.''
3. Ne dederis mulieribus substan-
tiam tuam, et divitias tuas ad de-
lendos reges.
4. Noli regibus, o Lamuel, noli
regibus dare vinum : quia nullum
secretum est ubi regnat ebrietas.
5. Et ne forte bibant, et oblivi-
scantur judiciorum, et mutent cau-
sam filiorum pauperis. 6. Date sice-
ram moerentibus, et vinum his, qui
amaro sunt animo : 7. bibant, et
obliviscantur egestatis suas, et dolo-
ris sui non recordentur amplius.
8. Aperi os tuum muto, et causis
omnium filiorum qui pertranseunt :
9. aperi os tuum, decerne quod ju-
stum est, et judica inopem et pau-
perem.
^
viai7ts (ses pattes). — II se h-oiive, il est assez
habile pour penetrer dans les palais des rois,
malgre les miirailles qui les entourent.
Lecon morale : cet instindl des petits ani-
maux vient de Dieu.
31. V animal aux leins agiles^ peul-etre
le cheval de guerre tout equipe; d'autres,
le le7nin-; Vulg., le coq. — A qin perso?ine
nc re'sish\ Le mot alqouiii fait difficulte ;
Delilzsch et d'autres lui donnent le sens qu'il
a en arabe, et traduisent : le roi an njilicii
lie soft ariitee.
32. Sens : si, pousse par I'orgueil, tu le
sens pret a dire des choses foUes, des paro-
les de violence et de colere,garde le silence,
comprime ces pensees et ces ddsirs cou-
pables.
Vulgate : lei s'esl inontre insense a la
stiiie de son elevation a un 7-ang snperietirj
avcc de Pinielliqence, il aitfail mis la main
stir ses le7'7'es.
33. Ca?- : raison de I'avertissement qui
precede : celui qui ne sait pas se mod^rer
arrive a des resultats aussi inattendus que
regrettables. — Dn beiirre ; d'autres, de la
crane ou du from age.
CHAP. XXXI.
1. Lamuel, en hebr. Lemouel (de lemo,
pour le, et El), c.-a-d. consacre ou apparte-
nant ii Diet/. D'apres les anciens, ce nom
designerait Salomon, a qui ils attribuaient
tout le livre des Proverbes : opinion tout a
fait improbable; il designerait plutot le roi
Ez^chias.
2. Moji fils, hebr. l>e>-i, mot arameen
(comp. ]^s. ii, 12), que la Vulg. traduit par
inen-aime. La repetition exprime bien I'emo-
tion de la mere, inquicte des dangers que
court son fils.
3. Tes 7>oies, tes a(fles, ta volonte. — A
cellcs qui perdenl les rois,&n lisant liniec/iot/i.
La Vulg. traduit le 2^ membre : cf les riches-
ses aux courtisanes pour la perte des rois.
4. Ni auxp7/issan/s, etc. Vulg. : ear il n'y
a pas de secret ou irgne Pii'resse, ce qui
repond au proverbe juif : "Qui fait entrer
le vin fait sortir le secret. "
8. En fa-c'eur du viuel, de celui qui n'ose
pas ou ne peut pas se d^fendre en justice.
— De ious les delaisses ; A'ulg., de lous ceux
qui passenl, qui n'ont pas d'asile.
378
LIVRE DES PROVERBES. Chap. XXXI, 10—31.
Troisieme supplement a la IIP partie.
ELOGE DE LA FEMME FORTE.
CHAP. XXXI, vers. 10 — 31.
fR^^a U I pent trouver une femme forte?
I^^Ji EUe a bien plus de prix que les perles.
i^°^i 1 1 Le ccEur de son mari a confiance en elle,
Et les profits ne lui feront pas defaut.
12 Elle lui fait du bien, et non du mal,
Tou3 les jours de sa \ ie.
13 Elle se procure de la laine et du lin,
Et travaiUe de sa main joyeuse.
14 Elle est comme le vaisseau du marchand,
Elle apporte son pain de loin.
15 Elle se Icve lorsqu'il est encore nuit,
Et elle donne la nourriture a sa maison
Et la tache a ses servantes.
16 Elle considere un champ, et elle I'achete;
Du fruit de ses mains elle plante une vigne.
17 Elle ceint de force ses reins,
Et elle affermit ses bras.
18 Elle sent que son gain est bon;
Sa lampe ne s'dteint pas pendant la nuit.
19 Elle met la main a la quenouille,
Et ses doigts prennent le fuseau.
20 Elle tend la main au malheureux,
Elle ouvre la main a I'indigent.
21 Elle ne craint pas la neige pour sa maison,
Car toute sa maison est vctue de cramoisi.
22 Elle se fait des coiivertures,
Elle a des ve.tements de byssus et de pourpre.
21, Son epoux est bien connu aux portes t/e la ville,
Lorsqu'il siege avec les anciens du pays.
24 Elle fait des chemises et les vend,
Et elle livre des ceintures au marchand.
25 Elle est revetue de force ct de grace,
Et elle se rit de Tavenir.
26 Elle ouvre la bouche avec sagesse,
Et les bonnes paroles sont sur sa langue.
27 Elle surveille les sentiers de sa maison,
Et elle ne mange pas le pain d'oisivetc.
28 Ses fils so Invent ct la proclament heureuse;
Son epoux se Icve et lui donne des eloges.
29 Plusieurs filles se sont montrees vertueuses;
Mais toi, tu les surpasses toutes.
30 Trompeuse est la grace, et vaine est la beaute;
La femme qui craint Jehovah est celle qui sera louee.
31 Donnez-lui du fruit de ses mains,
Et que ses oeuvres disent sa louange aux portes de la ville.
10 sv. Dans ce petit pocme, alphabetique
en hebreu, I'auteur, un inconnu, trace le
portrait ideal de la femme forte, dont il em-
prunte les traits aux moeurs de son temps
et de son pays.
Une femme forte, une femme vertueuse,
amie du travail, qui remplit ses devoirs
d'epouse et de mere avec intelligence et
courage. La Vulg. traduit le 2^ membre :
c''est bien loin ct aux cx/n'mites de la ierrc
(hebr. tnipiniin. au lieu de mipeninim) qu'il
en faut chercher le prix.
1 1. Les profits, ou les produits du patrimoi-
ne domestique, seront abondants, grace au
travail et a la sage economie de son (Spouse.
13. De sa main Joyeuse, N'ulg. Jtabile.
LIBER PROVERBIORUM. Cap. XXXI, 10—31.
379
ULIEREM fortem quis
inveniet? procul, et de
ultimis finibus pretium
ejus. 1 1. Confidit in ea cor
viri sui, et spoliis non indigebit.
i2.Reddet ei bonum,et non malum,
omnibus diebus vitas suas. 13. Quas-
sivit lanam et linum, et operata est
consiliomanuum suarum. 14, Facta
est quasi navis institoris, de longe
portans panem suum. 15. Et de
nocte surrexit, deditque praedam
domesticis suis, et cibaria ancillis
suis. i6.Consideravit agrum,etemit
eum : de fructu manuum suarum
plantavit vineam. 17. Accinxit for-
titudine lumbos suos, et roboravit
brachium suum. 18. Gustavit, et vi-
dit quia bona est negotiatio ejus :
non exstinguetur in nocte lucerna
ejus. 19. Manum suam misit ad
fortia, et digiti ejus apprehenderunt
fusum. 20. Manum suam aperuit
inopi, et palmas suas extendit ad
pauperem. 21. Non timebit domui
suas a frigoribus nivis : omnes enim
domestici ejus vestiti sunt duplici-
bus. 22. Stragulatam vestem fecit
sibi : byssus, et purpura indumen-
tum ejus. 23. Nobilis in portis vir
ejus, quando sederit cum senatori-
bus terras. 24. Sindonem fecit, et
vendidit, et cingulum tradidit Cha-
nanaso. 25. Fortitudo et decor in-
dumentum ejus, et ridebit in die
novissimo. 26. Os suum aperuit sa-
pientiae, et lex dementias in lingua
ejus. 27. Consideravit semitas do-
mus suas, et panem otiosa non com-
edit. 2 8.Surrexeruntfiliiejus,et bea-
tissimam prasdicaverunt: vir ejus, et
laudavit eam. 29. Multas filias con-
gregaverunt divitias : tu supergressa
es uni versas.30.Fallaxgratia,et vana
est pulchritudo : mulier timensDo-
minum ipsa laudabitur. 31. Date ei
de fructu manuum suarum : et lau-
dent eam in portis opera ejus.
14. Sens : elle vend aux etiangers les pro-
duits de son travail, et a\ ec I'argent qu'elle
en regoit elle se procure toutes les clioses
necessaires a I'entretien de sa famille.
15. Z(7 tachc, \'ulg. les alimeiUs.
18. Elle sc77t, etc. • le gain qu'elle retire
de son Industrie et de son travail lui pro-
cure une douce et legitime satisfa(n;ion. — •
Sa laiupe ne s\'tcint pas, etc. : non pour
travailler toute la nuit, mais pour ctre prcte
a la premiere alerte.
19. A la qi/e7Wi(ille, Vulg. a des a'uvres
de fo7Xc.
21. La neigc et le froid qui I'accompagne.
— De cramoisi, de vetements rouges ou de
pourpre : on croyait sans doute que cette
couleur conserve la chaleur. ^^ulg. : tons les
_S[efts de sa niaisoii out nn double 7'cieme7it
(hebr. schc7taii7i, au lieu de scJia7ii77} ) .• soit
des vetements doubles, soit deux vetements
qui se superposent I'un ;i I'autre.
22. Des couverft(7'es ou coitsshis pour les
lits : c'est le sens de siragulata7u vestem de
la Vulgate. — De byssus, etoffe d'un tissu
fin et soyeux, dont la matiere etait le coton
ou le lin trcs fin.
23. Akx p07'tes de la villc, ou les juges et
les magistrats tenaient leurs assemblees.
24. Che77iises : la Palestine etait renom-
mee pour la fabrication du linge fin (Is.
iii, 23). — Des cet7!t7ors brodees et ornees
de perles. — Aif inatxhand phenicien,
comme traduit la Vulg.; ce marchand lui
fournissait en retour des etoffes de pourpre
fabriquees a Tyr et a Sidon.
25. Elle se r//, elle est sans inquietude au
sujet de I'avenir. Vulg., elle 7'ira, elle sera
joyeuse, au de7-77ter joitr, au jour du juge-
ment final.
Vulg., ime hi de clei7ic7ice, ou de douceu7-
est sin- sa Ia7ig7ic : elle se fait une loi de ne
dire que de douces paroles.
27. Les se7itiers de sa 77iaiso7t, tout ce qui
s'y passe.
28. Heu7ruse de ce qu'elle a procure a sa
maison et a elle-meme le bien-etre et
I'honneur.
29. Ce verset est sans doute I'expression
de la louange adressee k la femme forte par
son mari. Se S07it i!i077t7rcs ve7-t7<cuses, litt.
fo7'tes. L'hebr. chai'l exprime tout d'abord
I'idee defo7re, d'ou celle de vertu, et quel-
quefois de richesses.
30. La c7-ai7ite de Dieu est la condition
du m^rite de la femme, comme elle etait
proclamee au commencement du livre (i, 7)
la condition du merite de I'homme.
31. Do7i7icz-lui : qu'elle jouisse des fruits
de son travail, etc. Cette recompense tem-
porelle est I'image et I'avant-gout de celle
que le souverain Juge reserve au ciel a la
femme vertueuse.
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Intuatiuctian.
LE livrc de rEcclesiastc est gene-
ralement regarde comme un
des livres dc I'Ancicn Testa-
ment qui offrent a I'exegete le plus
de difficultes. A premiere vue, la doc-
trine morale de cet ecrit semble trop
humaine, indigne d'un auteur inspire,
voisine meme du fatalisme et de la
philosophie epicurienne; ou encore,
elle parait incoherente et contradic-
toire. Mais a mesure qu'on penetre
davantage I'esprit de tout le livre, ces
impressions se corrigent : on saisit
mieux le sens intime des pensees,
leur lien peu apparent; bon nombre
dc points obscurs finissent par
s'eclaircir.
QoJicleth est, dans le texte hebreu,
le titre du livre. Ce mot signifie, selon
I'opinion la plus commune, celui qui
convoqiic une assemblee, qui parle en
public, concionator. Les Septante I'ont
traduit par 'E/./.Xviatacrry;;, et la Vul-
gate a suivi cette traduction.
L'Ecclesiaste debute par un tableau
poetique de la vanite de tons les etres
de ce monde. Toutes choses tournent
dans un cercle, et rien n'est nouveau
sous le soleil. Puis, il fait appel a son
experience. Roi dans Jerusalem, il a
tout vu, tout essaye, et il a senti pro-
fondement la vanite de la science,
des plaisirs, des richesses. L'homme,
dit-il, ignore ce que deviendront apres
sa mort les fruits de ses travaux.
Done, mieux vaut en jouir de son
vivant,en regardant tout bien comme
un don de la main de Dieu (ch. i
et ii).
Dans les chapitres suivants, les
considerations de QohcletJi ne se suc-
cedent pas toujours dans un ordre
aussi parfait; clles aboutissent du
moins a la meme conclusion : tout en
ce monde est effort sterile, vanite,
neant. L'homme ne pent rien changer
au plan divin : qu'il I'accepte avec
resignation ; il ne pent pas se dcfen-
dre des injustices, ni eviter les contre-
temps; ou, plutot, il n'y a point de
contre-temps : tout arrive en son
temps, au temps prevu ; il faut se sou-
mettre. II est bien difficile d'analyscr
la suite du livre, ou se melent les re-
flexions sur les objets les plus divers :
avarice, exces, tyrannic ; puis, des
sentences dans lest)le et la forme de
celles des Proverbes; et enfin, des
conseils pratiques pour la conduite
de la vie. La division du sujet, le
groupement des idees differe avec
chaque exegete, justement parce qu'il
n'y a point, dans la suite des pensees,
d'ordre logique rigoureux.
A la fin du livre, I'Ecclesiaste
exhorte le jeune homme a jouir de la
vie en gardant le souvenir de Dieu,
avant que viennent les jours tristes,
la vieillesse, — dont les maux sont
decrits dans une allegoric pittores-
que. La vanite de toutes choses est
encore proclamee, et voici " le mot
final de tout ce discours : Grains Dieu
et observe ses commandements, car
c'est le tout de l'homme" (xii, 13J.
II ne s'agit pas ici de resoudre en
detail les difficultes suscitees par ces
douze petits chapitres. Exposons brie-
vement les principaux s)-stemes d'in-'
terpretation et les principes de so-
lution.
Plusieurs ont pense que ca et la
I'auteur pretait la parole aux impies,
materialistes, fatalistes, epicuriens,
pour refuter ensuite leur doflrine.
Mais cette hypothese, n'etant fondee
sur aucune indication du texte, est
arbitraire. Tous les commentateurs
la rejettent aujourd'hui pour I'en-
semble du discours; quelques-uns la
382
L'ECCLESIASTE.
retiennent pour tel passage d'inter-
pretation plus difficile, sans pouvoir
toutefois I'etablir solidement.
" Pourquoi le livre de I'Ecclesiaste
ne serait-il pas la confession simple
ct sincere de celui qui a cherche en
sens divers le bonheur de cette vie
sans reussir a le rencontrer tel qu'il
I'avait reve? II I'a demande tour a
tour a la science, au plaisir et a la
gloire. Mais, au fond de toutes les
coupes dont ses levres se sont appro-
chees, il a trouve unc lie amere : la
vanite des biens terrestres et I'afflic-
tion d'esprit dont leur jouissance est
suivie . . . De ce point de vue, nous
assistons a toutes les marches et con-
tremarches du QoJicletk a la recher-
che du bonheur. " Si, par exemple, a
la fin du chapitre iii, I'Ecclesiaste
semble douter reellement que I'hom-
me et la bete aient un sort different
apres la mort, il rappelle simplement
un doute passe ; " arrive a ce point de
sa confession, il s'est souvenu des per-
plexites auxquelles son ame fut un
jour en proie. Au cours de sa marche
en avant vers le bonheur, il s'ctait
demande si I'homme vertueux pou-
vait au moins espcrer pour une autre
viequelque compensation a I'injustice
des choses presentes.Or, a cette ques-
tion il n'avait pas su donner alors une
reponse categorique et affirmative...
Mais ce fut aux jours " de sa folic et
de sa vanite " qu'il s'arreta au doute,
presque a la desesperance. En nous
faisant part de ses incertitudes pas-
sees, il ne nous trompe pas, puisque a
la fin du traite il livre le mot de I'enig-
me, la solution a laquelle il s'est defi-
nitivement arrete."( P. Alfred Durand,
Etudes, t. LXXXIII, p. 42-45.)
Pour tel autre, I'Ecclesiaste parait
exposer ses sentiments a^luels, meme
dans ce passage difficile. Dans ce cas,
d'accord avecl'explication precedentc
pour ne pas forcer le sens des mots et
pour y voir I'expression d'un veritable
doute, il faut s'en ecarter en enten-
dant ce doute d'un etat d'ame aclnel.
On fait alors porter cc doute, non
point sur la survivance de I'ame, net-
tement affirmee en plusieurs endroits
du livre, mais, a cause meme de la
locution employee, sur le uiode de
survivance, sur le sejour et la condi-
tion des morts, — points sur lesquels
les idees vagues et sombres de I'an-
cienne Loi s'eclairent et se modifient
dans les deux siecles qui precedent
I'ere chretienne. Comme on le voit,
cette interpretation place la compo-
sition du livre a une epoque assez
basse. (Cf Revue biblique, 1900.
P- 369-371-)
Les critiques independants n'au-
raient pas releve dans I'Ecclesiaste
tant d'incoherences ct de contradic-
tions, s'ils avaient mieux compris la
nature de cet ecrit, s'ils avaient appli-
que a son analyse une psychologic
plus penetrante, une exegese moins
rudimentaire. Un ecrivain peut enon-
cer des propositions, en apparence
contradi6l:oires,en realite parfaitement
consequentes ou compatibles, s'il se
place a des points de vue differents
C'est justement le cas de QoJieletli. II
se met tantot au point de vue de la
faiblesse de I'homme, tantot au point
de vue de la grandeur de Dieu; et
suivant qu'il regarde I'osuvre divine
sous un angle ou sous I'autre, natu-
rellemcnt ses reflexions diffcrent,sans
etre, pour cela, contradicloires. Elles
sont differentes aussi suivant les eve-
nements qui les suggerent, les im-
pressions recues, les conseils a don-
ner, le caraftere des personnes a
exhorter, etc. Ne nous attardons pas
a des objections facilement resolubles
par le simple bon sens.
*
* *
Passons a la question d'auteur. La
tradition juive et la tradition chre-
tienne s'accordent pour attribuer a
Salomon la composition du livre de
ri'2cclesiaste. Les exegetes catholi-
ques jusqu'a ces derniers temps ne se
sont point ecartes de ce sentiment ;
M. Motais, en 1876, I'a soutenu elo-
quemment au cours de deux forts
L'ECCLESIASTE.
383
volumes; il est defendu encore par
M. Vigouroux, le P. Cornely, M. Phi-
lippe, etc. Les raisons qu'on fait va-
loir en faveur de cettc opinion sont,
d'abord, les paroles memes du Hvre
inspire. Des le debut, I'Ecclesiaste se
cVitJi/s lie David. II est roi dans Jeru-
salem ; il a surpasse par sa sagesse
tous ceux qui ont regne sur Jerusa-
lem avant lui; il a entrepris de grands
travaux, bati des maisons, fait des
jardins, des pares, des reservoirs, pos-
sede de grandes richesses. Tout cela,
cvidemment, ne peut convenir qu'a la
personne de Salomon. En second lieu,
on insiste sur I'unanimite de la
croyance traditionnelle chez les an-
ciens Peres et commentateurs.
Ces raisons n'ont point paru con-
vaincantes au jugement de plusieurs
exegetes modernes (Jahn, Herbst,
Movers, Veith,M. Loisy, le D' Scholz,
le P. Condamin {Revue biblique, 1900
p. 35-44.) etc. La tradition, disent-
ils, ne tranche pas la question. Les
traits sous lesquels I'auteur se pre-
sente peuvent etre une fi6lion, comme
dans le livre de la Sagesse. Plusieurs
idees, reflexions, sentiments, et la
situation meme, indiquee par les
allusions et le ton de I'ouvrage, ne
sauraient convenir a Salomon. Enfin
la langue du livre, chargee d'ara-
maismes. presente les caracleres de
la plus basse epoque. " Ouiconque
admet un developpement historique
de la langue hebraique, dit Mgr Kau-
len, ne peut regarder Salomon comme
I'auteur du texte que nous avons sous
les yeux... Si le texte acluel n'est
pas une transcription du texte pri-
mitif en langue de I'epoque postexi-
lienne, I'Ecclesiaste, comme le livre
de la Sagesse, aura etc compose par
un auteur posterieur a la captivite,
et attribue a Salomon comme au plus
digne representant des pensees ex-
primees dans ce livre." {Einleitung,
3^ ed. p^ 323.)
Le Commentaire des pages sui-
vantes conserve le point de vue de
I'opinion traditionnelle.
^:f?£:^:^MHMHHHH:^.H:^.HH^.:^:^:^:^[g).
^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWW^
CHAP. I. — Proloy;ue; titie ct sujet
sont vanitc et miserc [vers, i —
[12-18].
Cliap. I. [^^^^^^^ A roles de I'Ecclesiaste,
fils de David, roi de Je-
rusalem.
^Vanite des vanites!
dit I'Ecclesiaste, vanite
des vanites! Tout est vanite. 3 Quel
avantage revient-il a rhomme de
toute la peine qu'il sc donne sous le
soleil? 4 line generation passe, une au-
tre vient, et la terre subsiste toujours.
sLe soleil se leve, le soleil se couche,
et il se hate de retourner a sa de-
meure, d'ou il se leve de nouveau.
^Le vent va au midi, tourne vers le
nord; puis il tourne encore et reprend
les memes circuits. 7 Tons les fleuves
vont a la mer, et la mer n'est point
remplie;ils continucnt a aller vers le
lieu ou ils se dirigent. ^Toutes cho-
ses sont en travail au-dela de ce
qu'on peut dire;roeil n'est pas rassa-
sie de voir, et I'oreille ne se lasse
pas d'entendre. vCe qui a etc, c'est
ce qui sera, et cc qui s'est fait, c'est
du livre : toutes les choses humaines
-11]. Vanite de la sagesse humaine
ce qui sc fera; il n'y a rien de nou-
veau sous le soleil. i^S'il est une
chose dont on disc : " Vois, c'est nou-
veau ! " cette chose existait deja dans
les siecles qui nous ont precedes.
"On ne se souvient pasde ce qui est
ancien, et ce qui arrivera dans la
suite ne laissera pas de souvenir chez
ceux qui vivront plus tard.
i^Moi, I'Ecclesiaste, je suis depuis
longtemps roi d' Israel a Jerusalem,
i3et j'ai applique mon esprit arecher-
cher et a sonder par la sagesse tout
ce qui se fait sous les cieux : occupa-
tion penible a laquelle Dieu soumet
les enfants des hommes. i4j'ai exa-
mine tout ce qui se fait sous le soleil :
oui, tout est vanite et poursuite du
vent. ^sCe qui est courbe ne peut se
redresser, et ce qui manque ne peut
etre compte. ^^Je me suis dit en moi-
meme : " J'ai acquis une grande sa-
gesse, surpassant tous ceux qui ont
CHAP. I.
1. Ecclesiasic, ht-br. qohelcth, celui qui
tient une asseinbltie et y enseigne : nom
symbolique de Salomon, sans doute paice
que ce roi avait coutume d'enseigner le peu-
ple par ses discours et par ses Merits, ou du
moins parce qu'il remplit ce role dans ce
livre. — Roi dc Jcruscihm se rapporte, non
a David, niais a Salomon.
2. Vanitc des vanites : vanite a son plus
haut degrt^ : idiotisme hebreu.
4 sv. Cette vanite apparait et dans le cours
de la nature et dans les ocuvres de Thomme :
lout roule dans le meme cercle; nul resultat
durable, nul prugrcs, universel oubli.
if/, par un etrange contraste, laterre^ qui
n'est faite que pour I'homme, la terre cjui
n'a ni raison ni conscience, ne passe pas I
6. Le vent : dans la Vulg., c'est le soleil
qui est sujet de ce premier membre.
7. Les fleuves suivent toujours le meme
cours : I'intention de lauteur parait ctre de
peindre, non les vicissitudes des choses,
mais la permanence de leur marche et des
lois qui les r^gissent : image de Thomme
qui, arrctti comme le monde par la loi supc-
rieure qui le gouverne, roule lui aussi dans
un cercle qu'il ne saurait franchir.
S. En travail, en acflivite, jusqu'a la fati-
gue, selon la force du mot hebreu : le monde
n'otfre au regard qu'une succession conti-
nuelle de choses qui naissenl et qui meu-
rent, qu'un perptituel devenir; Thomme ne
[jmxLi
.1.
— • —
•I*
Gi'ilEsmetcii,
.1.
•I*
QUI AB HEBR^IS COHELETH APPELLATUR
'mwwwwwwwwwwwwwwwwwwww
:<y 'M W. :^. '!^'- !<?>' M 'M M '!^ -^ '3g>' "'^' W. '.^)'. M M ■^- 'i^- '.'^'- 'fi)
— *— CAPUT I. — :>—
Omnia vana, et nihil sub sole novum : cun-
. (flarum quoque rerum difficilem esse in-
quisitionem, eamque vanam, et spiritus
afflidlionem.
ERBA Ecclesiastae, filii
David, regis Jerusalem.
2. Vanitas vanitatum,
dixit Ecclesiastes : va-
nitas vanitatum, et om-
nia vanitas. 3. Quid habet amplius
homo de universe labore suo, quo
laborat sub sole.^ 4. Generatio pras-
terit, et generatio advenit : terra au-
tem in asternum stat. 5. Oritur sol,
et occidit, et ad locum suum rever-
titur : ibique renascens, 6. gyrat per
meridiem, et flectitur ad aquilonem :
lustrans uni versa in circuitu pergit
spiritus, et in circulos suos reverti-
tur. 7. Omnia flumina intrant in
mare, et mare non redundat : ad lo-
cum, unde exeunt flumina, rever-
tuntur ut iterum fluant. 8. Cunctae
res difficiles : non potest eas homo
explicare sermone. Non saturatur
oculus visu, nee auris auditu imple-
tur. 9. Quid est quod fuit.'' ipsum
quod futurum est. Quid est quod
factum est.'^ ipsum quod faciendum
est. 10. Nihil sub sole novum, nee
valet quisquam dicere : Ecce hoc
recens est : jam enim prfecessit in
sasculis, qua^ fuerunt ante nos.
1 1. Non est priorum memoria :sed
nee eorum quidem, quas postea fu-
tura sunt, erit recordatio apud eos,
qui futuri sunt in novissimo.
1 2. Ego Ecclesiastes fui rex Israel
i n Jerusalem, 1 3. et proposui in animo
meo quasrere et investigare sapien-
ter de omnibus, quas fiunt sub sole.
Hancoccupationem pessimamdedit
Deus filiis hominum, ut occuparen-
tur in ea. 14. Vidi cuncta, quae fiunt
sub sole, et ecce universa vanitas, et
afflictio spiritus. 15. Perversi diffi-
cile corriguntur, et stultorum infi-
nitus est numerus. 1 6. Locutus sum
in corde meo, dicens : Ecce magnus
peut lout comprendie ni tout expliquer; son
oeil a beau regarder, son oreille a beau
ecouter, il n'arrive jamais au repos d'une
curiosite satisfaite.
Au lieu de, toutes cJioscs sont en iravail,
Motais ixsidmtjSont reinuces ji/sqiia la fati-
gue par les investigations de I'homme.
g. Ce qui a e'it' : les phenomenes de la
nature physique ; t^? qui s' est fait, les choses
de Tordre moral. L'affirmation est generate
et admet des exceptions.
12. Je suis depuis longtemps roi, litt. j\ii
etc 7-oi. Un commentateur rappelle ici le
mot souvent et douloureusement repete par
Louis .\IV dans sa vieillesse : " Quand
j'etais roi ! " Ce n'est pas une plainte que fait
entendre ici Salomon ; il en appelle simple-
ment a sa longue experience.
NO 23 — LA SAINTE BIliLE. TOME IV. — 'Jj
14. Pours uite du vent, effort inutile ; c'est
ainsi que la plupart des interpretes tradui-
sent cette expression, en hebreu rc'ouih
rouach, qui revient 7 fois dans ce livre.
D'autres, nourriture de I'ent, c.-a-d. vaine.
LXX, dessein ou propos de vent ; Vulgate
affliction d''esprit. L'idee est toujours la
meme au fond.
15. Ce qui manque, ce qui fait defaut.
Sens : ou il n'y a rien, il n'y a rien a comp-
ter. Pensee du verset : I'homme ne peut re-
medier aux imperfeclions que, du point de
vue de son utilite propre, il croit remarquer
dans le monde physique. La V'ulg. entend
ce verset dans le sens moral : les ho/n/nes
pcrvers se corrigent difficilcment, et le 7tom-
bre des insenses est infini.
386
L'ECCLESIASTE. Chap. I, 17, 18; II, i— 13.
ete avant moi a Jerusalem, et mon
coeur a possede amplement sagesse
et science. ^7j'ai applique mon esprit
a connaitre la sagesse et a connaitre
la sottise et la folic; j'ai compris que
cela aussi c'est la poursuite du vent.
i^Car avec beaucoup de sagesse on
a beaucoup de chagrin, et celui qui
augmente sa science augmente sa
douleur.
CHAP. II. — Vanite des joies profanes [vers, i — 11]. Meme sort pour le
sage et I'insense [12 — 17]. Vanite de la richesse peniblement acquise
[18 — 25]. Dieu seul donne le bonheur [24 — 26].
Chap. II. [i^S^'AI dit dans mon coeur : •' Al-
lons, je t'eprouverai par la
joie; goute le plaisir!" —
Mais c'est encore la une vanite. ^J'ai
dit au rire : " Insense! " et a la joie :
"A quoi bon ce que tu donnes?"3je
resolus en moi-meme de livrer ma
chair au vin, tandis que mon coeur
me conduirait avec sagesse, et de
m'attacher a la folic, jusqu'a ce que
je visse ce qu'il est bon pour les en-
fants des hommes de faire sous le
ciel durant les jours de leur vie.
4j'executai de grands ouvrages : je
me batis des maisons; je me plantai
des vignes; 5je me fis des jardins et
des vergers, et j'y plantai des arbres
a fruit de toute espece ; ^je me creu-
sai des etangs pour arroser des bos-
quets ou croissaient les arbres.
7j'achetai des serviteurs et des ser-
vantes, et j'eus leurs enfants nes dans
la maison; je possedai aussi des trou-
peaux de boeufs et de brebis plus que
tons ceux qui etaient avant moi dans
Jerusalem. 8 Jc m'amassai de I'argent
et de I'or, et les richesses des rois ct
des provinces; je me procurai des
chanteurs et des chanteuses, et les
delices des enfants des hommes, des
femmes en abondance. 9je devins
grand, plus grand que tous ceux qui
etaient avant moi dans Jerusalem ; et
meme ma sagesse demeura avec moi.
loTout ce que mes yeux desiraient,
je ne les en ai pas prives ; je n'ai re-
fuse a mon coeur aucune joie; car
mon coeur prenait plaisir a tout mon
travail, et c'est la part qui m'en est
revenue. "Puis j'ai considere tous les
ouvrages de mes mains, et le labeur
que leur execution m'avait coute, et
j'ai vu que tout est vanite et pour-
suite du vent, et qu'il n'\' a aucun
profit a retirer de ceqiioii fait sous le
soleil.
i^Alors j'ai tourne mes regards
vers la sagesse pour la comparer avec
la sottise et la folic ; car quel est
I'homme qui pourrait venir apres le
roi, lui a qui on a confere cette di-
gnite depuis longtemps? ^^ Et j'ai vu
que la sagesse a autant d'avantage
sur la folic, que la lumiere sur les te-
16. Qui ont iU avant moi a Jerusalem;
d'autres : qui ont ete avant moi (soiiverains)
sur Jerusalem : il s'agirait alors, non seule-
ment de Saiil et de David, mais des rois
chananeens de la ville de Salem, tels que
Melchisedech, Adonisedec, etc.
17. La poursuite du vent : voy. vers. 14.
CHAP. II.
1. Allans : Je veux t'eprouver au moyen
des plaisirs, pour savoir si ta faim de jouis-
sances sera rassasiee.
2. Vulgate : j\ii estime le rire une dupe-
rie, etj'ai dit a la joie : Pourquoi te faire
illusion? tu ne peux procurer le veritable
bonheur.
3. De livrer ma chair au vin, mon corps
aux plaisirs de la table. Le sens de livrer
ou attirer^captiver (par le vin) n'est pas sur.
— Me condui/ait avec saj^esse, comme un
habile cocher conduit un char. Salomon
prend un parti intermediaire : tout en
s'adonnant a la bonne chere, qu'il appelle
une/olie (comp. vers. 2), il veut que la sa-
gesse preside a cette experience, afin de
savoir quelle mesure de bonheur ces plai-
sirs peuvent procurer.
4 sv. Ce tableau s'accorde bien avec ce
qui est dit de Salomon I A'ois, iv, 21, 24;
V, I, 4; vii, I sv. x, 27; II Par. viii, 8; xix, 20;
Cant, iv, 8; viii, 11; Ne/i. iii, 15.
6. On montre encore, dans une vallee un
LIBER ECCLESIASTES. Cap. I, 17, 18; II, i— 13.
387
efFectus sum, et prascessi omnes sa-
pientia, qui fuerunt ante me in Je-
rusalem : et mens mea contemplata
est multa sapienter, et didici. 17. De-
dique cor meum ut scirem pruden-
tiam, atque doctrinam, erroresque
et stultitiam : et agnovi quod in his
quoque esset labor, et afflictio spiri-
tus, 18. eo quod in multa sapientia
multa sit indignatio : et qui addit
scientiam, addit et laborem.
/?>: 'si^'M'mM'!^'. M M 'i^'. "^ ^. M 'M M "V. w. w. M M :<jn :<9
— :i:— CAPUT II. — :;--
In affluentia deliciarum, divitiarum, a^difi-
ciorum, et in horum labore est vanitas et
affliflio spiritus : dicit etiam quantiu sit
vanitatis congregare future heredi, qui
qualis futurus sit ignoratur.
^^ IXI ego in corde meo :
Vadam,et affluam deliciis,
et fruar bonis. Et vidi
quod hoc quoque esset va-
nitas. 2. Risum reputavi errorem
et gaudio dixi : Quid frustra deci-
peris.? 3. Cogitavi in corde meo
abstrahere a vino carnem meam, ut
animum meum transferrem ad sa-
pientiam, devitaremque stultitiam,
donee viderem quid esset utile filiis
hominum : quo facto opus est sub
sole numero dierum vitas sus.
4. Magnificavi opera mea, asdificavi
mihi domos, et plantavi vineas,
5. feci hortos, et pomaria, et con-
sevi ea cuncti generis arboribus,
6. et exstruxi mihi piscinas aqua-
rum, ut irrigarem silvam lignorum
germinantium, 7. possedi servos et
ancillas,multamque familiam habui :
armenta quoque, et magnos ovium
greges ultra omnes qui fuerunt ante
me in Jerusalem : 8. coacervavi mihi
argentum, et aurum, et substantias
regum, ac provinciarum : feci mihi
cantores, et cantatrices, et delicias
filiorum hominum, scyphos, et ur-
ceos in ministerio ad vina fundenda :
9. et supergressus sum opibus om-
nes, qui ante me fuerunt in Jerusa-
lem : sapientia quoque perseveravit
mecum. 10. Et omnia, quae deside-
raverunt oculi mei, non negavi eis :
nee prohibui cor meum quui omni
voluptate frueretur, et oblectaret se
in his, quas prasparaveram : et hanc
ratus sum partem meam, si uterer
labore meo. i r. Cumque me con-
vertissem ad universa opera, quae
fecerant manus meas, et ad labo-
res, in quibus frustra sudaveram,
vidi in omnibus vanitatem et afflic-
tionem animi, et nihil permanere
sub sole.
12. Transivi ad contemplandam
sapientiam, erroresque et stultitiam
(quid est, inquam, homo, ut sequi
possitregem Factoremsuum?) 1 3.Et
vidi quod tantum prascederet sapien-
tia stultitiam, quantum differt lux
peu au sud de Bethleem, trois ctangs de
Saloiiioiiy et une coUine voisine porte le
nom de petit paradis.
7. Dcs serviteurs, des servaiitcs : liommes
et femmes esclaves.
8. Les dernieis mots de ce verset sont
trcs diversement expliques. Vulg., des cou-
pes et des vases de service pour verser le vin.
Delitzsch, une epoicsc et des concidnnes.
Motais, et, en un mot, toutcs les delices des
enfants des honunes en abondance.
g. Grand, riche de tons les biens qui pa-
raissent devoir rendre heureux I'homme sur
la terre.
11. La Vulg. traduit les derniers mots
du verset, et que rien n^est stable sous le
soleil.
12. Qui pourrait venir apres le roi, apres
Salomon, dans cette etude de la sagesse
comparee a la folic, et y decouvrir du nou-
veau, puisque le roi, avec I'experience
acquise durant un long regne, est le mieux
place pour trouver la vcrite. — Lui a. qui
on a co7ifii cette dignitcj litt., lui qti'on a fait
tel, c.-a-d. roi.
Selon d'autres, Salomon, voyant avec in-
quietude les intrigues qu'ourdissaient deja
les partisans de Jeroboam, se demanderait
ici quel serait son successeur au trone
(comp. vers. 21) : Qu'est-ce que I'homine qui
vicndra apres nwi, celui qu ''ils ont deja fait
tel, que d'infideles sujets ont deja choisi
pour roi a I'exclusion de mon fils Roboam.
D'autres autrement.
Vulgate : j'ai passe k contempler la sa-
gesse, la sottise et la folie (qu'est-ce que
I'homme, disais-je, pour qu'il puisse suivre
le roi son createur.^)
388
L'ECCLESIASTE. Chap. II, 14—26; III, 1—6.
iiebres ; i4le sage a ses yeux a la tete,
et I'insense marche dans les tenebres.
Et j'ai aussi reconnu qu'ils ont I'un et
I'autre un mcme sort. ^sEt j'ai dit
dans mon coeur : " J'aurai le meme
sort que I'insense; a quoi bon tant de
sagesse ? " Et j'ai dit dans mon cceur
que cela encore est une vanite. ^^Car
la memoire du sage n'est pas plus
eternelle que celle de I'insense; des
les jours qui suivent I'un et I'autre
sont egalement oublies. Eh quoi! le
sage meurt aussi bien que I'insense!
i/Et la vie me devint odieuse, car ce
qui se fait sous le soleil me deplai-
sait, car tout est vanite et poursuite
du vent.
i^Et j'eus en haine tout le travail
que j'avais fait sous le soleil, et que
je dois laisser apres moi a I'hommc
qui me succedera. ^9Et qui sait s'il
sera sage ou insense? Cependant il
sera maitre de tout le fruit de mon
labeur et de ma sagesse sous le soleil.
C'est encore la une vanite. =oEt j'en
suis venu a livrer mon coeur au de-
couragement, a cause de tous les
labcurs que j'ai supportes sous le
soleil. 21 Car qu'un homme qui a
deploye dans ses oeuvres sagesse, in-
telligence et habilete, soit reduit a
laisser le fruit de son travail a un
homme qui n'y a pris aucune peine,
c'est encore la une vanite et un grand
mal. 22 En effet, que revient-il a
I'homme de tout son travail ct de
tous les soucis dc son cceur, qui I'ont
fatigue sous le soleil ? -3l"ous ses jours
ne sont que douleur, ses occupations
que chagrins; la nuit mcme son coeur
ne repose pas : c'est encore la une
vanite.
24 11 n'y a ricn de meilleur pour
I'homme que de manger et de boire,
et de faire jouir son ame du bien-etre,
au milieu de son travail; mais j'ai vu
que cela aussi vient de la main de
Dieu. =5 Qui, en effet, pent sans lui
manger et jouir du bien-etre? ^^Car
il donne a I'homme qui est bon devant
lui la sagesse, la science et la joie ;
mais il donne au pecheur le soin de
recueillir et d'amasser des biens, afin
de les donner a celui qui est bon de-
vant lui. C'est encore la une vanite
et la poursuite du vent.
Chap. III.
CHAP. III. — 11 y a pour toutes choses un temps fixe par Dieu : I'homme
n'y pent rien changer [vers, i — 15]; il est egalement impuissant devant
les injustices de ce monde.
jL y a un temps fixe pour tout,
un temps pour toute chose
^^J sous le ciel : ^un temps pour
naitre, et un temps pour mourir; un
temps pour planter, et un temps
pour arracher ce qui a etc plante; 3un
temps pour tuer, et un temps pour
guerir; un temps pour abattre, ct un
temps pour batir; -lun temps pour
pleurer et un temps pour rire ; un
temps pour se lamenter, et un temps
pour danser; 5un temps pour jeter
des pierres et un temps pour en ra-
masscr; un temps pour embrasser, et
un temps pour s'abstenir d'cmbrasse-
ments; ^un temps pour chercher, et
un temps pour perdre ; un temps
pour garder, et un temps pour jeter;
14. Le sa^c uses yeux a la tete, il sait s'en
servir. — Uii meme sort : il s'agit surtout de
la mort.
18. La pensec que la mort ravit cgale
ment le sage et I'insense fait naitre dans
I'esprit de Salomon un autre sujet de peine.
24. (2«6' de manger (en lisant en hebreu
inisscheiocal au lieu de sckeiocal) : manger
et boire, locution hdbrai'que qui signifie le
plus sou\ent jouir honnctement du bien-
etre. — Au milieu de son travail : il s'agit
d'un bien-etre acquis par le travail. — Cela
vient de la main de Dieu, est un don de
Dieu, ne depend pas des efforts de I'liomme.
Motais : nan, il n''est pas au pouvoir de
r/io/nme de manger et de boire, et de jouir
ainsi du fruit de son travail.
Vulgate : ne vaut-il pas niieux manger et
boire, etc.
25. Sans lui, sans Dieu, en adoptant la
LIBER BCCLESIASTES. Cap. II, 14—26; III, 1—6.
389
ov. 17, a tenebris. 14. "Sapientis oculi in
nfras, capltc cjus : stultus in tenebris am-
bulat : et didici quod unus utrius-
que esset interitus. 15. Et dixi in
corde meo : Si unus et stulti et meus
occasuserit,quid mihi prodest quod
majorem sapientias dedi operam?
Locutusque cum mente mea, ani-
madverti quod hoc quoque esset
vanitas. 16. Non enim erit memoria
sapientis similiter ut stulti in per-
petuum,et futura tempora oblivione
cuncta pariter operient : moritur
doctus similiter ut indoctu^. 17. Et
idcirco tfeduit me vitas meas viden-
tem mala uni versa esse sub sole, et
cuncta vanitatem et afflictionem
spiritus.
I S.Rursus detestatus sum omnem
industriam meam,qua sub sole stu-
diosissime laboravi, habiturus here-
dem post me, 19. quem ignoro,
utrum sapiens an stultus futurus sit,
et dominabitur in laboribus meis,
quibus desudavi et sollicitus fui : et
est quidquam tam vanum? 20.Unde
cessavi, renuntiavitque cor meum
ultra laborare sub sole. 21. Nam
cum alius laboret in sapientia, et
doctrina, et sollicitudine, homini
otioso quaesita dimittit : et hoc ergo,
vanitas,et magnum malum. 22. Quid
enim proderit homini de universo
labore suo, et afflictione spiritus,
qua sub sole cruciatusest.^ 23. Cun-
cti dies ejus doloribus et aerumnis
pleni sunt, nee per noctem mente
requiescit : et hoc nonne vanitas
est'?
24. Nonne melius est comedere
et bibere, et ostendere animas suas
bona de laboribus suis? et hoc de
manu Dei est. 25. Quis ita devora-
bit, et deliciis affluet ut ego.? 26. Ho-
mini bono in conspectu suo dedit
Deus sapientiam, et scientiam, et
laetitiam : peccatori autem dedit
afflictionem, et curam superfluam,
ut addat, et congreget, et tradat ei
qui placuit Deo : sed et hoc vanitas
est, et cassa soUicitudo mentis.
!<?)' '.<s^. "S^ j^ ■<?£ '.^ 'M !(?)' :-f^' !<»)' \^\ 'fiS. 'sv- M /^)' 'M M W- '.^'. 'S'. 'i^
— :i:— CAPUT III. — ^i:—
Quod omnia suo proveniant tempore et
transeant : quodque in nullis his fluxis sit
mentis quies, unus quoque sit hominis ac
jumentoium interitus.
MNIA tempus habent, et
suis spatiis transeunt uni-
versa sub coelo. 2. Tem-
pus nascendi, et tempus
moriendi. Tempus plantandi, et
tempus evellendi quod plantatum
est. 3. Tempus occidendi, et tem-
pus sanandi : tempus destruendi, et
tempus asdificandi.4.Tempusflendi,
et tempus ridendi. Tempus plan-
gendi, et tempus saltandi. 5. Tem-
pus spargendi lapides, et tempus
colligendi. Tempus amplexandi, et
tempus longe fieri ab amplexibus.
6. Tempus acquirendi, et tempus
perdendi. Tempus custodiendi, et
legon des LXX i^miiiivihio^ au lieu de miin-
riieni), suivie aussi par S. Jerome dans son
commentaire. Vulg. , cm- qui a phts que vwi
majjge et goute ies delices?
26. O^ii est boil devant lui, reellement
bon, et par consequent agreable a ses yeux.
— C''est encore la, savoir la recherche du
bien-etre avec et par le travail, laie vafiite,
parce que cette recherche est souvent in-
frudlueuse et n'aboutit pas; le bonheur nous
echappe au moment ou nous croyons le
saisir : comp. ix, 1 1.
CHAP. III.
I sv. Dieu qui donne comme il lui plait
science, richesses, bien-etre, etc. (ch. ii),
tient I'homme dans une dependance absolue
sous le gouvernement de sa providence, et
cela dans Ies details Ies plus minutieux
aussi bien que dans Ies evenements Ies plus
importants de la vie : telle est la pensee des
vers. 1-15.
5. On jette des pierres dans un champ
pour le rendre sterile (II Rois, iii, 19, 25;
Is. V, 2); on Ies ramasse pour lui rendre la
fertilite. Motais : ttn temps pour rejeter Ies
■pierres, en debarrasser une vigne ; 7in temps
pour Ies raj/insser, et Ies employer a repa-
rer Ies clotures ou Ies chemins. — Pour
embrasser, donner des temoignages d'afifec-
tion a ceux qu'on aime.
390
L'ECCLESIASTE. Chap. Ill, 7—22; IV, i.
7un temps pour dechirer, et un temps
pour coudre; un temps pour se taire,
et un temps pour parler; ^un temps
pour aimer, et un temps pour hair;
un temps pour la guerre, et un temps
pour la paix.
9 Quel avantage celui qui travaille
retire-t-il de sa peine? ^°J'ai examine
le labeur auquel Dieu assujettit les
enfants des hommes : ^^Dieu a fait
toute chose belle en son temps; il a
mis aussi dans leur cceur I'eternite.
mais sans que I'homme puisse com-
prendre I'oeuvre que Dieu fait, du
commencement jusqu'a la fin. ^^Ej-
j'ai reconnu qu'il n'y a rien de meil-
leur pour eux que de se rejouir et de
se donner du bien-etre pendant leur
vie; ^3et en meme temps que si un
homme mange et boit et jouit du
.bien-etre au milieu de tout son tra-
vail, c'est la un don de Dieu. i4j'ai
reconnu que tout ce que Dieu fait
durera toujours, qu'il n'y a rien a y
ajouter ni rien a en retrancher : Dieu
agit ainsi afin qu'on le craigne. ^sCe
qui se fait existait deja, et ce qui se
fera a deja etc : Dieu ramene ce qui
est passe.
i6J'ai encore vu sous le soleil, au
siege meme du droit, regner la me-
chancete, et au lieu de la justice sie-
ger I'iniquite. i7j'ai dit dans mon
coeur : " Dieu jugera le juste et le
mechant, car il y a la un temps pour
toute chose et pour toute oeuvre. "
isj'ai dit dans mon coeur au sujet des
enfants des hommes : " Cela arrive
ainsi, afin que Dieu les eprouve et
qu'ils voient qu'ils sont en eux-me-
mes sem.blables aux betes. " i9Car le
sort des enfants des hommes est le
sort de la bete : ils ont une meme
destinee ; comme I'un meurt, I'autre
meurt aussi ; un meme esprit les
anime ; I'homme n'a pas d'avantage
sur la bete, car tout est vanite. 20 Tout
va dans un meme lieu ; tout est sorti
de la poussiere, et tout retourne a la
poussiere. ^iQui sait si I'esprit des
enfants des hommes monte en haut,
et si I'esprit de la bete descend en
bas dans la terrc? 22 Et j'ai vu qu'il n'y
a rien de mieux pour I'homme que de
se rejouir de ses oeuvres : c'est la sa
part. Car qui lui donnera de connai-
tre ce qui arrivera aprcs lui?
CHAP. IV. — Impuissance de I'homme en face des maux et des tourments
de la vie [vers, i — 16].
Chap. IV.
'^'AI tourne ailleurs mes regards
et j'ai vu toutes les oppres-
sions qui se commettent sous
le soleil : les opprimes sont dans les
larmes, et personne qui les console!
lis sont en butte a la violence de
7. Dt'chtrer ses vctements en signe de
deuil, par ex. u la nouvelle de quelque fu-
neste evenement.
9. Puisque toute chose a son temps
lequel depend, non de I'homme, mais de
I'absolue determination de Dieu, quel a-<'an-
tage, etc. (conip. i, 3) ; les efibrts de I'homme
n'aboutissent a rien de certain ni de dura-
ble, puisque tout est soumis \\ une loi su-
perieure.
10 sv./^ai examine, etc. ; le vers. 1 1 donne
le resultat de cet examen : i*^" Dieu a fait :
I'auteur considere les choses dans le plan
divin, ou elles ont d€]h. une reality id^ale,
avant meme d'arriver a une existence rdelle
(d'autres preferent traduire, Dieu fait);
tflutc cJiose belle en soji temps : belle precise-
menl parce qu'elle est faite au moment de
la duree marqu^ par la sagesse divine.
2° Dieu a mis dans le caur de Vhomnie la
pensee ou le desir de re'ternite, de ce qui
ne passe pas. Grace k cette facultc, Thomme,
que les choses perissables ne sauraient sa-
tisfaire, essaie de franchir ces etroites limi-
tes, et d'embrasser du regard de son esprit
I'oeuvre complete de Dieu. Mais 3° il ne
pent s'clever ^ cette conception totale,
et son desir d'infini n'est pas rassasie sous
le soleil. D'ou la conclusion tiree au vers. 12.
Au lieu de, il a mis dans leur ca'ur Peter-
7iite, la Vulg. traduit, il a abandonne le
monde a leurs discussions.
1 3. Et en meme letups, etc. : encore cette
jouissance des biens de la vie est-elle elle-
meme un don de Dieu.
15. Les lois qui president au gouverne-
LIBER ECCLESIASTES. Cap. Ill, 7—22; IV, i.
391
tempus abjiciendi. 7. Tempus scin -
dendi, et tempus consuendi. Tem-
pus tacendi, et tempus loquendi.
8. Tempus dilectionis, et tempus
odii. Tempus belli, et tempus pacis.
9. Quid habet amplius homo de
labore sue? 10. Vidi afflictionem,
quam dedit Deus filiis hominum, ut
distendantur in ea. 11. Cuncta fecit
bona in tempore suo, et mundum
tradidit disputationi eorum, ut non
inveniat homo opus, quod operatus
est Deus ab initio usque ad finem,
12. Et cognovi quod non esset me-
Hus nisi lastari, et facere bene in vita
sua. 13. Omnis enim homo, qui
comedit et bibit, et videt bonum de
labore suo, hoc donum Dei est.
14. Didici quod omnia opera, quae
fecit Deus, perseverent in perpe-
tuum : non possumus eis quidquam
addere, nee auferre, quas fecit Deus
ut timeatur. iC. Ouod factum est,
ipsum permanet : quas rutura sunt,
jam fuerunt : et Deus instaurat
quod abiit.
16, Vidi sub sole in loco judicii
impietatem, et in loco justitia; ini-
quitatem. 17. Et dixi in corde meo :
Justum, et impium judicabit Deus,
et tempus omnis rei tunc erit.
18. Dixi in corde meo de filiis ho-
minum, ut probaret eos Deus, et
ostenderet similes esse bestiis. 1 9. Id-
circo unus interitus est hominis, et
jumentorum, et aequa utriusque
conditio : sicut moritur homo, sic
et ilia moriuntur : similiter spirant
omnia,et nihil habet homo jumento
amplius : cuncta subjacent vanitati,
20. et omnia pergunt ad unum lo-
cum : " de terra facta sunt, et in ter- " Gen. 3, 19.
ram pariter revertuntur. 21. Quis
novit si spiritus iilicrum Adam
ascendat sursum, et si spiritus ju-
mentorum descendat deorsum.''
22. Et deprehendi nihil esse melius
quam lastari hominem in opere suo,
et banc esse partem illius. Quis
enim eum adducet, ut post se futura
cognoscat.^
— :i:— CAPUT IV. — :>—
Vanitatem hujus vitce arguit sapiens ex in-
nocentum oppressione, et quod industria
humana sit invidiae obnoxia : item quod
stultus secure in otio agit, alio qui here-
dem non habet thesaurizante : explicat
commoda societatis, regum regnorumque
vanitatem : et obedientiam praefert stul-
torum vicflimis.
^ERTI me ad alia, et vidi
calumnias, quae sub sole
geruntur, et lacrymas in-
J nocentium, et neminem
ment divin, soit dans rordre moral, soit
dans I'ordre physique, sont toujours les
memes ; elles amenent les memes resultats
ou des resultats analogues.
15. Au lieu de Injustice, au lieu ou la jus-
tice seule devait rendre des sentences.
17. Dieu jugei'a : quand? peut-etre pas
aussi vite que plusieurs le voudraient; mais
ce jugement viendra, car il y a la, c.-^-d.
aupres de Dieu, etc. La Vulg. traduit le
2e membre : ei ce sera alors le temps de
toute cJiose.
18. CV/a, savoir que Dieu attend, pour
exercer son jugement, I'heure qu'il a fixee
d'avance. — En eux-mcincs, naturellement,
quant a la vie corporelle, et abstracflion faite
de toute relation superieure avec Dieu.
Motais, pour eux-}iiemes : pas plus que la
bete, ils ne peuvent rien pour eux-memes,
tout etant r^gle par Dieu (comp. vers. 9).
19. Le sort, etc.; ou plus exaflement : les
enfant s des homines sont caducitc, et caduciie
est la bete ; ils sont cgalemoit endues, sujets
a I'infirmitd et a lamort. Dans ce verset,rau-
teur n'envisage que I'exterieur, la vie corpo-
relle, dont le souffle vital est la condition,
aussi bien pour I'homme que pour la bete. —
Toiit, ou tous deux; de meme au verset sui v.
21. Qui sail : cette expression n'implique
pas necessairement une ignorance complete
et absolue de la question proposee : comp.
xxxi, 10; Ps. xcx, 11; xciv, 16. L'auteur ne
doutait ni de I'existence de Fame, ni de sa
destinee future. Voy. vi, 12; viii, 7; x, 14.
D'autres, avec Motais : qui voit Vesprit de
Phomnie, lequel remonte 7/ers le del, etc.
Cette derniere traducflion, qui suit la ponc-
tuation massoretique, a contre elle toutes
les versions anciennes et le contexte.
22. D'autres : qui le fera jouir de ce qui
sera apres lui?
CHAP. IV.
I. Ailleurs, ou denoweau.
392
L'ECCLESIASTE. Chap. IV, 2— r
leurs opprcsseurs, et personne qui les
console! ^Et j'ai trouve les morts qui
sont deja morts plus heureux que les
vivants qui sont encore vivants, 3et
plus heureux que les uns et les au-
tres celui qui n'est pas encore arrive
a I'existence, qui n'a pas vu les mau-
vaises a6l'ions qui se commettent sous
le soleil.
4j'ai vu que tout travail et que
toute habilete dans un ouvrage n'est
que jalousie de Thomme a I'egard de
son prochain : c'est encore la unc
vanite et la poursuite du vent.
5 L'insense se croise les mains et
mange .sa propre chair. ^Mieux vaut
une main pleine de repos, que les
deux pleines de labeur et de pour-
suite du vent.
"J'ai considere une autre vanite
sous le soleil. ^Tel homme est seul,
n'ayant personne avec lui, ni fils, ni
frere; et pourtant son travail n'a point
de treve, et ses yeux ne sont jamais
rassasies de richesses. "Pour qui done
est-ce que je travaille et que je prive
mon ame de jouissance.'' " C'est en-
core la une vanite et une mauvaise
occupation.
9Mieux vaut vivre a deux que so-
litaire; il y a pour les deux un bon
salairc dans Icur travail. '"Car s'ils
tombent, I'un pent relever son com-
pagnon ; mais malheur a celui qui
est seul et qui tombe sans avoir un
second pour le relever! " De meme,
si deux couchent ensemble, ils se
rechauffent mutuellement ; mais un
homme seul, comment aura-t-il
chaud .'' 12 Et si quelqu'un fait vio-
lence a celui qui est seul, les deux
pourront lui resister, et le cordon a
trois fils ne se rompt pas facilemcnt.
^sMieux vaut un jeune homme
pauvre et sage qu'un roi vieux et in-
sense qui ne sait plus ecouter les
avis; '4 car il sort de prison pour re-
gner, quoiqu'il soit ne pauvre dans
son royaume. ^sj'ai vu tous les vi-
vants qui sont sous le soleil entourer
le jeune homme qui devait succeder
au vieux roi et regner a sa place;
i^elle etait infinie toute cette foule
qui lui rendait hommage. Et cepen-
dant la posterite ne se rejouira pas a
son sujet. C'est la encore une vanite
et la poursuite du vent.
i7Prends garde a ton pied quand
tu vas a la maison de Dieu ; s'appro-
cher pour ecouter vaut mieux que
d'offrir des vi6limes a la maniere des
insenses ; car leur ignorance les con-
duit a faire mal.
4. Hnhilcte ow sttcch. — 7V^V.f/ que jalou-
sie peut s'entendre de deux manicres : est
inspire par ledesirde I'emporter sur autrui;
ou bien : a pour effet d'exciter la jalousie
des autres homines (Vulg.). — Poiirsitite du
ve)itf peine inutile.
5. Mange sa propre chair : au lieu de
vivre du travail de ses mains, il se consume
lui-meme, en quelque sorte, et va a sa ruine.
6. De repos : non pas le repos du pares-
seux, mais de celui qui est uni il un travail
moderd et au bien-etre.
8. Pour qui done, etc. : I'auteur se met ;i
la place de cet homme sans famille et fait
entendre cette plainte en son noni. Motais
sous-entend : // ne dii point : Pour qui., etc.
9. Un bon salairc, un prccieux avantage;
ce salaire consiste dans la douce persuasion
cju'a chacun d'eux son travail profitera a
I'autre.
\2. On lit dans le Talmud : " Un homme
sans compagnon est comme la main gauche
sans la droile.
Suit une autre consideration, empruntee
.\ la vie politique, pour montrer combien la
popularite est chose vaine.
13. Ecouter les m'is; Vulg., prcfoir
Vavoiir.
14. Car amcne la raison pour laquelle
le jeune homme vient d'etre qualifie pa7i-
vre et sage : sage, puisqu'il a su se frayer
un chemin de la prison au trone. — Dans
LIBER ECCLESIASTES. Cap. IV, 2—17.
393
consolatorem : nee posse resistere
eoriim violentiae, cunctorum auxi-
lio destitutes. 2. Et laudavi magis
mortuos, quam viventes : 3. et feli-
ciorem utroque judicavi, qui nec-
dum natus est, nee vidit mala quas
sub sole fiunt.
4.Rursum contemplatus sumom-
nes labores hominum, et industrias
animadverti patere invidiam proxi-
mi : et in hoc ergo vanitas, et cura
superflua est.
5. Stultus complicat manus suas,
et comedit carnes suas, dicens :
6. Melior est pugillus cum requie,
quam plena utraque manus cum la-
bore, et afflictione animi.
7. Considerans reperi et aliam
vanitatem sub sole : 8. unus est, et
secundum non habet, non filium,
non fratrem, et tamen laborare non
cessat, nee satiantur oeuli ejus divi-
tiis : nee recogitat, dicens : Cui
laboro, et fraudo animam meam
bonis.^ in hoe quoque vanitas est, et
afflietio pessima.
9. Melius est ergo duos esse si-
mul, quam unum : habent enim
emolumentum societatis su^ : 10. si
unus ceeiderit, ab altero fulcietur :
vae soli : quia cum ceeiderit, non
habet sublevantem se. 11. Et si
dormierintduo,fovebuntur mutuo:
unus quomodo calefiet.^ 12. Et si
quispiam praevaluerit contra unum,
duo resistunt ei : funiculus triplex
difficile rumpitur.
1 3. Melior est puer pauper et sa-
piens, rege sene et stulto, qui nescit
pra^videre in posterum. 14. Quod
de carcere,catenisque interdum quis
egrediatur ad regnum : et alius na-
tus in regno, inopia eonsumatur.
15. Vidi cunctos viventes, qui am-
bulant sub sole cum adoiescente
secundo, qui eonsurget pro eo.
16. Infinitus numerus est populi
omnium, qui fuerunt ante eum : et
qui postea futuri sunt, non laetabun-
tur in eo : sed et hoc, vanitas et
afflietio spiritus.
17. Custodi pedem tuum ingre-
diens domum Dei, et appropinqua
ut audias. "Multo enim melior est
obedientia, quam stultorum vieti-
ma?, qui nesciunt quid faciunt mali.
.1.
•!•
son royauiue, dans la contree 011 il devait
etre roi ; ou bien : dans le royaume du
vieux roi.
Vulgate : car il arrive que tel sortc de la
prison et des c/iaiftes pour rcgner, et que tel
autre, ne sur le tronc, se consume dans V in-
digence.
15. Accueil enthousiaste fait au jeiine roi.
Qui ltd rendait honimage; litt., a la tete de
laquelle il etait.
16. La posteritc ne se rejoiiira pas : les
esperances que les contemporains avaient
con^ues ne se realiseront pas : le jeune roi,
si acclame a son debut, ne laissera qu'une
memoire abhorree : nouvelle confirmation
de la maxime chere a Tauteur : tout est
vanitd.
Motais et quelques autres interpretes
voient dans les vers. 13-16 une allusion a
I'histoire de Joseph, arrive pauvre en Egypte,
s'elevant par sa sagesse a la plus haute di-
gnite de I'Etat, gouvernant le royaume a la
place, c.-a-d. au nom du Pharaon, oublie
enfant dans sesbienfaits par les generations
suivantes. Ce rapprochement est-il fonde?
C'est fort douteux.
Le verset 17 appartient pour le sens au
chapitre suivant.
17. Prends garde a ton pied, \\ ta con-
duite. — Pour ecouter la parole divine :
prieres, chants sacres, lefture de la loi. —
Les insense's : dans la plupart des sacrifices,
une partie de la vicftime revenait k I'offrant,
qui lamangeait avec ses parents et ses amis
dans des repas sacres, lesquels degeneraient
souvent en rejouissances grossieres. —
L igno}-a7ice les conduit a /aire mat; d'au-
tres, ils ne savent pas qu'ils font mal.
La Vulg. traduit la fin du verset : car
Vobeissance vaut beaiicoup inieitx que les
viHimes des inscnscs, qui 7ie savent pas ce
quails font de mal.
" I Reg. T5,
22. Os. 6, 6.
394
L'ECCLESIASTE. Chap. V, i — 16.
CHAP. V. — Conduite a tcnir dans raccomplisscment des devoirs religieux
[iv, ly — V, 6]; — divers abiis et desordres [7 — 16]; — s'abandonner a
la Providence [17 — 19].
Chap. V. |K«^^E sois pas presse d'ouvrir la
&"Hj I bouche et que ton coeur ne se
Lm^^J hate pas d'exprimer une pa-
role devant Dicu, car Dieu est au
ciel, et toi sur la tcrre ; que tes paro-
les soient done peu nombreuses. 2 Car
de la multitude des occupations nais-
sent les songes, et dans la multitude
des paroles se fait entendre la voix
de I'insense.
sLorsque tu as fait un voeu a Dieu,
ne tarde pas a I'accomplir, car il
n'aime pas les insenses : accomplis le
voeu que tu as fait. 4Mieux vaut pour
toi ne pas faire de vceu, que d'en faire
un et de ne pas I'accomplir. sNe per-
mets pas a ta bouche de faire pecher
ta chair, et ne dis pas en presence de
I'envoye de Dieu que c'est une inad-
vertance. Pourquoi ferais-tu Dieu
s'irriter de tes paroles et detruire les
oeuvrcs de tes mains? ^Car, comme
il y a des vanites dans la multitude
des occupations, il y en a aussi dans
beaucoup de paroles ; c'est pourquoi
crains Dieu,
7 Si tu vois dans une province le
pauvre opprime, le droit et la justice
violes, ne t'en etonne point, car un
homme cleve est place sous la sur-
veillance d'un autre plus eleve, et de
plus eleves encore les dominent tous
les deux. ^Un avantage pour le pays
a tous egards, c'est un roi qui donne
ses soins a I'agriculture.
9Celui qui aime I'argent n'est pas
rassasie par I'argent, et celui qui aime
les richesses n'en goute pas le fruit.
C'est encore la une vanite. ^oQuand
les biens se multiplient, ceux qui les
mangent deviennent aussi plus nom-
breux, et quel avantage en revient-il
a leurs possesseurs, sinon qu'ils les
voient de leurs yeux. "Le sommeil
du travailleur est doux, qu'il ait peu
ou beaucoup a manger; mais la satiete
du riche ne le laisse pas dormir.
^2 II est un mal grave que j'ai vu
sous le soleil : des richesses conser-
vees pour son malheur, par celui qui
lespossede; i3ces richesses se perdent
par quelque facheux evenement, et
s'il a engendre un fils, il ne lui reste
plus rien entre les mains. ^4Sorti nu
du sein de sa mere, il s'en ira comme
il etait venu, et il n'aura rien pour
son travail qu'il puisse emporter avec
lui. 13 C'est encore la une grande mi-
sere. II s'en va comme il est venu, et
quel avantage lui revient-il d'avoir
travaille pour le vent? ^^'Dq plus,
toute sa vie il mange dans les tene-
bres ; il a beaucoup de chagrin, de
I souffrance et d'irritation.
CHAP. V.
1. Sens : Tiens-toi devant Dieu dans un
silence respetlueux, exhalant ton ame dans
de courtes mais ferventes pricres, n'oubliant
pas qu'autant le ciel est au-dessus de la
terre, autanl Dieu est elevd au-dessus
de toi.
2. Car de menie cjue de la inultifttde, etc ,
ainsi dc la imiltilndc des occupations^ des
soins de tout genre, des soucis.
5. Faire pecher la c/tair, tout ton corps,
et par suite attirer sur toi le chatiment. —
Ihnvoye de Dieu, probablement le pretre ;
ou bien avec les LXX et d'autres versions,
devant la face de Dieu, c.-h.-d. un etre spiri-
tuel qui tient sa place et le reprcseiUe
{Exod. xxiii, 21), un ministre de sa justice,
tel que I'ange qui frappa le peuple ^ cause
des peches de David W A'ois, xxiv, 17.
7 sv. Car donne la raison de jie t\'7i
etotuje point, mais cette raison est diverse-
ment expliquee par les interprctes. D'aprt-s
Motais, I'auteur justifie I'autoritc : s'il y a
des crimes commis et des abus de pouvoir,
ce n'est pas faute de surveillance; mais tant
d'intermediaires scparent le roi du peuple,
surtout en province! II ne faut done pas
s'en etonner, mais respe(!:ler I'autorite su-
preme ; cette soumission (vers. <S) profite a
tout le pays ; le roi est le serviteur du pays.
Delitzsch donne une interpretation tout
<\ fait differente : ne t'en etonne point, car
un honiine elev^ est obseri'e, epie, par un
LIBER ECCLESIASTES. Cap. V, i— 16.
395
— :i:— CAPUT V. — *—
Nil temere de Deo et ejus providentia lo-
quendum : vota reddenda : non miran-
clum de egenorum oppressione, cum iniqui
judicem habeant : item quam sit misera
conditio avaii nunquam impleti,et divitis
coacervantis divitias, in proprium non-
nunquam malum.
E temere quid loquaris,
neque cor tuum sit velox
ad proferendum sermo-
nem coram Deo. Deus
enim in coelo, et tu super terram :
idcirco sint pauci sermones tui.
2. Multas curas sequuntur somnia,
et in multis sermonibus invenietur
stultitia.
3, Si quid vovisti Deo, ne more-
ris reddere : displicet enim ei infi-
delis et stulta promissio : sed quod-
cumque voveris, redde : 4. multo-
que melius est non vovere, quam
post votum promissa non reddere.
5. Ne dederis os tuum ut peccare
facias carnem tuam : neque dicas
coram Angelo : Non est providen-
tia : ne forte iratus Deus contra
sermones tuos, dissipet cuncta opera
manuum tuarum. 6. Ubi multa
sunt somnia, plurimae sunt vanita-
tes, et sermones innumeri : tu vero
Deum time.
7. Si videris calumnias egeno-
rum, et violenta judicia, et subver-
ti justitiam in provincia, non mire-
ris super hoc negotio : quia excel-
so excelsior est alius, et super hos
quoque eminentiores sunt alii, 8. et
insuper universas terrae rex imperat
servienti.
9. Avarus non implebitur pecu-
nia : et qui amat divitias, fructum
non capiet ex eis : et hoc ergo va-
nitas. 10. Ubi multas sunt opes,
multi et qui comedunt eas. Et
quid prodest possessori, nisi quod
cernit divitias oculis suis.^ 1 1. Dul-
cis est somnus operanti, sive pa-
rum, sive multum comedat : satu-
ritas autem divitis non sinit eum
dormire.
12. "Est et alia infirmitas pessi-
ma, quam vidi sub sole : divitiae
conservatae in malum domini sui,
13. Pereunt enim in afflictione pes-
sima : generavit filium, qui in sum-
ma egestate erit, 14. ^'Sicut egressus
est nudus de utero matris suae, sic
revertetur, et nihil auferet secum
de labore suo. 15. Miserabilis pror-
sus infirmitas : quo modo venit, sic
revertetur. Quid ergo prodest ei
quod laboravit in ventum.'' i6.Cun-
ctis diebus vitas suae comedit in te-
nebris et in curis multis,et in aerum-
na atque tristitia.
" Job. 20,
20.
* Job. I, 21.
I Tim. 6, 7.
aiit7-e plus cleve, (\\i\ cherche I'occasion de
le ddpouiller, ct aii-dessiis (feiex il y eu a
de phis elevcs encore, animes des memes
sentiments envers leurs inferieurs ; aussi
(vers. 8) est-ce ii7i avantage poitr le pays, etc.
Si le vCiOX gebohim pouvait etre pris comme
un pluriel de majeste, on aurait un sens
aussi beau que facile : ne fen etonne point,
n'en sois pas scandalise, car sicr Vhomme
elevi\ le magistrat de province, veille iiti
phis elevc, le roi, et un plus eleve encore, la
Tres-Haiit, veille siir les deux premiers, et
leur demandera compte des injustices et
des violences qu'ils ont commises ou laisse
commettre. En outre (vers. 8) le profit de
la terre est pour tons ; le roi hd-meme est
servi par la culture des champs : s'il opprime
les petits, ceux qui cultivent les terres, il
n'aura plus de quoi subsister.
9. Qui ainic Pargent : il s'agit ici, non de
Vaz'are{\v, 7-12), mais de I'homme avide de
faste et d'opulence, qui n'arrive jamais a
satisfaire ses gouts de luxe.
10. Ceux qui les mangent, les serviteurs,
les intendants, tout le train de maison. Le
possesseur n'en a que plus d'embarras et de
soucis.
12 sv. Non seulement la richesse ne pro-
cure h. qui la possede aucun bien reel, mais
souvent elle se perd par quelque catastro-
phe imprevue. L'auteur dans ce passage fait
allusion a Job (comp. _/tf^, i, 21).
16. // mange dans les tcnebres, soit au
figure : dans la tristesse; soit au propre :
dans une salle que n'eclaire pas une joyeuse
lumiere. D'ailieurs, ce verbe est douteux;
une legere modification du mot hebreu
donne le sens de tristesse, bien plus satis-
faisant : tous les jours de sa vie (se passent)
dans les tcnebres, la tristesse, etc.
396
L'ECCLESIASTE. Chap. V, 17—19; VI, i— 12.
i7Voici done ce que j'ai rcconnu
etre bon et scant, c'est que rhomme
mange et boive, et jouisse du bien-
etre au milieu de tout le travail au-
quel il se livre sous le soleil, durant
les jours de vie que Dieu lui a don-
nes; car c'est la sa part. ^^YA encore
pour tout hommc qui a recu de Dieu
des richesses et des biens, avec pou-
voir d'en manger, d'en prendre sa
part et de se rejouirdans son travail,
c'est la un don de Dieu. i9Car alors
il ne songe guere aux jours de sa vie,
parce que Dieu repand la joie dans
son coeur.
CHAP. \ I. — La richesse ne donne pas le bonhcur; Dieu a determine
d'avance le lot de cliacun.
Chap. VI. ^P^L est un mal que j'ai vu sous
;^^' le soleil, et ce mal est frequent
iii^^ parmi les hommes : =tel hom-
me a qui Dieu a donne richesses, tre-
sors et gloire, et qui ne manque pour
son ame de rien de ce qu'il pent desi-
rer; mais Dieu ne le laisse pas mai-
tre d'en jouir; c'est un etranger qui
jouit de ses biens : voila une vanite
et un mal grave. sQuand un homme
aurait cent fils, vivrait un grand nom-
bre d'annees, et que les jours de ses
annees se multiplieraient, si .son ame
ne s'est pas rassasiee de bonheur, et
qu'il n'ait pas meme eu de sepulture,
je dis qu'un avorton est plus heureux
que lui. 4Car il est venu en vain, il
s'en va dans les tenebres, et les tene-
bres couvriront son nom; 5il n'a ni
vu ni connu le soleil, il a plus de re-
pos que cet homme. ^Et quand il
vivrait deux fois mille ans sans jouir
du bonheur, tout ne va-t-il pas au
meme lieu?
7 Tout le travail de I'homme est
pour sa bouche; mais ses desirs ne
sont jamais satisfaits. ^Car quel avan-
tage a le sage sur I'insense.'' Quel
avantage a le pauvre qui sait se con-
duire en presence des vivants.'' 9Ce
que les )'eux voient est preferable a
la divagation des desirs. C'est en-
core la une vanite et la poursuite
du vent.
I" A toute chose qui arrive, son
nom est determine d'avance; on sait
ce que sera un homme, et il ne pent
contester avec un plus fort que lui.
"Car il Y a beaucoup de paroles qui
ne font qu'accroitre la vanite : quel
avantage en revient-il a I'homme?
12 Car qui sait, en effet, ce qui est bon
pour I'homme dans la vie, pendant
les jours de sa vie fugitive, qu'il passe
comme une ombre .^ Et qui pent dire
a I'homme ce qui sera apres lui .sous
le soleil?
18. Liaison : le mieux (vers. 17) est de
jouir ici-bas du bien-Ctre que procure le tra-
vail; mais (vers. 18) cela meme est un don
de Dieu.
19. // lie songe gith'c au v jours dc sa vie :
sa vie est douce et passe comme inaper^ue,
sans ctre attristee par de pcnibles retle.xions
et de vains soucis.
CHAP. VI.
1. Est frequent {y\\\g.)y ou mieux
Iflurdenwnt sur Ics Jtonnnes.
pest
3. Les jours de ses annees : pour mieux
peindre la longue duree de cette vie, I'au-
teur decompose les annees en jours.
4. // est I'enu : c'est de I'avorton qu'il
s'agit dans les vers. 4 et 5; le vers. 6revient
a I'iiomme que Dieu ne laisse pas jouir de
sa fortune.
5. // a plus de repos, un sort plus heureux
en general. Vulg. , il n'a pas connu la diffe-
rence du bien et du mal.
7-8. Poitr sa bouche^ pour s'assurer les
di\ erses jouissances de la vie; mais I'homme
LIBER ECCLESIASTES. Chap. V, 17-^19; VI, i— n.
397
17. Hoc itaque visum est mihi
bonum ut comedat quis, et bibat, et
fruatur lastitiaex labore suo, quo la-
boravit ipse sub sole numerodierum
vitas suje, quos dedit ei Deus, et
hasc est pars illius. i 8. Et omiii ho-
mini, cui dedit Deus divitias, atque
substantiam, potestatemque ei tri-
buit ut comedat ex eis, et fruatur
parte sua, et lastetur de labore suo :
hoc est donum Dei. 19. Non enim
satis recordabitur dierum vit^ suas,
eo quod Deus occupet deliciis cor
ejus.
-^'^ CAPUT VI. -^--
Misera est avari vanitas, qui ne in neces-
sariis quidem audet partis uti.
ST et aliud malum, quod
vidi sub sole, et quidem
frequens apud homines :
2. Vir, cui dedit Deus di-
vitias, et substantiam, et honorem,
et nihil deest animae suas ex omni-
bus, quas desiderat : nee tribuit ei
potestatem Deus ut comedat ex eo,
sed homo extraneus vorabit illud :
hoc vanitas, et miseria magna est,
3. Si genuerit quispiam centum li-
beros, et vixerit multos annos, et
plures dies astatis habuerit, et anima
illius non utatur bonis substantias
suas, sepulturaque careat : de hoc
ego pronuntio quod melior illo sit
abortivus. 4. Frustra enim venit, et
pergit ad tenebras, et oblivione de-
lebitur nomen ejus. 5. Non vidit
solem, neque cognovit distantiam
boni et mali : 6. etiam si duobus
millibus annis vixerit, et non fuerit
perfruitus bonis : nonne ad unum
locum properant omnia.?
7. Omnis labor hominis in ore
ejus : sed anima ejus non implebi-
tur. 8. Quid habet amplius sapiens
a stulto.? et quid pauper nisi ut per-
gat illuc, ubi est vita.? 9. Melius est
videre quod cupias, quam desiderare
quod nescias : sed et hoc vanitas est,
et prassumptio spiritus.
10. ''Qui futurus est, jam vocatum
est nomen ejus : et scitur quod
homo sit, et non possit contra for-
tiorem se in judicio contendere.
1 1. Verba sunt plurima, multamque
in disputando habentia vanitatem.
'■ I Reg. tj,
Heta^Reg.
13. 2.
n'arrive jamais a une situation telle qu'il
soit pleinement satisfait, qu'il ne desire plus
rien. — Car anicne la raison de ce qui pre-
cede : les hommes les plus ditferents par le
caraftere moral, tels que le sage et I'insense,
sent pareils sous ce rapport, leurs desirs
sont egalement insatiables. Le sage, il est
vrai, s'efforce de les dominer, et le pauvre,
qui sait gouverner sa vie, les dissimule en
s'imposant des privations ; mais ces desirs
n'en existent pas moins au fond de leur
cceur, aussi bien que dans le coeur de I'in-
sense, qui se donne libre carriere pour les
satisfaire.
Vulg., ^!/el avantage a le pauvre^ si cc
finest g It'll va la on est la vie.
g. Sens : jouir du bien qu'on a afluelle-
ment vaut mieux que de Juisser son ame
s'egarer a toutes sortes de desirs.
10. A toute chose; Vulg., a tout hoi/u/ie
qui doit arriver a f existence, etc. — Son
noin : ce que cette chose sera et comment
elle sera est determine et comme formulci
d'avance. — On sait, c'est une chose con-
nue (de Dieu), arretee d'avance : comp. AH.
XV, 18. — Avec tin plus fort que lui, avec
Dieu, qui regie toutes choses.
11. Paroles de contestation avec Dieu;
elles sont vaines et inutiles : I'homme n'a
qu'a se soumettre a la Providence et a re-
connaitre humblement sa dependance.
12. Sens : I'homme, d'ailleurs, ignore ce
qu'il lui faut pour etre heureux; pour le sa-
voir, il lui faudrait lire dans I'avenir, chose
impossible pour lui. — Ce qui sera aprcs lui,
par ex., s'il laissera des enfants, s'ils entre-
ront en possession des biens amasses par
lui, etc.
Ce verset commence le chap, vii dans la
Vulg., mais il est mieux a sa place \ la fin
du ch. vi.
398
L'ECCLESIASTE. Chap. VII, i— 17.
CHAP. VII. — Maximes sur les tristesses de la vie, sur la sagesse
et la moderation.
Ch. VII. S^/iwr«|NE bonne reputation vaut
mieux qu'un bon parfum, et Ic
jour de la mort que le jour de
la naissance. ^ Mieux vaut aller a la
maison de deuil qu'a la maison de
festin, car dans la premiere apparait
la fin de tout homme, et le vivant y
reflechit. 3 Mieux vaut la tristesse que
le rire, car un visage triste fait du
bien au coeur. 4Le coeur des sages est
dans la maison de deuil, et le coeur
des insenscs dans la maison de joie.
5 Mieux vaut entendre la reprimande
des sages que le chant des insenses.
^Car semblable au petillement des
epines sous la chaudiere est le rire
des insenses : c'est la encore une va-
nite. 7 Car I'oppression rend insense
le sage, et les presents corrompent le
coeur.
^Mieux vaut la fin d'une chose que
son commencement; mieux vaut un
esprit patient qu'un esprit hautain.
9Ne te hate pas dans ton esprit de
t'irriter, car I'irritation repose dans le
sein des insenses. ^^Ne dis pas : "D'ou
vient que les jours anciens etaient
meilleurs que ceux-ci.-* Car ce n'est
pas par sagesse que tu fais cette
question. ^^ La sagesse est bonne
avec un patrimoine, et profitable a
ceux qui voient le soleil. ^^ Car on est
abrite par la sagesse comme par I'ar-
gent; mais un avantage du savoir,
c'est que la sagesse fait vivre ceux
qui la possedent. ^sRegarde I'o^uvre
de Dieu : qui pourra redresser ce
qu'il a courbe? i4Au jour du bon-
heur, sois joyeux, et au jour du
malheur reflechis : Dieu a fait I'un
comme I'autre, afin que I'homme ne
decouvre point ce qui doit lui arriver.
ijTout ceci, je I'ai vu au jour de
ma vanite : il y a tel juste qui perit
dans sa justice, et il y a tel mechant
qui prolonge sa vie dans sa mechan-
cete. 16 Ne sois pas juste a i'exces, et
ne te montre pas sage outre mesure :
pourquoi voudrais-tu te dctruire ?
17 Ne sois pas mechant a I'exces, et
ne sois pas insense : pourquoi vou-
drais-tu mourir avant ton temps?
CHAP. VII.
Ce chapitre, ainsi que le lo*^, otifre une
ressemblance frappante de style avec le
livre des Proverbes.
1. Le jour dc la mort, non seulement met
fin k toutes les tristesses et a tous les maux
de la vie, mais encore nous rapproche de
Dieu : comp. iii, 21; xii, 7.
2. Les ceremonies du deuil duraient ordi-
nairement huit jours, pendant lesquels on
faisait des visiles de condoleance aux pro-
ches parents du defunt. — Celiii qui vit :
les vivants ont la une occasion de reflechir
sur la mort qui les attend ^ leur tour.
3. Mieux vaut, moralement. — h''aii du
bien, moralement, au caur, le rappelle aux
pensees serieuses et elevees. Vulgate : la
colcre qui reprend vaut tnieux que Ic rire
qui approuve; car la tristesse du visage cor-
rige le coeur de celui qui peche.
4. Le cceur des sages est dans la maison
de deuil : c'est Ik qu'il se porte de prefe-
rence, qu'il se plait.
7. Car (ce mot n'est pas traduit dans la
Vulg.) : on ne voit pas la liaison de ce ver-
set avec ce qui precede ; Delitzsch soup-
^onne que la i''<= partie s'est perdue. D'au-
tres interprctes, au lieu de car (en hebr. ki),
traduisent certaineincnt et font du verset
une sentence detachee, dirigee contre les
juges et les magistrats qui se laissent cor-
rompre par des presents et oppriment les
faibles.
8. La fin d'une chose (Vulg. d'un dis-
cours) : I'auteur parait recommander de ne
pr^cipiter ni ses jugements ni sa conduite.
On juge bien une chose, non par son com-
mencement, mais par sa fin, quand elle est
achevee ; alors seulement on peut prendre
un parti en connaissance de cause.
II. La sagesse : c'est uniquement par ce
mot que ce verset se rattache au precedent.
— Avec un patrimoine : la sagesse aide a
en bien user. D'autres : la sagesse 7'aut au-
tant quUifi heritage, et meme plus pour ceux
qui voient le soleil, les vivants.
13. Regarde Pa'uvrc de Dieu, avec un
esprit soumis h toutes les dispositions de la
providence ; meme lorsqu'elle parait agir
LIBER ECCLESIASTES. Cap. VII, 1—17.
399
— :i:— CAPUT VII. — :>—
Vanum est altiora se quaerere; et inter multa
qu£e quibus magis sint eligenda, sic et
sapientia utilior est cum divitiis : dies
malus pra^cavendus : ne plus quam opor-
tet sapiens aut Justus sis : quam sit mu-
lieris consortium amarum et periculo-
sum : quodque homo sit a Deo creatus
recflus.
UID necesse est homini
majora se quasrere, cum
ignoret quid conducat sibi
', in vita sua numero die-
rum peregrinationis suas,et tempore,
quod velut umbra prasterit ? Aut
quis ei poterit indicare quid post
eum futurum sub sole sit? 2. "Me-
lius est nomen bonum, quam un-
guenta pretiosa : et dies mortis die
nativitatis. 3. Melius est ire ad do-
mum luctus, quam ad domum con-
vivii : in ilia enim finis cunctorum
admonetur hominum^ et vivens co-
gitat quid futurum sit. 4. Melior
est ira risu : quia per tristitiam vul-
tus corrigitur animus delinquentis.
5. Cor sapientium ubi tristitia est,
et cor stultorum ubi laetitia. 6. Me-
lius est a sapiente corripi, quam
stultorum adulatione decipi : 7. quia
sicut sonitus spinarum ardentium
sub olla, sic risus stulti : sed et hoc
vanitas. 8. Calumnia conturbat sa-
pientem, et perdet robur cordis
illius.
9. Melior est finis orationis, quam
principium. Melior est patiens arro-
gante. lO.Nesisveloxad irascendum:
quia ira in sinu stulti requiescit.
1 1. Ne dicas : Quid putas causas est
quod priora tempora meliora fuere
quam nunc sunt.'' stulta enim est
hujuscemodi interrogatio. 12, Uti-
lior est sapientia cum divitiis, et
magis prodest videntibus solem.
13. Sicut enim protegit sapientia,
sic protegit pecunia : hoc autem
plus habet eruditio et sapientia,
quod vitamtribuunt possessori suo.
i4.ConsideraoperaDei,quod nemo
possit corrigere quem ille despe-
xerit. 1 5. In die bona fruere bonis, et
malam diem prascave : sicut enim
banc, sic et illam fecit Deus, ut non
inveniat homo contra eum justas
querimonias.
16, Hasc quoque vidi in diebus
vanitatis meas : Justus perit in ju-
stitia sua, et impius multo vivit
tempore in malitia sua. 17. Noli
esse Justus multum : neque plus sa-
contrairement a la justice; aussi bien nul
homme ne peut les changer.
14. Jif an jour du malheur rcfiecJiis, re-
connais ce qui suit; Vulg., et pre/ids tes
precautions contre les jours luauvais. —
Dieu a fait Vun conune l\iutre, et les a en
quelque sorte melanges, en sorte que Fhom-
me ne peut deviner I'avenir, cet avenir
devant presenter les memes vicissitudes.
D'autres : 7ie peut decouvrir ce qui arrivera
apres Itii. — Delitzsch : en sorte que VJionuiie,
ayant pass^ par cette double ecole, celle du
bonheur et celle du malheur, n^a pas besoin
de trouver aprcs liti, apres la vie presente,
rien qu'il n'ait deja eprouve. Vulg., aj!?i que
fhonune ne trouve pas de juste sujet de
plainte contre Dieu.
15-17. Dans sa justice, avec ou malgre sa
justice. L'ancien Testament promettait aux
justes la recompense d'une longue vie; cette
regie souffrait des exceptions. L'auteur sem-
ble les attribuer a un exces dans la pratique
de la justice, a une justice trop rigoureuse,
depassant la mesure et aboutissant au su/n-
inuni jus suvima injuria. — Sage outre ine-
sure, sombre et morose, te refusant toutes
les joies et toutes les douceurs de la vie pre-
sente. — Mcchant a P exces est simplement
oppose a la justice excessive dont on vient
de parler; sens : tu peux gouter les joies
honnetes de la vie, mais sans donner libra
carriere a tes convoitises; cette folie attire-
rait sur toi le chatiment divin.
Motais donne de ces versets I'explication
suivante : l'auteur condamne cette justice
rigoriste et pharisai'que, toujours prete a in-
criminer la conduite de la Providence; cette
sagesse a petites vues, toujours attache'e a
I'ecorce de la loi, et disputant avec Dieu,
qu'elle voudrait incessamment occupd a
foudroyer le vice et a benir la vertu. Ces
mots, ne sois pas mcchant ix V exces, se rap-
porteraient a la meme idee generale; ils vi-
sent le cynisme incredule de I'impie, qui
prend pretexte des abstentions passageres
de la Providence pour nier Dieu et son
acftion dans le monde, et porte ainsi une
sorte de defi a la colcrc divine.
400
L'ECCLESIASTE. Chap. VII, 18—28; VIII, 1 — 6.
isjl est bon que tu retiennes ceci, et
que tu ne negliges point cela, car celui
qui craint Dieu evite tous ces exces.
^9 La sagesse donne au sage plus
de force que n'en possedentdix chefs
reunis dans une ville. 20 Car il n'y a
pas sur terre d'homme qui fasse le
bien, sans jamais pecher. 21 Ne fais pas
non plus attention a toutes les paro-
les qui se disent, de peur que tu n'en-
tendes ton serviteur te maudire; 22 car
ta conscience te dit que toi-meme tu
as bien des fois maudit les autres.
-3jai reconnu vraies toutes ces
choses par la sagesse. J'ai dit : Je
serai sage, mais la sagesse est restee
loin de moi. 24 Ce cjui arrive est si
loin, si profond : qui pent I'atteindre.^
25jc me suis mis, avec application,
a ctudier, a sonder et a chercher la
sagesse et la raison des choses, et a
reconnaitre que I'impiete est une de-
mence, et qu'une conduite folle est
un delire. ^SEt j'ai trouve plus amere
que la mort la femme dont le coeur
est un piege et un filet, et dont les
mains sont des liens ; celui qui est
agreable a Dieu lui echappe, mais le
pecheur sera enlace par elle. ^yVoici
ce que j'ai trouve, dit I'Ecclesiaste,
en considerant les choses une a une
pour en decouvrir la raison : ce que
mon ame a constamment cherche
sans que je I'ai trouve, le voici : j'ai
trouve un homme entre mille, mais
je n'ai pas trouve une femme dans le
meme nombre. ^sSeulement, voici ce
que j'ai trouve, c'est que Dieu a fait
I'homme droit, mais il cherche beau-
coup de subtilites.
Ch.VIII.
CHAP. VIII. — Comment il faut se comporter sous un roi absolu [vers, i — 9].
Le sort des justes et des mechants etant souvent le meme ici-bas, le
meilleur est de jouir de la vie [10 — 15]. La raison des choses echappe
a I'homme [16 — 17].
^^^lUI est comme le sage, et qui
)i connait com me lui 1 'explica-
tion des choses.** La sacresse
fait briller son visage, et la rudesse
de sa face en est transfigurce.
-Je te dis : Observe les ordres du
roi, et cela a cause du serment fait a
Dieu. -'Ne te hate pas de t'eloigner
de lui, et ne persiste pas dans une
chose mauvaise. Car tout ce qu'il
veut, il pent le faire. 4Sa parole, en
effet, est puissante, et qui lui dira :
"Que fais-tu?" sCelui qui observe le
prccepte n'eprouve rien de mal, et le
coeur du sage connaitra le temps et
le jugement. ^11 y a en effet pour
toutc chose un temps et un jugement,
car il est grand le mal qui tombera
19. Si une sagesse trop rigide est miisi-
ble, la vraie sagesse n'en est pas nioins
precieuse.
20. Car : Deliusch explique ainsi la liai-
son : en effet, tout homme, meme le sage,
tombe parfois dans lepeche;mais la sagesse
le releve et remedie ainsi aiix imperfections
de sa nature. D'autres traduisent sans liai-
son : non, il tiy a pas sur terre, etc.
21. De peiir que, entre autres choses qui
te seraient rapportees, tu n'apprennes que
ton serviteur t'a maudit (probablement dans
le sens large : a dit du mal de toi); mais, si
tu venais a I'apprendre, sois indulgent, te
souvenant que toi- meme, etc.
23. Toutes ces choses, les maximes qui
precedent. — Par, au moyen de la sagesse :
I'auteur possedait done une eertaine mesurc
de sagesse; il veut Tacquerir tout entiere,
c'est-a-dire pouvoir expliquer tous les se-
crets de la Providence, la conduite de Dieu
a I'egard de rhonime 'en cette vie et en
I'autre; mais ces mysteres lui sont restes
impdnetrables.
24. Ce qui arrive, les choses et les ev^ne-
ments de ce monde, est si loin, est comme
un objet place a une tres grande distance :
on ne le connait que confusement.
25. Limpietc ou hi ini'chanccte : ce mot
designe laconduile d'un homme qui a rompu
avec Dieu et la loi morale. — Une cofiduitc
folle, consequence de la uicchancete.
27. Un homme comme il doit etre, vrai-
ment sage, parfaitement vertueux.
28. Voici, en definitive, ce que fai trouve.
— Dieu a fait P homme droit, ce qu'il faut
entendre, non seulement de nos premiers
parents cr^es a I'origiiie dans a justice et
LIBER ECCLESIASTES. Chap. VII, 18—30; VIII, 1—6.
401
pias quam necesse est, ne obstupe-
scas. 1 8, Ne impie agas multum : et
noli esse stultus, ne moriaris in tem-
pore non tuo. 1 9. Bonum est te
sustentare justum, sed et ab iJlo
ne subtrahas manum tuam : quia
qui timet Deum, nihil negligit.
20. Sapientia confortavit sapien-
tem super decem principes civi-
eg. 8, tatis. 21. ^' Non est enim homo
Par. 6, Justus in terra, qui faciat bonum,
oann! et non peccet. 22. Sed et cun-
ctis sermonibus, qui dicuntur, ne
accommodes cor tuum : ne forte
audias servum tuum maledicentem
tibi. 23. Scit enim conscientia
tua, quia et tu crebro maledixisti
aliis.
24. Cuncta tentavi in sapientia,
Dixi : Sapiens efficiar : et ipsa lon-
gius recessit a me. 25. Multo magis
quam erat : et alta profunditas, quis
inveniet eam.^ 26. Lustravi uni versa
animo meo, ut scirem, et considera-
rem,et quaererem sapientiam,et ra-
tionem : et ut cognoscerem impie-
tatem stulti, et errorem impruden-
tium : 27. et invenl amariorem
morte mulierem, quae laqueus vena-
torum est, et sagena cor ejus, vin-
cula sunt manus illius. Qui placet
Deo, effugiet illam : qui autem pec-
cator est, capietur ab ilia. 28. Ecce
hoc inveni, dixit Ecclesiastes, unum
et alterum, ut invenirem rationem,
29. quam adhuc quaerit anima mea,
et non inveni. Virum de mille unum
reperi, mulierem ex omnibus non
inveni. 30. Solummodo hoc inveni,
quod feceritDeus hominem rectum,
et ipse se infinitis miscuerit quaestio-
nibus. Quis talis ut sapiens est? et
quis cognovit solutionem verbi .^
— :;:- CAPUT VIII. -*—
In vultu lucet sapientia ; a Dei mandatis
non recedendum : homo novit tantum
praesentia, neque mortem potest evadere :
impii ob Dei indulgentiam liberius pec-
cant : vanissimum videtur quod justis et
impiis similia hie eveniunt : et operum
Dei ratio non est investiganda.
APIENTIA hominis lu-
cet "in vultu ejus, et po-
tentissimus faciem illius
commutabit.
2. Ego OS regis observo, et pras-
cepta juramenti Dei. 3. Ne festines
recedere a facie ejus, neque perma-
neas in opere malo : quia omne,
quod voluerit, faciet : 4. et sermo
illius potestate plenus est : nee di-
cere ei quisquam potest : Quare ita
facis.^ 5. Qui custodit prasceptum,
non experietur quidquam mali.
Tempus et responsionem cor sa-
pientis intelligit. 6, Omni negotio
'Supra 2,
14.
la saintele, mais encore des hommes nes
apres la chute originelle : eux aussi sont
droits, en ce sens qu'il leur reste, avec le
libre arbitre, la puissance de faire le bien
et de resister aux attraits du mal, quoique,
en fait, ils succombent souvent. — Subtili-
tes, detours, artifices, tout ce qui fait devier
de la voie droite. Motais et d'auires : il se
livre sans mestire a des investigations sub-
tiles, voulant avoir le dernier mot de toutes
choses et pen^trer tons les mysteres.
La Vulgate met ici la V^ moiti^ du vers, i
du chapitre suivant, a tort.
CHAP. VIII.
I. Et qui conftatt, etc.; ou bien : ... co7nme
le sage, et comme celui qui connatt, etc. —
La sagesse fait briller son visage, y met
comme le reflet d'une belle intelligence,
d'un esprit superieur aux hommes du com-
mun. Delitzsch entend ces mots dans le
sens de Ps. xviii, 9; cxviii, 130 : /a sagesse
illumine son visage, fait tomber le voile qui
le couvrait, ce qui permet au sage de pene-
trer de son regard le fond des choses.
2. A cause du serment : allusion k I Par.
xxix, 24. Comp. Rom. xiii, 5. Vulgate -.fob-
serve I'ordre du roi et les preceptes du ser-
ment de Dieu, les devoirs qui resultent du
serment fait a Dieu.
3. T'e'loigner de lui, rompre avec lui, te
soustraire aux obligations que tu as a rem-
plir en vers ton souverain, fut-il un usur-
pateur.
5. Le sage qui reste soumis, n'eprouvera
aucun mal de la part du roi, et il verra le
temps ou I'oppression prendra fin, et le jii-
gement, le chatiment divin qui frappera
I'oppresseur.
6.5?^r/'/«(>;«;«^,surl'oppresseur( Delitzsch).
N" 23.
LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
26
402
L'ECCLESIASTE. Chap. VIII, 7—17; IX, i.
sur rhomme. 7ll ne sait pas ce qui
arrivera, et qui lui,dira comment cela
arrivera? ^L'homme n'est pas maitre
de son souffle pour pouvoir le rete-
nir, et il n'a aucune puissance sur le
jour de sa mort; il n'y a pas d'evasion
possible dans ce combat, et le crime
ne saurait sauver le criminel. 9j'ai vu
toutes ces choses en appliquant mon
esprit a tout ce qui se fait sous le so-
leil, lorsqu'un homme domine sur un
homme pour le malheur de celui-ci.
i°J'ai vu des mechants recevoir la
sepulture et entrer dans leur repos,
tandis que des hommes qui ont agi
avec droiture s'en vont loin du lieu
saint et sont oublies dans la ville :
c'est encore la une vanite. "Parce
que la sentence portee contre les
mauvaises a6lions ne s'execute pas
en toute hate, le cceur des enfants
des hommes s'enhardit a faire le mal.
12 Mais, quoique le pecheur fasse cent
fois le mal, et que ses jours soient
prolonges, je sais, moi, que le bon-
heur est pour ceux qui craignent
Dieu, et qui marchent dans la crainte
en sa presence; ^Smais le bonheur
n'est pas pour le mechant, il ne pro-
longera pas ses jours ^//<'WJ'^r« comme
I'ombre, parce qu'il n'a pas la crainte
de Dieu.
Mil est une autre vanite qui existe
sur la terre : c'est qu'il y a des justes
auxquels il arrive des choses qui con-
viennent aux oeuvres des mechants;
et il y a des mechants auxquels il
arrive des choses qui conviennent
aux oeuvres des justes. Je dis que
c'est encore la une vanite. ^sAussi
j'ai loue la joie, parce qu'il n'y a de
bonheur pour I'homme sous le soleil
qu'a manger et a boire et a se rejouir;
et c'est la ce qui doit I'accompagner
au milieu de son travail, pendant les
jours de vie que Dieu lui donne sous
le soleil.
i^Lorsque j'ai applique mon esprit
a I'etude de la sagesse et a la medi-
tation des choses qui se passent sur
la terre, — car ni le jour ni la nuit
les yeux de I'homme ne peuvent voir
le sommeil, — i7j'ai vu toute I'oeuvre
de DieUjj'ai vu que I'homme ne sau-
rait trouver ce qui se fait sous le so-
leil ; il se fatigue a chercher, mais il
ne trouve pas ; meme si le sage veut
connaitre, il est impuissant a trouver.
Ch. IX.
CHAP. IX. — Meme sort pour le juste et I'injuste; jouir de la vie [vers.
I — 10]. Utilite et inutilite de la sagesse [11 —15]. Ecouter le sage,
et non I'insense [16 — \%\
N effet,j'ai appliqu^ mon esprit
a toutes ces choses, et je les ai
examinees :
soigneusement
j'ai vu que les justes et les sages et
leurs oeuvres sont dans la main de
Dieu ; ni I'amour ni la haine ne sont
8. IJho7H7ne : il s'agit toujours de I'oppres-
seur qui entasse crime sur crime, et qu'at-
tend la justice divine.
10. S''en vont en e.xil, loin du lietc saint,
de Jerusalem ou du temple (comp. Matth.
xxiv, 15). — Une vanite, une anomalie, en
ce qu'on n'aper^oit plus la justice divine.
Mais cette justice existe pourtant ; seule-
ment elle ne s'exerce pas au jour et a I'heure
que I'homme ose lui assigner.
D'apres Motais et d'autres, il ne serait
question dans tout le verset que des impies :
J^ai vu les impies ensevelis avec honneur, et
ils s^en sont allies; ils s^e talent dolgnes du
lieu saint, el dans la vllle on a oublle leur
condulte, etc.
Les LXX et la Vulg. paraissent avoir lu
autrement : J'ai vu des impies ensevelis,
qui, lors meme quells vivalent, e talent dans
le lieu saint et etalent loues dans la cite,
comme si leurs ceuvres eussetit ete justes, etc.
14. Mechants dans la prosperite, justes
dans I'afflidlion.
15. La joie : conclusion plusieurs fois re-
petee dans le livre : comp. ii, 24; iii, 12, 22;
V, 17. 11 s'agit toujours d'honnetes jouissan-
ces, qui sont ^ la fois un don de Dieu et le
fruit du travail de I'homme, et que Ton ne
goute qu'avec un sentiment de reconnais-
sance pour le souverain Dispensateur de
tout bien. — Oest la ce qui dolt I'accovipa-
gner : meme sens que I'expression plus fa-
LIBER ECCLESIASTES. Cap. VIII, 7—17; IX, i.
403
tempus est,et opportunitas,et multa
hominis afflictio : 7. quia ignorat
pra£terita,et futura nullo scire potest
nuntio. 8. Non est in hominis po-
testate prohibere spiritum, nee ha-
bet potestatem in die mortis, nee
sinitur quiescere ingruente bello,
neque salvabit impietas impium.
9. Omnia haec consideravi, et dedi
cor meum in cunctis operibus, quas
fiunt sub sole. Interdum dominatur
homo homini in malum suum.
I o. Vidi impios sepultos : qui etiam
cum adhuc viverent, in loco sancto
erant, et laudabantur in civitate
quasi justorum operum : sed et hoc
vanitas est. 11. Etenim quia non
profertur cito contra malos senten-
tia, absque timore ullo filii homi-
num perpetrant mala. 12. Attamen
peccator ex eo quod centies facit
malum, et per patientiam sustenta-
tur, ego cognovi quod erit bonum
timentibus Deum, qui verentur fa-
ciem ejus. 13. Non sit bonum im-
pio, nee prolongentur dies ejus, sed
quasi umbra transeant qui non
timent faciem Domini.
14. Est et alia vanitas, quae fit
super terram : sunt justi, quibus
mala pro veniunt, quasi opera egerint
impiorum : et sunt impii, qui ita
securi sunt, quasi justorum facta
habeant : sed et hoc vanissimum
judico. 15. Laudavi igitur laetitiam
quod non esset homini bonum sub
sole, nisi quod comederet, et bibe-
ret, atque gauderet : et hoc solum
secum auferret de labore suo in
diebus vitas suas, quos dedit ei Deus
sub sole.
16. Et apposui cor meum ut sci-
rem sapientiam, et intelligerem
distentionem,quas versatur in terra :
est homo, qui diebus et noctibus
somnum non capit oculis. 17. Et
intellexi quod omnium operum Dei
nullam possit homo invenire ratio-
nem eorum, quae fiunt sub sole : et
quanto plus laboraverit ad quasren-
dum, tanto minus inveniat : etiam
si dixerit sapiens se nosse, non pote-
rit reperire.
— :i:— CAPUT IX. -^^
Nemo scit an Dei odio vel amore sit dignus :
quod eadem cunctis hie eveniunt : et cum
post hanc brevem et incertam vitam non
restet tempus operandi, monet nunc ope-
ribus instanter incumbendum : et licet
sapientia praestet fortitudini, in paupere
tamen non aestimatur.
MNIA haec tractavi in
corde meo, ut curiose in-
telligerem : Sunt justi
atque sapientes, et opera
eorum in manu Dei : et tamen ne-
miliere a I'auteur : c'es^ let sa par-i, ce qui
lui revient. C'est en vain que I'homme vou-
drait aller plus loin et connaitre tous les
secrets de la Providence, toutes les raisons
de la conduite de Dieu dans le monde : ce
domaine est inaccessible a ses recherches
(vers. 16 suiv.).
16. Car ni le jour ni la nuit I'esprit de
I'homme ne cesse de penser. Motais : an
point que ni la nuit ni le joier mes yeu.x ne
connaissaient le sonwteil.
CHAP. IX.
I. Sont dans la main, sous la puissance
et la dependance absolue de Dieu, qui agit
avec eux a sa guise, et permet qu'ils soient
exposes comme les mechants aux miseres
et aux accidents de cette vie. — Ni P amour,
etc., passage obscur, diversement explique :
a) I'amour et la haine designent ici les mar-
ques exterieures de la faveur ou du deplai-
sir de Dieu, la prosperite et I'adversite :
personne ne sait s'il sera heureux ou malheu-
reux en cette vie. b) Delitzsch : les evene-
ments n'etant pas au pouvoir de I'homme,
ce dernier ne sait pas s'il aura de Tamour
ou de la haine, car ce sont les circonstances
exterieures, encore inconnues de lui et inde-
pendantes de sa volenti, qui determineront
ses sympathies et ses antipathies; il pourra
hair demain celui qu'il aime aujourd'hui.
c) Vulgate : mil ne sait s'il est digne d' amour
et de haine, ce que Motais explique ainsi :
des peines et des joies que nous envoie la
Providence, nous n'avons pas le droit de
conclure que Dieu est content ou mecon-
tent de nous, par la raison qu'il n'est point
oblige a traiter des ce monde chacun selon
son merite. — Tout est devant eux, dans
I'avenir, par consequent hors de leur port^e;
404
LECCLESIASTE. Chap. IX, 2—18.
connus des hommes : tout est devant
eux. 2 Tout arrive egalement a tous :
meme sort pour le juste et pour le
mechant, pour celui qui est bon et
pur et pour celui qui est impur, pour
celui qui sacrifie et pour celui qui ne
sacrifie pas ; ce qui arrive a riiomme
bon arrive au pecheur; il en est de
celui qui jure conime de celui qui
craint de jurer. sC'est un mal, parmi
tout ce qui se fait sous le soleil, qu'il
y ait pour tous un meme sort, et il en
resulte que le cceur des enfants des
hommes est plein de mechancete et
que la folie est dans leur cceur pen-
dant leur vie; apres quoi ils vont chez
les morts. 4Car pour I'homme qui
est parmi tous les vivants, il y a de
I'esperance; mieux vaut un chien vi-
vant qu'un lion mort. 5 Les vivants,
en effet, savent qu'ils mourront, mais
les morts ne savent rien, et il n'y a
plus pour eux de salaire, puisque leur
memoire est oubliee. 6j)^j4 jguj-
amour, leur haine, leur envie a peri,
et ils n'auront plus jamais aucune
part a ce qui se fait sous le soleil.
7Va, mange avec joie ton pain et
bois gaiement ton vin, puisque Dieu
depuis longtemps se montre favora-
ble a tes cEuvres. ^Ou'en tout temps
tes vetements soient blancs, et que
I'huile parfumee ne manque pas sur
ta tete. 9jouis de la vie avec une
femme que tu aimes, pendant tous
les jours de ta fugitive existence que
Dieu t'a donnee sous le soleil, pen-
dant tous les jours de ta vanite; car
c'est ta part dans la vie et dans le
travail que tu fais sous le soleil.
10 Tout ce que ta main peut faire
avec ta force, fais-le; car il n'y a plus
ni oeuvre, ni science, ni sagesse, dans
le sejour des morts ou tu vas.
^^J'ai encore vu sous le soleil que
la course n'est pas aux agiles, ni la
guerre aux vaillants, ni le pain aux
sages, ni la richesse aux intelligents,
ni la faveur aux savants; car tous
sont soumis aux circonstances et aux
accidents. ^^Car I'homme ne connait
pas son heure, pareil aux poissons
qui sont pris au filet fatal, et aux oi-
seaux qui sont pris au piege;comme
eux les enfants des hommes sont en-
laces au temps du malheur quand il
fond sur eux tout a coup.
i3j'ai encore vu sous le soleil ce
trait d'une sagesse qui m'a paru
grande. ^411 y avait une petite ville,
avec peu d'hommes dans ses murs;
un roi puissant marcha contre elle,
I'investit, et eleva contre elle de hau-
tes tours. ^5 II s'y trouvait un homme
pauvre et sage, qui sauva la ville par
sa sagesse, et personne ne s'est sou-
venu de cet homme pauvre. '^Et j'ai
dit : La sagesse vaut mieux que la
force ; mais la sagesse du pauvre est
meprisee, et sss paroles ne sont pas
ecoutees. i7Les paroles des sages,
ecoutees avec calme, valent mieux
que les cris de celui qui commande
au milieu des insenses. ^^La sagesse
vaut mieux que les instruments de
guerre; mais un seul pecheur peut
detruire beaucoup de bien.
ils ne peuvent rien sur les evenements fu-
turs, qui dependent uniquement de Dieu.
La Vulg. rattache ces mots au verset suiv.
et les traduit : mais toiiies clioses sontreser-
vees pour Ptn'emr, ctant itKeriaines dans le
present (Glaire).
2. Qui jure pour des choses I^geres ou
pour attester le mensonge. Comp. Matth.
v,34-.
3. // en resulte^ etc : la justice de Dieu
ne se montrant pas, les hommes n'en de-
viennent que plus mechants : comp. viii, 11.
— La folie : soit le d^couragement, I'indif-
ference pour toutes choses, et par suite
I'inacftion; soit I'oubli de Dieu, et par suite
la recherche effrenee des jouissances gros-
sieres.
4. L^honime qui est (litt. associej hebr.
iechabour : c'est le kethib)/<^ir;;// les vivants.
Motais : a quelque vivaiit qu^on soit associe,
quelle que soit la situation qu'on ait dans la
vie. D'autres suivent le qeri (hebr. iebou-
cha>) : car qui est excepte de la loi de la
mort? Pour tous ceu.x qui invent^ etc. — Un
cJiien vivaftt: le chien etait chez lesHebreux
le type de I'abjecftion : comp. I Sam. xvii, 43.
5. // ny a plus pour eux de salaire ou de
recompense dans le monde superieur, ou Ton
LIBER ECCLESIASTES. Cap. IX, 2—18.
405
scit homo utrum amore, an odio di-
gnus sit : 2. sed omnia in futurum
servantur incerta, eo quod universa
asque eveniant justo et impio, bono
et malo, mundo et immundo, im-
molanti victimas, et sacrificia con-
temnenti : sicut bonus, sic et pecca^
cator : ut perjurus, ita et ille qui
verum dejerat. j.Hocestpessimum
inter omnia, quae sub sole fiunt,
quia eadem cunctis eveniunt : unde
et corda filiorum hominumimplen-
tur malitia, et contemptu in vita
sua, et post hasc ad inferos dedu-
centur. 4. Nemo est qui semper vi-
vat, et qui hujus rei habeat fidu-
ciam : melior est canis vivus leone
mortuo. 5. Viventes enim sciunt se
esse morituros, mortui vero nihil
noverunt amplius, nee habent ultra
mercedem : quia oblivioni tradita
est memoria eorum, 6. Amor quo-
que, et odium, et invidiam simul
perierunt,nec habent partem in hoc
sasculo, et in opere, quod sub sole
geritur.
7. Vade ergo et comede in laetitia
panem tuum, et bibe cum gaudio
vinum tuum : quia Deo placent
opera tua. 8. Omni tempore sint
vestimenta tua Candida, et oleum
de capite tuo non deficiat, 9. Per-
fruere vita cum uxore, quam dili-
gis, cunctis diebus vitas instabilitatis
tuas,qui dati sunt tibi sub sole omni
tempore vanitatis tuae : hasc est enim
pars in vita, et in labore tuo, quo
laboras sub sole. 10. Ouodcumque
facere potest manus tua, instanter
operare : quia nee opus, nee ratio,
nee sapientia, nee scientia erunt
apud inferos, quo tu properas.
1 1. Verti me ad aliud, et vidi sub
sole, nee velocium esse cursum, nee
fortium bellum, nee sapientium pa-
nem, nee doctorum divitias, nee
artificum gratiam : sed tempus, ca-
sumque in omnibus. 12. Nescit
homo finem suum : sed sicut pisces
capiuntur hamo, et sicut aves la-
queo comprehenduntur, sic capiun-
tur homines in tempore malo, cum
eis extemplo supervenerit.
13. Hanc quoque sub sole vidi
sapientiam, et probavi maximam :
14. civitas parva, et pauci in ea
viri : venit contra eam rex magnus,
et vallavit eam, exstruxitque muni-
tiones per gyrum, et perfecta est
obsidio. 15. Inventusque est in ea
vir pauper et sapiens, et liberavit
urbem per sapientiam suam,et nul-
lus deinceps recordatus est hominis
illius pauperis. 16. Et dicebam ego,
meliorem esse sapientiam fortitu-
dine : quomodo ergo sapientia pau-
peris contempta est, et verba ejus
non sunt audita.? 17. \ erba sapien-
tium audiuntur in silentio plus
quam clamor principis inter stultos.
1 8. Melior est sapientia, quam arma
bellica : et qui in uno peccaverit,
multa bona perdet.
a bien vite oublie leur memoire et le souve-
nir des services qu'ils ont purendre autrefois.
6. Leur amour, etc. : ils n'^prouvent plus
les passions qui agitent les hommes dans la
vie presente. L'auteur decrit ici, non ce
qu'il croit, mais ce qu'il voit, ce que la pre-
miere apparence nous montre relativement
a la condition des defunts.
7. Sens : puisqu'il en est ainsi (vers. 3-6),
jouis, dans les limites tracees par la sagesse,
des biens que ton travail et la benedi(51;ion
de Dieu t'ont donnes en abondance.
8. Les vetements blancs et les parfums
sont simplement des symboles de joie.
9. Existence que Dieu fa domiee; Motais :
femme que Dieu fa donne'e ; x)^a.\s ce dernier
sens n'est pas vraisemblable : le relatif se
rapporte a ce qui precede immediatement.
10. Com^. Jean, ix, 4.
11. La course, etc. : L'agilite ne donne
pas toujours et par elle-meme la vidloire a
la course.
13. Ce trait : y a-t-il ici une allusion a un
fait historiquePCe fait est difficile atrouver.
14. De hautes tours, soit pour faciliter
I'escalade des murailles, soit pour epier ce
qui se passait dans la ville; Motais, de for-
tes macJiines de guerre.
15. Et personne ne s^est souvenu; Motais,
tiavait songe a cet homnie pauvre.
406
L'ECCLESIASTE. Chap. X, 1—20.
CHAP. X.
Contraste entre la sagesse et la folic.
Chap. X.
lESa:
j»ifgw' N E mouche morte infecle et
' ! corrompt I'huile du parfumeur;
^ de mime un peu de foHe I'em-
portc sur la sagesse et la gloire. ^Le
coeur du sage est a sa droite, et le
coeurde I'insense asagauche.sQuand
I'insense marche dans un chemin, le
sens lui manque, et il montre a tons
qu'il est fou.
4Si I'esprit de celui qui commande
se souleve centre toi, ne quitte point
ta place; car le calme previent de
grands peches. 5ll est un mal que j'ai
vu sous le soleil, comme une erreur
qui provient de celui qui gouverne :
6 la folic occupe les postes Ics plus
eleves, et des riches sont assis dans
de basses conditions. 7 J'ai vu des es-
claves portes sur des coursiers, et des
princes aller a pied comme des
esclaves.
^Celui qui creuse une fosse ytom-
bera, et celui qui renverse une mu-
raille sera mordu par un serpent.
9Celui qui detache des pierres en
sera blesse, et celui qui fend du bois
pent se faire mal. i°Si le fer est
cmousse et si le tranchant n'est pas
aiguise, on devra redoubler de force ;
mais la sagesse est preferable pour le
succes. II Si le serpent mord faute
d'enchantement, il n'y a pas d'avan-
tage pour I'enchanteur.
12 Les paroles de la bouche du sage
sont pleines de grace ; mais les levres
de I'insense le devorent. ^sLe com-
mencement des paroles de sa bouche
est sottise, et la fin de son discours est
demence furieuse. i4L'insense multi-
pHe les paroles, et pourtant I'homme
ne sait pas ce qui arrivera, et qui lui
dira ce qui sera apres lui.' 'sLe tra-
vail de I'insense le fatigue, lui qui ne
sait pas mane aller a la ville.
16 Malheur a toi, pays, dont le roi
est un enfant, et dont les princes
mangent des le matin ! ^7 Heureux
es-tu, pays, dont le roi est de noble
race, et dont les princes mangent au
temps con venable, pour soutenir leurs
forces, et non pour se livrer a la bois-
son. iSQuand les mains sont pares-
seuses, la charpente s'afifaisse, et quand
les mains sont laches, la maison ruis-
selle. 19 On fait des repas pour gouter
le plaisir; le vin rend la vie joyeuse,
et I'argent repond a tout. ^oMeme
dans ta pensee ne maudis pas le roi,
CHAP. X.
1. Ce verset se lie pour le sens aux der-
niers mots du chapiire precedent, dont il
n'aurait pas du etre separe.
Un pen de folie Vemporte (litt. pese plus) :
detruit les bons effets de la sagesse et de
la consideration dont un hcmme avait joui
j usque Irl : comp. I Cor. v, 6.
2. Le ca'ttr, dans la psychologie des He-
breux, est I'organe de ^intelligence et de la
volonte; il est a la droite du sage, il se porte
du bon cote, du cote du bien, du devoir; la
gauche designe naturellement tout I'oppose.
Ou bien : la droite est le cote ou se place
rhomme qui veut en proteger un autre ;
sens : le coeur, le sens moral du sage le pro-
tege et le defend; celui de I'insense lui fait
defaut, ne lui est d'aucune utilite dans le
besoin. D'apres Motais, ce verset exprime-
rait simplement I'adresse et I'habilete du
sage et la gaucherie du sot.
3. Marche daiis ttn chemin., soit au pro-
pre, soit au figure : fait une acflion. — - //
montre, litt. /'/ dit^ par sa conduite et son
langage inconsideres.D'autres avec laVulg. :
// dit de chacun : Voild un sot!
4. L'esprit, le souffle, la colere du souve-
rain. — Contre toi : I'auteur parait avoir en
vue, non un simple particulier, mais un
homme revetu d'une fonclion publique; il
lui conseille, dans le cas indique, de ne pas
quitter sa place, sa charge, de ne pas faire
un coup d'eclat, comme de se revolter con-
tre son souverain, et d'entrainer d'autres.
hommes a la revoke.
5. Eireur ou incprise fatalement attachee
a I'exercice du pouvoir (Motais), et qui con-
siste a abaisser ou a elever des personnes
contrairement a la justice et au mdrite.
6. Des riches, des nobles, prepares par
leur education et leur fortune a tenir digne-
ment un rang eleve.
8-1 1. Sens de ces versets : adapter les
moyens au but que Ton veut atteindre; celui
qui se met a un travail difficile s'expose au
LIBER ECCLESIASTES. Cap. X, 1—20.
407
— :;:— CAPUT X. -^^
Sapientis a stulto differentia : tentationibus
potentis spiritus resistendum : de stulto
ac servo elevatis, et divite ac principe
humiliatis : occultus detracflor serpenti
comparatur : de rege puero, et principi-
bus mane comedentibus : neque regi,
neque diviti detrahendum.
USCtE morientes perdunt
suavitatem unguenti. Pre-
tiosior est sapientia et glo-
ria, parva et ad tempus
stultitia. 2. Cor sapientis in dextera
ejus, et cor stuiti in sinistra illius.
3. Sed et in via stultus ambulans,
cum ipse insipiens sit,omnes stultos
asstimat.
4. Si spiritus potestatem habentis
ascendent super te, locum tuum ne
dimiseris : quia curatio faciet cessare
peccata maxima. 5. Est malum quod
vidi sub sole, quasi per errorem
egrediens a facie principis : 6. posi-
tum stultum in dignitate sublimi, et
divites sedere deorsum. 7. Vidi ser-
vos in equis: et principes ambulan-
tes super terram quasi servos.
8. "Oui fodit foveam, incidet in
eam : et qui dissipat sepem, morde-
bit eum coluber. 9. Qui transfert
lapides, affligetur in eis : et qui scin-
dit ligna, vulnerabitur ab eis. 10. Si
retusum fuerit ferrum, et hoc non
ut prius,sed hebetatum fuerit, multo
labore exacuetur, et post industriam
sequetur sapientia. 11. Si mordeat
serpens in silentio, nihil eo minus
habet qui occulte detrahit.
12. Verba oris sapientis gratia : et
labia insipientis prascipitabunt eum :
13. initium verborum ejus stultitia,
et novissimum oris illius error pes-
simus. 14. Stultus verba multipli-
cat. Ignorat homo quid ante se fue-
rit : et quid post se futurum sit, quis
ei poterit indicare.'^ 15. Labor stul-
torum affliget eos, qui nesciunt in
urbem pergere.
i6.*Vae tibi terra, cujus rexpuer *i3. 3, 4.
est, et cujus principes mane com-
edunt. 17. Beata terra, cujus rex no-
bilis est, et cujus principes vescun-
tur in tempore suo ad reficiendum,
et non ad luxuriam. 18. In pigritiis
humiliabiturcontignatio: et in infir-
mitate manuum perstillabit domus.
1 9. In risum faciunt panem, et vi-
num ut epulentur viventes : et pe-
cuniae obediunt omnia. 20. In cogi-
tatione tua regi ne detrahas, et in
danger : qu'il prenne done toutes les pre-
cautions indiquees par la prudence.
8. V tombera, pour y tomber. — Un ser-
pent : ces animaux aiment a se loger dans
les crevasses et les trous des murailles.
9. Detache des pierres dans une carriere;
d'autres : retime ou transporte des pierres.
10. Mais la sagesse, etc. : on en viendra
plus facilement a bout par I'habilete et la
sagesse que par un deploiement de force
matdrielle. Ou bien avec Delitzsch : cet
avantage (de remettre I'instrument en etat
de service), c''est la sagesse qui le porte en
elle-meme, qui le procure. Vulgate : et apres
r application viendra la sagesse : cet effort
qu'il faudra faire aura pour fruit et pour
recompense la sagesse.
w. 11 ny a pas d' avantage pour Venchan-
teiir : il est venu trop tard ; son art n'aura
servi a rien. Vulg. : la mativaise langue ne
reussit pas mieux, a le meme sort : voy.
vers. 12.
12. Le de'voreftt, litt. Venglotttissent, I'en-
trainent a sa perte.
14. Multiplie les paroles, parle de toutes
choses, meme de I'avenir, qu'il ignore.
15. L'insense' se fatigue a former mille
desseins, a poursuivre mille entreprises
irrealisables ; il voudrait eclairer et refor-
mer le monde, et il ne connait pas les cho-
ses les plus simples, par ex. le chemin de la
ville.
16. Un enfajtt, plus encore par le carac-
tere que par I'age : un roi incapable et sans
volonte, jouet de ministres vicieux. — Man-
gent des le matin, commencent leur journee,
non par la priere et le travail, mais par les
plaisirs et les festins.
17. Pour soutenir lenrs forces; litt. en
force, et non en ivresse, ce que Delitzsch
interprete : comme des hommes forts, et
non comme des hommes adonnes a I'ivresse.
18. Les mains du souverain. — Ruisselle,
laisse passer I'eau. La charpente et la mai-
son figurent I'Etat.
19. n argent rep07id a tout, satisfait a
toutes les exigences, procure tout ce qu'on
peut desirer.
408
L'ECCLESIASTE. Chap. XI, i— lo; XII, i, 2.
Ch. XI.
Ch. XII.
meme dans la chambre 011 tu cou-
ches ne maudis pas le puissant ; car
I'oiseau du ciel einporterait ta voix,
et I'animal aile publierait tes paroles.
CHAP. XI. — Etre prevoyant, mais sans exces : I'avenir appartient a Dieu;
jouir de la vie : au-dela sont les tenebres.
Ette ton pain sur la face des
eaux, car avec le temps tu le
(re)trouveras ; ^donnes-en une
part a sept, et meme a huit car tu
ne sais pas quel malheur peut arri-
ver sur la terre. sQuand les nuees
sont remplies de pluie, elles se vident
sur la terre; et si un arbre tombe au
midi ou au nord, il reste a la place ou
il est tombe. 4Celui qui observe le
vent ne semera point, et celui qui
interroge les nuages ne moissonnera
point. sComme tu ne sais pas quel
est le chemin du vent et comment se
forment les os dans le sein de la
mere, tu ne connais pas non plus
I'oeuvre de Dieu, qui fait tout. ^Des
le matin seme ta semence, et le soir
ne laisse pas ta main oisive, car tu ne
sais pas ce qui reussira, ceci ou cela,
ou si I'un et I'autre ne sont pas ega-
lement bons.
7 La lumiere est douce, et c'est un
plaisir pour I'ceil de voir le soleil.
^Ouelque soit le nombre d'annees
qu'un homme vive, qu'il se rejouisse
pendant toutes ces annees, et qu'il
pense aux jours de tenebres, qui se-
ront nombreux : tout ce qui arrivera
est vanite.
9jeune homme, rejouis-toi done
dans ta jeunesse, livre ton coeur a la
joie pendant les jours de ton adoles-
cence, marche dans les voies de ton
coeur et selon les regards de tes yeux;
mais sache que pour tout cela Dieu
t'appellera en jugement. ^°Bannisde
ton coeur le chagrin et eloigne le mal
de ton corps; car la jeunesse et I'ado-
lescence sont vanite.
CHAI
'. XII. — Etre vertueux des la jeunesse, sans attendre les derniers
jours de la vie [vers. 1 — 8]. Epilogue [9 — 14].
Ouviens-toi de ton Createur
aux jours de ta jeunesse, avant
que viennent les jours mau-
vais et que s'approchent les annees
dont tu diras : " Je n'y ai point de
plaisir; ^avant que s'obscurcissent le
20. Le puissant, litt. le riclie, celui qui
t'est superieur par la richesse et I'autorite.
CHAP. XI.
1-2. Presque tous les anciens interpretes
ont entendu ces versets de I'aumone : ce qui
est donne semble perdu pour le donateur;
mais Dieu le lui rendra un jour; qu'il soit
done genereux, qu'il donne a sept (nombre
qui figure la iotalite), c.-k-d. a tous, et a
plus encore, si c'etait possible ; s'il tombe
lui-meme dans le malheur, Dieu viendra a
son secours. Comp. le proverbe turco-arabe :
" Jette ton pain dans la mer; si le poisson
ne le voit pas, Dieu le verra."
Selon d'autres, I'auteur recommanderait
ici la navigation, les entreprises maritimes.
Jette to7i pain, tes moyens d'existence, ta
fortune, stir les eaux, c.ci-d. fais le negoce
sur la mer {Ps. cvii, 23). Cette recomman-
dation conviendrait bien a .Salomon, qui
envoyait ses vaisseaux jusqu'k Ophir et a
Tarsis.
On pourrait traduire aussi le vers. 2 :
Fais de ton bien sept parts et meme huit :
ainsi divisee, ta fortune ne perira pas dans
une seule catastrophe (un seul naufrage?);
quelques parties seront toujours sauvees.
C'est ce que fit Jacob en face d'Esati Gen.
xxxii, 9.
3. Elles se vide?it sur la terre, suivant une
loi immuable et independamment de la vo-
lonte de I'homme. De ineme un arbre, sous
les coups de la hache ou les efforts de la
tempete, tombe du cote ou il penche, sans
que I'homme y puisse rien.
4. L'homme qui voudrait n'agir qu'k coup
sur, aprfes avoir tout prevu, n'oserait jamais
rien entreprendre, car I'avenir est connu de
Dieu seul; chacun doit remplir sa tache en
s'abandonnant a la Providence.
8. Tout ce qui arrivera, I'avenir, et sp^-
LIBER ECCLESIASTES. Cap. XI, i — lo; XII, i, 2.
409
secreto cubiculi tui ne maledixeris
diviti : quia et aves coeli portabunt
vocem tuam, et qui habet pennas
annuntiabit sententiam,
— :!:— CAPUT XI. — =>—
Monet nostra aliis impartiri, et semper
bene esse operandum : quod hominis ju-
dicium post obitum sit immutabile;futuri
quoque judicii memoriam retinendam, in
quo de omnibus judicandi sumus : iram
et malitiam a corde auferendam.
ITTE panem tuum super
transeuntes aquas : quia
post tempora multa inve-
nies ilium. 2. Da partem
septem, necnon et octo : quia igno-
ras quid futurum sit mali super ter-
ram. 3. Si repletas fuerint nubes,
imbrem super terram efFundent. Si
ceciderit lignum ad austrum, aut
ad aquilonem, in quocumque loco
ceciderit, ibi erit. 4. Qui obser-
vat ventum, non seminat : et qui
considerat nubes, nunquam metet.
5. Quomodo ignoras quas sit via
spiritus, et qua ratione compingan-
tur ossa in ventre praegnantis; sic
nescis opera Dei, qui fabricator est
omnium. 6. Mane semina semen
tuum, et vespere ne cesset manus
tua : quia nescis quid magis oriatur.
hoc aut illud : et si utrumque si-
mul, melius erit.
7. Dulce lumen, et delectabile est
oculis videre solem. 8. Si annismul-
tis vixerit homo, et in his omnibus
laetatus fuerit, meminisse debet te-
nebrosi temporis, et dierum multo-
rum : qui cum venerint, vanitatis
arguentur prasterita.
9. Laetare ergo juvenis in adole-
scentia tua, et in bono sit cor tuum
in diebus juventutis tuas, et ambula
m viis cordis tui, et in introitu ocu-
lorum tuorum : et scito quod pro
omnibus his adducet te Deus in
judicium. 10. Aufer iram a corde
tuo, et amove malitiam a carne
tua. Adolescentia enim et voluptas
vana sunt.
— :;:— CAPUT XII. —^'^
Deum prae oculis habeto in juventute prius-
quam succedat molesta seneflus, tandem-
que novissima mors : quumque omnia
sint vanitas. Dei prtecepta observa, nam
de omnibus est reddenda ratio.
EMENTO Creatoris tui
in diebus juventutis tuas,
antequam veniat tempus
afflictionis, et appropin-
quent anni, de quibus dicas : Non
mihi placent, 2. antequam tenebre-
cialement, salon Delitzsch, celui qui suivra
la vie presente, esi vanite, est enveloppe de
tenebres. A cet egard encore il faut s'aban-
donner a Dieu.
Les vers. 9-10 auraient ^te mieux places
en tete du chap, suivant.
9. Marche dans les votes ou t'appellent
ton coeur et tes yeux. — En jugement : ces
mots ne peuvent viser qu'un jugement apres
la vie presente, quoique I'auteur n'en ait
qu'une vue encore obscure.
10. Et Vadolescetice : la signification du
mot hebreu {schacharotith) est douteuse.
Vulg., et le plaisir ou la volnpte. La plupart
desmodernes,^/(comme)/'a?^^<?r^. Delitzsch,
et Vdge oil les cheveux sont encore noirs
(de I'hebr. schackor, noir), n'ont pas encore
blanchi, ce qui comprend la jeunesse et
I'age mur. — So7tt vaiiite^ sont fugitives.
CHAP. XII.
1-8. Allegoric de la vieillesse.
1. Les jours maiivais : I'auteur a surtout
en vue les infirmites et souffrances phy-
siques.
2. L'obscurcissement du soleil et des as-
tres figure en general la tristesse : comp.
Ezech. xxii, 7, 8; Job, iii, 9; xxxiii, 28, 30;
Is. V, 30; Amos, viii, 9. Mais on pent, sans
subtilitd, donner un sens plus precis a ces
images. Le soldi qui eclaire le monde exte-
rieur est le sj'mbole du flambeau qui eclaire
I'homme int^rieur, savoir de la raison et de
I'intelligence (hebr. rotiach, gr. -vsuij.a, lat.
spiritus). La lumicre que donne ce soleil,
ce sont les conceptions nettes et vives, les
souvenirs fidelement conserves. — La lune
figure ici la partie inferieure de I'ame hu-
maine (hebr. nephesch, gr. 'iux^ lat. atiiina),
qui preside aux foncflions de la vie animale.
— Les etoiles sont les cinq sens, par les-
410
L'ECCLESIASTE. Chap. XII, 3—10.
soleil ct la lumiere, la lune et les
etoiles, et que les nuages reviennent
apres la pluie; stamps ou tremblent
les gardiens de la maison, ou se cour-
bent les hommes forts, ou celles qui
moulent s'arretent parce que leur
nombre est diminue, 011 sont obscur-
cis ceux qui regardent par les fene-
tres, 4 ou les deux battants de la porte
se ferment sur la rue, tandis que s'af-
faiblit le bruit de la meule; ou Ton se
leve au chant de I'oiseau, ou dispa-
raissent toutes les filles du chant; 5ou
Ton redoute les lieux eleves, ou Ton a
des terreurs dans le chemin, ou
I'amandier fleurit, ou la sauterelle
devient pesante, et ou la capre n'a
plus d'effet, car I'homme s'en va vers
la demeure eternelle, et les pleureurs
parcourent les rues; ^avant que se
rompe le cordon d'argent, que se brise
I'ampoule d'or, que le seau se detache
sur la fontaine, que la poulie se casse
et roule dans la citerne; 7avant que
la poussiere, faisant retour a la terre,
redevienne ce qu'elle etait,et que I'es-
prit retourne a Dieu qui I'a donne.
^Vanite des vanites, dit I'Eccle-
siaste, tout est vanite.
90utre que I'Ecclesiaste fut un
sage, il a encore enseigne la science
au peuple ; il a examine et sonde, et
il a redige un grand nombre de sen-
tences. loL'Ecclesiaste s'est etudie a
trouver un langage agreable, et a
quels Tame connait les objets exterieurs. —
Les Ullages symbolisent les infirmit^s qui
obscurcissent et attristent le temps de la
vieillesse. D'ordinaire la pluie amene un
ciel serein ; pour le vieillard il n'y a plus de
beau jour : aux nuages succedent les nua-
ges, apres les jours sombres reviennent les
jours sombres.
3. Dans ce verset, le vieillard est coniju
sous I'image d'une maison delabree et
chancelante. Les gardiens de la maison de-
signent les bras et les mains, qui lui appor-
tent les choses utiles et en ^cartent les cho-
ses dangereuses; ces gardiens ont perdu
maintenant toute vigueur. — Les hovinies
forts paraissent etre les os. Le Cantique
compare (v, 15) ceux du jeune homme a
des colonnes de marbre; dans la vieillesse,
ils sont courbes et branlants. Selon d'autres
interpretes, les hommes forts figureraient les
jambes. — Par un rapprochement qu'on
retrouve dans toutes les langues, les dents
sont comparees aux servantes qui, dans
I'antiquite, moulaient le grain en tournant
une petite meule. Dans la vieillesse, elles se
reposent, elles choment, parce qu'elles sont
trop peu nombreuses pour remplir leurs
foncftions. — Celles qui regardent par lesfe7ie-
tres ditt. par les treillis : I'ancien Orient ne
connaissait pas d'autres fenetres), ce sont
les yeux, plus specialement la pupille, pla-
cde au centre de I'orbite entiere de I'oeil.
Ciceron {Tusc. i, 20) appelle aussi les yeux
les "fenetres de I'ame."
4. Les deux battants de la porte sont les
levres du vieillard ; elles rentrent en quel-
que sorte dans sa bouche et sont fermdes
sur la rue, sur le dehors, et cela ;i cause de
I'absence des dents. Comp. Job, xli, 5, 011
les machoires de Leviathan (crocodile) sont
appelees les portes de sa face. Pour la meme
raison le bruit de la meule s'affaiblit,
s'abaisse, devient sourd et sans eclat : le
vieillard n'a plus que des gencives pour
broyer les aliments. L'image est empruntee
a ces moulins a bras dont nous venons de
parler. Comp. Je'r. xxv, 10; Apoc. xviii, 23.
— Oit Von se leve : le vieillard dort d'un
sommeil si leger, que le chant matinal du
petit oiseau suffit pour I'eveiller. — Toutes les
filles du chant : chanteurs et chanteuses se
gardent bien de paraitre devant le vieillard :
il n'a pas d'oreilles pour eux. Comp. II Sam.
xix, 36.
Bien d'autres explications ont etd don-
nees de ce verset difficile. Ainsi la porte
qui se ferme sur la rue signifierait I'isole-
ment du vieillard au milieu de la generation
plus jeune qui I'entoure, mais separee de lui
par des goCits, des idees, des interets diffe-
rents. — Le bruit de la meule qui s'affaiblit
serait une image de I'afifaiblissement de la
voix du vieillard, qui a perdu son assurance
et sa sonority. — Enfin les filles du chant
figureraient soit ses oreilles auxquelles n'ar-
rive plus, ou n'arrive qu'avec peine le son
des joyeux cantiques ; soit ces cantiques
eux-memes, qui ne resonnent plus sur ses
levres.
5. Le vieillard redoute les lieux eleves, les
moindres montees, parce qu'il est faible et
d'haleine courte. D'autres, les personnes
elevJes Gn dignite;il est timide devant elles.
— Eji chemin : il craint, non sans raison,
mille accidents. — LJamandicr pousse des
fleurs a la fin de I'hiver sur ses rameaux
nus ; ces fleurs, rouges d'abord, blanchissent
ensuite et tombent k terre comme des flo-
cons de neige : image du vieillard dont la
tete est couverte de cheveux blancs. — La
LIBRI ECCLESIASTES. Cap. XII, 3—10.
411
scat sol, et lumen, et luna, et Stellas,
et revertantur nubes post pluviam :
3. quando commovebuntur custo-
des domus, et nutabunt viri fortis-
simi, et otiosaj erunt molentes in
minuto numero, et tenebrescent vi-
dentes per foramina : 4. et claudent
ostia in platea, in humilitate vocis
molentis, et consurgent ad vocem
volucris,etobsurdescentomnes filias
carminis. 5. Excelsa quoque time-
bunt, et formidabunt in via, florebit
amygdalus, impinguabitur locusta,
et dissipabitur capparis : quoniam
ibit homo in domum asternitatis
suae, et circuibunt in platea plan-
gentes. 6. Antequam rumpatur fu-
niculus argenteus, et recurrat vitta
aurea, et conteratur hydria super
fontem, et confringatur rota super
cisternam, 7. et revertatur pulvis in
terram suam unde erat, et spiritus
redeat ad Deum, qui dedit ilium.
8. Vanitas vanitatum, dixit Eccle-
siastes, et omnia vanitas.
9. Cumque esset sapientissimus
Ecclesiastes, docuit populum, et
enarravit quae fecerat : et investi-
gans composuit parabolas multas.
10. Qu^sivit verba utilia, et con-
sauterelle, etc. Quelques especes de saute-
relles dtaient autrefois et sont encore aujour-
d'hui en Orient un mets savoureux : le vieil-
lard ne peut plus le digerer. Vulg., la sau-
terelle s\'paissit ou se gonfle : quelques
auteurs voient dans ces mots une allusion
k I'obesite de certains vieillards. Mais
S. Jerome, qui traduit ainsi, explique les
choses autrement : le mot hebreu qui signifie
sauierelle, dit-il, veut dire aussi tahis, talon
ou cheville du pied;de Ik ce sens :les pieds
du vieillard se gonflent et s'alourdissent,
notamment par la goutte. — La cdpre, petite
baie, fruit du caprier, n'a plus cfeffet, elle
est impuissante a reveiller I'appetit. Motais
traduit, on la cdpre eclate : la capre, dit-il,
est un fruit qui contient des bales envelop-
pees dans de petites feuilles. Au temps de
la maturite, ces feuilles s'ouvrent et laissent
tomber la baie : belle image de la mort qui
a lieu par le depart de I'ame sortant du
corps. — La detnettre eterjielle : les Hebreux,
comme les Egyptiens et les Romains, appe-
laient ainsi le sepulcre, quoique I'esperance
de la resurredlion ne leur fi^it pas etrangere
{Tob. iii, 6). — Les pleureiirs parcourent les
rues, en attendant la mort du vieillard, et
s'informent s'il est encore en vie. On voit
que la coutume de louer des pleureurs pour
lac^remonie des funerailles est fort ancienne
{Matlh. ix, 23. Comp. Horace, A rs poel.^;^;^ :
qui condufli ploraiit in fu7tere).
6. L'auteur compare la vie, d'abord a une
lampe suspendue au plafond par un fil d'ar-
gent, et alimentee par une ampoule d'or
d'ou I'huile decoule dans la lampe par de
petits canaux ; puis a un seau suspendu au-
dessus d'un puits par une corde attachee a
une poulie ou roue fragile. Les anciens exe-
getes ne se contentent pas de cette signifi-
cation generale; ils cherchent a decouvrir
ce qui, dans I'homme, est la corde d'argent
(Fame?), ou I'ampoule d'or(le corps?), ou le
seau qui tire I'eau de la citerne (le coeur qui
sans cesse regoit le sang et I'envoie dans
tout le corps comme une eau vivifiante?),etc.
Au lieu de, avant que se brise V ampoule
d'oj, S. Jerome traduit, ava?tt que retourne
la baiidelette d'or, c.-a-d., comme il I'expli-
que lui-meme, avant que Tame retourne a
Dieu, d'oii elle etait descendue,
7. Ce verset constate seulement ce qui
arrive quand un homme meurt : les deux
elements qui formaient le compose humain,
le corps et Fame, se separent, et chacun
d'eux retourne a son lieu d'origine, le corps
a la terre et I'esprit a Dieu. Quelle idee
I'Ecclesiaste se fait-il de ce retour a Dieu
de I'esprit separe du corps? II ne s'explique
pas Ik-dessus ; mais si Ton ne doit pas lui
preter sur ce sujet des idees toutes chrd-
tiennes, fruit de revelations posterieures, il
est certain 1° qu'il met une difference essen-
tielle entre I'homme et I'animal, en pensant
(iii, 21), que I'esprit de I'un remonte vers
Dieu, et que I'esprit de I'autre descend vers
la terre; 2° que le retour de I'esprit de
I'homme vers Dieu, qui est une fontaine de
vie {Ps. xxxvi, 9), n'est pas congu par lui
comme une sorte de resorption ou d'absorp-
tion dans I'Etre divin, et par suite comme
un aneantissement de la personne humaine.
Cette personnalite, dans la pensee de l'au-
teur, continue si bien au delk de la vie prd-
sente, que la conclusion de son livre est
que " Dieu amenera toute oeuvre, bonne ou
mauvaise k son jugement " xii, 14.
9-14. Epilogue. Ce morceau est par rap-
port k I'Ecclesiaste ce qu'est le xxi^ chapi-
tre de S. Jean par rapport au quatrieme
Evangile; il a pour but de confirmer et d'ac-
crediter le livre tout entier. L'auteur parle
de lui-meme a la y personne, comme il
I'avait d^ja fait au debut de son livre.
9. Un grand nontbre de sentences : allusion
au livre des Proverbes.
412
L'ECCLESIASTE. Chap. XII, ii— 14.
ecrire avec droiture de.s paroles de
verite. ^^Les paroles des sages sont
comme des aiguillons, et, rassemblees
en recueils, elles sont comme des
clous plantes, donnees par un seul
Pasteur. ^^Du reste, mon fils, que ces
choses suffisent a t'instruire; multi-
plier les livres n'aurait pas de fin, et
beaucoup d'etude est une fatigue
pour le corps. ^sEcoutons le resume
de tout ce discours : Grains Dieu et
observe ses commandements,car c'est
la le tout de I'homme. i4Car Dieu
citera en jugement sur tout ce qui est
cache toute oeuvre, soit bonne, soit
mauvaise.
II. Des aiguillons ^onx stimuler et r^veil-
ler les esprits. — Elles sont conwie des clous
solidement plantes : elles ne peuvent plus
se dispei'ser; un sol commun les porte tou-
tes; ce rapprochement aide, non seulement
k les retenir, mais aussi a les comprendre.
Ou bien : et comme des clous plantes par les
mattres des assemblees, par les predicateurs
dans les assemblees des fideles. — Un seul
Pasteur : Dieu : comp. /<?>. xxiii, 1-4; Ps.
xxiii, i; xxviii, 9; I Cor. ii, 12 sv.
Vulgate : parce qu'elles sont donnees selon
le conseil des mattres par tin seul Pasteur.
12. Ces cJwses, les paroles des sages, et
specialement toutes celles qui sont conte-
nues dans VEcclc'siaste, sans qu'il soit ne-
cessaire d'y rien ajouter. — Beaucoup
d^ etude ou de meditation (Vulg.).
13. Ecoutons le resume, litt. la Jin, le re-
sultat final du discours, de ce livre. Delitzsch
traduit : le resume du discours, aprcs que
tout a I'te entendu, est ceci : Crains Dieu,
LIBRI ECCLESIASTES. Cap. XII, ii— 14
413
scripsit sermonesrectissimos, ac ve-
ritate plenos, 1 1. Verba sapientium
sicut stimuli, et quasi clavi in altum
defixi, quas per magistrorum consi-
lium data sunt a pastore uno. 1 2 . His
amplius fili mi ne requiras. Faciendi
plures libros nullus est finis : fre-
quensque meditatio, carnis afflictio
est. 13. Finem loquendi pariter
omnes audiamus. Deum time, et
mandata ejus observa : hoc est enim
omnis homo : 14. et cuncta, quas
fiunt, adducet Deus in judicium pro
omni errato, sive bonum, sive ma-
lum illud sit.
etc. — C'est Id le tout de Vhomme, tout son
bien, ou tout son devoir, tout ce qui consti-
tue veritablement Thomme. Delitzsch : c'est
Id tout /lOfHfue d'apres sa destination, c.-a-d.
c'est Ik la destination, le but de la vie de
chaque homme sans exception. La Vulgate
s'adapte tres bien k ce sens ; on la traduit
ordinairement : c'est Id tout fhoiiitne, tout
ce qu'il doit faire d'apres sa destination; ou
bien : tout Phomtne, tout I'etre et tout le
pouvoir de I'homme, cela seul lui est ac-
corde ; tout le reste depend de I'Etre infini,
incomprehensible, dont Thomme ne peut
pene'trer, encore moins modifier les desseins.
14. Sur tout ce qui est cache 'at. rapporte
a jugejnent, et bonne ou mauvaise a toute
a'uvre.
Delitzsch : " Cette certitude d'un juge-
ment final pour tout homme apres la vie
presente est le fil d'Ariane au moyen du-
quel I'Ecclesiaste se retrouve en terminant
et sort du labyrinthe de ses reflexions. "
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Introbuction.
I.
La CANONICITlt DU Cantique
DES CANTIQUES.
DES doutes semblent s'etre ele-
ves chez les Juifs, avant I'ere
chretienne, sur la question de
savoir si le Cantique devait etre main-
tenu dans le Canon des Livres ins-
pires. Plusieurs passages talmudiques
font allusion a ces doutes : " Au
commencement il y eut des gens qui
dirent : Les Proverbes, le Cantique
des cantiques et I'Ecclesiaste doivent
etre caches (c'est-a-dire detournes de
I'usage public, mis au rang des apo-
cryphes), parce qu'ils contiennent des
paraboles et n'appartiennent pas aux
Hagiographes." Ailleurs Rabbi Akiba
proteste la-contre en termes energi-
ques : " A Dieu ne plaise! aucun
Israelite n'a jamais doute que le Can-
tique ne rende les mains impures
[c'est-a-dire, ne soit un Livre sacre],
car le monde n'a rien de plus pre-
cieux que le jour oil le Cantique des
cantiques fut donne a Israel. Tous
les Hagiographes sont saints; mais
le Cantique est tres saint." (Loisy,
Hist, (ill canon de I'A. T., p. 51.)
Dans I'Eglise chretienne Theodore
de Mopsueste ("j" 428) nia inspira-
tion du Cantique des cantiques. Son
opinion, combattue par Theodoret,
fut ensuite condamnee par le v^ Con-
cile oecumenique.
Les Reformateurs reconnurent I'au-
torite divine de ce Livre, contenu dans
le canon des Juifs. Pour I'avoir atta-
quee, Chastillon fut chasse de Geneve
par Calvin. Depuis un siecle ou deux
I'exegese protestante est divisee dans
cette question. Les critiques rationa-
listes,comme Reuss,font valoir contre
la canonicite des raisons tirees de la
nature meme du livre, du sujet traite
et de la maniere dont il est traite.
Mais un fait historique ne se decide
pas par des appreciations de ce genre.
Or le Cantique — c'est un fait cons-
tant — a ete tenu pour canonique
pendant dix-neuf siecles par la Sy-
nagogue juive et par I'Eglise chre-
tienne.
II. — L'UNITfi.
Au xviF siecle quelques mots de
Richard Simon, et au XVIIF siecle
un ouvrage de Herder representerent
le Cantique comme un recueil de
chants detaches, une anthologie de
poemes lyriques. " Quelques inter-
pretes, nous dit Reuss, ont trouve
moyen de pousser plus loin encore
la methode de Herder, quant a la
division du texte en parcelles de mi-
nime dimension. On a ete jusqu'a
declarer qu'une partie des morceaux
ainsi detaches ne representent plus
que des fragments, ou des additions
postiches faites a des pieces plus an-
ciennes par des glosateurs mal avises,
Dans les deux cas, on a cru faire
avancer I'intelligence d'un livre, dont
on s'exagerait I'obscurite, en boule-
versant I'ordre afluel de ses elements
d'une maniere tellement arbitraire,
qu'on ne se contenta pas de changer
la succession des differentes idylles,
mais qu'on alia jusqu'a composer
celles-ci librement, en combinant en-
semble, pour les former, des versets
tires de divers chapitres. " Depuis
lors plusieurs exegetes indepen-
dants ont travaille a dissequer ce
poeme de diverses facons, avec autant
de hardiesse et non moins de desac-
cord. Ainsi M. Siegfried, dans un
commentaire public en 1898, distin-
gue dix chants. M. Budde en compte
vingt-trois , dans son commentaire
416
LE CANTIQUE DES CANTIQUES.
paru la meme annee. Ces derniers
critiques ne semblent done pas avoir
reussi beaucoup mieux que ceux
dont Reuss, en 1879, constatait I'in-
succes : "...Les uns veulent y voir
[dans le Cantique] un recueil de
poesies detachees, tandis que les
autres pretendent y reconnaitre une
piece unique, et dont toutes les par-
ties sont reliees entre elles par un
lien indissoluble. Oii petit dire que
cette dernicre coicepiion tend a preva-
loir de plus en plus, quoique I'autre
trouve encore quelquefois des defen-
seurs dont I'autorite scientifique et
litteraire lutte sans grand succes,
peut-etre aussi sans trop d'adresse,
contre celle de la majorite qui compte
dans ses rangs les hebraisants les
plus renommes de notre epoque. "
\Le Caiitigue des cantiques, 1879.)
Deja en 1830 I'exegete protestant
Rosenmiiller etablissait, par une lon-
gue et solide demonstration, I'unite
du Cantique. Les personnages restent
les memes tout le temps et conser-
vent jusqu'au bout le meme carac-
tere; tout se tient dans cette serie de
dialogues ; plusieurs expressions et
locutions, des formules entieres sont
repetees 9a et la; enfin partout le
style et le ton revelent un auteur
unique. Aussi un des derniers com-
mentateurs du Cantique, M. Castelli,
professeur a Florence (rationaliste),
soutient que I'unite 6! auteur et I'unite
de plan ne peuvent etre mises en
doute (1892).
III.
L'AUTHENTICITfi.
La tradition juive et la tradition
chretienne attribuent a Salomon le
Cantique des cantiques. La raisoti
principale de cette attribution est le
titre meme du poeme : " Cantique
des cantiques qui (est) de Salomon. "
C'est I'explication la plus plausible
du lamed qui precede le nom de Sa-
lomon et qu'on appelle lamed au6lo-
ris. De la meme fagon, et avec le
m^me sens, cette particule est placee
avant le nom de David dans le titre
d'un bon nombre de Psaumes. — De
plus, " I'ecrivain fait preuve de con-
naissances etendues en histoire natu-
relle. Dans les cent seize versets de
son poeme, il nomme une vingtaine
de plantes et autant d'animaux. Or
Salomon fut remarquable dans cet
ordre de connaissances. Ill Reg.,
i^') 33- — Enfin I'auteur decrit avec
tant de vivacite et de precision les
choses de I'epoque salomonienne,
qu'on pourrait difficilement admettre
qu'il n'en soit pas le contemporain.
Apres Ewald, de Wette le reconnait
lui-meme : " II y a la une serie d'ima-
ges et d'allusions, une fraicheur de
vie qui caracterisent le temps de Sa-
lomon. " Einleitzmg y^ edit. p. 372.
Frz. Delitzsch appuie la meme con-
clusion : " Le Cantique porte en lui-
meme les traces manifestes de sa
composition salomonienne. C'est ce
qui ressort de la richesse des images
empruntees a la nature, de I'abon-
dance et de I'etendue des references
geographiques et artistiques, de la
mention d'un si grand nombre de
plantes exotiques et de choses etran-
geres, et particulierement des objets
de luxe, comme tout d'abord du che-
val d'Egypte. " ( Lesetre. Cantique
dans le Dicl. de la Bible.)
La plupart des critiques modernes
non catholiques ont rejete I'authen-
ticitc du Cantique pour les raisons
suivantes. i. II y a, dans ce livre, des
aramaismes trahissant une certaine
evolution de la langue et une cpoque
bien plus basse que celle de Salo-
mon. On a note encore quelques
termes exotiques. — 2. Au chap, vi,
vers. 4, il est dit : " Tu es belle, mon
amie, comme Thersa, splendide com-
me Jerusalem. " Thersa, mise en pa-
rallele avec Jerusalem, semble etre
alors la capitale du ro}'aume du Nord.
Nous sommes done au moins a I'epo-
que qui suivit la separation des dix
tribus. — 3. Enfin, si I'epouse dont
Salomon a voulu celebrer les char-
mes est la fille du roi d'Eg}'pte, il est
LE CANTIQUE DBS CANTIQUES.
417
assez etrange qu'il en parle comme
d'une simple fille des champs. — A
ces difficultes on repond : " Tel mot
est-il SLirement un aramaisme? est-il
certain que tel aramaisme ne se soit
introduit dans la langue hebraique
qu'a telle epoque?" — Thersa ne
pouvait-elle pas etre cclebre par son
site et ses agrements avant de deve-
nir la capitale du royaume du Nord?
— Enfin ceux qui interpretent le
Cantique comme une allegoric ne
pensent pas qu'il y soit question de
la fille du roi d'Egypte. (Voir le pa-
ragraphe suivant.)
On obje6le encore — et cette ob-
jeftion est plus serieuse — Salomon
ne pouvait pas parler de lui-meme
comme il en a parle dans ce livre :
par exemple, au chap, viii, vers. 12 :
" A toi, Salomon, les mille sides!..."
D'autre part, les adversaires de
I'authenticite sont loin de s'entendre
sur I'auteur, ou meme sur la date de
ce poeme; et ils avouent leur embar-
ras. II ne faut pas I'oublier d'ailleurs,
la question d'authenticite n'est pas
de premiere importance. Ce qui est
capital pour nous c'est de connaitre
que le livre est inspire ; cette affirma-
tion de la Canonicite est tout a fait
independante de I'autre, et il est bon
de Ten distinguer soigneusement.
IV.
L'iNTERPRIilTATION.
I. Interpyctatiou historiquc.oiL pnre-
ment littemle. Au jugement de Theo-
dore de Mopsueste le Cantique etait
simplement un epithalame celebrant
I'union de Salomon avec la fille du
roi d'Egypte ou avec la Sulamite. Ce
sentiment, comme nous I'avons vu,
a ete condamne par I'Eglise. — L'exe-
gese rationaliste moderne ne va pas
au dela de la lettre du texte, et ap-
plique tout le poeme a une union
purement humaine. Ce serait un
chant sur les noces de Salomon ; ou
bien une idylle sur les amours d'un
berger et d'une bergere, celle-ci res-
tant fidele a son fiance en depit des
desirs de Salomon qui la veut pour
son harem, et malgre les sedu6lions
de la cour royale. Done, pour les uns,
fond historique ; pour les autres, pure
fi6lion. Et sur la forme du poeme
meme divergence de vues : serie de
dialogues avec une progression veri-
table et meme tons les caracleres
d'un draine; ou bien, tout au con-
traire, chants lyriques distin6ls, mis
bout a bout sans autre liaison que
I'analogie du sujet. Le cara6lere com-
mun de cette exegese est la negation
de tout sens typique, mystique, alle-
gorique.
Mais si ce poeme ne celebrait que
des amours profanes, sans s'elever
plus haut, ni les Juifs, ni I'Eglise
chretienne ne I'auraient recu dans le
canon des Livres inspires. Cette re-
ponse, deja ancienne, garde toute sa
valeur contre la theorie des exegetes
qui ne croient plus a I'inspiration.
2. Interpretation typique. Le Can-
tique a un sens litteral et dire6l, par
exemple, I'union de Salomon avec la
fille du roi d'Egypte ; mais ce sens
n'est pas unique; il faut s'elever plus
haut et voir, derriere cette figure,
I'union du Christ etde I'Eglise. Ecou-
tons Dom Calmet dans la preface de
son Commentaire sur le Cantique :
" La plupart croient qu'il fut ecrit a
I'occasion du mariage de Salomon
avec la fille de Pharaon, roi d'Egypte;
et par consequent avant la vieillesse
de Salomon ; et cette opinion est non
seulement la plus suivie [du temps
de Dom Calmet, semble-t-il], mais
encore la plus probable. " Et plus
loin : " Cette idee generale que nous
venons de donner du dessein du
Cantique, n'est, pour ainsi dire, que
I'ecorce de ce divin ouvrage. II a dans
I'intention du Saint-Esprit, et dans
I'idee de I'Eglise, et des Peres, un
autre sens infiniment plus releve, et
plus beau. Salomon y chante un ma-
riage tout chaste de Jesus-Christ avec
la nature humaine, avec son Eglise,
avec chaque ame en particulier. C'est
NO :
LA SAINTE BIDLE. TOME IV.
418
LE CANTIQUE DES CANTIQUES.
a quoi il faut elever son esprit et son
coeur, en lisant ce Livre. Ouiconque
y apporte des yeux profanes, et un
coeur rempli d'un amour charnel, y
trouvera une lettre qui tue, au lieu do
I'esprit qui vivifie. " — Les princi-
paux partisans de cette interpreta-
tion sont, au XIF siecle, Honorius
d'Autun ; plus tard Nicolas de Lyra,
Jansenius de Gand, Bossuet, Dom
Calmet, Schegg, Mgr Plantier. De
nos jours, le P. Semeria lui semble
favorable (cf Revue bibliqiie, 1893,
p. 444); et surtout le P. Th. Calmes
qui admet lui aussi deux sens, et re-
jette cependant le sens historique :
" Le Cantique, dit-il, n'est pas une
allegoric, c'est une parabole. Par con-
sequent, le sens principal, celui que
I'Esprit-Saint veut surtout inculquer
au lefteur, n'est pas celui qui est di-
re61:ement exprime par les mots . . .
Pris au sens litteral, le livre du Can-
tique decrit en proprestermesl'amour
profane. Mais les scenes qu'il retrace,
bien qu'ayant un fondement dans la
realite, ne sont pas historiques ; ce
sont des fi6lions, sous lesquelles I'Es-
prit-Saint nous presente un enseigne-
ment mystique. Le sens direft et lit-
teral est secondaire. Dans I'intention
de I'auteur, il est subordonne au sens
indire6l et typique, principalement
voulu par le Saint-Esprit. L ecrivain
lui-meme a-t-il eu connaissance de la
portee mystique du livre? Rien ne
nous oblige a I'admettre. Comme le
fait tres bien remarqucr le Pere Ge-
nocchi, I'enseignement traditionnel et
la decision de I'Eglise, condamnant
I'interpretation exclusivement litte-
rale de Theodore de Mopsueste, ne
s'ctendent pas a cette diclinclion."
(^Rev. biblique, 1898, p. 460.)
Cependant la plupart des recents
Commentateurs catholiques, crai-
gnant de mettre en peril le cara6lerc
sacre de ce Livre, ou de s'ecarter du
sentiment traditionnel, en admettant
un sens historique quelconque, ou,
de quclquc facon que ce soit, deux
sens, I'un litteral et dirc6l, I'autrc
allcgorique et superieur, se pronon-
cent pour
3. Liiiterpyetation tmiquement alle-
gorique. Elle est admise par le P.Giet-
mann, Mgr Meignan, M. Vigouroux,
M. Fillion, M. Minocchi, etc.; elle
s'appuie sur la tradition juive et
chretienne, et sur certains passages
analogues des Livres saints. On
ajoute que I'allegorie seule peut ren-
dre compte de ce qu'il y a d'indecis
et de flottant dans Ic theatre de Tac-
tion et dans la qualite des personna-
ges. La scene est tantot au palais du
roi, tantot dans les champs, dans la
maison de I'epoux ou de repouse;ellc
est transportee brusquement d'un lieu
a I'autre. " De nombreux traits du
poeme ne conviennent ni a Salomon
ni a d'autres personnages purement
terrestres, et deviennent par la meme
incomprehensibles, si Ton ne s'eleve
pas au-dessus du sens litteral : ainsi
le heros est tour a tour, et sans tran-
sition, berger, chasseur, roi glorieux,
pour redevenir subitement berger ; sa
fiancee erre seule la nuit par les rues
de la ville, etc." (Fillion.)
M. Lesetre resume fort bien les
temoignages de I'antiquite. " Voici,
ecrit il, comment s'expriment les
Peres : " Ce livre doit etre entendu
dans le sens spirituel,c'est-a-dire dans
le sens de I'union de I'Eglise avec
Jesus-Christ, sous le nom d'epouse et
d'cpoux, et de I'union de I'ame avec
le Verbe divin... Par I'epoux, il faut
entendre le Christ, et I'Eglise est
I'epouse sans tache et sans ride. "
Par
» r>
Origene, /;/ Cant., Houi. i.
I'epouse, la divine Ecriture entend
I'Eglise, et c'est le Christ qu'on ap-
pelle I'epoux. " Theodoret, /;/ Cant,,
prolog. — " Ce qui est ecrit fait pen-
ser a des noces, mais ce qui est com-
pris est I'union de I'ame humaine
avec Dieu." S. Greg, de Nysse, In
Cant. Horn. i. — " Salomon unit
I'P^iise et le Christ et chante le doux
epithalame des saintes noces." S. Je-
rome, Ep. liii, 7, ad Paulin. — " Le
LE CANTIQUE DES CANTIQUES.
419
Cantique des cantiques est la joie
spirituelle des saintes ames aux no-
ces du roi et de la reine de la cite, le
Christ et I'Eglise. Mais cette joie est
enveloppee de voiles allegoriques,
pour rendre les desirs plus ardents et
la decouverte plus agreable a I'appa-
rition de I'epoux et de I'epouse. "
S. Augustin, De civit. Dei, xvii, 20.
— " Salomon, divinement inspire, a
chante les louanges du Christ et de
I'Eglise, la grace du saint amour et
les mysteres des noces eternelles. "
S. Bernard, Stip. Cant., Serin, i. 8 . . .
" Ce sens n'a pas ete imagine arbi-
trairement par les interpretes. —
I. II a une base solide dans les
nombreux passages de I'Ancien et
du Nouveau Testament qui presen-
tent les rapports de Dieu avec son
peuple sous I'image de I'union conju-
gale. Le Psaume xliv traite ce sujet
sous une forme analogue. Dans Osee,
ii, 19, 20, 23, le Seigneur dit a la na-
tion choisie : " Je te prendrai pour
epouse a jamais. " \cLJcr. ii, 2. Is. 1, i;
liv, I, 6, Ix, 4, 5 etc.] Le Seigneur est
frequemment presente comme epoux,
et I'Eglise comme epouse, dans le
Nouveau Testament. MattJi. ix, 15;
XXV, l-i3;/^«., iii, 29; ^///., v, 23-25,
31, 32 ; II Cor., xi, 2 ; Apoc. xix, 7, 8."
(Lesetre,/6'^.«/.)Plusieurs passages de
I'Ancien Testament {ci.Isa'ie, liv etc.),
la meme ou ils offrent cette image de
I'union de Dieu avec son peuple elu,
annoncent les temps messianiques; il
est done tout a fait juste d'appliquer
ces passages a I'Eglise du Christ.
De cette interpretation plusieurs
autres sont derivees par une deduc-
tion bien naturelle. L'union de Jesus-
Christ avec son Eglise se realise d'une
facon concrete et particuliere dans
I'ame de chacun des fideles, membres
vivants de I'Eglise dont Jesus-Christ
est la tete, selon la belle do6lrine de
saint Paul. Et cette union trouvant
son plus parfait accomplissement
dans I'ame tres pure de la Vierge
Marie, on a vu avec beaucoup de
raison en I'Epouse du Cantique la
figure de la Mere du Sauveur. Cette
application, deja faite par saint Am-
broise, developpee surtout par Denis
le Chartreux, saint Bernard, est adop-
tee dans la liturgie de I'Plglise.
Concluons. La premiere interpre-
tation est inadmissible; les deux der-
nieres sont orthodoxes. La troisieme,
qui s'en tient au sens allegorique, re-
vendique a juste titre en sa faveur le
temoignage de la tradition. II im-
porte done par-dessus tout de ne
point s'attacher a la lettre du texte,
qui donnerait seulement un sens pro-
fane et pourrait meme susciter dans
I'esprit des images dangereuses. II
faut ne jamais perdre de vue ce sens
superieuret divin de I'inefifable amour
de Dieu pour les hommes, pour son
Eglise, pour chaque ame fidele.
Alors, la le6lure du Cantique eleve
le coeur vers Dieu, lui inspire, a
I'egard de ce Dieu si aimant, les plus
tendres sentiments de reconnais-
sance et d'amour, et lui fait gouter
ainsi de celestes delices.
m
:n^UHi^.Mi^MM^^MiSS,MnMMHHm
Jxt Cmitipe tiES CxintiriUEe.
iixmcxxrnxD
WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWm
Chap. I.
CHAP. I.
CANTIQUE des Cantiques, de Salomon.
U'il me baise des baisers de sa bouche!
Car ton amour est meilleur que le vin;
3 Tes parfums ont une odeur suave,
Ton nom est une huile epandue;
C'est pourquoi les jeunes fiUes t'aiment.
4 Entraine-moi apres toi ; courons !
Le roi in'a fait entrer dans ses appartements secrets;
Nous tressaillirons, nous nous r^jouirons en toi;
Nous celebrerons ton amour plus que le vin.
Qu'on a raison de t'aimer!
5 Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jerusalem,
Comme les tentes de C^dar, comme les pavilions de Salomon.
6 Ne prenez pas garde ci mon teint noir,
C'est le soleil qui m'a bridee :
Les fils de ma mere se sont irrites contre moi;
lis m'ont mise a garder des vignes;
Ma vigne, a moi, je ne I'ai pas gardee.
7 Dis-moi, 6 toi que mon cceur aime,
Ou tu menes paitre tes brebis,
Oil tu les fais reposer a midi,
Tour que je n'erre pas comme une egaree
Autour des troupeaux de tes compagnons.
8 — Si tu ne le sais pas, 6 la plus belle des femmes,
Sors sur les traces de ton troupeau,
Et m^ne paitre tes chevreaux pres des huttes des bergers.
9 A ma cavale quand elle est attelee aux chars de Pharaon
Je te compare, 6 mon amie.
10 Tes joues sont belles au milieu des colliers.
Ton cou esi bean au milieu des rangees de perles.
1 1 Nous te ferons des colliers d'or, pointilles d'argent.
12 Tandis que le roi est k son divan,
Mon nard exhale son parfum.
CHAP. I.
1. Le Cantique des cantiques^ c'est une
forme hebraique du superlatif,et cela signific
le plus excellent des caniiqites. Cf. le Saint
des saints, le Roi des rois, Vanite des vani-
tes, etc. — de Salomon^ cf. Yltilrod. ^ III.
— Le titre n'etant pas compte comme ver-
set dans la Vulgate, le verset i de la \'ulg.
correspond au verset 2 de I'hebreu, le ver-
set 2 au verset 3, et ainsi jusqu'£\ la fin du
chapitre.
Versets 2-7. Paroles de VEpousc.
2. Exclamation d'un ctcur plein d'amour,
tout occupe de son objet, desirant vivement
la presence du Bien-aime, et les temoigna-
ges (le son affecflion. — Ton amour. La
Vulg. ubera iua, les inai/ielles, suppose une
poncfluation differente du mot hebreu : c'est
le duel du mot dad, inaincllej la pondlua-
tion massordtiqueoffrc un meilleur sens avec
le pluriel du mot dod, amour. — Meilleur
que le vin : I'amour enivre comme le vin.
Comparez ces paroles de saint Paul : " Ne
vous enivrez pas de vin ..., mais soyez rem-
plis de I'Esprit. " {Ep/i. v, 18).
3. l//ie Jtuilt aromatique. Les mots huile
et noin font en hebreu une paronomase.
t^^ ^^^^^^c>'»£^^^^^^'»^^^^^^^
s^
ruiIllir-rrrTT-TTTrr
=1
Caiiticum Cmiticni'inn JSiiliiiminui
QUOD HEBRAICE DICITUR SIR HASIRIM.
rTTiiiiiTiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiTTTiiiirT-r
rfniiiiiaiiiiiii!iiii rrm
WWWWWWWWWWWWWWWMWW^W
~^;^— CAPUT I. — :i^
Hoc canticum totiim est mysticum, plenis-
simum incomprehersibilis atnoris Christi
erga sponsam siiam, ac vicissim sponsa^
erga Christum sponsum.
SCULETUR me osculo
oris sui : quia meliora
sunt ubera tua vino,
2. fragrantia unguentis
optimis. Oleum effusum
nomen tuum : ideo adolescentulas
dilexerunt te. 3. Trahe me : post te
curremus in odorem unguentorum
tuorum. Introduxit me rex in cel-
laria sua : exsultabimus et lastabi-
mur in te,memores uberum tuorum
super vinum : recti diligunt te.
4. Nigra sum, sed Formosa, filias
Jerusalem, sicut tabernacula Cedar,
sicut pelles Salomonis. 5. Nolite me
considerare quod fusca sim, quia
decoloravit me sol : filii matris meae
pugnaverunt contra me, posuerunt
me custodem in vineis : vineam
meam non custodivi. 6. Indica mihi,
quem diligit anima mea, ubi pascas,
ubi cubes in meridie, ne vagari inci-
piam post greges sodalium tuorum.
7. Si ignoras te o pulcherrima inter
muliere?, egredere, et abi post vesti-
gia gregum, et pasce hoedos tuos
juxta tabernacula pastorum.
S.Equitatui meo in curribus Pha-
raonis assimilavi te amica mea.
9. Pulchras sunt genas tuae sicut
turturis : collum tuum sicut moni-
lia. 10. Murenulas aureas faciemus
tibi, vermiculatas argento.
II. Dum esset rex in accubitu
suo,nardus mea dedit odorem suum.
12. Fasciculus myrrhas dilectus
meus mihi, inter ubera mea commo-
4. Ent7-mnez-inoi, peut-on dire a. Jesus,
vous qui avez dit : '' J'entrainerai tout
apres moi ! " (S. Jean xii, 32). — Les mots
de la Vulgate (vers. 3) /;/ odorem utiguen-
torian tuontni ne sent pas dans le texte
hebreu. — Nous cclebrcrons ton amour. Ici
comme au vers. 2 (Vulg. vers, i) la Vul-
gate a lu le mot qui signifie mnmelles. —
Vulgate Reili diligunt te, les jusies t'ai-
ment ; I'hebreu signifie plutot : // est juste
de f aimer.
5. Noire, au teint bruni par le soleil. —
Comme les tentes de Cedar, les tentes des
nomades du desert, formees de peaux de
chevres, etaient noires, comme cellos des
Bedouins nomades d'aujourd'hui.
6. C'est la coutume en Palestine de gar-
der les vignes au'temps de la recolte. Ici,
le mot vigne la seconde fois semble pris au
sens metaphorique, comme I'indiquent les
premiers mots du verset. L'Epouse, obligee
de garder d'autres vignes, a du negliger la
sienne, c'est-k-dire qu'elle a eu ainsi le teint
hale par le soleil et a dii perdre quelque
chose de ses charmes.
Plusieurs des anciens, et meme des Peres,
ont pense tres heureusement que le teint de
I'Eglise s'e'tait hale a s'occuper des affaires
temporelles auxquelles les hommes Font
appliquee. Sa vigne a elle, les interets spi-
rituels, en ont souffert.
8. C'est la reponse des filles de Jerusalem.
I, 9 — II, 7. Dialogue entre P Epoux
et VEpouse.
9. Comparaison tout orientale pour mar-
quer une allure a la fois noble et gracieuse.
10. Vulg. Tes joues ont la beanie de la
tourterelle. L'hebreu donne un sens plus
satisfaisant, en meilleure harmonie avec
ceUii du membre parallele.
11. Sponsus amantissimus in sponsa nihil
inornatum relinquit. (Bossuet.)
12. Comparez Marie-Madeleine versant
des parfums sur les pieds de Jesus (S. Jean,
xii, 3)-
422 LK CANTIQUE DES CANTIQUES. Chap. I, 13—17; II, i — 14.
i.
13 Mon bien-aime est pour moi un sachet de myrrhe,
Qui repose entre mes seins.
14 Mon bien-aime est pour moi une grappa de cypre
Des vignes d'Engaddi.
15 — Oui, tu es belle, mon amie; oui, tu es belle!
Tes yeux sont des j'eux de colombe.
16 — Oui, tu es beau, mon bien-aime; oui, tu es charmant!
Notre lit est un lit de verdure.
\'] — Les poutres de nos maisons sont des ccdres,
Nos lambris sont des cypres.
CHAP. II.
Chap. II.
grw^E suis le narcisse de Saron,
umI! Le lis des vallees.
Wm^\ 2 — Comme un lis au milieu des epines,
Telle est ma bien-aimee parmi les jeunes filles.
3 — Comme un pommier au milieu des arbres de la foret,
Tel est mon bien-aime parmi les jeunes hommes.
J'ai ddsire m'asseoir a son ombre,
Et son fruit est doux a mon palais.
4 II m'a fait entrer dans son cellier,
Et la banniere qu'il leve sur moi, c'est I'amour.
5 Soutenez-moi avec un peu de raisin,
Fortifiez-moi avec des pommes,
Car je languis d'amour.
6 Que sa main gauche soutienne ma tete,
Et que sa droite me tienne embrassee.
7 — Je vous en conjure, filles de Jerusalem,
Par les gazelles et les biches des champs,
Ne reveillez pas, ne reveillez pas la bien-aimee
Avant qu'elle le veuille.
8 — C'est la voix de mon bien-aime!
Le voici qui vient,
Bondissant sur les montagnes,
Franchissant les collines.
9 Mon bien-aime est semblable a la gazelle
Ou au faon des biches.
Le voici, il est derricre notre mur,
II regarde par la fenctre,
11 regarde par le treillis.
10 Mon bien-aime prend la parole, il me dit :
" Lcve-toi, mon amie, ma belle, et viens!
1 1 Car voici que I'hiver est fini;
La pluie a cesse, elle a disparu.
12 Les fleurs paraissent sur la terre,
Le temps des chants est arrive;
La voix de la tourterelle se fait entendre dans nos campagnes;
13 Le figuier developpe ses fruits naissants,
La vigne en fleur exhale son parfum.
Leve-toi, mon amie, ma belle, et viens!
14 Ma colombe, qui te tiens dans les fentes des rochers,
Qui te caches dans les parois escarp^es,
Montre-moi ton visage,
13. Un sachet de myrrhe. " On ne peut
pas traduire naturellement un bouquet de
myrrhe. La myrrhe ne se met point en bou-
quet; c'est une espece de gomme, que dis-
tille un arbre epineux qui croit en Arable. "
(Dom Calmet.)
14. Une grappe de cypre. " Le Kofer cor-
respond <^ la Laiisonia alba des botanistes,
au Jienne des Arabes. Ses fleurs jaunatres,
reunies en grappes {botriis), ont une odeur
qui rappelle celle du reseda; de ses feuilles
dess^chees on fabrique une poudre qui joue
CANTICUM CANTICORUM. Cap. I, 13—16; II, i— 14.
423
rabitur. 13. Botrus cypri dilectus
meus mihi, in vineis Engaddi.
14. Ecce tu pulchra es arnica mea,
ecce tu pulchra es, oculi tui colum-
barum. 15. Ecce tu pulcher es di-
Jecte mi, et decorus. Lectulus noster
floridus : 1 6. tigna domorum nostra-
rum cedrina, laquearia nostra cy-
pressina.
— :i:— CAPUT II. — ^i^—
GO flos campi, et lilium
convallium. 2. Sicut lilium
inter spinas, sic amica mea
3j inter filias. 3. Sicut malus
inter ligna silvarum, sic dilectus
meus inter filios. Sub umbra illius,
quern desideraveram, sedi : et fru-
ctus ejus dulcis gutturi meo. 4. In-
troduxit me in cellam vinariam,
ordinavit in me caritatem. 5. Ful-
cite me floribus, stipate me malis :
quia amore langueo. 6. Laeva ejus
sub capite meo, et dextera illius
amplexabitur me. 7. Adjuro vos
filias Jerusalem per capreas cervos-
que camporum, ne suscitetis, neque
evigilare faciatis dilectam, quoad-
usque ipsa velit.
8. Vox dilecti mei, ecce iste venit
saliens in montibus, transiliens col-
les : 9. similis est dilectus meus ca-
preae, hinnuloque cervorum : en ipse
Stat post parietem nostrum respi-
ciens per fenestras, prospiciens per
cancellos. 10. En dilectus meus lo-
quitur mihi : Surge, propera amica
mea, columba mea, Formosa mea, et
veni. II. Jam enim hiems transiit,
imber abiit, et recessit. 12. Flores
apparuerunt in terra nostra, tempus
putationis advenit : vox turturis
audita est in terra nostra : 13. ficus
protulit grossos suos : vineas floren-
tes dederunt odorem suum. Surge,
amica mea, speciosa mea, et veni :
14. columba mea in foraminibus
petras, in caverna macerias, ostende
mihi faciem tuam, sonet vox tua in
auribus meis : vox enim tua dulcis,
un grand role dans la toilette des femmes
de i'Orient. " (Fillion.)
15. Des yeux de colombe, pleins de dou-
ceur et d'innocence.
16. Cf. Ps. .\liv\ S. Augustin dans son
sermon sur ce Psaume cclebre la beaute de
rEpoux qui est le Christ.
CHAP. II.
1. Le iiaj'dsse de Saron. NxAg.flos campi.
11 s'agit de la plaine fertile de Saron sur les
cotes de la Mediterranee entre Jaffa et
Cesaree.
2, 3. Les comparaisons poetiques et gra-
cieuses continuant ; mais, comme il arrive
dans la poesie orientale, une mdtaphore est
immediatement suivie d'une autre mdta-
phore toute diffe'rente.
4. // ni\i fait cni7-er dans son cellier, il
m'a fait gouter ce qu'il y avait de plus ex-
quis. —- Et la baiuiicre qu'il I eve sur 7/ioi,
c'est Vavtoiir; image admirable, marquant
bien ce qui dirige toutes les demarches de
I'Epoux. La ^'ulg. , // a ordojvie en iiioi
Painoitr, a pris le premier mot dans le mcme
sens que les LXX.
5. Le sens est : Je tombe en defaillance,
faites-moi respirer I'odeur forte des fruits,
pour me ranimer.
6. Au lieu du present : sa main gauclie
soiitient ma tete, il parait plus conforme au
contexte de traduire par I'optatif.
7. Ne reveillez pas la bien-aimee; au lieu
de bie?i-aimcc, le mot hebreu signifie pro-
prement amoitrj&t plusieurs traduisent :ne
reveilles pas l' amour. Mais au ch. vii, ver-
set 7 le meme terme s'applique a I'Epouse,
appelee " Mon amour ".
11, 8 — III, 4. Monologue de VEpouse
{en songe,peut-etre).
8, 9. Images gracieuses pour peindre la
force de I'amour. Celui qui aime se precipite
vers I'objet aime, en franchissant rapide-
ment tous les obstacles.
10. Les mots de la VviSg. propera ..., co-
htmba mea, ne se trouvent pas dans le texte
hebreu. Les LXX ont aussi ce dernier voca-
tif ' ' ma colombe ".
II et suiv. L'Epouse rapporte les suaves
paroles de son Bien-aime I'invitant a gouter
les charmes du printemps.
1 2. Vulg. Tenipus putationis advenit, le
temps de tailler (la vigne) est venu. Comme
on pent fort bien rapporter le substantif
zamir a la racime zamar tailler, cette tra-
dudflion de saint Jerome est tout a fait ad-
missible. Quelques anciens interpretes et les
modernes en general preferent traduire par
chants {zamh- de zamar, chanter).
424 LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Chap. II, 15—17; HI, i— 11.
Fais-moi entendre ta voix;
Car ta voix est douce, et ton visage chaimant.
15 Prenez-nous les renards,
Les petits renards qui ravagent les vignes,
Car nos vignes sont en fleur. "
16 Mon bien-ainie est h. moi, et je suis a lui;
II fait paitre son troupeau parmi les lis,
17 Avant que vienne la fraicheur du jour,
Et que les ombres fuient.
Reviens! ... sois semblable, mon bien-aime,
A la gazelle ou au faon des biches,
Sur les montagnes ravinees.
Chap. 1 1 1.
CHAP. III.
UR ma couche, pendant la nuit,
J'ai cherche celui que mon cceur aime;
li Je I'ai cherche, et je ne I'ai point trouve ...
Levons-nous, me suis-je dit, faisons le tour de la ville,
Parcourons les rues et les places,
Cherchons celui que mon cc£ur aime. "
Je I'ai cherche, et je ne I'ai point trouve.
3 Les gardes qui font la ronde dans la ville m'ont rencontree
" Avez-vous vu celui que mon coeur aime? "
4 A peine les avais-je depassds,
Que j'ai trouve celui que mon coeur aime.
Je I'ai saisi et je ne le laisserai pas aller
Jusqu'a ce que je I'aie amene dans la maison de ma m6re,
Dans la chambre de celle qui m'a donne le jour.
5 — Je vous en conjure, filles de Jerusalem,
Par les gazelles et les biches des champs,
Ne reveillez pas, ne reveillez pas la bien-aim^e,
Avant qu'elle le veuille.
6 Quelle est celle-ci qui monte du desert,
Comme une colonne de funiee,
Exhalant la myrrhe et Tencens,
Tous les aromates du parfumeur?
7 Voici le palanquin de Salomon;
Soixante braves I'entourent,
D'entre les vaillants d' Israel
8 Tous sont armes de I'epee, cxerccs au combat;
Chacun porte I't'pee sur sa hanche.
Pour ecarter les alarmes de la nuit.
9 Le roi Salomon s'est fait une liticre
De bois du Liban.
10 11 en a fait les colonnes d'argent,
Le dossier d'or, le siege de pourpre;
Au milieu est une broderie,
fEuvre d'amour des filles de Jerusalem.
Ti Sortez, filles de Sion, et voyez le roi Salomon,
Avec la couronne dont sa mere I'a couronne
Le jour de ses epousailles,
Le jour de la joie de son coeur.
15. Prenez-iioits les renards, etc. " Ce
verset 15 a de tout temps embarrasse les
commentateurs, qui ne savent au juste s'il
contient les paroles du Salomon spirituel ou
de la Sulamite". (Pillion.) " C'est le dernier
vers de la chanson cjue Tepoux a chantee h
la fenctre de I'epouse. Aprcs quoi il entre,
et I'epouse lui dit qu'elle est toute h. lui, etc.
L'epoux en rentrant, donne ordre hses gens
de veiller a la garde de sa vigne. ' (Dom
Cahnet.) Ce sont peut-etre quelques paroles
d'une chanson connue, amenees ici sur les
It'vres de I'Epouse par ces mots du vers. 13
" La vigne en /leu r exhale son far/inn. "
CANTICUM CANTICORUM. Cap. II, 15-17; III, i — 11. 425
et facies tua decora. 15. Capite no-
bis vulpes parvulas, qu^ demoliun-
tur vineas : nam vinea nostra flo-
ruit. 16. Dilectus meus mihi, et ego
illi,qui pascitur inter lilia 17. donee
aspiret dies, et inclinentur umbra;,
Revertere : similis esto, dilecte mi,
capreas, hinnuloquecervorum super
montes Bether.
— :i:— CAPUT III. — *—
||N lectulo meo per noctes
quassivi quem diligit ani-
ma mea : quassivi ilium,
et non inveni. 2. Surgam,
et circuibo civitatem : per vicos et
plateas qu^eram quem diligit anima
mea : quassivi ilium, et non inveni.
3. Invenerunt me vigiles, qui custo-
diunt civitatem : Num quem diligit
anima mea, vidistis? 4. Paululum
cum pertransissemeos, inveni quem
diligit anima mea : tenui eum : nee
dimittam donee introducam ilium
in domum matris meae, et in cubi-
culum genitricis meae. 5. Adjure
vos filiae Jerusalem per capreas cer-
vosque camporum, ne suscitetis,
neque evigilare faciatisdilectam do-
nee ipsa velit.
6. Quas est ista, quas ascendit per
desertum sicut virgula fumi ex aro-
matibus myrrhas, et thuris, et uni-
versi pulveris pigmentarii? J. En
lectulum Salomonis sexaginta fortes
ambiunt ex fortissimis Israel : 8.0m-
nes tenentes gladios, et ad bella
doctissimi : uniuscujusque ensis su-
per femur suum propter ti mores
nocturnos. 9. Ferculum fecit sibi
rex Salomon de lignis Libani :
10. columnas ejus fecit argenteas,
reclinatorium aureum, ascensum
purpureum : media caritate constra-
vit propter Alias Jerusalem : 1 1 .egre-
dimini et videte filias Sion regem
Salomonem in diademate,quo coro-
navit ilium mater sua in die despon-
sationis illius, et in die lastitia:^ cor-
dis ejus.
16. Vulg. Oiii pascitur; d'apres I'hebreu,
mieux vaut I'aflif, qui fait pailrc.
ij.Avant que vienne la frauheiir ciujour.
Plusieurs commentateurs pensent qu'il s'agit
de la brise du soir. Reuss traduit : " Quand
viendra a souffler la brise die soir, quand les
ombres s\dlongcnt,... reviens''Wv\^. Donee
aspiret dies et inclinentur umbra;. Mais ce
dernier mot en hebreu a un sens different :
jusqu'a ce que les omijres fuicnt, se dissi-
^^«/. Bossuet I'a fort biencompris : "jusqu'a
ce que le jour paraisse, a I'aube duquel une
brise le'gere s'eleve et les ombres se dissi-
pent. " II faut alors joindre cela a ce qui
precede, et non au mot suivant, Reviens.
CHAP. III.
I. C'est le monologue de I'Epouse qui
continue. Elle racontela recherche anxieuse
de son Bien-aime. Comparez I'anxiete des
saintes Femmes, spe'cialement de Marie-
Madeleine, h, la recherche de Jesus. (S. Jean,
XX, I suiv.)
■^. " Avez-vous vit Celtii que moii ca'tir
aiine?" Comme si tout le monde ^tait au
courant de ce qui occupe son cceur. Compa-
rez la parole de Marie-Madeleine a Jesus lui
apparaissant sous I'exterieur d'un jardinier :
" Si c'est toi qui L'as enleve, dis-moi ou tu
Z'as mis et jc le prendrai." (S. Jean, xx, 1 5.)
5. Repetition du verset 7 du ch. ii. C'est
I'Epouse qui parle, ou peut-etre la Coryphee
repetant a ses compagnes, les fiUes de Jeru-
salem, la recommandation de I'Epoux.
Ill, 6-1 1. Entree solennelle de PE-pouse
ix Jerusalem.
Ce passage est chante probablement par
le choeur des filles de Jerusalem.
6. (liii monte du desert; desert ne doit
pas s'entendre d'un vaste territoire au sol
sterile et sans habitants ; mais en Palestine
ce mot signitie la campagne inhabite'e.
7. Le palanquin de Salomo7i; Vulg. leHti-
lum Salomonis, =a litiere, plutot que " son
lit nuptial", comme traduit Dom Calmet.
10. Ai( milieu est une broderie, oetivre
d'amour, etc. Vulg. media (plur. neutre, le
milieu) caritate conslravit, traduit par les
commentateurs est pave d' amour, n'est pas
Ires clair. Plusieurs, apres Theodotion,
omettent le mot amour. Les modernes I'ex-
pliquent comme une locution adverbiale, ce
qui conduit au sens adopte dans notre tra-
ducftion.
11. C'etait la coutume, daus I'antiquit^,
d'orner les e'poux d'une couronne, au jour
de leurs noces. — Les paroles de ce verset
sont appliquees a Notre-Seigneur par la
liturgie de FEglise, pour la fete de la sainte
426
LE C ANTIQUE DES C ANTIQUES. Chap. IV, i — 13.
CHAP. IV
Chap. IV.
UI, tu es belle, mon amie; oui, tu es belle!
v'fS^A ^^^ y^^^ ^°"^ desyeux de colombes derriere ton voile;
l^^yj Tes cheveux sont comme un troupeau de chevres,
Suspendues aux flancs de la montagne de Galaad.
2 Tes dents sont comme un troupeau de brebis tonducs,
Qui remontent du lavoir;
Chacune porte deux junieaux,
Aucune d'elles n'est sterile.
3 Tes levres sont comme un fil de pourpre,
Et ta bouche est charmante;
Ta joue est comme une moitie de grenade
Derriere ton voile.
4 Ton cou est comme la tour de David,
Batie pour servir d'arsenal;
Mille boucliers y sont suspendus,
Tous les boucliers des braves.
5 Tes deux seins sont comme deux jumeaux de gazelle.
Qui paissent au milieu des lis.
6 Avant que vienne la fraicheur du jour,
Et que les ombres fuient,
J'irai a la montagne de la myrrhe
Et k la colline de I'encens.
7 Tu es toute belle, mon amie,
Et il n'y a pas de tache en toi.
8 Viens avec moi du Liban, ma fiancee,
Viens avec moi du Liban!
Regarde du sommet de I'Amana,
Du sommet dli Sanir et de I'Hermon,
Des tanicres des lions,
Des montagnes qu'habitent les leopards.
9 Tu m'as ravi le coeur, ma sceur fiancee,
Tu m'as ravi le coeur par un scul de tes regards,
Par une des boucles qui pendent sur ton cou.
10 Que ton amour a de charme, ma soeur fiancee,
Que ton amour est deletflable!
11 vaut mieux que le vin;
L'odeur de tes parfums vaut mieux que tous les aromales.
1 1 Tes levres distillent le miel, ma fiancee,
Le miel et le lait se cachent sous ta langue,
Et l'odeur de les vetements est comme l'odeur du Liban.
12 C'est un jardin ferm^ que ma soeur fiancee,
Une source fermee, une fontaine scelloe,
13 Un bosquet ou croissent les grenadiers,
Avec les fruits les plus exquis,
Le cypre avec le nard,
Couronne d'epines, au Capitule des Vepres
et de Laudes, dans I'hymne des Vepres; et
la iv^ Legon est un passage d'un sermon de
saint Bernard sur ce texte.
CHAP. IV,
IV, I — V, I. Dialogue cnire PEpoux et
VEpouse qui expriinent leiir niutiiel
anioiir.
I. Derrih'e ton voile, Vulg. absque eo
quod intrinsecus latet, sa/is ce qui est cache
au dedans. L'h^breu donne un meilleur sens;
la meme expression revient, avec le mcme
sens, au verset 3 et vi, 7.
Tes cheveux
etc. Plus loin, vii, 6, la tete est comparee k
une montagne; ici la chevelure est repre-
sentee sous I'image d'un troupeau de che-
vres, noir et brillant, decrivant des ondula-
tions gracieuses dans les plis de la monta-
gne. — Les monts de dalaad etaient fertiles
en riches patu rages.
2. Comparaison pittoresque, de style bien
oriental, pour peindre la blancheur et la
parfaite regularite des dents. II n'est pas
necessaire,commele fait remarquerBossuet,
que tous ces details trouvent une applica-
tion mystique, il sufifit qu'un sens plus eleve
convienne h. tout I'ensemble.
CANTICUIM CANTICORUM. Cap. IV, i— i.
427
— :i:— CAPUT IV. — :i:—
UAM pulchra es arnica
mea, quam pulchra es!
Oculi tui columbarum,
absque eo, quod intrinse-
cus latet. Capilli tui sicut greges
caprarum,qua2 ascenderunt de monte
Galaad. 2. Dentes tui sicut greges
tonsarum, qua2 ascenderunt de la-
vacro, omnes gemellis foetibus, et
sterilis non est inter eas. 3. Sicut
vitta cocci nea, labia tua:eteloquium
tuum, dulce. Sicut fragmen mali
punici, ita gena; tuae, absque eo,
quod intrinsecus latet. 4. Sicut tur-
ns David coUum tuum, quae asdifi-
cata est cum propugnaculis : mille
clypei pendent ex ea, omnis arma-
tura fortium. 5. Duo ubera tua, sic-
ut duo hinnuli capreae gemelli, qui
pascuntur in liliis, 6. donee aspiret
dies, et inclinentur umbr«, vadam
ad montem myrrhae, et ad collem
thuris, 7, Tota pulchra es amica
mea, et macula non est in te. 8. Veni
de Libano sponsa mea, veni de Li-
bano, veni : coronaberis de capite
Amana, de vertice Sanir et Herrnon,
de cubilibus leonum, de montibus
pardorum. 9. Vulnerasti cor meum
soror mea sponsa, vulnerasti cor
meum in uno oculorum tuorum, et
in uno crine colli tui. 10. Ouam
pulchras sunt mammas tuas soror
mea sponsa! pulchriora sunt ubera
tua vino, et odor unguentorum tuo-
rum super omnia aromata. 11. Fa-
vus distillans labia tua sponsa, mel
et lac sub lingua tua : et odor vesti-
mentorum tuorum sicut odor thu-
ris. 1 2. Hortus conclusus soror mea
sponsa, hortus conclusus, fons si-
gnatus. 13. Emissiones tuae paradi-
sus malorum punicorum cum po-
morum fructibus. Cypri cum nardo,
3. Nouvelles images pour signifier I'in-
carnat des levres et des joues. — Derriere
ton voile ^ cf. verset i.
4. Mille boiecliers, c.-a-d. des colliers
charges d'ornements precieux.
5. Tes deiix seifis^ etc. "An propter tene-
ritudinem? an etiam quod, geminorum ani-
malculorum more, spirare sub veste, ac velut
micare viderentur? an potius quod a ta(flu
abhorreant, feri, atque uni sponso tracftabi-
les? quo sponsae formosissimae severa et
inaccessa castitas commendatur."(Bossuet.)
6. Avant que vieniie la f? aicJieur du jour,
voir la note de ii, 17.
7. Vulg. Tola ptilchra es, etc. texte bien
connu dans la liturgie chretienne qui I'appli-
que a la Sainle Vierge, specialement pour
la fete de I'Immaculee Conception.
8. Regarde, Vulg. in seras cotironnee. Le
sens du verbe hebreu ici n'est pas bien sur,
ou plutot la ledlure meme de ce mot dans
le texte est douteuse; mais la traduction
regarde est plus probable que celle de la
Vulg. et des LXX. Cette derniere version
porte : tit parcoicrras. — L^ Amana (ne pas
confondre avec le mont Ainaiitis!) est la
partie de I'Anti-Liban qui regarde Damas.
— Sanir est le nom amorrheen de VHernion,
appele aussi Si/ion. "Les lions ont disparu
depuis longtemps de ces sommets; les leo-
pards y habitent encore." (Fillion.)
9. Ala sceitr fiancee. Cf. verset lo, 12;
V, I, 2; viii, 8 (?) S.Jerome pense que cette
appellation exige un sens mystique en ex-
cluant tout soupgon d'amour charnel. {Con-
tra J ov. i, 30.)
10. Ton amour ... vaut mieiix que le vin.
La Vulg. a encore ici 'ubera tua, au lieu de
ton amour; cf. i, 2.
11. Tes levres distilleiit le miel. " C'est
ainsi que les anciensont dit que I'eloquence
de The'ophraste etait plus douce que le lait,
et que les discours de Nestor etaient sem-
blables au miel... Les levres de I'Epouse
marquent les Dofteurs, les predicateurs de
TEglise." (Dom Calmet.) — Et Vodeur de
tes vetements... Les Orientauxfont un grand
usage de parfums; ils en couvrent leur corps
et leurs vetements, cf Gen. xxvii, 22; Ps.
xlv, 9, etc.
12. Oest un jardi7t fermc, etc. La chas-
tete parfaite de I'Epouse, sa preservation
de tout ce qui pourrait y porter atteinte,
comme aussi ses vertus dont les parfums se
repandent autour d'elle, purs et delicieux,
tout cela est poetiquement exprime dans
une nouvelle serie de comparaisons. — Une
source fcrmce, au lieu de ces mots la Vulg.
repete une seconde fois un jardin ferine. —
Une fontaine scellee, recouverte d'une pierre
sur laquelle on appose un sceau de par I'au-
torite du roi, en sorte que I'usage de la fon-
taine est reserve.
13. Le cypre^ voyez i, 14.
428 LE CANTIQUE DRS CANTIQUES. Chap. IV, 14—16; V, i—q.
14 Le nard et le safran,
La cannelle et le cinnamome,
Avec tons les arbres qui donnent I'encens,
La myrrhe et I'aloes
Et toutes les plantes embaumees;
15 Une fontaine dans iin jardin,
Une source d'eaux vives,
Un ruisseau qui coule du Liban.
16 Levez-vous, aquilons; venez, autans!
Soufflez sur mon jardin, et que ses parfums s'exhalent!
— Que mon bien-aime entre dans son jardin,
Et qu'il mange de ses beaux fruits!
Chap. V.
CHAP. V.
jE suis entre dans mon jardin, ma soeur fiance'e,
J'ai cueilli ma myrrhe et mon baume;
J'ai mange le rayon avec le miel,
J'ai bu mon vin et mon laitl ...
Mangez, amis, buvez, enivrez-vous, mes bien-aim^s.
2 — Je dors, mais mon cceur veille ...
C'est la voix de mon bien-aime! II frappe :
" Ouvre-moi, ma soeur, mon amie,
Ma colombe, mon immaculee;
Car ma tete est couverte de rosee,
Les boucles de mes cheveux sont trempe'es des gouttes de la nuit."
3 "J'ai ote ma tunique, comment veux-tu que je la remette.''
J'ai lave mes pieds, comment les salirais-je? '
4 Mon bien-aime a passe la main par le trou de la serrure,
Et mes entrailles se sont emues sur lui.
5 Je me suis levee pour ouvrir a mon bien-aime.
Et de mes mains a degoutte la myrrhe,
De mes doigts la myrrhe repandue sur la poignee du v.errou.
6 J'ouvre h mon bien-aime;
Mais mon bien-aime avait disparu, il avait fui.
J'etais hors de moi quand il me parlait.
Je sors pour le chercher, et ne le trouve pas;
Je I'appelle, il ne me repond pas.
7 Les gardes qui font la ronde dans la ville me rencontrent;
lis me frappent, ils me meurlrissent;
Les gardiens de la muraille m'enlevent mon manteau.
8 Je vous en conjure, filles de Jerusalem,
Si vous trouvez mon bien-aim^,
Que lui direz-vous? ...
Que je suis malade d'amour.
9 — Qu'a done ton bien-aime de plus que les autres,
O la plus belle des femmes.'
Ou'a ton bien-aime de plus que les autres.
Pour que tu nous conjures de la sorte?
14. Le safran, parfum trcs estime par les
Orientaux. — Le cinnamome entrait dans la
composition de I'huile sainte que Moise
prescrivit pour les oni^lions, Exode xxx, 2y,
de meme dans la composition des aromates
dont on se servait pour parfumer les appar-
tements et les lits de repos. Cf. Difl. de la
Bible.
15. Qui coitle du Liban. La \'ulg. ajoute,
ou interprcte, avec impcluosite. Mieux vaut
dire que ces eaux coulent pares et lim-
pides.
16. Rien de plus poeticjue et de plus
gracieux. — Que mon Bienainu' etc., c'est
evidemment I'Epouse qui prend la pa-
role : son Epoux doit jouir de ses char-
mes; elle est toute :\ Lui. " Mon jardin est
k Lui plutot qu';\ moi ... C'est le Christ qui
m'a creee, ornee, ordonnee, moi I'Eglise. "
(Corn, a Lap.)
CANTICUM CANTICORUM. Cap. IV, 14—16; V, 1—9.
429
14. nardus et crocus, fistula et cin-
namomum cum universis lignis Li-
bani, myrrha et aloe cum omnibus
primis unguentis. 15. Fons horto-
rum : puteus aquarum viventium,
quas fluunt impetu de Libano.
16, Surge aquilo, et veni auster,
perfla hortum meum, et fluant aro-
mata illius.
— :i:— CAPUT V. — :>—
ENIAT dilectus meus in
hortum suum, et comedat
fructum pomorum suo-
rum. Veni in hortum
meum soror mea sponsa, messui
myrrham meam cum aromatibus
meis : comedi favum cum melle
meo, bibi vinum meum cum lacte
meo : comedite amici, et bibite, et
inebriamini carissimi.
1. Ego dormio, et cor meum vi-
gilat : vox dilecti mei pulsantis :
Aperi mi hi soror mea. amica mea,
columba mea, immaculata mea :
quia caput meum plenum est rore,
et cincinni mei guttis noctium.
3. Exspoliavi me tunica mea, quo-
modo induar ilia? lavi pedes meos,
quomodo inquinabo illos? 4. Dile-
ctus meus misit manum suam per
foramen, et venter meus intremuit
ad tactum ejus. 5. Surrexi, ut ape-
rirem dilecto meo : manus meas
stillaverunt myrrham, et digiti mei
pleni myrrha probatissima. 6. Pes-
sulum ostii mei aperui dilecto meo :
at ille declinaverat, atque transierat.
Anima mea liquefacta est, ut locu-
tus est : quassivi, et non inveni il-
ium : vccavi,et non respondit mihi.
7. Invenerunt me custodes qui cir-
cumeunt civitatem : percusserunt
me, et vulneraverunt me : tulerunt
pallium meum mihi custodes muro-
rum, 8. Adjure vos fili^ Jerusalem,
si inveneritis dilectum meum, ut
nuntietis ei quia amore langueo.
9. Qualis est dilectus tuus ex di-
lecto, o pulcherrima mulierum?
qualis est dilectus tuus ex dilecto,
quia sic adjurasti nos?
CHAP. V.
1. Enivtcz-vousj s'enivrer en style bibli-
que, ce n'est pas toujours devenir ivre, au
sens que nous attachons a ce mot, mais
souvent c'est prendre part a un banquet
joyeux ou le vin coule abondamment.
L'Epoux s'adresse ici a ses compagnons,
aux paranymphes, et les invite a partager
sa joie.
V, 2 — VI, 3. L Epoiise raconte^ semble-t-il ,
un songe et elle cclcbre les charines de son
Epoux.
2. Comp. /mi/, v, 5 " L'amour est vigi-
lant, il s'assoupit et jamais ne s'endort." —
II frappe : " Oiivre-moi! ... Comp. ces pa-
roles de Notre-Seigneur : " Je me tiens a la
porte et je frappe." {Apoc. iii, 20.) — Que
celte Epouse, qui I'aime tant, lui ouvre aus-
sitot, car il a froid!
3. "Expoliavi me tunica ... Lavi pedes
meos : delicatte sponsas colorata excusatio."
(Bossuet.)
4. Vulg. Venter meus intremuit ad taftum
ejus, mes cntrailles se sont eiiiiies en Penten-
dani /rapper. Hebr. et LXX, se sont emties
a cause de lui, sur lui.
5. 6. Vulg. I\fes doigts etaient pleins de la
inyrrhe la plus prccieuse.
J^ai Icve le verrou de ma porte pour mon
Bien-aime. Le texte hebreu coupe la phrase
autrement. II s'agit de la myrrhe repandue
par I'Epoux sur la poignee du verrou et
d^coulant sur la main de I'Epouse lorsqu'elle
ouvre. Comparez a ce trait un usage des
Grecs et des Romains, auquel il est fait
allusion dans ces vers de Lucrece (iv,
1 171 suiv.) :
At lacrymans exclusus amator liinina scepe
Floribus et sertis operit, postesque superbos
Ungit amaracino, et foribus miser oscula figit.
6. La disparition de I'Epoux, ici encore,
(cf. iii, 2, 3) donne a I'Epouse I'occasion de
tdmoigner son amour intense et fidele par
des recherches pleines d'anxi^te, au mepris
de tous les perils.
7. Brutalement frappee, depouillee de son
manteau, elle ne se lamente pas de res
mauvais traitements, elle n'y attache aucune
importance, uniquement preoccupee de re-
trouver Celui qu'elle aime. La vehemence
de son affecflion est exprimee dans le ver-
set 8.
6. Qii\i done ton bien-aime de plus que les
autres. Vulg. ex dileclo, entre les bien-ai-
mh (?) la preposition hdbr. miii. exprime
plutot ici le comparatif.
430 LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Chap. V, ro-i6; VI, 1—9.
Chap. VI.
10 — Mon bien-aime est blanc et vermeil;
II se distingue entre dix mille.
1 1 Sa tete est de For pur,
Ses boucles de cheveux sont flexibles comme des palmes
Et noires comme le corbeau.
12 Ses yeux sont comme des colombes au bord des ruisseaux,
Se baignant dans le lait,
Posees sur des rives pleines.
13 Ses joues sont comme un parterre de baume,
Un carre de plantes odorantes;
Ses levres sont des lis
D'ou decoule la myrrhe la plus pure.
14 Ses mains sont des cylindres d'or,
Emailles de pierres de Tharsis;
Son sein est un chef-d'ceuvre d'ivoirc,
Couvert de saphirs.
15 Ses jambes sont de blanches colonnes de marbre,
Posees sur des bases d'or pur.
Son aspe(fl est celui du Liban,
Elegant comme le cedre.
16 Son palais n'est que douceur,
Et toute sa personne est pleine de charme.
Tel est mon bien-aime, tel est mon ami,
Filles de Jerusalem.
CHAP. VI.
E quel cote est alle ton bien-aime,
O la plus belle des femmes?
De quel c6t6 ton bien-aime s'est-il tourne,
Pour que nous le cherchions avec toi.''
2 — Mon bien-aime est descendu dans son jardin,
Au parterre de baume,
Pour faire paitre son troiipeaii dans les jardins
Et pour cueillir des lis.
3 Te suis a mon bien-aime, et mon bien-aime est a moi;
II fait paitre son iroupeaii parmi les lis.
4 Tu es belle, mon amie, comme Thirsa,
Charmante comme Jerusalem,
Mais terrible comme une armee en bataille.
5 D^tourne de moi tes yeux, car ils me troublent.
Tes cheveux sont comme un troupeau de chcvres
Suspendues aux tiancs de la montagne de Galaad.
6 Tes dents sont comme un troupeau de brebis
Qui remontent du lavoir;
Chacune porte deux jumeaux;
Aucune d'elles n'est sterile.
7 Ta joue est comme une moitic de grenade
Derricre ton voile.
8 II y a soixante reines, quatre-vingts concubines,
Et des jeunes tiUes sans nombre;
9 Une seule est ma colombe, mon immaculee,
L'unique de sa mere.
La prefdree de celle qui lui donna le jour.
10. Mon bien-aime est blanc ct vermeil.
Comparez Lam. iv, 7 :
Ses princes etaieut plus brillants que la iieige,
plus blancs que le lait,
I.eur corps plus rouge que le corail,
ieur couleur celle du sapliir.
11. Ses boucles de cheveux, Vulg. elatic,
mot grec, employe par les LXX, transporte
de la dans la Vulg.
12. Des colombes ... se baii^nanl dans le
lait, pour peindre une blancheur exquise.
13. Un carre de plantes odorantes, m. a m.
des pousscs de plantes aromatiqites. Vulg.
des parterres plantes par les parfttmeurs.
CANTICUM CANTICORUM. Cap. V, 10-17; VI, 1—9.
431
10. Dilectus meus candidus et
rubicundus, electus ex millibus.
II, Caput ejus aurum optimum :
comas ejus sicut elatas palma-
rum, nigrae quasi corvus. 12. Oculi
ejus sicut coJumbse super rivulos
aquarum, quas lacte sunt lotas, et
resident juxta fluenta plenissima.
i3.Genas illius sicut areolae aroma-
tum consitas a pigmentariis. Labia
ejus lilia distillantia myrrham pri-
mam. 14. Manus illius tornatiles
aureas, plenas hyacinthis. Venter
ejus eburneus, distinctus sapphiris.
15. Crura illius columnae marmo-
reas, quas fundatas sunt super bases
aureas. Species ejus ut Libani, ele-
ctus ut cedri. 16. Guttur illius
suavissimum, et totus desiderabi-
lis : talis est dilectus meus, et
ipse est amicus meus, filias Jerusa-
lem. 17. Quo abiit dilectus tuus o
pulcherrima mulierum.'^ quo decli-
navit dilectus tuus, et quasremus
eum tecum .f^
.1.
— :i:— CAPUT YI. — :>—
ILECTUS meus descen-
dit in hortum suum ad
areolam aromatum, ut pa-
scaturin hortis,et iiliacol-
igat. 1. Ego dilecto meo, et dilectus
meus mihi qui pascitur inter lilia.
3. Pulchra es amica mea, suavis,
et decora sicut Jerusalem : terribilis
utcastrorumaciesordinata.4.Averte
oculos tuos a me, quia ipsi me avo-
lare fecerunt. Capilli tui sicut grex
caprarum,quas apparuerunt de Ga-
laad. 5. Dentes tui sicut grex ovium,
quas ascenderunt de lavacro, omnes
gemellis foetibus, et sterilis non est
in eis. 6. Sicut cortex mali punici,
sic genas tuas absque occultis tuis.
7. Sexaginta sunt reginas, et octo-
ginta concubinas, et adolescentula-
rum non est numerus. 8. Una est
columba mea, perfecta mea, una est
matris suas, electa genitrici suas. Vi-
derunt eam filiae, et beatissimam
prasdicaverunt : reginae et concubi-
nas, et laudaverunt eam.
9. Quas est ista, quae progreditur
— Les Vevres sont des lis, des lis rouges,
fleur assez commune en Palestine.
14. C&s pierrcs precieuses de Tharsis sont
des chrysolithes, suivant les LXX et Flavius
Josephe.
15. De blanches colon ties de jnnrbre, pour
marquer I'elegance et la fermete.
16. Et toiite sa personne est plcitic de
chartne. hebr. m. a m. // est tout cnticr
charme. Comparez Ps. xlv, 3 (Vulg. xliv)
Speciosiis forma prce filiis Jiojninuin...
CHAP. VI.
2, 3. Pour f aire paitre son troupeau...;
Vulgate, poicr se nourrir datis les jardins,
et vers. 3, qtii se noiirrit pariiii les lis,
Rosenmiiller I'interprete par rassasier ses
yeux, son odorat. Les LXX ont traduit par
7ioi;j.aivj'.v, faire paitre; et il semble bien
que ce soit Ik le vrai sens, comma plus
haut, ii, 16.
VI, 4-9. LEpoHX, a son tour, celeb re les
cJiarnies de VEpouse.
4. Coinnie Thirsa. Les LXX et la Vulgate
ont pris ce nom propre pour un nom com-
mun [fiic, s'Loo/via, Vulg. suavis). Le nom de
cette villa signifie en effet " grace, beaute. "
M. V. Guerin et M. Legendre identifient
Thirsa avecTallouzah situee a quelques kilo-
metres N.-E. de Naplouse. Thirsa, ancienne
ville du pays de Chanaan, fut, avant Sama-
rie, la capitale du royaume des Dix tribus.
5. Detoiirne de nioi tes yeiix, car ils me
trouble/it. Ces derniers mots sont rendus
dans la Vulg. par " me avolare fecerunt, "
ils ni'ofit fait fiiir; c'est aussi le sens donne
par les LXX, mais la sens da troublcr est
meilleur. — Tes chevetix sont conune itn
troupeau de chevres etc. et vers. 6, 7. C'est
exa<^1:ement, avec les memes comparaisons,
dans les memes termes, le portrait de
I'Epouse trace precedemment iv, 1-3.
8. II y a soixante reines, quatre-vingts
C07icubines; concubines signifie femmes du
second rang, de condition inferieure. Ces
details sont empruntes aux moeurs de la
cour royale a cette epoque. Les chififres ne
doivent pas etre pris rigoureusement pour
un nombre precis, mais seulement pour
marquer un grand nombra. L'Epousa du
Cantique est distingue'e enlre toutes ces
femmes, et uniquement aimee.
432 LE CANTIQUE DP:S CANTIQUES. Chap. VI, 10—12; VII, i— 11.
Les jeunes tilles I'ont vue et I'ont proclamee bienheureuse;
Les reines et les concubines Font vue et I'ont loude.
10 Quelle est celle-ci cjui apparait comme I'aurore,
Belle comme la lune, pure comme le soleil,
Mais terrible comme une armee en bataille?
11 J'etais descendue au jardin des noyers,
Pour voir les herbes de la vallee,
Pour voir si la vigne pousse,
Si les s^renadiers sont en fleur.
12 Je ne sais, mais mon amour m'a fait nionter
Sur les chars de mon noble peuple.
CHAP, VII.
Ch. VII. P^lEVIENS, reviens, Sulamite,
Reviens, reviens, afin que nous te regardions.
— Que voulez-vous voir dans la Sulamite?
— Comme une danse de Machanaim.
2 Que tes pieds sont beaux dans tes sandales, fille de prince !
La courbure de tes reins est comme un collier,
CEuvre de mains habiles.
3 Ton sein est vme coupe arrondie,
Remplie d'un vin aromatise.
Ton corps est un monceau de froment
Entoure de lis.
4 Tes deux seiiis sont comme deux faons,
Jumeaux d'une gazelle.
5 Ton cou est comme une tour d'ivoire;
Tes yeux sont comme les piscines d'Hescbon,
Pres de la porte de cette ville populeuse.
Ton nez est comme la tour du Liban,
Qui surveille le cote de Damas.
6 Ta tete s'eleve comme le Carmel,
Les cheveux de ta tete sont comme la pourpre :
Un roi est enchaine a leurs boucles.
7 Que tu es belle, que tu es charmante,
Mon amour, au milieu des delices !
8 Ta taille ressemble au palmier,
Et tes seins a ses grappes.
9 J'ai dit : Je monterai au palmier,
J'en saisirai les rameaux.
Que tes seins soient comme les grappes de la vigne,
Le parfum de ton souffle comme celui des pommes,
Et ta bouche 'comme un vin exquis !...
10 — Qui coule aisement pour mon bien-aime,
Qui glisse sur les Icvres de ceux qui s'endorment.
11 Je suis a mon bien-aime,
Et c'est vers moi qu'il porte ses desirs.
VI, 10 — VIII, 4. Les chanties de la vie
iwuvelle des Epoux^ dans les sentinienis
d'ttn amour tendre et fort.
10. Ces paroles sont appliquees a la Vierge
Marie dans la liturgie de I'Eglise.
12. Mon amour in\i fait 7110 titer sur les
chars de mon tioble peuple, m. a m. mon
ame (mon desir) m'a mise (sur) les chars
de moti peuple, d''un noble. \'\x\g. mon ame
a dte toute troublee, a cause des chars d'Ami-
nadab. Les LXX ont aussi le nom propre
Aitiinadab. La syntaxe hebraique demande-
rait I'article devant Tadjecflif, si Ton traduit
tnon tioble peuple. Le texte de ce passage
parait altere; et les commentateurs ont beau-
coup de peine a le lier a ce qui precede et
a ce qui suit. Inutile de citer ici les innoni-
brables hypotheses, conjedlures, interpreta-
tions proposees .\ cet effet.
CHAP. VII.
I. Sulamite; c'est la premiere fois que ce
nom se presente pour designer I'Epouse.
CANTICUM CANTICORUM. Cap. VI, 10—12; VII, 8— 11. 433
quasi aurora consurgens, pulchra ut
luna, electa ut sol, terribilis ut ca-
strorum acies ordinata? 10, De-
scend! in hortum nucum, ut vide-
rem poma convallium,et inspicerem
si floruisset vinea, et germinassent
mala punica. 11. Nescivi : anima
mea conturbavit me propter quadri-
gas Aminadab.
I 2. Revertere, revertere Sulami-
tis : revertere revertere, ut intuea-
mur te.
— :i:— CAPUT VII. — :i:—
UID videbis in Sulamite,
nisi choros castrorum?
Quam pulchri sunt gres-
sus tui in calceamentis,
filia principis! Junctures femorum
tuorum, sicut monilia, quas fabri-
cata sunt manu artificis. 2. Umbili-
cus tuus crater tornatilis, nunquam
indigens poculis. Venter tuus sicut
acervus tritici, vallatus liliis. 3. Duo
ubera tua, sicut duo hinnuli gemelli
capreas. 4. Collum tuum sicut turris
eburnea. Oculi tui sicut piscinae in
Hesebon, quas sunt in porta filiae
multitudinis. Nasus tuus sicut turris
Libani, quae respicit contra Dama-
scum. 5. Caput tuum ut Carmelus:
et comas capitis tui, sicut purpura
regis vincta canalibus. 6. Quam pul-
chra es, et quam decora carissima,
in deliciis! 7. Statura tua assimilata
est palmas, et ubera tua botris.
8, Dixi : Ascendam in palmam, et
apprehendam fructus ejus : et erunt
ubera tua sicut botri vineas : et odor
oris tui sicut malorum. 9. Guttur
tuum sicut vinum optimum, di-
gnum dilecto meo ad potandum,
labiisque et dentibus illius ad rumi-
nandum. 10. Ego dilecto meo, et
ad me conversio ejus. 11. Veni di-
Jecte mi, egrediamur in agrum, com-
i
Dans quelques manuscrits des LXX il est
ecrit avec un v, au lieu du X ; de meme dans
I'ancience version italique, d'ou il a passe
dans la liturgie chrdtienne, Sunamitis. On
I'a explique par fille de Sunani, {Stiiiaiii,
aujourd'hui Stilavi, petite ville de la tribu
d'Issachar). Les modernes regardent plutot
ce nom comme symbolique : forme femi-
nine du nom de Salomon, il signifierait
Salomofiienne, ou bien, selon d'autres,
"la parfaite, I'integre, ou, conformement a
un autre sens de la meme racine, celle
qui possede, qui produit la paix, le conten-
tement." (Castelli.) — Comme tine danse de
Machanaim. Si le texte est exacSl, voila
encore une allusion qui nous ^chappe. Ce
nom propre (si e'en est un) signifie " Deux
camps. " S'agit-il de I'endroit dont parle la
Genese, xxxii, 2?
2. Comme il est question de datise dans
le verset precedent, I'eloge de I'Epouse, la
description de sa beaute, commence cette
fois par les pieds. Dans les comparaisons
suivantes, qui sont marquees au coin du
genie oriental, inutile de chercher pour
chaque image un sens tres precis, et d'en
vouloir faire dans le detail une applica-
tion mystique. Comme Bossuet le remar-
que avec beaucoup de tacft, il est plus con-
venable de placer tous ces eloges dans
la bouche des jeunes filles qui composent
le choeur.
N-O 23 — LA SAINTE BIDLE. TOME IV. — 28
4. Tes deux seiiis, voyez iv, 5 et la note.
5. Heseboti^ ville importante au N. E. de
la mer Morte.
6. Les cheveux de ta tete sont comme la
pourpre, etc. " La pourpre des anciens etait
de nuances varices, qui allaient depuis le
rouge eclatant jusqu'au violet sombre se
rapprochant du noir. Cast de cette derniere
teinte qu'il est ici question. " La Vulg. a
compris et coupe autrement : Comme la
pourpre du rot lice (dans) les ca?iaux (ou on
la teint). Le mot hdbreu rahat signifie en
effet canal; mais ici, ou il ne saurait avoir
ce sens, on le traduit ordinairement par
tresses ou boucles de cheveux.
7. Moti amour, m. a m. amour; c'est un
mot abstrait employ^ pour de'signer, au sens
concret, I'objet de I'amour, la bien-aimee;
cette expression s'est d^jk rencontree pre-
cedemment.
9. Cette image, venant apres ce qui pre-
cede, exprime les chastes embrassements
de I'Epoux. Cf. Prov. v, 18, 19. Laetare cum
muliere adolescentias tuae... ubera ejus ine-
brient te... in amore ejus deledtare jugiter.
10. Qui coule aise'fuent. L'Epouse inter-
rompt I'Epoux et continue la phrase com-
mencee, comme I'indique le mot suivant.
11. Vulgate. Ad me conversio ejus, c^est
vers moi quHl se tour?ie. C'est le meme mot
que Gen. iv, 7 ou la Vulgate le traduit par
appetitus, desir.
434 LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Chap. VII, 12— 14: VIII, i—ii.
12 Viens, mon bien-aime, sortons dans les champs,
Passons la nuit dans les villages.
13 Des le matin nous irons aux vignes,
Nous verrons si la vigne bourgeonne,
Si ses bourgeons se sont ouverts,
Si les grenadiers sont en fleurs,
La je te donnerai mon amour.
14 Les mandragores font sentir leur parfum,
Et nous avons a nos portes tous les meilleurs fruits,
Nouveaux et vieux :
Mon bien-aime, je les ai gardes pour toi.
Ch. VIII.
CHA]\ VIIL
H! que n'es-tu mon frere!
Que n'as-tu suce le sein de ma mere!
Te rencontrant dehors, je t'embrasserais,
Sans m'attirer le mepris.
2 Je voudrais t'amener, t'introduire dans la maison de ma mere,
Pour y recevoir tes legons,
Et je te ferais boire le vin aromatise,
Le jus de mes grenades.
3 Sa main gauche soutient ma tete,
Et sa droite me tient embrassee.
4 — Je vous en conjure, fiUes de Jerusalem,
Ne reveillez pas, ne reveillez pas la bien-aime'e,
Avant qu'elle le veuille.
5 — Quelle est celle-ci qui monte du desert,
Appuy^e sur son bien-aime?
— Je t'ai reveillee sous le pommier,
Voila I'endroit ou ta mere t'a enfantee;
C'est la qu'elle t'a enfantee, qu'elle t'a donn^ le jour.
6 Mets-moi comme un sceau sur ton coeur,
Comme un sceau sur ton bras;
Car I'amour est fort comme la mort,
La jalousie est inflexible comme le sejour des morts.
Ses ardeurs sont des ardeurs de feu,
Une flamme de Jehovah.
7 Les grandes eaux ne sauraient eteindre I'amour,
Ni les fleuves le submerger.
Qu'un homme veuille acheter I'amour au prix de toutes les richesses de sa maison,
II ne recueillera que la confusion.
8 Nous avons une petite soeur,
Qui n'a pas encore de mamelles.
Que ferons-nous a notre soeur
Le jour ou on la recherchera?
9 — Si elle est un mur.
Nous lui ferons des creneaux d'argent;
Si elle est une porte,
Nous la fermerons avec des ais de cedre.
10 — Je suis un mur, et mes seins sont comme des tours,
Aussi ai-je ete k ses yeux comme celle qui trouve la paix.
11 — Salomon avait une vigne k Baal-Hamon;
II remit la vigne a des gardiens,
Et pour son fruit chacun lui doit payer mille sides d'argent.
. 12, 13. L'Epouse invite I'Epoux a fuir le
tumulte de la ville, ou leur amour est mal a
I'aise au milieu de tant de visages affaires,
curieux ou indifferents; elle le presse de
venir dans les champs, oii ils jouiront tous
deux du calme de la solitude et des charmes
du printemps. — Mon amour, la Vulgate
traduit encore ici par libera, cf. i, 2.
14. Les inandras^ores . Plante de la famille
des Solanacees. Comme le nom hebreu Tin-
CANTICUM CANTICORUM. Cap. VII, 12—13; VIII, i— 11. 435
moremur in villis. 12. Mane surga-
mus ad vineas, videamus si floruit
vinea, si flores fructus parturiunt,
si floruerunt mala punica : ibi dabo
tibi ubera mea. 13. Mandragoras
dederunt odorem. In portis nostris
omnia poma : nova et vetera, dile-
cte mi, servavi tibi.
— :>— CAPUT VIII. — -—
UIS mihi det te fratrem
meum sugentem ubera
matris meas, ut inveniam
te foris, et deosculer te,
et jam me nemo despiciat? 2. Ap-
prehendam te, et ducam in domum
matris meas : ibi me docebis, et dabo
tibi poculum ex vino condito, et
mustum malorum granatorum meo-
rum. 3. L«va ejus sub capite meo,
et dextera illius amplexabitur me.
4. Adjuro vos filiae Jerusalem, ne
suscitetis, neque evigilare faciatis
dilectam donee ipsa velit.
5. Quas est ista, quas ascendit de
deserto, deliciis affluens, innixa su-
per dilectum suum? Sub arbore malo
suscitavi te : ibi corrupta est mater
tua, ibi violata est genitrix tua.
6. Pone me ut signaculum super cor
tuum, ut signaculum super bra-
chium tuum : quia fortis est ut mors
dilectio : dura sicut infernus asmu-
latio, lampades ejus lampades ignis
atque flammarum. 7. Aquas multas
non potuerunt exstinguere carita-
tem, nee flumina obruent illam : si
dederit homo omnem substantiam
domus suas pro dilectione, quasi
nihil despiciet eam.
8. Soror nostra parva, et ubera
non habet : quid faciemus sorori
nostras in die quando alloquenda
est? 9. Si murus est, asdificemus su-
per eum propugnacula argentea : si
ostium est, compingamus illud ta-
bulis cedrinis, 10. Ego murus : et
ubera mea sicut turris, ex quo facta
sum coram eo quasi pacem reperiens.
II. Vinea fuit pacifico in ea, quae
dique {douday, cf. dod^ amour) cette plante
etait, a une epoque ties ancienne, comme
elle I'est encore aujourd'hui en Orient, le
symbole de I'amour et de la fecondite.
Voyez, par exemple, Gen. xxx, 14.
CHAP. VIII.
I. L'Epouse voudrait que son Bien-aime
flit son frere, ne de la meme mere; alors
elle pourrait lui prodiguer les caresses en
toute liberte, sans craindre les interpreta-
tions mechantes et les railleries.
3. Ce verset est la repetition de ii, 6.
4. Voyez ii, 7 et iii, 5.
VIII, 5-7. Les Epoux se promettent
un attachemetit eternel.
5. Comparez ce debut a celui de vi, 10. —
" En se promenant, les Epoux mystiques
rencontrent un arbre qui leur rappelle
d'emouvants souvenii^s. C'est Ik qu'ils avaient
echange leurs premieres paroles d'amour...
Ibi corncpta ... La Vulg. doit se ramener a
I'hebreu, qui dit beaucoup plus clairement :
Oest la que ta mere fa enfanie'e. " (Fillion.)
6. Mets-moi comme un sceau sur ion
coeur. " C'est I'Epoux qui continue a parler.
Anciennement on portait des cassolettes
sur le sein, et des bracelets assez larges sur
les bras. Ces cassolettes et ces bracelets
etaient ornes de figures et de gravures. "
(Dom Calmet.) D'autres I'entendent du ca-
chet, dont on se sert pour apposer sa signa-
ture a une piece et qui joue un tres grand
role chez les Orientaux encore aujourd'hui.
6, 7. Magnifiques images et metaphores
pour marquer la force de I'amour. Elles ne
sont vraies que de I'amour pur, et de celui
surtout qui s'eleve tout a fait au-dessus des
sens, de I'amour spirituel. Car rien, au con-
traire, n'est plus volage et fragile que
I'amour charnel.
VI 1 1, 8-14. LEpouse vajouir avec V Epoux
dhaie f elicits sans fin.
Ce passage jusqu'k la fin du poeme est
bien obscur, et le lien des idees bien diffi-
cile a marquer.
8. C'est probablement I'Epouse qui, au
sujet de sa jeune soeur, consulte I'Epoux,
lui temoignant par la une entiere confiance.
9. " Toutes ces manieres de parler mar-
quent qu'il faut la marier. Une fille a ma-
rier, une femme sans mari, est comme un
mur sans tours et sans defense... II lui faut
un homme riche, puissant, illustre, qualites
figurees par les tours ou les creneaux d'ar-
gent." (Dom Calmet.)
II. "C'est ici une ficftion poetique, ou
I'Epoux sous la personne d'un homme de
436 LE CANTIQUE DES CANTIQUES. Chap. VIII, 12—14.
12 La vigne qui est a moi, j'en dispose :
A toi, Salomon, les mille sides,
Et deux cents aux gardiens de ses fruits.
13 — Toi qui habites les jardins,
Les compagnons pretent I'oreille a ta voix,
Daigne me la faire entendre.
14 — Cours, mon bien-aime,
Et sois semblable a la gazelle ou au faon des biches,
Sur les montagnes des aromates!
campagne, compare son bien a celui du roi
Salomon, et dit qu'il ne donnerait point sa
vigne, (il entend son Epouse) pour toutes
celles de Salomon." (id.)
12. " La vigne de Salomon represente la
Synagogue; et la vigne de I'Epoux, I'Eglise
chrdtienne. Que Salomon vante la beaute
et la fertilite de sa vigne tant qu'il lui
plaira... qu'il loue son antiquite, son eten-
due, sa beaute : on ne lui envie aucun de
ces avantages." (id.)
13. L'Epoux desire entendre, dans le
calme et le silence des jardins, la voix tres
douce de la Bien-aimee.
14. C'est probablement une chanson
chantee par I'Epouse, a la priere de son
Bien-aime; et c'est, en meme temps, une
invitation a fuir plus loin et plus haut
dans la solitude, au milieu des parfums :
" Nescit habitare, nisi in sublimitate vir-
tutum ; nescit commorari, nisi in talibus
Ecclesias filiabus, qu^e possunt dicere :
" Christi bonics odor swnus." (S. Ambroise,
1. \U.de Vtrg.)
L'exposition des anciens est encore ici la
plus satisfaisante. Toute cette fin du canti-
que a une signification eschatologique par
rapport a ses premiers lefleurs.
CANTICUM CANTICORUM. Cap. VIII, 12—14.
437
habet populos : tradidit earn custo-
dibus, vir afFert pro fructu ejus
mjlle argenteos. 12. Vinea mea co-
ram me est. Mille tui pacifici, et
ducenti his, qui custodiunt fructus
ejus. 13. Quas habitas in hortis,
amici auscultant : fac me audire
vocem tuam. 14. Fuge dilecte mi,
et assimilare capreae hinnuloque
cervorum super montes aromatum.
1° Les freres de I'Epouse [la Synagogue]
d^lib&rent entre eux du mariage de leur
jeune soeur. Le trait carafleristique de cette
union, c'est la haute fortune dont par elle
va jouir cette jeune soeur. Ce progrcs, cette
perfe^ion sont compares k des crdneaux,
k un palais d'argent qu'on eleverait par
dessus des murs de pierre; ou encore a une
porte pour laquelle on sculpterait des bat-
tants en cedre. Ces images sont d'autant
mieux ad rem que I'Epouse n'est pas une
personne, mais une societe, la cite de Dieti.
Tout cela est une prophetie de VEglise batie
par dessus la Synagogue par le Verbe incar-
nc. (ler moment de I'exaltation de TEpouse.)
2° Ce qui suit (10-13) ddcrit la condition
de VEglise inilitafite, telle que les paraboles
du N. T. et en particulier celle de la vigne
nous la font connaitre. C'est une vigne qui
donne des fruits k son maitre et aux ouvriers
qui la travaillent. Cfr. Matt, xx, xxi, et loc.
^2ir.',Joa?t. iv, 35-38. (2^ moment de I'union
definitive.)
30 Apres la transit, du v. 13, qui est un
appel de I'Epoux invitant I'Epouse au repos
eternel, c'est au v. 14 la reponse de I'Epouse
qui s'elance sur les traces de I'Epoux vers
le ciel. — DEglise triomphante. (3^ moment
ou consommation de I'union.)
n
M
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'^'^'^':.W- '^ ^" W- W- W- 'i^W^ W- '^' W- ^' '^'- ^ ^- '^ -^ '^- 1^ ^ ^ -^ :<^ ^ 1^' ■<j^ W- %£ %: :<»: :<?>: M :<?>: ■<g ^ :<?>;
311X1 imiiir-
lie liilire be la Haitrssc^
.1.
•I*
Intrndiictiaiu
I.
LE titre de ce livre, dans la ver-
sion des Septante, est : 2o©ia
lotXcoiJiorjrot; ou 2a/wa(6v. De
meme, dans la version syriaque, il est
intitule : Liber magnce Sapientics Sa-
lomonis, filii David. Plusieurs Peres
des premiers siecles le citent egale-
ment sous ce titre. Neanmoins St Je-
rome le traite de pseiidt'pigraphe,
('lEu^STTtypa^oc), et St Augustin, re-
marquant que ce titre n'est donne a
cet ouvrage qu'a raison d'une cer-
taine ressemblance, qitadam similitn-
dine (Do6l, christ. ii, 8), avec les
livres de Salomon, dit formellement
ailleurs (de Civ. Dei xvii, 2o) : " Non
esse ipsius non dubitant do6liores. "
■ — La Vulgate a6luelle a retranche
dans le titre le nom de Salomon, et
le nomme simplement : Liber Sapi en-
tice. Cette suppression se trouvait
deja dans les Canons scripturairesdes
Conciles de Trente, de Florence, etc.
Le but de I'ouvrage nous est indi-
que par le titre meme. Faire connai-
tre la Sagesse dans sa source, dans
ses oeuvres, dans les fruits qu'elle
apporte a ceux qui pratiquent ses
preceptes. C'est, en effet, tout d'abord
de la Sagesse pratique qu'il s'agit, de
la Sagesse communiquee a I'homme,
par laquelle il connait Dieu et les
commandements qu'il lui impose
pour atteindre sa fin. Mais, de la no-
tion de Sagesse participee, I'auteur
s'eleve a celle de la Sagesse increce,
qui se revele par ses oeuvres et par la
Providence qui preside au gouverne-
ment des creatures. Penetrant meme
plus profondement dans la nature de
Dieu, I'auteur inspire nous fait entre-
voir des Personnes subsistant dans
cette nature : le Verbe de Dieu et
son Esprit-Saint se manifestant par
leurs operations divines. St Paul
{Hebr. i) appliquera les paroles me-
mes de la Sagesse au Verbe de Dieu.
" La Sagesse est le souffle de la puis-
sance de Dieu, une pure emanation
de la gloire du Tout-Puissant. El'le
est le resplendissement de la lumiere
eternelle, le miroir sans tache de I'ac-
tivite de Dieu, et I'image de sa bonte.
Etant unique, elle peut tout; restant
la meme, elle se repand dans toutes
les ames saintes, et en fait des amis
de Dieu " {Sag. vii, 25-27).
La divinite, la personnalite du
Saint-Esprit sera egalement devoilee
dans ces pages dont les clartes an-
noncent deja les grandes revelations
du Nouveau Testament : " L'Esprit-
Saint remplit tout I'univers...; il fuit
la duplicite et se retire de I'ame per-
verse..., il aime les hommes (Ch. i).
"J'ai prie, et I'Esprit de Sagesse est
venu en moi " (vii, 7). " Qui pourra
connaitre votre pensee. Seigneur, si
du haut du ciel, vous ne lui envoyez
votre Esprit-Saint" (ix, 17)? Ces pas-
sages, qu'on pourrait multiplier, sont
si explicites, que quelques auteurs,
hostiles a toute idee de revelation,
n'ont pas craint d'y soupconner les
retouches d'une main chretienne.
II.
Le livre de la Sagesse se divise
naturellement en deux parties : I'une
theorique (ch. i-ix), I'autre historique
(ch. x-xix).
La premiere, plus dida6lique, con-
sidere la Sagesse en elle-meme et
dans ses effets sur Tame. La deuxieme
fait connaitre ses oeuvres exterieures:
les bienfaits qu'elle prodigue a ses
serviteurs, les chatiments dont elle
frappe ses ennemis.
LE LIVRE DE LA SAGESSE.
439
On peut distinguer, dans ces gran-
des lignes :
D'abord, dans la partie theorique
(ch. i-v), la Sagesse nous montre la
fin a obtenir, c'est-a-dire, la bienheu-
reuse immortalite; puis (ch. vi-ix),
elle se fait notre guide, a travers cette
vie, en se revelant a nous, pour nous
conduire au but desire.
Dans la partie historique, la Sagesse
nous apparait : i° (ch. x-xii), comme
source de salut et de chatiment. Pro-
te6lion du juste et punition de I'im-
pie : tel est le resume de ses oeuvres.
L'histoire sainte, depuis Adam jus-
qu'aux chatiments des Egyptiens et
des Chananeens prouve la these de
I'auteur. 2° (ch. xiii-xiv), comme
I'ennemie de I'idolatrie, source de
tous les chatiments. Digression sur
les origines du culte des idoles et ses
funestes consequences. 3o(ch.xv-xix),
comme I'auteur de la Providence
speciale qui a frappe I'Egypte ido-
latre et sauve Israel adorateur du
vrai Dieu.
III.
L'auteur, proprement dit, du livre
de la Sa£-esse ne peut etre Salomon.
Les autorites que nous avons deja
alleguees suffiraient a le prouver. On
ne peut opposer a cette assertion la
coutume ancienne de le mettre au
nombre des ouvrages de Salomon.
Quand on parlait des Qninque libri
Salofnonis on savait que cette for-
mule, adoptee par quelques conciles,
ne prejugeait en rien la question
d'authenticite.Ce qui importait,c'etait
inspiration, la canonicite, generale-
ment admise et defendue par ceux
memes qui niaient I'origine Salo-
monienne.
Les raisons de nier cette origine
sont tres fortes.
1° La Sagesse n'a pas ete origin ai-
rement ecrite en hebreu. Nul n'a
jamais parle d'un original dans cette
langue. De plus cet ouvrage est com-
pose en grec, il ne porte aucun ves-
tige de tradu6lion. S'il contient quel-
ques hebraismes, c'est que I'auteur,
juif pieux, etait nourri de la littera-
ture des h'vres saints. Salomon ne
peut done I'avoir ecrit.
2° Non seulemeiit la langue, mais
les idees, mais les doftrines refletent
la philosophie grecque et revelent
une epoque posterieure a Salomon
de 7 a 8 siecles. La lecture du livre
et du commentaire en fournira abon-
damment la preuve.
y^ Aucun juif n'a pense que la
Sagesse remontat a Salomon. lis I'ont
toujours repoussee de leur Canon, ou
plutot n'ont jamais songe a I'y inse-
rer, tant il est vrai, qu'a I'epoque de
sa composition, nul ne se meprit sur
I'origine du livre.
Quelques auteurs ont imagine une
opinion moyenne qui concilierait la
donnee du titre grec et syriaque ainsi
que I'opinion de quelques Peres avec
les arguments contre I'authenticite.
L'auteur, quel qu'il soit, aurait mis
en oeuvre d'anciens^rrzVi'de Salomon.
Cette opinion est nouvelle et sans
fondement. Si Ton se bornait a dire
qu'il a mis en oeuvre les idees de
Salomon, rien de plus naturel ; par
exemple, la premiere partie des Pj'o-
vei'bes, et c'est sans doute la raison
pour laquelle, des le chap, vi, l'auteur
se personnifie dans Salomon. Mais
alleguer des ecrits qu'Esdras eut
ignores, dont nul n'a jamais parle :
hypothese gratuite, a laquelle les
anciens auraient eu recours, si elle
avait eu quelque vraisemblance.
S'il est facile de refuser la compo-
sition de la Sagesse a Salomon, il est
difficile d'en assigner l'auteur.
St Augustin avait pense au fils de
Sirach, auteur de V Ecclesiastique.
Mais celui-ci a ecrit en hebreu, il a
vecu avant I'epoque ou fut compose
notre ouvrage. Les Retra^ations
(ii, 4) du saint docleur font justice
de cette opinion.
Zorobabel a ete mis en avant, mais
il n'aurait pas ecrit en grec, et les
juifs auraient mis son ouvrage darts
leur Canon.
%
^40
LE LIVRE DE LA SACESSE.
Philon, le juif, est trop recent, et la
Sagesse n'est pas de son style. Philon
I'ancien etait pai'en.
Le philosophe Aristobule, ami des
Ptolemee et leur flatteur, n'aurait
point parle aux rois comme I'auteur
de la Sag esse.
Aucun nom propre ne pouvant
convenir, il reste a dire que I'ouvrage
suppose un juif verse dans les lettres
et la philosophie grecques, vivant
dans un centre intelleftuel, qui ne
peut etre qu'Alexandrie, a une epo-
que de scepticisme et de corruption,
tels qu'il les depeint a chaque page
de son livre. Or nous savons que le
regne des Ptolemee, depuis 200 ans
environ avant J.-C, fut signale par
une recrudescence d'irreligion, d'im-
moralite, de persecution contre les
Juifs. L'auteur aura ecrit pendant ces
temps calamiteux, afin de premunir
ses compatriotes contre la corruption
du siecle, les exhorter a la patience
et les encouragerpar le souvenir des
bienfaits de Dieu dans le passe, et
I'esperance des biens futurs.
Ces considerations nous amenent
a placer la composition du livre de la
Sagesse, en Egypte, plus probable-
ment a Alexandrie, pendant le cours
du 2^ siecle av. J.-C.
IV.
Les controverses qui se sont ele-
vees, des les premiers siecles, au sujet
de la Sagesse, ont jete quelque doute
sur I'inspiration de ce livre. Quelques
Peres, malgre leur respe6l pour cet
ouvrage, et I'usage meme qu'ils en
faisaient, ont pense qu'il n'etait pas
destin^ a soutenir et a confirmer la
verite dogmatique, mais seulement a
edifier les fideles par sa leclure, Les
definitions des Conciles ont tranche
de bonne heure la question en faveur
de inspiration. Au 16^ siecle, les Pro-
testants I'ont renouvelee. Le Concile
de Trente, confirm<^ recemment par
celui du Vatican, a maintenu la tradi-
tion de I'Eglisequi a toujoursreconnu
la Sagesse pour un livre inspire.
La perpetuite et I'universalite de
cette tradition sont, en efifet, mani-
festes.
Les ecrivains du N. T., sans citer
expressement, lui empruntent plu-
sieurs passages et jusqu'aux expres-
sions elles-memes (Comp. Heb. i, 1-3
et Sap. vii, 26; Rom. i, 20-32 et Sap.
xiii-xvi; Rom. ix, 21 sv. et Sap.
XV, 17-xii, 20 etc. etc.; voir le Com-
mentaire). Ces rapprochements prou-
vent que St Paul, non plus que
St Pierre, et St Jacques ne considerait
pas la Sagesse covavaQ un livre profane.
La tradition des Peres est plus
explicite. A partir de St Clement
Remain, ils citent expressement.
Avec Clement d'Alexandrie la Sa-
gesse est alleguee comme livre divin,
et cela au lieu meme ou il a du etre
compose. Tous les Peres grecs, sans
excepter ceux qui admettent quelque
doute au sujet de son inspiration,
par ex. St Athanase, la citent comme
un livre sacre et un temoignage scrip-
turaire. Les Peres latins, si Ton ex-
cepte St Jerome, trop partisan du
Canon palestinien, n'hesitent pas
davantage a admettre et meme a
defendre son inspiration. St Augus-
tin, qui ne reconnait pas Salomon
pour auteur, en revendique energi-
quement I'inspiration vis a vis des
semipelagiens.
Les Conciles, a partir de celui
d'Hippone (393), les lettres et les
decrets des Papes, les anciens Canons
scripturaires, comme celui de Mura-
tori, mettent la Sagesse au nombre
des livres inspires.
La tradition de I'Eglise est evi-
dente, au point que les premiers pro-
testants, Luther en tete, ne la con-
testaient pas. Depuis, dans notre sie-
cle surtout, le terrain de la tradition
n'etant pas favorable, on a allegue
des erreurs qui ne peuvent, dit-on, se
concilier avec la parole de Dieu.
Nous en dirons un mot seulement en
terminant.
L'auteur de la Sagesse est accuse
de meconnaitre la creation ex nihilo
LE LIVRE DE LA SAGESSE.
441
(xi, i8); d'enseigner la preexistence
des ames (viii, 19-20); d'admettre la
corruption du corps comme cause du
peche (i, 4; viii, 20; ix, I5);de donner
dans les erreurs de I'emanatisme
(vii, 25), etc. Ces accusations, on les
trouvera refutees dans le Commen-
taire. Elles trouvent leur source dans
une exegese defeftueuse des passa-
ges incrimines.
Les faits racontes touchant les
plaies d'Egypte sont aussi I'objet de
recriminations. Pour n'etre pas tous
contenus dans les recits de I'Exode,
ils peuvent etre fondes sur une tradi-
tion connue de I'auteur et consignee
dans son oeuvre.
Outre letexte grec,nous possedons
de la Sagesse I'ancienne version la-
tine du 1 6'" ou du 2^ siecle, contenue
dans la Vulgate; la version syriaque,
et quelques autres versions moins
anciennes. On a suivi dans cette tra-
du6lion le texte officiel public en 1 586
par le Pape Sixte-Quint, d'apres le
manuscrit du Vatican. Quelques pas-
sages qui existent dans la Vulgate,
mais ne se trouvent pas dans les
manuscrits grecs, ont ete mis entre
crochets, v. g. II, 8, etc.
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M
PREMIERE PARTIE.
^
Avantages de la sagesse
consideree theoriquement [Ch. I
IX].
§ I.— LA SAGESSE CONDUIT A LA BIENHEUREUSE IMMORTALITY
[I-V].
CHAP. I. — C'est par la purete morale qu'on arrive a la sagesse
[vers. I — lo]. Le peche amene le chatiment et la mort[ii — i6].
^^^P- ^- !E^^^^^^ Imez la justice, vous qui
etes les juges de la terre ;
que vos pensees sur le
Seigneur soient selon la
5' droiture, et cherchez-le
d'un coeur sincere. ^Car il se laisse
trouver par ceux qui ne le tentent
point, et il se manifeste a ceux qui
se confient en lui. 3 En effet, les pen-
sees perverses separent de Dieu, et
sa puissance convainc de folie les
insenses qui la mettent a I'epreuve.
4 La sagesse n'entre pas dans une
ame qui medite le mal et n'habite
pas dans un corps esclave du peche.
sL'Esprit-Saint, educateur (ies hovi-
incs, fuit I'astuce, il s'eloigne des
pensees depourvues d'intelligence et
se retire de I'ame a I'approche de
I'iniquit^. ^En effet, I'Esprit de sa-
gesse aime les hommes, et il nc laisse
pas impuni le blasphemateur pour
ses discours impies, car Dieu est le
temoin de ses reins, le veritable scru-
tateur de son coeur, et il entend ses
paroles. 7 Car I'Esprit du Seigneur
remplit I'univers, et lui qui con-
tient tout, entend tout ce qui se dit.
CHAP. I.
Vers. I. La justice, dans le sens le plus
large de ce mot, la droiture morale en ge-
neral, c.-k-d. la conformite des pensi^es et
des actions a la volonte de Dieu, h. sa loi,
en d'autres termes, la sagesse theorique et
pratique. — Les juges de la terre, ce sont
les rois : dans la pensee des Hebreux, I'ad-
ministration de la justice est une fonclion
de souverain : comp. Exod. ii, 14; I Sam.
viii, 20; I Rois, iii, 9. — Dans la droiture
d'une ame bonne, parallele ii simplicite de
caur.
Ce i^"^ verset resume tout le livre, qui
recommande la justice, c'est-a-dire la sa-
gesse, a tous les hommes, mais principale-
ment aux rois.
2. Tenter Dieu, en general, c'est douter de
sa puissance, de sa justice ou de son amour;
ici, pour le parall^lisme avec le vers, i, c'est
de plus le mettre k I'epreuve, de defter sa
justice vindicative. — // se manifeste, par
une acflion illuminante et sanctifiante :
coiw'p. Jean, xiv, 21 sv. — A ceux qui s'aban-
donnent k lui avec une confiance filiale.
3. Les pensees perverses (par ex. ii, i sv.
xi, 16) separent de Dieti, font que Dieu
retire ses lumieres et son assistance. —
Convainc de folie par le chatiment qui les
frappe ; d'autres, pufiit. — Les insenses :
dans les livres sapientiaux, la. folie est oppo-
^S?£^^^^^^^^^HH^^.^^^^^^fg^
rTiiTTTriiiiiiiiiiiiiiimiiiiinTTTiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniTiiinTiiiriTigiiiiiiriiiiii
liifiEi: JSapientiae.
.1.
rritiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiTiiiiiiiiiiiTiiiTiiiirmiiiTtiTiiTiiiiirTinii m 1 1 1 r 1 1 irrrrnn
Wf^WWWWWWWWWWWWWWWWWWW
— *— CAPUT I. — *—
Judices sint justi : Dominus invenitur si
simplici corde et fide quaeratur, fugit au-
tem a peccatoribus et vanis cogitationi-
bus : cumque omnia repleat, nihil eum
latere potest : murmuratio, detraclio, et
mendacium detestanda : omnia fecit Deus
ad vitam, non mortem intendens, quam
sibi peccatores accersierunt.
ILIGITE ''justitiam,qui
judicatis terram. Sentite
de Domino in bonitate,
et in simplicitate cordis
quasrite ilium : 2. *quo-
niam invenitur ab his, qui non ten-
tant ilium : apparet autem eis, qui
fidem habent in ilium : 3. perversas
enim cogitationes separant a Deo :
probata autem virtus corripit insi-
pientes. 4. Quoniam in malevolam
animam non introibit sapientia, nee
habitabit in corpora subdito pecca-
tis. 5. Spiritus enim sanctus disci-
plinas effligiet fictum, et auferet se
a cogitationibus, quae sunt sine in-
tellectu, et corripietur a superve-
niente iniquitate. 6. ^'Benignus est "^Gai. 5, 22.
enim spiritus sapientiae, et non libe-
rabit maledicum a labiis suis : '^quo- .^jer. 17,10.
niam renum illius testis est Deus,
et cordis illius scrutator est verus,
et linguas ejus auditor. 7. "Quo- ^is. 6, 3.
niam spiritus Domini replevit or-
bem terrarum : et hoc, quod conti-
see a.\asao-esse;\es insenses sont les impies
et les pecheurs qui, n'ayant pas I'intelligence
de leur bien veritable, courent a leur perte :
comp. Prov. ii, 6; x, 21; xxiv, 9; Jug. xx, 6;
1 1 Sa/n. xiii, 13. — Qui la 7netietit a Vepreuve,
qui defiant Dieu de les punir.
4. Ame, corps : chacun de ces mots desi-
gne ici I'homme tout entier. — Esclave,\\\.i.
engage, assiijetti au peche, comme le debi-
teur vis-a-vis de son creancier.
5. L^ Esprit- Saint, sans article en grec,
ce qui indique un nom propre et insinue la
personnalite du Saint-Esprit, qui sera plei-
nement rdvelee dans I'Evangile : comp.
Matth. i, 18, 10; Jean, xx, 22; ^^. ii, 4. Dans
les livres plus anciens, ce mot est accom-
pagne de I'article, par ex. Ps. li, 13; Is.
Ixiii, II. — Uastuce, le mal en tant qu'il
dissimule sa nature mauvaise, et seduit les
simples par ses faux attraits. — Y^&'s, pensees
depourvues d'' intelligence sont les memes
que les pensees perverses du vers. 3. — A
Papproche de Vitiiquite : comp. Geti. vi, 3;
Is. Ixiii, 10; Ephes. vi, 30.
6. Eti effet I'Esprit de sagesse aime
les hommes : plusieurs regardent ce mot
comme une simple copule; d'autres I'expli-
quent ainsi : le mal dans le coeur de I'homme
en bannit la sagesse, car plus elle a d'amour
pour I'homme, moins elle peut souffrir ce
qui defigure sa creature et I'empeche d'at-
teindre sa fin; elle la chatie done pour la
ramener dans la voie du bien. Comp. Prov.
iii, 1 1 ; Hebr. xii, 4 sv. — L Esprit de sagesse.
Les meilleurs manuscrits grecs lisent aooi'a
sagesse, au nominatif, et cette lecon est
suivie par S. Augustin; sens : la sagesse est
un esprit qui aime les Jioninies. — Ses reins,
ses sentiments les plus intimes. — So7t
cceur, ses pensdes. — Le veritable scruta-
teur, ce\u'\ a qui convient justement cenom,
et qui en realise pleinement I'idee. — Ses
paroles : la gradation est descendante.
7. D Esprit du Seigneur remplit Vttni-
vers : la meme chose est dite aussi de la
sagesse vii, 24; viii, i. Dans tout ce passage,
les deux noms semblent mis I'un pour I'autre
et expriment la meme idee. La theologie
chretienne explique tres bien cet emploi :
I'Esprit du Pere est aussi I'Esprit du Fils
(de la Sagesse comme personne divine). —
Qui contient tout, qui fait que tons les Ele-
ments du cosmos se tiennent et ne retour-
nent pas a la confusion du chaos primitif.
Le tradufleur latin a conserve le neutre du
grec (TTViuij.a), hoc quod continetj il aurait
fallu, hie (spiritus) qui contiftef. — Tout ce
qui se dit, soit de bouche, soit meme de
coeur : I'auteur a specialement en vue les
blasphemes des impies. Dans I'office de la
444
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. I, 8—16; II, 1—4.
Chap. II.
^Aussi celui qui tient des discours
impies ne saurait raster cache, ni
echapper au chatiment de la justice.
9 Car les pensees des impies seront
examinees ; la connaissance de ses
paroles arrivera jusqu'a Dieu pour le
chatiment de ses iniquites i^Une
oreille jalouse entend tout et le bruit
des murmures ne lui echappe pas.
iiGardez-vous done de ces mur-
mures inutiles, et preservez votre
langue du blaspheme ; car la parole
la plus secrete ne sortira pas impu-
nement de vos levres, et la bouche
qui ment donne la mort a I'ame.
12 Ne courez pas apres la mort par
les egarements de votre vie, et n'at-
tirez pas sur vous la perdition par les
oeuvres de vos mains. ^sCar Dieu n'a
pas fait la mort, et il n'eprouve pas
de joie de la perte des vivants. ^4 II a
cree toutes choses pour la vie ; toutes
les creatures sont salutaires ; il n'y a en
elles aucun principe de destru6lion,
et la mort n'a pas d'empire sur la
terre. ^sCar la justice est immortelle.
16 Mais les impies appellant la mort
du geste et de la voix; la regardant
comme une amie, ils se passionnent
pour elle; ils font alliance avec elle,
et ils sont dignes, en effet, de lui
appartenir.
CHAP. II. — Maximes et raisonnements des impies touchant la destinee
humaine [vers, i — 20]. Refutation de ces maximes [21 — 25].
de nos narines est une fumee, et notre
pensee une etincelle qui jaillit au
battement de notre cceur. sQu'elle
s'eteigne, notre corps tombera en cen-
dres et I'esprit se dissipera comme
I'air leger. 4 Notre nom tombera dans
I'oubli avec le temps, et personne ne
gardera le souvenir de nos oeuvres.
Notre vie passera comme un reste de
nuee ; elle se dissipera comme un
iLS se sont dit les uns aux au-
tres, dans I'egarement de leurs
pensees : " II est court et triste
le temps de notre vie et, quand vient
la fin d'un homme, il n'y a point de
remede; on ne connait personne qui
soit revenu du sejour des morts. ^Le
hasard nous a amenes a I'existence,
et apres cette vie nous serons comme
si nous n'avions jamais ete; le souffle
Pentecote, I'Eglise applique au don des
langues les mots scientiam habet vocis : ce
n'est qu'une simple accommodation.
9. Les pensees ou les dcsseins. — Jusqu 'd
Dieu : comp. Jacq. v, 4.
10. Utie oreille jalouse, I'oreille d'un Dieu
jaloux de la fidelity de son peuple ; litt. une
oreille de Jalousie, xeWo. f\W&r\ a la jalousie,
comme on dit Pa'il de lafoi. — Murmures
blasphematoires, occasionnds par les mal-
heurs des Juifs k cette epoque; Dieu sem-
blait les avoir abandonnes, et plusieurs
niaient sa providence; quelques-uns meme
allaient jusqu'k I'apostasie.
11. Inutiles, c.-k-d. mauvais, funestes :
litote. Ce mot est souvent employe dans ce
sens : comp. Matth. xii, 36; Ep/ie's. v, 11;
Tit. iii, 9; Phile'fn. ii; H3r. xiii, 17. —
Blasphhne, litt. ditraH^ionj le contexte indi-
que que Dieu en est I'objet. — Parole se-
crete, dite dans I'intimite. — Qui ment : le
mensonge est pris ici dans le sens tres ge-
neral de parole coupable, injuste. — La
tnort spirituelle.
12. Ne courez pas : ironie (comp. Prov.
viii, 36); aux yeux d'un homme sense, les
mechants se comportent comme s'ils desi-
raient la mort; ils prennent plus de peine a
satisfaire leurs passions et h. se perdre,
qu'ils n'en auraient k les combattre et a se
sauver. La mort dont il s'agit ici est la mort
spirituelle et par suite le chatiment reserve
au pecheur apr^s la vie presente. Ce chati-
ment, I'auteur I'appelle mort ou perditio7t
(comp. vers. 11; iv, 19), non parce que
I'ame coupable sera rdellement aneantie,
mais parce que I'etat de souffrance et de
misere oii elle sera reduite pent etre nom-
mee une mort, en comparaison de la vie
bienheureuse et immortelle dont jouiront
les justes. Les memes expressions ont passe
avec le meme sens dans la langue chr^-
tienne.
13. La mort n'entrait pas dans le plan
primitif du Createur (ii, 23); elle est due k
une cause accidentelle, au pdche, occasionn^
lui-meme par la jalousie du d^mon.
14. Toutes choses en general, et particu-
li^rement les etres vivants. — Toutes les
especes de creatures, tout ce qui arrive k
I'existence : c'est le sens du gr. -^vihtKc,
et du lat. nationes (Pline : nationes mellis.
LIBER SAPIENTL4{. Cap. I, 8—16; II, 1—4.
445
net omnia, scientiam habet vocis.
8, Propter hoc qui loquitur iniqua,
non potest latere, nee praeteriet
ilium corripiens judicium. 9, In co-
gitationibusenim impii interrogatio
erit : sermonum autem illius audi-
tio ad Deum veniet, ad correptio-
nem iniquitatum illius. 10. Quoniam
auris zeli audit omnia, et tumultus
murmurationum non abscondetur.
1 1. Custodite ergo vos a murmu-
ratione, quae nihil prodest, et a de-
tractione parcite linguae, quoniam
sermoobscurus in vacuum non ibit:
OS autem quod mentitur, occidit
animam. 12. Nolite zelare mortem
in errore vitas vestrae, neque acqui-
ratis perditionem in operibus ma-
nuum vestrarum. 13. ''Quoniam
Deus mortem non fecit, nee laetatur
in perditione vivorum. 14. Creavit
enim, ut essent omnia : et sanabiles
fecit nationes orbis terrarum : et
non est in illis medicamentum ex-
terminii, nee inferorum regnum in
terra. 15. Justitia enim perpetua
est, et immortalis. 16. Impii autem
manibus et verbis accersieruntillam:
et aestimantes illam amicam, deflu-
xerunt, et sponsiones posuerunt ad
illam : quoniam digni sunt qui sint
ex parte illius.
— *— CAPUT IL — ^i:—
Omnis impiorum vitcc futurae spem non
habentium, scopus est frui hujus vitae
voluptatibus, ideoque justum, qui diver-
sum respicit finem, ferre nequeunt, sed ad
mortem usque persequuntur : sicut et
diaboli invidia homo a Deo creatus im-
mortalis, fa6lus est mortalis.
IXERUNT enim cogi-
tantes apud se non recte :
''Exiguum, et cum taedio
est tempus vitas nostrae,
et non est refrigerium in fine homi-
nis, et non est qui agnitus sit rever-
sus ab inferis : 1. quia ex nihilo nati
sumus, et post hoc erimus tamquam
non fuerimus : quoniam fumus fla-
tus est in naribus nostris : et sermo
scintilla ad commovendum cor no-
strum : 3. qua exstincta, cinis erit
corpus nostrum, et spiritus difFun-
detur tamquam mollis aer, et trans-
ibit vita nostra tamquam vestigium
nubis, et sicut nebula dissolvetur,
quas fugata est a radiis solis, et a
calore illius aggravata: 4. et nomen
"Job. 7, t
et 14, I.
equortim, etc.). — Sont sahitaires , non
nuisibles, ont regu de Dieu a I'origine les
qualitds necessaires k leur mutuelle conser-
vation. En grec, acoti^piot ; le mot latin de
I'ancienne version italique, sanabilis, a le
meme sens a6lif, plutot que celui de gtteris-
sable, qu'on lui donne souvent ici, mais a
tort. — // liy a en elles, telles que Dieu les
a faites k I'origine.
1 5. Cay- : raison de ce qui precede : le
dessein primitif du Createur continue de se
realiser dans les justes. — La justice, la
sagesse pratique, est immortelle, conduit a
I'immortalite; ou bien : les justes, ceux qui
pratiquent la sagesse, sont immortels. La
Vulgate a.]ou.\.t, perpetua. Quelques manus-
crits latins ajoutent encore : mais Vinjristice
s^acquiert la mort : ces mots, regardes par
plusieurs comme une simple glose, donnent
au premier membre un membre parallele
qui complete le verset.
16. Ironie : comp. vers. 12. A considerer
les adlions et les paroles criminelles des
impies, on dirait qu'ils desirent leur perte
eternelle. Les derniers mots visent proba-
blement les Juifs apostats qui, renongant a
leur alliance avec le Seigneur et ne voulant
plus etre son heritage, devenaient en quel-
que sorte la propriete de la mort.
CHAP. II.
1. Les tins aux autres pourrait aussi, avec
la Vulg., se joindre a ce qui suit, ils ont dit,
raisotinant follement entre eux. — // est
court : comp. Gen. xlvii, 9; Job, xiv, i sv.
Ps. xxxix, 6 sv. — Qui soil revenu (comp.
pour I'expression I Esdr. iii, 3; Tob. ii, 9) :
le gr. aitoXuda.; se prete a un autre sens : qui
delivre du sejour des morts.
2. Le hasard, non un dessein reflechi,
precongu. Vulg., nous sommes ne's de rien,
nous n'etions rien avant de naitre. — Une
fumee qui se dissipe et disparait sans retour.
— Notre pensee, etc. Vulg., et la parole est
une etincelle qui agite notre coeur.
3. L'air leger : c'est apres ces mots que
la Vulg. met la 2^ partie du vers. 4, notre
vie passera, etc.
4. C'est la chaleur solaire qui,agissant ine-
galement sur les dififerentes couches d'air,
446
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. II, 5—21.
brouillard que chassent les rayons
du soleil et que la chaleur condense
en pliiie. ^ Notre vie est le passage
d'une ombre; sa fin est sans retour;
le sceau est appose et nul ne revient.
^Venez done, jouissons des biens
presents ; usons des creatures avec
I'ardeur de la jeunesse. 7Buvons a
profusion le van precieux, couvrons-
nous de parfums, et ne laissons point
passer la fleur du printemps. ^Cou-
ronnons-nous de roses avant qu'elles
se fletrissent; [qu'il n'y ait point de
prairie qui ne soit le theatre de nos
plaisirs]. 9Qu'aucun de nous ne man-
que a nos orgies; laissons partoutdes
traces de nos rejouissances; car c'est
la notre part, c'est la notre destinee.
^°Opprimons le juste qui est pauvre;
n'epargnons pas la veuve, et n'ayons
nul egard pour les cheveux blancs
du vieillard charge d'annees. "Oue
la force soit pour nous la loi de la
justice; ce qui est faible n'est bon a
rien. ^^Traquons done le juste, puis-
qu'il nous est inutile, qu'il est con-
traire a notre maniere d'agir, qu'il
nous reproche de violer la loi et nous
fait une honte de dementir notre
education. ^311 pretend posseder la
science divine et se nomme fils de
Dieu. 14 II ne sert qu'a faire paraitre
la honte de nos pensees. 'sSa vue
seule nous est insupportable ; car
sa vie ne ressemble pas a celle des
autres, et ses voies sont etranges.
16 Dans sa pensee, nous sommes
d'impures scories ; il evite notre ma-
niere de vivre comme une souil-
lure ; il proclame heureux le sort
final des justes et se vante d'avoir
Dieu pour pere. i7Voyons done si
ce qu'il dit est vrai, et examinons
ce qui lui arrivera au sortir de cette
vie. i^ Car si le juste est fils de
Dieu, Dieu prendra sa defense et
le delivrera des mains de ses ad-
versaires. i9Soumettons-le aux ou-
trages et aux tourments, afin de
connaitre sa resignation et d'eprou-
ver sa patience. ^oCondamnons-le a
la mort la plus honteuse, car sans
doute, selon qu'il s'en vante, Dieu
aura souci de lui."
-^Telles sont leurs pensees, mais
ils se trompent, aveugles par leur
produit, en definitive, la condensation des
vapeurs de I'atmosphere. Du reste, il ne
faut pas demander a I'auteur une explica-
tion scientifique d'un phenomene naturel;
il s'en rapporte dans sa comparaison aux
simples apparences.
5. Le passage d'ti/ie ombre : rombre s'eva-
nouit quand disparait I'objet qui la proje-
tait, ou la lumiere dans laquelle elle tom-
bait. Cette image est frequente dans I'Ecri-
ture; comp. v, 9; Job, viii, 9; xiv, 2; Ps.
xxxix, 7, al. — Safin est sans retour, on ne
meurt qu'une fois {HJbr. ix, 27). — Le sceati
est appose; litt. le retour est see lie, c.-a-d.
ferme, impossible; les anciens scellaient ce
que nous fermons; comp. /ob, xiv, 17; Dan.
vi, 17; Apoc. XX, 3. — Nul ne revient ;
comp. Job, vii, 9; II Sam. xii, 23; Eccli.
xxxviii, 21.
Dans les versets suiv., les impies tirent
les consequences de leur materialisme :
I '■« consequence, vers. 6-9; 2e, vers. 10-20.
6. Des biens presents (en gr. ovxwv), par
opposition a ceux de I'autre vie; ou bien,
des biens reels, palpables, visibles, par oppo-
sition aux biens imaginaires, tels que la
vertu et la sagesse.
7. Ne laisso7is point passer, sans la cueil-
lir, la flcur du prijitemps : soit dans le sens
propre, pour nous en couronner, comme
c'etait I'usage dans les festins; soit dans le
sens figure : la fleur dtc printemps, pour
les plaisirs en general, et particuliere-
ment ceux auxquels se livrent les jeunes
gens.
8. De roses, litt. de toutons de roses. Les
mots entre crochets ne se trouvent que
dans la Vulg. ; ils ne se lisent dans aucun
des manuscrits grecs adluels. Plusieurs ex-
pliquent leur presence dans celui que I'au-
teur de la Vulgate avait sous les yeux, par
I'inadvertance d'un copiste qui aurait subs-
titu^ [XTiSitc; X£i}j.a)v k ,ult|8£1<; riy.aiv (commen-
cement du vers. 9), d'ou serait resultee une
double tradutlion de lameme phrase. Nean-
moins I'authenticite de ce passage n'est
nuUement improbable.
10. Opprimons, etc. Ceux qui parlent
ainsi sont probablement des Juifs apostats
qui, avec la culture des Grecs, avaient
adopte leurs vices, et qui s'^taient rallies
aux persecuteurs de leur peuple. Le jtiste
represente les Israelites tideles.
12. Traquons, litt. tendons des embiickes.
— // nous est inutile, il n'est pas k notre
convenance, il ne s'adapte pas h nos vues,
LIBRI SAPIENTI^. Cap. II, 5 — 21.
447
nostrum oblivionem accipiet per
tempus, et nemo memoriam habe-
>ar. 29, bit operum nostrorum. 5. ^Umbrae
enim transitus est tempus nostrum,
et non est reversio finis nostri : quo-
niam consignata est, et nemo rever-
titur.
, 22, 13 6.' Venite ergo, et fruamur bonis
'- ^^- ^ quas sunt, et utamur creatura tam-
^^' ^^ quam in juventute celeriter. 7. Vino
pretioso, et unguentis nos implea-
mus : et non praetereat nos flos tem-
poris. 8. Coronemus nos rosis, ante-
quam marcescant : nullum pratum
sit, quod non pertranseat luxuria
nostra. 9. Nemo nostrum exsors sit
luxurias nostras : ubique relinqua-
mus signa lastitias : quoniam base
est pars nostra, et haec est sors.
I o. Opprimamus pauperem justum,
et non parcamus viduae, nee vete-
rani revereamur canos multi tem-
poris. 1 1. Sit autem fortitudo nostra
lex justitiae : quod enim infirmum
est, inutile invenitur. 12. Circum-
veniamus ergo justum, quoniam
inutilis est nobis, et contrarius est
operibus nostri s, et improperat no-
bis peccata legis, et diffamat in nos ^
peccata disciplinasnostrae. 13 /Pro- ^J^''^^-^/.
mittit se scientiam Dei habere, et
filium Dei se nominat. 14. 'Factus „"-'°^""7.
est nobis in traductionem cogitatio-
num nostrarum. 15. Gravis est no-
bis etiam ad videndum, quoniam
dissimilis est aliis vita illius, et im-
mutatas sunt vias ejus. 1 6.Tamquam
nugaces aestimati sumus ab illo, et
abstinet se a viis nostris tamquam
ab immunditiis, et praefert novis-
sima justorum, et gloriatur patrem
se habere Deum. 17. Videamusergo
si sermones illius veri sint,et tente-
mus quas ventura sunt illi, et scie-
mus quas erunt novissima illius. ^p^ ^^
18. ^Si enim est verus filius Dei,
suscipiet ilium, et hberabit eum de
manibus contrariorum. 19. Contu-
melia et tormento interrogemus
eum, ut sciamus reverentiam ejus,
et probemus patientiam illius. ,,. ^ ^^^^^^
20. ^Morte turpissima condemne-
mus eum : erit enim ei respectus ex
sermonibus illius.
21. Haec cogitaverunt, et erra-
verunt : excaecavit enim illos mali-
a nos desseins. Ce i^'' membre est emprunte
k Isaie (iii, 10) selon le grec des Septante.
— Contraire a notre maniere d^agir, cen-
seur de nos oeuvres. — La lot mosaique. —
Notre ediicatio7i religieuse, les principes et
les pratiques dans lesquelles nous avons ete
eleves.
Un grand nombre de Peres ont vu dans
ce verset et ceux qui suivent une veritable
prophetie de la passion de Notre-Seigneur;
on y trouve en etYet une coincidence frap-
pante de pensees et d'expressions avec les
rdcits dvangeliques : comp. notamment
Matth. xxvii, 43; Jean., xix, 7. On peut y
voir encore, en second lieu, une peinture
generale de la conduite des impies k I'egard
des justes, peinture qui a d'abord son ap-
plication a Jesus-Christ et a ses adver-
saires.
13. La science divine., la connaissance de
lavolonte de Dieu et de ses desseins sur les
justes. — Fils de Dieu : cette expression,
outre son sens propre qui s'applique k N. S.,
indique aussi le rapport particulier d'intimi-
te et d'union dans laquelle le pieux Israelite
se trouve vis-a-vis de Dieu.
14. Faire parditre la honte de nos pen-
sees et de nos sentiments, par la compa-
raison qui s'etablit naturellement entre lui
et nous.
15. Ses voies, sa conduite.
16. DHinpures scories (Vulg. des honinies
futiles), des Israelites falsifies, degeneres,
n'ayant plus les sentiments qui conviennent
au peuple de Dieu : comp. Matth. xii, 39;
Jea?i, viii, 55. — Dieti pour pere : voy.
vers. 13 et comp. /ean, v, 18; viii, 27.
17. Cette vie. La Vulg. ajoute, et nous
saurons quelle sera sa fin, si elle sera aussi
heureuse qu'il I'espfere. Ces mots semblent
etre une seconde tradudlion du membre de
phrase qui precede.
18. Comp. Ps. xxii,8 sv. Matth. xxvii, 43.
Si le juste, etc.
Vulgate : sHl est le veritable fils de
Dieu; 6 Stxa-.o? parait avoir ete rendu par
verus.
ig. Sa resignation, sa soumission respec-
tueuse k la volonte de Dieu : c'est le sens
de reverentia ici et Hcbr. v, 7.
20. Sans doute : ironique. — Selon qu'il
s'en vante : voy. vers. 16.
21 sv. Reponse du sage : ces pensees et
ce langage viennent de I'ignorance des des-
seins de Dieu.
Telles sont, ou telles etaient : voy. vers. i.
448 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. II, 22—25; HI, i— 11.
malice. ^2 ignorant les desseins se-
crets de Dieu, ils n'esperent pas de
remuneration pour la justice, et ils ne
jugent pas qu'il existe une glorieuse
recompense pour les ames saintes.
23 Car Dieu a cree I'homme pour I'im-
mortalite, et il I'a fait a I'image de sa
propre nature. 24C'est par Ten vie du
diable que la mort est venue dans le
monde; 25 ils en feront I'experience,
ceux qui lui appartiennent.
CHAP. III. — Les justes sont recompenses par leurs souffrances [vers, i — 9].
Contraste entre les justes et les impies au point de vue de leur famille
[10 — IV, 6].
Ch. III. B'S^Sffl'ES ames des justes sont dans
la main de Dieu, et les tour-
ments ne les atteindront pas.
-Aux yeux des insenses ils parais-
sent etre morts, et leur sortie de ce
monde semble un malheur. Set leur
depart du milieu de nous un anean-
tissement; mais ils sont dans la paix.
4Alors meme que, devant les hom-
mes, ils ont subi des chatiments, leur
esperance est pleine d'immortalite.
5 Apres une legere peine, ils recevront
une grande recompense; car Dieu les
a eprouves et les a trouves dignes de
lui. 611 les a essayes comme Tor dans
la fournaise et les a agrees comme
un parfait holocauste. 7Au jour de
leur recompense, les justes brilleront,
semblables a la flamme qui court a
travers les roseaux. ^Ils jugeront les
nations et domineront sur les peuples,
et le Seigneur regnera sur eux a ja-
mais. 9Eux qui ont mis en lui leur
confiance, ils auront I'intelligence de
la verite ; ses fideles habiteront avec
lui dans I'amour, car la grace et la
misericorde sont pour [ses saints et il
prend soin de] ses elus.
10 Mais les impies auront le chati-
ment merite par leurs pensees per-
verses, eux qui ont meprise le juste
et se sont eloignes du Seigneur.
" Car quiconque rejette la sagesse et
la discipline est voue au malheur;
leur esperance est vaine, leurs efforts
sont infru6lueux et leurs ceuvres sans
22. Les desseins secrets de Dieu concer-
nant les epreuves des justes et la recom-
pense qui les attend dans la vie future.
23. Comp. Gen. i, 27; ii, 7; Eccli. xvii, i.
— Pour Viininortalitc se rapporte surtout
a la vie dternelle au-dela de la tombe. — A
Pitnage de sa propre nature^ en gr. \rj<.6xr\-zrtc,
litt. proprietatis, ce que Corn, de Lapierre
explique ainsi : I'liomme est I'image de la na-
ture divine, qui est propre a Dieu; ou bien :
I'homme est I'image des propridtes divines,
des attributs et des perfections qui sent
propres h. Dieu. On trouve dans plusieurs
manuscrits et quelques Peres aiSio-rjTo;,
de son eter?iite.
La 26 partie du verset donne la raison
de la i''^ : I'ame est immortelle parce qu'elle
porte en elle I'image de I'Etre divin, de
ses perfecftions, et par consequent de son
eternite.
24. Uenvie du diable., jaloux du bonheur
de nos premiers parents : ici pour la pre-
miere fois le serpent du paradis terrestre
est appele de son vrai nom, le Diable, tra-
dudlion de I'hebr. Satan. — La mort, sur-
tout la mort spirituelle. — Le monde^ non
I'univers, mais le monde des hommes,
comme \\ Jean, 7.
25. Ceux qui se sont livr^s au diable
^prouveront la mort. Comp. Rom. vi, 23.
Vulgate, ceiix-la imitent le diable, qui sont
de son parti.
CHAP. III.
I. Les dines des justes apres la vie pre-
sente, comme Apoc. vi, 9; xx, 4; I Pier.
iii, 19; Hcbr. xii, 25. — Daits la main de
Dieu, sous sa proteftion speciale. — Les
tounnents reserves aux mechants dans I'au-
tre vie. Vulg., le tourtnent de la mort eter-
nelle; ou, selon plusieurs manuscrits, tor-
mentum nialitice, dans le sens de pana,
selon I'explication de S. Augustin.
2-3. Aux yeux, pour au jugement : he-
braisme. — Leur depart : mourir, c'est s''en
aller par euphemisme : comp. vii, 6; Ltcc,
ix, 31; xxii, 22; II Pier, i, 15. — Datis la
paix, c.-a-d. dans le bonheur et le repos :
paroles que les premiers Chretiens aimaient
il inscrire sur la tombe de leurs freres :
comp. Gen. xv, 15. Ainsi la mort corpo-
relle des justes n'a de la mort que I'appa-
LIBER SAPIENTLE. Cap. II, 22—25; HI, i— 11.
449
tia eorum. 22. Et nescierunt sacra-
menta Dei, neque mercedem spera-
verunt justitias, nee judicaverunt
honorem animarum sanctarum.
22. ^Ouoniam Deus creavit homi-
nem inexterminabilem, et ad imagi-
nem similitudinis suas fecit ilium.
24. 'Invidia autem diaboli mors in-
troivit in orbem terrarum : 25. imi-
tantur autem ilium qui sunt ex parte
illius.
— :;:— CAPUT III. — *—
De felicitate justorum, qui in hac vita ab
impiis contempti, tentationibus a Deo
probati fuerunt : et de infelicitate impio-
rum : item de castitatis et bonorum ope-
rum mercede, ac infelicitate filiorum
adulterorum.
USTORUM autem ani-
mas in manu Dei sunt, "et
non tanget illos tormen-
tum mortis. 2. *Visi sunt
oculis insipientium mori : et assti-
mata est afflictio exitus illorum :
3. et quod a nobis est iter, extermi-
nium : illi autem sunt in pace. 4. Et
si coram hominibus tormenta passi
sunt, spes illorum immortalitate
plena est, 5. In paucis vexati, in
multis bene disponentur : quoniam
E)eus tentavit eos, et invenit illos
dignos se. 6. Tamquam aurum in
fornace probavit illos, et quasi holo-
causti hostiam accepit illos, et in
tempore erit respectus illorum.
7. ^Fulgebunt justi, et tamquam ^Matth^jca,
scintillas in arundineto discurrent.
8. '^Judicabunt nationes, et domi- '"^iCor.6,2.
nabuntur populis, et regnabit Do-
minus illoruni in perpetuum. 9. Qui
confidunt in illo, intelligent veri*ta-
tem : et fideles in dilectione acquie-
scent illi : quoniam donum et pax
est electis ejus.
10. Impii autem secundum quae
cogitaverunt, correptionem habe-
bunt : qui neglexerunt justum, et a
Domino recesserunt. 1 1 . Sapientiam
rence; elle est en realite le passage a une
vie superieure aupres de Dieu.
4. Siidt des chdiitnents : peut-etre I'auteur
a-t-il en vue les viflimes de la persecution
d'Antiochus Epiphane (I MaccJi. i, 57 sv.).
— Esperance pleine dHvimortalite, dont
I'immortalite est I'unique objet, qui va tout
entiere vers I'immortalite. Comp. II Cor.
v, i; Hebr. vi, 19; I Pier, i, 3; II Macch.
vii, 9. Ou bien : Us out une pleine espe'rance
d'immortalite : pleine, c'est-a-dire ferme,
assuree.
5. Legere : les souffrances des saints sont
souvent appelees ainsi,par ex. Hehr.yK\,b, 1 1 ;
Apoc. iii, 19. Leger., oppose "k grand, signifie
petit quant a la quantite, non quant a la
duree. Comp. II Cor. iv, 17; Rom. viii, 18.
— Eproiives : comp. Hebr. xi, 37; Gen.
XX, I. — Dignes de lid etre unis eternelle-
ment dans la gloire et la felicite.
6. Holocatiste parfait, litt. holocanste de
sacrifice; Vulg. , comme une vicftime ofterte
en holocauste.
7. All joiir de leur recompense; litt. an
jour oil Dieu les regardera, les prendra en
souci. — Les roseaux, ou le chaume desse-
che par le soleil d'Orient {^Abd. 18. Comp.
Matth. xiii, 43).
La Vulg. joint les i^'^ mots de ce verset
au chap, precedent : viendra le temps oil
Dieu les prendra en consideratioti. 7. Les
justes brillero7it, etc. Reusch conjeflure que
le texte primitif de la Vulg. traduisait exac-
tement le grec, mais qu'un copiste, prenant
respeilus pour un nominatif, aura cru devoir
ajouter erit.
8. lis jugero7it, etc. Comp. Matth. xix, 28;
I Cor. vi, 2. — Sur eux : dans la Vulg. aussi
illorum est probablement gouverne par
regnabit : comp. I Macch. xii, 39. Cette
constru(flion se rencontre dgalement dans
les ecrivains classiques, par ex. Horace,
Od. Ill, XXX, 12.
9. Lintelligence de la ve'rite, des choses
divines : com^. Jean, vii, 17. — Habiteront
avec lui, lui seront unis, dans Vamoiir :
comp. Jean, xv, 9. — La misericorde, Vulg.
la paix. — De ses elus : comp. Tob. viii, 15;
Matth. xxiv, 22.
Les mots entre crochets se lisent dans
les manuscrits du Sinai' et d'Alexandrie,
ainsi que dans les versions anciennes, la
Vulg. exceptee; ils sont probablement au-
thentiques. Reusch les regarde comme une
addition empruntee a un passage semblable
(iv, 15).
10. Petisces perverses (i, 3), dont I'expres-
sion se trouve dans le chap. ii. — Le juste,
ou la justice.
11. La sagesse qui connait les voies de
Dieu; la discipline, qui regie la conduite en
consequence. — Leur esperance d'obtenir
LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 29
450 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. Ill, 12 — 19; IV, 1—4.
profit. i^Leurs femmes sont insen-
sees, et leurs enfants pleins de malice.
isLeur posterite est maudite; c'est
pourquoi heureuse la femme sterile
et sans tache, dont la couche ne con-
nait pas la souillure! EUe aura son
fruit le jour ou le Seigneur visitera
les ames saintes. i4Heureux encore
I'eunuque dont la main n'a pas com-
mis I'iniquite et qui n'a pas concu de
pensees criminelles contre Dieu ! II
recevra une recompense de choix
pour sa fidelite, et il aura dans le
temple de Dieu le sort le plus desira-
ble. 15 Car le travail des bonnes ceu-
vres porte des fruits glorieux, et la
racine de la sagesse ne perit pas.
I'^Mais les enfants des adulteres n'at-
teindront pas leur fin, et la race sor-
tie d'une couche criminelle disparai-
tra. 17 Si leur vie est longue, ils seront
comptes pour rien, et leur vieillesse
a la fin sera sans honneur. ^^S'ils
meurent promptement, ils n'auront
pas d'esperance ni de consolation le
jour ou sera rendue la decision su-
preme. 19 Car la race injuste a tou-
jours une fin funeste.
Chap. IV.
CHAP. IV. — Suite du contraste entre les justes et les impies [vers, i — 6].
Mort du juste opposee a celle de I'impic [7 — 20].
leux vaut la sterilitc avec la
vertu; sa memoire est immor-
telle, car elle est connue de
Dieu et des hommes. ^Quand on I'a
sous les yeux on I'imite; quand elle
n'est plus la, on la regrette ; couron-
nee dans I'eternite, elle triomphe,
ayant remporte la vi6loire dans des
combats sans souillure. 3 Mais la nom-
breuse posterite des impies est sans
utilite ; rejetons d'une souche impure,
ils ne pousseront pas de racines pro-
fondes, et ne s'etabliront pas sur un
fondement assure. 4 Alors memequ'ils
se couvriraient pour un temps de
verts rameaux, comme ils ne sont pas
solidement fixes au sol, ils seront
ebranles par le vent et deracines par
richesses, honneurs, etc., estvaitie, n'abou-
tit pas au r^sultat desire.
12. Iiisensees^ probablement dans le sens
de corroinpties, impies^ iiifideles, adulteres,
Comp. Ezech. xvi, 44 ; Eccli. xvi, i sv.
xli, 5.
13. So)i fruit, une glorieuse recompense,
fruit bien preferable aux enfants pervers de
la femme insensee. — Les ames saintes : le
mot saintes est ajoute par la Vulg. La loi
mosaique avait promis que Dieu recompen-
serait les justes par de nombreux rejetons,
et que les impies n'auraient pas de poste-
rite {Exod. xxiii, 26; Lev. xx, 20 sv. Deut.
vii, 14; Ps. Ixwiii, 3; Osee, ix, 14. La steri-
lity etait done, dans la pens^edes H^breux,
un malheur et un opprobre (comp. Gen.
XXX, 23; Is. iv, r; Luc, i, 25). Les Juifs
apostats vises dans ce livre pouvaient, en
s'appuyant sur quelques faits d'expdrience,
tourner en derision la croyance des Israeli-
tes tideles. L'auteur repond que la piete et
la vertu avec la privation d'enfants valent
mieux que le vice et I'impi^te avec une pos-
terite nombreuse. Le vers. 13 regarde la
femme sterile, le vers. 14 I'eunuque, c'est-
k-dire en general I'liomme incapable d'etre
pere, que cette impuissance vienne de la
nature ou de la main de I'homme {Matth.
xix, 12).
L'auteur a-t-il aussi en vue la virginite
volontaire, le celibat volontairement em-
brasse, comme un etat de vie que le Nou-
veau Testament d^clarera superieur k I'etat
de mariage? Plusieurs Peres et bon nombre
d'interpretes catholiques le soutiennent, et
la tradu(ftion de la Vulgate favorise ce sen-
timent. Mais dans le texte original I'appli-
cation aux vierges ne pourrait se faire qu'in-
direcflement et par voie de consequence.
En ce sens, et en s'en tenant au texte de
la Vulgate latine, I'Eglise etait en droit
de faire usage, dans I'office des Vierges,
de plusieurs versets de ce chapitre et du
suivant.
14. Eeunuque pur d'aflions et de pensees
criminelles. Les eunuques proprement dits
n'etaient pas reputes faire partie de la com-
munaute d'Israel {Deut. xxiii, I. Comp. /^.r.
xix, 51); ils etaient ecartes du service du
temple {Lev. xxi, 17). Eh bien, si leur vie
est sainte, ils auront une place glorieuse
dans le temple du ciel. Comp. Is. Ivi, 3-5.
15. Car : raison des deux beatitudes qu'on
vient de proclamer. — La racine de la sa-
j,''esse, c.-k-d. qui n'est autre que la sagesse.
LIBER SAPIENTL^. Cap. III. 12— iq; IV, 1—4.
451
enim, et disciplinam qui abjicit, in-
felix est : et vacua est spes illorum,
et labores sine fructu, et inutilia
opera eorum. 12. Mulieres eorum
insensatae sunt, et nequissimi filii
eorum. 13. Maledicta creatura eo-
rum : quoniam felix est sterilis : et
incoinquinata, quas nescivit thorum
in delicto, habebit fructum in respe-
s. 56, 4- ctione animarum sanctarum : I4.''et
spado, qui non operatus est per ma-
nus suas iniquitatem, nee cogitavit
adversus Deum nequissima : dabitur
enim illi fidei donum electum, et
sors in templo Dei acceptissima.
15. Bonorum enim laborum glorio-
sus est fructus, et quas non concidat
radix sapiential. 16, Filii autem
adulterorum in inconsummatione
erunt, et ab iniquo thoro semen
exterminabitur. 17. Et si quidem
longas vitas erunt, in nihilum com-
putabuntur, et sine honore erit no-
vissima senectus illorum. 18. Et si
celerius defuncti fuerint, non habe-
bunt spem, nee in die agnitionis
allocutionem. 19. Nationis enim
iniquae diras sunt consummationes.
— *— CAPUT IV. — :;:—
Casta generatio in multis ab adulterina dis-
sidet : de refrigerio justi morte pryeoccu-
pati : qu£e sit senecftus venerabilis ; et
quod justi ssepius e mundo toUuntur a
Deo, ne ab impiis seducantur : et quan-
tum finis utrorumque distet.
QUAM pulchra est casta
generatio cum claritate :
immortalis est enim me-
moria illius : quoniam et
apud Deum nota est, et apud homi-
nes. 2. Cum prassens est, imitantur
illam : et desiderant eam cum se
eduxerit, et in perpetuum coronata
triumphat incoinquinatorum certa-
minum prasmium vincens. 3. Mul-
tigena autem impiorum multitudo
non erit utilis, et spuria vitu lamina
non dabunt radices altas, nee stabile
firmamentum coUocabunt. 4. ''Etsi
in ramis in tem.pore germinaverint,
'-Jer. 17, 6.
Matth. 7,
27.
Sens : I'homme vertueux sans enfants n'est
pas un arbre stdrile, il porte des fruits pour
I'eternite.
16. I?es adulteres, soit dans le sens pro-
pre (voy. vers. 13), soit dans le sens figure,
adiiltere etant la denomination typique d'un
Israelite infidele k Jehovah. — N\itteindront
pas leur fin^ la gloire en ce monde et I'im-
mortalit^ bienheureuse dans I'autre : ce sont
des etres inacheves, des fruits qui n'arrivent
jamais k maturite. Ces enfants sont suppo-
ses pervers et corrompus comme leurs
parents.
17. Leur vie, la vie de ces enfants. —
Comptes pour rte?t, meprises. — Leur vieil-
lesse a la fin; Vulg. leur vieillesse la plus
avaficee.
18. Prompteinent^ de bonne heure. — lis
li'auront pas Vesperance d'etre admis k
I'immortalite bienheureuse avec Dieu. - -
Consolation, litt. parole consolante; allocu-
tio a le meme sens dans Seneque. — Le
jour de la decision : c'est la signification
technique du grec Siaytoa-sto;. Vulg., in die
agnitionis, probablement le jour ou tout sera
connu {Rom. ii, 16).
CHAP. IV.
I. La sterilite, litt. V absence d^ enfants :
allusion k la femme sterile et k I'eunuque
du chap. iii. — Az>ec la veytti, specialement
la vertu de chastete. C'est cette derni^re
idee qui domine ici, et surtout au vers. 2. —
Sa memoire est immortelle, elle laisse apres
elle un souvenir durable. — Elle est connue,
remarquee, elle ne passe pas inaper^ue.
Vulgate : qjt^elle est belle avec eclat la
race chaste! Chaste parait repondre au grec,
avec la vertuj mais d'ou vient avec eclat?
Peut-etre d'une seconde traduftion des nie-
mes mots.
2. Quand elle n'est plus Id, quand ceux
qui la possedent et la pratiquent se sont
retires de cette vie, on la regrette, litt. on la
cherche, on I'appelle de ses desirs. — • Reni-
porte la vi^oire, litt. vaincii tin combat;
Vulg., remporte le prix de la vifloire; peut-
etre faudrait-il Xxxt. prcelium au lieude prce-
ntium. — Combats sans souillure : oppose
aux labeurs coupables des mechants.
3. Comp. iii, 16. — Sera safis utilite xx\o-
rale (comp. Eccli. xiii, 14), ne porte pas de
bons fruits : comp. Matth. iii, 10; n'arrive
pas k la fin voulue de Dieu; ou bien, par
iitote, sera funeste k elle-meme et aux
autres.
4. Alors mime quHls se couvriraient : ils,
les rejetons du vers. 3. Les verts rameaux
figurent ici un commencement de vertu ;
selon d'autres, de prosperite.
452
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. IV, 5—20.
la violence de I'ouragan. sLeurs ra-
meaux seront brises encore tendres;
leurs fruits sent inutiles, apres a la
bouche et impropres a tout usage.
^Car les enfants nes d'une couche
illegitime sont temoins du crime
centre leurs parents quand on les
interroge.
7 Mais le juste, lors meme qu'il
meurt avant I'age, trouve le repos.
^Une vieillesse honorable n'est pas
celle que donne une longue vie; elle
ne se mesure pas au nombre des an-
nees. 9Mais la sagesse tient lieu pour
I'homme de cheveux blancs, et I'age
de la vieillesse, c'est une vie sans
tache. loEtant devenu agreable a
Dieu, il etait aime de lui, et comme
il vivait parmi les pecheurs, il a ete
transfere. "II a ete enleve de peur
que la malice n'alterat son intelli-
gence, ou que la sedu6lion ne per-
vertit son ame. ^^Car I'enchantement
du vice obscurcit le bien, et le vertige
de la passion pervertit un esprit sans
malice. ^3 Arrive en peu de temps a
la perfection, il a fourni une longue
carriere. ^4 Car son ame etait agrea-
ble a Dieu; c'est pourquoi le Seignetir
s'est hate de le retirer du milieu de
I'iniquite. 'SLes peuples levoientsans
y rien comprendre, ne reflechissant
pas que la grace de Dieu et sa mise-
ricorde sont avec ses saints et qu'il a
souci de ses elus. ^^Mais le juste qui
meurt condamne les impies qui sur-
vivent, et la jeunesse arrivee si vite a
la perfection condamne la longue
vieillesse de I'homme injuste. i7lls
verront la fin du sage, mais sans com-
prendre les desseins de Dieu sur lui,
ni pourquoi le Seigneur I'a mis en
surete. ^^ lis verront et se moqueront,
mais le Seigneur se rira d'eux ; et
apres cela ils tomberont sans hon-
neur et ils seront parmi les morts
dans I'opprobre pour toujours. i9Le
Seigneur les brisera et, reduits au si-
lence, ils seront precipites la tete la
premiere ; il les ebranlera de leurs
fondements ; leur ruine sera au com-
ble; ils seront plonges dans la dou-
leur et leur memoire s'eteindra. 20 Us
viendront pleins d'effroi a la pensee
de leurs peches, et leurs crimes se
dressant devant eux les accableront
de leur temoignage.
5. Leurs raincaux% etc. : ce trait ne parait
etre que pour rornement. — Leto's fruits^
leurs oeuvres, sont inutiles : a peu pres dans
le meme sens qu'au vers. 3. Comp. Matth.
iii, 10.
6. Couche, Vulg. somnis : euphemisme
pour concubitu, comme vii, 2. Comp. Hom.
Odyss. xi, 245. — Temoiiis du crime, soit en
fait, en ce sens que la perversity des enfants
accuse d'ordinaire laperversite des parents;
soit en paroles, en ce sens que les enfants
feront remonter a leurs parents la respon-
sabilite de leurs crimes.
7. Le repos (Vulg. /e rafraichissenient),
tout d'abord le repos des labeurs et des
afflidlions de la vie prdsente, et par ex-
tension la beatitude eternelle dans la vie
future.
9. La sao^esse pratique, litt. /e bon juge-
iiicnt. Vulg., mats la sagesse de Vhomme est
blanche, c.-h-d. cheveux blancs.
10. Etant devenu : ce juste, dans la pen-
see de I'auteur, c'est celui dont il est dit
Gen. v, 24 : " Henoch plut a Dieu, et on ne
le trouva plus, parce que Dieu I'avait trans-
fere" vivant de cette terre dans le monde
invisible : comp. Eccli. xliv, 16; He'br.x\, 5.
11. Son intelligence des choses divines;
ou bien, avec un parallelisme plus stridl;, son
esprit parfaitement initie et attache a la
volonte de Dieu. — La sedudion, Vulg.
fitlio, les ruses et les mensonges dont les
mediants se servent pour pervertir les
bons.
Dieu connait d'avance, non seulementles
futurs absolus, mais encore les futurs con-
LIBER SAPIENTItE. Cap. IV, 5—20.
453
infirmiter posita, a vento commo-
vebuntur, et a nimietate ventorum
eradicabuntur. 5. Confringentur
enim rami inconsummati,et fructus
illorum inutiles, et acerbi ad man-
ducandum, et ad nihilum apti. 6. Ex
iniquis enim somnis filii, qui na-
scuntur, testes sunt nequitias adver-
sus parentes in interrogatione sua.
7. Justus autem si morte prasoc-
cupatus fuerit, in refrigerio erit.
8. Senectus enim venerabilis est non
diuturna, neque annorum numero
computata: cani autem sunt sensus
hominis, 9. et aetas senectutis vita
immaculata. 10. ^Placens Deo fa-
ctus est dilectus, et vivens inter
peccatores translatus est : 11. raptus
est ne malitia mutaret intellectum
ejus, aut ne fictio deciperet animam
illius. 12. Fascinatio enim nugaci-
tatis obscurat bona, et inconstantia
concupiscentias transvertit sensum
sine malitia. 13. Consummatus in
brevi explevit tempora multa :
14. placita enim erat Deo anima
illius : propter hoc properavit edu-
cere ilium de medio iniquitatum :
populi autem videntes, et non in-
telligentes, nee ponentes in prascor-
diis talia : 15. quoniam gratia Dei,
et misericordia est in sanctos ejus,
et respectus in electos illius. 1 6. Con-
demnat autem Justus mortuus vivos
impios, et juventus celerius con-
summata, longam vitam injusti.
17. Videbunt enim finem sapientis,
et non intelligent quid cogitaverit
de illo Deus, et quare munierit
ilium Dominus. 18. Videbunt et
contemnent eum : illos autem Do-
minus irridebit : 19. et erunt post
haec decidentes sine honore, et in
contumelia inter mortuos in perpe-
tuum : quoniam disrumpet illos in-
flates sine voce, et commovebit illos
a fundamentis et usque ad supre-
mum desolabuntur : et erunt ge-
mentes, et memoria illorum peribit.
20. Venient in cogitatione peccato-
rum suorum timidi, et traducent
illos ex adverso iniquitates ipsorum.
.1.
-• —
•I*
ditionnels ; prevoyant qu'un homme ver-
tueux place dans certaines circonstances
tomberait dans le mal, il le retire de ce
monde avant que ces circonstances se pro-
duisent.
12. L^enchaniement du vice; N\A^. fasci-
iiatio nugacitatis, que Corn, de Lapierre
explique : " malitia nugax, nugis suis in
cautos illiciens. " — Obscurcit le bien mo-
ral, jette une ombre sur la beaute de la
vertu, et fait qu'on lui prefere le mal; 011,
selon d'autres, altere les bonnes qiialitcs
du juste.
13. Arrive ct la perfe^ion, mm pour le
ciel : il s'agit toujours d'Henoch, le vers. 13
formant parenthese.
14. Car : il etait parfait, car son dme, etc.
— Le Seigneur se hdta, etc. : il n'y avait
plus que cette mort a la fleur de I'age et de
la grace, qui put ajouter a sa couronne.
Dans ce second membre, au lieu de sous-
entendre le Seigneicr^oxv pourrait aussi pren-
dre le verbe au neutre et traduire, elle (son
ame) se hdta de sortir, etc.
15. S a grace, sa faveur.
16. Sens : le juste qui atteint en peu d'an-
nees la perfecflion morale condamne virtuel-
lement le pecheur qui n'y arrive que pen-
dant la plus longue vie.
17. E71 silrete, a I'abri des seduflions d'un
monde pervers.
\%. Se moqiierontj la Vulg. ajoute eum :
ils se moqueront du juste ou de sa fin. Se
rira d'eiix : comp. Ps. ii, 4; Iviii, 9. — lis
tomberont satis honneur (Vulg.); d'autres,
ils seront un vil cadavre.
19. Ils seront precipitesj Vulg., eux qui
etaient ejifles d''orgt(eil. — Plonges da?is la
douleur : il s'agit des tourments reserves
aux pecheurs dans la vie future, par oppo-
sition a la paix et au rafraichissement qui
attend les justes.
20. Ce verset appartient au chapitre suiv.,
ou sont rapportes les sentiments des pe-
cheurs a leur entree dans la vie future, alors
qu'ils comparaitront devant le tribunal de
Dieu.
/Is viendront au jugement de Dieu.
454
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. V, i— 15.
CHAP. V. — Contraste entre les bons et les mechants apres la mort : les
mechants en proie au remords de la conscience [ver.s. i — 15] ; jugement
de Dieii sur les justes et sur les mechants [16 — 23].
Chap. V. i^^^Lors le juste sera debout en
grande assurance en face de
ceux qui I'ont persecute et
qui meprisaient ses labeurs. ^A cette
vue, les mechants seront agites d'une
horrible epouvante, ils seront dans la
stupeur devant cette soudaine reve-
lation du salut si contraire a leur
attente. 3 Us se diront les uns aux
autres, pleins de regret et gemissant
dans le serrement de leur coeur :
" Voila done celui qui etait I'objet de
nos moqueries, le but ordinaire de
nos outrages! ^Insenses que nous
etions, nous regardions sa vie comme
une folic, et sa fin comme un oppro-
bre. 5Et le voila compte parmi les
enfants de Dieu, et sa part est parmi
les saints! ^Nous avons done erre,
loin du chemin de la verite ; la lu-
miere de la justice n'a pas brille sur
nous, et sur nous ne s'est pas -leve
son soleil. 7 Nous nous sommes ras-
rasies dans la voie de I'iniquite et de
la perdition, nous avons marche dans
des deserts sans chemin, et nous
n 'avons pas connu la voie du Sei-
gneur. ^ A quoi nous a servi I'orgueil,
et de quel profit a ete pour nous la
richesse jointe a la ja6lance? 9Toutes
ces choses ont disparu comme I'om-
bre, comme le messager qui passe a
la hate, ^ocomme le navire qui fend
I'onde agitee sans qu'on puisse de-
couvrir aucune trace de son passage,
ni du chemin que sa quille s'est ou-
vert au milieu des flots; "ou comme
I'oiseau qui vole a travers les airs
sans laisser aucune marque de sa
route; mais il bat a coups d'ailes I'air
leger, d'un puissant elan il s'y fraie
un chemin en les agitant avec bruit,
et quand il I'a traverse, on ne volt
plus aucun indice de son passage;
12 ou comme lorsque la fleche a ete
lancee vers son but, I'air qu'elle a
fendu revient aussitot sur lui-meme,
et Ton ne sait plus par ou elle a passe :
^3ainsi nous-memes, nous sommes
nes et nous avons cesse d'etre, et
nous n'avons a montrer aucune trace
de vertu ; nous avons ete retranches
au milieu de nos iniquites."
14 En effet I'esperance de I'impie
est comme le flocon de laine que le
vent emporte, comme I'ecume legere
que disperse I'ouragan, comme la
fumee qu'un souffle dissipe, comme
le souvenir de I'hote d'un jour qui
s'evanouit. ^5 Mais les justes vivent
eternellement ; leur recompense est
aupres du Seigneur, et le Tout-Puis-
GHAP. V.
1. Alors : au jour du jugement; les der-
niers versets indiqueraient le jugement ge-
neral a la fin des temps, mais la plupart des
traits de ce tableau conviennent aussi au
jugement particulier qui suit la mort de
chaque individu; d'ailleurs I'auteur drama-
tise une pensee vraie. Comp. L^ic^ xvi, 23.
— Le juste ; la Vulg. met le pluriel, les
jtisies, ici et dans les versets suiv. — Leiirs
labeurs^ les peines que prenaient les justes
pour pratiquer la vertu et mdriter la vie
bienheureuse. Comp. ii, 16-20. Vulg., qui
leur ont cnlevc le p-uit de leurs travaux.
2. Agites d'une Jiorrible epouvante. com-
men^ant ^ deviner le sort qui les attend. —
Sur la revelation die salut, litt.,sur le para-
doxe du salut, sur I'etrange changement de
destinee qui va s'operer ; les mechants se
regardaient comme les seuls heureux, et ils
vont etie livrds aux tourments; le juste leur
semblait malheureux et digne de mepris, et
il va entrer dans reternelle felicite. Plusieurs
manuscrits ajoutent a salut le mot auxoC,
sciLyz/iV/, ce qui restreint la pensee au seul
salut des justes. Tel est a peu pres le sens
de la Vulg.
3. Les uns aux autres, comme ii, i; d'au-
tres avec la \'ulg., en eux-memes. Ce discours
est la contre-partie exadle de celui du ch. ii,
1-20. — But ordinaire, litt. type proverbial.
5. Les efifa?its de Dieu sont, non les
anges, mais les fideles serviteurs de Dieu,
les nieme que les Saints. Allusion a ii, 13, 18.
Comp. Matth. v. 9.
LIBER SAPIENTI^E. Cap. V, i — i.
455
M M M :<^ 1^ M 'M'Mi^'sSJiss.'M'^M M '^ W. WM^M^
— :i:— CAPUT V. — *—
Impii in judicio admirantes gloriam justo-
rum quos hie contempserant, deflent suam
miseriam, quodque tota eorum felicitas
fuerit momentanea : justorum autem erit
perpetua : poiro Deus, turn per creaturas,
turn per se, armatur ad puniendos impios.
UNC stabunt justi in ma-
gna constantia ad versus
eos, qui se angustiaverunt,
et qui abstulerunt labores
eorum. 2. Videntes turbabuntur
timore horribili, et mirabuntur in
subitatione insperatas salutis. 3. Di-
centes intra se, poenitentiam agen-
tes, et pras angustia spiritus gemen-
tes : Hi sunt, quos habuimus ali-
quando in derisum, et in similitudi-
nem improperii. 4. "Nos insensati
vitam illorum asstimabamus insa-
niam, et finem illorum sine honore :
5. ecce quomodo computati sunt
inter filios Dei,et inter sanctos sors
illorum est. 6. Ergo erravimus a via
veritatis, et justitias lumen non luxit
nobis, et sol intelligentiae non est
ortus nobis. 7. Lassati sumus in via
iniquitatis et perditionis, et ambu-
lavimus vias difficiles, viam autem
Domini ignoravimus. 8. Quid nobis
profuit superbia.'' aut divitiarum ja-
ctantiaquidcontulit nobis? 9.*Trans-
ierunt omnia ilia tamquam umbra,
et tamquam nuntius percurrens,
10. ^et tamquam navis, quas per-
transit fluctuantem aquam : cujus,
cum prasterierit, non est vestigium
invenire, neque semitam carinas
illius in fluctibus : 11. aut tam-
quam avis, quas transvolat in aere,
cujus nullum invenitur argumen-
tum itineris, sed tantum sonitus
alarum verberans levem ventum :
et scindens per vim itineris aerem :
commotis alis transvolavit, et post
hoc nullum signum invenitur itine-
ris illius : 12. aut tamquam sagitta
emissa in locum destinatum, divisus
aer continuo in se reclusus est, ut
ignoretur transitus illius : 13. sic et
nos nati continuo desivimus esse :
et virtutis quidem nullum signum
valuimus ostendere : in malignitate
autem nostra consumpti sumus.
14. Talia dixerunt in inferno hi, qui
peccaverunt.
15. "^Quoniam spes impii tam-
quam lanugo est, quae a vento tolli-
* I Par. 29,
15. Supra 2,
5-
Prov. 30,
19-
"?Ps. I, 4.
Prov. 10,
28 el II, 7.
6. La lumiere de la justice, qui montre
quel est le veritable but de la vie, et les
moyens de I'atteindre. Comme ce sont des
Juifs qui parlent, cela ne veut pas dire
qu'ils n'ont pas entendu I'enseignement ex-
tdrieur de la loi, mais que leur mauvaise
disposition les a empechds de le comprendre
et de le recevoir dans leur coeur. — Son
soleil, Vulg. le soleil de Vintelligeiice.
7. Nous nous somnies rassasies, nous
avons satisfait tous nos appetits; Vulg.,
iiotis nous somnies fatigues. — Deserts sans
chemin qui ne pouvaient nous conduire k la
veritable felicite. — Nous n^avons pas connu
pratiquement la vote du Seigneur : comp.
Ps. XXV, 4.
9. Le messager (litt. ime j-umeur, tin bruit),
en prenant, apres la Vulg., I'abstrait pour
le concret. Beaucoup preferent laisser au
nom son sens littdral et traduisent mie nou-
velle.
13. Avec ce verset se termine I'expression
du remords des m^chants. Pour le mieux
faire entendre, la Vulg. ajoute la reflexion
suivante qui forme le vers. 14 en latin :
Ainsi parlent les pecheurs dans le sejour des
viorts. Comp. Luc, xvi, 23 sv.
14. E71 effet, ou car, donne la raison du
discours qui precede : les impies arrives au
sejour des morts doivent parler ainsi, car,
etc. — Lespcrance : ce sur quoi les m^-
chants font reposer leur esperance, savoir
les richesses, les plaisirs, etc. — Le flocott
de laijie, ou le duvet, en lisant xvou? avec
la Vulg.; I'autre leqon est ■/o~jq, poussiere.
— IJecume (en lisant i'/vr,) k la surface de
I'eau, ou meme toule chose legere qui se
trouve a la surface d'un corps : poussiere,
debris, etc. L'autre le(;on est T:i/yT\, givre
ou Jteige. — L'hSte d'un jour, le voyageur
qui n'a passe qu'un jour dans une hotellerie.
15. Vivent eterfiellenienf : comp. Eccli.
xli, 13; \Jean, ii, 17. La vie dont il s'agit ici
est celle de la grace et de la gloire : comp.
Jean, vi, 57 ; I Jeaii, iv, 9. — Leur recom-
pense est mise en reserve aupres du Sei-
gneur, dans ses tr^sors; ou bien, est dans le
Seigneur, consiste dans sa possession, dans
une communaute de vie avec lui. Comp. Gen.
XV, I. — A souci d'eux : comp. I. Pier, v, 7.
456
LIVRE DE LA SAGESSE.
Chap. V, i6 — 23; VI, i — 6.
sant a souci d'eux. ^^Cest pourquoi
ils recevront de la main du Seigneur
le magnifique royaume et le splen-
dide diademe ; car il les protegera de
sa droite, et son bras les couvrira
comme un bouclier. ^7ll saisira son
zele comme armure, et les creatures
lui serviront de traits pour se venger
de ses ennemis. ^^11 revetira pour
cuirasse la justice et prendra pour
casque un jugement sincere. ^9 11 se
couvrira de la saintete comme d'un
bouclier inexpugnable. ^°T)e son
inexorable colere il fera un glaive
aigu et tout I'univers combattra avec
lui contre les insenses. ^iLes traits
de la foudre bien diriges partiront,
et du sein des nuages comme d'un
arc bien tendu, voleront au but mar-
que. 22 Sa colere, comme une baliste,
lancera une masse de grele ; I'eau de
la mer les inondera de ses flots, et les
fleuves se precipiteront avec furie.
23 Le souffle de la puissance divine
s'elevera contre eux et les dispersera
comme un tourbillon : et ainsi I'ini-
quite fera de toute la terre un desert,
et la malice renversera le trone des
puissants.
II. — LA SAGESSE EST LE GUIDE DE LA VIE [CH. VI — IX].
Chap. VI.
CHAP. VI. — Que les princes cherchent la sagesse [vers, i — 11]; — elle
est facile a trouver [12 — 16]; — elle conduit a un royaume [17 — 21]; —
nature de la sagesse [22 — 25].
j[Coutez done, 6 rois, et com-
prenez; ecoutez I'instruftion,
vous qui jugez les extremitds
de la terre. ^Pretez I'oreille, vous qui
dominez sur une multitude, qui etes
fiers de commander a des foules de
peuples. 3 SacJiez que la force vous a
^te donnee par le Seigneur, et la
puissance par le Tres-Haut, qui exa-
minera vos oeuvres et sondera vos
pensees. 4Parce que, etant les minis-
tres de sa royaute, vous n'avez pas
gouverne equitablement, ni observe
la loi de Injustice, ni marche selon la
volonte de Dieu; sterrible et soudain
il fondra sur vous, car un jugement
severe s'exerce sur ceux qui com-
mandent. ^Aux petits, on pardonne
i6. Le Diagtiifique royaume, etc. Comp.
II Tim, iv, 8; I Pier, v, 4. — Son bras; la
Vulg. ajoute saitit.
Le Dieu tout-puissant est ensuite intro-
duit comme un guerrier revetant son armure
pour le combat. Comp. Exod. xv, 3; Is.
lix, 17; Ezech. xxxviii, 18-23. S. Paul avait
sans doute ce passage h, la pense'e quand il
ecrivait Ephcs. vi, 11-17 : comp. I T/iess.
V, 8.
17. Son zele, qui le porte tout <\ la fois a
proteger les justes et ti punir les impies. —
Les creatures, litt. la creation, toutes les
oeuvres de la nature : comp. Jug: v, 20;
Eccli. xxxix, 25-31; et les plaies d'Egypte.
— Pour se venger, etc.; ou \i\&v\,pour re-
pousser ses ennemis et les empecher de
nuire a ses fiddles.
18. La justice d'un juge incorruptible. —
Sincere, litt. sans deguiseinent, qui repondra
par sa sevdrite k la solennite des circons-
tances. Vulg. certain, serieux.
19. La saijitetc dt Dieu, c'est la perfe<flion
morale absolue, bouclier sur lequel se bri-
sent tous les traits de I'iniquite, c.-a-d. les
outrages et les blasphemes des impies.
Vulg., de Pcquitc, mais cette idee se trouve
deja exprimee au verset precedent.
20. Un s^laivej Vulg., J(ne lance. Ailleurs
le meme mot grec poacpat'a est traduit par
glaive {Apoc. ii, 16). — Tout l^univers;
comp. vers. 17. — Les insenses, les impies.
21. Comp. Ps. vii, 13. — Bien diriges :
le mot direde de la Vulg. vient probable-
ment d'une faute de copiste pour direilcc,
que lisent plusieurs manuscrits. — Aluages...
arc : Tare dans les nuees, comme symbole
de grace et de misericorde, est tournd en
sens inverse de la terre; comme instrument
de colere, c'est la terre qu'il vise.
22. Baliste, machine de guerre au moyen
de laquelle les anciens langaient des pierres
sur I'ennemi. Comp. Exod. ix, 23 sv. Jos.
x, 1 1. Vulg., une colere dure comme lapierre,
inflexible. — L'eaji de la mer : comp. Luc,
X.X1,
25-
LIBER SAPIENTI^. Cap. V, 16—24; VI, 1—6.
457
tur : et tamquam spuma gracilis,
quae a procella dispergitur : et tam-
quam fumus, qui a vento diffusus
est : et tamquam memoria hospitis
unius diei prastereuntis. 16. Justi
autem in perpetuum vivent, et apud
Dominum est merces eorum, et
cogitatio illorum apud Altissimum.
17. Ideo accipient regnum decoris,
et diadema speciei de manu Domi-
ni : quoniam dextera sua teget eos,
et brachio sancto suo defendet illos.
18/ Accipiet armaturam zelus illius,
et armabit creaturam ad ultionem
inimicorum. 19. Induet pro thorace
justitiam, et accipiet pro galea judi-
cium certum : 20. sumet scutum
inexpugnabile asquitatem : 2 1 . acuet
autem duram iram in lanceam, et
pugnabit cum illo orbis terrarum
contra insensatos. 22. Ibunt directe
emissiones fulgurum, et tamquam
a bene curvato arcu nubium exter-
minabuntur, et ad certum locum
insilient. 23. Et a petrosa ira plenas
mittentur grandines, excandescet
in illos aqua maris, et flumina con-
current duriter. 24. Contra illos
stabit spiritus virtutis, et tamquam
turbo venti dividet illos : et ad ere-
mum perducet omnem terram ini-
quitas illorum, et malignitas evertet
sedes potentium.
— :;:— CAPUT VI. — :i:—
Reges et judices ad sapientiam et justitiam
secftandam exhortatur ostendens quam
grave maneat injustis reftoribus suppli-
cium : item quam sit obvia sapientia quae-
rentibus earn : quodque ejus acquisitio sit
utilis, cujus capax non est invidus.
ELI OR est sapientia
quam vires: "et vir pru-
I dens quam fortis.
' 2. Audite ergo reges, et
intelligite, discite judices finium ter-
ras. 3. Prasbete aures vos, qui con-
tinetis multitudines, et placetis vo-
bis in turbis nationum. 4. * Quoniam
data est a Domino potestas vobis,
et virtus ab Altissimo, qui interro-
gabit opera vestra, et cogitationes
scrutabitur : 5. quoniam cum essetis
ministri regni illius, non recte judi-
castis, nee custodistis legem justi-
tiae, neque secundum voluntatem
Dei ambulastis. 6. Horrende et cito
" Eccles. 9,
* Rom. 13,
I.
23. Des pidssaiits : ces derniers mots ra-
menent I'auteur aux chefs et aux magistrals,
a qui il s'etait adresse des le debut de son
livre (i, i), et qu'il va exhorter de nouveau
dans le chap, suivant.
CHAP. VI.
Pans la Vulgate le chapitre s'ouvre par
ce vers, i : La sagesse vaict tnieux que la
force, et I'hoiiwie prudent que Phonime ro-
buste: c'est une compilation de Prov. xvi, 32;
xxiv, 5; EccLe. ix, 16 et 18, ajoutee sans
doute dans quelques manuscrits comme
titre ou en-tete de la secflion, et qui aura
passe ensuite dans le texte.
1. Ecoutez, etc. Comp. Ps. ii, 10; xxi, 28;
Matth. xii, 42. — Vous qui juges, etc. :
souverains des pays les plus lointains.
2. Sur une nniltiludej Vulg., des multi-
tudes; plusieurs manuscrits lisent le singu-
lier, Diultitudiriein. — Qui ctes Jiersj Vulg.,
qui vous coniplaisez : allusion probable au
peuple romain.
3. Sachez : ce qui suit est la matiere de
I'instruflion donnee aux princes. Comp.
Prov. viii, 13; I Paral. xxix, 11 sv. Rodi.
xiii, I sv.
4. Parce que introduit la raison du juge-
ment de Dieu decrit vers. 5 suiv. Selon
d'autres, le vers. 4 est coordonne au vers. 3 :
Sachez encore que, etant les ministres de sa
royaute. Les rois, meme paiens, sont subor-
donnes a I'autorite du Roi des rois, de Celui
" qui regne sur les empires." — La loi na-
turelle du juste et de I'injuste, comme I'ex-
plique le mot de la justice ajoute par la Vulg.
Cette loi oblige aussi les paiens, elle est
pour eux la volonte de Dieu.
5. S'exerce, a lieu, et non pas aura lieu
{Y\x\g. /let) : assertion gt^ndrale donnant la
raison de la menace qui precede.
6. Par pitie pour leur faiblesse et leur
humble condition; on ne leur applique pas
une justice stricfte. — Puissaininent ckdties :
par ex. Moi'se, Notnbr. xx, 12; David,
II Sam. xxiv, 12; Ezechias, II Rois, xx,
17 sv. Comp. Luc, xii, 47 sv. Les raisons
de cette difference sont que les grands sont
mieux en position d'apprendre les maximes
de la justice et de I'equite, qu'ils trouvent
dans leur puissance meme des facilite's plus
grandes pour faire le bien, et enfin que
I'abus de leur pouvoir produit des effets plus
desastreux.
458
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. VI, 7—25.
par pitie; mais Ics puissants seront
puissamment chaties. 7Le Souverain
de tous ne reculera devant personne,
il ne s'arretera par respeft devant
aucune grandeur ; car il est le crea-
teur des grands et des petits, et il
prend soin des uns comme des au-
tres. ^Mais les puissants seront sou-
mis a un jugement plus rigoureux.
9C'est done a vous, 6 rois, que s'adres-
sent mes discours, afin que vous ap-
preniez la sagesse et que vous ne
tombiez point. ^oCeux qui observent
saintement les saintes lois seront
sanctifies, et ceux qui les auront ap-
prises auront de quoi repondre. " Met-
tez done vos complaisances dans mes
paroles, desirez-les, et vous aurez
I'instruction.
12 La sagesse est un astre brillant,
sa bcaute ne se fletrit pas; facilement
on raper9oit quand on I'aime, facile-
ment on la trouve quand on la cher-
che. ^3Elle previent ceux qui la cher-
chent et se montre a eux la premiere.
^4Celui qui se leve de bonne heure
pour la chercher n'aura pas a prendre
beaucoup de peine : il la trouvera
assise a sa porte. ^sCar penser a elle,
c'est la perfe6lion de la prudence, et
celui qui veille a cause d'elle sera
bientot libre de soucis. ^^EUe-meme
va de tous cotes chercher ceux qui
sont dignes d'elle, elle se montre
amicalement a eux dans leurs voies,
et les assiste dans tous leurs desseins.
^7En effet, le commencement le
plus assure de la sagesse est le desir
de I'instruftion. ^^Qr le soin de I'ins-
truclion conduit a I'amour, I'amour
fait qu'on obeit a ses lois, I'obeissance
a ses lois assure I'immortalite, i9et
I'immortalite donne une place tout
pres de Dieu. ^oAinsi le desir de la
sagesse conduit a une eternelle royau-
te. 21 Si done, 6 rois des peuples, vous
mettez votre plaisir dans les trones
et les sceptres, honorez la sagesse,
et vous regnerez eternellement.
22 Mais qu'est-ce que la sagesse, et
quelle est son origine? Je vais I'expo-
ser sans rien vous cacher des myste-
res de Dieu. Je remonterai jusqu'au
commencement des choses, je met-
trai au grand jour tout ce qui la con-
cerne, et je ne tairai pas la verite.
23 Loin de moi de faire route avec la
pale envie! Elle n'a aucune part a
la sagesse. 24Le grand nombre des
sages fait le salut de la terre, et un
roi sage la prosperite dc son peu-
ple. 25Recevez done I'instruction par
mes paroles, et vous vous en trouve-
rez bien.
7. Ne reculera ou ne sHnclmera; Vulg.,
ne sotistraira personne^ savoir, au jugement
et a la punition, dit Corn, de Lapierre : ce
qui ne s'accorde avec le grec que pour le
fond de la pensee. — Des uns coimne des
attires, en gr. 6|j.oiwi;, dans le sens de coin-
tnuniter; c'est ainsi qu'il faut entendre
aqualiter de la Vulg.
8. Un jugement. Vulg. tourment.
9. Que vous ne ioinbicz poi)ii, dans le sens
moral, que vous ne pechiez point.
10. Saintement, pieusement. — Les saintes
lois (litt. les saintes choses) : la loi de la jus-
tice, la volonte de Dieu (vers. 4), la sagesse
pratique (vers. 9). — Seront sanilijies, recon-
nus saints, admis au nombre des saints
dans la bienheureuse eternite. Comp. I Jean,
iii, 7. — Ceux qui les ont apprises, les con-
naissent parfaitement, auront de quoi rcpon-
dre et se justifier devant le souverain Juge.
12. Ne se fletrit pas : comp. I Pier, i, 4.
— Facilement : comp. Prov. viii, 17; Eccli.
xxvii, 8; Matth. xi, 19.
14. A prendre beaucoup de peine, a se
fatiguer a I'attendre ou h courir "au loin
pour la trouver.
15. Car, Vulg. date. Sens du verset :
I'homme qui pense a la sagesse, qui refle-
chit sur sa beaute et ses avantages, atteint
le sommet de la prudence, en tant qu'il
commence h comprendre que la sagesse est
le seul bien veritable, par opposition aux
biens terrestres et apparents; ces derniers,
qui sont I'occasion de beaucoup d'agitations
et de troubles, il cesse de les poursuivre et
se trouve ainsi affranchi de mille soucis.
16. Elle se montre, se communique a eux
dans leurs voies, pour les diriger dans les
afles de la vie exterieure (comp. Prov.
viii, 2). — Vulg., ai'ec toute sorte de pre-
voyance et de soin.
17. En effet, ou car, introduit la preuve
que la sagesse merite qu'on la recherche :
car elle conduit au bonheur ^ternel. — Le
conunencement, le point de depart pour arri-
ver a la sagesse, la condition pour I'obtenir.
LIBER SAPIENTI^. Cap. VI, 7—27.
459
apparebit vobis : quoniam judicium
durissimum his, qui prassunt, fiet.
7. Exiguo enim conceditur niiseri-
cordia : potentes autem potenter
tormenta patientur. 8. ^Non enim
subtrahet personam cujusquam
Deus, nee verebitur magnitudinem
cujusquam : quoniam pusillum et
magnum ipse fecit, et ^qualiter cura
est illi de omnibus. 9. P'ortioribus
autem fortior instat cruciatio. lO.Ad
vos ergo reges sunt hi sermones
mei, ut discatis sapientiam, et non
excidatis. 1 1. Oui enim custodierint
justa juste, justificabuntur : et qui
didicerint ista, invenient quid re-
spondeant. 12. Concupiscite ergo
sermones meos, dihgite illos, et ha-
bebitis disciphnam,
13. Clara est, et quae nunquam
marcescit sapientia, et facile videtur
ab his qui diligunt eam, et invenitur
ab his qui quasrunt illam. 14. Pras-
occupat qui se concupiscunt, ut illis
se prior ostendat. 15. Qui de luce
vigilaverit ad illam, non laborabit :
assidentem enim illam foribus suis
inveniet. 16. Cogitare ergo de ilia,
sensus est consummatus : et qui vi-
gilaverit propter illam, cito securus
erit. 17, Quoniam dignos se ipsa
circuit quasrens, et in viis ostendit
se illis hilariter, et in omni provi-
dentia occurrit illis.
18. Initium enim illius verissima
est disciplinas concupiscentia. 1 9. Cu-
ra ergo disciplinas, dilectio est : et
dilectio, custodia legum illius est :
custoditio autem legum, consum-'
matio incorruptionis est : 20. in-
corruptio autem facit esse proxi-
mum Deo. 21. Concupiscentia ita-
que sapientias deducit ad regnum
perpetuum. 22. Si ergo delectamini
sedibus et sceptris, o reges populi,
diligite sapientiam, ut in perpetuum
regnetis : 23. diligite lumen sapien-
tias omnes qui prasestis populis.
24. Quid est autem sapientia, et
quemadmodum facta sit referam :
et non abscondam a vobis sacra-
menta Dei, sed ab initio nativitatis
investigabo,et ponam inlucemscien-
tiam illius, et non praeteribo veri-
tatem : 25. neque cum invidia ta-
bescente iter habebo : quoniam talis
homo non erit particeps sapientias.
26. Multitudo autem sapientium
sanitas est orbis terrarum : et rex
sapiens stabilimentum populi est.
27. Ergo accipite disciplinam per
sermones meos, et proderit vobis.
— Le dcsir de Pinstru^ion, d'etre instruit
des choses que la sagesse enseigne. Vulg.,
le commeficeineni de la sagesse, dest le dcsir
tres s Ulcere de s'mstniirc.
Les vers. 17-20 forment one espece de
sorite, dont le 2oe est la conclusion.
18. Le soin ou la recherche de rinstruc-
tion conduit a Paniour de la sagesse, k un
ardent desir d'etre en communion avec elle,
de la posseder tout entiere. — LHfnmorta-
////bienheureuse, comme ii, 23.
20. Royaute : comp. Rom. v, 17.
21. Honorez, Vulg. aiinez.
La Vulg. ajoute : aimez la liiniicre de la
sagesse, vans tous qui comniandez aux peu-
ples : ces mots paraissent venir d'une dou-
ble tradu61ion du vers. 21 qui se serait
glissee dans le texte.
22. Qu'esl-ce que la sagesse : I'auteur n'en
donne nuUe part de definition proprement
dite; il se contente d'exposer ses proprietes
et ses effets sur les hommes. — Quelle est
son origitie, comment elle est venue a I'exis-
tence (comp. Prov. viii, 23 sv. Job, xxviii,
20 sv.) : I'auteur passe de la Sagesse in-
creee k la sagesse communiquee a I'homme.
— Je vais Vexfoser : cette exposition est
precedee d'un prologue, a la maniere des
anciens : comp. le discours de Moise apres
le passage de la mer Rouge {Exod. xv, i sv.),
le Ps. xlviii et plusieurs discours du livre
de Job. Oil finit le prologue, oil commence
I'exposition? Au vers, i, selon les uns; aux
vers. 22 du chap, vii, selon les autres. —
Sans rien cacher : I'auteur n'imitera pas les
paiens qui tiennent soigneusement caches
leurs niysthes; il dira tout ce qu'il sait sur
la sagesse.
23. Elle, I'envie ; ou, avec la Vulg.,
riiomme envieux. Sens : en montrant le
chemin qui mene a la sagesse, je ne veux
pas ressembler k ces guides jaloux qui ne
donnent que des indications parcimonieu-
ses, afin que nul n'en sache autant qu'eux :
allusion aux philosophes grecs qui faisaient
deux parts de leur docflrine, I'une exoteri-
que, destinee a la foule, I'autre esoterique,
reservee k un petit groupe d'inities.
460
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. VII, i— 17.
CHAP. VII. — Salomon (dans lequel I'auteur se personnifie) etait un homme
comme tous les autres [vers, i — 6] ; il a demande a Dieu la sagesse, qu'il
preferait a tous les biens terrestres [7 — 10]; avec elle sont venus tous
les biens, I'amitie de Dieu et de nombreuses connaissances [11 — 21]. —
Proprietes de la sagesse, sa nature et ses effets [22 — viii, i].
peu de sable, et I'argent, a cote d'elle,
ne vaut pas plus que la boue. ^oje
I'ai aimee plus que la sante et la
beaute; j'ai prefere sa possession a la
possession de la lumiere, car son
flambeau ne s'eteint jamais. "Avec
elle me sont venus tous les biens, et
une immense richesse est dans ses
mains. ^^Et je me suis rejoui de tous
ces biens, car la sagesse les amene
avec elle; j'ignorais pourtant qu'elle
en etait la mere. i3je I'ai apprise sans
arriere-pensee, je la communique
sans envie, et je ne cache point ses
tresors. i4Car elle est pour les hom-
mes un tresor inepuisable; ceux qui
en usent ont part a I'amitie de Dieu,
a qui les recommandent les dons ac-
quis par rinstru6lion.
15 Que Dieu me donne d'en parler
comme je le voudrais, et de conce-
voir des pensees dignes des dons que
j'ai recus, car c'est lui qui conduit la
sagesse et qui dirige les sages! ^^Nous
sommes dans sa main, nous et nos
discours, et toute la prudence et le
savoir-faire. ^7 C'est lui qui m'a donne
la veritable science des etres, pour
me faire connaitre la stru6lure de
Ch. VII. 'l^^E ne suis moi-meme qu un
I homme mortel, semblable a
tous les autres et descendant
du premier qui fut forme (de terre),
2et j'ai ete forme quant a la chair
dans le sein de ma mere pendant dix
mois, prenant consistance dans le
sang, par le moyen de la semence de
I'homme durant le repos du sommeil.
sMoi aussi, a ma naissance, j'ai res-
pire I'air commun a tous, je suis
tombe sur la meme terre, et c'est
avec des pleurs que j'ai, comme tous
les autres, fait entendre mes premiers
sons. 4 J'ai ete eleve dans des langes
et avec des soins infinis. sAucun roi
n'a eu un autre commencement
d'existence.^Il n'y a pour tous qu'une
seule et meme maniere d'entrer dans
le monde et d'en sortir.
7 C'est pourquoi j'ai prie, et la pru-
dence m'a ete donnee; j'ai invoque le
Seigneur, et I'esprit de sagesse est
venu en moi. ^Je I'ai preferee aux
sceptres et aux couronnes, et j'ai es-
time de nul prix les richesses aupres
d'elle. 9je ne lui ai pas egale les pier-
res les plus precieuses, car tout I'or
du monde n'est aupres d'elle qu'un
CHAP. VII.
I. Dt( prej/iz'erhomme, litt. du protoplaste,
mot communement employe depuis pour
designer notre premier pere.
1. Quant a la chair : c'est I'element exte-
rieur et materiel du compost humain; sur
Fame voy. viii, 19. — Pendant dix mois lu-
naires, de 29 et 30 jours alternativement.
La gestation normale etant de 270 k 280
jours, la naissance arrivait vers le milieu du
loe mois. Comp. Virg. Eclog. iv, 61. —
Dans le sang : comp. Lev. xv, 24 sv. L'au-
teur suit les opinions de son temps : voy.
Pline, Hist. Nat. vii, 15.
3. Je suis tonibc sur la inente terre, une
terre de meme nature; ou bien qui eprouve
la meme chose de tous, egalement foul^e
par tous. — Avec des pleurs : comp. Lu-
crece v, 223 sv.
4. Dans des langes : comp. Luc, ii, 7.
7. O est pourquoi : n'etant pas par nature
plus sage que les autres hommes, et ayant,
comme roi, un besoin plus constant d'exer-
cer la sagesse : habile insinuation adressee
aux princes : ils n'ont pas regu la sagesse
avec la couronne, ils doivent I'acquerir
comme les autres hommes. — J\ii prie :
voy. I Rois, iii, 5-12. Com\>. Jacq. i, 5. —
L esprit de sagesse, le principe de la sagesse :
comp. Ephes. \, 17.
8. Aux sceptres; Vulg., aux royaumes.
Comp. Prov. viii, 11, 15, 16.
9. Comp. /«?/;, xxviii, 12 sv. Prov. viii, 11.
\o. J'ai ptef ere, etc. Vulg., _/''<?/ rcsolu d'en
faire man Jlambeau, le guide de ma vie.
LIBER SAPIENTItE. Cap. VII, 1—17.
461
— :i:— CAPUT VII. —^^
Cum unus sit omnibus introitus ad vitam.
et similis exitus ; pras omnibus eligenda
est sapientia,adferens secumcunfla bona,
habens secum spiritum intelligentite mul-
tiplicem ; et quae hie mirum in modum
extoUitur, quamque abunde aucflor fuerat
assecutus.
UM quidem et ego mor-
talis homo, similis om.ni-
bus, et ex genere terreni
illius, qui prior factus est,
et in ventre matris figuratus sum
caro, 2. decem mensium tempore
"coagulatus sum in sanguine, ex
semine hominis, et delectamento
somni conveniente. 3. Et ego natus
accepi communem aerem,et in simi-
liter factam decidi terram, et pri-
mam vocem similem omnibus emisi
plorans : 4. in involumentis nutri-
tus sum, et curis magnis. 5. Nemo
enim ex regibus aliud habuit nativi-
tatis initium. 6. ''Unus ergo introi-
tus est omnibus ad vitam, et similis
exitus.
7. Propter hoc optavi, et datus
est mihi sensus : et invocavi, et ve-
nit in me spiritus sapientiae : 8. et
praeposui illam regnis et sedibus, et
divitias nihil esse duxi in compara-
tione illius : 9. 'nee comparavi illi
lapidem pretiosum : quoniam omne
aurum incomparatione illius, arena
est exigua, et tamquam lutum assti-
mabitur argentum in conspectu
illius. 10. Super salulem et speciem
dilexi illam, et proposui pro luce
habere illam : quoniam inexstingui-
bile est lumen illius. 1 1. ''Venerunt
autem mihi omnia bona pariter cum
ilia, et innumerabilis honestas per
manus illius, 12. et lastatus sum in
omnibus : quoniam antecedebat me
istasapientia,et ignorabam quoniam
horum omnium mater est. i3.Quam
sine fictione didici, et sine inyidia
communico, et honestatem illius
non abscondo. 14. Infinitus enirn
thesaurus est hominibus : quo qui
usi sunt, participes facti sunt amici-
tias Dei, propter disciplinas dona
commendati.
15. Mihi autem dedit Deus di-
cere ex sententia, et prassumere
digna horum, qu^e mihi dantur :
quoniam ipse sapientias dux est, et
sapientium emendator : 1 6. in manu
enim illius et nos, et sermones no-
stri, et omnis sapientia, et operum
scientiaet disciplina. 17. Ipse enim
dedit mihi horum, quae sunt, scien-
tiam veram : ut sciam dispositionem
orbis terrarum, et virtutes elemen-
' Job. 28, 15
Prov. 8, II.
1 1, l/ne immense richesse, en gr. tlAouxoc.
que la Vulg. traduit souvent par honestas.
— Est dans ses mams (I Rois., iii, 13. Comp.
Matth. vi, 33), Vulg., invest venue par ses
mains.
13. Sans arriere-pensee d'interet person-
nel; Vulg., sans ruse. — Sans envie, libera-
lement, sans etre jaloux que d'autres la pos-
sedent dans sa plenitude. — Ses tresors :
comp. Eccli. XX, 30; Matth. x, 8.
14. Qui e7i usent, ou, d'apres une autre
leQon, qui la possedent. — Vamitie de
Dieu : comp. Is. xli, Z; Jacq. ii, 23; Jea7i,
XV, 14. — Les dons., etc. : les bonnes oeu-
vres accomplies par les sages, fruit de la
pratique de la sagesse, sont presentees
comme des dons ou presents qui recom-
mandent leurs auteurs a I'amitie et a la
faveur de Dieu.
;, Vient ensuite une invocation a Dieu pour
obtenir la grace de bien parler de la sa-
gesse, invocation tres convenable avant les
hautes revelations qui vont suivre.
15. Que Dieu me donne, en grec Scoti :
c'est la'vraie le^on. Vulg., Dieu 7n'a donne j
dedit vient peut-etre de det, qu'on trouve
dans plusieurs manuscrits. — Comme je le
voudrais, litt. selon ce que je sens., selon mon
sentiment. — Qui conduit la sagesse., qui
lui assigne sa route pour qu'elle aille eclai-
rer telle ou telle ame.
16. Et nos discours : comp. Prov. xvi, i;
II Cor. iii, 5. — Le savoir-faire., les con-
naissances pratiques, relatives soit aux arts
mecaniques {Exod. xxxi, 3), soit a la con-
duite des affaires. Dans \2iWv\g., et disci-
plina parait etre une seconde tradudlion du
mot deja rendu par scientia.
17. La struiiure, I'agencement, la consti-
tution. — Proprietes des quatre elements qui,
dans la pens^e des anciens, constituaient
I'univers : I'air, la terre, I'eau et le feu.
"'3 Reg. 3,
13. Matth.
6, 33-
462
LIVRE DE LA SAG ESSE. Chap. VII, 18—30.
I'univers et les proprietes des ele-
ment.s, '^le commencement, la fin et
le milieu des temps, les retours perio-
diques du soleil, les vicissitudes des
temps, 19 les cycles des annees et la
position des etoiles, ^oja nature des
animaux et les instinfts des betes, la
puissance des esprits et les raisonne-
ments des hommes, les dififerentes
especes des plantes et la vertu des
racines; ^^ en un mot, tout ce qui est
cache et a decouvert, je I'ai appris;
car la sagesse, ouvriere de toutes cho-
ses, me I'a enseigne.
22 En elle, en effet, il y a un esprit
intelligent, saint, unique, multiple,
immateriel, a6tif, penetrant, sans
souillure, infaillible, impassible, ai-
mant le bien, sagace, ne connaissant
pas d'obstacle, bienfaisant, ^sbon
pour les hommes, immuable, assure,
tout-puissant, surveillant tout, pene-
trant tous les esprits, les intelligents,
les purs et les plus subtils. 24Car la
sagesse est plus agile que tout mou-
vement ; elle penetre toutes les par-
ties de I'univers a cause de sa puret^.
25 Elle est le souffle de la puissance
de Dieu, une pure emanation de la
gloire du Dieu tout-puissant ; aussi
rien de souille ne peut tomber sur
elle. 26 Elle est le resplendissement
de la lumiere eternelle, le miroir sans
tache de I'activite de Dieu et I'image
de sa bonte. ^zEtant unique, elle peut
tout; restant la meme, elle renouvelle
toutes choses, et a travers les ages
elle se repand dans toutes les ames
saintes; elle en fait des amis de Dieu
et des prophetes. ^sj^jgu^ en effet,
n'aime que celui qui habite avec la
sagesse. 29 Car elle est plus belle
que le soleil et que I'arrangemcnt
harmonieux des etoiles ; comparee
a la lumiere, elle I'emporte sur elle;
30car la lumiere fait place a la nuit;
mais le mal ne prevaut pas contre
la sagesse.
i8. Le coininencemejit, etc. : periphrase
po^tique pour designer la difference et la
variete des periodes deduites des calculs
astronomiques. — Les retoiifs periodiqiies
du soleil, les solstices. : — Les vicissitudes
des temps, non seulement des saisons, mais
encore des mois, du jour et de la nuit.
19. Les cycles des annees, series d'annees
apr^s lesquelles le soleil ou la lune se re-
trouvent dans la meme position, ou recom-
mencent les memes revolutions. Vulg,, les
cycles de Pannee, les revolutions astronomi-
ques qui s'accomplissent dans le cours d^une
annee : mois (lunaires), semaines, jours. —
La position des etoiles aux differentes epo-
ques de I'annce.
20. La nattire, les proprietes generales
des animaux. — Les instincls, en gr. 9u|j.o'J4
aninios, mot dont la Vulg. restreint trop le
sens en le traduisant par iras, coleres. —
La puissance des espfits (Vulg. des vents') :
la tradu(flion attribuait h Salomon un grand
pouvoir sur le monde des esprits, surtout
sur les demons (Josephe, Ant. viii, 2).
21. Cache au vulgaire. — A decouvert,
manifeste : mouvements des astres, saisons,
etc. Vulg., inconmt : le tradu(fteur latin a
lu acpavTJ au lieu de £;ji-favi^, ou bien la leqon
primitive etait inprovisu, d'ou improiiisa. —
Ouvriere, etc. : c'est par la sagesse que Dieu
a eree I'univers; voy. Prov. iii, 19; viii, 22-31.
Ainsi I'auteur attribue a Salomon des con-
naissances plus ou moins etendues en cos-
mologie, en astronomic, en logique et psy-
chologic, en zoologie, en botanique, en phar-
macic. Comp. I Rois, iv, i'^.
Suit I'enumeration des proprietes de la
sagesse.
22. En effet introduit la raison pour la-
quelle la sagesse est dite ouvriere de toutes
choses et la source de la science de Salo-
mon. — En elle il y a un esprit : le manus-
crit d'Alexandrie lit : elle est un esprit, ce
qui identifierait la sagesse et I'Esprit : comp.
i, 6; ix, 17. — Intelligent, pensant. — Saint :
voy. i, 5. — Unique, seul de son esp^ce :
comp. y>a«, i, 14, 18, oij cette epithete est
appliquee au Fils de Dieu. — Multiple
dans ses attributs et ses operations : comp.
I Cor. xii, II; I'Eglise appelle le St-Esprit
septiformis tmetiere, FEsprit aux sept dons.
— Ailif, litt. se tnouvant aisement, conse-
quence de I'immateriaiite. — Pe'ne'trantj d'au-
tres, brillant, ou bien avec la Vulg. eloquent:
comp. X, 21; Is. XXXV, 6 — Sans souillure;
comme le rayon du soleil reste pur lors
meme qu'il touchc la terre ; ou bien sans
tache qui obscurcisse ou diminue sa clarte. —
Impassible, etendant son influence et son ac-
tion sur toutes choses, sans subir lui-meme
I'influence d'aucune. La Vulg. ajoute suavis.
23. Bon pour les hommes; la Vulg. tra-
duit deux fois Ic mot grec : humanus, beni-
gnus. — Immuable, litt. incbranlable. —
Assure de mener a bien toutes ses opera-
tions, sans inquietude sur leur succes :
LIBER SAPIENTL^. Cap. VII, 18—30.
463
torum, 18. initlum, et consumma-
tionem, et medietatem temporum,
vicissitudinum permutationes, et
commutationes temporum, 1 9. anni
cursus, et stellarum dispositiones,
20. naturas animalium,et iras bestia-
rum, vim ventorum,et cogitationes
hominum,difFerentias virgultorum,
et virtutes radicum, 2 1. et qii^cum-
que sunt absconsa et improvisa, di-
dici : omnium enim artifex docuit
me sapientia :
22. Est enim in ilk spiritus in-
telligentise, sanctus, unicus, multi-
plex, subtilis, disertus, mobilis, in-
coinquinatus, certus, suavis, amans
bonum, acutus, quem nihil vetat,
benefaciens, 23. humanus, benignus,
stabilis, certus, securus, omnem ha-
bens virtutem, omnia prospiciens,
et qui capiat omnes spiritus : intel-
Hgibilis, mundus, subtilis. 24. Om-
nibus enim mobilibus mobilior est
sapientia : attingit autem ubique
propter suam munditiam. 25. Vapor
est enim virtutis Dei, et emanatio
quaedam est claritatis omnipotentis
Dei sincera : et ideo nihil inquina-
tum in eam incurrit : 26. 'candor 'Hebr. 1,3.
est enim lucis aeternas, et speculum
sine macula Dei majestatis, et imago
bonitatis illius. 27. Et cum sit una,
omnia potest : et in se permanens
omnia innovat, et per nationes in
animas sanctas se transfert, amicos
Dei et prophetas constituit. 28. Ne-
minem enim diligit Deus, nisi eum,
qui cum sapientia inhabitat. 29. Est
enim haec speciosior sole, et super
omnem dispositionem stellarum,
luci comparata invenitur prior.
30. lUi enim succedit nox, sapien-
tiam autem non vincit malitia.
litote, pour suffisant a tout, se suffisant lui-
meme. — Surveillaiit tout, dans le monde
physique comme dans le monde moral. —
Penetrant et soumettant a son action tons
les esprits : les intelligents , ceux des hom-
mes en general; les purs ou immateriels,
ceux des anges, ou bien ceux des hommes
purs ; et les plus subtils, ceux des hommes
les plus parfaits en vertu comme en intelli-
gence, les plus degages des choses mate-
rielles. La Vulg. attribue a tort ces trois
dernieres qualifications a I'Esprit lui-meme.
Ainsi, en grec, les epithetes ou attributs
de I'Esprit qui est dans la sagesse sont au
nombre de 21, produit des deux nombres
sacrds 3 et 7. Voir les attributs assignes
par S. Paul au Verbe de Uieu. Hebr. iv,
12, 13. C'est une enumeration oratoire dont
les elements se refusent a toute classifica-
tion logique.
24. Car : raison de plusieurs choses dites
dans les 2 versets precedents, et en particu-
lier de penetrant tous les esprits. — Que
tout tnouveinentj Vulg., que les etres les plus
agiles; peut-etre faudrait-il lire motihus ou
mobilitatibus. — Sa puretc' : elle est un pur
esprit, degage de toute matiere.
25. Le souffle, gr. aTij.i'c, de la puissance
creatrice de Dieu : comp. Hebr. i, 3. —
Une pure hnanation, etc. QucEdaiii de la
Vulg. vient probablement de ce que le tra-
ducfteur aura lu "i? au lieu de ~rfi. -^ Rien
de souille : comp. Jacq. iii, 15.
26. Le resplendissemeiit , ou le reflet. Dans
la Vulg., plusieurs manuscrits au lieu de can-
dor lisent splendor qui est plus conforme au
grec a7ra'JYaa;j.a. Comp. Hebr. i, 3 ; 1 1 Cor.
iii, 18. — De Paflivitc, en grec, Evspysia;
(Vulg. de la niajestc) de Dieu. — De sa bonte :
la bonte ontologique, c.-k-d. I'etre de Dieu
infiniment parfait. Avec S. Paul {Hebr. i, 3)
les SS. Peres entendent ce passage du Fils
de Dieu, la seconde personne de la tres-
sainte Trinite.
La substantialite et la personitalite de la
Sagesse sont enseignees dans les 2 versets
qui precedent avec une force et une clarte
que n'atteint peut-etre aucun passage des
Proverbes ou de I'Eccl^siastique.
27. U?iique{\&xs.22 : comp. I Cor. xii, 11),
elle petit tout, elle peut produire au dehors
cette infinie variete d'effets que nous avons
sous les yeux. — Elle rettout'elle toutes cho-
ses, elle est I'auteur de tous les changements
et renouvellements aussi bien dans I'ordre
moral que dans I'ordre physique : comp.
Ps. civ, 30. — Des amis de Dieu, comme
Abraham : comp. II Par. xx, 7; Is. xli, 8; et
des prophetes, des hommes en relation par-
ticuliere avec Dieu, depositaires et inter-
pretes de ses volontes.
28. Habiter avec la sagesse, c'est etre en
relation habituelle et intime avec elle.
30. Le vers, i du chapitre suiv. appartient
encore k ce morceau, dont il forme la con-
clusion.
464
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. VIII, i — 16.
Ch. VIII.
CHAP, VIII. — L'auteiir, continuant de jouer le role du roi Salomon, decrit
les avantages de la sagesse, sa divine fiancee : elle charme toute la vie
[2 — 8], elle apprend a bien gouverner [9 — 16], elle est une source de
benedi6lions pour celui qui I'aime [17 — 20].
A sap'esse atteint avec force
d'une extremite du monde a
I'autre, et dispose tout avec
douceur.
2je I'aimais et la recherchais des
ma jeunesse; je cherchais a I'avoir
pour epouse et j'etais epris de sa
beaute. 3 Elle fait voir la gloire de
son origine en ce quelle habite avec
Dieu, et le souvcrain Seigneur de
toutes choses I'aime. 4Car c'est elle
qui initie a la science de Dieu et qui
choisit parmi ses oeuvres. 5 Si la ri-
chesse est un bien desirable en cette
vie, quoi de plus riche que la sagesse,
qui opere toutes choses? 6 Si la pru-
dence nous procure des avantages,
qui mieux que la sagesse est I'ou-
vriere de tout ce qui existe.' 7Aime-
t-on la justice? les labeurs de la sa-
gesse produisent les vertus ; c'est elle
qui enseigne la temperance, la pru-
dence, la justice et la force, cequ'il y a
de plus utile aux hommes pendant la
vie. 8Desire-t-on une science eten-
due? elle connait le passe et conjec-
ture I'avenir ; elle penetre les discours
subtils et resout les enigmes; elle
interprete les signes et les prodiges
et revele d'avance les evenements
qu'ils annoncent; elle salt les evene-
ments des temps et des epoques.
9Aussi ai-je resolu de la prendre
pour compagne de ma vie, sachant
quelle serait pour moi une conseil-
lere de tout bien, et une consolation
dans mes soucis et mes peines. i°A
cause d'elle, je recueillerai la gloire
dans les assemblees, et, jeune encore,
I'honneur aupres des vieillards. "On
reconnaitra ma penetration dans les
jugements, et devant moi les grands
seront dans I'admiration. ^^gi je me
tais, ils attendront que je prenne la
parole; si je parle, ils tiendront les
yeux fixes sur moi, et si je prolonge
mon discours, ils mettront la main
sur leur bouche. ^sA cause d'elle,
j'obtiendrai I'immortalite, et je lais-
serai a la posterite un souvenir eter-
nel. i4je gouvernerai mes peuples, et
les nations etrangeres me seront sou-
mises. ^sEn entendant parler de moi,
des rois redoutables me craindront;
je me montrerai bon au milieu du
peuple et vaillant a la guerre. ^^A
mon retour dans ma maison, je me
reposerai aupres d'elle, car il n'y a
nulle amertume dans sa societe, nul
ennui a vivre avec elle; il n'y a que
CHAP. VIII.
I. Dispose, gouverne, totites choses avec
douceur (Vulg.), litt. lne?t, utilement, en
grec /pf)aTtI>;. Le i<^'' membre de ce verset
peut se rapporter a la conservation, le se-
cond au goiivernemcnt de I'univers, mais la
pens^e est plus gdnerale. L'Eglise entend
ce verset du Messie et en fait le fond d'une
des grandes antiennes de I'Avent.
Puis I'auteur revient a la pensee de vii,
7 sv.
2.Je cherchais a V avoir, litt. a Vaincnet
dans ma maisott.
3. Elle habite, litt. elle vit avec Dieu,
conime une epouse avec son epoux. Dans la
V u\g. , suatn vaudrait mieux que illius. —
Le Seigneur de I'univers Paiine : a plus forte
raison les hommes doivent-ils I'aimer.
4. Qtd initie a (Vulg.); d'autres, y/// est
initiee. — La science de Dieu, que Dieu pos-
sede — Et qui, parmi toutes les oeuvres
dont I'idee est en Dieu, choisit celles qu'il
doit realiser; en langage moins poetique :
Dieu choisit et determine par sa sagesse les
oeuvres qu'il doit accomplir.
5. Qui opere, qui cree et conserve toutes
choses.
6. Sens : si deja la prudence humaine
(comp. vi, 15) est capable de procurer notre
bien, combien plus le procurera cette sa-
gesse superieure qui manifeste sa puissance
et ses effets dans la formation ct la conser-
vation de I'univers?
LIBER SAPIENTI^. Cap. VIII, t — i6.
465
— *— CAPUT VIII. — :i:—
Cum sapientiam comitentur omnia deside-
rabilia, summe ambienda est, a Deo pe-
tenda; a quo solo datur continentia.
TTINGIT ergo a fine
usque ad finem fortiter,
et disponitomniasuaviter.
2. Hanc amavi, et ex-
quisivi a juventute mea, et quassivi
sponsam mihi earn assumere, et
amator factus sum formas illius.
3, Generositatem illius glorificat,
contubernium habens Dei : sed et
omnium Dominus dilexit illam :
4. doctrix enim est disciplinas Dei,
et electrix operum illius. 5. Et si
divitiae appetuntur in vita, quid sa-
pientia locupletius, quae operatur
omnia.? 6. Si autem sensus opera-
tur : quis horum, quas sunt, magis
quam ilia est artifex.'' 7. Et si justi-
tiam quis diligit : labores hujus ma-
gnas habent virtutes : sobrietatem
enim, et prudentiam docet, et justi-
tiam, et virtutem, quibus utilius
nihil est in vita hominibus. 8. Et si
multitudinem scientiae desiderat
quis, scit prasterita, et de futuris
aestimat : scit versutias sermonum,
et dissolutiones argumentorum :
signa et monstra scit antequam
fiant, et eventus temporum et sas-
culorum.
9. Proposui ergo hanc adducere
mihi ad convivendum : sciens quo-
niam mecum communicabit de bo-
nis, et erit allocutio cogitationis et
tasdii mei. 10. Habebo propter hanc
claritatem ad turbas, et honorem
apud seniores juvenis : 11. et acu-
tus inveniar in judicio, et in con-
spectu potentium admirabilis ero,
et facies principum mirabuntur me :
12. tacentem me sustinebunt, et
loquentem me respicient, et sermo-
cinante me plura, manus ori suo
imponent. 13. Prasterea habebo per
hanc, immortalitatem : et memo-
riam asternam his, qui post me fu-
turi sunt, relinquam. 14. Disponam
populos : et nationes mihi erunt
subditae. 15. Timebunt me audien-
tes reges horrendi : in multitudine
videbor bonus, et in bello fortis.
16. Intrans in domum meam, con-
quiescam cum ilia : non enim habet
amaritudinem conversatio illius,
nee taedium convictus illius, sed las-
7. Ai>ne-t-on la justice, dans le sens le
plus general de ce mot : I'ensemble des
vertus morales, dont fait partie la justice
entendue dans le sens stri6l. - — Les labeurs
de la sagesse, ses efforts, son acflion parmi
les hommes. — La temperance^ etc. : ce sont
les quatre vertus cardinales des moralistes
grecs.
8. Une science etendiie, litt. utie )niil-
tiple experience {Eccli. xxv, 6). — Les
discours subtils, les fines sentences, ren-
fermant sous peu de mots un sens que le
vulgaire n'aperqoit pas {Prov. i, 3). — Les
enigmes : questions semblables k celles
que la reine de Saba adressa a Salo-
mon (I Kois^x, i). Comp. Nombr. xii, 8;
I Cor. xiii, 12. Exemples d'enigmes verita-
bles : Jug. xiv, 12, 14; Ezech. xvii, 3 sv. —
Et revele, etc.; ou bien, comme la Vulg.
parait I'entendre : elle prevail les signes
et les prodiges, les phenomenes extraordi-
naires qui doivent arriver. — Les evene-
inents, litt. les issues, quels evenements
seront produits par ou dans telle ou telle
periode de temps.
9. Une consolatioti : c'est le sens de allo-
cutio dans la Vulg.
\o. Jeune encore : comp. I Rois, iii, 7.
11. Dans les jugenients, lorsque je juge-
rai : allusion au fameux jugement de Salo-
mon, I Rois, iii, 16 sv. — Les grands, les
rois vassaux de Salomon, les magistrals, les
chefs d'armee, etc. La Vulgate ajoute un
3^ membre : et le visage des prifices sera
dans r etonnement : double traduction du
2e membre.
12. lis atteiuiront, personne n'osant par-
ler avant moi dans les assemblees. — lis
inettront la main stir leur bouche, pour ne
pas rompre le silence.
13. Viuunortalite, une gloire immortelle
parmi les hommes ; ce mot a un sens plus
releve vers. 17.
15. De moi et de ma sagesse. — Ati mi-
lieu du peuple, dans la paix; ou bien dans
les assemblees, les jugements. Comp. Ho-
mere> //. iii, 79.
16. A man retour de la guerre, ou de
I'assemblde. — Aupres de la sagesse, com-
me d'une epouse bien-aimee.
N° 23. — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 30
466 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. VIII, 17—21; IX, i-
Chap. IX.
contentement et joie. ^/Meditant ces
pensees en moi-meme et reflechissant
en mon coeur que Timmortalite est le
fruit de I'union intime avec la sa-
gesse, iSqu'il y a dans son amitie une
noble jouissance, et dans les oeuvres
de ses mains des richesses inepuisa-
bles, qu'on acquiert la prudence dans
un commerce assidu avec elle, et la
gloire a prendre part a sa conversa-
tion : j'allai de tous cotes, cherchant
le moyen de I'avoir avec moi.
'9j'etais un enfant d'un bon natu-
rel, et j'avais recu en partage une
bonne amej^oou plutot, etant bon,
je vins a un corps sans souillure.
2iNeanmoins, sachant que je ne pou-
vais obtenir la sagesse si Dieu ne me
la donnait, — et c'etait deja de la
prudence que de savoir de qui vient
ce don, — je m'adressai au Seigneur,
et je I'invoquai du fond de mon coeur,
en disant :
CHAP. IX. — Priere de Salomon pour demander la sagesse.
lieu des peres, Seigneur de mi-
sericorde, qui avez fait I'uni-
igiK'g^g^^ vers par votrc parole, ^et qui,
par votre sagesse, avez etabli I'hom-
me pour dominer sur toutes les crea-
tures que vous avez faites, 3 pour regir
le monde dans la saintete et la jus-
tice et exercer I'empire dans la droi-
ture de son coeur, 4donnez-moi la
sagesse qui est assise pres de votre
trone, et ne me rejetez pas du nom-
bre de vos enfants. 5 Car je suis votre
serviteur et le fils de votre servante.
un homme faible, a la vie courte et
peu capable de comprendre votre
jugement et vos lois. ^Meme le plus
habile parmi les enfants des hommes,
s'il n'a pas la sagesse, sera compte
pour rien. 7Vous m'avez choisi pour
regner sur votre peuple et juger vos
fils et vos filles. ^Et vous m'avez
commande de batir un temple sur
votre montagne sainte et un autel
dans la cite ou vous faites votre de-
meure, sur le modele du saint taber-
nacle que vous avez prepare des le
17. Z,'/;;/w<7r/'«///t'bienheureuse aupres de
Dieu. — L'union intime, litt. la pare/tie.
18. Dans les anivres de ses niaitts : la sa-
gesse est considdrde ici comme une Spouse
laborieuse, dont le travail et I'intelligence
enrichissent sa maison. Comp. ce qui est
dit de la femme forte Prov. xxxi, 10 sv. —
Vavoir avec moi, dans le sens du vers. 2.
Apres avoir decrit les qualites de la fian-
cee, I'auteur dnum^re ce que I'amant de la
sagesse a a lui offrir.
ig-20. Une bonne dine ici, dit Estius, ce
n'est pas une ^me en possession de la grace
san6\ifiante ou d'un certain degre de bonte
morale, c'est une ame douee d'une bonte
naturelle qui la dispose a la pratique des
vertus.
L'enseignement commun de TEglise est
que Dieu cree Fame de chaque homme au
moment ou il I'unit au corps. Les vers. 19-20
ne contredisent pas cette dodlrine et n'ont
rien de commun avec la dod\rine platoni-
cienne de la preexistence des iimes. L'au-
teur veut exprimer cette pensee, qu'il a requ
de Dieu une bonne ame, c.-k-d. douee d'heu-
reuses dispositions naturelles, et un corps
pur, c.-k-d. sans defaut ni vice hereditaire.
II commence ainsi : J^ii recu en partage
une bonfie dnie; mais aussitot cette maniere
de s'exprimer lui parait peu convenable.
Elle semble impliquer, en effet, que le corps
est le fondement essentiel de I'homme, dont
I'ame ne serait que I'accessoire. Se repre-
nant done, il ajoute : Ou plutot, etant bon,
je vins a un corps pur, c.-h-d., mon ame
etant bonne fut unie a un corps pur. Dans
cette seconde forme de la pensee, c'est
I'ame qui a le premier rang, qui constitue
le moi. Voilh, uniquement ce que veut dire
et ce que dit I'auteur de la Sagesse. Le
veni in corpus ne suppose dans I'ame qu'une
anteriorite de raison,fondee sur son essence
sup^rieure.
21. Obtenir la sagesse : c'est le sens natu-
rel du grec, et meme de la Vulgate : conti-
netts, scil. sapienticc, dont il est question
dans tout le passage, et qui est I'objet de la
priere annoncde dans ce verset. L'EccI^sias-
tique dit de meme, coiitinens justitice (xv, i.
Comp. vi, 27). Neanmoins la plupart tra-
duisent le latin, et quelques-uns le grec,
sachant que je ne pouvais itre continent,
chaste, conserver mon corps sans tache
(vers. 20). — En disa?it : la priere suivante
est une amplification de celle que nous lisons
I Rois, iii, 6-10. Comp. II Par. i, 9 sv.
LIBER SAPIENTL^. Cap. VIII, 17—21; IX, 1—8.
467
titiam et gaudium. 17. Haec cogi-
tans apud me, et commemorans in
corde meo : quoniam immortalitas
est in cognatione sapientias, 18. et
in amicitia illius delectatio bona, et
in operibus manuum illius honestas
sine defectione, et in certamine lo-
quelas illius sapientia, et prasclari-
tas in communicatione sermonum
ipsius : circuibam quasrens, ut mihi
illam assumerem.
19. Puer autem eram ingeniosus,
et sortitus sum animam bonam.
20. Et cum essem magis bonus,
veni ad corpus incoinquinatum.
21. Et ut scivi quoniam aliter non
possem esse continens, nisi Deus
det, et hoc ipsum erat sapientia,
scire cujus esset hoc donum : adii
Dominum, et deprecatus sum ilium,
et dixi ex totis prascordiis meis.
— :>— CAPUT IX. —:;•--
Oratio sapientis cum agnitione propriae im-
becillitatis, ad impetrandam a Domino
sapientiam : qute cum omnibus necessa-
ria sit, potissimum tamen refloribus po-
pulorum; incerta est enim humana sa-
pientia.
EUS patrum meorum, "et
Domine misericordias, qui
fecisti omnia verbo tuo,
i 2. et sapientia tua consti-
tuisti hominem ut dominaretur
creaturas, quas a te facta est, 3. ut
disponat orbem terrarum in asqui-
tate et justitia, et in directione cor-
dis judicium judicet : 4. da mihi
sedium tuarum assistricem sapien-
tiam, et noli me reprobare a pueris
tuis : 5. ^quoniam servus tuus sum
ego, et filius ancillas tuas, homo in-
firmus, et exigui temporis, et minor
ad intellectum judicii et legum.
6. Nam et si quis erit consummatus
inter filios hominum, si ab illo ab-
fuerit sapientia tua, in nihilum com-
putabitur. y.'^Tu elegisti me regem
populo tuo, et judicem filiorum tuo-
rum, et filiarum : 8. et dixisti me
asdificare templum in monte sancto
tuo, et in civitate habitationis tuas
altare, similitudmem tabernaculi
sancti tui, quod prasparasti ab ini-
" 3 Reg. 3,
'Ps. 115,16.
' I Par. 28,
4. s. 2 Par.
I, 9-
CHAP. IX.
1. Des peres (Vulg. de vies peres), Abra-
ham, Isaac, etc. Cette invocation rappelle
implicitement les promesses faites par Dieu
aux ancetres du peuple hebreu et k leurs
descendants. — Seigneur de mise'ricot'de :
comp. pere des viisericordes dans S. Paul
(II Cor. i, 3). — Par voire parole {Ps.
xxxiii, 6), la parole creatrice et le Verbe de
Dieu " par qui tout a 6t6 fait."
2. Par voire sagesse : synonyme de, par
voire parole (vers. i). — Pour dominer :
comp. Gen. i, 26.
3. La saintete (Vulg. Pequiie'), piete en-
vers Dieu, ei la justice, qui regie les rela-
tions de I'homme avec ses semblables; ces
deux expressions se retrouveront accouplees
dans le cantique de Zacharie {Luc, i, 75) :
comp. Ephes. iv, 24. — Exercer Pempire,
comme roi de I'univers; c'est aussi le sens
d& judicet dans la Vulgate.
4. Assise pres de votre trone : comp. Prov.
viii, 3, 27; Eccli.
De vos enfanis
comp. n, 13.
5. Et le Jils de votre servante, par conse-
quent deux fois votre serviteur, d'apres la
loi des Hebreux, qui d^clarait propriete du
maitre les enfants nes d'un esclave, nes
dans la maison, comme s'exprime la Genese
(xiv, 14). Comp. Eccle. xi, 7; par consequent
encore serviteur fidele, car les esclaves nes
dans la maison etaient d'ordinaire plus atta-
ches k leur maitre que les autres. Comp.
Ps. Ixxxvi, 16; cxvi, 16. — Les lois divines.
7 sv. Autres raisons pour lesquelles Salo-
mon a besoin de la sagesse. — Vos fils et
vosfilles. Comp. Is. xliii, 6 sv. II Cor. vi, 18.
Quelle grande et sainte idee de la royaute !
Les sujets du roi sont les enfants de Dieu.
8. Ordonne' : voy. II Sam. vii, 13; I Rois,
V, 5. — Votre montagne sainte, le mont Mo-
ria,deja saniTlifie par le sacrifice d'Abraham,
et un autel eleve par David (II Sam. xxiv,
16, 25. Comp. Ps. xcix, 9). — Le saint taber-
nacle prepare des le commencement est, non
pas celui que Moise eleva dans le desert,
mais le tabernacle du ciel, veritable sanc-
tuaire de Dieu, et type eternel du tabernacle
et du temple terrestres. II est vrai d'ailleurs
que le temple de Salomon reproduisait, avec
des dimensions plus considerables, la forme
du tabernacle mosaique; mais ce dernier
avait ete construit lui-meme sur le modele
du san(5Iuaire celeste montre a Moise sur la
montagne {Exod. xxv, 9; xxvi. 30. Comp.
Hebr. viii, 2; ix, 11 ; Apoc. xiii, 6; xv, 5).
468
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. IX, 9—18; X, 1—3.
commencement. 9Avec vous est la
Sagesse qui connait vos oeuvres, qui
etait la quand vous faisiez I'univers,
et qui sait ce qui est agreable a vos
yeux et ce qui est juste selon vos
commandements. ^° Envoyez-la de
votre sainte demeure du ciel, en-
voyez-la du trone de votre gloire,
afin qu'elle soit avec moi dans mes
labeurs, et que je connaisse ce qui
vous est agreable. ^'Car elle connait
et comprend toutes choses, et elle me
conduira avec prudence dans mes
oeuvres et me gardera par sa lumiere.
12 Et ainsi mes ceuvres vous seront
agreables, je gouvernerai votre peu-
ple avec justice et je serai digne du
trone de mon pere.
13 Quel homme, en effet, peut con-
naitre le conseil de Dieu? Qui peut
penetrer ce que veut le Seigneur?
i4Les pensees des hommes sont in-
certaines et nos opinions sont hasar-
dees. 15 Car le corps, sujet a la corrup-
tion, appesantit I'ame, et sa demeure
terrestre accable I'esprit aux pensees
multiples, i^jsfous avons peine a de-
viner ce qui est sur la terre, et nous
n'apercevons pas sans travail ce qui
est devant nos mains; qui done
a penetre ce qui est dans le ciel.''
i7Qui a connu votre volonte, si vous
ne lui avez pas donne la sagesse et
si vous n'avez pas envoye du haut
du ciel votre Esprit-Saint.'' i8(3'est
ainsi qu'ont ete rendues droites les
voies de ceux qui sont sur la terre,
que les hommes ont appris ce qui
vous est agreable et qu'ils ont ete
sauves par la sagesse.
M
DEUXIEME PARTIE
■ ^
La sagesse consideree historiquement [X — XIXJ.
§ I. — LA SAGESSE EST UNE PUISSANCE QUI SAUVE
ET QUI CHATIE [X — XII].
CHAP. X, £ — XI, 4. — Role de la sagesse comme guide du peuple
de Dieu d'Adam a Moise.
Chap. X. M^^eSjyl'Est la sagesse qui garda le
premier homme forme par
Dieu pour etre le pere du
genre humain, le seul cree;
^elle le tira de son peche et lui donna
le pouvoir de gouverner toutes les
creatures.
3S'etant eloigne d'elle dans sa co-
lere, I'injuste perit avec sa fureur fra-
tricide.
9. Avec votes : comp. vers. 4. — Qiez Hait
la, etc. Comp. Prov. viii, 22-2,0; /ea?i, i, i.
10. Dit trone d'ou rayonne la gloire de
votre majeste infinie; Vulg. , du trone de
votre grandeur.
11. Par sa lu/u/rre (litt. Sti spleiideiir),
qui m'empechera de m'egarer hors des droits
sentiers. D'autres,/ar j-^« conseil, ou avec la
Vulg., par sa puissance, par ses operations.
12. La priere de Salomon parait se termi-
ner avec ce verset, quoique I'auteur, dans
presque tout le reste du livre, continue de
s'adresser direcftement k Dieu.
13. Eft effet : le bon gouvernement du
peuple de Dieu demande plus qu'une con-
naissance humaine, et on n'arrive a cette
connaissance que par la sagesse, laquelle est
un don special du Seigneur (vers. 17). —
Le conseil de Dieu, ses desseins, ses inten-
tions, ses desirs.
Ce verset, tire d'lsaie (xl, 13), est cite
deux fois par S. Paul : Rotit. xi, 34; I Cor.
ii, 16.
14. hicertaines, flottantes, ou b\en /ail>les,
pauvres. — jVos opinions (Vulg. nos provi-
sions) sont hasardees, sans assurance.
LIBER SAPIENT!^.. Cap. IX, 9—19; X, 1—3.
469
tio : 9. et tecum sapientia tua, quas
novit opera tua, quae et afFuit tunc
cum orbem terrarum faceres, et
sciebat quid esset placitum oculis
tuis, et quid directum in prasceptis
tuis, 10. Mitte illam de coelis San-
ctis tuis, et a sede magnitudinis
tuas, ut mecum sit et mecum ]a-
boret, ut sciam quid acceptum sit
apud te : 11. scit enim ilia omnia,
et intelligit, et deducet me in ope-
ribus meis sobrie, et custodiet me
in sua potentia. 12. Et erunt acce-
pta opera mea, et disponam popu-
lum tuum juste, et ero dignus se-
dium patris mei.
13/Quis enim hominum poterit
scire consilium Dei? autquis poterit
cogitare quid velit Deus? 14. Cogi-
tationes enim mortalium timidas, et
incertas providentias nostras. 1 5. Cor-
pus enim, quod corrumpitur, aggra-
vat animam, et terrena inhabitatio
deprimit sensum multa cogitantem.
16, Et difficile asstimamus quae in
terra sunt : et quae in prospectu sunt.
invenimus cum labore. Quas autem
in coelis sunt quis investigabit?
17. Sensum autem tuum quis sciet,
nisi tu dederis sapientiam, et miseris
spiritum sanctum tuum de altissi-
mis : 1 8. et sic correctae sint semitas
eorum, qui sunt in terris, et quae
tibi placent didicerint homines?
1 9. Nam per sapientiam sanati sunt
quicumque placuerunt tibi Domine
a principio.
— *— CAPUT X. — :>—
Commendatur sapientia, quod servaverit et
a malis liberaverit Adam, Noe, Abraham,
Lot, Jacob, Joseph, Moysen; per quern
filios Israel de JEgypto duxit per mare
rubrum, demersis in eo ^gyptiis.
TEC ilium, "qui primus "Gen. 1,27
formatus est a Deo pater
orbis terrarum, cum solus
i esset creatus, custodivit,
2. *et eduxit ilium a delicto suo, et *Gen. 2, 7.
dedit illi virtutemcontinendi omnia.
3. "Ab hac ut recessit injustus in 'Oen. 4, 8.
1 5. jLe corps est la demeiire (litt. la tente)
terrestre de I'esprit qui, enferme dans cette
prison, ne peut prendre librement son essor.
Comp. II Cor\ v, i, 4. La pensee de ce verset
se reirouve dans beaucoup d'auteurs profa-
nes, notamment dans Platon, Pkc'don, xxx.
16. A penetre : la Vulg. met ce verbe et
les suivants au futur. — Ce qui est dans le
del, principalement la volontd de Dieu.
Comp. Jeati, iii, 12.
17. Voire volonte, ce que vous voulez que
I'homme fasse. Comp. I Cor. ii, 10.
18. Ainsi, par la sagesse. La Vulg. traduit
un peu autrement ce verset; le sens serait
le meme en latin et en grec si on lisait sunt
et didicerunt au lieu de sint et didicerint.
Le dernier membre, amplifie, forme dans
la Vulgate un vers. 19 ainsi concju : Cest
par la sagesse qti'ont ete sauves totes ceux
qui vous ont plu, Seigneur, des le commen-
cement. Les mots ajoutes s'accordent par-
faitement avec le contexte, et on les trouve
dans les anciennes liturgies (S. Jean Chry-
sostome, S. Jacques, etc.). 11 est done proba-
ble qu'ils se lisaient dans le manuscrit grec
que le tradu(5\eur latin avait sous les yeux.
Le vers. 18 sert de transition a la 2^ partie
du livre, dans laquelle I'auteur demontre/ar
I'histoire les avantages et la n^cessite de la
sagesse.
CHAP. X.
Sur ce morceau, comp. Hebr. xi, ou
S. Paul attribue a la foi ce qui est dit ici de
la sagesse.
1. Garda le premier homme dans le pa-
radis terrestre, et le garda encore apres son
peche, non seulement en le preservant de
beaucoup de dangers qui menagaient savie
corporelle, mais encore et surtout en le sau-
vant de la mort eternelle. Les saints Peres
sont unanimes a croire au salut d'Adam,
grace a son repentir et k sa foi au Redemp-
teur futur. — Le seul homme qui ait ete
immediatement cree par Dieu, tous les au-
tres arrivant k I'existence par voie de gene-
ration. Cette explication que la Vulg. donne
de ces mots, tres diversement interpretes,
nous parait la plus probable. D'autres, tant
qu'il fut le seul homme cree, avant la forma-
tion d'Eve; ou bien, alors qu'il etait seul
cree, seul, c.-k-d. sans defense et sans pro-
tection. Sur ce sens de solus, comp. Jean^
viii, 29; xvi, 32.
2. Gouverner totctes les creatures : voy.^
Gen. i, 26, 28; ii, 20; ix, 2. Comp. Ps. viii, i;
Hebr. ii, 6-8; Eccli. xvii, 14.
3. Linjttste, Cain {Gen. iv). Une tradi-
tion mentionnee par S. Jerome dit que Cain
fut tue accidentellement par son petit-fils
Lamech.
470
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. X, 4—17.
40uant, a cause de lui, I'eau sub-
mergea la terre, le salut vint encore
par la sagesse, qui dirigea le juste sur
un bois sans valeur.
sLorsque les nations etaient con-
fondues dans leur commune iniquite,
la sagesse connut le juste; elle le
conserva sans reproche devant Dieu
et le garda invincible contre sa ten-
dresse pour son fils.
6Au milieu de la ruine des me-
diants, la sagesse sauva le juste en
le derobant au feu qui descendit sur
les cinq villes. 7 En temoignage de
leur perversite, cette terre desolee
continue de fumer, les arbres portent
leurs fruits hors de saison; monument
d'une ame incredule, une colonne de
sel reste la debout. ^Ayant neglige
la sagesse, non seulemcnt lis subirent
le dommage de ne pas connaitre le
bien, mais ils ont laisse aux vivants
un monument de leur folie, Dieu ne
voulant pas que leurs crimes tombent
dans I'oubli. 9 Mais la sagesse a deli-
vre du malheur ses fideles.
i°C'est elle qui conduisit par des
voies droites le juste fuyant la colere
de son frere, qui lui montra le royau-
me de Dieu et lui donna la science
des choses saintes; elle I'enrichit dans
ses penibles labeurs et fit fruftifier
ses travaux. ^^Elle I'assista contre
d'avares oppresseurs et lui fit acque-
rir des richesses. ^^EHe le garda con-
tre ses ennemis et le protegea contre
ceux qui lui dressaient des embuches ;
elle lui donna la vi6loire dans un rude
combat, pour lui apprendre que la
justice est plus puissante que tout.
^sQuand le juste fut vendu, la sa-
gesse ne I'abandonna pas, mais le
preserva du peche;elle descendit avec
lui dans la fosse, ^4et ne le quitta pas
dans les chaines, jusqu'a ce qu'elle
lui eut procure le sceptre du royaume
et la puissance sur ses oppresseurs ;
elle convainquit de mensonge ceux
qui I'avaient accuse et le rendit a
jamais illustre.
15 Elle delivra des nations qui I'op-
primaient le peuple saint et la race
sans reproche. ^6 Elle entra dans I'ame
du serviteur de Dieu, et par des si-
gnes et des prodiges elle tint tete a
des rois redoutables. '7 Elle rendit
aux juges le salaire de leurs travaux;
elle les conduisit par une route semee
de merveilles et fut pour eux un
ombrage pendant le jour et comme
4. A cause de lui, du peche de Cain et de
ceux de ses descendants qui marcheient sur
ses traces, Dieu envoya le deluge. — En-
core : la sagesse avait dejk sauve le monde
dans la personne d'Adam, le pere de tous
les hommes(vers. i). — (lui dirigea le Juste,
Noe, enferme dans I'arche : comp. Gen.
vi, 9; Eccli. xliv, 17.
5. Etaicjit co7tfotidues, etc., etaient egale-
ment perverties; ou bien, avec allusion k la
tour de Babel : aprcs que les ?iations eurent
ete confotidues dans leu? conspiration crimi-
nelle. — Le juste, Abraham {Gen. xii, i;
Hebr. xi, 17 sv.) — Pour son fils Isaac, que
Dieu lui avait commande d'immoler {Gen.
xxii, 10).
6. La ruine des mechants, des habitants
de Sodome et des autres villes coupables.
— Le juste. Lot, neveu d'Abraham {Gen.
xix, 17, 22. Comp. II Pier, ii, 7).
7. Continue de fumer : ce phenomene,
aujourd'hui disparu.existait encore au temps
de Philon, de Josephe et de Tertullien. —
Fruits Jiors de saison : sur ce sol echauffe,
les fruits se forment plus vite, mais ils se
dessechent avant d'arriver a leur plein de-
veloppement. Allusion aux pom/nes de So-
dome, dont Josephe raconte qu'elles s'en
vont en fume'e et en cendres dans la main
qui les cueille {Bell. jud. iv, 8). — D'une
dme incredule et indocile k I'avertissement
divin : allusion a la femme de Lot qui fut
changee en colonne de sel pour avoir re-
garde en arriere {Luc, xvii, 32). Cette stele
ou aiguille de sel existait encore du temps
de I'auteur.
8. lis subirent le dommage : dans la Vulg.,
IcBsi traduirait mieux le grec que lapsi. —
Le bien, dont la pratique les ewt preserves
de ce terrible chatiment.
9. Ses fideles, Lot et ceux de sa famille
qui re(;urent avec docility les enseignements
de la sagesse.
10. Par des voies droites, ou le juste,
Jacob en butte k la colere de son frere Esaii
{Gen. xxvii, 42 sv. Comp. xxviii, 5, 10). —
Le royaume de Dieu, le monde des esprits
et la maniere dont Dieu gouverne le monde,
prenant soin des hommes justes par le mi-
nistere des anges : allusion au songe ou
LIBER SAPIENTLE. Cap. X, 4—17.
471
ira sua, per iram homicidii fraterni
deperiit.
4. '^Propter quern, cum aqua de-
leret terrain, sanavit iterum sapien-
tia,percontemptibile lignum justum
gubernans.
5. ^Hasc et in consensu nequitias
cum se nationes contulissent, scivit
justum, et conservavit sine querela
Deo, et in filii misericordia fortem
custodivit.
6. ^Hasc justum a pereuntibus im-
piisliberavitfugientem,descendente
igne in pentapolim : 7. quibus in
testimonium nequitias fumigabunda
constat deserta terra, et incerto tem-
pore fructus habentes arbores, et
incredibilis animae memoria stans
figmentum salis. S.Sapientiam enim
praetereuntes non tantum in hoc
lapsi sunt ut ignorarent bona, sed
et insipientias suas reliquerunt ho-
minibus memoriam, ut in his, quas
peccaverunt, nee latere potuissent.
9. Sapientia autem hos, qui se ob-
servant, a doloribus liberavit.
10. ^Haec profugum iras fratris
justum deduxit per vias rectas, et
ostendit illi regnum Dei, et dedit
illi scientiam sanctorum : honestavit
ilium in laboribus, et complevit la-
bores illius. II. In fraude circum-
venientium ilium affuit illi, et ho-
nestum fecit ilium. 12. Custodivit
ilium ab inimicis, et a seductoribus
tutavit ilium, et certamen forte de-
dit illi ut vinceret, et sciret quoniam
omnium potentior est sapientia.
13. *Hasc venditum justum non
dereliquit, sed a peccatoribus libe-
ravit eum : descenditque cum illo
in foveam, 14. 'et in vinculis non
dereliquit ilium, donee afferret illi ^%^*^" ''
sceptrum regni, et potentiam adver-
sus eos, qui eum deprimebant : et
mendaces ostendit, qui maculave-
runt ilium, et dedit illi claritatem
asternam.
15. ^Hasc populum justum, et
semen sine querela liberavit a natio-
nibus, quae ilium deprimebant.
16. Intravit in animam servi Dei,
et stetit contra reges horrendos in
portentis et signis. 17. Et reddidit
justis mercedem laborum suorum,
et deduxit illos in via mirabili : et
'<■ Gen. 37,
28.
■/'Gen. 41,
-'Exod. I,
II.
Jacob vit une echelle mysterieuse sur la-
quelle des anges montaient et descendaient
{Gen. xxviii, 12 sv.). — La science des choses
saintes, des mysteres, parallele k royatane
de Dieu. — Elle Venricliit., pendant qu'il
etait au service de son oncle Laban {Ge7i.
XXX, 30, 43).
11. Avares oppresseurs, Laban et ses fre-
res {Gen. xxxi, 7, 23).
12. Ses etmemis, Laban, Esaii, les Cha-
naneens {Gen. xxxiii, 4; xxxv, 5). — Da?is
tin rude combat, dans la lutte que Jacob
soutint contre Dieu {Gen. xxxii, 24), repre-
sente par un ange {Osee, xii, 4).
13. Le juste., Joseph vendu par ses freres
et emmene en Egypte {Gen. xxxvii). — Le
preserva du peche dans lequel voulait Ten-
trainer la femme de Putiphar {Geti. xxxix).
Vulg., le delivra des pecheurs., le protegea
contre les mauvais desseins de ses freres.
— Elle descendit avec lui, le consolant et
le fortifiant par ses inspirations. — La fosse,
la prison ou Putiphar avait enferme Joseph.
14. JVe le qiiitta pas dans les chaines, lui
conciliant la faveur du gardien de la prison.
— Le sceptre du royatmie : expression figu-
rde de Tautorit^ quasi-souveraine dont fut
investi Joseph en Egypte. — Sesoppressetirs,
ses freres, Putiphar, etc. — Elle convain-
quit de mensonge, non par des paroles, mais
par des faits. — Cetcx qui Pavaieftt accuse',
ses freres et la femme de Putiphar.
15. Elle delivra de la servitude d'Egypte.
— Le peuple saint ... sans reprochc, Israel :
ces qualifications se rapportent au caraflere
officiel du peuple de Dieu, appartenant spe-
cialement k Dieu ; elles lui sont donnees
quoique I'auteur n'ignore pas les prevarica-
tions de ce peuple, meme pendant son s^-
jour en Egypte {Ezcch. xx, S). C'est dans le
meme sens c[ue S. Paul appelle saints les
premiers Chretiens.
16. Du servi teur de Dieu, Moise {Exod.
iv, 12; xiv, 31; Nombr. xii, 7. Comp. Hebr.
iii, 5). — Des rois redotitables, Pharaon,
pluriel de catdgorie. Comp. Fs. cxxxv, 9.
17. Aux justes, aux Hebreux. Avant de
partir, ils avaient emprunte aux Egyptiens
des objets d'or et d'argent et des etoffes
precieuses, que Dieu leur fit garder comme
le salaire des rudes travaux auxquels ils
avaient dte condamnes {Exod. xii, 35. Comp.
Gen. XV, 14). — Uti ornbrage : allusion a la
colonne de nuee, obscure pendant le jour et
brillante pendant la nuit {Exod. xiii, 21 sv.
Detct. viii, 2).
472
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. X, 18—21; XI, i— 14.
la lumiere des etoiles pendant la
nuit. i^Elle leur fit traverser la mer
Rouge et les conduisit a travers les
grandes eaux. ^9'Elle submergea leurs
ennemis, et des profondeurs de I'abi-
me rejeta leurs cadavres sur le rivage.
2oC'est pourquoi les justes enleverent
les depouilles des impies et chante-
rent votre saint nom, Seigneur, et
louerent de concert votre main qui
combattait pour eux. 21 Car la sagesse
ouvrit la bouche des muets et rendit
eloquente la langue des enfants.
CHAP. XI. — La sagesse, guide du peuple de Dieu [suite. Vers i — 4]. —
Role de la sagesse dans le chatiment des ennemis de Dieu : 1° des
Egyptiens [5, xil, i].
Chap. XI. [g^^^A sagesse donna le succes a
leurs oeuvres par la main d'un
saint prophete.
2 lis firent route a travers un desert
inhabite et dresserent leurs tentes
dans des regions sans chemin. 3 lis
resisterent a leurs ennemis et tirerent
vengeance de leurs adversaires. 4 Us
eprouverent la soif et vous invoque-
rent, et vous leur donnates de I'eau
d'un rocher escarpe, et d'une pierre
I'apaisement de leur soif. 5Ce qui
avait fait le chatiment de leurs enne-
mis devint pour eux une benedi6lion
dans leur detresse. ^En effet, tandis
qu'un fleuve intarissable roulait des
flots troubles par un sang impur, 7en
punition du decret qui frappait de
mort les enfants, vous donniez a vos
fideles, contre tout espoir, une eau
abondante, ^leur montrant ainsi, par
la soif qu'ils ressentirent alors, de
quel chatiment vous frappiez vos ad-
versaires. 9Apres cette epreuve, quoi-
que punis avec misericorde, ils con-
nurent quels tourments avaient en-
dures les impies juges dans la colere.
^oVous avez eprouve les uns comme
un pere qui avertit, et vous avez cha-
tie les autres comme un roi severe
qui condamne. "Absents ou presents,
ils furent egalement tourmentes. ^^Un
double chagrin les saisit, et ils gemis-
saient au souvenir de ce qui etait ar-
rive. '3 Car en apprenant que ce qui
avait fait leur tourment tournait a
I'avantage des fugitifs, ils reconnurent
la main du Seigneur. i4En effet, celui
18. Comp. Exod. xiv, 22; Ps. Ixxviii, 13.
19. Rejeta leurs cadavres, etc. : c'est ce
qu'atteste la tradition juive : comp. Exod.
xiv, 30. La Vulg. semble rapporter ce mem-
bre de phrase aux Hdbreux : elle les retira
des profondeurs de Vabime.
20. Et chanteretit le cantique de Moise
{Exod. xv). — Vfltre main qui combattait
pour eux, Vulg. vi^orieiise.
21. Des muets ... des enfants (comp. Ps.
viii, 2) : de ceux en general ^ qui man-
quaient auparavant I'eloquence et I'inspi-
ration poetique, qui ne savaient parler
que le plus simple langage. Peut-etre allu-
sion k la difficulte de parole qu'eprouvait
Moise.
Le vers, i du chap, xi appartient encore
k cet alinea, dont il est la conclusion.
CHAP. XI.
I. Par la main, par le moyen ou le
ministere : hebraisme. — Uti saint pro-
phete : Moise; comp. Deut. xviii, 18; .xxxiv,
10-12.
Ce verset doit se joindre au dernier alinea
du chap. X.
3. Allusion aux differenis combats des
Hebreux contre les Amalecites {Exod.
xvii, 8), contre les Chananeens et leur roi
Arad {Noinlir. xxi, i), contre les Amor-
rheens {Xoindr. xxi, 21), etc.
4. Voy. Exod. xvii, ^-6\'^Noinbr. xx, 8-1 1.
Les versets suiv. ^tablissent un parallele
entre le miracle qui fit jaillir I'eau du rocher
en faveur des Israelites, et celui qui avait
change en sang les eaux du Nil pour punir
les Egyptiens : le premier fut un bienfait
pour les Hebreux, le second un chatiment
pour les Egyptiens.
5. Ce qui, I'eau changee en sang, et plus
tard tiree du rocher.
Apres de leurs ennemis la Vulg. ajoute
plusieurs mots qui ne trouvent aucun appui
dans les manuscrits grecs et qui forment
une phrase des plus embarrassees; il en
resulte que le vers. 5 du grec correspond en
latin aux vers. 5 et 6.
6-7. Un fleuve intarissable, le Nil. —
LIBER SAPIENTI^. Cap. X, 18—21; XI, i— 14.
473
fuit illis in velamento diei, et in luce
xod. 14, stellarum per noctem : 1 8/ transtu-
P^- 77. lit illos per Mare rubrum, et trans-
vexit illos per aquam nimiam.
19. Inimicos autem illorum demer-
sit in mare, et ab altitudine infero-
xod. 12, rum eduxitillos/Ideojusti tulerunt
.jjQ^ J. spolia impiorum, 20. '"et decanta-
verunt Domine nomen sanctum
tuum, et victricem manum tuam
laudaverunt pariter : 21, quoniam
sapientia aperuit os mutorum, et
linguas infantium fecit disertas.
— :>— CAPUT XI. — :i:—
Sapientia filios Israel per desertum deduxit,
devicflis inimicis, datisque e petra aquis :
punitis autem multiplici flagello idolola-
tris /Egyptiis : cum tainen Deus, omnium
quccrens salutem, longanimiter toleret
peccatores, ut resipiscant, quos universes
solo suo nutu continuo perdere posset.
16,
IREXIT opera ''eorum in
manibus prophetae sancti.
2. Iter fecerunt per de-
serta, quae non habitaban-
in locis desertis fixerunt
*Steterunt contra hostes,
inimicis se vindicaverunt.
4. ^Sitierunt, et invocaverunt te, et
data est illis aqua de petra altissi-
ma, et requies sitis de lapide duro.
5. Per quae enim poenas passi sunt
inimici illorum, a defectione potus
sui, et in eis, cum abundarent filii
Israel, laetati sunt; 6. per hsec, cum
illis deessent, bene cum illis actum
est, 7. Nam pro fonte quidem sem-
piterni fluminis, humanum sangui-
nem dedisti injustis. 8. Qui cum
minuerentur in traductione infan-
tium occisorum, dedisti illis abun-
dantem aquam insperate, 9. osten-
dens per sitim, quae tunc fuit,
quemadmodum tuos exaltares, et
adversaries illorum necares.io.Cum
enim tentati sunt, et quidem cum
misericordia disciplinam accipien-
tes scierunt quemadmodum cum ira
judicati impii tormenta paterentur.
II. Hos quidem tamquam pater
monens probasti : illos autem tam-
quam durus rex interrogans con-
demnasti. 12. Absentes enim et
prassentes similiter torquebantur.
13. Duplex enim illos acceperat
tasdium, et gemitus cum memoria
prasteritorum. 14. Cum enim audi-
rent per sua tormenta bene secum
"^ Num. '20,
II.
D'un decret qui ordonnait de noyer dans le
fleuve les enfants males des Hebreux {Exod.
i, 15-18, 22).
La Vulg. traduit ainsi ces deux versets :
car a la place de Ponde (pure) di( fleuve
intarissable vous avez donne' anx i)iipies
(Egyptiens) du sang humaiti (une eau qui
en avait I'apparence); ei pendant quHls (les
Hebreux) etaient decinies par la proscrip-
tion de leiirs enfants (ou bien, ce qui se rap-
proche davantage de I'original : pendant
que les Egyptiens etaient decinies par la soif
671 piinition du meurtre des enfants), vous
dotmiez ct vosfldeles, etc.
8. De quel chdtiinent, etc. Vulg. , comment
vous saviez glorifier vosfideles etfaire perir
tears adversaires.
9. Les iinpies, les Egyptiens, juges dans
la colere, sans pitie.
II. Absents ou presents : ces mots, a cause
de leur peu de precision ont ete diversement
interpretes : ]° absents de chez eux; il s'agit
de I'armee egyptienne a la poursuite des
Hebreux, armee qui perit dans la mer
Rouge ; /Jr/j^w/j, a la maison : leur chati-
ment est explique vers. 12. Ou bien : 2° ab-
sents... presents J hors de la presence ou en
presence des Israelites : pendant que les
Israelites etaient sur le sol de I'Egypte, les
Egyptiens eurent a souffrir des dix plaies;
quand les Israelites furent partis, les Egyp-
tiens furent tourmentes comme il est dit au
vers. 12. D'autres autrement.
12. U71 double chagrin : les plaies dont ils
avaient ete frappes, lesquelles avaient ame-
ne la delivrance des Hebreux et fait eclater
la puissance de Jehovah et I'impuissance
des dieux de I'Egypte (vers. 13).
13. Ce qui avait fait leur tour/Jient, ou
bien les plaies d'Egypte en general, qui
avaient abouti a la delivrance des Israeli-
lites; ou bien la plaie particuliere de I'eau
changde en sang, k laquelle correspondit
pour les Hebreux le prodige de I'eau tiree
du rocher (vers. 5 sv.).
La Vulg. ajoute, et ils admirerent I'issue
des e've'tietnetits : interpolation tiree du ver-
set suivant. En outre secum serait avanta-
geusement remplace par eos.
14. Celui, Moise. — Rejete avec 7nepris,
474
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XI, 15—26.
qu'ils avaient autrefois expose sur le
fletive et rejete avec mepris, ils I'ad-
mirerent a la fin des evenements,
lorsqu'ils eurent souffert une soif bien
differente de celle des Hebreux. ^jEn
punition des pensees extravagantes,
fruit de leur perversite, qui les ega-
raient et leur faisaient adorer des
reptiles sans raison et de vils ani-
maux, vous leur envoyates une mul-
titude de betes stupides : ^^pour leur
apprendre que ce qui sert a rhomme
pour pecher sert aussi a son chati-
ment. '711 etait facile a votre main
toute-puissante, qui a fait le monde
d'une matiere informe, d'envoyer
contre eux une multitude d'ours ou
de lions feroces, ^^ou des betes nou-
vellement creees, pleines de fureur et
inconnuesy«j'^«^-/^, respirant une va-
peur enflammee, exhalant une fumee
infecle ou lan^ant par les yeux de
terribles eclairs, i9capables enfin, non
seulement de donner la mort par une
blessure, mais de foudroyer de peur
par leur seul aspe6t. ^oEt sans cela
meme, ils pouvaient perir par un
simple souffle, poursuivis par la jus-
tice et disperses par le souffle de
votre puissance; mais vous avez tout
regie avec mesure, avec nombre et
avec poids. ^iCar la souveraine puis-
sance est toujours a vos ordres, et
qui done resisterait a la force de
votre bras? 22 Le monde est devant
vous comme I'atome qui fait pencher
la balance, comme la goutte de rosee
matinale qui tombe sur la terre.
23 Mais, parce que vous etes puissant,
vous avez pitie de tons, et vous fer-
mez les yeux sur les peches des hom-
mes pour les amener a la penitence.
24Car vous aimez toutes les creatures,
et vous ne haissez rien de ce que
vous avez fait ; si vous aviez hai
une chose, vous ne I'auriez pas faite.
25 Et quel etre pourrait subsister si
vous ne le vouliez, etre conserve
si vous ne I'aviez appele a I'exis-
tence.'' ^ejvfais vous pardonnez a tons,
parce que tout est a vous. Seigneur,
qui aimez les ames, (ch. xii, i) car
votre esprit incorruptible est dans
tons les etres.
soit par le fait meme de son exposition, soit
lorsqu'il demandait a Pharaon de laisser
partir les Hebreux. D'autres traduisent in
exposiliotie : au temps on les enfanls des
Hebreux etaient exposes. Au lieu de autre-
fois (gr. TraAxt), il y a dans la Vulg. prava,
criminelle, se rapportant k expositiotie. —
Une soif differente : la soif des Egyptiens,
pendant que les eaux du Nil ^talent chan-
gees en sang fut beaucoup plus cruelle que
celle des Hebreux dans le desert, celle-ci
n'dtant qu'une epreuve de courte duree.
1 5. Fruit de leur pen'ersit/. : comp. Rom.
1, 21. — Des reptiles sans raison (Vulg.
sans paroles : comp. II Pier. ii. 12) : cette
expression peut comprendre aussi les cro-
codiles. • — Betes stupides : grenouilles,
moucherons, sauterelles, etc. Voy. Exod.
viii et X.
Spiritualiste k I'origine, la religion egyp-
tienne degen^ra en un grossier f^tichisme,
surtout parmi le peuple, qui substitua facile-
ment I'embleme k I'idee, la statue et I'ani-
mal k la divinite qu'ils representaient.
Au lieu de guidani^ il faut probablement
lire dans la Vulg. quidein.
17. Alati^re informe : ce sont les ele-
ments premiers des choses, tirees du n^ant
par un premier acfle cr^ateur; la Genese
nous les montre au commencement k I'etat
de iohu vaboku, c.-k-d. de confusion, en
attendant que la main de Dieu y mette de
I'ordre et en fagonne le monde acfluel et
tous les etres qui I'habitent. On ne peut
done soutenir que I'auteur, tout en se ser-
vant d'une expression empruntee a Platon.
admette comme lui une matiere coeternelle
k Dieu. — Uenvoyer contre eux, au lieu de
chetifs insedles, des ours : comp. Lev.
xxvii, 22; Jcr. viii, 17; II Rois., ii, 24; otc des
lions : comp. I Rois , xiii, 24; II Rois,
xvii, 26. \
LIBER SAPIENTL^. Cap. XI, 15—27.
475
agi, commemorati sunt Dominum,
admirantesinfinemexitus.15.Quem
enim in expositione prava proje-
ctum deriserunt, in finem eventus
mirati sunt : non similiter justis si-
tientes : 16. pro cogitationibus au-
tem insensatis iniquitatis illorum,
'^quod quidam errantes colebant
mutos serpentes, et bestias super-
vacuas, immisisti illis multitudinem
mutorum animalium in vindictam :
17. ut scirent quia per quas peccat
quis, per haec et torquetur. 18. Non
enim impossibilis erat omnipotens
manus tua, quas creavit orbem ter-
rarum ex materia invisa, ^immittere
illis multitudinem ursorum,aut au-
daces leones, 1 9. aut novi generis
ira plenas ignotas bestias, aut va-
porem ignium spirantes, aut fumi
odorem proferentes, aut horrendas
ab oculis scintillas emittentes :
20. quarum non solum laesura pot-
erat illos exterminare, sed et aspe-
ctus per timorem occidere. 21. Sed
et sine his uno spiritu poterant oc-
cidi persecutionem passi ab ipsis
factis suis, et dispersi per spiritum
virtutis tuae : sed omnia in mensura,
et numero, et pondere disposuisti.
22. Multum enim valere, tibi soli
supererat semper : et virtuti bra-
chii tui quis resistet.^ 23. Ouoniam
tamquam momentum staterse, sic
est ante te orbis terrarum, et tam-
quam gutta roris antelucani, quas
descendit in terram. 24. Sed misere-
ris omnium, quia omnia potes, et
dissimulas peccata hominum pro-
pter pcenitentiam. 25. Diligis enim
omnia quas sunt, et nihil odisti eo-
rum quas fecisti : nee enim odiens
aliquid constituisti, aut tecisti.
26. Quomodo autem posset aliquid
permanere, nisi tu voluisses.? aut
quod a te vocatum non esset, con-
servaretur.'' 27. Parcis autem om-
nibus : quoniam tua sunt Domine,
qui amas animas.
•!•
18. L'auteur parait s'etre inspire de la
description du Leviathan (crocodile) Job,
xli, 10 sv.
20. Sans cela, sans qu'il fut besoin de ces
monstres. — Un simple souffle, un acle spe-
cial de la puissance divine : comp. Job,
iv, 9. — Par la justice ou la vengeance
divine; Vulg., a raison de leurs propres
crimes. — Vous avez tout regie : proposi-
tion generale qui s'applique k toutes les
ceuvres de Dieu, aussi bien dans I'ordre
physique que dans I'ordre moral, mais qui
vise ici le cas particulier du chatiment des
Egyptiens : Dieu les a punis, non selon
I'etendue de sa puissance ou la rigueur de
sa justice, mais avec mesure, etc. Comp.
Job, xxviii, 25; Ps. xl, 12.
21. Car : Dieu aurait pu chatier les
Egyptiens comme il est dit versets 17-20,
car, etc.
Dans la Vulg., soli est ajoutd sans raison,
et supererat est probablement pour superat,
dans le sens neutre, en gr. TrapEaTi'v, adest.
22. Comme I'atome, le plus l^ger poids.
23. Comp. Rom. ii, 4; Ad. xvii, 30.
26. Qui aimez les dmes, litt. ami de la vie,
surtout de la vie spirituelle, surnaturelle des
ames : comp. Ezech. xviii, 4; Alatth. xviii,
14; Joan. X, ID. — Votre Esprit inco}rup-
tible ou iminortel : I'Esprit de Dieu, en tant
que principe de toute existence, et de toute
vie, est dans tons les etres (d'autres, dans
tous les hommes), mais en restant distincfl
de tous les etres qu'il fait vivre. Cette asser-
tion n'a rien de commun soit avec le pan-
theisme, soit avec Tame du monde des
stoiciens; on la retrouve en d'autres livres
de la Bible '.Job, xxxiii, 4; Ps. cv, 30.
Le dernier membre de phrase, dans nos
editions imprimees, est rejete a tort dans le
chap, suivant, dont il forme le vers. i. Ce
verset est paraphrase ainsi par la Vulgate :
qu'il est bon et suave. Seigneur, votre Esprit
qui est daiis tous les etres! Le tradudteur
latin (de meme le Syriaque) parait avoir lu
ayJtQov bon, au lieu de atf^ap-co'v , incorrup-
tible; en outre, il ajoute le mot suavis et
donne au tout la forme d'exclamation.
— ^€>5 — i®i — ^©^-
476
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XII, i— 16.
CHAP. XII. — Role de la sagesse dans le chatiment des ennemis
de Dieu : 2° des Chananeens.
Ch. XII. '^^gAR votre Esprit incorruptible
''i^Sl Gst dans tous les etres.
'^^^ 2(3'est pourquoi vous ne
chatiez que par degre ceux qui tom-
bent, et quand ils pechent vous les
avertissez et vous les reprenez, afin
que, renongant a leur malice, ils
croient en vous. Seigneur. 3 Vous
aviez en haine les anciens habitants
de votre terre sainte, 4parce qu'ils se
livraient a des ceuvres detestables de
magie et a des ceremonies impies,
5tuant sans pitie leurs enfants, devo-
rant des chairs humaines et s'abreu-
vant de sang. Ces inities a d'abomi-
nables mysteres, ^ces parents meur-
triers de leurs enfants sans defense,
vous vouliez les detruire par la main
de nos peres, 7afin que cette terre
que vous honorez entre toutes recut
une digne colonie d'enfants de Dieu.
^Cependant, comme ils etaient hom-
mes, vous avez use de clemence et
vous avez envoye, comme avant-cou-
reurs de votre armee, des frelons pour
les faire perir peu apeu : 9non qu'il
ne vous fut pas possible de faire tom-
ber ces impies, dans une bataille ran-
gee, sous la main des justes, ou de
les exterminer d'un seul coup par les
betes feroces ou par un ordre rigou-
reux ; I'^mais en exer^ant vos juge-
ments par degre, vous leur donniez
lieu de faire penitence, quoique vous
sussiez bien qu'ils sortaient d'une
souche perverse et que leurs pensees
ne changeraient jamais; ^^car c'etait
une race maudite des I'origine.
Ce n'est pas non plus par crainte
de personne que vous vous etes mon-
tre indulgent pour leurs peches. ^^Qui
en effet pourrait vous dire: "Ou'avez-
vous fait.'" Qui pourrait s'opposer a
votre jugement.^ Qui viendrait plai-
der contre vous la cause d'hommes
impies? Qui vous accusera de faire
perir des nations que vous avez fai-
tes? 13 Car 11 n'y a pas d'autre Dieu
que vous, qui prenez soin de toutes
choses, afin de montrer que vous
n'avez rendu aucun jugement injuste.
14 II n'y a ni roi ni tyran qui puisse
vous demander compte au sujet de
ceux que vous avez chaties. ^sMais,
comme vous etes juste, vous reglez
tout avec justice, et vous regardez
comme une chose contraire a votre
puissance de condamner aussi celui
qui ne merite pas de chatiment. i<^Car
votre puissance est le fondement de
CHAP. XII.
1. Voy. la note de xi, 27.
2. O est pourquoi : parce que Dieu a pour
toutes ses creatures, et specialement pour
I'homme, un amour compatissant (xi, 23-26).
— Par degre, peu a la fois. Dans la Vulg.
partim rendrait mieux la pensee (\y\t parti-
busj mais ce mot ne se trouve nulle part
dans cette version. — (lui toinbent dans le
peche; Vulg., qui s''egarent. — Voits les
avertissez, litt. vous les faites souvenir du
lien qui existe entre le peche et le chati-
ment. — Ils croient en votes, s'attachent a
votre service.
3. Les habitaiits de votre terre sainte, les
sept peuplades chananeennes conquises par
les Israelites. Le 2^ livre des Macchabees
(i, 7) donne aussi k la Palestine le nom de
terre sainte.
4. CEuvres de magie ou sorcellerie, melees
aux ceremonies religieuses. Comp. Detit.
xiii, 5 sv. Apoc. ix, 21. — Ceremofiies im-
pies: sacrifices humains, mutilations, orgies
de toutes sortes.
5-6. Tuant leurs enfants : culte de Moloch
et de Baal {^Lev. xxii, 2-5; II Rois, iii, 27;
Ps. cvi, 37 sv. Jer. vii, 31; xix, 5. — Ces
parents meurtriers de leurs enfants : dans
la Vulg., il faut sous-entendre ca;dis apres
audores, h, moins que ce dernier mot n'ait
remplace necatores.
Le texte de ces 2 versets varie beaucoup
dans les manuscrits ; les Peres donnent, et
les versions anciennes supposent aussi des
lecjons differentes. Quelle est la veritable?
Les interpretes font k ce sujet plusieurs con-
jecftures que nous n'indiquons pas; notre
tradu(flion se contente de reproduirele sens
general.
Le sens de la Vulg. parait etre . et s'abreu-
vant de sang au mepris de vos lots essentiel-
les oxa fondamentales.
LIBER SAPIENTIyE. Cap. XII, i— 16.
477
— :i:— CAPUT XII. — :^:—
Ostendit quanta dementia et longanimitate
Deus corripuerit peccatores terras sanflse
incolas, non subito eos delens, cum non
illos tantum, sed et omnes nationes, nulli
illata injuria, tamquam solus omnium Do-
minus perdere posset : hac videlicet erga
inimicos dementia eledos suos de se
suaque bonitate bene sperare faciens,
eosque a peccatis revocans.
' QUAM bonus et suavis
est Domine spiritus tuus
in omnibus!
2. Ideoque eos, qui exer-
rant, partibus corripis : et de quibus
peccant, admones et alloqueris : ut
relicta malitia,credant in te Domine.
>eut. 9, 3.''Illosenim antiquosinhabitatores
5. 29 et terras sanctas tuas, quos exhorruisti,
'^* 4. quoniam odibilia opera tibi facie-
bant per medicamina, et sacrificia
injusta, 5. et filiorum suorum neca-
tores sine misericordia, et comesto-
res viscerum hominum, et devora-
tores sanguinis a medio sacramento
tuo, 6. et auctores parentes anima-
rum inauxiliatarum perdere voluisti
per manus parentum nostrorum,
7.ut dignam perciperent peregrina-
tionem puerorum Dei, quae tibi
omnium carior est terra. 8. Sed et
his tamquam hominibus pepercisti,
et misisti antecessores exercitus tui
vespas, ut illos paulatim extermi-
narent. 9. Non quia impotens eras
in bello subjicere impios justis, aut
bestiis saevis, aut verbo duro simul
exterminare : 10. *Sed partibus ju-
dicans dabas locum poenitentiae,non
ignorans, quoniam nequam est natio
eorum,et naturalis malitia ipsorum,
et quoniam non poterat mutari co-
gitatio illorum in perpetuum :
1 1, semen enim erat maledictum ab
initio.
Nee timens aliquem, veniam da-
bas peccatis illorum. 12. Quis enim
dicet tibi : Quid fecisti.? aut quis
stabit contra judicium tuum.? aut
quis in conspectu tuo veniet vin-
dex iniquorum hominum.^ aut quis
tibi imputabit,si perierint nationes,
quas tu fecisti.? 13. Non enim est
alius Deus quam tu, '^cui cura est
de omnibus, ut ostendas quoniam
non injuste judicas judicium. i4.Ne-
que rex, neque tyrannus in conspe-
ctu tuo inquirent de his, quos per-
didisti. 15. Cum ergo sis Justus,
juste omnia disponis : ip)sum quo-
que, qui non debet puniri, condem-
nare, exterum asstimas a tua virtute.
16. Virtus enim tuajustitiaeinitium
est : et ob hoc quod omnium Do-
7. Que vons Jwnorez (Vulg. qui vous est
chere) par les manifestations de votre puis-
sance et de votre bonte. — ■ Digne, dans
le sens religieux et moral. — Colofiie : ce
mot traduit exadement le gr. airotxiav, qui
renferme I'idee d'un pays etranger. Cepen-
dant la Palestine, depuis le sejour qu'y
avait fait Abraham, est toujours consideree
comme la patrie des Hebreux. Feut-etre
I'auteur a-t-il employe a-o'.-/.'!av dans le sens
de £Tror/.iav, etablissement en general.
8. Homines, faibles et port^s au mal :
comp. Ps. Ixxviii, 38 sv. — Frelons, grosses
guepes : voy. Exod. xxiii, 28; Deut. vii, 20.
Quelques interpretes modernes entendent
ces frelons dans le sens figure de 'pMiique.
10. D^une souche perverse. Dans la Vulg.
natio signifie origine, en gr. yivsat;. — Ne
chatigeraietif pas. Les mots ttoit poterat de
la Vulg. traduisent mal le grec; on doit les
prendre dans le sens d'une grande difficulte
morale.
* Exod. 23,
30. Deut. 7,
11. Race maudite, descendant de Cham :
voy. Gen. ix, 25.
12. Qui vous accusera devant un juge plus
eleve. La Vulgate intervertit I'ordre des deux
dernieres interrogations.
13. Qui prenez soin de toutes choses, a la
dififdrence des dieux du paganisme qui ne
presidaient qu'a un peuple ou k une pro-
vince. D'autres : il n'y a pas en dehors de
vous de Dieu qui pren7ie soin de toutes cho-
ses,2L qui, par consequent, vous ayezkprou-
ver que vos jugements sont justes, et en
particulier celui qui soumet les Chananeens
aux Israelites.
14. Vous demander cotnpte, litt. voiis re-
garder en face.
1 5 . De condamtter aussi, I'innocent, comme
les jug«s de la terre le font quelquefois.
16. La souveraine puissance de Dieu, loin
d'etre; comme I'est souvent le pouvoir ab-
solu d'un homme, une cause d'injustice et
de dommage, est le fondement et la raison
I Petr. 5,
478
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XII, 17—27; XIII, i.
la justice, et c'est parce que vous etes
le Seigneur de tous que vous usez
d'indulgence envers tous. ^7 C'est a
ceux qui ne croient pas a votre toute-
puissance que vous montrez votre
force, et vous confondez I'audace de
ceux qui !a connaissent. ^^Maitre de
votre force, vous jugez avec douceur,
et vous nous gouvernez avec une
grande indulgence, car la puissance
est toujours avec vous quand vous
voulez vous en servir.
^9 En agissant ainsi, vous avez
appris a votre peuple que le juste
doit etre humain, et vous avez ins-
pire a vos enfants la joyeuse espe-
rance que, s'ils pechent, vous leur
accordez le temps du repentir. ^oSi,
en efifet, vous avez puni avec tant de
menagement et d'indulgence les en-
nemis de vos serviteurs, bien qu'ils
fussent dignes de mort, leur donnant
le temps et I'occasion de se convertir
de leur malice, ^i avec quelle circons-
peclion jugez-vous vos enfants, dont
les peres ont recu de vous des ser-
ments et des alliances jointes a de
magnifiques promesses! ^aLors done
que vous nous infligez quelque cor-
re6lion, vous flagellez nos ennemis
mille fois plus rudement, pour nous
apprendre, quand nous jugeons, a
songer a votre bonte, et, quand nous
sommes juges, a esperer en votre mi-
sericorde.
23Voila pourquoi vous avez cruel-
lement tourmente par leurs propres
abominations les injustes qui pas-
saient leur vie dans la folic. 24 Car ils
s'etaient enfonces dans les voies de
I'erreur, regardant comme des dieux
les plus vils d'entre les animaux,
s'etant laisses tromper comme des
enfants sans raison. 25 Aussi leur avez-
vous envoye d'abord, comme a des
enfants sans raison, un chatiment de-
risoire. ^e^ais ceux qu'une legere
corre6lion n'a pas amendes, subiront
un chatiment digne de Dieu. ^/Cha-
tie au moyen des animaux qu'ils pre-
naient pour des dieux, ils furent
exasperes de leurs soufifrances, et y
voyant la main de Dieu qu'ils avaient
autrefois refuse de connaitre, ils le
reconnurent pour le Dieu veritable;
c'est pourquoi la supreme condamna-
tion tomba sur eux.
II. — ORIGINE ET CONSI^QUENCES MORALES DE L'IDOLATRIE
[XIII — XIV].
Ch.XIII.
CHAP. XIII. — Origines de I'idolatrie : Culte de la nature [vers, i — 9];
culte des images ou idoles [vers. 10 — XIV, 13].
Nsenses par nature tous les
hommes qui ont ignore Dieu
- et qui n'ont pas su, par les
biens visibles, s'elever a la connais-
sancc de Celui qui est; ni, par la con-
sideration de ses oeuvres, reconnaitre
meme de la justice; aucun motif secondaire
ne saurait agir sur lui et le rendre injuste.
— Le Seigneur de tons : comp. xi, 23, 26, et
Rom. xi, 32.
17. De ceux qui la conttaissent, et qui, la
connaissant, n'en tiennent pas compte dans
leur conduite, la bravent : comp. Rotn. i, 21.
La Vulg. acfluelle porta, qui la jne'connais-
sent; mais beaucoup de manuscrits latins
lisent, qtii sciu?it. Quant a I'addition de o'jx
devant eli5d<Tt, elle parait etre une correc-
tion de copiste.
18. Maitre de votre force ^ sachant la regler
par la sagesse et la misericorde. — Avec
douceur, ou, avec la Vulg., avec calme, sans
vous laisser emporter par I'emotion.
19. En agissant ainsi envers vos ennemis.
20. Et d'indulgence, en gr. Sie'asto; (codex
Sinait.) : la Vulgate n'a pas ce second
substantif.
21. CirconspeHion : opposde a la precipi-
tation des juges de la terre. — Jugez-vous :
dans le passe, le present et I'avenir, dans
tout le cours de I'histoire.
LIBER SAPIENTI^. Cap. XII, 17—27; XIII, i.
479
minus es, omnibus te parcere tacis.
17. Virtutem enim ostendis tu, qui
non crederis esse in virtute consum-
matus, et horum, qui te nesciunt,
audaciam traducis. 18, Tu autem
dominator virtutis, cum tranquilli-
tate judicas, et cum magna reveren-
tia disponis nos : subest enim tibi,
cum volueris, posse.
i9.Docuistiautempopulum tuum
per talia opera, quoniam oportet
justum esse et humanum, et bonae
spei fecisti filios tuos : quoniam ju-
dicans das locum in peccatis poeni-
tentias. 20. Si enim inimicos servo-
rum tuorum, et debitos morti, cum
tanta cruciasti attentione, dans tem-
pus et locum, per quae possent mu-
tari a malitia; 21. cum quanta dili-
gentia judicasti filios tuos, quorum
parentibus juramenta et conventio-
nes dedisti bonarum promissionum !
2 2. Cum ergo das nobis disciplinam,
inimicos nostros multipliciter fla-
gellas, ut bonitatem tuam cogitemus
judicantes : et cum de nobis judica-
tur, speremus misericordiam tuam.
23. Unde et illis, qui in vita sua
insensate et injuste vixerunt, per
haec, quae coluerunt, dedisti summa
tormenta. 24. ''Etenim in erroris
via diutius erraverunt, deos assti-
mantes haec, quae in animalibus sunt
supervacua,infantiuminsensatorum
more viventes.25. Propter hoc tam-
quam pueris insensatis judicium in
derisum dedisti. 26. Qui autem lu-
dibriis et increpationibus non sunt
correcti, dignum Dei judicium ex-
perti sunt. 27. In quibus enim pa-
tientes indignabantur, per haec quos
putabant deos, in ipsis cum exter-
minarentur videntes, ilium, quern
olim negabant se nosse, verum Deum
agnoverunt : propter quod et finis
condemnationis eorum venit super
illos.
— :;:— CAPUT XIII. — :i=—
Vani quidem sunt qui ex creaturis Deum
non agnoscentes, ipsas potius creaturas
pro diis coluerunt : at illi longe stultiores
qui opus artificis deum dicunr, ab insen-
sato idolo futura interrogantes.
ANI autem sunt omnes
homines, in quibus non
subest scientia Dei : et de
J his, quae videntur bona,
"^ Supra II,
16. Rom. I,
23-
Rom. I,
non potuerunt intelligere eum, qui
22. Corre^WH, comme h des enfants. —
Flagellez^ comme on fait pour des esclaves.
23. Voila pourqiioi : parce que Dieu pu-
nit ses ennemis bien plus rigoureusement
que son peuple. Ici I'auteur revient aux
Egyptiens (ch. xi). — Par lettrs propres
abominations, faisant servir k leur tourment
les creatures qu'ils adoraient : les animaux,
le Nil, honore comme un dieu, etc. : allu-
sion aux plaies d'Egypte. — Da7is la folie du
peche, de I'idolatrie : comp. Exod. xii, 12.
24. lis s ^etaient enfonces dans les votes de
I'erreur; litt. ils avaient erre plus loin que
les voies de Perreur, ils en avaient depasse
les limites ordinaires. Vulg., ils avaient ejre'
trap lo7igte7nps, etc. — S^e'tant laisse trom-
per ; Vulg., vivant.
25. Un chdtiinent de'risoire, litt. demoque-
rie : plaies des mouches, des grenouilles,
etc. Ce jeu divin avait pour but d'amener les
coupables a resipiscence.
26. Cette legere corre^ioit, litt. ces nioque-
ries de coreflioti. — Subiront plus tard, dans
le sens de ont subi (Vulg.); I'auteur donne k
sa pensee une forme generale, mais il a en
vue la mort des premiers- nes des Egyptiens
et le passage de la mer Rouge.
27. Qu'ils avaient refuse de connaitre :
voy. Exod. V, 2. — lis le recomttirent pour
le Dieu veritable (comp. Exod. viii, 8, 28;
ix, 27; x, 7, 16 sv. xii, 31), mais sans vouloir
pour cela lui obeir; aussi, etc.
CHAP. XIII.
I. Insenses, litt, vains : on sait que les
mots vains et z/aw/d^'designent souvent dans
I'Ecriture les idolatres et Tidolatrie : voy.
II Rois, xvii, 15; Rom. i, 21; Ephes. iv, 17.
— Par nature exprime I'etat intelledluel
des hommes que les dons de la grace et les
lumieres de la sagesse divine n'ont pas
eclaires et transformes. Dans cet etat, il
peut neanmoins et doit, par les biens visi-
bles, c.-k-d. par le speeftacle de la nature,
s'elever k un certain degre de connaissance
de Dieu {A^. xiv, 15-17; Rom. i, 20, 28). —
Dieu, le Dieu unique, dont le nom pro-
pre et incommunicable revile k Moise
{Exod. iii, 14) est Celui qui est, Jehovah ;
comp. Apoc. i, 4.
480
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XTII, 2—17.
rOuvrier. 2 Mais ils ont regarde le
feu, le vent, Fair mobile, le cercle des
etoiles, I'eau impetueuse, les flam-
beaux du ciel, comme des dieux gou-
vernant I'univers. 3 Si, charmes de
leur beaute, ils ont pris ces creatures
pour des dieux, qu'ils sachent com-
bien leur Seigneur I'emporte sur elles;
car c'est I'Auteur meme de la beaute
qui a fait toutes ces choses. 4Et s'ils
en admiraient la puissance et les
effets, qu'ils comprennent combien
est plus puissant celui qui les a faites.
sCar la grandeur et la beaute des
creatures font connaitre par analogie
Celui qui en est le Createur. ^Ceux-ci
pourtant encourent un moindre re-
proche; car ils s'egarent peut-etre en
cherchant Dieu et en voulant le trou-
ver. 7 Sans cesse occupes de ses oeu-
vres, ils en font I'objet de leurs
recherches, et ils s'en rapportent a
I'apparence, seduits par la beaute des
choses qu'ils ont sous les yeux. ^D'au-
tre part,ils ne sont pas non plus excu-
sables;9car, s'ils ont acquis assez de
science pour chercher a connaitre les
lois du monde, comment n'en ont-ils
pas connu plus facilement le Seigneur?
10 Mais ils sont bien malheureux et
leur esperance repose sur des objets
sans vie, ceux qui ont appele Dieu
des ouvrages de la main des hom-
mes, de Tor et de I'argent travailles
avec art, des figures d'animaux ou
une pierre inutile, ouvrage d'une main
antique. " Voiciqu'un artisan a coupe
dans la foret un arbre facile atravail-
ler; il en ote adroitement toute
I'ecorce, et, au moyen de son art, il
en fabrique un meuble utile pour
I'usage de la vie; ^^son travail acheve,
il emploie ce qui reste a faire cuire
ses aliments et satisfait sa faim.
i3Quant aux derniers debris qui ne
sont plus d'aucun usage, au bois tordu
et plein de noeuds, il le prend, le taille
pour occuper ses loisirs, et il est
assez habile pour reussir a lui donner
une figure : il I'a fait ressembler a
un homme. i4 0u bien il en fait
I'image de quelque vil animal, le peint
de vermilion, le recouvre d'une cou-
leur rouge et fait disparaitre sous un
enduit toutes les taches. ^5 Puis, lui
ayant dispose une habitation conve-
nable, il le place contre la muraille et
la fixe avec du fer. ^^U prend bien
garde qu'il ne tombe, sachant que le
dieu ne saurait s'aider lui-meme, car
ce n'est qu'une statue a laquelle il
faut porter secours. ^/Alors il lui
adresse des prieres au sujet de ses
biens, de ses mariages et de ses en-
Dans la Vulg., ^e his est pour ex his; de
meme Matth. iii, 9; Liic^ i, 71.
2. Lc fell, objet d'un culte chez les Chal-
deens et les Perses. — Le vent, par ex.
Eole chez les Grecs. — Uair mobile ou
rapide parait se rapporter a I'atmosphere,
peisonnifiee dans Jupiter et Junon. — Le
cercle des etoiles, qui semblent decrire des
cercles dans le ciel. — Deau impctneuse,
honor^e chez les Perses et chez les Grecs
sous les noms de Poseidon (Neptune),
d'Oceanos, etc. ; les Egyptiens rendaient
des honneurs divins a leur fleuve sacre, le
Nil. — Les flambeaux du ciel, le soleil et la
lune, comme I'explique la Vulg. : le soleil,
honor^ k H^liopolis sous le nom d'Osiris, et
la lune sous celui d'lsis.
5. 'L^i grandeur se rapporte au vers. 4, et
la beaute a.\i vers. 3. La veritable legon du
grec est peut-etre, xal xotXJ.ovTJi; XTta[xaTwv
D'apr^s cela, il faudrait dans la Vulg., et
specie creaturw, qu'on trouve en effet dans
d'autres versions anciennes et dans des ci-
tations des P^res. — Par analogie, par voie
de comparaison ou de consequence (S. Hi-
laire) : la cause doit etre proportionnee k
I'effet. Le concile du Vatican a solennelle-
ment confiime cette dodlrine {de Revel.
can. i). Comp. Rom. i, 20; Afl. xiv, 17).
6. Un moindre reproche, une moindre res-
ponsabilite, si on les compare aux adora-
teurs d'idoles dont il va etre parle (vers.
10 sv.), car I'homme pent etre facilement
amene a rendre un culte aux grandes puis-
sances de la nature, a cause de la faiblesse
native de son intelligence (vers. i). L'auteur
dira plus loin qu'il n'est pourtant pas excu-
sable en cela (vers. 8).
Car ils s\garent peut-etre en cherchant
Dieu sincerement. D'autres : car ils tom-
bent aussi facilement dans Verreur ceux qui
cherchent Dieu, etc.; sens : car les Israeli-
tes eux-memes,qui veulent sincerement con-
naitre Dieu, tombent parfois dans I'erreur,
par ex. sur les rapports de Dieu avec le
monde et I'homme, la providence, etc.
LIBER SAPIENTI^.. Cap. XIII, 2—17.
481
est, neqiie operibus atteiidentes
Deut. 4, agnoverunt quis esset artifex: 2/sed
'^^'^•^- aut ignem, aut spiritum, aut cita-
tum aerem, aut gyrum stellarum,
aut nimiam aquam,aut solem et lu-
nam, rectores orbis terrarum deos
putaverunt. 3. Quorum si specie
delectati, deos putaverunt : sciant
quanto his dominator eorum spe-
ciosior est : specie! enim generator
base omnia constituit.4, Aut si virtu-
tem, et opera eorum mirati sunt,
intelligant ab illis, quoniam qui base
fecit, fortior est illis : 5. a magnitu-
dine enim speciei, et creaturas co-
gnoscibiliter potent creator horum
videri. 6, Sed tamen adhuc in his
minor est querela. Kt hi enim for-
tasse errant, Deum quasrentes, et
:om. I, volentes invenire. 7. "Etenim cum
in operibus illius conversentur, in-
quirunt : et persuasum habent quo-
niam bona sunt quas videntur,
8. Iterum autem nee his debet
ignosci. 9. Si enim tantum potuerunt
scire, utpossentaestimare sascuium :
quomodo hujus Dominum non fa-
cilius invenerunt.^
10. Infelices autem sunt, et inter
mortuos spes illorum est, qui appel-
laverunt deos opera manuum homi-
num, aurum et argentum, artis in-
ventionem, et similitudines anima-
lium, aut lapidem inutilem opus
manus antiquas. 11. ''Aut si quis "Ts. 44, 12.
artifex faber de silva lignum rectum J^'' ^°' ^'
secuerit, et hujus docte eradat om-
nem corticem, et arte suausus, dili-
genter fabricet vas utile in conver-
sationem vitas, 1 2. reliquiis autem
ejus operis, ad prasparationem escas
abutatur : 13. et reliquum horum,
quod ad nuUos usus facit, lignum
curvum, et vorticibus plenum, scul-
pat diligenter per vacuitatem suam,
et per scientiam suae artis figuret
illud, et assimilet illud imagini ho-
minis, 14. aut alicui ex animalibus
illud comparet, perliniens rubrica,
et rubicundum faciens fuco colorem
illius, et omnem maculam, quas in
illo est, perliniens : 15. et faciat ei
dignam habitationem, et in pariete
ponens illud, et confirmans ferro,
16. ne forte cadat, prospiciens illi,
sciens quoniam non potest adjuvare
se : imago enim est, et opus est illi
adjutorium. 17. Et de substantia
7. II s'agit probablement dans ce verset
(comp. le vers. 9) des philosophes et des sa-
vants qui s'adonnent a I'etude de la nature.
D'autres I'entendent des occupations ordi-
naires de la vie, dans lesquelles I'homme
se trouve sans cesse en relation avec les
creatures, et traduisent : vivant aic inilieu
de ses aiivres. Us le c/ierc/ient, ils cherchent
Dieu, etc.
8. Attenuation de ce qui est dit vers. 6.
9. Sceciduin, en gr. alojv, c'est le monde
considere non comme espace, mais comme
duree.
10. Bien malheureux, plus malheureux
encore, plus insenses et plus coupables, que
ceux qui rendent un culte aux puissances
de la nature et aux oeuvres de Dieu. — Sur
des objets sans vie, des images, des statues
de pierre ou de bois, par opposition, non
seulement au Dieu vivant, mais probable-
ment aux creatures vivantes, aux energies
puissantes et harmonieuses de la nature. —
Une pierre itiutile, a laquelle une origine
antique et inconnue a attache quelque chose
de mysterieux : tel I'informe bloc de pierre
honoree dans le temple de Diane a Ephese
(AlI. xix, 35), ou I'ap/aTov 3pcTa; (grossiere
image de bois) d' Athene a Athenes (Euri-
pide, Iphig. Taur. 977).
11. Facile a travailler, ou bien, a sa con-
V e nance ; Vulg. bien droit.
12. Et satisfait safaim, prend son repas :
la Vulg. omet ces mots.
13. Ponr occuper ses loisirs : expression
sarcastique; sans y attacher la moindre im-
portance. — // est asses habile ... Les Codd.
Alex, et Sin. lisent hhzLo^, litt. avec I'habi-
Xetede la negligence; la leqon du Cod. Vat.
auvEJscoc, rtfe P intelligence, cons&rv6t.da.ns le
texte officiel des Septante, et reproduite par
la Vulg., est bien preferable.
14. Vil afiinial; la Vulg. omet vil. — De
vermilion : comp. Je'r. xxii, 14; Ezech.
xxiii, 14. Pline nous apprend qu'on peignait
ainsi la statue de Jupiter a ses jours de fete.
Comp. Virg. Eclog. x, 26. — Rouge, pour
leur donner I'apparence de la vie(Bossuet).
1 5. Une habitation, probablement une
niche dans la muraille. — Le fixe avec dti
fer : comp. Is. xli, '];/er. x, 4.
J 7. De ses tnariages, en y comprenant
peut-etre ceux des membres de sa famille.
N° 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 31
482 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XIII, i8, 19; XIV, i — 13.
Ch. XIV.
fants, et il ne roiigit pas de parler a
ce qui n'a point d'ame. ^^ II demande
la sante a ce qui est sans force, la vie
a ce qui est mort, il appelle a son
secours ce qui ne peut rendre aucun
service, et il recommande son voyage
a ce qui ne peut se servir de ses pieds.
19 Pour s'assurer des profits, pour
reussir dans ses entreprises, pour le
succes de son travail, il demande
I'habilete a ce qui est incapable de
quoi que ce soit.
CHAP. XIV.— Culte des innages [suite. Vers, i — 13]; — culte des hommes
deifies [14 — 21]; — consequences morales de I'idolatrie [22 — 31].
SJN voici un autre qui pens© a
\\ prendre la mer et se dispose
' a voyager sur les flots en fu-
reur : il invoque un bois plus fragile
encore que le vaisseau qui le porte ;
2 car, ce vaisseau, c'est la passion du
lucre qui Fa invente, et I'ouvrier y a
mis toute son habilete. ^Mais, 6 Pere,
c'est votre providence qui le gou-
verne, vous qui avez meme ouvert
un chemin dans la mer et une route
sure au milieu des flots, 4montrant
par la que vous pouvez delivrer de
tout peril, afin que tout homme, fut-il
etranger a I'art de la navigation,
puisse se mettre en mer. 5 Vous ne
voulez pas que les ceuvres de votre
sagesse restent inutiles; c'est pour-
quoi les hommes, confiant leur vie a
un bois fragile, traversent les vagues
sur un radeau, et echappent a la
mort. ^Et dans les temps recules,
tandis que les geants orgueilleux
perissaient, I'esperance de I'univers
echappa sur une barque, et, gou-
verne par votre main, laissa au mon-
de la semence d'une posterite. 7Car
beni est le bois qui sert a un juste
usage.
^Mais I'idole, oeuvre de la main
des hoinmes, est maudite, elle et son
auteur : celui-ci parce qu'il I'a faite,
celle-la parce qu'etant une chose pe-
rissable, elle porte le nom de Dieu ;
9car Dieu hait egalement I'impie et
son impiete, '^et I'teuvre et I'ouvrier
seront pareillement chaties. "C'est
pourquoi viendra aussi le jour ou les
idoles des nations seront visit^es,
parce que, creatures de Dieu, elles
sont devenues une abomination, un
scandale pour les ames des hommes,
un piege pour les pieds des insenses.
^2 En effet, la fornication a commence
quand on a imagine les idoles, et
leur invention a amene la perte de la
vie. 13 Elles n'existaient pas a I'ori-
gine, et elles ne subsisteront pas tou-
18. Ce qui lie peut retidre aucun serzncc ;
litt. ce qui est satis experience, ignorant les
moyens de venir en aide a quelqu'un. —
De ses pieds, litt. de sa base : ironie. La Vulg.
traduit largenient ces derniers mots.
CHAP. XIV.
1. Un bois, des dieux de bois : les divini-
tes tut^laires des navigateurs, dont les ima-
ges etaient peintes ou sculptees a I'avant du
vaisseau. — Que le 7'aisseau, ou. d'apres la
le^on du Cod. Alex, suivie par la \'ulg. ,
que le bois, ce qui donne plus de relief ii
I'antithese.
2. Car amene la raison de la derniere
assertion, savoir que le navire vaut mieux,
est plus fort, que les idoles. — Son habilete :
le mot j/iTrt n'est pas exprime dans le grec,
mais il se sous-entend facilement. Les Codd.
Vat. et Alex, lisent le/nT'.; joo-'a ; d'apres
cette le(;on, I'auteur dirait que la Sagesse
divine a appris aux hommes a construire les
vaisseaux : allusion \ I'arche de Noe.
3. Votre providence, en gr. -rpovoia : ce
mot, employe pour la premiere fois par He-
rodote, puis par Platon, passa des Grecs
aux Alexandrins; mais I'idee qu'il exprime
apparait a chaque page dans la Bible. —
Ouvert un chemin aux Israelites dans la
mer Rouge {Exod. xiv, 22) : comp. Fs.
Ixxvi, 20; cvi, 23 sv.
4. Etranger a I'art de la navigatio7i,
comme etait Noe, puisse se mettte en mer
et faire une heureuse traversee si Dieu le
protege.
5 I^s ceuvres de votre sagesse, les pro-
duits des mers et des terres lointaines, pre-
parees par la Providence pour les besoins
de I'homme. — Un bois fragile... un ra-
deau : figure appelee meiosis.
LIBER SAPIENTI.E. Cap. XIII, i8, 19; XIV, i — i,
483
sua, et de filiis suis, et de nuptiis
votum faciens inquirit. Non erube-
scit loqui cum illo, qui sine anima
est : 18. et pro sanitate quidem in-
firmum deprecatur,et pro vitarogat
mortuum, et in adjutorium inuti-
lem invocat : I9.et pro itinere petit
ab eo, qui ambulare non potest : et
de acquirendo, et de operando, et
de omnium rerum eventu petit ab
eo, qui in omnibus est inutilis.
— :>— CAPUT XIV. — :i:—
Utilis inventio navis, qua etiam tempore
diluvii semen hiimanum servatum est :
idolum autem malediflum est cum suo
fabricatore : et quod fuerit idolorum ido-
lolatrijeque exordium ac progressus, item
qucC mala ex idololatria procedant.
TERUM alius navigare
cogitans, et per feros flu-
ctus iter facere incipiens,
ligno portante se, fragilius
lignum invocat. 2. lUud enim cupi-
ditas acquirendi excogitavit, et arti-
fex sapientia fabricavit sua, 3. Tua
autem, Pater, providentia gubernat :
"quoniam dedisti et in mari viam,
et inter fluctus semitam firmissi-
mam, 4. ostendens quoniam potens
es ex omnibus salvare, etiam si sine
arte aliquis adeat mare. 5. Sed ut
non essent vacua sapientiae tuae ope-
ra : propter hoc etiam et exiguo
ligno credunt homines animas suas,
et transeuntes mare per ratem libe-
rati sunt : 6. *sed et ab initio cum
perirent superbi gigantes, spes orbis
terrarum ad ratem confugiens, re-
misit sasculo semen nativitatis, quas
manu tua erat gubernata. 7. Bene-
dictum est enim lignum, per quod
fit justitia.
8. '^Per manus autem quod fit
idolum, maledictum est et ipsum,
et qui fecit illud : quia ille quidem
operatus est : illud autem cum esset
fragile, deas cognominatus est. 9. Si-
militer autem odio sunt Deo im-
pius, et impietas ejus. 10. Etenim
quod factum est, cum illo, qui fecit,
tormenta patietur. 1 1. Propter hoc
et in idolis nationum non erit re-
spectus : quoniam creaturae Dei in
odium factae sunt, et in tentationem
animabus hominum, et in muscipu-
1am pedibus insipientium. 12. Ini-
tium enim fornicationis est exquisi-
tio idolorum : et adinventio illorum
corruptio vitae est. 13. Neque enim
erant ab initio, neque erunt in per-
6. Les temps recules, I'epoque du deluge.
— Les geants,\es impies de cette epoque,
perissaient dans les flots. — Lesperattce de
Viinivers, Noe et sa famille : comp. Virg.
Ai.n. xii, 168.
7. Qui sert a un usage juste et legitime,
tel que la construcflion d'un vaisseau, par
opposition au bois dont on fait des idoles.
Cette pensee ramene I'auteur a son sujet,
apres la digression des vers. 3-7.
Plusieurs Peres ont applique ce verset,
detache de son contexte, a la croix de Notre-
Seigneur.
8. Le nom de Dieit : comp. Rom. i, 23.
9. Et son ijiipi^le., son ceuvre impie, I'idole.
(Zox{\'^.Dcut. xxvii, i5;£'.r^<^/.xxiii,7;xxxiv, 7;
Ps. V, 5.
10. Comp. Is. ii, 18-21.
11. Visitera les idoles^ pour les aneantir
(_/<?>. x, 15), comme etant les symboles des
demons (1 Cor. x, 20. Comp. Exod. xii, 12;
Nombr. xxxiii, 4, al). Vulg. : il n'y aura
pas d^e'gard, de ine'jtagetnenf, pour les ido-
les; la negation parait avoir ete ajoutee
par un copiste ignorant la double signifi-
cation de respe^ns : recompense et chdti-
me)it. — Une abomination, I'objet d'un culte
impie : au lieu de procurer la gloire du
Createur, elles servent a I'outrager. — Un
scandale : comp. /os. xxiii, 13; Ps. Ixix, 23;
Rom. xi, 9.
12. La fornication spirituelle : c'est sous
ce nom que I'Ecriture designe habituelle-
ment Fidolatrie {Lev. xvii, 7; Dent, xxxi, 16;
Jtig. ii, 17; Is. i, 21, al.) : Talliance de
Jehovah avec son peuple etant presentee
sous I'image d'un mariage, I'Israelite qui
adore des divinites etrangeres est infi-
dele et adultere. — De la vie morale et
spirituelle.
13. L'humanite a son debut etait mono-
theiste; les traditions primitives des peuples
sont d'accord sur ce point avec la Genese.
Meme les premiers idolatres paraissent
avoir adore direftement les corps celestes
sans les representer ou les symboliser sous
des images.
* Gen. 6, 4
et 7, 7.
<^Ps. 113, £
Bar. 6, 3.
484
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XIV, 14-
!8.
jours. i4C'est la folic des hommes
qui les a introduites dans le monde ;
aussi leur fin prochaine est-elle arre-
tee dans la pensee divine.
15 Un pere accable de douleur par
la prompte mort d'un fils qui lui a
ete enleve avant le temps a faconne
son image, et cet enfant qui etait
mort, il s'est mis a I'honorer comme
un dieu, et il a institue parmi les
gens de sa maison des rites pieux et
des ceremonies. ^^Puis, cette coutume
impie s'affermissant avec le temps
fut observee comme une loi, et sur
I'ordre des princes on adora des sta-
tues. '^7 0uand on ne pouvait les ho-
norer en face a cause de leur eloi-
gnement, on se representait de loin
leur figure et Ton faconnait une
image visible du roi venere, afin de
rendre a I'absent des hommages aussi
empresses que s'il eut ete present.
i^Ce qui fit croitre la superstition,
c'est que ceux-la meme qui ne con-
naissaient pas le souverain y furent
amenes par le zele de I'artiste. i9Ce-
lui-ci en effet, desireux de plaire au
maitre puissant, epuisa tout son art
a embellir le portrait. 20 Et la foule
des hommes, seduite par I'elegance
de I'oeuvre, regarda comme un dieu
celui qui naguere etait honore comme
un horn me.
21 Ce fut un piege pour les vivants
que les hommes, sous le coup d'une
infortune ou trop complaisants pour
leurs souverains, eussent donne a la
pierre ou au bois le nom incommu-
nicable. 22 Ce n'etait pas assez pour
eux d'errer dans la notion de Dieu;
vivant dans un etat de lutte violente
par suite de leur ignorance, ils appe-
laient du nom de paix des maux si
grands et si nombreux. 23 Celebrant
des ceremonies homicides de leurs
enfants ou des mysteres clandestins,
et se livrant aux debauches effrenees
de rites etranges, 24ils n'ont plus gar-
de de pudeur ni dans leur vie ni dans
leurs mariages ; I'un tue I'autre par la
trahison ou I'outrage par I'adultere.
25 Ce n'est partout que sang et meur-
tre, vol et tromperie, corruption et
infidelite, revoke et parjure, ^Sperse-
cution des gens de bien, oubli des
bienfaits, souillure des ames, crimes
contre nature, instabilite dans les
unions, adultere et impudicite. ^zCar
le culte des viles idoles est le prin-
cipe, la cause ct la fin de tout mal.
28 Leurs divertissements sont de foUes
joies et leurs oracles des mensonges;
14. L'auteur inspire volt dans un avenir
prochain la venue du Messie,et avec elle la
conversion du monde au culte du vrai Dieu.
La 1''^ partie de ce verset est mal rendue
dans la Vulgate. L'erreur du tradufteur
latin vient de ce qu'il s'est mepris sur le
sujet de advcnif, qui est uiola, comme le
montre le pronom tlloruiii qui suit.
Culte des honimes deifies (vers. 15-21).
15. Des ceremonies; Vulg. des sacrifices.
Un exemple de cette tendance naturelle h
I'homme nous est fourni par Ciceron qui,
ayant perdu sa fille TuUia, conqut le dessein
d'elever en son honneur un temple magni-
tique {Epitr. a Atticits, xii, 35 sv. Comp.
LacHiance, Instit. i, 15, 20). L'empereur
Adrien realisa une pensee semblable en
I'honneur de son favori Antinoiis.
17. Autre cause de I'idolatrie : statues
dress^es pour honorer des souverains re-
doutes.
On se ;Y/^r,"'f(?;/ /«//.- plus tard les souve-
rains en vinrent k envoyer eux-memes, des
le ddbut de leur r^gne, leur image dans
toutes les provinces; c'est ce que suppose
la traduction de la Vulg. : leur image etait
apportce de loin; mais le texte grec se rap-
porte a une epoque plus ancienne.
18. Troisieme cause d'idolatrie : la beaute
meme de la statue ou de I'image.
19. La superstition s'accrut de deux ma-
nicres : I'image fut honoree par un plus
grand nombre, et elle regut des honneurs
divins (vers. 20).
20. Comme un dieu, litt. conime un objet
d\idoration. C'est pour prevenir cet abus que
Dieu avait d^fendu aux H^breux de se faire
des images taillees ou fondues {Exod.^y., 4).
Au lieu de abdufla, dans la V^ulg., plu-
sieurs manuscrits lisent adduHa, qui tra-
duirait plus exacflement le grec.
Consequences morales de I'idolatrie (ver-
sets 21-31). Comp. Rom. i, 24 sv.
21. U}t piege, une cause de corruption,
pour les vivants, litt. pour la vie : comp.
X, 8 ; /lumance n'est pas dans le'grec. — D^une
infortune, par ex. la perte d'un fils (vers. 15).
— Trop complaisants pour letirs souverains :
LIBER SAPIENTI^. Cap. XIV, 14—28.
485
petuum. 14. Supervacuitas enim ho-
minum hasc advenit in orbem ter-
rarum : et ideo brevis illorum finis
est inventus.
15. Acerbo enim luctu dolens
pater, cito sibi rapti filii fecit ima-
ginem : et ilium, qui tunc quasi
homo mortuus fuerat, nunc tam-
quam deum colere coepit, et consti-
tuit inter servos suos sacra et sa-
crificia. 16. Deinde interveniente
tempore convalescente iniqua con-
suetudine, hie error tamquam lex
custoditus est, et tyrannorum im-
perio colebatitur figmenta. 17. Et
hos, quos in palam homines hono-
rare non poterant propter hoc quod
longe essent, e longinquo figura eo-
rum allata, evidentem imaginem
regis, quern honorare volebant, fe-
cerunt : ut ilium, qui aberat, tam-
quam prassentem colerent sua solli-
citudine. 18. Provexit autem ad
horum culturam et hos, qui igno-
rabant, artificis eximia diligentia.
1 9. Ille enim volens placere illi, qui
se assumpsit, elaboravit arte sua, ut
similitudinem in melius figuraret.
20. Multitude autem hominum
abducta per speciem operis, eum,
qui ante tempus tamquam homo
honoratus fuerat, nunc deum aesti-
maverunt.
21. Et hasc fuit vitas humanas
deceptio : quoniam aut afFectui, aut
regibus deservientes homines, in-
communicabile nomen lapidibus et
lignis imposuerunt, 11. Et non
suffecerat errasse eos circa Dei
scientiam, sed et in magno viventes
inscientias bello, tot et tam magna
mala pacem appellant. 23. '^Aut
enim filios suos sacrificantes, aut
obscura sacrificia facientes, aut insa-
nia^ plenas vigilias habentes, 24. ne-
que vitam, neque nuptias mundas
jam custodiunt, sed alius alium per
invidiam occidit, aut adulterans
contristat : 25. et omnia commista
sunt, sanguis, homicidium, furtum
et fictio, corruptio et infidelitas,
turbatio et perjurium, tumultus
bonorum, 26, Dei immemoratio,
animarum inquinatio, nativitatis
immutatio, nuptiarum inconstantia,
inordinatio moechias et impudicitias.
27. Infandorum enim idolorum cul-
tura, omnis mali causa est, et ini-
tium et finis. 28, Aut enim dum
lastantur, insaniunt : aut certe vati-
"^Deut. 18,
10. Jer. 7,
comp. vers. 16 sv. — Le notn de Dieu,
incommutiicable aux creatures.
22. Lutte contre la vertu; ou bien ce mot
designe les injustices, les meurtres, les vio-
lences, les troubles domestiques, ce que
I'auteur appelle des inaiix si grands et si
nombreux, et qu'il decrit dans les versets
suivants. — Du notn de paix : comp. Jer.
vi, 14.
23. Ceremonies homicides : allusion aux
sacrifices offerts a Moloch : voy. xii, 5. —
Des Jiiysteres clandesiins, qui s'accomplis-
saient dans les tenebres de la nuit : initia-
tion aux mysteres de Cybele, de Priape, etc.
— Aux debauches effrenees, banquets en
I'honneur de Bacchus, a la suite desquels
on se livrait ^ toutes sortes d'impudicites.
— De rites etranges, en gr. £;o(XXtov. La
Vulg. traduit le dernier membre, 7-einplis-
sant les nuits de folies : comp. II Macch.
vi, 4; Rom. xiii, 13.
24. La trahison, litt. des einbucJies; Vulg.,
par jalousie : peut-etre faut-il lire insidias
au lieu de invidiajn.
25. Sur ce verset et le suivant comp. Rom,
i, 29 sv. Gal. V, ig-2i ; II Cor. xii, 20; I Tim.
i, 9 sv. — Corruption., c.-k-d. ruine, destruc-
tion; ou bien : seducftion, venalite.
26. Oubli des bienfaits, ingratitude. Vulg.,
oubli de Dieu; mais cet oubli est la cause,
non I'efifet des maux enumeres. Un scribe,
trouvant sur son manuscrit Doii ou Dt
(doni) aura lu par meprise Doiii (Domini)
ou Dei. — Souilbire, dans le sens acflif :
a(flion de souiller. — Crimes contre Jiatiire,
litt. echange de sexe, sodomie : comp. Rom.
i, 26 sv. La Vulg. semble entendre ces mots
dans le sens de supposition d'enfa?its.
Itiordinatio, dans la Vulg., n'est sans
doute qu'une seconde traducflion de a-:a;ia
(deja rendu par inco?istantia), qui aura passe
de la marge dans le texte.
27. Des viles idoles, litt. des idoles sans
nom^ ce qui peut signifier des idoles sans
existence reelle (comp. I Cor. viii, 4; Gal.
iv, 3), ou des idoles meprisables, qui ne me-
ritent pas d'etre nommees (comp, Exod.
xxiii, iy,Jos. xxiii, 7; Ps. xvi, 4). - Lajiti,
la derniere limite, I'extremite oii le mal
arrive a son apogee.
28. Leurs divertissements , soit dans la
vie ordinaire, par opposition a la joie sainte
486 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XIV, 29—31;
XV, I-
■12.
ils vivent dans I'injustice et se par-
jurent sans scrupule. ^gComme ils
mettent leur confiance en des idoles
qui n'ont pas de vie, ils n'attendent
aucun prejudice de leurs parjures.
30 Mais un juste chatiment les frap-
pera pour ce double crime : parce
que, s'etant attaches aux idoles, ils
ont eu sur Dieu des pensees perver-
ses, et parce qu'ils ont fait par four-
berie des serments contre la justice,
au mepris des plus saintes lois. 31 Ce
n'est pas la puissance des idoles par
lesquelles^ ils ont jure, c'est le chati-
ment du aux peches qui atteint tou-
jours la prevarication des impies.
§ III. — CONTRASTE ENTRE LES ADORATEURS DU VRAI DIEU
ET LES IDOLATRES.
CHAP. X\^ — Differences generales [vers, i — 17]; — adoration
des animaux par les Egyptiens [18 — 19].
Ch. XV.
[Ais vous, 6 notre Dieu, vous
etes bon, fidele et patient, et
vous gouvernez tout avec mi-
sericorde. ^Lors meme que nous pe-
chons, nous sommes a vous, connais-
sant votre puissance; mais nous ne
voulons pas pecher, car nous savons
que nous sommes comptes parmi les
votres. 3 Vous connaitre est la justice
parfaite, et connaitre votre puissance
est la racine de I'immortalite. 4 Nous
n'avons pas ete jet^s dans I'egare-
ment par I'invention d'un art funeste,
ni par une figure barbouillee de di-
verses couleurs,vain travail d'un pein-
tre : Sobjets dont I'aspecl excite la
passion de I'insense, qui s'eprend
pour la figure inanimee d'une image
sans vie, ^Ils affe6lionnent le mal et
meritent de mettre leurs esp^rances
en de pareils dieux, aussi bien ceux
qui les font que ceux qui les aiment
ou les adorent
7 En effet, voici un potier qui petrit
laborieusement la terre molle ; il fa-
^onne chaque vase pour notre usage,
et de la meme argile il en fait qui
sont destines a de nobles emplois, et
d'autres a des emplois tout contraires,
sans distinguer nullement a quel usa-
ge chacun d'eux devra servir. C'est
le potier qui en est juge. ^Ensuite,
par un travail impie, il faconne une
vaine divinite, lui qui naguere avait
ete fait de terre, et qui bientot retour-
nera au lieu d'oii il a ete tire, quand
on lui redemandera son ame qui lui
avait ete pretee. 9 Pourtant il ne s'in-
quiete pas de ce que ses forces s'epui-
sent, ni de la brievete de la vie; mais
il rivalise avec les ouvriers qui tra-
vaillent I'or ou I'argent, il imite ceux
qui travaillent I'airainet met sa gloire
a executer des figures trompeuses.
^"Son coeur est comme de la cendre,
son esperance est plus vile que la
terre dont il fait ses idoles, et sa vie
est de moindre valeur que I'argile.
"Car il meconnait celui qui I'a fait,
qui lui a inspire une ame agissante
et a mis en lui un souffle de vie.
i^Ces hommes ont regarde notre
existence comme un amusement, la
vie comme un grand marche ou Ton
et moderee des serviteiirs de Dieu; soit
dans les fetes paiennes : saturnales, bac-
chanales, etc.
29. Ces paiens qui pratiquaient encore
quelques adles religieux, n'avaient en realite
aucune foi; c'^taient au fond de veritables
athees.
31. S. Augustin : " Non te audit lapis
loquentem, sed punit Deus fallentem."
CHAP. XV.
1. Bon en vers vos adorateurs,yfi/i?/^ dans
vos promesses : par opposition k I'impuis-
sance des idoles : comp. Exod. xx.xiv, 6;
Noinbr. xiv, 18.
2. Nous sommes a vous, dans votre main,
sachant ce que nous avons a attendre de
votre justice et de votre misericorde, et au
LIBER SAPIENTL-i:. Cap. XIV, 29—31; XV, 1 — 12.
487
cinantur falsa, aut vivunt injuste,
aut pejerant cito. 29. Dum enim
confidunt in idolis, quae sine anima
sunt, male jurantes noceri se non
sperant. 30. Utraque ergo illis eve-
nient digne, quoniam male sense-
runt de Deo, attendentes idolis, et
juraverunt injuste, in dolo contem-
nentes justitiam, 31. Non enim ju-
ratorum virtus, sed peccantium
poena, perambulat semper injusto-
rum praevaricationem.
— :i^ CAPUT XV. — A—
Vox fidelium suavitatem et misericordiam
Dei commendantium, cujus gratia ab
idololatria sunt servati : mire quoque
subsannat idolorum artifices ac cultores.
U autem Deus noster, sua-
vis et verus es, patiens, et
in misericordia disponens
omnia. 2. Etenim si pec-
caverimus, tui sumus, scientes ma-
gnitudinem tuam : et si non pecca-
verimus, scimus quoniam apud te
sumus computati. 3. Nosse enim te,
consummata justitia est : et scire
justitiam, et virtutem tuam, radix
est immortalitatis. 4. Non enim in
errorem induxit nos hominum malas
artis excogitatio, nee umbra picturas
labor sine fructu, effigies sculpta
per varios colores, 5. cujus aspectus
insensato dat concupiscentiam, et
diligit mortuaeimaginiseffigiemsine
anima. 6. Malorum amatores, digni
sunt qui spem habeant in talibus, et
qui faciunt illos, et qui diligunt, et
qui colunt.
7. "Sed et figulus mollem terram
premens laboriose fingit ad usus
nostros unumquodque vas, et de
eodem luto fingit quas munda sunt
in usum vasa, et similiter quas his
sunt contraria : horum autem vaso-
rum quis sit usus, judex est figulus.
8. Et cum labore vano deum fingit
de eodem luto : ille qui paulo ante
de terra factus fuerat, et post pusil-
lum reducit se unde acceptus est,
repetitus animae debitum quam ha-
bebat. 9. Sed cura est illi, non quia
laboraturus est, nee quoniam brevis
illi vita est, sed concertatur aurifi-
cibus et argentariis : sed et asrarios
imitatur, et gloriam prasfert, quo-
niam res supervacuas fingit. 10. Ci-
nis est enim cor ejus, et terra super-
vacua spes illius, et luto vilior vita
ejus : II. quoniam ignoravit qui se
finxit, et qui inspiravit illi animam,
quas operatur, et qui insufflavit ei
spiritum vitalem. 12. Sed et aesti-
Roni.
lieu de nous laisser aller au desespoir, nous
sommes plutot excites au repentir. — Nous
ne voulons pas pecker j Vulg. , et si nous ne
pechons pas. — Parmi les votres, parmi les
elus de votre troupeau.
3. Voiis connaitre, d'une connaissance
theorique et pratique. — Connaitre votre
picissance (la Vulg. ajoute, et votre justice)
est la racine de /'immorta/ite' hienheureuse;
car cetle connaissance detourne du peche
et par suite preserve du chatiment.
4. D'len art funeste, I'art de peindre ou
de sculpter des images. — Figures bar-
bouillees de diverses couleurs : il s'agit pro-
bablement de statues peintes.
5. La passion, le desir, en lisant op£;iv
(Cod. Alex.) de preference a la leqon ovstSoi; :
dont VaspeH tourne a la honte pour Pin-
sense. Les anciens racontent que Pygmalion
s'eprit d'amour pour une statue de Venus.
6. Le mal, les mauvaises choses : I'im-
moralite et I'idolatrie etaient ordinairement
reunies chez les pa'i'ens. — Et meritent que
leurs esperances, placees en des objets aussi
vils qu'impuissants, soient degues.
"j.A de nobles emplois : comp. Rom. ix, 21.
— Chaciin devra servir : I'auteur insi-
nue que du potier egalement depend quelle
portion de sa masse d'argile il prendrapour
en faire un dieu.
8. Qiiand on lui redeniandera, etc. : comp.
Ltic, xii, 20.
9. De ce que ses forces s'epuisent, litt. de
ce qu 'il doit etre fatigue de la fatigue de la
mort, de ce qu'il doit mourir : euphemisme;
comp. iv, 16. — Mais, au lieu d'apprendre
par les fragiles materiaux qu'il emploie que
sa vie k lui-meme est fragile, il tache de don-
ner k ses dieux d'argile I'aspeft et la beautd
des statues de metal, d'argent ou d'airain.
10. Son cceur est mort aux nobles aspira-
tions, au desir d'une vie immortelle. —
Son esperance est plus vile que la terre dont
il fait ses idoles, est nulle; il n'a rien a espe-
rer apres cette vie : comp. Ephes. ii, 12.
12, Ces homines, les paiens. — Un grand
488 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XV, 13—19; XVI, 1—5.
se rassemble pour le gain; car, disent-
ils,il faut acquerir par tous les moyens,
meme par le crime. 'sCar, celui-la
sait bien qu'il est plus coupable que
tous les autres, qui, de la meme terre,
fa^onne des vases fragiles et des
idoles.
^4 Mais ils sont tous tres insenses
et plus malheureux que I'ame d'un
enfant, les ennemis de votre peuple
qui le tiennent dans I'oppression.
isCar ils ont regarde comme des
dieux toutes les idoles des nations,
qui ne peuvent user de leurs yeux
pour voir, ni de leurs narines pour
respirer I'air, ni de leurs oreilles pour
entendre, ni des doigts de leurs mains
pour toucher, et dont les pieds sont
incapables de marcher. ^^C'est un
homme qui les a faites, et c'est celui
a qui on a prete un principe de vie
qui les a faconnees; il n'est pas
d'homme qui puisse faire un dieu
semblable a lui-meme. ^7Car^ etant
mortcl, il ne pent, de ses mains im-
pies, rien faire, qui ne soit mort; il
vaut mieux que les objets qu'il adore,
car au moins il a la vie, et eux ne
Font jamais eue. ^^Ils rendent un
culte aux animaux les plus odieux,
lesquels, si on les compare aux au-
tres idoles, sont pires encore, et accu-
sent une folie plus grande dans ceux
qui les venerent. ^911 n'y a rien de
bon en eux qui fasse naitre I'affec-
tion, comme a I'aspeft d'autres ani-
maux; ils echappent a la louange et
a la benedi6lion de Dieu.
Ch. XVI.
CHAP. XVI. — Contraste entre les adorateurs du vrai Dieu et les Egyptiens
idolatres . ceux-ci sont affliges par toute sorte de plaies, ceux-la en sont
affranchis. A6lion des animaux [vers i — 13]; aflion des forces de la
nature [14 — 29].
'Est pourquoi ils ont ete juste-
ment chaties par des creatu-
^ res semblables, et tourmentes
par une multitude de betes. ^A la
place de ces tourments, vous avez
accorde des bienfaits a votre peuple,
et, pour satisfaire son ardent desir,
vous lui avez prepare un aliment
merveilleux, des cailles en nourri-
ture : 3de sorte que les uns, malgre
leur desir de manger, a I'aspeft re-
pugnant des insecles envoyes contre
eux, prirent en aversion meme leur
appetit naturel, tandis que les autres,
apres une legere privation, gouterent
une nourriture nouvelle. 4 Car il fal-
lait qu'une disette inevitable affligeat
les premiers, les oppresseurs, et qu'il
fut seulement montre aux autres
comment leurs ennemis etaient tour-
mentes. 5 En effet, lorsque ceux-ci
eurent aussi a souffrir de la fureur de
marc/ir', une foire. Le mot grec designe ces
fetes nationales des Grecs, religieuses
d'abord, puis meicantiles, qui attiraient
d'imnienses foules. — Par tons les moyens :
cette maxime est specialement appropriee
h. I'adlivite commerciale d'Alexandrie, alors
et pendant plusieurs siecles le plus grand
etnporiuni du monde. Comp. Horace I Epist.
i, 65.
13. Car : explication et application des
derniers mots du vers. 12, meme par le
crime. — Plus coupable., parce qu'il connait
mieux la nature de ses dieux et qu'il est
cause du pechd d'autrui.
14. L'auteur, g^n^ralisant sa pensee, a en
vue tous les idolatres ennemis du peuple de
Dieu : Egyptiens, Assyriens, et en dernier
lieu les Ptoldmees, specialement Ptolemee
Philometor, qui traita cruellement les Juifs.
— Plus malheureux, sous le rapport de
I'ignorance de la religion. Vulg., et malJieu-
reux au-dela de toute limite, orgiicilleux
d'esprit : texte evidemment altere. Superhi
est une meprisepour j2^//^r//peut-etre meme
la lecjon primitive etait-elle, supra animam
pueri.
15. Comp. Ps. cv, 4 sv. cxxxv, 16 sv.
16. Celtii a qui oil a prete un principe de
•77V, litt. u)i esprit : cet esprit, I'homme ne
peui done pas le transmettre a une statue;
il pent encore moins lui communiquer un
esprit superieur.
17. // a la vie; la Vulg. ajoute, qttoiqtie
inortel.
LIBER SAPIENTL-E. Cap. XV, 13—19; XVI, 1—5.
489
maverunt lusum esse vitam nostram,
et conversationem vitas compositam
ad lucrum, etoportereundecumque
etiam ex malo acquirere. 13. Hie
enim scit se super omnes delinquere,
qui ex terras materia fragilia vasa, et
sculptilia fingit.
14. Omnes enim insipientes, et
infelices supra modum anima; su-
perbi, sunt inimici populi tui, et
imperantes illi : i5.quoniam omnia
idola nationum deos aestimaverunt,
*quibus neque oculorum usus est ad
videndum, neque nares ad perci-
piendum spiritum, neque aures ad
audiendum, neque digiti manuum ad
tractandum,sed et pedes eorum pigri
ad ambulandum. 16. Homo enim
fecit illos : et qui spiritum mutuatus
est, is finxit illos. Nemo enim sibi
similem homo poterit deum fingere.
17. Cum enim sit mortalis, mor-
tuum fingit manibus iniquis. Melior
enim est ipse his, quos edit, quia
ipse quidem vixit, cum esset morta-
Hs, illi autem nunquam. 18. Sed et
animaha miserrima colunt : insen-
sata enim comparata his, illis sunt
deteriora. 1 9. Sed nee aspectu ahquis
ex his animalibus bona potest con-
spicere. Effugerunt autem Dei lau-
dem, et benedictionem ejus.
— :;:— CAPUT XVI. — :>—
yEgyptiis ob idololatiiam digna passis, He-
bra?! escam a Deo acceperunt : castigati
tamen aliquantum morsu serpentum^ ere-
0.0 serpente £eneo sanati sunt a Deo :
impii vero morte consumpti per locustas,
muscas, ignemque grandini mistum : cum
illi accepto manna, satiati sint et con-
fortati.
ROPTER hasc, et per his
similia passi sunt digne
tormenta, et per multitu-
dinem bestiarumextermi-
nati sunt. 2. Pro quibus tormentis
bene disposuisti pcpukim tuum,
'quibus dedisti concupiscentiam
delectamenti sui novum saporem,
escam parans eis ortygometram :
3. ut illi quidem concupiscentes
escam propter ea, quae illis ostensa
et missa sunt, etiam a necessaria
concupiscentia averterentur. Hi au-
tem in brevi inopes facti, novam
gustaverunt escam. 4. Oportebat
enim illis sine excusatione quidem
supervenire interitum exercentibus
tyrannidem : his autem tantum
ostendere quemadmodum inimici
eorum exterminabantur. 5.*Etenim
cum illis supervenit saeva bestiarum
18. I/s, les ennemis de votre peuple. —
Les plus odieiex, les plus nuisibles, en gr.
r/fj'.a-a : serpents, crocodiles, certains
oiseaux. Vulg., les plus vils; peut-etre le
tradu(fleur latin a-t-il lu a'tcT/icT-ra. — Une
folic plus gra7ide : compares aux autres
idoles, au point de vue de leurs adorateurs,
ces animaux sont pires qu'elles, car il y a
plus de folie a venerer un animal qu'une
image, une statue, celle-ci pouvant etre
congue representant unedivinite. La verita-
ble legon parait etre avoJqt. La Vulgate s'ex-
plique difficilement ; elle semble avoir lu
7V0'/. D'autres traduisent, lesquels, si on les
compare aux autres animaux sous le rap-
port de la stupidite, sont pires qu'eux : un
elephant, un singe, un renard sont plus in-
telligents que les animaux adores en Egypte.
19. Pensee : tout etre qui sert. a I'ldola-
trie est en abomination aux yeux de Dieu
{Deut. xxviii, 18); a lui ne s'applique pas la
louange que le Createur donne a son ueu-
vre : " Et il vit que toutes choses etaient
bonnes.": sur lui ne tombe plus la benedic-
tion accordee k toutes les creatures sorties
des mains de Dieu. La Vulg. traduit inexac-
tement la i^^^ partie de ce verset : parmi ces
animaux, mil n^en peut voir de bons^ msine
poicr Vaspe^.
CHAP. XVI.
1. lis, les Egyptiens. — Des creatures
seiiiblables, des animaux. — Tourmentes,
Vulg., exterinines.
2. IDes call les : voy. Nombr. xi, 31.
3. Les tins, les Egyptiens. — Leiir appetit
natiirel, litt. necessaire, qui nous avertit du
besoin de la nourriture necessaire a la vie.
4. Une disette, Vulg. titie perte, une mort.
— // //?/ motitre : par la privation passa-
gere qu'ils eprouverent, les Hebreux com-
prirent mieux la rigueur du chatiment inflige
aux Egyptiens.
5. Sur les serpents venimeux voy. Nonibt .
xxi, 6. — Jusqii'a la fin, jusqu'k I'entiere
destru6lion des Hebreux.
"' Num. II,
31-
* Num. 21,
490
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XVI, 6—22.
betes cruelles, et qu'ils perissaient
sous la morsure de serpents tor-
tueux, votre colere ne dura pas jus-
qu'a la fin; ^mais ils ne furent
troubles qu'un peu de temps, en
vue de leur corre6lion, et ils eurent
un signe de salut, pour leur rappe-
ler les preceptes de votre loi. 7 Car
celui qui se tournait de son cote
etait gueri, non par I'objet qu'il
avait sous les yeux, mais par vous,
qui etes le sauveur de tous. ^Mais
par la, vous avez aussi appris a nos
ennemis que c'est vous qui deli-
vrez de tout mal. 9 En effet, la mor-
sure des sauterelles et des mouche-
rons les fit perir, et il ne se trouva
aucun moyen de sauver leur vie,
parce qu'ils meritaient d'etre chaties
de la sorte. ^^Vos enfants, au con-
traire, triompherent de la dent des
serpents venimeux, car votre miseri-
corde vint a leur secours et les guerit.
II C'est pour que vos commandements
leur revinssent en memoire qu'ils
etaient blesses et promptement gue-
ris, de peur que, venant a les oublier
entierement, ils ne fussent exclus de
vos bienfaits. ^^Ce ne fut ni une
herbe, ni un medicament qui les gue-
rit, mais votre parole, Seigneur, qui
guerit tout. ^sCar vous avez puissance
sur la vie et sur la mort; vous menez
aux portes du sejour des morts et
vous en ramenez. HL'homme, dans
sa mechancete, pent bien donner la
mort, mais, quand I'esprit est sorti de
sa viclime, il ne peut le faire revenir,
ni rappeler I'ame que le sejour des
morts a regue.
ijMais il est impossible d'echapper
a votre main. '^Les impies qui pre-
tendaient ne pas vous connaitre ont
ete flagelles par la force de votre
bras; des eaux extraordinaires, la
grele et la pluie les ont tourmentes,
et le feu les a consumes. ^7Ce qui
causait un extreme etonnement, c'est
que, au milieu de I'eau qui eteint
tout, le feu n'etait que plus ardent,
car I'univers combat pour les justes.
i^Tantot la flamme s'adoucissait, afin
que les animaux envoyes contre les
impies ne fussent pas consumes, et
que ceux-ci, a cette vue, reconnus-
sent qu'un jugement de Dieu les
poursuivait. ^9 Tantot elle brulait au
sein meme de I'eau avec plus de
force que n'en comporte la nature du
feu, afin de detruire tous les produits
d'une nation impie.
2°Au lieu de cela, vous avez rassa-
sie votre peuple de la nourriture des
anges, et vous leur avez donne du
ciel, sans travail, un pain tout pre-
pare, procurant toute jouissance et
approprie a tous les gouts, ^i Cette
substance envoyee par vous montrait
la douceur que vous avez envers vos
enfants, et ce pain, s'accommodant
au desir de celui qui le mangeait, se
changeait en ce qu'il voulait. 22 La
neige ct la glace soutenaient la vio-
lence du feu sans se fondre, afin que
les enfants d'Israel sussent que le feu
qui brulait dans la grele et etincelait
6. Un sj'gne, et en meme temps un gage
de saltit, le serpent d'airain. — Pour leur
rappeler se rapporte, non aux mots qui pre-
cedent immediatement, mais k I'ensemble
des vers. 5 et 6.
7. Non par Pobjet, etc. : I'auteur rejette
ici I'idee d'un pouvoir magique qui parait
avoir ete attribue par plusieurs au serpent
d'airain, ce qui amena sa destruction par le
roi Ezechias (II Rots, xviii, 4;.
8. Comp. Is. xlv, 21; I Tim. iv, 10.
9. Les fit perir ^xi grand nombre {E.xod.
X, 17). — CM ties, Vulg. extermines.
10. Trio)nphere7it, en ce sens que, apres
la mort de plusieurs d'entre eux, le fl^au
cessa tout d'un coup, et que ceuxqui n'avaient
pas encore succombd ri leurs morsures furent
rendus k la sante.
11. Blesses, litt. piques par les serpents.
12. Comp. vers. 7. Votre parole, expres-
sion de votre volonte : comp. Ps. cvi, 20.
13. Vous avez puissance, etc. : comp.
Apoc. i, 18. — Vous menez, etc. : comp.
Job, xxxviii, 17; Ps. cvi, 18; Is. xx.wiii, 10.
15. Comp. Tob. xiii, 2; Ps. cxxxix, 8.
16. Les impies : allusion a Pharaon {Exod.
V, 2). — Des eaux extraordinaires : voy.
Exod. ix, 24, 34. — Intarissable ; litt. im-
possible a arreter ou a detouruer : ce mot
n'est pas dans la Vulgate. Ce verset se rap-
porte a la 7'i plaie {E.xod. ix, 22 sv.).
17. Dans les violents orages, la foudre,
LIBER SAPIENTI^. Cap. XVI, 6—22.
491
Tob.
ira, morsibus perversorum colubro-
rum exterminabantur. 6. Sed non
in perpetuum ira tua permansit, sed
ad correptionem in brevi turbati
sunt, signum habentes salutis ad
commemorationem mandati legis
tuae. 7. Qui enim conversus est, non
per hoc, quod videbat, sanabatur,
sed per te omnium salvatorem :
8. in hoc autem ostendisti inimicis
nostris, quia tu es, qui liberas ab
omni malo, 9. ''lllos enim locusta-
rum, et muscarum occiderunt mor-
sus, et non est inventa sanitas ani-
mas illorum : quia digni erant ab
hujusmodi exterminari. 10. Filios
autem tuos, nee draconum venena-
torum vicerunt dentes : misericor-
dia enim tua adveniens sanabat illos.
II. In memoria enim sermonum
tuorum examinabantur, et velociter
salvabantur, ne in altam incidentes
oblivionem, non possent tuo uti ad-
jutorio. 12. Etenim neque herba,
neque malagma sanavit eos, sed
tuus, Domine, sermo, qui sanat om-
nia. 13. '^Tu es enim, Domine, qui
vitae et mortis habes potestatem et
deducis ad portas mortis, et reducis:
14. homo autem occidit quidem
per malitiam, et cum exierit spiri-
tus, non revertetur, nee revocabit
animam quae recepta est.
'■ Exod. 9,
3-
15. Sed tuam manum effugere
impossibile est. 16. 'Negantes enim
te nosse impii, per fortitudinem
brachii tui flagellati sunt : novis
aquis, et grandinibus, et pluviis per-
secutionem passi, et per ignem con-
sumpti. 17. Quod enim mirabile
erat, in aqua, quae omnia exstinguit,
plus ignis valebat : vindex est enim
orbis justorum. 18. Quodam enim
tempore, mansuetabatur ignis, ne
comburerentur quae ad impios mis-
sa erant animaiia: sed ut ipsi viden-
tes scirent, quoniam Dei judicio
patiuntur persecutionem. 19. Et
quodam tempore in aqua supra vir-
tutem ignis, exardescebat undique,
ut iniquas terras nationem extermi-
naret.
20. ^Fro quibus Angelorum esca ^Exod. 16,
nutrivisti populum tuum, et para- ^-t-
turn panem de coelo praestitisti illis
sine labore, omne delectamentum
in se habentem, et omnis saporis
suavitatem. 2 1 . Substantia enim tua
dulcedinem tuam, quam in filios
habes, ostendebat : et deserviens
uniuscujusque voluntati, ad quod
quisque volebat, convertebatur.
22. ^Nix autem et glacies sustine-
bant vim ignis, et non tabescebant :
ut scirent quoniam fructus inimi-
corum exterminabat ignis ardens
Num.
II, 7. Ps.
77, 25. Joan.
6.31.
Exod. 9,
24-
la grele et la pluie se dechatnent ensemble.
— L'univers, la nature physique : comp.
V, 17 sv. X, 20.
18. Laflamnie, le feu du ciel dont on vient
de parler : I'auteur usant d'un precede ora-
toire pour produire plus d'effet, rapproche
et traite comme simultanees des plaies qui
vinrent successivement, par ex. les 2^, 36, ^e
(plaies des animaux) et la 7^ (plaie de grele).
La plupart des auteurs catholiques rejettent
cette explication comme peu compatible
avec la verite historique, et par consequent
avec le caracflere inspire du livre; ils sup-
posent qu'il s'agit ici de feux allumes par
les Egyptiens pour se delivrer, sans pouvoir
y reussir, des insedtes envoyes contre eux.
19. Les proditits : ble, orge, lin, etc.
20. Nourriture des anges, la manne
{Exod. XV ; Nombr. xi), appelee pain des
forls, Ps. Ixxviii, 25, ce que les LXX tra-
duisent, pain des anges (comp. Ps. ciii, 20).
Cette expression, synonyme de pain du ciel.,
indique seulement I'origine surnaturelle de
cet aliment procure aux Hdbreux sans au-
cun travail de leur part. Sur le sens figura-
tif de la manne, symbole de I'Eucharistie,
comp. Jean, vi, 31, 49. — Produisant toiite
jouissance, etc. Vulg., ayant en ltd toutes les
douceurs et tons les gouts delicieiix : le tra-
dudleur latin parait avoir lu la/ov-ra au lieu
de la/uovTa, et ap;j.ovtav au lieu de ap|jLov.ov
scil. panem.
21. Cette substance, la manne, appelee
ainsi pour faire entendre qu'elle etait quelque
chose de r^el, non une simple apparence,
et que cette substance restait identique tout
en prenant des gouts difterents. — Se chati-
geait en ce quHl voulait : ces expressions
doivent s'entendre oratorio modo, dans un
sens large : la manne tenait lieu aux Israeli-
tes de tous les aliments les plus exquis.
22. La neige, etc. : la manne, qui offrait
cet aspecfl {Notnbr. xi, 7 dans les LXX). —
Dufeu du foyer, non du soleil {Exod. xvi, 21):
492 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XVI, 23—29; XVII, 1—8.
Chap.
XVII.
dans ]a pluie dctruisait les recoltes
de leurs ennemis, ^3et qu'il oubliait
ensuite sa vertu propre, pour I'entre-
tien des justes. 24 Car la creature, sou-
mise a vous, son Createur, deploie
toute son energie pour tourmenter
les mechants, et se relache pour pro-
curer le bien de ceux qui mettcnt en
vous leur confiance. ^sC'est pourquoi,
se pliant alors a tous ces change-
men ts, elle etait aux ordres de votre
grace, nourriciere de tous les hom-
mes, selon la volonte de ceux qui
etaient dans le besoin ; ^^afin que vos
enfants que vous aimez, Seigneur, con-
nussent que ce ne sont pas les diffe-
rentes especes de fruits qui nourris-
sent les hommes, mais que c'est votre
parole qui conserve ceux qui croient
en vous; 27 car ce qui resistait a Tac-
tion destru6livc du feu se fondait
aisenaent echauffe par le moindre
rayon de soleil : ^Safin d'apprendre a
tous qu'il faut devancer le soleil pour
vous rendre graces et vous adorer des
le lever du jour. 29 Quant a I'ingrat,
son esperance fondra comma la glace
d'hiver et s'ecoulera comme une eau
inutile.
CHAP. XVII. — Contraste entre les Hebreux et les Egyptiens dans
la plaie des tenebres.
'• f^^^ A R vos jugements sont grands
'^^3 et difficiles a expliquer; aussi
-^^^s. les ames sans instru6lion se
sont-elles egarees. ^ Alors que les
mechants s'etaient persuades qu'ils
pouvaient opprimer la nation sainte,
enchaines tout a coup par les tene-
bres et prisonniers d'une longue nuit,
lis resterent sur leur couche enfermes
sous leur toit, s'excluant eux-memes,
comme des esclaves'fugitifs, de votre
incessante providence. 3Alors qu'ils
imaginaient rester caches avec leurs
peches secrets, ils furent disperses
sous le voile epais de I'oubli, saisis
d'une horrible epouvante et effrayes
par des fantomes. 4 Les reduits ou ils
se renfermaient ne les preservaient
pas de la crainte : des bruits efifrayants
retentissaient autour d'eux, et des
spe6lres leur apparaissaient avec des
visages lugubres. 5 H n'y avait pas de
feu capable de leur donner de la lu-
miere, et la flamme brillante des
astres ne pouvait eclairer cette hor-
rible nuit. ^Parfois seulement, a tra-
vers ces tenebres, ils voyaient luire
une masse de feu, allumee d'elle-
meme, effrayante, et epouvantes de
cette vision dont ils n'apercevaient
pas la cause, ils jugeaient ces appa-
ritions plus terribles encore. -^L'art
derisoire des magiciens etait a bout,
et leur pretention a la sagesse etait
honteusement con vaincue de faussete.
^Eux qui se faisaient forts de chasser
des ames malades la terreur et le
trouble, ils etaient malades eux-me-
on pouvait la cuire et en faire des gateaux
{Exod. xvi, 23; Nonibr. xi, 8).
24. La crdatiire, toutes les choses creees,
ici specialement le feu^ soit du foyer, soit
du soleil.
25. Qui etaient dans le besoin, ou bien
qui desiraient de la nourriture. Vulg., de
ceux qui vous priaieiit, mais a te n'est pas
dans le grec.
26. Les diffcrentes especes de fruits, les
fruits naturels (comp. i, 14); la Vulg. em-
ploie nativitas dans ce sens. — Votre pa-
role, ici votre volonte. donnait a la manne
sa vertu nutritive : voy. Deut. viii, 3 (LXX)
et comp. Matth. iv, 4.
27. Se fondait, se changeait en eau et
etait perdu. Voy. Exod. xvi, 21.
28. Ce trait est fort beau. Sur la priere k
faire des I'aube du jour, voy. Ps. v, 4; lix, 17;
Ixxxviii, 14; Prov. viii, 17, al.
29. Connne la glace d /liver, et comme la
manne aux premiers rayons du soleil.
CHAP. XVII.
I. Car : ce verset confirme et elucide
xvi, 29, avec une relation speciale a I'en-
durcissement de coeur de Pharaon et de ses
conseillers. — Vos jugements et vos conseils
sont grands, ils depassent la portee de
rhomnie. — Les ames sans instruflion,
^trangeres a la vraie religion.
LIBER SAPIENTI/E. Cap. XVI, 23—29: XVII, 1—8.
493
in grandine et pluvia coruscans.
23. Hie autem iterum ut nutriren-
tur justi, etiam suae virtutis oblitus
est. 24. Creatura enim tibi Factori
deserviens, exardescit in tormen-
tum adversus injustos : et lenior fit
ad benefaciendum, pro his, qui in te
confidunt. 25. Propter hoc et tunc
in omnia transfigurata omnium nu-
trici gratias tuas deserviebat, ad vo-
luntatem eorum, qui a te desidera-
bant : 26. ut scirent filii tui, quos
eut. 8, delexisti Domine, ^'quoniam non
viatth. iiativitatis fructus pascunt homines,
sed sermo tuus hos, qui in te credi-
derint, conservat. 27, Quod enim
ab igne non poterat exterminari,
statim ab exiguo radio solis calefa
ctum tabescebat : 28. ut notum om-
nibus esset, quoniam oportet pras-
venire solem ad benedictionem
tuam, et ad ortum lucis te adorare.
29. Ingrati enim spes tamquam hy-
bernalis glacies tabescet, et disperiet
tamquam aqua supervacua.
— :>— CAPUT XVII. — :>—
^gyptii triduanas passi sunt invincibiles
tenebias cum incredibili timore et hor-
rore : reliqua orbis parte illustrata lumine.
AGNA sunt enim judicia
tua Domine, et inenarra-
bilia verba tua : propter
hoc indisciplinatas animae
erraverunt. 2. "Dum enim persua- aExod. 10,
sum habent iniqui posse dominari 23.
nationi sanctas : vinculis tenebrarum
et longae noctis compediti, inclusi
sub tectis, fugitivi perpetuas provi-
dentias jacuerunt. 3. Et dum putant
se latere in obscuris peccatis, tene-
broso oblivionis velamento dispersi
sunt, paventes horrende, et cum
admiratione nimiaperturbati.4. Ne-
que enim quae continebat illos spe-
lunca, sine timore custodiebat : quo-
niam sonitus descendens perturba-
bat illos, et personam tristes illis
apparentes pavorem illis prassta-
bant. 5. Et ignis quidem nulla vis
poterat illis lumen praebere, nee si-
derum limpidas flammas illuminare
poterant illam noctem horrendam.
6. Apparebat autem illis subitaneus
ignis, timore plenus : et timore per-
culsi illius, quas non videbatur fa-
ciei, asstimabant deteriora esse quas
videbantur : 7. et *magicae artis ap- ^exocI. 7,
positi erant derisus, et sapientias 22 et 8, 7.
glorias correptio cum contumelia.
8. lUi enim qui promittebant timo-
2. Les /f'nedres, la plaie de ce nom
{Exod. X, 21-23), qui dura trois jours.
Cette plaie parait avoir ete produite par
un dechainement extraordinaire du simottin,
le khamsin des Arabes ; ce vent, soufflant
en tempete, embrase I'air d'une chaleur
etouffante et souleve des tourbillons d'un
sable brulant qui penetre partout et pent
amener la mort.
3. Pensee : ayant cherche les tenebres
pour pecher, ils furent punis par la plaie
des tenebres : allusion probable aux mys-
teres que les paiens celebraient pendant la
nuit, et ou se commettaient souvent des
aflions abominables (comp. xiv, 23); la plaie
des tenebres les dispersa chacun de leur
cote ou les empecha de se reunir. Disperses
suppose la legon du Cod. Alex., EaxopTi'.-
afiTjfTxv : d'aulres lisent £!Txo-ia6riaav: ...avec
leiirs peches secrets sous le voile epais de
Poiibli, ilsfuretit soiidain ploiiges dans les
fe'nebres, saisis, etc. — E^rayes par des fan-
tomes; Vulg., troubles par lai extreme e'toJi-
nement.
Ici et plus loin, I'auteur ajoute au r^cit
biblique des circonstances qu'il tenait sans
doute de la tradition.
4. Les reduits^ les endroits les plus retires
des maisons, peut-etre meme les tombeaux
ou les Egyptiens cherchaient un refuge. —
Des bruits (Cod. Vat. EXTapaaaovxsc, ef-
frayants), les bruits de I'ouragan dechaine.
5. A'e pouvait eclairer ; le grec utteixcvov
se traduirait peut-etre mie\ix,n''osait eclairer.
6. Ufte masse de feti, une lumiere elecflri-
que, des eclairs, ou mieux des nuages de
sable brulant, dont la rougeur semblait em-
braser I'atmosphere. — Shillumant d^ellc-
meme, Vulg., soicdaine. — De cette vision,
de ce feu dont ils ne distinguaient pas la
matiere ou le foyer; selon d'autres : de cette
vision aux formes vagues et indeterminees.
— Plus teiribles qu'elles ne I'etaient en
effet; ou bien : plus terribles que s'ils avaient
pu les expliquer.
7. A bout, impuissant soit a les preserver
eux-memes, soit a rassurer les autres. —
La sagesse, ici, la science de choses occultes.
494 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XVII, 9—20; XVIII, i, 2.
mes d'une peur ridicule. 9 Car aiors
meme qu'il n'y avait aucun objet ter-
rible pour leur inspirer de la crainte,
le passage des animaux et le siffle-
ment des serpents les terrifiaient, et
ils mouraieut de fraj'eur, se refusant
a voir cet air auquel nul ne peut
echapper. — '^Car la perversite est
craintive, condamnee qu'elle est par
son propre temoignage ; dans le trou-
ble de sa conscience, elle s'exagere
toujours le mal. " La crainte, en effet,
n'est pas autre chose que 1 'abandon
des moyens de salut que pourrait
apporter la reflexion. ^^L'esperance
etant moindre au fond du coeur, on
s'effraie d'autant plus d'ignorer la
cause qui produit le tourment. - —
13 Eux, pendant cette nuit d'impuis-
sance, sortie des profondeurs du scheol
cgalemejit impuissant, en dorm is du
meme sommeil, Metaient tantot agi-
tes par la crainte des spe6lres, tantot
abattus par la defaillance de leur
ame, car une epouvante subite et
inattendue s'etait repandue sur eux.
15 De meme tous les autres, quels
qu'ils fussent, tombant sans force,
etaient retenus la comme enfermes
dans une prison ou il n'y avait pas
de chaines de fer. ^^Le laboureur, le
berger, I'ouvrier occupe aux rudes
travaux de la campagne, surpris par
le fleau, etaient soumis a inevitable
necessite, car tous etaient lies par la
meme chaine de tenebres. i7Le vent
qui sifflait, le chant melodieux des
oiseaux dans les rameaux epais des
arbres, le bruit des eaux precipitant
leur cours. i^jg fracas des pierres qui
roulaient, la course invisible des ani-
maux bondissants, les hurlements
des betes feroces, I'echo se repercu-
tant sur les flancs eleves des monta-
gnes, tout les faisait pamer d'effroi.
i9Car tandis que tout le reste de I'uni-
vers etait eclaire d'une lumiere bril-
lante et se livrait sans obstacle a ses
travaux, ^ogur eux seuls s'etendait
une nuit pesante, image des tenebres
qui devaient les recevoir ; mais ils
etaient encore plus a charge a eux-
memes que les tenebres.
Chap.
XVIII.
CHAP. XVIII. — Suite du chap, precedent [vers, i — 4]. Contraste
dans I'aftion de la mort [5 — 25].
qu'eussent ete leurs soufTrances ante-
rieures, ils les proclamaient heureux.
2 Et parce que votre peuple, apres
voix sans voir leur visage, et quelles | avoir ete maltraite, ne se vengeait
^^^Ependant une grande lumiere
brillait pour vos saints; les
Egyptiens entendaient leur
9. Preuve de la peur des magiciens.
Le passage des animaux qui s'enfuyaient
effrayes. — Cet air auquel nul ne peut
echapper (comp. vii, 3) : ils n'osaient regar-
der autour d'eux, de peur de rencontrer des
sujets d'epouvante.
10-12. Reflexion del'auteur sur le remords
et la crainte.
10. Par son propre temoig)iai:i;e, en lisant
iSto) ixaptopi (Cod. Alex.). La le^on '.0110?
;j.2pTup£! (Cod. Vat.) donne ce sens : car la
perversite est nattirellenient craintive ; elle
le prouve lorsqu^elle rencontre le cluitinient ;
ou bien : la perversite naturelletnent crain-
tive se inontre-t-elle quand elle est condam-
nee au chdtiment. Y^xXg., elle rend temoi-
gnage a la justice de sa condamnation. —
Elle s'exagh-e, etc. : elle est disposee a
croire le mal qui la frappe ou la menace
plus grand qu'il n'est en effet. D'autres, avec
la Vulg. (qui a lu peut-etre TrposiXT^tps au
lieu de 7rpo(Ti'.'XT,-j£), elle attend toujours le
malkeur, des chatiments rigoureux.
12. Uesperance d'un secours, du salut. —
Oti s^effraie, etc. ; ou bien : on estime la de-
tresse (ou Ton se trouvej/J/r^ (un plus grand
mal) que la cause meme (les tenebres) qui
produit le tourment.
13. Eux, les magiciens. — Cette nuit,
litt. impuissante. — Scheol, ou sejour des
niorts, impuissant, n'ayant aucun pouvoir
sur les habitants de la terre. — Dormant le
me?ne sommeil que les autres Egyptiens.
(Jiii, ajoute dans la Vulg., trouble la
phrase latine.
15. Des magiciens, I'auteur passe aux
autres habitants de I'Egypte qui, surpris au
dehors par le fleau, tombaient par terre
[LIBER SAPIENTI^. Cap. XVII, 9—20; XVIII, i, 2.
495
res et perturbationes expellere se
ab anima languente, hi cum derisu
pleni timore languebant. 9. Nam
etsi nihil illos ex monstris perturba-
bat : transitu animalium et serpen-
tium sibilatione commoti, treme-
bundi peribant : et aerem, quem
nulla ratione quis efFugere posset,
negantes se videre. 10. Cum sit
enim timida nequitia, dat testimo-
nium condemnationis : semper enim
praesumit sasva,perturbata conscien-
tia. II. Nihil enim est timor nisi
proditio cogitationis auxiliorum.
12. Et dum ab intus minor est ex-
spectatio, majorem computat in-
scientiam ejus causae, de qua tor-
mentum prasstat. I3.111i autem qui
impotentem vere noctem, et ab infi-
mis, et ab altissimis inferis super-
venientem, eumdem somnum dor-
mientes, 14. aliquando monstrorum
exagitabantur timore, aliquando ani-
mas deficiebant traductione : subi-
taneus enim illis et insperatus timor
supervenerat. 15. Deinde si quis-
quam ex illis decidisset, custodie-
batur in carcere sine ferro reclusus,
16. Si enim rusticus quis erat, aut
pastor, aut agri laborum operarius
prasoccupatus esset, ineffugibilem
sustinebat necessitatem. 17. Una
enim catena tenebrarum omnes
erant colligati. Sive spiritus sibilans,
aut inter spissos arborum ramos
avium sonus suavis, aut vis aquae
decurrentis nimium, 18. aut sonus
validus prascipitatarum petrarum,
aut ludentium animalium cursus
invisus, aut mugientium valida be-
stiarum vox, aut resonans de altissi-
mis montibus echo : deficientes fa-
ciebant illos pras timore. 19. Omnis
enim orbis terrarum limpido illumi-
nabatur lumine, et non impeditis
operibus continebatur. 20. Solis au-
tem illis superposita erat gravis nox,
imago tenebrarum, quae superven-
tura illis erat. Ipsi ergo sibi erant
graviores tenebris.
MMMM M M M '!s>i ^: 'M M M :<j£ M jS): %: 'M ?»>: ?t>: ??>: ^
— :;:— CAPUT XVIII. — ^>—
Hebrgei luce gaudent, et ducatum columnce
ignis accipiunt : occiduntur omnia ^g)'-
pti primogenita ab Angelo : Hebraei in
seditione Core iram Dei provocant; sed
in medio incendii liberantur, offerente
Aaron incensum, et pro multitudine de-
precante.
ANCTIS autem tuis 'ma-
xima erat lux, et horum
quidem vocem audiebant,
sed figuram non videbant.
non et ipsi eadem passi
2. et qui
Exod. 10,
23-
Et quia
erant, magnificabant te
sans force, peut-etre aussi obliges de se
coucher sur le sol pour donner moins de
prise a I'ouragan, et restaient la immobiles :
comp. Exod. X, 23.
Si, dans la Vulg., est probablement pour
sic.
16. Travaiix de la campagne, litt. dti
desert, Aes endroits oii il n'y avait pas d'ha-
bitations : terrassements pour canaux, ex-
tracflion de I'argile, transports, etc.
Esset, ajoute par la Vulg. .ne s'explique
pas grammaticalement.
17. Le chant des oiseatix : sans compter
le rossignol, il parait que d'autres oiseaux
d'Egypte chantent pendant la nuit. Peut-
etre 1 auteur s'exprime-t-il ici oratorio niodo.
— Precipitant lew cours sous la violence
de I'ouragan.
18. Des pierres qui se detachaient des
lieux Aleves ou meme des maisons.
19. Car se rapporte a I'ensemble du recit.
20. Des tenebres du scheol, ou sejour des
morts, oil les vidlimes des plaies d'Egypte
allaient etre precipitees. Comp. Matth. iii, 7;
viii, 12; xxii, 13; II Pier, iii, 4, 17; Jtid.
6, 13, et Tob. xiv, 10. — A charge a etix-
memes, par le remords de leur conscience.
CHAP. XVIII.
1. Vos saints, les Hebreux. • — Letas souf-
frances, les soufifrances des Hebreux oppri-
mes; la vraie leqon parait etre 0 ti o'Jv (Cod.
Vat.). Le tradudleur latin a lu o-it ouv (Cod.
Alex.) : etparce quHls (les Hebreux) n'ctaient
plus persecutes, its vous glorifiaient : te de
la Vulg. n'est pas dans le grec.
2. Ne se vengeait pas, a la faveur des
tenebres qui enveloppaient les Egyptiens.
— De Pavoir traitc en enneim ; ou bien,
d'avoir change de se7ittinents a son egard
{Exod. i, 8).
Vulg. : et les Hebieiix qui avaient ete
autrefois maltraites, n'eta7it plus tourmen-
tes, vous rendaient graces et vous deman-
496
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XVIII, 3—16.
pas, ils lui rendaient graces et lui de-
mandaient pardon de I'avoir traite en
ennemi. 3 A la place de ces tenebres,
vous avez donne a vos saints une
colonne de feu, guide dans une route
inconnue, soleil inoffensif pour leur
glorieux pelerinage. 4 lis meritaient
bien d'etre prives de lumiere et de
souffrir une prison de tenebres, ceux
qui tenaient enfermes vos enfants,
par qui la lumiere incorruptible de
votre loi allait etre donneeau monde.
' 5 lis avaient resolu de faire perir
les enfants des saints, et I'un de ces
derniers ayant ete expose et delivre
pour leur chatiment, vous leur avez
enleve la multitude de leurs fils, et
vous les avez engloutis tons ensemble
au sein des flots impetueux. ^Cette
nuit avait ete connue d'avance par
nos peres, afin que, sachant bien a
quelles promesses ils avaient cru, ils
eussent meilleur courage. 7Et ainsi
votre peuple attendit la delivrance
des justes et I'extermination de ses
ennemis. ^De meme que vous avez
chatie nos adversaires, ainsi vous
nous avez delivres en nous appelant
a vous. 9 En effet, les pieux enfants
des saints patriarcJies offraient leur
sacrifice en secret, et ils firent d'un
commun accord ce pacle divin de
prendre part aux memes biens et
aux memes dangers, chantant deja
les saintes hymnes de louange recues
de leurs peres. ^°Dans le meme temps
retentissaient les cris discordants des
ennemis, et Ton entendait des plaintes
lamentables sur les enfants qu'on
pleurait. " L'esclave et le maitre
etaient punis de la meme peine, et
I'homme du peuple souffrait la meme
chose que le roi. ^^Hs avaient tous
pareillement, dans un seul genre de
mort, des morts sans nombre, et les
vivants ne suffisaient pas aux fune-
railles, car leurs plus nobles rejetons
avaient ete extermines en un instant.
13 lis avaient refuse de rien croire a
cause des sortileges de leurs niagi-
ciens ; quand arriva I'extermination
des premiers-nes, ils reconnurent que
ce peuple etait fils de Dieu.
14 Pendant qu'un paisible sommeil
enveloppait tout le pays et que la
nuit, dans sa course rapide, avait
atteint le milieu de sa carriere, ^Svotre
Parole toute-puissante s'elanca du
haut du ciel, de son trone royal,
comme un guerrier impitoyable, au
milieu d'une terre vouee a I'extermi-
nation, Important comme un glaive
daient la faveur que leur sort fut toujours
different de celui des E^yptiens ; ou bien :
guHl y eiit toujours entre eux et les Eg^yp-
tiens U7ie separation : les tenebres avaient
commence cette separation, la colonne de
nuee la continua (E.vod. xi, 7).
3. A la place; Vuly., c''est pourquoz. —
Une colotme de feti : voy. Exod. xiii, 21. —
Soleil inoffensif, dont les feux n'incommo-
daient pas les Hebreux en marche : comp.
Ps. cxxi, 6.
4. La lumiere incorruptible, t.'^ par la meme
imperissable (comp. Matth. v. 17). — Au
monde : les revelations faites au peuple
hebreu n'etaient pas seulement pour lui,
mais pour le monde entier. Cette verite,
deja proclamee par les prophetes (/•.?. xxii, 27;
/.f. ii, I sv. Mich, iv, i sv.) est exprimee plus
clairement encore dans les livres postdrieurs
{Tob. xiii, 11 ; xiv, 6).
5. Lun de ces derniers, Moise, expose sur
le Nil. — Vous leur avez enleve, en faisant
mourir leurs premiers-nes, etc.
6. Nos peres, les anciens patriarches,
Abraham, etc.; ce sont eux que I'auteur de
ce livre designe toujours sous ce nom :
comp. Gen. xv, 13, 14; xxii, 16 sv. xxvi, 3 sv.
D'autres cependant entendent par la les Is-
raelites vivant en Egypte. instruits d'avance
par Moise de tous les details de la lo^ plaie
{Exod. xi, 4 sv. xii, 21 sv.).
7. Attendit; Vulg. apprit, regut la nou-
velle. — De ses etitieniis, Vulg. des injustes.
8. De vthne que, gr. tb<; (cod. Alex.). Le
cod. Vat. lit o) : du inhne coup dont vous
avez chatie... vous ?tous avez glorifies. Le
sens est le meme au fond : la mort des pre-
miers-nes des Egyptiens, etroitement liee a
I'institution de la Paque fut le moyen dont
Dieu se servit pour delivrer les Israelites
et se les attacher comme son peuple par-
ticulier.
Au lieu de -ooj/,aX£ja;j.£voc, advocans, la
Vulg. parait avoir lu : TpoxaAsjifxivo^, pro-
7'ocafis.
9. Les pieux enfants des patriarches, heri-
tiers des benedidlions et des promesses que
ceux-ci avaient regues. — Leur sacrifice : la
LIBER SAPIENTI^. Cap. XVIII, 3—16.
497
ante laesi erant, quia non lasdeban-
tur, gratias agebant : et ut esset dif-
ferentia, donum petebant. 3. * Pro-
pter quod ignis ardentem columnam
ducem habuerunt ignotae viae, et
solem sine laesura boni hospitii pras-
stitisti. 4. Digni quidem illi carere
luce, et pati carcereni tenebrarum,
qui inclusos custodiebant filios tuos,
per quos incipiebat incorruptum ]e-
gis lumen saeculo dari.
5. ^Cum cogitarent justorum oc-
cidere infantes : et "^uno exposito
filio, et liberato, in traductionem
illorum, multitudinem filiorum abs-
tulisti, et ^pariter illos perdidisti in
aqua valida. 6, Ilia enim nox ante
cognita est a patribus nostris, ut
vere scientes quibus juramentis
crediderunt, animasquiores essent.
7. Suscepta est autem a populo tuo
sanitas quidem justorum, injusto-
rum autem exterminatio. 8. Sicut
enim lassisti adversarios : sic et nos
provocans magnificasti. 9. Absconse
enim sacrificabant justi pueri bono-
rum, et justitiae legem in concordia
disposuerunt : similiter et bona et
mala recepturos justos, patrum jam
decantantes laudes. 10. Resonabat
autem inconveniens inimicorum
vox, et flebilis audiebatur planctus
ploratorum infantium. 11. ^Simili
autem poena servus cum domino
afflictus est, et popularis homo regi
similia passus. 12. Similiter ergo
omnes uno nomine mortis mortuos
habebant innumerabiles. Nee enim
ad sepeliendum vivi sufficiebant :
quoniam uno momento, quas erat
prasclarior natio illorum, extermi-
nata est. 13. De omnibus enim non
credentes propter veneficia, tunc
vero primum cum fuit exterminium
primogenitorum, spoponderunt po-
pulum Dei esse.
14. Cum enim quietum silentium
contineret omnia, et nox in suo
cursu medium iter haberet, 15. om-
nipotens sermo tuus de coelo a re-
galibus sedibus, durus debellator in
mediam exterminii terram prosili-
vit, 16, gladius acutus insimulatum
imperium tuum portans, et stans
>^Exod, 12,
30.
Paque etait un veritable sacrifice : comp.
Exod. xii, 27 ; xxiii, 18; Dent, xvi, 5 sv.
Hebr. xi, 28. — En secret, dans chaque mai-
son {Exod. xii, 13, 46 : comp. Exod. viii, 26.
— Ce pade divin, conforme k la volonte de
Dieu, ou inspire par lui ; Vulg. equitable,
en gr. oatdxTjio;, au lieu de ^t'.oxt\xoc,. —
Chantant dejd, ou pour la premiere fois,
pendant le repas pascal. — De leurs peres,
les patriarches a qui avaient et^ faites les
promesses qui etaient sur le point de s'ac-
complir. Le cod. Vat. lit TrpoavaasXTrovxtuv
au gen. : les peres (Moise et Aaron) chantant
dejd les saintes lottanges dans des cantiques
composes par eux.
10. Cris des ennemis : voy. Exod. xii, 31.
11. Comp. Exod. xii, 29.
12. Ne suffisaient pas : comp. Nombr.
x xxiii, 4. L'embaumement des morts chez
les Egyptiens demandait plusieurs semaines,
et les ceremonies funebres etaient fort lon-
gues. — Leurs plus nobles rejetons, les pre-
miers n^s comp. Ps. cvi, 36.
13. De r:ien croire, de croire aux avertis-
sements et aux menaces que Dieu leur
adressait par la bouche de Moise et d'Araon.
— De leurs magiciens, qui operaient des
prodiges assez semblables a ceux de Moise.
— Fils de Dieu : Israel est ainsi appele par
Seigneur
lui-meme Exod. iv, 22 sv.
Comp. Jer. xxxi, 9, 20 ; Osee, xi, I ; Maith.
ii, 15.
15. Voire Parole, expression de la puis-
sance divine personnifiee : comp. Osee, vi, 5
et surtout Ps. cxlvii, 15. L'auteur avait sans
doute en vue I Par. xxi, 16, sur I'ange ex-
terminateur. — Co/nine un guerrier : comp.
Exod. XV, 3.
Dans le missel romain, ces deux versets
forment Vtntroit de la messe du dimanche
dans I'odlave de Noel. Expression solennelle
du grand aifle de puissance divine qui de-
vait mettre fin a la servitude des Hebreux
et en faire un peuple saint, depositaire des
promesses messianiques, ces paroles ont pu
etre appliquees par I'Eglise a la nuit bien-
heureuse ou un a(fle plus grand encore de
cette meme puissance fit descendre du ciel
le Fils de Dieu pour la delivi-ance et le salut
de I'humanite tout entiere.
16. Dans la Vulg., glaive aigu figure
comme apposition a voire parole. — Elle
aiteignaii le ciel : comp. la description de
la Discorde dans Homere (//. iv, 443) et
celle de la Renommee dans Virgile (Aen.
iv, 177); cette expression doit signifier que
le commandement divin passa en un instant
du ciel sur la terre. *
N° 23.
LA SAINTE BIBLE. TOME IV.
■ 32
498 LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XVIII, 17—25; XIX, 1—4.
Ch. XIX.
aigu votre irrevocable decret; elle
etait la, remplissant tout de mort;
elle atteignait le ciel et se tenait sur
la terre. i7Aussit6t des visions de
songes effrayants les troublerent et
des terreurs inattendues tomberent
sur eux. ^^Jetes par terre 9a et la a
demi morts, ils revelaient la cause
pour laquelle ils mouraient. i9Car les
visions qui les troublaient la leur
avaient revelee, afin qu'ils ne mou-
russent pas sans savoir pourquoi ils
etaient frappes.
-°L'epreuve de la mort atteignit
aussi les justes, et il y eut dans le
desert une destru6lion de la multi-
tude; mais votre colere ne dura pas
longtemps. ^iCar un homme sans
reproche se hata de combattre pour
les coupables ; prenant les armes de
son ministere, la priere et I'encens
expiatoire, il resista a la colere divine
et fit cesser le fleau, montrant qu'il
etait votre serviteur. 22II vint a bout
de cette sedition, non par la force
corporelle, ni par la puissance des
armes; mais il dompta par la parole
celui qui les chatiait, en rappelant
a Dieu les serments qu'il avait faits
aux patriarches et ses alliances avec
eux. ^sLorsque deja les morts etaient
tombes par monceaux les uns sur les
autres, s'interposant, il arreta le cours
de la colere et ferma a F Exterviina-
teiir le chemin des survivants. 24 Car
sur la robe qui tombait jusqu'a terre
etait tout I'univers ; les noms glorieux
des patriarches etaient graves sur les
quatre rangees de pierres precieuses,
et votre majeste sur le diademe de sa
tete. ^sDevant ces symboles sacres,
I'Exterminateur se retira, a leur vue
il fut effraye ; car la seule experience
de votre colere etait suffisante.
CHAP. XIX. — Contraste entre les Israelites et les Egyptiens quant a Taction
des puissances naturelles sur les uns et sur les autres [vers, i — 12].
Comparaison entre les Egyptiens et les habitants de Sodome [13 — 17].
Resume de toute la deuxieme partie du livre [18-22].
Ais une colere sans miseri-
corde poursuivit les impies
jusqu'a la fin. Car Dieu savait
d'avance quelle serait leur conduite.
^Qu'apres avoir permis aux justes de
s'en aller et presse leur depart avec
grande instance, ils en auraient du
regret et se mettraient a leur pour-
suite. 3 En eftet, ils n'avaient pas en-
core acheve leurs ceremonies fune-
bres, et ils se lamentaient encore aux
tombeaux de leurs morts, qu'ils s'en-
gagerent dans un autre dessein de
folie, et poursuivirent comme des
fugitifs ceux qu'ils avaient conjures
de s'eloigner. ■+Une juste necessite les
17. Atcssitot que I'ordre divin fut donne.
— Les trotiblt-ren/ : les premiers-nes. —
Des terreurs hiatteiidiies, presage du coup
qui allait les frapper.
18. La caiise^ etc. : leur mort etait, non un
accident nature!, mais un chatiment de
Dieu. Le mot mortis est ajoutd a tort a la
fin du verset dans la Vulg.
20. L'epretive, ou Vexperience de la tnort :
allusion a la revoke de Core et d'Abiron, et
au chatiment qui en fut la suite {NoiiiOr.
xvi, 46). . ^
Tunc ajoute par la Vulg. trouble le sens.
21. Un hotnme sans reproclte, le grand
pretre Aaron. — De coinbattrej la Vulg.
rend la pensee, d^tnterceder. — Les armes
de son ministere, la puissance d'intercession
attach^e au souverain sacerdoce dont il etait
revetu. — Voire serviteur, le pretre choisi
par vous.
22. Tous les anciens manuscrits et toutes
les anciennes versions lisent o/Xov. Plusieurs
critiques modernes conjeflurent ing^nieuse-
ment qu'o/Xov serait une meprise de copiste,
fort ancienne, pour /ciXov, la colere divine.
— Cehii qui les chatiait, le chatiment per-
sonnifie.
23. S'interposant entre les morts et les
vivants {Nomdr. xvi, 47). — L'Extcrmina-
teur : la puissance de la mort personnifiee;
nous empruntons ce mot au vers. 25.
24. La rode du grand pretre : voy. Exod.
xxviii, 4, 31; comp. Apoc. i, 13. — Tout
Vu7iivers etait figure par cette robe, ce que
Philon explique ainsi : Par sa couleur bleue,
qui est celle de I'air, elle figure le ciel; les
LIBER SAPIENTMt. Cap. XVIII, 17—25; XIX, 1—4.
499
replevit omnia morte, et usque ad
coelum attingebat stans in terra.
17. Tunc continue visus somnio-
rum malorum turbaverunt illos, et
timores supervenerunt insperati.
18. Et alius alibi projectus semivi-
vus, propter quam moriebatur, cau-
sam demonstrabat mortis. 19. Vi-
siones enim, quae illos turbaverunt,
base prasmonebant, ne inscii, quare
mala patiebantur, perirent.
20. Tetigit autem tunc et justos
tentatio mortis, et commotio in ere-
mo facta est multitudinis : sed non
.im. 16, diu permansit ira tua. 21.^ Prope-
rans enim homo sine querela depre-
cari pro populis, proferens servitu-
tis suae scutum, orationem et per
incensum deprecationem allegans,
restitit iras, et finem imposuit ne-
cessitati, ostendens quoniam tuus
est famulus. 22. Vicit autem turbas,
non in virtute corporis, nee arma-
turas potentia, sed verbo ilium, qui
se vexabat, subjecit, juramenta pa-
rentum, et testamentum commemo-
rans. 23. Cum enim jam acervatim
cecidissent super alterutrum mor-
tui, interstitit, et amputavit impe-
tum, et divisit illam, quae ad vivos
od. s8, ducebat viam. 24. ''In veste enim
poderis, quam habebat, totus erat
orbis terrarum : et parentum ma-
gnalia in quatuor ordinibus lapi-
dum erant sculpta, et magnificentia
tua in diademate capitis illius scul-
pta erat. 25. His autem cessit qui
exterminabat, et haec extimuit: erat
enim sola tentatio irae sufficiens.
— :l:— CAPUT XIX, — *—
Hebrasos persequentes yEgyptii, mari ab-
sorpti sunt, muscis et ranis antea vexati;
Hebrsis vero concupitas carnes accipien-
tibus, impii inhospitales percutiuntur
cscitate : elementa Deo serviunt in affli-
flione malorum, et obsequio bonorum.
MPIIS autem usque in no-
vissimum sine misericor-
dia ira supervenit. Pras-
sciebat enim et futura illo-
rum : 2. quoniam cum ipsi permi-
sissent ut se educerent, et cum
magna soUicitudine praemisissent
illos, consequebantur illos poeniten-
tia acti. 3. "Adhuc enim inter manus
habentes luctum, et deplorantes
ad monumenta mortuorum, aliam
sibi assumpserunt cogitationern in-
scientiae : et quos rogantes projece-
rant, hos tamquam fugitives perse-
quebantur : 4. ducebat enim illos
ad hunc finem digna necessitas : et
fleurs qui sont au bas sont le symbole de la
terre, les grenades celui de I'eau, et les son-
nettes representent I'harmonie et la sym-
phonie de toutes ces choses. Selon d'autres,
la robe du grand pretre figurerait les quatre
elements : I'air par sa couleur, la terre par
le lin, le feu par I'or et la mer par les gre-
nades. Loch et Reischl : la couleur bleue
est le symbole du ciel, le byssus ou lin dont
la robe est faite celui de la lumiere et de
toute crdature pure, la pourpre I'image de
la vie et I'or I'embleme de la gloire. — Les
noms glorieux (litt. les gloires) des douze
patriarches, peres des douze tribus, graves
stir les pierres precieuses du rational ou pec-
toral du grand pretre {Exod. xxviii, 17-21).
— Voire inajeste, etc. : sur la lame d'or ser-
vant de diademe au grand pretre ^taient
graves ces mots : Saint du Seigneur {Exod.
xxviii, 36; xxxix, 30).
25. // ftit effraye : lire iooSTjOt] — Eiait
suffisante : la justice et la misericorde di-
vines avaient egalement satisfa<fl;ion.
CHAP. XIX.
1. Les impies, les Egyptiens, ^W^w'rt la
fi?t, leur entiere destruflion. — Leur con-
duite est expliquee au vers. 2 : non pas que
Dieu punisse d'avance des peches prevus,
mais non commis a(fluellement; la docflrine
de I'auteur est que, quand les hommes ne
profitent pas des graces qui leur ont ete
donnees, Dieu, prevoyant que des graces
ulterieures seraient egalement sans effet,
laisse un libre cours au chatiment.
2. Leur avoir pertnis, en lisant comme la
Vulg. iTC(Tf,£'J;av-c£; (cod. Alex.). Deane pre-
fere la leqon plus difficile du cod. Vat.,
£-'.c7-p£'iavx£c, apres s'etre ocaipes de les
faire partir, y avoir travaille. — Presse leur
depart : voy. Exod. xii, 31-33, 39- — ^ ^^"^
poursuite : voy. Exod. xiv, 5 sv.
3. Acheve les ceremonies fntiebresj litt.,
les deuils etaient encore dans leurs inains.
4. Une juste necessite', d'ordre moral, con-
sequence de I'endurcissement volontaire des
" Exod. 14,
5-
500
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XIX, 5—18.
entrainait a cctte fin et leur faisait
oublier ce qui venait de leur arriver,
afin qu'ils subissent dans sa pleine
mesure le chatiment qui manquait
encore a leurs precedents supplices,
5et que, tandis qu'un merveilleux
passage etait accorde a votre peuple,
ils trouvassent une mort etrange.
^Car la creation tout entiere fut trans-
formee dans sa nature, obeissant aux
commandements particuliers qui lui
etaient donnes, afin que vos enfants
fussent conserves a I'abri de tout mal.
7Ainsi on vit une nuee couvrir le
camp de son ombre; la ou il y avait
auparavant de I'eau apparut la terre
ferme; la mer Rouge ouvrit un libre
passage, et les flots impetueux se
changerent en un champ de verdure.
8 Ils y passerent, toute une nation,
ayant sous les yeux de merveilleux
prodiges. 9Comme des chevaux en
paturagc, comme des agneaux bon
dissants, ils vous glorifiaient Seigneur,
vous leur liberateur. ^oCar ils se rap-
pelaient que, durant leur exil, a la
place des autres animaux, la terre ne
produisit que des moustiques, et le
fleuve, au lieu de poissons, une mul-
titude de grenouilles. "Plus tard, ils
virent encore une etrange produ6lion
d'oiseaux, lorsque, pousses par la
convoitise, ils demanderent une nour-
riture delicate. ^^ Pour satisfaire leur
desir, des cailles monterent du cote
de la mer.
13 Et le chatiment tomba sur les
pecheurs, non sans etre signale
d'avance par de violents eclairs. Ils
soufifrirent justement pour leurs cri-
mes ; Hear ils avaient montre pour
I'etranger la haine la plus odieuse.
Ceux (de Sodome) ne voulurent pas
recevoir des gens qui ne les connais-
saient pas ; ceux-la reduisirent en
esclavage des etrangers qui leur
avaient rendu des services. ^5 II y a
plus, car voici une autre consideration
en faveurdes premiers rc'est en enne-
mis qu'ils recevaient ces etrangers,
16 tandis que les autres accueillirent
d'abord votre peuple avec des de-
monstrations de joie, et apres I'avoir
admis a la jouissance de leurs droits,
ils I'accablerent des plus cruelles
souffrances. ^/Aussi furent-ils frap-
pes d'aveuglement, comme ceux qui
assiegeaient la porte du juste, lors-
que, enveloppes de tenebres profon-
des, ils cherchaient chacun I'entree
de la porte.
18 Car les elements echangaient
leurs proprietes, comme dans le psal-
terion les sons changent de rythme
tout en restant les memes. C'est ce
qu'on pent voir clairement par les
Egyptiens : voy. la note du vers. i. — A cettc
fin, i\ cette derni^re/^VzV qui devait les per-
dre. — Ce qui venait de leur arriver^ les pre-
cedents fleaux, et specialement la mort de
leurs premiers-nes. — Qii'ils snhissent dans
sa pleine mesure, en gr. itpoaavaTrATiptojdJT'
(cod. Alex.).
5. Un merveilleux passas;e a tra\ers la
mer Rouge. — Une mort etrange, produite
par une cause miraculeuse.
6. Car introduit une reflexion philosophi-
que sur le role des creatures entre les mains
de Dieu. - Fut transformee, litt. formee de
tiouveau, et, d'apres la Vulg., ramenee ^ ce
qu'elle etait a I'origine, la servante de
I'homme. — Comtnandements particuliers :
la pensee est expliquee au verset suiv.
7. Le camp des Hebreux : voy. Exod.
xiii, 21 sv. xiv, 19 sv. — Un champ de ver-
dure : amplification poetique, et peut-etre
allusion aux plantes qui tapissaient le fond
de la mer Rouge, appelee pour cette rai-
son par les Hebreux yam souf, mer des
algues.
8. Toute une nation, opposition au sujet
du verbe. Le cod. Sin. lit. TravsOvt, en corps
de nation :comp. Exod. x, 9.
10. lis se rappelaient, et ce souvenir ajou-
tait encore a leur joie. Sens : pendant la
2^ et la 3^ plaie {Exod. viii), les animaux
ordinaires, soit terrestres, soit aquatiques,
semblaient avoir disparu; on ne voyait plus
que des moustiques et des grenouilles.
\\.\oy. E.xod. xvi, xy, Nombr. xi, 13.
Com p. Ps. Ixxviii, 26 sv.
12. Des cailles, apportees par le vent qui
souffiait du cote de la mer \Nombr. xi, 31).
13. Ici commence un nouveau paragra-
phe; la mention de la mer eveille dans I'es-
prit de I'auteur la pensee du chatiment des
Egyptiens submerges dans la mer Rouge.
— De violents eclairs : Jos^phe {Antiq. II,
xvi, 3) nous apprend que le jugement sur
les Egyptiens fut precede d'une tempete
LIBER SAPIENTI^. Cap. XIX, 5 — ig.
501
horum, quae acciderant, commemo-
rationem amittebant, ut quas deerant
tormentis, repleret punitio : 5. et
populus quidem tuus mirabiliter
transiret, illi autem novam mortem
invenirent. 6. Omnis enim creatura
ad suum genus ab initio refiguraba-
tur, deserviens tuis prasceptis, ut
pueri tui custodirenturillassi.y.Nam
nubes castra eorum obumbrabat, et
ex aqua, quas ante erat, terra arida
apparuit, et in mari rubro via sine
impedimento,et campus germinans
de profundo nimio : 8. per quern
omnis natio transivit, quas tegeba-
tur tua manu, videntes tua mirabi-
lia et monstra. 9, Tamquam enim
equi depaveruntescam,et tamquam
agni exsultaverunt, magnificantes te
Domine, qui liberasti illos. 10. Me-
mores enim erant adhuc eorum, quae
in incolatu illorum facta fuerant,
quemadmodum pro natione anima-
lium eduxit terra muscas, et pro
piscibus eructavit fluvius multitu-
jod. 16, dinem ranarum. 1 1 . *Novissime au-
Num. tem viderunt novam creaturam
16,2" avium, cum adducti concupiscen-
tia postulaverunt escas epulatio-
nis. 12. In allocutione enim desi-
derii, ascendit illis de mari ortygo-
metra :
Etvexationes peccatoribus super-
venerunt, non sine illis, quas ante
facta erant, argumentis per vim ful-
minum : juste enim patiebantur se-
cundum suas nequitias. 13. Etenim
detestabiliorem inhospitalitatem
instituerunt : alii quidem ignotos
non recipiebant advenas, alii autem
bonos hospites in servitutem redi-
gebant. 14. Et non solum hasc, sed
et alius quidam respectus illorum
erat : quoniam inviti recipiebant
extraneos. 15. Qui autem cum laeti-
tia receperunt hos, qui eisdem usi
erant justitiis, sasvissimis afflixerunt
doloribus. 16. Percussi sunt autem
cascitate : sicut "illi in foribus justi,
cum subitaneiscooperti essenttene-
bris, unusquisque transitum ostii
sui querebat.
1 7. In se enim elementa dum con-
vertuntur, sicut in organo qualitatis
sonus immutatur, et omnia suum
sonum custodiunt : unde asstimari
ex ipso visu certo potest. 18. Agre-
stia enim in aquatica converteban-
tur : et quscumque erant natan-
tia, in terram transibant. 19. Ignis
violente accompagnee de pluies, de greles
et de tonnerre. Le Psalmiste y fait allusion
Ps. Ixxviii, 16-18. Comp. Exod. xiv, 24 sv.
— lis av Client nwfitre tine /mine de I'etran-
ger ; Vulg., ils avaiettt exerce Vhospitalite
dhine maniere phts odietise, par comparai-
son avec la conduite des Sodomites.
14. Ne vouluretiipas recevoir : litote : I'au-
teur pallie la conduite infame des habitants
de Sodome a I'egard des deux anges qui
vinrent visiter Lot {Gen. xix). — Qui ne les
connaissaient pas, avec qui ils n'avaient ja-
mais eu de rapport et envers qui ils n'^taient
obliges en rien, par opposition a bonos. Ce
mot n'ayant pas ete compris des anciens
interpretes, on a essaye de le changer, mal-
gre I'accord de tous les manuscrits; ainsi la
Vulg. met ignotos, des inconniis. — Des
etratigers, les Hebreux qui avaient sauve
I'Egypte au temps de Joseph. Comp. Exod.
i, 7. La conduite des Egyptiens est done,
sous ce rapport, plus coupable que celle des
Sodomites.
15. Non setelemetit cette difference est
vraie. — En ennemis, sans dissimuler leurs
mauvais sentiments sous les dehors d'une
amitie hypocrite.
16. Les autres, les Egyptiens : ici et
ailleurs (ch. x) I'auteur suppose que ses lec-
teurs connaissent assez la Bible pourrccon-
naitre les personnages dont il parle sans les
nomnier. Comp. Exod. i, ro-14.
17. Frappes d'aveiiglement, dans la plaie
des tenebres. — Comme eux, les Sodomites,
furent frappes de cecite par les anges {Gen.
xix, 11) lorsqu'/'/i' assiegeaient la porte du
juste, de Lot. — Tenebres profondes, Vulg.
subites. — Eentree de sa porte, de la porte
du juste (en grec aoroo. Le cod. Alex, lit
ea'j~oj, ostii sui : la derniere moitie du
verset devrait alors s'entendre des Egyp-
tiens, ce qui s'accorderait mal avec xvii, 2, 17
coll. Exod. X, 23.
18. Car, amene une explication des mira-
cles mentionnes plus haut. Sens : dans le
miracle, les elements restent les memes
quant k leur nature, quoique les operations
soient changees.
19. Devenaient aquatiqties : allusion au
passage des Hebreux avec leurs troupeaux
•^Gen. 19,
502
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XIX, 19—22.
faits qui se sont passes. i9Les ani-
maux terrestres devenaient aquati-
ques, et ceux qui nagent passaient
sur la terre. 20 Le feu depassait dans
I'eau sa vertu naturelle, et I'eau ou-
bliait sa propriete d'eteindre. ^^'D'au-
tre part, la flamme n'atteignait pas la
chair des freles animaux repandus
partout, et ne fondait pas cet aliment
celeste, semblable au givre et fusible
comme lui.
22 En toutes choses. Seigneur, vous
avez glorifie votre peuple, vous I'avez
honore etvous ne I'avez pas meprise;
en tout temps et en tout lieu vous
I'avez assiste.
a travers la mer Rouge. — Ceux qui fiagent,
les grenouilles, dans la plaie de ce nom,
passaient sur la terre et remplissaient les
maisons {Exod. viii, 3 sv. Ps. cv, 30).
20. Voy. I'explication xvi, 17-25.
21. Friles anitnaux, tels que les saute-
relles, envoyes pour chatier les Egyptiens.
L'auteur suppose poetiquement qu'il en
LIBER SAPIENTI.E. Cap. XIX, 20—22.
503
in aqua valebat supra suam virtu-
tem, et aqua exstinguentis naturas
obliviscebatur. 20. Flammas e con-
trario, corruptibilium animalium
non vexaverunt carnes coambulan-
tium, nee dissolvebant illam, quae
facile dissolvebatur sicut glacies,
bonam escam.
In omnibus enim magnificasti po-
pulum tuum, Domine, et honora-
sti, et non despexisti, in omni tem-
pore, et in omni loco assistens eis.
existait encore au temps de la plaie de la
grele et des Eclairs : voy. xvi, 18. Selon
d'autres, cette flamme serait celle des feux
que les Egyptiens auraient allumes pour se
debarasser de ces animaux.
Pour la derniere partie du verset voy.
xvi, 22. Le sens est le meme soit qu'on lise
tTjXTo'v avec les anciens manuscrits, soit
qu'on prefere la correction £tt,xov, suivie
par la Vulg.
'0.
:<g:t?)"^::g):^r5y.^.H:sy.^y.:<?>::t9:^:t^^H^>):^^^^^.^.?>^K>.
— :•:— Ecc liitirc be l'6cdE5ieiritiqiu\
.1.
i^i^3^i^j^3^WJ^^^W^3^W^l^^W^'^WM'^W^W3Sn^^?^^^^^H^W^M^WjS
Introbuction.
Titre. La Vulgate latine nomme
ce livre : Ecclcsiastique, c'est-a-dire,
le livre d'eglise par excellence. Ce
nom lui vient, en effet, du frequent
usage qu'en faisait la primitive eglise
pour l'instru6lion des fideles. Son
titre original est, dans la version des
Septante, l^oq^ict. 'ly-cciO jtou Zitpi'/. La
version syriaque le nomme egale-
ment : S apieniia Jesu filii SiracJi. C'est
le dernier des livres sapientiaux dans
le canon du Concile de Trente. Com-
me les autres livres de I'Ancien Tes-
tament, dont le texte hebreu etait
perdu, ou qui avaient ete primitive-
ment ecrits en grec, il appartient a la
serie des livres deuterocanoniques.
But. Enseigner la sagesse par une
grande variete de maximes s'adres-
sant a toutes les conditions, a tous
les etats de vie, tel est le but de ce
livre. La methode en est toute sem-
blable a celle des Proverbes, que I'au-
teur semble avoir pris pour modele,
et n'en differe qu'a la fin. Apres avoir
enseigne la sagesse par les preceptes,
il veut la faire connaitre par les
exemples de ceux qui I'ont pratiquee.
Un magnifique eloge des ancetres,
depuis Enoch, qui s'efforga de plaire
a Dieu, jusqu'a Nehemie et le grand
Pretre Simon, fils d'Onias, termine
I'ouvrage.
Division. L'analysen'aguere prise
sur ce genre de composition, et les
divisions sont, en grande partie, ar-
bitraires. Sans doute un certain nom-
bre de passages traitent du meme
sujet, mais, en general, les maximes
se succedent sans ordre apparent.
Les endroits meme qui presentent
une suite n'ont pas de lien entre eux.
On pent pourtant y distinguer quel-
ques grandes lignes.
Exorde (Chap. i). Invitation a
suivre les voies de la sagesse.
Premiere partie (Chap, ii-xlii, 14).
Maximes, preceptes et conseils varies
sur toutes les vertus privees et so-
ciales. Des exhortations, des prieres
y rompent de temps a autre la mo-
notonie. On trouvera, au cours du
commentaire, et dans la table, les
quelques subdivisions, peu marquees
d'ailleurs, dont cette partie est sus-
ceptible.
Deuxienie partie (Chap, xlii, 15-
1, 23). Exemples de sagesse donnes :
1° par la Providence du Createur
qu'il celebre dans une hymne remar-
quable (xlii, 15-xliii, 37). 2° Par les
ancetres du peuple d'Israel, depuis
Enoch jusqu'au grand-pretre Simon,
qui vivait du temps de I'auteur
(xliv-l, 23).
Epilogue (1, 24-li). Conclusion,
priere et derniere instruction de I'au-
teur.
Le livre est precede d'un prologue
du au tradufteur grec, qui nous four-
nit quelques donnees sur sa compo-
sition et sa tradu6lion. On ne le con-
sidere pas comme inspire.
Auteur. Si le livre de la Sagesse
est anonyme, celui de V Ecclcsiastique
est signc ; malheureusement I'auteur
n'est connu que parson nom. II nous
I'apprend lui-meme, a la fin de son
ceuvre (1, 29) : " Donriiiani sapientia;
et disciplines scripsit in codice isto
Jesus, filius SiracJi, Jerosolyviita. Les
manuscrits grecs portent lyxoaiy.,
scripsi. Le prologue, plac^ en tete du
livre, par le petit- fils de I'auteur, re-
pete la meme donnee : Avus nieus
Jesus . . . vol nit et ipse scribere aliquid
horuni quce ad do6}rinani et sapien-
LE LIVRE DE L'ECCLESIASTIQUE.
505
tiaju pertinent, etc. {Prolog.) A defaut
de documents historiques, I'auteur
se fait connaitre, par son ouvrage,
comme un homme profondement
verse dans I'etude des saintes Ecri-
tures, et d'une piete peu commune.
Peut-etre fut-il, selon la conje6lure
de quelques ecrivains, pretre et meme
medecin. Mais les connaissances par-
ticulieres dont il temoigne, touchant
ces deux professions, sont trop peu
cara6lerisees pour etablir une con-
clusion certaine.
L'epoque a laquelle I'ouvrage fut
compose pent etre precisee avec plus
de certitude. On est autorise a la
fixer, non pourtant sans controverse,
aux premieres annees du 2^ siecle
avant J.-C, vers 190.
Cette date resulte des considera-
tions suivantes.
1° L'auteur depeint le grand pretre
Simon, fils d'Onias, avec tant de de-
tails et une complaisance si marquee,
avec des traits si precis (1, 1-21),
qu'on ne peut douter, et tout le
monde en convient, qu'il n'ait connu
le pontife, et ne I'ait vu souvent ac-
complir les ceremonies saintes. Or ce
Simon a vecu, nous le verrons, envi-
ron 60 ans avant le regne de Pto-
lemee VII Evergete en Egypte
(145-117 av. J.-C).
2° Le petit-fils de l'auteur, qui tra-
duisit en grec I'oeuvre de son grand-
pere, nous declare, dans le prologue,
qu'il est venu en Egypte dans la
38^ annee du regne de Ptolemee
Evergete. " Iv yy.p t(>> oy^ow zat zpia-
KOCT'j) 'izZl £7r'. Toil Yiilirj-.'iTOI) jSa«7t/.£(J0;
Trapayev/jQsis st; Ai'yuTrrov." Vulg.'W^;//
in o6lavo et trigesivto anno teinporibus
PtolenicBi Evergetis regis, postquavi
perveni in ALgyptuni..^ Or la 38^ an-
nee de ce regne nous reporte vers
I'an 130 avant J.-C. II est vraisembla-
ble d'admettre qu'il s'ecoula environ
60 ans entre la composition de I'ou-
vrage par le grand-pere et sa traduc-
tion par le petit-fils.
3° L'epoque de cette composition
coincide avec un temps de persecu-
tion marquee contre les Juifs. La
priere de l'auteur (chap, xxx, 22-
XXX vi, 19) temoigne des afflictions
de ses contemporains, et nous ra-
mene aux mauvais jours 011 Ptole-
mee IV Philopator {222-20^) inau-
gura les vexations dont Israel fut
viftime pendant le 2^ siecle.
Ces indications paraissent assez
precises. Elles ne sont pourtant pas
sans conteste. II se trouve en effet
qu'un autre grand-pretre, Simon,
egalement fils d'Onias, a vecu vers
I'an 300 av. J.-C, et qu'un autre Pto-
lemee Evergete a regne en Egypte
vers 250. De la une opinion nouvelle,
embrassee par plusieurs exegetes mo-
dernes et recents, qui fait remonter
un siecle plus haut la composition
de I'Ecclesiastique.
Cette opinion ne parait pas histo-
riquement fondee.
II est certain, en effet, que Ptole-
mee III Evergete I n'a pas regne
'i,'^ ans ; ce n'est done pas le Ptolem.ee
dont parle le prologue. — A cette
difificulte, on repond que le texte
grec, cite plus haut, ne signifie pas
la 38*^ annee du regne d'Evergete,
mais bien I'age du tradu6lcur, qui se-
rait venu en Egypte dans la 38^ an-
nee de sa vie. — Malgre I'etrangete
de cette donnee, surtout de la part
d'un auteur qui ne nous dit pas
meme son nom, on pourrait a la ri-
gueur I'accepter, si la phrase em-
ployee n'etait la formule ordinaire
pour indiquer I'annee du regne. Cette
seule observation fait crouler tout le
fondement de cette opinion. — Vai-
nement obje6te-t-on que Ptolemee
Evergete II lui-meme n'aurait pas
regne 38 ans ; car il est constant que
son regne, malgre une assez longue
interruption, date de 170, et les his-
toriens le font remonter a cette annee
ou il commenca a regner a la place
de son frere Ptolemee IV Philometor.
Nous avons du reste d'autres te-
moignages historiques certains qui
nous permettent de distinguer entre
les deux Simon, fils d'Onias. Eusebe
506
LE LIVRE DE L'ECCLESIASTIQUE.
de Cesaree, dans sa Demonstration
evangelique (P. L. 22,616), nous ap-
prend " qu'a ce Simon, fils d'Onias,
qui vecut au temps ou VEcclesiastigue
fut compose, succeda un autre grand-
pretre du nom d'Onias, precisement
a I'epoque ou Antiochus Epiphane
voulait obliger les Juifs a sacrifier
aux dieux. — St Jerome, dans son
commentaire sur Daniel (9, 14) nous
fournit la meme donnee. II est done
certain qu'il s'agit du deuxieme Si-
mon (219 a 199) dans VEcclesiastigue.
D'ailleurs, point de persecution an-
terieure a cette epoque; nulle proba-
bilite que la version des Septante
commencee en 286 ait ete terminee
vers 250 : autant de motifs de ne pas
reculer a I'an 290 la composition de
ce livre.
Texte primitif. Nous avons deja
dit que ce livre avait ete traduit de
I'hebreu. C'est en efifet dans cette
langue qu'il fut compose. Le tour ge-
neral du style, une foule de locutions
hebraiques, des fautes meme du tra-
du6teur qui ne s'expliqueraient pas
en dehors de I'original hebreu, ne
permettent pas d'en douter. — St Je-
rome a eu entre les mains le texte
hebreu. I Malheureusement ce texte
moins estime des Juifs palestiniens,
qui ne le regardaient pas comme ca-
nonique, neglige des chretiens qui se
servaient exclusivement du grec, ne
tarda pas a disparaitre. Depuis de
longs siecles I'original de VEcclcsias-
tique etait perdu ; il n'en restait que
quelques versets, recueillis par le
Talmud, lorsque en 1896 un heureux
hasard fit rencontrer dans une syna-
gogue du Caire un manuscrit hebreu
contenant les dix derniers chapitres
du livre (xxxix, 15-xlix, 11). Cet
important fragment, public depuis,-
a permis de reconnaitre le cara6lere
de la langue originale. Ce n'est ni le
chaldaique, comme plusieurs I'avaient
pense; ni I'hebreu rabbinique, mais
bien I'hebreu classique, imitant a des-
sein la langue de I'Ancien Testament.
Sa comparaison avec la version grec-
que a fait ressortir, malgre quelques
imperfeftions de detail, le caraftere
de fidelite presque servile de I'oeuvre
du petit-fils de Sirach. II suit de tres
pres le texte et rend ordinairement
le mot hebreu par le mot grec equi-
valent. Quelques textes obscurs ont
ete heureusement elucides grace a
I'original. Par exemple les versets
8 et 9 du chap. 49 avaient ete tra-
duits : 8. " Ezechiel contemple la vision
de gloire que le Seigneur lid viontra
sur le char des cherubins. 9. Car il
songe a Vennenii dans la menace dhme
pluie d'orage, et il fit du bien a ceux
qui suivaient la voie droite'' Plusieurs
critiques sougonnaient que le traduc-
teur avait lu 'oyeb, ennemi, au lieu de
'iyob,]oh. On obtenait ainsi un meil-
leur sens. Le texte original a justifie
cette hypothese : on y trouve iyob^ et,
au lieu d'un verset inintelligible et
sans lien avec le contexte, on a :
9) " Et Ezechiel a aussi parle de Job,
qui a accompli toutes les voies de la
justice."
Depuis la decouverte des chapitres
xxxix, 15 a xlix, 11, M. Schechter,
professeur a Cambridge, sachant que
le manuscrit provenait d'une syna-
gogue du Caire, parvint a se faire
ceder tout le contenu de la Ghenizah.^
Outre sept nouveaux feuillets du ma-
nuscrit deja connu, il s'en trouva
quatre d'un autre manuscrit plus pe-
tit. Quelques autres feuillets furent
encore trouves.
En resume, aftuellement on a pu-
blic du texte original,4 Eccli. iii, 6-
vii,22;xi,34''-xvi,26;xxx, ii-xxxv,2;
' Fertur et Panaretos Jesu, filii Sirach,
liber et alius, pseudepigraphus, qui Sapientia
Salomonis inscribitur; quorum priorem he-
braicum reperi. (Hier, Prasf. in libr. Salom.).
"" Cowley et Neubauer, The original he-
brew of a portion of Ecclesiasticus, Oxford,
1897.
^ Cf. Et. juives. Juil.-Sept. iSuj.
* Schechter and Taylor, The Wisdom of
Ben Sira, portions of the Book of Ecclesia-
LE LIVRE DE L'ECCLESIASTIQUE.
507
xxxvii, 27-xxxviii, 27; xxxix, 15-
xlix, II; xlix, 15-li, 30. En tout
695 versets sur 1411 qu'en renferme
V Ecclesiastig?ie,d'a.^rhs, la maniere de
compter de Swete, O. T. in Greek.
L'Inspiration de Y Ecdesiastique a
donne lieu a la meme controverse
que les autres Hvres dejiterocanoni-
ques. A cet egard, rien de particulier,
sinon qu'il a ete moins conteste que
plusieurs d'entre eux. Estime d'abord
des Juifs Palestinians, admis meme
dans le canon des Juifs alexandrins,
cite et transcrit avec honneur par le
Talmud, ilsemble n'avoir cesse d'etre,
parmi les Juifs, un livre sacre qu'a la
suite d"interpolations toujours faciles
dans un recueil de maximes. Ouoi
qu'il en soit, I'Eglise chretienne, mal-
gre quelques dissonances passageres,
n'a jamais mis en doute son inspira-
tion. De I'aveu meme des auteurs
hostiles a ce livre, la lettre de St Jac-
ques s'en inspire constamment, et
parfois meme en reproduit les pa-
roles. Les premiers Peres, comme
St Clement Romain,'rauteur de I'Epi-
tre de St Barnabe, la Do6lrine des
apotres, s'en servent egalement. Des
le milieu du deuxieme siecle VEccle-
siastique est allegue comme texte de
I'Ecriture par les Peres d'occident
comme par ceux d'orient. Les here-
tiques memes, dans les controverses,
par example de St Augustin avec les
Donatiens, ne repoussent pas son
autorite. Enfin, de bonne heure, des
le 4^ siecle, les Conciles I'inscrivent
dans les canons scripturaires.
sticus from Hebrew manuscripts in the Cairo Genizah colleflion, presented to the Univer-
sity of Cambridge by the editors.
^H^^HU^UMMM^M^^M'^MMMMY^.
>TIITITT7TIIiriIlIIT I TTT I
.1.
•
•I*
Ii:'GcLlc«5iflritinnE.
.1.
i^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWfS
PROLOGUE.
^,K iiombreuses et excellentes
lecons nous ont ete transmises
'^*''^^'^^' par la loi, les prophetes et les
autres ecrivains qui les ont suivis, ce
qui assure a Israel une louange me-
ritee d'instruclion et de sagesse. Et
comn:ie non seulement ceux qui les
lisent acquierent la science, mais en-
core ceux qui les etudient avec zele
se rendent capables d'etre utiles a
ceux du dehors par leur parole et
leurs ecrits, mon aieul Jesus, qui
s'etait beaucoup applique a la lec-
ture de la loi, des prophetes et des
autres livres de nos peres et qui y
avait acquis une grande habilete,
fut amene a composer lui aussi un
ecrit ayant trait a la formation mo-
rale et a la sagesse, afin que ceux
qui ont le desir d'apprendre, s'atta-
chant aussi a ce livre, progressent de
plus en plus dans une vie conforme
a la loi.
Je vous exhorte done a en faire la
lefture avec bienveillance et atten-
tion, et a vous montrer indulgents
dans les endroits ou, malgre le soin
que nous avons apporte a le traduire,
nous paraitrions avoir mal interprete
quelques mots ; car les termes he-
breux n'ont pas la meme force en
passant dans une autre langue. Ce
defaut ne se rencontre pas seulement
dans ce livre; mais la loi, les pro-
phetes et les autres livres sacn's n'of-
frent pas moins de differences quand
on compare la version a I'original.
Etant alle en Egypte en la trente-
huitieme annee du regne d'Evergete,
je trouvai, pendant mon sejour, que
I'instruclion t-eligieuse etait loind'ega-
ler la noire. J'ai done regarde com me
tres necessaire de donner quelque
soin et quelque labeur a la tradu6lion
du livre de mon aieul. A cet effet j'ai
consacre a cette oeuvre, durant ce
temps, beaucoup de veilles et d'ap-
plication afin de la conduire a bonne
fin et de la publicr pour ceux aussi
qui, sur la terre etrangere, sont desi-
reux de s'instruire et disposes a con-
former leur vie a la loi du Seigneui-.
PROLOGUE.
Ce prologue n'est pas regarde comme
canonique, c.-k-d. comme faisant partie des
Ecritures inspirees. L'auteur y explique
d'abord comment son grand-pere fut anient
k composer ce livre (en hebreu), a quelle
occasion et dans quel but lui-meme le tra-
duisit en grec.
Des le<;ons^ litt. des choses pouvant servir
a la formation morale, conduire a la sagesse.
— La loi, les cinq livres de Moise, ... les
autres ecrhmins, appeles hagiographes :
telle etait, des cette epoque, la division des
livres contenus dans le canon des Juifs.
Comp. LuCn, xxiv, 14. — Qui les ont suivis,
qui ont ecrit apres eux et surtout dans le
meme esprit. — Ceux du dehois, les Juifs
vivant hors de la Palestine qui, ne compre-
nant plus la langue h^braique, restaient
plus ou moins etrangers aux anciens livres
sacrds, et avaient besoin soit de nouveaux
ouvrages composes en grec, soit de traduc-
tions grecques des livres hebreux.
N'ont pas la mane force, etc. " Voir un
ouvrage seulement traduit, dit D. Calmet,
c'est regarder une tapisserie a I'envers; ce
sont les memes personnages, mais ils n'ont
^H^H^H^^g£HHHHHg£H^HH^^[^
•1*
Gi'clE'jiiisticus.
.1.
nrr 1 1 I 1 I I I I I 1 1 rrr r 1 1 1 1 1 1 1 1 1
PROLOGUS.
ULTORUM nobis, et
magnorum per legem, et
prophetas, aliosque qui
secuti sunt illos, sapientia
demonstrata est : in quibus oportet
laudare Israel doctrinae et sapientias
causa : quia non solum ipsos loquen-
tes necesse est esse peritos, sed etiam
extraneos posse et dicentes et scri-
bentes doctissimos fieri. Avus meus
Jesus, postquam se amplius dedit
ad diligentiam lectionis legis, et pro-
phetarum, et aliorum librorum, qui
nobis a parentibus nostris traditi
sunt : voluit et ipse scribere aliquid
horum, quae ad doctrinam et sapien-
tiam pertinent : ut desiderantes di-
scere, et illorum periti facti, magis
magisque attendant animo, et con-
firmentur ad legitimam vitam.
Hortor itaque venire vos cum
benevolentia, et attention studio
lectionem facere, et veniam habere
in illis, in quibus videmur sequen-
tes imaginem sapientiae deficere in
verborum compositione. Nam defi-
ciunt verba Hebraica, quando fue-
rint translata ad alteram linguam,
Non autem solum base, sed et ipsa
lex, et prophetas, ceteraque alio-
rum librorum, non parvam habent
differentiam, quando inter se di-
cuntur.
Nam in octavo et trigesimo anno
temporibus Ptolemasi Evergetis re-
gis, postquam perveni in ^Egyptum,
et cum multum temporis ibi fuis-
sem, inveni ibi libros relictos, non
parvas, neque contemnendas doctri-
nas. Itaque bonum et necessarium
putavi et ipse aliquam addere dili-
gentiam et laborem interpretandi
librum istum : et multa vigilia attuli
doctrinam in spatio temporis ad ilia,
quag ad finem ducunt, librum istum
dare, et illis qui volunt animum in-
tendere, et discere quemadmodum
oporteat instituere mores, qui se-
cundum legem Domini proposue-
rint vitam agere.
ni la menie beaut^, ni la meme grace. "
S. Jerome dit a ce sujet avec son energie
ordinaire : Alienis defttibus connnoliti cibi
vescentibus nmiseam faciunt.
En la j8<: annee du regne d'Evergete?
Voyez I'introducftion p. 504. — LHnstnic-
Hon religieuse des Juifs habitant I'Egypte
etait inferieure a celle des Juifs de la Pales-
tine. La Vulg. traduit,yj/ trouvai des livres
qui etaieni resh's, dont la do£lrine n' etait ni
mediocre Jti me'prisable, ce qui est en desac-
cord avec le contexte. D'autres.y'j trouvai
un exemplaire du livre de mon aieul; mais
acpo'ij-otov signifie dijferent, litt. no7i sembla-
blc, et non pas exemplaire. — Wapplica-
tion, ou de savoir, d" etude.
— HiH \©^ ^®^ — Kstf-
510
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. I, i— 14.
M
PREMIEME PARTIE.
N^
Origine et nature de la sagesse. Exhortations a
se livrer a elle et a suivre ses enseignements.
[Ch. I— XVI, 21].
CHAP. I, — Origine de la sagesse [vers, i — 10]. La crainte de Dieu
et ses rapports avec la sagesse [11 — 30].
Chap. I. |{jPgg*5a|0UTE sagesse vient du Seigneur,
Elle est avec lui eternellement.
2 Qui pent compter le sable de la mer,
Les gouttes de la pluie et les jours du passe.'*
3 Qui peut atteindre la hauteur du ciel, la largeur de la terre,
I^ci profondeur de I'abime et la sagesse .''
4 La sagesse a ete crdee avant toutes choses,
Et la lumiere de Tintelligence des I'eternite.
5 [La source de la sagesse, c'est la parole de Dieu au plus haut des cieux,
Ses voies sont les commandements eternels.]
6 A qui a ete revelee la racine de la sagesse .''
Qui a connu ses desseins profonds?
7 [A qui la science de la sagesse a-t-elle etd revelee,
Et qui oomprend son habilet^?]
8 II n'y a qu'un sage, grandement redoutable,
Assis sur son trone : c'est le Seigneur.
9 C'est lui qui I'a cre^e;
II I'a vue et il I'a fait connaitre.
10 II I'a r^pandue sur toutes ses ceuvres,
Ainsi que sur toute chair, selon la mestire de son don,
II I'a donnee liberalement a ceux qui I'aiment.
1 1 La crainte du Seigneur est gloire et honneur,
Et joie, et couronne d'allegresse. .
12 La crainte du Seigneur rejouit le cceur;
Elle donne gaiete, joie et longue vie.
13 Celui qui craint le Seigneur s'en trouvera bien a la fin
Et il trouvera grace au jour de sa mort.
[L'amour de Dieu est une glorieuse sagesse;
Ceux h, qui il se montre, Dieu leur communique la sagesse
Pour le contempler et reconnaitre ses grandeurs.]
14 Le commencement de la sagesse est de craindre Dieu;
Elle est formee avec les fideles dans le sein de leur mere.
CHAP. I.
I. Sagesse, aocpia : ici, comme dans les
Proverbes et le livre de la Sai^csse, ce mot
signifie tantot la Sagesse increee,soit comme
attribut divin impersonnel, soit comme se-
conde personne de la Ste Trinite, comme
Fils de Dieu; tantot la sagesse crede, soit
communiquee par Dieu a ses creatures rai-
sonnables, soit poetiquement personnifide
(comp. iv, 11-19; vi, 18-33; "^'^'j 20-xv, 10;
xxiv). L'auteur emploie comme termes cor-
relatifs : cppovTia'.;, auvsatc, £TTiaTT,(XTi, TratSeia,
prudeiitia, intclleflus^ scie/itia, discipima
dans la Vulgate.
A la place du 1^ membre, il y a dans la
Vulg., ct elle a toujours cie avec lui, ct elle
est avant tons les siecles.
2-3. Sens : de meme que personne ne
peut compter..., de meme nul ne peut scru-
ter I'origine et la nature de la sagesse.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. I, i — 14.
511
— :;:— CAPUT I. — :^—
Sapientia incomprehensibilis et in creaturis
relucens, ab Eeterno originem a solo Deo
omnipotente trahit, quam dat diligentibus
ac timentibus ipsum : nam timor Domini,
qui hie multipliciter commendatur, non
solum sapientiam, sed et reliquas secum
affert virtutes : simplici autem corde ad
Deum accedendum est.
MNIS sapientia a Do-
mino Deo est, et cum
illo fuit semper, "et est
ante asvum. 2. Arenam
maris, et pluvias guttas,
et dies saeculi quis dinumeravit?
Altitudinem coeli, et latitudinem
terras, et profundum abyssi quis
dimensus est? 3. Sapientiam Dei
prascedentem omnia quis investiga-
vit? 4. Prior omnium creata est sa-
pientia, et intellectus prudentias ab
aevo. 5. Fons sapientias verbum Dei
in excelsis, et ingressus illius man-
data asterna. 6. Radix sapientias cui
revelata est, et astutias illius quis
agnovit? 7. Disciplina sapientias cui
revelata est, et manifestata? et mul-
tiplicationem ingressus illius quis
intellexit? 8. Unus est altissimus
Creator omnipotens, et Rex potens,
et metuendus nimis, sedens super
thronum illius et dominans Deus.
9. Ipse creavit illam in Spiritu san-
cto, et vidit, et dinumeravit, et
mensus est. 10. Et eiFudit illam su-
per omnia opera sua, et super om-
nem carnem secundum datum suum,
et praebuit illam diligentibus se.
1 1. Timor Domini gloria, et glo-
riatio, et lastitia, et corona exsulta-
tionis. 1 2. Timor Domini delectabit
cor, et dabit laetitiam, et gaudium,
et longitudinem dierum. 13. Ti-
menti Dominum bene erit in extre-
mis, et in die defunctionis suas be-
nedicetur. 14. Dilectio Dei honora-
La Vulg. traduit la fin du vers. 3 : qui a
penetre la sagesse de Dieu atiterieure a toutes
choses ?
5. La parole de Dieu^ ses revelations; ou
bien son Verbe, son Fils eternel. — Les
votes qii'elle suit et qu'elie ordonne de sui-
vre sont les commandements de Dieu, la loi.
Ce verset exprime une pensee juste, mais
il interrompt la suite des idees; on le trouve
dans la Vulg., mais non dans le cod. Vat.
6. La racijie de la sagesse, son essence ou
son origine, sa source. ■— Ses desseiits, litt.
ses artifices, en prenant ce mot dans un sens
favorable.
7. So7t habilete, en gr. TToXoTistpiav, Htt.
une habiletc acquise par une tongue expe-
rience. La Vulg. traduit ce mot ici nmltitu-
dinem ingressus illius.
Ce verset ne se trouve pas dans le cod. Vat.
8. La Vulg. paraphrase ce verset et en
altere le sens : il tiy a qu''un tres haut Cre'a-
teur tout-puissant. Rot fort et grandement
redoutable, assis sur soji trone et Dieu sou-
verain.
9. Qui Pa creee; la Vulg. ajoute, dans ou
par I'Esprit-Saint. — // la fait connaitre
par ses oeuvres, en creant le monde, ou elle
se montre avec eclat dans I'ordre et I'har-
monie de toutes ses parties. Diniimeravit
rend bien le gr. £;T,pi6;j.r;(T£v, mais on con-
jecflure avec vraisemblance que £;T,pi6[j.Tia£v
ne repond qu'imparfaitement au mot he-
breu, lequel aurait ete mieux traduit en grec
par £?viYn<TaTo, enarravit, comme dans le
passage parallele de Job, xxviii, 27 : Tunc
vidit illam (sapientiam) et enarravit.
11 me semble toutefois que Ton pourrait
conserver au verbe grec son sens naturel et
traduire : il Pa vue et il Pa coti7iue ititime-
ment, sous tous ses aspecfls, dans tous les
elements qui constituent sa nature. L'ex-
pression aurait ete choisie a dessein pour
indiquer la science multiple et comprehen-
sive de Dieu, penetrant le fond de toute
chose et embrassant tous les details. C'est
ainsi que la Vulg. parait avoir entendu ce
passage : il Pa coniptee et il Pa mesuree.
II. La crainte du Seioneur ici, comme
dans les autres livres sapientiaux, c'est le
devouement k Dieu et la fidelite "k sa loi,
avec toutes les benedicflions qui y sont atta-
chees. — Est gloire, procure la gloire, etc.
13. // trouvera grace; ou, d'apres une
autre legon suivie par la Vulg. et peut-etre
preferable, il sera beni.
Une glorieuse sagesse, la sagesse ne pou-
vant inspirer rien de meilleur que I'amour
de Dieu.
Ceux a qui Varnottr de Dieu se >nonlre,
ceux qui le possedent. Tel parait etre le
sens du grec. Vulg. : ceux ii qui elle (la'
sagesse) se montre la cherissent des qu'ils la
voient et quHls recon?taissent les grandes
choses qtielle opere.
14. Le commencement de la sagesse :
comp. Prov. i, 7. — Elle est formee, etc. :
512
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. I, 15—30.
15 Elle s'est prepare chez les hommes una eternelle habitation;
EUe demeurera fidelement avec leur race.
16 La plenitude de la sagesse est de craindre le Seigneur;
Elle rassasie de ses fruits ceux qui la possedent.
17 Elle remplit toute sa maison de choses desirables
Et ses greniers de ses produits.
18 La couronne de la sagesse, c'est la crainte du Seigneur;
Elle fait fleurir la paix et les fruits de salut.
19 Le Seigneur I'avue et I'a manifestee;
II fait jaillir k flots la science et la lumicre de I'intelligence.
20 La racine de la sagesse, c'est de craindre le Seigneur;
II exalte la gloire de ceux qui la possedent.
21 [La crainte du Seigneur bannit le peche,
Et celui qui s'y attache d^tourne la colere.]
22 L'homme injuste et emport^ ne saurait etre justifie,
Car la fougue de la colere amene sa ruine.
23 L'homme patient attend jusqu'au temps voulu,
Et ensuite la joie lui est rendue.
24 II cache jusque-la ses paroles,
Et les levres des fideles raconteront sa prudence.
25 Les tresors de la sagesse renferment des maximes de prudence,
Mais la piete envers Dieu est en abomination au pecheur.
26 Desires-tu la sagesse? garde les commandements,
Et le Seigneur te I'accordera.
27 Car la sagesse et I'instrurtion, c'est la crainte du Seigneur,
Et ce qui lui plait, c'est la fidelite et la mansuetude.
28 Ne te refuse pas a la crainte du Seigneur,
Et ne t'adonne pas a elle avec un coeur double.
29 Ne sois pas hypocrite devant les hommes,
Et prends garde a tes levres.
30 Ne t'eleve pas toi-meme, de peur que tu ne tombes,
Et que tu n'attires sur toi la confusion.
Car le Seigneur rdvelera ce que tu caches,
Et te precipitera au milieu de I'assemblee,
Parce que tu ne t'es pas adonne a la crainte du Seigneur,
Et que ton cceur est plein de fraude.
-^3^
■-S^—
elle est donnde aux hommes fideles des le
premier moment de leur existence.
15. Uneeterfielle habitation : comp. Prov.
viii, 31. La Vulg. traduit le second mem-
bre : elle marche avec, elle est en rapport
habituel et familier avec les feinmes choi-
sies, et se inontre dans la compagnie des
justes et des fideles.
Ici la Vulg. insere trois versets, dont le
dernier repete le vers. 13 : La crainte du
Seigneur est la relation de la science a Dieu,
donne k la science une tendance religieuse,
la fait tendre vers Dieu. — La relation a
Dieu garde et sandifie le cceur ^ elle donne
contentement et joie. — Celui qui craitit le
Seigneur s'en trotroera bien, et au jour de
sajiti i I sera beni.
16. Elle rassasie, elle satisfait tous les de-
sirs; litt., &\\e.enivre. Vulg., et ses fruits pro-
curentla plenitude, \& rassasiement de I'ame.
17. La sagesse a sa main remplie des
choses les plus desirables, et les met a la
disposition de ses disciples.
18. L.a couronne orne la tete des rois, elle
est I'insigne de leur dignite; aussi la crainte
de Dieu, appelee plus haut X'a platitude de
la science, en est aussi la plus belle parure.
— Elle fait jleurir, Vulg. elle donne en
abondance. — L^es fruits de salut : c'est la
tradudlion de la Vulg. II y a en grec, la
santc du ou par le salut, la guerison.
Fritzsche conjecture qu'il y avait en hebreu,
la paix, le bonheur et le rafrdichissement , ce
qui ranime les forces perdues.
19. L^e Seigneur Va vue : voy. la note du
vers. 9. La Vulgate ajoute k ce premier
membre, toutes deux (la sagesse et la crainte
de Dieu) sont des dons divins.
21. La colere de Dieu. La Vulg. met k la
place du second membre : car celui qui est
sans crainte (de Dieu) ne saurait itre jtts-
tifie, reconnu juste.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. I, 15—40.
513
bills sapientia. 15. Quibus autem
apparuerit in visu, diligunt earn in
visione, et in agnitione magnalium
suorum. 16. *Initium sapientiae, ti-
mer Domini, et cum fidelibiis in
vulva concreatus est, cum electis
feminis graditur, et cum justis et
fidelibus agnoscitur. 17. Timor Do-
mini, scientias religiositas. 18. Reli-
giositas custodiet et justificabit cor,
jucunditatem atque gaudium dabit.
19. Timenti Dominum bene erit,
et in diebus consummationis illius
benedicetur. 20. Plenitude sapien-
tias est timere Deum, et plenitude
a fructibus illius. 21. Omnem do-
mum illius implebit a generationi-
bus, et receptacula a thesauris illius.
22. Corona sapientias, timor Do-
mini, replens pacem, et salutis fru-
ctum : 23. et vidit, et dinumeravit
earn : utraque autem sunt dona Dei.
24. Scientiam, et intellectum pru-
dentias sapientia compartietur : et
gloriam tenentiumse,exaltat.2 5.Ra-
dix sapientiae est timere Dominum :
et rami illius longasvi. 26. In the-
sauris sapientias intellectus, et scien-
tice religiositas : exsecratio autem
peccatoribus sapientia. 27. Timor
Domini expellit peccatum :
28. Nam qui sine timore est, non
poterit justificari : iracundia enim
animositatis illius, subversio illius
est, 29. Usque in tempus sustine-
bit p_atiens,et postearedditio jucun-
ditatis. 30. Bonus sensus usque in
tempus abscondet verba illius, et
labia multorum enarrabunt sensum
illius. 31. In thesauris sapientias si-
gnificatio disciplina^ : 32, exsecratio
autem peccatori,cultura Dei. 33. Fi-
lii concupiscens sapientiam,conserva
justitiam, et Deus prasbebit illam
tibi, 34. Sapientia enim et disciplina
timor Domini : et quod beneplaci-
tum est illi, 35. fides, et mansue-
tudo,et adimplebit thesauros illius.
36, Ne sis incredibilis timori Do-
mini : et ne accesseris ad ilium du-
plici corde. 37. Ne fueris hypocrita
in conspectu hominum, et non
scandalizeris in labiis tuis. 38. At-
tende in illis, ne forte cadas, et addu-
cas animas tuas inhonorationem,
39. et revelet Deus absconsa tua, et
in medio synagoga; elidat te :
40. quoniam accessisti maligne ad
Dominum, et cor tuum plenum est
dolo et fallacia.
23. Attend : la vraie leqon parait etre
avs;£Tai, au lieu de avOs'^sTai. — /usgu'au
temps 7'onlu, la fin de I'epreuve.
24. // cache; la Vulg. donne a ce verbe
iin autre sujet : Phoinine de setts cache, etc.
— Des Jidcles, -'.j-wv, D'autres manuscrits
suivis par la Vulg., dg la multitude, T.nXLwi,
lecon preferable a celle du cod. Vat.
26. Desires-tu; la Vulg. commence le ver-
set par, mon fits.
27. La Vulg. ajoute a ce verset : et il
remplira le tresor de celiii qui les possede.
28. A la crainte du Seigneur, au service
de Dieu, a la piete. — Ne fadonne pas ii
elle, a la piete; ou bien, avec la Vulg., /le
VappfocJie pas de lui, de Dieu. — • U/i cccur
double, flottant entre la foi et I'impiete, entre
la vertu et Ic vice. ■
L'auteur signale ensuite deux defauts de
la piete : I'hypocrisie (vers. 29) et I'orgueil
(vers. 30).
29. A't' sois pas hypocrite, ne feins pas la
piete. — Prends oarde a tes levres, pour
n'en laisser sortir aucune parole hypocrite.
Vulg., et que tes levres ne te soient pas une
occasion de peche.
30. Ne feleve pas toi-meme; Vulg. , veille
sur elles, sur tes levres. — La confusion :
comp. Mattli. xx, 12. — Le Seigneur reve-
lera, etc. : comp. I Cor. iv, 5. — Te preci-
pitera du haut de tes pensees d'orgueil et
de presomption. — A la place du 5'= mem-
bre, plusieurs manuscrits et la Vulg. don-
nent : parce que tu ne t'es pas approchc
sincerement (iv iXTjOstx) du Seigneur. — De
fraudej la Vulg. ajoute, et de tromperic.
NO 23 ■
LA SAIN TK lUUI.li. TOME IV.
jj
514
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. II, i— 18.
Chap. II.
CHAP. II. — Constance dans I'epreuve [vers, i — 6]. Confiance en Dieu
[7 — 11]. Malheur aux ames chancelantes et incertaines [12 — 14]. Ver-
tus de ceux qui craignent Dieu [15 — 18].
y.gON fils, en entrant au service du Seigneur,
Prepare ton ame a I'epreuve.
2 Rends droit ton cceur et sois constant,
Et ne prdcipite rien au temps du malheur.
3 Attache-toi a Dieu et ne t'en separe pas,
Afin que tu grandisses a la fin.
4 Tout ce qui vient sur toi, accepte-le,
Et dans les vicissitudes de ton humiliation sois patient.
5 Car Tor et I'argent s'eprouvent dans le feu,
Et les hommes agreables a Dieu dans le creuset de I'humiliation.
6 Aie foi en Dieu, et il te relevera;
Marche dans la voie droite et espere en lui.
7 Vous qui craignez le Seigneur, attendez sa misericorde,
Et ne vous detournez pas, de peur que vous ne tombiez.
8 Vous qui craignez le Seigneur, ayez foi en lui,
Et votre recompense ne se perdra pas.
9 Vous qui craignez le Seigneur, esperez le bonheur,
La joie eternelle et la misericorde.
10 Considerez les generations antiques et voyez :
Qui jamais a espere au Seigneur et a ete confondu?
Qui est reste fidele h ses preceptes et a ete abandonne?
Qui I'a invoqud et n'a regu de lui que le mepris?
11 Car le Seigneur est compatissant et misericordieu.x;
11 remet les peche's et delivre au jour de I'afifliclion.
12 Malheur aux coeurs timides,
Aux mains sans vigueur,
Au pecheur qui marche dans deux voies I
13 Malheur au coeur lache, parce qu'il n'a pas foi e/i Dieu!
Aussi n'aura-t-il pas sa protecflion.
14 Malheur a vous qui avez perdu la patience!
Que ferez-vous au jour de la visite du Seigneur?
15 Ceux qui craignent le Seigneur ne sont pas indociles a sa parole,
Et ceux qui I'aiment gardent fidelement ses voies.
16 Ceux qui craignent le Seigneur cherchent son bon plaisir,
Et ceux qui I'aiment se rassasient de sa loi.
17 Ceux qui craignent le Seigneur preparent leurs cuuurs
Et tiennent leurs ames humiliees devant lui,
J 8 En disa/it : Nous tomberons entre les mains du Seigneur,
Et non entre les mains des hommes;
CHAP. II.
1. Prepare ton ame k I'epreuve, i\ la sou-
lenir courageusement. Comp. II 'J'i/n. iii, 12.
La Vulg. ajoute apres le i^'' membre : de-
iiieure ferine dans la justice et dans la
crainte.
2. Ne prccipite rien, n'agis pas avec im-
patience et precipitation; soit pour te decou-
rager, soit pour abandonner le service de
Dieu : " comme un oiseau qui, dit S. Fran-
cois de Sales, ^tant pris dans un lacs, se
debat et remue dercglement pour en sor-
tir, ce que faisant, il s'enveloppe toujours
tant plus ". — Du malheur, litt. de ce qui est
ainene, de ce qui t'arrive pour t'eprouver.
La V^ulg. ajoute aprcs le premier mem-
bre : prete Voreille et recueille les paroles de
la sagesse.
3. Que tu grandisses, litt. que tu croisses
en prosperite, comme en merites.
La Vulg. ajoute avant le i^'" membre :
support e ce que Dieu te donne a supporter;
ou, d'apris une autre interpretation, attends
les attentes de Dieu, attends le moment que
Dieu a fixe pour la fin de ton epreuve.
4. La Vulg. ajoute apres le i<;i membre ;
sois fort dans la souff ranee.
5. Comp. Prov. xvii,3; .\xvii, z\\ Sag. iii, 6.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. II, 1—22.
515
— :;:— CAPUT II. — :i:—
Deo serviturus stet in justitia, Dei timore
et patientia; timentes vero Deum cre-
dant, fidantque in ilium, et maximos hinc
frucflus accipient : vae autem incredulis et
impatientibus effeflus quoque divini ti-
moris explicantur.
I LI accedensadservitutem
Dei, 'sta in justitia, et ti-
more, et praspara animam
(i tuam ad tentationem.
2. Deprime cor tuum, et sustine :
inclina aurem tuam, et suscipe verba
intellectus : et ne festines in tem-
pore obductionis. 3. Sustine susten-
tationes Dei : conjungere Deo, et
sustine, ut crescat in novissimo vita
tua. 4. Omne, quod tibi applicitum
fuerit, accipe : et in dolore sustine,
et in humilitate tua patientiam habe :
5. ^quoniam in igne probatur au-
rum et argentum, homines vero
receptibiles in camino humiliatio-
nis. 6. Crede Deo, et recuperabit
te : et dirige viam tuam, et spera
in ilium. Serva timorem illius, et in
illo veterasce.
y.Metuentes Dominum sustinete
misericordiam ejus : et non defle-
ctatis ab illo ne cadatis. 8. Qui ti me-
tis Dominum, credite illi : et non
evacuabitur merces vestra. 9. Qui
timetis Dominum, sperate in ilium :
et in oblectationem veniet vobis
misericordia. 10. Oui timetis Domi-
num diligite ilium, et illuminabun-
tur corda vestra. 1 1. Respicite filii
nationes hominum : et scitote quia
nullus speravit in Domino, et con-
fusus est. i2.^Quis enim permansit
in mandatis ejus, et derelictus est.''
aut quis invocavit eum, et despexit
ilium.'' 13. Quoniam pius et miseri-
cors est Deus, et remittet in die tri-
bulationis peccata : et protector est
omnibusexquirentibusseinveritate.
14. Vas duplici corde, et labiis
scelestis, et manibus malefacienti-
bus, et peccatori '^terram ingredienti
duabus viis. 15. Vas dissolutis cor-
de, qui non credunt Deo : et ideo
non protegentur ab eo. 16. Vas his,
qui perdiderunt sustinentiam,et qui
dereliquerunt vias rectas, et diver-
terunt in vias pravas. 17. Et quid
facient, cum inspicere cceperit Do-
minus.^
18. Qui timent Dominum, non
erunt incredibiles verbo illius :''qui
diligunt ilium, conservabunt viam
illius. 19. Qui timent Dominum,
inquirent quas beneplacita sunt ei :
et qui diligunt eum, replebuntur
lege ipsius. 20. Qui timent Domi-
num, prasparabunt corda sua, et in
conspectu illius sanctificabunt ani-
mas suas, 21. Qui timent Domi-
num, custodiunt mandata illius, et
patientiam habebunt usque ad in-
spectionem illius, 22. dicentes : Si
poenitentiam non egerimus, incide-
mus in manus Domini, et non in
6. La Vulg. ajoute iin 3*= membre : garde
sa crainte et vieillis avec elle.
L'auteur emploie ensuite la 2*= pers. du
pluriel.
g. Vulg., ... esperes en lui, et sa miscri-
corde fera voire bonheur. Puis elle ajoute ce
verset : Voiis qui craignes le Seigneur,
aiinez-le, et 7>os ca'tirs seront illumines.
10. La Vulg. met en tete du verset, nies
cnjants.
11. La Vulg. ajoute : // est le protefleur
de ions ceiix qui Ic cJicrchent avec sincerite.
12. Caurs tiinides, pusillanimes; Vulg.,
doubles, apres quoi elle insere, aux levres
criminelles. — Mains sans vigueur; Vulg. ,
malfaisantes.
14. La Vulg. ajoute apres le ie>- membre :
et qui ont abandontie les voles droltes pour
s'egarer dans des chemins torttteux. — Jotir
de la visile, du jugement, du chatiment.
15. Com^. Jean, xiv, 23.
16. Se rassasient de sa loi, font de sa loi
leur nourriture (comp. Jean, iv, 34).
17. Preparent leurs ca^urs, les affermissent
pour supporter I'adversite.
La Vulg. traduit le 2^ membre, et ils sanc-
tifient leurs dines devant luij^vas elle ajoute:
ceux qui craignent le Seigneur gardent ses
conuiuindenients, et ils ont patience jusqu'au
jour de sa visile.
18. La Vulg. ajoute a tort en tete du ver-
set : si nous ne faisons penitence. — Entre
'Vs. 30, I.
d
21
3 Reg. 18,
'Joann. 14,
23-
516
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. Ill, i— 21.
Car autant il a de puissance,
Autant il a de misericorde.
CHAr. III. — Devoirs des enfants envers leurs parents [vers, i — 16]. Sois
doux et humble, misericordieux et reconnaissant [17 — 31].
Chap. 1 1 1. it§n^^ES enfants, ecoutez-moi, qui suis votre pere,
Et faites en sorte que vous obteniez le salut.
2 Car le Seigneur veut que le pcre soit honore par ses enfants,
Et il a affermi sur les fils I'autorite de la mere.
3 Celui qui honore son pere expie ses peches.
4 Et c'est amasser un tresor que d'honorer sa mere.
5 Celui qui honore son pere sera rejoui par ses enfants,
Et il sera exauce au jour de sa priere.
6 Celui qui honore son p^re aura de longs jours;
Celui qui obeit au Seigneur donnera consolation a sa mere;
7 [Celui qui craint le Seigneur honore ses parents;]
Comme I'esclave son maitre, il sert ceux qui lui ont donne le jour.
8 En a6lion et en parole honore ton pere,
Afin que sa benddicH^ion vienne sur toi;
9 Car la benedidlion du pere affermit les maisons de ses enfants;
Mais la maledicflion de la mere les bouleverse jusque dans leurs fondements.
10 Ne te glorifie pas de I'opprobre de ton pere,
Car sa confusion ne saurait te faire honneur,
1 1 Car la gloire d'un homme lui vient de I'honneur de son pere,
Et une mere meprisee est la honte de ses enfants.
12 Mon fils, soutiens ton pere dans sa vieillesse,
Et ne le contriste pas durant sa vie.
13 Son esprit viendrait-il a s'affaiblir, sois indulgent,
Et ne le meprise pas dans la ple'nitude de tes forces.
14 Car le bien fait a un pere ne sera pas mis en oubli,
Et a la place de tes peches, ta maison deviendra prospeie.
15 Au jour de ta tribulation le Seigneur se souviendra de toi;
Comme la glace se fond par un temps serein,
Ainsi se dissiperont tes peches.
16 II ressemble au blasphemateur celui qui delaisse son pere;
11 est maudit de Dieu celui qui irrite sa mere.
17 Mon fils, accomplis tes oeuvres avec mansuetude,
Et tu seras aime de I'homme agreable a Dieu.
18 Plus tu es grand, plus sois humble en toutes choses,
Et tu trouveras grace devant Dieu.
19 Car la puissance de Dieu est grande,
Et il est glorifie par les humbles.
20 Ne cherche pas ce qui est trop difficile pour toi,
Et ne scrute pas ce qui depasse tes forces.
21 Ce qui t'est commande, voila a quoi tu dois penser,
Car tu n'as que faire des choses cache'es.
les mains du Seigneur : les dmes pieuses
ont moins d'apprehension de tomber entre
les mains de Dieu qu'en celles des hommes;
elles savent qu'il peut les delivrer par sa
puissance, et qu'il le voudra en vertu de sa
misericorde.
CHAP. III.
La Vulg. commence le chap, par le verset
suiv. : Les enfants de la sagesse forinent la
society des j Its fes, ct Icur race est obeissance
ct amour.
\. Judicium, dans la Vulg.et quelques ma-
nuscrits grecs, parait emprunte au vers. suiv.
2. Exquirens dans la Vulg. ne repond h
rien en grec et embarrasse le sens.
3. Vulg. : celui qui aiine Dieu implorera
le pardon de ses peches, il s'en abstiendra et
il sera exauce dans sa priere de chaquejour :
peu en harmonic avec le contexte.
6. Celui qui obeit au Seigneur {'Vu\g. a son
pere), lequel commande d'honorer ses pa-
rents.
8. En paiole; la Vulg. ajoute, et en toute
LIBER ECCLESIASTICI. Cai-. II, 23; III, 1—24.
517
manus hominum. 23. Secundum
enim magnitudinem ipsius, sic et
mlsericordia illius cum ipso est.
— *— CAPUT III. — :i:—
Honor paientum multiplicem Dei meretur
benedi(flionem,et inhonoratio maledi(flio-
neni : modestia animi laudatur contra cu-
riositatem, et cor durum, nequam et su-
perbum vituperatur, laudato sapiente et
eleemosynam tribuente.
ILII sapientias, ecclesia ju-
storum : et natio illorum,
obedientiaetdilectio. 2, Ju-
dicium patris audite nlii^
et sic facite ut salvi sitis. 3. Deus
enim honoravit patrem in filiis : et
judicium matris exquirens, firmavit
in filios, 4. Qui diligit Deum, ex-
orabit pro peccatis, et continebit se,
ab illiSj et in oratione dierum exau-
dietur. 5. Et sicut qui thesaurizat,
ita et qui honorificat matrem suam.
6. Qui honorat patrem suum, ju-
cundabitur in filiis, et in die oratio-
nis su« exaudietur. 7. Qui honorat
patrem suum, vita vivet longiore :
et qui obedit patri, refrigerabit ma-
trem. 8. Qui timet Dominum ho-
norat parentes, et quasi dominis
serviet his, qui se genuerunt. g.'^ln
opere et sermone, et omni patientia
honora patrem tuum, 10. ut super-
veniat tibi benedictio ab eo, et be-
nedictio illius in novissimo maneat.
1 1. ^'Benedictio patris firmat domos
filiorum : maledictio autem matris
eradicat fundamenta,
12. Ne glorieris in contumelia
patris tui : non enim est tibi gloria,
ejus confusio : 13. gloria enim ho-
minis ex honore patris sui, et dede-
cus filii pater sine honore. 14. Fili
suscipe senectam patris tui, et non
contristes eum in vita illius : 15. et
si defecerit sensu, veniam da, et ne
spernas eum in virtute tua : elee-
mosyna enim patris non erit in
oblivione. 16. Nam pro peccato
matris restituetur tibi bonum, 1 7. et
in justitia ^edificabitur tibi, et in die
tribulationis commemorabitur tui :
et sicut in sereno glacies solventur
peccata tua. 18. Quam malas fama;
est, qui derelinquit patrem : et est
maledictus a Deo, qui exasperat
matrem.
19. Fili in mansuetudine opera
tua perfice, et super hominum glo-
riam diligeris. 20. ""Quanto magnus
es, humilia te in omnibus, et coram
Deo invenies gratiam : 21. quoniam
magna potentia Dei solius, et ab
humilibus honoratur. 22. '^Altiora
te ne quassieris, et fortiora te ne
scrutatus fueris : sed quas prascepit
tibi Deus, ilia cogita semper, et in
pluribus operibus ejus ne fueris cu-
riosus. 23. Non est enim tibi neces-
sarium ea, quas abscondita sunt,
videre oculis tuis. 24. In superva-
cuis rebus noli scrutari multiplici-
ter, et in pluribus operibus ejus non
'^ Philipp. 2,
3-
""Prov. 25,
■patience. — Stir ioi; la Vulg. ajoute, et que
cette benediHioii denieitre jiisqiiW la Jjit.
II. Une mere; Vulg. tin pere.
14. En oubli aupres de Dieu. — • A la place
de tes peches et des maux qui en sont I'ine-
vitable chatiment. — Ta tnaison, etc.; litt.,
zl sera rebati pour ioi : hebra'isme.
La Vulg. traduit le 2^ membra : et pour
avoir siipporte le defatit (la vieillesse) de ta
mere., le boiiheitr te sera rendu. Une seconde
traducftion des memes mots se trouve en tete
du vers. 15.
15. Tes peches, avec les maux qui en sont
la suite.
16. II ressemble ati, il est aussi coupable
que le blaspJiemateiir. — (2tii irrite sa mere,
en refusant de I'assister.
La Vulg. traduit le i^r membre : qti'il est
in fame celtii qui delaisse, etc.
17. La Vulg. traduit le 2^ membre : et tu
auras par mi les hotnnies plus d' amour en-
core que de gloirej ou bien : outre la gloire,
I'estime des hommes, tti atwas encore letir
affe^ion.
18. Comp. Philip, ii, y,/acq. iv, 6.
21. Tu n'as que f aire, etc. Quelques ma-
nuscrits grecs, suivis par la Vulgate, de voir
de tes yeux les choses cachces.
22. Super/lues, de pure curiosite. — On
fa montre : ce que Dieu a revele forme un
riche tresor de do(flrine et de science; que
cela nous suffise, puisque, avec notre esprit
borne, nous ne pouvons pas meme en avoir
la parfaite intelligence.
518
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. Ill, 22—29; IV, 1—9.
Chap. I V^
22 Ne t'applique point aux occupations superflues,
Car on t'a deja montre plus de choses que I'intelligence humaine n'en peut comprendre.
23 L'illusion en a egare un grand nombre,
Et une pre'somption coupable a fait d^vier leurs pensees.
24 Celui ciui aime le danger y trouvera sa perte :
Et le coeur dur tombe a la fin dans le malheur.
25 Le coeur dur sera accable d'afflicftions,
Comme le pecheur entasse peches sur peches.
26 Le malheur de I'orgueilleux est sans remede,
Car la plante du peche a jetd en lui ses racines.
27 Le cceur de I'homme intelligent medite la parabole;
Trouver une oreille attentive est le de'sir du sage.
28 L'eau eteint le feu le plus ardent,
Et I'aumone expie les peche's.
29 Celui qui paie de retour les bienfaits songe a I'avenlr,
Et au jour du malheur il trouvera un appui.
CHAP. IV. — Devoirs en vers les pauvres [vers, i — 11]. A vantages
de la sagesse [12 — 19]. Conseils divers [20 — 31].
ON fils, ne prive pas le pauvre de sa subsistance;
Ne fais pas attendre les yeux de I'indigent.
2 N'afflige pas I'ame de celui qui a faim,
Et n'aigris pas I'indigent dans sa detresse.
N'irrite pas davantage un coeur exasp^re,
Et ne differe pas de donner au necessiteux.
Ne repousse pas le suppliant qui souffre,
Et ne detourne pas ton visage du pauvre.
Ne ddtourne pas ton regard du necessiteux,
Et ne lui donne pas occasion de te maudire;
Car, s'il te maudit dans I'amertume de son ame,
Celui qui Fa fait exaucera sa priere.
Rends-toi agreable a la societe,
Et devant .un grand abaisse ton front.
Prete I'oreille au pauvre,
Et fais-lui avec douceur une reponse qui le rejouisse.
Tire I'opprime des mains de I'oppresseur,
Et ne sois pas pusillanime quand tu rends la justice.
23. Uillttsion, la fausse persuasion que
leur esprit peut tout comprendre. D'autres,
de vaines coiijcHures. — Devier, litt. glisser
dans I'erreur.
La Vulg. traduit le 2^ membre : ct leur
esprit firopre les a retenus dans la vanite,
le mensonge, I'erreur.
24. Le Civtir dur, I'homme presom-
ptueux, obstinement attache a ses propres
iddes.
Plusieurs manuscrits grecs, suivis par la
Vulg., intervertissent I'ordre des deux mem-
bres de ce verset; cet arrangement est peut-
etre preferable k celui du cod. Vat.
La Vulg. ajoute ici ce verset : le ca-ur qui
s'oiffage dans deux votes ne rcussira point,
et I hoimne au cantr pervers y trouvera une
occasion de cJiute.
25. Le point de comparaison est dans
cette idee, que les douleurs et les peches
dont elles sont le chatiment vont toujours
en se multipliant.
26. Le malheur, les maux dont Dleu le
frappe.
La Vulg. traduit le i^"" membre : il n^ a
point de gucrison pour Vassemblee (en gr.
(TuvayioYri, au lieu de ETTaytoYTij litt. ce qui
est ainene par Dieu.savoir le chatiment) des
o}gueilleux.
Suit une sentence isolee.
27. La parabole, un discours, une sentence
renfermant un sens cache, une fine leqon.
Vulg. : le ca'ur du sage se reconnait (\ sa
sagesse, et I'oreille 7>crtueuse (de Thomme
vertueux) ecoutera la sagesse avec une ex-
treme ardeur.
EUe ajoute ensuite ce verset : le co^ur
sage ct intelligent s'abstient de peches, ct il
prosper e ett ccuvres de justice.
28. L'aumone, toutes les oeuvres de mise-
ricorde. — Expie les peches; Vulg., resiste
aux peches.
29. Celui, I'homme, etc. — Songe d. Vave-
nir, pense h se preparer un avenir favorable.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. Ill, 25—34; IV, 1—9.
519
eris curiosus. 25. Plurima enim su-
per sensum hominum ostensa sunt
tibi. 26, Multos quoque supplanta-
vit suspicio illorum, et in vanltate
detinuit sensus illorum.
27. Cor durum habebit male in
novissimo : et qui amat pericu-
lum, in illo peribit. 28. Cor in-
grediens duas vias, non habebit
successus, et pravus corde in illis
scandalizabitur. 29. Cor nequam
gravabitur in doloribus, et pecca-
tor adjiciet ad peccandum. 30. Syn-
agogae superborum non erit sani-
tas : frutex enim peccati radicabi-
tur in illis, et non intelligetur.
31. Cor sapientis intelligitur in
sapientia, et auris bona audiet cum
omni concupiscentia sapientiam.
32. Sapiens cor, et intelligibile abs-
tinebit se a peccatis, et in ope-
ribus justitias successus habebit.
n.4,24. 32' '^Ignem ardentem exstinguit
aqua, et eleemosyna resistit pecca-
tis : 34. et Deus prospector est ejus
qui reddit gratiam : meminit ejus in
posterum, et in tempore casus sui
inveniet firmamentum.
— :;:— CAPUT IV. — :i:—
Ad opera misericordicC et sapientiam mul-
tipliciter hortatur, hujus ostendens utili-
tates : confusio bona et mala : non occul-
tanda sapientia, nee veritati contradicen-
dum : pro justitia certandum : verbo tuo
opus respondeat : sis humanus erga
subditos, et non avarus.
ILIeleemosynam pauperis
ne defraudes, "et oculos
tuos ne transvertas a pau-
pere. 2. Animam esurien-
tem ne despexeris : et non exaspe-
res pauperem in inopia sua. 3. Cor
inopis ne afflixeris, et non protrahas
daturn angustianti. 4. Rogationem
contribulati ne abjicias : et non
avertas faciem tuam ab egeno. 5. Ab
inope ne avertas oculos tuos pro-
pter iram : et non relinquas quae-
rentibus tibi retro maledicere :
6. maledicentis enim tibi in amari-
tudine animas exaudietur deprecatio
illius : exaudiet autem eum, qui fe-
cit ilium. 7. Congregationi paupe-
rum afFabilem te facito, et presby-
tero humilia animam tuam, et ma-
gnatohumiliacaputtuum.S.Declina
pauperi sine tristitia aurem tuam, et
redde debitum tuum, et responde
illi pacifica in mansuetudine. 9. Li-
bera eum, qui injuriam patitur de
manu superbi : et non acide feras in
"■Tob. .|, 7.
Telle est I'interpretation de Fritzsche. Le
sujet de la phrase n'etant pas exprimd, on
pent sous-entendre riwimne ou le Seigneur.
La Vulg., k la suite de quelques manuscrits
grecs qui ont le mot xup'-oc, adopte ce dernier
sens : le Seigitetir paiera de retoiir (Vulg.
regarde) cehii qui pratique la niisericorde j
il se souviendra de lui plus tard, el au jour
du inalheur il (le misericordieux) Irouvera
un appui.
CHAP. IV.
1. Subsistance ; Vulg. aunione. — Lesyeux
de I'indigenl tournes vers toi dans une
muette pri^re. Vulg., et ne detourne pastes
yeux de I'indigent.
2. N'afflige pas (Vulg. 7ie ineprise pas),
soit par un refus, soit par de dures paroles.
— N'aigris pas, ne le porte pas k des exces :
la faim est mauvaise conseillere.
3. N'irrite pas, mais calme plutot. Vulg.,
n'afflige pas le ccetir de ^indigent. Pour le
2e membre, comp. Prov. iii, 28; xiii, 12.
4. Comp. Tob. iv, 7.
5. De le inaudirej la Vulg. ajoute, par
derria-e.
7. A la societej la Vulg. ajoute, des paii-
vres, a tort : il s'agit des rapports sociaux
en general; en outre, elle traduit deux fois
le 2^ membre.
2. La Vulg. ajoute au !«•• membre, et paie
ta dette.
9. Quatid iu rends la justice, quand tu as
a defendre I'homme injustement persecute.
Le 2e membre est obscur dans la Vul-
gate; peut-etre faut-il I'entendre ainsi : jie
supporte pas cela (I'oppression du juste)
ainerenieiit dans ton dine, ne te contente pas
de t'en affliger interieurement.
520
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. IV, 10—26.
10 Sois comme un pcre pour les orphelins,
Comme son mari pour leur mere,
Et tu seras comme un fils du Tres-Haut,
Et il aura pour toi plus de tendresse que ta mere.
1 1 La sagesse exalte ses enfants,
Et prend soin de ceux qui la cherchent.
12 Celui qui I'aime aime la vie,
Et ceux qui la cherchent avec empressement seront remplis de joie.
13 Celui qui s'attache a elle aura la gloire en partnge,
Et partout ou il entrera, le Seigneur enverra sa benedi(flion,
14 Ceux qui la servent servent le Saint,
Et ceux qui I'aiment sent aimes du Seigneur.
15 Celui qui Tecoute jugera les nations,
Et celui qui vient a elle habitera en securite.
16 Celui qui met en elle sa confiance I'aura en partage,
Et sa posterity en gardera la possession.
17 Car dans le commencement elle s'engage avec lui dans une voie difficile;
Elle amene sur lui la crainte et la frayeur;
Elle le tourmente par sa dure discipline,
Jusqu'a ce qu'elle puisse se fier a lui,
Et qu'elle Fait ^prouve par ses prescriptions.
18 Mais alors elle revient droit il lui;
Elle le rdjouit et lui revele ses secrets,
19 S'il s'egare, elle I'abandonne
Et le livre a sa perte.
20 Observe le temps et garde-toi du mal,
Et n'aie pas a rougir de toi-meme.
21 II y a une honte qui amene le pdche,
Et il y a une honte qui attire la gloire et la grace.
22 N'aie egard a personne au prejudice de ton ame,
Et ne rougis pas pour ta perte.
22i Ne retiens pas une parole au moment de sauver ton frh-e,
[Et ne cache pas ta sagesse par vaine gloire] ;
24 Car c'est au langage qu'on reconnait la sagesse,
Aux paroles de la langue que se montre la science.
25 Ne contredis pas a la verite,
Mais rougis de manquer d'instrucflion.
26 N'aie pas honte de confesser tes peches,
Et ne lutte pas contre le cours du fleuve.
10. Comiiic ten fils; la Vulgate ajoute,
ohcissnnt.
11. Exalte, fait grands et glorieux, ses
enfatits, ses disciples, enfantes par elle a la
vie spirituelle. Au lieu de exalte, il y a dans
la Vulg., inspire la vie morale et surnatu-
relle, et I'on trouve cette le(,on dans une
citation de Clement d'Alexandrie.
Aprfes le 2e membre, la Vulg. ajoute, ct
les precede dans la voie de la justice.
12. Aime la vie, en ce qu'elle donne a ses
disciples une vie heureuse et immortelle. —
Seront remplis de joie; \'ulg., sentiront
ioiite sa douceur.
1 3. La gloire, Vulg. la vie. — Partout oil
il entrera, dans quelque maison qu'il entre.
D'autres, partout oii entrera la sagesse; ce
sens parait etre celui de la Vulgate.
14. Le Saint par excellence, le Sei-
gneur.
\^. Jugera les nations : cette expression
tire son origine et sa signification des espe-
rances messianiques d'israci, lesquelles
promettaient au peuple de Dieu la primaute
et la domination sur les nations idolatres.
— Qui vient a elle,en gr. TipojO.ftwv; Vulg.,
gui la cojtteniple, en gr. ■:rpoj£)^ajv, legon
preferable a celle du cod. Vat.
16. Datira e?i partaoe, avec tous les biens
attaches a sa possession.
17. C*?/- amene la raison pour laquelle il
faut mettre son espe'rance en la sagesse. —
Dans une voie difficile; \'^ulg., dans la ten-
iation, et le tradutleur latin ajoute, et tout
d'abord elle Vcprouve : bien pour le sens.
— (lit' elle rait eproicve, qu'elle se soit assure
qu'il suivra toujours ses pr^ceptes, quelque
difficulte qu'il y rencontre, quelques sacrifi-
ces qu'ils lui impose.
18. Apr6s le 2« membre, la Vulg. en ajoute
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. IV, 10—31.
521
anima tua, 10. In judicando esto
pupillis misericors ut pater, et pro
viro matri illorum : 11. et eris tu
velut filius Altissimi obediens, et
miserebitiir tui magis quam mater,
12. Sapientia filiis suis vitam in-
spirat, et suscipit inquirentes se, et
prasibit in via justitias : 13. et qui
illam diligit, diligit vitam : et qui
vigilaverint ad illam, complecten-
tur placorem ejus. 14. Qui tenuerint
illam, vitam hereditabunt : et quo
introibit, benedicet Deus, 15. Qui
serviunt ei, obsequentes erunt san-
cto : et eos, qui diligunt illam, dili-
git Deus. 16. Qui audit illam, judi-
cabit gentes : et qui intuetur illam,
permanebit confidens. 17. Si credi-
derit ei, hereditabit illam, et erunt
in confirmatione creaturae illius :
18. quoniam in tentatione ambulat
cum eo, et in primis eligit eum,
19. Timorem et metum, et proba-
tionem inducet super ilium : et cru-
ciabit ilium in tribulatione doctrinas
suas, donee tentet eum in cogitatio-
nibus suis, et credat anima; illius.
20. Et iirmabit ilium, et iter addu-
cet directum ad ilium, et lastificabit
ilium, 21. et denudabit absconsa
sua illi, et thesaurizabit super ilium
scientiam et intellectum justitias.
22. Si autem oberraverit, derelin-
quet eum, et tradet eum in manus
inimici sui.
23. Fili conserva tempus, et de-
vita a malo. 24.. Pro anima tua ne
confundaris dicere verum. 25. Est
enim confusio adducens peccatum,
et est confusio adducens gloriam et
gratiam. 26. Ne accipias faciem ad-
versus faciem tuam, nee adversus
animam tuam mendacium. 27. Ne
reverearis proximum tuum in casu
suo : 28. nee retineas verbum in
tempore salutis. Non abscondas sa-
pientiam tuam in decore suo, 29. In
lingua enim sapientia dignoscitur :
et sensus, et scientia, et doctrina in
verbo sensati, et firmamentum in
operibus justitias. 30. Non contra-
dicas verbo veritatis ullo modo,
et de mendacio ineruditionis tuas
confundere. 31. Non confunda-
ris confiteri peccata tua, et ne sub-
jicias te omni homini pro peccato.
un 3^ : ei lui pfodiouc des tresors de science
et d'intelligence de la justice.
19. S'il s''egare, s'il n'a pas etc fidele
dans rdpreuve, s'il a delaisse la sagesse a
cause des premieres difficultes de son com-
merce avec elle. — A sa pcrie; Vulg., a
scs enneiiiis.
20. Obse7-vc le ie flips, fais attention ;\ tous
les instants pour ne pas pecher. Vulg., nion
fits conserve le temps, ne le perds pas en
I'employant k pecher.
La Vulg. ajoute k la fin du 2^ membre
dicere 7'eria/i, ce qui donne cet autre sens :
poitr le bien de ion dine 71'aie pas Jionte de
dire la vcrite.
21. Une fausse honie qj/i aincne le pc'c/ie,
par ex. quand on rougit de faire le bien ou
de reparer une faute. Comp. xx, 20 sv.
(Vulg. 24 sv.). — Une honie bonne et legi-
time qni aitirc, etc., celle par ex. qui eloigne
du mal.
22. N\i7c egard a persomie, etc. : ne fais
jamais le mal pour plaire a une personne,
par respeifl humain, etc. — A'e roirgis pas :
loin de toi la fausse honte, le lache respect
humain I
La Vulg. traduit le 2^ membre : et ne
mens pas aiix dcpc7is de ton ame. Une autre
tradu6lion des memes mots forme ensuite
un verset : point de i-esped ou d'cgayd poi/r
le proc/iain daits sa c/n/ie, pour les fautes du
prochain.
23. U/ie pa7-ole, un sage conseil qui sau-
verait le prochain. — Parvainegloire, pour
te faire une gloire de ce silence. On pour-
rait traduire zV; dcco7'e suo de la Vulg., q7uind
S071 Jioniiettr (I'honneur de la sagesse) le
de77tandc.
24. La Vulg. paraphrase le 2« membre :
rifiielligetice, la scieiice et la do^rine sont
dans la parole de Pko7n//ic de se7is, et la fc7--
7netd se 7nanifesie da7ts les a'ltvres de justice.
25. A-e coniredis pas, par fausse honte,
par respecfl humain, a la verite connue,
mais dis-la toujours ouvertement et coura-
geusement.
La Vulg. traduit le 2e membre : 7nais aie
ho7ite die 77iensonge qui vieitt de ton ig7io-
ra/ice.
26. Comp. Prov. xxviii, 13. Sens : vouloir
cacher ses fautes, c'est latter contre le cou-
rant, c'est chose impossible : elles seront
connues tot ou tard.
La Vulg. transporte ce membre au verset
sui v., et le remplace ici par : et ne te fais
Vesclave d\iucu/i homine pour pecher.
522
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. IV, 27—31; V, i— 13.
27 Ne te soumets pas a un homme insens^,
Et n'aie pas egard h la personne cVun puissant.
28 T^squ'a la moit combats pour la veritt',
Et le Seigneur combattra pour toi.
29 Ne sois pas dur dans ton langage,
Paresseux et lache dans tes adiions.
30 Ne sois pas comme un lion dans ta maison,
Ni capricieux au milieu de tes serviteurs.
31 Que ta main ne soit pas ^tendue pour recevoir,
Et retiree en arriere pour donner.
Chap. V.
CHAP. V, — Securite dangereuse [vers, i — 7].
Danger des richesses [8 — 10]. Langue double [11 — 15].
^^f'E t'appuie pas sur tes richesses,
iWiJi "^ *^^^ P^^ ■ " J'^' assez de biens. "
MSaal 2 Ne suis pas ta convoitise et ta force,
Pour satisfaire les desirs de ton cceur;
3 Et ne dis pas : " Qui sera mon maitre?"
Car certainement le Seigneur te punira.
4 Ne dis point : " J'ai peche, et que m'est-il arrive [de facheux].'"
Car le Seigneur est patient.
5 Ne sois pas sans crainte au sujet de I'expiation,
Et n'ajoute pas peche a peche.
6 Ne dis point : " La misericorde de Dieu est grande,
II pardonnera la multitude de mes peches; "
Car de lui viennent la pitie et la colere,
Et son courroux tombe sur les pecheurs.
7 Ne tarde pas a te convertir au Seigneur,
Et ne differe pas de jour en jour;
Car la colere du Seigneur eclatera tout a coup,
Et au jour de la vengeance tu periras.
8 Ne t'appuie pas sur des richesses injustes,
Car elles ne te serviront de rien au jour du malheur.
9 Ne vanne pas a tout vent,
Et ne marche pas dans toute voie :
Ainsi fait le pecheur a la langue double.
10 Sois ferme dans ton sentiment,
Et que ton langage soit un.
11 Sois prompt h. ecouter
Et lent a donner une reponse.
12 Si tu as de I'intelligence, reponds a ton prochain;
Sinon, mets la main sur ta bouche.
13 La gloire et la honte sont dans la parole,
Et la langue de I'homme cause sa perte.
27. Ne te mets pas ii la discretion dhm
t'nsensif pour lui obeir en tout. — N\iie pas
egard : ne trahis pas ta conscience pour
complaire aux puissants. Vulg., ne resiste
pas en face an puissanf, ce qu'il faut enten-
dre avec cette reserve : ^ moins qu'il ne
commande le mal.
28. La vcritc; Vulg. la justice. La Vulg.
traduit deux fois le i«'' membre, et ajoute
au 2e membre, contre tes etineniis.
29. Ce verset, comme le suivant, parait se
rapporter aux relations domestiques.
Dur, blessant, en gr. xpa/jc; la Vulg. a lu
Tot/;j:, prompt h. parler.
30. Capricieux, fantasque ; Fritzsche,
soupi^ottneux. La Vulg. traduit deux fois ce
2e membre : houleversant les ^ens de ta mai-
son et tyrannisant ceux qiti te sotit soumis.
31. Comp. A^. XX, 25. Etendue ... 7-etiree
en arriere; nous dirions, ouverte ... fermee.
CHAP. V.
I. Vulg., ne tourne pas tes efforts vers les
richesses injustes, et ne dis pas : J\ii assez
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. IV, 32—36; V, 1—15.
523
32. Noli resistere contra faciem
potentis, nee coneris contra ictum
fluvii. 33. Pro justitia agonizare
pro anima tua, et usque ad mortem
certa pro justitia, et Deus expugna-
bit pro te inimicos tuos.
34. Noli citatus esse in lingua
tua : et inutilis, et remissus in ope-
ribus tuis, 35. Noli esse sicut leo in
domo tua, evertens domesticos tuos,
etopprimenssubjectos tibi. 36.Non
sit porrecta manus tua ad accipien-
dum, et ad dandum collecta.
— :i:— CAPUT V. — *—
Non permanendum in peccato ob confiden-
tiam divitiariim, juventutis, fortitudinis,
aut tnisericordise Domini; ne sis vagus,
sed firmus et mansuetus in via Domini,
et cordatus in verbis : ne sis susurro aut
'■ bilinguis.
OLI attendere ad posses-
siones iniquas, et ne dixe-
ris : Est mihi sufficiens
vita : nihil enim proderit
in tempore vindictas et obductionis,
2. Ne sequaris in fortitudine tua
concupiscentiam cordis tui : 3. et ne
dixeris : Ouomodo potui? aut quis
me subjiciet propter facta mea?
Deus enim vindicans vindicabit.
4. Ne dixeris : Peccavi, et quid mihi
accidit triste? '^ Altissimus enim est «ps. 10, 6.
patiens redditor. 5. De propitiato
peccato noli esse sine metu, neque
adjicias peccatum super peccatum.
6. Et ne dicas : Miseratio Domini
magna est, multitudinis peccatorum
meorum miserebitur.
7/Misericordia enim etiraabillo *Prov.io,6.
cito proximant, et in peccatores
respicit ira illius. 8. Non tardes
converti ad Dominum, et ne difFe-
ras de die in diem : 9. subito enim
veniet ira illius, et in tempore vin-
dictae disperdet te.
10. '"Noli anxius esse in divitiis 'Piqv. n,
injustis : non enim proderunt tibi '^' ^^'
in die obductionis et vindictae.
1 1. Non ventiles te in omnem ven-
tum, et non eas in omnem viam :
sic enim omnis peccator probatur
in duplici lingua. 12. Esto firmus
in via Domini, et in veritate sensus
tui et scientia, et prosequatur te
verbum pacis et justitias. 13, Esto
mansuetus ad audiendum verbum,
ut intelligas : et cum sapientia pro-
feras responsum verum. 14. Si est
tibi intellectus, responde proximo :
sin autem, sit manus tua super os
tuum, ne capiaris in verbo indisci-
plinato, et confundaris. 15. Honor
et gloria in sermone sensati, lin-
gua vero imprudentis subversio est
pozir vivre, car cela nc sert de rien ati jotir
du chdtiine7it et dit maUieur.
2. Ne siiis pas, n'obeis pas aux sugges-
tions de ta convoitise, etc.
4. Patietit ci rendre, a punir (Vulg.).
^. An sujet de Vexpiatioti : I'expiation des
fautes n'est pas chose si facile qu'on y trouve
un pretexte a entasser p^ch^ sur peche. Ou
bien, comme la Vulgate : au sujet de I'ex-
piation des fautes passdes, es-tu certain
qu'elle soit accomplie, que tes fautes soient
pardonnees?
6. Ca7\ non seulement la pitie, mais aussi
la colere inent dc hci; il exerce I'une et I'autre ;
ou bien : est en Ini (~5tf-' auTw, cod. Alex.).
Quelques manuscrits gr. et la Vulg., sojit
egalevient proiiiptes, ou se sutvent de pres.
7. Tout a coup, pendant tous ces delais.
8. Sur les vers. 8-10 comp. Prov. x, 2.
La Vulg. traduit le i^'^ membre : ne prends
pas de soins pour des rich esses injustes, mal
acquises.
9. Ne vanne pas, etc. ; nous dirions : ne
flotte pas a tout vent. L'image est emprun-
tee a I'usage des Hebreux de vanner en
plein air en jetant contre le vent le melange
de grain et de paille; celle-ci etait empor-
tee. — Ainsi fait le pecJieur : il parle sans
convicflion, selon le vent qui souffle.
10. Un, toujours le meme.
La Vulg. paraphrase : sois ferine dans la
vote du Seigneur, dans la sincerite de ce que
tu penses et de ce que tu sais, et que la parole
de paix et de justice facconipagne toujours.
11. Comp. y^^f^. i, 19.
Vulg. : sois pa/ieitt a efttendre la parole
afin de comprendre, et fais avec sagesse unc
reponse juste.
12. Metsta mai?t,etc. : garde- toi de parler.
La Vulg. ajoute : de peur d^etre pris dans
une parole indiscrete et d^ avoir a rougir.
13. La parole, selon qu'elle est bonne ou
mauvaise, procure la gloire ou la honte.
Vulg. : riionneur et la gloire suivent les
524
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. V, 14—15; VI, i— 17.
Chap. VI.
14 Ne t'attire pas le nom de medisant,
Et ne tends pas des pieges avec ta langue;
Car la confusion tombe sur le voleur,
Et une condamnation severe atteint la langue double.
15 Ne sois en faute ni beaucoup ni peu,
I Et d'ami ne deviens pas ennemi;
Car le mechant aura en partage la honte et Topprobre
Tel est le pecheur a la langue double.
CHAP. VI. — Centre I'orgueil [vers. 2 — 4].
L'amitie et scs avantages [5 — 17]. Exhortation a la sagesse [18
E t'eleve pas toi-meme selon les pensees de ton ame,
jl De peur que tu ne sois dechire, comme un taureau.
M 3 Tu devoreras ton feuillage,
Tu feras perir tes fruits,
Et tu ne laisseras de toi qu'un bois aride.
4 L'ame perverse perd celui qui la possede;
EUe fait de lui la risee de ses ennemis.
5 Une parole douce fait beaucoup d'amis,
Et la langue aimable est riche d'affabilite.
6 Qu'ils soient nombreux ceux qui vivent en bons rapports aver toi,
Mais prends conseil d'un seul entre mille.
7 Si tu veux acqudrir un ami, acquiers-le en I'eprouvant,
Et ne te confie pas k lui a la legere;
8 Car tel est ami a ses heures.
Qui ne le restera pas au jour de ton afidicflion.
9 Tel est ami qui deviendra un ennemi,
Et qui revelera votre differend k ta confusion.
10 Tel est ami assis Ti ta table,
Qui ne le restera pas au jour de ton malheur.
11 Durant ta prosperite, il sera comme un autre toi-mcme,
Et il parlera librement avec les gens de ta maison.
12 Si tu tombes dans I'humiliation, il sera contre toi,
Et il se cachera devant toi.
13 Eloigne-toi de tes ennemis,
Et sois sur tes gardes avec tes amis,
14 Un ami fidMe est une protecflion puissante,
Celui qui le trouve a trouve un trcsor.
15 Rien ne vaut un ami fidele;
Aucun poids ne saurait en marquer le prix.
16 Un ami fidele est un remede de vie;
Ceux qui craignent le Seigneur le trouvent.
17 Celui qui craint le Seigneur a une veritable amitie,
Car son ami lui est semblable.
-36].
discoiirs de rhonime setise, mais la lani^ue
de Vimpnidefit came sa ritine.
14. Car de meme cjue la confusion...^
ainsi line condaiiniatioii, etc.
La Vulg. ajoute : an medisant la Jtaine,
Piniinitie et IHnfaviie.
15. Ne sois en faute; litt. ii'erre pas. 11
s'agit de I'usage de la langue. Vulg. : fais
egalenient justice au petit et au grand.
Nous mettons ici le i^'' verset du chap, vi,
intimement lie au vers. 15 de notre chapitre.
Le iiit'cJiant ;\\\.\..,le ]ioin niaui'ais. — Tel
est lepecJteur, etc. : c'est lui surtout qui est ex-
pos^ et dispose k changer l'amitie en haine.
CHAP. VI.
Le vers, i se trouve k la fin du chap, pre-
cedent.
2. Selon les pensees, conformement aux
pensees (litt. au dessein reflechi) de ton
ame, avec reflexion. — Comme un taureau
indompte qui s'attire la mort par ses furieux
deportements.
Vulg. : ne Veleve pas dans les pensees de
ton ame, comme un taureau, de peur que ta
force 7te soit briscc par la folic.
Un grand nombre d'interpretes soupgon-
nent une alteration dans le texie primitif de
ce verset et du suivant.
LIBER ECCLESIASTIC!, Cap. V, i6— 18; VI, i— 17.
525
ipsius. 16. Non appelleris susurro,
et lingua tua ne capiaris, et confun-
daris. 17. Super furem enim est
confusio et poenitentia, et denotatio
pessima super bilinguem : susurra-
tori autem odium, et inimicitia, et
contumelia. 18. Justifica pusillum,
et magnum similiter.
— :>— CAPUT VI. ~-:i:—
Proximi dileflionem repellunt improperium,
invidia, ac ferocitas : quam juvant dulcedo
in verbis et pacifica conversatio : multi-
plices sunt ainici, sed verus amicus non
potest satis a^stimari : quantum diligenda
et conservanda sit sapientia : quserenda
est prudentium societas, et servanda Dei
prjEcepta.
OLI fieri pro amico inimi-
cus proximo : imprope-
rium enim et contume-
liam malus hereditabit, et
omnis peccator invidus et bilinguis.
2. "Non te extollas in cogitatione
animae tuas velut taurus : ne forte
elidatur virtus tua per stultitiam,
3. et folia tua comedat, et fructus
tuos perdat, et relinquaris velut
lignum aridum in eremo. 4. Anima
enim nequam disperdet qui se ha-
bet, et in gaudium inimicis dat
ilium, et deducet in sortem impio-
rum. 5. Verbum duke multiplicat
amicos, et mitigat inimicos : et lin-
gua eucharis in bono homine abun-
dat. 6. Multi pacific! sint tibi, et
consiliarius sit tibi unus de mille.
7. Si possides amicum, in tentatione
posside eum, et ne facile credas ei.
8. Est enim amicus secundum tem-
pus suum, et non permanebit in die
tribulationis. 9. Et est amicus qui
convertitur ad inimicitiam : et est
amicus qui odium et rixam, et con-
vitia denudabit. 10. Est autem ami-
cus socius mensas, et non permane-
bit in die necessitatis. 11, Amicus
si permanserit fixus, erit tibi quasi
coaequalis, et in domesticis tuis fidu-
cialiter aget : 12. si humiliaverit se
contra te, et a facie tua absconderit
se, unanimem habebis amicitiam
bonam. 13. Ab inimicis tuis sepa-
rare, et ab amicis tuis attende.
14. Amicus fidelis, protectio for-
tis : qui autem invenit ilium, inve-
nit thesaurum. i ^. Amico fideli
nulla est comparatio, et non est di-
gna ponderatio auri et argenti con-
tra bonitatem fidei illius. 16. Ami-
cus fidelis, medicamentum vitas et
immortalitatis : et qui metuunt Do-
minum, invenient ilium. 17. Qui
timet Deum, aeque habebit amici-
tiam bonam : quoniam secundum
ilium erit amicus illius.
3. L'orgueil est compare a un arbre qui
se depouillerait lui-meme de ses feuilles et
de ses fruits.
Vulg., et qii'elle (la folie) ne di'vore ies
jeuilles, ?ie detruise tes fruits et te laisse
covtine un bois aride dans le desert.
4. Le discours passe au propre. — Per-
verse, ici orgueilleuse.
La Vulg. ajoute : et le reduira au sort des
iinpies.
5. La Vulg. ajoute au i^'' membre, etapaise
Ies enneniis, et traduit le 2«, dans PJioninie
de bten la langtie affable aboiide (en paroles
affables).
9. // revelcra votre diffe'rend, il racontera
Ies causes de sa rupture de maniere a mettre
Ies torts de ton cote.
La Vulg. traduit le 2<^ membre : et tel est
ami qui devoilera Ies /laines, la dispute et
Ies injures qui se sont preparees pendant
qu'il ^tait encore ton ami.
II. Coinnie un autre toi-vienic , litt.
comme toi, ayant Ies memes sentiments.
— Librenient, familierement, comme etant
lui-meme de la maison ; Fritzsche, rude-
nient, sans se gener, comme s'il dtait leur
maitre.
La Vulg. traduit le i^r membre : si P ami
demeuie fidele, il te sera comme un autre
toi-meme.
12. Vulg. : S'il s\ibaisse devant toi et se
cache en ta presence, de peur d'etre impor-
tun, ttc auras Id une excellente amitie dans
Punion des caurs.
1 5. Rien ne vaut, litt. n^equivaut comme
prix d'achat.
La Vulg. traduit le 2'^ membre : aucu?i
poids d'or et d^irgent ne peut etre mis en
balance avec la sincerite de sa foi.
16. Un remcde de vie, qui entretient la vie,
ct Vimnwrtalite, ajoute la Vulg. Dieu le
donne a ses pieux serviteurs.
17. A une amitie veritable, litt. rend son
amitie droite, vraie. Car amene la raison^
526
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. VI, 18—37.
18 Mon fils, des ta jeiinesse adonne-toi h I'instrucflion,
Et jusqu'k tes cheveux blancs tu tiouveras la sagesse.
19 Approche-toi d'elle comme rhomme qui laboure et qui seme,
Et attends ses bons fruits.
Pendant un peu de temps tu auras de la peine a la cultiver,
Et bientot tu mangeras de ses fruits.
20 Combien elle parait dure aux ignorants !
L'insense ne lui restera pas attache.
21 Comme une lourde pierre d'epreuve, elle pese sur lui,
Et il ne tarde pas a la rejeter.
22 Car la sagesse justifie son nom :
Elle ne se decouvre pas au grand nombre.
23 Ecoute, mon fils, et regois ma pensee,
Et ne rejette pas mon conseil.
24 Engage ton pied dans ses entraves,
Et ton cou dans son collier.
25 Courbe ton epaule pour la porter,
Et ne t'irrite pas de ses liens.
26 Viens h elle de toute ton ame,
Et garde ses voies de toutes tes forces.
27 Suis ses traces et cherche-la, et elle se fera connaitre k toi,
Et quand tu I'auras saisie, ne la quitte pas.
28 Car a la fin tu trouveras son repos,
Et elle se changera pour toi en sujet de joie.
29 Ses entraves deviendront pour toi une protedlion puissante,
Et son collier un vetement de gloire.
30 Car sur sa tete est un ornement d'or,
Et ses bandeaux sont des fils d'hyacinthe.
31 Tu t'en revetiras comme d'une robe de gloire,
Et tu la mettras sur ta tete comme une couronne de joie.
32 Mon fils, si tu /£ veux, tu acquerras I'instrucliion,
Et si tu appliques ton ame, tu deviendras habile.
33 Si tu ecoutes volontiers, tu apprendras;
Si tu pretes I'oreille, tu deviendras sage.
34 Tiens-toi dans la compagnie des vieillards;
Si tu rencontres un sage, attache-toi ;i lui.
35 Ecoute volontiers tout discours sur Dieu
Et que les maximes de sagesse ne t'e'chappent pas.
36 Si tu vois un homme de sens, sois pres de lui des le matin,
Et ciue ton pied use le seuil de sa porte.
37 Medite sur les commandements du Seigneur,
Et reflechis constamment a ses preceptes.
Lui-meme affermira ton cceur,
Et la sagesse que tu desires te sera donnee.
savoir que les deux amis, en tant que crai-
gnant Dieu, sont bons et vrais.
18. Adonne-toi par choix, en gr. EuiXe^ai
D'autres manuscrits suivis par la Vulgate
lisent £7rt3£;ai, re(^ois Vinstrudion.
19. Qowx"^. Jacq. V, 7; I Cor. iii, 9.
21. Picrn- d\'preiive : dans toutes les loca-
lites de la Palestine, dit S. Jdrome, on voit
de grosses pierres sur lesquelles les jeunes
gens essaient leur force : les uns les soule-
vent jusqu'aux genoux, les autres jusqu'a la
poitrine, les plus vigoureux jusqu'au-dessus
de leur tete.
22. Justifie son nom., est selon son nom.
Les exegetes ont cherche un nom hebreu de
la sagesse qui explique ce verset, mais leurs
LIBER ECCLESIASTIC!. Cap. VI, 18—37.
527
18. Fill a juventute tiia excipe
doctrinam, et usque ad canos inve-
nics sapientiam. 19. Quasi is qui
arat, et seminat, accede ad earn, et
sustine bonos fructus illius, 20. In
opere enim ipsius exiguum labora-
bis, et cito edes de generationibus
illius. 21. Quam aspera est nimium
sapientia indoctis hominibus, et non
permanebit in illaexcors. 22. Quasi
lapidis virtus probatio erit in illis, et
non demorabuntur projicere illam.
23. Sapientia enim doctrinas secun-
dum nomen est ejus, et non est
multis manifesta : quibus autem
cognita est, permanet usque ad con-
spectum Dei.
24. Audi fili, et accipe consilium
intellectus, et ne abjicias consilium
meum. 25. Injice pedem tuum in
compedes illius, et in torques illius
collum tuum : 26. subjice hume-
rum tuum, et porta illam, et ne
acedieris vinculis ejus. 27. In omni
animo tuo accede ad illam, et in
omni virtute tua conserva vias ejus.
28. Investiga illam, et manifestabi-
tur tibi, et continens factus ne de-
relinquas earn : 29. in novissimis
enim invenies requiem in ea, et con-
verteturtibi inoblectationem.30.Et
erunt tibi compedes ejus in prote-
ctionem fortitudinis, et bases virtu-
tis, et torques illius in stolam glo-
riae: 31. decor enim vitae est in ilia,
et vincula illius alligatura salutaris.
32. Stolam glorias indues eam, et
coronam gratulationis superpones
tibi.
33. Fili, si attenderis mihi,disces:
etsiaccommodaverisanimumtuum,
sapiens eris. 34. Si inclinaveris au-
rem tuam, excipies doctrinam : et si
dilexeris audire, sapiens eris. 35. *In * infra
multitudine presbyterorum pruden-
tium sta, et sapientias illorum ex
corde conjungere, ut omnem narra-
tionem Dei possis audire, et prover-
bialaudis non effugiant a te. 2^' Et
si videris sensatum, evigila ad eum,
et gradus ostiorum illius exterat pes
tuus. 37. 'Cogitatum tuum habe in ' Ps.
prasceptis Dei, et in mandatis illius
maxime assiduus esto : et ipse dabit
tibi cor, et concupiscentia sapientiae
dabitur tibi.
8,9-
conjectures a ce sujet sont peu satisfaisan-
tes. Peut-etre faut-il simplement prendre
7iom dans le sens du latin uomen, qui signifie
aussi reputation.
La Vulg. ajoute : mais dans cetix qui la
connaissent elle persevere jusquW la vue de
Dieu, jusqu'a ce ciu'elle les ait conduits a la
vue de Dieu.
24. Collier^ non de parure, mais d'assu-
jettissement. Sans image : soumets-toi a la
dure discipline de la sagesse.
27. Ne la quitte fias, lors meme qu'elle
t'imposerait des devoirs penibles.
28. Son repos, le repos qu'elle donne, et
apres avoir ete pour toi un sujet de peine,
elle deviendra un sujet de joie.
29. Une puissante protemo7ij la Vulg.
ajoute, et un ferine appui.
30. Les bandeaux de son front sont de
couleur d'hyacint/ie, comma les houppes
que les Hebreux devaient porter aux coins
de leurs manteaux {A'oinbr. xv, 38). Sous ces
images, I'auteur affirme la perfection inte-
rieure de la sagesse.
Vulg. : car en elle est Vhonneur de la vie.,
et ses liens sont des chaiiies salutaires.
32. Si tu le veux ; Vulg., si tu pretes
Voreille. — Si tu appliques ton dine a
I'etude de la sagesse.
34. Des vieillardsj la Vulg. ajoute pru-
dejits. — Si, en general et en dehors de I'as-
semblee des vieillards, tu rencontres un
sage. Lire xal -ct; et non /.ai zxc, (Fritzsche).
yj. Affennira ton caner dans la prudence
et la sagesse. — Et la sagesse que tu desires;
litt., et ton desir de la sagesse.
Vd^ V<tr Vd.
^^ ^^ ^'**
-'3C:-':>. •^C.-TjN ./gCV^
528
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. VII, i— 19.
Ch. VII.
CKAP. VII.— Exhortation generale a eviter le mal [vers, i — 3],
suivie d'avertissements et de conseils divers [4 — s^].
^E fais pas le mal,
Et le mal ne te saisira pas.
2 Eloigne-toi de ce qui est injuste,
Et I'injuste s'eloignera de toi.
3 Mon fils, ne seme point dans les sillons de I'injustice,
Si tu ne veux pas recolter sept fois autant.
4 Ne demande pas au Seigneur un gouvernement,
Ni au roi un siege d'honneur.
5 N'essaie pas de paraitre juste devant le Seigneur,
Et ne cherche pas a paraitre sage devant le roi.
6 Ne brigue pas la fondlion de juge,
De peur que tu n'aies pas la force d'extirper I'injustice,
De peur que tu ne sois intimide en presence d'un puissant,
Et que tu ne mettes en peril ton equite.
7 N'offense pas toute la population d'une ville,
Et ne te jette pas au milieu de la foule.
8 Ne lie pas deux fois le pechd,
Car meme pour un seul tu ne seras pas impuni.
9 Ne dis pas : '• Dieu regardera favorablement la multitude de mes oftrandes,
Et lorsque j'offrirai mes presents au Dieu trcs haut, il les recevra."
10 Ne sois pas pusillanime dans ta pricre,
Et ne neglige pas de faire I'aumone.
11 Ne te moque pas de I'homme dont le coiur est afflige,
Car il y en a un qui abaisse et qui eleve.
12 Ne forge point de mensonge contre ton frere;
Ne le fais pas non plus contre ton ami.
13 Garde-toi de dire aucun mensonge,
Car le mensonge continu ne tourne pas a bien.
14 Ne bavarde pas dans la compagnie des vieillards,
Et ne repfete pas les paroles de ta pricre.
15 Ne hais pas les labeurs penibles,
Ni le travail des champs institue par le Trcs-Haut.
16 Ne te mets pas parmi le grand nombre des pecheurs;
Souviens-toi que la vengeance ne tardera pas.
17 Humilie profondemenl ton ame,
Car le feu et Ic ver sont le chatiment de I'impie.
18 N'echange pas ton ami pour un tresor,
Ni ton frere pour I'or d'Ophir.
19 Ne te detourne pas d'une epouse intelligente et vertueuse.
Car son charme vaut mieux que Tor.
CHAP. VII.
1. Zt' wa/ designe d'abord la faute, wa-
lum culpce, ensuite la peine, nialu/n pcvncE.
2. L'inJHste, les consequences de I'injus-
tice.
3. Ne si me pas, etc. Sans figure : ne com-
mets pas d'injustice. Comp. Prov. xxii, 8;
Osec, X, 12,
4. Un gouverncDient, une charge de pro-
consul, de procurateur, de satrape. — Uii
SLCkTc d' honiicuy
une haute dignite.
5. La I'e de ces choses est impossible, la
2^ dangereuse.
La Vulg. ajoute aprcs le ler membre : car
il cotuiait bicii les caiirs.
6. De peur que tti n'aies pas; Vulg., si tu
n\is pas : le 3e membre serait alors subordon-
ne, et non plus seulement coordonn^ au 2^.
7. L'auteur adresse ce conseil.\un magis-
trat, a un juge. — Ne le jette pas, etc. : ne
t'expose pas, par ton offense, ton injuste
oppression, auxfureursde la foule(Fritzsche).
D'autres aulrcment.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. VII, i— 21.
529
m^^i
s.y^mn
— :i^- CAPUT VII. — *—
Abstinendum a malis : vetantur ambitio,
pra^sumptio, pusillanimitas, mendacium,
verbositas coram presbyteris, et prte-
sumptio in oblationibus : laus agricul-
tural, bonae mulieris et servi frugi : pa-
rentes filios erudiant, et filias elocent :
filii honorent parentes : Deus ac sacer-
dotes ipsius honorandi : ad opera miseri-
cordiae hortatur, et ad memoriam novis-
simorum.
'OLl facere mala, et non
te apprehendent. 2. Dis-
cede ab iniquo,et deficient
mala abs te. 3. Filii, non
semines mala in sulcis injustitias, et
non metes ea in septuplum.
4. Noli quaerere a domino duca-
tum, neque a rege cathedram hono-
ris. 5. "Non tejustifices anteDeum,
quoniam agnitor cordis ipse est : et
penes regem noli velle videri sa-
piens. 6. Noli quasrere fieri judex,
nisi valeas virtute irrumpere iniqui-
tates : ne forte extimescas faciem
potentis, et ponas scandalum in
asquitate tua.
7. Non pecces in multitudinem
civitatis, nee te immittas in popu-
lum, 8. * neque alliges duplicia pec-
cata : nee enmi in uno ens immunis.
9, Noli esse pusillanimis in animo
tuo : 10. exorare, et facere eleemo-
synam ne despicias. 11. Ne dicas :
In multitudine munerum meorum
respiciet Deus, et offerente me Deo
altissimo, munera mea suscipiet.
12. Non irrideas hominem in
amaritudine animas : ""est enim qui '^i Reg. 2,
humiliat et exaltat, circumspector 7-
Deus. 13. Noli arare mendacium
ad versus fratrem tuum : neque in
amicum similiter facias. 14. Noli
velle mentiri omne mendacium :
assiduitas enim illius non est bona.
15. Noli verbosus esse in multitu-
dine presbyterorum, et non iteres
verbum in oratione tua.
16. Non oderis kboriosa opera,
et rusticationem creatam ab Altis-
simo. 17. Non te reputes in multi-
tudine indisciplinatorum. 18. Me-
mento iras, quoniam non tardabit.
19. Humilia valde spiritum tuum :
quoniam vindicta carnis impii, ignis
et vermis.
20. Noli praevaricari in amicum
pecuniam difFerentem, neque fra-
trem carissimum auro spreveris.
21. Noli discedere a muliere sen-
sata et bona, quam sortitus es in
8. Ne lie pas deux fois de suite le peche a
ton ame (comp. Is. v, 18), ne renouvelle pas
une faute commise, sous pretexte que le
chatiment n'a pas suivi. Fritzsche : ne lie
pas, dans I'expiation que tu ofifres a Dieu
(comp. vers. 9), deux p^ches successive-
ment commis, mais fais I'expiation aussitot
apres le premier.
9. Ce verset est place dans la Vulg. apres
le suivant : a tort.
L'auteur indique ensuite deux moyens
infaillibles de plaire a Dieu : la contiance
en lui, et la pratique de la charite.
10. /"wj/Z/a^m^jtimide, defiant de la bonte
de Dieu.
I r. II y en a un, savoir, comme I'explique
la Vulg., Dieu qui voit tout.
1 2. Ne forge point : le mot hebr. charasch
signifie a la ioM forger et labourer; c'est le
dernier sens qu'expriment le tradudleurgrec
et la Vulg.
13. Ne tourne pas a bien, tourne a mal :
litote.
14. Ne repUe pas : comp. Matth. vi, 7 sv.
15. Institue par le Tres-Haut dans le pa-
radis terrestre {Cien. ii, 15).
16. Ne te niets pas : ne peche pas comme
beaucoup le font.
17. De / V;«^zVy Vulg. , dc la chair de Pini-
pie. Comp. Is. Ivi, 24; Marc, ix, 45.
18. Pour un tresor, litt. pour de Pargent,
en grec svsxev aoia'fo'pou. D'apres Fritzsche,
aStatpopov, qui designe ordinairement une
chose sans importance, signifierait aussi par
exception de Vargent, comme o'.aoooov dans
Polybe, et cette signification parait ici exi-
gee par le parallelisme. La Vulg. traduit
largement : ne te roids pas coicpable contre
V ami qui te fait attendre de l' argent, qu'il
te doit ou que tu lui demandes,^/ ne nuprise
pas pour dc Vor ton frere bien-aimc.
19. Ne te detour ne pas; Vulgate, ne te
separe pas ; elle ajoute au i^r membre, que
tu as eue en partage dans la crainte da
Seigneur. — Son char me; Vulg., le char me
de sa modcstie.
20. (2ui se devoice; litt., qui donne son
dine, qui se donne lui-meme.
LA SAlNTE UIULli. TOME IV.
34
530
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. VII, 20—36; VIII, i, 2.
20 Ne maltraite pas I'esclave qui travaille fidelement,
Ni le mercenaire qui se devoue a ton service.
21 Aime I'esclave intelligent;
Ne le prive pas de la liberte.
22 As-tu des troupeaux, prends-en soin,
Et s'ils te sont utiles, garde-les chez toi.
23 As-tu des fils, instruis-les,
Et plie-les au joug des leur enfance.^
24 As-tu des filles, veille a leur chastete,
Et n'aie pas avec elles un visage jovial.
25 Marie ta fille, et tu auras fini une grosse affaire;
Et donne-lk a un homme intelligent.
26 As-tu une femme salon ton cceur, ne la repudie pas.
[Mais ne te donne pas a une femme qui t'est contraire].
27 Honore ton p^re de tout ton coeur,
Et n'oublie pas les douleurs de ta mere.
28 Souviens-toi que c'est par eux que tu es venu au monde:
Et comment leur rendras-tu ce qu'ils font donne?
29 Grains le Seigneur de toute ton ame,
Et tiens ses pretres en grand honneur.
30 Aime de toutes tes forces Celui qui t'a fait,
Et ne d^laisse pas ses ministres.
31 Grains le Seigneur et honore le pretre;
Donne-lui sa part, comme il est prescrit \
La viflime pour le delit avec le don des epaules.
La sainte oblation et les premices dues aux saints
32 Tends aussi la main au pauvre,
Afin que ta benediflion soit complete.
Donne gracieusement a tout vivant,
Et ne refuse pas ton bienfait au mort.
Ne fais pas ddfaut a ceux qui pleurent,
Et sois en deuil avec les affliges.
Ne neglige pas de prendre soin des malades;
Pour cet acfle de charite tu seras aime de Dieii.
36 Dans toutes tes aiflions souviens-toi de ta fin,
Et tu ne pecheras jamais.
I
34
35
CHAP. VIII. — Diverses regies de prudence a observer dans
les relations sociales.
Gh. VIII.
'^^^I'AIE pas de dispute avec un homme puissant,
De peur que tu ne tombes entre ses mains.
N'aie pas de querelle avec un homme riche,
De peur qu'il ne t'oppose le poids de sott or;
21. Aime; la Vulg. ajoute, comme ton dme,
comme toi-meme. — De la liberte a laquelle
la loi lui donnait droit apres tant d'annees de
service {Exod. xxi, 2; Lev. xv, 41). La Vulg.
ajoute, et ne le laisse pas dans I'indigence
apres I'avoir afifranchi {Dent, xv, 13 sv.).
22. Garde-les, ne les vends pas. Cela est
dit pour ceux qui cherchent toujours de
nouveaux moyens de s'enrichir (Gorn.
de Lapierre).
23. Instruts-les, en prenant ce mot dans
le sens general de bien clever, /aire Vcdu-
cation.
24. Veille a leur chastete; litt., garde leur
corps. — N''aie pas avec elles : evite des
familiarit^s qui les rendraient legeres et
folatres.
25. Uiic <rrosse affaire, car il est aussi
difficile de la garder a la maison paternelle
que de lui trouver un mari convenable.
26. Qui Vest contraire, qui n'est pas selon
ton cceur.
27. Les douleurs d'enfantement.
28. Et comment leur rendras-tu; Vulg. ,
et rends-leur.
30. Ses ministres : comp. I Tim. v, 1 7 sv.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. VII, 22 -40; VIII, i, 2.
531
timore Domini : gratia enim vere-
cundias illius super aurum. 22.'^Non
lasdas servum inveritateoperantem,
nequemercenarium dantem animam
suam. 23. Servus sensatus sit tibi
dilectus quasi anima tua, non de-
fraudes ilium libertate, neque in-
opem derelinquas ilium.
24. Pecora tibi sunt? attende
illis : et si sunt utilia, perseverent
apud te. 25. Filii tibi sunt? erudi
illos, et curva illos a pueritia illo-
rum. 26, Filias tibi sunt? serva cor-
pus illarum, et non ostendas hila-
rem faciem luam ad illas. 27. Trade
filiam, et grande opus feceris, et
homini sensato da illam.
28. Mulier si est tibi secundum
animam tuam, non projicias illam :
et odibili non credas te. In toto
corde tuo 29. 'honora patrem tuum,
et gemitus matris tu« ne oblivisca-
ris : 30. memento quoniam nisi per
illos natus non fuisses : et retribue
illis, quomodo et illi tibi.
31. In tota anima tua time Do-
minum, et sacerdotes illius sancti-
fica. 32. In omni virtute tua dilige
eum qui te fecit : et ministros ejus
ne derelinquas. 23- ^Honora Deum
ex tota anima tua, et honorifica sa-
cerdotes, et propurga te cum bra-
chiis. 34. Da illis partem, "sicut
mandatum est tibi, primitiarum et
purgationis : et de negligentia tua
purga te cum paucis. 2^. Datum
brachiorum tuorum et sacrificium
sanctificationis offeres Domino, et
initia sanctorum :
26. Et pauperi porrige manum
tuam, ut perficiatur propitiatio et
benedictio tua. 37. Gratia dati in
conspectu omnisviventis, et mortuo
non prohibeas gratiam. 38. ''Non ''Rom.
desis plorantibus in consolatione, et ^^■
cum lugentibus ambula. 39, 'Non 'Mattii.
te pigeat visitare infirmum : ex his ^^■
enim in dilectione firmaberis. 40. In
omnibus operibus tuis memorare
novissima tua, et in asternum non
peccabis.
— :;:— CAPUT VIII. — =;:—
Non contendendum cum potente, locuplete,
linguato, indo(flo : non despiciendus poe-
nitens, nee senex : de mortuo inimico ne
gaudeas : audiendi seniores, arguendi
peccatores et contumeliosi : fenerari :
spondere : contra judicem : cum audace :
cum iracundo : cum fatuis : cum extraneo.
ON litiges cum homine
potente, ne forte incidas
in manus illius. 2. "Non
contendas cum viro locu-
plete, ne forte contra te constituat
12,
" Matth.
25-
31. Les premices en general {No7nbr.
xviii, 19). — Le don des cpmiles : dans cer-
tains sacrifices {Exod. xxix, 2'j;Lev. vii, 32).
et particulierement dans le sacrifice pour le
delit (hebr. dscJiam), I'epaule droite de la
vi(flime revenait aux pretres. — La sainte
oblation : dans les sacrifices non sanglants
(en hebr. mincJiaJi; Vulg. oblatw), une par-
tie des offrandes (farine, huile, etc.) reve-
nait aussi aux pretres : voy. Lev. ii, 3;
xvi, 17. — Les premices dues aux saints, aux
pretres, toutes les dimes et redevances dues
au Seigneur et a ses ministres {Lev. xxvii,
30 sv.).
La Vulg. ofFre quelques repetitions, cjui
resultent en partie dime double traduc-
tion des memes mots, par ex. purgationis
et de negligentia pour sacrifice pour le de-
lit. La note qui precede servira aussi a
I'expliquer.
32. Ta bcnedidion, la benediiflion que
Dieu te donnera. La Vulg. ajoute, et son
expiation.
I'})- On traduit ordinairement le i^'^mem-
bre : le present est agrcable a tout vivantj
ou bien, avec Loch et Reischl : que la re-
connaissance pour un present soit temoignce
a tout bienfaiteur vivant. Notre version
donne un meilleur parall^lisme. — Ton
bienfait au mart, la sepulture et sans doute
aussi tes prieres.
34. La Vulg. traduit le ler membre : ne
manque pas de consoler ccux qui pleurent,
en pleurant avec eux {Rom. xii, 15) : bien
pour le sens.
35. De prendre soin; Vulg., de visiter.
CHAP. VIII.
2. De peur quHl ne gagne a prix d'argent
des hommes a sa cause. — Perdu, dans le
sens de corrompu. — Fait devier de la jus-
tice et du droit.
532
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. VIII, 3—19.
Car Tor a perdu beaucoup de gens,
II a ineme fait d^vier le coeur des rois.
3 N'aie pas de dispute avec un grand parleur,
Et n'entasse pas du bois dans son feu.
4 Ne plaisante pas avec un homme mal elev^,
De peur que tes ancetres ne soient deshonores.
5 Ne raille pas I'homme qui se detourne du peche;^
Souviens-toi que nous sommes tous dignes de chatiment.
6 Ne meprise pas un homme dans sa vieillesse,
Car quelques-uns d'entre nous vieillissent aussi.
7 Ne te rejouis pas quand un homme meurt;
Souviens-toi que nous mourrons tous.
8 Ne negligie pas les discours des sages,
Et entretiens-toi de leurs maximes;
Car tu apprendras d'eux I'instrucftion
Et I'art de servir les grands [sans reproche].
9 Ne laisse pas echapper les discours des vieillards.
Car eux-memes ont appris de leurs peres.
Tu apprendras d'eux la sagesse,
Et a bien repondre quand il en sera besoin.
10 N'allume pas les charbons du pecheur,
De peur que tu ne sois devore par les ardeurs de sa flamme.
1 1 Ne tiens pas tete a I'insolent qui t'insulte,
De peur qu'il ne se mette en embuscade pour epier tes paroles.
12 Ne prete pas a plus puissant que toi,
Et si tu lui as prete une chose, tiens-la pour perdue.
13 Ne te porte pas caution au-dela de tes moyens,
Et si tu as repondu, inquiete-toi comme devant payer.
14 N'aie pas de litige avec un juge,
Car on decidera pour lui selon sa consideration.
1 5 Ne fais point route avec un temeraire,
De peur qu'il ne te devienne a charge;
Car il fait tout a sa fantaisie,
Et, par sa folic, tu periras avec lui.
16 N'aie pas de querelle avec un homme irascible,
Et ne traverse pas le ddsert avec lui;
Car le sang n'est rien a ses yeux,
Et, loin de tout secours, il te terrassera.
17 Ne tiens pas conseil avec un fou.
Car il ne pourra rien taire.
18 Devant un dtranger ne fais rien qui doive rester cache,
Car tu ne sais ce qu'il pent faire.
19 Ne decouvre pas ton cocur h. tout venant,
Si tu ne veux pas en ctre mal rtfcompense.
1
i
*^^f^§#^
3. N'entasse pas, etc. Sans figure : ne lui
donne pas occasion de faire valoir sa faci-
lite de parole.
4. Deshonores, soit qu'ils ne verraient pas
sans rougir ta liaison avec un homme vul-
gaire et grossier, soit plutot parce que cet
homme insulterait a leur me'moire.
La Vulg., au lieu de tes ancetres, met ta
race, ce qui comprend les ascendants et les
descendants.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. VIII, 3—22.
533
litem tibi. 3.*MuItosenim perdidit I rum. 14. Ne contra faciem stes
aurum et argentum,et usque ad cor ' contumeliosi, ne sedeat quasi insi-
regum extendit, et convertit. 4. Non
litiges cum homine linguato, et non
strues in ignem illius ligna.
5. Non communices homini in-
docto, ne male de progenie tua lo-
quatur. 6. Ne despicias hominem
2,6. avertentem se a peccato, "neque
^- improperes ei : memento quoniam
19, omnes in correptione sumus. 7/Ne
spernas hominem in sua senectute :
etenim ex nobis senescunt. 8. Noli
de mortuo inimico tuo gaudere :
sciens quoniam omnes morimur, et
in gaudium nolumus venire,
a 6, 9. ''Ne despicias narrationem
presbyterorum sapientium, et in
proverbiis eorum conversare : 10. ab
ipsis enim disces sapientiam, et do-
ctrinam intellectus, et servire ma-
gnates sine querela. 11. Non te
praetereat narratio seniorum : ipsi
enim didicerunt a patribus suis :
12. quoniam ab ipsis disces intelle-
ctum,et in tempore necessitatis dare
responsum.
13. Non incendas carbones pec-
catorum arguens eos, et ne incen-
daris flamma ignis peccatorum illo-
diator ori tuo. 15. 'Noli foenerari
homini fortiori te : quod si foenera-
veris, quasi perditum habe. 16. Non
spondeas super virtutem tuam :
quod si spoponderis,quasi restituens
cogita.
1 7. Non judices contra judicem :
quoniam secundum quod justum est
judicat. 18. ^ Cum audace non eas
in via, ne forte gravet mala sua in
te : ipse enim secundum volunta-
tem suam vadit, et simul cum stul-
titia illius peries, 1 9.'' Cum iracundo
non facias rixam, et cum audace non
eas in desertum : quoniam quasi
nihil est ante ilium sanguis, et ubi
nonestadjutorium,elidet te.20.Cum
fatuis consilium non habeas : non
enim poterunt diligere nisi quae eis
placent. 21. Coram extraneo ne fa-
cias consilium : nescis enim quid
pariet. 22. Non omni homini cor
tuum manifestes : ne forte inferat
tibi gratiam falsam, et convitietur
tibi.
.1.
— • —
•I*
-^ Infra 29,4.
' Gen. 4, 8.
'' Prov. 22,
24-
5. La Vulg. ajoute au i«'' membre : et ne
ltd adresse pas de reproches.
6. Dans et k cause de sa vieillesse. —
Car un mepris semblable attendrait ceux
d'entre nous qui arriveront a la vieillesse.
7. Quattd un homme ; Vulg., qtiand ion
enneini^ ce qui restreint la pensee. — La
Vulg. ajoute au z^- membre, et que ftous 7ie
voulons pas devenir un sujet de risee.
8. Des sages; la Vulg. ajoute, vieillards,
— Entretiens-toi, occupe-toi. — Uinstruc-
tioji ; la Vulg., ct les enseignevients de P in-
telligence. — Salts reproche^ ou, selon une
autre variante, sans difficidte.
10. N\xlluine pas, n'excite pas les instin(fls
pervers du pcckeur.
11. Ne tiens pas tete, etc. : ce sens parait
etre celui du traducfleur latin; le grec est
obscur. — Pour epier tes paroles, les enve-
nimer et les tourner contre toi.
13. Comp. Prov. vi, i; xi, 15; xvii, 18, al.
14. Selon sa consideration, la considera-
tion attachee a ses fondlions de juge.
Vulg. : ne jicge pas contre Ic juge, ne sus-
pefle pas son jugement ; car il prononce
seloft ce qui est juste, la presomption est en
sa faveur.
15. (2'^'^^ '^^ te devienne a charge, qu'il ne
te mette en peril; Vulg., qiCil ne fasse re-
toviber stir toi ses mefaits, ses imprudences.
16. // te terrassera; Vulg., // t\'crasera :
allusion au meurtre d'Abel.
17. Rie7i taire; litt., taire V affaire en
question,
18. Un etranger k ta maison, a tes affaires.
19. ^ totit vetiajitj Fritzsche, ne decouvre
ton cceur a personne. — Si tu ne veiix pas;
litt. et fien sois pas, ne t'expose pas a en etre
inal recompense; la Vulg. ajoute, etrecevoir
des outrages. Samson avec Dalila est un
exemple de cette imprudence {Juq. xvi,
18 sv.).
534
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. IX, 1 — 14.
Chap. IX.
CHAR IX. — Rapport avec Ics femmes [vers, i — 9], avec les vieux amis [10],
avcc les p6cheurs heureux [11 — 12], les puissants [13], les sages et les
jiistes [14 — 16], le sage magistrat et le grand parleur [17 — 18].
E sois point jaloux de la femme qui repose sur ton sein,
Et n'eveille pas dans son esprit, a ton detriment, una idde mauvaise.
2 Ne te livre pas de telle sorte a ta femme,
Qu'elle s'eleve centre ton autorite.
3 Ne vas pas k la rencontre d'une femme courtisane,
De peur de tomber dans ses filets.
4 Ne reste pas longtemps avec une chanteuse,
De peur que tu ne sois pris par son art.
5 N'arrete pas ton regard sur une jeune fille,
De peur d'avoir a subir des chatiments a cause d'elle.
6 Ne te livre pas aux courtisanes,
De peur que tu ne perdes tes biens.
7 Ne prom&ne pas tes yeux dans les rues de la ville,
Et ne rode pas dans les endroits solitaires.
8 Detourne les yeux de la femme elegante,
Et ne regarde pas curieusement une beaute etrangere.
Beaucoup sont seduits par la beaute de la femme,
Et la passion s'y allume comme un feu.
9 Ne t'asseois jamais auprfes d'une femme marine,
[Ne t'accoude pas a table avec elle,]
Et ne bois pas avec elle le vin dans des banquets,
De peur que ton coeur ne se tourne vers elle,
Et que la passion ne t'entraine a ta perte.
10 N'abandonne pas un vieil ami,
Car le nouveau ne le vaudra pas;
Vin nouveau, nouvel ami,
Ou'il vieillisse, et tu le boiras avec plaisir.
11 N'envie pas la gloire du pecheur,
Car tu ne sais pas ce que sera sa ruine.
12 Ne prends pas plaisir au plaisir des impies;
Souviens-toi qu'ils ne paraitront pas justes jusqu'au scjour des morts.
13 Tiens-toi loin de I'homme qui a le pouvoir de faire mourir,
Et tu n'auras pas la crainte de la mort.
Et si tu I'approches, garde-toi de toute faute,
De peur qu'il ne t'ote la vie.
Sache que tu marches au milieu de pieges,
Et que tu te promenes sur les creneaux de la ville.
14 Observe autant que possible ceux qui t'approchent,
Et prends conseil des sages.
CHAP. IX.
1. U/ie idee ntauvaisc, I'idee d'etre infidele
en effet.
2. Contre ton autorite^ ce qui serait
contraire a institution divine du mariage
{Gen. iii, 16). Exemples : Samson, Salo-
mon, etc.
3. Ne va pas nu-devant, ne t'approche
pas (Vulg., ne regarde pas). Comp. I^rov.
vii, 10.
4. Une chanteuse J Vulg., imc danseuse.
La Vulg. ajoute au i^'' membre, et ne
Pccoiiie pas.
5. Sur line jeune fille : covcv'^.Job, xxxii, i ;
Matt/i. v, 28. — De peur que, ayant pech^
avec elle, /// ne subisses litt. scs chatiments,
les peines dont la loi frappe le seduc1:eur,
savoir la flagellation et I'amende {Deut.
xxii, 19). Vulg., de peur que sa beaute (en
gr. £T:t6'j;j.iatc) 7ie cause ta chute.
6. Que tu ne perdes tes biens : comp. Prov.
V, 10; vi, 26; xxix, 3. Vulg., que tu ne perdes
toi et tes biens.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. IX, i— 21.
535
JS^M^MM-^i^MMM^ '^ ^ '■^ ^ ^- ^ ^M^
— :i:— CAPUT IX. — ^i^—
Ouam sit prudenter cum mulieribus agen-
"dum, et quam sit societas et affecflus ea-
rum viris periculosa : amicus antiquus
servandus : peccatoris gloria non zelan-
da : absis ab homine potestatem Deci-
dendi habente : cum sapientibus tracflan-
dum et Deus pr£e oculis habendus.
ON zeles mulierem sinus
tui, ne ostendat super te
malitiam doctrinas ne-
quam. 2. Non des mulieri
potestatem animas tuas, ne ingredia-
tur in virtutem tuam, et confunda-
ris. 3. Ne respicias mulierem multi-
volam : ne forte incidas in laqueos
illius. 4. Cum saltatrice ne assiduus
sis : nee audias illam, ne forte pereas
in efficacia illius. 5. "Virginem ne
conspicias, ne forte scandalizeris in
decore illius. 6. *Ne des fornicariis
animam tuam in ullo : ne perdas te,
et hereditatem tuam. 7. Noli cir-
cumspicere in vicis civitatis, nee
oberraverisinplateisillius. S.^Aver-
te faciem tuam a muliere compta, et
ne circumspicias speciem alienam.
9. Propter speciem mulieris multi
perierunt : et ex hoc concupiscentia
quasi ignis exardescit. 10. Omnis
mulier, quae est fornicaria, quasi
stercus in via conculcabitur. 1 1 . Spe-
ciem mulieris alienas multi admira-
ti, reprobi facti sunt : colloquium
enim illius quasi ignis exardescit.
12. Cum aliena muliere ne sedeas
omnino, nee accumbas cum ea su-
per cubitum : 13. et non alterceris
cum ilia in vino, ne forte declinet
cor tuum in illam, et sanguine tuo
labaris in perditionem.
14. Ne derelinquas amicum anti-
quum : novus enim non erit similis
illi. 15. Vinum novum, amicus no-
vus : veterascet, et cum suavitate
bibes illud.
16. '^Non zeles gloriam, et opes
peccatoris : non enim scis quae fu-
tura sit illius subversio. 17. Non
placeat tibi injuria injustorum,sciens
quoniam usque ad inferos non pla-
cebit impius.
18. Longe abesto ab homine po-
testatem habente occidendi et non
suspicaberis timorem mortis : 19. et
si accesseris ad ilium, noli aliquid
committere, ne forte auferat vitam
tuam. 20. Communionem mortis
scito : quoniam in medio laqueorum
ingredieris, et super dolentium arma
ambulabis.
2 1. Secundum virtutem tuam cave
te a proximo tuo, et cum sapienti-
7. Les eiidroits solitaires ou se tiennent
d'ordinaire les courtisanes. Vulg., les places.
8. Unc beanie efrajjgcre, la beaute d'une
femme dtrangere. Comp. Prov.u, 16.
La Vulg. ajoute ici les deux versets suiv. :
toute femme qui se livre a la debauche est
foulce auxpieds comme une ordure. — Beatc-
coup, four avoir admire la beaute d^une
ctratigere, oni ete rejetes de Dieu; car sa
conversatio7i brfile co)nme un feu.
g. A'e faccoude fas a table : les Juifs de
cette epoque avaient emprunte aux Grecs
et aux Remains la coutume de manger a
table couches sur des divans et appuyes sur
le coude gauche, de sorte que le convive
place a droite se trouvait avoir la tete a peu
pres sur la poitrine de son voisin de gauche.
Comp./m«, xiii, 23. — Ne bois pas avec elle,
etc. ; litt. ne banquette pas (Vulg. 7te dispute
pas) avec elle ett buvant du vin. — La pas-
sio7i, en gr. Trveu;j.aTt, spiritu (tradufl. de
I'h^br. rouach) change arbitrairement en
aVaxT'., sanguine (\\\\g.).
11. Comp. Ps. xxxvii, i sv. — La gloire;
la Vulg. ajoute, et la prosperite.
12. Tant que le me'chant est prospere,
Dieu le traite comme s'il etait juste; mais
des cette vie meme il sera puni. Comp. Job^
xxiv, 19.
13. Tiens-toi loi7i : celui qui vit pres d'un
tyran capricieux est constamment sous le
coup d'une disgrace, et meme du dernier
supplice. Comp. Prov. xvi, 14J xx, 2. — De
toute f ante centre lui. — Sac he que; Vulg.,
la 77iort est f7-oclie, car tit 77tarches, etc. —
Sur les crhieaux de la ville^ ou I'on est ex-
pose k tons les traits de I'ennemi. La Vulg.
traduit ce dernier membre, et que ttt foules
les armes de ceux qui sont en deuil : mots
diversement expliques.
14. Obse7-z'e, tache de savoir s'ils sont
sages et prudents. Vulg., sois sjir tes gardes
avec ton prochai?i.
Les versets 15 et 16 sont intervertis
dans la Vulgate, ou ils forment les versets
23 et 22.
"^711(310.9,4.
2 Reg. 15,
10.
536
L'ECCLfelASTIQUE. Chap. IX, 15 — 18; X, i— r
Chap. X.
I 5 Converse avec les hommes intelligents,
Et que tes entretiens soient sur la loi du Trcs-Haut.
16 Que les hommes justes soient tes commensaiix,
Et mats ta gloire dans la crainte de Dieu.
17 C'est la main de I'artiste qui vaut h. une ccuvre la louange,
C'est sa parole qui fait paraitre sage le chef du peuple.
18 Le grand parleur est redoute dans sa ville,
Et I'inconsidere s'attire la haine par ses discours.
CHAP. X. — Le prince sage et I'insense [vers, i — 5]. Orgueil et presomp-
tion [6 — 18]. Crainte de Dieu [19 — 24]. Paresse et vaine gloire, gloire
veritable [25 — 31].
|E prince sage tient son peuple dans la discipline,
Hi Et le gouvernement de I'homme sense est bien regie.
2 Tel le chef du peuple, tels ses ministres;
Et tel le gouverneur de la ville, tels tous ses habitants.
3 Un roi ignorant perd son peuple,
Mais une ville prospere par Fintelligence des chefs.
4 La souverainete du pays est entre les mains du Seigneur,
Et il y suscite en son temps I'homme habile.
5 Le succes d'un homme est dans la main du Seigneur;
C'est lui qui met sur le front du chef le cara<5lere de son autorlte.
6 Ne garde rancune pour aucune injustice de ton prochain.
Et ne fais rien au milieu des a6les de violence.
7 L'orgueil est odieux a Dieu et aux hommes;
II est une injustice contre les deux.
8 La domination passe d'un peuple k un autre
A cause de I'injustice, des injures et de la convoitise des richesses.
9 Pourquoi s'enorgueillit ce qui est terre et poussiere?
Car pendant sa vie je mets le trouble dans ses membres.
10 La maladie est longue; le m^decin se rit;
Et le roi d'aujourd'hui sera deniain un cadavre !
II Et quand I'homme est mort,
II a en partage les larves, les betes et les vers.
1 2 Le commencement de l'orgueil est quand I'homme se separe du Seigneur,
Et quand le coeur s'eloigne de Celui qui I'a fait.
13 Car le commencement de l'orgueil, c'est le p^che,
Et celui qui s'y attache multiplie les abominations.
C'est pourquoi le Seigneur envoie des chatiments prodigieux,
Et frappe les mechants d'une mine complete.
15. Converse avec, etc. Vulg., qite la pen-
see de Diett soil dans ton esprit.
17. Oest la main, I'habilete.
La Vulg. ajoute un 3*^ membre : c'est la
prudence qui reconiniandc les discours des
iiieillards.
CHAP. X.
1. Le prince, litt. le Juoe, dans le sens
large de ce mot : celui qui gouverne. —
Tient son peuple, etc. \h\]g.Juge son peuple.
— Bien ri'i^h'; d'autres avec la Vulg., stable.
2. Les subordonnes reglent leurs moeurs
sur celles des chefs et des superieurs : qjtn-
lis rex, talis <^rex.
3. Ignorant, etranger a la sagesse; Vulg.,
insense.
4. La souverainete : comp. Dan. ii, 21. —
Llioinnic (Vulg. le chef) habile.
5. Le succes d'un honinie, sa reussite, son
elevation a un poste eleve, %a. fortune poli-
tique. — Le caraflcre de son autorite, litt.
sa gloire, la marque de sa grandeur. Son,
dans la pensee de I'auteur, se rapporte a
chefiy\x\%., scribe, ici dignitaire en general).
Si on le rapportait a Seigneur, la pensee
serait que Dieu met comme une empreinte
de sa majeste sur le front de I'homme investi
d'une fonclion publique, afin que les peuples
reverent en lui son representant.
6. Ne fais rien, tiens-toi en repos.
7. La Vulg. traduit le 2^ membre -.ettoute
iniquite des nations est digne dWiorreu?:
8. A cause de f injustice, etc.; la \'ulg.
ajoute,^/ des fraudes de toutes sortes. Telles
sont les causes qui corrompent les nations
a I'interieur et les excilent u se faire la guerre
LIBER ECCLESIASTIC!. Cap. IX,
-25; X,
16.
537
bus et prudentibus tracta. 22. Viri
justi sint tibi convivae, et in timore
Dei sit tibi gloriatio, 23. et in sensu
sit tibi cogitatus Dei, et omnis enar-
ratio tLia in praxeptis Altissimi.
24. In manu artificum opera
laudabuntur, et princeps populi
in sapientia sermonis sui, in sensu
vero senioriim verbum. 25. Terri-
bilis est in civitate sua homo lin-
guosus : et temerarius in verbo suo
odibilis erit.
— :;•— CAPUT X. — :>—
Sapiens judex, utilis : insipiens, pernicio-
sus : rectorem subditi imitantur : omnia
in manu Dei : injun;e obliviscendum :
detestatio superbia;, injustitia?, contume-
li£e, avaritias : homo brevis vit^e post mor-
tem \'ermis : discessus a Deo, causa est
superbitE : gentes ob superbiam a Deo
perditae : laus timoris Dei : non despi-
ciendus pauper Justus : nee dives pecca-
tor honorandus : anima in mansuetudine
servanda.
UDEX sapiens judicabit
populum suum, et princi-
patus sensati stabilis erit.
2. "Secundum judicem
populi, sic et ministri ejus : et qua-
ils rector est civitatis, tales et inha-
bitantes in ea. 3. *ReK insipiens per-
det populum suum : et civitates
inhabitabuntur per sensum poten-
tium. 4. In manu Dei potestas ter-
ras : et utilem rectorem suscitabit
in tempus super illam. 5. In manu
Dei prosperitas hominis, et super
faciem scribas imponet honorem
suum.
6. Omnis injurias proximi ne me-
mineris, ^et nihil agas in operibus
injurias. 7. Odibilis coram Deo est
et hominibus superbia : et exsecra-
bilis omnis iniquitas gentium. 8. ''Re-
gnu m a gente in gentem transfertur
propter injustitias, et in jurias,et con-
tumelias, et diversos dolos. 9. Avaro
autem nihil est scelestius. Quid su-
perbit terra et cinis.? 10. Nihil est
iniquius quam amare pecuniam :
hie enim et animam suam venalem
habet : quoniam in vita sua projecit
intima sua. 11. Omnis potentatus
brevis vita. Languor prolixior gra-
vat medicum. 12. Brevem languo-
rem prascidit medicus : sic et rex
hodie est, et eras morietur. 13. Cum
enim morietur homo, hereditabit
serpentes, et bestias, et vermes.
14. Initium superbias hominis, apo-
statare a Deo : 15. quoniam ab eo,
qui fecit ilium, recessit cor ejus :
'quoniam initium omnis peccati est
superbia : qui tenuerit illam, adim-
plebitur maledictis,et sub vertet eum
in finem. 16. Propterea exhonora-
vit Dominus conventus malorum.
'Lev. 19,13.
"'Dan. 4, 1. 'f.
'Prov. 18,
12.
9. L'homme, meme un roi, esf terre et
potissiere : comp. Gen. iii, 19. — Je inets :
c'est Dieu qui parle; il commence par frap-
per I'orgueil par une maladie qui lui ote
ses forces.
10. Le viedecin se rit de cette maladie,
qu'il croit sans gravite.
11. Lcs lar^'es des insefles qui devorent
le cadavre.
Dans la Vulg., les vers. 9-10 (9-12) n'of-
frent aucun sens suivi par suite d'intercala-
tions et de doubles tradudlions. En voici la
traduction litterale :
9. // liy a rien de plus criminel que
Vavare. Pourqiioi s^enorgiteillit ce qui est
cendre et poussicrc? — 10. // jiy a rien de
plus coiipable que d' aimer P argent; car ce-
lui qui Valine est pret a iiendrc so?i dine;
tout vivant, il a rejete ses entrailles (tout
sentiment bon et compatissatit). — 11. La
dure'e de toute puissance est courte. Une ma-
ladie qui se prolonge fatigue le niedecin. —
12. Ix niedecin arrete le malaise qui dure
peu. Ainsi tel est roi aujoitrd'hui, qui motirra
demain.
13. Le commencement de Porgueil, c'est le
pcche : c'est par le pdche qu'il commence h
se montrer. — Qui s'y attache, qui s'attache
au peche (ou a I'orgueil?). — Multiplie, litt.
fait pleuvoir des crimes abominables. —
Chatiinents prodigieux , presque incroya-
bles : punition des anges, de nos premiers
parents, de tons les hommes par le deluge,
etc.
La Vulg. traduit le 2^ meml^re : et celui
qui sy attaclie sera accable de maledicTions,
et ajoute : ^///(I'orgueil) leperdra a jamais.
Elle traduit le y membre : voilct pourquoi
le Seigneur a convert de lionte les assemblees
des mcchants.
538
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. X, 14—30; XI, i.
14 Le Seigneur renverse le trone des princes,
Et fait asseoir a leur place les hommes doiix.
15 Le Seigneur arrache les racines des nations [orgueilleuses]
Et plante les humbles a leur place.
16 Le Seigneur bouleverse les contrees des nations,
Et il les detruit de fond en comble.
17 11 en desseche plusieurs et en extermine les habitants;
II efface leur memoire de la terre.
18 L'orgueil n'est pas fait pour I'homme,
Ni la colere insolente pour ceux qui naissent de la femme.
19 Quelle race est honoree? La race des hommes.
Quelle race est honoree? Ceux qui craignent le Seigneur.
Quelle race est meprisee? La race des hommes.
Quelle race est meprisee? Ceux qui transgressent les commandements.
20 Au milieu de ses freres leur chef est en honneur;
Ceux qui craignent le Seigneur le sont de nieine k ses yeux.
21 Riche, noble et pauvre,
Leur gloire est la crainte du Seigneur.
22 II n'est pas juste de mepriser un pauvre qui poss^de la sagesse;
II ne convient pas d'honorer un pdcheur [qui possede la richesse].
23 Le grand, le juge et le puissant sont en honneur,
Mais aucun d'eux n'est plus grand cjue celui qui craint le Seigneur.
24 Les hommes libres seront les serviteurs de I'esclave prudent,
Et I'homme intelligent ne murmurera pas.
25 Ne raisonne pas pour faire ton ouvrage,
Et ne te vante pas au temps de ta detresse.
26 Mieux vaut I'homme qui travaille en toutes choses,
Que celui qui se promene, qui se vante et manque de pain.
27 Mon fils, honore ton ame dans la douceur,
Et donne-lui le respecfl qu'elle merite.
28 L'homme qui peche contre son ame, qui le regardera comme juste?
Qui honorera celui qui deshonore sa vie?
Chap. XI.
29 Le pauvre est honore pour sa science,
Et le riche est honore pour sa richesse.
30 Mais celui qui est honore dans la pauvrete,
Combien le serait-il davantage dans la richesse?
Et celui qui est sans honneur dans la richesse,
Combien plus le serait-il dans la pauvrete?
I La sagesse de I'homme humble relevera sa tete,
Et le fera asseoir au milieu des grands.
14. Comp. I SaJii. ii, 7 sv. Lhc, i, 52. —
Les hflinmes doitx et humbles : le mot he-
breu correspondant reunit les deux signi-
fications.
15. Arrache les racines^ detruit jusqu'h la
racine.
17. Apres ce verset, la Vulgate ajoute :
Dieu abolit le sottvenir des svpcrhcs^ ct il
laisse siibsister la memov-e des humbles
d^esprt't.
19. Quelle race, quelle esp^ce d'hommes.
Sens : I'homme est honore ou m^prise
d'apres ses relations avec Dieu.
21. Le7ir gloire veritable, celle qu'ils doi-
vent rechercher avant tout.
22. Comp. _/«ri7. ii, 2.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. X, 17—34-
539
et destruxit eos usque in finem,
17. Sedes ducum superborum de-
struxit Deus, et sedere fecit mites
pro eis, 18. Radices gentium super-
barum arefecit Deus, et plantavit
humilesexipsisgentibus. 19. Terras
gentium evertit Dominus, et perdi-
dit eas usque ad fundamentum :
20. arefecit ex ipsis, et disperdidit
eos, et cessare fecit memoriam eo-
rum a terra. 21. Memoriam super-
borum perdidit Deus, et reliquit
memoriam humilium sensu. 22.Non
est creata hominibus superbia : ne-
que iracundia nationi mulierum.
23. Semen hominum honorabitur
hoc, quod timet Deum : semen au-
tem hoc exhonorabitur, quod pras-
terit mandata Domini. 24. In medio
fratrum rector illorum in honore :
et qui timent Dominum, erunt in
ocuHs illius. 25. Gloria divitum,
honoratorum, et pauperum, timor
Dei est : 26. noh despicere homi-
nem justum pauperem, et noh ma-
gnificare virum peccatorem divi-
tem. 27. Magnus, et judex, et po-
tens est in honore : et non est ma-
)v.i7,2. jor illo, qui timet Deum. 28.^Servo
sensato liberi servient : ^et vir pru-
dens et disciphnatus non murmu-
rabit correptus, et inscius non ho-
norabitur.
29. Noli extollere te in faciendo
opere tuo, et noli cunctari in tem-
pore angustias. 30. ''Melior est qui
operatur, et abundat in omnibus,
quam qui gloriatur, et eget pane.
31. Fill in mansuetudine serva ani-
mam tuam, et da illi honorem se-
cundum meritum suum. 32. Pec-
cantem in animam suam quis justi-
ficabit.'^ et quis honorificabit exho-
norantem animam suam.^
22- Pauper gloriatur per discipli-
nam et timorem suum : et est homo
qui honorificatur propter substan-
tiam. 34. Qui autem gloriatur in
paupertate, quanto magis in sub-
stantia.'' et qui gloriatur in substan-
tia, paupertatem vereatur.
Si Reg. 12,
13-
'' Prov. 12,
9-
24. Serviteiirs de Vesclave prudent : allu-
sion a I'histoire de Joseph en Egypte. — Ne
niurmiirera pas de ce renversement des
roles, qui ne fait apres tout que remettre les
choses a leur place.
La Vulg. paraphrase le 2e membra : et
Vhovinie -prudent et instruit ne muriiiure
pas quand on le reprend, et rignoratit n'est
pas en /lonneur.
25. Ne raisonne -pas : lorsqu'il s'agit de
faire un travail, ne te livre pas a toutes
sortes de considerations subtiles et oiseu-
ses, au lieu de te mettre a I'oeuvre. — Ne tc
V ante pas, en disant, par ex., que ton mal-
heur est immdrite, que ta conduite etait
digne d'un meilleur soi't, etc.
Dans la Vulg., les verbes sont interver-
tis : ne fetiorgtteillis pas en accoinplissant
ton ceuvre, et ne te laisse pas alter a la pa-
resse an temps de Vadversite.
26. Qui se proviene sans rien faire.
27. Ton dnie, toi-meme. Sens : tout en
restant doux et humble, ne te rabaisse pas
a I'exces, prends soin de ta dignite, surtout
par la sagesse de ta conduite.
28. Qui peche conlre son dtne, centre lui-
meme, qui se rabaisse trop et manque a sa
dignite.
29. Pour sa science; la Vulg. ajoute, et
pour sa crainte de Dieu.
Chap. XI, i. Ce verset se rattache etroi-
tement aux deux qui precedent; il aurait
du terminer le chap. x.
La sagesse relevera sa tete, la tete de
I'homme humble, abaisse, sans honneur;elIe
fera qu'il la portera haut, qu'il sera honord.
—^04 — i®i — ^04—
540
L'ECCLliSIASTIQUE. Chap. XI, 2—18.
CHAP. XT. — Ne pas rcgarder a I'exterieur [vers. 2 — 6]. Ne blamer ni ne
parler a la legere [7 — 9]. Lc bonheur depend avant tout de la benedic-
tion de Dicii, qui I'accorde a ses fideles serviteurs [10 — 26]. Eviter toute
relation intime avec les mechants [27 — 32].
Ch. XI. = [^^^E loue pas un homme pour sa beaule,
Et ne le prends pas en degout sur sa mine.
3 L'abeille est un bien petit volatile,
Et son produit est au premier rang parmi les choses douces.
4 Ne te glorifie pas des habits qui te couvrent,
Et ne t'eleves pas quand tu arrives aux honneurs.
Car les oeuvres du Seigneur sent etonnantes,
Et son adiion parmi les hommes est cachee.
5 Beaucoup de princes se sont assis sur le pavd,
Et celui a qui on ne pensait pas a porte la couronne.
6 Beaucoup de puissants ont ete accables d'opprobre,
Et des hommes illustres livres aux mains des autres.
7 Avant de t'informer, ne jette pas le blame;
Examine d'abord, et alors tu pourras reprendre.
8 Ne reponds rien avant d'avoir ^coute,
Et ne jette pas tes paroles au milieu des discours des aut7-es.
9 Ne conteste pas pour une chose qui n'est pas a toi,
Et ne t'asseois pas avec les p^cheurs pour juger.
10 Mon fils, n'applique pas ton adivitd a une multitude de choses :
Si tu embrasses beaucoup, tu ne seras pas exempt de faute;
Si tu poursuis fivp de choses, tu ne les atteindras pas,
Et si tu reussis a t'en degager, ce ne sera pas sans dommage.
11 Tel travaille, se fatigue et se hate,
Et il n'en devient que plus pauvre.
12 Tel est sans cnergie, appelant le secours,
Pauvre de forces et riche de besoins;
Mais le Seigneur le regarde d'un ceil favorable,
II le tire de son humble condition,
13 II relcve sa tcte,
Et la foule est dans I'admiration a son sujet.
14 Les biens et les maux, la mort et la vie, ,
La pauvretd et la richesse viennent du Seigneur.
15 Les dons de Dieu demeurent aux justes,
Et sa faveur assure la prosperite pour toujours.
16 Tel est riche a force de soin et de parcimonie,
Et voici la part qui lui echoit en recompense :
17 II peut dire : " J'ai trouve le repos,
Et maintenant je veux manger mon bien."
Mais il ne sait pas quel temps s'est ecoule;
11 va laisser ses biens k d'autres et mourir.
18 Sois fidcle 5. ton alliance ai'ec Dieu, et vis dans cette pensee,
Et vieillis dans ton ocuvre.
CHAP. XI.
Le vers, i se trouve h. la fin du chap. x.
2. Comp. I Sam. xvi, 17; Luc,y.\\\\ 11;
II Cor. x, 10.
3. Dabeille sert d'exemple a la sentence
precedente.
4. Des habits : car, d'apres la mani^re
myst^rieuse doiit Dieu conduit les choses
humaines, un renversement de fortune est
h craindre.
La V'ulg. traduit les deux derniers mem-
bres : car les antvres du Trcs-Haut seiil sont
adorables; glorieiises, cacJu'es et inconnues
sont ses ceuvres.
5. Beaucoup dc priuccs, renverses du trone,
ont ete reduits a s'asseoir sur ie pai'c nu;
\'ulg., sur le irfine. Comp. Ps. cxiii, 7 suiv.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XI, i— 2t.
541
^^^^-tgS?g^^^Sjga^S^^^^^^^^^^'
CAPUT XI. — *—
Sapientia humiliati : ex specie nemo judi-
candus : de vestitu et honore non glorian-
dum : de re interrogandum ante judiciinn :
non ciimulanda temporalia, nee in illis
fidendum aut gloriandum : bona et mala
a Deo : et bonorum et maloriim memor
sis : in domum non quivis inducendus, et
ab insidiis dolosi cavendum.
APIENTIA humiliati
exaltabit caput illius, "et
in medio magnatorum
consedere ilium faciet.
2. Non laudes virum in specie
sua, neque spernas hominem in visu
suo, 3, Brevis in volatilibus est apis,
et initium dulcoris habet fructus
illius. 4. *In vestitu ne glorieris un-
quam, nee in die honoris tui extolla-
ris : quoniam mirabilia opera Altis-
simi solius, et gloriosa, et absconsa,
et invisa opera illius. 5. Multi tyran-
ni sederunt in throno, et insuspica-
bilis portavit diadema. 6. 'Multi po-
tentes oppressi sunt valide, et glo-
riosi traditisuntinmanusalterorum.
7. Priusquam interroges, ne vitu-
peres quemquam : et cum interro-
gaveris, corripe juste. 8. '^Priusquam
audias, ne respondeas verbum : et
in medio sermonum ne adjicias lo-
qui. 9. De ea re, quae te non mole-
stat, ne certeris : et in judicio pec-
cantium ne consistas.
'■ I Tim. 6,
-^ Eccles.
8.
''Job. I,
et 2, 10.
10. Fill ne in multis sint actus
tui : et ^si dives fueris, non eris im-
munis a delicto : si enim secutus
fueris, non apprehendes : et non
effugies, si prascucurreris.
1 1 . ''Est homo laborans, et festi-
nans, et dolens impius, et tanto
magis non abundabit. i 2. Est homo
marcidus egens recuperatione, plus
deficiens virtute, et abundans pau-
pertate : 13. Et^'oculus Dei respe- «-Job.42,
xit ilium in bono, et erexit eum ab
humilitate ipsius, et exaltavit caput
ejus : et mirati sunt in illo multi, et
honoraverunt Deum.
14. ''Bona et mala, vita et mors,
paupertas et honestas a Deo sunt.
15. Sapientia et disciplina, et scien-
tia legis apud Deum. Dilectio, et
vias bonorum apud ipsum. 16. Error
et tenebras peccatoribus concreata
sunt : qui autem exsultant in malis,
consenescunt in malo. 17. Datio
Dei permanet justis, et profectus
illius successus habebit in aeternum.
18. Est qui locupletatur parce
agendo, et hasc est pars mercedis
illius 19. in eo quod dicit : 'Inveni
requiem mihi, et nunc manducabo
de bonis meis solus : 20. et nescit
quod tempus prasteriet, et mors
appropinquet, et relinquat om-
nia aliis, et morietur. 21. Sta in
testamento tuo, et in illo colloque-
re, et in opere mandatorum tuo-
rum veterasce.
10.
21
■ Luc.
19.
6. Beaiicoup, par ex. Samson, Aman, etc.
9. Pour obtenir une chose qui tiest pas a
toi : en rejetant le mot '/_[->-~'.'^ qui n'est pas
dans le cod. Alex. Ou bien avec la Vulg.,
pour une chose qui ne te regarde pas^ ou tu
n'as aucun interet.
10. N'' applique pas ton aHivite : on le fait
d'ordinaire pour s'enrichir plus vite. — Si
tu embrasses beaucoupj Vulg., situ acquiers
des richesses.
Sens general des trois versets suiv. : le
succes depend, non du travail et des efforts
de I'homme, mais d'une puissance supe-
rieure, de la benedi(flion divine.
11. Tel; la Vulg. ajoute impie.
14. Apres ce verset, le latin ajoute les
deux suivants :
La sagesse^ Vinstrtidion et la science de la
loi sont en Dieu ; en lui est la charite et la
lot des bonnes cuuvres. — Herreur et les tc-
nebres sont crcees avec les pecheurs, sont en
eux des leur naissance, et ceux qui se plai-
sent dans le nial y vieillissent.
15. Les dons de Dieu ne sont jamais
retires aux justes : comp. Rom. xi, 29. — •
Assure la prosperite; litt., prospere a ja-
mais.
17. J^ai trouve le 7-epos, je puis enfin me
reposer. — Je veux manger mon bien, tout
seul, ajoute le latin. Comp. Luc, xii, 19. —
Quel temps, qu'un long temps s'est ecoule, si
rapidement qu'il ne s'en est pas aper^u. La
Vulg. ajoute, que la mart approche.
18. Dans ton o^uvre, dans la pratique des
devoirs qui resultent de cette alliance.
542
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XI, 19—32: XII, 1—5.
19 Ne t'etonne pas des affaires du pecheur;
Confie-toi dans le Seigneur et persevere dans ton travail.
Car c'est chose facile aux yeux du Seigneur
D'enrichir promptement et d'un seul coup celui qui est pauvre.
20 La benedidlion du Seigneur est la recompense de I'homme pieux;
Dans une heure rapide il la fait fleurir.
21 Ne dis pas : " Qu'ai-je besoin de ciuoi que ce soit,
Et quel peut etre ddsormais mon bonheur?"
22 Ne dis pas no7i plus : " J'ai ce qu'il me faut,
Et quel mal pourrais-je avoir a souffrir? "
23 Au jour du bonheur, on oublie le malheur,
Et au jour du malheur on ne se souvient plus du bonheur.
24 Car c'est chose facile devant le Seigneur,
Au jour de la mort, de rendre a I'homme selon ses ocuvres.
25 Un moment d'affliclion fait oublier le h\e\\-Qive. passe,
Et a la fin de I'homme ses oeuvres seront devoilees.
26 N'estime heureux aucun homme avant sa mort,
C'est dans ses enfants qu'on le connaitra.
27 N'introduis pas tout le monde dans ta maison.
Car les embuches de I'homme trompeur sont nombreuses.
28 Comme la perdrix de chasse dans sa cage,
Ainsi est le cceur de I'orgueilleux,
Et comme I'espion il guette la ruine.
29 Changeant le bien en mal, il dresse des pieges,
Et il imprime une tache a ce qu'il y a de plus pur.
30 Une etincelle embrase le charbon,
Ainsi le pecheur cherche a repandre le sang.
31 Prends garde au mechant, car il ourdit le mal,
De peur qu'il ne t'imprime une fletrissure ineffa^able.
32 Donne entree chez toi a I'etranger,
Et il te renversera en excitant des troubles,
Et il t'alienera les gens de ta maison.
I
CHAP. XII. — Ne faire du bien qu'aux justes [vers, i — 7]. Xc pas
se confier a un ennemi [8 — 18].
Ch. XII. fg-j^^l tu fais du bien, sache a qui tu le fais,
l^^lj Et Ton te saura gre de tes bienfaits.
I^^s^l 2 Fais du bien k I'homme pieux, et tu en trouveras la recompense,
Sinon de lui, du moins du Seigneur.
3 Les bienfaits ne sont pas pour celui qui persevere dans le mal,
Ni pour celui qui ne pratique pas la bienfaisance.
4 Donne a I'homme pieux,
Et ne prends pas sur toi le soin du pecheur.
5 Fais du bien a celui qui est humilie,
Et ne donne pas h. I'impie;
Refiise-lui du pain,
De peur qu'il ne devienne ainsi plus fort que toi.
.' i().Ne V etomic pas des (Vulg., ne farrete
pas aux) affaires des pec/ieu/s, e.n tant que
ces affaires reussissent, que les p^cheurs
sont dans la prosperite. — Persevere dans
ion travail, en gr. -ovfp; le traducfteur latin
a lu TOTTtij, reste ix ton paste.
20. // la fait fleurir et frudlifier au profit
des justes.
21. Parole de d^sespoir, qui a son expli-
cation dans le 2.^ membre du vers. 23.
22. Parole de presomption, expliquce au
i*^'' membre du vers. 23.
23. On oubliej le traducfleur latin donne
un conseil : n^oublie pas.
24. Gwamene la raison pour laquelle on
ne doit pas tenir le langage rapporte ver-
sets 21 et 22.
25. Ses ivuvres seront devoiUes, on verra
alors s'il etait pecheur ou agreable a Dieu.
26. N^estiine heureux j&n latin, ne lone. —
Dans ou par ses enfants, soit par leur cpn-
duite : Aleves par un pere craignant Dieu,
ils lui ressembleront {Proz'. xiii, i); soit par
leur sort : si le pere etait pecheur, ses fau-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XI, 22—36; XII, 1—5.
543
22. Ne manseris in operibus pec-
catorum. Confide autem in Deo, et
mane in loco tuo. 23. Facile est
enim in oculisDei subito honestare
pauperem. 24. Benedictio Dei in
mercedem justi festinat, et in hora
veloci processus illius fructificat.
25. Ne dicas : Quid est mihi opus,
et quae erunt mihi ex hoc bona?
26. Ne dicas : Sufficiens mihi sum :
ra 18, et quid ex hoc pessimabor.? 27. -'In
die bonorum ne immemor sis malo-
rum : et in die malorum ne imme-
mor sis bonorum -.28. quoniam fa-
cile est coram Deo in die obitus
retribuere unicuique secundum vias
suas. 29. Malitia horas oblivionem
facit luxuriae magnas, et in fine
hominis denudatio operum illius.
30. Ante mortem ne laudes homi-
nem quemquam, quoniam in filiis
suis agnoscitur vir.
31. Non omnem hominem indu-
cas in domum tuam : multae enim
sunt insidias dolosi. 32. Sicut enim
eructant prascordia foetentium, et
sicut perdix inducitur in caveam, et
ut caprea in laqueum : sic et cor
superborum, et sicut prospector vi-
dens casum proximi sui. T,3- Bona
enim in mala convertens insidiatur,
et in electis imponet maculam.
34. A scintilla una augetur ignis,
et ab uno doloso augetur san-
guis : homo vero peccator sangui-
ni insidiatur. 35. Attende tibi a
pestifero, fabricat enim mala : ne
forte inducat super te subsanna-
tionem in perpetuum. 2^. Admitte
ad te alienigenam, et subvertet te
ni turbine, et abalienabit te a tuis
propriis.
— :i:— CAPUT XII. — :i:—
Benefaciendum justo : impii vei'o et pecca-
tores non suscipiendi : difficile est ami-
cos ab inimicis dignoscere, nee inimicis
unquam fidendum, quantumvis amicitiam
simulent.
I benefeceris, scito cui fe-
ceris,et erit gratia in bonis
tuis multa. 2. Benefac ju-
sto, et invenies retributio-
nem magnam : et si non ab ipso,
certe a Domino. 3. Non est enim ei
bene qui assiduus est in malis, et
eleemosynas non danti : quoniam et
Altissimus odio habet peccatores,
et misertusestpoenitentibus. 4. "Da «Gai. 6,10.
misericordi, et ne suscipias peccato-
rem : et impiis et peccatoribus red-
det vindictam, custodiens eos in
diem vindictas. 5. Da bono, et non
tes retomberont sur ses enfants, et ils seront
malheureux.
27. NHntroduis pas, en qualite d'ami, de
familier.
28. Uorgiieilleicx est le meme que le trom-
fieurdiU vers. 27, et que \Qpecheurdi\x vers. 30.
L'auteur le compare a la perdrix dressee
pour la chasse par I'oiseleur et enfermee
dans une cage, d'ou elle attire les autres oi-
seaux pres du piege. Le 2^ membre exprime
la meme pensee sous une autre image.
Le latin, a force de surcharger le texte
primitif, laisse a peine deviner la pensee :
coinine Pestoniac nialade exhale une halcine
fe'iide, et coinme la perdrix est attiree dans
la cage et la chevre dans le filet, ainsi est le
ceeur des orgiieilleiix, et coninie Pespion qui
giiette pour voir la chute de son prochain.
30. Ainsi le pe'cheur^ pour une cause le-
gere, irait jusqu'a verser le sang.
31. Qt^il ne t'imprinie, par son seul
contacfl.
32. Donne entree, si tu donnes entree.
CHAP. XII.
Vers. 1-7. Notre-Seigneur dit : " Faites
du bien a ceux qui vous haissent ", Luc,
vi, 27, et dans cette recommandation il y a
la part du conseil. Notre auteur pose une
maxime de prudence pour les circonstances
ordinaires de la vie, et qui naturellement
reste en dega de la perfeftion propre a
I'Evangile. Ennius dira plus energiquement
que lui : BenefaHa male locata nialefada
arbitror.
3. Les bienfaits ne sont pas pour, ne doi-
vent pas aller a celui, etc. Le latin ajoute :
car le Tres-Haut deteste les pccheurs, et il
fait niisericorde aux repentanfs.
4. A Phomnie picux, Vulg. niiscricor-
dieux.
Le latin ajoute : et il (Dieu) tirera ven-
geance des iinpies et des pechcurs, les reser-
V ant pour le jour du chdtiinettt.
5. Hu/niliJ, opprime. — Refuse-lui du
pain, tout ce qui sert. k I'entretien de la
544
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XII, 6—18; XIII, i, 2.
Car tu recueilleras un double mal
De tous les biens que tu lui auras faits.
6 Le Trcs-Haut aussi hait le pecheur,
Et il tirera vengeance des inipies.
7 Donne a rhomme vertueux,
Et ne prends par sur toi le soin du pecheur.
8 Ce n'est point dans la prospdrite qu'un ami s'attire le chatiment,
Ni dans Fadversite qu'un ennemi se dissimule.
9 Ouand un homme est heureux, ses ennemis sont dans le deuil;
Quand il est malheureux, son ami meme se separe de lui.
10 Ne te fie jamais a ton ennemi,
Car sa malice est comme I'airain que couvre la rouille,
1 1 Alors meme qu'il se montre humble et marche courbe,
Fais attention et garde-toi de lui,
Et tu seras pour lui comme celui qui polit un miroir,
Et tu connaitras qu'il n'a pas de rouille juscju'a la fin.
12 Ne le mets pas a cote de toi,
De peur qu'il ne te renverse el ne prenne ta place.
Ne le fais pas asseoir a ta droite,
De peur qu'il ne cherche a occuper ton siege,
Et qu'a la fin, reconnaissant la verile de mes discours,
Tu n'aies du chagrin au souvenir de mes paroles.
13 Qui aura pitie de I'enchanteur mordu par un serpent,
Et de tous ceux qui approchent les betes feroces?
14 II en est de meme de celui qui lie societe avec un pecheur,
Et qui se mele a ses peches.
15 II reste une heure avec toi,
Mais si tu te detournes, il ne tiendra pas plus longlemps.
16 L'ennemi a la douceur sur les Icvres,
Et dans son coeur il medite le moyen de te jeter dans la fosse.
II a des larmes dans les veux,
Et s'il trouve I'occasion, il sera insatiable de ton sang.
17 Si le malheur t'atteint, tu le trouveras la avant toi,
Et sous pretexte de te secourir, il te fera tomber.
18 Alors il branlera la tete, il battra des mains,
II ne cessera de chuchoter et prendra un autre visage.
Ch. XIII.
CHAP. XIII. — Danger du commerce entre les grands et les [)etits, les riches
et les pauvres [vers, i — 22]. Valeur morale de la richesse et de la
pauvrete [23 — xvi, 2].
^ UI touche a la poix se souille,
l^^l Et qui se lie avec I'orgueiileux lui devient semblable.
^^jl 2 Ne mets pas sur tes epaules un lourd fardeau,
Et ne te lie pas avec un homme plus foit et plus riche que toi.
Quelle association peut-il y avoir entre le pot de terre et le chaudron?
Le chaudron heurtera le pot, et celui-ci sera brise.
vie, ne lui en donne pas. — Un double
Dial : le mechant te rendra le double, mais
en mal.
8. Sens : tant qu'un homme est heureux,
son ami cache sa perfidie, se montre fidele
et n'encourt pas de chatiment, en grec
Exof/.TjO/iasxat, lilt, sera pti7iij cjuand un
homme est malheureux, son ennemi n'a plus
de raisonde dissimuler ses vdritables senti-
ments : comp. vers. 17 sv.
Dans le i^r membre, le tradurteur lalin
a lu £tiiyvwjOq<7oxc(i, ce qui donne un sens
plus facile : ce n'est pas dans la prosperite
qiioti reconnait tin veritable ami.
9. Se separe (ota/iopidOrjasxai); en latin,
Vami veritable, sincere, se reconnait.
10. Comme Pairain ou le cuivre : ce me-
tal se ternil facilement et prend une appa-
rence differente de sa nature interieure :
image du mechant qui couvre sa malice
d'un voile hypocrite.
11. Tu seras ... un miroir : les mi-
roirs antiques etaient faits de mdtal ; sans
figure : fais attention^ et le resultat de
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XII, 6—19; XIII, i-
545
receperis peccatorem. 6. Benefac
humili, et non dederis impio : pro-
hibe panes illi dari,ne in ipsispoten-
tior te sit : 7. nam duplicia mala
invenies in omnibus bonis, quascum-
que feceris illi : quoniam et Altissi-
mus odio habet peccatores, et impiis
reddet vindictam.
8. Non agnoscetur in bonis ami-
cus, et non abscondetur in malis
inimicus. 9. In bonis viri, inimici
illius in tristitiaret in malitia illius,
amicus agnitus est. 10. Non credas
iriimico tuo in asternum : sicut enim
a5ramentum,a2ruginat nequitia illius:
II. et si humiliatus vadat curvus,
adjice animum tuum, et custodi te
ab illo. I 2. Non statuas ilium penes
te, nee sedeat ad dexteram tuam, ne
forte conversus in locum tuum, in-
quirat cathedram tuam : et in no-
vissimo agnoscas verba mea, et in
sermonibus meis stimuleris. ij.Quis
miserebitur incantatori a serpente
percusso, et omnibus, qui appro-
piant bestiis? et sic qui comitatur
cum viro iniquo, et obvolutus est
in peccatis ejus. 14. Una hora te-
cum permanebit : si autem declina-
veris, non supportabit. 1 5. *In labiis *jer. 41, 6.
suis indulcat inimicus, et in corde
suo insidiatur ut subvertat te in fo-
veam. 16. In oculis suis lacrymatur
inimicus : et si invenerlt tempus,
non satiabitur sanguine : 17. et si
incurrerint tibi mala, invenies eum
illic priorem. 18. In oculis suis la-
crymatur inimicus, et quasi adju-
vans sufFodiet plantas tuas. 1 9. Ca-
put suum movebit,et plaudet manu,
et multa susurrans commutabit vul-
tum suum.
^MMM 'fix %' M %: M W. 'M M M '!^'. W. M W. M M '!^\ 'M
— :>— CAPUT XIII. -:i:—
Periculosa sunt consortia cum superbo, di-
vite, et potentiore : dilige Deum ac proxi-
mum : non convenit diviti cum paupere,
et hoc despefto ille honoratur.
UI tetigerit picem, inqui-
nabitur ab ea : "et qui ■^Supiay,
communicaverit superbo, ^-
induct superbiam. 2. Pon-
dus super se toilet qui honestiori se
communicat. Et ditiori te ne socius
fueris. 7. Ouid communicabit caca-
bus ad ollam? quando enim se colli-
serint, confringetur.
cette attention sera de mettre a nu I'in-
terieur du mechant, de le rendre visible,
comme sur un miroir bien poli. — Qu'il
tia pas de rouille jusqii^a la fin : sous son
apparente humilite, tu decouvriras bientot
la malice.
12. Dl' jites paroles, dont tu n'auras pas
tenu compte.
13. Les charmeurs de serpents et les
dompteurs de betes feroces sont quelquefois
moi'dus ou devores; mais on ne les plaint
guere, parce qu'ils s'exposent volontaire-
ment au danger.
15. Le pecheur pourra bien s'attacher
a toi pendant quelques jours; pour te de-
barrasser d'une alliance si compromet-
tante, deioiirne-toi de liei, quitte-le sans
retour.
17. Tu le trouveras Id, il sera le premier
k t'adresser ses condoleances et a t'offrir ses
services.
iS. Alors, te voyant tombe, il branlera la
tcte par moquerie. — De ckuchofer, de re-
pandre partout de faux bruits, de fausses
accusations contre toi. — Un autre visage,
celui d'un ennemi. Comp. Prov. vi, 12-14.
CHAP. XIII.
2. Ne mets pas : le latin sous un autre
tour donne bien le sens : // s'impose un
lourd fardeau celui qui se lie avec un plus
riche que soi. — Pot de terre; chaudron ou
niarniite d'airain.
3. Demafide excuse, litt. supplie; Vulg.,
se tail. Comp. Prov. xviii, 23.
Les traits de moeurs rappeles dans les
vers. 3 et suiv. sont vrais dans tous les
temps et chez tous les peuples, mais la si-
tuation de la Palestine a cette epoque leur
donne une valeur morale particuliere. Les
grands et les riches que I'auteur a surtout
en vue, ce sont pour la plupart les etrangers
qui tenaient les Juifs asservis et qui, non
seulement les exploitaient, mais s'effor-
caient encore de les gagner k leur cause
et k leurs opinions ; les petits et les pau-
vres, ce sont les Israelites qui, par des re-
lations faciles et habituelles avec leurs vain-
queurs idolatres, auraient ete exposes a per-
dre leur attachement a leurs croyances et a
leur culte national.
NO 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 35
546
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XIII, 3—2;
3 Le riche commet iine injustice, et il fr^mit d'indignation;
Le pauvre est maltraite, et il demande excuse.
4 Tant que tu pourras lui etre utile, il se servira de toi,
Et quand tu n'auras plus rien, il te delaissera.
5 Si tu as du bien, il vivra avec toi,
II te depouillera, et n'aura nul souci.
6 Lui es-tu necessaire? 11 t'enjolera,
II te sourira et te donnera des esperances,
' II te prodiguera de belles paroles et te dira : " De quoi as-tu besoin? "
i 7 II t'accablera de festins
Jusqu'a ce qu'il t'ait depouille deux ou trois fois,
Et a la fin il se rira de toi;
Apres quoi il te verra et te delaissera,
Et t'insultera en branlant la tete.
8 Prends garde de te laisser s^duire,
Et, au sein de la prosperite, de tomber dans rhumiliation.
9 Si un plus puissant que toi t'appelle aupres de lui, retire-toi en arriere;
II ne fera que t'inviter avec plus d'instances.
10 Ne tombe pas sur lui k Timproviste, de peur d'etre repousse,
Et ne te tiens pas trop loin de lui, de peur d'etre oublie.
11 Ne t'imagine pas de causer avec lui d'egal h. egal,
Et ne te fie pas a tout ce qu'il dit.
12 Car par son flux de paroles il te tentera,
Et il t'interrogera comme en souriant.
Homme snns pitie, il ne gardera pas pour lui tes paroles,
Et il ne t'epargnera ni les coups ni les chaines.
13 Prends garde et fais bien attention,
Car tu marches avec ta ruine.
14 Toute creature vivante aime son semblable,
Et tout homme son prochain.
15 Toute chair s'unit selon son espcce,
Et I'homme s'associe a celui qui lui ressemble.
16 (2uelle union peut-il y avoir entre le loup et I'agneau?
II en est de meme entre le pdcheur et le juste.
17 Quelle paix peut avoir I'hyene avec le chien?
Uuelle paix le riche avec le pauvre?
18 L'onagre est la proie du lion dans le desert :
Ainsi les pauvi-es sont la proie des riches.
19 L'orgueilleux a en horreur I'humiliation :
Ainsi le pauvre est deteste du riche.
20 Le riche vient-il a chanceler, ses amis le soutiennent;
Mais quand I'humble tombe, il est encore repousse par ses amis.
21 Ouand le riche fait une chute, beaucoup lui viennent en aide;
II tient des discours insenses, et on I'approuve.
Quand I'humble fait une chute, il a encore des reproches;
22 Le riche parle, et tout le monde se tait,
Et on eleve son discours jusqu'aux nues.
Le pauvre parle, et Ton dit : " Quel est celui-la? "
Et s'il heurte, on le culbute.
23 La richesse est bonne quand elle n'est pas unie au peche,
Et la pauvrete est mauvaise dans la bouche de I'impie.
7. // faccablera; litt., il te fera cotifusion
par ses festins, il t'y invitera si souvent que
tu en seras confus. — // te verra pauvre et
indigent. — Branlant la tete, geste de me-
pris et de joie maligna.
Le latin ajoute : Huiiiilie-toi devant Dieu
et attends ses 7nains, son secours.
8, Ati sein de la prosperite, en grec sv
£jcppoa'jvT|; le tradudleur latin a lu dopoduvr,
de ne pas tomber dans la sottise.
Le latin ajoute : tie fabaisse pas dans ta
sagesse, de peur que cet abaissenient ne fen-
traine a la sottise. L'auteur mettrait en
garde contre une humilite qui ne serait que
bassesse et abdication de sa propre dignite
et meme de sa conscience : en cedant, par
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XIII, 4—30.
547
4. Dives injuste egit, et fremet :
pauper autem lassus tacebit. 5. Si
largitus fueris, assumet te : et si non
habueris, derelinquet te, 6, Si habes,
convivet tecum, et evacuabit te, et
ipse non dolebit super te. 7. Si ne-
cessarius illi fueris, supplantabit te,
et subridens spem dabit, narrans
tibi bona, et dicet : Quid opus est
tibi? 8. Et confundet te in cibis suis,
donee te exinaniat bis, et ter : et in
novissimo deridebit te : et postea
videns derelinquet te, et caput suum
movebit ad te. 9. Humiliare Deo, et
exspecta manus ejus. 10. Attende
ne seductus in stultitiam humilieris.
II. Noli esse humilis in sapientia
tua, ne humiliatus in stultitiam se-
ducaris.
12. Advocatus a potentiore dis-
cede : ex hoc enim magis te advo-
cabit. 13. Ne improbus sis, ne im-
pingaris : et ne longe sis ab eo, ne
eas in oblivionem. 14. Ne retineas
ex aequo loqui cum illo : nee credas
multis verbis illius : ex multa enim
loquela tentabit te, et subridens in-
terrogabit te de absconditis tuis.
15. Immitis animus illius conserva-
bit verba tua : et non parcet de ma-
litia, et de vinculis. 16. Cave tibi,et
attende diligenter auditui tuo : quo-
niam cum subversione tua ambulas.
17. Audiens vero ilia quasi in som-
nis vide, et vigilabis. 18. Omni vita
tua dilige Deum, et invoca ilium in
salute tua.
19. Omne animal diligit simile
sibi : sic et omnis homo proximum
sibi. 20. Omnis caro ad similem sibi
conjungetur, et omnis homo simili
sui sociabitur. 21. Si communicabit
lupus agno aliquando, sic peccator
justo. 2 2. *Ouas communicatio san-
cto homini ad canem.? aut qu^ pars
diviti ad pauperem.^ 23. ^Venatio
leonis onager in eremo : sic et pa-
scua divitum, sunt pauperes. 24. Et
sicut abominatio est superbo humi-
litas : sic et exsecratio divitis pauper.
25. Dives comm.otus confirmatur
ab amicis suis : humilis autem cum
ceciderit expelletur et a notis. 26. Di-
viti decepto multi recuperatores :
locutus est superba, et justificave-
runt ilium : 27. humilis deceptus
est, insuper et arguitur : locutus est
sensate, et non est datus ei locus.
28. Dives locutus est, et omnes ta-
cuerunt, et verbum illius usque ad
nubes perducent. 29. Pauper locu-
tus est, et dicunt : Quis est hie? et
si offenderit, subvertent ilium.
30. Bona est substantia, cui non
est peccatum in conscientia : et ne-
quissima paupertas in ore impii.
* 2 Cor. 6,
14-
'^ I's. 10, 9.
secundum
HebiEeos.
ex., aux desirs ou aux exigences injustes du
prochain.
9. T\ippelle pour avoir avec toi des rela-
tions frequentes et intimes.
10. Ne tonibc pas stir ltd, ne te prdsente
pas a lui a tout moment, sans fa^on.
Alexandre disait qu'il fallait s'approcher
des rois comme du feu : trop loin, on a froid;
trop pres, on se bride.
12. II te tentera, il essaiera de t'inspirer
la confiance. — // fititerrogcra; le latin
ajoute, siir tes secrets.
13. Avec ta ruine, dans sa compagnie :
tu es bien pres de ta ruine.
Plusieurs manuscrits grecs suivis par le
traducfleur latin ajoutent : si tu enlends cela,
les paroles du puissant qui veut te gagner,
[fais comme si c'ctait] en songe, n'y attache
pas plus d'importance, et tiens-toi eveille.
Toute ta vie aime le Seigneur et invoque-le
pour ton salut.
14. Son prochaiji, non pas I'homme en
general, I'homme de meme nature, mais
celui de meme condition sociale, I'homme
semblable a lui : le riche aime le riche, le
pauvre aime le pauvre.
15. S'u7iit selon son espece, a une chair de
son espece.
16. Ce n'est qu'aux pieds du Sauveur et
par sa grace que le loup et Pag/ieau, le
grand et le petit, pourront vivre en paix.
Comp. Is. xi, 6; Lzec, x, 3.
17. L'/iyene rode la nuit autour des trou-
peaux, et se trouve souvent en lutte avec les
chiens qui les gardent. En latin, Vhoinine
saint, S3.ns doute par suite d'une fausse lecon.
18. L'onagre, I'ane sauvage.
21. Le riche fait une chute; en latin, est
trompe ou se trompe. — Insense's, en latin,
insolents.
22. S^il heurte ses auditeurs; ou bien : s'il
fait un faux pas.
21. L'auteur apporte ici quelque restriflion
a ce qu'il vient de dire sur la richesse et la
548 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XIII, 24, 25; XIV, i— 18.
24
25
Le cceur de I'homme change son visage;
II le rend bon ou mauvais.
Le signe d'un coeur content est un visage joyeux;
Pour trouver de sages maximes, il faut le labeur de la reflexion.
i
Ch. XIV.
CHAP. XIV. — Bonheur d'une bonne conscience [vers, i — 2]. De I'avarice
et du sage emploi des richesses [3 — 19]. Heureux celui qui travaille
a acquerir la sagesse [20 — 27]!
Et qui n'a pas perdu son esperance au Seigneurl
3 A Fhomme sordide la richesse est inutile,
Et que servent les tresors a I'homme envieux?
4 Celui qui amasse en se privant lui-meme amasse pour d'autres;
Avec ses biens d'autres vivront dans les delices.
5 Celui qui est mauvais a lui-meme, pour qui sera-t-il bon?
II ne jouira pas de ses propres tresors.
6 Celui-lk est k lui-meme son pire ennemi, qui se refuse tout,
Et c'est la le juste salaire de sa malice.
7 S'il fait quelque bien, c'est sans le savoir,
Et il finit par laisser voir sa malice.
8 C'est un mechant homme que celui qui regarde d'un ceil d'envie,
Qui detourne son visage et meprise les ames qui Vituplorcjit.
9 L'oeil de I'avare n'est pas rassasie par une portion,
Et une funeste convoitise desseche son ame.
10 L'ceil mauvais se refuse le pain,
Et il a faim a sa propre table.
1 1 Mon fils, selon ce que tu possedes fais-toi du bien,
Et presente au Seigneur de dignes offrandes.
12 Rappelle-toi que la niort ne tarde pas,
Et cjue le pacfte de I'Hades ne t'a pas ete revele.
13 Avant de mourir, fais du bien a ton ami,
Et selon tes moyens etends la main et donne-lui.
14 Ne te prive pas d'un jour de fete,
Et ne laisse echapper aucune partie d'un bon desir.
15 Est-ce que tu ne laisseras pas a d'autres les fruits de ton labeur?
Est-ce que ces biens p^niblement acquis ne seront pas partages par le sort?
16 Donne et prends, et rejouis ton ame.
Car il n'y a pas a chercher de delices dans le sejour des morts.
17 Toute chair vieillit comme un vetement,
Car c'est une loi portee des I'origine; tu mourras certainement.
18 Comme la feuille verdoyante sur un arbre touffu; —
II laisse tomber les unes, et en fait pousser d'autres : —
Ainsi en est-il des generations humaines faites de chair et de sang;
Les unes meurent, d'autres viennent a la vie.
pauvrete : la condition des riches n'est pas
mauvaise en soi; de meme la pauvrete n'est
pas un mal absolu : les impies seuls I'ont
en horreur.
24. Le rend bo?t on mauvais, y fait pa-
raitre la joie ou la tristesse, la bienveillance
ou la colere.
25. Le labeur de la reflexion, et ce labeur
trace son empreinte sur le visage.
Les vers. 24-25 expriment la meme pen-
see : le visage est le miroir de I'ame, et
cette pensee ne se rattache ni ci ce qui pre-
cede ni a ce qui suit, tandis que les vers. 1-2
du chap, xiv se lient sans effort au vers. 23.
CHAP. XIV.
2. Les mots au Seis^neur se lisent dans
plusieurs manuscrits : celui qui garde son
esperance au Seigneur garde aussi sa fide-
lite et se preserve du p^che. Loch et Reischl ;
et dont Vesperatice rHa pas ete decue : I'es-
perance ne peut etre d^gue que si on la
met ailleurs qu'en Dieu; c'est done comme
si I'auteur disait : Heureux celui qui n'a
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XITI. 31, 32; XIV, i—sq. 549
31. Cor hominis immutat faciem
illius, sive in bona, sive in mala
32. Vestigium cordis boni, et fa-
ciem bonam difficile invenies, et
cum labore.
— :i:— CAPUT XIV. — :i:—
Beatus qui non est verbo lapsus : avaro et
livido perniciosfe divitije, et de utriusque
miseriis : de substantia benefaciendum
ante mortem quae non tardat : de homi-
nis fragilitate : beatus sapientiae et justi-
tiye studiosus.
EATUS vir, qui non est
lapsus verbo ex ore suo,
"et non est stimulatus in
tristitia delicti. 2. ^ Felix,
qui non habuit animi sui tristitiam,
et non excidit a spe sua.
3. Viro cupido et tenaci sine ra-
tione est substantia,et homini livido
ad quid aurum.'' 4. Qui acervat ex
animo suo injuste, aliis congregat,
et in bonis illius alius luxuriabitur.
5. Qui sibi nequam est, cui alii bo-
nus erit.'' et non jucundabitur in
bonis suis. 6. Qui sibi invidet, nihil
est illo nequius, et base redditio est
malitias illius : 7. et si bene fecerit,
ignoranter, et non volens facit : et
in novissimo manifestat malitiam
suam 8. Nequam est oculus lividi,
et avertens faciem suam, et despi-
ciens animam suam. 9. Insatiabilis
oculus cupidi in parte iniquitatis :
non satiabitur donee consumat are-
faciens animam suam. 10. Oculus
malus ad mala : et non satiabitur
pane, sed indigens et in tristitia erit
super mensam suam.
II. Fili si habes, benefac tecum,
et Deo dignas oblationes offer.
12. Memor esto quoniam mors
non tardat, et testamentum infe-
rorum quia demonstratum est tibi :
testamentum enim hujus mundi
morte morietur. 13. ''Ante mor-
tem benefac amico tuo, et secun-
dum vires tuas exporrigens da
pauperi. 14. Non defrauderis a die
bono, et particula boni doni non
te prastereat. 15. Nonne aliis re-
linques dolores et labores tuos in
divisione sortis.^ 16. Da, et accipe,
et justifica animam tuam. 17. Ante
obitum tuum operare justitiam :
quoniam non est apud inferos in-
venire cibum. 18. ''Omnis caro
sicut foenum veterascet, et sicut Jac. i, m
folium fructificans in arbore viridi. 24.
19. Alia generantur, et alia deji-
ciuntur : sic generatio carniset san-
guinis, alia finitur, et alia nascitur.
^Tob. 4, 7.
Supra 4, T.
Luc. 16, 9.
'^Is, 40, 6.
pas cesse de mettre en Dieu sa confiance!
3. Lhomrne sordtde, litt. viesqtiin^ chiche,
est le meme que Vhouunc cnvieiix, I'avare
avide, jaloux et defiant.
6. Comp. Pj'ov. xi, 17. — ■ De sa malice,
de sa lesinerie.
8. Detoiirne son visage du malheureux.
9. Par line portioji : il lui faut le tout. En
latin, d'une part dHniqtiitc; il ne sera pas
rassasie tant qti'il n^aitra pas desseche et
consume son dine.
10. Lseil mauvais, c.-a-d. Venvieiix.
11. Fais-toi du bten, traite-toi bien. —
De dignes offrandes, des offrandes convena-
bles, en rapport avec ta fortune.
12. La mart ne tardepas, n'est pas en retard
sur I'heure fixee, et cette heure ne t'est pas
connue. Cette derniere pens^e est exprimee
par figure : I'Hades ou sejourdes morts est
personnifie; il a fait avec toi une sorte de
pafte, renfermanl naturellement la determi-
nation du jour de ta mort; mais ce jour ne t'a
pas dte revile. Le latin dit au contraire, t'a
ete signifie, manifeste; le pacfte de I'Hades
consiste alors en ceci : tu mourras.
Le latin ajoute un 3^ membre : car c'est
une loi de ce inonde : il faut mourir. En
grec, ces mots forment le 2^ membre du
vers. 17, ou ils sont mieux k leur place.
13. Comp. Prov. iii, 28. Et donne-luijtn
latin, et donne ate pauvre.
14. D'u7i ho7i desirj en latin, d'tin don
bon, du bien que Dieu te donne, d'une joie
legitime.
16. Donfte de tes biens aux autres et prends
en pour ton usage. — Rejotiis; lat., sanflijie
ton dine, ayrj-aoy, le^on de plusieurs manus-
crits. — Le sejour des morts, lieu d'exil, meme
pour le juste, avant la ledemption.
Le latin aioute avant le 2^ membre : avant
ta mort pratique la justice, car, etc.
17. Comiiie un viteinent ; en lat. comine
rherbc. Comp. Ps. cii, 27. En latin le
2^ membre est place a la suite du vers. 12.
18. Homere emploie la meme comparai-
son : Is. vi, 146 sv. xxi, 464 sv.
550
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XIV, 19-27; XV, i— 12.
Ch. XV.
19 Toute oeuvre corruptible finit par perir,
Et I'ouvrier s'en ira avec elle.
20 Heureux riiomme qui mddite sur la sagesse
Et qui park avec son bon sens;
21 Qui reflechit dans son coeur sur ses voies,
Et qui etudie ses secrets;
22 La poursuit, comme un chasseur,
Et guette ses entries.
23 II se baisse pour regarder par ses fenetres,
Et il dcoute a sa porte.
24 II dtablit son habitation tout pres de sa demeure,
Et fixe ses pieux dans ses parois.
25 II dresse sa tente centre la sienne,
Et il habite dans la maison ou se trouve le bonheur.
26 II met ses enfants sous sa proteflion,
Et s'abrite sous ses rameaux.
27 A son ombre, il sera garanti centre la chaleur,
Et il se reposera dans sa gloire.
CHAP. XV. — Eloge de la sagesse, suite [vers, i — 10]. Dieu n'est pas
I'auteur du mal, mais il a donne a riiomme la liberte.
01 LA ce que fait celui qui craint le Seigneur,
Et celui qui s'attache a la loi obtiendra la sagesse.
2 Elle viendra au-devant de lui comme une mere,
Et elle I'accueillera comme une epouse vierge.
Elle le nourrira du pain de I'intelligence,
Et lui donnera a boire I'eau de la sagesse.
II s'appuiera sur elle et ne flechira pas,
II s'attachera a elle et ne sera pas confondu.
Elle r^levera devant ses compagnons,
Et lui ouvrira la bouche au milieu de Tassemblee.
La joie, une couronne d'allegresse
Et un nometernel seront son partage.
Les insenses ne la possederont pas,
Et les pecheurs ne la verront meme pas.
Elle se tient loin des hommes d'orgueil,
Et les hommes de mensonge ne songent pas a elle.
La louange de Diet/ n'est pas agreable dans la bouche du pecheur,
Parce qu'elle n'est pas envoyee par le Seigneur.
Car c'est par la sagesse qu'est diclee la louange,
Et le Seigneur I'aura pour agreable.
4
5
6
7
8
9
10
1 1 Ne dis pas : " Le Seigneur est cause qu'elle me manque,"
Car ce qu'il hait, tu ne dois pas le faire.
12 Ne dis pas : " C'est lui qui m'a egare;"
Car il n'a pas besoin du pdcheur.
19. Le latin ajoute : cf toiile ccnvre excel-
lente sera approinu'e, ct rflin'7-icr y irojiiera
sa gloire.
20. Qui nieditc. Le cod. Vat. lit -i/.s'j-rrj^Et,
qui persevere; mais la legon du cod. Alex.,
[j-eXet/iCji, parait preferable. Le latin ajoute
au premier membre, ct qui im'ditc sur sa
propre justice., et traduit le 2^ : et qui
pcnse dans sou ccrur a Vanl de Dieu qui
voit tout.
21. Sur ses voies., les voies que suit la sa-
gesse. — Ses secrets, peut-ctre les lieux
secrets ou elle se cache.
22. Guette ses entrees., les endroits par oii
elle entre, par oil elle passe, afin de la sai-
sir : I'image est empruntee k la chasse.
L'auteur decrit ensuite, sous diverses
images, les efforts que doit faire I'ami de la
sagesse pour I'atteindre et s'emparer d'elle.
24. Ses pieux, les pieux ou piquets de sa
tente.
25. C outre la sienne; litt. contre ses /nains,
c.-a-d. ses cotes. — Et il luibite ; en latin, et
le bonheur habitera a jamais datis sa tente.
26. Sa proteflion ou son onibrage : I'imnge
est empruntee aupalmierjdontl'ombrage pro-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XIV, 20—27; XV, i— 12. 551
20. Omne opus corruptibile in fine
deficiet : et qui illud operatur, ibit
cum illo.
21. Et omne opus electum justi-
ficabitur : et qui operatur illud,
1,2. honorabitur in illo. 22. 'Beatus
vir, qui in sapientia morabitur,
et qui in justitia sua meditabitur,
et in sensu cogitabit circumspectio-
nem Dei. 23. Qui excogitat vias
illius in corde suo, et in abscon-
ditis suis intelligens, vadens post
illam quasi investigator, et in viis
illius consistens : 24. qui respicit
per fenestras illius, et in januis
illius audiens : 25. qui requiescit
juxta domum illius, et in parieti-
bus illius figens palum statuet ca-
sulam suam ad manus illius, et re-
quiescent in casula illius bona per
asvum : 26. statuet filios suos sub
tegmine illius, et sub ramis ejus
morabitur : 27, protegetur sub teg-
mine illius a fervore, et in gloria
ejus requiescet.
— :i:— CAPUT XV. — :!=—
Beatus qui in timoreDei aptat se ad sapien-
tiam, quam stulti et mendaces non asse-
quentur : peccata Deo non sunt adscri-
benda, sed homini, qui ab illo conditus
est libero arbitrio, propositis praeceptis
qus servare poterat : Dei oculis omnia
munda sunt.
UI timet Deum, faciet bo-
na : et qui continens est
justitias, apprehendet il-
lam, 2. et obviabit illi
quasi mater honorificata, et quasi
mulier a virginitate suscipiet ilium.
3. Cibabit ilium pane vitae et intel-
lectus, "et aqua sapientias salutaris
potabit ilium : et firmabitur in illo,
et non flectetur : 4. et continebit
ilium, et non confundetur : et exal-
tabit ilium apud proximos suos,
5. et in medio ecclesi^ aperiet os
ejus, et adimplebit ilium spiritu
sapientiae et intellectus, et stola glo-
riae vestiet ilium. 6. Jucunditatem
et exsultationem thesaurizabit super
ilium, et nomine asterno hereditabit
ilium. 7. Homines stulti non appre-
hendent illam, et homines sensati
obviabunt illi, homines stulti non
videbunt eam : longe enim abest a
superbia et dolo : 8. viri mendaces
non erunt illius memores : et viri
veraces invenientur in ilia, et succes-
sumhabebunt usque ad inspectionem
Dei. 9. Non est speciosa laus in ore
peccatoris : 10. quoniam a Deo pro-
tecta est sapientia : sapientias enim
Dei astabit laus, et in ore fideli abun-
dabit, et dominator dabit eam illi.
1 1. Non dixeris : Per Deum ab-
est: quae enim oditnefeceris. 12. Non
dicas : Ille me implanavit : non enim
"Joann. 4,
10.
tege les voyageurs contra les faux du soleil.
27. Dans sa gloire^ dans la splendaur ou
la magnificence qui environne la sagesse et
qu'elle communique a ses disciples.
CHAP. XV.
1. Voila ce que fait j en lat., il fait le bien
celui qid, etc.
2. Co/nine nne mere, avac la tendresse
d'une m^re; le lat. ajoute honor ce. — Ccviine
ime epoiise vierge, avec la grace affeclueuse
d'une vierge.
3. Dii pain de V intelligence; en lat., dela
vie ct de lH7itclligence. — De la sagesse; le
lat. ajoute sabitaire.
4. // s^apptiiera siir clle; en lat., elle
s''e tab lira en lid. -- // s^attache?'a a elle;
Vulg., elle le sontiendra : bien pour le sens.
5. Elle rclh'cra, lui donnera une grande
consideration.
Le lat. ajoute : elle le rernplira de Pesprit
de sagesse et dHntelligence, et le revctira
d''iin manteau de gloire.
7. Apres le le"" membre, dans la Vul-
gate, et les honimes senses la renco7itre-
ront.
8. Des hoinnies d^ofgiieil; le lat. ajoute, et
de fiaiide. II ajoute encore apres le2e mem-
bre : niais les honimes sinceres se troiiveront
avec elle ^ et prospereront jusqii'a la visile de
Dieic, jusqu'au jour du jugement (comp.
Sag. iii, 13).
9. La louange : comp. Fs. xxxiii, i; 1, 16.
— Jille n'est pas etwoyce^ inspiree. Ce
2*= membre manque dans la Vulg.
10. En latin : parce que la sagesse est
sortie de Dieu, car la louange de Dieu est
coinpag7ie de la sagesse; elle sera a bond ante
dans la boiiche fidcle, et dest le Seigneur
qui la lui inspirera.
552
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XV, 13—20; XVI, i— 11.
Ch. XVI.
13 Le Seigneur halt tout ce qui est criminel,
Et ceux qui le craignent ne doivent pas I'aimer davantage.
14 Au commencement il a cree I'homme,
Et il I'a laisse dans la main de son conseil.
15 Si tu le veux, tu garderas les commandements;
Etie fidele depend de ton bon plaisir.
16 II a mis devant toi le feu et I'eau,
Du cote que tu voudras tu peux etendre la main.
17 L'homme a devant lui la vie et la mort;
Ce qu'il aura choisi lui sera donne.
18 Car la sagesse du Seigneur est grande;
II est fort et puissant, et il voit toutes choses.
ig Ses 3'eux sont sur ceux qui le craignent,
Et il connait lui-meme toutes les oeuvres de l'homme.
20 II n'a commande a personne d'etre impie,
A personne il n'a donne la permission de pecher.
CHAP. XVI. — Des enfants impies ne sont pas a desirer [vers, i — 5]; ils
attirent toutes sortes de malheurs [5 — 10]; car Dieu n'est pas seule-
ment misericordieux, il est juste aussi et vengeur du crime [11 — 21].
Sagesse de Dieu dans la creation du monde [22 — 28].
E desire pas un grand nombre d'enfants inutiles,
Et ne mats pas ta joie dans des fils impies.
2 S'ils se multiplient, ne ten rejouis pas.
Si la crainte du Seigneur n'est pas avec eux.
3 N'espere pas pour eux una longue via,
Et ne fais aucun fond sur leur prosp^rite.
Un seul vaut mieux ciue mille;
Mieux vaut mourir sans enfants que de laisser des fils impias.
4 Car un seul homme intelligent peuplera un pays,
Mais la race des mechants sera detruite.
5 J'en ai vu de mes yeux beaucoup d'exemples,
Et mes oreilles ont entendu des choses plus graves encore.
6 La feu s'est allumd sur I'assemblee des pecheurs,
Et la colere de Dieu s'est enflammee sur un peuple rabelle.
Le Seigneur n'a point pardonne aux antiques geants,
Lesquels, confiants dans leur force, s'etaient separes de lui.
II n'a pas epargne ceux qui habitaient avec Lot,
II les eut en horreur a cause de leur orgueil insolent.
II n'a pas eu piti^ du peuple voue a la perdition,
Lequel fut extermine avec ses peches.
De meme il extermina six cent mille combattants
Oui s'etaient rassembles dans I'endurcissement da leurs coeurs.
7
8
9
10
1 1 Un seul fut-il rebelle,
Ce serait merveille s'il rastait impuni.
Car du Seigneur viennent la misericorde ct la colere;
Puissant en pardon, il dechaine aussi sa colere;
13. D aimer, aimer ce qui est criminal.
14. Le lat. ajoute : // a dofine en outre ses
comrnandements et ses preceptes.
15. En latin : .$•/ tu veux garder les
coinmandements, ils te garderotit^ et a ja-
mais tu conserveras la fidelite que tu aii-
7-as vouhic.
16. Le feu et Peau, deux choses opposees,
qui representent ici le bien et le mal.
17. La vie et la juort, son salut ou sa
parte. Le lat. ajoute, le Men et le tual.
1 8. Car introduit la raison du 2e membre
du vers. 17 : Dieu peut rendre ^ Fhomme
selon ses oeuvres, la recompensar ou le pu-
nir, car il est infiniment sage et puissant,
et connaissant toutes choses.
19. Comp. Ps. xxxi, 16; xxxii, 8;xxxiii, 18;
xxxiv, 16.
20. Le lat. ajoute : car il ne desire pas une
uiultitudc d'ciifauts infidel es ct inutiles :
traduction de la maxime qui commence le
chapitre suivant, mais tradudlion inexacla.
LIBER ECCLESIASTIC!. Cap. XV, 13—22; XVI, i — 13.
553
necessarii sunt ei homines inipii.
13. Omne exsecramentum erroris
odit Dominus, et non erit amabile
timentibus eum. 14. Deus ab initio
constituithominem,etreliquit ilium
in manu consilii sui. 1 5. Adjecit man-
data et praecepta sua : 16. *Si volue-
ris mandata servare, conservabunt
te, et in perpetuum fidem placitam
facere. 17. Apposuit tibi aquam et
ignem : ad quod volueris, porrige
manum tuam. 18. 'Ante hominem
vitaet morSjbonumet malum :quod
placuerit ei, dabitur illi : 19. quo-
niam multa sapientia Dei, et fortis
in potentia, videns omnes sine inter-
missione. 20. "^Oculi Domini ad ti-
mentes eum, et ipse '^agnoscit om-
nem operam hominis. 21. Nemini
mandavit impie agere, et nemini
dedit spatium peccandi : 22. non
enimconcupiscitmultitudinemfilio-
rum infidelium et inutilium.
— :;:— CAPUT XVI. — :^—
Non exsultandum in filiis impiis : de ira Dei
in malos, et misericordia in bonos : ma-
gna sunt operum misericordias merita :
Dei cognitioni ac judicio nemo se potest
subtrahere, cujus opera sunt ab homine
inscrutabilia.
II y a en grec, ;j.ti £7riOu;ji£'., ne desire pas ;
le tradu6leur latin a lu ce verbe a la 3e pers.
du present de I'indicatif, £-tOu[/£"i, et lui a
donne pour sujet Diexi.
CHAP. XVI.
I. Enfants imctiles, dans le sens biblique :
mauvais, pecheurs. Comp. Sag. iv, i.
3. Leur prosferite , litt. leur etablissement,
en gr. totiov. Le tradu(5\eur latin a lu ucivov,
leiir labeur, les richesses amassees par leur
travail. D'autres manuscrits lisent ttat^Ooc,
leur grand noinbre. — Uji seid : ce que le
latin explique ainsi : im seiil fils craignant
Dieu vaiit mieiix que mille e^ifatits impies.
— Mourir satis enfants, ce qui pourtant
etait une honte chez les Juifs.
4. Intelligent, et par Ik meme pieux. —
Peuplera un pays : sa posterite sera bdnie
de Dieu.
5. Plus graves, plus terribles, plus tristes.
6. Allusion a la revoke et au chatiment
de Dathan et de ses complices {Nombr.
xi, I et xvi. Comp. Ps. Ixxviii, 21).
E jucunderis in filiis im-
piis, si multiplicentur: nee
oblecteris super ipsos, si
, non est timor Dei in illis.
2. Non credas vitas illorum, et ne
respexeris in labores eorum. 3. Me-
lior est enim unus timens Deum,
quam mille filii impii. 4. Et utile est
mori sine filiisquam relinquere filios
impios. 5. Ab uno sensato inhabi-
tabitur patria, tribus impiorum de-
seretur. 6. Multa talia vidit ociilus
mens, et fortiora horum audivit
auris mea. 7. "In synagoga peccan-
tium exardebit ignis, et in gente
incredibili exardescet ira. 8, *Non
exoraverunt pro peccatis suis anti-
qui gigantes, qui destructi suntcon-
fidentes suae virtuti : 9. et non
pepercitperegrinationi Lot,et exse-
cratus est eos prae superbia verbi
illorum. 10. Non misertus est illis,
gentem totam perdens, et extoUen-
tem se in peccatis suis. i i.'^Et sicut
sexcenta millia peditum, qiii con-
gregati sunt in duritia cordis sui :
et si unus fuisset cervicatus, mirum
si unus immunis :
12. Misericordia enim et ira est
cum illo. Potens exoratio, et effun-
dens iram : 13. secundum miseri-
7. Antiques geanis : les hommes a I'epoque
du deluge {Gen. vi, i sv.). En latin : les anti-
ques geants n^ont pas implore le pardon de
leurs peches : bien pour le fond. — S^' talent
separes, en gr. aTrsaTTjaav ; le tradufteur latin
parait avoir lu sTrtcJxsoo-av : qui furent de-
truits pour s'etre confies dans leur force.
8. Ceux qui Jialntaicnt avec Lot, les habi-
tants de Sodome. Peregri?tationi est pour
peregrinis, pris dans le sens large; plus
exatflement, c'etait Lot qui etait peregritius
chez les Sodomites. — Orgueil ittsoleni :
Ezechiel (xvi, 49) designe de meme le pre-
mier peche de Sodome; de la racine de I'or-
gueil sortireiit tous les autres. En latin,
a cause de f insolence de leurs propos.
9. Du peuple : il s'agit probablement des
Egyptiens.
Lequel fut cxtcrmine ; ou
bien, qui s'enorgtieillissait dans ses peches.
10. De tnhne : il s'agit des Israelites con-
damnes k mourir dans le desert {Nombr.
xi, 21; xiv, 30).
11. Si Dieu fit perir sans en avoir pitie
un si grand nombre de pecheurs, k plus
« Infra 21
10.
*Gen. 6, 4.
''Num. 14,
23. 24 et 26,
51-
554
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XVI, 12—26.
12 Autant est grande sa misericorde, aulant ses chatiments sont rigoureux.
II jugera I'homme selon ses oeuvres.
13 Le pecheur n'echappera pas avec ses rapines,
Et le Seigneur ne retardera pas I'attente de Thomme pieux.
14 II donnera carricre a toute sa misericorde,
Et chacun recevra selon ses oeuvres.
15 Ne dis pas : " Je me ddroberai au regard de Dieu,
Et de la-haut qui done pensera a moi?
Au milieu de la foule je serai oublie,
Et que suis-je au sein de I'immense creation?"
16 Vois : le ciel et le ciel des cieux,
L'abline et la terre sont ebrank's quand il les visite;
17 Ensemble les montagnes et les fondements de la terre
Sont ebranles quand il les regarde.
18 iSIais le coeur de I'homme ne reflechit pas a cela,
Et quel est celui qui etudie ses voies?
19 La tempete echappe a I'oeil de I'homme :
Et la plupart des oeuvres de Dieu sont cachdes.
20 " Qui nous dira les oeuvres de sa justice et qui les attendra?
Elle est si loin la loi du chatiment! "
21 Ainsi pense I'homme sans intelligence;
L'insense qui s'egare n'imagine que folies.
DEUXIEME PARTIE
■ ^
La Creation et la Providence; devoirs
de rhomme envers Dieu; niaximes diverses.
[Ch. XVI, 22 — XXIII, 27].
22 Ecoute-moi, mon fils, et apprends la sagesse,
Et rends ton coeur attentif a mes paroles.
Je te decouvrirai une do6lrine pesee dans la balance,
Et je te ferai connaitre une science exacfle.
Les ccuvres de Dieu subsistent depuis le commencement comme il les a disposees,
Et des leur creation il en a separe les parties.
II a orne pour toujours ses ouvrages,
Et les plus beaux pour brillcr d'age en age.
lis n'dprouvent ni la faim ni la fatigue,
Et ils n'interrompent pas leur tache.
26 Aucun d'eux ne heurte son voisin,
Et toujours ils obeissent au divin commandement.
23
24
25
forte raison punira-t-il quand il n'y en a
qu'un seul.
II. Du Seig;ncitr viettncnt, etc. : il pos-
sede, il exerce egalement ces deux attributs.
Si au lieu de ~ap' auTou (cod. Vat.), on lisait
Tcap' ocjtio (traducfteur lat. et divers manus-
crits grecs), on traduirait : car la miseri-
corde ct la colcre sont avec lid, en lui. —
Puissant, riche eji pardon, litt. en expia-
tions.
13. L'aitenfe de rhotinne pieux, son es-
poir d'une ddlivrance prochaine. Le traduc-
teur latin a lu. et quelques manuscrits por-
tent uTTouovT] au nominatif : et Vattenfe de
P/iomine pieux ne sera pas retardde.
14. // donnera carricre, etc. D'autres, //
donnera place a toute mise'ricorde, il tiendra
compte de toute oeuvre de misericorde ac-
complie par Thomme et la recompensera.
Tel parait etre le sens du latin : toicte mise-
ricorde vaudra a chacun une recompeitse
selon le nierite de ses ceuvres et selon la sa-
gesse de sa conduit e.
16. Le ciel des cieux, le ciel le plus dlev^,
LIBER ECCLESIz\STICI. Cap. XVI, 14—29.
555
cordiam suam, sic correptio illius
hominem secundum opera sua judi-
cat. 14. Non effugiet in rapina pec-
cator, et non retardabit sufferentia
2,6. misericordiam facientis. i5.''Omnis
misericordia faciet locum unicuique
secundum meritum operum suo-
rum, et secundum intellectum pe-
regrinationis ipsius,
16. Non dicas : A Deo abscon-
dar, et ex summo quis mei memo-
rabitur.^ 17. In populo magno non
agnoscar : quas est enim anima mea
in tam immensa creatura.^ 18. Ecce
coelum, et coeli coelorum, abyssus,
et universa terra, et quae in eis sunt,
in conspectu illius commovebuntur,
19, montes simul, et colles, et fun-
damenta terras : cum conspexerit
ilia Deus, tremore concutientur.
20. Et in omnibus his insensatum
est cor : et omne cor intelligitur ab
illo : 2,1. et vias illius quis intelligit,
et procellam, quam nee oculus vide-
bit hominis? 11. Nam plurima illius
opera sunt in absconsis : sed opera
justitias ejus quis enuntiabit.'' aut
quis sustinebit.? Longe enim est te-
stamentum a quibusdam, et interro-
gatio omnium in consummatione
est. 23. Qui minoratur corde, cogi-
tat inania": et vir imprudens, et er-
rans cogitat stulta.
24. Audi me fili, et disce discipli-
nam sensus, et in verbis meis attende
in corde tuo, 25. et dicam in asqui-
tate disciplinam, et scrutabor enar-
rare sapientiam : et in verbis meis
attende in corde tuo, et dico in
aequitate spiritus virtutes, quas po-
suit Deus in opera sua ab initio, et
in veritate enuntio scientiam ejus.
26. In judicio Dei opera ejus ab
initio, et ab institutione ipsorum
distinxit partes illorumi, et initia
eorum in gentibus suis. 27. Orna-
vit in aeternum opera illorum, nee
esurierunt, nee laboraverunt, et
non destiterunt ab operibus suis.
28. Unusquisque proximum sibi
non angustiabit usque in asternum.
29. Non sis incredibilis verbo illius.
ou Dieu reside {DeiiL x, 14), par opposition
au firmament. Les mots xou Osou qui se lisent
apres oCpavou dans le cod. Vat. sont une
glose.
17. Les f/wnfajo-nes; le latin ajoute, e/ Ics
collines.
18. Ses votes, les voies de Dieu, ses des-
seins et sa conduite dans le gouvernement
du monde.
Le lat. ajoute apres le i^"" membre : iiiais
tout cceur est cotinu de Dieu.
ig. A Vanl de rhoimne, a ses investiga-
tions; I'homme ne peut en comprendre la
nature et la cause.
20. Les osiivrcs de sa justice vindicative,
ses chatiments; c'est chose inconnue, impe-
netrable aux hommes. — Za loi du chdti-
iiient : la loi de justice qui oblige Dieu a
punir est cachee; personne ne la connait.
Fritzsche met ce verset dans la bouche de
rimpie qui cherche ainsi a se rassurer et se
promet I'impunite. Le latin offre un autre
sens; on peut le traduire ainsi : Qui anitou-
cera ses cvuvres de justice ojc qui pflU7'7-a les
suppo?-ter (d'autres, $'/// osera les affrojiter)'^
Cette loi, d'apres laquelle le chatiment
frappe toujours les coupables, est loin de la
pensee de plusieurs, et, pour eux, Vexainen,
le jugement, de tous les Jwintnes u'au7-a lieu
quW la Jin des sieclcs.
21. Ainsi pense, etc.; en latin, Vhomme
sans intelligence n'a que des peiisees amines
et futiles.
Les vers. 22-23 s^"^* I'exorde ou pream-
bule de la deuxieme partie.
23. Entre les 2 membres de ce verset, le
lat. ajoute -.Je feiiseignerai une sagesse pro-
fondc, et dans tofi coeur fais attefition a nics
paroles J je te dirai avec un esprit droit les
vertus merveilleuses que Dieu a niises dans
ses oeuvres des Porigine.
Sur les versets suivants comp. Gejt. i.
24. Separe les parties : I'oeuvre des trois
premiers jours de la creation consiste sur-
tout en separations : la lumiere est separee
des tenebres, les eaux superieures des eaux
inferieures, la terre de la mer.
25. // a orne ses ouvrages, il les a faits
beaux et magnifiques; ou bien : il les a ornes
par la creation des plantes. — L^es plus
beaux, litt. les chefs, c.-a-d. les astres, en
particulier le soleil et la lune qui president
au jour et a la nuit.
En latin ces deux membres sont trans-
poses et distribues dans deux versets diffe-
rents.
26. En latin le i"^"" membre est traduit
deux fois, et a la place du 2^ il y a : ne sois
pas incrcdule a la parole de Dieu.
556
L'ECCLfelASTIQUE. Chap. XVI, 27, 28; XVII, 1—17.
Chap.
XVII
27 Apres cela, le Seigneur regarda sur la terre
Et il la remplit de ses biens.
28 Des animaux de toutes sortes en couvrirent la surface,
Et c'est dans son sein qu'ils doivent retourner apres leur mort.
CHAP. XVII. — Creation de I'homme; dans quel rapport il est etabli vis-a-vis
de Dieu [vers, i — 12]. Attention que Dieu apporte a tous les a6les
[12 — 19]. Que riiomme revienne a Dieu, qui a compassion de sa fai-
blesse [20 — 27].
^E Seigneur a forme rhomme de terre,
Et il le fait retourner dans la terre.
alia assigne a I'homme un nombre de jours et un temps determine,
Et il lui a donnd pouvoir sur tout ce qui est sur la terre.
3 Selon sa nature, il I'a revetu de force,
Et il I'a fait h. son image.
4 II a inspire sa crainte a toute chair,
Et lui a donne I'empire sur les betes et sur les oiseaux.
5 II a donne aux hommes le discernement, une langue, des yeux,
Des oreilles et un coeur pour penser.
6 II les a remplis de science et d'intelligence,
Et il leur a fait connaitre le bien et le mal.
7 II a mis son ceil dans leurs coeurs.
Pour leur montrer la grandeur de ses ceuvres.
8 Et ai»sz ils loueront son saint nom,
Et publieront les merveilles de ses oeuvres.
9 II leur a encore donne la science,
Et les a mis en possession de la loi de Dieu.
ro II a contradte avec eux une alliance eternelle,
Et il leur a appris ses commandements.
11 Leurs yeux ont contemple les splendeurs de sa majeste,
Et leurs oreilles ont entendu les magnifiques accents de sa voix.
12 Et il leur dit : " Gardez-vous de toute iniquite ! "
Et il leur donna k chacun des prescriptions h I'egard du prochain.
13 Leurs voies sont constamment sous ses yeux;
Rien ne peut les derober k son regard.
14 A chaque peuple il assigne un chef,
Mais Israel est la portion du Seigneur.
15 Tout ce qu'ils font est devant lui, comme le soleil,
Et ses yeux sont toujours tournes sur leurs voies.
16 Leurs injustices ne lui sont pas cach^es,
Et tous leurs peches sont devant le Seigneur.
17 L'oeuvre charitable d'un homme est pour lui comme un sceau,
Et il conserve son bienfait comme la prunelle de I'oeil.
27. Apres cela, apr^s la creation des
astres, le 5= jour. — De ses biens, de toutes
les choses utiles a I'homme, et en particu-
lier des animaux.
28. Des aiiiiiuiiix, etc. La vraie le^on est
'I>u/rj, suivie par le tradu<fleur latin, et non
"^u/Tiv (cod. Vat., etc.). — Dans son sein :
comp. Gen. ii, 19; iii, 19.
CHAP. XVIL
2. // lui a donne poKVoir :\oy. Gen. i, 28.
3. Selon sa ftat7(re, litt. selofi eitx, selon
que Dieu a lui-mcme force et puissance :
lauTou?; comme il convenait a la nature
humaine.
4. Sa crainte, la crainte de I'homme,
a toute chair, k tous les animaux.
5. Le discernement, la reflexion, la faculte
de comparer, ayant pour instruments la pa-
role, la vue, Fouie. — Un carnr, dans le sens
que les Hebreux attachaient k ce mot : I'in-
telligence.
Le latin ajoute en tete du verset : il lui a
donne de sa substance icne aide seniblable a
lui, la femme.
6. Entre les 2 membres du verset le latin
ajoute : // ot^a pour eux la science de I' esprit
et remplit leurs cwurs de sa^esse.
7. // a mis son a'il, comme un sens divin,
dans leurs ca'urs, dans leur intelligence,
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XVI. 30, 31; XVII, i— 18. 557
30. Post hasc Deus in terram re-
spexit, et implevit illam bonis suis.
31. Anima omnis vitalis denuntia-
vit ante faciem ipsius, et in ipsam
iterum reversio illorum.
— :i:— CAPUT XVII. -"^
Creatio primorum parentum, donaque ipsis
collata ac preecepta proposita : distincflio
generis humani in varias nationes, quibus
recftores praeposuit, illosque et ipsorum
opera universa perpetuo intuetur : virtus
eleemosynaa : exhortatur peccatores ad
poenitentiam, dum sani sunt, proposita
Dei misericordia.
EUS creavit de terra ho-
minem,"et secundum ima-
ginem suam fecit ilium.
2. Et iterum convertit
ilium in ipsam, et secundum se ve-
stivit ilium virtute. 3. Numerum
dierum, et tempus dedit illi, et dedit
illi potestatem eorum, quag sunt su-
per terram. 4. Posuit timorem illius
super omnem carnem, et dominatus
est bestiarum et volatilium. 5. *Crea-
vit ex ipso adjutorium simile sibi :
consilium, et linguam, et oculos, et
aures, et cor dedit illis excogitandi :
et disciplina intellectus replevit illos.
6. Creavit illis scientiam spiritus.
sensu implevit cor illorum, et mala
et bona ostendit illis. 7. Posuit ocu-
lum suum super cordaillorum osten-
dere illis magnalia operum suorum,
8. ut nomen sanctificationis collau-
dent : et gloriari in mirabilibus illius,
ut magnalia enarrent operum ejus.
9. Addidit illis disciplinam, et legem
vitas hereditavit illos. lo.Testamen-
tum asternum constituit cum illis, et
justitiam et judicia sua ostendit illis.
1 1. Et magnalia honoris ejus vidit
oculus illorum, et honorem vocis
audierunt aures illorum, et dixit
illis : Attendite ab omni iniquo.
12. Et mandavit illis unicuique de
proximo suo.
13. Vias illorum coram ipso sunt
semper, non sunt absconsas ab ocu-
lis ipsius. 14. 'In unamquamque <:Rom.i3,i.
gentem prsposuit rectorem : i5.et
pars Dei, Israel facta est manifesta.
16. Et omnia opera illorum velut
sol in conspectu Dei et oculi ejus
sineintermissioneinspicientesinviis
eorum. 17. Non sunt absconsa testa-
menta per iniquitatem illorum, et
omnes iniquitates eorum in conspe-
ctu Dei. 18. '^Eleemosyna viri quasi
signaculum cum ipso, et gratiam
hominis quasi pupillam conserva-
'^ Infra 29,
IS
pour les aider a comprendre la gran-
deur de ses ceuvres. Telle est I'explication
de Fritzsche. D'autres, il posa son ml, son
regard, siir lettrs cceurs, il prit un soin atten-
tif de leur intelligence pour la diriger :
hebraisme.
g. La loi de vie, la loi mosaique qui, bien
observee, conduit k la vie. De I'homme en
general, I'auteur passerait ici au peuple he-
breu en particulier. On voit du reste que
cette loi est consideree sous son aspecfl le
plus general, par 011 elle differe a peine de
la loi naturelle. On a remarque que I'auteur
ne fait aucune mention de la chute origi-
nelle; mais son raisonnement et la suite de
ses pensees n'exigeaient pas cette mention.
10. Une alliance eternelle quant a ses
prescriptions fondamentales, qui sont celles
de la loi naturelle.
11. Allusion aux phenomenes extraordi-
naires qui accompagnerent la promulgation
de la loi sur le Sinai.
13. Le souverain legislateur salt parfaite-
ment si ses preceptes sont observes.
14. On entend ordinairement ce verset
du privilege dont jouissait Israel d'etre gou-
verne d'une maniere speciale par Jehovah
(theocratic), tandis que les autres peuples
avec des hommes pour chefs. Mais conime,
au temps de I'auteur, les Juifs avaient eu
deja bien des princes a la maniere des na-
tions, et que d'ailleurs cette opposition entre
la theocratie et les royautes humaines sem-
ble n'avoir rien k faire ici, d'autres pensent
qu'il 5'agit dans ce verset du gouvernement
invisible de Dieu, de sa Providence, prenant
soin des hommes par le moyen de ses anges
(comp. Dan. x, 21), et traduisent : // a assi-
gne un ange.
15. Devant ltd, clair coninie le soleil.
16. Le latin traduit le i^r membre : les lois
de Dieu ne sont pas (abrogees ni) obscurcies
par leur iniquite.
17. Pour lui, pour Y)\evi,conune un sceau,
quelque chose de pr^cieux qu'on garde avec
soin. Le sceau ou cachet se portait souvent
au doigt; comme il imprimait sur un ecrit,
sur un objet quelconque la marque authen-
558 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XVII, 18—27; XVIII, 1—9.
18 Ensuite il se Icvera et leur rendra selon leurs actions,
Et il fera retomber sur leur tete ce qui leur est du.
19 Cependant, a ceux qui se repentent, il accorde le retour,
Et a ceux qui ont perdu confiance il dit d'esperer.
20 Tourne-toi vers le Seigneur et quitte tes peclies;
Prie devant sa face et diminue tes offenses.
21 Reviens au Tres-Haut, detourne-toi de I'injustice,
Et deteste fortement ce qui est abominable.
22 Qui louera le Tres-Haut dans le sejour des morts,
A la place des vivants et de ceux qui lui rendent leurs hommages?
23 A riiomnie mort, comme s'il n'etait plus rien, la louange est impossible;
Celui qui a la vie et la sante loue le Seigneur.
24 Qu'elle est grande la misericorde du Seigneur!
Qu'il est grand son pardon envers ceux qui se convertissent a lui!
25 Car tout ne pent pas se trouver dans les hommes,
Le fils de riiomme n'etant pas immortel.
26 Ouoi de plus brillant que le soleil? Et pourtant il s'obscurcit :
Ainsi le mechant obeit a la chair et au sang.
27 Le soleil visite I'armee des astres dans les hauteurs des cieux,
Mais les hommes sont terre et cendre.
Chap.
XVIIL
CHAP. XVHL — Grandeur de Dieu en regard de la faiblesse de rhomme,
raison de la misericorde divine [vers, i — 13]. Que le bienfait soit
accompagne de bonnes paroles [14 — 17]. Diverses maximes de sagesse
[13 — 32].
ELUI qui vit eternellement a tout cree sans exception.
2 Le Seigneur seul est juste.
^ 3 11 n'a donne a personne de raconter ses oeuvres;
Et qui pourra decouvrir ses grandeurs?
4 Qui exprimera la toute-puissance de sa majeste?
Et qui encore redira ses misericordes.''
5 Rien a diminuer, rien a ajouter;
Impossible de pe'ndtrer les aflions merveilleuses du Seigneur.
6 Quand I'homme a fini de chercher, il n'est qu'au commencement,
Et quand il s'arrete, il ne sait que penser.
7 ()u'est-ce que I'homme, et a quoi est-il bon?
Quel est son bonheur et quel est son malheur?
8 Le nombre de ses jours est au plus de cent ans.
9 Comme une goutte d'eau prise dans la mer et comme un grain de sable,
Ainsi est le petit nombre de ses annees au jour de Feternite.
tique de la possession ou de I'autorite, on y
attachait une grande importance.
18. Ensuite, au jour du jugement, apres
la mort, // leie?- 7-endra : ce premier membre
doit probablement, comme le second (conip.
Joel, iii, 4 et 7) s'entendre des m^chants.
Le lat. ajoute : et les fera reiotirner dans
les profondeitrs de la tetfc.
19. Le retour de I'iniquit^ a la justice, el
par consequent h. la grace. — Qui ont per-
du confiance, la confiance que Dieu les
recevra.
20. Tes offenses, litt. la pierre d'achoppe-
ment, ce qui cause la chute et par suite la
chute elle-meme.
11. Ce qui est abominable, le peche.
Le latin ajouie : reconnais la justice des
jugenicnts de Dieu et dcmeure ferme datis la
conditioti oil il fa placket dans P invocation
du Dieu Tres-Haut.
Mais ne tarde pas trop, de peur d'etre
pre'venu par la mort.
22. Comp. Ps. vi, 6. Le 2^ xal twnwi,
qui manque dans le cod. Alex, et plusieurs
autres manuscrits grecs, est une addition
fautive. Ceux qui le conservent traduisent,
a la place des viva7its et des vivants, c.-h.-d.
des innombrables vivants.
En latin : niarche en conipagnie du penple
saint, avec ceux qui idvcnt et qui rendent
gloire a Dieu.
23. Ce verset en forme deux en latin, grace
a la paraphrase du tradutleur.
25. Car :\?i misericorde de Dieu a sa rai-
son dans la fragilite de notre nature, dont
il tient compte. -- Tout, toutes les qualitcs,
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XVII, 19—31; XVIII, 1—8. 559
2,
bit : 1 9. ''et pos'"ea resurget, et re-
tribuet illis retributionem, unicui-
que in caput ipsorum, et convertet
in interiores partes terrae, 20. Pce-
nitentibus autem dedit viam justi-
tias, et confirmavit deficientes susti-
nere, et destinavit illis sortem veri-
tatis.
2,T. Convertere ad Dominum, et
relinque peccata tua : 22. precare
ante faciem Domini, et minue offen-
dicula. 23. Revertere ad Dominum,
et avertere ab injustitia tua, et nimis
odito exsecrationem : 24.et cognosce
justitiasetjudiciaDei,etsta in sorte
propositionis, et orationis altissimi
Dei. 25. In partes vade sasculi sancti,
^cum vivis et dantibus confessionem
Deo. 26. Non demoreris in errore
impiorum, ante mortem confitere.
A mortuo quasi nihil, perit confes-
sio. 27. -^'Confiteberis vivens, vivus
et sanus confiteberis, et laudabis
Deum, et gloriaberis in miserationi-
bus illius. 28. ''Quam magna mise-
ricordia Domini, et propitiatio illius
convertentibus ad se! 29. Nee enim
omnia possunt esse in hominibus,
quoniam non est immortalis filius
hominis, et in vanitate malitias pla-
cuerunt. 10. Ouid lucidius sole? et
hie deficiet. Aut quid nequius quam
quod excot^itavit caro et sanguis? et
hoc arguetur. 31. Virtutem altitu-
dinis coeli ipse conspicit : et omnes
homines terra et cinis.
'.<^. i^ ^- 'M ^: w. 'M w.'^.^i^.'s^W.^^'i^.'s^ ^.^^^
— :i:— CAPUT XVIII. — *—
Dei magnalia homini inscrutabilia : homi-
nis miseria, et Dei erga ilium miseratio :
proximo miserendum : quomodo infirmus
se habere debeat : quomodo sit orandum :
considerandum Dei ludicium et a propriis
concupiscentiis discedendum.
* Ps. 105, 2.
Rom. II,
33-
UI vivitin asternum,"crea- 'Gen. i, i
vit omnia simul. Deus so-
lus justificabitur, et manet
invictus rex in astern um.
2. Quis sufficit enarrare opera illius?
3. *Quis enim investigabit magnalia
ejus? 4. Virtutem autem magnitu-
dinis ejus quis enuntiabit? aut quis
adj iciet enarrare misericordiam ejus?
5. Non est minuere, neque adjicere,
nee est invenire magnaliaDei.6.Cum
consummaverit homo, tunc incipiet:
et cum quieverit, aporiabitur.y.Quid
est homo, et quae est gratia illius? et
quid est bonum, aut quid nequam
illius? S.'^Numerus dierum homi- ^Ps. 89, 10.
num ut multum centum anni : quasi
gutta aquae maris deputati sunt : et
sicut calculus arenas, sic exigui anni
toutes las perfedlions. — N'e/ani pas iiii-
inortel : la mort est le signe le plus certain
et le plus frappant de notre faiblesse.
Le latin ajoute : et Us se plaisent dans la
frivolite de la malice.
26. 11 s^obscurcit, il subit des eclipses. —
Ainsi rhomme s'obscurcit moralement, et le
inechant obeit k toutes les inspirations de la
nature corrompue.
Le tradufleur latin rend le i"^"" membre :
qnoi de plus criminel que les pensees de la
chair et du saftg? et il ajoute au 2^ : or cela
sera puni.
27. Le soleil visile, passe en revue, etc., et
cependant il s'eclipse. — Les homines sont
terre et cetidre : quoi d'etonnant qu'ils aient
des defaillances morales.''
CHAP. XVIII.
I. Tout sans exception,Gt non pas en ineme
temps, comme I'entendait S. Augustin, qui
appuie sur ce passage son explication de la
creation instantanee.
3. Le latin traduit le !=>■ membre interro-
gativement : qui est capable de raconter ses
ceuvresf
4. Ses misericordes, tous les a6les divins
inspires par la bonte et la misericorde.
5. Rien a diminuer : tout en Dieu est
perfe6lion absolue.
6. Quand il s'arrete, qu'il cesse de cher-
cher a pe'netrer les perfections divines,//;/^
sail que peiiser, parce qu'il n'a pu rien de-
couvrir, son esprit est a bout.
7. A quoi est-il bon, litt. quelle est son
utilite ; en latin, son me'rite. — Quel est son
bonheur, etc. Fritzsche : combien est petit
le bonheur dont il peut jouir; combien est
grand le malheur qui peut lui arriver! D'au-
tres : qu'est-ce que VJiomme et a quoi peut-il
ctre utile a Dieu.? Quel bien 011 quel mal
peut-il lui faire?
8. Cent ans : comp. Ps. xc, 10.
Quelques manuscrits ajoutent un 2^ mem-
bre : et la mort de chacun est inconnue a
tous.
560
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XVIII, 10—30.
10 C'est pourquoi le Seigneur est patient a I'egard des hommes,
Et il repand sur eux sa misericorde.
11 II voit et il reconnait que leur fin est deplorable;
C'est pourquoi il est liberal k pardonner.
12 La misericorde de I'homme s'exerce en vers son prochain,
Mais la misericorde de Dieu s'etend k toute chair,
11 reprend, il corrige, il instruit,
Et ramene ai< bercail, comme le berger son troupeau.
13 II a pitie de ceux qui resolvent la corredlion,
Et de ceux qui s'empressent d'accomplir ses preceptes.
14 Mon fils, a tes bienfaits n'ajoute pas I'mjure,
Et quand tu donnes, que tes paroles n'excitent jamais la tristesse,
15 La rosee ne rafraichit-elle pas les ardeurs du vent d'Orient?
De meme une parole vaut mieux qu'un don.
16 Vois : une bonne parole est meilleure que le meilleur don;
L'homme gracieux unit les deux ensemble.
17 L'insense fait d'aigres reproches,
Et le don de I'envieux desseche les yeux.
iS Avant de parler, instruis-toi;
Avant la maladie, soigne-toi.
19 Avant le jugement, examine-toi,
Et tu trouveras grace devant Dieu.
20 Avant d'etre malade, humilie-toi,
Et quand tu es dans le peche, reviens a Dieu.
21 Que rien ne t'arrete pour accomplir ton voeu dans le temps voulu,
Et n'attends pas jusqu'k la mort pour t'acquitter.
22 Avant de faire un vceu, prepare-toi,
Et ne sois pas comme un homme qui tente le Seigneur.
23 Songe a la colore du dernier jour,
Au temps de la vengeance, ou Dieu detournera son visage.
24 Au temps de I'abondance pense au temps de la faim;
Aux jours de la richesse pense a la pauvrete et k la disette.
25 Du matin au soir le temps change :
Ainsi tout subit de rapides chaiigements devant Dieu.
26 L'homme sage est en toute chose sur ses gardes;
Aux jours de pechcfs, il se preserve de toute faute.
27 Tout homme sense connait la sagesse
Et rend hommage a celui qui I'a trouvee.
28 Ceux qui ont I'intelligence des discours sentencieiix sont eux-memes des sages,
Et ils font pleuvoir les maximes parfaites.
29 Ne te laisse pas aller a tes convoitises,
Et r^prime tes desirs.
30 Si tu accordes a ton ame la satisfartion de ses convoitises,
Elle fera de toi la risee de tes ennemis.
9. Une gouiie (Veau prise dans la iner, et
compartfe a toute I'eau des mers. — Le petit
noinbre de ses annces (au lieu de oXiyot, plu-
sieurs manuscrits lisent /j'^ta, correcSlion
empruntee h. Ps. xc, 4) compare a I'eternite.
\\. Lenr fin, litt. leur destruction, leur
mort.
Le latin ajoute avant le i<='' membre : il a
vu que la presoniption la pente naturelle, de
leur caur est mauvaise ; et apres le 2^ : et il
leur indique le cheniin de la justice.
12. Et ramene : comp. Is. xl, i\; Jean,
X, II.
14-17. La leqon donnee dans ces versets
vient naturellement apres ce que I'auteur a
dit de la misericorde de Dieu envers
l'homme. Comp. Scncque, de Bene/, ii, 3.
1 4 Tes paroles; le latin ajoute indchantes :
bien pour le sens.
15. Ne rafratchit-elle pas; litt., Jie fait-
clle pas cesser le 7'ent d^ orient, dans ses effets,
dans ses ardeurs, en rafraichissant tout ce
qu'il brule. — Une bonne parole adressee au
malheureux le console mieux que ne ferait
un present sechement ou durement offert.
16. Lhointne gracieux, en Int. juste.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XVIII, 9—31.
561
in die asvi. 9. Propter hoc patiens
est Deus in illis, et efFundit super
eos misericordiam suam. 10. Vidit
prassumptionem cordis eorum quo-
niam mala est, et cognovit subver-
sionem illorum quoniam nequam
est. ii.Ideo adimplevit propitia-
tionem suam in illis, et ostendit eis
viam asquitatis. 12. Miseratio homi-
nis circa proximum suum : miseri-
cordia autem Dei super omnem
carnem. 13. Qui misericordiam ha-
bet, docet, et erudit, quasi pastor
gregem suum. 14. Miseretur exci-
pientis doctrinam miserationis, et
qui festinat in judiciis ejus,
1 5. Fili in bonis non des querelam,
et in omni dato non des tristitiam
verbi mali. 16. Nonne ardorem re-
frigerabit ros.'' sic et verbum melius
quam datum. 17. Nonne ecce ver-
bum super datum bonum.'' sed utra-
quecumhominejustificato. iS.Stul-
tus acriter improperabit : et datus
indisciplinati tabescere facit oculos.
1 9. Ante judicium para justitiam
tibi, et antequam loquaris disce.
20. Ante languorem adhibe medici-
Dr. II, nam, ''et ante judicium interroga te-
ipsum, et in conspectu Dei invenies
I Thess.
17-
propitiationem. 2 1 .Ante languorem
humilia te, et in tempore infirmita-
tis ostende conversationem tuam.
22. ''Non impediaris orare sem- <^Luc. is.t.
per, et ne verearis usque ad mortem
justificari : quoniam merces Dei
manet in asternum. 23. Ante ora-
tionem praepara animam tuam : et
noli esse quasi homo qui tentat
Deum. 24. ^Memento irae in die ^supraj,
consummationis, et tempus retribu-
tionis in conversatione faciei.
2 5.^"Mementopaupertatisintem- ^Supran,
pore abundantias, et necessitatum ^7-
paupertatis in die divitiarum. 26. A
mane usque ad vesperam immuta-
bitur tempus, et hasc omnia citata
in oculis Dei. 27. Homo sapiens in
omnibus metuet, et in diebus deli-
ctorum attendet ab inertia. 28. Om-
nis astutus agnoscit sapientiam, et
invenienti eam dabit confessionem.
29. Sensati in verbis et ipsi sapien-
ter egerunt: et intellexerunt verita-
tem et justitiam, et impluerunt pro-
verbia et judicia.
30. ''Post concupiscentias tuas ''Rom. 6.
non eas, et a voluntate tua avertere. ^^ '^^ ^^' ^"^'
31. Si prasstes animae tuas concu-
piscentias ejus, faciet te in gaudium
17. De Penvieiix, en lat. de Vhidiscret. —
Desseche les yeux, dont il fait couler des
larmes.
18. Soigne-toi, pre'cisement pour ne pas
devenir malade. En latin, prends des reine-
des; mais il ne s'agit que de soins.
Le latin ajoute au i^r membra : avant de
jugcr, tdtlie d^etre jitsie.
19. Avant le jugeinent^ avant d'etre jugd
par Dieu : comp. I Cor. xi, 31. — Exainme-
tot, et si tu te trouves coupable, hate-toi de
te convertir. D'autres : avant de jtiger un
autre homme : ce qui s'accorde moins bien
avec le 2^ membre.
20. Huinilie-toi par le jeune et la priere.
— Reviens a Dieuj litt., t/iontre le retoiir.
Sens : quand tu as commis quelque faute,
hate-toi d'en faire penitence et de revenir a
Dieu, si tu veux eviter le chatiment, lequel
consiste souvent dans une maladie, la perte
des biens, etc.
Le lat. traduit le 2^ membre : et au temps
de Vinfinnite inontre quelle est ta conduitc.
Au lieu de conversationem, il aurait fallu
conversionem.
21. Pour facquitterj litt., pour etre decla-
re juste (quitte) a ce sujet. Comp. Eccle. v, 3.
22. Prepare-toi, reflechis et vois si tu veux
et si tu peux I'accomplir. — Qui tente le Sei-
gneur, en faisant des vceux et ne les accom-
plissant pas.
Le tradudleur latin entend ces deux ver-
sets, non du vceu, mais de la priere.
23. Du dernier jour J litt., ati jour de la
niort. — Detournera son visage, ne fera plus
misericorde.
25. Tout : toutes les choses humaines :
fortune, dignites, sante, etc.
26. Sur ses gardes, pour ne pas pecher. —
A ux jours de peches, dans le temps ou les
offenses et les transgressions se multiplient.
— II se preserve de toute faute j en lat., il
s \ibstient de Pindolence.
27. Connait la sagesse, ce qu'elle est et ce
qu'elle vaut.
28. Des sages, capables, eux aussi, de trou-
ver et de formuler des maximes morales.
Entre les deux membres, le lat. ajoute :
ils comprennent la verite et la justice.
L'auteur nous donne ensuite une serie de
N" 23 — LA SAINTE BlULE. TOME IV. — 36
Ch. XIX.
562 UECCLESIASTIQUE. Chap. XVIII, 3i» 3^; XIX, i— 15.
31 Ne mets pas ta joie dans I'abondance de la bonne chere,
Et ne lie pas societe avec elle.
32 Ne t'appauvris pas en empruntant pour donner des banquets,
Et quand tu n'as riea dans ta bourse.
CHAP. XIX. — Ivrognerie et impurete [vers, i — 3]. Discretion et indiscre-
tion [4 — 12]. Correaion fraternelle [13—17]- La vraie et la fausse
sagesse [18 — 27].
'OUVRIER adonne au vin ne s'enrichira pas;
Celui qui ne soigne pas le peu qu'il a tombera bientot dans la ruine.
2 Le vin et les femmes egarent les sages,
Et celui qui s'attache aux courtisanes est un imprudent.
3 Les larves et les vers en feront leur proie,
Et Tame criminelle sera retranchee.
4 Celui qui croit trop vite est un coeur leger,
Et celui qui tombe dans cette faute peche centre son an^iC.
5 Celui qui prend plaisir a de sots discours sera condamne,
6 Et celui qui hait le bavardage se pre'serve du mal.
7 Ne repete jamais une parole,
Et tu n'encourras aucun dommage.
8 Ne la redis ni a un ami ni a un ennemi,
Et k moins qu'il n'y ait faute pour toi, ne la revele pas.
9 Car s'il t'entend bavarder ainsi, il se mettra en garde vis-a-vis de toi,
Et le moment venu il se montrera ton ennemi.
10 As-tu entendu quelque o-rave propos, meurs avec lui;
Sois sans inquietude, tu n'en rompras pas.
11 Pour une parole a garder, I'insense est dans les douleurs,
Comme la femme en travail d'enfant.
12 Comme une fleche enfoncee dans la cuisse,
Ainsi est une parole dans le cceur de I'insense.
13 Questionneton ami; peut-etre n'a-t-il pas fait la chose;
Et, s'il I'a faite, afin qu'il ne la fasse plus.
14 Questionne ton ami; peut-etre n'a-t-il pas dil la chose;
Et, s'il I'a dite, atin qu'il ne recommence pas.
15 Questionne ton ami, car souvent il y a calomnie,
Et ne crois pas tout ce qu'on dit.
ces maximes ou sentences parfaites, litt.
exa^es (vers. 29-xix, 3). En grec, elles sont
precedees d'un titre en lettres majuscules,
qui signifie : CDipire a exercer sur Vdiiie,
c.-a-d. gouvernement de soi-meme.
31. Nc lie pas societe^ etc. D'autres, ne
f engage pas dans ses festins. En latin : ne
mets pas ton plaisir dans les reunions no/n-
breuses ou peu nonih'eicses, car on y coinnict
constaminent le nial.
32. Nc fappauvris pas, prends garde de
tomber dans I'indigence. — Pour donner des
banquets : le mot grec indique des pique-
7iiques, c.-a-d. des banquets ou chacun
payait son ecot. — Et quand tu n'as rien :
parallele a en empruntant..
Le lat. traduit le i^f membre : 7ie t'ap-
pauvris pas en empruntant pour rivaliser
de luxe et de folles de'penses; il ajoute au 2^ :
ce serait en vouloir ix ta propre vie.
CHAP. XIX.
1-3. Comp. Prov. xxi, 17; xxiii, 21.
1. Qui ne soigne pas le peu qu'il a, qui le
neglige et le depense inconsiderement. Cette
maxime n'est pas moins vraie dans son
application h. la vie spirituelle : celui qui
neglige les petites fautes, tombera bientot
dans les grandes.
2. C/n in/prudent, qui ne rougit plus de
rien, qui se plonge, sans pudeur et sans
remords, dans la dtibauche.
Apres le i^r membre le lat. ajoute : ct
rendent coupables les liommes prudent s.
3. Les larves de divers inseftes en
feront leur proie : allusion aux horribles
maladies dont I'impudique est souvent
frappe. — L'dme criminelle, le criminel
lui-meme.
Aprcs le i^^ membre le lat. ajoute : //
apparaitra comme un grand exeiwhle.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XVIII, 32, S3; XIX, i— 16. 563
inimicis tuis. 32. Ne oblecteris in
turbis nee in modicis : assidua enim
est commissio illorum. 33. Ne fueris
mediocris in contentione ex fcEnore,
et est tibi nihil in saccule : erisenim
invidus vitae tuas.
-^:— CAPUT XIX. — *—
De vino, luxiiria, loquacitate, cito credente,
gaudente super iniquitate, odiente cor-
reptionem, exsultante in malitia, discre-
tione in verbis servanda, correptione,
fi(fl;a humilitate, et laude tacentis.
PERARIUSebriosusnon
locupletabitur : et qui sper-
nit modica, paulatim deci-
det. 2. "Vinum et mulie-
res apostatare faciunt sapientes, et
arguent sensatos: 3. et qui se jungit
fornicariis, erit nequam : putredo et
vermes hereditabunt ilium, et extol-
letur in exemplum majus, et tolle-
tur de numero anima ejus.
4. *Qui credit cito, levis corde
est, et minorabitur : et qui delinquit
in animam suam, insuper habebitur.
5. Qui gaudet iniquitate, denotabi-
tur : et qui odit correptionem, mi-
nuetur vita : et qui odit loquacita-
tem, exstinguit malitiam. 6. Qui
peccat in animam suam, poenitebit :
et qui jucundatur in malitia, deno-
tabitur. 7. Ne iteres verbum ne-
quam et durum, et non minorabe-
ris. 8, Amico et inimico noli narrare
sensum tuum : et si est tibi deli-
ctum, noli denudare : 9. audietenim
te, et custodiet te, et quasi defen-
dens peccatum odiet te, et sic aderit
tibi semper. 10. Audisti verbum
adversus proximum tuum.^ commo-
riatur in te, iidens quoniam non te
dirumpet. 1 1. A facie verbi parturit
fatuus, tamquam gemitus partus in-
fantis. 12. Sagitta infixa femori car-
nis, sic verbum in corde stulti.
13. 'Corripe amicum, ne forte
non intellexerit, et dicat : Non feci :
aut si fecerit, ne iterum addat fa-
cere. 14. Corripe proximum, ne
forte non dixerit : et si dixerit, ne
forte iteret. 15. Corripe amicum :
saepe enim fit commissio. 1 6. Et non
'^ Lev. 19, 17.
Matth. 18,
15. Luc. 17,
3-
4. Ce verset commence un nouveau sujet,
independant de ce qui precede. Beaucoup
d'interpretes I'y rattachent neanmoins : ce-
liiL qui croit trop vite aux paroles trom-
peuses des femmes, etc. — PccJie co litre
son a vie, centre lui-meme, attire sur'soi le
malheur.
Apres le i^r membre le lat. ajoute : ei il
en souffrira un dommage.
5. A de sots discoiirs : le textegrec atluel
porte /.apot'q;, lat. corde, qui ne presente au-
cun sens. Fritzsche conjeflure qu'il y avait
en hebreu lebattch, discoiirs vain, d'ou le
tradu(5\eur gr. aura pris par erreur son
xapSiY; c'est d'apres cette conjetlure que
nous avons traduit.
En latin : celiii qui se rejouit de Viniquitc
sera deshonore, et celui qui hait la corre^ion
abregera sa vie, et cclui qui hait Ic bavar-
dage cteint la malice. Le latin ajoute une
seconde traducflion qui differe a peine de la
premiere : celui qui pccJic contre son ame
aura a s^en repentir, et celui qui met son
plaisir dans le mal sera desJionorc.
7. Une parole que tu as entendue. Le
lat. ajoute, mechante et dure : bien pour
le sens.
8. (lu^il n^y ait faute pour toi a la tairc.
Fritzsche : a moins qii'il n'y ait eu fautc de
ta part, en ce que tu aurais donne occasion
k ce mechant propos, que tu I'aurais provo-
que; dans ce cas, tu dois parler pour en
arreter ou en reparer les suites funestes.
Autrement, tais-toi.
En latin : Ne fais connaitre ta pensce ni a
un ami ni a un ennemi, et si tic as commis
une f ante, ne la dcvoile pas.
9. SHI, I'ami ou I'ennemi. En latin : car
il t'entendra et t'observera, et tout en pa-
raissant excuser ton peche, il te haira.
10. (2uelque grave propos, dangereux a
divulguer. En latin, une parole contre ton
prochain. — Meurs avec lui, sans I'avoir
revele. — Tu n^en rompras pas; vulgaire-
ment, tu lien creveras pas : ce propos garde
dans ton sein ne t'etouffera pas. Comp.yf^^,
xxiii, 18 sv. Ce 2e membre est legerement
ironique.
12. Ainsi est une parole, un secret : elle
le fait souffrir autant que le ferait une fleche
enfoncee dans sa cuisse, litt. dans sa cuisse
cJiarnue.
13. Questionne ton ami, demande-lui une
explication. — La chose, une chose blamable
dont on I'accuse.
Le latin traduit le i^"^ mernbre : reprends
ton ami, de peur qu'il n'ait pas compris et
disc : Je liai rien fait.
564
L'ECCLliSIASTIQUE. Chap. XIX, 16—27; XX, 1—7.
16 II en est qui manquent, mais sans que le ccEur y soit;
Et qui est-ce qui n'a pas peche par sa langue?
17 Ouestionne ton ami avant d'en venir aux menaces,
Et attache-toi a observer la loi du Tres-Haut.
18 Toute sagesse consiste dans la crainte du Seigneur,
Et dans toute sagesse est I'accomplissement de la loi.
19 La sagesse n'est pas I'habilete a faire le mal,
Et la prudence ne se trouve pas dans le conseil des pecheurs.
20 II y a una habilete qui est execrable,
Et il y a une folie qui ;/'est gu'un manque de sagesse.
21 iVIieux vaut celui qui a peu de sagesse et qui craint Dieu,
Que I'homme qui a beaucoup de sens et qui transgresse la loi.
22 II y a une habilete veritable, mais qui viole la justice,
Et il est tel qui fausse la cause pour faire rendre la sentence quHl desire.
23 II est tel mechant qui marche courbe par le chagrin,
Et son coeur est rempli de fraude.
24 II baisse la tete, il est sourd d'un cote,
Et des qu'il n'est pas remarque, il prend sur toi les devants.
25 Et s'il est trop faible pour pouvoir pecher,
II fera le mal quand il en trouvera I'occasion.
26 A son air on connait un homme,
Et au visage qu'il presente on connait le sage.
27 Son vetement, le rire de ses levres
Et sa demarche revelent ce qu'est un homme.
CHAP. XX. — II y a temps et raison pour parler et pour se taire [vers, i — 7].
Apparences trompeuses [8 — 12]. Les presents de I'insense [13 — 16].
Dangers de la langue [17 — 19]. Maximes diverses [20 — 30].
^IL y a une reprimande qui n'est pas opportune,
Et tel se tait qui fait preuve de prudence.
2 Mieux vaut reprendre que de bruler d'une colcrc contenue;
Et celui cjui avoue sera preserve de dommage.
3 Comme I'eunuque qui desire deflorer une jeune fille,
Ainsi est celui qui rend la justice par la violence.
Qu'il est beau, quand on est repris, de temoigner du repentir!
C'est ainsi que tu echapperas au peche volontaire.
4 Tel en se taisant se montre sage,
Et tel se rend odieux par son intemperance de langage.
5 Tel se tait parce qu'il ne sait pas quoi repondre;
Tel autre se tait, parce qu'il connait le temps propice.
6 Le sage se tait jusqu'au moment favorable,
Mais le fanfaron et I'inconsidere passent par-dessus.
7 Celui qui multiplie les paroles sera deteste,
Et celui qui se donne pleine licence se rendra odieux.
16. Qui i/ianqucnt, en disant des paroles
mechantes ou peu sensees.
17. Attache-toi a observer la loi, litt.
do)inc place a la loi.
Le latin traduit le 2^ membre : et laisse
agir la crainte du Seigneur, laisse-Iui pro-
duire ses effets et sur toi et sur ton ami.
18. Entre les 2 membres le latin ajoute :
et en elle est la crainte du Seigneur.
19. Sens du 2^ membre : ce n'est pas la
veritable prudence, la prudence agrdable a
Dieu, qui preside aux deliberations des pe-
cheurs, quand ils forment des desseins lia-
biles, mais criniincls.
20. Habilete, en lisant -avrrjfjyi'a, comme
au vers. 22. Le texte grec acT^uel a rovTjpiot,
c[ui vient sans doute du vers. 19. C'est
cette derniere leijon qu'a suivie le traduc-
teur latin : // y a une iitalice, etc. —
II y a une folie qui est moins coupable,
parce qu'elle a pour principe, non la per-
versity de Tame, mais un simple manque
de sagesse.
22. La cause en litige, sous-entendu.
En latin, le 2e membre peut se tra-
duire : // est tel qui parle avec ferinete,
une franchise im peu rude, mais qui dit
la verite.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XIX, 17—28; XX, 1—8.
565
omni verbo credas : est qui labitur
lingua, sed non ex animo. 17. ''Quis
est enim qui non deliquerit in lin-
gua sua? Corripe proximum ante-
quam commineris. 18. Et da locum
timori Altissimi :
^Quia omnis sapientia timor Dei,
et in ilia timere Deum, et in omni
sapientia dispositio legis. 19. Et
non est sapientia nequitias disci-
plina : et non est cogitatus pec-
catorum prudentia. 20. Est nequi-
tia, et in ipsa exsecratio : et est
insipiens qui minuitur sapientia.
21, Melior est homo, qui minui-
tur sapientia, et deficiens sensu
in timore, quam qui abundat sen-
su, et transgreditur legem Altis-
simi. 22. Est solertia certa, et ipsa
iniqua. 23. Et est qui emittit ver-
bum certum enarrans veritatem.
Est qui nequiter humiliat se, et
interiora ejus plena sunt dolo :
24. et est qui se nimium submit-
tit a multa humilitate : et est qui
inclinat faciem suam, et fingit se
non videre quod ignoratum est :
25. et si ab imbecillitate virium
vetetur peccare, si invenerit tem-
pus malefaciendi, malefaciet. 26. Ex
vnsu cognoscitur vir, et ab oc-
cursu faciei cognoscitur sensatus.
27. Amictus corporis, et risus den-
tium, et ingressus hominis enun-
tiant de illo. 28. Est correptio men-
dax in ira contumeliosi : et est judi-
cium, quod non probatur esse bo-
num : et est tacens, et ipse est
prudens.
— :i:— CAPUT XX. — t--
De correptione, et correpti pcenitentia :
de tacente et loquace : de dono sapien-
tis et fatui : de falsa promissione et men-
dacio : de sapiente qui placet magna-
tis : de donis non accipiendis, et sapien-
tia abscondita.
UAM bonum est arguere,
quam irasci, et confiten-
tem in oratione non prohi-
bere! 2. "Concupiscentia
spadonis devirginabit juvenculam :
3. sic qui facit per vim judicium
iniquum. 4. Ouam bonum est cor-
reptum manitestare poenitentiam!
sic enim effugies voluntarium pec-
catum. 5. Est tacens, qui invenitur
sapiens : et est odibilis, qui procax
est ad loquendum. 6. Est tacens non
habens sensum loquelas : et est ta-
cens sciens tempus aptum. 7. Homo
sapiens tacebit usque ad tempus :
lascivus autem, et imprudens non
servabunt tempus. 8. *C)ui multis
utitur verbis, lasdet animam suam :
et qui potestatem sibi sumit injuste,
odietur.
23. Qui marche humblement, comme
coiirbc -par le chagrin.
24. Le latin ajoute avant le i'^'' membre :
et tel s'abatsse a V execs dans une profonde
humiliation.
II est sourd d'un cotd. £T£poy.wtpwv, il faic
comme s'il n'entendait qu'a moitie, il n'a pas
I'air de remarquer les personnes qui I'entou-
rent. Une autre lecon porte, sOsXoxwocov,
vfllontairement soietd, faisant le sourd.
26. On cojinait un honimc^ dans la gend-
ralite des cas.
Le vers. 28 de la Vulgate est en grec
le !«'■ du chap. xx.
CHAP. XX.
I. Dans la Vulgate, ce verset termine le
chap, precedent; il commence par ces mots,
qui ne sont pas dans le grec : la rcpriniande
que fait V insolent dans sa colcre est menteuse.
2. Brfiler dhine colcre cotitettue, qu'on
renferme en soi-meme; par la reprimande
faite au coupable, elle s'exhale au dehors.
Le latin traduit le 2^ membre : et 7ie pas
empecher de parler celui qui avotie.
3. Ainsi est celui, etc. : des deux cotes
il y a abus de la force pour outrager ce qu'il
faudrait defendre.
(Ju'il est beau, etc. Ce verset, qu'on trouve
dans quelques manuscrits grecs et dans la
Vulg., aurait ete mieux a sa place apres le
vers. 2.
5. // co7tna'it le temps propice pour parler,
et il veut attendre jusque la.
6. Passent par-dessus, parlent trop tot ou
trop tard.
7. Sera deteste; en lat., blessera son a me,
se nuira a lui-meme. — Pleine licence de
parler.
" Infra 30,
21.
* Prov. 10,
19.
566
L'ECCLl':SIASTIQUE. Chap. XX, 8—28.
8 Tel homme trouve dans le malheur quelque chose d'heureux,
Et un bonheur inespdre tourne a sa peite.
9 II est tel don qui ne te rapporte rien,
Et il est tel don qui est rendu au double.
10 D'une situation brillante resulte sonvent un dommage,
Et tel releve la tete apres une humiliation.
11 Tel achete beaucoup de choses a vil prix,
Qui las paie sept fois leur valeur.
12 Celui qui est sage dans ses discours se fait aimer,
Mais les paroles aimables de I'insense sont en pure perte.
13 Le don de I'insense ne te servira de rien;
Car ses yeux, au lieu d'un seul, sont nombreux.
14 11 donne peu, et reproche beaucoup,
Et il ouvre la bouche comme un crieur public.
II prete aujourd'hui, et il redemandera demain :
Un tel homme est odieux.
15 L'insense dit : " Je n'ai point d'ami,
Et Ton ne me sait pas gre de mes bienfaits;
Ceux qui mangent mon pain ont des langues perverses." —
16 Combien de fois et de combien de gens ne sera-t-il pas la risee !
17 Mieux vaut une chute sur le pave qu'une chute de langue;
C'est ainsi que la mine des mechants arrive promptement.
18 Un homme desagreable est comme un conte hors de saison;
L'homme mal appris I'a constamment a la bouche.
19 On n'accepte pas une maxime des levres d'un sot.
Car il ne la dit pas dans le temps qui lui convient.
20 II est tel qui ne peut pdcher a cause de son indigence;
S'il trouve le repos, il le fera sans remords.
21 Tel se perd par une fausse honte,
Et tombe dans la ruine a cause du regard d'un insense.
22 Tel par fausse honte promet beaucoup a son ami,
Et il s'en fait gratuitement un ennemi.
23 Le mensonge imprime a un homme une tache honteuse;
II est toujours sur les levres des gens mal eleves.
24 Mieux vaut un voleur que l'homme qui fait metier de mentir :
Tous deux auront la ruine en partage.
25 II est dans la nature du mensonge de deshonorer,
Et la honte du menteur est constamment avec lui.
26 Celui cjui est sage dans ses discours s'eleve en consideration,
Et l'homme prudent plait aux grands.
27 Celui qui cultive sa terre amassera de grands monceaux de ble,
Et celui qui plait aux grands se fait pardonner ses injustices.
28 Les presents et les dons aveuglent les yeux des sages,
Et, comme une museliere a la bouche cVun animal, ils arretent le blame.
8. Tel JtoiiiDie; sens : souvent .\ quelque
chose malheur est bon. — Un bonJietn- incs-
pcrr, litt. une irouvaille.
En latin : il y a pour le liber/in uti pi-o-
gres dans le mal, et ce qu^il trouve tourne a
sa ruine.
9. Qui nc te rapporte rien, dont tu ne re-
cueilles que de I'ingratitude. II s'agit dans
les 2 membres de dons fails. Selon d'autres,
le don du i'^'' membre serait un don recju.
Mais le parallelisme favorise la premiere
explication.
10. I\eli7>c la tt'lc, arrive au bonheur et a
la joie.
II. Ac/iete, croit acheter; mais il s'aper-
coit bientot que ces choses valent encore
beaucoup moins qu'elles ne lui ont coiitd.
13. L'insense, ici, est le meme que l'homme
envieux et cupide. — Ses yeux, dans les-
quels il exprime sa cupidite, ses desirs avi-
des; il donne peu pour qu'on lui rende beau-
coup.
14. Et reproche, comme s'il avait donn^
beaucoup. — // ou7're la bouche, publiant
ses dons sur les places publiques.
1 5. LHnsense dit : Je n'ai point d'ami, etc. ;
en lat. les Irois membres sont a la 3<^ per-
sonne : I'insense n''a point d\xmi, etc.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XX, 9—31.
567
9. Est processio in malis viro in-
disciplinato, et est inventio in detri-
mentum. 10. Est datum, quod non
est utile : et est datum, cujus retri-
butio duplex. 11. Est propter glo-
riam minoratio : et est qui ab humi-
litate levabit caput. 12, Est qui
multa redimat modico pretio, et re-
stituens ea in septuplum. 13. Sa-
piens in verbis seipsum amabilem
facit : gratias autem fatuorum effun-
dentur.
14. Datus insipientis non erit uti-
lis tibi: oculi enim illius septempli-
ces sunt : 15. exigua dabit, et multa
improperabit : et apertio oris illius
inflammatio est. 16, Hodie fcenera-
tur quis, et eras expetit : odibilis est
homo hujusmodi. 17. Fatuo non
erit amicus, et non erit gratia bonis
illius : 18. qui enim edunt panem
illius : falsas linguae sunt. Quoties,
et quanti irridebunt eum.^ 19. Ne-
que enim quod habendum erat, di-
rect© sensu distribuit : similiter et
quod non erat habendum. 20. La-
psus fals^ linguae, quasi qui in pa-
vimento cadens: sic casus malorum
festinanter veniet. 21. Homo acha-
ris quasi fabula van a, in ore indisci-
plinatorum assidua erit. 22, Ex ore
fatui reprobabitur parabola : non
enim dicit illam in tempore suo.
23. Est qui vetatur peccare pras
inopia, et in requie sua stimulabitur.
24. Est qui perdet animam suam
pras confusione, et ab imprudenti
persona perdet eam : personae au-
tem acceptione perdet se. 25. Est
qui pras confusione promittit amico,
et lucratus est eum inimicum gratis,
26. Opprobrium nequam in ho-
mine mendacium, et in ore indisci-
plinatorum assidue erit. 27. Potior
fur quam assiduitas viri mendacis :
perditionem autem ambo heredita-
bunt. 28. Mores hominum menda-
cium sine honore : et confusio illo-
rum cum ipsis sine intermissione.
29. Sapiens in verbis producet se-
ipsum, et homo prudens placebit
magnatis. 30. Qui operatur terram
suam, inaltabit acervum frugum :
et qui operatur justitiam, ipse exal-
tabitur : qui vero placet magnatis,
effugiet iniquitatem. 31. 'Xenia et ^Exod. 23,
dona excaecant oculos iudicum, et s. Deut. 16,
•* . ' 19.
quasi mutus m ore avertit corre-
Apres le vers. 16, plusieurs manuscrits
grecs ajoLitent : car il nc salt fas appj'ccier
ce qiiHl a a sa juste valeitr, et autant vaii-
drait pour lui ne rien avoir , ce que le latin
traduit : car il ne salt discerner exa^einent
ni ce qicHl doit garder pour lui, ni ce quHl
ne doit pas garder^ ce qu'il doit donner aux
autres.
17. Oest ainsi, etc. : parce que les me-
chants font souvent des chutes de langue.
19. Comp. Prov. xxvi, 7, 9.
20. Ne pent pecher, par ex. se livrer k la
debauche : en quoi sa pauvrete lui est bonne
a quelque chose (vers. 8). — ■ Le repos, un
bien-etre qui lui permette de se reposer. —
// le fera, il pechera sans reinords. D'autres,
avec la Vulgate, et dans son repos il est
aiguillonne, devore de mauvais desirs; ou
bien ; et s'il trouve le repos, le bien-ctre, /'/
sera aiguillo>ine.
21. Se perd par une fausse Jionte (comp.
iv, 24-28), qui I'empeche de faire ce qu'il
faudrait pour se tirer d'un danger, remplir
un devoir. Le respecfl humain dans la pra-
tique de la vie chretienne est une des prin-
cipals applications de cette sentence; raais
il y en a beaucoup d'autres, par ex. celle du
vers. 22. — A cause du regard, litt. du visage
d'un insense qui le regarde et lui ote tout
courage, toute energie.
Le lat. ajoute, et il se perd pour avoir eti
trap d'egard pour quelqtihm.
22. Proniet beaucoup, promet monts et
merveilles. — Un enneini, parce qu'il ne
pent tenir ses promesses.
26. En tete de ce verset, le grec a ces
deux mots en lettres majuscules : Paro-
les des niaxiines, ce qui annonce peut-
etre une nouvelle colledlion de sentences
morales.
27. Monceaux de ble, ou de gerbes. Le
point de comparaison est uniquement dans
les moyens employes.
Entre les deux membres le latin ajoute :
celui qui cultive la justice sera cleve'.
28. Des sages &\\.y.-xnQVL\&'i; en lat. desjuges.
Comp. Deut. xvi, 19; Prov. xviii, 16. —
Coiinne line museliere empeche I'animal de
mordre, ainsi les presents arrctent, litt. de-
tourticnt, le blame sur les levres des sages,
les empechent de blaincr ce qui est digne
de blame. Et lat., et connne 7in viuet.
568
L'ECCLESIAS'i'IQUE. Chap. XX, 29, 30: XXI, i— 17.
29 Sagesse cachee, tresor invisible :
A quoi servent run et I'autre?
30 Mieux vaut I'liomme qui cache sa sottise
Que celui qui cache sa sagesse.
CHAP. XXI. — Eviter le peche, particuHeremcnt I'orgueil, etc. [vers, i — 10].
Le sage, le pieux, I'insense et I'impie compares entre eux sous divers
rapports [11 — 28].
Ch. XXI. I^^^^^^ ^^^' ^^"^" peche? ne le fais plus,
iK^CS] Mais prie pour tes fautes passees.
Iej^^i 2 Fuis le peche comme un serpent;
Car si tu en approches, il te mordra.
Ses dents sont des dents de lion;
Elles donnent la mort aux hommes.
3 Toute transgression est comme une epee k deux tranchants;
La plaie qu'elle fait est incurable.
4 La menace et I'injure ddtruisent la richesse;
C'est ainsi que la maison de I'orgueilleux va a la ruine.
5 La priere du pauvre monte de ses levres a I'oreille du riche,
Mais sur I'orgueilleux viendra bientot son jugement.
6 Celui qui hait la reprimande marche sur la trace du pecheur,
Mais celui qui craint Dieu se tourne vers lui d'un coeur sincere.
7 L'homme puissant par la langue se fait connaitre au loin.
Mais l'homme de sens salt quand il faillit.
8 L'homme qui batit sa maison avec de I'argent qui n'est pas a lui
Est comme celui qui ramasse ses pierres pour I'hiver.
9 La troupe des ennemis est un amas d'etoupes;
Elle finira par etre la proie du feu.
10 La voie des pecheurs est pavee de pierres,
Mais a son extremite est le gouffre de I'Hades.
11 Celui qui observe la loi maitrise ses pensdes,
Et le resultat final de la crainte du Seigneur est la sagesse.
12 Celui qui manque d'habilete n'arrivera pas a la sagesse;
Mais il y a une habiletd qui produit beaucoup d'amertume.
13 La science du sage s'accroit comme une eau qui deborde,
Et son conseil est une source de vie.
14 L'interieur de I'insens^ est comme un vase fele;
II ne retiendra aucune connaissance.
15 Que l'homme intelligent entende une sage parole,
II en fait I'eloge et y ajoute quelque chose.
Que le voluptueux lentende, elle lui de'plait,
Et il la jette derricre lui.
16 Le discours de I'insense est comme un fardeau en voyage,
Mais sur les levres de l'homme intelligent se trouve la grace.
17 On recherche dans I'assemblee la bouche de l'homme prudent,
Et ce qu'il a dit, on le medite dans son cceur.
CHAP. XXI.
1. Pour tes fautes passees ; le latin ajoute :
afiji qtf' elles te soieni pardonnees : bien pour
le sens. Ce verset exprime les deux elements
essentiels de la conversion et de la penitence.
2. Coinine un serpent : allusion au peche
de nos premiers parents, dont le serpent
fut I'instigateur. — // te mordra^ en grec,
0T^;£Tai; le tradud-eur latin a lu 5£;£xai, // te
prendra.
4. La menace, litt. Vadion d'epom/anter,
par un langage dur et hautain qui inspire la
crainte, mais en meme temps eveille la
haine, suscite des oppositions et des resis-
tances. — La maison du riche 07-ffiteilleux ,
sa famille et ses biens.
Le tradu(fleur latin paraphrase.
5. A Poreille, sans arriver jusqu'h. son
coeur, qui reste endurci.
6. Celui qui craint Dieu, quand on le re-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XX, 32, ss; XXI, 1—20.
569
ptiones eorum. 32. ''Sapientia abs-
consa et thesaurus invisus : quas
utilitas in utrisque? ^2- Melior est
qui celat insipientiam suam, quam
homo qui abscondit sapientiam
suam.
— t^ CAPUT XXI. — :l:—
Docet fugiendum peccatum : primum in ge-
nere, deinde in specie produflis variis
peccatis.
jILI peccasti? non adjicias
iterum : sed et de pristinis
deprecare ut tibi dimit-
tantur. 2. Quasi a facie
colubri fuge peccata : et si accesse-
ris ad ilia, suscipient te. 3. Dentes
leonisjdentes ejus, interficientesani-
mas hominum. 4. Quasi romphasa
bis acuta omnis miquitas, plagas
illius non est sanitas.
5. Objurgatio et injurias annulla-
bunt substantiam : et domus quas
nimis locuples est, annullabitur su-
perbia : sic substantia superbi era-
dicabitur. 6. Deprecatio pauperis
ex ore usque ad aures ejus perveniet,
et judicium festinato adveniet illi,
7. Qui edit correptionem, vestigium
est peccatoris : et qui timet Deum,
convertetur ad cor suum. 8. Notus
a longe potens lingua audaci : et
sensatus scit labi se ab ipso.
9. Qui aedificat donium suam im-
pendiis alienis, quasi qui colligit la-
pides suos in hyeme. 10. "Stuppa
collecta synagoga peccantium, et
consummatio illorum flamma ignis.
1 1 . Via peccantium complanata
lapidibus, et in fine illorum inferi,
et tenebrae, et poenas.
12. Qui custodit justitiam, conti-
nebit sensum ejus. 13. Consumma-
tio timoris Dei, sapientia et sensus.
14. Non erudietur qui non est sa-
piens in bono. 15. Est autem sa-
pientia, quas abundat in malo : et
non est sensus ubi est amaritudo.
16. Scientia sapientis tamquam in-
undatio abundabit, et consilium
illius sicut fons vitas permanet.
17. Cor fatui quasi vas confra-
ctum, et omnem sapientiam non
tenebit. 18. Verbum sapiens quod-
cumque audierit scius laudabit, et
ad se adjiciet : audivit luxuriosus,
et displicebit illi, et projiciet illud
post dorsum suum. 19. Narratio
fatui quasi sarcina in via : nam
in labiis sensati invenietur gratia.
20. Os prudentis quasritur in ec-
clesia, et verba illius cogitabunt in
cordibus suis.
' Supra 16,
primande, au lieu de se revolter, se tourne
vers le bien.
7. nhoinme puissant par la laiigue seduit
les foules, il acquiert une grande reputation,
tous lui rendent hommage; seul le sage sait
discerner ses defauts, le fort et le faible de
son argumentation, et il ne se laissera pas
prendre a ses belles paroles.
Mais les mots pinssa7it par la langiie se
prennent quelquefois aussi en mauvaise
part, et c'est ainsi que le tradufleur latin
les a entendus : Phoinme puissant par sa
langue insolente est connu arc loin, niais
Vhomnie sense sait se degager de lui.
8. Argent qui n^est pas a lui, mal acquis.
— Qui ramasse ses pierres, au lieu de bois,
pour se chauffer Ihiver (Fritzsche). D'au-
tres, qui ramasse des pierres pour hkin pen-
dant I'hiver, saison peu favorable a une
construcflion solide.
10. Un chtmm pave de pierres est uni et
facile. — Le goujfre de P Hades, du sejour
des morts, considere ici plus specialement
comme le lieu de chatiment reserve aux pe-
cheurs. Pour accentuer cette signification,
le tradufteur latin ajoute, les tenebres et les
supplices.
ir. Mattrise ses pensees pour les rendre
conformes a la loi.
12. En latin : celui qui n^est pas sage
pour le bien ne s^instruira pas; inais il
y a une sagesse qui est ficonde pour le
mal, et il «'_y a pas de bon sens Id oft. est
Pamertu7ne.
13. S^accroit sans cesse. — Son conseil,
le fruit de ses reflexions; ou avec Fritzsche,
son intelligence, son sens juste et penetrant.
14. Uji vase fele, qui ne garde rien de ce
qu'on y met.
15. Ajoute quelque chose de son propre
fond; en latin, et se V applique a lui-meme :
le tradu(fleur a lu auTov avec un esprit
rude.
16. La grace, quelque chose de gracieux
et d'aimable qui plait et attire. Comp. I^rov.
xvi, 21.
570
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXI, 18—28; XXII, 1—6.
18 La sagesse est pour le sot comme une maison en mines,
Et la science de I'insense n'est que paroles incoherentes.
19 L'instrudlion est pour I'insense comme des chaines au\ pieds,
Et des menottes a la main droite.
20 Le sot, quand il rit, fait eclater sa v'oix,
Mais rhomme prudent sourit a peine tout bas.
21 L'instruftion est pour I'homme sense comme une parure d'or,
Et comme un bracelet au bras droit.
22 L'insense entre d'un pas rapide dans la maison,
Mais I'homme avise s'arrete timidement a I'entree.
23 L'insense se courbe des la porte pour voir dans la maison,
Mais I'homme bien eleve se tient dehors.
24 C'est une grossierete pour un homme d'ecouter a la porte;
L'homme sense s'indigne d'une aflion si honteuse.
25 Les levres des insenses ne proferent que sottises,
Mais les paroles des hommes prudents sont pesees a la balance.
26 Dans la bouche des sots est leur cceur,
Mais le coeur des sages est leur bouche.
27 Quand I'impie maudit son adversaire,
C'est lui-meme qu'il maudit.
28 Le rapporteur se souille lui-meme,
Et il est detest^ de tous ceux qui I'approchent.
CHAP. xxn. — La paresse [vers, i — 2]. Enfants mal eleves [3 — 6]. L'in-
sense et le sage [7 — 16]. Ce qui detruit Tamitie [17 — 20]; devoirs qu'elle
impose [21 — 24]. Veiller sur ses paroles [25 — 27].
Chap.
xxn.
^E paresseux i-essemble a une pierre remplie d'ordure,
Et chacun siffle son infamie.
I 2 Le paresseux ressemble a une boule de fiente :
Celui qui la ramasse secoue sa main.
3 Un fils mal eleve est la honte du pcre qui lui a donnd le jour;
Une fille seinblable est venue au monde pour son detriment.
4 Une femme prudente trouvera un mari,
Mais celle dont on a honte fait le chagrin de son pere.
5 L'effrontde fait honte h. son pere et ci son mari;
Tous deux la mepriseront.
6 Telle une musique dans le deuil, tel un sermon il centre temps;
Mais le fouet et la correcflion sont en tout temps de la sagesse.
18. Une maison en }-i/htes,oi\ il n'y a plus
que des materiaux disperse's, ne pouvant
abriter personne.
19. Linsti-uflion n'est pas seulement inu-
tile a l'insense, elle le gene et I'embarrasse.
22. Dans la maison d'un autre. — 5^17'-
rcie a Penfjre, attendant cju'on I'introduise.
Le latin traduit le 2^ membre : el rhomme
avise ga7-de la irserve vis-ci-vis d'' 11 ne per-
sonne ptiissante. Mais polentis n'est pas
dans le grec, et peisona repond a I'hebreu
panifn, qui designe soit la fa(;ade de la
maison, soit les murailles interieures du
vestibule.
23. Pour Toir dans la maison, epier cu-
rieusement ce qui s'y trouve et ce qui s'y
passe. — Se tient dehojs, ne voulant rien
voir ni entendre avant qu'on I'invite a
entrer.
24. Une orossierefe, un manque d'educa-
tion. — S'indii^ne ; ou bien, serait accable
de cette honte, ne voudrait pas en porter le
fardeau.
25. Nous traduisons ce verset d'apres le
latin. Dans le texte grec adluel, le i^r mem-
bre n'offre aucun sens satisfaisant. Fritzsche,
supposant par conjecflure un texte hebreu
un peu different de celui qu'a lu le traduc-
teur grec, le retablit ainsi : les levres des
ors;iieillenx (zedim, au lieu de zarim) seront
accablees de mali'diflions (beala/i, au lieu de
beeleh); et il interprete le 2^ membre : mais
les paroles des Jtommes prudents sero7it
pesees dans la bala/ice, c.-^-d. hautement
appreciees et conservees precieusement.
26. Le ca'ur, dans la psychologie des He-
breux, est I'organe de la pensee et de I'in-
telligence, par consequent de la rcilexion.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXI, 21 — -,i; XXII, 1—6.
571
2 1. Tamquam domus extermi-
nata, sic fatuo sapientia : et scien-
tia insensati inenarrabilia verba.
22. Compedes in pedibus, stulto
doctrina, et quasi vincula manuum
super manum dextram. 23, Fatuus
in risu exaltat vocem suam : vir
autem sapiens vix tacite ridebit.
24. Ornamentum aureum prudenti
doctrina, et quasi brachiale in bra-
chio dextro. 25. Pes fatui facilis in
domum proximi : et homo peri-
tus confundetur a persona potentis.
26. Stultus a fenestra respiciet in
domum : vir autem eruditus foris
stabit. 27. Stultitia hominis auscul-
tare per ostium : et prudens grava-
bitur contumelia. 28. Labia impru-
dentium stulta narrabunt : verba
autem prudentium statera pondera-
buntur.
29. In ore fatuorum cor illo-
rum : et in corde sapientium os
illorum. 30. Dum maledicit im-
pius diabolum, maledicit ipse ani-
mam suam. 31. Susurro coinquina-
bit animam suam, et in omnibus
odietur : et qui cum eo manserit.
odiosus erit : tacitus et sensatus
honorabitur.
^. 's^: M 's^. H -js;. M H M 'M 'M '^. :<tg M '^S- 'f^. 'M. H h h s^
— :i:— CAPUT XXII. — :!:—
De lapidatione pigri, filio indisciplinato,
tiliaque fatua, musica in Iu(ftu, docente
fatuum, moituo plorando : cum stulto non
loquendum : de corde stulti ac timidi : de
servanda fide cum amico, et oris custodia.
N lapide luteo lapida-
tus est piger, et omnes
loquentur super asperna-
tionem illius. 2. De ster-
core boum lapidatus est piger : et
omnis, qui tetigerit eum, excutiet
manus.
3. Confusio patris est de filio in-
disciplinato : filia autem in demino-
ratione fiet. 4. Filia prudens here-
ditas viro suo: nam quas confundit,
in contumeliam fit genitoris, 5. Pa-
trem et virum confundit audax, et
ab impiis non minorabitur : ab utris-
que autem inhonorabitur. 6. Musi-
ca in luctu importuna narratio : fla-
gella et doctrina in omni tempore
sapientia.
Sens du verset ; les sots parlent inconside-
rement, ils ne se servent pas de leur creur
pour r^flechir, toute leur reflexion est pour
ainsi dire dans leur bouche; les sages, au
contraire, ne disent que ce qu'ils ont medite
et pese dans leur cojur, leurs paroles sont
leur coeur meme.
Le latin traduit le 2^ membre : nniis dans
le ccew' des sages est leitr douche.
27. Oesi lin-meiiie gu^il maiidit., soit parce
qu'il donne occasion k son adversaire de le
maudire a son tour; soit plutot parce que,
impie comme il est, c'est sur lui que retom-
bera la maledicftion.
Le mot gr. aa-avav, que nous avons rendu
par adversaire, a bien cette signification
dans la pensee meme du traducleur grec
(comp. I Sam. xxix, 4; III Sam. xix, 22;
I Rois., V, 4; xi, 25; Matth. xvi, 23). Le tra-
du(fteur latin traduit diaboliiiii.
28. Le latin ajoute : celui qui detncitre
avec lui devient odieux, niais Vhovitne sense
qui se iait sera Jionorc.
CHAP. XXII.
I. Utie pierre reniplie d'ot'dures, d^e\CYt-
ments humains, laf)is latrinarum . " La-
pillis utel^antur veteres abstergendis na-
tibus, postquam alvum exonerassent. "
Comp. Aristoph. Plu/iis, 817. Le point de
comparaison est que le paresseux inspire
le degoiit. Le verset suivant exprime la
meme pensee sous une image a peu pres
semblable.
2. Secoue sa main souillee par le contadl.
Dans ces deux versets, au lieu de: le pa-
7-esseu.v ressemble (en gr. auvspX-r^O-ri), il y a
en latin, on lapide le paressetix : le traduc-
teur a lu xaTEpATjOr].
3. Poicr son detriment, le detriment du
pere, pour cette raison entre autres, qu'elle
ne trouvera pas de mari et c^u'elle restera a
la charge de son pere.
4. Trouvera, litt. aura en paitage, possc-
dera, c'est le sens ordinaire de Jucredilare.
En latin, sera un heritage, un tresor, pour
son mari, et cela par ses bonnes qualites,
car on sait C|ue la femme juive n'apportait
pas de dot. Comp. Prov. xiv, i; xviii, 22;
xxxi, 10.
5. L'effrontee : comp. Prov. ix, 13; xiii, 7;
xxi, 24. Le latin ajoute apres le i"^"" membre,
et ne le cede en rieii aux impies.
6. Un sermo77, une longue remontrance;
ou bien, ///; enseignemcnt, une instrucflion
572 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXII, 7—24.
7 Instruire un sot, c'est recoller un pot casse,
[Raconter une chose a qui n'ecoute pas,]
C'est reveiller un homme dormant d'un profond sommeil.
8 C'est parlei- a un homme qui doit que d'entretenir un sot; .
A la fin de ton discours il dira : " Qu'est-ce?"
9 Pleure sur un mort, car sa himiere est eteinte;
Pleure sur un sot, car le bon sens a disparu.
Pleure doucement sur le mort, car il a trouve le repos,
jMais la vie du sot est pire que la mort.
10 Le deuil pour un mort dure sept jours;
Pour le sot et pour I'impie, il dure tous les jours de leur vie.
11 Avec I'insens^ n'aie pas de longs entretiens,
Et ne va pas avec I'homme denue de sens.
Garde-toi de lui, si tu ne veux pas avoir d'ennui,
Et tu ne seras pas souilld de son contadl.
Detourne-toi de lui et tu trouveras le repos,
Et tu n'auras pas a t'attrister en voyant sa sottise.
12 Qu'est-ce qui est plus lourd que le plomb?
Et quel autre nom lui donner que celui de sot?
13 Le sable, le sel, une masse de fer sont plus faciles a porter
Qu'un homme sans intelligence.
14 Un assemblage de charpente bien lie dans un edifice ne sera pas disjoint par un trem-
blement de terre :
Ainsi le cceur fixe dans un dessein niurement reflechi sera sans crainte au moment
critique.
15 Le coeur qui s'appuie sur une pens^e de sagesse
Est comme I'enduit mele de sable sur un mur poli.
16 Une palissade sur une hauteur ne tient pas contre le vent :
Ainsi un coeur timide avec ses folles resolutions ne r^sistera pas a la crainte.
17 Celui qui froisse un oeil fait couler des larmes;
Celui qui froisse un coeur excite le sentiment de la douleur.
18 Celui qui jette une pierre contre des oiseaux les met en fuite,
Et celui qui reproche 201 hicnfait h. son ami dissout I'amitie.
19 As-tu tire I'epee contre ton ami? ne desespere pas;
Un retour est possible.
20 As-tu ouvert la bouche contre ton ami? sois sans crainte;
La reconciliation est possible.
Mais le reproche d'uu bienfait, un mepris hautain.
La revelation d'un secret, un coup de langue perfide,
Cela met en fuite tous les amis.
21 Reste fidele a ton ami dans sa pauvretd,
Afin que tu jouisses avec lui de sa prosperity.
Ne le d^laisse pas aux jours de son epreuve,
Afin que tu aies part aux biens qui lui surviendront.
22 Avant le feu s'elevent la vapeur de la fournaise et la fumce;
De meme avant I'effusion du sang retentissent les paroles outrageantes.
23 Je ne rougirai pas de defendre mon ami,
Et je ne me cacherai pas devant lui;
24 Et si ap7'cs cela quelque mal m'arrive par son fait,
Quiconque I'apprendra se mettra en garde contre lui.
I
7. Cet Jioinme ainsi reveille, est encore a
moitie endormi et ne comprend rien k ce
qu'on lui dit, et il ne tardera pas a retomber
dans son sommeil.
8. Eittreteni}- un sot; le latin ajoute, de la
sagesse. — // dira : (Jit'est-ce.^ comme s'il
n'avait rien entendu. En latin, ^/« i?.y/-^^ qui
me parle?
9. Sa linniere, le flambeau de la vie.
10. Tous les jours de leur vie, parce que
11. De son con tail; le mot grec signifie
litteralement c/toc, secousse. En latin, de la
contagion de son peche.
12. Lui dottner, donner a ce qui est plus
lourd que le plomb. Sens : il n'y a rien
autre que le sot. Chez les Latins aussi konui
plunibeus d^signait un homme lourd d'es-
prit, sans intelligence.
13. Le sable, etc. : trois choses tr^s pesan-
tes. — Hans intelligence; le latin ajoute.
leur vie tout entiere est mauvaise et deplo- sot et impic.
rable. 1 15. Le 2-- membre fait allusion k un cer-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXII, 7-
573
7. Qui docet fatuum, quasi qui
conglutinat testam. 8. Qui narrat
verbum non audienti, quasi qui ex-
citat dormientem de gravi somno.
9. Cum dormiente loquitur qui
enarrat stulto sapientiam : et in fine
narrationis dicit : Quis est hie?
ra.38, 10. "Supra mortuum plora, defecit
enim lux ejus : et supra fatuum
plora, deficit enim sensus. 1 1. Mo-
dicum plora supra mortuum, quo-
niam requievit. 1 2. Nequissimi enim
nequissima vita super mortem fatui.
n. 50, 13. *Luctus mortui septem dies:
fatui autem et impii omnes dies vi-
tae illorum. 14. Cum stulto ne mul-
tum loquaris, et cum insensate ne
abieris. 15. Serva te ab illo, ut non
molestiam habeas, et non coinqui-
naberis peccato illius. 16. Deflecte
ab illo, et invenies requiem, et non
acediaberis in stultitia illius. 17. Su-
per plumbum quid gravabitur? et
quod illi aliud nomen quam fatuus?
)v. 27, 18. "Arenam, et salem, et massam
ferri facilius est ferre quam homi-
nem imprudentem, et fatuum, et
impium. 19. Loramentum ligneum
colligatum in fundamento aedificii
non dissolvetur : sic et cor confir-
matumincogitationeconsilii.20.Co-
gitatus sensati in omni tempore
metu non depravabitur. 21. Sicut
pali in excelsis, et c^menta sine
impensa posita contra faciem venti
non permanebunt : 22. sic et cor
timidum in cogitatione stulti contra
impetum timoris non resistet.
23, Sicut cor trepidum in cogita-
tione fatui, omni tempore non me-
tuet, sic et qui in prasceptis Dei
permanet semper. 24. Pungens ocu-
lum deducit lacrymas : et qui pun-
git cor, profert sensum. 25. Mittens
lapideni in volatilia, dejiciet ilia :
sic et qui convitiatur amico, dissol-
vit amicitiam. 26. Ad amicum etsi
produxeris gladium, non desperes :
est enim regressus. Ad amicum
27. si aperueris os triste, non ti-
meas : est enim concordatio : ex-
cepto convitio, et improperio, et
superbia, et mysterii revelatione,
et plaga dolosa : in his omnibus
efFugiet amicus. 28. Fidem pos-
side cum amico in paupertate illius,
ut et in bonis illius lasteris. 29. In
tempore tribulationis illius perma-
ne illi fidehs, ut et in hereditate
illius coheres sis. 30. Ante ignem
camini vapor, et fumus ignis inal-
tatur : sic et ante sanguinem male-
dicta, et contumelias, et minae.
31. Amicum salutare non confun-
dar, a facie illius non me abscon-
dam : et si mala mihi evenerint per
ilium, sustinebo. 32, Omnis qui au-
diet, cavebit se ab eo.
tain procede de cre'pissure remarquable par
sa solidite et sa duree.
En latin : Le dessein de Phomnie sense ne
sera pas altere par la crainte en quelque
temps que ce soit.
16. Une palissade; litt. des pieux disposes
en palissade.
Le latin ajoute apres le ler membre : et
des pierres superposces sans ciinenf; et apres
le 2«, le verset suivant dont la premiere par-
tie n'est que la repetition du precedent, et
dont I'ensemble est peu clair. Loch et Reischl
I'expliquent ainsi : le cceiir du sot, flottant
dans ses pensees, n'a jamais ni crainte ni
souci, et cela a cause de la legerete de son
esprit; de meme celui qui persevere dans la
fidelite aux prdceptes divins est sans crainte,
mais parce qu'il met sa confiance en Dieu.
17. Qui froisse ; ou, avec le latin, qui
pique. Ce verset sert d'introdudlion a ce qui
suit sur les froisssements de I'amitie.
18. (Qui reproche un bioifait^ un service
rendu; d'autres, qui adresse des injures.
20. Ouvert la bouche, parle dans un mo-
ment de vivacitd et d'irreflexion.
23. De defendre (en lat. de saluer [jnon ami.,
s'ilvientatomberdansle malheur. — Jetienie
cacherai pas, pour ne pas lui venir en aide.
24. Par son fait : s'il me maltraite, il por-
tera tout I'odieux de la rupture. Le mot
sustinebo ajoute par le traducleur latin
trouble le sens.
Le vers. 25 {^yl) dans la Vulgate) com-
mence une priere qui se continue dans le
chap, xxiii ; c'est la que nous I'avons reporte
pour ne pas interrompre la suite des idees.
574
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXII, 25; XXIII, i— 14.
Chap.
XXII.
Cha]3.
XXIII.
CHAP. XXIII. — Priere pour etre preserve des peches de langue [xxii, 25 —
xxiii, 6]. Vigilance sur les paroles [7 — 15]. Fuir la volupte [16 — 27].
UI mettra une garde a ma bouche,
Et sur mes Icvres un sceau prudent,
Afin que je ne tombe pas par leur faute,
Et que ma langue ne me perde pas.^
1 Seigneur, Pcre et souverain Maitre de ma vie,
Ne m'abandonnez pas au conseil de mes levres,
Et ne permettez pas que j'y trouve une occasion de chute.
2 Qui fera sentir la verge a mes pensees,
Et tiendra mon coeur sous la discipline de la sagesse,
Pour ne pas m'epargner dans mes folies,
Et ne pas laisser un libre cours a mes peche's :
3 De peur que mes folies ne s'accroissent,
Que mes peches ne se multiplient,
Que je ne tombe en presence de mes adversaires,
Et que mon ennemi ne se rejouisse a mon sujet?
4 Seigneur, Fere et Dieu de ma vie,
Ne me donnez point la licence des yeux,
5 Et d^tournez de moi les desirs inaiivais.
6 Que les passions charnelles et la voluptt- ne s'emparent pas de moi,
Et ne me livrez pas a une ame sans pudeur.
7 Mes enfants ecoutez la discipline de la bouche;
Celui qui Tobservera ne sera pas pris par ses levres.
8 Au piege de ses levres le pecheur sera pris;
Le medisant et I'insolent y trouveront une occasion de chute.
9 N'accoutume pas ta bouche a faire des serments,
Et ne prends pas I'habitude de prononcer le nom du Saint.
10 Car, comme un esclave mis souvent a la torture ne saurait etre e.xempt de meurtrissures,
Ainsi celui qui fait serment et prononce sans cesse Ic nom dn Sain/, ne sera pas pur
de peches.
11 L'homme qui fait beaucoup de serments multiplie I'iniquite,
Et le malheur ne s'eloignera pas de sa maison.
S'il s'est rendu coupable, son peche est sur lui;
.S'il n'y fait pas attention, son peche est double.
Et s'il a fait un faux serment, il ne sera pas absous,
Car sa maison sera remplie de chatiments.
12 II y a des paroles qui appellent la mort :
Puissent-elles ne jamais se rencontrer dans I'heritage de Jacob!
Tout cela est eloigne des hommes pieux;
lis ne s'engagent pas dans ces peches.
13 N'accoutume pas ta bouche a un langage grossier et bas.
Car il y aurait des paroles coupables.
14 Souviens-toi de ton pcre et de ta mere
Quand tu sieges au milieu des grands.
CHAP. XXIII.
1. Ati conseil, a la volonte, au caprice.
2. JMes fiensccs, mes sentiments, mes dis-
positions interieures. — Sous la discipline,
la correflion qui conduit a la sagesse. —
Mes folies : parallele a mes peches. Sens du
verset : puisse quelqu'un punir ce qu'il y a
de mauvais dans mes pensees et mes sen-
timents!
En grec et en lat. les sujets des verbes
epari^ner, laisser un libre cours, sont verge
et discipline, et au lieu de mes folies, mes
peches, \\y uleurs folies, leiirs peches, c.-a-d.
les folies et les peches de mes pensdes et de
mon coeur. Fritzsche corrige, par conje(nure,
le texte grec dans le sens ou nous I'avons
traduit, sens qui reste le mcme au fond.
4. Apres le I'^f membre, le lat. ajoute -.ne
m\ibandon/tes pas a leur caprice, au caprice
de mes adversaires. — La licence, (en lat.
Porgueil) des yeux, des regards lascifs. Ne
me aonnea point n'est qu'un tour biblique
donne a cette pensee : aidez-moi k triom-
pher de la concupiscence; exadiement com-
me, ne nous induisez pas en lentation, de
rOraison dominicale.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXII, 33; XXIII, 1—18.
575
33' ''Quis dabit ori meo custo-
diam, et super labia mea signacu-
lum certum, ut non cadam ab ipsis,
et lingua mea perdat me?
— :;:— CAPUT XXIII. — :i:—
Oratio adversus superbiam, gulam et luxu-
riam : consuetudo jurandi vitanda, et in-
disciplinatus sermo adferens imprope-
rium : duo genera in peccato abundantiie,
et tertium adducens iram : confutatio
hominis ad peccandum se hortantis : de
peccatis in adiilterio concurrentibus, et
laude timoris Domini.
OMINE pater, et domina-
tor vitas meae, ne derelin-
quas me in consilio eorum :
nee sinas mecadere in illis.
2. Quis superponet in cogitatu meo
flagella, et in corde meo doctrinam
sapientias, ut ignorationibus eorum
non parcant mihi,et non appareant
delicta eorum, 3. et ne adincrescant
ignorantias meae, et multiplicentur
delicta mea, et peccata mea abun-
dent, et incidam in conspectu adver-
sariorum meorum, et gaudeat super
me inimicus meus? 4. Domine pa-
ter, et Deus vitas meas, ne derelin-
quas me in cogitatu illorum. 5, Ex-
tollentiam oculorum meorum ne
dederis mihi, et omne desiderium
averte a me. 6. Aufer a me ventris
concupiscentias, et concubitus con-
cupiscentias ne apprehendant me, et
animas irreverenti et infrunitas ne
tradas me.
7. Doctrinam oris audite filii : et
qui custodierit illam, nop periet la-
biis, nee scandalizabitur in operibus
nequissimis. 8.1n vanitate sua appre-
henditur peccator, et superbus et
maledictus scandalizabitur in illis.
9."Jurationi non assuescat os tuum:
multi enim casus in ilia. 10. Nomi-
natio veroDei non sit assidua in ore
tuo, et nominibus Sanctorum non
admiscearis : quoniam non eris im-
munis ab eis. 1 1. Sicut enim servus
interrogatus assidue, a livore non
minuitur : sic omnis jurans, et no-
minans, in toto a peccato non pur-
gabitur. 12. Vir multum jurans
implebitur iniquitate, et non disce-
det a domo illius plaga. 13. Et si
frustraverit, delictum illius super
ipsum erit : et si dissimulaverit,de-
linquit dupliciter : 14. et si in va-
cuum juraverit, non justificabitur :
replebitur enim retributione domus
illius. 15. Est et alia loquela con-
traria morti, non inveniatur in here-
ditate Jacob. 16. Etenim a miseri-
cordibus omnia h^c auferentur, et
in delictis non volutabuntur. 17. In-
disciplinatas loquelas non assuescat
OS tuum : est enim in ilia verbum
peccati. 18. Memento patris et ma-
tris tuae,in medio enim magnatorum
" Exod. 20,
7. Matth.5,
33-
6. La volupte^ litt. concubitus, I'adle re-
pondant a ces passions. — A une dme, a
nion ame en tant qu'elle se livrerait aux
passions charnelles.
A la priere succede I'instruflion. Cette
instrudlion portera d'abord sur les p^ches de
langue, puis sur Pimpurete. En grec, elle est
precedee de ce titre : discipline de la bouche.
7. La discipline, la regie de la bouclic,
comment il faut regler I'organe de la parole.
— Ne sera pas pris, entraine au mal; en lat.,
ne perira pas, ce que le tradudleur explique
en ajoutant : il ne fera pas de chute en cotn-
inettant les anions les plus criininelles.
%. Ate piege de ses Icvrcsj en lat.,/c?r sa
legerete.
9. Le latin ajoute apres le 1^'- membre :
c^est la cause de beaucoup de chutes, — Le
nom du Saint, de Dieu. Le latin ajoute : et
ne niele pas a tes discours le nont des saints,
car en cela tu ne serais pas exempt de cha-
tiinent : dans I'ancien Testament, les saints
sont les anges; mais I'addition etant d'une
main chretienne, ils de'signent ici les saints
proprement dits.
10. Mis <x la torture, a la question : c'etait
ordinairement par le fouet.
1 1. Ce verset parait distinguer trois cas de
serments coupables avec gradation, i*:"" cas :
serments multiplies; 2^ cas : serments cou-
pables dont on n'a aucun repentir; 3«= cas :
faux serments, litt., serments en vain.
12. II y a des paroles qui appellent la
mort, litt. qui repondent a la mort, lui font
face, la meritent : c'est le blaspheme, tou-
jours puni de mort chez les Juifs.
14. Souviens-toi, etc. Fritzsche : par res-
pedl pour leur memoire, lu veilleras sur tes
576
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXIII, 15—27.
De peur que, les oubliant en leur presence,
Tu ne fasses des sottises par I'effet de Thabitude,
Et que tu n'en viennes a souhaiter de n'etre pas ne,
Et a maudire le jour de ta naissance.
15 Un homme qui s'habitue a un langage grossier
Ne parviendra jamais a la sagesse.
16 Deux sortes d'hommes multiplient les peches,
Et la troisieme attire la colere.
L'homme que brule la passion, comme un feu ardent,
Ne s'eteindra pas jusqu'a ce qu'il soit consume :
Ainsi celui qui ne respecfle pas sa propre chair
Ne cessera pas jusqu'a ce que son feu soit eteint.
17 Au voluptueux tout pain est doux;
II ne s'arretera pas qu'il ne soit mort.
18 L'homme qui quitte la couche conjugale dit dans son coeur :
" Qui me voit? Les tenebres m'environnent, les murailles me couvrent,
Et personne ne m'apercoit : que craindrais-je?
Le Tres-Haut ne se souviendra pas de mes peches". —
19 Les yeux des hommes sont sa crainte,
Et il ne sait pas que les yeux du Seigneur sont mille fois plus brillants que le soleil;
Qu'ils regardent toutes les voies de l'homme,
Et penetrent jusque dans les lieux les plus caches!
20 Avant d'etre cree, I'univers etait connu du Seigneur,
II I'est toujours depuis son achevement.
21 L'adultere sera puni dans les rues de la ville,
Et Ih. oil il ne s'y attendait pas, il sera pris.
22 II en est de meme de la femme qui a abandonne son mari,
Et donne un he'ritier d'une union etrangere.
23 Car d'abord elle a desobei a la loi du Tres-Haut; ,
Ensuite elle s'est rendue coupable envers son mari,
Enfin elle a commis un adultere,
Et donne des enfants d'un sang t'tranger.
24 Elle sera amenee devant I'assemblee,
Et le chatiment visitera ses enfants.
25 Ses enfants ne pousseront point de racines,
Et leurs branches ne porteront pas de fruits.
26 Elle laissera une memoire vouee h la malediftion,
Et son infamie ne s'eftacera jamais.
27 Et ceux qui viendront apres sauront qu'il n'y a rien de meilleur que la crainte du
Seigneur,
Rien de plus doux que d'observer ses commandements.
[C'est une grande gloire que de suivre le Seigneur;
S'attacher a lui, c'est la longueur des jours.]
-^3h
■^
-<^-
atlions et tes paroles, afin qu'il ne t'echappe
rien de grossier ni de choquant, ce qui te
couvrirait d'une insupportable confusion. —
Quand fii sieges : cniin en lat. et y=<P en grec
repondent a I'hebreu XV, qui signitie ici
qtiand. — Les oubliant^ etc., en oubliant tes
parents en presence des grsLwds. — Par I'effet
de P/inbitude, ou bien par ion sans-gene.
Selon d'autres, I'auteur donnerait une
lec^onjnon de savoir-vivre, mais d'humilite :
souviens-toi de la condition humble de tes
parents et ne t'introduis pas dans un milieu
pour lequel ton education ne t'a pas prepare;
tu ne pourrais y faire que des sottises, etc.
Le traducfleur latin ajoute le mot Dieu
dans le 3^ membre : de peur que Dieu ne
foublie eti leur presence ct que, rendu sot
par ta trap grande faniiliarite, tu n'eprouves
de la confusion et que tu if en viennes, etc.
16. Deux sortes d'honiuies ..., la troisinne :
dans cette maniere de s'exprimer, les dis-
tindlions ne sont que pour la forme; elles
amenent deux membres paralleles. Sens :
trois sortes d'hommes multiplient les peches
et attirent la colere divine; toutefois le tour
insinue que les hommes de la troisieme
sorte sont les plus coupables. Comp. Prov.
\'\, 16; Amos, i, 3, etc. — JusquW cc quHl
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIII, 19—38.
577
consistis : 19. ne forte obliviscatur
te Deus in conspectu illorum, et
assiduitate tua infatuatus, imprope-
rium patlaris,et maluisses non nasci,
et diem nativitatis tuas maledicas.
;. 16, 20. *Homo assuetus in verbis im-
properiijin omnibus diebus suis non
erudietur.
2 1 . Duo genera abundant in pec-
catis, et tertium adducit iram, et
perditionem. 22, Animacalida quasi
ignis ardens non exstinguetur donee
aliquid glutiat : 2 3.et homo nequam
in ore carnis suas non desinet donee
incendat ignem. 24. Homini forni-
cario omnis panis dulcis, non fati-
gabitur transgrediens usque ad
finem. 25. Omnis homo qui trans-
greditur lectum suum, contemnens
. IS- in animam suam, et dicens : "Quis
me videt.^ 26. Tenebras circumdant
me, et parietes cooperiunt me, et
nemo circumspicit me : quem ve-
reor,'' delictorum meorum non me-
morabitur Altissimus. 27. Et non
intelligit quoniam omnia videt ocu-
lus illius, quoniam expeUit a se ti-
morem Dei hujusmodi hominis
timor, et oculi hominum timentes
ilium : 28. et non cognovit quoniam
oculi Domini multo plus lucidiores
Lev. 20,
sunt super solem, circumspicientes
omnes vias hominum, et profundum
abyssi, et hominum corda intuentes
in absconditas partes. 29. Domino
enim Deo antequam crearentur, om-
nia sunt agnita : sic et post perfe-
ctum respicit omnia. 30. Hie in
plateis civitatis vindicabitur,et quasi
pullus equinus fugabitur : et ubi
non speravit, apprehendetur. 3 i . Et
erit dedecus omnibus, eo quod non
intellexerittimoremDomini.32.'^Sic "'l
1- • r 10. Dent.
et mulier omnis relmquens virum 22, 22.
suum, et statuens hereditatem ex
alieno matrimonio. 33. Prime enim
in lege Altissimi incredibilis fuit :
secundo in virum suum deliquit :
tertio in adulterio fornicata est, et
ex alio viro filios statuit sibi.34.Hasc
in ecclesiam adducetur, et in filios
ejus respicietur. ^^. Non tradent
filii ejus radices, et rami ejus non
dabunt fructum : ;^6. derelinquet
in maledictum memoriam ejus, et
dedecus illius non delebitur. 37. Et
agnoscent qui derelicti sunt, quo-
niam nihil melius est quam timor
Dei : et nihil dulcius, quam respice-
re in mandatis Domini. 38. Gloria
magna est sequi Dominum : longi-
tudo enim dierum assumetur ab eo.
soi'i consinne, litt. absorbe, entierement de-
vore. En Xaim^ jusquW ce quHl ait devore
quelque chose. — Jusqti'a ce que son feu,
le feu de sa passion, soit eteint, jusqu'a
ce qu'il ait assouvi sa passion, qu'il ne reste
plus d'aliment au feu, d'excitation a la con-
voitise.
Sa propre chair, litt. le corps de sa chair,
le corps nieme de I'impudique, et la i^e es-
pece de voluptueux serait les masturba-
teurs.
La 2eclasse comprend les voluptueux qui
font le mal avec des femmes non engagdes
dans le mariage ; ce sont les foniicateurs
(vers. 17) : comp. Prov. v, 15; ix, 17; xx, 17.
La 3^ classe est celle des adulteres (vers. 18).
18. Qui quitte son lit pour monter dans
celui d'un autre. — Que craindrais-jej en
lat., qui craindrais-je^ — Ne se souviendra
pas de ines pcches, pour les punir.
ig. Toiites les voies, les aflions. Le latin
paraphrase le i^"" membre et en fait un ver-
set distindl;, dont les derniers mots sont
inintelligibles; il traduit le dernier mem-
bre : et apercoivent les cccurs des homines
jusque dans les replis les plus caches.
21. L' adultcre : conixnm.Uon du vers. iS.
— Sera puni. D'apres Fritzsche, il s'agirait
ici, non du supplice de mort auquel la loi
condamnait le coupable {Lev. xx, 10; Dent.
xxii, 22), mais des mesaventures auxquelles
s'expose I'adultere, comme d'etre surpris et
charge de coups. Le latin ajoute : // fuira
rapide coinine le poulain die chcval.
22. De nie/ne. -Idi femme coupable aussi sera
punie. — Un heritier, en lat. un heritage.
24. Amence devant Vassemblee, pour etre
condamnee au supplice de la lapidation. —
Le chdtinient indique vers. 25. Comp. Sag.
iv, 3-6.
25. Ses enfants n'auront point de pos-
terite.
27. S'attacher a luij ou bien, etre Vobjet
de sa faveur. Le latin traduit le 2^ membre :
c^est de lui qu'on reqoit la longueur des jours,
une longue vie.
LA SAINTE mULE. TU.ME IV.
37
578
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXIV, i— lo.
Chap.
XXIV.
M
TROISIEME PARTIE.
w
Eloge de la sagesse. Sentences et maximes pour
la conduite de rhomme dans ses rapports
sociaux [Cii. XXIV — XXXIII, i8].
CHAP. XXIV. — L'auteur introduit la sagesse [vers, i — 2] et lui fait tenir
dans Fassemblee du peuple, un discours ou elle fait son propre eloge
[3 — 21]. Puis, reprenant la parole, il explique que ce qu'il vient de dire
est vrai de la loi, puisqu'elle decoule de la sagesse [22 — 27].
A sagesse se loue elle-meme,
Et se glorifie au milieu de son peuple.
2 Elle ouvre la bouche dans Fassemblee du Ties-Haut,
Et se glorifie en presence de sa Majesty :
3 Je suis sortie de la bouche du Tres-Haut,
Et comme une nuee je couvris la terre.
4 J'habitai sur les hauteurs les plus elevees,
Et mon trone dtait sur une colonne de nutfe.
5 Seule j'ai parcouru le cercle du ciel,
Et je me suis promenee dans les profondeurs de I'abime.
6 Dans les flots de la mer et sur toute la terie,
Dans tout peuple et toute nation j'ai exerce I'empire.
7 Parmi tons les peoples j'ai cherche un lieu de repos,
Et dans quel domaine je devais habiter.
8 Alors le Cr^ateur de toutes choses me donna ses ordres,
Et celui qui m'a creee fit reposer ma tente;
Et il m'a dit : " Habite en Jacob,
Aie ton heritage en Israel."
y Des le commencement et avant tous les siecles j'ai 6i6 creee,
Et je ne cesserai pas d'etre jusqu'a I'eternite.
10 J'ai exercd le ministere en sa presence dans le tabernacle,
Et ainsi j'ai eu une demeure fixe en Sion.
CHAP. XXIV.
1. Comp. les i^r^ chap, des Proverhes^ et
surtout leviiie. La sairessc sc lone cllc-mhne,
elle a en elle-meme sa propre louange, sans
avoir besoin de la recevoir du dehors. —
Au niilicu dc son peuple, au milieu d' Israel,
le peuple de Dieu.
Apr^s le i*^"" membre le lat. ajoute : elle
iroiive son honiieur en Dieu.
2. Dans Passemhlce du Tres-Haut :vc\.^\Xi&
sens cjue, au milieu dc son peuple. — Devanl
sa Alajeslr, litt. defiant sa puissance., devant
Jehovah assis sur son trone dans le temple.
D'aulres : devant sa puissance, dans le sens
concret, deva?it son armee celeste, en pre-
sence des esprits bienheureux.
Le latin ajoute deux versets : elle est
cxaltee au milieu de son peuple et admire'e
dans Vassemblce saittte : seconde tradu(fl;ion
du vers. 2. — Elle recoit des louanges parmi
la multitude des elus, et des bcnedidions
parmi les benis de Dieu. Elle dit. Les ex-
pressions clus, benis de Dieu, trahissent une
main chretienne.
2)- Je suis sortie, etc. : sous cette image
est exprimde la generation eternelle de la
Sagesse, en tant que personne divine, appe-
lee plus tard par S. Jean (i, i) le Verbe ou
la Parole du Pere, par laquelle il a fait
toutes choses.
Le latin ajoute : engendrce la premiere
ajiant toute creature (con\\). Col. i, 15). C'est
moi qui ai fait lever dans le ciel une lumiere
indrfeclible : allusion h la creation de la
lumiere sensible (Gen. i, 3), image de la lu-
mirre spirituelle qui eclaire les ames.
Comme une mice, etc. : allusion au temps
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIV, i — 15.
579
— :i:— CAPUT XXIV. — ^i:—
Sapientia multiplices suas laudes et origi-
nem describit, et mire ad sui amplexum
invitat, omnia su£e docflrinse splendore
illustrans.
APIENTlAlaudabitani-
mam suam, et in Deo
honorabitur, et in me-
dio populi sui gloriabitur,
2. et in ecclesiis Altissimi aperiet
OS suum, et in conspectu virtutis
illius gloriabitur, 3. et in medio
populi sui exaltabitur, et in pleni-
tudine sancta admirabitur, 4. et in
multitudine electorum habebit lau-
dem, et inter benedictos benedice-
tur, dicens :
5. Ego ex ore Altissimi prodivi
primogenita ante omnem creatu-
ram : 6. ego reci m coelis ut orire-
tur lumen indeficiens, et sicut ne-
bula texi omnem terram : 7. ego
in altissimis habitavi, et thronus
meus in columna nubis. 8. Gy-
rum coeli circuivi sola, et profun-
dum abyssi penetravi, in fluctibus
maris ambulavi, 9. et in omni terra
steti : et in omni populo, 10. et in
omni gente primatum habui : 1 1. et
omnium excellentium et humilium
corda virtute calcavi : et in his
omnibus requiem quaesivi, et in he-
reditate Domini morabor. 12. Tunc
prascepit, et dixit mihi Creator
omnium : et qui creavit me, re-
quievit in tabernaculo meo, 13. et
dixit mihi : In Jacob inhabita, et in
Israel hereditare, et in electis meis
mitte radices. 14. "Ab initio, et ante " prov. 8,
sascula creata sum, et usque ad fu- ^^•
turum sasculum non desinam, et in
habitatione sancta coram ipso mini-
stravi. 15. Et sic in Sion firmata
sum, et in civitate sanctificata simi-
ou le globe terrestre etait encore informe et
vide, comme plonge dans la nuit {Gen. i, 2),
et ou I'Esprit de Dieu le couvrait de sa
vertu fecondante. Si I'on retient I'addition
de la Vulgate : c''est iiioi qui ai fait lever,
etc., notre second niembre pourrait s'enten-
dre du nuage de vapeurs qui, meme apres
la creation de la lumiere, continua d'enve-
lopper la terre, se dissipant peu a peu et
devenant plus transparent, jusqu'au 46 jour
oil la lumiere du soleil le perga tout a fait
et le fit disparaitre.
4. Les hauteurs les plus e'levees, les cieux,
ou Dieu lui-meme habite {Is. Ixvi, i). —
Colonne de nuee : la sainte Ecriture repre-
sente souvent le trone de Dieu porte sur des
nuees; ce soutien est appele ici une colonne.
5. Seule, parce que seule je le pouvais,
fai parcouru, etc., mettant partout de I'or-
dre et de I'harmonie, et peuplant le monde
de creatures diverses.
6. J'ai cxercc I'einpirej V\i\.., j' avals droit
de possession, tn grec ixx-r^jauriv ; je pou-
vais done ine reposer^ etablir ma demeure
chez telle nation qu'il me plairait de choi-
sir, mais j'ai laisse ce soin au Createur, et
c'est lui qui m'a assigne pour heritage les
enfants de Jacob. Telle est I'interpretation
ordinaire de ce passage difificile. Fritzsche
conjedlure qu'il y avait en hebreu qanlthl,
qu'il aurait fallu traduire en grec s/.ticia,
j''al cree^fdix peuple de creatures le monde
materiel ; mais cette pensee s'accorde mal
avec le contexte.
Le latin ajoute :j^ai etc sous les pleds par
ma puissance les ca'urs des grands et ceux
des petits.
7. Dans quel dontaine , litt. dans le domaifte
de qui. En latin, et fhabiterai dans le do-
maine du Seigneur.
8. Qui in^a cre'e'e, dans un sens large, gr.
<j xTt'aai; qui m^a engcndree. En conservant
a ce mot son sens stri(51;, on peut dire avec
Bossuet que la Sagesse eternellement con-
9ue dans le sein de Dieu a ete creee en
quelque facon lorsqu'elle s'est exprimee et
pour ainsi dire figuree elle-rneme dans son
ouvrage. — Fit icposer ina tente, jusque la.
errante, fixa ma demeure : image empruntee
a la vie nomade. En latin, reposa dans via
tente : les anciens exdgetes entendent par
cette tente I'humanite de Notre-Seigneur,
oil le Pere habitait aussi par sa divinite, en
vertu de ce que les theologiens appellent la
circuminsession. Comp. Col. ii, 9. ~ Habite
en Jacob : c'est sous la forme de la loi
(vers. 22) et des autres revelations que la
Sagesse etablit sa demeure en Israel. Le
lat. ajoute : e'tends tcs racines, image d'une
habitation durable, parini ines clus.
9. Creee : voy. la note du vers. 8.
10. Le jninistere sacre : la sagesse se
donne comme I'institutrice et le ministre du
culte rendu a Jehovah dans le tabernacle.
— En Sion, la montagne ou fut transfere le
culte de I'ancien tabernacle sous David, et
oil Salomon fit batir le temple.
580
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXIV, 11—24.
II
12
14
De meme il m'a fait reposer dans la cite bien-aimee,
Et dans Jerusalem est le s'lhge de mon empire.
J'ai pouss^ mes racines au milieu du peuple glorifie,
Dans la portion du Seigneur, dans son heritage.
Je me suis dlevee comme le cedre sur le Liban,
Et comme le cypres sur la montagne d'Hermon.
Je me suis elevde comme le palmier des rivages,
Et comme les roses de Jericho;
Comme un bel olivier dans la plaine,
Et j'ai grandi comme un platane.
15 J'ai exhale mon parfum comme la canelle et comme le baume odorant,
Et comme une myrrhe choisie j'ai repandu une odeur suave,
Comme le galbanum, I'onyx et le stable,
Et comme la vapeur de I'encens dans le tabernacle.
16 J'ai etendu mes branches comme le terebinthe,
Et mes rameaux sont des rameaux de gloire et de grace.
17 Comme la vigne, j'ai produit des pousses charmantes,
Et mes fleurs ont donnd des fruits de gloire et de richesse.
[Je suis la mere du pur amour, de la crainte c/e Dt'eu,
De la science et de la sainte esperance.]
18 Venez k moi, vous tous qui me desirez,
Et rassasiez-vous de mes fruits.
19 Car mon souvenir est plus doux que le miel,
Et ma possession plus douce que le rayon de miel.
20 Ceux qui me mangent auront encore faim,
Et ceux qui me boivent auront encore soif.
21 Celui qui m'ecoute n'aura jamais de confusion,
Et ceux qui agissent par moi ne pecheront point.
22 Tout cela, c'est le livre de I'alliance du Dieu tres haut,
C'est la loi que Moise a donnee pour etre I'heritage de I'assemblee de Jacob.
23 Cette loi fait deborder la Sagesse, comme le Phison,
Comme le Tigre au temps des fruits nouveaux.
24 Elle repand h tlots I'intelligence, comme I'Euphrate,
Comme le Jourdain au temps de la moisson.
11. La cite bien-aimee^ en \zX.la cite sainte.
Comp. Ps. cxxxii, 8.
12. Le peuple glo7ifie^ portion (ou lot') du
Seigneur, son heritage, c'est Israel, le peu-
ple de Dieu.
Le latin ajoute : et fai pxe mon sejour
dans Vasseinblee des saints.
Suivent diverses images par lesquelles
I'auteur essaie de peindre les perfedlions de
la Sagesse : sa grandeur, sa fecondite, ses
bienfaits, sa douceur, etc.
13. Cypres : cet arbre serait bien petit a
cote du cedre. Peut-etre le mot hebreu, tra-
duit /.uTcaptcrao^, designait-il le chcne ou le
sapin. — Herman, sommet meridional de la
chaine de I'Anti-Liban; il s'appelait ancien-
nement Sion {Dcut. iv, 48), ce qui expli-
querait Sion du tradudleur latin.
14. Palmier des rivages : il y avait beau-
coup de palmiers sur les rives de la mer de
Genesareth et de la mer Morte. En latin,
lie Cades, au S. de la Palestine. La vraie
le(;on pourrait bien etre celle de plusieurs
manuscrits grecs, d'Engaddi, ville sur la
cote S. O. de la mer Morte. — Les roses
de Jei'icho : on n'est pas d'accord sur la
plante designee par ces mots. La rose pro-
prement dite n'est pas nommee dans I'An-
cien Testament hebreu. — Comme un pla-
tane : le latin ajoute : azi bord de Veau sur
le chemin.
15. Comme le galbanum : avant ce par-
fum, le latin en ajoute un autre, le styrax.
— Lencens dans le tabernacle, bride sur
I'autel des parfums devant I'arche. En latin :
comme Pencens obtenu satis incision, decou-
lant naturellement de I'arbre : le traducfteur
a lu ito[jLo; au lieu de a-rixi;.
Le latin ajoute : et mon odeur est comme
celle d^un baume sans melange.
1 6. Rameaux de gloire et de grace, magni-
fiques et gracieux.
17. Des pousses charmantes, litt. la grace.
— Fruits de gloire et de richesse, ma-
gnifiques et abondants. Honestas dans la
Vulgate a le plus souvent le sens de
richesse.
Je stiis, etc. Ce verset, qu'on trouve
dans plusieurs manuscrits grecs et dans
la Vulgate, exprime sans figure les heu-
reux effets de la Sagesse, representes dans
ce qui pr^c6de sous differentes images, sa-
voir la foi, science des choses divines, I'espe-
rance, la charit^ et la crainte du Seigneur,
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIV, 16—36.
581
liter requievi, et in Jerusalem pote-
stas mea. 16. Et radicavi in populo
honorificato, et in parte Dei mei
hereditas illius, et in plenitudine
sanctorum detentio mea. 17. Quasi
cedrus exaltata sum in Libano, et
quasi cypressus in monte Sion :
18. Quasi palma exaltata sum in
Cades, et quasi plantatio rosas in
Jericho : 19. quasi oliva speciosain
campis, et quasi platanus exaltata
sumjuxtaaquam inplateis.20,Sicut
cinnamomum,et balsamum aroma-
tizans odorem dedi : quasi myrrha
electa dedi suavitatem odoris : 2 1 . et
quasi storax, et galbanus, et ungula,
et gutta, et quasi Libanus non inci-
sus vaporavi habitationem meam, et
quasi balsamum non mistum odor
meus. 22. Ego quasi therebinthus
extendi ramos meos, et rami mei
honoris et gratiae. 23. Ego quasi
vitis fructificavi suavitatem odoris :
et flores mei fructus honoris et ho-
nestatis. 24. Ego mater pulchras
dilectionis, et timoris, et agnitionis,
et sanctae spei. 25. In me gratia
omnis vias et veritatis, in me omnis
spes vitas et virtutis. 26. Transite
ad me omnes qui concupiscitis me,
et a generationibus meis implemini :
27. Spiritus enim meus super mei
dulcis, et hereditas mea super mei
et favum : 28. memoria mea in ge-
nerationes saeculorum. 29. *Qui *|oann. 6,
edunt me, adhuc esurient : et qui 3S- .
bibunt me, adhuc sitient. 20. Oui
audit me, non confundetur : et qui
operantur in me, non peccabunt.
31. Qui elucidant me, vitam aeter-
nam habebunt.
32. Hasc omnia liber vitas, et te-
stamentum Altissimi, et agnitio ve-
ritatis. 33. Legem mandavit Moyses
in prasceptis justitiarum, et heredi-
tatem domui Jacob, et Israel pro-
missiones. 34. Posuit David puero
suo excitare regem ex ipso fortissi-
mum, et in throne honoris seden-
tem in sempiternum. 35. ^Qui im- fGen.2, n.
plet quasi Phison sapientiam, et
sicut Tigris in diebus novorum.
36. Qui adimplet quasi Euphrates
sensum : ''qui multiplicat quasi Jor- "-jos. 3, 15.
c'est-k-dire la piete, la fidelite au service
de Dieu.
Le tradudleur latin ajoute : en mot
toiite la grace de la vote et de la vetite',
en moi toute Vesperance de la vie et de
la vertti.
19. Mott souvenir, garder mon souvenir,
penser a moi. En latin, viott esprit.
Le latin ajoute, et ma ntemoire passera
dans totite la suite des siccles.
20. Aiirotit encore f aim : I'aliment que je
donne est si agreable et si precieux qu'on
n'en sera jamais rassasie, qu'on en voudra
toujours davantage. La parole de Jesus-
Christ a la Samaritaine {Jean, iv, 13 j se
rapporte a un autre ordre d'idee : " Ce-
lui qui aura bu de I'eau que je donne
n'aura plus jamais soif " : il n'aura plus
soif d'une autre eau, il ne cherchera pas
autre chose.
21. N^atira jamais de conftisioft, n'aura
jamais lieu de rougir parce qu'il fera tou-
jours le bien. — Qtii agissent par moi, qui
usent de mes services. D'autres, qui tra-
vaillent stir moi, qui concentrent sur moi
tous leurs efforts afin de me posseder.
Le latin ajoute : cetix qui me jnettent en
Itimiere, qui enseignent aux autres ma doc-
trine, aurotit la vie eternelle.
Ici finit le discours de la Sagesse; I'auteur
reprend la parole pour en eclaircir c|uelques
points.
22. Totd cela, c''est la loi : tout ce que la
Sagesse vient de dire s'applique a la loi de
Moise, est vrai de cette loi ; ou bien : ces
promesses (vers. 19-21), le livre de la loiles
contient et les realise. — L heritage de Vas-
semblee de Jacob, le bien propre du peuple
d'Israel.
Le tradu(fteur latin paraphrase ce verset,
et il ajoute : le Seigneur a promts a David
son serviteur de Jaire sortir de ltd tin rot
toiit-ptiissant, le Messie, qtii doit ^tre eter-
nellement assis sur un trone de gloire.
23. Cette loi, sujet des verbes qui suivent
(vers. 23-25); d'apr^s la Vulg. et d'autres
interpretes, c'est Dieu sous-entendu qui
serait le sujet. — Fait deborder la Sagesse,
la donne abondamment. — Le Pltison et le
Gc/ion (vers. 25) sont deux fleuves du para-
dis terrestre {Gen. ii, 11, 13). — Tigre,
tleuve d'Assyrie, que grossit la fonte des
neiges au temps des fruits notiveatix, k I'epo-
que de la Paque, dans le mois de Nisan
(mars-avril).
24. Etiphrate, fleuve de Chaldee. — Ati
temps de la moissott, en avril, alors que fon-
dent les neiges du Liban.
582 L'ECCl6sIASTIQUE. Chap. XXIV, 25—32; XXV, 1—7.
Ch.XXV
25 EUe fait jaillir la science, comme le Fleuve,
Comma le Gehon an temps de la vendange.
26 Le premier qui Pa I'tiidiee n'a pas acheve de la connaitre,
Et le dernier ne I'a pas p^netree.
27 Car ses pensees sont plus vastes que la mer,
Et ses conseils plus profonds que le grand abime.
28 Et moi j'ai coule comme un petit canal derive d'un fleuve,
Comme une prise d'eau arrosant un jardin de plaisance.
29 J'ai dit : "J'arroserai mon jardin,
J'abreuverai mon parterre."
Et voila que mon petit canal est devenu un fleuve,
Que mon fleuve est devenu une mer.
30 Je veux done faire briller encore la sagesse comme I'aurore,
Faire connaitre au loin ses maximes.
31 Je veux encore repandre la dotlrine comme une parole inspiree,
Et la laisser en heritage aux generations lointaines.
32 Reconnaissez que je n'ai pas travaille pour moi seul,
Mais pour tous ceux qui cherchent la Sagesse.
CHAP. XXV, — Sentences diverses : trois choses qu'on aime et trois choses
qu'on deteste [vers, i — 2]. La sagesse est I'honneur des vieillards [3 — 6].
Eloge de la crainte dc Dieu [7 — 11]. La mechante femme [12 — 25].
ROIS choses me plaisent,
Et elles sont agreables au Seigneur et aux hommes :
La Concorde entre les freres, I'amitie entre les proches,
e bon accord entre le mari et la femme.
2 Mais il y a trois sortes dc gens que je deteste,
Et dont la vie m'est insupportable :
Le pauvre orgueilleux, le riche qui use de fraude,
Et le vieillard voluptueux, denue de sens.
3 Tu n'as rien amasse dans ta jeunesse?
Comment possederais-tu dans ta vieillesse?
4 Qu'il est beau pour les cheveux blancs de bien juger,
Pour la vieillesse de connaitre le bon conseil !
5 Que la sagesse sied bien aux vieillards,
La prudence et le conseil k ceux cju'cn honore !
6 La couronne des vieillards, c'est une riche experience.
Leur gloire, c'est la crainte du Seigneur.
7 II y a neuf choses que mon coeur estime heureuses,
Et une dixieme que ma langue proclame :
25. Le Fleuve, le Nil {Is. xxiii, 3), en hebr.
ieor. Le traducfleur latin a lu or, la luiiiihe.
— Au temps de la vendange, en septembre :
c'est I'epoque du dcbordement du Nil.
Le mot assistens de la Vulg. ne corres-
pond a rien en grec.
26. IJa ^tudice, a etudie la Sagesse : I'au-
teur abandonne ici Tidee de la loi pour re-
venir a la Sagesse elle-mcme. Sens du ver-
set : la Sagesse depasse toute intelligence
humaine.
27. Dans le latin, a mari est pour firo'
niari; il y avait en hebr. la preposition com-
parative tnin.
28. Et moi : c'est I'auteur du livre qui
parle jusqu'a la fin du cliapitre. Suite des
idees ;la loi donne abondamment la Sagesse
(vers. 23 sv.), qui cependant ne pent elre
pleinement connue (vers. 26 sv.). De ce
fleuve immense, I'auteur a amene un peu
d'eau dans son canal pour arroser son jar-
din, pour suffire a ses propres besoins (ver-
set 28 sv.). Mais ce petit canal etant devenu
un fleuve, une mer, c.-a-d. sa sagesse ayant
pris de I'accroissementjil continuera, comme
il I'a fait, jusqu'a present, de publier des
maximes et des sentences pour les genera-
tions futures.
y\ii conic, j'ai fait coulcr la Sagesse dans
mes maximes. — Un jardin dc plaisance,
symbole du monde des ames, et particulie-
rement du peuple de Dieu.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIV, 37—47; XXV, 1—9. 583
danis in tempore messis. 37. Qui
mittit disciplinam sicut lucem, et
assistens quasi Gehon in die vinde-
m'lse. 38. Qui perficit primus scire
ipsam, et infirmior non investigabit
eam, 39, A mari enim abundavit
cogitatio ejus, et consilium illius ab
abysso magna.
40. Ego sapientia effudi flumina.
4 1 . Ego quasi frames aquas immensas
de fluvio, ego quasi fluvii dioryx, et
sicut aquasductus exivi de paradiso :
42. dixi : Rigabo hortum meum
plantationum,et inebriabo prati mei
fructum. 43. Et ecce factus est mihi
frames abundans, et fluvius meus
appropinquavit ad mare : 44. quo-
niam doctrinam quasi antelucanum
illumino omnibus, et enarrabo illam
usque ad longinquum. 45. Pene-
traboomnes inferiores partes terras,
et inspiciam omnes dormientes, et
illuminabo omnes sperantes in Do-
mino. 46. Adhuc doctrinam quasi
prophetiam effundam, et relinquam
illam quaerentibus sapientiam, et
non desinam in progenies illorum
ra 33, usque in asvum sanctum, 47. ' Videte
quoniam non soli mihi laboravi, sed
omnibus exquirentibus veritatem.
— :|:— CAPUT XXV. — :i:—
Tria quae Domino placent, et tria quae edit :
novem insuspicabilia : laus timoris Dei :
mulieris nequam mira detestatio : a mu-
liere initium peccati et mortis : mulieris
dominium non ferendum.
N tribus placitum est spi-
ritui meo, quas sunt pro-
bata coram Deo, et homi-
nibus : 2. concordia fra-
trum, et amor proximorum, et vir
et mulier bene sibi consentientes.
3. Tres species odivit anima mea,
et aggravor valde animas illorum :
4. pauperem superbum : divitem
mendacem : senem fatuum et insen-
satum.
C, Quas in juventute tua non con-
gregasti, quomodo in senectute tua
invenies? 6. Quam speciosum cani-
tiei judicium, et presbyteris cogno-
scere consilium! 7. Quam speciosa
veteranis sapientia, et gloriosis in-
tellectus, et consilium! 8. Corona
senum multa peritia, et gloria illo-
rum timor Dei.
9, Novem insuspicabilia cordis
magnificavi, et decimum dicam in
Apres ^/ w/(?/, le latin ajoute entre autres
choses le mot Sapientia, en sorte que c'est
la Sagesse elle-meme qui se trouve parler
dans le reste du chapitre : moi, la Sagesse,
fat fait couler des fteuves d'intelligence et
de sages maximes, ...prise cVeau sortant dti
paradis.
30. Ses 7naximes, en gr. auxa, scil. verba
dodrince : construdlion ad senstim.
Le latin ajoute : je pe'ttetrerai toutes les
profondetirs de la terre, je visiierai tous
ceiex qui dortneJtt et j\klairerai tons ceiix
qui espereni dans le Seigneitr : allusion a la
descente de Jesus-Christ, la Sagesse incar-
nee, aux enfers.
31. Coinine jine parole inspirce de Dieu,
qui sort impetueuse et abondante de la bou-
che du prophete.
Le point de comparaison est probable-
ment dans I'idee d'abondance, de plenitude.
CHAP. XXV.
I. Me plaisent : c'est Tauteur qui parle.
Le texte ,grec acfluel se traduirait : je me
pare (cboaijGT.v) de trois choses, et je me tiens
(avijxTjv) belle devant le Seigneur et devant
les homines. Mais il est certainement altere,
et il faut probablement lire TjpaaOriv et scitlv,
comme ont lu les tradu(5teurs latin et syria-
que. -- Les freres, dans le sens large, les
compatriotes. — Les proches, les parents. —
Le bon accord. Comp. Hom. Odyss. vi, 83 sv.
2. Voluptueux, en gr. [lot/o'v. Le traduc-
teur latin a lu jj-wpov, sot.
3. La sentence est generate dans les ter-
mes; mais c'est la recherche de la sagesse
que I'auteur a en vue. Comp. Prov. vi, 8.
4. Bien jiiger, en general, avoir un bon
jugement, sans relation particuliere a la
foncflion de juge. Comp. Sag. iv, 8.
5. Ceux qu'on lionore, les vieillards ; se-
lon d'autres, les personnes constitutes en
dignite.
7. Une dixie/ne, la plus excellente, puis-
que ce n'est pas seulement de son coeur,
mais par sa parole qu'il la proclame heu-
reuse. — Voir la mine de ses e /in em is, et
dans cette ruine la cessation du mal qu'ils
faisaient, et une satisfadlion donnee a la
justice de Dieu. Comp. Prov. xxiv, 17.
584
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXV, 8—25.
L'homme qui a de la joie dans ses enfants,
Celui qui vit assez pour voir la ruine de ses ennemis.
8 Heureux qui a dans sa maison une femme sensee,
Et celui qui ne peche point par la langue !
[Heureux qui a trouve un ami fidele,]
Et celui qui ne sert pas des maitres indignes de lui !
9 Heureux qui a trouve la prudence,
Et celui qui I'enseigne h. une oreille attentive !
10 Ou'il est grand l'homme qui a trouve la sagesse !
Pourtant H n'est pas au-dessus de celui qui craint le Seigneur.
11 La crainte du Seigneur surpasse tout;
Celui qui la possede, a qui le comparer?
[La crainte du Seigneur est le commencement de son amour,
Et la foi est le commencement de I'attachement a Dieu.]
12 Toutes les souffrances, mais non la soufFrance du coeur;
Toutes les mechancetes, mais non la mechancete de la femme.
13 Tous les maux, mais non le mal que peut faire la haine,
Toutes les vengeances, mais non la vengeance d'un ennemi.
14 II n'y a pas de venin plus mauvais que le venin du serpent,
Et il n'y a pas de colere plus grande que la colere d'une femme.
15 J'aimerais mieux habiter avec un lion et un dragon,
Que de demeurer avec une femme mechante.
16 La mdchancete de la femme change sa figure;
EUe obscurcit son visage et le fait ressembler a un sac.
17 Son mari va s'asseoir au milieu de ses amis,
Et en les entendant il soupire amerement.
18 Toute mechancete est legere, comparee a la mechancete de la femme
Que le sort des pecheurs tombe sur elle !
19 Comme une montee sablonneuse pour les pieds d'un vieillard,
Ainsi est une femme bavarde pour un mari paisible.
20 Ne te laisse pas seduire par la beaute d'une femme,
Et qu'aucune femme n'excite ta convoitise.
21 C'est un sujet d'indignation, un opprobre et une grande honte,
Que la femme fournisse I'entretien de son mari.
22 Abattement du coeur, tristesse du visage, souffrance de I'ame :
Voila ce que produit une mechante femme.
Les mains di/ mari s'affaissent, et ses genoux flechissent,
Quand sa femme ne le rend pas heureux.
23 C'est par une femme que le peche a commence;
C'est a cause d'elle que nous mourons tous.
24 Ne laisse a I'eau aucune issue,
Ni a la femme aucune autoritd.
25 Si elle ne marche pas comme ta main la conduit,
Retranche-la de ton corps.
— f€>^ \^ K>f— '
8. Un ami Ji dele : ce 3*^ membre qu'on ne
lit plus dans le texte grec aftuel s'y trouvait
sans doute a I'origine.
10. Ponrtajit, etc. : ce terme est le lo^ et
dernier, par consequent le point culminant
du bonheur.
11. Les 2 membres entre crochets ne se
lisent pas dans les meilleurs manuscrits;
le 2^ differe un pen dans le latin : Ic com-
7ncnce7ne7it dc la foi est Vattachcmcnt a Dicu.
12. Ellipse : j'endurerais toutes les souf-
frances plutot que celle du cceur, etc.
Ce verset est traduit deux fois dans la
\'ulg.
14. Vcnin : il y avait sans doute en hcbr.
7-flsch qui signifie ;\ la fois teie et Tcniii; le
traduc^eur g'rec I'a pris a tort dans le pre-
mier sens, qui a ainsi passe dans le latin.
— Delate fevvne : les tradu<fleurs syriaque
et arabe sont ici d'accord avec le latin; le
texte grec acluel porte, d^iin enncnii.
15. Draoon, monstre marin, probable-
ment le crocodile. Comp. Pro7'. xxi, 19;
XXV, 24.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXV, 10—36.
585
lingua hominibus : 10. homo, qui
jucundatur in filiis, vivens et videns
subversionem inimicorum suorum.
ii."Beatus, qui habitat cum mu-
liere sensata, *et qui lingua sua non
est lapsus, et qui non servivit indi-
gnis se. 12. Beatus, qui invenit ami-
cum verum, et qui enarrat justitiam
auri audienti. 13. Quam magnus,
qui invenit sapientiam et scientiam !
sed non est super timentem Domi-
num : 14. timor Dei super omnia
se superposuit : 15. beatus homo,
cui donatum est habere timorem
Dei : qui tenet ilium, cui assimila-
bitur? 16. Timor Dei initium dile-
ctionis ejus : fidei autem initium
agglutinandum est ei. 17. Omnis
plaga tristitia cordis est : et omnis
malitia, nequitia mulieris.
18. Et omnem plagam, et non
plagam videbit cordis : 1 9. et om-
nem nequitiam, et non nequitiam
mulieris : 20. et omnem obductum,
et non obductum odientium : 21. et
omnem vindictam, et non vindi-
ctam inimicorum. 22. Non est ca-
put nequius super caput colubri :
23. et non est ira super iram mulie-
ris. "Commorari leoni et draconi
placebit, quam habitare cum mu-
liere nequam. 24. Nequitia mulieris
immutat faciem ejus : et obcascat
vultum suum tamquam ursus : et
quasi saccum ostendit. In medio
proximorum ejus 25. ingemuit vir
ejus, et audiens suspiravit modi-
cum. 26. Brevis omnis malitia su-
per malitiam mulieris, sors pecca-
torum cadat super illam. 27. Sicut
ascensus arenosus in pedibus vete-
rani, sic mulier linguata homini
quieto. 28. '^Ne respicias in mulieris
speciem, et non concupiscas mulie-
rem in specie. 29. Mulieris ira, et
irreverentia, et confusio magna.
30. Mulier si primatumhabeat,con-
traria est viro suo. 31. Cor humile,
et facies tristis, et plaga cordis, mu-
lier nequam. 32. Manus debiles, et
genua dissoluta, mulier quas non
beatificat virum suum. 22- '-^ '^"^^'
Here initium factum est peccati, et
per illam omnes morimur. 34. Non
des aquas tuas exitum, nee modi-
cum : nee mulieri nequam veniam
prodeundi. SS- Si non ambulaverit
ad manum tuam, confundet te in
conspectu inimicorum. 2^- A car-
nibus tuis abscinde illam, ne semper
te abutatur.
"^ Infra 42,
'Gen. 3, 6.
.1.
— • —
•I*
16. L/n sac, vetement grossier, de couleur
sombre. Au lieu de aaxxov, plusieurs ma-
nuscrits lisent ioxtor, oitrs. Cette derniere
lei^on pourrait bien etre la vraie; le latin
traduit les deux.
17. Va s'asseflir, pour se consoler; le
verbe grec signifie aussi ioinber dans Vabat-
tc7ucnt, et c'est peut-etre cette idee que le
traduCleur lat. a voulu exprimer par le mot
geniit. — Ett les ente77dant parler d'elle, ou
des m^chantes femmes en general. — Ainc-
renient, en gr. irr/pa; le traducfteur lat. a lu
[j.txpa, legere)nent.
18. Le sort, ici le chatiment.
20. Ne te laisse pas sedutre; en latin, Jie
considhr pas. — I\^ excite pas ta cotivoitise;
le latin ajoute, par sa beaiite.
21. One lafemnie, etc. : dans cette situa-
tion, elle domine son mari et le gouverne ;i
son gre, contrairement a I'institution divine
{Gen. iii, 16).
En latin : la colere de la feniine, son inso-
lence et la Jionte qui s'ensuit sont grandes.
Si la femme a rantorite, elle s^e'lcve centre
son viari.
23. Une feni7ue, Eve. — NoJis nwjifons
tons {Gen. iii, 6 : comp. II Cor. xi, 3; I Tim.
ii, 14. Ailleurs (xiv, 12-19; ^'^'') 3)> I'auteur
semble presenter la mort conime une neces-
sity originelle de notre nature. Mais 1° cela
meme est vrai en soi, puisque I'immortalite
avait ete accordee a nos premiers parents "k
titre de privilege et de grace. 2° Rien ne
prouve que I'auteur, en parlant de cette ne-
cessite, ne la rattache pas a la decheance
primitive.
24. Auciine issue; le latin ajoute, viane
petite. — Auctine aiitorite ; en latin, la
liberie de paraitre dehors : dans la pi u part
des contrees de I'Orient, la femme est tenue
enfermee.
25. De ton co7ps auquel elle est unie, dont
elle fait partie en quelque sorie : locution
figuree pour : quitte-la, separe-toi d'elle par
le divorce, que permettait la loi de Moise.
586
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXVI, i— 18.
Chap.
XXVI.
CHAP. XXVI. — Sentences diverses [suite] : La femme vertueuse [vers, i — 4
et 16 — 18]. La femme jalouse, mechante et impudique [5 — 12]. Trois
choses deplorables [19]. Le negoce expose au peche [20].
^jEUREUX est le mari d'une femme vertueuse,
^^^^■| Et le nombre de ses jours sera double.
^Mii 2 La femme forte est la joie de son mari,
Et il passe ses annees dans la paix.
3 La femme vertueuse est une bonne part;
Elle sera donnee k ceux qui craignent le Seigneur.
4 Riche ou pauvre, son mari a le coeur joyeux,
En tout temps la gaiete brille sur son visage.
5 II y a trois choses que redoute mon cceur,
Et au sujet de la quatrieme, je conjure le Seigneur :
Les mechants propos de tout une ville,
La malediction de la foule et la calomnie : —
Ces trois choses me sont plus odieuses que la mort; —
6 Mais la douleur du coeur et I'affliftion, c'est une femme jalouse,
Et le fouet d'une langue qui raconte ses griefs a tout le monde.
7 Une mechante epouse, c'est une paire de boeufs en desaccord;
Celui qui la tient a saisi un scorpion.
8 C'est un grand sujet de colere qu'une femme adonnee au vin;
Elle ne voilera pas iiiei)ie sa honte.
9 A I'effronterie de son regard, au clignotement de ses yeux,
On reconnait Timpudicite d'une femme.
10 Fais bonne garde aupres d'une tille indocile,
De peur qu'elle ne profite de ta negligence pour se livrer a la debauche.
11 Garde-toi de suivre un oeil impudent;
Aiitrement ne t'e'tonne pas qu'il t'entraine au peche.
12 Comme le voyageur altdre' ouvre sa bouche,
Et boit de toute eau qu'il rencontre,
L'impudique s'assied devant chaque poteau,
Et devant la fleche ouvre son carquois.
13 La grace d'une femme fait la joie de son mari,
Et son intelligence repand la vigueur jusque dans ses os.
14 C'est un don de Dieu qu'une femme silencieuse,
Et rien n'est comparable a une femme bien dlevee.
15 C'est une grace au-dessus de toute grace qu'une femme pudique,
Et aucun tresor ne vaut une femme chaste.
16 Le soleil se leve dans les hauteurs des cieux :
Ainsi la beaute d'une femme brille dans sa maison bien orn^e.
17 Comme le flambeau qui luit sur le chandelier sacre,
Ainsi est la beaute du visage sur une noble stature.
18 Comme des colonnes d'or sur des bases d'argent,
Tels sont des pieds elegants sur des talons solides.
CHAP. XXVI.
1-4. Comp. ProiK xxxi, 10 sv.
3. Une bontje part, un bon lot. Comp.
Prov. xviii, 22; xix, 14.
Le latin ajoute au 2^ membre : lUt recom-
pense)! sc de leiirs bonnes a-nvres.
5. Je conjure le Seigneur de m'en preser-
ver, ce qui est plus que de la redoiiter. En
grec, le mot 7rf-OT(oTr(.) fait difficulte; Fritz-
sche I'explique ainsi : je conjure en presence
(en face) du Seigneur; ou bien : j'e prie, la
face co7itre tcrre. En latin le 2« membre est
traduit : et ttne quatrieme jette Vepoui'anie
sur mon visage. — La jnalediclion, en sup-
posant qu'il y avait en hebreu qelala/t, pris
par le traduc^eur grec pour qalial. On pent
cependant conserver i-/./.XTjjt'av, colleHioneni,
et traduire, le rasscmblement seditieux de la
niulti/ude.
6. Une femme jalouse, vis-k-vis d'une au-
tre femme. — Et le fouet, etc., complete
ride'e de la femme jalouse; c'est comme s'il
y avait : et dont la langue fiagelle son mari,
racontant ses griefs k tous.
7. En desacco?-d, litt. ngitee, marchant en
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXVI, 1—24.
587
— :i:— CAPUT XXVI. — :i:—
Proponit vicissim laudes bonae mulieris, et
vituperia malx ac zelotyp;c : filia custo-
dienda : tria timenda : duo contristantia,
et duo periculosa.
ULIERIS bonae beatus
vir : numerus enim anno-
rum illius duplex. 2. Mu-
lier fortis oblectat virum
suum, et annos vitae illius in pace
impleblt. 3. Pars bona, mulier bona,
in parte timentium Deum dabitur
viro pro factis bonis : 4. divitis au-
tem, et pauperis cor bonum, in omni
tempore vultus illorum hilaris.
5. A tribus timuit cor meum, et
in quarto facies mea metuit : 6. de-
laturam civitatis, et collectionem
populi : 7. calumniam mendacem,
super mortem, omnia gravia. 8. Do-
lor cordis et luctus, mulier zelo-
typa : 9. in muliere zelotypa flagel-
lum linguae, omnibus communicans.
10. Sicut bourn jugum, quod mo-
vetur, ita et mulier nequam : qui
tenet illam, quasi qui apprehendit
scorpionem. 11. Mulier ebriosa ira
magna : et contumelia, et turpitudo
illius non tegetur. 1 1. Fornicatio
mulieris in extollentia oculorum, et
in palpebris illius agnoscetur. 13. ''In
filia non avertente se, firma custo-
diam : ne inventa occasione utatur
se. 14. Ab omni irreverentia ocu-
lorum ejus cave, et ne mireris si te
neglexerit : 15. sicut viator sitiens,
ad fontem os aperiet, et ab omni
aqua proxima bibet, et contra om-
nem palum sedebit, et contra om-
nem sagittam aperiet pharetram
donee deficiat.
16. Gratia mulieris sedulae dele-
ctabit virum suum, et ossa illius
impinguabit. 17. Disciplina illius
datum Dei est : 18. mulier sensata
et tacita, non est immutatio erudi-
tae animas. 19. Gratia super gratiam
mulier sancta, et pudorata. 20. Om-
nis autem ponderatio non est digna
continentis animae. 21. Sicut sol
oriens mundo in altissimis Dei, sic
mulieris bon« species in ornamen-
tum domus ejus : 22. lucerna splen-
dens super candelabrum sanctum,
et species faciei super astatem stabi-
lem. 23. Columnas aureas super ba-
ses argenteas, et pedes firmi super
plantas stabilis mulieris. 24. Fun-
damenta asterna supra petram soli-
dam, et mandata Dei in corde mu-
lieris sanctae.
" Infra 42,
II.
divers sens. — Scorpion, dont la queue
porte un dard recourbe, qui inocule un venin
souvent mortel.
8. Sa honie, en lat. pudenda.
10. De peiir que, etc. Litt., de pcur que,
trouvant reldcJie de ta part, elle n'en use
pour elle-nicnie, pour se satisfaire; d'autres,
avec le tradufteur latin, de pear qic'elle n'use
d'elle-nienie (comme on dit, /prjaOai sxatpa),
elle ne se livre a la debauche.
11. Autrenient, si tu le suivais. — Qu''il
te conduise au pecliej en latin, quUl ie ne-
glige, qu'il n'ait pour toi aucun respedl.
12. CJiaque poteati indicateur d'un lieu de
prostitution : comp. Ezech. xvi, 24 sv. —
Ouvre son carquois : expression figuree de
I'acflion de I'impudique. Le latin ajoute,y?^i--
qu^a ce qu'elle defaille.
13. La grace exterieure, le charme, d^une
femniej le latin ajoute dillgente. — Dans ses
OS. Comp. /';'^7'. xv, 30.
15. Utie fenime pudique; en latin, sainte
et pudique.
16. Les hautetcrs des cieux, litt. du Sei-
gneur, c.-k-d. avec un eclat resplendissant.
— Dans sa niaison bien or nee, litt., da7ts Vor-
nenient de sa niaison, de la maison de lui, de
son mari, oii regnent I'ordre et la proprete.
En Xdi'iwi, fait Pornenicnt de sa niaison.
17. Le chandelier a sept branches dans le
temple. — Le traducleur latin a pris TjX-.xja
dans le sens A\ige : avec tm age nifer, ce qui
convient moins ici que le sens de stature.
18. Des pieds, etc. Par le mot pieds, I'au-
teur entend les colonnes qui supportent le
corps, c.-a-d. les jambes, et par taloiis tout
ce qui constitue la base de ces colonnes,
c.-a-d. le pied proprement dit. En latin, .wr
les platites dUine feninie itiebranlable. Le
texte grec a<fluel signifie, sur la poitrine de
cclle qui se tient fernie, ce qui n'offre aucun
sens. II est vraisemblable qu'au lieu de
axs'pvotc il faut lire avec le traducfleur latin
TC-ts'pvatc, talons.
Le latin ajoute ce verset : comme des fon-
dations eternelles sur une roche solide, ainsi
588 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXVI, 19, 20; XXVII, i— 15.
19
Deux choses attristent mon coeur,
Et la troisieme excite mon indignation :
L'homme de guerre qui soufifre de la pauvrete,
L'homme intelligent qui est I'objet du mepris;
Celui qui passe de la justice au peche,
Le Seigneur le prepare pour I'epee.
20 Difficilement l'homme du negoce evitera la faute,
Et le marchand de vin ne sera pas exempt de pe'che.
Chap.
XXVII.
CHAP. XXVII. — L'exercicc du commerce au peche [vers, i — 3]. Le discours
revele I'interieur de l'homme [4 — 7]. Recherche de la justice [8 — 10].
Langage des hommes pieux et des impies [11 — 15]. Indiscretion
[16 — 21]. Odieux de I'hypocrisie [22 — 24]. Le fourbe se nuit a lui-
meme [25 — 28]. Ne pas se rejouir de la chute des hommes pieux [29].
Ne te venge pas, mais pardonne [30 — xxviii, 7].
EAUCOUP p^chent pour de I'argent,
Et celui qui cherche a s'enrichir detourne les yeux.
2 La cheville s'enfonce entre deux pierres :
Ainsi le peche penetre entre la vente et I'achat.
3 Si tu ne t'attaches pas fortement a la crainte de Dieu,
Ta maison sera bientot detruite.
4 Quand on agite le crible, il reste un tas de rebuts :
De meme les defauts d'un homme apparaissent dans ses discours.
5 La fournaise eprouve les vases du potier :
L'epreuve de l'homme est dans sa conversation.
6 Le fruit d'un arbre fait connaitre le champ qui le porte :
Ainsi la parole manifeste les sentiments du coeur de l'homme.
7 Ne loue personne avant de I'entendre parler.
Car la parole est I'dpreuve des hommes.
8 .Si tu poursiiis la justice, tu I'atteindras,
Et tu t'en revetiras comme d'une robe d'honneur.
9 Les oiseaux se reunissent h. leurs semblables :
De meme la verite retourne a ceux qui la pratiquent.
10 Le lion est toujours a guetter sa proie :
Ainsi le peche guette ceux qui commettent I'injustice.
11 Le discours de l'homme pieux est toujours sagesse,
Mais I'insens^ est changeant comme la lune.
12 Pour aller dans la compagnie des insenses, observe le temps,
Mais sois continuellement avec ceux qui refiechissent.
13 La conversation des insenses est detestable;
Leur rire eclate dans la joie du peche.
14 Le langage de celui qui prodigue les serments fait dresser les
Quand il dispute, on se bouche les oreilles. [cheveux;
15 Les disputes des orgueilleux font couler le sang,
Et leurs invedlives font peine ci entendre.
snnt les prdceptes divins dans le ca'iir d^une
saint e feninie.
Plusieurs manuscrits grecs, ainsi que les
versions syriaque et arabe, inscrent ici un
certain nombre de distiques ayant trait h la
fern me.
19. IJhoniiiic i/itcl/ii^enf, dont il faudrait
demander et suivre les conseils. — Le pre-
pare pour I'^p^e, le livrera i\ la mort; ce
troisieme malheur est plus grand que les
deux autres.
Le vers. 20 eut ete mieux h sa place dans
le chap, suivant. En latin il est precede de
ces mots : deux choses in^ out pant difficiles
et pi'rilleuses.
20. Du pechi'; en latin, des pcches des
Ih'res, de la langue.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXVI, 25—28; XXVII, i— 16. 589
25. In duobus contristatum est
cor meum, et in tertio iracundia
mihi advenit : 26. vir bellator defi-
ciens per inopiam : et vir sensatus
contemptus : 27. et qui transgredi-
tur a justitia ad peccatum, Deus pa-
ravit eum ad romphaeam.
28. Duae species difficiles et pe-
riculosas mihi apparuerunt, difficile
exuitur negotians a negligentia : et
non justificabitur caupo a peccatis
labiorum.
— :i:— CAPUT XXVII. — :!=—
Ob inopiam et amorem divitiarum multi de-
linquunt : timor Domini constanter ser-
vandus : tentatio probat eum qui tenta-
tur : sequenda justitia : inconstantia stulti:
modestia in verbis servanda : secreta
amici non revelanda : de annuente oculo
et insidioso.
ROPTER inopiam multi
deliquerunt : et qui quas-
rit locupletari, avertit ocu-
lum suum. 2. Sicut in me-
dio compaginis lapidum palus figi-
tur, sic et inter medium venditionis
et emptionis angustiabitur pecca-
tum. 3. Conteretur cum delinquente
delictum. 4. Si non in timore Do-
mini tenueris te instanter, cito sub-
vertetur domus tua. 5. Sicut in per-
cussura cribri remanebit pulvis, sic
aporia hominis in cogitatu illius.
6. Vasa figuli probat fornax, et
homines justos tentatio tribulatio-
nis. 7. Sicut rusticatio de ligno
ostendit fructum illius, sic verbum
ex cogitatu cordis hominis. 8. Ante
sermonem non laudes virum : hasc
enim tentatio est hominum.
9. Si sequaris justitiam, appre-
hendes illam : et indues quasi
poderem honoris, et inhabitabis
cum ea, et proteget te in sempi-
ternum, et in die agnitionis inve-
nies firmamentum. 10. Volatilia
ad sibi similia conveniunt : et Ve-
ritas ad eos, qui operantur illam,
revertetur. 11. Leo venationi insi-
diatur semper : sic peccata operan-
tibus iniquitates.
12. Homo sanctus in sapientia
manet sicut sol : nam stultus sicut
luna mutatur. 13, In medio insen-
satorum serva verbum tempori : in
medio autem cogitantium assiduus
esto. 14. Narratio peccantium odio-
sa, et risus illorum in deliciis pec-
cati. 15. Loquela multum jurans,
horripilationem capiti statuet : et
irreverentiaipsius obturatio aurium.
16. Effusio sanguinis in rixa super-
borum : et maledictio illorum audi-
tus gravis.
CHAP. XXVII.
1. Pour de Pargetit : voy. la note de
vii, 18. Ou bien, en conservant au mot grec
a5tacpdpou son sens ordinaire : poitr line
chose de pen de valeur. En latin, far indi-
gence. — Dctoiirne les yeiix de Dieu, de sa
loi et de ses menaces centre les pecheurs.
2. La cheville, a laquelle on veut suspen-
dre quelque chose. — Pe'7ietre, entre comme
de force. Le lat. ajoute : le peche sera broyc
avec le pecJieur.
3. Si tu ne V attaches pas, etc. C'est le sens
du texte latin. Fritzsche traduit le grec : si
quelquhin tiacquiert pas la richesse dans la
crainte de Dieu; et il neglige xaxa aTcouST^v,
dont le sens lui parait peu en rapport avec
la pensee generale.
4. Dans ses discoiirs; en lat., dans sa re-
flexion, quand il examine sa conscience.
5. Sa co7iversation fait voir s'il est bon ou
mauvais, pieux ou impie.
6. Les sentiments et les pensees, en lisant
£v6u!JLT,;j.a, au lieu de i^S\>\x-(\\j.ixioc, que porte
le texte a6luel. Si I'on conserve ce dernier
mot, on traduira : ainsi la parole est le fruit
de Vinterieur du caur de Phonnne.
7. En latin, hcec est pour hie, scil. serino.
8. Le latin ajoute : tu habiteras avec elle,
elle te protegera pour tvujoui s, et au jour
du jugenient tu y trouveras im appui.
9. La verite est ici personnifiee; si elle
abandonnait un homme juste, elle revien-
drait bien vite a lui pour I'assister, a cause
du lien qui les unit.
10. Ce verset est la contre-partie du pre-
cedent.
11. Le latin traduit le i^i membre -.Vhonwie
saint est stable dans la sagesse comnie le so-
ldi.
12. Observe le temps, n'y va que dans de
rares occasions ou cela peul etre necessaire
ou utile.
I
590 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXVII, 16—30; XXVIII, 1-9.
16 Celui qui revcle les secrets perd la confiance,
Et il ne trouvera plus d'ami a son gre.
17 Aime ton ami et sois-lui fidele;
Mais si tu devoiles ses secrets, ne cours pas apres lui;
18 Car, comnie Thomme qui a donne la mort a son ennemi,
Ainsi tu as tue pour toujours I'amitie de ton prochain;
19 Et comme lorsque tu as laisse echapper un oiseau de ta main,
Ainsi tu as eloigne ton ami, et tu ne pourras plus le rattraper.
20 Ne le poursuis pas, car il est bien loin;
C'est una gazelle qui s'est echapptfe du filet.
21 On bande une blessure, apres une injure on se reconcilie,
Mais celui qui a r6v6\e des secrets n'a plus d'esperance.
22 Celui qui cligne de I'oeil fabrique I'iniquitii,
Et personne ne pent s'en defaire.
23 En ta presence il n'aura que douceur sur les Icvres,
II admirera toittes tes paroles;
Mais ensuite il changera sa bouche,
Et donnera un tour facheux a tes discours.
24 Je bais bien des choses, mais rien tant que lui;
Le Seigneur aussi I'a en aversion.
25 Celui qui jette une pierre en I'air la jette sur sa propre tete :
Ainsi un coup perfide fait des blessures au pcrfide.
26 Qui creuse une fosse y tombera,
Et qui tend un filet y sera pris.
27 Celui qui trame un mauvais dessein le verra rouler sur lui,
Et il ne saura pas d'oii cela lui vient.
28 Le sarcasme et I'outrage sont dans la bouche des orgueilleux,
Mais la vengeance les guette comme un lion.
29 lis seront pris au piege ceux que rejouit le malheur des hommes pieux,
Et ils se consumeront de douleur avant de mourir.
30 Le ressentiment et la colere, eux aussi, sont dctestables,
Et le pecheur les posscde.
cnAP. xxvin.
Contre la vengeance [vers, i — 7], les querelles [8 — 12]
les peches de langue [13 — 26].
Chap.
XXVII L
ELUI qui se venge liprouvera la vengeance divine,
Et le Seigneur conservera soigneusement ses peches.
2 Pardonne au prochain son injustice,
Et alors a ta priere tes peches seront reniis.
3 L'homme conserve de la colere contre un autre homme,
Et il demande a Dieu son pardon !
4 11 n'a pas pitie d'un homme, son semblable,
Et il supplie pour ses propres fautes!
5 Lui qui n'est que chair garde rancune;
Qui done lui obtiendra le pardon de ses peches?
6 Souviens-toi de ta fin, et cesse de hair;
De la corruption et de la mort, et observe les commandements.
7 Souviens-toi des commandements, et n'aie pas de rancune contre ton prochain;
De I'alliance du Tres-Haut, et passe par-dessus I'oftense.
8 Tiens-toi eloigne de la dispute, et tu pccheras moins;
Car l'homme irascible dchauffe la cjuerelle,
9 Et le pecheur met le trouble parmi les amis,
Et jette la calomnie parmi ceux qui vivaient en paix.
17. Ne eours pas apres lui, pour regagner
son amitie : tu perdrais ta peine.
18. Soil ennemi ; en latin, son and : sans
doute \eqon fautive.
20. Le latin ajoute : car son ame a ete
l^lcssee.
21. Une -blessure : lire Tpaj;j.a, et non
TpaijCTij.x , fragment.
LIBER ECCLESrASTICI. Cap. XXVII, 17—33; XXVIII, i— 11. 591
17. Qui denudat arcana amici,
fidem perdit, et non inveniet ami-
cum ad animum suum. 18. Dilige
proximum, et conjungere fide cum
i]lo. 1 9. Quod si denudaveris abs-
consa ilJius, non persequeris post
eum. 20. Sicut enim homo, qui
perdit amicum suum, sic et qui per-
dit amicitiam proximi sui. 21. Et
sicut qui dimittit avem de manu
sua,sicdereliquisti proximum tuum,
et non eum capies : 22. non ilium
sequaris, quoniam longe abest : efFu-
git enim quasi caprea de laqueo :
quoniam vulnerata est anima ejus':
23. ultra eum non poteris colligare :
et maledicti est concordatio : 24. de-
nudare autem amici mysteria, de-
speratio est animas infelicis.
25. Annuens oculo fabricat ini-
qua, et nemo eum abjiciet : 26, in
conspectu oculorum tuorum con-
dulcabit os suum, et super sermo-
nes tuos admirabitur : novissime
autem pervertet os suum, et in ver-
bis tuis dabit scandalum. 27. Multa
odivi, et non coasquavi ei, et Domi-
nus odiet ilium.
28. Qui in altum mittit lapidem,
super caput ejus cadet : et plaga
dolosa dolosi dividet vulnera. 29. Et
qui foveam fodit, incidet in eam :
et qui statuit lapidem proximo, of-
fendet in eo : et qui laqueum alii
ponit, peribit in illo. 30. Facienti ne-
quissimum consilium, super ipsuni
devolvetur, et non agnoscet unde
adveniat illi. 3 1 . Illusio, et imprope-
rium superborum, et vindicta sicut
leo insidiabitur illi. 32. Laqueo
peribunt qui oblectantur casu ju-
storum : dolor autem consumet illos
antequam moriantur. 33. Ira et fu-
ror, utraque exsecrabilia sunt, et vir
peccator continens erit illorum.
— :i:— CAPUT XXVIII. — :>—
Non quEerenda vindicfta, sed offensa remit-
tenda : ab ira ac lite cessandum : mala
linguas et pericula ipsius, et de tertia lin-
gua : aures sepiendas adversus linguam
neqiiam, orique frenum imponendum.
UI vindicari vult, a Do-
mino inveniet vindictam,
"et peccata illius servans -^Deut. 32,
servabit. 2. Relinque pro- i'^j.^'farc'
ximo tuo nocenti te : et tunc de- ii,25,Rom'.
precanti tibi peccata solventur. ^^' ^9-
3. Homo homini reservat iram, et
a Deo qusrit medelam.'' 4. In ho-
minem similem sibi non habet mi-
sericordiam, et de peccatis suis de-
precatur.^ 5. Ipse cum caro sit,
reservat iram, et propitiationem
petit a Deo.^ quis exorabit pro deli-
ctis illius.^ 6. Memento novissimo-
rum, et desine inimicari : 7. tabi-
tudo enim et mors imminent in
mandatis ejus. 8. Memorare timo-
rem Dei, et non irascaris proximo.
9. Memorare testamentum Altissi-
mi, et despice ignorantiam proximi.
TO. Abstine te a lite, et minues
peccata : 1 1. homo enim iracundus
incendit litem, et vir peccator tur-
22. S'en defaire, se defaire de lui, echap-
per a ses machinations.
23. Siir les levres : dans le i^"^ membre,
au lieu de dto'iJLa aou, os tuum, lire jt. auxou
OS suum (cod. Alex. Vulg.).
25. Lajette sur sa propre feie, c.-a-d., com-
me traduit le latin, elle retomhera sur sa tefe.
26. Comp. Ps. vii, ib; Prov. xxvi, 27;
Eccle. X, 8.
Le latin ajoute entre les deux membres ;
qui place une pierfe devajit son procJuiin s'j
heurtera.
28. Illi, en latin comme en grec, est pour
illis, et se rapporte grammaticalement a
sarcasme; selon d'autres, a orgueilleux.
29. Pris nil p lege, severement punis.
2f). Eux aussi, comme les autres vices
prec^demment signales. Ce verset appar-
tient logiquement au chap, suivant.
CHAP. XXVIII.
1. Comp. Matth. vi, 12; Rom. xii, 19.
2. Comp. Matth. vi, 14; Marc, xi, 25.
5. Qui n'est que chair, la faiblesse meme.
6. Le latin traduit le 2*= membre : car la
pourriture et la mart te menacent derricre
les commandements, si tu ne les observes pas.
7. Des commandements; en latin, de la
crainte de Dieu. — L! offense (litt. V ignorance)
du prochain a ton egard.
592
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXVIII, 10—26.
10
II
12
Le feu s'embrase en proportion du bois qui ralimente :
Ainsi la colere d'un homme s'allume en proportion de sa puissance.
Selon sa richesse il fait monter sa fureur;
EUe s'enflamme selon la violence de la dispute.
Une querelle precipitee allume le feu,
Et une dispute irreflechie fait couler le sang.
Si tu souffles sur une etincelle, elle s'embrase;
Si tu craches dessus, elle s'eteint :
Les deux choses sortent de ta bouche.
13 Maudis le rapporteur et Fhomme a double langue,
Car il est funeste a beaucoup qui vivaient en paix.
14 La langue calomniatrice en a precipite un grand nombre,
Et les a chasses de pays en pays;
Elle a renverse des villas fortes,
Et jete par terre les palais des grands.
15 La langue calomniatrice a chasse de la maison des femmes vaillantes,
Et les a depouillees du fruit de leurs travaux.
16 Qui lui prete I'oreille ne trouvera plus le repos,
Et il n'aura plus de paix dans sa demeure.
17 Le coup de verge fait une meurtrissure,
Le coup de langue brise les os.
18 Beaucoup ont pdri par le tranchant de I'epee;
Bien plus nombreux ceux que la langue a tues.
19 Heureux celui qui est a I'abri de ses coups,
Qui n'est pas livre a sa fureur,
Qui n'a pas traine son joug,
Et qui n'a pas ete' lie de ses chaines !
20 Car son joug est un joug de fer,
Et ses chaines sont des chaines d'airain.
21 La mort qu'elle donne est une mort affreuse,
Et I'Hadcs vaut mieux qu'elle.
22 Elle n'aura pas d'empire sur les hommes pieu.x,
Et ils ne seront pas brules par sa flamme.
23 Ceux qui abandonnent le Seigneur y tomberont;
Et elle les consumera sans s'eteindre;
24 Entoure done ton domaine d'une haie d'epines;
Lie dans un sac ton or et ton argent,
25 Et fais une balance et des poids pour tes discours,
Une porte et un verrou pour la bouche.
26 Prends garde a ne pas faillir par la langue,
De peur que tu ne tombes sous les yeux de celui qui te guetie.
10. En latin, le dernier membre fait de-
faut; dans plusieurs manuscrits grecs il se
trouve place apr^s le premier.
11. Une querelle precipitee, excite'e a la
legere, allume le feu des passions, et spd-
cialement de la colere.
Le latin ajoute : et la langue qui rend \xx\
faux tenwignage cause la mort, en excitant
les deux rivaux I'un contre I'autre; ou bien ;
la mort du faux temoin, que la loi condam-
nait a la peine du talion {Deut. xix, 21).
12. Sans image : il est en ton pouvoir, en
presence d'une querelle, de I'exciler ou de
I'apaiser.
13. L! homme ix double langue, qui ticnt
un langage different selon les personnes h.
qui il parle.
14. La langue calomniatrice; litt., la iroi-
sieme langue, sans doute ainsi appelde parce
qu'elle seme la discorde entre deux autres
personnes. La sentence est gendrale; cepen-
dant plusieurs ex^getes pensent que Tauteur
avait en vue les calomnies dont les Samari-
lains poursuivirent les Juifs aupres des rois
de Perse, apres le retour de Texil, pour les
empecher de rebatir Jerusalem et le temple
{lYcli. iv, 12 sv.).
Le latin ajoute : elle a deiruil les arnu'es
des peuples et disperse des nations puissantes.
16. Le latin traduit le 2^ membre : et il
n\iurapointd'ami stirqui il puissesereposer.
18. La langue du calomniateur; en latin,
leur langue : Taddition de sua/n denature
le sens.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXVIII, 12—30.
593
babit amicos, et in medio pacem
habentium immittet inimicitiam.
12. Secundum enim ligna silv« sic
ignis exardescit : et secundum vir-
tutem hominis, sic iracundia illius
erit, et secundum substantiam suam
exaltabit iram suam. 13. Certamen
festinatum incendit ignem : et lis
festinans efFundit sanguinem : et
lingua testificans adducit mortem.
14. Si sufflaveris in scintillam, quasi
ignis exardebit : et si exspueris su-
per illam, exstinguetur : utraque ex
ore proficiscuntur.
15. Susurro et bilinguis maledi-
ctus : multos enim turbabit pacem
habentes. 16. Lingua tertia multos
commovit, et dispersit illos de gente
in gentem : 17. civitates muratas
divitum destruxit, et domos magna-
torum efFodit. 18. Virtutes populo-
rum concidit,.et gentes fortes dis-
solvit. 19. Lingua tertia mulieres
viratas ejecit, et privavit illas labo-
ribus suis : 20. qui respicit illam,
non habebit requiem, nee habebit
amicum, in quo requiescat. 21. Fla-
gelli plaga livorem facit : plaga au-
tem linguae comminuetossa. 22. Mul-
ti ceciderunt in ore gladii, sed non
sic quasi qui interierunt per linguam
suam. 23. Beatus qui tectus est a
lingua nequam, qui in iracundiam
illius non transivit, et qui non attra-
xit jugum illius, et in vinculis ejus
non est ligatus : 24. jugum enim
illius, jugum ferreum est : et vin-
culum illius, vinculum asreum est.
25. Mors illius, mors nequissima :
et utilis potius infernus quam ilia.
26. Perseverantia illius non perma-
nebit, sed obtinebit vias injustorum:
et in flamma sua non comburet ju-
stos. 27. Qui relinquunt Deum, in-
cident in illam, et exardebit in illis,
et non exstinguetur, et immittetur
in illos quasi leo, et quasi pardus
lasdet illos. 28. Sepi aures tuas spi-
nis, linguam nequam noli audire,et
ori tuo facito ostia, et seras. 29. Au-
rum tuum et argentum tuum con-
fla, et verbis tuis facito stateram, et
frenos ori tuo rectos : 30. et attende
ne forte labaris in lingua, et cadas
in conspectu inimicorum insidian-
tium tibi, et sit casus tuus insanabi-
lis in mortem.
19. Qui n\i pas traine : en lat. attraxit
est pour traxit.
21. La wort morale : parte de la reputa-
tion, persecution de tout genre. — VHadls,
le sejour des morts, la mort physique.
22. W empire absolu sur les hommes pieux;
elle pourra bien leur nuire pendant quelque
temps, mais cette epreuve ne durera pas
toujours et leur innocence sera reconnue.
En latin : sa durce ne sera pas longue; mais
elle sera maitresse des voies des injtistes, et
les jiistes 7ie seront pas consumes par sa
jiamme.
23. Y tomberont, tomberont dans sa
flamme. Sens : les calomniateui's seront
punis : a leur tour ils seront livres a de me-
chantes langues qui, comme un feu inextin-
guible et avec une fureur de betes feroces,
les devoreront.
Les vers. 22-23 se pretent a une autre
explication : la calomnie n'a pas d'empire
sur les justes, en ce sens qu'ils ne la prati-
quent pas, qu'ils ne sont pas devores du feu
de ce vice. Au contraire, ceux qui abandon-
nent le Seigneur, les impies, tombent sous
N" 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 38
son pouvoir; elle bride en eux, et a la fin
elle se jette sur eux comme un lion, c.-a-d.
qu'ils auront a subir le chatiment de leur
mechancete.
24-25. Le vers. 24 exprime par une sorte
de comparaison la meme pensee que le
vers. 25 : tu prends des precautions pour la
conservation de tes richesses materielles;
prends-en egalement pour le bon usage de
la parole.
Dans plusieurs manuscrits grecs et dans
les anciennes versions les membres de ces
deux versets sont repartis un peu differem-
ment. En latin : entoure d''cpincs tes oreilles,
liecouie pas la laiigue mechante etfais pour
ta bouche tcne parte et des verrous. Fats
fondre ton or et ton argent, et pais pour tes
paroles une balance et pour ta bouche un
juste frein.
26. Sous les y eux de ton ennemi. Le latin
ajoute : et que ta chute ne soil incurable et
mortellc.
594
LIVRE DE LA SAGESSE. Chap. XXIX, i— 18.
CHAP. XXIX. — Preter [vers, i — 13] et se porter caution [14 --20] sont
des oeuvres de misericorde. Vivre pauvre chez soi vaut mieux que de
se faire heberger chez les autres [21 — 28].
^^^jELUI qui pratique la misdricorde prete a son prochain,
'^^j Et celui qui le soutient de sa main observe les commandements.
^^^ 2 Prcte a ton prochain quand il est dans le besoin,
Et a ton tour rends au prochain, le temps venu, ce quHl fapriie.
3 Tiens ta parole, et agis loyalement avec lui,
Et tu trouveras en tout temps ce qui t'est necessaire.
4 Beaucoup regardent comme une trouvaille ce qu'on leur a prete,
Et causent de I'ennui a ceux qui leur sont venus en aide.
5 Jusqu'a ce qu'on ait requ on baise la main du prochain,
D'une voix humble on vante ses richesses;
Mais quand vient le moment de rendre, on prend des delais,
On exprime tout son chagrin et on accuse la durete des temps.
6 Si Ton peut payer, le preteur recevra la moitie k peine,
Et croira faire une trouvaille.
Si on ne le peut pas, on le frustre de son argent,
Et celui-ci sans le vouloir se fait de son oblige un ennemi
Qui le paie en maledictions et en injures,
Et qui, au lieu de I'honneur, ne lui rend que I'outrage.
7 Beaucoup se refusent a preter a cause de la malice des Jiomims :
lis craignent de perdre inutilement leur argent.
8 Pourtant sois indulgent a I'egard du malheureux,
Et ne lui fais pas attendre ton aumone.
9 Assiste le pauvre k cause du commandement divin,
Et a cause de sa detresse ne le renvoie pas les mains vides.
10 Consens a perdre ton argent en faveur de ton frere et de ton ami,
Et ne le laisse pas se rouiller sans profit sous une pierre.
11 Amasse ton \.xq.%ox pour en user selon les preceptes du Tres-Haut,
Et plus que Tor il te profitera.
12 Enferme dans tes appartements r anient pour tes aumones,
Et elles te delivreront de tout malheur.
13 Mieux qu'un fort bouclier, mieux qu'une lance puissante,
Elles combattront pour toi en face de Tennemi.
14 L'homme bon se porte caution pour son prochain,
Et celui-la seul I'abandonne, c[ui a perdu toute honte.
15 N'oublie pas les bontcs de celui qui a repondu,
Car il a engage sa vie pour toi.
16 Le pecheur fait perdre tous ses biens a son re'pondant,
Et le cocur ingrat abandonne son sauveur.,
17 Une caution donnee a entraine la perte de beaucoup d'heureux,
Et les a ballottes comme les vagues de la men
18 Elle a fait bannir des hommes puissants,
Et ils ont erre parmi les nations etrang^res.
CHAP. XXIX.
I. Comp. Deut. xv, 7 sv. Prov. xix, 17;
Matth. v, 42. ■ — De sa inat/i, en lui pretant
I'argent dont il a besoin.
Le traducfteur latin prend i-'-d/utov dans le
sens neutre : celui gut est puissant (liberal?)
par la main, par les richesses, observe, etc.
3. Ta par-olc, ta promesse de rendre la
chose pretee.
4. Causent de Penmd, en differant ou en
refusant de rendre.
5. On prend des delais; en lat., on deina?tde
du temps. —Son c/iagrindi& ne pouvoir pajer.
6. Et croira avoir fait une trouvaille, tant
il avait h. craindre qu'on ne lui rendit rien du
tout. — Lelatinrapporteceversetau debiteur.
Et celui-ci, le preteur non paye. D'autres,
avec le tradu<fleur latin, font I'emijrunteur
sujet : et on en fait un ennemi, sans qiCil y
ait de sa faute, et on le paie, etc.
7. Beaucoup : apres TioXXot, le cod. Alex,
ajoute ouv, ^V/V/^yy d'autres manuscrits lisent
o'j, et c'est cette legon qu'a suivie le traduc-
teur latin : beaucoup ne prCtent pas, non par
mcchanccte, mais par la crainte d^etre injus-
tetnent depouilles.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIX, 1—25.
595
— *— CAPUT XXIX. — *—
Per mutuum subveniendum proximo, fides-
que mutuant! servanda : et quamquam
multi fidem fallant, non tamen ob id ces-
sandum ab eleemosyna, cujus laudes de-
scribit : fidejussori gratia habenda est,
fidesque servanda : in quibus consistat
initium vitae hominis disserit, et de vagis
et ingratis hospitibus,
UI facit misericordiam,
foeneratur proximo suo :
et qui praevalet manu,
mandata servat. 2. Foene-
rare proximo tuo in tempore neces-
sitatis illius, et iterum redde proxi-
mo in tempore suo. 3. Confirma
verbum, et fideliter age cum illo :
et in omni tempore invenies quod
tibi necessarium est. 4. Multi quasi
inventionem asstimaverunt foenus,
et prasstiterunt molestiam his, qui
se adjuverunt. 5. Donee accipiant,
osculantur manus dantis, et in pro-
missionibus humiliant vocem suam:
6. et in tempore redditionis postu-
labit tempus, et loquetur verba tas-
dii et murmurationum, et tempus
causabitur : 7. sin autem potuerit
reddere, adversabitur, solidi vix
reddet dimidium, et computabit
illud quasi inventionem : 8. sin au-
tem fraudabit ilium pecunia sua, et
possidebit ilium inimicum gratis :
9. et convitia et maledicta reddet
illi, et pro honore et beneficio red-
det illi contumeliam. 10. Multi
non causa nequitias non foenerati
sunt, sed fraudari gratis timuerunt.
II. Verumtamen super humilem
animo fortior esto, et pro eleemo-
syna non trahas ilium. 12. Propter
mandatum assume paupereni : et
propter inopiam ejus ne dimittas
eum vacuum. 13. Perde pecuniam
propter fratrem et amicum tuum :
et non abscondas illam sub lapide
in perditionem. 14. Pone thesau-
rum tuum in prasceptis Altissimi,
et proderit tibi magis quam aurum.
15." Conclude eleemosynam in cor-
de pauperis, et hasc pro te exorabit
ab omni malo. 16. 17. 18. Super
scutum potentis, et super lanceam
adversus inimicum tuum pugnabit.
1 9. Vir bonus fidem facit pro pro-
ximo suo : et qui perdiderit confu-
sionem, derelinquet sibi. 20. Gra-
tiam fidejussoris ne obliviscaris :
dedit enim pro te animam suam.
21. Repromissorem fugit peccator
et immundus. 22. Bona repromisso-
ris sibi ascribit peccator : et ingra-
tus sensu derelinquet liberantem se.
23. Vir repromittit de proximo suo :
et cum perdiderit reverentiam, de-
relinquetur ab eo. 24. Repromissio
nequissima multos perdidit dirigen-
tes, et commovit illos quasi fluctus
maris. 25. Viros potentes gyrans
migrare fecit, et vagati sunt in gen-
«Tob. 4,11.
Supr.17,18.
8. Indulgent, litt. patient (lat. magna-
7nme), en lui accordant un delai pour s'ac-
quitter.
10. Ton frere, ton compatriote. — Se
rouiller : com'p. /acq. v, 3. D'autres manus-
crits, suivis par le tradudleur latin, tie le
cache pas.
Les deux versets suiv. sont reciproque-
ment en parall^lisme.
11. .(4 ;/^«i•^^ correspond a I'hebr. si/n ou
soiini; d'autres, mets en reserve; \2X., place.
12. Efiferine,&\.c., pour ne pas I'employer
a un auti-e usage. En latin : enferme Vati-
vione dans le sein du paiivre.
14. Le sage des Proverbes (xvii, 8) parle
autrement : 11 appelle insense celui qui se
porte caution; mais les circonstances etaient
bien changees. A I'epoque du rils de Sirach,
I'oppression etrangere pesait sur la nation
juive, et la charite devait prendre le pas sur
la prudence.
15. Sa vie, ses biens, sa liberte, son repos.
Comp. vers. 17 suiv.
16. Le pccheiir, ici, le cautionne qui se
derobe et laisse toute la responsabilite ^
son repondant, a celui qui I'a sauve en se
faisant caution pour lui.
Dans la Vulg., ce verset est precede et
suivi d'additions qui ne sont qu'une double
tradudlion du grec.
17. Une caution donnee; le lat. ajoute ne-
quissima, c.-a-d. inconsiderce, ou \i\^\\ pour
un mechant. — D^heureux, de riches; le latin
dirigentes,zoxxt.%'^ox\A2ivX k I'hebr. dscherini,
a le meme sens.
18. Gyrans ne repond k rien dans le grec.
596 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXIX, 19—28; XXX, 1—9.
Chap.
XXX.
19 Le pdcheur est prompt a se rendre caution,
I Et celui qui poursuit le gain eprouvera la rigueur des jugements.
20 Assiste ton prochain selon ton pouvoir,
Et prends garde de tomber toi-meme dans le malheur.
21 La premiere chose pour vivre, c'est I'eau et le pain,
Le vetement et une maison pour couvrir la nudite.
22 Mieux vaut la vie du pauvre sous un toit de planches,
Que des mets somptueux dans une maison etrangere.
23 Que tu aies peu ou beaucoup, sois content,
[Et tu ne t'entendras pas reprocher d'etre un etranger].
24 C'est une triste vie que d'aller de maison en maison;
Lh. ou Ton est re9u comme etranger, on n'ose pas ouvrir la bouche.
25 Tu donneras a ton bote a manger et k boire, sans qu'il t'en sache gre',
Et tu entendras encore par-dessus des paroles ameres.
26 " Arrive, etranger, pre'pare la table,
Et si tu as quelque chose, donne-moi a manger.
27 Va-t'en, etranger, loin de cette magnificence;
J'ai mon frere a recevoir, j'ai besoin de ma maison."
28 II est dur, pour quelqu'un qui a du sens,
De s'entendre reprocher I'hospitalite et d'etre injurie par son debiteur.
CHAP. XXX. — Fermete dans I'education des enfants [vers, i — 13]. Bon-
heur que donne la sante [14 — 20]. La tristesse et ses effets pernicieux
[21 — 24].
ELUI qui aime son fils lui fait souvent sentir la verge,
Afin d'avoir de la joie le reste de sa vie.
2 Celui qui ^leve bien son fils retirera de lui des avantages.
Et il se glorifiera de lui devant ses connaissances.
3 Celui qui instruit son fils rendra son ennemi jaloux,
Et il se rejouira de lui devant ses amis.
4 Son pere vient-il a mourir? C'est comme s'il n'etait pas mort,
Car il laisse apres lui quelqu'un qui lui ressemble.
5 Pendant sa vie, il le voit et se rejouit,
Et a sa mort, il n'est point afflige.
6 II laisse quelqu'un pour defendre sa maison,
Et pour temoigner de la reconnaissance a ses amis.
7 Celui qui gate son fils bandera ses blessures,
Et a chacun de ses cris ses entrailles seront emues.
8 Le cheval indompte devient intraitable :
Ainsi le fils abandonne a lui-meme devient inconsidere.
9 Caresse ton enfant, et il te fera trembler;
Joue avec lui, et il te contristera.
19. Le pechetir, pousse par I'amour du
lucre, est prompt, etc. ; litt. se prccipite dans
la caution, quand il en espere quelque pro-
fit. En latin : le pccJicitr qui transgresse les
coiittnandeinents du Seigjieur s^'figagera
dans de mauvaises cautiofts. — Qui poursuit
le gain; litt., des entteprises lucratives. —
Eprouvera la rigueur des jugements, finira
par etre condamne k cause de ses injustices.
20. Assiste ton prochain, en repondant
pour lui, J^/(;« ton pouvoir, tes moyens, mais
non au-dessus, autrement tu tomberais dans
le malheur.
21. La premiere chose, la chose principale,
essentielle. • — Pour couvrir la nudite {pu-
denda) ne se rapporte rigoureusement qu'k
vetement. Comp. I Tim. vi, 8.
23. Le 2^ membre manque dans le cod.
Vat., mais on le trouve dans d'autres ma-
nuscrits et dans les versions anciennes.
Seulement, au lieu de oixtx;, il semble
qu'on doive lire avec le tradudleur latin
7Tapo'.x;a<;. Avec o'.xi'a; on traduirait : tu ne
t^ entendras pas reprocher ta maison, de ne
savoir pas la garder, d'etre un parasite. Le
sens est le meme au fond.
24. On n'ose pas ouvrir la bouche,
comme pour laisser le moins possible aper-
cevoir sa presence. C'est ce que le latin
explique en ajoutant : on n\i aucune assu-
rance.
25. Tu donneras, tu auras beau, de ta
bourse, donner, etc., on ne t'en saura nul
gre.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXIX, 26—35; XXX, 1—9. 597
tibus alienis. 2,6. Peccator transgre-
diens mandatum Domini, incidet in
promissionem nequam : et qui co-
natur multa agere, incidet in judi-
cium. 27. Recupera proximum se-
cundum virtutem tuam, et attende
tibi ne incidas.
28. ^Initium vitas hominis aqua
et panis, et vestimentum, et domus
protegensturpitudinem. 29. Melior
est victus pauperis sub tegmine
asserum, quam epulas splendidas in
peregre sine dom.icilio. 30. Mini-
mum pro magno placeat tibi, et
improperium peregrinationis non
audies. 31. Vita nequam hospitandi
de domo in domum : et ubi hospi-
tabitur, non fiducialiter aget, nee
aperiet os. 32. Hospitabitur, et pa-
scet, et potabit ingratos, et ad base
amara audiet. 23- Transi hospes, et
orna mensam : et quas in manu ba-
bes, ciba ceteros. 34. Exi a facie
honoris amicorum meorum : neces-
situdine domus meas hospitio mi hi
factus est frater. 35. Gravia base
homini habenti sensum : Correptio
domus, et improperium foeneratoris.
— :i:— CAPUT XXX. — :i:—
Filii in disciplina educandi, et quam sit
perniciosum illis indulgere : corporis sa-
nitas prsestat divitiis : et quam sit noxia
et fugienda homini tristitia, cordis vero
jucunditas quam sit utilis.
^"UI diligit filium suum,
'assiduat ilH flagella, ut
lastetur in novissimo suo,
et non palpet proximorum
" Prov. 13,
24 et 23. 13.
ostia. 2. Qui docet filium suum, lau-
dabitur in illo, et in medio dome-
sticorum in illo gloriabitur. 3/ Qui *Deut. 6,7.
docet filium suum, in zelum mittit
inimicum, et in medio amicorum
gloriabitur in illo. 4. Mortuus est
pater ejus, et quasi non est mortuus:
similem enim reliquit sibi post se.
5. In vita sua vidit, et lastatus est in
illo : in obitu suo non est contrista-
tus, nee confusus est coram inimi-
cis. 6. Reliquit enim defensorem
domus contra inimicos, et amicis
reddentem gratiam. 7. Pro anima-
bus filiorum colligabit vulnera sua,
et super omnem vocem turbabun-
tur viscera ejus. S.Equus indomitus
evadit durus, et filius remissus eva-
det praeceps. 9. Lacta filium, et pa-
ventem te faciet : lude cum eo, et
Puis I'auteur met en scene le maitre de la
maison, qui adresse d'abord a I'etranger
une invitation bienveillante, mais interes-
see, puis, quand il juge que son bote est a
bout de ressources, I'econduit durement.
26. Prepare la table, couvre-la de mets.
— Donne-moi, en lat. doiinc aiex mitres.
27. Loin de cette inagnificence, de ces ma-
gnifiques preparatifs; ils ne sont pas pour
toi. Syr., de cette place d'honneiir; latin,
devant iiii persotmage Jionorable de tnes amis,
a qui tu dois ceder la place. — J\xi a rece-
voir : on devine que ce n'est 1;\ qu'un pre-
texte.
2&.S'' entendre reprocher rhospitalitc; litt.,
la repriniande a propos de la maison. Voy.
la note du vers. 23.
CHAP. XXX.
I -13. En grec, cette secSlion porte un ti-
tre : Des enfant s. Comp. Prov. xiii, 24;
xxiii, 12; xxix, 15.
I. Le latin ajoute : et de ne point frapper
a la porte de ses voisins, pour y chercher
assistance et consolation.
3. II se rejoiiira; le latin repete, il se glo-
rifiera.
. 5. // 7i'est point affligc, sur qu'il est que
son fils fera honneur h. sa memoire et sera
beni de Dieu. Le latin ajoute, et il n\x pas
(r roiigir en face de ses etmemis.
6. Comp. Ps. cxxvii, 3-5.
7. Qui gate, qui traite mollement, en gr.
izi'jvh'y/wt, litt. qui rafraichit tout autour.
— Bandera ses blessures : a chaque petit
mal qu'aura ou paraitra avoir son enfant, il
accourra pour le soulager, et celui-ci, abu-
sant de la faiblesse paternelle, redoublera
ses larmes et ses cris.
Le tradu(iteur latin a divise le mot
TTsptt^u/wv, ce qui rend le i^^ membre peu
intelligible : a cause des dnics de ses fils, il
handera ses blessures.
598
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXX, 10—25.
10 Ne lis pas avec lui, de peur que tu n'aies a t'affliger avec lui;
Et a la fin tu grinceras des dents.
1 1 Ne lui donne pas toute liberte dans sa jeunesse,
Et ne feime pas les yeux sur ses folies.
12 Fais plier sa tete pendant sa jeunesse,
Et ne lui menage pas les coups parce que c'est un enfant.
De peur qu'il ne devienne opiniatre et ne t'obeisse plus,
[Et que tu n'aies la douleur au cceur].
13 Corrige ton fils, et fais-le travailler,
De peur qu'il ne trdbuche par ta honteuse faiblesse.
14 Mieux vaut un pauvre sain et vigoureux,
Ou'un riche flagelle dans son corps par la maladie.
15 La sant^ et la bonne complexion valent mieux que tout I'or,
Et un corps vigoureux est preferable a une immense fortune.
16 II n'y a pas de richesse preferable a la sante du corps,
Comme il n'y a pas de joie meilleure que la joie du cceur.
17 Mieux vaut la mort qu'une vie d'amertume,
Et I'eternelle repos qu'une souffrance continuelle.
18 Des mets exquis offerts a une bouche fermee
Sont comme les ofifrandes d'aliments qu'on met sur une tombe.
19 Que sert I'offrande a une idole?
Elle ne la mangera pas et n'en sentira pas I'odeur :
20 Ainsi en est-il de I'homme que Dieu poursuit par la maladie :
II voit de ses yeux, et il soupire,
Comme soupire I'ennuque qui tient une vierge dans ses bras.
21 N'abandonne pas ton ame a la tristesse,
Et ne te tourmente pas toi-meme par d'inquietes reflexions.
22 La joie au cceur est la vie de I'homme,
Et I'allegresse de I'homme est pour lui longueur de jours.
23 Aime ton ame et console ton coeur,
Et chasse de toi la tristesse.
24 L'emportement et la colere abr&gent les jours,
Et les soucis am&nent la vieillesse avant le temps.
25 Le cceur genereux et bon prend soin des mets qui forment sa nourriture.
10. T''affliger avec hii : par suite de cette
molle Education, il arrivera malheur h. ton
enfant, et tu auras a partager son afflicflion.
1 1. Ses folies, en lat. ses pense'es, ses des-
seins.
12. Parce que c^est len enfant; en latin,
pendant qu'il est enfant.
13. Fais-le travailler; d'autres avec le
latin, et prends de la peine a son sujet, I'edu-
cation etant une oeuvre laborieuse. — Ow'//
7ie trebuc/ie, qu'il ne fasse de faux pas dans
la vie, qu'il ne tombe dans le peche et le
malheur. — Par ta honteuse faiblesse ; ou
h\&n,pour ta /lontCyQW supposant dansl'hebr.
lebaschtheka.
Au lieu de Trpoj-/.o''i;(i ^ la 3<= pers., d'au-
tres manuscrits suivis par le traducfleur latin
lisent TTpoa/.o'l'ri;, de peur que tu ne trebu-
chcs dans sa Jiontc, de peur que sa honteuse
education ne te cause un grand chagrin.
Le morceau suivant (v-ers. 14-20) est inti-
tule dans le grec : de la sante.
15. La sante, etc. Le latin entend ce
!'='■ membre dans un sens moral : la sante
de rdme, dans la saintetc et la justice, vaut
niieux que tout Par et tout Vargent.
17. Et Vi'ternel repos : ces mots se lisent
dans les versions anciennes, mais dans bien
peu de manuscrits grecs; neanmoins ils sont
tres probablement authentiques.
18. Une bouclie fcrinee par la maladie. —
Offrandes d'aliments : sur cet usage, voy.
Tab. iv, 18.
19. Comp. Deut. iv, 28.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXX, 10—27.
599
contristabit te. 10. Non corrideas
illi : ne doleas, et in novissinio
obstupescent dentes tui. 11. Non
des illi potestatem in juventute, et
ne despicias cogitatus illius. 1 2.''Cur-
va cervicem ejus in juventute, et
tunde latera ejus dum infans est, ne
forte induret, et non credat tibi, et
erit tibi dolor animas. 13. Doce
filium tuum, et operare in illo, ne
in turpitudinem illius offendas.
14. Melior est pauper sanus, et
fortis viribus, quam dives imbeciilis
et flagellatus malitia. 15. Salus ani-
mas in sanctitate justitias melior est
omni auro et argento : et corpus
validum quam census immensus.
16. Non est census super censum
salutis corporis : et non est oblecta-
mentum super cordis gaudium.
17. Melior est mors quam vita
amara : et requies asterna quam lan-
guor perseverans. 18. Bona abscon-
dita in ore clauso, quasi appositiones
epularum circumpositas sepulcro.
19. "'Quid proderit libatio idolo.f*
nee enim manducabit, nee odorabit :
20. sic qui effugatur a Domino, por-
tans mercedes iniquitatis : 2 1 . videns
oculis, et ingemiscens, sicut spado
complectens virginem, et suspirans.
22. "Tristitiam non des animae
tuae, et non affligas temetipsum in
consilio tuo. 23. Jucunditas cordis
hasc est vita hominis, et thesaurus
sine defectione sanctitatis : et exsul-
tatio viri est longasvitas. 24. Mise-
rere animae tuas placens Deo, et con-
tinue : congrega cor tuum in san-
ctitate ejus, et tristitiam longe
repelle a te. 25.^Multos enirn occi-
dit tristitia, et non est utilitas in ilia.
26. Zelus et iracundia minuunt
dies, et ante tempus senectam addu-
cet cogitatus.
27. Splendidum cor, et bonum in
epulis est : epulae enim illius dili-
genter fiunt.
.1.
— • —
•I*
'- Prov. 12,
25 et 15. 13
et 17, 22.
2 Cor. 7,
20. Pcmrsiiit, chatie. L'auteur considere
ici la maladie comme un chatiment; sou-
vent aussi elle est une epreuve.
Le latin ajoute apres le i^^ membre : ct
qui porte la peine de son iniqiiUc.
11. Apres le i'^'' membre, le lat. ajoute : cf
nn trcsor inepidsahle de saintete.
23. Aiine ton duie, toi-meme, ecarte ce
qui pourrait I'affliger ou lui causer du souci,
ct console, ou bien exhorte ion carter, pour
qu'il ne se laisse pas dominer par la tris-
tesse.
En latin : par pitie pour ton ante, rends-
toi agre'able a Dieu, recneille ton cceur dans
la saintete^ et cliasse, etc.
Dans I'ancien manuscrit grec qui a servi
de type a tous les autres, il s'est produit
apres le vers. 24, un deplacement de quel-
ques feuilletsqui trouble I'arrangement pri-
mitif du livre. Ainsi la seftion comprenant
chap. XXX, 25-xxxiii, 13a, qui ne devait venir
qu'apres xxxvi, 16a, vient immediatement
apres ch. xxx, 24. Cet ordre, ou plutot ce
desordre, s'est transmis dans les editions
imprimees. Mais les tradu(5\eurs latin, syria-
que et arabe ont conserve la disposition
primitive, ce qui prouve que I'accident s'est
produit posterieurement a ces versions. C'est
I'ordre du texte latin, I'ordre vrai, que nous
croyons devoir suivre dans notre tradudlion
francaise.
25. Ce verset (xxxiii, 13 dans le texte grec)
est diversement expliciue: la pensee parait
etre qu'un homme bon et genereux, degag^
de toute pensee d'avarice, du souci d'amas-
ser de grandes richesses, ne lesine pas en
ce qui coiicerne sa table, mais qu'il y pour-
voit largement, afin que rien ne manque ni
aux siens, ni a ses botes, ni k lui-meme.
Fritzsche traduit : zm ca'ur liberal, que les
bans mets rejouissent, apporte du soi?i a ses
aliments^ evite toute lesinerie.
Le latin differe notablement du grec ;
voici comment Loch et Reischl le tradui-
sent et I'expliquent : tin coeur noble et bon
se niontre tel dans les fes tins ^ car ses festins
sont soigneusejne7tt prepares, c.-a.-d.. un noble
cceur prend volontiers part aux joies d'un
festin, mais il a soin que tout soit dispose
de telle sorte qu'on n'y depasse jamais la
mesure convenable de gaiete et de tem-
perance.
600
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXI, i— 17.
Chap.
XXXI.
CHAP. XXXI [en gr. xxxiv]. — De la recherche des biens temporels
[vers. I — 11]. De la bienseance a table et de la temperance [12 — 31].
jlEILLER pour s'enrichir, c'est se consumer les chairs,
Et le souci de la richesse enleve le sommeil.
2 Un souci perpetuel empeche de dormir,
Comme dans une maladie grave le sommeil s'en va.
3 Le riche travaille pour amasser des richesses,
Et quand il se repose, il peut rassasier ses plus somptueux desirs.
4 Le pauvre travaille, sans avoir de quoi vivre,
Et quand il se repose, il manque de tout.
5 Celui qui aime Tor ne sera pas sans peche,
Comme celui qui poursuit les choses corruptibles les aura en abondance.
6 Beaucoup ont 6t6 livres k la ruine a cause de Tor,
Et leur perte etait devant eux.
7 L'or est un bois de scandale pour ceux qui lui sacrifient;
Tout insense y sera pris.
8 Heureux le riche qui sera trouve sans tache,
Et qui n'a pas couru apres Tor !
9 Qui est-il, pour que nous le proclamions heureux?
Car il a fait une chose merveilleuse parmi son peuple.
10 Quel est celui qui a ete eprouve par l'or et trouve sans reproche?
Que cette epreuve lui soit un sujet de gloire!
Qui a pu violer la loi et ne Fa pas violee,
Faire le mal et ne I'a pas fait?
1 1 C'est pourquoi sa fortune est affermie,
Et I'assemblee publiera ses bienfaits.
12 As-tu pris place a une table bien servie,
N'ouvre pas la bouche devant elle,
Et ne dis pas : "Voici bien des mets."
13 N'oublie pas que I'ceil envieux est chose mauvaise;
Y a-t-il creature plus mauvaise que I'oeil envieiixf
Aussi pleure-t-il de tout le visage.
14 Qi\ il regarde, n'etends pas la main,
Et ne te heurte pas avec lui dans le plat.
15 Tuge des desirs du prochain d'apres les tiens,
Et agis en toutes choses avec reflexion.
16 Mange comme il convient a un homme de ce qui est devant toi,
Et ne mache pas avec bruit, de peur que tu n'inspires de la repugnance.
17 Cesse le premier par bonne education,
Et ne te montre pas insatiable de peur de scandaliser.
CHAP. XXXI.
2.Perpi'tueI, litt. de vci/le, qui tient eveille.
— Empeche de dor»nr,&n prenant a-ai-:T,a£i
dans le sens de arcere, impedire; ou bien
en lisant a7tocrxr,asi. — Dans jtne vialadie
grave, au nominatif absolu en grec. — S'en
va, litt. se repent. Loch et Reischl interpre-
tent le grec tout autrement : Celui qui se
refuse le repos necessaire.
En latin : le souci de I'avcnir deiournc la
pensee de Dieu, de la vertu (ou bien, houle-
verse le sens), et une maladie grave raniene
a la sagesse.
3-4. Ces deux versets enoncent un fait
dont I'auteur ne donne pas la raison. \'eut-il
affirmer simplement que ie riche, lors mcme
qu'il se repose, a tout en abondance, tandis
que le travail du pauvre ne suffit pas meme
a Tentretien de sa vie, et que, s'il se repose,
il tombe dans une profonde misere? Ou bien
son intention est-elle d'insinuer que c'est de
Dieu seul que depend le succes du travail
humain (Houbigant)?
5. Les c/ioses corruptibles, litt. la corrup-
tion, ce qui amene la perte de I'homme.
6. Leur perte etait devant cu\\ h. peu pres
ine'vitable : ils devaient la rencontrer. En
latin : et sa beaiite a etc leur perte.
7. U)i bois de scandale, d'achoppement,
une poutre dans le chemin que Ton heurte
et qui fait tomber, naturellement dans le
pcche. Plusieurs entendent par bois de scan-
dale une idole. — ]' sera pris, y trouvera
sa ruine.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXI, 1—20.
601
— :i:— CAPUT XXXI. — :>—
Vigilia honestatis : cogitatus praescientias :
labor divitis et pauperis : diligens aiirum :
multi casus in auro : laus divitis sine
macula : niodestia in niensa servanda :
laus sobrietatis, et vituperatio gulae : laus
usus modici vini,et vituperatio immodici.
^5P:g^1GILIA honestatis tabe-
faciet carnes, et cogitatus
illius auferet somnum.
2. Cogitatus prasscientias
avertit sensum, et infirmitas gravis
sobriam facit animam.
3. Laboravit dives in congrega-
tione substantias, et in requie sua
replebitur bonis suis. 4. Laboravit
pauper in diminutione victus, et in
fine inops fit. 5. Qui aurum diligit,
non justificabitur : et qui insequitur
consumptionem, replebitur ex ea.
6. 'Multi dati sunt in auri casus,
et facta est in specie ipsius perdi-
tio illorum. 7. Lignum ofFensionis
est aurum sacrificantium : vae illis,
qui sectantur illud, et omnis im-
prudens deperiet in illo, 8. Beatus
dives, qui inventus est sine macu-
la : et qui post aurum non abiit,
nee speravit in pecunia, et thesau-
ris. 9. Quis est hie, et laudabimus
eum? fecit enim mirabilia in vita
sua. 10. Qui probatus est in illo, et
perfectus est, erit illi gloria aster-
na : qui potuit transgredi, et non
est transgressus : facere mala, et
non fecit : 11. ideo stabilita sunt
bona illius in Domino, et eleemo-
synas illius enarrabit omnis Eccle-
sia sanctorum.
12. Supra mensam magnam se-
disti? non aperias super illam fau-
cem tuam prior. 13. Non dicas sic :
Multa sunt, quae super illam sunt :
14. memento quoniam malus est
oculus nequam. 15. Nequius oculo
quid creatum est.^ ideo ab omni
facie sua lacrymabitur ; cum viderit,
16. ne extendasmanum tuam prior,
et invidia contaminatus erubescas.
17. Ne comprimaris in convivio.
1 8 . Intellige quas sunt proximi tui ex
te ipso : 19. utere quasi homo frugi
his, quas tibi apponuntur : ne, cum
manducas multum, odio habearis.
20. Cessa prior causa disciplinas : et
noli nimius esse, ne forte offendas.
8. Le latin ajoute : et n^a pas mis son
espoir dajis V argent ct les trcsors.
g. Pat'iiii son peiiple; en latin, pendant
sa vie,
10. Quel est celui, etc.; en latin sans inter-
rogation : Ini qui a cte eprouve'.
11. Sa fortune est afferniie, n'est pas ex-
posee a se perdre. Le latin ajoute, dans le
Seigneur^ grace a la benedidlion de Dieu.
— Et Passenible'e; le latin ajoute, des saints,
des pieux Israelites.
12. N^oitvre pas la bouche, comme si tu
etais pret a tout devorer : indice de gour-
mandise. Le latin ajoute, le premier. — Et
ne dis pas, pour t'excuser; ou bien : par un
sentiment de joie sensuelle.
13. L\ril envieux, I'oeil de convoitise :
hebraisme. — Creature plus niauvaise que
Pa'il envieux; ou bien avec Fritzsche, cre'a-
ture plus niauvaise, plus envieuse, que I'a'il.
— Aussi tout visage d'homme verse-t-il des
larmes de convoitise, tout homme est-il plus
ou moins envieux. D'autres, a qui cette
affirmation parait trop absolue, quoiqu'elle
admette naturellement des exceptions, tra-
duisent avec le latin : aussi pleure-t-il (yatW
envieux) de toute sa face, sur tout son visage,
des larmes de convoitise lorsqu'il voit quel-
que chose sans pouvoir en jouir tout de suite.
Les mots, cuni viderit, scil. oculus, appar-
tiennent au verset suivant.
14. Et ne te lieurte pas : et que ta main
ne se trouve pas, en quek|ue sorte, en con-
flit avec ton ceil, en prenant avidement ce
qu'il convoite.
En latin : n'etends pas la main le premier,
de peur que, desJionore par ta convoitise, tu
ii'aies a roiigir; ne fempresse pas (ou bien :
ne te gorge pas de 7iourriture pendant le
f est in.
iS- A cette epoqiie, en Orient, chacun pre-
nait lui-meme au plat commun ce qu'il desi-
rait; il devait done tenir compte des desirs
et des besoins legitimes des autres convives.
Le 2^ membre manque en latin.
16. Comme il convient a tat homme rai-
sonnable; en latin, a tin homme temperant.
Cela pent signifier : ne mange pas a I'exces :
ou bien :d'une maniere inconvenante;ce der-
nier sens est preferable. Le latin exprime le
!«' en traduisant le 2^ membre : depeurqu^en
tnangeant a I'exces tu ite te rendes odieux.
602 L'ECCIASIASTIQUE. Chap. XXXI, 18—31; XXXII, i, 2.
18 Si tu es assis en nombreuse compagnie,
N'etends pas la main avant les autres.
19 Peu de chose suffit a im homme bien eleve,
Et sur sa couche il respire librement.
20 Le sommeil salutaire est pour I'estomac sobre;
On se leva matin et on a Tesprit dispos.
Des insomnies, des vomissements penibles
Et la colique sont pour I'homme intemperant.
21 Si I'exces du manger t'incommode,
Leve-toi, promene-toi au large, et tu seras soulage.
22 Ecoute-moi, mon fils, et ne me meprise pas,
Et a la fin tu dprouveras la veritc de mes paroles :
Dans toutes tes aftions, sois diligent,
Et aucune maladie ne te surviendra.
23 Des levres nombreuses benissent celui qui donne liberalement k manger,
Et le temoignage rendu a sa generosite est vrai.
24 Toiite la ville murmure contre celui qui lesine en donnant a manger,
Et le temoignage rendu a son avarice est exafl.
25 Ne fais pas le brave avec le vin,
Car le vin a fait perir un grand nombre d'hommes.
26 La fournaise ^prouve I'acier quand on le trempe;
De meme le vin eprouve les cceurs quand les orgueilleux se querellent.
27 Le vin est comme la vie pour I'homme,
Si tu le bois dans sa juste mesure.
Quelle vie a celui qui manque de vin?
Et certes le vin a dte fait pour rejouir les hommes.
28 AUdgresse du coeur et joie de Tame,
Tel est le vin pris a temps dans une juste mesure.
29 Amertume de I'ame est le vin bu avec exces,
Alors qu'on est excite et qu'on se debat contre lui.
30 L'ivresse echauffe la fureur de Mnsensd et le fait tomber dans le mal;
EUe diminue les forces et amene des blessures.
31 Dans un festin, ne fais pas de reproches au prochain,
Et ne le traite avec mepris pendant qu'il s'abandonne a la joie;
Ne lui adresse pas de paroles injurieuses,
Et ne le presse pas en lui redemandant quelque chose.
Chap.
XXXII.
CHAP. XXXII [en gr. xxxv]. — Regies a observer dans les festins [suite,
vers. I — 13]. Le juste et le sage opposes a I'insense dans leur conduite
comme dans leur sort [14 — 24].
IN t'a etabli roi du festin? Ne t'eleve pas;
Sois au milieu des convives comme I'un d'eux.
Prends soin d'eux, et ensuite assieds-toi.
2 Quand tu auras rempli les devoirs de ta charge, prends place,
Afin de te rejouir ^. cause d'eux,
Et, pour la belle ordonnance du banquet, recevoir la couronne.
18. N\'fe7ids fas la fiiahr, pour prendre
dans le plat : voy. la note du vers. 14. Le
latin ajoute, et ne sois pas le ptri/n'ef- a de-
mander a boire.
19. Peic de chose,SQ\t en viandes,soit en vin.
En latin, peu de vin. Apres le 2^ membre, le
latin ajoute : et tu ne ressens aucune doulcur.
20. L'estoinac sobre, litt. nioderdment rem-
pli; en latin, pour Vhoinnie sobre.
En latin, les deux derniers membres du
verset grec precedent les deux premiers.
21. Promene-toi : en latin, vomis : cet
usage, fre'quent chez les Romains, I'etait
moins chez les Grecs. — • Le latin ajoute : et
tu ne t \ittireras pas de maladie.
22. Dilis^ent, a(ftif, exercant vigoureuse-
ment tes membres.
23. Benissent, dans le sens de louer, et
non de remercier. — Est vrai, si^r, on peut
s'y tier. Comp. Ps. xix, 8.
24. Exacl, conforme k la vdritd, d\(\6 par
la sagesse.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXI, 21—42; XXXII, 1—3. 603
21. Et si in medio multorum sedi-
sti, prior illis ne extendas manum
tuam, nee prior poscas bibere.
11. Quam sufficiens est homini
erudito vinum exiguum, et in dor-
miendo non laborabis ab illo, et non
senties dolorem. 23. Vigilia, cho-
lera, et tortura viro infrunito :
24. somnus sanitatis in homine par-
co : dormiet usque mane, et anima
iilius cum ipso delectabitur. 25. Et
si coactus fueris in edendo multum,
surge e medio, evome : et refrigera-
bit te, et non adduces corpori tuo
infirmitatem. 26. Audi me fili, et
ne spernas me : et in novissimo in-
venies verba mea. 27. In omnibus
operibus tuis esto velox, et omnis
infirmitas non occurret tibi.
28. Splendidum in panibus bene-
dicent labia multorum, et testimo-
nium veritatis iilius fidele. 29. Ne-
quissimo in pane murmurabit civi-
tas, et testimonium nequitias iilius
verum est.
30. Diligentes in vino noli pro-
vocare : *multos enim exterminavit
vinum. 31. Ignis probat ferrum
durum : sic vinum corda superbo-
rum arguet in ebrietate potatum.
32. ^qua vita hominibus vinum in
sobrietate : si bibas illud moderate,
eris sobrius. 23- Quae vita est ei,
qui minuitur vino? 34. Quid de-
fraudat vitam? Mors. 35. ^ Vinum ^Ps.103,15.
in jucunditatem creatum est, et non
in ebrietatem, ab initio. 36. Exsul-
tatio animas et cordis vinum mode-
rate potatum. 37. Sanitas est animae
et corpori sobrius potus. 38. '^Vi- "'Prov. 31.
num multum potatum irritationem, 4-
et iram, et ruinas multas facit.
39. Amaritudo animae vinum mul-
tum potatum. 40. Ebrietatis ani-
mositas, imprudentis offensio, mi-
norans virtutem, et faciens vulnera.
41. In convivio vini non arguas
proximum : et non despicias eum
in jucunditate iilius : 42. verba im-
properii non dicas illi : et non pre-
mas ilium in repetendo.
— *— CAPUT XXXII. — *—
Officium boni reiloris : major natu loqua-
tur : tacendum ubi non est qui audiat :
jucLinditas musicte in convivio : adole-
scenti tacendum : laus taciturnitatis : dis-
cutienda propria domus : laus timoris
Domini : peccator vitat correptionem :
absque consilio nihil agendum.
lECTOREM te posue-
runt? noli extolli : esto in
illis quasi unus ex ipsis.
2, Curam illorum habe,
et sic conside, et omni cura tua ex-
plicita recumbe : 3 . ut laeteris propter
illos, et ornamentum gratias accipias
25. Ne fats pas le brave, etc. : n'essaie
pas de lui tenir tete : tu serais vaincu par
lui. En latin : n'excite pas a boirc ceitx qui
aiment le vin.
26. Sens : on sait ce que vaut I'acier (en
lat. le fer) quand il a passe par le feu et par
la trempe : de meme le cosur des orgueilleux
se montre tel qu'il est dans les querelles
apres boire.
Le latin traduit le 2^ membre : de meme
le vin bic a V execs re'vele le cancr des or-
gueilleux.
27. Le vin est comnie la vie : il I'excite, la
ranime, etc. Le latin ajoute apres le 3e mem-
bre ; qic^est-ce qui enlcve la vie? La niort,
et traduit le 46 : le vin a ete cree a forigine
pour rejouir, et tion pour enivrer.
28. Dans line juste niestcre, dans une me-
sure suffisante.
Le latin ajoute : pris sobrenienf, il est la
saute' de Pdine et die corps.
29. Alors qii'on est excite', etc. ; litt., dans
I'excitation et la luite contre; en latin, et la
colcrej d'autres autrement.
Le latin paraphrase, ou plutot traduit
deux fois ce verset.
30. Le fait toniber dans le vial, lui fait
dire des injures et I'engage dans des que-
relles, d'ou il sort meurtri de coups.
31. Au prochain dejk echauffe par le vin.
— En lui rcdemandant quelquc chose, en
reclamant de lui le paiement d'une dette, de
I'argent prete : le moment serait mal choisi.
CHAP. XXXII.
1-13. Ce morceau est precede d'un titre :
Des Pre'sidents,\es symposiarques des Grecs,
inagistri ou reges des Romains, les archi-
iriclinii de I'Evangile {Jea7i, ii, 8).
2. A cause d'eux, en les voyant eux-memes
contents et joyeux. — La couro/ine. Chez
les Grecs et les Romains tous les convives
604
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXII, 3—21.
3 Parle, vieillard, avec justesse et doflrine, car cela te convient,
Mais sans faire obstacle h. la musique.
4 Lorsqu'on ecoute /a viusiqitc^ ne te r^pands pas en paroles,
Et n'etale pas ta sagesse a contre-temps.
5 Un sceau d'escarboucle enchasse dans For,
Tel est un concert harmonieux dans un banquet.
6 Un sceau d'emeraude dans une garniture d'or,
Telle est une douce melodie accompagnant un vin agrdable.
7 Parle, jeune homme, s'il y a utilite pour toi;
A peine deux fois, si Ton t'interroge.
8 Abrege ton discours, beaucoup de choses en peu de mots;
.Sois comme un homme qui a la science et qui sait se taire.
9 Au milieu des grands, ne te fais pas leur egal,
Et oil il y a des vieillards, sois sobre de paroles.
10 Avant le tonnerre I'eclair brille :
Ainsi devant le jeune homme modeste maixhe la grace.
11 L'heure venue, Icve-toi de table sans tarder;
Cours a ta maison et ne sois pas insouciant.
12 Lh. divertis-toi, fais tes fantaisies,
Toutefois sans pecher par des discours insolents.
13 Et apres tout cela benis le Seigneur qui t'a cree,
Et qui te comble de tons ses biens.
14 Celui qui craint le Seigneur recoit I'instruiflion,
Et ceux qui le cherchent avec empressement trouveront sa faveur.
15 Celui qui cherche la loi y trouvera son rassasiement;
Mais pour I'hypocrite elle sera une occasion de chute.
16 Ceux qui craignent le Seigneur trouveront le jugement vrai,
Et ils feront briller, comme un flambeau, de justes sentences.
17 Le pecheur decline la correction,
Et il trouve des excuses k son gre.
18 L'homme intelligent ne meprise pas I'avis d'un etranger,
Mais I'orgueilleux n'est arrete par aucune crainte,
Et apres avoir agi, il ne sait plus C|ue faire,
[Et ainsi if est convaincu de folie.]
19 Ne fais rien sans reflexion,
Et aprC^s I'acflion tu n'auras pas a te repentir,
20 Ne va pas sur un chemin ddgrad^,
Et tu ne te heurteras pas aux pierres.
21 Ne te fie pas h, un chemin qui n'offre aucun obstacle,
Et sois sur tes gardes vis-k-vis de tes enfants.
portaient des couronnes dans les festins, et
cet usage s'introduisit chez les Juifs des
derniers temps. Ici, la couronne est donnee
au seul president par honneur et par recon-
naissance.
Le latin ajoute : et d'obtrnir la reconnais-
sance des invites ; ou bien : et de i>wntrcr
que tu vih-itais d^etre clu.
3. Chez les anciens, la musique etait I'ac-
compagnement oblige d'un festin. On en
trouve des traces d'assez bonne heure chez
les Hebreux (II Satn. xi.x, 35; Is. v, 12).
4. LorsqtCon ecoute, etc.; en latin, si I'on
ne t' ecoute pas : meme sens au fond.
5. Une escarboucle gravee, formant le cha-
ton d'un anneau k sceller.
6. Le latin ajoute : ecoute en silence, et ta
reteniie te coitciliera la faveur.
7-8. En latin -.jeune /loniine, parle c\ peine
dans ta pro pre cause j si tu es interroge deux
fois, que ta re'pottse soit un abrege (Loch :
alors seiileinent coniincnce ix parler). En
beaucoup de choses, fais cotnine si tu igno-
rais, et Ecoute en silence, cherchant h ap-
prendre.
9. Oil il y a des vieillards; la legon du
cod. Vat. nous parait moins bonne : quand
Jin autre parte.
10. L'auteur compare deux choses qui se
suivent de pros, qui vont ensemble. La
grace, soit la faveur des hommes, soit quel-
que chose de gracieux et d'aimable dans le
maintien, dans toute la personne.
Le latin traduit deux fois le 2e membre.
Loch explique ainsi la premiere de ces tra-
ductions : et devant la rongeur ntarchc la
fai'eur : la faveur dont est I'objet un homme
modeste le fait rougir comme s'il en ^tait
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXII, 4—26.
605
coronam, et dignationem consequa-
ris corrogationis.
4. Loquere major natu : decet
enim te 5. primum verbum dili-
gent! scientia, et non impedias
musicam. 6, Ubi auditus non est,
non eiFundas sermonem, et impor-
tune noli extolli in sapientia tua.
7. Gemmula carbunculi in orna-
mento aiiri, et comparatio musi-
corum in convivio vini. 8. Sicut in
fabricatione auri signum est sma-
ragdi, sic numerus musicorum in
jucundo et moderato vino. 9. Audi
tacens, et pro reverentia accedet
tibi bona gratia.
10. Adolescens loquere in tua
causa vix. 11. Si bis interrogatus
fueris, habeat caput responsum
tuum. 12. In multis esto quasi in-
scius, et audi tacens simul et quas-
rens. 13. In medio magnatorum
non prassumas : et ubi sunt senes,
non multum loquaris. 14. Ante
grandinem prasibit coruscatio : et
ante verecundiam praeibit gratia, et
pro reverentia accedet tibi bona
gratia. 15. Et hora surgendi non te
trices : prascurre autem prior in
domum tuam, et illic avocare, et
illic lude, 16. et age conceptiones
tuas, et non in delictis et verbo su-
perbo. 17. Et super his omnibus
benedicito Dominum, qui fecit te,
et inebriantem te ab omnibus bonis
suis. 18. Qui timet Dominum, ex-
cipiet doctrinam ejus : et qui vigi-
laverint ad ilium, invenient bene-
dictionem. 1 9. Oui quaerit legem,
replebitur ab ea : et qui insidiose
agit, scandalizabitur in ea. 20. Qui
timent Dominum, invenient judi-
cium justum, et justitias quasi lu-
men accendent. 21. Peccator homo
vitabit correptionem, et secundum
voluntatem suam inveniet compa-
rationem.
22. Vir consilii non disperdet in-
telligentiam, alienus et superbus non
pertimescet timorem : 23. etiam
postquam fecit cum eo sine consi-
lio, et suis insectationibus arguetur.
24. Fill sine consilio nihil facias, et
post factum non pcenitebis. 25. In
via ruinas non eas, et non offendes
in lapides : nee credas te vias labo-
riosas, ne ponas animas tuae scanda-
lum : 26. et a filiis tuis cave, et a
indigne. La 2"^ se rapproche davantage du
grec.
11. Sans retard J litt., /le forme pas la
queue ^ Parrie re -garde. — Insouciant, leger,
oubliant ta maison pour te livrer aux joies
du festin; d'autres, nonchalant, negligent.
1 2. Des discours insole nts, ou des paroles
orgueilleieses, ce a quoi on est exposd quand
on est echauffe par le vin.
13. Qui te conible, litt. qui fenivre.
15. Qui cherche a accomplir la loi. — Son
rassasienient, toutes les benedicftions qui y
sont attachees, et par la meme toutes les
satisfa(5lions qu'il pent desirer. — L'Jiypo-
crite, qui ne s'attache pas sincerement a la
loi, qui n'a que I'apparence de la fidelite. —
Une occasion de chute, de perdition, de
ruine.
16. Le jugeinent vrai, une saine appre-
ciation des choses. Loch interprete le latin :
ceux qui craignent le Seigneur trouveront
aupres de lui un Jugentent ]\xste, et par con-
sequent favorable, et ils ferotit briller,
coinme tin flambeau, leurs justices, leurs
bonnes oeuvres, devant les hommes {lUatth.,
V, 16;.
17. Des excuses, litt. une interpretation
de la loi ou de sa conduite.
18. Dhm ctranger, en gr. aX'Aotoio'j, par
conjecflure; aXXoxpto; viendrait d'une erreur
du tradu6leur grec ou du copiste. £n con-
servant aXXoxpto;, on traduira le 1^ mem-
bre : Vhonime ctranger a la reflexion et
Vorgueilleux ne sont arretes par aucune
crainte. — Et ainsi, etc. Ce 4^ membre
n'existe pas dans le grec acfluel, probable-
ment par I'omission d'un copiste. A quel
mot I'hebreu ou grec repond inseclationi-
bus? 11 est difficile de le deviner. Nous avons
suppose_/c'//'d? dans notre traduction. Le latin
peut s'interpreter : et il est puni par ses pro-
pres desseinsj ou bien, condamne par ses
prop res entreprises.
19. Sans reflexion, ou bien sa)is consul-
tation,
20. Sens : evite ce qui peut etre pour
toi une occasion de chute, dans le sens
moral.
21. Sens : sois toujours sur tes gardes,
meme lorsqu'aucun danger n'apparait, par
ex. vis-a-vis de tes enfants.
Chap.
XXXIII.
606 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXII, 22, 23; XXXIII, i— 14.
22 Dans tout ce que tu fais, aie confiance en ton ame.
Car cela aussi est observation des commandements.
23 Celui qui a confiance en la loi est attentif a ses preceptes,
Et celui qui se confie au Seigneur ne souffrira aucun dommage.
CHAP. XXXIII [en gr. xxxvi], i — 19. — La crainte de Dieu [vers, i — 6].
Inegalite des conditions [7 — 15]. L'auteur se felicite de son recueil de
sentences et invite tous les hommes a I'ecouter [16 — 19].
t CELUI qui craint le Seigneur le malheur ne surviendra pas;
Mais s'il est eprouve, le Seigneur le delivrera.
[&^a3| 2 L'homme sage ne hait pas la loi,
Mais celui qui use d'hypocrisie vis-a-vis d'elle est comme un vaisseau pendant la tempete.
L'homme intelligent a confiance dans la loi,
Et pour lui la loi est digne de foi comme I'oracle de I'Urim.
4 Prepare ton discours, et ainsi tu seras ecoute;
Rassemble ton savoir, ct reponds.
5 L'interieur de I'insense est comme une roue de chariot,
Et sa pensee comme un essieu qui tourne.
6 L'etalon est I'image de I'ami moqueur :
II hennit sous tout cavalier,
7 Pourquoi un jour I'emporte-t-il sur un autre jour,
Puisque la lumiere de tous les jours de I'annee vient du soleil?
8 C'est la sagesse du Seigneur qui a dtabli entre eux des distindlions,
Qui a institue des temps divers et des jours de fete.
9 Parmi les jours, il y en a qu'il a eleves et sanrtifies,
Et il y en a qu'il a mis parmi les jours ordinaires.
10 Ainsi tous les hommes viennent de la poussicre,
De la terra dont Adam a ete forme.
11 Afais c'est avec une grande sagesse que le Seigneur les a distingues,
Et les a fait marcher dans des voies differentes.
12 II a beni les uns et les a eleves;
11 a san(5lifid les autres et les a approches de lui;
D'autres, il les a maudits et abaisses,
Et les a prccipites de la place cju'ils occupaient.
13 Comme I'argile est dans la main du potier,
Et qu'il en dispose selon son bon plaisir,
Ainsi les hommes sont dans la main de celui qui les a fails,
Et il leur donne selon son jugement.
14 En face du mal est le bien, en face de la mort la vie :
Ainsi en face du juste est le pecheur.
22. Ne sois pas pusillanime; cela aussi
est commande par le Seigneur.
Loch, pressant davantage les mots latins :
dans toiites tes anions, rapporfc-toi Jidi'le-
inent a ton dine, a la voix interieure de ta
conscience.
23. En la loi; lat. en Dieu : mcme sens
au fond. Ce verset se lie au chap, suivant.
CHAP. XXXIII.
2. Ne hait pas la loi, il s'y attache et I'ob-
serve fidelement. LJiypocrite aimerait aussi
a I'accomplir, mais il la viole des qu'elle le
gene, et se trouve ainsi ballotte comme un
vaisseau, etc.
Le latin traduit le 2^ membre : ct il ne sera
pas brise comme le vaisseau dans la tempHe.
3. A coiifiance dans la loi, il I'embrasse
de tout son cceur et en attend son salut, son
bonheur. — La loi est digne dc foi, c'est la
parole de Dieu, comme Poracle (litt. Pinter-
rooation, ce qui comprend aussi la n'ponse)
de PUrim, toujours vrai, indiscutable. Voy.
Exod. xxviii, 30.
La legon oixxitov du cod. Vat. est une cor-
redlion fautive pour 3ti).wv, que portent la
plupart des manuscrits. C'est par ce dernier
mot cjue les LXX rendent ordinairement
iirim {Nombr. xxvii, 21; I Sa7n. xxviii, 6) et
thummim {Deuf. xxxiii, 8; I Sam. xiv, 41).
En latin les \no\.s,comme Viiiterrogation de
PUri III, ?,oni reunis au vers. suiv.,ce qui con-
tribue a le rendre k peu pres inintelligible.
4. Rassemble ton savoir, par la reflexion.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXII, 27, 28; XXXIII, i— 14. 607
domesticis tuis attende. 27. In omni
opere tuo crede ex fide animae tuae :
hoc est enim conservatio manda-
torum.
28. Qui credit Deo, attendit man-
datis : et qui confidit in illo, non
minorabitur.
— :i:— CAPUT XXXI 11. — ^i:—
Laudantur timens Dominum et sapiens :
inconstantia preecordiorum fatui : amicus
subsannator; dies et tempora a Deo sunt,
qui et leliqua omnia creavit ac disponit,
in cujus manu est homo ut lutum in manu
figuli : malum contra bonum : possessio
non in vita, sed in morte, distribuenda
aliis : et quomodo servi sint tracflandi.
I^IMENTI Dominum non
occurrent mala, sed in ten-
tatione Deus ilium con-
servabit, et liberabit a
malis. 2. Sapiens non odit mandata
et justitias, et non illidetur quasi in
procella navis. 3. Homo sensatus
credit legi Dei, et lex illi fidelis.
4. Qui interrogationem mani-
festat, parabit verbum, et sic de-
precatus exaudietur, et conservabit
" Supra 21,
17.
disciplinam, et tunc respondebit.
5. " Prascordia fatui quasi rota carri :
et quasi axis versatilis cogitatus
illius. 6. Equus emissarius, sic et
amicus subsannator, sub omni su-
prasedente hinnit.
7. Quare dies diem superat, et
iterum lux lucem et annus annum a
sole? 8. A Domini scientia separati
sunt, facto sole, et praeceptum cu-
stodiente. 9. Et immutavit tempora,
et dies festos ipsorum, et in illis
dies festos celebraverunt ad horam.
10. Ex ipsis exaltavit et magnifica-
vit Deus, et ex ipsis posuit in nu-
merum dierum. Et omnes homines
de solo, *et ex terra, unde creatus
est Adam. 1 1. In multitudine disci-
plinas Dominus separavit eos, et
immutavit vias eorum. 12. Ex ipsis
benedixit, et exaltavit : et ex ipsis
sanctificavit, et ad se applicavit : et
ex ipsis maledixit, et humiliavit, et
convertit illos a separatione ipso-
rum. 13. ""Quasi lutum figuh in manu ^ Rom. 9,21
ipsius, plasmare illud et disponere.
I4.0mnes vias ejus secundum dispo-
sitionem ejus : sic homo in manu
illius, qui se fecit, et reddet illi se-
* Gen. 2, 7.
5. L'esprit de I'insense est mobile, versa-
tile; mais c'est toujours dans le meme cer-
cle d'idees qu'il se meut.
6. Ue'talofii en lat. cqtms emissarius^ ou
plutot, d'apres une legon meilleure, adinis-
sariits, destine a la reproduction. — Qui
heiinit : signe de lubricite, sans souci de
celui qu'il porte : ainsi le moqueur lance
ses traits sans tenir compte de I'amitie.
7. Deniporte-t-il, est-il plus exxellent en
general, distingue des autres. — Puisque ce
qui fait le jour, la luiniere, vient egalement
du soldi pour tous les jours de I'annde.
Exemple d'inegalite et de difference em-
pruntd aux usages religieux des Juifs.
8. Apres le i^'' membre le lat. ajoute :
quand il eut fait le soleil qui observe ses
lots; et apres le 2e : et dans ces temps on a
cclebre des fetes a Vcpoque marquee.
10. Ainsi repond au vers. 7, comme les
vers. II et 12 repondront aux vers. 8 et 9.
— Dont, en lat. unde, parait omis ou sous-
entendu en grec ; cependant ce texte pent
s'expliquer sans cet adverbe : et, dans le
sens de comme, Adam leur ancetre a ete
forme de terre.
12. Les tins, les princes et les rois. — • Les
autres, la nation Israelite en general, et
dans cette nation la tribu de Levi, qui four-
nit les ministres sacres, ceux qui approc/ient
du Seigneur {Nombr. viii, 14-15). — Qii'il a
maudits, c.-a-d. selon la maniere de parler
de la Bible, qu'il n'a pas spe'cialement benis.
— De la place qu'ils occupaientj c'est ainsi
qu'il faut entendre le latin a separatione
ipsorum : de leur delimitation, du pays qui
leur fut primitivement assigne : allusion aux
Chananeens depossedes de leur pays par le
peuple de Dieu.
13. Comp. Roi>i. ix, 21. Qu''il en dispose;
litt., que toutes ses votes, les voies, la desti-
nde de I'argile, sont selon son bon plaisir.
Au lieu de iraxai al oool xutoO, d'autres ma-
nuscrits portent, TiXaaat auxo, quHl la moule.
Le latin traduit successivement les deux
lecons. — Selon son juoemoit, sa decision,
et Dieu ne decide rien qu'avec sagesse
(viii, II).
14-15. Ces rapprochements sont emprun-
tes a des fails qui frappent les yeux de tous,
et sur lesquels I'auteur ne s'explique pas
autrement. II veut par la faire comprendre
608
L'ECCLKSIASTIQUE. Chap. XXXIII, 15—29.
15 Considerede meme toutes les ceuvres du Tres-Haut :
EUes sont deux a deux, Tune opposde a I'autre.
16 Pour moi, venu le dernier, j'ai consacre mes veilles a la sagesse,
Semblable a celui qui grapille les raisins apres la vendange;
Par la benediclion du Seigneur j'ai pris les devants,
Et comme le vendangeur j'ai rempli le pressoir.
17 Reconnaissez que je n'ai pas travaill^ pour moi seul,
Mais pour tous ceux qui recherchent la sagesse.
18 Ecoutez-moi done, chefs du peuple;
Presidents de I'assemblee, pretez-moi I'oreille.
QUATRIEME PARTIE.
Chap.
XXXI II
19
^
Regies de prudence et de justice. Le Seigneur
et son peuple [Cn. XXXIII, 19 — XXXVI. 17.
En grec XXX, 28 — XXXIII, 11 et XXXVI, 1 — 16].
CHAP. XXXIII, 19 — 31 [en gr. xxx, 28 — 40]. — Ne pas distribuer ses biens
avant sa mort [vers. 19 — 24. Comment il faut traiter les esclaves [25 — 31].
I a ton fils ni a ton epouse, ni a ton frcre ni a ton ami
Ne donne pouvoir sur toi durant ta vie,
Et n'abandonne pas tes biens a un autre,
De peur que, plein de regret, tu ne sois reduit a leur adresser des supplications.
20 Tant que tu vis et qu'il te reste un souffle,
Ne t'alicne toi-mcnie a aucune chair.
21 Car il vaut mieux que tes enfants te demandent,
Que d'avoir toi-meme a tourner les yeux vers les mains de tes enfants.
22 Dans tout ce que tu fais, reste le maitre,
Et n'imprime aucune tache a ta renommee.
23 Quand viendra la fin des jours de ta vie
Et le moment de mourir, distribue ton heritage.
24 A I'ane le fourrage, le baton et la charge;
A I'esclave le pain, la correcflion et le travail.
25 Fais travailler ton esclave, et tu seras en repos;
Laisse-lui les mains libres, et il cherchera la liberie.
26 Le joug et la lanicre font plier le cou;
A I'esclave meehant la torture et la douleur.
27 Envoie-le au travail, afin qu'il ne reste pas oisif,
Car I'oisivete enseigne beaucoup de mal.
28 Mets-le a I'ouvrage, c'est ce qui lui convient,
Et s'il n'obeit pas, serre-lui les entraves;
Mais ne depasse la mesure envers personne,
Et ne fais rien de contraire a la justice.
29 Si tu as un esclave, qu'il soit comme toi-mcme,
Car tu I'as acquis avec du sang.
de plus en plus cjue la diversite dans les
conditions sur la terre, est en harmonie avec
I'ordre general de I'univers tel qu'il resulte,
en partie de la volonte primitive de Dieu,
en partie du p^che originel.
16. Le dernier, apres les autres ecrivains
sacres. — J''ai pris les devants .• je ne me
suis pas contente de glaner; a mon tour j'ai
fait aussi la vendange : sans figure, j'ai for-
mule un grand nombre de sages maximes.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXIII, 15—31.
609
cundum judicium suum. 1 5. Contra
malum bonum est, et contra mor-
tem vita : sic et contra virumjustum
peccator. Et sic intuere in omnia
opera Altissimi. Duo et duo, et
unum contra unum.
16. Et ego novissimus evigilavi,
et quasi qui colligit acinos postvin-
demiatores. 17. In benedictione Dei
et ipse speravi : et quasi qui vinde-
miat, replevi torcular. iS.'^Respi-
cite quoniam non mihi soli laboravi,
sed omnibus exquirentibus discipli-
nam. 19. Audite me magnates, et
omnes populi, et rectores Ecclesias
auribus percipite.
20. Filio et mulieri, fratri et amico
non des potestatem super te in vita
tua : et non dederis alii possessio-
nem tuam : ne forte pceniteat te, et
depreceris pro illis. 21. Dum adhuc
superes et aspiras, non immutabit
te omnis caro. 22. Melius est enim
ut filii tui te rogent, quam te respi-
cere in manus filiorum tuorum.
23. In omnibus operibus tuis pras-
cellens esto. 24. Ne dederis macu-
1am in gloria tua. In die consum-
mationis dierum vitas tuas, et in
tempore exitus tui distribue here-
ditatem tuam.
25. Cibaria, et virga, et onus asi-
no : panis, et discipjina, et opus
servo. 26. Operatur in disciplina,
et quasrit requiescere : laxa manus
illi, et quasrit libertatem. 27. Jugum
et lorum curvant collum durum, et
servum inclinant operationes assi-
duas, 28. Servo malevolo tortura et
compedes, mitte ilium in operatio-
nem, ne vacet : 29. multam enim
malitiam docuit otiositas. 30. In
opera constitue eum : sic enim con-
decet ilium. Ouod si non obaudie-
rit, curva ilium compedibus, et non
amplifices super omnem carnem :
verum sine judicio nihil facias grave.
31. "Si est tibi servus fidelis, sit
tibi quasi anima tua : quasi fratrem
sic eum tracta : quoniam in sanguine
•Supra 7,
2^.
Quelque soit du reste le sens exa6l, assez
difficile a deviner, que I'auteur attache li
cette expression, les mots qui I'accompa-
gnent, par la bcncdiLlion du Seigneur, en
font disparaitre toute couleur de suffisance
et de presomption. En latin : moi atissi j'ai
mis ma cotifiance dans la bencdi£lion du
Seigneur.
17. Repetition de xxiv, 32.
18. Chefs dtc peuple ; en \dX\x\., grands et
gens du peuple.
Les vers. 16-1S (en gr. xxxvi, i6a et
XXX, 25-27) sont la conclusion d'une serie
de sentences, auxquelles I'auteur va en ajou-
ter d'autres.
19. Ne domie pouvoir sur tot, ne te mets
sous leur dependance, specialement enleur
abandonnant tes biens, etc. — Des suppli-
cations, pour en obtenir les choses neces-
saires a la vie.
20. A^e falicne toi-meme a aucune chair,
aucun homme, de maniere a ne plus t'ap-
partenir, a etre sous sa dependance. Ou
bien, ne Vechange toi-nieme, en donnant a
un autre homme, par la cession de tes biens,
le droit de prendre ta place.
En latin : personne ne doit te faire chan-
ger (de sentiment) ii cet cgard.
21. Te demandent, ou aient besoiii de toi.
— Tourner les yeux, des yeux suppHants,
pour obtenir ce dont tu as besoin. Comp.
Ps. cxxxiii, 2.
22. Aucune iache : ces concessions et ces
faiblesses te feraient perdre ton renom de
sagesse.
23. Distribue, seulement alors.
24-31. Ce morceau porte en grec le titre :
des Esclaves.
25. Tu seras en repos, tu ne seras pas
inquiet a son sujet. — // cherchera a recou-
vrer sa liberie par la fuite.
Le traducleur latin avait sous les yeux,
pour le I'^r membre, un texte un peu diffe-
rent, mais qui offre aussi un bon sens : il
(I'esclave) fte travaillera que si on le chdtie,
et 71^ aspire qtiatc repos.
26. Le coil du boeuf indocile.
28. Rien de contraire a la justice; d'autres,
rien sans reflexion. Les deux derniers mem-
bres donnent, en termes generaux, un con-
seil de mode'ration qui s'applique tout
d'abord au traitement des esclaves.
29. Avec du sang. II devait y avoir en
bebr. bedam. Fritzsche, d'apres I'analogie
du syriaque et de I'hebreu rabbinique, tra-
duit, avec de Pargent. D'autres arrivent au
meme sens par cette consideration que I'ar-
gent necessaire a I'achat d'un esclave est le
produit d'un dur labeur, et pour ainsi dire
le sang de I'ame. D'autres supposent qu'il
LA SAINTE BIULE. TOME IV.
■39
Chap.
XXXIV.
610 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXIII, 30, 31; XXXIV, i— 16.
30 Si tu as un esclave, prends soin de lui comme d'un frere,
Et ainsi tu I'attacheras a ton ame.
31 Si tu le maltraites et qu'il prenne la fuite,
Sur quel chemin iras-tu le chercher?
CHAP. XXXIV [en gr. xxxi]. — Vanite des songes en general [vers, i — 8].
L'experience rend sage et delivre des dangers, Dieu etant le prote6leur
de ceux qui le crai'gnent [9 — 17]. Ne pas offrir a Dieu des biens injus-
tement acquis [18 — 26].
INSENSE se livre a des esperances vaines et trompeuses,
Et les songes excitent I'attente des sots.
2 C'est vouloir saisir une ombre et atteindre le vent,
Que de s'arreter a des songes.
3 Une chose d'apres une autre, voila ce qu'on voit en songe;
C'est comme I'image d'un homme en face de son visage.
4 D'une source impure, que peut-il sortir de pur?
Du mensonge, cjue peut-il sortir de vrai?
5 La divination, les augures et les songes sont choses vaines,
Et le coeur, comme celui d'une femme enceinte, y est le jouet de Timaginalion.
6 A moins qu'ils ne soient envoyes par le Trcs-Haut dans une visile,
N'y fais aucune attention.
7 Car les songes ont egare beaucoup d'hommes,
Et ceux qui appuyaient sur eux leurs esperances ont ete frustres.
8 Mais la loi s'accomplit sans mensonge,
Comme se realise toute sage parole sortie d'une bouche fidele.
9 L'homme instruit salt beaucoup de choses,
Et l'homme de grande experience parle sagement.
10 Celui qui n'a pas ete eprouve sait peu de choses,
Et celui qui a voyage possede une grande prudence.
11 T'ai vu beaucoup de choses dans mes voyages,
Et ma science est plus grande que mes paroles.
12 Souvent j'ai ete en danger de mort,
Et j'ai ete sauve grace a cette experience.
13 L'esprit de ceux qui craignent le Seigneur vivra,
Car leur esperance est en celui qui les sauve.
14 Celui qui craint le Seigneur n'a peur de rien et ne tremble pas,
Car Dieu est son espdrance.
15 Heureuse Tame de celui qui craint le Seigneur !
Sur qui s'appuie-t-elle et qui est son soutien.'
16 Les yeux du Seigneur sont sur ceux qui I'aiment;
II est un prote(fteur puissant, un inebranlable appui,
i
1
s'agit d'un esclave que Ton a pris h. la guerre
au pdril de sa vie.
30. Comme d'un frere, ou, d'apres le cod.
Vat., comme de toi-meme. — Tu Vattaclie-
ras a ton dme, a toi-mcme. Cette interpre-
tation proposee par Fritzsche suppose 1° que
le tradu<5leur grec a lu par mdprise dans le
texte hebreu, sicut anima tua, au lieu de in
anima iua; 2° que le grec primitif portait
ettiSt^ce'.?, /u iieras, au lieu de Eir'.oe-f^a-sic, tu
auras besoin (de lui com/ne de ta vie).
En latin, les vers. 29-30 sont reunis en
un seul (31) : si tu as un esclave fidele, quHl
te soit comme ton dme, toi-meme; traite-le
comme ton firre, car tu Pas acquis avec le
sang de ton dme.
31. Sur quel chemin. La loi de Moise de-
fendait de rendre h. son maitre un esclave
fugitif (Z)t7^/. xxiii, 15-16).
Le kitin paraphrase.
CHAP. XXXIV.
I. Et, ainsi, les songes excitent I'attente,
litt. cnlcvcnt sur des ailes dans la region
des chimeres.
3. Une chose d'apres une autre (xaTot toijxo
ou bien 01 face d'une autre (-/.aTa touto'j,
cod. Vat.), qui n'est que I'image ou le reflet
d'une autre, mais non une realite. — L'image
d'un homme, rdfldchie dans un miroir, en
face de son visage reel. Sens : les songes
reproduisent d'ordinaire, d'une maniore con-
fuse et desordonnee, les pensees et les pre-
occupations de la veille.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXIII, i^—^y, XXXIV, i— 19. 611
animae comparasti ilium. 32. Si las-
seris eum injuste, in fugam conver-
tetur : 33. et si extoliens discesserit :
quern quaeras, et in qua via quasras
ilium, nescis.
— :i:— CAPUT XXXIV. — :>—
Vanitas somniorum, divinationum, augurii,
mendaciorum : laus expertorum : beati-
tude timentium Deum : oblationes ini-
quorum : fraudans pauperem : unus
cedificans, et alter destruens : faciens
poenitentiam, et non abstinens a peccatis.
ANA spes, et mendacium
viro insensate : et somnia
extoUunt imprudentes.
2. Quasi qui apprehendit
umbram, et persequitur ventum :
sic et qui attendit ad visa mendacia.
3. Hoc secundum hoc visio somnio-
rum : ante faciem hominis similitu-
de hominis. 4. Ab immundo quid
mundabitur.^ et a mendace quid ve-
rum dicetur.^ 5. Divinatio erroris,
et auguria mendacia, et somnia ma-
lefacientium, vanitas est. 6. Et sicut
parturientis, cor tuum phantasias
patitur : nisi ab Altissimo fuerit
emissa visitatio, ne dederis in illis
cor tuum : 7. multos enim errare
fecerunt somnia, et exciderunt spe-
rantes in illis. 8. Sine mendacio
consummabitur verbum legis, et
sapientia in ore fidelis complana-
bitur.
9. Qui non est tentatus, quid
scit.? VTr in multis expertus, cogita-
bit multa : et qui multa didicit,
enarrabit intellectum. 10. Qui non
est expertus, pauca recognoscit : qui
autem in multis factus est, multi-
plicat malitiam. it. Qui tentatus
non est, qualia scit.? qui implanatus
est, abundabit nequitia. 12. Multa
vidi errando, et plurimas verborum
consuetudines. 13. Aliquoties usque
ad mortem periclitatus sum horurn
causa, et liberatus sum gratia Dei.
14. Spiritus timentium Deum quae-
ritur, et in respectu illius benedice-
tur. 1 5. Spes enim illorum in salvan-
tem illos, et oculi Dei in diligentes
se. 16. Qui timet Dominum nihil
trepidabit, et non pavebit : quoniam
ipse est spes ejus. ly.Timentis Do-
minum beata est anima ejus. 1 8. Ad
quern respicit, et quis est fortitude
ejus. 19. '^Oculi Domini super ti- «Ps. 33, 16.
mentes eum, protector potentiae,
4. Du mensonge, des visions trompeuses
d'un songe.
5. Uiie femme enceinte eprouve des ca-
prices, des fantaisies qui ne durent qu'un
moment pour faire place a d'autres.
Le latin ajoute plusieurs mots qui ne
changent rien au sens.
6. Reserve commandee par la sainte Ecri-
ture elle-meme, qui relate plusieurs songes
envoyes de Dieu, par ex. Gen. xxviii, 12;
xxxvii, 6, etc. Comp. Matth. i, 20.
8. La loi s'accoinplit, dans ses promesses
et ses menaces, sa7is inensoftge : elle ne
trompe pas, comme les songes. — Fidele,
digne de confiance.
9. Le latin ajoute en tete du verset : celui
qui )i!a pas etc eprouve, que sait-il? em-
prunte au verset suivant.
10. Qui a voyage, erre dans le monde,
qui a ete en relation avec beaucoup de
gens. — Prudence, ou habilete, en lat. ma-
lice.
Ici le latin donne une seconde version du
vers. 10, mais en traduisant le 2^ membre
autrement que la premiere fois : celui qui
a ete trompe abondera en malice, ou en habi-
lete, de maniere a ne plus etre si facilement
dupe.
11. Ma science, etc. : j'en sais plus que je
ne puis en exprimer par mes paroles. En
latin : et biett des coutumes diverses. Le mot
verborum doitprobablement s'entendre dans
le sens hebreu de choses.
12. Grace a cette experience acquise par
I'etude et les relations sociales. En lat., par
la grace de Dieu.
13. Vivra, en gr. l.-^atxai. Le traducfleur
latin a lu trfir^i^zz'xi, sera recherche, I'objet
de soins de la part de Dieu (?)
Le latin ajoute apres le i^^ membre : et il
sera be'ni pour avoir eu cgard a lui (a Dieu) ;
ou bien, au jour oil Dieu le regardera, le
visitera; — et apres le 2^ membre : et les
yeilx de Dieu sont sur ceux qui Vaiment.
14. Comp. Ps. cxii, 7 et 8.
15. Sur qui, etc. : les versets suivants
donnent la reponse.
16. Qui raiment; en lat. qui le craignent :
meme sens au fond. — Vachoppement, la
chute figurent le mal ou le malheur.
612 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXIV, 17—26; XXXV, 1—8.
Un abii centre le vent d'Orient, un ombrage contra les feux de midi,
Une garde centre I'achoppement, un secours centre la chute;
17 II ^leve I'ame, il illumine les yeux.
II donne sante, vie et benedicftion.
18 C'est une offrande derisoire que celle d'un bien mal acquis,
Et les derisions des pecheurs ne sauraient etre agreables a Dieic.
19 Le Tres-Haut n'agree pas les offrandes des impies,
Et ce n'est pas pour le grand nombre des viftimes cju'il pardonne les peches.
20 II immole un fils sous les yeux de son pere,
Celui qui offre un sacrifice pris sur le bien des pauvres.
21 Le pain des malheureux est la vie des pauvres;
Celui qui les en prive est un meurtrier.
22 II donne la mort a son prochain celui qui lui ote sa subsistance;
II verse le sang celui qui prive le mercenaire de son salaire.
23 L'un batit et I'autre detruit :
Qu'en retirent-ils, sinon de la peine?
24 L'un prie et I'autre maudit :
Duquel des deux Dieu ecoutera-t-il la voix?
25 Celui qui se lave apres le contadl; d'un mort et qui le touche de nouveau,
Que gagne-t-il a s'etre lave?
26 Ainsi I'homme qui jeune pour ses peche's,
S'il va les commettre encore,
Qui entendra sa priere,
Et que lui servira son humiliation?
Chap.
XXXV.
CHAP. XXXV [en gr. xxxii]. — Des sacrifices [vers, i — 10]. Dieu exauce
la priere des pauvres et punit les ccEurs sans pitie [11 — 17. II exercera
sa vengeance centre les paiens orgueilleux, et fera justice et misericorde
a son peuple [18 — 19].
BSERVER la loi, c'est faire de nombreuses offrandes,
C'est offrir un sacrifice pacifique que de s'attacher aux commandements.
2 Rendre graces, c'est faire une offrande de fleur de farine,
Et pratiquer la misericorde, c'est offrir un sacrifice de louange.
3 Ce qui plait au Seigneur, c'est qu'on s'eloigne du mal;
Ce qui obtient son pardon, c'est la fuite de I'injustice.
4 Pourtafit ne te pr^sente pas devant le Seigneur les mains vides,
Car toutes ces offrandes doivent ctre faites a cause du precepte divin.
5 L'offrande du juste engraisse I'autel,
Et sa suave odeur s'elcve devant le Seigneur.
6 Le sacrifice de Thomme juste est agreable,
Et Dieu en conservera le souvenir.
7 Glorifie le Seigneur d'un cceur liberal,
Et ne retranche rien aux premiccs de tes mains.
8 Dans toutes tes offrandes, que la joie brille sur ton visage,
Et consacre tes dimes avec allegresse.
17. L'ame elevce, et non abattue; les yeux
brlllantSy et non obscurcis : signes de bon-
heur.
18. Derisoire^ injurieuse a Dieu; en latin,
souillce.
Le latin ajoute : le Seigneur 7i^esi favo-
rable quW ceux qui Vattendent dans la vote
de la verite et de la justice. Remarquez
I'emploi insolite de solus ]om\. au sujet.
20. Un fds : c'est le pauvre injustement
opprime sous le regard de Dieu, son crea-
teur et son pere.
21. La vie, le soutien de la vie. — Les en
prive : dans le cod. Vat. eti se rapporte a vie;
dans d'autres manuscrits et en latin, a pain.
22. Sa subsistance ; en lat., le pain trenipe
de sueur, peniblement gagne.
Le latin traduit le 2'= membre : celui gut
7'crse le sang et celui qui fait tort au inerce-
naiie sont freres.
23-24. Loch et Reischl : le vers. 23 trouve
son explication dans le suivant. Le pauvre
se fatigue pour acquerir quelque bien : il
batit; le riche le lui enleve injustement : il
detruit. L'oppresseur offre un sacrifice et
prie, tandis que I'opprim^ maudit. Le sacri-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXIV, 20—31; XXXV, i— 11. 613
firmamentum virtutis, tegimen ar-
doris, et umbraculum meridiani,
20. deprecatio offensionis, et adju-
torium casus, exaltans animam, et
illuminans oculos, dans sanitatem,
et vitam et benedictionem.
•ov. 21, 21. *Immolantis ex iniquo oblatio
est maculata, et non sunt benepla-
citas subsannationes injustorum.
22. Dominus solus sustinentibus se
■ov. 15, in via veritatis et justitias. 23/ Dona
iniquorum non probat Altissimus,
nee respicit in oblationes iniquo-
rum : nee in multitudine sacrificio-
rum eorum propitiabitur peccatis.
24. (^ui offert sacrificium ex sub-
stantia pauperum, quasi qui victi-
mat filium in conspectu patris sui.
25. Panis egentium vita pauperum
est : qui defraudat ilium, homo
sanguinis est. 26. Qui aufert in su-
dore panem, quasi qui occidit pro-
ximum suum. 27. Oui effundit
'ut. 24, sanguinem, '^et qui fraudem facit
upray. mercenario, fratres sunt. 28. Unus
aedificans, et unus destruens : quid
prodest illis nisi labor.'^ 29. Unus
orans, et unus maledicens : cujus
vocem exaudiet Deus.'' ^o. Oui ba-
ptizatur a mortuo, et iterum tangit
eum, quid proficit lavatio illius.^
^etr. 2, 31. ''Sic homo qui jejunat in pecca-
tis suis : et iterum eadem faciens,
quid proficit humiliando se.'' oratio-
nem illius quis exaudiet.?
— :i:— CAPUT XXXV. — :!:—
Venim et acceptum Deo sacrificium : non
appareas coram eo vacuus : primitive et
oblationes hilari animo tribuend;ie : sacri-
ficium injustum : pauperem Icesum, pu-
pillum et viduam lacrymantem exaudit
Dominus : orationes justorum, et potis-
simum se humiliantium audit Deus, libe-
rans ab affligentibus, et cuicjue reddens
juxta opera sua.
UI conservat legem, mul-
tiplicat oblationem. 2. "Sa-
crificium salutare est at-
tendere mandatis, et dis-
cedere ab omni iniquitate. 3. Kt
propitiationem litare sacrificii super
injustitias, et deprecatio pro pecca-
tis, recedere ab injustitia. 4. Retri-
buet gratiam qui offert similaginem :
et qui facit misericordiam, offert
sacrificium. 5. *Beneplacitum est
« I Reg. 15,
22.
*Jer. 7, 3
et 26, 13.
Domino recedere ab iniquitate : et
deprecatio pro peccatis recedere ab
injustitia. 6. ^Non apparebis ante ^Exod. 23.
conspectum Domini vacuus. 7. Hasc r? '^IH' ^5'
^ . ^ -r>. • Dent. 16, 16.
enim omnia propter mandatum Dei
fiunt. 8. Oblatio justi impinguat
altare, et odor suavitatis est in con-
spectu Altissimi. 9. Sacrificium justi
acceptum est, et memoriam ejus non
obliviscetur Dominus. 10. Bono
animo gloriam redde Deo : et non
minuas primitias manuum tuarum.
1 1, ''[n omni dato hilarem fac vul- "^2 Cor. 9,
7-
fice et la priere du riche ont aussi peu de
succes que le travail du pauvre; ils ont pris
I'un et I'autre une peine inutile.
D'autres autrement.
25. D'apres la loi, celui qui touchait un
cadavre contracftait une souillure dont il
devait se purifier {Nombr. xix, 1 1 sv.). Comp.
pour le sens II Pier, ii, 20 sv.
26. L'auteur a en vue la penitence qui est
suivie de rechute, et non celle qui vient
apres la faute commise pour I'expier et la
reparer.
CHAP. XXXV,
I. Sacrifice pad fig ue, ou d'aflion de gra-
ces, appele plus loin de lotiange {Lev.
ix, 4, 18).
Le latin ajoute un versec oii il repete la
meme pens^e en I'appliquant aux sacrifices
expiatoires.
2. Qt(i rend graces, qui se montre recon-
naissant envers Dieu.
4. Pourtant : quoique la pratique des ver-
tus doive venir en premier lieu, il ne faut pas
negliger les sacrifices prescrits par la loi.
5. Eugraisse I'antel, est une vi(flime
grasse, et par la-meme agreable a Dieu :
comp. Ps. XX, 4. — Sa suave odejir : sa
manque dans le latin, qui pent se traduire,
et clle est tme suave odeur devaiif le Sei-
gneur.
7. Glorijie le Seigneur, ici par des sacri-
fices. — D'un cceur liba'al, litt. avec un
ail bo?7, par opposition au mauvais ceil de
I'envieux, de I'avare. — Aux prentices des
biens acquis par tes mains, par ton travail,
premices qui appartiennent a Dieu.
8. Co7isac7-e, litt. sanLliJie, oftVe au Sei-
gneur.
614 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXV, 9—19; XXXVI, 1—6.
9 Donne au Seigneur selon ce qu'il I'a donne,
Donne d'un coeur liberal selon ce que tes mains ont acquis.
10 Car le vSeigneur paie de retour,
Et il te rendra sept fois autant.
11 Ne cherche pas a corrompre le Seigneur par des dons, car il ne les recevrait pas,
Et ne t'appuie pas sur une offrande injuste,
Car le Seigneur est un juge,
Et il n'a point dgard au rang des personnes.
12 II ne fait acception de personne au detriment du pauvre,
Et il ecoute la priere de I'opprime.
13 II ne dedaigne pas la supplication de I'orphelin,
Ni la veuve qui repand sa plainte devani hii.
14 Les larmes de la veuve ne coulent-elles pas sur ses joues,
Et son cri n'eclate-t-il pas sur celui qui les lui fait verser?
15 Celui qui honore Dieii de la maniere qui lui plait sera bien accueilli,
Et sa priere monte jusqu'aux nues.
16 La priere de ropprimd penetrera les nues;
II ne sera pas console qu'elle ne soit 2ixx\\€^jiisqu^a Dieti ;
II ne cessera pas que le Tres-Haut ne I'ait regarde,
Et le Seigneur jugera selon I'equite et rendra justice.
17 Le Seigneur ne fera pas attend re,
II n'aura plus de patience a I'egard des oppresseurs,
Jusqu'a ce qu'il ait brise les reins de ces hommes sans pitie;
II tirera vengeance des nations,
Jusqu'k ce qu'il ait aneanti la troupe des blasphemateurs
Et mis en pieces les sceptres des impies;
18 Jusqu'a ce qu'il ait rendu a I'homme selon ses a6les,
Et renmm'tr Xes oeuvres des hommes selon leurs pensees;
Jusqu'a ce qu'il prenne en main la cause de son peuple
Et qu'il le rdjouisse par sa misericorde.
19 La mis(fricorde est la bien-venue au temps de I'oppression d' Israel,
Comme les nudes chargees de pluie au temps de la secheresse.
Chap.
XXXVI.
CHAP. XXXVI, I — 17 [en gr. XXXIII, i — 11; xxxvi, 16^ — 22]. — Priere
pour la delivrance d'Israel et sa reunion dans le pays de ses peres.
YEZ pitie de nous, souverain Seigneur, Dieu de I'univers;
Abaissez sur nous vos regards.
2 Et repandez votre terreur sur toutes les nations.
Levez votre main centre les peuples ctrangers,
Et qu'ils sentent votre puissance.
De meme que vous avez montrd devant eux votre saintete en punissant nos fautes,
Ainsi faites paraitre votre grandeur a nos yeux en chiitiant nos oppresseurs.
Et qu'ils apprennent, comme nous I'avons appris nous-memes,
Qu'il n'y a pas d'autre Dieu que vous, Seigneur.
Renouvelez les prodiges, reproduisez les merveilles,
Glorifiez votre main et votre bras droit.
6. Dhin cceur liberal, litt. nvcc un ban
a'il, comme au vers. 7.
11.^ co7-ro))ipre le Seigneur, h. obtenir de
lui, par ex., qu'il detourne les yeux de tes
fautes et ne les punisse pas. — Des dons,
des sacrifices. Le lat. traduit le i '^r niembre,
lioffre pas cm Seigneur des dons aiminels.
— Ne t'appuie pas sur une ojfrande injuste,
prise sur un bien mal acquis. En latin, 7ie
fais pas attention a une offrande, etc., n'en
attends rien. Plusieurs donnent aussi ce
sens au grec, 'J-fj 'i^T^^'/J■.
14. Son cri de detresse, d'appel de se-
cours. — Sur, on a cause de, mais non pas
contre, conmie plusieurs traduisent; en fait,
re cri provoque la vengeance divine, mais
il ne I'invoque pas.
15. Qui honore Dieu par des sacrifices teJs
que Dieu les aime, litt. selon le bon plaisir
de Dieu ; d'autres, en y mettatit son bon
plaisir, de tout son coeur, avec une bonne
volonte. .Sur ce mot comp. Luc, ii, 14.
16. De Popprimc, en lat. de celui qui
sliumilie. — Jugera les oppresseurs selon
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXV, 12—26; XXXVI, 1—7. 615
4.9-
turn tuum, et in exsultatione san-
ctifica decimas tuas. 12, '"Da Altis-
simo secundum datum ejus, et in
bono oculo adinventionem facito
manuum tuarum : 13. quoniam
Dominus retribuens est, et septies
tantum reddet tibi.
14. ^Noli offerre munera prava,
non enim suscipiet ilia. 15. Et noli
inspicere sacrificium injustum, quo-
niam Dominus judex est, et i^non
est apud ilium gloria personam.
16. Non accipiet Dominus perso-
nam in pauperem, et deprecationem
lassi exaudiet. 17. Non despiciet
preces pupiili : nee viduam, si efflm-
dat loquelam gemitus, iB.Nonne
lacrymas viduas ad maxillam descen-
dunt, et exclamatio ejus super de-
ducentem eas? 19. A maxilla enim
ascendunt usque ad coelum, et Do-
minus exauditor non delectabitur
in illis. 10. Qui adorat Deum in
oblectatione suscipietur, et depre-
catio illius usque ad nubes propin-
quabit. 21. Oratlo humiliantis se,
nubes penetrabit : et donee propin-
quet non consolabitur : et non dis-
cedet donee Altissimus aspiciat.
22. Et Dominus non elongabit, sed
judicabit justos, et faciet judicium :
et Fortissimus non habebit in illis
patientiam, ut contribulet dorsum
ipsorum : 23. et gentibus reddet
vindictam donee tollat plenitudinem
superborum : et sceptra iniquorum
contribulet 24. donee reddat homi-
nibus secundum actus suos, et se-
cundum opera Adas, et secundum
praesumptionem illius, 25, donee
judicet judicium plebis suas, et oble-
ctabit justos misericordia sua.
26. Speciosa misericordia Dei, in
tempore tribulationis, quasi nubes
pluviae in tempore siccitatis.
— :i:— CAPUT XXXVI. — *—
Super Israel et civitatem Jerusalem invocat
Dei misericordiam : super gentes vero
alienas Dei timorem ejusque manum ut
ipsius potentia glorificetur, ipseque solus
Deus agnoscatur; cor insensatum et cor
pravum : species mulieris faciem viri
exhilarat : bona; mulieris possessio.
ISERERE nostri Deus
omnium, et respice nos,
et ostende nobis lucem
miserationum tuarum :
2. et immitte timorem tuum super
gentes, quas non exquisierunt te, ut
cognoscant quia non est Deus nisi
tu, et enarrent magnalia tua. 3. Al-
leva manum tuam super gentes alie-
nas, ut videant potentiam tuam.
4. Sicut enim in conspectu eorum
sanctiiicatus es in nobis, sic in con-
spectu nostro magnificaberis in eis,
5. ut cognoscant te, sicut et nos
cognovimus quoniam non est Deus
praster te Domine. 6. Innova signa,
et immuta mirabilia. 7. Glorifica
Vequite, en gr. or/.aitot; (cod. Vat); d'autres
manuscrits lisent o/.atou;, les justes (Vulg.).
Dans le latin, le 4*^ membre est place aprcs
le I" du verset suiv.
17. Ne fern 'pas atteiidre le chatiment. —
Des oppf-esseiirs, des peuples idolatres qui
opprimaient alors le peuple de Dieu.
18. Reviii7icrc, ici puni, selon leicrs pen-
sees, leurs desseins ou leurs sentiments
cruels covers la nation juive. Au lieu de
suppleer le mot i-cmiinere, d'autres avec le
traducleur latin sous-entendent secundiiin
dans le 2^ membre : seloji les a-uvres des
lioDiines (en lat. d'Adam, pour les enfatits
d' Adam) et selon leurs pensees.
19. L^ oppression dVsrnel, litt. sa tribu-
lation; en latin, la tribulation en general.
CHAP. XXXVI.
I. L'auteur ecrivait apres le retour de la
captivite; mais un grand nombre de Juifs
etaient restes disperses dans les diverses
contrees de l'Asie,un grand nombre vivaient
en Egypte, et ceux memes qui avaient pu
regagner leur patrie, soumis tour k tour aux
rois de Syrie et d'Egypte, avaient beaucoup
a soufifrir de I'ambition et de la cruautd des
uns et des autres. — Le latin ajoute : et
inontrez-ftous la lutniere de vos niiscricordes.
1. Toutcs les nations : plusieurs manus-
crits suivis par le tradufleur latin ajoutent,
qui ne vous cherche7tt pas. — Le latin ajoute :
et qu^elles cclebrent 7'os grandeurs.
6. Les p7-odigcs que vous avez accomplis
autrefois en faveur de votre peuple.
616
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXVI, 7—25.
7 Excitez votie courroux et repandez votre colere;
Detruisez radversaire et aneantissez I'enneiTii.
8 Hatez le temps et souvenez-vous du seiment,
Et qu'on celebie vos hauts faits.
9 Que votre colere lance la foudre et devore celui qui tenterait d'echapper,
Et que ceux qui maltraitent votre peuple trouvent leur perte.
10 Brisez les tetes des chefs des ennemis,
Qui disent : " II n'y a que nous! "
11 Rassemblez toutes les tribus de Jacob,
Et rendez-leur I'heritage qu'ils avaient au commencement.
12 Seigneur, ayez piti^ de votre peuple qui est appele de votre nom,
Et d' Israel, que vous avez fait semblable a un premier-ne.
13 Prenez compassion de la ville qui renferme votre sanfluaire,
De Jerusalem, le lieu de votre repos.
14 Remplissez Sion de vos oracles,
Et votre peuple de votre gloire.
15 Rendez temoignage a ceux qui sont vos creatures des le commencement,
Et accomplissez les promesses faites en votre nom.
16 Recompensez ceux qui vous attendent,
Et que vos prophetes soient trouves veridiques,
17 Exaucez, Seigneur, la priere de ceux qui vous implorent.
Selon la benddiftion d'Aaron sur votre peuple,
Et que tous les habitants de la terre reconnaissent
Que vous etes le Seigneur, Dieu des siecles.
M
CINQUIEME PARTIE.
Diverses maximes et regies a suivre dans les
relations sociales [Cii. XXXVI, i8 — XXXIX, n].
Chap.
XXXVI.
IS
CHAP, XXXVI, 18 SV. — Discernement a apporter dans les choses
et les personnes, specialement dans le choix d'une epouse.
]'ESTOMAC recoit toute espece de nourriture,
Mais tel aliment est meilleur qu'un autre.
19 Le palais discerne au gout la viande sauvage :
Ainsi le coeur sense reconnait la parole mensongere.
20 Le coeur pervers cause du chagrin,
Mais I'homme d'experience sait se mettre en garde centre lui.
21 La femme reqoit toute espece de mari,
Mais telle fdle vaut mieux qu'une autre.
22 La beaute de la femme r^jouit le visage de P/iomme,
Et elle excite au jilus haut point son desir.
23 Si la bonte et la douceur sont sur sa langue,
Son mari n'est plus un simple enfant des hommes.
24 Celui qui prend une femme veriuciise ■x le principe de sa fortune :
Une aide semblable a lui et un appui pour se reposer.
25 Lk oil il n'y a pas de haie, le domaine est au pillage;
\A oil il n'y a pas de femme, I'homme errant sans foyer gemit.
8. Du serment fait k nos peres de trailer
Israel comme votre peuple.
9. Que votre colere, etc.; litt., dans une
colere de feu, qui lance le feu, que soit
devore, etc. — Qui tenterait de sU'chnpper,
ou, avec le traducl;eur latin, qui aurait
echappe aux premiers fleaux.
10. // «V a que Jious de puissants.
I i.Rasseinl'le, etc. voy. : la note du vers, i,
et com]). Ad. xiii, 19. — Rendez-leur The-
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXVI, 8—27.
617
manum, et brachium dextrum.
8. Excita furorem, et efPunde iram.
9. Tolle adversarium, et afflige ini-
micum. 10. Festina tempus, et me-
mento finis, ut enarrent mirabilia
tua. II. In ira flammas devoretiir
qui salvatur : et qui pessimant ple-
bem tuam, inveniant perditionem.
12. Contere caput principum inimi-
corum, dicentium : Non est alius
praster nos. 13. Congrega omnes
tribus Jacob : ut cognoscant quia
non est Deus nisi tu, et enarrent
magnalia tua : et hereditabis eos,
sicut ab initio. 14. Miserere plebi
tuas, super quam invocatum est no-
Dd. 4, men tuum : et Israel, " quem cozequa-
sti primogenito tuo. 15. Miserere
civitati sanctificationis tuas Jerusa-
lem, civitati requiei tuae. 16. Reple
Sion inenarrabilibus verbis tuis, et
gloria tua populum tuum. 17. Da
testimonium his, qui ab initio crea-
turas tuas sunt, et suscita prasdica-
tiones, quas locuti sunt in nomine
tuo prophets priores. 18. Da mer-
cedem sustinentibus te, ut prophetas
tui fideles inveniantur : et exaudi
orationes servorum tuorum I9.*se-
cundum benedictionem Aaron de
populo tuo, et dirige nos in viam
justitias, et sciant omnes qui habi-
tant terram, quia tu es Deus con-
spector saeculorum.
20. Omnem escam manducabit
venter, et est cibus cibo melior.
21. Fauces contingunt cibum ferae,
et cor sensatum verba mendacia.
22. Cor pravum dabit tristitiam, et
homo peritus resistet illi. 23. Om-
nem masculum excipiet mulier : et
est filia melior filia. 24. Species mu-
lieris exhilarat faciem viri sui, et
super omnem concupiscentiam ho-
minis superducit desiderium. 25. Si
est lingua curationis, est et mitiga-
tionis et misericordiae : non est
vir illius secundum filios homi-
num. 26. Qui possidet mulierem
bonam, inchoat possessionem : ad-
jutorium secundum ilium est, et
columna ut requies. 27. Ubi non
est sepes, diripietur possessio : et
ubi non est mulier, ingemiscit egens.
ritage; lire "/aTaxXTQpovo'[jLTiTai ou ... [xr^aov :
I'absence de ce membre dans qiielques ma-
nuscrits et la variete de lemons qu'il offre
dans d'autres s'expliquent par cette circons-
tance que I'interversion signalee plus haut
dans le texte grec finit juste en cet endroit :
on a imaging diverses soudures. A partir de
ce verset, les deux textes, grec et latin, re-
prennent le meme ordre.
12. Qui est appeleX^ peuple du Seigneur,
de Jehovah. En latin, sur lequel voire no?n
a ete invoquc. — Seviblable a un pret/iier-
ttc, k qui vous accordez le privilege du droit
d'ainesse parmi tons les peuples de la terre
{Exod. iv, 22).
13. Le Heti de voire repos, 011 vous habitez.
14. Remplissez Sion, etc., peut signifier :
faites retentir, comme autrefois, dans Sion
la parole des prophetes ; ou bien : accom-
plissez en faveur de Sion les anciens ora-
cles; ce dernier sens parait preferable. — Et
(remplissez) voire peuple, etc. : et ainsi, par
I'accomplissement des anciennes promes-
ses, votre gloire brillera dans votre peuple.
15. Rendez tcinoignage, etc. : par I'accom-
plissement de vos promesses, faites voir que
nous sommes vi'aiment vos crdatures privi-
legiees, le peuple choisi. — Accomplissez
repond a I'hebreu hajini, litt. faites ienir
debout. Le latin siiscita doit s'entendre de
meme.
17. Qici vous iinploreiii, en gr. Ixsttov;
le tradu(il;eur latin a lu olxsTdiv, de vos ser-
viteurs. — La bene'di^ion d'Aaro?i : voy.
No nib r. vi, 24 sv. — Le Seigneur^ Dieu des
siecles, TEternel. En latin, que vous etes le
Dieu qui coniemple les siecles, dont le regard
penetre I'eternite.
21. La fetnme juive ne choisissait pas,
elle acceptait le mari que ses parents avaient
choisi pour elle; rhomme, au contraire, doit
apporter un grand discernement dans le
choix de son epouse.
23. Si avec cela, la beaute. — La bonte et la
douceur; le latin et quelques manuscrits gr.
ajoutent, la guerison : une langue qui sait
guerir les blessures faites au coeur de I'e'poux
par les epreuves de la vie. — Son inaji est
plus heureux que tous les autres hommes.
24. Une aide semblable a lui : comp. Gen.
ii, 18.
Dans le ler membre, Fritzsche conjecflure
que le tradudleur grec a lu iachel, comnieft-
cer, au lieu de inechal, posseder, et traduit :
celui qui s\icquieri une femme (vertueuse)
possede ou acquicrt un bien, un domaine.
25. Erratii sans foyer, sans demeure fixe;
en lat. , reduit ct I'indigence.
*Num. 6,
24.
618 L'ECCLl^.SIASTIQUE. Chap. XXXVI, 26; XXXVII, i— 14.
26 Qui se fie au brigand agile qui court de ville en ville?
Ainsi en est-il de I'homme qui n'a pas de demeure,
Et qui prend son gite ou la nuit le surprend.
CHAP. XXXVII. — Le vrai et le faux ami [vers, i — 6]. Conseillers a eviter,
a choisir [7 — 15]. Des hommes habiles [16 — 26]. De rintemperancc.
Chap.
XXXVII.
^|OUT ami dit : " Moi aussi je suis ton ami ";
Mais tel ami ne I'est que de nom.
^"gi^^l 2 N'est-ce pas un chagrin jusqu'a la mort,
Quand un compagnon et un ami se changent en ennemis?
3 O pensee perverse, d'oii es-tu sortie
Pour couvrir la terre de tromperie.''
4 Le compagnon d'un ami se r^jouit de ses joies,
Et au jour de I'adversite il se tourne contre lui !
5 Un compagnon partage la peine de son ami dans I'interet de son ventre,
Et en face du combat il prend son bouclier.
6 N'oublie pas ton ami dans ton coeur,
Et au sein de I'opulence ne perds pas son souvenir.
7 Tout conseiller donne des conseils,
Mais il en est qui conseillent dans leur propre int^ret.
8 Vis-k-vis d'un conseiller tiens-toi sur tes gardes,
Et cherche d'abord k savoir quel est son interet;
Car c'est pour lui-meme qu'il conseillera :
Afin qu'il ne jette pas le sort sur toi,
9 Et qu'il ne dise pas : " Ta voie est bonne ";
Puis il se tiendra de I'autre cote pour voir ce qui t'arrivera.
10 Ne consulte pas un homnie qui te regarde en dessous,
Et cache ta resolution a celui qui te jalouse.
11 Ne consulte pas une femme sur sa rivale,
Un lache sur la guerre,
Un marchand sur un echange,
Un acheteur pour une vente,
Un envieux sur la reconnaissance,
Un homme sans compassion pour un adle charitable,
Un homme indolent sur un travail quelconque,
Un mercenaire de la maison sur I'achcvement cVnn oiivrage,
Un esclave paresseux sur une grosse besogne :
Ne fais fonds sur ces gens pour aucun conseil.
12 Mais entretiens un commerce assidu avec un homme pieux.
Que tu auras reconnu fidcle observateur des commandements,
Dont le coeur est selon ton coeur,
Et qui, si tu tombes dans le malheur, souffrira avec toi.
13 Ensuite, ce que ton cceur te conseille, accomplis-le,
Car personne ne t'est plus fidele que lui;
14 Et I'ame de I'homme annonce parfois plus de choses
Que sept sentinelles postees sur une hauteur pour observer.
26. Brioand aoUe^ litt. legereineftt ceint,
cqutf)e\ arme a la legere (?) — Qui court :
au lieu de CTccaXXo[j.£vto, qjii cha7icelle (cod.
Vat.), lire atpaXXoiJ-svio, litt. qui saute, en lat.
exiliens. Chez les Juifs, 011 le mariage etait
en honneur, le mdpris et la suspicion s'atta-
chaient au celibataire.
CHAP. XXXVII.
1. Tout nmi^ tout homme qui recherche
ton amitid. Au 2^ membre, au-uw parait
ajoute k tort dans le cod. Vat.
3. Pensee perverse^ celle qui fait passer de
I'amitie k I'inimitie. — Es-tu sortie^ litt. as-tu
route, comme un fleuve deborde roule ses
eaux, etc.
4. Le co/npagnoti tPun ami, tel qui s'atta-
che k un ami.
5. Autre exemple de faux ami. Eu face
du coDilhif, quand il faut combattre; en
lat. en face de Penneini, T:o),£,aio'j au lieu de
TtoXsixou. — // prend son bouclier pour se
protdger lui-meme, et non son epee pour
d^fendre son ami. Fritzsche : il prend son
bouclier et combat courageusemcnt, mais
toujours datis Pintt'ret de son ventre.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXVI, 28; XXXVII, i— 18. 619
28. Quis credit ei, qui non habet
nidum, et deflectens ubicumque
obscuraverit, quasi succinctus latro
exsiliens de civitate in civitatem?
— :i— CAPUT XXXVII. — :^-
Detestatio fifti amici : veri amici ne obli-
viscaris : discretio in captandis consiliis,
et cum quibus consulas, et quibus te et
consilium tuum occultes : laus sententi^
viri sancli : vei-bum nequam : quatuor ex
corde oriuntur : laus viri periti et sapien-
tis : qui sophistice loquitur, odibilis est :
tenta animam tuam; et si sit nequam non
des illi potestatem : pernicies crapulae.
MNIS amicus dicet : Et
ego amicitiam copulavi :
sed est amicus solo no-
mine amicus. Nonne tri-
stitia inest usque ad mortem.^ 2. So-
dalis autem et amicus ad inimici-
tiam convertentur. 3, O praesum-
ptio nequissima, unde creata es
cooperire aridam malitia, et dolosi-
tate illius.^ 4. Sodalis amico conju-
cundatur in oblectationibus, et in
tempore tribulationis adversarius
erit. 5. Sodalis amico condolet causa
ventris, et contra hostem accipiet
scutum. 6. Non obliviscaris amici
tui in animo tuo, et non immemor
sis illius in opibus tuis. 7. Noli con-
siliari cum eo, qui tibi insidiatur, et
a zelantibus te absconde consilium.
8. Omnis consiliarius prodit con-
silium, sed est consiliarius in semet-
ipso. 9. A consiliario serva animam
tuam : prius scito quas sit illius ne-
cessitas : et ipse enim animo suo
cogitabit : 10. ne forte mittat su-
deminterram,et dicattibi: i i.bona
est via tua; et stet e contrario videre
quid tibi eveniat. 1 1. Cum viro irre-
ligioso tracta de sanctitate, et cum
injusto de justitia, et cum muliere
de ea, quas asmulatur : cum timido
de bello, cum negotiatore de traje-
ctione, cum emptore de venditione,
cum viro livido de gratiis agendis,
13. cum impio de pietate, cum in-
honesto de nonestate, cum operario
agrario de omni opere, 14. cum
operario annuali de consummatione
anni, cum servo pigro de multa
operatione : non attendas his in
omni consilio. 15. Sed cum viro
sancto assiduus esto, quemcumque
cognoveris observantem timorem
Dei, 16. cujus anima est secundum
animam tuam : et qui, cum titu-
baveris in tenebris, condolebit tibi.
I 7. Cor boni consilii statue tecum :
non est enim tibi aliud pluris illo.
18. Anima viri sancti enuntiat ali-
quando vera, quam septem circum-
spectores sedentes in excelso ad spe-
7. Don^ie, en lat. prodit, ne repond pas
exacfteraent au gr. siaipsi, qui signifie exalte,
vante les conseils qu'il donne. Mais ce sens
est-il bien celui de I'auteur, et e^atps'. ne
serait-il pas une faute de copiste?
8. Car, dans le cas ou son interet serait
oppose au tien, c'' est pour Ini-vieme, en vue
de son propre avantage, quHl conseillerait.
— Jeter le sort sur quelqti^un, locution pro-
verbiale qui signifie : abandonner au hasard
le sort de quelqu'un; ou bien : jeter sur
quelqu'un son devolu, en faire sa proie,
I'exploiter. En latin : afin qii'il ne planic
pas un pieu dans le sol, ce qui est peut-etre
aussi une locution proverbiale pour : tendre
des embilches.
9. QuHl 7ie dise pas perfidement, persuadd
que tu es engage dans une mauvaise voie
et qu'il t'arrive malheur.
10. Qui te regarde en dessous, de travers,
d'un oeil envieux. Ce verset manque en
latin.
1 1. Ne consul te pas; en lat. consulte, mais
dans le sens ironique : il ferait beau te voir
consulter, etc. Le lat. ajoute deux membres :
1111 hoinme sans 7-elioion sur les choses sain-
tes, un hoinnie injuste sur la justice.
Un mercenaire de la maison (sfflsaxioy),
attache k la maison pour un temps plus ou
moins long; d'oii une autre legon suivie par
le tradu(5leur latin, eTte-reiou, U7i inercenaire
a Vannce, loue pour un an : il a interet k ce
qu'un ouvrage traine en longueur.
12. Dont le cceiir est selon ton cceur, anime
des mcmes sentiments.
13. Ensuite, apres avoir consulte un ami
vertueux, decide toi-meme, suis ce que ton
cceur, ta lumiere interieure t'inspirera, et
cela pour deux raisons : ton cceur est ton
ami le plus sur, et il voit plus loin que tous
les autres. Cette derniere pensee est expri-
mee sous une iniage dans le verset suivant.
14. Ddnie de PJinmnie decouvre et annonce
plus de choses; le latin ajoute vraics.
620 L'ECCL^SIASTIQUE. Chap. XXXVII, 15— 31; XXXVIII, 1—4.
15 Et avec tout cela piie le Tres-Haut,
Afin qu'il dirige surement ta voie.
16 Que toute oeuvie commence par la reflexion;
Avant de rien entreprendre, il faut deliberer.
17 Comme trace du changement du coeur apparaissent quatre choses :
18 Le bien et le mal, la vie et la mort,
Et c'est toujours la langue qui en decide en maitresse.
19 Tel homme est prudent et le do61eur d'un grand nombre,
Mais il est inutile a lui-meme.
20 Celui qui affeifte la sagesse dans ses paroles est odieux;
II finira par manquer de pain.
Car le Seigneur ne lui a pas donne sa faveur,
Parce qu'il est depourvu de toute sagesse.
Tel sage est sage pour lui-meme,
Et les fruits de son savoir sont assures sur les levres,
23 L'homme sage instruit son peuple,
Et les fruits de son savoir sont veritables.
L'homme sage est comble de benedi(ftions
Et tons ceux qui le voient le proclament heureux.
25 La vie de l'homme ne compte que peu de jours,
Mais les jours d' Israel sont sans nombre.
26 Le sage obtient la confiance au milieu de son peuple,
Et son nom vivra h. jamais.
27 Mon fils, pour ta maniere de vivre, consulte ton ame;
Vols ce qui lui est nuisible, et ne le lui donne pas.
28 Car tout n'est pas bon pour tous,
Et chacun ne trouve pas son bien-etre dans chaque sorte de chose.
29 Ne sois pas insatiable dans un festin somptueux,
Et ne te jette pas avidement sur des mets delicats;
30 Car I'exces de la nourriture amene des incommodites,
Et I'intemp^rance conduit jusqu'a la colique.
31 L'intemperance a fait mourir beaucoup de gens,
Mais celui qui s'abstient prolonge sa vie.
21
22
24
Chap.
XXXVIII.
CHAP. XXXVIII. — Comment on doit se comporter vis-a-vis des m^decins
[vers. I — 8], dans la maladic [9 — 15], envers les morts [16 — 23]. Des
artisans consideres au point de vuc de la sagesse [24 — 34].
|ENDS au medecin pour tes besoins les honneurs qui lui sont dus.
Car c'est le Seigneur qui I'a cree.
2 C'est du Tres-Haut en effet que vient la guerison,
Et du roi Iiii-viaue il regoit des presents.
3 La science du medecin eleve sa tete,
Et il est admire en presence des grands.
4 Le Seigneur fait produire a la terre ses medicaments,
Et l'homme sense ne les dedaigne pas.
16. Que toute ci'uvre, etc.; en latin, avant
toutes tes actions, qu^une parole de virite,
fruit de la reflexion, te precede.
17-18. Sens : le cceur, apres avoir rdflechi,
se tourne d'un coX.€ ou de I'autre, et la trace,
I'effet apparent, la consequence visible de sa
decision, c'est le bien ou le mal; lequel des
deux? Cela depend surtout de la langue, du bon
ou mauvais usage que I'on fait de la parole.
Dans le i*^' membre, le traducfteur latin,
au lieu de '^yy^'^, trace, a lu Xdyo;, et il ajoute
fwqiiain : la parole fn^chante c/ianj^c le cwiir.
Si la vraie legon ^tait Xo'vo?, le grec pour-
rait se traduire : la raison, ou plutot la re-
flexion change le cceur, et donne lieu a quatre
c/ioses, savoir le bieti et le mal, etc.
ig. Qui est inutile a lui-meme, qui ne
proiite pas de ses propres lumieres pour
marcher dans le droit chemin. Comp. Matth.
XXX iii, 3.
Le latin ajoute un verset qui repete le
precedent avec une variante dans le 2^ mem-
Ijre : et il est agrcable ou utile a lui-meme,
ypri^jzc^ au lieu de a/orjaTo;.
20. Qui ajfcile la sagesse, en fait parade,
sans etre sage en effet.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXVII, 19—34; XXXVIII, 1—4. 621
culandum. 19. Et in his omnibus
deprecare Altissimum ut dirigat in
veritate viam tuam.
20. Ante omnia opera verbum
verax praecedat te, et ante omnem
actum consilium stabile, 21. Ver-
bum nequam immutabit cor : ex
quo partes quatuor oriuntur, bo-
num et malum, vita et mors : et
dominatrix illorum est assidua lin-
gua. Est vir astutus multorum
eruditor, et animas suae inutilis est.
22. Vir peritus multos erudivit, et
animas suae suavis est. 23. Qui so-
phistice loquitur, odibilis est : in
omni re defraudabitur. 24. Non est
illi data a Domino gratia : omni
enim sapientia defraudatus est.
25. Est sapiens animas suas sapiens :
et fructus sensus illius laudabilis.
26. Vir sapiens plebem suam eru-
dit, et fructus sensus illius fideles
sunt. 27. Vir sapiens implebitur be-
nedictionibus, et videntes ilium lau-
dabunt. 28. Vita viri in numero
dierum : dies autem Israel innume-
rabiles sunt. 29. Sapiens in populo
hereditabit honorem,et nomen illius
erit vivens in asternum. 30, Fili in
vita tua tenta animam tuam : et si
fuerit nequam, non des illi potesta-
tem : 31. non enim omnia omnibus
expediunt, et non omni animas om-
ne genus placet. 32. Noli avidus
esse in omni epulatione, et non te
eiFundas super omnem escam :
33. in multis enim escis erit infir-
mitas, et aviditas appropinquabit
usque ad choleram. 34. Propter
crapulam multi obierunt : qui au-
tem abstinens est, adjiciet vitam.
— :>— CAPUT XXXVIII. — :i:—
Honora medicum : a Deo data est homini
medicina : quomodo aegrotus se habebit
erga Deum et medicum : mortuus ploran-
dus, temperandum autem a tristitia quie
mortuo non prodest et tibi obest : sed
memineris te etiam moriturum : quisque
artifex considerat ea in quibus operatur :
et hi necessarii quidem sunt in commu-
nitate, sed in ea non pneeminent digni-
tate vel sapientia.
ONORA medicum pro-
pter necessitatem : etenim
ilium creavit Altissimus.
2. A Deo est enim omnis
medeia, et a rege accipiet donatio-
nem, 3, Disciplina medici exaltabit
caput illius, et in conspectu magna-
torum collaudabitur. 4. Altissimus
creavit de terra medicamenta, et
21. Sa faveurj Fritzsche, la grdce, un
langage aimable, persuasif.
22. Sotit assures, vrais, reels, stir Ics
levres^ sur ses levres : il sera capable d'ins-
truire les autres avec fruit. En latin, sofit
dignes de louange.
Fritzsche entend ce verset dans un sens
defavorable : tel sage n'esl sage que pour
lui-meme, par opposition au sage du verset
suivant, et les fruits de son savoir tie sont
vrais que sur les levres, par opposition aux
fruits vrais absolument du sage qui com-
munique son savoir au peuple (vers. 23).
25. Le sage a ses jours comptes, mais sa
memoire vivra toujours au sein du peuple
de Dieu qui a requ ses le(^ons.
26. Obtietit la cotiflance, TttaT'.v; en latin,
I'konneur.
27. Coftsulte, litt. e'pfouve, ion a me, en
en tant que principe de la vie corporelle;
ton corps, comme traduit Fritzsche, aurait
ici k peu pres le meme sens.
Loch explique le latin : durant ta vie
entiere cprouvc ton dine, pour connaitre les
principes mauvais qui sont en elle, et si elle
est mauvaise, ne lui accorde aucun pouvoir.
D'autres autrement.
28. Comp. I Cor. vi, 12.
CHAP. XXXVIII.
1. Pour tes besoins, afin qu'il t'assiste dans
tes maladies; en latin, parce qu^il t'est ne'-
cessaire. — Les honneurs, ce qui comprend
sans doute aussi les honoraires : comp.
vers. 2. - — Qui Va cree comme medecin.
Dans I'ordre ordinaire de la Providence,
c'est par son intermediaire que la guerison,
dont Dieu est le maitre, arrive aux malades.
La profession de medecin etait tres hono-
ree chez les anciens (voy. Homere, //.
xi, 514); elle I'etait aussi chez les Juifs, mais
plusieurs, soit apathie, soit prejuges, negli-
geaient d'avoir recours k leur ministere.
2. La guerison vient de Dieu, et d'ordi-
naire par le medecin. " Je le pansai, Dieu
le guerit," disait Ambroise Pare.
3. Eleve sa tcfe, lui attire une juste con-
side'ration.
622 L ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXVIII, 5—23.
5 Un bois n'a-t-il pas adouci I'eau amere,
Afin que sa vertu fut conniie de tons?
6 II a donne aux homines la science,
Pour qu'ils se rendissent celebres par ses dons merveilleux.
7 Par eux I'homme procure la guerison,
Et enleve la douleur.
8 Le pharmacien en fait des mixtions,
Et son oeuvre est a peine achevee
Que par lui le bien-etre se repand sur la terre.
9 Mon fils, si tu es malade, ne neglige pas iiion conseil^
Mais prie le Seigneur, et il te guerira.
10 Eloigne la transgression, redresse tes mains,
Et purifie ton coeur de tout peche.
11 Offre I'encens et I'oblation de farine,
Et immole de grasses viclimes, comme si e'en etait fait de toi.
12 Puis donne acces au medecin, car le Seigneur I'a cree,
Et qu'il ne s'eloigne pas de toi, car tu as besoin de lui.
13 II arrive que leurs mains ont du succes,
14 Car eux aussi prieront le Seigneur,
Afin qu'il leur accorde de procurer le repos et la guerison,
Pour prolonger la vie du Jiialade.
15 Que celui qui peche sous les yeux de son Createur
Tombe entre les mains du medecin!
16 Mon fils, repands des pleurs sur un mort,
Et comme un homme qui souffre cruellement commence la lamentation.
Puis donne a son corps les soins qui lui sont dus,
Et ne neglige pas sa sepulture.
17 Verse des larmes, exhale des soupirs brulants,
Et fais le deuil, selon qu'il en est digne, un jour ou deux, pour eviter les mauvais propos.
18 Ensuite console-toi, pour eloigner la tristesse,
Car la tristesse fait venir la mort,
Et le chagrin du coeur abat toute vigueur.
19 Ouand on emmene //;/ viort^ le chagrin doit passer avec lui,
Comme la vie du pauvTe est contre son coeur.
20 N'abandonne pas ton ame a la tristesse;
Chasse-la, te souvenant de ta fin.
21 Ne I'oublie pas : il n'y a point de retour;
Tu ne seras pas utile au mort et tu feras du mal a toi-mcme
22 " Souviens-toi de I'arret porte sur moi, car le tien sera pareil :
Pour moi hier, pour toi aujourd'hui."
23 Quand le mort repose, laisse reposer sa memoire,
Et console-toi a son sujet, au depart de son esprit.
5. Exemple de refficacite d'une plante
tiree de Exod. xv, 23 sv. Ce prodige fut
accompli par Mo'i'se dans le desert.
6. La science des me'dicaments. — Ses
pre'sents merveilleux, litt. ses merveilles, les
medicaments doues par Dieu d'une vertu
merveilleuse.
7. LJiomme, particulierement I'homme de
I'art, le medecin.
8. Son osuvrc : a peine le medicament
est-il applique, cjue la sante revient aux
malades.
Dans le latin, au 3^ membre, pax repon-
dant a I'hebr. schaloni, signifie ici intcgrite,
sante, et les mots eniin et Dei sont ajoutes
k tort.
9. Mon conseil, le conseil qui suit, de prier
le Seigneur.
10. Redresse tcs mains, agis desormais
avec droiture. C'etait une idee familiere aux
Juifs cjue la maladie avait souvent sa cause
premiere dans quelque pech^ commis.
Comp. MattJi. ix, 2; Jean, v, 14; ix, 2.
11. L' oblation, litt. le manorial : la sainte
Ecriture appelle ainsi la partie de la min-
chah (oblation de farine, d'huile et d'encens)
qui devait etre brulee sur I'autel pour rappe-
ler ^. Dieu, en quelque sorte, le souvenir du
donataire : voy. Lc%>. ii, 2. — Comme si,
etc. : un homme qui se voit perdu n'epar-
gne rien pour obtenir la guerison. Ces der-
niers mots sont omis en latin.
12. " Attendre tout de Dieu et quelque
chose du medecin," disait I'abbe Perreyve.
13 sv. Leurs mains, les soins des mede-
cins, ont du succes, procurent la guerison,
en gr. euoota (cod. Alex.). Le cod. Vat. lit
sOtoSia : vient le temps oh il y a aussi dans
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXVIII, 5—24.
623
vir prudens non abhorrebit ilia.
I. 15. 5.;f Nonne a ligno indulcata est aqua
amara.'' 6. Ad agnitionem hominum
virtus illorum, et dedit hominibus
scientiam Altissimus, honorari in
mirabilibus suis. 7. In his curans
mitigabit dolorem, et unguentarius
faciet pigmenta suavitatis, et un-
ctiones conficiet sanitatis, et non
consummabuntur opera ejus. 8. Pax
enim Dei super faciem terrae.
58, 3. 9. *Fili in tua infirmitate ne despi-
cias te ipsum, sed ora Dominum, et
ipse curabit te. 10, Averte a delicto,
et dirige manus, et ab omni delicto
munda cor tuum. 11. Da suavita-
tem et memoriam similaginis, et
impingua oblationem, et da locum
medico : 12. etenim ilium Domi-
nus creavit : et non discedat a te,
quia opera ejus sunt necessaria,
13. Est enim tempus quando in
manus illorum incurras : 14. ipsi
vero Dominum deprecabuntur, ut
dirigat requiem eorum, et sanita-
tem, propter conversationem illo-
rum. 15. Qui delinquit in conspe-
ctu ejus, qui fecit eum, incidet in
manus medici.
16. Fili in mortuum produc la-
crymas, et quasi dira passus incipe
plorare, et secundum judicium con-
tege corpus illius, et non despicias
sepulturam illius. 17. Propter dela-
turam autem amare fer luctum illius
uno die, et consolare propter tristi-
tiam, 18. et fac luctum secundum
meritum ejus uno die, vel duobus
propter detractionem. 19. 'A tristi- ■^Prov.
tia enim festinat mors, et cooperit ^3eti7,
virtutem, et tristitia cordis flectit
cervicem. 20. In abductione perma-
net tristitia : et substantia inopis
secundum cor ejus. 21. Ne dederis
in tristitia cor tuum, sed repelle eam
a te : et memento novissimorum,
22. noli oblivisci : neque enim est
conversio, et huic nihil proderis, et
te ipsum pessimabis. 23. Memor
esto judicii mei : sic enim erit et
tuum : mihi heri, et tibi hodie.
24. '^In requie mortui requiescere '^2Reg.
fac memoriam ejus, et consolare -^•
ilium in exitu spiritus sui.
15.
22.
leurs mains la bonne odeur de I'encens, car
Us prieront et offriront des sacrifices pour
le malade. Chez les Jiiifs, la medecine etait
ordinairement exercee par des pretres et
des levites. En latin : iin ie/Jips viendra on
tu toinberas entre lenrs mains, il faudra un
jour ou I'autre avoir recours a eux. En latin,
propter conversationem illorum : eu egard
a leur bonne vie.
15. Tombe e7itre les mains, etc.,soit puni
de Dieu par une maladie. En latin, au lieu
de I'optatif, il y a un simple futur : celiti ...
tombera.
16. Les soins : il s'agit des preparatifs de
I'ensevelissement.
17. Un jour ou deux : le deuil solennel
durait sept jours (xxii, 13); mais avec le
temps on s'^carta de ce nombre rond, qui
etait un maximum, et suivant les circons-
tances on le reduisit a un ou deux jours.
18. Fait venir, en lat. fait accourir.
19. Le chagrin doit passer : il faut imiter
le pauvre dont la vie miserable est pour lui
une cause continuelle de chagrin et qui
pourtant ne se laisse pas abattre, mais se
livre a un travail incessant. Tel est le sens
probable de ce verset difficile, si Ton s'en
tient a la le<jon du cod. Vat., a^naywyrj et
Fritzsche et d'autres preferent le texte
Alex., eiraYwyfi et uapajj-svEt : dans le mal-
heur aussi le cJiagrin demeurc, au detriment
des forces et de la sante, comme la vie mise-
rable die pauvre est co7itre son cceur, est
prejudiciable a sa vie, la met en danger.
Le latin pent se traduire : quand on
emmcne le mort (d'autres, dans la solitude),
la tristesse denieure, et (ou comme) la vie du
pauvre est a Vintage de son c<£ur : si le ccEur
du pauvre est mdcontent, triste et chagrin,
sa vie est malheureuse; s'il est patient et
resigne, sa vie est heureuse.
20. De ta (ou de la) Jin, savoir que tu dois
mourir, que nul n'echappe a la mort.
21. Il n'y a point de re tour : ta tristesse
et tes larmes ne feront pas revenir le
defunt.
22. De I'arret de mort porte sur moi :
c'est le mort qui parle. Le cod. Vat. et d'au-
tres conservent la 3^ pers. dans le i^r mem-
bre : sur lui, le mort.
23. Repose dans le tombeau. — Laisse
reposer sa memoire, ce qui signifie d'apres
le contexte : cesse de te livrer a I'affliclion,
et non pas : oublie-le. — Au depart de son
esprit, lorsque son ame I'a quitte. Au lieu
de, console-toi, le latin traduit : et console-lc,
par des prieres et des sacrifices oi^erts a
624
L'ECCLIiSIASTIQUE. Chap. XXXVIII, 24—34.
24 La sagesse du scribe s'acquiert a la faveur du loisir,
Et celui qui ii'a pas a s'occuper d'affaires deviendra sage.
25 Comment deviendrait-il sage celui qui gouverne la charrue,
Dont I'ambition est de manier, en guise de lance, I'aiguillon;
Qui pousse ses boeufs et se mcle ;\ leurs travaux,
Et ne sait discourir que des petits des taureaux?
26 II met tout son coeur a tracer des sillons,
Un soin vigilant a procurer le fourrage a ses ge'nisses.
27 II en est de meme du charpentier et du construcfleur.
Qui poursuivent leurs occupations la nuit comme le jour;
De celui qui grave les empreintes des cachets :
Son application est de varier les figures;
II met tout son coeur a reproduire le dessin,
Un soin vigilant a parfaire son ouvrage.
28 Tel est le forgeron assis pres de son enclume,
Et considerant le fer encore brut;
La vapeur du feu fait fondre ses chairs,
Et il tient bon contre la chaleur de son fourneau;
Le bruit du marteau assourdit son oreille,
Et son oeil est fixe sur le modele de I'ustensile.
11 met tout son coeur a parfaire son oeuvre,
Un soin vigilant a la polir dans la perfeflion.
29 Tel encore le potier assis a son ouvrage,
Et tournant la roue avec ses pieds :
Constamment il est en souci de son travail,
Et tous ses efforts tendent a fournir un certain nombre de vases.
30 Avec son bras il faqonne Targile,
Et devant ses pieds il la rend flexible;
II met tout son coeur k parfaire le vernis,
Un soin vigilant a nettoyer son four.
31 Ces sortes de gens attendent tout de leurs mains,
Et chacun d'eux est intelligent dans son metier.
32 Sans eux on ne batirait aucune ville,
On n'irait pas a I'etranger, on ne voyagerait pas de lieu en lieu.
33 Mais ils ne.seront pas recherches dans le conseil du peuple,
Et ils ne se distingueront pas dans I'assemblee,
lis ne prendront point place sur le siege du juge,
Ils n'auront pas la science des saintes lois,
lis n'interpreteront pas la justice et le droit,
Et on ne les trouvera pas pour enoncer de fines sentences.
34 Cependant ils soutiennent les choses du temps,
Et leur priere se rapporte aux travaux de leur metier.
•-JOS ^©^ ^©^ Ki>^-'
Dieu pour I'expiation de ses pech^s; mais
cette pensee est moins en harmonic avec le
contexte.
Le morceau suivant (24-xxxix, 11) oppose
le scribe., le lettre juif, le do(fl;eur de la loi,
k Partisan, aux gens de metier, au point de
vue de I'acquisition de la sagesse; c'est par
ces derniers qu'il commence.
24. La sai^esse, spdcialement la science de
la loi et du droit, tant civils que religieux,
et leur interpretation. — Deviendra sage :
il peut le devenir, car il a toute facilile pour
cela.
25. Comment pourrait-il devenir sage,
voy. la note du verset precedent : le temps
mOnie lui fait defaut. — En guise de lance,
raiguillon du bouvier; litt. la lance de Vai-
guillon; il faudrait en latin /rcc/z/t; stimuli.
II y a peut-etre quelque ironie dans les ex-
pressions gouverner, manier la lance.
26. Procurer le fourrage a ses genissesj
en lat., engraisser ses genisses.
27. Charpentier : le mot grec s'applique-
rait aussi au maqon. — Construtleur de
maisons. — Varier les figures, chacun de-
vant avoir son cachet particulier. — Le
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXVIII, 25—39.
625
25. Sapientia scribas in tempore
vacuitads : et qui minoratur actu,
sapientiam percipiet : qua sapientia
replebitur 16. qui tenet aratrum, et
qui gloriatur in jaculo, stimulo bo-
ves agitat, et conversatur in operi-
bus eorum, et enarratio ejus in filiis
taurorum. 27. Cor suum dabit ad
versandos sulcos, et vigilia ejus in
sagina vaccarum. 28. Sic omnis fa-
ber et architectus, qui noctem tam-
quam diem transigit, qui sculpit
signacula sculptilia, et assiduitas
ejus variat picturam : cor suum da-
bit in similitudinem picturas, et
vigilia sua perficiet opus. 29. Sic
faber ferrarius sedens juxta incu-
dem, et considerans opus ferri :
vapor ignis uret carnes ejus, et in
calore fornacis concertatur : 30. vox
mallei innovat aurem ejus, et contra
similitudinem vasis oculus ejus :
31. cor suum dabit in consumma-
tionem operum, et vigilia sua orna-
bit in perfectionem. 32. Sic figulus
sedens ad opus suum, convertens
pedibus suis rotam, qui in sollicitu-
dine positus est semper propter
opus suum, et in numero est omnis
operatio ejus : ^i^. in brachio suo
formabit lutum, et ante pedes suos
curvabit virtutem suam : 34. cor
suum dabit ut consummet linitio-
nem, et vigilia sua mundabit for-
nacem.
35. Omnes hi in manibus suis
speraverunt, et unusquisque in arte
sua sapiens est. 36. Sine his omni-
bus non aedificatur civitas. 37. Et
non inhabitabunt, nee inambula-
bunt,et in ecclesiam non transilient.
38. Super sellam judicis non sede-
bunt, et testamentum judicii non
intelligent, neque palam facient di-
sciplinam et judicium, et in parabo-
lis non invenientur : 39. sed creatu-
ram asvi confirmabunt,et deprecatio
illorum in operatione artis, accom-
modantes animam suam, et conqui-
rentes in lege Altissimi.
.1.
•I*
desstn, fait au pinceau, selon la maniere
des anciens, d'ou le latin pidtira.
28. Ass/s : a cette epoque, le foyer etait
place a terre. — Consideraiit le fer brut
pendant qu'il chauffe -.fer brut, apyw a-.S-i^ptij;
le tradutleur latin a lu l[j'{m atSypoj, le fer
qu'il travaille. — Fait foiidre, en gr. "LTjis',
legon preferable a ttt^^e'-, geler, durcir. —
// tient boH, litt. il lutte. — Assourdit :
le grec porte xaivtsT (en hebr. chadascli),
innovat, litt. renouvelle son oreille, lui fait
entendre le meme bruit souvent renouvele.
II est tout k fait vraisemblable qu'il y avait
en hebr. charasch, rejidre sotcrd. — De
Viistensile qu'il fagonne.
30. Avec son bras, la main et I'avant-bras.
— Devant ses pieds, ou se trouve I'argile, et
s'aidant aussi de ses pieds, il la rend flexi-
ble; litt., il en assouplit la force, la durete',
peut-etre la masse. D'autres : et devant ses
pieds ilfait tourner la masse d\irgile, quand
ses pieds ont imprime a la roue son mou-
vement. — Nettoyer son four, afin qu'il n'y
reste aucun debris qui puisse s'attacher a
ses vases et les defigurer.
32. Altera Vetranger, voyager, pour faire
le commerce. D'autres : on tie pourrait s'y
loger ni s'y promener, car ce sont les artisans
qui construisent les maisons et les routes.
33. Dans le conseil, I'assemblee delibe-
rante. Ce i^r membre est absent du cod.
Vat. et du latin, mais on le trouve dans
d'autres manuscrits et dans les versions
Syr. et Arabe : il est probablement authen-
tique.
La science des saint es lois, litt. de P al-
liance du droit, de I'alliance avec Dieu en
tant qu'elle renferme les lois religieuses et
civiles du peuple de Dieu. — lis tiinterpre-
teront pas, a la maniere des do(fteurs et des
juges.
34. Les chases du temps, litt. la creature
du siecle, la creation materielle sujette aux
vicissitudes du temps; le concours des gens
de metier aide I'homme a faire face aux
divers besoins de son existence. — Leur
priere ne s'eleve pas jusqu'a demander, par
ex., la science theorique de la sagesse.
Le latin ajoute : ils y appliquent leur
dine et ctudient la loi du Tres-Haut : ce
qui s'accorde mal avec le contexte. En
grec, ces mots forment le commencement
du chapitre suivant et ils s'appliquent, non
plus aux gens de metier, mais aux sages de
profession.
NO 23 — LA SAl.NTE BIBLE, TOME IV. — 40
626 L'ECCLfiSIASTIQUE. Chap. XXXIX, i— 14.
CHAP. XXXIX, I — II. — Des sages, par opposition aux artisans
[vers. I — 11].
Chap. I^^^L en est autrement de celui qui applique son esprit,
XXXIX. S@ Et qui se livre a I'etude de la loi du Tres-Haut :
i^M^ II recherche la sagesse de tons les anciens,
Et il consacre ses loisirs aux propheties.
2 II garde dans sa memoire les re'cits des hommes celebres,
Et il p^netre dans les detours des sentences subtiles.
3 II cherche le sens cach^ des similitudes,
Et il s'occupe des sentences enigmatiques.
4 II sert au milieu des grands,
Et il parait devant le prince.
II voyage dans le pays des peuples etrangers,
Car il veut connaitre le bien et le mal parmi les hommes.
5 II met tout son coeur k aller des le matin aupres du Seigneur qui I'a fait,
II prie en presence du Tres-Haut,
II ouvre sa bouche pour la priere
Et il demande pardon pour ses peches.
6 Si c'est la volonte du Seigneur,
II sera rempli de I'esprit d'intelligence;
Alors il repandra a flots ses sages paroles,
Et dans sa priere il rendra grace au Seigneur.
7 II saura diriger sa prudence et son savoir,
Et il etudiera les mysteres divins.
8 II publiera ses sages enseignements,
Et il se glorifiera de la loi de I'alliance du Seigneur,
9 Beaucoup loueront son intelligence,
Et il ne sera jamais oublie;
Sa memoire ne passera pas,
Et son nom vivra d'age en age.
10 Les peuples raconteront sa sagesse,
Et I'assemble'e cel^brera ses louanges.
11 Tant qu'il est en vie, son nom reste plus illustre que mille autres,
Et quand il se reposera, sa gloire grandira encore.
^ SIXIEME PARTIE. ^g^
De la creation et de la place que I'homme
y occupe [dr. XXXIX, 12---XLII, 14].
CHAP. XXXIX, 12 sv. — Sujet : Toutes les oeuvres de Dieu sont bonnes,
et tout ce qu'il ordonne arrive en son temps. Que les justes louent le
Seigneur [vers. 12 — 15]. II est tout-puissant, et sa science est infinie
[16 — 21]. Tout ce qu'il fait est pour le bien des justes et pour la puni-
tion des pecheurs [22 — 31]. Conclusion : louange a Dieu [32 — 35].
Chap. ||Mi'b'iM||E veux encore jniblier le fruit de mes reflexions,
WYTY ^^ ^ Car je suis rempli, comme la lune dans son plein.
iM^K « '3 Ecoutez-moi, tils pieux,
'^-'ftsJil ya croissez comme la rose sur le l^ord d'une eau courante.
14 Repandez, comme I'encens, votre suave odeur;
Faites dclore votre fleur, comme le lis;
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXIX, 1—18.
627
— :i:— CAPUT XXXIX. — :i:—
Studium sapientis, ipsiusque praeclara opera
et nominis perpetuitas : Deus benedicen-
dus in operibus suis, cui nihil occultum
est : benedidlio Dei in bonos, et ira in
malos : bonis omnia in bonum cedunt,
malis in malum, ad quos puniendos et
cetera sunt creata.
APIENTIAM omnium
antiquorum exquiret sa-
piens, et in prophetis va-
cabit. 2. Narrationem vi-
rorum nominatorum conservabit,
et in versutias parabolarum simul
introibit. 3. Occulta proverbiorum
exquiret, et in absconditis parabo-
larum conversabitur. 4. In medio
magnatorum ministrabit, et in con-
spectu prassidis apparebit. 5. In ter-
ram alienigenarum gentium per-
transiet : bona enim et mala in
hominibus tentabit. 6, Cor suum
tradet ad vigilandum diluculo ad
Dominum, qui fecit ilium, et in
conspectu Altissimi deprecabitur.
7. Aperiet os suum in oratio-
ne, et pro delictis suis depreca-
bitur.
8. Si enim Dominus magnus vo-
luerit, spiritu intelligentiae replebit
ilium : 9. et ipse tamquam imbres
mittet eloquia sapientias suae, et in
orationeconfitebitur Domino: 10. et
ipse diriget consilium ejus, et disci-
plinam, et in absconditis suis con-
siliabitur. 11. Ipse palam faciet
disciplinam doctrincc suas, et in
lege testamenti Domini gloriabitur.
12. Collaudabunt multi sapientiam
ejus, et usque in saeculum non de-
lebitur. 13. Non recedet memoria
ejus, et nomen ejus requiretur a ge-
neratione in generationem. 14. Sa-
pientiam ejus enarrabunt gentes, et
laudem ejus enuntiabit ecclesia.
15. Si permanserit, nomen derelin-
quet plus quam mille : et si requie-
verit, proderit illi.
16. Adhuc consiliabor, ut enar-
rem : ut furore enim repletus sum.
17. In voce dicit : Obaudite me di-
vini fructus, et quasi rosa plantata
super rivos aquarum fructificate.
1 8. Quasi Libanus odorem suavita-
GHAP. XXXIX.
1. La sagesse des anciens, exposee surtout
dans les livres sapientiaux. — Aux prop/iJ-
ties, aux livres prophetiques. En latin, aux
prophetes.
2. Sentences subtilcs, discours ayant un
sens cache; litt. parabolcs.
4. II sert, il se meut, ati milieu des grmids,
leur rendant des services.
// voyage^ comme beaucoup de sages de
I'antiquite, pour apprendre et acquerir de
I'experience. — // vent connaitre, litt. il
cproitve^ il experimente, le bien et le inal,
toutes choses. Le verba grec est au passe
£7r£tpaiT£, mais ce passe repond a un futur
(present) hebreu. Si I'on retient le passe, le
sens sera : il voyage sans crainte, surement,
a I'etranger, oil Ton rencontre des dangers
de tout genre, carila eprouv^, expdrimente,
le bien et Ic inal, il a acquis une grande ex-
perience des choses humaines.
5. A alter, dans I'adoration et la priere.
6. // rendra grace au Seigneur, en recon-
naissant ce qu'il a recu de lui.
7. Diriger sa prudence et son savoir, les
bien conduire, de maniere a ce qu'ils ne
s'egarent pas.
8. // se glorifiera de la loi, en tant qu'il
la connait et I'observe.
9. Oublie, litt. enleve', ote de la memoire.
— - Vivra, en grec C'l'^^'^as; le tradu61;eur la-
tin a lu CfiTTiiTSTat, sera recherche.
10. Lassemblee, la communaute juive.
w. Sa gloire grandira encore. Le grec,
sixTTotcf auTw, est assez obscur; le latin tra-
duit, cela lui servira. II y avait probable-
ment en hebreu iasaf lo, cela augntente a
lui, vulgairement c^est encore tnieux.
12. Je suis renipli : le point de la compa-
raison est I'idee, non de lumiere, mais de
plenitude. Le tradu<fleur latin rend le
2e membre : car je suis comnie renipli d'en-
thousiasnie, litt. de fureur, la fureur de I'ins-
piration.
13. Ecoutez-nwi, etc. En latin : il (I'Es-
prit?) dit de sa voix, a haute voix : Ecoutez-
nioi, rejetons divins. — Et croissez, gran-
dissez en sagesse.
14. Cotnrne Vencens : le meme mot pris
comme nom propre designe le mont Li-
ban : la pensee serait la meme. — Voire
suave odeur. . . votre fleur : I'auteur appelle
ainsi par figure le cantique de la louange
divine.
628
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XXXIX, 15—35-
Exhalez votre paifum et chantez un cantique de louange,
Et celebrez le Seigneur pour toutes ses CEUvres.
15 Rendez gloire h. son nom,
Proclamez sa louange
Dans les chants de vos levres et sur vos harpes,
Et celebrez-le en disant :
16 Toutes les CEUvres du Seigneur sont tres bonnes,
Et ce qu'il a ordonne s'accomplira en son temps.
17 On ne doit pas dire : " Ou'est-ce que cela? A quoi sert-il?"
Car toute chose sera recherchee en son temps.
Par I'ordre du Seigneur, I'eau s'est rassemble'e en monceau,
Et sur une parole de sa bouche il y eut des reservoirs d'eau.
18 Par son commandement ce qui lui plait arrive,
Et nul ne peut arreter le salut qu'il envoie.
19 Les oeuvres de toute chair sont devant lui,
Et Ton ne peut se cacher a ses yeux.
20 Son regard atteint de I'eternite a I'eternite,
Et il n'y rien d'etonnant devant lui.
21 On ne doit pas dire : " Qu'est-ce que cela.^ A quoi sert-il? "
Car toute chose a ete creee pour son usage.
22 La benedidlion du Seigneur deborde comme un fleuve,
Et comme un deluge elle couvre la terre.
23 De mcme il dechaine sa colere sur les nations,
Comme il a change un pays bien arrose en une contree de sel.
24 Ses voies sont droites pour les hommes saints,
Et de meme elles sont pour les impies des occasions de chute.
25 Les biens ont ete crees pour les bons des I'origine,
De meme que les maux pour les mechants.
26 Ce qui est de premiere necessite pour la vie des hommes,
C'est I'eau, le feu, le fer et le sel,
Le pain de froment, le lait et le miel,
Le sang de la grappe, I'huile et le vetement.
27 Toutes choses deviennent des biens pour les hommes pieux,
Et se changent en maux pour les pecheurs.
28 II y a des vents qui ont ete crees pour la vengeance,
Et leur fureur dechaine de terribles fle'aux.
Au jour de la destrudion ils deploieront leur puissance,
Et apaiseront le courroux de Celui qui les a faits.
29 Eclairs et grele, famine et peste,
Toutes ces choses ont ete cree'es pour le chatiment;
30 Ainsi que la dent des betes feroces, les scorpions et les viperes,
Et le glaive exterminateur qui tire vengeance des impies.
31 Ces creatures se rejouissent du commandement du Seigneur;
Elles se tiennent prctes sur la terre pour le besoin,
Et au temps marque elles ne manqueront pas d'executer ses ordres.
32 C'est pourquoi j'ai etc depuis le commencement ferine dans mes pensees,
Et aprcs avoir medite, je les ai mises par (fcrit.
33 Toutes les oeuvres du Seigneur sont bonnes,
Et, I'heure venue, a tout besoin elles donneront satisfa<f\ion.
34 11 n'y a pas lieu de dire : " Ceci est plus mauvais que cela."
Toute chose en son temps sera reconnue bonne.
35 Et maintenant chantez de tout cceur et de bouche,
Et benissez le nom du Seigneur.
16. Le 2e membre manque en latin.
17. Recherc/u'e, ou desirce : le moment
arrive ou une chose qui paraissait ne servir
a rien trouve son usage. — Par Vordre du
Seigneur, etc. : allusion a Gen. i, 6-10, 011
il est dit que Dieu crea le firmament et en
fit le reservoir des eaux superieures, peut-
etre aussi au miracle de la mer Rouge.
Le ler membre manque dans le cod. Vat.,
ainsi que dans le latin, qui n'a pas non plus
le i^'.
18. Le salttt, ou le secours.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XXXIX, 19—41.
629
tis habete. 1 9. Florete flores, quasi
lilium, et date odorem, et frondete
in gratiam, et collaudate canticiim,
et benedicite Dominiim in operibus
suis. 20. Date nomini ejus magnifi-
centiam, et confitemini illi in voce
labiorum vestrorum, et in canticis
labiorum, et citharis, et sic dicetis
in confessione :
1,31. 21.' Opera Domini uni versa bona
''g^^' valde. 11. *In verbo ejus stetit aqua
sicut congeries : et in sermone oris
illius sicut exceptoria aquarum :
23. quoniam in prascepto ipsius
placor fit, et non est minoratio in
salute ipsius. 24. Opera omnis car-
nis coram illo, et non est quidquam
absconditum ab oculis ejus. 25. A
sasculo usque in sasculum respicit,
et nihil est mirabile in conspectu
ejus. 26. Non est dicere : Quid est
hoc, aut quid est istud.^ omnia enim
in tempore suo quasrentur :
27. Benedictio illius quasi fluvius
7,21. inundavit. 28.'"Ouomodo cataclys-
mus aridam inebriavit, sic ira ipsius
gentes, quas non exquisierunt eum,
i. 14, hereditabit. 29.''Quomodo conver-
tit aquas in siccitatem,et siccata est
terra : et vias illius viis illorum di-
rectas sunt : sic peccatoribus ofFen-
siones in ira ejus. 30. Bona bonis
creata sunt ab initio, sic nequissimis
bona et mala. 31. 'Initium necessa- .Supra 29,
riae rei vitas hominum, aqua,Jgnis, ^^"
et ferrum, sal, lac, et panis simila-
gineus, et mel, et botrus uvas, et
oleum, et vestimentum. 32. Hasc
omnia Sanctis in bona, sic et impiis et
peccatoribus in mala convertentur.
33. Sunt spiritus, qui ad vindi-
ctam creati sunt, et in furore suo
confirmaverunt tormenta sua : 34. in
tempore consummation's effundent
virtutem : et furorem ejus, qui fecit
illos, placabunt. 35. Ignis, grando,
fames, et mors, omnia haec ad vin-
dictam creata sunt : 36. bestiarum
dentes, et scorpii, et serpentes, et
romphasa vindicans in exterminium
impios. 37. In mandatis ejus epula-
buntur, et super terram in necessi-
tatem prasparabuntur, et in tempo-
ribus suis non prasterient verbum.
38. Propterea ab initio confirma-
tus sum, et consiliatus sum, et co-
gitavi, et scripta dimisi. 39.^0mnia ^Gen.1,31.
T--V * • 1 Marc 7 "^7
opera Domini bona, et omne opus '""''
hora sua subministrabit. 40. Non
est dicere : Hoc illo nequius est :
omnia enim in tempore suo com-
probabuntur. 41. Et nunc in omni
corde et ore collaudate, et benedi-
cite nomen Domini.
20. Son regard penetre le passe comme
le futur le plus lointain, et pour lui il n'y a
pas de merveille.
21. Pour son usage, pour trouver en son
temps un usage. A la place de ce 2^ mem-
bre, le latin met ici le z^ membre du ver-
set 17.
22. Deborde, litt. couvre la terre et la
feconde, coniine un fleuve en general ; ou
bien comme le fieuve, le Nil ou le Jourdain.
23. Sur les Jtaiions idolatres, qui tie le
c]ierche7it f>as, ajoute le latin. — Un fays
Ineti arrosc', la vallee de Siddim, ou etaient
situees Sodome et Gomorrhe, en tine contree
de sel, la mer Morte et ses environs. Le lat.
ajoute : et la terre a die dessccJice.
24. Droites, faciles, sans obstacle. En
latin : ses voies sont dirigees d^apres leurs
voies, il se conduit envers les hommes
comme les hommes se conduisent envers
lui (comp. Ps. xvii, 26 sv.), et ainsi pour les
pecheurs elles sont dans sa colerc des causes
de chute.
25. Les mauxj en latin, les biens et les
maux; I'addition de bona trouble le sens.
26. Le: sang de la grappe, le vin rouge
{Gen. xlix, 11; Deitf. xxxii, 14).
28. Des vents, les ouragans, les trombes.
Dans les trois langues sacrees le meme mot
designe des esprits et des vents; ici le con-
texte nous parait exiger cette derniere signi-
fication. D'autres preferent la premiere et
entendent les esprits celestes, soit les bons
anges, que I'Ecriture nous montre souvent
comme les ministres de la justice divine
(anges de Sodome, ange exterminateur,etc.),
soit les mauvais anges. — Apatsent, font
cesser son courroux, en lui donnant satis-
faction.
29. La peste, litt. la mart, la mortalite.
33. Elles donneront; ou bien, // (le Sei-
gneur) donnera.
34. Bonne, utile pour I'usage auquel elle
est destinee.
630
L'ECClJ:SIASTIQUE. Chap. XL, 1 — 18.
Ch. XL.
CHAP. XL. — Miseres de Li vie humaine [vers, i — 11]. Eloge de la fidelite
et de la bienfaisance [12 — 17]. Glioses agreables de la vie [18 — 27];
choses tristes et malheureuses [28 — xli, 13].
TOUT homme a ete imposee une grande misere,
Et un joug pesant est sur les enfants des hommes,
Depuis le jour 011 ils sortent du sein de leur mere,
, • 1^ 1 '„-.ii. J i„ „„:„ A^ 1^ w,X^<^ r
Jusqu'au jour de leur sepulture dans le sein de la mere commune.
2 Une crainte du coeur se mele a leurs pensees;
L'inqui(?tude qui les preoccupe, c'est la crainte de la mort.
3 Depuis I'homme qui siege sur un trone de gloire
Jusqu'au malheureux assis par terre et sur la cendre;
4 Depuis celui qui porte la pourpre et la couronne
Jusqu'au miserable couvert d'une toile grossiere,
5 La colere, I'envie, le trouble, I'agitation,
La crainte de la mort, I'aigreur et les querelles so;?t le partake de ious,
Et dans le temps oii chacun repose sur sa couche,
Le sommeil de la nuit bouleverse ses iddes.
6 II repose un instant, si peu que rien,
Et aussitot des reves I'agitent;
II lui semble etre en sentinelle pendant le jour,
II est effraye par la vision de son esprit,
Comme un homme qui fuit devant I'ennemi.
7 Au moment de la delivrance, il s'eveille,
Et s'etonne de sa vaine frayeur.
8 Ainsi en est-il de toute chair, depuis I'homme jusqu'k la bete;
Pour les pecheurs, sept fois plus encore :
9 La peste, le meurtre, la discorde, I'epee,
Les calamites, la famine, la destrucflion et les atitres fldaux :
10 Tout cela a ete crce contre les pecheurs,
Comme c'est k cause d'eux que le deluge est arrive.
1 1 Tout ce qui vient de la terre retourne a la terre,
Comme les.eaux par leur pente vont a la mer.
12 Tout present et tout bien injustement acquis periront,
Mais la bonne foi subsistera \ jamais.
13 Les richesses des injustes tariront comme un torrent,
Et comme un fort tonnerre retentit pendant I'ondee.
14 L'homme qui sait ouvrir la main se rejouira,
Mais les prevaricateurs subiront une ruine totale.
15 La posterity des impies ne pousse pas de nombreux rameaux,
Et des racines impures n'ont d'autre sol que le rocher escarpe.
16 Le roseau qui croit pres des eaux et sur le bord d"un fleuve
Est arrache avant toute autre herbe.
17 Le bienfait est comme un jardin beni,
Et la bienfaisance demeure k jamais.
18 Douce est la vie de I'homme qui se suffit, de I'ouvrier;
Plus douce que I'une et I'autre la vie de celui qui trouve la richesse.
CHAP. XL.
1. Imposee, \\\X. faite ou crece. — Misere,
peine. — Ln mere commune, c'est la terre,
d'ou le i<^'' homme a ete tire et ou tons les
hommes doivent retourner {Gen. ii, 7. Comp.
Job, i, 21; Eccle. v, 14).
2. Une crainte du canir, une crainte pro-
fonde, qui a son siege dans le fond de notrc
etre. Ce premier membre est inexplicable
en grec (et en latin) les deux noms etant a
I'accuratif. Cela vient de ce que le traduc-
teur n'a pas compris la particule eth qui
commencjait sans doute la phrase en hebreu :
ai'ec leurs pensees est une crainte du ecru?-.
5. naig7'eur, la rancune, une haine inve-
teree, colere incessante, comme traduit le
latin. — Bouleverse ses idces, le trouble par
toutes sortes de rcves et d'imaginations.
7. Au moment ou, dans son rcve, il fait
un supreme effort qui am^ne sa dcliiirance.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XL, i— 18.
631
— :>— CAPUT XL. — :>—
Occupationi niagn;e, jugo gravi, ac variis
miseriis homo obnoxius : omnia caduca :
iniqui cum suis divitiis cite delendi : laus
vita; sibi sufficientis : varies : binaries
commendat,quibus tamen alia anteponit :
laus timoris Domini : fac ne indigeas, nee
in alienam mensam respicias, a quo vir
disciplinatus et eruditus se servat.
CCUPATIO magna area-
ta est omnibus hominibus,
etjugum grave super filios
Adam, a die exitus de ven-
tre matris eorum, usque in diem
sepulturas, in matrem omnium.
2. Cogitationes eorum, et timores
cordis, adinventio exspectationis, et
dies finitionis :
3. A residente super sedem glo-
riosam, usque ad humiliatum in
terra et cinere : 4. ab eo, qui utitur
hyacintho,et portat coronam, usque
ad eum, qui operitur lino crude :
furor, zelus, tumultus, fluctuatio, et
timor mortis, iracundia perseverans,
et contentio, 5. et in tempore refe-
ctionis in cubili somnus noctis im-
mutat scientiam ejus. 6. Modicum
tamquam nihil in requie, et ab eo
in somnis, quasi in die respectus.
7. Conturbatus est in visu cordis
sui, tamquam qui evaserit in die
belli. In tempore salutis suae exsur-
rexit, et admirans ad nullum tirno-
rem : 8. cum omni carne, ab homine
usque ad pecus, et super peccatores
septuplum. 9. "Ad haec mors, san-
guis, contentio, et romphasa, oppres-
siones, fames, et contritio, et flagel-
la: 10. super iniquos creata sunt haec
omnia, *et propter illos factus est ca-
taclysmus. 1 1. ""Omnia, quae de ter-
ra sunt, in terram convertentur, ''et
omnes aquas in mare revertentur.
12. Omne munus, et iniquitas
delebitur, et fides in sasculum sta-
bit. 1 3. Substantias injustorum sicut
fluvius siccabuntur, et sicut toni-
truum magnum in pluvia persona-
bunt. 14. In aperiendo manus suas
lastabitur : sic prasvaricatores in
consummatione tabescent. 15. Ne-
potes impiorum non multiplicabunt
ramos, et radices immundas super
cacumen petras sonant. 16. Super
omnem aquam viriditas, et ad oram
fluminis ante omne foenum evelle-
tur. 17. Gratia sicut paradisus in
benedictionibus, et misericordia in
sasculum permanet.
18. Vita sibi sufficientis operarii
condulcabitur, et in ea invenies the-
<» Supra 39,
34. 36.
*Gen. 7, 10.
■^ Infra 41,
13-
''Eccles. I,
7-
8. Depuis Phomme jusqti'd la bete dcarte
toute idee d'exception (comp. Gen. vii, 23;
Exod. ix, 25). On sait d'ailleurs que meme
les etres sans raison ont regu le contre-coup
de la decheance de I'humanit^. — Sept fois
phis, savoir, la peste, etc.
Q. Les calainites, en lat. les oppressions :
Fritzsche conjecflure que ce mot (iKaywyat)
a ete ajoute au texte primitif.
11. Les eaiix, litt. ce qui vient des eaiix,
les eaux elles-memes : 1 auteur est amene a
tourner ainsi sa phrase par la construflion
du i*^'' membre.
Malgre toutes ces miseres, il reste k I'hom-
me un bien solide et durable, c'est la vertu.
12. Tout pirsent qui est le prix de la cor-
ruption, d'une injustice. — La bonne foi,
I'integrite de la conduite.
13. Coinine tin toi'rent qui se desseche
apres Forage ou les pluies d'hiver.
14. Otivrir la niain, pour donner. En latin
in consummatione est pour usque ad con-
summationem.
15. Racines impiires dit par figure exac-
tement la meme chose que posterite des
iinpies. — Le rocker escarpe, ou elles se des-
sechent et meurent.
Sonant en latin : il est vraisemblable que
le tradu(5leur a rendu ainsi le premier mot
du verset suivant, a/st (hebr. achou), roseau,
qu'il aura lu v/.£t.
16. Le roseau est arrachc, etc., soit k cause
de sa mauvaise qualite, soit parce qu'il
croit plus rapidement. L'application de la
comparaison aux impies n'est pas exprimee;
le lecleur y supplee facilement.
17. Beni, par consequent fertile. — La
viisericorde, la bienfaisance. — Demeure ia
jamais, par opposition a la prompte mine
des impies.
18. De Voiivrier .-c.-a-d. la vie de I'oti-
vrier qui se siiffit a lui-miine.
Le latin traduit le 2^ membre : et en elle,
dans cette vie simple et laborieuse, oft
troiive un tre'sor, sans doute pour donner a
la sentence une plus haute moralite.
632
UECCLESIASTIQUE. Chap. XL, 19-30; XLI, 1—5.
19 Des enfants et la fondation d'une ville assurent la duree d'un nom :
Plus que ces deux choses on estime une femme irreprochable.
20 Le vin et la musique r^jouissent le coeur :
Plus que I'un et I'autre I'amour de la sagesse.
21 La flute et la harpe font entendre de doux sons :
Plus que I'une et I'autre la langue bienveillante.
22 La grace et la beaute font le plaisir de tes yeux :
Plus que I'une et I'autre la tendre verdure des champs.
23 L'ami et le compagnon se rencontrent a certaines heures :
Au-dessus des deux la femme avec son mari.
24 Les freres et les hommes secourables sont pour le temps de I'affliclion :
Plus que les uns et les autres la bienfaisance.
25 L'or et I'argent affermissent les pieds :
Plus que Tun et I'autre est estimee la prudence.
26 La richesse et la force elevent le cceur :
Plus que Tune et I'autre la crainte du Seigneur.
Avec la crainte du Seigneur on ne manque de rien;
Avec elle, nul besoin d'implorer du secours.
27 La crainte du Seigneur est comme un jardin beni,
Et le Seigneur la revet d'une gloire sans egale.
28 Mon tils, puisses-tu ne pas mener une vie de mendiant!
Mieux vaut mourir que de mendier.
29 Quand un homme en est reduit a regarder vers la table d'un autre,
Sa vie ne saurait compter pour une vie.
Car il souille son ame par des mets etrangers,
Ce dont sait se garder I'homme instruit et bien eleve.
30 Pour I'homme sans pudeur la mendicity a des charmes,
Mais un feu brule dans ses entrailles.
CHAP. XLI. — Pensee de la mort [vers, i — 4]. Malheur des impies [5 — 13].
Nouveau groupe de sentences morales [14 — xlii, 14] : la vraie et la
fausse honte [14 — 16]. Choses dont on doit avoir honte [17 — 24].
Ch. XLL
MORT, que ton souvenir est amer
A I'homme qui vit en paix au sein de ses richesses,
A I'homme exempt de soucis et qui prospere en toutes choses,
Et qui est encore en etat de goiiter les plaisirs de la table!
O mort, ton arret est agreable a I'indigent, a celui dont les forces sont epuisees,
Au vieillard accable d'anndes et travaille de mille soins,
A celui qui ne se soumet pas k son sort et qui a perdu la patience.
Ne redoute point I'arret de la mort;
Souviens-toi de ceux qui t'ont precede et de ceux qui viendront plus tard.
Cet arret, le Seigneur I'a porte pour toute chair.
Et pourquoi te revolter contre le bon plaisir du Tres-Haut?
Que tu aies vecu dix ans, cent ans, mille ans, il ifiiiipo7-te :
Dans le sejour des morts on n'est plus en peine de la durce de la vie.
5 Ce sont des fils abominables que les fils des pecheurs,
Eux qui frdquentent les demeures des impies.
19. Des enfants portent le nom de leur
pore, ime ville porte on rappelle celui de
son fondateur. — La femme est consideree
ici en tant que faisant honneur k son mari.
22. La grace et la beaute humaine, parti-
culierement de la femme.
23. Au-dessus des deux : plus intimes sont
les relations de la femme et du mari, qui
vivent continuellement ensemble.
24. Les freres dans le sens large, les com-
patriotes, sont pour venir en aide. — Plus
surement qu'eux la bienfaisance secourt et
tire du malheur celui qui la pratique.
Le latin traduit le i^^"" membre : les freres
vienncnt en aide au temps de la tribulation.
25. Affermissent les pieds, procurent un
bonheur durable. — Est estimee comme
pouvant assurer le bonheur.
26. La force physique. — Elevent le cantr,
lui donnent du courage, de I'energie.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XL, 19—32; XLI, 1—8.
633
saurum. 19. Filii, et asdificatio civi-
tatis confirmabit nomen, et super
haec mulier immaculata computabi-
tur. 20. Vinum et musica lastificant
cor : et super utraque dilectio sapien-
tial, 2 1 . Tibias, et psalterium suavem
faciunt melodiam, et super utraque
lingua suavis. 22. Gratiam, et spe-
ciem desiderabit oculus tuus, et su-
per haec virides sationes. 23. Amicus,
et sodalis in tempore convenientes,
et super utrosque mulier cum viro.
24. Fratres in adjutorium in tem-
pore tribulationis, et super eos mi-
sericordia liberabit. 25. Aurum et
argentum est constitutio pedum :
et super utrumque consilium bene-
placitum. 26. Facultates et virtu-
tes exaltant cor, et super base ti-
mor Domini. 27. Non est in timore
Domini minoratio, et non est in
eo inquirere adjutorium. 28. Timor
Domini sicut paradisus benedictio-
nis, et super omnem gloriam ope-
ruerunt ilium.
29, Fili in tempore vitas tuas ne
indigeas : melius est enim mori,
quam indigere. 30. Vir respiciens in
mensam alienam, non est vita ejus
in cogitatione victus : alit enim ani-
mam suam cibis alienis. 31. Vir au-
tem disciplinatus, et erudituscusto-
diet se. 32. In ore imprudentis
condulcabitur inopia, et in ventre
ejus ignis ardebit.
— :i:— CAPUT XLI. — :;:—
Memoria mortis cui est amara, et cui non :
mortem non metuas, sed prteteritorum et
futurorum memento, contenlus divina dis-
positione circa te : maledicftio manens
impios : cura boni nominis : sapientia et
thesaurus absconditi inutiles : qualiter sit
de peccatis erubescendum : ne faciem
avertas a proximo, nee respicias mulierem
alterius, neque improperes post datum.
•" MORS quam amara est
memoria tua homini pa-
cem habenti in substantiis
suis : 2. viro quieto, et
cujus vias directas sunt in omnibus,
et adhuc valenti accipere cibum!
3. O mors, bonum est judicium
tuum homini indigent!, et qui mi-
noratur viribus, 4. defecto astate, et
cui de omnibus cura est, et incre-
dibili, qui perdit patientiam ! 5. Noli
metuere judicium mortis. Memento
quas ante te fuerunt, et quse super-
ventura sunt tibi : hoc judicium a
Domino omni carni : 6. et quid
superveniet tibi in beneplacito Al-
tissimi.'* sive decem, sive centum,
sive mille anni. 7. Non est enim in
inferno accusatio vitae.
8. Filii abominationum fiunt filii
27. La revet^ I'orne. On pourrait aussi
traduire : le revet (le jardin beni) d^tme
luagnificence safis egale.
29. Car annonce la v^ raison de ce qui
precede ; la 1^ se trouve au vers. 30. — //
sojnlle, il est expose k transgresser la loi en
mangeant des viandes impures {Deut. xv, 4).
En lat. , // nourrit.
30. Pour Vhomme sajis pudeur, (en lat.
imprudentis est probablement pour iinpt<-
deniis, en gr. avaiooOc;); elle a pour lui des
charmes, en ce qu'elle lui permet de ne pas
travailler. — U?ifeu, le feu du meconten-
tement et de la colere, k cause de sa triste
situation.
CHAP. XLI.
2. De mine soins, particulierement pour
la nourriture. — ■ Qui ne se soumet pas :
c'est sans doute aussi le sens de iticredibili;
d'autres : qui n\iplus de confiance, qui n'es-
pere plus rien de bon.
3. Souviens-toi (comp. xxxviii, 23) de
ceux, en lat. des choses.
II n'y a pas non plus k murmurer de mou-
rir a tel ou tel age.
4. Le bon plaisir du Trcs-Haui qui a fixe
le nombre de tes annees. En latin : et que
peut-il farriver par la volo7ite du Tres-
Haut? — On n^est phis en peine, litt. // Jj'y a
plus de blame de la vie , de reproche, de
plainte pour une vie trop courte; il n'y en a
plus que pour une vie mauvaise.
Bossuet dit k peu pres dans le meme
sens : " Tout etre qui se mesure n'est rien,
parce que ce qui se mesure a son terme, et
lorqu'on est venu a ce terme, un dernier
terme, un dernier point detruit tout comme
si jamais il n'avait ete."
5. Le 2e membre donne la raison du i^r ;
en frequentant les impies, les fils des pe-
cheurs deviennent impies eux-menies.
634
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLI, 6—24.
7
8
L'heritage des enfants des pecheurs va k la ruine,
Et un opprobre ineffagable s'attache a leur posterite.
Les enfants d'un p^re impie lui jettent I'outrage, '
Parce que c'est c\ cause de lui qu'ils sont dans I'oppiobre.
Malheur ;i vous, hommes impies,
Qui avez abandonnc^ la loi du Dieu tres haut!
9 A votre naissance, vous etes nes pour la maledicflion,
Et a votre niort, la maledidlion sera votre partage.
10 Tout ce qui est de la terra retourne h la terre :
Ainsi les impies vont de la maledicflion h. la ruine.
1 1 Les hommes s'attristent de la perle de leur corps,
Mais le nom odieux des pecheurs sera aneanti.
12 Prends soin de ton nom,
Car ce sera pour toi un bien plus durable que mille grands tresors.
13 On compte les jours d'une bonne vie,
Mais un beau nom demeure k jamais.
14 Mes enfants, observez en paix mes instrucflions :
Si la sagesse reste cachee et le tresor invisible,
A quoi servent-ils I'un et I'autre? —
15 Mieux vaut cacher sa sottise,
Que cacher sa sagesse. —
16 Done ayez honte des choses que je vais vous dire,
Car toute honte n'est pas bonne a garder,
Et toutes choses ne sont pas jugees par tous selon la vdrite.
17 Ayez honte de la fornication devant votre pere et votre mere,
Et du mensonge devant le prince et le puissant;
18 Du delit devant le juge et le magistrat,
De la transgression de la loi devant I'assemblee et le peuple.
De I'injuslice devant le compagnon et I'ami,
Du vol devant les gens du voisinage.
Au nom de la verite de Dieu et de son alliance,
Aie honte d'appuyer ton coude sur les pains,
Et de t'attirer le mepris en prenant et en donnant;
20 De ne pas repondre a celui qui te salue,
Et de regarder une femme debauchee.
De ddtourner ton visage d'un parent,
De lui prendre sa part et son don, —
Et d'observer une femme mariee;
D'avoir des familiaritds avec ta servante,
Et ne te tiens pas pres de son lit.
Aie honte de paroles offensantes devant tes amis,
Et ne rcproche pas apres avoir donne.
23 Aie honte de rdpdter ce que tu as entendu,
Et de reveler des choses secretes :
24 Et tu auras la vraie honte,
Et tu trouveras faveur devant tous les hommes.
19
21
22
— J€>^ KH- — K>^ J0f-
9. Pour la vialediclion, pour etre maudits;
en lat. dans la nialedullon. Ici, comme au
vers. 5, on suppose que les enfants des p<5-
cheurs marcheront dans la voie de leurs
p6re5, ce qui est le cas le plus ordinaire.
11. Les hommes, en gdneral, etc.; leur
nom du moins leur survit. Comp. Pfov. x, 7.
12. De ion nom, en lat. d'un beau nom, de
te faire un nom honorable.
14. Obse)'7'es en paix, mettez en pratique,
dans le calme d'une vie vertueuse, mes ins-
truflions, ne vous contentant pas de les
garder dans votre coeur. Comp. xx, 29 sv.
16. Le 3« membre explique le I'-fpar une
proposition generale : tout le monde ne juge
pas justement les choses; il en est qui rou-
gissent de choses honorables, et d'autres
qui ne rougissent pas de choses honteuses..
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLI, 9—28.
635
peccatorum, et qui conversantur
secus domos impiorum. 9. Filio-
rum peccatorum periet hereditas,
et cum semine illorum assiduitas
opprobrii. 10, De patre impio que-
runtur filii, quoniam propter ilium
sunt in opprobrio. 11. Vas vobis
viri impii, qui dereliquistis legem
Domini Altissimi. 12. Et si nati
fueritis, in maledictione nascemini :
et si mortui fueritis, in maledictione
erit pars vestra. 13. "Omnia, quae
de terra sunt, in terram converten-
tur : sic impii a maledicto in perdi-
tionem. 14. Luctus hominum in
corpore ipsorum, nomen autem im-
piorum delebitur. 15. Curam habe
de bono nomine : hoc enim magis
permanebit tibi, quam mille the-
sauri pretiosi et magni. 16. Bonas
vitas numerus dierum : bonum au-
tem nomen permanebit in aevum.
17. Disciplinam in pace conser-
vate filii : ^sapientia enim abscon-
dita, et thesaurus invisus, quae uti-
litas in utrisque? 18. Melior est
homo, qui abscondit stultitiam
suam, quam homo, qui abscondit
sapientiam suam. 19. Verumtamen
reveremini in his, qu£e procedunt
de ore meo. 20. Non est enim bo-
num omnem reverentiam observa-
re : et non omnia omnibus bene
placent in fide. 21. Erubescite a
patre et a matre de fornicatione : et
a prassidente et a potente de men-
dacio : 22. a principe et a judice de
delicto : a synagoga et plebe de ini-
quitate : 23. a socio et amico de
injustitia : et de loco, in quo habi-
tas, 24. de furto, de veritate Dei, et
testamento : de discubitu in pani-
bus, et ab obfuscatione dati et ac-
cepti : 25. a salutantibus de silen-
tio : a respectu mulieris fornica-
rias : et ab aversione vultus cognati.
26. Ne avertas faciem a proximo
tuo, et ab auferendo partem et non
restituendo. 27. "^Ne respicias mu-
lierem alieni viri, et ne scruteris an-
cillam ejus, neque steteris ad lectum
ejus. 28. Ab amicis de sermonibus
improperii : et cum dederis, ne im-
properes.
.1.
— • —
•I*
17. Ayez hojtie, etc. : toujours, mais sur-
tout devant voire pere, etc. L'auteur signale
les circonstances qui rendent une faute plus
odieuse, et exposent le coupable ^ un chati-
ment plus certain et plus rigouieux. —
Devant le prince^ qui a un droit plus stricfl
k ce que ses sujets lui disent la verite.
18. En latin, il faut interpreter de loco
conime s'il y avait a loco, et joindre/z/r/c a
ce qui precede.
ig. All noin de la ve'rife : ce !*=•■ membre,
tel que nous le trouvons en grec et en latin,
ne rend pas exacftement le sens de I'hebreu,
et celui que nous donnons ici n'est certaine-
ment pas le veritable; on le soupconne deja
au brusque changement de tournure. Que
faut-il mettre a la place? Aucune des
conjectures faites k ce sujet n'est satisfai-
sante.
2 1 . De detoiirjiej- ton visage d'un parent,
de ne pas I'assister dans ses besoins. — La
pa7't et le don qui lui reviennent dans le
partage d'un heritage. — Observer une
fenime majdee, arreter sur elle le regard et
la pensee.
22. Avoir des familiarites, etre aux petits
soins, pour
arriver a la seduire, avec ta
servante : aOxou pour ffaoxou ; le sigma de
jauTou a pu facilement etre saut^ apres le
sigma qui termine le mot precedent. En lat.
sa servante : la servante de la femme mariee
ou du niari de celle-ci?
22. Paroles offensantes : d'apres le paral-
lelisme, reprochant un bienfait, un service
rendu.
24. La vraie Jionte, la honte legitime, que
tout homme sage doit eprouver. En latin,
tt{ 71' auras pas de confusion.
Ces deux membres y sont reportes a tort
au chapitre suivant.
'Matth, s.
28.
— <^
.^.
-O—
636
L'ECCLl^.SIASTIQUE. Chap. XLII, 1 — 14.
Chap.
XLII.
CHAP. XLII [vers. I — 14]. — Choses dont il ne faut pas avoir honte [vers.
I — 8]. Sollicitude du pere de famille au sujet de sa fille [9— n]; (I'^i'il
sc garde dcs femmcs [12 — 14].
"E rougis pas des choses que je vais dire,
Et n'aie pas egard aux personnes pour commettre le pdche;
2 De la loi du Tres-Haut et de son alliance,
De la sentence rendue en faveur de I'impie,
3 De t'entretenir avec des compagnons et des passants,
De donner quelque bien k tes amis,
4 D'user de balances justes et de justes poids,
De gagner beaucoup ou peu,
5 De ne pas faire de difference dans la vente et avec les marchands,
De corriger severement tes enfants,
Et de battre jusqu'au sang un m(^chant esclave.
6 Avec une mechante femme, le sceau est bon;
Et la ou il y a beaucoup de mains, mets sous clef.
■J, Ce que tu livres a tes gens, compte-le et pcse-le,
Et mets par ecrit ce que tu donnes et ce que tu recois.
8 Ne rougis pas de reprimander I'insenst! et le sot,
Et le vieillard qui dispute avec des jeunes gens :
Et ainsi tu seras veritablement instruit,
Et tu auras I'approbation de tout le monde.
9 Une fille est pour son pere un secret souci;
L'inquietude qu'elle lui donne lui ote le sommeil :
Jeune fille, elle passera peut-etre la fleur de I'age;
Unie a un mari, elle lui deviendra peut-etre odieuse;
10 Vierge, elle pourrait se laisser seduire
Et devenir mere dans la maison paternelle;
Avec un mari, peut-etre sera-t-elle infidele,
Et habitant avec lui peut-etre restera-t-elle sterile.
11 A I'egard d'une fille opiniatre exerce une severe vigilance,
De peur qu'elle ne fasse de toi la risee de tes ennemis.
La fable de la ville et I'objet des propos publics,
Et ne te deshonore pas au milieu de tout le peuple.
12 N'arrete pas tes regards sur un homme bien pare,
Et ne t'assieds pas au milieu des femmes;
13 Car des vetements sort la teigne,
Et de la femme la malice feminine.
14 Un homme mechant vaut mieux qu'une femme caressante,
Car la femme couvre d'opprobre et de honte.
CHAP, XLII.
2. Un iiupie, ici un non Israelite, wnpaien,
s'il est innocent; il y avait probablement en
hcbr. rascha, litt. pecJieiir, avo;j.o;.
3. ])e t'entretenir, de parler amicalement.
Ce I" membre est exprime en termes pen
precis, qui admettent diverses explications,
par ex. : ne rougis pas d'entendre la parole
que t'adressent des compagnons, etc., et
reponds-leur avec bonte; ou bien : des pro-
pos que peuvent tenir sur ton compte des
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLII, i— 14.
637
— :i:— CAPUT XLII. — *—
Secretum non revelandum : a respetflu per-
sonarum et aliis plerisque vitiis hie enu-
meratis abstinendum : datum et acceptum
scribendum ; de sollicita custodia filiie,
et super luxuriosam firmanda custodia :
commorari mulieri periculosum : melior
est autem iniquitas viri quam mulier be-
nefaciens : opera Domini, qui omnia videt
etiam occulta cordium, sunt perfe£la et
desiderabilia.
ON duplices sermonem
auditus, de revelatione
sermonis absconditi,et eris
vere sine confusione, et
invenies gratiam in conspectu om-
nium hominum : ne pro his omni-
bus confundaris, "et ne accipias per-
sonam ut delinquas. 1. De lege
Altissimi, et testamento, et de judi-
cio justificare impium, 3. de verbo
sociorum et viatorum, et de datione
hereditatis amicorum, 4. de aequali-
tate stateras et ponderum, de acqui-
sitione multorum et paucorum, 5.de
corruptione emptioniset negotiato-
rum, et de multa disciplina filiorum,
et servo pessimo latus sanguinare.
6. Super mulierem nequam bonum
est signum. 7. Ubi manus multae
sunt, claude, et quodcumque trades,
numera, et appende : datum vero,
et acceptum omne describe. 8. De
disciplina insensati et fatui, et de
senioribus, qui judicantur ab ado-
lescentibus : et eris eruditus in om-
nibus, et probabilis in conspectu
omnium vivorum.
9. Filia patris abscondita est vigi-
lia, et soUicitudo ejus aufert som-
num, ne forte in adolescentia sua
adulta efficiatur, et cum viro com-
morata odibilis fiat : 10. nequando
polluatur in virginitate sua, et in
paternis suis gravida inveniatur : ne
forte cum viro commorata trans-
grediatur, aut certe sterilis efficiatur.
1 1. Super filiam luxuriosam confir-
ma custodiam : ne quando faciat te
in opprobrium venire inimicis, a
detractione in civitate, et objectione
plebis, et confundat te in multitu-
dine populi.
1 2. Omni homini noli intendere
in specie : et in medio mulierum
noli commorari : 13. de vestimen-
tis enim procedit tinea, et amuliere
iniquitas viri. 14. Melior est enim
iniquitas viri, quam mulier benefa-
ciens,et mulier confundens in oppro-
brium.
compagnons et des voyageurs (despassants),
et fais ton devoir quand meme. — Quelqiic
bien : le mot heritage dans la Bible a sou-
vent ce sens general; d'autres : et de doniier
quelqtie chose en heritage, de legiier quelque
chose, etc.
4. De gagner, d'autres. de posseder beau-
coup ou pen : I'essentiel est d'etre honnete.
5. De ne pas faire de diff'erence, en lisant
a5ia«po'pou (cod. Vat.). D'autres manuscrits
ont otacpo'pou et suppriment "/.ai devant
£[jnio'piov : de faite des differences, de vendre
plus ou moins cher selon les circonstances.
Le tradufleur latin a lu otaaOopa?, co7--
rupiion, ce qui oblige a traduire, en chan-
geant la formule : ne te deshonore pas par
la corruption, la deloyaute, dans la vcnte et
I'imitation des niarchands de mauvaise foi.
6. Le sceau est bon, il est bon de mettre
sous le sceau beaucoup de choses.
7. Ce que tu donnes, etc., ce qui sort et ce
qui entre, depenses et recettes.
8. Le vieillard qui compromet sa dignite
en se disputant avec des jcunes gens.
9. Passera-t-elle la fleur de Page sans
trouver un epoux. — Lui deviendra peut-
etre odieuse, ce qui la rendra malheu-
reuse et I'exposera a ctre renvoyee a ses
parents.
II. Opinidtre, indocile, en gr. aSiaxos-iTTfo
Le traducfleur latin rend ici ce mot par
luxoriosa, et plus haut (xxvi, 13) par non
avertetis se, qui se rapproche davantage
du sens. — ■ Dobjet des propos, en lisant
e/.y.ATjTov (cod. Vat.), \\\X. jugenient dont on
appelle, dont on s'entretient. Quelques ma-
nuscrits portent £Yx>.t,t0Vj objet de reproches,
legon qui parait preferable.
13. De lafeinine, de son interieur, sort la
malice feminine, la malice propre a la
femme, tous les moyens de seduflion qu'elle
sait mettre en oeuvre. En lat. la malice de
Phonnne, ce qui n'est pas moins vrai et con-
forme k I'experience.
14. Un homme mc chant, rude et grossier,
comme I'indique le parallelisme. — Cares-
sa/ite, qui fait valoir tous ses charmes pour
seduire.
638
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLII, 15—25-
M
SEPTIEME PARTIE.
>
Louange du Seigneur, qui a fait eclater sa gloire
dans les oeuvres de la nature et dans les illus-
tres ancetres d'Israel [Ch. XLII, 15 — L, 26].
CHAP. XLII [vers. 1 5 sv.]
— Puissance et sagesse de Dieu manifestees dans
les cEuvres de la nature.
Chap.
XLII.'^
E veux rappeler maintenant les oeuvres du Seigneur,
Et publier ce que j'ai vu.
C'est par la parole du Seigneur que ses ccuvres sont venues a I'existence.
16 Le soleil qui les eclaire les contemple toutes;
Ouvrage du Seigneur, il est rempli de sa gloire.
17 II n'a pas donne a ses saints d'annoncer toutes ses merveilles
Que le Seigneur tout-puissant a solidement etablies,
Faisant tout reposer par sa gloire sur un fondement inebranlable.
18 11 sonde les profondeurs de I'ocean et le coeur de VhoDiine,
Et il connait leurs desseins les plus subtils;
Car le Seigneur possede toute science,
Et il voit les signes du temps.
19 II annonce le passe et I'avenir,
Et il devoile les traces des choses cachees.
20 Aucune pen see ne lui echappe,
Aucune parole n'est cachee pour lui.
21 II a revctu de beaute les grandes oeuvres de sa sagesse;
II est avant tous les siecles et il subsistera k jamais;
Rien n'a ete ajoute a son cfre, et il n'en a ete rien ote;
Et il n'a eu besoin d'aucun conseiller.
22 Comme toutes ses oeuvres sont belles I
Et pourtant ce qu'on en peut contempler n'est qu'une ^tincelle.
23 Tout est vivant et demeure a jamais pour tous les usages,
Et tout obeit ait Ct cat ear.
24 Tout est par couples, un individu en face d'un autre,
Et il n'a rien fait qui aille a la ruine.
25 L'un assure le bonheur de I'autre :
(2ui pourra se rassasier de voir la gloire du Seigneur?
15. Ce que fai vu, ce que je sais de ses
oeuvres.
16. Le soleil, par sa splendeur, est comme
le reflet de la gloire de Dieu.
17. II fi'a pas do7ine : \e mot important
est toutes. En latin, n\i-t-il pas donnc, etc.
— A ses saints, aux pieux Israelites en ge-
neral, et particulierement aux ecrivains
sacres anterieurs k I'auteur de ce livre. —
Ses merveilles , les oeuvres merveilleu-
ses de la creation ; nous en d^couvrons
chaque jour de nouvelles. — Par sa gloire,
son operation glorieuse, ou bien par sa
iiiajestc.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLII, 15—26.
639
15. Memor ero igltur operum
Domini, et quae vidi annuntiabo. In
sermonibus Domini opera ejus.
16. Sol illuminans per omnia respe-
xit, et gloria Domini plenum est
opusejus. 17. NonneDominus fecit
sanctos enarrare omnia mirabilia
sua, quas confirmavit Dominus om-
nipotens stabiliri in gloria sua?
18. Abyssum, et cor hominum in-
vestigavit : et in astutia eorum ex-
cogitavit. 19. Cognovit enim Do-
minus omnem scientiam, et inspexit
in signum asvi, annuntians quas pras-
terierunt,et quae superventura sunt,
revelansvestigiaoccultorum.20.Non
praeterit ilium omnis cogitatus, et
non abscondit se abeo ullus sermo.
21. Magnalia sapientiae suae de-
coravit : qui est ante saeculum et
usque in saeculum, neque adjectum
est, 22. neque minuitur, et non eget
alicujus consilio. 23. C)uam deside-
rabilia omnia opera ejus,ettamquam
scintilla,quas est considerare. 24. Om-
nia base vivunt, et manent in s?ecu-
lum, et in omni necessitate ornnia
obaudiunt ei. 25. Omnia duplicia,
unum contra unum, et non fecit
quidquam deesse. 26. Uniuscujus-
que confirmavit bona. Et quis sa-
tiabitur videns gloriam ejus.^
18. Leiirs desseins : c'est poetiquement
que ces mots sont appliques aussi a I'ocean.
- — Les signes du temps, qui annoncent
I'avenir.
19. Les traces, les vestiges des choses ca-
chees, des mysteres du plan diviii de
I'univers.
20. Comp. Ps. cxxxiv, 4.
21. Rien lia ete ajoiite, etc. : Dieu est
toujours le meme : comp. Ps. cii, 28. —
Uaucun cotiseiller humain, mais la Sagesse
eternelle etait avec lui {Prov. viii, 30. Comp.
Sag. ix, 4).
Nous avons traduit les 2^ et y membies
d'apres quelques manuscrits grecs suivis
par la Vulgate, qui lisent o? eati, qtci est,
au commencement du 2^. Cependant nous
devons reconnaitre que la plupart des ma-
nuscrits, et les meilleurs, portent ew? saxi,
ce qui amene pour sujet p.tyaXeiy., jiiagna-
lia : et ellcs (ces grandes oeuvres) sitbsistent
encore de Peternite' a Veternite, et rien iCy a
ete ajoiite, rien n^en a ete dte\ el les appa-
raissent toujours les memes, sans change-
ment essentiel. Ce qui empeche beaucoup
d'ex^getes d'adopter cette interpretation,
c'est qu'elle semble attribuer Peternite au
monde physique. Mais nous ferons observer
que les expressions in ceternuin, in scecu-
lum, in scEculum scectdi, ne marquent assez
souvent qu'une dure'e tres longue, dont le
commencement se perd dans la nuit du
passe lointain, et la fin dans le plus lointain
avenir. C'est ainsi que le mont Sion est dit
inebranlable in aternum {Ps. cxxiv, i), la
terre fondee in s(2ciilinn stECuli{Ps.\y.\\\\,6<)),
la lune etablie dans le ciel in ceternuin {Ps.
Ixxxviii, 38), etc.
22. Belles, litt. desirables, a cause de leur
beaute. — Une etincelle, une petite partie,
un faible rayon de la splendeur et de la
magnificence de la creation. Comp. Job,
xxvi, 14. Au lieu de Ws aTiwOfipoc, quelques
manuscrits portent ew? air . : elles sont a re-
gar der jusqii' a une ctincelle, juscju'au moin-
dre detail. Fritzsche soupgonne qu'il y avait
en hebr. nitsoth, fleurs, et que le traducfleur
a lu par megarde nitsots, etincelles.
23. Demeure, en se perpetuant par la
generation. — Obeit au Createur : comp.
Ps. cxlviii, 6.
24. Par couples de deux individus, I'un de
chaque sexe, dans le regne vegetal et le
regne animal. — Qui aille a la ruine, qui
perisse (en gr. £KA£"!Trov), faute d'un indi-
vidu de I'autre sexe pour perpetuer I'espece;
oubien : qui soil incomplct (en gr. sXXs^ttov) :
meme sens au fond.
25. Uun assure, etc. : dans chaque cou-
ple, un individu est necessaire a I'autre. —
La gloire du Seigneur, telle qu'elle se ma-
nifeste dans les oeuvres de la creation.
640
L'ECCLE:SIASTIQUE. Chap. XLIII, I— 17.
Chap.
XLIII.
CHAP. XLIII. — Louange de Dieu par les ceuvres de la nature (suite) : le
del, le soleil [vers, i — 5]; la lune, les etoiles, I'arc-en-ciel [6 — 12]; divers
phenomenes [13 — 22]; la mer [22 — 26]. Conclusion [27 — 32].
ORGUEIL des hauteurs du ciel, c'est le firmament dans son pur eclat;
Et I'aspecfl du ciel est une vision de gloire.
2 Le soleil, quand il se montre, glorifie le Seigneur;
A son lever, c'est une merveilleuse creature, I'oeuvre du Tres-Haut.
3 A son midi, il desseche la terre;
Qui peut tenir devant ses ardeurs?
4 Pour ses travaux I'artisan aftive le feu dans la fournaise,
Trois fois plus le soleil echauffe les montagnes;
II embrase les vapeurs de Pair,
Et quand il fait resplendir ses rayons, il eblouit les yeux.
5 Grand est le Seigneur qui I'a fait,
Et sur son ordre il precipite sa course.
6 La lune aussi est toujours fidele a I'heure qui lui est assignde;
EUe indique les temps de I'annee et annonce I'avenir.
7 La lune donne le signal des fetes;
Sa lumiere diminue quand elle est arrivee a son plein.
8 C'est d'elle que le mois prend son nom;
Elle croit merveilleusement dans ses diverses phases;
C'est la tente d'un camp dans les hauteurs des cieux.
9 La beaute du ciel, c'est I'eclat des dtoiles,
Splendide parure dans les hauteurs du Seigneur.
10 Selon I'ordre du .Saint, elles se tiennent a sa disposition,
Et ne se fatiguent pas dans leurs veilles.
11 Vois I'arc-en-ciel et benis Celui qui I'a fait;
II est bien beau dans sa splendeur!
12 II embrasse le ciel dans son cercle radieux :
Ce sont les mains du Tres-Haut qui le tendent.
13 Par son ordre, la neige se precipite,
Et les eclairs se pressent, executeurs de ses jugements.
14 C'est pourquoi ses tresors s'ouvrent
Et les nuees volent comme des oiseaux.
15 Par sa puissance il dorine la force aux nuees,
Et la grele tombe comme des eclats de pierre.
16 La voix de son tonnerre fait trembler la terre,
Et quand il se montre les montagnes chancellent.
17 A sa volonte, le vent du midi souffle,
L'aquilon se dechaine et le tourbillony^z// rage.
II repand la neige comme des oiseaux qui s'abattent,
Elle descend comme la sauterelle qui fait halte.
CHAP, XLIII.
1. Vorgueil, ce dont peuvent se glorifier
les hauteurs celestes. — Le Jirinaiuenty les
plaines limpides de I'dther. — Une vision
de gloire, un specftacle magnifique.
Le latin traduit le i^r membre : le firtna-
inent des hauteurs celestes est sa beaute., un
reflet ou une image de la beaute de Dieu;
ou bien avec Loch : est son magnifique
ouvrage.
2. A son lever surtout : ces mots nous
semblent appartenir au 2^ membre; joints
au lei (Vulg.), ils feraient tautologie.
4. Adive, souffle, gr. (puuwv; le tradufleur
latin a lu o'jXi^iw/, gardrnt. — Les vapeurs
(en lat. les rayons); litt., en soufflant, il
rend les vapeurs comme du feu.
6. On salt que I'annee et les mois, chez
les Juifs, ctaient lunaires; c'est la lune qui
reglait toutes les divisions du temps.
Annonce Vavenir : comp. xlii, 18; Loch :
marque les epoques de Page du nionde.
7. Quand elle est arrivee a son plein; d'au-
tres : j'usquW ce qu'elle disparaisse tout d,
fait; mais ce sens demanderait, {usque) ad
consuinmatio/iem.
5. Son nom : il en est ainsi en hebreu, en
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLIII, i— 19.
641
2SI M w. :^: M 'M w. 'i^'. '^ w. '^ 's^. :<j>: m m '& 's^'- 's^ ^ '^- %i
— *- CAPUT XLIII. -*—
Eminentia Creatoris relucet in coeloriim
ornatu et pulchritudine, nempe in ccelo,
luna, stellis, iride, nive, grandine, nubi-
bus, tonitru, gelu ab aquilone, pruina, et
mari, in quo sunt plurima genera bellua-
rum : denique nemo ad Deum laudan-
dum sufficit.
LTITUDINIS firma-
mentum pulchritude ejus
est, species coeli invisione
glorias. 2. Sol in aspectu
annuntians in exitu, vas admira-
bile opus excelsi. 3, In meridiano
exurit terram,"et in conspectu ar-
doris ejus quis poterit sustinere.^
Fornacem custodiens in operibus
ardoris i 4. tripliciter sol exurens
montes, radios igneos exsufflans,
et refulgens radiis suis obca^cat
oculos. 5. Magnus Dominus qui
fecit ilium, et in sermonibus ejus
festinavit iter.
6. *Et luna in omnibus in tem-
pore suo, ostensio temporis, et si-
gnum £evi. 7. A luna signum diei
festi, luminare quod minuitur in
consummatione. 8. Mensis secun-
dum nomen ejus est, crescens mira-
biliter in consummatione. 9. Vas
castrorum in excelsis, in firmamento
coeli resplendens gloriose.
10. Species coeli gloria stellarum,
mundum illuminans in excelsis Do-
minus. II. In verbis sancti stabunt
ad judicium, et non deficient in
vigiliis suis.
12. Vide arcum, et benedic eum,
'qui fecit ilium : valde speciosus est
in splendore suo. 13. Gyravit coe-
lum in circuitu gloriae suas, manus
Excelsi aperuerunt ilium.
14. Imperio suo acceleravit ni-
vem,et accelerat coruscationes emit-
terejudicii sui. 15. Propterea aperti
sunt thesauri, et evolaverunt nebulas
sicut aves. 16. "'In magnitudine sua
posuit nubes, et confracti sunt lapi-
des grandinis. 17. "In conspectu
ejus commovebuntur montes, et in
voluntate ejus aspirabit notus.
18. Vox tonitrui ejus verberabit
terram, tempestas aquilonis, et con-
gregatio spiritus : 1 9. et sicut avis
deponens ad sedendum, aspergit
nivem, et sicut locusta demergens
gr. (jJ(."nvn et [J-'iv), ainsi que dans plusieurs
langues modernes (all. ni07id et Jiioiiat;
angl. >noon et month). — La tente d'un
camp : les etoiles sont souvent appeldes
I'armee du ciel; elles apparaissent rangees
ou campees autour de la lune, comme une
armee autour de la tente du general. Le mot
que nous traduisons par tente designe dans
les trois langues un objet, un ineiible quel-
conque; d'autres le traduisent ici "pa-v Janal,
le fanal militaire qui eclaire un camp.
9. Les haiitein-s du Seigneur (en lisant
Kupi'ou avec le cod. Alex, et plusieurs au-
tres), ou le Seigneur habite; ou bien : les
hauteurs les plus elevees. Le cod. Vat. porte
Kupio? : c''est le Seigneur dans les hai/teiirs.
Le latin traduit le 2^ membre : cehii qui
illumine le monde dans les haicteurs, c 'est le
Seigneur.
10. Dans leurs veilles : ce sont des soldats
en sentinelle; voy. vers. 8 et la note.
13. Se precipitc : le tradudleur grec a
donne aux verbes un sens transitif -.par son
ordre, Dieii prccipite la fieige : a tort. — Se
pressent, se succedent de pres. La neige et
les eclairs sont ici associds, non comme
etant des phenomenes simultanes, mais
comme manifestant dgalement la puissance
de Dieu.
14. Cestpourqtioi, parce qu'il suffit a Dieu
de donner un ordre pour que sa volonte
s'accomplisse. — Ses tresors, les reservoirs
du ciel ou la pluie, la neige et la grele sont
censees renfermees. Comp. Deut. xxviii, 12;
Job, xxxviii, 22; Jcr. x, 13; li, 16. — Les
nue'es volent, rapides et se poussent les unes
les autres.
1 5. Par sa puissance, litt. par sa majeste.
La grele est congue comme une masse com-
pacle renfermde dans la nuee, a laquelle
Dieu donne la force, soit de la porter, soit
de la briser en eclats. — La grele, etc.;
litt., et les pierrcs de grele se brisent.
16-17. Les membres qui composent les
deux versets sont disposes un peu autre-
ment dans le cod. Vat., suivi par la Vulgate.
— Quand il se mo7itre dans la nuee ora-
g^euse. — // (Dieu) repaitd la fieige a flocons
presses. — Elle descend lentement.
iS. Le phenomene de la neige offre en
effet un merveilleux spectacle a celui qui ne
Fa jamais vu ou qui le contemple rarement.
Gen. 9, i;
-^Job. 38,
' Ps. 103,
32.
N" 23. — LA SAINTE BIBLE. TOME IV. — 41
642 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLIII, 18-33; XLIV, i-
18 L'oeil admire la beaute de sa blancheur,
Et le coeur est emerveille de sa chute.
19 II verse le givre sur la terre comme du sel,
Et la gelde le durcit en pointes d'epines.
20 Le vent du nord se met k souffler,
Et I'eau se durcit en glace;
Cette glace s'etend immobile sur tout amas d'eau
Et le revet comme d'une cuirasse.
21 Le Seigneur devore les montagnes et embrase le desert,
11 brule la verdure comme le feu.
22 A tous ces maux un nuage apporte le remede;
Une rosea qui survient ramene la fraicheur et la joie.
23 Selon son dessein, il a deposd dans son lit la mer profonde,
Et il y a plante des iles.
24 Ceux qui naviguent sur la mer en racontent les perils,
Et en entendant leurs recits nous sommes saisis d'etonnement.
25 Lk sont des creatures etranges et merveilleuses,
Des animaux de toutes sortes et la race des monstres marins.
26 Par le Seigneur toute chose marche heureusement a sa fin,
Et tout subsiste par sa parole.
27 Nous pourrions dire beaucoup, et nous ne I'atteindrions pas;
Pour resumer notre discours : II est le tout.
28 Voulant le louer, oii en trouverions-nous la force?
II est le Tout-Puissant, superieur h toutes ses oeuvres.
29 Le Seigneur est terrible et souverainement grand,
Et merveilleuse est sa puissance.
30 En louant le Seigneur, exaltez-le tant cjue vous pourrez.
Car il sera toujours plus haut encore.
Pour I'exalter, rassemblez toutes vos forces;
Ne vous lassez pas, car vous ne pourrez I'atteindre.
31 Qui I'a vu et pourrait en discourir?
Qui est capable de le louer tel qu'il est.-*
32 Beaucoup de merveilles cachees sont plus grandes encore,
Car nous n.e connaissons qu'un petit nombre de ses oeuvres.
33 Le Seigneur a tout fait,
Et il donne la sagesse aux hommes pieux.
Chap.
XLIV.
CHAP. XLIV. — E/oge des pcres : Introduclion [vers, i — 15]. Enoch
et Noe [16 — 18]; Abraham, Isaac et Jacob [19 — 23].
jAISONS done I'eloge des hommes illustres,
Et des pcres de notre race.
2 Eh eiix le Seigneur a opere de glorieuses merveilles,
// a inanifcstc sa grandeur des I'origine.
3 Oetaicnt des souverains dans leurs royaumes,
Des princes renommes par leur puissance.
20. S''eiend immobile^ lilt, se repose, sur
tout amas cVeau : peut-ctre y avait-il en
hebr. , sur tout Vaiiias iVcnu.
21. Le Seigtieur, en faisant souffler le
vent du midi, que I'auteur oppose au vent
du nord, devore, consume, etc.
22. Ces maux, causes par le vent du midi.
— Ramene la joie; en latin, fait baisser,
abat ce vent brulant.
23. // a depose (ou, // a fait reposer) dans
son lit; d'autres avec la Vulg. : par sa pen-
see, sa volonte, il apaise, il calme Pocean.
— Des lies, en gr. vqaou^. La legon 'rr,ciou<;
(cod. Vat.) est rejetee par tout le monde.
Le latin ajoute en tete du verset : quand
il parte, le %>ent se tait.
24. Leurs recits, sans doute les recits des
hardis navigateurs ph^niciens.
27. Nous ne V atteituirions pas, nos dis-
cours, nos louanges resteraient infiniment
au-dessous de lui. — // est le tout, en grec,
TO Tiav (lat., il est en totit) il possede tout
I'etre dminemment et virtuellement. II y a
des etres distincfls de lui, mais c'est lui qui
les a crees, qui leur a donne tout ce qu'ils
sont, qui les fait subsister et les conduit a
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLIII, 20—37; XLIV, i-
643
descensus ejus. 20. Pulchritudinem
candoris ejus admirabitur oculus, et
super imbrem ejus expavescet cor.
21. Gelu sicut salem effundet super
terram : et dum gelaverit, fiet tam-
quam cacumina tribuli.
22. Frigidus ventus aquilo flavit,
et gelavit crystallus ab aqua, super
omnem congregationem aquarum
requiescet, et sicut lorica induet se
aquis. 23. Et devorabit montes, et
exuret desertum, et exstinguet viri-
de, sicut igne. 24. Medicina om-
nium in festinatione nebulae : et ros
obvians ab ardore venienti humilem
efficiet eum.
25. In sermone ejus siluit ventus,
et cogitatione sua placavit abyssum,
et plantavit in ilia Dominus insulas.
26. Qui navigant mare, enarrent
pericula ejus : et audientes auribus
nostris admirabimur. 27. Illic pras-
clara opera, et mirabilia : varia be-
stiarum genera, et omnium peco-
rum, et creatura belluarum. 28. Pro-
pter ipsum confirmatus est itineris
finis, et in sermone ejus composita
sunt omnia.
29. Multa dicemus, et deficiemus
in verbis; consummatio autem ser-
monum, ipse est in omnibus.jo.Glo-
riantes ad quid valebimus? ipse
enim omnipotens super omnia ope-
ra sua. 31. Terribilis Dominus, et
magnus vehementer, et mirabilis
potentia ipsius. 32. Glorificantes
Dominum quantumcumque potue-
ritis, supervalebit enim adhuc, et
admirabilismagnificentiaejus.33.Be-
nedicentes Dominum, exaltate ilium
quantum potestis : major enim est
omni laude. 34. Exaltantes eum re-
plemini virtute : ne laboretis : non
enim comprehendetis. ^^. Quis vi-
debit eum, et enarrabit.^ et ^quis
magnificabit eum sicut est ab initio.'^
36. Multa abscondita sunt majora
his : pauca enim vidimus operum
ejus. 37. Omnia autem Dominus
fecit, et pie agentibus dedit sa-
pientiam.
— :>— CAPUT XLIV. — :i:—
Laus priorum patrum ac seminis eorum :
primum in genere, deinde nominatim lau-
dantur Henoch, Noe, Abraham, cui ia€\s£
sunt promissiones : Isaac, et Jacob.
AUDEMUS viros glorio-
sos, et parentes nostros in
generatione sua. 2. Mul-
^ tarn gloriam fecit Domi-
nus, magnificentia sua a sasculo.
3. Dominantes in potestatibus suis,
homines magni virtute, et pruden-
tia sua praediti, nuntiantes in pro-
' Ps. 10^, 2.
leur fin. Ce langage, dit Fritzsche lui-meme,
exchit absolument toute interpretation pan-
theistique.
28. Le Tout-Puissant, litt. le grand.
30. Ce verset est traduit 2 fois dans la Vulg.
31. Tel quHl est ; le latin ajoute a tort, ab
initio, des le commencement.
32. Plus grandcs encore que celles que
nous avons pu decouvrir.
33. II donjie la sagesse atix homines pieux,
pour les aider a connaitre dans une certaine
mesure les oeuvres de la creation, et a s'ele-
ver a la saintete : transition k I'eloge des
saints personnages d' Israel.
CHAP. XLIV.
I. Le grec porte en tete de ce morceau
(xliv, I — 1, 24) : Eloge des peres. Apres
avoir loue le Seigneur par les merveilles du
monde physique, le fils de Sirach jette un
coup d'oiil sur I'histoire de sa nation et
fait I'eloge des principaux personnages d' Is-
rael. Au fond, c'est encore a Dieu que
s'adresse sa louange, a Dieu cjui a conduit
son peuple a travers les siecles avec tant
d'amour et de sollicitude et qui a suscite
dans son sein des hommes d'une si haute
vertu. La matiere et sou vent la forme meme
de ces eloges sont empruntees a des livres
saints plus anciens. Le but de I'auteur est
de ranimer et de fortifier le sentiment reli-
gieux dans la conscience des Juifs ses con-
temporains.
2. En eux, dans ces grands hommes, il a
produit des merveilles de saintet^ et de
vertu. — Sa grandeur; en lat. ce mot est a
I'ablatif comme nom d'instrument : par sa
grandeur, sa puissance, des Vorigine.
L'auteur donne ensuite une idee generale
de la condition des personnages dont il va
parler : rois, princes, prophetes, docfleurs,
musiciens, poetes, simples particuliers.
3. Les deux derniers membres s'appliquent
aux prophetes, conseillers des rois, auxquels
644
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLIV, 4—21.
Des conseilleis remplis de sagesse,
Annongant la volonte divine par leurs propheties,
4 Des guides du peuple par leurs conseils et leur prudence,
Des doaeurs du peuple qui I'instruisaient par de sages discours;
5 Des hommes cultivant I'art des saintes melodies
Et qui ont mis par ecrit de poetiques recits;
6 Des riches ayant des biens en abondance,
Vivant en paix dans leurs demeures :
7 Tous ces hommes furent honords par leurs contemporains,
Tons ont ete illustres de leur temps.
8 II en est parmi eux qui ont laisse un nom,
Et Ton peut raconter leurs louanges.
9 II en est dont il n'y a plus de souvenir;
lis ont peri comme s'ils n'avaient jamais existe,
lis sont devenus comme s'ils n'etaient jamais nes,
Et leur enfants ont partage leur sort.
10 Les premiers etaient des hommes pieux,
Dont les vertus n'ont pas ete oubliees.
1 1 Le bonheur reste attache a leur race,
Et un heritage est assure a leurs enfants.
12 Leur race se maintient fidele aux alliances,
Et leurs enfants k cause d'eux.
13 Leur race demeure eternellement,
Et leur gloire ne sera jamais effacee.
14 Leur corps a ete enseveli en paix
Et leur nom vit d'age en age.
15 Les peuples celebrent leur sagesse,
Et I'assemblee publie leurs louanges.
16 Henoch fut agreable au Seigneur, et il a ete transports,
Exemple de penitence pour les generations.
17 Noe a ete trouve parfait c/ juste;
Au temps de la colere il fut la ran^on de Vhtimanite.
C'est pourcjuoi un reste fut laisse a la terre
Lorsque le. deluge arriva.
18 Une alliance eternelle a ete faite avec lui,
Afin que le genre humain ne fut plus detruit par un deluge.
19 Abraham est I'illustre pere d'une multitude de nations,
Et il ne s'est trouvd personne qui Fcgalat en gloire.
20 II a garde la loi du Trcs-Haut,
Et il est entre en alliance avec lui.
II a institue cette alliance dans sa chair,
Et dans I'epreuve il s'est montre fidele.
2\ Aussi Dieu lui assura par serment
(2ue les nations seraient bcnies dans sa race;
Tl lui promit de le multiplier comme la poussiere de la terre,
D'elever sa posterite comme les etoiles du cic/,
De lui donner en heritage depuis la mer jusqu'ci I'autre mer,
Depuis le fleuve jusqu'aux extremites de la terre.
ils faisaient connaitre les desseins et la vo
■5
rrec
lontd du Seigneur.
Le grec serait a peu pros inintelli-
gible si on ne lisait Ypap.ij.aTE'ic au lieu de
Ypa|X[j.ax£ta<;, et aotpol Xoyoi? au lieu de
aocpoi Xoyot.
Le latin peut se traduire : des hommes
qui ont coiiimandc au peuple dc leur temps,
et ont donne aux peuples , par la force de leur
intelligence, les plus sainics inaximcs.
5. Des saintes mdlodies, litt. des modes
musicaux, comme David. — Poetiques re-
cits, par ex. Job, le Cantique; plusieurs en-
tendent aussi par l--i\ des cantiques, par ex.
les Psaumes. En latin, les cantiques des
Ecritures.
6. Des biens : c'est le sens du lat. virtute.
Apres le i'^'' membre, le lat. ajoute : qui
avaient de Vardcur pour ce qui est beau.
8. Qui ont laisse un nom : tous ont e'te
illustres pendant leur vie, mais pour quel-
ques-uns seulement I'histoire a conserve le
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLIV, 1—2-
645
phetis dignitatem prophetarum, 4. et
imperantes in prassenti populo, et
virtute prudentias populis sanctissi-
ma verba. 5. In peritia sua requi-
rentes modos musicos, et narrantes
carmina scripturarum. 6, Homines
divites in virtute, pulchritudinis
studium habentes : pacificantes in
domibus suis. 7. Omnes isti in ge-
nerationibus gentis suae gloriam
adepti sunt, et in diebus suis ha-
bentur in laudibus.
8. Qui de illis nati sunt, relique-
runt nomen narrandi laudes eorum :
9. et sunt quorum non est memoria:
perierunt quasi qui non fuerint : et
nati sunt, quasi non nati, et filii
ipsorum cum ipsis. 10. Sed illi viri
misericordias sunt, quorum pietates
non defuerunt : 11. cum semine
eorum permanent bona, t 2. here-
ditas sancta nepotes eorum, et in
testamentis stetit semen eorum :
13. et filii eorum propter illos us-
que in asternum manent : semen
eorum et gloria eorum non dere-
linquetur. 14. Corpora ipsorum in
pace sepulta sunt, et nomen eorum
vivit in generationem et generatio-
nem. 15. Sapientiam ipsorum nar-
rent populi, et laudem eorum nun-
tiet ecclesia. 16. ''Henoch placuit
Deo, et translatus est in paradi-
sum, ut det gentibus pcenitentiam.
17. *Noe inventus est perfectus,
Justus, et in tempore iracundias fa-
ctus est reconciliatio. 18. Ideo di-
missum est reliquum terras, cum
factum est diluvium, 19. ' Testa-
menta sasculi posita sunt apud ilium,
ne deleri possit diluvio omnis caro.
20. '^ Abraham magnus pater mul-
titudinis gentium, et non est inven-
tus similis illi in gloria : qui conser-
vavit legem Excelsi, et fuit in testa-
mento cum illo. 21, 'In carne ejus
stare fecit testamentum, et^in ten-
tatione inventus est fidelis. 22. Ideo
jurejurando dedit illi gloriam in
gente sua, crescere ilium quasi ter-
ras cumulum, 23. et ut Stellas exal-
tare semen ejus, et hereditare illos
"0611.5,24.
Hebr. 11,5,
* Gen. 6, 9.
<^Gen. 6,
14 et 7, I
Hebr. 11,7.
«'Gen. 12,
2 et 15, S
et 17, 4.
'Gen. 17,
10. Gal. 3,
6.
^Gen. 22,
I.
souvenir de leurs acTlions et de leurs vertus,
jin noiji.
Le latin ajoute en tete du verset quelques
mots qui en alterent le sens : ceux qui sont
ncs (Teitx ont laisse uti nom.
9. II s'agit des impies dans ce verset.
10. Des Jionnnes pieiix. Dans la Vulgate,
hoviines de iniscricorde doit s'entendre dans
le meme sens. Comp. xlv, i.
11. Le boiihe7ir : il y avait probablement
en hebreu tobah nac/ialali, traduit en grec
ayafi-f] -/.X-ripovou.ia, bona (lat. sa>i^a) /iceredi-
tas; mais iobah devait se prendre substan-
tivement; nous le traduisons par boiiheur^
en le rattachant a ce qui precede. — Et iin
hc'rifage, etc. ; en latin, et leurs enfants sont
un saint heritage.
Le texte grec des vers. 11- 12 a subi dans
les manuscrits des coupures anormales;
nous retablissons ce qui nous parait etre la
disposition primitive d'apres les anciennes
versions (Syr. Vulg. etc.).
12. Aux alliances : le pluriel fait allusion
aux divers renouvellements de I'alliance de
Dieu avec Abraham et les patriarches. —
Et leurs en faults y sont egalement fideles
a cause d^eux : leur piete est un eft'et, un
fruit de la pi^te de leurs peres.
15. Celebrent; le latin met I'optatif : que
les pcuples ce'lebrenf, etc.
16. // a etc tra7isp07'te : " le Seigneur Ten-
leva", dit la Genese (v, 24), tout vivant, se-
lon la tradition {Hebr. xi, 15). La Vulgate
ajoute ici, dans le paradis^ ce que les Peres
et les theologiens expliquent diversement.
— Exeviple de penitence, etc.; en latin -.pour
dojiticr la penitence aux nations. D'apres la
tradition assez generale des Peres et des in-
terpretes catholiques, Enoch et Elie ont etd
transportes du milieu des hommes en corps
et en ame. Leur course n'est pas achevde; ce
sont les deux temoins de I'Apocalypse (xi, 3),
et ils reviendront sur la terre a la fin des
temps pour precher aux hommes le repentir
et leur donner I'exemple de la penitence.
17. Noc : voy. Gen. vi, 8 sv. — La ranco7i :
lorsque Dieu irrite contre les hommes coupa-
bles avait resolu de les faire pdrir tous, ce fut
en consideration de la justice de Noe qu'il
conserva I'humanite parluiet par sesenfants.
18. Une alliance : voy. Gen. ix, 16.
19. Ph'e dhine 7nultitude de nations : c'est
la signification meme du nom d'Abraham
{Ge77. xvii, 4).
20. En allia7tce: voy. Gen. xv, 18. — Dans sa
chair., par la circoncision. {Ge7i. xvii, 10-14).
— Dans rep7-e7ive : le sacrifice d'lsaac.
21. Aussi, etc. : voy. Ge/i. xxii, 17. —
Depuis la 7ner Rouge jusqu'a la mer M^di-
terranee. — Dep7(is le flciive, I'Euphrate, jus-
646 L'ECCL^SIASTIQUE. Chap. XLIV, 22, 23; XLV, i— 10.
22 De la meme maniere il confirma en Isaac, a cause de son pere Abraham,
La benedi(flion de tous les peuples et I'alliance,
23 Et il la fit leposer ensuite sur la tete de Jacob;
II eut egard a lui dans ses benedi6\ions;
II lui donna le pays en heritage;
II en fit diverses portions;
Et les partagea entre les douze tribus.
Ch. XLV.
CHAP. XLV, — Eloge de MoTse [vers, i — 5],
de Phinees [23 — 26].
d' Aaron [6 — 22],
L a fait sortir de Jacob un homme pieux,
Qui trouva grace aupres de toute chair,
Un homme aime de Dieu et des hommes, Moise :
Que sa mdmoire soit en benediction!
2 II lui a donn^ une gloire egale a cello des saints,
II I'a rendu grand par la terreur qu'il inspira aux ennemis.
3 Par sa parole, il a fait cesser les prodiges;
II I'a glorifie devant les rois;
II lui a donne des commandements pour son peuple,
Et il lui a fait voir un rayon de sa gloire.
4 A cause de sa foi et de sa mansuetude il I'a consacre';
II I'a choisi d'entre tous les mortals.
5 II lui a fait entendre sa voix,
Et I'a introduit dans la nuee;
II lui a donne face <\ face ses commandements,
La loi de la vie et de la science,
Pour qu'il enseignat a Jacob son alliance
Et ses lois a Israel.
6 II a eleve a la saintete Aaron, semblable h lui,
Son fr^re, de la tribu de Levi.
7 II conclut avec lui une alliance dternelle,
Et lui donna le sacerdoce de son peuple;
II I'orna d'une splendide parure,
Et le ceignit de la robe de gloire.
8 II le revetit d'une souveraine magnificence
Et lui assigna des vetements d'lionneur :
Les caleqons, la longue tunique et I'ephod.
9 II I'entoura de grenades d'or,
Avec de nombreuses clochettes a I'entour,
Qui devaient retentir quand il marchait
Et faire entendre leur son dans le temple,
Pour avertir les fils de son peuple.
10 II I'entoura du vetement sacre,
Tissu d'or, d'hyacinthe et de pourpre;
Du rational du jugement, avec I'Urim et le Thummim,
Fait de fils d'ecarlate par un artiste habile;
qu'^ la frontiere septentrionale de I'Egypte.
Cette promesse ne fut realisee h la lettre
qu'a I'epoque de Salomon. Dans le sens
messianique, les extrniiitcs de la ierrc doi-
vent se prendre au sens le plus large.
22. Comp. Gen. xvii, 19; xxvi, 4 sv.
23. // la fit : la, c.-a-d. la bcnediflion et
I'alliance. En latin, tl cofijlr/iia Valliance. —
Les partagea plus tard, par le ministere de
Josue; niais Dieu avait pose la base de cette
division en donnant douze fils .\ Jacob.
Apres ce verset, la Vulgate en place un
autre (le 276 dans cette version) qui appar-
tient au chap. suiv.,ou on le trouvera; il est
ainsi congu en latin : Et il hii a conser%ic des
honuues de misnicorde (pieux : voy. vers. 10),
Moise et Aaron, qui ofit trouve grace (faveur)
anx yeiix de toute chair, de tous les hommes.
CHAP. XLV.
I. La Vulgate commence ce chap, par le
36 membre : voy. la note de xliv, 23. —
Que sa incmoire : formule familiere aux
Juifs quand ils pronongaient le nom de quel-
que personnage venerable. En latin : do/it
la memoir e est en bcnedifiion.
LIBER ECCLESIASTIC!. Cap. XLIV, 24—27; XLV, i— 12. 647
a mari usque ad mare, et a flumine
usque ad terminos terras. 24. Et in
Isaac eodem modo fecit propter
Abraham patrem ejus. 25. Benedi-
ctionem omnium gentium dedit illi
Dominus, et testamentum confir-
mavit super caput Jacob. 26. Agno-
vit eum in benedictionibus suis, et
dedit illi hereditatem, et divisit illi
partem in tribubus duodecim. 27. Et
conservavit illi homines misericor-
dias, invenientes gratiam in oculis
omnis carnis.
— :;:— CAPUT XLV. — =>—
De laudibus Moysi, Aaron, et Phinees :
de congregatione Core interempta.
ILECTUSDeo,ethomi-
nibus Moyses : "cujus
memoria in benedictione
^ est. 2. Similem ilium fecit
in gloria sanctorum, et magnificavit
eum in timore inimicorum, et in
verbis suis monstra placavit.^.^Glo-
rificavit ilium in conspectu regum,
et jussit illi coram populo suo, et
ostendit illi gloriam suam. 4. "In
fide et lenitate ipsius sanctum fecit
ilium, et elegit eum ex omni carne.
5. Audivit enim eum, et vocem
ipsius, et induxit ilium in nubem.
6, Et dedit illi coram prascepta, et
legem vitae et disciplinae, docere
Jacob testamentum suum, et judi-
cia sua Israel,
7, Excelsum fecit Aaron fratrem
ejus, et similem sibi de tribu Levi :
8. statuit ei testamentum aeternum,
et dedit illi sacerdotium gentis : et
beatificavit ilium in gloria, 9. et cir-
cumcinxit eum zona glorias, et in-
duit eum stolam glorias, et corona-
vit eum in vasis virtutis. 10. Cir-
cumpedes, et femoralia, et humerale
posuit ei, et cinxit ilium tintinna-
bulis aureis plurimis in gyro,
ii.'^dare sonitum in incessu suo,
auditum facere sonitum in templo
in memoriam filiis gentis suas.
1 2. Stolam sanctam, auro, et hya-
cintho, et purpura, opus textile, viri
sapientis, judicio et veritate prasditi :
'^Num. 12,
3, 7. Hebr.
3. 2. 5-
•^Exod. 28,
35-
2. Des saints, des pretres (comp. vers. 24);
d'autres, des anges; ou bien des patriarches
nommes phis haut.
3. Pa)- la ■parole de Moise, Dieu a fait
cesserX^s plaies qui desolaient I'Egypte {Exod.
viii, 27; ix, 33; x, 19). — Les rois : Pharaon;
pluriel de categorie qui generalise la pen-
see. — Pour son peiiple, en lat. devant son
peuple {Exod. vi, 13). — U7i rayoji, litt. de
sa gloire ; en lat., il ltd a montrc sa gloii'e :
au buisson ardent {Exod. iii), au Sinai
{Exod. xxxiii, 11 sv.).
4. De sa viajisiietiide. Comp. Noinbr.
^'') 3) 7- — I^ ^'^ choisi se rapporte au
ministere de Moise comme legislateur.
5. Liii a fait entendre sa voix ; &Vi. latin,
// Pa exaucc et a entendu sa voix : le tra-
du(fteur n'a pas compris la force de I'liiphil
hebreu. — Dans la nicee : voy. Exod. xx, 21 ;
xxiv, 15. — La loi qui donne la vie. Comp.
Lev. xviii, 5.
6. L'auteur va s'etendre avec une com-
plaisance marquee sur Aaron (voy. Exod.
vi, 20; iv, 14 sv.) et sur la gloire du sacer-
doce Idvitique. — Seniblable a li/i, k Moise.
7. Urie alliance e'ternelle : voy. Exod.
xxix, g; Nombr. xxv, 13. — 11 Vorna: en gr.
et en lat., il le bcatifia : il y avail sans doute
en hebreu ie'azser, vestivit, que le traduc-
teur aura lu ie'ascher, beattmi fecit. — De la
robe, en lat. d''une ceinttire.
8. Lid assig)ia des vetenients d'ho?tneiir;
litt. le fortifa, saxcpetoaiv : il y avait sans
doute en hebr. chizzaq, qui signifie ceindre
(lat. coronavit) Qt fortifier : le i^^' sens con-
venait mieux ici. — D^honnenr, en grec
la;(uo<;, en lat. de ptdssance : il y avait en
helDr. OS, qui signifie force, mais aussi ina-
giuficence, splendetir. D'autres, et il Veta-
blit par les insignes de la puissance.
Sur les ornements du grand pretre, voy.
Exod. xxviii-xxix.
9. Grenades d'or, brochees au bas de la
tunique. — Pour les avertir de I'entree du
grand pretre dans le sandluaire et les invi-
ter a la priere : comp. Exod. xxviii, 35.
10. Du vetenient sacre, I'ephod, deja men-
tionne vers. 8, tissii de fils d'or, de pourpre
violette et de poupre rouge. — Du rational :
gr. Aoyito xpijito?, o/iXot; i'):(^t{'Xc, : du ratio-
nal du jugenietit, des signes de la vcrite.
Ces signes de la verite repondent dans les
Septante aux mots hebreux Uritn et Thuin-
mini; voy. Exod. xxviii, 30. Le tradufteur
latin n'a pas compris le 2^ membre, qu'il
rattache au i^r : {tissu) par un homme sage,
doue de jugcment et dc verite.
648
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLV, 11—24.
1 1 Avec des pierres precieuses, gravees comme les cachets,
Et enchass^es dans I'or par un lapidaire,
Pour etre un memorial, des noms ^tant Merits
Selon le nombre des tribus d'Israel.
12 II lui mit sur la tiare la couronne d'or,
Portant ces mots grave's : Saint du Seigneur,
Insigne d'honneur, ouvrage parfait,
D^lices des yeux, parure magnifique.
13 Rien de pareil n'a ete avant lui et ne sera jamais;
Aucun etranger ne s'en est revetu, mais seulement ses fils,
Et ses descendants dans toute la suite des ages.
14 Ses holocaustes seront offerts
Deux fois chaque jour sans interruption.
15 Moise lui remplit les mains
Et I'oignit de I'huile sainte;
Ce fut pour lui une alliance eternelle,
Et pour sa race, tant que dureront les jours du ciel,
Pour qu'il fit le service du Seigneur et remplit les fondions du sacerdoce,
Et bdnit son peuple en son nom.
16 Le Seigneur le choisit parmi tons les vivants.
Pour lui presenter I'offrande,
Le parfum et la suave odeur en souvenir,
Et pour faire I'expiation des peches de son peuple.
17 II lui donna dans ses commandements
Autorite sur les saintes ordonnances,
Pour apprendre a Jacob ses preceptes
Et donner a Israel I'intelligence de sa loi.
18 Des etrangers s'eleverent contre lui
Et furent jaloux de lui dans le desert :
Les hommes attaches au parti de Dathan et d'Abiron,
Et la bande de Core, ardente et furieuse.
19 Le Seigneur le vit et n'y eut pas plaisir,
Et ils furent extermines dans I'ardeur de sa colere;
II fit contre eux des prodiges,
II les consuma par un feu devorant.
20 Et il augmenta la gloire d'Aaron,
Et lui assigna un heritage :
II leur donna en partage les premices des fruits de la terre;
Avant tout il prepara le pain pour les rassasier.
21 Ils se nourrissent des offrandes du Seigneur,
De celles qu'il donna a Aaron et a ses descendants.
22 Seulement il n'a pas d'heritage dans la terre du peuple,
Et il n'a pas de part au sein de la nation,
Car, dit le Seigneur, " je serai ta part et ton heritage. "
23 Phinees, fils d'Eleazar, est le troisit-me en gloire,
En ce qu'il montra du zele dans la crainte du Seigneur,
Et que, dans la defecftion du peuple, il demeura ferme dans le noble courage de son ame,
Et fit I'expiation pour Israel.
24 C'est pourquoi fut conclue avec lui une alliance de salut,
Qui le fit chef des pretres et de son peuple,
Afin que, dans tons les ages, I'auguste dignite du sacerdoce
Appartint a lui et a ses descendants,
11. Des noins, les noms des 12 tribus, un
sur chaque pierre.
12. La couroiuie d'or, lame d'or en forme
de croissant.
14. Un agneau etait offert en holocauste
deux fois chaque jour, le matin et le soir
{Exod. xxix, 38 sv.).
15. Ltd remplit les mains, mit sur ses
mains les offrandes prescrites pour la c(fre-
monie de la consecration; c'est comme s'il
y avait : lui confera le sacerdoce. Comp.
Jixod. xxviii, 41; LezK viii, 2 sv. — Tant que
dureront, etc. : ce qui est vrai si Ton n'ou-
blie pas que le sacerdoce d'Aaron ^tait la
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLV, 13—30.^
649
13. torto cocco opus artificis, gem-
mis pretiosis figuratis in ligatura
auri, et opere lapidarii sculptis in
memoriam secundum numerum tri-
buum Israel. 14. Corona aurea su-
per mitram ejus expressa signo san-
ctitatis, et gloria honoris : opus vir-
tutis, et desideria oculorum ornata.
15. Sic pulchra ante ipsum non fue-
runttaliausqueadoriginem.i6.Non
est indutus ilia alienigena aliquis,
sed tantum filii ipsius soli, et nepo-
tes ejus per omne tempus. 17. Sacri-
ficia ipsius consumpta sunt igne
quotidie. 18, ''Complevit Moyses
manus ejus, et unxit ilium oleo san-
cto. 19. Factum est illi in testamen-
tum asternum, et semini ejus sicut
dies coeli, fungi sacerdotio,et habere
laudem,etglorificare populum suum
in nomine ejus. 20. Ipsum elegit ab
omni vivente, offerre sacrificium
Deo, incensum, et bonum odorem,
in memoriam placare pro populo
suo : 21. et dedit illi in prasceptis
suis potestatem, in testamentis judi-
ciorum, docere Jacob testimonia,
et in lege sua lucem dare Israel.
22. -^Quia contra ilium steterunt
alieni, et propter invidiam circum-
dederunt ilium homines in deserto,
qui erant cum Dathan et Abiron,
et congregatio Core in iracundia.
23. Vidit Dominus Deus, et non
placuit illi, et consumpti sunt in
impetu iracundias, 24. Fecit illis
monstra, et consumpsit illos in
flamma ignis. 25. Et addidit Aaron
gloriarn, et dedit illi hereditatem, et
primitias frugum terras divisit illi.
26. Panem ipsis in primis paravit
in satietatem : nam et sacrificia Do-
rnini edent, quae dedit iHi,et semini
ejus. 27. Ceterum in terra gentes
non hereditabit, et pars non est illi
in gente : ipse est enim pars ejus, et
hereditas.
28. '^Phinees filius Eleazari ter-
tius in gloria est, imitando eum in
timore Domini : 29. et stare in re-
verentia gentis : in bonitate et ala-
critate animas suae placuit Deo pro
Israel. 30, Ideo statuit illi testamen-
tum pacis, principem sanctorum
et gentis suas, ut sit illi et semini
ejus sacerdotii dignitas in asternum.
^Num. 16,
I. 3-
■?■ Num. 25,
7. I Mach.
2, 26. 54.
figure de celui de J.-C. — Remplir les fonc-
tions du sacerdoce; en latin, loner le Sei-
gneiir.
16. En souvenir, ou e7i holocaiiste : cette
oblation, brulee sur I'autel, avait pour but
de rappeler k Dieu le souvenir d'Israel.
17. Les saintes ordonnattces ; litt., les
alliajices du droit, le droit contenu dans
I'alliance : meme expression xxxviii, 33.
Sur le pouvoir confie au grand pretre
d'interpreter et d'enseigner la loi, voy. Dent.
xvii, 8-1 1.
18. Voy. Nojnbr. xvi; Ps. cvi, 17. Des
e'trangers h. la famille privilegiee, en hebr.
zeriin. Fritzsche trouvant ce mot un peu
faible soupconne qu'il y avait en hebr.
sedi/n, des Jioinnies teineraires, d'une audace
impie.
20. Un heritage : on sait que la tribu de
Levi ne regut, sauf quelques villes dissemi-
nees dans le pays, aucune portion de terri-
toire. Dieu pourvut a sa subsistance en
assignant a ses membres certaines redevan-
ces, premices, dimes, et une part dans les
sacrifices et les oblations. — // leur (en lat.
lui) donna, a Aaron et a ses descendants,
aux pretres et aux Idvites. — Le pain : pro-
bablement les pains d& propositiofi {Exod.
XXV, 30), qui ne pouvaient etre manges que
par les pretres et les levites.
22. Dit le Seigneur : voy. Nombr. xviii, 20.
23. Le troisieiiie, apres Moise et Aaron.
Eleazar, fils dAaron, lui avait succed^
comme grand pretre ; mais comme il ne
joua pas un role preponderant dans I'his-
toire de la nation, I'auteur le neglige. — //
Diontra du zele; en lat., en Piniifant, sans
doute Aaron. — Dans la crainte, au service
du Seigneur. — Dans la defe^ion, (en gr.
hi TpoTr-?i), I'apostasie die peuplc, lorsqu'il prit
part aux sacrifices idolatricjues des Madia-
nites en I'honneur de Beelphegor {Nombr.
xxv). Le tradufteur latin ayant lu suxpoTr^
met in reverentia; si Ton interprete ce mot
par houte, on aura a peu pres le meme sens
qu'en grec.
24. Des pretres, litt. des saints. Lire en
gr. TTpoataTs'iv au lieu de Trpojtax'/jv, et Xaou
au lieu de Xxip. — Dans tous les ages : ces
mots ne doivent pas se prendre dans un
sens trop absolu; le pontificat resta assez
longtemps dans la famille de Phinees, mais
il en sortit par intervalles, pour passer dans
une autre branche de la posterite d'Eleazar.
650
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLV, 25, 26; XLVI, i — 11.
25 De meme qtce I'alliance avec David, fils de Jess^, de la tribu de Juda,
Fit passer I'heiitage du royaume seulement de fils en fils,
De ineine aussi I'heritage d'Aaron appartient \ ses descendants.
26 Que le Seigneur vous donne, 0 grands pritres, la sagesse dans votre coeur.
Pour juger son peuple dans la justice,
Afin que sa prosperite ne disparaisse pas,
Ni sa gloire dans les ages futurs!
CHAP. XLVI.
Chap.
XLVI.
Josue et Caleb [vers, i — 10]. Les Juges [11 — 12].
Samuel [13 — 20].
|L fut vaillant a la guerre Josue, fils de Nun,
Qui succeda k Moise dans la dignite de prophete,
Et qui, verifiant son nom,
Se montra grand dans la delivrance des clus du Seigneur,
Pour chatier les ennemis souleves,
Afin de mettre Israel en possession du pays.
2 De quelle gloire il se couvrit lorsqu'il leva son bras
Et etendit son ep^e contre les villes !
3 Qui jamais avant lui soutint tant de combats,
Quand le Seigneur lui-meme amenait les ennemis?
4 Le soleil, k sa parole, n'a-t-il pas retrograde,
Et un seul jour ne fut-il pas pareil a deux jours?
5 II invoqua le tres haut Souverain
Pendant qu'il pressait I'ennemi de tous cotes,
Et le Seigneur tout-puissant I'entendit.
6 Avec des pierres de grele d'une grande force
Le Seigneur fondit sur la nation hostile,
Et fit perir les adversaires dans le defile,
Afin que les nations idolatres connussent toutes les armes de Josue,
Et que la guerre qu'il soutenait ^tait devant le Seigneur,
Car il suivait la volontd du Tout-Puissant.
7 Dejk aux jours de Moise il avait montre sa pi^te,
Lui et Caleb, fils de Jdphone,
En tenant ferme contre I'ennemi,
En empechant le peuple de pdcher,
Et en faisant taire le murmure des mediants.
8 Aussi ces deux hommes furent-ils seuls conserves
De six cent mille hommes de pied,
Pour etre introduits dans I'heritage,
Dans la terre ou coulent le lait et le miel.
9 Et le Seigneur donna la vigueur a Caleb,
Et elle lui resta jusqu'a la vieillesse,
De sorte qu'il put monter sur les sommets de la region;
Et que sa posterite conserva cet heritage :
10 Afin que tous les enfants d'lsraiil reconnussent
Qu'il est bon de servir le Seigneur.
11 Et les Juges, quel que soit le nom de chacun,
Tous ceux dont le canir ne s'est pas adonne a la fornication,
Tous ceux qui ne se sont pas detournes du Seigneur,
Que leur mdmoire soit en benedidlion !
25. Comparaison entre I'heredite royale
etablie dans la famille de David, et I'heredite
pontificale etablie dans la famille d'Aaron.
Le texte de ce verset a beaucoup souffert;
le 3e membre manque completement en
latin. Meme en grec, il est probable que le
i^"" terme de la comparaison ayant deux he-
mistiches, le 2^, qui se rapporte h I'heritage
du pontifical, en avait egalement deux, que
Ton peut supposer ainsi congus : de ineinc
Valliance, le pacfle fait avec Phinces, fils
d''Elcazar, a fait passer a ses descendants
P heritage d'' Aaron.
26. Voeu de I'auteur pour les grands pre-
tres. Comp. II Macch. iv, 14.
Le latin n'ayant pas le 3^ membre du
vers. 25 reunit en un seul les vers. 25 et 26,
d'ou il resulte que la partie qui correspond
au vers. 26 du grec presente une certaine
confusion.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLV, 31; XLVI, i— 14.
651
31. Et testamentum David regi
filio Jessae de tribu Juda, hereditas
ipsi et semini ejus, ut daret sapien-
tiam in cor nostrum judicare gentem
suam in justitia, ne abolerentur
bona ipsorum, et gloriam ipsorum
in gentem eorum asternam fecit,
— *— CAPUT XLVI. — *—
Laudes Josue, Caleb, et Samuelis.
ORTIS in bello Jesus
Nave successor Moysi in
prophetis, qui fuit ma-
gnus secundum nomen
suum, 2. maximus in salutem ele-
ctorum Dei, expugnare insurgentes
hostes, ut consequeretur heredita-
tem Israel. 3. Quam gloriam ade-
ptus est in tollendo manus suas, et
jactando contra civitates romphasas?
4. Quis ante ilium sic restitit? Nam
hostes ipse Dominus perduxit.
5. "An non in iracundia ejus impe-
ditus est sol, et una dies facta est
quasi duo? 6. Invocavit Altissimum
potentem in oppugnando inimicos
undique, et audivit ilium magnus et
sanctus Deus in saxis grandinis vir-
tutis valde fortis. 7. Impetum fecit
contra gentem hostilem, et in de-
scensu perdidit contrarios, 8.ut co-
gnoscantgentespotentiam ejus, quia
contra Deum pugnare non est fa-
cile. Et secutus est a tergo potentis :
9. *et in diebus Moysi misericor-
diam fecit ipse, et Caleb filius Je-
phone, stare contra hostem, et pro-
hibere gentem a peccatis, et perfrin-
gere murmur malitias. 10. Et ipsi
duo constituti, a periculo liberati
sunt a numero sexcentorum mil-
lium peditum, inducere illos in he-
reditatem, in terram, quas manat
lac et mel, 11. Et dedit Dominus
ipsi Caleb fortitudinem, et usque in
senectutem permansit illi virtus, ut
ascenderet in excelsum terras locum,
et semen ipsius obtinuit heredita-
tem : 12, ut viderent omnes filii
Israel quia bonum est obsequi san-
cto Deo.
13. Et judices singuli suo nomine,
quorum non est corruptum cor :
qui non aversi sunt a Domino, 14. ut
sit memoria illorum in benedictione,
et ossa eorum pullulent de loco suo,
* Num.
6.
14.
CHAP. XLVI .
1. Profhete, dans le sens large : inter-
prete et ex^cuteur des volontes divines,
comme I'avait ete Moise {Dent, xviii, 15).
— So7t noin, qui exprime I'idee de sahtt, de
sauvetir, litt. Jeliovah saimeiir.
2. // leva soft bras : geste de menace. —
Les villes chananeennes.
3. Ame/iait les entteinis, les faisait surgir
en grand nombre, ce qui resultait precise-
ment de la marche vicftorieuse de Josue.
4. A sa parole, hi X^ipt, par sa fnai;i, par
lui; en lat'm, />arsa co/ere, par I'emportement
de son ardeur. — Relrograde, avsTroStaEv •
le cod. Vat. suivi par la V^ulgate porte £v-
£7ro3iff6-fi, fut arrete, ce qui se rapproche
de I'expression du livre de Josue (x, 12 sv.),
stetit.
5. Au lieu de at/Ttov, apres er.rjxouasv, lire
K'jxou (cod. Alex. Vulg. etc.).
6. Avec des pierres de grele dhi7te grandc
force : on peut aussi, avec le cod. Vat. suivi
par la Vulg. joindre ces mots a ce qui pre-
cede : Ventendit, I'exauca, avec (en Ian cant)
des pierres, etc. — - Nation hostile : lire
T.oliiJ'.o'j au lieu de iroAEaov, — Dans le defile
de Bethoron {Jos. x, 11). — Toiites les armes
de Josue, en lisant auxou (cod. Vat. auTwv,
des Israelites) : savoir, que Josue n'avait pas
seulement, pour combattre, I'epee et les
autres armes humaines, mais que Dieu met-
tait a sa disposition les elements de la na-
ture physique, comme la grele. — Devant
le Seigneur, sous ses yeux, et naturellement
avec son secours. — // suivait la volontc :
voy. Jos. xiv, 9.
7. Aux jours de Moise : voy. Nomhr. xiii,
14, 30. — IJennemi, les Chananeens. — Le
viurnmre des Hebreux qui, effrayes par la
relation des espions, demandaient a retour-
ner en Egypte.
8. De 600 inille hofnmes condamnes a pe-
rir dans le desert.
En latin, inducere illos est pour ita ut
Deus induceret eos.
9. Donna la vigiceur : voy. Jos. xiv, 16 sv.
— Monter sur les sommets de la region, la
montagne de Juda autour d'Hebron, et en
faire la conquete.
1 1. Quel que soil le novi de chacun : I'au-
teur ne veut en nommer aucun en particu-
lier. — A la fornication, ^ I'idolatrie : la
652 L'ECCLfiSIASTIQUE. Chap. XLVI, 12—20; XLVII, 1—8.
Chap.
XLVai.
12 Que leurs os refleurissent dii sein de leur tombeau !
Que leur nom se renouvelle dans des erifants heritiers de leur gloire!
13 Samuel fut aime du Seigneur son Dieu;
Prophete du Seigneur, il a etabli la royaute,
Et il a oint des princes pour commander h son peuple.
14 11 a juge la nation selon la loi du Seigneur,
Et le Seigneur abaissa sur Jacob un regard favorable.
15 Par sa veracite il se montra prophete;
A la surete de ses oracles on reconnut un voyant digne de foi.
16 II invoqua le Seigneur souverain
Lorsque ses ennemis le pressaient de toutes parts,
Et il offrit un agneau encore a la mamelle.
17 Et le Seigneur tonna du haut du ciel,
II fit entendre I'eclat puissant de sa voix,
18 Et il ecrasa les chefs des Tyriens,
Et tous les princes des Philistins.
19 Avant d'entrer dans I'eternel sommeil,
Samuel protesta devant le Seigneur et son Oint,
Qu'il n'avait rien requ de personne, pas meme des sandales,
Et aucun homme ne se leva pour I'accuser.
20 Et lorsqu'il se fut endormi, il prophetisa,
Et il annonga au roi sa fin prochaine j
Du sein de la terre il eleva sa voix de prophete,
Afin d'effacer I'iniquite du peuple.
CHAP. XLVII. — Nathan et David [vers, i — 11]; Salomon [12 — 22]; partage
de la nation en deux royaumes, peche et chatiment d'Ephraim [23 — 25].
N SUITE parut Nathan,
Pour prophetiser au temps de David.
2 Comme la graisse est s^paree de la viclime ofiferte en acflion de graces,
Ainsi David a ete mis a part parmi les enfants d'Israel.
3 II joua avec les lions comme avec des chevreaux,
Avec les ours comme avec de jeunes agneaux.
4 Dans sa jeunesse n'a-t-il pas tue le geant,
Et ote Topprobre du peuple,
Lorsqu'il leva la main pour lancer la pierre de sa fronde
Et abattit I'insolence de Goliath?
5 Car il invoqua le Seigneur, le Tres-Haut,
Et le Seigneur donna la force .\ sa droite,
Pour mettre a mort le puissant guerrier.
Pour elever la corne de son peuple.
6 Aussi on le celebra k cause des dix mille.
On le loua a cause des benedicflions du Seigneur,
Et on lui offrit la couronne de gloire.
7 Car il dcrasa les ennemis de tous cot^s,
II foula aux pieds les Philistins, les adversaires;
II brisa leur puissance jusqu'ii ce jour.
8 Dans toutes ses entreprises, il rendit hommage au Saint,
11 chanta le Tres-Haut de tout son coeur dans des hymnes de louange,
Et il aima Celui qui I'avait fait.
nation israelite etait consideree comme
I'epouse de Jehovah. — Que leur meinoi-
?Yy le mot /// de la Vulgate n'est pas dans
le grec.
12. Que leurs os refleurissent, soit par le
souvenir de leurs vertus conserve dans la
mcmoire des hommes, soit plutot par une
posterite nombreuse et vertueuse. — Se re-
nouvelle, en lat. dciiieure.
13. Comp. 1 Sam. viii, x, xvi. — II a eta-
bli, en lat. // a renouvele. — Des princes,
Saiil et David.
14. Juge, gouvern^ comme juge.
15. Comp. 1. Sam. iii, 19 sv.
La Vulg. traduit le 2^ membre : et il fut
reconnu digne de foi daiis ses oracles, car il
vit le Dieu de lumiere.
16. Jl ini'ogua : voy. I Sam. vii, 9. — A
la ma?Jielle, en lat. satis tac/ie.
18. Des Tyriens. Le livre dt Josu^ r\t fait
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLVI, 15—23; XLVII, 1—9. 653
15. et nomen eorum permaneat in
aeternum, permanens ad filios illo-
rum, sanctorum virorum gloria.
16. Dilectus a Domino Deo suo
Samuel propheta Domini, renova-
bit imperium, et unxit principes in
gente sua. 17. In lege Domini con-
gregationem judicavit, et vidit Deus
Jacob, et in fide sua probatus est
propheta. 18. Et cognitus est in
verbis suis fidelis, quia vidit Deum
Reg. 7, lucis : 19. "et invocavit Dominum
^- omnipotentem, in oppugnando ho-
stes circumstantes undique in obla-
tione agni inviolati. 20. Et intonuit
de coelo Dominus, et in sonitu ma-
gno auditam fecit vocem suam,
21. et contrivit principes Tyrio-
rum, et omnes duces Philisthiim :
^eg. 12, 22. "'et ante tempus finis vitas suas
et sasculi, testimonium prasbuit in
conspectu Domini, et Christi, pe-
cunias et usque ad calceamenta ab
omni carne non accepit, et non ac-
ieg. 25, cusavit ilium homo. 23. "Et post
hoc dormivit, et notum fecit regi,
et ostendit illi finem vitas suas, et
exaltavit vocem suam de terra in
prophetia delere impietatem gentis.
— :i:— CAPUT XLVII. — :!:—
Laudes Nathan, Davidis, et Salompnis.
OST hasc surrexit Nathan
'propheta in diebus Da-
vid. 2. Et quasi adeps se-
paratus a carne, sic David
a filiis Israel. 3. *Cum leonibus lusit
quasi cum agnis : et in ursis simili-
ter fecit sicut in agnis ovium in ju-
ventute sua. 4. "Numquid non occi-
dit gigantem, et abstulit opprobrium
de gente.? 5. In tollendo manum,
saxo fundas dejecit exsultationem
Golias : 6. nam invocavit Dominum
omnipotentem, et dedit in dextera
ejus tollere hominem fortem in
bello, et exaltare cornu gentis suas.
7. ''Sic in decem millibus glorifica-
vit eum, et laudavit eum in bene-
dictionibus Domini in offerendo illi
coronam glorias : 8. contrivit enim
inimicos undique, et exstirpavit
Philisthiim contrarios usque in ho-
diernum diem: contrivit cornu ipso-
rum usque in seternum, 9. In omni
opere dedit confessionem Sancto, et
'^ 2 Reg. 12,
I.
* I Reg. 17,
34-
'4 Reg, 17,
49-
■^ I Reg. 18,
7-
aucune mention des Tyriens dans cette
guerre; le traducteur grec aura lu en hebreu
tsorini, Tyriens^ au lieu de tsarim, ennemis.
I ().L'e'ternel soiiimeil^ le sommeil de la mort,
appele ainsi dans le sens large de longue du-
r^e. — II protesta : voy. I Sa//i. xii, 1-3. —
Des saHda/es,pour des objets de nulle valeur.
20. Au roi\ a Saiil : allusion a I'evocation
de I'ame de Samuel par la pythonisse d'En-
dor sur I'ordre de Saiil. — A/in d''effacer^ etc.,
de maniere que, le chatiment subi, Dieu ne
se souvint plus des iniquites du peuple. D'au-
tres : afin de faire cesser Piniqtdte : en an-
nongant d'avance le chatiment qui allait fon-
dre sur Saiil et sur le peuple, Samuel prepa-
rait celui-ci a revenir a Dieu et a le servir
plus fidelement. Comp. I Sam. xxviii, 18 sv.
CHAP. XLVII.
2. Separee, comme la partie la plus pre-
cieuse, pour ctre brCdee sur I'autel des holo-
caustes, tandis que les autres parties de la
vicftime etaient mangees par les pretres et
par ceux qui I'avaient offerte.
3. Voy. I Sam. xvii, 34. II joua, expres-
sion poetique pour : il lutta contre les lions
et en Iriompha facilement.
4. Voy. I Sam. xvii, 4 sv. Dans sa jeu-
nesse ; en latin ces mots sont rattaches au
verset precedent.
5. La come, la puissance.
6. On., le peuple le celebra a cause des dix
mille qu'il ^tait cense avoir tue : allusion
au mot repete par les Israelites : " Saiil en
a tue mille, et David dix mille. " I Sain.
xviii, 7. — Des be'nediclions que Dieu lui
avait accordees en lui pretant son secours.
— La ou une couronne de gloire, de grands
honneurs; ce n'est que plus tard, apres la
mort de Saiil, que les tribus mirent David
a leur tete (II Sam. v, 1-13).
7. II foiila aux pieds; en latin, il aneantit.
II devait y avoir en hebreu iabous, que le
tradufleur grec a rendu un peu inexacfle-
ment, £;ou5£vtoj£. — Jusqtc' ace jour : k par-
tir de David, les Philistins, ces antiques
adversaires d'Israel, devinrent et resterent
dans la suite ses tributaires. Voy. II Sam.
viii, i; xxi, 15 sv. I Rois., iv. 21.
Les mots usque in celernutn sont une ad-
dition du tradufleur latin.
8. Hynmes de louange, les Psaumes. —
II aima : comp. Ps. xviii, i.
654
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLVII, 9—23.
9 II etablit des chantres devant I'autel,
Et par leur voix il fait entendre de douces melodies,
Et chaque jour retentissent des hymnes de louange.
10 II donna de I'eclat aux fetes,
Et line splendeur souveraine aux solennitds,
Pendant que les chantres celebrent le saint nom du Seigneur
Et que, des le matin, ils font resonner le sandluaire,
1 1 Le Seigneur lui pardonna ses fautes,
Et il eleva pour toujours sa puissance;
II lui assura une descendance de rois,
Et le trone de gloire en Israel.
12 Apres lui s'eleva un fils plein de sagesse;
A cause de son pere, il ne connut pas la detresse.
13 Salomon regna en des jours de paix,
Dieu lui ayant procure le repos tout autour,
Afin qu'il batit un temple a son nom,
Et priparat un san<5luaire eternel.
14 Comme tu etais sage dans ta jeunesse,
Et debordant d'intelligence, comme un fleuve!
15 Ton esprit a couvert la terre,
Et tu I'as remplie de sentences au sens cache.
16 Ton nom est arrive jusqu'aux iles lointaines,
Et tu fus aime dans ta paix.
17 Tes cantiques, tes proverbes, tes paraboles
Et tes reponses ont fait I'admiration du monde.
18 Au nom du Seigneur Dieu,
Qui est appele le Dieu d'Israel,
Tu as amasse Tor comme I'etain,
Et amoncele I'argent comme le plomb.
19 Tu t'es livre aux femmes
Et tu as donne puissance sur ton corps.
20 Tu as imprime une tache a ta gloire,
Et tu as profane ta race,
Et ainsi tu as attire la colere sur tes enfants.
21 Je sens une cruelle douleur pour ta folic;
Elle a ete cause que I'empire fut partage
Et que d'Ephraim s'eleva le chef d'un royaume rebelle.
22 Mais le Seigneur n'abandonnera pas sa misericorde,
Et ne fera pdrir aucune de ses ceuvres;
II ne detruira pas la posterite de son elu,
Et ne fera pas disparaitre la race de celui qui I'aimait.
II a laisse a Jacob un reste,
Et a David un rejeton de sa race.
23 Salomon se reposa avec ses peres,
Et il laissa apres lui, de la race d'Ammon,un insense, depourvu de prudence, Roboam,
Qui fit que le peuple s'ecarta de ses conseils,
Et Jeroboam, fils de Nabat,
Qui entraina Israel dans le pechd
Et ouvrit h Ephraim la voie de la prevarication.
9. II fait entoidi-e, au present : cette ins-
titution subsiste encore. — Chaqiie jour :
ce 3^ membre, qui ne se trouve guere que
dans une citation de S. Jerome et dans le
texte de la polyglotte d'Alcala, parait nean-
moins authentique.
10. Une splendeur souveraine; le latin
ajoute vitcc apres consumtnatioftein, ce cjui
amfene ce sens -.jusquW la Jin de sa vie.
11. Pardonna ses fautes : voy. II Sani.
,. — Sa puissance , litt. sa
come. — // lui assura j litt., // //// donna
une alliance, I'engagement que les rois ses
successeurs descendraient de lui.
12. Uti fits plein de sagesse, Salomon
(I Rois, iv, 29). — A cause, en considera-
tion de son pcre David, il ne connut pas la
dc'tresse, il habita au large, sans etre gene
par ses ennemis : hebraisme, dont le tra-
dutleur latin donne a peu pres le sens : il
abattit foute la puissance de ses ennemis.
13. A son /lo/n, eu son honneur.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLVII, 10—29.
655
Excelso in verbo glorias. 10. De
omni corde suo laudavit Dominum,
et dilexit Deum, qui fecit ilium : et
dedit illi contra inimicos potentiam:
1 1 . et stare fecit cantores contra
altare, et in sono eorum dulces fecit
modos. 12. Et dedit in celebratio-
nibus decus, et ornavit tempora us-
que ad consummationem vitas, ut
laudarent nomen sanctum Domini,
et amplificarent mane Dei sanctita-
tem. 13. 'Dominuspurgavitpeccata
ipsius, et exaltavit in asternum cornu
ejus : et dedit illi testamentum re-
gni, et sedem glorise in Israel.
14. Post ipsum surrexit filius sen-
satus, et propter ilium dejecit om-
nem potentiam inimicorum. 1 5. ^Sa-
lomon imperavit in diebus pacis, cui
subjecit Deus omnes hostes, ut con-
deret domum in nomine suo, et
pararet sanctitatem in sempiternum :
quemadmodum eruditus es in ju-
ventute tua, 16. ^et impletus es,
quasi flumen, sapientia, et terram
retexit anima tua. 17. Et replesti in
comparationibus aenigmata : ad in-
sulas longe divulgatum est nomen
tuum, et dilectus es in pace tua.
18. In cantilenis, et proverbiis, et
comparationibus, et interpretationi-
bus miratae sunt terras, 1 9. et in
nomine Domini Dei, cui est cogno-
men, Deus Israel. 20. ''Collegisti
quasi aurichalcum aurum, et ut
plumbum complesti argentum,2 1 .et
inclinasti femora tua mulieribus :
potestatem habuisti in corpore tuo,
22. dedisti maculam. in gloria tua,
et profanasti semen tuum inducere
iracundiam ad liberos tuos, et inci-
tari stultitiam tuam, 23. ut face-
res imperium bipartitum, 'et ex
Ephraim imperare imperium du-
rum. 24. Deus autem non derelin-
quet misericordiam suam, et non
corrumpet, nee delebit opera sua,
neque perdet a stirpe nepotes electi
sui : et semen ejus, qui diligit Do-
minum, non corrumpet. 25. Dedit
autem reliquum Jacob, et David de
ipsa stirpe.
26. Et finem habuit Salomon cum
patribus suis. 27. Et dereliquit post
se de semine suo, gentis stultitiam,
28. et imminutum a prudentia, Ro-
boam, qui avertit gentem consilio
suo : 29. ^et Jeroboam filium Na-
bat, qui peccare fecit Israel, et dedit
viam peccandi Ephraim, et plurima
'' 3 Reg.
27.
10,
'■3 Reg.
16.
12,
' 3 Reg.
28.
14. Coinine unfiettve : il y avait sans doute
en hdbr. le mot ieo?-^ qui designe speciale-
ment le Nil.
IK. A convert : I'image d'un fleuve qui
deborde continue.
16. lies : les Hebreux appelaient ainsi
les contrees riveraines de la Mdditerranee.
— Dans ta paix, a cause de la paix que tu
donnais a ton peuple et aux nations voisines.
17. Tcs rJponses, litt. tes interpretations,
ton habilete a resoudre les enigmes et en
general les questions difficiles.
18. Comp. I Rots, X, 27; II Par. i, 15.
Au noiii die Seigneur, selon sa volonte et
avec son aide. Le 1^ membre fait entendre
pourquoi Dieu voulut que Salomon acquit
de grandes richesses.
19. Tu fcs livre, litt. inclinasti later a
(Vulg. femora) tua. — Tu as donne' puis-
sance, en supposant en hebreu thaschelit ; le
traducfleur grec a rendu imparfaitement ce
mot : tu as etc asservi dans ton corps. Dans
la Vulg., il faudrait mettre dedisti au lieu
de habuisti.
20. Ta race, la race sainte d'lsrael, par
ton commerce avec des femmes etrangeres :
voy. I Rois, ix, i sv.
21. n empire partage, schisme des dix
tribus (I Rois, xi, 31). — Le chef d'un
royaume rebelle au Seigneur, a raison du
culte idolatrique institue par Jeroboam, le-
quel etait de la tribu d'Ephraim (I Rois, xii,
25 sv.).
Dans la Vulg., le i^r membre, rattache au
vers. 20, presente un autre sens : et le cha-
timent sur ta folic.
22. De son elu, de David : comp. Ps.
Ixxxix, 20. — Qui Vaimait : comp. vers. 8.
— A Jacob, au peuple Israelite, un reste, le
royaume de Juda, le veritable Israel durant
le schisme, la portion du peuple de Dieu a
laquelle etait attachee la conservation du
tout. — U7i rejcton de ta race; litt. de luij
probablement de Salomon, et ce rejeton est
Roboam; d'autres : de David, et ce rejeton
designerait coUectivement sa posterite.
23. Se reposa, mourut : voy. I Rois, xi, 43.
— De la race d' Amnion : Roboam etait fils
de Salomon et de I'Ammonite Naama. Cette
traducftion suppose, ce qui est tres vraisem-
656 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLVII, 24, 25; XLVIII, i— 13.
24 Et les peches des Israelites se multiplierent a I'exces,
En sorte qu'on les emmena loin de leur pays.
25 lis se precipiterent dans toute sorte d'iniquites,
Jusqu'a ce que la vengeance vint fondre sur eux.
CHAP. XLVIII.
Chap.
XLVIII.
Elie [vers, i — 11], EHsee [12 — 16], Ezechias et Isaie
[17 — xHx, 3].
NSUITE se leva Elie, prophete semblable au feu,
Et sa parole etait enflammee comme un flambeau.
2 U fit venir la famine sur Israel,
Et par son zele il le reduisit a un petit nombre.
3 Par la parole du Seigneur il ferma le ciel;
De meme il e7i fit trois fois tomber le feu.
4 Combien tu t'es rendu glorieux, 6 Elie, par tes prodiges,
Et qui pourrait se vanter d'etre semblable a toi?
5 Toi qui as fait lever un cadavre du sein de la mort,
Et I'as ramene du sejour des morts par la parole du Tres-Haut;
6 Toi qui as precipite des rois dans la ruine,
Et d'illustres personnages de leur couche dans la mort;
7 Toi qui as entendu sur le Sinai le jugement dii Seigneur,
Et sur I'Horeb I'arret de sa vengeance;
8 Toi qui as sacre des rois pour exeixer la vengeance,
Et des prophetes pour te succeder;
9 Toi qui fus enleve dans un tourbillon de flamme
Et dans un char aux chevaux de feu;
10 Toi qui as ete designe dans de severes oracles pour des temps a venir,
Comme devant apaiser la colere avant qu'elle s'enflamme,
Ramener le coeur du pere vers les enfants
Et retablir les tribus d'Isracl.
1 1 Heureux ceux qui te verront et qui seront pares de I'amour de Dieu!
Car nous aussi nous serons certainement en vie.
12 Lorsque Elie cut disparu, enveloppe dans le tourbillon,
Elisee fut rempli de son esprit.
Durant ses jours il ne fut ebranle par aucun prince,
Et personne ne le domina.
13 Rien ne lui fut impossible,
Et son corps, couch^ dans le tombeau, fit des miracles.
blable, qu'il y avait en hebreu, mizce'ra am-
nion. Le grec, comme le latin, se tradui-
rait : et il laissa apres lui, de sa race, tot
honiine folic de la nalion, c.-a-d. cause de la
folic de son peuple, ou bien le plus sot de
son peuple, ei dcpourvu de sens. — Qui fit,
par sa sotte conduite, que Ic peuple, au lieu
de se soumettre a ses caprices et a ses
exa<nions, se revolta et fit un schisme. On
traduit ordinairement, qui par ses preten-
tions et ses caprices amena un schisme
dans la nation. — Dans le pcchc d'idola-
trie : voy. I Rois, xiv, 16, al.
24. Des Israelites, des habitants du royau-
me d' Israel. — Oti les eni/nena captifs en
Assyrie : voy. II Rois, xvii, 6 sv.
25. La Vulg. ajoute, et les delivrer de tons
Icurs peches, en les leur faisant expier par
le repentir et le chatiment.
CHAP. XLVIII.
1. Semblable au feu, par I'ardeur de son
z^le.
2. Par son zele pour I'honneur du vrai
Dieu. — A un petit nombre, au nioyen de
la famine et d'autres chatiments (I Rois,
xviii, 40).
La Vulg. ajoute : carils ne pouvaient pas
supporter les preceptes du Seigncjir.
3. II ferma le del, pour y retenir la pluie :
Voy. I Rois, xvii, i. — De meme, par la parole
du Seigneur : voy. I Rois, xviii, 38; II, i,
9-14.
5. Allusion k la resurredlion des fils de la
veuve de Sarepta (I Rois, xvii, 20 sv.).
6. Des rois, Achab (I Rois, xxi, 21) : plu-
riel emphatique. — D^illustres personnages:
voy. II Rois, i, 4, 16 sv. Comp. II Par. xi,
IS, 19.
7. Elie (itait fugitif sur le mont Horeb
lorsque Dieu lui revela le chatiment dont il
redundaverunt peccata ipsorum.
30. Valde averterunt illos a terra
sua, 31. Et quassivit omnes nequi-
tias usque dum perveniret ad illos
defensio, et ab oninibus peccatis
liberavit eos.
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLVII, 30, 31; XLVIII, 1-14. 657
tuum ab inferis de sorte mortis in
verbo Domini Dei. 6. Qui dejecisti
reges ad perniciem, erconfregisti
facile potentiam ipsorum, et glo-
riosos de lecto suo. 7. Qui audis in
Sina judicium, et in lioreb judicia
defensionis. 8. Qui ungis reges ad
poenitentiam, et prophetas facis suc-
cessores post te. 9. ''Qui receptus es
in turbine ignis, in curru equorum
igneorum. 10. Qui scriptus es in
judiciis temporum lenire iracun-
diam Domini : 'conciliare cor pa-
tris ad filium, et restituere tribus
Jacob, II. Beati sunt, qui te vide-
runt, et in amicitia tua decorati
sunt : 12. nam nos vita vivimus
tantum, post mortem autem non
erit tale nomen nostrum.
i3,^Elias quidem in turbine te-
ctus est, et in Eliseo completus est
spiritus ejus : in diebus suis non
pertimuit principem, et potentia
nemo vicit ilium : 14. nee superavit
ilium verbum aliquod ^et mortuum
— :i:— CAPUT XLVIII. — :i:—
Laudes Elije, Elisei, Ezechiae, et Isaia;,
quorum oratione Deus liberavit Israel ab
exercitu Sennacherib.
T surrexit Elias propheta,
'quasi ignis, et verbum
ipsius quasi facula arde-
bat. 2. Oui induxit in il-
los tamem, et irritantes ilium mvi-
dia sua pauci facti sunt : non enim
poterantsustinereprascepta Domini.
3, * Verbo Domini continuit coelum,
et dejecit de coelo ignem ter : 4. sic
amplificatus est Elias in mirabilibus
suis. Et quis potest similiter sic glo-
riari tibi.^ C. "Oui sustulisti mor-
allait frapper Achab et ses sujets : voy.
I /^ois, xiv, 1-18.
8. Sacnf, peut-etre dans le sens large,
designe des rots, Hasael pour la Syrie, J^hu
pour Israel. — Voy. I Rots, xix, 15 sv. Comp.
II Rois, ix, I sv. — La vengeance centre le
royaume d' Israel. — Des prophetes : Eli see.
9. Voy. II Rois, ii. 11.
10. Dans de sevcres oracles, litt. des aver-
tissciiients, des reprochesj il s'a*it de la pro-
phetic de Malachie (iv, 5 sv.). D'autres,
pour donner des averiissetnents. — Les
temps a venir sont ceux, non du premier
avenement du Messie, mais du second. De
meme que Jean-Baptiste eut pour mission
de disposer les Juifs de son temps a recon-
naitre Jesus-Christ {Ltic, i, 17), ainsi Elie
doit revenir a la fin du monde pour remplir
une mission semblable aupres des Juifs de
cette epoque, et les convertir a la religion
chretienne. — Avant qiCelle s' enflanuiie et
fasse tomber sur les Juifs incrddules un cha-
timent irremediable. — Le ccvur du pere,
dans Malachie, les ca'iirs des peres, des an-
ciens patriarches, que notre auteur resume
tous en un seul, Abraham. Sens : pour faire
cesser I'eloignement que I'on suppose exister
entre patriarches pieux et fideles et les Juifs
degeneres des derniers temps, et cela en
faisant revivre les sentiments des premiers
dans les coeurs des seconds.
11. Ce verset est tres difficile, et les an-
ciennes versions Font diversement rendu.
Fritzsche, qui entend tout ce passage d'un
prochain retour d'Elie pour reconstituer la
nation juive telle qu'elle etait sous David et
Salomon, prete a I'auteur I'espoir de vivre
assez longtemps pour voir cet heureux eve-
nement : heureux ceux qui, comme nous, (e
verronl k ton retour, et qui seront pleux et
fideles au Seigneur, car noics aussi nous
serons en vie, et nous aurons part aux bene-
di(flions de ces temps nouveaux. Peut-etre
le texte grec est-il altere, ou traduit-il inexac-
tement I'hebreu primitif. Vulgate : Heureux
ceux qui i'ont vii et ont ete honor es de ion
aniltlc! Car nous ne vlvotis que le temps de
notre vie, et apres la niort nous n'aurons
point un par ell nom.
12. Lorsque : au lieu de 6'^ il eut fallu en
grec w?; il devait yavoir en hebreu kdascher,
et non ascher. — La particule et qui com-
mence le 2e membre marque I'apodose, et
pourrait se traduii'e par alors. — Ebranle,
effraye, intimide. Voy. II Rois, iii, 14;
vi, 16, .32; viii, 10, al.
13. Rien, aucune chose; on sait cjue I'he-
breu dabar (Xoyo;, verbtcm) a souvent ce
sens. — Fit des miracles, litt. prophetisa, fit
oeuvre de prophete, ressuscita un mort
(II Rois, xiii, 21).
4 Reg
■Mai. 4, 6.
J" ^ Reg. 2,
II.
?-4Reg.i3,
21.
NO 23 — LA SAINTE BIBLE. TOME (V. — 42
658 L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLVIII, 14—24; XLIX, 1—5.
14 Pendant sa vie il fit des prodiges,"^
Et dans sa mort il opera des merveilles.
15 Malgre tout cela, le peuple ne se repentit point,
Et ne s'dloigna pas du pech.6,
Jusqu'a ce qu'il fut emmene loin de son pays
Et disperse par toute la terre.
II ne resta qu'un petit peuple,
Avec un chef de la maison de David.
16 Parmi ceu.x-ci, quelques-uns firent ce qui est agreable a Dieie,
Et d'autres multiplierent les transgressions.
17 Ezechias fortifia sa ville
Et amena dans son enceinte le Gihon;
Avec le fer il creusa le roclier
Et construisit des reservoirs pour les eaux.
18 De son temps Sennacherib monta,
Et envoya Rabsaces; celui-ci partit
Et leva la main contre Sion,
Et dans son orgueil prononga des paroles de ja(ftance.
19 Alors les coeurs et les mains tremblerent,
Et ils furent dans la douleur comme les femmes dans I'enfantement.
20 lis invoquerent le Seigneur misericordieux,
Etendant leurs mains vers lui,
Et le Saint les entendit aussitot du haut du ciel,
Et les d^livra par le ministere d'Isaie.
21 II frappa I'arm^e des Assyriens,
Et son ange les extermina.
22 Car Ezechias fit ce qui est agreable au Seigneur,
Et se tint ferme dans les voies de David, son pere,
Que lui recommanda Isaie le prophete,
Grand et veridique dans ses visions.
23 Pendant ses jours, le soleil retrograda,
Et Isa'i'e prolongea la vie du roi.
24 Sous une puissante inspiration, il vit les temps a venir,
Et consola les affligds dans Sion;
II annonga ce cjui doit arriver dans toute la suite des temps,
Et les choses cachees avant leur accomplissement.
Chap.
XLIX.
CHAP. XLIX. — Josias [vers, i — 3]; rois de Juda, Jereniie, Ezechiel, les
douze petits prophetes [4 — 12]; Zorobabel, Jesus et Nehemie [11 — 13];
Enoch, Joseph, Sem, Seth et Adam [14 — 16].
^A memoire de Josias est un parfum compose des plus suaves odeurs,
Prepare par I'art du parfumeur :
Dans toute bouche son souvenir est doux comme le miel,
Et comme une musique dans un festin.
II reussit a amener la nation au repentir,
Et il fit disparaitre les abominations de I'impiete.
II tourna son coeur vers le Seigneur,
Et dans les jours des inipies il affermit la pidte.
A I'exception de David, d'Ezechias et de Josias,
Tous les autres se sont rendus coupables de transgressions.
Car ils ont abandonne la loi du Tres-Haut;
Les rois de Juda sont alles ri leur perte.
En effet, ils ont laisse h. d'autres leur puissance,
Et leur gloire ii une nation etrangere.
15. Un petit peuple, le royaume de Juda,
qui ne comprenait que deux tribus.
16. Ceux-ci, les chefs ou rois de Juda.
17. Gihon {Gog en gr. est une mauvaise
reproduclion de I'hebreu gicJion), source a
I'O. de Jerusalem, qui alimentait la piscine
suptfrieure, auj. BirJ:et-Ma>nilla. Ezechias
fit consiruire un aqueduc souterrain pour
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLVIII, 15-28; XLIX, 1—7. 659
prophetavit corpus ejus. 15. In vita
sua fecit monstra, et in morte mira-
bilia operatus est. 16. In omnibus
istis non poenituit populus, et non
recesserunt a peccatis suis usque
dum ejecti sunt de terra sua, et dis-
persi sunt in omnem terram : 17. et
relicta est gens perpauca, et prin-
ceps in domo David. 18. Quidam
ipsorum fecerunt quod placeret
Deo : alii autem multa commise-
runt peccata.
19. Ezechias munivit civitatem
suam, et induxit in medium ipsius
aquam, et fodit ferro rupem, et sed\-
ficavit ad aquam puteum. 20. '''In
diebus ipsius ascendit Sennacherib,
et misit Rabsacen, et sustulit ma-
num suam contra illos, et extulit
manum suam in Sion, et superbus
factus est potentia sua. 21. Tunc
mota sunt corda, et manus ipso-
rum : et doluerunt quasi parturien-
tes mulieres. 22. Et invocaverunt
Dominum misericordem, et expan-
dentes manus suas, extulerunt ad
coelum : et sanctus Dominus Deus
audivit cito vocem ipsorum. 23. Non
estcommemoratus peccatorum illo-
rum, neque dedit illos inimicis suis,
sed purgavit eos in manu Isaias san-
cti prophetas. 24. 'Dejecit castra
Assyriorum, et contrivit illos An-
gelus Domini : 2^. nam fecit Eze-
chias quod placuit Deo, et fortiter
ivit in via David patris sui, quam
mandavit illi Isaias propheta ma-
gnus, et fidelis in conspectu Dei.
26. 'In diebus ipsius retro rediit
sol, et addidit regi vitam. 27. Spi-
ritu magno vidit ultima, et conso-
latus est lugentes in Sion. Usque
in sempiternum 28. ostendit fu-
tura et abscondita antequam eve-
nirent.
— :i:— CAPUT XLIX. — =!:—
De Josia, et quod omnes reges Juda, prte-
ter David, Ezechiam et Josiam, fuerunt
peccatores : de Jeremia, Ezechiele, et
Zorobabel, Jesu filio Josedec, Nehemia,
Henoch, Joseph, Seth, et Sem.
EMORIA Josias in com-
positionem ''odoris facta
opus pigmentarii, 2. In
. omni ore quasi mel indul-
cabitur ejus memoria, et ut musica
in convivio vini. 3. Ipse est directus
divinitus in poenitentiam gentis, et
tulit abominationes impietatis. 4.Et
gubernavit ad Dominum cor ipsius,
et in diebus peccatorum corrobora-
vit pietatem.
5. Pra^ter David, et Ezechiam, et
Josiam, omnes peccatum commise-
runt : 6. nam reliquerunt legem
Altissimi reges Juda, et contempse-
runt timorem Dei. 7. Dederunt
enim regnum suum aliis, et gloriam
'4 Reg. 2c,
II. Is. 38,
" 4 Reg. 22,
I.
en amener les eaux dans I'interieur de la
ville, afin que, en cas de siege, les habitants
n'eussent pas a souffrir de la soif.
x8. Senmichcrib : voy. II Rois^ xviii sv.
— Rabsaccs : voy. II Ro/s, xviii, 17. — Leva
la main : geste de menace.
19. Les ca'urs des Israelites : voy. II Rot's,
xix, I.
20. Far le ministere d^Isaie : c'est k Isaie
qu'Ezechias eut recours, et c'est lui qui an-
noni^a la prochaine delivrance (II Rots, xix,
2 sv. Ls. xxxvii, 2 sv.
21. Voy. II Rots, xix, 35.
22. Dans ses visions; en lat., aiix yeux
dtt Seigneur.
23. Rctrograda : voy. II Rois, xx, i-ii. —
Isaie prolongea, en ce sens seulennent qu'il
annonga au roi la prolongation de sa vie.
24 sv. Voy. II Rois, .\x, 17 sv. Is. xl sv.
CHAP. XLIX.
1. Josias : sur ce roi voy. II Rois, xxii,2;
xxiii, 1-25; II Far. xxxv, 24 sv. — Un par-
fuin, destine k I'autel des parfums {Exod.
xxv, 6; xxxi, 10. — Dans totite houche qui
prononce son nom.
2. // reussit; en latin, // fut destine de
Dieti. — Les abominations , les idoles. Voy.
II Rois, xxiii, 24.
4. Totts les autres rois de Juda, Asa,
Josaphat et Joas, auxquels le livre des
Rois donne aussi des eloges, ne surent pas
faire cesser parmi leurs sujets les prati-
ques idolatriques : voy. I Rois, xv, 11-15;
xxii, 43 sv. II Rois, xii, 3 sv. — Sont alles
a leur perte ; en lat,, ont meprise la crainte
du Seigneur.
5. Une nation etrangere, les Chaldeens.
660
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. XLIX, 6— i6; L, i, 2.
6 lis ont brule la ville choisie du sancluaire
Et ont rendu ses places desertes a cause de Jeremie.
7 Car ils Font maltrait^,
Lui, consacre prophete des le sein dc sa mere,
Pour renverser, ddtruire et faire perir,
En meme temps que pour edifier et planter.
8 Ezecliiel contempla la vision de gloire,
Que le Seigneur lui montra sur le char des Cherubins;
9 Car il songea aux ennemis dans la menace d'une pluie d'orage,
Et il fit du bien a ceux qui suivaient la voie droite.
10 Quant aux douze prophetes.
Que leurs ossements refleurissent du sein de leurs tombeaux!
Car ils ont console Jacob
Et I'ont sauve par une esperance certaine.
11 Comment celebrer Zorobabel?
Car il est comme un anneau de cachet a la main droite.
12 II en est de meme de Jesus, fils de Josedec :
Tous deux, en leurs jours, ont rebati la maison de Dieu,
Et releve le temple, consacre au Seigneur,
Destine k une gloire eternelle.
13 Ndhemie aussi a laisse un grand souvenir,
Lui qui a releve nos murs en mines,
Qui a retabli nos portes avec leurs barres,
Et reconstruit nos maisons.
14 Pas un homme n'a existe ici-bas semblable a Henoch,
Car il a ete enleve de cette terre.
15 Nul vivant ne fut non plus comme Joseph,
Le prince de ses freres, le soutien de sa nation.
Et ses ossements ont ete gardes avec soin.
16 Sem et Seth ont ete glorifies parmi les hommes,
Mais au-dessus de tout etre dans la creation est Adam.
Chap. L.
CHAP. L. — Eloge du grand-pretre Simon : travaux qu'il fit executer au
temple [vers, i^ — 4]; sa majeste dans les fon6lions saintes [5 — 31]. —
Epilogue de I'eloge des Peres : louange au Seigneur; qu'il benisse le
peuple [22 — 24]. Les trois peuples detestes [25 — 26; Conclusion du
livre [27 — 29].
MON, fils d'Onias, est le grand pretre
Qui pendant sa vie repara la maison du Seigneur,
Et durant ses jours affermit le temple.
2 Par lui furent posees les fondations pour porter au double
Le mur eleve qui soutient I'enceinte du temple.
6. Ils ont brfdc la villc, ils ont amene ce
resultat en maltraitant Jeremie et en refu-
sant d'dcouter ses propheties, litt. par ou
au nwyen de Jeremie, k cause de lui.
7. Mallraitc : voy. Jer. xxxvii, 14 sv. ;
xxxviii, 4. Comp. Hcbr. xi, 37. — Consacre
prophete : voy. Jer. i, 5,10. — Pour ren-
7ierser, etc. : la mission du prophete etait
double, d'abord de renverser et ensuite
d'ddifier, c.-k-d. d'annoncer des maux et des
biens.
8. Vox. Ese'ch. i et ii, i.
9. // songea aux ennemis, c.-ii-d. il les
mena9a d'une pluie d'orage, symbole de la
colere divine {EzccJi. xiii. 13; xxxviii, 22).
Cf. Introd. p. 506. — II fit du bien, il an-
nonca des choses heureuses.
10. Douze propketes, ceux que nous appe-
lons pet its prophetes. — Leurs ossements :
comp. xlvi, 12. — Jacob, les Israelites. —
Uont sauve, ont eveille en lui I'espcrance
assuree de la delivrance.
En grec, les verbes des deux derniers
membres sont au singulier; de la plusieurs
exegetes conjecflurent, sans vraisemblance,
qu'une meprise de copiste les aurait inter-
vertis, et que leur place primitive etait h. la
fin du vers. 9, avec Esechiel pour sujet : //
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. XLIX, 8—19; T,, i, 2.
661
suam alienigenae genti. 8. *Incen-
deruntelectamsanctitatiscivitatem,
et desertas fecerunt vias ipsius in
manu Jeremiae. 9. Nam male tra-
ctaverunt ilium, qui a ventre matris
consecratus est propheta, evertere,
et eruere, et perdere, et iterum asdi-
ficare, et renovare. lO.'Ezechiel qui
vidit conspectum glorias, quam
ostendit illi in curru Cherubim.
1 1. Nam commemoratus est inimi-
corum in imbre, benefacere iilis, qui
ostenderunt rectas vias. 1 2. Et duo-
decim prophetarum ossa pullulent
de loco suo : nam corroboraverunt
Jacob, et redemerunt se in fide
virtutis.
13. ''Quomodo amplificemus
Zorobabel.f' nam et ipsequasi signum
in dextera manu, 14. 'sic et Jesum
filium Josedec.'^ qui in diebus suis
aedificaverunt domum, et exaltave-
runt templum sanctum Domino,
paratum in gloriam sempiternam.
15. Et Nehemias in memoria multi
temporis, qui erexit nobis muros
^Gen. 41,
40 et 42. 3
et 45, 5 et
50, 20.
e versos, et stare fecit portas et seras,
qui erexit domos nostras.
16. Nemo natus est in terra qua-
lis Henoch : nam et ipse receptus
est a terra. ly.^Neque ut Joseph,
qui natus est homo, princeps fra-
trum, firmamentum gentis, rector
fratrum, stabilimentum populi :
18. et ossa ipsius visitata sunt, et
post mortem prophetaverunt.
19. ^Seth, et ''Sem apud homines i-Gen.4,25.
gloriam adepti sunt : et super om- ''Gen. 5,31.
nem animam in origine Adam.
— :i:— CAPUT L. — :i:—
Simonis pontificis filii Oni^e praeconia nar-
rantur celebenima : du^ gentes odio
habitas, et tertia stulta : de Jesu filio
Sitach hiiJLis libri au(flore.
IMONOniae"filius,sacer-
dos magnus, qui in vita
sua sufFulsit domum, et in
diebus suis corroboravit
templum. 2. Templi etiam altitude
ab ipso fundata est, duplex asdifica-
" I Mach .
12, 7. 2
Mach. 3, 4.
consola Jacob y etc. Le pluriel serait une cor-
recftion rendue necessaire par I'interversion.
L'auteur ne nomme pas Daniel; mais il
omet egalement d'autres personnages qui
figurent avec honneur dans nos saints
Livres; son silence n'autorise done aucune
conclusion defavorable k I'authenticite du
livre compose par ce prophete.
11. Zorobabel c[m, avec Jesus, ramena la
premiere colonie des tribus captives et pre-
sida a la reconstrudlion de Jerusalem et du
temple. — Aiineati de cacJict, symbole d'une
chose belle et precieuse {Agg. ii, 24).
12. La viaison, en gr. vao'v (cod. Alex.),
et non X«ov, popicliini (cod. Vat.). — Des-
tine a tine gloire eternelle : le Messie devait
y faire son apparition (Agg. ii, 24).
13. Un grand sotcvenir : ItCk -oXu repond
sans doute a I'hebr. j-ab. On pourrait aussi
donner a ces mots, avec le tradufteur latin,
le sens d& pour longteinps : un souvenir qui
ne s'effacera jamais. — Nos niaisons : voy.
Josephe, Antiq. XI, V, 8.
La serie chronologique des grands hom-
mes dont il voulait faire I'eloge etant epuise,
l'auteur revient en arriere et, apres avoir
nomme une seconde fois Henoch, fait men-
tion de trois autres personnages par lesquels
il remonte jusqu'a Adam.
14. Comp. xliv, i6.
15. Prince de ses freres : voy. Geft. xxxvii,
5 sv. — Soiitieji de son peiiple pendant la
famine (Gen. xlii, i sv.). — Gardes avec soin:
comme Joseph lui-meme I'avait recomman-
de (Gen. 1, 25), Moise emporta d'Egypte son
corps embaume (Exod. xiii, 19), qui fut en-
terre plus tard a Sichem (Jos. xxiv, 32).
Le latin traduit deux fois le 2e membre,
et il ajoute au 3^ : et its (ses ossements) out
prophetisc apres sa mort : emprunte a
xlviii, 14.
16. Sent, le fils aine de Noe, et Seth, le
3^ fils d'Aclam; en lat. Seth et Sent. — Adam.,
sorti immediatement des mains de Dieu et
pere du genre humain.
CHAP. L.
1. Simon : voy. I'introducftion.
2. Ce verset n'est guere moins difficile en
grec qu'en latin, et comme nous ne posse-
dons aucun autre document qui nous ren-
seigne sur les travaux executes par Simon,
notre traduction reste conjeflurale.
Porter au double, soit en hauteur, soit en
epaisseur. — Venceinte du temple, le peri-
metre du sol sur lequel le temple etait bati.
En latin : par lui Jut Jondc, assis sur de
solides fondements, le haut edifice du tem-
ple, la double construflion et les n:urailles
elevees die temple.
662
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. L, 3—20.
3 De son temps fut fabrique le reservoir des eaux;
L'airain dent il etait forme avait le perimetre de la mer.
4 II prit soin de son peuple pour le preserver de la ruine,
Et fortifia la ville contre un siege.
5 Ou'il etait majestueux lorsque, devant le peuple rassemble tout autour,
II sortait de la maison du voile I
6 // I'hxit comme I'etoile du matin qui etincelle a travers le nua;je,
Comme la lune aux jours de son plein,
7 Comme le soleil qui resplendit sur le temple du Tres-Haut,
Et comme I'arc-en-ciel qui brille au milieu des nuees lumineuses;
8 Comme la fleur des roses aux jours du printemps,
Comme les lys sur le bord des eaux,
Comme le rameau de I'arbre odoriferant aux jours de I'ete,
g Comme le parfum sur le feu de I'encensoir,
Comme un vase d'or massif
Orn^ de toutes sortes de pierres precieuses,
10 Comme I'olivier qui pousse ses fruits
Et comme le cypres qui s'eleve dans les nuages.
11 Quand il avait pris la robe d'honneur
Et revetu tous ses ornements,
Et qu'il montait a I'autel saint,
II faisait I'esplendir les abords du sancluaire.
12 Mais quand il recevait les parties de la vi6\ime de la main des pretres,
Et se tenait debout pres du foyer de Tautel,
Ses freres formant une couronne autour de lui,
Alors il paraissait comme un cedre majestueux sur le Liban,
Et les pretres I'entouraient comme des palmiers.
13 Tous les fils d'Aaron etaient revetus de leurs magnifiques ornements,
Et ils tenaient dans leurs mains I'offrande pour le Seigneur devant toute I'assemblee
d'Israel.
14 Et lorsqu'il avait acheve le service sur les autels,
Afin d'embellir I'offrande du Tres-Haut tout-puissant,
II etendait la main sur la coupe aux libations,
Et rdpandait le sang de la grappe.
15 II le versait sur la base de I'autel,
Parfum d'agreable odeur au Tres-Haut, au grand Roi.
16 Alors les fils d'Aaron poussaient des cris,
lis sonnaient de leurs trompettes artistement travaillees
Et faisaient entendre d'dclatantes clameurs en souvenir devant le Tres-Haut.
17 Et tout le peuple a la fois s'empressait
Et tombait la face contre terre pour adorer leur Seigneur,
Le Dieu tout-puissant, le Tres-Haut.
18 Et les chantres, deployant leur voix, le louaient;
Le vaste temple retentissait de doux accords.
ig Et le peuple suppliait le Seigneur tr^s haut,
Se tenant en priere devant le Misericordieux,
Jusqu'h ce que les ceremonies du Seigneur fussent achevees,
Et que les pretres eussent accompli les foncftions sacrees.
20 Alors le grand pretre descendait et elevait sa main
Sur toute I'assemblee des enfants d'Israel,
3. Le temple etant situe sur une hauteur, il
fallaityameneretyconserverbeaucoup d'eau
pour les ablutions. Le grand bassin appele
mer d'airain, que Salomon avait fait fondre,
servait a cet usage; mais les Chalddens
I'avaient brise et emporte k Babylone. Simon
en fit fabriquer un autre de meme matit're
et de meme dimension. — En latin : de son
temps Peaii coula dmis les reservoirs, abo/i-
danunent rcittpUs coiiuiie la mer d\iirain.
4. De la ruinc : ce mot est explique par
le 2^ membre. — Contre 1111 sici^e, pour em-
pccher qu'elle ne fut assieg^e. Comp. Jose-
phe, A7iiiq. XII, i, i.
Le latin traduit le 2^ membre : il fut
asses puissant pour agrandir la ville.
5. La maison du voile, le Saint des Saints,
separe du Saint par un voile, et ainsi cache
aux regards de la foule. Le grand pretre n'y
entrait qu'une fois chaque annee, en la fete
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. L, 3—22.
663
tio et excels! parietes tenipli. 3. In
diebus ipsiiis emanaverunt putei
aquarum, et quasi mare adimpleti
sunt supra modum. 4. Oui curavit
gentem suam, et liberavit earn a
perditione.
5. Qui prasvaluitamplificare civi-
tatem, qui adeptus est gloriam in
conversatione gentis : et ingressum
domus, et atrii amplificavit. 6. Quasi
Stella matutina in medio nebulas, et
quasi luna plena in diebus suis lucet.
7. Et quasi sol refulgens, sic ille
effulsit in temploDei. 8. Quasi arcus
refulgens inter nebulas gloriac, et
quasi flos rosarum in diebus vernis,
et quasi lilia qua: sunt in transitu
aquas, et quasi thus redolens in die-
bus aestatis. 9. Quasi ignis effulgens,
et thus ardens in igne. 10. Ouasi
vas auri solidum, ornatum omni
lapide pretioso. Quasi oliva pullu-
lans, et cypressus in altitudinem se
extollens,
In accipiendo ipsum stolam glo-
riae, et vestiri eum in consummatio-
nem virtutis. 12. In ascensu altaris
sancti, gloriam dedit sanctitatis ami-
ctum. 13. In accipiendo autem par-
tes de manu sacerdotum, et ipse
stans juxta aram. Et circa ilium co-
rona fratrum : quasi plantatio cedri
in monte Libano, 14. sic circa ilium
steterunt quasi rami palmas, et om-
nes filii Aaron i n gloria sua. 1 5.0bla-
tio autem Domini in manibus ipso-
rum, coram omni synagoga Israel :
et consummatione fungens in ara,
amplificare oblationem excelsi regis
16, porrexit manum suam in liba-
tione, et libavit de sanguine uvae,
17. Effudit in fundamento altaris
odorem divinum excelso principi.
I H.Tunc exclamaverunt filii Aaron,
in tubis productilibus sonuerunt, et
auditam fecerunt vocem magnam
in memoriam coram Deo. 19. Tunc
omnis populussimul properaverunt,
et ceciderunt in faciem super ter-
ram, adorare Dominum Deum
suum, et dare preces omnipotent!
Deo excelso. 20. Et amplificaverunt
psallentes in vocibus suis, et in ma-
gna domo auctus est sonus suavita-
tis plenus. 21. Et rogavit populus
Dominum excelsum in prece,usque-
dum perfectus est honor Domini, et
munus suum perfecerunt. 22. Tunc
descendens, manus suas extulit in
omnem congregationem filiorum
des Expiations. — En latin : il acquit de la
gloire dans ses rapports avec la nation, et il
elargit Cetitree de la 7naison et du parvis.
6. Le nieage, les vapeurs qui precedent
I'aurore.
7. En latin : comme le soleil eclatant, il
(Simon) etait resplendissant dans le tem-
ple de Dicu. — Niiees bimijieuses, preci-
sement parce que I'eclat de Tare en-ciel s'y
retlete.
8. Stir le bord des eaiix, litt. aux sources
des eaux. — Le ranieau d'un arbre odorife-
rant, en lat. I'encens odoriferant.
9. Comme Vencens sttr le feujWli,, comme
le feu et I'encens.
10. Le cypres : voy. xxiv, 17.
Suit le tableau du grand pretre offrant
le sacrifice.
1 1. La robe d'honneur, la robe de dessus,
d'un beau bleu violace, mentionnee dejk
xlv, 9. Voy. Exod. xxviii, 31. — Lautel
saint, I'autel des holocaustes. — II faisait
resplendir, eic; en latin, il resplendissait
a%iec ses vt'temenfs s acres.
M2. Un cedre, litt. un rejetoti de cedre, poe-
tique pour im cedre. — Des palmiers, litt.
des tiges ou troncs de palmiers.
14. Stir les autels des holocaustes et des
parfums. En lat. sur Pautel. — AJin d'em-
/;^///r,orner,rendre parfaite,etc. Ce 2^ mem-
bre exprime I'intention de Fadion decrite
dans le 3^. — Le sang de la grappe, le vin :
voy. xxxix, 26.
15. Sur la base de I'autel : voy. Exod.
xxix, 12; Lev. viii, 15.
16. Artistenient travaillees, litt. en metal
battu au martcau. — En souveni?', pour
rappeler le peuple au souvenir du Seigneur :
comp. Exod. xxviii, 29. Ce mot n'est pas
dans la Vulgate.
18. Le vaste temple retentissait, en lisant
TrXe'^aTO) ot'xtp ; d'autres manuscrits portent
ttX . . , -Ji/w : avec un grand eclat retentis-
saient de doux accents.
19. Le peuple etait prosterne pendant que
les pretres et les levites accomplissaient les
ceremonies principales du sacrifice.
20. Descendait de I'autel des holocaustes.
— Do7iner la bencdiflion de la part du Sei-
gneur, en lat. rendre gloire a Dieu. — Se
664
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. L, 21—29; LI, 1—4.
Pour donner de ses levres la benedi<flion de la part du Seigneur
Et se glorifier en son nom.
21 Et le peuple se piosteinait de nouveau
Pour recevoir la benediction du Tres-Haut.
22 Et maintenant b^nissez le Seigneur de I'univers,
Qui fait partout de grandes choses,
Qui a exalte nos jours depuis I'origine
Et nous a traites selon sa misericorde.
23 Qu'il nous donne la joie du coeur,
Et que la paix soit en Israel de nos jours comme aux jours du passe!
24 Que sa misericorde demeure perpecuellement avec nous,
Et Cju'il nous delivre quand son jour sera venu!
25 II y a deux nations cjue de teste mon ame,
Et la troisieme n'est pas inenie une nation :
26 Ceux qui demeurent dans la montagne de Seir, les Philistins,
Et le peuple insense cjui habite Sichem.
fiPILOGUE [L, 27 — LI, zo'].
Conclusion, derniere priere et instruction finale de I'auteur.
27 J'ai consigne dans ce livre un enseignement d'intelligence et de science,
Moi, Jesus, fils de Sirach, de Jerusalem,
Qui ai fait couler a flots la sagesse de mon coeur.
28 Heureux celui qui fera de ces enseignements son occupation!
L'homme qui les recueille dans son coeur deviendra sage;
29 Car s'il les met en pratique, il triomphera de tout,
Parce que la lumiere du Seigneur est son sentier.
CHAP. LI. — - Appendice, Louange et action de graces au Seigneur qui m'a
sauve d'un peril mortel [vers, i — 12]. Moyens employes par I'auteur
pour acquerir la sagesse [13 — 22]; exhortation a suivre son exemple.
Priere de Jesus, fils de Sirach.
Chap. LI.
^ME veux vous celebrer, Seigneur, Roi;
n! Je veux vous louer, 6 Dieu Sauveur,
vi-i^ Je celebre votre nom.
; Car vous avez ete pour moi un protecieur et un secours,
Vous avez sauve mon corps de la ruine,
Du filet de la langue calomnieuse,
Des levres de ceux qui trament le mensonge,
Et vous avez ^te mon defenseur contre mes adversaires.
1 Vous m'avez delivre selon votre grande misericorde et selon votre nom,
De ceux qui rugissaient, prets h. me devorer,
De la mam de ceux qui en voulaient a ma vie,
De toutes les tribulations dont j'etais assiege;
|, De la suffocation du feu qui m'entourait,
Du milieu d'un feu que je n'avais pas allume,
glorifier en son nom, ou de son 710 vi, recon-
naitre, dans un sentiment profond de grati-
tude, la grandeur de Dieu et sa bontc envers
son peuple.
21. Dii nouveau : comp. vers. 19. — Potcr
recevoir, en gr. £T:t3£;ac7ba'.. Le cod. Vat. a
iKt^£';ac70ai, pour niontrer la bcnediflion
recue du Trls-Haut, c.-a-d. pour temoigner
par cette humble attitude que c'etait la be-
nedicftion de Dieu qu'il recevait par la main
du grand prctre. Comp. Nombr. vi, 22 sv.
En latin, voulant inonlrer ia puissance dc
Dieu. — Suit I'epilogue de Ve/o^^e des Peres.
22. Benissez, louez. — De I'univers, en
gr. -0£vT(ov ; le cod. Vat. porte -ravxi; : be-
nissez tons le Seigneur. — Qui a exalte nos
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. L, 23—31; LI, 1—6.
665
Israel dare gloriam Deo a labiis
suis, et in nomine ipsius gloriari :
23. et iteravit orationem suam, vo-
lens ostendere virtutem Dei.
24. Et nunc orate Deum omnium,
qui magna fecit in omni terra, qui
auxit dies nostros a ventre matris
nostras, et fecit nobiscum secundum
suam misericordiam : 25. det nobis
jucunditatem cordis, et fieri pacem
in diebus nostris in Israel per dies
sempiternos : 26. credere Israel no-
biscum esse Dei misericordiam, ut
liberet nos in diebus suis.
27. Duas gentes odit animamea:
tertia autem non est gens, quam
oderim : 28. qui sedent in monte
Seir, et Philisthiim, et stultus po-
pulus, qui habitat in Sichimis.
29. Doctrinam sapientise etdisci-
plinas scripsit in codice isto Jesus
filius Sirach Jerosolymita, qui reno-
vavit sapientiam de corde suo.
30. Beatus, qui in istis versatur bo-
nis : qui ponit ilia in corde suo, sa-
piens erit semper. 31. Si enim haec
fecerit, ad omnia valebit : quia lux
Dei, vestigium ejus est.
-^^ CAPUT LI. — ^i^
Dei laus, exaltatio, et gratiarum aflio.
^RATIO Jesu filii Sirach :
Confitebor tibi Domine
rex,et collaudabo teDeum
salvatorem meum. 2. Con-
fitebor nomini tuo : quoniam adju-
tor et protector factus es mihi, 3. et
liberasti corpus meum a perditione,
a laqueo linguae iniquas, et a labiis
operantium mendacium, et in con-
spectu astantium factus es mihi ad-
jutor. 4. Et liberasti me secundum
multitudinem misericordias nominis
tui a rugientibus, prasparatis ad
escam, 5. de manibus quasrentium
animam meam, et de portis tribula-
tionum quae circumdederunt me :
6. a pressura flammas, quae circum-
joiirs, qui les a rendus glorieux et heureux,
en donnant a noti'C nation, dans le cours de
son histoire, tant de saints personnages.
23. La patx, ce qui comprend aussi le
bonheur. — Coin7ne mix jours du passe j en
lat. pour des jours eternels, a jamais.
24. DeDieiire perpetuellcment : l\i.-K:i-vj'ztj.:
repond a I'liebr. ieaiiie/i, ici soil stable.
Le latin traduit le i^'' membre : ajin que
Israel (ce mot n'est pas dans le grec) croie
que la iniserlcorde de Dieu est avec jwus.
Ces souhaits de bonheur pour sa nation
rappellent naturellement a 1 auteur le sou-
venir des peuples voisins dont elle a eu et
dont elle a encore beaucoup a souffrir.
25-26. La 7/10/1 tagjie de Seir (en gr. '^r\z<.o;
Sap-asia? est une faute de copiste), s'etend
de la mer Morte au golfe Elamitique. II s'agit
des Idumeens, ennemis hereditaires dupeu-
ple de Dieu : voy. Ezech. xxxv; I Macch.
V, 65. — Philisti/is : comp. Ezech. xxv,
15 sv. II Esdr. xiii, 23 sv. I Macch. x, 48 sv.
— Qui habite/it Sic/ie/ii, cap. des Samari-
tains; ramassis de peuples divers envoyes
par les Assyriens pour remplacer les habi-
tants du royaume d'lsraijl emmenesen cap-
tivite, ils ne formaient pas un peuple homo-
gene. — I/isefise, sot et impie, selon la force
du mot hebr. nabal. C'etait une injure que
de donner a un juif le nom de Samaritain :
com.^. Jean, viii, 48.
Conclusion du livre tout entier :
27. J\ii co/isig/te, litt. grave', pour insi-
nuer le soin et le travail que I'auteur a mis
a ecrire son livre. Plusieurs manuscrits,
suivis par la Vulg., ont la yt personne :
Jesus, fits de Sirach, a co/isig/te. — U?t e/i-
seig/ie//te/it qui donne Pi/itellige/ice, etc. —
Fait couler, V\\.\.. fait pleuvoir; en lat., qui
ai re/iouvele, expose de nouveau apres d'au-
tres, tels c[ue Salomon.
29. De tout, de toutes les difficultes de la
vie. — La lu//iiere, I'enseignement du Sei-
g/ieur est le se/iiier oil il marche; ou bien :
eclaire so/i sc/itier, le chemin ou il doit mar-
cher et ou, en y marchant, il ne fera pas de
chute, il sera heureux.
CHAP. LI.
2. De la rui/ie : le fils de Sirach avait ete
menace de mort par suite d'une denoncia-
tion mensongere adressee au roi aucjuel la
Palestine etait alors soumise. — ■ Mes adi'er-
saires, litt. ceux qui se te/iaie/it aupres : de
moi, c.-a-d. contre moi; d'autres : du roi,
pour m'accuser devant lui.
3. Selo/t voire /10//1, qui est celui d'un Dieu
juste et bon. — Ceux qui rugissaie/il, les
calomniateurs : comp. Ps. xxii, 14. — A //le
dcvorer, litt. a la proie.
4. Du feu, symbole de I'epreuve : comp.
Ps. xvii, 3; Ixvi, 10 sv. : dans tout ce mor-
666
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. LI, 5—22.
5 De I'abime profond du sejour des morts,
De la langue impure,
De la parole mensongere adressee au roi,
De la calomnie d'une langue injuste.
6 Mon ame s'approchait de la mort,
Et ma vie touchait au sejour souterrain.
7 lis m'entouraient de toutes parts,
Et il n'y avait personne pour venir a mon aide;
Je regardais apres le secours des hommes,
Et il n'y en avait aucun.
8 Alors je me suis souvenu de votre misericorde, Seigneur,
Et de vos oeuvres dans les temps antiques;
Je me suis souvejiii que vous tiriez du peril ceux qui esperaient en vous,
Et que vous les delivriez des mains des nations idolatres.
9 Et prosterne contre terre j'ai fait monter ma priere,
Et je vous ai conjure de me sauver de la mort.
10 J'invoquai le Seigneur, pere de mon Seigneur,
Pour qu'il ne m'abandonnat pas aux jours de ma detresse,
Au temps des orgueilleux, oii il n'y avait pas de secours.
11 Je louerai sans cesse votre nom,
Et je le chanterai dans ma reconnaissance;
Et ma priere a ete exaucee.
12 Car vous m'avez sauve de la ruine
Et vous m'avez delivre au temps du malheur.
C'est pourquoi je vous celebrerai et je vous louerai,
Et je benirai votre nom.
13 Ouandj'etais encore jeune,
Avant de m'egarer dans la voie de I'erreur,
J'ai prie ouvertement pour obtenir la sagesse.
14 Je I'ai demandee devant le temple,
Et je la rechercherai jusqu'a la fin,
15 En voyant sa fleur, comme a la vue de la grappa qui se colore,
Mon coeur se rejouissait en elle;
Avec elle, mon coeur a suivi le droit chemin;
Des ma jeunesse je me suis mis k sa recherche.
16 Je lui ai prete I'oreille un peu de temps et je I'ai recueillie,
Et j'ai trouv^ pour moi une grande instrucflion.
17 Grace a elle, j'ai retire un grand profit : —
A Celui qui m'a donnd la sagesse je veux rendre gloire! —
18 Car je me suis resolu k la mettre en pratique,
Et me suis applicjue a faire le bien,
Et je ne serai pas confondu.
19 Pour elle mon ame a lutte
Et j'ai apporte un grand soin k mes a(flions.
20 Vers elle j'ai dirige mon ame,
Et par la purete de la vie je I'ai trouvee.
Avec elle, des le commencement, j'ai acquis rintelligence,
C'est pourquoi je ne serai jamais abandonne.
21 Mes entrailles se sont emues k sa recherche;
Aussi ai-je acquis un bien precieux.
22 Le Seigneur m'a donnd en recompense le don de la parole,
Et j'en userai pour le louer.
ceau abondent les expressions et les images
familieres aux Psaumes. — ITitn feu que je
)i(ivais pas aliuuii', clant innocent, mais qui
n'etait allumc que par la calomnie. En latin,
et au milieu dufeu je n'ai ftas ete brule.
5. Au roi : ce mot pourrait aussi bien ctre
joint k caloDinie dans le membre suivant.
En lat., d^un roi inique et des levres iiijus-
tes. — De la calonuiie : en grec (cod. \'at.)
ce mot est au nominatif, mais par suite
d'une faute du traduc^eur; le cod. Alex, le
met au genitif.
6. Mon dure, etc. Comp. Fs. xviii, 5 sv.
civ, 17. En latin : jttsqu'a ma mort mon
dine louera le Scii^neur : ce qui interrompt
la suite des idees.
7. Comp. Ps. vii, 3; cvii, 12.
g. IF t prosterne', etc. En latin : t'ous ai'ez
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. LI, 7—30.
667
dedit me, et in medio ignis non sum
aestuatus : 7. de altitudine ventris
inferi, et a lingua coinquinata, et a
verbo mendacii, a rege iniquo, et a
lingua injusta : 8. laudabit usque
ad mortem anima mea Dominum,
9, et vita mea appropinquans erat
in inferno deorsum. to. Circumde-
derunt me undique, et non erat qui
adjuvaret.Respicienseram ad adjuto-
rium hominum,et non erat, 1 1. Me-
moratus sum misericordias tuae Do-
mine, et operationis tuas, qu« a sas-
culo sunt : 12. quoniam eruis susti-
nentes te Domine, et liberas eos de
manibus gentium. 13. Exaltasti su-
per terram habitationem meam, et
pro mortedefluente deprecatus sum.
i4.Invocavi Dominum patrem Do-
mini mei, ut non derelinquat me in
die tribulationis meas, et in tempore
superborum sine adjutorio, i5.Lau-
dabo nomen tuum assidue, et col-
laudaboilludin confessione,etexau-
dita est oratio mea. 16. Et liberasti
me de perditione, et eripuisti me de
tempore iniquo. 17. Propterea con-
fitebor, et laudem dicam tibi, et be-
nedicam nomini Domini.
18. Cum adhuc junior essem,
priusquam oberrarem, quassivi sa-
pientiam palam in oratione mea.
19. Ante ternplum postulabam pro
ilia, et usque in novissimis inquiram
eam. Et effloruit tamquam prascox
uva, 20. lastatum est cor meum in
ea. Ambulavit pes meus iter rectum,
a juventute mea investigabam eam.
21. Inclinavi modice aurem meam,
et excepi illam. 22. Multam inveni
in meipso sapientiam, et multum
profeci in ea. 23. Danti mi hi sapien-
tiam, dabo gloriam. 24. Consiliatus
sum enim ut facerem illam : zelatus
sum bonum, et non confundar.
25. Colluctata est anima mea in ilia,
et in faciendo eam confirmatus sum.
26. Manus meas extendi in altum,
et insipientiam ejus luxi. 27. Ani-
mam meam direxi ad illam, et in
agnitione inveni eam. 28. Possedi
cum ipsa cor ab initio : propter hoc
non derelinquar. 29. Venter meus
conturbatus est quasrendo illam :
propterea bonam possidebo posses-
sionem. 30. Dedit mihi Dominus
linguam mercedem meam : et in
ipsa laudabo eum.
exalte ina viaison siir la terre; au lieu de
Ix.ETEt'av, prih'e, le tradufteur a lu otXcTEtav,
et a donne a ce mot le sens de olxi'av, ce qui
I'a amene a mettre le verbe a la 2^ personne.
10. Pere de ino7i Seigneur, du Fils de
Dieu, du Messie, liberateur promis a Israel,
dont David pailait d^ja dans ses Psaumes
(ii, 7; ex, i). Les exegetes rationalistes re-
jettent cette interpretation, qu'ils attribuent
a une erreur du tradutteur grec; d'apres
Fritzsche, le texte original portait abi vea-
dxniai : (Dieu) nion pcre et j/w?t seignetir.
Conjecture fausse. Le texte retrouve au-
jourd'hui donne : abi adonar, conforme-
ment a la Vulgate.
13. Dans la voie de Verreiir et du peche.
On peut aussi entendre 7rXocvfj6/)va[ dans le
sens de errer sur la ter7-e etrangere, peut-
etre pour echapper au danger de mort dont
il vient d'etre parle; ou bien encore de voya-
ger a I'etra/iger pour son instrucflion (comp.
xxxiv, 12). — y^i prie ouverfement, etc., a
I'exemple de Salomon (I Rois, iii, 6 sv.).
14. Devant le temple, dans le parvis des
fideles, le visage tourne vers le sandluaire :
comp. Ps. V, 8.
16. Un pen de temps, compare a I'impor-
tance du resultat.
1 7. J'ai retire un gra7id profit, oufai fait
de grands progres. Ce i<^'' membre trouve
son explication dans le vers. 18.
18. Je tie serai pas confondu, mes efforts
ne seront pas sans resultat.
19. Pour el le, pour I'acquerir et trionipher
des difficultes de sa mise en pratique. —
A mes a&ions, en gr. £v Tro'.Tjjst aou (cod.
Alex.); XijJLoS du cod. Vat. est une faute ma-
nifeste; peut-etre y avait-il a I'origine vo'ij.ou,
a Vaccomplissement de la loi.
20. La purete' de la vie est la condition et
la compagne de la sagesse. Le latin met,
in agnitiotie, probablement en c/ierchant a
la conjiaitre. — Avec elle : fJ-ST' auTwv est
une erreur du traducleur ou du copiste pour
;j.£t' a'jxfj;. Abandonne d'elle : elle m'assis-
tera tou jours.
21. Mes entrailles.^ le plus intime de mon
etre, se sont eniues, litt. troublees, n'ont pas
eu de repos, ont eu un zele ardent. — Ai-je
acquis, en la trouvant.
22. Le don de la pa7-ole, de bien parler en
general, et sp^cialement de la sagesse.
668
L'ECCLESIASTIQUE. Chap. LI, 23—30.
23 Approchez-vous de moi, ignorants,
Et etablissez votre demeure dans la maison de I'instruflion,
24 Puisque vous manquez de sagesse
Mt que vosames ont grandeniient soif.
25 j'ouvre ma bouche et je parle :
Procurez-vous-la sans argent.
26 Pliez votre con sous le joug,
Et que votre ame receive I'inslruflion;
II n'y a pas :\ aller loin pour la trouver.
27 Voyez de vos yeux que j'ai travaille pen de temps
Et que j'ai trouve un grand repos.
28 Prenez part a I'instrutlion c\ grand prix d'argent,
Et avec elle vous aurez acquis de For en abondance.
29 Que votre ame se rdjouisse de la misericorde du Seigneur,
Et ne rougissez pas de sa louange.
30 Accomplissez votre ctHivre avant le temps,
Et en son temps il vous donnera la recompense.
23. Etablissez I'otre demeure; en \^\..,ras-
sembles-vous.
24. Ont soif,, ont le besoin et le desir de la
sagesse. En latin : poiirquoi iardes-iwus,
et qtte dites-vous a eel a? Vos dines, etc.
25. Sans argent : les dofleurs juifs don-
naient leurs legons gratuitement. Comp.
Is. Iv, I.
26. Pliez voire C021 : comp. vi, 23 sv.
27. Pen de temps : voy. vers. 16.
28. Prenez part : I'imperatif n'est que
pour le tour de phrase; c'est comme s'il y
LIBER ECCLESIASTICI. Cap. LI, 31—38.
669
31. Appropiate ad me indocti, et
congregate vos in domum discipli-
nas : 32. quid adhuc retardatis.^ et
quid dicitis in his.^ animas vestras
sitiunt vehementer. 23- Aperui os
meum, et locutus sum '• Comparate
vobis sine argento, 34. et collum
vestrum subjicite jugo, et suscipiat
anima vestra disciplinam : in proxi-
mo est enim invenire earn. 35. Vi-
dete oculis vestris quia modicum
laboravi, et inveni mihi multam re-
quiem. s6. Assumite disciplinam in
multo numero argenti, et copiosum
aurum possidete in ea. 37. Lastetur
anima vestra in misericordia ejus, et
non confundemini in iaude ipsius.
38. Operamini opus vestrum ante
tempus, et dabit vobis mercedem
vestram in tempore suo.
avail : lors meme que vous auriez depense
beaucoup d'argent pour avoir part a la sa-
gesse, avec elle vous seriez encore tres
riche. Comp. ProiK viii, 1 1 ; Sag. vii, 8 sv.
29. De la misih-icorde dit Seigneur, en
tant qu'il vous a fait le plus precieux de
tous les dons, celui de la sagesse. — Ne
fougisses pas : ayant rtqu de lui la sagesse,
vous pouvez le louer de tout votre cceur.
30. l^o/re a'uvre, ce qui est pour vous un
devoir, savoir, de poursuivre la sagesse et de
mettre en pratique ses enseignements. —
Avant le teinps ou il serait trop tard de le
vouloir : comp. Gal. vi, 10.
t^ ?^^ yt<: K :<',g :<^): 'fi^. w i<y. :' v' :<9: M '■'^^ '!V. yj. >;: ? y. :<y. :^y. hj. :^. '^s. m :<',)' :<^<^ :'^>: 'fiS- 'fis. 's^s, ^' :^^>' 'i^. 'i^. w m ^. 'm m 'fix y-s. 'fis.
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LES PSAUMES.
Introduction.
LIVRE PREMIER.
lum
el
lO
Psau
»
II
lO
»
»
Ill
12
»
»
IV
14
»
»
V
14
»
»
VI
16
»
»
VII
iS
>
»
VIII
20
»
»
IX
22
»
»
X(Vulg. IX). .
24
^>
»
XI (Vulg. X).
26
»
»
XII (Vulg. XI). .
26
»
»
XIII (Vulg. XII).
28
»
»
XIV (Vulg. XIIIj.
. 28
»
»
XV (Vulg. XIV).
30
»
»
XVI (Vulg. XV). .
30
»
»
XVII (Vulg. XVI). .
32
»
»
XVIII (Vulg. XVII). .
34
»
»
XIX (Vulg. XVIII). .
40
>
»
XX (Vulg. XIX).
42
»
»
XXI (Vulg. XX).
4^
Psaume XXII (Vulg. XXI).
XXIII (Vulg. XXII). .
XXIV (Vulg. XXIII). .
XXV (Vulg. XXIV). .
XXVI (Vulg. XXV). .
XXVII (Vulg. XXVI).
XXVIII (Vulg. XXVII).
XXIX (Vulg. XXVIII).
XXX (Vulg. XXIX). .
XXXI (Vulg. XXX). .
XXXII (Vulg. XXXI).
XXXIII (Vulg. XXXII).
XXXIV (Vulg. XXXIII).
XXXV (Vulg. XXXIV).
XXXVI (Vulg. XXXV).
XXXVII (Vulg. XXXVI).
XXXVIII (Vulg. XXXVII)
XXXIX (Vulg. XXXVIII).
XL (Vulg. XXXIX). .
XLI (Vulg. XL). .
44
48
48
50
52
54
56
56
58
60
62
64
66
68
70
72
76
78
80
82
LIVRE DEUXIEME.
Psaumes XLI I et XLI 11 (Vulg. XLI
Psaume LVI 1 1 (Vulg. LVII). .
. 112
etXLII).
86
»
LIX (Vulg. LVIII). .
. 114
Psaume XLIV (Vulg. XLI 1 1). .
88
»
LX (Vulg. LIX). .
116
»
XLV (Vulg. XLIV). .
90
»
LXI (Vulg. LX). .
. 118
»
XLVI (Vulg. XLV). .
92
»
LXH (Vulg. LXI).
118
»
XLVII (Vulg. XLVI) .
94
»
LXI 1 1 (Vulg. LXI I). .
120
»
XLVI 1 1 (Vulg. XLVII).
96
»
LXIV(Vulg. LXIII). .
122
»
XLIX(VuIg. XLVI 1 1).
96
»
LXV (Vulg. LXIV). .
122
»
L (Vulg. XLIX). .
100
»
LXVI (Vulg. LXV). .
124
»
LI (Vulg. L). .
102
»
LXVII (Vulg. LXVI). .
126
»
LI I (Vulg. LI). .
104
»
LXVI 1 1 (Vulg. LXVII).
126
»
LIII (Vulg. LII).
104
»
LXIX(Vulg. LXVIII).
132
»
LIV(Vulg. LIII).
106
»
LXX (Vulg. LXIX). .
136
»
LV (Vulg, LIV). .
106
»
LXXI (Vulg. LXX). .
136
>
LVI (Vulg. LV). .
no
»
LXX 1 1 (Vulg. LXXI) .
138
»
LVII (Vulg. LVI).
no
TABLE DES MATIERES.
671
LIVRE TROISlfiME.
Psaume LXXIII (Vulg. LXXII).
» LXXIV (Vulg. LXXIII).
» LXXV (Vulg. LXXIV).
» LXXVI (Vulg. LXXV).
» LXXVI I (Vulg. LXXVI).
» LXXVI 1 1 (Vulg. LXXVI I)
» LXXIX (Vulg. LXXVIII).
» LXXX (Vulg. LXXIX).
» LXXX I (Vulg. LXXX).
. 142
• 144
146
. i4<^
• 150
. m2
. 15S
. 160
. 162
Psaume LXXXII (Vulg. LXXXI). ,
» LXXXIIl (Vulg. LXXXII).
» LXXXIV (Vulg. LXXXI II).
» LXX.XV (Vulg. LXXXIV).
» LXXXVI (Vulg. LXXXV).
» LXXXVI I (Vulg. LXXXVI).
» LXXXVI 1 1 (Vulg. Lxxxvii).
» LXXXIX (Vulg. Lxxxviii).
164
164
166
168
170
172
172
174
LIVRE QUATRIEME.
lum
e XC (Vulg. LXXXIX). .
180
PsauiT
ieXCIX(Vulg. XCVI 1 1).
192
»
XCI (Vulg. XC). .
182
»
C (Vulg. XCIX). .
194
»
XCII (Vulg. XCI).
182
»
CI (Vulg. C). . .
196
»
XCIII (Vulg. XCII). .
184
»
CO (Vulg. CI). .
196
»
XCIV(Vulg. XCIII). .
186
»
cm (Vulg. cii).
198
»
XCV (Vulg. XCIV). .
188
»
CIV (Vulg. CI 1 1).
200
»
XCVI (Vulg. XCV). .
188
»
CV (Vulg. CIV). .
204
»
XCVII (Vulg. XCVI)..
190
»
CVI (Vulg. CV). .
208
»
XCVI 1 1 (Vulg. XCVII).
192
LIVRE CINQUIIEIME.
Psaume CVI I (Vulg. CVI).
» CVI 1 1 (Vulg. evil). .
» CIX(Vulg. CVI 1 1). .
» CX (Vulg. CIX). .
» CXI (Vulg. CX). .
» CXI I (Vulg. CXI).
» CXIII (Vulg. CXII). .
» CXI V (Vulg. CXIII). .
» CXV(Vulg.,suiteduPs.CXlii)
» CXVI (Vulg. CXIV et CXV)
» CXVI I (Vulg. CXVI)..
» CXVI 1 1 (Vulg. CXVI I).
» CXIX (Vulg. CXVIIT).
» CXX (Vulg. CXIX). .
» CXXI (Vulg. CXX). .
» CXXII (Vulg. CXXI) .
» CXXIII (Vulg. CXXII).
» CXXIV (Vulg. CXXIII).
» CXXV (Vulg. CXXIV).
» CXXVI (Vulg. CXXV).
» CXXV 1 1 (Vulg. CXXVI).
» CXXVI 1 1 (Vulg. CXXVI I)
» CXXIX (Vulg. CXXVIII).
214
218
2l8
222
224
224
226
226
228
230
232
232
234
248
250
250
252
252
254
254
254
256
256
Psaume CXXX (Vulg. CXXIX). . 258
» CXXXI (Vulg. CXXX). . 258
» CXXXI I (Vulg. CXXXI). . 258
» CXXXI 1 1 (Vulg. CXXX 11). 262
» CXXXIV (Vulg. CXXX III). 262
» CXXXV (Vulg. CXXXIV). . 262
» CXXXVI (Vulg. CXXXV). . 264
» CXXXVI I (Vulg. CXXXVI). 266
» C.XXXVIlI(Vulg. cxxxvii). 268
)> CXXXIX (Vulg. cxxxviii). 268
» CXL (Vulg. CXXXIX). . 272
» CXLI (Vulg. CXL). . . 272
» CXLI I (Vulg. CXLI). . . 274
» CXLIII (Vulg. CXLII). . 276
» CXLIV (Vulg. CXLIII). . 278
» CXLV (Vulg. CXLIV). . 280
» ' CXLVI (Vulg. CXLV). . 282
» CXLVII (Vulg. CXLVI
et CXLVII). . . .282
» CXLVII 1 284
» CXL IX 286
» CL 288
672 TABLE DES MATIERES.
LE LIVRE DES PROVERBES.
Introduction 290
PREMIERE PARTIE.
Introduction generale. Exhortations et avertissements adresses
par la sagesse aux jeunes gens [Chap. I — IX].
SECTION I. — Premiere serie d'exhortations [Chap. I— III].
Chap. I. Prologue. — Epigraphe. — Le sage exhorte son disciple a fair les sen-
tiers du vice; a la fin, il fait parler la sagesse elle-meme. . . . 294
» II. La docilite aux legons de la sagesse procure beaucoup debien et preserve
de beaucoup de maux .......... 298
» III. Biens reserves aux serviteurs de Dieu; secours que Dieu leur menage;
exhortation a I'amour du prochain et a la justice . ' . . . 300
SECTION II.— Seconde serie d'exhortations [Chap. IV — VII].
Chap. IV. Enseignements que le sage regut de son pcre pendant sa jeunesse . 302
» V. Qu'il faut s'abstenir des amours impures et s'attacher a son epouse. . 304
» VI. Avertissements divers de la sagesse : ne pas se rendre imprudemment
caution; la paresse; eviter le mechant et I'hypocrite; I'impurete et ses
suites. ............ 306.
» VII. Nouvelle exhortation a fuir la femme debauchee . .... 310
SECTION III.— Troisieme serie d'exhortations [Ch. VIII — IX].
Chap. VIII. La sagesse personnifiee fait son propre eloge : richesse de ses dons
[vers. I — 21]; sa generation dternelle [22 — 31]; benedicflions atta-
ch^es a sa possession [32 — 36]. ....... 312
» IX. Les hommes sont invites k un double festin : celui de la sagesse
[vers. I — 12] et celui de la folic [13 — 18]. ..... 314
DEUXIEME PARTIE.
Proverbes et maximes se rapportant aux diverses situations
de la vie humaine [Chap. X, i — XXII, 16].
SECTION I. — L'homme religieux et rirapie compares entre eux, soit dans leur
conduite generale, soit dans le sort qui leur est reserve [Chap. .X — XV].
Chap. X. Parallele entre l'homme pieux et le mechant. Proverbes de Salomon. . 316
» XI. Parallele entre l'homme pieux et le mechant (suite). .... 320
» XII. Parallele entre l'homme pieux et le mechant (suite) 322
» XIII. Parallele entre rhomme pieux et le mechant (suite) 324
» XIV. Parallele entre Thomme pieux et le mechant (suite) 326
» XV. Parallele entre l'homme pieux et le mechant (suite) 33a
SECTION II. — Exhortation a servir Dieu par la pratique des vertus
[Chap. XVI, I — XXII, 16].
Chap. XVI. Confiance en Dieu qui gouverne le monde 332
» XVII. Frugalite et amour de la paix ........ 336
» XVIII. Caracflere accommodant. Fidelite i\ ses amis. Autres vertus sociales. 338
» XIX. Humilite, douceur et mansuetude 340
» XX. Fuir les vices : ivresse, paresse, jalousie, querelles, etc. . . . 342
TABLE DES MATIERES. 673
Chap. XXI. Justice, bonte et patience, abandon a la Providence .... 346
» XXII. La bonne renommee [vers, i — 16] . . . . . . 348
Premier supplement a la 11^ partle.
DIVERS CONSEILS DE JUSTICE ET DE PRUDENCE [XXII, 17 — XXIV, 22].
Chap. XXII, 17 sv. — Prologue. Justice envers le prochain, surtout envers les
pauvres ^50
» XXIII. Fuir la cupidite, I'intemperance et I'impurete. ..... 350
)> XXIV, I — 22. Fuir les mechants et les insenses 354
Deuxieme supplement a la 11^ partie.
RELATIONS SOCIALES. PARESSE [XXIV, 23 — 34].
TROISIEME PARTIE.
La vraie sagesse souverain bien des rois et des sujets
[Chap. XXV — XXIX].
Chap. XXV. Exhortation a la crainte de Dieu et a la justice
» XXVI. Recommandations diverses. ....
» XXVII. Recommandations diverses (suite) .
» XXVIII, Recommandations diverses (suite) .
» XXIX. Recommandations diverses (suite) .
Premier supplement a la Ille partie.
358
360
364
366
370
Chap. XXX. Preambule [vers, i — 6]. Divers proverbes [7 sv.] 372
Deuxieme supplement a la IIP partie.
PAROLES DE LA MERE DE LAMUEL.
Chap. XXXI, vers, i —9. ........... 376
Troisieme supplement a la Ille partie.
ELOGE DE LA FEMME FORTE.
Chap. XXXI, vers. 10 — 31 378
L'EGCLESIASTE.
INTRODUCTION 381
Chap. I. Prologue; titre et sujet du livre ; toutes les choses humaines sent vanite
et misere [vers, i — 11]. Vanite de la sagesse humaine [12 — 18]. . 384
» II. Vanite des joies profanes [vers, i — ii]. Meme sort pour le sage et
I'insense [12 — 17]. Vanite de la richesse peniblement acquise
[18 — 25]. Dieu seul donne le honheur [24 — 26] 386
» III. II y a pour toutes choses un temps fix^ par Dieu : I'homme n'y peut
rien changer [vers, i — 15]; il est egalement impuissant devant les
injustices de ce monde. 388
» IV. Impuissance de Thomme en face des maux et des tourments de la vie
[vers. I — 16] 390
N° 23. — LA bAlNTE blBLE. TOMK IV. — 4J
674 TABLE DES MATIERES.
Chap. V. Conduite h tenir dans raccomplissement des devoirs religieux
[iv, 17 — V, 6]; — divers abus et desordres [7 — 16]; — s'abandonner
k la Providence [17 — 19]. 394
» VI. La richesse ne donne pas le bonheur; Dieu a determine d'avance le
lot de chacun .........•>• 39^
» VII. Maximes sur les tristesses de la vie, sur la sagesse et la moderation . 398
» VIII. Comment il faut se comporter sous un roi absolu [vers, i — 9]. Le sort
des justes et des mechants etant souvent le meme ici-bas, le meilleur
est de jouir de la vie [10 — 15]. La raison des choses echappe a
I'homme [16— 17] 4°°
» IX. Meme sort pour le juste et I'injuste; jouir de la vie [vers, i — 10].
Utilite et inutility de la sagesse [11 — 15]. Ecouter le sage, et non
I'insense [16— 18] 402
» X. Contraste entre la sagesse et la folie ■ 4°^
» XI. Etre prevoyant, mais sans exces : I'avenir appartient a Dieu; jouir de
la vie : au-dela sont les tenebres. ....... 408
» XII. Etre vertueux des la jeunesse, sans attendre les derniers jours de la
vie [vers, i — 8]. Epilogue [9 — 14]. 408
LE CANTIQUE DES GANTIQUES.
Introduction
Chap. I.
» II.
» III.
» IV.
420
422
424
426
Chap. V.
» VI.
» VII.
» VIII.
415
428
430
432
434
LE LIVRE DE LA SAGESSE.
Introduction 438
PREMIERE PARTIE.
Avantages de la sagesse consideree theoriquement [Chap. I — ^ IX"|.
i^ I. — La sagksse conduit a la bienheureuse immortalite [i — v].
Chap. I. C'est par la puret^ morale qu'on arrive h. la sagesse [vers, i — 10]. Le
peche amene le chatiment et la mort [11 — 16] ..... 442
» II. Maximes et raisonnements des impies touchant la destinde humaine
[vers. I — 20]. Refutation de ces maximes [21 — 25] .... 444
» III. Les justes sont recompenses par leurs souffrances [vers, i — 9]. Con-
traste entre les justes et les impies au point de vue de leur famille
[10 — IV, 6] 448
> IV. Suite du contraste entre les justes et les impies [vers, i — 6]. Mort du
juste opposee a celle de I'impie [7 — 20]. ...... 450
» V. Contraste entre les bons et les mechants apres la mort : les mechants
en proie au remords de la conscience [vers, i — 15]: jugement de Dieu
sur les justes et sur les mechants [16 — 23]. ..... 454
TABLP: DES MATlfeRES. 675
§ II. — La SAGESSE est LE guide DE la vie [cH. VI— ix].
Chap. VI. Que les princes cherchent la sagesse [vers, i — ii]; — elle est facile h.
trouver fi2 — i6]; — elle conduit a un royaume [17 — 21]; — nature
de la sagesse [22 — 25]. . . ^^6
» VII. .Salomon (dans lequel lauteur se personnifie) etait un homme comma
tons les autres [vers, i — 6]; il a demande a Dieu la sagesse, qu'il
prefe'rait k tous les biens terrestres [7— io];avec elle sont venus
tous les biens, I'amitie de Dieu et de nombreuses connaissances
[11 — 21]. — Proprietds de la sagesse, sa nature et ses effets
[22 — viii, i] 460
» VIII. L'auteur, continuant de jouer le role du roi .Salomon, decrit les avanta-
ges de la sagesse, sa divine fiancee : elle charme toute la vie [2 — 8],
elle apprend k bien gouverner [9 — 16], elle est une source de bene-
dictions pour celui qui I'aime [17 — 20]. ...... 464
» IX. Priere de Salomon pour demander la sagesse 466
DEUXifiME PARTIE.
La sagesse consideree historiquement [X — XIX].
§ I. — La sagesse est une puissance qui sauve et qui chatie [x — xii].
Chap. X, I — XI, 4. Role de la sagesse comme guide du peuple d'Adam a Moise. . .468
» XI. La sagesse, guide du peuple de Dieu [suite. Vers, i — 4]. — Role de la
sagesse dans le chatiment des ennemis de Dieu : 1° des Egyptiens
[5, XII, i] 472
» XII. Role de la sagesse dans le chatiment des ennemis de Dieu : 2° des
Chananeens 476
§ II. — Origine et consequences morales de l'idolatrie [xiii— xiv].
Chap. XIII. Origines de l'idolatrie : Culte de la nature [vers, i — g]; culte des
images ou idoles [vers. 10 — Xiv, 13]. ...... 478
» XI\^ Culte des images [suite. Vers, i — 13]; — culte des hommes deifies
[14 — 21]; — consequences morales de l'idolatrie [22 — 31]. . . 482
^ III. — Contrasts entre les adorateurs du vrai Dieu et les idolatres.
Chap. XV. Differences generates [vers, i — 17]; adoration des animaux par les
Egyptiens [18 — 19] 486
» XVI. Contraste entre les adorateurs du vrai Dieu et les Egyptiens idola-
tres : ceux-ci sont affliges par toute sorte de plaies, ceux-lk en sont
affranchis. Aflion des animaux [vers, i — 13]; acftion des forces de
la nature [14 — ^29]. ......... 488
» XVII. Contraste entre les Hebreux et les Egyptiens dans la plaie des
tenebres. ........... 492
» XVIII. Suite du chap, precedent [vers, i — 4]. Contraste dans Tadlion de la
mort [5 — 25] 494
» XIX. Contraste entre les Israelites et les Egyptiens quant k I'acftion des
puissances naturelles sur les uns et sur les autres [vers, i — 12].
Comparaison entre les Egyptiens et les habitants de Sodome
[13 - - 17J. Resume de toute la deuxieme partie du livre [18 — 22]. 498
—i©i i®i ^€^5—
676 TABLE DES MATlfeRES.
LE LIVRE DE L'ECCLESIASTIQUE.
Introduction. . 504
Prologue 50S
PREMIERE PARTIE.
Origine et nature de la sagesse. Exhortations a se livrer a elle
et a suivre ses enseignements. [Chap. I — XVI, 21].
Chap. I. Origine de la sagesse [vers, i — 10]. La crainte de Dieu et ses rap-
ports avec la sagesse [11 — 30]. ....... 510
» II. Constance dans I'epreuve [vers, i — 6]. Confiance en Dieu [7 — 11].
Malheur aux anies chancelantes et incertaines [12 — 14]. Vertus de
ceux qui craignent Dieu [15 — 18]. ....... 514
» III. Devoirs des enfants envers leurs parents [vers, i — 16]. Sois doux et
humble, misericordieux et reconnaissant [17 — 31]. . . . . 516
> IV. Devoirs envers les pauvres [vers, i — 11]. Avantages de la sagesse
[12 — 19]. Conseils divers [20- — 31]. ...... 518
» V. Securite dangereuse [vers, i — 7]. Danger des richesses [8 — 10].
Langue double [11 — 15]. ........ 522
» VI. Contre I'orgueil [vers. 2 — 4]. L'amitie et ses avantages [5 — 17].
Exhortation a la sagesse [18 — 36]. ....... 524
» VII. Exhortation gendrale a eviter le mal [vers, i — 3], suivie d'avertisse-
ments et de conseils divers [4 — 36]. ...... 528
» VIII. Diverses regies de prudence h. observer dans les relations sociales. . 530
» IX. Rapport avec les femmes [vers, i — 9], avec les vieux amis [10], avec
les pecheurs heureux [11 — 12], les i)uissants [13], les sages et les
justes [14 — 16], le sage magistrat et le grand parleur [17 — 18J. . 534
» X. Le prince "sage et I'insense [vers, i — 5]. Orgueil et presomption
[6 — 18]. Crainte de Dieu [19— 24]. Paresse et vaine gloire, gloire
veritable [25 — 31]. .......... 536
» XI. Ne pas regarder a I'exterieur [vers. 2 — 6]. Ne blamer ni ne parler a
la legere [7 ■ — 9]. Le bonheur depend avant tout de la benedicflion de
Dieu, qui I'accorde a ses fideles serviteurs [10 — 26J. Eviter toute
relation intime avec les mdchants [27 — 32]. . . . . 540
» XII. Ne faire du bien qu'aux justes [vers, i — 7J. Ne pas se confier h. un
ennemi [8 — 18]. . . . . . . . . . . 542
» XIII. Danger du commerce entre les grands et les petits, les riches et les
pauvres [vers, i — 22]. Vaieur morale de la richesse et de la pau-
vrete [23 — xvi, 2] 544
» XIV. P>onheur d'une bonne conscience [vers, i — 2]. De I'avarice et du sage
emploi des richesses [3 — 19]. Heureux cehii qui travaille ;\ acquerir
la sagesse [20 — 27]. .......... 54S
» XV. Eloge de la sagesse,suite [vers, i — loj. Dieu n'est pasl'auteur du mal,
mais il a donne ci I'homme la liberie. ...... 550
» XVI. Des enfants impies ne sont pas a desirer [vers, i — 5]; ils attirent tou-
tes sortes de malheurs [5 — 10]; car Dieu n'est pas seulement mise-
ricordieux, il est juste aussi et vengeur du crime [11 — 21]. Sagesse
de Dieu dans la creation du monde [22 — -28]. ..... 552
TABLE DES MATIERES. 677
DEUXifiME PARTIE.
La Creation et la Providence; devoirs de I'homme envers Dieu;
maximes diverses. [Chap. XVI, 22 — XXIII, 27].
Chap. XVII. Creation de I'honime; dans quel rapport il est e'tabli vis-a-vis de
Dieu [vers, i — 12]. Attention que Dieu apporte a tous les a(fles
[13 — 19]. Que rhomme revienne a Dieu, qui a compassion de
sa faiblesse [20 — 27] 556
» XVIII. Grandeur de Dieu en regard de la faiblesse de Thomme, raison
de la misericorde divine [vers. 1--13]. Que le bienfait soit
accompagne de bonnes paroles [14 — .17]. Diverses maximes
de sagesse[i3— 32]. . . . " 558
» XIX. Ivrognerie et impuret^ [vers, i — 3]. Discretion et indiscretion
[4 — 12]. Correction fraternelle [13 — 17]. La vraie et la fausse
sagesse [18 — 27]. 562
» XX. II y a temps et raison pour parler et pour se taire [vers, i- — 7].
Apparences trompeuses [8 — 12]. Les presents de I'insense
[13 — 16]. Dangers de la langue [17 — 19]. Maximes diverses
[20 — 30] 564
» XXI. Eviter le peche, particulierement I'orgueil, etc. [vers, i -— 10]. Le
sage, le pieux, I'insense et I'impie compares entre eux sous
divers rapports [11 — 28] ........ 568
» XXII. La paresse [vers, i — 2]. Enfants mal Aleves [3 — 6]. L'insense et
le sage [7 — 16]. Ce qui detruit I'amitie [17 — 20]; devoirs
qu'elle impose [21 — 24]. Veiller sur ses paroles [25 — 27]. . 570
» XXIII. Priere pour etre preserve des peches de langue [xxii, 25 — xxiii, 6].
Vigilance sur les paroles [7 — 15]. Fuir la voluptd [16 — 27]. . 574
TROISlllME PARTIE.
Eloge de la sagesse. Sentences et maximes pour la conduite
de I'homme dans ses rapports sociaux [Chap. XXIV — XXXIII, 18].
Chap. XXIV. L'auteur introduit la sagesse [vers, i- — 2] et lui fait tenir dans
I'assembl^e du peuple, un discours ou elle fait son propre eloge
[3 — 21]. Puis, reprenant la parole, il explique que ce qu'il vient
de dire est vrai de la loi, puisqu'elle decoule de la sagesse
[22 — 27] 578
» XXV. Sentences diverses : trois choses qu'on aime et trois choses qu'on
deteste [vers, i — 2]. La sagesse est I'honneur des vieillards
[3 — 6]. Eloge de la crainte de Dieu [7 — 11]. La mechante
femme [12 — 25]. ......... 582
» XXVI. Sentences diverses [suite] : La femme vertueuse [vers, i — 4 et
16 — 18]. La femme jalouse, mechante et impudique [5 — 12].
Trois choses deplorables [19]. Le negoce expose au peche [20] . 586
» XXVII. L'exercice du commerce au peche [vers, i — 3]. Le discours revele
I'interieur de I'homme [4 — 7]. Recherche de la justice [8 — 10].
Langage des hommes pieux et des impies [11 — 15]. Indiscre-
tion [16 — 21]. Odieux de I'hypocrisie [22 — 24]. Le fourbe se
nuit a lui-meme [25 — 28J. Ne pas se rejouir de la chute
des hommes pieux [29]. Ne te venge pas, mais pardonne
[30 — xxviii, 7] ......... . 588
» XXVIII. Centre la vengeance [vers, i — 7], les querelles [8 — 12], les
peches de langue [13 — 26]. ....... 590
» XXIX. Preter [vers, i — 13] et se porter caution [14 — 20] sont des oeuvres
de misericorde. Vivre pauvre chez soi vaut mieux que de se faire
heberger chez les autres [21 — 28]. ...... 594
678 TABLE DES MATIERES.
Chap. XXX. Fermete dans I'education des enfants [vers, i — 13I. Bonheur que
donne la sante [14 — 20]. La tristesse et ses effets pernicieux
[21—24] 596
'>> XXXI [en gr. XXXIV]. De la recherche des biens temporels [vers, i — 11].
De la bienseance a table et de la temperance [12 — 31]. . . 600
» XXXI I [en gr. XXXV]. Regies a observer dans les festins [suite, vers, i — 13].
Le juste et le sage opposes h I'insense dans leur conduite
comme dans leur sort [14 — 24]. ...... 602
» XXXIII [en gr. XXXVI], i — 19. La crainte de Dieu [vers, i — 6]. Inegalite
des conditions [7 — 15]. L'auteur se felicite de son recueil de
sentences et invite tons les hommes a I'^couter [16 — 19] . . 606
QUATRIEME PARTIE.
Regies de prudence et de justice. Le Seigneur et son peuple
[Chap. XXXIII, 19 — XXXVI, 17.
En grec XXX, 28 — XXXIII, 11 et XXXVI, i — 16].
Chap. XXXIII, 19 — 31 [en grec XXX, 28 — 40]. Ne pas distribuer ses biens avant
sa mort [vers. 19 — 24]. Comment il faiit traiter les esclaves
[25 — 31] 608
» XXXIV [en gr. XXXI]. Vanite des songes en general [vers. 1—8]. L'expe'-
rience rend sage et delivre des dangers, Dieu etant le protec-
teur de ceux qui le craignent [9 — 17]. Ne pas offrir a Dieu des
biens injustement acquis [18 — 26]. ...... 610
» XXXV [en gr. XXXII]. Des sacrifices [vers, i — 10]. Dieu exauce la priere
des pauvres et punit les coeurs sans pitid [11 — 17]. II exercera
sa vengeance contre les paiens orgueilleux, et fera justice et
misericorde a son peuple [18 — iq]. . . .' . . . 612
» XXXVI, I — 17 [en gr. X.X.XIII, i — 11; XXXVI, 16''- 22]. Priere pour la
delivrance d'lsratil et sa reunion dans le pays de ses pcres. . 614
ClNQUlfeME PARTIE.
Diverses maximes et regies a suivre dans les relations sociales
[Chap. XXXVI, 18 — XXXIX, 11].
Chap. XXXVI, 18 sv. Discernement a apporter dans les choses et les personnes,
specialement dans le choix d'une epouse. . . . . .616
» XXXVII. Le vrai et le faux ami [vers, i — 6]. Conseillers a cviter, a choisir
[7 — 15]. Des hommes habiles [16 — 26]. De I'intemperance. . 61S
» XXXVIII. Comment on doit se comporter vis-ii-vis des medecins [vers, i —8],
dans la maladie [9— 15], envers les morts [16 — 23]. Des arti-
sans consideres au point de vue de la sagesse [24 — 34] . . 620
» XXXIX, I — II. Des sages, par opposition aux artisans [vers, i — n]- • • 626
SIXIEME PARTIE.
De la creation et de la place que I'homme y occupe
[Chap. XXXIX, 12— XLII, 14].
Chap. XXXIX, 12 sv. Sujet : toutes les oeuvres de Dieu sont bonnes, et tout ce qu'il
ordonne arrive en son temps. One les justes louent le Seigneur
"vers. 12 — 15]. II est tout-puissant, et sa science est infinie
"16 — 21]. Tout ce qu'il fait est pour le bien des justes et pour
la punition des pccheurs [22 — 31]. Conclusion : louange k
Dieu [32 — 35] 626
TABLE DES MATIERES.
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Chap. XL. Miseres de la vie humaine [vers, i — 1 1]. Eloge de la fid(flite et de
la bienfaisance [12 — 17]. Glioses agreables de la vie [18 — 27] ;
choses tristes et malheureuses [28 — xli, 13]. ....
» XLI. Pensee de la mort [vers. 1—4]. Malheur des impies [5 — 13].
Nouveau groupe de sentences morales [14 — xlii, 14] : la vraie
et la fausse honte [14^16]. Choses dont on doit avoir honte
[17 — 24]
» XLII [vers, i — 14]. Choses dont il ne faut pas avoir honte [vers, i — 8]
citude du pere de famille au sujet de sa fille [g
garde des femmes [12 — 14]
Solli-
11]; qu'il se
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SEPTIEME PARTIE.
Louange du Seigneur, qui a fait eclater sa gloire dans les oeuvres
de la nature et dans les illustres ancetres d'Israel
[Chap. XLII, 15 — L, 26].
Chap. XLII [vers. 15 sv.] Puissance et sagesse de Dieu manifestees dans les oeuvres
de la nature ....
XLIII.
» XL IV.
» XLV.
» XLVI.
» XLVI I.
» XLVI 1 1.
» XLIX.
Epilogue [l, 2-]
Chap. LI.
Louange de Dieu par les oeuvres de la nature (suite) : le ciel, le
soleil [vers, i — 5]; la lune, les etoiles, I'arc-en-ciel [6 — 12];
divers phenomenes [13 — 22]; la mer [22 — 26]. Conclusion
[27—32]
Eloge des peres : Introduflion [vers, i — 15]. Enoch et Noe
[16 — 18]; Abraham, Isaac et Jacob [19 — 23].
Eloge de Moise [vers, i — 5], d'Aaron [6 — 22], de Phinees
[23 — 26]
Josue et Caleb [vers, i — 10]. Les Juges [11 — 12]. Samuel [13 — 20].
Nathan et David [vers, i — 11]; Salomon [12 — 22]; partage de
la nation en deux royaumes, peche et chatiment d'Ephraim
[23 — 25]
Elie [vers, i — 11], Elisee [12 — 16], Ezechias et Isa'ie [17 — xlix, 3].
Josias [vers, i — 3]; rois de Juda, Jeremie, Ezechiel, les douze
petits prophetes [4 — 12]; Zorobabel, Jesus et Nehemie [11 — 13];
Enoch, Joseph, Sem, Seth et Adam [14 — 16]. ....
Eloge du grand-pretre Simon; travaux qu'il fit executer au temple
[vers. 1 — 4]; sa majeste dans les foncflions saintes [5— 21]. —
Epilogue de I'eloge des Peres : louange au Seigneur; qu'il benisse
le peuple [22 — 24]. Les trois peuples detestes [25 — 26]; con-
clusion du livre [27 — 29] ........
— LI, 30]. — Conclusion, derniere priere et instrucftion finale de
I'auteur. ...........
Appendice. Louange et aclion de graces au Seigneur qui m'a
sauve d'un peril mortel [vers, i — 12]. Moyens employes par
I'auteur pour acquerir la sagesse [13 — 22]; exhortation a suivre
son exemple ..........
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