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Full text of "La Sainte Bible : traduite en francais sur les textes originaux, avec introductions et notes, et la Vulgate latine en regard"

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BOOK    220  51. B4  7  1    v  4    c.  1 

BIBLE    #    LA    SAINTE    BIBLE    TRADUITE 

EN    FRANCAIS    SUR    LES    TEXTES 


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trabuitc  en  franraia  sur  Ics  tcptE5 

ariginaui:,  abcc  intrabuctinns  ct  nates, 

ct  la  Vulgate  latine  en  regaub, 

—  par  =.=^=:= 


m\q,  Grampan,  Ctian.  ti'Hmiens.    WM 


— :•:—  Tome  quatrieme.  — :i:— 

Les  Psaumes.  —  Les  Proverbes. 

L'Ecclesiaste. 

Le  Cantique  des  Cantiques. 

La  Sag-esse.  —  L'Ecclesiastique. 


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,^.^-  -,_^,^— _         Sint  castae  deliciae  me£e  Scriptur^e  tuje, 
''{^^Sl^^     Domine;  nee  fallar  in  eis,  nee  fallam  ex 

(S.  Aug.  Con/ess.  xi,  2.j 


eis. 


Societe  nc  Saint^-^ean  rGuangeliste    ^^ 


Desclee,  Lefebvre  et  Cie,  Edit.  Pontif. 


PARIS  —  ROME  —  TOURNAI 


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Llrufai; 


Imprimatur. 
Tornaci,  20^  Junii  1902 

►J*  C,  G..  Epus  Tornacen. 


L'impression  de  cet  ouvrage,  interrompue  apres  le  P'  volume  par  la  mori 
de  Tauteur,  a  ete  continuee  d'apres  le  manuscrit  laisse  par  M.  Crampon,  avec 
le  concours  du  R.  P.  Corluy,  S.  J.,  du  R.  P.  Piffard,  et  d'autres  professeurs 
d'Ecriture  sainte  de  la  meme  Societe. 


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Xn^  P0aume0. 


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Introbuctian. 


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LES  Psaumes  sont  un  recueil  de 
chants  religieux  et  nationaux 
en  usage  chez  les  Juifs,  qui  les 
appelaient  cantiques  de  louange  ou 
simplement  loiianges.  Comme,  chez 
les  Hebreux,  et  en  general  dans  I'an- 
tiquite,  la  poesie,  le  chant  et  la  mu- 
sique  etaient  etroitement  unis,  le  tra- 
du6leur  grec  donna  a  ces  cantiques 
le  nom  de  Psauuies,  qui  designe  une 
poesie  destinee  a  etre  chantee  avec 
accompagnementd'instrumentsacor- 
des,  tels  que  la  harpe  ou  la  lyre ;  de 
meme  il  appela  Psautier  la  coUeftion 
entiere,  et  ces  deux  noms  ont  passe 
en  latin  et  dans  nos  langues  modcrnes. 

Quelques  Peres  ont  attribue  tous 
les  Psaumes  au  roi  Qaviij ;  mais  la 
difference  de  langage,  le  contenu  et 
les  titres  memes  ou  inscriptions  de 
ces  chants  sacres  prouvent  qu'ils  ap- 
partiennent  a  des  auteurs  divers  et  a 
des  epoques  eloignees  les  unes  des 
autres^.  C'est  ce  que  S.  Jerome  re- 
connaissait  deja  de  son  temps.  David 
est  celui  qui  en  a  compose  le  plus 
grand  nombre,  environ  la  moitie,  et 
c'est  pourquoi  le  recueil  tout  entier, 
qui  en  compte  cent  cinquante,  porte 
justement  son  nom. 

MoTse  est  designe  com  me  I'auteur 
du  Psaume  89;  il  n'y  a  pas  de  raison 
serieuse  pour  mettre  en  doute  cette 
indication.  —  Douze  sont  attribues 
a  Asaplk  tous  remarquables  par  la 
noblesse  du  style  et  I'elevation  des 
idees;  plusieurs  d'entre  eux  sont  de 
petits  poemes  dida6liques,contenant, 
non  des  prieres,  mais  des  lecons  de 


morale.  Asaph,  que  I'auteur  des  Pa- 
ralipomenes  appelle  le  Voyant,  c'est- 
a-dire  le  chantre  inspire  de  Dieu,etait 
I'un  des  principaux  musiciens  etablis 
par  David  dans  la  maison  du  Sei- 
gneur. Mais  tous  les  Psaumes  qui 
portent  son  nom  ne  sont  pas  de  lui ; 
quelques-uns  ren ferment  des  traces 
evidentes  d'une  epoque  posterieure; 
ils  sont  I'oeuvre  de  I'un  de  ses  des- 
cendants. —  Onze  Psaumes,  egale- 
mentdistingues  parmi  tous  les  autres 
par  leur  beaute  litteraire,  sont  attri- 
bues aux  enfants  de  CorCj  autre  fa- 
mille  de  chantres  de  la  tribu  de  Levi. 
La  plupart  se  rapportent  aux  der- 
niers  siecles  de  la  royaute,  a  la  cap- 
tivite  ou  aux  annees  qui  I'ont  suivie. 
—  Deux  enfin  portent  le  nom  de 
3aloiuori,  mais  un  seul  parait  lui  ap- 
partenir,  le  71^,  qui  decrit  d'avance 
le  regne  du  Messie.  —  Les  autres 
sont  sans  nom  d'auteur;  les  anciens 
rabbins  les  appelaient  orphelins.  lis 
ont  ete  composes  a  differentes  epo- 
ques, la  plupart  au  retour  de  I'exil  de 
Babylone,  par  divers  auteurs  incon- 
nus ;  mais  les  Juifs  aussi  bien  que  les 
Chretiens  les  regardaient  comme  ecrits 
sous  inspiration  divine.  Rien  ne 
prouve  qu'aucun  de  nos  Psaumes  soit 
posterieur  a  Esdras,  et  qu'il  en  existe 
du  temps  des  Macchabees. 

Le  nombre  des  Psaumes  est  de 
cent  cinquante,  repartis  en  cinq  livres, 
d'inegale  etendue;  chacun  d'eux  a  sa 
conclusion  sous  la  forme  d'une  doxo- 
logie  :  amen,  avien,  pour  les  trois  pre- 
miers; amen,  alleluia,  pour  le  qua- 


U  1  La  plupart  des  Psaumes  sont  precedes 

t3        d'un  fitre  qui  nous  fait  connaitre  soit  leur 

■*"       auteur,  soit  leur  caracflere  et  la  maniere  de 

les   chanter,   soit   I'occasion  historique  de 


leur  composition.  La  haute  antiquite  de  ces 
titres  leur  assure  une  grande  autorite;  un 
petit  nombre  seulement  paraissent  donner 
des  indications  inexadles. 


N°  23.  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


LES  PSAUMES. 


trieme;  alleluia,  pour  le  cinquieme. 
C'est  Esdras  qui,  au  retour  de  la  cap- 
tivite,  mit  la  dernicre  main  a  cette 
colle61;ioni.  Mais  il  existait  dans  les 
temps  anterieurs  des  recueils  parti- 
culiers,  moins  complets,  de  chants 
sacres,  puisque  nous  lisons  au  11^  livre 
des  Paralipomenes  (xxix,  30),  que  le 
roi  Ezechias  donna  I'ordre  aux  levi- 
tes  de  chanter  les  louanges  de  Dieu 
en  se  servant  des  paroles  de  David  et 
d'Asaph  le  Voyant.De  plus,on  trouve 
a  la  fin  du  Psaume  71  une  note  ainsi 
congue  :  "  Ici  finissent  les  hymnes  ou 
prieres  de  David,  fils  d'lsai".  "  Cette 
note  ne  saurait  etre  de  I'auteur  de  la 
coUeftion  generale,  puisqu'il  se  ren- 
contre encore  dans  les  livres  suivants 
plusieurs  Psaumes  qui  portent  le  nom 
de  David.  II  y  avait  done,  bien  ante- 
rieurement  a  Esdras, des  recueils  par- 
ticuliers  de  Psaumes;  et  ce  sont  ces 
recueils  separes  que  Nehemie  fit  reu- 
nir  en  une  colle6lion  unique  pour  en 
former  notre  Psautier  acluel. 

Par  qui  et  a  quelle  epoque  avaient 
ete  rassembl^es  ces  collections  par- 
tielles?  On  ne  pent  faire  a  ce  sujet 
que  des  conjeftures.  Les  Psaumes  du 
premier  livre,  au  nombre  de  quarante, 
tons  composes  par  David,  ont  sans 
doute  ete  reunis  de  sonlemps  et  par 
ce  roi  lui-meme^  pour  servir  a  la 
priere  publique  aupres  du  tabernacle. 
—  Les  Psaumes  ^i  a_2j  composent 
un  second  recueil  ajoute  au  premier 
probablement  sous  le  roi  Ezechias. 
II  s'ouvre  par  huit  cantiques  deFBls 
de  Core,  dont  plusieurs  sont  poste- 
rieurs  a  David,  et  un  d'Asaph,  et  se 
termine  par  un  de  Salomon ;  les 
autres  sont  des  Psaumes  de  David 
recueillis  apres  sa  mort.  Le  P.  Cor- 
nelys  fait  remarquer  que,  dans  ce 
second  livre,  Dieu  est  appele  ordi- 
nairement  Elohim  {Deus\  et  non  plus 
Jehovah  {Doniinus),  d'ou  ce  savant 


exegete  conjecture  que  le  recueil 
avait  pour  destination  prochaine  plu- 
tot  I'usage  prive  des  pieux  Israelites, 
que  les  ceremonies  publiques  du  culte. 
—  La  plupart  des  cantiques  du  troi- 
sieme  livre  (Ps.  72-88)  portent  le  nom 
d'Asaph ;  quelques-uns  sont  attribues 
aux  fils  de  Core,  un  seul  a  David.  Ce 
recueil  parait  avoir  ete  aussi  forme 
par  I'ordre  d'Ezechias.  —  Le  qua- 
trieme  livre  (Ps.  89-105J  et  le  cin- 
quieme (Ps.  106- 150)  renferment,  avec 
un  Psaume  de  Salomon,  treize  can- 
tiques attribues  a  David,  qui  avaient 
ete  omis  dans  les  recueils  precedents; 
les  autres  ne  portent  pas  de  nom 
d'auteur.  Ces  derniers  ont  ete  com- 
poses soit  pendant  la  captivite,  soit 
surtout  apres  le  retour  de  Babylone. 
Esdras  est  I'auteur  probable  de  ces 
deux  colle61;ions;  il  les  joignit  aux 
trois  recueils  deja  formes  avant  lui  et 
reunit  ainsi  en  un  seul  corps  toutes 
les  poesies  religieuses  d'Israel,  pour 
les  faire  servir  a  la  priere  publique 
dans  le  nouveau  temple  et  fournir  en 
meme  temps  un  aliment  a  la  piete 
dans  les  assemblees  des  synagogues 
et  dans  la  vie  privee.  Cette  poesie 
nationale,  composee  en  giande  partie 
de  louanges  et  de  prieres,  renfermait 
er.  meme  temps  le  souvenir  et  I'abrege 
de  I'histpire  dlsrael.  11  y  avait  un 
merveilleux  accord  entre  tous  ces 
chants,  composes  a  de  longs  inter- 
xalles,  dans  les  circonstances  les  plus 
diverses,  mais  formant  dans  leur  en- 
semble une  suite  non  interrompue  de 
faits,  de  souvenirs,  de  pensees  et  de 
sentiments  connus  et  compris  de 
tous.  L'ame  religieuse  des  Hebreux 
y  trouvait  tout  ce  qui  eleve,  tout  ce 
qui  console,  tout  ce  qui  encourage, 
tout  ce  qui  attache  la  creature  intelli- 
gente  a  Dieu,  son  Pere  et  son  Sei- 
gneur; c'etait  vraiment,  comme  on  I'a 
dit,  I'evangile  d'Israel .4 


^  Le  second  livre  des  Macchabe'es  (ii,  13) 
attribue  ce  travail  k  Nehemie;  mais  Ndhe- 
mie  en  avait  confie  I'exe'cution  a  Esdras,  qui 
^tait  charge  de  rdorganiser  le  culte  public. 


^  Voy.  I  Par.  xiv;  II,  xxiv,  25. 
•'  Iiitrodti^io   in   sacros    Vet.   Testamenii 
libros.  1 1-2.  p.  112. 
■*  Mabire. 


LES  PSAUMES. 


L'Eglise  chretienne  a  recueilli  I'he- 
ritage  d'Israel.  Des  I'origine,  les 
Psaumes  furent  son  Hvre  de  priere 
par  excellence.  Familiers  aux  fideles, 
qui  en  recueillaient  avidement  I'ex- 
plication  de  la  bouche  de  leurs  pas- 
teurs,  ils  formaient  et  forment  encore 
aujourd'hui  la  partie  principale  de 
rOffice  divin.  Tandis  que  les  autres 
llvres  deTa'sainte  Ecriture  n'y  figu- 
rent  qu'une  fois  chaque  annee,  et 
encore  par  fragments,  I'Eglise  veut 
que  le  Psautier  soit  a  toutes  les  heu- 
res  du  jour  entre  les  mains  de  ses 
ministres  et  de  ses  religieux,  qu'il 
passe  tout  entier  sur  leurs  levres  une 
fois  par  semaine^.  Ce  n'est  pas  seule- 
ment  a  I'edification  du  premier  peu- 
ple  de  Dieu  que  I'Esprit-Saint  a  des- 
tine ces  pieux  et  sublimes  cantiques; 
ils  conviennent  a  toutes  les  condi- 
tions et  a  toutes  les  situations  de 
I'ame  humaine;  venus  du  ciel  par 
I'inspiration,  ils  doivent  y  remonter, 
en  aspirations  vives  et  ardentes,  jus- 
qu'a  la  fin  des  siecles. 

Les  Psaumes  ne  sont  done  pas  une 
oeuvre  purement  hebrai'que,  comme 
on  pourrait  le  penser  au  premier  coup 
d'oeil.  Plusieurs,  nous  le  montrerons, 
annoncent  dire6lement  le_Messie  fu- 
tur,  sa  passion,  sa  resurrection,  son 
regne  glorieux  :  propheties  eclatantes 
qui  attestent  la  verite  de  I'Eglise 
chretienne,  et  qu'elle  se  plait  a  redire 
et  a  chanter  dans  ses  jours  de  fete. 
Un  certain  nombre  sont  des  hymnes 
en  I'honneur  de  Dieu  et  de  ses  per- 
fe6lions  infinies  :  sa  toute-puissance, 
sa  bonte  pour  toutes  ses  creatures, 
les  rigueurs  terribles  de  sa  justice  et 
les  merveilleuses  effusions  de  sa  mi- 
sericorde;  d'autres,  des  poesies  didac- 
tiques  qui  celebrent  les  charmes  de 
la  loi  divine  et  le  bonheur  des  justes  : 
ceux-la  aussi  ont  un  cara6lere  uni- 
versel  dont  le  temps  ne  les  a  pas  de- 
pouilles.  La  plupart,  il  est  vrai,  se 
rapportent  soit  a  la  personne  de  Da- 
vid, soit  a  I'histoire  d'Israel,  aux  gloi- 


res  et  aux  malheurs  de  Jerusalem. 
Mais  David,  c'est  le  type  du  Messie  : 
Jesus-Christ  reproduira  dans  sa  vie 
les  epreuves  et  les  triomphes  de  celui 
dont  il  sera  le  fils  selon  la  chair;  lui 
seul  realisera  dans  leur  plenitude  les 
gloires  promises  a  son  royal  ancetre. 
Mais  Jerusalem,  c'est  la  figure  de 
I'Eglise  chretienne,  et  dans  I'exis- 
tence  de  I'Eglise,  toujours  persecutee 
et  toujours  triomphante,  se  renou- 
velle  et  s'acheve  I'histoire  du  premier 
peuple  de  Dieu ;  elle  est  la  veritable 
Sion  a  laquelle  doivent  venir  toutes 
les  nations  de  la  terre,  pour  appren- 
dre  a  connaitre  et  a  adorer  le  vrai 
Dieu  (/s.  ii,  2  :  comp.  Ps.  Ixxxvi).  Le 
Psautier  renferme  done  en  abrege 
toute  I'histoire  de  la  religion  depuis 
la  creation  jusqu'au  jugement  final  : 
la  lutte  des  bons  et  des  mechants  sur 
la  terre,  le  choix  d'une  famille  benie 
d'ou  sortira  le  peuple  de  Dieu,  les 
prodiges  operes  en  faveur  de  ce  peu- 
ple singulier,  qui  est  en  meme  temps 
une  prophetie  et  une  grande  figure 
de  I'avenir ;  I'attente  du  Messie,  le 
tableau  de  ses  abaissements  et  la 
splendeur  de  son  regne  eternel,  les 
persecutions  et  les  vi6loires  de  son 
Eglise,  son  retour  a  la  fin  des  temps, 
et  la  consommation  du  royaume  de 
Dieu. 

II  y  a  plus  :  chaque  ame  chretienne 
trouve  dans  les  Psaumes  sa  propre 
histoire  :  ses  infidelites  et  ses  regrets, 
ses  joies  et  ses  tristesses,  ses  inquie- 
tudes et  ses  esperances,  S'il  est  parle 
du  desert  et  du  voyage  qu'y  firent 
les  Hebreux  pour  arriver  a  la  terre 
promise,  elle  se  souvient  que  tout 
leur  arrivait  en  figure ;  cette  longue 
route,  semee  de  tant  d'epreuves  et  de 
fatigues,  et  plus  encore  de  bienfaits 
divins  et  d'eclatants  prodiges,  c'est 
I'image  de  son  pelerinage  sur  la  terre 
et  des  secours  surnaturels  de  la  grace 
que  Dieu  lui  menage  a  chaque  pas. 
Elle  n'a  pas  de  peine  a  trouver  quelle 


1  Dans  rOffice  du  temps. 


LES  PSAUMES. 


est  la  nianne,  ce  pain  dcscendu  du 
del,  que  Ic  Seigneur  lui  donne  en 
nourriture;  quelles  sont  les  eaux  ra- 
fraichissantes  dont  il  ctanche  sa  soif : 
S.  Paul  lui  a  appris  que  le  rocher  d'ou 
clles  jaillissent,  c'est  le  Christ.  La 
captivite  de  Babylone  est  finie  depuis 
des  siecles,  mais  la  captivite  du  pe- 
che  et  du  mal  existe  toujours,  et  les 
memes  cantiques  qui  ne  raconterent 
d'abord  que  les  tristesses  de  Texil, 
disent  maintenant  les  douleurs  de 
I'ame  eloignee  de  la  patrie  celeste, 
de  I'ame  surtout  separee  de  Dieu  par 
le  peche,  et  les  joies  de  celle  qu'ont 
ramenee  a  lui  les  larmes  du  repentir. 

Et  que  dire,  a  ce  point  de  vue,  des 
Psaumes  composes  par  David,  I'hom- 
me  qui  a  le  mieux,  peut-etre,  connu 
toutes  les  vicissitudes  de  la  vie  hu- 
maine?  Petit  patre,  du  haut  des  col- 
lines  de  Bethleem,  il  admirait  deja 
la  beaute  des  cieux  qui  proclament 
la  gloire  du  Seigneur;  il  entendait 
les  voix  secretes  du  jour  redisant  au 
jour,  de  la  nuit  redisant  a  la  nuit  la 
louange  divine  (Ps.  xviii).  A  ces  pre- 
mieres impressions  de  I'adolescent, 
succedent  bientot  les  emotions  les 
plus  diverses.  Un  prophete  lui  an- 
nonce  qu'il  sera  roi  et  fait  couler 
I'huile  sainte  sur  son  front.  Arme  de 
sa  fronde  et  de  sa  confiance  en  Dieu, 
il  renverse  le  geant  Goliath.  Tour  a 
tour  favori  de  Saiil  et  I'objet  de  sa 
haine,  il  est  traque  comme  une  bete 
fauve.  Dans  le  meme  temps,  il  goute 
la  fraternelle  amitie  de  Jonathas,  et 
la  trahison  des  hommes  de  cceur  le 
remplit  d'amertume  et  de  colere.  Le 
voila  enfin  roi  d'lsrael;  il  triomphe 
de  ses  ennemis  dans  des  guerres  lon- 
gues  et  difficiles.  Sur  le  mont  Sion, 
pres  de  son  propre  palais,  il  dresse 
un  riche  tabernacle  pour  y  recevoir 
I'arche  sainte,  gage  de  la  faveur  de 
Dieu,  et  symbole  de  sa  presence  au 
milieu  de  son  peuple.  Cependant  un 
jour  arrive  oil  ce  meme  homme  qui 
avait  vu  les  m^chants  a  I'oeuvre  et 
qui    avait   crie  vengeance   contre  la 


mcchancete  et  I'injustice,  devient  lui- 
meme  injuste  et  criminel.  Mais  a 
peine  est-il  tombe  dans  cet  abime, 
qu'il  voit  toute  I'horreur  de  sa  situa- 
tion et  qu'il  se  prend  en  haine  et  en 
pitie.  Alors  il  confesse  a  ciel  ouvert 
ses  erreurs  et  ses  crimes  et  sollicite 
son  pardon  comme  le  plus  humble 
des  mortels.  II  I'obtient,  mais  au  prix 
des  plus  dures  expiations.  Son  propre 
fils,  Absalon,  se  revolte  contre  lui,  et 
le  vieux  roi  s'enfuit  de  sa  capitale  en 
prenant  Dieu  a  temoin  de  son  bon 
droit.  La  mort  du  rebelle,  en  lui  ren- 
dant  le  trone,  fait  a  son  ccEur  de  pere 
une  incurable  blessure,  et  il  trouve  a 
peine  quelques  jours  de  repos  sur  le 
bord  de  la  tombe.  C'est  bien  de  lui 
qu'on  pent  dire  qu'il  a  passe  "  par 
toutes  les  extremites  des  choses  hu- 
maines  ",  qu'il  a  connu  tous  les  senti- 
ments, toutes  les  emotions,  depuis  les 
plus  douces  jusqu'aux  plus  ameres. 

Or  les  Psaumes  de  David  sont 
I'image  fidele  de  sa  vie;  et  comme 
cette  vie  resume  les  vicissitudes  pres- 
que  infinies  de  toute  existence  hu- 
maine,  c'est  I'histoire,  non  d'une  ame, 
mais  de  toutes  les  ames,  qu'ils  racon- 
tent.  II  n'est  pas  un  sentiment  du 
cceur  qui  n'y  soit  exprime.  La  dou- 
leur,  la  tristesse,  la  crainte,  I'espe- 
rance,  le  repentir,  la  joie,  la  confiance, 
la  reconnaissance,  y  font  entendre 
tour  a  tour,  souvent  dans  le  meme 
Psaume,  leurs  accents  joyeux  ou  de- 
chirants.  Est-ce  un  roi  qui  parle.^  Oui, 
dans  quelques  passages  oil  I'Oint  du 
Seigneur,dans  la  conscience  du  choix 
que  le  Seigneur  a  fait  de  lui  et  des 
sublimes  promesses  qu'il  en  a  recues, 
rappelle  a  ses  ennemis  qu'en  I'outra- 
geant  c'est  Dieu  meme  qu'ils  outra- 
gent.  Mais  habituellement  c'est  un 
homme,  un  homme  comme  nous,  ce 
pauvre,  comme  il  s'appelle  (^Fs. 
xxxiii,  7),  qui  se  plaint  et  qui  gemit, 
ou  plutot  qui  prie.  Car  "  tous  sessen- 
timents,toutessespensees,dit  deMais- 
tre,  se  tournent  en  prieres. "  Et  ces 
prieres  jaillissent  de  son   ame  avcc 


LES  PSAUMES. 


5 


tant  de  foi  et  d'ardeur,  qu'on  sent 
qu'elles  seront  infailliblement  exau- 
cees;  lancees  vers  le  ciel  de  toute  la 
force  du  desir  et  de  la  confiance, 
"  elles  atteindront  surement  leur  but, 
elles  iront  tomber  aux  pieds  de  Dieu 
avec  la  vitesse  et  la  precision  d'une 
fieche  ^."  Pour  David,  Dieu  est  vrai- 
ment  le  Dieu  vivant ;  il  lui  parle,  tan- 
tot  comme  a  son  juge  avec  la  terreur 
d'un  coupable,  tantot  comme  a  son 
ami  avec  I'assurance  d'un  juste  per- 
secute; il  se  repent  et  il  pleure  comme 
un  pecheur,il  se  tient  assure  du  triom- 
phe  de  son  droit  comme  un  saint  qui 
n'a  jamais  failli.  De  la  un  accent  ini- 
mitable ou  sont  fondues  a  la  fois  la 
grandeur  et  I'humilite,  I'inquietude  et 
la  confiance,  et  qui  est  I'accent  vrai 
de  la  priere.  Et  c'est  la  aussi  ce  qui 
donne  a  ces  prieres  un  cara6lere 
d'universelle  a6luaHte  :  comme  le 
Pater,  elles  sont  applicables  a  tous 
les  hommes  sans  exception;  elles  sont 
conformes  a  toutes  les  conditions  et 
a  toutes  les  situations  de  la  vie.  Le 
I'salmiste  ne  fait  pour  ainsi  dire  qu'un 
avec  nous  :  ce  qu'il  confesse  nous  est 
arrive  hier,  nous  menace  aujourd'hui, 
nous  surprendra  demain. 

Les  Psaumes  conviennent  done 
aux  fideles  de  I'Eglise  chretienne, 
comme  ils  convenaient  aux  enfants 
d'Israel.  Ce  livre  est  le  tresor  com- 
mun  de  toutes  les  ames  qui  connais- 
sent  et  qui  aiment  le  vrai  Dieu,  le 
Dieu  juste  et  bon,  le  Dieu  pere  et 
maitre  de  toutes  les  creatures.  Le  Chre- 
tien y  trouve.comme  autrefois  le  pieux 
israelite,  non  seulement  I'histoire  de 
la  religion  et  les  grandes  verites  qui 
sont  I'objet  de  sa  foi  et  le  fondement 
de  ses  immortelles  esperances,  mais 
I'histoire  intime  de  son  ame. 


De  tous  les  livres  de  la  sainte 
Ecriture,  le  Psautier  a  toujours  ete  le 
plus  populaire  et  le  plus  repandu. 
Non  seulement  I'Eglise  lui  a  donne 
la  place  d'honneur  dans  sa  liturgie, 
mais  elle  le  regarde  comme  eminem- 
ment  propre  a  la  formation  morale 
du  Chretien  et  au  developpement  de 
la  piete  dans  les  ames.  Dans  les  pre- 
miers siecles,  ses  ministres  et  ceux 
qui  aspiraient  a  la  vie  religieuse  de- 
vaient  le  savoir  par  coeur^.  Ces  pieux 
cantiques,  dit  S.  Augustin,  reconfor- 
taient  les  martyrs  au  milieu  des  tour- 
ments,  et  leur  inspiraient  cette  joie  et 
cette  intrepidite  qui  etonnaient  leurs 
bourreaux.3  Les  fideles  les  recitaient 
dans  leurs  maisons  pendant  qu'ils 
prenaient  leurs  repas  et  avant  de  se 
livrer  au  repos  de  la  nuit;  ils  en  fai- 
saient  retentir  les  places  pubHques.4 
Partout,  dans  les  campagnes  de  la 
Palestine,  au  temoignage  des  saintes 
Paula  et  Eustochium,  "  le  laboureur, 
tenant  le  manche  de  sa  charrue.chan- 
tait  alleluia ;  le  moissonneur  se  repo- 
sait  de  ses  fatigues  par  le  chant  d'un 
Psaume,  et  le  vendangeur,  la  faucille 
a  la  main,  modulait  quelque  hymne 
de  David.  5  "  Ces  cantiques  n'etaient 
pas  moins  populaires  dans  la  Gaule 
chretienne,  et  Sidoine  Apollinaire, 
dans  una  de  ses  poesies,  decrit  en  vers 
gracieux  les  mariniers  et  les  passa- 
gers  chantant  des  Psaumes  en  suivant 
le  cours  d'un  fleuve,  image  de  la  vie. 

Ce  qu'ont  ete  les  Psaumes  pour  les 
Hebreux,  ce  qu'ils  etaient  pour  les 
Chretiens  des  siecles  passes,  pourquoi 
ne  le  seraient-ils  plus  pour  nous? 
Descendus  du  ciel,  ces  chants  reli- 
gieux  ne  vieillissent  pas;  des  qu'on 
les  comprend,  ils  reprennent  leur 
eclat  et  leur  jeunesse  primitive.  En 
les  recitant,  nous  parlons  a  Dieu  un 


^  E.  Montegut,  Op.  cif.  p.  41. 

-Regie  de  S.  Paconie,  140. 

^  Cite  de  Dieu,  xiii,  52. 

■*  Clement  d'Alex.  :  Psalmi  autem  dum  ci- 
bus  sumitur,  et  anteqaam  eatur  ad  cubitum, 
etc.  Stromat.  vii,  7. 

S.  Basile  :  Psalmorum  oracula  et  domi 


modulantur  et    in  forum  circiimferunt.  Iti 
Ps.  i,  I. 

^Quocumque  te  vertas,  arator  stivam  te- 
nens  alleluia  decantat,  sudans  messor  Psal- 
mis  se  avocat,et  curva  attendens  vitem  falce 
vinitor  aliquid  canit  Davidicum.  SS.  Paiike 
et  Eustoch.  Epist.  ad  Marcell. 


6 


LES  PSAUMES. 


langagc  qui  lui  est  connu  ;  nous  lui 
adressons  des  formules  de  prieres, 
d'aftes  de  contrition  ou  d'a6lions  de 
graces  que  lui-meme  a  inspirees.  II  y 
a  plus  encore  :  ces  saints  cantiques, 
Jesus  les  connaissait,  il  les  a  recites 
en  son  nom  et  au  notre;  beaucoup 
meme  ne  pouvaient  lui  convenir 
qu'autant  qu'il  tenait  notre  place  et 
s'appropriait  nos  etats;  les  Apotres 
et  les  disciples  autour  de  lui  les  ont 
recites,  et  apres  eux  tous  les  saints, 
tous  les  do6leurs,  tous  les  hommes 
pieux  de  toutes  les  contrees  de  la 
terre.  Un  grand  nombre,  a  leur  der- 
niere  heure,  comme  le  Sauveur  sur  la 
croix,  comme  Etienne  son  premier 
martyr,  en  murmuraient  des  passages 
de  leur  bouche  mourante.  Les  Psau- 
mes  s'offrent  k  nous  comme  embau- 
mes  de  la  ferveur,  des  saintes  aspira- 
tions, des  repentirs  et  de  I'amour  de 
toutes  les  ames  fortes  et  grandes  qui 
s'en  sont  servi  pour  prier  :  semblables 
a  ces  pieuses  images  qui  se  transmet- 
tent  dans  les  families  chretiennes 
d'une  generation  a  I'autre,  rendues 
plus  venerables  par  toutes  les  mains 
qui  les  ont  touchees,  par  toutes  les 
levres  qui  les  ont  baisees,  par  toutes 
les  larmes  qui  sont  tombeessur  elles, 
par  la  foi  et  I'ardeur  des  prieres  qu'el- 
les  ont  inspirees. 

Notre  Psautier  latin  est  la  traduc- 
tion litterale  et  comme  le  caique  de 
la  version  grecque  dite  des  Septante, 
et,  de  tous  les  livres  de  I'Ancien  Tes- 
tament, les  Psaumes  sont,  avec  I'Ec- 
clesiaste,  la  partie  la  plus  faible  de 
cette  version  grecque.  Expliquons 
cela  brievement. 

Ce  qu'on  appelle  version  grecque 
des  Septante  n'est  pas  une  ceuvre 
homogene,  d'une  seule  epoque,  ayant 
le  meme  ou  les  memes  auteurs.  Les 
Septante  primitifs,  ceux  de  Ptolemee 


Philadelphe,  ne  traduisirent  que  la 
Thoiuxh,  la  Loi,  c'est-a-dire  les  cinq 
livres  de  Moise,  et  ce  travail  a  ete 
execute  par  eux  d'une  maniere  supe- 
rieure.  Les  autres  livres  de  I'Ancien 
Testament  furentsuccessivement  tra- 
duits  en  grec  par  des  auteurs  incon- 
nus,  plus  ou  moins  habiles.  Or  il  est 
incontestable,  dit  Le  Hir,  que  le  tra- 
ducleur  des  Psaumes  "ne  connaissait 
assez  bien  ni  I'hebreu  ni  le  grec  ^." 

C'est  sur  cette  version  grecque,  non 
sur  I'original  hebreu,  qu'a  ete  faite 
notre  traduction  latine  des  Psaumes; 
c'est  la  version  d'une  version,  et  d'une 
version  quelque  peu  defe6lueuse.  Elle- 
participe  done  a  toutes  les  imperfec- 
tions de  celle-ci,  si  meme  elle  n'y 
ajoute;  car  elle  suit  le  grec  de  si  pres, 
qu'elle  emploie  des  expressions  et  des 
constru6lions  de  phrase  que  I'usage 
de  la  langue  grecque  pent  seul  expli- 
quer.  II  est  vrai  que  S.Terome.  a  la 
demande  du  pape  S.  Damase,  retou- 
cha  a  deux  reprises  differentes  cette 
tradu6lion  latine  primitive;  mais  il 
ne  lui  fit  subir  que  des  corre6lions 
Icgeres  et  peu  nombreuses,  de  peur, 
nous  dit-il,  de  troubler  par  de  trop 
grands  changements  les  habitudes 
des  pretres  et  des  fideles,  qui  savaient 
les  Psaumes  par  cceur  sous  leur  an- 
cienne  formule,  et  en  faisaient  le  plus 
frequent  usage  aussi  bien  dans  la  vie 
privee  que  dans  les  offices  publics  de 
i'Eglise  2.  Lui-meme  se  montra  peu 
satisfait  de  ce  premier  travail.  Afin, 
selon  ses  expressions  favorites,  de  se 
rapprocher  davantage  de  la  verite  he- 
bra'iqiie  et  de  puiscr  a  la  source  meme 
une  eaii  phis  pure,  il  entreprit  une  tra- 
duction des  Psaumes  toute  nouvelle 
sur  le  texte  hebreu.  Cette  version  est 
une  ceuvre  de  grand  merite,  que  les 
travaux  des  exegetes  modernes  n'ont 
pu  qu'amender  sur  des  points  de 
detail.3  Neanmoins,  toujours  par  res- 


^  Op.  at.  Preface,  p.  xxxvi. 

-"  Ne  nimia  novitate  leefloris  stadium  ter- 
reremus.  " 

«  On  la  trouve,  non  seiilement  dans  les 
Qiuvres  de  S.  Jerome,  mais  encore  dans  la 


courte  Explication  des  Psaumes  de  Bossuet, 
ainsi  que  dans  le  volume  des  Psaumes  qui 
complete  les  Commentaires  de  Corn,  de  La- 
pierre  edites  par  M.  Vives. 


LES  PSAUMES. 


pe6l  pour  les  habitudes  des  fideles, 
I'Eglise  ne  jugea  pas  a  propos  de 
I'adopter  officiellement.  De  la  pre- 
miere revision  de  S.Jeromc  etait  sorti 
le  Psautier  roinain,  adopte  en  Italic 
et  employe  dans  le  Missel  et  le  Bre- 
viaire  jusqu'a  S.  Pie  V.  La  seconde 
recension  porte  Ic  nom  de  Psautier 
£a//u-an, par ce  que,apportee  de  Rome 
en  Gaulc  par  S.  Gregoire  de  Tours, 
clle  fut  introduite  dans  les  Offices  de 
ce  pays.  Une  plus  haute  fortune  lui 
etait  reservee  :  c'est  le  Psautier  gal- 
lican  que  S.  Pie  V  adopta  plus  tard 
pour  le  Breviaire;  c'est  lui  que  le  Con- 
cile  de  Trente  fit  entrer  dans  I'edition 
authentique  de  La  Bible.  ^ 

DU    PARA(Jfcfc£LISME. 

Le  cara6lere  le  plus  saillant  de  la 
poesie  hebrai'que, c'est  le  parallelisme. 
Le  D''  Lowth,  qui  a  signale  le  pre- 
mier, vers  le  milieu  du  dernier  siecle, 
ce  mecanisme  poetique,  lui  a  aussi 
donne  son  nom.  II  le  definit  la  cor- 
respondance  d'tin  vers  avec  un  autre. 
C'est,  dit  M.  I'abbe  Vigouroux,  une 
sorte  de  rime  de  la  pensee,  une  rela- 
tion de  I'idee,  exprimee  ordinaire- 
ment  deux  fois,  quelquefois  trois,  en 
termes  differents,  tantot  synonymes, 
tantot  opposes.  Exemple  tire  du 
Ps.  113  Qn  exitu)  : 

Quand  Israel  sortit  de  I'Egypte, 

La  maison  de  Jacob  du  milieu  d'un  peiiple 

barbare, 
Juda  devint  son  san6luaire, 
Israel  son  royaume. 

La  mer  le  vit,  et  elle  s'enfuit, 

Le  Jourdain  recula  vers  sa  source; 

Les  montagnes  bondirent  comme  des  be- 

liers, 
Et  les  collines  comme  des  agneaux. 

Qu'avais-tu  done,  6  mer,  pour  t'enfuir, 

Et  toi,  Jourdain,  pour  reculer  vers  ta 
source? 

Montagnes,  pourquoi  bondissiez-vous  com- 
me des  beliers, 

Et  vous,  collines,  comme  des  agneaux? 


Autres  exemples  : 

Quid  est  homo,  quod  memor  es  ejus, 
Aut  filius  hominis,  quoniam  visitas  eum? 

Ps.  viii,  5. 

Sitivit  anima  mea  ad  Deum  fortem,  vivum, 
Quando  veniam...  ante  faciem  Dei? 

Ps.  xli,  3. 

Dans  ces  phrases  oil  les  membres 
de  chaque  verset  se  correspondent  en 
exprimant  le  meme  sens  en  termes 
equivalents,  le  parallelisme  est  dit 
syuonyuiique. 

D'autres  fois  le  parallelisme  pro- 
cede  par  opposition; on  I'appelle  alors 
antithetique.  Ex. 

Hi  in  curribus,  et  hi  in  equis  (confidunt) ; 
Nos  autem  in  nomine  Domini  invocabimus. 
Ipsi  obligati  sunt  et  ceciderunt, 
Nos  autem  surreximus  et  erecfli  sumus. 

Ps.  xix.  8  sv. 

Enfin  il  arrive  souvent  que  le 
sens  des  membres  paralleles  n'est 
ni  le  meme,  ni  oppose;  le  paralle- 
lisme consiste  alors  dans  I'analogie 
de  la  stru6lure  de  la  phrase  poeti- 
que, se  developpant  en  deux  ou  trois 
vers.  Ex. 

Voce  mea  ad  Dominum  clamavi, 
Et  exaudivit  me  de  monte  sancflo  suo. 

Ps.  iii,  5. 

1.  In   Domino    confido    :  quomodo    dicitis 

animte  meae  : 
Transmigra  in  montem,  sicut  passer? 

2.  Quoniam  ecce  peccatores  intenderunt  ar- 

cum, 
Paraverunt  sagittas  suas  in  pharetra, 
Ut  sagittent  in  obscuro  reftos  corde. 

Ps.  X. 

Le  Psaume  xviii,  8  sv.  est  surtout 
remarquable  sous  ce  rapport  : 

Lex  Domini  immaculata, 
Recreans  (reficiens)  animas; 

Testimonium  (lex)  Domini  fidele, 
Sapientiam  prasstans  parvulis ; 

Justitia;  (prascepta)  Domini  recflae, 
Laetificantes  corda,  etc. 


^  Les  passages  des  Psaumes  cites  dans  nos 
Missels,  ainsi  que  I'Invitatoire  de  Matines, 
sont   empruntes    au    Psautier   remain;    ce 


Psautier  ne  sert  plus  pour  le  Breviaire  que 
dans  I'eglise  de  Saint-Pierre  de  Rome. 


8 


LES  PSAUMES. 


Ces  notions  bricvcment  rappclccs, 
on  comprend  que  la  connaissance  du 
parallclisme  offre  un  moyen  aussi 
efificace  qu'ingenieux  de  mieux  saisir 
le  sens  du  texte  sacrc,  et  cela  preci- 
sement  dans  les  livres  les  plus  obs- 
curs  ct  les  plus  difficiles,  les  livres 
poetiques.  Prenons  pour  exemple  le 
vers.  7  du  Ps.  121,  dont  les  deux 
membres  donncnt  un  parallclisme 
S3'non}'mique  : 

Fiat  pax  in  virtute  tua, 

Et  abiindantia  in  turribus  tuis. 

Quel  sens  faut-il  attacher  a  vir- 
tute, mot  susceptible  de  quatre 
ou  cinq  significations  differentes? 
Les  mots  parfaitement  clairs  du 
membre  correspondant,  /;/  turribus 
tuis,  nous  donnent  la  reponse  : 
in  virtute  tua  doit  signifier  quelque 
chose  d'analogue,  une  chose  qui 
fait    la    force  et   assure    la    paix  de 


Jerusalem ;  ce  sont  ses  reviparts,  et 
c'est  ainsi  que  S.  Jerome  a  traduit 
{in  miiris  tuis)  dans  sa  version  latine 
des  Psaumes  sur  I'hebreu. 

Le  parallclisme  antithetique  ren- 
dra  le  meme  service.  Prenons  un 
exemple  tire  des  Proverbes,  ou  11 
se  rencontre  si  frequemment  {Prov. 
xi,  2)  : 

Simplicitas  justorum  diriget  eos, 

Et  supplantatio  perversorum  vastabit  illos. 

Le  sens  un  peu  obscur,  un  pen  va- 
gue, de  diriget  et  de  supplantatio  est 
clairement  indique  par  celui  des  ter- 
mes  opposes,  vastabit  et  simplicitas. 
Nous  avons  d'un  cote  la  simpHcite 
du  juste,  sa  droiture,  qui  dirige  ses 
pas  et  le  fait  marcher  dans  une  voie 
sfire,  a  I'abri  du  danger;  de  I'autre,  la 
perversite  du  mechant,  qui  le  porte  a 
tendre  des  pieges  au  prochain,  mais 
qui  aboutit  a  sa  propre  ruine. 


^:^M'^^^HHMHHHH'^MMMM^M:^^m. 


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LIVRE    PREMIER. 


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PSAUME   I. 

E  Psaume  decrit  le  bonheur  de  I'homme  pieux  et  le  malheur  reserve  a  I'impie. 
C'est  un  co!/f/  p7-oloi!;iie,  dit  S.  Basile,  mis  en  tete  de  tout  le  recueil,  au  moins 
du  livre  I.  Voila  pourquoi  S.  Paul  appelle  prcmiej-  le  Psaume  qui  vient  ensuite 
{AlI.  xiii,  33,  texte  grec).  II  ne  porte  pas  de  nom  d'auteur ;  S.  Jerome,  suivi  par 
Hengstenberg  et  beaucoup  d'autres  interpretes,  I'attribue  a  David ;  mais  le  mot  letsiin, 
inoqiieiirs,  qui  ne  reparait  plus  dans  aucun  autre  Psaume,  et  qui  revient  souvent  dans  les 
Pfcnfeibes  (i,  22;  iii,  34;  xiii,  i),  indiquerait  plutot  Salomon. 

Ps.  i.  I   Heureux  I'homme  qui  ne  marche  pas  dans  le  conseil  des  impies, 

Qui  ne  se  tient  pas  dans  la  voie  des  pecheurs, 
Et  qui  ne  s'assied  pas  dans  la  compagnie  des  moqueurs, 

2  Mais  qui  a  son  plaisir  dans  la  loi  de  Jehovah, 
Et  qui  la  medite  jour  et  nuit ! 

3  II  est  comme  un  arbre  plante  pres  d'un  cours  d'eau, 
Qui  donne  son  fruit  en  son  temps, 

Et  dont  le  feuillage  ne  se  fletrit  pas  : 
Tout  ce  qu'il  fait  lui  r^ussit. 

4  II  n'en  est  pas  ainsi  des  impies  : 

lis  sont  comme  la  paille  que  chasse  le  vent. 

5  C'est  pourquoi  les  impies  ne  resteront  pas  debout  auyV'/zr  1/7/ jugement, 
Ni  les  pecheurs  dans  I'assemblee  des  justes. 

6  Car  Jehovah  connait  la  voie  du  juste. 
Mais  la  voie  des  pecheurs  mene  a  la  ruine. 


PSAUME   II. 

ftTj  E  Psaume  ne  porte  pas  de  nom  d'auteur,  mais  les  premiers  Chretiens  I'attribuaient 
^  a  David  {Atl.  iv,  25),  et  sa  ressemblance  avec  Ps.  ex  vient  a  I'appui   de  cette 


tradition.  11  annonce  et  proclame  la  domination  vieflorieuse  du  Roi-Messie,  c.-a-d. 
du  P^ils  de  Dieu  fait  homme,  sur  toutes  les  nations  de  la  terre.  Ainsi  I'ont  entendu  les 
Apotres  reunis  {A^.  iv,  25)  et  specialement  S.  Paul  {Hel>r.  i,  5;  v,  5.  Comp.  Apoc.  ii,  27; 
xii,  5;  xix,  5).  Est-ce  dans  le  sens  litteral,  ou  seulement  dans  le  sens  typique,  que  cette 
application  est  faite  a  Jesus-Christ  et  a  son  royaume,  c.-a-d.  a  son  Eglise?  La  grandeur 
des  images  et  la  magniticence  des  expressions  ne  permettent  gucre  de  s'arreter  au  dernier 
sentiment;  mais  on  peut  admettre  que  les  ev^nements  du  regne  de  David  forment  le  fond 
historique  du  tableau. 

Ps.  ii.  I  Pourquoi  les  nations  s'agitent-elles  en  tumulte, 

Et  les  peuples  meditent-ils  de  vains  projets? 

2  Les  rois  de  la  terre  se  souli^vent, 

Et  les  princes  tiennent  conseil  ensemble 
Centre  Jehovah  et  centre  son  Oint. 

3  "  Brisons  leurs  liens,  disent-ils, 

Et  jetons  loin  de  nous  leurs  chaines!  " 

4  Celui  cjui  est  assis  dans  les  cieux  rit, 
Le  Seigneur  se  moque  deux. 


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Jiifici:  Piialnmruni. 


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— :i--       PSALMUS    I.       — :>— 
Felicitas  jiistoriim,  et  impiorum  miseria. 


EAT  US  vir,  qui  non 
abiit  in  consilio  impio- 
rum, et  in  via  peccato- 
rum  non  stetit,  et  in 
cathedra  pestilentias  non 
sedit  :  2.  "sed  in  lege  Domini  vo- 
luntas ejus,  et  in  lege  ejus  medita- 
bitur  die  ac  nocte.  3/Et  erit  tam- 
quam  lignum,  quod  plantatum  est 
secus  decursus  aquarum,  quod  fru- 
ctum  suum  dabit  in  tempore  suo  : 
et  folium  ejus  non  defluet  :  et  om- 
nia quaecumque  faciet,  prospera- 
buntur. 

4.  Non  sic  impii,  non  sic  :  sed 
tamquam  pulvis,  quem  projicit  ven- 
tus  a  facie  terras.  5.  Ideo  non  resur- 
gent impii  in  judicio  :  neque  pecca- 
tores  in  concilio  justorum.  6.  Quo- 


PSAUME  I. 

1.  Le  C07iseil  des  iinptes,  ou  dcs  mecJiania, 
ce  sont  leurs  sentiments  ou"  leurs  desseins 
mauvais;  leur  voie,  ce  sont  leurs  a(5\es  exte- 
rieurs.  —  Moqi/ei/is,  ceux  qui  tournent  en 
derision  Dieu  et  ses  lois.  Vulgate  ...  assis 
dans  la  chaire  de  corruption,  des  honnmes 
corrompus. 

2.  Comp.  y^j.  i,  8. 

3.  Comiue  tin  arbre  :  le  palmier,  aux  ra- 
meaux  toujours  verts,  aux  fruits  abondants 
et  delicieux  {Ps.  cii,  13  :  comp. /^'r.  xvii,  8). 

5.  Ne  t-esteront  pas  deboiit,  seront  renver- 
ses,  c.-a-d.  condamnes  (en  lat.  causa  ca- 
dent),  an  Jour  de  la  retribution  finale,  du 
jugement  dernier.  L'expression,  tout  h.  fait 
g^nerale,  comprend  aussi  les  jugements, 
c.-a-d.  les  chatiments  dont  la  justice  de 
Dieu  frappe  quelquefois  les  impies  dans  la 
vie  presente.  — Dans  Passeinblce  desjusies, 
au  dernier  jour.  Ici-bas  les  mdchants  vivent 


niam  novit  Dominus  viam  justo- 
rum :  et  iter  impiorum  peribit. 

— :i:—      PSALMUS    II.      — :>— 

Christi  imperium  vanis  conatibus 
homines  expugnabunt. 


^"UARE  fremuerunt  gen- 
tes,  "et  populi  meditati 
sunt  inania.^  2.  Astiterunt 
reges  terras,  et  principes 
convenerunt  in  unum  adversus 
Dominum,  et  adversus  Christum 
ejus.  3.  Dirumpamus  vincula  eo- 
rum  :  ct  projiciamus  a  nobis  jugum 
ipsorum. 

4.  Qui  habitat  in  coelis  irridebit 
eos  :  et  Dominus  subsannabit  eos. 
5.  Tunc  loquetur  ad  eos  in  ira 
sua,  et  in  furore  suo  conturbabit 
eos.  6.  Ego  autem  constitutus  sum 
rex  ab  eo  super  Sion  montem  san- 
ctum ejus, 


dans  la  societe  des  bons,  commel'ivraie  est 
melee  au  froment;  le  jugement  de  Dieu  fera 
la  separation  {Sag.  v,  i;  Matth.  xiii,  30; 
XXV,  32). 

6.  Connait  d'une  connaissance  pleine  de 
complaisance  et  d'amour  {Ps.  xxxvii,  18; 
Jean,  x,  14).  En  ce  sens,  Dieu  ne  connait 
pas  les  impies  {Matth.  vii,  23).  —  A  la 
ruine  :  seule  la  voie  des  justes  est  une  I'oie 
d'cternite  {Ps.  cxxxix,  24),  conduisant  h. 
Feternelle  vie. 

PSAUME  II. 

1.  Comp.  Ad.  iv,  27, 

2.  Tiennent  conseil;  litt.,  sont  assis  pour 
deliberer.  —  Son  Oint  :  en  general,  celui 
qui  a  regu  I'oncftion  royale;  ici,  I'Oint  par 
excellence  de  Jehovah,  le  Roi-Messie. 

3.  Leurs  liens...  leurs chatftes {com\).  Luc, 
xix,  14)  :  ils  appellent  ainsi  le  joug  si  doux 
du  service  de  Dieu  et  de  I'obe'issance  a 
Jesus-Christ  {Matth.  xi,  2Z). 


■  A(5l.  4,  25. 


12 


PREMIF.R  LIVRE  DES  PSAUMES. 


5  Alois  il  leur  parlera  dans  sa  collie, 
Et  dans  sa  fureur  il  les  epouvantera  : 

6  "  Et  moi,  j'ai  etabli  mon  roi 

Sur  Sion,  ma  montagne  sainte."  — 

7  "  Je  publieiai  le  decret  : 
Jehovah  m'a  dit  :  Tu  es  mon  Fils, 
Je  t'ai  engendre  aujourd'hui. 

8  Demande,  et  je  te  donnerai  les  nations  pour  heritage, 
Pour  domaine  les  extremites  de  la  terre. 

9  Tu  les  briseras  avec  un  sceptre  de  fer, 

Tu  les  mettras  en  pieces  comme  le  vase  du  potier." 

lo  Et  maintenant,  rois,  devenez  sages; 

Recevez  I'avertissement,  juges  de  la  terre. 

Servez  Jdhovah  avec  crainte, 

Tressaillez  de  joie  avec  tremblement. 

Baisez  le  Fils,  de  peur  qu'il  ne  s'irrite 

Et  que  vous  ne  perissiez  dans  votre  voie ; 

Car  bientot  s'allumerait  sa  colere. 

Heureux  ceux  qui  mettent  en  lui  leur  confiance ! 


II 


12 


PSAUME   III. 


I^^^Avid,   fuyant   devant  Absalon  et    ses   partisans  revokes,  courut  les  plus  grands 
dangers  (voy.  II  Sam.  xv  sv.).  II  exprime  dans  ce  Psaume  les  sentiments  de  foi  et 


1  de  confiance  en  Dieu  dont  il  etait  alors  penetre.  Dans  quelle  circonstance  precise 
le  composa-t-il?  On  ne  saurait  le  dire  avec  certitude  :  probablement,  dit  Delitzsch,  apres 
une  nuit  (vers.  6)  passee  sans  accident  au  milieu  des  plus  extremes  perils.  Ce  serait  un 
chant  du  matin,  comme  le  Psaume  iv  est  un  chant  du  soir. 

Pg_  iii.  ^  CHANT  de  David.  A  I'occasion  de  sa  fuite  devant  Absalon,  son  fils, 

2  Jehovah,  que  mes  ennemis  sont  nombreux! 
Quelle  multitude  se  leve  contre  moi ! 

3  Nombreux  sont  ceux  qui  disent  a  mon  sujet  : 

"  Plus  de  salut  pour  lui  auprcs  de  Dieu  !  "  — •  Sela. 

4  Mais  toi,  Jehovah,  tu  es  mon  bouclier; 
Tu  es  ma  gloire,  et  tu  releves  ma  tete. 

5  De  ma  voix  je  crie  vers  Jehovah, 

Et  il  me  repond  de  sa  montagne  sainte.  —  Sela. 

6  Je  me  suis  couche  et  me  suis  endormi; 

Je  me  suis  reveille,  car  Jehovah  est  mon  soutien. 

7  Je  ne  crains  pas  devant  le  peuple  innombrable 
Qui  m'assiege  de  toutes  parts. 

8  Leve-toi,  Jehovah !  Sauve-moi,  mon  Dieu! 
Car  tu  frappes  k  la  joue  tous  mes  ennemis, 
Tu  brises  les  dents  des  mechants. 

9  A  Jdhovah  le  salut ! 

Que  ta  benedi(ftion  soit  sur  ton  peuple !  —  Sela. 


5.  Alors,  quand  le  temps  sera  venu. 

6.y'rt/  clabli;  d'autres  :fai  olnt  :  meme 
sens.  L'histoire  d'Israel  ne  mentionne  aucun 
roi  qui  ait  requ  I'oncflion  sacree  sur  le  mont 
Sion,  si  ce  n'est  Joas  (II  /?ois,  xiv).  —  Sion, 
la  colline  du  Temple,  sera  le  centre  du 
royaume  messianique. 

D'apres  les  anciennes  versions,  ce  serait 
le  Fils  de  Dieu  qui  parlerait  dans  ce  verset, 
comme  il  le  fait  au  vers.  7.  LXX  et  Vulg.  : 


El  moi,  fat  ete  Etabli  par  lui  roi  stir  Siotj, 
sa  montas^ne  sainte. 

7.  Le  Roi-Messie  repute  aux  rebelles  le 
decret  eternel  de  Jehovah.  —  Moti  Fils,  non 
par  I'adoption,  comme  I'etait  Israel  {Exod. 
iv,  22  sv.  Dent  xiv,  i),  mais  dans  le  sens 
absolu  du  mot,  mon  Fils  unique  et  I'heritier 
de  mon  souverain  domaine  {Hcbr.  i,  5).  Les 
docfleurs  juifs  I'entendaient  si  bien  de  la 
sorte,  que  le  nom  de  Fils  de  Dieu  leur  servait 


LIBER  PSALMORUM. 


13 


Prasdicans  praeceptumejus.y/Do- 
minus  dixit  ad  me  :  Filius  meus  es 
tu,  ego  hodie  genui  te.  8.  Postula  a 
me,  et  dabo  tibi  gentes  hereditatem 
tuam,  et  possessionem  tuam  termi- 
nos  terras.  9.  ""Reges  eos  in  virga 
ferrea,  et  tamquam  vas  figuli  con- 
fringes  eos, 

10.  Et  nunc  reges  intelligite  :  eru- 
dimini  qui  judicatis  terram.  1 1.  Ser- 
vite  Domino  in  timore  :  et  exsultate 
ei  cum  tremore.  12.  Apprehendite 
disciplinam  nequando  irascatur  Do- 
minus,  et  pereatis  de  via  justa. 
13.  Cum  exarserit  in  brevi  ira  ejus, 
beati  omnes,  qui  confidunt  in  eo. 

— :i:—      PSALMUS   III.     — :>— 

David  fugiens  Absalom  a  Deo 
salutem  sperat. 

I.  Psalmus  David,  Cum  fugeret 


a  facie  Absalom    filii   sui.   {2  Reg. 

OMINE  quid  multiplicati 
sunt  qui  tribulant  me? 
multi  insurguntadversum 
me.  3 . Multi  dicunt  animas 
mese  :  Non  est  salus  ipsi  in  Deo  ejus. 
4.  Tu  autem  Domine  susceptor 
meus  es,  gloria  mea,  et  exaltans  ca- 
put meum.  5.  Voce  mea  ad  Domi- 
num  clamavi  :  et  exaudivit  me  de 
monte  sancto  suo. 

6.  Ego  dormivi,et  soporatus  sum : 
et  exsurrexi,  quia  Dominus  suscepit 
me.  7.  Non  timebo  millia  populi 
circumdantis  me  : 

Exsurge  Domine,  salvum  me  fac 
Deus  meus.  8.  Quoniam  tu  percus- 
sisti  omnes  adversantes  mihi  sine 
causa  :  dentes  peccatorum  contri- 
visti.  9.  Domini  est  salus  :  et  super 
populum  tuum  benedictio  tua. 


a  designer  le  Messie  {Jean,  i,  49 ;  MattJi. 
xxvi,  23).  — Je  t\ii  cngefidre  aujoiirtr/im, 
en  un  jour  sans  veille  ni  lendemain,  de  toute 
eternite.  S.  Paul  {Afl.  xiii,  33)  et  les  Saints 
Peres  appliquent  ces  paroles  a  certains  fails 
particuliers  de  la  vie  terrestre  de  J.-C,  tels 
que  sa  naissance,  sa  resurre<f\ion,  sans  doute 
parce  que  ces  faits  ont  leur  fondement  et 
leur  raison  dans  la  dignite  meme  de  Fils  de 
Dieu,et  qu'ils  en  sont  comme  la  manifesta- 
tion dans  le  temps. 

8.  Dieu  le  Pere  continue  de  parler  au 
Verbe  comme  Messie,  comme  revetu  de  la 
nature  humaine.  —  Les  nations  pai'ennes  : 
ce  qu'Israel  seul  dtait  pour  Jehovah,  tous  les 
peuples  le  seront  pour  le  Messie.  Comp. 
Matth.  xxviii,  18. 

9.  Sceptre  de  douceur  et  d'amour  pour 
les  hommes  de  bonne  volonte  {Matth. 
xii,  20),  verge  de  fer  pour  les  rebelles 
{ci.  Jer.  xix,  1 1). 

Les  anciennes  versions  ont  lu  thireevt  (de 
raah,  mener  paitre)  :  /«  les  condtiiras. 

10  sv.  Reprise  du  Psalmiste,  pour  donner 
un  double  avertissement  aux  grands  de  la 
terre,  I'un  relatif  a  Jehovah  (vers.  1 1),  I'autre 
relatif  au  Messie  (vers.  12). 

11.  Tressaillez  de  joie  ^owx  cet  honneur, 
mais  avec  crainte,  k  la  pensee  d'une  Ma- 
jeste  si  haute. 

12.  Baisez  le  Fils  :  le  baiser,  ordinaire- 
ment  sur  la  main,  etait  un  adle  d'hommage 
et  d'adoration.  Voy.  I  Sa?n.  x,  i;  I  Rois, 
xix,  18.  Seule  de  toutes  les  anciennes  ver- 
sions, la  Peschitto  (syriaque)  a  bien  rendu 


le  mot  ^ar.  LXX  et  Vulg.,  attachez-vous  a 
Vinst}-u£lio7i  que  je  vous  donne.  —  De peur 
gu'il  ne  sHrrite.  Dieu  le  Pere  ou  le  Fils?  Le 
Pere,  suivant  Delitzsch,  a  cause  du  dernier 
membre  du  verset  :  c'est  toujours  a  la  con- 
fiance  en  Jehovah  qu'exhorte  le  Psalmiste. 

PSAUME  III. 

I.  Chant.,  hebr.  mizinor. 

3.  A  inon  sujet,  litt.  au  sujet  de  mon  ame  : 
hc^bra'isme.  Delitzsch  donne  a  cette  locution 
un  sens  plus  rigoureux  :  au  sujet  de  mon 
dine,  de  sa  situation  morale  devant  Dieu. 
Comp.  II  Sam.  xvi,  7. 

4.  Afon  bouclier,  litt.  un  bouclier  ardour 
de  moi,  ou  devant  moi.  Vulgate,  7/ion  pro- 
tcdetir. 

6.  D'autres  traduisent  par  le  present  :je 
me  couch e,  ou  par  le  futur. 

Les  SS.  Peres  appliquent  ce  verset,  dans 
le  sens  spirituel,  a  Jesus- Christ,  dont  la 
mort,  semblable  k  un  court  sommeil,  fut 
suivie  d'une  glorieuse  resurrecflion. 

7.  Lcve-toi  :  comp.  Nombr.  x,  35. 

8.  Tu  frappes,  etc.  :  c'est  ce  que  Dieu  fait 
constamment  pour  David.  —  A  la  joue  ou 
a  la  mdchoirc  :  blessure  qui  est  en  meme 
temps  un  outrage  {Job,  xvi,  10  sv.). 

Vulg.,  car  tu  as  frappe  tous  ceux  qui 
e'taiettt  sans  raison  vies  adversaires ;  de 
meme  les  LXX;  ils  ont  dii  lire  lechinnam 
au  lieu  de  lechi. 

9.  A  Jehovah  appartient  le  salut;  il  en 
dispose  et  il  le  donne  a  qui  il  lui  plait.  — 
(?ue  ta  bene'diclion  :  ce  souhait  touchant  en 


14 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


s.  \v. 


PSAUME    IV. 

E  Psaume  parait  avoir  ete  compose  pendant  la  revolte  d'Absalon,  dans  les  memes 
circonstances  que  le  pre'cedent.  David  implore  le  secours  divin  Cvers.  2)  il  inter- 
im pelle  ses  ennemis  et  les  engage  a  revenir  a  de  meilleurs  sentiments  (3-6);  il  affirme 
qu'en  Dieu  seal  on  trouve  le  bonheur  et  la  paix  (7-9).  C'est  aux  chefs  de  la  revolte,  plutot 
qu'k  la  foule  des  rebelles,  qu'il  semble  s'adresser  ici.  L'Eglise  a  mis  ce  Psaume  dans  son 
Office  du  soir. 

lAU  maitre  de  chant,  sur  les  instruments  a  cordes.  Psaume  de  David. 

2  Quand  je  t'invoque,  reponds-moi,  Dieu  de  ma  justice, 
Toi  qui,  dans  ma  detresse,  me  mets  au  large, 

Aie  pitie  de  moi  et  entends  ma  priere. 

3  Fils  des  hommes,  jusques  a  quand  ma  gloire  sera-t-elle  outragee*'' 
Jusques  a  quand  aimerez-vous  la  vanitd 

Et  rechercherez-vous  le  mensonge?  —  Si'/a. 

4  Sachez  que  Jehovah  s'est  choisi  un  homme  pieux. 
Jehovah  entend  quand  je  I'invoque. 

5  Tremblez,  et  ne  pechez  plus ! 

Parlez-vous  k  vous-memes  sur  votre  couche,  et  cessez  !  —  Sc'/a. 

6  Offrez  des  sacrifices  de  justice, 
Et  confiez-vous  en  Jehovah. 

7  Beaucoup  disent  :  "  Qui  nous  fera  voir  le  bonheur?" 
Pais  lever  sur  nous  la  lumicre  de  ta  face,  Jehovah  I 

8  Tu  as  mis  dans  mon  caur  plus  de  joie  qu'ils  n'en  ont 
Au  temps  011  abondent  leur  froment  et  leur  vin  nouveau. 

9  En  paix  je  me  coucherai  et  je  m'endormirai  aussitot; 
Car  toi,  Jehovah,  toi  seul, 

Tu  me  fais  habiter  dans  la  securite. 


PSAUME   V. 


's.  v. 


I  Psaume  est  une  priere  du  matin  adressee  a  Dieu,  qui  protege  le  juste  et  punit  le 
pecheur.  D'apres  Le  Hir,  David  I'aurait  compose  durant  la  1 


compose  durant  la  persecution  de  Saiil, 
i^  contre  Doeg  I'ldumeen  (I  Sa///.  xxii,  9),  qui  serait  vise  vers.  7  et  10,  et  centre  les 
autres  mauvais  conseillers  du  roi ;  d'autres  en  placent  la  composition  k  Jerusalem  (vers.  8), 
peu  de  temps  avant  la  revolte  d'Absalon.  Apres  une  pressante  invocation  a  Dieu 
(vers.  2-4),  qui  hait  I'iniquit^  (5-7),  le  Psalmiste  oppose  sa  piete  (8-9)  a  la  perversite  de 
ses  ennemis  (lo-ii),  et  termine  par  une  nouvelle  expression  de  confiance  (12-13). 

^AU  maitre  de  chant.  Sur  les  flutes.  Psaume  de  David. 

2  Prete  I'oreille  a  mes  paroles,  Jehovah, 
Entends  mon  secret  gemissement; 

3  Sois  attentif  a  mes  cris,  6  mon  Roi  et  mon  Dieu; 
Car  c'est  a  toi  que  j'adresse  ma  priere. 

4  Jehovah,  des  le  matin,  tu  entendras  ma  voix; 

Des  le  matin  je  dispose  pour  toi  /e  sacrifice  de  ma  priere,  et  j'observe. 


faveur  de  son   peuple,  jette  une  profonde 
lumiere  sur  lagrande  ame  de  David  (Ewald.) 

PSAUME  IV. 

1.  Au  mattre  de  chant,  charge  d'adapter 
la  musique  a  I'usage  public  du  temple,  et 
d'exercer  a  I'execution  les  choeurs  des  le- 
vites. 

LXX  et  Vu\g.,/>our/afin,  ou  jusquW  la 
fin,  cantique  de  louange.  Psaume  de  David. 

2.  Dieu  de  ma  justice,  c.-a-d.  mon  Dieu 
juste,  ou  bien  Dieu  par  qui  je  suis  juste. 


La  Vulg.  rend  ce  i*^''  membre  :  quand  je 
l^invoquais,  le  Dieu  de  ma  justice  )n\i 
exaucc. 

3.  Fils  des  homines,  hebraisme  pour  /lo/n- 
mes  en  general,  ou,  d'apres  quelques-uns, 
les  grands.  —  Gloire  outragce.  Les  LXX  et 
la  Vulg.,  d'apres  une  autre  legon  -.jusques 
a  quand  aurez-vous  le  cwur  appesanli,  en- 
durci,  obstine  dans  la  revoke.'' 

4.  S''est  choisi  (litt.  s'est  distingue)  un 
homme  pieux,  David  lui-meme,  I'oint  du 
Seigneur. 


LIBER  PSALMORUM. 


15 


'Eph.  4, 


— :;:—     PSALMUS    IV.     — :;=— 

David  hortatur  ad  pacem  et  omnia  bona 
a  Deo  speranda. 

I.  In  finem  in  carminibus,  Psal- 
mus  David. 

UM  invocarem  exaudivit 

me  Deus  justitias  meas  :  in 

tribulatione  dilatasti  mihi. 

Miserere   mei,    et   exaudi 

orationeni  meam. 

3.  Filii  hominum  usquequo  gravi 
corde?  ut  quid  diligitis  vanitatem, 
et  quasritis  mendacium?  4.  Et  scitote 
quoniam  mirificavit  Dominus  san- 
ctum suum  :  Dominus  exaudiet  me 
cum  clamavero  ad  eum.  5.  "Irasci- 
mini,  et  nolite  peccare  :  quae  dicitis 
in  cordibus  vestris,  in  cubilibus  ve- 
stris  compungimini.  6.  Sacnficate 
sacrificium  justitias,  et  sperate  in 
Domino  : 


Multi  dicunt  :  Quis  ostendit  no- 
bis bona?  7.  Signatum  est  super  nos 
lumen  vultus  tui  Domine  :  dedisti 
laetitiam  in  corde  meo.  8.  A  fructu 
frumenti,  vini,  et  olei  sui  multipli- 
cati  sunt,  9.  In  pace  in  idipsum  dor- 
miam,  et  requiescam;  10.  quoniam 
tu  Domine  singulariter  in  spe  con- 
stituisti  me. 

— :;:—      PSALMUS   V.       — :;=— 

Contra  malignum  Justus  auxilium 
divinum  implorat. 

I.  In  finem  pro  ea,  quas  here- 
ditatem  consequitur,  Psalmus  Da- 
vid. 

^ERBA  mea  auribus  per- 
cipe  Domine,  intellige  cla- 
morem  meum.  3.  Intende 
voci  orationis  meas,  rex 
meus  et  Deus  meus,  4.  Quoniam  ad 
te  orabo  :  Domine  mane  exaudies 


5.  Treiiiblez  d'effroi,  redoutez  la  colere  de 
Dieu,  qui  m'a  consacre  par  I'ondlion  royale. 
Ou  bien,  avec  la  Vulg.,  suivie  par  Delitzsch  : 
iiiettez-vous  en  colere  contre  moi,  mais  ne 
pechez  point  par  votre  rebellion.  S.  Paul 
parait  aussi  I'entendre  dans  ce  dernier  sens 
{Ephcs.  iv,  26};  mais  il  ne  fait  que  suivre  les 
LXX.  —  A  votis-memes,  litt.  dansvos  cauas. 
—  Stir  vofre  couche.  S.  Jean  Chrysostome  : 
"  Ouand,  avec  le  declin  de  la  lumicre  du 
jour,  s'est  levee  la  lumiere  de  I'esprit,  que 
le  bruit  des  affaires  et  les  soucis  de  la  jour- 
nde  ont  fait  silence,  c'est  le  temps  favorable 
pour  examiner,  non  seulement  ce  que  nous 
avons  fait  ou  dit,  mais  encore  ce  que  nous 
avons  pense."  —  Cessez  de  vous  agiter.  La 
Vulg.  traduit  le  2e  membre  .•  les  vains  pro- 
jets  que  votes  meditez  dans  votre  ca'ur,  re- 
grettez-les  siir  voire  coiiclie. 

6.  Sacrifices  de  justice,  offerts  avec  un 
coeur  droit. 

7.  Beaucoicp  disent  avec  decouragement  : 
Qui  nous  fera  voir  des  jours  meilleurs?  Le 
pieux  roi  repond  par  une  priere  :  Que  Jeho- 
vah laisse  tomber  sur  nous  un  regard  favo- 
rable, et  notre  cause  est  gagnee  !  La  htniicre 
de  la  face  de  Dieu  est  le  symbole  du  bon- 
heur,  comme  les  tenebres  sont  celui  du 
malheur.  Comp.  Nonibr,  vi,  25. 

La  Vulgate  traduit  le  2^  membre  :  la  lu- 
miere de  ton  visage,  Seigneur,  a  etc  iiiipri- 
tne'e  sur  nous  coinnie  un  signe. 

8.  Leur  fronient,  des  ennemis  de  David, 


ou  bien  des  hommes  en  general.  La  Vulgate 
ajoute  le  mot  huile. 

9.  Toi  seiilj  ou  bien  avec  Delitzsch,  dans 
la  retraite  oil  je  suis  confine. 

PSAUME  V. 

1.  NecJuloth,  probablement  /?///£'i',  instru- 
ment en  usage  dans  la  musique  hebraique 
(I  Satn.  X,  5  ;  I  Rois,  i,  40;  Is.  xxx,  29);  se- 
lon  d'autres,  ce  mot  indiquerait  un  mode 
musical,  ou  serait  le  debut  d'un  air  connu. 

Vulgate,  pour  celle  qui  a  requ  V heritage 
(de  la  vie  eternelle),  c.-a-d.  pour  I'Eglise, 
comme  les  Peres  ont  interpre'te  cette  tra- 
duflion. 

2.  Mon  secret geinisse/nent,  litt.  inapetisc'e, 
ma  priere  interieure;  Vulg.,  nwn  cri. 

3.  Mon  Roi,  dans  le  sens  theocratique  : 
souverain  de  toute  la  terre,  Jehovah  est  a 
un  titre  particulier  le  roi  propre  d'Israel  et 
le  roi  de  David,  qui  n'est  que  son  ministre 
et  son  representant. 

4.  Je  dispose  :  I'expression  est  emprunte'e 
aux  fonclions  des  levites,  charge's  par  Moise 
de  disposer  ou  de  preparer  les  choses  ne'ces- 
saires  aux  sacrifices,  le  feu  de  I'autel,  les 
offrandes,  les  pains  de  proposition,  etc.  — 
/'observe  I'arrivee  du  secours  que  tu  dois 
m'envoyer;  ou  bien  :  allusion  an  pretre  qui 
regarde  monter  vers  le  ciel  la  fumee  du 
sacrifice. 

Vulg.,  ...  des  le  matin  je  me  presente  de- 
vant  toi,  et  j' observe. 


16 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


5  Car  tu  n'es  pas  un  Dieu  qui  pienne  plaisir  an  mal; 
Avec  toi  le  mediant  ne  saurait  habiter. 

6  Les  insenses  ne  subsistent  pas  devant  tes  yeux; 
Tu  hais  tous  les  artisans  d'iniquite. 

7  Tu  fais  perir  les  menteurs; 

Jdhovah  abhorre  rhomme  de  sang  et  de  fraude. 

8  Pour  moi,  par  ta  grande  misericorde,  j'irai  dans  ta  maison; 
Je  me  prosternerai,  dans  ta  crainte,  devant  ton  saint  temple. 

9  Seigneur,  conduis-moi,  dans  ta  justice,  a  cause  de  mes  ennemis; 
Aplanis  ta  voie  sous  mes  pas. 

lo  Car  il  n'y  a  point  de  sincerite  dans  leur  bouche; 
Leur  coeur  n'est  que  malice; 
Leur  gosier  est  un  sepulcre  ouvert. 


1 1 


Leur  langue  se  fait  caressante. 
6  Dieu  ! 


Chatie-les, 

Qu'ils  echouent  dans  leurs  desseins; 

A  cause  de  leurs  crimes  sans  nombre,  precipite-les; 

Car  ils  sont  en  revoke  centre  toi. 


Ps.  vi. 


12  Alors  se  rejouiront  tous  ceux  qui  se  confient  en  toi; 
lis  seront  clans  une  perpetuelle  all(^gresse,  et  tu  les  protegeras; 
lis  se  livreront  a  de  joyeux  transports,  ceux  qui  aiment  ton  nom. 

13  Car  tu  benis  le  juste,  Jehovah; 
Tu  I'entoures  de  bienveillance  comme  d'un  bouclier. 

PSAUME   VL 

lEduit  a  une  extreme  detresse,  sans  doute  au  commencement  de  la  revoke  d'Absa- 
lon  (II  Sunt.  XV,  1-6),  et  regardant  avec  raison  ses  maux  comme  le  chatiment  de 
son  peche,  David  a  recours  k  Dieu  :  il  implore  sa  misericorde  (vers.  2-4);  il  lui 
expose  sa  triste  situation  (5-8);  k  la  fin,  il  sent  qu'il  est  exauce  et  il  annonce  la  mine  de 
ses  ennemis  (9-1 1). 

Ce  Psaume  est  le  premier  des  sept  que  I'Eglise  appelle  penitentiaux ;  il  convient  en 
effet  k  toutes  les  ames  touche'es  du  repentir  de  leurs  peches. 

^AU  maitre  de  chant.  Sur  les  instruments  a  cordes,  a  I'ocftave.  Psaume  de  David. 

2  Jehovah,  ne  me  punis  pas  dans  ta  colere, 
Et  ne  me  chatie  pas  dans  ta  fureur. 

3  Aie  pitie  de  moi,  Jehovah,  car  je  suis  sans  force; 
Gueris-moi,  Jehovah,  car  mes  os  sont  tremblants. 

4  Mon  ame  est  dans  un  trouble  extreme, 
Et  toi,  Jehovah,  jusques  a  quand...? 

5  Reviens,  Jehovah,  delivre  mon  ame; 
Sauve-moi  h.  cause  de  ta  misericorde. 

6  Car  celui  qui  meurt  n'a  plus  souvenir  de  toi; 
Qui  te  louera  dans  le  sejour  des  morts? 

7  Je  suis  epuise  a  force  de  gdmir; 

Chaque  nuit  ma  couche  est  baigne'e  de  mes  larmes, 
Mon  lit  est  arrose  de  mes  pleurs. 


6.  Les  insenses  :  ce  mot,  chez  les  He- 
breux,  de'signe  tres  souvent  les  mediants 
ou  les  impies  en  general;  d'autres,  les  or- 
gneilleiLX. 

8.  Ta  maison...  ton  temple  :  le  taber- 
nacle avec  I'arche,  qui  dtait  le  signe  et 
le  gage  de  la  presence  de  Jehovah  au 
milieu  de  son  peuple.  Pour  I'expression, 
coiw^.  Jos.  vi,  24;  ix,  23;  II  .5"^;/;.  xii,  20; 
xxii,    7.   On    salt  cjue    saint    Louis,   roi    de 


France,  mourut  en  pronongant  les  paroles 
de  ce  verset. 

9.  Dans  ta  jtisiice,  comme  il  convient  a 
ta  justice,  qui  protege  tes  serviteurs.  — 
Sous  mes  pas,  litt.  devant  moi;  Vulg.,  di- 
vant  toi. 

10.  Dans  leur  bouche;  litt.  dans  sa  bouche; 
les  anciennes  versions  ont  lu  le  pluriel.  — 
Sepulcre  ou7'ert  :  n'exhale  qu'infertion, 
c.-k-d.  des  paroles  de  pertidie  et  de  mort. 


LIBER  PSALMORUM. 


17 


vocem  meam.  5.  Mane  astabo  tibi 
et  videbo  : 

Quoniam  non  Deus  volens  iniqui- 
tatem  tu  es.  6.  Neque  habitabit  jiixta 
te  malignus  :  neque  permanebunt 
injusti  ante  oculos  tuos.  7.  Odisti 
omnes,  qui  operantur  iniquitatem  : 
perdes  omnes,  qui  loquuntur  men- 
dacium.  Virum  sanguinum  et  dolo- 
sum  abominabitur  Dominus  : 

8.  Ego  autem  in  multitudine  mi- 
sericordias  tuas.  Introibo  in  domum 
tuam  :  adorabo  ad  templum  san- 
ctum tuum  in  timore  tuo.  9.  Do- 
mine  deduc  me  in  justitiatua  :  pro- 
pter inimicos  meos  dirige  in  con- 
spectu  tuo  viam  meam.  i  o. Quoniam 
non  est  in  ore  eorum  Veritas  :  cor 
eorum  vanum  est.  1 1.  "Sepulcrum 
patens  est  guttur  eorum,  linguis  suis 
dolose  agebant,  judica  illos  Deus. 
Decidant  a  cogitationibus  suis,  se- 
cundum multitudinem  impietatum 
eorum  expelle  eos,  quoniam  irrita- 
verunt  te  Domine. 

I  2.  Et  lastentur  omnes,  qui  spe- 
rant  in  te,  in  asternum  exsultabunt : 
et  habitabis  in  eis.  Et  gloriabuntur 


in  te  omnes,  qui  diligunt  nomen 
tuum,  13.  quoniam  tu  benedices 
justo.  Domine,  ut  scuto  bonas  vo- 
luntatis tuae  coronasti  nos. 

— :>—      PSALMUS   YI.      —:i:— 

Oratio  poenitentis,  Dei  misericordiam 
implorantis. 

I.  In  finem  in  carminibus,  Psal- 
mus  David,  pro  octava. 

OMINE,  ne  in  furore  tuo 
arguas  me,  neque  in  ira 
tua  corripias  me,  3.  mise-. 
]  rere  meiDominequoniam 
infirmus  sum  :  sana  me  Domine 
quoniam  conturbata  sunt  ossa  mea. 
4.  Et  anima  mea  turbata  est  valde  : 
sed  tu  Domine  usquequo.'' 

5.  Convertere  Domine,  et  eripe 
animam  meam  :  salvum  me  fac  pro- 
pter misericordiam  tuam,  6.  quo- 
niam non  est  in  morte  qui  memor 
sit  tui  :  in  inferno  autem  quis  con- 
fitebitur  tibi.^*  7.  Laboravi  in  gemitu 
meo,  lavabo  per  singulas  noctes  le- 
ctum  meum  :  lacrymis  meis  stratum 


Leur  latigue,  etc.;  litt.,  Us  font  leur  langiie 
douce. 

11.  A  cause  de,  ou  au  milieu  dc  leurs 
cri?nes,  precipite-les  dans  la  mine  ou  dans 
le  sclieol  {Gen.  xxxvii,  35). 

12.  Alors  se  rejouiront ;  ou  bien  avec  la 
Vulg.,  et  que  se  n'jouissent.  —  Tti  les  pro- 
tcgeras ;^\.\\^.,  tu  Jiabiieras mi  milieu  d'eux. 
—  lis  se  livreront;  etc.;  Vulg.,  Us  se  glori- 
fieroiit  en  toi. 

PSAUME  VI. 

1.  Comp.  Ps.'w.  Les  instruments  a  cordes 
devaient  accompagner  le  chant  a  PoHave, 
probablement  I'oflave  basse. 

2.  Ta  colere...  tafureur.  S.  Jean  Chrysos- 
tome  :  Quand  vous  entendez  parler  de  la 
colere  ou  de  la  fureur  de  Dieu,  n'imaginez 
rien  de  pareil  a  ce  que  ces  mots  expriment 
appliques  a  des  hommes;  la  colere  de  Dieu, 
c'est  I'aversion,  calme  et  sans  trouble,  que 
sa  saintete  ressent  pour  le  mal,  aversion 
toujours  accompagnee  de  misericorde  pour 
le  pecheur  repentant. 

6.  Souvenir  de  toi  :  le  second  membre 
explique  le  premier  :  il  s'agit  d'un  souvenir 
de  louange,  des  chants  de  louange  adresses 
a   Dieu  dans  les  ceremonies  du  culte.  — 


Dans  le  sejour  des  marts,  ou  des  ames,  le 
scheol  (Vulg.,  les  enfers).  Le  livre  des  Psau- 
mes  ne  connait  qu'un  seul  sejour  pour  tous 
les  morts,  dans  les  profondeurs  de  la  terre, 
oil  ils  sont  vivants,  mais  comma  dans  une 
solitude  silencieuse  et  sombre,  separde  de  la 
lumiere  de  ce  monde,  et,  ce  qui  est  plus 
triste,  de  la  lumiere  de  la  presence  de  Dieu, 
c.-a-d.  de  son  tabernacle  ou  de  son  temple, 
ne  pouvant  plus  prendre  part  aux  fetes  reli- 
gieuses  et  aux  pieux  cantiques  qu'Israel 
faisait  retentir  dans  ses  solennites  {Ps. 
XXX,  10;  Ixxxviii,  11  sv.  Comp.  Is.  xxxviii, 
18  sv.).  La  revelation  n'avait  encore  rien 
appris  de  plus  k  cet  egard.  En  fait,  le  scheol 
n'etait  pas,  pour  les  justes  memes  de  I'Anc. 
Testament,  un  sejour  de  joie  et  de  bonheur. 
Avant  que  le  Sauveur  eut  fait  son  entrde 
dans  le  sandiuaire  du  ciel  comme  vainqueur 
de  la  mort  et  comme  grand  pretre  de  I'al- 
liance  eternelle  {Hebr.  ix,  11),  le  ciel  restait 
ferme;  il  n'y  avait  pas  d'Eglise  triomphante 
composee  des  saints  de  la  terre;  I'oeil  du 
juste  mourant  n'entrevoyait  alors  qu'une 
vague  et  lointaine  lueur.  Ce  n'est  que  depuis 
J.-C.  que  la  mort  a  perdu  ses  tristesses,  et 
que  le  cupio  dissolvi  a  pu  venir  sur  les  levres 
humaines. 


NO  23.  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


18 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


8  Mon  ceil  est  consume  par  le  chagrin; 

II  a  vieilli  a  cause  de  tous  ceux  qui  me  persecutent. 

9  Eloignez-vous  de  moi,  vous  tous  qui  faites  le  mal ! 
Car  Jdhovah  a  entendu  la  voix  de  mes  larmes. 

10  Jehovah  a  entendu  ma  supplication, 
Jdhovah  accueillera  ma  priere. 

11  Tous  mes  ennemis  seront  confondus  et  saisis  d'^pouvante; 
lis  reculeront,  soudain  couverts  de  honte. 


PSAUME  VII. 

E  Psaume  appartient  au  temps  des  persecutions  de  Sai.il.  Le  titre  porte  que  David 
le  composa  "  a  I'occasion  des  paroles  de  Chus,  le  Benjaminite.  "  Ce  personnage, 
inconnu  d'ailleurs,  parait  avoir  ete  un  de  ces  courtisans  qui  se  plaisaient  h.  calom- 
nier  David  pour  le  rendre  odieux  au  roi  (voy.  I  Sa;/i.  xxiv,  lo).  David  implore  le  secours 
de  Dieu  (vers.  2-3);  proteste  de  son  innocence  (4-6);  prie  Jehovah  de  se  prononcer  entre 
ses  ennemis  et  lui  (7-10);  il  menace  le  mechant  de  la  justice  divine  (11-17).  II  termine  par 
un  cri  de  reconnaissance  (vers.  18). 

Dans  le  sens  spirituel,   David  represente  le   Messie,  calomnie  et  crucifie  par  ses 
ennemis. 

Ps.  vii.  ^DITHYRAMBE  de  David,  qu'il  chanta  a  Jehovah  a  roccasion  des  paroles  de  Chus, 

le  Benjaminite. 

2  Jehovah,  mon  Dieu,  en  toi  je  me  confie; 
Sauve-moi  de  tous  mes  persecuteurs  et  delivre-moi  : 

3  De  peur  qu'il  ne  //le  dechire,  comme  un  lion 
Emportant  sa  proie  que  nul  ne  lui  arrache. 

4  Jehovah,  mon  Dieu,  si  j'ai  fait  cela, 
S'il  y  a  de  I'iniquite  dans  mes  mains; 

5  Si  j'ai  rendu  le  mal  a  qui  est  en  paix  avec  moi, 
Si  j'ai  depouille  celui  qui  m'opprime  sans  raison, 

6  Que  I'ennemi  me  poursuive  et  m'atteigne, 
Qu'il  foule  a  terre  ma  vie, 

Qu'il  couche  ma  gloire  dans  la  poussiere. 

7  Leve-toi,  Jehovah,  dans  ta  colore, 

Porte-toi  contre  les  fureurs  de  mes  adversaires; 
Veille  sur  moi,  toi  qui  ordonnes  un  jugement. 

8  Que  I'assemblee  des  peuples  t'environne  ! 

Puis,  t'elevant  au-dessus  d'elle,  remonte  dans  les  hauteurs. 

9  Jdhovah  juge  les  peuples  : 
Rends-moi  justice,  Jehovah, 
Selon  mon  droit  et  mon  innocence. 

ID  Mets  un  terme  a  la  malice  des  mechants, 
Et  afifermis  le  juste, 
Toi  qui  sondes  les  coeurs  et  les  reins,  6  Dieu  juste! 

11  Mon  bouclier  est  en  Dieu, 

Qui  sauve  les  hommes  au  coeur  droit. 

12  Dieu  est  un  juste  juge; 

Tous  les  jours  le  Tout- Puissant  fait  entendre  ses  menaces. 

13  Certes,  de  nouveau  il  aiguise  son  glaive, 
II  bande  son  arc  et  il  vise; 


8.  //  a  vieilli;  Vulg.,y'cj/  vieilli. 

9.  L'expression  de  la  douleur  vient  d'at- 
teindre  son  plus  haut  degre;  tout  a  coup, 
comme  une  lumiere  qui  jaillit  des  tenebres, 
un  rayon  de  confiance  brille  au  regard  du 
Psalmiste.  II  sent  que  sa  priere  est  exauct'e. 


et  il  s'ecrie  :  Eloignez-vous  de  moil  (Ps. 
cxxvi,  5). 

II.  Sefont  cottfo/idus ;  ou  bien,  avec  la 
Vulg.,  que  mes  emteinis  soient  confondus. 
David,  selon  Tesprit  de  la  loi  ancienne, 
souhaite  que  ses  ennemis  et  ceux  de  Dieu 


LIBER  PSALMORUM. 


19 


"  Matth.  7, 
236125,41. 
Luc.  13,27. 


meum  rigabo.  8.  Turbatus  est  a 
furore  oculus  meus:  inveteravi  inter 
omnes  inimicos  meos. 

9.  "Discedite  a  me  omnes  qui 
operamini  iniquitatem  :  quoniam 
exaudivit  Dominus  vocem  fletus 
mei.  10.  Exaudivit  Dominus  depre- 
cationem  meam,  Dominus  oratio- 
nem  meam  suscepit.  1 1 .  Erubescant, 
et  conturbentur  vehementer  omnes 
inimici  mei  :  convertantur  et  eru- 
bescant  valde  velociter. 

— :i:—      PSALMUS  VII.     — :;:— 

David  orat  ut  ob  siiani  innocentiam  ser- 
vetur,  et  ut  consumatur  nequitia  pecca- 
torum. 

I.  Psalmus  David,  quem  cantavit 
Domino  pro  verbis  Chusi  filii  Je- 
mini.  (2  Reg.  16.) 

OMINE  Deus  meus  in  te 
speravi  :  salvum  me  fac 
ex  omnibus  persequenti- 

bus    me,    et    libera    me. 

3.  Nequando  rapiat  ut  leo  animam 
meam,  dum  non  est  qui  redimat, 
neque  qui  salvum  faciat. 


4.  Domine  Deus  meus  si  feci 
istud,  si  est  iniquitas  in  manibus 
meis  :  5.  si  reddidi  retribuentibus 
mihi  mala,  decidam  merito  ab  ini- 
micis  meis  inanis.  6.  Persequatur 
inimicus  animam  meam,  et  compre- 
hendat,  et  conculcet  in  terra  vitam 
meam,  et  gloriam  meam  in  pulve- 
rem  deducat. 

7.  Exsurge  Domine  in  ira  tua:  et 
exaltare  in  finibus  inimicorum  meo- 
rum.  Et  exsurge  Domine  Deus  meus 
in  praecepto  quod  mandasti  :  8.  et 
synagogapopulorumcircumdabitte. 
Et  propter  hanc  in  altum  regrede- 
re  :  9.  Dominus  judicat  populos. 
Judica  me  Domine  secundum  justi- 
tiam  meam,  et  secundum  innocen- 
tiam meam  super  me.  10.  Consume- 
tur  nequitia  peccatorum,  et  diriges 
justum,  "scrutans  corda  et  renes 
Deus. 

II.  Justum  adjutorium  meum  a 
Domino,  qui  salvos  facit  rectos 
corde.  12.  Deus  judex  Justus,  fortis, 
et  patiens  :  numquid  irascitur  per 
singulos  dies.^  13.  Nisi  conversi  fue- 
ritis,  gladium  suum  vibrabit:  arcum 
suum    tetendit,   et   paravit    ilium. 


"  I  Par.  28, 
9.  Jer.  ir, 
20.  17, 10  et 
20,  12. 


soient  ramenes  au  bien  par  la  voie  du  cha- 
timent. 

PSAUME  VII. 

I.  Hdbr.  schiggaionj  le  sens  de  ce  mot 
est  incertain.  Suivant  quelques  interpretes, 
dithyra))ibe,  elegie  ou  complainte.  Vulg., 
Psatiine. 

3.  //  ine  dec/lire  :  le  singulier  apres  le  plii- 
riel; // designe  un  des  principaux  ennemis 
de  David,  peut-etre  Saul. 

4.  Cela,  ce  dont  I'accusaient  ses  ennemis. 

5.  Vulg.,  si  fai  rendu  le  mal  a  ceicx  qui 
ni^en  faisaient,  que  je  toiiibe  impuissant  de- 
vant  mes  enneinis,  je  le  inerite. 

6.  Ma  gloire,  c.-a-d.  mon  ame  ou  ma  vie 
(comp.  Gen.  xlix,  6;  Ps.  xvi,  9)  :  I'ame,  souffle 
de  la  bouche  de  Dieu  et  cieee  a  son  image, 
n'est-elle  pas  la  gloire  de  I'homme,  ce  qui 
le  distingue  des  animaux  sans  raison? 

7.  Contre  les  fureurs  de  mes  adversaires, 
ou  bien,  dans  tafureur,  contre  mes  adver- 
saires. 

8.  Que  Passemblee  :  image  empruntde  k  la 
maniere  de  rendre  la  justice  en  Orient,  ou 
le  roi,  entoure  d'uiie  grande  foule,  prononce 
la  sentence.  —  Puis,  ton  jugement  rendu, 


remonte  dans  le  ciel.  Selon  d'autres  :  Vas- 
sembli'e  des  peuples  fenvironfte,  pour  voir  si 
tu  laisseras  triompher  I'injustice  et  I'inno- 
cence  opprimee;  mo/ile  done  sur  ton  trone 
du  ciel,  d'ou  tu  juges  le  monde,  et  prononce 
en  ma  faveur. 

Au  lieu  de  au-dessus  d'elle,  la  Vulg.  tra- 
duit,  a  cause  d''elle. 

10.  Mets  un  ferine  a  la  malice  :  ce  n'est 
pas  le  pecheur,  c'est  le  peche  que  David 
demande  k  Dieu  d'aneantir.  Ce  passage  est 
h.  remarquer  pour  I'intelligence  de  plusieurs 
autres  ou  le  Psalmiste  semble  tenir  un 
autre  langage.  —  Les  cccurs,  siege  de  I'in- 
telligence et  du  sentiment;  les  reins,  siege 
des  affecflions  et  des  passions  inferieures.  — 
O  Dieu  juste  :  la  Vulg.  lie  le  mot  jus/e  a  ce 
qui  suit. 

12.  Pail  entendre  ses  menaces,  litt.  est 
irrite. 

Vulg.  :  Dieu  est  un  juge  juste,  fort  et 
patient;  est-ce  quHl  est  tous  les  jours  en 
colere  ? 

13.  //  vise;  litt.,  il  le  dispose,  il  y  met  la 
fleche  dans  telle  ou  telle  dire(flion;  d'autres, 
il  lejixe. 


20 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


14  11  dirige  sur  lui  des  traits  meurtriers, 
Des  fleches  qui  portent  la  flamme. 

1 5  Voici  Ic  jnechant  en  travail  de  I'iniquite  : 
II  a  congu  le  malheur,  et  il  enfante  le  mensonge. 

16  II  ouvre  une  fosse,  il  la  creuse, 
Et  il  tombe  dans  I'abime  qu'il  preparait. 

17  Son  iniquity  retombe  sur  sa  tete; 
Et  sa  violence  redescend  sur  son  front. 

18  Je  louerai  Jehovah  pour  sa  justice, 
Je  chanterai  le  nom  de  Jehovah,  le  Tres-Haut. 

PSAUME  VIII. 

Ans  ce  Psaume,  echo  lyrique  du  recit  de  la  creation  {Gen.  i),  David  commence  par 
celebrer  la  grandeur  de  Dieu  manifestee  dans  ses  oeuvres  d'une  maniere  si  frap- 
pante,  que  les  enfanls  memes  la  saisissent  et  la  proclament  a  leur  maniere,  a  la 
confusion  des  impies  (vers.  2-3).  Cette  grandeur  de  Dieu  fait  d'autant  mieux  ressortir  sa 
bonte  pour  I'homme,  etre  petit  et  faible,  qu'il  a  etabli  roi  de  la  creation  (4-9).  Un  refrain 
encadre  le  tout.  —  "  Ce  petit  poeme,  qui  ressemble  au  chant  d'un  patre  contemplant 
pendant  la  nuit  les  splendeurs  d'un  ciel  d'Orient,  est  sublime  par  sa  simplicite  nieme. " 

Ce  qui  est  dit  ici,  a  la  lettre,  de  I'homme  en  general,  convient  dans  un  sens  superieur, 
k  I'homme  par  excellence,  au  Verbe  incarne,  au  Fils  de  Dieu  fait  homme,  en  qui  et  par 
qui  la  nature  humaine  a  ete  rdtablie  dans  son  integrity  originelle,  et  qui  a  requ  du  Pere 
la  domination  universelle  sur  toutes  les  creatures.  Comp.  iMatt/i.  xxi,  16;  Cor.  xv,  26; 
Hebr.  ii,  6  sv. 

Ps.  viii.  lAU  maitre  de  chant,  sur  la  Gitthienne.  Chant  de  David. 

2  Jehovah,  notre  souverain  Maitre, 
Que  ton  nom  est  glorieux  sur  la  terre, 
Toi  qui  as  revetu  les  cieux  de  ta  majeste ! 

3  Par  la  bouche  des  enfants  et  de  ceux  qui  sent  k  la  mamelle 

Tu  t'es  fonde  une  force  viHoricttse,  pour  confondre  tes  ennemis, 
Pour  imposer  silence  k  I'adversaire  et  au  blasphemateur. 

4  Quand  je  contemple  tes  cieux,  ouvrage  de  tes  mains, 
La  lune  et  les  etoiles  que  tu  as  creees,yV  »{' eerie  : 

5  Qu'est-ce  que  I'homme,  pour  que  tu  te  souviennes  de  lui; 
Et  le  fils  de  I'homme,  pour  que  tu  en  prennes  soin? 

6  Tu  I'as  fait  de  peu  infdrieur  a  Dieu, 

Tu  I'as  couronne  de  gloire  et  d'honneur. 

7  Tu  lui  as  donnd  I'empire  sur  les  ceuvres  de  tes  mains; 
Tu  as  mis  toute  la  creation  sous  ses  pieds  : 

8  Brebis  et  boeufs,  tous  ensemble, 
Et  les  animaux  des  champs, 

9  Oiseaux  du  ciel  et  poissons  de  la  mer, 

Et  tout  ce  qui  parcourt  les  sentiers  de  I'oc^an. 

10  Jehovah,  notre  Seigneur, 

Que  ton  nom  est  magnifique  sur  toute  la  terre ! 


14.  La  flamme  :  les  anciens  lan^aient 
quelquefois  contre  I'ennemi  des  fleches  en- 
duites  de  matieres  inflammables,  qu'on  allu- 
mait  au  moment  de  tirer,  ou  qui  prenaient 
feu  dans  le  trajet  {Epkes.  vi,  16).  Ces  traits 
meurtriers  et  ces  fleches  briilantes  sont  les 
Eclairs  et  la  foudre,  ou  tout  autre  fleau  sou- 
dain  que  Dieu  envoie. 

16.  Une  fosse  :  les  anciens,  k  la  chasse  ou 
k  la  guerre,  creusaient  des  fosses,  qu'ils  re- 


couvraient  ensuite  de  branchages  et  de 
terre,  pour  y  faire  tomber  les  hommes  ou 
les  betes. 

17.  Son  iniquife,  etc.  :  tel  fut  Nabal. 
I  Sam.  XXV,  39;  tel  fut  Saiil.  I  Sam.  xxxi,  4. 

PSAUME  VIII. 

I.  Sur  la  Gitthienne,  soit  un  instrument 
de  musique,  soit  un  air  venant  de  Geth,  ville 
des  Philistins.  LXX  et  Vulg.,  pour  les  pres- 


LIBER  PSALMORUM. 


21 


14.  Et  in  eo  paravit  vasa  mortis,  sa- 
gittas  suas  ardentibus  effecit. 
*  Job.  15,  15.  *Ecce  parturiit  injustitiam  : 
35.13.59,4.  concepit  dolorem,  et  peperit  iniqui- 
tatem,  16.  Lacum  aperuit,  et  effo- 
dit  eum  :  et  incidit  in  foveam,  quam 
fecit.  17.  Convertetur  dolor  ejus  in 
caput  ejus  :  et  in  verticem  ipsius 
iniquitas  ejus  descendet. 

18.  Confitebor  Domino  secun- 
dum justitiam  ejus  :  et  psallam  no- 
mini  Domini  altissimi. 

— :i:—     PSALMUS    VIII.     — :!:— 
In  operibus  suis  mirabilis  Dominus. 

I.  In  finem  pro  torcularibus,  Psal- 
mus  David. 

'OMINE  Dominus  noster, 
quam   admirabile  est  no- 
men    tuum    in    universa 
terra!    Quoniam     elevata 
est  magnificentia  tua,  super  ccelos. 


3.  "Ex  ore  infantium  et  lactentium 
perfecisti  laudem  propter  inimicos 
tuos,  ut  destruas  inimicum  et  ulto- 
rem. 

4.  Quoniam  videbo  coelos  tuos, 
opera  digitorum  tuorum  :  lunam  et 
Stellas,  quas  tu  fundasti.  5.  Quid  est 
homo,  quod  memor  es  ejus?  aut 
filius  hominis,  quoniam  visitaseum? 
6.  ^Minuisti  eum  paulominus  ab 
Angelis,  gloria  et  honore  coronasti 
eum  :  7.  et  constituisti  eum  super 
opera  manuum  tuarum.  8.  "Omnia 
subjecisti  sub  pedibus  ejus,  oves  et 
boves  universas  :  insuper  et  pecora 
campi.  9.  Volucres  coeli,  et  pisces 
maris,  qui  perambulant  semitas 
maris. 

10.  Domine  Dominus  noster, 
quam  admirabile  est  nomen  tuum 
in  universa  terra! 


«Mattli.2i, 
16. 


sot'rs  :  peut-etre  les  auteurs  de  ces  versions 
entendaient-ils  un  chant  vif  et  joyeux  comme 
celui  des  vendangeurs;  les  Peres  ont  donne 
a  ce  mot  divers  sens  mystiques. 

2.  Le  no//i  de  Dieu,  c'est  comme  I'em- 
preinte  de  son  etre,  c'est  Dieu  lui-meme  tel 
qu'il  se  revele  dans  les  CEUvres  de  la  nature 
et  de  la  grace.  —  Toi  qui,  litt.  a  mis  ta 
gloire,  un  reflet  de  ta  splendeur  et  de  ta  ma- 
jeste,  dans  (ou  stcr)  les  cieiix,  en  y  plagant 
les  astres.  Comp.  Ps.  xix,  i. 

3.  A  la  mainelle  :  chez  les  Hebreux,  les 
enfants  prenaient  le  sein  jusqu'a  deux  ans 
et  plus.  —  Blaspheinateur,  litt.  vindicaiif, 
celui  qui  voudrait  se  venger  de  Dieu,  qui  se 
revoke  centre  lui.  Sens  du  verset  :  un  petit 
enfant  eprouve  deja  du  plaisir  a  contempler 
la  belle  nature,  et  particulierement  le  ciel 
etoile;  les  cris  a  peine  articules  par  lesquels 
il  manifeste  son  admiration  sont  un  hymne 
de  louange  au  Cr^ateur.  Pour  confondre  les 
impies  qui  le  nient  ou  le  blasphement,  il  n'a 
pas  besoin  d'une  axxtrQ/orce  que  celle  de  ces 
petits  enfants. 

Au  lieu  de,  tu  fesfondeune  force,  les  LXX 
et  la  Vulg.  trad ui sent,  tu  fes  prepare  line 
lotmnge :  c^tst  au  fond  le  meme  sens,  moins 
la  metaphore. 

J.-C.  renvoie  a  ce  verset  les  Pharisiens 
qui  s'indignaient  d'entendre  les  enfants 
crier  :  "  Hosanna  au  Fils  de  David !  "  Sa 
pensee  n'est  pas  que  le  verset  doive  etre 
entendu  dire(ftement  de  lui;  il  veut  seule- 


ment  dire  que  les  petits  enfants,  dont  I'es- 
prit  simple  et  droit  le  reconnait  et  le  salue 
joyeusement  comme  le  Messie,  sont  la  con- 
damnation  de  I'incrddulite  orgueilleuse  des 
Pharisiens. 

4.  En  Palestine,  a  travers  I'atmosphere 
limpide  de  I'Orient,  la  lune  et  les  etoiles 
apparaissent  avec  un  vif  eclat. 

6.  A  Dieu,  hebr.  Elohiin,  la  divinite 
(S.  Jerome)  :  malgre  la  distance  infinie  qui 
separe  I'homme  de  Dieu,  on  peut  parler 
ainsi  de  I'homme,  parce  que,  cre^  a  I'image 
de  Dieu,  il  est  comme  son  lieutenant  sur  la 
terre  et  le  roi  de  la  nature. 

Les  LXX  et  la  Vulg.  et  bon  nombre 
d'exegetes  traduisent,  un  pen  tn/e'rieur  aux 
anoes.  S.  Paul,  dans  son  epitre  aux  Hebreux 
(ii,  7),  s'adressant  aux  Juifs  hellenistes,  qui 
ne  se  servaient  que  des  LXX,  cite  aussi  le 
passage  d'apres  celte)  traduction,  et  I'appli- 
que  aux  abaissements  de  J.-C.  et  a  son  Ele- 
vation a  la  droite  du  Pere. 

Tu  Pas  couronne  de  gloire,  en  le  fai- 
sant  a  ton  image  et  a  ta  ressemblance, 
prerogative  d'ou  ddcoule  I'empire  sur  la 
creation. 

7.  S.  Paul  (I  Cor.  xv,  27)  applique  Egale- 
ment  le  second  membre  de  ce  verset  k  J.-C, 
dans  le  sens  ideal  et  prophetique. 

-HIH— 


*  Hebr.  2, 7. 


•^Gen.  1,28. 
I  Cor.  ic, 
26. 


22  PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME    IX. 

IE  Psaume  est  un  chant  de  reconnaissance  pour  des  vicfloires  remportees  sur  les 
,.  ™_J:  ennemis  du  dehors,  <\  I'epoque  oii  I'arche  reposait  deja  sur  le  mont  Sion,  peut-etre 
ib^^l  au  retour  de  I'expedition  contre  les  Syriens  et  les  Philistins,  ou  apres  la  guerre 


contra  les  Ammonites  (11  Sam.  xii,  31). 

Dans  I'hebreu,  le  Psaume  ix  finit  avec  le  vers.  21,  et  les  18  versets  qui  suivent  ferment 
le  Psaume  x;  mais  les  anciennes  versions  (LXX,  Vulg.,  etc.)  reunissent  les  39  versets  en 
un  Psaume  unique.  L'unite  primitive  du  poeme  parait  indiquee  par  I'alphabetisme  des 
deux  parties.  Chaque  lettre  de  I'alphabet,  sauf  plusieurs  exceptions,  commence  deux  ver- 
sets, et  la  serie  des  lettres,  non  epuise'e  dans  la  premiere  partie,  s'acheve  dans  la  seconde. 

Exorde,  vers.  2-3;  —  recit  de  la  vifloire  remportee,  vers.  4-1 1 ;  —  aiflion  de  grace, 
vers.  12-21. 

Ps.  ix,  lAU  maitre  de  chant.  Sur  Pah-  "  Mort  au  fils.  "  Psaume  de  David. 

2  Je  louerai  Jehovah  de  tout  mon  coeur, 
Je  raconterai  tes  merveilles. 

3  Je  me  rejouirai  et  je  tressaillerai  en  toi, 
Je  chanterai  ton  nom,  6  Tres-Haut. 

4  Mes  ennemis  reculent; 

II  trebuchent  et  tombent  devant  ta  face. 

5  Car  tu  as  pris  en  main  mon  droit  et  ma  cause, 
Tu  t'es  assis  sur  ton  trone  en  juste  juge. 

6  Tu  as  chatid  les  nations,  tu  as  fait  perir  I'impie; 
Tu  as  efface  leur  nom  pour  toujours  et  ^  jamais. 

7  L'ennemi  est  aneanti !  Des  ruines  pour  toujours  ! 
Des  villes  que  tu  as  renversees ! 

Leur  souvenir  a  disparu  I 

8  Mais  Jehovah  siege  a  jamais, 

II  a  dresse  son  trone  pour  le  jugement. 

9  II  juge  le  monde  avec  justice, 

II  juge  les  peuples  avec  droiture. 

10  Jehovah  est  un  refuge  pour  I'opprime, 
Un  refuge  au  temps  de  la  detresse. 

1 1  En  toi  se  confient  ceux  qui  connaissent  ton  nom; 

Car  tu  ne  delaisses  pas  ceux  qui  te  cherchent,  Jehovah. 

12  Chantez  h.  Jehovah,  qui  reside  en  .Sion; 
Publiez  parmi  les  peuples  ses  hauts  faits. 

13  Car  celui  qui  redemande  le  sang  verse  s'en  est  souvenu, 
II  n'a  point  oublie  le  cri  des  affligds. 

14  "  Aie  pitie  de  moi,  Jehovah,  disaient-Us; 
Vois  I'afflirtion  ou  m'ont  reduit  mes  ennemis, 
Toi  qui  me  retires  des  portes  de  la  mort, 

15  Afin  que  je  puisse  raconter  toutes  les  louanges 
Aux  portes  de  la  fille  de  Sion, 

Tressaillir  de  joie  a  cause  de  ton  salut." 

16  Les  nations  sont  tombdes  dans  la  fosse  qu'elles  ont  creusee; 
Dans  le  lacet  qu'elles  ont  cache  s'est  pris  leur  pied. 

17  Jehovah  s'est  montre,  il  a  exerce  le  jugement; 

Dans  I'ceuvre  de  ses  mains  il  a  enlac^  I'impie.  — Higgaiotu  Sela. 

18  Les  impies  doivent  retourner  au  sejour  des  morts, 
Toutes  les  nations  qui  oublient  Dieu. 


PSAUME  IX. 

I.  Mort  au  Jib.,  ou  vieurs  pour  lejils:  ces 
mots  designent  probablement  un  chant 
connu,  sur  I'air  duquel  le  Psaume  devait 
etre  chante.  V\x\g.,potir  les  secrets  du  /ils, 


les  P&res  I'entendent  des  mysteres  du  Fils 
de  Dieu. 

3.  Eti  toi  :  Dieu  est  le  fondement  et  la 
cause  de  ma  joie. 

4.  lis  tri'bucJtent,  ou  qinls  trebuchent,  etc. 
6,  L'impie,   les    nations    idolatres   enne- 


LIBER  PSALMORUM, 


23 


iglS^SJtg^S-^^^^^^?^^^^^^^^?^^^?^ 


— -—     PSALM  US  IX. 


Celebratur  potentia  Dei  qui  impios 
disperdit  et  pauperes  tuetur. 

I .  In  finem  pro  occultis  filii,  Psal- 
mus  David. 

ONFITEBOR  tibi  Do- 
mine  in  toto  corde  meo  : 
narrabo  omnia  mirabilia 
tua.  3.  Laetabor  et  exsul- 
tabo  in  te  :  psallam  nomini  tuo  Al- 
tissime, 

4.rnconvertendoinimicummeum 
retrorsum  :  infirmabuntur,  et  per- 
ibunt  a  facie  tua.  5.  Ouoniam  fecisti 
judicium  meum  et  causam  meam  : 
sedisti  super  thronum  qui  judicas 
justitiam.  6.  Increpasti  gentes,  et 
periit  impius  :  nomen  eorum  delesti 
in  aeternum  et  in  saeculum  saeculi. 
7.  Inimici  defecerunt  frameas  in 
finem  :  et  civitates  eorum  destruxi- 
sti.  Periit  memoria  eorum  cum  so- 
nitu  : 

8,  Et  Dominus  in  asternum  per- 


manet.  Paravit  in  judicio  thronum 
suum  :  9.  et  ipse  judicabit  orbem 
terras  in  a^quitate,  judicabit  populos 
in  justitia.  10.  Et  factus  est  Domi- 
nus refugium  pauperi  :  adjutor  in 
opportunitatibus,  in  tribulatione. 
II,  Et  sperent  in  te  qui  noverunt 
nomen  tuum  :  quoniam  non  dereli- 
quisti  quasrentes  te  Domine. 

12.  Psallite  Domino,  qui  habitat 
in  Sion  :  annuntiate  inter  gentes 
studia  ejus  :  13.  quoniam  requirens 
sanguinem  eorum  recordatus  est  : 
non  est  oblitus  clamorem  paupe- 
rum.  14.  Miserere  mei  Domine  : 
vide  humilitatem  meam  de  inimicis 
meis.  15.  Qui  exaltas  me  de  portis 
mortis,  ut  annuntiem  omnes  lauda- 
tiones    tuas    in    portis   filias   Sion. 

1 6.  Exsultabo  in  salutari  tuo  :  infixas 
sunt  gentes  in  interitu,  quem  fece- 
runt.  In  laqueo  isto,  quem  abscon- 
derunt,comprehensusest  pes  eorum. 

17.  Cognoscetur  Dominus  judicia 
faciens  :  in  operibus  manuum  sua- 
rum    comprehensus    est    peccator. 

18.  Convertantur  peccatores  in  in- 


mies   du   peuple  de  Dieu,  prises  coIle(fli- 
vement. 

7.  Vulgate  :  les  epees  de  Vennemi  sontpour 
ioujours  re'duites  a  Ptinpiiissance;  tic  as  de- 
truit  letirs  villesj  leiir  souvenir  a  disparu 
avec  eclat. 

9.  II  jiige.  Delitzsch  traduit  par  le  futur, 
il  jii^e7-a  :  les  vers.  8  et  9  ouvriraient  ainsi 
une  perspecflive  sur  le  jugement  final  et  uni- 
versel. 

10.  Un  refuge.,  litt.  un  fort  bati  sur  quelque 
rocher  escarpe  (II  Sam.  xxii,  3). 

11.  Ceux  qui  connaissent  ton  /win,  les  ma- 
nifestations de  ta  puissance  et  de  ta  bonte. 
Voy.  viii,  i. 

12.  E?i  Sion,  sur  le  mont  Sion,  oii  etait 
deposee  I'arche,  le  trone  terrestre  de  Jeho- 
vah. —  Tes  hauts  faits,  Vulg.,  ses  desseins 
[studia  ejus). 

13.  Car  celui,  dans  le  sens  de  :  dites  que 
ce/iei,  etc.  —  S'en  est  sou7'e?iu,  s'est  souvenu 
du  sang  (Vulg.,  d^eux,  des  affliges  du  ver- 
set  10)  :  d'apres  la  loi  de  Moise  {Nombr. 
XXXV,  12),  quand  un  meurtre  avait  ete  com- 
mis,  le  plus  proche  parent  de  la  viftime 
avait  le  droit  et  meme  le  devoir  de  le  ven- 
ger  dans  le  sang  du  meurtrier;  on  le  desi- 
gnait  sous  le  nom  de  goel,  c.-a-d.  vengeur, 
ou  vengeur  du  sang  :  Dieu  est  le  goel  ou 


vengeur  du  sang  de  toute  I'humanite  {Gen. 

i-^.  5)- 

15.  Aux  partes  :  en  Orient,  devant  les 

principales  portes  des  villes  se  trouvait  une 
place  ou  les  habitants  se  rcunissaient  pour 
les  affaires,  les  jugements,  etc.;  c'etait 
Vagora  ou  le  forum  des  Grecs  et  des  Ro- 
mains.  — La  fiUe  de  Sioti :  hebraisme,  pour 
signifier  simplement  la  ville  de  Sion,  Jeru- 
salem. 

Beai'.coup  d'interpretes,  au  lieu  de  voir 
dans  les  vers.  14-15  une  priere  adress^e  a 
Dieu  avant  la  delivrance  par  les  Israelites 
opprimes  (Delitzsch,  Le  Hir,  etc.),  y  voient 
une  priere  afluelle  de  David  apres  sa  vic- 
toire,  demandant  a  Dieu  d'achever  son 
ceuvre.  Les  verbes  des  vers.  16  et  suiv.  se- 
raient  alors  traduits  par  le  futur. 

16.  L'image  est  empruntee  k  la  ehasse 
des  animaux  feroces,  que  les  anciens  pre- 
naient  au  moyen  de  fosses  recouvertes  de 
branchages,  ou  de  lacets  habilement  dissi- 
mules. 

17.  Higgaion  :  indication  musicale  mar- 
quant  peut-etre  un  certain  jeu  des  instru- 
ments. 

18.  D'apres  Delitzsch,  ce  verset  ouvrirait 
aussi  une  vue  sur  I'avenir  :  voy.  la  note  du 
vers.  9. 


24 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


19  Car  le  malheureux  n'est  pas  toujours  oublie, 
L'esperance  des  affiiges  ne  perit  pas  a  jamais. 

20  Leve-toi,  Jdhovah  !  Que  I'homme  ne  triomphe  pas! 
Que  les  nations  soient  jugees  devant  ta  face  ! 

21  Frappe-les  d'epouvante,  Jehovah; 
Que  les  peuples  sachent  qu'ils  sent  des  hommes !  —  Scla. 

PSAUME    X   (VULG.  ^. 

E  Psahniste  se  plaint  c\  Dieu  de  ce  qu'il  semble  deiaisser  ses  tideles,  en  butte  aux 
persecutions  de  I'impie  puissant  et  oppresseur  (vers,  i-ii);  il  le  prie  avec  instance 
aj  de  leur  venir  en  aide  (12-15);  sur  d'etre  exauce,  il  contemple  d'avance  les  mechants 
punis,  les  pauvres  et  les  faibles  delivres  (16-18). 

Sur  I'auteur  du  Psaume  et  sa  reunion  dans  la  Vulgate  avec  le  Ps.  ix  selon  I'hebreu, 
voyez  le  preambule  de  ce  dernier  Psaume. 

A  partir  du  Ps.  x,  il  faut  diminuer  d'une  unite  le  nombre  marquant  la  s^rie  des 
Psaumes  selon  I'hebreu,  pour  avoir  le  Psaume  correspondant  selon  la  Vulgate. 

1  POURQUOI,  Jfhovah,  te  tiens-tu  eloigne? 
Pourquoi  te  couvres-tu  les yeitx  au  temps  de  la  detresse? 

2  Pendant  que  le  mediant  s'enorgueillit,  les  malheureux  se  consument; 
lis  sont  pris  dans  les  intrigues  qu'il  a  conques. 

3  Car  le  mechant  se  glorifie  de  sa  convoitise; 
Le  ravisseur  maudit,  mdprise  Jehovah. 

4  Dans  son  arrogance,  le  mechant  dit  :  "  II  ne  punit  pas! 
II  n'y  a  pas  de  Dieu ! "  Voila  toutes  ses  pensees. 

5  Ses  voies  ne  cessent  pas  d'etre  prosperes; 

Tes  jugements  sont  trop  eleves  pour  qu'il  s'en  inquiete; 
Tous  ses  adversaires,  il  les  dissipe  d'un  souffle. 

6  II  dit  dans  son  cceur  :  "  Je  ne  serai  pas  ebranle, 
Je  suis  pour  toujours  h,  I'abri  du  malheur." 

7  Sa  bouche  est  pleine  de  maledidlion,  de  tromperie  et  de  violence; 
Sous  sa  langue  est  la  malice  et  I'iniquite. 

8  II  se  met  en  embuscade  pres  des  hameaux; 
Dans  des  lieux  converts  il  assassine  I'innocent; 
Ses  yeux  epient  I'homme  sans  defense. 

9  11  est  aux  aguets  dans  le  lieu  convert,  comme  un  lion  dans  son  fourre; 
II  est  aux  aguets  pour  surprendre  le  pauvre; 

II  s'en  saisit,  en  le  tirant  dans  son  filet. 

10  II  se  courbe,  il  se  baisse,  et  les  malheureux  tombent  dans  ses  griffes. 

11  II  dit  dans  son  coeur  :  "  Dieu  a  oublie! 

II  a  couvert  sa  face,  il  ne  voit  jamais  rien." 

12  Leve-toi,  Jehovah;  6  Dieu,  leve  ta  main  ! 
N'oublie  pas  les  affliges. 

13  Pourquoi  le  mechant  meprise-t-il  Dieu? 
Pourquoi  dit-il  en  son  cceur  :  "  Tu  ne  punis  pas?" 

14  Tu  as  vv\  poiirtant ;  car  tu  regardes  la  peine  et  la  souffrance, 
Pour  prendre  en  main  leur  cause. 

A  toi  s'abandonne  le  malheureux, 
Tu  viens  en  aide  a  I'orphelin. 

15  Brise  le  bras  du  mechant; 

L'impie,  —  si  tu  cherches  son  crime,  ne  le  trouveras-tu  pas? 

16  Jehovah  est  roi  a  jamais  et  pour  I'eternite, 
Les  nations  sont  exterminees  de  sa  terre. 


19.  Desperance;  Vulg.,  la  patience,  I'at- 
tente  patiente  de  la  delivrance,  ne  sera  pas 
definitivement  frustree. 

20.  Leve-toi :  c'est  le  cri  de  Mo'ise,  No)iibr. 
X,  35- 


21.  Frappe-les  d^epouvaiite,  hebr.  iiiorah 
(Aquila,  Theod.);  les  LXX  et  la  Vulg.  ont 
lu  iiiore/i  :  inipose-lettri/n  dofleur,  un  maitre 
qui  leur  apprenne  qu'ils  ne  sont  rien  devant 
Dieu. 


LIBER  PSALMORUM. 


25 


fernum,  omnes  gentes  quae  oblivi- 
scLintur  Deum.  1 9.Q_uoniam  nop  in 
finem  oblivio  erit  pauperis:  patien- 
tia  pauperum  non  peribit  in  finem. 
20.  Exsurge  Domine,  non  con- 
fortetur  homo  :  judicentur  gentes  in 
conspectu  tuo:  21.  constitue  Domi- 
ne legislatorem  super  eos :  ut  sciant 
gentes  quoniam  homines  sunt. 

Psalm.  X.  seciDidum  HebrcBos. 

I.  Ut  quid  Domine  recessisti 
longe,  despicis  in  opportunitatibus, 
in  tribulatione?  2.  Dum  superbit 
impius,  incenditur  pauper  :  com- 
prehenduntur  in  consiliis  quibus 
cogitant.  3.  Quoniam  laudatur  pec- 
cator  in  desideriis  animas  suas  :  et 
iniquus  benedicitur.  4.  Exacerbavit 
Dominum  peccator,  secundum  mul- 
titudinemirassuaenonquasret.5.Non 
est  Deus  in  conspectu  ejus  :  inqui- 
natas  sunt  vias  illius  in  omni  tem- 
pore. Auferuntur  judicia  tua  a  facie 
ejus  :  omniumi  inimicorum  suorum 
dominabitur.  6.  Dixit  enim  in  corde 
suo  :  Non  movebor  a  generatione 
«Supra5,    in  gcncrationem  sine  malo.  7.  "Cu- 

II.  Infra  13,  — 

3    Rom.  3, 


jus  maledictione  os  plenum  est,  et 
amaritudine,  et  dolo  :  sub  lingua 
ejus  labor  et  dolor.  8.  Sedet  in  insi- 
diis  cum  divitibus  in  occultis,  ut 
interficiat  innocentem.  9.  Oculi  ejus 
in  pauperem  respiciunt  :  insidiatur 
in  abscondito,  quasi  leo  in  spelunca 
sua.  Insidiatur  ut  rapiat  pauperem  : 
rapere  pauperem  dum  attrahit  eum. 
10.  In  laqueo  suo  humiliabit  eum, 
inclinabit  se,  et  cadet  cum  domina- 
tus  fuerit  pauperum.  1 1.  Dixit  enim 
in  corde  suo  :  Oblitus  est  Deus, 
avertit  faciem  suam  ne  videat  in 
finem. 

12.  Exsurge  Domine  Deus,  exal- 
tetur  manus  tua  :  ne  obliviscaris 
pauperum.  13.  Propter  quid  irrita- 
vit  impius  Deum.^  dixit  enim  in 
corde  suo  :  Non  requiret.  14.  Vides, 
quoniam  tu  laborem  et  dolorem 
consideras  :  ut  tradas  eos  in  manus 
tuas.  Tibi  derelictus  est  pauper  : 
orphano  tu  eris  adjutor.  15.  Contere 
brachium  peccatoris  et  maligni  : 
quasretur  peccatum  illius,  et  non 
invenietur. 

1 6.  Dominus  regnabit  in  asternum, 


PSAUME  X. 

1.  Te  coiivres-tti  les  yeux,  pour  ne  pas 
voir  la  triste  situation  cle  tes  fideles;  ou  les 
oreilles,  pour  ne  pas  entendre  leurs  plaintes. 
Vulg.,  es-tu  dedaigncux  de  tes  fideles,  sans 
egard  pour  eux. 

2.  Se  consument  d'indignation,  en  voyant 
la  prosperite  et  I'insolence  du  mechant 
(comp.  Is.  xiii,  18);  d'autres,  deperissent 
dans  leur  misere  et  leur  afflicftion. 

3.  Se  glori/ie,  au  lieu  d'en  rougir;  il  est 
fier  de  leur  donner  satisfaflion,  comme  s'il 
n'avait  ni  Dieu  ni  maitre.  —  Le  ravisseur, 
Fhomme  cupide.  —  Maudit,  litt.  bcnit  Jeho- 
vah., euphemisme  cf.  Ill  Reg.  xxi,  10.  13. 
Job  i,  5;  ii,  5.  Vulgate  :  on  applavdit  le  pe- 
cheur  qui  assoitvit  ses  desi/s  pefvers,  et  le 
vieclunit  recoit  des  bt'nediflio)is. 

4.  //  (Dieu)  ne  punii  pas;  litt.  //  ne  re- 
cherche pas  le  crime  pour  le  punir. 

5.  Prosperes,  litt.  feniies,  asstireesj  elles 
le  menent  surement  au  but  qu'il  poursuit. 
—  Z?'z/;/  souffle.  Comp.  ce  passage  de  Plaute 
{Mil.  glor.  I,  i,  17)  : 

Cujus  tu  legiones  ditflavisti  spiritu 
Quasi  ventus  folia. 

Delitzsch  traduit  un  peu  autrement  :  il  leur 


donne  un  souffle  :  il  souffle  sur  eux  avec  de- 
dain,  il  ne  s'en  soucie  pas. 

La  Vulg.  s'ecarte  d'une  maniere  notable 
de  I'hebr.  dans  les  vers.  3-5  :  "  On  glorifie 
le  pecheur  pour  ses  convoitises,  et  I'impie 
revolt  des  benedidlions.  Le  pecheur  aigrit 
de  plus  en  plus  le  Seigneur;  dans  sa  fureur 
aveugle,  il  ne  tient  compte  de  rien;  Dieu 
n'est  jamais  present  a  sa  pense'e.Ses  voies  en 
tout  temps  sont  pleines  de  corruption.  Vos 
jugements  sont  loin  de  son  regard  ;  aussi 
traite-t-il  en  despote  tous  ses  ennemis.  " 

8.  Pres  des  hanieaux  ou  aes  villages; 
Vulg. ,  avec  les  riches. 

9.  Le  pauvre,  ici,  n'est  pas  I'homme  denue 
de  biens,  mais  I'homme  pacifique  et  doux, 
aussi  incapable  decommettre  I'injustice  que 
de  la  repousser.  —  Dans  son  fflet :  a  I'image 
du  lion  succede  celle  du  chasseur.  Au  ver- 
set  10  reparaitra  celle  du  lion. 

10.  //  se  courbe,  etc.  D'autres  :  e'crase,  le 
}nalheuretixs'affaisseet  ionibedans  sesgriffes. 

11.  II  a  couverl,  Vulg.  dcHourne. 

14.  Orphelin,  ici,  par  synecdoche,  celui  qui 
est  prive  de  tout  appui  et  secours  humain. 

16.  Cette  fin  du  Psaume  rappelle  le  pre- 
cedent (ix,  19  sv.),  et  vient  a  I'appui  du  sen- 
timent  qui    regarde    les  deux  comme  une 


26 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


17  Tu  as  entendu  le  desir  des  affliges,  Jehovah; 

Tu  affermis  leiir  cceur,  tu  pretes  une  oieille  attentive, 

18  Pour  lendre  justice  h  ForpheHn  et  a  I'opprime, 

Afin  que  I'homme  tiid  de  la  terre  cesse  d'inspirer  I'effroi. 


rSAUME   XI    (VULG.  X). 

[CS^^Avid  composa  ce  Psaume,  soit  pendant  la  persecution  de  Saiil,  soit  lorsqu'il  etait 
tC^J'  6"^o''^  ^  1^  cour,  mais  deja  I'objet  de  graves  calomnies  qui  I'avaient  rendu  suspe<5\ 
irj^rjJi  ou  odieux  au  roi.  A  ceux  qui  lui  conseillaient  de  sauver  sa  vie  par  la  fuite,  il  repond 
que  toute  sa  confiance  repose  sur  Dieu,  qui  chatie  les  mechants  et  recompense  les  justes. 

Ps.  xi.  ^AU  maitre  de  chant.  De  David. 

En  Jehovah  je  me  confie; 

Comment  dites-vous  a  mon  ame  : 

"  Fuyez  h  votre  montagne,  co7iu)ie  I'oiseau. 

2  Car  voici  que  les  mechants  bandent  Tare, 
lis  ont  ajuste  leur  fleche  sur  la  corde, 

Pour  tirer  dans  I'ombre  sur  les  hommes  au  coeur  droit. 

3  Quand  les  fondements  sont  renverse's, 
Que  peut  faire  le  juste?  " 

4  Jehovah  dans  son  saint  temple, 
Jehovah,  qui  a  son  trone  dans  les  cieux,  — 
A  les  yeux  ouverts, 

Ses  paupieres  sondent  les  enfants  des  hommes. 

5  Jehovah  sonde  le  juste; 

II  hait  le  mechant  et  celui  qui  se  plait  a  la  violence. 

6  11  fera  pleuvoir  sur  les  mechants  des  lacets ; 

Feu,  soufre  et  vent  brulant  sont  la  coupe  qu'ils  auront  en  partage. 

7  Car  le  Seigneur  est  juste,  il  aime  la  justice; 
Les  hommes  droits  contempleront  sa  face. 


PSAUME   XII   (VULG.  Xl). 

Avid  se  plaint  h.  Dieu  de  I'impiete  et  de  la  mauvaise  foi  qui  regnent  parmi  les 
hommes  et  lui  demande  de  reprimer  les  mechants  (vers.  2-6);  le  Seigneur  repond 
qu'il  va  en  effet  proteger  les  pauvres  et  les  opprimes  (vers.  6),  et  le   Psalmiste, 
appuye  sur  cette  parole  infaillible,  se  repose  dans  une  douce  et  ferme  confiance  (7-9). 

Ps.  xii.  ^AU  maitre  de  chant.  Sur  I'oflave.  Chant  de  David. 

2  Sauve,  Jehovah !  car  les  hommes  pieux  s'en  vont, 

Les  fideles  disparaissent  d'entre  les  enfants  des  hommes. 

3  On  se  dit  des  mensonges  les  uns  aux  autres; 

On  parle  avec  des  levres  flatteuses  et  un  coeur  double. 

4  Que  Jehovah  retranche  toutes  les  levres  flatteuses, 
La  langue  qui  discourt  avec  jacflance, 

5  Ceux  qui  disent  :  "  Par  notre  langue  nous  sommes  forts; 
Nous  avons  avec  nous  nos  levres  :  qui  serait  notre  maitre?  " 

6  "  A  cause  de  I'oppression  des  afflig^s,  du  gemissement  des  pauvres, 
Je  veux  maintenant  me  lever,  dit  Jehovah; 

Je  leur  apporterai  le  salut  apres  lequel  ils  soupirent." 

7  Les  paroles  de  Jehovah  sont  des  paroles  pures, 
Un  argent  fondu  dans  un  creuset  sur  la  terre, 
Sept  fois  purifie. 


seule  et  unique  composition.  —  Les  nations 
paiennes.  —  De  sa  le>re  d'lsracl,  type  de 


son  royaume  celeste,  ou  les  saints  seront 
seuls  admis. 


LIBER  PSALMORUM. 


27 


et  in  sasculum  saeculi :  peribitis  gen- 
tes  de  terra  illius.  17.  Desiderium 
pauperum  exaudivit  Dominus:  prae- 
parationem  cordis  eorum  audivit 
auris  tua,  18.  Judicare  pupillo  et 
humili,  lit  non  apponat  ultra  ma- 
gnificare  se  homo  super  terram. 

— :;:—       PSALM  US   X.       — =!:— 
Animae  in  Deo  confidentis  securitas, 

I,  In  finem,  Psalmus  David. 

N  Domino  confido  :  quo- 
modo  dicitis  animas  meas  : 
Transmigra    in    montem 

sicut  passer?  3.  Quoniam 

ecce  peccatores  intenderunt  arcum, 
paraverunt  sagittas  suas  in  pharetra, 
ut  sagittent  in  obscuro  rectos  corde. 
4.  Quoniam  qua^  perfecisti,  destru- 
xerunt  :  Justus  autem  quid  fecit? 

5.  "Dominus  in  templo  sancto 
suo,  Dominus  in  coelo  sedes  ejus  : 
Oculi  ejus  in  pauperem  respiciunt : 
palpebras  ejus  interrogant  filios  ho- 
minum.  6.  Dominus  interrogat  ju- 
stum  et  impium  :  qui  autem  diligit 
iniquitatem,  odit  animam  suam. 
7.  Pluet  super  peccatores  laqueos  : 


ignis,  et  sulphur,  et  spiritus  procel- 
larum  pars  calicis  eorum.  8.  Quo- 
niam Justus  Dominus  et  justitias 
dilexit :  asquitatem  vidit  vultus  ejus. 

— *—      PSALMUS  XL      — :::— 

Oratio  pro  imploranda  Dei  ope 
contra  impios. 

I.  In  finem  pro  octava,  Psalmus 
David. 

ALVUM  me  fac  Domine, 
quoniam  defecit  sanctus  : 
quoniam  diminutas  sunt 
veritates  a  filiis  hominum. 
3.  Vana  locuti  sunt  unusquisque  ad 
proximum  suum  :  labia  dolosa,  in 
corde  et  corde  locuti  sunt.  4.  Dis- 
perdat  Dominus  uni versa  labia  do- 
losa, etiinguammagniloquam.  5.  Qui 
dixerunt  :  Linguam  nostram  ma- 
gnificabimus,  labia  nostra  a  nobis 
sunt,  quis  noster  Dominus  est? 

6.  Propter  miseriam  inopum,  et 
gemitum  pauperum  nunc  exsurgam, 
dicit  Dominus.  Ponam  in  salutari  : 
fiducialiter  agam  in  eo. 

7.  "Eloquia  Domini,  eloquia  ca- 
sta :  argentum  igne  examinatum, 


"  Prov.  30, 


PSAUME  XI. 

I.  A  nion  dine,  a  moi.  —  Fuyez  :  ce  plu- 
riel  s'adresse  a  David  et  a  ses  compagnons. 
—  Voire  inontaojie^  ou  plus  d'une  fois  deja 
David  avait  trouvd  un  refuge.  —  L'oiseaie, 
propr.  le  petit  oiseau,le  passereau.  Plusieurs, 
donnant  a  ce  mot  un  sens  coUedlif,  tradui- 
sent  :fityez...,  petiis  oiseaux. 

3.  Les  fo7tdements  de  la  justice  et  meme 
de  la  societe.  —  Le  juste,  que  rien  ne  pro- 
tege, n'a  plus  qu'a  chercher  son  salut  dans 
la  fuite. 

Voici  la  reponse  de  la  foi, 

4.  Notre  tradu<51;ion  reproduit  exacflement 
la  marche  assez  peu  r^guliere  de  la  phrase 
hebraique.  —  Soil  saint  temple  du  ciel. 

5.  Sonde,  connait  intimement,  et  par  con- 
sequent protege  le  juste.  —  //  /lait,  etc.; 
Vulg.,  mats  celui  qui  ainie  Viniquite  est 
Venneini  de  son  ante. 

6.  Allusion  au  chatiment  qui  detruisit 
Sodome  et  Gomorrhe  {Gett.  xix,  24).  — 
Lacets,  comme  on  en  jette  pour  prendre  les 
animaux  sauvages  (conip.  Job,  xviii,  9 ; 
xxi,  17;  Prov.  xxii,  5).  Au  lieu  de  pachim 


plusieurs  \\%txv\.pechani,  c/iardons,  hra\se,  ce 
qui  va  mieux  avec  le  contexte.  —  Vent  drit- 
lant,  le  siinoun  des  Arabes.  — ■  La  coupe, 
etc.;  litt.  la  part  de  leur  coupe,  c.-k-d.  leur 
part  ou  leur  partage.  La  figure  est  tiree  de 
i'usage  oil  etait  le  pere  de  famille  de  verser 
a  chacun  dans  une  coupe  sa  part  de  boisson. 
"J.  Les  hoinvies  droits,  etc.  :  cf.  xvii,  15, 
cxl,  14  (ht^br.)  ou  bien  :  sa  face  regardera 
les  Jionivies  droits  d'un  regard  d'amour  et 
de  bienveillance.  Vulg.,  son  visage  consi- 
(iere  Pequite. 

PSAUME  XII. 

1.  Voy.  v,  I, 

2.  Les  hommes  fideles;  litt.,  les  Jidelitcs; 
Vulg. ,  les  verites. 

3.  Ca'ur  double  ;  comp.  /acq.  i,  8 ;  Deut. 
XXV,  13.     ^ 

6.  Apres  lequel  its  soupirent.  Vulg.,  et  en 
celaj'agirai  avec  une  entiere  liberie, 

7.  Pures  de  tout  alliage  de  mensonge.  — 
Fondu  dans  le  creuset  ou  le  fou7'neau,  d'ou 
il  se  repand  sur  la  terre ;  Le  Hir,  eprouve 
par  les  travaux  de  la  terre,  c.-k-d.  de  la 
mine;  d'autres  autrement.  Vulg.,  U7i  argent 


28 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


8  Toi,  Jehovah,  tu  les  garderas; 
Tu  les  preserveras  k  jamais  de  cette  generation, 

9  Autour  d'et/x  les  mdchants  se  promenent  avec  arrogance  : 
Autant  ils  s'elevent,  autant  seront  hiimilies  les  enfants  des  hommes. 

PSAUME   XIII   (VULG.  XIl). 

Ivement  poursuivi  par  ses  ennemis,  probablement  vers  la  fin  de  la  persecution 
de  Saiil,  David  se  plaint  de  I'oubli  ou  Dieu  semble  le  laisser  (vers.  1-3);  il  le  con- 
jure de  liii  venir  en  aide  (4-5),  et  il  exprime  I'espoir  de  chanter  bientot  le  cantique 
de  la  delivrance  (vers.  6). 

xiii.  'AU  maitre  de  chant.  Chant  de  David. 

2  Jiisques  k  quand,  Jehovah,  m'oublieras-tu  toujours? 
Jusques  k  quand  me  cacheras-tu  ta  face? 

3  Jusques  a  quand  mon  ame  formera-t-elle  des  projets, 
Et  chaque  jour  le  chagrin  remplira-il  mon  coeur? 
Jusques  a  quand  mon  ennemi  s'eldvera-t-il  centre  moi? 

4  Regarde,  reponds-moi,  Jehovah  mon  Dieu  ! 
Donne  la  lumiere  a  mes  yeux, 
Afin  que  je  ne  m'endorme  pas  dans  la  mort, 

5  Afin  que  mon  ennemi  ne  dise  pas  :  '' Je  I'ai  vaincu!  " 
Et  que  mes  adversaires  ne  se  rejouissent  pas  en  me  voyant  chanceler. 

6  Moi,  j'ai  confiance  en  ta  bonte; 
Mon  coeur  tressaillira  a  cause  de  ton  salut, 
Je  chanterai  Jehovah  pour  le  bien  qu'il  m'a  fait. 

PSAUME   XIV   (VULG.  XIIl). 

|Avid   commence   par  faire  le    tableau  de   la   corruption    qui    regne   sur  la  terra 
(vers.  1-3);  puis  il  montre  le  souverain  Juge  pret  k  faire  eclater  sa  vengeance  sur 
les  mechants,  persecuteurs  des  justes  (4-6) ;  il  termine  par  une  priere  pour  la  deli- 
vrance d' Israel  (vers.  7). 

Ce  Psaume  est  identique  au  liiie,  sauf  quelques  variantes.  Tous  deux  nomment  David 
comme  auteur,  et  la  situation  decrite  convient  assez  bien,  en  effet,  a  la  revoke  d'Absalom. 
Cependant,  comme  il  est  question  de  captivite  tm.  vers.  7,  plusieurs  critiques  (D.  Calmet,etc.) 
rapportent  la  composition  du  Psaume  au  temps  de  la  captivite  de  Babylone.  Mais  ce 
verset  peut  s'entendre  autrement,  comme  nous  le  verrons  plus  loin  ;  on  peut  d'ailleurs 
supposer  sans  invraiseniblance  qu'il  aurait  cte  ajoute  plus  tard  au  chant  prnnitif  pour 
I'adapter  a  une  situation  nouvelle. 

S.  Paul  {Rom.  iii,  12  sv.)  cite  k s  premiers  versets  de  ce  Psaume  pour  montrer  aux 
Juifs  qu'aucun  d'eux  n'avait  pu  etre  justifie  par  la  loi,  puisque  tous  la  transgressaient  d'une 
maniere  si  criante. 

Ps.  xiv.  'AU  maitre  de  chant.  De  David. 

L'insense  dit  dans  son  coeur  :  "  II  n'y  a  point  de  Dieu ! 

Les  hommes  sont  corrompus,  ils  commeltent  des  adlions  abominables; 

II  n'en  est  aucun  qui  fasse  le  bien. 

2  Jehovah,  du  haut  des  cieux,  regarde  les  fils  de  I'homme, 
Pour  voir  s'il  est  quelqu'un  de  sage  qui  cherche  Dieu. 

3  Tous  sont  egards,  tous  sont  pervertis; 
II  n'en  est  pas  un  qui  fasse  le  bien. 
Pas  un  seul ! 

4  Ont-ils  a  ce  point  perdu  le  sens,  ceux  qui  commettent  I'iniquite? 
lis  devorenl  mon  peuple  comme  ils  mangent  du  pain; 

Ils  n'invoquent  point  Jehovah. 


eprouve  au  feu.pmHJie  de  la  terre,  c.-a-d. 
de  ses  scories. 


8.  Tu  les  garderas^  les  opprimes  du  vers.  6. 
Cette  oc aeration  d'hommes 


Vulg.,  nous. 


LIBER  PSALMORUM. 


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probatum  terras  purgatum  septu- 
plum.  8.  Tu  Domine  servabis  nos  : 
et  custodies  nos  a  generatione  hac 
in  aeternum  9.  In  circuitu  impii 
ambulant  :  secundum  altitudmem 
tuam  multiplicasti  filios  hominum. 

— :i:—     PSALM  US   XII.     — *— 
Deprecatio  aniiiice  fidelis  in  tribulatione. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 

SQUEQUO  Domine 
oblivisceris  me  in  finem? 
Usquequo  avertis  faciem 
tuam  a  me?  2.  Quamdiu 
ponam  consilia  in  anima  mea,  dolo- 
rem  in  corde  meo  per  diem?  3.  Us- 
quequo exaltabitur  inimicus  meus 
super  me? 

4.  Respice,  et  exaudi  me  Domine 
Deus  meus.  Illumina  oculos  meos 
ne  unquam  obdormiam  in  morte  : 
5.  ne  quando  dicat  inimicus  meus  : 
Prasvalui  adversus  eum.  Qui  tri- 
bulant  me,  exsultabunt  si  motus 
fuero  : 

6.  Ego  autem  in  misericordia  tua 
speravi.  Exsultabit  cor  meum  in  sa- 
lutari   tuo  :   cantabo   Domino  qui 


bona  tribuit  mihi  :  et  psallam  no- 
mini  Domini  altissimi. 

— :i:—     PSALMUS    XIII,     — :i:— 
Impiorum  maliticC.  Salus  a  Deo  speranda. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 

IXIT  insipiens  in  corde 
suo  :  Non  est  Deus.  Cor- 
rupt! sunt,  et  abominabi- 
les  Facti  sunt  in  studiis 
suis  :  non  est  qui  faciat  bonum,  non 
est  usque  ad  unum.  2.  Dominus  de 
coelo  prospexit  super  filios  homi- 
num, ut  videat  si  est  intelligens,  aut 
requirens  Deum.  3.  *Omnes  decli- 
naverunt,  simul  inutiles  facti  sunt  : 
non  est  qui  faciat  bonum,  non  est 
usque  ad  unum. 

Sepulcrum  patens  est  guttur  eo- 
rum  :  linguis  suis  dolose  agebant, 
venenum  aspidum  sub  labiis  eorum. 
Quorum  os  maledictione  et  amari- 
tudine  plenum  est  :  veloces  pedes 
eorum  ad  efHindendum  sanguinem. 
Contritio  et  infelicitas  in  viis  eorum, 
et  viam  pacis  non  cognoverunt :  non 
est  timor  Dei  ante  oculos  eorum. 


"  Infra  52, 


I. 


''  Rom.  3, 
12,  13. 


4. 


Nonne    cognoscent 


omnes   qui 


cS^ 


corrompus  et  corrupteurs,  la  masse  de  la 
generation  pr^sente. 

9.  Autour  d^eux,  des  justes;  ou  bien,  dc 
ions  cotes.  —  Delitzschet  d'autres  traduisent 
le  2e  membre,  tandis  que  la  bassesse  regne 
parvii  les  en  funis  des  /loninies.  Le  texte  pa- 
rait  altere. 

PSAUME  XIII. 

2.  Jtisqiies  a  qiiand...  tonjours,  ou  potir 
toujotirs :  I'epreuve  a  dte  si  longue,  qu'il  est 
pies  de  desesperer,  tout  en  esperant  encore. 

4.  La  liuniere  a  ines  yeiix  obscurcis  par  la 
tristesse  et  la  douleur.  Cette  lumiere  vient 
du  visage  favorable  que  Dieu  tourne  vers 
ceux  qu'il  aime;  elle  leur  apporte  la  joie,  la 
force  et  la  vie. 

6.  De  toti  sahit,  de  la  delivrance  que  tu 
m'accorderas. 

Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent  :  et  je  cele- 
hrcrai  le  notn  die  Seigneur^  le  Trh-Haiit, 
emprunte  peut-etre  a  Ps.  vii,  1 8,  ou  a  ix,  3. 

PSAUME  XIV. 
I.  Dans  son  cantr,  le  coeur  est,  pour  les 
Hdbreux,  le  siege  de  I'intelligence  aussi  bien 


que  de  la  volonte.  //  Ji'en  est  aiccun,  parmi 
les  impies  dont  on  vient  de  parler  (S.  Au- 
gustin,  S.  Hilaire);  a  cote  d'eux^  il  y  a  la 
race  des  justes  (vers.  5),  en  si  petit  nombre 
que  le  Psalmiste  semble  ici  les  perdre  de 
vue. 

3.  Comp.  Is.  Ixiv,  b\Jer.  v,  i.  Pervertis, 
Vulg.  inutiles  :  en  hdbr.  les  id^es  de  me- 
chancet(f  et  d'inutilite  sont  connexes;  le 
juste  seul  porte  du  fruit  {Ps.  i,  3). 

La  Vulgate  insere  ici  trois  versets  que 
S.  Paul  cite  a  la  suite  du'vers.  3,  et  qu'il 
emprunte  a  d'autres  passages  de  I'Ecriture 
(voy.  Rom.  iii,  13-18);  ils  ne  figurent  pas 
dans  le  Ps.  liii;  leur  presence  dans  le  Ps.  xiv 
est  due  a  une  inadvertance  de  copiste.  Les 
voici  :  "  Leur  gosier  est  un  sepulcre  ouvert; 
ils  se  servent  de  leurs  langues  pour  trom- 
per;  un  venin  d'aspic  est  sous  leurs  levres. 
Leur  bouche  est  pleine  de  male'dicflion  et 
d'amertume;  ils  ont  les  pieds  agiles  pour 
repandre  le  sang.  L'affli(nion  et  le  malheur 
sont  dans  leurs  voies;  ils  ne  connaissent  pas 
le  chemin  de  la  paix;  la  crainte  du  Seigneur 
n'est  pas  devant  leurs  yeux." 


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PREMIER   LIVRE  DES  PSAUMES. 


5  lis  trembleront  tout  h.  coup  d'^pouvante, 

Car  le  Seigneur  est  au  milieu  de  la  race  juste. 

6  Essayez  de  confondre  les  projets  du  malheureux! 
C'es/  en  vain,  car  le  Seigneur  est  son  refuge. 

7  Oh!  puisse  venir  de  Sion  la  delivrance  d'Israel! 
Ouand  Jehovah  ramenera  les  captifs  de  son  peuple, 
Jacob  sera  dans  la  joie,  Israel  dans  I'all^gresse. 


PSAUME   XV   (VULG.  XIV). 

Orsque  David  fit  transporter  I'arche  sur  le  mont  Sion  (II  Sam.  vi,  i6  sv.),  11  com- 
posa  pour  la  circonstance  le  Ps.  xxiv.  Le  Ps.  xv  dut  etre  compost  a  la  meme  occa- 
sion, ou  du  moins  peu  de  temps  apres,  car  il  a  beaucoup  de  rapport  avec  ce 
dernier  (voy.  surtout  le  verset  4).  David  y  enseigne  ce  cjue  doivent  etre  les  vrais  serviteurs 
de  Dieu,  pour  etre  admis  a  se  presenter  devant  son  tabernacle,  sur  sa  montagne  sainte, 
et  pour  avoir  droit  a  sa  protedtion.  C'est  un  abrege  de  la  morale  de  I'Ancien  Testament; 
le  prophete  Isaie  en  donne  une  magnifique  variante  (ch.  xxxiii,  13-16),  et  I'epitre  de  saint 
Jacques  en  est  comme  le  commentaire.  —  Sion  et  le  tabernacle  sont  la  figure  de  I'Eglise 
de  la  terre  et  du  sandluaire  du  ciel. 


Ps.  XV. 


1  PSAUME  de  David. 

Jehovah,  qui  habitera  dans  ta  tente? 

Qui  demeurera  sur  ta  montagne  sainte?  — 

2  Celui  qui  marche  dans  I'innocence,  qui  pratique  la  justice, 
Et  qui  dit  la  verite  dans  son  coeur. 

3  II  ne  calomnie  point  avec  sa  langue, 
II  ne  fait  point  de  mal  h.  son  frere, 

Et  ne  jette  point  I'opprobre  sur  son  prochain. 

4  A  ses  yeux  le  reprouve  est  digne  de  honte, 
Mais  il  honore  ceux  qui  craignent  Jehovah. 

S'il  a  fait  un  serment  k  son  prejudice,  il  n'y  change  rien. 

5  II  ne  prete  point  son  argent  a  usure, 

Et  il  n'accepte  pas  de  present  contre  I'innocent  :  — 
Celui  qui  se  conduit  ainsi  ne  chancellera  jamais. 


PSAUME   XVI   (VULG.  XV). 

[vS^^Avid  composa  ce  cantique  probablement  pendant  la  persecution  de  Saiil,  alors  qu'il 
|S-^^j  etait  r^duit  h,  vivre  sur  une  terre  etrangere,  entoure  d'idolatres  (I  Sam.  xxvi,  19; 
Ik^^I  XXX,  I.)  II  conjure  le  Seigneur  de  le  sauver  de  la  mort.  Jehovah  est  son  Dieu 
il  n'a  d'affecflion  que  pour  lui  et  pour  ses  saints  qui  habitent  le  pays  d'Israel  (vers.  1-6). 
Dans  la  confiance  que  lui  donne  son  union  avec  Dieu,  il  tressaille  de  joie,  sentant  qu'il  n'a 
pas  a  craindre  le  tombeau  et  que  des  d^lices  sans  fin  lui  sont  reservees  devant  la  face 
du  Seigneur  (7-1 1). 

Le  caracftere  messianique  du  Psaume  est  indubitable  pour  quiconque  reconnait  I'auto- 
rite  du  Nouveau  Testament.  En  effet,  S.  Pierre  et  S.  Paul,  au  livre  des  Acfles  (ii,25; 
xiii,  35  sv.)  I'expliquent  de  la  mort  et  de  la  resurredion  de  Jesus-Christ,  et  la  tradition 
catholique  I'a  toujours  entendu  en  ce  sens.  Ce  n'est  done  pas  seulement  en  son  propre 
nom,  c'est  aussi  au  nom  du  Messie  que  parle  le  Psalmiste,  bien  qu'il  se  serve  d'expressions 
et  d'images  empruntees  aux  circonstances  de  sa  propre  vie.  Mais  ces  expressions  memes 
ont  une  portee  qui  depasse  la  personne  de  David ;  elles  n'ont  eu  leur  parfaite  realisation 
qu'en  la  personne  du  Christ,  a  la  fois  fils  de  David  et  fils  de  Dieu,  dont  I'ame  n'a  pas  ete 
laissee  au  pouvoir  du  scheol,  et  dont  la  chair  n'a  pas  connu  la  corruption  du  tombeau. 
Toutefois  la  prophetie  s'accomplira  aussi  en  David ;  non  seulement  il  sera  preserve  de  la 
mort  jusqu'a  ce  qu'il  ait  acheve  de  remplir  sa  mission  providentielle;  mais  un  jour,  par  les 
merites  du  Christ,  il  sera  tire  du  sombre  sejour  et  admis  a  la  veritable  vie. 

L'Eglise  fait  usage  de  ce  Psaume  dans  I'office  du  Samedi-Saint ;  elle  I'applique  egale- 
ment  a  ceux  qui,  en  entrant  dans  la  clericature,  prennent  le  Seigneur  pour  la  part  de  leur 
heritage  (vers.  5-6). 


LIBER  PSALMORUxM. 


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operantur  iniquitatem,  qui  devorant 
plebem  meam  sicut  escam  panis? 
5.  Dominum  non  invocaverunt,  illic 
trepidaverunt  timore,  ubi  non  erat 
timor.  6.  Quoniam  Dominus  in  ge- 
neratione  justa  est,  consilium  inopis 
confudistis  :  quoniam  Dominus  spes 
ejus  est. 

7.  Ouis  dabit  ex  Sion  salutare 
Israel?  cum  averterit  Dominus  ca- 
ptivitatem  plebis  suae,  exsultabit 
Jacob,  et  lastabitur  Israel. 

— :i:—     PSALM  US   XIV.     — ^i^— 
Oueenam  virtutes  ad  Deum  perducant. 

1.  Psalmus  David. 
OMINE  quis  habitabit  in 
tabernaculo  tuo?  aut  quis 
requiescet  in  monte  sancto 
tuo? 

2.  yui  ingreditur  sine  macula,  et 
operatur  justitiam  :  3.  qui  loquitur 


veritatem  in  corde  suo,  qui  non  egit 
dolum  in  lingua  sua :  nee  fecit  pro- 
ximo suo  malum,  et  opprobrium 
non  accepit  ad  versus  proximos  suos. 
4.  x^d  nihilum  deductus  est  in  con- 
spectu  ejus  malignus  :  timentes  au- 
tem  Dominum  glorificat  :  qui  jurat 
proximo  suo,  et  non  decipit,  5,  qui 
pecuniam  suam  non  dedit  ad  usu- 
ram,  et  munera  super  innocentem 
non  accepit :  qui  facit  hasc,  non  mo- 
vebitur  in  asternum. 

— :i:—      PSALMUS    XV.      — :;:— 

Justus  invocat  Deum  partem  hereditatis 
suae;  resurrecflionem  sperat. 


I.  Tituli  inscriptio  ipsi  David. 

JONSERVA  me  Domine, 
quoniam    speravi    in    te. 
2.  Dixi  Domino  :  Deus 
meus  es  tu,  quoniam  bo- 
norum  meorum  non  eges.  3.  San- 


5.  I/s  trembler  out  tout  a  coup,  litt.  la  lis 
trembleront.  —  Uepouvante:  la  Vulg.  ajoute, 
la  on  il  ny  avail  pas  de  cause  iVepotivante. 

7.  De  Sion  :  Sion  avait  ete  longtemps  le 
san(fluaire  ou  siegeait  Jehovah  comme  roi 
de  son  peuple,  et  le  centre  de  son  acflion  en 
faveur  d'Israel.  A  Tepoque  de  la  captivite, 
le  temple  etait  detruit  de  fond  en  comble ; 
neanmoins  les  exiles  esperent  toujours  que 
leur  delivrance  viendra  de  Sion,  non  en  ce 
sens  que  Jehovah  continuerait  d'en  habiter 
les  ruines,  mais  parce  que  le  moment  de  cette 
delivrance  devait  etre  celui  de  la  recons- 
tru(5\ion  de  I'ancien  sandluaire.  Comp.  Da/i. 
vi,  10;  Is.  Ixvi,  6.  —  Qieand  Jehovah  raine- 
nera  les  captifs,  litt.  la  captivite'.  Hengsten- 
berg  et  d'autres  donnent  a  ce  dernier  mot 
le  sens  figure  de  malheur,  infortune,  qu'il  a 
quelquefois,  par  ex.  Job,  xlii,  10;  Ezech. 
xv'>  53)  et  traduisent,  quand  JehovaJi  fera 
revefiir  (litt.  tourner),  c.-a-d.  cesser,  le  tiial- 
heur  de  son  peuple;  cette  interpretation  ad- 
mise,  le  vers.  7  appartiendrait  au  Psaume 
primitif. 

PSAUME  XV. 

I.  Dans  ta  tente,  la  tente  sacree,  le  taber- 
nacle contenant  I'arche  d'alliance.  —  Habi- 
tera...  devieurera  :  ces  verbes  marquent  un 
etat  durable,  I'etat  de  ceux  que  S.  Paul  ap- 
pelle  doniestici  Dei,  qui  font  partie  de  la 
maison  de  Dieu,  etant  unis  a  lui  par  la  grace 
sandlifiante. 

4.  Le  reprouve,  le  mechant  que  Dieu  re- 


jette  :  quels  que  soient  ses  talents,  ses  ri- 
chesses  et  sa  puissance,  le  juste  le  tient  pour 
me'prisable.  Delitzsch  prefere  I'ancienne  in- 
terpretation des  rabbins  :  il  se  deplatt  a  ses 
propres yeux,  il  se  regarde  comme  digne  de 
honte,  c.-a-d.,  le  juste  n'a  aucune  estime 
pour  lui-meme.  Comp.  II  Sain,  vi,  22  et 
Ps.  cxxxi.  —  Un  sernient :  voy.  Lev.  v,  4-6; 
xxvii,  10.  Vulg.,  il  Jait  serineftt  a  son  pro- 
chain,  et  ne  trompe  point. 

5.  A  nsure  {E.xod.  xxii,  25;  Lei',  xxv,  37; 
Deuf.  xxiii,  20)  :  la  loi  de  Moise  defendait 
de  preter  de  I'argent  a  un  Israelite  centre 
un  interet.  Point  d'entreprises  commerciales 
ayant  besoin  de  capitaux;  les  pauvres  seuls 
empruntaient;  c'eut  ete  aggraver  leur  misere 
et  blesser  la  charite  que  de  leur  demander 
un  interet.  —  De  present  {E.xod.  xxiii,  8; 
Dent,  xvi,  19)  contre  Pinnocent,  de  maniere 
a  ce  que,  juge  inique,  il  donne  gain  de 
cause  au  coupable  et  condamne  I'innocent. 
Comp.  II  Par.  xix,  6  sv. 

PSAUME  XVI. 

I.  Hynine,  hebr.  7nikthani.  On  n'est  pas 
d'accord  sur  la  signification  de  ce  mot,  qui 
se  trouve  encore  dans  les  titres  des  Ps.  Ivi-lx. 
La  traducftion  des  LXX,  suivie  par  la  Vul- 
gate, Inscription  nionuinentale,  semblerait 
indiquer  un  poeme  destine  a  etre  grave,  en 
tout  ou  en  partie,  sur  une  stele  ou  un  autre 
monument,  ou  bien  peut-etre  ecrit  en  eftet 
sur  quelque  muraille  du  palais  de  David. 


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PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


XVI. 


iHYMNE  de  David. 

2  Je  dis  ^  Jehovah  :  "  Tu  es  mon  Seigneur, 
Toi  seul  es  mon  bien.'' 

3  Les  saints  qui  sont  dans  le  pays, 

Ces  illusties,  sont  I'objet  de  toute  mon  affedlion. 

4  On  miiltiplie  les  idoles,  on  court  apres  les  dieux  etrangers; 
Je  ne  repandrai  point  leurs  libations  de  sang, 

Je  ne  mettiai  pas  Icurs  noms  sur  mes  levres. 

5  Jehovah  est  la  part  de  mon  heritage  et  de  ma  coupe, 
C'est  toi  qui  m'assures  mon  lot. 

6  Le  cordeau  a  mesure  pour  moi  une  portion  delicieuse; 
Oui,  un  splendide  heritage  m'est  echu. 

7  Je  benis  Jehovah  qui  m'a  conseille; 

La  nuit  meme,  mes  reins  m'avertissent. 

8  Je  mets  Jehovah  constamment  sous  mes  yeux, 
Car  il  est  k  ma  droite  :  je  ne  chancellerai  point. 

9  Aussi  mon  coeur  est  dans  la  joie,  mon  ame  dans  I'alle'gresse, 
Mon  corps  lui-meme  repose  en  securite. 

10  Car  tu  ne  livreras  pas  mon  ame  au  sejour  des  morts, 

Tu  ne  permettras  pas  que  celui  qui  t'aime  voie  la  corruption. 

11  Tu  me  feras  connaitre  le  sentier  de  la  vie; 
II  y  a  plenitude  de  joie  devant  ta  face, 
Des  delices  dternelles  dans  ta  droite. 


PSAUME   XVII   (VULG.  XVl). 


^^pE  Psaume  ofFre  une  grande  analogic  avec  le  precedent  et  appartient  a  la  meme 
E«L.«i  ^^pQqyg   Comme  le  titre  I'indique,  il  consiste  en  une  pricre  adressee  au  Seigneur 


gj^^i  par  David.  Trois  pensees  le  partagent  :  justice  du  Psalmiste  (vers.  1-5);  que  Dieu 
le  sauve  de  ses  ennemis  (6-12);  que  les  mechants  soient  punis  et  le  juste  delivre  (13-15). — 
Dans  le  sens  spirituel,  David  represente  le  Sauveur  persecute  par  les  Juifs,  I'Eglise  et  les 
justes  en  butte  a  la  mechancete  des  impies. 

Ps.  xvii.  IPRIERE  de  David. 

Jehovah,  entends  la  justice, 

Ecoute  mon  cri; 

Prete  I'oreille  a  ma  priere 

Qui  n'est  t^tks  proferce  par  des  levres  trompeuses. 

2  Que  mon  jugement  sorte  de  ta  face, 
Que  tes  yeux  regardent  I'equite  ! 

3  Tu  as  eprouve  mon  coeur,  tu  I'as  visite  la  nuit, 
Tu  m'as  mis  dans  le  creuset  :  tu  ne  trouves  rien. 
Avec  ma  pensee  ma  bouche  n'est  pas  en  desaccord. 

4  Quant  aux  acflions  de  I'liomme,  fidele  a  la  parole  de  tes  levres, 
J'ai  pris  garde  aux  voies  des  violents. 

5  Mes  pas  se  sont  attaches  a  tes  sentiers, 
Et  mes  pieds  n'ont  pas  chancel^. 


2.  Toi  seul  es  ino7t  bien,  ou  tu  es  mon  sou- 
veraifi  bien;  litt.,  mon  bien  n^est  pas  au- 
dessus  ou  a  cote  de  toi.  Vulg. ,  tu  n\xs  pas 
besoin  de  Dies  biens. 

3.  Les  saints  J  litt.  quant  aux  saints..., 
its,  etc. ;  ou  bien  avec  Delitzsch  :  et  (j'ai  dit) 
aux  saints,  etc.  Ces  saints,  ces  illustres, 
sont  les  notables  d'Israel,  a  qui  David,  avant 
de  rdgner,  envoyaplusieurs  fois  des  presents 
(I  Sam.  xxx,  26).  \'ulgate,  c'est  cnvcfs  les 
saints  qui  sont  dans  le  pays  qu''il  tn'a  donne 
de  signaler  ma  liberalite. 

4.  Autour  de  moi,  sur  la  terre  etrangcre. 


on  miiltiplie,  etc.  D'autres,  midtipliees  se- 
ront  les  douleurs  de  ceux  qui  courent  apres 
d\iutres  dieux,  ou  bien  acJietent  d'autres 
dieux,  hebr.  ma/iarou  :  c'est  le  \erbe  dont 
se  sert  Moise  pour  designer  Tacquisition 
d'une  epouse  moyennant  une  somme  d'ar- 
gent  (hebr.  nio/iar)  payee  au  pere  {Hxod. 
xxii,  15).  —  Libations  de  .yti«^''humain,  selon 
I'usage  des  peuplades  idolatres  au  milieu 
desquelies  David  s'elait  refugie.  Delitzsch  : 
je  ne  repandrai  pas  comme  eux  des  libations 
avec  des  mains  souillees  de  sang,  de  meur- 
tres.  —  Leurs  noms,  le  nom  des  idoles. 


LIBER  PSALMORUM 


33 


ctis,  qui  sunt  in  terra  ejus,  mirifica- 
vit  omnes  voluntates  meas  in  eis. 
4.  Multiplicatae  sunt  infirmitates 
eorum  :  postea  acceleraverunt.  Non 
congregabo  conventicula  eorum  de 
sanguinibus  :  nee  memor  ero  nomi- 
num  eorum  per  labia  mea.  5.  Domi- 
nus  pars  hereditatis  meas,  et  calicis 
mei  :  tu  es,  qui  restitues  hereditatem 
meam  mihi.  6.  Funes  ceciderunt 
mihi  in  pr^claris  :  etenim  hereditas 
mea  prasclara  est  mihi. 

7.  Benedicam  Dominum,  qui  tri- 
buit  mihi  intellectum  :  insuper  et 
usque  ad  noctem  increpuerunt  me 
renes  mei.  8.  "Providebam  Domi- 
num in  conspectu  meo  semper :  quo- 
niam  a  dextris  est  mihi,  ne  commo- 
vear.  9.  Propter  hoc  Istatum  est 
cor  meum,  et  exsultavit  lingua  mea : 
insuper  et  caro  mea  requiescet  in 
spe.  10.  ^Quoniam  non  derelinques 
animam  meam  in  inferno  :  nee  da- 
bis  sanctum  tuum  videre  corruptio- 
nem.  Notas  mihi  fecisti  vias  vitas. 


adimplebis  me  laetitia  cum  vultu 
tuo  :  delectationes  in  dextera  tua 
usque  in  finem. 

— :l:—    PSALM  US   XVL    — =>— 


Justus  ab  inimicis  liberari  poscit; 
sperat  beatitudinem. 

Oratio  David. 
KAUDI  Domine  justi- 
tiam  meam  :  intende  de- 
precationem  meam.  Auri- 
bus  percipe  orationem 
meam,  non  in  labiis  dolosis.  2.  De 
vultu  tuo  judicium  meum  prodeat : 
oculi  tui  videant  aequitates.  3.  Pro- 
basti  cor  meum,  et  visitasti  nocte  : 
igne  me  examinasti,  et  non  est  in- 
venta  in  me  iniquitas.  4.  Ut  non 
loquatur  os  meum  opera  hominum : 
propter  verba  labiorum  tuorum  ego 
custodivi  vias  duras.  5.  Perfice  gres- 
sus  meos  in  semitis  tuis  :  ut  non 
moveantur  vestigia  mea. 


5.  Ma  cojipc  :  voy.  xi,  6.  —  (lui  vC assures 
nton  lot,  qui  me  donnes  un  lot  assure,  que 
je  ne  saurais  perdre.  En  qualite  de  chef  de 
la  theocratic  ot  comme  type  de  celui  qui 
sera  oint  pretre  roi  et  Seigneur  de  tous, 
David  reclame  pour  lui  I'heritage  d'Aaron 
et  de  ses  descendants  {Noinbr.  xviii,  20). 

7.  Qui  m'a  conseille;  Vulg.,  qici  rnhi  dotme 
rintellig£7tce,<\\x\  m'a  fait comprendre  lavani- 
te  des  idole5,etc. — Ales  reius, siege  des  affec- 
tions et  du  sentiment,  iiiavertissetit,  m'ex- 
hortent  a  la  louange  et  a  I'acflion  de  graces. 

8.  Car  il  est ;  ou  bien  avec  la  Vulg.  :  puis- 
qti'tl  est  a  ma  droit e^je  ne  chancellerai  poitit. 

9.  Mon  dine,  litt.  ma  gloire  :  voy.  vii,  6; 
Vulg.,  ma  langiie. 

10.  Ate  scjotir  des  morts,  au  scheol  (voy. 
vi,  6),  considere  surtout  comme  puissance  : 
au  pouvoir  du  scheol;  Vulg.,  dans  Venfer. 
Cest  la  que,  apres  sa  passion,  I'ame  du  Sau- 
veurdescendit  pour  annoncerleur  delivrance 
aux  ames  des  justes  de  I'ancienne  Loi  :  voy. 
A£l.  ii,  24  sv.  —  Celui  qui  faiine,  litt.  ton 
pieur,  Vulg.  ton  saint.  —  La  corruption  du 
tombeau.  Le  mot  hebr.  signifie  a  la  fois  cor- 
ruption et  fosse,  la  fosse  du  tombeau  oil  tout 
se  corrompt :  voy.  A^.  xiii,  35  sv.,  ou  S.  Paul, 
s'attachant  au  sens  stridl  des  expressions, 
qui  ne  peuvent  s'appliquer  dans  toute  leur 
etendue  a  David,  voit  la  une  prophetic  dc 
la  resurredlion  du  Sauveur. 


1 1.  Tu  me  feras  connaitre,  d'unc  connais- 
sance  d'expei-ience,  en  m'y  faisant  marcher, 
le  setilier  qui  conduit  a  la  vie,  a  la  resurrec- 
tion glorieuse.  —  Devant,  litt.  avec  ta  face  : 
ces  paroles  marquent  une  union  intimc  avec 
Dieu,  source  de  cet  ineffable  bonheur  : 
comp.  iv,  7.  Vulg.,  tu  me  rempliras  de  joie 
avec  ton  visage. 

PSAUME  XVII. 

1.  Entends  la  justice,  la  cause  juste,  le 
bon  droit,  et  fais-le  triompher  :  la  justice  en 
general,  et  specialement  celle  de  David.  Le 
Psalmiste  entcnd  par  la,  non  I'absence  ab- 
solue  de  tout  peche,  mais  la  sincerite  et  la 
droiture,  soit  dans  sa  piete  envers  Dicu, 
soit  dans  ses  relations  avec  les  hommcs, 
par  ex.  avec  Saiil. 

2.  Que  monjugement,  etc. :  que  mon  inno- 
cence soit  en  quelque  sorte  proclamee  par  ta 
bouche  et  apparaissc  aux  yeux  de  tous  par 
Ic  secours  vicflorieux  que  tu  m'accorderas. 

4.  Quant  a  ce  qui  est  de  la  manierc  com- 
mune d'agir  de  I'homme,  de  I'homme  natu- 
rel,  ne  dans  Ic  peche  et  incline  au  mal  {Gen. 
viii,  21.  Qoxivi^.  Job,  xxxi,  '^'^•,  Oscc,  vi,  10), 
etc.  —  Fidele  a  la  parole,  litt.  sur  la  parole, 
appuye  sur  ce  fondement,  a  cause  de  ta  pa- 
role. —  J\ii  pris  garde,  pour  les  eviter,  aux 
voies  des  violents,  des  hommes  de  violence 
et  de  meurtre. 


LA  SAINTE  BIBLE.   TOME  IV. 


34 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  Je  t'invoque,  car  tii  m'exauces,  6  Dieu; 
Incline  vers  moi  ton  oreille,  ecoute  ma  priere. 

7  Signale  ta  bonte,  toi  qui  sauves  ceux  qui  se  refugient 
Dans  ta  droite  contra  leurs  adversaires. 

8  Garde-moi  comma  la  prunelle  de  I'reil; 

A  I'ombre  de  tes  ailes  mets-moi  a  convert 

9  Des  impies  qui  me  persecutent, 

Des  ennemis  mortels  qui  m'entourent. 

10  lis  ferment  leurs  entrai lies  a  A«////V', 

lis  ont  a  la  bouche  des  paroles  hautaines. 

11  lis  sont  sur  nos  pas,  ils  nous  entourent, 

lis  nous  ^pient  pour  nous  renverser  par  terra. 

12  On  dirait  un  lion  avide  de  devorer, 
Un  lionceau  campe  dans  son  fourre. 

13  Leve-toi,  Jehovah,  marche  a  sa  rencontre,  terrasse-le, 
Delivre  mon  ame  du  mechant  par  ton  glaive; 

14  Des  liommes  par  ta  main,  de  ces  hommes  du  siecle 
Dont  la  part  est  dans  la  \'\&  prcse7!fe, 

Dont  tu  remplis  le  ventre  de  tes  tresors, 

Qui  sont  rassasies  de  fils, 

Et  laissent  leur  superflu  a  leurs  petits-fils. 

15  Pour  moi,  dans  mon  innocence  je  contemplerai  ta  face; 
A  mon  reveil,  je  me  rassasierai  de  ton  image. 


Ps.  xviii. 


PSAUME   XVIII   (VULG.  XVIl). 

SjE  Psaume  est  un  cantique  d'acflion  de  graces,  compose  par  David  apres  la  soumis- 
I  sion  complete  de  ses  ennemis  exterieurs,  ainsi  que  des  partisans  de  la  famille  de 
Saiil.  L'auteur  du  second  livre  de  Samuel  I'a  insdrd  dans  son  recit  (ch.  xxii),  mais 
avec  des  variantes  assez  nombreuses.  Quoiqu'il  figure  dans  ce  livre  a  la  fin  du  regne  de 
David,  on  lui  assigne  generalement  une  date  anterieure  h,  la  revoke  d'Absalom;  la  periode 
decrite  II  Sam.  vii-ix  est  celle  qui  parait  le  mieux  lui  convenir.  On  peut  I'analyser  ainsi  : 
Exorde  (vers.  2-4)  :  louange  ^  Jdhovah,  liberateur  de  David.  I'''^  Pariic  (5-8)  :  a)  peinture 
de  la  delivrance  sous  I'image  d'une  th^ophanie,  c.-a-d.  d'une  apparition  extraordinaire  de 
Jehovah  (5-20);  b)  raison  de  la  delivrance  (21-28).  Ih  Partie  (29-46)  :  puissant  secours  que 
David  a  regu  de  Jehovah  pour  combattre  viclorieusement  les  ennemis  d'Isracl.  Conclusion 
(47-51)  :  louange  a  Jehovah. 

Ce  cantique  est  Tun  des  plus  beaux  du  Psautier  au  point  de  vue  litteraire.  D'apres 
le  P.  Berthier  on  y  trouve  des  traits  et  des  expressions  qui  depassent  les  vicfloires  de 
David  et  qui  ne  conviennent  qu'au  triomphe  du  Messie,  etendant  son  empire  sur  toutes 
les  nations.  Comp.  Rom.  xv,  9. 

^AU  maitre  de  chant.  Psaume  du  servitenr  de  Jehovah,  de  David,  qui  adresse 
a  Jehovah  les  paroles  de  ce  cantique,  lorsque  Jehovah  I'eut  delivre  de  la  main  de  tons 
ses  ennemis  et  de  la  main  de  Saiil.  -II  dit  : 

Je  t'aime,  Jehovah  ma  force  ! 

3  Jehovah  mon  rocher,  ma  forteresse,  mon  liberateur, 
Mon  Dieu,  mon  roc  ou  je  trouve  un  abri, 

Mon  bouclier,  la  corne  de  mon  salut,  ma  citadellel 

4  J'invoque  Jehovah,  digne  objet  de  louange, 
Et  je  suis  delivre  de  mes  ennemis. 

5  Les  liens  de  la  mort  m'environnaient, 

Les  torrents  de  la  destrucilion  me  remplissaient  d'epouvante, 

6  Les  liens  du  scheol  m'entouraient, 

Les  filets  de  la  mort  etaient  tombes  sur  moi. 

7  Dans  ma  detresse,  j'ai  invoque  Jehovah, 
J'ai  crie  vers  mon  Dieu; 


10.    Leurs  entrailles,   litt.    leur  gratsse, 
omentum^  la  membrane  avec  la  graisse  qui 


recouvre  les  intestins.   Cela  d^signe  ici  le 
siege  des  emotions  et  des  sentiments. 


LIBER  PSALMORUM. 


35 


6.  Ego  clamavi,  quoniam  exau- 
disti  me  Deus  :  inclina  aurem  tuam 
mihi,  et  exaudi  verba  mea.  7.  Miri- 
fica  misericordias  tuas,  qui  salvos 
facis  sperantes  in  te.  8.  A  resisten- 
tibus  dexteras  tuas  custodi  me,  ut 
pupillam  oculi.  Sub  umbra  alarum 
tuarum  protege  me  :  9.  a  facie  im- 
piorum  qui  me  afflixerunt.  Inimici 
mei  animam  meam  circumdederunt, 

10.  adipem  suum  concluserunt  :  os 
eorum     locutum     est     superbiam. 

1 1.  Projicientes  me  nunc  circum- 
dederunt me  :  oculos  suos  statue- 
runt  declinare  in  terram,  12.  Susce- 
perunt  me  sicut  leo  paratus  ad  pras- 
dam  :  et  sicut  catulus  leonis  habi- 
tans  in  abditis. 

13.  Exsurge  Domine,  pr^veni 
eum,et  supplanta  eum :  eripe  animam 
meam  ab  impio,  frameam  tuam 
14.  Ab  inimicis  manus  tuas.  Domi- 
ne  a  paucis  de  terra  divide  eos  in 
vita  eorum  :  de  absconditis  tuis  ad- 
impletus  est  venter  eorum.  Saturati 
sunt  filiis  :  et  dimiserunt  reliquias 
suas  parvulis  suis.  15.  Ego  autem 
in  justitia  apparebo  conspectui  tuo  : 
satiabor  cum  apparuerit  gloria  tua. 


— :;:—    PSALMUS  XVII.    ~:i:— 

Gratiarum  a6lio  pro  liberatione 
ab  inimicis. 

I .  /;/  finem  puero  Domini  David, 
qui  locutus  est  Domino  verba  cantici 
/iitjus,  in  die,  qua  eripuit  eum  Domi- 
ujis  de  mamt  omnium  inimicorum 
ejus,  et  de  nianu  Saul,  et  dixit  : 
ii  Reg.  22,  2.) 

ILIGAM  te  Domine  for- 
titudo  mea  :  3.  Dominus 
firmamentum  meum,  et 
refugium  meum,  et  libe- 
rator meus.  "Deus  meus  adjutor 
meus,  et  sperabo  in  eum.  Protector 
meus,  et  cornu  salutis  meas,  et  sus- 
ceptor  meus.  4.  Laudans  invocabo 
Dominum  :  et  ab  inimicis  meis  sal- 
vus  ero. 

5.  Circumdederunt  me  dolores 
mortis:  et  torrentes  iniquitatis  con- 
turbaverunt  me.  6.  Dolores  inferni 
circumdederunt  me  :  praeoccupave- 
runt  me  laquei  mortis.  7.  In  tribu- 
latione  mea  invocavi  Dominum,  et 
ad  Deum  meum  clamavi  :  et  exau- 


"  Hebr.  2, 
^3- 


II.  lis  nous  entourent;  ou  bien,  d'apres  le 
chetib,  Us  m'entourent. 

14.  Dont  la  part,  dont  les  aspirations  ne 
depassent  pas  les  biens  de  cette  vie  terres- 
tre,  et  qui  jouissent  en  effet  de  ces  biens, 
que  Dieu  donne  indifferemment  aux  bons 
et  aux  mediants  (comp.  Luc,  xvi,  8,  25).  — 
Qui  sont  rassasies  de  fits,  en  ont  un  grand 
nombre;  ou  bien,  dont  les  fits  sont  rassasies, 
heritent  de  grandes  richesses.  Comp.  yc^, 
xxii,  18. 

15.  A  moti  reveil  :\ts  Peres  I'ont  toujours 
entendu  du  reveil  qui  suit  la  mort  du  juste, 
admis  a  la  bienheureuse  contemplation  de 
la  vision  divine.  —  Ton  image  ou  ta  figure 
(Vulg.,  ta  gloire),  c.-a-d.  de  ton  Verbe, 
''reflet  de  la  gloire,  empreinte  de  la  subs- 
tance du  Pere."  Hebr.  i,  3. 

PSAUME  XVIII. 

I.  Serviteur  de  Dieu,  qui  a  "  servi  le  con- 
seil  de  Dieu,  "  comme  I'explique  S.  Paul 
{Ad.  xiii,  36),  c.-a-d.  qui  a  etd  entre  les 
mains  de  Dieu  un  fidele  instrument  de  ses 
desseins,  comme  Moise  et  Josue,  les  seuls 
avant  lui  qui  aient  ete  honores  de  cette  ap- 
pellation. —  De  la  main  de  Saiil,  et,  apres 


sa  mort,  de  I'opposition  suscitee  par  les  par- 
tisans de  sa  famille. 

3.  La  come  de  mon  salut,  la  force  qui  m'a 
sauve  :  image  empruntee  aux  animaux  pour- 
vus  de  cornes  pour  leur  defense.  —  Cita- 
delle,  propr.  hauteur  fortifiee  :  la  plupart  de 
ces  expressions  sont  tirees  de  la  nature  du 
sol  en  Palestine,  ou  des  rochers  et  des  ca- 
vernes  sans  nombre  servent  d'asile  aux  fugi- 
tifs  et  aux  persecutes. 

4.  Digne  objet  de  louange,  laudalilem, 
comme  la  Vulg.  a  bien  traduit  II  Sam. 
xxii,  4;  ici  elle  met  a  tort  laudans. 

5.  Les  liens  de  la  mort :  la  mort,  et  plus 
loin  le  scheol,  lieu  des  ames  des  trepasses 
(vers.  6),  sont  represent^s  comme  des  puis- 
sances mysterieuses  se  servant  comme  ins- 
truments des  ennemis  de  David.  Vulg.,  les 
douletcrs  de  la  mort :  le  mot  hdbr.  a  aussi 
ce  sens,  mais  I'autre  est  preferable  ici.  — 
Les  torrents  de  la  destrudion,  qui  entrainent 
dans  la  destrucflion  et  la  mine;  litt.  de  belial, 
que  Ton  peut  aussi  traduire,  avec  la  Vulgate, 
de  Viniquite,  c.-k-d.  des  hommes  pervers 
qui  en  voulaient  a  ma  vie. 

7.  De  son  palais,  ou  de  son  temple,  du  ciel, 
d'oili  il  va  descendre  (vers.  10), 


36 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


De  son  palais  il  a  entendu  ma  voix, 

Et  mon  cri  devant  lui  est  arrive  a  ses  oreilles. 

8  Et  la  terre  fut  ebranlee  et  elle  cliancela, 
Les  fondements  des  montagnes  tremblerent, 

Et  ils  furent  ebranles,  parce  qu'il  etait  en  courroux. 

9  La  fum^e  montait  de  ses  narines, 

Un  feu  devorant  sortait  de  sa  bouche, 
De  lui  jaillissaient  des  charbons  ardents. 

10  II  a  abaisse  les  cieux,  et  il  est  descendu; 
Une  nuee  epaisse  etait  sous  ses  pieds. 

11  Porte  sur  le  cherubin,  il  a  pris  son  essor; 
II  planait  sur  les  ailes  du  vent. 

12  Les  te'nebres  I'enveloppaient  comme  un  manteau;  sa  tente  autour  de  lui, 
Ceiaiefii  des  eaux  obscures  et  de  sombres  nuages. 

13  De  la  splendeur  qui  I'entourait  s'elancerent  ses  nuees, 
Portant  la  grele  et  les  charbons  ardents. 

14  Jehovah  a  tonne  dans  les  cieux, 

Le  Tres-Haut  a  fait  retentir  sa  voix  : 
Grele  et  charbons  ardents ! 

15  II  a  envoye  ses  fleches  et  disperse  mes  ennemis; 
II  a  lance  ses  foudres  et  les  a  mis  en  deroute. 

16  Alors  le  lit  des  eaux  apparut, 

Les  fondements  de  la  terre  furent  decouverts, 

A  ta  menace,  Jehovah, 

Au  souffle  impetueux  de  tes  narines. 

17  D'en  haut,  il  a  etendu  sa  main,  il  m'a  pris, 
II  m'a  retire  des  grandes  eaux. 

18  II  m'a  delivre  de  mon  terrible  adversaire, 

De  mes  ennemis  qui  ^taient  plus  forts  que  moi. 

19  lis  m'avaient  surpris  au  jour  de  ma  detresse; 
Mais  Jehovah  a  ete  mon  soutien. 

20  II  m'a  mis  au  large, 

11  m'a  sauve,  parce  qu'il  s'est  complu  en  moi. 

21  Jehovah  m'a  traite  selon  ma  justice, 

II  m'a  rendu  selon  la  purete  de  mes  mains. 

22  Car  j'ai  observe  les  voies  de  Jehovah, 

Et  je  n'ai  rien  fait  d'impie  qui  m'^loignat  de  mon  Dieu. 

23  Toutes  ses  lois  etaient  devant  mes  yeux 

Et  je  n'ai  point  rejete  loin  de  moi  ses  preceptes. 

24  J'ai  ete  sans  reproche  envers  lui, 

Et  je  me  suis  tenu  en  garde  contre  mon  iniquite. 

25  Aussi  Jehovah  m'a  rendu  selon  ma  justice, 
Selon  la  purete  de  mes  mains  devant  ses  yeux, 

26  Avec  celui  qui  est  pieux  tu  te  montres  pie'ux, 
Avec  I'homme  integre  tu  agis  avec  integrite; 

27  Avec  celui  qui  es  pur  tu  te  montres  pur, 
Et  avec  le  pervers  tu  te  fais  pervers. 

28  Car  tu  sauves  le  peuple  qu'on  opprime, 
Et  tu  abaisses  les  regards  hautains. 

?9  Oui,  tu  fais  briller  mon  flambeau; 

Jehovah,  mon  Dieu,  illumine  mes  tenebres ! 
30  Par  toi  je  cours  sur  la  troupe  en  armes, 

Par  mon  Dieu  je  franchis  la  muraille. 


10.  Une  mice  epaisse  qui  reccle  la  foudre, 
et  annonce  aux  ennemis  de  Dieu  et  de  son 
christ  (oint)  I'approchedu  chatiment.  Comp. 
Nahiiin.  i,  3. 


II.  Le  cherubin.,  pris  coIle(flivement.  Les 
chdrubins  sont  des  esprits  celestes  qui  ac- 
compagnent  Jehovah  dans  les  manifesta- 
tions de  sa  puissance.  Ils  nous  apparaissent 


LIBER  PSALMORUM. 


37 


divit  de  templo  sancto  suo  vocem 
meam  :  et  clamor  meus  in  conspectu 
ejus,  introivit  in  aures  ejus. 

8.  Commota  est,  et  contremuit 
terra  :  fundamenta  montium  con- 
turbata  sunt,  et  commota  sunt, 
quoniam  iratus  est  eis.  9.  Ascen- 
dit  fumus  in  ira  ejus  :  et  ignis  a 
facie  ejus  exarsit  :  carbones  suc- 
censi  sunt  ab  eo.  10.  Inclinavit 
coelos,  et  descendit  :  et  caligo  sub 
pedibus  ejus. 

1 1.  Et  ascendit  super  Cherubim, 
et  volavit  :  volavit  super  pennas 
ventorum.  12.  Et  posuit  tenebras 
latibulum  suum,  in  circuitu  ejus 
tabernaculum  ejus  :  tenebrcsa  aqua 
in  nubibus  aeris.  13.  Prae  fulgore  in 
conspectu  ejus  nubes  transierunt, 
grando  et  carbones  ignis.  14.  Et 
intonuit  de  coelo  Dominus,  et  Altis- 
simus  dedit  vocem  suam  :  grando 
et  carbones  ignis.  15.  Et  misit  sa- 
gittas  suas,  et  dissipavit  eos  :  fulgu- 
ra  multiplicavit,  et  conturbavit  eos. 
16.  Et  apparuerunt  fontes  aqua- 
rum,  et  revelata  sunt  fundamenta 
orbis  terrarum  :  ab  increpatione 
tua  Domine,  ab  inspiratione  spiri- 
tus  irae  tuas. 

17.  Misit  de  summo,  et  accepit 
me  :  et  assumpsit  me  de  aquis  mul- 


tis.  1 8.  Eripuit  me  de  inimicis  meis 
fortissimis,  et  ab  his  qui  oderunt 
me  :  quoniam  confortati  sunt  super 
me.  I  9.  Prasvenerunt  me  in  die  affli- 
ctionis  meae:  et  factus  est  Dominus 
protector  meus.  20.  Et  eduxit  me 
in  latitudinem  :  salvum  me  fecit, 
quoniam  vokiit  me. 

21.  Et  retribuet  mihi  Dominus 
secundum  justitiam  meam,  et  secun- 
dum puritatem  manuum  mearum 
retribuet  mihi  :  22.  Quia  custodivi 
vias  Domini,  nee  impie  gessi  a  Deo 
meo.  23.  Quoniam  omnia  judicia 
ejus  in  conspectu  meo  :  et  justitias 
ejus  non  repuU  a  me.  24.  Et  ero 
immaculatus  cum  eo  :  et  observabo 
me  ab  iniquitate  mea.  25.  Et  retri- 
buet mihi  Dominus  secundum  justi- 
tiam meam  :  et  secundum  puritatem 
manuum  mearum  in  conspectu  ocu- 
lorum  ejus.  26.  Cum  sancto  sanctus 
eris,  et  cum  viro  innocente  innocens 
eris  :  27.  et  cum  electo  electus 
eris  :  et  cum  perverso  perverteris. 
28.  Quoniam  tu  populum  humi- 
lem  salvum  facies  :  et  oculos  super- 
borum  humiliabis. 

29.  Quoniam  tu  illuminas  lucer- 
nam  meam  Domine  :  Deus  meus 
illumina  tenebras  meas.  30.  Qjao- 
niam  in  te  eripiar  a  tentatione,  et 


pour  la  premiere  fois  comme  gardiens  du 
paradis  terrestre  {Gen.  iii,  24);  mais  leur 
fondlion  sp^ciale  parait  etre  de  porter  le 
trone  de  Dieu;  voilk  pourquoi  deux  cheru- 
bins  figurent  sur  I'arche,  oii  residait  Jeho- 
vah. Le5  Hebreux  se  les  representaient 
comme  des  animaux  ailes,  avec  des  formes 
emprunt^es  d'abord  a  I'Egypte  par  Moise, 
puis  a  I'Assyrie  par  Eztfchiel. 

12.  Un  maiiteaie;  ou  bien,  line  retraite  : 
quand  Dieu  entre  en  rapport  avec  les  hom- 
mes,  il  voile  d'un  nuage  sa  splendeur;  ce 
nuage  derobe  sa  vue,  mais  denote  sa  pre- 
sence pleine  de  menaces. 

13.  Charbons  a f dents,  eclairs. 

14.  Grele,  etc.  :  ce  3*=  membre  est  suspedl 
k  la  critique;  on  ne  le  trouve  ni  dans  les 
LXX,  ni  au  livre  de  Samuel;  il  semble  em- 
pruntd  au  verset  precedent. 

15.  Ses  Jleches,  c.-a-d.  les  eclairs  et  la 
foudre.  —  II I  mica;  ou,  avec  la  Vulgate,  il 
mnllifilia  les  coups  de  la  foudre. 

16.  Effets   de  la   tempete  sur  les  eaux, 


mer  et  fleuves,  dont  les  eaux  se  soulevent, 
laissant  le  fond  k  nu ;  tremblements  de 
terre,  etc. 

17.  Des  gratidcs  eaux,  des  iorrenis  du 
vers.  5,  sjanbole  de  perils  extremes  et  de 
grandes  calamites. 

21.  Ma  justice  :  voy.  xvii,  i. 

24.  Mon  iniquitc,  mes  penchants  au  mal. 

26.  Qui  est  pieiix,  qui  a  de  bons  senti- 
ments envers  Dieu  et  envers  les  hommes. 
La  pensee  de  ce  verset  et  du  suivant  est  que 
Dieu  traite  chacun  selon  son  mdrite,  et  cela 
parce  qu'il  est  souverainement  juste.  Comp. 
Le'ii.  XX vi,  23  :  "  Si  vous  marchez  avec  moi 
hostilement,  je  marcherai  aussi  avec  vous 
en  hostilite." 

29.  Mon  Jiambeau,  ou  ma  lanipe :  symbole 
de  vie  et  de  prosperite  (I  Rois,  xi,  36).  — 
Tcnebres  :  symbole  de  I'adversite  et  du 
malheur. 

30.  Par  toi,  avec  ton  secours,y>  coins  stir, 
ou  \i\&n  je  I'omps  les  bataillons  ennemis,  et 

je  franchis  la  tnuraille  qui  les  abrite. 


38 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


31  Les  voies  de  Dieu  sont  parfaites, 
La  parole  de  Jehovah  est  epure'e, 

II  est  un  boudier  pour  tous  ceiix  qui  se  confient  en  lui. 

32  Car  qui  est  Dieu,  si  ce  n'est  Jehovah  seiil? 
Et  qui  est  un  rocher,  si  ce  n'est  notre  Dieu  : 

33  Le  Dieu  qui  me  ceint  de  force, 
Qui  rend  ma  voie  parfaite; 

34  Qui  donne  k  mes  pieds  I'agihte  des  biches, 
Et  qui  m'a  place  sur  mes  hauteurs; 

35  Qui  exerce  mes  mains  a  combattre, 
Mes  bras  a  courber  Tare  d'airain. 

36  Tu  m'as  donne  le  bouclier  de  ton  salut, 
Ta  droite  me  soutient, 

Et  c'est  ta  bonte  qui  m'a  fait  grand. 
yj  Tu  as  elargi  le  chemin  sous  mes  pas, 
Et  mes  pieds  ne  chancellent  point. 

38  Je  poursuis  mes  ennemis  et  je  les  atteins, 

Je  ne  reviens  point  que  je  ne  les  aie  acheves. 

39  Je  les  brise,  et  ils  ne  peuvent  se  relever; 
lis  tombent  sous  mes  pieds. 

40  Tu  me  ceins  de  force  pour  le  combat, 
Tu  fais  plier  sous  moi  mes  adversaires. 

41  Tu  fais  tourner  le  dos  devant  moi  a  mes  ennemis, 
Et  j'extermine  ceux  qui  me  haissent. 

42  lis  crient,  et  personne  pour  les  sauverl 

Ils  crient  a  Jehovah,  et  il  ne  leur  r^pond  pas ! 

43  Je  les  broie  comme  la  poussiere  qu'emporte  le  vent, 
Je  les  balaie  comme  la  boue  des  rues. 

44  Tu  m'as  delivre  des  dissensions  du  peuple, 
Tu  m'as  mis  a  la  tete  des  nations; 

Des  peuples  que  je  ne  connaissais  pas  me  sont  asservis. 

45  Au  premier  ordre  ils  m'obeissent, 
Les  fils  de  I'etranger  me  flattent. 

46  Les  fils  de  I'etranger  tombent  en  defaillance, 
lis  sortent  en  tremblant  de  leurs  forteresses. 

47  Vive  Jehovah,  et  b^ni  soit  mon  Rocher! 
Que  le  Dieu  de  mon  salut  soit  exalte, 

48  Le  Dieu  qui  est  mon  vengeur, 
Qui  ;iie  soumet  les  peuples, 

49  Qui  me  delivre  de  mes  ennemis ! 

Oui,  tu  m'eleves  au-dessus  de  mes  adversaires, 
Tu  me  sauves  de  I'homme  de  violence. 

50  C'est  pourquoi  je  te  louerai  parmi  les  nations,  Jehovah; 
Je  chanterai  a  la  gloire  de  ton  nom  : 

^\  A  la  gloire  d^tm  Dieu  qui  accorde  de  merveilleuses  d^livrances  ci  son  roi. 
Qui  fait  misericorde  \  son  oint, 
A  David  et  a  sa  posterite  pour  toujours. 


31.  Les  voies  de  Dieu  sont  parfaites :  eWts 
conduisent  au  but  qu'il  veut  atteindre,  et 
cela  d'une  maniere  irreprochable,  particu- 
lierement  en  ce  qui  est  de  sa  droiture  et  de 


safideliteenvers  ses  serviteurs.  —  La  parole, 
ici  les  promesses  de  Jehovah  envers  les  siens, 
sont  un  or  pur,  sans  alliage  :  comp.  xii,  7. 
32.  Ufi  rocher  inebranlable,  un  siir  abri. 


LIBER  PSALAIORUM. 


39 


in  Deo  meo  transgrediar  murum. 
31.  Deus  meus  impolluta  via  ejus  : 
eloquia  Domini  igne  examinata  : 
protector  est  omnium  sperantium 
in  se. 

32.  Quoniam  quis  Deus  praeter 
Dominum?  aut  quis  Deus  praster 
Deum  nostrum?  23-  Deus  qui  pras- 
cinxit  me  virtute  :  et  posuit  imma- 
culatam  viam  meam.  34.  *Qiii  per- 
fecit  pedes  meos  tamquam  cervo- 
rum,  et  super  excelsa  statuens  me. 
35-  'Qui  docet  manus  meas  ad  proe- 
Jium  :  et  posuisti,  ut  arcum  asreum, 
brachia  mea.  36.  Et  dedisti  mihi 
protectionem  salutis  tuae  :  et  dex- 
tera  tua  suscepit  me  :  et  disciplina 
tua  correxit  me  in  finem  :  et  disci- 
plina tua  ipsa  me  docebit.  37.  Dila- 
tasti  gressus  meos  subtus  me  :  et  non 
sunt  infirmata  vestigia  mea  : 

38.  Persequar  inimicos  meos,  et 
comprehendam  illos  :  et  non  con- 
vertar  donee  deficiant.  39.  Confrin- 
gam  illos,  nee  poterunt  stare  :  ca- 
dent  subtus  pedes  meos.  40.  Et 
praecinxisti  me  virtute  ad  bellum  : 
et  supplantasti  insurgentes  in  me 
subtus  me.  41.  Et  inimicos  meos 
dedisti  mihi  dorsum,  et  odientes  me 


disperdidisti.  42.  Clamaverunt,  nee 
erat  qui  salvos  faceret,  ad  Domi- 
num :  nee  exaudivit  eos.  43.  Et 
comminuam  eos,  et  pulverem  ante 
faciem  venti  :  et  lutum  platearum 
delebo  eos. 

44.  Eripies  me  de  contradictioni- 
bus  populi  :  constitues  me  in  caput 
gentiurn.  45.  Populus,  quem  non 
cognovi,  servivit  mihi  :  in  auditu 
auris  obedivit  mihi.  46.  Filii  alieni 
mentiti  sunt  mihi,  filii  alieni  inve- 
terati  sunt,  et  claudicaverunt  a  se- 
mi tis  suis. 

47.  Vivit  Dominus,  et  benedictus 
Deus  meus,  et  exaltetur  Deus  salu- 
tis meas.  48.  Deus  qui  das  vindictas 
mihi,  et  subdis  populos  sub  me, 
liberator  meus  de  inimicis  meis  ira- 
cundis.  49  '^Et  ab  insurgentibus  in 
me  exaltabis  me  :  a  viro  iniquo  eri- 
pies me.  50.  ^Propterea  confitebor 
tibi  in  nationibus  Domine  :  et  no- 
mini  tuo  psalmum  dicam,  51.  ma- 
gnificans  salutes  regis  ejus,  et  faciens 
misericordiam  christo  suo  David, 
et  semini  ejus  usque  in  saeculum. 


'^2  Reg.  22, 
49. 

'  2  Reg.  22, 
50.  Rom.  15, 
9- 


.1. 

—  •  — 

•I* 


33.  Ma  vole  parfnite,  a  peu  pres  dans  le 
meme  sens  qu'au  vers.  31. 

34.  Mes picds  :\qs  anciens  prisaient  beau- 
coup  la  legerete  a  la  course.  Comp.  AcJiillc 
aux pieds  legers  dans  I'lliade.  —  Mcs  hcui- 
leiirs :  la  Palestine  appartient  a  qui  en  pos- 
sede  les  lieux  eleves. 

43.  Je  les  balaie^  litt.  je  letir  fais  vider  la 
place;  selon  d'autres,7>  les  foiele,  litt.  y^"  les 
aiiii/tcis. 

44.  Des  dissensions  ou  divisions  du  penple, 
dont  une  partie  etait  pour  David,  I'autre 
pour  Saiil  et  ceux  de  sa  famille. 

45.  Ale  fla/tent,  litt.  ine  mentent,  ce  qui 
peut  aussi  signifier  :  me  font  humblement 
des  protestations  de  soumission  que  leur 
cceur  dement. 


46.  Tonibent  en  defaillance,  sont  tout  ^  fait 
decourages. 

47.  I'^ive,  etc. ;  ou  bien,  vivant  est  Jehovah, 
et  heni  /non  RocJier. 

48.  Qui  est  mon  vengeu?;  litt.  gui  vie 
dontie  les  vengeances,  qui  se  sert  de  moi 
pour  punir  ses  injustes  adversaires. 

50.  Pari/ii  les  nations.  S.  Paul  {Rojn. 
XV,  9)  rapporte  ce  verset  au  Messie  et  a  son 
Eglise. 

51.  ^  sa  post erite  :  zWnsxon  a  II  Sam.  vii, 
12-16,  26-29. 

Ce  Psaume  renferme  un  element  messia- 
nique.  Ce  qui  se  rapporte  b.  David  et  k  sa 
posterite  pour  toujoiirs  ne  peut  avoir  sa 
pleine  verite  qu'en  Jesus-Christ.  Comp. 
vers.  TO. 


"t^ KiH— 


40 


PREMIER  LIYRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME    XIX   (VULG.  XVIIl). 

i^^^Ieu  s'est  revele  dans  la  creation;  les  cieux  en  particulier  annoncent  sa  gloire  (ver- 
]  sets  2-7).  Mais  la  loi  de  Jehovah  est  dans  le  monde  moral  ce  qu'est  le  soleil  dans 
le  monde  physique,  une  predication  :  elle  aussi,  par  sa  perfection  et  sa  beaute, 
proclame  la  gloire  de  Dieu  (8-12).  Telles  sont  les  deux  parties  essentielles  du  Psaume. 
A  la  fin  le  Psalmiste  demande  une  double  grace  :  que  Dieu  lui  pardonne  les  fautes  legeres 
qui  auraient  echappe  a  sa  fragilite  ou  a  sa  vigilance,  qu'il  le  preserve  surtout  de  commettre 
des  peches  volontaires  qui  seraient  une  revolte  contre  lui  (13-15). 

Le  philosophe  Kant  se  souvenait-il  de  ce  Psaume  lorsqu'il  disait  :  "  II  y  a  deux  choses 
qui  excitent  en  moi  une  continuelle  admiration  :  le  ciel  etoile  au-dessus  de  ma  tete  et  la 
loi  morale  dans  mon  coeur?" 

Dans  le  sens  spirituel,  le  Fils  de  Dieu,  figure  par  le  soleil,  se  leve  radieux  du  sein  de 
Marie,  comme  du  lit  nuptial  ou  il  s'est  uni  a  la  nature  humaine;  il  sort  du  ciel  et  rentre  au 
ciel;  il  illumine  le  monde  et  nul  ne  peut  se  derober  a  la  chaleur  de  ses  rayons  (Le  Hir). 
S.  Paul  applique  aussi  le  vers.  5  aux  Ap&tres,  dont  la  voix,  comme  celle  du  firmament, 
a  ete  entendue  de  toute  la  terre  (Rom.  x,  18). 

Ps.  xix.  1  AU  maitre  de  chant.  Chant  de  David. 

2  Les  cieux  racontent  la  gloire  de  Dieu, 

Et  le  firmament  annonce  I'oeuvre  de  ses  mains. 

3  Le  jour  crie  au  jour  la  louange, 
La  nuit  I'apprend  a  la  nuit. 

4  Ce  n'est  pas  un  langage,  ce  ne  sont  pas  des  paroles 
Dont  la  voix  ne  soit  pas  entendue. 

5  Leur  son  parcourt  toute  la  terre, 

Leurs  accents  vont  jusqu'aux  extremites  du  monde. 
C'est  la  qu'il  a  dresse  une  tente  pour  le  soleil. 

6  Cet  astre,  semblable  ;i  I'epoux  qui  sort  de  la  chambre  nuptiale, 
S'elance  joyeux,  comme  un  heros,  pour  fournir  sa  carrifere. 

7  II  part  d'une  extremite  du  ciel, 

Et  sa  course  s'acheve  a  I'autre  extremite  : 
Rien  ne  se  derobe  ;\  sa  chaleur. 

8  La  loi  de  Jehovah  est  parfaite  :  elle  restaure  I'ame; 

Le  temoigoage  de  Jehovah  est  siir  :  il  donne  la  sagesse  aux  snnples. 

9  Les  ordonnances  de  Jehovah  sont  droites  :  elles  rejouisscnt  les  cocurs; 
Le  precepte  de  Jehovah  est  pur  :  il  eclaire  les  yeux; 

10  La  crainte  de  Jchov-ah  est  sainte  :  elle  subsiste  ^  jamais; 
Les  decrets  de  Jehovah  sont  vrais  :  ils  sont  tous  justes. 

11  lis  sont  plus  precieux  que  I'or,  que  beaucoup  d'or  fin. 
Plus  doux  que  le  miel,  que  le  miel  qui  decoule  des  rayons. 

12  Ton  serviteur  aussi  est  eclaire  par  eux; 

A  les  observer  il  y  a  une  grande  recompense. 

13  Qui  connait  ses  egarements? 
Pardonne-moi  ceux  que  j'ig^nore  ! 

14  Preserve  aussi  ton  serviteur  des  orgueilleux; 
Ou'ils  ne  dominent  point  sur  moi ! 

Alors  je  serai  integre,  pur  de  grands  pdches. 


PSAUME  XIX. 

2.  Les  cieux,  dont,  en  Orient,  I'azur  est  si 
beau  pendant  le  jour,  et  les  astres  si  etince- 
lants  pendant  la  nuit.  —  Dc  Di'eu^  hdbr.  E/, 
le  Dieu  de  la  nature;  quand  il  s'agira  de  la 
loi  (vers.  8  sv.),  le  Psalmiste  I'appellera 
fehovaJi^  le  Dieu  de  I'alliance  {Kxod.  vi,  3). 

3.  Au  jour,  a  un  autre  jour.  Sens  :  chaque 
jour  qui  recommence,  renouvelle,  repete 
{Wit.  fa/V  JaiV//r ;  Vulg.,  eruc7a/)  la  louange 


du  jour  qui  vient  de  finir.  De  meme  pour  la 
lutif. 

4.  S.  Paul  {Rom.  i,  20  sv.)  .  "  Les  perfec- 
tions invisibles  de  Dieu,  son  eternelle  puis- 
sance et  sa  divinite,  sont,  depuis  la  creation 
du  monde,  apercues  par  I'intelligence  au 
moyen  de  ses  oeuvres.  lis  (les  paiens)  sont 
done  inexcusables  puisque,  ayant  connu  Dieu, 
ils  ne  Font  pas  glorifie  comme  Dieu,"  etc. 

5.  Leur  son  :  hebr.  qa^i,  litt.  Icur  corde, 
d'ou  le  son  rendu  par  la  corde  et  siniplement 


LIBER  PSALMORUM. 


41 


— :i:—   PSALM  US  XVIII.   -^^ 

Deum  prsedicant  creaturte  et  lex  divina. 
Peccatorum  condonatio  postulatur. 


In  finem,  Psalmus  David. 
ICELI     enarrant     gloriam 
Dei,   et    opera    manuum 
ejus  annuntiat  firmamen- 
tum.  3.  Dies  diei  eructat 
verbum,  et  nox  nocti  indicat  scien- 
tiam.  4.  Non  sunt  loquelas,  neque 
sermones,  quorum   non   audiantur 
Rom.  10,    voces  eorum,  5.  "In  omnem  terram 
8-  exivit   sonus   eorum  :    et   in   fines 

orbis  terras  verba  eorum.  6.  In  sole 
posuit  tabernaculum  suum  :  *et  ipse 
tamquam  sponsus  procedens  de  tha- 
lamo  suo  :  exsultavit  ut  gigas  ad 
currendam  viam,  7.  a  summo  coslo 
egressio  ejus :  et  occursus  ejus  usque 


ad  summum  ejus  :  nee  est  qui  se 
abscondat  a  calore  ejus. 

8.  Lex  Domini  immaculata  con- 
vertens  animas  :  testimonium  Do- 
mini fidele,  sapientiam  prasstans 
parvulis.  9.  Justitiae  Domini  rectae, 
lastificantes  corda  :  prasceptum  Do- 
mini lucidum;  illuminans  oculos. 
10.  Timor  Domini  sanctus,  perma- 
nens  in  saeculum  sasculi  :  judicia 
Domini  vera,  justificata  in  semet- 
ipsa.  II.  Desiderabilia  super  au- 
rum  et  lapidem  pretiosum  mul- 
tum  :  et  dulciora  super  mel  et 
favum.  I  2.  Etenim  servus  tuus  cu- 
stodit  ea,  in  custodiendis  illis  retri- 
butio  multa. 

13.  Delicta  quis  intelligit.''  ab  oc- 
cultis  meis  munda  me  :  14.  et  ab 
alienis  parce  servo  tuo.  Si  mei  non 
fuerint  dominati,  tunc  immaculatus 
ero  :  et  emundabor  a  delicto  maxi- 


le  sopf.  D'autres,  st(r  totiie  la  ierre  s^etaid 
lew-  domaine,  le  domaine  assigne  aux  cieux 
pour  y  publier  la  gloire  de  Jehovah;  qav 
conserverait  ainsi  son  sens  ordinaire  de 
cordeau  a  mesurer.  Comp.  Jer.  xxxi,  39. 
S.  Paul  {Rom.  x,  18)  emploie  ces  expressions 
du  psalmiste,  en  parlant  de  la  predication 
evangeliqiie  qui  s'etend  a  tous  les  hommes. 
—  Oest  Id,  dans  les  cieux,  et  specialement 
a  I'extremite  du  monde. 

6.  Uit  nouvel  epoux,  litt.  un  fiance.  — 
Chanibre  miptialc  {Joel,  ii,  16)  :  le  mot 
hebr.  designe  propr.  le  baldaqtiin  qui  sur- 
monte  la  couche  nuptiale.  S.  Ambroise  salue 
sous  cet  embleme  le  Verbe  incarne  sortant 
du  sein  de  la  Vierge  : 

Procedit  a  thalamo  suo, 
Pudoris  aula  regia, 
Geniinas  gigas  substantia?, 
Alacris  ut  currat  viam. 

8.  Vulg.,  elle  rainene  Vdme  de  I'ignorance 
et  de  la  mort.  —  Le  teiiwio;nage  :  autre  noni 
donne  a  la  loi  de  Dieu,  en  tant  qu'ellc  attestc' 
la  volonte  divine;  il  designe  specialement 
le  Decalogue  {Exod.  xxv,  6).  —  Sftr  :  dont 
I'autorite  et  la  divine  origine  excluent  tout 
doute;  j/zraussi  dans  le  sens  d&Jidele{Wu\g.): 
dont  les  promesses  comme  les  menaces  se 
realisent  toujours.  La  plupart  des  hommes 
etant  simples  et  faciles  a  seduire,  ils  n'ont 
qu'a  s'attacher  a  cette  loi  pour  etre  sages. 

9.  Les  ordo72nances  ou  commandements  : 
autre  expression  synonyme  de  loi.  —  Piir, 
comme  la  lumiere  du  soleil  {Cajtf.  vi,  10). 
Salomon  dit  dans  le  meme  sens  :  "  Le  prd- 


cepte  est  une  lampe,  et  la  loi  une  lumiere, " 
Prov.  vi,  23.  — //  eclaire  les yetix  :  la  claite 
des  yeux  est  souvent,  dans  I'Ecriture,  le 
s}-mbole  de  la  joie  et  du  bonheur,  de  meme 
que  leur  obscurcissement  signifie  la  tris- 
tesse  et  le  malheur.  Mais  ici  il  s'agit  plutot 
de  I'oeil  intdrieur  et  de  la  lumiere  de  la  con- 
naissance  divine  communique'e  a  I'ame. 

10.  La  crainte  de  Jehovah,  ici,  c'est  la 
partie  religieuse  de  la  loi  qui  apprend  la 
maniere  d'honorer  Dieu,  la  7-eligion.  — 
Sainte,  litt.  pin-e  comme  I'or  natif,  et  par 
consequent  inalterable.  En  effet,  les  ele- 
ments essentiels  de  cette  religion,  la  partie 
morale,  subsistent  toujours  dans  la  religion 
chretienne.  —  Les  decrets,  les  diverses  dis- 
positions de  la  loi  consideree  comme  C07- 
ptes  juris  dinini,  sont  vrais,  fondes  sur  une 
base  morale  immuable,  et  par  consequent 

jiistes.  Vulg.,  ils  se  justijiciit  etix-memes. 

11.  D^ or  fill;  Vulg.,  de pierres pi'ccieicses. 

—  Le  miel  qui  coule  spontanement  des 
rayo7is  est  de  qualite  superieure. 

13.  Egare77ie7its,  fautes  de  fragilite  et  de 
faiblesse,  dans  lesquelles  on  tombe  par  sur- 
prise ou  inadvertancc,  et  qui  ne  laissent 
que  peu  de  traces  dans  la  conscience. 

14.  Des  orgueillettx  qui  s'elevent  insolem- 
ment  centre  Dieu  et  meprisent  sa  loi. 
D'autres,  des  fautes  de  7/talice,  qui  suppo- 
sent  une  revoke  insolente  et  orgueilleuse 
contre  Dieu.  —  Au  lieu  de  sedi77i,  les  LXX 
suivis  par  la  Vulg.  ont  lu  seri/zi,  etra7igers. 

—  Gi-a7tds  peclies,  qui  font  perdre  la  grace 
et  I'amitie  de  Dieu. 


42 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.   XX. 


Ps.  x\i. 


15  Acciieille  avec  faveur  les  paroles  de  ma  bouche 
Et  les  sentiments  de  mon  cceur  devant  toi, 
Jehovah,  mon  rocher  et  mon  libdrateur! 

PSAUME   XX   (VULG.  XIX). 


P|Avid  va  partir  pour  une  grande  guerre,  probablement  celle  qui  fut  entreprise  centre 
wrcsi  '  ^^^  Ammonites  et  les  Syriens  (II  Sam.  xii).  Le  peuple,  dans  ce  Psaume,  demande 
lla^yi  a  Dieu  de  donner  la  viftoire  a  son  roi  (vers.  2-6),  et  il  exprime  sa  pleine  confiance 
dans  I'heureuse  issue  de  la  guerre  (7-10). 

Sens  spirituel.  Le  royaume  de  David  etant  la  figure  de  celui  du  Messie,  les  vidloires 
de  ce  roi  sont  aussi  une  image  de  celles  de  J.-C.  et  de  son  Eglise  sur  la  puissance  de 
Satan  et  sur  toute  puissance  ennemie  de  Dieu.  C'est  pourquoi  les  SS.  Peres  (S.  Jerome, 
S.  Aug,)  se  plaisent  k  voir  dans  ce  Psaume  la  peinture  prophetique  des  magnifiques 
triomphes  que  le  christianisme,  par  lui-meme  faible  et  sans  amies,  mais  soutenu  par  la 
force  de  Dieu  (II  Co7-.  xii,  10),  a  remportes  et  doit  remporter  encore  sur  le  monde. 

^  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  Que  Jehovah  t'exauce  au  jour  de  la  detresse, 
Que  le  nom  du  Dieu  de  Jacob  te  protege ! 

3  Que  du  sandluaire  il  t'envoie  du  secours, 
Que  de  Sion  il  te  soutienne ! 

4  Qu'il  se  souvienne  de  toutes  tes  oblations, 

Et  qu'il  ait  pour  agreables  tes  holocaustes !  —  Sela. 

5  Qu'il  te  donne  ce  que  ton  cceur  desire, 
Et  qu'il  accomplisse  tous  tes  desseins ! 

6  Puissions-nous  de  nos  cris  joyeux  saluer  ta  viftoire, 
Lever  I'etendard  au  nom  de  noire  Dieu ! 

Que  Jehovah  exauce  tous  tes  vceux ! 

7  Deja  je  sais  que  Jehovah  a  sauve  son  Oint; 
II  I'exaucera  des  cieux,  sa  sainte  demeure, 
Par  le  secours  puissant  de  sa  droite. 

8  Ceux-ci  mettent  leur  confiance  dans  leurs  chars,  ceux-lk  dans  leurs  chevaux ; 
Nous,  nous  invoquons  le  nom  de  Jehovah,  notre  Dieu. 

9  Eux,  ils  plient  et  ils  tombent ; 

Nous,  nous  tenons  ferme  et  restons  debout. 
10  Jehovah,  s.auve  le  roi !  — 

Qu'il  nous  exauce  au  jour  ou  nous  I'invoquons. 

PSAUME   XXI   (VULG.  XX). 


^lE  peuple  celebre  les  faveurs  divines  accordees  k  David  (vers.  2-8);  il  lui  predit  dc 

^^^'  nouvelles  prosperites  et  de  nouveaux  triomphes  (9-13);  il  termine  par  une  priere  et 

Ja^nmiji  un  cri  de  reconnaissance.  Ce  Psaume  oftVe  une  certaine  ressemblance  avec  le  pre- 


cedent, et  beaucoup  d'interpretes  pensent  qu'il  a  pour  objet  de  celebrer  la  vicfloire  deman- 
dee  dans  ce  dernier  cantique.  D'apres  Hengstenbcrg,  il  serait  I'expression  de  la  reconnais- 
sance d'Israel  pour  les  promesses  faitesa  David  et  a  sa  posterite  (II  Sajii.  vii).  Les  anciens 
rabbins  le  rapportaient  au  Messie,  ce  qui  est  vrai  en  ce  sens  que  certains  traits  ne 
conviennent  a  aucun  roi  en  particulier,  et  qu'en  J.-C.  seul  les  promesses  ont  recu  leur 
dernier  et  plus  haut  accomplissement. 

1  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  Jehovah,  le  roi  se  rejouit  de  ta  puissante  protecflion; 
Comma  ton  secours  le  remplit  d'allegresse ! 

3  Tu  lui  as  donnd  ce  que  son  cceur  ddsirait, 

Tu  n'as  pas  refuse  ce  que  demandaient  ses  levres.  —  Scla. 

4  Car  tu  I'as  prevenu  de  benedictions  exquises, 
Tu  as  mis  sur  sa  tete  une  couronne  d'or  pur. 

5  II  te  demandait  la  vie,  tu  la  lui  as  donnee, 
De  longs  jours  a  jamais  et  k  perpe'tuite. 

6  Sa  gloire  est  grande  grace  a  ton  secours; 
Tu  mets  sur  lui  splendeur  et  magnificence. 


LIBER  PSALMORUM. 


43 


mo.  15.  Et  erunt  ut  complaceant 
eloquia  oris  mei  :  et  meditatio  cor- 
dis mei  in  conspectu  tuo  semper. 
Domine  adjutor  meus,  et  redemptor 
mens. 

— :;:—  PSALM  US  XIX.  — :;■— 

Oratio  pro  principe  ad  bellum  proficiscente. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 

IXAUDIAT  te  Dominus 
in  die  tribulationis  :  pro- 
tegat  te  nomen  Dei  Jacob. 
3.  Mittat  tibi  auxilium  de 
sancto  :  et  de  Sion  tueatur  te.  4.  Me- 
mor  sit  omnis  sacrificii  tui :  et  holo- 
caustum  tuum  pingue  fiat.  5.  Tri- 
buat  tibi  secundum  cor  tuum  :  et 
omne  consilium  tuum  confirmet. 
6.  Laetabimur  in  salutari  tuo :  et  in 
nomine  Dei  nostri  magnificabimur. 
7.  Impleat  Dominus  omnes  peti- 
tiones  tuas  :  nunc  cognovi  quoniam 
salvum  fecit  Dominus  CHRI- 
STUM suum.  Exaudiet  ilium  de 
coelo  sancto  suo  :  in  potentatibus 
salus  dexteras  ejus.  8.  Hi  in  curri- 
bus,  et  hi  in  equis  :  nos  autem  in 
nomine  Domini  Dei  nostri  invoca- 
bimus.  9.  Ipsi  obligati  sunt,  et  ceci- 
derunt  :  nos  autem  surreximus  et 


erecti  sumus.  10,  Domine  salvum 
fac  regem  :  et  exaudi  nos  in  die,  qua 
invocaverimus  te. 

— *—     PSALMUS  XX.     — :i-- 

Chiisti  post  deviftos  inimicos 
gratiarum  aiftio. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 

]OMlNE  in  virtute  tua 
lastabitur  rex  :  et  super 
salutare  tuum  exsultabit 
vehementer.  3.  Deside- 
rium  cordis  ejus  tribuisti  ei  :  et  vo- 
luntate  labiorum  ejus  non  fraudasti 
eum.  4.  Quoniam  prasvenisti  eum 
in  benedictionibus  dulcedinis  :  po- 
suisti  in  capite  ejus  coronam  de 
lapide  pretioso.  5.  Vitam  petiit  a  te : 
et  tribuisti  ei  longitudinem  dierum 
in  saeculum,  et  in  sasculum  sasculi. 
6.  Magna  est  gloria  ejus  in  salutari 
tuo  :  gloriam  et  magnum  decorem 
impones  super  eum.  7,  Quoniam 
dabis  eum  in  benedictionem  in  sas- 
culum  sasculi  :  lastificabis  eum  in 
gaudio  cum  vultu  tuo.  8.  Quoniam 
rex  sperat  m  Dommo :  et  m  miseri- 
cordia  Altissimi  non  commovebitur. 
9.  Inveniatur  manus  tua  omnibus 
inimicis  tuis  :  dextera  tua  inveniat 


PSAUME  XX, 

2.  Deiresse  :  la  guerre  contre  les  Ammo- 
nites et  les  Syriens  offrait  de  sdrieux  dan- 
gers :  voy.  II  Sam.  x,  6,  18  sv.  —  Le  710/11, 
pour  la  personne  memo. 

3.  Du  sa/ifliiaire  :  I'arche  rcsidait  alors 
sur  le  mout  Sion. 

4.  Oblations  {Lev.  ii,  i  sv.),  sacrifices  non 
sanglants,  mis  en  parallele  avec  les  holo- 
caustes  {Fs.  iii,  i).  —  Qii'i/  ait  pour  agrea- 
bles,  litt.  pour gr as. 

6.  Piiissions-7ious  saltier;  ou  bien  avec  la 
Vulg.,  notes  saltcerons.  —  Ta  vidoire,  litt. 
ton  saliit.  —  Lever  Veiendard  en  signe 
de  triomphe;  d'autres,  nous  celebrerojis  le 
Item,  etc.;  S.  Jerome,  notis  formerons  des 
danses  sacrdes.  Les  LXX  et  la  Vulgate  ont 
lu  negaddel  ou  fiegouddel,  notes  notes  glo- 
rifierons. 

7.  A  sateve',  parfait  proph^tique.  —  Chars, 
chevaux  de  guerre.  Dieu  avait  d^fendu 
d'avance  {Deut.  xvii,    16)  aux  rois  d'Israel 


d'avoir  une  cavalerie  nombreuse.  Saiil  et 
David  n'eurent  en  effet  qu'un  petit  nombre 
de  chevaux  de  guerre;  mais  Salomon  les 
multiplia. 

10.  QieHl  (Jehovah)  iioits  exatecej  ou  bien, 
//  notes  exatecera. 

PSAUME  XXI. 

4.  Be'nediflions  exqteises,  litt.  de  bien,  de 
bonheur,  benediflions  qui  apportent  le  veri- 
table bonheur. 

5.  La  vie,  etc.  :  bien  des  fois  David,  au 
milieu  de  dangers  extremes,  avait  demande 
a  Dieu  de  lui  conserver  la  vie.  Allant  au- 
dela  de  ses  voeux,  Dieu  lui  a  promis  qu'il 
vivrait  et  regnerait  eternellement  dans  sa 
posterite  (II  Sam.  vii,  16),  posterite  qui 
devait  aboutir  au  Messie.  C'est  cette  pro- 
messe  qui  est  rappelee  dans  le  second 
membre  du  verset.  Comp.  Hebr.  v,  7; 
Apoc.  v,  18. 

6.  Pour  I'application  au  Messie,  comp 
Ps.  xlv,  5  sv.  Hebr.  i,  2. 


44 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


7  Tu  le  rends  a  jamais  un  objet  de  benediftions, 
Tu  le  combles  de  joie  devant  ta  face. 

8  Car  le  roi  se  confie  en  Jehovah, 

Et  par  la  bonte  du  Tres-Haut  il  ne  chancelle  point. 

9  Ta  main,  6  roi,  atteindra  tons  tes  ennemis, 
Ta  droite  atteindra  ceux  qui  te  haissent. 

10  Tu  les  rendras  comme  une  fournaise  ardente, 
Au  jour  ou  tu  montreras  ta  face; 

Jehovah  les  aneanlira  dans  sa  colere, 
Et  le  feu  les  devorera. 

1 1  Tu  feras  disparaiire  de  la  terre  leur  posterite, 
Et  leur  race  d'entre  les  enfants  des  hommes. 

12  lis  ont  prepare  ta  ruine, 

lis  ont  concu  des  desseins  pervers,  mais  ils  seront  impuissants. 

13  Car  tu  leur  feras  tourner  le  dos; 

Sur  la  corde  de  ton  arc  tu  disposeras  des  traits  pour  les  frapper  au  visage. 

14  Leve-toi,  Jehovah,  dans  ta  force! 

Nous  voulons  chanter  et  celebrer  ta  puissance. 


PSAUME   XXII   (VULG.  XXl). 

jt-jjE  Psalmiste,  reduit  ci  la  derniere  extremite  par  ses  ennemis  (persecution  de  Saiil  : 
voy.  1  Sam.  xxiii,  25  sv.),  se  plaint  k  Dieu  de  I'abandon  oii  il  le  laisse  (vers.  1-12), 
et  lui  fait  la  peinture  de  ses  maux  (13-22);  puis  changeant  subitement  de  ton,  il 


Ps.  xxil. 


invite  ses  freres  ^  se  joindre  a  lui  pour  louer  le  Seigneur  d'une  delivrance  accomplie,  et 
annonce  I'extension  du  royaume  de  Dieu  k  toutes  les  nations  de  la  terre  (23-32). 

Nous  avons,  dit  Bossuet,  une  raison  particuliere  de  rapporter  ce  Psaume  a  J.-C, 
parce  que  lui-meme,  etant  a  la  croix,  se  Test  applique,  en  disant  ^  son  Pere  :  '•  Mon  Dieu, 
mon  Dieu,  pourquoi  m'avez-vous  delaisse?"  Les  Apotres  {Jean,  xix,  24;  Hebr.  ii,  11),  les 
SS.  Peres,  tons  les  interpretes  catholiques  et  un  grand  nombre  de  protestants  I'ont 
entendu  de  la  meme  maniere.  La  tradition  juive  y  reconnaissait  aussi  "les  plaintes  du 
Messie  souffrant."  On  y  trouve,  en  effet,  des  traits  dont  plusieurs  pris  a  part,  les  autres 
dans  leur  ensemble,  ne  sont  pas  applicables  a  la  personne  de  David;  ils  ne  conviennent 
qu'a  I'Homme  de  douleurs  et  h.  lui  seul.  Mu  par  I'Esprit-Saint,  David  rappelle  ses  afflic- 
tions passe'es  et  expriine  ses  futures  esperances  dans  un  langage  qui  trouve  son  parfait 
accomplissement  dans  le  Messie  dont  il  est  un  des  principaux  types.  Le  Psaume  a  done 
un  double  objet,  Fun  prochain,  se  rapportant  a  David,  I'autre  t^loigne,  se  rapportant  au 
Messie,  et  cela  de  telle  sorte  que,  en  certains  endroits,  les  deux  objets  semblent  se  con- 
fondre,  et  qu'en  d'autres  endroits  I'objet  prochain  disparait  entierement  pour  ne  laisser 
voir  que  I'objet  eloigne. 

1  AU  maitre  de  chant.  Sur  "  Biche  de  I'aurore."  Psaume  de  David. 


2  Mon  Dieu,  mon  Dieu,  pourquoi  m'as-tu  abandonnc? 
Je  gemis,  et  le  salut  reste  loin  de  moi ! 

3  Mon  Dieu,  je  crie  pendant  le  jour,  et  tu  ne  r^ponds  pas; 
La  nuit,  et  je  n'ai  point  de  repos. 

4  Pourtant  tu  es  saint, 

Tu  habites  parmi  les  hymnes  d'lsrael. 

5  En  toi  se  sont  confies  nos  peres; 

Ils  se  sont  confies,  et  tu  les  as  delivres. 

6  Ils  ont  cx\€  vers  toi,  et  ils  ont  dte  sauves; 

Ils  se  sont  confies  en  toi,  et  ils  n'ont  pas  etd  confus. 

7  Et  moi,  je  suis  un  ver,  et  non  un  homme, 
L'opprobre  des  hommes  et  le  rebut  du  peuple. 

8  Tous  ceux  qui  me  voient  se  moquent  de  moi; 

Ils  ouvrent  les  levres.  ils  branlent  la  tete,  en  disant  : 

9  "  Qu'il  s'abandonne  a  Jehovah  !  qu'il  le  sauve, 
Qu'il  le  delivre,  puisqu'il  I'aime!" 

10  Oui,  c'est  toi  qui  m'a  tire  du  sein  maternel. 

Qui  m'a  donnc  confiance  sur  les  mamelles  de  ma  mere. 


LIBER  PSALMORUM. 


45 


omnes,  qui  te  oderunt.  lO.  Pones 
eos  ut  clibanum  ignis  in  tempore 
vultus  tui :  Dominus  in  ira  sua  con- 
turbabit  eos,  et  devorabit  eos  ignis. 
II.  Fructum  eorum  de  terra  per- 
des  :  et  semen  eorum  a  filiis  homi- 
num.  12.  Quoniam  declinaverunt  in 
te  mala;  cogitaverunt  consilia,  quae 
non  potuerunt  stabilire.  13.  Quo- 
niam pones  eos  dorsum :  in  reliquiis 
tuis  prseparabis  vultum  eorum. 

14.  Exaltare  Domine  in  virtute 
tua  :  cantabimus  et  psallemus  vir- 
tutes  tuas. 

— :i:—     PSALMUS   XXI.     — *— 

Christus  morituriis  obsecrat  ut  sibi  adsit 
Deus,  et  eum  laudat. 

I.  In  finem  pro  susceptione  ma- 
tutina.  Psalmus  David. 


EUS  Deus  meus  respice 
in  me  :  "quare  me  dereli-    «Matth.27, 
quisti?  longe  a  salute  mea    46-    Marc, 
verba    delictorum     meo- 


15-  34- 


rum.  3.  Deus  meus  clamabo  per 
diem,  et  non  exaudies  :  et  nocte,  et 
non  ad  insipientiam  mihi.  4.  Tu 
autem  in  sancto  habitas,  laus  Israel. 
5.  In  te  speraverunt  patres  nostri  : 
speraverunt,  et  liberasti  eos.  6.  Ad 
te  clamaverunt,  et  salvi  facti  sunt  : 
in  te  speraverunt,  et  non  sunt  con- 
fusi.  7.  Ego  autem  sum  vermis,  et 
non  homo  :  opprobrium  hominum, 
et  abjectio  plebis.  8.  *Omnes  viden- 
tes  me,  deriserunt  me  :  locuti  sunt 
labiis,  et  moverunt  caput.  9.  'Spe- 
ravit  in  Domino,  eripiat  eum  :  sal- 
vum  faciat  eum,  quoniam  vult  eum. 
10.  Q^uoniam  tu  es,  qui  extraxisti 
me  de  ventre :  spes  mea  ab  uberibus 


7.  Un  objet  de  benedin:ions,  litt.  tu  le  fends 
hhiediflions^  et  rela  dans  un  double  sens  :  tu 
repands  sur  lui  tes  benedictions,  et,  dans  son 
union  avec  le  Messie,tu  le  fais  cause  et  sour- 
ce de  benediflion  pour  les  hommes,  comme 
autrefois  Abraham,  Gen.  xii,  3. —  Devant,  ou 
a-vec  ta  face.,  en  I'admettant  dans  ton  intimite 
et  en  lui  montrant  un  visage  favorable. 

8.  Ce  verset  forme  la  transition  entre  la 
ii<ipartie,  ou  la  parole  est  adressee  a  Dieu, 
et  la  2'=,  oil  elle  est  adressee  a  David. 

10.  Tu  les  reitdras  coin  vie  une  fournaise 
ardente  :  image  d'une  rapide  destrucflion 
{Ose'e,  vii,  7;  Mai.  iii,  19);  sens  :  tu  les  met- 
tras  dans  le  meme  etat  que  s'ils  etaient 
dans  une  fournaise;  la  comparaison  n'est 
qu'indique'e.  —  Le  jour  on  tu  leur  inonire- 
ras  taface  irrit^e. 

PSAUME  XXII. 

1.  Sur  BicJie  de  Paurore,  probablement 
sur  I'air  d'un  chant  connu  oil  ces  mots  se 
rencontraient.  Sous  I'image  de  la  Biche  du 
matin,  les  Hebreux  designaient  le  soleil, 
langant  ses  premiers  rayons,  qu'ils  appe- 
laient  comes.  Le  poete  arabe  Hariri  s'ex- 
prime  de  meme  :  "  Lorsqu'eut  paru  la  corne 
de  la  biche"  c.-a-d.  de  I'aurore.  Vulg.j/cwr 
le  secours  du  matin,  ce  qui  signifie,  selon  I'in- 
terpretation  la  plus  commune :  priere  de  J.-C. 
a  I'effet  d'obtenir  assistance  de  son  Pere  ce- 
leste, pour  passer  de  la  nuit  de  ses  souffran- 
ces  a  I'aurore  de  sa  resurrection  (Eusebe). 

2.  Mon  Dieu,  etc.  Charge  de  I'iniquite  de 
tons,  vi(5\ime  volontaire  pour  le  peche, 
Notre-Seigneur  s'adressant  a  son  Pere  pro- 
nonga   ces    paroles    sur   la    croix    [Mait/i. 


xxvii,  46 ;  Marc,  xv,  34.  Comp.  Hebr.  v,  7). 
.•\pres  le  second  mon  Dieu,  les  LXX  et  la 
Vulg.  ajoutent,  rci^ardez-moi.  — Je  gemis : 
litt.,  les  paroles  de  mon  gemissement  sont  loin 
de  mon  salut,  du  secours  qui  me  sauverait,  il 
y  a  entre  les  deux  un  abime.  Vulg.,  le  cri  de 
mes  pechcs  (des  pechds  des  hommes  que  le 
Christ  a  pris  sur  lui  pour  les  expier)  eloigne 
de  moi  le  saliit,  la  delivrance.  "  II  fallait,  dit 
Bourdaloue,  que  la  reprobation  sensible  de 
I'Homme-Dieu  remplit  la  mesure  de  la  ma- 
ledi(flion  et  de  la  punition  due  au  peche." 

3.  Et  je  n\ii  point  de  repos,  aucun  soula- 
gement  ne  m'est  accorde.  Vulg.,  et  ce  n'est 
point  a  moi,  accable  de  maux  comme  je 
suis,  une  folic  de  me  plaindre  ainsi. 

4.  Saint,  ou  le  Saint,  sans  aucune  imper- 
fediion;  tu  dois  done  me  rendre  justice.  — 
Les  Jtymncs  d'Tsrael  qui  celebrent  tes  pro- 
messes  et  tes  bienfaits  passes  :  serai-je  le 
seul  que  tu  delaisses? 

7.  Un  ver  de  terre,  qu'on  croit  pouvoir 
ecraser  impunement  et  sans  qu'il  ait  droit 
de  se  plaindre. 

9.  Abandojine-toi  au  Seigneur;  Vulg.,  il 
a  mis  S071  espoir  dans  le  Seigneur. 

C'est  ce  qui  fut  accompli,  dit  Bossuet, 
lorsque,  par  une  derision  sanglante,  ceux 
qui  passaient  devant  la  croix  de  J.-C.  blas- 
phcmaient  contre  lui,  branlant  la  tete  en 
disani  :  LI  a  saiive  les  autres,  il  ne  saurait 
se  sauver  lui-meme. . .  LI  met  sa  co7iJiance  en 
Dieu;  si  done  Dieu  Paime,  qu'il  le  delivre, 
etc.  {Matth.  xxvii,  39  suiv.). 

10.  Ce  verset  et  le  suivant  conviennent 
d'une  maniere  speciale  a  J.-C,  lie  niiracu- 
leusement  d'une  vierge. 


*  Matth.  27, 
39.     Marc. 
15,  29. 
■^  Matth.  27, 
43- 


46 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


11  Des  ma  naissance,  j'ai  et^  porte  sur  tes  genoux; 
Depuis  le  sein  de  ma  mere,  c'est  toi  qui  es  mon  Dieu. 

12  Ne  I'eloigne  pas  de  moi,  car  I'angoisse  est  proche, 
Car  personne  ne  vient  a  mon  secours. 

13  Autour  de  moi  sont  de  nombreux  taureaux, 
Les  forts  de  Basan  m'environnent. 

14  lis  ouvrent  contra  moi  leur  gueule, 
Comme  un  lion  qui  dechire  et  rugit. 

15  Je  suis  comme  de  I'eau  qui  s'ecoule, 
Et  tous  mes  os  sont  disjoints; 
Mon  cceur  est  comme  de  la  cire, 

II  se  fond  dans  mes  entrailles. 

Ma  force  s'est  dessdchee  comme  un  tesson  d'argile, 

Et  ma  langue  s'attache  a  mon  palais; 

Tu  me  reduis  a  la  poussiere  de  la  mort. 

Car  des  chiens  m'environnent, 

Une  troupe  de  scelerats  rodent  autour  de  moi, 

lis  ont  perce  mes  pieds  et  mes  mains. 

1 8  Je  pourrais  compter  tous  mes  os. 

Eux,  ils  m'observent,  ils  me  contemplent; 

19  Ils  se  partagent  mes  vetemcnts, 
lis  tirent  au  sort  ma  tunique. 

20  Et  toi,  Jehovah,  ne  t'eloigne  pas! 

Toi  qui  es  ma  force,  viens  en  hate  a  mon  secours ! 
Ddlivre  mon  ame  de  I'epee, 
Ma  vie  du  pouvoir  du  chien  ! 
Sauve-moi  de  la  gueule  du  lion, 
Tire-moi  des  comes  du  bufifle  ! 


16 


17 


21 


22 


23  Alors  j'annoncerai  ton  nom  a  mes  freres, 
Au  milieu  de  I'assemblee  je  te  louerai  : 

24  "  Vous  qui  craignez  Jehovah,  louez-le  ! 
Vous  tous,  posterite  de  Jacob,  glorifiez-le  I 
Reverez-le,  vous  tous,  posterite  d'lsrael ! 

25  Car  il  n'a  pas  meprise,  il  n'a  pas  rejete  la  souffrance  de  I'afflige, 
II  n'a  pas  cache  sa  face  devant  lui, 

Et  quand  I'afflige  a  cri^  vers  lui,  il  a  entendu." 

26  Grace  a  toi,  mon  liymne  retentira  dans  la  grande  assemblee, 
J'acquitterai  mes  voeux  en  presence  de  ceux  qui  te  craignent. 

27  Les  affliges  mangeront  et  se  rassasieront; 
Ceux  qui  cherchent  Jehovah  le  loueront. 
Que  votre  coeur  revive  a  jamais  ! 

28  Les  extremites  de  la  terre  se  souviendront  et  se  tourneront  vers  Jehovah, 
Et  toutes  les  families  des  nations  se  prosterneront  devant  sa  face. 


1 1.  J\ii  ete parte  sur  tes  genoux :  allusion 
a  I'usage  des  anciens  de  presenter  au  pere 
I'enfant  nouveau-nd.  A  ce  propos.  Delitzsch 
fait  observer  que,  dans  I'Anc.  Testament,  il 
est  souvent  fait  mention  de  la  mere  du  Mes- 
sie,  mais  jamais  d'un  homme  qui  serait  son 
pere. 

13.  For/s  de  Basan,  taureaux  de  la  con- 
tree  de  ce  nom,  situee  h.  I'E.  du  Jourdain  et 
celebre  par  ses  paturages.  Ces  taureaux  re- 
presentent  les  ennemis  de  David  et  ceux 
de  J.-C. 

15.  Peinture  de  la  tristesse,  de  I'abatte- 
ment,  de  I'epouvante  et  de  la  desolation 
qu'eprouva  J.-C.  au  commencement  de  sa 
passion  {Maith.  xxvi,  38;  Jean,  xii,  27; 
Marc,   xiv,    '^'i;   Liic,  xxii,    13).    Bossuet  : 


"J.-C.  paraissant  comme  un  pecheur  de- 
laisse  h.  lui-meme,  il  convenait  a  cet  ^tat 
qu'il  pari^it  aussi  une  espece  d'opposition 
entre  sa  volonte  et  celle  de  Dieu.  David 
exprime  en  un  mot  ce  grand  mystere,  lors- 
qu'il  lui  fait  dire  :  Mon  cceur  s'est fondu..., 
je  ne  me  sens  plus  de  courage,  et  je  ne  me 
trouve  ni  force,  ni  hardiesse,  ni  resolution, 
ni  consistance." 

16.  Ma  force,  etc.  Epuise  de  sang,  les 
membres  disloques  par  une  torture  et  une 
suspension  violente,  le  Sauveur  eprouve  une 
soif  ardente,  le  plus  cruel  tourment  des  cru- 
cifies. —  A  la  poussiere  de  la  ntort,  c.-ci-d. 
au  tombeau.  Cf  Job,  xxi,  26. 

17.  lis  ont  perce,  hebr.  caarou.  L'hebreu 
aifluel,   tout  en  proposant  cette  legon  au 


LIBER  PSALMORUM. 


47 


matris  meas.  1 1 .  In  te  projectus  sum 
ex  utero  :  de  ventre  matris  meas 
Deus  meus  es  tu,  12.  ne  discesseris 
a  me  :  quoniam  tribulatio  proxima 
est  :  quoniam  non  est  qui  adjuvet, 

13.  Circumdederunt  me  vituli 
multi  :  tauri  pingues  obsederunt 
me.  14.  Aperuerunt  super  me  os 
suum,  sicut  leo  rapiens  et  rugiens. 
15.  Sicut  aqua  effusus  sum  :  et  dis- 
persa  sunt  omnia  ossa  mea.  Factum 
est  cor  meum  tamquam  cera  lique- 
scensin  medio  ventris  mei.i6,Aruit 
tamquam  testa  virtus  mea,  et  lin- 
gua mea  adhassit  faucibus  meis  :  et 
in  pulverem  mortis  deduxisti  me. 
17.  Quoniam  circumdederunt  me 
canes  multi  :  concilium  malignan- 
tium  obsedit  me.  Foderunt  manus 
meas  et  pedes  meos  :  18.  Dinume- 
raverunt  omnia  ossa  mea.  Ipsi  vero 
consideraverunt  et  inspexerunt  me : 
Mauh.27,  1 9.  '^Diviseruntsibi  vestimenta  mea, 
5.  joann.  gf  super  vestem  meam  miserunt 
^'  ^^'  ^^'     sortem.  20.  Tu  autem  Domine  ne 


elongaveris  auxilium  tuum  a  me  : 
ad  defensionem  meam  conspice. 
21.  Erue  a  framea  Deus  animam 
meam  :  et  de  manu  canis  unicam 
meam.  22.  Salva  me  ex  ore  leonis  : 
et  a  cornibus  unicornium  humilita- 
tem  meam. 

23.  ^Narrabo  nomen  tuum  fratri-  'Hebr.  2, 
bus  meis  :  in  medio  ecclesias  lauda-  ^-• 
bo  te.  24.  Oui  timetis  Dominum 
laudate  eum  :  universum  semen 
Jacob  glorificate  eum  :  25.  timeat 
eum  omne  semen  Israel  :  quoniam 
non  sprevit,  neque  despexit  depre- 
cationem  pauperis  :  nee  avertit  fa- 
ciem  suam  a  me  :  et  cum  clamarem 
ad  eum  exaudivit  me.  26.  Apud  te 
laus  mea  in  ecclesia  magna  :  vota 
mea  reddam  in  conspectu  timen- 
tium  eum.  27.  Edent  paup^res,  et 
saturabuntur  :  et  laudabunt  Domi- 
num qui  requirunt  eum  :  vivent 
corda  eorum  in  saeculum  sasculi. 
28.  Reminiscentur  et  convertentur 
ad  Dominum  universi  fines  terras  : 


qeri,  porte  au  chetib  caari,  c.-a-d.  coniine 
7(11  liott,  ce  qui  laisse  flottants  les  mots  qui 
suivent,  mes  pieds  ct  ines  mains.  Mais  des 
indices  serieux,  tires  de  la  tradition  juive, 
etablissent  que  la  legon  primitive  etait  caa- 
rou,  et  que  caari  est  ne,  non  d'une  super- 
cherie  antichretienne,comme  le  pensait  Bos- 
suet,  mais  d'une  erreur  de  copiste  qu'ex- 
plique  facilement  la  grande  ressemblance 
des  lettres  iod  et  vav.  En  outre,  toutes  les 
anciennes  versions  (LXX,  Vulg.,  Syr.,  etc.), 
a  I'exception  du  Chaldeen,  ont  lu  caaroit,  ils 
ont  perce  (comp.  Is.  liii,  5;  Zacli.  xii,  10). 
Ajoutons  que  meme  la  legon  caari  donne- 
rait  le  sens  de  percer,  en  prenant  ce  mot 
pour  la  forme  apocopee  de  caarim,  participe 
pluriel,  fodientes. 

18.  lis  me  contemplent  avec  orgueil  et 
complaisance,  comme  on  fait  d'un  ennemi 
vaincu. 

19.  Ce  pari  age  des  vetements  de  J.-C.  est 
raconte  par  les  Evangelistes  {Ltic,  xxiii,  34; 
Jean.,  xix,  24). 

20-22.  Dans  ces  trois  versets,  le  Messie 
demande  a  son  Pere  d'echapper  prompte- 
ment,  par  la  resurredlion,  aux  etreintes  de 
la  mort  qui  va  le  saisir  ou  qui  I'a  deja  saisi. 
Cette  pri^re  forme  la  transition  entre  la 
2e  partie  du  Psaume  et  la  36. 

Lep^e  est  le  symbole  d'une  mort  violente. 
—  Ma  vie,  litt.  mon  unique,  c.-iX-d.  mon 
ame,  mon  bien  le  plus  precieux.  —  Le  chien, 


le  lion  et  le  bnffle  (Vulg.  licorne)  represen- 
tent  la  mort  personnifiee,  qui  croyait  tenir 
le  Messie  dans  ses  liens. 

Dans  le  sens  historique  et  immediat, 
David,  sous  ces  images,  demande  a  Dieu 
de  le  preserver  de  la  mort. 

23.  Le  Messie,  maintenant  exauce',  fait 
eclater  sa  reconnaissance;  il  fera  connaitre 
et  aimer  son  Pere,  d'abord  aux  Apotres, 
qu'il  appelle  ses  frcres  {Maith.  xxviii,  10), 
et  aux  Juifs,  puis  a  tous  les  hommes  par  la 
predication  de  I'Evangile.  S.  Paul  applique 
expressement  ce  verset  a  J.-C.  ressuscitd 
{Hebr.  ii,  ii  suiv.). 

25.  L'afflige,  Vulg.  le  pauvrc  :  c'est  ainsi 
que  les  prophetes  designent  le  Messie  souf- 
frant  {Is.  liii,  4;  Zach.  ix,  9). 

26-27.  Grace  d,  toi,  k  ton  secours,  mon 
hymne  (litt.  ma  louange)  de  reconnaissance, 
etc.  Selon  d'autres  :  sicr  toi  o\\  de  toi  sera  ma 
louange.  —Jhicquiiterai mes  vceux^&n  offrant 
un  sacrifice  d'aftions  de  graces  pour  ma  de- 
livrance  {Lev.  vii,  16).  Ces  sortes  de  sacrifi- 
ces etaient  suivis  d'un  repas  sacre  dont  la 
chair  des  vittimes  fournissait  la  matiere,  et 
auquel  I'offrant  invitait  ses  parents  et  amis. 

Le  sacrifice  d'aflions  de  graces  ofifert  par 
le  Messie,  auquel  tous  ses  freres  sont  invi- 
tes, c'est  le  sacrifice  de  nos  autels,  avec  le 
banquet  sacre  de  I'Eucharistie,  ou  les  fideles 
viennent  manger  le  pain  celeste  qui  donne 
la  vie  eternelle. 


48 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


29  Car  a  Jdliovah  appartient  I'empiie, 
II  domine  sur  les  nations. 

30  Les  puissants  de  la  teire  mangeront  et  se  prosterneront; 
Devant  lui  s'inclineront  tons  ceux  qui  descendant  a  la  poussiere, 
Ceux  qui  ne  peuvent  prolonger  leur  vie. 

31  La  posterite  le  servira; 
On  parlera  du  Seigneur  a  la  generation  future. 

33  lis  viendront  et  ils  annonceront  sa  justice; 
Au  peuple  qui  naitra,  ils  diront  ce  qu'il  a  fait. 

PSAUME    XXIII   (VULG.  XXIl). 

Ouce  et  riante  peinture  du  bonheur  dont  jouit  le  Psalmiste  sous  la  protedion  de 
Jehovah,  considere  surtout  sous  I'image  d'un  pasteur.  Delitzsch  et  d'autres  conjec- 
turent  que  ce  Psaume  aurait  ete  compose  a  I'occasion  du  fait  raconte  II  Sam.  xvii,  28. 

Ps.  xxiii.  1  PSAUME  de  David. 

Jehovah  est  mon  pasteur;  je  ne  manquerai  de  rien. 

2  II  me  fait  reposer  dans  de  verts  paturages, 
II  me  mene  pi-es  des  eaux  rafraichissantes. 

3  II  restaure  mon  ame, 

II  me  conduit  dans  les  droits  sentiers, 
A  cause  de  son  nom. 

4  Meme  quand  je  marche  dans  une  vallee  d'ombre  de  mort, 
Je  ne  crains  aucun  mal,  car  tu  es  avec  moi  : 

Ta  houlette  et  ton  baton  me  rassurent. 

5  Tu  dresses  devant  moi  une  table  en  face  de  mes  ennemis; 
Tu  repands  I'huile  sur  ma  tete; 

Ma  coupe  deborde. 

6  Oui,  le  bonheur  et  la  grace  m'accompagneront 
Tous  les  jours  de  ma  vie, 

Et  j'habiterai  dans  la  maison  de  Jehovah 
Pour  de  longs  jours. 

PSAUME   XXIV   (VULG.  XXIIl). 

|B^S|!!L  n'y  a  guere  de  doute  que  ce  Psaume  ait  cte  compose  pour  la  solennite  du  trans- 
1^*1^  port  de  I'arche  sur  le  mont  Sion,  a  I'endroit  qui  lui  avait  ete  prepare  dans  la  forte- 
l^^^i  resse  (II  Sam.  vi,  17;  I  Far.  xv-xvi).  On  dut  s'en  servir  plus  tard  dans  des 
circonstances  analogues,  lorsque  I'arche,  apres  avoir  cte  emportee  pour  une  guerre,  etait 
ramenee  triomphalement  dans  sa  demeure. 

Le  Psaume  a  deux  parties  :  I'une  se  chantait  pendant  le  trajet  (vers.  1-6);  I'autre, 
devant  les  portes  memes  de  la  forteresse  (7-10).  II  parait  avoir  ete  dialogue,  c.-k-d.  chante 
par  un  chosur  de  lovites  auquel  un  pretre  on  le  grand  prcire  repondait.  La  pensee  generale 
est  que  la  presence  de  Jehovah  au  milieu  de  son  peuple  exige  des  Israelites  un  coeur  pur 
et  la  pratique  de  la  vertu. 

Dans  le  sens  spirituel,  ce  cantique  a  recu  diverses  applications;  la  plus  ordinaire 
parmi  les  Peres  est  I'entree  de  J.-C.  au  ciel  le  jour  de  I'Ascension. 

Ps.  xxiv.  i  PSAUME  de  David. 

A  Jehovah  est  la  terre  et  ce  qu'elle  renferme, 
Le  monde  et  tous  ceux  qui  I'habitent. 

2  Car  c'est  lui  qui  I'a  fondee  sur  les  mers, 
Qui  I'a  affermie  sur  les  fleuves. 

3  Qui  pourra  monter  a  la  montagne  de  Jehovah.' 
Qui  se  tiendra  dans  son  lieu  saint?  — 

4  Celui  qui  a  les  mains  innocentes  et  le  cceur  pur; 
Celui  qui  ne  livre  pas  son  ame  au  mensonge, 
Et  qui  ne  jure  pas  pour  tromper.  — 


29.  A  JJhovah,  par  opposition  aux  faux 
dieux  des  idolatres,  etc. ;  mais  nous  savons 


que  Jehovah  a  donne  cet  empire  au  Messie 

{Ps.  ii). 


LIBER  PSALMORUM. 


49 


et  adorabunt  in  conspectu  ejus  uni- 
versas  familias  gentium.  29.  Quo- 
niam  Domini  est  regnum  :  et  ipse 
dominabitur  gentium.  30.  Mandu- 
caverunt  et  adoraverunt  omnes  pin- 
gues  terras  :  in  conspectu  ejus  ca- 
dent  omnes  qui  descendunt  in  ter- 
ram.  3 1 .  Et  anima  mea  illi  vivet :  et 
semen  meum  serviet  ipsi.  32.  An- 
nuntiabitur  Domino  generatio  Ven- 
tura :  et  annuntiabunt  coeli  justitiam 
ejus  populo  qui  nascetur,  quem  fecit 
Dominus. 


-:;:—    PSALMUS  XXII.    — :>— 
Beneficia  divina  psaltes  agnoscit. 


Psalmus  David. 

O MINUS  regit  me,  "et 
nihil  mihi  deerit  :  2.  in 
loco  pascuae  ibi  me  collo- 
cavit.  Super  aquam  refe- 
ctionis  educavit  me  :  3.  animam 
meam  convertit.  Deduxit  me  super 
semitas  justitias,  propter  nomen 
suum.  4    '" 


Nam,  et  si  ambulavero  in 


medio  umbras  mortis,  non  timebo 
mala  :  quoniam  tu  mecum  es.  Virga 
tua,  et  baculus  tuus  :  ipsa  me  con- 
solata  sunt.  5.  Parasti  in  conspectu 
meo  mensam,  adversus  cos,  qui  tri- 
bulant  me.  Impinguasti  in  oleo  ca- 
put meum  :  et  calix  meus  incbrians 
quam  prasclarus  est!  6.  Et  miseri- 
cordia  tua  subsequetur  me  omnibus 
diebus  vitas  meas  :  et  ut  inhabitem 
in  domo  Domini,  in  longitudinem 
dierum. 

— *—   PSALMUS  XXIII.   — :i:— 

Dei  in  omnes  creaturas  dominium. 
Dotes  requisitas  ut  cum  Christo  regnetur. 

I.  Prima sabbati,  Psalmus  David. 
OMINI  est  terra,  et  ple- 
nitude ejus  :  'orbis  terra- 
rum,  et  universi,  qui  ha- 
bitant in  eo.  2.  Quia  ipse 
super  maria  fundavit  eum :  et  super 
flumina  prasparavit  eum. 

3.*Quis  ascendet  in  montem  Do- 
mini? aut  quis  stabit  in  loco  sancto 
ejus.''  4.  Innocens  manibus  et  mun- 


"  Ps.  49,   12. 

I   Cor.   10, 

26. 


'Supra  14, 


30.  Les  puissants  (litt.  les  ji^ras)  les  riches 
qui  ont  tout  en  abondance,  viendront  aussi  a 
ce  banquet  de  la  grace  et  du  salut.  —  Ceux 
qui  descendent dans  la poussiere ,\t.^  mortels. 

31.  La  posterite  \s.  plus  reculee. 

33.  lis  viendront,  de  nouvelles  genera- 
tions, se  succ^dant  tour  a  tour,  annonceront 
sa  justice,  c.-a-d.  tout  ce  que  Dieu,  par  suite 
de  son  alliance  et  de  ses  promesses,  a  fait 
pour  le  salut  du  monde  par  J.-C.  Dans  la 
Vulg.,  le  mot  cceli  trouble  le  sens;  on  ne 
trouve  rien  qui  y  corresponde  ni  en  hebreu 
ni  en  grec,  et  il  manque  meme  dans  plusieurs 
manuscrits  latins.  —  Ce  qti'il  a  fait,  litt. 
(pt'il  a  fait  cela,  savoir,  I'oeuvre  de  la  re- 
demption et  de  la  sandlification  des  hommes. 

PSAUME  XXIII. 

1.  Mon  pasfeur  :  Dieu  est  souvent  repre- 
sente  sous  cette  image  :  voy.  Is.  xl,  \\\Jcr. 
xxiii,  4;  I  Pier,  ii,  25;  Apoc.  vii,  17.  Comp. 
Jean,  x,  1 1 . 

2.  Rafraichissantes ;  d'autres,  paisibles. 

3.  //  restaure  mon  dine,  lui  rend  force  et 
vigueur  :  comp.  xix,  8.  —  Droits  sentiers, 
litt.  sentiers  de  justice  :  qui  conviennent  aux 
besoins  des  brebis,  qui  les  conduisent  di- 
rertement  et  sans  danger  au  but.  —  A  cause 
de  son  nom  :  Dieu  se  proclame  en  beaucoup 


d'endroits  bon  et  misericordieux  :  il  doit 
done,  pour  meriter  cette  louange,  prendre 
soin  de  ceux  qui  se  confient  en  lui. 

4.  C/ne  vallee  d'o/ndre  de  viort,  tres  obs- 
cure, oii  les  animauxsauvagessontacraindre. 

5.  Table,  /mile  parfumee,  etc.  :  images  des 
bienfaits  de  Dieu  envers  ses  serviteurs. 

6.  La  grace,  la  faveur  de  Dieu.— /'/labitc- 
rai  dans  la  ntaison  de  Jehovah  :  cette  locu- 
tion n'exprime  sans  doute  que  des  rapports 
familiers  avec  Dieu  et  la  jouissance  de  ses 
faveurs.  Delitzsch,  qui  met  la  composition 
du  Psaume  pendant  la  revoke  d'Absalom 
{II  Sam,  xvu,2y-2g),tra.du\t,jeretournerai. 

PSAUME  XXIV. 

1.  A  Jehovah  :  comp.  I  Cor.  x,  26. 

2.  Sur  les  niers  :  allusion  a  Tdmersion  suc- 
cessive des  continents,  ensevelis  auparavant 
sous  les  eaux  (Gen.  i,  9).  —  Les  fleuves,  les 
eaux  en  mouvement,  aussi  bien  les  Hots  et 
les  courants  de  la  mer  {Jon.  ii,  4)  que  les 
fleuves  proprement  dits.  Le  Psalmiste  deerit 
les  apparences,  il  ne  fait  point  de  the'orie 
scientifique. 

4.  Les  mains  designent  les  acles  exte- 
rieurs;  le  cceur,  les  sentiments  et  les  pen- 
se'es.  —  Mensonge,  chose  vaine,  souvent 
iniquite,  et  meme  idolatrie. 


yfi  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.   TO.ME  IV.    —   .( 


50 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


5  11  obtiendra  la  b^nedidlion  de  Jehovah, 
La  justice  du  Dieu  de  son  salut 

6  Telle  est  la  race  de  ceux  qui  le  cherchent, 

De  ceux  qui  cherchent  la  face  du  Dieu  de  Jacob.  —  Scla. 


7  Portes,  elevez  vos  linteaux; 
Elevez-vous,  portes  antiques ! 

Oue  le  Roi  de  gloire  fasse  son  entree  !  — 

8  Quel  est-ii  ce  roi  de  gloire?  — 
Jehovah  fort  et  puissant, 
Jehovah  puissant  dans  les  combats. 

9  Portes,  elevez  vos  linteaux; 
Elevez-vous,  portes  antiques ! 

Que  le  Roi  de  gloire  fasse  son  entree  1  — 
lo  Quel  est-il  ce  Roi  de  gloire?  — 
Jehovah  des  armees, 
Voila  le  roi  de  gloire  !  —  Sela. 


PSAUME   XXV   (VULG.  XXIV). 

E  Psaunie  ne  se  rattache  et  ne  fait  allusion  a  aucun  fait  historique  particulier;  il  est 
purenient  moral.  David  temoigne  sa  confiance  en  Dieu,  dont  il  implore  le  secours 
et  le  pardon  de  ses  peches.  La  composition  est  alphabetique,  c.-a-d.  que  chacune 
des  lettres  de  I'alphabet  hebreu  commence  un  verset,  sauf  quelques  exceptions,  dues  peut- 
etre  a  des  fautes  de  copiste.  Les  pensdes  ne  se  suivent  pas  dans  un  ordre  bien  rigoureux. 

Ps.  XXV.  '  PSAUME  de  David. 

Vers  toi,  Jehovah,  j'eleve  mon  ame. 

2  Mon  Dieu,  en  toi  je  me  confie  :  que  je  n'aie  pas  de  confusion  I 
Que  mes  ennemis  ne  se  rejouissent  pas  a  mon  sujet ! 

3  Non,  aucun  de  ceux  qui  esperent  en  toi  ne  sera  confondu; 
Ceux-la  seront  confondus  qui  sont  infideles  sans  cause. 

4  Jehovah,  fais-moi  connaitre  tes  voies, 
Enseigne-moi  tes  sentiers. 

5  Conduis-moi  dans  ta  verite  et  instruis-moi; 
Car  tu  es  le  Dieu  de  mon  salut, 

Tu  es  tout  le  jour  mon  esperance. 

6  Jehovah,  souviens-toi  de  ta  mise'ricorde  et  de  ta  bonte, 
Car  elles  sont  eternelles. 

7  Ne  te  souviens  pas  des  peches  de  ma  jeunesse  ni  de  mes  transgressions ; 
Souviens-toi  de  moi  selon  ta  misericorde, 

A  cause  de  ta  bonte. 

8  Jehovah  est  bon  et  droit; 

C'est  pourquoi  il  indique  aux  pecheurs  la  voie. 

9  II  conduit  les  humbles  dans  la  justice, 
II  enseigne  aux  humbles  sa  voie. 

ID  Tons  les  sentiers  de  Jehovah  sont  misericorde  et  tidelite 
Pour  ceux  qui  gardent  son  alliance  et  ses  commandements. 

11  A  cause  de  ton  nom,  Jehovah, 

Tu  pardonneras  mon  iniquite,  car  elle  est  grande. 

12  Quel  est  I'homme  qui  craint  Jehovah? 
Jehovah  lui  montre  la  voie  qu'il  doit  choisir. 

13  Son  ame  repose  dans  le  bonheur, 
Et  sa  posterity  possddera  le  pays. 


5.  La  justice,  la  justification,  I'etat  de 
grace,  qui  rdtablit  dans  I'homme  I'image  de 
Dieu.  D'autres  :  la  recompense  qu'il  merite. 


6.  La  face  du  Dieu  de  Jacob,  d'apres  les 
LXX.  L'h^breu  porte  :  taface,  Jacob. 

7.  Portes,  elevez  vos  linteaux,    litt.   vos 


LIBER  PSALMORUM. 


51 


do  corde,  qui  non  accepit  in  vano 
animam  suam,  nee  juravit  in  dolo 
proximo  suo.  5.  Hie  accipiet  bene- 
dictionem  a  Domino  :  et  misericor- 
diam  a  Deo  salutari  suo.  6.  Usee 
est  generatio  quaerentium  eum,  quas- 
rentium  faciem  Dei  Jacob. 

7.  Attollite  portas  principes  ve- 
stras,  et  elevamini  portas  aeternales ; 
et  introibit  rex  glorias.  8.  Quis  est 
iste  rex  glorias?  Dominus  fortis  et 
potens  :  Dominus  potens  in  proelio, 
9.  Attollite  portas  principes  vestras, 
et  elevamini  portas  aeternales  :  et 
introibit  rex  glorias.  10.  Quis  est 
iste  rex  glorias .'^  Dominus  virtutum 
ipse  est  rex  glorias. 
^  itjc  w.  ^^  :<u  M  i^  '^i.  'ii>.  ^•.  :<'■)•.  i^y.  ^  ^'  i^:  i^:  i^:  ^'  ^  w.  ^j 

— *—    PSALM  US  XXIV.    — :>— 

Psaltes  precatur  liberationeni,  peccatorum 
condonationem,  et  protedlionem  divinam. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 


D  te  Domine  levavi  ani- 
mam meam  :  2.  Deus 
meus  in   te  confido,  non 

erubescam  :  3.  neque  ir- 

rideant   me   inimici   mei  :   etenim 


universij  qui  sustinent  te,  non  con- 
fundentur. 

4.  Confundantur  omnes  iniqua 
agentes  supervacue.  Vias  tuas  Do- 
mine demonstra  mihi  :  et  semitas 
tuas  edoce  me.  5.  Dirige  me  in  ve- 
ritate  tua,  et  doce  me  :  quia  tu  es 
Deus  salvator  meus,  et  te  sustinui 
tota  die. 

6,  Reminiscere  miserationum  tua- 
rum  Domine,  et  misericordiarum 
tuarum,  quae  a  sa^culo  sunt.  7.  De- 
licta  juventutis  meas,  et  ignorantias 
meas  ne  memineris.  Secundum  mi- 
sericordiam  tuam  memento  mei  tu  : 
propter  bonitatem  tuam  Domine. 

8.  Dulcis  et  rectus  Dominus  : 
propter  hoc  legem  dabit  delinquen- 
tibus  in  via.  9.  Diriget  mansuetos 
in  judicio  :  docebit  mites  vias  suas. 

10.  Universas  viae  Domini,  mise- 
ricordia  et  Veritas,  requirentibus  te- 
stamentum  ejus  et  testimonia  ejus. 
II.  Propter  nomen  tuum  Domine 
propitiaberis  peccato  meo  :  multum 
est  enim. 

12.  Quis  est  homo  qui  timet  Do- 
minum?  legem  statuit  ei  in  via, 
quam  elegit.  13.  Anima  ejus  in  bo- 


somntefs,  faites-vous  plus  hautes  et  plus 
larges  pour  reconnaitre  la  majeste  du  sou- 
verain  Seigneur.  Vulg.,  princes^  exhaussez 
vos  partes :  on  entendra  par  ces  piinccs  des 
officiers,  des  levites  ou  des  anges,  selon  que 
les  partes  seront  prises  pour  celles  de  la 
ville,  celles  du  tabernacle  ou  celles  du  ciel 
(Ascension  de  J.-C). 

\o.  Jehovah  des  armees  celestes,  anges  et 
astres  (comp.  Ps.  ciii,  21 ;  cxlviii,  2),  expres- 
sion qui  implique  I'idee  de  toute-puissance. 

PSAUME  XXV. 

2.  Canfusiofi,  pour  avoir  espere  vainement 
en  Dieu. 

3.  Infideles,  propr.  perfides,  soit  a  Tegard 
de  Dieu,  soit  vis-a-vis  du  prochain. 

4.  Tes  votes,  les  voies  de  la  justice  et  du 
salut,  qui  sont  aussi  celles  du  bonheur.  La 
volonte  de  Dieu  est  exprimee  dans  ses  lois 
ecrites,  mais  c'est  Dieu  lui-meme  qui  doit 
en  donner  I'intelligence. 

5.  Conduis-inot :  apres  avoir  demande  la 
grace  pour  connaitre,  il  demande  la  grace 
pour  agir.  —  Dans  ia  veritej  ou  bien  :  dans 
le  chemin  trace  par  ta  volonte;  ou  bien  :  par 
un  effet  de  ta  fidelite  dans  tes  promesses. 


7.  De  ines  transgressions  plus  refl^chies 
et  plus  coupables.  Vulg.,  de  mes  fautes 
d'igtiorance.  —  Seton  ta  iiiisericorde,  et  non 
selon  la  rigueur  de  ta  justice. 

8.  Aux pccheurs :  il  s'agit  surtout  de  ceux 
qui  tombent  par  faiblesse  ou  ignorance.  — 
La  vole  qui  conduit  a  la  vie,  au  salut. 

10.  Les  sentiers  de  Jehovah,  ses  desseins 
et  sa  conduite  a  I'egard  des  homnies,  sont 
miscricorde  :  ils  tendent  au  salut  de  tous, 
et yide/i te  :  \ls  attestent  que  les  promesses 
divines  sont  toujours  realisees. 

ri.  A  cause  de  ton  nam,  <ie  ton  etre  divin 
manifeste  comme  misericorde  et  fidelite.  — 
Car  elle  est  grande  :  plus  mon  iniquite  est 
grande,  plus  le  pardon  m'est  necessaire; 
plus  aussi  il  fera  eclater  son  infinie  miseri- 
corde. Comp.  Liic,  vii,  47. 

12.  Lui  nwntre  la  vote,  conformement  a 
la  priere  du  vers.  4.  Dans  la  Vulg.,  il  fau- 
drait  eligat  au  lieu  de  elegit. 

13.  Son  dine,  lui-meme,  par  opposition  a 
sa  posterite.  —  Posscdera  (propr.  aura  en 
heritage)  le  pays  :  allusion  aux  passages  de 
la  loi  ou  Dieu  promet  a  son  peuple,  r^cem- 
ment  sorti  d'Egypte,  la  possession  paisible 
et  durable  du  pays  de  Chauaan,  par  ex. 


52 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


14  La  familiaritd  de  Jehovah  est  pour  ceux  qui  le  craignent; 
11  leur  fait  connaitre  les  bcncdiflions  de  son  alliance. 

15  J'ai  les  yeux  constanunent  tournes  vers  Jehovah, 
Car  c'est  lui  qui  tirera  mes  pieds  du  lacet. 

16  Regarde-moi  et  prends  pitie  de  moi, 
Car  je  suis  delaisse  et  malheureux. 

17  Les  angoisses  de  mon  cceur  se  sont  accrues  : 
Tire-moi  de  ma  detresse ! 

1 8  Vois  ma  misere  et  ma  peine, 
Et  pardonne  tous  mes  peches. 

19  Vois  combien  sont  nombreux  mes  enneniis. 
Et  quelle  haine  violente  ils  ont  centre  moi ! 

20  Garde  mon  ame  et  sauve-moi ! 
Que  je  ne  sois  pas  confus,  car  j'ai  mis  en  toi  ma  confiance! 

21  Que  I'innocence  et  la  droiture  me  protegent, 
Car  j'espere  en  toi. 

22  O  Dieu,  delivre  Israel 
De  toutes  ses  angoisses! 

PSAUME   XXVI    (VULG.  XXV). 

N  n'est  pas  d'accord  sur  I'occasion  de  ce  Psaume;  plusieurs  croient  la  trouver 
II  Snin.  XV,  25,  ou  il  est  dit  que  David,  fuyant  devant  Absalom,  ordonna  au  pretre 
Sadoc  de  reporter  I'arche  dans  la  ville  sainte,  que  le  pieux  roi  esperait  revoir  un 

jour.  Quoi  qu'il  en  soit,  David,  dans  ce  cantique,  fait  I'apologie  de  sa  conduite  et  implore 

le  secours  divin. 

Ps.  xxvi.  ^  DE  David. 

Rends-moi  justice,  Jehovah,  car  j'ai  marche  dans  I'innocence; 
Je  me  confie  en  Jehovah,  je  ne  chancellerai  pas. 

2  Eprouve-moi,  Jehovah,  sonde-moi, 

Fais  passer  au  creuset  mes  reins  et  mon  cceur  : 

3  Car  ta  misericorde  est  devant  mes  yeux, 
Et  je  marche  dans  ta  v^ritc. 

4  Je  ne  me  suis  pas  assis  avec  les  hommes  de  mensonge, 
Je  ne  vais  pas  avec  les  hommes  dissimules; 

5  Je  hais  I'assemblee  de  ceux  qui  font  le  mal, 
Je  ne  siege  pas  avec  les  mdchants. 

6  Je  lave  mes  mains  dans  I'innocence, 
Et  j'entourerai  ton  autel,  Jehovah, 

7  Pour  faire  entendre  une  voix  de  louange 
Et  raconter  toutes  tes  merveilles. 

8  Jehovah,  j'aime  le  sdjour  de  ta  maison, 
Le  lieu  oii  ta  gloire  reside. 

9  N'enleve  pas  mon  ame  avec  celle  des  pecheurs. 
Ma  vie  avec  celle  des  hommes  de  sang, 

10  Qui  ont  le  crime  dans  les  mains, 

Et  dont  la  droite  est  pleine  de  presents. 

1 1  Pour  moi,  je  marche  en  mon  innocence; 
Delivre-moi  et  aie  pitie  de  moi ! 

12  Mon  pied  sc  tient  sur  un  sol  uni  : 

Je  bdnirai  Jdhovah  dans  les  assemblees. 


Exod.  XX,  12.  Sens  :  sa  posterite  sera  com- 
blee  de  benediflions  temporelles  et  spi- 
rituelles.  Notre-Seigneur  revet  de  la  meme 


forme  une  pensee  analogue,  lorsqu'il  pro- 
met  aux  doux  m-x'/ls  posscdcroiit  la  /cr/c, 
c.a-d.  le  ciel,  veritable  terre  promise,  dont 


LIBER  PSALMORUM. 


53 


nis  demorabitur  :  et  semen  ejus  he- 
reditabit  terram.  14.  Firmamentum 
est  Dominus  timentibus  eum  :  et 
testamentum  ipsius  ut  manifestetur 
illis. 

15.  Oculi  mei  semper  ad  Domi- 
num  :  quoniam  ipse  evellet  de  la- 
queo  pedes  meos.  16.  Respice  in 
me,  et  miserere  mei  :  quia  unicus 
et  pauper  sum  ego.  17,  Tribulatio- 
nes  cordis  mei  muldplicatas  sunt  : 
de  necessitatibus  meis  erue  me. 
18.  Vide  humilitatem  meam,  et  la- 
borem  meum  :  et  dimitte  universa 
delicta  mea.  19.  Respice  inimicos 
meos  quoniam  multiplicati  sunt,  et 
"odio  iniquo  oderunt  me.  20.  Cu- 
stodi  animam  meam,  et  erue  me  : 
non  erubescam  quoniam  speravi  in 
te.  21.  Tnnocentes  et  recti  adhasse- 
runt  mihi  :  quia  sustinui  te. 

22.  Libera  Deus  Israel,  ex  omni- 
bus tribulationibus  suis. 

— :i:—    PSALM  US   XXV.    — *— 

David  sua?  innocentice  conscius  ad  judicium 
Dei  recurrit. 


I.  In  finem,  Psalmus  David, 


UDIC  A  me  Domine, quo- 
niam ego  in  innocentia 
mea  ingressus  sum  :  et  in 
Domino  sperans  non  in- 
firmabor.  2.  Proba  me  Domine,  et 
tenta  me  :  ure  renes  meos  et  cor 
meum.  3.  Quoniam  misericordia 
tua  ante  oculos  meos  est  :  et  com- 
placui  in  veritate  tua.  4.  Non  sedi 
cum  concilio  vanitatis  :  et  cum  ini- 
quagerentibusnonintroibo.5.0divi 
ecclesiam  malignantium  :  et  cum 
impiis  non  sedebo.  6,  Lavabo  inter 
innocentes  manus  meas  :  et  circum- 
dabo  altare  tuum  Domine  :  7.  ut 
audiam  vocem  laudis,  et  enarrem 
universa  mirabilia  tua.  8.  Domine 
dilexi  decorem  domus  tuae,  et  lo- 
cum habitationis  gloriae  tuae. 

9.  Ne  perdas  cum  impiis  Deus 
animam  meam,  et  cum  viris  sangui- 
num  vitam  meam  :  10.  in  quorum 
manibus  iniquitates  sunt  :  dextera 
eorumrepletaestmuneribus. I  i.Ego 
autem  in  innocentia  mea  ingressus 
sum  :  redime  me,  et  miserere  mei. 
12.  Pes  meus  stetit  in  directo  :  in 
ecclesiis  benedicam  te  Domine. 


le  pays  de  Chanaan  n'etait  que  la  figure 
{Matih.  V,  4). 

14.  La  fa//ii7/an7e  (Vu\g.,  /e  ferwe  app^ii): 
Jehovah  se  communiquera  familierement  a 
eux  :  comp.  Prov.  iii,  32;  Jean,  xv,  16;  et 
comme  exemple  Gen.  xviii,  17.  —  Connaitrc 
par  experience,  gouter. 

15.  Du  lacet :  image  d'une  situation  diffi- 
cile et  perilleuse. 

21.  Vulg.  :  /es  hommes  innoceyits  et  droits 
se  sont  attaches  a  inoij  parce  qtie  j\ii  mis  en 
I'oiis  nion  espoi}-. 

22.  Ce  verset,  qui  est  en  dehors  de  la 
serie  alphabetique,  parait  avoir  etd  ajoute 
plus  tard,  soit  pendant  la  captivite,  soit 
quand  le  Psaume  cut  etd  admis  dans 
I'lisage  liturgique. 

PSAUME  XXVI. 

2.  Fais  passer  au  creuset^  eprouve  par  le 
feu  mes  afifeftions  et  mes  pensees  {Ps. 
xvi,  7)  :  il  n'y  a  en  moi  rien  de  criminel. 


3.  Ta  vt'rite',  c.-k-d.  ta  loi,  cf.  xxv,  5. 

6.  Je  lave  mes  mains.,  comme  les  pretres 
devaient  le  faire  avant  de  s'approcher  de 
I'autel  {Exod.  xxx,  17-21).  Se  laver  les  mains 
etait  chez  les  Hebreux  una  adlion  symbo- 
lique  signifiant  qu'on  etait  innocent  de  tout 
crime;  c'est  ce  qu'expriment  ici  les  mots 
da7is  Pinnocence,  ou  plus  exadlement  en 
innocence  {Dent,  xxi,  6).  —  Et  fentourerai 
ton  atttel,  j'y  viendrai  souvent. 

7.  Pour  faire  entendre;  Vulg.,  pour  en- 
tendre. 

8.  Le  sejour;  Vulg. ,  la  beauie. 

10.  Presents  :  la  venalite  des  juges  et  des 
fon(5\ionnaires  a  toujours  ete  la  plaie  du 
despotisme  oriental. 

12.  A/on  pied,  etc.  :  c.-a-d.  je  suis  sorti 
des  chemins  dangereux ;  ou  bien,  selon 
d'autres,  //ion  pied  si' est  tenu  dans  la  droi- 
ture,  dans  la  fidelite  a  Dieu;  c'est  pourquoi 
je  serai  bientut  exauce,  mon  exil  prendra 
tin,  et  je  pourrai  benir  le  Seigneur,  etc. 


54 


PREMIER  LIYRE  DES  PSAUMES. 


rSAUME  XXVII  (vuLc;.  xxvi). 

fXpose  a  de  grands  pt^rils  le  Psalmiste  exprime  toute  sa  confiance  en  Dieu  et  son 
desir  d'habiter  pies  de  lui,  d'abord  sur  un  ton  de  triomphe  (vers.  16),  puis  sur  celui 
de  la  supplication  (7-14).  Ce  cantique  pent  etre  rapporte,  soit  a  la  persecution  de 
Saiil  (I  Sat/1,  xxi  sv.),  soit  a  la  revoke  d'Absalom,  peu  de  temps  avant  la  derniere  et  deci- 
sive bataille  (II  Sam.  xviii). 

Ps.  xxvii.  '  DE  David. 

Jdhovah  est  ma  lumiere  et  mon  salut  : 

Qui  craindrais-je? 
Jehovah  est  le  rempart  de  ma  vie  : 

De  qui  aurais-je  peur? 

2  Quand  des  mechants  se  sont  avances  rontre  moi 

Pour  devorer  ma  chair; 
Ouand  nies  adversaires  et  mes  ennemis  se  sont  avances, 
Ce  sont  eux  qui  ont  chancele  et  qui  sont  tombes. 

3  Qu'une  armee  vienne  camper  contre  moi, 

Mon  coeur  ne  craindra  point; 
Que  contre  moi  s'engage  le  combat, 
Alors  mcme  j'aurai  confiance. 

4  Je  demande  a  Jehovah  une  chose, 

Je  la  desire  ardemment  : 
Je  voudrais  habiter  dans  la  maison  de  Jehovah 

Tous  les  jours  de  ma  vie. 
Pour  jouir  des  amabilites  de  Jehovah, 

Pour  me  perdre  dans  la  contemplation  de  son  sancfluaire. 

5  Car  il  m'abritera  dans  sa  demeure 

Au  jour  de  I'adversite, 
11  me  cachera  dans  le  secret  de  sa  tente, 
II  m'dtablira  sur  un  rocher. 

6  Alors  ma  tete  s'elevera  au-dessus  des  ennemis 

Qui  sont  autour  de  moi; 
J'offrirai  dans  son  tabernacle  des  sacrifices  d'acflion  de  graces, 
Je  chanterai  et  je  dirai  des  hymnes  a  Jehovah. 

7  Jehovah,  dcoute  ma  voix  qui  t'invoque; 
Aie  pitie  de  moi  et  exauce-moi ! 

8  Tn  as  dit :  "  Cherchez  ma  face  ";  mon  coeur  te  repond  : 
"  Je  cherche  ta  face,  Jehovah." 

9  Ne  me  cache  pas  ta  face, 

Ne  repousse  pas  avec  colere  ton  serviteur; 
Tu  es  mon  secours,  ne  me  delaisse  pas, 
Et  ne  m'abandonne  pas,  Dieu  de  mon  salut ! 
10  Car  mon  pere  et  ma  mere  m'ont  abandonne, 
Mais  Jehovah  me  recueillera. 

Ti  Seigneur,  enseigne-moi  ta  voie; 

Dirige-moi  dans  un  sentier  uni,  a  cause  de  ceux  qui  m'cpient. 

12  Ne  me  livre  pas  a  la  fureur  de  mes  adversaires, 
Car  contre  moi  s'elevent  des  temoins  de  mensonge, 
Et  des  gens  qui  ne  respirent  ciue  violence. 

13  Ah !  si  je  ne  croyais  pas  voir  la  bonte  de  Jehovah 
Dans  la  terre  des  vi\ants... 

14  Espere  en  Jehovah  ! 

Aie  courage  et  que  ton  cceur  soit  ferme ! 
Espere  en  Jehovah ! 


I. 
Vul<: 


PSAUME  XXVII. 

Psainiic  de   David.   Les    LXX  et  la 
.  ajoutent,  avant  son  sacre.   Si  cette 


indication  est  exacfle,  il  s'agit  probablement 
de  la  deuxieme  ondlion  que  rei;ut  David, 
lorsqu'il  fut  mis  a  la  tete  de  la  tribu  de  Juda 

(II  Sam.  ii,  4). 


LIBER  PSALMORUM. 


55 


— :i:—    PSALMUS    XXVI.    — :i:— 

David  siiam  profitetur  fiduciam  in  Deo, 
et  ejus  implorat  auxilium. 

I.  Psalmus  David  priusquam  lini- 
retur. 

OMINUS  illuminatio 
mea,  et  salus  mea,  quern 
timebo?  Dominus  prote- 
ctor vitas  meae,  a  quo  tre- 
pidabo?  2.  Dum  appropiant  super 
me  nocentes,  ut  edant  carnes  meas  : 
qui  tribulant  me  inimici  mei,  ipsi 
infirmati  sunt  et  ceciderunt.  3.  Si 
consistant  adversum  me  castra,  non 
timebit  cor  meum.  Si  exsurgat  ad- 
versum me  proelium,  in  hoc  ego 
sperabo. 

4.  (Jnam  petii  a  Domino,  hanc 
requiram,  ut  inhabitem  in  domo 
Domini  omnibus  diebus  vitas  meae  : 
ut  videam  voluptatem  Domini,  et 
visitem  templum  ejus.  5.  Quoniam 
abscondit  me  in  tabernaculo  suo  : 
in  die  malorum  protexit  me  in  abs- 
condito  tabernaculi  sui.  6.  in  petra 
exaltavit  me  :  et  nunc  exaltavit  ca- 


put meum  super  inimicos  meos. 
Circuivi,  et  immolavi  in  taberna- 
culo ejus  hostiam  vociferationis  : 
cantabo,etpsaImumdicam  Domino. 

7,  Exaudi  Domine  vocem  meam, 
qua  clamavi  ad  te  :  miserere  mei,  et 
exaudi  me.  8.  Tibi  dixit  cor  meum, 
exquisivit  te  facies  mea  :  faciem 
tuam  Domine  requiram,  9.  Ne 
avertas  faciem  tuam  a  me  :  ne  de- 
clines in  ira  a  servo  tuo.  Adjutor 
meus  esto  :  ne  derelinquas  me,  ne- 
que  despicias  me  Deus  salutaris 
meus,  10.  Qjuoniam  pater  meus,  et 
mater  mea  dereliquerunt  me  :  Do- 
minus autem  assumpsit  me. 

1 1,  Legem  pone  mihi  Domine  in 
via  tua:  et  dirige  me  in  semitam  re- 
ctam  propter  inimicos  meos.  12.  Ne 
tradideris  me  in  animas  tribulan- 
tium  me  :  quoniam  insurrexunt  in 
me  testes  iniqui,  et  mentita  est  ini- 
quitas  sibi.  13,  Credo  videre  bona 
Domini  in  terra  viventium.  14.  Ex- 
specta  Dominum,  viriliter  age  :  et 
confortetur  cor  tuum,  et  sustine 
Dominum. 


Ma  lujiiilre.  Cast  le  premier  endroit  de 
la  Bible  et  le  seul  de  I'Ancien  Testament 
oil  ce  nom  est  expressement  donne  a  Jeho- 
vah. Comp.  Is.  Ix,  I ;  Jean,  i,  7-9;  I  Jean, 
i,  5  ;  Apoc.  xxl,  23, 

2.  Pour  devofer  nia  chair  :  I'image  est 
empruntee  aux  betes  feroces. 

4.  Ce  verset  suppose  que  David  est  eloi- 
gnd  du  tabernacle  ou  residait  I'arche,  et  que, 
si  elle  n'etait  pas  encore  a  Jerusalem,  il 
avail  le  dessein  de  I'y  transporter,  peut-etre 
meme  de  lui  batir  un  temple.  —  Four  me 
perdre,  etc. ;  ou  bien  avec  Hengstenberg  et 
Delitzsch,/<97/r  mediter  dans  ton  sanHiiaire. 
Vulg.,  pour  visiter  ton  sattHuaire. 

5.  Dans  le  secret  de  la  tente,  c.-k-d.  du 
tabernacle  de  Jehovah,  David  sera  en  su- 
rete,  comme  sur  lui  rocker  inaccessible. 

6.  Je  dirai  des  hymnes  avec  accompagne- 
ment  de  la  cithare. 

8.  Tu  as  dif,  etc.  :  c'est  ainsi  que  la  plu- 
part  des  modernes  expliquent  ce  verset,  tres 
elliptique  en  hebreu.  Chercher  la  face  de 
Jehovah,  c'est  chercher  Jehovah  lui-meme, 
c.  a-d.  rechercher  son  amitie,  sa  faveur,  son 
secours.   Vulg.    :  nion  caur  vous  a  fnrle. 


mes  yeux  vous  ont  cherche;  toujours,   Sei- 
g7teur,  je  chercherai  votreface. 

9.  Avec  colcre,  propr.  etant  en  colere. 

10.  Mon  pere  et  nia  mere,  etc.  Poursuivi 
par  Saiil,  David  avait  confie  ses  parents  h, 
la  garde  du  roi  de  Moab  (I  6'«w.  xxii,  3);  et 
c'est  a  ce  fait  que  se  rapporte  le  verset. 
Nous  ne  partageons  pas  ce  sentiment.  Ou 
bien  inon  pere  et  ma  mere  sont  mis  ici,  par 
maniere  de  proverbe,  pour  mes  proches  et 
mes  amis;  ou  bien  nous  traduirions  avec 
Le  Hir  :  lors  meme  que  mon  pere  et  ma  mere 
m' abandon  neraient. — Me  recueillera  comme 
son  enfant  dans  sa  maison. 

11.  Ta  vote,  le  chemin  ou  tu  veux  que  je 
marche;  en  y  marchant,  je  n'aurai  rien  a 
craindre  de  ceux  qui  m\'pient  pour  me 
perdre. 

13.  Dans  la  tei're  des  vivants,  dans  cette 
vie,  par  opposition  au  scheol,  le  sdjour  des 
morts.  La  phrase  n'est  pas  achevee;  on  pent 
sous-entendre  :  Que  je  serais  malheureux. 
Ma  situation  serait  de'sesperee,  ou  quelque 
chose  de  semblable.  Vulg..  je  crois  que  je 
verrai,  etc. 


56 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   XXVIir    (VULG.  XXVIl). 

Avid  persecute,  soit  au  temps  de  Saiil,  soit  plutot  pendant  la  revoke  d' Absalom, 
implore  le  secours  de  Dieu  contra  ses  ennemis  (vers.  1-5);  puis,  siir  d'etre  exaucc, 
il  remercie  le  Seigneur  a  I'avance  (6-9). 

Ps.  xxviii.  '  DE  David. 

C'est  vers  toi,  Jehovah,  que  je  crie; 

Mon  rocher,  ne  reste  pas  sourd  a  ma  voix, 

De  peur  que,  si  tu  gardes  le  silence, 

Je  ne  ressemble  it  ceux  qui  descendent  dans  la  fosse. 

2  Ecoute  la  voix  de  mes  supplications,  quand  je  crie  vers  toi, 
Ouand  j'eleve  mes  mains  vers  ton  saint  sancl;uaire. 

3  Ne  m'emporte  pas  avec  les  m^chants  et  les  artisans  d'iniquite, 
Qui  parlent  de  paix  a  leur  prochain, 

Et  qui  ont  la  malice  dans  le  coeur. 

4  Rends-leur  selon  leurs  oeuvres  et  selon  la  malice  de  leurs  anions, 
Rends-leur  selon  I'ouvrage  de  leurs  mains, 

Donne-leur  le  salaire  qu'ils  meritent. 

5  Car  ils  ne  prennent  pas  garde  aux  ceuvres  de  Jehovah, 
A  I'ouvrage  de  ses  mains  : 

II  les  d^truira  et  ne  les  batira  pas. 

6  Bdni  soit  Jehovah, 

Car  il  a  entendu  la  voix  de  mes  supplications! 

7  Jehovah  est  ma  force  et  mon  bouclier; 

En  lui  s'est  confie  mon  cttur,  et  j'ai  ete  secouru; 
Aussi  mon  creur  est  dans  I'allegresse, 
Et  je  le  louerai  par  mes  cantiques. 

8  Jehovah  est  la  force  de  son  peuple, 

II  est  une  forteresse  de  salut  pour  son  Oint. 

9  Sauve  ton  peuple  et  bdnis  ton  heritage ! 
Sois  leur  pasteur  et  porte-les  h.  jamais! 

rSAUME   XXIX   (VUL(;.  XXVIIl). 

A  grandeur  de  Dieu  manifeste'e  par  I'orage,  tel  est  le  sujet  de  ce  cantique.  Le  Psal- 
miste  se  transporte  au  milieu  des  anges  et  les  invite  ?i  louer  et  h  adorer  Jehovah 
(vers.  1-2);  suit  la  description  de  I'orage,  qui  part  des  montagnes  du  Liban  au  nord 
et  arrive  jusqu'au  desert  dArabie  au  sud;  la  7'oi\\-  de  Jcho7'ah  se  fait  enrendre  sept  fois 
(3-9);  il  termine  en  exprimant  la  confiance  que  Jehovah, maitre  de  la  nature,  donnera  force 
et  paix  i\  son  peuple  (10- 11). 

Ps.  xxix.  '  PSAUME  de  David. 

Donnez  a  Jehovah,  fils  de  Dieu, 
Donnez  il  Jehovah  gloire  et  puissance  I 

2  Donnez  h.  Jehovah  la  gloire  de  son  nom ! 
Adorez  Jehovah  dans  de  saints  ornaments  I 

3  La  voix  de  Jehovah  gronde  au-dessus  des  eaux, 
Le  Dieu  de  la  gloire  tonne, 

Jehovah  est  sur  les  grandes  eaux. 


PSAUME  XXVIII. 

I.  Man  rocJicr  (Vulg.  mon  Dieu),  appella- 
tion frequente  de  Dieu,  compare  a  un  lieu 
eleve  qui  sert  d'abri  et  de  defense. — De  pciir 
que  je  >tc  fessoiible  a  ceux  qui  descendent 
dans  la  fosse,  le  tombeau  ou  le  scheol  (sejour 
des  morts)  :  de  peur  que  je  ne  meure  de 
douleur  de  me  voir  abandonne  de  Jehovah. 


4.  Rends-leur,  etc.  :  le  Psalmisle  annonce, 
sous  la  forme  d'une  priere,  le  chatiment  qui 
doit  frapper  les  pecheurs,  chatiment  cer- 
tain, puisqu'il  est  exige  par  la  justice  divine. 
A  ceux  qu'etonnerait  ce  langage  dans  la 
bouche  d'un  auteur  inspire,  nous  rappelle- 
lons  que  le  Christ,  dont  David  etait  la  figure 
prophetique,    mais    une    figure    necessaire- 


LIBER  PSALMORUM. 


57 


— :i:—  PSALMUS  XXYII.  — *— 

David  ad  Deum  clamat,  ejus  auxilio  adjutus 
non  timet  perire  cum  impiis. 

Psalmus  ipsi  David. 

D  te  Domine  clamabo, 
Deus  meus  ne  sileas  a 
me  :  ne  quando  taceas  a 

me,  et  assimilabor  descen- 

dentibus  in  lacum.  2.  Exaudi  Do- 
mine vocem  deprecationis  meas 
dum  oro  ad  te  :  dum  extollo  manus 
meas  ad  templum  sanctum  tuum. 
3.  Ne  simul  trahas  me  cum  pecca- 
toribus  :  et  cum  operantibus  iniqui- 
tatem  ne  perdas  me  :  "qui  loquun- 
tur  pacem  cum  proximo  suo,  mala 
autem  in  cordibus  eorum.  4.  Da 
illis  secundum  opera  eorum,  et  se- 
cundum nequitiam  adinventionum 
ipsorum.  Secundum  opera  manuum 
eorum  tribue  illis  :  redde  retribu- 
tionem  eorum  ipsis.  5.  Ouoniam 
non  intellexerunt  opera  Domini,  et 
in  opera  manuum  ejus  destrues 
illos,  et  non  asdificabis  eos. 

6.    Benedictus   Dominus   :  quo- 


niam  exaudivit  vocem  deprecationis 
meae.  7.  Dominus  adjutor  meus,  et 
protector  meus  :  in  ipso  speravit 
cor  meum,  et  adjutus  sum.  Et  re- 
floruit  caro  mea  :  et  ex  voluntate 
mea  confitebor  ei.  8.  Dominus  for- 
titudo  plebis  suas  :  et  protector 
salvationum  Christi  sui  est.  9.  Sal- 
vum  fac  populum  tuum  Domine, 
et  benedic  hereditati  tuae :  et  rege 
eos,  et  extolle  illos  usque  in  aeter- 
num. 

— :i:—  PSALMUS  XXVI I L  — *— 

Vocantur  filii  Dei  ad  adorandum  Domi- 
num,  cujus  vox  describitiir. 

Psalmus  David, 
I.  In  consummatione  tabernaculi. 
FFERTE  Domino  filii 
Dei :  afFerte  Domino  filios 
arietum  :  2.  afferte  Domi- 
no gloriam  et  honorem, 

afFerte    Domino    gloriam    nomini 

ejus  :  adorate  Dominum    in   atrio 

sancto  ejus. 

3.  Vox  Domini  super  aquas,  Deus 

majestatis  intonuit :  Dominus  super 


ment  imparfaite,  n'etait  pas  encore  venu 
apporter  au  monde  sa  loi  de  grace  et 
d'amour.  Yoy.  le  Preambule  du  Ps.  cix. 

5.  Aux  ivirorcs  de  JeJwvaJi  :  le  I'salmiste 
a  surtout  en  vue  le  choix  que  Dieu  a  fait  de 
David  et  la  protection  manifeste  dont  il  I'a 
entoure;  ses  ennemis  n'ont  pas  voulu  voir 
res  signes  evidents,  —  Bdiir  qticlqu^ia?, 
dans  la  Bible,  c'est  lui  assurer  une  posle- 
rite  :  ni  Saiil  ni  Absalom  n'ont  laissd  d'heri- 
tiers  de  leur  puissance. 

7.  Aussi  iiion  ca:itr,  etc.  LXX  et  ^'uIg., 
sans  doute  d'apres  une  autre  legon  :  )iia 
chair  a  j-eflemi,  et  c'est  de  tout  cauir  qtie  jc 
tc  loiierai. 

8.  Soft  Oi/tt,  David,  qui  a  recu  Tondlion 
royale  {Ps.  xx,  6). 

g.  Porte-les  dans  tes  bras,  comme  le  ber- 
ger  porte  ses  brebis  {Dent,  i,  31;  xxxii,  11. 
Comp.  Is.  xl,  11;  Ixiii,  9;  Luc,  xv,  4  sv.). 
D'autres,  avec  la  Vulg.,  exalte-tes. 

PSAUME  XXIX. 

I.  Au  court  titre  de  I'hebreu,  les  LXX  et 
la  Vulg.  ajoutent  une  indication  religieuse, 
a  la  fm  du  tabrrnac/e,  dont  le  sens  probable 
est  que  le  Psaume  devait  etre  chante  le  der- 


nier jour  de  la  fete  des  Tabernacles,  lequel 
etait  le  plus  solennel  {Lev.  xxiii,  36).  Une 
tradition  juive  plus  recente  le  fait  figurer 
dans  le  rituel  de  la  fete  de  la  Pentecote  ou 
des  Seniaines. 

Fits  de  Dieu  :  les  esprits  celestes,  crees 
semblables  a  lui  et  formant  en  c^uelque  sorte 
sa  maison  {Jol),  xxiii,  36).  D'autres  enten- 
dent  par  la  soit  les  chefs  des  principales 
families,  soit  les  prctres  et  les  levites.  Ce 
sens  est  celui  de  la  Vulg.  oit  on  lit,  apportez 
au  Seigneur  de  jeunes  agneaux  pour  lui  etre 
ofterts  en  sacrifice.  Mais  ces  mots  manquent 
dans  I'hebreu,  ou  plutot  ils  ne  sont  autre 
chose  qu'une  repetition  maladroite,  par  suite 
de  I'inadvertance  d'un  copiste,  du  premier 
membre  du  verset,  avec  le  changement 
Hi' Eli  in  (pour  Elo/iim),  Dieu,  en  eilini,  be- 
liers. 

2.  Dans  de  saints  ornements  (Vulg.,  dans 
son  saint  parvis),  symbole  de  la  beauttf  mo- 
rale dont  Dieu  a  revetu  les  anges  en  les 
creant  :  I'image  est  empruntee  aux  pretres 
levitiques,  qui  revetent  des  ornements  sa- 
cres  pour  remplir  les  foncflions  du  culte. 

3.  La  7'oix  de  Jehovah,  le  tonnerre,  la 
foudre.  —  Au-dessus  des  eaux  superieures. 


58 


PREMIER  LIVRK  DES  PSAUMES. 


4  La  voix  de  Jehovah  est  puissante, 
La  voix  de  Jehovah  est  majestueuse. 

5  La  voix  du  Seigneur  brise  les  cedres; 
Le  Seigneur  brise  les  cedres  du  Liban, 

6  II  les  fait  bondir  comme  un  jeune  taureau, 

Le  Liban  et  le  Sirion  comme  le  petit  du  buffle. 

7  La  voix  de  Jehovah  fait  jaillir  des  flammes  de  feu. 

8  La  voix  de  Jehovah  dbranle  le  desert; 
Jehovah  ebranle  le  desert  de  Cades. 

9  La  voix  de  Jehovah  fait  enfanter  les  biches, 
Ella  depouille  les  forets  de  leiir  feuillai^e, 
Et  dans  son  temple  tout  dit  :  "  Gloire  !  ".^ 

10  Jehovah,  au  deluge,  est  assis  siir  son  tronc^ 
Jehovah  siege  sur  son  trone,  roi  pour  Teternitc. 

11  Jehovah  donnera  la  force  a  son  peuple; 
Jehovah  benira  son  peuple  en  lui  donnant  la  paix. 


PSAUME   XXX   (VULG.  XXIX). 

JAuv^  misericordieusement  du  danger  d'une  ruine  totale  (vers.  2-4),  le  Psalmiste 
invite  tons  les  hommes  pieux  a  celebrer  avec  lui  la  divine  clemence  (5-6).  La  pros- 
it perite  avail  fait  naitre  en  lui  I'orgueil  et  la  presomption,  et  Dieu  lui  avait  t^moigne 
sa  colere  (7-9);  priere  qu'il  lui  adressa  dans  son  malheur  (lo-ii);  sa  joie  et  sa  reconnais- 
sance d'avoir  ete  exauce  (12-13). 

Parmi  les  evdnements  de  la  vie  de  David  auxquels  on  pourrait  rapporter  ce  Psaume, 
il  en  est  un  qui  en  explique  de  la  maniere  la  plus  naturelle  le  titre  et  le  contenu.  On  sait 
que  David,  oubliant  qu'il  n'etait  comme  roi  d'lsrael  que  le  representant  de  Jehovah, 
ordonna  de  faire  le  denombrement  du  peuple,  et  que  Dieu,  pour  I'en  punir,  fit  p^rir  par  la 
peste  70  mille  hommes  en  trois  jours;  apres  quoi  I'Ange  exterminateur  apparut,  au-dessus 
d'une  aire  situde  sur  le  mont  Moria;  et  le  fleau  cessa.  David  consacra  cette  aire  pour  en 
faire  I'emplacement  du  temple  futur.  (Voy.  II  Sam.  xx,  14,  16-25;  I  Par.  xxi,  18 — xxii,  5). 
Telle  fut,  probablement,  I'occasion  de  ce  cantique,  "  le  modele,  dit  Ewald,  des  hymnes 
d'aflions  de  graces,  compose  dans  le  meilleur  age  de  la  poesie  hebraique." 

Ps.  XXX.  ^PSAUME.  Cantique  pour  la  dedicace  de  la  maison.  De  David. 

2  Je  t'exalte,-  Jehovah,  car  tu  m'as  releve, 

Tu  n'as  pas  rejoui  mes  ennemis  a  mon  sujet. 

3  Jehovah,  mon  Dieu, 

J'ai  crie  vers  toi,  et  tu  m'as  gueri. 

4  Jehovah,  tu  as  fait  remonter  mon  ame  du  sejour  des  morts, 

Tu  m'as  rendu  la  vie,  pour  que  je  ne  descende  pas  dans  la  fosse. 

5  Chantez  Jehovah,  vous  ses  fideles, 
Celebrez  son  saint  souvenir  I 

6  Car  sa  colere  dure  un  instant, 
Mais  sa  grace  toute  la  vie; 
Le  soir  viennent  les  pleurs 
Et  le  matin  I'allegresse. 

7  Je  disais  dans  ma  securite  : 

"  Je  ne  serai  jamais  ebranle  !  " 

8  Jehovah,  par  ta  grace,  tu  avais  affermi  ma  montagne;  — 
Tu  as  cache  ta  face,  et  j'ai  etc  trouble. 

9  Jehovah,  j'ai  crie  vers  toi, 
J'ai  implor^  Jehovah  : 

10  "  Que  gagnes-tu  h.  verser  mon  sang, 
A  me  faire  descendre  dans  la  fosse? 


des  nuages  amonceles  qui  portent  la  foudre 
dans  leurs  flancs.  —  Le  Dieit  de  la  gloire 
(avec  I'article),  la  gloire  faisant  en  quelque 
sorte  jiartie  de  son  ctre. 


6.  II  fait  bondir,  en  les  ebranlant  par  le 
fracas  du  tonnerre,  le  Liban  et  le  Siiion  : 
ce  dernier  mot  est  le  nom  phenicien  de 
I'Hermon  {Dent,  iii,  9).  prolongement  mcri- 


LIBER  PSALMORUM. 


59 


aquas  multas.  4.  Vox  Domini  in 
virtute :  vox  Domini  in  magnificen- 
tia.  5.  Vox  Domini  confringentis 
cedros  :  et  confringet  Dominus  ce- 
dros  Libani  :  6.  et  comminuet  eas 
tamquam  vitulum  Libani  :  et  dile- 
ctus  quemadmodum  filius  unicor- 
nium.  7.  Vox  Domini  intercidentis 
flammam  ignis  :  8.  vox  Domini 
concutientis  desertum  :  et  commo- 
vebit  Dominus  desertum  Cades. 
9.  Vox  Domini  prasparantis  cervos, 
et  revelabit  condensa  :  et  in  templo 
ejus  omnes  dicent  gloriam. 

10.  Dominus  diluvium  inhabitare 
facit  :  et  sedebit  Dominus  rex  in 
aeternum.  11.  Dominus  virtutem 
populo  suo  dabit :  Dominus  bene- 
dicet  populo  suo  in  pace. 

— *—   PSALMUS  XXIX.   — *— 

Gratiarum  acflio  pro  liberatione  a  morte 
et  tribulationibus. 

I.  Psalmus  Cantici 

In  dedicatione  domus  David. 


X  ALT  ABO  te  Domine 
quoniam  suscepisti  me  : 
nee  delectasti  inimicos 
meos  super  me.  3.  Do- 
mine Deus  meus  clamavi  ad  te, 
et  sanasti  me.  4.  Domine  edu- 
xisti  ab  inferno  animam  meam  : 
salvasti  me  a  descendentibus  in 
lacum.  5.  Psallite  Domino  san- 
cti  ejus  :  et  confitemini  memoriae 
sanctitatis  ejus.  6.  Quoniam  ira 
in  indignatione  ejus  :  et  vita  in 
voluntate  ejus.  Ad  vesperum  de- 
morabitur  fletus  :  et  ad  matuti- 
num  laetitia. 

7.  Ego  autem  dixi  in  abun- 
dantia  mea  :  Non  movebor  in 
a^ternum.  8.  Domine  in  volunta- 
te tua,  prasstitisti  decori  meo  vir- 
tutem. Avertisti  faciem  tuam  a 
me,  et  factus  sum  conturba- 
tus.  9.  Ad  te  Domine  clamabo  : 
et  ad  Deum  meum  deprecabor. 
10.  Quae  utilitas  in  sanguine  meo, 
dum  descendo  in  corruptionem? 
Numquid  confitebitur  tibi  pulvis, 
aut    annuntiabit    veritatem   tuam.^ 


dional  de  I'Anti-Liban.  —  Buffle  ou  bceuf 
sauvage;  Vulg.,  licornc. 

La  Vulg.  s'dcarte  notablement  de  I'he- 
breu  dans  ce  verset;  il  nous  est  impossible 
d'en  saisir  le  sens. 

7.  Lance,  litt.  coupe,  divise,  des  flammes 
divisees  en  plusieurs  jets  :  ce  sent  les  zig- 
zags des  eclairs  et  de  la  foudre,  tela  fn'siika 
des  anciens. 

8.  Desert  de  Cades,  au  S.  de  la  Palestine. 

9.  Fait  enfanter  les  biclies  avant  le  temps, 
par  la  terreur  qu'elle  leur  inspire.  —  Et  pen- 
dant que  tout  est  ainsi  bouleverse  sur  la 
terre,  les  anges  disent  a  Dieu  dans  son 
teinple  celeste  :  "  Gloire  "  a  toi ! 

10.  Au  dehisce,  pendant  que  des  torrents 
de  pluie  tombent  sur  la  terre  apres  I'orage. 
Le  mot  hebr.  est  le  meme  qui  est  employe 
dans  la  Genese  pour  designer  le  deluge  uni- 
versel  {1  nab  bote  I);  il  y  a  done  ici  une  allusion 
a  cette  catastrophe.  Plusieurs  meme  tra- 
duisent  -.JeJiovaJi,  au  deluge  universel,  eiait 
assis  sur  son  trone,  comme  il  y  siegeait  pen- 
dant la  tempete,  et  comme  il  y  siegera  cter- 
nellement. 

11.  Le  cantique  commence  "^txx  \q  gloria 
in  excelsis  Deo,  il  se  termine  par  le  fax  in 
terra. 


PSAUME  XXX. 

I.  Cafitiquc  compose  a  I'occasion  de  la 
dedicacc  ou  inauguration  de  la  inaison  de 
Dieu,  inauguration  c[ui  ne  consista  pas  seu- 
lement  dans  la  designation  d'un  emplace- 
ment, mais  encore  dans  Tereclion  d'un 
"  autel  des  holocaustes  pour  Israel."  I  Par. 
xxii,  I.  D'autres,  Psautne-cantique,  c.-a-d. 
Psaume  destine  a  etre  chante. 

3.  Til  ni\is  gueri.  Delitzsch  et  quelques 
autres,  qui  rapportent  le  Psaume  5,  une  de- 
dicace  de  la  maison  de  David  dans  la  forte- 
resse  de  Sion  (II  Sam.  \,  11),  supposent  que 
le  roi  relevait  alors  d'une  grave  maladie. 
Mais  rien  n'empeche  de  supposer  que  le 
Psalmiste  represente  ses  souffrances  mo- 
rales sous  I'image  d'un  mal  physique,  et  par 
consequent  de  donner  a  gucrir  un  sens 
figure. 

4.  Sejour  des  viorts,  le  scheol  :  voy.  Ps. 
vi,  6. 

5.  Son  saint  souvenir,  c.-a-d.  son  saint 
nom,  en  tant  que  ce  nom  rappelle  toutes  les 
CEUvres  de  misericorde  et  de  justice  par 
lesquelles  Dieu  s'est  manifest^. 

8.  Ma  viontagne  de  Sion,  a  la  fois  siege 
et  symbole  de  la  puissance  de  David. 

10.  Vcrser  luon  sang  :  se  dii  de  toute 
espece  de  mort  violente  ou  prematuree  :  la 


60 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


La  poussi^re  chantera-t-elle  des  louanges? 
Annoncera-t-elle  ta  verite? 

11  Ecoute,  Jehovah,  sois-moi  propice; 
Jehovah,  viens  a  mon  secouis !  ''  — 

12  Et  tu  as  change  mes  lamentations  en  allegresse, 
Tu  as  deUe  mon  sac  et  tu  m'as  ceint  de  joie, 

13  Afin  que  mon  ame  te  chante  et  ne  se  taise  pas. 
Jehovah,  mon  Dieu,  h  jamais  je  te  louerai. 


PSAUME   XXXI   (VULG.  XXX). 

Nvironne  de  dangers,  insulte  par  ses  ennemis,  abandonne  par  ses  amis,  David 
exprime  dans  une  fervente  priere  sa  confiance  absohie  en  Dieu  :  11  implore  sa  deli- 
vrance  (vers.  2-9);  il  decrit  sa  triste  situation  (10-14);  il  exprime  sa  confiance  en 

Jehovah  (15-19);  il  loue  sa  bonte  a  son  egard  et  exhorte  les  justes  a  le  louer  avec  lui.  — 

On  peut  rapporter  ce  Psaume  a  la  persecution  de  Saiil,  et  specialement  aux  circonstances 

mentionnees  I  Sam.  xxiii,  26. 

Le  prophete  Jeremie  a  fait  quelques  emprunts  a  ce  cantique.  Comp.  vers.  10  et  Lament. 

i,  20;  —  vers.  13  ttje'r.  xxii,  28;  —  vers.  14  t\.Jcr.  xx,  10.  Comp.  aussi  vers.  7  et  23  et 

Jon.  ii,  5  et  9. 

Ps.  xxxi.  ^  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  Jehovah,  en  toi  j'ai  place  mon  refuge  : 
Que  jamais  je  ne  sois  confondu  ! 
Dans  ta  justice  delivre-moi ! 

3  Incline  vers  moi  ton  oreille,  hate-toi  de  me  secourir! 
Sois  pour  moi  un  rocher  protefleur, 

Une  forteresse  ou  je  trouve  mon  saluti 

4  Car  tu  es  mon  rocher,  ma  forteresse, 

Et  a  cause  de  ton  nom  tu  me  conduiras  et  me  dirigeras. 

5  Tu  me  tireras  du  filet  qu'ils  m'ont  tendu, 
Car  tu  es  ma  defense. 

6  Entre  tes  mains  je  remets  mon  esprit; 
Tu  me  delivreras,  Dieu  de  verite! 

7  Je  hais  ceux  qui  rdverent  de  vaines  idoles; 
Pour  moi,c'est  en  Jehovah  que  je  me  confie. 

8  Je  tressaillirai  de  joie  et  d'allegresse  k  cause  de  ta  bonte. 
Car  tu  as  regarde  ma  miscre, 

Tu  as  vu  les  angoisses  de  mon  ame, 

9  Et  tu  ne  m'as  pas  livre  aux  mains  de  I'ennemi; 
Tu  donnes  a  mes  pieds  un  libre  espace. 

fo  Aie  pitie  de  moi,  Jehovah,  car  je  suis  dans  la  detresse; 

Mon  oeil,  mon  ame,  mes  entrailles  sont  usees  par  le  chagrin. 

1 1  Ma  vie  se  consume  dans  la  douleur, 
Et  mes  annees  dans  les  gemissements; 

Ma  force  est  epuisee  h.  cause  de  mon  iniquito, 
Et  mes  OS  d^perissent. 

12  Tous  mes  adversaires  m'ont  rendu  un  objet  d'opprobre, 

Un  fardeau  pour  mes  voisins,  un  objet  d'effroi  pour  mes  amis. 
Ceux  qui  me  voient  dehors  s'enfuient  loin  de  moi. 

13  Je  suis  en  oubli,  comme  un  mort,  loin  des  creurs; 
Je  suis  comme  un  vase  brise. 

14  Car  j'ai  appris  les  mauvais  propos  de  la  foule, 
L'epouvante  qui  r^gne  ;\  I'entour, 

Pendant  qu'ils  tiennent  conseil  contre  moi  : 
lis  ourdissent  des  complots  pour  m'eUer  la  vie. 


peste  elle-mcme  est  con^ue  comme  I'ceuvre 
de  TAnge  exlerminateur  tenant  une  epee 
dans  sa  main.  —  La  poussiere  :  les  morts 


te  rendront-ils  un  culte  public  et  solennel, 
comme  ils  le  faisaient  sur  la  terre  :  voy. 
Ps.  \'\,  0,  note.  —  Ta  Vi'ritc  :  voy.  Ps.  xxvi,  3. 


LIBER  PSALMORUM. 


61 


II.  Audivit  Dominus,  et  misertus 
est  mei  :  Dominus  factus  est  adju- 
tor  meus. 

12.  Convertisti  planctum  meum 
in  gaudium  mihi  :  conscidisti  sac- 
cum  meum,  et  circumdedisti  me 
lastitia  :  (3.  ut  cantet  tibi  gloria 
mea,  et  non  compungar  :  Domine 
Deus  meus  in  asternum  confitebor 
tibi. 
M  :<&:  :<g  '}^'.  y^):  's^i  m  h  j^:  's^.  w.  .<¥.  :^  i^s.  h  :<»:  :<^:  %:  :<^  i^'  :^.i 


-;:—    PSALM  us   XXX.    — :i:- 

Precatio  Christi  et  fidelium  se  Deo 
in  moerore  committentium. 


I.  In  finem,  Psalmus  David,  pro 
extasi. 

"N  te  Domine  speravi  non 
confundar  in  asternum  :  in 
justitia  tua  libera  me.^.In- 
clina  ad  me  aurem  tuam, 
accelera  ut  eruas  me.  Esto  mihi  in 
Deum  protectorem  :  et  in  domum 
refugii,  ut  salvum  me  facias.  4.  Quo- 
niam  fortitudo  mea,  et  refugium 
meum  es  tu  :  et  propter  nomen 
tuum  deduces  me,  et  enutries  me. 
5.  Educes  me  de  laqueo  hoc,  quem 


absconderunt  mihi  :  quoniam  tu  es 
protector  meus.  6.  "In  manus  tuas  ■^ Luc.  23, 
commendo  spiritum  meum  :  rede-  •^^• 
misti  me  Domine  Deus  veritatis. 
7.  Odisti  observantes  vanitates,  su- 
pervacue.  Ego  autem  in  Domino 
speravi :  8.  exsultabo,  et  lastabor  in 
misericordia  tua.  Q^uoniam  respexi- 
sti  humilitatem  meam,  salvasti  de 
necessitatibus  animam  meam.  9. Nee 
conclusisti  me  in  manibus  inimici  : 
statuisti  in  loco  spatioso  pedes  meos. 
10.  Miserere  mei  Domine  quo- 
niam tribulor  :  conturbatus  est  in 
ira  oculus  meus,  anima  mea,  et  ven- 
ter meus  :  11.  quoniam  defecit  in 
dolore  vita  mea  :  et  anni  mei  in  ge- 
mitibus.  Infirmata  est  in  paupertate 
virtus  mea  :  et  ossa  mea  conturbata 
sunt.  12.  Super  omnes  inimicos 
meos  factus  sum  opprobrium  et  vi- 
cinis  meis  valde  :  et  timor  notis 
meis.  Qui  videbant  me,  foras  fuge- 
runt  a  me  :  13.  oblivioni  datus 
sum,  tamquam  mortuus  a  corde. 
Factus  sum  tamquam  vas  perditum : 
14.  quoniam  audivi  vituperationem 
multorum  commorantium  in  cir- 
cuitu  :  in  eo  dum  convenirent  simul 


12.  En  alle'gresse,  litt.  en  dattse,  viva  ex- 
pression de  la  joie  et  de  la  reconnaissance  : 
voy.  Exod.  XV,  20;  II  Sam.  vi,  14,  16.  — 
Mott  sac,  le  vetement  de  deuil  et  de  peni- 
tence dont  je  m'etais  revetu  :  voy.  I  Par. 
xxi,  16. 

13.  Moft  dnie,  litt.  ma  gloire. 

PSAUME  XXXI. 

3.  Un  rocher  (Vulg.  un  Dieu)  proteHeur, 
litt.  de  defense. 

4.  Tu  me  dirigeras,  Vulg.  in  me  noiirri- 
ras.  —  A  cause  de  ton  nom  :  voy.  Ps.  xxiii,  3. 

6.  Mon  esprit,  ma  vie,  considdree  dans 
son  element  supdrieur,  le  souffle  sorti  de  la 
bouche  de  Dieu.  Notre-Seigneur  et,  a  son 
exemple,  S.  Etienne  et  beaucoup  d'autres 
saints  ont  prononce  en  mourant  ces  paroles 
{Luc,  xxiii,  46;  An.  vii,  58).  —  Tu  me  deli- 
vreras,  litt.  tu  in\i  delivfe,  preterit  de  con- 
fiance  analogue  au  preterit  prophetique  :  je 
sens  que  je  suis  delivre.  —  Dieu  de  verite, 
qui  ne  trompe  pas;  probablement  aussi  avec 
I'idee  de  Dieu  veritable,  par  opposition  aux 
vaines  idoles  du  vers.  7. 

"].  Je  hais;  LXX,  Vulg.,  Syr.,  tu  hais.  — 
(2ui  reverent  de  vaines  idoles,  litt.  des  vani- 


tes  de  neant  ou  de  mensonge :  expression  qui 
parait  designer  ici,  non  seulement  les  idoles 
proprement  dites,  mais  encore  toutes  les 
observances  superstitieuses  dont  la  Bible 
fait  mention  a  I'epoque  de  David  :  ndcro- 
mancie,  divination,  theraphim,  etc. 

8.  Tu  as  regarde  avec  amour  et  compas- 
sion. —  Tu  as  pris  connaissance ;  LXX, 
Vulg.,  tu  as  sative  mon  dine  de  Pangoisse. 

11.  Mon  iniquiiej  LXX,  Vulg.,  Syr.,  ma 
misere,  ma  triste  situation.  Cette  le^on 
pourrait  etre  la  vraie,  car  David  ne  parle 
guere  de  son  itiiquite  dans  les  Psaumes  an- 
terieurs  a  ses  fautes  publiques. 

12.  Tous  mes  adversaires,  par  leurs  ca- 
lomnies,  et  surtout  a  raison  de  leur  nombre 
et  de  leur  rang,  ont  reussi  a  me  faire  passer 
pour  un  ambitieux  et  un  rebelle;  mes  amis 
eux-memes  craignent  de  me  donner  asile. 
—  Un  fardeau  (Delitzsch);  ou,  selon  I'inter- 
pretation  commune,  tin  grand  opprobre. 

13.  David  fugitif  est  aussi  oublie  qu'un 
mort,  qu'un  vase  use,  mis  au  rebut. 

14.  A  Pentour,  autour  de  moi,  parmi  mes 
amis.  —  Us  ourdissent;  ou  bien,  en  ratta- 
chant  plus  etroitement  ce  4^  mcinbre  au 
precedent  :  (pendant)  qicHls  ourdissent,  etc. 


62 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


15  Et  moi,  je  me  confie  en  toi,  Jdhovah; 
Je  dis  :  Tu  es  mon  Dieu ! 

16  ivies  destinies  sont  dans  ta  main; 

Ddlivre-moi  de  la  puissance  de  mes  ennemis  et  de  mes  perst'cuteurs  I 

17  Fais  luire  ta  face  sur  ton  seiviteur, 
Sauve-moi  par  ta  grace  ! 

iS  Jehovah,  que  je  ne  sois  pas  confondu  quand  je  t'invoque  ! 
Que  la  confusion  soil  pour  les  mediants ! 
(2u'ils  descendent  impuissants  au  sejour  des  morts  I 

19  Qu'elles  deviennent  muettes  les  Icvres  menteuses, 
Qui  parlent  avec  arrogance  contre  le  juste, 
Avec  orgueil  et  mepris. 

20  Qu'elle  est  grande  ta  bonle, 

Que  tu  tiens  en  reserve  pour  ceux  qui  te  craignent, 
Que  tu  temoignes  a  ceux  cjui  mettent  en  toi  leur  refuge, 
A  la  vue  des  enfants  des  hommes ! 

21  Tu  les  mets  a  convert,  dans  I'asile  de  ta  face,  contre  les  machinations  des  hommes, 
Tu  les  caches  dans  ta  tente  a  I'abri  des  langues  qui  les  attacjuent. 

22  Beni  soit  Jehovah  ! 

Car  il  a  signale  sa  grace  envers  moi 
En  me  mettant  dans  une  ville  forte. 

23  Je  disais  dans  mon  trouble  : 

"  Je  suis  rejete  loin  de  ton  regard  !  " 

Mais  tu  as  entendu  la  voix  de  mes  supplications, 

Quand  j'ai  crie  vers  toi. 


24  Aimez  Jehovah,  vous  tous  qui  ctes  pieux  envers  lui. 
Jehovah  garde  les  fideles, 

Et  il  punit  sevcrement  les  orgueilleux. 

25  Ayez  courage,  et  que  votre  cueur  s'affermisse. 
Vous  tous  qui  esperez  en  Jehovah! 


Ps.  xxxii. 


PSAUME   XXXII   (VULG.  XXXl). 


ifi^^^^  "^"^  "-^^  j°^^  ^^  ^^  reconnaissance  du  pecheur  ;i  qui  Dieu  a  pardonne  sa  faute.  On 
i^a  croit  que  David  le  composa  apres  avoir  rei;u  de  Dieu  le  pardon  de  son  adultere 
avec  Bethsabee  et  du  meurtre  d'Urie  (II  Sam.   xii,   13).  Pensees   principales   : 


Bonheur  de  I'ame  a  laquelle  Dieu  a  remis  son  iniquite  (vers.  1-2);  triste  etat  de  David 
apres  son  peche  (3-4);  il  a  confesse  son  iniquite,  et  la  joie  lui  a  ete  rendue  (5-7);  il  invite 
tous  les  hommes  a  la  fidelite  aux  lois  divines  (8-11).  C'est  le  developpement  d'une  sentence 
des  Proverbes  (xxviii,  13). 

Ce  Psaume  est  le  second  des  penitentiaux.  Les  Juifs  en  font  usage  pour  clore  les  ce're- 
monies  de  la  grande  Expiation. 

1  DE  David.  —  Pieuse  meditation. 


Heureux  celui  dont  la  transgression  a  ete  remise, 
Dont  le  peche  est  pardonne ! 

2  Heureux  I'homme  a  qui  Jehovah  n'impute  pas  I'iniquite, 
Et  dans  I'esprit  duquel  il  n'y  a  point  de  fraude ! 

3  Tant  que  je  me  suis  tu,  mes  os  se  consumaient 
Dans  mon  gemissement  de  chaque  jour. 

4  Car  jour  et  nuit  ta  main  s'appesantissait  sur  moi; 

La  seve  de  ma  vie  se  dessechait  aux  ardeurs  de  I'ete.  —  Sela. 

5  Je  t'ai  fait  connaitre  mon  peche,  je  n'ai  point  cache  mon  iniquitd; 
J'ai  dit  :  "  Je  veux  confesser  k  Jdhovah  mes  transgressions." 

Et  toi,  tu  as  remis  I'iniquitd  de  mon  peche.  —  Scla. 


15.  Mes  destinees,  litt.  /lies  tcnips^  toutes 
le^  periodes  de  ma  vie,  avec  leurs  vicissi- 
tudes. 


17.  Faites  luire  votre  face  :  I'dloignement 
de  Dieu  est  tenebres  et  tristesse;  sa  pre- 
sence et  sa  faveur  sont  lumiere  et  joie. 


LIBER  PSALMORUM. 


63 


adversum    me,    accipere    animam 
meam  consiliati  sunt. 

15.  Ego  autem  in  te  speravi  Do- 
mine  :  dixi :  Deus  meus  es  tu  :  1 6.  in 
manibus  tuis  sortes  meas.  Eripe  me 
de  manu  inimicorum  meorum,  et  a 
persequentibus  me.  17.  Illustra  fa- 
ciem  tuam  super  servum  tuum,  sal- 
vum  me  fac  in  misericordia  tua  : 
18.  Domine  non  confundar,  quo- 
niam  invocavi  te.  Erubescant  impii, 
etdeducanturin  infernum:  ig.muta 
fiant  labia  dolosa.  Quas  loquuntur 
adversus  justum  iniquitatem,  in  su- 
perbia,  et  in  abusione. 

20,  Quam  magna  multitude  dul- 
cedinis  tuas  Domine,  quam  abscon- 
disti  timentibus  te.  Perfecisti  eis, 
qui  sperant  in  te,  in  conspectu  filio- 
rum  hominum.  21.  Abscondes  eos 
in  abscondito  faciei  tuae  a  conturba- 
tione  hominum.  Proteges  eos  in  ta- 
bernaculo  tuo  a  contradictione  lin- 
guarum.  22.  Benedictus  Dominus  : 
quoniam  mirificavit  misericordiam 
suammihiincivitatemunita.23.Ego 
autem  dixi  in  excessu  mentis  meas  : 
Projectus  sum  a  facie  oculorum  tuo- 
rum.  Ideo  exaudisti  vocem  orationis 
meae,  dum  clamarem  ad  te. 


24.  Diligite  Dominum  omnes  san- 
cti  ejus  :  quoniam  veritatem  requiret 
Dominus,  et  retribuet  abundanter 
facientibus  superbiam.  25.  Viriliter 
agite,  et  confortetur  cor  vestrum, 
omnes  qui  speratis  in  Domino. 

—0—    PSALMUS  XXXI.    — :i:— 


Beatitude  eorum,  quorum  remittuntur 
peccata;  peccatoris  insipientia. 

Ipsi  David  intellectus. 

EATI  quorum  remissas 
sunt  iniquitates  :  "et  quo-  « Rom. 4,7. 
runt  tecta  sunt  peccata. 
2.  Beatus  vir,  cui  non  im- 
putavit  Dominus  peccatum,  nee  est 
in  spiritu  ejus  dolus. 

3.  Quoniam  tacui,inveteraverunt 
ossa  mea,  dum  clamarem  tota  die. 
4.  Quoniam  die  ac  nocte  gravata  est 
super  me  manus  tua  :  conversus 
sum  in  asrumna  mea,  dum  configi- 
tur  spina, 

5,  Delictum  meum  cognitum  tibi 
feci  :  et  injustitiam  meam  non  abs- 
cond!. *Dixi  :  Confitebor  adversum    *is.  65,  24. 
me  injustitiam  meam  Domino  :  et 
tu  remisisti  impietatem  peccati  mei. 


18.  Que  les  mechanls  soient  confondusj  ou 
bien,  les  mechants  seront  confondus,  descen- 
d)ont^  etc.  Voy.  Ps.  xxviii,  4,  note. 

20.  Que  tu  tetnoi^nes  (litt.  exerces)...  a  la 
vue,  etc.,  de  maniere  que  tous  les  hommes 
la  reconnaissent. 

21.  La  face  de  Dieu,  symbole  de  sa  fa- 
veur,  est  presentee  d'abord  comme  un 
asile,  puis  comme  une  fente,  ou  le  juste  est 
a  I'alari. 

22.  Cette  inlle  forte,  c'est  Dieu  meme  et 
sa  puissante  protedlion.  Peut-etre,  selon  De- 
litzsch,  ces  mots  pourraient-il  s'entendre 
sans  figure  de  la  ville  de  Siceleg,  que  le  roi 
Achis  avait  donnee  pour  residence  a  David 
et  a  ses  compagnons  (I  Sam.  xxvii,  6). 

24.  JcJiovah  garde  les  fidelesj  d'autres, 
avec  la  Vulg.,  garde  la  fidclite  a  I'egard  de 
ses  serviteurs. 

PSAUME  XXXII. 

I.  Meditation,  hebr.  inaskil.  D'autres, 
poeme  didadique,  litt.  qui  rend  intelligent, 
sage,  et  par  consequent,  dans  le  sens  bibli- 
que,  pieux  (Gesenius);  mais  ce  cara(flere  ne 


convient  qu'k  deux  des  treize  Psaumes  qui 
portent  ce  titre  (au  xxxil<^  et  au  LXXVllie). 
Ewald  :  cJiant  intelligent,  a  executer  avec 
un  art  particulier.  \\\\g.,  pour  Pinstru^ion. 
Remise,  litt.  otee.  —  Pardonne,  litt.  cou- 
vert  aux  yeux  de  Dieu,  et  par  la  meme  de- 
truit,  eftace,  comme  I'indique  d'ailleurs  le 
parallelisme. 

2.  Dafis  Vesprit,  etc.  :  qui  reconnait  son 
peche  et  en  a  un  sincere  repentir. 

S.  Paul  cite  ces  deux  versets  pour  mon- 
trer  que  la  justification  est  gratuite  de  la 
part  de  Dieu  {Rom.  iv,  6),  c'est-a-dire  qu'elle 
s'obtient  par  la  foi,  sans  les  oeuvres  de  la 
Loi. 

3.  Tant  que  je  vie  suis  tu  :  David  avait 
ete  plus  d'un  an  sans  faire  a  Dieu  I'humble 
aveu  de  son  double  crime. 

4.  La  seve  de  ma  vie,  ma  vigueur,  se  des- 
sechait,  comme  celle  de  I'arbre  pendant  les 
ardeurs  de  Pete.  Vulg.,  je  me  retournais 
dans  ma  douleur,  et  Pcpine  s'enfongait  da- 
I'antage. 

5.y'a/'  dit,  comme  I'enfant  prodigue  {Luc, 
XV,  17).  Comp.  Prov.  xxviii,  13. 


64 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  Que  tout  homme  pieux  te  prie  done  au  temps  favorable ! 
Non,  quand  les  grandes  eaux  deborderont, 

Elles  ne  I'atteindront  point. 

7  Tu  es  mon  asile,  tu  me  preserveras  de  la  detresse; 
Tu  m'entoureras  de  chants  de  ddlivrance.  —  Sela. 

8  — ■  "  Je  t'instruirai  et  te  montrerai  la  voie  que  tu  dois  suivre; 
Je  serai  ton  conseiller,  mon  ceil  sera  sur  toi."  — 

9  Ne  soyez  pas  comnie  le  cheval  ou  le  mulet  sans  intelligence; 
II  faut  les  gouverner  avec  le  mors  et  le  frein, 

Autrement  ils  n'obe'issent  pas. 

10  De  nombreuses  douleurs  sont  la  part  du  mechant, 

Mais  celui  qui  se  confie  en  Jehovah  est  environne  de  sa  grace. 

11  Justes,  rejouissez-vous  en  Jehovah  et  soyez  dans  I'allegresse ! 
Poussez  des  cris  de  joie,  vous  tous  qui  avez  le  coeur  droit ! 


PSAUME   XXXIII   (VULG.  XXXIl). 


j^/j^flE  Psalmiste,  dans  une  sublime  contemplation  des  oeuvres  de  Dieu,  la  creation  et  la 
i^^M  providence,  invite  tous  les  justes  h.  se  joindre  a  lui  pour  faire  retentir  les  louanges 
f^aidi  du  Seigneur  (vers.  1-3);  Jehovah  est  juste  et  fidele  (4-5);  il  est  tout-puissant,  c'est 


Ps.  xxxiii. 


lui  qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre  (6-9);  les  nations  sont  sous  sa  dependance,  il  dejoue  leurs 
projets  (lo-ii).  Heureux  done  le  peuple  qu'il  protege!  C'est  kii  qui  gouverne  tous  les 
hommes  (12-15);  l^s  ressources  humaines  ne  peuvent  rieii  par  elles-memes;  c'est  Uii  qui 
donne  le  salut  a  ceux  qui  le  craignent  (16-19).  Meltons  done  en  lui  notre  esp^ranee  et 
notre  joie  (20-21). 

Le  style  est  doux,  calme  et  tempere.  Ce  caradlere  et  I'absence  de  titre  en  hebreu 
font  douter  que  le  Psaume  soil  de  David,  quoique  les  LXX  et  la  V^ulgate  aient  inscrit  en 
tcte  le  nom  de  ce  roi. 

1  JUSTES,  rejouissez-vous  en  Jehovah! 
Aux  hommes  droits  sied  la  louange. 

2  Celebrez  Jehovah  avee  la  harpe  ; 
Chantez-le  sur  le  luth  a  dix  cordes  I 

3  Chantez  a  sa  gloire  un  eantique  nouveau ! 
Unissez  avee  art  vos  instruments  et  vos  voix. 


4  Car  la  parole  de  Jehovah  est  droite, 

Et  toutes  ses  ctuvres  s'accomplissent  dans  la  fidelite. 

5  II  aime  la  justice  et  la  droiture  ; 

La  terre  est  remplie  de  la  bonte  de  Jehovah. 

6  Par  la  parole  de  Jehovah  les  cieux  ont  ete  faits, 
Et  toute  leur  armee  par  le  souffle  de  sa  bouche. 

7  II  rassemble  comme  en  un  monceau  les  eaux  de  la  mer; 
II  met  dans  des  reservoirs  les  flats  de  I'abime. 

8  Que  toute  la  terre  eraigne  Jehovah  ! 

Que  tous  les  habitants  de  I'univers  tremblent  devant  lui ! 

9  Car  il  a  dit,  et  tout  a  ete  fait ; 
II  a  ordonne,  et  tout  a  existe. 

10  Jehovah  renverse  les  desseins  des  nations; 
II  reduit  a  neant  les  pensees  des  peuples. 

11  Mais  les  desseins  de  Jehovah  subsistent  a  jamais, 

Et  les  pensees  de  son  coeur  dans  toutes  les  generations. 


6.  Au  temps  favorable,  litt.  au  temps  de 
te  trouver,  pendant  que  dure  le  temps  de  la 
misericorde.  Comp.  Is.  Iv,  6.  —  Les  grandes 
eaux,  les  chatiments  divins. 

7.  Tu  in\'ntoureras,  ete.  La  traducilion  de 


ees  mots  n'est  pas  sure.  Vulg.,  toi,  qui  es 
ma  joie,  delivre-moi  de  ceux  qui  m\issiigeut. 
8.  Touehante  reponse  de  Dieu.  Keil  et 
d'autres  mettent  ces  paroles  dans  la  bouche 
de  David,  d'aprcs  Ps.  li,  15. 


LIBER  PSALISrORUM. 


65 


6.  Pro  hac  orabit  ad  te  omnis 
sanctus,  in  tempore  opportune.  Ve- 
rumtamen  in  diluvio  aquarum  mul- 
tarum,  ad  eum  non  approxima- 
bunt.  7.  Tu  es  refugium  meum  a 
tribulatione,  quae  circumdedit  me  : 
exsultatio  mea  erue  me  a  circum- 
dantibus  me.  8.  Intellectum  tibi 
dabo,  et  instruam  te  in  via  hac, 
qua  gradieris  :  firmabo  super  te 
oculos  meos. 

9.  Nolite  fieri  sicut  equus  et  mu- 
lus,  qui  bus  non  est  intellectus.  In 
camo  et  fraeno  maxillas  eorum  con- 
stringe,  qui  non  approximant  ad  te. 
10.  Multa  flagella  peccatoris,  spe- 
rantem  autem  in  Domino  misericor- 
dia  circumdabit.  11.  Lastamini  in 
Domino,  et  exsultate  justi,  et  gloria- 
mini  omnes  recti  corde. 

— :i:—    PSALM  US  XXX I L   — V— 

Commendatur  laudatio  et  timor  Dei 
qui  justorum  saluti  invigilat. 


Psalmus  David. 

XSULTATEjusti  in  Do- 
mino ;  rectos  decet  col- 
laudatio.  2.  Confitemini 
Domino   in    cithara   :   in 


psalterio  decem  chordarum  psallite 
illi.  3.  Cantate  ei  canticum  novum  : 
bene  psallite  ei  in  vociferatione. 

4.  Quia  rectum  est  verbum  Do- 
mini, et  omnia  opera  ejus  in  fide. 
5.  Diligit  misericordiam  et  judi- 
cium :  misericordia  Domini  plena 
est  terra. 

6.  Verbo  Domini  coeli  firmati 
sunt  :  et  spiritu  oris  ejus  omnis  vir- 
tus eorum.  7.  Congregans  sicut  in 
utre  aquas  maris  :  ponens  in  the- 
sauris  abysses. 

S.Timeat  Dominum  omnis  terra  : 
ab  eo  autem  commoveantur  omnes 
inhabitantes  orbem.  9,  "Quoniam 
ipse  dixit,  et  facta  sunt  :  ipse  man- 
davit,  et  creata  sunt. 

10.  Dominus  dissipat  consilia 
gentium  :  reprobat  autem  cogitatio- 
nes  populorum,et  reprobat  consilia 
principum.  11.  Consilium  autem 
Domini  in  aeternum  manet  :  cogi- 
tationes  cordis  ejus  in  generatione 
et  generationem. 

12.  Beata  gens,  cujus  est  Domi- 
nus, Deus  ejus  :  populus,  quem  ele- 
git in  hereditatem  sibi.  iv  De  coelo 
respexit  Dominus  :  vidit  omnes 
filios  hominum.  14.  De  praeparato 
habitaculo  suo  respexit  super  om- 


«  Judith.  16, 
17- 


9.  Autreinent  Us  (on  avec  la  Vulg.,  qui) 
n^obcHsseiif  pas,  litt.  ne  s'approchent  pas  de 
toi ;  cette  expression  est  assez  etrange  et  le 
texte  paiait  altere.  Comp.  Prov.  xxvi,  3.  Le 
Hir  et  d'autres  :  letir  fierte,  leur  allure  impe- 
tueuse,  doit  ctre  coiitenue  par  le  mors,  etc. 

PSAUME  XXXIII. 

1.  Se  rcjouir  en  Jehovah,  c'est  etre  heu- 
reux  de  sa  gloire  et  de  sa  faveur,  de  I'aimer 
et  de  le  servir,  etc.  — Justes  ...  droits  :  le 
peuple  de  Dieu,  Israel,  par  opposition  aux 
nations  pai'ennes.  —  Sied  la  louange  :  comp. 
Eccli.  XV,  19. 

2.  La  liarpe  ou  la  cithare  (hebr.  kinnor), 
et  le  htth  (hebreu  ncbel,  le  psalterioii), 
etaient  deux  instruments  a  cordes,  qui  dif- 
feraient  soit  par  la  disposition  des  cordes, 
soil,  selon  Josephe,  en  ce  que  le  premier 
se  jouait  avec  le  ple£lrui)i,  et  le  second 
avec  les  doigts. 

3.  Cantiqiie  nouveau,  pour  celebrer  de 
nouveaux  bienfaits  de  I'inepuisable  bonte  de 
Dieu. 


La  inatiere  de  la  louange  est  developpt'e 
dans  les  vers.  4-19. 

5.  La  justice;  LXX  et  Vulg.,  la  miscri- 
corde.  —  La  terre,  etc.  :  comp.  Ps.  cxix,  64. 

6.  La  pai'ole  de  Jehovah,  c'est  le  comman- 
dement  qui  appela  toules  choses  a  I'exis- 
tence ;  le  souffle  de  sa  bouche,  c'est  I'Esprit 
divin  planant  sur  I'abinie  et  deposant  dans 
les  elements  confus  un  principe  d'ordre  et 
de  vie  {Gen.  i,  1-2).  Les  Peres  ont  vu  dans 
ce  verset  une  indication  de  la  Trinite  des 
personnes  divines,  et  du  concours  du  Verbe 
et  de  I'Esprit-Saint  avec  le  Pere  dans  I'ceu- 
vre  de  la  creation.  —  Leur  armee,  les  astres 
{Gen.  \\,  i). 

7.  Un  monceau  :  les  anciens  interpretes 
ont  pris  I'hebr.  ned,  tas,  monceau,  dans  le 
sens  de  nod,  outre  :  il  reunit  coinine  dans 
une  outre,  etc. —  Uabinie,  litt.  les  abiines,  les 
oceans.  Ce  verset  fait  allusion  au  rassemble- 
ment  des  eaux  au  sein  des  mers  {Gen.  i,  9). 

10.  Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent  un 
3*=  membre  :  //  rend  vains  les  frojets  des 
princes. 


LA  SAINTE  lilBLE.  TO-ME  IV.  —  5 


66 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


12  Heureuse  la  nation  dont  Jehovah  est  le  Dieu  ! 
Heureux  le  peuple  qu'il  a  choisi  pour  son  heritage! 

13  Du  Jiaut  des  cieux  Jehovah  regarde, 
II  voit  tous  les  enfants  des  hommes ; 

14  Uu  lieu  de  sa  demeure,  il  observe 
Tous  les  habitants  de  la  terre, 

15  Lui  qui  forme  leur  coeur  a  tous, 

Qui  est  attentif  a  toutes  leurs  aflions. 

16  Ce  n'est  pas  le  nombre  des  soldats  qui  donne  au  roi  la  vicloire, 
Ce  n'est  pas  una  grande  force  qui  fait  triompher  le  guerrier. 

17  Le  cheval  est  impuissant  a  procurer  le  salut, 
Et  toute  sa  vigueur  n'assure  pas  la  delivrance. 

18  L'ceil  de  Jehovah  est  sur  ceux  qui  le  craignent, 
Sur  ceux  qui  esperent  en  sa  bonte, 

19  Pour  delivrer  leur  ame  de  la  mort, 

Et  les  faire  vivre  au  temps  de  la  famine. 


20 


21 


Notre  ame  attend  avec  confiance  Jehovah  ; 

II  est  notre  secours  et  notre  bouclier; 

Car  en  lui  notre  coeur  met  sa  joie, 

Car  en  son  saint  nom  nous  mettons  notre  confiance. 

Jehovah,  que  ta  grace  soit  sur  nous, 

Comme  nous  esperons  en  toi ! 


^s.  xxxiv. 


PSAUME   XXXIV   (VULG.  XXXIIl). 

fOursuivi  par  Saiil,  David  s'etait  refugie  chez  les  Philistins,  aupres  du  roi  Achis. 
II  espdrait  bien  n'etre  pas  reconnu  par  ceux  auxquels  il  avait  naguere  inflige  une 
sanglante  defaite;  il  le  fut  pourtant,  et  ne  put  s'echapper  qu'en  contrefaisant  I'in- 
sense  (voy.  I  Sa)n.  xxi).  II  rend  ici  grace  au  Seigneur  pour  sa  delivrance,  et  il  exhorte 
tous  les  justes  a  benir  avec  lui  un  Dieu  qui  prend  des  siens  un  soin  si  touchant  (vers.  2-1 1); 
puis,  sur  un  ton  plus  simple  et  plus  familier,  il  enseigne  aux  hommes  le  moyen  de  meriter 
la  faveur  divine  (12-23). 

Ce  Psaume  est  alphabetique,  comme  le  xxve.  II  est  vraisemblable  que  David  le  com- 
posa  quelque  temps  apres  I'evenement  pour  I'ddification  du  peuple. 

1  DE  David  :  lorsqu'il  contrefit  I'insense  en  presence  d'Abimelech,  et  que,  chasse  par 
lui,  il  s'en  alia. 

2  JE  veux  benir  Jdhovah  en  tout  temps; 

Sa  louange  sera  toujours  dans  ma  bouche. 

3  En  Jehovah  mon  ame  se  glorifiera  : 

Que  les  humbles  entendent  et  se  rejouissent ! 

4  Exaltez  avec  moi  Jehovah  ! 
Ensemble  cdlebrons  son  nom  I 

5  J'ai  cherche  Jehovah,  et  il  m'a  exauce, 
Et  il  m'a  dclivrc  de  toutes  mes  frayeurs. 

6  Quand  on  regarde  vers  lui,  on  est  rayonnant  de  joie, 
Et  le  visage  ne  se  couvre  pas  de  honte. 

7  Ce  pauvre  a  crid,  et  Jehovah  I'a  entendu, 
Et  il  I'a  sauve  de  toutes  ses  angoisses. 

8  L'ange  de  Jehovah  campe  autour  de  ceux  qui  le  craignent, 
Et  il  les  sauve  du  danger. 

9  Goutez  et  voyez  combien  Jehovah  est  bon! 
Heureux  I'homme  qui  met  en  lui  son  refuge! 

10  Craignez  Jehovah,  vous  ses  saints! 

Car  il  n'y  a  point  d'indigence  pour  ceux  qui  le  craignent. 

11  Les  lionceaux  peuvent  connaitre  la  disette  et  la  faim, 

Mais  ceux  qui  cherchent  Jehovah  ne  sont  privds  d'aucun  bien. 

12  Venez,  tiies fils^  ecoutez-moi, 

Je  vous  enseignerai  la  crainte  de  Jdhovah. 


LIBER  PSALMORUM. 


67 


nes,  qui  habitant  terram.  15.  Qui 
finxit  sigillatim  corda  eorum  :  qui 
intelligit  omnia  opera  eorum. 

16.  Non  salvatur  rex  per  multam 
virtutem  :  et  gigas  non  salvabitur 
in  multitudine  virtutissuas.  17.  Fal- 
lax  equus  ad  salutem  :  in  abundan- 
tia  autem  virtutis  suae  non  salva- 
bitur. 
34,  18.  *Ecce  oculi  Domini  super 
metuentes  eum  :  et  in  eis,  qui  spe- 
rant  super  misericordia  ejus,  19.  Ut 
eruat  a  morte  animas  eorum  :  etalat 
eos  in  fame, 

20.  Anima  nostra  sustinet  Domi- 
num  :  quoniam  adjutor  et  protector 
noster  est.  21.  Ouia  in  eo  lastabitur 
cor  nostrum  :  et  m  nomine  sancto 
ejus  speravimus.  22.  Fiat  misericor- 
dia tua  Domine  super  nos  :  quem- 
admodum  speravimus  in  te. 

— :;:—  PSALMUS  XXXI II.  — =>— 

Benedicit  Dominum  qui  est  justorum  lumen 
et  tutela,  et  impiorum  aversor. 

I,  Davidi,  cum  immutavit  vul- 


tum  suum   coram  Achimelech,  et 
dimisit  eum,  et  abiit.  (/,  Reg:  21.) 

ENEDICAM  Dominum 
in  omni  tempore  :  semper 
laus  ejus  in  ore  meo, 3,  In 
Domino  laudabitur  anima 


mea:  audiant  mansueti,etlaetentur. 
4.  Magnificate  Dominum  mecum  : 
et  exaltemus  nomen  ejus  in  idipsum. 

5.  Exquisivi  Dominum,  et  exau- 
divit  me  :  et  ex  omnibus  tribulatio- 
nibus  meis  eripuit  me.  6.  Accedite 
ad  eum,  et  illuminamini  :  et  facies 
vestras  non  confundentur.  7.  Iste 
pauper  clamavit,  et  Dominus  exau- 
divit  eum  :  et  de  omnibus  tribula- 
tionibus  ejus  salvavit  eum,  8.  Im- 
mittet  Angelus  Domini  in  circuitu 
timentium  eum  :  et  eripiet  eos. 
9.  Gustate,  et  videte  quoniam  sua- 
vis  est  Dominus  :  beatus  vir,  qui 
sperat  in  eo.  10.  Timete  Dominum 
omnes  sancti  ejus:  quoniam  non  est 
inopia  timentibus  eum.  ii.^Divites  -^Luc.i.ss. 
eguerunt  et  esurierunt :  inquirentes 
autem  Dominum  non  minuentur 
omni  bono. 

12.  Venite  filii,  audite  me  :  timo- 


12.  La  nation  :  le  Psalmiste  parle  en 
general,  mais  c'est  Israel  qu'il  a  en  vue. 

15.  Qui for)ne  leiir  ca;ur,  leur  ame  avec 
toutes  ses  facultes  et  ses  puissances  : 
comment  n'en  connaitrait-il  pas  tous  les 
ressorts  et  les  plus  secrets  mouvements? 
—  Leur  canir  a  totts;  Vulgate,  a  chacun  en 
farticulie}'. 

16  sv.  Toute  sa  force,  peut-etre  dans  le 
sens  de  grand  nombre  :  une  nombreuse 
cavalerie.  Comp.  Prov.  xxi,  31.  Ces  deux 
versets  indiquent  un  etat  de  choses  qui  con- 
vient  plutot  a  I'epoque  d'Asa  ou  de  Josaphat 
qu'a  celle  de  David. 

20.  Comp,  pour  le  premier  membre  Gen. 
xlix,  18;  pour  le  second,  Deut.  xxvi,  29. 

22.  Ce  verset  a  ^te  insere  dans  le  Te 
Deuni,  vers  la  fin. 

PSAUME  XXXIV. 

I.  //  contrefit  Vinsenscj  Vulg.,  il  changea 
son  visage. —  Abimelech  :  nom  commun  aux 
rois  de  Geth,  comme  Ce'sar  aux  empereurs 
remains.  Le  nom  propre  du  roi  dont  il  s'agit 
etait  Achis. 

Au  lieu  de  Abimelech,  la  Vulg.  acfluelle 
met  Achimelech,  sans  doute  a  la  suite  de 


quelques  Peres  qui,  ignorant  I'identite 
dAchis  et  dAbimelech,  ont  applique  le 
Psaume  a  I'entrevue  de  David  avec  le  grand 
pretre  Achimelech,  Mais  de  bons  manus- 
crits  latins  lisent  encore  Abimelech,  comme 
dans  I'hebreu  et  les  LXX, 

3.  Se  glo7'iJier  eti  Jehovah,  c'est  etre  heu- 
reux  de  I'avoir  pour  protefleur, 

5.  Mes  frayeurs  a  la  cour  d'Achis  ;  Vulg., 
nies  tribulations. 

7.  Ce  paiivre,  David  lui-meme;  ou  bien, 
dans  un  sens  plus  general  :  quand  le  nial- 
Jieureux  crie,  Jehovah  entend. 

8.  Campe  (Vulg.,  immiftet,  probablement 
se  place)  :  cette  expression  fait  penser,  non 
a  un  ange  quelconque,  mais  a  I'ange  de 
I'alliance,  le  chef  de  I'armde  de  Jehovah 
{Jos.  V,  14;  Gen.  xxxii,  i  sv.). 

9.  Goufez,  par  une  experience  intime  et 
direcfle,  par  le  coeur,  et  voyez,  compre- 
nez,  etc. 

10.  Craignes  d'une  crainte  filiale,  qui  ne 
redoute  rien  tant  que  d'offenser  et  de 
deplaire.  —  II  n^y  a  point  dHndigence  : 
comp.  Matth.  vi,  33. 

12.  La  crainte,  le  service  de  Dieu  en 
general. 


68 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


13  Quel  est  I'homme  qui  aime  la  vie, 

Oui  desire  da  longs  jours  pour  jouir  du  bonheur?  — 

14  Preserve  ta  langue  du  mal, 

Et  tes  levres  des  paroles  trompeuses ; 

15  Eloigne-toi  du  mal  et  fais  le  bien, 
Recherche  la  paix,  et  poursuis-la. 

16  Les  yeux  de  Jehovah  sont  sur  les  justes, 
Et  ses  oreilles  sont  attentives  a  leurs  cris. 

17  Jdhovah  tourne  sa  face  contre  ceux  qui  font  le  mal, 
Pour  retrancher  de  la  terre  leur  souvenir. 

18  Les  jusies  crient,  et  Jehovah  les  entend, 
Et  il  les  delivre  de  toutes  leurs  angoisses. 

19  Jehovah  est  pres  de  ceux  qui  ont  le  coeur  brise, 
11  sauve  ceux  dont  I'esprit  est  abattu. 

20  Souvent  le  malheur  atteint  le  juste, 
Mais  Jehovah  I'en  d^livi-e  toujours. 

21  II  garde  tons  ses  os, 
Aucun  d'eux  ne  sera  brise. 

22  Le  mal  tue  le  m^chant, 

Et  les  ennemis  du  juste  sont  chaties. 

23  Jehovah  delivre  Fame  de  ses  serviteurs, 

Et  tous  ceux  qui  I'ont  pour  refuge  echappent  au  chatiment. 


Ps.  xxxv. 


PSAUME   XXXV   (VULG.  XXXIV). 

E  Psaume  est  I'expression  d'une  ame  en  proie  a  une  profonde  douleur  et  une  vive 
emotion;  prieres,  imprecations,  plaintes,  cris  d'esperance  s'y  succedeni  brusque- 
ment.  Le  langage  est  rude,  avec  des  formes  archaiques  et  des  termes  obscurs.  Tous 
ces  cara(51;eres  nous  reportent  k  la  premiere  periode  de  la  vie  de  David,  alors  qu'il  etait  en 
butte  aux  persecutions  de  Saiil.  Comp.  I  Sam.  xxiv,  16.  —  On  y  distingue  neltement 
3  strophes,  dont  chacune  contient  ces  trois  elements  :  plainte,  priere  et  promesse  de  recon- 
naissance (vers.  8-10;  11-18;  19-28).  —  Notre-Seigneur  s'est  applique  a  lui-meme  un  partie 
du  vers.  19  {/ean,  xv,  25);  il  ne  s'en  suit  pas  que  le  Psaume  soit  diretlenient  et  exclusive- 
ment  messianique. 

1  DE  David.* 

Jehovah,  combats  ceux  qui  me  combattent, 
Fais  la  guerre  a  ceux  qui  me  font  la  guerre ! 
2  Saisis  le  petit  et  le  grand  bouclier, 
Et  leve-toi  pour  me  secourir! 

Tire  la  lance  et  barre  le  passage  a  mes  persecuteurs; 
Dis  h  mon  ame  :  "  Je  suis  ton  salut !  " 

Qu'ils  soient  lionteux  et  confus  ceux  qui  en  veulent  a  ma  vie  I 
Qu'ils  reculent  et  rougissent  ceux  c|ui  meditent  ma  perte ! 
Ou'ils  soient  comme  la  paille  au  souffle  du  vent. 


10 


Et  que  I'ange  de  Jehovah  les  chasse  devant  lui 

Que  leur  voie  soit  tc'nebreuse  et  glissante, 

Et  que  I'ange  de  Jehovah  les  poursuive! 

Car  sans  cause  ils  ont  cache  leur  filet  pour  ma  mine, 

Sans  cause  ils  ont  creuse  la  fosse  pour  me  faire  pt'rir. 

Que  la  ruine  tombe  sur  lui  h.  I'improviste, 

Que  le  filet  qu'il  a  cache  le  saisisse, 

Qu'il  y  tombe  et  perisse  ! 

Et  mon  ame  aura  de  la  joie  en  Jdhovah, 

De  ralk'gresse  dans  son  salut. 

Tous  mes  os  diront  :  "Jehovah,  qui  est  semblable  k  toi, 

Delivrant  le  malheureux  d'un  plus  fort  que  lui, 

Le  malheureux  et  le  pauvre  de  celui  qui  le  depouille?" 


13.  Comp.  I  Pier,  iii,  10  sv. 

14.  Comp. y^r^.  iii,  2;  I  Pier,  ii,  22. 

15.  "Autant  qu'il  est  en  vous,  dit  de  mcme 


S.  Paul,  ayez  la  paix  avec  tous  les  hommes." 
{Rom.  xii,  18). 

21.  Ses  OS,  ce  qui  soulient  le  corps,  et  par 


LIBER  PSALMORUM. 


69 


IS. 

'"•4. 


inquire  pacem, 
1 6.  Oculi  Do- 
et  aures  ejus  in 
Vultus    autem 


3,  rem  Domini  docebo  vos.  13.  ^(^uis 
est  homo  qui  vult  vitam  :  diligit 
dies  videre  bonos?  14.  Prohibe  lin- 
guam  tuam  a  malo  :  et  labia  tua  ne 
loquantur  dolum.  15.  Diverte  a 
malo,  et  fac  bonum 
et  persequere  earn, 
mini  ""super  justos  ; 
preces  eorum.  17. 
Domini  super  facientes  mala  :  ut 
perdat  de  terra  memoriam  eorum. 

18.  Clamaverunt  justi,  et  Dominus 
exaudivit  eos :  et  ex  omnibus  tribu- 
lationibus    eorum     liberavit     eos. 

1 9.  Juxta  est  Dominus  iis,  qui  tri- 
bulato  sunt  corde  :  et  humiles  spi- 
ritu  salvabit.  20.  Multae  tribulatio- 
nes  justorum  :  et  de  omnibus  his 
liberabit  eos  Dominus,  21.  Custodit 
Dominus  omnia  ossa  eorum  :  unum 
ex  his  non  conteretur.  22.  Mors 
peccatorum  pessima  :  et  qui  ode- 
runt  justum  delinquent.  23.  Re- 
dimet  Dominus  animas  servorum 
suorum  :  et  non  delinquent  omnes 
qui  sperant  in  eo. 


— :i--   PSALM  US   XXXIV.  —:l:— 
Inimicis  excidium,  et  sibi  saliitem  precatur. 


Ipsi  David. 

QDICA  Domine  nocen- 
tes  me,  expugna  impu- 
gnantes  me.  2.  Apprehen- 
de  arma  et  scutum  :  et 
exsurge  in  adjutorium  mi  hi.  3.  Ef- 
funde  frameam,  et  conclude  adver- 
sus  eos,  qui  persequuntur  me  :  die 
animas  meae  :  Salus  tua  ego  sum. 
4.  'Confundantur  et  revereantur 
quasrentes  animam  meam.  Avertan 
tur  retrorsLim,  et  confundantur  co- 
gitantes  mihi  mala.  5.  Fiant  tam- 
quam  pulvis  ante  faciem  venti  :  et 
Angelus  Domini  coarctans  eos. 
6.  Fiat  via  illorum  tenebrae  et  lubri- 
cum  :  et  Angelus  Domini  perse- 
quens  eos.  7.  Q^uoniam  gratis  abs- 
conderunt  mihi  interitum  laquei 
sui  :  supervacue  exprobraverunt 
animam  meam.  8.  Veniat  illi  la- 
queus,  quem  ignorat  :  et  captio, 
quam  abscondit,  apprehendat  eum  : 
et  in  laqueum  cadat  in  ipsum. 
9.  Anima  autem  mea  exsultabit  in 
Domino  :  et  delectabitur  super  sa- 
lutari  suo.  10.  Omnia  ossa  mea  di- 


>        "  Infra  39, 


la  meme  la  vie.  —  Brise.  Jesus-Christ,  le 
juste  par  excellence,  a  realise  a  la  lettre  cet 
oracle  {Exod.  xii,  46 ;  Jean,  xix,  36). 

22.  Le  vial  personnifie,  la  malice  meme 
du  pecheur  amene  sa  perte. 

Vulg.,  la  iiwrt  (lit  pec/iear  est  affreicse,  et 
les  en/ie Jills  desji/sfes  set'ont  traitcs  coinnic 
cfliipables. 

23.  Ce  verset  depasse  la  serie  alphabeti- 
que;  il  a  du  ctre  ajoute  plus  tard,  probable- 
ment  au  temps  de  la  captivite  (comp. 
XXV,  22). 

PSAUME  XXXV. 


I.  Combats  :  I'amour  des  ennemis  n'est 
pas  etranger  a  I'Anc.  Testament  {Exod. 
xxiii,  4  sv.  Lci'.  xix,  18;  Prov.  xx,  22; 
xxiv,  17;  XXV,  21  sw.  Job,  xxxi,  29  sv.);  et 
non  seulement  David  avait  conscience  de 
ce  devoir  {Ps.  vii,  5),  mais  il  le  remplit  plus 
d'une  fois  a  I'egard  de  Saiil.  Ici,  c'est  le  zele 
pour  la  cause  de  Dieu  qui  le  fait  parler.  Si 


ce  zele  parait  se  rapporter  h.  sa  propre  per- 
sonne,  c'est  que,  consacre  par  I'onftion 
sainte,  il  represente  le  roi  legitime  en  face 
de  Saiil  revoke  contre  Dieu,  et  par  conse- 
quent la  cause  meme  de  Jehovah  et  les  des- 
tinees  d'Israel. 

2.  Les  anciens  avaient  deux  sortes  de 
boucliers;  le  plus  grand  couvrait  ci  pen  pres 
tout  le  corps. 

3.  Ttfe  du  fourreau. 

5.  La  paille,  la  glume.  —  Eajige  de  Jeho- 
vah .•  voy.  xxxiv,  8.  Comp.  Exod.  \\v,  15.  — 
Les  fresse,  ou  les  frapfie. 

7.  Image  empruntee  aux  chasseurs  de 
betes  feroces,  qui  tendent  leur  piege  devant 
ou  sur  une  fosse.  La  Vulg.  traduit  le  second 
membre,  safts  raison  lis  711' out  outi'a^e. 

8.  Sitr  ltd  :  le  chef  ou  le  repre'sentant  de 
tons  mes  persecuteurs. 

10.  Tons  7/ies  OS,  ce  qu'il  y  a  en  moi  de 
plus  intime,  comme  nous  disons  :  Toutes 
les  fibres  de  mon  coeur. 


70  PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


11  Des  temoins  iniques  se  levent; 
lis  m'accusent  de  choses  que  j'ignore. 

12  lis  me  rendent  le  nial  pour  le  bien; 
Mon  ame  est  dans  I'abandon. 

13  Et  moi,  quand  ils  ^taient  malades,  je  revetais  un  sac, 
J'affligeais  mon  ame  par  le  jeune, 
Et  ma  priere  retournait  sur  mon  sein. 

14  Comme  pour  un  ami,  pour  un  frere,  je  me  trainais  lentement; 
Comme  pour  le  deuil  d'une  mere,  je  me  courbais  avec  tristesse. 

15  Et  maintenant  que  je  chancelle,  ils  se  rejouissent  et  s'assemblent, 
Contre  moi  des  calomniateurs  s'assemblent  h.  mon  insu; 
Ils  me  dechirent  sans  relache. 

16  Comme  d'impurs  parasites  a  la  langue  moqueuse, 
Ils  grincent  les  dents  contre  moi. 

17  Seigneur,  jusques  h.  quand  le  verras-tu? 
Arrache  mon  ame  a  leurs  persecutions, 
Ma  vie  a  lafitrciir  dc  ces  lions  ! 

18  Je  te  louerai  dans  la  grande  assemblee, 
Je  te  celebrerai  au  milieu  d'un  peuple  nombreux. 

19  Qu'ils  ne  se  rejouissent  pas  k  mon  sujet,  ceux  qui  m'attaquent  sans  raison ! 
Ou'ils  ne  clignent  pas  des  yeux,  ceux  qui  me  haissent  sans  cause  I 

20  Car  leur  langage  n'est  pas  celui  de  la  paix; 
lis  m^ditent  de  perfides  desseins  contre  les  gens  tranquilles  du  pays. 

21  lis  ouvrent  contre  moi  leur  bouche, 
Ils  disent  :  "  Ah  !  ahl  notre  oeil  a  vu...!  " 

22  Jehovah,  tu  le  vois !  Ne  reste  pas  en  silence! 
Seigneur,  ne  t'eloigne  pas  de  moi ! 

23  Eveille-toi,  leve-toi  pour  me  faire  justice; 
Mon  Dieu  et  mon  Seigneur,  prends  en  main  ma  cause! 

24  Juge-moi  selon  ta  justice,  Jehovah,  mon  Dieu, 
Et  qu'ils  ne  se  rejouissent  pas  a  mon  sujet ! 

25  Qu'ils  ne  disent  pas  dans  leur  coeur  :  "  Notre  ame  est  satisfaite  !  " 
Ou'ils  ne  disent  pas  :  "  Nous  I'avons  englouti !  " 

26  Ou'ils  rougissent  et  soient  confondus  tons  ensemble, 
Ceux  qui  se  rejouissent  de  mon  malheurl 
Ou'ils  soient  couverts  de  honte  et  d'ignominie, 
Ceux  qui  s'elevent  contre  moi ! 

27  Qu'ils  soient  dans  la  joie  et  I'allegresse, 
Ceux  qui  desirent  le  trioniphe  de  mon  droit ; 
Et  que  sans  cesse  ils  disent  :  "  Gloire  .\  Jehovah, 
Qui  veut  la  paix  de  son  serviteur!  " 

28  Et  ma  langue  celebrera  ta  justice, 
Ta  louange  tous  les  jours. 

PSAUME   XXXVI    (VULG.  XXXV). 

JE  Psaume  parait  avoir  ctd  compose  par  David  dans  la  periode  paisible  de  son  rcgne. 
Apres  avoir  decrit  la  profonde  perversite  des  mechants  (vers.  2-5),  il  rassure  et 
console  les  justes  en  leur  rappelant  la  mis^ricorde  et  la  fidelite  de  Dieu  envers  ses 
serviteurs  (6-13).  Comp.  Ps.  xii  et  xiv. 


II.  Tevioins  iniques  :  ceux  qui,  par  leurs 
faux  rapports,  aigrissaient  le  coeur  de  Saiil 
contre  David.  —  lis  i/i'accusent,  litt.  ils 
7ii'i/ilerpellent,  c.-k-d.  ils  reqiiierent  contre 
moi,  ils  sont  deinandetirs  en  justice,  faisant 
peser  sur  moi  des  griefs  que  je  ne  connais 
meme  pas  :  expression  technique.  Comp. 
II  Cor.  XV,  21. 

13.  Quand  ils  etaient  malades  (LXX  et 
Vulg.,  quand  ils  me  harcclaient :  ce  qui  s'ac- 


re7'etais  dhin  sac,  comme  on  le  fait  dans 
une  grande  afflicflion,  tant  je  leur  etais  atta- 
chd.  —  Jl fa  priere  pour  eux,  que  je  faisais 
la  tete  penchee  et  comme  abattue  par  la 
douleur,  retournait  sur  mon  sein,  d'ou  elle 
etait  partie.  Comp.  I  Rois,  xviii,  42. 

14.  _/(?  me  trainais  lentetnent,  litt.  yV  mar- 
cJiais  gravemoit,  comme  fait  une  personne 
dans  le  deuil.  D'autres,  dans  un  sens  plus 
general,  je   marchais,   je   me   comportais. 


corde  moins  bien  avec  le  contexte), /f  me  I  Vv\'g.,favais  une  affec^ueuse  compassion. 


LIBER  PSALMORUM. 


71 


cent  :  Domine,  quis  similis  tibi? 
Eripiens  inopem  de  manu  fortio- 
rum  ejus  :  egenum  et  pauperem  a 
diripientibus  eum. 

II.  Surgentes  testes  iniqui,  quas 
ignorabaminterrogabantme.  i2.Re- 
tribuebant  mihi  mala  pro  bonis  : 
sterilitatem  animae  meae.  13.  Ego 
autem  cum  mihi  molesti  essent,  in- 
duebar  cilicio.  Humiliabam  in  jeju- 
nio  animam  meam  :  et  oratio  mea 
in  sinu  meo  convertetur.  14.  Quasi 
proximum,  et  quasi  fratrem  no- 
strum, sic  complacebam  :  quasi  lu- 
gens  et  contristatus  sic  humiliabar. 
1 5.  Et  adversum  me  lastati  sunt,  et 
convenerunt  :  congregata  sunt  su- 
per me  flagella,  et  ignoravi.  16.  Dis- 
sipati  sunt,  nee  compuncti,  tenta- 
verunt  me,  subsannaverunt  me  sub- 
sannatione  :  frenduerunt  super  me 
dentibus  suis.  17.  Domine  quando 
respicies?  restitue  animam  meam  a 
malignitate  eorum,  a  leonibus  uni- 
cam  meam.  18.  Confitebor  tibi  in 
ecclesia  magna,  in  populo  gravi  lau- 
dabo  te. 

19.  Non  supergaudeant  mihi  qui 
adversantur  mihi  inique  :  ^qui  ode- 
runt  me  gratis  et  annuunt  oculis. 


2,0.  Quoniam  mihi  quidem  pacifice 
loquebantur  :  et  iracundia  terras  lo- 
quentes,  dolos  cogitabant.  21.  Et 
dilataverunt  super  me  os  suum  : 
dixerunt  :  Euge,  euge,  viderunt 
ocuh  nostri.  22.  Vidisti  Domine,  ne 
sileas  :  Domine  ne  discedas  a  me. 
23.  Exsurge  etintendejudicio  meo: 
Deus  meus,  et  Dominus  meus  in 
causam  meam.  24.  Judica  me  se- 
cundum justitiam  tuam  Domine 
Deus  meus,  et  non  supergaudeant 
mihi.  25.  Non  dicant  in  cordibus 
suis :  Euge,  euge,  animas  nostras :  nee 
dicant :  Devoravimus  eum.  26.  Eru- 
bescant  et  revereantur  simul,  qui 
gratulantur  malis  meis.  Induantur 
confusione  et  reverentia  qui  magna 
loquuntur  super  me.  27.  Exsultent 
et  laetentur  qui  volunt  justitiam 
meam  :  et  dicant  semper  :  Magni- 
ficetur  Dominus,  qui  volunt  pa- 
cem  servi  ejus.  28.  Et  lingua  mea 
meditabitur  justitiam  tuam,  tota 
die  laudem  tuam. 


—  D'une  mere;  les  LXX  et  la  Vulg.,  au 
lieu  de  em^  ont  lu  m,  dans  le  sens  de  aiiisi. 

15.  Des  ca/oin/tiateu7's,  litt.  des frappcurs 
par  la  langue  (com p.  Jer.  xviii,  18).  — 
A  vion  insu;  d'autres ,  sans  que  je  sache 
poiirquoi.  Hengstenberg  et  Delitzsch  tra- 
duisent  ainsi  le  second  membie  :  avec  eii\ 
s'assemble  co7itre  moi  une  vile  populace^ 
des  gens  de  rebut,  que  je  ne  coiinais 
menie  pas. 

16.  Impiirs  parasites  qui,  pour  flatter 
celui  qui  les  nourrit,  dechirent  de  leurs 
moqueries  ses  adversaires.  D'autres  au- 
trement. 

La  Vulg.  rend  ainsi  les  vers.  15-16  :  its  se 
sont  rejouis  conire  moi  et  se  sont  assembles ; 
ils  ont  ai/iasse  si/r  moi  des  calomnies  a  mon 
insH  (ou  dont  je  n\xvais  pas  le  soicpco7i). 
Leur  malice  a  ete  dejoiiec  une  premiere  fois, 
mais  ils  ne  se  sont  pas  repentij  ils  m^ont 
attaqne  dt  nouveau,  tn'ont  insiilte  avec  nio- 
qiterie  et  ont  grince,  etc. 


17.  Le  verras-tn  sans  intervenir.  —  Ma 
vie,  litt.  mott  unique  :  voy.  xxii,  21. 

18.  Peuple  puissant.^  parallele  a  gratide 
assemblee,  c.-a-d.  peuple  nombreux. 

19.  Clignent  des yeux  :  signe  de  moquerie 
et  de  mutual  concert  entre  les  ennemis  du 
Psalmiste.  D'autres,  ne  reportant  pas  sur  le 
second  membre  la  negation  du  premier  : 
eux  qui  me  haissent  satis  motif  et  clignent 
des  yeux  (Vulg.). 

20.  I.XX  et  Vulg.  :  ils  me  (hebr.  //,  au 
lieu  de  lo)  disaient  des  paroles  de  paix,  mais, 
pai  lant  dans  le  pays  avec  colere,  ils  tnedi- 
taiejit  des  embfiches. 

21.  Leur  bouche,  soit  comme  la  bete  feroce 
qui  s'apprete  k  ddvorer,  soit  pour  faire  ecla- 
ter  des  rires  insultants.  —  Notre  ceil  a  vu 
sa  ruine ;  eile  est  irremediable. 

22.  Tu  le  vols,  en  opposition  avec  notre 
a'il  a  vu. 

25.  Notre  dme,  notre  desir.  —  Englouii, 
perdu  totalement  et  sans  retour. 


72 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xxxvi.  1  AU  maitre  de  chant.  —  De  David,  serviteiir  de  Jehovah. 

2  L'iniquite  parle  au  mechant  dans  le  fond  de  son  coeur; 
La  crainte  de  Dieu  n'est  pas  devant  ses  yeux. 

3  Car  il  se  flatte  lui-meme,  sous  le  regard  divin, 

Doutant  que  Dieu  decouvre  jamais  son  crime  et  le  deteste. 

4  Les  paroles  de  sa  bouche  sont  injustice  et  tromperie; 
II  a  cesse  d'avoir  I'intelligence,  de  faire  le  bien. 

5  II  medite  l'iniquite  sur  sa  couche; 

II  se  tient  sur  une  voie  qui  n'est  pas  bonne ; 
II  ne  rejette  pas  le  mal. 

6  Jdhovah,  ta  bonte  atteint  jusqu'aux  cieux, 
Ta  fidelite  jusqu'aux  nues. 

7  Ta  justice  est  comme  les  montagnes  de  Dieu, 
Tes  jugements  sont  comme  le  vaste  abime. 
Jehovah,  tu  gardes  les  hommes  et  les  betes. 

8  Combien  est  precieuse  ta  bonte,  6  Dieu  ! 

A  I'ombre  de  tes  ailes  les  fils  de  Thomme  cherchent  un  refuge. 

9  Us  s'enivrent  de  la  graisse  de  ta  maison, 
Et  tu  les  abreuves  au  torrent  de  tes  dclices. 

10  Car  aupres  de  toi  est  la  source  de  la  vie, 
Et  dans  ta  lumiere  nous  voyons  la  lumiere. 

11  Continue  ta  bonte  a  ceux  qui  te  connaissent, 
Et  ta  justice  a  ceux  qui  ont  le  coeur  droit. 

12  ()ue  le  pied  de  I'orgueilleux  ne  m'atteigne  pas, 

Et  que  la  main  des  mechants  ne  me  fasse  pas  fuir ! 

13  Les  voila  tombes,  ceux  qui  commettent  l'iniquite  I 
lis  sont  renverses,  et  ils  ne  peuvent  se  relever. 

P.SAUME   XXXVII   (VULG.  XXXVl). 

Saume  alphabetique  et  didacflique  (comp.  Ps.  xxv).  L'.mteur  se  presente  comme  un 
homme  revetu  de  I'autorit^  de  I'age  et  de  I'experience  (vers.  25).  Le  titre  nomme 
David;  il  I'aurait  compose  vers  la  fin  de  sa  vie,  et  aucune  raison  scrieuse  ne  vient 
a  I'encontre  de  cette  indication.  Le  veritable  but  de  ce  pocme  est  de  reconforter  les  justes 
en  presence  de  la  prospcrite  des  mechants  :  cette  prosperite  n'est  qu'accidentelle  et 
passagere;  le  malheur  ne  manque  jamais  d'atteindre  ici-bas  le  mechant,  et  le  juste  aftligd 
est  sur  de  retrouver  le  bonheur.  Les  Hebreux  n'ignoraient  pas  I'existence  d'une  vie  future; 
mais  la  nature  et  les  conditions  de  cette  vie  leur  etaient  peu  connues,  et  ils  ne  pouvaient 
se  promettre  d'en  gouter  les  recompenses  que  dans  un  avenir  fort  eloigne.  A  part  quel- 
ques  esprits  superieurs,  capables  de  s'elever  assez  haut  pour  se  consoler  d'une  vie  d'adver- 
site  par  I'esperance  des  biens  eternels  que  devait  assurer  le  Redempteur  promis,  la  foi 
en  I'immortalite  de  I'ame  n'avait  que  peu  d'inrtuence  sur  la  vie  morale  du  peuple.  La 
supreme  joie  de  I'Hebreu,  c'est  d'habiter  la  terra  de  Chanaan,  la  terre  promise  a  ses 
peres,  oil  reside  le  san(fluaire  de  Jehovah,  de  se  sentir  I'objet  de  sa  puissante  prote(!lion, 
et  de  savoir  que  sa  posterite  heritera  de  son  bonheur.  Comp.  vi,  6,  note. 

Plusieurs  sentences   de  ce   Psaume  sont   reproduites   dans  le  lixrc  des  Proverbes 
(iii,  31;  xxiii,  17;  xxiv,  i,  19.  Comp. /<>/',  xxi,  6,  al.). 


Ps.  xxxvii 


'  DE  David. 


Ne  t'irrite  pas  au  sujet  des  mechants, 

Ne  t'indigne  pas  a  propos  de  ceux  qui  font  le  mal. 

2  Car,  comme  I'herbe,  ils  seront  vite  coupes; 
Comme  la  verdure  du  gazon,  ils  se  dessccheront. 

3  Mets  ta  confiancc  en  Jehovah,  et  fais  le  bien ; 
Habite  le  pays,  et  jouis  de  sa  fidelite. 


PSAUME  XXXVI. 
2.  IJinhjidf(\  etc.  Litt.,  un  oj-ncle  tfe  Vini- 
qiiiii'  est  au  nuxJiant  dans  le  fond  de  son 


CiViir  (en  lisant  libho  avec  les  anciennes  ver- 
sions, au  lieu  de  la  lecon  massoretique  lihb;). 
L'iniquite  est  ici  personnifiee ;  cest  elle,  et 


LIBER  PSALMORUM. 


73 


— :i:—   PSALM  US  XXXV.  — :!=— 

Impiorum  malitia;  justitia  Dei; 
justorum  gloria. 

I.  In  finem,  servo  Domini  ipsi 
David. 

IX  IT  injustusutdelinquat 
in  semetipso  :  non  est  ti- 
mor  Dei  ante  oculos  ejus. 
3,  "Ouoniam  dolose  egit 
in  conspectu  ejus  :  ut  inveniatur 
iniquitas  ejus  ad  odium.  4.  Verba 
oris  ejus  iniquitas,  et  dolus  :  noluit 
intelligere  ut  bene  ageret.  5.  Iniqui- 
tatem  meditatus  est  in  cubili  suo  : 
astitit  omni  viae  non  bonae,  malitiam 
autem  non  odivit. 

6.  Domine  in  coelo  misericordia 
tua  :  et  Veritas  tua  usque  ad  nubes. 

7.  Justitia  tua  sicut  montes  Dei  : 
judicia  tua  abyssus  multa.  Homi- 
nes et  jumenta  salvabis  Domine  : 

8,  quemadmodum  multiplicasti  mi- 
sericordiam  tuam  Deus.  Filii  au- 
tem hominum,  in  tegmine  alarum 
tuarum    sperabunt.   9.  Inebriabun- 


tur  ab  ubertate  domus  tuas  :  et 
torrente  voluptatis  tuae  potabis 
eos.  10.  Quoniam  apud  te  est  fons 
vitae  :  et  in  lumine  tuo  videbimus 
lumen.  11.  Prastende  misericor- 
diam  tuam  scientibus  te,  et  justi- 
tiam  tuam  his,  qui  recto  sunt  cor- 
de.  1 2.  Non  veniat  mihi  pes  su- 
perbias  :  et  manus  peccatoris  non 
moveat  me. 

13,  Ibi  ceciderunt  qui  operantur 
iniquitatem  :  expulsi  sunt,  nee  po- 
tuerunt  stare. 

— :;:—    PSALM  US  XXXV  L  — :i:— 

Bonorum  et  malorum  dispares  sunt  spes 
et  exitus. 

Psalmus  ipsi  David. 

OLI  asmulari  in  mali- 
gnantibus  :  neque  zelave- 
ris  facientes  iniquitatem. 
2.  Quoniam  tamquam  foe- 
num  velociter  arescent  :  et  quem- 
admodum olera  herbarum  cito  de- 
cident. 

3.  Spera  in  Domino,  et  fac  boni- 


non  la  loi  ou  la  crainte  de  Dieu,  qui  parle  a 
I'impie,  qui  I'inspire,  qui  rend  en  quelque 
sorte  des  oracles  au  fond  de  son  cccur  pour 
I'exciter  au  mal.  Vulg.,  Pimpie  7i\i  pas 
(Vantre  peiisee  dans  son  ca'itr  tjue  ccllc  de 
pikJier. 

3.  II  se  flatic  Iiii-maiie,  il  se  fait  illusion, 
et  cela  sous  le  regard  divin,  au  point  de 
douter  que,  etc.,  et  le  detest c^  c.-a-d.  le  pu- 
nisse.  Ou  bien  :  il  se  flatte  lid-inniu\soiis  le 
regai'd  de  Dieii,  de  pouvoir  realiser  son  crime 
pour  assouvir  sa  haine.  D'autres,  avec  Le 
Hir  :  carVm\(\vi\X.€  ltd  rend  facile  (lui  pre- 
sente  comme  facile)  a  ses  yettx  de  realiser 
son  crime  pour  assouvir  sa  Jiaine.  Vulg.,  // 
aoit  de  ruse  sons  le  regard  divin,  pour  em- 
pecher  que  Dieu  dccouvre  son  crime  et  le 
deteste. 

4.  D'autres,  dans  le  2°  membre,  subor- 
donnent  les  deux  complements  :  il  a  cesse 
d''t'tre  sage  pour  /aire  le  bien,  de  savoir  fa  ire 
le  bien. 

7.  Les  montagncs  de  Dieu,  les  montagnes 
les  plus  elevees  {Gen.  xiii,  10).  —  Le  vaste 
abtme  des  eaux  {Geti.  vii,  11). 

9.  Im  graissc  fait  allusion  aux  vifli- 
mes  immolees  dans  les  sacrifices  et  figure 
I'abondance  des  biens  exquis,  naturels  et 


surnaturels,  dont   le   Seigneur  comble   les 
siens. 

10.  Au  sens  litteral,  la  vie  et  la  lumiere 
sont  les  symboles  du  bonheur  que  Dieu 
communique  a  ses  serviteurs  sur  la  terre, 
prelude  du  bonheur  de  la  vie  future  ou 
les  saints  contemplent  les  splendeurs  di- 
vines. 

12.  Ne  me  fasse pas  fuir,  ne  me  rende  pas 
fugitif  et  errant  comme  je  I'ai  etc  au  temps 
de  la  revoke  d'Absalon. 

13.  Le  Psalmiste  re^oit  I'assurance  qu'il 
est  exauce,  et  dcja  il  voit  en  esprit  ses  cnne- 
mis  abattus. 

PSAUME  XXXVI, 

2.  Seront  coupes  (niph.  de  malal :  Gen. 
xvii,  11);  ou  bien  avec  la  Vulg.,  ils  sejletri- 
ro?!t  (kal  de  malal). 

3.  Habile,  etc.  Ce  2e  membre  est  diverse- 
ment  explique  :  les  uns,  avec  Le  Hir,  y 
voient,  sous  la  forme  plus  vive  de  I'impera- 
tif,  I'expression  d'une  promesse  :  et  alors  /// 
habit  eras  le  pays  et  tu  jouiras  des  bienfaits 
d'un  Dieu  fidele.  D'autres,  avec  Delitzsch, 
Patrizi,  etc.,  conservent  a  I'imperatif  son 
sens  stri(fl  :  Jinbitc  ...  et  repais-toi  de  fide- 
lite,  que    ta    fidelite    a    Dieu    soit    comme 


74  PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 

4  Fais  de  Jehovah  tes  delices 

Et  il  te  donnera  ce  que  ton  coeur  desire. 

5  Remets  ton  sort  a  Jehovah 
Et  confie-toi  en  lui  :  il  agira  : 

6  II  fera  resplendir  ta  justice  comme  la  lumiere, 
Et  ton  droit  comme  le  soleil  a  son  midi. 

7  Tiens-toi  en  silence  devant  Jehovah  et  espere  en  lui; 

Ne  t'irrite  pas  au  sujet  de  celui  qui  reussit  dans  ses  voies, 
De  I'homme  qui  vient  a  bout  de  ses  mauvais  desseins. 

8  Laisse  la  colere,  abandonne  la  fureur; 
Ne  t'irrite  pas,  pour  n'aboutir  qu'au  mal. 

9  Car  les  mechants  seront  retranches, 

Mais  ceux  qui  esperent  en  Jehovah  possederont  le  pays. 

10  Encore  un  peu  de  temps,  et  le  mechant  n'est  plus; 
Tu  regardes  sa  place,  et  il  a  disparu. 

11  Mais  les  doux  possederont  la  terre, 

lis  gouteront  les  delices  d'une  paix.profonde. 

12  Le  mechant  forme  des  projets  contre  le  juste, 
II  grince  les  dents  contre  lui. 

13  Le  Seigneur  se  rit  du  mechant, 
Car  il  voit  c]ue  son  jour  arrive. 

14  Les  mechants  tirent  le  glaive, 
lis  bandent  leur  arc. 

Pour  abattre  le  malheureux  et  le  pauvre, 
Pour  egorger  ceux  dont  la  voie  est  droite. 

15  Leur  glaive  entrera  dans  leur  propre  coeur, 
Et  leurs  arcs  se  briseiont. 

16  Mieux  vaut  le  peu  du  juste, 

Que  I'abondance  de  nombreux  mechants; 

17  Car  le  bras  des  mechants  sera  brise, 
Et  Jehovah  soutient  les  justes. 

18  Jehovah  connait  les  jours  des  hommes  integres, 
Et  leur  heritage  dure  h.  jamais. 

19  lis  ne  sont  pas  confondus  au  temps  du  malheur, 
Et  ils  sont  rassasies  aux  jours  de  la  famine. 

20  Mais  les  mechants  perissent; 

Les  ennemis  de  Jehovah  sont  comme  la  gloire  des  prairies; 
Ils  s'en  vont  en  fumee,  ils  s'evanouissent. 

21  Le  mechant  emprunte,  et  il  ne  rend  pas; 
Le  juste  est  compatissant,  et  il  donne. 

22  Car  ceux  que  benit  Jehovah  possedent  le  pays, 
Et  ceux  qu'il  maudit  sont  retranches. 

23  Jehovah  affermit  les  pas  de  I'homme  jus/e, 
£t  il  prend  plaisir  k  sa  voie. 

24  S'il  tombe,  il  n'est  pas  etendu  par  terre. 
Car  Jehovah  soutient  sa  main. 

25  J'ai  et^  jeune,  me  voila  vieux, 

Et  je  n'ai  point  vu  le  juste  abandonne, 
Ni  sa  posterite  mendiant  son  pain. 

26  Toujours  il  est  compatissant,  et  il  prete, 
Et  sa  posterite  est  en  benedi(f\ion. 


LIBER  PSALMORUM. 


75 


tatem  :  et  inhabita  terram,  et  pasce- 
ris  in  divitiis  ejus.  4.  Delectare  in 
Domino  :  et  dabit  tibi  petitiones 
cordis  tui. 

5.  Revela  Domino  viam  tuam,  et 
spera  in  eo:  et  ipse  faciet.  6.  Et  edu- 
cet  quasi  lumen  justitiam  tuam  :  et 
judicium  tuum  tamquam  meridiem : 

7.  Subditus  esto  Domino,  et  ora 
eum.  Noli  aemulari  in  eo,qui  prospe- 
ratur  in  via  sua  :  in  homine  faciente 
injustitias. 

8.  Desine  ab  ira,  et  derelinque  fu- 
rorem  :  noli  asmulari  ut  maligne- 
ris.  9.  Quoniam  qui  malignantur, 
exterminabuntur  :  sustinentes  au- 
tem  Dominum,  ipsi  hereditabunt 
terram. 

10.  Et  adhuc  pusillum,  et  non 
erit  peccator  :  et  quaeres  locum  ejus, 
et  non  invenies.  11.  "Mansueti  au- 
tem  hereditabunt  terram,  et  dele- 
ctabuntur  in  multitudine  pacis. 

12.  Observabit  peccator  iustum  : 
et  stridebit  super  eum  dentibus  suis. 
13.  Dominus  autem  irrideblt  eum  : 
quoniam  prospicit  quod  veniet  dies 
ejus. 

14.  Gladium  evaginaverunt  pec- 
catores  :  intenderunt  arcum  suum, 
ut  dejiciant  pauperem  et  inopem  : 


ut  trucident  rectos  corde.  15.  Gla- 
dius  eorum  intret  in  corda  ipsorum : 
et  arcus  eorum  confringatur. 

16.  Melius  est  modicum  justo, 
super  divitias  peccatorum  multas. 
17.  Quoniam  brachia  peccatorum 
conterentur:  confirmat  autem  justos 
Dominus. 

18.  Novit  Dominus  dies  immacu- 
latorum  :  et  hereditas  eorum  in 
aeternum  erit.  19.  Non  confunden- 
tur  in  tempore  malo,  et  in  diebus 
famis  saturabuntur  : 

20.  Quia  peccatores  peribunt. 
Inimici  vero  Domini  mox  ut  ho- 
norificati  fuerint  et  exaltati  :  de- 
ficientes,  quemadmodum  fumus 
deficient. 

21.  Mutuabitur  peccator,  et  non 
solvet  :  Justus  autem  miseretur  et 
tribuet.  22.  Quia  benedicentes  ei 
hereditabunt  terram  :  maledicentes 
autem  ei  disperibunt. 

23.  Apud  Dominum  gressus  ho- 
minis  dirigentur :  et  viam  ejus  volet. 
24.  Cum  ceciderit,  non  collidetur  : 
quia  Dominus  supponit  manum 
suam. 

25.  Junior  fui,  etenim  senui  :  et 
non  vidi  justum  derelictum,  nee  se- 
men ejus  quaerens  panem.  26.  Tota 


ton  aliment ;  I'apodose  ne  viendrait  qu'au 
2«  membre  du  vers.  4. 

6.  Comp.  Prov.  iv,  18. 

7.  Garde  dev  ant  Jehovah  un  respedlueux 
silence;  attends  en  paix  ce  qu'il  fera. 

8.  Pour  7i'aboiitir,  cela  n'aboutirait  §'?^'a/^ 
inal. 

II.  Les  doux,  qui  auront  patiemment  sup- 
portd  les  injustices  des  mediants.  Comp. 
Matth.  V,  5;  xi,  29. 

13.  Son  jottr,  le  jour  du  mechant,  ou  il 
recevra  son  chatiment.  Comp.  Job,  xviii,  20; 
xxi,  30. 

17.  Les  bras,  les  forces,  les  ressources. 

18.  Connait,  d'une  connaissance  accom- 
pagnee  d'amour  et  de  soUicitude  (i,  6.  Comp. 
Exod.  xxiii,  26). 

20.  EnftDnee,  ou  comnie  la  fiiniee  (Vulg.). 
—  La  gloire  ou  la  beaute  des  pj-airies,  la 
verdure,  les  fleurs.  Vulg.,  les  ennemis  du 
Seigneur^  des  quails  sont  arrives  aux  hon- 
ncurs  et  aux  plus  haute s  dignite's,  s\'va- 
nouissent,  etc. 


21.  Sens  :  le  mechant,  riche  naguere,  est 
reduit  a  emprunter,  sans  meme  pouvoir  ren- 
dre;  le  juste,  naguere  si  pauvre,  a  mainte- 
nant,  non  seulement  pour  soi,  niais  encore 
de  quoi  donner  aux  autres.  Comp.  Deut. 
xxviii,  12,  44. 

22.  (lue  benit  Jehovah.  LXX  et  Vulg., 
qui  bTtiiss^nt  le  Seigneur;  de  meme  au 
second  membre,  qui  le  vuiudissent. 

24.  S'il  tonibe,  s'il  fait  un  faux  pas;  sens 
de  I'image  :  s'il  survient  au  juste  quelque 
adversite,  Dieu  vient  a  son  secours.  Comp. 
Prov.  xxiv,  16;  II  Cor.  iv,  9. 

25.  Verite  morale  de  tons  les  temps,  mais 
qui  souffrait  moins  d'exceptions  chez  un 
peuple  dont  I'infirmite,  dit  Bossuet,  denian- 
dait  en  general  d'etre  soutenue  par  des  be'- 
nedidions  temporelles.  II  s'agit  d'ailleurs 
ici,  non  d'une  epreuve  passagere,  telle  que 
David  lui-meme  en  avait  connue  plus  d'une 
fois,  mais  d'un  abandon  proprement  dit, 
d'un  etat  durable  de  privation  des  clioses 
necessaires  a  la  vie. 

26.  Comp.  vers.  21. 


76 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


29 


Detouine-toi  du  mal  et  fais  le  bien, 
Et  habite  a  jamais  ta  demeure. 
Car  Jehovah  aime  la  justice, 
Et  il  n'abandonne  pas  ses  fideles; 

lis  sont  toujours  sous  sa  garde, 

Mais  la  posterity  des  mdchants  sera  retranchce. 

Les  justes  possederont  le  pays, 

Et  ils  y  habiteront  a  jamais. 


30  La  bouche  du  juste  annonce  la  sagesse, 
Et  sa  langue  proclame  la  justice. 

31  La  loi  de  son  Dieu  est  dans  son  coeur; 
Ses  pas  ne  chancellent  point. 

32  Le  mechant  epie  le  juste, 

Et  il  cherche  a  le  faire  mourir. 
2,3  Jehovah  ne  I'abandonne  pas  entre  ses  mains, 

Et  il  ne  le  condamne  pas  quand  vient  son  jugement. 

34  Attends  Jehovah  et  garde  sa  voie, 

Et  il  t'elevera  et  tu  possederas  le  pays; 

Ouand  les  mechants  seront  retranches,  tu  /e  verras. 

35  J'ai  vu  I'impie  au  comble  de  la  puissance; 
II  s'etendait  comme  un  arbre  verdoyant. 

36  J'ai  pass^,  et  il  n'etait  plus; 

Je  I'ai  cherche,  et  il  ne  se  trouvait  plus. 

37  Observe  celui  qui  est  integre,  et  regarde  celui  qui  est  droit; 
Car  il  y  a  une  postdrite  pour  I'homme  de  paix. 

38  Mais  les  rebelles  seront  tous  aneantis, 

La  posterite  des  mechants  sera  retranchee. 

39  De  Jehovah  vient  le  salut  des  justes; 

II  est  leur  protefteur  au  temps  de  la  detresse. 

40  Jehovah  leur  vient  en  aide  et  les  ddlivre; 
II  les  delivre  des  mechants  et  les  sauve, 
Parce  qu'ils  ont  mis  en  lui  leur  confiance. 


PSAUME   XXXVIII    (VULG.  XXXVIl). 

Avid  composa  ce  Psaume  quelque  temps  apres  son  adultcre  avec  Pethsabee,  pro- 

bablement    dans  le  commencement  de  la  rcvolte   d'Absalon.   Nathan   lui  avait 

i^^l  apporte  de  la  part  de  Dieu  le  pardon  de  son  peche;  mais,  la  faute  remise,  il  lui 


Ps. 
.wxviii. 


restait  a  I'expier  par  de  dures  epreuves  :  mort  du  premier  ne  de  Belhsabee,  guerre  terrible 
centre  les  Ammonites,  crimes  et  revokes  dans  sa  propre  famille,  abandon  et  hostilite  de 
ses  amis.  II  commence  par  peindre,  sous  la  figure  de  souffrances  corporelles,  I'etat  de  tris- 
tesse  et  d'accablement  ou  il  est  reduit,  vers.  2-9;  il  se  plaint  de  I'abandon  et  meme  de 
I'hostilite  que  lui  temoignent  ses  anciens  amis  (10-15);  enfin  il  invoque  le  Seigneur,  qui 
seul  pent  le  secourir  (16-23). 

Ce  Psaume  est  le  troisi^me  Aespentfen/iat/x;  les  sentiments  qu'il  exprime  conviennent 
a  tous  les  pccheurs  repentants.  Au  sens  spirituel,  S.  Augustin  I'applique  au  Messie,  souf- 
frant  non  pour  ses  propres  fautes,  mais  pour  I'expiation  des  peches  des  hommes. 

1  PSAUME  de  David.  Pour  faire  souvenir. 

2  Jehovah,  ne  me  punis  pas  dans  ta  colere, 
Et  ne  me  chatie  pns  dans  ta  fureur. 

3  Car  tes  filches  m'ont  atteint, 

Et  ta  main  s'est  appesantic  sur  moi. 

4  11  n'y  a  rien  de  sain  dans  ma  chair  a  cause  de  ta  colere, 
II  n'y  a  rien  de  sauf  dans  nies  os  ii  cause  de  mon  pdche. 

5  Car  mes  iniquites  s'elevent  au-dessus  de  ma  tcte; 
Comme  un  Unird  fardeau,  elles  m'accablent  de  leur  poids. 


LIBER  PSALMORUM. 


77 


die  miseretur  et  commodat  :  et  se- 
men illius  in  benedictione  erit. 

27.  Declina  a  malo,  et  fac  bo- 
num  :  et  inhabita  in  sasculum  sae- 
culi.  28.  Quia  Dominus  amat  ju- 
dicium, et  non  derelinquet  sanctos 
suos  : 

In  asternum  conservabuntur.  In- 

justi  punientur:  et  semen  impiorum 

peribit.  29.  Justi   autem  heredita- 

bunt  terram  :  et  inhabitabunt  in  sas- 

culum  sasculi  super  eam. 

*Prov.  31,        30.  *Os  justi  meditabitur  sapien- 

^-  tiam,  et  lingua  ejus  loquetur  judi- 

cis. 51.        cium.  31,'^ Lex  Dei  ejus  in  corde 

ipsius    :   et    non    supplantabuntur 

gressus  ejus. 

32,  Considerat  peccator  justum  : 
et  quasrit  mortificare  eum.  23-  Do- 
minus autem  non  derelinquet  eum 
in  manibus  ejus  :  nee  damnabit  eum 
cum  judicabitur  illi. 

34.  Exspecta  Dominum,  et  cu- 
stodi  viam  ejus  :  et  exaltabit  te  ut 
hereditate  capias  terram  :  cum 
perierint  peccatores  videbis. 

2S.  Vidi  impium  superexaltatum, 
et  elevatum  sicut  cedros  Libani. 
26.  Et  transivi,  et  ecce  non  erat  : 
et  quassivi  eum,  et  non  est  inventus 
locus  ejus. 


37.  Custodi  innocentiam,  et  vide 
asquitatem  :  quoniam  sunt  reliquiae 
homini  pacifico.  33.  Injusti  autem 
disperibunt  simul  :  reliquiae  impio- 
rum interibunt. 

39.  Salus  autem  justorum  a 
Domino  :  et  protector  eorum  in 
tempore  tribulationis.  40.  Et  ad- 
juvabit  eos  Dominus,  et  liberabit 
eos  :  et  eruet  eos  a  peccatoribus, 
et  salvabit  eos  :  quia  speraverunt 
in  eo. 

— :>—    P A  L  M  U  S  XXX  VII.  — :;:— 

Orat  Deum  ut  sibi  propter  peccatum  multis 
modis  afflitlo  opem  ferat. 


I.  Psalmus  David,  in  rememora- 
tionem  de  sabbato. 

OMINE  ne  in  furore  tuo 
arguas  me,  "neque  in  ira 
tua  corripias  me.  3.  Quo- 
niam sagittas  tuas   infixas 


sunt  mihi  :  et  confirmasti  super  me 
manum  tuam.  4.  Non  est  sanitas  in 
carne  mea  a  facie  iras  tuas  :  non  est 
pax  ossibus  meis  a  facie  peccatorum 
meorum.  5.  Quoniam  iniquitates 
meas  supergressas  sunt  caput  meum  : 
et  sicut  onus  grave  gravatae  sunt  su- 


''Siipra6,2. 


27.  £■/  habite,  pour  tu  habiteras  (comp. 
vers.  3,  note),  ta  demeure,  le  pays  que  Dieu 
t'a  donne. 

^iZ-  Son  jugevient,  le  jugement  du  juste. 
Tertullien  disait  dans  le  memo  sens  aux 
persecuteurs  paiens  :  "  Lorsque  vous  nous 
condamnez,  Dieu  nous  absout." 

34.  Tu  le  verras  avec  complaisance,  et  tu 
seras  console  en  voyant  ma  justice. 

35.  Cotnnie  un  arbre  :  I'expression  hebr. 
indique  un  arbre  qui  croit  sur  son  sol  natal, 
qui  n'a  pas  ete  transplante,  et  par  conse- 
quent tres  vigoureux.  LXX  et  Vulgate, 
d'apres  une  autre  legon  :  comnie  les  ccdres 
du  Liban. 

36.  J\ii  passe  :  c'est  la  lec^on  des  versions 
anciennes,  et  tres  probablement  la  vraie. 
Le  texte  hebr.  acluel  porte  :  //  (le  mechant 
figure  par  I'arbre)  a  passe,  ce  que  Delitzsch 
traduit  :  on  a  passe,  et  le  mechant  n^ctait 
plus. 

37.  Car,  dans  le  sens  de  :  et  tu  verras 
quV/j/  a  icne posterite,  ou,  dans  un  sens  plus 
general,  un  avenir  {Prov.  xxiii,  18),  pour 


etc.  D'autres,  avec  \d.\u\g.,  garde  Vinno- 
cence  (litt.  V Innocent  abstrait)  et  n\iie  en 
vue  que  la  justice,  car,  etc. 

38.  Comp.  Prov.  xxiv,  20;  Sag.  iii,  16-19. 

PSAUME  XXXVIII. 

1.  Pour  faire  souvenir  Dieu  de  David, 
qu'il  semble  avoir  oublie  :  allusion  a  la  par- 
tie  de  I'oblation  nommec  ascarah,  c.-a-d. 
souvenir,  que  I'on  bridait  sur  I'autel;  la  fu- 
mee  qui  s'elevait  vers  le  ciel  faisait  monter 
jusqu'a  Dieu  une  sorte  de  ine/i/ento,  en  fran- 
cais,  souvenez-vous  de  moi.  Les  LXX  et  la 
Vulg.  ajoutent  une  indication  liturgique, 
pour  le  sabbat,  pour  servir  aux  assemblies 
tenues  ce  jour-la. 

2.  Comp.  Ps.  vi,  I. 

3.  Flecbes  :  calamites  que  Dieu  lance, 
comme  des  traits.  Comp.  Job.  vi,  4. 

4.  //  n^y  a  rien  de  sauf  (hebr.  schaloin, 
intcgrite,  bon  e'tat)  :  tous  mes  os  sont  ma- 
lades. 

5.  S''elevent,  comme  des  ejvux  debor- 
dees. 


78 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xxxix. 


6  Mes  meurtrissures  sont  infe<fles  et  purulentes 
Par  I'effet  de  ma  folie. 

7  Jc  suis  courbe,  abattu  a  I'exces; 
Tout  le  jour  je  marclie  dans  le  deuil. 

8  Un  mal  brulant  devore  mes  reins, 
Et  il  n'y  a  rien  de  sain  dans  ma  chair. 

9  Je  suis  sans  force,  brise  outre  mesure; 
Le  trouble  de  mon  coeur  m'arrache  des  g^missements. 

ID  Seigneur,  tous  mes  desirs  sont  devant  toi, 
Et  mes  soupirs  ne  te  sont  pas  caches. 

1 1  Mon  coeur  palpite,  ma  force  ni'abandonne, 
Et  la  lumiere  meme  de  mes  yeux  n'est  plus  avec  moi. 

12  Mes  amis  et  mes  compagnons  s'eloignent  de  ma  plaie, 
Et  mes  proches  se  tiennent  a  I'ecart. 

13  Ceux  qui  en  veulent  a  ma  vie  tendent  leurs  pieges; 
Ceux  qui  cherchent  mon  malheur  proferent  des  menaces, 
Et  tout  le  jour  ils  meditent  des  embuches. 

14  Et  moi,  je  suis  comme  un  sourd,  je  n'entends  pas; 
Je  suis  comme  un  muet,  qui  n'ouvre  pas  la  bouche. 

15  Je  suis  comme  un  homme  qui  n'entend  pas, 
Et  dans  la  bouche  duquel  il  n'y  a  point  de  replique. 

16  C'est  en  toi,  Jehovah,  que  j'espere; 
Toi,  tu  repondras,  Seigneur  mon  Dieu ! 

17  Car  je  dis  :  "  Qu'ils  ne  se  rejouissent  pas  a  mon  sujet, 
Eux  qui  seront  insolents  contre  moi,  si  mon  pied  chancelle.'' 

18  Car  je  suis  pres  de  tomber, 
Et  ma  douleur  est  toujours  devant  moi. 

ig  Car  je  confesse  mon  iniquite, 

Je  suis  dans  la  crainte  a  cause  de  mon  peche. 

20  Et  mes  ennemis  sont  pleins  de  vie,  ils  sont  puissanls; 
Ceux  qui  me  hai'ssent  sans  cause  se  sont  multiplies. 

21  lis  me  rendent  le  mal  pour  le  bien; 
lis  me  sont  hostiles,  parce  que  je  cherche  la  justice. 

22  Ne  m'abandonne  pas,  Jehovah  ! 
Mon  Dieu,  ne  t'eloigne  pas  de  moi ! 

23  Hate-toi  de  me  secourir. 
Seigneur,  toi  qui  es  mon  salut ! 

PSAUME   XXXIX   (VULG.  XXXVIIl). 

E  Psaume  est  empreint  de  la  plus  touchante  tristesse;  au  sentiment  d'Ewald,  c'est 
la  plus  belle  elegie  du  Psautier.  Le  fond  des  pensees  ofire  une  grande  analogic 
avec  les  discours  de  Job  et  le  Ps.  xc.  On  le  rapporte  avec  vraisemblance  aux  der- 
nieres  annees  de  la  vie  de  David,  a  I'epoque  de  la  revolte  d'Absalon  (comp.  I  Par.  xxix,  15). 
Apres  avoir  longtemps  retenu  I'expression  de  sa  douleur  (vers.  2-4),  le  Psalmiste  I'exhale 
enfin  en  une  plainte  amere  sur  les  miseres  de  la  vie  rapprochees  de  sa  brievete  et  de  la 
faiblesse  de  I'homme  (5-7).  Puis,  reprenant  confiance,  il  conjure  le  Seigneur  de  I'epargner 
et  de  lui  accorder  quelque  repit  avant  de  mourir  (8-14). 

1  AU  maitre  de  chant,  k  Idithun,  Chant  de  David. 

2  Je  disais  :  "  Je  veillerai  sur  mes  voies, 
De  peur  de  pecher  par  la  langue; 

Je  mettrai  un  frein  k  ma  bouche, 
Tant  que  le  mechant  sera  devant  moi." 

3  Et  je  suis  reste  muet,  dans  le  silence; 

Je  me  suis  tu,  qtioique  privd  de  tout  bien, 
Mais  ma  douleur  s'est  irritee; 


6.  Mes  meiirlrissiires,  resultat  des  chati- 
ments  divins.  —  Folie,  ici  et  souvent  ail- 
leurs,  synonyme  de  peche. 


7.  Je  marche  triste  et  sombre,  comme 
dims  le  deuil. 

8.  Car  un  mal  brulant,  etc.  Vulg.,  mes 


LIBER  PSALMORUAI. 


79 


per  me.  6.  Putruerunt  et  corruptas 
sunt  cicatrices  meae,  a  facie  insipien- 
tias  meae,  7.  Miser  factus  sum,  et 
curvatus  sum  usque  in  finem  :  tota 
die  contristatus  ingrediebar.  8.  Ouo- 
niam  lumbi  mei  impleti  sunt  illu- 
sionibus  :  et  non  est  sanitas  in  carne 
mea.  9.  Afflictus  sum,  et  humiliatus 
sum  nimis  :  rugiebam  agemitu  cor- 
dis mei. 

10.  Domine,  ante  te  omne  desi- 
derium  meum  :  et  gemitus  meus  a 
te  non  est  absconditus.  11.  Cor 
meum  conturbatum  est,  dereliquit 
me  virtus  mea  :  et  lumen  oculorum 
meorum,  et  ipsum  non  est  mecum. 
•Job.  19,  12.  *Amici  mei,  et  proximi  mei  ad- 
versum  me  appropinquaverunt,  et 
steterunt.  Et  qui  juxta  me  erant,  de 
longesteterunt:  ij.et  vim  faciebant 
qui  quasrebant  animam  meam.  Et  qui 
inquirebant  mala  mihi,  locuti  sunt 
vanitates  :  et  dolos  tota  die  medita- 
bantur.  14.  Ego  autem  tamquam 
surdus  non  audiebam  :  et  sicut  mu- 
tus  non  aperiens  os  suum.  15.  Et 
factus  sum  sicut  homo  non  audiens  : 
et  non  habens  in  ore  suo  redargu- 
tiones. 

16.  Quoniam  in  te  Domine  spe- 
ravi :  tu  exaudies  me  Domine  Deus 


meus.  17.  Quia  dixi  :  Nequando 
supergaudeant  mihi  inimici  mei :  et 
dum  commoventur  pedes  mei, super 
me  magna  locuti  sunt.  1 8.  Quoniam 
ego  in  flagella  paratus  surn  :  et  do- 
lor meus  in  conspectu  meo  semper. 
19.  Quoniam  iniquitatem  meam  an- 
nuntiabo  :  et  cogitabo  pro  peccato 
meo.  20,  Inimici  autem  mei  vivunt, 
et  confirmati  sunt  super  me  :  et  mul- 
tiplicati  sunt  qui  oderunt  me  inique, 
21,  ^Qui  retribuunt  mala  pro  bonis, 
detrahebant  mihi  :  quoniam  seque- 
bar  bonitatem. 

22.  Ne  derelinquas  me  Domine 
Deus  meus  :  ne  discesseris  a  me. 
23.  Intende  in  adjutorium  meum, 
Domine  Deus  salutis  meas. 

— :i:—  PSALMUS  XXXVIII, —:i:— 

Agit  de  vanitate  et  brevitate  vitae,  Deum 
oiat  ut  peccatum  remittat  et  sibi  adsit. 

I.  In  finem,  ipsi  Idithun,  Canti- 
cum  David. 

^^IXI :  Custodiam  vias  meas : 
ut  non  delinquam  in  lin- 
gua mea.  Posui  ori  meo 
custodiam,  cum  consiste- 
ret  peccator  adversum  me.  3.  Ob- 


PS.  34.    12. 


reins  sotit  remplis  dHllusions  :  expression 
diversement  expliquee. 

9.  Sans  force,  ou  bien  dans  la  iorpeur, 
comme  un  homme  engourdi  par  le  froid. 

10.  Liaison  :  mais  a  quoi  bon  m'etendre 
sur  ces  choses?  Vous  connaissez  mes  besoins 
et  mes  desirs  (Le  Hir). 

12.  S^eloigneni  de  ma  plaie,  aa  lieu  d'en 
approcher  et  de  me  consoler.  Vulg.,  se  sont 
approcht's  vis-a-vis  de  nioi,  et,  au  lieu  de  me 
secourir,  se  sont  arretes  a  distance.  —  Et 
mes  procJies :  Delitzsch  voit  dans  ce  second 
membre  une  variante  du  premier  ou  une 
glose,  mais  tres  ancienne,  car  on  le  trouve 
dans  toutes  les  versions. 

13.  Profcrent  des  menaces,  litt.  parlent  de 
mines.  Vulg.,  ptiblient  des  mensonges. 

14.  Les  SS.  Peres  appliquent  ce  verset  a 
Jesus-Christ  qui,  pendant  sa  passion,  ne 
voulut  pas  ouvrir  la  bouche  pour  se  de- 
fendre.  Comp.  Is.  liii,  7. 

16.  Tu  repondras  par  des  adl;es,  en  pre- 
nant  ma  defense. 

17.  Car  je  me  dis :  tu  ne  saurais  permettre 


qu'ils  triomphent  de  moi,  et  qu'ils  s'affer- 
missent  ainsi  dans  leur  insolence  et  leurs 
mauvais  desseins. 

18.  A  tombcr.  LXX  et  Vulg.,  ate  chdti- 
ment.  —  Ma  douleiir,  mon  peche  et  les 
chatiments  qu'il  provoque. 

20.  Ptdssants,  probablement  dans  le  sens 
de  nombretix. 

PSAUME  XXXIX. 

\.  Idithun,  un  des  trois  chefs  de  la  musicjue 
sacr^e  au  temps  de  David  (I  Par.  xvi,  41  sv. 
XXV,  I,  3;  II  Par.  V,  12;  xxxv,  15)  :  c'est  k 
lui  que  le  Psalmiste  confia  I'execution  de  ce 
morceau. 

2.  Mes  votes,  ma  conduite^  ce  qui  com- 
prend  aussi  les  paroles.  —  Tant  que  le  me- 
chant,  dont  on  doit  attendre  la  ruine  pro- 
chaine,  sera  encore  devaiit  inoi. 

3.  Quoique  prive  de  tout  bien,  au  milieu 
des  plus  vives  souffrances.  La  Vulg.  peut 
s'entendre  aussi  de  cette  maniere;  ou  bien  : 

je  ine  suis  tu,  abstenu,  meme  de  bonnes  pa- 
roles, de  peur  d'en  laisser  echapper  aussi  de 


80  PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 

4  Mon  coeur  s'est  embrase  au-dedans  de  moi; 
Dans  iT)es  rtfflexions  un  feu  s'est  allume, 
Et  la  parole  est  venue  sur  ma  langue, 

5  "  Fais-moi  connaitre,  Jehovah,  quel  est  le  terme  de  ma  vie, 
Quelle  est  la  mesuie  de  mes  jours; 
Que  jc  sache  combien  je  suis  perissable. 

6  Tu  as  donne  :i  mes  jours  la  largeur  de  la  main, 
Et  ma  vie  est  comme  un  rien  devant  toi. 
Oui,  tout  homme  vivant  n'est  qu'un  souffle.  —  Scla. 

7  Oui,  rhomme  passe  comme  une  ombre: 
Oui,  c'est  en  vain  qu'il  s'agite; 
II  amasse,  et  il  ignore  qui  recueillera." 

8  Maintenant,  que  puis-je  attendre,  Seigneur? 
Mon  esperance  est  en  toi. 

9  Delivre-moi  de  toutes  mes  transgressions; 
Ne  me  rends  pas  I'opprobre  de  I'insense. 

10  Je  me  tais,  je  n'ouvre  plus  la  bouche, 
Car  c'est  toi  qui  agis. 

11  Ddtourne  de  moi  tes  coups; 
Sous  la  rigueur  de  ta  main,  je  succombel 

12  Quand  tu  chaties  I'homme  en  le  punissant  de  son  iniquite, 
Tu  ddtruis,  comme  fait  la  teigne,  ce  qn'il  a  de  plus  cher. 
Oui,  tout  homme  n'est  qu'un  souffle.  —  Se/a. 

13  Ecoute  ma  pricre,  Jtihovah, 
Prete  I'oreille  a  mes  cris, 
Ne  sois  pas  insensible  a  mes  larmes ! 
Car  je  suis  un  etranger  chez  toi, 
Un  voyageur,  comme  tous  mes  peres. 

14  Ddtourne  de  moi  le  regard  et  laisse-moi  respirer, 
Avant  que  je  m'en  aille  et  que  je  ne  sois  plus! 

PSAUME   XL    (VULG.  XXXIX.) 

3!Atrizi  rapporte  ce  cantique  a  la  situation  exposee  I  ^a/it.  xxiv,  lorsque  David  eut 
|J[  echappe  aux  mains  de  Saiil  a  Engaddi.  Le  Psalmiste  remercie  le  Seigneur  de  sa 
m  delivrance  (2-6);  il  lui  offrira  en  reconnaissance,  non  les  sacrifices  de  la  loi,  mais 
un  cceur  obeissant  et  fidele,  et  il  publiera  partout  sa  justice  et  sa  bonte  (7-1 1);  enfin,  comme 
il  est  encore  environne  de  dangers,  il  le  conjure  de  le  sauver  et  de  confondre  ses  enne- 
mis  (12-18). 

S.  Paul  {He'dr.  x,  5  sv.)  applique  les  vers.  7-9  a  la  satisfa6\ion  de  Jesus-Christ.  Ces 
versets  conviennent  en  effet,  dans  un  sens  spirituel  et  typique,  an  Sauveur  du  monde,  en 
qui  ils  ont  eu  d'une  fac^on  plus  haute  leur  accomplissement.  Le  Psaume  n'en  a  pas  moins 
David  pour  objet  diredl  et  immediat. 

Les  cinq  derniers  versets  (14-18),  legcrement  modifies,  sont  devenus  le  Ps.  Ixx. 

Ps.  xl.  ^  AU  maitre  de  chant.  De  David.  Psaume. 

2  j'ai  mis  en  Jehovah  toute  mon  esperance  : 

II  s'est  incline  vers  moi,  il  a  ecoute  ma  pricre. 

3  II  m'a  retire  de  la  fosse  de  perdition, 
De  la  fange  du  bourbier; 

II  a  dresse  mes  pieds  sur  le  rocher, 
II  a  affermi  mes  pas. 

4  II  a  mis  dans  ma  bouche  un  cantique  nouveau, 
Une  louange  a  notre  Dieu; 

Beaucoup  le  voient,  et  ils  venerent  Jehovah, 
Et  se  confient  en  lui. 

5  Heureux  Thomme  qui  a  mis  en  Jehovah  sa  confiance, 

Et  qui  ne  se  tourne  pas  vers  les  orgueilleux  et  les  menteurs ! 

6  Tu  as  multiplie,  Jdhovah,  mon  Dieu, 

Tes  merveilles  et  tes  desseins  en  notre  faveur  : 


LIBER  PSALMORUM. 


81 


mutui,  et  humiliatus  sum,  et  silui 
a  bonis  :  et  dolor  meus  renovatus 
est.  4.  Concaluit  cor  meum  intra 
me  :  et  in  meditatione  mea  exar- 
descet  ignis.  5.  Locutus  sum  in 
lingua  mea  : 

Notum  fac  mihi  Domine  finem 
meum,  et  numerum  dierum  meo- 
rum  quis  est  :  ut  sciam  quid  desit 
mihi.  6.  Ecce  mensurabiles  posuisti 
dies  meos  :  et  substantia  mea  tam- 
quam  nihilum  ante  te.  Verumtamen 
universa  vanitas,  omnis  homo  vi- 
vens.  7.  Verumtamen  in  imagine 
pertransit  homo  :  sed  et  frustra 
conturbatur.  "Thesaurizat :  et  igno- 
rat  cui  congregabit  ea. 

8.  Et  nunc  quas  est  exspectatio 
mea.?  nonne  Dominus.''  et  substan- 
tia mea  apud  te  est.  9.  Ab  omni- 
bus iniquitatibus  meis  erue  me  : 
opprobrium  insipienti  dedisti  me. 
10.  Obmutui,  et  non  aperui  os 
meum, quoniam  tu  fecisti :  1 1.  amo- 
ve a  me  plagas  tuas.  12.  A  for- 
titudine  manus  tu£e  ego  defeci  in 
increpationibus  :  propter  iniquita- 
tem  corripuisti  hominem.  Et  tabe- 
scere  fecisti  sicut  araneam  animam 
ejus  :  verumtamen  vane  conturba- 
tur omnis  homo. 


13.  Exaudi  orationem  meam  Do- 
rnine,  et  deprecationem  meam  :  au- 
ribus  percipe  lacrymas  meas.  Ne 
sileas  :  quoniam  advena  ego  sum 
apud  te,  et  peregrinus,  sicut  omnes 
patres  mei.  14.  Remitte  mihi,  ut 
refrigerer  prius  quam  abeam,  et  am- 
plius  non  ero. 

— *—  PSALMUS    XXXIX.  — :i:— 

Christus  ut  hostiam  se  offert;  petit  a  malis 
'  liberationem  et  remissionem  peccatorum. 

I.  In  finem,  Psalmus  ipsi  David. 

XSPECTANS  exspecta- 

vi  Dominum,  et  intendit 

mihi.  3.  Et  exaudi vit  pre- 

ces  meas  :  et  eduxit  me 


de  lacu  miseriae,  et  de  luto  faecis.  Et 
statuit  super  petram  pedes  meos  : 
et  direxit  gressus  meos.  4.  Et  im- 
misit  in  os  meum  canticum  novum, 
carmen  Deo  nostro.Videbunt  multi, 
et  timebunt  :  et  sperabunt  in  Do- 
mino. 5.  Beatus  vir,  cujus  est  no- 
men  Domini  spes  ejus  :  et  non  re- 
spexit  in  vanitates  et  insanias  falsas. 
6.  Multa  fecisti  tu  Domine  Deus 
meus  mirabilia  tua  :  et  cogitationi- 
bus  tuis  non  est  qui  similis  sit  tibi. 


mauvaises.  Delitzsch  :  sans  faire  attention 
au  bonheur,  sans  m'arreter  a  cette  pensee, 
que  le  bonheur  du  mechant  est  le  renverse- 
ment  de  la  justice  divine.  D'autres  autre- 
ment. 

5.  Fais-moi  connaitrc  :  le  Psaliniste  ne 
demande  pas  seulement  a  etre  penetre  lui- 
meme  du  sentiment  de  la  brievete  de  la  vie, 
il  insinue  que  Dieu  doit  aussi  en  tenir 
compte  dans  sa  conduite  envers  I'homme. 
—  Perissable^  litt.  finissant. 

6.  La  largeur  de  la  main,  de  quatre 
doigts,  un  paluie.  —  Ma  vie;  Vulg.,  via 
substance,  nion  etre.  —  Vivant,  litt.  debout. 

7.  //  amasse,  etc.  :  comp.  Eccl.  ii,  18  sv. 

8.  Mon  espcraiice  est  ett  toi;  Vulg.,  ma 
substance,  mon  etre,  depend  de  vous. 

9.  Ne  nie rends pasjYuV^.,  tu  nCas  rendu, 
a  moins  qu'on  ne  traduise  interrogative- 
ment  :  ni\is-tu  rendu,  etc. 

10.  Ici  la  soumission  a  la  volonte  divine 
ne  laisse  plus  rien  a  desirer. 

11.  La  rigueur,  litt.  Vattaque. 

12.  Les  mots  de  la  Vulg.,  in  increpationi- 


bus, se  lient  dans  I'hebreu  au  membre  de 
phrase  suivant.  —  Ce  quHl  a  de  plus  cher, 
sa  vie,  comme  traduisent  les  anciennes  ver- 
sions. —  Qui  :  repetition  du  refrain  du 
vers.  6. 

13.  Etranger...  voyageur  :  en  hdbreu  les 
deux  mots  sont  synonymes;  ils  designent 
un  etranger  au  pays  qui  y  fait  un  sejour  plus 
ou  moins  long,  mais  qui  n'a  pas  le  droit  de 
bourgeoisie,  qui  n'est  pas  citoyen  {Gen. 
xxiii,  4.  Comp.  I  Pier,  ii,  11;  Hebr.  xi,  13), 
"  C'est  a  moi  qu'est  la  terre  (de  Chanaan), 
avait  dit  Dieu  aux  Israelites  {Lev.  xxv,  2)'^, 
car  vous  etes  des  etrangers  et  des  botes 
avec  moi."  Comp.  I  Par.  xxix,  15). 

14.  Le  regard  de  Dieu  est  ici  un  regard 
de  colere.  —  Avanl  que  je  ne  sois  plus  sur 
cette  terre.  Comp.y^??^,  x,  20  sv. 

PSAUME  XL. 

4.  Un  cantique  nouveau  pour  une  nou- 
velle  delivrance. 

6.  Lis  surpassent  tout  recitj  Vulg.,  leur 
multitude  est  sans  nombre. 


M°  23  —  LA  SAINTE  lilLLE.   TOME  IV.   —  6 


^0134- 


82 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Nul  n'est  comparable  a  toi. 

Je  voudrais  les  publier  et  les  proclamer; 

lis  surpassent  tout  recit. 

7  Tu  ne  desires  ni  sacrifice  ni  oblation, 
Tu  m'as  perce  des  oreilles; 

Tu  ne  deniandes  ni  holocauste  ni  vidlime  expiatoire. 

8  Alors  j'ai  dit  :  "  Voici  que  je  viens 
Avec  le  rouleau  du  livre  ecrit  pour  moi. 

9  le  veux  faire  ta  volonte,  6  mon  Dieu, 
Et  ta  loi  est  au  fond  de  mon  cceur." 

10  J'annoncerai  la  justice  dans  une  grande  asseniblec; 
Je  ne  fermerai  pas  mes  levres, 

Jehovah,  tu  le  sais. 

11  Je  ne  tiendrai  pas  ta  justice  cachee  dans  mon  coeur; 
Je  publierai  ta  fid^lite  et  ton  salut, 

Je  ne  tairai  pas  ta  bonte  et  ta  vdrite  dans  la  grande  assemblee. 

12  Toi,  Jehovah,  ne  me  ferme  pas  tes  misericordes; 
Que  ta  bonte  et  ta  verite  me  gardent  toujours ! 

13  Car  des  maux  sans  nombre  m'environnent; 
Mes  iniciuites  m'ont  saisi, 

Et  je  ne  puis  voir; 

Elles  sont  plus  nombreuses  que  les  cheveux  de  ma  tete, 

Et  mon  cceur  m'abandonne. 

14  Qu'il  te  plaise,  Jehovah,  de  me  delivrer! 
Jehovah,  hate-toi  de  me  secourir  ! 

I  5  Qu'ils  soient  confus  et  honteux  tous  ensemble, 
Ceux  qui  cherchent  mon  ame  pour  la  perdre! 
Qu'ils  reculent  et  rougissent, 
Ceux  qui  desirent  ma  ruine! 

16  Qu'ils  soient  dans  la  stupeur  a  cause  de  leur  honte, 
Ceux  qui  me  disent  :  "  Ah  !  ah  !  " 

17  Qu'ils  soient  dans  Tallegresse  et  se  rejouissent  en  toi, 
Tous  ceux  qui  te  cherchent ! 

Qu'ils  disent  sans  cesse  :  "  Gloire  a  Jdhovah," 
Ceux  qui  aiment  ton  salut ! 

18  Moi,  je  suis  pauvre  et  indigent, 

Mais  le  Seigneur  prendra  soin  de  moi. 
Tu  es  mon  aide  et  mon  liberateur  : 
Mon  Dieu,  ne  tarde  pas ! 


PSAUME   XLI    (VULG.  XL). 


E  Psaume  se  compose  de  quatre  strophes  parfaitement  reguli^res  :  Heureux  Thomme 
qui  pratique  la  misericorde!  Dieu  lui  viendra  aussi  en  aide  dans  ses  malheurs  (ver- 
sets  1-4);  peinture  du  danger  que  court  le  Psalmiste  entoure  d'ennemis  (5-7);  un  de 
ses  amis  memes  s'est  tourne  contre  lui  (8-10);  que  Dieu  lui  vienne  en  aide  (11-13) !  —  Le 
vers.  14  est  une  formule  de  conclusion  ajoutee  au  premier  livre  du  Psautier. 

On  rapporte  generalement  ce  Psaume  a  la  revoke  d'Absalon;  I'ami  infidele  du  vers.  10 
serait  le  traitre  Achitophel  (II  Sam.  xvii,  i  sv.). 

Notre-Seigneur  {Jean,  xiii,  18)  applique  le  vers.  10  h.  la  trahison  de  Judas.  D'ou  Ton 
conclut  que  le  Psaume,  h,  cote  du  sens  litteral  et  historique  ou  il  s'agit  de  David,  a  un  sens 
spirituel  et  typique  ou  il  s'agit  du  Messie  et  de  Judas. 


7.  Tu  ne  dhires,  en  ce  sens  relatif  que  les 
sacrifices  de  la  loi  ancienne  n'avaient  aucune 
valeur  par  eux-memes,  qu'ils  n'etaient  agrea- 
bles  a  Dieu  que  comme  expression  de  la 
soumission  parfaite  de  I'homme  et  comme 
figures  du  sacrifice  de  Jesus-Christ,  que 
Dieu  enfin  attachait  avant  tout  du  prix  a 
I'obeissance  et  a  I'amour  (I  Sai/i.  xv,  22; 


Ji'>-.  vii,  22;  Ps.  li,  18  sv.).  Appliquees  au 
Messie,  ces  paroles  ont  un  sens  absolu  : 
Dieu  rejette  tous  les  sacrifices  mosaiques. 
Jesus-Christ,  dit  Bossuet  apres  S.  Paul,  se 
met  a  la  place  de  toutes  les  viclimes  an- 
ciennes,  et  n'ayant  rien  dans  sa  divinite  qui 
put  etre  immole  a  Dieu,  Dieu  I'unit  ii  une 
nature   inferieure,    il   lui   donne    un   corps 


LIBER  PSALMORUM. 


83 


Annuntiavi  et  lociitus  sum  :  multi- 
plicati  sunt  super  numerum. 

7.  "Sacrificium  et  oblationem  no- 
luisti  :  aures  autem  perfecisti  mihi. 
Holocaustum  et  pro  peccato  non 
postulasti :  8.  tunc  dixi  :  Ecce  venio. 
In  capita  libri  scriptum  est  de  me. 
9.  Ut  facerem  voluntatem  tuam  : 
Deus  meus  volui,  et  legem  tuam  in 
medio  cordis  mei.  10,  Annuntiavi 
justitiam  tuam  in  ecclesia  magna, 
ecce  labia  mea  non  prohibebo:  Do- 
mine  tu  scisti.  II.  Justitiam  tuam 
non  abscondi  in  corde  meo:  verita- 
tem  tuam  et  salutare  tuum  dixi. 
Non  abscondi  misericordiam  tuam, 
et  veritatem  tuam  a  concilio  multo. 

12.  Tu  autem  Domine  ne  longe 
facias  miserationes  tuas  a  me  :  mise- 
ricordia  tua  et  Veritas  tua  semper 
susceperunt  me.  13.  Quoniam  cir- 
cumdederunt  me  mala,  quorum  non 
est  numerus  :  comprehenderunt  me 


iniquitates  meae,  et  non  potui  ut  vi- 
derem.  Multiplicatae  sunt  super  ca- 
pillos  capitis  mei  :  et  cor  meum 
dereliquit  me.  14.  Complaceat  tibi 
Domine  ut  eruas  me  :  ^Domine,  ad 
adjuvandum  me  respice.  15.  "Con- 
fundantur  et  revereantur  simul,  qui 
quaeruntanimam  meam,ut  auferant 
eam.  Convertantur  retrorsum,  et 
revereantur  qui  volunt  mihi  mala. 

16.  Ferant  confestim  confusionem 
suam,  qui  dicunt  mihi  :  Euge,  euge. 

17.  Exsultent  et  lastentur  super  te 
omnes  quasrentes  te  :  et  dicant  sem- 
per :  Magnificetur  Dominus  :  qui 
diligunt  salutare  tuum.  i  8.  Ego  au- 
tem mendicus  sum,  et  pauper:  Do- 
minus sollicitus  est  mei.  Adjutor 
meus,  et  protector  meus  tu  es  : 
Deus  meus  ne  tardaveris. 


*  Infra  69, 
2. 

"  Supra  34, 
4- 


.1. 

—  •  — 

•r 


propre  a  souffrir  et  accommode  k  I'etat  de 
serviteur  et  de  vidlime  ou  il  se  met.  —  Ni 
sacrifice  sanglant,  ni  oblation  non  sanglante. 
—  Tu  ni'as  pcrce  des  oreilles,  tu  m'as  fait 
capable  de  recevoir  tes  ordres  et  de  t'obeir, 
et  c'est  la  ce  que  je  ferai  pour  te  plaire.  Ou 
bien  :  tu  in^as  perce  les  oreilles  :  allusion  a 
la  loi  {Exod.  xxi,  6)  d'apres  laquelle  on  per- 
gait  I'oreille  a  I'esclave  juif  qui,  lorsqu'arri- 
vait  I'annee  sabbatique,  ne  voulait  pas  re- 
prendre  sa  liberte  et  se  constituait  volon- 
tairement  esclave  perpetuel;comnie  si  David 
disait  a  Dieu  :  Je  me  suis  rendu  volontaire- 
ment  obeissant  et  ton  serviteur  a  jamais 
(Le  Hir).  Au  lieu  de,  tu  nCas  pcra\  etc.,  on 
lit  dans  les  LXX  :  tu  nCasfacotme  iin  corps, 
S.  Paul,  dans  I'application  qu'il  fait  de  ce 
passage  a  Jesus-Christ,  suit  cette  legon  qui 
fait  mieux  ressortir  I'incarnation  du  Verbe, 
sans  changer  essentiellement  la  pensee  de 
I'hebreu  afluel. 

8.  Je  viens  repond  a  tu  in\is  perce  des 
oreilles^  deux  expressions  parallcles  indi- 
quant  I'obeissance  parfaite,  soit  de  David 
vis-a-vis  de  Dieu,  soit  du  Messie  vis-a-vis 
de  son  Pere.  —  Avec  le  rouleau  :  autrefois 
les  livres  se  composaient  de  feuilles  de  par- 
chemin  jointes  ensemble  et  roulees  sur  un 
cylindre.  —  Dtt  livre,  le  livre  de  la  loi  ou 
le  Pentateuque.  —  Ecrit  pour  nioi,  pour 
etre  la  regie  de  ma  vie. 


D'autres,  liant  ce  membre  avec  le  com- 
mencement du  vers.  9  :  void  que  je  7nens 
iciest  ce  qui  iii'est  prescrit  dans  le  livre  de  la 
lot),  pour  fairs  ta  volonte.  Ou  bien  :  void 
que  je  viens,  —  c^est  de  nioi  qu^il  est  ecrit 
dans  le  livre  de  la  loi,  -  —  pour  fair e,  etc. 

g.  Faire  la  volonte  de  Dieu  :  comp.  Jean, 
iv,  33;  viii,  29. 

\o.  J\innoncerai  :  I'expression  hdbr.  ren- 
ferme  I'idee  de  bonne  nouvelle.  —  La  justice, 
ce  que  Dieu  fait  pour  le  salut  de  I'homme. 
—  Dans  une grande  asseniblee,  a  tout  Israel. 

11.  Ta  fidelite  dans  tes  promesses.  ~  Ta 
verite  :  meme  sens. 

12.  Ne  me  ferme  pas  tes  ntisericordes 
repond  k  je  tie  ferinerai  pas  vies  Icvrcs 
(vers,  10). 

13.  Mes  iniquites  ni^ont  saisi  dans  leurs 
suites,  dans  les  chatiments  qu'elles  ont  fait 
tomber  sur  moi.  — Je  ne  puis  voir,  la  dou- 
leur  obscurcit  mes  yeux  :  comp.  xxxi,  9; 
xxxviii,  10.  Delitzsch  :  mes  iniquites  ni'otit 
saisi,  elles  m'investissent  de  toute  part  et 
de  si  pres  qu'elles  arretent  ma  vue;  au  point 
que  je  ne  puis  voir.  —  APabandonne,  me 
fait  defaut,  comme  un  faux  ami. 

15.  Mon  dine,  ma  vie. 

16.  Ahf  ah!  cri  de  joie  sarcastique  en 
presence  d'un  ennemi  que  I'on  croit  vaincu. 

17.  Qui  aiment  ton  salut,  qui  sont  bien 
aises  que  tu  me  sauves. 


84 


PREMIER  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xli.  lAU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  Heureux  celui  qui  prend  souci  du  pauvre! 
Au  jour  du  malheur,  Jehovah  le  delivrera. 

3  Jehovah  le  gardera  et  le  fera  vivre; 
II  sera  heureux  sur  la  terre, 

Et  tu  ne  le  livreras  pas  au  desir  de  ses  ennemis. 

4  Jehovah  I'assistera  sur  son  lit  de  douleur; 

Tu  retourneras  toute  sa  couche  dans  sa  maladie. 

5  Moi,  je  dis  :  "  Jehovah,  aie  pitie  de  moi ! 
Gueris  mon  ame,  car  j'ai  pechd  centre  toi !  " 

6  Et  mes  ennemis  proferent  centre  moi  des  maledicflions  : 
"  Quand  mourra-t-il?  Quand  perira  son  nom?" 

7  Si  quelqu'un  vient  me  visiter,  il  ne  profere  cjue  mensonges; 
Son  cceur  recueille  I'iniquite; 

Quand  il  s'en  va,  il  parle  au  dehors. 

8  Tous  mes  ennemis  chuchotent  ensemble  contre  moi. 
Centre  moi  ils  meditent  le  malheur. 

9  "  Un  mal  irremediable,  disent-ils,  a  fondu  sur  lui; 
Le  veila  couche,  il  ne  se  relevera  pas ! " 

10  Meme  I'homme  qui  etait  mon  ami, 

Qui  avait  ma  confiance  et  qui  mangeait  mon  pain, 
Leve  le  talon  contre  moi. 

11  Toi,  Jehovah,  aie  pitie  de  moi  et  releve-moi, 
Et  je  ieur  rendrai  ce  qu'ils  meritent. 

12  Je  connaitrai  que  tu  m'aimes. 

Si  mon  ennemi  ne  triomphe  pas  de  moi. 

13  A  cause  de  mon  innocence  tu  m'as  soutenu, 
Et  tu  m'as  ^tabli  pour  toujours  en  ta  presence. 

'"t  Beni  soit  Jehovah,  le  Dieu  d'Israel,  dans  les  siecles  des  siecles!  Amen!  Amen! 


PSAUME  XLI. 

2.  Qui  s'interesse,  litt.  qui  coinprcnd^  prete 
attention;  au  pauvre,  litt.  k  celui  qui  est 
faible  et  miserable. 

3.  Tu  ne  livreras  pas  :  changement  de 
personne  assez  frequent  dans  le  style  bibli- 
que.  —  Au  desir,  au  ressentiment;  litt.,  a 
I'd  me. 

4.  Tu  retourneras  toute  sa  couche,  pour 
la  rendre  plus  molle  et  plus  douce,  commc 
fait  una  mere  pour  son  enfant.  Selon  d'au- 
tres,  la  couche  est  mise  ici  pour  I'etat  du 
malade;  sens  :  tu  changeras  sa  couche  de 
maladie  et  de  douleur  en  un  etat  de  sante 
et  de  joie  (S.  Jean  Chrysost.  S.  Augustin). 

5.  Ce  misdricordieux  dont   on  vient   de 


parler,  c'est  David  lui-meme,  mais  devenu 
pauvre  et  faible,  et  implorant  la  pitie  du 
Seigneur.  —  Gueris  711011  ame,  gudris-mei  : 
le  mot  ame  est  souvent  employe  a  la  place 
du  pronom  personnel.  S'agit-il  d'une  mala- 
die rt^elle;  ou  bien  David  a-t-il  voulu.  cemme 
il  le  fait  souvent  ailleurs,  peindre  la  souf- 
france  de  son  ame  sous  les  traits  d'un  mal 
physique? — Car fai pecJie,  car  mes  peches 
m'ont  attir^  des  chatiments  qui  me  rendent 
bien  malheureux. 

7.  //  ne  profere  que  mensonges,  d'hypo- 
crites  protestations  d'amitie.  —  Son  cwur, 
etc.  :  il  observe  tout  chez  moi,  pour  recueillir 
maticre  a  medire  et  h.  calemnier;  et  quand 
il  sort  de  chez  moi,  il  publie  partout  ie  resul- 
tat  de  ses  malicieuses  observations. 


LIBER  PSALMORUM. 


85 


— *—      PSALMUS  XL.     — :i:— 

Eleemosyna;  meritum;  querimoni^e  de 
hostium  odio  et  amicorum  perfidia. 

I.  In  finem,  Psalmus  ipsi  David. 
]EATUS  qui  intelligit  su- 
per egenum,  et  pauperem : 
in  die  mala  liberabit  eum 
Dominus.j.Dominuscon- 
servet  eum,  et  vivificet  eum,  et  bea- 
tum  faciat  eum  in  terra :  et  non  tra- 
dat  eum  in  animam  inimicorum 
ejus.  4.  Dominus  opem  ferat  illi  su- 
per lectum  doloris  ejus  :  universum 
stratum  ejus  versasti  in  infirmitate 
ejus. 

5.  Ego  dixi  :  Domine  miserere 
mei  :  sana  animam  meam,  quia  pec- 
cavi  tibi.  6.  Inimici  mei  dixerunt 
mala  mi  hi  :  Quando  morietur,  et 
peribit  nomen  ejus.^  7.  Et  si  ingre- 
diebatur  ut  videret,  vana  loqueba- 


tur,  cor  ejus  congregavit  miquita- 
tem  sibi.  Egrediebatur  foras,  et  lo- 
quebatur 

8.  In  idipsum.  Adversum  me 
susurrabant  omnes  inimici  mei :  ad- 
versum me  cogitabant  mala  mihi. 

9.  Verbum  iniquum.  constituerunt 
adversum  me  :  Numquid  qui  dor- 
mit     non     adjiciet    ut     resurgat  ? 

10.  "Ecenim  homo  pacis  meas,  in 
quo  speravi  :  qui  edebat  panes 
meos,  magnificavit  super  me  sup- 
plantationem. 

II.  Tu  autem  Domine  miserere 
mei,  et  resuscita  me  :  et  retribuam 
eis.  12.  In  hoc  cognovi  quoniam 
voluisti  me:  quoniam  non  gaudebit 
inimicus  meus  super  me.  13.  Me 
autem  propter  innocentiam  susce- 
pisti  :  et  confirmasti  me  in  conspe- 
ctu  tuo  in  aeternum. 

14.  Benedictus  Dominus  Deus 
Israel  a  saeculo,  et  usque  in  saecu- 
lum  :  fiat,  fiat. 


"  Infra  54, 
14.  A6t.  I, 
16. 


8.  Les  mots  in  idipstim  de  la  Vulg.  signi- 
fient  ensemble^  et  doivent  se  Her  k  ce  qui  suit. 
Les  ennemis  de  David  esperent  et  publient 
que  la  maladie,  les  epreuves,  la  vieillesse 
I'obligeront  a  ceder  le  trone  h  un  autre. 

9.  Un  mal  irremediable,  chatiment  de  son 
peche  :  une  maladie  reelle  ou  une  epreuve 
d'un  autre  genre?  Les  LXX  et  la  Vulg. 
peuvent  s'interpreter  dans  le  sens  de  I'he- 
breu  :  ils  repefent  contre  moi  ceile  parole 
iniqtie  :  "  IM^esi-ce  pas  que  celiii  qui  est  Id 
coiiche  ne  se  relevera  jamais?  " 

10.  nhomme  qui  etait  mon  ami,  litt. 
Vhomme  de  ma  paix,  de  mon  intimite.  — 
Qui  mangeait  mon  pain  :  en  Orient  surtout 
I'hospitalite  est  chose  sacree;  s'asseoir  a  la 
table  d'un  bote,  c'est  contracfter  avec  lui  une 
^troite  alliance.  —  A  leve  le  talon,  comme 
un  clieval  qui  frappe  du  pied  son  maitre,  ou 
bien  comme  un  vainqueur  qui  pose  le  pied 
sur  son  ennemi  vaincu. 


Nous  avons  vu  plus  haut  que  cet  homme 
designe,  dans  le  sens  historique,  Achito- 
phel,  et  dans  le  sens  figuratif  et  spirituel 
Judas  qui,  apres  s'etre  assis  a  la  derniere 
cene  avec  Notre-Seigneur,  le  livra  a  ses 
ennemis. 

II.  /e  leur  rendrai,]t.  les  punirai  :  Da- 
vid parle  ici  en  roi,  en  representant  de 
Jehovah. 

13.  Mon  innocence :  il  s'agit  de  I'innocence 
de  David  vis-a-vis  de  ses  ennemis.  —  Tu 
m'as  soiitenu  et  tu  me  soutiendras,  confor- 
mement  k  tes  promesses  (II  Sam.  vii,  16), 
ne  permettant  pas  que  je  sois  renverse.  — 
En  ta presence,  dans  la  cite  sainte  de  Jeru- 
salem, ou  etait  le  sanftuaire  de  Jehovah, 
I'arche  d'alliance  et  le  tabernacle. 

14.  Doxologie  qui  sert  de  conclusion  au 
livre  premier  du  Psautier.  —  Dans  les  siecles 
des  siecles ;  litt.,  depuis  Veiernite  dans  le 
"^^Lsst  JtisquW  r eternite'  ddixxs  I'avenir. 


^&Ǥ*5f*:^ 


86 


deuxip:me  livre  des  psaumes. 


< 


LIVRE    DEUXIEME 


■  ^ 


PSAUMES   XLII    KT   XLIII    (VULG.  XLI   ET   XLIl). 

ES yi/s  de  Core,  dont  les  8  premiers  Psaumes  du  2^  livre  portent  le  nom,  sont  les 
descendants  de  ce  Core  qui  se  revolta  contre  Moise  avec  Dathan  et  Abiron 
{Nombr.  xvi).  L'histoire  nous  les  montre,  depuis  le  temps  de  David  (I  Par.\\,  2,3) 
jusqu'a  celui  de  Josaphat  (II  Pa7\  xx,  19),  remplissant  d'importantes  fonflions 
levitiques,  entre  autres  celle  de  chantres.  Plusieurs  composerent  aussi  des  cantiques  sacres. 
Les  Psaumes  xlii  et  xliii  n'en  forment  evidemment  qu'un  seul,  compose  de  3  strophes, 
terminees  chacune  par  le  meme  refrain  :  xlii,  1-7;  7-12;  xliii,  1-5.  Eloigne  du  sanduaire, 
le  Psalmiste  exprime  un  ardent  ddsir  de  le  revoir.  Le  souvenir  des  belles  solennites  aux- 
quelles  il  prenait  part  autrefois  augmente  sa  douleur.  Dans  son  exil,  il  ne  pense  qu'a  Jeho- 
vah, et  il  le  conjure  de  le  ramener  au  plus  tot  auprcs  de  son  tabernacle. 

Le  Hir  rapporte  ce  Psaume,  ainsi  que  les  7  suivants,  a  I'invasion  de  Sennacherib,  qui 
avait  force  le  Psalmiste  a  s'eloigner  de  la  maison  de  Dieu  et  a  se  cacher  au-dela  du  Jour- 
dain.  D'autres,  avec  Patrizi,  font  de  I'auteur  un  contemporain  de  David  qui,  lors  de  la 
revoke  d'Absalon,  aurait  accompagne  le  roi  dans  sa  fuite.  D'autres  autrement. 

Ps.  xlii.  '  AU  maitre  de  chant.  Cantique  des  fils  de  Core. 

2  Comme  le  cerf  soupire  apres  les  sources  d'eau, 
Ainsi  mon  ame  soupire  apres  toi,  6  Dieu. 

3  Mon  ame  a  soif  de  Dieu,  du  Dieu  vivant  : 

Quand  irai-je  et  paraitrai-je  devant  la  face  de  Dieu? 

4  Mes  larmes  sont  ma  nourriture  jour  et  nuit. 
Pendant  qu'on  me  dit  sans  cesse  :  "  Ou  est  ton  Dieu? " 

5  Je  me  rappelle,  et  a  cc  soirc'entr  mon  ame  se  fond  en  elle-mcme, 
Quand  je  marchais  entoure  de  la  foule, 

Et  que  je  m'avangais  a  sa  tete  vers  la  maison  de  Dieu, 
Au  milieu  des  cris  de  joie  et  des  adlions  de  graces 
D'une  multitude  en"  fete !  — 

6  Pourqiioi  es-tu  abattue,  6  mon  ame,  et  t'agites-tu  en  nioi? 
Espere  en  Dieu,  car  je  le  louerai  encore, 

Lui,  le  salut  de  ma  face  et  mon  Dieu  ! 

7  Mon  ame  est  abattue  au-dedans  de  moi; 
Aussi  je  pense  a  toi,  du  pays  du  Jourdain, 
De  THermon,  de  la  montagne  de  Misar. 

8  Les  eaux  mugissantes  s'appellent  et  se  repondent,  quand  grondent  tes  cataracfles  : 
Ainsi  toutes  tes  vagues  et  tes  torrents  fondent  sur  moi. 

9  Le  jour,  Jehovah  commandait  ^  sa  grace  de  »ic  visiter; 
La  nuit,  je  chantais  ses  louanges, 

J\idressais  une  priere  au  Dieu  de  ma  vie. 

10  Maintenant  je  dis  a  Dieu,  mon  rocher  :  "  Pourquoi  m'oublies-tu? 

Pourquoi  faut-il  que  je  vive  dans  la  tristesse,  sous  I'oppression  de  I'ennemi?" 

11  Je  sens  mes  os  se  briser,  quand  mes  persccuteurs  m'insultent, 
En  me  disant  sans  cesse  :  "  Oil  est  ton  Dieu?  "  — 

12  Pourquoi  es-tu  abattue,  6  mon  ame,  et  t'agites-tu  en  moi? 
Espere  en  Dieu,  car  je  le  louerai  encore, 

Lui,  le  salut  de  ma  face  et  mon  Dieu ! 


PSAUME  XLII. 

I.  Cantique,  hebr.  inaskil ;  ce  moi  ddsigne 
le  caracflere  particulier  du  Psaume;  beau- 
coup  traduisent,  instri/clion.  Comp.  xxxii,  i. 


2.    O  Dieu  :  dans    les   Psaumes    de   ce 

2^  livre,  Dieu  est  presque  toujours  designe 

par  le  mot  Eloliim,  et  rarement  par  celui  de 

Jehflvalt;  c'est  le  contraire  dans  le  i<^''  livre. 

Cela  vient  sans  doute  de  ce  que  les  canti- 


LIBER  PSALMORUM. 


87 


-^i:—     PSALM  US  XLL    — :!:— 

Homo  exsul  et  conturbatus  anhelat 
ad  meliorem  vitam. 


Infi 


nem. 


Intellectus  filiis  Core. 

^UEMADMODUM  de- 

^Isiderat  cervus  ad    fontes 

aquarum   :    ita    desiderat 

anima   mea  ad  te   Deus. 

3.  Sitivit  anima  mea  ad  Deum 
fortem  vivum  :  quando  veniam  et 
apparebo  ante  faciem  Dei?  4.  Fue- 
runt  mihi  lacrymas  meas  panes  die 
ac  nocte  :  dum  dicitur  mihi  quo- 
tidie  :  Ubi  est  Deus  tuus?  5.  Hasc 
recordatus  sum,  et  efFudi  in  me 
animam  meam  :  quoniam  transibo 
in  locum  tabernaculi  admirabilis, 
usque  ad  domum  Dei  :  in  voce  ex- 
sultationis,  et  confessionis  :  sonus 
epulantis.  6.  Quare  tristis  es  anima 
mea?  et  quare  conturbas  me?  Spera 
in  Deo,  quoniam  adhuc  confitebor 


illi :  salutare  vultus  mei,  7.  et  Deus 
meus. 

Ad  meipsum  anima  mea  contur- 
bata  est  :  propterea  memor  ero  tui 
de  terra  Jordan  is,  et  Hermoniim  a 
monte  medico.  8.  Abyssus  abyssum 
invocat,  in  voce  cataractarum  tua- 
rum.  Omnia  excelsa  tua,  et  fluctus 
tui  super  me  transierunt.  9,  In  die 
mandavit  Dominus  misericordiam 
suam  :  et  nocte  canticum  ejus.  Apud 
me  oratio  Deo  vitas  meas,  10.  dicam 
Deo  :  Susceptor  meus  es,  quare 
oblitus  es  mei?  et  quare  contrista- 
tus  incedo,  dum  affligit  me  inimi- 
cus?  II,  Dum  confringuntur  ossa 
mea,  exprobraverunt  mihi  qui  tri- 
bulant  me  inimici  mei :  dum  dicunt 
mihi  per  singulos  dies  :  Ubi  est 
Deus  tuus?  12.  Quare  tristis  es  ani- 
ma mea?  et  quare  conturbas  me? 
Spera  in  Deo,  quoniam  adhuc  con- 
fitebor illi  :  salutare  vultus  mei,  et 
Deus  meus. 


ques  du  2^  livre  ont  ete  collecflionnes  a  une 
epoque  oil  le  nom  de  Jehovah  etait  devenu 
pour  les  Juifs  le  nom  ineffable;  on  commenga 
a  liii  siibstituer,  dans  I'usage  liturgiqae,  celui 
d'Elohim  ou  d'Adonai. 

5.  Se  fo}id  en  elle-vicme  de  pieux  desirs, 
meles  de  regret  et  d'esperance.  —  Entoure 
de  lafoule,  ce  mot  est  douteux  dans  le  texte. 
Lyiine  iiniltitiide  en  fete,  Vulg.,  c'est  conune 
le  bruit  d^utt  festin. 

6.  Le  saint  de  ina  face,  le  salut  que  Dieu 
mettra  un  jour  devant  moi  et  me  fera  voir. 
Cette  legon  est  celle  des  LXX  et  de  la  Vulg., 
et  en  conformite  avec  les  deux  autres  repe- 
titions du  refrain  (vers.  12;  xliii,  5).  L'hebr. 
aftuel  porte  :  ( je  louerai)  ie  saint  de  sa  face, 
qui  me  viendra  de  la  face  bienveillante  de 
Dieu;  et  ino)i  Dieu  est  renvoye  au  verset 
suivant.  Ce  leger  changement  dans  le  re- 
frain n'aurait  rien  d'invraisemblable,  car  on 
en  rencontre  encore  ailleurs  de  semblables. 

7.  Pays  dji  Jourdain,  au-delk  du  Jour- 
dain,  par  opposition  au  paj's  de  Chanaan. 
—  De  I' Herman,   au  pluriel  en  hebreu,   c\ 


cause  des  trois  sommets  de  cette  montagne, 
comme  nous  disons  les  Alpes.  —  Misar, 
nom  d'une  montagne  inconnue,  peut-etre 
un  des  sommets  de  I'Hermon.  yl/Zi-czr  sign i fie 
proprement  petit,  et  c'est  ainsi  que  tradui- 
sent  les  LXX  et  la  Vulg. 

8.  Les  eaux  mugissantes,  etc. ;  iitt.  Vabhne 
appelje  LaM/ne,  ou  bien,  un  flat  appelle  im 
autre  flot,  le  fait  venir  pour  lui  succeder.  Ce 
i^i-  membre  ddcrit  un  phenomene  frequent 
dans  la  contree  montagneuse  et  profonde- 
ment  ravinee  d'au-dela  du  Jourdain  :  orage, 
pluie  torrentielle,  fracas  du  tonnerre;  c'est 
I'image  des  dangers  et  des  tribulations. 

9.  Ce  verset  parait  exprimer  les  souvenirs 
du  passe,  les  pcnsees  (vers.  7)  que  se  rappe- 
lait  le  Psalmisle  dans  son  exil.  Le  jour,  la 
iiuit,  signifient  ici  simplement  :  tour  &,  tour. 

D'autres  entendent  ce  verset,  soit  du 
temps  present  :  au  milieu  meme  de  mes  tri- 
bulations, Dieu  fait  luire  a  mes  yeux  quel- 
ques  rayons  de  sa  bonte;  soit  de  I'avenir  : 
le  jour  viendra  oii  tu  coniinanderas  a  ta 
hoiite,  etc.,  alorsje  dirai,  etc. 


^^-^ 


88 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xliii.  I  Rends-moi  justice,  6  Dieii,  prencls  en  main  ma  cause  centre  une  nation  infidtile; 

Delivre-moi  de  I'homme  de  fraude  et  d'iniquite ! 

2  Car  tu  es  le  Dieu  de  ma  defense  :  pourquoi  me  repousses-tu? 

Pourquoi  faut-il  que  je  vive  dans  la  detresse  sous  I'oppression  de  I'ennemi? 

3  Envoie  ta  lumiere  et  ta  fidelite;  qu'elles  me  guident, 

Qu'elles  me  conduisent  a  ta  montagne  sainte  et  a  tes  tabernacles! 

4  J'irai  k  I'autel  de  Dieu,  au  Dieu  qui  est  ma  joie  et  men  allegresse, 
Et  je  te  celebrerai  sur  la  harpe,  6  Dieu,  men  Dieu !  — 

5  Pourquoi  es-tu  abattue,  6  mon  ame,  et  t'agites-tu  en  moi? 
Espere  en  Dieu,  car  je  le  louerai  encore, 

Lui,  le  salut  de  ma  face  et  mon  Dieu  ! 


PSAUME   XLIV   (VULG.  XLIIl). 

E  Psalmiste,  faisant  parler  le  peuple,  rappelle  au  Seigneur  les  prodiges  par  lesquels 
il  a  etabli  Israel  dans  le  pays  de  Chanaan  et  le  supplie  de  prendre  encore  sa 
defense  (vers.  2-9);  vaincu  par  ses  ennemis,  devenu  leur  jouet,  Israel  est  mainte- 
nant  couvert  de  honte  aux  yeux  des  nations  (10-17);  cependant  il  est  toujours  reste  fidele 
a  I'alliance  du  Seigneur  (18-23);  que  Dieu  s'eveille  done  et  qu'il  vienne  en  aide  a  son 
peuple  (24-27). 

Les  interpretes  sont  fort  partages  sur  les  circonstances  historiques  qui  ont  donne  lieu 
a  la  composition  de  ce  Psaume.  Le  Hir  le  rapporte,  comme  les  sept  autres  de  cette  serie, 
a  I'expedition  de  Sennacherib.  Mais  I'opinion  la  plus  probable  est  qu'il  a  ete  compose  sous 
le  regne  de  David.  Pendant  que  ce  roi  dtait  occupd  a  combattre  les  Syriens  en  Arable  et 
sur  I'Euphrate,  les  Edomites,  pouss^s  par  leur  vieille  haine  contre  Israel,  envahirent  ce 
pays  et  y  exercevent  de  grands  ravages  :  massacres,  pillages,  vente  de  captifs,  etc.  (comp. 
I  Rots,  xi,  15).  lis  ne  purent  cependant  s'emparer  de  la  capitale,  et  David,  vainqueur  des 
Syriens,  ne  tarda  pas  a  tirer  des  Edomites  une  vengeance  eclatante  (II  Sam.  viii,  13  sv.). 
Le  fleau  fit  impression  sur  Israel  qui,  penetre  de  la  pensee  qu'il  etait  le  peuple  elu,  etait 
sensible  au  moindre  revers.  Aussi  les  fils  de  Core  ont-ils  trace  de  cette  situation  un  tableau 
aux  sombres  et  tragiques  couleurs.  Cf  le  Psaume  Ix,  compose  par  David  a  peu  pres  sur  le 
meme  sujet. 

Les  Juifs  du  temps  des  Macchabees  avaient  souvent  sur  leurs  levres  les  strophes  de 
notre  Psaume  (I  Macch.  i,  64),  et  S.  Paul  {Rom.  viii,  36)  en  cite  un  verset  (vers.  23)  a 
propos  des  souffrances  que  les  premiers  chretiens  avaient  a  endurer.  C'est  done  a  bon 
droit  que  les  Peres  Font  enlendu,  dans  le  sens  spirituel,  des  martyrs  de  I'Eglise  chretienne. 

Ps.  xliv.  1  AU  maitre  de  chant.  Des  fils  de  Core.  Cantique. 

2  O  Dieu,  nous  avons  entendu  de  nos  oreilles, 
Nos  peres  nous  ont  raconte 

L'oeuvre  que  tu  as  accomplie  de  leur  temps,  aux  jours  anciens. 

3  De  ta  main  tu  as  chasse  des  nations  pour  les  etablir, 
Tu  as  frappe  des  peuples  pour  les  etendre. 

4  Car  ce  n'est  point  leur  epc'e  qui  leur  a  conquis  le  pays, 
Ce  n'est  point  leur  bras  qui  leur  a  donnd  la  vi<noire, 

Mais  c'est  ta  droite,  c'est  ton  bras,  c'est  la  lumiere  de  ta  face, 
Parce  que  tu  les  aimais. 

5  C'est  toi  qui  es  mon  roi,  6  Dieu  : 
Ordonne  le  salut  de  Jacob  ! 

6  Par  toi  nous  renverserons  nos  ennemis, 

En  ton  nom  nous  ecraserons  nos  adversaires. 

7  Car  ce  n'est  pas  en  mon  arc  que  j'ai  confiance; 
Ce  n'est  pas  mon  epee  qui  me  sauvera. 

8  Mais  c'est  toi  qui  nous  delivres  de  nos  ennemis, 
Et  qui  confonds  ceux  qui  nous  haissent. 

9  En  Dieu  nous  nous  glorifions  chaque  jour, 
Et  nous  celebrons  ton  nom  a  jamais.  —  Sela. 

10  Cependant  tu  nous  repousses  et  nous  couvres  de  honte; 
Tu  ne  sors  plus  avec  nos  armees. 

11  Tu  nous  fais  reculer  devant  I'ennemi, 

Et  ceux  qui  nous  haissent  nous  depouillent. 


LIBER  PSALMORUM. 


89 


—*—    PSALM  US  XLIL    — :i:— 

Spem  in  Domino  reponit  a  quo  judicari 
exoptat. 


I 


Psalmus  David. 

UDICA  me  Deus,  et  dis- 
cerne  causam  meam  de 
gente  non  sancta,  ab  ho- 
mine  iniquo,  et  doloso 
erue  me.  2.  Quia  tu  es  Deus  forti- 
tude mea  :  quare  me  repulisti?  et 
quare  tristis  incedo,  dum  affligit  me 
inimicus?  3.  Emitte  lucem  tuam  et 
veritatem  tuam  :  ipsa  me  deduxe- 
runt,  et  adduxerunt  in  montem  san- 
ctum tuum,  et  in  tabernacula  tua. 
4.  Et  introibo  ad  altare  Dei  :  ad 
Deum,  qui  laetificat  juventutem 
meam.  Confitebor  tibi  in  cithara 
Deus  Deus  meus  :  5.  quare  tristis 
es  anima  mea?  et  quare  conturbas 
me?  Spera  in  Deo,  quoniam  adhuc 
confitebor  illi  :  salutare  vultus  mei, 
et  Deus  meus. 

— *—    PSALMUS  XLIIL    -:>— 

IsraelitcC  ut  Dei  opem  implorent,  beneficia 
recepta  memorant  et  prsesentes  miserias 
exponunt. 

I.  In  finem,  Filiis  Core  ad  intel- 
lectum. 


EUS  auribus  nostris  audi- 
vimus  :  patres  nostri  an- 
nuntiaverunt  nobis.  Opus, 
quod  operatus  es  in  die- 
bus  eorum  :  et  in  diebus  antiquis. 
3.  Manus  tua  gentes  disperdidit,  et 
plantasti  eos  :  afflixisti  populos,  et 
expulisti  eos :  4.  nee  enim  in  gladio 
suo  possederunt  terram,et  brachium 
eorum  non  salvavit  eos :  sed  dextera 
tua,  et  brachium  tuum,  et  illumina- 
tio  vultus  tui :  quoniam  complacui- 
sti  in  eis. 

5.  Tu  es  ipse  rex  meus  et  Deus 
meus  :  qui  mandas  salutes  Jacob. 
6.  In  te  inimicos  nostros  ventilabi- 
mus  cornu,  et  in  nomine  tuo  sper- 
nemus  insurgentes  in  nobis.  7.  Non 
enim  in  arcu  meo  sperabo  :  et  gla- 
dius  meus  non  salvabit  me.  8.  Sal- 
vasti  enim  nos  de  afiligentibus  nos  : 
et  odientes  nos  confudisti.  9.  In 
Deo  laudabimur  tota  die  :  et  in  no- 
mine tuo  confitebimur  in  sasculum. 
10.  Nunc  autem  repulisti  et  con- 
fudisti nos  :  et  non  egredieris  Deus 
in  virtutibus  nostris.  11.  Avertisti 
nos  retrorsum  post  inimicos  nostros: 
et  qui  oderunt  nos,  diripiebant  sibi. 
I  2.  Dedisti  nos  tamquam  oves  esca- 
rum  :  et  in  gentibus  dispersisti  nos. 
13.  Vendidisti  populum  tuum  sine 
pretio  :  et  non  fuit  multitude  in 
commutationibus  eorum.  14.  Posui- 
sti  nos  opprobrium  vicinis  nostris. 


PSAUME  XLIII. 

I.  De  VJiomine,  pour  des  Jioinuies. 

3.  Ta  lumiere,  la  lumiere  de  ta  grace,  de 
ta  faveur.  —  Tabernacles^  pluriel  empha- 
tique  :  ton  divin  tabernacle. 

4.  Qui  est  majoie  et  mon  alle^ressej  litt., 
la  joie  de  mon  allcgresse.  Les  versions  an- 
ciennes  portent,  qui  fait  la  joie  de  ma  jeti- 
nesse.  —  O  Dieic,  dans  le  second  membra, 
a  ete  sans  doute  mis  plus  tard  "poxix  Jehovah. 

PSAUME  XLIV. 

I.  Cantiqne,  h^br.  maskil  :  voy.  xlii,  i. 

3.  Tti  as  chasse,  ou  depossede  les  nations 
chananeennes,  pour  e'tablir,  litt.  planter, 
comme  un  arbre,  comme  une  vigne,  nos 
peres,  etc.  —  Pour  ctendre,  faire  croitre  les 
rameaux  de  cet  arbre,  multiplier  les  reje- 


tons  de  cette  vigne.  Vulg.,  et  tu  les  a  chas- 
ses,  les  peuples  chananeens. 

4.  La  lumiere  de  ta  face,  ta  faveur,  ta  pro- 
tection. 

5.  Ordonne,  commande,  comme  il  con- 
vient  a  un  Dieu  et  k  un  roi,  le  saint,  la  deli- 
vrance  de  Jacob  :  ce  nom  fait  sans  doute 
allusion  a  Gen.  xxv,  23  :  "  Paine,  Esaii,  pere 
des  Edomites  ou  Idumeens,  servira  le  cadet, 
Jacob,  pere  des  Israelites." 

6.  Notes  renversero7is,  litt.  nous  frappe7'ons 
de  la  come  (Vulg.),  comme  fait  le  buffle.  — 
Nous  e'craserons,\\€bY.  nabousj  les  anciennes 
versions  ont  lu  le  piel  de  bosch  :  7tous  coit- 
vrirotis  de  honte  (Vulg.). 

10.  Tu  7te  S07-S  plus,  pour  nous  don- 
ner  la  vi(floire  :  les  fils  de  Cere  n'avaient 
sans  doute  pas  de  nouvelles  de  I'armee 
de  David. 


90 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


12  Til  nous  livres  comme  des  brebis  destinees  a  la  boucherie, 
Til  nous  dispei^ses  parmi  les  nations. 

13  Tu  vends  ton  peuple  h  vil  prix, 

Tu  ne  restimes  pas  a  une  grande  valeur, 

14  Tu  fais  de  nous  un  objet  d'opprobre  pour  nos  voisins, 
De  moquerie  et  de  risee  pour  ceux  qui  nous  entourent. 

15  Tu  nous  rends  la  fable  des  nations, 

Et  les  peuples  branlent  la  tete  a  notre  sujet. 

16  Ma  honte  est  toujours  devant  mes  yeux 
Et  la  confusion  couvre  mon  visage, 

17  A  la  voix  de  celui  qui  w'insulte  et  ///'outrage, 

A  la  vue  de  I'ennemi  et  de  celui  qui  respire  la  vengeance. 

18  Tout  cela  nous  arrive  sans  que  nous  t'ayons  oublie, 
Sans  que  nous  ayons  ete  infideles  a  ton  alliance. 

19  Notre  coeur  ne  s'est  point  detourue  en  arriere, 
Nos  pas  ne  se  sont  pas  ecartes  de  ton  sentier, 

20  Pour  que  tu  nous  ecrases  dans  la  retraite  des  chacals, 
Et  que  tu  nous  couvres  de  I'ombre  de  la  mort. 

2  1   Si  nous  avions  oublie  le  nom  de  notre  Dieu, 
Et  tendu  les  mains  vers  un  dieu  etranger, 

22  Dieu  ne  I'aurait-il  pas  aper^u, 

Lui  qui  connait  les  secrets  du  coeur? 

23  Mais  c'est  a  cause  de  toi  qu'on  nous  egorge  tous  les  jours, 
Qu'on  nous  traite  comme  des  brebis  destinees  a  la  boucherie. 

24  Reveille-toi !  Pourquoi  dors-tu,  Seigneur? 
Reveille  toi,  et  ne  nous  repousse  pas  a  jamais! 

25  Pourquoi  caches-tu  ta  face? 

Pfl7irqiioi  oublies-tu  notre  misere  et  notre  oppression? 

26  Car  notre  aine  est  affaissee  jusqu'a  la  poussiere, 
Notre  corps  est  attach^  a  la  terre. 

27  Leve-toi  pour  nous  secourir! 
Delivre-nous  a  cause  de  ta  bonte! 


PSAUME   XLV   (VULG.  XLIV). 


fE  Psaume  est  un  epithalame,  ou  chant  en  I'honneur  des  noces  d'un  grand  roi.  Les 
images  sont  tiroes  du  temps  des  rois,  et  il  a  une  premiere  application  historique 


Zi 

1  ftgs^al  au  mariage  de  I'un  deux,  probablement  de  Salomon  avec  une  princesse  egyp- 
tienne.  Mais  cette  application  est  loin  d'en  epuiser  le  sens.  Ce  roi  magnifique,  qui  est 
appele  Dieu  au  vers.  7,  c'est  le  roi  Messie;  la  reine,  c'est  I'Eglise,  c.-a-d.  Israel  converti 
par  le  Messie  a  la  loi  nouvelle  de  I'Evangile,  et  amenant  avec  elle  au  roi  Sauveur  ses 
rompagnes,  c.-a-d.  les  nations  idolatres.  Rien  de  plus  ordinaire  dans  la  Bible  que  la  figure 
de  I'union  nuptiale  pour  carafl^riser  I'alliance  de  Dieu  avec  son  peuple.  C'est  ainsi  que  la 
tradition  juive  et  la  tradition  chretienne  ont  toujours  interprete  ce  beau  cantique.  S.  Paul 
{HJbr.  i,  8  sv.)  en  cite  les  vers.  7  et  8  comme  adresses  par  le  Pere  eternel  a  son  Fils 

Outre  I'exorde  (vers.  2)  et  la  conclusion  (vers.  18),  le  Psaume  comprend  deux  parties, 
dont  Tune  est  consacree  au  roi  (3-10)  et  I'autre  h  la  reine  (11-17). 

Ps.  xlv.  ^AU  maitre  de  chant.  Sur  les  lis.  Cantique  des  fils  de  Core.  Chant  d'amour. 

2  De  mon  coeur  jaillit  un  beau  chant; 

Je  dis  :  "  Mon  oeuvre  est  pour  un  roi !  " 

Ma  langue  est  comme  le  roseau  dans  la  main  agile  du  scribe. 

3  Tu  es  le  plus  beau  des  fils  de  I'homme, 
La  grace  est  repandue  sur  tes  lc!;vres ; 
C'est  pourquoi  Dieu  t'a  beni  pour  toujours. 

4  Ceins  ton  epee  sur  ta  cuisse,  6  heros, 
Revets  ta  splendeur  et  ta  majeste, 

5  Et  dans  ta  majesty  avance-toi,  monte  sur  ton  char, 
Combcxts  pour  la  v^rite,  la  douceur  et  la  justice, 

Et  que  ta  droite  se  signale  par  des  fails  merveilleux. 


I 


LIBER  PSALMORUM. 


91 


subsannationem  et  derisum  his,  qui 
sunt  in  circuitu  nostro.  15,  Posui- 
sti  nos  in  similitudinem  gentibus  : 
commotionem  capitis  in  populis. 
16.  Tota  die  verecundia  mea  con- 
tra me  est,  et  confusio  faciei  meas 
cooperuit  me.  17.  A  voce  expro- 
brantis,  et  obloquentis  :  a  facie  ini- 
mici,  et  persequentis. 

18.  Hasc  omnia  venerunt  super 
nos,  nee  obliti  sumus  te  :  et  inique 
non  egimus  in  testamento  tuo,  1 9.  Et 
non  recessit  retro  cor  nostrum  :  et 
declinasti  semitas  nostras  a  viatua  : 
20,  quoniam  humiliasti  nos  in  loco 
afflictionis,  et  cooperuit  nos  umbra 
mortis.  21.  Si  obliti  sumus  nomen 
Dei  nostri,et  si  expandimus  manus 
nostras  ad  deum  alienum  :  22.  non- 
ne  Deus  requiret  ista?  ipse  enim  no- 
vit  abscondita  cordis.  "Quoniam 
propter  te  mortificamur  tota  die  : 
aestimati  sumus  sicutovesoccisionis. 

23.  Exsurge,  quare  obdormis  Do- 
mine.^  exsurge,  et  ne  repellas  in 
finem.  24.  Quare  faciem  tuam  aver- 
tis,  oblivisceris  inopias  nostrae  et  tri- 
bulationis    nostrae.''    25.    Quoniam 


humiliata  est  in  pulvere  anima  no- 
stra: conglutinatus  est  in  terra  ven- 
ter noster.  26.  Exsurge  Domine, 
adjuva  nos  :  et  redime  nos  propter 
nomen  tuum. 

— :;:—    PSALM  US   XLIV.    — :>— 

Epithalamium  Christi  et  Ecclesias  sub  typo 
connubii  Salomonis  et  filias  Pharaonis. 

I.  In  finem,  pro  iis,  qui  commu- 
tabuntur,  filiis  Core,  ad  intellectum, 
Canticum  pro  dilecto. 

JlRUCTAVIT  cor  meum 
verbum  bonum  :  dico  ego 
opera   mea   regi.    Lingua 

mea  calamus  scribae  velo- 

citer  scribentis. 

3.  Speciosus  forma  pras  filiis  ho- 
minum,  diffusa  est  gratia  in  labiis 
tuis  :  propterea  benedixit  te  Deus 
in  asternum.  4.  Accingeregladio  tuo 
super  femur  tuum,  potentissime, 
5.  specie  tua  et  pulchritudine  tua 
intende,  prospere  procede,  et  regna, 
propter  veritatem  et  mansuetudi- 
nem,  et  justitiam  :  et  deducet  te 


13.  A  vil  prix,  comme  une  chose  dont 
tu  ne  te  soucies  pas,  dont  tu  veux  te 
debarrasser  n'importe  a  quel  prix.  —  Tu 
lie  Pestimes  pas^  Viilg.,  z7  «'_y  a  pas  heaii- 
coiip  (Tenchcrisseuis  a  la  Tciife  que  Von 
en  fait. 

23.  A  catise  de  ioi :  la  cause  d' Israel  eta  it 
celle  de  Dieu. 

24.  Dieu  semble  dormir,  quand  sa  provi- 
dence, c.-a-d.  son  aflion  sur  le  nionde,  cesse 
de  se  manifester  dans  le  chatiment  des  pe- 
cheurs  et  la  protecftion  des  justes. 

26.  Si  profonde  est  notre  afflicflion,  que 
notre  ante  semble  affatsse'e,  etc. 

27.  A  cause  de  ta  bonte;  Vulg.,  a  cause  dc 
ton  710111,  pour  ne  pas  faire  mentir  ton  nom, 
qui  rappelle  mille  traits  de  ta  puissance  et 
de  ta  bonte  en  faveur  des  justes. 

PSAUME    XLV. 

I.  Sur  les  lis  :  nom  ou  premier  mot  d'un 
chant  populaire  dont  Fair  devait  etre  adapte 
a  ce  Psaume;  LXX  et  Vulg.,  pour  ceux  qui 
seront  changes  (de  I'hebr.  schanah,  etre 
change).  —  Chant  d' amour,  de  I'amour 
noble  et  sacre,  comme  I'insinue  le  terme 
hebreu.  La  representation  de  I'amour  spiri- 
tuel  sous  I'image  de  I'amour  inferieur  et  ter- 


restre  est  tout  a  fait  dans  le  style  de  la 
poesie  orientale;  on  en  trouve  de  nombreux 
exemples  dans  les  litteratures  persane,  arabe 
et  turque.  Vulg.,  pour  le  bien-aiuic^  le  Roi- 
Messie. 

2.  Ma  langue :  I'expression  me  vient  aussi 
heureuse  et  aussi  rapide  qu'au  scribe  qui 
ecrit  sous  la  dicflee  d'un  autre.  —  Uagile 
roseau,  propr.  style,  instrument  pointu,  de 
fer  ou  de  roseau,  avec  lequel  les  anciens 
ecrivaient. 

3.  Le  phis  beau  :  dans  la  Bible,  la  beaute 
physique  est  regard ee  comme  un  don  de 
Dieu  et  suppose  ordinairement  la  beaut^ 
morale.  Pour  I'application  au  Messie,  voy. 
Jea?i,  i,  14;  Li/c,  IV,  22.  Comp.  Is.  liii,  2  sv. 

4.  Revets,  etc.  Ou  bien  :  vaillant  guer- 
rier,  ceins  ton  epe'e,  (laquelle  est)  ta  parure 
et  ta  gloire. 

5.  Sur  toti  char  ou  ton  cheval  de  guerre, 
pour  etablir  sur  la  terre  le  regne  de  la  verite, 
etc.  Au  lieu  de,  la  douceur  et  la  justice,  ou 
bien  au  lieu  de  douceur  pour  la  soumission, 
c.-a-d.  pour  les  hommes  soumis  et  fideles. 
—  Que  ta  droite  se  signale,  litt.  f  appreJi7ie , 
te  fasse  accomplir  de  merveilleux  exploits. 
On  pourrait  aussi  traduire  par  \z  futur  :  se 
signaler  a,  etc. 


92 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xlvi. 


6  Tes  filches  sont  aigiies; 
Des  peuples  tombeionl  a  tes  pieds ; 
EUes  perceront  le  cceur  des  ennemis  du  roi. 

7  Ton  irone,  6  Dieu,  esl  etabli  pour  toujours; 
Le  sceptre  de  ta  royaiite  est  un  sceptre  de  droiture, 

S  Tu  aimes  la  justice  et  tu  hais  I'iniquite  : 

C'est  pourquoi  Dieu,  ton  Dieu  t'a  oint 

D'une  huile  d'allegresse,  de  preference  a  tes  compagnons. 
9  La  myrrhe,  I'aloes  et  la  casse  s'exhalent  de  tes  vetements ; 

Des  palais  d'ivoire,  les  lyres  te  rejouissent. 
lo  Des  fiUes  de  rois  sont  parmi  tes  bien-aimees; 

La'reine  est  a  ta  droite,  paree  de  I'or  d'Ophir. 

]  I  "  Ecoute,  ma  fille,  regarde  et  prete  I'oreille  : 
Oublie  ton  peuple  et  la  maison  de  ton  pere, 

12  Et  le  roi  sera  epris  de  ta  beaute ; 
Car  il  est  ton  Seigneur  :  rends-lui  tes  hommages. 

13  La  fille  de  Tyr,  avec  des  presents, 
Et  les  plus  riches  du  peuple  rechercheront  ta  faveur." 

14  Toute  resplendissante  est  la  fille  du  roi  dans  I'int^rieur; 
Des  tissus  d'or  forment  son  vetement. 

15  En  robe  de  couleurs  variees,  elle  est  presentee  au  Roi ; 
Apres  elle,  des  jeunes  filles,  ses  compagnes,  te  sont  amene'es. 

16  On  les  introduit  au  milieu  des  rejouissances  et  de  ralldgresse; 
Elles  entrent  dans  le  palais  duRoi. 

17  Tes  enfants  prendront  la  place  de  tes  peres ; 
Tu  les  etabliras  princes  sur  toute  la  terre. 

18  Je  rappellerai  ton  nom  dans  tons  les  ages; 
Et  les  peuples  te  loueront  eternellement  et  a  jamais. 

PSAUME   XLVI   (VULG.  XLV). 

|E  Psaume  exprime  la  confiance  absolue  d'Israel  en  la  protedlion  de  Dieu,  protec- 
tion qui  vient  de  se  manifester  dans  un  grave  peril.  Quel  est  le  fait  historique 
auquel  il  fait  allusion?  Parmi  les  interpretes  modernes,  les  uns  indiquent  I'inva- 
sion  des  armdes  reunies  de  Moab,  d'Ammon  et  d'Edom  sous  le  regne  de  Josaphat 
(II  Par.  xx);  les  autres,  avec  plus  de  raison,  ce  semble,  I'expedition  de  Sennacherib  et  la 
destrucflion  de  son  armee  par  un  ange  devant  les  portes  de  Jerusalem  (voyez-en  le  recit 
Is.  xxxvi  sv.). 

Le  Psaume  comprend  3  strophes,  dont  les  deux  dernieres  sont  suivies  d'un  refrain ; 
on  pense  que  ce  refrain  existait  aussi  h,  la  fin  de  la  premiere,  et  que  I'omission  en  est  due 
;i  I'inadvertance  d'un  copiste.  Au  milieu  des  plus  grands  perils,  Dieu  est  notre  refuge 
assure  (vers.  2-4);  il  a  delivrd  Jerusalem  et  confondu  ses  ennemis  (5-8);  que  les  peuples 
reconnaissent  et  reverent  sa  puissance  (9-12)! 

^  AU  maitre  de  chant.  Des  fils  de  Core.  Sur  le  ton  des  vierges.  Cantique. 

2  Dieu  est  notre  refuge  et  notre  force; 

Son  secours  ne  manque  jamais  dans  la  detresse. 

3  C'est  pourquoi  nous  sommes  sans  crainte  si  la  terre  est  bouleversee, 
Si  les  montagnes  s'abiment  au  sein  de  I'ocean, 

4  Si  les  flots  de  la  mer  s'agitent,  bouillonnent, 

Se  soulevent  jusqu'a  ebranler  les  montagnes.  —  Sela. 


7.  Comp.  Hcbr.  i,  8  sv. 

8.  Dieti.,  ton  Dieu.  Le  texte  primitif  por- 
tal t  probablement, ////^TV?//  /on  Dieu.  Voy. 
la  note  de  Ps.  xlii,  2.  D'autres,  avec  S.  Je- 
rome, prennent  le  i^^"^  mot  pour  un  vocatif  : 
0  Dieu.  —  Dhine  huile  dhxllcgressc,  c.-h-d. 
de  I'huile  parfumee  qu'on  repandait  sur  les 
personnes  qu'on  voulait  honorer. —  Tes  com- 
paqfions,  les  autres  rois. 


Pour  J^sus-Christ,  ron(nion  d'huile  par- 
fumee, c'est  son  union  avec  I'Esprit-Saint 
habitant  en  lui  dans  sa  plenitude,  ^'oy.  Is. 
Ix,  3  sv. 

9.  La  myrrlie,  etc.  :  parfums  que  fournis- 
sent  des  plantes  d'Arabie  :  symbole  des 
perfe(flions  divines  et  des  vertus  humaines 
du  Roi-  M  essie. — Des  palais  revetus  d^ivoire 
(comp.  I  Rois,  xxii,  19',  Atnos,  iii,  15)  :  lors- 


LIBER  PSALMORUM. 


93 


mirabiliter  dextera  tua.  6.  Sagittae 
tuas  acutas,  populi  sub  te  cadent,  in 
corda  inimicorum  regis.  7.  "Sedes 
tua  Deus  in  sasculum  saeculi  :  virga 
directionis  virga  regni  tui.  8.  Dile- 
xisti  justitiam,  et  odisti  iniquita- 
tem  :  propterea  unxit  te  Deus 
Deus  tuus  oleo  lastitias  pras  con- 
sortibus  tuis.  9.  Myrrha,  et  gutta, 
et  casia  a  vestimentis  tuis,  a  do- 
mibus  eburneis  :  ex  quibus  delecta- 
verunt  te  10.  filiae  regum  in  hono- 
re  tuo.  Astitit  regina  ad  dextris 
tuis  in  vestitu  deaurato  :  circumda- 
ta  varietate. 

1 1.  Audi  filia,  et  vide,  et  inclina 
aurem  tuam  :  et  obliviscere  popu- 
lum  tuum,  et  domum  patris  tui. 
12.  Et  concupiscet  rex  decorem 
tuum  :  quoniam  ipse  est  Dominus 
Deus  tuus, et  adorabunt  eum.  13.  Et 
filiasTyri  in  muneribusvul  turn  tuum 
deprecabuntur  :  omnes  divites  ple- 
bis.  14.  Omnis  gloria  ejus  filias  regis 
ab  intus,  in  fimbriis  aureis  i^.  cir- 
cumamicta  varietatibus.  Adducen- 


tur  regi  virgines  post  eam  :  proximas 
ejus  afferentur  tibi.  16.  AfFerentur 
in  l^titia  et  exsultatione  :  adducen- 
tur  in  templum  regis. 

17.  Pro  patribus  tuis  nati  sunt 
tibi  filii  :  constitues  eos  principes 
super  omnem  terram.  18.  Memores 
erunt  nominis  tui  in  omni  genera- 
tione  et  generationem.  Propterea 
populi  confitebuntur  tibi  in  aster- 
num  :  et  in  saeculum  sasculi. 

— :;:—     PSALMUS   XLV.     — :i:— 

Ecclesia  divino  praesidio  munita  est 
inconcussa. 

I.  In  finem,  filiis  Core  pro  arca- 
nis,  Psalmus, 

jjEUS  noster  refugium,  et 
virtus  :  adjutor  in  tribula- 
tionibus,  quas  invenerunt 
i  nos  nimis.  3.  Propterea 
non  timebimus  dum  turbabitur 
terra  :  et  transferentur  montes  in 
cor  maris.  4.  Sonuerunt,  et  turbatas 


que  tu  arrives  dans  le  palais  ou  t'attend  la 
reine  avec  ses  suivantes,  /es  tyres  (hebr. 
Diinni,  pour  iniiini/n,  instruments  a  cordes  : 
comp.  Ps.  cl,  4)  te  rejouisseni.  La  Vulg., 
apres  les  LXX,  joint  la  fin  de  ce  verset  au 
commencement  du  suivant  :  ...  de  tes  vete- 
iiients  et  de  tes  niazsofis  dHvoire  qti'ont 
ornees  pour  toi  des  filles  de  rois  en  ton  hon- 
iieur. 

10.  Des  filles  de  rois,  destinees  a  devenir 
tes  epouses  secondaires. — La  reine.,  I'epouse 
principale,  parce  de  vetements  broches  d^or 
d^Ophir  :  sur  ce  nom  de  lieu,  voy.  I  Rois, 
X,  22.  La  Vulg.  ajoute,  circuindata  varietate, 
c.-a-d.  couverte  de  vetements  de  diverses 
couleurs  :  ces  mots  sont  empruntes  au  ver- 
set 14. 

Dans  le  sens  messianique,  la  reine,  c'est 
Israel  converti  et  devenu  I'Eglise  chre- 
tienne;  \es  filles  des  rois,  les  vierges  du  ver- 
set 15,  figurent  les  nations  paiennes  qui 
seront  a  leur  tour  amenees  k  Jesus-Christ. 

i2,.Lafille  de  Tyr :  locution  bibliquepour 
la  ville  de  Tyr  (voy.  la  note  de  Ps.  ix,  1 5)  : 
I'opulente  et  orgueilleuse  Tyr  represente  ici 
toil  tes  les  nations  paiennes. 

14.  Apres  I'allocution  qui  precede,  I'epouse 
avec  son  cortege  est  conduite  de  la  maison 
paternelle  au  palais  du  roi.  Le  Psalmiste  la 
considere  d'abord  et  I'admire  dans  I'inte- 


rieur  de  son  appartement.  La  fille  du  roi, 
c.-k-d.  la  princesse. 

D'autres,  avec  la  Vulg.,  traduisent,  toute 
sa  gloire  est  aii-dedans,  consiste  dans  la 
beaute  interieure  de  Fame,  quoiqu'elle  soit 
ornee  des  plus  riches  vetements. 

1 7.  Tes  oifants  :  le  Psalmiste  s'adresse  au 
roi.  ■ —  Sur  toute  la  terre  dans  le  sens  mes- 
sianique; dans  tout  le  pays,  si  I'on  ne  consi- 
dere que  Salomon  (comp.  I  Rois,  iv,  7). 

\Z.  Je  rappellerai  ton  notn  :  le  Psalmiste 
parle  ici  au  nom  d'Israel  ou  du  peuple  de 
Dieu. 

PSAUME   XLVI. 

1.  Sur  le  ton  des  vierges,  c.-a-d.  sur  un  ton 
eleve,  pour  des  voix  de  soprano  telles  qu'on 
entrouvait  parmi  lesjeunes  levites(sens  dou- 
teux).  Wn\g.,pour  les  secrets,  ou  les  mystcres. 

2.  Comp.  II  Par.  xxxii,  7.  Un  secours,e\.c, 
Vulg.,  tin  secours  dans  les  tribulations  qui 
nous  out  violenunent  atteints. 

3-4.  Si  la  terre  est  bouleversee,  etc.  :  a 
plus  forte  raison  ne  craignons-nous  pas  une 
armee  ennemie.  Plusieurs  prennent  ces  ver- 
sets  au  figure,  et  entendent  par  les  flots  de 
la  mer  les  innombrables  armees  de  Senna- 
cherib. Ce  passage  rappelle  les  vers  d'Ho- 
race  : 

Si  fradlus  illabatur  orbis, 

Impaviduni  ferient  riiina;. 


94  DEUXifeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

5  Un  rteuve  rejouit  de  ses  ondes  la  cite  de  Dieu, 
Le  sanfluaire  oil  habite  le  Tres-Haut. 

6  Dieu  est  au  milieu  d'elle  :  elle  est  in^branlable ; 
Au  lever  de  I'aurore  Dieu  vient  a  son  secours. 

7  Les  nations  s'agitent,  les  royaumes  s'ebranlent; 
11  fait  entendre  sa  voix  et  la  terre  se  fond  d'^pouvante. 

8  Jehovah  des  armees  est  avec  nous; 
Le  Dieu  de  Jacob  est  pour  nous  une  citadelle.  —  Schi. 

9  Venez,  contemplez  les  reuvres  de  Jehovah, 
Les  devastations  qu'il  a  operees  sur  la  terre ! 

10  II  a  fait  cesser  les  combats  jusqu'au  bout  de  la  terre, 
II  a  brise  Tare,  il  a  rompu  la  lance, 
II  a  consume  par  le  feu  les  chars  de  guerre.  — 

1 1  "  Arretez  et  reconnaissez  que  je  suis  Dieu; 
Je  domine  sur  les  nations,  je  domine  sur  la  terrel  " 

12  Jehovah  des  armees  est  avec  nous, 
Le  Dieu  de  Jacob  est  pour  nous  une  citadelle.  —  Scla. 

PSAUME   XLVII   (VULG.  XLVl). 

jjE  Psaunie  est  un  chant  de  triomphe  apres  une  vitloire  remportee,  grace  surtout  a 
la  protecflion  divine.  Cette  vicfloire  est  celle  de  Josaphat  sur  les  JMoabites  et 
d'autres  peuples  voisins  ligues  contre  Israel  (II  Par.  xx).  Les  his  de  Core  assis- 
taient  a  l'expedition,et  il  est  raconte  que,  "  le  quatricme  jour,  les  vainqueurs  se  rendirent 
dans  la  vallee  de  Benediflion,  pour  adresser  leurs  aftions  de  graces  a  Jehovah. "  C'est 
dans  cette  vallee  que  fut  chante  ce  Psaume  pour  la  premiere  fois. 

Le  vers.  6  nous  montre  Jehovah,  apres  etre  descendu,  en  quelque  sorte,  sur  la  terre 
pour  combattre  k  la  tete  de  son  peuple,  remontant  dans  sa  demeure,  c.-a-d.  dans  le  sanc- 
tuaire  de  Sion  et  dans  le  san(5luaire  plus  eleve  du  ciel.  Les  Peres  ont  vu  dans  cette 
ascension  le  type  de  I'ascension  de  Jesus-Christ  remontant  au  ciel  apres  sa  vidloire  sur  la 
mort  et  I'enfer. 

Ps.  xlvii.  ^  Au  maitre  de  chant.  Des  fils  de  Core.  Psaume. 

2  Vous  tous,  peuples,  battez  des  mains! 
Celebrez  Dieu  par  des  cris  d'allegressel 

3  Car  Jehovah  est  ires  haut,  redoutable, 
Grand  roi  sur  toute  la  terre. 

4  II  nous  assujettit  les  peuples, 

II  met  les  nations  sous  nos  pieds. 

5  II  nous  choisit  notre  heritage. 

La  gloire  de  Jacob,  son  bien-aime.  —  Scla. 

6  Dieu  monte  a  son  sniifluaire  au  milieu  des  acclamations; 
Jehovah,  au  son  de  la  trompette. 

7  Chantez  a  Dieu,  chantez! 
Chantez  a  notre  Roi,  chantez! 

8  Car  Dieu  est  roi  de  toute  la  terre; 
Chantez  un  cantique  de  louange. 

9  Dieu  rcgne  sur  les  nations, 
II  siege  sur  son  trone  saint. 

lo  Les  princes  des  peuples  se  reunissent 
Au  peuple  du  Dieu  d'Abraham; 
Car  k  Dieu  sont  les  boucliers  de  la  terre; 
II  est  souverainement  eleve. 


LIBER  PSALMORUM. 


95 


sunt  aquas  eorum  :  conturbati  sunt 
montes  in  fortitudine  ejus, 

5.  Fluminis  impetus  lastificat  civi- 
tatem  Dei  :  sanctificavit  tabernacu- 
lum  suum  Altissimus.  6.  Deus  in 
medio  ejus,  non  commovebitur  : 
adjuvabit  earn  Deus  mane  diluculo. 
7.  Conturbatae  sunt  gentes,  et  incli- 
nata  suntregna  :  dedit  vocem  suam, 
mota  est  terra.  8.  Dominus  virtu- 
tum  nobiscum  :  susceptor  noster 
Deus  Jacob. 

9.  Venite,  et  videte  opera  Domini, 
quas  posuit  prodigia  super  terram  : 

10.  Auferens  bella  usque  ad  finem 
terras.  Arcum  conteret,  et  confrin- 
get  arma  :  et  scuta  comburet  igni  : 

11.  Vacate,  et  videte  quoniam  ego 
sum  Deus  :  exaltabor  in  gentibus, 
et  exaltabor  in  terra.  12.  Dominus 
virtutum  nobiscum  :  susceptor  no- 
ster Deus  Jacob. 


— *—    PSALMUS   XLVI.    — :i:— 

Deus  omnis  teirtE  Dominus ; 
ipsi  psallendum. 


I .  In  finem,  pro  filiis  Core  Psalmus. 
^MNES  gentes  plaudite 
M'J  manibus  :  jubilate  Deo  in 
voce  exsultationis.3. Quo- 
niam Dominus  excelsus, 
terribilis  :  Rex  magnus  super  om- 
nem  terram.  4.  Subjecit  populos 
nobis  :  et  gentes  sub  pedibus  nostris. 
5.  Elegit  nobis  hereditatem  suam  : 
speciem  Jacob,  quam  dilexit. 

6.  "Ascendit  Deus  in  jubilo  :  et 
Dominus  in  voce  tubas,  7.  Psallite 
Deo  nostro,  psallite  :  psallite  Regi 
nostro,  psallite.  8.  Quoniam  Rex 
omnis  terras  Deus  :  psallite  sapien- 
ter.  9.  Regnabit  Deus  super  gentes : 
Deus  sedet  super  sedem  sanctam 
suam.  10.  Principespopulorumcon- 
gregati  sunt  cum  Deo  Abraham  : 
quoniam  dii  fortes  terras,  vehemen- 
ter  elevati  sunt. 


"  2  Reg.  6, 
15- 


5.  Q&fleiive  est  I'image  des  benedidlions 
et  de  la  protedlion  divine.  Comp.  Is. 
xxxiii,  21;  Apoc.  xxii,  i.  —  Le  saftHaaire, 
la  cite  sainte  elle-menie.  La  Vulg.  traduit  ce 
second  membre  :  le  Trcs-Haut  a  sanBifie 
sa  demeure,  et  par  consequent  il  la  cquviiia 
de  sa  protedlion. 

6.  Au  lever  de  Paurore,  c.-a-d.  prompte- 
ment,  des  qu'il  en  est  besoin. 

7.  Les  nations  s\igitenf,  se  liguent  contra 
Israel;  Dieu  parle,  et  non  seulement  rois  et 
peuples  ennemis  disparaissent,  mais  la  terre 
elle-meme  semble  s'evanouir  devant  la  co- 
lere  du  Seigneur. 

8.  Jehovah  des  arinees.,  qui  combat  pour 
Israel  en  tete  des  armees.  Selon  d'autres, 
Seigneur  des  armees  celestes,  c.-a-d.  des 
astres. 

9.  Les  devastations.,  la  destruction  des 
armees  ennemies  d'Israel.  Ou  bien  avec  la 
Vulg.,  les  prodiges,  litt.  les  etonneinejits. 

10.  Comp.  Is.  xiv,  4  sv.  Larc,  etc.  :  toutes 
les  armes  des  ennemis  d'Israel.  —  Ses  chars 
de  guerre;  LXX  et  Vulg.,  les  boucliers. 

11.  Arretes,  cessez  de  combattre  :  c'est 
Jehovah  qui  parle  ainsi  aux  adversaires  de 
son  peuple. 


PSAUME    XLVII. 

2.  Peuples,  temoins  des  merveilles  accom- 
plies  par  le  Seigneur  en  faveur  d'Israel. 

4.  Les  peuples,  en  general,  avec  une  rela- 
tion speciale  a  ceux  que  Josaphat  venait  de 
combattre  viiflorieusement. 

5.  Jehovah  nous  a  choisi  lui-meme  notre 
heritage,  le  pays  de  Chanaan,  et  il  continue, 
pour  ainsi  dire,  de  le  choisir  en  le  defendant 
centre  les  envahisseurs. 

6.  La  vi6\oire  remportde,Dieu  remonte  dans 
son  sanftuaire  (voy.  le  preambule),  comme 
la  premiere  fois  (II  Sam.  vi,  15),  au  bruit 
des  acclamations,  etc.  Comp.  I  Far.  xv,  28. 

8.  Chantes  nn  cantique  de  louange,  hebr. 
un  ;/;<rw/&//,  cantique  d'un  genre  special  :  voy. 
Ps.  xxxii,  I. 

10.  Les  princes  des  peuples,  les  nations 
idolatres  se  reunissent  au  peuple  de  Dieu 
(Vulg.  au  Dieu)  d'' Abraham  pour  adorer  le 
vrai  Dieu  :  c'est  surtout  I'Eglise  qui,  par  la 
conversion  des  Gentils,  a  realise  cet  oracle. 
—  Les  boucliers,  les  puissants  de  la  terre, 
appartiennent  a  Dieu,  Souverain  de  tous  les 
hommes.  Vulg.,  car  les  dieux  ptdssants  de 
la  terre  se  sont  extraordinairement  eleve's. 


96  DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

PSAUMK   XL\  III    (VULG.  XLVIl). 

IjE  Psaume  a  ete  compose  sur  le  meme  sujet  et  dans  la  meme  occasion  que  le  pre- 
cedent; on  poLinait  aussi,  avec  le  Hir,  le  rapporter  a  la  defaite  de  Sennacherib. 
Le  Psalniiste  contemple  plein  de  joie  la  dignite  et  la  splendeur  de  Jerusalem,  cit^ 
du  Tres-Haut,  miraculeusement  preservee  de  I'attaque  de  ses  ennemis. 

Au  sens  spirituel,  les  Peres  ont  vu  dans  I'ancienne  Jerusalem  la  figure  de  I'Eglise, 
veritable  cite  de  Dieu,  dont  Jdsus-Christ  est  Finvincible  defenseur. 

xlvii.  1  CANTIQUE.  Psaume  des  fils  de  Core. 

2  Jehovah  e^t  grand,  il  est  I'objet  de  toute  louange, 
Dans  la  cite  de  notre  Dieu,  sur  sa  inontagne  sainte. 

3  Elle  s'eleve  gracieuse,  joie  de  toute  la  terre, 
La  montagne  de  Sion,  vers  le  septentrion, 
La  cite  du  grand  Roi. 

4  Dieu,  dans  ses  palais,  s'est  montre  comme  un  rempart. 

5  Car  voici  que  les  rois  s'etaient  r^unis, 
Ensemble  lis  s'etaient  avances. 

6  lis  ont  vu,  soudain  ils  ont  ete  dans  la  stupeur; 
Eperdus,  ils  ont  pris  la  fuite. 

7  La  un  tremblement  les  a  saisis, 

Une  douleur  comme  celle  de  la  femme  qui  enfante. 

8  Par  le  vent  d'Orient  tu  brises  les  vaisseaux  de  Tharsis. 

9  Ce  que  nous  avions  entendu  dire,  nous  I'avons  vu 
Dans  la  cite  de  Jehovah  des  armees, 

Dans  la  cite  de  notre  Dieu  : 

Dieu  I'afifermit  pour  toujours.  —  Sela. 

10  O  Dieu,  nous  rappelons  la  memoire  de  ta  bontc 
Au  milieu  de  ton  temple. 

11  Comme  ton  nom,  6  Dieu,  ainsi  ta  louange 
Arrive  jusqu'aux  extremites  de  la  terre. 
Ta  droite  est  pleine  de  justice. 

12  Que  la  montagne  de  Sion  se  rejouisse, 

Que  les  fiUes  de  Juda  soient  dans  I'allegresse, 
A  cause  de  tes  jugements ! 

13  Parcourez  Sion  et  faites-en  le  tour, 
Comptez  ses  forteresses; 

14  Observez  son  rempart, 
Examinez  ses  palais, 

Pour  le  raconter  a  la  generation  future. 

15  Voila  le  Dieu  qui  est  notre  Dieu  a  jamais  et  toujours; 
II  sera  notre  guide  dans  tous  les  siecles. 

PSAUME  XLIX   (VULG.  XLVIll). 

Saume  didadlique  et  tout  moral,  dont  le  sujet  est  analogue  a  celui  des  Ps.  xxxvii 

(de  David)  et  Ixxiii  (d'Asaph)  :  que  le  juste  voie  sans  crainte,  comme  sans  scan- 

il  dale,  les  mechants,  ses  persecuteurs,  prosperer  sur  la  terre;  I'inevitable  mort  va  les 

depouiller  de  leurs  richesses;  le  juste  aussi  mourra ;  mais,  aime  de  Dieu,  il  sera  rachete 

par  lui  de  la  puissance  meme  du  scheol  (voy.  Ps.  vi,  6). 

On  ne  saurait  fixer  la  date  de  ce  petit  poeme.  Mais,  a  en  juger  par  le  style,  la  couleur 
et  le  ton  general  de  la  pensee,  il  appartient  a  la  dernicre  portion  du  grand  age  de  la  poesie 
gnomique  des  Hebreux,  lequel  commence  a  David,  atteint  son  epanouissement  sous  Salo- 
mon et  se  continue  avec  des  alternatives  d'obscurite  et  d'eclat  jusqu'au  regne  d'Eziichias. 
La  stru(51ure  en  est  clairement  marquee  :  d'abord  une  introducTlion  solennelle,  telle 
qu'on  en  trouve  dans  plusieurs  discours  du  livre  de  Job  (vers.  2-5.  Comp.yf/',  xxxiv,  i  sv.), 
puis  deux  strophes  de  8  versets  chacune,  se  terminant  par  un  refrain. 

Ce  Psaume  assez  difficile  est  un  des  plus  imparfaitement  traduits  dans  la  Vulgate. 
J.-B.  Rousseau  en  a  fait  une  heureuse  imitation  dans  ses  odes  sacrees  (i,  3). 


LIBER  PSALMORUM. 


97 


— :i^   PSALM  US  XLVIL   — :>— 

Magnus  et  laudabilis  Dominus  qui 
fundavit  Sion. 

I.    Psalmus    Cantici   filiis   Core 
secunda  sabbati. 

AGNUS  Dominus, et  lau- 
dabilis nimis  in  civitate 
Dei  nostri,  in  monte  san- 
cto  ejus.  3.  Fundatur  ex- 
sultatione  universas  terras  mons 
Sion,  latera  aquilonis,  civitas  Regis 
magni.  4.  Deus  in  domibus  ejus  co- 
gnoscetur,  cum  suscipiet  eam. 

5.  Quoniam  ecce  reges  terr^  con- 
gregati  sunt :  convenerunt  in  unum. 

6.  Ipsi  videntes  sic  admirati  sunt, 
conturbati    sunt,   commoti    sunt  : 

7.  Tremor  apprehendit  eos.  Ibi  do- 
lores  ut  parturientis,  8.  in  spiritu 
vehementi  conteres  naves  Tharsis. 


9.  Sicut  audivimus,  sic  vidimus  in 
civitate  Domini  virtutum,  in  civi- 
tate  Dei  nostri  :  Deus  fundavit  eam 
in  asternum. 

10,  Suscepimus  Deus  misericor- 
diam  tuam,  in  medio  templi  tui. 
II.  Secundum  nomen  tuum  Deus, 
sic  et  laus  tua  in  fines  terras  :  justi- 
tia  plena  est  dextera  tua,  12.  Laete- 
tur  mons  Sion,  et  exsultent  filias 
Judas,  propter  judicia  tua  Domine. 

13.  Circumdate  Sion,  et  comple- 
ctimini  eam  :  narrate  in  turribus 
ejus.  14.  Ponite  corda  vestra  in  vir- 
tute  ejus :  et  distribuite  domos  ejus, 
ut  enarretis  in  progenie  altera. 
15.  Quoniam  hie  est  Deus,  Deus 
noster  in  asternum,  et  in  saeculum 
sasculi  :  ipse  reget  nos  in  sascula. 


.1. 


PSAUME  XLVIII. 

1.  La  Vulg.  ajoute  au  titre  une  indication 
liturgique,  disant  que  le  Psaume  devait  etre 
chante  le  second  jotcr  de  la  seniaifte.'"^ 

2.  II esl  Vobjet,  ou  bien  il est  digne  (Vulg.), 
de  toute  louange,  dans  la  cite  de  noire  Dieii, 
dans  Jerusalem  :  c'est  la  surtout  qu'il  mani- 
feste  sa  puissance  et  son  amour  pour  son 
peuple. 

3.  Ce  qui  faisait  la  gloire  de  Je'rusalem, 
c'etait  la  colline  de  Sion,  ou  se  trouvait  la 
cit^  de  David,  et  la  colline  de  Moria,  au 
N.  O.  de  Sion,  ou  etait  bati  le  temple,  cite 
de  Dieu. 

Le  Hir,  sans  faire  cette  distindlion,  en- 
tend  par  Sion  Jerusalem  en  general;  elle 
serait  appelee  ici  le  cote,  ou  plus  litter,  les 
extreniitJs,  la  partie  la  plus  reculee  d»  sep- 
tentrion^  par  allusion  k  la  croyance  des  an- 
ciens  qui  plac;aient  au  pole  nord,  comme  au 
point  le  plus  eleve,  le  sejour  de  leurs  dieux. 
cf.  Is.  xiv,  13  sv. 

6.  lis  ont  vu  :  campes  dans  le  desert  de 
Thecue  (II  Far.  xx,  2),  les  rois  ennemis 
pouvaient  apercevoir  de  la  les  hauteurs  de 
Jerusalem.  —  /Is  ont  pris  la  fuite;  ou  bien, 
avec  les  LXX  et  la  Vulg.,  ils  se  sent  agtte's, 
ils  ont  tremble  de  trouble  et  d'effroi. 

7.  Une  douleur  :  comp.  Is.  xiii,  8;  xxi,  3. 


8.  Les  vaisseaux  de  Tharsis,  les  plus  forts 
navires,  ceux  qui  faisaient  ordinairement  le 
voyage  de  Tartessus  en  Espagne.  Sens  :  ta 
puissance  est  irresistible;  ce  qui  revient  a 
dire  :  de  meme  c|ue  par  le  vent  d'Orient  tu 
brises  les  vaisseaux  de  Tharsis,  ainsi  tu  as 
brise  la  force  de  nos  ennemis. 

g.  Les  antiques  prodiges  que  tu  avais 
operes  jadis  en  faveur  d'lsracl,  tu  les  as  re- 
nouveles  sous  nos  yeux. 

II.  Coni/ne  ton  nojn,  etc.  Sens  :  tu  es  loue 
partout  ou  est  connu  ton  nom.  —  Ta  droite 
n'accomplit  que  des  acfles  de  justice. 

\2.  Les  filles  de  Jiida,  les  villes  qui  en- 
tourent  Sion  (Jerusalem). 

14.  Pour  raconter  a  la  generation  future 
dans  cjuel  etat  florissant  vous  I'avez  vue  apres 
les  menaces  de  ses  ennemis.  Ou  bien  :  poicr 
redire  ce  qui  suit,  savoir  :  Voila  le  Dieu,  etc. 

15.  Datts  tons  les  siecles,  en  lisant  comme 
les  LXX  et  la  Vulg.,  olamotJt,  plur.  de  olani. 
On  lit  aujourd'hui  al-niout/i,  que  plusieurs 
traduisent,  jusqu'a  la  tnort,  comme  s'il  y 
avait  al-niaveth.  D'autres,  avec  Delitzsch, 
prennent  al-nioiet/i  pour  une  indication  mu- 
sicale,  la  meme  que  celle  du  Ps.  ix  sur  la 
niort  (du  fils),  et  qui  appartiendrait  soit  a 
notre  Psaume  (comp.  Hab.  iii,  19),  soit  au 
suivant.  Dans  cette  derniere  hypothese,  le 
sens  du  vers.  15  resterait  suspendu. 


LA  SAINTK  BIULE.   TOiME  IV.  —  7 


98 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xlix.  1  AU  maitre  de  chant.  Psaume  des  fils  de  Core. 

2  Ecoutez  tous  ceci,  6  peuples ; 

Pretez  I'oreille,  vous  tous  habitants  du  monde, 

3  Homines  du  commun  et  hommes  de  condition, 
Tous,  riches  et  pauvres. 

4  Ma  bouche  va  faire  entendre  des  paroles  sages, 
Et  mon  ccEur  a  des  pensees  pleines  de  sens. 

5  Je  prete  I'oreille  aux  sentences  qtte  Dieu  Di'tiispirej 
J'accompagne  de  la  harpe  mon  chant  mysterieux. 

6  Pourquoi  craindrais-je  aux  jours  du  malheur, 
Lorsque  I'iniquite  de  mes  persecuteurs  m'assiege, 

7  Eux  qui  mettent  leur  confiance  dans  leurs  biens, 
Leur  gloire  dans  leurs  grandes  richesses? 

8  Un  homme  ne  peut  racheter  son  frere, 
Ni  payer  a  Dieu  sa  rancjon, 

9  (Le  prix  de  leur  vie  est  trop  grand; 

Le  rachat  en  sera  a  jamais  impossible), 

10  Pour  qu'il  vive  eternellement, 
Et  qu'il  ne  voie  jamais  la  fosse. 

11  Non,  il  la  verra;  les  sages  meurent, 
L'insense  et  le  stupide  perissent  egalement, 
Laissant  k  d'autres  leurs  biens. 

12  lis  s'imaginent  que  leurs  maisons  seront  eternelles, 
Que  leurs  demeures  subsisteront  d'age  en  age, 

Et  ils  donnent  leurs  noms  a  leurs  domaines. 

13  Mais  au  milieu  de  sa  splendeur  Fhomme  ne  dure  pas; 
II  est  semblable  aux  betes  qui  perissent. 

14  Tel  est  leur  sort,  a  ces  hommes  si  confiants, 

Et  h.  ceux  ciui  les  suivent  en  approuvant  leurs  discours.  —  Sela. 

15  Comme  un  troupeau,  ils  sont  pousses  dans  le  scheol. 
La  mort  est  leur  pasteur; 

Le  matin,  les  hommes  droits  dominent  sur  eux, 

Et  leur  ombre  se  consumera  au  scheol,  sans  autre  demeure. 

16  Mais  Dieu  rachctera  mon  ame  de  la  puissance  du  scheol, 
Car  il  me  prendra  avec  bti.  —  Scla. 

17  Ne  Grains  done  pas,  quand  un  homme  s'enrichit, 
Quand  s'accroit  I'opulence  de  sa  maison. 

18  Car  il  n'emportera  rien  k  sa  mort, 

Son  opulence  ne  descendra  pas  avec  lui. 

19  II  aura  beau  s'estimer  heureux  pendant  sa  vie; 

On  aura  beau  te  louer  des  jouissances  que  tu  te  donnes  : 

20  Tu  iras  rejoindre  la  generation  de  tes  peres. 
Qui  jamais  ne  reverront  la  lumiere. 

21  L'homme  au  milieu  de  sa  splendeur  ne  comprend  pas, 
II  est  semblable  aux  betes  qui  perissent. 


PSAUME  XLIX. 

^.  J^acco7npaQnc,  etc.  Litt.,yV«7/r^,  j'ex- 
pose  ail  son  de  la  harpc  ma  c/iida/i,  I'enigme, 
renseignement  propose  sous  une  certaine 
forme  qui  pique  I'attention. 

6.  LH7iiquiic  de  mes  persecuteurs,  litt.  de 
ceux  qui  veulent  me  siipplanter. 

8.  Ces  persecuteurs  mourront  :  aucun 
homme,  si  riche  qu'il  soit,  ne  peut  en  rache- 
ter un  autre  de  la  mort. 

9.  De  leur  vie,  litt.  de  leur  time  :  allusion  a 
Exod.  xxi,  30,  ou  il  est  question  du  rachat  de 
la  vie  moyennant  le  paiement  d'une  somme 
d'argent.  Ce  verset  forme  parenthese. 


10.  La  fosse,  la  mort. 

11.  II  la  verra,  la  fosse;  ou  bien  :  //  ven-a 
ce  qui  suit,  savoir,  que  les  sages  meurent, 
etc.  :  speflacle  bien  propre  k  dissiper  ses 
foUes  illusions. 

12.  lis  s''imai:[inent que;  ou  mieux,  en  lisant 
avec  les  LXX  qiberam,  au  lieu  de  qireham, 
des  toinbeaux  sont  leurs  demeures  eternel- 
les. —  lis  donnetit  leurs  ?wms,  etc.;  d'autres  : 
eux  dont  les  no»is  sont  hotwres  sur  la  terre. 
13.  Ne  dure  pas,  litt.  ne  passe  pas  la  nuit  : 
comp.vers.  15. — /I  est  seml>lable,un\quement 
au  point  de  vue  de  I'egalite  devant  la  mort. 
—  <2«/  perissent,  qu'on  egorge  sans  fai^on 


LIBER  PSALMORUM. 


99 


— *—  PSALMUS  XLVIII.— :i-— 
Nihil  prosunt  opes  contra  infernum. 

I.  In  finem,  filiis  Core  Psalmus. 
UDITE  hasc  omnes  gen- 
tes:  auribus  percipite  om- 
nes, qui  habitatis  orbem  : 

3.   quique    terrigenas,    et 

filii  hominum  :  simul  In  unum  di- 
ves et  pauper.  4.  Os  meum  loquetur 
sapientiam  :  et  meditatio  cordis  mei 
nfia77,2.  prudentiam.  5.  "Inclinabo  in  para- 
atth.  13,  bolam  aurem  meam  :  aperiam  in 
psalterio  propositionem  meam. 

6.  Cur  timebo  in  die  mala?  ini- 
quitas  calcanei  mei  circumdabit  me: 
7.  qui  confidunt  in  virtute  sua  :  et 
in  multitudine  divitiarum  suarum 
gloriantur.  8.  Frater  non  redimit, 
redimet  homo  :  non  dabit  Deo  pla- 
cationem  suam.  9.  Et  pretium  red- 
emptionis  animas  suas  :  et  laborabit 
in  asternum,  10.  et  vivet  adhuc  in 
finem.  11.  Non  videbit  interitum, 
cum  viderit  sapientes  morientes  : 
simul  insipiens,  et  stultus  peribunt. 
Et  relinquent  alienis  divitias  suas  : 


12.  et  sepulcra  eorum  domus  illo- 
rum  in  asternum.  Tabernacula  eo- 
rum in  progenie  et  progenie :  vocave- 
runt  nomina  sua  in  terris  suis.  i3.Et 
homo,  cum  in  honore  esset,  non  in- 
tellexit  :  comparatus  est  jumentis 
insipientibus,  et  similis  factus  est 
illis. 

14.  Hasc  via  illorum  scandalum 
ipsis  :  et  postea  in  ore  suo  compla- 
cebunt.  15.  Sicut  oves  in  inferno 
positi  sunt  :  mors  depascet  eos.  Et 
dominabuntur  eorum  justi  in  matu- 
tino  :  et  auxilium  eorum  veterascet 
in  inferno  a  gloria  eorum.  16.  Ve- 
rumtamen  Deus  redimet  animam 
meam  de  manu  inferi,  cum  accepe- 
rit  me.  17.  Ne  timueris  cum  dives 
factus  fuerit  homo  :  et  cum  multi- 
plicata  fuerit  gloria  domus  ejus, 
18.  Quoniam  cum  interierit,  non 
sumet  omnia  :  neque  descendet  cum 
eo  gloria  ejus.  19.  Quia  anima  ejus 
in  vita  ipsius  benedicetur  :  confite- 
bitur  tibi  cum  benefeceris  ei.  20.  In- 
troibit  usque  in  progenies  patrum 
suorum  :  et  usque  in  asternum  non 
videbit  lumen.  21.  Homo,  cum  in 
honore  esset,  non  intellexit  :  com- 


14.  D'autres  :  voi/d  leur  voie;  folic  est  a 
eux .'  et  ceicx  qui  vie/went  ap7-cs  approiive- 
raient  leurs  disco urs/ 

1 5.  Le  sckeol,  le  sejour  des  morts  {Ps.  vi ,  6). 
—  La  mort  personnifiee  {Job^  xviii,  14)  est 
leur pasieur^  le  berger  qui  conduira  desor- 
mais  leur  troupeau.  D'autres,  la  mort  en  fait 
sa  pdture.  —  Le  matin,  bientot  (comp.  ver- 
set  i3),/t'J  homines  droits,  \es  justes,  preser- 
ves de  la  mort,  domineront  stir  eux,  ou  les 
fouleront  auxpieds.  —  Leur  ombre,  litt.  leur 
forme  (d'autres, /t'z/r^/6'2;r),leur  figure  (S.Je- 
rome), la  forme  humaine  qui  reste  apres  la 
mort,  leur  ombre,  <se  consumera  au  scheol. 

16.  Car,  ou  quand  il  me  prendra.  C'est  la 
meme  expression  qui  est  employee  en  par- 
lant  d'Henoch,  que  Dieu  enleva  de  cette 
terre  pour  le  prendre  avec  lui  [Gen.  v,  24). 
Le  rachat  ou  la  delivrance  dont  il  s'agit  ici 
est  done  quelque  chose  de  plus  que  la  pre- 
servation d'une  mort  violente  ou  prematu- 
ree;  le  Psalmiste  exprime,  avec  les  faibles 
lumieres  de  I'Anc.  Testament,  la  croyance, 
ou  si  Ton  veut  le  pressentiment  et  la  pieuse 
confiance  du  peuple  hebreu,  que  les  amis 
de  Dieu  ne  seraient  pas  abandonnes  dans 
le  triste  sejour  des  ombres,  mais  que  ce 


Dieu  les  prendrait  un  jour  pour  les  intro- 
duire  dans  sa  lumineuse  demeure  (Herder). 
Cette  delivrance  n'est  autre  que  la  redemp- 
tion meme  de  Jesus-Christ,  par  laquelle  les 
justes  sont  arraches  a  la  puissance  de  I'enfer 
et  a  la  mort  eternelle,  qui  est  le  partage  des 
mediants. 

19.  S'estimer  heuretix ;  litt.,  benir  son 
a  me,  c.-a-d.  se  feliciter  de  sa  prosperite  et 
contenter  ses  desirs.  Comp.  Luc,  xii,  19.  — • 
Te  louer  :  le  Psalmiste  interpelle  diredle- 
ment  le  riche  impie. 

20.  La  generation  ou  la  race  de  tes  peres  : 
tes  ancetres  et  tes  predecesseurs  en  perver- 
site. 

21.  Ale  comprend  pas  le  n^ant  des  ri- 
chesses,  et,  oubliant  Dieu,  met  en  elles 
toute  sa  confiance. 

En  comparant  ce  verset  avec  le  13^,  on 
constate  une  modification  dans  le  refrain  : 
ne  comprend  pas  (hebr.  iabin)  au  lieu  de  tie 
dure  pas  (hebr.  ialin).  Les  anciennes  ver- 
sions ont  lu  partout  iabin;  mais  rien  ne 
prouve  que  cette  legere  modification  du  re- 
frain soit  le  resultat  d'une  erreur  de  copiste, 
et  non  le  fait  de  I'auteur  meme  du  Psaume. 
Voy.  un  changement  analogue  Ps.  xlii,  6. 


100  DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   L   (VULG.  XLIX). 

E  Psaume  est  le  premier  de  ceux  qui  sont  attribues  a  Asaph;  le  troisieme  livre  en 
contient  un  groupe  assez  considerable  {Ps.  Ixxiii-lxxxiii).  lis  sont  caracflerises  par 
une  solennit<^  exceptionnelle,  une  allure  pleine  de  majeste  et  de  graves  avertisse- 
ments  donnas  sous  la  forme  des  oracles  des  prophetes.  Asaph  etait  un  levite  du  temps  de 
David  et  I'un  des  principaux  chefs  de  la  musique  sacree;  ses  descendants  remplirent  les 
memes  fonflions  sous  les  rois  et  jusqu'apres  la  captivite.  Le  Hir  rapporte  tous  les  Paanines 
cV Asaph  au  temps  d'Ochosias  et  d'Athalie;mais  celui  qui  nous  occupe  convient  egalement 
a  I'epoque  de  David,  et  rien  n'empeche  d'en  considerer  I'auteur  comme  contemporain  de 
ce  roi. 

Sujet  :  Dieu  demande  avant  tout  un  culte  interieur.  Le  Psalmiste  debute  par  une 
introdudion  oil  Dieu  est  represent^  apparaissant  sur  le  mont  Sion  (comme  il  avait  apparu 
autrefois  sur  le  Sinai)  pour  juger  son  peuple  au  sujet  de  I'accomplissement  de  la  loi 
(vers.  1-6).  S'adressant  d'abord  aux  Israelites  fideles,  mais  trop  attaches  aux  formalites 
exterieures  du  culte,  il  leur  rappelle  que  le  sacrifice  vraiment  agreable  au  Seigneur  est 
celui  d'un  coeur  rempli  de  reconnaissance  et  d'amour  (7-15);  ensuite  il  reprend  les  Israe- 
lites violateurs  de  la  loi  et  les  menace  de  chatiments  s'ils  ne  se  convertissent  (16-23). 

Ps.  I.  1  PSAUME  d'Asaph. 

Dieu,  Elohim,  Jehovah  parle, 

II  convoque  la  terre  du  levant  au  couchant. 

2  De  Sion,  beaute  parfaite,  Dieu  resplendit. 

3  II  vient,  notre  Dieu,  et  il  ne  se  taira  point; 
Devant  lui  est  un  feu  devorant, 

Autour  de  lui  se  dechaine  la  tempete. 

4  II  appelle  les  cieux  en  haut, 

Et  la  terre,  pour  juger  son  peuple. 

5  "  Rassemblez-moi  mes  fideles, 

Qui  ont  fait  alliance  avec  moi  sur  le  sacrifice.  " 

6  Et  les  cieux  proclament  sa  justice, 
Car  Dieu  va  juger.  • —  Sela. 

7  Ecoute,  mon  peuple,  et  je  parlerai: 
Israel,  et  je  te  reprendrai  : 

Je  suis  Elohim  ton  Dieu. 

8  Ce  n'est  pas  pour  tes  sacrifices  que  je  te  fais  des  reproches; 
Tes  holocaustes  sont  constamment  devant  iiioi. 

9  Je  ne  prendrai  point  un  taureau  dans  ta  maison, 
Ni  des  boucs  dans  tes  bergeries. 

10  Car  a  moi  sont  tous  les  animaux  des  forets, 
Toutes  les  betes  des  montagnes  par  milliers; 

11  Je  connais  tous  les  oiseaux  du  ciel, 

Et  tout  ce  qui  se  meut  dans  les  champs  est  sous  ma  main. 

12  Si  j'avais  faim,  je  ne  te  le  dirais  pas. 

Car  le  monde  est  a  moi,  et  tout  ce  qu'il  renferme. 

13  Est-ce  que  je  mange  la  chair  des  taureaux? 
Est-ce  que  je  bois  le  sang  des  boucs? 

14  Oftre  en  sacrifice  a  Dieu  I'aclion  de  graces, 
Et  acquitte  tes  voeux  envers  le  Tr^s-Haut. 

15  Et  invoque-moi  au  jour  de  la  detresse  : 
Je  te  delivrerai,  et  tu  me  glorifieras. 

16  Mais  au  mechant  Dieu  dit  : 

Ouoi  done!  tu  enumeres  mes  preceptes, 
Et  tu  as  mon  alliance  ^.  la  bouche, 

17  Toi  qui  delestes  la  discipline, 

Et  qui  jettes  mes  paroles  derricre  toi! 

18  Si  tu  vois  un  voleur,  tu  te  plais  avec  lui, 

Et  tu  fais  cause  commune  avec  les  adulteres. 

19  Tu  abandonnes  ta  bouche  au  mal, 
Et  ta  langue  ourdit  la  fraude. 


LIBER  PSALMORUM. 


101 


paratus  est  jumentis  insipientibus, 
et  similis  factus  est  illis. 

— :i:—     PSALM  US   XLIX.    — :i:— 

In  die  judicii  non  vicflimse  immolata?,  sed 
animi  piiritas,  et  sacrificium  laudis  homi- 
nem  justificabiint. 


I. 


Psalmus  Asaph. 
EUS  deorum  Dominus 
locutus  est  :  et  vocavit 
terram.  A  solis  ortu  usque 
ad  occasum  :  2.  ex  Sion 
species  decoris  ejus,  3.  Deus  mani- 
feste  veniet  :  Deus  noster  et  non 
silebit.  Ignis  in  conspectu  ejus  exar- 
descet :  et  in  circuitu  ejus  tempestas 
valida.  4.  Advocabit  ccElum  desur- 
sum  :  et  terram  discernere  populum 
suum.  5.  Congregate  illi  sanctos 
ejus :  qui  ordinant  testamentum  ejus 
super  sacrificia.  6.  Et  annuntiabunt 
coeli  justitiam  ejus  :  quoniam  Deus 
judex  est. 

7.  Audi  populus  meus,  et  loquar  : 
Israel,  et  testificabor  tibi:  Deus  Deus 


tuus  ego  sum.  8.  Non  in  sacriificiis 
tuis  arguam  te  :  holocausta  autem 
tua  in  conspectu  meo  sunt  semper. 

9.  Non  accipiam  de  domo  tua  vitu- 
los  :  neque  de  gregibus  tuis  hircos. 

10.  Quoniam  mese  sunt  omnes  ferae 
silvarum,  jumenta  in  montibus  et 
boves.  II.  Cognovi  omnia  volatilia 
coeli  :  et  pulchritudo  agri  mecum 
est.  12.  Si  esuriero,  non  dicam  tibi : 
meus  est  enim  orbis  terrae,  et  pleni- 
tudo  ejus.  ij.Numquid  manducabo 
carnes  taurorum.^  aut  sanguinem 
hircorum  potabo.^  i4,Immola  Deo 
sacrificium  laudis  :  et  redde  Altis- 
simo  vota  tua.  15.  'Et  invoca  me 
in  die  tribulationis  :  eruam  te,  et 
honorificabis  me. 

16.  Peccatori  autem  dixit  Deus  : 
Quare  tu  enarras  justitias  meas,  et 
assumis  testamentum  meum  per  os 
tuum.^  17.  Tuvero  odisti  discipli- 
nam  :  et  projecisti  sermones  meos 
retrorsum  :  18.  si  videbas  furem, 
currebas  cum  eo  :  et  cum  adulteris 
portionem   tuam  ponebas.   1 9.  Os 


"  Infra  90, 
15- 


PSAUME  L. 

1.  Dieu  (hebr.  El),  etc.  :  trois  noms  de 
Dieu  (comp.  Jos.  xxii,22)  mis  en  gradation, 
El  designant  la  puissance,  Elohini  la  pleni- 
tude ttjt'/tovah  I'essence  de  I'Etre  divin ; 
leur  reunion  ajoute  k  la  majeste  de  la  scene. 
LXX  et  Vulg.,  le  Dieu  des  dieux,  JehovaJi. 
—  La  ter^e,  et  les  cieux  (vers.  4),  pour  assis- 
ter  comme  temoins  au  jugement  d'Israel, 
comme  ils  I'avaient  ete  de  I'alliance  {Dent. 
iv,  26;  xxxi,  28;  xxxii,  l). 

2.  De  Sion,  ou  Dieu  a  son  trone  comme 
roi  d'Israel,  beaute  parfaite,  surtout  en  tant 
que  demeure  de  Jehovah  :  comp-Pj.  xlviii,3; 
I  Mack,  ii,  12.  LXX  et  Vulg.,  de  Sion  res- 
plcndit  sa  beaiitc,  la  beaute  de  Dieu. 

3. 11  ne  se  taira point,  il  dira  ce  qui  suit  a 
parti r  du  vers.  7.  —  Un  feu  devorant,  sym- 
bole  de  la  colere  de  Dieu  et  de  sa  justice 
vengeresse.  Comp.  Deut.  iv,  24;  ix,  3; 
xxxii,  22;  I  Rois,  xix,  11  sv.  —  La  ie)npete  : 
comp.  la  theophanie  plus  longuement  de- 
crite  Ps.  xviii,  8-16. 

4.  /"(^//rassister  au  jugement  que  Dieu  va 
rendre. 

5.  Rassembles-nioi  :  Dieu  s'adresse  aux 
anges,  ses  herauts  ordinaires  {Matth. 
xiii,  41 ;  xxiv,  31).  — Mes fideles,  mes  pieux, 
Israel,  nation  sainte  par  sa  vocation  et  son 
alliance  avec  Jehovah,  comme  les  Chretiens 


sont  appeles  saints  {Rom.  i,  7).  Ici  cette  ex- 
pression laisse  percer  une  ironie.  —  Sur  le 
fondement  ou  la  condition  du  sacrifice,  de 
sacrifices  a  m'offrir.  D'autres,  par  le  sacri- 
fice :  allusion  aux  sacrifices  solennels  par 
lesquels  avait  ete  scellee  I'alliance  de  Dieu 
avec  son  peuple  {Exod.  xiii,  9;  xxiv,  3-9). 

7.  Je  te  reprendrai,  litt.  je  te  rendrai 
tcnioi^7iage,]&  dirai  ce  que  tu  as  fait  de  mal. 

9.  Les  sacrifices,  en  tant  que  ceremonies 
exterieures,  ne  sont  rien  pour  moi.  Je  n'ai 
pas  besoin  de  recevoir  et  je  ne  reclame  pas 
d'Israel  des  bceufs  ou  des  boucs,  puisque 
j'en  ai  par  milliers  dans  les  forets  et  les 
montagnes.  Cf.  Lsaie,  i,  11  sv. 

10.  Par  milliersj  LXX  et  Vulg.,  et  les 
bceufs. 

1 1.  Du  del  (LXX,  Vulg.)  :  c'est  probable- 
ment  la  vraie  le9on;  dans  I'hebr.  afluel,  des 
ino7itagnes.  —  Tout  ce  qui  se  ineut,  Vulg. 
toute  la  beaute  des  champs;  le  mot  hebr. 
vient  d'un  verbe  qui  signifie  driller  et  se 
mouc'oir.  —  Sous  ma  main,  lilt,  avec  moi,  a 
ma  disposition. 

13.  Comp.  Dan.  xiv,  5. 

14.  Eadion  de  graces,  la  reconnaissance 
du  coeur,  par  opposition  aux  sacrifices  pure- 
ment  exterieurs. 

16  sv.  Comp.  Rom.  ii,  17-25. 
17.  La  discipline,  la  loi  morale. 


102 


deuxi£:me  livre  des  psaumes. 


20  Til  t'assieds,  ci  tu  paries  centre  ton  frere, 
Tu  diftames  le  fils  de  ta  mere. 

21  Voila  ce  que  tu  as  fait,  et  je  me  suis  tu. 
Tu  t'es  imagine  que  j'etais  pareil  k  toi; 

Mais  je  vais  te  reprendre  et  tout  mettre  sous  tes  yeux. 

22  Prenez-y  done  garde,  vous  qui  oubliez  Dieu, 

De  peur  que  je  ne  dechire,  sans  que  personne  de'livre. 

23  Celui  qui  offre  en  sacrifice  ra(nion  de  graces  m'honore, 
Et  a  celui  qui  dispose  sa  voie 

Je  ferai  voir  le  salut  de  Dieu. 


PSAUME   LI   (VULG.  L). 


Ps.  li. 


penitent,  ce  pardon  lui  fit  sentir  pli 
yivement  encore  la  grandeur  de  sa  faute.  Faisant  done  appel  a  la  misericorde  du  Seigneur, 
il  demande,  non  seulement  d'etre  lave  plus  completement  encore  de  son  pdche,  mais 
encore  d'etre  gueri  de  la  blessure  morale  que  ce  peche  a  faite  a  son  ame  (vers.  3-14);  en 
reconnaissance,  il  invitera  les  pecheurs  a  revenir  a  Dieu,  il  celebrera  ses  louanges  et  lui 
offrira  le  sacrifice  d'un  cceur  humble  et  contrit  (15-19).  Les  vers.  20-28,  ajoute's  pendant  la 
captivite,  renferment  une  priere  pour  la  restauration  de  Jerusalem  et  du  temple. 

Ce  Psaume  est  le  quatrieme  des  penitentiaux;  il  est  devenu  I'afle  de  contrition  que 
se  sont  plu  a  repeter  de  siecle  en  siecle  les  pecheurs  repentants. 

lAU  maitre  de  chant.  Psaume  de    David.  -' Lorsque  Nathan   le  prophete  vint  le 
trouver,  apres  qu'il  eut  ete  avec  Bethsabee. 

3  Aie  pitie  de  moi,  6  Dieu,  selon  ta  bonte; 

Salon  ta  grande  misericorde  efface  mes  transgressions. 

4  Lave-moi  completement  de  mon  iniquite, 
Et  purifie-moi  de  mon  peche. 

5  Car  je  reconnais  mes  transgressions, 

Et  mon  peche  est  constamment  devant  moi. 

6  C'est  contre  toi  seul  que  j'ai  peche, 
J'ai  fait  ce  qui  est  mal  h,  tes  yeux, 

Afin  que  tu  sois  trouve  juste  dans  ta  sentence, 
Sans  reproche  dans  ton  jugement. 

7  Je  suis  ne  dans  I'iniquite, 

Et  ma  mere  m'a  congu  dans  le  peche. 

8  Et  tu  veux  que  la  veritd  soit  au  fond  du  coeur  : 

Fais  done  que  je  connaisse  la  sagesse  au-dedans  de  moi. 

9  Purifie-moi  avec  I'hysope,  et  je  serai  pur; 
Lave-moi,  et  je  serai  plus  blanc  que  la  neige. 

10  Annonce-moi  la  joie  et  I'allegresse, 

Et  les  OS  que  tu  as  brises  se  rejouiront. 

1 1  Detourne  ta  face  de  mes  peches. 
Efface  toutes  mes  iniquitds. 

12  O  Dieu,  cree  en  moi  un  c(£ur  pur, 

Et  renouvelle  au-dedans  de  moi  un  esprit  ferme. 

13  Ne  me  rejette  pas  loin  de  ta  face, 
Ne  me  retire  pas  ton  esprit  saint. 

14  Rends-moi  la  joie  de  ton  salut, 

Et  soutiens-moi  par  un  esprit  de  bonne  volonte. 

15  J'enseignerai  tes  voies  a  ceux  qui  les  transgressent, 
Et  les  pecheurs  reviendront  a  toi. 

16  O  Dieu,  Dieu  de  mon  salut,  delivre-moi  du  sang  verse, 
Et  ma  langue  celebrera  ta  justice. 


20.  Tu  t'assieds  indique  un  a(fle  reflechi 
et  persistant. 


21.  Pareil  a  toi,  indifferent  ou  meme  fa- 
vorable vis-a-vis  du  mal. 


LIBER  PSALMORUM. 


103 


tuum  abundavit  malitia  :  et  lingua 
tua  concinnabat  dolos.  20.  Sedens 
ad  versus  fratrem  tuum  loquebaris, 
et  adversus  filium  matris  tuas  pone- 
bas  scandalum  :  21.  haec  fecisti,  et 
tacui.  Existimasti  inique  quod  ero 
tui  similis  :  arguam  te,  et  statuam 
contra  faciem  tuam. 

22.  Intelligite  hasc  qui  oblivisci- 
mini  Deum  :  nequando  rapiat,  et 
non  sit  qui  eripiat.  23.  Sacrificium 
laudis  honorificabit  me  :  et  illic  iter, 
quo  ostendam  illi  salutare  Dei. 

— *—      PSALMUS    L.      — :!:— 
Pcenitentis  anims  amara  contritio. 

1.  In  finem,  Psalmus  David. 

2.  Cum  venit  ad  eum  Nathan 
propheta,  quando  intravit  ad  Beth- 
sabee.  (2  Re^^.  12.) 

ISERERE  mei  Deus,  se- 
cundum magnam  miseri- 
cordiam  tuam.  Et  secun- 
dum multitudinem  mise- 
rationum  tuarum,  dele  iniquitatem 
meam.  4.  Amplius  lava  me  ab  ini- 


quitate  mea:  et  a  peccato  meo  munda 
me.  5.  Ouoniam  iniquitatem  meam 
ego  cognosco  :  et  peccatum  meum 
contra  me  est  semper.  6.  Tibi  soli 
peccavi,  et  malum  coram  te  feci  : 
"ut  justificeris  in  sermonibus  tuis,  et 
yincas  cum  judicaris.  7.  Ecce  enim 
in  iniquitatibus  conceptus  sum  :  et 
in  peccatis  concepit  me  mater  mea. 
8.  Ecce  enim  veritatem  dilexisti  : 
incerta,  et  occulta  sapientias  tuas 
manifestasti  mi  hi. 

9.  * Asperges  me  hyssopo,  et  mun- 
dabor  :  lavabis  me,  et  super  nivem 
dealbabor.  10.  Auditui  meo  dabis 
gaudium  et  lastitiam  :  et  exsulta- 
bunt  ossa  humiliata.  1 1.  Averte  fa- 
ciem tuam  a  peccatis  meis:  et  omnes 
iniquitates  meas  dele.  12.  Cor  mun- 
dum  crea  in  me  Deus  :  et  spiritum 
rectum  innova  in  visceribus  meis. 
13.  Ne  projicias  me  a  facie  tua  :  et 
spiritum  sanctum  tuum  ne  auferas 
a  me.  14.  Redde  mihi  lastitiam  sa- 
lutaris  tui :  et  spiritu  principali  con- 
firma  me. 

15.  Docebo  iniquos  vias  tuas  :  et 
impii  ad  te  convertentur.  16.  Libera 


Rom.  3, 4. 


*  Lev.  14, 
Num.  19. 


22.  Qiie  je  ne  dcchire  (Vulg.,  qtic  Dietc  ne 
dec/tire)  :  I'image  est  empruntee  au  lion,  a 
qui  personne  ne  pent  arracher  sa  proie. 

23.  L'aclion  de  graces,  comma  au  vers.  14. 
—  Qui  dispose  sa  vote,  regie  sa  conduite  sur 
la  loi  de  Dieu.  D'autres  :  ilviarclie  dansune 
voie  oil  je  lui  uionfrerai  le  saint  de  Dieu; 
c'est  aussi  pour  le  fond  le  sens  des  LXX  et 
de  la  Vulg. 

PSAUME  LI. 

6.  Conire  toi  seul :  quoique  la  faute  de 
David  flit  tout  d'abord  un  attentat  contre 
les  personnes,  puisqu'il  avait  outrage  Beth- 
sabee  et  fait  mourir  Uric,  il  n'y  voit  plus,  en 
veritable  Israelite  qu'il  est,  qu'un  peche  con- 
tre Dieu.  Et  en  ef^et,  de  meme  que  I'amour 
du  prochain  se  resout  en  derniere  analyse 
dans  I'amour  de  Dieu,  ainsi  I'injure  faite  au 
prochain  est  en  meme  temps  et  principale- 
ment  une  injure  faite  au  Dieu  de  toute  sain- 
tete  et  de  toute  justice.  —  Afiti  que,  etc.  : 
je  fais  I'aveu  de  mon  peche,  aftn  que  fu  sois 
trouve  juste  dans  le  chatiment,  quel  qu'il 
soit,  que  tu  prononceras  contre  moi. 

7-8.  Sens  de  ces  deux  versets  :  la  nature 
humaine  est  deja  souillee  par  le  peche  d'ori- 
gine  (c'est  ainsi  cjue  les  Peres  ont  toujours 


explique  le  vers.  7),  et  cependant  Dieu  de- 
mande  a  I'homme  une  justice  interieure  et 
veritable  :  qu'il  fasse  done  lui-meme,  par  sa 
grace,  briller  en  moi  la  divine  sagesse  qui 
m'aide  a  acquerir  cette  justice. 

9.  Avcc  Vhysope  :  allusion  au  mode  de 
purification  employe  pour  les  Idpreux;  on 
faisait  sur  eux  des  aspersions  avec  une  bran- 
che  d'hysope  trempee  dans  le  sang  d'un  pas- 
sereau  ^Lev.  xiv,  6.  Comp.  Nombr.  xix,  20). 

10.  Annonce-nioi,  litt.  fais  entendre  a 
I'oreille  de  mon  ame,  la  joie,  la  joyeuse  assu- 
rance que  tu  m'as  rendu  tafaveur.  —  l),ue  tu 
as  brises  par  la  conscience  que  tu  m'as  don- 
ne'e  de  la  gravite  de  mon  crime. 

12.  Ferine  dans  sa  resolution  d'etre  fidele 
a  la  loi  divine. 

13.  To7t  esprit  saint,  "  I'esprit  de  Jehovah  " 
que  David  avait  regu  au  jour  de  son  sacre 
(I  Sam.  xvi,  13.  Comp.  I  Sam.  x,  6,  10; 
Is.  xi,  2). 

14.  La  joie  que  donne  ton  saiut,  ici  tout 
d'abord  la  pleine  remission  de  mes  fautes. 
—  Esiirit  de  btvute  volonte,  g^nereux.  Vulg. 
Spiritu  principali  rend  le  grec  des  LXX 
Tj-j's  [j.ov'.y.o). 

16.  Diisang  d'Urie  quej'ai  fait  verseret  qui 
crie  vengeance  contre  moi  {Gett.'w,  10;  ix,  5). 


104 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


17  Seigneur,  ouvie  mes  levies, 

Et  ma  bouche  publiera  ta  louange. 

Car  lU  ne  ddsires  pas  de  sacrifices,  —  je  t'en  offrirais. 

Tu  ne  prends  pas  plaisir  aux  holocaustes. 

Les  sacrifices  de  Dieu,  c'est  un  esprit  brise; 

O  Dieu,  tu  ne  dedaignes  pas  un  coeur  brise  et  contrit. 


18 


19 


20  Dans  ta  bonte,  repands  tes  bienfaits  sur  Sion, 
Batis  les  murs  de  Jerusalem  ! 

21  Alors  tu  agr^eras  les  sacrifices  de  justice, 
L'holocauste  et  le  don  parfait; 
Alors  on  offrira  des  taureaux  sur  ton  autel. 

PSAUME   LII   (VULG.  Ll). 

E  Psaume  appartient  au  temps  de  la  persecution  de  Saiil.  L'Idumeen  Doeg,  pour 
faire  la  cour  a  ce  roi,  lui  avait  denonce  le  grand  pretre  Achimelech  comme  ayant 
donne  asile  a  David,  puis,  sur  son  ordre,  I'avait  fait  perir  avec  quatre-vingt-cinq 
pretres  (I  Sajii.  xxii,  9-18).  Saisi  d'horreur  a  cette  nouvelle,  David  interpelle  le  cruel 
courtisan  (vers.  3-6)  et  lui  predit  sa  ruine  prochaine  (7-9);  pour  lui,  il  met  sa  confiance  en 
Dieu  qui  le  preservera  de  tout  peril  (lo-ii). 

Ps.  lii.  1  AU  maitre  de  chant.  Cantique  de  David.  "Lorsque  Doeg  I'Edomite  vint  faire  a  Saiil 

ce  rapport  :  David  s'est  rendu  dans  la  maison  d'Achimelech. 

3  Pourquoi  te  glorifies-tu  dans  le  mal,  6  heros?  — 
La  bonte  de  Dieu  subsiste  toujours!  — 

4  Ta  langue  ne  medite  que  malice, 
Comme  une  lame  atfilee,  fourbe  que  tu  es! 

5  Tu  aimes  le  mal  plutot  que  le  bien, 

Le  mensonge  plutot  que  la  droiture.  —  Scla. 

6  Tu  aimes  toutes  les  paroles  de  perdition, 
O  langue  menteuse! 

7  Aussi  Dieu  va  te  renverser  pour  toujours, 
II  te  saisira  et  t'arrachera  de  ta  tente, 

II  te  deracinera  de  la  terre  des  vivants.  —  Srla. 

8  Les  justes  le  verront  et  ils  seront  effrayes, 
Et  ils  se  riront  de  lui  : 

9  "Voila  I'homme  qui  ne  prenait  pas  Dieu  pour  sa  forteresse, 
Mais  qui  se  confiait  dans  la  grandeur  de  ses  richesses, 

Et  se  faisait  fort  de  sa  malice  !" 

10  Et  moi,  je  suis  comme  un  olivier  verdoyant  dans  la  maison  de  Dieu, 
Je  me  confie  dans  la  bontd  de  Dieu  eternellement  et  a  jamais. 

1 1  Je  te  louerai  sans  cesse,  parce  que  tu  as  fait  cc/a; 
Et  j'espererai  en  ton  nom,  car  il  est  bon, 

En  presence  de  tes  fideles. 


PSAUME    LIII   (VULG.  LIl). 

E  Psaume  ne  differe  du  xiv^  que  par  de  legeres  variantes,  destinees  h  adapter  un 

Kws^i  cantique  de  David  a  quelque  evdnement  posterieur.  A  en  juger  par  le  vers.  6,  cet 

^^Mj  evenement  serait  la  ddlivrance  d'un  ennemi  puissant,  subitement  frappe  par  la 

colcre  divine  :  soit  les  Ammonites  sous  Josaphat  (II  Par.  xx,  22),  soit  plutot  les  Assyriens 

sous  Ezechias  {Is.  xxxvii,  33). 

Pour  les  notes,  voy.  le  Ps.  xiv. 


18.  Dc  sacrifices  :  il  s'agit,  non  des  sacri- 
fices commandes  par  la  loi,  mais  de  ceux 
que  les  pieux  Israelites  offraient  librement 
a  Dieu  apres  un  bienfait  regu.  Dieu  7ie  les 
desire  pas,  il  ?t')'  prend  fas  plaisir.,  en  ce 


sens  qu'il  prefere  et  demande  avant  tout  le 
sacrifice  d'un  coeur  humble  et  repentant,  qui 
s'attache  a  Dieu  par  I'amour  et  une  inviola- 
ble fidelite. 

20.   Balis,   rebatis.   Les    interpretes   qui 


LIBER  PSALMORUM. 


105 


me  de  sanguinibus  Deus,  Deus  sa- 
lutis  meas  :  et  exsultabit  lingua  mea 
justitiam  tuam.  17.  Domine,  labia 
mea  aperies  :  et  os  meum  annuntia- 
bit  laudem  tuam.  18.  Quoniam  si 
voluisses  sacrificium,  dedissem  uti- 
que  :  holocaustis  non  delectaberis. 
19.  Sacrificium  Deo  spiritus  contri- 
bulatus  :  cor  contritum,  et  humilia- 
tum  Deus  non  despicies. 

20.  Benigne  fac  Domine  in  bona 
voluntate  tua  Sion  :  ut  asdificentur 
muri  Jerusalem.  21.  Tunc  accepta- 
bis  sacrificium  justitise,  oblationes, 
et  holocausta  :  tunc  imponent  super 
altare  tuum  vitulos. 


— *—      PSALM  US    LL      —^^ 

Frustra  in  divitiis  sperant  impii  :  salus  est 
sperantibus  in  Domino. 

1.  In  finem,  Intellectus  David, 

2.  Cum  venit  Doeg  Idumasus,  et 
nuntiavit  Sauli :  Venit  David  in  do- 
mum  Achimelech  (i  Reo.  22.  g). 


Uip  gloriaris  in  malitia, 
quipotensesin  iniquitate.? 
4.  Tota  die  injustitiam  co- 
^i^^^i  gitavit  lingua  tua  :  sicut 
novacula  acuta  fecisti  dolum.  5.  Di- 
lexisti  malitiam  super  benignitatem : 
iniquitatem  magis  quam  loqui  aequi- 
tatem.  6.  Dilexisti  omnia  verba  pras- 
cipitationis,  lingua  dolosa. 

7.  Propterea  Deus  destruet  te  in 
finem,  evellet  te,  et  emigrabit  te  de 
tabernaculo  tuo  :  et  radicem  tuam 
de  terra  viventium.  8.  Videbunt 
justi,  et  timebunt,  et  super  eum  ri- 
debunt,  et  dicent  :  9.  ecce  homo, 
qui  non  posuit  Deum  adjutorem 
suum  :  sed  speravit  in  multitudine 
divitiarum  suarum  :  et  prasvaluit  in 
vanitate  sua. 

10.  Ego  autem,  sicut  oliva  fructi- 
fera  in  domo  Dei,speravi  in  miseri- 
cordia  Dei  in  aeternum  :  et  in  sascu- 
lum  sasculi.  11.  Confitebor  tibi  in 
sasculum  quia  fecisti :  et  exspectabo 
nomen  tuum,  quoniam  bonum  est 
in  conspectu  sanctorum  tuorum. 


attribuent  k  David  les  vers.  20-21  conje6lu- 
rent  que,  dans  la  pensee  du  Psalmiste,  ces 
j/ners  sont  ceux  qui  furent  acheves  au  debut 
du  regne  de  Salomon  (I  Rots,  iii,  i). 

21.  Sacrifices  de  justice;  \.&\s  que  la  loi  les 
demande,  soit  pour  la  qualite  des  vi(5limes, 
soit  pour  les  dispositions  de  ceux  qui  les 
offrent.  —  Le  do7i  parfait,  litt.  ia  vidime 
entiere,  meme  sens  que  Jiolocatiste.  —  Alors 
on  offrira,  litt.  alors  tiioiileroni,  etc.  :  ce  qui 
designe  encore  un  holocauste. 

PSAUME  LII. 

3.  O  Jicros^  ou  bien  0  7>aillant :  le  Psal- 
miste appelle  ainsi  par  ironie  Doeg  qui 
avait  traitreusement  massacre  Achime- 
lech et  85  pretres.  Comp.  Is.  v,  22.  D'au- 
tres,  0  piitssant  :  Doeg  etait  I'intendant 
des  troupeaux  du  roi.  D'autres,  0  iyrau.  — 
La  bonte  de  Dieii  :  ses  serviteurs  peuvent 
done  se  rassurer:  il  saura  les  defendre  et 

es  venger. 

4.  Ta  langue  meditc  :  cela  est  dit  de  la 


langue  en  tant  qu'elle  est  instrument  de 
I'ame.  —  Malice,  soit  dans  le  sens  de  md- 
chancete,  soit  dans  celui  de  malheur  et  de 
perdition.  —  Coninie  une  lame  affilee  :  cf.  Ps. 
Ivii,  5;  Ixiv,  4-         ^ 

7.  De  ta  tejife  :  I'expression  convient  bien 
h,  un  intendant  de  troupeaux. 

8.  Les  jtistes  eux-memes  seront  effj-ayes 
de  la  chute  de  I'impie,  tantelle  sera  terrible. 

10.  Olivier  verdoyafit  {com'p.  Jer.  xi,  16), 
plante  dans  la  ntaison  de  Dieu,  par  conse- 
quent dans  une  bonne  terre  :  le  tabernacle 
dtait  alors  a  Nobe,  non  loin  du  sommetsep- 
tentrionnal  du  mont  des  Oliviers  (I  Sam. 
xxii,  17). 

11.  Tu  as  fait  cela  :  la  confiance  absolue 
de  David  en  Dieu  lui  rend  presente  sa  pro- 
chaine  delivrance,  dont  il  avait  d'ailleurs 
regu  le  gage  dans  son  elecflion  a  la  royaute. 
—  J^espcrerai  en  ion  nom,  Wtt.  j'aliendrai 
ton  from,  c.-a-d.  la  manifestation  de  ta  jus- 
tice et  ta  bonte,  qui  sont  comme  impliquees 
dans  ton  nom. 


— f€>4 — i®i — K^f— 


106  DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

Ps.  liii.  1  AU  maitre  de  chant.  Sur  le  ton  plaintif.  Cantique  de  David. 

2  L'insensd  dit  dans  son  cceur  :  "  II  n'y  a  pas  de  Dieu  !  " 

Les  homnies  sont  corrompus,  ils  commettent  des  crimes  abominables, 
II  n'en  est  aucun  qui  fasse  le  bien. 

3  Dieu,  du  haut  des  cieux,  regarde  les  fils  de  Vhomme, 
Pour  voir  s'il  se  trouve  quelqu'un  d'intelligent, 
Quelqu'un  qui  cherche  Dieu. 

4  Tons  sont  egares,  tous  sont  pervertis; 
11  n'en  est  aucun  qui  fasse  le  bien, 
Pas  menie  un  seul. 

5  Ont-ils  perdu  le  sens  ceux  qui  commettent  I'iniquite, 
Qui  devorent  mon  peuple  comme  ils  mangent  du  pain, 
Qui  n'invoquent  point  Dieu? 

6  Soudain  ils  ont  tremble  d'epouvante, 
Sans  qu'il  y  eut  sujet  d'epouvante; 

Car  Dieu  a  disperse  les  os  de  celui  qui  campait  contre  toi; 
Tu  les  as  confondus,  car  Dieu  les  a  rejetes. 

7  Oh!  puisse  venir  de  Sion  la  delivrance  d'Israel! 
Quand  Dieu  ramenera  les  captifs  de  son  peuple, 
Jacob  se  rejouira,  Israel  sera  dans  I'alldgresse. 

PSAUME    LIV   (VULG.  LIIl). 

Ache   dans  le  desert  de  Ziph,  mais    trahi  et  denonce  a  Saiil  par  les  habitants 
de  ces  lieux,   David  appelle   Dieu  a  son  secours  (vers.  3-5);  il  exprime   I'assu- 
rance   d'etre  exauce  et  promet  des    sacrifices  d'a(flions  de   grace  (6-9).   Comp. 
I  Sa?n.  xxiii,  19. 

Ps.  liv.  1  AU  maitre  de  chant.  Avec  instruments  k  cordes.  Cantique  de  David.  -  Lorsque  les 

Ziphdens  vinrent  dire  a  Saiil  :  David  est  cache  parmi  nous. 

3  O  Dieu,  sauve-moi  par  ton  nom, 

Et  rends-moi  justice  par  ta  puissance. 

4  O  Dieu,  ecoute  ma  priere, 

Prete  I'oreille  aux  paroles  de  ma  bouche. 

5  Car  des  Strangers  se  sont  leves  contre  moi, 
Des  hommes  violents  en  veulent  a  ma  vie; 

lis  ne  mettent  pas  Dieu  devant  leurs  yeux.  —  Scla. 

6  Voici  que  Dieu  est  mon  secours; 

Le  Seigneur  est  le  soutien  de  mon  ame. 

7  II  fera  retomber  le  mal  sur  mes  adversaires; 
Dans  ta  verite,  aneantis-les  ! 

8  De  tout  coeur  je  t'offrirai  des  sacrifices; 

Je  louerai  ton  nom,  Jehovah,  car  il  est  bon; 

9  II  me  delivre  de  toute  angoisse, 

Et  mes  yeux  s'arretent  avec  joie  sur  mes  ennemis. 

PSAUME   LV   (VULG.  LIV). 

^|E  Psalmiste  prie  Dieu  de  le  sauver  de  la  situation  desesp^ree  011  il  se  trouve  reduit 
(vers.  2-9);  il  depeint  ensuite  le  desordre  qui  regne  h  Jerusalem  et  se  plaint  amere- 
ment  de  la  trahison  de  I'un  de  ses  amis  (10-16);  enfin  il  exprime  la  confiance  que 
Dieu  le  delivrera  des  homn\es  impies,  hypocrites  et  cruels  qui  I'oppriment  (17-24). 

Ce  Psaume  est  ordinairement  rapporte  a  la  revoke  d'Absalon,  servi  par  le  traitre 
Achitophel  (II  Sam.  xv,  22),  et  a  la  fuite  de  David  hors  de  Jerusalem.  Hengstenberg  n'y 
voit  qu'une  priere  du  juste  en  general  en  butte  aux  attaques  des  mechants,  priere  dans 
laquelle  David  ferait  naturellement  allusion  k  diverses  circonstances  de  sa  vie. 

Dans  le  sens  spirituel,  ces  revokes,  ce  sont  les  Juifs;  ce  traitre,  c'est  Judas,  et  ce  juste 
persecute,  c'est  Jesus-Christ. 


LIBER  PSALMORUM. 


107 


— :;:—      PSALMUS   LIT.     — *— 
Impioram  insipientia,  numerus  et  poena. 

I.  In  finem,  Pro  Maeleth  intelli- 

gentias  David. 

IXIT  "insipiens  in  corde 
suo  :  Non  est  Deus.  2.Cor- 
rupti  sunt,  et  abominabi- 
les  facti  sunt  in  iniquitati- 

t)us  :  non   est   qui    faciat   bonum. 

3.  *Deus  de  cceIo  prospexit  super 
tilios  hominum  :  ut  videat  si  est 
intelligens,   aut    requirens    Deum. 

4.  "^Omnes  declinaverunt,  simul 
inutiles  facti  sunt  :  non  est  qui  fa- 
ciat bonum,  non  est  usque  ad  unum. 

5.  Nonne  scient  omnes  qui  operan- 
tur  iniquitatem,  qui  devorant  ple- 
bem  meam  ut  cibum  panis.^  6.  Deum 
non  invocaverunt  :  illic  trepidave- 
runt  timore,  ubi  non  erat  timor. 
Quoniam  Deus  dissipavit  ossa  eo- 
rum  qui  hominibus  placent  :  con- 
fusi  sunt,  quoniam  Deus  sprevit 
eos. 

7.  Quis  dabit  ex  Sion  salutare 
Israel.?  cum  converterit  Deus  capti- 
vitatem  plebis  suas, exsultabit  Jacob, 
et  Jaetabitur  Israel. 


— :i:—     PSALMUS    LI  1 1.     — :;:— 

David  auxilium  Dei  implorat  adversiis 
hostium  insidias. 

1.  In  finem, 

In  carminibus  intellectus  David. 

2.  Cum  venissent  Ziphasi,  et  di- 
xissent  ad  Saul  :  Nonne  David  abs- 
conditus  est  apud  nos?  (i  Reg:  23, 
19  el  26,  I.) 

EUS  in  nomine  tuo  sal- 
vum  me  fac :  et  in  virtute 
tua  judica  me.  4.  Deus 
exaudi  orationem  meam  : 


auribus  percipe  verba  oris  mei. 
5.  Ouoniam  alieni  insurrexerunt 
adversum  me,  et  fortes  quaesierunt 
animam  meam  :  et  non  proposue- 
runt  Deum  ante  conspectum  suum. 
6.  Ecce  enim  Deus  adjuvat  me  : 
et  Dominus  susceptor  est  animas 
meas.  7.  Averte  mala  inimicis  meis: 
et  in  veritate  tua  disperde  illos. 
8.  Voluntarie  sacrificabo  tibi,  et 
confitebor  nomini  tuo  Domine  : 
quoniam  bonum  est  :  9.  quoniam 
ex  omni  tribulatione  eripuisti  me  : 
et  super  inimicos  meos  despexit 
oculus  meus. 


PSAUME  LIII. 

1.  Sur  le  ton  plaintiff  le  ton  de  I'elegie 
(de  chalaJi);  d'autres,  stir  la  flute  (de  c/ialal). 
Les  LXX,  et  apres  eux  la  Vulg.,  ignorant 
sans  doute  le  sens  du  mot  hebreu,  Font  con- 
serve tel  quel  :  poter  ou  stir  MaeletJi.  — 
Ccnitiqtie,  propr.  inaskil :  Voy.  Ps.  xxxii. 

2.  Dieti,  au  lieu  6.0.  JeJiovah  :  nous  avons 
deja  remarque  que,  dans  les  derniers  teinps 
de  la  royaute,  on  dvitait  souvent,  par  res- 
pedl,  de  prononcer  ou  meme  d'ecrire  ce  der- 
nier nom. 

5.  Dii  fain  :  comp.  Noinbr.  xiv,  9;  Jcr. 
XXX,  16. 

6.  Sens  :  des  ennemis  etaient  campes 
centre  Israel;  tout  a  coup,  au  moment  ou 
aucun  danger  ne  semblait  les  menacer,  une 
terreur  panique  les  saisit;  leurs  cadavres 
sans  sepulture  couvrent  la  plaine  et  sont  la 
proie  des  betes  feroces;  par  le  secours  de 
ton  Dieu,  6  Israel,  tu  les  confonds,  eux  qui, 
assures  de  la  vi(ftoire,  se  preparaient  a  te 
devorer,  comme  on  fait  une  bouchee  de  pain. 
Le  vers.  5,  dans  la  pensee  du  dernier  re- 


dacfleur,  est  rapportd  aussi  aux  ennemis  ex- 

terieurs. 

7.  Voy.  la  note  de  Ps.  xiv,  7. 

PSAUME  LIV. 

3.  Ton  novi  :  la  manifestation  des  attri- 
buts  que  le  nom  de  Dieu  signifie  :  bonte, 
puissance,  verite. 

5.  Des  etrangers  :  les  Zipheens  apparte- 
naient  a  la  tribu  de  Juda,  comme  David; 
c'est  done  par  le  coeur  et  la  conduite  qu'ils 
lui  sont  etrangers,  ennemis. 

7.  II  f era  retomber  (qeri  iaschib)  le  mat 
qu'ils  veulent  me  faire;  ou  bien,  le  tnal  re- 
toiirnera  (khetib  iaschoiib).  Vulg.,  fat's  re- 
tomber; de  bons  manuscrits  lisent  avertet 
(au  lieu  de  averte),  comme  dans  I'hebreu.  — 
Dans  ta  verite,  au  nom  de  ta  fidelite  a  ac- 
complir  tes  promesses. 

9.  Son  tioni  :  comp.  viii,  i;  lii.  ii.  — 
Mes  yetix  s'arretent  avec  joie,  ou  avec  cojt- 
fiance ;  litt.  se  repaissent,  stir  nies  enne- 
mis :  je  les  vois  d'avance  reduits  ^i  I'im- 
puissance. 


108 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  1\ 


1  AU  maitre  de  chant,  avec  instruments  a  cordes.  Cantique  de  David. 

2  O  Dieu,  i)rete  I breille  a  ma  priere, 
Ne  te  derobe  pas  h  mes  supplications. 

3  Ecoute-moi  et  reponds-moi ! 

J'erre  qh.  et  Ik,  plaintif  et  gemissant, 

4  Devant  les  menaces  de  I'ennemi,  devant  ropprcssion  du  me'chant; 
Car  ils  font  tomber  sur  moi  le  malheur, 

Et  ils  me  poursuivent  avec  colere. 

5  Men  coeur  tremble  au-dedans  de  moi, 

Et  sur  moi  fondent  les  terreurs  de  la  mort. 

6  La  crainte  et  I'epouvante  m'assaillent, 
Et  le  frisson  m'enveloppe. 

7  Et  je  dis  :  Oh !  si  j'avais  les  ailes  de  la  colombe, 
Je  m'envolerais  et  m'etablirais  en  repos; 

8  Je  fuirais  bien  loin, 

Et  je  demeiirerais  au  desert;  —  Sf7a. 

9  Je  me  haterais  de  chercher  un  asile 

Loin  du  vent  impetueux,  loin  de  I'ouragan. 

10  Reduis-les  a  neant,  Seigneur,  divise  leurs  langues! 
Car  je  vois  dans  la  ville  la  violence  et  la  discorde. 

11  Jour  et  nuit  ils  font  le  tour  de  ses  remparts; 
L'iniquite  et  la  vexation  sont  au  milieu  d'elle, 

12  La  perversite  est  dans  son  sein, 

L'oppression  et  I'astuce  ne  quittent  point  ses  places. 

13  Car  ce  n'est  pas  un  ennemi  qui  m'outrage  :  je  le  supporterais; 
Ce  n'est  pas  un  adversaire  qui  s'eleve  contre  moi  : 

Je  me  cacherais  devant  lui. 

14  Mais  toi,  tu  etais  un  autre  moi-meme, 
Mon  confident  et  mon  ami. 

15  Nous  vivions  ensemble  dans  une  douce  intimite, 
Nous  allions  avec  la  foule  a  la  maison  de  Dieu. 

16  Que  la  mort  les  surprenne, 

Qu'ils  descendent  vivants  au  sejour  des  morts ! 

Car  la  mdchancete  est  dans  leur  demeure,  au  milieu  d'eux. 

17  Pour  moi,  je  crie  vers  Dieu, 
Et  Jehovah  me  sauvera. 

iS  Le  soir,  le  matin,  au  milieu  du  jour,  je  me  plains  et  je  gemis, 
Et  il  entendra  ma  voix. 

19  11  delivrera  en  paix  mon  ame  du  combat  qui  m'est  livre, 
Car  ils  sont  nombreux  ceux  qui  me  font  la  guerre. 

20  Dieu  entendra,  et  il  les  humiliera, 

Lui  qui  siege  eternellement  si/r  son  trone.  —  Sela. 
Car  il  n'y  a  point  en  eux  de  changement, 
Et  ils  n'ont  pas  la  crainte  de  Dieu. 

21  II  porte  la  main  sur  ceux  cjui  etaient  en  paix  avec  lui, 
II  viole  la  foi  juree. 

22  De  sa  bouche  sortent  des  paroles  douces  comme  le  lait, 
Et  la  guerre  est  dans  son  caur. 

Ses  discours  sont  plus  ontlueux  que  I'huile, 
Mais  ce  sont  des  epdes  nues. 

23  Repose-toi  sur  Jehovah,  et  il  te  soutiendra; 
11  ne  laissera  pas  a  jamais  chanceler  le  juste. 


PSAUME  LV. 


I.  Ccmtique;\\€\)X.  maskil :  voy.  Ps.  xxxii. 
3.  Gemissant ;  d'autres,  as^tfc,  bouleverse. 
8.  Dans  Ic  desert :  voy, 
xvii,  16. 


il  Satn.  XV,  28; 


9.  Loin  du  vent  impetueux,  de  la  tempete 
dechainee  contre  moi  par  mes  ennemis, 
comme  la  colombe  se  hate  de  se  mettre  a 
I'abri  contre  I'ouragan.  Ou  bien,  ///^j  rapide 
que  le  veiit  impetueux,  etc.  Vulg.,  \)y,j\xt- 
tcndrai  celui  qui  m\i  sauve  de  l\il'attement 


LIBER  PSALMORUM. 


109 


— *—     PSALMUS    LIV.     — :i:— 

David  postulat  inimicorum  et  ficftorum 
amiconim  confusionem. 


I.  In  finem, 

In  carminibus  intellectus  David. 
IXAUDI  Deus  orationem 
meam,  et   ne   despexeris 
deprecationem     meam    : 
3.  intende  mihi,  et  exaudi 


me,  Contristatus  sum  in  exercita- 
tione  mea  :  et  conturbatus  sum  4.  a 
voce  inimici,  et  a  tribulatione  pec- 
catoris.  Quoniam  declinaverunt  in 
me  iniquitates  :  et  in  ira  molesti 
erant  mihi.  5.  Cor  meum  contur- 
batum  est  in  me  :  et  formido  mortis 
cecidit  super  me.  6.  Timor  et  tre- 
mor venerunt  super  me  :  et  conte- 
xerunt  me  tenebrae  :  7.  et  dixi  :  Quis 
dabit  mihi  pennas  sicut  columbs, 
et  volabo,  et  requiescam?  8,  Ecce 
elongavi  fugiens  :  et  mansi  in  soli- 
tudine.  9.  Exspectabam  eum,  qui 
salvum  me  fecit  a  pusillanimitate 
spiritus,  et  tempestate. 

10.  Prascipita  Domine,  divide 
linguas  eorum  :  quoniam  vidi  ini- 
quitatem,  et  contradictionem  in  ci- 
vitate.  1 1.  Die  ac  nocte  circumdabit 
eam  super  muros  ejus  iniquitas  :  et 


labor  in  medio  ejus,  12.  et  injusti- 
tia.  Et  non  defecit  de  plateis  ejus 
usura,  et  dolus.  13.  Quoniam  si 
inimicus  meus  maledixisset  mihi, 
sustinuissem  utique.  Et  si  is,  qui 
oderat  me,  super  me  magna  locutus 
fuisset  :  abscondissem  me  forsitan 
ab  eo.  14.  Tu  vero  homo  unanimis  : 
dux  meus,  et  notus  meus  :  15.  qui 
simul  mecum  dulces  capiebas  cibos  : 
in  domo  Dei  ambulavimus  cum 
consensu.  16.  Veniat  mors  super 
illos  :  et  descendant  in  infernum  vi- 
ventes  :  quoniam  nequitias  in  habi- 
taculis  eorum  :  in  medio  eorum. 

17.  Ego  autem  ad  Deum  clama- 
vi  :  et  Dominus  salvabit  me.  1 8.  Ve- 
spere,  et  mane,  et  meridie  narrabo 
et  annuntiabo  :  et  exaudiet  vocem 
meam.  1 9.  Redimet  in  pace  animam 
meam  ab  his,  qui  appropinquant 
mihi  :  quoniam  inter  multos  erant 
mecum.  20.  Exaudiet  Deus,  et  hu- 
miiiabit  illos,  qui  est  ante  sascula. 
Non  enim  est  illis  commutatio,  et 
non  timuerunt  Deum:  2i.extendit 
manum  suam  in  retribuendo.  Con- 
taminaverunt  testamentum  ejus, 
22.  divisi  sunt  ab  ira  vultus  ejus  :  et 
appropinquavit  cor  illius.  Molliti 
sunt  sermones  ejus  super  oleum :  et 
ipsi  sunt  jacula. 

23.  "Jacta  super  Dominum  cu- 


de  r esprit  et  du  danger,  j'attendrai  le  secours 
de  Dieu,  qui  tant  de  fois  deja  m'a  sauve. 

10.  Divise  leiirs  langues,  leur  langage, 
afin  qu'ils  ne  s'entendent  plus. 

LI.  lis  (les  partisans  d'Absalon)  font  Ic 
toicr  des  rcniparts,  soit  pour  epier  les  mou- 
vements  du  roi  fugitif,  soit  pour  assurer  la 
defense  en  cas  d'une  attaque  de  sa  part. 

12.  V oppression,  Vulg.  I'lisure. 

13.  Je  me  cacherais  devant  lta\  je  me 
tiendrais  en  garde  contre  lui. 

14.  Uii  ajitre  moi-tneine,  lilt,  tin  niortel 
de  ma  valetir,  que  j'estimais  autant  que  moi. 
—  Mon  confident  J  Vulg.,  mon  chef;  I'hebr. 
allotiphi  signifie  aussi  ckef{de.  tribu  ou  de 
famille),  mais  cette  acception  ne  convient 
pas  ici. 

15.  Vulg.,  tu partaoeais  avec  moi  les  doux 
jnets  de  ma  table,  et  nous  allions  d'uti  com- 
jnun  accord,  etc. 

17.  Que  la  inort,  en  suivant  le  qeri  :  iaschi 
maveth.  Le  khetib,  icschimoth,  est  peut-etre 


preferable  :  devastation  sitr  eux!  —  Vivants, 
subitement,  sans  avoir  le  temps  de  se  recon- 
naitre. 

18.  Le  soir,  etc.,  la  journe'e  tout  entiere, 
designee  par  ses  principaux  moments ; 
c'etaient  aussi,  au  moins  dans  les  derniers 
temps,  les  heures  de  la  priere. 

19.  Du  combat;  d'autres,  de  Papproche  de 
mes  ennemis  :  il  empechera  mes  ennemis 
de  m'approcher. 

20.  //  les  Jiumiliera,  les  chatiera;  ou  bien, 
//  leur  repondra,  il  repondra  aux  menaces 
et  aux  maledidlions  qu'ils  proferent  contre 
le  Psalmiste.  —  De  changement  moral, 
d'amendement. 

21.  //,  le  traitre  du  vers.  14. 

Ce  verset  et  la  i""*^  partie  du  suivant  ne 
presentent  aucun  sens  dans  les  anciennes 
versions. 

22.  Le  lait,  ou  la  creme;  Vulg.,  comme 
r/iuile. 

23.  Repose-toi,  litt.  mets  ton  fardeau  sur... 


«  Matth.  6, 
25.  Luc.  12, 
22.   I   Petr. 

5.  7- 


110  DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

24  Et  toi,  6  Dieu,  tu  les  feras  descendre  dans  la  fosse  de  perdition  ; 

Les  hommes  de  sang  et  de  ruse  ne  verront  pas  la  moitie  de  leurs  jours. 
Pour  moi,  je  mets  en  toi  ma  confiance. 

PSAUME    LVI   (VULG.  LV). 

|Oursuivi  par  Saiil  et  ne  trouvant  de  siirete  nulle  part  dans  son  pays,  David  s'(!tait 
refugie  chez  les  Philistins.  Mais  le  vainqueur  de  Goliath  fut  reconnu  et  conduit  au 
roi  comme  un  ennemi  dangereux.  II  sauva  sa  vie  en  contrefaisant  I'insense  (I  Siuii. 
xxi,  10-15).  Comp.  Ps.  xxxiv. 

Dans  ce  Psaume,  il  se  plaint  au  Seigneur  des  ennemis  qui  le  pressent;  il  le  remercie 
de  sa  delivrance  et  le  conjure  de  ne  pas  oublier  sa  vie  errante  et  ses  larmes;  enfin  il  lui 
promet  des  sacritices  eucharistiques. 

Ps.  Ivi.  ^  AU  maitre  de  chant.  Sur  la  Colombe  muette  des  pays  lointains.  Hymne  de  David. 

Lorsque  les  Philistins  le  saisirent  a  Geth. 

2  Aie  pitie  de  moi,  6  Dieu,  car  I'homme  s'acharne  apres  moi; 
Tout  le  jour  on  me  fait  la  guerre,  on  me  persecute. 

3  Tout  le  jour  mes  adversaires  me  harcelent; 

Car  ils  sont  nombreux  ceux  qui  me  combattent  le  front  leve. 

4  Ouand  je  suis  dans  la  crainte, 
Je  me  confie  en  toi. 

5  Par  le  secoiirs  de  Dieu,  je  celebrerai  V accomplissement  de  sa  parole. 
Je  me  confie  en  Dieu,  je  ne  crains  rien  : 

Que  peut  me  faire  un  faible  mortel? 

6  Sans  cesse  ils  enveniment  mes  paroles, 

Toutes  leurs  pensees  sont  contre  moi  pour  me  perdre. 

7  lis  complotent,  ils  apostent  des  espions,  ils  observent  mes  demarches, 
Parce  qu'ils  en  veulent  a  ma  vie. 

8  Charges  de  tant  de  crimes,  echapperont-ils? 
Dans  ta  colere,  6  Dieu,  abats  les  peuples  iDipics! 

9  Tu  as  conipte  les  pas  de  ma  vie  errante, 
Tu  as  recueilli  mes  larmes  dans  ton  outre, 
Qui,  elles  sont  inscrites  dans  ton  livre. 

10  Alors  mes  ennemis  retourneront  en  arriere, 
Au  jour  oil' je  t'invoquerai; 

Je  le  sais,  Dieu  est  pour  moi. 

1 1  Par  le  sccours  de  Dieu,  je  celebrerai  Vaccoinplissoiicnt  de  sa  parole ; 

Par  le  secoiirs  de  Jehovah,  je  celebrerai  Vaccoinplissement  de  sa  promesse. 

12  Je  me  confie  en  Dieu,  je  ne  crains  rien  : 
C2ue  peut  me  faire  un  faible  mortel? 

13  Les  voeux  que  je  t'ai  faits,  6  Dieu,  j'ai  a  les  acquitter; 
Je  t'ofifrirai  des  sacrifices  d'a(flions  de  graces. 

14  Car  tu  as  ddlivre  mon  ame  de  la  mort, 
Tu  as  preserve  mes  pieds  de  la  chute, 

Afin  que  je  marche  devant  Dieu  a  la  lumiere  des  vivants. 

PSAUME    LVII   (VULG.  LVl). 


Omme  le  titre  I'indique,  ce  Psaume  fut  compose  lorsque  David,  fuyant  Saiil,  se  trou- 
vait  dans  la  caverne.  Est-ce  la  caverne  d'OdoUam  (I  Sam.  xxii,  i),  ou  celle  d'En- 
gaddi  (I  Sam.  xxiv,  4)?  Plus  probablement  la  premiere.  Le  Psalmiste  prie  Dieu  de 

le  sauver;  il  voit  deja  ses  ennemis  tomber  dans  leurs  propres  pieges;  aussi  prelude-t-il  avec 

transport  aux  a(ftions  de  graces. 

Ps.  Ivii,  ^AU  maitre  de  chant.  "  Ne  detruis  pas."  Hymne  de  David,  lorsque,  poursuivi  par 

Saiil,  il  se  refugia  dans  la  caverne. 

24.  La  fosse  de  perdition,  le  scheol  (verset  16),  peut-etre  le  scheol  spe'cial  des  impies.  — 
Les  homines.,  etc. 


LIEER  PSALMORUM. 


lU 


ram  tuam,  et  ipse  te  enutriet :  non 
dabit  in  seternum  fluctuationem  ju- 
sto.  24.  *Tu  vero  Deus  deduces  eos, 
in  puteum  interitus.  Viri  sangui- 
num,  et  dolosi  non  dimidiabunt 
dies  sLios  :  ego  autem  sperabo  in  te 
Domine. 

— :;:—      PSALMUS    LV.     — :|:— 

Promissionibus  Dei  fretus  eum  invocat  pro 
adversariorum  exitio. 

I.  In  finem, 

Pro  populo,  qui  a  Sanctis  longe 
factus  est,  David  in  tituli  inscri- 
ptionem,  cum  tenuerunt  eum  AUo- 
phyli  in  Geth.  (i  Re£.  21,  12.) 

ISERERE  mei  Deus,  quo- 
niam  conculcavit  me  ho- 
mo :  tota  die  impugnans 
tribulavit  me.  3.  Concul- 
caverunt  me  inimici  mei  tota  die  : 
quoniam  multi  bellantes  adversum 
me.  4.  Ab  altitudine  diei  timebo :  ego 
vero  in  te  sperabo.  5.  In  Deo  lauda- 
bo  sermones  meos,  in  Deo  speravi  : 
non  timebo  quid  faciat  mihi  caro. 

6.  Tota  die  verba  mea  exsecra- 
bantur  :  adversum  me  omnes  cogi- 
tationes  eorum,  in  malum.  7.  Inha- 


bitabunt  et  abscondent  :  ipsi  calca- 
neum  meum  observabunt.  Sicut 
sustinuerunt  animam  meam,  8.  pro 
nihilo  salvos  facies  illos  :  in  ira  po- 
pulos  confringes.  Deus, 

9.  Vitam  meam  annuntiavi  tibi  : 
posuisti  lacrymas  meas  in  conspectu 
tuo,  sicut  et  in  promissione  tua  : 
10.  tunc  convertentur  inimici  mei 
retrorsum  :  in  quacumque  die  invo- 
cavero  te  :  ecce  cognovi  quoniam 
Deus  meus  es.  11.  In  Deo  laudabo 
verbum,  in  Domino  laudabo  ser- 
monem  :  in  Deo  speravi,  "non  time- 
bo quid  faciat  mihi  homo. 

1 2.  In  me  sunt  Deus  vota  tua,  quje 
reddam,  laudationes  tibi.  13.  Quo- 
niam eripuisti  animam  meam  de 
morte,  et  pedes  meos  de  lapsu  :  ut 
placeam  coram  Deo  in  lumine  vi- 
ventium. 

— :;:—     PSALMUS    LVI.     — :i:— 

De  inimicis  vicftoriam  rogat  :  Dei  miseri- 
cordiam  et  veritatem  exaltat. 

I.  In  finem, 

Ne  disperdas,  David  in  tituli  in- 
scriptionem,cumfugeret  a  facie  Saul 
in  speluncam.  (2  Re^.  7.2.1  et  24,  4.) 


"  Hebr.  13, 
6. 


PSAUME  LVI. 

1.  Coloiiibe  niuetie,  etc.  Les  anciens  don- 
naient  k  ces  mots  un  sens  allegorique.  Les 
modernes  preferent  y  voir  le  debut  d'un 
chant  connu,  k  I'air  diiquel  ce  Psaume  etait 
adapte.  Plusieurs  traduisent  :  stcr  Colonibe 
des  te'n'binthes  (en  lisam  eliin)  lointaiiis.  — 
Hyjntte,  hebr.  Diikthain  :  voy.  Ps.  xvi,  i. 

2.  niionivte  (pris  coUecflivement),  hebr. 
^/^tJj-r/Zjl'hommefaible  et  mortel.  —  S'acharne 
aprcs  moi,  litt.  iiihiat  iJi  me,  comme  I'animal 
feroce  s'apprete  a  engloutir  sa  proie. 

4.  La  Vulgate,  rattachant  au  vers.  4  le 
mot  hebr.  maroui  qui  termine  le  vers.  3  et 
que  nous  avons  rendu,  le  f7'0)it  leve,  tra- 
duit  :  des  la  haiiieiir  diijoio',  quand  le  jour 
s'eleve,  arrive  k  son  plein,y>  siils  dans  la 
crainte,  mats  fespere  en  toi. 

5.  nacconiplissement  de  sa  pm'ole,  Vulg. 
sermones  meos. 

6.  lis  enveniniettt  mes paroles,  ils  les  inter- 
pretent  malignement  pour  faire  croire  a 
Saiil  que  je  suis  son  ennemi.  D'autres,  ils 


portent  atteinte  a  mes  affaires  ou   a   ines 
droits.  — ■  Contre  }noi,  ou  sur  inoz. 

7.  lis  complotent,  litt.  ils  s\isseinblent.  — 
Ils  apostent  des  espions;  d'autres,  ils  cachent 
des  pieges. 

8.  Charges  de  tant  de  crimes,  etc.;  ou 
bien  :  leur  iniquitc  les  sauvera-t-elle?  D'au- 
tres, sans  interrogation  :  par  Viniqicite  ils 
esperent  echapper.  Vulg.,  vous  ne  les  sauve- 
res  milleinefit,  ou  a  auciin  ptix. 

9.  Les  pas,  etc.;  litt.  mon  exit,  ma  fiiite. 
—  Tu  as  reciieilli,  ou  bien  recueille.  —  Dans 
ton  livre,  de  maniere  a  n'etre  pas  oublie'es  : 
comp.  Malach.  iii,  16. 

II.  Refrain  :  comp.  vers.  5. 

13.  _/'«/  a  les  acquitter,  ils  m'obligent,  car 
deja  je  suis  exauce,  je  suis  assure  de  ma 
delivrance. 

PSAUME  LVII. 

I.  Ne  detruis  pas.  Ces  mots,  qui  se  re- 
trouvent  en  tete  des  Ps.  Iviii,  lix,  Ixxv,  sent, 
au  sentiment  general  des  modernes,  I'indi- 
cation  de  Pair  sur  lequel  le  Psaume  devait 


112 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


2  Aie  pitie  de  moi,  6  Dieu,  aie  pitie  de  moi, 
Car  en  toi  mon  ame  cherche  un  refuge; 
Je  m'abriterai  a  I'ombre  de  tes  ailes, 
Jusqu'a  ce  que  les  jours  mauvais  soient  passes. 

3  Je  crie  vers  le  Dieu  tres  haut, 
Le  Dieu  qui  fait  tout  pour  moi. 

4  II  m'enverra  du  ciel  le  salut  :  — ■ 

Mon  persecuteur  m'accable  d'outrages!  —  Sela. 
Dieu  enverra  sa  bonte  et  sa  vdritd. 

5  Je  couche  au  milieu  des  lions, 

Au  milieu  d'hommes  qui  vomissent  la  flamme, 
Qui  ont  pour  dents  la  lance  et  les  lleches, 
Et  dont  la  langue  est  un  glaive  tranchant. 

6  Eleve-toi  au-dessus  des  cieux,  6  Dieu, 
Que  ta  gloire  brille  par  toute  la  terre! 

7  lis  avaient  tendu  un  piege  devant  mes  pas  : 
Deja  mon  ame  se  courbait; 

lis  avaient  creusd  une  fosse  devant  moi  : 
lis  y  sont  tombes !  —  SJla. 

8  Mon  cceur  est  affermi,  6  Dieu,  mon  coeur  est  affermi; 
Je  chanterai  et  ferai  retentir  de  joyeux  instruments. 

9  Eveille-toi,  ma  gloire  I 
Eveillez-vous,  ma  lyre  et  ma  harpe ! 
Que  j'eveille  I'aurore ! 

10  Je  te  louerai  parmi  les  peuples,  Seigneur, 
Je  te  chanterai  parmi  les  nations. 

11  Car  ta  bonte  atteint  jusqu'aux  cieux, 
Et  ta  verite  jusqu'aux  nues. 

12  Eleve-toi  au-dessus  des  cieux,  6  Dieu, 
Que  ta  gloire  brille  sur  toute  la  terre ! 


PSAUME    LVIII    (VULG.  LVIl). 

[E  Psaume,  comme  le  precedent  et  le  suivant,  parait  se  rapporter  a  la  persecution 
de  Saiil;  en  effet,  lesjitgcs  injusics,  c.-a-d.  les  conseillers  et  les  courtisans  du  roi, 
dont  David  se  plaint,  paraissent  en  meme  temps  comme  ses  ennemis  personnels  et 
ses  persecuteurs  acharnes.  Le  Psalmiste  les  interpelle  vivement  et  depeint  leur  mechan- 
cete  (vers.  2-6);  il  demande  leur  chatiment  (7-10),  qu'il  voit  deja  realise  pour  la  joie  des 
justes  et  la  gloire  de  Dieu  (11-12). 

Dans  le  sens  spirituel,  ce  Psaume  s'applique  tres  bien  aux  Juifs  meurtriers  du  Sau- 
veur  et  punis  d'une  maniere  si  eclatante,  ainsi  qu'aux  persecuteurs  de  I'Eglise. 

Ps.  Iviii.  1  AU  maitre  de  chant.  Ne  detruis  pas.  Hymne  de  David. 

2  Est-ce'donc  en  restant  muets  que  vous  rendez  la  justice? 
Est-ce  selon  le  droit  que  vous  jugez,  fils  des  hommes? 

3  Non  :  au  fond  du  coeur  vous  tramez  vos  desseins  iniques, 
Dans  le  pays  vous  vendez  au  poids  la  violence  de  vos  mains. 

4  Les  mdchants  sont  pervertis  des  le  sein  maternel, 
Des  leur  naissance  les  fourbes  se  sont  egares. 

5  Leur  venm  est  semblable  au  venin  du  serpent, 
De  la  vipcre  sourde  qui  ferme  ses  oreilles, 

6  Et  n'entend  pas  la  voix  de  I'enchanteur, 
La  voix  du  charmeur  habile  dans  son  art. 

7  O  Dieu,  brise  leurs  dents  dans  leur  bouche; 
Jehovah,  arrache  les  machoires  des  lionceaux ! 

8  Qu'ils  se  dissipent,  comme  le  torrent  qui  s'dcoule ! 
Qu'ils  ne  lancent  que  des  Heches  emoussees ! 


etre  chante.    —  Hymne^  hebr.    niiktham 
voy.  Ps.  Ivi. 


3.  Qui  fait  tout,  litt.  ijiii  achcvc  pour  moi, 
ce  qui  peut  s'entendre  de  plusieurs  manieres. 


LIBER  PSALMORUM. 


113 


ISERERE  mei  Deus,  mi- 
serere mei :  quoniam  in  te 
confidit  anima  mea.  Et  in 
umbra  alarum  tuarum  spe- 
rabojdonectranseat  iniquitas.j.Cla- 
mabo  ad  Deum  altissimum  :  Deum 
qui  benefecit  mihi.  4.  Misit  de  coelo, 
et  liberavit  me :  dedit  in  opprobrium 
conculcantes  me.  Misit  Deus  mise- 
ricordiam  suam,  et  veritatem  suam, 

5.  Et  eripuit  animam  meam  de 
medio  catulorum  leonum  :  dormivi 
conturbatus.  Filii  hominum  dentes 
eorum  arma  et  sagittas  :  et  lingua 
eorum  gladius  acutus.  6.  Exaltare 
super  coelos  Deus  :  et  in  omnem 
terram  gloria  tua.  7.  Laqueum  pa- 
raverunt  pedibus  meis  :  et  incurva- 
verunt  animam  meam.  Foderunt 
ante  faciem  meam  foveam  :  et  inci- 
derunt  in  eam. 

8.  Paratum  cor  meum  Deus,  pa- 
ratum  cor  meum  :  cantabo,  et  psal- 
mum  dicam.  9,  Exsurge  gloria  mea, 
exsurge  psalterium  et  cithara  :  ex- 
surgam  diluculo.  10.  Confitebor  tibi 
in  populis  Domine  :  et  psalmum  di- 
cam tibi  in  gentibus  :  1 1.  quoniam 
magnificata  est  usque  ad  coelos  mi- 


sericordia  tua,  et  usque  ad  nubes  Ve- 
ritas tua.  12.  Exaltare  super  coelos 
Deus  :  et  super  omnem  terram  glo- 
ria tua. 

— *—     PSALMUS    LYII.     — :;:— 


Objurgatio  contra  calumniatores  et  iniquos 
judices. 

I.  In  finem, 

Ne  disperdas,  David  in  tituli  in- 
scriptionem. 

I  vere  utique  justitiam  lo- 
quimini  :  recta  judicate 
filii  hominum.  3.  Etenim 
in  corde  iniquitates  ope- 
rammi  :  in  terra  injustitias  manus 
vestras  concinnant.  4.  Alienati  sunt 
peccatores  a  vulva,  erraverunt  ab 
utero  :  locuti  sunt  falsa.  5.  Furor 
illis  secundum  similitudinem  ser- 
pentis  :  sicut  aspidis  surdae,  et  obtu- 
rantis  aures  suas,  6.  quas  non  exau- 
diet  vocem  incantantium  :  et  vene- 
fici  incantantis  sapienter. 

7.  Deus  conteret  dentes  eorum 
in  ore  ipsorum  :  molas  leonum  con- 
fringet   Dominus.   8.  Ad   nihilum 


Le  Hir,  apres  la  Vulg.  :  (/ui  achcve  ses  bien- 
faits  pour  moi,  qui  les  porte  au  comble. 
D'autres  :  qui  achcve,  qui  mene  a  bonne  fin 
toutes  choses  en  ma  faveur. 

4.  Dieu  enverra,  il  mettra  en  jeu,  sa  bonte 
gratuite,  et  sa  ftdelite  dans  I'accomplisse- 
ment  de  ses  promesses. 

6.  Eleve-toi  au-dessus  des  cieiix...  au-des- 
sus  de  tons  les  etres,  pour  lejugement. 

7.  Mon  ante  se  courbaif,  penchait  deja 
pour  tomber  dans  le  piege.  Ou  bien  :  ils 
(litt.  il)  avaient  cotirbe  mon  dme,  deja  incli- 
nee  et  prete  a  tomber. 

Les  vers.  8- 11  forment  le  commencement 
du  Ps.  cviii. 

8.  Les  mots,  mon  cceur  est  affermi^  ne  sont 
pas  reputes  au  Ps.  cviii ;  peut-etre  ne  le 
sont-ils  ici  que  par  une  erreur  de  copiste. 

g.  Ma  gloire,  mon  ame,  comme  Ps.  vii,  6. 
—  Que  j''eveille  Vaurore,  en  la  devan^ant 
par  mes  chants.  Vulg.,  je  me  leverai  dcs 
Paiirore. 

12.  Repetition  du  vers.  6. 


PSAUME  LVIII. 

1.  Ne  deiruis  pas  :  voy.  Ps.  Ivii,  i.  — 
Hymne,  hebr.  miJdham  :  voy.  Ps.  Ivi,  i. 

2.  En  resiant  miiets,  hebr.  ele>n^  litt.  mu- 
tisme  :  ce  mot  est  douteux;  les  versions  an- 
ciennes  ne  I'ont  pas  lu,  et  les  interpretes 
I'expliquent  diversement.  Wulg., parlez-vous 
V  raiment  selon  la  justice? 

3.  Non,  loin  de  la,  hebr.  aph,  que  la  Vulg. 
traduit  ordinairement  par  etenim.  —  Voiis 
vendez  au  poids  (litt.  vous  pesez)  la  violence 
de  vos  mains,  vos  decisions  injustes,  vous 
mettez  k  prix  votre  conscience  de  juges. 

5  sv.  Leur  veninj  Vulg.  leur  fureur.  — 
La  vipere  sourde  (ou  I'aspic  sourd)  :  les 
Arabes  appellent  sourds  et  regardent  comme 
tres  dangereux  les  serpents  sur  lesquels  ils 
croient  que  les  enchanteurs  ne  peuvent  rien. 

7.  Brise  leurs  dents  :  les  ennemis  de  Da- 
vidson! maintenant  representes  sous  I'image 
de  betes  feroces ;  les  versets  suivants  nous 
offriront  d'autres  figures  encore  :  ce  brusque 
changement  d'images  trahit  la  vive  emotion 
du  Psalmiste.  Sur  ces  imprecations  :  voy. 
xxviii,  4. 


NO  23 


L.^  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


114 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


9  Qu'ils  soient  comme  la  limace  qui  va  en  se  fondant! 
Comme  I'avorton  d'une  femme,  qu'ils  ne  voient  point  le  soleil ! 

10  Avant  que  vos  chaudieres  sentent  I'epine, 
Verte  ou  enflammee,  I'ouragan  I'emportera. 

11  Le  juste  sera  dans  la  joie,  a  la  vue  de  la  vengeance, 
II  baignera  ses  pieds  dans  le  sang  des  mechants. 

12  Et  Ton  dira  :  "  Oui,  il  y  a  une  recompense  pour  le  juste; 
Oui,  il  y  a  un  Dieu  qui  juge  sur  la  terre !  " 

PSAUME   LIX   (VULG.  LVIIl). 

Occasion  de  ce  Psaume  est  indiquee  dans  le  titre  (voy.  I  Saw.  xix,  ii  sv.).  Saiil 
avait  fait  entourer  par  des  soldats  la  maison  de  David,  avec  ordre  de  le  tuer  des 
qu'il  en  sortirait  le  lendemain ;  mais  David  fut  sauve  par  une  ruse  de  sa  femme 
Michol,  et  sa  fuite  fut  le  point  de  depart  d'une  longue  et  cruelle  persecution.  Dans  ce 
cantique,  compose  quelque  temps  apres  le  danger  passe,  le  Psalmiste  ne  retrace  que^  les 
traits  generaux  de  I'evdnement.  II  commence  par  implorer  le  secours  divin;  puis  il  decrit 
la  me'chancete  de  ses  ennemis  et  demande  leur  chatiment,  en  exprimant  a  plusieurs 
reprises  sa  confiance  d'etre  exauce. 

Les  Peres  font  une  juste  application  de  ce  Psaume  a  Jesus-Christ  persecute  par  les 
Juifs  et  a  la  dispersion  de  ces  derniers. 

Ps,  lix.  1 AU  maitre  de  chant.  Ne  detruis  pas!  Hymne  de  David.  Lorsque  Saiil  envoya  cerner 

sa  maison  pour  le  mettre  a  mort. 

2  Delivre-moi  de  mes  ennemis,  6  mon  Dieu, 
Protege-moi  contra  mes  adversaires. 

3  Delivre-moi  de  ceux  qui  commettent  I'iniciuit^, 
Et  sauve-moi  des  honimes  de  sang. 

4  Car  voici  qu'ils  sont  aux  aguets  pour  m'oter  la  vie; 
Des  hommes  violents  complotent  contre  moi, 

Sans  que  je  sois  coupable,  sans  que  j'aie  peche,  Jehovah. 

5  Malgre  mon  innocence,  ils  accourent  et  s'embusquent  : 
Eveille-toi,  viens  au-devant  de  moi  et  regarde ! 

6  Toi,  Jehovah,  Dieu  des  armees,  Dieu  d'lsracl, 
Leve-toi  pour  chatier  toutes  les  nations, 

Sois  sans  pitie  pour  ces  traitres  et  ces  malfaiteurs!  —  Se'la. 

7  Ils  reviennent  le  soir,  ils  grondent  comme  le  chien, 
Ils  font  le  tour  de  la  ville. 

8  De  leur  bouche  I'injure  s'echappe  a  flots, 
II  y  a  des  glaives  sur  leurs  levres  : 

"  Qui  est-ce  qui  entend?"  dlse/it-ils. 

9  Et  toi,  Jehovah,  tu  te  ris  d'eux, 

Tu  te  moques  de  toutes  les  nations. 

10  Ma  force,  c'est  vers  toi  que  je  me  tournerai, 
Car  Dieu  est  ma  forteresse. 


11  Mon  Dieu  par  sa  bonte  viendra  au-devant  de  moi; 
Dieu  me  fera  contempler  avec  joie  mes  ennemis. 

12  Ne  les  tue  pas,  de  peur  que  mon  peuple  n'oublie; 
Fais-les  errer  par  ta  puissance  et  renverse-les, 

O  Seigneur,  notre  bouclier. 


9.  La  limace^  en  s'avangant,  semble  perdre 
de  sa  substance  et  par  consequent  s'epuiser. 
LXX  et  Vulg.,  coiiiiiie  la  tire.  —  Co /nine 
I'avorton  dhine  feinmc.  Les  LXX  et  la  Vulg. 
ont  lu  autrement ;  le  feu  (de  la  vengeance 
divine)  est  tonibe\  et  ils  n'ofit  plus  vu  le 
soleil. 

10.  Avant  que  vos  chaudihes,  etc.  :  locu- 
tion proverbiale  empruntc'e  a  un  usage  de 


rOrient.  Ceux  qui  voyagent  dans  le  desert 
font  cuire  leurs  aliments  dans  une  chaudicre 
dressee  sur  un  tas  d'epines  (specialement 
les  branches  d'un  buisson  epineux  qu'on 
appelle  rhamnier  ou  nerprun);  mais  il  arrive 
que,  avant  la  fin  de  I'operation,  un  ouragan 
eteint  le  feu,  emporte  le  bois  et  detruit  tous 
les  apprets.  Au  lieu  de  enflanunce,  on  pour- 
rait  aussi  traduire  desscchee.  Sens  :  Dieu 


LIBER  PSALMORUM. 


115 


devenient  tamquam  aqua  deciir- 
rens  :  intendit  arcum  suum  donee 
infirmentur.  9.  Sicut  cera,  quae  fluit, 
auferentur  :  supercecidit  ignis,  et 
non  viderunt  solem.  10.  Priusquam 
intelligerent  spinae  vestras  rham- 
num  :  sicut  viventes,  sic  in  ira  ab- 
sorbet  eos. 

1 1.  Lastabitur  Justus  cum  viderit 
vindictam  :  manus  suas  lavabit  in 
sanguine  peccatoris.  12.  Et  dicet 
homo  :  Si  utique  est  fructus  justo  : 
utique  est  Deus  judicans  eos  in  terra. 

— :i:—    PSALM  US   LVIIL   — =!:— 


Orat  ut  inimici  disperdantur;  liberatus 
Deum  laudat. 

In  finem, 
Ne  disperdas,  David  in  tituli  in- 
scriptionem,  quando  misit  Saul,  et 
custodivit  domum  ejus,  ut  eum  in- 
terficeret.  (i  Re£.  19,  11.) 

STRIPE  me  de  inimicismeis 
Deus  meus  :  et  ab  insur- 
gentibus  in  me  libera  me. 
3.  Eripe  me  de  operanti- 


bus  iniquitatem  :  et  de  viris  sangui- 
num  salva  me,  4.  Quia  ecce  cepe- 
runt  animam  meam  :  irruerunt  in 
me  fortes,  5,  Neque  iniquitas  mea, 
neque  peccatum  meum  Domine  : 
sine  iniquitate  cucurri,  et  direxi. 
6.  Exsurge  in  occursum  meum,  et 
vide  :  et  tu  Domine  Deus  virtu- 
tum,  Deus  Israel,  intende  ad  visi- 
tandas  omnes  gentes  :  non  mise- 
rearis  omnibus,  qui  operantur  ini- 
quitatem. 

7,  Convertentur  ad  vesperam  : 
et  famem  patientur  ut  canes,  et 
circuibunt  civitatem.  8.  Ecce  lo- 
quentur  in  ore  suo,  et  gladius  in 
labiis  eorum  :  quoniam  quis  au- 
divit.''  9.  Et  tu  Domine  deridebis 
eos  :  ad  nihilum  deduces  omnes 
gentes,  10.  Fortitudinem  meam  ad 
te  custodiam,  quia  Deus  susceptor 
meus  es  : 

1 1.  Deus  meus  misericordia  ejus 
prasveniet  me.  12.  Deus  ostendet 
mihi  super  inimicos  meos,  ne  occi- 
das  eos  :  nequando  obliviscantur 
populi  mei,  Disperge  illos  in  virtute 
tua  :  et  depone  eos  protector  meus 


dissipera  les  desseins  des  mechants  avant 
qu'ils  aient  pu  les  mettre  a  execution. 

Les  LXX,au  lieu  du  mot  h^breu  sir,ch^u- 
diere,  ont  vu  ici  le  mot  sir,  epine.  La  Vulg. 
traduit  fidelement  la  version  grecque  "prius- 
quam intelligerent  spince  vestrcc  rhamnum." 

II.  Ce  verset  exprime  dans  toute  sa  force 
et  par  une  image  saisissante  I'idee  de  retri- 
bution telle  que  la  comprenait  I'Ancien  Tes- 
ment.  Ce  n'est  pas  la  main  du  juste  qui  fait 
couler  le  sang  des  mechants;  mais  quand 
Dieu  les  a  frappes,  il  reconnait  dans  leur 
mort  I'effet  d'un  juste  jugement  de  Dieu 
rendu  en  sa  faveur. 

PSAUME  LIX. 

4.  lis  sont  aux  aguets,  etc,  Vulg.,  zls  ont 
prts  mon  dme,  ils  ont  ma  vie  en  leur  pou- 
voir. —  Sans  que  j'aie  attire  sur  moi  la  colere 
divine  par  aucune  faute  publique  :  comp. 
vii,  4  sv. 

6.  Toutes  les  nations  :  ce  mot  designe 
ordinairement  les  nations  idolatres ;  il  sem- 
ble  devoir  se  restreindre  ici  (et  au  vers,  g) 
aux  seuls  ennemis  de  David  qui,  quoique 
appartenant  au  peuple  de  Dieu,  se  condui- 
sent  comme  des  paiens  en  persecutant  le 
serviteur  et  Point  de  Jehovah, 


7.  Ce  verset  parait  decrire  les'divers  mou- 
vements  des  emissaires  de  Saiil. 

Le  Hir  :  ils  s'eti  retourttent  pendant  la 
miit,  n'ayant  trouve,  grace  a  la  ruse  de 
Michol,  qu'un  mannequin  a  la  place  de 
David  ;  aussi  ils  grojtdent  comme  des  chiens 
qui  ont  manque  ou  a  qui  on  a  arrache 
leur  proie. 

8.  Qui  est-ce  :  y  a-t-il  un  Dieu  pour  nous 
entendre  et  nous  punir,  disent  dans  leur 
coeur  ces  mechants. 

9.  Tu  te  moques;  Vulg.,  tu  reduis  k  neant. 
—  Les  nations  :  voy.  la  note  du  vers.  6. 

10.  Ma  force  :  c'est  ainsi  qu'ont  lu  les 
LXX  :  comp.  vers.  18,  Le  texte  massoreti- 
que  porte  sa  force,  YvXg.,  je  garde  ma  force 
atcpres  de  toi,  c'est  en  me  tenant  aupres  de 
toi  que  je  suis  fort. 

11.  Dieu  par  sa  bonte' :  c'est  le  ketib;  le 
qeri  est  moins  bon  :  le  Dieu  de  ma  bonte, 
qui  me  temoigne  constamment  sa  faveur,  — 
Mes  ennemis  abattus. 

12.  Ne  les  tue  pas  de  suite,  de peur  que 
mon  peuple  (David  avait  ddjk  regu  des  mains 
de  Samuel  I'on^lion  royale)  n'oublie  la  le^on 
de  leur  chatiment.  Plusieurs  Peres  ont  vu 
dans  ce  verset  une  prophetie  de  la  disper- 
sion des  Juifs  par  toute  la  terre. 


116 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


13  Leur  bouche  peche  k  cliaque  parole  de  leurs  levies; 
Qu'ils  soient  pris  dans  leur  propre  orgueil, 

A  cause  des  maIedi(nions  et  des  mensonges  qu'ils  proferent! 

14  Detruis-les  dans  ta  fureur,  detruis-les,  et  qu'ils  ne  soient  plus! 
Qu'ils  sachent  que  Dieu  regne  sur  Jacob 

Jusqu'aux  extrdmites  de  la  terre!  —  Sela. 

15  lis  reviennent  le  soir,  ils  grondent  comme  le  chien, 
lis  font  le  tour  de  la  ville. 

16  lis  errent  qk  et  la,  cherchant  leur  proie, 
Et  ils  grognent  s'ils  ne  sont  pas  rassasies. 

17  Et  moi,  je  chanterai  ta  force; 

Et  le  matin  je  celebrerai  ta  bonte, 

Car  tu  es  ma  forteresse, 

Un  refuge  au  jour  de  mon  angoisse. 

18  O  ma  force,  je  te  celebrerai  dans  mes  chants, 

Car  Dieu  est  ma  forteresse,  mon  Dieu  plein  de  bonte. 


PSAUME    LX   (VULG.  LIX). 

E  Psaume  a  etd  compose  par  David  sur  le  meme  sujet  que  le  xlive,  savoir  I'invasion 
des  Idumeens  au  sud  de  la  Palestine,  tandis  que  le  roi  faisait  la  guerre  au  nord 
contre  les  Syriens.  Voyez  II  Sa?)i.  viii,  i  sv.  x,  7;  I  Par.  xviii,  i  sv.  Vainqueur 
des  Syriens,  David  retourna  toutes  ses  forces  contre  les  envahisseurs,  et  AbisaY,  qui  com- 
battait  sous  les  ordres  de  Joab,  les  defit  dans  la  vallee  du  Sel,  au  sud  de  la  mer  Morte. 
Le  Psalmiste  fait  parler  le  peuple  :  il  commence  par  pousser  un  cri  de  deiresse,  mele 
pourtant  d'esperance  (vers.  3-6);  Dieu  a  promis  et  donne  deja  k  son  peuple  la  possession 
de  Chanaan  et  la  domination  sur  tous  ses  voisins  (7-10);  qu'il  lui  accordc  aussi  la  vieftoire 
sur  Edom  (11-14). 

Ps.  Ix.  1  AU   maitre  de  chant.  Sur  le  Lis  du  temoignage.  Hymne  de  David,  k  enseigner. 

-Lorsqu'il  fit  la  guerre  aux  Syriens  de  Mesopotamie  et  aux  Syriens  de  Soba,  et  que  Joab 
revint  et  battit  Edom  dans  la  vallee  du  Sel,  lui  tuant  douze  mille  hommes. 

3  O  Dieu,  tu  nous  a  rejetes,  tu  nous  as  disperses ; 
Tu  etais  irrit^  :  rends-nous  ta  faveur! 

4  Tu  as  ebranle  le  pays,  tu  I'as  dechire  : 
Repare  ses  breches,  car  il  chancelle! 

5  Tu  as  fait  voir  k  ton  peuple  de  rudes  epreuves, 
Tu  nous  a  fait  boire  un  vin  de  vertige. 

6  Mais  tu  as  donne  a  ceux  qui  te  craignent  une  banniere, 
.    Afin  qu'elle  s'eleve  a  cause  de  ta  verite.  —  Sela. 

7  Afin  que  tes  bien-aimes  soient  delivres, 
Sauve  par  ta  droite,  et  exauce-moi. 

8  Dieu  a  parle  dans  sa  saintete  :  Que  je  tressaille  de  joie! 
J'aurai  Sicheni  en  partage,  et  je  mesurerai  la  vallee  de  Succoth. 

9  Galaad  est  k  moi,  k  moi  Manasse! 
Ephraim  est  I'armure  de  ma  tete, 
Et  Juda  mon  sceptre. 

10  Moab  est  le  bassin  ou  je  me  lave; 


16.  Au  lieu  de  loun,  passer  la  unit,  lire, 
avec  les  memes  consonnes  poncluees  autre- 
ment,  le  hiph  de  loini,  inur/iiurer.  (LXX, 
Vulg.) 

PSAUME  LX. 

1.  Sur  le  lis  du  temoigiuige,  probablement 
indication  d'une  melodie  connue. —  Hymne., 
hebr.  iniktham  :  voy.  Ps.  Ivi,  i.  —  A  ensei- 
gner au  peuple  :  ce  qui  indique  la  de"-tina- 
tion  puMique  et  nalionale  de  ce  cantique. 

2.  Syriens  de  Mesopolamie  (lift.  Aram 
des  deux  fleuves),  du   pays  situe  entre  le 


Tigre  et  I'Euphrate.  —  Syriens  de  Sofia  : 
pays  au  nord  de  Damas,  entre  I'Euphrate 
et  rOronte.  —  Douze  mille,  probablement 
faute  de  copiste  pour  dix-huit  mille :  comp. 
II  Sam.  viii,  13;  I  Par.  xviii,  12. 

3.  Tu  nous  a  rejetes,  etc.  :  ces  expressions 
supposent  de  graves  echecs  infliges  aux 
Israelites  par  les  Idumeens.  —  Rends-ttous 
la  fai'eur,  litt.  tu  feras  revenir  pour  nous  : 
on  peut  sous-entendre  ou  bien  ta  faveur,  ou 
bien  Ic  sueees,  la  prosperite  :  tu  retabliras 
nos  affaires. 


LIBER  PSALMORUM. 


117 


Domine  :  13.  delictum  oris  eo- 
rum,  sermonem  labiorum  ipso- 
rum  :  et  comprehendantur  in  su- 
perbia  sua.  Et  de  exsecratione  et 
mendacio  annuntiabuntur  14.  in 
consummatione  :  in  ira  consumma- 
tionis,  et  non  erunt.  Et  scient  quia 
Deus  dominabitur  Jacob  :  et  finium 
terras. 

1 5.  Convertentur  ad  vesperam,  et 
famem  patientur  ut  canes  :  et  cir- 
cuibunt  civitatem.  16.  Ipsi  disper- 
gentur  ad  manducandum  :  si  vero 
non  fuerint  saturati,  et  murmura- 
bunt.  17.  Ego  autem  cantabo  forti- 
tudinem  tuam  :  et  exsultabo  mane 
misericordiam  tuam.  Quia  factus  es 
susceptor  meus,  et  refugium  meum, 
in  die  tribulationis  meas.  18.  Adju- 
tor  meus  tibi  psallam,  quia  Deus 
susceptor  meus  es  :  Deus  meus  mi- 
sericord i  a  mea. 

— :;:—      PSALM  US    LIX.     — :;:— 

Querimonia  de  Dei  derelidtione  :  nixus  pro- 
missione  Dei  ejus  opem  et  vidloriam 
sperat. 


T.  In  finem, 

Pro  his,  qui  immutabuntur,  in 
tituli  inscriptionem  ipsi  David  in 
doctrinam, 

2.  Cum  succenditMesopotamiam 
Syrias,  et  Sobal,  et  convertit  Joab, 
et  percussit  Idumasam  in  valle  Sali- 
narum  duodecim  millia.  (2  Reg:  8,  i 
et  10,  y  et  I  Par.  18,  i.) 

EUS  repulisti  nos,  et  de- 
struxisti  nos  :  iratus  es,  et 
misertus  es  nobis.  4.  Com- 
movisti  terram,  et  contur- 
basti  eam  :  sana  contritiones  ejus, 
quia  commota  est.  5-  Ostendisti 
populo  tuo  dura  :  potasti  nos  vino 
compunctionis.  6.Dedisti  metuenti- 
bus  te  significationem  :  ut  fugiant  a 
facie  arcus  : 

Ut  liberentur  dilecti  tui  :  7.  sal- 
vum  fac  dextera  tua,  et  exaudi  me. 

8.  Deus  locutus  est  in  sancto  suo  : 
Lastabor,  et  partibor  Sichimam  :  et 
convallem  tabernaculorum  mctibor. 

9.  Meus  est  Galaad,  et  meus  est 
Manasses  :  et  Ephraim  fortitude  ca- 
pitis mei.  Juda  rex  meus :  10.  Moab 


4.  Ebra7ile  le  pays  d'Israel  :  I'image  est 
prise  des  tremblements  de  teire,  auxquels 
le  Psalmiste  compare  les  ravages  causes  par 
les  Idumeens. 

5.  Vin  de  vertige,  ou  d^efourdisscmetit 
(Is.  li,  17)  :  I'attaque  soudaine  des  Idumeens 
avait  jete  les  Israelites  dans  un  etat  de  trou- 
ble et  d'effarement  oii  ils  ne  savaient  plus 
quel  parti  prendre. 

6.  La  banniere,  le  signe  de  ralliement  que 
Dieu  a  donne  a  son  peuple  etqui  doit  s'ele- 
ver  dans  les  airs  pour  faire  eclater  la  veracite 
divine,  c'est  la  promesse  qui  va  etre  rappe- 
lee  dans  les  vers.  7  sv.  Tel  est  le  sens  pro- 
bable de  ce  passage  difficile.  LXX,  Vulg. ; 
Sym.,  S.  Jerome  ont  lu  qescJieiJi,  arc,  au  lieu 
de  qoschet,  vcrite,  et  ont  iraiAmtpoiirfitirde- 
vant  Pare.  II  y  a  difficulte  de  part  et  d'autre. 

8.  Daits  sa  sai?7tete\  en  tant  que  saint,  pur 
de  toute  imperfedlion,  et  par  consequent 
incapable  de  tromper.  Le  Psalmiste  a  ici 
en  vue  I'ensemble  des  promesses  contenues 
dans  le  Pentateuque  touchant  la  possession 
de  Chanaan  et  la  domination  sur  les  peuples 
voisins  {Gett.  xlix,  9  sv.  Novibr.  xxiv,  17  sv. 
Dent,  xxxiii),  mais  d'une  mani&re  plus  spe- 
ciale  la  grande  promesse  que  Dieu  lui  avait 
faite  k  lui-meme  II  Sam.  vii,  9  sv.,  et  qu'il 
traduit  avec  toute  la  liberte  du  langage  poe- 


tique.  —  Sickem,  au  centre  de  la  Palestine. 
—  Je  mesurerai  au  cordeau,  comme  etant 
ma  propriete,  Succoth  ou  Socoth.,  sur  la  rive 
gauche  du  Jourdain.  Ces  deux  villes  repre- 
sentent  done  le  pays  k  I'ouest  et  le  pays  k 
I'est  de  ce  fleuve,  la  Palestine  tout  entiere. 
Elles  sont  choisies  k  dessein  par  le  Psal- 
miste sans  doute  k  cause  du  s^jour  qu'y  fit 
Jacob  k  son  retour  de  Mesopotamie  {Gen. 
xxxiii,  17  sv.),  sejour  qui  etait  comme  le 
prelude  de  la  prise  de  possession  de  tout  le 
pays  par  ses  descendants.  Les  LXX  et  la 
Vulg.  prennent  Succoth  pour  un  nom  com- 
mun  :  vallee  des  tentes  ou  des  Jiiiites. 

g.  Galaad  represente  les  deux  tribus  de 
Gad  et  de  Ruben,  et  Manasse'  la  demi-tribu 
de  ce  nom,  situees  toutes  les  trois  a  I'E.  du 
Joui'dain;  Ephraim  et  Juda,  la  Palestine 
proprement  dite,  dont  elles  ^talent  les  tri- 
bus les  plus  importantes,  I'une  au  nord, 
I'autre  au  sud.  La  Vulg.,  faisant  parler  le 
peuple,  traduit,  yz/^/ci  est  mo7t  roi;  d'autres, 
jHon  legislateur  :  comp.  Geii.  xlix,  10. 

10.  Israel  dominera  aussi  sur  les  nations 
voisines  de  Chanaan.  (?«  je  me  lave  les 
pieds  :  sarcasme  humiliant  pour  la  nation 
arrogante  {Is.  xvi,  6),  que  David  venait 
d'assujettir  (II  Sam.  viii,  12).  LXX  et  Vulg., 
Moab  est  le  vase  de  mon  esperance,  en  pre- 


118 


DEUXifeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Sur  Edom  je  jette  ma  sandale; 

Pays  des  Philistins,  pousse  des  acclamations  en  mon  honneur! 

11  Qui  me  menera  a  la  villa  forte? 
Qui  me  conduira  h  Edom? 

12  N'est-ce  pas  toi,  6  Dieu,  qui  nous  avais  rejetes, 
O  Dieu,  qui  ne  sortais  plus  avec  nos  aimees? 

13  Prete-nous  ton  secours  contre  I'oppresseur! 
Le  secours  de  I'homme  n'est  que  vanite. 

14  Avec  Dieu  nous  accomplirons  des  exploits; 
II  ecrasera  nos  ennemis. 


rSAUME   LXI   (VULG.  LX). 

lUT^^jOin  du  tabernacle  et  de  Jerusalem,  d'ou  I'avait  chasse  la  revoke  d'Absalon,  David 
i^^!  implore  le  secours  de  Dieu,  son  seul  espoir  (vers.  2-5);  il  lui  demande  de  prolon- 
InSfl  ger  les  jours  du  roi,  et  promet  de  lui  temoigner  sa  reconnaissance  (6-9). 

Ps.  Ixi.  ^  AU  maitre  de  chant.  Sur  les  instruments  a  cordes.  De  David. 

2  O  Dieu,  entends  mes  cris, 
Sois  attentif  k  ma  priere. 

3  De  I'extremit^  de  la  terre  je  crie  vers  toi  dans  I'angoisse  de  mon  coeur; 
Conduis-moi  sur  le  rocher  que  je  ne  puis  atteindre. 

4  Car  tu  es  pour  moi  un  refuge, 

Une  tour  puissante  contre  I'ennemi. 

5  Je  voudrais  demeurer  a  jamais  dans  ta  tente, 
Me  refugier  a  I'abri  de  tes  ailes !  —  Se7a. 

6  Car  toi,  6  Dieu,  tu  exauces  mes  voeux, 

Tu  m'as  donne  I'hdritage  de  ceux  qui  rdverent  ton  nom. 

7  Ajoute  des  jours  aux  jours  du  roi ! 

Que  ses  annees  se  prolongent  d'age  en  age ! 

8  Qu'il  demeure  sur  le  trone  eternellement  devant  Dieu  ! 
Ordonne  k  ta  bonte  et  a  ta  verite  de  le  garder ! 

9  Alors  je  celebrerai  ton  nom  k  jamais, 
Et  j'accomplirai  mes  voeux  cliaque  jour. 


\ 


PSAUME    LXII   (VULG.  LXl). 


^^E  Psaume  offre  une  grande  ressemblance  de  style  et  de  structure  avec  le  xxxix^, 
\  dont  le  litre  nomme  aussi  Idithun.  Quelques  indices  font  penser  a  I'epoque  de  la 
persecution  d'Absalon.  On  y  distingue  trois  strophes  :  calme  et  confiance  du  Psal- 
miste  en  face  de  ses  ennemis  (vers.  2-5);  Dieu  est  un  sur  abri  pour  ses  serviteurs  (6-9); 
les  hommes  ne  sont  rien,  a  Dieu  seul  appartiennent  la  puissance  et  la  bonte  (10-13). 

Ps.  Ixii.  ^AU  maitre  de  chant...  Idithun.  Psaume  de  David. 

2  Oui,  a  Dieu  mon  ame  en  paix  s'abandonne, 
De  lui  vient  mon  secours. 

3  Oui,  il  est  mon  rocher  et  mon  salut ; 

II  est  ma  forteresse  :  je  ne  chancellerai  point. 

4  Jusques  a  quand  vous  jetterez-vous  sur  un  homnie, 
Pour  I'abattre  tous  ensemble, 

Comme  une  muraille  qui  penche, 
Comme  une  cloture  qui  s'ecroule? 

5  Oui,  ils  complotent  pour  le  precipiter  de  sa  hauteur; 
lis  se  plaisent  au  mensonge; 

Ils  benissent  de  leur  bouche, 

Et  ils  maudissent  dans  leur  coeur.  —  Sela. 

6  Oui,  u  mon  ame,  a  Dieu  abandonne-toi  en  paix 
Car  de  lui  vient  mon  esperance. 


LIBER  PSALMORUM. 


119 


olla  spei  meae.  In  Idumaeam  exten- 
dam  calceamentum  meum  :  mihi 
alienigenas  subditi  sunt. 

1 1.  Quis  deducet  me  in  civitatem 
munitam?  quis  deducet  me  usque 
in  Idumasam?  12.  Nonne  tu  Deus, 
qui  repulisti  nos  :  et  non  egredieris 
Deus  in  virtutibus  nostris?  13.  Da 
nobis  auxilium  de  tribulatione:  quia 
vana  salus  hominis.  14.  ""In  Deo 
faciemus  virtutem  :  et  ipse  ad  nihi- 
lum  deducet  tribulantes  nos. 

— :>—     PSALM  US   LX.     — :;:— 

Exsul  petit  reditum,  longam  vitam, 
et  ampliationem  regni  Christi. 


In  finem, 
In  hymnis  David. 

XAUDI  Deus  depreca- 
tionem  meam  :  intende 
orationi  meae.  3.  A  iinibus 
terras  ad  te  clamavi :  dum 


anxiaretur  cor  meum,  in  petra  exal- 
tasti  me.  Deduxisti  me,  4.  quia  fa- 
ctus  es  spes  mea  :  turris  fortitudinis 
a  facie  inimici.  5.  Inhabitabo  in  ta- 
bernaculo  tuo  in  saecula  :  protegar 
in  velamento  alarum  tuarum. 
6.  Quoniam  tu  Deus  meus  exau- 


disti  orationem  meam  :  dedisti  he- 
reditatem  timentibus  nomen  tuum. 
7.  Dies  super  dies  regis  adjicies :  an- 
nos  ejus  usque  in  diem  generationis 
et  generationis.  8.  Permanet  in  aster- 
num  in  conspectu  Dei  :  misericor- 
diam  et  veritatem  ejus  quis  requi- 
ret.''  9.  Sic  psalmum  dicam  nomini 
tuo  in  sasculum  sasculi  :  ut  reddam 
vota  mea  de  die  in  diem. 

— :;:—    PSALMUS   LXI.     — *— 

Securitas  ejus  qui  Deo  subjedlus  in  eo  solo 
fiduciam  habet. 

I.  In  finem, 

Pro  Idithun,  Psalmus  David. 

ONNE  Deo  subjecta  erit 
anima  mea.''  ab  ipso  enim 
salutare  meum.  3.  Nam  et 
ipse  Deus  meus,  et  saluta- 
ris  meus :  susceptor  meus,  non  mo- 
vebor  amplius.  4.  Quousque  irrui- 
tisin  hominem.^  interficitis  universi 
vos  :  tamquam  parieti  inclinato  et 
macerias  depulsas.''  5.  Verumtamen 
pretium  meum  cogitaverunt  repel- 
lere,  cucurri  in  siti :  ore  suo  benedi- 
cebant,  et  corde  suo  maledicebant, 
6.  Verumtamen  Deo  subjecta  esto 


nant  le  sens  arameen  du  mot  hebreu  rachats. 
—  Stir  Edotn,  etc. :  d'apres  RosenmuUer,  les 
rois  d'Abyssinie  jetaient  leur  sandale  sur  un 
objet  ou  une  terre  dont  ils  voulaient  prendre 
possession  :  cet  usage  existait-il  ou  etait-il 
connu  en  Palestine  au  temps  de  David? 

II.  La  ville  forte,  la  capitale  d'Edom, 
Petra,  au  S.  de  la  mer  Morte. 

PSAUME  LXI. 

I.  Sur  les  wsfnanettis  a  cordes,  hebr.  al 
neginath,  probablement  avec  le  meme  sens 
que  bineginoth  du  Ps.  iv. 

3.  Du  bout  de  la  terra  :  David  etait  sans 
doute  alors  k  Mahanaim  ou  aux  environs 
(II  Sam.  xvii,  24),  de  I'autre  cote  du  Jour- 
dain  :  cette  distance  de  Jerusalem  parais- 
sait  longue  k  I'exile.  —  Sur  le  rocker^  dans 
un  lieu  oil  je  serai  en  surete,  peut-etre  vers 
Dieu  lui-meme,  souvent  appele  de  ce  nom. 

5.  Dans  ta  tenfe,  le  tabernacle.  D'autres 
prennent  ce  mot  metaphoriquement  :  Dieu 
est  une  tente  dans  le  meme  sens  qu'il  est 
une  tour,  c. -a-d.  un  lieu  de  refuge. 


6.  Lheritage  de  ceux,  etc.,  le  pays  de 
Chanaan,  la  terre  sainte  de  tes  serviteurs. 

8.  Qu''il  denietire,  etc.  David  fait  ici  allu- 
sion a  la  promesse  d'un  regne  eternel  qu'il 
avait  regue  de  la  bouche  de  Nathan  (II  Sai)i. 
vii,  12  sv.),  promesse  qui  n'eut  son  accom- 
plissement  que  dans  le  Messie.  —  Ordonne  : 
souvent,  dans  la  Bible,  Dieu  est  dit  com- 
mander a  ses  attributs  personnifies;  sens  : 
fais  par  ta  bonte,  etc.  Vulg.,  qui  sondera  sa 
viisericorde  et  sa  bonte? 

PSAUME  LXII. 

I.  ...Idithun,  le  sens  de  la  proposition 
qui  precede  est  douteux,  stcr,  d^aprrs? 

3.  Le  texte  porte  je  ne  chancellerai  pas 
beaiicoup;  ce  dernier  mot  est  suspecfl  :  il 
manque  au  refrain  (vers.  7),  et  il  ofifre  ici 
un  sens  etrange. 

5.  De  sa  hauteur,  de  la  dignite  royale ;  ou 
dans  le  sens  physique,  du  lieueleveou  ils'Otait 
refugie.  —  lis  se  plaisent  au  menso7-ige  :  ils 
me  trahissent  avec  d'hypocrites  protesta- 
tions de  ^A€\\\.€.V\x\%.,faicouruayantsoif. 


120 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


7  Oiii,  il  est  mon  rocher  et  mon  salut  ; 

11  est  ma  forteresse  :  je  ne  chancellerai  point. 

8  Sur  Dieu  reposent  mon  salut  et  ma  gloire; 

Le  rocher  de  ma  force,  mon  refuge,  est  en  Dieu. 

9  En  tout  temps,  6  people,  confie-toi  en  lui; 
Epanchez  devant  lui  vos  coeurs  : 

Dieu  est  notre  refuge.  —  Se'la. 

10  Oui,  les  mortels  sont  vanite,  les  fils  de  I'homme  sont  mensonge; 
Dans  la  balance  ils  monteraient, 

Tous  ensemble  plus  legers  qu'un  souffle. 

11  Ne  vous  confiez  pas  dans  la  violence, 

Et  ne  mettez  pas  un  vain  espoir  dans  la  rapine; 
Si  vos  richesses  s'accroissent, 
N'y  attachez  pas  votre  cceur. 

12  Dieu  a  dit  une  parole, 

Ou  deux,  que  j'ai  entendues  : 
"  La  puissance  est  h.  Dieu; 

13  A  toi  aussi,  Seigneur,  la  bonte." 

Car  tu  rends  a  chacun  selon  ses  ceuvres. 


PSAUME    LXIII   (VULG.  LXIl). 


E  Psaume  prdsente  une  grande  analogie  avec  les  deux  precedents,  surtout  avec  le 
Ixie.  David  le  composa  au  commencement  de  la  revoke  d'Absalon,  probablement 
la  premiere  nuit  qu'il  passa,  apres  s'etre  enfui  de  Jerusalem,  dans  le  desert  de  Juda, 
qui  s'dtend  de  cette  ville  a  la  mer  Morte  (II  Sain,  xvi,  2,  14).  On  y  trouve,  comme  dans 
la  plupart  des  podsies  de  David,  une  tendresse  exquise  et  un  profond  amour  de  Dieu, 
joints  a  I'energie  et  meme  h.  quelque  rudesse  dans  I'expression.  Le  Psalmiste  exprime  le 
desir  et  I'espoir  de  revoir  la  maison  du  Seigneur,  lequel  est  sa  joie  et  son  salut  (vers.  2-9); 
il  predit  la  ruine  de  ses  ennemis  et  son  propre  triomphe  (10-12). 

Ce  cantique  est  une  priere  du  matin,  et  il  avail  cette  destination  dans  la  liturgie  de  la 
primitive  Eglise  {Constit.  apostol.  ii,  59);  il  en  est  de  meme  dans  la  liturgie  aduelle,  ou  il 
figure  dans  rofifice  des  Laudes. 

Ps.  Ixiii.  -^PSAUME  de  David.  Lorsqu'il  etait  dans  le  desert  de  Juda. 

2  O  Dieu,  tu,  es  mon  Dieu,  je  te  cherche  dls  Vaurore; 
Mon  ame  a  soif  de  toi,  ma  chair  languit  apres  toi, 
Dans  une  terre  aride,  dessechee  et  sans  eau. 

3  C'est  ainsi  que  je  te  contemplais  dans  le  sandluaire, 
Pour  voir  ta  puissance  et  ta  gloire. 

4  Car  ta  grace  est  meilleure  que  la  vie; 
Que  mes  levres  celebrent  tes  louanges ! 

5  Ainsi  te  benirai-je  toute  ma  vie. 
En  ton  nom  j'eleverai  mes  mains. 

6  Mon  ame  sera  rassasiee  comme  de  moelle  et  de  graisse, 
Et,  la  joie  sur  les  levres,  je  chanterai  tes  louanges. 

7  Quand  je  pense  .\  toi  sur  ma  couche, 

Je  mddite  sur  toi  pendant  les  veilles  de  la  nuit. 

8  Car  tu  es  mon  secours, 

Et  je  suis  dans  I'allegresse  .\  I'ombre  de  tes  ailes. 

9  Mon  ame  est  attachee  ;\  toi, 
Ta  droite  me  soutient. 

10  Mais  eux,  mes  ojneiiits,  cherchent  a  m'oter  la  vie  : 
lis  iront  dans  les  profondeurs  de  la  terre. 

11  On  les  livrera  au  glaive, 

Ils  seront  la  proie  des  chacals. 

12  Et  le  roi  se  rejouira  en  Dieu; 
Quiconque  jure  par  lui  se  glorifiera, 
Car  la  bouche  des  menteurs  sera  fermde. 


LIBER  PSALMORUM. 


121 


anima  mea  :  quoniam  ab  ipso  pa- 
tientia  mea.  7.  Quia  ipse  Deus  mens, 
et  salvator  meus :  adjutor  meus,  non 
emigrabo.  8.  In  Deo  salutare  meum, 
et  gloria  mea  :  Deus  auxilii  mei,  et 
spes  mea  in  Deo  est.  9.  Sperate  in 
eo  omnis  congregatio  populi,  effun- 
dite  coram  illo  corda  vestra  :  Deus 
adjutor  noster  in  asternum. 

10.  Verumtamen  vani  filii  homi- 
num,  mendaces  filii  hominum  in 
stateris  :  ut  decipiant  ipsi  de  vani- 
tate  in  idipsum.  11.  Nolite  sperare 
in  iniquitate,  et  rapinas  nolite  con- 
cupiscere  :  divitias  si  affluant,  nolite 
cor  apponere.  12.  Semel  locutus  est 
Deus,  duo  base  audivi,  quia  potestas 
Dei  est,  13.  et  tibi  Domine  miseri- 
cordia  :  "quia  tu  reddes  unicuique 
juxta  opera  sua. 

— :;:—    PSALM  US    LXII.    — :;:— 

Exsul  se  in  Dei  laudibus  consolatur  : 
praedicit  hostiiim  ruinam. 

1.  Psalmus  David, 

Cum  esset  in  deserto  Idumasa^. 
(i  Re^.  22,  5.) 


EUS  Deus  meus  ad  te  de 
luce  vigilo.  "Sitivit  in  te 
anima  mea,  quam  multi- 
pliciter  tibi  caro  mea,  3,  In 
terra  deserta,  et  invia,  et  inaquosa  : 
sic  in  sancto  apparui  tibi,  ut  vide- 
rem  virtutem  tuam,  et  gloriam 
tuam.  4,  Quoniam  melior  est  mise- 
ricordia  tua  super  vitas  :  labia  mea 
laudabunt  te.  5.  Sic  benedicam  te  in 
vita  mea  :  et  in  nomine  tuo  levabo 
manus  meas.  6.  Sicut  adipe  et  pin- 
guedine  repleatur  anima  mea  :  et  la- 
biis  exsultationis  laudabit  os  meum. 
7.  Si  memor  fui  tui  super  stratum 
meum,  in  matutinis  medi tabor  in 
te  :  8.  quia  fuisti  adjutor  meus.  Et 
in  velamento  alarum  tuarum  exsul- 
tabo,  9.  adhassit  anima  mea  post  te  : 
me  suscepit  dextera  tua.  10.  Ipsi 
vero  in  vanum  quassierunt  animam 
meam,  introibunt  in  inferiora  ter- 
ras :  II.  tradentur  in  manus  gladii, 
partes  vulpium  erunt.  12.  Rex  vero 
lastabitur  in  Deo,  laudabuntur  om- 
nes  qui  jurant  in  eo  :  quia  obstru- 
ctum  est  OS  loquentium  iniqua. 


"Supra  41, 


9.  Peiiple,  la  partie  du  peuple  restee  fidele 
k  David. 

10.  La  seconde  partie  du  verset  est  mal 
coupee  et  mal  traduite  dans  la  Vulg. 

12-13.  Une  parole...  ces  deux  paroles  :  \o- 
cution  hebraique  (comp.  Prov.  vi,  16;  xxx, 
15,  18,  al.)  dont  le  sens  est  :  Dieu  a  dit  et 
j'ai  entendu  ces  deux  choses,  savoir  :  il  est 
puissant,  il  est  bon.  Le  Psalmiste  presente 
cette  double  verite  comme  une  revelation 
divine  imprimee  dans  sa  conscience  par  le 
spedlacle  de  la  Providence  de  Dieu  dans 
I'ordre  moral.  Au  mechant  qui  r^siste  a  sa 
volonte,  il  fait  sentir  sa  puissance  par  le 
chatiment;  au  juste  qui  le  sert,  il  fait  sentir 
sa  bont^  par  la  recompense. 

PSAUME  LXIII. 

2.  O  Dieu.,  hebr.  Elohim  :  la  redaflion 
primitive  portait  sans  do\i\.&  Jehovah  :  voy. 
la  note  de  Ps.  xlii,  2.  —  Mon  dme...  ma 
chair.^  I'homme  tout  entier.  —  Da7is  une 
lerre  aride.,  etc.,  image,  dans  la  pensde  du 
Psalmiste,  de  la  desolation  de  son  ame  loin 
du  sandluaire  de  son  Dieu. 


3.  Cest  attisi,  anime  des  memes  d^sirs, 
que  souvent  je  t'ai  visite  dans  ton  sandluaire, 
pour  mediter  tes  infinies  perfecflions. 

5.  Ainsi  :  meme  sens  qu'au  vers.  3.  — 
y'e'leveral  mes  mains  :  geste  de  la  priere. 

6.  De  moelle  et  de  graisse,  symboles  des 
benedidlions  divines  [Deut.  xxxii,  \^;  Jer. 
xxxi,  14)  :  ces  mots  doivent  etre  pris  au 
figure. 

10.  Les  profondeurs  de  la  terre,  le  scheol, 
s^jour  des  ames  apres  la  mort. 

11.  Chacals  (Vulg.  rena?-ds),  animaux  qui 
devorent  les  cadavres  :  comp.  II  Satn. 
xviii,  8. 

12.  Le  rot,  David  retabli  sur  son  trone. 
—  Jure  par  ha,  par  Dieu  {Deut.  vi,  13),  le 
Dieu  d'Israel  et  de  David,  et  reconnait  sa 
toute-puissance.  —  Se  glorifiera  :  les  faits 
lui  montreront  la  justice  de  cette  reconnais- 
sance et  de  cet  hommage.  —  La  bouche  des 
nieitteurs  qui,  en  refusant  I'obeissance  k 
I'oint  du  Seigneur,  se  sont  par  la  meme  re- 
voltes  contre  Dieu. 


122 


DEUXifiME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  Ixiv. 


PSAUME   LXIV   (VULG.  LXIIl\ 

Nvironne  de  pieges  et  de  calomnies,  David  implore  le  secours  de  Dieu  (vers.  2-7); 
il  voit  ses  ennemis  frappes  d'un  chatiment  divin,  qui  remplit  les  hommes  de  ter- 
SIJ  reur  et  les  justes  de  joie  (8-1 1).  Ce  Psaiime  parait  se  rapporter  a  la  persecution  de 
Saiil.  Les  Peres  en  ont  fait  Tapplication  au  Messie,  poursuivi  par  la  haine  et  les  calomnies 
des  Juifs. 

'  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  O  Dieu,  ecoute  ma  voix,  quand  je  fais  entendre  mes  plaintes; 
Defends  ma  vie  contre  un  ennemi  qui  m'epouvante; 

3  Protege-moi  contre  les  complots  des  malfaiteurs, 
Contre  la  troupe  soulevee  des  hommes  iniques, 

4  Qui  aiguisent  leurs  langues  comme  un  glaive, 

Qui  preparent  leurs  fleches  —  leur  parole  amere !  — 

5  Pour  les  decocher  dans  I'ombre  contre  I'innocent  : 

lis  les  decochent  contre  lui  a  I'improviste,  sans  rien  craindre. 

6  II  s'affermissent  dans  leurs  desseins  pervers, 
lis  se  concertent  pour  tendre  leurs  pieges; 
lis  disent  :  "  Qui  les  verra?" 

7  lis  ne  meditent  que  forfaits  : 

"  Nous  sommes  prets,  diseni-ils,  notre  plan  est  bien  dresse." 
L'intdrieur  de  I'homme  et  son  coeur  sont  un  abime ! 

8  Mais  Dieu  a  lance  sur  eux  ses  traits  : 
Soudain  les  voilk  blesses  ! 

9  lis  sont  jetes  par  terre;  les  traits  de  leur  langue  retombent  sur  eux  ! 
Tous  ceux  qui  les  voient  branlent  la  tcte ! 

10  Tous  les  hommes  sont  saisis  de  crainte; 
lis  publient  I'ceuvre  de  Dieu, 

lis  comprennent  ce  qu'il  a  fait. 

11  Le  juste  se  rejouit  en  Jdhovah  et  se  confie  en  lui; 
Tous  ceux  qui  ont  le  coeur  droit  se  glorifient. 

PSAUME   LXV   (VULG.  LXIV). 


Ps.  Ixv. 


^^^E  peuple  rassemble  autour  du  sandluaire  de  Sion  remercie  Dieu  de  ses  bienfaits  : 
d'abord  du  pardon  des  peches  (vers.  2-5);  ensuite  des  biens  physiques  qu'il  repand 
sur  tous  les  peuples,  et  surtout  sur  Israel,  qu'il  protege  contre  les  nations  ido- 
latres  (6-9);  enfin  de  I'abondance  de  la  recolte  (10-14). 

Delitzsch  et  d'autres  placent  la  composition  du  Psaume  sous  Ezechias,  au  printemps 
de  la  y  annee  apres  I'exteimination  des  Assyriens  {Is.  xxxi,  30).  Mais  rien  n'oblige  a 
contredire  le  titre,  qui  I'attribue  k  David.  Ce  roi  I'aurait  compose  pour  la  fete  des  Taber- 
nacles, et  nous  montrerons  que  tous  les  details  conviennent  bien  h.  celte  circonstance. 

^  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David.  Cantique. 

2  A  toi  est  due  la  louange,  6  Dieu,  dans  Sion; 
On  accomplit  les  voeux  qu'on  te  fait. 

3  O  toi,  qui  ecoutes  la  pricre, 
Tous  les  hommes  viennent  h.  toi. 

4  Un  amas  d'iniquites  pesait  sur  mol  : 
Tu  pardonnes  nos  transgressions. 

5  Heureux  celui  que  tu  choisis  et  que  tu  admets  en  ta  presence, 
Pour  c[u'il  habite  dans  tes  parvis ! 

Puissions-nous  etre  rassasies  des  biens  de  ta  maison, 
De  ton  saint  temple  ! 


PSAUME  LXIV. 

4.  Qui  aigtcisent  :  de  bons  manuscrits  de 
la  Vulg.  lisent  qui  (comme  dans  I'hebr.  et 
les  LXX)  au  lieu  de  qtiia.  —  Preparent, 


\\\.t.  foule?tt  du  pied  leurflcche.  Pour  bander 
un  arc,  les  anciens  appuyaient  le  pied  des- 
sus  :  d'ou  la  locution,  fouler  un  arc,  et  par 
extension  fouler  une  Jlhhe. 


LIBER  PSALMORUM. 


123 


— :i:—    PSALMUS   LXIII.   — *— 

Implorat  Dei  opem  contra  inimicos  : 
peribunt  et  laetabitur  Justus. 

I.  In  finem,  Psalmus  David. 
^XAUDl  Deus  orationem 
meam  cum  deprecor  :  a 
timore  inimici  eripe  ani- 
mam  meam.  3.  Protexisti 
me  a  conventu  malignantium  :  a 
multitudine  operantium  iniquita- 
tem.  4.  Quia  exacuerunt  ut  gladium 
linguas  suas  :  intenderunt  arcum 
rem  amaram,  5.  "ut  sagittent  in  oc- 
cultis  immaculatum.  6.  Subito  sa- 
gittabunt  eum,  et  non  timebunt  : 
firmaverunt  sibi  sermonem  nequam. 
Narraverunt  ut  absconderent  la- 
queos  :  dixerunt  :  Quis  videbit  eos.^ 
7.  Scrutati  sunt  iniquitates  :  defe- 
cerunt  scrutantesscrutinio.  Accedet 
homo  ad  cor  altum  : 

8.  Et  exaltabitur  Deus.  Sagittas 
parvulorum  factae  sunt  plagae  eo- 


rum  :  9.  et  infirmitatas  sunt  contra 
eos  linguas  eorum.  Conturbati  sunt 
omnes  qui  videbant  eos  :  10.  et  ti- 
muit  omnis  homo.  Et  annuntiave- 
runt  opera  Dei  :  et  facta  ejus  intel- 
lexerunt.  11.  Lastabitur  justus  in 
Domino,  et  sperabit  in  eo,  et  lau- 
dabuntur  omnes  recti  corde. 

— *—    PSALMUS   LXIV.    — :;:— 

Deus  laudandus  propter  beneficia  quibus 
homines  cumulat. 

I,  In  finem,  Psalmus  David. 
Canticum  Hieremiae  et  Ezechie- 
lis    populo    transmigrationis,   cum 
inciperent  exire. 

]E  decet  hymnus  Deus  in 
Sion  :  et  tibi  reddetur  vo- 


tum  in  Jerusalem,  3.  Ex- 
audi  orationem  meam  :  ad 
te  omnis  caro  veniet.  4.  Verba  ini- 
quorum  praevaluerunt  super  nos  : 
et  impietatibus  nostris  tu  propitia- 
beris.   5.  Beatus,  quem  elegisti,  et 


5.  Dans  Vombre,  litt.  dans  des  cachettes. 
—  Sa7is  riefi  craindre,  ni  de  Dieu,  ni  des 
hommes. 

6.  Qui  les  verm  (comp.  x,  1 1 ;  lix,  7). 

7.  Nous  soinmes,  etc.  D'autres,  ils  sont 
prets,  leur plan,  etc.;  ou  bien,  z/s  exccutent 
tin  plati  bien  combine.  —  Un  abinie  de  per- 
versite  {Jer.  xvii,  9). 

Les  deux  derniers  membres  ne  presentent 
aucun  sens  dans  la  Vulg. ;  le  texte  meme 
n'en  est  pas  sur,  car  de  bons  manuscrits 
lisent  scrutinia  au  lieu  de  scruiinio,  et  et  cor 
au  lieu  de  ad  cor. 

8.  A  lance  :  passe  de  certitude,  pour  va 
lancer.  La  Vulg.  apres  les  LXX  ayant  lu 
autrement  traduit  :  et  Dieu  sera  exalte;  les 

Jleches  des  insotses  (hebr.  pethaim  au  lieu 
de  pitheom)  sotit  devenues  leurs  blessures, 
ils  se  sont  percds  de  leurs  propres  fleches. 

9.  lis  sont  renverses,  litt.  on  le  (pour 
les)  precipite  :  ott,  una  force  superieure  au 
service  de  Dieu,  que  le  Psalmiste  ne  de- 
termine pas  :  comp.  Ltic,  xii,  20.  D'au- 
tres autrement.  Vulg.,  leurs  langues  redui- 
tes  a  Vimpuissance  se  sont  retournees  cen- 
tre eux.  —  Branlent  ou  secouent  la  tete  : 
geste  d'etonnement,  mele  d'approbation  et 
de  raillerie. 

II.  Se  glorifietit,  s'applaudissent  de  s'etre 
attaches  fidelement  a  Dieu  (Le  Hir). 


PSAUME  LXV. 

r.  La  Vulg.  ajoute  au  titre  :  caniique  de 
JeWniie  et  d'Eze'chiel  pour  le  peuple  de  la 
captivite,  lorsqu'il  commeriqa  a  partir  :  ces 
mots  ne  se  trouvent  ni  dans  les  LXX  ni 
dans  le  Syriaque;  on  sait  d'ailleurs  que  Je- 
remie  n'alla  jamais  a  Babylone,  et  qu'Eze- 
chiel  mourut  tres  probablement  avant  le 
retour  des  exiles. 

2.  Est  due,  ou  convientj  c'est  ainsi  que 
les  LXX  et  la  Vulg.  traduisent  I'hebr.  dou- 
niiah.  D'autres  avec  S.  Jerome  :  le  silejice 
est  ta  louange :  I'ame  qui  se  met  en  presence 
de  Dieu,  penetree  et  comme  effrayee  de  ses 
infinies  perfecflions,  ne  trouve  pas  d'abord 
de  paroles  pour  exprimer  tout  ce  qu'elle  de- 
couvre  et  tout  ce  qu'elle  sent.  Delitzsch, 
comparant  Ps.  Ixii,  i,  entend  par  doutniah 
la  soumission  interieure. 

3.  Qui  ecoutes  la  pricre  :  par  opposition 
aux  idoles  sourdes  et  muettes  {Ps.  cxv,  4-7; 
cxxxv,  16).  —  Tous  les  homines,  litt.  toute 
chair  :  I'homme  designe  par  sa  partie  la 
plus  fragile.  —  Vien/iefit  a  toi,  comme  h. 
leur  supreme  refuge. 

5.  Tes  parvis...  ton  saijit  temple  :  I'em- 
phase  poetique  admet  ces  expressions  en 
parlant  du  tabernacle.  —  Rassasi^s,  com- 
bles  :  le  sancfluaire  est  la  maison  de  Dieu 


124 


DEUXifeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  Par  des  prodiges  ou  se  montre  ta  justice,  tu  nous  exauces,  Dieu  de  notre  salut, 
Espoir  des  extr^mitds  de  la  terre  et  des  mers  lointaines. 

7  —  II  afifermit  les  montagnes  par  sa  force, 
II  est  ceint  de  puissance; 

8  II  apaise  la  fureur  des  mers,  la  fureur  de  leurs  Acts, 
Et  le  tumulte  des  peuples.  — 

9  Les  habitants  des  pays  lointains  reverent  tes  prodiges, 
Tu  remplis  d'allegresse  I'Orient  et  I'Occident. 

10  Tu  as  visite  la  terre  pour  lui  donner  I'abondance, 
Tu  la  combles  de  richesses; 

La  source  divine  est  remplie  d'eau  : 

Tu  prepares  le  ble,  quand  tu  la  fertilises  ainsi. 

11  Arrosant  ses  sillons,  aplanissant  ses  mottes, 
Tu  I'amollis  par  des  ondees, 

Tu  benis  ses  germes. 

12  Tu  couronnes  I'annee  de  tes  bienfaits, 
Sur  tes  pas  ruisselle  la  graisse. 

13  Les  paturages  du  desert  sont  abreuves, 
Et  les  collines  se  revetent  d'allegresse. 

14  Les  prairies  se  couvrent  de  troupeaux, 
Et  les  vallees  se  parent  d'epis; 

Tout  se  rejouit  et  chante. 


PSAUME   LXVI   (VULG.  LXV). 

E  Psaume  est  un  chant  d'acftions  de  graces  k  la  suite  d'une  grande  vicfloire,  peut-etre 
rextermination  de  I'armee  de  Sennacherib.  Auteur  inconnu.  II  se  divise  en  deux  par- 
ties :  dans  la  F^,  I'auteur  parle  au  pluriel,  au  nom  du  peuple  (vers.  1-13);  dans  la  2^, 
au  nom  du  grand  pretre  entrant  dans  le  temple  pour  offrir  des  sacrifices  k  Jehovah  (14-20). 

Ps.  Ixvi.  ^  AU  maitre  de  chant.  Cantique.  Psaume. 

Pousse  vers  Dieu  des  cris  de  joie,  terre  entiere! 

2  Chantez  la  gloire  de  son  nom, 
Celebrez  ses  louanges  magnifiquement ! 

3  Dites  h.  Dieu  :  "  Que  tes  oeuvres  sont  redoutables ! 

A  cause  de  ta  toute-puissance,  tes  ennemis  te  flattent. 

4  Que  toute  la  terre  se  prosterne  devant  toi  et  chante  en  ton  honneur! 
Ou'elle  chante  ton  nom  !  "  —  Se7a. 

5  Venez  et  contemplez  les  grandes  oeuvres  de  Dieu ! 

II  est  redoutable  dans  ses  desseins  sur  les  fils  de  I'homme. 

6  II  a  change  la  mer  en  une  terre  seche, 
On  a  passe  le  fleuve  h.  pied; 

Alors  nous  nous  rejouimes  en  lui. 

7  II  regne  eternellement  par  sa  puissance; 
Ses  yeux  observent  les  nations  : 

Que  les  rebelles  ne  s'elcvent  point !  —  Si'/a. 

8  Peuples,  benissez  notre  Dieu, 
Faites  retentir  sa  louange  ! 

9  II  a  conserve  la  vie  k  notre  ame, 

Et  n'a  pas  permis  que  notre  pied  chancelat. 

10  Car  tu  nous  as  eprouves,  6  Dieu, 

Tu  nous  as  fait  passer  au  creuset,  comme  I'argent. 

11  Tu  nous  as  conduits  dans  le  filet, 

Tu  as  mis  sur  nos  reins  un  pesant  fardeau. 


dans  laquelle,  comme  un  hote  magnifi- 
que,  il  regoit  ses  amis  et  les  comble  de 
ses  biens. 

8.  //  apaise  :  les  versions"(ayant  lu  pro- 
bablement   scJiabats   au    lieu   de  schabacli) 


disent  tout  le  contraire  :  //  trouble,  il  agite 
les  profondeurs  des  mers,  etc. 

Si,  comme  le  pense  Delitzsch,  le  Psaume 
a  etd  compose  sous  Ezechias,  on  pent  voir 
ici  une  imitation  d'lsaie,  vii,  12-14. 


LIBER  PSALMORUM. 


125 


assumpsisti  :  inhabitabit  in  atriis 
tuis.  Replebimur  in  bonis  domus 
tuae  :  sanctum  est  templum  tuum, 

6,  Mirabile  in  asquitate.  Exaudi 
nos  Deus  salutaris  noster,  spes  om- 
nium finium  terras,  et  in  mari  longe. 
7,  Prasparans  montes  in  virtute  tua, 
accinctus  potentia  :  8.  qui  conturbas 
profundum  maris,  sonum  fluctuum 
ejus.  Turbabuntur  gentes,  9.  et  ti- 
mebunt  qui  habitant  terminos  a  si- 
gnis  tuis :  exitus  matutini  et  vespere 
delectabis. 

10.  Visitasti  terram,  et  inebriasti 
earn  :  multiplicasti  locupletare  earn. 
Flumen  Dei  repletum  est  aquis,  pa- 
rasti  cibum  illorum  :  quoniam  ita 
est  praeparatio  ejus.  11.  Rivos  ejus 
inebria,  multiplica  genimina  ejus  : 
in  stillicidiis  ejus  lastabitur  germi- 
nans.  12.  Benedices  coronas  anni 
benignitatis  tuas  :  et  campi  tui  re- 
plebunturubertate.  13.  Pinguescent 
speciosa  deserti  :  et  exsultatione 
colles  accingentur.  14.  Induti  sunt 
arietes  ovium,  et  valles  abundabunt 
frumento  :  clamabunt,  etenim  hym- 
num  dicent. 


*7« 


— :i^    PSALMUS   LXV.    — *— 

Hortatio  ad  laudandum  Deum  ob  ejus 
mirabilia  opera  et  beneficia. 

I.  In  finem, 

Canticum  Psalmi  resurrectionis. 

UBILATE  Deo  omnis 
terra,  2.  Psalmum  dicite 
nomini  ejus  :  date  gloriam 
laudi  ejus.  3.  Dicite  Deo, 


quam  terribilia  sunt  opera  tua  Do- 
mine!  in  multitudine  virtutis  tuae 
mentientur  tibi  inimici  tui.  4.  Om- 
nis terra  adoret  te,  et  psallat  tibi  : 
psalmum  dicat  nomini  tuo. 

5.  Venite,  et  videte  opera  Dei  : 
terribilis  in  consiliis  super  filios 
hominum.  6.  Qui  convertit  mare  in 
aridam,  in  flumine  pertransibunt 
pede  :  ibi  lastabimur  in  ipso.  7.  Qui 
dominatur  in  virtute  sua  in  aster- 
num,  oculi  ejus  super  gentes  respi- 
ciunt  :  qui  exasperant  non  exalten- 
tur  in  semetipsis. 

8.  Benedicite  gentes  Deum  no- 
strum :  et  auditam  facite  vocem 
laudis  ejus,  9.  qui  posuit  animam 
meam  ad  vitam  :  et  non  dedit  in 
commotionem  pedes  meos.  i  o.^Ouo- 
niam  probasti  nos  Deus  :  igne  nos 
examinasti,  sicut  examinatur  ar- 
gentum.    11.   Induxisti   nos  in  la- 


"  Prov.  17, 


10.  Four  lui  donner  (litt.  et  tu  lui  donties) 
Vabondance.  Le  Hir  et  d'autres  :  et  tu  re- 
pands  stir  elle  les  pluies.  —  La  source  di- 
vine, ou  le  ruisseati  divin,  c'est  la  rosee  et 
la  pluie  que  Dieu  fait  tomber  sur  le  sol  pour 
le  fdconder. 

12.  Tu  couronnes,  etc.  :  I'annee  entiere 
a  ete  une  serie  non  interrompue  de  bien- 
faits.  —  Sur  tes  pas,  litt.  dans  tes  ornieres, 
les  ornieres  du  char  sur  lequel  Dieu  est 
cense  parcourir  le  pays. 

13.  Les  collines  personnifiees  (comp. 
Ps.  xcvi,  II  sv.  xcviii,  7  sv.  Is,  xliv,  23; 
xlix,  13)  :  leur  luxuriante  verdure  est  com- 
paree  k  une  parure  joyeuse  qui  revet  leurs 
flancs  jadis  denudes. 

PSAUME  LXVI. 

I.  Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent,  de  la 
resurre^ion  :  ce  mot  indique  le  sens  spiri- 
tuel  du  Psaume,  lequel  exprime  la  recon- 


naissance des  elus  au  jour  de  la  resurreeflion. 

2.  Celebrez,  etc. ;  litt.  places  gloire  sa 
louange,  c.-k-d.  offrez-Iui  une  glorieuse 
louange;  d'autres  autrement.  Vulg.,  donnez 
gloire  a  sa  loiiange. 

3.  Te  flat  tent,  t'adressent  des  hommages 
peu  sinceres,  que  I'effroi  leur  arrache. 

4.  Ce  voeu  ne  sera  realise  que  dans  les 
temps  messianiques. 

5.  Les  grandes  ceuvres  de  Dieu,  ce  qu'il  a 
fait  en  faveur  de  son  peuple  a  partir  de  la 
sortie  d'Egypte.  —  Ses  desseins,  plus  exac- 
tement  son  a^lion,  so7i  gouvernenient. 

6.  La  nier  Rouge.  -  -  Lejleuve  du  Jour- 
dain  {/os.  iii,  14,  16). 

7.  //  regne,  etc.  Son  regne  est  sans  fin; 
il  peut  renouveler  en  notre  faveur  les  mer- 
veilles  passees.  —  Ses yeux  observent,  pour 
recompenser  ou  punir.  —  Ne  s'elevent point, 
ne  se  croient  pas,  dans  leur  fol  orgueil,  a 
I'abri  de  tes  vengeances. 


126 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


12  Tu  as  fait  marcher  cles  hommes  sur  nos  tetes; 
Nous  avons  passe  par  le  feu  et  par  I'eau; 
Mais  tu  nous  en  as  tires  pour  nous  conduire  au  sein  de  I'abondance. 

13  Je  viens  dans  ta  maison  avec  des  holocaustes, 
Pour  m'acquitter  envers  toi  de  mes  voeux, 

14  Que  mes  levres  ont  proferes, 
Que  ma  bouche  a  prononces  au  jour  de  ma  detresse. 

15  Je  t'offre  des  brebis  grasses  en  holocauste, 
Avec  la  fumee  des  beliers; 
J'immole  le  taureau  et  le  jeune  bouc.  —  Sela. 

16  Venez,  ecoutez,  et  je  vous  raconterai,  a  vous  tous  qui  craignez  Dieu, 
Ce  qu'il  a  fait  a  mon  ame. 

17  J'ai  crie  vers  lui  de  ma  bouche, 
Et  sa  louange  etait  sur  ma  langue. 

18  Si  j'avais  vu  I'iniquite  dans  mon  coeur, 
Le  Seigneur  ne  m'exaucerait  pas. 

19  Mais  Dieu  m'a  exauce, 
II  a  etd  attentif  h.  la  voix  de  ma  priere. 

20  Beni  soit  Dieu, 
Qui  n'a  pas  repousse  ma  priere, 
Et  n'a  pas  eloign^  de  moi  sa  grace ! 

PSAUME   LXVII   (VULG.  LXVl). 

[E  cantique,  sans  nom  d'auteur,  traite  un  sujet  analogue  a  celui  du  Ps.  Ixv  :  le 
Psalmiste  remercie  Dieu  de  ses  bienfaits  en  general,  et  en  particulier  de  la  rdcolte, 
ij^%3l  et  il  invite  tous  les  peuples  k  s'unir  a  cette  aflion  de  graces.  Dans  sa  pensee,  cette 
heureuse  rdcolte  est  pour  Israel  I'accomplissement  de  la  benediction  divine  donnee  a  ses 
peres  Lev.  xxvi,  4,  benedi(flion  qui  doit  se  communiquer  par  lui  a  toutes  les  nations  de  la 
terre. 

Au  sens  spirituel,  ce  cantique,  dit  Theodoret,  annonce  Tincarnation  du  Verbe  divin 
et  le  salut  apportd  par  lui  a  tous  les  peuples. 

Ps.  Ixvii.  ^  AU  maitre  de  chant.  Avec  instruments  a  cordes.  Psaume.  Cantique. 

2  Que  Dieu  nous  soit  favorable  et  qu'il  nous  benisse! 
Qu'il  fasse  luire  sur  nous  sa  face,  —  i^cla. 

3  Afin  que  Ton  connaisse  sur  la  terre  ta  voie, 
Et  parmi  toutes  les  nations  ton  salut! 

4  Que  les  peuples  te  louent,  6  Dieu, 
Que  les  peuples  te  louent  tous! 

5  Que  les  nations  se  rejouissent,  qu'elles  soient  dans  I'allegresse! 
Car  tu  juges  les  peuples  avec  droiture, 

Et  tu  conduis  les  nations  sur  la  terre.  —  Sdla. 

6  Que  les  peuples  te  louent,  6  Dieu, 
Que  les  peuples  te  louent  tous! 

7  La  terre  a  donne  ses  produits ; 
Que  Dieu,  notre  Dieu  nous  benissel 

8  Que  Dieu  nous  benisse, 

Et  que  toutes  les  extr^mites  de  la  terre  le  reverent! 


PSAUME    LXVIII   (VULG.  LXVIl). 


AR  sa  magnificence  poetique  et  le  caradlere  archaique  du  style,  ce  Psaume  rappelle 
le  cantique  de  Debora.  L'opinion  la  plus  probable  en  place  la  composition  apres 
Wi  la  longue  et  terrible  guerre  que  David  soutint  centre  les  Ammonites  et  les  Syriens. 
L'arche  avait  accompagne  I'armee  d'Israel;  la  vicftoire  remportee,  on  dut  la  ramener  a 
Jerusalem  et  la  replacer  dans  le  tabernacle  du  mont  Sion  (II  Sam.  xi,  11).  Ce  retour 


LIBER  PSALAIORUM. 


127 


queum,posuisti  tribulationes  in  dor- 
so  nostro  :  12.  imposuisti  homines 
super  capita  nostra.  Transivimus 
per  ignem  et  aquam  :  et  eduxisti 
nos  in  refrigerium. 

13.  Introibo  in  domum  tuam  in 
holocaustis  :  reddam  tibi  vota  mea, 
14.  quas  distinxerunt  labia  mea.  Et 
locutum  est  os  meum,  in  tribula- 
tione  mea.  15.  Holocausta  medul- 
lata  oiFeram  tibi  cum  incenso  arie- 
tum  :  offeram  tibi  boves  cum  hircis. 

16.  Venite,  audite,  et  narrabo, 
omnes  qui  timetis  Deum,  quanta 
fecit  animas  meae.  17.  Ad  ipsum  ore 
meo  clamavi,  et  exaltavi  sub  lingua 
mea.  18.  Iniquitatem  si  aspexi  in 
corde  meo,  non  exaudiet  Dominus. 

19.  Propterea  exaudiv^it  Deus,  et 
attendit    voci   deprecationis    meas. 

20.  Benedictus  Deus,  qui  non  amo- 
vit  orationem  meam,  et  misericor- 
diam  suam  a  me. 


— :>—     PSALM  US    LXVL    — :i=— 

Orat  ut  Deus  ab  omnibus  gentlbus  cogno- 
scatur  et  laudetur. 


.1. 

—  •  — 

•1* 


In  finem, 
I.  In   hymnis,  Psalmus  Cantici 
David. 

EUS  misereatur  nostri,  et 
benedicat  nobis  :  illumi- 
net  vultum  suum  super 
nos,  et  misereatur  nostri. 
3.  Ut  cognoscamus  in  terra  viam 
tuam  :  in  omnibus  gentibus  saluta- 
re  tuum. 

4.  Confiteantur  tibi  populi  Deus  : 
confiteantur  tibi  populi  omnes. 

5.  Laetentur  et  exsultent  gentes  : 
quoniam  judicas  populos  in  asqui- 
tate,  et  gentes  in  terra  dirigis. 

6.  Confiteantur  tibi  populi  Deus  : 
confiteantur  tibi  populi  omnes  : 

7.  Terra  dedit  fructum  suum. 
Benedicat  nos  Deus,  Deus  noster, 
8.  benedicat  nos  Deus  :  et  metuant 
eum  omnes  fines  terr«. 


12.  Tu  as  fait  marcher  :  tu  nous  as  fait 
ecraser  sous  les  pieds  des  chevaux  :  image 
de  la  plus  horrible  calamite.  Sur  plusieurs 
monuments  de  I'ancienne  Egypte  on  trouve 
represente  un  conquerant  poussant  son 
char  de  guerre  sur  ses  ennemis  couches 
par  terre. 

15.  Lafiimee,  la  graisse  des  beliers  brulee 
sur  I'autel. 

17.  De  ma  boiiche.,  non  seulement  du  fond 
du  coeur,  mais  a  haute  voix,  avec  force.  — 
Sa  loieange  etait  dejk  sur  ma  langice,  tant 
j'etais  siar  d'etre  exauce. 

18.  Si  favais  vie,  si  j'avais  eu  con- 
science d'avoir  gravement  offense  Dieu ;  ou 
bien,  si  j^avais  eit  en  vice,  si  j'avais  forme 
dans  mon  coeur  le  dessein  de  commettre 
I'iniquit^. 


19.  Mais,  on  ?iVQc\2iY\.\\g.,c'est  pourquoi, 
parce  que,  au-dessous  de  ma  priere,  il  y 
avait  un  coeur  pur. 

PSAUME   LXVII. 

2.  Qii^il  fasse  liiire,  etc.  :  qu'il  nous  ac- 
corde  sa  faveur.  Comp.  Nombr.  iv,  24,  26. 

3.  Ta  voie,  ta  conduite  dans  le  monde,  la 
realisation  progressive  de  tes  desseins,  pour 
le  salid,  non  seulement  d'Israel,  mais  aussi 
de  toutes  les  nations. 

5.  Til  condiiis  les  nations  dans  les  voies 
que  ta  sagesse  leur  a  assigne'es. 

7.  ^es  prodiiitsj\>\x\g.,  son  fruit :  dans  le 
sens  spirituel,  le  Messie,  Sauveur  du  monde. 


v*^  v*^  v^^  v*^ 


128 


DEUXI^ME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


triomphal  est  le  sujet  du  cantique;  mais  I'enthousiasme  de  I'auteur  deborde  bien  au-dela 
de  ce  cadre ;  il  y  fait  entrer  toute  Thistoire  passee  et  future  d'Israel.  L'auguste  char  part, 
non  pas  de  Rabbath-Ammon,  mais  du  Sinai,  et  traverse  le  desert  en  vainqueur  pour 
arriver  sur  la  colline  de  Sion,  que  Jehovah  s'est  choisie  pour  demeure;  puis,  jetant  un 
coup  d'oeil  sur  I'avenir,  le  Psalmiste  aperqoit  tous  les  peuples  idolatres  reprdsentes  par 
I'Egypte  et  I'Ethiopie,  qui  viennent  rendre  hommage  au  Dieu  d'Israel. 

Le  veritable  sujet  du  Psaume  est  done  la  vi(floire  du  Dieu  d'Israel  sur  le  monde. 
L'auteur  debute  par  les  paroles  qui  servaient  de  signal  au  depart  de  I'arche  dans  la  tra- 
versee  du  desert  (vers.  2);  apres  un  court  developpement  de  ces  paroles  (3-4),  il  rappelle 
les  principales  merveilles  que  Dieu  opera  alors  en  faveur  de  son  peuple  (5-15),  puis  le 
choix  qu'il  fit  de  la  colline  de  Sion  pour  y  etablir  son  sancluaire  (16-17);  il  decrit  ensuite 
la  ceremonie  elle-meme  (18-28),  et  demande  a  Dieu  d'achever  son  oeuvre,  c.-a-d.  de  sou- 
mettre  tous  les  peuples  k  son  empire  (29-32);  il  conclut  par  une  louange  h.  Jehovah  (33-36). 

S.  Paul  {EpJies.  iv,  8)  applique  ce  cantique  a  Jesus-Christ  remontant  au  ciel,  ou  il 
reqoit  les  hommages  de  I'humanite  rachetee  par  son  sang. 

Ps.  Ixviii.  lAU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David.  Cantique. 

2  Que  Dieu  se  leve,  et  que  ses  ennemis  soient  disperses, 
Et  que  ceux  qui  le  haissent  fuient  devant  sa  face! 

3  Comme  se  dissipe  la  fumee,  dissipe-les; 
Comme  la  cire  se  fond  au  feu, 

Que  les  inechants  disparaissent  en  face  de  Dieu! 

4  Mais  que  les  justes  se  rejouissent  et  tressaillent  devant  Dieu; 
Ou'ils  soient  transportes  d'allegresse! 

5  Chantez  a  Dieu,  celebrez  son  nom! 

Frayez  le  chemin  a  celui  qui  s'av-ance  a  travers  les  plaines! 
Jehovah  est  son  nom;  tressaillez  devant  lui! 

6  II  est  pere  des  orphelins  et  juge  des  veuves, 
Notre  Dieu  dans  sa  sainte  demeure. 

7  Aux  abandonnes  Dieu  donne  une  maison; 

II  delivre  les  captifs  et  les  rend  au  bonheur; 
Mais  les  rebelles  restent  au  desert  briilant. 

8  O  Dieu,  quand  tu  sortais  k  la  tete  de  ton  peuple, 
Ouand  tu  t'avan^ais  dans  le  desert,  —  Scla. 

9  La  terre  fut  ebranlee, 

Les  cieux  eilx-memes  se  fondirent  devant  Dieu, 
Le  Sinai  trcmbla  devant  Dieu,  le  Dieu  d'Israel. 

10  Tu  fis  tomber,  6  Dieu,  une  pluie  de  bienfaits  sur  ton  heritage; 
II  etait  dpuise,  tu  le  reconfortas. 

11  Envoyes  par  toi,  des  animaux  vinrent  s'y  abattre; 

C'est  ainsi  que  ta  bonte  prepare  leur  aliment  aux  malheureux. 

12  Le  Seigneur  a  fait  entendre  sa  parole; 

Les  femm.es  qui  annoncent  la  vicloire  sont  une  troupe  nombreuse. 

13  "  Les  rois  des  armees  fuient,  fuient, 

Et  celle  qui  habite  la  maison  partage  le  butin.  " 

14  Quand  vous  etiez  couches  au  milieu  des  bercails, 
Les  ailes  de  la  colombe  etaient  reconvenes  d'argent, 
Et  ses  plumes  brillaient  de  I'eclat  de  Tor. 

15  Lorsque  le  Tout- Puissant  dispersait  les  rois  dans  le  pays, 
La  neige  tombait  sur  le  Selmon, 


PSAUME   LXVIII. 

5.  Chantez  :  I'invitation  est  adressee  au 
cortege  qui  accompagnait  I'arche.  —  A  tra- 
vers les  plaines,  les  steppes  oil  I'arche  doit 
passer  pour  revenir  a  Jerusalem  :  allusion 
aux  plaines  du  desert.  Vulg.,  ix  celui  qui 
nionte  sur  le  couc/iant,  le  monl  Sion,  situe 
k  I'occident  du  pays  des  Ammonites. 


6.  Juge,  qui  rend  justice,  defenseur.  —  Sa 
sainte  demeure,  le  tabernacle  du  mont  Sion. 

7.  Ce  que  Dieu  fait  maintenant  pour  nous, 
il  I'avait  fait  autrefois  pour  nos  peres,  aban- 
don/u's  et  captifs  en  Egypte,  en  leur  donnant 
une  maison,  un  pays  h.  eux,  une  patrie,  le 
pays  de  Chanaan.  D'autres,  comparant  ste- 
rilcin  in  donio  du  Ps.  cxiii,  9,  entendentpar 
maison,  non  une  habitation,  mais  une  fa- 


LIBER  PSALMORUM. 


129 


— :i:—    PSALM  US    LXVIL    —^- 

Cantus  triumphalis  quo  exaltatur  summa 
Dei  benignitas  et  providentia. 

In  finem, 
I.  Psalmus  Cantici  ipsi  David. 

XSURG AT  Deus,  et  dis- 
sipentur  inimici  ejus,  et 
fugiant  qui  oderunt  eum, 
a  facie  ejus.  3.  Sicut  defi- 
cit fumus,  deficiant  :  sicut  fluit  cera 
a  facie  ignis,  sic  pereant  peccatores 
a  facie  Dei.  4.  Et  justi  epulentur,  et 
exsultent  in  conspectu  Dei :  et  dele- 
ctentur  in  lastitia. 

5.  Cantate  Deo,  psalmum  dicite 
nomini  ejus  :  iter  facite  ei,  qui 
ascendit  super  occasum  :  Dominus 
nomen  illi.  Exsultate  in  conspectu 
ejus,  turbabuntur  a  facie  ejus,  6.  pa- 
tris  orphanorum,  et  judicis  vidua- 


rum.  Deus  in  loco  sancto  suo  : 
7.  Deus  qui  inhabitare  facit  unius 
moris  in  domo  :  qui  educit  vin- 
ctos  in  fortitudine,  similiter  eos, 
qui  exasperant,  qui  habitant  in  se- 
pulcris. 

8.  Deus  cum  egredereris  in  con- 
spectu populi  tui,  cum  pertransires 
in  deserto :  9.  terra  mota  est,  etenim 
coeli  distillaverunt  a  facie  Dei  Sinai, 
a  facie  Dei  Israel.  10.  Pluviam  vo- 
luntariam  segregabis  Deus  heredi- 
tati  tuas  et  infirmata  est,  tu  vero 
perfecisti  earn.  11.  Animalia  tua 
habitabunt  in  ea  :  parasti  in  dulce- 
dine  tua  pauperi,  Deus. 

12.  Dominus  dabit  verbum  evan- 
gelizantibus,  virtute  multa.  13.  Rex 
virtutum  dilecti  dilecti  :  et  speciei 
domus  dividere  spolia.  14.  Si  dor- 
miatis  inter  medios  cleros,  pennas 
columbas  deargentatas,  et  posteriora 
dorsi  ejus  in  pallore  auri.  15.  Dum 


mille.  — Les  rebelles,  les  Hebreux  qui  mur- 
murerent  centre  Dieu  et  se  revolterent  cen- 
tre Moise  :  ils  perirent  dans  le  desert  {Hebr. 
iii,  17). 

9.  Se  fondirent :  le  Psalmiste  decrit  par 
ce  mot,  la  tempete,  accompagnee  peut-etre 
de  torrents  de  pluie,  qui  environnait  la  mon- 
tagne  pendant  que  Dieu  parlait  a  Mo'ise. 
Le  Hir  :  les  cieux  firent  toinber  de  devant 
Dieu  la  inafine.  —  Le  Sinai ^  litt.  ce  Sittai 
(hebr.  ze  Sinai)  est  probablement  une  glose 
inseree  plus  tard, 

10.  Pluie  de  bienfaits,  plus  exaftement  de 
ge'ne'rosite's  :  soit  I'ensemble  des  benedic- 
tions que  Dieu  repandit  sur  le  sol  de  Cha- 
naan  {Deut.  xi,  1 1-14),  soit  plutot  les  moyens 
miraculeux  par  lesquels  Dieu  nourrit  les 
Hebreux  dans  le  desert  :  manne,  cailles, 
eau  du  rocher. 

1 1 .  Allusion  aux  cailles  qui  vinrent  s'abat- 
tre  dans  le  camp  des  Hebreux  {Exod.  xvi). 
Telle  est  I'explication  de  Le  Hir,  La  plu- 
part  traduisent  :  ton  troupeau  (Israel.  Comp. 
Ps.  Ixxiv,  19;  Mich,  vii,  14)  etablit  sa  demeure 
dans  le  pays;  tu  prc'pares  dans  ta  bontc  aux 
fnalheureu.x,  tu  pourvois  aux  besoins  de  ce 
peuple  encore  pauvre  et  faible. 

Suit  I'histoire  de  la  conquete. 

12.  Sa  parole,  une  parole  de  commande- 
ment  :  Dieu  commande  le  combat  et  en 
meme  temps  la  vi(51.oire  des  Hebreux.  — 
Les  feiiiuics,  messageres  et  chantres  du 
triomphe,  comme  Marie  {Exod.  xv,  20), 
comme   Debora  (/«^.  v)   :  comp.   I  Sam. 

N°  23,  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.  —  Q 


xviii,  6.  Le  vers.  13  renferme  I'expression 
de  leur  message  et  de  leur  chant. 

13.  Comp.  Jug.  V,  3,  19,  30.  Fuient,  hebr. 
tddodoun,  de  nadad.  Les  LXX  et  la  Vulg. 
font  venir  ce  mot  de  iadad,  aimer,  et  le  tra- 
duisent par  dilefli  (gen.  sing.),  ce  qui  ne 
donne  aucun  sens.  —  Celle  qui  habile  la 
viaison,  qui  y  reste  :  la  femme,  surtout  en 
Orient ;  les  guerriers  lui  apportent  les  dc- 
pouilles  de  I'ennemi  (II  Sam.  i,  24). 

14.  Couches  au  milieu  des  bercails,  des 
pares  ou  sont  enferme's  les  troupeaux  :  image 
de  la  paix  et  du  repos.  —  La  colombe  est  le 
peuple  hebreu  {Os.  vii,  ii;  xi,  11);  I'argent 
et  I'or  qui  brille  sur  ses  ailes  figurent,  soit 
les  richesses  du  sol,  soit  les  depouilles  pri- 
ses a  I'ennemi. 

15. -Le  Selinon  {Jug.  ix,  48)  est  une  petite 
montagne  pres  de  Sichem,  au  centre  de  la 
Palestine.  L'interpretation  de  ce  second 
membre  reste  douteuse ;  presque  chaque 
exegete  a  la  sienne.  Delitzsch  :  la  neige 
brillait  (litt.  il  neigeait)  sur  le  Selmon  : 
cette  montagne,toutecouvertedes  depouilles 
(armes,  objets  precieux)  des  fugitifs,  brillait 
comme  si  la  neige  y  etait  tombde  :  voy.  dans 
Hoiliere  (//.  xix,  357  sv.)  une  comparaison 
analogue.  —  Patrizi  rapporte  les  vers.  14-15 
a  Debora  (comp.  Jug.  v,  16)  qui  etait  de  la 
tribu  d'Ephraim  :  quand  vous  eties  couches, 
etc.,  il  y  avait  une  colombe  aux  ailes  cou- 
vertes  d'or  et  d'argent  dont  Dieu  se  servit 
pour  disperser  les  rois  de  Chanaan,  et  qui 
etait  blanche  et  pure  comme  le  Selmon  cou- 


130 


DEUXifeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


1 6  Montagne  de  Dieu,  montagne  de  Basan, 
Montagne  aux  cimes  elev^es,  montagne  de  Basan, 

17  Pourquoi  regardez-vous  avec  envie,  montagnes  aux  cimes  elevdes, 
La  montagne  que  Dieu  avoulue  pour  sdjoui? 
Oui,  Jehovah  y  habitera  k  jamais! 
Le  char  de  Dieu,  ce  sont  cles  milliers  et  des  milliers; 
Le  Seigneur  vient  du  Sinai  dans  son  sanfluaire. 
Tu  montes  sur  la  hauteur,  emmenant  la  foule  des  captifs; 
Tu  regois  les  presents  des  hommes, 
Meme  les  rebelles  habiteront  pres  de  Jehovah  Dieu! 


18 


19 


20  Beni  soit  le  Seigneur! 

Chaque  jour  il  porte  notre  fardeau; 
II  est  le  Dieu  qui  nous  sauve.  —  Sela. 

21  Dieu  est  pour  nous  le  Dieu  des  delivrances; 
Jehovah,  le  Seigneur,  peut  retirer  de  la  mort. 

22  Oui,  Dieu  brisera  la  tete  de  ses  ennemis, 

Le  front  chevelu  de  celui  qui  marche  dans  I'iniquite. 

23  Le  Seigneur  a  dit  "  Je  les  ramenerai  de  Basan, 
Je  les  ramenerai  du  fond  de  la  mer, 

24  Afin  que  tu  plonges  ton  pied  dans  le  sang, 

Et  que  la  langue  de  tes  chiens  ait  sa  part  des  ennemis." 

25  On  voit  ta  marche,  6  Dieu, 

La  marche  triomphale  de  mon  Dieu,  de  mon  roi,  vers  le  sanefluaire. 

26  En  avant  sont  les  chanteurs,  puis  les  musiciens; 
Au  milieu,  des  jeunes  fiUes  battant  du  tambourin. 

27  "  Benissez  Dieu  dans  les  assemblees, 
Bcnissez  le  Seigneur,  descendants  d'Israel." 

28  Voici  Benjamin,  le  plus  petit,  qui  domine  sur  eux; 
Void  les  princes  de  Juda  avec  leur  troupe, 

Les  princes  de  Zabulon,  les  princes  de  Nephthali. 

29  Commande,  6  Dieu,  a  ta  puissance, 
Affermis,  6  Dieu,  ce  que  tu  as  fait  pour  nous. 

y:>  A  ton  sancfluaire  qui  s\'lcve  au-dessus  de  Jerusalem, 
Les  rois  t'offriront  des  presents. 

31  Menace  la  bete  des  roseaux, 

La  troupe  des  taureaux  et  les  troupeaux  des  peuples, 
Afin  cju'ils  se  prosternent  avec  des  pieces  d'argent. 
Disperse  les  nations  qui  se  plaisent  aux  combats! 

32  Que  les  grands  viennent  de  I'Egypte, 

Que  I'Ethiopie  s'empresse  de  tendre  les  mains  vers  Dieu. 


vert  de  neige.  —  Le  Hir  joint  le  vers.  15 
aux  suivants  :  le  Selmon  se  presenta  aux 
regards  d'Israel  comme  une  belle  et  haute 
montagne,  puisqu'il  etait  convert  de  neige, 
bien  supdrieure  a  la  coUine  de  Sion  ;  et  ce- 
pendant  c'est  cette  derniere  que  Dieu  choi- 
sit  pour  y  dtablir  son  sandluaire.  —  Cook 
conjecture  que  ce  verset  (comme  le  13^)  est 
extrait  textuellement  d'un  ancien  chant,  ce 
qui  explique  la  difticulte  que  nous  avons  k. 
comprendre  I'allusion  renfermee  dans  les 
paroles. 

Dans  les  vers.  16-17,  ^^  Psalmiste  fait 
ressortir  la  gloire  du  mont  Sion  choisi  de 
Dieu  pOur  y  etablir  son  sandluaire. 

16.  Montague  de  Dieu,  ainsi  appelee  a 
cause  de  son  (Elevation  :  pourtant  Dieu  lui 
preferera  pour  sejour  la  petite  coUine  de 
Sion.  D'autres  traciuisent,  })io/i/ag>ie  des 
dieux,  sur  les  sommets  de  lacjuelle  les  faus- 


ses  divinites  avaient  leurs  sandluaires.  — 
Montagne  de  Basan,  k  I'E.  du  Jourdain,  au 
S.  de  I'Hermon. 

17.  Pouj-quoi,  etc.  Le  Hir,  avec  la  Vulg.  : 
pourquoi,  6  Israelites,  regardez-vous  ces 
viont agues  aux  cimes  nonibreuses?  Ce  n'est 
point  elles,  c'est  Sion  que  Dieu  a  choisie. 

Puis  Jehovah  reprend  possession  de  son 
sancftuaire. 

18.  Des  milliers  d'anges  {Matt/i.  xxvi,  53) 
forment  ou  entourent  le  char  divin.  Litt., 
deux  7>iyriades  de  niille  redoubles.  Delitzsch  : 
les  chars  (litt.  le  char,  pris  coUecflivement) 
de  Dieu,  qui  forment  I'armee  celeste  de 
Jehovah,  sont  des  vtilliers,  etc.  —  Le  Sei- 
gneur 7'ient  du  Sinai,  en  lisant  avec  beau- 
coup  de  critiques  modernes  ba  mi  Sinai,  au 
lieu  de  bam  etc. 

19.  Sur  la  hauteur  de  Sion.  —  Emme- 
nant la/oule  des  captifs,  image  de  I'enticre 


LIBER  PSALMORUM. 


131 


discernit  coelestis  reges  super  earn, 
nive  dealbabuntur  in  Selmon  : 

1 6.  Mons  Dei,  mons  pinguis, 
Mons  coagulatus,  mons  pinguis  : 
17.  ut  quid  suspicamini  montes 
coagulates?  Mons,  in  quo  benepla- 
citum  est  Deo  habitare  in  eo  :  et- 
enim  Dominus  habitabit  in  finem. 
I  8,  Currus  Dei  decern  millibus  mul- 
tiplex, millia  lastantium  :  Dominus 
in  eis  in  Sina  in  sancto.  19.  Ascen- 
disti  in  altum,  cepisti  captivitatem  : 
''accepisti  dona  in  hominibus  :  et- 
enim  non  credentes,  inhabitare  Do- 
minum  Deum. 

20.  Benedictus  Dominus  die  quo- 
tidie  :  prosperum  iter  faciet  nobis 
Deus  salutarium  nostrorum.  2 1  .Deus 
noster,  Deus  salvos  faciendi  :  et  Do- 
mini, Domini  exitus  mortis.  22.  Ve- 
rumtamen  Deus  confringet  capita 
inimicorum  suorum  :  verticem  ca- 
pilli  perambulantium  in  delictis 
suis.  23.  Dixit  Dominus  :  Ex  Basan 


convertam,  convertam  in  profun- 
dum  maris  :  2^.  ut  intingatur  pes 
tuus  in  sanguine  :  lingua  canum 
tuorum  ex  inimicis,  ab  ipso. 

25.  Viderunt  ingressus  tuos  Deus, 
ingressus  Dei  mei  :  regis  mei  qui  est 
in  sancto.  26.  Prasvenerunt  princi- 
pes  conjuncti  psallentibus,  in  me- 
dio juvencularum  tympanistriarum. 
27.  In  ecclesiis  benedicite  Deo  Do- 
mino, de  fontibus  Israel.  28.  Ibi 
Benjamin  adolescentulus,  in  mentis 
excessu.  Principes  Juda,  duces  eo- 
rum  :  principes  Zabulon,  principes 
Nephthali. 

29.  Manda  Deus  virtuti  tuae  : 
confirma  hoc  Deus,  quod  operatus 
es  in  nobis.  30.  A  templo  tuo  in 
Jerusalem,  tibi  offerent  reges  mu- 
nera.  31.  Increpa  feras  arundinis, 
congregatio  taurorum  in  vaccis  po- 
pulorum :  ut  excludant  eos,  qui  pro- 
bati  sunt  argento.  Dissipa  gentes, 
qu£e  bella  volunt  :  32.  *venient  le-    *is.  19,21. 


soumission  des  ennemis.  —  Tu  repots,  etc. 
S.  Paul  {Ephes.  iv,  8)  applique  ce  verset  a 
I'ascension  de  Jesus-Christ;  mais,  au  lieu 
de  reqois,  il  dit  (conime  le  Targum  et  la 
version  Syriaque)  :  tu  domies  des  presents 
aux  hommes.  Le  Hir  :  "  L'arche  represente 
I'humanite  de  Notre-Seigneur  s'elevant  au 
ciel  au  jour  de  I'ascension  et  trainant  cap- 
tifs  les  princes  des  t^nebres  {Col.  ii,  15). 
Tout  ce  qu'il  revolt,  il  le  reqoit  avec  son 
Eglise  a  laquelle  il  le  donne.  C'est  le  sens 
que  S.  Paul  donne  a  ce  verset.  " 

20.  Ilporte  notre  fardeau  (comp.  Is.  Iiii,4), 
il  nous  aide  i  triompher  des  ennemis  qui 
nous  entourent.  Vulg.,  il  nous  fait  jin  che- 
min  prospere. 

22.  Le  front  (litt,  le  sominet  de  la  tete) 
chevelic,  conime  celui  de  Samson,  d'Absa- 
lon  ;  symbole  de  jeunesse  et  de  force. 

23.  Vainement  les  ennemis  se  cacheraient 
dans  les  forets  de  Basan,  etc.,  Dieu  saurait 
les  y  atteindre. 

24.  Tu  plon^esj  ou,  en  lisant  thirchats, 
comme  a  fait  la  Vulg.,  tu  laves. 

Suit  une  description  du  cortege  qui  accom- 
pagne  l'arche. 

25.  La  inarche,  ou  le  cortege. 

26.  Chanteurs  (hebr.  schariin);  les  LXX 
et  la  Vulg.  ont  lu  sariin,  princes. 

27.  Be'nissez,  chantent-ils  :  allusion  au 
cantique  de  la  mer  Rouge.  —  Descendants^ 
litt.  %'ous  qui  ties  de  la  source,  d' Israel. 

28.  Le  plus  petit,  le  plus  jeune  des  fils  de 


Jacob.  —  Qui  do  mine  sur  eux,  sans  doute 
parce  que  le  premier  roi,  Saiil,  etait  sorti  de 
cette  tribu ;  peut-etre  aussi  parce  que  le 
sancftuaire  de  Sion  etait  sur  son  territoire 
{Dent,  xxxiii,  12).  D'autres,  qui  les  de'passe, 
qui  marche  au  premier  rang  dans  la  proces- 
sion. Vulg.,  toiit  hors  de  lui  (de  I'hebr. 
radain).  —  Leur  troupe,  Vulg.  leurs  chefs. 
Benjamin  et  Juda  representent  la  Palestine 
du  sud;  Zabulon  et  Nephthali  (nommes 
aussi  dans  le  cantique  de  Ddbora,  Jug. 
V,  18),  la  Palestine  du  nord. 

La  designation  distincfle  de  ces  tribus  est 
un  puissant  indice  que  le  Psaume  est  ante- 
rieur  au  schisme. 

29.  Toutes  les  anciennes  versions  ont  lu 
Dieu  au  lieu  de  ton  Dieu. 

30.  A  ton  san£luaire;  probablement  il 
faut  lire  dans  le  texte  hebreu  la  preposition 
b  au  lieu  de  m.  (Minocchi). 

31.  Menace,  frappe  d'epouvante,  la  bite 
des  roseaux,  le  crocodile  ou  I'hippopotame, 
symbole  de  I'Egypte  {Job,  xl,  16;  Is.  xxx,  6), 
la  plus  ancienne  ennemie  du  peuple  deDieu. 
—  La  troupe  des  taureaux,  les  princes,  et 
les  troupeaux  (litt.  les  veaux)  des  peuples,  la 
multitude  a  la  suite  des  chefs.  —  Qu'ils  se 
prosternent  devant  toi  et  t'offrent  des  tri- 
buts  en  argent. 

32.  Les  grands  ou  les  puissants;  litt.  les 
grasr^vXg.,  les  ainbassadeurs.  —  Viennent 
faire  leur  soumission,  te  reconnaitre  pour  le 
vrai  Dieu. 


132  DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


33  Royaumes  de  la  terre,  chantez  a  Dieu, 
Celebvez  le  Seigneur!  —  SMa. 

34  C/ianiez  a  celui  qui  est  porte  sur  les  cieux,  les  cieux  antiques. 
Voici  qu'il  fait  entendre  sa  voix,  sa  voix  puissante. 

35  Reconnaissez  la  puissance  de  Dieu! 
Sa  majeste  est  sur  Israel, 

Et  sa  puissance  est  dans  les  nuees. 

36  De  ton  sanduaire,  6  Dieu,  tu  es  redoutable! 

Le  Dieu  d'Israel  donne  k  son  peuple  force  et  puissance. 
Bdni  soit  Dieu! 

PSAUME   LXIX   (VULG.  LXVIIl). 


^^'E  Psaume  a  ete  compose  par  David  a  I'occasion  d'une  de  ses  persecutions;  mais 
I'auteur,  sous  I'influence  de  I'Esprit  de  Dieu,  peint  ses  souffrances  sous  des  traits 


^^^}  qui   n'ont  eu  leur  veritable  et  entier  accomplissement  que  dans  la  personne  du 


fm\ 


Messie  soufifrant.  Aussi  plusieurs  versets  de  ce  cantique  sont-ils  cites  dans  le  Nouveau 
Testament  et  appliques  au  Sauveur,  ce  qui  prouve  qu'il  n'y  avait  aucun  doute  a  cette  epoque 
sur  son  caradlere  messianique.  Comme  le  xxi^,  il  nous  revele  les  sentiments  intimes  de 
Jesus  pendant  sa  passion. 

Tableau  des  maux  qui  accablent  le  juste  (vers.  2-5);  il  prie  Dieu  de  lui  venir  en  aide, 
car  c'est  pour  sa  cause  qu'il  souffre  (6-13);  que  Dieu  se  hate  done  de  le  delivrer  (14-22); 
imprecations  prophetiques  contre  ses  persecuteurs  (23-29);  dans  la  confiance  qu'il  sera 
exaucd,  il  promet  a  Dieu  de  lui  rendre  des  adlions  de  graces  (30-34);  le  ciel  et  la  terre 
beniront  avec  lui  le  protecfleur  de  Sion  (35-37)' 

Ps.  Ixix.  lAU  maitre  de  chant.  Sur  les  lis.  De  David. 

2  Sauve-moi,  6  Dieu, 

Car  les  eaux  montent  jusqu'a  mon  ame. 

3  Je  suis  enfonce  dans  une  fange  profonde, 
Et  il  n'y  a  pas  oii  poser  le  pied. 

Je  suis  tombe  dans  un  gouffre  d'eau, 
Et  les  flots  me  submergent. 

4  Je  m'e'puise  k  crier;  mon  gosier  est  en  feu; 

Mes  yeux  se  consument  dans  Tattente  de  mon  Dieu. 

5  lis  sont  plus  nombreux  que  les  cheveux  de  ma  tete, 
Ceux  qui  me  haissent  sans  cause; 

lis  sont  puissants  ceux  qui  veulent  me  perdre, 

Qui  sont  sans  raison  mes  ennemis. 

Ce  que  je  n'ai  pas  d^robe,  il  faut  que  je  le  rende. 

6  O  Dieu,  tu  connais  ma  folic, 

Et  mes  fautes  ne  te  sont  point  cachees. 

7  Que  ceux  qui  esperent  en  toi  n'aient  pas  a  rougir  a  cause  de  moi, 
Seigneur,  Jehovah  des  armees  ! 

Que  ceux  qui  te  cherchent  ne  soient  pas  confondus  a  mon  sujet, 
Dieu  d'Israel ! 

8  Car  c'est  pour  toi  que  je  porte  I'opprobre, 
Que  la  honte  couvre  mon  visage. 

9  Je  suis  devenu  un  etranger  pour  mes  fr^res, 
Un  inconnu  pour  les  fils  de  ma  mere. 

10  Car  le  zele  de  ta  maison  me  devore, 

Et  les  outrages  de  ceux  qui  t'insultent  retombent  sur  moi. 

11  Je  verse  des  larmes  et  je  jeune  : 
On  m'en  fait  un  sujet  d'opprobre. 

12  Je  prends  un  sac  pour  vetement, 

Et  je  suis  I'objet  de  leurs  sarcasmes. 

13  Ceux  qui  sont  assis  a  la  porte  parlent  de  moi, 

Et  les  buveurs  de  liqueurs  fortes  font  sur  moi  des  chansons. 


■^2,-  C'est  par  le  Messie  et  dans  les  temps 


34.  Antiques  :  le  ciel  011  Dieu  habite  est 


messianiques  que  ce  voeu  sera  realise.  plus  ancien  que  les  cieux  crees  le  deuxicme 


LIBER  PSALMORUM. 


133 


gati  ex  i^gypto  :  ^Ethiopia  prasve- 
niet  manus  ejus  Deo. 

32'  Regna  terras,  cantate  Deo  : 
psallite  Domino  :  psallite  Deo, 
34.  qui  ascendit  super  coelum  coeli, 
ad  orientem.  Ecce  dabit  voci  suas  vo- 
cem  virtutis,  2S-  <^^te  gloriam  Deo 
super  Israel,  inagnificetitia  ejus,  et 
virtus  ejus  in  nubibus.  36.  Mirabi- 
lis  Deus  in  Sanctis  suis,  Deus  Israel 
ipse  dabit  virtutem,  et  fortitudinem 
plebi  suas,  benedictus  Deus. 

'MM'M  M  '^^  '^'.  :<$'•  w.  y^'.  w.  w.  'M  ^  :<?>:  5?):  m  m  'ss^  m  'm  n 

— :::—  PSALM  US   LXVIIL  — :>— 

Christus  patiens  orat  pro  salute  sua  et  ini- 
micorum  exitio;  promittit  Deum  laudare. 

I.  In  finem,  pro  iis,  qui  commu- 
tabuntur,  David. 

ALVUM  me  fac  Deus  : 

quoniam  intra  verunt  aquas 
usque  ad  animam  meam. 
3,  Infixus  sum  in  limo 
profundi  :  et  non  est  substantia. 
Veni  in  altitudinem  maris  :  et  tem- 
pestas  demersit  me.  4.  Laboravi  da- 
mans, raucae  factas  sunt  fauces  meae : 


defecerunt  oculi  mei,  dum  spero  in 
Deum  meum.  5.  Multiplicati  sunt 
super  capillos  capitis  mei,  ''qui  ode- 
runt  me  gratis.  Confortati  sunt  qui  "^Joann.is, 
persecuti  sunt  me  inimici  mei  inju-  '^^^ 
ste  :  quas  non  rapui,  tunc  exsolve- 
bam. 

6.Deustuscisinsipientiam  meam: 
et  delicta  mea  a  te  non  sunt  abscon- 
dita.  7.  Non  erubescant  in  me  qui 
exspectant  te  Domine,  Domine  vir- 
tutum.  Non  confundantur  super 
me  qui  quaerunt  te,  Deus  Israel. 
8.  Ouoniam  propter  te  sustinui  op- 
probrium :  operuit  confusio  faciem 
meam.  9.  Extraneus  factus  sum  fra- 
tribus  meis,  et  peregrinus  filiis  ma- 
tris  meae.  10.  *  Quoniam  zelus  do- 
mus  tua2  comedit  me  :  et  ^opprobria  *joann.  2, 
exprobrantium  tibi,  ceciderunt  su-    ^J- 

^  T-.  ^ '  Rom.  IS, 

per  me.  11.  Et  operui  m  jejunio  3. 
animam  meam  :  et  factum  est  in 
opprobrium  mihi.  12.  Et  posui  ve- 
stimentum  meum  cilicium  :  et  fa- 
ctus sum  illis  in  parabolam.  13.  Ad- 
versum  me  loquebantur  qui  sede- 
bant  in  porta  :  et  in  me  psallebant 
qui  bibebant  vinum. 


jour;  on  pourrait  traduire,  dternels.  Vulg., 
du  cote  lie  V  Orient. 

35.  Sa  majestt\  litt.  sa  inagiiificence , 
s'exerce  et  se  manifeste  sur  Israel,  par  la 
proteflion  dont  il  le  couvre,  les  graces  dont 
il  le  comble.  —  Sa  puissance  a  pour  theatre, 
non  seulement  la  terre,  mais  aussi  les  re- 
gions du  ciel. 

36.  De  ton  san^uaire  (litt.  tes  san^nai- 
7'es  :  pluriel  po^tique),  etc.  :  c'est  de  la  cjue 
Dieu  est  cense  deployer  sa  puissance  et 
operer  ses  prodiges. 

PSAUME  LXIX. 

I.  Sur  les  lis  :  voy.  Ps.  xlv,  i. 

3.  Et  il  n'y  a  pas,  litt.  de  point  d\ippui. 

4.  Mes  yeux  se  consuuient,  s'epuisent,  a 
force  de  regarder  si  Dieu  vient  me  se- 
courir. 

5.  Qui  7)ie  haissent  sans  cause  :  Notre- 
Seigneur  s'applique  ces  paroles  (comp. 
XXXV,  19)  Jean,  xv,  25.  —  Qui  sont  sans 
?'aison,  etc.  :  I'authenticite  de  ce  membre 
est  douteuse.  —  Ce  que  je  iCai  poitit  de- 
robe  :  locution  proverbiale,  pour  peindre 
I'injustice  de  ses  ennemis.  Comp.  II.  Sa7n. 
xvi,  8. 

6.  Ma  folic,  dans  le  sens  moral,  synonyme 


dQfautes.  Quand  David  parle  de  son  inno- 
cence, il  I'entend  toujours  vis-a-vis  de  ses 
persdcuteurs,  auxquels  il  n'a  donne  aucun 
sujet  de  le  hair;  mais,  du  cote  de  Dieu,  il 
reconnait  que  ses  malheurs  sont  le  juste 
chatiment  de  ses  peches.  Dans  I'applica- 
tion  au  Messie,  ces  peches  sont  les  iniqui- 
tes  des  hommes  qu'il  a  prises  sur  lui  pour 
les  expier. 

8.  Pour  toi,  pour  ta  cause.  Dans  le  sens 
le  plus  eleve,  ce  verset  convient  aussi  au 
Verbe  incarne,  venu  dans  le  monde  pour 
glorifier  son  Pere  en  reconciliant  avec  lui 
tous  les  hommes. 

9.  Com'p.  Jean,  i,  11  :  "  II  est  venu  chez 
les  siens,  et  les  siens  ne  I'ont  pas  regu.  " 

10.  S.  Jean  (ii,  17)  fait  I'application  du 
premier  membre  a  J^sus-Christ  chassant 
les  vendeurs  du  temple ;  le  second  lui  est 
applique  par  S.  Paul  {Rom.  xv,  3),  qui  en 
tire  pour  les  fideles  une  legon  de  patience 
et  d'abnegation. 

11-12.  Les  Juifs  ddnigraient  ainsi  de  parti 
pris  Notre-Seigneur  {Matth.  xi,  16  sv.). 

13.  Assis  a  la  parte  :  soit  les  magistrats 
et  les  juges  {Job,  v,  4),  soit  la  foule  oisive, 
qui  se  r^unissait  Ik  pour  apprendre  ou  debi- 
ter  des  nouvelles  (comp.  Ps.  ix,  15). 


134 


DEUXifeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


14  Et  moi,  je  t'adresse  ma  pri^re,  Jehovah,  dans  le  temps  favorable; 
O  Dieu,  dans  ta  grande  bontd  exauce-moi, 

Salon  la  verite  de  ton  salut. 

15  Retire-moi  de  la  boue,  et  que  je  n'y  reste  plus  enfonce; 
Que  je  sois  delivre  de  mes  ennemis  et  des  eaux  profondesi 

16  Que  les  flots  ne  me  submergent  plus, 
Que  I'abime  ne  m'engloutisse  pas, 
Que  la  fosse  ne  se  ferme  pas  sur  moi ! 

17  Exauce-moi,  Jehovah,  car  ta  bonte  est  compatissante; 
Dans  ta  grande  misericorde,  tourne-toi  vers  moi, 

18  Et  ne  cache  pas  ta  face  a  ton  serviteur; 

Je  suis  dans  I'angoisse,  hate-toi  de  m'exaucer. 

19  Approche-toi  de  mon  ame,  delivre-la; 
Sauve-moi  k  cause  de  mes  ennemis. 

20  Tu  connais  mon  opprobre,  ma  honte,  mon  ignominie; 
Tous  mes  persecuteurs  sont  devant  toi. 

21  L'opprobre  a  brise  mon  coeur  et  je  suis  malade; 
J'attends  de  la  pitie,  mais  envam; 

Des  consolateurs,  et  je  n'en  trouve  aucun. 

22  Pour  nourriture  ils  me  donnent  I'herbe  amere; 
Dans  ma  soif,  ils  m'abreuvent  de  vinaigre. 

23  Que  leur  table  soit  pour  eux  un  piege, 
Un  filet  au  sein  de  leur  securite  I 

24  Que  leurs  yeux  s'obscurcissent  pour  ne  plus  voir; 
Pais  chanceler  leurs  reins  pour  toujours. 

25  Deverse  sur  eux  ta  colere, 

Et  que  le  feu  de  ton  courroux  les  atteigne ! 

26  Que  leur  demeure  soit  devastee, 

Ou'il  n'y  ait  plus  d'habitants  dans  leurs  tentes! 

27  Car  ils  persecutent  celui  que  tu  frappes, 

Ils  racontent  les  souffrances  de  celui  que  tu  blesses. 

28  Ajoute  I'iniquite  a  leur  iniquite, 

Et  qu'il  n'aient  point  part  k  ta  justice. 

29  Qu'ils  soient  effaces  du  livre  de  vie, 

Et  qu'ils  ne  soient  point  inscrits  avec  les  justes. 

30  Moi,  je  sui^  malheureux  et  souffrant; 
Que  ton  secours,  6  Dieu,  me  releve ! 

31  Je  celebrerai  le  nom  de  Dieu  par  des  cantiques, 
Je  I'exalterai  par  des  a(flions  de  graces; 

32  Et  Jehovah  les  aura  pour  agreables 

Plus  qu'un  jeune  taureau  avec  cornes  et  sabots. 

33  Les  malheureux,  en  le  voyant,  se  rejouiront, 
Et  vous  qui  cherchez  Dieu,  votre  cceur  revivra. 

34  Car  Jehovah  ecoute  les  pauvres, 
Et  il  ne  mdprise  point  ses  captifs. 

35  Que  les  cieux  et  la  terre  le  celebrent, 
Les  mers  et  tout  ce  C[ui  s'y  meut! 

36  Car  Dieu  sauvera  Sion  [et  batira  les  villes  de  Juda], 
On  s'y  etablira  et  I'on  en  prendra  possession; 

37  La  race  de  ses  serviteurs  I'aura  en  heritage, 

Et  ceux  qui  aiment  son  nom  y  auront  leur  demeure. 


14.  Seloti  la  verite,  la  certitude  de  ion 
salut.  D'autres  partagent  un  peu  autre- 
ment  ce  verset  :  je  t'adresse  ma  priere  an 
temps  favorable  ct  caicse  de  ta  grande  bon- 
tej  exauce-moi  avec  ou  seloti  la  verite  de 
ton  salut. 

15.  Comp,  vers.  3. 

19.  De  mon  a  me,  de  moi.  —  A  cause  de 


vies  ennemis,  pour  qu'ils  ne  triomphent  pas 
de  la  chute  de  ton  serviteur. 

21.  L! opprobre,  etc.  LXX  et  Vulg.,  mon 
coeur  n'attend  (en  lisant  sabcrah  au  lieu  de 
schaberah)  que  l'opprobre  et  le  malheur. 

22.  L'herbe  amh'e  et  veneneuse  :  les  deux 
ideas  sont  connexesanhebreu.  Comp.J/a////. 
xxvii,  2)^;Jean,  xix,  28. 


LIBER  PSALMORUM. 


135 


14.  Ego  vero  orationem  meam 
ad  te  Domine  :  tempus  beneplaciti 
Deus.  In  multitudine  misericor- 
diae  tuae  exaudi  me,  in  veritate 
salutis  tuas  :  15.  eripe  me  de  luto, 
ut  non  infigar  :  libera  me  ab  iis, 
qui  oderunt  me,  et  de  profundis 
aquarum.  16,  Non  ne  demergat 
tempestas  aquas,  neque  absorbeat 
me  profundum  :  neque  urgeat  su- 
per me  puteus  os  suum.  17.  Ex- 
audi me  Domine,  quoniam  benigna 
est  misericordia  tua  :  secundum 
multitudinemmiserationum  tuarum 
respice  in  me.  18.  Et  ne  avertas  fa- 
ciem  tuam  a  puero  tuo  :  quoniam 
tribulor,velociter  exaudi  me.  19.  In- 
tende  animas  meas,  et  libera  eam  : 
propter  inimicos  meos  eripe  me. 
20.  Tu  scis  improperium  meum,  et 
confusionem  meam,  et  reverentiam 
meam.  21.  In  conspectu  tuo  sunt 
omnes  qui  tribulant  me,  imprope- 
rium exspectavit  cor  meum,  et  mi- 
seriam.  Et  sustinui  qui  simul  con- 
tristaretur,  et  non  fuit  :  et  qui  con- 

tth.27,  solaretur,  et  non  inveni.  22.  "'Et 
dederunt  in  escam  meam  fel  :  et  in 
siti  mea  potaverunt  me  aceto. 

m.  II,  23.  'Fiat  mensa  eorum  coram 
ipsis  in  laqueum,  et  in  retributiones, 
et  in  scandalum.  24.  Obscurentur 
oculi  eorum  ne  videant  :  et  dorsum 


eorum  semper  incurva.  25.  EfFunde 
super  eos  iram  tuam  :  et  furor  irae 
tuas  comprehendat  eos.  26.  ^Fiat  aa.(51.  i,  20. 
habitatio  eorum  deserta  :  et  in  ta- 
bernaculis  eorum  non  sit  qui  inha- 
bitet.  27.  Quoniam  quem  tu  per- 
cussisti,  persecuti  sunt  :  et  super 
dolorem  vulnerum  meorum  addi- 
derunt.  28.  Appone  iniquitatem 
super  iniquitatem  eorum  :  et  non 
intrant  in  justitiam  tuam.  29.  De- 
leantur  de  Libro  viventium  :  et 
cum  justis  non  scribantur. 

30.  Ego  sum  pauper  et  dolens  : 
salus  tua  Deus  suscepit  me.  3 1 .  Lau- 
dabo  nomen  Dei  cum  cantico  :  et 
magnificabo  eum  in  laude  :  32.  et 
placebit  Deo  super  vitulum  novel- 
lum:  cornua  producentem  et  ungu- 
las.  ;^2-  Videant  pauperes  et  laeten- 
tur :  quasrite  Deum,  et  vivet  anima 
vestra  :  34.  quoniam  exaudivit  pau- 
peres Dominus  :  et  vinctos  suos 
non  despexit. 

2S-  Laudent  ilium  coeli  et  terra, 
mare,  et  omnia  reptilia  in  eis. 
36.  Quoniam  Deus  salvam  faciet 
Sion  :  et  asdificabuntur  civitates  Ju- 
da.  Et  inhabitabunt  ibi,  et  heredi- 
tate  acquirent  eam.  37.  Et  semen 
servorum  ejus  possidebit  eam,  et 
qui  diligunt  nomen  ejus,  habitabunt 
in  ea. 


23.  Zeur  tabic ^  leurs  plaisirs,  leurs  pros- 
perites  :  le  mot  est  amene  par  le  vers.  22. 
— •  La  traducflion  :  an  sein  de  leitr  securite 
est  douteuse. 

24.  Que  leurs yeicx :  aveuglement  spirituel 
des  Juifs.  —  Chanceler  leurs  reins  (comp. 
Dan.  V,  6;  II  Esdr.  ii,  10),  de  maniere  qu'ils 
soient  sans  force,  et  par  suite  assujettis  aux 
autres  nations.  Comp.  Rom.  xi,  9  sv. 

26.  S.  Pierre  {^Ad.  i,  20)  applique  ce  verset 
k  Judas. 

28.  Ajoute  Piiu'quite :  sur  le  livre  ou  sont 
inscrites  les  aflions  des  hommes,  ne  cesse 
pas  d'ajouter  k  leur  compte  de  nouvelles 
iniquites  :  ce  qui  suppose  que  Dieu  ne  par- 
donnera  pas  les  anciennes,  et  que  ces  p^- 
cheurs,  endurcis  dans  le  mal,  ne  cesseront 
pas  d'en  commettre  de  nouvelles.  II  va  de 
soi,  d'ailleurs,  que  le  chatiment  repondra 
au  nombre  des  peches.  —  Et  quHls  liaient 
point  part  a  ta  justice^  qu'ils  ne  rentrent 
jamais  en  grace  avec  toi. 


29.  Effaces  dii  livre  de  vie,  rayes  du 
nombre  des  vivants.  Cette  expression  qui, 
dans  le  Nouv.  Testament,  se  rapporte  h.  la 
vie  eternelle,  semble,  dans  I'Ancien,  avoir 
un  rapport  immediat  avec  la  vie  presente. 

32.  Avec  comes  et  sabots  :  ces  mots  se 
rapportent  aux  conditions  legales  des  vic- 
times  k  immoler  au  sacrifice;  la  presence 
des  cornes  indique  un  animal  dans  toute  sa 
vigueur,  la  presence  des  sabots  un  animal 
pur  {Lev.  xi).  Sens  :  une  viflime  ayant  toutes 
les  qualites  requises.  Comp.  Ps.  li,  18  sv. 

34.  Ses  capt/fs,  ceux  qui  souffrent  perse- 
cution pour  sa  cause. 

36.  Sio7t :  dans  le  sens  spirituel,  I'Eglise, 
dont  Sion  etait  la  figure. 

Plusieurs  interpretes  conje6lurent  que  les 
vers.  35-37  auraient  ete  ajoutes  au  Psaume 
primitif  au  temps  de  la  captivitd;  mais  les 
raisons  alle'guees  ne  sont  pas  decisives,  sauf 
peut-etre  pour  les  mots,  et  bdtira  les  villes 
de  Jnda. 


136 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   LXX   (VULG.  LXIX). 

E  petit  Psaume  repioduit  k  pen  pr&s  litt^ralement  la  derniere  partie  du  Ps.  xl,  dont 
il  a  dte  detache  pour  un  usage  liturgique.  On  I'a  place  dans  le  Psautier  a  la  suite 
du  Ixixe,  h  cause  de  la  ressemblance  du  contenu  (comp.  vers.  6  avec  Ixix,  30). 

Ps.   XX.  ■^AU  maitre  de  chant.  De  David.  Pour  faire  souvenir. 

2  O  Dieu,  liate-toi  de  me  delivrer! 
Seigneur,  hdte-toi  de  me  secourir ! 

3  Qu'ils  soient  honteux  et  confus 
Ceux  qui  en  veulent  a  ma  vie ! 
Qu'ils  reculent  et  rougissent 
Ceux  qui  desirent  ma  perte  ! 

4  Qu'ils  retournent  en  arriere,  converts  de  honte, 
Ceux  qui  me  disent  :  "  Ah  !  ah  !  " 

5  Qu'ils  soient  dans  I'allegresse  et  se  rejouissent  en  toi 
Ceux  qui  te  cherchent ! 

Qu'ils  disent  sans  cesse  :  "  Gloire  au  Seigneur '', 
Ceux  qui  aiment  ton  salut ! 

6  Moi,  je  suis  pauvre  et  indigent  : 
O  Dieu,  hate-toi  vers  moi ! 

Tu  es  mon  aide  et  mon  liberateur  : 
Seigneur,  ne  tarde  pas  ! 

PSAUME   LXXI    (VULG.  LXX). 

E  cantique  est  en  grande  partie  compose  de  reminiscences  et  menie  de  citations 
dire(fles  de  plusieurs  Psaumes  precedents,  specialement  des  xxiie,  xxxie,  xxxve  et 
ij  xle.  II  n'a  pas  de  titre  en  hebreu ;  mais  celui  que  lui  donnent  les  LXX  et  la  Vulg. 
indique  probablement  sa  veritable  origine.  II  aurait  ete  redige  avec  des  paroles  de 
David  soit  par  Jeremie,  soit  par  I'un  des  Rechabites,  fils  de  Jonadab  (voy. //r.  xxxv), 
emmenes  en  captivitc  a  la  premiere  invasion  de  Nabuchodonosor.  L'auteur  parle  tantot 
en  son  propre  nom,  tantot  au  nom  des  captifs.  II  rappelle  h.  Dieu  le  secours  et  la  protec- 
tion qu'il  a  regus  de  lui  des  son  enfance  (vers.  1-8);  il  le  conjure  de  ne  pas  I'abandonner 
dans  sa  vieillesse  au  milieu  de  nombreux  ennemis  qui  en  veulent  a  sa  vie  (9-18);  il  promet 
en  reconnaissance  d'offrir  a  Dieu  des  cantiques  de  louanges  et  d'adions  de  graces  (19-24). 

1  En  toi,  Jdhovah,  j'ai  place  mon  refuge; 
Que  je  ne  sois  pas  confondu  a  jamais! 

2  Dans  ta  justice  delivre-moi  et  sauve-moi. 
Incline  vers  moi  ton  oreille  et  secours-moi! 

3  Sois  pour  moi  un  asile  inaccessible, 
Ou  je  puisse  toujours  me  retirer. 
Tu  as  command^  de  me  secourir, 
Car  tu  es  mon  rocher  et  ma  forteresse. 

4  Mon  Dieu,  delivre-moi  de  la  main  du  me'chant, 
De  la  main  de  I'homme  inique  et  cruel. 

5  Car  tu  es  mon  esperance,  Adonai  Jehovah! 
L'objet  de  ma  confiance  depuis  ma  jeunesse. 

6  C'est  sur  toi  que  je  m'appuie  depuis  ma  naissance, 
Toi  qui  m'as  fait  sortir  du  sein  maternel  : 
A  toi  mes  louanges  .\  jamais! 

7  Je  suis  pour  la  foule  comme  un  prodige, 
Mais  toi,  tu  es  mon  puissant  refuge. 

8  Que  ma  bouche  soit  pleine  de  ta  louange, 
Que  chaque  jour  elle  exalte  ta  magnificence! 

9  Ne  me  rejette  pas  aux  jours  de  ma  vieillesse; 
Au  declin  de  mes  forces  ne  m'abandonne  pas. 

10  Car  mes  ennemis  conspirent  contre  moi, 
Et  ceux  qui  epient  mon  anie  se  concertent  entre  eux, 

11  Disant  :  "Dieu  I'a  abandonne! 
Poursuivez-le,  saisissez-le;  il  n'y  a  personne  pour  le  defendre! " 


Ps.  Ixxi. 


I 


LIBER  PSALMORUM. 


137 


— :i:—    PSALMUS    LXIX.    — =;:— 

Oratio  ad  opem  Uei  petendam  in  magnis 
periculis. 


I.  In  finem,  Psalmus  David, 
In  rememorationem,  quod  salvum 
fecerit  eum  Dominus. 

fE^^^:^EUS  in  adjutorium  meum 
intende  :  Domine  ad  adju- 
vandummefestina.3.Con- 
^^j;  fundantur,  et  reverean- 
tur,  qui  quasrunt  animam  meam  : 
4.  avertantur  retrorsum,  et  erube- 
scant,  qui  volunt  mihi  mala  :  aver- 
tantur statim  erubescentes,  qui  di- 
cunt  mihi  :  Euge,  euge.  5.  Exsul- 
tent  et  lastentur  in  te  omnes  qui 
quasrunt  te,  et  dicant  semper  :  Ma- 
gnificetur  Dominus  :  qui  diligunt 
salutare  tuum.  6.  Ego  vero  egenus, 
et  pauper  sum  :  Deus  adjuva  me. 
Adjutor  meus,  et  liberator  meus  es 
tu  :  Domine  ne  moreris. 

"i^ws^-W-^.  "^d:  ^  'M  '^.  M '?»:  :^  ^:  ^  :^.  M  'n\  'M  ^  :^:  "^ 

— :i:—     PSALMUS    LXX.    — :i-^ 

Opem  Dei  implorat  adversus  persecutores; 
promittit  se  Deo  gratias  acflurum. 

I.  Psalmus  David, 

Filiorum  Jonadab,  et  priorum 
captivorum. 

]N  te  Domine  speravi,  non 
confundar  in  asternum  : 
2.  in  justitia  tua  libera 
me,  et  eripe  me.  Inclina 


rad  me  aurem  tuam,  et  salva  me. 
'3.Esto  mihi  inDeum  protectorem, 
et  in  locum  munitum  :  ut  salvum 
ime  facias,  quoniam  firmamentum 
■  meum,  et  refugium  meum  es  tu. 
4.  Deus  meus  eripe  me  de  manu 
peccatoris,  et  de  manu  contra  legem 
agentis  et  iniqui  :  5-  quoniam  tu  es 
patientia  mea  Domine  :  Domine 
spes  mea  a  juventute  mea.  6.  In  te 
confirmatus  sum  ex  utero  :  de  ven- 
tre matris  meae  tu  es  protector 
meus  :  in  te  cantatio  mea  semper  : 
7,  tamquam  prodigium  factus  sum 
multis  :  et  tu  adjutor  fortis.  8.  Re- 
pleatur  os  meum  laude,  ut  cantem 
gloriam  tuam  :  tota  die  magnitudi- 
nem  tuam. 

9.  Ne  projicias  me  in  tempore 
senectutis  :  cum  defecerit  virtus 
mea,  ne  derelinquas  me.  10.  Quia 
dixerunt  inimici  mei  mihi  :  et  qui 
custodiebant  animam  meam,  consi- 
lium fecerunt  in  unum,  11.  dicen- 
tes  :  Deus  dereliquit  eum,  persequi- 
mini,  et  comprehendite  eum  :  quia 
non  est  qui  eripiat.  12.  Deus  ne 
elongeris  a  me  :  Deus  meus  in  auxi- 
lium  meum  respice.  13.  Confun- 
dantur,  et  deficiant  detrahentes 
animas  mea^ :  operiantur  confusione, 
et  pudore  qui  quasrunt  mala  mihi. 

14.  Ego  autem  semper  sperabo  :  et 
adjiciam  super  omnem  laudemtuam. 

15.  Os  meum  annuntiabit  justitiam 
tuam  :  tota  die  salutare  tuum.  Quo- 
niam    non    cognovi    litteraturam, 

16.  introibo  in  potentias  Domini  : 


PSAUME  LXX. 

I.  Four  /aire  souve7tir :  xoy.  Ps.xxwm,  i. 
LXX  et  Vulg.,  en  souvenir  de  ce  que  Dieic 
le  sativa. 

Les  versets  suivants  sont  expliques  au 
Ps.  xl. 

PSAUME  LXXI. 

Titre  dans  les  LXX  et  la  Vulg.  :  Psauine 
de  David,  des  fils  de  Jonadab  et  des  premiers 
captifs. 

Les  vers.  1-3  sont  emprunte's  a  Ps. 
xxxi,  2-4. 

3.  Un  asile  inaccessible,  hebr.  ten  roc 
d'' habitation.  Les  versions  anciennes  ont  In 


un  peu  differemment  le  mot  hebreu  habita- 
tion, et  ont  traduit  :  un  a.s\\&forti/ie.  —  Tu 
as  cominandc  a  ta  puissance,  tu  as  resolu  de 
me  secourir- 

5.  Adonai,  c.-k-d.  Seigneur,  souverain 
maitre. 

6.  Qui  m  ^  as  fait  sortir,  h^br.  gozi,  de  gouz; 
ou  bien  avec  la  Vulg.,  qui  es  moTi  bienfai- 
teur,  d^  gazah.  Comp.  Ps.  xxii,  10. 

•j.'Un  prodige,  par  mes  ^preuves  et  mes 
cruelles  souft'rances.  Comp.  Is.  viii,  18; 
Zach.  iii,  8;  I  Cor.  iv,  9. 

8.  Comp.  Ps.  xl,  4. 

10.  (2,ui  tpient  mon  dme,  guettent  ma  vie. 


138 


< 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


12  O  Dieu,  ne  t'eloigne  pas  de  moi; 
Mon  Dieu,  hate-toi  de  me  secourir! 

13  Qii'ils  soient  confiis,  qu'ils  pdrissent, 
Ceiix  qui  en  veulent  h.  ma  vie! 

,  Qu'ils  soient  converts  de  honte  et  d'opprobre, 
Ceux  qui  cherchent  ma  perte! 

14  Pour  moi,  j'espererai  toujours; 

A  toutes  tes  louanges,  j'en  ajouterai  de  nouvelles. 

15  Ma  bouche  publiera  ta  justice, 
Et  tout  le  jour  tes  favours, 

Car  je  n'en  connais  pas  le  nombre. 

16  Je  dirai  tes  oeuvres  puissantes,  Adonai  Jehovah; 
Je  rappellerai  ta  justice,  la  tienne  seule. 

17  O  Dieu,  tu  m'as  instruit  des  ma  jeunesse, 

Et  jusqu'a  ce  jour  je  proclame  tes  merveilles. 

18  Encore  jusqu'a  la  vieillesse  et  aux  cheveux  blancs, 
O  Dieu,  ne  m'abandonne  pas, 

Afin  que  je  fasse  connaitre  /a  force  de  ton  bras  a  la  generation //w^/?/'^, 
Ta  puissance  k  la  generation  future. 

19  Ta  justice,  6  Dieu,  atteint  jusqu'au  ciel; 

Toi,  qui  accomplis  de  grandes  choses,  —  6  Dieu,  qui  est  semblable  a  toi? 

20  Toi  qui  nous  a  fait  eprouver  bien  des  detresses,  bien  des  souffrances; 
Mais  tu  nous  rendras  la  vie, 

Et  des  abimes  de  la  terre  tu  nous  feras  renionter. 

21  Tu  releveras  ma  grandeur, 

Et  de  nouveau  tu  me  con  soleras. 

22  Et  je  louerai  au  son  du  luth, 

Je  chanterai  ta  fidelite,  6  mon  Dieu, 

Je  te  celdbrerai  avec  la  harpe.  Saint  d' Israel. 

23  L'allegresse  sera  sur  mes  levres,  quand  je  te  chanterai, 
Et  dans  mon  ame,  que  tu  as  delivree. 

24  Et  ma  langue  chaque  jour  publiera  ta  justice, 
Tandis  qu'ils  seront  converts  de  honte  et  d'ignominie 
Ceux  qui  cherchent  ma  perte. 


rSAUME    LXXII    (VULG.  LXXl). 

E  cantique,  attribue  dans  le  titre  ^  Salomon,  porte  de  forts  indices  de  son  authen- 
ticite  :  le  style  ressemble  a  celui  des  Proverbcs,  et  differe  de  celui  des  Psaumes 
davidiques;  de  brillantes  images  empruntees  a  la  nature,  des  allusions  h  des  con- 
trees  lointaines,  a  une  domination  etendue  et  pacifique,  entin  un  ton  de  calme  et  sereine 
reflexion  caraflerisent  le  fils  de  David.  Salomon  le  composa  sans  doute  au  commencement 
de  son  regne.  C'est  une  priere,  destinee  peut-ctre  a  un  usage  liturgique,  dans  laquelle  le 
jeune  roi  demande  a  Dieu  de  benir  son  rcgne,  et  il  exprime  ses  loyales  et  pieuses  aspira- 
tions. Mais  le  langage  et  les  esperances  du  roi  theocratique,  de  I'oint  de  Jehovah, 
depassent  de  beaucoup  la  sphere  du  petit  souverain  de  Jerusalem ;  ils  ne  conviennent 
qu'^  une  royaute  qui  doit  etre  sans  limite  aussi  bien  dans  I'espace  que  dans  le  temps,  ^  la 
royaute  du  Messie,  dont  le  pacifique  Salomon  etait  la  figure. 

Ps.  Ixxii.  ^  De  Salomon. 

O  Dieu,  donne  tes  jugements  au  roi, 
Et  ta  justice  au  fils  du  roi. 

2  Qu'il  dirige  ton  peuple  avec  justice, 
Et  les  malheureux  avec  equite! 

3  Que  les  montagnes  produisent  la  paix  au  peuple, 
Ainsi  c[ue  les  collines,  par  la  justice. 

4  Qu'il  fasse  droit  aux  malheureux  de  son  peuple, 
Qu'il  assiste  les  enfants  du  pauvrc, 

Et  qu'il  dcrase  I'oppresseur! 

5  Qu'on  te  revere,  tant  que  subsistera  le  soleil, 
Tant  que  brillera  la  lune,  d'age  en  age! 


LIBER  PSALMORUM. 


139 


Domine  memorabor  justitiae  tuas 
solius.  17.  Deus  docuisti  me  a  ju- 
ventute  mea  :  et  usque  nunc  pro- 
nuntiabo  mirabilia  tua.  1  8.  Et  usque 
in  senectam  et  senium  :  Deus  ne 
derelinquas  me,  donee  annuntiem 
brachium  tuum  generation!  omni, 
quas  Ventura  est  :  potentiam  tuam, 
1 9.  Et  justitiam  tuam  Deus  usque 
in  altissima,  quas  fecisti  magnalia  : 
Deus  quis  similis  tibi?  20.  Quantas 
ostendisti  mihi  tribulationes  mul- 
tas,et  malas :  et  conversus  vivificasti 
me  :  et  de  abyssis  terras  iterum  re- 
duxisti  me  :  21.  multiplicasti  ma- 
gnificentiam  tuam  :  et  conversus 
consolatus  es  me.  22.  Nam  et  ego 
confitebor  tibi  in  vasis  psalmi  veri- 
tatem  tuam  :  Deus  psallam  tibi  in 
cithara,  sanctus  Israel.  23.  Exsulta- 
bunt  labia  mea  cum  cantavero  tibi  : 
et  anima  mea,  quam  redemisti. 
24.  Sed  et  lingua  mea  tota  die  me- 
ditabitur  justitiam  tuam  :  cum  con- 
fusi  et  reveriti  fuerint  qui  quasrunt 
mala  mihi. 


— :i:—    PSALM  US   LXXL    — :i:— 

Christi  regnum  justum,  pacificum  et  felix 
precatur. 


Psalmus, 
In  Salomonem. 
lEUS  judicium  tuum  regi 
da  :  et  justitiam  tuam 
filio  regis  :  judicare  po- 
pulum  tuum  in  justitia, 
et  pauperes  tuos  in  judicio.  3.  Sus- 
cipiant  montes  pacem  populo  :  et 
colles  justitiam.  4.  Judicabit  pau- 
peres populi,  et  salvos  faciet  filios 
pauperum:  et  humiliabit  calumnia- 
torem. 

5.  Et  permanebit  cum  sole,  et 
ante  lunam,  in  generatione  et  gene- 
rationem.  6.  Descendet  sicut  pluvia 
in  vellus  :  et  sicut  stillicidia  stillan- 
tia  super  terram.  7.  Orietur  in  die- 
bus  ejus  justitia,  et  abundantia  pa- 
cis  :  donee  auferatur  luna. 

8.  "Et  dominabitur  a  mari  usque 
ad  mare :  et  a  flumine  usque  ad  ter- 
minos  orbis  terrarum.  9.  Coram  illo 


"  Zach.  9, 


12.  Comp.  Ps.  xxii,  12,  20;  xl,  14. 

13.  Comp.  Ps.  XXXV,  4,  26. 

15.  Ta  justice  :  la  justice  de  Dieu  est 
I'attribut  sur  lequel  repose  tout  espoir  de 
salut;elle  seule  nous  donne  I'assurance  que 
Dieu  est  favorable  aux  justes  et  qu'il  tien- 
dra  ses  promesses  de  misericorde  et  de  par- 
don en  faveur  du  pecheur  repentant.  —  Le 
nonibre  :  le  mot  litteratura  de  la  Vulg-.  peut 
s'entendre  d'une  relation  ecrite  par  des  scri- 
bes, ou  d'annales  relatant  les  merveilles 
operees  par  Dieu  en  faveur  de  son  peuple. 

17-18.  Til  iii\is insh-uit,  tu  m'as  enseigne 
tes  voles.  — Je  proclatne  :  grace  a  tes  bien- 
faits,  j'ai  mati^re  k  proclamer  tes  merveil- 
les. —  A  la  getieraiio7i  presenter  Delitzsch, 
a  laposterite. 

19.  Atteitit  jiisqii\m  del :  elle  s'eleve  au- 
dessus  de  toutes  les  creatures,  de  toutes  les 
oeuvres  divines  accomplies  sur  la  terre. 

20.  Tu  nous  a  fait  eprouver  :  notes  ddsi- 
gne  le  Psalmiste  et  ses  freres  exiles  comme 
lui.  Le  qeri,  suivi  par  les  LXX  et  la  Vulg., 
met  le  singulier;  de  meme  pour  les  pronoms 
suivants. 

21.  Tu  releveras,  litt.  ///  viultiplicras. 
Vulg.,  tti  multiplier  as  les  oeuvres  de  ta 
grandeur,  tes  merveilles. 


22.  Saint  d^ Israel,  expression  inconnue  h. 
David,  mais  familiere  a  Isaie;  on  la  rencon- 
tre seulement  deux  fois  dans  les  Psaumes 
et  deux  fois  dans  Jeremie. 

PSAUME  LXXII. 

I.  Tes  jugenients,  ton  droit  de  juger;  ta 
Justice,  pour  juger  selon  I'e'quite.  Salomon, 
roi  et  fils  de  roi,  obtint  cette  grace;  mais  le 
Roi-Messie  en  eut  la  plenitude  :  "  Le  Fere, 
lisons-nousy^'c?//,  v,  22,  27,  a  donne  au  Fils 
le  jugement  tout  entier  ...  II  lui  a  donne  le 
pouvoir  de  juger,  parce  qu'il  est  fils  de 
I'homme."  £t  S.  Pierre  {Ad.  .x,  42)  :  "  Jesus 
de  Nazareth  a  ete  ^tabli  par  Dieu  juge  des 
vivants  et  des  morts.  " 

3.  Que  les  niontagnes  et  les  collines  :  ce 
qui  caraflerise  le  sol  montueux  de  la  Pales- 
tine, pour  la  Palestine  elle- meme.  —  Pro- 
duisent  pour  le  peuple  le  fruit  beni  de  la 
paix,  grace  au  regne  de  la  justice.  Comp. 
Is.  Iv,  i2;/ocl,  iii,  i8.  Vulg.,  1?/ que  les  col- 
lines produisent  la  Justice. 

5.  Qu'on  te  revere,  litt.  qu''on  te  craigne  : 
la  crainte  du  Seigtieur  comprend  tous  les 
devoirs  religieux  en  vers  lui.  Vulg.,  il  (le  roi) 
durera  taut  que,  etc. 


140 


DEUXIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  Qu'il  descende  comme  la  pluie  sur  le  gazon, 
Comme  I'ondee  qui  arrose  la  terre! 

7  Qu'en  ses  jours  le  juste  fleurisse, 

Avec  I'abondance  de  la  paix  jusqu'a  ce  que  la  lune  ait  cesse  d'exister! 

8  II  domiriera  d'une  mer  a  I'autre, 

Du  Fleuve  aux  extrdmit^s  de  la-terre. 

9  Devant  lui  se  prosterneront  les  habitants  du  desert, 
Et  ses  ennemis  mordront  la  poussiere. 

10  Les  rois  de  Tharsis  et  des  iles  paieront  des  tributs; 
Les  rois  de  Saba  et  de  Meroe  offriront  des  presents. 

11  Tous  les  rois  se  prosterneront  devant  lui; 
Toutes  les  nations  lui  seront  soumises. 

12  Car  il  d^livrera  le  pauvre  qui  crie  vers  lui, 
Et  le  malheureux  depourvu  de  tout  secours. 

13  II  aura  pitie  du  miserable  et  de  I'indigent, 
Et  il  sauvera  la  vie  du  pauvre. 

14  II  les  affranchira  de  I'oppression  et  de  la  violence, 
Et  leur  sang  aura  du  prix  a  ses  yeux. 

15  lis  vivront,  et  lui  donneront  de  Tor  de  Saba; 

lis  feront  sans  cesse  des  voeux  pour  lui,  lis  le  beniront  chaque  jour. 

16  Que  les  bles  abondent  dans  le  pays,  jusqu'au  sommet  des  montagnes! 
Que  leurs  epis  s'agitent  comme  les  arbres  du  Liban! 

Que  les  hommes  fleurissent  dans  la  ville  comme  Therbe  des 
champs! 

17  Que  son  nom  dure  k  jamais! 

Tant  que  brillera  le  soleil,  que  son  nom  se  propage! 

Qu'on  cherche  en  lui  la  benddicflion! 

Que  toutes  les  nations  le  proclament  heureux! 

18  Beni  soit  Jehovah  Dieu,  le  Dieu  d'Israel, 
Qui  seul  fait  des  prodiges! 

19  Beni  soit  h  jamais  son  nom  glorieuxl 

Que  toute  la  terre  soit  remplie  de  sa  gloire! 
Amen!  Amen! 

-"Fin  des  prieres  de  David,  fils  d'Isai. 


6.  QiiHl  descende  :  que  I'avenement  du  roi 
soit  comme  utte pluie,  la  chose  la  plus  ddsi- 
ree  en  Orient,  sur  le  gazon  recemment 
coup^.  Isaie  (xlv,  8)  compare  aussi  la  venue 
du  Messie  a  une  rosee  et  a  une  pluie  bien- 
faisante.  LXX  et  Vulg.,  sur  la  toison  :  allu- 
sion h  la  toison  de  Gedeon  {Jug.  vi,  37),  qui 
n'a  rien  a  faire  ici.  Les  Peres  voient  dans  ce 
verset  I'indication  du  cara(flere  pacifique  de 
la  venue  du  Sauveur  sur  la  terre. 

7.  Le  juste,  Vulg.  la  justice.  —  L\iboii- 
dance  de  la  pai.x  :  comp.  Luc.  ii,  14;  Is. 
ii,  3  sv.  — JusquW  ce  que  :  I'idee  d'un  roi 


dont  le  regne  doit  durer  jusqu'a  la  fin  des 
siecles  etait  done  presente  a  I'esprit  du  Psal- 
miste. 

8.  //  domi/io'a,  ou  qu^il  dominc,  de  la 
Mediterranee  a  la  mer  des  Indes,  et  de 
I'Euphrate,  etc.  :  c'etait  tout  le  monde  connu 
des  anciens.  La  souverainete  de  Salomon 
s'etendait  sur  les  peuplades  riveraines  de 
I'Euphrate. 

9.  Les  habitants  du  desert  (LXX  et  Vulg., 
les  EtJiiopicns),  probablement  les  nomades 
du  desert arabique,lequel  confinait  h  lamer 
Rouge  et  au  golfe  Elanilique. 


LIBER  PSALMORUM. 


141 


procident  T^thiopes :  et  inimici  ejus 
terram  lingent.  lo.  Reges  Tharsis, 
et  insulas  munera  ofFerent  :  reges 
Arabuni,  et  Saba  dona  adducent  : 

1 1.  Et  adorabunt  eum  omnes  reges 
terras  :  omnes  gentes  servient  ei  : 

12.  quia  liberabit  pauperem  a  po- 
tente  :  et  pauperem,  cui  non  erat 
adjutor.  i3.Parcet  pauperi  et  inopi: 
et  animas  pauperum  salvas  faciet. 
14.  Ex  usuris  et  iniquitate  redimet 
animas eorum:  et  honorabilenomen 
eorum  coram  illo.  15.  Et  vivet,  et 
dabitur  ei  de  auro  Arabian,  et  adora- 
bunt de  ipso  semper  :  tota  die  be- 
nedicent  ei. 


16.  Et  erit  firmamentum  in  terra 
in  summis  montium,  superextolle- 
tur  super  Libanum  fructus  ejus  :  et 
florebunt  de  civitate  sicut  foenum 
terras.  17.  Sit  nomen  ejus  benedi- 
ctum  in  sascula  :  ante  solem  perma- 
net  nomen  ejus.  Et  benedicentur  in 
ipso  omnes  tribus  terras  :  omnes 
gentes  magnificabunt  eum. 

18.  Benedictus  Dominus  Deus 
Israel,   qui    facit    mirabilia   solus  : 

19.  et  benedictum  nomen  majesta- 
tis  ejus  in  asternum  :  et  replebitur 
majestate  ejus  omnis  terra  :  fiat,  fiat. 

20.  Defecerunt  laudes  David  filii 
Jesse. 


10.  TJiarsis,  Tartessus,  colonic  pheni- 
cienne  sur  la  cote  mdridionale  d'Espagne. 
—  lies  :  les  Hebreux  appelaient  ainsi  les 
pays  riverains  de  la  Me'diterranee,  qu'ils  se 
figuraient  entoures  par  la  nier.  —  Saba  et 
Mifroe,  hebr.  Scheba  et  Seba  :  Scheba  est 
Saba  {Gen.  x,  28  sv.)  dans  I'Yemen,  dont  la 
reine  vint  visiter  Salomon;  Vulg.  Arabes. 
D'apres  Josephe,  Seba  designe  I'ile  formee 
par  deux  affluents  du  Nil,  qu'on  appela  plus 
tard  Merod. 

Le  royaume  du  Messie  embrassera  le 
monde  entier  :  I'Europe,  representee  par 
Tharsis  et  les  iles;  I'Asie,  reprdsentde  par 
Saba,  et  I'Afrique,  representee  par  Merod  : 
les  anciens  ne  connaissaient  pas  d'autres 
parties  du  monde. 

12.  Qui  crie  (piel  de  sc/iava)  LXX  et 
Vulg.,  des  mains  dii puissaftf. 

13.  //  aura  pitie  :  comp.  Tit.  iii,  4. 

14.  Leur  sang  (LXX  et  Vulg.  leur  jtoin  : 
on  soupgonne  que  le  texte  grec  portait  pri- 
mitivement  aT;j.o(,  au  lieu  de  ovotj.a)  aura  du 
prix :  il  ne  permettra  pas  qu'on  le  repande. 

15.  lis  vivront ;  litt.  il  vivra  :  il,  chacun 
des  malheureux  sauves  par  le  Roi.  Ou  bien, 
avec  la  Vulg.,  //  (le  Roi)  vivra,  et  on  ltd 


donnera,  etc. ;  ou,  qu'il  vive,  et  qu^on  lui 
donne.  —  Us  feroni  des  vaeux  poicrlui.  Dans 
I'application  au  Messie,  cette  priere  ne  peut 
etre  que  celle  que  lui-meme  nous  a  apprise  : 
"  Que  votre  regne  arrive!  "  Des  manuscrits 
latins  lisent  orabunt,  au  lieu  de  adorabunt 
(Vulg.). 

16.  Que  les  bles  :  au  lieu  de  fifmamentuni 
de  la  Vulg.,  des  manuscrits  Y\^&x\\.  friunen- 
tum.  —  Leurs  epis  (litt.  leur  fruit)  s'agite- 
ront  avec  bruit,  comme  le  vent  agite  les 
rameaux  des  cedres  du  Li  ban.  —  Fleuris- 
seiit  et  se  multiplient  de  ville  en  ville. 

17.  Que  son  nom  dure;  Vulg.  soil  beni.  — 
Qu^on  cherche  e7t  lui  la  benediflion,  selon  la 
promesse  faite  a  Abraham  {Gen.  xxii,  18). 

18  sv.  Doxologie  servant  de  conclusion 
au  26  livre  ou  recueil  des  Psaumes. 

20.  Fin  :  comp.  Job,  xxxi,  40.  —  Priercs, 
Vulg.  louanges  :  les  Psaumes  sont  I'un  et 
I'autre.  —  Fils  de  Jesse  :  comp.  II  Sam. 
xxiii,  I. 

Ce  verset  final  semble  indiquer  que,  ante- 
rieurement  a  notre  colleftion  complete  de 
Psaumes  en  5  livres,  il  en  exista  un  recueil 
moindre,  ne  comprenant  que  les  deux  pre- 
miers livres. 


142 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


M 


LIVRE    TROISIEME. 


^ 


Ps.  Ixxiii. 


Des  1 8  Psaumes  que  ce  livre  contient,  ii  portent  le  nom  d' Asaph, 
4  celui  des  fils  de  Core,  i  celui  d'Ethan;  un  seul  est  attribue  a  David.  lis 
appartiennent  pour  la  plupart  au  genre  didaftique,  et  se  distinguent  par  un 
ton  grave,  solennel  et  sententieux.  A  cote  de  peintures  navrantes  des  cala- 
mites  qui  affligeaient  alors  la  nation,  ils  ouvrent  sur  I'avenir  des  perspe6lives 
de  benedi6lion  et  de  felicite. 

PSAUME   LXXIII   (VULG.  LXXIl). 

E  Psalmiste  expose  qu'il  a  ete  ebranle  dans  sa  foi  en  la  Providence  par  I'inso- 
lente  prosperite  des  mechants  (vers.  1-9),  qui  est  un  scandale  pour  le  peuple 
fidele  (10-15);  pour  se  raffermir,  il  penetre  par  la  meditation  et  la  priere  dans  les 
secrets  de  Dieu  et  decouvre  que  cette  prosperity  est  de  courte  duree  (16-20), 
que  rhomme  qui  s'eloigne  de  Dieu  va  a  sa  perte,  et  que  pres  de  lui  il  trouve  le  bonheur 
(21-28).  Ce  sujet,  on  le  voit,  est  le  meme  que  celui  des  Psaumes  xxxvii  et  xlix ;  le  meme 
aussi  que  celui  du  livre  de  Job.  Le  Psalmiste  repond  a  la  difficulte  d'une  maniere  plus 
vi6lorieuse;  il  s'attache  a  Dieu  avec  une  confiance  inebranlable. 

L'auteur  est-il  Asaph  contemporain  de  David,  ou  I'un  de  ses  descendants,  par  example 
le  voyant  de  ce  nom  qui  viva  it  a  I'epoque  d'Ezechias  et  de  Manasse  (II  liois,  xviii,  18,  37; 
II  Par.x\\x,  30;  Is.  xxxvi)?  Le  Hir  soutient  ce  dernier  sentiment.  D'apres  Cook,  qui  s'ap- 
puie  surtout  sur  le  caradere  de  la  di6\ion,  le  Psaume  appartiendrait  h  I'tfpoque  salomo- 
nienne,  soit  aux  dernieres  annees  de  Salomon,  alors  qu'une  noblesse  turbulente  et  corrompue 
avait  toute  licence;  soit  aux  premieres  anne'es  du  regne  de  son  fils.  L'apostasie  dont  parle 
le  Psalmiste  serait  done  plutot  morale  que  ceremonielle,  et  I'impiete  plutot  un  atheisme 
pratique  qu'un  culte  idolatrique. 

1  PSAUME  d'Asaph. 

Oui,  Dieu  est  bon  pour  Israel, 
Pour  ceux  qui  ont  le  cceur  pur ! 

2  Toutefois  j'etais  sur  le  point  de  flechir, 
Mon  pied  a  presque  glisse. 

3  Car  je  m'indignais  contre  les  impies, 
En  voyant  le  bonheur  des  me'chants. 

4  Pour  eux,  point  de  douleurs  jusqu'k  la  mort; 
Leur  corps  est  plein  de  vigueur. 

5  lis  n'ont  point  de  part  au  labeur  des  mortals, 

lis  ne  sont  point  frappes  comme  le  reste  des  hommes. 

6  Aussi  I'orgueil  est  la  parure  de  leur  cou, 

Et  la  violence,  la  robe  precieuse  qui  les  couvre. 

7  L'iniquite  sort  de  leurs  entrailles, 

Les  pensees  de  leur  coeur  se  font  jour. 

8  lis  raillent,  ils  tiennent  des  discours  pervers, 
lis  proferent  des  paroles  hautaines. 

9  Leur  bouche  affronte  le  ciel  meme, 
Et  leur  langue  s'exerce  sur  la  terre. 

10  C'est  pourquoi  mon  peuple  se  tourne  de  leur  cote, 
II  avale  I'eau  a  grands  traits. 

11  II  dit  :  "  Comment  Dieu  saurait-il? 
Comment  le  Tres-Haut  connaitrait-il?  — 

12  Ainsi  sont  les  mechants  : 

Toujours  heureux,  ils  accroissent  leurs  richesses. 

13  C'est  done  en  vain  que  j'ai  garde  mon  coeur  pur, 
Que  j'ai  lave  mes  mains  dans  I'innocence; 


LIBER  PSALMORUM. 


143 


— :l:—   PSALM  US   LXXII.  — :^-- 

Impii  felices  in  hac  vita  peribunt  : 
Domino  adhjerere  bonum  est. 


Psalmus  Asaph. 

fUAM  bonus  Israel  Deus 
his,  qui  recto  sunt  corde! 
1.  Mei  autem  pene  moti 
sunt  pedes  :   pene  effusi 


sunt  gressus  mei.  3.  Quia  zelavi  su- 
per iniquos,  pacem  peccatorum  vi- 
dens.  4.  Quia  non  est  respectus 
morti  eorum  :  et  firmamentum  in 
plaga  eorum.  5-  In  labore  hominum 
non  sunt,  et  cum  hominibus  non 
flagellabuntur  :  6,  ideo  tenuit  eos 
superbia,  operti  sunt  iniquitate  et 
impietate  sua.  7.  Prodiit  quasi  ex 
adipe  iniquitas  eorum  :  transierunt 
in  affectum  cordis.  8.  Cogitaverunt, 
et  locuti  sunt  nequitiam  :  iniquita- 
tem  in  excelso  locuti  sunt.  9,  Po- 
suerunt  in  coelum  os  suum  :  et  lin- 
gua eorum  transivit  in  terra. 

10.  Ideo  convertetur  populus 
meus  hie  :  et  dies  pleni  invenientur 
in  eis.  11.  Et  dixerunt  :  Ouomodo 
scit  Deus,  et  si  est  scientia  in  excel- 
so.'*  12.  Ecce  ipsi  peccatores,  et 
abundantes  in  sasculo,  obtinuerunt 
divitias.  13.  Et  dixi  :  Ergo  sine 
causa  justificavi  cor  meum,  et  lavi 
inter  innocentes  manus  meas:  14.  et 


fui  flagellatus  tota  die,  et  castigatio 
mea  in  matutinis.  15.  Si  dicebam  : 
Narrabo  sic  :  ecce  nationem  filio- 
rum  tuorum  reprobavi. 

16.  Existimabam  ut  cognosce- 
rem  hoc,  labor  est  ante  me  :  17.  do- 
nee intrem  in  Sanctuarium  Dei  : 
et  intelligam  in  novissimis  eorum. 
18.  Verumtamen  propter  dolos  po- 
suisti  eis  :  dejecisti  eos  dum  alle- 
varentur.  1 9.  Quomodo  facti  sunt 
in  desolationem,  subito  defece- 
runt  :  perierunt  propter  iniqui- 
tatem  suam.  20.  Velut  somnium 
surgentium  Domine,  in  civitate  tua 
imaginem  ipsorum  ad  nihilum  re- 
diges. 

21.  Quia  inflammatum  est  cor 
meum,  et  renes  mei  commutati 
sunt  :  11.  et  ego  ad  nihilum  reda- 
ctus  sum,  et  nescivi.  aj.Ut  jumen- 
tum  factus  sum  apud  te  :  et  ego 
semper  tecum.  24.  Tenuisti  manum 
dexteram  meam  :  et  in  voluntate 
tua  deduxisti  me,  et  cum  gloria 
suscepisti  me.  25.  Quid  enim  mihi 
est  in  coelo?  et  a  te  quid  volui  super 
terram.^  26.  Defecit  caro  mea,  et 
cor  meum :  Deus  cordis  mei,  et  pars 
mea  Deus  in  a^ternum.  27.  Quia 
ecce,  qui  elongant  se  a  te,  peribunt : 
perdidisti  omnes,  qui  fornicantur 
abs  te.  28.  Mihi  autem  adhserere 
Deo  bonum  est:  ponere  in  Domino 
Deo  spem  meam  :  ut  annuntiem 


PSAUME  LXXIII. 

I.  Old,  ou  vrainient :  ce  debut  fait  devi- 
ner  le  resultat  d'une  lutte  interieure,  de 
doutes  apaises,  de  graves  questions  long- 
temps  agitees  et  enfin  resolues. 

4.  Pleiii  de  vigueur,  litt.  gras,  dans  le 
sens  de  vigoureux. 

Ce  verset,  tres  obscur  dans  la  Vu\g.,po7ir 
eux,  niil  souci  de  la  viort,  et  leicrs  blessiires 
sont  vita  gueries. 

6.  Sens  :  loin  de  rougir  de  leurs  crimes, 
ils  s'en  font  comme  une  parure  (litt.  iin  col- 
lier), un  titre  de  gloire. 

7.  LUniquite  :  ainsi  ont  lu  les  anciennes 
versions,  et  cette  legon  parait  preferable  a 
celle  de  I'hebreu  adluel  :  leiirs  yeiix  sortent 
comme  hors  de  la  graisse,  d'un  visage  re- 
bondi.   —  De  leurs  entrailles,   litt.   de  la 


graisse,  d'un  coeur  charnel,  qui  ne  connait 
que  les  passions  grossieres.  —  Se  font  jour, 
debordent  au  dehors,  se  donnent  libre  car- 
riere. 

8.  Comp.  Is.  lix,  13.  Vulg.,  ils  ne pensent 
ct  ne  disent  que  le  nial,  ils  tiennent  haute- 
ment  des  discours  criviinels. 

10.  C'est  pourquoi  :  pour  avoir  leur  part 
des  jouissances  du  mechant.  —  Monpeuple, 
legon  meilleure  que  celle  de  I'hdbreu  acfluel  : 
S071  peuple,  le  peuple  de  Dieu.  —  L^eatc 
figure  ici  la  licence  de  tout  faire  et  de  tout 
dire  k  laquelle  le  peuple  s'abandonne,  a 
I'exemple  des  grands.  Vulg.,  et  des  jours 
pleins  seront  trouvcs  en  eux  :  en  voyant 
qu'une  plenitude  de  jours  leur  est  accordee. 

11.  Saurait-il  ce  qui  se  passe  sur  la 
terre. 

13.  En  vain  :  comp.  Mai.  iii,  14  sv. 


144 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


14  Tout  le  jour  je  suis  frappe, 

Chaque  matin  men  chatiment  est  la. " 

15  Si  j'avais  dit  :  "  Je  veux  parler  comme  eux  ", 
J'aurais  trahi  la  race  de  tes  enfants. 

16  Ouand  j'ai  refldchi  pour  comprendre  ce  mystere, 
La  difficulte  fut  grande  a  mes  yeux. 

17  Jusqu'a  ce  que  j'eusse  penetre  dans  le  sancfluaire  de  Dieu, 
Et  pris  garcle  au  sort  final  des  mediants. 

18  Oui,  tu  les  places  sur  des  voies  glissantes; 

Tu  les  fais  tomber,  et  ils  ne  sont  plus  que  mines. 

19  Eh  quoi !  en  un  instant  les  voila  detruits  ! 

lis  sont  aneantis,  ils  disparaissent  dans  une  terrible  catastrophe! 

20  Comme  on  fait  d\\\\  songe  au  reveil, 
Seigneur,  a  ton  reveil  tu  repousses  leur  image. 

21  Lorsque  mon  cceur  s'aigrissait, 

Et  que  je  me  sentais  emu  profondement, 

22  J'etais  stupide  et  sans  intelligence, 
Cojiune  une  brute  devant  toi. 

23  Mais  je  serai  a  jamais  avec  toi  : 
Tu  m'as  saisi  la  main  droite. 

24  Par  ton  conseil  tu  me  conduiras, 

Et  tu  me  recevras  ensuite  dans  la  gloire. 

25  Quel  autre  ai-je  au  ciel  que  toi? 
Avec  toi,  je  ne  desire  rien  sur  la  terre. 

26  Ma  chair  et  mon  coeur  se  consument  : 

Le  rocher  de  mon  cceur  et  mon  partage,  c'est  Dieu  a  jamais. 
2"]  Car  ceux  qui  s'eloignent  de  toi  perissent; 

Tu  extermines  tous  ceux  qui  te  sont  infideles. 
28  Pour  moi,  etre  uni  a  Dieu,  c'est  mon  bonheur; 

En  Adonai  Jehovah  je  mets  ma  confiance, 

Afin  de  raconter  toutes  tes  oeuvres. 


;  PSAUME   LXXIV   (VULG.  LXXIIl). 

ES  interpretes  sont  partages  sur  I'occasion  historique  de  ce  Psaume;les  uns  la 
trouvent  dans  la  prise  de  Jerusalem  par  Nabuchodonosor  :  il  aurait  ete  compose 
par  un  Asaphide  du  temps  d'Esdras,  qui,  apres  avoir  assiste  k  la  ruine  de  sa 
patrie,  serait  reste  en  Palestine  durant  I'exil  de  ses  freres ;  d'autres  descendent  jusqu'au 
temps  des  Machabees,  alors  qu'Antiochus  Epiphane  pilla  Jerusalem  et  profana  le  temple. 
Ces  deux  sentiments,  le  second  surtout,  sont  sujets  a  de  graves  objeftions.  Nous  remon- 
terions  plutot  k  I'invasion  du  roi  d'Egypte,  Sesac,  sous  Roboam  (I  Rois,  xiv,  25  sv.  Comp. 
II  Par.  xii,  2-9). 

Invocation  h,  Dieu  (vers.  1-2);  tableau  des  calamites  causees  par  I'ennemi  (3-9);  que 
Dieu,  qui  tant  de  fois,  dans  les  temps  anciens,  nous  a  prodigue  ses  bienfaits  (10-17),  ^^ 
souvienne  encore  de  son  peuple  et  venge  sa  gloire  outragee  (18-23). 

Ps.  Ixxiv.  1  CANTI()UE  d'Asaph. 

Pourquoi,  6  Dieu,  nous  as-tu  rejetes  pour  toujours? 

Pourqiioi  ta  colere  est-elle  allumce  centre  le  troupeau  de  ton  palurage? 

2  Souviens-toi  de  ton  peuple  que  tu  as  acquis  aux  jours  anciens, 
Que  tu  as  rnchete  pour  etre  la  tribu  de  ton  heritage; 
Souviens-toi  de  la  montagne  de  Sion  ou  tu  faisais  ta  residence. 

3  Porte  tes  pas  vers  ces  mines  irreparables; 
L'ennemi  a  tout  ravage  dans  le  san6luaire; 

4  Tes  adversaires  ont  rugi  au  milieu  de  tes  saints  parvis; 
lis  ont  etabli  pour  emblemes  leurs  emblemes. 

5  On  les  a  vus,  pareils  au  bucheron 

Qui  leve  la  cognee  dans  une  cpaisse  foret. 

6  Et  maintenant  ils  ont  brise  toutes  les  sculptures 
A  coups  de  hache  et  de  marteau. 


LIBER  PSALMORUM. 


145 


omnes  prasdicationes  tuas,  in  portis 
filias  Sion. 

— :i:—   PSALM  US    LXXIII.  — -— 

Oratio  qua  in  populi  et  templi  calamitate 
in  auxilium  appellatur  Deus. 


Intellectus  Asaph. 

T  quid  Deus  repulisti  in 
finem  :  iratus  est  furor 
tuus  super  oves  pascuas 
tuas?  2.  Memor  esto  con- 


gregationis  tu^,  quam  possedisti  ab 
initio.  Redemisti  virgam  heredita- 
tis  tuas  :  mons  Sion,  in  quo  habi- 
tasti  in  eo.  3.  Leva  manus  tuas  in 
superbias  eorum  in  finem  :  quanta 
malignatus  est  inimicus  in  sancto! 
4.  Et  gloriati  sunt  qui  oderunt  te  :  in 
medio  solemnitatis  tuas.  Posuerunt 
signa  sua,'signa  :  5.  et  non  cogno- 
verunt  sicut  in  exitu  super  sum- 
mum.  Quasi  in  silva  lignorum  secu- 
ribus.  6.  Exciderunt  januas  ejus  in 
idipsum  :  in  securi,  et  ascia  dejece- 


16.  Ce  mystere,  I'apparente  anomalie  qui 
existe  dans  le  gouvernement  du  monde. 

17.  Penetre  dans  le  sanfiiiatre  :  soit 
qu'Asaph  soit  alle  reellement  dans  le  temple 
pour  demander  h,  Dieu  de  I'eclairer,  soit 
qu'il  ait  simplement  eu  recours  a  lui  dans  la 
priere.  —  Sort  final :  puisque  le  mechant 
est  represente  plus  haut  comme  heureux 
jusqu'a  la  mort,  ce  sort  final  ne  peut  se  rap- 
poi'ter  qu'a  la  destinee  de  riiomme  apres  la 
vie  presente. 

18.  lis  lie  sent  plus  que  ruznes;  LXX  et 
Vulg.,  au  moment  de  letir  elevation. 

20.  Dieu,  apres  avoir  assiste  comme  en- 
dormi  a  la  prosperite  des  niechants,  s'eveil- 
lera  pour  le  jugement.  Cette  prosperite  aura 
passe  comme  un  songe. 

A  ton  reveil,  hebr.  bair,  syncope  de  be- 
hair;  LXX  et  Vulg.,  dans  ta  ville, 

22.  Stiipide;  Vulg.  reduit  a  neant. 

23.  Mais  je  serai,  etc. ;  ou  bien  :  cepen- 
da?it  je  siiis  toiijours  reste  avec  toi.  Tit  ni'as 
saisi  la  main  droite,  pour  m'empecher  de 
tomber  :  voy.  vers.  2. 

24.  Tu  me  conduiras  (ou  bien,  tu  m\is 
conduit),  et  je  me  livre  avec  confiance  a  ta 
conduite.  —  Tu  me  recevras,  litt.  tu  me 
prendras  (comp.  Gen.  v,  24;  xlix,  16).  — 
Dans  la  gloire;  ou  bien,  en  gloire,  avec 
gloire  :  a  defaut  d'une  revelation  exterieure 
et  positive,  la  foi  du  Psalmiste  en  la  justice 
de  Dieu  penetre  I'obscurite  qui  enveloppe 
le  monde  d'au-dela,  et  lui  fait  apercevoir 
une  issue  glorieuse  aux  epreuves  de  la  vie 
presente. 

25.  Sens  :  avec  toi,  des  lors  que  je  te  pos- 
sede,  je  ne  desire  rien  autre  chose  au  ciel  et 
sur  la  terre. 

26.  Lc  rocker  (Vulg.  Dieu),  le  sur  abri. 
Delitzsch   :  le  sentiment  de  I'amour  de 

Dieu,  que  David  {Ps.  xvi,  2)  exprime  en  ces 
breves  paroles  :  "  Tu  es  mon  Seigneur,  toi 
seal  es  mon  bien,"  se  deploie  ici  avec  une 
profondeur  et  une  beaute  mystique  incom- 
parable. 

28.   Tes  cEuvres,  qui  mettent  en  lumiere 

NO  23    —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.   —    lo 


et  en  aflion  ta  justice,  ta  bonte  et  ta  sagesse 
dans  le  gouvernement  du  monde.  Vulg.,  afin 
de  publier  toutes  tes  louanges  aux  partes  de 
lafille  de  Sion  :  comp.  ix,  15. 

PSAUME  LXXIV. 

1.  C antique,  hebr.  maskil :  voy.  /^.y.  xxxii. 
—  Troupeau  de  ton  pdlurage  :  locution  fa- 
miliere  aux  Asaphides  (comp.  ytV.  xxiii,  i). 

2.  Aux  Jours  anciens,  probablement  au 
temps  de  Mo'i'se  :  la  sortie  d'Egypte  est  pre- 
sentee comme  une  acquisition  du  peuple 
hebreu  par  Jehovah,  et  comme  un  rachat 
dans  lequel  Dieu  a  rempli  le  role  de  go'el  ou 
proche  parent. —  La  tribu,  ici,  designe  toute 
la  communautd  d'Israel,  formant,  au  milieu 
des  autres  peuples,  une  tribu  et  comme  une 
grande  famille  qui  est  I'heritage  special  du 
Seigneur.  D'autres  :  souviens-toi  de  cctfe 
tribu  de  ton  heritage  que  tu  as  rachetee  : 
allusion  a  Gen.  xlix,  8-10,  ou  la  preeminence 
est  promise  k  Juda.  Tel  parait  etre  aussi 
le  sens  de  la  Vulgate,  qui  met  sceptre  au 
lieu  de  tribu;  le  mot  hebreu  a  en  effet  les 
deux  sens. 

3.  Ruines  irreparables,  litt.  d'eternite,  que 
nul  autre  que  Dieu  ne  peut  relever.  La  Vulg. 
traduit  le  i^''  membre  -.levetes  mains contre 
leur  insolence  qui  ne  finit  pas. 

4.  Out  rugi,  ont  fait  entendre  des  cris 
sauvages ;  Vulg.,  se  sont  enorgueillis.  —  Tes 
saints  parvis  :  le  mot  hebr.  designe  le  lieu 
ou,  d'apres  la  loi  {Nombr.  xvii,  ig.  Comp. 
Lament,  ii,  6  sv.)  Dieu  semettait  en  relation 
direcfle  avec  son  peuple.  —  Lis  ont  mis  leurs 
emblcmes  (litt.  leurs  signes),  non  seulement 
les  etendards  militaires,  mais  en  general 
tous  les  signes  exterieurs  qui  rappellent  le 
paganisme  et  I'idolatrie,  a  la  place  des  em- 
blemes  religieux  d'Israel,  qui  rappelaient  le 
culte  du  vrai  Dieu.  Comp.  I  Mack,  i,  45-49. 

5.  Ce  verset,  mal  compris  par  les  ancien- 
nes  versions,  donne  I'idee  genei'ale  des  sau- 
vages devastations  de  I'ennemi;  le  suivant 
en  decrit  un  episode  relatif  aux  sculptures 
(Vulg.  paries)  du  temple. 


146 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


7  lis  ont  livre  au  feu  ton  sancftuaire; 

lis  ont  abattu  et  profane  la  demeure  de  ton  nom. 

8  lis  disaient  dans  leur  coeur  :  "  Detruisons-les  tons  ensemble!" 
lis  ont  hviili  dans  le  pays  tons  les  lieux  saints. 

9  Nous  ne  voyons  plus  nos  signes; 
II  n'y  a  plus  de  prophete, 

Et  personne  parmi  nous  qui  sache  jusques  a  quand  ... 

10  Jusques  a  quand,  6  Dieu,  Toppresseur  insultera-t-il, 
L'ennemi  blasphemera-t-il  sans  cesse  ton  nom? 

11  Pourquoi  retiies-tu  ta  main  et  ta  dioite? 
Tire-la  de  son  sein  et  detruis-/t'^/ 

12  Poui'tant  Dieu  est  mon  roi  des  les  temps  anciens, 

Lui  qui  tatit  de  fois  a  operd  des  delivrances  sur  la  terre. 

13  C'est  toi  qui  as  divise  la  mer  par  ta  puissance, 

Toi  qui  as  brise  la  tete  des  monstres  dans  les  eaux; 

14  C'est  toi  qui  as  ecrase  les  tetes  de  Leviathan, 
Et  I'as  donne  en  pature  au  peuple  du  de'sert. 

15  C'est  toi  qui  as  fait  jaillir  la  source  et  le  torrent, 
Toi  cjui  as  mis  a  sec  des  fleuves  ciui  ne  tarissent  pas. 

16  A  toi  est  le  jour,  ^  toi  est  la  nuit; 
C'est  toi  qui  a  cree  la  lune  et  le  soleil. 

17  C'est  toi  qui  as  fixe  toutes  les  limites  de  la  terre; 
L'ete  et  I'hiver,  c'est  toi  cjui  les  as  etablis. 

18  Souviens-toi  :  l'ennemi  insulte  Jehovah, 
Un  peuple  insense  blaspheme  ton  nom! 

19  Ne  livre  pas  aux  betes  Fame  de  ta  tourterelle, 
N'oublie  pas  pour  toujours  la  vie  de  tes  pauvres. 

20  Prends  garde  a  ton  alliance!  car  tons  les  coins  du  pays 
Sont  pleins  de  repaires  de  violence. 

21  Que  I'opprime  ne  s'en  i-etourne  pas  confus! 

Que  le  malheureux  et  le  pauvre  puissent  benir  ton  nom! 

22  Leve-toi,  6  Dieu,  prends  en  main  ta  cause; 

Souviens-toi  des  outrages  que  t'adresse  chaque  jour  I'insense. 

23  N'oublie  pas  les  clameurs  de  tes  adversaires; 
L'insolence  toUjOurs  croissante  de  ceux  qui  te  haissent. 


Ps.  Ixxv. 


PSAUME    LXXV   (VULG.  LXXIV). 

^j^E  Psaume  et  le  suivant  ont  ele  composes  a  I'occasion  de  I'invasion  de  Sennacherib. 

L'un,  faisant  echo  a  la  prophetic  dlsaie  (xxxvii,  11))^  annonce  comme  prochaine  la 

^  vi6\oire  d'Israel;  I'autie  en  celebre  les  fruits  et  rend  a  Dieu  des  acftions  de  graces. 

Louange  k  Dieu  (vers.  2)  qui  a  promis  de  sauver  son  peuple  (3-4);  que  les  tiers  enva- 

hisseurs  ne  se  glorificnt  pas  (5-6)  :  Dieu,  qui  eleve  et  abaisse  les  peuples  comme  il  lui 

plait,  va  exercer  son  jugement  (7-11). 

Le  style  est  archaique,  abrupt  et  en  quelques  endroits  obscur,  mais  plein  d'energie 
et  de  grandeur.  On  rencontre  quelques  reminiscences  du  cantique  d'Anne  (I  Sam.  ii). 

■^  AU  maitre  de  chant.  "  Ne  detruis  pas!  "  Psaume  d' Asaph.  Cantique. 

2  Nous  te  louons,  6  Dieu,  nous  te  louons; 
Ton  nom  est  proche  : 

On  raconte  tes  merveilles. 

3  "  Quand  le  temps  sera  venu, 
Je  jugerai  avec  justice. 


S.  Tous  les  lietix  saints  (litt.  les  lieux  de 
reunion  de  Dieu  et  de  son  peuple  :  comp. 
vers.  4),  probablement  le  temple  avec  ses 
divers  parvis  et  ses  vastes  dependances  : 
comp.  Is.  iv,  5. 

La  Vulg.  traduit  ce   verset  :  lis  ont  dit 


dans  leur  avnr,  eux  et  ioute  leur  bande  : 
Faisons  cesser  dans  le  pays  toutes  les  fetes  de 
Dieu. 

9.  Nos  signes  :  tout  ce  qui  rappelle  notre 
religion,  notre  culte,  comme  au  vers.  4 
(comp.  Eccli.  xxxvi,  6);  peut-etre  :  les  mira- 


LIBER  PSALMORUM. 


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runt  earn.  7.  "Incenderunt  igni  San- 
ctuarium  tuum  :  in  terra  polluerunt 
tabernaculum  nominis  tui.  8.  Dixe- 
runt  in  corde  suo  cognatio  eorum 
simul  :  quiescere  faciamus  omnes 
dies  festos  Dei  a  terra.  9.  Signa  no- 
stra non  vidimus,  jam  non  est  pro- 
pheta:  et  nos  non  cognoscet  amplius. 

10.  Usquequo  Deus  improperabit 
inimicus  :  irritat  adversarius  nomen 
tuum  in  finem?  1 1.  Ut  quid  avertis 
manurn  tuam,  et  dexteram  tuam, 
de medio  sinu  tuoin  finem?  1 2,*Deus 
autem  rex  noster  ante  sascula  :  ope- 
ratus  est  salutem  in  medio  terrae. 
13.  Tu  confirmasti  in  virtute  tua 
mare  :  contribulasti  capita  draco- 
num  in  aquis.  14.  Tu  confregisti 
capita  draconis  :  dedisti  eum  escam 
populisi^thiopum.  i5.Tudirupisti 
fontes,  et  torrentes  :  tu  siccasti  flu- 
vios  Ethan.  16.  Tuus  est  dies,  et  tua 
est  nox  :  tu  fabricatus  es  auroram  et 
solem.  17.  Tu  fecisti  omnes  termi- 
nos  terras  :  asstatem  et  ver  tu  plas- 
masti  ea. 

18,  Memor  esto  hujus,  inimicus 
improperavit  Domino  :  et  populus 


insipiens    nicitavit    nomen    tuum. 

19.  Ne  tradas  bestiis  animas  confi- 
tentes  tibi,  et  animas  pauperum 
tuorum    ne  obliviscaris   in    finem. 

20.  Respice  m  testamentum  tuum  : 
quia  repleti  sunt,  qui  obscurati  sunt 
terras  domibus  iniquitatum.  21.  Ne 
avertatur  humilis  factus  confusus  : 
pauper  et  inops  laudabunt  nomen 
tuum.  22.  Exsurge  Deus,  judica 
causam  tuam  :  memor  esto  impro- 
periorum  tuorum,  eorum  quas  ab 
insipiente  sunt  totadie.  23.  Ne  obli- 
viscaris voces  inimicorum  tuorum  : 
superbia  eorum,  qui  te  oderunt, 
ascendit  semper. 

— :i:—    PSALMUS    LXXIV.  — :>— 
Re6le  vivendum  quia  imminet  judicium  Dei. 

I.  In  finem,  Ne  corrumpas, 
Psalmi  Cantici  Asaph. 

ONFITEBIMUR      tibi 

Deus   :   confitebimur,  et 

invocabimus  nomen  tuum. 

Narrabimus  mirabilia  tua: 

3.  Cum  accepero  tempus,  ego  ju- 


cles  d'autrefois.  —  P/us  de  prophcie  :  il  n'y 
a  plus  parmi  nous,  en  ce  moment,  aucun 
homme  inspire  de  Dieu  qui  puisse  nous  dire 
quand  finiront  nos  malheurs. 

11.  La  Vulg.  peut  se  ramener  au  sens  de 
I'hebr.,  en  la  traduisant  ainsi  -.Pourquoi  ne 
tounies-tu  pas  contre  I'ennemi  fa  inatn  et  ta 
droife,  sans  la  laisser  constaininent  dans  ton 
sein  :  celui  qui  laisse  sa  main  dans  son  sein 
indique  qu'il  ne  veut  pas  agir. 

12.  Le  Psalmiste  a  en  vue  les  merveilles 
operees  en  Egypte  et  dans  le  desert  en  fa- 
veur  des  Hebreux. 

13.  Divisc  la  mer  :  passage  de  la  mer 
Rouge.  Vulg.,  affcrrdi  les  eaux  de  la  i/ier. — 
La  tete  des  inotistres  :  symbole  des  grands 
d'Egypte. 

1 4.  Leviathan,  le  crocodile,  embleme  de 
Pharaon  et  de  la  puissance  egyptienne.  — 
Au peuple  dii  desert,  aux  betes  fauves;  Vulg., 
aux  peuples  d^Ethiopie. 

1$.  Jailltr  6\.\  rocher,  a  la  voix  de  Moise. 
—  Des  fleuves  qui  ne  tarissent  pas;  hebr. 
ethan,  d'eternite  :  passage  du  Jourdain  a 
pied  sec.  Vulg.,  fleuves  d^ Ethan. 

16.  La  lune,  litt.  le  Itiininaire  de  la  nuit, 
qui  vient  d'etre  nommee.  Vulg.,  Vatirore. 

17.  Les  limites  de  la  terre,  non  seulement 


celles  qui  la  separent  de  la  mer,  mais  encore 
celles  qui  partagent  la  terre  elle-meme  en 
diverses  contrees,  au  moyen  des  fleuves  et 
des  montagnes  :  comp.  Deut.  xxxii,  Z;  A£l. 
xvii,  26.  —  L^hiver,  Vulg.  le  printenips. 

19.  Ta  tourterelle  :  comp.  Cant,  ii,  14; 
Ps.  Ixviii,  14.  Vulg.,  les  dines  qui  te  louent, 
suit  les  LXX  qui  ont  lu  autrement. 

20.  Ton  alliance  {Gen.  xvii,  7  sv.)  :  ne 
serait-elle  pas  comme  non  avenue,  si  ton 
peuple  etait  chasse  de  la  terre  promise  a 
nos  peres?  —  Tous  les  coins,  litt.  les  lieu.x 
sonibres  :\e.s  nombreuses  retraites  que  four- 
nit  le  sol  montueux  de  la  Palestine  sont 
occupies  par  les  ennemis,  et  sans  doute 
aussi  par  des  brigands  qui  pillent  a  I'envi 
les  Israelites. 

PSAUME  LXXV. 

1.  Voy.  Ps.  Ivii,  i. 

2.  Toti  nom  est proche  (comp.  Is.  xxx,  27) : 
la  manifestation  de  tes  attributs,  et  particu- 
lierement  de  ta  justice,  n'est  pas  eloigne'e  de 
nous;  tu  vas  chatier  les  ennemis  d'Israel,  et 
deja,  d'avance,  on  raconte,  etc.  Cette  con- 
fiance  etait  inspiree  au  peuple  par  la  pro- 
messe  qu'Isaie  (xxxvii,  2)3)  lu'  ^^^i^  faite  du 
secours  divin. 


148 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


4  La  tene  est  ebranlee  avec  tous  ceux  qui  I'habitent; 
Moi,  j'affermis  ses  colonnes.  "  —  Scla. 

5  Je  dis  aiix  orgueilleux  :  Ne  voiis  enorgueillissez  pas! 
Et  aux  mediants  :  Ne  levez  pas  la  tete! 

6  Ne  levez  pas  si  haut  la  tete, 

Ne  parlcz  pas  avec  tant  d'arrogance! 

7  Car  ce  n'est  ni  de  I'oiient,  ni  de  I'occident, 

Ni  du  desert  des  montagnes  ...  que  7'icndra  le  sccours. 

8  Non;  c'est  Dieu  qui  exerce  le  jugement  : 
II  abaisse  I'un  et  il  eleve  I'autre. 

9  Car  il  y  a  dans  la  main  de  Jehovah  une  coupe, 
On  bouillonne  un  vin  plein  d'aromates. 

Et  il  en  verse  : 

Oui,  ils  en  suceront  la  lie, 

lis  boiront   tous  les  mechants  de  la  terra. 

10  Et  moi,  je  publierai  ces  choses  a  jamais, 

Je  chanterai  les  louanges  du  Dieu  de  Jacob. 

1 1  Et  j'abattrai  toutes  les  cornes  des  mechants ; 
Et  les  cornes  du  juste  seront  elevees. 


Ps.  Ixxvi. 


PSAUME    LXXVI   (VULG.  LXXV). 

[^^^ Antique  d'aclions  de  graces  apres  -la  vifloire  sur  les  Assyrians,  annonce'a  dans  le 
Psaume  precedent. 

^         ^  AU  maitre  de  chant.  Avec  instruments  a  cordes.  Psaume  d'Asaph,  cantique. 

2  Dieu  s'est  fait  connaitre  en  Juda, 
En  Israel  son  nom  est  grand. 

3  II  a  son  tabernacle  a  Salem, 
Et  sa  demeure  sur  la  nwtitagtic  de  Sion. 

4  C'est  la  qu'il  a  brise  les  eclairs  de  I'arc, 
La  bouclier,  I'epee  et  la  guerre.  • —  Scla. 

5  Tu  rasplendis  dans  ta  majeste, 
Sur  les  montagnes  d'ou  tu  fonds  sur  ta  proie. 

6  lis  ont  ete  depouilles,  ces  heros  pleins  de  coeur; 
lis  se  sont  endormis  de  leur  sommeil; 
Ils  n'ont  pas  su.  ces  vaillants,  se  servir  de  leurs  bras 

7  A  ta  menace,  Dieu  de  Jacob, 
Char  et  coursier  sont  restes  immobiles. 

8  Tu  es  redoutable,  toi! 
Qui  peut  se  tenir  devant  toi,quand  ta  colere  eclate? 

9  Du  haut  du  ciel  tu  as  proclame  la  sentence; 
La  terre  a  tremble  et  s'est  tue, 

lo  Lorsque  Dieu  s'est  levd  pour  faire  justice, 

Pour  sauver  tous  les  malheureux  du  pays.  —  Scla. 


II 


12 


13 


Ainsi  la  fureur  de  Thomme  tourne  a  la  gloire 

Et  les  restes  de  sa  colore 

Faites  des  voeux  et  acquittez-les  ji  Jehovah  votre  Dieu; 

Que  tous  ceux  qui  I'enxironnent  apportent  des  dons  au  Dieu  terrible! 

II  abat  I'orgueil  des  puissants, 

II  est  redoutable  aux  rois  de  la  terre. 


^.La  terre  est  ebranlee  (litt.r;/  dissoltiiiou), 
toute  boulevers^e  par  les  ravages  des  Assy- 
riens. 

5-6.  y^  dis  :  est-ce  Dieu  qui  continue  a 
parler,  comme  le  pense  Delitzsch;  ou  bien 
est-ce  le  Psalmiste  qui,  s'adressant  aux  en- 


neniis,  et  faisant  peut-etre  allusion  a  la  van- 
tardise  de  Rabsaces  (II  Rois^  xviii,  19. 
Comp.  Is.  xxxvii,  23),  traduit  en  un  conseil 
pratique  I'oracle  divin?  —  La  tete,  litt.  la 
come,  symbole  de  la  puissance. 

7.  Le  desert  des  inojitagnes  est  le  desert 


LIBER  PSALMORUM. 


149 


stitias  judicabo.  4.  Liquefacta  est 
terra,  et  omnes  qui  habitant  in  ea  : 
ego  confirmavi  columnas  ejus. 

5.  Dixi  iniquis  :  Nolite  inique 
agere  :  et  delinquentibus  :  Nolite 
exaltare  cornu :  6.  Nolite  extollere  in 
altum  cornu  vestrum  :  nolite  loqui 
adversusDeuminiquitatem.  7. Quia 
neque  ab  oriente,  neque  ab  occiden- 
te,  neq  ue  a  desertis  montibus :  8 .  quo- 
niam  Deus  judex  est.  Huhc  humi- 
liat,  et  hunc  exaltat  :  9.  quia  calix 
in  manu  Domini  vini  meri  plenus 
misto.  Et  inclinavit  ex  hoc  in  hoc  : 
verumtamen  faex  ejus  non  est  exi- 
nanita  :  bibent  omnes  peccatores 
terras.  10.  Ego  autem  annuntiabo 
in  sasculum  :  cantabo  Deo  Jacob. 

II.  Et  omnia  cornua  peccato- 
rum  confringam  :  et  exaltabuntur 
cornua  justi. 

m  W!^W&  '^  s?g  :<?>:??£  ^  ?g:  ^:  'm  ^:  'm  jj;.  ??>:  •^.  m  ^:  --^ 

— :i:—    PSALM  US   LXXV,    -^>— 
Gratiarum  acflio  post  reportatam  vidloriam- 

I.    In  finem,  in  Laudibus, 
Psalmus  Asaph, 


Canticum  ad  Assyrios. 

OTUS  in  Judaea  Deus  :  in 
Israel  magnum  nomen 
ejus.  3.  Et  factus  est  in 
pace  locus  ejus  :  et  habi- 
tatio  ejus  in  Sion.  4.  Ibi  confregit 
potentias  arcuum, scutum,  gladium, 
et  bellum. 

5.  Illuminans  tu  mirabiliter  a 
montibus  asternis  :  6.  turbati  sunt 
omnes  insipientescorde.Dormierunt 
somnum  suum :  et  nihil  invenerunt 
omnes  viri  divitiariim  in  manibus 
suis.  7.  Ab  increpatione  tua  Deus 
Jacob  dormitaverunt  qui  ascende- 
runt  equos. 

8.  Tu  terribilis  es,  et  quis  resistet 
tibi?  ex  tunc  ira  tua.  9.  De  coelo 
auditum  fecisti  judicium  :  terra  tre- 
muit  et  quievit,  10.  cum  exsurgeret 
in  judicium  Deus,  ut  salvos  faceret 
omnes  mansuetos  terras. 

II.  Quoniam  cogitatio  hominis 
confitebitur  tibi  :  et  reliquiae  co- 
gitationis  diem  festum  agent  tibi. 
12.  Vovete,  et  reddite  Domino  Deo 
vestro  :  omnes  qui  in  circuitu  ejus 
affertis   munera.  Terribili  13.  et  ei 


de  Juda,qui  separe  la  Palestine  de  I'Egypte. 
Le  nord  n'est  pas  mentionne  :  c'est  de  la 
que  sont  venus  les  Assyriens. 

9.  F/et'n  d\xromates  (litt,  de  melange),  qui 
ajoutent  a  sa  vertu  enivrante  et  en  font  le 
symbole  de  la  colere  divine. 

II.  Resume  de  tout  le  Psaume.  Les  cor- 
ftes,  pour  \a.  pKt'ssance, 

Comme  le  cantique  se  terminait  bien  avec 
le  verset  10,  plusieurs  soupgonnent  que  le 
vers.  II  ou  Dieu  reprend  si  brusquement  la 
parole,  aurait  souffert  une  transposition  par 
I'inadvertance  d'uncopiste;sa  veritable  place 
serait  apres  le  vers.  4. 

PSAUME  LXXVI. 

1.  Voy.  Ps.  iv.  Apres  cantique,  les  LXX 
et  la  Vulg.  ajoutent,  sur  les  Assyriens. 

2.  Israel,  dont  le  royaume  particulier  avait 
cesse  d'exister,  est  ici  synonyme  dejuda. 

3.  Son  tabernacle,  ou  sa  tente,  est  a  Salem 
("Vulg.,  dans  la  paix),  c.-a-d.  k  Jerusalem 
designee  par  son  ancien  nom  :  malheur  a 
celui  qui  s'attaque  h.  la  cite  sainte  ou  Dieu 
reside! 

&,.Les  eclairs  de  Pare,  les  fleches,  qui  bril- 
lent  comme  I'eclair  en  sortant  de  Fare. 
^.Tu resplendis  {q-ovc^-^. Dan.  ii,  22;  I  Tim. 


vi,  16).  —  Sur  les  montagties,  etc.;  litt.  Tes 
montagnes  de  proie  :  les  collines  de  Jerusa- 
lem, et  particulierement  celle  de  Sion,  sur 
laquelle  le  temple  etait  bati.  Tel  est  le  sens 
le  plus  satisfaisant  de  ce  verset  difficile. 

Le  Hir  :  tu  respletidis,  6  Majestueux, 
comme  le  soleil  qui  se  l^ve  des  montagnes 
oil  habile nt  les  fauves. 

Nv\g.,  tu  laftces  des  clartes  merveilleuses 
des  montagnes  eternelles  :  soit  des  hauteurs 
celestes,  soit  de  la  coUine  de  Sion  (comp. 
Ps.  Ixxxvi,  i). 

6.  Depouilles  de  leurs  armes.  —  Ces  he'ros  : 
ironic|ue.  —  De  leur  dernier  sommeil :  c'est 
pendant  leur  sommeil  que  les  Assyriens 
furent  frappes  par  I'ange  de  Dieu. 

Ce  verset  est  bien  defigure  dans  la  Vul- 
gate. 

11.  Le  dernier  mot  tu  ie  ceins,  lu  autre- 
ment  par  les  LXX,  ne  donne  aucun  sens 
satisfaisant,  ou  simplement  intelligible. 

12.  Que  tons  ceux  qui  Peni'ironnent,  le 
Psalmiste  s'adresse  aux  peuples  environ- 
nants,  temoins  du  desastre  des  Assyriens. 
—  Au  Dieu  terrible  :  comp.  Is.  viii,  1 3. 

13.  //  abat  Porgueil,  litt.  il  coupe  le  souffle 
(hebr.  rouach);  ou  bien,  il  moissonne  la  vie. 
<Zom^.  Joel,  iii,  13;  Apoc.  xiv,  18-20. 


150  TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   LXXVII    (VULG.  LXXVl). 

f  Ans  une  grande  calamite,  probablement  nationale,  le  Psalmiste  adresse  a  Dieu  sa 
plainte  (vers.  2-7);  il  semble  d'abord  ddsesperer  du  secours  divin  (8-11);  mais  la 
confiance  renait  dans  son  coeur  au  souvenir  des  anciennes  merveilles  que  le  Sei- 
gneur a  operees  en  faveur  de  son  peuple  k  la  sortie  d'Egypte  (12-21). 

Habacuc,  au  chap,  iii  de  son  livre,  parait  s'etre  inspire  de  ce  Psaume. 

Ps,  Ixxvii.  lAU  inaitre  de  chant.  ...  Idithun.  Psaume  d' Asaph. 

2  Ma  voix  s'eleve  vers  Dieu,  at  je  crie; 

Ma  voix  s'eleve  vers  Dieu  :  qu'il  m'entende ! 

3  Au  jour  de  ma  detresse,  je  cherche  le  Seigneur; 
Mes  mains  sont  etendues  la  nuit  sans  se  lasser; 
Mon  ame  refuse  toute  consolation. 

4  Je  me  souviens  de  Dieu,  et  je  gemis; 

Je  m^dite,  et  mon  esprit  est  abattu.  —  Se'la. 

5  Tu  tiens  mes  paupieres  ouvertesj 

Et,  dans  mon  agitation,  je  ne  puis  parler. 

6  Alo7-s  je  pense  aux  jours  anciens, 
Aux  annees  d'autrefois. 

7  Je  me  rappelle  mes  cantiques  pendant  la  nuit, 
Je  reflechis  au  dedans  de  mon  coeur, 

Et  mon  esprit  se  demande  : 

8  Le  Seigneur  rejettera-t-il  pour  toujours? 
Ne  sera-t-il  plus  favorable? 

9  Sa  bonte  est-elle  epuisee  pour  jamais? 

En  est-ce  fait  de  ses  promesses  pour  les  ages  futurs? 

10  Dieu  a-t-il  oublie  sa  clemence? 

A-t-il,  dans  sa  coleie,  retire  sa  misericorde?  —  Sela. 

1 1  Je  dis  :  "  Ce  qui  fait  ma  souffrance, 

C'est  que  la  droite  du  Tres-Haut  n'est  plus  la  meme ! " 

12  je  veux  rappeler  les  oeuvres  de  Jehovah, 

Car  je  me  souviens  de  tes  merveilles  d'autrefois. 

13  Je  veux  reflechir  sur  toutes  tes  ceuvres, 
Et  mediter  sur  tes  hauts  faits. 

14  O  Dieu,  tes  voies  sont  saintes. 

Quel  dieu  est  grand  comme  notre  Dieu? 

15  Tu  es  le  Dieu  qui  fait  des  prodiges; 

Tu  as  manifeste  ta  puissance  parmi  les  nations. 

16  Par  ton  bras  tu  as  delivre  ton  peuple, 
Les  fils  de  Jacob  et  de  Joseph.  —  Sela. 

17  Les  eaux  t'ont  vu,  6  Dieu, 

Les  eaux  t'ont  vu,  et  elles  ont  tremble; 
Les  abimes  se  sont  emus. 

18  Les  nuees  deverserent  leurs  eaux, 
Les  nues  firent  entendre  leur  voix, 

Et  tes  flinches  volcrent  de  toutes  parts. 

19  Ton  tonnerre  retentit  dans  le  tourbillon; 
Les  eclairs  illuminerent  le  monde; 

La  terre  fremit  et  trembla. 

20  La  mer  fut  ton  chemin, 

Les  grandes  eaux  ton  sentier, 

Et  Ton  ne  put  reconnaitre  tes  traces. 

21  Tu  as  conduit  ton  peuple  comme  un  troupeau, 
Par  la  main  de  Moise  et  d'Aaron. 


LIBER  PSALMORUM. 


151 


qui  aufert  spiritum  principum,  ter- 
ribili  apud  reges  terras. 

— :i:—  PSALMUS    LXXVI.  — :i:— 

Affli(51:us  clamat  ad  Dominum ;  recogitans 
Dei  mirabilia  in  spem  erigitur. 

I.  In  finem,  pro  Idithun,  Psal- 
mus  Asaph. 

hOCE  mea  ad  Dominum 
clamavi  :  voce  mea  ad 
Deum,  et  intendit  mi  hi. 
3.  In  die  tribulationis  meas 
Deum  exquisivi,  manibus  meis  no- 
cte  contra  eum  :  et  non  sum  dece- 
ptus.  Renuit  consolari  anima  mea, 
4.  memor  fui  Dei  et  delectatus  sum, 
et  exercitatus  sum  :  et  defecit  spiri- 
tus  meus. 

5.  Anticipaverunt  vigilias  ocuH 
mei  :  turbatus  sum,  et  non  sum  lo- 
cutus.  6.  Cogitavi  dies  antiquos  : 
et  annos  aeternos  in  mente  habui. 
7.  Et  meditatus  sum  nocte  cum 
corde  meo,  et  exercitahar,  et  scope- 
bam  spiritum  meum. 

8.  Numquid  in  aeternum  projiciet 
Deus  :  aut  non  apponet  ut  compla- 
citior  sit  adhuc?  9.  Aut  in  finem 
misericordiam  suam  abscindet,  a  ge- 


neratione  in  generationem.?  10.  Aut 
obliviscetur  misereri  Deus.'*  aut 
continebit  in  ira  sua  misericordias 
suas? 

II.  Et  dixi  :  Nunc  coepi  :  haec 
mutatio  dexteras  Excelsi.  12.  Me- 
mor fui  operum  Dom/ini  :  quia  me- 
mor ero  ab  initio  mirabilium  tuo- 
rum.  13.  Et  meditabor  in  omnibus 
operibus  tuis  :  et  in  adinventionibus 
tuis  exercebor. 

14,  Deus  in  sancto  via  tua  :  quis 
Deus  magnus  sicut  Deus  noster.'' 
15.  Tu  es  Deus  qui  facis  mirabilia. 
Notam  fecisti  in  populis  virtutem 
tuam  :  16.  redemisti  in  brachio  tuo 
populum  tuum,  filios  Jacob,  et  Jo- 
seph. 

17.  Viderunt  te  aquae  Deus,  vi- 
derunt  te  aquas  :  et  timuerunt,  et 
turbatas  sunt  abyssi.  18.  Multitudo 
sonitus  aquarum  :  vocem  dederunt 
nubes.  Etenim  sagittae  tuas  trans- 
eunt  :  1 9.  vox  tonitrui  tui  in  rota. 
Illuxerunt  coruscationes  tuas  orbi 
terrae  :  commota  est  et  contremuit 
terra.  20.  In  mari  via  tua,  et  semitas 
tuas  in  aquis  multis  :  et  vestigia  tua 
non  cognoscentur.  21.  "Deduxisti 
sicut  oves  populum  tuum,  in  manu 
Moysi  et  Aaron. 


"  Exod.  14, 
29. 


PSAUME  LXXVII. 

1.  ...Idithim.  Voir  Psaume  Ixii,  i. 

2.  Le  Seigneur^  hebr.  Adoiiai. 

3.  Ales  mains  sont  etendiies  :  geste  de  la 
priere.  —  Satis  se  lasser ;  litt.  sans  s'engotir- 
dir;  Vulg.,  et  je  n^ai  pas  ete  de^u. 

j\.Je  me  souviens,  etc.,  probalDlement  dans 
le  sens  que  Delitzsch  developpe  ainsi :  quand 
je  veux  me  souvenir  de  Dieu,  le  rendre  pre- 
sent a  ma  pensee,  lui  qui  jadis  dtait  pres  de 
moi,  maintenant  11  se  derobe,  et  je  ge'mis. 

5.  Tu  tiens,  etc.  :  Tu  me  laisses  dans  une 
douleur  qui  me  prive  de  sommeil. 

6.  Atix  jours  anciens,  ou  tu  nous  pro- 
diguais  tes  faveurs. 

7.  Mes  cantiqties  d'aclions  de  graces  pour 
tes  bienfaits. 

II.  N' est  plus  la  ineme  a  notre  egard.  Tel 
est  le  sens  qui  nous  parait  le  plus  probable 
de  ce  verset  difficile  et  diversement  explique. 

16.  Joseph  est  nomme  comme  etant  le  plus 
illustre  des  fils  de  Jacob.  Le  nom  du  pere 
d'Ephraim  et  de  Manasse  est  peut-etre  aussi, 


en  cet  endroit,  une  allusion  k  la  captivite 
des  Israelites  des  dix  tribus,  et  h.  la  reunion 
au  royaume  de  Juda  de  ceux  qui  avaient 
echappe  a  I'exil. 

17.  Les  eaux  de  la  mer  Rouge. 

18.  Leur  voix,  le  tonnerre.  —  Tes fleches, 
les  eclairs.  Un  violent  orageaccompagna-t-il, 
pour  le  proteger,  le  passage  des  Hebreux 
(comp.  Sag.  xix,  12);  ou  bien  ne  faut-il  voir, 
ici  et  vers.  19,  qu'une  description  poetique 
de  la  grande  manifestation  de  Jdhovah,  le 
tonnerre  et  les  e'clairs  figurant  habituelle- 
ment  dans  les  theophanies  bibliques  (comp. 
Ps.  xviii,  14)? 

19.  Dans  le  tourbillon  :  I'ouragan  se  joi- 
gnit  a  Forage. 

20  Pendant  que  la  nature  etait  ainsi  bou- 
leversee,  Dieu,  guide  invisible  d'lsrael,  se 
fraye  un  chemin  a  travers  les  eaux,  entrai- 
nant  son  peuple  apres  lui. 

21.  Comme  le  berger  conduit  son  troii- 
peau  :  le  Psalmiste  s'arrete  sur  cette  douce 
et  gracieuse  image,  que  nous  retrouvons 
dans  les  cantiques  d'Asaph. 


152 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps. 
Ixxviii. 


PSAUME   LXXVIII    (VULG.  LXXVIl). 

I'Histoire  d'Israel,  brievement  esquissde  et  sans  ordre  chronologique,  depuis  I'Exode 
jusqu'au  regne  de  David,  tel  est  le  sujet  de  ce  Psaume,  destine  sans  doute  h.  un 
usage  liturgique.  Le  but  de  I'auteur  est  de  rappeler  au  peuple  les  temoignages  de 
bonte  dont  il  a  ete  I'objet  de  la  part  du  Seigneur,  comme  aussi  ses  ingratitudes  et  ses 
transgressions  suivies  de  chatiments.  Mais  a  cote  de  ce  but  principal,  une  autre  intention 
se  r^vele  dans  plusieurs  passages  (vers.  9  sv.  60,  67-72)  :  le  Psalmiste  veut,  k  Tencontre  de 
la  puissante  tribu  d'Ephraim,  qui  groupait  autour  d'elle  les  autres  tribus  du  nord,  etablir 
la  l^gitimite  de  la  royaute  de  David  (comp.  II  Sam.  xix,  41-43),  et  justifier  la  translation 
de  I'arche  de  Silo  sur  le  niont  Sion.  Ce  petit  poeme  historique  s'arretant  au  regne  de  David, 
il  est  naturel  de  penser  que  \ Asaph  dont  il  porte  le  nom  etait  le  contemporain  et  I'ami  de 

ce  roi. 

Preambule  (vers.  1-4);  les  faits  merveilleux  de  I'histoire  d'Israel  doivent  etre  transmis 
par  les  peres  aux  enfants  (5-8);  infiddlite  d'Ephraim  (9-1 1);  prodiges  de  la  mer  Rouge  et 
du  desert  (12-16);  murmures  des  Israelites  (17-20);  la  manne  (21-25);  les  cailles,  nouveaux 
murmures  suivis  de  chatiments  (26-33);  fausse  conversion  du  peuple  a  pieu,qui  pardonne 
encore  (34-39);  revokes  des  Isratffites  au  desert,  oublieux  des  prodiges  accomplis  en 
Egypte  (40-51);  etablissement  d'Israel  en  Chanaan  (52-55);  ses  infidelites  dans  la  Terre 
promise  (56-58);  Dieu  abandonne  le  sancfluaire  de  Silo  et  livre  Israel  a  ses  ennemis  (59-64); 
il  repudie  Ephraim,  et  choisit  Juda  et  Sion  (65-67);  royaute  de  David  (68-72). 

iCANTIQUE  d'Asaph. 

Ecoute,  mon  peuple,  mon  enseignement; 
Prete  Toreille  aux  paroles  de  ma  bouche. 

2  Je  vais  ouvrir  ma  bouche  pour  dire  des  sentences, 
Je  publierai  la  sagesse  des  temps  anciens. 

3  Ce  que  nous  avons  entendu,  ce  que  nous  avons  appris, 
Ce  que  nos  peres  nous  ont  racont^, 

4  Nous  ne  le  cacherons  pas  a  leurs  enfants; 

Nous  dirons  a  la  generation  future  les  louanges  de  Jehovah, 
Et  sa  puissance,  et  les  prodiges  qu'il  a  operes. 

5  II  a  mis  une  r^gle  en  Jacob, 
II  a  etabli  une  loi  en  Israel, 
Quand  il  a  enjoint  a  nos  peres 
D'apprendre  ces  choses  a  leurs  enfants, 

6  Pour  qu'elles  soient  connues  des  generations  suivantes, 
Des  enfants  qui  naitraient, 

Et  que  ceux-ci  k  leur  tour  les  racontent  a  leurs  enfants. 

7  Ainsi  ils  mettraient  en  Dieu  leur  confiance, 
lis  n'oublieraient  point  les  oeuvres  de  Dieu, 
Et  ils  observeraient  ses  preceptes; 

8  lis  ne  seraient  point,  comme  leurs  peres, 
Une  race  indocile  et  rebelle, 

Une  race  au  coeur  volage, 

Dont  I'esprit  n'est  pas  fidele  k  Dieu. 

9  Les  fils  d'Ephraim,  archers  habiles  h  tirer  de  Tare, 
Ont  tourne  le  dos  au  jour  du  combat; 

10  Ils  n'ont  pas  garde  I'alliance  de  Dieu, 
lis  ont  refuse  de  marcher  selon  sa  loi; 
lis  ont  mis  en  oubli  ses  grandes  ceuvres. 


II 

12 
13 
14 

15 


Et  les  merveilles  qu'il  leur  avait  montrees. 

Devant  leurs  peres,  il  avait  fait  des  prodiges, 

Au  pays  d'Egypte,  dans  les  campagnes  de  Tanis. 

II  ouvrit  la  mer  pour  les  faire  passer, 

II  retint  les  eaux  dressees  comme  une  muiaille. 

II  les  conduisit  le  jour  par  la  nuee, 

Et  toute  la  nuit  par  un  feu  brillant. 

II  fendit  les  rochers  dans  le  desert, 

Et  il  donna  a  boire  comme  des  flots  abondants. 


LIBER  PSALMORUM. 


153 


— :i:— PSALMUS    LXXVII.— ^S— 

Judaeos  excitat  memorando  beneficia 
et  flagella  Dei. 


Intellectus  Asaph, 
TTENDITE 


popule 
meus  legem  meam  :  in- 
clinate  aurem  vestram  in 
verba  oris  mei.  2.  Ape- 
riam  in  parabolis  os  meum  :  loquar 
propositiones  ab  initio.  3.  Quanta 
audivimus  et  cognovimus  ea  :  et  pa- 
tres  nostri  narraverunt  nobis.4.Non 
sunt  occultata  a  filiis  eorum,  in  ge- 
neratione  altera.  Narrantes  laudes 
Domini,  et  virtutes  ejus,  et  mirabi- 
lia  ejus  quas  fecit. 

5.  Et  suscitavit  testimonium  in 
Jacob  :  et  legem  posuit  in  Israel. 
Quanta  mandavit  patribus  nostris 
iiota  facere  ea  filiis  suis  :  6.  ut  co- 
gnoscat  generatio  altera.  Filii  qui 
nascentur,  et  exsurgent,  et  narra- 
bunt  filiis  suis,  7.  ut  ponant  in  Deo 
spem  suam,  et  non  obliviscantur 
operum  Dei  :  et  mandata  ejus  ex- 
quirant  :  8.  ne  fiant  sicut  patres 
eorum  :  generatio  prava  et  exaspe- 
rans.  Generatio,  quae  non  direxit 
cor  suum  :  et  non  est  creditus  cum 
Deo  spiritus  ejus. 

9.  Filii  Ephrem  intendentes  et 
mittentes  arcum  :  conversi  sunt  in 
die  belli.  10.  Non  custodierunt  te- 
stamentum  Dei  :  et  in  lege  ejus  no- 


luerunt  ambulare.  1 1.  Et  obliti  sunt 
benefactorum  e;jus,  et  mirabilium 
ejus  quae  ostendit  eis. 

12.  Coram  patribus  eorum  fecit 
mirabilia  in  terra  i^gypti,in  campo 
Taneos.  13.  "Interrupit  mare,  et 
perduxit  eos  :  et  statuit  aquas  quasi 
in  utre.  14.  Et  deduxit  eos  in  nube 
diei  :  et  tota  nocte  in  illuminatione 
ignis.  15.  ^Interrupit  petram  in  ere- 
mo  :  et  adaquavit  eos  velut  in  abys- 
so  multa.  16.  Et  eduxit  aquam  de 
petra:  et  deduxit  tamquam  flumina 
aquas. 

17.  Et  apposuerunt  adhuc  pec- 
care  ei  :  in  iram  excitaverunt  Ex- 
celsum  in  inaquoso.  18.  Et  tentave- 
runt  Deum  in  cordibus  suis  :  ut 
peterent  escas  animabus  suis.  1 9.  Et 
male  locuti  sunt  de  Deo  1  dixerunt : 
Numquid  poterit  Deus  parare  men- 
sam  in  deserto?  20.  Quoniam  per- 
cussit  petram,  et  fluxerunt  aquas,  et 
torrentes  inundaverunt.  Numquid 
et  panem  poterit  dare,  aut  parare 
mensam  populo  suo.^ 

21.  'Ideo  audivit  Dominus,  et 
distulit  :  et  ignis  accensus  est  in 
Jacob,  et  ira  ascendit   in   Israel  : 

22.  quia  non  crediderunt  in  Deo, 
nee   speraverunt  in   salutari   ejus  : 

23.  et  mandavit  nubibus  desuper, 
et  januas  coeli  aperuit.  24. ''Et  pluit 
illis  manna  ad  manducandum,  et 
panem  coeli  dedit  eis.  25. 'Panem 
Angelorum  manducavit  homo  :  ci- 
baria  misit  eis  in  abundantia. 


"  Exod.  14, 
22. 


''  Exod.  17, 
6.  Ps.  104, 
41. 


Num.  II, 


I. 


""Exod.  16, 
4.  Num.  II, 

1- 

'■  Joann.  6, 
31.  I  Cor. 
10,  3. 


PSAUME  LXXVIII. 

I,  Cati/ique,  hebr.  viaskil :voy.  Ps.-x.x\\\. 
—  Ecoute  :  comp.  a  ce  preambule  Dent. 
xxxii,  i;  Is.  i,  2;  Ps.  xlix,  2. 

2.Je  vais  ouvrir :  cite  et  applique  au  Sau- 
veur  par  S.  INIatthieu  (xiii,  35).  — •  La  sagesse, 
hebr.  chidof/i,  paroles  obscures,  enigmes, 
cachant  un  sens  profond  qu'on  n'apergoit 
pas  tout  d'abord. 

3.  Cf.  Exode  x,  2;  xiii,  8,  14.  Dent,  iv,  g. 

9  sv.  Les  fits  (T Eplira'i)ii :  comme  la  puis- 
sante  tribu  de  ce  nom  eut  la  preponderance 
dans  la  nation  depuis  Josue  jusqu'ci  David, 
plusieurs  interpretes  pensent  que  ces  mots 
sont  ici  synonymes  de  tout  Israel  (comp. 


Osee.,  iv,  7).  Cette  opinion  est  nettement 
contredite  par  le  vers.  67.  Elle  est  vraie 
seulement  en  ce  sens  que  I'affirmation  du 
Psalmiste  s'applique  egalement  aux  Israe- 
lites en  general  (vers.  57) ;  mais  il  nomme 
avec  intention  la  redoutable  tribu  du  nord, 
afin  de  preparer  la  conclusion  de  son  can- 
tique,  savoir  le  rejet  de  Silo  et  d'Ephrai'm. 
—  Ont  tourne  le  dos,  etc.  :  aucun  fait  histo- 
rique  connu  ne  vient  appuyer  cette  asser- 
tion prise  k  la  lettre.  Aussi  les  interpretes 
sont-ils  d'accord  pour  lui  donner  un  sens 
figure. 

12.  Tarn's,  hebr.  Tsoan,  auj.  Sati,  sur  un 
large  bras  du  Nil,  residence  favorite  du  pha- 
raon  contemporain  de  Moise. 


I 


> 


154  TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

i6  Du  rocher  il  fit  jaillir  des  sources 
Et  couler  I'eau  par  torrents. 

17  Mais  ils  continuerent  de  pecher  contre  lui, 
De  se  revolter  contre  le  Tres-Haut  dans  le  desert. 

18  lis  tentcrent  Dieu  dans  leur  coeur, 
En  demandant  de  la  nourriture  selon  leur  convoitise. 

19  lis  parlerent  contre  Dieu  et  dirent  : 
"  Dieu  pourra-il  dresser  une  table  dans  le  desert? 

20  Voici  qu'il  a  frappe  le  rocher,  et  des  eaux  ont  coule, 
Et  des  torrents  se  sont  repandus;  j 
Pourra-t-il  aussi  nous  donner  du  pain.?                                                                                   1 
Pourra-t-il  procurer  de  la  viande  k  son  peuple? 

21  Jehovah  entendit  et  il  fut  irrite, 
Un  feu  s'alluma  contre  Jacob, 
Et  la  colere  s'dleva  contre  Israel, 

22  Parce  qu'ils  n'avaient  pas  eu  foi  en  Dieu  V 
Et  n'avaient  pas  espere  en  son  secours. 

23  Cepetida}it  il  commanda  aux  nuees  d'en-haut, 
Et  il  ouvrit  les  portes  du  ciel; 

24  II  fit  pleuvoir  sur  eux  la  manne  pour  les  nourrir, 
Et  leur  donna  le  froment  du  ciel. 

25  Chacun  mangea  le  pain  des  anges, 

II  leur  envoya  de  la  nourriture  a  satiete. 

26  II  fit  souffler  dans  !e  ciel  le  vent  d'orient, 

II  amena  par  sa  puissance  le  vent  du  midi; 

27  11  fit  pleuvoir  sur  eux  la  viande  comme  de  la  poussiere, 
Et  les  oiseaux  ailes  comme  le  sable  des  mers. 

28  II  les  fit  tomber  au  milieu  de  leur  camp, 
Autour  de  leurs  tentes. 

29  Ils  mangerent  et  se  rassasierent  h.  I'exces; 
Dieu  leur  donna  ce  qu'ils  avaient  desire. 

30  lis  n'avaient  pas  encore  satisfait  leur  convoitise, 
Et  leur  nourriture  etait  encore  k.  leur  bouche, 

31  Quand  la  colere  de  Dieu  s'eleva  contre  eux; 
11  frappa  de  mort  les  mieux  repus, 

II  abattit  les  jeunes  hommes  d' Israel. 

32  Apres  tout  cela,  ils  pecherent  encore, 
Et  n'eurent  pas  foi  dans  ses  prodiges. 

33  Alors  il  dissipa  leurs  jours  comme  un  souffle, 
Et  leurs  annt'es  par  une  fin  soudaine. 

34-  Quand  il  les  frappait  de  mort,  ils  le  cherchaient, 
lis  revenaient,  empresses  a  retrouver  Dieu. 

35  lis  se  rappelaient  que  Dieu  etait  leur  rocher, 
Et  le  Dieu  Tres-Haut  leur  liberateur. 

36  INTais  ils  le  trompaient  par  leurs  paroles, 
Et  leur  langue  lui  mentait. 

37  Leur  cccur  n'etait  pas  ferme  avec  lui, 
lis  n'etaient  pas  fiddles  h.  son  alliance. 

38  Mais  lui  est  misericordieux  : 

II  pardonne  le  pt'che  et  ne  detruit  pas; 

Souvent  il  retint  sa  colere, 

Et  ne  se  livra  pas  ;\  toute  sa  fureur. 

39  II  se  souvenait  qu'ils  n'etaient  que  chair, 
Un  souffle  qui  s'en  va  et  ne  revient  plus. 

40  Que  de  fois  ils  se  revolterent  contre  lui  dans  le  dt'sert ! 
(2ne  dc fois  ils  I'irriterent  dans  la  solitude? 

41  lis  ne  cesserent  de  tenter  Dieu 
Et  de  provoquer  le  Saint  d'Israel. 

42  lis  ne  se  souvinrent  plus  de  sa  puissance, 
Du  jour  ou  il  les  delivra  de  I'oppresseur, 


LIBER  PSALMORUM. 


155 


26yTranstulit  Austrum  de  coe- 
lo  :  et  induxit  in  virtute  sua  Afri- 
cum.  2,7.  Et  pluit  super  eos  sicut 
pulverem  carnes  :  et  sicut  arenam 
maris  volatilia  pennata.  28.  Et  ceci- 
derunt  in  medio  castrorum  eorum  : 
circa  tabernacula  eorum.  29.  Et 
manducaverunt  et  saturati  sunt  ni- 
mis,  et  desiderium  eorum  attulit 
eis  :  30.  non  sunt  fraudati  a  deside- 
rio  suo,  ^Adhuc  escae  eorum  erant 
in  ore  ipsorum  :  31.  et  ira  Dei 
ascendit  super  eos.  Et  occidit  pin- 
gues  eorum,  et  electos  Israel  impe- 
divit. 

32.  In  omnibus  his  peccaverunt 
adhuc  :  et  non  crediderunt  in  mira- 
bilibus  ejus.  33.  Et  defecerunt  in 
vanitate  dies  eorum  :  et  anni  eorum 
cum  festinatione.  34.  Cum  occide- 
ret  eos,  quasrebant  eum  :  et  reverte- 
bantur,  et  diluculo  veniebant  ad 
eum.  25-  Et  rememorati  sunt  quia 
Deus  adjutor  est  eorum :  et  Deus  ex- 
celsus  redemptor  eorum  est.  36. ''  Et 
dilexerunt  eum  in  ore  suo,  et  lingua 
sua  mentiti  sunt  ei  :  37.  cor  autem 
eorum  non  erat  rectum  cum  eo  : 
nee  fideles  habiti  sunt  in  testamento 
ejus.  38.  Ipse  autem  est  misericors, 
et  propitius  fiet  peccatis  eorum  :  et 
non  disperdet  eos.  Et  abundavit  ut 
averteret  iram  suam  :  et  non  accen- 
dit  omnem  iram  suam  :  39.  et  re- 
cordatus  est  quia  caro  sunt :  spiritus 
vadens,  et  non  rediens. 

40.  Quoties  exacerbaverunt  eum 


in  deserto,  in  iram  concitaverunt 
eum  in  inaquoso?  41.  Et  conversi 
sunt,  et  tentaverunt  Deum  :  et  san- 
ctum Israel  exacerbaverunt.42.N0n 
sunt  recordati  manus  ejus,  die  qua 
redemit  eos  de  manu  tribulantis, 
43.  sicut  posuit  in  ^^igypto  signa 
sua,  et  prodigia  sua  in  campo  Ta- 
neos. 

44.  'Et  convertit  in  sanguinem 
flumina  eorum,  et  imbres  eorum,  ne 
biberent.  45.  'Misit  in  eos  coeno- 
myiam,  et  comedit  eos  :  et  ranam, 
et  disperdidit  eos.  46.  ''Et  dedit 
asrugini  fructus  eorum  ;  et  labores 
eorum  locustas.  47.  ^Et  occidit  in 
grandine  vineas  eorum  :  et  mores 
eorum  in  pruina.  48.  Et  tradidit 
grandini  jumenta  eorum  :  et  posses- 
sionem eorum  igni.  49.  Misit  in  eos 
iram  indignationis  suas  :  indigna- 
tionem,  et  iram,  et  tribulationem  : 
immissiones  per  angelos  malos. 
50.  Viam  fecit  semitas  irag  suae,  non 
pepercit  a  morte  animabus  eorum : 
et  jumenta  eorum  in  morte  conclu- 
sit.  51.  "'Et  percussit  omne  primo- 
genitum  in  terra  ^gypti :  primitias 
omnis  laboris  eorum  in  tabernaculis 
Cham. 

52.  Et  abstulit  sicut  oves  popu- 
lum  suum  :  et  perduxit  eos  tam- 
quam  gregem  in  deserto.  53.  Et  de- 
duxit  eos  in  spe,  et  non  timuerunt: 
"et  inimicos  eorum  operuit  mare. 
54.  Et  induxit  eos  in  montem  san- 
ctificationis    suas,    montem,   quem 


'Exod.  7, 
20. 

>Exod.  8, 
6.  24. 

^•'  Rxod.  10, 
15- 

'Exod.  9, 


■  Exod.  12, 


"Exod.  14, 

27. 


18. 1/s  tentereni  Diett  en  mettant  en  ques- 
tion, dmis  leur  cceter,  sa  puissance  et  sa 
bonte  :  comp.  I  Cor.  x,  9.  —  En  deinandant, 
sans  foi,  et  comme  par  defi.  —  Leurs  desirs 
sensuels.  Voy.  Exod.  .\vi,  3;  Nombr.  xi,  4. 

19.  Comp.  Marc,  viii,  4. 

2.1.  II  flit  irrite  {Nombr.  xi,  i,  10);  Vulg,, 
il  differa,  il  attendit  un  pen  :  en  efifet,  Dieu 
accueillit  favorablement  la  premiere  de- 
mande  des  Hebreux  relative  a  la  manne; 
ce  n'est  que  plus  tard  qu'il  s'irrita. 

22.  Nombr.  xiv,  11.  Comp.  Hebr.  iii,  18. 

24.  Le  fromeiit  die  ctel,  envoye  du  ciel, 
non  produit  par  la  terre  :  en  quoi  surtout  la 
manne  est  la  figure  de  I'Eucharistie  {Jean, 
vi,  31,  59)- 


25.  Lepain  des angesj  non  dont  les  anges 
se  nourrissent  {Tob.  xi,  19);  mais  qui  sem- 
ble  venir  du  sejour  des  anges,  ou  meme  etre 
envoye  par  eux. 

26  sv.  Miracle  des  cailles  :  voy.  Nombr. 
xi,  31. 

31.  Les  tmeiix  repus,  lilt,  les  plus  gros; 
d'autres,  les  plus  vigoureu.v.  Voy.  Nombr. 

32.  Et  li'eurent  pas  foi  :  se  rapporte  pro- 
bablement  au  retour  des  espions  envoyes  en 
Chanaan  {Nombr.  xiv,  11). 

33.  Tous  les  Israelites  ages  de  plus  de 
20  ans  furent  condamnes  a  perir  dans  le 
desert  {Nombr.  xiv,  23.  Comp.  xxi,  6). 

41.  Tefiier  Dieu  :  xoy.  \'&\s.  18.    .. 


156 


TROISlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


i 


43  Oil  il  montra  ses  prodiges  en  Egypte, 

Ses  adlions  merveilleuses  dans  les  campagnes  de  Tanis. 

44  II  changea  leurs  fleuves  en  sang, 

Et  ils  ne  piirent  boire  a  leurs  ruisseaux. 

45  II  envoya  centre  eiix  le  moucheron  qui  les  devoraj 
Et  la  grenouille  qui  les  fit  p^rir. 

46  II  livra  leurs  recoltes  a  la  sauterelle, 

Le  produit  de  leur  travail  h.  ses  innombrables  essaims. 

47  II  detruisit  leurs  vignes  par  la  grele, 
Et  leurs  sycomores  par  les  grelons. 

48  II  abandonna  leur  betail  a  la  grele, 

Et  leurs  troupeaux  aux  coups  de  la  foudre. 

49  II  dechaina  centre  eux  le  feu  de  son  courroux, 
La  fureur,  la  rnge  et  la  detresse, 

Toute  une  armee  d'anges  de  malheur. 

50  II  donna  libre  carriere  a  sa  coiere, 
II  ne  sauva  pas  leur  ame  de  la  mort, 
II  livra  leur  vie  a  la  destruflion. 

51  II  frappa  tous  les  premiers-nes  en  Egypte, 

Les  premices  de  la  force  sous  les  tentes  de  Cham. 

52  II  fit  partir  son  peuple  comme  des  brebis, 

II  les  mena  comme  un  troupeau  dans  le  desert. 

53  II  les  dirigea  surement,  sans  qu'ils  eussent  rien  k  craindre, 
Et  la  mer  engloutit  leurs  ennemis. 

54  II  les  fit  arriver  jusqu'a  sa  frontiere  sainte, 
Jusqu'k  la  montagne  que  sa  droite  a  conquise. 

55  II  chassa  les  nations  devant  eux, 

Leur  assigna  par  le  sort  leur  part  d'heritage, 

Et  fit  habiter  dans  leurs  tentes  les  tribus  d'Israel. 

56  Cependant  ils  ont  encore  tente  et  provoque  le  Dieu  Tres-Haut, 
Et  ils  n'ont  pas  observe  ses  ordonnances. 

57  Ils  se  sont  detournes  et  ont  ^te  infideles  comme  leurs  peres, 
lis  se  sont  detournes,  comme  un  arc  trompeur. 

58  Ils  Font  irrite  par  leurs  hauts  lieux, 

lis  ont  excitd  sa  jalousie  par  leurs  idoles. 

59  Dieu  entendit  et  s'indigna, 

II  prit  Israel  en  grande  aversion. 

60  II  d(5daigna  le  demeure  de  Silo, 

La  tente  ou  il  habitait  parmi  les  hommes. 

61  II  livra  sa  force  h  la  captivite, 

Et  sa  majeste  aux  mains  de  Tennemi. 

62  II  abandonna  son  peuple  au  glaive, 
Et  il  s'indigna  contre  son  heritage. 

63  Le  feu  devora  ses  jeunes  hommes, 

Et  ses  vierges  n'entendirent  point  le  chant  nuptial. 

64  Ses  pretres  tomberent  par  I'epee, 

Et  ses  veuves  ne  se  lamenterent  point. 

65  Le  Seigneur  se  reveilla,  comme  un  homme  endormi, 
Pareil  au  guerrier  subjugut^  par  le  vin. 

66  II  frappa  ses  ennemis  par  derricre, 
II  leur  infligea  une  honte  eternelle. 

67  Mais  il  prit  en  aversion  la  tente  de  Joseph, 
Et  il  repudia  la  tribu  d'Ephraim. 


43.  Tarn's  :  voy.  vers.  12. 

Suit  I'enumeration  des  principales  plaies 
d'Egypte. 

44.  LeitrsJIciivcs,  le  Nil  avec  ses  branches 
et  ses  canaux.  —  Et  ils  ne ptiretit,  etc.;  ou 


bien,  ainsi  que  leurs  ruisseaux,  et  ils  ne 
pureiit  en  boire. 

47.  Leurs  vignes  :  les  dccouvertes  mo- 
dernes  ont  prouve  que  la  vigne  etait  cultivee 
dans  I'ancienne  Egypte.  Comp.  Gen.  xl,  9. 


LIBER  PSALMORUM. 


157 


acquisivit  dextera  ejus.  Et  ejecita 
13,16.  facie  eorum  gentes  :  et  "sorte  divisit 
eis  terram  in  funiculo  distributionis. 
SS-  Et  habitare  fecit  in  tabernaculis 
eorum  tribus  Israel. 

56.  Et  tentaverunt,  et  exacerba- 
verunt  Deum  excelsum  :  et  testimo- 
nia  ejus  non  custodierunt.  57.  Et 
averterunt  se,  et  non  servaverunt 
pactum  :  quemadmodum  patres  eo- 
rum, conversi  sunt  in  arcum  pra- 
vum.58.  In  iramconcitaverunteum 
in  collibus  suis  :  et  in  sculptilibus 
suis  ad  aemulationem  eum  provoca- 
verunt. 

59.  Audivit  Deus,  et  sprevit  :  et 

ad    nihilum    redegit    valde    Israel. 

eg.  4.    60.  ^Et  repulit  tabernaculum  Silo, 


tabernaculum  suum,  ubi  habitavit 
in  hominibus.  61.  Et  tradidit  in 
captivitatem  virtutem  eorum  :  et 
pulchritudinem  eorum  in  manus 
inimici.  62.  Et  conclusit  in  gladio 
populum  suum  :  et  hereditatem 
suam  sprevit.  Sj.  Juvenes  eorum 
comedit  ignis  :  et  virgines  eorum 
non  sunt  lamentatas.  64,  Sacerdotes 
eorum  in  gladio  ceciderunt  :  et  vi- 
duae  eorum  non  plorabantur. 

65.  Et  excitatus  est  tamquam 
dormiens  Dominus,  tamquam  po- 
tens  crapulatus  a  vino.  66.  ''Et  per- 
cussit  inimicos  suos  in  posteriora  : 
opprobrium  sempiternum  dedit 
illis.  67.  Et  repulit  tabernaculum 
Joseph  :  et  tribum  Ephraim  non 


^  1  Reg.  5. 


49.  Resumd  de  tous  les  maux  dechaines 
centre  les  Egyptians.  Toute  line  arincc^  litt. 
mission,  d'anges  de  inalheur  :  le  Psalm iste 
appelle  ainsi  les  fleaux  personnifi^s.  Ou 
bien,  avec  Le  Hir  :  envoi  d'anges  de  nial- 
heurs,  probablement  de  bons  anges  {Exod. 
xii,  12.  Comp.  Sag.  xviii,  15),  executeurs 
des  justices  de  Dieu. 

50.  Letir  vie,  ou  avec  la  Vulg.,  leur  detail. 
■ —  A  la  destrii£lion,  ou  a  la  peste  (5^  plaie. 
Exod.  ix,  1-7). 

51.  Dixieme  plaie.  Les  premices  de  la  force 
virile,  comme  nous  dirions  :  la  fleur  de  la 
jeunesse.  —  Tentes  de  Cham,  I'Egypte,  ainsi 
appelee  parce  que  Mitsraim,  fils  de  Cham, 
est  regarde  comme  le  pere  des  Egyptiens. 

Le  Psalmiste  reprend  I'histoire  d'Israel  k 
partir  du  desert. 

53.  La  mer  Rouge. 

54.  La  frontiere  de  la  Terre  sainte.  —  La 
montagne,  le  pays  montagneux  de  Chanaan 
{Is.  xi,  9). 

55.  Les  nations,  les  peuplades  chana- 
neennes. 

56  sv.  Arrivds  dans  la  Terre  promise,  les 
Israelites  furent  infideles  k  Dieu,  tomberent 
dans  l'idolS,trie,  comme  leurs  peres  du  de- 
sert. —  lis  se  detourncrent  de  Dieu,  seul 
objet  legitime  de  leurs  adorations,  sembla- 
bles  a  U7i  arc  trovipeur,  fausse,  qui  lance  la 
fleche  loin  du  but. 

58.  Hants  liciix,  tertres  ou  coUines  ou  les 
Israelites  rendaient  un  culte  a  des  divinites 
paiennes. 

60.  Oil  il  habitaitj  ou  bien,  quHl  avail 
dressee.  Le  tabernacle  resta  k  Silo  depuis  Jo- 
sue  {Jos.  xviii,  I )  jusqu'a  Samuel  ( I  Sam.  i,  3). 

61.  Sa  force...  sa  majestc  :  I'arche  d'al- 
liance  qui  fut  prise  par  les  Philistins  (I  Sam. 
iv,  10), 


Le  Hir,  avec  la  Vulgate  :  sa  force...  sa 
gloire,  I'arche  qui  faisait  la  force  et  la  gloire 
d'Israel. 

62.  Au  glaive,  a  I'epee  des  Philistins. 

63.  Le  feu  de  la  guerre.  —  Ses  vierges, 
etc.  :  il  n'y  avait  plus  de  jeunes  gens  pour 
les  epouser.  Vulg.,  ne  furent  point  pleiirees, 
sans  doute  par  leurs  fiances  ou  leurs  peres 
tues  a  la  guerre. 

64.  Ses  prctres,  par  ex.  Ophni  et  Phinees 
(I  Sam.  iv,  17).  —  Ne  se  lainenterent poitif, 
ne  purent,  a  cause  de  la  guerre,  celebrer 
avec  les  ceremonies  accoutum^es  le  deuil 
de  leurs  maris  :  I'omission  de  ces  rites  fun^- 
raires  etait  I'indice  d'une  extreme  desola- 
tion. Vulg.,  oti  ne  fit  point  le  deuil  de  leurs 
veuves. 

65.  Le  Seigneur  qui  paraissait  dormir 
pendant  qu'Israel  etait  sous  le  joug  des  ido- 
latres,  s'cveilla  pour  le  delivrer  :  comp.  Ps. 
xliv,  24;  Ixxiii,  20.  —  An  guerrier  subjugue' 
par  le  vin,  ou  excite  par  le  vin;  le  mot  est 
obscur  :  le  premier  sens  va  mieux  pour  le 
parallelisme. 

66.  Par  derriere,  apres  les  avoir  mis  en 
fuite;  peut-etre  aussi  allusion  a  I  Sam.  v, 
6  sv.  En  tout  cas,  le  verset  vise  toutes  les 
vicfloires  remportees  sur  les  Philistins  de- 
puis Samuel  jusqu'k  David. 

67.  La  tente  ou  le  tabernacle  de  Joseph, 
c.-a-d.  d'Ephraim,  fils  de  Joseph.  Durant  la 
periode  des  Juges,  le  tabernacle  renfermant 
I'arche  d'alliance  fut  garde  a  Silo,  ville  de 
la  tribu  d'Ephraim;  cette  ville  etait  alors  le 
centre  religieux  et  national  ou  se  reunis- 
saient  les  chefs  des  tribus  {Jos.  xviii,  i,  10). 
Dieu  changea  cet  etat  de  choses  en  faveur 
de  la  tribu  de  Juda,  k  laquelle  appartenait 
David,  et  qui  devait  avoir  la  preeminence 

I  dans  la  nation  {Gen.  xlix,  10).  Apres  diverses 


158 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


68  II  choisit  la  tribu  de  Juda, 

La  montagne  de  Sion  qu'il  aimait. 

69  Et  il  batit  son  sanfluaire  comme  les  hauteurs  du  del, 
Comme  la  terre  qu'il  a  fondee  pour  toujours. 

70  II  choisit  David,  son  serviteur, 
Et  le  tira  des  bergeries; 

71  II  le  prit  derriere  les  brebis  meres, 
Pour  paitre  Jacob,  son  peuple, 

Et  Israel,  son  heritage. 

72  Et  David  les  guida  dans  la  droiture  de  son  cceur, 
Et  il  les  conduisit  d'une  main  habile. 


PSAUME   LXXIX    (VULG.  LXXVIIl). 

E  Psaume  a  le  meme  auteur,  le  meme  style  et  probablement  se  rapporte  au  meme 
sujet  que  le  Ixxiv^.  Asaph,  apres  avoir  repr^sent^  a  Dieu  I'etat  deplorable  de  la 
ville  sainte  et  du  peuple  fidele  (vers.  1-4),  implore  sa  misericorde  et  son  secours 
(5-13)- 

Ps.  l.xxix.  i PSAUME  d'Asaph. 

O  Dieu,  les  nations  ont  envahi  ton  heritage, 

Elles  ont  profane  ton  saint  temple. 

EUes  ont  fait  de  Jerusalem  un  monceau  de  pierres. 

2  Elles  ont  livre  les  cadavres  de  tes  serviteurs 
En  pature  aux  oiseaux  du  ciel, 

Et  la  chair  de  tes  fideles  aux  betes  de  la  terre. 

3  Elles  ont  verse  leur  sang  comme  de  I'eau 
Tout  autour  de  Jerusalem, 

Et  personne  pour  leur  donner  la  sepulture! 

4  Nous  sommes  devenus  un  objet  d'opprobre  pour  nos  voisins, 
De  risee  et  de  moquerie  pour  ceux  qui  nous  entourent. 

5  Jusques  a  quand,  Jehovah,  seras-tu  irrite  pour  toujours, 
Et  ta  colere  s'allumera-t-elle  comme  le  feu? 

6  Rcpands  ta  fureur  sur  les  nations  qui  ne  te  connaissent  pas, 
Sur  les  royaumes  qui  n'invoquent  pas  ton  nom. 

7  Car  ils  ont  ddvore  Jacob 
Et  ravage  sa  demeure. 

8  Ne  te  souviens  plus  contre  nous  des  iniquitds  de  nos  peres; 
Que  ta  compassion  vienne  en  hate  au-devant  de  nous, 
Car  notre  misere  est  au  comble. 

9  Secours-nous,  Dieu  de  notre  salut,  pour  la  gloire  de  ton  nom, 
Delivre-nous  et  pardonne  nos  peches  a  cause  de  ton  nom. 

10  Pourquoi  les  nations  diraient-elles  :  "  Ou  est  leur  Dieu?" 

Ou'on  sache  parmi  les  nations,  et  que  nos  yeux  en  soient  temoins, 
Que  tu  venges  le  sang  de  tes  serviteurs,  le  sang  repandu! 

11  Que  les  g^^missements  des  captifs  montent  jusqu'a  toi; 
Selon  la  grandeur  de  ton  bras  sauve  ceux  qui  vont  perir. 

12  P'ais  retomber  sept  fois  dans  le  sein  de  nos  voisins 
Les  outrages  qu'ils  t'ont  faits,  Seigneur! 

13  Et  nous,  ton  peuple,  le  troupeau  de  ton  paturage, 
Nous  te  rendrons  gloire  a  jamais; 

D'age  en  age  nous  publierons  tes  louanges. 


LIBER  PSALMORUM. 


159 


elegit  :  68.  sed  elegit  tribum  Juda, 
montem  Sion  quem  dilexit.  69.  Et 
jedificavit  sicut  unicornium  sancti- 
ficium  suum  in  terra,  quam  funda- 
vit  in  sascula. 

70.  Et  elegit  David  servum  suum, 
et  sustulit  eum  de  gregibus  ovium  : 
de  post  foetantes  accepit  eum,  7 1 .  pa- 
scere  Jacob  servum  suum,  et  Israel 
hereditatem  suam  :  72.  et  pavit  eos 
in  innocentia  cordis  sui  :  et  in  in- 
tellectibus  manuum  suarum  dedu- 
xit  eos. 

— :i:—   PSALMUS  LXXVIII.  —^^ 

Deplorat  urbis  et  templi  ruinam,  et  implorat 
Dei  opem. 


Psalmus  Asaph. 

EUS  venerunt   gentes  in 


hereditatem  tuam,  pollue- 
runt  templum  sanctum 
tuum  :  posuerunt  Jerusa- 
lem in  pomorum  custodiam.  2,  Po- 
suerunt morticinaservorumtuorum, 
escas  volatilibus  coeli  :  carnes  san- 
ctorum tuorum  bestiis  terras. 3. Effu- 
derunt  sanguinem  eorum  tamquam 
aquam  in  circuitu  Jerusalem  :  et 
non  erat  qui  sepeliret.4.  F'acti  sumus 
opprobrium  vicinis  nostris  :  subsan- 
natio  et  illusio  his,  qui  in  circuitu 
nostro  sunt. 


5.  Usquequo  Domine  irasceris  in 
finem  :  accendetur  velut  ignis  zelus 
tuus.?  6.  "EfFunde  iram  tuam.  in  "Jer.  10,25. 
gentes,  qu«  te  non  noverunt  :  et  in 
regna,  quae  nomen  tuum  non  invo- 
caverunt :  7 .  quia  comederunt  Jacob : 
et  locum  ejus  desolaverunt. 

8.  *Ne  memineris  iniquitatum  no-  *is.  64,  9. 
strarum  antiquarum,cito  anticipent 
nos  misericordias  tuas  :  quia  paupe- 
res  facti  sumus  nimis.  9.  Adjuva 
nosDeus  salutaris  noster:  et  propter 
gloriam  nominis  tui  Domine  libera 
nos  :  et  propitius  esto  peccatis  no- 
stris, propter  nomen  tuum  :  10.  ne 
forte  dicant  in  gentibus  :  Ubi  est 
Deus  eorum.^  et  innotescatin  natio- 
nibus  coram  oculis  nostris.  Ultio 
sanguinis  servorum  tuorum,  qui 
efFusus  est  : 

1 1.  Introeat  in  conspectu  tuo  ge- 
mitus  compeditorum.  Secundum 
magnitudinem  brachii  tui,  posside 
filios  mortificatorum.  12.  Et  redde 
vicinis  nostris  septuplum  in  sinu 
eorum  :  improperium  ipsorum, 
quod  exprobraverunt  tibi  Domine. 
1 3.  Nos  autem  populus  tuus,  et  oves 
pascuas  tuas,  confitebimur  tibi  in 
ssculum  :  in  generationem  et  ge- 
nerationem  annuntiabimus  laudem 
tuam. 


stations,  I'arche  fut  transportee  definitive- 
ment  sur  le  mont  Sion,  et  Jerusalem  devint 
la  capitale  religieuse  et  politique  d'Israel. 

69.  Co}iiiiie  les  hauteurs  du  ciel  :  le  Psal- 
miste  compare  le  san6luaire  de  Sion  au 
sancfluaire  meme  du  ciel  pour  la  hauteur  et 
la  saintete  (comp./^^,  xxi,  22;  xxii,  12);  a  la 
terra,  pour  la  solidite  et  la  duree. 

71.  Les  brebis  meres ^  qui  allaitent.  Ainsi 
le  pasteur  de  brebis  devint  le  pasteur  d'Is- 
rael, comme  Pierre  le  pecheur  sera  choisi 
plus  tard  pour  etre  un  pecheur  d'hommes. 

PSAUME  LXXIX. 

1.  Un  monceaic  de  pierres,  ou  de  ridnes. 
LXX  et  Vulg.,  line  cabane  a  garder  les  re- 
coltes  ou  les  fruits.  Comp.  I  Rois,  xiv,  25  sv. 
II  Par.  xii,  2-10. 

2.  Ce  verset  et  le  suivant,  combines  en- 
semble, sont  cites,  comme  un  oracle  connu. 


par  I'auteur  du  i^r  livre  des  Machabees 
(vii,  17),  et  appliques  aux  calamites  de  cette 
epoque. 

3.  La  privation  de  sepulture  etait  pour  les 
Juifs  le  comble  du  malheur  et  de  I'ignomi- 
nie.  Comp.  y^'r.  viii,  2;  xiv,  16,  al. 

^.Jusqiccs  a  qtcaiid...  pour  toujours  :  voy. 
la  note  de  Ps,  Ixxiv,  i. 

6.  Ce  verset  et  le  suivant  sont  textuelle- 
ment  dans  Jeremie  (x,  25). 

7.  lis  otit,  litt.  on  a. 

II.  Cetix  qui  vont pe'rir,  litt.  les  fils  de  la 
inort,  ceux  qui  sont  destines  a  la  ir.ort. 
Vulg.,  les  fils  de  ceux  qu'on  a  fait  mourir. 
Les  monuments  de  Karnac  montrent  que 
Sesac  emmena  en  captivite  uncertain  nom- 
bre  d'Israelites  de  distin(flion,  et  que  plu- 
sieurs  devaient  etre  immoles  en  I'honneur 
de  ses  dieux. 


160 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   LXXX   (VULG.  LXXIX). 

l^g^N  pocte  inspire  de  I'dcole  d'Asaph  adresse  une  priere  a  Dieu,  le  Pasteur  d'Israel, 
11^1  en  faveur  des  dix  tribus  emmenees  captives  par  Salmanazar,  roi  d'Assyrie.  Que  le 
iSd^si  Pasteur  d'Israel  aie  pitie  de  son  peuple  (vers.  2-4),  accable  de  maux  (5-8);  ce 
peuple,  c'est  la  vigne  que  le  Seigneur  avait  transplantee  d'Egypte  (9-12)  ses  ennemis  la 
livrent  au  pillage  (13-15);  que  Dieu  le  protege,  et  Israel  lui  sera  d^sormais  fidele  (16-20). 

L'exquise  beaute  des  images,  la  grace  et  la  noblesse  du  style  font  de  ce  cantique  une 
des  plus  remarquables  produflions  de  I'ecole  d'Asaph.  Un  refrain  termine  la  F^,  la  2e  et 
la  dernicre  strophe. 

Ps.  Ixxx.  lAU  maitre  de  chant.  Sur  les  lis  du  temoignage.  Psaume  d'Asaph. 

2  Pasteur  d'Israel,  prete  I'oreille, 

Toi  qui  conduis  Joseph  comme  un  troupeau; 
Toi  qui  trones  sur  les  Cherubins, 
Parais  dans  ta  splendeur. 

3  Devant  Ephraim,  Benjamin  et  Manasse 
Reveille  ta  force, 

Et  viens  a  notre  secours. 

4  O  Dieu,  rdtablis-nous; 

Fais  briller  sur  nous  ta  face,  et  nous  serons  sauves. 

5  Jehovah,  Dieu  des  armees, 

Jusques  a  quand  seras-tu  irrite  quand  ton  peuple  tc  prie? 

6  Tu  les  a  nourris  d'un  pain  de  larmes, 
Tu  les  a  abreuves  de  larmes  abondantes. 

7  Tu  as  fait  de  nous  un  objet  de  dispute  pour  nos  voisins, 
Et  nos  ennemis  se  raillent  de  nous. 

8  Dieu  des  armees,  retablis-nous; 

Fais  briller  sur  nous  ta  face,  et  nous  serons  sauves. 

9  Tu  as  arrache  de  I'Egypte  une  vigne; 

Tu  as  chasse  les  nations  et  tu  I'as  plantee. 

10  Tu  as  menag^  de  la  place  devant  elle, 

Et  elle  a  enfonce  ses  racines  et  rempli  la  terie. 

11  Son  ombre  couvrait  les  montagnes, 
Et  ses  rameaux  les  cadres  de  Dieu; 

12  Elle  ^tendait  ses  branches  jusqu'a  la  Mer, 
Et  ses  rejetons  jusqu'au  Fleuve. 

13  Pourquoi  as-tu  rompu  ses  clotures. 

En  sorte  que  tous  les  passants  la  devastent? 

14  Le  sanglier  de  la  foret  la  devore, 

Et  les  betes  des  champs  en  font  leur  pature. 

15  Dieu  des  armees,  reviens, 
Regarde  du  haut  du  ciel,  et  vols, 
Considere  cette  vigne! 

16  Protege  ce  que  ta  droite  a  plante, 
Et  le  fils  que  tu  t'es  choisi!  ... 

17  Elle  est  brulee  par  le  feu,  elle  est  coupee! 
Devant  ta  face  menac^ante,  tout  perit. 

18  Que  ta  main  soit  sur  I'homme  de  ta  droite, 
Sur  le  fils  de  I'homme  que  tu  t'es  choisi, 


PSAUME   LXXX. 

2.  Le  peuple  est  nomme  d'abord  Israel, 
comme  descendant  de  Jacob,  puis  Joseph 
(pore  d'Ephraim),  qui  designe  le  royaume 
des  dix  tribus  ou  au  nioins  les  tribus  du 
nord;  ce  sont  elles,  comme  le  montre  le 


vers.  3,  que  le  Psalmiste  a  principalement 
en  vue.  —  Sur  les  Cherubins  :  les  Cheru- 
bins vivants  du  ciel  et  ceux  de  I'arche,  ima- 
ges des  premiers,  forment  egalement  le 
trone  de  Dieu. —  Parais  dans  ta  splendeur, 
dans  ta  gloire  de  juge  et  de  sauveur,  en 
delivrant  ton  peuple. 


LIBER  PSALMORUM. 


161 


^^^^^^'gK:'^^:gs^^ 


— :i:—  PSALM  US    LXXIX.  — :>— 

Oratio  Hebrasorum  captivorum  rogantium 
Deum  ut  ipsis  opem  ferat. 

I.  In  finem,  Pro  lis,  qui  commu- 
tabuntur, testimonium  Asaph,  Psal- 
mus. 

|UI  regis  Israel,  intende  : 
qui  deducis  velut  ovem 
Joseph.  Qui  sedes  super 
Cherubim,  manifestare 
3.  coram  Ephraim,  Benjamin,  et 
Manasse.  Excita  potentiam  tuam, 
et  veni,  ut  salvos  facias  nos.  4.  Deus 
converte  nos  :  et  ostende  faciem 
tuam,  et  salvi  erimus. 

5.  Domine  Deus  virtutum,  quo- 
usque  irasceris  super  orationem 
servi  tui?  6.  Cibabis  nos  pane  lacry- 
marum  :  et  potum  dabis  nobis  in 
lacrymis  in  mensura?  y.Posuisti  nos 
in  contradictionem  vicinis  nostris  : 
et  inimici  nostri  subsannaverunt 
nos.  8.  Deus  virtutum  converte  nos : 


et  ostende  faciem  tuam,  et  salvi 
erimus. 

9.  Vineam  de  ^Egypto  transtu- 
listi  :  ejecisti  gentes,  et  plantasti 
earn.  10.  Dux  itineris  fuisti  in  con- 
spectu  ejus  :  plantasti  radices  ejus, 
et  implevit  terrarn.  11.  Operuit 
montes  umbra  ejus:  et  arbusta  ejus 
cedros  Dei.  12.  Extendit  palmites 
suos  usque  ad  mare  :  et  usque  ad 
flumen  propagines  ejus. 

1 3.  Ut  quid  destruxisti  maceriam 
ejus  :  et  vindemiant  eam  omnes,  qui 
prastergrediuntur  viam?  14.  Exter- 
minavit  eam  aper  de  silva  :  et  sin- 
gulars ferus  depastus  est  eam. 
15.  Deus  virtutum  convertere  : 
respice  de  coelo,  et  vide,  et  visita 
vineam  istam.  16.  Et  perfice  eam, 
quam  plantavit  dextera  tua  :  et  su- 
per filium  homihis,  quem  confirma- 
sti  tibi. 

17.  Incensa  igni,  et  sufFossa  ab 
increpatione  vultus  tui  peribunt. 
18.  Fiat  manus  tua  super  virum 
dexteras  tuae :  et  super  filium  homi - 


3.  Ephraitn,  Benjamin,  etc.,  sont  nommes 
ensemble,  probablement  comme  fils  de 
Rachel,  I'epouse  bien-aimee  de  Jacob.  Au 
moment  du  schisme,  la  tribu  de  Benjamin 
resta  unie  au  loyaume  de  Juda;  mais  la 
partie  de  son  territoire  qui  comprenait  les 
villes  de  Bethel,  de  Galgala  et  de  Jericho 
suivit  Jeroboam  et  fit  partie  du  royaume 
d' Israel  (I  Rois,  xii,  29;  xvi,  34). 

4.  Retablis-noiis  dans  notre  ancien  etat, 
restaure-nous,  en  general.  D'autres,  fais- 
notts  revenir  de  la  captivite.  Pais  driller  ta 
face,  sois-nous  favorable.  Dans  ce  i«=''  re- 
frain, Dieu  est  appele  simplement  Elohiiii; 
dans  le  2^  (vers.  8),  Elohim  Tsebaoth,  Dieu 
des  armees;  dans  le  3*^  (vers.  20),  Je'/wvah 
Elohim  Tsebaoih,]€\\ov3i\\,  Dieu  des  armees. 
Cette  gradation  est  due  sans  doute  a  I'inten- 
site  croissante  de  la  priere. 

6.  Un  pain  fait  de  larmes.  —  A  pleines 
coupes;  litt.,  tu  les  a  abreuves  de  pletirs  au 
schalisch,  au  boisseau;  le  schalisch  est  le 
tiers  de  I'epha. 

7.  Nos  voisins  se  disputent  entre  eux  a 
qui  aura  notre  heritage. 

9.  Arraclie,  ou  tra7isporte  (Vulg. ).  —  Une 
vigne,  Israel.  On  retrouve  souvent  cette 
belle  allegorie  dans  les  prophctes  :  Is.  v, 
I  sv.  xxvii,  2  sv.,  al. ;  Notre-Seigneur  la  re- 
produit  aussi  Maith.  xxi,   ■^^.  Comp.  Gen. 


xlix,  22.  Une  vigne  d'or  figurait  au-dessus 
de  la  porte  du  temple  d'Herode  :c'etaitune 
allusion  a  cet  embleme.  —  Plantee  :  comp. 
Exod.  XV,  17. 

10.  La  terre  de  Chanaan,  etendue  jus- 
qu'aux  limites  indiqudes  dans  les  versets  suiv. 

11-12.  Les  montagnes  de  Juda  au  midi; 
d'autres,  les  montagnes  de  la  Palestine  en 
general.  —  Les  cedres  de  Dieu,  les  grands 
cedres  du  Liban  au  nord.  Plusieurs,  pour 
eviter  une  trop  forte  hyperbole,  traduisent, 
et  ses  rameaux  etaient  coinme  les  cedres  de 
Dietc.  —  La  mer  Mediterranee  k  I'ouest.  — 
Le  Fleuve,  I'Euphrate,  frontiere  ideale  du 
peuple  de  Dieu  a  I'est,  presque  atteinte  par 
Salomon. 

13.  Sa  cloture  :  la  protection  du  Seigneur. 

14.  Ces  betes  sauvages  figurent  soit  les 
Assyriens,  soit  les  tribus  pillardes  du  voisi- 
nage  d'Israel. 

15.  Reviens  a  ta  vigne,  apres  I'avoir  si 
longtemps  abandonnee;  ou  bien  regarde  de 
nouveaii. 

16.  Le  fils,  Israel,  le  premier-ne  du  Sei- 
gneur {Exod.  iv,  22.  Comp.  Osee,  xi,  i). 

17.  Elle,  ta  vigne. 

18.  Ehoinme  de  ta  droite,  le  peuple 
d'Israel;  plus  tardceserale  Messie,  ideal  et 
representant  de  la  nation  entiere;  peut-etre 
allusion  au  nom  de  Benjamin  {Gen.xxxv,  18). 


LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


162 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


19  Et  nous  ne  nous  eloignerons  plus  de  toi. 
Rends-nous  la  vie,  et  nous  invoqueions  ton  nom. 

20  Jehovah,  Dieu  des  armdes,  retablis-nous; 

Fais  briller  sur  nous  ta  face,  et  nous  serons  sauves. 


PSAUME   LXXXI   (VULG.  LXXX). 


|*|^^^E  Psalmiste  invite  le  peuple  a  celebrer  joyeusement  une  fete  (vers.  2-6);  apres  lui 
^1^  avoir  rappele  sa  delivrance  de  la  servitude  d'Egypte  (7-8),  il  I'exhorte  a  la  fidelite 

^"      '^'  (9-17)- 


Cette  fete  est,  soit  la  fete  des  Trompettes  (i^r  tisri,  ou  7^  mois  :  Lev.  xxiii,  24;  Nombr. 
xxix,  i),  qui  servait  de  pre'paration  a  celle  des  Tabernacles;  soit  plutot  la  fete  de  Paque, 
peut-etre  la  Paque  qu'Ezechias  fit  celebrer  avec  une  solennite  extraordinaire  (II  Par.  xxx  : 
comp.  xxix,  30)  :  c'est  ce  qu'insinue  le  souvenir  de  la  sortie  d'Egypte. 

Ps.  Ixxxi.  lAU  maitre  de  chant.  Sur  la  Gitthienne.  D'Asaph. 

2  Faites  retentir  des  chants  d'allegresse  en  I'honneur  de  Uieu,  notre  force, 
Des  cris  de  joie  en  I'honneur  du  Dieu  de  Jacob! 

3  Entonnez  I'hymne;  au  son  du  tambourin, 
De  la  harpe  harmonieuse  et  du  luth! 

4  Sonnez  de  la  trompette  a  la  nouvelle  lune, 
A  la  pleine  lune,  pour  le  jour  de  notre  fete. 

5  Car  c'est  un  precepte  pour  Israel, 
Une  ordonnance  du  Dieu  de  Jacob. 

6  II  en  fit  une  loi  pour  Joseph, 

Ouand  il  marcha  contre  le  pays  d'Egypte. 
J'entends  une  voix  qui  m'est  inconnue  : 

7  "  J'ai  dechargd  son  epaule  du  fardeau, 
Et  ses  mains  ont  quitte  la  corbeille. " 

8  Tu  as  crie  dans  la  detresse,  et  je  t'ai  delivre; 
Je  t'ai  r^pondu  du  sein  de  la  nuee  orageuse; 
Je  t'ai  eprouve  aux  eaux  de  Meriba.  —  Scla. 

9  Ecoute,  mon  peuple,  je  veux  te  donner  un  avertissement; 
Israel,  puisses-tu  m'ecouter! 

10  Qu'il  n'y  ait  point  au  milieu  de  toi  de  dieu  etranger; 
N'adore  pas  le  dieu  d'un  autre  peuple. 

11  C'est  moi,  Jehovah,  ton  Dieu, 

Qui  t'ai  fait  monter  du  pays  d'Egypte. 
Ouvre  la  bouche,  et  je  la  remplirai. 

12  Mais  mon  peuple  n'a  pas  ecoute  ma  voix, 
Israel  ne  m'a  pas  obei. 

13  Alors  je  les  ai  abandonncs  a  rendurcissement  de  leur  coeur, 
Et  ils  ont  suivi  leurs  propres  conseils. 

14  Ah!  si  mon  peuple  m'ecoutait. 

Si  Israel  marchait  dans  mes  voies! 

15  Bientot  je  confondrais  leurs  ennemis, 

Je  tournerais  ma  main  contre  leurs  oppresseurs. 

16  Ceux  qui  haissent  Jehovah  le  flatteraient, 

Et  la  duree  d' Israel  serait  assuree  pour  toujours. 

17  Je  le  nourrirais  de  la  fleur  du  froment, 
Et  je  le  rassasierais  du  miel  du  rocher. 


PSAUME   LXXXI. 

I.  La  Gitthienne  :  voy.  Ps.  viii,  i. 

4.  Trompette  ou  cor,  de  forme  plus 
ou  moins  recourbee.  —  A  la  7iou-iicIIe 
licne  :  chaque  neomenie,  ou  nouvelle  lune, 
etait  cdlebree  par  des  sacrifices  {Nombr. 
xxviii,  11)  et  par  des  sonneries  de  trom- 
pettes. —  A  la  pleine  lune  :  les  fetes  de  la 


Paque  et  des  Tabernacles  se  celebraient 
k  la  pleine  lune. 

6.  Une  loi,  litt.  un  temoignage,  une  insti- 
tution destinee  a  lappeler  4  la  posterite  le 
souvenir  d'un  evenement  memorable.  — 
Josepli  est  ici  synonymed'/jrcit'/et  &e  Jacob. 
C'est  avec  une  intention  spe'ciale  que  le 
Psalmiste  nonime  le  chef  des  deux  princi- 
pales  tribus  du  royaume  d'lsraiil  (Ephraim 


LIBER  PSALMORUM. 


163 


nis,  quern  confirmasti  tibi.  19.  Et 
non  discedimus  a  te,  vivificabis 
nos  :  et  nomen  tuum  invocabimus, 
20.  Domine  Deus  virtutum  con- 
verte  nos  :  et  ostende  faciem  tuam, 
et  salvi  erimus. 

^M^^M  ■^-  ^'  ^-  ^'  ^'  "^'  "^  5?):  WMW/s^  W.  M  'iS:i'M. 

— *—    PSALM  US   LXXX.   — :;:— 

Incitat  ad  festa  pie  celebranda;  Dei  benefi- 
cia  et  Judaeorum  ingratitudinem  exponit. 

I.  In  finem, 

Pro  torcularibus,  Psalmus 
ipsi  Asaph. 

[XSULTATE  Deo  adju- 
tori  nostro  :  jubilate  Deo 
Jacob.  3.Sumite  psalmum, 
tt  date  tympanum  :  psal- 
terium    jucundum    cum     cithara. 

4.  Buccinate  in  Neomenia  tuba,  in 
insigni   die   solemnitatis    vestras    : 

5.  quia  prasceptum  in  Israel  est  :  et 
judicium  Deo  Jacob.  6.  "Testimo- 
nium in  Joseph  posuit  illud,  cum 
exiret  de  terra  iEgypti  :  linguam, 
quam  non  noverat,  audivit. 


et  Manassd),  dont  les  habitants  devaient 
aussi  venir  celebrer  a  Jerusalem  la  solen- 
nite  de  la  Paque  (II  Far.  xxx,  1). 

/'ept/emfs  une  voix  qui  nicest  inconnue, 
celle  de  Dieu,  adressant  au  peuple  le  dis- 
cours  qui  suit. 

Vulgate  :  ...pour  Joseph  (Israel),  lorsquHl 
sortit  de  PEgypte,  et  qu'il  e  fit  end  it  une  langice 
quHl  ne  connaissait  pas.  Une  la)igi/e,c.-'k-<\. 
une  loi  et  des  verites  qu'Israel  ne  connais- 
sait pas  auparavant. 

7.  J'ai  dcchargc  :  allusion  aux  cor- 
vees  des  Israelites  en  Egypte,  oii  ils  por- 
taient  de  lourds  fardeaux  et  des  corbeilles 
remplies  d'argile  pour  la  fabrication  des 
briques. 

8.  La  nuee  orageuse  (litt.  la  retraite  du 
tonnerre),  dans  laquelle  Dieu  se  cachait  et 
se  manifestait  en  meme  temps  pour  frapper 
les  ennemis  de  son  peuple  (plaies  d'Egypte, 
passage  de  la  mer  Rouge,  etc.).  Comp. 
Fs.  xviii,  17-19.  ~  Eaux  de  Meriba  :  voy. 
Exod.  xvii,  1-7.  Le  re'sultat  de  I'e'preuve 
n'est  pas  exprime;  mais  chacun   connais- 


7.  Divertit  ab  oneribus  dorsum 
ejus  :  manus  ejus  incophino  servie- 
runt.  8.  In  tribulatione  invocasti  me, 
et  liberavi  te  :  exaudivi  te  in  abs- 
condito  tempestatis  :  *probavi  te 
apud  aquam  contradictionis.  9.  Audi 
populus  meus,  et  contestabor  te  : 
Israel  si  audieris  me,  10.  non  ''erit 
in  te  deus  recens,  neque  adorabis 
deum  alienum.  11.  Ego  enim  sum 
Dominus  Deus  tuus,  qui  eduxi  te 
de  terra  ^gypti  :  dilata  os  tuum, 
et  implebo  illud.  12.  Et  non  audivit 
populus  meus  vocem  meam  :  et 
Israel  non  intendit  mihi.  13.  "^Et 
dimisi  eos  secundum  desideria  cor- 
dis eorum,  ibunt  in  adinventionibus 
suis.  14.  ""Si  populus  meus  audisset 
me  :  Israel  si  in  viis  meis  ambulas- 
set  :  15.  pro  nihilo  forsitan  inimi- 
cos  eorum  humiliassem  :  et  super 
tribulantes  eos  misissem  manum 
meam.  16.  Inimici  Domini  mentiti 
sunt  ei  :  et  erit  tempus  eorum  in 
sascula.  17.  Et  cibavit  eos  ex  adipe 
frumenti  :  et  de  petra,  melle  satu- 
ravit  eos. 


sait  la  tradition  historique  sur  cet  evene- 
ment. 

Suivent  les  paroles  que  Dieu  adressa  a 
Israel  dans  le  desert. 

13.  A  VendurcissenieHtj  d'autres,  avec  la 
Vulgate,  aux  de'sirs,  aux  penchants  de  leur 
ccEiir.  Comp.  Dei.t.  xxix,  19. 

14.  M\'coutaitj  d'autres,  ni'avait  ecoute\ 
et  ainsi  jusqu'a  la  fin  du  Psaume. 

16.  Le  flatteraient,  lui  rendraient  hom- 
mage  :  a  Dieu,  ou  k  Israel?  plus  probable- 
ment  k  Israel. —  La  duree,  ou  le  donheur, 
litt.  le  temps,  avec  I'idee  accessoire  de 
bien-etre. 

"i-T-Je  le  nourrirais  :  en  hdbr.,  comme 
dans  la  Vulg.,  le  verbe  est  a  la  3^  personne, 
peut-etre  par  suite  d'une  erreur  de  copiste  : 
on  ou  Dieu  le  nourrirait.  —  Flenr,  litt. 
graisse.  —  Miel  du  rocher  :  il  arrive  sou- 
vent,  en  Palestine,  que  les  abeilles  deposent 
leur  miel  dans  le  creux  des  rochers. 

La  fin  un  peu  brusque  du  Psaume  est 
dans  la  maniere  d'Asaph  :  voy.  les  Fs. 
Ixxvii  et  suiv. 


*Exod.  17, 
5.  Num.  20, 
13- 

^  Exod.  20, 
3- 


"'Aa.  14, 


IS- 


^  Baruch.  3, 
13- 


~i®i i®i i®i ^#i— 


164 


FROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   LXXXII   (VULG.  LXXXl). 


Ps.  Ixxxil. 


Ps. 

Ixxxiii. 


^lEux  discours  de  Dieu  forment  le  fond  du  Psaume  :  dans  le  premier,  il  intime  aux 
1^'  juges  I'ordre  d'etre  justes;  dans  le  second,  il  les  menace  de  ses  chatiments.  Rien 
dans  ce  petit  poeme  ne  fait  deviner  la  date  de  sa  composition.  On  conje<fliire  que 
I'auteur  se  proposait  de  venir  en  aide  a  quelque  roi  de  Juda  desireux  de  retablir  dans  ses 
Etats  la  bonne  administration  de  la  justice,  soit  Josaphat  (II  Par.  xix,  ii),  soit  Ezechias 
(comp.  Frov.  xxxi,  8  sv.)- 

Les  magistrats  d' Israel  sont  appeles  elohim,  c.-a-d.  dieux,  nom  que  leur  donnait  deja 
I'Exode  (xxi,  6;  xxii,  8.  Qovcv^.  Jean,  35).  Aux  yeux  de  tous  les  peuples,  le  juge,  investi  du 
droit  de  vie  et  de  mort,  remplit  une  fondtion  sacree;  chez  les  Hebreux,  nation  theocratique, 
dont  Jehovah  etait  le  veritable  souverain,  il  tenait  plus  direflement  encore  la  place  de 
Dieu,  juge  supreme  de  toute  la  terre. 

iCANTIQUE  dAsaph.  • 

Dieu  se  tient  dans  I'assemblee  du  Tout-Puissant; 
Au  milieu  des  dieux  il  rend  son  arret  : 

2  "  Jusques  a  quand  jugerez-vous  injustement, 

Et  prendrez-vous  parti  pour  les  mcchants?  —  Sela. 

3  Rendez  justice  au  faible  et  a  I'orphelin, 
Faites  droit  au  malheureux  et  au  pauvre, 

4  Sauvez  le  miserable  et  I'indigent, 
Delivrez-les  de  la  main  des  mdchants. 

5  lis  n'ont  ni  savoir  ni  intelligence, 
lis  marchent  dans  les  tenebres; 

Tous  les  fondements  de  la  terre  sont  ebranles. 

6  J'ai  dit  :  Vous  etes  des  dieux, 
Vous  etes  tous  les  fils  du  Tres-Haut. 

7  Cependant  vous  mourrez  comme  des  hommes, 
Vous  tomberez  conune  le  premier  venu  des  princes.  " 

8  Leve-toi,  6  Dieu,  juge  la  terre, 

Car  toutes  les  nations  t'appartiennent. 

PSAUME    LXXXIII    (VULG.  LXXXIl). 


W^Mi^-'  Psalmiste  implore  le  secours  de  Je'hovah  ii  I'occasion  d'une  coalition  formidable 
l^p  des  Etats  voisins  contre  le  royaume  de  Juda,  probablement  celle  des  Moabites,  des 
t^^A  Ammonites,  etc.,  sous  le  regne  de  Josaphat  (II  Par.  xx,  5-12).  Le  cantique  a  sans 


doute  pour  auteur  un  levite  de  la  famille  dAsaph,  nomme  Jahaziel,  "  qui  dtait  pousse  par 
I'Esprit  de  Dieu  a  promettre  une  complete  delivrance  {ibid.  14-17).  " 

Que  Dieu  ddfende  Israel  contre  ses  ennemis  conjures  pour  sa  parte  (vers.  2-9);  qu'il 
les  chatie  comme  il  a  chatic  autrefois  les  Madianites  et  les  Chananeens  (10-13);  qu'il  les 
disperse  et  les  confonde,  et  les  amene  ainsi  a  reconnaitre  la  toute-puissance  de  Jeho- 
vah (14-19). 

ICANTIQUE,  Psaume  d'Asaph. 

2  O  Dieu,  ne  reste  pas  dans  I'inacflion; 

Ne  te  tais  pas  et  ne  te  repose  pas,  6  Dieu  ! 

3  Car  void  que  tes  ennemis  s'agitent  bruyamment, 
Ceux  qui  te  hai'ssent  levent  la  tete. 

4  lis  forment  contre  ton  peuple  un  dessein  perfide, 
lis  conspirent  contre  ceux  que  tu  proteges. 

5  "  Venez,  disent-ils,  exterminons-les  d'entre  les  nations, 
Et  qu'on  ne  prononce  plus  le  nom  d'lsracil !  " 

6  lis  se  concertent  tous  d'un  meme  coeur, 
Contre  toi  ils  forment  une  alliance  : 

7  Les  tentes  d'Edom  et  les  Ismaelites, 
Moab  et  les  Agareniens, 

8  Gebal,  Ammon  et  Amalec, 

Les  Philistins  avec  les  habitants  de  Tyr 


LIBER  PSALMORUM. 


165 


— :i:-   PSALMUS   LXXXI.  — :i:— 

Dominus  deorum  terrae  judex,  judices 
improbos  arguit. 

I,  Psalmus  Asaph. 

EUS  stetit  in  synagoga 
deorum  :  in  medio  aiitem 
deos  dijudicat.  2.  Usque- 
quo  judicatis  iniquitatem : 
et  facies  peccatorum  sumitis?  3.  Ju- 
dicate  egeno,  et  pupillo  :  humilem, 
et  pauperem  justificate.  4,  "Eripite 
pauperem  :  et  egenum  de  manu 
peccatoris  liberate, 

5,  Nescierunt,  neque  intellexe- 
runt,  in  tenebris  ambulant  :  move- 
bun  tur  omnia  fundamenta  terras. 
6.  *Ego  dixi  :  Dii  estis,  et  filii  ex- 
celsi  omnes.  7.  Vos  autem  sicut  ho- 
mines moriemini  :  et  sicut  unus  de 
principibus  cadetis. 

8.  Surge  Deus,  judica  terram  : 
quoniam  tu  hereditabis  in  omnibus 
gentibus. 

— :>—  PSALMUS   LXXXIL  — :!:— 

Exponit  hostium  improperia  et  illis 
exitium  imprecatur. 

I.  Canticum  Psalmi  Asaph. 


EUS,  quis  similis  erit  tibi? 
ne  taceas,  neque  compe- 
scaris  Deus  :  3.  quoniam 
ecce  inimici  tui  sonue- 
runt  :  et  qui  oderunt  te,  extulerunt 
caput.  4,  Super  populum  tuum  ma- 
lignaverunt  consilium  :  et  cogitave- 
runt  adversus  sanctos  tuos.  5.  Dixe- 
runt  :  Venite,  et  disperdamus  eos 
de  gente :  et  non  memoretur  nomen 
Israel  ultra. 

6.  Quoniam  cogitaverunt  unani- 
miter  :  simul  adversum  te  testamen- 
tum  disposuerunt,  7.  tabernacula 
Idumasorum  et  Ismahelitas  :  Moab, 
et  Agareni,  8.  Gebal,  et  Ammon,  et 
Amalec  :  alienigenae  cum  habitan- 
tibus  Tyrum.  9.  Etenim  Assur  ve- 
nit  cum  illis  :  facti  sunt  in  adjuto- 
rium  filiis  Lot. 

10.  Fac  illis  sicut  "Madian,  *et 
Sisaras  :  sicut  "Jabin  in  torrente  Ci- 
son.  II,  Disperierunt  in  Endor  : 
facti  sunt  ut  stercus  terras.  1 2.''  Pone 
principes  eorum  sicut  Oreb,  et  Zeb, 
et  'Zebee,  et  Salmana  :  omnes  prin- 
cipes eorum  :  13.  qui  dixerunt :  He- 
reditate  possideamus  Sanctuarium 
Dei. 

14.  Deus  meus  pone  illos  ut  ro- 
tam  :  et  sicut  stipulam  ante  faciem 
venti.  15,  Sicut  ignis,  qui  comburit 


PSAUME  LXXXII. 

I.  V assemblce  des  cieitx,  litt.  du  Toiit- 
Puissaiit  (hebr.  El,  le  Fort),  c'est  le  ciel  ou 
Dieu  siege  sur  son  trone,  environne  de  ses 
anges.  —  Aic  milieu  des  dieux,  des  juges  de 
la  terre,  par  consequent  des  coupables,  Dieu 
va  rendre  ses  arrets.  D'apres  Delitzsch,  Pas- 
semblee  du  Tout- Puissant,  ou  de  Dieu,  serait 
la  communau  te  meme  d'  I  srael :  comp.  Nomb?: 
xxvii,  17;  xxxi,  \6;Jos.  xxii,  16  sv.  Plusieurs, 
par  au  milieu  des  dieux,  entendent,  au  mi- 
lieu des  anges  qui  forment  la  cour  de  Jeho- 
vah {Job,  i,  6;  I  Rois,  xxii,  19).  La  pensee 
generale  du  verset  reste  au  fond  la  meme  : 
Dieu  juge  les  juges  de  la  terre. 

5.  Tous  les  fondements  de  la  terre,  toutes 
les  bases  de  I'ordre  social.  Comp.  Prov. 
xiv,  34. 

6.  Notre-Seigneur  cite  ce  passage  pour 
prouver  aux  Juifs,  par  un  argument  a  mi- 
nori  ad  majus,  qu'il  a  le  droit  de  se  dire 
Dieu  {Jean,  x,  34  sv. ). 


7.  Cependant  voire,  dignite  ne  vous  defen- 
dra  pas  contre  le  chatiment  du  a  votre  in- 
justice :  rwus  mo7trrez  comme  les  homines 
du  commun,  comme  un  de  ces  princes  cou- 
pables frappes  par  la  vengeance  divine  (voy. 
Ju^.  xvi,  7). 

PSAUME  LXXXIIl. 

2.  Ne  reste  pas  i?iadif{dt  I'hebr.  damam) 
dans  le  danger  pressant  qui  menace  ton 
peuple.  LXX  et  Vulg.,  qui  est  seinblablc  a  toi 
(de  datnak)! 

6-9.  Enumeration  des  peuples  coalises  : 
les  Edomites  nomades  et  les  Ismaelites  au 
sud ;  les  Moabites  et  les  Agareniens  a  I'est; 
Gebal,  entre  la  mer  Morte  et  les  monts 
Seir;...  les  Philistins  (Vulg.  les  ^trattgers  : 
c'est  la  signification  propre  du  mot  hebreu) 
et  les  Tyriens  :  comp.  Amos,  i,  9;  Assur  : 
dejk,  k  cette  epoque,  les  Assyriens  avaient 
soumis  au  tribut  Tyr  et  Sidon,  et  ils  son- 
geaient  sans  doute  a  conquerir  le  reste  de  la 
Palestine;  ils  pretent  done  leur  appui  a  la 


"Judic.  7. 
22. 

^Judic.  4, 

IS- 

■^Judic.  4, 
24. 

""Judic.  7, 

25- 

'^Judic.  8, 
21. 


166 


TROISlfiME  LIVRE  DBS  PSAUMES. 


9  Assur  aussi  se  joint  h.  eux 

Et  prete  son  bras  aux  enfants  de  Lot.  —  SrVa. 

10  Traite-les  comme  Madian, 

Comme  Sisara,  comme  Jabin  au  torrent  de  Cison. 

11  lis  ont  ete  aneantis  k  Endor, 
lis  ont  servi  d'engrais  k  la  terre. 

12  Traite  leiirs  chefs  comme  Oreb  et  Zeb, 

Et  tons  leurs  princes  comme  Zebee  et  Salmana. 

13  Car  ils  disent  :  "  Emparons-nous 
Des  demeures  de  Dieu!  " 

14  Mon  Dieu,  rends-les  semblables  au  tourbillon, 
Au  chaume  qu'emporte  le  vent ! 

15  Comme  le  feu  devore  la  foret, 

Comme  la  flamme  embrase  les  montagnes, 

16  Ainsi  poursuis-les  de  ta  tempete, 
Epouvante-les  de  ton  ouragan. 

17  Couvre  leurs  faces  d'ignominie, 

Afin  qu'ils  cherchent  ton  nom,  Jehovah. 

18  Qu'ils  soient  a  jamais  dans  la  confusion  et  I'dpouvante, 
Dans  la  honte  et  dans  la  ruine ! 

19  Qu'ils  sachent  que  ton  nom,  que  toi  seul,  Jehovah, 
Tu  es  le  Tres-Haut  sur  toute  la  terre  ! 


PSAUME   LXXXIV   (VULG.  LXXXIIl). 


Ps. 
Ixxxiv. 


s'Emblable  pour  le  fond  et  pour  la  forme  au  Psaume  xlii,  ce  cantique  parait  avoir  ete 
compose  par  un  compagnon  d'exil  du  roi  David,  vers  la  fin  de  la  revoke  d'Absalon, 
^^j  lorsque  I'auteur  entrevoyait  dejk  la  possibilite  de  retourner  bientot  a  Jerusalem  et 
de  revoir  le  sancftuaire  bien-aimd  de  Sion.  Patrizi  a  emis  una  autre  conjecflure  qui  ne 
manque  pas  de  vrai semblance.  Le  levite  de  la  famille  de  Cord  auteur  de  ce  Psaume  aurait 
vecu  h  I'epoque  ou  Jeroboam  I,  pour  empecher  ses  nouveaux  sujets  de  se  rendre  au  temple 
de  Jerusalem,  6ngea  dans  ses  Etats  un  nouveau  sancfluaire.  On  sait  que  la  plupart  des 
pretres  et  des  le'vites  de  son  royaume,  ne  voulant  pas  s'associer  a  cette  impiete,  emigrerent 
dans  le  royaume  de  Juda.  Ce  serait  pour  les  encourager  a  faire  ce  sacrifice  que  le  pieux 
Invite  aurait  compose  ce  cantique. 

Desir  de  revoir  la  maison  de  Dieu  (vers.  2-5);  aupres  de  Dieu  on  trouve  force  et  bon- 
heur  (6-9);  que  le  Seigneur  exauce  sa  priere  :  le  sejour  dans  la  maison  de  Dieu  est  prefe- 
rable h  tous  les  biens  (10-13). 

^  AU  maitre  de  chant.  Sur  la  Gitthienne.  Psaume  des  fils  de  Core. 

2  Que  tes  demeures  sont  aimables, 
Jdhovah  Sabaoth ! 

3  Mon  ame  s'epuise  en  soupirant  apres  les  parvis  de  J(^hovah, 
Mon  coeur  et  ma  chair  tressaillent  vers  le  Dieu  vivant. 

4  Le  passereau  meme  trouve  une  demeure, 

Et  I'hirondelle  un  nid  oii  elle  depose  ses  petits  : 
Tes  autels,  Jehovah  Sabaoth, 
Mon  roi  et  mon  Dieu ! 

5  Heureux  ceux  qui  habitent  ta  maison! 
lis  peuvent  te  loner  encore.  —  Stf/a. 

6  Heureux  les  hommes  qui  ont  en  toi  leur  force; 
lis  ne  pensent  qu'aux  sarjifes  montees. 

7  Lorsqu'ils  traversent  la  vallt'e  des  Larmes 
Ils  la  changent  en  un  lieu  plein  de  sources, 

Et  la  pluie  d'automne  la  couvre  aussi  de  benedicflions. 

8  Pendant  la  marche  s'accroit  leur  vigueur, 
Et  ils  paraissent  devant  Dieu  k  Sion  : 

9  "  Jdhovah,  Dieu  des  armees,  diseiii  lis,  ecoute  ma  priere; 
Frcte  I'oreille,  Dieu  de  Jacob."  —  Scla. 


LIBER  PSALMORUM. 


167 


silvam  :  et  sicut  liamma  comburens 
montes  :  i6.  ita  persequeris  illos  in 
tempestate  tua :  et  in  ira  tua  turba- 
bis  eos,  17.  Imple  facies  eorum 
ionominia:et  quasrent  nomen  tuum, 
Domine.  iS.'Erubescant,  et  contur- 
bentur  in  sasculum  sasculi  :  et  con- 
fundantur,  et  pereant.  1 9.  Et  cogno- 
scant  quia  nomen  tibi  Dominus  :  tu 
solus  Altissimus  in  omni  terra. 

— :i:—   PSALM  US    LXXXIIL  — :!:— 

Desiderat  atria  Domini,  et  felicitatem 
in  his  habitantium  exponit. 

I.  In  finem, 

Protorcularibus  filiisCore,Psalmus. 
UAM  dilecta  tabernacula 
tua  Domine  virtutum  : 
3.  concupiscit,  et  deficit 
anima  mea  in  atria  Do- 
mini. Cor  meum,  et  caro  mea  ex- 
sultaverunt  in  Deum  vivum.  4.  Et- 
enim  passer  invenit  sibi  domum  : 
et   turtur   nidum   sibi ,   ubi   ponat 


pullos  suos.  Altaria  tua  Domine 
virtutum  :  rex  meus,  et  Deus  meus. 
5.  Beati,  qui  habitant  in  domo  tua 
Domine  :  in  saecula  sasculorum  lau- 
dabunt  te. 

6.  Beatus  vir,  cujus  est  auxilium 
abs  te:  ascensiones  in  corde  suo  dis- 
posuit,  7.  in  valle  lacrymarum  in 
loco,  quem  posuit.  8.  Etenim  bene- 
dictionem  dabit  legislator,  ibunt  de 
virtute  in  virtutem  :  videbitur  Deus 
deorum  in  Sion.  9.  Domine  Deus 
virtutum  exaudi  orationem  meam  : 
auribus  percipe  Deus  Jacob. 

10.  Protector  noster  aspice  Deus  : 
et  respice  in   faciem   Christi  tui  : 

1 1 .  quia  melior  est  dies  una  in  atriis 
tuis,  super  millia.  Elegi  abjectus 
esse  in  domo  Dei  mei :  magis  quam 
habitare  in  tabernaculis  peccatorum. 

12.  Quia  misericordiam,  et  verita- 
tem  diligit  Deus  :  gratiam,  et  glo- 
riam  dabit  Dominus.  13.  Non  pri- 
vabit  bonis  eos,  qui  ambulant  in 
innocentia  :  Domine  virtutum,  bea- 
tus homo,  qui  sperat  in  te. 


-^0- 


■O—* 


confederation.  —  Les  enfants  ou  descen- 
dants de  Lot,  neveu  d'Abraham,  sont  les 
Ammonites  et  les  Moabites. 

10.  Allusion  aux  anciennes  vicftoires  rem- 
portees  par  Geddon,  Barac  et  Debora  centre 
les  Madianites  et  les  Chananeens  {Ju,^. 
vii,  22;  iv,  15,  24;  V,  21).  Le  torrent  de 
Cison  (ecrit  ici  par  exception  Cisson)  des- 
cend des  montagnes  d'Ephraim  et  se  jette 
dans  la  Mediterrande. 

1 1.  Endor,  au  S.  du  Thabor  :  defaite  des 
Chananeens, y«^.  v,  ig. 

12.  Voy.  Juo,  vii,  25;  viii,  12,  21. 

13.  Des  demeures  de  Dieii,  du  pays  de 
Chanaan,  heritage  propre  du  peuple  de 
Dieu.  Vulg.,  dii  san£liiaire  de  Dieit. 

14.  Le  toitrbillon  est  I'image  frappante 
d'une  armee  en  deroute. 

15.  Qui  embrase  les  )nontagnes  boisees  et 
n'y  laisse  que  des  sommets  denudes. 

19  Qtiils  sacheni, litt.  que  tot  seul,  ton  nom, 
JehoTah,  es  le  Tres-Haut,  etc.  Les  mots  ton 
Jioin  formentun  second  sujet,synonymede/£'z' 
setil.  Comp.  pour  la  pensde  II  Par.  xx,  29. 

U'autres  :  quails  sachent  que  toi  seiil,  doitt 


le  nom  est  Jehovah,  es  le  Tres-Haut,  etc. 
Vulg.,  quils  sachent  que  ton  nom  est  Jeho- 
vah^ et  que  seul  tu  es,  etc. 

PSAUME  LXXXIV. 

1.  Voy.  Ps.  viii,  i  et  xlii,  i. 

2.  Tes  denietires  :  pluriel  emphatique,  pour 
ton  sanfluaire,  soit  le  tabernacle  du  mont 
Sion,  soit  le  temple. 

4.  Tes  autels  (avec  le  signe  de  I'accusatif 
en  hdbr.)  :  la  phrase  est  incomplete,  mais 
la  pensee  se  devine  facilement  :  moi,  je 
trouve  tes  autels;  ou  bien  :  fais-moi  trouver 
tes  autels.  Quelques  interpretes  soupgonnent 
une  legere  alteration  dans  le  texte  primitif 
de  ce  verset  et  du  suivant. 

6.  En  toi,  et  non  dans  les  hommes.  — 
Aux  salutes  montces  (li'.t.  les  niontces  sont 
dans  leur  ca'ur),  c.-a-d.  aux  pelerinages  a 
Jerusalem.  On  sait  que  les  Evangelistes 
disent  toujours  ntonter  a  Jerusalem. 

7-9.  Valle'e  des  Larnies,  suivant  toutes  les 
versions  anciennes.  La  plupart  des  moder- 
nes  traduisent  vallee  de  Baca,  nom  propre 
qui  serait  tire  de  baca,  arbuste  balsamique. 


168  TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

10  Toi  qui  es  notre  bouclier,  vols,  6  Dieii, 
Et  regarde  la  face  de  ton  Oint! 

11  Car  mieux  vaut  un  jour  dans  tes  parvis  que  mille  loin  de  toi; 
Je  prdfere  me  tenir  sur  le  seuil  de  la  maison  de  mon  Dieu, 
Plutot  que  d'habiter  sous  les  tentes  des  mediants. 

12  Car  Jehovah  Dieu  est  un  soleil  et  un  bouclier; 
II  donne  la  grace  et  la  gloire, 
II  ne  refuse  aucun  bien  a  ceux  qui  marchent  dans  I'innocence. 

13  Jehovah  Sabaoth, 
Heureux  celui  qui  se  confie  en  toi ! 

PSAUME   LXXXV    (VULG.  LXXXIV). 

jRofitant  de  I'edit  de  Cyrus,  les  Israelites  exiles  a  Babylone  etaient  revenus  joyeux 
dans  leur  patrie.  Mais  la  de  nouvelles  epreuves  les  attendaient  :  ils  se  trouvcrent 
3j  en  butte  k  la  jalousie  de  leurs  voisins,  qui  voulaient  les  empecher  de  rebatir  les 
murailles  de  Jerusalem  et  le  temple.  C'est  a  cette  situation  que  convient  ce  cantique.  Le 
Psalmiste  remercie  Dieu  de  la  delivrance  (vers.  2-4);  puis,  changeant  brusquement  de 
pensee  et  de  ton,  il  le  conjure  d'apaiser  sa  colere  et  de  secourir  son  peuple  (5-8);  a  la  fin, 
il  fait  entrevoir  a  Israel  un  avenir  brillant  et  prospere  (9-14). 

Comme  d'autres  Psaumes  attribues  aux  fils  de  Core,  celui-ci  porte  un  cachet  bien 
marque  de  ressemblance  avec  la  seconde  partie  d'Isaie. 

Dans  le  sens  spirituel,  le  peuple  ramene  de  la  servitude  et  pour  qui  s'ouvrent  de  si 
joyeuses  perspectives,  est  le  peuple  chretien  rachete  de  la  mort  et  du  peche  par  le  Christ 
sauveur. 

Ps.  Ixxxv.  1  AU  maitre  de  chant.  Psaume  des  fils  de  Core. 

2  Tu  as  €\.€  favorable  k  ton  pays,  Jdhovah, 
Tu  as  ramene  les  captifs  de  Jacob; 

3  Tu  as  pardonne  I'iniquite  de  ton  peuple, 
Tu  as  couvert  tous  ses  peches;  —  Sela. 

4  Tu  as  retir^  toute  ton  indignation, 
Tu  es  revenu  de  I'ardeur  de  ta  colere. 

5  Retablis-nous,  Dieu  de  notre  salut; 
Mets  fin  k  ton  ressentiment  contre  nous. 

6  Seras-tu  toujours  irritd  contre  nous.'' 
Prolongeras-tu  ton  courroux  c'ternellemenl? 

7  Ne  nous  feras-tu  pas  revenir  k  la  vie, 
Afin  cjue  ton  peuple  se  rejouisse  en  toi? 

8  Jehovah,  fais-nous  voir  ta  bonte, 
Et  accorde-nous  ton  salut. 

9  Je  veux  ecouter  ce  que  dira  le  Dieu  Jehovah  :  — 

II  a  des  paroles  de  paix  pour  son  peuple  et  pour  ses  fideles 
Pourvu  qu'ils  ne  retournent  pas  k  leur  folie. 

10  Oui,  son  salut  est  proche  de  ceux  qui  le  craignent, 
Et  la  gloire  habitera  de  7iouveaii  dans  notre  pays. 

11  La  bonte  et  la  verity  vont  se  rencontrer, 
La  justice  et  la  paix  s'embrasseront; 

12  La  verite  germera  de  la  terre, 

Et  la  justice  regardera  du  haut  du  ciel. 

13  Jehovah  lui-mcme  accordera  tout  bien, 
Et  notre  terre  donnera  son  fruit. 

14  La  justice  marchera  devant  lui, 
Et  tracera  le  chemin  k  ses  pas. 

^4©^ — JO^ — J©^- 


LIBER  PSALMORUM. 


169 


— :i=—  PSALMUS    LXXXIV.  — :i:— 

De  fine  captivitatis  gratias  agit;  adventum 
Christi  sperat. 

I.  In  finem,  Filiis  Core,  Psalmus. 
ENEDIXISTl  Domine 
terram  tuam  :  avertisti 
captivitatem  Jacob.  3.  Re- 
misisti  iniquitatem  plebis 
tuasioperuisti  omnia peccataeorum. 
4.  Mitigasti  omnem  iram  tuam  : 
avertisti  ab  ira  indignationis  tuas. 

5.  Converte  nos  Deus  salutaris 
noster  :  et  averte  iram  tuam  a  nobis. 
6.  Numquid  in  asternum  irasceris 
nobis.^  aut  extendes  iram  tuam  a  ge- 
neratione  in  generationem.^  7.  Deus 
tu  conversus  vivificabis  nos  :  et  plebs 
tua  lastabitur  in  te.  8.  Ostende  nobis 


Domine   misericordiam  tuam  :   et 
salutare  tuum  da  nobis. 

9.  Audiam  quid  loquatur  in  me 
Dominus  Deus  :  quoniam  loquetur 
pacem  in  plebem  suam.  Et  super 
sanctos  suos  :  et  in  eos,  qui  conver- 
tuntur  ad  cor.  10.  Verumtamen 
propetimenteseum  salutare  ipsius  : 
ut  inhabitet  gloria  in  terra  nostra. 
II.  Misericordia,  et  Veritas  obvia- 
verunt  sibi :  justitia,  et  pax  osculata^ 
sunt.  1 2.  Veritas  de  terra  orta  est  : 
et  justitia  decoelo  prospexit.  13.  Et- 
enim  Dominus  dabit  benignitatem  : 
et  terra  nostra  dabit  fructum  suum, 
14.  Justitia  ante  eum  ambulabit  : 
et  ponet  in  via  gressus  suos. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


10.  Ton  oint,  le  roi  David;  dans  I'hypo- 
these  de  Patrizi,  Roboam,  reste  fidele  ^. 
Jehovah;  peut-etre  I'ordre  meme  des  levites. 

11.  Car  :  que  Dieu  fasse  triompher  Da- 
vid, et  le  d^sir  du  Psalmiste  se  r^alisera  : 
il  pourra  retourner  aupres  du  sanftuaire  de 
Jerusalem.  — •  Me  tenir  siir  le  seiizl,  etre 
gardien  de  la  porte  :  c'est  I'office  que  rem- 
plissaient  les  fils  de  Core  (I  Par.  xxvi,  13-19). 

12.  Un  soleil  et  un  boticlier  .-on  trouve 
aupres  de  lui  lumiere  et  protection.  Nulle 
part  ailleurs  dans  I'Anc.  Testament  Dieu 
n'est  appele  direcflement  un  soleil.  Vulg., 
Dieii  aiiiie  la  iinsericorde  et  la  inH'ite.  — 
Aucun  bien  :  comp.  Matth.  vi,  33. 

PSAUME   LXXXV. 

I.  Fils  de  Core  :  voy.  Ps.  xlii. 

5.  Rctablis-nous,  rends-nous  notre  an- 
cienne  prosperite. 

7.  Ce  verset  est  affirmatif  dans  la  Vul- 
gate :  tti  nous  /eras  revenir  a  la  vie,  etc. 

9.  La  Vulg.  traduit  le  dernier  membre,  et 
pour  ceux  qui  revienne7it  a  leur  cceur,  qui 
rentrent  en  eux-memes  pour  se  repentir  et 
revenir  a  Dieu. 

10.  Lagloire :  c'est  surtout  la  presence  de 
Jehovah  dans  son  sanfluaire  relev^  de  ses 
ruines,  avec  tous  les  privileges  et  toutes  les 
benedictions  dont  cette  presence  etait  pour 
Israel  le  gage  et  la  source  i^Zach.  xii,  8  sv.). 
Le  temple  rebati  par  Zorobabel  n'eut  pas  la 
magnificence  du  premier,  construit  par  Sa- 
lomon; mais  un  honneur  plus  grand  lui  etait 
reserve  :  dans  la  plenitude  des  temps,  le 
Verbe  fait  chair  y  revela  sa  gloire,  "  une 


gloire  comme  celle  d'un  Fils  unique,  ne  du 
Vhre." Jean,  \,  14  sv. 

II.  "L^i grace  et  la  veritc,  \k  justice  et  la 
paix  sont  concues  sous  I'image  de  figures 
celestes  qui  descendent  sur  cette  terre  re- 
conciliee  avec  Dieu  et  s'y  rencontrent  dans 
une  fraternelle  union.  Comp.  des  allegories 
toutes  semblables  dans  Isaie  (xxxii,  16  sv. 
xlv,  8;  lix,  14  sv.).  La  grace  et  la  verite, 
selon  Patrizi,  c'est  la  bonte  gratuite  de  Dieu 
et  sa  fidelite  dans  ses  promesses;  la  justice 
et  la  paix,  c'est  la  fidelite  d'Israel  a  la  loi 
divine,  rdcompensee  par  I'abondance  de 
tous  les  biens.  Ce  passage  ouvre  une  per- 
spedlive  sur  le  regne  messianique. 

La  justice  de  Dieu,  souriant  du  haut  du 
ciel  ci  la  fidelite  du  peuple,  et  la  recompen- 
sant  par  toutes  sortes  de  benediflions.  Dans 
le  sens  spirituel  et  prophdtique,  la  verite, 
c'est  le  Verbe  incarne. 

13.  Son  frtiit,  tous  les  fruits  qu'on  doit 
attendre  d'une  terre  ainsi  benie  de  Dieu. 
{Lez'it.  xxvi,  4).  Dans  le  sens  prophetique,  ce 
fruit  est  celui  que  la  vertu  du  Tres-Haut  a 
fait  germer  dans  le  sein  virginal  de  Marie. 
Comp.  Is.  xliv,  3;  Zach.  viii,  12. 

14.  Marchera  devant  lui,  le  precedera 
comme  son  heraut.  —  Et  tracera  le  cheiiiin 
a  ses  pas,  expression  synonyme  et  parallele 
du  membre  precedent.  D'apres  Baethgen,  le 
sens  est  tout  different  :  Le  salut  (la  justice) 
inarche  devant  lui,  et  considcre  la  trace  de 
ses  pas  (pour  la  suivre);  en  d'autres  termes  : 
le  salut  le  precede  et  le  suit. 


170  TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

PSAUME   LXXKVI   (VULG.  LXXXV). 


^■^g^iEtte  belle  priere  du  juste  dans  Tadversite  est  composee  en  grande  partie  de  pensees 
t®i2«i  e,^ipj-^,jitggs  >i  des  Psaumes  davidiques.  Est-ce  David  kii-meme  qui  I'a  ainsi  redigee? 
Ou  bien  doit-on  la  regarder  comme  une  CEuvre  posterieure,  redigee  peut-etre  par 


un  fils  de  Cor^,  et  destinee  h.  un  ouvrage  liturgique?  Cette  derniere  hypothese  est  la  plus 
vraisemblable;  on  aurait  mis  le  nom  de  David  en  tele  dcs  Psaumes  pour  indiquer  la  veri- 
table source  ou  on  I'avait  puise. 

Viens  au  secours  de  ton  serviteur  (vers.  i-6),  toi  qui  es  le  Dieu  supreme  (7-10);  sois 
mon  guide,  et  je  te  glorifierai  (11-13);  delivre-moi  des  ennemis  qui  me  persecutent  (14-17)- 

Ps.Ixxxvi.  1  PRIERE  de  David. 

Prete  I'oreille,  Jehovah,  exauce-moi, 
Car  je  suis  malheureux  et  indigent. 

2  Garde  mon  ame,  car  je  suis  pieux; 
Sauve  ton  serviteur,  6  mon  Dieu; 
II  met  sa  confiance  en  toi. 

3  Aie  pitie  de  moi,  Seigneur, 
Car  je  crie  vers  toi  tout  le  jour. 

4  Rejouis  I'ame  de  ton  serviteur, 

Car  vers  toi,  Seigneur,  j'eleve  mon  ame. 

5  Car  tu  es  bon,  Seigneur,  et  clement, 

Et  plein  de  compassion  pour  tous  ceux  qui  t'invoquent. 

6  Jehovah,  prete  I'oreille  a  ma  priere. 

Sois  attentif  k  la  voix  de  mes  supplications. 

7  Je  t'invoque  au  jour  de  ma  ddtresse, 
Et  tu  m'exauceras. 

8  Nul  ne  t'egale  parmi  les  dieux,  Seigneur, 
Rien  ne  ressemble  h.  tes  ceuvres. 

9  Toutes  les  nations  que  tu  as  faites 
Viendront  se  prosterner  devant  toi,  Seigneur, 
Et  rendre  gloire  h.  ton  nom. 

10  Car  tu  es  grand  et  tu  operes  des  prodiges; 
Toi  seul,  tu  es  Dieu. 

11  Enseigne-moi  tes  voies,  Jdhovah; 
Je  veux  marcher  dans  ta  fidelite; 
Attache  mon  cceur  a  la  crainte  de  ton  nom. 

12  Je  te  louerai  de  tout  mon  coeur,  Seigneur,  mon  Dieu, 
Et  je  glorifierai  ton  nom  k  jamais. 

13  Car  ta  bonte  est  grande  envers  moi, 
Tu  as  tire  mon  ame  du  fond  du  scheol. 

14  O  Dieu,  des  orgueilleux  se  sont  levds  centre  moi, 
Une  troupe  d'honmies  violents  en  veulent  a  ma  vie. 
Sans  tenir  aucun  compte  de  toi. 

15  Mais  toi.  Seigneur,  tu  es  un  Dieu  misericordieux  et  compatissant, 
Lent  a  la  coli^re,  riche  en  bontd  et  en  fidelite. 

16  Tourne  vers  moi  tes  regards  et  aie  pitie  de  moi; 
Donne  ta  force  a  ton  serviteur, 

Et  sauve  le  fils  de  ta  servante. 

17  Signale  ta  bonte  envers  moi; 

Que  mes  ennemis  le  voient  et  soient  confondusi 
Car  c'est  toi,  Jehovah,  qui  m'assistes  et  me  consoles. 


^-<> <^ O— 


LIBER  PSALMORUM. 


171 


■t^:  M  'M  'M  M  W.  M  W.  W.  W.  M'M-IS^.  'M  M  %>■  M  ^'  W-  W  ^ 

— *—  PSALM  us   LXXXV.  — *— 

Petit  a  Deo  custodiri,  regi,  at  contra 
hostes  protegi. 

Oratio  ipsi  David. 
NCLINA  Domine  aurem 
tuam,  et  exaudi  me  :  quo- 
niam  inops,  et  pauper  sum 
ego.  1.  Custodi  animam 
meam,  quoniam  sanctus  sum  :  sal- 
vum  fac  servum  tuum,  Deus  meus, 
sperantem  in  te.  3.  Miserere  mei 
Domine, quoniam  ad  te  clamavi  tota 
die  :  4.  lastifica  animam  servi  tui, 
quoniam  ad  te  Domine  animam 
meam  levavi.  5.  ''Ouoniam  tu  Do- 
mine suavis,  et  mitis  :  et  multas  mi- 
sericordias  omnibus  invocantibus  te. 
6.  Auribus  percipe  Domine  oratio- 
nem  meam  :  et  intende  voci  depre- 
cationis  meas. 

7.  In  die  tribulationis  meas  cla- 
mavi ad  te  :  quia  exaudisti  me. 
S.Nonestsimilistui  indiis  Domine: 
et  non  est  secundum  opera  tua. 
9.  Omnes  gentes  quascumque  feci- 


sti,  venient,  et  adorabunt  coram  te 
Domine  :  et  glorificabunt  nomen 
tuum.  10.  Quoniam  magnus  es  tu, 
et  faciens  mirabilia  :  tu  es  Deus 
solus. 

ii.Deduc  me  Domine  in  via  tua, 
et  ingrediar  in  veritate  tua  :  lastetur 
cor  meum  ut  timeat  nomen  tuum. 

12.  Confitebor  tibi  Domine  Deus 
meus  in  toto  corde  meo,  et  glorifi- 
cabo    nomen   tuum  in   asternum  : 

13.  quia  misericordia  tua  magna  est 
super  me  :  et  eruisti  animam  meam 
ex  inferno  inferiori. 

14.  Deus,  iniqui  insurrexerunt 
super  me,  et  synagoga  potentium 
quassierunt  animam  meam  :  et  non 
proposuerunt  te  in  conspectu  suo. 
15.  Et  tu  Domine  Deus  miserator 
et  misericors,  patiens,  et  multfe  mi- 
sericordias,  et  verax,  16.  respice  in 
me,  et  miserere  mei,  da  imperium 
tuum  puero  tuo  :  et  salvum  fac 
filium  ancillas  tuas.  17.  Fac  mecum 
signum  in  bonura,  ut  videant  qui 
oderunt  me,  et  confundantur  :  quo- 
niam tu  Domine  adjuvisti  me,  et 
consolatus  es  me. 


PSAUME  LXXXVI. 

I.  Comp.  Ps.  xl,  18. 

i.Pieux  (comp.  iv,  4;xvi,  10)  Vulg.  sainf. 
Le  mot  hebreu  en  effet  correspond  au  grec 
agios  dans  le  Nouv.  Testament,  mais  avec 
cette  difference  que,  dans  le  Nouv.  Testa- 
ment, agios  n'est  jamais  employe  pour  un 
Chretien  determine,  un  iiidividu.  Ici  le  mot 
pieiix  exprime  simplement  la  convidlion  in- 
time  qu'a  le  Psalmiste  d'appartenir  au  peu- 
ple  de  Dieu,  d'etre  dans  sa  grace.  Pour  la 
suite  du  verset,  comp.  Is.  xxv,  2c;  xxxi,  7. 

3.  Comp.  Ps.  Ivii,  2  sv.  Seigneur,  hebr. 
Adonai. 

4.  Comp.  Ps.  xxv,  I. 
6.  Comp.  Ps.  cxxx,  2. 

8.  A  tes  cEuvres  :  comp.  Dent,  iii,  24. 

9.  Comp.  Ps.  xxii,  28  sv.  La  croyance  du 
Psalniiste  a  la  future  conversion  des  nafions, 
c.-a-d.  des  paiens,  repose  sur  la  creation  de 
I'homme  par  Dieu,  et  les  manifestations  de 
la  puissance  divine,  comme  aussi  sur  les  pro- 
messes  messianiques.  Comp.  Apoc.  xv,  4. 


lo.  Comp.  Vs.  Ixxii,  18. 

w.Attaclie  (ou  unis  :  hebr.  iached,  imper. 
de  iachad)  nwn  cceur  a  la  crainte  de  ton  nom, 
a  ton  culte  et  k  ton  service,  de  maniere  qu'il 
soit  a  toi  tout  entier  et  sans  partage.  LXX 
et  Vulg.  qiie  mon  coeur  se  rejouisse  (comme 
s'il  y  avait  ic/iad,  fut.  apocope  de  citadah,  se 
rejouir)  dans  la  ct^ainte  de  ton  notn,  d'etre  a 
ton  service. 

13.  Dti  fond  dii  scheol,  litt.  die  scheol  qui 
est  au-dessous  de  la  terre,  du  sejour  des 
morts  {Deut.  xxxii,  22).  La  suite  fait  con- 
naitre  I'extreme  danger  dont  Dieu  a  tire 
jusqu'ici  le  Psalmiste. 

14.  Comp.  Ps.  liv,  5. 

15.  Comp.  Exod.  xxxiv,  6. 

16.  Lefils  de  ta  servante,  k  toi  par  conse- 
quent des  le  sein  de  sa  mere  :  le  fils  de  I'es- 
clave  ^tait  la  propri^te  du  maitre. 

17.  Signale  ta  bonte',  etc.  {Wit.  fais  avec 
inoi  tin  signe  po7ir  le  bonheur)  :  fais  en  ma 
faveur  une  chose  qui  soit  un  signe  visible, 
une  preuve  irrecusable  de  ta  bonte  pourmoi 
et  de  ta  protection. 


172 


TROISIEME  LIVRE  DFS  PSAUMES. 


Ps. 
Ixxxvii. 


PSAUME   LXXXVII    (VULG.  LXXXVl). 

;Loge  de  Jerusalem  :  Uieu  I'aime  d'un  amour  de  predileflion  (vers.  1-3);  elle  est  la 
mere  de  tous  les  peoples  (4-6)  et  la  source  de  leur  salut  (7). 

Ce  Psaume  parait  avoir  ete  compose  sous  le  regne  d'Ezechias,  apres  la  des- 
trucflion  de  I'arm^e  de  Sennacherib.  Cette  delivrance  miraculeuse  avait  jete  sur  Jerusalem 
un  extraordinaire  eclat;  jamais  la  ville  sainte  n'avait  ete  plus  glorieuse  ni  attire  davantage 
I'attention  des  peuples  (comp.  II  Par.  xxxii,  23). 

Tous  les  interpretes  reconnaissent  le  sens  prophetique  de  ce  Psaume.  Ce  n'est  qu'au 
temps  du  Messie  que  les  nations  sont  arrivees  a  la  connaissance  du  vrai  Dieu  et  sont 
venues  se  ranger  autour  de  la  cite  sainte;  .Sion  est  done  ici  la  figure  de  la  Jerusalem  spiri- 
tuelle,  c'est-k-dire  de  I'Eglise,  a  qui  il  a  ete  dit  :  "  Instruisez  toutes  les  nations."  Comparez 
Isaie  ii,  2-4:  xi,  10;  xviii;  xix,  23-25;  xx;  xxiii. 

1  PSAUME  des  fils  de  Core.  Cantique. 

IL  I'a  fondee  sur  les  saintes  montagnes  ! 

2  Jehovah  aime  les  portes  de  Sion 

Plus  que  toutes  les  demeures  de  Jacob. 

3  Des  choses  glorieuses  ont  ete  dites  sur  toi, 
Cite  de  Dieu  !  —  Sela. 

4  "  Je  nommerai  Rahab  et  Babylone  parmi  ceux  qui  me  connaissent; 
Voici  les  Philistins,  et  Tyr,  avec  I'Ethiopie  : 

C'est  dans  Sion  qu'ils  sont  nes. " 

5  Et  Ton  dira  de  Sion  :  Celui-ci  et  celui-1^  est  ne  dans  son  sein; 
C'est  le  Tres-Haut  qui  I'a  fondee. 

6  Jehovah  inscrira  au  role  des  peuples  : 
"  II  est  ne  dans  Sion."  —  Scla. 

7  Et  chanteurs  et  musiciens  dt'setit  : 
"  Toutes  mes  sources  sont  en  toi." 


Ps. 

Ixxxviii. 


PSAUME    LXXXVII!    (VULG.  LXXXVIl). 

N  Israelite,  accable  de  maux,  delaisse  meme  de  ses  amis,  se  plaint  amerement  h. 
^^■i  Dieu  (vers.  2-10);  Dieu  le  laissera-t-il  descendre  dans  le  scheol  (11-13)?  Pourquoi 
^^J  I'abandonne-t-il  en  proie  a  tant  de  souffrances  (14-19)?  Le  Psaume  se  termine  sans 
une  parole  d'esperance.  L'auteur  parait  avoir  ete  familier  avec  le  livre  de  Job,  auquel  il 
emprunte  plusieurs  expressions  carac^leristiques.  La  date  qui  convient  le  mieux  a  cette 
elegie  est  le  regne  de  Roboam,  epoque  de  cruelles  epreuves  pour  tous  les  Israelites,  et  sp^- 
cialement  pour  tous  les  pieux  levites  :  rupture  de  I'unit^  nationale,  idolatrie  de  Jeroboam 
et  persecution  des  pretres  et  levites  restes  fidcles  k  I'ancien  culte,  invasion  du  pharaon 
Sesac  et  assujettissement  momentanc  de  tout  le  royaume  de  Juda,  etc.  Plusieurs  interpretes 
soup(jonnent  que  Vafflii^i.'  (\m  parle  dans  ce  Psaume  n'est  pas  un  individu  rdel,  mais  qu'il 
represente  la  nation  juive  sous  le  regne  de  Roboam.  —  Dans  le  sens  spirituel,  les  Peres 
ont  vu  en  lui  une  figure  du  Messie  souffrant. 

1  CANTIQUE.  Psaume  des  fils  de  Core.  Au  maitre  de  chant.  A  chanter  sur  le  ton 
plaintif.  Cantique  d'Heman  I'Ezrahite. 

2  Jehovah,  Dieu  de  men  salut, 
Quand  je  crie  la  nuit  devant  toi, 

3  Que  ma  pricre  arrive  en  ta  presence, 
Prete  I'oreille  a  mes  supplications  ! 

4  Car  mon  ame  est  rassasiee  de  maux, 
Et  ma  vie  touche  au  sejour  des  morts, 

5  On  me  compte  parmi  ceux  qui  descendent  dans  la  fosse, 
Je  suis  comme  un  homme  ci  bout  de  forces, 


PSAUME   LXXXVII. 

I.  Le  Psalmiste  commence  brusquement 
I'eloge  de  Jerusalem  sans  la  nommer,  et 


sans  nommer  Jehovah  qui  I'a  fondee.  Peut- 
etre  manque-t-il  quelques  vers  au  debut. 
2.  Les  portes  de  Sion,  pour  la  villa  elle- 


LIBER  PSALMORUM. 


173 


— :i:—  PSALM  US    LXXXVL  — :i:— 
Excellentia  civitatis  Dei. 

I.  Filiis  Core,  Psalmus  Cantici. 
UND AMENTA  ejus  in 
montibus  Sanctis  :  3.  dili- 


^^j  git  Dominus  portas  Sion 
super  omnia  tabernacula 
Jacob.  4.  Gloriosa  dicta  sunt  de  te, 
ci vitas  Dei. 

5.  Memor  ero  Rahab,  et  Baby- 
lonis  scientium  me.  Ecce  alieni- 
gena2,  et  Tyrus,  et  populus  i^thio- 
pum,  hi  fuerunt  illic.  Numquid 
Sion  dicet  :  Homo,  et  homo  natus 
est  in  ea  :  et  ipse  fundavit  earn  Al- 
tissimus.^  6,  Dominus  narrabit  in 
scripturis  populorum,et  principum: 
horum,  qui  fuerunt  in  ea. 


7.  Sicut  laetantium  omnium  habi- 
tatio  est  in  te. 

— :i:—  PSALMUS   LXXXVIL  — *— 

Affliftus  et  ab  amicis  dereliftus 
se  Deo  commendat. 

I.         Canticum  Psalmi. 

Filiis  Core,  in  finem,  pro  Mahe- 
leth  ad  respondendum,  intellectus 
Eman  Ezrahitas. 

OMINE  Deus  salutis 
meas  :  in  die  clamavi,  et 
nocte  coram  te.  3.  Intret 
in  conspectu  tuo  oratio 
mea  :  inchna  aurem  tuam  ad  pre- 
cem  meam  :  4.  quia  repleta  est  malis 
anima  mea:  et  vita  mea  inferno  ap- 
propinquavit.  5.  ^Estimatus  sum 
cum  descendentibus  in  lacum  :  fa- 


meme.  —  Les  diemeiires  de  Jacob,  ou  Dieu 
avait  manifest^  sa  presence  et  ou  I'arche 
avait  reside,  telles  que  Silo  et  Bethel. 

3.  Des  choses  glorieiises,  soit  les  anciennes 
promesses  faites  a  Jerusalem  d'une  eternelle 
duree  et  d'un  glorieux  avenir,  promesses  que 
le  Psalmiste  va  developper  par  la  bouche  de 
Dieu;  soit  les  paroles  memes  que  Dieu  va 
prononcer. 

4.  Rahab  (tumulte)  est  le  nom  d'un  monstre 
mythique,  et  le  nom  symbolique  de  I'Egypte 
{Is.  XXX,  7;  li,  9;  Ps.  Ixxxix,  ii);  Baby/o/ie 
est  le  grand  empire  du  nord  :  le  jour 
viendra  ou  ces  deux  empires  connaitront 
et  honoreront  le  vrai  Dieu.  Les  Philistins, 
Tyr  et  I'Ethiopie,  avec  lesquels  Ezechias 
avait  eu  des  relations,  sont  nommes  en- 
suite.  Dieu  pourra  dire  de  chacun  de  ces 
peuples  :  Cehii-ci  est  ne  Id,  dans  Sion ; 
Sion  est  devenue  leur  mere,  la  mere  de 
tous  les  peuples ;  ils  ont  chez  elle  droit  de 
cite,  (comp.  Is.  Ixvi,  7;  liv,  1-3;  Zach. 
viii,  23).  Comment  cela  se  fera-t-il  ?  II 
s'agit  evidemment  d'un  changement  moral, 
d'une  naissance  spirituelle,  de  ce  que  le 
Nouv.  Testament  appelle  :  "  renaitre  de 
I'eau  et  de  I'Esprit  {Jean,  iii,  8)  "  :  I'eau  du 
bapteme,  et  I'Esprit  d'adoption  qui  fait  les 
enfants  de  Dieu. 

5.  De  Sion,  ou  a  Sion.  —  Cehii-ci  et 
celui-ld,\\\X.  un  honiuie  et  un  hoinnie,  c.-a-d. 
une  multitude  d'hommes  appartenant  aux 
peuples  les  plus  divers.  —  Qui  Va  fonde'e, 
ou  qui  Paffermit  et  la  rend  invincible  a  ses 
ennemis.  Cette  promesse  assure  la  perpe- 
tuite  de  I'Eglise,  apres  qu'elle  a  recu  dans 


son  sein  les  paiens  convertis.  Comp.  Matth. 
xvi,  18. 

6.  Le  Psalmiste  represente  Jehovah  les 
inscrivant  au  role  des  peuples,  c.-a-d.  sur  un 
grand  livre  ou  les  peuples  sont  recenses 
avec  tout  ce  qui  les  concerne. 

7.  Joie  des  paiens  convertis  :  ils  sont  re- 
presentes  venant  en  procession,  avec  des 
chants  et  des  danses,  faire  leur  entree  dans 
Sion ;  ils  s'ecrient  :  Toutes  les  sources  de 
mon  salut  et  de  ma  felicite  sont  en  toi. 
Comp.  Is.  xii,  3. 

PSAUME  LXXXVIII. 

1.  Sur  le  ton  plaintij :  voy.  Ps.  liii.  — 
Cantique,  hebr.  niaskil  :  voy.  Ps.  xxxii.  — 
Hciiian  I'Ezrahite  (fils  de  Zara),  personnnge 
contemporain  de  Salomon,  celebre  par  sa 
sagesse  (I  Par.  ii,  6;  I  Rois,  iv,  31).  Un 
levite  de  ce  nom  figure  avec  Asaph  comme 
I'un  des  chefs  proposes  par  David  a  la  mu- 
sique  sacree  (I   Par.  vi,  33-44). 

Tout  cela  semble  a  beaucoup  d'interpretes 
faire  deux  litres  distinfls,  juxtaposes  par 
erreur,  et  dont  le  dernier  serait  seul  authen- 
tique.  D'autres  conservent  le  tout  :  les  fils 
de  Cor^  ne  viendraient  la  que  pour  la  partie 
musicale,  et  le  veritable  auteur  du  cantique 
serait  He'man;  ou  bien  le  Coraite  de  la  pre- 
niiere  partie  du  titre  et  I'Ezrahite  Heman 
ne  seraient  qu'un  seul  et  meme  personnage, 

2.  Dieu  de  mon  salut :  c'est  le  seul  rayon 
d'espoir  qui  brille  a  travers  la  profonde  tris- 
tesse  de  ce  Psaume.  —  Ouandje  crie, etc. 
D'autres,  le  jour  je  finvoque,  la  mcit  je  suis 
devant  toi. 


174  troisi£me  livre  des  psaumes. 

6  Delaisse  parmi  les  morts, 
Pareil  aux  cadavres  etendus  dans  le  sepulcre, 
Dont  tu  n'as  plus  le  souvenir, 
Et  qui  sont  soustraits  h.  ta  main. 

7  Tu  m'as  jete  au  fond  de  la  fosse, 
Dans  les  tenebres,  dans  les  abimes. 

8  Sur  moi  s'appesantit  ta  fureur, 
Tu  m'accables  de  tous  tes  Acts.  —  Se7a. 

9  Tu  as  eloigne  de  moi  mes  amis, 
Tu  m'as  rendu  pour  eux  un  objet  d'horreur; 
Je  suis  emprisonnd  sans  pouvoir  sortir. 

10  Mes  yeux  se  consument  dans  la  souffrance, 
Je  t'invoque  tous  les  jours,  Seigneur, 
J'etends  les  mains  vers  toi. 

11  Feras-tu  un  miracle  pour  les  morts? 
Les  ombres  se  leveront-elles  pour  te  louer?  —  Se/a. 

12  Publie-t-on  ta  bonte  dans  le  sepulcre, 
Ta  fidelite  dans  I'abime? 

13  Tes  prodiges  sont-ils  connus  dans  la  region  des  tenebres, 
Et  ta  justice  dans  la  terre  de  I'oubli? 

14  Et  moi,  Jehovah,  je  crie  vers  toi, 
Ma  priere  va  au-devant  de  toi  des  le  matin. 

15  Pourquoi,  Jehovah,  repousses-tu  mon  ame? 
Pourquoi  me  caches-tu  taface? 

16  Je  suis  malheureux  et  moribond  depuis  ma  jeunesse; 
Sous  le  poids  de  tes  terreurs,  je  ne  sais  que  devenir. 

17  Tes  fureurs  passent  sur  moi, 
Tes  epouvantes  m'accablent. 

18  Comme  des  eaux  dcbordees  elle  m'environnent  tout  le  jour; 
EUes  m'assiegent  toutes  ensemble. 

19  Tu  as  Eloigne  de  moi  mes  amis  et  mes  proches; 
Mes  compagnons,  ce  sont  les  tenebres  de  la  tombe. 

PSAUME    LXXXIX   (VULG.  LXXXVUl). 

fE  Psaume  a  pour  auteur  Ethan,  frere  d'Heman,  I'auteur  du  Psaume  prece'dent 
(I  Par.  ii,  6;   I  Rois,  iv,  31),  le  meme  peut-elre  que  le  levite  Etlian,  prepose  par 

3j  David,  avec  Asaph  et  Heman,  k  la  musique  sacree  (I  Par.  vi,  29;  xv,  17)  II  parait 
avoir  e'te  compose  sous  le  rcgne  de  Roboam,apres  le  schisme  des  dix  tribus  et  a  I'occasion 
de  I'invasion  du  roi  d'Egypte  Sesac  (voy.  1  AV/j,  xiv,  25-27;  II  Par.y^\\,  2-9).  Temoin,  dans 
sa  vieillesse,  des  calamites  du  royaume  de  David  et  de  Salomon,  le  Psalmiste  commence 
par  rappeler  en  general  les  promesses  faites  a  David  (vers.  2-5)  par  un  Dieu  tout-puissant 
(6-15),  capable  d'assurer  le  bonheur  de  son  peuple  (16-19);  puis  il  donne  le  texte  meme  de 
ces  promesses  (20-38),  et  il  demande  k  Dieu  d'accorder  un  prompt  secours  au  roi  et  au 
peuple  C39-52)- 

La  prophetic  qui  remplit  la  deuxi^me  partie  du  Psaume  est  essentiellement  messia- 
nique.  La  race  de  David  a  ete  depouillee  de  tout,  sauf  de  I'honneur  de  donner  le  Messie 
au  monde  :  c'est  la  la  grande  ^^rf^V^  qui  lui  sera  certainemcnt  accordee,  le  grand  objet  de 
\a.Jidc'liic  do.  Dieu  dans  ses  promesses  {Eccli.  xlvii,  24;  Ltic,  i,  72  sv.). 

Ps.  1  CANTIQUE  d'Ethan  I'Ezrahite. 

Lwxix. 

2  Je  veux  chanter  a  jamais  les  bontes  de  Jehovah; 

A  toutes  les  generations  ma  bouche  fera  connaitre  ta  fidelite. 

3  Car  je  dis  :  La  bonte  est  un  Edifice  eternel, 
Dans  les  cieux  tu  as  etabli  ta  fidelite. 

4  "  J'ai  contracfle  alliance  avec  mon  €\\x\ 

J'ai  fait  ce  serment  a  David,  mon  serviteur  : 

5  Je  veux  afTermir  ta  race  pour  toujours, 

Etablir  ton  trone  pour  toutes  les  generations."  —  iicla. 


LIBER  PSALMORUM. 


175 


ctus  sum  sicut  homo  sine  adjutorio, 
6.  inter  mortuos  liber  :  sicut  vulne- 
rati  dormientes  in  sepulcris,  quo- 
rum non  es  memor  amplius :  et  ipsi 
de  manu  tua  repulsi  sunt,  7,  Posue- 
runt  me  in  lacu  inferiori  :  in  tene- 
brosis,  et  in  umbra  mortis,  8,  Super 
me  confirmatus  est  furor  tuus  :  et 
omnes  fluctus  tuos  induxisti  super 
me,  9,  Longe  fecisti  notos  meos  a 
me  :  posuerunt  me  abominationem 
sibi.  Traditus  sum,  et  non  ingredie- 
bar  :  10.  oculi  mei  languerunt  prse 
inopia.  Clamavi  ad  te  Domine  tota 
die  :  expandi  ad  te  manus  meas. 

II.  Numquid  mortuis  facies  mi- 
rabilia  :  aut  medici  suscitabunt,  et 
confitebuntur  tibi.^  12,  Numquid 
narrabit  aliquis  in  sepulcro  miseri- 
cordiam  tuam,  et  veritatem  tuam 
in  perditione?  13.  Numquid  cogno- 
scentur  in  tenebris  mirabilia  tua  :  et 
justitia  tua  in  terra  oblivionis? 

14.  Et  ego  ad  te  Domine  clamavi : 
et  mane  oratio  mea  prasveniet  te. 
15.  Ut  quid  Domine  repellis  ora- 
tionem  meam  :  avertis  faciem  tuam 
a  me?  16.  Pauper  sum  ego,  et  in 
laboribus  a  juventute  mea  :  exalta- 


tus  autem,  humiliatus  sum  et  con- 
turbatus,  17.  In  me  transierunt  iras 
tu3£  :  et  terrores  tui  conturbaverunt 
me.  18.  Circumdederunt  me  sicut 
aqua  tota  die  :  circumdederunt  me 
simul.  19.  Elongasti  a  me  amicum, 
et  proximum  :  et  notos  meos  a  mi- 
ser i  a. 

-*-  PSALMUS   LXXXVIII. -:i:- 

Enarrat  foedus  Dei  cum  Davide,  et  queritur 
de  Christi  dilatione  ac  persecutionibus,  a 
quibus  petit  liberari. 

I,  Intellectus  Ethan  Ezrahitas. 

riSERICORDIAS  Domi- 
ni in  asternum  cantabo.  In 
generationem  et  genera- 
tionem  annuntiabo  verita- 
tem tuam  in  ore  meo.  3.  Quoniam 
dixisti  :  In  asternum  misericordia 
asdificabitur  in  coslls  :  prasparabitur 
Veritas  tua  in  eis.  4.  Disposui  testa- 
mentum  electis  meis,  "juravi  David 
servo  meo  :  5,  usque  in  asternum 
prjEparabo  semen  tuum,  Et  asdifi- 
cabo  in  generationem,  et  generatio- 
nem sedem  tuam. 


«2  Rec 
12. 


6.  Z?t'/aisse,  Vulg.  h'der  que  les  Peres  en- 
tendent  du  Sauveur  /t'dre  en  face  de  la  mort 
et  de  ses  persecuteurs.  Le  Hir  et  d'autres, 
gisant  parini  les  marts,  litt.  ma  cotcche  est 
parmi  les  morts.  Le  mot  hebreu  est  obscur 
ici  et  probablement  fautif.  —  Soicstraits  a 
fa  main,  a  I'aflion  de  ta  providence.  Vulg., 
repousse's  de  ta  main. 

7.  Fosse,  tenebres,  etc.,  expressions  qui 
designent  le  sejour  des  morts  (scheol)  et  le 
sepulcre. 

9.  Pris  a  la  lettre,  tous  ces  traits  con- 
viennent  soit  a  un  lepreux,  soit  a  un  prison- 
nier;  au  figure,  ils  peignent  un  malheureux 
accable  de  souffrances  (comp.y^^iiJ,  xxxi,  34), 
et  c'est  probablement  dans  ce  dernier  sens 
qu'on  doit  les  entendre. 

11-13.  Pensee  :  les  hommes  descendus 
au  scheol  ne  peuvent  plus  c^lebrer  les 
louanges  de  Dieu  comme  on  le  fait  sur  la 
terre  :  pourquoi  done  Dieu  me  laisse-t-il 
mourir?  Voy.  Ps.  vi,  6,  note. 

Un  miracle,  pour  rappeler  les  morts  a  la 
vie.  —  Les  o?nhres,  hebr.  les  rephaim,  litt. 
les  etres  sans  consistance,  tels  que  sont  les 
morts  dans  le  scheol.  —  La  terre  de  Voubli, 


oil  les  ombres,  oubliees  de  Dieu,  ne  se  sou- 
viennent  plus  de  lui. 

15.  Mon  dme,  moi;  \'^ulg.,  ma  priere. 

17.  Tes  epouva7ites,  comparees  k  des  flots 
souleves,  m'aneantissent,  m'engloutissent. 

19.  Mes  compag/ions,  etc.  :  il  ne  m'en 
reste  plus  d'autres.  Comp.  Job,  xvii,  14. 

PSAUMi.   LXXXIX. 

1.  Cantiqiie,  hebr.  maskil  :  voy.  Ps.  xxxii. 

2.  Pontes,  misericordes  gratuites...yfi///z7/ 
k  tenir  les  promesses  :  toute  I'esperance  d'ls- 
rael  reposait  sur  ce  double  fondement,  qu'Is- 
rael  appelle  les  misericordes  fideles,  c.-a-d. 
assurees  ix  David  et  a  sa  posterite  {Is.  Iv,  3). 

3.  Dans  les  cieux,  c.-a-d.  dans  une  region 
ou  tout  est  immuable.  La  Vulgate  rapporte 
a  tort  i7i  ca'lis  a  ce  qui  precede ;  en  outre, 
elle  traduit  (habituellement :  voy.  vers.  5)  par 
preparer  le  verbe  hebreu  coim,  qui  signifie 
presque  toujours  aff^ermir,  consolider. 

Suit  un  resum^  des  promesses  faites  a 
David  (voy.  II  Sa)n.  vii),  place  dans  la 
bouche  de  Dieu. 

4.  Mon  elu,  David  :  comp.  I  Rois,  viii,  16. 
Vulg.,  mes  elus  :  David  et  ses  descendants. 


176 


TROISIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  Les  cieux  celebrent  tes  merveilles,  Jehovah, 
Et  ta  fideHte  dans  I'assemblee  des  saints. 

7  Car  qui  pourrait,  dans  le  ciel,  se  comparer  a  Jehovah? 
Qui  est  semblable  a  Jehovah  parmi  les  fils  de  Dieu? 

8  Dieu  est  terrible  dans  la  grande  assemblee  des  saints, 
II  est  redoutable  pour  tous  ceux  qui  I'entourent. 

9  Jdhovah,  Dieu  des  armees,  qui  est  comme  toi? 
Tu  es  puissant,  Jehovah,  et  ta  fidelite  t'environne. 

10  C  est  toi  qui  domptes  I'orgueil  de  la  mer; 

Quand  ses  flots  se  soulevent,  c'est  toi  qui  les  apaises. 

11  C'est  toi  qui  ecrases  Rahab  comme  un  cadavre, 
Qui  disperses  tes  ennemis  par  la  force  de  ton  bras. 

12  A  toi  sont  les  cieux,  a  toi  aussi  la  terre; 

Le  monde  et  ce  qu'il  contient,  c'est  toi  qui  I'as  fonde. 

13  Tu  as  cre'e  le  nord  et  le  midi; 

Le  Thabor  et  THermon  tressaillent  a  ton  nom. 

14  Ton  bras  est  arme  de  puissance 
Ta  main  est  forte,  ta  droite  elevee. 

15  La  justice  et  I'equite  sont  le  fondement  de  ton  trone, 
La  bonte  et  la  fidelite  se  tiennent  devant  ta  face. 

16  Heureux  le  peuple  qui  connait  les  joyeuses  acclamations, 
Qui  marche  a  la  clarte  de  ta  face,  Jehovah! 

17  11  se  rejouit  sans  cesse  en  ton  nom, 
Et  il  s'eleve  par  ta  justice. 

18  Car  tu  es  sa  gloire  et  sa  puissance, 
Et  ta  faveur  eleve  notre  force. 

19  Car  de  Jehovah  vient  notre  bouclier, 
Et  du  Saint  d'Israel  notre  roi. 

20  Tu  parlas  jadis  dans  une  vision  a  ton  bien-aime,  en  disant 
"  J'ai  prete  assistance  a  un  heros, 

J'ai  eleve  un  jeune  homme  du  milieu  du  peuple. 

21  J'ai  trouve  David,  mon  serviteur, 
Je  I'ai  oint  de  mon  huile  sainte. 

22  Ma  main  sera  constamment  avec  lui, 
Et  mon  bras  le  fortifiera. 

23  L'ennemi  ne  le  surprendra  pas, 

Et  le  fils  d'iniquite  ne  I'emportera  pas  sur  lui. 

J'ecraserai  devant  lui  ses  adversaires, 

Et  je  frapperai  ceux  qui  le  haissent. 

Ma  fidelite  et  ma  bonte  seront  avec  lui, 

Et  par  mon  nom  grandira  sa  puissance. 
6  J'etendrai  sa  main  sur  la  mer 

Et  sa  droite  sur  les  tleuves. 

11  m'invoquera  "  Tu  es  mon  pere, 

Mon  Dieu  et  le  rocher  de  mon  salut.  " 

Et  moi  je  ferai  de  lui  le  premier-ne, 

Le  plus  eleve  des  rois  de  la  terre. 
9  Je  lui  conserverai  ma  bonte  a  jamais, 

Et  mon  alliance  avec  lui  sera  indissoluble, 


24 

25 
26 

27 
28 


6-ig.  Comme  la  valeur  d'une  promesse  se 
mesure  a  la  dignite  de  celui  qui  I'a  faite,  le 
Psalmiste  entonne  une  hymne  pour  celebrer 
la  grandeur  de  Dieu,  specialement  sa  toute- 
puissance  et  sa  fidelite. 

6.  Les  saints,  comme  les  fils  de  Dieu 
au  verset  suivant,  sont  les  anges,  qui  com- 
posent   la   cour   celeste   {/ob,    i,   6;    v,    i; 


XV, 


8.  Terrible  dans  la  grande  asenibleej  ou 


bien,  grandenient  terrible  dans  Vassemblee 
des  saints,  c.-a-d.  des  anges. 

9.  Ta  fide/itJ,  comme  un  tribut  insdpa- 
rable  de  toi,  etc. 

1 1 .  Comme  un  cadavre,  propr.  comme  un 
guerricr  frappc  du  glaive. 

13.  Le  Tliabor  a  I'ouest  du  Jourdain, 
I'Hermon  a  Test,  marquant  les  deux  autres 
points  cardinaux.  Sens  :  Dieu  est  le  souve- 
rain  maitre  de  la  terre  creee  par  lui. 


LIBER  PSALMORUM. 


177 


6.  Confitebuntur  coeli  mirabilia 
tuaDomine:  etenim  veritatem  tuam 
in  ecclesia  sanctorum.  7.  Quoniam 
quis  in  nubibus  asquabitur  Domino  : 
similis  erit  Deo  in  filiis  Dei?  8,  Deus, 
qui  glorificatur  in  consilio  sancto- 
rum :  magnus  et  terribilis  super 
omnes  qui  in  circuitu  ejus  sunt, 
9.  Domine  Deus  virtutum  quis  si- 
milis tibi?  potens  es  Domine,  et  Ve- 
ritas tua  in  circuitu  tuo. 

10.  Tu  dominaris  potestati  ma- 
ris :  motum  autem  fluctuum  ejus  tu 
mitigas.  1 1.  Tu  humiliasti  sicut  vul- 
neratum,  superbum  :  in  brachio  vir- 
tutis  tuae  dispersisti  inimicos  tuos. 
12.  *Tui  sunt  coeli,  et  tua  est  terra, 
orbem  terras  et  plenitudinem  ejus  tu 
fundasti  :  13.  aquilonem,  et  mare 
tu  creasti.  Thabor  et  Hermon  in 
nomine  tuo  exsultabunt :  I4..  tuum 
brachium  cum  potentia.  Firmetur 
manus  tua,  et  exaltetur  dextera  tua: 
15.  Justitia  et  judicium  praeparatio 
sedis  tuas.  Misericordia  et  Veritas 
prascedent  faciem  tuam  : 

16.  Beatus  populus,  qui  scit  jubi- 
lationem.  Domine,  in  lumine  vultus 
tui  ambulabunt,    17.  et  in  nomine 


tuo  exsultabunt  tota  die  :  et  in  justi- 
tia tua  exaltabuntur.  18.  Quoniam 
gloria  virtutis  eorum  tu  es  :  et  in 
beneplacito  tuo  exaltabitur  cornu 
nostrum.  19.  Quia  Domini  est  as- 
sumptio  nostra  :  et  sancti  Israel  re- 
gis nostri. 

20.  Tunc  locutus  es  in  visione 
Sanctis  tuis,  et  dixisti  :  Posui  adju- 
torium  in  potente  :  et  exaltavi  ele- 
ctum  de  plebe  mea.  21.  Tnveni 
David  servum  meum  :  oleo  sancto 
meo  unxi  eum.  22.  Manus  enim 
mea  auxiliabitur  ei  :  et  brachium 
meum  confortabit  eum.  23.  Nihil 
proficiet  inimicus  in  eo,  et  filius  ini- 
quitatis  non  apponet  nocere  ei. 
24.  Et  concidam  a  facie  ipsius  ini- 
micos ejus  :  et  odientes  eum  in  fu- 
gam  convertam.  25.  Et  Veritas  mea, 
et  misericordia  mea  cum  ipso  :  et  in 
nomine  meo  exaltabitur  cornu  ejus. 

26.  Et  ponam  in  mari  manum  ejus  : 
et    in    fluminibus   dexteram    ejus. 

27.  Ipse  invocabit  me  :  '^ Pater  meus 
es  tu  :  Deus  meus,  et  susceptor  sa- 
lutis  meas.  28.  Et  ego  primogenitum 
ponam  ilium  excelsum  pras  regibus 
terr£e.  29.  In  asternum  servabo  illi 


^i  Reg.  16, 
I.  12.  Adt. 
13,  22. 


'^2  Reg.  7, 
14. 


15.  6"^  tiennent  devani  ta  face,  comme  des 
serviteurs  qui  attendent  les  ordres  de  leur 
niaitre. 

16.  Lepetiple,  celui  du  royaume  dejuda, 
ou  le  culte  de  Jehovah  s'^tait  maintenu.  — 
Lesjoyeiises  acclamations  et  le  son  des  trom- 
pettes  qui  annon^aient  les  fetes  religieuses 
{Lev.  xxiii,  24;  xxv,  9). 

17.  Eft  ton  nom,  en  Dieu  manifeste  par 
ses  revelations  et  ses  prodiges.  —  Par  ta 
justice,  la  fidelite  de  Dieu  aux  engagements 
et  aux  promesses  de  son  alliance. 

18.  Notre  force,  litt.  notte  come. 

19.  Sens  :  c'est  Jehovah  qui  nous  donne 
notre  bouclier  et  notre  roi,  notre  roi  qui  est 
en  meme  temps  notre  bouclier  :  il  est  done 
impossible  qu'Israel  devienne  la  proie  d'une 
puissance  paienne.  D'autres  traduisent  : 
Jehovah  est  notre  boticlier^eile  Saint  cV Israel 
notre  roi. 

20.  Ton  dien-aime',  le  prophete  Samuel 
(I  Sant.  xvi,  12  sv.),  ou  Nathan  (I  Far. 
xvii,  7-15),  peut-etre  David  lui-meme.  Plu- 
sieurs  manuscrits  hebreux  et  toutes  les  an- 
ciennes  versions  ont  le  pluriel,  a  vies  bien- 
ainies,  Samuel  et  Nathan.  —  A  im  heros. 


un  vaillant  :  cette  assistance  avait  done  pour 
but  de  lui  donner  la  vi(ftoire  sur  ses  enne- 
mis  (par  ex.  Goliath).  —  Un  jeune  homme, 
David;  Vulg.,  a  mon  e'lu. 

Les  verbes  sont  au  parfait  dans  les  vers. 
20  et  21,  parce  que  David  etait  deja  sacre 
et  etabli  roi  sur  tout  Israel,  quand  il  regut 
de  la  bouche  de  Nathan  les  promesses  men- 
tionndes  II  Sam.  vii. 

23.  Allusion  a  Saiil  et  aux  autres  ennemis 
de  David. 

25.  Par  mon  nom  :  meme  sens  qu'au 
vers.  17.  —  Ptcissaftce,  litt.  corne. 

26.  Allusion  a  la  promesse  faite  (/?.?«/.  xi,  14; 
Jos.  i,  4.  Comp.  Ps.  Ixxii,  8;.  Le  royaume  de 
Salomon  touchait  d'un  cote  k  la  Mediterra- 
nee,  de  I'autre  a  I'Euphrate.  Celui  du  Messie 
s'etendra  d'un  bout  du  monde  a  I'autre. 

27.  II m'invoqtiera,  en  me  donnant  le  nom 
de  pere.  Ce  mot  a  dans  la  Bible  un  sens  tres 
etendu;  il  exprime  toutes  les  tendres  affec- 
tions. David  est  fils  de  Dieu  par  adoption; 
de  meme  Salomon  (I  Par.wW,  13);  le  Mes- 
sie le  sera  par  nature. 

28.  Le  premier-nc  :  David  aura  le  droit 
d'ainesse  parmi  les  rois  de  la  terre. 


N°  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TO.ME  IV.   —  13 


178 


TROISlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


30  J'^tablirai  sa  posterite  pour  une  duree  eteinelle, 
Et  son  trone  aura  les  jours  des  cieux. 

31  Si  ses  fils  abandonnent  ma  loi, 

Et  ne  marchent  pas  selon  mes  ordonnances; 

32  S'ils  violent  mes  preceptes, 

Et  n'observent  pas  mes  commandements; 

33  Js  punirai  de  la  verge  leurs  transgressions, 
Et  par  des  coups  leurs  iniquitds; 

34  Mais  je  ne  lui  retirerai  pas  ma  bonte, 
Et  je  ne  ferai  pas  mentir  ma  fidelite; 

35  Je  ne  violerai  pas  mon  alliance, 

Et  je  ne  changerai  pas  la  parole  sortie  de  mes  levres. 

36  Je  I'ai  jurd  une  fois  par  ma  saintete; 
Non,  je  ne  mentirai  pas  a  David. 

;^7  Sa  posterite  subsistera  eternellement, 

Son  trone  sera  devant  moi  comme  le  soleil; 

38  Comme  la  lune,  il  est  etabli  pour  toujours. 
Et  le  temoin  qui  est  au  ciel  est  fidele. "  Se7a. 

39  Et  toi,  tu  as  rejete,  et  tu  as  dedaigne, 
Et  tu  t'es  irrite  contre  ton  Oint! 

40  Tu  as  pris  en  degout  I'alliance  avec  ton  serviteur, 
Tu  as  jete  a  terre  son  diademe  profane. 

41  Tu  as  renverse  toutes  ses  murailles, 
Tu  as  mis  en  mines  ses  forteresses. 

42  Tous  les  passants  le  depouillent; 

II  est  devenu  I'opprobre  de  ses  voisins. 

43  Tu  as  eleve  la  droite  de  ses  oppresseurs, 
Tu  as  rejoui  tous  ses  ennemis. 

44  Tu  as  fait  retourner  en  arriere  le  tranchant  de  son  glaive, 
Et  tu  ne  I'as  pas  soutenu  dans  le  combat. 

45  Tu  Fas  depouille  de  sa  splendeur, 
Et  tu  as  jete  par  terre  son  trone, 

46  Tu  as  abrege  les  jours  de  sa  jeunesse, 
Et  tu  I'as  couvert  d'ignominie.  —  Sc'la. 

47  Jusques  h.  quand,  Jehovah,  te  cacheras-tu  pour  toujours, 
Et  ta  fureur  s'embrasera-t-elle  comme  le  feu? 

48  Rappelle-toi  la  brievete  de  ma  vie, 

Et  pour  quelle  ^phemere  existence  tu  as  cree  les  fils  de  I'homme ! 

49  Quel  est  le  vivant  qui  ne  verra  pas  la  mort, 

Oui  soustraira  son  ame  au  pouvoir  du  scheol?  —  Sc/a. 

50  Ou  sont,  Seigneur,  tes  bont^s  d'aulrefois, 
(2ue  tu  juras  a  David  dans  ta  fidelite.'' 

51  Souviens-toi,  Seigneur,  de  I'opprobre  de  tes  serviteurs; 

Soin'it'/ts-hii  que  je  porte  dans  mon  sein  les  outrages  ds  tant  de  peuples  nombieux ; 

52  Souviois-ioi  des  outrages  de  tes  ennemis,  Jehovah, 
De  leurs  outrages  contre  les  pas  de  ton  Oint. 


53  Beni  soit  k  jamais  Jehovah! 
Amen!  Amen! 


30.  Les  jours  des  cicttx,  une  duree  sans 
limite.  Cette  promesse  ne  sera  complete- 
ment  realisee  dans  la  postdrite  de  David 
que  dans  le  sens  messianique. 

33.  Emprunte  a  II  Sam.  vii,  14-16. 


38.  Le  tciiiflin :  Dieu  lui-meme,  qui  atteste 
ce  qu'il  decrete  (/o/^,  xvi,  20;  Hcbr.  vi,  19); 
il  y  a  ainsi  gradation. 

39.  Tu  t'es  irrite';  \'ulg. ,  tu  as  differc  re- 
tarde  ioti  Oint. 


— J€>5 \©\ \©\ ^©<— 


LIBER  PSALMORUM. 


179 


misericordiam  meam  :  et  testamen- 
tum  meum  fidele  ipsi.  30.  Et  ponam 
in  saeculum  saeculi  semen  ejus  :  et 
thronum  ejus  sicutdies  coeli.  3i-  Si 
autem  dereliquerint  filii  ejus  legem 
meam  :  et  in  judiciis  meis  non  am- 
bulaverint  :  32.  si  justitias'  meas 
profanaverint :  et  mandatamea  non 
custodierint  :  33.  visitabo  in  virga 
iniquitates  eorum  :  et  in  verberibus 
peccata  eorum,  34.  Misericordiam 
autem  meam  non  dispergam  ab  eo  : 
neque  nocebo  in  veritate  mea  : 
35.  neque  profanabo  testamentum 
meum  :  et  quae  procedunt  de  labiis 
meis  non  faciam  irrita.  36.  Seme! 
juravi  in  sancto  meo,  si  David  men- 
tiar  :  37.  semen  ejus  in  jeternum 
manebit.  38.  Et  ''thronus  ejus  sicut 
sol  in  conspectu  meo,  et  sicut  luna 
perfecta  in  asternum  :  et  testis  in 
coelo  fidelis. 

39.  Tu  vero  repulisti  et  despe- 
xisti   :    distulisti    Christum   tuum, 

40.  Evertisti  testamentum  servi  tui  : 
profanastiin  terraSanctuarium  ejus, 

41.  Destruxisti  omnes  sepes  ejus  : 
posuisti  firmamentum  ejus  formidi- 
nem.  42,  Diripuerunt  eum  om.nes 
transeuntes  viam  :  factus  est  oppro- 


brium vicinis  suis,  43.  Exaltasti 
dexteram  deprimentium  eum  :  lasti- 
ficasti  omnes  inimicos  ejus. 44,  A.ver- 
tisti  adjutorium  gladii  ejus  :  et  non 
es  auxiliatus  ei  in  bello.  45.  Destru- 
xisti eum  ab  emundatione :  et  sedem 
ejus  in  terram  coUisisti.  46,  Mino- 
rasti  dies  temporis  ejus  :  perfudisti 
eum  confusione, 

47.  Usquequo  Domine  avertis  in 
finem  :  exardescet  sicut  ignis  ira 
tua?  48,  Memorare  quae  mea  sub- 
stantia :  numquid  enim  vane  consti- 
tuisti  omnes  filioshominum?49.Quis 
est  homo,  qui  vivet,  et  non  videbit 
mortem  :  eruet  animam  suam  de 
manu  inferi?  50.  Ubi  sunt  miseri- 
cordiae  tuas  antiquae  Domine,  -^sicut 
jurasti     David     in     veritate     tua.^ 

5 1 .  Memor  esto  Domine  opprobrii 
servorum  tuorum  (quod  continui 
in  sinu  meo)  multarum  gentium, 

52,  Quod  exprobraverunt  inimici 
tui  Domine,  quod  exprobraverunt 
commutationem  Christi  tui. 

53.  Benedictus  Dominus  in  aster- 
num  :  fiat,  fiat. 


fo.  Reg.  7, 
II. 


40.  Ton  serviteur,  David.  —  Son  dtadhne, 
enleve  avec  d'autres  d^pouilles  precieuses 
par  Sesac.  Vulg.  so/i  sanfluairc,  peut-etre 
en  ce  sens  que  le  diadenie  des  rois  d' Israel, 
representants  de  Jehovah,  etait  I'insigne 
sacre  de  la  puissance  meme  de  Dieu. 

41.  Tu  as  mis  en  mines j  Vulg.,  iu  as  re- 
pandtc  la  fray  ear  dans  ses  forteresses. 

46.  Roboam  avail  46  ans,  quand  il  fut 
vaincu  par  Sesac;  il  vecut  encore  12  ans 
dans  I'humiliation  et  la  honte  (II  Par. 
xii,  2,  13). 


Que  Dieu  mette  fin  k  cette  contradicflion 
entre  ses  promesses  et  la  situation  a(fluelle. 

47.  Comp.  Ps.  Ixxix,  5. 

48.  Pour  quelle  ephemere  existence,  litt. 
pojir  quelle  vanite.  Sens  :  hate-toi  de  nous 
secourir,  afin  que  la  generation  presente  aie 
part  aux  benedicftions  promises! 

52.  Centre  les pas,  la  conduite  de  ton  roi; 
ce  sens  est  loin  d'etre  sur.  Vulg.,  au  sujet 
de  ton  chans^ejuent  a  Vcgard  de  ton  Oint. 


53- 


Doxologie  servant  de  conclusion  au 


^e  livre  des  Psaumes. 


^^ 


180  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


^     LIVRE    QUATRIEME. 

Le  Psaume  cii,  compose  sur  la  fin  de  la  captivite  dc  Babylone,  indique 
que  les  Psaumes  dont  se  compose  ce  livre  ont  ete  recueilHs  pen  avant 
Tepoque  ou,  sous  Esdras,  le  canon  des  Juifs  fut  forme.  La  plupart  n'ont  pas 
de  titre,  et  trois  seulement  portent  un  nom  d'auteur.  lis  ne  se  rapportent,  en 
general,  a  aucune  circonstance  particuliere;  ce  sont  des  chants  a  la  gloire  de 
Jehovah,  dont  la  puissance  s'etend  sur  tout  I'univers  (d'apres  Le  Hir). 

PSAUME   XC   (VULG.  LXXXIX). 

^E  titre  de  ce  Psaume,  la  couleur  antique  du  style  et  de  nombreux  traits  de  res- 
semblance  avec  le  Pentateuque,  particulierement  le  Deutdronome,  autorisent  a 
I'attribuer  a  Moise,  qui  I'aurait  compose  a  I'occasion  de  la  mort  prematuree  des 
enfants  d'Israel  dans  le  desert.  II  se  distingue  par  la  magnificence  des  images  et 
une  melancolie  penetrante. 

Contraste  entre  I'eternite  de  Dieu  et  la  brievete  de  la  vie  humaine  (vers.  i-6);  peinture 
des  miseres  de  I'homme  (7-12);  que  Dieu  vienne  en  aide  a  ses  serviteurs  (13-17). 

Ps.  XC.  '  PRIERE  de  Moise,  homme  de  Dieu. 

Seigneur,  tu  as  ete  pour  nous  un  refuge  d'age  en  age. 

2  Avant  que  les  montagnes  fussent  n^es, 

Et  que  tu  eusses  enfante  la  terre  et  le  monde, 
De  I'eternite  a  I'eternite  tu  es,  6  Dieu. 

3  Tu  reduis  les  mortels  en  poussiere, 

Et  tu  dis  :  "  Retournez,  fils  de  I'homme!" 

4  Car  mille  ans  sont,  a  tes  yeux, 
Comme  le  jour  d'hier,  quand  il  passe, 
Et  comme  une  veille  de  la  nuit. 

5  Tu  les  emportes,  semblables  a  un  songe; 
Le  matin,  comme  I'herbe  ils  repoussent  : 

6  Le  matin,  elle  fleurit  et  pousse; 

Le  soir,  elle  se  fletrit  et  se  dessfeche. 

7  Ainsi  nous  sommes  consumes  par  ta  colere, 
Et  ta  fureur  nous  terrific. 

8  Tu  mets  devant  toi  nos  iniquites, 

Nos  fautes  cachdes  h.  la  lumicre  de  ta  face. 

9  Tous  nos  jours  disparaissent  par  ton  courroux, 

Nous  voyons  nos  annees  s'evanouir  comme  un  son  leger. 

10  Nos  jours  s'elevent  a  soixante-dix  ans, 

Et  dans  leur  pleine  mesure  c\  quatre-vingts  ans ; 
Et  leur  splendeur  n'est  que  peine  et  misere, 
Car  ils  passent  vite,  et  nous  nous  envolons! 

11  Qui  comprend  la  puissance  de  ta  colere, 

Et  ton  courroux,  egal  k  ta  majeste  redoutable? 

12  Enseigne-nous  a  bien  compter  nos  jours, 
Afin  que  nous  acquerions  un  coeur  sage. 

13  Reviens,  Jehovah;  jusques  k  quand  ...? 
Aie  pitie  de  tes  serviteurs. 

14  Rassasie-nous  le  matin  de  ta  bonte, 

Et  nous  serons  tous  nos  jours  dans  la  joie  et  I'alldgresse 

15  Rejouis-nous  autant  de  jours  que  tu  nous  a  humilies, 
Autant  d'annees  que  nous  avons  connu  le  malheur. 


LIBER  PSALMORUM. 


181 


40,  6. 


-:!:—    PSALM  US    LXXXIX.   — :i-- 

Oratio  qua  homo  vitte  instabilitatem  spe- 
(ftans  ad  Deum  confugit. 

Oratio  Moysi  hominis  Dei. 

OMINE,  refugiiim  factus 
es  nobis  :  a  generatione  in 
generationem.    2.    Prius- 


:  quam  montes  fierent,  aut 
formaretur  terra,  et  orbis  :  a  sasculo 
et  usque  in  sasculum  tu  es  Deus. 
3.  Ne  avertas  hominem  in  humili- 
tatem  :  et  dixisti :  Convertimini  filii 
hominum.  4.  Quoniam  mille  anni 
ante  oculos  tuos,  tamquam  dies 
hesterna,  quae  prasteriit,  et  custodia 
in  nocte,  5.  quae  pro  nihilo  haben- 
tur,  eorum  anni  erunt.  6.  "Mane 
sicut  herba  transeat,  mane  floreat, 
et  transeat  :  vespere  decidat,  indu- 
ret,  et  arescat. 


7.  Ouia  defecimus  in  iratua,et  in 
furore  tuo  turbati  sumus.  8.  Posuisti 
iniquitates  nostras  inconspectu  tuo: 
saeculum  nostrum  in  illuminatione 
vultus  tui.  9.  Quoniam  omnes  dies 
nostri  defecerunt  :  et  in  ira  tua  de- 
fecimus. Anni  nostri  sicut  aranea 
meditabuntur  :  10.  ^'dies  annorum  ^'EccH.  18. 
nostroruminipsisjSeptuagintaanni.  ^' 
Si  autem  in  potentatibus  octoginta 
anni  :  et  amplius  eorum,  labor  et 
dolor.  Quoniam  supervenit  mansue- 
tudo  :  et  corripiemur.  1 1.  Quis  no- 
vit  potestatem  irae  tuae  :  et  pras 
timore  tuo  iram  tuam  12.  Dinume- 
rare.?  Dexteram  tuam  sic  notam 
fac  :  et  eruditos  corde  in  sapientia. 
13.  Convertere  Domine  usque- 
quo.''  et  deprecabilis  esto  super  ser- 
vos tuos.  14.  Repleti  sumus  mane 
misericordia  tua  :  et  exsultavimus, 
et  delectati  sumus  omnibus  diebus 
nostris.  15.  Laetati  sumus  pro  die- 


PSAUME  XC. 

1.  Homme  de  Dieii  (comp.  Dent,  xxxiii,  i; 
Jug.  xiv,  6)  :  ce  titre  honorifique  donne  aux 
anciens  prophetes  exprime  un  rapport 
d'union  intime  avec  Dieu. 

2.  Les  montagnes,  qui  sont  pourlant  I'em- 
bleme  de  la  duree  et  de  la  force. 

3.  Reiournez  en  poussiere  :  allusion  k  la 
sentence  portee  contre  Adam  pecheur  (6"^;^. 
iii,  19).  D'autres  :  Et  tu  dis  h.  une  nouvelle 
generation  :  A  ton  tour  viens  \  la  vie  :  con- 
traste  entre  I'immuable  eternite  de  Dieu  et 
I'existence  mobile  de  I'homme  (comp.  EccL 

i,  4). 

4.  Mille  atis  ecoules  ne  paraissent  pas 
aux  yeux  de  Dieu  une  durde  plus  longue  que 
ne  nous  parait  le  jour  d'hier  consider^  au 
moment  ou  il  se  termine.  Cf.  II  Pet.  iii,  8  : 
"  Mille  ans  sont  devant  le  Seigneur  (Jesus- 
Christ)  comma  un  seul  jour."  —  Couime  une 
veille  :  la  nuit  se  partageait  alors  en  trois 
veilles. 

5.  Vulg.,  choses  gui  ne  comptent potir  rien, 
voilk  ce  que  sont  leurs  amie'es;  elles  sont  en 
tres  petit  nombre.  Au  vers.  6,  elle  donne  h. 
chalaf  le  sens  de  passer  :  leur  vie  passe  en 
un  matin,  comme  PJierbe  qui  fleicrit  et  passe, 
et  qui  le  soir  tonibe  et  se  dessccJie.  Le  mot 
induret  ne  repond  k  rien  dans  I'hebreu. 

7.  Ce  verset  nous  ramene  a  I'histoire  d'ls- 
rael  dans  le  desert,  ou  le  plus  grand  nombre 
fut  condamne  a  mourir  en  punition  de  ses 
fautes.  Comp.  Nombr.  xiv,  29;  Dcut.  i,  35. 


8.  Nos  fautes  cacke'es,  par  opposition  aux 
iniquiies  ow  transgressions  publiques.  Vulg. 
notre  vie. 

9.  Comnie  un  soti  le'ger;  d'autres,  comme 
un  scupirj  ou  bien,  comme  tinepefisee  (comp. 
Homere,  Odyss.  vii,  36).  Vulg.,  nos  annees 
s'' exerceront  (ou  mediteront)  comme  Varai- 
gnee;  cette  traduction,  qui  ne  donne  aucun 
sens  satisfaisant,  rend  fidelement  celle  des 
LXX  provenant  sans  doute  d'une  le^on 
fautive. 

10.  Dans  leur  pleine  mesure,  au  maxi- 
mum. D'autres,  avec  la  Vulgate,  potir 
les  plus  robustes.  Le  Psalmiste  donne  le 
chitTre  de  la  vie  moycntte.  —  Le7(r  splen- 
deur,  litt.  leur  orgueil,  ce  qu'il  y  a  de  plus 
brillant  et  de  meilleur  dans  ces  annees  : 
richesses,  beaute,  consideration.  Vulgate, 
ce  qtti  depasse  ce  itombre  d'annees  :  en  con- 
tradiftion  avec  ce  qui  precede  immediate- 
ment,  et  peu  en  harmonie  avec  I'ensem- 
ble.  —  lis passent  vite,  etc.  La  Vulg.  est  ici 
fort  obscure. 

12.  A  bien  compter  fios  jours,  k  com- 
prendre  la  brievete  de  notre  vie  et  a  la 
Ijien  employer.  W\\g.,fais  que  ftous  recon- 
naissions  ta  main  dans  ces  chatiments,  et 
qu\iinsi  nos  carters  soient  instruits  dans  la 
saj^esse. 

\^.  Jours  ...  annees  :  les  formes  podtiques 
de  ces  mots  en  hebreu  ne  se  retrouvent  que 
dans  le  Deuteronome. 

16.  Yu]g.,jette  les  yeux  sur  tes  ser^jiteurs 
et  sur  tes  auvres,  et  dirige  leurs  enjants. 


182 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUAIES. 


i6  Que  ton  ceuvre  se  manifeste  a  tes  serv  iteurs, 

Et  ta  gloire,  pour  leurs  enfants! 
17  Que  la  faveur  de  Jehovah,  notre  Dieu,  soit  sur  nous; 

Affermis  pour  nous  I'ouvrage  de  nos  mains; 

Oui,  affermis  I'ouvrage  de  nos  mains! 


iMm 


PS  A  U  ME   XCI   (VULG.  XC). 
^^^jE  beau  Psaume,  sans  titre  en  hebreu,  est  intitule  dans  les  LXX  et  la  Vulg.,  r/ia;?/ 


de  lojiange,  de  David.  On  ne  peut  faire  que  des  conjectures  sur  son  auteur  et  sur 
:S^.  I'epoque  de  sa  composition.  II  est  le  developpement  poetique  de  cette  pensee  que 
S.  Paul  formule  en  deux  mots  :  "  Si  Dieu  est  pour  nous,  qui  sera  centre  nous?"  Rovt. 
viii,  31.  Le  refrain  du  vers.  9  marque  nettement  la  division  en  deux  parties.  Les  brusques 
changements  de  personne  qu'on  y  remarque  (vers.  2,  9,  14)  ne  repugnent  pas  au  genie 
des  poetes  hebreux.  Plusieurs  interpretes  les  expliquent  ici  par  la  supposition  que  c'etait 
un  cantique  de  pelerinage,  chante  par  deux  chceurs  se  repondant  I'un  h  I'autre. 

Ps.  xci.  I  Celui  qui  s'abrite  sous  la  protection  du  Tres-Haut 

Repose  a  I'ombre  du  Tout-Puissant. 

2  Je  dis  a  Jehovah  :  "  T71  es  mon  refuge  et  ma  forteresse, 
Mon  Dieu  en  qui  je  me  confie.  " 

3  Car  c'est  lui  qui  te  delivre  du  filet  de  I'oiseleur 
Et  de  la  peste  funeste. 

4  II  te  couvrira  de  ses  ailes, 

Et  sous  ses  plumes  tu  trouveras  un  refuge. 
Sa  fidelity  est  un  bouclier  et  une  cuirasse. 

5  Tu  n'auras  k  craindre  ni  les  terreurs  de  la  nuit, 
Ni  la  fleche  qui  vole  pendant  le  jour, 

6  Ni  la  peste  qui  marche  dans  les  tenebres, 
Ni  la  contagion  qui  ravage  en  plein  midi. 

7  Que  mille  tombent  a  ton  cote, 
Et  dix  mille  a  ta  droite, 

Tu  ne  seras  pas  atteint. 

8  De  tes  yeux  seulement  tu  regarderas, 
Et  tu  verras  la  retribution  des  mechants. 

9  Car  tu  as  dit :  "  Tu  es  mon  refuge,  Jehovah!  " 
Tu  as  fait  du  Tres-Haut  ton  asile. 


10  Le  malheur  ne  viendra  pas  jusqu'a  toi, 
Aucun  fleau  n'approchera  de  ta  tente. 

11  Car  il  ordonnera  pour  toi  a  ses  anges 
De  te  garder  dans  toutes  tes  voies. 

12  lis  te  porteront  sur  leurs  mains, 

De  peur  que  ton  pied  ne  heurte  contre  la  pierre. 

13  Tu  marcheras  sur  le  lion  et  sur  I'aspic, 
Tu  fouleras  le  lionceau  et  le  dragon.  — 

14  "  Puisqu'il  s'est  attache  k  moi,  je  le  delivrerai; 
Je  le  protegerai,  puisqu'il  connait  mon  nom. 

15  II  m'invoquera,  et  je  I'exaucerai; 
Je  serai  avec  lui  dans  la  ddtresse, 
Pour  le  delivrer  et  le  glorifier. 

16  Je  le  rassasierai  de  longs  jours, 
Et  je  lui  ferai  voir  mon  salut. " 


PSAUME   XCII   (VULG.  XCl). 

jE  Psaume,  d'apr^s  le  titre,  confirme  par  le  Talmud,  ^tait  chante  le  jour  du  sabbat, 
i  et  I'oa  remarque  que  le  nom  de  Jehovah  y  figure  sept  fois  :  c'etait  le  nonibre  sab- 
batique.  L'auteur  en  est  inconnu.  II  commence  par  louer  Dieu  comme  createur  et 
moderateur  de  cet  univers  (vers.  2-7);  puis  il  exalte  sa  justice  dans  le  monde  moral,  justice 
par  laquelle  il  punit  les  mechants  (8-10)  et  recompense  les  bons  (11-16). 


LIBER  PSALMORUM. 


183 


bus,  quibus  nos  humiliasti  :  annis, 
quibus  vidimus  mala.  i6,  Respice 
in  servos  tuos,  et  in  opera  tua  :  et 
dirige  filioseorum.  17.  Et  sit  splen- 
dor Domini  Dei  nostri  super  nos, 
et  opera  manuum  nostrarum  dirige 
super  nos  :  etopus  manuum  nostra- 
rum dirige. 

■gt  M  'M  ?y-  'M  'M  'M  'M  W.  W.  W.  'M  :^.  'M  'M  M  ■^.  M  '^  :^ '« ' 

-:;:—      PSALMUS   XC.      — :;:— 

Canticum  quo  prsedicatur  securitas  ejus 
qui  spem  in  Deo  ponit. 


Laus  Cantici  David. 

UI    habitat    in    adjutorio 

Altissimi,  in  protectione 

Dei    cceli   commorabitur. 

2.  Dicet  Domino  :   Sus- 


ceptor  meus  es  tu,  et  refugium 
meum  :  Deus  meus  sperabo  in  eum. 

3.  Quoniam  ipse  liberavit  me  de 
laqueo  venantium,et  a  verbo  aspero. 

4.  Scapulis  suis  obumbrabit  tibi  :  et 
sub  pennis  ejus  sperabis.  5.  Scuto 
circumdabit  te  Veritas  ejus  :  non  ti- 
mebis  a  timore  nocturno,  6.  a  sagitta 
volante  in  die,  a  negotio  perambu- 
lante  in  tenebris  :  ab  incursu,  et 
dasmonio   meridian©.  7.   Cadent  a 


latere  tuo  mille,  et  decem  millia  a 
dextris  tuis :  ad  te  autem  non  appro- 
pinquabit.  8.  Verumtamen  oculis 
tuis  considerabis  :  et  retributionem 
peccatorum  videbis,  9.  Quoniam  tu 
es  Domine  spes  mea  :  Altissimum 
posuisti  refugium  tuum. 

10.  Non  accedet  ad  te  malum  :  et 
flagellum  non  appropinquabit  ta- 
bernaculo  tuo.  ii.^Ouoniam  An- 
gelis  suis  mandavit  de  te :  ut  custo- 
diant  te  in  omnibus  viis  tuis.  12.  In 
manibus  portabunt  te  :  ne  forte 
ofFendas  ad  lapidem  pedem  tuum. 
13.  Super  aspidem,  et  basiliscum 
ambulabis  :  et  conculcabis  leonem 
et  draconem. 

14.  Quoniam  in  me  speravit,  li- 
berabo  eum  :  protegam  eum,  quo- 
niam cognovit  nomen  meum.  1 5.Cla- 
mabit  ad  me,  et  ego  exaudiam  eum  : 
cum  ipso  sum  in  tribulatione  :  eri- 
piam  eum  et  glorificabo  eum. 
16.  Longitudine  dierum  replebo 
eum  :  et  ostendam  illi  salutare 
meum. 


«  Matth.  4, 
6.    Luc.   4, 


17.  La  faveur;  Vulg.,  la  splendenr,  la 
clarte  du  visage,  signe  de  faveur. 

PSAUME  XCI. 

I.  Plusieurs  commentateurs  voient  dans 
ce  verset,  ainsi  coupe,  une  tautologie. 
Baethgen,  par  exemple,  coupe  autrement 
et  traduit  :  Quand  je  m'abrite  sous  la  pro- 
tecflion  du  Tres-Haut,  et  quand  je  me  repose 
a  I'ombre  du  Tout-Puissant,  je  dis  ... 

2.Je  dis,  hdbr.  omar.  LXX  et  Vulg.,  il  dit. 

3.  Qui  te  delivre^  etc.;  Vulg.,  qui  me  dcli- 
vre.  —  De  lapeste,  dans  le  sens  large  :  de 
toute  cause  de  ruine.  LXX  et  Vulg.,  dc  la 
parole  du7r,  comme  s'il  y  avait  en  hebreu 
middabar. 

4.  Comparez  Deut.  xxxii,  \\;Ps.  xvii,  8. 

5.  Les  terreurs  de  la  iiuit,  causees  par 
I'ennemi,  les  brigands  ou  les  betes  feroces 
{Cant,  iii,  8). 

6.  La  peste;  Vulg.,  I'aff'aire  :  le  mot  he- 


breu a  ete  lu  encore  dabar  au  lieu  de  deber. 
—  La  contagion,  ou  d'une  manifere  plus  ge- 
nerate, la  destruHiofi  qui  ravage,  devaste; 
Vulg.,  de  Pattaque  du  demon. 

9.  Tu  as  dit :  ces  mots  sous-entendus  ex- 
pliquent  naturellement  le  changement  de 
personne  (Le  Hir). 

w.  II  ordottnera ;  ou  bien,  avec  la  Vulg., 
il  a  ordojine,  pour  toi,  dans  ton  interet. 

Satan  allegue  ce  texte,  en  le  tronquant, 
pour  porter  Jesus  a  se  pr^cipiterdu  hautdu 
temple  {Matth.  iv,  6). 

12.  De  peur  que  ton  pied,  etc.  :  cette 
image  s'accorde  bien  avec  la  supposition 
qui  voit  dans  ce  Psaume  un  cantique  de 
pelerinage. 

13.  Le  lion;  Vulg.,  I'aspic  :  comp.  Lttc, 
x,  19.  Ces  animaux  feroces,  que  I'on  rencon- 
ti-e  souvent  en  Palestine,  figurent  aussi  tons 
les  genres  de  perils  qui  peuvent  menacer  le 

1  serviteur  de  Dieu. 


184 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  xcii. 


PSAUME.  Cantiqiie  pour  le  jour  du  sabbat. 

2  11  est  bon  de  louer  Jehovah, 

Et  de  cclebrer  ton  nom,  6  Tres-Haut, 

3  De  publier  le  matin  ta  bontc, 
Et  ta  fidelite  pendant  la  nuit, 

4  Sur  I'instrument  k  dix  cordes  et  sur  le  luth, 
Avec  les  accords  de  la  harpe. 

5  Tu  me  rejouis,  Jehovah,  par  tes  oeuvres, 

Et  je  tressaille  d'alldgresse  devant  les  ouvrages  de  tes  mains. 

6  Que  tes  oeuvres  sont  grandes,  Jehovah, 
Que  tes  pensees  sont  profondes! 

7  L'homme  stupide  n'y  connait  rien, 

Et  I'insense  n'y  peut  rien  comprendre. 

8  Quand  les  mechants  croissent  comme  I'herbe, 
Et  que  fleurissent  tous  ceux  qui  font  le  mal, 
C'est  pour  etre  extermines  k  jamais. 

9  Mais  toi,  tu  es  eleve  pour  I'eternite,  Jehovah! 

10  Car  voici  que  tes  ennemis,  Jehovah, 
Voici  que  tes  ennemis  perissent, 

Tous  ceux  qui  font  le  mal  sont  disperses. 

11  Et  tu  Aleves  ma  corne,  comme  celle  du  buf¥le, 
Je  suis  arrose  avec  une  huile  fraiche. 

12  Mon  ceil  se  plait  a  contempler  mes  ennemis, 

Et  mon  oreille  h.  entendre  les  mechants  qui  s'elevent  centre  moi. 

13  Le  juste  croitra  comme  le  palmier, 

II  s'elevera  comme  le  cedre  du  Liban. 

14  Plantes  dans  la  maison  de  Jehovah, 

lis  fleuriront  dans  les  parvis  de  notre  Dieu. 

15  lis  porteront  encore  des  fruits  dans  la  vieillesse; 
lis  seront  plains  de  seve  et  verdoyants, 

16  Pour  proclamer  que  Jehovah  est  juste  : 

II  est  mon  rocher,  et  il  n'y  pas  en  lui  d'injustice. 


PSAUME   XCIII   (VULG.  XCIl). 


p^SjIES  Psaumes  xciii  et  xcvi-c,  sans  titre  en  hebreu,  ont  la  plus  grande  analogie  entre 
5p^  eux  et  avec  les  dernieres  propheties  d'lsa'ie.  lis  paraissent  I'ouvrage  d'un  seul  et 
^.«^^4  meme  auteur,  qui  les  aurait  composes  dans  les  premieres  annees  d'Ezechias,  a  I'oc- 

casion  de  la  restauration  du  culte,  et  qui  aurait  imite  le  grand  prophete  son  contemporain. 

Beaucoup  de  P5res  appliquent  ce  Psaume  au  regne  du  Messie,  soit  dans  son  premier,  soit 

dans  son  second  avenement. 

Le  Psaume  xciii  celebre  la  royaute  de  Jehovah,  createur  et  souverain  maitre  de  I'uni- 

vers.  II  a  pour  titre,  dans  les  LXX  et  la  Vulg  ,  Cantique  de  /otiange ,  de  David,  pour  la 

veille  du  sabbat,  quand  la  terre  fut  peiiple'e  (ou  fondee). 

Ps.  xciii.  I  Jehovah  est  roi,  il  est  revetu  de  majesty, 
Jehovah  est  revetu,  il  est  ceint  de  force  : 
Aussi  le  monde  est  ferme,  il  ne  chancelle  pas. 

2  Ton  trone  est  etabli  d^s  I'origine, 
Tu  es  des  I'eternitd. 

3  Les  fleuves  ^Icvent,  6  Jehovah, 
Les  fleuves  elevent  leur  voix, 

Les  fleuves  elevent  leurs  flots  retentissants  : 

4  Plus  que  la  voix  des  grandes  eaux, 
Des  vagues  puissantes  de  la  mer, 

Jehovah  est  magnifique  dans  les  hauteurs  celestes. 


PSAUME  XCII. 

2.    Le  sal:)bat   est    le    jour   que    Dieu    a 
santlifie  et  que  l'homme  doit  sanclifier  pour 


Dieu,  en  cessant  ses  occupations  ordinaires 
et  en  chantant  les  louanges  du  Seigneur. 
Cela  est  bon,  non  seulement  aux  yeux  de 


LIBER  PSALMORUM. 


185 


— :i:—     PSALM  US    XCL     — :i:— 

Laudanda  opera  Dei  qui  bonos  tuetur 
et  malos  perdit. 

I.  Psalmus  Cantici,  In  die  sabbati. 

ONUM  est  confiteri  Do- 
mino :  et  psallere  nomini 
tuo  Altissime.  3.  Ad  an- 
niintiandum  mane  miseri- 
cordiam  tuam  :  et  veritatem  tuam 
per  noctem.  4.  In  decachordo,  psal- 
terio  :  cum  cantico,  in  cithara. 

5.  Quia  delectasti  me  Domine  in 
factura  tua:  et  in  operibus  manuum 
tuarum  exsultabo.  6.  Quam  magni- 
ficata  sunt  opera  tua  Domine!  nimis 
profundas  fact«  sunt  cogitationes 
tuas,  y.Vir  insipiens  non  cognoscet: 
et  stultus  non  intelliget  base. 

8.  Cum  exorti  fuerint  peccatores 
sicut  foenum  :et  apparuerint  omnes, 
qui  operantur  iniquitatem  :  ut  in- 
tereant  in  sasculum  sasculi  :  9.  tu 
autem  Altissimus  in  sternum  Do- 
mine. 10.  Quoniam  ecce  inimici  tui 
Domine,  quoniam  ecce  inimici  tui 
peribunt  :  et  dispergentur  omnes, 
qui  operantur  iniquitatem. 

II.  Et  exaltabitur  sicut  unicor- 
nis cornu  meum  :  et  senectus  mea 


in  misericordia  uberi.  12.  Fx  despe- 
xit  oculus  meus  inimicos  meos  :  et 
in  insurgentibus  in  me  malignanti- 
bus  audiet  auris  mea.  13.  Justus,  ut 
palma  florebit  :  sicut  cedrus  Libani 
multiplicabitur.  i4.Plantati  indomo 
Domini,  in  atriis  domus  Dei  nostri 
florebunt.  i5.Adhuc  multiplicabun- 
tur  in  senecta  uberi  :  et  bene  pa- 
tientes  erunt,  16.  ut  annuntient  : 
quoniam  rectus  Dominus  Deus  no- 
ster  :  et  non  est  iniquitas  in  eo. 

— *—    PSALMUS  XCIL    — :;:— 

Domini  regnum  pra^dicat  a  creatLirariim 
administratione. 

Laus  Cantici  ipsi  David  in  die 
ante  sabbatum,  quando  fundata  est 
terra. 

OMINUS  regnavit,deco- 
rem  indutus  est  :  indutus 
est  Dominus  fortitudi- 
nem,  et  prascinxit  se.  Et- 
enim  firmavit  orbem  terras,  qui  non 
commovebitur.  1.  Parata  sedes  tua 
ex  tunc  :  a  sasculo  tu  es,  3.  Eleva- 
verunt  flumina  Domine  :  elevave- 
runt  flumina  vocem  suam.  Eleva- 
verunt  flumina  fluctus  suos,  4.  a 
vocibus  aquarum  multarum.  Mira- 


Dieu,  mais  aussi  pour  I'homme,  qui  y  trouve 
la  joie  de  Fame  et  la  grace  du  ciel. 

5.  Tes  ceiiuj-es  :  la  creation  du  monde  et 
les  prodiges  operes  en  faveur  d'Israel,  pour 
preparer  le  salut  des  hommes. 

7.  LHnsense,  I'impie  ne  comprend  rien  au 
gouvernement  de  la  Providence. 

8  En  Orient  le  gazon  arrive  tres  vite  a 
maturite,  sous  Tinfluence  de  la  pluie  et  de 
la  chaleur;  mais  les  ardeurs  du  soleil  I'ont 
bien  vite  aussi  fletri  et  desseche.  Comp.  Ps. 
xxxvii,  25  sv. 

10.  Disperses;  peut-etre  mieux,  scpares  de 
I'assemblee  des  justes,  comme  la  paille  est 
separee  du  grain  par  le  vanneur  {MattJi. 
xiii,  30;  XXV,  32). 

11.  Ma  cor}ie  :  embleme  de  la  puissance. 
—  Bujffle  :  voy.  Ps.  xxii,  22.  — J^e  suis  ar- 
rose  :  symbole  de  sante,  de  vigueur  et  de 
joie.  Vulg.,  et  ;na  vieillesse  jouira  cVune  mi- 
sericorde  abondaiiie. 

12.  Pensee  :  I'oeil  du  juste  qui  n'osait 
s'ouvrir  ou  qui  se  remplissait  de  larmes  de-  I 


vant  ses  ennemis  triomphants ;  son  oreille 
qui  tressaillait  de  crainte  rien  qu'en  en- 
tendant  prononcer  leur  nom,  contemple- 
ront  ou  entendront  desormais  sans  efifroi, 
et  meme  avec  satisfacflion,  ces  ennemis 
frappes  par  la  main  de  Dieu  et  reduits  a 
I'impuissance. 

15.  Les  mots  bene  patienies  de  la  Vulgate 
sont  un  hellenisme  traduisant  litt.  le  grec 
eicpathoft/ites,  vaie7zies,  vigoureux. 

PSAUME  XGIII. 

1.  Jehovah  est  rot  :  le  regne  theocratique 
de  Jehovah  sur  Israel,  commence  a  I'^poque 
de  Moi'se,  fut  comme  inaugure  de  nouveau 
sous  Ezechias,  non  seulement  par  la  restau- 
ration  de  son  culte,  mais  encore  par  la  vic- 
roire  remportee  sur  les  Assyriens.  La  />ia- 

jeste  et  la  force  sont  comme  les  insignes  de 
cette  royaute.  —  Le  monde.,  cEuvre  de  Jeho- 
vah, est  done  inebranlable. 

2.  Jon  trone  :  tu  regnes  sur  I'univers  de- 
puis  qu'il  existe. 


186  QUATRlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

5  Tes  t^moignages  sont  immuables; 
La  saintete  convient  k  ta  maison, 
Jehovah,  pour  toute  la  duree  des  jours. 

PSAUME   XCIV   (VULG.  XCIIl). 

[^^M;E  Psaunie  est  v.ne  plainte  centre  les  exacftions  et  les  injustices  des  princes  du  peuple 
'  r^^i  et  des  magistrats.  11  repond  a  la  situation  decrite  dans  les  premiers  chapitres 
l^^Mi  d'Isaie  (i,  23;  x,  2).  Les  LXX  et  la  Vulg.  lui  donnent  pour  titre  :  Psaume  de  David^ 
■pour  Ic  qiiatrie/iie  joitr  de  hi  se incline,  UixQ  exafl  pour  la  derniere  partie,  mais  inacceptable 
pour  la  premiere.  Comp.  le  Ps.  Ixxxii. 

Que  Jehovah  soit  notre  juge  contre  ceux  qui  nous  oppriment  (vers.  1-7);  quoi  qu'ils 
en  penseiit,  Dieu  connait  leurs  crimes  (8-1 1);  que  les  opprimes  esperent,  leur  delivrance 
est  certaine  (12-15);  Dieu  est  k\  pour  les  secourir  (16-19);  '1  chatiera  les  mechants  (20-23). 

Ps.  xciv.  I   Dieu  des  vengeances,  Jehovah, 

Dieu  des  vengeances,  parais  ! 

2  Leve-toi,  juge  de  la  terre, 

Rends  aux  superbes  selon  leurs  oeuvres ! 

3  fusques  a  quand  les  mechants,  Jehovah, 
Jusques  a  quand  les  mechants  triompheront-ils? 

4  lis  se  repandent  en  discours  arrogants, 

lis  se  glorifient,  tons  ces  artisans  d'iniquite. 

5  Jehovah,  ils  ecrasent  ton  peuple, 
lis  oppriment  ton  heritage, 

6  lis  egoi-gent  la  veuve  et  I'etranger, 
Ils  massacrent  les  orphelins. 

7  Et  ils  disent  :  "  Jehovah  ne  regarde  pas, 
Le  Dieu  de  Jacob  ne  fait  pas  attention. " 

8  Comprenez  done,  stupides  enfants  du  peuple! 
Insenses,  quand  aurez-vous  I'intelligence? 

9  Celui  qui  a  plante  I'oreille  n'entendrait-il  pas? 
Celui  qui  a  forme  I'oeil  ne  verrait-il  pas? 

10  Celui  qui  chatie  les  nations  ne  punirait-il  pas? 

Celui  qui  donne  a  Fhomme  I'intelligence  Jte  connaitrait-il pas? 

11  Jehovah  connait  les  pensees  des  hommes, 
II  sait  qu'elles  sont  vaines. 

12  Heureux  I'homme  que  tu  instruis,  Jehovah, 
Et  a  qui  tu  donnes  Tenseignement  de  ta  loi, 

13  Pour  I'apaiser  aux  jours  du  malheur, 

Jusqu'a  ce  que  la  fosse  soit  creusee  pour  le  mechant. 

14  Car  Jehovah  ne  rejettera  pas  son  peuple, 
II  n'abandonnera  pas  son  heritage; 

15  Mais  le  jugement  redeviendra  conforme  a  la  justice, 
Et  tous  les  hommes  au  coeur  droit  y  applaudiront. 

16  Qui  se  levera  pour  moi  contre  les  mechants? 
Qui  me  soutiendra  contre  ceux  qui  font  le  mal? 

17  Si  Jehovah  n'ctait  pas  mon  secours, 

Mon  ame  habiterait  bientot  le  sejour  du  silence. 

18  Quand  je  dis  :  "  Mon  pied  cViancelle," 
Ta  bonte,  Jt^hovah,  me  soutient. 

19  Quand  les  angoisses  s'agitent  en  foule  dans  ma  pensee, 
Tes  consolations  rejouissent  mon  ame. 

20  A-t-il  rien  de  commun  avec  toi  le  tribunal  de  perdition 
Qui  fait  le  mal  dans  les  formes  legales? 

21  lis  s'empressent  contre  la  vie  du  juste, 
Et  ils  condamnent  le  sang  innocent. 


5.  Tes  temoigna^es ,  ta  revelation,  la  loi  et  les  promesses  qui  y  sont  jointes,  sont  vrais 
et  JidUes  {Apoc.  xix,  9;  xxii,  6). 


LIBER  PSALMORUM. 


187 


biles  elationes  maris,  mirabilis  in 
altis  Dominus.  5.  Testimonia  tua 
credibilia  facta  sunt  nimis:  domum 
tuam  decet  sanctitudo  Domine  in 
longitudinem  dierum. 
:<?g  :<?>•  M  M  "i^  M  M  M  's^  :<g  :^  m  '^'.  '^  'm  m  'M  m  'M  %: '??; 

— :;:—    PSALMUS  XGIII.    — ^i^— 

Deum  pryedicat  malos  punienteni 
et  justos  consolantem. 

Psalmusipsi  David,  Ouartasabbati. 

EUS  ultionum  Dominus  : 
Deusultionum  libereegit. 
2.  Exaltare  qui  judicas 
terram  :  redde  retributio- 
nem  superbis.  3.  Usquequo  pecca- 
tores  Domine  :  usquequo  peccatores 
gloriabuntur  :  4.  effabuntur,  et  lo- 
quentur  iniquitatem  :  loquentur 
omnes,  qui  operantur  injustitiam? 
5.  Populum  tuum  Domine  humi- 
liaverunt  :  et  hereditatem  tuam 
vexaverunt.  6.  Viduam,  et  advenam 
interfecerunt  :  et  pupillos  occide- 
runt.  7.  Et  dixerunt  :  Non  videbit 
Dominus, nee  intelliget  Deus  Jacob. 
8.  Intelligite  insipientes  in  popu- 
lo  :  et  stulti  aliquando  sapite.  9.  Qui 
plantavit  aurem,  non  audiet?   aut 


qui  finxit  oculum,  non  considerat? 

10.  Qui    corripit  gentes,   non  ar- 
guet:  quidocet  hominemscientiam? 

1 1 .  Dominus  scit  cogitationes  homi- 
num,  quoniam  vanag  sunt. 

12.  Beatus  homo,  quern  tu  eru- 
dieris  Domine  :  et  de  lege  tua  do- 
cueris  eum.  13.  Ut  mitiges  ei  a  die- 
bus  malis  :  donee  fodiatur  peccatori 
fovea.  14.  Quia  non  repellet  Domi- 
nus plebem  suam  :  et  hereditatem 
suam  non  derelinquet.  15.  Quoad- 
usque  justitia  convertatur  in  judi- 
cium :  et  qui  juxta  illam  omnes  qui 
recto  sunt  corde. 

16.  Quis  consurget  mi  hi  ad  ver- 
sus malignantes?  aut  quis  stabit  me- 
cum  ad  versus  operantes  iniquita- 
tem.'' 17.  Nisi  quia  Dominus  adjuvit 
me:  paulominus  habitasset  in  infer- 
no anima  mea.  i  8.  Si  dicebam  :  Mo- 
tus  est  pes  meus  :  misericordia  tua 
Domine  adjuvabat  me.  19.  Secun- 
dum multitudinem  dolorum  meo- 
rum  in  corde  meo  :  consolationes 
tuas  lastificaverunt  animam  meam. 

20.  Numquid  adhaeret  tibi  sedes 
iniquitatis  :  qui  fingis  laborem  in 
prascepto.?  21.  Captabunt  in  ani- 
mam justi  :  et  sanguinem  innocen- 


PSAUME  XCIV. 

I.  Paraz's,  montre-toi  et  agis.  Vulgate, 
/e  Dieu  des  vengeances  va  agir  en  ioutc 
liberie. 

6.  Comp.  Exod.  xxii,  21  sv.  Ce  verset 
montre  bien  qu'ici  les  oppresseurs  ne  sont 
ni  les  Chaldeens,  ni  les  Perses,  mais  les 
princes  et  les  juges  de  la  nation  israelite. 

7.  Ne  7-egarde,  ou  ne  voit  pas. 

8.  Ces  enfants  du  peuple  a  qui  manque  la 
sagesse,  ce  sont,  non  plus  les  juges  oppres- 
seurs, mais  les  Israelites  opprimes  qui,  ne 
voyant  pas  la  main  de  Dieu  dans  leurs 
epreuves,  se  laissent  aller  au  decourage- 
ment  et  au  murmure. 

10.  Les  7tations  paiennes.  —  Ne punirait-il 
pas  des  Israelites,  dont  les  prevarications 
sont  plus  coupables  a  ses  yeux  que  celles 
des  idolatres? 

II.  II  sat t  qu'elles  sont  vainesj  d'autres, 
car  Us  (les  hommes)  sont  vanite  et  neant, 
en  regard  de  I'etre  infini  de  Dieu. 

S.  Paul  cite  ce  verset,  avec  un  leger 
changement,  I  Cor.  iii,  20. 


12.  Que  tu  instriiis  par  le  chatiment.  — 
H enseigneznent  de  la  lot  apprend  k  voir  la 
main  de  Dieu  dans  les  epreuves  de  la  vie, 
et  montre  comme  prochaine,  ou  du  moins 
assuree,  la  delivrance.  Comp.  Dent,  viii,  5; 
Job,  V,  17;  Prov.  iii,  11. 

14.  Comp.  Rom.  xi,  i  sv. 

15.  Lesjugements  rendus  par  des  juges 
iniques  seront  reformes,  et  Dieu  en  rendra 
d'autres  en  conformite  avec  la  justice  eter- 
nelle. 

II  devrait  y  avoir  dans  la  Vulg.  et  juxta 
illiid  (erunt)  omjies,  etc. 

16.  Si  ceux  dont  I'ofifice  est  de  defendre  le 
peuple  I'oppriment,  oil  trouver  du  secours? 

17.  Le  sejour  oii  regne  un  perpetuel  si- 
le?tce,  le  scheol,  ou  demeure  des  ames  apres 
la  mort. 

19.  Comp.  II  Cor.  i,  5;  vii,  4. 

20.  Dans  les  formes  legates,  d\xpres  la  loij 
d'autres  traduisent  contre  la  lot. 

Vulgate  (en  lisant  avec  plusieurs  manus- 
crits  fi?tgit  au  lieu  de  fingis)  :  (siege)  qui 
en/ante  la  dotileur  aux  justes  par  des  sen- 
tences  iniques. 


188 


QUATRlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


22  Mais  Jehovah  est  ma  forteresse, 
Mon  Dieu  est  le  rocher  ou  je  m'abrite. 

23  II  feia  retomber  siir  eux  leur  iniquite, 

II  las  exterminera  par  leur  propre  mahce, 
II  les  exterminera,  Jehovah,  notre  Dieu! 

PSAUME   XCV   (VULG.  XCIV). 


?^^  E  Psaume,  sans  titre  en  hebreu,  est  attribue  a  David  par  les  LXX  et  la  Vulg.,  pro- 
bablement  a  tort.  S.  Paul,  il  est  vrai,  cite  le  vers.  8  en  ajoutant  :  "  Comme  dit  le 
Saint-Esprit  dans  David"  Hcbr.  iii,  7;  iv,  7;  mais  ces  derniers  mots  ne  signifient 
pas  autre  chose  sinon  que  le  passage  allegue  se  trouve  dans  le  Psautier,  dont  David  est  le 
principal  auteur.  II  a  un  caracflere  liturgique  evident;  la  Synagogue  I'avait  insere  dans  la 
liturgie  du  sabbat,  et  c'est  par  lui  que  debute  I'office  de  matines  dans  la  liturgie  de  I'Eglise 
catholique.  On  lui  donne  souvent  le  nom  de  Psaume  invifatoire,  a  cause  des  invitations  a 
adorer  Dieu  contenues  dans  les  vers,  i,  2,  6. 

Le  Psaume  comprend  deux  parties  nettement  tranchees  :  une  invitation  a  louer  Dieu 
(vers.  1-7),  un  avertissement  solennel  de  ne  manquer  ni  de  foi  ni  d'obeissance  (8-1 1).  Cet 
avertissement,  dit  Hengstenberg,  "  conserve  pour  I'Eglise  chretienne  toute  sa  signification. 
Car,  vis-a-vis  du  second  avenement  du  Sauveur,  dont  nous  ne  savons  ni  le  jour  ni  I'heure, 
et  qui  doit  nous  surprendre,  nous  sommes  dans  le  meme  rapport  que  le  peuple  de  I'Ancien 
Testament  vis-a-vis  du  premier.  " 

Le  Psautier  liturgique  contient  ce  Psaume  selon  I'ancienne  Italique;  d'ou  quelques 
ditTerences  avec  le  texte  de  la  Wilgate. 

Ps.  XCV.  I  Venez,  chantons  avec  allegresse  h.  Jehovah ! 

Poussons  des  cris  de  joie  vers  le  Rocher  de  notre  salut ! 

2  Allons  au-devant  de  lui  avec  des  louanges, 
Faisons  retentir  des  hymnes  en  son  honneur ! 

3  Car  c'est  un  grand  Dieu  que  Jehovah, 
Un  grand  roi  au-dessus  de  tous  les  dieux. 

4  II  tient  dans  sa  main  les  fondements  de  la  terre, 
Et  les  sommets  des  montagnes  sont  a  lui. 

5  A  lui  la  mer,  car  c'est  lui  qui  I'a  faite; 
La  terre  aussi  :  ses  mains  I'ont  formee. 

6  Venez,  prosternons-nous  et  adorons, 

Flechissons  le  genou  devant  Jehovah,  notre  Crdateur. 

7  Car  il  est  notre  Dieu, 

Et  nous  sommes  le  peuple  de  son  paturage, 
Le  troupeau  que  sa  main  conduit. 

Oh  !  si  vous  pouviez  dcouter  aujourd'hui  sa  voix  ! 

8  N'endurcissez  pas  votre  coeur  comme  a  Mdriba, 
Comme  a  la  journee  de  Massa,  dans  le  desert, 

9  Oil  vos  peres  m'ont  tente, 

M'ont  eprouve,  quoiqu'ils  eussent  vu  mes  oeuvres. 

10  Pendant  quarante  ans  j'eus  cette  race  en  degout, 
Et  je  dis  :  C'est  un  peuple  an  cceur  ^gare; 

Et  ils  n'ont  pas  connu  mes  voies. 

11  Aussi  je  jural  dans  ma  colere  : 

Ils  n'entreront  pas  dans  mon  repos. 


PSAUME   XCVI   (VULG.  XCV). 


^Orsque  David  transfera  I'arche  dans  le  tabernacle  ou  tente  sacree  qu'il  avait  fait 

disposer  sur  le  mont  Sion,  on  chanta  un  assez  long  cantique  (I  Par.  .\vi)  dont  la 

K^S^  moitie  a  peu  pres  forme  notre  Psaume.  Sans  titre  en  hebreu,  il  est  intitule  dans 


les  LXX  :  Cantique  de  David,  quand  on  consirtiisait  la  niaison  apres  la  captiviie,  c'est-a- 
dire  qu'on  le  chanta  de  nouveau,  avec  quelques  changements  pour  I'adapter  aux  circons- 
tances,  lorsque  les  Israelites,  revenus  de  Babylone,  construisirent  un  nouveau  temple  et 
restaurerent  le  culte  de  Jehovah.  David  s'y  montre  specialement  prophete.  II  avait  entrevu 
dans  plusieurs  de  ses  cantiques  {Ps.  ii,  8;  xxii,  28;  Ixviii,  31  sv.)  le  regne  universel  de 


LIBER  PSALMORUM. 


189 


tern  condemnabunt.  22.  Et  factus 
est  mihi  Dominus  in  refugium  :  et 
Deus  mens  in  adjutorium  spei  meas. 
23.  Et  reddet  illis  iniquitatem  ipso- 
rum  :  et  in  malitia  eorum  disperdet 
eos  :  disperdet  illos  Dominus  Deus 
noster. 

— *—    PSALM  US    XCIV.   — :i:~ 

Invitatio  ad  Dei  cultum,  et  ad  gratiae 
bonum  usum. 

Laus  Cantici  ipsi  David. 

ENITE,  exsultemus  Do- 
mino :  jubilemus  Deo  sa- 
jl  lutari  nostro  :  2.  prasoc- 
IJ  cupemus  faciem  ejus  in 
confessione:  et  in  psalmis jubilemus 
ei.  3.  Quoniam  Deus  magnus  Do- 
minus :  et  rex  magnus  super  omnes 
deos.  4.  Quia  in  manu  ejus  sunt 
omnes  fines  terras  :  et  altitudines 
montium  ipsius  sunt.  5.  Quoniam 


ipsius  est  mare,  et  ipse  fecit  illud  : 
et  siccam  manus  ejus  formaverunt. 
6.  Venite  adoremus,  et  procidamus : 
et  ploremus  ante  Dominum,  qui  fe- 
cit nos.  7.  Quia  ipse  est  Dominus 
Deus  noster  :  et  nos  populus  pascuas 
ejus,  et  oves  manus  ejus. 

8,  "Hodie  si  vocem  ejus  audieri- 
tis,  nolite  obdurare  corda  vestra; 
9.  Sicut  in  irritatione  secundum 
diem  tentationis  in  deserto  :  ubi 
tentaverunt  me  patres  vestri,  pro- 
baverunt  me,  et  viderunt  opera 
mea.  10.  *Ouadraginta  annis  offen- 
.sus  fui  generationi  illi,  et  dixi  : 
Semper  hi  errant  corde.  1 1.  Et  isti 
non  cognoverunt  vias  meas  :  'ut 
juravi  in  ira  mea  :  Si  introibunt  in 
requiem  meam. 


% 


"  Hebr.  3, 
7  et  4,  7. 


*Num.  14, 
34- 


'  Hebr.  4,  3. 


PSAUME  XGV. 

3.  Totis  les  dieux  imaginaires  des  idola- 
tres,  mais  auxquels  on  supposait  une  exis- 
tence et  une  puissance  reelles.  Le  Psautier 
liturgique  ajoute  ici  :  car  le  Seigneur  ne  re- 

jeltera  pas  son  peuple,  emprunte  au  Ps.  pre- 
cedent (vers.  14). 

4.  Les  fo ti dement s ,  ou  les  profondeurs. 
Vulg. ,  les  co7ifins,  les  extremites. 

5.  La  terre,  par  opposition  a  la  mer :  le 
continent. 

6.  Flcchissons  le genoiij  V\.\\g..,  pleurofts. 
8.   Aleriba,   c.-a-d.   provocation;  Massa, 

c.-a-d.  tentation  :  deux  localites  qui  doivent 
leur  nom  a  des  revokes  des  Hebreux  au 


desert  {Exod.  xvii,  i  sv.  Nonibr.  xx,  2  sv  ). 
La  Vulg.  fait  de  ces  mots  des  noms  com- 
muns. 

9.  Mes  osuvres^  les  merveilles  que  j'ope- 
rais  tous  les  jours  en  leur  faveur. 

10.  J\ii  etc  ceite  race  en  de'gotU,  ou  ett 
aversion;  dans  le  Psautier  romain,  j'ai  ete 
pres  de  cefte  getteration. 

11.  lis  7{entreront  pas  :  tous  les  Hebreux 
ages  de  plus  de  20  ans,  excepte  Caleb  et 
Josu^,  furent  condamnes  a  mourir  dans  le 
ddsert,  sans  avoir  vu  le  pays  de  Chanaan, 
ou  Dieu  fit  reposer  son  peuple.  Ce  repos 
terrestre  est  la  figure  de  Te'ternel  repos 
reserve  aux  justes  de  I'autre  vie  {Hebr. 
iv,  1-8). 


190  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

Jehovah  par  son  Christ;  ici  il  le  voit  et  I'annonce  avec  une  nettete,  une  clarte  qu'Isaie 
seal  depassera  plusieurs  siecles  apr&s. 

Qu'on  public  parmi  les  nations  la  grandeur  de  Jehovah  (vers.  i-6);  que  tous  les  peuples 
viennent  lui  rendre  hommage  (7-10);  que  son  avenement  rejouisse  toute  la  terre  (11-13). 

's.  cxvi.  I   Chantez  a  Jehovah  un  cantique  nouveau  ! 

Chantez  a  Jehovah,  vous  tous  habitants  de  la  terre! 

2  Chantez  a  Jehovah,  benissez  son  nom, 
Annoncez  de  jour  en  jour  sun  salut. 

3  Racontez  sa  gloire  parmi  les  nations, 
Ses  merveilles  parmi  tous  les  peuples. 

4  Car  Jehovah  est  grand  et  digne  de  toute  louange, 
II  est  redoutable  par-dessus  tous  les  dieux. 

5  Car  tous  les  dieux  des  peuples  sont  neant, 
Mais  Jehovah  a  fait  les  cieux. 

6  La  splendeur  et  la  magnificence  sont  devant  lui. 

La  puissance  et  la  majeste  sont  dans  son  sancfluaire. 

7  Rendez  a  Jehovah,  families  des  peuples, 
Rendez  a  Jehovah  gloire  et  puissance  ! 

8  Rendez  a  Jehovah  la  gloire  due  a  son  nom! 
Apportez  I'offrande  et  venez  dans  ses  parvis. 

9  Proternez-vous  devant  Jtfhovah  avec  Tornement  sacrc; 
Tremblez  devant  lui,  vous  tous  habitants  de  la  terre  I 

10  Dites  parmi  les  nations  :  "  Jehovah  est  roi; 
Aussi  le  monde  sera  stable  et  ne  chancellera  pas; 
II  Jugera  les  peuples  avec  droiture.  " 

11  Que  les  cieux  se  rejouissent  et  que  la  terre  soit  dans  I'allegresse ! 
Que  la  mer  s'agite  avec  tout  ce  qu'elle  contient ! 

1 2  Que  la  campagne  s'egaie  avec  tout  ce  qu'elle  renferme, 
Que  tous  les  arbres  des  forets  poussent  des  cris  de  joie, 

13  Uevant  Jehovah,  car  il  vient, 
Car  il  vient  pour  juger  la  terre; 
II  jugera  le  monde  avec  justice, 
Et  les  peuples  selon  sa  fidelite. 


Ps.  xcvii. 


PSAUME   XCVII   (VULG.  XCVl). 

E  Psaume  celcbre  le  trioinphe  de  Jehovah  sur  les  idoles  du  paganisme  et  la  protec- 
tion dont  il  couvre  ses  serviteurs.  II  n'a  pas  de  titre  enhebreu,  et  I'auteur  ainsi  que 
I'occasion  en  sont  inconnus.  Les  LXX  et  la  Vulg.  I'attribuent  a  David,  qui  I'aurait 
compose  apres  I'apaisement  de  la  revoke  d'Absalon.  Mais  on  y  remarque  de  nombreuses 
reminiscences  des  ecrits  de  David,  d'Asaph,  d'lsaie  et  d'autres  prophetes,  qui  accusent 
une  epoque  beaucoup  plus  recente;  il  date  probablement  du  retour  de  la  captivite. 

L'instrument  de  ce  triomphe  de  Jehovah  et  de  son  jugement  souverain  sera  Jesus- 
Christ;  le  Psaume  doit  done  s'entendre  indirecflement  du  Messie  et  de  I'etablissement  de 
son  regne,  tant  a  son  premier  qu'a  son  second  avenement. 

1  Jehovah  est  roi  :  que  la  terre  soit  dans  I'allegresse, 
Que  les  iles  nombreuses  se  rejouissent ! 

2  La  nuee  et  I'ombre  I'environnent, 

La  justice  et  I'equite  sont  la  base  de  son  trone. 

3  Le  feu  s'avance  devant  lui, 

Et  devore  a  I'entour  ses  adversaires. 

4  Ses  eclairs  illuminent  le  monde ; 
La  terre  le  voit  el  tremble. 

5  Les  montagnes  se  fondent,  comme  la  cire,  devant  Jehovah, 
Devant  le  Seigneur  de  toute  la  terre. 


PSAUME  XCVI. 

I.  Le  cant/qiie  HiHtvcaii  xi'tsi  pas  ce  Psau- 
me lui-meme;  le  Psalmiste  appelle  ainsi  la 


louange  qui  retentira  dans  le  monde  pour 
cdlebrer  le  nouvel  ordre  de  choses  inaugurc- 
par  le  Messie  {Is.  xlii,  10). 

2.  Annoncez,  prcchez  "I'evangiledu  royau- 


LIBER  PSALMORUM. 


191 


— *—    PSALMUS   XCV.    — *— 
Ad  laudandum  Deum  omnes  invitantur. 

Canticum  ipsi  David, 
Quando  domus  asdificabatur  post 
captivitatem.  (i  Par.  15.) 

lANTATE  Domino  can- 
ticum novum :  cantate  Do- 
mi  no  omnis  terra.  2.  Can- 
tate Domino, et  benedicite 
nomini  ejus  :  annuntiate  de  die  in 
diem  salutare  ejus.  3.  Annuntiate 
inter  gentes  gloriam  ejus,  in  omni- 
bus populis  mirabilia  ejus.  4.  Quo- 
niam  magnus  Dominus,  et  laudabi- 
lis  nimis : "  terribilis  est  super  omnes 
deos.  5.  Quoniam  omnes  dii  gen- 
tium dasmonia  :  Dominus  autem 
coelos  fecit.  6.  Confessio,  et  pulchri- 
tude in  conspectu  ejus  :  sanctimo- 
nia,  et  magnificentia  in  sanctifica- 
tione  ejus. 

7.  Afferte  Domino  patrias  gen- 
tium, afferte  Domino  gloriam  et 
honorem  :  8.  afferte  Domino  glo- 
riam nomini  ejus.  ToUite  hostias,  et 
introite  in  atria  ejus  :  9.  adorate 
Dominum  in  atrio  sancto  ejus.  Com- 
moveatur  a  facie  ejus  uni versa  terra: 


10.  dicite  in  gentibus  quia  Dominus 
regnavit.  Etenim  correxit  orbem 
terras  qui  non  commovebitur :  judi- 
cabit  populos  in  aequitate. 

II.  Lastentur  coeli,  et  exsultet 
terra,  commoveatur  mare,  et  pleni- 
tudo  ejus  :  12.  gaudebunt  campi, 
et  omnia,  quae  in  eis  sunt.  Tunc 
exsultabunt  omnia  ligna  silvarum 
13.  a  facie  Domini,  quia  venit  : 
quoniam  venit  judicare  terram.  Ju- 
dicabit  orbem  terras  in  asquitate,  et 
populos  in  veritate  sua. 

—:;•--    PSALMUS    XGVL    — :!:— 


Hortatio  ad  regem  Christum  celebrandum 
et  adorandum. 

I.  Huic  David, 

Ouando  terra  ejus  restituta  est. 
OMINUS    regnavit,   ex- 
sultet terra  :  lastentur  in- 
sulas  multas.  2.  Nubes,  et 

caligo  in    circuitu    ejus  : 

justitia,  et  judicium  correctio  sedis 
ejus.  3.  Ignis  ante  ipsum  prascedet, 
et  inflammabit  in  circuitu  inimicos 
ejus.  4.  Illuxerunt  fulgura  ejus  orbi 
terras  :  vidit,  et  commota  est  terra. 
5.  Montes,  sicut  cera  fluxerunt  a 
tacie  Domini:  a  facie  Domini  omnis 


me  "  de  Dieu  {MattJi.  iv,  23.  Comp.  Is.  lii,  7; 
Ix,  6). 

5.  Ne'atit,  litt.  des  rtens  (hebreu  cliliiii, 
frequent  dans  Isaie),  des  idolcs  (1  Cor. 
viii,  4).  Vulgate,  so?it  des  demons  (comp. 
I  Cor.  X,  20),  qui  se  faisaient  adorer  dans 
les  idoles. 

7.  Families  des  peuples,  peuples  de  toute 
race. 

8.  IJoffrande  :  allusion  k  la  coutume  des 
Orientaux  d'offrir  des  presents  au  souve- 
rain  qui  les  admet  en  sa  presence.  — 
Dans  ses  parvis;  les  Paralipomenes  disent 
en  sa  presence. 

9.  L'ornemeni  sacre  :  il  s'agit  d'un  afle 
religieux  {Ps.  xxix,  2;  ex,  3).  Vulg.,  dans  son 
saint  parvis. 

10.  Est  roij  le  Psautier  remain  ajoute 
a  ligno,  par  le  bois  de  la  croix.  Ces  mots  ne 
sont  pas  authentiques;  I'Eglise,  qui  n'a  pas 
admis  ces  mots  dans  son  edition  de  la  Vul- 
gate, les  a  conserves  dans  sa  liturgie.  —  II 
jiigera  les  peuples,  il  les  gouvernera  par  son 


Messie,  avec  droitnre  :  le  christianisme 
amena  un  changement  complet  dans  la  vie, 
les  mceurs,  les  idees,  etc. 

1 1.  Toute  la  creation,  animee  et  inanimee, 
avait  gemi  sous  le  poids  de  la  maledicflion 
originelle;  elle  temoignera  tout  entiere,  ciel, 
terre  et  mer,  la  joie  de  sa  delivrance  par  le 
Messie.  Comp.  Is.  xxxv,  i ;  xlii,  4;  xlix,  13; 
Rom.  viii,  21. 

PSAUME  XCVII. 

1.  les  lies :  les  Hebreux  paraissent  avoir 
entendu  par  Ik  les  contrees  separees  d'eux 
par  la  mer  Mediterranee;  dans  Isaie,  les 
habitants  des  ties  sont  synonymes  de  mon- 
de  paien.  Comp.  Is.  xlii,  4  avec  Matth. 
xii,  21. 

2.  Jehovah  est  represents  sous  des  traits 
empruntes  a  des  theophaniesplus  anciennes. 
Comp.  Ps.  xviii ;  Hab.  iii. 

5.  De  toute  la  terre;  la  Vulg.  met  omnis 
terra, cM  nominatif,  contrairement  aux  LXX: 
il  aurait  fallu  le  genitif,  omnis  terrcc. 


192  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

6  Les  cieux  proclament  sa  justice, 

Et  tons  les  peuples  contemplent  sa  gloire. 

7  lis  seiont  confoiidus  tons  les  adorateurs  d'images, 
Qui  sont  fiers  de  leurs  idoles. 

Tous  les  dieux  se  prosternent  devant  lui. 

8  Sion  a  entendu  et  s'est  rejouie, 

Les  filles  de  Juda  sont  dans  I'allegresse, 
A  cause  de  tes  jugements,  Jehovah. 

9  Car  toi,  Jehovah,  tu  es  le  Tres-Haut  sur  toute  la  terre, 
Tu  es  souverainement  eleve  audessus  de  tous  les  dieux. 

10  Vous  qui  aimez  Jehovah,  haissez  le  mal ! 
11  garde  les  ames  de  ses  fideles, 

II  les  delivre  de  la  main  des  mechants. 

11  La  lumiere  est  semee  pour  le  juste, 

Et  la  joie  pour  ceux  qui  ont  le  coeur  droit. 

12  Justes,  rejouissez-vous  en  Jehovah, 
£t  rendez  gloire  a  son  saint  nom. 

PSAUME   XCVIII   (VULG.  XCVIl). 

[E  Psaume  offre  de  grandes  ressemblances  avec  le  precedent  :  non  seulement  il 
traite  le  nieme  sujet,  mais  encore  il  lui  emprunte  son  debut  et  sa  conclusion;  enfin 
^M  il  est  compose  comme  lui,  en  grande  partie,  de  pensees  et  d'expressions  empruntces 
a  des  cantiques  anterieurs. 

II  s'applique  direflement  aux  vidloires  du  Messie  k  son  premier  et  a  son  second  ave- 
nement. 


Ps.  xcviii.  1  PSAUME. 


Chantez  a  Jehovah  un  cantique  nouveau, 

Car  il  a  fait  des  prodiges; 

Sa  droite  et  son  bras  saints  lui  ont  donne  la  vi(ftoire. 

2  Jehovah  a  manifesto  son  salut, 
II  a  revele  sa  justice  aux  yeux  des  nations. 

3  II  s'est  souvenu  de  sa  bonte  et  de  sa  fidelite  envers  la  maison  d'Israel; 
Toutes  les  extremites  de  la  terre  ont  vu  le  salut  de  notre  Dieu. 

4  Poussez  vers  Jehovah  des  cris  de  joie, 
Vous  tous,  habitants  de  la  terre ! 
Faites  eclater  votre  allegresse  au  son  de  vos  instruments; 

5  Celebrez  Jehovah  sur  la  harpe, 
Qu'aux  accords  de  la  harpe  se  mele  la  voix  des  cantiques ! 

6  Avec  les  trompettes  d'argent  et  au  son  du  cor 
Poussez  des  cris  de  joie  devant  le  Roi  Jehovah ! 

7  Que  la  mer  s'agite  avec  tout  ce  qu'elle  renferme, 
Que  la  terre  et  ses  habitants  ya^^t?;//  eclater  leurs  transports, 

8  Que  les  fleuves  applaudissent, 
Que  toutes  les  montagnes  poussent  des  cris  de  joie 

9  Devant  Jehovah  !  Car  il  vient  pour  juger  la  terre; 
II  jugera  le  monde  avec  justice, 
Et  les  peuples  avec  equitd. 

PSAUME   XCIX   (VULG.  XCVIIl). 

E  Psaume  est  le  troisieme  qui  commence  par  ces  mots  :  Jehovah  est  roi.  II 
annonce,  comme  les  precedents,  I'avenement,  c'est-^-dire  la  reconnaissance  par 
tous  les  peuples  de  la  royaute  de  Jehovah  sur  toute  la  terre  (vers.  1-5);  il  rappelle 
ses  bienfaits  et  sa  justice  envers  son  peuple  (6-8);  il  conclut  que  tous  doivent  I'adorer  sur 
sa  montagne  sainte  (vers.  9).  Le  trisagion  d'Isaie,  II  est  saint,  s'y  trouve  comme  enclave 
(vers.  3,  5,  9).  Les  LXX  I'attribuent  h.  David;  la  plupart  des  interpr^tes  le  placent  sous  le 
rcgnc  d'Ezechias. 


LIBER  PSALMORUM. 


193 


terra.  6.  Annuntiaverunt  coeli  justi- 
tiam  ejus  :  et  viderunt  omnes  populi 
gloriam  ejus. 

7.  'Confundantur  omnes,  qui 
adorant  sculptilia  :  et  qui  glorian- 
tur  in  simulacris  suis.  *  Adorate  eum 
omnes  Angeli  ejus  :  8.  audivit,  et 
lastata  est  Sion.  Et  exsultaverunt 
fili«  Judae,  propter  judicia  tua  Do- 
mine  :  9.  quoniam  tu  Dominus  al- 
tissimus  super  omnem  terram  :  ni- 
mis  exaltatus  es  super  omnes  deos. 

10. "Qui  diligitis  Dominum,odite 
malum  :  custodit  Dominus  animas 
sanctorum  suorum,  de  manu  pecca- 
toris  liberabit  eos.  1 1.  Lux  orta  est 
justo,  et  rectis  corde  Istitia.  1 2.  Las- 
tamini  justi  in  Domino  :  et  confite- 
mini  memorias  sanctificationis  ejus. 

— :i:—   PSALM  US   XGVIL  — :i:— 


Hortatio  ad  congratulandum  Christo 
venture. 

I.       Psalmus  ipsi  David. 


ANTATE  Domino  can- 
ticum  novum  :  quia  mi- 
rabilia  fecit.  Salvavit  sibi 
dextera  ejus  :  et  brachium 
sanctum  ejus.  2.  Notum  fecit  Do- 
minus salutare  suum  :  in  conspectu 
gentium  revelavit  justitiam  suam. 
3.  Recordatusest  misericordiassuas, 
et  veritatis  suae  domui  Israel,  "Vi- 
derunt omnes  termini  terras  salutare 
Dei  nostri. 

4.  Jubilate  Deo  omnis  terra  :  can- 
tate,  et  exsultate,  et  psallite.  5.  Psal- 
lite  Domino  in  cithara,  in  cithara  et 
voce  psalmi :  6.  in  tubis  ductilibus, 
et  voce  tuhse.  corneas.  Jubilate  in 
conspectu  regis  Domini  : 

7.  Moveatur  mare,  et  plenitudo 
ejus :  orbis  terrarum,  et  qui  habitant 
in  eo.  8.  Flumina  plaudent  manu, 
simul  montes  exsultabunt.  9.  A 
conspectu  Domini  :  quoniam  venit 
judicare  terram.  Judicabit  orbem 
terrarum  in  justitia,  et  populos  in 
asquitate. 


"  Is.   52,   TO. 

Luc.  3,  6. 


6.  Les  cieux  proclament  sa  justice,  par  la 
joie  qu'ils  manifestent  {Ps.  xcvi,  11)  en 
voyant  realiser  ses  desseins  pour  le  salut 
du  monde,  et  I'humanite  tout  entiere  ado- 
rant  le  vrai  Dieu. 

7.  Comp.  Is.  xlii,  17;  xliv,  9;  Jc}-.  x,  14. 
U images  sculptees,  de  statues.  —  Tous  les 
diciix  (hebr.  EloJiiiii)  se  proster/wnt ;  ou 
bien  sous  la  forme  un  peu  brusque  de  I'im- 
peratif,  prosfernez-i'ous,  etc.  II  s'agit  pro- 
bablement  des  puissances  cosmiques  qui 
^taient  deifides,  non  seulement  par  le  monde 
paien,  mais  meme,  a  certaines  epoques,  par 
un  certain  nombre  d'Israelites  toujours  en- 
clins  a  I'idolatrie. 

Vulg. ,  vous  tons,  ses  anges,  adore z-le. 
S.  Paul  {Hebr.  i,  6)  cite  ainsi  ce  passage, 
qu'il  emprunte,  soit  a  notre  Psaume,  soit  au 
Deuteronome  (x>:>;i')  43>  dans  les  LXX),  en 
I'appliquant  au  V'erbe  incarne.  Cette  appli- 
cation n'a  rien  de  contraire  a  la  significa- 
tion generale  de  ce  passage  si  Ton  com- 
prend  sous  le  nom  d'anges  les  bons  et  les 
niauvais.  Comp.  Philip,  ii,  10. 

8.  Sion,  Jdrusalem;  les  filles  de  Jitda,  les 
villes  ou  les  habitants  de  la  Judee. 


1 1 .  La  liimiere  est  seiiiee.  —  Vulg.  (avec 
LXX,  S.  Jerome,  Targ.  Syr.)  :  La  lumicre 
s'est  levee,  suppose  une  legon  legerement 
differente. 

PSAUME  XGVIII. 

1.  Uit  cantique  nouveau  :  voy.  Ps.  xcvi,  i. 

2.  Son  salut...  sa  jttstice  :  le  salut  du 
monde  par  le  Messie;  ou,  selon  le  pape 
S.  Ltfon,  le  Messie  lui-meme,  dans  la  per- 
sonne  de  Jesus-Christ  manifeste  aux  mages 
le  jour  de  I'Epiphanie.  Comp.  pour  ce  verset 
et  le  suivant  Is.  xl,  10;  lii,  10;  lix,  16. 

3.  //  s'est  souvenu  :  comp.  Luc,  iii,  6.  — • 
Le  salut  envoye  ou  operd  par  notre  Dieu. 

4.  Comp.  Is.  xliv,  23;  xlix,  13;  lii,  9. 

6.  Tronipettes  d'' argent  :  voy.  Nonibr.  x, 
I  sv.  On  en  sonnait  a  I'inauguration  d'un 
nouveau  regne.  —  Cor,  fait  d'une  corne  re- 
courbee. 

7.  Comp.  Ps.  xcvi,  II. 

8.  Applaudissent,  litt.  batlent  des  mains  : 
on acclamait  un  nouveau  souverain (II  Rois, 
xi,  12).  Comp.  Is.  Iv,  12;  Hab.  iii,  10.  Le 
bruit  des  eaux  justifie  suffisamment  cette 
metaphore. 


—  L.\  SAINTE  BIBLE.  TOMIi  IV. 


13 


194 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


L'heritiere  de  la  gloire  et  des  benedidions  promises  a  Sion,  c'est  I'Eglise  du  Nouveau 
Testament. 

Ps.  xcix.  I  Jehovah  est  roi  :  les  peuples  tremblent; 

II  est  assis  sur  les  Cherubins  :  la  terra  chancelle. 

2  Jehovah  est  grand  dans  Sion, 

II  est  6\e\'6  au-dessus  de  tous  les  peuples. 

3  Ou'on  c^lebre  ton  nom  grand  et  redoutable! 
II  est  saint! 

4  (Ju'o/i  celcbre  la  puissance  du  Roi  qui  aime  la  justice! 
Tu  affermis  la  droiture, 

Tu  exerces  en  Jacob  la  justice  et  I'equite. 

5  Exaltez  Jehovah,  notre  Dieu, 

Et  prosternez-vous  devant  I'escabeau  de  ses  pieds. 
II  est  saint ! 

6  Moise  et  Aaron  parmi  ses  pretres, 

Et  Samuel  parmi  ceux  qui  invoquent  son  nom, 
Invoquaient  Jehovah,  et  il  les  exaugait. 

7  II  leur  parlait  dans  la  colonne  de  nuee; 
lis  observaient  ses  commandements 
Et  la  loi  qu'il  leur  avait  donnee. 

8  Jehovah,  notre  Dieu,  tu  les  exauces, 
Tu  fus  pour  eux  un  Dieu  clement, 
Et  tu  les  punis  de  leurs  fautes. 

9  Exaltez  Jehovah,  notre  Dieu, 

Et  prosternez-vous  sur  sa  montagne  saintc, 
Car  il  est  saint,  Jehovah,  notre  Dieu  ! 


^s.  c. 


[I   PSAUME   C   (VULG.  XCIX). 

Psaume  clot  la  serie  des  Ps.  xci-c,  dont  il  forme  comme  la  doxologie.  La  pen  see 
ncrale  en  est  indiquee  par  le  titre  :louez  Dieu,  car  il  est  digne  de  toute  louange. 

^PSAUME  de  louange. 

Poussez  des  cris  de  joie  vers  Jehovah, 
Vous  tous  habitants  de  la  terre. 

2  Servez  Jehovah  avec  joie, 

Venez  en  sa  presence  a\  ec  allegresse. 

3  Reconnaissez  que  le  Seigneur  est  Dieu. 

C'est  lui  qui  nous  a  faits  et  nous  lui  appartenons; 

Nous  sommes  son  peuple  et  le  troupeau  de  son  paturage. 

4  Venez  a  ses  portiques  avec  des  louanges, 
A  ses  parvis  avec  des  cantiques; 
Celebrez-le,  benissez  son  nom. 

5  Car  Jehovah  est  bon,  sa  misericorde  est  eternelle, 
Et  sa  tidelite  demeure  d'age  en  age. 


PSAUME  XCIX. 

I.  Comp.  Apoc.  xi,  15-18.  Les  peuples 
tremblent  (ou,  avec  la  Vulg.,  que  les  peuples 
treinble/itj  de  meme  au  membre  suiv.)  de 
respe(fl  et  de  crainte.  —  Assis  sur  les  Che- 
rubins :  allusion  aux  Cherubins  figures  au- 
dessus  de  I'arche,  et  dont  les  ailes  etendues 
formaient  comme  le  trone  de  Dieu  :  voy. 
Ps.  xviii,  II. 

3.  Ton  twin  grand  et  redoutable  :  comp. 
Deut.  X,  17.  —  //  (Jehovah  :  comp.  vers.  5 
et  9;  Vulg.,  son  nom)  est  saint  :  comp.  Is. 
vi,  3. 


4.  Qu^on  Ci'lebre,  etc.  :  telle  est  I'explica- 
tion  ordinaire  de  ceverset  difficile. Delitzsch: 
tu  as  afferuii  en  droiture  (hebr.  ineisc/iarim, 
pris  adverbialement)  la  puissance  d'un  roi 
qui  aime  la  justice  J  Q.^  roi  serait  David  ou 
Ezechias,  tous  deux  figures  du  Messie.  On 
pourrait  encore  rattacher  meisc/tarim  a  ce 
cjui  suit  :  tu  as  affermi  la  puissance  ...;  tu 
exerces  en  Jacob  la  droiture,  la  justice  et 
Pe'quite.  La  Vulg.  et  les  anciennes  versions  : 
la  gloire,  plus  exactement  la  force  du  roi, 
un  roi  fort,  aime  la  justice ;  tu  affer/nis  la 
droiture,  la  justice,  etc. 

^.L'escabeau  de  ses  pieds, Varcht  d'alliance, 


LIBER  PSALMORUM. 


195 


t^  ^:  w.  ^:  'M  w.  "M  'M  'M  'M  M  m  'm  %>:  :<?>:  -^  -m  mm'M's^ 

— :i:—  PSALMUS  XGYIII.  — :i:— 

Exaltatur  Christi  potestas,  et  omnes  ad  eum 
colendum  provocantur. 


Psalmus  ipsi  David. 

O MINUS   regnavit,  ira- 

scantur  populi  :  qui  sedet 

super  Cherubim,  movea- 

tur  terra.  2.  Dominus  in 


Sion  magnus  :  et  excelsus  super 
omnes  populos,  3,  Confiteantur  no- 
mini  tuo  magno :  quoniam  terribile, 
et  sanctum  est  :  4.  et  honor  regis 
judicium  diligit.Tu  parasti  directio- 
nes  :  judicium  et  justitiam  in  Jacob 
tu  fecisti.  5.  Exaltate  Dominum 
Deum  nostrum,  et  adorate  scabel- 
lum  pedum  ejus  :  quoniam  sanctum 
est. 

6.  Moyses,  et  Aaron  in  sacerdo- 
tibus  ejus  :  et  Samuel  inter  eos,  qui 
invocant  nomen  ejus  :  invocabant 
Dominum,  et  ipse  exaudiebat  eos  : 
7.  in  columna  nubis  loquebatur  ad 
eos.  Custodiebant  testimonia  ejus, 
et    pra^ceptum    quod    dedit    illis. 


8.  Domine  Deus  noster  tu  exaudie- 
bas  eos  :  Deus  tu  propitius  fuisti 
eis,  et  ulciscens  in  omnes  adinven- 
tiones  eorum. 

9.  Exaltate  Dominum  Deum  no- 
strum, et  adorate  in  monte  sancto 
ejus  :  quoniam  sanctus  Dominus 
Deus  noster. 

— :i:—    PSALMUS    XCIX.    — :>— 
Ad  laudes  Dei  omnes  invitantur. 

I.    Psalmus  in  confessione. 

LJBILATE  Deo  omnis 
terra  :  servite  Domino  in 
lastitia.  Introite  in  conspe- 
ctu  ejus,  in  exsultatione. 
2.  Scitote  quoniam  Dominus  ipse 
est  Deus  :  ipse  fecit  nos,  et  non  ipsi 
nos  :  populus  ejus,  et  oves  pascuas 
ejus  :  3.  introite  portas  ejus  in  con- 
fessione, atria  ejus  in  hymnis  :  con- 
fitemini  illi.  Laudate  nomen  ejus  : 
4.  quoniam  suavis  est  Dominus,  in 
asternum  misericordia  ejus,  et  usque 
in  generationem  et  generationem 
Veritas  ejus. 


indiquee  ici,  non  comme  objet,  mais  comme 
lieu  d'adoration.  Dans  le  sens  messianique, 
les  Peres  ont  applique  cette  expression  a  la 
sainte  humanite  du  Sauveur,  dont  I'arche 
d'alliance  etait  la  figure,  et  qui  a  droit  a  nos 
adorations  a  cause  de  son  union  personnelle 
avec  la  divinite. 

6.  Pour  montrer  que  Jehovah  est  un  Dieu 
vivant,  toujours  misericordieux  et  juste,  le 
Psalmiste  rappelle  trois  personnages  cele- 
bres  des  temps  anciens,  qui  furent  les  inter- 
cesseurs  du  peuple,  savoir  :  Moise,  qui  rem- 
plissait  les  fonflions  sacerdotales  avant 
I'institution  du  sacerdoce  levitique  {Exod. 
xxiv ;  xl,  22  sv.  Lev.  viii),  le  grand  pretre 
Aaron,  son  frere,  et  le  prophete  Samuel, 
simple  levite,  dont  le  role  fut  surtout  celui 
d'intercesseur,  mais  qui  oftVit  exceptionnel- 
lement  des  sacrifices  (I  Sam.  vii,  9,  17  : 
comp.  ix,  13).  —  //  les  exaii^ait  :  Moise  : 
voy.  Exod.  xvii,  11;  xxxii,  30  sv  NoDibr. 
xii,  13;  Samuel  :  voy.  I  Sam.  vii,  8  sv. 
xii,  16  sv. 


7.  //  leur  parlait  :  leur  s'applicjue,  non 
plus  a  Samuel,  mais  a  Moise  et  Aai'on,  peut- 
etre  meme  a  tout  le  peuple  dont  ils  etaient 
les  representants. 

8.  Et  tu  les  piinis  :  le  Dieu  d'Israel  ma- 
nifeste  sa  saintete  par  son  amour  comme 
par  sa  colere  {Exod.  xxxiv,  6-7). 

PSAUME  C. 

Notts  hti  appartenons  :  comp.  Is.  xliii,  i. 
Le  cht'tib  ou  texte  re^u  au  temps  des  Mas- 
soretes  portait  lo  par  un  aleph,  en  lat.  nott, 
et  c'est  ainsi  qu'ont  lu  les  anciennes  ver- 
sions :  et  non  pas  nous,  c.-a-d.  ce  n'est  pas 
nous  qui  nous  sommes  faits  (comp.  EzecJi. 
xxix,  3).  Mais  comme  il  y  a  quelque  chose 
de  dur  dans  cette  opposition,  les  Massoretes 
ont  propose  de  lire  {qeri)  lo  par  un  vav,  en 
lat.  illi,  scil.  Deo,  et  c'est  cette  legon  que 
nous  avons  suivie  dans  notre  traducflion. 
Ouelques  interpretes,  tout  en  admettant  lo 
par  un  alepli,  traduisent,  etnon  nos,  c.-a-d. 
alors  que  nous  n'etions  pas. 


196 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   CI   (VULG.  C). 


IN  a  appele  ce  Psaume  le  miroir  des  rois,  parce  qu'il  expose  les  principaux  devoirs 
*'!  de  la  royaute,  comnie  le  xv^  trace  ceux  du  veritable  Israelite.  David  le  composa 


Wi  vraisemblablement  lorsque,  ayant  recju  de  nouveau  roncflion  sacree,  il  commen^a 


son  regno  sur  toutes  les  tribus  et  occupa  la  ville  de  Jerusalem  (II  Sam.  v,  7-9).  Le  livre 
des  Proverbes  y  fait  plusieurs  allusions  {Prov.  xi,  20;  xx,  4). 

Ps.  ci.  1  PSAUME  de  David. 

Je  veux  chanter  la  bonte  et  la  justice; 
C'est  toi,  Jehovah,  que  je  veux  celebrer. 

2  Je  prendrai  garde  a  la  voie  de  I'iunocence.  — 
Quand  viendras-tu  a  moi?  — 

Je  marcherai  dans  I'integrite  de  mon  coeur 
Au  milieu  de  ma  maison. 

3  Je  ne  mettrai  devant  mes  yeux  aucune  adlion  mauvaise; 
Je  hais  la  conduite  perverse; 

EUe  ne  s'attachera  point  a  moi. 

4  Un  cceur  faux  ne  sera  jamais  le  mien, 
Je  ne  veux  pas  connaitre  le  mal. 

5  Le  detratleur  qui  dechire  en  secret  son  prochain, 
Je  I'exterminerai; 

L'homme  au  regard  hautain  et  au  coeur  gonfle  d'orgueil, 
Je  ne  le  supporterai  pas. 

6  J'aurai  les  yeux  sur  les  hommes  fideles  du  pays, 
Pour  qu'ils  demeurent  aupres  de  moi; 

Celui  qui  marche  dans  une  voie  integre 
Sera  mon  serviteur. 

7  II  n'aura  point  de  place  dans  ma  maison, 
Celui  qui  agit  avec  fourberie; 

II  ne  subsistera  pas  devant  mes  yeux, 
Celui  qui  profere  le  mensonge. 

8  Chaque  matin  j'exterminerai  tous  les  mechants  du  pays, 
Afin  de  retrancher  de  la  cite  de  Jehovah 

Tous  ceux  cjui  conmiettent  I'iniquite. 

PSAUME   CII   (VULG.  Cl). 

E  Psaume  parait  avoir  ete  compost  vers  la  fin  de  la  captivite,  alors  que  les  exiles, 
sur  la  foi  des  oracles  de  Jeremie,  regardaient  comme  prochaine  I'heure  de  la  deli- 
vrance.  L'auteur  est  inconnu.  II  expose  a  Dieu  ses  souffrances  personnelles, 
causdes  par  les  malheurs  de  Sion ;  mais  comme  ses  souffrances  sont  celles  de  tous  ses 
compatriotes,  il  leur  fournit  ainsi  une  priere  que  chacun  d'eux  pourra  redire  k  son  tour  du 
fond  de  son  exil.  Le  titre,  de  date  posterieure,  indique  pour  le  Psaume  une  destination 
plus  generale  :  il  en  fait  une  priere  pour  toute  personne  aftligee. 

Humble  demande  de  secours  (vers.  2-3);  peinture  de  sa  misere  (4-12);  ferme  espe- 
rance  du  rdtablissement  de  Sion  (13-23);  l3ieu  qui   est  eternel  et  immuable  ne  saurait 
manquer  k  ses  promesses;  Israel  continuera  d'habiter  le  pays  donne  h.  ses  peres  (24-29). 
Dans  la  liturgie  de  I'Eglise  c'est  le  cinquieme  des  Psaumes  pdnitentiaux. 

Ps  cii.  ^PRIERE  du  malheureux,  lorsqu'il  est  accabld    et    qu'il  repand  sa  plalnte  devant 

Jehovah. 

2  Jehovah,  ecoute  ma  priere, 

3  Et  que  mon  cri  arrive  jusqu'a  toi. 

Ne  me  cache  pas  ton  visage  au  jour  de  ma  detresse; 

Incline  vers  moi  ton  oreille; 

Quand  je  crie,  hate-toi  de  m'exaucer. 

4  Car  mes  jours  s'dvanouissent  comme  la  fumee, 
Et  mes  OS  sont  embrase's  comme  par  un  feu. 

5  Frappe  comme  I'herbe,  mon  coeur  se  desseche; 
J'oublie  meme  de  manger  mon  pain. 


LIBER  PSALMORUM. 


197 


-^-      PSALMUS    G.      — :i:— 

Virtutes  boni  principis  depingit, 
et  colere  proponit. 

I.       Psalmus  ipsi  David. 

ISERICORDIAM,etiu 
dicium  cantabo  tibi  Do- 
mine  :  Psallam,  2.  et  intel- 
ligani  in  via  immaculata, 
quando  venies  ad  me.  Perambula- 
bam  in  innocentia  cordis  mei,  in 
medio  domus  meae.  3.  Non  propo- 
nebam  ante  oculos  meos  rem  inju- 
stam  :  facientes  prasvaricationes 
odivi.  Non  adhaesit  mihi  4.  cor 
pravum  :  declinantem  a  me  mali- 
gnum  non  cognoscebam.  5.  Detra- 
hentem  secreto  proximo  suo,  hunc 
persequebar.  Superbo  oculo,  et  insa- 
tiabili  corde,  cum  hoc  non  edebam, 

6.  Oculi  mei  ad  fideles  terras  ut 
sedeant  mecum  :  ambulans  in  via 
immaculata,  hie  mihi   ministrabat. 

7.  Non  habitabit  in  medio  domus 
meas  qui  facit  superbiam  :  qui  lo- 
quitur iniqua,  non  direxit  in  con- 
spectu  oculorum  meorum.  8.  In 
matutino  interficiebam  omnes  pec- 
catores  terras  :  ut  disperderem  de 
civitate  Domini  omnes  operantes 
iniquitatem. 


-:i:—      PSALWUS    CI.      — :;:— 

Gemit  de  vitic  niiseriis ;  consolatur  consi- 
derans  immutabilitatem  Dei  et  ecclesise 
quam  fundavit. 

I.  Oratio  pauperis, 

Cum  anxius  fuerit,  et  in  conspectu 
Domini  efFiiderit  precem  suam. 

OMINEexaudi  orationem 
meam  :  et  clamor  meus  ad 
te  veniat.  3.  Non  avertas 
faciem  tuam  a  me  :  in  qua- 
cumque  die  tribulor,  inclina  ad  me 
aurem  tuam.  In  quacumque  die  in- 
vocavero  te,  velociter  exaudi  me. 

4.  Quia  defecerunt  sicut  fumus 
dies  mei :  et  ossa  mea  sicut  cremium 
aruerunt.  5.  Percussus  sum  ut  foe- 
num,  et  aruit  cor  meum  :  quia  obli- 
tus  sum  comedere  panem  meum. 
6.  A  voce  gemitus  mei  adhassit  os 
meum  carni  meas.  7.  Similis  factus 
sum  pellicano  solitudinis  :  factus 
sum  sicut  nycticorax  in  domicilio. 
8.  Vigilavi,  et  factus  sum  sicut  pas- 
ser solitarius  in  tecto.  9.  Tota  die 
exprobrabant  mihi  inimici  mei  :  et 
qui  laudabant  me  adversum  me  ju- 
rabant.  10.  Quia  cinerem  tamquam 
panem  manducabam,  et  potum 
meum  cum  fietu  miscebam.  11.  A 


PSAUME  CI. 

1.  La  bonte  et  la  justice  de  Dieu,  deux 
attributs  divins  qui  doivent  se  reflechir  dans 
le  loi  qui  le  reprcsente  sur  la  terre. 

2.  L'enchainement  des  pensees,  assez 
difficile  a  saisir,  s'explique  peut-etre  par 
Exode  XX,  24  :  "  Partont  oit  je  ferai  (lire 
probablement  oi'i  on  /era)  menwire  de  moti 
710111,  je  'c'le?i(trai  a  toi  et  je  te  beiiirai.  " 

3.  Mettre  devant  ses  jeux,  c'est  se  propo- 
ser, former  un  dessein. 

4.  Coniiattre  le  Jiial,  entretenir  en  moi  la 
pensee  du  mal. 

5.  Je  Pexteri/iinefai;  les  LXX  et  la 
Vulgate  ont  une  expression  moins  forte  : 
je  le  poursiiivrai;  plusieurs  modernes  tra- 
duisent  d'une  mani^re  plus  adoucie  en- 
core :  je  le  r/din'rai  ait  silence  (de  meme 
au  vers.  8). 

6.  Pour  qiiUls  deineufent  aitprh  de  moi, 


qu'ils  soient  mes  intimes  et  mes  conseillers. 
—  Mon  servifeiir,  mon  ministre;  je  lui  con- 
fierai  des  fon<flions  publiques. 

8.  Chaque  matin,  sans  aucun  retard  : 
j'exterminerai  soigneusement. 

PSAUME  ClI. 

I.  Pricrc  a  I'usage  dhin  malheiireitx,  etc. 

4.  Comme  lafumee,  litt.  en  fumee.  — Mes 
OS  so/it  embf-ase's,  devores  par  la  fievre, 
CO  mine  par  tinfeit;  ou  bien,  comme  dans  un 
foyer.  1^'autres  avec  la  Vulg.,  comme  une 
brindille;  ou  bien,  comme  un  tison. 

5  Frappe  "par  \e  malheur  et  par  le  cha- 
grin, comme  Pherbe  est  frappee,  soit  par  les 
ardeurs  du  soleil,  soit  par  la  faux  du  mois- 
sonneur.  —  Mon  cceur,  centre  et  organe 
principal  de  la  vie,  — J^ai  oublie'  :  signe 
d'une  extreme  douleur  (I  Sam.  i,  \'];Job, 
xxxiii,  20;  Dan.  vi,  i8). 


198  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  A  force  de  crier  et  de  gemir 
Mes  OS  s'attachent  a  ma  chair. 

7  Je  ressemble  au  pelican  du  desert, 
Je  suis  devenu  comme  le  hibou  des  mines. 

8  Je  passe  les  nuits  sans  sommeil, 
Comme  I'oiseau  solitaire  sur  le  toit. 

Q  Tout  le  jour  mes  ennemis  m'outragent; 
Dans  leur  fureur,  ils  jurent  ma  ruine. 

10  Je  mange  la  cendre  comme  du  pain, 
Et  je  mele  des  larmes  a  men  breuvage, 

11  A  cause  de  ta  colere  et  de  ton  indignation, 
Car  tu  m'as  souleve  et  jete  au  loin. 

12  Mes  jours  sont  comme  I'ombre  qui  s'allonge, 
Et  je  me  desseche  comme  I'herbe. 

13  Mais  toi,  Jehovah,  tu  es  assis  sur  un  trone  eternel, 
Et  ta  memoire  vit  d'age  en  age. 

14  Tu  te  leveras,  tu  auras  pitie  de  Sion, 
Car  c'est  le  temps  de  lui  faire  grace, 
Le  moment  fixe  est  venu. 

15  Car  tes  serviteurs  en  cherissent  les  pierres, 
Sa  poussiere  meme  attendrit  leur  coeur. 

16  Alors  les  nations  revereront  le  nom  de  Jehovah, 
Et  tous  les  rois  de  la  terre  ta  majeste, 

17  Parce  que  Jehovah  a  rebati  Sion; 
II  s'est  montre  dans  sa  gloire; 

18  II  s'est  inclind  vers  la  priere  du  miserable, 
II  n'a  pas  dedaigne  sa  supplication. 

ig  Que  cela  soit  ecrit  pour  la  generation  future, 
Et  que  le  peuple  qui  sera  crde  celebre  Jehovah, 

20  Parce  qu'il  a  regarde  de  sa  sainte  hauteur, 
Parce  que  Jehovah  a  regarde  des  cieux  sur  la  terre, 

21  Pour  ecouter  les  gemissements  des  captifs, 
Pour  delivrer  ceux  qui  sont  voues  a  la  mort, 

22  Afin  qu'ils  publient  dans  Sion  le  nom  de  Jehovah, 
Et  sa  louange  dans  Jerusalem, 

23  Ouand  s'assembleront  tous  les  peuples 
Et  tous  les  royaumes  pour  servir  Jehovah. 

24  II  a  brise  ma  force  sur  le  chemin, 
II  a  abrege  mes  jours. 

25  Je  dis  :  Mon  Dieu,  ne  m'enleve  pas  au  milieu  de  mes  jours, 
Toi,  dont  les  annees  durent  d'age  en  age. 

26  Au  commencement  tu  as  fonde  la  terre, 
Et  les  cieux  sont  I'ouvrage  de  tes  mains. 

27  lis  periront,  mais  toi,  tu  subsistes; 
lis  s'useront  tous  comme  un  vctement; 
Tu  les  changeras  comme  un  manteau,  et  ils  seront  changes  : 

28  Mais  toi,  tu  restes  !e  mcme, 
Et  tes  annees  n'ont  point  de  fin. 

29  Les  fils  de  tes  serviteurs  habiteront  leur  pays, 
Et  leur  posterite  sera  stable  devant  toi. 

PSAUME    cm   (VULG.  CIl). 

|E  Psaume  est  plutot  une  imitation  des  chants  de  David  (vers.  8-10)  qu'une  ccuvre  de 
David  lui-meme;  certaines  particularite's  de  style  (vers.  3,  4,  etc.)  accusent  un 
^  auteur  plus  moderne,  soit  de  la  fin,  soit  mcme  du  retour  de  la  captivite.  On  pour- 
rait  I'intituler  le  cantique  des  misericordes  du  Seigneur.  II  y  respire  un  souffle  de  foi  tout 
evangelique;  la  tendre  et  sincere  Amotion  qui  y  regne  fait  deviner  dans  I'auteur  une  ame 
qui  a  senti  r^ellement  I'amere  douleur  du  peche  et  que  le  pardon  divin  a  renduc  a  I'espe- 
rance  et  k  la  joie. 

Bienfaits  de  Dieu  envers  le  Psalmiste  (vers.  1-5),  envers  les  hommes  en  general  (6-10); 
sa  bonte  paternelle  (11-18);  que  les  anges  et  toutes  les  creatures  le  louent  (19-22)! 


LIBER  PSALMORUM. 


199 


facie  iras  et  indignationis  tuas  :  quia 
elevans  allisisti  me.  12.  Dies  mei 
sicut  umbra  declinaverunt  :  et  ego 
sicut  foenum  arui. 

13.  Tu  autem  Domine  in  aster- 
num  permanes  :  et  memoriale  tuum 
in  generationem  et  generationem. 
14.  Tu  exsurgens  misereberis  Sion  : 
quia  tempus  miserendi  ejus,  quia 
venit  tempus.  15.  Quoniam  placue- 
runt  servis  tuis  lapides  ejus :  et  terras 
ejus  miserebuntur.  16.  Et  timebunt 
gentes  nomen  tuum  Domine,  et 
omnes  reges  terras  gloriam  tuam. 
17.  Quia  asdificavit  Dominus  Sion  : 
et  videbitur  in  gloria  sua.  18.  Respe- 
xit  in  orationem  humilium  :  et  non 
sprevit  precem  eorum.  19.  Scriban- 
tur  haec  in  generatione  altera  :  et 
populus,  qui  creabitur,  laudabit  Do- 
minum  :  20.  quia  prospexit  de  ex- 
celso  sancto  suo  :  Dominus  de  coelo 
in  terram  aspexit  :  21.  ut  audiret 
gemitus  compeditorum  :  ut  solveret 


filios  interemptorum:  22.  ut  annun- 
tient  in  Sion  nomen  Domini  :  et 
laudem  ejus  in  Jerusalem.  23.  In 
conveniendo  populos  in  unum,  et 
reges  ut  serviant  Domino. 

24.  Respondit  ei  in  via  virtutis 
suas  :  Paucitatem  dierum  meorum 
nuntia  mihi.  25.  Ne  revoces  me  in 
dimidio  dierum  meorum  :  in  gene- 
rationem et  generationem  anni  tui. 
26.  Initio  tu  Domine  terram  fun- 
dasti  :  et  opera  manuum  tuarum 
sunt  coeli.  27.  Ipsi  peribunt,  tu  au- 
tem permanes :  et  omnes  sicut  vesti- 
mentum  veterascent.  Et  sicut  oper- 
torium  mutabis  eos,  et  mutabuntur : 
28.  tu  autem  idem  ipse  es,  et  anni 
tui  non  deficient.  29.  Filii  servorum 
tuorum  habitabunt  ret  semen  eorum 
in  saeculum  dirigetur. 


.1. 

—  •  — 


6.  A  ma  chair ^  c.-k-d.  a  via  peau  par  une 
niaigreur  excessive. 

7.  Pelican  ...  hiboii  :  oiseaux  impurs,  qui 
ne  se  melent  pas  aux  autres  ;  image  d'Israel 
delaisse  par  Jehovah  au  milieu  des  nations 
paiennes. 

8.  Un  oiseau  solitaire,  le  passereau  qui  a 
perdu  sa  compagne. 

9.  Dans  leiir  fi/retir,  litt.  fittieux,  hebr. 
vieholalai J  LXX  et  Vulg.  ont  hi  vieJiollclai, 
ceiix  qui  me  louaienf. 

10.  La  cendre  sur  laquelle  il  est  assis  et 
qu'il  repand  sur  sa  tete  et  ses  vetements  en 
signe  d'affliflion,  il  la  mange  au  lieu  de 
pain,  ou  melee  a  son  pain.  Comp.  Lament. 
iii,  16. 

11.  De  fa  colcre  :  ce  qui  ajoute  a  la  dou- 
leur  du  Psalmiste,  c'est  la  pensee  que  I'exil 
d'Israel  est  un  chatiment  de  Dieu,  et  un 
chatiment  m^rite.  —  Car,  comme  un  tour- 
billon  qui  emporte  un  objet  dans  les  airs  et 
le  laisse  retomber  sur  le  sol  (/od,  xxvii,  21), 
ainsi  Dieu  a  enleve  Israel  de  la  Terre  pro- 
mise pour  le  Jeter  en  exil  a  Babylone. 

12.  Dans  cet  exil,  mes  jours  sont  comme 
r ombre  qui  s''allonge\  mesure  que  s'abaisse 
le  soleil,  et  qui  disparait  avec  lui  {Jer.  vi,  4), 
commit  une  herbe  qui  se  desseche. 

13.  Ta  me'moire,  ce  qui  te  rappelle,  ton 
nom. 

14.  Le  moment  fixe  par  les  oracles  de 
Jeremie  (xxv,  11;  xxix,  10).  Comp.  Dan. 
ix,  12). 


15.  Voy.  Neh.  iv,  2;  Lament,  iv,  i.  Comp. 
Ps.  cxxxvii,  6. 

17.  Parce  que  Jehovah  a  rebati  :  le  Psal- 
miste voit,la  chose  comme  deja  faite.  Ou 
bien,  qu  and  Jehovah  aura  rebati.  D'autres 
continuent  le  futur  :  oui,  Jehovah  7-ebdtira, 
etc. 

19.  Qiie  cela  soit  ecrit ;  ou  bien,  ccla  sera 
ccrit.  —  Le  peuple  qui  sera  cree,  le  peuple 
k  naitre.  Les  Peres  entendent  par  cette  ex- 
pression le  peuple  spirituel,  les  Chretiens, 
creation  nouvelle  de  I'Esprit-Saint. 

20-22.  Comp.  Is.  xlii,  7;  Ixi,  i;  li;i,  15. 

23.  Prophetie  bien  remarquable  :  le  retour 
de  la  captivite  sera  le  signal  de  la  conver- 
sion generate  des  peuples  au  vrai  Dieu;  et 
cette  conversion  a  ete  realisee  par  la  predi- 
cation de  I'Evangile. 

24.  Sur  le  chemin  de  ma  vie.  Dans  les 
anciennes  versions,  le  sens  de  ce  verset  est 
completement  defigure. 

26.  Au  cotnmencement ,  litt.  anciennement. 

27.  lis  periront :  la  terre  et  les  cieux,  sou- 
mis  h.  de  perpetuels  changements  qui  les 
renouvellent  sans  cesse,  et  finiront  par  les 
user  :  apres  quoi,  Dieu  fera  une  terre  nou- 
velle et  de  nouveaux  cieux  {Is.  li,  6,  16; 
Ixv,  17;  Ixvi,  22.  Comp.  Apoc.  xxi,  i) 

S.  Paul  {Hebr.  i,  10-12)  applique  au  Fils 
de  Dieu  fait  homme,  en  tout  egal  k  son 
Pere,  les  vers.  26-28,  ce  cjui  prouve  que  les 
Juifs  de  son  temps  les  entendaient  du 
Messie. 


200 


QUATRlfi:ME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  ciii. 


1  DE  David. 


Mon  ime,  ben  is  Jdhovah, 

Et  que  tout  ce  qui  est  en  moi  benisse  son  saint  nom! 

2  Mon  ame,  benis  Jehovah, 

Et  n'oubhe  pas  ses  nombreux  bienfaits. 

3  C'est  lui  qui  pardonne  toutes  tes  iniquites, 
Qui  gLierit  toutes  tes  maladies; 

4  C'est  lui  qui  delivre  ta  vie  de  la  fosse, 

Qui  te  couronne  de  bonte  et  de  misdricorde; 

5  C'est  lui  qui  comble  de  biens  tes  desirs; 

Et  ta  jeunesse  renouvelee  a  la  vigueur  de  I'aigle. 

6  Jehovah  exerce  la  justice, 

II  fait  droit  a  tous  les  opprimes. 

7  II  a  manifeste  ses  voies  a  Ivloise, 

Ses  grandes  oeuvres  aux  enfants  d'Israel. 

8  Jehovah  est  misericordieux  et  compatissant. 
Lent  a  la  colere  et  riche  en  bonte. 

9  Ce  n'est  pas  pour  toujours  qu'il  reprimande, 
II  ne  garde  pas  a  jamais  sa  colere. 

10  II  ne  nous  traite  pas  salon  nos  peches, 
Et  ne  nous  chatie  pas  selon  nos  iniquites. 

1 1  Car  autant  les  cieux  sont  eleves  au-dessus  de  la  terre, 
Autant  sa  bontd  est  grande  envers  ceux  cjui  le  craignent. 

12  Autant  I'orient  est  loin  de  I'occident, 
Autant  il  eloigne  de  nous  nos  transgressions. 

13  Comme  un  pere  a  compassion  de  ses  enfants, 
Jehovah  a  compassion  de  ceux  qui  le  craignent. 

14  Car  il  sait  de  quoi  nous  sommes  formes, 

II  se  souvient  que  nous  sommes  poussiere. 

15  L'homme!  Ses  jours  sont  comme  I'herbe, 
II  fleurit  comme  la  fleur  des  champs. 

16  Ou'un  souffle  passe  sur  lui,  il  n'est  plus, 
Et  le  lieu  qu'il  occupait  ne  le  connait  plus. 

17  Mais  la  bonte  de  Jehovah  dure  k  jamais  pour  ceux  qui  le  craignent, 
Et  sa  justice  pour  les  enfants  de  leurs  enfants, 

18  Pour  ceux  qui  gardent  son  alliance, 

Et  se  souviennent  de  ses  commandements  pour  les  observer. 

19  Jehovah  a  etabli  son  trone  dans  les  cieux, 
Et  son  empire  s'etend  sur  toutes  choses. 

20  Benissez  Jehovah,  vous  ses  anges, 

Qui  etes  puissants  et  forts  et  qui  exdcutez  ses  ordres, 
En  obeissant  .\  la  voix  de  sa  parole. 

21  Benissez  Jehovah,  vous  toutes,  ses  armees, 

Qui  etes  ses  serviteurs  et  qui  executez  sa  volonte! 

22  Benissez  Jehovah,  vous  toutes,  ses  oeuvres, 
Dans  tous  les  lieux  de  sa  domination! 
Mon  ame,  bdnis  Jehovah! 


PSAUME   CIV   (VULG.  CIIl). 

E  Psaume,  etincelant  de  poesie,  est  un  hymne  au  Createur,  dont  il  celebre  les 
merveilles  dans  I'ordre  de  la  nature.  L'auteur,  probablement  posterieur  a  David, 
malgre  I'indication  contraire  des  LXX,  a  present  k  I'esprit  le  recit  de  la  creation 
qui  ouvre  le  livre  de  la  Genese,  et  il  le  suit  dans  ses  grandes  lignes,  librement. 

Exorde  (vers,  i);  I'espace  celeste,  les  mers  et  les  continents  (2-9);  les  sources  et  cou- 
rants  d'eau  et  le  monde  des  plantes  (ro-i8);  la  lune  et  le  soleil  (19-23);  la  mer  et  les 
poissons  (24-26);  les  animaux  en  general  (27-30);  gloire  et  puissance  a  Jehovah  (31-35)! 
Le  souvenir  de  la  creation  mate'rielle  rappelle  une  autre  creation  plus  merveilleuse, 


LIBER  PSALMORUM. 


201 


s;.  w  :<»>:  w.  :<?>•  '^Wr^M.W.M'^M  m  ^.  ^  M  ^$e  %e  w.  '^. 

— :^-     PSALMUS    CI  I.     — *— 

Omnes  creaturas  invitat  ad  recolenda  Dei 
beneficia. 

Ipsi  David. 
ENEDIC  anima  mea  Do- 
mino :  et  omnia,quas  intra 
me  sunt,  nomini  sancto 
ejus.  2.  Benedic anima  mea 
Domino  :  et  noli  oblivisci  omnes 
retributiones  ejus  :  3.  qui  propitia- 
tur  omnibus  iniquitatibus  tuis  :  qui 
sanat  omnes  iniirmitates  tuas.4.  Qui 
redimit  de  interitu  vitam  tuam  :_qui 
coronat  te  in  misericordia  et  mise- 
rationibus.  5.  Qui  replet  in  bonis 
desiderium  tuum  :  renovabitur  ut 
aquilas  juventus  tua  : 

6.  Faciens  misericordias  Domi- 
nus  :  et  judicium  omnibus  injuriam 
patientibus.  7.  Notas  fecit  vias  suas 
Moysi,  filiis  Israel  voluntates  suas. 
8.  "Miserator,  et  misericors  Domi- 
nus  :  longanimis,  et  multum  mise- 
ricors. 9.  Non  in  perpetuum  ira- 
scetur  :  neque  in  aeternum  commi- 
nabitur.  10,  Non  secundum  peccata 
nostra  fecit  nobis  :  neque  secundum 
iniquitates  nostras  retribuit  nobis. 

1 1.  Quoniam  secundum  altitudi- 
nem  coeli  a  terra  :  corroboravit  mi- 
sericordiam  suam  super  timentes 
se.    12.  Quantum   distat  ortus  ab 


occidente  :  longe  fecit  a  nobis  ini- 
quitates nostras.  13.  Quomodo  mi- 
seretur  pater  filiorum7misertus  est 
Dominus  timentibus  se  :  14.  quo- 
niam ipse  cognovit  figmentum  no- 
strum. *Recordatus  est  quoniam 
pulvis  sumus  : 

I  5.  Homo,  sicut  fcenum  dies  ejus, 
tamquam    flos   agri    sic    efflorebit. 

16.  Quoniam  spiritus  pertransibit 
in  illo,  et  non  subsistet  :  et  non 
cognoscet    amplius    locum     suum, 

17.  Misericordia  autem  Domini  ab 
aeterno,  et  usque  in  asternum  super 
timentes  eum.  Et  justitia  illius  in 
filios  filiorum,  18.  his  qui  servant 
testamentum  ejus  :  et  memores 
sunt  mandatorum  ipsius,  ad  facien- 
dum ea. 

19.  Dominus  in  coelo  paravit  se- 
dem  suam  :  et  regnum  ipsius  omni- 
bus dominabitur.  20.  Benedicite 
Domino  omnes  Angeli  ejus  :  poten- 
tes  virtute,  facientes  verbum  illius, 
ad  audiendam  vocem  sermonum 
ejus.  21.  Benedicite  Domino  omnes 
virtutes  ejus  :  ministri  ejus,  qui  fa- 
citis  voluntatem  ejus.  22.  Benedi- 
cite Domino  omnia  opera  ejus  :  in 
omni  loco  dominationis  ejus,  bene- 
dic anima  mea  Domino. 


'  I  Pctr.  I, 


.1. 


psAUME  cm. 

I .  Oi/e  tout  cc  qui  est  en  inoi  :  que  mon 
intelligence,  que  mon  cceur  et  toutes  mes 
facultes  s'unissent  pour  benir  le  Seigneur! 

4.  De  la  fosse,  du  tombeau. 

5.  I'es  desirs,  litt.  tes  Joues,  ou  ta  houche 
a  remplir.  D'autres,  ta  vieillesse ;  on  n'est 
pas  d'accord  sur  la  signification  precise  du 
mot  hebreu. 

7.  Ses  votes,  ses  desseins;  ses  graudts 
cvitvres,  les  merveilles  qu'il  devait  accom- 
plir  en  faveur  de  son  peuple. 


9.  Comp.  Exod.  xxxiv,  6;  Nombr.  xiv,  18. 

16.  Sur  lid,  sur  I'homme ;  d'autres,  sur 
ellc,  la  fleur  :  les  deux  noms  sont  du  mascu- 
lin  en  hebreu  et  en  latin. 

17.  Sa  justice,  sa  fidelite  .\  accomplir  ses 
promesses;  d'ailleurs,  envers  les  bons,  la 
justice  de  Dieu  a  les  memes  etTets  que  la 
misericorde. 

19.  "  Vous  avez  pitie  de  tons,  dit  I'auteur 
de  la  Sagesse  (xi,  24),  parce  que  vous  pou- 
vez  tout.  " 

21.  Ses  armees,  tons  les  anges  d'un  rang 
inferieur. 


■^ 


202 


QUATRlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


celle  du  monde  spirituel,  de  I'Eglise  du  Nouv.  Testament,  oeuvre  de  Jesus-Christ  et  de 
I'Esprit-Saint,  qui  fut  realisee  le  jour  de  la  Pentecote.  De  meme  que  toute  creature 
7-etcniruc  a  sa  poiissicre  (vers.  29)  si  Dieu  lui  retire  son  souffle,  ainsi  I'ame  de  rhomme  a 
besoin  de  I'Esprit  divin  pour  vivre  de  la  vie  surnaturelle.  Ce  Psaume  a  done  ete  choisi 
pour  I'office  de  la  Pentecote. 

Ps.  civ.  I   MON  ame,  b^iis  Jehovah! 

Jdhovah,  mon  Dieu,  tu  es  infiniment  grand, 
Tu  es  revetu  de  majestd  et  de  splendeur! 

2  II  s'enveloppe  de  lumiere  comme  d'un  manteau, 
II  d(^ploie  les  cieux  comme  une  tente, 

3  Dans  les  eaux  du  del  il  batit  sa  demcure, 
Des  nuees  il  fait  son  char, 

II  s'avance  sur  les  ailes  du  vent. 

4  Des  vents  il  fait  ses  messagers, 
Des  flammes  de  feu  ses  serviteurs. 

5  II  a  affermi  la  terre  sur  ses  bases  : 
EUe  est  k  jamais  inebranlable. 

6  Tu  I'avais  enveloppee  de  I'abime  comme  d'un  vetement; 
Les  eaux  recouvraient  les  montagnes. 

7  Elles  s'enfuirent  devant  ta  menace; 

Au  bruit  de  ton  tonnerre,  elles  reculerent  epouvantees. 

8  Les  montagnes  surgirent,  les  vallees  se  creuserent, 
Au  lieu  que  tu  leur  avais  assigne. 

9  Tu  poses  une  limite  que  les  eaux  ne  sauraient  franchir  : 
Elles  ne  reviendront  plus  couvrir  la  terre. 

10  II  envoie  les  sources  dans  les  valines; 
Elles  s'ecoulent  entre  les  montagnes. 

11  Elles  abreuvent  tons  les  animaux  des  champs, 
L'onagre  vient  y  etancher  sa  soif. 

12  Les  oiseaux  du  ciel  habitent  sur  leurs  bords, 
Et  font  resonner  leur  voix  dans  le  feuillage. 

13  De  sa  haute  demeure  il  arrose  les  montagnes; 
La  terre  se  rassasie  du  fruit  de  tes  oeuvres. 

14  II  fait  croitre  I'herbe  pour  les  troupeaux, 
Et  les  plantes  pour  I'usage  de  I'homme; 
II  tire  le  pain  du  sein  de  la  terre, 

15  Et  le  vin  qui  rejouit  le  cceur  de  I'homme; 
II  lui  donne  I'huile  qui  brille  sur  sa  face, 
Et  le  pain  qui  affermit  son  coeur. 

16  Les  arbres  de  Jehovah  sont  pleins  de  scve, 
Et  les  cedres  du  Liban  qu'il  a  plantes. 

17  C'est  Ik  que  les  oiseaux  font  leurs  nids, 
Et  la  cigogne  qui  habite  dans  les  cypres. 

18  Les  montagnes  ^levees  sont  pour  les  chamois, 

Et  les  gerboises  s'abritent  dans  le  creux  des  rochers. 


PSAUME  CIV. 

1.  Les  LXX  et  la  Vulgate  metlent  ce 
titre  :  Psaume  dc  Dax'id;  quelques  nianus- 
crits  des  LXX  ajoutent  :  sur  la  creation 
du  monde. 

2.  //  s^e}iveloppej  ou  bien,  ///  fen^'elop- 
pes;  les  interpr^tes  ne  sont  pas  d'accord  sur 
la  personne  de  ce  verbe  et  de  ceux  qui  sui- 
vent  (la  Vulg.  met  partout  la  2^  personne). 
—  De  lunn'h-e  :  il  ne  s'agit  pas  ici  de  la 
gloire  essentielle  de  Dieu  avant  tous  les 
si&cles  {Jude,  25),  mais  de  la  lumi&re  dont 
il  s'est  revetu  depuis  la  creation  du  monde 
{Jol>,\\,  10)  et  qui  forme  comme  le  manteau 


royal  du  Souverain  de  I'univers  {Dan.  vii,9). 

—  UtJe  tente,  litt.  une  tenture  {Is.  xl.  22), 
la  peau  ou  I'etof^e  en  general  qui  recouvre 
la  tente.  Cette  expression  repond  a  Pcten- 
due  {Y\\\g.  firmament)  de  la  Gen^se  (i,  6), 
c.-a-d.  a  I'espace  atmospherique  et  plane- 
taire. 

3.  Au  sein  des  eaux  superieures  //  luitit 
sa  demeure,  litt.  sn  c/iavihre  Jiautc.  I'appar- 
tement  le  plus  honorable  d'une  maison 
orientale.  Vulg.,  ///  cou7'res  ses  hauteurs  (la 
partie  la  plus  elevee  du  ciel)  par  les  eaux. 

—  Des  nuees,  qui  recelent  le  tonnerre  et  les 
dclairs,  etc.  {/s.  xix,  i).  —  Les  ailes  du  vent  : 
comp.  xviii,  10. 


LIBER  PSALMORUM. 


203 


— :i:—      PSALMUS    CHI.      — :i:— 

Benedicendus  Deiis  propter  ejus  opera 
et  providentiam. 

Ipsi  David. 
lENEDIC  anima  mea  Do- 
mino :DomineDeus  mens 
magnificatus  es  vehemen- 
ter.  Confessionem,  et  de- 
corem  induisti  : 

2.  Amictus  lumine  sicut  vesti- 
mento  :  extendens  coelum  sicut  pel- 
lem  :  3.  qui  tegis  aquis  superiora 
ejus.  Qui  ponis  nubem  ascensum 
tuum  :  qui  ambulas  super  pennas 
ventorum.  4.  "Qui  facis  Angelos 
tuos,  spiritus  :  et  ministros  tuos 
ignem  urentem.  5.  Qui  fundasti  ter- 
rain super  stabilitatem  suam  :  non 
inclinabitur  in  sasculum  sasculi. 
6.  Abyssus,  sicut  vestimentum,  ami- 
ctus ejus  :  super  montes  stabunt 
aquas.  7.  Ab  increpatione  tua  fu- 
gient  :  a  voce  tonitrui   tui  formi- 


dabunt.  8.  Ascendunt  montes  : 
et  descendunt  campi  in  locum, 
quem  fundasti  eis.  9.  Terminum 
posuisti,  quem  non  transgredien- 
tur  :  neque  convertentur  operire 
terram. 

10.  Qui  emittis  fontes  in  conval- 
libus  :  inter  medium  montium  per- 
transibunt  aquas.  1 1.  Potabunt  om- 
nes  bestias  agri :  exspectabunt  onagri 
in  siti  sua.  12.  Super  ea  volucres 
coeli  habitabunt  :  de  medio  petra- 
rum  dabunt  voces,  i  j,  Rigans  mon- 
tes de  superioribus  suis  :  de  fructu 
operum  tuorum  satiabitur  terra  : 
14.  producens  foenum  jumentis,  et 
herbam  servituti  hominum  :  ut  edu- 
cas  panem  de  terra  :  15,  et  vinum 
lastificet  cor  hominis  :  ut  exhilaret 
faciem  in  oleo  :  et  panis  cor  hominis 
confirmet.  16.  Saturabuntur  ligna 
campi,  et  cedri  Libani,  quas  plan- 
tavit :  17.  illic  passeres  nidificabunt. 
Herodii  domus  dux  est  eorum  : 
18.  montes  excelsi  cervis  :  petra 
refugium  herinaciis. 


4.  Les  flainines  de  feu,  la  foudre.  Le  verbe 
faire  a  ici  (et  souvent  ailleurs)  deux  com- 
plements, en  latin  comme  en  hebreu;  I'un 
{messagejs,  sei-viieurs)  est  I'attribut,  I'autre 
\ve7its,  flammes)  indique  la  matiere  ou  I'ins- 
trument.  Les  LXX  au  contraire  traduisent  : 
il  fait  de  ses  a>iges  des  vents,  et  de  ses  mi- 
nistres  des  flam  i/ies  de  feu,  ce  qui  veut  dire 
que  les  anges  remplissent  en  quelque  sorte 
les  fonflions  de  ces  elements,  en  les  diri- 
geant  pour  le  service  de  Dieu.  La  Vulgate 
se  prele  aux  deux  sens ;  mais  son  auteur 
avait  en  vue  celui  des  LXX, 

5.  Paul  {Hcbr.  1,  7)  cite  ce  verset  d'apres 
les  LXX  pour  montrer  I'inferiorite  des  an- 
ges, messagers  et  viinistrcs  de  Dieu,  vis-a- 
vis du  Verbe  incarne.  11  aurait  pu  raisonner 
de  meme  en  suivant  le  texte  hebreu,  ou  des 
creatures  materielles  de  I'ordre  le  nioins 
dleve  sent  assimilees  aux  anges. 

7-9.  La  terre  separee  des  eaux  par  le  sou- 
levement  des  montagnes  sur  certains  points 
du  globe  et  par  Taffaissement  du  sol  sur 
d'autres  points  :  mers  et  continents. 

9.  Une  liinite  :  comp.  Job,  xx\'i,  10; 
xxxviii,  8-1 1. 

10.  //  conduit;  d'autres,  il  envoie,  ou  // 
fait  jail lir. 

11.  Les  onagres  ou  anes  sauvagesj/  etan- 
c/ie/it  leur  soif,  hebr.  ischbarou.  Les  ancien- 


nes  versions  ont  lu  par  un  sin :  ils  attendent 
apres. 

12.  Dans  le feuillage  ou  les  branches,  hebr. 
aphaimj  LXX  et  Vulg.,  du  milieu  des  ro- 
chers,  hebr.  kephaim. 

13.  Du  fruit  de  tes  auvres,  de  la  pluie, 
selon  la  plupart  des  interpretes.  Delitzsch  : 
les  habitants  de  la  terre,  hommes  et  betes, 
se  rassasient  dti  fruit  de  tes  a'uvres,  des  pro- 
duits  du  monde  vegetal,  dont  il  va  etre  parle. 
La  Palestine  produisait  surtout  le  ble,  le  vin 
et  I'huile. 

14.  Pour  P usage,  litt.  potir  le  service,  ce 
que  Le  Hir  entend  des  animaux  au  service 
de  I'homme. 

1 5.  Le  vi}i :  comp.  Prov.  xxxi,  6  sv.  Eccle. 
X,  19;  Eccli.  xl,  20.  —  Face  est  oppose  a 
cceur,  comme  I'exterieur  a  I'interieur. 

16.  Les  arbres  de  JeJiovaJi,  plant^s  par 
Jehovah,  sont  pleins  de  sevej  d'autres,  se 
rassasient  de  pluie. 

17.  La  cigogtte,  litt.  la  pieuse,  Vavis  pia 
des  Latins,  ainsi  appelee  a  cause  de  sa  ten- 
dresse  pour  ses  petits.  Vulg.,  la  demeure  du 
heron  est  leur  chef;  cette  traducftion,  qui  ne 
donne  pas  un  sens  satisfaisant,  vient  d'une 
lecflure  de  I'hebreu  un  peu  differente. 

18.  Gcrboises,  plus  exaftement  le  saphan 
ou  daman,  hyrax  Syriacus,  assez  semblable 
a  la  marmotte. 


204 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


19  II  a  fait  la  Uine  pour  marquer  les  temps, 

Et  le  soleil  qui  connait  I'heure  de  son  coucher. 

20  11  amene  les  tenebres,  et  il  est  nuit; 

Aussitot  se  mettent  en  mouvement  toutes  les  betes  de  la  foret. 

21  Les  lionceaux  rugissent  aprcs  la  proie, 
Et  demandent  a  Dieu  leur  nourriture. 

22  Le  soleil  se  leve  :  ils  se  retirent, 
Et  se  couchent  dans  leurs  tanieres. 

23  L'homme  sort  alors  pour  sa  tache, 
Et  pour  son  travail  jusqu'au  soir. 

24  Que  tes  oeuvres  sont  nombreuses,  Jehovah ! 
Tu  les  as  toutes  faites  avec  sagesse; 

La  terre  est  remplie  de  tes  biens. 

25  Voici  la  mer,  large  et  vaste  : 
La  fourmillent  sans  nombre 
Des  animaux  petits  et  grands; 

26  La  se  promenent  les  navires, 

Et  le  leviathan  que  tu  as  forme  pour  se  jouer  dans  les  flots. 

27  Tous  attendent  de  toi 

Que  tu  leur  donnes  la  nourriture  en  son  temps. 

28  Tu  la  leur  donnes,  et  ils  la  recueillent; 

Tu  ouvres  ta  main,  et  ils  se  rassasient  de  tes  biens. 

29  Tu  caches  ta  face  :  ils  sont  dans  I'epouvante; 
Tu  leur  retires  le  souffle  :  ils  expirent 

Et  retournent  dans  leur  poussiere. 

30  Tu  envoies  ton  souffle  :  ils  sont  crees 
Et  tu  renouvelles  la  face  de  la  terre. 

31  Qu'a  jamais  gloire  soit  a  Jehovah  ! 

Que  Jehovah  se  r^jouisse  de  ses  oeuvres ! 

32  II  regarde  la  terre,  et  elle  tremble; 

II  touche  les  montagnes,  et  elles  fument. 

33  Je  veux  chanter  Jehovah  tant  que  je  vivrai, 
Celebrer  mon  Dieu  tant  que  j'existerai. 

34  Puisse  mon  cantique  lui  etre  agreable ! 
Moi,  je  mets  ma  joie  en  Jehovah. 

35  Que  les  pecheurs  disparaissent  de  la  terre, 
Et  que  les  mechants  ne  soient  plus ! 

Mon  ame,  benis  Jehovah! 
Alleluia ! 


Ps.  cv. 


PSAUME   CV  (VULG.  CIV). 

|E  Psaume  contient  le  recit  de  tous  les  bienfaits  que  Dieu  a  accordes  au  peuple 
hifbreu  depuis  le  temps  d'Abraham  jusqu'h  I'occupation  de  la  terre  promise  (comp. 
/'j-.  Ixxviii).  II  est  en  relation  avec  les  deux  precedents  et  avec  le  suivant  :  la 
louange  est  empruntee  dans  le  Ps.  ciii  a  I'ordre  de  la  grace,  dans  le  Ps.  civ  a  I'ordre  de  la 
nature,  et  dans  les  Ps.  cv-cvi  .\  I'ordre  de  I'histoire. 

Le  !'''■  livre  des  Paralipomcljnes  (xvi,  7),  nous  apprend  que  les  15  premiers  versets  de 
ce  Psaume  furent  chantes  dans  la  ccremonie  du  transport  de  I'arche  sur  le  mont  Sion. 
Ces  15  versets  sont  done  du  temps  de  David;  peut-etre  faut-il  en  dire  autant  du  reste  du 
Psaume,  logiquement  lie  h.  cette  premiere  partie.  Est-ce  David  lui-meme,  ou  Asaph,  ou 
quelque  autre  qui  I'a  compose?  On  ne  saurait  le  decider. 

Invitation  a  louer  Dieu  (vers.  1-6);  vocation  d'Abraham,  promesses,  sollicitude  pour 
le  peuple  choisi  (7-15);  histoire  de  Joseph  (16-22);  Jacob  et  ses  fils  en  Egypte  (23-25);  les 
plaies  d'Egypte  (26-36);  sortie  d'Egypte,  miracles  dans  le  desert  (37-41);  conclusion  :  Dieu 
a  etc  fidcle  a  ses  promesses  et  a  son  alliance,  qu'Israiil  le  soit  aussi  (42-^5). 

1  Celebrez  Jehovah,  invoquez  son  nom, 

Faites  connaitre  parmi  les  nations  ses  grandes  CEUvres. 

2  Chantez-le,  celebrez-le ! 
Proclamez  toutes  ses  merveilles. 


LIBER  PSALMORUM. 


205 


■  145. 


19.  Fecit  lunam  in  tempora  :  sol 
cognovit  occasum  suum.  20.  Posui- 
sti  tenebras,  et  facta  est  nox  :  in  ipsa 
pertransibunt  omnes  bestias  silvas. 
21.  Catuli  leonum  rugientes,  ut  ra- 
piant,  et  quasrant  a  Deo  escam  sibi. 
2  2.0rtus  est  sol,  etcongregati  sunt: 
et  in  cubilibus  suis  collocabuntur. 
23.Exibit  homo  ad  opus  suum  :  et 
ad  operationem  suam  usque  ad  ve- 
sperum. 

24.  Ouam  magnificata  sunt  opera 
tua  Domine!  omnia  in  sapientia  fe- 
cisti  :  impleta  est  terra  possessione 
tua.  25.  Hoc  mare  magnum,  et  spa- 
tiosum  manibus  :  illic  reptilia,  quo- 
rum non  est  numerus.  Animalia 
pusilla  cum  magnis  :  26.  illic  naves 
pertransibunt  :  draco  iste,  quem 
formasti  ad  illudendum  ei.  27,  Om- 
nia a  te  exspectant  ut  des  illis 
escam  in  tempore.  28.  Dante  te 
illis,  colligent :  aperiente  te  manum 
tuam,  omnia  implebuntur  bonita- 
te.  29.  Avertente  autem  te  faciem, 
turbabuntur  :  auferes  spiritum  eo- 
rum,  et  deficient,  et  in  pulverem 
suum  revertentur.  30.  Emittes  spi- 
ritum tuum,  et  creabuntur  :  et  re- 
novabis  faciem  terras. 

31.  Sit  gloria  Domini  in  sascu- 
lum  :  lastabitur  Dominus  in  operi- 
bus  suis  :  32.  qui  respicit  terram, 
et  facit  eam  tremere  :  qui  tangit 
montes,  et  fumigant.  23-  *Cantabo 
Domino  in  vita  mea  :  psallam  Deo 
meo  quamdiu  sum.  34.  Jucundum 
sit  ei  eloquium  meum  :  ego  vero 
delectabor   in   Domino.   ^5-  Defi- 


ciant  peccatores  a  terra,  et  iniqui 
ita  ut  non  sint : 

Benedic  anima  mea  Domino. 

W.  'S^.  W.  'M  ^:  ji^.  'M  W.  M  H  M  'M  %:  M  W.  'M  'M  W.  M  M  Sg 

— :i:—     PSALM  US    CIV.     — ^l:— 

Hortatur  ad  cultum  Dei,  memorans  ejus 
beneficia. 


Alleluia,  (i  Par.  16,  8.) 
ONFITEMINI  Domi- 
no, "et  invocate  nomen 
ejus  :  annuntiate  inter 
gentes  opera  ejus.  2.  Can- 
tate  ei,  et  psallite  ei :  narrate  omnia 
mirabilia  ejus.  3.  Laudamini  in  no- 
mine sancto  ejus  :  l^tetur  cor  quas- 
rentium  Dominum.  4.  Ouasrite  Do- 
mmum,  et  connrmamim  :  quasrite 
faciem  ejus  semper.  5-  Mementote 
mirabilium  ejus,  quse  fecit :  prodigia 
ejus,  et  judicia  oris  ejus.  6.  Semen 
Abraham,  servi  ejus  :  filii  Jacob 
electi  ejus. 

7.  Ipse  Dominus  Deus  noster  :  in 
uni versa  terra  judicia  ejus.  8.  Me- 
mor  fuit  in  speculum  testamenti  sui: 
verbi,  quod  mandavit  in  mille  gene- 
rationes  :  9.  *quod  disposuit  ad 
Abraham  :  et  juramenti  sui  ad  Isaac: 
10.  et  statuit  illud  Jacob  in  prasce- 
ptum  :  et  Israel  in  testamenturn 
aeternum  :  11.  dicens  :  Tibi  dabo 
terram  Chanaan,  funiculum  heredi- 
tatis  vestras.  1 2.  Cum  essent  numero 
brevi,  paucissimi,  et  incolas  ejus  : 
13.  et  pertransierunt  de  gente  in 
gentem,  et  de  regno  ad  populum 
alterum.  14.  Non  reliquit  hominem 


"  I  Par.  16, 
8.  Is.  12.  4. 


*  Gen.  22, 
16. 


19.  La  lune  :  c'est  elle  surtout  qui  reglait 
la  vie  civile  et  religieuse  d' Israel  {Ecc/i. 
xliii,  7).  —  Qua/id,  et  sans  doute  aussi  oi) 
il  doit  se  coucher. 

24.  De  tes  biefts,  propr.  de  choses  que  tu 
as  cr^ees  et  qui,  k  ce  titre,  t'appartiennent. 

26.  Le  leviathan  (Vulg.  le  dragon)  :  ce 
mot  designe  dans  Job  (xl,  20)  le  crocodile, 
ici  les  monstres  marins  en  general,  peut- 
etre  la  baleine. 

Zi-  Se  7-ejouisse  de  ou  dans  ses  ceuvres  : 
qu'il  repete  eternellement  ce  qu'il  dit  a  la 
suite  de  la  creation  :  "  Elles  sont  trhs  bon- 
nes." Gen.  i,  31. 


32.  Elles  funient :  allusion  soit  au  Sinai, 
soit  aux  effets  de  la  foudre  quand  elle  frappe 
le  sommet  des  montagnes. 

2,^.  Alleluia,  c.-a-d.  hues  Jehovah  !  C'est 
la  premiere  fois  que  nous  rencontrons  ce 
mot  dans  les  Psaumes.  Cet  alleluia,  dans 
les  L.XX  et  la  Vulg.,  est  reporte  en  tete  du 
Ps.  suivant. 

PSAUME  GV. 

T.  Ce  Psaume,  sans  titre  en  hebreu,  porte 
en  tete,  dans  les  LXX  et  la  Vulg.,  le  mot 
alleluia.^  qui  parait  transporte  ici  du  dernier 
verset  du  Ps.  precedent. 


206  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSyVUMES. 


|3  Glorifiez-vous  de  son  saint  nom; 

Joyeux  soit  le  coeur  de  ceux  qui  cherchent  Jehovah! 

4  Cherchez  Jehovah  et  sa  force, 

Ne  cessez  pas  de  chercher  sa  face. 

5  Souvenez-vous  des  merveilles  qu'il  a  opdrees, 

De  ses  piodiges  et  des  jugements  sortis  de  sa  bouche, 

6  Race  d'Abraham,  son  serviteur, 
Enfants  de  Jacob,  ses  elus. 

7  Lui,  Jehovah,  est  notre  Dieu; 

Ses  jugements  atteigncnt  toute  la  terre. 

8  II  se  soLivient  eternellement  de  son  alhance,^ 

De  la  parole  qu'il  a  affirme'e  pour  mille  generations, 

9  —  Alliance  qu'il  a  contratlee  avec  Abraham,  — 
Et  du  serment  qu'il  a  fait  a  Isaac. 

10  II  I'a  erige  pour  Jacob  en  loi, 
Pour  Israel  en  alliance  eternelle, 

11  Disant  :  "  Je  te  donnerai  le  pays  de  Chanaan 
Com  me  la  part  de  ton  heritage. " 

12  Comnie  ils  etaient  alors  en  petit  nombre. 
Fort  peu  nombreux  et  etrangers  dans  le  pays, 

13  Qu'ils  allaient  d'une  nation  a  I'autre, 
Et  d'un  royaume  vers  un  autre  peuple, 

14  II  ne  permit  a  personne  de  les  opprimer, 
Et  il  chatia  des  rois  a  cause  d'eux  : 

15  "  Ne  touchez  pas  a  mes  oints, 

Et  ne  faites  pas  de  mal  a  mes  prophetes  !  " 

16  II  appela  la  famine  sur  le  pays, 

II  les  priva  du  pain  qui  les  soutenait. 

17  II  envoya  devant  eux  un  homme  : 
Joseph  fut  vendu  comme  esclave. 

18  On  serra  ses  pieds  dans  des  liens, 
On  le  jeta  dans  les  fers, 

ig  Jusqu'au  jour  ou  s'accomplit  sa  pre'dicflion, 
Et  oil  la  parole  de  Dieu  le  justifia. 

20  Le  roi  fit  oter  ses  liens, 

Le  souverain  des  peuples  le  mit  en  liberte. 

21  II  I'etablit  seigneur  sur  sa  maison, 
Et  gouverneur  de  tous  ses  domaines, 

22  Afin  de  lier  les  princes,  selon  son  gre, 

Et  pour  enseigner  la  sagesse  ^  ses  anciens. 

23  Alors  Israel  vint  en  Egypte, 

Et  Jacob  sejourna  dans  le  pays  de  Cham. 

24  Dieti  accrut  grandement  son  peuple, 

Et  le  rendit  plus  puissant  c^ue  ses  oppresseurs. 

25  II  changea  leur  coeur,  au  point  qu'ils  hairent  son  peuple, 
Et  userent  de  perfidie  envers  ses  serviteurs, 

26  11  envoya  Moise,  son  serviteur, 
Et  Aaron  qu'il  avail  choisi. 

27  lis  accomplirent  ses  prodiges  parmi  eux, 

Us  lirent  des  miracles  dans  le  pays  de  Cham. 

28  II  envoya  des  ten^bres  et  il  fit  la  nuit, 
Et  ils  ne  furent  pas  rebelles  a  sa  parole. 

29  II  changea  leurs  eaux  en  sang, 
Et  fit  perir  leurs  poissons. 

30  Leur  pays  fourmilla  de  grenouilles, 
Jusque  dans  les  chambies  de  leurs  rois. 

31  A  sa  voix,  vint  une  nuce  d'insecles, 
Des  moucherons  sur  tout  leur  territoire. 

32  II  leur  donna  pour  pluie  de  la  grele, 
Des  flammes  de  feu  dans  leur  pays. 


TJBER  PSALMORUM. 


207 


nocere  eis  :  et  corripuit  pro  eis  re- 
ges.  15.  "Nolite  tangere  christos 
meos  :  et  in  prophetis  meis  nolite 
malignari. 

16,  Et  vocavit  famem  super  ter- 
ram  :  et  omne  firmamentum  panis 
contrivit.  17.  ''Misit  ante  eos  vi- 
rum  :  in  servum  venundatus  est 
Joseph.  i8/Humiliaveruntin  com- 
pedibus  pedes  ejus,  ferrum  per- 
transiit  animam  ejus,  1 9.  donee  ve- 
niret  verbum  ejus,  Eloquium  Do- 
mini inflammavit  eum  :  20.  ^misit 
rex,  et  solvit  eum;  princeps  popu- 
lorum,  et  dimisit  eum.  21.  Consti- 
tuit  eum  dominum  domus  suas  :  et 
principem  omnis  possessionis  suas  : 
22.  ut  erudiret  principes  ejus  sicut 
semetipsum  :  et  senes  ejus  pruden- 
tiam  doceret. 

23.  ^Et  intravit  Israel  in  vEgy- 
ptum  :  et  Jacob  accola  fuit  in 
terra  Cham.  24.  ''Et  auxit  popu- 
lum  suum  vehementer  :  et  firmavit 
eum  super  inimicos  ejus.  25.  Con- 


vertit  cor  eorum  ut  odirent  popu- 
lum  ejus  :  et  dolum  facerent  in 
servos  ejus. 

26.  'Misit  Moysen  servum  suum: 
Aaron,  quem  elegit  ipsum.  27. '  Po- 
suit  in  eis  verba  signorum  suorum, 
et    prodigiorum    in    terra    Cham. 

28.  ''Misit  tenebras,  et  obscuravit  : 
et  non  exacerbavit  sermones  suos. 

29.  ^Convertit  aquas  eorum  in  san- 
guinem  :  et  occidit  pisces  eorum. 

30.  "'Edidit  terra  eorum  ranas  in 
penetralibusregumipsorum.3i."Di- 
xit,  et  venit  coenomyia  :  et  cinifes 
in  omnibus  finibus  eorum.  32.  Po- 
suit  pluvias  eorum  grandinem  : 
ignem  comburentem  in  terra  ipso- 
rum.  33.  Et  percussit  vineas  eorum, 
et  ficulneas  eorum  :  et  contrivit  li- 
gnum finium  eorum.  34.  "Dixit,  et 
venit  locusta,  et  bruchus,  cujus  non 
erat  numerus  :  35.  et  comedit  omne 
fcenum  in  terra  eorum  :  et  come- 
dit omnem  fructum  terras  eorum. 
36.  -^Et  percussit  omne  primogeni- 


3.  Glorifiez-vons^  soyez  fiers  d'avoir  un 
Dieu  tel  que  Jehovah. 

5.  Des  jiige»ients  de  sa  bouclie,  de  ses  de- 
crets  relatifs  a  son  peuple  et  aiix  ennemis 
d'Israel. 

8.  De  la  parole  designe  exaflement  la 
meme  chose  que  de  son  alliance.  —  Poiir 
mille  generations,  pourtoujours(Z'^«/.  vii,  9). 

10.  Comp.  Gen.  xxviii,  13  sv. 

12.  Alors,  quand  Abraham  arriva  pour  la 
premiere  fois  a  Sichem  {Gen.  xii,  6). 

13-14.  Allusion  aux  peregrinations  des 
patriarches  Abraham,  Isaac  et  Jacob  dans 
le  pays  de  Chanaan  et  les  contrees  voisines, 
et  a  la  protedlion  dont  Dieu  les  couvrit  : 
Abraham  en  Egypte  {Gen.  xii,  10  sv.),  a 
Gerare  {idid.  xx);  Isaac  a  Gerare  {Gen.  xxvi); 
Jacob  en  Mesopotamie  {ibid,  xxviii).  — 
Des  rois  d'Egypte  et  de  Gerare  :  voir  la 
Genese  aux  endroits  cites. 

15.  Mes  oints,  dans  le  sens  large  :  rem- 
plis  de  I'esprit  de  Dieu.  —  Mes  prophetes  : 
a  qui  Dieu  revele  diredlement  ses  volontes, 
et  qui  les  font  connaitre  aux  hommes. 

16.  La  famine,  au  temps  de  Jacob  {Gen. 
xlii).  —  Litt.  //  brisa  tout  baton  de  pain. 
Comp.  Lev.  xxvi,  26. 

17.  Voy.  Gen.  xxxvii,  36. 

19.  Sa  predi£lioii  relative  a  sa  grandeur 
future  :  comp.  Gen.  xlii,  9.  —  La  parole  de 
Dieu,  en  s'accomplissant,  donna  raison  a 
Joseph. 


22.  Afiti  de  Her  (de  I'hebr.  asar)  ses 
princes,  litt.  par  soti  ante,  I'ame  de  Joseph, 
c.-a-d.  de  faire  dependre  d&sapersonne  (ou 
de  son  ban  vouloir),  les  officiers  et  les  grands 
du  royaume.  Vulg.,  pour  qtiHl  instruisit  (de 
I'hebr.  iasar)  les  princes  de  I'Egypte,  coniine 
lui-nieme  etait  instruit.  — -  Et  pour  quHl 
enseig7idt,  etc.,  c.-a-d.  probablement  que 
Joseph  fut  mis  a  la  tete  des  colleges  des 
pretres  et  des  scribes  de  I'Egypte.  Voy. 
Gen.  xli,  39  sv.). 

23.  Alors  :  voy.  Gen.  xlvi,  6.  —  Le  pays 
de  Cham,  I'Egypte  :  comp.  Gen.  x,  6;  Ps. 
Ixxiii,  51. 

27.  Ses  prodiges,  les  prodiges  cjue  Dieu 
leur  commanda  d'operer.  LXX  et  Vulg.,  il 
niit  en  eiix  les  paroles  de  ses  prodiges  et  de 
ses  miracles,  des  paroles  ayant  la  vertu 
d'operer  des  prodiges,  etc.  Cette  legon  pa- 
rait  preferable. 

28.  Tenebres  :  g^  plaie,  E.xod.  x,  21  sv. 

—  lis  ne  furent  pas  rebelles  :  s'agit-il  de 
Moise  et  d'Aaron,  ou  bien  de  Pharaon  et 
des  Egyptiens,  qui  promirent  d'obeir  a  la 
suite  du  fleau  {Exod.  x,  16,  24)?  Vulgate, 
//  ne  rendif  pas  vaines  ses  paroles  :  il  les 
acconiplit. 

29.  En  sang :  F^  plaie,  Exod.  vii,  14  sv. 

30.  Grenouilles :  2^  plaie,  Exod.  viii,  2  sv. 

31.  Mouches  :  3^  plaie,  Exod.  viii,  12  sv. 
32-33.  Grele  :  7^=  plaie,  Exod.  ix,  18  sv. 

—  Flammes  de  feu,  eclairs. 


% '  Exod.  3, 
10  et  4,  29. 
/Exod.  7, 
10. 


'''■  Exod.  ID, 

'Exod.  7, 
20. 

'"Exod.  8, 
6. 

"  Exod.  8, 
16,  24. 


5"  Exod.  10, 
12. 


-?'Exod,  12, 
29-  JifciSi::*j 


208  QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

33  II  frappa  leurs  vignes  et  leurs  figuiers, 
Et  brisa  les  arbies  de  leur  contree. 

34  II  dit,  et  arriva  la  sauterelle, 
Des  sauterelles  sans  nombre; 

35  Elles  devorerent  toute  I'herbe  de  leur  pays, 
Elles  devorerent  les  produits  de  leurs  champs. 

36  II  frappa  tons  les  premiers-nes  de  leurs  pays, 
Les  premices  de  toute  leur  vigueur. 

37  II  fit  sortir  son  pen  pie  avec  de  I'argent  et  de  I'or, 
Et  nul  dans  ses  tribus  ne  fut  arrcte  par  la  maladie. 

38  Les  Egyptiens  se  rejouirent  de  leur  depart, 
Car  la  crainte  d'lsracil  les  avait  saisis. 

39  II  etendit  la  nuee  pour  les  couvrir, 
Et  le  feu  pour  /es  eclairer  la  nuit. 

40  A  leur  demande,  il  fit  venir  des  cailles, 
Et  il  les  rassasia  du  pain  du  ciel. 

41  II  ouvrit  le  rocher,  et  des  eaux  jaillirent; 

Elles  coulerent  comme  un  fleuve  a  travers  le  desert. 

42  Car  il  se  souvint  de  sa  parole  sainte, 
D'Abraham,  son  serviteur. 

43  II  fit  sortir  son  peuple  dans  I'allegresse, 
Ses  ^lus  au  milieu  des  cris  de  joie. 

44  II  leur  donna  les  terres  des  nations, 

Et  ils  possederent  \e.fniii  du  travail  des  peuples. 

45  A  la  condition  de  garder  ses  preceptes 
Et  d'observer  ses  lois. 

Alleluia ! 

PSAUME   CVI   (VULG.  CV). 


^^lE  Psaume  historique  offre  de  grandes  analogies  avec  le  l.\xviii<^  et  le  cv^.  Dans  le 
Ixxviiie,  le  Psalmiste  raconte  les  bienfaits  du  Seigneur  pour  faire  ressortir  I'ingrati- 
tude  du  peuple;  dans  le  cv^,  il  est  tout  entier  a  la  reconnaissance  pour  les  merveilles 
operees  en  faveur  d'Israel;  dans  le  cvi^,  il  confesse  simplement  les  peches  du  peuple,  comme 
le  feront  plus  tard  Daniel  (ix)  et  Nehemie  (ix,  5  sv.).  Toutefois  comme  son  but  ici  est  de 
rendre  le  courage  et  I'espoir  a  sa  nation  dans  le  malheur,  il  a  soin  de  faire  remarquer  que 
les  Israelites,  malgre  leurs  fautes,  n'ont  jamais  ete  completement  abandonnes  du  Seigneur. 
Trois  versets  de  ce  Psaume  (i,  47  et  48)  figurent  I  Par.  xvi,  comme  faisant  partie 
d'une  hymne  chantee  dans  la  ceremonie  du  transport  de  I'arche  sur  le  mont  Sion. 

Debut  :  hommage  et  priere  ^  Jehovah  (vers.  1-5).  Peches  du  peuple  a  la  sortie 
d'Egypte  (6-12);  au  desert  :  murmures  pour  la  viande  et  re'volte  de  Dathan  (13-18);  veau 
d'or  (19-23),  decouragement  (24-27),  Beelphegor  et  eaux  de  iMeriba  (28-33);  peches  dans  le 
pays  de  Chanaan  (34-39),  chatiments  (40-46);  priere  pour  la  fin  de  la  captivite  (47);  doxo- 
logie  du  4«  livre  des  Psaumes. 

Alleluia! 
Ps.  cvi.  I   LOUEZ  le  Seigneur,  car  il  est  bon, 

Car  sa  misericorde  est  eternelle. 

2  Qui  dira  les  hauls  faits  de  Jehovah? 
Qui  publiera  toute  sa  gloire.'' 

3  Heureux  ceux  qui  observent  la  loi, 

Qui  accomplissent  la  justice  en  tout  temps! 

4  Souviens-toi  de  moi,  Jehovah,  dans  ta  bontc  pour  ton  peuple, 
Visite-moi  avec  ton  secours, 

5  Afin  que  je  voie  le  bonheur  de  tes  elus, 

Que  je  me  rejouisse  de  la  joie  de  ton  peuple,  . 
Et  que  je  me  glorifie  avec  ton  heritage. 

6  Nous  avons  peche  comme  nos  peres. 

Nous  avons  commis  I'iniquite,  nous  avons  fait  le  mal. 

7  Nos  peres  en  Egypte  n'eurent  pas  egard  a  tes  prodiges, 
Ils  ne  se  souvinrcnt  pas  de  la  multitude  de  tes  graces, 
lis  se  sont  revoltds  a  la  mer,  a  la  mer  Rouge. 


LIBER  PSALMORUM. 


209 


turn  in  terra  eorum  :  primitias  om- 
nis  laboris  eorum, 

37.  ''Et  eduxit  eos  cum  argento 
et  auro  :  et  non  erat  in  tribubus 
eorum  infirmus.  38.  Lastata  est 
i?^gyptus  in  profectione  eorum  : 
quia  incubuit  timor  eorum  super 
eos.  39.  'Expandit  nubem  in  pro- 
tectionem  eorum,  et  ignem  ut  luce- 
ret  eis  per  noctem.  40.  'Petierunt, 
et  venit  coturnix  :  et  pane  coeli 
saturavit  eos.  41.  ^Dirupit  petram, 
et  fluxerunt  aquas :  abierunt  in  sicco 
flumina; 

42.  "Quoniam  memor  fuit  verbi 
sancti  sui,quod  habuit  ad  Abraham 
puerum  suum.  43.  Et  eduxit  popu- 
lum  suum  in  exsultatione,  et  electos 
suos  in  laetitia.  44,  Et  dedit  illis  re- 
giones  gentium  :  et  Jabores  populo- 
rum  possederunt  :  45.  ut  custodiant 
justificationes  ejus,  et  legem  ejus 
requirant. 
!<?>:  i^y.  'fi>'.  'ji)',  .t?)!  !t?)'.  '^'.  '^'.  'M  [(i)',  's^',  '■$)',  'sss,  '^'.  :<?£  :g>'  '}S).  ;;$:  ^:  ^;  ^ 

— :i:—     PSALMUS   GV.     — ^v— 

Deus  ob  suam  bonitatem  laudandus; 
JudcEorum  ingratitude. 


Alleluia.  {Judith  13,  21.) 

ONFITEMINI   Domino 

quoniam  bonus  :  "quo- 
niam  in  sasculum  miseri- 
cordia  ejus.    2.  *Quis  lo- 


quetur   potentias   Domini,  auditas 
faciet  omnes  laudes  ejus.^  3.  Beati, 


qui  custodiunt  judicium,  et  faciunt 
justitiam  in  omni  tempore.  4.  Me- 
mento nostri  Domine  in  beneplacito 
populi  tui:  visita  nos  in  salutari  tuo: 
5.  ad  videndum  in  bonitate  electo- 
rum  tuorum,  ad  lastandum  in  lastitia 
gentis  tuas  :  ut  lauderis  cum  here- 
ditate  tua. 

6. '  Peccavimus  cum  patribus  no- 
stris  :  injuste  egimus,  iniquitatem 
fecimus.  7.  Patres  nostri  in  ^gy- 
pto  non  intellexerunt  mirabilia  tua : 
non  fuerunt  memores  multitudinis 
misericordias  tuae.  Et  irritaverunt 
ascendentes  in  mare,  Mare  rubrum. 
8.  Et  salvavit  eos  propter  nomen 
suum  :  ut  notam  faceret  potentiam 
suam.  9.'^Et  increpuit  Mare  rubrum, 
et  exsiccatum  est :  et  deduxit  eos  in 
abyssis  sicut  in  deserto.  10.  Et  sal- 
vavit eos  de  manu  odientium  :  et 
redemit  eos  de  manu  inimici.  1 1 .  "Et 
operuit  aqua  tribulantes  eos  :  unus 
ex  eis  non  remansit.  12.  Et  credi- 
derunt  verbis  ejus  :  et  laudaverunt 
laudem  ejus. 

13.  Cito  fecerunt,  obliti  sunt  ope- 
rum  ejus  :  et  non  sustinuerunt  con- 
silium ejus.  14.  ^Et  concupierunt 
concupiscentiam  in  deserto  :  et  ten- 
taverunt  Deum  in  inaquoso.  1 5.  ^  Et 
dedit  eis  petitionem  ipsorum  :  et 
misit  saturitatem  in  animas  eorum. 

16.  Et  irritaverunt  Moysen  in 
castris  :  Aaron  sanctum  Domini. 
17.  *Aperta  est  terra,  et  deglutivit 


35-35.  Satiterelles:  8<^  plaie,  Exod.  x,  13  sv. 

36.  Fremiers-nes  :  lo^  plaie,  Exod.  xi.  — 
Les  prcinices,  etc.  :  periphrase  qui  ddsigne 
les  ■pretiiiers-nes.  Comp.  Ps.  Ixxviii,  51;  Gen. 
xlix,  3. 

37.  Avec  de  Vargent  et  de  Vor  :  voy. 
Exod.  xii,  35.  —  Nc  ftit  arrete',  ne  fut  re- 
tenu  en  Egj'pte  ou  arrete  sur  la  route ;  litt. 
ne  ckancela. 

39.  La  nuee  {Exod.  xiii,  2\) potir  les  cou- 
vrir,  les  abriter  centre  les  ardeurs  du  soleil. 

40.  Cailles  :  Exod.  xvi,  12.  —  Pain  dtc 
del,  manne  :  comp.  Ps.  Ixxviii,  24. 

41.  Voy.  Exod.  xvii,  6;  Noinbr.  xx,  11. 
Comp.  I  Cor.  x,  14. 

42.  Voy.  Gen.  xvii,  7  sv. 

43.  Comp.  Exod.  XV,  1-21. 

44.  Le  fruit  die  travail :  maisons,  vignes, 

NO  23  —  LA  SAINTt  BIBLE.  TO.ME  IV.    —  I4 


oliviers,  etc.,  les  champs  cultives  :  comp. 
Jean,  iv,  38. 

45.  Alleluia  :  renvoye  par  les  anciennes 
versions  au  commencement  du  Psaume  sui- 
vant. 

PSAUME  GVI. 

I.  Ce  verset  est  peut-etre  un  rcpons  que 
le  peuple  repetait  apres  chaque  verset  du 
Psaume  (comp.  cxviii,  i);  on  le  retrouve 
Jud.  xiii,  21;  Jer.  xxxiii,  1 1  et  I  Mach.  iv,  24. 

5.  Et  que  je  me  glorifiej  Vulg.  et  que  tu 


sots  St 


iorifie 


6.  Coxn^.  Judith,  vW,  ig. 

7.  Nos  peres  :  comp.  Exod.  v,  21;  vi,  9. 
—  A  la  nier  Rouge  (litt.  a  la  mer  de  Soiif, 
c.-a-d.  des  algues  ou  des  roseaux),  lorsque 
les  Hebreux  se  virent  accules  entre  la  mer 
et  I'armee  egyptienne  {Exod.  x,  19), 


'Judith.  7, 
19. 


'^  Exod. 

14. 

21. 

.-^Exod. 

14. 

27. 

■/'Exod.  17, 
2. 

^'Num.  II, 
31- 


''  Num.  16, 
32. 


210  QUx\TRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

S  II  les  'i,?M.\i?i  pourtaiit  a  cause  de  son  nom, 

Pour  faire  eclater  sa  puissance. 
9  II  menaga  la  mer  Rouge,  et  elle  se  dessecha; 

Et  il  les  fit  marcher  a  travers  I'abime  comme  dans  un  desert. 

10  II  les  sauva  de  la  main  des  ennemis, 

II  les  delivra  de  la  main  des  oppresseurs. 

11  Les  flots  engloutirent  leurs  adversaires, 
Pas  un  seul  n'echappa. 

12  lis  crurent  alors  a  ses  paroles, 
lis  chanterent  ses  louanges. 

13  Mais  ils  oublierent  bientot  ses  oeuvres, 

lis  n'attendirenl  pas  qu'il  executat  ses  desseins. 

14  Ils  furent  pris  de  convoitise  dans  le  desert, 
Et  ils  tenterent  Dieu  dans  la  solitude. 

15  II  leur  accorda  ce  qu'ils  demandaient, 
Mais  il  les  frappa  de  consomption. 

16  Puis  ils  furent  jaloux  de  Moise  dans  le  camp, 
Et  d' Aaron,  le  saint  de  Jehovah. 

17  La  terre  s'ouvrit  et  engloutit  Dathan, 

Et  elle  se  referma  sur  la  troupe  d'Abiron; 

18  Le  feu  devora  leur  troupe. 

La  flamme  consuma  les  mechants. 

19  Ils  firent  un  veau  au  mont  Horeb, 

Ils  se  prosternerent  devant  une  image  de  metal  fondu, 

20  Ils  echangerent  leur  gloire 

Contre  la  figure  d'un  bceuf  qui  broute  I'herbe. 

21  Ils  oublierent  Dieu,  leur  liberateur, 

Qui  avait  fait  de  grandes  choses  en  Egypte, 

22  Des  miracles  dans  le  pays  de  Cham, 
Des  prodiges  a  la  mer  Rouge. 

23  II  parlait  de  les  exterminer. 

Si  Moise,  son  elu,  ne  se  fCit  tenu  sur  la  breche  devant  lui, 
Pour  empecher  sa  colere  de  les  detruire. 

24  lis  dedaignerent  la  terre  de  delices, 

lis  ne  crurent  pas  a  la  parole  de  Jehovah; 

25  lis  murmurerent  dans  leurs  tentes, 
Et  n'obeirent  pas  a  sa  voix. 

26  Alors  il  leva  la  main  contre  eux, 
Jurmit  de  les  faire  perir  dans  le  desert, 

27  De  rejeter  leur  race  parmi  les  nations, 
Et  de  les  disperser  en  d'autres  contrees. 

28  Ils  s'attacherent  a  Beelphegor 

Et  mangerent  des  vicflimes  offertes  a  des  dieux  sans  vie. 

29  Ils  irrit^rent  Jdhovah  par  leurs  adlions, 
Et  un  fleau  fit  irruption  parmi  eux. 

30  Phinees  se  leva  et  donna  satisfadlion, 
Et  le  fleau  s'arreta. 

31  Cette  adlion  lui  fut  imputee  k  justice 
D'age  en  age  ci  jamais. 

32  lis  arreterent  Jehovah  aux  eaux  de  Meriba, 
Et  Moise  eut  a  souffrir  a  cause  d'eux; 

'^■}i  Car  ils  aigrirent  son  esprit, 

Et  il  prononga  des  paroles  inconsiderees, 

34  Ils  n'exterminerent  point  les  peuples 

Que  Jehovah  leur  avait  ordonne  de  detruire. 

35  lis  se  melerent  aux  nations, 
Et  ils  apprirent  leurs  cuuvres. 


LIBER  PSALMORUM. 


211 


Dathan  :  et  operuit  super  congre- 
gationem  Abiron.  i8.  Et  exarsit 
ignis  in  synagoga  eorum  :  flamma 
combussit  peccatores, 

;xod.  32,  I  9.  'Et  fecerunt  vitulum  in  Ho- 
reb :  et  adoraverunt  sculptile.  20.  Et 
mutaverunt  gloriam  suam  in  simili- 
tudinem  vituli  comedentis  foenum. 
21.  Obliti  sunt  Deum,  qui  salvavit 
eos,  qui  fecit  magnalia  in  7?^gypto, 
2'2.  mirabilia  in  terra  Cham  :  terri- 

;xod.  32,  bilia  in  mari  rubro.  23.  ^Et  dixit  ut 
disperderet  eos  :  si  non  Moyses  ele- 
ctus  ejus  stetisset  in  confractione  in 
conspectu  ejus  :  ut  averteret  iram 
ejus  ne  disperderet  eos  : 

24,  Et  pro  nihilo  habuerunt  ter- 
ram  desiderabilem  :  non  credide- 
runt  verbo  ejus,  25,  et  murmura- 
verunt  in   tabernaculis  suis   :   non 

>fiim.  14,  exaudierunt  vocem  Domini.  26.  '^'Et 
elevavit  manum  suam  super  eos  :  ut 
prosterneret  eos  in  deserto  :  27.  et 
ut  dejiceret  semen  eorum  in  natio- 
nibus  :  et  dispergeret  eos  in  regio- 
nibus. 

28.  Et  initiati  sunt  Beelphegor  : 
et  comederunt  sacrificia  mortuorum. 
29.  Et  irritaverunt  eum  in  adinven- 
tionibus  suis  :  et  multiplicata  est  in 


eis  ruina.  30.  'Et  stetit  Phinees,  et     ^Num. 
placavit :  et  cessavit  quassatio.  3 1 .  Et    7- 
reputatum  est  ei  in  justitiam,  in  ge- 
nerationem  et  generationem  usque 
in  sempiternum. 

3  2.'"Et  irritaverunt  eum  ad  Aquas    '"Num. 
contradictionis :  et  vexatus  est  Moy-    ^°- 
ses  propter  eos  :  23-  quia  exacerba- 
verunt  spiritum  ejus.  Et  distinxit 
in  labiis  suis  : 

34.  Non  disperdiderunt  gentes, 
quas  dixit  Dominus  illis.  35.  Et 
commisti  sunt  inter  gentes,  et  didi- 
cerunt  opera  eorum  :  2^-  et  servie- 
runt  sculptilibus  eorum  :  et  factum 
est  illis  in  scandalum.  37.  Et  im- 
molaverunt  filios  suos,  et  filias  suas 
dsemoniis.  38.  Et  effuderunt  san- 
guinem  innocentem  :  sanguinem 
filiorum  suorum  et  filiarum  sua- 
rum,  quas  sacrificaverunt  sculptili- 
bus Chanaan.  Et  infecta  est  terra 
in  sanguinibus,  39.  et  contaminata 
est  in  operibus  eorum  :  et  fornicati 
sunt  in  adinventionibus  suis. 

40.  Et  iratus  est  furore  Dominus 
in  populum  suum  :  et  abominatus 
est  hereditatem  suam.  41.  Et  tradi- 
dit  eos  in  manu  gentium  :  et  domi- 
nati  sunt  eorum  qui  oderunt  eos. 


25. 


20, 


9.  Comp.  Sa^.  xix,  7. 

12.  lis  cJianterent  le  cantique  de  Moise 
{Exod.  xv). 

13.  Bientot  :  3  jours  apres  ils  murmu- 
rerent  pour  avoir  de  I'eau  [Exod.  xv,  22  sv.). 
—  lis  }i\ittettdire/it  pas,  avec  confiance,  s'en 
rapportant  entierement  a  la  sagesse  et  a  la 
bonte  de  Dieu. 

14.  lis  tentere7it  Dieu,  lui  demandant  des 
viandes  :  voy.  Nombr.  xi,  4  sv. 

15.  Le  Hir  :  il  envoy  a  a  leur  dme  conten- 
te)}ient.  Vulg.  de  qiioi  se  rassasier. 

16.  Voy.  NoDibr.  xvi. 

18.  Voy.  Nombr.  xvi,  35. 

19.  Voy.  Exod.  xxxii,  4. 

20.  Leur  gloire,  Jehovah,  Dieu  glorieux 
et  la  gloire  de  son  peuple,  qui  marchait  a 
leur  tete  dans  la  colonne  de  nuee  et  de  feu. 
Comp.  Deut.  iv,  6-8. 

23.  A  la  breche,  comme  un  guerrier  qui 
se  tient  sur  la  breche  d'un  rempart,  pour 
empecher  I'ennenii  de  penetrer  par  la  dans 
la  place.  Comp.  Exod.  xxxii,  10;  Deut.  ix,  25. 

24.  Ils  dedaigiiereiit  :  quand  les  messa- 
gers  envoyes  en  Chanaan  revinrent  au  camp 


des    Hebreux   faire   leur   rapport  {Nombr. 
xiii  sv.). 

26.  //  leva  la  main  :  geste  de  celui  qui 
fait  un  serment.  Cf.  Deut.  xxxii,  40. 

27.  Comp.  Lev.  xxvi,  33;  Deut.  xxviii,  64. 

28.  Voy.  Nombr.  xxv.  lis  s\ittacherent,  ils 
entrerent  en  communion  intime  :  comp. 
I  Cor.  vi,  16  sv.  x,  18.  —  A  Beelphegor,  au 
Baal  des  Moabites,  honore  sur  le  mont 
Phogor.  —  A  des  dieux  sans  vie,  et  non  au 
Dieu  vivant. 

30.  Donna  safisfailio/i  a  la  justice  di- 
vine, en  pergant  de  son  epee  I'Israelite 
et  la  femme  dans  la  tente  de  prostitution 
{Nombr.  xxv,  8). 

32.  Aux  eaux  de  Meriba,  ou  de  Contra- 
diclion  :  ce  fut  la  que  Moise  fut  condamn^ 
a  ne  pas  entrer  dans  la  Terre  promise 
{Nombr.  xx,  12). 

33.  Son  esprit,  I'esprit  de  Moise.  D'autres 
avec  Delitzsch,  I'esprit  de  Dieu. 

34.  Una  fois  entres  dans  le  pays  de  Cha- 
naan,les  Israelites  n'exterminerent  pas  com- 
pletement  ces  nations  idolatres  et  profonde- 
ment  corrompues  (yoy.  Jos.  i-iii). 


212 


QUATRIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


36  lis  servirent  leurs  idoles, 
Qui  furent  pour  eux  un  piege. 

37  lis  inimolerent  leurs  fils 
Et  leurs  filles  aux  demons. 

38  lis  verserent  le  sang  innocent, 

Le  sang  de  leurs  fils  et  de  leurs  filles, 
Ou'ils  sacrifiaient  aux  idoles  de  Chanaan, 
Et  le  pays  fut  profane  par  des  meurtres. 

39  lis  se  souillerent  par  leurs  o^uvres, 
lis  se  prostituerent  par  leurs  a<ftions. 

40  La  colere  de  Jehovah  s'alluma  contre  son  peuple, 
Et  il  prit  en  horreur  son  heritage. 

41  II  les  livra  entre  las  mains  des  nations; 
Ceux  qui  les  haissaient  dominerent  sur  eux. 

42  Leurs  ennemis  les  opprimerent, 

Et  ils  furent  humilies  sous  leur  main. 

43  Plusieurs  fois  il  les  delivra, 

Mais  ils  se  montrerent  rebelles  dans  leurs  desseins, 
Et  se  perdirent  par  leurs  iniquites, 

44  Neanmoins  il  regarda  leur  detresse, 
Lorsqu'il  entendit  leurs  supplications. 

45  II  se  souvint  en  leur  faveur  de  son  alliance, 
II  eut  piti^  d'eux  selon  sa  grande  bonte, 

46  Et  il  en  fit  I'objet  de  ses  misericordes 
Devant  tous  ceux  qui  les  tenaient  captifs. 

47  Sauve-nous,  Jdhovah,  notre  Dieu, 

Et  rassemble-nous  du  milieu  des  nations, 

Afin  cjue  nous  celebrions  ton  saint  nom, 

Et  que  nous  mettions  notre  gloire  a  te  louer. 

48  Beni  soit  Jehovah,  Dieu  d'Israel 
D'eternite  en  dternite! 

Et  que  tout  le  peuple  disc  : 
Amen!  Alleluia! 


37.  Atix  demons,  h^br.  schedim  (comp. 
Deut.  xxxii,  17). 

40-43.  P^riode  des  Juges. 

44-46.Ici  le  regard  du  Psalmiste  embrasse, 
non  plus  seulement  la  periode  des  Juges, 
mais  tous  les  temps  qui  Tont  suivie  jusqu'a 


la  captivite,  et  il  y  retrouve  le  trait  caracfle- 
ristique  de  I'histoire  du  peuple  de  Dieu  : 
I'infidelite  d'Israel  laisse  toujours  subsister 
la  fidelite  de  Dieu. 

//  vit  letir  detresse,  pour  leur  venir  en 
aide. 


LIBER  PSALMORUM. 


213 


Dent.  30. 


42.  Et  tribulaverunt  eos  inimici 
eorum,  et  humiliati  sunt  sub  mani- 
bus  eorum  :  43.  saspe  liberavit  eos. 
Ipsi  autem  exacerbaverunt  eum  in 
consilio  suo  :  et  humiliati  sunt  in 
iniquitatibus  suis.  44.  Et  vidit  cum 
tribularentur :  et  audivit  orationem 
eorum.  45.  "Et  memor  fuit  testa- 
menti  sui  :  et  poenituit  eum  secun- 
dum   multitudinem     misericordias 


suae.  46.  Et  dedit  eos  in  misericor- 
dias  in  conspectu  omnium  qui  cepe- 
rant  eos. 

47.  Salvos  nos  fac  Domine  Deus 
noster :  et  congrega  nos  de  nationi- 
bus  :  ut  confiteamur  nomini  sancto 
suo  :  et  gloriemur  in  laude  tua. 

48.  Benedictus  Dominus  Deus 
Israel  a  sasculo  et  usque  in  sa?culum  : 
et  dicet  omnis  populus  :  Fiat,  fiat. 


45.  //  eiit  pitie  d^ettxj  Vulg.,  il  se  repen- 
tit,  c.-a-d.  il  cessa  de  les  chatier. 

46.  C'est  ce  que  Salomon  demandait  a 
Dieu  dans  sa  priere  (I  Rois,  viii,  50). 

48.  Doxologie  du  4^  livre  des  Psaumes, 
que  I'auteur  de  cette  colledlion   emprunte 


telle  quelle  k  I  Par.  xvi,  36.  Les  mots,  et 
que  tout  le  pcuple  dise,  sont  une  rubrique, 
indiquant  au  peuple  ce  qu'il  doit  repondre 
ici  :  Amen,  qu'il  en  soit  ainsi,  Alleluia,  louez 
Jehovah. 


214 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


M 


LIVRE    CINQUIEME. 


W 


Ps. 


evil. 


PSAUME   CVII   (VULG.  CVl). 

jlAntique  d'aflions  de  graces,  compose  apres  le  retour  de  la  captivite  (vers.  3), 
peut-ctre  a  roccasioii  de  la  ceremonie  de  la  fondation  du  second  temple  (Esdr. 
iii,  lo-ii).  II  consiste  en  une  serie  de  tableaux  ou  sent  peints  divers  accidents 
de  la  vie  humaine.  Apres  le  debut  (vers.  1-3),  le  Psalmiste  repr(fsente  :  1°  des 
hommes  egares,  errants  dans  le  desert,  que  Dieu  remet  dans  la  voie  (4-9);  2°  des  captifs 
dont  il  brise  les  fers  (1016);  30  des  malades  qu'il  retire  des  portes  du  tombeau  (17-22); 
40  des  na vires  assaillis  par  la  tempete  qu'il  conduit  au  port  (23-32);  5°  enfin  des  affames 
dont  la  terre  etait  sterile,  et  auxquels  il  rend  I'abondance  (33-42).  Conclusion  :  que  cette 
providence  divine  soit  I'objet  de  la  meditation  des  sages  (43). 

Parmi  les  interpretes,  les  uns  se  refusent  a  reconnaitre  a  ce  cantique  un  sens  histori- 
que  :  le  Psalmiste  c^lebrerait  simplement  la  Providence  delivrant  les  hommes  des  divers 
dangers  qui  peuvent  les  assaillir  en  cette  vie.  Les  autres,  avec  Theodoret  parmi  les 
anciens,  lui  donnent  un  sens  historique  :  ce  sent  les  malheurs  de  la  captivite  que  I'auteur 
aurait  en  vue,  soit  que,  avec  Delitzsch,  on  prenne  a  la  lettre  les  tableaux  representant 
sous  forme  d'exemples  les  divers  maux  soufferts  sur  la  terre  etrangere;  soit  que,  avec 
Patrizi,  on  regarde  ces  tableaux  comma  des  representations  allegoriques  des  souffrances 
de  I'exil. 

Dans  le  sens  spiritual,  le  Psaume  nous  met  sous  les  yeux,  en  cinq  tableaux,  les  bien- 
faits  de  la  redemption,  par  laquelle  Dieu  nous  retire  des  egarements  du  peche,  nous 
delivre  de  ses  liens,  nous  guerit  de  ses  blessures,  nous  protege  contre  les  orages  des 
passions  {Matth.  viii,  26),  et  nous  fait  trouver  dans  son  Eglise  I'abondance  des  graces,  au 
lieu  de  la  famine  qui  regne  dans  le  monde  (Le  Hir). 

1  LOUEZ  Jdhovah,  car  il  est  bon, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle. 

2  Ou'ainsi  disent  les  rachetes  de  Jehovah, 
Ceux  qu'il  a  rachetes  des  mains  de  I'ennemi, 

3  Et  qu'il  a  rassembles  de  tous  les  pays, 

De  lorientet  de  I'occident,  du  nord  et  de  la  merl 

4  lis  erraient  dans  le  desert,  dans  une  solitude  sans  chemin, 
Sans  trouver  une  ville  a  habiter. 

5  En  proie  k  la  faim,  k  la  soif, 
lis  sentaient  leur  ame  defaillir. 

6  Dans  leur  detresse,  ils  crierent  vers  Jehovah, 
Et  il  les  ddlivra  de  leurs  angoisses. 

7  II  les  mena  par  le  droit  chemin, 

Pour  les  faire  arriver  a  une  ville  habitable. 

8  Qu'ils  louent  Jehovah  pour  sa  bonte, 

Et  pour  ses  merveilles  en  faveur  du  fils  de  I'homme. 

9  Car  il  a  desaltdre  I'ame  devoree  par  la  soif, 

Et  il  a  comble  de  bien  I'ame  epuisee  par  la  faim. 

10  lis  habitaient  les  tenebres  et  I'ombre  de  la  mort, 
Prisonniers  dans  la  souffrance  et  dans  les  fers, 

11  Parce  cju'ils  s'etaient  revokes  contre  les  oracles  de  Dieu, 
Et  qu'ils  avaient  meprise  le  conseil  du  Tres-IIaut  : 

12  II  humilia  leur  coeur  par  la  souffrance; 

Ils  s'affaisserent,  et  personne  ne  les  secourut. 

13  Dans  leur  detresse,  ils  crierent  vers  Jehovah 
Et  il  les  sauva  de  leurs  angoisses; 

14  II  les  tira  des  tenebres  et  de  I'ombre  de  la  mort, 
Et  il  brisa  leurs  chaines. 

15  Qu'ils  louent  Jehovah  pour  sa  bonte, 

Et  pour  ses  merveilles  en  faveur  des  fils  de  I'homme. 


LIBER  PSALMORUM. 


215 


— :;:—      PSALM  US    CVI.      — =!:— 

Laudandus  Deus  qui   suos  bonis  cumulat, 
et  se  invocantes  a  periculis  liberat. 

Alleluia.  {Judith  13,  21.) 

ONFITEMINI  Domino 
quoniam  bonus :  quoniam 
in  sasculum  misericordia 
ejus.  i.Dicantqui  redempti 
sunt  a  Domino,  quos  redemit  de 
manu  inimici :  et  de  regionibus  con- 
gregavit  eos  :  3.  a  solis  ortu,  et  oc- 
casu  :  ab  aquilone,  et  mari. 

4.  Erraverunt  in  solitudine  in 
inaquoso  :  viam  civitatis  habita- 
culi  non  invenerunt,  5.  esurientes, 
et  sitientes  :  anima  eorum  in  ipsis 
defecit,  6.  Et  clamaverunt  ad  Do- 
minum  cum  tribularentur  :  et  de 
necessitatibus   eorum    eripuit    eos. 

7.  Et  deduxit  eos  in  viam  rectam : 
ut  irent  in    civitatem   habitationis. 

8.  Confiteantur  Domino  miseri- 
cordias  ejus  :  et  mirabilia  ejus  filiis 
hominum.  9.  Ouia  satiavit  animam 
manem  :  et  animam  esurientem 
satiavit  bonis. 

10.  Sedentes  in  tenebris,  et  um- 
bra mortis  :  vinctos  in  mendicitate, 
et  ferro.  11.  Quia  exacerbaverunt 
eloquia  Dei :  et  consilium  Altissimi 
irritaverunt.  12.  Et  humiliatum  est 
in  laboribus  cor  eorum  :  infirmati 
sunt,  nee  fuit  qui  adjuvaret.  13.  Et 
clamaverunt  ad  Dominum  cum  tri- 
bularentur :  etde  necessitatibus  eo- 
rum liberavit  eos.  14.  Et  eduxit  eos 


de  tenebris,  et  umbra  mortis  :  et 
vincula  eorum  disrupit.  15.  Confi- 
teantur Domino  misericordias  ejus: 
et  mirabilia  ejus  filiis  hominum. 
16.  Quia  contrivit  portas  asreas  :  et 
vectes  ferreos  confregif. 

17.  Suscepit  eos  de  via  iniquitatis 
eorum  :  propter  injustitias  enim 
suas  humiliati  sunt.  18.  Omnem 
escam  abominata  est  anima  eorum  : 
et  appropinquaverunt  usque  ad 
portas  mortis.  1 9.  Et  clamaverunt 
ad  Dominum  cum  tribularentur  :  et 
de  necessitatibus  eorum  liberavit 
eos.  20.  Misit  verbum  suum,  et  sa- 
navit  eos  :  et  eripuit  eos  de  interi- 
tionibus  eorum.  21.  Confiteantur 
Domino  misericordias  ejus  :  et  mi- 
rabilia ejus  filiis  hominum.  22.  Et 
sacrificent  sacrificium  laudis  :  et 
annuntient  opera  ejus  in  exsulta- 
tione. 

23.  Qui  descendunt  mare  in  na- 
vibus,facientes  operationem  in  aquis 
multis.  24.  Ipsi  viderunt  opera  Do- 
mini, et  mirabilia  ejus  in  profundo. 
25.  Dixit,  et  stetit  spiritus  procellas: 
et  exaltati  sunt  fluctus  ejus,  26.  As- 
cendant usque  ad  coelos,  et  descen- 
dunt usque  ad  abysses  :  anima  eo- 
rum in  malistabescebat.2  7.Turbati 
sunt,  et  moti  sunt  sicut  ebrius  :  et 
omnis  sapientia  eorum  devorata  est. 
28.  Et  clamaverunt  ad  Dominum 
cum  tribularentur,  et  de  necessita- 
tibus eorum  eduxit  eos.  29.  Et  sta- 
tuit  procellam  ejus  in  auram  :  et  si- 
luerunt  fiuctus  ejus.  30.  Et  lastati 
sunt  quia  siluerunt  :  et  deduxit  eos 


PSAUME  CVII. 

1.  La  Vulg.  met  en  tete  de  ce  Psaume 
Valleluia  qui  termine  en  h^breu  le  Ps.  cvi. 

2.  Les  rachetcs  de  Jehovah,  expression 
d'lsaie  (Ixii,  12). 

3.  De  tons  les  pays  :  Assyrie,  Chaldee, 
Medie,  Perse  {Esth.  ii,  5),  Egypte  {Jer. 
xliv,  28).  — ■  De  la  uier  Mediterranee  :  cette 
expression  designe  ordinairement  I'occi- 
dent;  ici  elle  marque  le  sud,  I'Egypte. 

4.  Une  solitude  sans  chemift.  Les  ancie ti- 
nes versions,  avec  plus  de  raison  peut-etre, 
rattachent  ce  dernier  mot  a  ce  qui  suit  : 


dans  des  lieux  arides,  sans  trouver  le  che- 
niin  d'tt7te  ville  a  habiter. 

10.  Its  habitaient  .•  il  y  a  en  hebreu  un 
participe  present.  Les  vers.  10-14  sont  comma 
le  sujet  complexe  du  verbe  loner  au  vers.  1 5. 
—  Les  tenebres  et  I'omdre  de  la  mort  {Is. 
ix,  i;  xlii,  7),  une  prison  obscure  et  tdne- 
breuse  comme  le  sejour  de  la  mort. 

11.  Les  oracles  de  Dieu,  sa  volonte  expri- 
mee  dans  la  loi  ou  proclamee  par  la  bou- 
che  des  prophetes.  —  Meprise  le  conseil  du 
Trcs-Haut  {/s.  v,  19),  son  dessein  de  punir 
tot  ou  tard  le  peche. 


216  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


1 6  Car  il  a  brise  les  poites  d'airain 

Et  mis  en  pieces  les  venous  de  fer. 

17  Les  insenses!  par  leur  conduite  criminelle 

Et  par  leurs  iniquit^s  ils  avaient  attire  sur  eux  la  souffrance. 

18  Leur  ame  avait  en  horreur  toute  nourriture, 
Et  ils  touchaient  aux  portes  de  la  mort. 

19  Dans  leur  detresse,  ils  crierent  vers  Jehovah; 
Et  il  les  sauva  de  leurs  an<;^oisses; 

20  II  envoya  sa  parole  et  il  les  guerit, 

Et  il  les  fit  echapper  de  leurs  tombeaux. 

21  Ou'ils  louent  Jehovah  pour  sa  bonte, 

Et  pour  ses  merveilles  en  faveur  des  fils  de  I'homme! 

22  Qu'ils  offrent  des  sacrifices  d'aftions  de  graces, 
Et  qu'ils  publient  ses  ceuvres  avec  des  cris  de  joie! 

23  lis  etaient  descendus  sur  la  mer  dans  des  navires, 
Pour  faire  le  negoce  sur  les  vastes  eaux  :  — 

24  Ceux-la  ont  vu  les  oeuvres  de  Jehovah 

Et  ses  merveilles  au  milieu  de  I'abime.  — 

25  II  dit,  et  il  fit  souffler  la  tempete, 
Qui  souleva  les  flots  de  la  mer. 

26  iTs  montaient  jusqu'aux  cieux,  ils  descendaient  dans  les  abimes; 
Leur  ame  defaillait  a  la  peine. 

27  Saisis  de  vertige,  ils  chancelaient  comme  un  homme  ivre, 
Et  toute  leur  sagesse  etait  aneantie. 

28  Dans  leur  detresse,  ils  crierent  vers  Jehovah, 
Et  il  les  tira  de  leurs  angoisses; 

29  II  changea  I'ouragan  en  brise  legere, 
Et  les  vagues  se  turent. 

30  Ils  se  rejouirent  en  les  voyant  apaisdes, 
Et  Jehovah  les  conduisit  au  port  ddsire. 

31  Qu'ils  louent  Jehovah  pour  sa  bonte, 

Et  pour  ses  merveilles  en  faveur  du  fils  de  I'homme! 

32  Ou'ils  I'exaltent  dans  I'assemblee  du  peuple, 

Et  qu'ils  le  celebrent  dans  le  conseil  des  anciens! 

33  II  a  changd  les  fleuves  en  desert, 
Et  les  sources  d'eau  en  sol  aride, 

34  Le  pays  fertile  en  plaine  de  sel, 

A  cause  de  la  mechancete  de  ses  habitants. 

35  II  a  fait  du  desert  un  bassin  d'eau, 

Et  de  la  terre  aride  un  sol  plein  de  sources. 

36  II  y  etablit  les  affames, 

Et  ils  fond^rent  une  ville  pour  I'habiter. 

37  lis  ensemencerent  des  champs,  et  ils  planterent  des  vignes, 
Et  ils  recueillirent  d'abondantes  recoltes. 

38  II  les  benit,  et  ils  se  multipli^rent  beaucoup, 
Et  il  ne  laissa  pas  diminuer  leurs  troupeaux. 

39  Leurs  enneinis  ont  ete  reduits  a  un  petit  nombre  et  humili^s 
Sous  I'accablement  du  malheur  et  de  la  souffrance. 

40  II  a  repandu  la  honte  sur  leurs  princes, 

II  les  fait  errer  dans  des  deserts  sans  chemin. 

41  Mais  il  a  releve  le  malheureux  de  la  misere, 

Et  il  a  multiplie  les  families  comme  les  troupeaux. 

42  Les  hommes  droits  le  voient  et  se  r^jouissent, 
Et  tous  les  mechants  ferment  la  bouche. 

43  Que  celui  qui  est  sage  prenne  garde  k  ces  choses 
Et  qu'il  comprenne  les  bontds  de  Jdhovah! 


LIBER  PSALMORUM. 


217 


i  n  portum  volu  ntatis  eorum  .31.  Con- 
fiteantur Domino  misericordiseejus: 
et  mirabilia  ejus  filiis  hominum. 
32.  Et  exaltent  eum  in  ecclesiaple- 
bis :  et  in  cathedra  seniorum  laudent 
eum. 

33.  Posuit  flumina  in  desertum  : 
et  exitus  aquarum  in  sitim.  34.Ter- 
ram  fructiferam  in  salsuginem,  a 
malitia  inhabitantium  in  ea.  25'  Po- 
suit desertum  in  stagna  aquarum  : 
et  terram  sine  aqua  in  exitus  aqua- 
rum. 36,  Et  coUocavit  illic  esurien- 
tes  :  et  constituerunt  civitatem  ha- 
bitationis.  37.  Et  seminaverunt 
agros,  et  plantaverunt  vineas  :  et 
fecerunt  fructum  nativitatis.  38.  Et 


benedixit  eis,  et  multiplicati  sunt 
nimis  :  et  jumenta  eorum  non  mino- 
ravit,  39.  Et  pauci  facti  sunt  :  et 
vexati  sunt  a  tribulatione  malorum, 
et  dolore.  40.  Effusa  est  contemptio 
super  principes  :  et  errare  fecit  eos 
in  invio,  et  non  in  via.  41.  Et  adju- 
vit  pauperem  de  inopia  :  et  posuit 
sicut  oves  familias.  42.  "Videbunt 
recti,  et  lastabuntur  :  et  omnis  ini- 
quitas  oppilabit  os  suum. 

43, Quis  sapiens  etcustodiet  hasc? 
et  inteJliget  misericordias  Domini.'' 


.1. 


"Job.  22, 


19. 


17.  Les  insenses  :  les  LXX  et  la  Vulg. 
ayant  sans  doute  lu  autrement  dans  I'hebreu, 
traduisent  :  //  les  a  reaieillis  de  la  vote  dii 
peche,  car  leiirs  iniqiiites  avaient  attire  sur 
eux  P/iumiliatw7i  :  ce  qui  rompt  entiere- 
ment  la  suite  des  ideas. 

18.  Com^.  Job,  xxxiii,  18  sv. 

20.  //  envoy  a  sa  parole  :  la  parole  de  Dieu 
est  son  messager,  lequel  court  avec  rapidite 
i^Ps.  cxlvii,  15),  execute  ses  ordres  {Is. 
Iv,  Ti),  habite  avec  ses  prophetes  {Is.  ix,  8), 
remplit,  comme  ici,  la  foncflion  de  medecin 
guerissant  les  maladies  du  corps  et  celles  de 
Fame.  Ces  passages  et  d'autres  semblables 
{Zach.  ix,  I,  al.)  preparaient  les  esprits  a 
la  dodlrine  clairement  exprimee  par  S.  Jean 
(i,  1-5),  savoir,  que  le  Verbe  divin,  par  lequel 
les  cieux  ont  etd  faits  {Ps.  xxxiii,  6),  n'est 
pas  seulement  une  vertu,  une  ^nergie,  mais 
une  personne  divine. 

24.  Les  ost<v7'es,  etc.,  non   seulement  le 


spe6lacle  grandiose  de  I'ocean  qui  donne 
une  si  haute  idee  du  Createur,  mais  les  tem- 
petes  que  Dieu  y  souleve  et  ses  miraculeu- 
ses  delivrances. 

27.  lis  chancelaient,  par  I'effet  du  roulis 
et  du  tangage  {Is.  xix,  14). 

32.  Conseil  des  anciefis,  peut-etre  la  grande 
Synagogue  institute  par  Esdras. 

39-40.  Ces  deux  versets  sont  diversement 
expliquds.  Les  uns  les  entendent  des  Chal- 
ddens  et  de  leurs  princes,  malheureux  a  leur 
tour,  apres  la  conquete  de  Cyrus.  Comp. 
Jer.  li,  24,  49,  52,  D'autres  les  appliquent 
aux  Israelites  pendant  I'exil  :  lis  avaient  etc 
redid ts  ...II  avail  rcpandii,  etc. 

Le  vers.  40  est  emprunte  a  Job,  xii,  21,  24. 

41.  Le  malheiiretcx,  les  Israelites  exiles. 

42.  Comp.  _/o^,  xxii,  19;  v,  16. 

43.  Comp.  Osce,  xiv,  16.  Vulgate,  qui  est 
sage  pour  prendre  garde  a  ces  choses,  pour 
compretidre  les  viiscricordes  du  Seigneur, 


■  -»M)j|m» 


218  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

PSAUME   CVIII    (VULG.  CVIl). 

^^^E   Psaume  est  compose,   sans  variantes  notables,  de   deux  fragments  dont   I'lm 

'^^    (vers.  2-6)  termine  le  Ps.  Ivii,  et  I'autre  (7-14)  termine  le  Ps.  Ix.  De  cet  agencement, 

!>-.^gfl|  qui  date  probablement  du  retour  de  la  captivite,  resulte  un  chant  triomphal,  des- 
/    V  1       _       !^-    __i 11-      1^ i_    .r= 1-        i_    n,_T ■   t„     „!„:„     J! — :„i 


y 


tine  a  quelque  occasion  solennelle.  Dans  la  i^e  partie,  le  Psalmiste,  plein  d'un  saint 
enthousiasme,  excite  son  ame  et  reveille  sa  lyre  pour  benir  le  Seigneur;  pour  la  seconde, 
voy.  Ps.  Ix.  —  Pour  les  notes,  voy.  les  deux  Psaumes  originaux. 

Ps.  cviii.  '  CANTIQUE.  Psaume  de  David. 

2  Mon  coeur  est  affermi,  6  Dieu, 

Je  veux  chanter  et  faire  rdsonner  les  instruments; 
Debout,  ma  gloire! 

3  Eveillez-vous,  ma  lyre  et  ma  harpe, 
Que  j'eveille  I'aurore! 

4  Je  te  louerai  parmi  les  peuples,  Jehovah, 
Je  te  chanterai  parmi  les  nations. 

5  Car  ta  bonte  s'eleve  au-dessus  des  cieux, 
Et  ta  fidelite  jusqu'aux  nues. 

6  Apparais  plus  eleve  que  les  cieux,  6  Dieu; 
Oue  ta  gloire  brille  sur  toute  la  terre! 


&■ 


7  Afin  que  tes  bien-aimds  soient  delivres, 
Sauve  par  ta  droite  et  exauce-moi. 

8  Dieu  a  parle  dans  sa  saintete  :  Que  je  tressaille  de  joie! 
J'aurai  Sichem  en  partage,  je  mesurerai  la  vallee  de  Succoth. 

9  Galaad  est  h.  moi,  a  moi  Manasse; 
Ephraim  est  I'armure  de  ma  tete, 
Et  Juda  mon  sceptre. 

10  Moab  est  le  bassin  ou  je  me  lave; 
Sur  Edom  je  jette  ma  sandale; 
Sur  la  terre  des  Philistins  je  pousse  des  cris  de  joie. 

11  Qui  me  mfenera  k  la  ville  forte? 
Qui  me  conduira  a  Edom? 

12  N'est-ce  pas  toi,  6  Dieu,  qui  nous  avais  rejeles, 
O  Dieu,  qui  ne  sortais  plus  a  la  tete  de  nos  armees? 

13  Prete-nous  ton  secpurs  contre  I'oppresseur! 
Le  secours  de  I'homme  n'est  que  vanite. 

14  Avec  Dieu  nous  ferons  des  exploits; 
II  ecrasera  nos  ennemis. 

PSAUME   CIX    (VULG.  CVIIl). 

jE  Psaume  se  rapporte  probablement  a  la  persecution  de  Saiil,  et  les  maledicflions 
I  qu'il  contient  s'adressent  an  fourbe  et  cruel  ennenii  de  David,  I'ldumeen  Doeg.  Le 
Psalmiste,  aprcs  avoir  expose  les  persecutions  dont  il  est  I'objet  de  la  part  de  ses 
ennemis  en  general  (vers.  1-5),  maudit  son  principal  adversaire  (6-20);  puis  il  implore  le 
Seigneur  en  lui  faisant  le  tableau  de  sa  miscre  (21-29);  il  conclut  en  promettant  h  I'avance 
des  cantiques  d'a(5lions  de  graces  (30-31). 

Sur  les  imprecations  contenues  dans  ce  Psaume,  voy.  Ps.  xxviii,  4;  xxxv,  4  sv.  Ajoutons 
avec  S.  Jean  Chrysostome  que  ces  souhaits  de  malheur  sont  au  fond  une  proph^tie  de  ce 
qui  devait  arriver;  avec  Schegg,  qu'il  est  bien  permis  au  juste  de  desirer  ce  que  Dieu  lui- 
meme  ne  pent  pas  ne  pas  faire,  savoir  donner  satisfa(5\ion  a  sa  justice  sur  le  pecheur  impe- 
nitent; enfin  que,  si  I'esprit  de  I'Ancien  Testament  etait  tout  ;\  fait  le  meme  que  celui  du 
Nouveau,  Notre-Seigneur  n'aurait  pas  prononcd  les  paroles  que  nous  lisons  Matfh.  v,  43  sv. 

Au  moyen  age,  dit  Le  Hir,  quand  un  grand  etait  convaincu  d'avoir  opprime  les  pau- 
vres  ou  les  faibles,  on  prononcait  contre  lui  dans  I'eglise  les  maledicflions  de  ce  Psaume. 

Dans  le  sens  spirituel,  atteste  par  S.  Pierre  (^4i;7.  i,  20),  David  est  la  figure  du  Messie 
souffrant,  et  Doeg  celle  du  traitre  Judas,  le  chef  des  ennemis  du  Sauveur.  Jesus-Christ 
pr^dit  done  ici,  sous  une  forme  imprecatoire,  les  chatiments  qui  frapperont  les  Juifs 
deicides  et  les  pers^cuteurs  de  son  Eglise. 


LIBER  PSALMORUM. 


219 


— :>—     PSALM  US   CVIL     — :i-^ 

Dicit  cor  suum  ad  Dei  nutum  paratum, 
et  ideo  vidloriam  sperat. 

I.   Canticum  Psalmi  ipsi  David. 
(5///r.  56,  8). 

ARATUM  cor  meum 
Deus, paratum  cor  meum  : 
cantabo,  et  psallam  in  glo- 
ria mea.  3.  Exsurge  glo- 
ria mea,  exsurge  psalterium,  et  ci- 
thara  :  exsurgam  diluculo.  4.  Con- 
fitebor  tibi  in  populis  Domine  :  et 
psallam  tibi  in  nationibus.  5.  Quia 
magna  est  super  ccelos  misericor- 
dia  tua  :  et  usque  ad  nubes  Veri- 
tas tua.  6.  Exaltare  super  coelos 
Deus,  et  super  omnem  terram  glo- 
ria tua  : 

7,  Ut  liberentur  dilecti  tui.  Sal- 
vum  fac  dextera  tua,  et  exaudi  me  : 
8.  Deus  locutus  est  in  sancto  suo  : 
exsultabo,  et  dividam  Sichimam,  et 
convallem  tabernaculorum  dime- 
tiar.  9.  Meus  est  Galaad,  et  meus 
est  Manasses  :  et  Ephraim  suscep- 
tio  capitis  mei.  Juda  rex  meus  : 
10.  Moab  lebes  spei  meae.  In  Idu- 
mseam  extendam  calceamentum 
meum  :  mihi  alienigenas  amici  facti 
sunt. 

1 1.  Ouisdeducet  me  in  civitatem 
munitam.f*  quis  deducet  me  usque 
in  Idumasam.''  12.  Nonne  tu  Deus, 
qui  repulisti  nos,  et  non  exibis  Deus 
in  virtutibus  nostris?  13.  Da  nobis 
auxilium  de  tribulatione  :  quiavana 
salus  hominis.  14.  In  Deo  faciemus 
virtutem  :  et  ipse  ad  nihilum  dedu- 
cet inimicos  nostros. 


— :i:—    PSALMUS    GVIIL    — *— 

Opem  Dei  implorat,  et  proditori  dignas 
poenas  prsedicit. 


I,  In  finem,  Psalmus  David. 

EUS  laudem  meam  me  ta- 
cueris:  quia  os  peccatoris, 


et  OS  dolosi  super  me  aper- 
tum  est.  3.  Locuti  sunt 
adversum  me  lingua  dolosa,  et  ser- 
monibus  odii  circumdederunt  me  : 
et  expugnaverunt  me  gratis.  4.  Pro 
eo  ut  me  diligerent,  detrahebant 
mihi  :  ego  autem  orabam.  5.  Et 
posuerunt  adversum  me  mala  pro 
bonis  :  et  odium  pro  dilectione 
mea. 

6.  Constitue  super  eum  peccato- 
rem  :  et  diabolus  stet  a  dextris  ejus. 

7.  Cum  judicatur,  exeat  condemn a- 
tus  :  et  oratio  ejus  fiat  in  peccatum. 

8.  Fiant  dies  ejus  pauci  :  et  episco- 
patum  ejus  accipiat  alter.  9.  Fiant 
filii  ejus  orphani  :  et  uxor  ejus  vi- 
dua. 10.  Nutantes  transferantur  filii 
ejus,  et  mendicent  :  et  ejiciantur  de 
habitationibus  suis,  11.  Scrutetur 
fenerator  omnem  substantiam  ejus: 
et  diripiant  alieni  labores  ejus. 
12.  Non  sit  illi  adjutor  :  nee  sit  qui 
misereatur  pupillis  ejus.  13.  Fiant 
nati  ejus  in  interitum  :  in  genera- 
tione  una  deleatur  nomen  ejus. 
14.  In  memoriam  redeat  iniquitas 
patrum  ejus  in  conspectu  Domini  : 
et  peccatum  matris  ejus  non  delea- 
tur. 15.  Fiant  contra  Dominum 
semper,  et  dispereat  de  terra  memo- 
ria  eorum  :  16.  pro  eo  quod  non  est 
recordatus  facere  misericordiam. 
17.  Et  persecutus  est  hominem 
inopem,  et  mendicum,  et  compun- 
ctum  corde  mortificare.  18.  Et  di- 
lexit  maledictionem,  et  veniet  ei  :  et 
noluit   benedictionem,  et  elongabi- 


PSAUME  GVIII. 

2.  Ma  gloire,  mon  ame  :  voy.  Ps.  vii,6. 
10.  Je  fotisse  des  cris  de  joie,  comme  fait 


un  vainqueur  tout  fier  de  sa  conquete  :  cette 
partie  du  verset  differe  sensiblement  du 
Psaume  primitif  (Ix,  10). 


220 


CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  cix.  ^  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 


Dieu  de  ma  louange,  ne  garde  pas  le  silence! 

2  Car  la  bouche  du  mediant,  la  bouche  perfide,  s'ouvre  contra  moi. 
lis  parlent  centre  rnoi  avec  una  langue  de  mensonge, 

3  lis  m'assiegent  de  paroles  haineuses, 
Et  ils  me  font  la  guerre  sans  motif. 

4  En  retour  da  mon  affeftion,  ils  me  combattent, 
Et  moi,  je  ne  fais  que  prier. 

5  lis  me  rendent  le  mal  pour  le  bien, 

A  mon  amour  ils  repondent  par  la  haine. 

6  Mets-le  au  pouvoir  d'un  mechant, 

Et  que  I'accusateur  se  tienne  h.  sa  droite! 

7  Ouand  on  le  jugera,  qu'il  soit  declare  coupable, 
Et  que  sa  priere  soit  reputee  peche! 

8  Que  ses  jours  soient  abreges, 

Et  qu'un  autre  prenna  sa  charge! 

9  Que  ses  enfants  deviennent  orphelins, 
Que  son  epouse  soit  veuve! 

10  Qua  ses  enfants  soient  vagabonds  et  mendiants, 
Cherchant  leiir  pain  loin  de  leurs  maisons  en  ruines! 

1 1  Que  le  cr^ancier  s'empare  de  tout  ce  qui  est  "k  lui, 

Et  que  les  etrangers  pillent  ce  qu'il  a  gagne  par  son  travail! 

12  Qu'il  n'ait  personne  qui  lui  garda  son  affedlion. 
Que  nul  n'ait  pitie  de  ses  orphelins! 

13  Que  sas  descendants  soient  voues  k  la  ruine, 

Et  que  leur  nom  s'eteigne  k  la  seconde  generation! 

14  Que  I'iniquite  de  ses  peres  resta  en  souvenir  devant  Jehovah, 
Et  qua  le  peche  de  sa  mere  ne  soit  point  efface! 

15  Que  leurs  transgressions  soient  toujours  devant  Jehovah, 
Et  qu'il  retranche  da  la  terre  leur  mdmoire, 

16  Parce  qu'il  ne  s'est  pas  souvenu  d'exercer  la  misericorde, 
Parce  qu'il  a  persecute  le  malheureux  et  I'indigent, 

Et  I'homme  au  coeur  brise,  pour  le  faire  mourir. 

17  II  aimait  la  malediflion  :  elle  tombe  sur  lui; 

II  dedaignait  la  benedi(5lion  :  elle  s'eloigne  de  lui. 

18  II  s'est  revetu  de  la  maledicflion  comme  d'un  vetement; 
Comma  I'eau  elle  entra  au-dadans  de  lui, 

Et  comme  I'huile  alia  penetre  dans  ses  os. 

19  Ou'elle  soit  pour  lui  le  vetement  qui  I'envaloppe, 
La  ceinture  qui  ne  cesse  de  I'entourer! 

20  Tel  est  de  la  part  da  Jehovah  le  salaire  da  mas  ennemis, 
Et  de  caux  qui  parlent  mdchamment  contra  moi. 

21  Et  toi,  Jehovah  Adonai,  prends  ma  defense  h  cause  de  ton  nom 
Dans  ta  bonte,  delivre-moi. 

22  Car  je  suis  malheureux  et  indigent, 

Et  mon  coeur  est  blesse  au-dedans  da  moi. 

23  Ja  m'en  vais  comme  I'ombre  a  son  declin, 
Je  suis  emportd  comme  la  sauterelle. 

24  A  force  de  jeiana  mes  ganoux  chancellent, 
Et  mon  corps  est  epuise  de  maigreur. 

25  Je  suis  pour  aux  un  objat  d'opprobre; 
lis  me  regardant  et  branlent  la  tete. 

26  Secours-moi,  Jehovah,  mon  Dieu! 
Sauve-moi  dans  ta  bonte! 

27  Qu'ils  sachent  que  c'ast  ta  main, 
Que  c'est  toi,  jihovah,  qui  I'as  fait. 

28  Eux,  ils  maudissent;  mais  toi,  tu  beniras; 
lis  se  levent,  mais  ils  saront  confondus, 
Et  ton  serviteur  sera  dans  la  joie. 

29  Mes  advarsaires  seront  revetus  d'ignominie, 

lis  seront  enveloppes  de  leur  honta  comme  d'un  manteau. 


LIBER  PSALMORUM. 


221 


tur  ab  eo.  Et  induit  maledictionem 
sicut  vestimentum,  et  intravit  sicut 
aqua  in  interiora  ejus,  et  sicut  oleum 
in  ossibus  ejus.  1 9.  Fiat  ei  sicut  ve- 
stimentum, quo  operitur  :  et  sicut 
zona,  qua  semper  praecingitur. 
20.  Hoc  opus  eorum,  qui  detrahunt 
mihi  apud  Dominum  :  et  qui  lo- 
quuntur  mala  adversus  animam 
meam. 

21.  Et  tu  Domine,  Domine,  fac 
mecum  propter  nomen  tuum  :  quia 
suavis  est  misericordia  tua.  Libera 
me  22,  quia  egenus,  et  pauper  ego 
sum  :  et  cor  meum  conturbatum  est 
intra  me.  23.  Sicut  umbra  cum  de- 
clinat,  ablatus  sum  :  et  excussus 
sum  sicut  locustae.  24.  Genua  mea 
infirmata  sunt  a  jejunio  :  et  caro 
mea  immutata  est  propter  oleum. 


25.  Et  ego  factus  sum  opprobrium 
illis  :  viderunt  me,  et  moverunt 
capita  sua.  26.  Adjuva  me  Domine 
Deus  meus  :  salvum  me  fac  secun- 
dum misericordiam  tuam.  27.  Et 
sciant  quia  manus  tua  haec  :  et  tu 
Domine  fecisti  eam.  28.  Maledicent 
illi,  et  tu  benedices  :  qui  insurgunt 
in  me,  confundantur  :  servus  autem 
tuus  lastabitur.  29.  Induantur  qui 
detrahunt  mihi,  pudore  :  et  ope- 
riantur  sicut  diploide  confusione 
sua.  30.  Confitebor  Domino  nimis 
in  ore  meo  :  et  in  medio  multorum 
laudabo  eum  -.31.  quia  astitit  a  dex- 
tris  pauperis,  ut  salvam  faceret  a 
persequentibus  animam  meam. 


PSAUME  CIX. 

I.  DieUy  objet  de  ma  louange.  D'auties, 
Dieu  en  qui  je  mets  ma  gloire.  —  Ne  garde 
pas  le  silence,  comme  si  tu  etais  insensible 
k  mes  maux,  mais  prends  ma  defense. 

4.  Vulg.,  aic  lieu  de  mhiimcr,  ils  disent 
du  mal  de  moi. 

6.  Mets-le,  mon  ennemi  principal,  celui 
qui  excite  tous  les  autres.  —  Laccusateicr; 
Vulg.,  le  diable,  I'accusateur  par  excellence 
{comp.  Jod,  i,  6;  Zach.  iii,  i  sv.)  :  il  s'agit 
d'un  jugement  divin. 

7.  Sa  priere,  la  priere  qu'il  adresse  a  Dieu 
pour  detourner  la  sentence  de  condam- 
nation.  — •  Soil  reputee  pccht\  ne  soit  pas 
mieux  accueillie  que  le  serait  une  offense, 
sans  doute  parce  qu'elle  n'est  pas  inspiree 
par  un  vrai  repentir.  Comp.  Is.  i,  15;  Prov. 
xxviii,  9. 

8.  C'est  ce  verset  que  S.  Pierre  applique 
k  Judas  {AH:,  i,  20),  appel^  k  I'apostolat, 
c.-k-d.  a  etre  pasteur  d'ame,  comme  Doeg 
etait  pasteur  de  brebis  (intendant  des  trou- 
peaux  du  roi). 

II.  S'einpare  'pax  ruse,  selon  la  force  du 
mot  hebr.  Vulg. ,  recherche  avec  soin. 

12.  Persomte  qui,  connaissant  sa  perfidie, 
lui  garde  de  I'affedlion. 


13.  La  generation  suivante  :  comp.  Matth. 
xxiii,  36;  xxiv,  34. 

14.  LHniquite  de  ses  peres  :  comp.  Matth. 
xxiii,  35. 

15.  Que  leurs  transgressions,  les  pechds 
du  pere,  de  la  mere  et  des  ancetres  en  ge- 
neral, soient  toujours  presentes  a  la  pensee 
de  Dieu,  et  que  Dieu  retranche,  efface  le 
souvenir  de  toute  la  race. 

17.  Elle  toinbe,  ou  qti^elle  tonibe. 

18.  Gradation  :  la  maledicftion  recouvre 
I'exterieur,  comme  un  vetement ;  elle  entre 
k  I'int^rieur,  comme  I'eau  qu'on  boit;  elle 
penetre  le  fond  de  I'etre,  comme  I'huile. 
D'autres  traduisent  le  verset  par  I'optatif  : 
qu  HI  revete. 

20.  Tel  est,  ou  que  tel  soit.  Comp.  Deut. 
xxxii,  35. 

2\.  A  cause  de  ton  notn,  qui  rappelle  une 
bonte  infinie. 

22.  Blesse  a  mort. 

23.  Emporte,  litt.  secoue  (Job,  xxxviii,  13). 
—  Comme  la  sauterelle  que  le  vent  enleve 
[Job,  xxxix,  20). 

24.  A  force  de  jeihie  :  dans  la  douleur,  on 
oublie  de  prendre  la  nourriture. 

2  5 .  Bran  lent  la  tete  :  comp.  Matth.  xxvii,  35 . 
29.  Mes  adversaires  seront;  Vulg.,  que  mes 
dctrafteurs  soient. 


222 


CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


30  Mes  levres  loueront  hautement  Jehovah; 
Je  le  celebrerai  au  milieu  de  la  multitude; 

31  Car  il  se  tient  a  la  droite  du  pauvre, 
Pour  le  sauver  de  ceux  qui  le  condamnent. 


PSAUME   CX   (VULG.  CIX). 

j'Ans  ce  Psaume,  David  chante  le  Messie  comma  un  roi  puissant  qu'il  appelle  son 
Seigneur  :  il  le  montre  assis  a  la  droite  de  Jehovah  (vers,  i);  de  Sion,  c.-a-d.  de 
Jerusalem,  le  Messie  etend  sa  puissance  sur  toute  la  terre  (vers.  2);  tous  les  peuples 

accourent  a  lui  (vers.  3);  Jehovah  I'a  etabli  pretre  eternel  (vers.  4);  il  triomphe  de  tous 

ses  ennemis  (5-6);  c'est  apres  avoir  ete  humilie  et  souffrant  qu'il  sera  couronne  de  gloire 

(vers.  7). 

Ce  cantique  a  toujours  ete  regarde  par  la  Synagogue  comme  se  rapportant  au  Messie; 

Notre-Seigneur  lui-meme  en  invoque  un  passage  pour  prouver  sa  divinite  {Matth.  xxii, 

41  sv.  Marc,  xii,  35  sv.  LtiCj,  xx,  41  sv.);  les  Apotres  feront  de  meme  {A61.  ii,  34  sv.  1  Cor. 

XV,  25;  Hebr.  i,  13);  enfin  S.  Paul  en  tire  la  preuve  que  le  sacerdoce  levitique  a  ete  aboli 

et  remplace  par  celui  de  Jesus-Christ  {Hebr.  v,  6;  vii,  17,  21). 

Ps.  ex.  ^  PSAUME  de  David. 

Jehovah  a  dit  a  mon  Seigneur  : 

"Assieds-toi  a  ma  droite, 

Jusqu'a  ce  que  je  fasse  de  tes  ennemis  I'escabeau  de  tes  pieds." 

2  Jehovah  etendra  de  Sion  le  sceptre  de  ta  puissance  : 
Regne  en  maitre  au  milieu  de  tes  ennemis ! 

3  Ton  peuple  accourt  a  toi  au  jour  011  tu  rassemblcs  ton  armee, 
Avec  des  ornements  sacrds; 

Du  sein  de  I'aurore  vient  a  toi 
La  rosee  de  tes  jeunes  guerriers. 

4  Le  Seigneur  I'a  jure,  il  ne  s'en  repentira  point  : 
"  Tu  es  pretre  pour  toujours 

A  la  maniere  de  Melchisedech." 

5  Adonai  est  k  droite; 

II  brisera  les  rois  au  jour  de  sa  colere. 

6  II  exerce  son  jugement  parmi  les  nations  : 
Tout  est  rempli  de  cadavres; 

II  brise  les  tetes  sur  la  terre  entiere. 

7  II  bolt  au  torrent  sur  le  chemin, 
C'est  pourquoi  il  releve  la  tete. 


PSAUME  CX. 

I.  Le  Psalmiste  commence  par  saluer  le 
Messie  au  jour  de  son  triomphe  dans  le  ciel, 
c.-k-d.  au  jour  de  I'ascension,  oil  son  huma- 
nite  sainte,  personnellement  unie  a  la  divi- 
nite, fut  introduite  dans  le  ciel  et  prit  place 
sur  un  trone  a  la  droite  de  Dieu. 

Jehovah  a  dit;  Yi'ii.,  parole,  oracle  de  Jeho- 
vah, a  vioii  Seigneur,  au  Messie,  Fils  de 
Dieu  et  Seigneur  de  David.  —  A  ma  droite, 
la  place  d'honneur  (I  Rois,  ii,  19).  —  Les 
vciois  jiesquW  ce  qtce  ne  posent  pas  une  limite 
k  la  durce  du  regne  celeste  de  Jesus-Christ 
(comp.  Matth.  \,  25),  ils  indicjuent  que,  tan- 
dis  que  ce  regne  se  continue  dans  le  ciel, 
son  empire  se  developpera  sur  la  terre,  et 
cela  jusqu'au  jugement  dernier,  ou  le  Fils 
de  Dieu  paraitra  de  nouveau  pour  juger  les 
vivants  et  les  morts.   —  L'escabcau  de  tes 


pieds  :  image  de  profonde  humiliation;  le 
vainqueur  posait  parfois  le  pied  sur  le  ecu 
des  vaincus  {Jos.  x,  24  sv.). 

Suit  la  description  du  regne  du  Messie 
sur  la  terre. 

2.  Etetidra,  Wit.  fera  sortir  et  etendra  au 
loin,  de  Sion,  de  Jerusalem  :  c'est  de  la  C|ue 
le  Messie  en\erra  ses  apotres  a  la  conquete 
de  I'univers. 

3.  AccoJirt,  litt.  se  donjie,  se  livre  gene- 
reusenient  a  toi.  —  A  u  jour  oii  tu  rassem- 
blcs ton  armec;  ou  bien,  au  jour  de  ia  force, 
du  combat  a  livrer  h,  tes  ennemis.  —  Avec 
des  orfte/nents  sacres,  comme  il  convient  a 
une  tuition  sainte,  aux  soldats  d'un  chef  qui 
est  a  la  fois  roi  et  pretre,  et  dont  les  con- 
quetes  seront  toutes  pacifiques.  David, 
homme  de  guerre,  decrit  ces  conquetes  sous 
des  images  qui  lui  sont  familieres.  —  De 
tes  jeunes  guerriers,  litt.  de  ta  jeunesse.  La 


LIBER  PSALMORUM. 


223 


— :H—    PSALMUS  CIX.    — *— 

Celebrat  Christum  ut  regem,  sacerdotem, 
et  judicem. 

Psalmus  David. 
IXIT  Dominus  Domino 
meo : "  Sede  a  dextris  meis : 
Monec  ponam  inimicos 
tuos,  scabelJum  pedum 
tuorum.  2.  Virgam  virtutis  tuas 
emittet  Dominus  ex  Sion  :  domi- 
nare  in  medio  inimicorum  tuorum. 


3.  Tecum  principium  in  die  vir- 
tutis tuas  in  splendoribus  sancto- 
rum :  ex  utero  ante  luciferum  ge- 
nui  te.  4.  Juravit  Dominus,  et  non 
poenitebit  eum  :  '"Tu  es  sacerdos  in 
asternum  secundum  ordinem  Mel- 
chisedech.  5.  Dominus  a  dextris 
tuis,  confregit  in  die  iras  suas  reges. 

6.  Judicabit  in  nationibus,  im- 
plebit  ruinas  :  conquassabit  capita 
in  terra  multorum.  7.  De  torrente 
in  via  bibet  :  propterea  exaltabit 
caput. 


'Gen.  14, 
18.  Joann. 
i2,34.Hebr. 
5.  6  et  7,  I. 
17- 


jeunesse  guerriere  qui  vient  se  ranger  autour 
du  Messie  et  comparee  a  la  rosee  qui  sort 
du  sein  de  I'aurore,  tant  a  cause  de  la  vi- 
gueur  qu'a  cause  du  nombre.  Comp.  1 1  Sau!. 
xvii,  12;  Mich,  v,  7. 

Le  Hir  :  a  toi  toutes  les  excellences.,  les 
perfe(5lions  et  les  gloires,  ate  jour  de  ton 
triomphe  (ascension)  dans  les  splendeurs  des 
cieux;  du  sein  de  Vaurore  vient  la  rosee  de 
ta  naissance  ou  de  ta  jeunesse  j  le  sein  de 
I'aurore,  image  du  sein  de  Dieu,  te  verse  la 
rosee  d'une  eternelle  jeunesse  :  expression 
poetique  de  la  generation  eternelle  du  Fils 
de  Dieu  dans  le  sein  de  son  Pere. 

La  Vulgate  met  ce  verset,  au  moins  quant 
a  sa  derniere  moitie,  dans  la  bouche  de  Je- 
hovah ou  du  Pere  :  a  toi  ou  avec  toi  est  la 
puissance  souveraine  au  jour  de  ta  force 
dans  les  splendeurs  des  saints,  c.-a-d.  au 
jugement  dernier  ou  Jesus-Christ  manifes- 
tera  sa  force  en  brisant  toute  resistance  a 
son  regne,  et  cela  au  milieu  de  ses  saints 
tout  resplendissants  de  gloire.  Comp.  Mattli. 
xiii,  41-43.  Oe  vion  sein,  avant  Vaurore, 
avant  la  creation  de  la  lumiere,  et  par  con- 
sequent de  toute  eternite,  yV  fai  engendrc. 

4.  //  ne  s'en  repentira  point.,  I'institution 
annoncee  ne  sera  jamais  changee  et  n'aura 
pas  lieu  de  Fetre.  —  Tu  es  pretre  (hebr. 
cohen)  :  ce  mot  signifie  en  arabe  un  delcgue, 
un  mitiistre.  Dieu  a  deux  classes  de  minis- 
tres,  les  rois  et  les  pretres;  en  hebr.  coken 
designe  ordinairement  les  derniers,  rare- 
ment  les  premiers.  Le  Messie  doit  etre  pretre 
a  cause  de  son  role  de  redempteur  et  de 
sauveur  :  roi  seulement,  il  ne  pourrait  gud- 
rir  le  mal  moral  dans  le  monde.  II  le  sera 
pour  toujours ;  son  sacerdoce  ne  passera 
pas  en  d'autres  mains;  il  aura  dans  les  pre- 
tres  de  la  nouvelle  alliance  des  vicaires,  non 
des  successeurs.  Enfin  il  le  sera  a  la  i>ia- 
niere  de  Melchisedech  (voy.  Gen.  xiv,  18  sv.), 
qui  non  seulement  reunissait  les  deux  fonc- 
tions  de  pretre  et  de  roi,  mais  qui  etait  pretre 
du  vrai  Dieu  en  general,  pretre  universel,  en 


quelque  sorte,  au  milieu  de  la  gentilite,  a  la 
ditference  d'Aaron,  qui  ne  I'etait  que  pour 
le  peuple  elu. 

5.  Adonai,  un  des  noms  de  Dieu,  qui  si- 
gnifie seigneur,  souverain.  —  Est  a  ta 
droite,  6  Messie  :  au  vers,  i  le  Messie  etait 
represente  assis  a  la  droite  de  Jehovah, 
comme  associe  a  sa  puissance;  ici,  par  un 
changement  de  figure,  le  Psalmiste  nous 
montre  Jehovah  venant  du  ciel  se  mettre  h. 
la  droite  du  Messie  pour  I'assister  dans  le 
combat  et  lui  donner  la  vicfloire.  —  Les  rois 
adversaires  du  Christ,  non  seulement  a  la 
fin  du  monde,  mais  dans  le  cours  des  ages, 
par  ex.  les  empereurs  remains  persecuteurs 
des  Chretiens.  —  Avec  ce  verset  se  termine 
Vadresse  au  Messie;  les  deux  suivants  ex- 
priment  les  reflexions  du  Psalmiste. 

D'autres,  avec  Le  Hir,  donnent  de  ce 
verset  I'explication  suivante,  peut-etre  pre- 
ferable. Adonai  serait  le  Messie  lui-meme  : 
etant  Dieu  comme  son  Pere,  il  peut  recevoir 
cette  denomination.  Le  Psalmiste  s'adres- 
serait  done  k  Jehovah,  et  contemplant  le 
Messie  toujours  a  sa  droite  (vers,  i),  dirait 
jusqu'a  la  fin  du  Psaume  les  ceuvres  accom- 
plies  par  lui  :  Adonai  (le  Messie)  est  a  ta 
droite,  6  Jehovah;  il  brise  les  rois...  il exerce 
son  jugement,  etc. 

6.  Cadavres,  etc.  :  le  Psalmiste  decrit  la 
vi(ftoire  du  Messie  sous  des  images  emprun- 
tees  aux  guerres  ordinaires. 

7.  //  boit  au  torrent  :  beaucoup  d'inter- 
pretes  voient  ici  I'iniage  d'un  guerrier  qui, 
fatigud  du  combat,  se  contente  de  se  rafrai- 
chir  au  torrent  qu'il  rencontre  sur  le  chemin, 
et  recommence  la  lutte  avec  une  nouvelle 
vigueur  jusqu'k  la  vicftoire  definitive.  Mais 
comme  ce  guerrier  n'est  autre  que  le  Messie, 
le  torrent  figure  plutot,  selon  I'explication 
des  Peres,  les  humiliations  et  les  souffrances 
du  Fils  de  Dieu  fait  homme.  Voy.  Philip. 
ii,  <S  sv.  Hebr.  xii,  2;  Apoc.  v,  9,  12.  Comp. 
I  Pier,  i,  II. 


224 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME   CXI    (VULG.  CX). 

^j^^jE  Psaume  et  le  suivant  oftVent  plusieurs  traits  de  ressemblance  :  meme  ton  general, 
meme  rythme,  meme  arrangement  alphabetique,  chaque  vers  commengant  par  una 
des  lettres  de  ralphahet.  Le  cxi^  celebre,  dans  une  suite  de  sentences  pleines  de 


grace,  de  simplicite  et  d'onftion,  les  bienfaits  de  Dieu  envers  son  peuple,  bienfaits  qui 
sont  la  figure  de  ceux  qu'il  preparait  pour  les  fideles  du  Nouveau  Testament.  Ainsi  la 
sortie  d'Egypte,  rappelee  au  vers.  9,  figure  le  bapteme  et  la  i-edemption;  la  manne  (vers.  5), 
I'Eucharistie;  I'heritage  de  Chanaan  (vers.  6),  le  ciel.  Les  idees  se  suivent  sans  s'unir  par 
un  lien  logique  bien  rigoureux,  a  peu  pres  comme  dans  les  Proverbes.  Ni  I'auteur  ni  la 
date  de  la  composition  ne  se  laissent  siirement  deviner. 

Alleluia! 

Ps.  CXI.  I  JE  veux  louer  Jehovah  de  tout  mon  coeur, 

Dans  la  reunion  des  justes  et  dans  I'assemblee. 

2  Grandes  sont  les  oeuvres  de  Jehovah; 

Elles  sont  recherchees  pour  toutes  les  delices  qu'elles  procurent. 

3  Son  oeuvre  n'est  que  splendeur  et  magnificence, 
Et  sa  justice  subsiste  a  jamais. 

4  II  a  laisse  un  souvenir  de  ses  merveilles; 
Jehovah  est  misericordieux  et  compatissant. 

5  II  a  donne  une  nourriture  h.  ceux  qui  le  craignent; 
II  se  souvient  pour  toujours  de  son  alliance. 

6  II  a  manifeste  a  son  peuple  la  puissance  de  ses  oeuvres, 
En  lui  livrant  I'heritage  des  nations. 

7  Les  oeuvres  de  ses  mains  sont  verit^  et  justice, 
Tons  ses  commandements  sont  immuables, 

8  Affermis  pour  I'eternite, 

Faits  selon  la  verite  et  la  droiture. 

9  II  a  envoye  la  delivrance  a  son  peuple, 
II  a  e'tabli  pour  toujours  son  alliance; 
Son  nom  est  saint  et  redoutable. 

10  La  crainte  de  Jehovah  est  le  commencement  de  la  sngesse; 
Ceux-la  sont  vraiment  intelligents,  qui  observent  sa  loi. 
Sa  louange  demeure  a  jamais. 


Ps.  cxii. 


PSAUME   CXII    (VULG.  CXi). 

E  Psalmiste  celebre  I'excellence  de  la  piete  et  sa  recompense.  Le  Chretien  pourra 
s'appliquer  cet  eloge  du  pieux  Israelite,  pourvu  qu'il  prenne  dans  un  sens  plus  spi- 
rituel  les  benedidlions  promises  aux  justes  de  Taticienne  Loi. 

Alleluia! 

1  HEUREUX  I'homme  qui  craint  Jehovah, 
Qui  met  toute  sa  joie  a  observer  ses  preceptes! 

2  Sa  posterite  sera  puissante  sur  la  terre, 
La  race  des  justes  sera  benie. 

3  II  a  dans  sa  maison  bien-ctre  et  richesse, 
Et  sa  justice  subsiste  a  jamais. 

4  La  lumiere  se  l^ve  dans  les  tcnebres  pour  les  hommes  droits, 
Pour  celui  qui  est  misericordieux,  compatissant  et  juste. 


PSAUME  CXI. 

1.  IJassemblee  plus  generale  du  peuple. 

2.  Les  (£uvres  deje/iovah,  soit  dans  I'ordre 
de  la  nature,  soit  dans  I'ordre  de  la  grace. 
A  ces  dernieres  se  rapportent  les  merveilles 
operees  en  faveur  de  son  peuple.  —  Ponr 
toiites  les  delices  qii'ellcs  f)roc7trent  a  ceux 
qui  les  me'ditent;  litt.  pour  toutes  leurs  de- 


lices^ lettrsjoies,  \\€br.  lecol  chef tsehein  (comp. 
Prov,  iii,  15;  viii,  11). 

Ce  verset  est  tres  diversement  interpret^. 
Cook,  rapportant  comme  nous  le  suffixe  a 
(viivres,  traduit  :  elles  sont  exquises,  excel- 
lentes,  pour  tons  ceux  qui  les  aiiiie/it,  au 
jugement  de  ceux  qui  se  plaisent  h.  les  con- 
templer.  D'autres  le  rapportent  a.n\  Justesy 
Delitzsch   :  elles  soul  digues  de  rcchcrcJies 


LIBER  PSALMORUM. 


225 


— *—     PSALMUS  ex.     — :>— 

Laudat  Deum  ob  beneficia,  et  incitat 
ad  ejus  timorem. 

Alleluia. 

ONFJTEBOR  tibi  Do- 
!  mine  in  toto  corde  meo  : 
j  in  consilio  justorum,  et 
I  congregatione.  2.  Magna 
opera  Domini  :  exqiiisita  in  omnes 
voluntates  ejus.  3.  Confessio  et  ma- 
gnificentia  opus  ejus  :  et  justitia  ejus 
manet  in  saeculum  saeculi.  4.  Me- 
moriam  fecit  mirabilium  suorum, 
misericors  et  miserator  Dominus  : 

5.  escam  dedit  timentibus  se.  Me- 
mor  erit  in  sasculum  testamenti  sui  : 

6.  Virtutem  operum  suorum  an- 
nuntiabit  populo  suo :  7.  ut  det  illis 
hereditatem  gentium  :  opera  ma- 
nuum  ejus  Veritas,  et  judicium. 
8.   Fidelia   omnia   mandata   ejus  : 


confirmata  in  saeculum  saeculi,  facta 
in  veritate  et  asquitate.  9.  Redem- 
ptionem  misit  populo  suo  :  manda- 
vit  in  aeternum  testamentum  suum. 
Sanctum,  et  terribile  nomen  ejus  : 
10.  ''Initium  sapientiae  timor  Do- 
mini, Intellectus  bonus  omnibus 
facientibus  eum  :  laudatio  ejus  ma- 
net in  saeculum  saeculi. 

— :i:—     PSALMUS    GXL     — *— 
Justi  beatitude,  impio  tabescente. 

Alleluia,  Reversionis  Aggaei,  et 
Zachariae. 

EATUS  vir,  qui  timet 
Dominum  :  in  mandatis 
ejus  volet  nimis.  2.  Potens 
in  terra  erit  semen  ejus  : 
generatio  rectorum  benedicetur. 
3.  Gloria,  et  divitiae  in  domo  ejus  : 
et  justitia  ejus  manet  in  saeculum 
saeculi.  4.  Exortum  est  in  tenebris 


"  Prov.  I, 
7  et  9,  10. 
Eccli.  1, 16. 


dans  ioutes  letirs  fins,  les  justes  en  tiennent 
compte  dans  tous  les  desseins  qu'ils  for- 
ment;  Le  Hir  :  elles  sont  exquises  de  ina- 
mcre  a  satis f aire  les  aff'eHioits  des  jtcstes. 

Les  anciennes  versions  ont  lu  le  suffixe 
au  singulier,  se  rapportant  a  Dieu;  Vulg.  : 
elles  sont  exquises^  en  /larinonie  parfaite  avec 
sa  volonte,  avec  la  fin  que  Dieu  s'est  pro- 
pose d'atteindre. 

4.  //  a  laisse;  litt.,  //  a  fait,  tin  sotivejiir  : 
ce  qui  peut  s'entendre  de  deux  manieres  : 
il  a  fait  des  merveilles  si  eclatantes,  que  le 
souvenir  s'en  conservera  toujours  dans  Is- 
rael ;  ou  bien  :  il  a  institue  un  souvenir, 
c.-a-d.  des  fetes  religieuses  qui  rappellent  le 
souvenir  de  ses  merveilles. 

5.  Une  noiirritnre  :  soit  la  manne,  soit 
plutot,  dit  Delitzsch,  I'agneau  pascal,  via- 
tique  de  la  sortie  d'Egypte,  que  les  Hebreux 
devaient  manger  chaque  annee  comme  sou- 
venir {Exod.  xii,  14)  :  tous  deux  symboles 
du  festin  eucharistique. 

6.  //  a  viatiifeste,  etc.  :  il  a  deploye  sa 
puissance.  —  U heritage  des  nations,  le  pays 
de  Chanaan. 

9.  La  delivrance  de  I'Egypte,  qui  figure 
la  redemption  des  hommes  par  Jesus-Christ; 
cette  delivrance  fut  suivie  de  Valliance  con- 
traflee  au  Sinai'. 

10.  La  crainte  du  Seigneur,  le  respedl  qui 
lui  est  du,  accompagne  de  la  pratique  de 
son  culte  et  de  sa  loi,  est  le  commencetnetit, 


la  premiere  chose  et  la  plus  importante  que 
commande  la  sagesse.  Le  Hir,  a  peu  pres 
dans  le  meme  sens  :  la  crainte  de  Dieu  est 
Ic  principal  et  le  resume  (en  lat.  suniind) 
de  toute  la  sagesse.  Ou  bien  encore  :  est  le 
premier  fruit  et  le  plus  precieux,  les  pre- 
mices  de  la  sagesse  :  comp.  Prov.  viii,  22. 
La  meme  sentence  se  retrouve  Prov.  i,  7; 
ix,  10;  Eccli.  i,  16;  Job,  xxviii,  28.  —  lis 
sont  vratment  intelligents,  etc.  :  ils  ont  la 
vraie  prudence  pour  les  guider  dans  la  con- 
duite  de  la  vie.  —  Sa  louange,  la  louange 
de  Dieu,  sa  gloire;  Delitzsch  :  la  louange 
du  juste. 

PSAUME  CXII. 

Alleluia  :  la  Vulg.  ajoute  :  ati  retour 
d'Agge'e  et  de  Zacharie;  ces  mots,  qui  re- 
porteraient  la  date  du  Psaume  a  I'epoque 
du  retour  de  I'exil,  ne  se  trouvent  ni  dans 
I'hebreu,  ni  dans  les  LXX. 

3.  Sa  justice,  reflet  et  ecoulement  de  la 
justice  de  Dieu  {Ps.  cxi,  3.  Comp.  xxiv,  5), 
subsiste  a  jamais,  avec  les  fruits  de  bene- 
dicflion  qui  en  sont  la  recompense. 

4.  Ouand  le  juste  est  dans  les  te'nebres, 
c.-a-d.  dans  le  malheur,  et  que  tout  semble 
perdu,  la  lumiere,  c.-k-d.  la  joie,  la  deli- 
vrance, se  live  pour  lui.  Le  Hir  et  d'autres, 
avec  la  Vulg.  :  une  lumiere,  savoir  Dieu 
lui-meme,  "  la  lumiere  d' Israel  (/y.  Ix,  1-3; 
Malach.  iii,  20)  ",  Dieu,  qtii  est  clement,  mi- 
sericordieux  et  juste  {Exod.  xxxiv,  6). 


N°  23.  —  LA  SAINTE  BIELE.  TOME  IV.  —  1$ 


226 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  cxiii. 


5  Heureux  I'homme  qui  exerce  la  misericorde  et  qui  prete  : 
En  justice  il  fait  prevaloir  sa  cause, 

6  Car  il  ne  sera  jamais  ebranl^. 
Le  juste  laissera  une  memoire  eternelle. 

7  II  ne  sera  pas  efifraye  par  de  funestes  nouvelles; 
Son  coeur  est  ferme,  confiant  en  Jehovah. 

8  Son  ccEur  est  inebranlable,  il  ne  craint  pas, 
Jusqu'a  ce  qu'il  voie  ses  ennemis  abat/us. 

9  II  seme  Pautnone^  il  donne  a  I'indigent; 
Sa  justice  subsiste  a  jamais; 
Sa  corne  s'eleve  avec  gloire. 

lo  Le  mechant  le  voit  et  s'irrite, 

II  grince  des  dents  et  Penvie  le  consume  : 
Le  desir  des  mechants  perira. 

PSAUME   CXIII   (VULG.  CXIl). 

Ouez  Jehovah  (vers.  1-3);  eleve  au-dessus  du  ciel  et  de  la  terre  (4-6),  il  daigne  secou- 
rir  les  malheureux  (7-9)  :  tel  est  le  sujet  de  ce  Psaume,  dont  I'auteur  et  la  date  de 
I  la  composition  sont  inconnus.  On  y  trouve,  dit  Berthier.  un  heureux  alliage  de 
majeste  et  de  douceur,  de  noblesse  dans  les  idees  et  d'on(flion  dans  les  sentiments. 

Les  Juifs  donnent  le  nom  de  Haller-d.  un  groupe  de  Psaumes  (cxiii-cxviii)  commen^ant 
par  alleluia  (dans  les  LXX  et  la  Vulg.),  et  qu'ils  chantaient  a  leurs  principales  fetes. 

Alleluia ! 

1  LOUEZ,  serviteurs  de  Jehovah, 
Louez  le  nom  de  Jehovah. 

2  Que  le  nom  de  Jehovah  soit  beni 
Des  maintenant  et  a  jamais  ! 

3  Du  lever  du  soleil  jusqu'k  son  coucliant 
Lou^  soit  le  nom  de  Jehovah  ! 

4  Jehovah  est  eleve  au-dessus  de  toutes  les  nations, 
Sa  gloire  est  au-dessus  des  cieux. 

5  Qui  est  semblable  ;\  Jehovah,  notre  Dieu? 
II  siege  dans  les  hauteurs, 

6  Et  il  regarde  en  bas 

Dans  les  cieux  et  sur  la  terre. 

7  II  releve  le  malheureux  de  la  poussiere, 
II  retire  le  pauvre  du  fumier, 

8  Pour  les  faire  asseoir  avec  les  princes, 
Avec  les  princes  de  son  peuple. 

9  II  donne  une  demeure  a  la  sterile  de  la  maison, 

//  c?i  fait  une  mere  joyeuse  au  milieu  de  ses  enfants. 
Alleluia! 


Ps,  cxiv. 


PSAUME   CXIV   (VULG.  CXIIl). 

E  Psaume  c^lebre  la  puissance  de  Dieu,  manifestee  surtout  dans  les  merveilles  de 
la  sortie  d'Egypte  et  du  passage  du  Jourdain.  II  se  distingue  par  une  concision 
^  pleine  de  force,  par  des  tours  vifs  et  hardis,  dont  aucun  lyrique  profane  n'a  sur- 
passe  la  beauts. 

1  QUAND  Israel  sortit  d'Egypte, 

Quand  la  maison  de  Jacob  s'eloigna  d'un  peuple  barbare, 

2  Juda  devint  son  sandluaire, 
Israel  son  domaine. 


5.  Selon  d'autres,  le  second  membre  con- 
tinuerait  la  phrase  commencee  dans  le  pre- 
mier :  Heureux...  qui  prete.,  et  qui  regie  ses 
adions  d'apres  la  justice. 


6.  Une  tnanoire  eternelle:  comp.  Prov.  x,  7. 

8.  JusqitW  ce  quHl  voie ;  selon  la  force  de 
I'expression  \\€hr.,  qu'il  ait  la  satis fadion  de 
voir. 


LIBER  PSALMORUM. 


227 


lumen  rectis  :  misericors,  et  misera- 
tor,  et  Justus.  5.  Jucundus  homo 
qui  miseretur  et  commodat,  dispo- 
net  sermones  suos  injudicio:  6.  quia 
inastermim  non  commovebitur.y.In 
memoria  asterna  erit  Justus  :  ab  au- 
ditione  mala  non  timebit.  Paratum 
cor  ejus  sperare  in  Domino,  S.con- 
firmatum  est  cor  ejus  :  non  commo- 
vebitur  donee  despiciat  inimicos 
suos.  9.  "Dispersit,  dedit  pauperi- 
bus  :  justitia  ejus  manet  in  sascu- 
lum  sasculi,  cornu  ejus  exaltabitur 
in  gloria.  lo.  Peccator  videbit,  et 
irascetur,  *dentibus  suis  fremet  et 
tabescet  :  desiderium  peccatorum 
peribit. 

— *—    PSALM  us    CXI  I.    — :i:— 

Laudandus  Deus  super  omnia  excelsus 
et  exaltans  humiles. 


Alleluia. 

|AUDATE  pueri  Domi- 
num  :  laudate  nomen  Do- 
mini. 2.  Sit  nomen  Do- 
mini benedictum,  ex  hoc 


nunc,  et  usque  in  sasculum.  3.  "A    -^Mai.i.n. 
sol  is  ortu  usque  ad  occasum,  lauda- 
bile  nomen  Domini. 

4.  Excelsus  super  omnes  gentes 
Dominus,  et  super  coelos  gloria  ejus. 
5.  Quis  sicut  Dominus  Deus  noster, 
qui  in  altis  habitat,  6.  et  humilia 
respicit  in  ccelo  et  in  terra .^ 

7.  Suscitans  a  terra  inopem,  et  de 
stercore  erigens  pauperem  :  8.  ut 
collocet  eum  cum  principibus,  cum 
principibus  populi  sui.  9.  Qui  habi- 
tare  facit  sterilem  in  domo,  matrem 
filiorum  laetantem. 

— :;:—     PSALMUS   CXIIL    — ^i:— 

Narratio  miraculorum  Dei  in  exitu 
de  ^gypto  :  idolorum  vanitas. 


Alleluia. 

N  exitu  Israel  de  ^gypto, 
''domus  Jacob  de   popu-    '^Exod.  13, 
lo  barbaro  :   2.  facta  est    3- 
Judasa   sanctificatio    ejus, 


Israel  potestas  ejus. 

3.  Mare  vidit^  et  fugit :  *Jordanis 
conversus  est  retrorsum.  4.  Montes 


'Jos.  3,  16. 


9.  II shneVaianone :  S.  Paul  (II  Cor.  ix,  g) 
cite  ce  texte  pour  exciter  les  premiers  fideles 
a  la  pratique  de  la  charity.  —  Sa  justice 
subsiste  a  jamais,  ce  que  Notre-Seigneur 
explique  ainsi  :  "  II  s'amasse  un  tresor  dans 
le  ciel.  "  Luc,  xii,  32.  —  Sa  come,  symbole 
de  force  et  de  prosperite,  croit  rapidement 
et  par  consequent  s'e'leve  glorieusement 
pour  lui. 

10.  Le  desir  des  viechants,  les  voeux  im- 
pies  qu'ils  forment  pour  le  malheur  des 
justes  restent  sans  effet. 

PSAUME  CXIII. 

2.  Les  mots  de  la  Vulg.,  ex  hoc  nunc,  sont 
calquds  sur  le  grec  dcTro  xou  vuv. 

6.  Dans  les  cieux  et  sicr  la  terre  :  de  ces 
deux  termes,  le  premier  se  rapporte  proba- 
blement  au  2^  membre  du  vers.  5,  et  le  se- 
cond au  i^"^  membre  du  vers.  6  : 

II  siege  dans  les  hauteurs,  —  dans  les  cieux; 
II  regarde  en  bas,  — •  sur  la  terre. 

7  sv.  Comp.  le  cantique  d'Anne  (I  Sam. 
ii,  8)  et  celui  de  Marie  {Luc,  i,  46,  48). 

9.  Une  demeure  assur^e  :  chez  les  Juifs, 
avec  la  loi  du  divorce,  la  sterile  de  la 
inaison,    la    femme    sans    enfants,   n'avait 


pas  une  demeure  stable  dans  la  maison 
de  son  epoux,  le  lien  le  plus  fort  pour 
I'attacher  a  ce  dernier  faisant  defaut.  En 
meme  temps  que  Dieu  lui  donnait  des 
enfants,  Dieu  lui  donnait  done  aussi  une 
demeure.  Plusieurs  Peres  font  une  belle  ap- 
plication de  ce  verset  a  Israel  et  a  I'Eglise 
chretienne;  Israel  est  I'epouse  longtemps 
stdrile  qui,  devenue  I'Eglise  chretienne, 
s'etonne  de  sa  merveilleuse  fecondite.  Comp. 
Is.  xlix,  20 ;  liv,  i. 

PSAUME  CXIV. 

r.  D''un  peuple  barbare,  c.-k-d.  parlant 
une  langue  etrang^re,  autre  que  celle  des 
Hebreux;  c'est  le  sens  de  I'hebr,  loez  comme 
du  grec  barbaros. 

2.  Juda,  la  tribu  preponderante  a  partir 
de  David,  pour  la  nation  entiere.  —  Son 
sa?t&uaire;\\tt.  sa  saintete,  par  quoi  on  pent 
entendre,  ou  bien  son  sanduaire  (comp. 
Exod.  XV,  17),  en  ce  sens  que  Dieu  avait 
son  sandluaire  terrestre  (le  tabernacle,  puis 
le  temple)  au  milieu  d'Israel;  ou  bien  sa 
chose  saint e,  sa  propridte  sacre'e;  le  peuple 
separedetous  les  autres  pour  etre  tout  spe- 
cialement  le  peuple  de  Dieu  :  le  paralle'lisme 
favorise  la  seconde  explication. 


228  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

3  La  mer  le  vit  et  s'enfuit, 
Le  Jourdain  retourna  en  arriere; 

4  Les  montagnes  bondirent  comme  des  beliers, 
Les  collines  comme  des  agneaux. 

5  Qu'as-tu,  mer,  pour  t'enfuir, 
Jourdain,  pour  retourner  en  arriere? 

6  Qti'aves-voiis,  montagnes,  pour  bondir  comme  des  beliers, 
Et  vous,  collines,  comme  des  agneaux? 

7  Tremble,  6  terre,  devant  la  face  du  Seigneur, 
Devant  la  face  du  Dieu  de  Jacob, 

8  Qui  change  le  rocher  en  etang, 
Le  roc  en  source  d'eaux. 

PSAUME   CXV   (VULG.,  SUITE   DU    PS.  CXIIl). 

[jUjet  du  Psaume  :  Gloire  a  Dieu  tout-puissant  (vers.  1-3);  les  dieux  des  nations  ne 

sont  que  de  vaines  idoles  (4-8);  qu'Israel  se  confie  en  Jehovah  (9-1 1);  il  nous  con- 

tinuera  ses  bienfaits  (12-15),  et  nous  le  louerons  (16-18). 

La  Vulgate  joint  ce  morceau  au  precedent  pour  n'en  former  qu'un  seul  Psaume.  Les 

interpretes  modernes  sont  k  peu  pres  unanimes  a  voir  ici  deux  Psaumes  distind,s  et  inde- 

pendants. 

Ps.  CXV.  I  NON  pas  a  nous,  Jehovah,  non  pas  a  nous, 

Mais  a  ton  nom  donne  la  gloire, 
A  cause  de  ta  bonte,  a  cause  de  ta  fidelite! 

2  Pourquoi  les  nations  diraient-elles  : 
"  Ou  done  est  leur  Dieu? " 

3  Notre  Dieu  est  dans  le  ciel; 
Tout  ce  qu'il  veut,  il  le  fait. 

4  Leurs  idoles  sont  de  I'argent  et  de  I'or, 
Ouvrage  de  la  main  des  hommes. 

5  EUes  ont  une  bouche,  et  ne  parlent  point; 
Des  yeux,  et  ne  voient  point. 

6  Elles  ont  des  oreilles  et  n'entendent  point; 
Des  narines,  et  ne  sentent  point. 

7  Elles  ont  des  mains  et  ne  touchent  point, 
Des  pieds,  et  ne  marchent  point; 

De  leur  gosier  elles  ne  font  entendre  aucun  son. 

8  Ou'ils  leur  ressemblent  ceux  qui  les  font, 
Et  tous  ceux  qui  se  confient  en  elles! 

9  Israel,  mets  ta  confiance  en  Jehovah! 
II  est  leur  secours  et  leur  bouclier. 

10  Maison  dAaron,  mets  ta  confiance  en  Jehovah! 
II  est  leur  secours  et  leur  bouclier. 

11  Vous  qui  craignez  Jehovah,  mettez  votre  confiance  en  Jehovah! 
II  est  leur  secours  et  leur  bouclier. 

12  Jehovah  s'est  souvenu  de  nous  :  il  benira  — 
II  benira  la  maison  d'Israel; 

II  benira  la  maison  dAaron; 

13  II  benira  ceux  qui  craignent  Jehovah, 
Les  petits  et  les  grands. 

14  Que  Jehovah  multiplie  sur  vous  ses  faveurs, 
Sur  vous  et  sur  vos  enfantsi 

15  Soyez  benis  de  Jehovah, 

Qui  a  fait  les  cieux  et  la  terre! 

16  Les  cieux  sont  les  cieux  de  Jdhovah, 

Mais  il  a  donne  la  terre  aux  fils  de  I'homme. 

17  Ce  ne  sont  pas  les  morts  qui  louent  Jehovah, 
Ni  ceux  qui  descendent  dans  le  lieu  du  silence; 


LIBER  PSALMORUM. 


229 


exsultaverunt  ut  arietes  :  et  coUes 
sicut  agni  ovium. 

5.  Quid  est  tibi  mare  quod  fugi- 
sti  :  eT  tu  Jordanis,  quia  con  versus 
es  retrorsum?  6.  Montes  exsulta- 
stis  sicut  arietes,  et  coUes  sicut  agni 
ovium. 

7,  A  facie  Domini  mota  est  terra, 
a  facie  Dei  Jacob.  8.  Qui  convertit 
petram  in  stagna  aquarum,  et  rupem 
in  fontes  aquarum. 

I.  NON  NOBIS  DOMINE, 
NON  NOBIS  :  sed  nomini  tuo  da 
gloriam.  2.  Super  misericordia  tua, 
et  veritate  tua  :  nequando  dicant 
gentes  :  Ubi  est  Deus  eorum.^ 
3.  Deus  autem  noster  in  coelo  :  om- 
nia quaecumque  voluit,  fecit. 

4.  ^Simulacra  gentium  argentum, 
etaurum, opera  manuum  hominum. 

5.  ''Os  habent,  et  non  loquentur  : 
oculos   habent,   et    non   videbunt. 

6.  Aures  habent,  et  non  audient  : 
nares   habent,   et   non   odorabunt. 


7.  Manus  habent,  et  non  palpabunt : 
pedes  habent,  et  non  ambulabunt  : 
non    clamabunt    in    gutture    suo. 

8.  Similes  ilHs  fiant  qui  faciunt  ea  : 
et  omnes  qui  confidunt  in  eis, 

9.  Dornus  Israel  speravit  in  Do- 
mino :  adjutor  eorum  et  protector 
eorum  est.  10.  Domus  Aaron  spe- 
ravit in  Domino  :  adjutor  eorum  et 
protector  eorum  est.  1 1.  Qui  timent 
Dominum,  speraverunt  m  Domi- 
no :  adjutor  eorum  et  protector 
eorum  est. 

1 2.  Dominus  memor  fuit  nostri  : 
et  benedixit  nobis  :  benedixit  domui 
Israel    :    benedixit    domui    Aaron. 

13.  Benedixit  omnibus,  qui  timent 
Dominum,  pusillis  cum  majoribus. 

14.  Adjiciat  Dominus  super  vos  : 
super  vos,  et  super  filios  vestros. 

15.  Benedict!  vos  a  Domino,  qui  fe- 
cit coelum,  et  terram. 

16.  Coelum  coeli  Domino  :  ter- 
ram autem  dedit   filiis   hominum. 


Vulg.,  la    terre   a 


3.  La  grande  delivrance  est  comme  com- 
prise entre  ces  deux  miracles  :  le  passage 
de  la  mer  Rouge,  qui  eloigne  pour  jamais 
Israel  de  I'Egypte,  en  marque  le  commen- 
cement; le  passage  du  Jourdain,  qui  lui 
donne  entree  dans  la  Terre  promise,  en 
marque  I'achevement. 

4.  Montagues,  collines  :  le  mont  Sinai 
{Exod.  xix,  18). 

5.  Comp.  Ps.  Ixviii,  16;  Is.  xxviii,  7 

7.  Ti'emble,   6   ierre 
tremble. 

8.  Autre  miracle  accompli  dans  le  desert 
k  I'epoque  de  la  grande  delivrance. 

Cette  fin  un  peu  brusque  s'explique  natu- 
rellement  si,  comme  le  pensent  plusieurs 
interpretes,  le  Psaume  etait  destine  a  etre 
chants  avec  d'autres  dans  quelque  cere'mo- 
nie  religieuse. 

PSAUME  CXV. 

1-2.  Sens  :  tu  fais  eclater  ta  puissance  en 
notre  faveur,  non  pas  tant  a  cause  de  nous, 
qui  en  sommes  indignes,  qu'k  cause  de  to72 
nom,  lequel  est  synonyme  de  ^(7;?/e'' (gratuite) 
et  de  fidelite  (dans  I'accomplissement  des 
promesses),  et  qui,  si  tu  nous  abandonnais, 
serait  en  butte  aux  sarcasmes  'des  nations 
idolatres. 

3.  Comp.  Sag.  xii,  18. 

4.  Leurs  idoles,  ou  leiers  dieux  :  comp. 
Sag.  XV,  15. 

7.  De  leur gosier :  comp.  Is.  xxxviii,  14. 


8.  lis  (ou  qu'zls)  letir  ressemblent :  comp. 
Is.  xliv,  9. 

9-1 1.  Isi-a'el  :  la  nation  en  general;  la 
/liaison  d^ Aaron  :  les  pretres  et  autres  mi- 
nistres  du  culte ;  ceux  qui  craignent  le  Sei- 
gneur :  ou  bien  les  vrais  Israelites,  qui  ser- 
vent  Dieu  avec  foi  et  amour;  ou  bien  les 
proselytes,  c.-k-d.  ceux  qui,  sans  etre  juifs 
de  naissance,  connaissent  et  adorent  le  vrai 
Dieu  (comp.  Ad.  xiii,  43;  xvii,  4).  V^ulg., 
Israel  a  mis  sa  coitjiance;  de  meme  dans  les 
deux  versets  suiv.  —  //  est  letir  secours  : 
ces  mots  forment  comme  une  reponse  du 
chceur  k  I'exhortation  qui  precede ;  d'autres 
versets  donneraient  lieu  a  la  meme  remar- 
que.  Ouelques  interpretes  en  concluent  que 
ce  Psaume  est  un  chant  dialogue,  sans  qu'il 
soit  possible  d'assigner  la  part  exacfte  des 
interlocuteurs. 

12.  II  beniraj  Le  Hir,  qu'il  benisse. 

14.  Que  JeJiovah  multiplie;  onh'\Qr\,Je7to- 
vah  w;<'//i'^//^;a/l'optatif  ne  viendrait  qu'au 
vers.  15,  peut-etre  comme  une  reponse  du 
choeur. 

16.  Les  cietix  de  JeJiovah,  sa  demeure 
propre,  reservee  pour  lui  seul  :  maniere 
de  parler  populaire,  dit  saint  Jean  Chry- 
sostome ;  car  Dieu  a  crde  egalement  le 
ciel  et  la  terre,  et  il  est  partout  present, 
soutenant  et  gouvernant  toutes  ses  crea- 
tures. 

17.  Dans  le  lieu  du  silence,  le  scheol  ou 
les  limbes,  pour  les  Hebreux  lieu  d'attente, 


230 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


i8  Mais  nous,  nous  benirons  Jehovah 
Des  maintenant  et  h.  jamais. 

PSAUME   CXVI   (VULG.  CXIV   ET   CXV). 

i Antique  d'aaions  de  graces,  compose  probablement  apres  le  retour  de  I'exil,  pour 
»J  la  d^livrance  de  quelque  grand  danger,  peut-etre  pour  celle  meme  de  la  captivite. 
H  Le  Psalmiste  a  invoque  le  Seigneur  dans  sa  detresse  (vers.  1-4);  Dieu  la  secouru 


(5-9);  11  lui  temoignera  publiquement  sa  reconnaissance  en  acquittant  ses  voeux  (10-14)  et 
en  lu'i  offrant  des  sacrifices  pacifiques  (15-19).  _ 

Dans  la  Vulg.,  ce  Psaume  en  forme  deux,  le  cxive  qui  comprend  les  vers.  i-9.  .et 
le  cxve,  compose  des  vers.  10-19.  La  plupart  des  interpretes  modernes  admettent  1  unite 
de  composition. 

Alleluia! 

Ps,  cxvi.  I  JE  I'aime,  car  Jehovah  entend 

Ma  voix,  mes  ardentes  supplications; 

2  Car  il  a  incUne  vers  moi  son  oreille, 
Et  toute  ma  vie  je  I'invoquerai. 

3  Les  liens  de  la  mort  m'entouraient, 

Et  les  angoisses  du  scheol  m'avaient  saisi; 
J'etais  en  proie  k  la  detresse  et  k  Taffliflion. 

4  Et  j'ai  invoque  le  nom  de  Jehovah  : 
"  Jehovah,  sauve  mon  ame!  " 

5  Jehovah  est  misericordieux  et  juste, 
Notre  Dieu  est  compatissant. 

6  Jehovah  garde  les  faibles; 
J'etais  malheureux,  et  il  m'a  sauve. 

7  Mon  ame,  retourne  a  ton  repos. 
Car  Jehovah  te  comble  de  biens. 

8  Oui,  tu  as  sauve  mon  ame  de  la  mort, 
Mon  ceil  des  larmes, 

Mes  pieds  de  la  chute. 

9  Je  marcherai  encore  devant  Jehovah, 
Dans  la  terre  des  vivants. 

10  J'ai  confiance,  alors  meme  que  je  dis  : 
'•' Je  suis  malheureux  a  I'exces.  " 

11  Je  disais  dans  mon  abattement  : 
"  Tout  homme  est  menteur.  " 

12  Que  rendrai-je  k  Jehovah 

Pour  tous  ses  bienfaits  k  mon  egard! 

13  J'elfeverai  la  coupe  du  salut 

Et  j'invoquerai  le  nom  du  Seigneur. 

14  J'accomplirai  mes  vceux  envers  Jehovah 
En  pre'sence  de  tout  son  peuple. 

15  EUe  a  du  prix  aux  yeux  de  Jehovah, 
La  mort  de  ses  fideles. 

16  Ah!  Jehovah,  parce  que  je  suis  ton  serviteur, 
Ton  serviteur,  fils  de  ta  servante, 

Tu  as  detache  mes  liens. 

17  Je  t'offrirai  un  sacrifice  d'aftions  de  graces, 
Et  j'invoquerai  le  nom  de  Jehovah. 

18  J'accomplirai  mes  vceux  envers  Jehovah 
En  presence  de  tout  son  peuple, 

19  Dans  les  parvis  de  la  maison  de  Jehovah, 
Dans  ton  enceinte,  Jerusalem. 

Alleluia! 


triste  et  silencieux,  ou  Ton  ne  pouvait  plus  louer  Dieu  comme  sur  la  terre  :  comp.  Ps.  vi,  6; 
xxx,  10;  Ixxxviii,  ii  sv.  Is.  xxxviii,  18. 


LIBER  PSALMORUM. 


231 


ly.'Non  mortui  laudabunt  te  Do- 
mine  :  neque  omnes,  qui  descendunt 
in  infernum.  i8.  Sed  nos  qui  vivi- 
mus,  benedicimus  Domino,  ex  hoc 
nunc  et  usque  in  sasculum. 

— :i=—    PSALMUS    CXIV.    — ^i^— 
Gratiarum  aftio  pro  liberatione  a  periculis. 

Alleluia. 

ILEXI,  quoniam  exaudiet 
Dominus  vocem  orationis 
meas.  2.  Quia  inclinavit 
aurem  suam  mihi  :  et  in 
diebus  meis  invocabo.  3.  Circum- 
dederunt  me  dolores  mortis :  et  pe- 
ricula  inferni  invenerunt  me.  Tri- 
bulationem  et  dolorem  inveni :  4.  et 
nomen  Domini  invocavi.O  Domine 
libera  animam  meam  : 

5.  Misericors  Dominus,  et  Justus, 
et  Deus  noster  miseretur.  6.  Custo- 
diens  parvulos  Dominus  :  humilia- 
tus  sum,  et  liberavit  me.  7.  Conver- 
tere  anima  mea  in  requiem  tuam  : 
quia  Dominus  benefecit  tibi.  8.  Quia 
eripuit  animam  meam  de  morte  : 
oculos  meos  a  lacrymis,  pedes  meos 


a  lapsu.  9.  Placebo  Domino  in  re- 
gione  vivorum. 

— :i:—     PSALMUS    CXV.     — ^i-- 
Gratiarum  a6lio  pro  liberatione  a  periculis. 


meo 


Alleluia. 
REDIDI,  propter  quod 
locutus  sum  :  "ego  autem 
humiliatus  sum  nimis. 
1 1 .  Ego  dixi  in  excessu 
^Omnis  homo  mendax. 
12.  Quid  retribuam  Domino,  pro 
omnibus,quaeretribuitmihi.?  ij.Ca- 
licem  salutaris  accipiam  :  et  nomen 
Domini  invocabo.  14.  Vota  mea 
Domino  reddam  coram  omni  po- 
pulo  ejus  : 

1 5.  Pretiosa  inconspectu  Domini 
mors  Sanctorum  ejus  :  16.  o  Do- 
mine quia  ego  servus  tuus  :  ego  ser- 
vus  tuus,  et  filius  ancillas  tuae.  Di- 
rupisti  vincula  mea  :  17.  tibi  sacri- 
ficabo  hostiam  laudis,  et  nomen 
Domini  invocabo.  18.  Vota  mea 
Domino  reddam  in  conspectu  om- 
nis  populi  ejus  :  19.  in  atriis  domus 
Domini,  in  medio  tui  Jerusalem. 


PSAUME  cxvi. 

i./e  Pawie,  Wit.  f  aim e,  sons-^nt,  Je'ho- 
vah  :  comp.  Ps.  xviii,  2,  que  Fauteur  imite 
encore  dans  les  vers.  3  et  4. 

5.  Comp.  Exod.  xxxiv,  6;  Ps.  cxii,  4. 

6.  Garde  les  faibles,  litt.  les  simples,  les 
petits  (en  gr.  nepia)  de  I'Evangile  \Matth. 
xi,  25),  ceux  qui  n'ont  pour  se  defendre  ni  la 
force  ni  la  ruse. 

7.  A  ton  repfls,  au  bien-etre  et  ^  la  secu- 
rite,  par  opposition  a  la  detresse  et  a  I'afflic- 
tion  du  vers.  3. 

9.  Je  marcherai,  etc.  :  je  vivrai  sous  le 
regard  et  la  proteftion  de  Jehovah  (ou  bien  : 
ayant  toujours  devant  les  yeux  Jehovah), 
qui  m'a  preserve  de  la  mort.  LXX  et  Vulg., 
je  serai  agreable  au  Seigneur,  je  le  loue- 
rai    et    le    servirai,   en    cette   vie   :    comp. 

Ps.  CXV,  18. 

\o.  J''ai  confiance,\\\X.  je  crois,  j'ai  foi  et 
confiance  en  Dieu,  je  crois  qu'il  pent  me 
secourir,  et  que  lui  seul  le  peut.  LXX  et 
Vulg.,  j'ai  cru,  c''est pourquoi  j''ai  parle  et 
dit  a  Dieu  :  Voyez  combien  je  suis  malheu- 
reux!  Comp.  II  Cor  iv,  13. 


II.  Tout  homme  est  menteur,  fait  defaut 
k  qui  met  en  lui  sa  confiance,  soit  que  les 
moyens,  soit  que  la  volonte  lui  manque  pour 
venir  en  aide.  C'est  la  meme  pensee  que 
nous  avons  rencontree  plus  haut  :  "  Le  se- 
cours  de  I'homme  n'est  que  vanite. "  Ps. 
cvii,  13.  Voy.  Rom.  iii,  4. 

13.  J^eleverai,  dans  quelque  repas  sacrd, 
tel  que  les  Israelites  en  faisaient  apr^s  avoir 
ofFert  k  Dieu  un  sacrifice  pour  une  grace 
regue,  la  coupe  du  saint  (Htt.  des  delivran- 
ces),  une  coupe  de  benediction  et  d'a(flions 
de  graces  :  allusion  k  la  troisieme  coupe  que 
le  pere  de  famille  presentait  dans  le  festin 
pascal.  —  Et  j'i/ivoqucrai,  etc.,  j'offrii-ai  a 
Dieu  mes  sentiments  de  reconnaissance. 

15.  Elle  a  diiprix  :  ce  n'est  pas  une  chose 
legere  et  sans  importance,  a  laquelle  Dieu 
ne  fasse  pas  attention,  que  la  mort  de  ses 

fideles;  il  s'en  soucie  beaucoup,  au  contraire, 
et  par  consequent  il  veille  sur  leur  vie  pour 
ladefendrecontre  les  attaquesdes  mechants, 
Comp.  Luc,  xxi,  i8. 

16.  Fits  de  ta  servante  :  voy.  Ps.  Ixxxvi,  16. 
—  Tu  as  detache  mes  Hefts,  tu  m'as  delivre 
du  danger.  Comp.  vers.  3. 


'^  2  Cor.  4, 


*Rom.  3, 


232 


CINQUlf^ME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps. 


cxvu. 


rSAUME   CXVII   (VULG.  CXVl). 

E  court  Psaume  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  le  c^.  L'auteur  invite  les  nations 
idolatres  a  entrer  dans  le  royaume  de  Dieu.  S.  Paul  cite  ce  cantique  comme  une 
prophetic  de  la  conversion  des  Gentils  {Ro/ii.  xv,  ii.  Com^.  Jean,  xii,  32). 

1  NATIONS,  louez  toutes  Jehovah; 
Peuples,  celebrez-le  tons ! 

2  Car  sa  bonte  pour  nous  est  grande, 

Et  la  verite  de  Jehovah  subsiste  a  jamais. 
Alleluia! 


Vers.  26-27. 
Vers.  28. 
Vers.  29. 


PSAUME   CXVIII    (VULG.  CXVIl). 

Hant  triomphal  d'acflion  de  graces  compose  a  I'occasion,  soit  de  la  pose  solennelle 
de  la  premiere  pierre  du  second  temple  {Esdr.  iii,  8-12),  soit  plutot  de  la  dedicace 
de  ce  temple  apres  son  achevement,  la  sixieme  annee  de  Darius  {Esdr.\'\,  15  sv.). 
Plus  tard,  il  fit  partie  de  la  liturgie  de  la  fete  des  Tabernacles  (procession  du  S*"  jour). 

Tout  indique  que  nous  avons  ici  un  Psaume  chante  a  plusieurs  choeurs  dans  une  pro- 
cession. Tout  le  peuple,  ayant  a  sa  tete  un  des  principaux  chefs,  peut-etre  Zorobabel, 
s'avance  processionnellement  vers  le  nouveau  temple;  il  chante  au  depart  les  vers.  1-4,  et 
pendant  la  marche  les  vers.  5-18.  Lorsque  le  cortege  est  arrive  pres  du  temple,  un  dialogue 
s'engage,  que  I'on  peut  reconstituer  ainsi  : 

Vers.  19.        Le  chef  demande  qu'on  lui  ouvre  les  portes. 

Vers.  20.        Les  pretres  et  les  levites  r^pondent  de  I'interieur. 

Vers.  21-22.  Reponse  du  chef. 

Vers.  23.        Les  pretres. 

Vers.  24-25.  Le  peuple  en  entrant  dans  le  temple. 

Les  pretres  en  benissant  le  chef  d'abord,  puis  le  peuple. 

Le  peuple. 

Tons  ensemble. 

Sens  spirituel  :  Entree  triomphante  de  Jesus-Christ  dans  le  ciel,  d'abord  le  jour  de 
son  Ascension,  puis  d'une  maniere  plus  solennelle  apres  le  dernier  jugement;  —  allusions 
a  son  entree  dans  Jerusalem  le  jour  des  Rameaux  (vers.  22,  25  sv.).  —  Son  entree  mystique 
dans  les  ames. 

Au  depart  de  la  procession. 

Ps.  cxviii.  I   LOUEZ  Jehovah,  car  il  est  bon. 

Car  sa  misericorde  est  eternelle. 
2  QuTsrael  dise  : 

"  Oui,  sa  misdricorde  est  eternelle." 

Que  la  maison  d'Aaron  dise  : 

"  Oui,  sa  misericorde  est  Eternelle." 

4  Que  ceux  qui  craignent  Jehovah  disent  : 
"  Oui,  sa  misericorde  est  eternelle." 

Petidani  le  irajet. 

5  Du  sein  de  ma  detresse  j'ai  invoque  Jehovah  : 
Jehovah  m'a  exauce  et  iii'a  mis  au  large. 

6  Jehovah  est  pour  moi,  je  ne  crains  rien  : 
Que  peuvent  me  faire  des  hommes? 
Jehovah  est  mon  secours; 
Je  verrai  la  mine  de  ceux  qui  me  haissent. 
Mieux  vaut  chercher  un  refuge  en  Jehovah 
Que  de  se  confier  aux  hommes; 

9  Mieux  vaut  chercher  un  refuge  en  Jehovah 

Que  de  se  confier  aux  princes. 
10  Toutes  les  nations  m'environnaient  : 

Au  nom  de  Jehovah  je  les  taille  en  pieces. 
EUes  m'environnaient  et  m'enveloppaient  : 
Au  nom  de  Jehovah  je  les  taille  en  pieces. 
Elles  m'environnaient  comme  des  abeilles  : 
Elles  s'eteignent  comme  un  feu  d'epines; 
Au  nom  de  Jdhovah  je  les  taille  en  pieces. 


I 


3 


7 
8 


II 


12 


LIBER  PSALMORUM. 


233 


— *—    PSALMUS  CXVI.    — *— 
Ad  laudandum  Deiun  piovocatio. 

Alleluia. 

AUDATE  Dominum 
omnes  gentes  :  "laudate 
eumomnespopuli :  2.quo- 
niam  confirmata  est  super 
nos  misericordia  ejus  :  *et  Veritas 
Domini  manet  in  asternum. 

^  M  M  :g^  :g!):  ^  "5?):  MMMM^MMM  -g  ^  ^'  ^  -<^  ^ 

— :l:—    PSALMUS    CXVI  I.   — :i:— 

Gratiarum  acflio  pro  salute  per  Christum 
consecuta. 

Alleluia. 

ONFITEMINI  Domino 
quoniam  bonus :  quoniam 
in  saeculum  misericordia 
ejus.  2.  Dicat  nunc  Israel 
quoniam  bonus  :  quoniam  in  sascu- 
lum  misericordia  ejus.  3.  Dicat  nunc 
domus  Aaron  :  quoniam  in  sasculum 
misericordia  ejus.  4.  Dicant  nunc 
qui  timent  Dominum  :  quoniam  in 
sasculum  misericordia  ejus. 

5.  De  tribulatione  invocavi  Do- 
minum :  et  exaudivit  me  in  latitu- 
dine  Dominus.  6.  Dominus  mihi 
adjutor  :   non   timebo   quid   faciat 


mihi  homo.  7.  "Dominus  mihi  ad-  «Hebr.  13, 
jutor  :  et  ego  despiciam  inimicos  ^• 
meos.  8.  Bonum  est  confidere  in 
Domino,  quam  confidere  in  homi- 
ne  :  9.  bonum  est  sperare  in  Domi- 
no, quam  sperare  in  principibus. 
10.  Omnes  gentes  circuierunt  me  : 
et  in  nomine  Domini  quia  ultus 
sum  in  eos.  11.  Circumdantes  cir- 
cumdederunt  me  :  et  in  nomine 
Domini  quia  ultus  sum  in  eos, 
12.  Circumdederunt  me  sicut  apes, 
et  exarserunt  sicut  ignis  in  spinis  : 
et  in  nomine  Domini  quia  ultus  sum 
in  eos.  13.  Impulsus  eversus  sum 
ut  caderem  :  et  Dominus  suscepit 
me.  14.  *Fortitudo  mea,  et  laus  mea  *Exod.  15, 
Dominus  :  et  factus  est  mihi  in  sa-  ^^ 
lutem.  15.  Vox  exsultationis,  et 
salutis  in  tabernaculis  justorum. 
16.  Dextera  Domini  fecit  virtutem  : 
dextera  Domini  exaltavit  me,  dex- 
tera Domini  fecit  virtutem.  1 7.  Non 
moriar,  sed  vivam  :  et  narrabo  opera 
Domini.  18.  Castiganscastigavit  me 
Dominus  :  et  morti  non  tradidit  me. 

19.  Aperite  mihi  portas  justitias,  in- 
gressus  in  eas  confitebor  Domino  : 

20.  hasc  porta  Domini,  justi  intra- 
bunt  in  eam.  21.  Confitebor  tibi 
quoniam  exaudisti  me  :  et  factus  es 
mihi  in  salutem.  2  2.^Lapidem,quem 
reprobaverunt  asdificantes  :  hie  fa- 


PSAUME  CXVII. 

2.  Sa  bonte  est  gfunde,  plus  exacflement 
ptassanie,  se  manifestant  par  de  puissants 
effets. 

La  boutc  gratuite  de  Dieu,  c.-k-d.  sa 
grace,  sa  misericorde,  et  sa  veritc^  c.-k-d. 
sa  fidelite  dans  I'accomplissement  de  ses 
promesses,  sont  les  deux  grands  attributs 
de  Jehovah  dans  ses  rapports  avec  I'huma- 
nite;  apres  s'etre  reveles  et  deployes  dans 
toute  I'histoire  d'Israel,  ils  feront,  a  I'epoque 
du  Messie,  la  conquete  du  monde  entier. 

PSAUME  CXVIII. 

I.  Comp.  Ps.  cvi,  I. 

2-4.  Israel,  mai'son  d'Aaron,  etc.  :  tous 
les  ordres  des  serviteurs  de  Dieu  :  comp. 
Ps.  cxiv,  9-1 1. 

5.  M"'a  mis  au  large,  dans  un  endroit  spa- 
cieux,  ou  je  puis  respirer  a  I'aise,  mes  enne- 
mis  etant  eloignes  et  impuissants. 


6.  Cite  par  S.  Paul,  Hebr.  xiii,  6. 

'].  Jehovah  est  mon  secours ;  litt.  tieiit  lietc 
de  tons  vies  secoui's.  —  Mepriser  mes  en?!e- 
mis ;  litt.,  les  regarder  dhtii  ceil  satisfait.  Ces 
ennemis  etaient  les  Samaritains,  qui  avaient 
vainement  essaye  d'empecher  les  Israelites 
de  reconstruire  Jerusalem  et  le  temple. 

9.  Aux  prittces  :  le  successeurs  de  Cyrus, 
surtout  le  faux  Smerdis,  se  montrerent  peu 
favorables  aux  Juifs,  et  les  satrapes  ou  gou- 
verneurs  de  la  province  leur  susciterent 
toutes  sortes  de  tracasseries;  Darius  leur 
rendit  la  tranquillite.  Voy.  Esdr.  iv,  5;  v,  3. 

10.  Pontes  les  nations  voisines  :  comp. 
Esdr.  iv,  9,  10. 

Ce  verset  et  le  suivant  pourraient  aussi 
s'entendre  hypothetiquement  :  que  toutes 
les  nations  m^enviroftnent :  au  710m  de  Jeho- 
vah, etc.  -: 

12.  Comma  des  abnlles  acharnees  k  leur 
proie.  —  Comme  tin  fen  d'epijies,  qui  s'em- 
brase  vite  et  s'eteint  de  meme. 


^  Is.  28,  16. 
Matth.  21, 
42.  Luc.  20, 
17.  Ac5t.  4, 
II.  Rom.  9, 
33.  I  Petr. 
2,  7- 


234  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

13  Tu  me  poussais  violemment  pour  me  faire  tomber, 
Mais  Jehovah  m'a  secouru. 

14  Jdhovah  est  ma  force  et  I'objet  de  mes  chants; 
II  a  ete  mon  sakit. 

15  Des  cris  de  triomphe  et  de  ddlivrance  retentissent  dans  les  tentes  des  justes; 
La  droite  de  Jehovah  a  deploye  sa  force; 

16  La  droite  de  Jehovah  est  elevee, 

La  droite  de  Jehovah  a  deploye  sa  force. 

17  Je  ne  mourrai  pas,  je  vivrai, 

Et  Je  raconterai  les  ceuvres  de  Jehovah. 

18  Jehovah  m'a  durement  chatie, 
Mais  il  ne  m'a  pas  livre  a  la  mort. 

Le  chef  arrive  devant  le  temple. 

19  Ouvrez-moi  les  portes  de  la  justice, 
Afin  que  j'entre  et  que  je  loue  Jehovah. 

Les  pretres. 

20  C'est  la  porte  de'J^hovah; 
Les  justes  peuvent  y  entrer. 

Le  chef  du  penple. 

21  Je  te  rends  graces  parce  que  tu  m'as  exaucd 
Et  que  tu  m'as  sauvd. 

22  La  pierre  rejetee  par  ceux  qui  batissaient 
Est  devenue  la  pierre  angulaire. 

Les  pretres. 

23  C'est  I'oeuvre  du  Seigneur, 

C'est  une  chose  merveilleuse  k  nos  yeux. 

Le  penple  en  entrant. 

24  Voici  le  jour  que  Jehovah  a  fait; 
Livrons-nous  a  I'allegresse  et  a  la  joie. 

25  Jehovah,  donne  le  salut ! 
Jehovah,  donne  la  prosperity  ! 

Les  pretres  au  chef,  puis  an  penple. 

26  Beni  soit  celui  qui  vient  au  nom  de  Jehovah! 
Nous  vous  benissons  de  la  maison  de  Jehovah! 

27  Jehovah  est  Dieu,  il  fait  briller  sur  nous  sa  lumiere.  — 
Attachez  la  viclime  avec  des  liens, 

Jusqu'aux  cornes  de  I'autel.  — 

Le  penple. 

28  Tu  es  mon  Dieu,  et  je  te  louerai; 
Mon  Dieu,  et  je  t'exalterai. 

Tons  ensemble. 

29  Louez  Jehovah,  car  il  est  bon, 
Car  sa  miscricorde  est  eternelle. 

PSAUME   CXIX    (VULG.  CXVIIl). 

'Idee  fondamentale  de  ce  Psaume  didatlique  est  I'eloge  de  la  loi  de  Dieu,  de  la  loi 

dans  le  sens  le  plus  large,  prescriptions,  promesses,  menaces,  recompenses,  chati- 
^  ments.  Dans  une  suite  de  sentences,  enoncees  souvent  sous  forme  de  prieres,  I'au- 
teur  celebre  la  beaute  de  cette  loi  et  son  prix  inestimable  :  c'est  Dieu  lui-meme  qui  I'a  donnee 
aux  hommes,  elle  procure  la  vraie  sagesse  et  preserve  du  mal;  il  I'aime  de  tout  son  coeur 
et  la  medite  tons  les  jours;  tout  son  desir  est  de  I'observer  avec  une  entiere  fiddlite,  malgrd 
les  persecutions  des  mechants;  il  demande  a  Dieu  sa  grace  pour  lui  rendre  cette  fidelity 
possible  et  facile;  il  soupire  apres  la  consolation  et  le  secours  dans  ses  dpreuves;  enfin  il 
exprime  la  douleur  qui  le  consume  i\  la  vue  des  offenses  des  pecheurs.  Toutes  ces  pens(fes 
sont  repdtees  sous  des  formes  et  des  images  differentes,  sans  liaison  bien  ^troite. 

Le  texte  ne  fournit  aucune  indication  c[ui  puisse  nous  renseigner  sur  I'auteur.  L'absence 
de  toute  allusion  au  temple  et  aux  sacrifices  a  porte  plusieurs  interprctes  a  en  placer  la 


LIBER  PSALMORUM. 


235 


ctus  est  in  caput  anguli,  23.  A  Do- 
mino factum  est  istud  :  et  est  mira- 
bile  in  oculis  nostris.  24.  Hasc  est 
dies,  quam  fecit  Dominus  :  exsul- 
temus,  et  lastemur  in  ea.  25.  O  Do- 
mine  salvum  me  fac,  o  Domine 
bene  prosperare  :  26.  ''Benedictus 
qui  venit  in  nomine  Domini.  Bene- 
diximus  vobis  de  domo  Domini  : 
27.  Deus  Dominus,  et  ilJuxit  nobis. 
Constituite  diem  solemnem  in  con- 


densis,  usque  ad  cornu  altaris. 
28.  Deus  meus  es  tu,  et  confitebor 
tibi  :  Deus  meus  es  tu,  et  exaltabo 
te.  Confitebor  tibi  quoniam  exau- 
disti  me  :  et  factus  es  mihi  in  salu- 
tem.  29.  Confitemini  Domino  quo- 
niam bonus  :  quoniam  in  saeculum 
misericordia  ejus. 


13.  Tu  me  potcssais  :  Israel  personnifie 
tous  ses  ennemis  en  un  seul  homme. 

14.  Comp.  Exod.  XV,  2;  Is.  xii,  2. 

15.  Des  cris...  retentissent ;  ou  bien,  que 
des  cris...  retentissent.  —  Dans  les  tentes  : 
les  Juifs  venus  pour  la  fete  campaient  sous 
des  tentes  dans  la  ville  et  ses  alentours. 

16.  Elevce.,  vi(ftorieuse, 

17.  Je  ?ie  inojtrrai pas  :  menace  de  perir, 
Israel  a  reconquis  son  immortalite,  grace 
au  secours  de  Jehovah. 

ig.  Les  partes  de  la  justice,  donnant  en- 
tree dans  le  lieu  ou  le  Dieu  de  toute  justice 
se  rencontre  avec  son  peuple,  qui  est  un 
peuple  de  justes  (comp.  Is.  xxvi,  2).  —  Que 
je  I  ou  e  Jehovah .,  que  je  lui  offre  mes  acflions 
de  graces. 

20.  Les  justes,  les  enfants  d'Israel 

11.  J e  te  rends  graces  :  c'est 
annoncee  vers.  19. 

22.  Pierre  angulaire,  litt.  tete  d'angle,  la 
principale  pierre  de  I'angle,  et  par  conse- 
quent de  I'edifice.  Par  cette  locution  prover- 
biale,  le  Psalmiste  designe  le  peuple  juif, 
naguere  rejete  et  meprise,  aujourd'hui  reta- 
bli  par  la  proteflion  divine,  et  devenu  la 
pierre  principale  du  temple  que  Dieu  se 
construit  sur  la  terre,  car  de  lui  doit  sortir 
le  salut  du  monde.  La  tradition  juive  enten- 
daitceverset  du  Messie  (comp. /y.xxviii,  16), 
et  Jesus-Christ  se  I'applique  justement  a 
lui-meme  :  rejete  et  mis  a  mort  par  les  Juifs, 
il  est  devenu  la  pierre  angulaire  de  I'edifice 
de  I'Eglise,  le  lien  des  peuples,  juif  et  gentil, 
reunis  dans  une  meme  foi.  Voy.  Matth. 
xxi,  42,  et  comp.  Aft.  iv,  11 ;  Ephes.  ii,  20; 
I  Pier,  ii,  7. 


la  louange 


23.  Comp.  Is.  XXV,  9. 

25.  Donne  le  salut,  sauve,  en  hebr.  hos- 
chiah-na,  d'oii  notre  hosajina  :  cette  accla- 
mation accueillit  le  Sauveur  entrant  a  Jeru- 
salem le  jour  des  Rameaux  {Matth.  xxi,  9; 
Jeafi,  xii,  13). 

26.  Be'tii  soil,  etc.  :  repete  par  les  Juifs  en 
I'honneur  de  J^sus-Christ  {Matth.  xxi,  9). 
—  Notes  votis  benissons  :  formule  liturgique. 
Comp.  Noinbr.  vi,  27;  Deut.  xxi,  5.  —  De 
la  niaison  de  Jehovah,  du  temple,  d'ou  part 
toute  benedidlion. 

27.  Sa  lu/niere,  symbole  de  sa  faveur 
{Ps.  iv,  7).  —  La  vidirne,  pour  les  viili- 
mes.  — Jitsqii'aux  corttes  de  Pautel :  comme 
il  est  tout  a  fait  invraisemblable  qu'on 
attachat  les  viflimes  aux  comes  de  Pautel, 
ces  mots,  d'apres  Delitzsch,  signifieraient 
que  les  viftimes  ^taient  reunies  en  si  grand 
nombre  dans  le  parvis,  qu'il  y  en  avait  jus- 
que  pres  de  I'autel.  D'autres  sous-enten- 
dent,  amenez-les,  pour  les  immoler,  jus- 
qti'aux  corfies,  etc. 

L.XX  et  Vulg.,  celebrez  ce  jour  de  fete  avec 
des  rameaux,  soit  portes  dans  vos  mains, 
comme  on  le  fait  k  la  fete  des  Tabernacles, 
soit  tresses  en  guirlandes  et  disposes  comme 
ornement  dans  les  parvis  du  temple. 

Le  Hir  rapproche  I'hebreu  de  la  Vulg.  en 
traduisant  :  serres  (les  rangs  de)  la  proces- 
sion, vous  qui  portes  des  rameaux  touffus, 
jusqti'aux  cornes  de  Pautel  :  ne  depassez 
pas  cette  limite,  que  les  pretres  seuls  ont  le 
droit  de  franchir. 

28.  Apres  je  fexalterai,  les  LXX  et  la 
Vulgate  repetent  le  verset  ii,  je  te  hnie- 
rai,  etc. 


236  cinqui£:me  livre  des  psaumes. 

composition  pendant  I'exil;  nous  le  croirions  plus  volontiers  posterieur  au  retour  de 
Babylone. 

Ce  Psaume  est  alphabctique;  il  comprend  22  strophes,  selon  le  nombre  des  lettres  de 
I'alphabet  hebreu,  ayant  chacune  8  versets  commenijant  par  la  meme  lettre.  Cette  disposi- 
tion a  pour  but  principal  de  venir  en  aide  k  la  me'moire.  La  loi  de  Dieu  y  est  appelee  de 
noms  diffdrents,  mais  qui  paraissent  pris  par  I'auteur  dans  le  meme  sens  :  i"  //lora/i,  Vulg. 
/e.v,  loi  (vers,  i);  —  2''  edotJi,  \^ulg.  testii/ionia,  litt.  iemoigttages,  enseignements  (vers.  2); 

—  3"  derek^  Vulg.  via,  voie  (vers.  3);  —  ^' piqqoudiin,  Vulg.  mandata,  ordonnances  (vers.  4); 

—  z,'^  choiiqqim,  Vulg.  jtcstificaiiones,  statuts,  his  (vers.  5);  —  6"  mitsevoth,  Vulg.  inajtdaia, 
commandements  (vers.  6);  —  7"  miscJipat,  \u\g.  jiidiciinii,  arrets,  jugements  (vers.  7);  — 
8°  dabar,  Vulg.  sernio,  parole  (vers.  9);  —  9"  iiiiera/i,  Vulg.  eloqi/iu/n,  parole  (vers.  11);  — 
ro°  cDicth,  Vulg.  Veritas,  verite  (vers.  30).  Un  de  ces  noms  se  lit  dans  chaque  verset,  sauf 
dans  le  vers.  122;  ajoutez  les  vers.  84  et  132,  ou  mischpat  ne  designe  pas  la  loi  de  Dieu. 

Simple  par  les  idees  qu'il  exprime,mais  tout  rempli,  dit  Le  Hir,  des  plus  beaux  senti- 
ments d'amour,  d'un  amour  tendre,  vif  et  desinteresse  pour  la  loi  de  Dieu,  ce  Psaume  a 
inspire  aux  Peres  de  I'Eglise  qui  I'ont  commente  des  instrucflions  morales  d'une  grande 
richesse.  En  efifet,  aucune  page  de  I'Ancien  Testament  n'est  plus  pendtrde  de  I'esprit  Chre- 
tien. Aussi  I'Eglise  I'a-t-elle  insere  tout  entier  dans  son  office  quotidien,  011  il  forme  la 
matiere  principale  des  pelites  Heures.  M"'*'  Perier,  dans  la  vie  de  Pascal,  raconte  k  ce 
propos  que  son  frere  "  avait  un  amour  sensible  pour  tout  I'office  divin,  mais  surtout  pour 
les  petites  Heures,  parce  qu'elles  sont  composees  du  Ps.  cxviii  (Vulg.),  dans  lequel  il  trou- 
vait  tant  de  choses  admirables  qu'il  sentait  de  la  delectation  k  le  reciter.  Quand  il  s'entre- 
tenait  avec  ses  amis  de  la  beaute  de  ce  Psaume,  il  se  transportait  en  sorte  qu'il  paraissait 
hors  de  lui-meme. " 

ALEPH. 

Ps.  cxix.  1   HEUREUX  ceux  qui  sont  irreprochables  dans  leur  voie. 

Qui  marchent  selon  la  loi  de  Jehovah  ! 

2  Heureux  ceux  qui  gardent  ses  enseignements, 
Qui  le  cherchent  de  tout  leur  coeur, 

3  Qui  ne  commettent  pas  I'iniquite, 
Et  qui  marchent  dans  ses  voies ! 

4  Tu  as  prescrit  tes  ordonnances, 
Pour  qu'on  les  observe  avec  soin. 

5  Puissent  mes  voies  etre  dirigees 
Pour  que  j'observe  tes  lois  ! 

6  Alors  je  n'aurai  point  a  rougir 

A  la  vue  de  tous  tes  commandements. 

7  Je  te  louerai  dans  la  droiture  de  mon  coeur, 
En  apprenant  les  preceptes  de  ta  justice. 

8  Je  veux  garder  tes  lois  : 

Ne  me  delaisse  pas  complctement. 

BETH. 

9  Comment  le  jeune  homme  rendra-t-il  pur  son  sentier.-" 
En  se  gardant  selon  ta  parole. 

10  Je  te  cherche  de  tout  mon  cceur  : 

Ne  me  laisse  pas  errer  loin  de  tes  commandements. 

11  Je  garde  ta  parole  cachee  dans  mon  coeur, 
Afin  de  ne  pas  pdcher  centre  toi. 

12  Renis  sois-tu,  Jehovah! 
Enseigne-moi  tes  lois. 

13  De  mes  l^vres  j'enumere 

Tous  les  preceptes  de  ta  bouche. 

14  J'ai  de  la  joie  h  suivre  tes  enseignements, 
Comme  si  je  possedais  tous  les  tresors. 

15  Je  veux  mediter  tes  ordonnances. 
Avoir  les  yeux  sur  tes  sentiers. 

16  Je  fais  mes  delices  de  tes  lois, 
Je  n'oublierai  jamais  ta  parole. 

GIMEL. 

17  Use  de  bonte  envers  ton  serviteur,  afin  que  je  vive, 
Et  j'observerai  ta  parole. 

18  Ouvre  mes  yeux,  pour  que  je  contemple 
Les  merveilles  de  ta  loi. 


LIBER  PSALMORUxM. 


237 


—:i:—  PSALM  US   CXVIIL  — *— 

Multis  modis  ostendit  beatam  vitam  in 
legis  observatione  esse  positam. 

Alleluia. 

ALEPH. 

EATI  immaculati  in  via: 
qui  ambulant  in  lege  Do- 
mini. 2.  Beati,  qui  scru- 
tantur  testimonia  ejus  :  in 
toto  corde  exquirunt  eum.  3.  Non 
enim  qui  operantur  iniquitatem,  in 
viis  ejus  ambulaverunt.  4.  Tu  man- 
dasti  mandata  tua  custodiri  nimis. 

5.  Utinam  dirigantur  vias  meae,  ad 
custodiendas    justificationes     tuas. 

6.  Tunc  non  confundar,  cum  per- 
spexero  in  omnibus  mandatis  tuis. 

7.  Confitebor  tibi  in  directione  cor- 
dis :  in  eo  quod  didici  judicia  justi- 
tias  tuas.  8.  Justificationes  tuas  cu- 
stodiam  :  non  me  derelinquas  us- 
quequaque. 

BETH. 

9.  In  quo  corrigit  adolescentior 
viam  suam.''  in  custodiendo  sermo- 
nes  tuos.  10.  In  toto  corde  meo  ex- 
quisivi  te :  ne  repellas  me  a  manda- 
tis tuis.  II.  In  corde  meo  abscondi 
eloquia  tua  :  ut  non  peccem  tibi. 
1 2.  Benedictus  es  Domine  :  doce 
me  justificationes  tuas.  13.  In  la- 
biis  meis,  pronuntiavi  omnia  judi- 
cia oris  tui.  14.  In  via  testimonio- 
rum  tuorum  delectatus  sum,  sicut 
in  omnibus  divitiis.  15.  In  manda- 
tis tuis  exercebor  :  et  considerabo 


vias  tuas.  16.  In  justificationibus 
tuis  meditabor  :  non  obliviscar  ser- 
mones  tuos. 

GIMEL. 

17.  Retribue  servo  tuo,  vivifica 
me  :  et  custodiam  sermones  tuos. 
18.  Revela  oculos  meos  :  et  consi- 
derabo mirabilia  de  lege  tua.  1 9.  In- 
cola  ego  sum  in  terra  :  non  abscon- 
das  a  me  mandata  tua.  20,  Concu- 
pivit  anima  mea  desiderare  justifi- 
cationes tuas,  in  omni  tempore. 
21.  Increpasti  superbos  :  maledicti 
qui  declinant  amandatis  tuis.  22.  Au- 
fer  a  me  opprobrium,  et  contem- 
ptum  :quia  testimonia  tua  exquisivi. 
23.  Etenim  sederunt  principes,  et 
adversum  me  loquebantur  :  servus 
autem  tuus  exercebatur  in  justifica- 
tionibus tuis,  24.  Nam  et  testimo- 
nia tua  meditatio  mea  est :  et  consi- 
lium meum  justificationes  tuas. 

DALETH. 

25.  Adhassit  pavimento  anima 
mea  :  vivifica  me  secundum  verbum 
tuum.  26.  Vias  meas  enuntiavi,  et 
exaudisti  me  :  doce  me  justificatio- 
nes tuas.  27.  Viam  justificationum 
tuarum  instrue  me  :  et  exercebor 
in  mirabilibus  tuis.  28.  Dormitavit 
anima  mea  pras  taedio  :  confirma  me 
in  verbis  tuis.  29.  Viam  iniquitatis 
amove  a  me  :  et  de  lege  tua  mise- 
rere mei.  30,  Viam  veritatis  elegi  : 
judicia  tua  non  sum  oblitus.  3 1 .  Ad- 
haesi  testimoniis  tuis  Domine  :  noli 
me  confundere.  32.  Viam  mandato- 
rum  tuorum  cucurri,  cum  dilatasti 
cor  meum. 


PSAUME  cxix. 

1.  Leur  voie,  leur  conduite.  —  La  lot  : 
I'ensemble  des  revelations  faites  a  Moise. 

2.  Qui  gardenij  Vulg.,  qui  scriiieni,  etu- 
dient  avec  soin. 

3.  Sens  :  en  repassant  dans  mon  esprit 
tons  tes  commandements,  je  n'aurai  a  rou- 
gir  d'aucune  transgression.  D'autres  \  je  ne 
serai  point  cotifondii,  trompe  dans  la  con- 
fiance  que  j'ai  mise  en  toi,  tant  que  faurai 
sous  les  yeux  tes  convnandenictits. 

7.  En  apprenantj  ou,  de  ce  quefaiappris. 

8.  Ne  /ne  delaisse  pas  conipletenient,  ne 


m'abandonne  pas  a  mes  propres  forces,  mais 
aide-moi  par  ta  grace. 

9.  En  se  gardant,  en  veillant  sur  lui- 
meme  (ou  bien,  en  gardant  son  sentier),  pour 
se  conformer  k  ta  loi. 

11.  Je  garde,  comme  un  precieux  tresor. 

i^.  ye'mimere,  ]t  compte,  pour  n'en  ou- 
blier  aucun. 

16.  Je  fais  mes  delices;  Vulg.,  je  medite; 
de  meme  plus  loin,  vers.  24,  etc. 

17.  II  demande  a  Dieu  de  lui  conserver  la 
vie  (comp.  vers.  84),  et  promet  de  vivre  selon 
sa  loi. 


238  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


19  Je  suis  un  etranger  sur  la  terre  : 

Ne  me  cache  pas  tes  commandements. 

20  Mon  ame  est  brisee  par  le  desir 

Qui  toujours  la  porte  vers  tes  preceptes. 

21  Tu  menaces  les  orgueilleux,  ces  maudits, 
Qui  s'egarent  loin  de  tes  commandements. 

22  Eloigne  de  moi  la  honte  et  le  mepris, 
Car  j'observe  tes  enseignements. 

23  Que  les  princes  siegent  et  parlent  contre  moi  : 
Ton  serviteur  meditera  tes  lois. 

24  Oui,  tes  enseignements  font  mes  delices, 
Ce  sont  les  hommes  de  mon  conseil. 

DALETH. 

25  IMon  ame  est  attachee  h.  la  poussiere  : 
Rends-moi  la  vie  selon  ta  parole! 

26  Je  t'ai  expose  mes  voies,  et  tu  m'as  repondu  j 
Enseigne-moi  tes  lois. 

27  Fais-moi  comprendre  la  voie  de  tes  ordonnances, 
Et  je  mediterai  sur  tes  merveilles. 

28  Mon  ame,  en  proie  au  chagrin,  se  fond  en  larmes  : 
Releve-moi  selon  ta  parole. 

29  Eloigne  de  moi  la  voie  du  mensonge, 
Et  accorde-moi  la  faveur  de  ta  loi. 

30  J'ai  choisi  la  voie  de  la  fidelite, 

Je  place  tes  preceptes  sous  mes  yeux. 

31  Je  me  suis  attache  a  tes  enseignernents  : 
Jehovah,  ne  permets  pas  que  je  sois  confondu. 

32  Je  cours  dans  la  voie  de  tes  commandements, 
Car  tu  elargis  mon  coeur. 

HE. 

5^  Enseigne-moi,  Jehovah,  la  voie  de  tes  preceptes, 
Afin  que  je  la  garde  jusqu'a  la  fin  de  ma  vie. 

34  Donne-moi  I'intelligence  pour  que  je  garde  ta  loi, 
Et  que  je  I'observe  de  tout  mon  coeur. 

35  Conduis-moi  dans  le  sentier  de  tes  commandements, 
Car  j'y  trouve  le  bonheur. 

36  Incline  mon  coeur  vers  tes  enseignements, 
Et  non  vers  le  gain. 

37  Detourne  mes  yeux  pour  qu'ils  ne  voient  point  la  vanite, 
Fais-moi  vivre  dans  ta  voie. 

38  Accomplis  envers  ton  serviteur  ta  promesse, 
Que  tu  as  faite  a  ceux  qui  te  craignent. 

39  Ecarte  de  moi  I'opprobre  que  je  redoute, 
Car  tes  preceptes  sont  bons. 

40  Je  desire  ardemment  pratiquer  tes  ordonnances  : 
Par  ta  justice  fais-moi  vivre. 

VAV. 

41  Que  vienne  sur  moi  ta  misdricorde,  Jehovah, 
Et  ton  salut,  selon  ta  parole! 

42  Et  je  pourrai  repondre  a  celui  qui  m'outrage, 
Car  je  me  confie  en  ta  parole. 

43  N'ote  pas  entierement  de  ma  bouche  la  parole  de  verite, 
Car  j'espere  en  tes  prdceples. 

44  Je  veux  garder  ta  loi  constamment, 
Toujours  et  h  perpetuity. 

45  Je  marcherai  au  large 

Car  je  recherche  tes  ordonnances. 

46  Je  parlerai  de  tes  enseignements  devant  les  rois, 
Et  je  n'aurai  point  de  lionte. 

47  Je  ferai  mes  delices  de  tes  commandements  : 
Je  les  aime. 

48  J'eleverai  mes  mains  vers  tes  commandements  [que  j'aime,] 
Et  je  mediterai  tes  lois. 


LIBER  PSALMORUM. 


239 


HE. 

22.  Legem  pone  mihi  Domine 
viam  justificationum  tuarum  :  et 
exquiram  earn  semper.  34.  Da  mihi 
intellectum,  et  scrutabor  legem 
tuam  :  et  custodiam  illam  in  toto 
corde  meo.  35.  Deduc  me  in  semi- 
tam  mandatorum  tuorum  :  quia 
ipsam  volui.  36.  Jnclina  cor  meum 
in  testimonia  tua  :  et  non  in  avari- 
tiam.  37.  Averte  oculos  meos  ne 
videant  vanitatem  :  in  via  tua  vi- 
vifica  me.  38.  Statue  servo  tuo 
eloquium  tuum,  in  timore  tuo. 
39.  Amputa  opprobrium  meum, 
quod  suspicatus  sum  :  quia  judi- 
cia  tua  jucunda.  40.  Ecce  concu- 
pivi  mandata  tua  :  in  aequitate  tua 
vivifica  me. 


VAU. 

41,  Et  veniat  super  me  miseri- 
cordia  tua  Domine  :  salutare  tuum 
secundum  eloquium  tuum.  42.  Et 
respondebo  exprobrantibus  mihi 
verbum  :  quia  speravi  in  sermo- 
nibus  tuis.  43.  Et  ne  auferas  de 
ore  meo  verbum  veritatis  usque- 
quaque  :  quia  in  judiciis  tuis  su- 
persperavi.  44.  Et  custodiam  le- 
gem tuam  semper  :  in  saeculum 
et  in  saeculum  sasculi.  45.  Et  am- 
bulabam  in  latitudine  :  quia  man- 
data  tua  exquisivi.  46.  Et  loque- 
bar  in  testimoniis  tuis  in  conspe- 
ctu  regum  :  et  non  confunde- 
bar.  47.  Et  meditabar  in  manda- 
tis  tuis,  quas  dilexi.  48.  Et  levavi 
manus  meas  ad  mandata  tua,  quas 


ig./e  stds  un  etranger  :  la  terre  n'est  pas 
ma  veritable  patrie ;  je  n'ai  a  y  faiie  qu'iin 
court  sejour  (comp.  Gen.  xlvii,  9;  Ps. 
xxxix,  13;  I  Par.  xxix,  15;  II  Cor.  v,  6;  Hebr. 
xi,  13)  :  que  la  lumiere  de  ta  loi  soit  mon 
guide  et  ma  consolation. 

21.  La  poncfluation  des  anciennes  versions 
parait  preferable  :  ...  orgiieilleux;  Us  sont 
viaudiis  ceux  qui  s'e'cartent  de  tes  coviman- 
deinents. 

23.  Siegent  dans  leurs  conciliabules  et 
s'entretiennent  des  moyens  de  me  nuire. 

25.  Attachee  a  la  poussiere,  signe  d'un 
profond  abattement  (comp.  vers.  28)  :  il 
demande  a  Dieu  de  lui  rendre  la  vigueur 
du  corps  et  de  Fame,  et  cela  en  vertu  de 
sa  parole,  des  promesses  contenues  dans 
la  loi. 

26  sv.  Mes  votes,  toute  ma  vie.  —  Tu 
in^as  repondn,  tu  m'as  assure  de  ta  bien veil- 
lance  :  donne-moi  de  plus  en  plus  I'intelli- 
gence  de  ta  loi,  afin  que,  si  j'ai  les  hommes 
contre  moi,  j'aie  Dieu  pour  moi. 

28.  Se  fond  en  larmes;  Vulg.,  est  engour- 
die  et  sans  force. 

29.  Lafaveur  de  connaitre  et  de  suivre 
ta  loi. 

32.  Tu  elargis  nioti  canir,  tu  le  mets  a 
I'aise,  en  le  delivrant  de  ses  angoisses. 
D'autres  :  fe  courrai ...  qtcand  tu  elargiras, 
etc. 

33.  Jusqii'a  la  fiti  de  ma  vie.  Baethgen 
traduit  co/nme  une  recompense;  ci.  vers.  112. 

36.  Le  gain  injuste  ou  sordide. 

37.  La  vanite  :  en  general  tout  ce  qui  est 
mal  aux  yeux  de  Dieu ;  ici,  ce  qui  pourrait 
me  porter  a  des  acftions  ou  a  des  pensees 
coupables. 


38.  Ta  promesse,  litt.  ta  parole,  les  pro- 
messes  renfermees  dans  ta  loi. 

39.  Lopprobre  que  je  redoute,  soit  celui 
dont  les  impies  cherchent  a  le  couvrir 
(verset  22) ;  soit  plutot,  selon  Delitzsch, 
celui  qu'il  encourrait  en  abandonnant  la 
loi  de  Dieu.  —  Tes  preceptes  sont  bons,  ils 
procurent  le  bonheur  k  ceux  qui  les  ob- 
servent. 

40.  Par  ta  justice,  en  vertu  de  la  justice 
avec  laquelle  Dieu  doit  accomplir  et  accom- 
plit  en  effet  les  promesses  contenues  dans 
sa  loi.  —  Fais-moi  vivre,  donne  une  vie 
nouvelle  k  ton  serviteur  qui  se  consume 
dans  I'afiflidlion.  Comp.  vers.  25  et  28. 

43.  N^ote  pas,  etc.  Sens  :  ne  permets 
pas  que  je  n'aie  rien  Ji  repondre  aux  im- 
pies qui  m'insultent;  fais  au  contraire,  en 
me  couvrant  visiblement  de  ta  proteftion, 
que  je  puisse  leur  opposer  ta  "ocritd,  c'est- 
a-dire  ta  fidelite  a  tes  promesses;  et  il  en 
sera  ainsi,  car  j'espere,  j'attends  avec  con- 
fiance  la  realisation  des  promesses  conte- 
nues dans  ta  loi,  Ou  bien  -.j^espere  en  tes 
jugeinents,  en  entendant  ce  mot  comme  au 
vers.  137. 

45.  Au  large,  librement  et  sans  crainte, 
comme  dans  un  endroit  spacieux.  Le  Hir  : 
au  large,  c'est-a-dire  dans  le  bonheur  et 
la  joie,  par  opposition  a  la  detresse  et  a 
I'angoisse. 

48.  J^eleverai  mes  mains  vers  tes  coin- 
mandements,  comme  on  les  ^leve  vers  le 
sanfluaire  ou  Dieu  reside,  en  signe  d'amour 
et  de  desir.  —  Qtee  j^aime  :  probablement 
repete  a  faux  du  verset  prece'dent,  dit 
Le  Hir. 


240  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


ZAi'N. 

49  Souviens-toi  de  la  parole  donnee  h.  ton  serviteur, 
Sur  laquelle  tu  fais  reposer  mon  esperance. 

50  C'est  ma  consolation  dans  ma  misere, 
Car  ta  parole  m'a  rendu  la  vie. 

51  Des  orgueilleux  me  prodiguent  leurs  railleries  : 
Je  ne  m'ecarte  point  de  ta  loi. 

52  Je  pense  k  tes  preceptes  des  temps  passes, 
Jehovah,  et  je  me  console. 

53  L'indignation  me  saisit  a  cause  des  mediants 
Qui  abandonnent  ta  loi, 

54  Tes  lois  sont  le  sujet  de  mes  cantiques, 
Dans  le  lieu  de  mon  pelerinage. 

55  La  nuit  je  me  rappelle  ton  nom,  Jehovah, 
Et  j'observe  ta  loi. 

56  Voici  la  part  qui  m'est  donnee  : 
Je  garde  tes  ordonnances. 

HETH. 

57  Ma  part,  Jehovah,  je  le  dis, 
C'est  de  garder  tes  paroles. 

58  Je  t'implore  de  tout  mon  coeur; 
Aie  pitie  de  moi  selon  ta  parole. 

59  Je  reflechis  a  mes  voies, 

Et  je  dirige  mes  pieds  vers  tes  enseignements. 

60  Je  me  hate,je  ne  differe  point 
D'observer  tes  commandements. 

61  Les  pieges  des  mechants  m'environnent, 
Et  je  n'oublie  point  ta  loi. 

62  Au  milieu  de  la  nuit  je  me  leve  pour  te  louer, 
A  cause  des  jugements  de  ta  justice. 

63  Je  suis  I'ami  de  tons  ceux  qui  te  craignent, 
Et  de  ceu.x  qui  gardent  tes  ordonnances. 

64  La  terre  est  pleine  de  ta  bonte,  Jehovah; 
Enseigne-moi  tes  lois. 

TETH. 

65  Tu  as  use  de  bont^  envers  ton  serviteur, 
Jehovah,  selon  ta  parole. 

66  Enseigne-moi  le  sens  droit  et  I'intelligence, 
Car  j'ai  foi  en  tes  commandements. 

67  Avant  d'avoir  ete  humilie,  je  m'egarais; 
Maintenant  j'observe  ta  parole. 

68  Tu  es  bon  et  bienfaisant  : 
Enseigne-moi  tes  lois. 

69  Des  orgueilleux  imaginent  centre  moi  des  mensonges; 
Moi,  je  garde  de  tout  mon  coeur  tes  ordonnances. 

70  Leur  coeur  est  insensible  comme  la  graisse; 
Moi,  je  fais  mes  ddlices  de  ta  loi. 

71  II  m'est  bon  d'avoir  ete  humilie, 
Afin  que  j'apprenne  tes  preceptes. 

72  Mieux  vaut  pour  moi  la  loi  de  ta  bouche 
Que  des  monceaux  d'or  et  d'argent. 

JOD. 

73  Ce  sont  tes  mains  qui  m'ont  fait  et  qui  m'ont  fa^onne  : 
Donne-moi  I'intelligence  pour  apprendre  tes  commandements. 

74  Ceux  qui  te  craignent,  en  me  voyant,  se  rejouiront, 
Car  j'ai  confiance  en  ta  parole. 

75  Je  sais,  Jehovah,  que  tes  jugements  sont  justes; 
C'est  dans  ta  fidelite  cjue  tu  m'as  humilie. 

76  ,Que  ta  bonte  soit  ma  consolation, 
Selon  la  parole  donnee  k  ton  serviteur ! 

77  Que  ta  compassion  vienne  sur  moi,  et  que  je  vive, 
Car  ta  loi  fait  mes  delices  I 


LIBER  PSALMORUM. 


241 


dilexi  :  et  exercebar  in  justificationi- 
bus  tuis. 

ZAIN. 

49.  Memor  esto  verb!  tui  servo 
tuo,  in  quo  mihi  spem  dedisti. 
50.  Hasc  me  consolata  est  in  humi- 
litate  mea:  quia  eloquium  tuum  vi- 
vificavitme.  5i.Superbi  inique  age- 
bant  usquequaque  :  a  lege  autem 
tua  non  declinavi.  52.  Memor  fui 
judiciorum  tuorum  a  sasculo  Domi- 
ne  :  et  consolatus  sum.  53.  Defectio 
tenuit  me,  pro  peccatoribus  derelin- 
quentibus  legem  tuam.  54.  Canta- 
biles  mihi  erant  justificationes  tuae, 
inlocoperegrinationis  meas.55,Me- 
mor  fui  nocte  nominis  tui  Domine  : 
et  custodivi  legem  tuam.  ^6.  Hasc 
facta  est  mihi  :  quia  justificationes 
tuas  exquisivi. 

HETH. 

57.  Portio  mea  Domine,  dixi  cu- 
stodire  legem  tuam.  58.  Deprecatus 
sum  faciem  tuam  in  toto  corde  meo: 
miserere  mei  secundum  eloquium 
tuum.  59.  Cogitavi  vias  meas  :  et 
converti  pedes  meos  in  testimonia 
tua.  60.  Paratus  sum,  et  non  sum 
turbatus  :  ut  custodiam  mandata 
tua.  61.  Funes  peccatorum  circum- 
plexi  sunt  me  :  et  legem  tuam  non 
sum  oblitus,  62.  Media  nocte  sur- 


gebam  ad  confitendum  tibi,  super 
judicia  justificationis  tuae.  63.  Par- 
ticeps  ego  sum  omnium  timen- 
tium  te  :  et  custodientium  man- 
data  tua.  64.  Misericordia  tua  Do- 
mine plena  est  terra  :  justificationes 
tuas  doce  me. 

TETH. 

65.  Bonitatem  fecisti  cum  servo 
tuo  Domine,  secundum  verbum 
tuum.  66,  Bonitatem,  et  discipli- 
nam,  et  scientiam  doce  me  :  quia 
mandatis  tuis  credidi.  67.  Priusquam 
humiliarer  ego  deliqui  :  propterea 
eloquium  tuum  custodivi.  68.  Bonus 
es  tu  :  et  in  bonitate  tua  doce  me 
justificationes  tuas.  69.  Multiplicata 
est  super  me  iniquitas  superborum : 
ego  autem  in  toto  corde  meo  scru- 
tabor  mandata  tua.  70.  Coagulatum 
est  sicut  lac  cor  eorum  :  ego  vero 
legem  tuam  meditatus  sum.  7 1 .  Bo- 
num  mihi  quia  humiliasti  me  :  ut 
discam  justificationes  tuas.  72.  Bo- 
num  mihi  lex  oris  tui,  super  millia 
auri,  et  argenti. 

JOD. 

73.  Manus  tuae  fecerunt  me,  et 
plasmaverunt  me  :  da  mihi  intelle- 
ctum,et  discam  mandata  tua.74.Qui 
timent  te  videbunt  me,  et  laetabun- 
tur :  quia  in  verba  tua  supersperavi. 


49.  Ta  parole,  les  promesses  contenues 
dans  ta  loi;  meme  sens  au  verset  suiv. 

50.  Delitzsch  et  Le  Hir  :  ceci  est  ma  con- 
solation dans  ma  misere,  savoir  que  ta  pa- 
role me  rend  la  vie  (comp.  vers.  25,  48). 

52.  Tes preceptes  donnas  autrefois  a  Moise. 
54.  Mon  pcleritiage  :  voy.  vers.  19. 

56.  La  part  qui  m'est  faite,  mon  bien  pro- 
pre,  la  seule  richesse  et  la  seule  gloire  que 
j'ambitionne. 

57.  /e  le  dis,  je  I'affirme  hautement.  Ou 
bien  ;  Jehovah,  tu  es  ma  part  d'h^ritage; 
j''ai  resolu  de  garder  tes  preceptes. 

58.  Je  fimplore;  litt.  jejlatteje  caresse  ta 
face. 

S9  Je  rcflechis  a  mes  voies,  je  ne  m'engage 
pas  inconsiderement  dans  toutes  sortes  de 
chemins. 

62.  A  cause  des  jugonents  de  ta  justice^ 
de  tes  justes  jugements  en  ma  faveur;  ou 
bien  :  k  cause  de  tes  lois,  qui  sont  justes  et 
saintes. 


63.  Lami,  litt.  le  compagnon. 

66.  Le  sens  droit,  litt.  la  bonte  du  juge- 
mettt,  un  jugement  parfait  pour  discerner  le 
bien  du  mal.  Vulg.,  enseigne-inoi  le  bien 
(moral),  la  regie  de  la  vie  et  la  sagesse.  Je 
te  demande  cette  grace  avec  confiance,  car 
je  suis  attache  a  tes  commandements. 

67.  Humilie  ^?iX  I'affliclion,  chatie,  —  Je 
m''igarais;  Vulg.,  je  pechais  :  I'expression 
hebraique  indique  des  fautes  d'ignorance  et 
de  fragilite.  —  Maintena/tt  ({uq  f  observe  ta 
parole,  rends-moi  le  bonheur. 

70.  Itisensible,  litt.  epais. 

71.  Comp.  Hebr.  xii,  11. 

74.  Se  rejouii'ont,  a  la  vue  du  bonheur 
dont  tu  recompenses  ma  fidelite  et  ma  con- 
fiance  en  ta  parole. 

75.  Dans  ta  fidelite,  litt.  en  Jidelite  ou 
fidelement,  c.-a-d.  non  comme  un  ennemi, 
mais  comme  un  ami ;  car  c'est  surtout  dans 
I'epreuve  que  I'homme  apprend  a  bien  con- 
naitre  la  douceur  et  le  prix  de  ta  loi. 


NO  23 


LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


16 


242 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


78  Qu'ils  soient  confondus  les  orgueilleux  qui  me  maltraitent  injustement ! 
Moi,  je  mt^dite  tes  ordonnances. 

79  Qu'ils  se  tournent  vers  moi  ceux  qui  te  craignent 
Et  ceux  qui  connaissent  tes  enseignements ! 

80  Que  mon  coeur  soit  tout  entier  a  tes  lois, 
Afin  que  je  ne  sois  pas  confondu  ! 

CAPH. 

81  Mon  ame  languit  apres  ton  salut, 
J'espere  en  ta  parole. 

82  Mes  yeux  languissent  apres  ta  promesse; 
Je  dis  :  "  Quand  me  consoleras-tu?  " 

83  Car  je  suis  comma  une  outi^e  exposee  a  la  fumee, 
Mais  je  n'oublie  pas  tes  lois. 

84  Quel  est  le  nombre  des  jours  de  ton  serviteur? 

Ouand  done  feras-tu  justice  de  ceux  qui  me  persecutent? 

85  Des  orgueilleux  creusent  des  fosses  pour  me  perdre; 
lis  sont  les  adversaires  de  ta  loi. 

86  Tous  tes  commandements  sont  fiddlite; 

lis  me  persecutent  sans  cause  :  secours-moi. 

87  lis  ont  failli  m'aneantir  dans  le  pays; 

Et  moi,  je  n'abandonne  pas  tes  ordonnances. 

88  Rends-moi  la  vie  par  ta  bonte, 

Et  j'observerai  les  enseignements  de  ta  bouche. 

LAMED. 

89  A  jamais,  Jehovah, 

Ta  parole  est  etablie  dans  les  cieux. 

90  D'age  en  age  ta  fidelite  demeure; 
Tu  as  fonde  la  terre,  et  elle  subsiste. 

91  C'est  d'apres  tes  lois  que  tout  subsiste  jusqu'k  ce  jour, 
Car  tous  les  etres  obeissent  a  tes  ordres. 

92  Si  ta  loi  ne  faisait  mes  delices, 
Dejk  j'aurais  peri  dans  ma  misere. 

93  Je  n'oublierai  jamais  tes  ordonnances, 

Car  c'est  par  elles  que  tu  m'as  rendu  la  vie. 

94  Je  suis  k  toi  :  sauve-moi. 

Car  je  recherche  tes  prdceptes. 

95  Les  mechants  m'attendent  pour  me  faire  perir  : 
Je  suis  attentif  h  tes  enseignements. 

96  J'ai  vu  des  bornes  h.  tout  ce  qui  est  parfait; 
Ton  commandement  n'a  point  de  limites. 

MEM. 

97  Combien  j'aime  ta  loi ! 

Elle  est  tout  le  jour  I'objet  de  ma  meditation. 

98  Par  tes  commandements  tu  me  rends  plus  sage  que  mes  ennemis, 
Car  je  les  ai  toujours  avec  moi. 

99  Je  suis  plus  sage  que  tous  mes  maitres. 

Car  tes  enseignements  sont  I'objet  de  ma  meditation. 
100  J'ai  plus  d'intelligence  que  les  vieillards, 

Car  j'observe  tes  ordonnances. 
loi  Je  retiens  mon  pied  loin  de  tout  sentier  mauvais, 

Afin  de  garder  ta  parole. 
102  Je  ne  m'ecarte  pas  de  tes  preceptes, 

Car  c'est  toi  qui  m'as  instruit. 


79.  Que  les  serviteurs  de  Dieu,  que  mes 
epreuves  avaient  peut-etre  eloignes,  se  tour- 
nent vers  moi  avec  bienveillance  et  affec- 
tion. 

80.  Toiii  entier,  sans  reserve  et  sans  de- 
fiance (Vulg.,  irrcprochable  datis  tes  lots). 

81.  Apres  ton  saltit,  apres  le  secours  qui 
doit  me  sauver. 


82.  Ta  proniessc,  litt.  ta  parole,  ta  loi, 
laquelle  promet  ta  prote(flion  a  ceux  qui 
I'observent. 

'&}).  Comine  une  outre  :  les  anciens  expo- 
saient  k  I'acflion  de  la  fumee  (Vulg.  de  la 
gelee)  les  outres  renfermant  le  vin  pour  le 
faire  vieillir  plus  vite.  Naturellement  ces 
outres  se  dessechaient  et  se  ridaient  :  image 


LIBER  PSALMORUM. 


243 


75.  Cognovi  Domine  quia  asquitas 
judicia  tua  :  et  in  veritate  tua  hu- 
miliasti  me.  76.  Fiat  misericordia 
tua  ut  consoletur  me,  secundum 
eloquium  tuum  servo  tuo.  77.  Ve- 
niaiit  mihi  miserationes  tuae,  et  vi- 
vam  :  quia  lex  tua  meditatio  mea 
est.  78.  Confundantur  superbi,  quia 
injuste  iniquitatem  fecerunt  in  me  : 
ego  autem  exercebor  in  mandatis 
tuis.  79.  Convertantur  mihi  timen- 
tes  te  :  et  qui  noverunt  testimonia 
tua.  80.  Fiat  cor  meum  immacula- 
tum  in  justificationibus  tuis,  ut  non 
confundar. 

CAPH. 

81.  Defecit  in  salutare  tuum 
anima  mea  :  et  in  verbum  tuum 
supersperavi.  82.  Defecerunt  oculi 
mei  in  eloquium  tuum,  dicentes  : 
Quando  consolaberis  me?  83.  Quia 
factus  sum  sicut  uter  in  pruina  : 
justificationes  tuas  non  sum  obli- 
tus.  84.  Quot  sunt  dies  servi  tui  : 
quando  facies  de  persequentibus 
me  judicium.''  85-  Narraverunt 
mihi  iniqui  fabulationes  :  sed  non 
ut  lex  tua.  86.  Omnia  mandata 
tua  Veritas  :  inique  persecuti  sunt 
me,  adjuva  me.  87.  Paulominus 
consummaverunt  me  in  terra  :  ego 
autem  non  dereliqui  mandata  tua. 
88.  Secundum  misericordiam  tuam 


vivifica  me  :  et  custodiam  testimo- 
nia oris  tui. 

LAMED. 

89.  In  asternum  Domine,  verbum 
tuum  permanet  in  coelo.  90.  In  ge- 
nerationem  et  generationem  Veritas 
tua  :  fundasti  terram,  et  permanet. 
91.  Ordinatione  tuaperseverat  dies: 
quoniam  omnia  serviunttibi.  92. Nisi 
quod  lex  tua  meditatio  mea  est :  tunc 
forte  periissem  in  humilitate  mea. 
93.  In  asternum  non  obliviscar  justi- 
ficationes tuas  :  quia  in  ipsis  vivifi- 
casti  me.  94.  Tuus  sum  ego,  salvum 
me  fac  :  quoniam  justificationes  tuas 
exquisivi.  95.  Me  exspectaverunt 
peccatores  ut  perderent  me  :  testi- 
monia tua  intellexi.  96,Omniscon- 
summationis  vidi  finem:  latum  man- 
datum  tuum  nimis. 

MEM. 

97.  Quomodo  dilexi  legem  tuam 
Domine.^  tota  die  meditatio  mea 
est.  98.  Super  inimicos  meos  pru- 
dentem  me  fecisti  mandato  tuo  : 
quia  in  asternum  mihi  est.  99.  Super 
omnes  docentes  me  intellexi  :  quia 
testimonia  tua  meditatio  mea  est. 
100.  Super  senes  intellexi  :  quia 
mandata  tua  quaesivi.  loi.  Ab  omni 
via  mala  prohibui  pedes  meos  :  ut 
custodiam  verba  tua.  102.  A  judi- 


du  Psalmiste  dans  ses  epreuves  et  ses  afflic- 
tions. 

84.  Quel  est  le  iwmbre  :  ce  nombre  est-il 
done  assez  grand  pour  que  tu  tardes  k  me 
secourir? 

85.  Des  fosses,  comma  on  en  creusait  pour 
prendre  des  betes  sauvages.  Vulg.,  des  hom- 
ines iniqjies  iiCont  racontc  des  choses fabii- 
leuses,  frivoles,  sans  doute  pour  me  detour- 
ner  de  ton  service ;  uuiis  ce  rCest  point 
conime  votre  loi. 

86.  Sont  fidelite  :  les  promesses  qu'ils 
renferment  ne  trompent  pas;  viens  done  a 
mon  secours. 

87.  Dans  le  pays  :  habiter  tranquillement 
dans  le  pays  de  Chanaan  etait  une  des  re- 
compenses promises  aux  observateurs  de  la 
loi.  Plusieurs  traduisent  :  ...  m^anea7ttir  siir 
la  terre,  c.-a-d.  en  me  terrassant  et  me  fou- 
lant  aux  pieds. 

89.  La  parole  de  Dieu,  a  laquelle  le  Psal- 


miste est  fermement  attache,  a,  comme 
Dieu  lui-meme,  son  siege  dans  les  cieux,  et 
comme  eux  elle  est  immuable.  Comp.  Ps. 
Ixxxix,  3. 

90.  La  stabilite  de  la  terre  est,  dans 
I'ordre  physique,  I'image  et  comme  la  ga- 
rantie  de  la  fidelite  de  Dieu  dans  I'ordre 
moral.  La  meme  pensee  se  poursuit  au 
verset  suivant. 

96.  La  loi  divine  s'adresse  a  tons  les 
hommes  de  tous  les  temps  et  de  tous  les 
lieux. 

99-100.  La  loi  de  Dieu  ne  laisse  sans  re- 
ponse  aucune  des  questions  qui  inte'ressent 
I'humanit^,  et  ces  reponses  sont  a  la  portee 
d'une  simple  femme  et  d'un  enfant.  Origine 
de  riiomme,  sa  destine'e  en  cette  vie  et  en 
I'autre,  ses  rapports  avec  Dieu,  ses  devoirs 
envers  ses  semblables  et  envers  lui-meme, 
un  enfant  du  catechisme  n'ignore  rien,  disait 
avec  admiration  le  philosophe  Jouffroy. 


244 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


103  Que  ta  parole  est  douce  a  mon  palais, 
Plus  que  le  miel  a  ma  bouche ! 

104  Par  tes  ordonnances  je  deviens  intelligent. 
Aussi  je  hais  tous  les  sentiers  du  mensonge. 

NUN. 

105  Ta  parole  est  un  flambeau  devant  mes  pas, 
Una  lumi&re  sur  mon  sentier. 

106  J'ai  jure,  —  et  j'y  serai  fidele,  -- 
D'observer  les  pre'ceptes  de  ta  justice. 

107  Je  suis  reduit  a  une  extreme  afflicflion  : 
Jehovah,  rends-moi  la  vie,  selon  ta  parole. 

108  Agrde,  Jehovah,  I'offrande  de  mes  levres, 
Et  enseigne-moi  tes  preceptes. 

109  Ma  vie  est  continuellement  dans  mes  mains, 
Et  je  n'oublie  point  ta  loi. 

no  Les  mechants  me  tendent  des  pieges, 

Et  je  ne  m'egare  pas  loin  de  tes  ordonnances. 

111  Tes  enseignements  sont  pour  toujours  mon  heritage, 
Car  ils  sont  la  joie  de  mon  cceur. 

112  J'ai  incline  mon  cceur  a  observer  tes  lois 
Toujours,  jusqu'k  la  fin. 

SAMECH. 

113  Je  hais  les  hommes  au  cceur  double, 
Et  j'aime  ta  loi. 

114  Tu  es  mon  refuge  et  mon  bouclier; 
J'ai  confiance  en  ta  parole. 

115  Retirez-vous  de  moi,  mechants,  * 
Et  j'observerai  les  commandements  de  mon  Dieu. 

116  Soutiens-moi  selon  ta  promesse,  afin  que  je  vive, 

Et  ne  permets  pas  c^ue  je  sois  confondu  dans  mon  esperance. 

117  Sois  mon  appui,  et  je  serai  sauve, 

Et  j'aurai  toujours  tes  lois  sous  les  yeux. 

118  Tu  meprises  tous  ceux  qui  s'ecartent  de  tes  lois. 
Car  leur  ruse  n'est  que  mensonge. 

119  Tu  rejettes  comme  des  scories  tous  les  me'chants  de  la  terre; 
C'est  pourquoi  j'aime  tes  enseignements. 

120  Ma  chair  frissonne  de  frayeur  devant  toi, 
Et  je  redoute  tes  jugements. 


AiN. 


121 


123 
124 


J 'observe  le  droit  et  la  justice  : 
Ne  nvabandonne  pas  ^  mes  oppresseurs. 
122  Prends  sous  ta  garantie  le  bien  de  ton  serviteur; 
Ne  me  laisse  pas  opprimer  par  des  orgueilleux. 
Mes  yeux  languissent  apres  ton  salut, 
Et  apres  la  promesse  de  ta  justice. 
Agis  envers  ton  serviteur  selon  ta  bonte, 
Et  enseigne-moi  tes  lois. 

125  Je  suis  ton  serviteur  :  donne-moi  I'intelligence, 
Pour  que  je  connaisse  tes  enseignements. 

126  II  est  temps  pour  Jehovah  d'intervenir  : 
Ils  violent  ta  loi. 

127  C'est  pourquoi  j'aime  tes  commandements 
Plus  que  I'or  et  que  I'or  fin. 

128  C'est  pourquoi  je  trouve  justes  toutes  tes  ordonnances, 
Je  hais  tout  sentier  de  mensonge. 


104.  Tous  les  sentiers  qui  conduisent  au 
)iie?isonge,  c.-k-d.  ^  I'iniquite,  comme  traduit 
la  Vulgate. 

108.  L'flffrande,  litt.  les  dons  volonlaires, 
les  prieres  que  t'offrent  mes  libvres. 


109.  Ma  vie,  litt.  mon  dine,  est  dans  mes 
/nains,  est  tres  exposee,  en  peril  de  mort 
(comp./«4'-.  xii,  3;  I  Sam.  xix,  5;/^?/^,  xiii,  14). 
L'image  est  prise  probablement  d'un  voya- 
geur  qui,   traversant  une   route  peu  sure, 


LIBER  PSALMORUM. 


245 


ciis  tuis  non  declinavi  :  quia  tu  le- 
gem posuisti  mihi.  103.  Quam  dul- 
cia  faucibus  meis  eloquia  tua,  super 
mel  ori  meo!  104.  A  mandatis  tuis 
intellexi  :  propterea  odivi  omnem 
viam  iniquitatis. 

NUN. 

105.  Lucerna  pedibus  meis  ver- 
bum  tuum,  et  lumen  semitis  meis. 
106.  Juravi,  et  statui  custodire  judi- 
cia  justitias  tua?.  107.  Humiliatus 
sum  usquequaque  Domine  :  vivi- 
fica  me  secundum  verbum  tuum. 
108.  Voluntaria  oris  mei  benepla- 
cita  fac  Domine  :  et  judicia  tua  doce 
me.  109.  Anima  mea  in  manibus 
meis  semper  :  et  legem  tuam  non 
sum  oblitus.  1 10.  Posuerunt  pecca- 
tores  laqueum  mihi  :  et  de  manda- 
tis tuis  non  erravi.  1 1 1.  Hereditate 
acquisivi  testimonia  tua  in  aster- 
num  :  quia  exsultatio  cordis  mei 
sunt.  1 1  2.  Inclinavi  cor  meum  ad 
faciendasjustificationestuasin  aster- 
num,  propter  retributionem. 

SAMECH. 

113.  Iniquos  odio  habui  :  et  le- 
gem tuam  dilexi.  114.  Adjutor,  et 
susceptor  meus  es  tu:  et  in  verbum 
tuum  supersperavi.  115.  Declinate 


a  me  maligni  :  et  scrutabor  mandata 
Dei  mei.  1 16.  Suscipe  me  secundum 
eloquium  tuum,  et  vivam  :  et  non 
confundas  me  ab  exspectatione  mea. 
117.  Adjuva  me,  et  salvus  ero  :  et 
meditabor  in  justificationibus  tuis 
semper.  118.  Sprevisti  omnes  disce- 
dentes  a  judiciis  tuis  :  quia  injusta 
cogitatio  eorum.  1 19.  Praevarican- 
tes  reputavi  omnes  peccatores  ter- 
ras :  ideo  dilexi  testimonia  tua. 
120.  Confige  timore  tuo  carnes 
meas  :  a  judiciis  enim  tuis  timui. 

AIN. 

121.  Feci  judicium  et  justitiam  : 
non  tradas  me  calumniantibus  me. 

122.  Suscipe  serv^um  tuum  in  bo- 
num:  non  calumnientur  me  superbi. 

123.  Oculi  mei  defecerunt  in  salu- 
tare  tuum  :  et  in  eloquium  justitiae 
tuae.  124.  Fac  cum  servo  tuo  secun- 
dum misericordiam  tuam  :  et  justi- 
ficationes  tuas  doce  me.  125.  Servus 
tuus  sum  ego  :  da  mihi  intellectum, 
ut  sciam  testimonia  tua.  i26.Tem- 
pus  faciendi  Domine  :  dissipave- 
runt  legem  tuam.  127.  Ideo  dilexi 
mandata  tua,  super  aurum  et  topa- 
zion.  128.  Propterea  ad  omnia 
mandata  tua  dirigebar  :  omnem 
viam  iniquam  odio  habui. 


porte  dans  ses  mains  un  objet  precieux.  Le 
Hir  :  ma  vie  est  dans  Jiies  inaitis  :  comme 
une  chose  que  I'on  retient,  parce  qu'elle  va 
voiis  echapper. 

112.  Jusqii^a  la  fin;  Viilg.,  a  cause  de  la 
recompense.  Ceux-la  ne  pechent  done  pas, 
conclut  le  Concile  de  Trente,  qui,  pour  s'en- 
courager  k  la  pratique  des  commandements, 
ont  en  vue,  non  seulement  la  gloire  de  Dieu, 
mais  aussi  leur  propre  recompense.  Comp. 
Hebr.  xi,  26. 

113.  Les  Jiommes  au  ccetcr  doiible,  litt. 
inde'cis,  qui  penchent  tantot  du  cote  de  Je- 
hovah et  de  sa  loi,  tantot  du  cote  des  idoles. 
Comp.  I  Rots,  xviii,  21. 

115.  Et  je  garderai  :  afin  que  je  garde; 
ou  bien  :  car  je  veux  garden 

1 1 8.  Let(r  rtise  li'est  que  meiisongej  ce 
dernier  mot  est  diversement  explique;  les 
uns  lui  donnent  le  sens  de  peche,  itijustice  : 
leur  ruse  n'aboutit  qu'a  I'iniquite;  d'autres 
lui  laissent  sa  signification  premiere  :  leur 
ruse  ne  sert  qu'a  les  tromper  eux-memes, 


sans  tromper  Dieu;  ou  bien  encore  :  leur 
ruse  est  impuissante.  NvXg..,  parce  que  leur 
peftse'e  est  injicste. 

119.  Dans  le  sein  de  la  terre,  les  scories 
sont  unies  au  pur  metal;  de  meme  ici-bas 
les  mechants  sont  meles  aux  justes  :  le  jour 
viendra  ou  ils  seront  otes  et  mis  a  part 
comme  une  vile  scorie.  Pour  ne  pas  etre 
enveloppds  dans  leur  sort,  le  Psalmiste  s'at- 
tache  a  la  loi  de  Dieu.  La  Vulg.  traduit  le 
premier  membre,  fai  regarde  tons  les  pe- 
chetirs  de  la  terre  comme  des prevaricateurs. 

123.  Comp.  vers.  81. 

125.  Comp.  vers.  94. 

126.  D^interve7iir^  litt.  d^agir,  de  prendre 
en  main  la  cause  du  juste,  car  I'iniquite 
regne  partout. 

127.  Cest  pourquoi  :  pr^cisement  parce 
que  les  temps  sont  mauvais  (vers.  126). 

128.  Je  irouve  justes;  Vulg.,  je  me  con- 
duis  dhipres  toutes  tes  ordonnances.  —  De 
mensottge,  d'iniquite  et  d'injustice. 


246  CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


phf:. 

129  Tes  enseignements  sont  merveilleux, 
Aussi  mon  ame  les  observe. 

130  La  revelation  de  tes  paroles  illumine, 
Elle  donne  I'intelligence  aux  simples. 

131  J'ouvre  la  bouche  et  j'aspire. 

Car  je  suis  avide  de  tes  commandements. 

132  Tourne  vers  moi  ta  face  et  aie  pitie  de  moi; 
C'est  justice  envers  ceux  qui  aiment  ton  nom. 

133  Afifermis  mes  pas  dans  ta  parole, 

Et  ne  laisse  aucune  iniquite  dominer  sur  moi. 

134  Delivre-moi  de  I'oppression  des  hommes, 
Et  je  garderai  tes  ordonnances. 

135  Fais  luire  ta  face  sur  ton  serviteur, 
Et  enseigne-moi  tes  lois. 

136  Mes  yeux  repandent  des  torrents  de  larmes, 
Parce  qu'on  n'observe  pas  ta  loi. 

SAT>t. 

137  Tu  es  juste,  Jehovah, 

Et  tes  jugements  sont  equitables. 

138  Tu  as  donne  tes  enseignements  selon  la  justice 
Et  une  parfaite  fidelite. 

139  Mon  zele  me  consume, 

Parce  que  mes  adversaires  oublienl  tes  paroles. 

140  Ta  parole  est  eprouvee  par  le  feu, 
Et  ton  serviteur  I'aime. 

141  Je  suis  petit  et  meprise; 

Mats  je  n'oublie  point  tes  ordonnances. 

142  Ta  justice  est  une  justice  eternelle, 
Et  ta  loi  est  verity. 

143  La  detresse  et  I'angoisse  m'ont  atteint; 
Tes  commandements  font  mes  delices. 

144  Tes  enseignements  sont  eternellement  justes; 
Donne-moi  I'intelligence,  pour  que  je  vive. 

CAPH. 

145  Je  t'invoque  de  tout  mon  cceur;  exauce-moi,  Jehovah, 
Afin  que  je  garde  tes  lois. 

146  Je  t'invoque,  sauve-moi, 

Afin  que  j'ohsen'e  tes  enseignements. 

147  Je  devance  I'aurore,  et  je  crie  7'ers  toi ; 
J'espere  en  ta  parole. 

148  Mes  yeux  devancent  les  veilles  de  la  nuit 
Pour  mediter  ta  parole. 

149  Ecoute  ma  voix  selon  ta  bonte; 

Jehovah,  rends-moi  la  vie  selon  ton  jugement. 

150  lis  s'approchent  ceux  qui  poursuivent  le  crime; 
Qui  se  sont  eloignes  de  ta  loi. 

151  Tu  es  proche,  Jehovah, 

Et  tous  tes  commandements  sont  la  verite. 

152  Des  longtemps  je  sais,  au  sujet  de  tes  enseignements, 
Que  tu  les  as  etablis  pour  toujours. 

RESCH. 

153  Vois  ma  misere,  et  delivre-moi, 
Car  je  n'oublie  pas  ta  loi. 

154  Defends  ma  cause  et  sois  mon  vengeur; 
Rends-moi  la  vie  selon  ta  parole. 

155  Le  salut  est  loin  des  mechants. 

Car  ils  ne  s'inquietent  pas  de  tes  lois. 

156  Tes  misericordes  sont  infinies,  Jehovah; 
Rends-moi  la  vie  selon  tes  jugements  : 

157  Nombreux  sont  mes  persecuteurs  et  mes  ennemis; 
Je  ne  m'dcarte  point  de  tes  enseignements. 


LIBER  PSALMORUM. 


247 


PHE. 

129.  Mirabilia  testimonia  tua  : 
ideo  scrutata  est  ea  anima  mea. 
130.  Declaratio  sermonum  tuorum 
illuniinat  :  et  intellectum  dat  par- 
vulis.  131.  Os  meum  aperui,  et 
attraxi  spiritum  :  quia  mandata  tua 
desiderabam.  132.  Aspice  in  me,  et 
miserere  mei,  secundum  judicium 
diligentium  nomen  tuum.13  3.Gres- 
sus  meos  dirige  secundum  eloquium 
tuum  :  et  non  dominetur  mei  om- 
nis  injustitia.  134.  Redime  me  a  ca- 
lumniis  hominum  :  ut  custodiam 
mandata  tua.  135.  Faciem  tuam  illu- 
mina  super  servum  tuum  :  et  doce 
me  justificationes  tuas.  136.  Exitus 
aquarum  deduxerunt  oculi  mei  : 
quia  non  custodierunt  legem  tuam. 

SADE. 

137.  Justus  es  Domine  :  et  re- 
ctum judicium  tuum.  138.  Man- 
dasti  justitiam  testimonia  tua  :  et 
veritatem  tuam  nimis.i39.Tabesce 
re  me  fecit  zelus  meus :  quia  obliti 
sunt  verba  tua  inimici  mei.  I40.1gni- 
tum  eloquium  tuum  vehementer  : 
et  servus  tuus  dilexitillud.  141.  Ado- 
lescentulussumego,et  contemptus: 
justificationes  tuas  non  sum  oblitus. 
142,  Justitia  tua,  justitia  in  aster- 
num  :  et  lex  tua  Veritas.  143.  Tri- 
bulatio,  et  angustia  invenerunt  me  : 


mandata  tua  meditatio  mea  est- 
I44.i^quitas  testimonia  tua  in  aeter- 
num:  intellectum  damihi,et  vivam. 

COPH. 

145.  Clamavi  in  totocorde  meo, 
exaudi  me  Domine  :  justificationes 
tuas  requiram.  146.  Clamavi  ad  te, 
salvum  me  fac  :  ut  custodiam  man- 
data  tua.  147.  Praeveni  in  maturi- 
tate,  et  clamavi  :  quia  in  verba  tua 
supersperavi.  148.  Prasvenerunt 
oculi  mei  ad  te  diluculo  :  ut  medi- 
tarereloquia  tua.  i49.Vocem  meam 
audi  secundum  misericordiam  tuam 
Domine  :  et  secundum  judicium 
tuum  vivifica  me.  150.  Appropin- 
quaverunt  persequentes  me  iniqui- 
tati  :  a  lege  autem  tua  longe  facti 
sunt.  151.  Prope  es  tu  Domine  :  et 
omnes  vias  tuae  Veritas.  152.  Initio 
cognovi  de  testimoniis  tuis  :  quia  in 
asternum  fundasti  ea. 

RES. 

153.  Vide  humilitatem  meam,  et 
eripe  me  :  quia  legem  tuam  non  sum 
oblitus.  1 54.  Judica  judicium  meum, 
et  redime  me  :  propter  eloquium 
tuum  vivifica  me.  155.  Longe  a 
peccatoribus  salus :  quia  justificatio- 
nes tuas  non  exquisierunt.  156.  Mi- 
sericordias  tuas  multas  Domine  :  se- 
cundum judicium  tuum  vivifica  me. 
157.  Multi  qui  persequuntur  me,  et 


129.  Les  observe;  Vulg.,  les  scrute  par  la 
meditation. 

130.  Comp.  Matth.  xi,  25;  I  Cor.  xiv,  20. 

132.  C est  justice,  ou  bien  c'est  ta  cou- 
twne,  d'agir  ainsi  envers,  etc. 

133,  Afferniis  tnes  pas  dans  ta  parole, 
dans  Tobservation  de  ta  loi.  Vulg.,  dirige 
vies  pas  selon  ta  parole,  conformdment  ^ 
ta  loi. 

135.  Fais  luire  ta  face,  regarde  d'un  cell 
favorable  :  comp.  Ps.  iv,  7. 

137.  Tesjugements,  en  parole  et  en  acflion, 
ce  qui  comprend  la  loi  que  Dieu  a  donnee 
aux  hommes  et  sa  providence  dans  le  gou- 
vernement  du  monde. 

138.  Sens  :  ta  loi  a  pour  principe  ta.  jus- 
tice eternelle,  c.-k-d.  ta  saintete,  et  \.z.fidc- 
li/e'h.  vouloir  toujours  le  plus  grand  bien  de 
I'homme. 

139.  Comp.  vers.  136  et  158. 


140.  Ta  parole  est  pure,comme  I'or  eprouve 
par  le  feu. 

141.  Petit,  plutot  par  la  condition  que  par 
I'age. 

148.  Mes  yeiix  n'attendent  pas  qu'une 
veille  de  la  nuit  commence  ou  finisse  pour 
s'ouvrir  afin  que  je  medite  ta  loi. 

149.  Ton  jiigement  :  ce  mot  designe  ici 
tous  les  moyens  de  salut  que  Dieu  a  dispo- 
ses en  faveur  de  I'homme;  sa  loi  est  un  des 
principaux. 

150.  lis  s\ipprochent,  pour  m'opprimer. 

151.  Tu  es  prochc,  pres  du  juste  pour  le 
defendre. 

152.  Au  suj'et  de,  o\i  par  tes  preceptes, 

1 54.  Sois  mon  vengeur,  mon  goel :  voy. 
Job,  xix,  25. 

156.  Tes  fugeinents  :  meme  sens  qu'au 
vers.  149. 


248 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


58  A  la  vue  des  infideles,  j'ai  ressenti  de  I'horreur, 
Parce  qu'ils  n'observent  pas  ta  parole. 

59  Considere  que  j'aime  tes  ordonnances; 
Jehovah,  rends-moi  la  vie  selon  ta  bonte. 

60  Le  resume  de  ta  parole  est  la  verite, 

Et  toutes  les  lois  de  ta  justice  sont  eternelles. 

SIN,  SCHIN. 

61  Des  princes  me  persdcutent  sans  cause  : 

C'est  de  tes  paroles  que  mon  coeur  a  de  la  crainte. 

62  Je  me  rejouis  de  ta  parole, 

Comme  si  j'avais  trouve  de  riches  depouilles, 

63  Je  hais  le  mensonge,  je  Tai  en  horreur; 
J'aime  ta  loi. 

64  Sept  fois  le  jour  je  redis  tes  louanges, 
A  cause  des  lois  de  ta  justice. 

65  II  y  a  une  grande  paix  pour  ceux  qui  aiment  ta  loi, 
Et  rien  ne  leur  est  une  cause  de  chute. 

66  J'espere  en  ton  salut,  Jehovah, 

Et  je  pratique  tes  commandements. 

67  Mon  ame  observe  tes  enseignements, 
Et  elle  en  est  eprise. 

68  Je  garde  tes  ordonnances  et  tes  lois, 
Car  toutes  mes  voies  sont  devant  toi. 

THAU. 

69  Que  mon  cri  arrive  jusqu'k  toi,  Jehovah! 
Selon  ta  parole,  donne-moi  I'intelligence. 

70  Que  ma  supplication  parvienne  jusqu'a  toi! 
Selon  ta  parole,  delivre-moi. 

71  Que  mes  levres  proferent  tes  louanges, 
Car  tu  m'as  enseigne  tes  lois! 

72  Que  ma  langue  public  ta  parole, 

Car  tous  tes  commandements  sont  justes! 

73  Que  ta  main  s'etende  pour  me  secourir. 
Car  j'ai  choisi  tes  ordonnances! 

74  Je  soupire  apr^s  ton  salut,  Jehovah, 
Et  ta  loi  fait  mes  d^lices. 

75  Que  mon  ame  vive  pour  te  louer, 

Et  que  tes  jugements  me  viennent  en  aide! 

76  Je  suis  errant  comme  une  brebis  egarde  :  cherche  ton  serviteur; 
Car  je  n'oublie  pas  tes  commandements. 


Ps.  cxx. 


PSAUME   CXX   (VULG.  CXIX). 

pt;^|ES  quinze  Psaumes  qui  suivent  (cxx-cxxxiv)  sont  intitules,  Cantiques  des  degre's,  on 
des  Motttces  (hebr.  vnvaloih).  D'apr^s  I'opinion  des  anciens  Juifs,  ce  nom  leur  vient 
de  ce  qu'ils  etaient  chantes  solennellement,  aux  trois  grandes  fetes  de  I'annee,  sur 
un  des  quinze  degrds  qui,  dans  le  temple,  conduisaient  du  parvis  des  femmes  au  parvis 
des  hommes.  Les  interpretes  modernes  traduisent  generalement  iiia'a/oth  par  vioiiices,  et 
regardent  ces  Psaumes  comme  des  cantiques  chantes  sur  la  route  par  les  Israelites  qui 
faisaient  a  certaines  epoques,  ordinairement  par  groupes  nombreux  {Lice,  ii,  41,  44),  le 
pelerinage  de  la  ville  sainte  {Dent,  xvi),  moiitaient  a  Jerusaleiii,  selon  le  terme  consacre. 

Quatre  de  ces  Psaumes  sont  attribues  ^  David;  mais  ce  nom  ne  peut  guere  etre  retenu 
que  pour  le  cxxxi^,  qui  aurait  ete  insere  plus  tard  dans  le  recueil  pour  les  pelerins. 
Tous  les  autres,  k  I'exception  peut-etre  du  132^,  sont  posterieurs  au  retour  de  la  captivite. 

Le  Psaume  cxx,  dont  I'auteur  est  inconnu,  parait  se  rapporter  au  temps  011  les  Juifs, 
apres  leur  retour  de  Babylone,  etaient  en  butte  a  I'hostilite  des  Samaritains  et  des  peupla- 
des  paiennes  du  voisinage. 

^  CANTIQUE  des  montdes. 

Vers  Jdhovah,  dans  ma  detresse, 
J'ai  crie,  et  il  m'a  exauce. 


LIBER  PSALMORUM. 


249 


tribulant  me  :  a  testimoniis  tuis  non 
declinavi.  158.  Vidi  prasvaricantes, 
et  tabescebam  :  quia  eloquia  tua 
non  custodierunt.  159.  Vide  quo- 
niam  mandata  tua  dilexi  Domine  : 
in  misericordia  tua  vivifica  me. 
160.  Principium  verborum  tuo- 
rum,  Veritas  :  in  aeternum  omnia 
judicia  justitiae  tuae, 

SIN. 

161.  Principes  persecuti  sunt  me 
gratis  :  et  a  verbis  tuis  formidavit 
cor  meum.  162.  Laetabor  ego  super 
eloquia  tua:  sicutqui  invenit  spolia 
multa.  163.  Iniquitatemodio  habui, 
et  abominatus  sum  :  legem  autem 
tuam  dilexi.  164.  Septies  in  die  lau- 
dem  dixi  tibi,  super  judicia  justitiae 
tuas.  165.  Pax  multa  diligentibus 
legem  tuam  et  non  est  illis  scanda- 
lum.  166.  Exspectabam  salutare 
tuum  Domine  :  et  mandata  tua  di- 
lexi. 167.  Custodivit  anima  mea 
testimonia  tua  :  et  dilexit  ea  vehe- 
menter.  168.  Servavi  mandata  tua, 
et  testimonia  tua  :  quia  omnes  vias 
meas  in  conspectu  tuo, 

TAU. 

169.  Appropinquet  deprecatio 
mea  in  conspectu  tuo  Domine :  juxta 
eloquiumtuum  da  mihi  intellectum. 
170.  Intret  postulatio  mea  in  con- 
spectu tuo  :  secundum  eloquium 
tuum  eripe  me.  171.  Eructabunt  la- 
bia mea  hymnum,  cum  docueris  me 
justificationes  tuas.  172.  Pronuntia- 


bit  lingua  mea  eloquiumtuum:  quia 
omnia  mandatatuaaequitas.  1 73.  Fiat 
manus  tua  ut  salvet  me  :  quoniam 
mandata  tua  elegi.  174.  Concupivi 
salutare  tuum  Domine  :  et  lex  tua 
meditatio  mea  est.  175.  Vivet  anima 
mea,  et  laudabit  te  :  et  judicia  tua 
adjuvabunt  me.  176.  Erravi,  sicut 
ovis,  quae  periit  :  quaere  servum 
tuum,  quia  mandata  tua  non  sum 
oblitus. 

— :•:—    PSALMUS    CXIX.    — :i:— 
Vitae  miserias  luget,  ab  his  liberari  efiflagitat. 

Canticum  graduum. 
D  Dominum  cum  tribula- 
rer  clamavi  :  et  exaudivit 
me.  2.  Domine  libera  ani- 

mam  meam  a  labiis   ini- 

quis,  et  a  lingua  dolosa. 

3.  Quid  detur  tibi,  aut  quid  ap- 
ponatur  tibi  ad  linguam  dolosam.^ 
4.  Sagittas  potentis  acutae,  cum  car- 
bonibus  desolatoriis. 

5.  Heu  mihi,  quia  incolatus  meus 
prolongatus  est :  habitavi  cum  habi- 
tantibus  Cedar  :  6.  multum  incola 
fuit  anima  mea.  7.  Cum  his,  qui 
oderunt  pacem,  eram  pacificus  : 
cum  loquebar  illis,  impugnabant  me 
gratis. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


158.  Des  infideles^  des  traitres  a  ta  loi. 

160.  Le  restiine,  ou  la  so?nine,  le  total,  en 
lat.  summa;  ou  bien  avec  la  Vulg.,  le  prin- 
cipe  :  le  mot  hebr.  rosc/i  a  les  deux  sens. 

161.  Afon  ca'ur  ne  tremble  pas  devant  les 
hommes ;  il  ne  craint  qu'une  chose,  c'est 
d'etre  infidele  k  ta  loi. 

164.  Sept  Jois  le  join\  tres  sou  vent. 

165.  Une  cause  effe(fi;ive  :  Dieu  les  sou- 
tient. 

168.  Car\^  marche,  je  vis  devant  toi,  en 
ta  presence ;  ou  bien  avec  Delitzsch  :  je 
garde  ...  tes  lois;  tu  le  sais  bien,  car  toiites 


Hies  voles,  toutes  mes  acflions,  te  sont  par- 
faitement  connues. 

169-170.  Ta  parole  :  meme  sens  qu'au 
vers.  82.  —  Do?ine-vioi  Vinielligence  et  de- 
lh>re-inoi  :  ces  deux  prieres  vont  ensemble; 
le  Psalmiste  souffre  persecution  a  cause  de 
sa  foi  :  il  a  done  besoin  et  que  sa  foi  soit 
affermie  et  que  ses  persecuteurs  soient  ren- 
dus  impuissants. 

175.  Tes  jugements  :  meme  sens  qu'au 
vers.  149. 

176.  Comp.  Matth.  ix,  36;  xviii,  12;  I  Pier. 
ii,  25. 


250 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


2  Jehovah,  liii  ai-je  dit,  dehvre  mon  ame  de  la  levre  de  mensonge, 
De  la  langue  astutieuse! 

3  Que  te  sera-t-il  donne,  quel  sera  ton  profit, 
Langue  perfide? 

4  Les  fieches  aigues  du  7"i9/(r/-Puissant, 
Avec  les  charbons  ardents  du  genet. 

5  Malheureux  que  je  suis  de  sejourner  dans  Mesek, 
D'habiter  sous  les  tentes  de  Cedarl 

6  Trop  longtemps  j'ai  demeure 
Avec  ceux  qui  haissent  la  paix. 

7  Je  suis  un  homme  de  paix,  et  quand  je  leur  parle, 
lis  me  declarent  la  guerre. 


PSAUME   CXXI   (VULG.  CXX), 

E  p^lerin  en  marche  vers  la  ville  sainte  exprime  son  entiere  confiance  dans  le 
secours  divin. 

Ps.  cxxi.      i^^-3        1  CANTIQUE  pour  les  montees. 

Je  leve  les  yeux  vers  les  montagnes. 
D'ou  me  viendra  le  secours? 

2  Mon  secours  viendra  de  Jehovah, 
Qui  a  fait  le  ciel  et  la  terre. 

3  II  ne  permettra  pas  cjue  ton  pied  trebuche; 
Celui  qui  te  garde  ne  sommeillera  pas. 

4  Non,  il  ne  sommeille  ni  ne  dort 
Celui  qui  garde  Israel. 

5  Jehovah  est  ton  gardien; 
Jehovah  est  ton  abri,  totfjoiirs  h.  ta  droite. 

6  Pendant  le  jour  le  soleil  ne  te  frappera  point, 
Ni  la  lune  pendant  la  nuit. 

7  Jehovah  te  gardera  de  tout  mal, 
II  gardera  ton  ame; 

8  Jehovah  gardera  ton  depart  et  ton  arrivee 
Maintenant  et  a  jamais. 

PSAUME   CXXII   CVULG.  CXXl). 

jHant  des  p^lerins  allant  k  Jerusalem,  et  celebrant  la  beaut^  et  la  gloire  de  la  cite 
^1  sainte.  Le  Psaume  porte  dans  I'hdbreu  le  nom  de  David;  mais  ni  les  LXX  ni  la 
y^S^  Vulg.  n'ont  cette  mention,  qui  manque  aussi  dans  plusieurs  manuscrits  hebreux. 
Nous  avons  done  ici,  tres  probablement,  un  cantique  compose  apres  le  retour  de  la 
captivitd. 

Ps.  cxxii  1  CANTIQUE  des  montdes.  De  David. 

J'ai  ^te  dans  la  joie  quand  on  m'a  dit  : 
"  Aliens  h,  la  maison  de  Jehovah!  " 

2  Nous  voila  debout 

A  tes  portes,  Jerusalem! 

3  Jerusalem,  tu  es  batie  comme  une  ville 
Ou  tout  se  tient  ensemble. 

4  Lti  montent  les  tribus,  les  tribus  de  Jehovah, 


PSAUME  CXX. 

2.   Ln  Icvre   mensongcre  :   allusion   aux 
Samaritainsqui  s'effor5aient,pardes  moyens 


perfides,  d'indisposer  les  rois  de  Perse  cen- 
tre les  Juifs  {Esdr.  iv,  6  sv.) 

3.  Ton  profit,  litt.  ton  surcroit.  On  pour- 


LIBER  PSALMORUM. 


251 


^^MMW.^'^.^'iSi^.'iSS.'iSS.^^^f.'s^V^^^^^. 


-    PSALMUS    CXX.    — *— 
Securus  qui  se  Deo  committit. 


Canticum  graduum, 
EVAVI   oculos  meos    in 
montes,  ''unde  veniet  au- 
xiliurn  mihi.  2.  Auxilium 


U  meum  a  Domino,  qui  fe- 
cit coelum  et  terram. 

3.  Non  det  in  commotionem  pe- 
dem  tuum  :  neque  dormitet  qui 
custodit  te.  4.  Ecce  non  dormitabit 
neque  dormiet,  qui  custodit  Israel. 

5.  Dominus  custodit  te,  Domi- 
nus  protectio  tua,  super  manum 
dexteram  tuam.  6.  Per  diem  sol  non 
uret  te  :  neque  luna  per  noctem. 

7.  Dominus  custodit  te  ab  omni 


malo  :  custodiat  animam  tuam  Do- 
minus, 8.  Dominus  custodiat  introi- 
tum  tuum,  et  exitum  tuum  :  ex  hoc 
nunc,  et  usque  in  sasculum. 

— :i:—    PSALMUS    CXXL     — =>— 

EcclesicC  Concordia,  pietas  et  dotes 
celebrantur. 

I.       Canticum  graduum. 

l^TATUS  sum  in_  hi?, 
quas  dicta  sunt  mihi  :  In 
domum  Domini  ibimus. 
2.  Stantes  erant  pedes  no- 
stri,  in  atriis  tuis  Jerusalem.  3.  Je- 
rusalem, quae  aedificatur  ut  civitas  : 
cujus  participatio  ejus  in  idipsum. 
4.  Illuc  enim  ascenderunt  tribus 
Domini    :   testimonium   Israel    ad 


rait  aussi  traduire  avec  Delitzsch  :  qtie  te 
donnera-t-il  (Dieu)?  Qic\ij outer a-t-il  en- 
core? Le  verset  suiv.  donne  la  reponse. 

4.  En  plusieurs  endroits  la  langue  perfide 
est  comparee  a  un  glaive  aigu  {Ps.  Ivii,  4), 
a  une  fleche  {Jer.  ix,  8),  k  un  feu  {Prov. 
xvi,  27.  Comp.  /acq.  iii,  6)  :  son  chatiment 
sera  la  peine  du  talion.  Les  cJiarbons  du 
genet  (Vulg.,  cha> bons  destrii^enrs;  ailleurs, 
I  Rois^  xix,  4  sv.  Job,  xxx,  5,  elle  traduit 
exacflement  I'hebr.  rethaniini)  :  le  genet  est 
le  meilleur  combustible  du  desert  :  il  pro- 
duit  un  feu  intense  et  qui  dure  longtemps. 
Ces  fleches  et  ces  charbons  ardents  sont  les 
images  de  la  foudre  et  des  eclairs. 

5.  Mesek  (Mosoch,  Gen.  x,  2),  contree 
entre  la  mer  Noire  et  la  mer  Caspienne.  — 
Cedar,  dans  I'Arabie  m^ridionale  :  ces  deux 
noms,  ici,  paraissent  symbolic^ues;  ils  desi- 
gnent  par  figure  des  peuplades  barbares  et 
violentes.  Vulg.,  malhetireux  qtie  je  suis, 
puree  que  man  exit  a  e'te' prolonge  f 

6-7.  La  Vulg.  coupe  et  ponflue  autrement 
ces  deux  versets  :  6.  Mon  ante  a  deviettrc 
longtemps  siir  une  terre  etrangere.  7.  Avec 
ceux  qui  /uiissaie?7t  la  paix  f  etais pacijiqtiej 
quand  je  leur  parlais,  ils  me  faisaient  la 
guerre  sans  motif. 

PSAUME  CXXI. 

I.  Les  montagfies  de  Juda,  au  milieu  des- 
quelles  etait  situee  Jerusalem.  — ■  D''oit  me 
vie?idra,  etc.;  d'autres,  avec  la  Vulg.,  don- 
nent  k  d'oii  un  sens  relatif  (Jos.  ii,  4),  ce  qui 
supprime  I'interrogation  :  ...  les  montagjies 
d^oii  me  viendra,  etc.  —  Le  secours  :  tout 
d'abord  le  secours  necessaire  pour  arriver 


sans  accident  a  Jerusalem,  alors  que  le  pays 
etait  encore  infeste  d'ennemis. 

5.  Jehovah  est  ton  ombre,  te  couvre  de  son 
ombre,  pour  te  proteger  contre  les  ardeurs 
du  soleil,  grand  bienfait  en  Orient,  et  par 
figure,  contre  toute  espece  de  dangers. 

6.  La  hine  :  en  Orient,  dit  Delitzsch,  sur- 
tout  dans  les  contr^es  equatoriales,  les 
rayons  de  la  lune  sont  presque  aussi  insup- 
portables  que  ceux  du  soleil  et  peuvent  ame- 
ner  les  memes  accidents.  Selon  d'autres,  le 
Psalmiste  se  conforme  ici  a  la  croyance 
populaire  d'apres  laquelle  la  lune  serait 
cause  du  rayonnement  no6turne  et  du  froid 
tres  vif  qui  en  est  la  consequence. 

7.  JehouaJi  te  gardera;  ou  bien  avec  la 
Vulg.,  que  Jehovah  te  garde;  de  meme  au 
verset  suivant. 

8.  Ton  depart  et  ton  arrivce,  toutes  tes 
demarches  :  h^braisme. 

PSAUME  CXXII. 

\.  Allans  :  les  pelerins  formaient  des  grou- 
pes  {Lite,  ii,  41,  44)- 

2.  A  tes  fortes;  Vulg.  dans  des  places. 

3.  Le  pelerin,  qui  ne  connaissait  que  les 
bourgades  et  les  villes  ouvertes  de  la  Pales- 
tine, admire  Taspecl  grandiose  de  Jerusa- 
lem recemment  rebatie,  avec  son  enceinte 
de  murailles  et  ses  rues  bordees  de  maisons 
qui  se  touchent  sans  interruption. 

4.  Autre  sujet  d'admiration  pour  le  pele- 
rin :  la  foule  des  enfants  d'Israel  qui  a  fran- 
chi  les  portes  et  inonde  les  rues,  pour  obeir 
k  la  lot  prescrivant  ces  pelerinages  a  la  ville 
sainte  {Exod.  xxiii,  17;  xxxiv,  23;  Deut. 
xvi,  16). 


252 


CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Selon  la  loi  d' Israel, 

Pour  louer  le  nom  de  Jtfhovah. 

5  La  sont  etablis  des  sieges  pour  le  jugement, 
Les  sieges  de  la  maison  de  David. 

6  Faites  des  voeux  pour  Jerusalem  : 
Qu'ils  soient  heureux  ceux  qui  t'aiment! 

7  Que  la  paix  regne  dans  tes  murs, 
La  prosperite  dans  tes  palais ! 

8  A  cause  de  mes  freres  et  de  mes  amis, 
Je  demande  pour  toi  la  paix; 

9  A  cause  de  la  maison  de  Jehovah,  notre  Dieu, 
Je  desire  pour  toi  le  bonheur, 

PSAUME   CXXIII    (VULG.  CXXIl). 

Srael  opprime  et  outrage  soupire  apres  le  secours  divin.  Ce  Psaume  date  de  la  cap- 
tivite,  ou  des  premieres  annees  du  retour,  alors  que  des  voisins  jaloux  faisaient  la 
Mt^l  guerre  aux  Juifs  {Neh.  ii,  19;  iv,  1-5). 


Ps.  cxxiii.  1  CANT  I  QUE  des  montees. 

J'eleve  mes  yeux  vers  toi, 

O  toi  qui  sieges  dans  les  cieux. 

2  Comme  I'cEil  du  serviteur  est  fixe  sur  la  main  de  son  maitre, 
Et  I'ceil  de  la  servante  sur  la  main  de  sa  maitresse, 

Ainsi  nos  yeux  se  tiennent  Aleves  vers  Jehovah,  notre  Dieu, 
Jusqu'k  ce  qu'il  ait  pitie  de  nous. 

3  Aie  piti^  de  nous,  Jehovah,  aie  pitie  de  nous, 

Car  nous  n'avons  etd  que  trop  rassasies  d'opprobres. 

4  Notre  ame  n'a  dte  que  trop  rassasi^e 

De  la  moquerie  des  riches  insolents,  du  mepris  des  orgueilleux, 

P.SAUME   CXXIV   (VULG.  CXXIIl). 

[ANTIQUE  d'adlions  de  graces  pour  la  delivrance,  soit  de  la  captivite,  soit  de  I'hos- 
tilite  des  Samaritams  apres  le  retour  de  I'exil. 

aj  Dans  le  texte  h^breu,  le  nom  de  David  figure  en  tele  du  Psaume;  mais  ni  les  LXX 
ni  les  autres  versions  anciennes,  ni  meme  plusieurs  manuscrits  hebreux  ne  portent  cette 
mention.  Nous  n'avons  done  ici,  comme  dans  le  Psaume  cxxii,  qu'un  cantique  compose 
\  I'imitation  de  ceux  de  David. 

Ps.  cxxiv,  1  CANTIQUE  des  montees.  De  David. 

Si  Jehovah  n'eijt  ^te  pour  nous,  — 
Qu'Israel  le  proclame,  — 

2  Si  Jehovah  n'eiit  ete  pour  nous, 

Quand  les  hommes  se  sont  eleves  contre  nous, 

3  lis  nous  auraient  ddvores  tout  vivants, 
Quand  leur  colore  s'est  allumee  contre  nous; 

4  Les  eaux  nous  auraient  engloutis, 
Le  torrent  cut  passe  sur  notre  ame; 

5  Sur  notre  ame  auraient  passe 
Les  eaux  impetueuses. 

6  Beni  soit  Jehovah, 

Qui  ne  nous  a  pas  livres  k  leurs  dents ! 

7  Notre  ame,  comme  le  passereau,  s'est  echappee  du  filet  de  I'oiseleur; 
Le  filet  s'est  rompu,  et  nous  avons  et^  delivres. 

8  Notre  secours  est  dans  le  nom  de  Jehovah,' 
Qui  a  fait  les  cieux  et  la  terre. 


LIBER  PSALMORUM. 


253 


confitendum  nomini Domini. 5. Quia 
illic  sederunt  sedes  in  judicio,  sedes 
super  domum  David. 

6.  Rogate  qus  ad  pacem  sunt  Je- 
rusalem :  et  abundantia  diligentibus 
te  :  7.  fiat  pax  in  virtute  tua  :  et 
abundantia  in  turribus  tuis.  8.  Pro- 
pter fratres  meos,  et  proximos  meos, 
loquebar  pacem  de  te  :  9.  propter 
domum  Domini  Dei  nostri,  quassivi 
bona  tibi. 

— :;:—    PSALM  US    GXXIL    — :i:— 

A(5lus  fiducias  in  Deum  tempore 
tribulationis. 


Canticum  graduum. 
D  te  levavi  oculos  meos, 
qui  habitas  inccelis.2.Ecce 
sicut   oculi  servorum,  in 


manibus  dominorum  suo- 
rum,  sicut  oculi  ancillae  in  manibus 
dominas  suas  :  ita  oculi  nostri  ad 
Dominum  Deum  nostrum  donee 
misereatur  nostri. 

3.  Miserere  nostri  Domine,  mise- 
rere nostri  :  quia  multum  repleti 
sum  us  despectione  :  4.  quia  mul- 
tum repleta  est  anima  nostra  :  op- 
probrium abundantibus,  et  despe- 
ctio  superbis. 

— *—  PS  A  L  M  US  CXX 1 1 L  — :!=— 

Hortatio  ad  gratias  agendum  Deo,  soli 
liberatori. 

I.       Canticum  graduum. 

ISI  quia  Dominus  erat  in 
nobis,  dicat  nunc  Israel  : 
2.  nisi  quia  Dominus  erat 
in  nobis,  cum  exsurgerent 


homines  in  nos,  3.  forte  vivos  de- 
glutissent  nos  :  cum  irasceretur  fu- 
ror eorum  in  nos,  4.  forsitan  aqua 
absorbuisset  nos.  5.  Torrentem  per- 
transivit  anima  nostra :  forsitan  per- 
transisset  anima  nostra  aquam  into- 
lerabilem. 

6.  Benedictus  Dominus  qui  non 
dedit  nos,  in  captionem  dentibus 
eorum.  7.  Anima  nostra  sicut  pas- 
ser erepta  est  de  laqueo  venantium  : 
laqueus  contritus  est,  et  nos  liberati 
sumus,  8.  Adjutorium  nostrum  in 
nomine  Domini,  qui  fecit  coelum  et 
terram. 

— :>—   PSALMUS    CXX IV.   — :;:— 
Fidelium  Deus  est  tutela  :  impii  peribunt. 

I.       Canticum  graduum. 

|UI  confidunt  in  Domino, 
sicut  mons  Sion  :  non 
commovebitur  in  aeter- 
num,qui  habitat  2.  in  Je- 
rusalem. Montes  in  circuitu  ejus  : 
et  Dominus  in  circuitu  populi  sui, 
ex  hoc  nunc  et  usque  in  sasculum, 
3.  Quia  non  relinquet  Dominus  vir- 
gam  peccatorum  super  sortem  ju- 
storum  :  ut  non  extendant  justi  ad 
iniquitatem  manus  suas. 

4.  Benefac  Domine  bonis,  et  re- 
ctis  corde.  5.  Declinantes  autem 
in  obligationes,  adducet  Dominus 
cum  operantibus  iniquitatem  :  pax 
super  Israel. 


5.  Des  sieges  ou  les  lois  successeurs  de 
David  et,  apres  la  captivite,  les  principaux 
de  la  nation  rendaient  la  justice.  Comp. 
II  Sa//i.  XV,  2;  I  I?ozs,  iii,  16. 

6.  Faites  des  vceux,  litt.  demandez  lapaix, 
c.-k-d.  I'ensemble  de  tous  les  biens. 

7.  La prosperite  dans  tes  palais;  ou  bien, 
la  securite  dans  tes  forteresses. 

8.  Mes  freres,  les  Israelites  qui  habitent 
dans  ton  enceinte. 

9.  La  inaisoH  de  Jehovah,  le  temple;  ou 


bien  le  tabernacle,  si  le  Psaume  a  David 
pour  auteur. 

PSAUME  CXXIII. 

2.  Uoeil  du  seruiteur,  ici  de  I'esclave 
oriental,  est  fixe  stir  la  main  de  son  mailre, 
est  attentif  au  moindre  geste  qui  serait  pour 
lui  un  ordre. 

PSAUME  CXXIV. 

7.  Le  passereatc  :  comp.  Ps.  xi,  i. 


254 


CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps.  cxxv. 


PSAUME   CXXV   (VULG.  CXXIV). 

Omposd  dans  les  memes  circonstances  que  le  Ps.  cxxiii,  ce  cantique  exprime  les 
^^a  sentiments  de  confiance  d'Israel  en  la  bonte  et  en  la  justice  de  Dieu. 

^  CANTIQUE  des  montees. 

Ceux  qui  se  confient  en  Jehovah  sont  comme  la  montagne  de  Sion  : 

EUe  ne  chancelle  point, 

Elle  est  assise  sur  sa  base  pour  toujours. 

2  Jerusalem  a  autour  d'elle  une  ceinture  de  montagnes  : 
Ainsi  Jehovah  entoure  son  peuple 
Des  maintenant  et  a  jamais. 

3  Le  sceptre  des  mechants  ne  restera  pas  sur  I'heritage  des  justes, 
Afin  que  les  justes  ne  portent  pas  aussi  leurs  mains  vers  I'iniquite. 

4  Jehovah,  repands  tes  bontes  sur  les  bons 
Et  sur  ceux  qui  ont  le  coeur  droit. 

5  Mais  ceux  qui  se  detournent  en  des  voles  tortueuses, 
Que  Jehovah  les  abandonne  avec  ceux  qui  font  le  mal ! 
Paix  sur  Israel ! 


PSAUME   CXXVI    (VULG.  CXXV). 

NE  partie  des  captifs  de  Babylone,  revenus  en  Palestine  sous  la  conduite  de  Zoro- 
babel,  remercie  Dieu  de  leur  retour  et  lui  demandent  d'accorder  la  meme  faveur  a 
leurs  freres  qui  gemissent  encore  dans  I'exil. 

Ps.  cxxvi.  'CANTIQUE  des  montees. 

Quand  Jdhovah  ramena  les  captifs  de  Sion, 
Ce  fut  pour  nous  comme  un  songe. 

2  Alors  notre  bouche  fit  entendre  des  cris  joyeux, 
Notre  langue  des  chants  d'allegresse. 

Alors  on  repeta  parmi  les  nations  : 

"  Jehovah  a  fait  pour  eux  de  grandes  choses." 

3  Old,  Jehovah  a  fait  pour  nous  de  grandes  choses; 
Nous  sommes  dans  la  joie. 

4  Jehovah,  ramene  les  restes  de  nos  captifs, 
Comme  ttc  fats  cottier  les  torrents  dans  le  Midi. 

5  Ceux  qui  sement  dans  les  larmes, 
Moissonneront  dans  I'allegresse. 

6  lis  vont,  ils  vont  en  pleurant, 
Portant  et  jetant  la  semence; 

Ils  reviendront  avec  des  cris  de  joie, 
Portant  les  gerbes  de  leur  moisson. 


PSAUME   CXXVII    (VULG.  CXXVl). 

Out  bien  vient  de  Dieu,  soit  dans  la  citif,  soit  dans  la  famille  :  tel  est  le  sujet  de  ce 
Psaume.  Le  texte  hebreu  et  plusieurs  versions  anciennes  I'attribuent  a  Salomon; 
mais  cette  attribution  reste  douteuse. 

Ps.cxxvii.  '  CANTIQUE  des  montees.  De  Salomon. 

Si  Jehovah  ne  batit  pas  la  maison, 
En  vain  travaillent  ceux  qui  la  batissent; 
Si  Jehovah  ne  garde  pas  la  citd, 
En  vain  la  sentinelle  veille  a  scs  partes. 
2  C'est  en  vain  que  vous  vous  levez  avant  le  jour, 
Et  que  vous  retardez  votre  repos, 
Mangeant  le  pain  de  la  douleur  : 
II  donne  autant  a  ses  bien-aimes  pendant  leur  sommeil. 


LIBER  PSALMORUM. 


255 


— *—    PSALM  US    CXXV.   — :i:— 

Gratulatio  de  fine  captivitatis;  oratio 
ut  perficiatur  liberatio. 

I.       Canticum  graduum. 

N  convertendo  Dominus 
captivitatem  Sion  :  facti 
sumus    sicut    consolati    : 

I  1.  tunc  repletum  est  gau- 


dio  OS  nostrum  :  et  lingua  nostra 
exsultatione.  Tunc  dicent  inter  gen- 
tes  :  Magnificavit  Dominus  facere 
cum  eis.  3.  Magnificavit  Dominus 
facere  nobiscum  :  facti  sumus  las- 
tantes. 

4.  Converte  Domine  captivitatem 
nostram,  sicut  torrens  in  austro. 
5.  Qui  seminant  in  lacrymis,  in  ex- 
sultatione metent,  6.  Euntes  ibant 
et  flebant,mittentes  semina  sua.  Ve- 
nientes  autem  venient  cum  exsul- 
tatione, portantes  manipulos  suos. 


— :;:—    PSALM  us   CXXVL  — :i:— 

Vani  hominum  labores  quibus  non 
opitulatur  Dominus. 

I.  Canticum  graduum  Salomonis. 

ISI  Dominus  asdificaverit 
domum,  in  vanum  labora- 
verunt  qui  sedificant  earn. 
Nisi  Dominus  custodierit 
civitatem,  frustra  vigilat  qui  custo- 
dit  eam.  1.  Vanum  est  vobis  ante 
lucem  surgere  :  surgite  postquam 
sederitis,  qui  manducatis  panem 
doloris.  Cum  dederit  dilectis  suis 
somnum  : 

3.  Ecce  hereditas  Domini  filii  : 
merces,  fructus  ventris.  4.  Sicut  sa- 
gitt^  in  manu  potentis  :  ita  filii  ex- 
cussorum.  5.  Beatus  virqui  implevit 
desiderium  suum  ex  ipsis  :  non  con- 
fundetur  cum  loquetur  inimicis  suis 
in  porta. 


—^ 


^>- 


■o^ 


PSAUME  GXXV. 

1.  La  fermetd  inebranlable  que  montrent 
dans  les  epreuves  ceux  qui  se  confient  en 
Jehovah  est  comparee  k  la  montagne  de 
Sion,  parce  que  le  Dieu  sur  lequel  ils  s'ap- 
puient  est  celui-la  meme  qui  a  son  trone  sur 
rette  montagne. 

Vulgate  :  ...  de  Sionj  il  ne  sera  jamais 
ebranle  cehii  qui  habite  dans  Jerusalem,  ce 
qui  doit  s'entendre,  non  d'une  habitation 
purement  materielle,  mais  d'une  union  mo- 
rale avec  la  ville  sainte  elle-meme. 

2.  Une  ceinture  de  montagnes,  qui  lui  font 
un  rempart  naturel.  Titus  assiegea  Jerusa- 
lem du  cote  de  I'occident,  nioins  bien  pro- 
tege sous  ce  rapport. 

3.  Le  sceptre,  etc.  Sens  :  la  domination 
des  Samaritains  et  des  peuplades  pa'iennes 
du  voisinage  ne  pesera  pas  toujours  sur  le 
pays  d'Israel,  de  peur  que  les  Israelites  eux- 
memes,  soumis  a  une  trop  longue  epreuve, 
ne  perdent  foi  et  confiance  en  leur  Dieu. 

5.  Les  abandonne,  litt.  les  laisse  aller  a 
leur  perte. 


PSAUME  CXXVI. 

I.  Comme  un  songe,  tant  cette  delivrance 
fut  merveilleuse.  Vulg.,  nous  etions  comme 
des  console's. 

4.  Ces  captifs  repeupleront  le  pays  desert 
et  lui  rendront  la  fertilite  et  la  vie,  comme 
un  torrent  qui  vient  a  couler  dans  le  Negheb, 
c.-k-d.  dans  les  plaines  dess^chees  du  midi 
de  la  Palestine.  D'autres  autrement. 

5.  Proverbe  que  le  Psalmiste  applique 
aux  exiles  pour  ranimer  leur  esperance  :  de 
meme  que  le  semeur  apres  avoir  jetd  sa  se- 
mence  avec  inquietude,  quelquefois  meme 
avec  larmes,  apres  une  recolte  manqu^e, 
pousse  des  cris  de  joie  a  la  moisson,  ainsi, 
pour  les  exiles,  a  la  douleur  succedera  I'alle- 
gresse. 

PSAUME  CXXVII. 

1.  Pensde  :  les  efforts  de  I'homme  ont 
besoin  que  Dieu  les  benisse  et  les  feconde. 

2.  Et  que  vous  retardes  voire  repos ; 
Vulg.,  levez-vous  apres  avoir pris  voire  re- 
pos, vous  qui  manges  le  pain  de  la  douleur, 
gagne  par  un  labeur  penible.  —  Pendant 
leur  sommeil.  Le  Hir,  avec  les  anciennes 
versions  :  il  donne  a  ses  bicn-aimes  h  som- 
meil, il  les  fait  dormir  en  paix. 


256 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


3  C'est  un  heritage  du  Seigneur  que  les  enfants; 
Une  recompense,  que  les  fruits  d'un  sein  fecond. 

4  Comme  les  fleches  dans  la  main  d'un  guerrier, 
Ainsi  sont  les  fils  de  la  jeunesse. 

5  Heureux  I'homme  qui  en  a  rempli  son  carquois ! 
lis  n'auront  point  h.  rougir 

Quand  ils  devront  repondre  aux  ennemis  a  la  porte  de  la  ville. 


Ps. 
cxxviii. 


PSAUME   CXXVIII    (VULG.  CXXIX). 

Onheur  de  la  famille  qui  vit  dans  la  crainte  du  Seigneur.  Ce  delicieux  cantique 
pourrait  servir  d'epithalame  aux  epoux  Chretiens.  II  continue  les  idees  du  Psaume 
precedent  et  parait  aussi  se  rapporter  a  I'epoque  du  retablissement  des  Juifs  dans 

leur  patrie  apres  la  captivite. 

Dans  le  sens  spirituel,  dit  Le  Hir,  cette  famille,  c'est  I'Eglise,  dont  Notre-Seigneur  est 

I'epoux  et  qui  lui  donne  d'innombrables  enfants,  qu'il  invite  a  s'asseoir  a  sa  table. 

1  CANTIOUE  des  montees. 

Heureux  I'homme  qui  craint  Jehovah, 
Qui  marche  dans  ses  voies ! 

2  Tu  te  nourris  alors  du  travail  de  tes  mains; 
Tu  es  heureux  et  comble  de  biens. 

3  Ton  epouse  est  comme  une  vigne  feconde 
Dans  I'interieur  de  ta  maison; 

Tes  fils,  comme  de  jeunes  plants  d'olivier 
Autour  de  ta  table. 

4  Voila  comment  sera  beni 
Celui  qui  craint  Jehovah. 

5  Que  Jehovah  te  benisse  de  Sion! 
Puisses-tu  voir  Jerusalem  tiorissante 
Tous  les  jours  de  ta  vie! 

6  Puisses-tu  voir  les  enfants  de  tes  enfants! 
Que  la  paix  soit  sur  Israel! 


.  PSAUME   CXXIX   (VULG.  CXXVIIl). 

E  Psalmiste  remercie  le  Seigneur  de  I'avoir  fait  triompher  de  tous  ses  ennemis,  et 
predit  la  ruine  totale  de  ces  derniers.  Ce  cantique  appartient,  comme  les  prece- 
i  dents,  k  I'epoque  qui  suivit  le  retour  de  la  captivite. 


Ps.  cxxix.  1  CANTIQUE  des  monte'es. 

lis  m'ont  cruellement  opprime  des  ma  jeunesse, 
Qu'Isracl  le  dise!  — 

2  Ils  m'ont  cruellement  opprime  des  ma  jeunesse, 
Mais  ils  n'ont  pas  prevalu  centre  moi. 

3  lis  ont  laboure  mon  dos, 

lis  y  ont  trace  de  longs  sillons. 

4  Mais  Jehovah  est  juste  : 

II  a  coupe  les  liens  des  mechants. 

5  Qu'ils  soient  confondus  et  qu'ils  reculent  au  loin 
Tous  ceux  qui  haissent  Sion! 

6  Qu'ils  soient  comme  I'herbe  des  toits. 
Qui  seche  avant  qu'on  I'arrache; 

7  Le  moissonneur  n'en  remplit  pas  sa  main, 
Ni  celui  qui  lie  les  gerbes  son  giron; 

8  Et  les  passants  ne  disent  pas  : 

"  Que  la  b^nedic'Tiion  de  Jehovah  soit  sur  vous !  " 
—  "  Nous  vous  benissons  au  nom  de  Jehovah. " 


LIBER  PSALMORUM. 


257 


■^^^^■6-x^/.^:^:^^^.5^^^^s>>:5?£^:^s?g^.;s. 


PSALMUS    CXXVII.  — *— 


Benedi(ftiones  temporales  piis  promisss. 

I.       Canticum  graduum. 

EATI  omnes,  qui  timent 
Dominum,  qui  ambulant 
in  viis  ejus.  2.  Labores 
manuum  tuarum  qui  man- 
ducabis  :  beatus  es,  et  bene  tibi  erit. 
3.  Uxor  tua  sicut  vitis  abundans,  in 
lateribus  domus  tuas,  Filii  tui  sicut 
novellas  olivarum,  in  circuitu  men- 
sas  tuas. 

4.  Ecce  sic  benedicetur  homo,  qui 
timet  Dominum.  5.  Benedicat  tibi 
Dominus  ex  Sion  :  et  videas  bona 
Jerusalem  omnibus  diebus  vitae  tuas. 
6.  Et  videas  filios  filiorum  tuorum, 
pacem  super  Israel. 


— :;:—   PSALMUS    CXXVIIL  —^^— 
Funestus  impiorum  exitus. 


Canticum  graduum. 
^PE  expugnaverunt  me 
a   juventute    mea,    dicat 
nunc  Israel  :  2.  Saspe  ex- 
pugnaverunt me  a  juven- 
etenim   non  potuerunt 


tute  mea 

mihi.3.  Supra  dorsum  meumfabri 
caverunt  peccatores  :  prolongave- 
runt  iniquitatem  suam.  4.  Dominus 
Justus  concidit cervices  peccatorum  : 
5.  Confundantur  et  convertantur 
retrorsum  omnes,  qui  oderunt  Sion. 

6.  Fiant  sicut  foenum  tectorum  : 
quod  priusquam  evellatur,  exaruit : 

7.  de  quo  non  implevit  manum 
suam  qui  metit,  et  sinum  suum  qui 
manipulos  colligit.  8.  Et  non  dixe- 


3.  Un  heritage,  un  bien  donne  ^^^x  Jeho- 
vah. —  Une  rccoiiipeiise :  comp.  Gen.  xxx,  18. 

4.  Les  fils  de  la  jeu/iesse,  litt.  des  jeu- 
nesses,  de  parents  encore  jeunes  {Ge7i. 
xxxviii,  3 ;  xliv,  20).  LXX  et  Vulg.,  ies  fils 
des  bannis,  des  Israelites  exiles  a  Babylone 
et  recemment  revenus  dans  leur  patrie  :  ces 
fils  d'exiles  ne  devaient  etre  que  plus  ardents 
a  defendre  leur  pays  et  leurs  parents. 

5.  Qui  en  a  reuipli  son  carquois;  Vulg., 
qui  en  a  selon  son  desir.  —  lis  7i\uironl,  le 
pere  et  les  fils;  Vulg.,  il  n\iura,  le  pere.  — 
A  la  porle  de  la  ville,  ou  Ton  rend  la  justice 
et  ou  se  traitent  toutes  les  affaires  {Ps.  ix,  1 5). 
Un  pere  si  bien  protege  impose  au  juge 
I'equite  et  la  verity  aux  temoins. 

PSAUME  GXXVm. 

2.  Du  travail  de  tes  mains :  Dieu  menace 
les  transgresseurs  de  la  loi  de  ne  pas  les 
laisser  jouir  du  fruit  de  leurs  travaux.  Lev. 
xxvi,  16;  Dent,  xxviii,  33. 

3.  Dans  Vinterieur,  etc.  :  la  femme  orien- 
tale  occupe  toujours  la  partie  la  plus  reculee 
de  la  maison.  —  De  jeunes  plants.,  des  reje- 
tons  qui  s'^Ievent  autour  du  tronc  principal. 

5.  (hie  Jehovah  te  benisse  :  plusieurs  con- 
tinuent  le  futur  jusqu'h  la  fin  du  Psaume. — 
De  Sion,  de  son  sancfluaire  bati  sur  le  mont 
Sion. 

6.  Que  la  paix,  etc.  (comp.  Ps.  cxxv,  5); 
la  Vulg.  joint  ces  mots  a  ce  qui  precede  : 
et  la  paix  sur  Israel. 


PSAUME  GXXIX. 

I.  Des  nui  jeunesse :  le  sejour  des  Hebreux 
en  Egypte  est  souvent  presente  comme  I'epo- 
que  de  la  jeunesse  d'Israel  {Is.  xlvii,  12,  15; 
EzccJi.  xxiii,  3;  Osee,  ii,  i5;xi,  i). 

3.  Laboure  ni07i  dos  :  allusion  aux  mau- 
vais  traitements  inflige's  en  Egypte  aux 
Hebreux,  que  les  surveillants  des  travaux 
frappaient  du  baton  ou  de  la  verge.  Comp. 
Job,  iv,  8;  Is.  li,  23;  Osee.,  x,  13. 

Vulg.,  siir  Jiion  dos  les  pecheurs  07tt  forge., 
frappd  comme  sur  une  enclume,  ils  ont pro- 
lo7ige  leur  i7iiqtcite. 

4.  Les  lie7is  dans  lesquels  les  //lechants 
me  tenaient  captifs ;  ou  plus  exa6lement,  les 
cordes  avec  lesquelles  ils  me  liaient  au  joug, 
comme  un  animal  de  trait.  Vulg.,  la  tete  ou 
le  cou,  c.-^-d.  I'orgueil,  I'insolence. 

5.  Sous  la  forme  d'un  voeu  ou  d'une  priere, 
c'est  une  prophdtie  qu'expriment  ce  verset 
et  le  suiv. 

6.  Llierbe  qu'une  pluie  fait  croitre  entre 
les  interstices  des  dalles  ou  des  tuiles  qui 
forment  la  terrasse  superieure  des  maisons 
en  Orient.  Avant  qu'on  Parrache  (Delitzsch, 
apres  S.  Jerome  :  ava7it  qu^elle  se  de'veloppe, 
qu'elle  arrive  a  maturite),  elle  est  dessechee 
par  les  ardeurs  du  soleil.  Comp.  Is.  xxxvii,  27; 
II  Rois,  xix,  26. 

7.  Sens  :  on  ne  la  moissonne  pas  :  c'est 
une  chose  de  nulle  valeur. 

8.  Nous  vous  be7iisso7is,  etc.  :  ces  mots 
paraissent  etre  la  reponse  des  moissonneurs 
aux  passants.  Comp.  Ruth.,  ii,  4. 


LA  SAINTK  BIULE.  TOME  IV.  —  \^ 


258  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

PSAUME   CXXX    (VULG.  CXXIX.) 

lAlheureux  et  repentant,  le  Psalmiste  attend  de  Jehovah  sa  delivrance  et  celle  de 
sa  nation.  La  vivacite  de  sentiment  qui  anime  ce  Psaume  fait  penser  au  temps  de 
S^iSiSi  I'exil;  il  conviendrait  aussi  h  I'epoque  du  retour,  par  exemple  a  la  circonstance 
relat^e  Esdr.  ix,  5  sv.  C'est  le  sixieme  des  Psaumes  penitentiaux. 

La  deUvrance  d' Israel  etant  la  figure  de  la  redemption  du  genre  humain,  I'Eglise  a 
insere  ce  Psaume  dans  les  vepres  de  Noel.  EUe  le  recite  aussi  pour  obtenir  la  delivrance 
des  ames  du  purgatoire. 

Ps.  cx.xx.  iCANTIQUE  des  montees. 

Du  fond  de  I'abime  je  crie  vers  toi,  Jehovah. 

2  Adonai,  ecoute  ma  voix; 

Que  tes  oreilles  soient  attentives 
Aux  accents  de  ma  priere! 

3  Si  tu  gardes  le  souvenir  de  I'iniquite',  Jehovah, 
Adonai,  qui  pourra  subsister? 

4  Mais  aupres  de  toi  est  le  pardon. 
Afin  qu'on  te  revere. 

7s  J'espere  en  Jehovah;  mon  ame  espere, 
Et  j'attends  sa  parole. 

6  Mon  ame  aspire  apres  Adonai 

Plus  que  les  guetteurs  de  la  nuit  n'aspirent  apres  I'aurore, 
N'aspirent  apres  I'aurore. 

7  Israel,  mets  ton  espoir  en  Jehovah  ! 

.    Car  avec  Jehovah  est  la  misericorde, 
Avec  lui  une  surabondante  delivrance. 

8  C'est  lui  qui  rachetera  Israel 
De  toutes  ses  iniquites. 

PSAUME   CXXXI   (VULG.  CXXX). 

lleux  sentiments  d'humilite',  de  simplicite  et  d'abandon.  Ce  Psaume  paraJt  ctre  un 
fragment  d'un  cantique  plus  ancien,  peut-etre  de  David  (comp.  11  Sa)n.  vi,  22), 
auquel  on  aurait  ajoutd  plus  tard  le  vers.  3,  pour  I'adapter  au  service  religieux  du 
second  temple. 

Ps.  cxxxi.  ^CANTIQUE  des  montees.  De  David. 

Jehovah,  mon  cceur  ne  s'est  pas  enfle  d'orgueil, 
£1  mes  regards  ne  se  sont  pas  portes  en  haut. 
Je  ne  recherche  point  les  grandes  choses 
Ni  ce  qui  est  eleve  au-dessus  de  moi. 
2  Non;  je  tiens  mon  ame  dans  le  calme  et  le  silence. 
Comme  un  enfant  sevrd  sur  le  sein  de  sa  mere, 
Comme  I'enfant  sevre  mon  ame  est  en  moi. 


3  Israiil,  mets  ton  espoir  en  Jehovah  ! 

Maintpnant  pt  rmilnnrQ  ' 


Maintenant  et  toujours ! 

PSAUME   CXXXII    (VULG.  CXXXl). 


^^c^mE  Psaume  se  divise  en  deux  parties  :  dans  la  premiere  (vers.  i-io),rauteur  rappelle 
'^^    ce  que  David  a  fait  pour  la  maison  de  Jehovah  (1-5)  et  raconte  la  translation  de 


w^^'  I'arche  sur  le  mont  Sion  (6-10);  dans  la  seconde  (vers,  11-18),  il  rappelle  les  pro- 
messes  que  Dieu  a  faites  h.  ce  roi  et  a  sa  descendance  (11-13),  ainsi  que  les^benedirtions 
promises  a  Israel  (14-18). 

Le  second  livre  des  Paralipomenes  (vi,  41  sv.)  met  les  vers.  8-10  dans  la  bouche  de 
Salomon  a  la  consecration  du  temple.  D'oii  la  conclusion  naturelle,  tiree  par  la  plupart 


LIBER  PSALMORUM. 


259 


runt  qui  prasteribant  :  Benedictio 
Domini  super  vos  :  benediximus 
vobis  in  nomine  Domini. 

— :i:—   PSALM  US    CXXIX.  — :i:— 

Oratio  pro  precanda  fiducialiter  peccato- 
rum  venia. 

T.       Canticum  graduum. 

E  profundis  clamavi  ad  te 

Domine  :  2,  Domine  ex- 

audi  vocem  meam  :  fiant 

aures  tuas  intendentes,  in 

vocem  deprecationis  meas. 

3.  Si  iniquitates  observaveris  Do- 
mine :  Domine  quis  sustinebit? 
4.  Quia  apud  te  propitiatio  est  :  et 
propter  legem  tuam  sustinui  te  Do- 
mine. Sustinuit  anima  meain  verbo 
ejus  : 

5.Speravit  anima  mea  in  Domino. 
6.  A  custodia  matutina  usque  ad 
noctem:  speret  Israel  in  Domino. 


7.  Quia  apud  Dominum  miseri- 
cordia  :  et  copiosa  apud  eum  re- 
demptio.  8.  Et  ipse  redimet  Israel, 
ex  omnibus  iniquitatibus  ejus. 

— -—    PSALMUS    CXXX.    --:i:~ 

Humilitatis  sincera  professio. 

I.   Canticum  graduum  David. 

OMINE  non  est  exalta- 

tum  cor   meum    :   neque 

elati  sunt  oculi  mei.  Ne- 

.  que  ambulavi  in  magnis 


neque  in  mirabilibus  super  me.  2.  Si 
non  humiliter  sentiebam  :  sed  exal- 
tavi  animam  meam  :  sicut  ablacta- 
tus  est  super  matre  sua,  ita  retribu- 
tio  in  anima  mea. 

3.   Speret  Israel  in  Domino,  ex 
hoc  nunc  et  usque  in  sasculum. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


Ce  que  les  vers.  7-8  nient  des  persecu- 
teurs  d'lsrael,  ils  raffirment  indiretlement 
d'lsrael  lui-meme.  Les  premiers  sont  una 
herbe  chetive,  qui  seche  avant  d'arriver  a 
maturite ;  le  dernier  est  une  herbe  abon- 
dante,  recueillie  par  les  moissonneurs,  a  qui 
les  passants  adressent  le  salut  d'usage. 

PSAUME  CXXX. 

I.  Du  fond dc  Pabinie  de  mon  peche  et  de 
ma  misere. 

3.  Si  tu  gardes  dans  ta  memoire  rijuquitc 
pour  la  punir  :  coxcc^.  Job,  xiv,  17. 

4.  AJi}i  qii'on  te  revere,  afin  que  les  hom- 
mes  soient  attires  par  la  a  te  rendre  leurs 
hommages. 

^.  /^attends  la  realisation  de  ta  parole,  le 
secours  promis  a  ceux  qui  t'implorent. 
J'attends  :  ce  mot  exprime  le  desir  et  en 
meme  temps  la  confiance. 

6.  N^aspirent  aprh  Vaurore  :  la  repeti- 
tion indique  I'intensite  du  sentiment. 

Les  vers.  4-7  presentent  dans  les  LXX  et 
la  Vulg.  quelques  differences  :  4.  mais  au- 
■pres  de  toi  est  le  pardon,  et  a  cause  de  ta  loi 


(des  promesses  qu'elle  contient)y>  f  attends 
(j'attends  ton  secours),  Seigtieurj  inon  dme 
attend,  confiante  datts  ta  parole.  5.  Afon 
dine  a  mis  son  espoir  dans  le  Seigneur. 
6.  Dcpuis  la  veille  du  matin  (celle  qui  se 
termine  au  matin) //«^«'<j  la  nuit,qu  Israel 
espere  dans  le  Seigneur/  7.  Car  aupres  de 
lui,  etc. 

PSAUME    GXXXI. 

1 .  De  David  :  ces  mots  ne  sont  pas  dans 
les  LXX. 

Les  grandes  choses,  peut-etre  ici  les  voies 
mysterieuses  de  la  Providence. 

2.  Mon  dme  est  en  moi,  calme,  confiante 
en  la  bonte  et  la  puissance  d'un  Dieu  infini- 
ment  sage,  comme  I'enfant  sevre  depuis 
longtemps,  qui  ne  s'agite  plus  pour  obtenir 
le  sein,  mais  qui  se  repose  en  paix  dans  les 
bras  de  sa  mere.  Comp.  Matth.  xviii,  3. 

Le  Hir  traduit  :  si  je  n\ii  pas  apaise  et 
reprime  mon  dme,  qu^elle  soil  sevree  de  tes 
consolations,  comme  I'enfant  que  Von  sevre 
du  lait  dc  sa  tnere. 


—^®^ ^©f 


260 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


des  interpretes,  que  ce  cantique  auiait  ete  compost  tout  entier  par  Salomon  ou  sur  son 
ordre  pour  la  ceremonie  de  la  consecration  du  premier  temple.  Cette  conclusion  n'est 
pourtant  pas  absolument  rigoureuse,  et  d'autres  interpretes  en  reportent  la  date  a  une 
epoque  posterieure,  alors  que  la  dynastie  de  David  etait  profondement  humiliee,  et  que 
Dieu  semblait  avoir  oublicf  les  promesses  faites  a  ce  roi  au  sujet  de  sa  posterite.  A  cette 
ide'e  rdpondrait  assezbien  le  regne  de  Jechonias. 

Ps.cxxxii.  ^CANTIQUE  des  montees. 

Souviens-toi,  Jehovah,  de  David, 
De  toutes  ses  peines! 

2  II  fit  ce  serment  h  Jehovah, 
Ce  voeu  au  Fort  de  Jacob  : 

3  "  Je  n'entrerai  pas  dans  la  Lente  ou  j'habite, 
Je  ne  monterai  pas  sur  le  lit  ou  je  repose; 

4  Je  n'accorderai  point  de  sommeil  a  mes  yeux, 
Ni  d'assoupissement  a  mes  paupieres, 

5  Jusqu'a  ce  que  j'ai  trouve  un  lieu  pour  Jehovah, 
Une  demeure  pour  le  Fort  de  Jacob.  " 

6  Voici,  entendions-nous  dire,  qu'elle  est  a  Ephrata; 
Nous  I'avons  trouvee  dans  les  champs  dejahar. 

7  Allons  au  tabernacle  de  Jehovah, 
Prosternons-nous  devant  I'escabeau  de  ses  pieds. 

8  Leve-toi,  Jehovah,  viens  au  lieu  de  ton  repos, 
Toi  et  I'arche  de  ta  majeste! 

9  Que  tes  pretres  soient  revetus  de  justice, 

Et  que  tes  fideles  poussent  des  cris  d'aliegresse! 

10  A  cause  de  David,  ton  serviteur, 

Ne  repousse  pas  la  face  de  ton  Oint! 

11  Jehovah  a  jure  a  David  la  verite, 
II  ne  s'en  departira  pas  : 

Je  mettrai  sur  ton  trone  le  fruit  de  ton  sein. 

12  Si  tes  fils  gardent  mon  alliance, 

Et  les  preceptes  que  je  leur  enseignerai, 
Leurs  fils  aussi,  a  tout  jamais, 
Seront  assis  sur  ton  trone.  " 

13  Car  Jehovah  a  choisi  Sion, 

II  I'a  desiree  pour  sa  demeure. 

14  "  C'est  le  lieu  de  mon  repos  pour  toujours; 
J'y  habiterai,  car  je  I'ai  desiree. 

15  Je  repandrai  de  riches  benedic'lions  sur  sa  subsistance, 
je  rassasierai  de  pain  ses  indigents. 

16  Je  revctirai  de  salut  ses  pretres, 

Et  ses  fideles  pousseront  des  cris  d'aliegresse. 

17  La  je  ferai  grandir  la  puissance  de  David, 
Je  preparerai  un  tlambeau  a  mon  Oint. 


PSAUME  GXXXII. 

I.  De  David;  litt.,  pour  David ^  pour  I'en 
r^compenser  dans  la  personne  de  ses  des- 
cendants. —  De  totites  les  pei?ies  qu'il  s'est 
donnees  pour  procurer  a  Jehovah  une  de- 
meure fixe  et  digne  de  lui.  Non  seulement 
il  fit  transporter  I'arche  dans  un  riche  taber- 
nacle dresse  sur  le  mont  Sion,  mais  ii  pro- 
mit  par  serment  de  ne  prendre  aucun  repos 
avant  d'avoir  bati  un  veritable  temple. 
L'execution  de  ce  projet  ayant  ete  retardee 
par  diverses  guerres  et  ensuite  reservce  a 
son  fils  Salomon  par  un  ordre  expres  du 
Seigneur,  David  fit  tous  les  preparatifs  ne- 


cessaires  pourlarendre  facile  h  son  succes- 
seur.  A'ulg.,  de  ioiete  sa  douceur. 

2.  Fori  de  Jacob,  nom  donne  h.  Jehovah 
{Gen.  xlix,  24;  Is.  i,  24).  Vulg.,  Dieu  de 
Jacob. 

3-4.  Sens  de  I'hyperbole  :  jen'aurai  point 
de  repos  que  je  n'aie  trouve,  etc. 

6.  Le  Psalmiste  nous  transporte  h.  I'cpo- 
que  de  David  et  fait  parler  le  peuple.  On 
sail  cjue  I'arche  d'alliance,  apres  un  long 
sejour  a  .Silo  (tribu  d'Ephraim),  fut  prise 
dans  line  bataiile  par  les  I'hilistins,  puis 
rendue  aux  Israelites,  qui  la  deposcrent  a 
Cariathiarim  dans  la  maison  d'Aminadab. 


LIBER  PSALMORUM. 


261 


— :i:—  PSALM  US    CXXXL  — ^i^— 

Deo  exponit  votum  de  area  in  Jerusalem 
reducenda,  eumque  orat  ut  impleat  jura- 
mentum  de  Christo  mittendo. 


1. 


Can ti cum  graduum. 
EMENTO  Domine  Da- 
vid, et  omnis  mansuetu- 
dinis  ejus  :  2.  sicut  juravit 
DominOjVotumvovitDeo 
Jacob  :  3.  "Si  introiero  in  taberna- 
culum  domus  meae,  si  ascendero  in 
lectum  strati  mei :  4.  si  dedero  som- 
num  oculis  meis,  et  palpebris  meis 
dormitationem  :  5.  et  requiem  tem- 
poribus  meis :  donee  inveniam  locum 
Domino,  tabernaculum  Deo  Jacob. 
6.  Ecce  audivimus  eam  in  Ephra- 
ta  :  invenimus  eam  incampis  silvas. 
y.Introibimusin  tabernaculum  ejus: 
adorabimus  in  loco,  ubi   steterunt 


pedes  ejus.  8.  *  Surge  Domine  in  re- 
quiem tuam,tu  et  area  sanctificatio- 
nis  tuas.  9.  Sacerdotes  tui  induantur 
justitiam  :  et  sancti  tui  exsultent. 
10.  Propter  David  servum  tuum, 
non  avertas  faciem  Christi  tui. 

1 1.  Juravit  Dominus  David  veri- 
tatem,  et  non  frustrabitur  eam  :  ^de 
fructu  ventris  tui  ponam  super  se- 
dem  tuam.  12.  Si  custodierint  filii 
tui  testamentum  meum,  et  testimo- 
nia  mea  haec,  quas  docebo  eos  :  et 
filii  eorum  usque  in  saeculum,  sede- 
bunt  super  sedem  tuam.  13.  Quo- 
niam  elegit  Dominus  Sion  :  elegit 
eam  in  habitationem  sibi. 

14.  Hasc  requies  mea  in  sascu- 
lum  sasculi  :  hie  habitabo  quoniam 
elegi  eam.  i5.Viduam  ejus  bene- 
dicens  benedicam  :  pauperes  ejus 
saturabo  panibus.  16.  Sacerdotes 
ejus  induam  salutari :  et  sancti  ejus 
exsultatione  exsultabunt.  17.  ''Illuc 


*  2  Par.  6, 
41. 


Devenu  roi  sur  tout  Israel  et  maitre  de 
Jerusalem,  David  resolut  de  la  transporter 
dans  sa  nouvelle  capitale,  sur  le  mont  Sion. 
Le  peuple  applaudit  a  ce  dessein  et  se  met 
en  marclie  pour  aller  chercher  I'arche  k 
Ephrata,  ;\  Cariathiarim,  et  la  ramener  k 
Jerusalem,  ou  il  lui  offrira  ses  hommages. 

—  A,  ou  efz  EpJirata  :  les  uns  font  de  ce 
mot  un  synonyme  d'Ephraim  :  en  EpJirata, 
c.-h.-d.  dans  la  tribu  d'Ephraim,  a  Silo; 
mais,  ne  I'y  ayant  pas  trouvee,  nous  avons 
ete  la  chercher  a  Cariathiarim.  Selon 
Delitzsch,  Ephrata  designe  poetiquement 
Cariathiarim,  parce  que  Sobal,  pere  des 
habitants  de  cette  localite,  descendait 
d'Ephrata,la  seconde  femme  de  Caleb  (voy. 
I  Par.  ii,  19,  50).  — Jaharow  lahar,  forme 
abregee  de  Cariath-Iariin,  c.-a-d.  ville  des 
bois  :  d'ou  la  traduflion  de  la  Vulg.,  dans 
les  champs  de  laforet. 

7.  Ate  tabernacle  de  Jehovah  :  la  nouvelle 
demeure  preparee  pour  I'arche  sur  le  mont 
Sion.  —  IJescabeau  de  ses  pieds  :  les  cheru- 
bins  places  au-dessus  de  I'arche  formant  le 
trone  de  Jehovah,  I'arche  elle-meme  etait 
son  marchepied. 

S.  Lcve-toi  :  acclamation  qui  saluait  I'ar- 
che lorsque,  dans  le  desert,  on  la  levait  pour 
la  transporter  d'une  station  a  I'autre  {Novibr. 
X,  35.  Comp. /"j.  Ixviii,  2;  II  Par.  vi,  40  sv.). 

—  De  ta  majeste,  ou  ta  majeste  reside; 
Vulg.,  de  ta  saintete. 

9.  De  justice.,  d'innocence  :  comp.  Is. 
lii,  II.  Les  riches  ornements  qui  servaient 


aux  pretres  dans  les  ceremonies  sacrees 
figuraient  la  beaute  interieure,  la  saintete 
dont  leur  ame  devait  etre  ornee. 

10.  La  face  suppliante,  la  priere  de  ion 
Oint,  de  ton  roi.  Salomon  avait  dit  ces  pa- 
roles k  la  consecration  du  premier  temple 
(II  Par.  vi,  42);  le  Psalmiste  les  met  dans 
la  bouche  de  celui  de  ses  successeurs  qui 
regnait  de  son  temps. 

11.  A  Jure,  aussitot  apres  la  translation 
de  I'arche  sur  le  mont  Sion  (II  Sai/i.  vii,  12). 
— ■  Le  frmt,  des  rejetons  sortis  de  ton  sein. 
Comp.  I  Rois.,  viii,  25. 

13.  Si  tes  fils  :  cette  condition,  non  expri- 
mee  dans  la  promesse  faite  k  David,  etait 
implicite. 

13.  Car:  la  raison  de  ces  promesses,  c'est 
le  choix  que  Jehovah  a  fait  de  Jerusalem. 

14  sv.  Replique  de  Jehovah  :  "  Oui,  c'est 
la  le  lieu,  "  etc. 

15.  .Sa  subsistance,  les  produits  de  la  terre 
destines  k  la  nourriture  des  habitants  de 
Jerusalem  et  de  tout  le  pays  dont  cette  ville 
est  la  capitale.  Vulg.,  sa  veuve  :  le  traduc- 
teur  grec  avait  mis  thera7i,  qui  correspond 
exadlement  a  I'hebreu;  mais  una  erreur  de 
copiste  introduisit  cheran  {viduani)  dans 
plusieurs  manuscrits,  et  c'est  cette  lec^on 
fautive  qu'a  suivie  la  Vulgate. 

16.  De  salut,  de  ma  protedlion  salutaire, 
de  mes  faveurs  :  comp.  vers.  9. 

17 .ye  ferai grandir,  litt.  pousser  a  David , 
a  la  maison  de  David,  ti7te  corfte,  symbole 
de  gloire  et  de  prosperite.  —  A  inon  Oint, 


"^  2  Reg.  7, 
12.  Luc.  1, 
55.  Act.  2, 
30- 


""Mai.  3,  I. 
Luc.  I,  6g. 


262 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


i8  Je  revetirai  de  honte  ses  ennemis, 

Et  sur  son  front  resplendiia  son  diademe. 


Ps. 
cxwiii. 


PSAUME   CXXXIII   (VULG.  CXXXIl). 

|E  cantique  celebre  les  charmes  de  I'union  entre  les  freres.  II  porte  en  tete  le  nom 
de  David;  mais  cette  attribution,  oniise  dans  plusieurs  versions  anciennes,  et  meme 
dans  quelques  maniiscrits  hebreux,  signifie  seulement  qu'il  imite  le  ton  et  la  maniere 
des  Psaumes  davidiques.  II  se  rapporte,  soit  k  la  reunion  de  tons  les  enfants  d'Israel  en 
un  seul  peuple  apres  I'exil,  soit  aux  grands  pelerinages  qui  reunissaient  plusieurs  fois  chaque 
annee  des  foules  nombreuses  a  Jei"saleni;  peut-ctre  aussi  n'a-t-il  qu'une  signification 
morale,  sans  relation  a  aucun  fait  historique. 

1  CANTIQUE  des  montees.  De  David. 

Qu'il  est  bon,  qu'il  est  doux 

Pour  des  freres  d'habiter  ensemble  ! 

2  C'est  comme  I'huile  precieuse  qui,  repandue  sur  la  tete, 
Coule  sur  la  barbe,  sur  la  barbe  d' Aaron, 

Et  descend  sur  le  bord  de  son  vetement. 

3  C'est  comme  la  I'osee  de  I'Hermon 
Qui  descend  sur  les  sommets  de  Sion. 

Car  c'est  Ik  que  Jdhovah  a  etabli  la  benedicflion, 
La  vie,  pour  toujours. 


Ps. 
cxxxiv. 


Ps.cxxxv, 


PSAUME   CXXXIV    (VULG.  CXXXIII). 

»jl\K  peuple  invite  les  pretres  et  les  levites  a  louer  Dieu  nuit  et  jour;  ceux-ci  repondent 
au  peuple  en  le  benissant  au  nom  du  Seigneur.  Ce  cantique  etant  le  dernier  des 
Psaumes  graduels,  on  pent  le  considerer  comme  un  dialogue  entre  les  pelerins  qui 
vont  quitter  la  Ville  sainte,  et  les  ministres  du  culte  qui  y  font  leur  sejour  habituel. 

>  CANTIQUE  des  montees. 

B^nissez  Jehovah,  vous  tous,  ses  serviteurs, 

Qui  etes  de  service  dans  la  niaison  de  Jehovah  pendant  les  nuits. 

2  Levez  les  mains  vers  le  saniftuaire, 
Et  b^nissez  Jehovah. 

3  Que  Jehovah  te  benisse  de  Sion, 
Lui  qui  a  fait  les  cieux  et  la  terre ! 

PSAUME   CXXXV   (VULG.  CXXXIV). 

Estine  a  un  usage  liturgique,  et  postdrieur  k  la  captivite,  ce  Psaume  est  compose  de 
fragments  ou  de  reminiscences  d'ouvrages  antt^rieurs.  L'auteur  invite  a  louer  Jeho- 
vah (vers.  1-4),  a  cause  de  ses  ccuvres  dans  la  nature  (5-7)  et  dans  I'histoire  (8-12), 
et  de  sa  bontd  et  de  sa  preeminence  sur  les  idoles  (13-18);  conclusion  :  benissez  Jeho- 
vah (19-21). 

Alleluia, 

1  Louez  le  nom  de  Jehovah, 
Louez-le,  serviteurs  de  Jehovah, 

2  Vous  qui  faites  le  service  dans  la  maison  de  Jehovah, 
Dans  les  parvis  de  la  maison  de  notre  Dieu. 

3  Louez  Jehovah,  car  Jehovah  est  bon; 

Chantez  son  nom  sur  la  harpe,  car  il  est  plein  de  douceur. 

4  Car  Jehovah  s'est  choisi  Jacob, 

//  s'esi  choisi  Israel  pour  en  f aire  son  heritag"e. 


h  celui  des  successeurs  de  David  qui  regnait 
a  I'epoque  ou  le  Psaume  fut  compose.  Sens  : 
je  donnerai  puissance  et  gloire  a  la  race  de 
David. 


iS.  Et  sur  son  front  resplendira,  litt. 
Jienrira  son  diadhne;  sens  :  son  regne  sera 
glorieux.  Vulg.,  fleurira  iiia  smifUficaiion, 
ou  iita  saintetc. 


LIBER  PSALMORUM. 


263 


producam  cornu  David,  paravi 
lucernam  Christo  meo.  18.  Inimi- 
cos  ejus  induam  confusione  :  super 
ipsum  autem  efflorebit  sanctifica- 
tio  mea. 


-:>—  PSA  L  M  U S    C XXX I T .  — "^ 

Celebrat  communionem  san(florum. 

I.  Canticum  graduum  David. 

ICCE  quam  bonum,  et 
quam  jucundum  habitare 
fratres  in  unum  :  1.  sicut 
unguentuni  incapite,quod 
descendit  in  barbam,  barbam  Aa- 
ron, quod  descendit  in  oram  vesti- 
menti  ejus  :  3.  sicut  ros  Hermon, 
qui  descendit  in  montem  Sion. 
Quoniam  illic  mandavit  Dominus 
benedictionem,  et  vitam  usque  in 
sasculum. 

— :l:—  PSALMUS   GXXXIII.  — :i:— 
Hoitatio  ad  benedicendum  Domino. 


I.       Canticum  graduum. 

ICCE  nunc  benedicite  Do- 
minum,  omnes  servi  Do- 
mini :  qui  statis  in  domo 
Domini,  in  atriis  domus 
Dei  nostri,  2.  in  noctibus  extollite 
manus  vestras  in  sancta,  et  benedi- 
cite Dominum.  3.  Benedicat  te  Do- 
minus ex  Sion,  qui  fecit  caelum  et 
terram. 


— :i:—   PSALMUS    CXXXIV.  — :i:— 

Hortatio  ad  laudandum  Deum,  ei  gratias 
agendum  et  vanitatem  idolorum  agno- 
scendam. 


Alleluia. 

AUDATE  nomen  Do- 
mini, laudate  servi  Do- 
minum. 2.  Qui  statis  in 
domo  Domini,  in  atriis 
domus  Dei  nostri.  3.  Laudate  Do- 
minum, quia  bonus  Dominus  :  psal- 
lite  nomini  ejus,  quoniam  suave. 
4.  Quoniam  Jacob  elegit  sibi  Domi- 
nus Israel  in  possessionem  sibi. 


Les  anciens  rabbins  entendaient  du  Mes- 
sie  les'vers.  17-18,  et  c'est  en  Jesus-Christ, 
en  effet,  qu'ils  se  sont  realises.  Comp. 
Liic,  i,  68-70. 

PSAUME  CXXXIII. 

1.  Pou7-  des  freres,  deja  unis  par  la  com- 
munaute  de  foi  et  d'amour  envers  le  meme 
Dieu,  d'habiter  aiissi  (ce  mot  est  dans  I'he- 
breu)  ensemble. 

2.  Lhiiile  precieuse,  melee  de  parfums, 
qui  servait  a  la  consecration  des  pretres 
{Exod.  XXX,  23-30).  Cette  ceremonie  se  re- 
petait  souvent  sous  les  yeux  du  peuple,  car 
Aaron  represente  ici  le  sacerdoce  en  gene- 
ral. — ■  S71}'  le  bord  superieur,  la  partie  de  la 
robe  qui  entourait  le  cou. 

3.  La  rosee  de  VHei-inoii...  les  soiinnets  de 
Sion  :  les  masses  d'eau  qui  montent  des 
hauteurs  boisees  de  I'Hermon  (a  4c  lieues 
au  N.  de  Jerusalem)  et  de  ses  ravins  tou- 
jours  couverts  de  neige,  reduites  en  vapeurs 
retombent  en  pluie  et  en  rosee,  sur  les  mon- 
tagnes  inferieures  du  voisinage  et  sur  toutes 
les  collines  de  la  Palestine,  portant  partout 
la  fecondite  :  juste  et  gracieuse  image  de 
I'union  fraternelle  qui  fond  en  un  seul  peuple 
les  Israelites  du  nord  et  ceux  du  midi.  Le 
Psalmiste   nomme    specialement   le   mont 


Sion,  point  central  divinement  etabli  d'ou 
partent  toutes  les  benedi(n;ions  qui  se  re- 
pandent  sur  le  peuple  de  Dieu.  —  La  vie 
naturelle  et  surnaturelle  :  c'est  le  contenu 
et  le  but  de  la  benedidion.  —  Pour  toujours 
se  rapporte  a  etabli. 

PSAUME  CXXXIV. 

I.  Apres,  dans  la  maison  de  Jehovah  :  les 
LXX  et  les  versions  anciennes  ajoutent, 
dans  les  pai'vis  de  la  maison  de  notre  Dieiij 
c'est  probablement  par  une  erreur  de  copiste 
que  ces  mots  ont  disparu  du  texte  hebreu. 
—  Pendatif  les  mciis,  pieut-etre  avec  la  si- 
gnification generale  ^&  jour  et  nuit.  Il€st 
certain  d'ailleurs  que  les  pretres  et  les  levites 
avaient  a  remplir  un  service  de  nuit  {Lev. 
viii,  35;  I  Sam.  iii,  3;  I  Par.  ix,  33);  ce  ser- 
vice n'etait-il  que  de  simple  surveillance 
(^comp.  Luc,  ii,  37)?  Dans  les  LXX  et  la 
Wn\g.,  pendant  les  miits  est  joint  a  ce  qui 
suit  :  a  tort. 

3.  Te  be'tiisse,  bdnisse  le  peuple,  ou  celui 
qui  a  parld  en  son  nom.  Comp.  Nombr.  vi,  24. 

PSAUME  CXXXV. 

1.  Comp.  Ps.  cxiii,  i. 

2.  Comp.  Ps.  cxvi,  19. 

4.  Comp.  Deut.  vii,  6. 


264 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


5  Oui,  je  le  sais,  Jehovah  est  grand, 

Notre  Seigneur  est  au-dessus  de  tons  les  dieux. 

6  Tout  ce  que  veut  Jehovah,  il  le  fait, 
Dans  les  cieux  et  sur  la  terre, 
Dans  la  mer  et  dans  tons  les  abimes. 

7  II  fait  monter  les  nuages  des  extremites  de  la  terre, 
II  en  fait  jaillir  les  eclairs  et  la  pluie, 

II  tire  le  vent  de  ses  tresors. 

8  II  {rappii  Jadt's  les  premiers-nes  de  I'Egypte, 
Depuis  rhomme  jusqu'k  I'animal. 

9  II  fit  eclater  des  signes  et  des  prodiges  au  milieu  de  toi,  u  Egypte, 
Contre  Pharaon  et  tous  ses  serviteurs. 

ID  11  frappa  des  nations  nombreuses, 
Et  fit  mourir  des  rois  puissants  : 

11  Sehon,  roi  des  Amorrheens, 
Og,  roi  de  Basan, 

Et  tous  les  rois  de  Chanaan. 

12  Et  il  donna  leur  pays  en  heritage, 
En  heritage  k  Israel,  son  peuple. 


13  Jehovah,  ton  nom  subsiste  a  jamais; 
Jehovah,  ton  souvenir  dure  d'age  en  age. 

14  Car  Jehovah  fait  droit  a  son  peuple, 
Et  il  a  compassion  de  ses  serviteurs. 

1 5  Les  idoles  des  nations  sont  de  I'argent  et  de  For, 
Ouvrage  de  la  main  des  hommes. 

16  Elles  ont  une  bouche  et  ne  parlent  pas; 
EUes  ont  des  yeux  et  ne  voient  pas. 

17  Elles  ont  des  oreilles  et  n'entendent  pas; 
De  leur  bouche  ne  sort  pas  meme  un  souffle. 

18  Qu'ils  leur  ressemblent  ceux  qui  les  font, 
Tous  ceux  qui  se  confient  en  elles ! 

19  Maison  d'Israel,  benissez  Jehovah! 
Maison  d'Aaron,  benissez  Jehovah  1 

20  Maison  de  Levi,  benissez  Jehovah! 

Vous  qui  craignez  Jehovah,  benissez  Jehovah  I 

21  Que  de  Sion  soit  beni  Jehovah, 
Qui  habite  a  Jerusalem  ! 

'  Alleluia! 


rsAUME  cxxxvi  (vi:lg.  CXXXV). 


J^^a'iE  Psaume,  comme  le  precedent,  est  une  exhortation  a  louer  Jehovah,  avec  un 
>^^il  refrain  repete  a  chaque  verset.  Un  ou  plusieurs  levites  en  cliantaient  sans  doute  la 
^^^1  premiere  partie,  et  le  peuple  repondait  par  le  refrain,  comme  dans  nos  litanies. 
Apres  I'exorde  (vers.  1-3),  les  motifs  invoques  sont  les  merveilles  de  la  creation  (4-9J  et  les 
merveilles  particulieres  opdre'es  en  faveur  d'Israel  (10-25);  conclusion  (26).  Comp.  la  con- 
fession relat^e  A'e'/i.  ix. 

Ps.  I  RENDEZ  hommage  h  Jehovah,  car  il  est  bon. 

cxxxvi  Car  sa  misdricorde  est  (?ternelle. 

2  Rendez  hommage  au  Dieu  des  dieux. 
Car  sa  misericorde  est  eternelle. 

3  Rendez  hommage  au  Seigneur  des  seigneurs, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle  : 

4  A  celui  qui  seul  opere  de  grands  prodiges, 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle; 

5  Qui  a  fait  les  cieux  avec  sagesse. 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 

6  Qui  a  etendu  la  terre  sur  les  eaux, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 


LIBER  PSALMORUM. 


265 


12,    I. 


11,23. 


5.  Quia  ego  cognovi  quod  ma- 
gnus  est  Dominus,  et  Deus  noster 
pra2  omnibus  diis.  6.  Omnia  quas- 
cumque  voluit,  Dominus  fecit  in 
coelo,  in  terra,  in  mari,  et  in  omni- 
bus abyssis.  7.  "Educens  nubes  ab 
extremo  terras  :  fulgura  in  pluviam 
fecit.  Qui  producit  ventos  de  the- 
sauris  suis  : 

8.  *Qui  percussit  primogenita 
i^gypti  ab  homine  usque  ad  pecus. 
9.  Et  misit  signa,  et  prodigia  in  me- 
dio tui  T^Lgypte  :  in  Pharaonem,  et 
in  omnes  servos  ejus.  10.  'Qui  per- 
cussit gentes  multas  :  et  occidit 
reges  fortes  :  11,  ''Sehon  regem 
Amorrha2orum,et  Og  regem  Basan, 
et  omnia  regna  Chanaan.  12.  ''Et 
dedit  terram  eorum  hereditatem, 
hereditatem  Israel  populo  suo. 

13.  Domine  nomen  tuum  in  aster- 
num  :  Domine  memoriale  tuum 
in  generationem  et  generationem. 
14.  Quia  judicabit  Dominus  popu- 
lum  suum  :  et  in  servis  suis  depre- 
cabitur.  15.  ''Simulacra  gentium  ar- 
gentum,  et  aurum,  opera  manuum 
hominum.  16.  ^Os  habent,  et  non 
loquentur  :  oculos  habent,  et  non 
videbunt.  17.  Aures  habent,  et  non 
audient  :  neque  enim  est  spiritus  in 
ore  ipsorum.  18.  ''Similes  illis  fiant 
qui  faciunt  ea  :  et  omnes,  qui  con- 
fidunt  in  eis, 

1 9.  Domus  Israel  benedicite  Do- 
mino :  domus  Aaron  benedicite 
Domino.  20.  Domus  Levi  benedi- 
cite Domino  :  qui  timetis  Domi- 
num,  benedicite  Domino.  21.  Bene- 


dictus  Dominus  ex  Sion,qui  habitat 
in  Jerusalem. 

— :;:—  PSALM  US    CXXXV.  — :i:— 

Celebratur  Deus  a  crealione,  et  a  miraculis 
in  gratiam  Israel. 


I. 


Alleluia. 
ONFITEMINI  Domino 
quoniam  bonus  :  quoniam 
in  asternum  misericordia 
ejus.  2.  Confitemini  Deo 
deorum  :  quoniam  in  asternum  mi- 
sericordia ejus.  3.  Confitemini  Do- 
mino dominorum  :  quoniam  in  aster- 
num  misericordia  ejus. 

4.  Qui  facit  mirabilia  magna  so- 
lus :  quoniam  in  aeternum  miseri- 
cordia ejus.  5.  "Qui  fecit  ccelos  in 
intellectu  :  quoniam  in  asternum 
misericordia  ejus.  6.  Qui  firmavit 
terram  super  aquas  :  quoniam  in 
aeternum  misericordia  ejus.  7.  Qui 
fecit  luminaria  magna  :  quoniam  in 
asternum  misericordia  ejus.  8.  So- 
lem  in  potestatem  diei :  quoniam  in 
aeternum  misericordia  ejus.  9.  Lu- 
nam,  et  stellam  in  potestatem  no- 
ctis  :  quoniam  in  aeternum  miseri- 
cordia ejus. 

10.* Qui  percussit  iEgyptum  cum 
primogenitis  eorum  :  quoniam  in 
aeternum  misericordia  ejus.  1 1.  ''Qui 
eduxit  Israel  de  medio  eorum  :  quo- 
niam in  asternum  misericordia  ejus. 
12.  In  manu  potenti,  et  brachio  ex- 
celso  :  quoniam  in  aeternum  mise- 
ricordia ejus.  13.  Qui  divisit  Mare 


'  Gen.  r,  i. 


*  Exorl.  12, 

29, 

'  Exod.  13, 
17- 


^.  Je  le  sai's,  surtout  par  le  specflacle  de 
la  nature. 

6.  Comp.  Ps.  c.xv,  3. 

7.  Ei  la  pluie,  litt.  pour  la  pbiie  :  des 
eclairs  qui  annoncent  et  accompagnent  la 
pluie.  —  De  ses  tresors:  coxw^./ob,  xxxviii,  22. 

8.  Comp.  Exod.  xii,  29. 

9.  Comp.  Ps.  cv,  27  sv.  cxxxvi,  15. 

10.  Comp.  Deuf.  vii,  i;  Jos.  xii,  1-7; 
xxiii,  9. 

11.  Comp.  Nonibr.  xxi,  24  sv.  Dent,  iii, 
8  sv.  Ps.  cxxxvi,  17. 

13.  Ton  110m,  ton  souveni?-,  ta  gloire. 
Comp.  Exod.  iii,  15;  Ps.  cii,  13. 


14.  Comp.  Dent,  xxxii,  36;  Ps.  xc,  13. 
15-20.  Emprunte  a  Ps.  cxv,  4-11. 

PSAUME  CXXXVI, 

I.  Rendez  hoinmage  a  Jehovah  :  cet  hom- 
mage  consiste  h.  reconnaitre  et  a  louer  ses 
perfe6lions  infinies,  et  specialement  ses 
bienfaits. 

2-3.  Comp.  Deut.  x,  17. 

5.  Avec  sagesse,  dans  le  sens  diinicUi- 
gence  :  comp.  Prov.  iii,  19. 

6.  La  ierre  au-dessns  des  eaiix :  les  conti- 
nents emergent  au-dessus  des  eaux  qui  les 
entourent  de  toHtes  parts. 


266  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

7  Qui  a  fait  les  grands  luminaires, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

8  Le  soleil  pour  presider  aux  jours, 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle, 

9  La  lune  at  les  etoiles  pour  presider  a  la  nuit, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 

10  A  celui  qui  frappa  les  Egyptians  dans  leurs  premiers-nes, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

11  II  fit  sortir  Israel  du  milieu  d'eux, 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle, 

12  D'une  main  forte  et  d'un  bras  etendu, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 

13  A  celui  qui  divisa  en  deux  la  mer  Rouge, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

14  Qui  fit  passer  Israel  au  travers, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

15  Et  precipita  Pharaon  et  son  armee  dans  la  mer  Rouge; 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 

16  A  celui  qui  conduisit  son  peuple  dans  le  desert, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

17  Qui  frappa  de  grands  rois. 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

18  Et  fit  perir  des  rois  puissants. 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle; 

19  Sehon,  roi  des  Amorrheens, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

20  Et  Og,  roi  de  Basan, 
Car  sa  misericorde  est  dternelle; 

21  Qui  donna  leur  pays  en  heritage, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

22  En  heritage  a  Israel,  son  serviteur, 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle; 

23  A  celui  qui  se  souvint  de  nous  quand  nous  etions  humilies. 
Car  sa  misericorde  est  eternelle, 

24  Et  nous  delivra  de  nos  oppresseurs, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle; 

25  A  celui  qui  donne  h  tout  ce  qui  vit  la  nourriture, 
Car  sa  misericorde  est  Eternelle. 

26  Rendez  hommage  au  Dieu  des  cieux, 
Car  sa  misericorde  est  eternelle. 

PSAUME   CXXXVII   (VULC.  CXXXVl). 

|E  Psaume  se  rapporte  au  temps  le  plus  voisin  du  retour  de  la  captivite,  soit  avant, 
soit  apres  ce  retour.  C'est  un  des  chefs-d'oeuvre  de  la  poesie  lyrique  des  H^breux. 
La  tristesse  du  debut,  I'emotion  louchante  des  strophes  du  milieu,  et  a  la  fin  une 
indignation  qui  eclate  en  imprecations  terribles,  forment  une  gradation  du  plus  grand  effet. 
—  Tout  entiers  aux  souvenirs  de  Sion  (vers,  i),  les  Israelites  refusent  de  chanter  les  can- 
tiques  de  Jehovah  sur  la  terre  etrangcre  (2-4);  Jerusalem  est  tout  leur  amour  (5-6);  que 
Dieu  punisse  leurs  oppresseurs,  Edom  et  Babylone  (7-9)  I 

Les  noms  de  David  et  de  Jeremie  mis  en  tete  du  Psaume  dans  la  Vulgate  sent  apo- 
cryphes. 

Ps.  I  AU  bord  des  fleuves  de  Babylone 

cxxxvii.  Nous  etions  assis  et  nous  pleurions. 

En  nous  souvenant  de  Sion. 

2  Aux  saules  de  ses  vallees 

Nous  avions  suspendu  nos  harpes. 

3  Car  Ik  nos  vainqueurs  nous  demandaient  nos  cantiques, 
Nos  oppresseurs  des  chants  joyeux  : 

"  Chantez-nous  un  cantique  de  Sion !  " 


LIBER  PSALMORUM. 


267 


rubrum  in  divisiones  :  quoniam  in 
asternum  misericordia  ejus.  14.  Et 
eduxit  Israel  per  medium  ejus:  quo- 
niam in  aeternum  misericordia  ejus. 

)d.  14,  i5.''Et  excussit  Pharaonem,et  vir- 
tu tem  ejus  in  Mari  rubro  :  quo- 
niam in  asternum  misericordia  ejus. 
16.  Qui  traduxit  populum  suum 
perdesertum  :  quoniam  in  aeternum 
misericordia  ejus.  17.  Qui  percussit 
reges  magnos  :  quoniam  in  asternum 

^m.  21,  misericordia  ejus.  18.  'Et  occidit 
reges  fortes  :  quoniam  in  asternum 
misericordia  ejus.  1 9.  Sehon  regem 
Amorrhasorum  :  quoniam  in  aster- 
1.21,  num  misericordia  ejus.  20.  ^Et  Og 
regem  Basan  :  quoniam  in  aeternum 
13, 7.  misericordia  ejus.  2 1 .  ^Et  dedit  ter- 
ram  eorum  hereditatem:  quoniam  in 
asternum  misericordia  ejus.  22.  He- 
reditatem Israel  servo  suo  :  quo- 
niam in  aeternum  misericordia  ejus. 
23.  Quia  in  humilitate  nostra  me- 
mor  fuit  nostri  :  quoniam  in  aster- 
num misericordia  ejus.  24.  Et  rede- 
mit  nos  ab  inimicis  nostris  :  quo- 
niam in  asternum  misericordia  ejus. 
25.  Qui  dat  escam  omni  carni  :  quo- 
niam in  asternum  misericordia  ejus. 
26.  Confitemini  Deo  coeli  :  quo- 
niam in  asternum  misericordia  ejus. 
Confitemini  Domino  dominorum  : 
quoniam  in  asternum  misericordia 
ejus. 


— :!:—    PSALM  US    CXXXVI.  — :i:— 

Flebilis  captivi  populi  querimonia,  dum 
recordaretur  Sion. 

Psalmus  David,  Hieremias. 

UPER  flumina  Babylo- 
nis,  illic  sedimus  et  flevi- 
mus  :  cum  recordaremur 
Sion  :  2.  in  salicibus  in 
medio  ejus,  suspendimus  organa 
nostra.  3.  Quia  ilHc  interrogaverunt 
nos,  qui  captivos  duxerunt  nos, 
verba  cantionum  :  et  qui  abduxe- 
runt  nos  :  Hymnum  cantate  nobis 
de  canticis  Sion.  4.  Quomodo  can- 
tabimus  canticum  Domini  in  terra 
aliena.'' 

5.  Si  oblitus  fuero  tui  Jerusalem, 
oblivioni  detur  dextera  mea.  6.  Ad- 
hasreat  lingua  mea  faucibus  meis,  si 
non  meminero  tui  :  si  non  propo- 
suero  Jerusalem,  in  principio  lasti- 
tias  meas. 

7.  Memor  esto  Domine  filiorum 
Edom,  in  die  Jerusalem  :  qui  di- 
cunt  :  Exinanite,  exinanite  usque 
ad  fundamentum  in  ea.  8,  Filia  Ba- 
bylonis  misera  :  beatus,  qui  retri- 
buet  tibi  retributionem  tuam,  quam 
retribuisti  nobis.  9.  Beatus,  qui  te- 
nebit,  et  allidet  parvulos  tuos  ad 
petram. 


89.  Comp.  Ccn.  i,  16. 

12.  Comp.  Deut.  iv,  34;  v,  15. 

17-22  :  empiiinte  au  Ps.  cxx.w,  10-12. 

26.  Dieu  dii  ct'el,  appellation  recente  qui 
se  trouve  pour  la  premiere  fois  Nt'k.  i,  4;  ii,4. 

La  Vulgate  ajoute  a  ce  verset  :  Rendes 
horn  mage  an  Seigiiair  des  seigneurs,  car, 
etc.,  emprunte  au  vers.  3. 

PSAUME  CXXXVII. 

I.  Les  fleuves  de  Baby  lone  :  I'Euphrate,  le 
Tigre,  le  Chobar,  TUlai  et  d'innombrables 


canaux.  Les  Juifs,  pour  faire  plus  facilement 
leurs  ablutions,  s'etablissaient  de  preference 
dans  le  voisinage  des  cours  d'eau  {Aft. 
xvi,  13). 

2.  Sttspendti  9WS  Jiarpes  :  faut-il  prendre 
a  la  lettre  cette  gracieuse  image?  Ou  bien 
I'auteur  veut-il  faire  seulement  entendre  que 
les  Israelites,  sur  la  terre  etrangere,  ont 
cesse  leurs  chants  et  fait  taire  leurs  instru- 
ments ? 

3.  Nos  vainqueiirs,  plus  exacflement  cet(X 
qui  notis  07if  eminertes  en  exil. 


268 


CINOUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


4  Comment  chanterions-nous  le  cantique  de  Jehovah 
Sur  une  terre  (ftrangere? 

5  Si  jamais  je  t'oublie,  Jerusalem, 
Que  ma  droite  oublie  de  se  inouvoir! 

6  Que  ma  langue  s'attache  a  mon  palais, 
Si  je  cesse  de  penser  k  toi, 

Si  je  ne  mets  pas  Jerusalem 
Au  premier  rang  de  mes  joies  ! 

7  Souviens-toi,  Jehovah,  des  enfants  d'Edom, 
Quand,  au  jour  de  Jerusalem, 

lis  disaient  :  "  Detruisez,  detruisez-la 
Jusqu'en  ses  fondements!  " 

8  Fille  de  Babylone,  vouee  ;\  la  ruine, 
Heureux  celui  qui  te  rendra 

Le  mal  que  tu  nous  as  fait! 

9  Heureux  celui  qui  saisira  tes  petits  enfants 
Et  les  brisera  contre  la  pierre  ! 

PSAUME    CXXXVIII   (VULG.  CXXXVIl). 


Ps. 
cxxxviii. 


Avid  rend  graces  a  Dieu  d'un  bienfait  regu,  probablement  de  la  promesse  que  lui  fit 
le  Seigneur  d'etablir  son  trone  k  jamais  et  de  faire  sortir  de  lui  le  IMessie  (II  Sam.v'n). 
Les  LXX  ajoutent  dans  le  titre  :  de  ou  par  A_s^gt'e  et  Zacliarie,  peut-etre  pour  rap- 

peler  que  ces  deux  prophetes  ont  fait  usage  de  ce  Psaume  dans  quelque  occasion  solen- 

nelle  posterieure  k  la  captivite. 

Ciraces  soient  rendues  a  Jehovah  pour  sa  magnifique  promesse  (vers.  1-3);  quand  elle 

se  realisera,  tons  les  rois  de  la  terre  le  loueront  (4-6);  le  Psalmiste  sera  toujours  I'objet  de 

sa  bont^  (7"8). 

'  DE  David. 

Je  veux  te  louer  de  tout  mon  cceur, 

Te  chanter  sur  la  harpe  en  presence  des  dieux. 

2  Je  veux  me  prosterner  dans  ton  saint  temple, 

Et  celebrer  ton  nom  ;i  cause  de  ta  bontc  et  de  ta  fid^lite, 
Parce  que  tu  as  fait  une  promesse  magnifique, 
Au-dessus  de  tonics  les  gloires  de  ton  nom. 

3  Le  jour  ou  je  t'ai  invoqucf,  tu  m'as  exauce, 

Tu  as  rendu  a  mon  ame  la  force  et  le  courage. 

4  Tous  les  rois  de  la  terre  te  loueront,  Jehovah, 
Quand  ils  auront  appris  les  oracles  de  ta  bouche. 

5  Us  ccleljreront  les  joies  de  Jehovah, 
Car  la  gloire  de  Jehovah  est  grande. 

6  Car  Jehovah  est  eleve,  et  il  voit  les  humbles, 
Et  son  regard  connail  de  loin  les  orgueilleux. 

7  Si  je  suis  dans  la  detresse,  tu  me  rends  la  vie, 

Tu  dtends  ta  main  pour  arreter  la  colere  de  mes  ennemis, 
Et  ta  droite  me  sauve. 

8  Jehovah  achevera  ce  qu'il  a  fait  pour  moi. 
Jehovah,  ta  bonte  est  eternelle, 
N'abandonne  pas  I'ouvrage  de  tes  mains! 


PSAUME   CXXXIX    (VULG.  CXXXVIIl). 

E  Psaume,  I'un  des  plus  beaux,  mais  aussi  des  plus  difficiles  du  Psautier,  est  attri- 
bue  par  le  titre  a  David.  La  place  qu'il  occupe  dans  le  recueil,  et  surtout  plusieurs 
aramaismes  qui  s'y  rencontrent,  ont  fait  naitre  quelques  doutes  sur  Texacflitude  de 
cette  attribution.  Dans  la  v^  partie  (vers.  1-12),  I'auteur  depeint  la  science  infinie  et  I'im- 
mensite  divine,  k  qui  rien  ne  peut  echapper;  dans  la  2^  (13-18),  il  loue  Jehovah  qui  donne 
la  vie  k  I'homme  et  a  qui  les  phases  primitives  de  notre  existence  ne'sont  pas  cachees,  non 


LIBER  PSALMORUM. 


269 


—:;:—  PSALM  US   CXXXVIL— :?=— 

Laudat  Deiim  ob  beneficia,  et  omnes  reges 
ad  laudandum  Deum  provocat. 


Ipsi  David. 

ONFITEBOR  tibi  Do- 
mine  in  toto  corde  meo  : 
quoniam  audisti  verba  oris 


;  mei.  In  conspectu  Ange- 
loriim  psallam  tibi  :  2,  adorabo  ad 
templum  sanctum  tuum,et  confite- 
bor  nomini  tuo.  Super  misericordia 
tua,  et  veritate  tua  :  quoniam  ma- 
gnificasti  super  omne,  nomen  san- 
ctum tuum.  3.  In  quacumque  die 
invocavero  te,  exaudi  me  :  multipli- 
cabis  in  anima  mea  virtutem. 


4.  Confiteantur  tibi  Domine  om- 
nes reges  terras  :  quia  audierunt 
omnia  verba  oris  tui  :  5.  et  cantent 
in  viis  Domini  :  quoniam  magna  est 
gloria  Domini.  6.  Ouoniam  excel- 
sus  Dommus,  et  humilia  respicit  : 
et  alta  a  longe  cognoscit. 

7.  Si  ambulavero  in  medio  tribu- 
lationis,  vivificabis  me  :  et  super 
iram  inimicorum  meorum  extendi- 
sti  manum  tuam,  et  salvum  me  fecit 
dextera  tua.  8.  Dominus  retribuet 
pro  me  :  Domine  misericordia  tua 
in  sasculum  :  opera  manuum  tua- 
r.um  ne  despicias. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


5.  Que  ma  droit e  onblie,  sous-entendu  le 
mouveineitf;  Vulg. ,  qtee  ma  droite  soil  ou- 
blice^  comme  un  membie  hors  d'usage  :  ce 
qui  revient  a  peu  pies  au  meme. 

7.  Les  cnfants  cVEdoni  (Idume'ens),  mal- 
grd  leur  communaiite  d'origine  avec  le  peu- 
ple  de  Dieu,  se  montrerent  toujours  ses  en- 
nemis.  Quand  les  Chaldeens  s'emparerent 
de  la  ville  sainte,  ils  etaient  la,  excitant  les 
vainqueurs  et  prenant  part  avec  eux  a  la 
destruflion  et  au  pillage.  (Comp.  Lament. 
iv,  21;  Amos,  i,  \\\Jocl,  iii,  19). 

8.  Fille  de  Babylone,  periphrase  hebraique 
pour  Babylone.  —  Vouce  a  la  ruine,  litt. 
devastee :\t  Psalmiste  volt  son  souhait  deja 
accompli  et  assiste  en  esprit  a  la  scene  de 
devastation.  Prise  par  Cyrus  I'an  538  avant 
Jesus-Christ,  Babylone  ne  fut  detruite  que 
par  Darius  Hystaspes,  vers  I'an  516  :  notre 
Psaume  est  probablement  anterieur  a  cette 
epoque.  —  Heureicx  celiii  :  qu'il  soit  beni 
de  Dieu ! 

g.  Les  hrisera  :  trait  de  barbarie  frequent 
a  cette  epoque  dans  le  sac  des  villes  {Os. 
X,  14;  NaJi.  iii,  10;  II  Rois,  viii,  12.  Comp. 
Homere,  //.  xxii,  63;  xxiv,  732).  Dans  I'An- 
cien  Testament,  le  royaume  cle  Dieu  etait 
comme  incorpore  dans  un  seul  peuple;  il 
n'avait  pas  encore  revetu  sa  forme  univer- 
selle  :  voilk  pourquoi  le  desir,  et  meme  la 


simple  annonce  de  son  extension  a  I'univers 
entier  emprunte  leur  expression  a  la  langue 
de  la  guerre  et  des  batailles. 

PSAUME  GXXXVIII. 

1.  En  presence  des  dicux,  soit  des  anges 
{Ps.  viii,  7),  soit  des  grands  de  la  nation, 
magistrats  et  pretres  (II  Sam.  vii,  9).  La 
Vulgate  ajoute  :  Car  iu  as  entendn  la  parole 
(priere)  de  ma  boiichc. 

2.  Parce  que  tu  as  fait ;  litt.,  parce  que  fit 
as  fait  grande,  par-dessus  tout  ton  nom,  ta 
parole :  la  promesse  faite  a  David  depassait, 
par  la  richesse  de  son  contenu  et  la  gran- 
deur de  ses  consequences,  tout  ce  qui,  dans 
les  revelations  anterieures,  pouvait  glorifier 
le  nom  de  Jehovah  et  manifester  ses  perfec- 
tions. Telle  est  I'explication  ordinaire  du 
texte  hebreu  acfluel.  Cook  :  parce  que  tu  as 
magnifiqtcement  acco)npli  ta  parole  (pro- 
messe), au-dela  meme  de  ce  que  demandait 
ton  nom,  ta  gloire,  ton  renom  de  fidelite. 
Les  anciennes  versions  ont  lu  autrement. 
LXX  et  \ \x\^. ,  paf'ce  que  tu  as  fait  grand 
par-dessus  tout  ton  satttt  nom. 

5.  Les  voies  de  Jehovah,  ses  desseins  pro- 
videntiels,sa  conduite  dans  legouvernement 
du  monde,  et  particulierement  les  moyens 
dont  il  a  voulu  se  servir  pour  procurer  le 
salut  du  monde  par  Jesus-Christ. 


270 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Ps. 
cxxxix. 


plus  que  notre  destinee  future;  dans  la  3^  enfin  (19-24X  il  s'eleve  centre  les  ennemis  du 
Createur  et  demande  h  etre  lui-meme  eprouve  et  purifie. 

1 AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

Jdhovah,  tu  me  sondes  et  tu  me  connais, 

2  Tu  sais  quand  je  suis  assis  ou  leve, 
Tu  decouvres  mes  pensees  de  loin. 

3  Tu  sais  quand  je  suis  en  marche  ou  couche, 
Et  toutes  mes  voies  te  sonl  familieres. 

4  La  parole  n'est  pas  encore  sur  ma  langue, 
Que  deja,  Jehovah,  tu  la  connais  entierement. 

5  Tu  m'entoures  de  tous  cotes, 
Et  tu  mets  ta  main  sur  moi. 

6  Une  science  aussi  merveilleuse  est  au-dessus  de  ma  portee, 
EUe  est  trop  elevee  pour  que  je  puisse  y  atteindre. 

7  Ou  aller  pour  me  derober  a  ton  esprit.'' 
Ou  fuir  pour  echapper  a  ton  regard? 

8  Si  je  monte  aux  cieux,  tu  y  es ; 

Si  je  me  couche  dans  le  sejour  des  morts,  te  voila! 

9  Si  je  prends  les  ailes  de  I'aurore, 

Et  que  j'aille  habiter  aux  confins  de  la  mer, 

10  La  encore  ta  main  me  conduira 
Et  ta  droite  me  saisira. 

11  Et  je  dis  :  Au  moins  les  tenebres  me  couvriront, 
Et  la  nuit  sera  la  seule  lumiere  qui  m'entoure  : 

12  Les  tenebres  n'ont  pas  pour  toi  d'obscurite; 
Pour  toi  la  nuit  brille  comme  le  jour, 

Et  les  tenebres  comme  la  lumiere. 

13  C'est  toi  qui  as  forme  mes  reins, 

Et  qui  m'as  tisse  dans  le  sein  de  ma  mere. 

14  Je  te  rends  graces  d'avoir  fait  de  moi  une  creature  si  merveilleuse; 
Tes  oeuvres  sont  admirables, 

Et  mon  ame  se  plait  a  le  reconnaitre. 

15  Ma  substance  n'etait  pas  cachde  devant  toi, 
Lorsque  j'etais  forme  dans  le  secret, 

Tisse  avec  art  dans  les  profondeurs  de  la  terre. 

16  Je  n'etais  qu'un  germe  informe,  et  tes  yeux  me  voyaient, 
Et  sur  ton  livre  etaient  tous  inscrits 

Les  jours  qui  m'etaient  destines, 
Avant  qu'aucun  d'eux  fiit  encore. 

17  O  Dieu,  que  tes  pensdes  me  semblent  ravissantes! 
Quelles  sont  nombreuses  les  cciivrcs  de  ta  sagessc! 

18  Si  je  veux  les  compter,  elles  surpassent  en  nombre  les  grains  de  sable; 
Je  m'eveille,  et  je  suis  encore  avec  toi. 

19  O  Dieu,  ne  feras-tu  pas  perir  le  mechant? 
Hommes  de  sang,  dloignez-vous  de  moi! 


PSAUME    CXXXIX. 

1.  Tu  me  cotmais  tout  entier  :  le  Psal- 
miste  decompose  ensuite  cette  idee  en  ses 
divers  elements  :  Dieu  connait  I'homme 
(issis  ou  leve  (vers. 2), en  iimrcJie  ou  couche{2,) ; 
il  saisit  ses  pensees  et  ses  sentiments,  avant 
meme  qu'ils  soienttout  a  fait  formds  (vers.  2); 
ses  voies,  c.-a-d.  ses  acflions;  enfin,  il  entend 
sa  parole  (vers.  4). 

2.  He  loin,  dit  S.  Hilaire,  se  rapporte  au 
temps,  non  au  lieu. 


3.  Ou  couche.  Vulgate,  funiculuni,  corde 
de  jonc  (gr.  aj^o^vov)  servant  de  mesure  : 
probablement  la  diredion  de  mes  pas. 

5.  Tu  mets  ta  niain  sur  moi,  ou,  comme 
dit  Bossuet,  "  partout  ta  main  puissante  est 
sur  moi,  "  tu  me  tiens  sous  ta  dependance 
absolue. 

Les  vers.  4-5  sont  tout  a  fait  defigures 
dans  la  Vulgate. 

7.  Ton  esprit,  ton  souffle  qui  donne  la  vie 
aux  creatures.  —  Ton  regard,  litt.  ta  face, 
bienveillante  ou  irritee. 


LIBER  PSALMORUM. 


271 


e^M^5 


-:i:-  PS  A  L  M  U  S   CXXX  V 1 1 1 .  -*- 

Sciens  Deum  nihil  latere,  suam  in  eum 
fiduciam  profitetur. 

1.    In  finem,  Psalmus  David. 

OMINE  probasti  me,  et 
cognovisti  me  :  2.  tu  co- 
gnovisti  sessionem  meam, 
et  resurrectionem  meam. 
3.  Intel lexisti  cogitationes  meas  de 
longe  :  semitam  meam,  et  funicu- 
lum  meum  investigasti.  4.  Et  om- 
nes  vias  meas  praevidisti  :  quia  non 
est  sermo  in  lingua  mea.  5.  Ecce 
Domine  tu  cognovisti  omnia  novis- 
sima,  et  antiqua :  tu  formasti  me,  et 
posuisti  super  me  manum  tuam. 
6.  Mirabilis  facta  est  scientia  tuaex 
me  :  confortata  est,  et  non  potero 
ad  eam. 

7.  Quo  ibo  a  spiritu  tuo.''  et  quo 
a  facie  tua  fugiam.'^  8.  "Si  ascendero 
in  coelum,  tu  illic  es  :  si  descendero 
in  infernum,  ades.  9.  Si  sumpsero 
pennas  meas  diluculo,  et  habitavero 


in  extremis  maris  :  10.  etenim  illuc 
manus  tua  deducet  me  :  et  tenebit 
me  dextera  tua.  1 1.  Et  dixi  :  Forsi- 
tan  tenebras  conculcabunt  me  :  et 
nox  illuminatio  mea  in  deliciis  meis. 
12.  Ouia  tenebras  non  obscurabun- 
tur  a  te,  et  nox  sicut  dies  illumma- 
bitur  :  sicut  tenebras  ejus,  ita  et  lu- 
men ejus. 

1 3.  Quia  tu  possedistirenesmeos: 
suscepisti  me  de  utero  matris  meae. 

14.  Confitebor  tibi  quia  terribiliter 
magnificatus  es  :  mirabilia  opera 
tua,  et  anima  mea  cognoscit  nimis. 

15.  Non  est  occultatum  os  meum  a 
te,  quod  fecisti  in  occulto  :  et  sub- 
stantia  mea    in   inferioribus  terras. 

16.  Imperfectum  meum  viderunt 
oculi  tui,  et  in  libro  tuo  omnes  scri- 
bentur  :  dies  formabuntur,  et  nemo 
in  eis.  17.  Mihi  autem  nimis  hono- 
rificati  sunt  amici  tui,  Deus :  nimis 
confortatus  est  principatus  eorum. 
18.  Dinumerabo  eos,  et  super  are- 
nam  multiplicabuntur  :  exsurrexi, 
et  adhuc  sum  tecum. 

1 9.  Si  occideris  Deus  peccatores  : 


9.  L'auteur  prete  des  ailes  a  I'aurore,  pour 
peindre  la  rapidite  des  rayons  lumineux  qui, 
partant  de  I'orient,  arrivent  en  un  clin  d'oeil 
aux  confins  de  la  mer  (Mediterranee),  a 
I'occident.  Ainsi  le  regard  de  Dieu  le  suit 
dans  toutes  les  diredlions,  aussi  bien  de  long 
en  large  que  de  haut  en  bas. 

10.  La  niain  de  Dieu,  c'est  le  concours 
divin  en  tout  et  partout  necessaire. 

11-12.  Nous  suivons  I'interpretation  de 
Delitzsch,  qui  met  I'apodose  entre  le  vers.  1 1 
et  le  vers.  12.  La  plupart,  avec  Le  Hir,  la 
placent  apres  le  i^r  membre  du  vers.  11  : 
St  je  dls  :  ait  vioins  les  tctiebres  me  couvri- 
ront,  —  la  mat  devient  lumiere  aiitoiir  de 
lot,  les  tenebres  /I'ont  pas  pour  toi  d''obscu- 
rite,  pour  toi  la  unit,  etc. 

13.  Mes  reins,  siege  intime  des  pensees  et 
des  sentiments,  dans  la  psychologic  des 
Hebreux. 

15.  Ma  stibstatice,  mon  corps.  ^ —  Dans  le 
secret  du  sein  maternel.  Comp.  II  Macch. 
vii,  22  sv.  Tisse  avec  art,  litt.  brode,  dans 
les  profondeurs  de  la  tert-e  :  l'auteur  appelle 
ainsi  le  sein  maternel  par  allusion  kla  crea- 
tion de  nos  premiers  parents  formes  de  la 
poussiere  de  la  terre  :  comp.  /ob,  i,  21. 

16.  Dans  ton  livre  :  Dieu,  dit  Bellarmin, 
a  dans  sa  pensee  les  exemplaires  ou  idees 


de  toutes  les  creatures,  de  meme  qu'un  pein- 
tre  ou  un  statuaire  salt  ce  que  deviendra  le 
bloc  informe  qu'il  a  devant  lui,  parce  qu'il 
voit  cette  image  dans  son  esprit.  —  Fornia- 
buntur,  dans  la  Vulg.,  signifie  sont  disposes, 
arranges  et  determines  d'avance  par  Dieu. 

\Z.  Je  ni'eveille  :  apres  avoir  medite  tout 
le  jour  ces  pensdes  divines,  cette  sagesse 
merveilleuse  qui  apparait  dans  le  corps  de 
I'homme,  j'y  son^e  encore  pendant  la  nuit, 
et,  la  matiere  n'etant  pas  epuisee,  je  conti- 
nue de  m'en  occuper  a  mon  reveil. 

Glaire  traduit  ainsi  les  vers.  17-18  d'apres 
la  Vulgate  :  Afais  pour  nioi,  0  Dieu,  vos 
amis  sont  deventis  extremement  Jionorables ; 
leur  empire  s'' est  extrememeni  fortific.  18.  Je 
les  compterai,  etc.  L'Eglise,  dans  sa  liturgie, 
applique  le  vers.  17  aux  Apotres. 

19.  Tout  ravi  des  perfeftions  divines  qu'il 
vient  de  contempler,  le  Psalmiste  s'indigne 
que  des  creatures  raisonnables  outragent  un 
Dieu  si  sage  et  si  puissant. 

Les  mechants,  ce  sont  les  Israelites  infi- 
deles  et  les  nations  idolatres,  tous  les  hom- 
mes  en  rdvolte  contre  Dieu.  —  Honimes  de 
sang  :  le  peche  conduit  k  la  mort ;  les  pe- 
cheurs  peuventdonc  etre  appeles  des  meur- 
triers  {V  Jean,  iii,  15)  :  ils  le  sont  d'eux-me- 
mes  et  de  ceux  qu'ils  pervertissent. 


272 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


20  lis  parlent  de  toi  d'une  inaniere  criminelle, 
lis  prennent  ton  nom  en  vain,  eux  tes  ennemis! 

21  Ne  dois-je  pas,  Jehovah,  hair  ceux  qui  te  haissent, 
Avoir  en  horreur  ceux  qui  s'elevent  contre  toi? 

22  Oui,  je  les  hais  d'une  haine  complete, 
Je  les  regarde  comme  mes  propres  ennemis. 

23  Sonde-moi,  6  Dieu,  et  connais  mon  cceur; 
Eprouve-moi,  et  connais  mes  pensees. 

24  Regarde  si  je  suis  sur  la  voie  du  mal, 
Et  conduis-moi  dans  la  voie  eternelle. 

PSAUME   CXL   (VULG.  CXXXIX). 

Avid  implore  le  secours  divin  contre  les   hommes  mechants  qui  le   persecutent 

(vers.  2-6);  plein  de  confiance  en    Dieu,   il  demande  que  leurs  desseins  soient 

aneantis  (7-12);  promesse  de  reconnaissance  (13-14). 

Est-ce  a  la  persecution  de  Saiil  (I  Sam.  xxii,  9;  xxiii,  19)  ou  a  la  revoke  d'Absalon 

que  ce  Psaume  doit  ctre  rapporte?  Les  interpretes  sont  partages  sur  ce  point,  d'ailleurs 

sans  importance. 

Ce  cantique  a  beaucoup  d'analogie  avec  Ps.  Ivii  et  Ixiv,  ainsi  qu'avec  Ps.  cxli-cxliii  : 
L'Eglise  I'a  insere  dans  I'office  des  Jeudi  et  Vendredi  saints,  parce  qu'elle  voit  dans  la 
personne  de  David  la  figure  du  Messie  souftrant  et  persecute. 

^^-  c>;l.  ^  AU  maitre  de  chant.  Psaume  de  David. 

2  Jehovah,  delivre-moi  de  I'homme  mechant, 
Defends-moi  contre  I'homme  de  violence, 

3  Qui  meditent  de  mauvais  desseins  dans  leur  ctuur. 
Qui  excitent  sans  cesse  la  guerre  contre  iiioi, 

4  Qui  aiguisent  leur  langue  comme  le  serpent, 

Et  c[ui  ont  sous  leurs  levres  le  venin  de  I'aspic.  —  Sc'lii. 

5  Jehovah,  garde-moi  des  mains  du  mechant, 
Ddfends-moi  contre  les  hommes  de  violence, 
Qui  meditent  de  me  faire  tomber. 

6  t3es  orgueilleux  cachent  des  pieges  et  des  filets  sous  mes  pas, 
lis  tendent  des  rets  le  long  de  mon  sentier, 

lis  me  dressent  des  embuches.  —  Se/a. 

7  Je  dis  a  Jehovah  :  Tu  es  mon  Dieu! 
Ecoute,  Jehovah,  la  voix  de  mes  supplications. 

8  Jehoxah  Adonai,  mon  puissant  sauveur, 
Tu  couvres  ma  tete  au  jour  du  combat. 

9  Jehovah,  n'accomplis  pas  le  desir  des  mechants, 

Ne  laisse  pas  reussir  leurs  perfides  desseins  ;  ils  en  seraient  trop  fiers.  —  Selti. 

10  Que  sur  la  tete  de  ceux  cjui  m'assicgent 
Retombe  I'iniquite  de  leurs  levres. 

1 1  Que  des  charbons  ardents  soient  secoues  sur  eux! 
Que  Dieu  les  precipite  dans  le  feu, 

Dans  des  abimes  d'oii  ils  ne  relcvent  plus! 

12  iXon,  le  calomniateur  ne  prosperera  pas  sur  la  terre, 
Et  le  malheur  |)oursuivra  sans  merci  Thomme  violent. 


13  Je  sais  que  Jehovah  fait  droll  au  miserable, 
Et  justice  au  pauvre. 

14  Oui,  les  justes  celebreront  ton  nom, 

Et  les  hommes  droits  habiteront  devant  ta  face. 


PSAUME   CXLI   (VULG.  CXL). 


^^^^E  Psaume  presente  plusieurs  passages  difhciles  a  interpreter;  peut-ctre  le  texte  en 
'W^^  est-il  corrompu.  L'occasion  historique  de  sa  composition  est  incertaine.  Le  Hir  le 
rapporte  au  jour  ou  David  apprit  la  mort  de  Saiil,  Delitzsch  k  la  revoltfe  d'Absalon, 


Hengstenberg  k  I'episode  de  la  caverne  d'Engaddi  (I  Sam.  xxiv),  d'autres  a  celui  de  la 


LIBER  PSALMORUM. 


273 


viri  sanguinum  declinate  a  me  : 
TO.  Quia  dicitis  in  cogitatione  :  Ac- 
cipient  in  vanitate  civitates  tuas. 
2  i.Nonne  qui  oderunt  te  Domine, 
oderam  :  et  super  inimicos  tuos  ta- 
bescebam?  22.Perfecto  odio  oderam 
illos  :  et  inimici  facti  sunt  mihi. 
23.  Proba  me  Deus,  et  scito  cor 
meum  :  interroga  me,  et  cognosce 
semitas  meas.  24.  Et  vide,  si  via 
iniquitatis  in  me  est  :  et  deduc  me 
in  via  asterna. 

— :i:—  PSALMUS  CXXXIX.  — :>— 
Orat  pro  sua  salute  :  hostibus  imprecatur. 

I.  In  finem,  Psalmus  David, 

RIPE  me  Domine  ab  ho- 
mine  malo  :  a  viro  iniquo 
eripe  me.  3.  Oui  cogita- 
verunt  iniquitates  in  cor- 

de  :  tota  die  constituebant  proelia. 

4.  "  Acuerunt  linguas  suas  sicut  ser- 

pentis:  venenum  aspidum  sub  labiis 

eorum. 

5.  Custodi  me  Domine  de  manu 


peccatoris  :  et  ab  hominibus  iniquis 
eripe  me.  Qui  cogitaverunt  supplan- 
tare  gressus  meos  :  6.  ^absconderunt 
superbi  laqueum  mihi:  et  funes  ex- 
tenderunt  in  laqueum  :  juxta  iter 
scandalum  posuerunt  mihi. 

7.  Dixi  Domino  :  Deus  mens  es 
tu  :  exaudi  Domine  vocem  depre- 
cationis  meae.  8.  Domine,  Domine 
virtus  salutis  meas  :  obumbrasti 
super  caput  meum  in  die  belli  : 
9.  ne  tradas  me  Domine  a  deside- 
rio  meo  peccatori  :  cogitaverunt 
contra  me,  ne  derelinquas  me,  ne 
forte  exaltentur.  10.  Caput  circui- 
tus  eorum  :  labor  labiorum  ipso- 
rum  operiet  eos.  11.  Cadent  super 
eos  carbones,  in  ignem  dejicies 
eos  :  in  miseriis  non  subsistent. 
12.  Vir  linguosus  non  dirigetur  in 
terra  :  virum  injustum  mala  capient 
in  interitu. 

13.  Cognovi  quia  faciet  Dominus 
judicium  inopis  :  et  vindictam  pau- 
perum.  14.  Verumtamen  justi  con- 
fitebuntur  nomini  tuo  :  et  habita- 
bunt  recti  cum  vultu  tuo. 


*Sup,  118, 
no. 


20.  Vulgate  •.parte  que  voiis  dites  eit  vous- 
iiieines  :  Us  rccevront  en  vain  vos  cites, 
c.-a-d.  les  amis  de  Dieu  seront  depossedes 
par  les  mechants  des  villes  dont  Dieu  les 
avait  mis  en  possession  :  pensee  e'trangere 
au  Psaume. 

21-22.  Les  amis  de  Uieu  haissent  tout  ce 
que  Dieu  hait,  mais  seulement  comme  Dieu 
lui-meme  le  hait.  Or  Dieu  hait  les  mechants 
en  tant  qu'ennemis  de  son  royaume. 

23-24.  Sondes  mon  coeur,  pour  voir  s'il  ne 
s'y  trouve  pas  quelque  attachement  a  I'ini- 
quite,  et  aidez-moi  a  marcher  jusqu'a  la  fin, 
non  dans  la  voie  du  mal,  qui  conduit  a  la 
ruine  {^Ps.  i,  6),  mais  dans  la  voie  de  Dieu 
i^Ps.  xxvii,  11),  qui  conduit  a  la  vie  eternelle. 

PSAUME  CXL. 

I.  De  P/io/mne,  probablement  dans  le  sens 
colletlif  :  des  hoinnies. 

4.  Comp.  Ps.  v,  II;  Iviii,  5;  Ixiv,  4. 

8.  Tic  couvres  nia  tete,  comme  d'un  cas- 
que, par  ta  protetflion. 

9.  Vulgate  :  ne  me  livre  pas  au  pecheur 
contre  mon  desir  (le  de'sir  exprime  dans  la 
priere  du  vers.  7),  ils  cotispirent  contre  //loi, 
ne  nCabandonne  pas,  de  peur  quUls  ne  triom- 
phent.  S.  Jean  Chrysostome  et  S.  Augustin 
expliquent  autrement  le  premier  membre  : 


ne  donne  au  pecheur  rien  de  ce  queje  desire 
et  que  j'aime. 

10.  Liniquite  de  leurs  levres,  le  mal  qu'ils 
veulent  me  faire  par  leurs  calomnies. 

Le  Hir  donne  a  caput  le  sens  de  chef :  le 
chef  des  enneniis  qui  in\xssicgent  (Doeg  ou 
Achitophel),  que  Piniquite  de  ses  levres  re- 
tombe  sur  lui!  La  Vulg.  pent  se  traduire  de 
la  meme  maniere. 

Delitzsch  et  d'autres  otent  au  vers.  9  le 
verbe  qui  le  termine  et  le  reportent  au  ver- 
set  10  :  ils  clevent  la  tete  (litt.  ils  s'elevent 
quant  a  la  tete)  ceux  qui  niassicgent  :  que 
Viniquitc  de  leurs  levres  retombe  sur  eux! 

12.  Le  calomniateur,  litt.  Phonune  delan- 
gue,  ne  prospcrera  ou  ne  s^aj)ermira  pas, 
n'aura  pas  de  demeure  stable.  —  Sans  merci, 
litt.  avec poussces ;  Vulg.  a  saperte. 

Ce  verset  pourrait  aussi  se  traduire  par 
I'optatif. 

14.  Les  honimes  droits,  ceux  qu'on  vou- 
drait  chasser  de  la  terre  d'Israel,  et  meme 
faire  disparaitre  de  la  terre  des  vivants,  au- 
ront  une  demeure  assuree  devant  la  face  de 
Dieu.  Sur  cette  dernicre  expression,  voy. 
Ps.  xvi,  II,  note. 


N°  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TO.MEI/.   —  iS 


274 


CINQUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


montagne  de  Maon,  lorsque  Saiil,  sur  le  point  de  prendre  David,  dut  abandonner  sa  proie 
pour  repousser  une  invasion  des  Philistins  (I  Sam.  xxiii,  26  sv.),  etc.  etc. 

Le  Psalmiste  commence  par  demander  a  Dieu  de  le  preserver  de  la  society  des 
mediants  et  de  toute  participation  a  leur  malice  (vers.  1-4),  et  il  implore  a  la  fin  son 
secoLirs  centre  les  pieges  qu'ils  lui  tendent  (8-10).  Les  vers.  5-7  ont  regu  les  interpretations 
les  plus  diverses;nous  donnerons  sans  discussion  celle  qui  nous  a  paru  la  plus  satisfaisante. 

Ps.  cxli.  iPSAUMEde  David. 

Jehovah,  je  t'invoque;  hate-toi  de  venir; 
Prete  I'oreille  a  ma  voix,  quand  je  t'invoque. 

2  Que  ma  priere  soit  devant  ta  face  comme  I'encens, 

Et  I'elevation  de  mes  mains  comme  I'offrande  du  soir! 

3  Jehovah,  mets  une  garde  a  ma  bouche, 
Une  sentinelle  a  la  porte  de  mes  levres. 

4  N'incline  pas  mon  coeur  vers  le  mal, 

A  des  adions  mauvaises  avec  les  hommes  qui  commettent  I'iniquite ; 
Que  je  ne  prenne  aucune  part  a  leurs  festins! 

5  Que  le  juste  me  frappe,  c'est  une  faveur; 

Qu'il  me  reprenne,  c'est  un  parfum  sur  ma  tete; 

Ma  tete  ne  le  refusera  pas, 

Car  alors  encore  je  n'opposerai  que  ma  priere  a  leurs  mauvais  desseins. 

6  Mais  bientot  leurs  chefs  seront  precipites  le  long  des  rochers; 
Et  le  peuple  entendra  mes  paroles  et  les  aura  pour  agreables. 

7  Comme  quand  le  laboureur  trace  des  sillons  et  ameublit  la  terre, 
Ainsi  nos  ossements  sont  semes  au  bord  du  scheol. 

8  Car  vers  toi,  Jdhovah  Adonai,  je  tourne  mes  yeux; 

Aupres  de  toi  je  cherche  un  refuge  :  n'abandonne  pas  mon  ame! 

9  Preserve-moi  des  pieges  qu'ils  me  tendent, 
Des  embuches  de  ceux  qui  font  le  mal ! 

10  Que  les  mechants  tombent  dans  leurs  propres  filets, 
Et  que  j'echappe  en  meme  temps  ! 


PSAUME   CXLII   (VULG.  CXLl). 

Oursuivi  par  les  partisans  de  Saiil  et  refugid  dans  une  caverne  (celle  d'Odollam, 

I  Sam.  xxii,  ou  celle  d'Engaddi,  ibid,  xxiv?),  David  implore  le  secours  de  Dieu, 

qui  seul  pent  le  faire  cchapper  a  ses  ennemis. 

Cette  priere  convient  a  tout  fidele  expose  aux  tribulations  et  aux  miseres  de  cette  vie. 

S.  Bonaventure  nous  apprend  que  S.  Francois  d'Assise  mourant  la  recita  et  qu'il  expira 

apres  en  avoir  repete  le  dernier  verset  :  "  Tirez  mon  ame  de  la  prison,  afin  qu'elle  chante 

vos  louanges."  L'Eglise  en  a  fait,  comme  du  Ps.  cxxx,  une  priere  pour  les  morts. 

Ps.  cxlii.  ^  CANTIQUE  de  David.  Lorsqu'il  etait  dans  la  caverne.  Priere. 

2  De  ma  voix  je  crie  a  Jehovah, 
De  ma  voix  j'implore  Jehovah; 

3  Je  repands  ma  plainte  en  sa  presence, 
Devant  lui  j'expose  ma  detresse. 

4  Lorsqu'en  moi  mon  esprit  defaille, 
Toi  tu  connais  mon  sentier; 

I       Tu  sals  que,  dans  la  route  ou  je  marche, 
lis  me  tendent  des  pieges. 

5  Jette  les  yeux  a  fjia  droite  et  vois  : 
Personne  ne  me  reconnait; 


PSAUME  CXLI, 

2.  CoDime  Pencens,  dont  la  fumee  s'ele- 
vant  vers  le  ciel  figurait  cjue  le  sacrifice  et 
les  pricres  des  assistants  montaient  jusqu'a 
Dieu.  —  UHevation  de  mes  mains,   syno- 


nyme  de  priere.  —  Cotninc  Voff'ratidc  qui 
accompagnait  le  sacrifice  du  soir,  plus  solen- 
nel  que  celui  du  matin.  Eloigne  de  Jerusa- 
lem, et  par  consequent  des  sacrifices  qui  s'y 
offraient,  le  Psalmiste  demande  k  Dieu  que 


LIBER  PSALMORUM. 


275 


— :;:—     PSALMUS   CXL.    — ^i^— 
Petit  regi  a  Domino  tempore  persecutionis. 

I.  Psalmus  David. 

OMINE  clamavi  ad  te, 
exaudi  me  :  intende  voci 
meas,  cum  clamavero  ad 
te.  2.  Dirigaturoratio  mea 


sicut  incensum  m  conspectu  tuo  : 
elevatio  manuum  mearum  sacrifi- 
cium  vespertinum.  3.  Pone  Domine 
custodiam  ori  meo  :  et  ostium  cir- 
cumstantias  labiis  meis.  4.  Non  de- 
clines cor  meum  in  verba  malitiae, 
ad  excusandas  excusationes  in  pec- 
catis.  Cum  hominibus  operantibus 
iniquitatem  :  et  non  communicabo 
cum  electis  eorum. 

5.  Corripiet  me  Justus  in  miseri- 
cordia,  et  increpabit  me  :  oleum 
autem  peccatoris  non  impinguet  ca- 
put meum,  Ouoniam  adhuc  et  ora- 
tio  mea  in  beneplacitis  eorum  : 
6.  absorpti  sunt  juncti  petra^  judices 
eorum.  Audient  verba  mea  quoniam 
potuerunt :  7.  sicut  crassitudo  terras 


erupta  est  super  terram.  Dissipata 
sunt  ossa  nostra  secus  infernum  : 

8.  Quia  ad  te  Domine,  Domine 
oculi  mei  :  in  te  speravi,  non  aufe- 
ras  animam  meam.  9.  Custodi  me  a 
laqueo,  quem  statuerunt  mihi  :  et  a 
scandalis  operantium  iniquitatem. 
10.  Cadent  in  retiaculo  ejus  pecca- 
tores  :  singulariter  sum  ego  donee 
transeam. 

— :>—    PSALMUS   CXLL    — :!:— 
Circumdatus  a  Saule  orat  pro  sua  salute. 

I,         Intellectus  David, 
Cum  esset  in  spelunca,  oratio. 
(i  Re^-.  24.) 

OCE  mea  ad  Dominum 
clamavi : "  voce  mea  ad  Do- 
minum deprecatus  sum  : 
\a^^LAj^4,  3.  effundo  in  conspectu 
ejus  orationem  meam,  et  tribulatio- 
nem  meam  ante  ipsum  pronuntio. 
4.  In  deficiendo  ex  me  spiritum 
meum,  et  tu  cognovisti  semitas 
meas.  In  via  hac,  qua  ambulabam, 
absconderunt  laqueum  mihi.  5.  Con- 


■'  Supr.  76. 


2. 


ses  prieres  aient  la  meme  valeur  a  ses  yeux. 

3.  [//le  seniinelle;  d'autres  font  du  mot 
hebreu  un  verbe  :  veille  a  la  porte,  etc.  — 
La  portc  de  i/ies  Ih'ivs;  on  trouve  la  meme 
image  dans  Euripide  :  TruAa-.  a-zoiJ.txoz,.  La 
situation  de  David  trahi  par  ses  amis,  lui 
commandait  une  grande  circonspe^lion 
dans  ses  paroles. 

4.  A  leitrs  festins  (litt.  a  leurs  delices)  : 
ntanger  a  la  meme  table  est  un  signe  d'inti- 
mite  et  de  communaute  de  sentinients.  Ou 
bien  dans  un  sens  plus  general  :  a  leurs 
joies  coupables  :  les  plaisirs  criminels  des 

mechants  seraient  presentes  sous  I'image 

d'une  nourriture  :  CGva\>.  Prov.  iv,  17;  ix,  17. 

Ele£lis  de  la  Vulgate  a  un  sens  neutre. 

5.  Le  juste ^  un  juste  en  general,  par  oppo- 
sition a  ses  persecuteurs.  Pour  Le  Hir,  ce 
juste,  c'est  Dieu.  —  Alors  encore,  etc. ;  sens  : 
rien  ne  pourra  troubler  la  serenite  de  mon 
ame,  ni  m'arracher  une  parole  violente  con- 
tre  mes  ennemis. 

6.  Les  chefs  de  la  revolte,  ou  bien  de  mes 
persecuteurs  en  general.  —  Prccipites  des 
rockers;  c'etait  un  supplice  en  usage  :  voy. 
II  Par.  XXV,  12.  Toutefois  on  pent  ne  pas 
entendre  ces  mots  a  la  lettre  :  ces  ambitieux 
seront   renverses    dun   pouvoir   usurpe.  — 


Le  peiiple  desabuse  entendra  les  paroles  de 
son  roi  legitime  et  lui  rendra  I'obeissance 
qu'il  lui  doit.  Potuerunt  de  la  Vulg.  vient 
d'une  meprise  :  le  traducileur  a  lu  dans  les 
LXX  fjOuvrjOriTxv,  non  potuerunt,  au  lieu  de 
TjO'JvOrjjav,  suavia fuerunt. 

7.  Nos  ossemcnts,  ceux  de  David  et  de  ses 
compagnons,  sont  disperses  au  bord  du 
scheol :  image  d'un  peril  de  mort  imminent. 
Mais,  dans  ce  peril  meme,  nous  avons  I'es- 
perance.  II  ne  s'agit  pas  d'une  dispersion 
definitive;  c'est  comme  quand  le  laboureur 
ameublit  le  sol  pour  y  deposer  sa  semence  : 
nos  ossements  aussi  sont  une  semence  jetee 
en  terre;  ils  revivront,  Dieu  nous  sauvera. 

10.  Dans  leurs propres  Jiletsj  Vulg.,  dans 
son  filet,  le  filet  de  Dieu.  —  Que  j''echappe 
en  nienie  tonps;  Vulg. ,  pour  inoije  suis  seul, 
jusqu^a  ce  que  je  passe. 

PSAUME  CXLII. 

I.  Cantiquej  hebr.  niaskil :\oy.  Ps.  xxxii. 

4.  Tot,  tu  connais,  etc.  Sens  :  quand  je 
suis  abattu,  je  me  reconforte  par  la  pensee 
c[ue  tu  connais  tous  les  dangers  et  tous  les 
pieges  semes  sur  ma  route. 

^.  Jette  les  yeux  a  droite  :  c'est,  dit  De- 
litzsch,  la  place  oii  se  trouve  le  protedleurj 


276 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


Tout  refuge  me  fait  defaut, 
Nul  n'a  souci  de  mon  ame. 

6  Je  crie  vers  toi,  Jehovah, 
Je  dis  :  Tii  as  mon  refuge, 

Mon  partage  sur  la  terre  des  vivants ! 

7  Prete  I'oreille  a  ma  plainte, 

Car  je  suis  malheureux  k  I'exces; 
Delivre-moi  de  ceux  qui  me  poursuivent, 
Car  ils  sent  phis  forts  que  moi. 

8  Tire  mon  ame  de  cette  prison, 
Afin  que  je  celebre  ton  nom; 
Les  justes  triompheront  avec  moi 
De  ce  que  tu  m'auras  fait  du  bien. 


PSAUME   CXLIir{VULG.  CXLII). 

g^  E  cantique  renferme  un  grand  nombre  d'imitations  ou  de  reminiscences  d'autres 
Psaumes  de  David.  Cette  circonstance  ne  contredit  pas  absolument  I'indication  du 
I  titre,  qui  I'attribue  a  ce  roi  :  il  est  assez  naturel  de  retrouver  les  memes  pensees  et 
les  memes  expressions  dans  des  ouvrages  differents  d'un  meme  auteur.  Plusieurs  manus- 
crits  grecs,  suivis  par  la  Vulgate,  ajoutent,  ce  qui  est  aussi  tres  vraisemblable,  que  David 
le  composa  "  quand  Absalon,  son  fils,  le  poursuivait."  —  C'est  le  dernier  des  sept  Psaumes 
de  la  penitence.  La  priere  et  la  plainte  alternent  sans  un  ordre  logique  bien  rigoureux. 

S.  Hilaire  :  En  nous  decrivant  ses  souffrances,  David  prophetise  les  souft"rances  du 
Christ. 

Ps.  cxliii.  '  PSAUME  de  David. 

Jehovah,  ecoute  ma  priere; 
Prete  I'oreille  a  mes  supplications. 
Exauce-moi  dans  ta  vcrite  et  dans  ta  justice. 

2  N'entre  pas  en  jugement  avec  ton  serviteur, 
Car  aucun  homme  vivant  n'est  juste  devant  toi. 

3  Tu  le  vois,  I'ennemi  en  veut  a  ma  vie, 
II  me  tient  abattu  h^  terre; 

II  me  relegue  dans  les  lieux  tt'nebreux, 
Comme  ceux  qui  sont  morts  depuis  longtemps. 

4  Mon  esprit  defaille  en  moi, 

Mon  cceur  est  trouble  dans  mon  sein. 

5  Je  pense  aux  jours  d'autrefois, 
Je  medite  sur  toutes  tes  oeuvres, 

Je  rdtlechis  sur  I'ouvrage  de  tes  mains. 

6  J'etends  vers  toi  mes  mains  suppiiantes, 

Et  mon  ame,  comme  une  terre  dessechee,  soupire  aprcs  toi.  — 

7  Hate-toi  de  m'exaucer,  Jehovah; 
Mon  esprit  va  defaillir. 

Ne  me  cache  pas  ta  face, 

Je  deviendrais  semblable  a  ceux  qui  descendent  dans  la  tombe. 

8  Fais-moi  promptement  sentir  ta  bontc. 
Car  c'est  en  toi  que  j'espere; 

Fais-moi  connaitre  la  voie  oil  je  dois  marcher. 
Car  c'est  vers  toi  que  j'elcve  mon  ame. 

9  Delivre-moi  de  mes  ennemis,  Jehovah, 
Je  me  refugie  auprcs  de  toi. 

lo  Apprends-moi  h.  faire  ta  volonte. 
Car  tu  es  mon  Dieu. 
Que  ton  bon  esprit  me  conduise  dans  la  voie  droite ! 


cette  place  est  vide;  David  n'a  personne 
qui  le  defende.  Le  Hir  :  regarde  a  droite, 
c.-a-d.  jette  sur  moi  un   regard  favorable. 


Les  versions  anciennes  ont  lu  les  verbes  k 
I'infinitif  absolu  et  traduit  par  la  i^e  per- 
sonne :  jc  regarde  a  ma  droite  et  f  examine, 


LIBER  PSALMORUM. 


277 


siderabam  ad  dexteram,  et  vide- 
bam  :  et  non  erat  qui  cognosceret 
me.  Periit  fuga  a  me,  et  non  est 
qui  requirat  animam  meam. 

6.  Clamavi  ad  te  Domine,  dixi  : 
Tu  es  spes  mea,  portio  mea  in  terra 
viventium.  7.  Intende  ad  depreca- 
tionem  meam  :  quia  humiliatus 
sum  nimis.  Libera  me  a  persequen- 
tibus  me  :  quia  confortati  sunt  su- 
per me.  8.  Educ  de  custodia  ani- 
mam meam  ad  confitendum  nomini 
tuo  :  me  exspectant  justi,  donee  re- 
tribuas  mihi. 

— *—   PSALMUS   CXLII.  — *— 

Persecutus  ab  Absalone,  humiliter  petit 
Dei  auxilium. 

I  Psalmus  David. 

Quando  persequebatur  eum  Absa- 
lom filius  ejus.  (2  Re^-.  17.) 

OMINE  exaudi  oratio- 
nem  meam  :  auribus  per- 
cipe  obsecrationem  meam 
in   veritate   tua   :  exaudi 


me  in  tua  justitia.  2.  Et  non  intres 
in  judicium  cum  servo  tuo  :  quia 
non  justificabitur  in  conspectu  tuo 
omnis  vivens.  3.  Quia  persecutus 
est  inimicus  animam  meam  :  humi- 
liavit  in  terra  vitam.  meam.  Collo- 
cavit  me  in  obscuris  sicut  mortuos 
sasculi  :  4.  et  anxiatus  est  super  me 
spiritus  meus,  in  me  turbatum  est 
cor  meum.  5.  Memor  fui  dierum 
antiquorum,  meditatus  sum  in  om- 
nibus operibus  tuis  :  in  factis  ma- 
nuum  tuarum  meditabar.  6.  Expan- 
di  manus  meas  ad  te  :  anima  mea 
sicut  terra  sine  aqua  tibi  : 

7.  Velociter  exaudi  me  Domine  : 
defecit  spiritus  meus.  Non  avertas 
faciem  tuam  a  me  :  et  similis  ero 
descendentibus  in  lacum.  8.  Audi- 
tam  fac  mihi  mane  misericordiam 
tuam  :  quia  in  te  speravi.  Notam 
fac  mihi  viam,  in  qua  ambulem  : 
quia  ad  te  levavi  animam  meam. 
9.  Eripe  me  de  inimicis  meis  Do- 
mine, ad  te  confugi  :  10.  doce  me 
facere  voluntatem  tuam,  quia  Deus 
meus  es  tu.  Spiritus  tuus  bonus  de- 


etc.  —  JVe  me  reconnait  comme  un  ami  a 
qui  il  doit  preter  assistance. 

6.  La  tetre  des  vivaiits,  ou  les  hommes 
vivent,  par  opposition  au  sejour  des  morts. 

8.  Cctte  ptisott,  la  caverne  ou  il  est  refu- 
gie,  selon  I'opinion  commune.  II  nous  parait 
plus  probable  que  David  appelle  ainsi,  par 
figure,  la  situation  deplorable  ou  il  est  re- 
duit,et  d'ou  il  ne  peut  sortir  sans  le  secours 
de  Dieu.  —  Les  justes  triotnp/ieront,  litt. 
prendront  des  courofi/ies,  des  ornements  de 
joie  et  de  triomphe  (comp.  I  Cor.  xii,  26). 
Le  Hir  et  d'autres  :  les  Justes  iii'entoiire- 
ront  pour  te  benir  avec  moi  de  ce  que., 
ou  lorsqiie  tu  m'auras  delivre.  Vulg.  :  les 
justes  7n'attende?it,  attendent,  les  yeux  fixes 
sur  mo\,  J usquW  ce  que  tii  premies  en  main 
ma  cause. 

PSAUME  CXLIII. 

1.  Dans  ta  veritc,  selon  que  tu  es  fidele  a 
accomplir  tes  promesses  ;  dans  ta  justice, 
qui  te  commande  de  proteger  tes  serviteurs 
contre  les  mdchants. 

2.  N^entre  pas  eii  jugctnent :  comp.  /ol>, 
ix,  32 ;  xxii,  4.  Ce  n'est  pas  la  justice  abso- 
lue  de  Dieu  que  David  invoque,  mais  plutot 
sa  misericorde.  II  n'ignore  pas  que  Thomme, 
concu  dans  le  peche  {Ps.  li,  7)  ne  saurait 


s'elever  a  une  justice  parfaite  qui  lui  donne 
un  droit  stridl  aux  faveurs  de  Dieu;  et  pour 
ce  qui  le  concerne  en  particulier,  il  a  con- 
science de  ses  fautes  passees. 

3.  Tu  le  vols,  litt.  car;  ecoute  ma  priere 
et  sois  indulgent  pour  moi,  car,  etc.  —  // 
me  tient ;  litt.,  //  foule  a  terre  ma  vie.  — 
II  me  relcgue ;  litt.  //  me  fait  habiter  : 
comp.  Latnetit.  iii,  6.  —  Morts  depuis  long- 
temps  ou  a  tout  jamais,  dont  on  n'a  plus 
a  s'occuper. 

4.  Comp.  Ps.  cxlii,  4;  cix,  22. 

5.  Aux  jours  d\iutrefois,  au  temps  ou 
Dieu  le  protegeait  visiblement.  —  Toutes 
tes  ceuvres...  Vouvrage  de  tes  mains,  toutes 
les  merveilles  operees  en  faveur  d'Israel  : 
ces  souvenirs  consolent  David,  le  fortifient 
et  lui  donnent  I'esperance  d'un  avenir  meil- 
leur.  Comp.  Ps.  \\\yi\\,  passim. 

7.  Comp.  Ps.  Ixix,  18;  xxvii,  9;  cii,  3; 
xxviii,  i;  Ixxxviii,  5. 

8.  Oil  je  dois  marcher,  pour  echapper  aux 
embuches  de  mes  ennemis.  — j"'eleve  mon 
dme,  avec  ses  sentiments  de  foi  et  de  con- 
fiance. 

c)./e  me  refugie,  Xxit.je  (me)  cache. 

10.  Ton  bon  esprit,  ou  ton  esprit  de  bonte 
{Sag.  i,  6;  xii,  i),  qui  est  aussi  un  esprit  de 
lumiere. 


278  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

11  A  cause  de  ton  nom,  Jehovah,  rends-moi  la  vie; 
Dans  ta  justice,  retire  mon  ame  de  la  dctresse. 

12  Dans  ta  bonte,  aneantis  mes  ennemis, 
Et  fais  perir  tous  ceux  qui  m'oppriment, 
Car  je  suis  ton  serviteur. 

PSAUME   CXLIV   (VULG.  CXLIIl). 

[E  Psaume  parait  compose  de  deux  fragments,  de  style  et  de  ton  difterents.  Le  pre- 
mier (vers,  i-ii)  forme  un  tout  complet  :  I'auteur,  un  roi  d'lsracl,  apres  avoir 
remercie  Jehovah  de  vi(floires  obtenues  (1-4),  lui  demande  de  continuer  son  secours 
contre  des  ennemis  qui  restent  encore  (5-8)  et  promet  des  atlions  de  graces  (9-1 1);  on 
remarque  dans  cette  partie  des  emprunts  faits  a  Ps.  xviii  et  II  Sam.  xxii.  Le  second  frag- 
ment (12-15)  trace  le  tableau  d'un  peuple  heureux  et  prospere;  il  se  lie  difficilement  au 
premier,  et  on  y  rencontre  des  expressions  rarement  ou  jamais  employees  dans  le  livre  des 
Psaurnes.  Le  Psaume  porte  en  tete  le  nom  de  David.  Si  cette  attribution  est  exacfle,  il  se 
rapporterait  assez  bien  aux  guerres  que  ce  roi  entreprit  contre  les  Philistins  apres  sa 
reconnaissance  par  toutes  les  tribus  (II  Sam.  v,  7). 


Ps.  cxiiv.  1  DE  David. 


Beni  soit  Jehovah,  mon  refuge, 
Qui  a  dresse  mes  mains  au  combat, 
Et  mes  doigts  a  la  guerre, 

2  Mon  bienfaiteur  et  ma  forteresse, 
Ma  haute  retraite  et  mon  liberateur, 
Mon  bouclier,  celui  qui  est  mon  refuge, 
Qui  m'assujettit  mon  peuple  ! 

3  Jehovah,  qu'est-ce  que  I'homme  pour  que  tu  le  connaisses.' 
Le  fils  de  I'homme,  pour  que  tu  prennes  garde  ;i  lui? 

4  L'homme  est  semblable  a  un  souffle, 
Ses  jours  sont  comme  I'ombre  qui  passe. 

5  Jehovah,  abaisse  tes  cieux  et  descends; 
Touche  les.montagnes,  et  qu'elles  s'embrasent; 

6  Fais  briller  les  eclairs,  et  disperse  les  ennemis; 
Lance  tes  tleches,  et  mets-les  en  dcroute. 

7  Etends  tes  mains  d'en  haut, 
Delivre-moi  et  sauve-moi  des  grandes  eaux, 
De  la  main  des  fils  de  I'e'tranger, 

8  Dont  la  bouche  profcre  le  mensonge, 
Et  dont  la  droite  est  une  droite  parjure. 

9  O  Dieu,  je  te  chanterai  un  cantique  nouveau, 
Je  te  celebrerai  sur  le  luth  a  dix  cordes. 

10  Toi  qui  donnes  aux  rois  la  vidloire, 

Qui  sauves  du  glaive  meurtrier  David,  ton  serviteur, 

11  Delivre-moi  et  sauvemoi  de  la  main  des  fils  de  Tctranger, 
Dont  la  bouche  profere  le  mensonge, 

Et  dont  la  droite  est  une  droite  parjure. 

12  Que  nos  fils,  comme  de  jeunes  plants, 
Grandissent  pleins  de  la  seve  de  leur  jeunesse! 

Que  nos  fiUes  soient  comme  les  colonnes  angulaires, 
Dont  les  ornements  varies  embellissent  nos  palais! 

13  Que  nos  greniers,  toujours  remplis, 
Regorgent  de  toutes  sortes  de  provisions! 
Que  nos  brebis,  dans  nos  campagnes, 

.Se  multiplient  par  milliers  et  par  myriades! 

14  Que  nos  genisses  soient  fe'condes! 

Ou'il  n'y  ait  a  nos  murailles  ni  breche,  ni  issue! 

Qu'aucun  cri  d'alarme  ne  retentisse  dans  nos  places  publiquesi 

15  Heureux  le  peuple  qui  jouit  de  ces  biens! 
Heureux  le  peuple  dont  Jehovah  est  le  Dieu! 


I 


LIBER  PSALMORUM. 


279 


ducet  me  in  terram  rectam  :  1 1 .  pro- 
pter nomen  tuum  Domine  vivifica- 
bis  me,  in  asquitate  tua.  Educes  de 
tribulatione  animam  meam  :  12.  et 
in  misericordia  tua  disperdes  inimi- 
cos  meos.  Et  perdes  omnes,  qui  tri- 
bulant  animam  meam  :  quoniam 
ego  servus  tuus  sum. 

— :i:—  PSALMUS   GXLIII.  — :i:— 

Gratias  agit  pro  vittoria  :  petit  hostium 
exitium. 


I. 


Psalmus  David 
Adversus  Goliath. 

ENEDICTUS  Dominus 
Deus  meus,qui  docet  ma- 
nus  meas  ad  proelium,  et 
digitos  meos  ad  bellum. 
Misericordia  mea,  et  refugium 
meum  :  susceptor  meus,  et  libera- 
tor meus  :  protector  meus,  et  in 
ipso  speravi  :  qui  subdit  populum 
meum  sub  me.  3.  Domine  quid  est 
homo,  quia  innotuisti  ei.''  aut  filius 
hominis,  quia  reputas  eum?  4.  Ho- 
mo vanitati  similis  factus  est :  'dies 
ejus  sicut  umbra  prastereunt. 


5.  Domine  inclina  coelos  tuos,  et 
descende  :  tange  montes,  et  fumi- 
gabunt.  6.  Fulgura  coruscationem, 
et  dissipabis  eos  :  emitte  sagittas 
tuas,  et  conturbabis  eos  :  7.  emitte 
manum  tuam  de  alto,  eripe  me,  et 
libera  me  de  aquis  multis:  de  manu 
filiorum  alienorum,  8.  Quorum  os 
locutum  est  vanitatem  :  et  dextera 
eorum,  dextera  iniquitatis, 

9.  Deus  canticum  novum  cantabo 
tibi  :  *in  psalterio,  decachordo  psal- 
1am  tibi.  10.  Qui  das  salutem  regi- 
bus  :  qui  redemisti  David  servum 
tuum  de  gladio  maligno  :  1 1.  eripe 
me.  Et  erue  me  de  manu  filiorum 
alienorum,  quorum  os  locutum  est 
vanitatem  :  et  dextera  eorum,  dex- 
tera iniquitatis : 

12.  Quorum  filii,  sicut  novellas 
plantationes  in  juventute  sua.  Filias 
eorum  compositas :  circumornataeut 
similitudo  templi.  13.  Promptuaria 
eorum  plena,  eructantia  ex  hoc  in 
illud.  Oves  eorum  foetosas,  abun- 
dantes  in  egressibus  suis  :  14,  boves 
eorum  crassas.  Non  est  ruina  mace- 
rias,  neque  transitus  :  neque  clamor 
in  plateis  eorum.  15.  Beatum  dixe- 


PSAUME  CXLIV. 

1-2.  Comp.  Ps.  xviii,  2,  3,  47  sv.  II  Sa//i. 
xxii,  44.  Mon  rocher,  Vulg.  inon  Dieii.  — 
Ma  haute  retraite,  colline  ou  rocher  servant 
de  citadelle. 

3.  Comp.  Ps.  viii,  5, 

4.  Comp.  Pj'.  .Kxxviii,  6  sv.  Ixii,  10;  cii,  12; 
ci.x,  23. 

5-7.  Comp.  Ps.  xviii,  5,  10,  17.  —  Ve/ra/i- 
ger  de'signe  las  Philistins  et  les  autres  peo- 
ples voisins  d'Israel  {Ps.  xviii,  45). 

8.  Droite  parjicre,  litt.  trotiipeuse,  qui  se 
Ifeve  vers  le  ciel,  ou  frappe  dans  la  main 
d'un  autre,  pour  attestor  par  serment  un 
mensonge. 

10.  Atix  rots  (avec  I'article)  de  la  maison 
de  David.  —  10.  Dit  glaive  meitrtrier  :  les 
Targumistes  voient  ici  une  allusion  au  com- 
bat de  David  contre  Goliath.  Ceux  qui  re- 
jeltent  I'indication  du  titre  entendent  David 
dans  le  sens  large  de  rois  de  sa  dynastie. 

12.  Ici  commence  le  second  fragment;  il 
se  rattache  au  premier  par  le  mot  asc/ier, 
probablement  ajoute  comme  liaison.  S.  Je- 
rome le  traduit  par  a/in  que,  ce  qui  met  une 
certaine  suite  dans  les  idees. 


Nos  Jils  :  dans  la  Vulg.,  tous  les  pronoms 
sont  a  la  3*=  personne  :  leursjils,  leursjilles  : 
etc.;  il  en  resulte  un  sens  tout  different  de 
celui  de  I'hebreu  :  le  Psalmiste  opposerait  la 
prosperite  materielle  des  idoiatres  au  bon- 
heur  plus  reel  du  peuple  qui  a  Jehovah  pour 
son  Dieu.  j\Iais  cette  idee  est  contraire  a 
I'analogie  de  I'ancienne  alliance,  ou  Dieu  ne 
cesse  de  promettre  a  son  peuple  I'abondance 
de  tous  les  biens  temporels  en  recompense 
de  sa  fidelite  :  comp.  Ps.  cxxvii,  cxxviii,  etc. 
—  Colonnes  ou  piliers  places  aux  angles 
interieurs  des  grandes  salles  d'un  palais.  — 
Ornemeiits  varies,  en  hebr.  mechouttabotJi, 
traduit  ordinairement  par  jr//'^/i?>; Deli tzsch 
avec  S.  Jerome  :  counne  les  angles  peints  de 
diverses  couleurs,  tels  qji'on  les  voit  dans  un 
palais.  Comp.  Prov.  vii,  16.  | 

14.  Que  nos  gc'tiisses  soient  fecondes;  ou 
bien,  que  nos  boeufs  (le  gros  betail  en  gene- 
ral) soient  gras. —  Ni  breche,  ni  issue  (comp. 
Deut.  xxviii,  52);  Delitzsch  :  ni peste,  ni  ac- 
cident pour  les  troupeaux. 

15.  La  Vulgate,  pour  continuer  interpre- 
tation commencee,  a  du  ajouter  le  mot  di- 
xerunt  :  "  Les  idoiatres  et  les  mondains 
proclament  heureux  le  peuple  qui  jouit  de 


*  Siipr.  32, 


280  CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 

rSAUME   CXLV   (VULG.  CXLIV). 

1*^^E  titre  de  ce  Psaume  en  indique  exaflement  le  contenu  :  c'est  un  magnifique  chant 
K,^^!  de  louange  sur  la  puissance  et  la  bonte  infinies  du  Createur.  Le  Psalmiste  veut 
[Ei^aj  louer  lehovah  (vers.  1-3)  et  il  invite  toutes  les  generations  a  le  louer  avec  lui(4-7); 
suivent  de  toiichantes  reflexions  sur  la  Providence  gouvernant  avec  amour  toutes  les  crea- 
tures (8-20);  conclusion  (21).  Le  Psaume  est  alphabetique ;  mais  il  ne  conipte  que  21  ver- 
sets,  celui  qui  devait  commencer  par  la  lettre  noun  ayant  disparu  du  texte,  si  jamais  il  y 
a  existe. 

La  tradition  juive  avait  ce  cantique  en  haute  estime  :  "  Ceux  qui  recitent  trois  fois 
par  jour  la  iJicJiillaJi  de  David,  lisons-nous  dans  le  traite  Berac/ipfli,  peuvent  ctre  certains 
qu'ils  sont  des  enfants  du  siecle  futur."  II  ne  convient  pas  moins  aux  fidtles  de  la  nouvelle 
alliance.  S.  Jean  Chrysostome  appliquait  a  la  sainte  Eucharistie  les  vers.  15  et  16,  et 
I'Eglise  lui  a  emprunte  en  partie  les  prieres  du  Bniedicitc. 

Ps.  cxlv.  1  CHANT  de  louange.  De  David. 

Je  veux  t'exalter,  mon  Dieu,  6  Roi, 
Et  b^nir  ton  nom  k  jamais  et  toujours. 

2  Je  veux  chaque  jour  te  benir, 

Et  celebrer  ton  nom  toujours  et  a  jamais. 

3  Jehovah  est  grand  et  digne  de  toute  louange, 
Et  sa  grandeur  est  insondable. 

4  D'age  en  age  on  celebrera  tes  ceuvres, 

On  publiera  les  merveilles  de  ta  puissance. 

5  Je  dirai  I'eclat  glorieux  de  ta  majeste, 
Je  chanterai  tes  ceuvres  prodigieuses. 

6  On  parlera  de  ta  puissance  redoutable, 
Et  je  raconterai  ta  grandeur. 

7  On  proclamera  le  souvenir  de  ton  immense  bonte, 
Et  on  celebrera  ta  justice. 

8  Jeliovah  est  misericordieux  et  compatissant, 
Lent  a  la  colere  et  plein  de  bontd. 

9  Jehovah  est  bon  envers  tous, 

Et  sa  misericorde  s'etend  sur  toutes  ses  cr(?atures. 

10  Toutes  tes  ceuvres  te  louent,  Jehovaii, 
Et  tes  fideles  te  b^nissent. 

11  lis  disent  la  gloire  de  ton  regne, 
Et  proclament  ta  puissance, 

12  Afin  de  faire  connaitre  aux  hommes  sa  puissance, 
Et  le  glorieux  eclat  de  son  regne. 

13  Ton  regne  est  un  regne  eternel, 

Et  ta  domination  subsiste  dans  tous  les  ages. 

14  Jehovah  soutient  tous  ceux  (jui  tombent, 
II  redresse  tous  ceux  qui  sont  courbds. 

15  Les  yeux  de  tous  les  etres  sont  tourne's  vers  toi  dans  I'attente, 
Et  tu  leur  donnes  la  nourriture  en  son  temps. 

16  Tu  ouvres  ta  main, 

Et  tu  rassasies  de  tes  biens  tout  ce  qui  respire. 

17  Jehovah  est  juste  dans  toutes  ses  voies. 
Et  misericordieux  dans  toutes  ses  ceuvres. 

18  Jehovah  est  prcs  de  tous  ceux  qui  l'invoc[uent, 
De  tous  ceux  tjui  I'invoquent  d'un  coeur  sincere. 

ig  II  accomplit  les  desirs  de  ceux  cjui  le  craignent, 
II  entend  leur  cri  et  il  les  sauve. 

20  Jehovah  garde  tous  ceux  cjui  I'aiment, 
Et  il  detruit  tous  les  mediants. 

21  ()ue  ma  bouche  publie  la  louange  de  Jehovah 
ICt  que  toute  chair  benisse  son  saint  nom, 
Toujours,  ;\  jamais! 


LIBER  PSALMORUM. 


281 


runt  populum,  cui  hasc  sunt  :  bea- 
tus  populus,  cujus  Dominus  Deus 
ejus. 

— :i:—   PSALM  US   CXLIV.  — "^ 

Canticum  laudis  quo  praedicantur  Dei  boni- 
tas  et  alia  attributa. 

I.      Laudatio  ipsi  David. 

^XALTABOteDeusmeus 

rex  :  et  benedicam  nomini 
tuo  in  sasculum,  et  in  sas- 
culum  sa^culi.  2,  Per  sin- 
gulos  dies  benedicam  tibi  :  et  lau- 
dabo  nomen  tuum  in  sasculum,  et  in 
sasculum  saeculi,  3.  Magnus  Domi- 
nus et  laudabilis  nimis  :  et  magni- 
tudinis  ejus  non  est  finis. 

4.  Generatio  et  generatio  lauda- 
bit  opera  tua  :  et  potentiam  tuam 
pronuntiabunt.  5.  Magnificentiam 
glorias  sanctitatis  tuas  loquentur  :  et 
mirabilia  tua  narrabunt.  6,  Et  vir- 
tutem  terribilium  tuorum  dicent  : 
et  magnitudinem  tuam  narrabunt. 
7.  Memoriam  abundantias  suavita- 
tis  tuas  eructabunt  :  et  justitia  tua 
exsultabunt. 

8.  Miserator  et  misericors  Domi- 
nus :  patiens,  et  multum  misericors. 
9.  Suavis  Dominus  universis  :  et 
miserationes  ejus  super  omnia  opera 
ejus.  10.  Confiteantur  tibi  Domine 
omnia  opera  tua  :  et  sancti  tui  be- 


nedicant  tibi.  1 1.  Gloriam  regni  tui 
dicent  :  et  potentiam  tuam  loquen- 
tur :  12.  ut  notam  faciant  filiis  ho- 
minum  potentiam  tuam  :  et  gloriam 
magnificentias  regni  tui,  13. Regnum 
tuum  regnum  omnium  saeculorum  : 
et  dominatio  tua  in  omni  genera- 
tione  et  generationem.  Fidelis  Do- 
minus in  omnibus  verbis  suis  :  et 
sanctus  in  omnibus  operibus  suis. 

14.  Allevat  Dominus  omnes,  qui 
corruunt  :  et  erigit  omnes  elisos. 
15.  Ocidi  omnium  in  te  sperant 
Domine  :  et  tu  das  escam  illorum 
in  tempore  opportuno.  16.  Aperis 
tu  manum  tuam  :  et  imples  omne 
animal  benedictione.  17.  Justus  Do- 
minus in  omnibus  viis  suis  :  et  san- 
ctus in  omnibus  operibus  suis. 
I  8.  Prope  est  Dominus  omnibus  in- 
vocantibus  eum  :  omnibus  invocan- 
tibus  eum  in  veritate.  19.  Volunta- 
tem  timentium  se  faciet,  et  depreca- 
tionem  eorum  exaudiet  :  et  salvos 
faciet  eos.  20.  Custodit  Dominus 
omnes  diligentes  se  :  et  omnes  pec- 
catores  disperdet. 

21.  Laudationem  Domini  loque- 
tur  OS  meum  :  et  benedicat  omnis 
caro  nomini  sancto  ejus  in  sasculum, 
et  in  sasculum  sasculi. 


—  •  — 


ces  biens  materiels;  mais  moi,  je  dis  :  Heu- 
reux  le  peuple  dont  le  Seigneur  est  le 
Dieul" 

PSAUME  GXLV. 

I.  LonangCy  hebr.  tJiehillah;  ce  Psaume 
est  le  seul  qui  porte  ce  nom,  dont  la  forme 
plurielle  tJiehillini  designe  tout  le  Psautier. 

3.  Comp.  Ps.  xlviii,  2;  xcvi,  ^;/ob,  xi,  7-9. 

4.  On  cclebrera;  d'autres,  qti'oii  celebre^  et 
ainsi  jusqu'au  vers.  7.  inclusivement. 

5.  De  ta  majestc;  Vulg.,  de  ta  samteic. 
8.  Comp.  Ps.  ciii,  8. 

w.  De  ion  7-cgne  :  Dieu  est  roi  (vers.  i). 


13.  Apres  le  vers.  13,  on  lit  dans  les  LXX 
et  la  Vulg.  :  Ji'hovaJi  est  fidclc  datis  ioiites 
ses  paroles^  et  saint  dans  tontes  ses  a'levres. 
Ce  verset  pourrait  commencer  par  un  7ioiin 
en  hebreu  :  necnian  iehovahj  comme  il  ne 
fait  guere  que  repeter  vers.  17,  on  conjec- 
ture qu'il  a  ete  ajoute  plus  tard  pour  com- 
bler  la  lacune  de  la  serie  alphabetique. 

1 5.  En  son  temps,  au  temps  ou  il  en  est 
besoin.  Comp.  Ps.  civ,  27. 

16.  De  tes  biens,  litt.  de  bon  vouloir.  D'au- 
tres traduisent  :  tu.  rassasies  a  soiiJtait,  selon 
ses  desirs,  tout  cc  qui  respire. 


*-~^ 


-O — 


282 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUiME   CXLVI   (VULG.  CXLV). 


|.*-s|ES  cinq  Psaumes  qui  terminent  le  Psautier  commencent  et  finissent  par  alleluia. 

Le  Psaume  cxlvi  offre  plusieurs  traits  qui  rappellent  le  precedent.  Le  Psal- 
i^^S^I  miste  exhorte  ses  freres  a  louer  Dieu  et  a  mettre  en  lui  leur  confiance,  parce  qu'il 
est  un  SLir  appui,  le  createur  du  ciel  et  de  la  terre  et  le  libdrateur  de  tous  ceux  qui  souf- 
frent.  Les  LXX  et  la  Vulg.  inscrivent  en  tete  les  noms  d'Aggee  et  de  Zacharie,  soit  que 
ces  personnages  I'aient  composd  eux-memes,  soit  qu'ils  I'aient  seulement  introduit  dans  la 
liturgie  du  second  temple. 

Ps.  cxlvi.  I  ALLELUIA! 

Mon  ame,  loue  Jehovah! 

2  Toute  ma  vie  je  veux  louer  Jdhovah, 

Jusqu'a  mon  dernier  jour  je  veux  chanter  mon  Dieu. 

3  Ne  mettez  pas  votre  confiance  dans  les  princes, 
Dans  les  fils  de  I'homme,  qui  ne  peuvent  sauver. 

4  Leur  souffle  s'en  va,  ils  retournent  a  leur  poussiere, 
Et  ce  meme  jour  leurs  desseins  s'evanouissent. 

5  Heureux  celui  qui  a  pour  secours  le  Dieu  de  Jacob, 
Qui  met  son  espoir  en  Jehovah,  son  Dieu! 

6  Jehovah  a  fait  le  ciel  et  la  terre, 
La  mer  et  tout  ce  cju'elle  renferme; 
II  est  a  jamais  fidele  a  sa  parole. 

7  II  rend  justice  aux  opprimds, 

II  donne  la  nourriture  a  ceux  qui  ont  faim. 
Jehovah  delivre  les  captifs; 

8  Jehovah  ouvre  les  yeux  des  aveugles; 
Jehovah  releve  ceux  qui  sont  courbes; 
Jehovah  aime  les  justes; 

9  Jehovah  protege  les  etrangers, 

II  soutient  I'orphelin  et  la  veuve; 
Mais  il  renverse  la  voie  des  me'chants. 

lo  Jehovah  est.roi  pour  I'eternite; 

Ton  Dieu,  6  Sion,  subsiste  d'age  en  age. 
Alleluia ! 


Ps.  cxlvii. 


PSAUME   CXLVII   (VULG.  CXLVI   ET   CXLVIl). 

r^iiES  Psaumes  cxlvii-cl,  que  les  LXX  continuent  d'attribuer  h  Aggee  et  h,  Zacharie, 
I'  pourraient  avoir  pour  auteursEsdras  et  Nehemie.  Ils  celebrent  tous  la  restauration 
ai  de  Jerusalem  :  le  cxlvii*^  a  pour  objet  special  le  retablissement  des  murs  et  des 
portes  de  cette  capitale;  le  cxlviii*^,  le  retablissement  de  la  nationality  juive;  et  le  cxlixe,  les 
vicftoires  remportees  par  les  Juifs  sur  les  nations  voisines. 

Le  Psaume  cxlvii  renferme  trois  series  de  pensees  semblables  (vers.  i-6,  7-1 1,  12-20), 
commencant  chacune  par  una  exhortation  a  louer  Dieu,  dont  on  expose  ensuite  la  puis- 
sance et  la  bonte  telles  qu'elles  se  revelent  dans  les  ceuvres  de  la  nature  etdans  la  protec- 
tion accord^e  a  Israel.  Chaque  s^rie  pourrait  former  un  cantique  independant.  La  troisieme 
a  ete,  en  effet,  detachee  des  deux  premieres  pour  former  le  Psaume  cxlvii  de  la  Vulgate  : 
Laitda,  Je?'i/salc/>i,  Dominuiii. 

1  ALLELUIA  [Louez  Jehovah], 

Car  il  est  bon  de  celebrer  notre  Dieu, 
Car  il  est  doux,  il  est  bienseant  de  le  louer. 

2  Jehovah  rebatit  Jerusalem, 

II  rassemble  les  disperses  d'lsraiil. 

3  II  guerit  ceux  qui  ont  le  cceur  brise, 
Et  il  panse  leurs  blessures. 

4  II  compte  le  nombre  des  etoiles, 
II  les  appelle  toutes  par  leur  nom. 

5  Notre  Seigneur  est  grand,  et  sa  force  est  infinie, 
Et  son  intelligence  n'a  pas  de  limites. 


LIBER  PSALMORUM. 


283 


HMM^^  -^  ^'  "^  '-^  'f^  ^•.  S:»£  ^  %£  W.  ^  'M  '^.'^.^  'M 

— :i:—    PSALMUS    CXLV.    — :i:— 
Solus  beatus  qui  soli  Deo  fidit. 

I.  Alleluia,  Aggasi,  et  Zacharias. 
lAUDA  anima  mea  Domi- 
num,  "laudabo  Dominum 
in  vita  mea  :  psallam  Deo 
meo  quamdiu  fuero.  No- 
lite  confidere  in  principibus  :  3.  in 
filiis  hominum,  in  quibus  non  est 
salus.  4,  Exibit  spiritus  ejus,  et  re- 
vertetur  in  terram  suam  :  in  ilia 
die  peribunt  omnes  cogitationes 
eorum. 

5.  Beatus,  cujus  Deus  Jacob  adju- 
tor  ejus,  spes  ejus  in  Domino  Deo 
ipsius  :  6.  ''Oui  fecit  coelum  et  ter- 
ram,  mare,  et  omnia  qua^  m  eis  sunt, 
7.  Oui  custodit  veritatem  in  sascu- 
lum,  facit  judicium  injuriam  patien- 
tibus  :  dat  escam  esurientibus.  Do- 
minus  solvit  compeditos  :  8.  Domi- 
nus  illuminat  cascos.Dominus  erigit 
elisos,  Dominus  diligit  justos.  9.  Do- 
minus  custodit  advenas,  pupillum, 
et  viduam  suscipiet  :  et  vias  pecca- 
torum  disperdet. 

10,  Regnabit  Dominus  in  sascula 
Deus  tuus  Sion,  in  generationem  et 
generationem. 


.1. 


— :|:—   PSALMUS    CXLVL    — :;:— 

Hortatio  ad  laudandum  Deum  ob  ejus 
beneficia. 

I,  Alleluia. 

AUDATE  Dominum 
quoniam  bonus  est  psal- 
mus  :  Deo  nostro  sit  ju- 
i^J  cunda,decoraquelaudatio. 
2.  T^idificans  Jerusalem  Dominus  : 
dispersiones  Israelis  congregabit. 
1,.  Oui  sanat  contritos  corde  :  et  alii- 
gat  contntiones  eorum.  4.  Qui  nu- 
merat  multitudinem  stellarum  :  et 
omnibus  eis  nomina  vocat.  5.  Ma- 
gnus Dominus  noster,  et  magna  vir- 
tus ejus  :  et  sapientias  ejus  non  est 
numerus.  6.  Suscipiens  mansuetos 
Dominus  :  humilians  autem  pecca- 
tores  usque  ad  terram, 

7.  Pr^cinite  Domino  in  confes- 
sione  :  psallite  Deo  nostro  in  ci- 
thara.  8.  Qui  operit  coelum  nubi- 
bus  :  et  parat  terras  pluviam.  Qui 
producit  in  montibus  foenum  :  et 
herbam  servituti  hominum.  9.  Qui 
dat  jumentis  escam  ipsorum  :  et 
puUis  corvorum  invocantibus  eum. 
10.  Non  in  fortitudine  equi  volun- 
tatem  habebit  :  nee  in  tibiis  viri 
beneplacitum  erit  ei.  11.  Benepla- 
citum  est  Domino  super  timentes 
eum  :  et  in  eis,  qui  sperant  super 
misericordia  ejus. 


PSAUME  CXLVI. 

3.  Comp.  Fs.  Is,  13. 

4.  Zeur  souffle,  le  principe  de  leur  vie, 
leur  ame,  s^cn  I'a,  retourne  a  Dieu,  et  leur 
corps  retourne,  litt.  a  leur  tcrre,  a  la  terre 
d'ou  il  a  ete  tire  a  I'origine.  Comp.  Eccle. 
xii,  7;  Is.  ii,  22.  —  Leurs  desseins,  leurs 
projets  doivent  etre  abandonnes. 

7-9.  Cette  enumeration  des  divers  maux 
et  besoins  qui  trouvent  un  secours  dans  la 
bonte  de  Dieu,  donne  une  idee  exafle  de  la 
situation  d' Israel  dans  les  premiers  temps 
qui  suivirent  le  retour  de  la  captivite.  EUe 
rappelle  aussi  les  miseres  physiques  et  mo- 
rales ^numerees  par  Isaie  et  auxquelles 
devait  subvenir  Ic  Sauveur  du  monde  {^Luc, 
iv,  18  sv.). 


9.  //  re?iverse,  litt.  fait  devier,  la  voie  des 
mechants,  en  sorte  qu'ils  s'egarent  et  tom- 
bent  dans  I'abime  {Ps.  i,  6). 

PSAUME  CXLVII. 

I.  Plusieurs  traduisent  :  louez  JehovaJi, 
car  il  est  bon;  celebrez  notre  Dieti,  car  il  est 
doux;  bienseaute  est  la  louaiige.  La  Vulgate 
traduit  le  dernier  membre  :  que  la  louatige 
soil  agreable  a  iwtre  Dieu  et  seante,  digne 
de  lui. 

4.  Le  nouibre  des  ctoiles  :  nos  grands  te- 
lescopes en  ont  rendu  visibles  plus  de 
20  millions.  Comp.  Is.  xl,  26;  Gen.  xv,  5. 

5.  Notre  Seigneur,  litt.  notre  Adouai.  — 
Et  sa  force  est  infniejWii.,  il  est  puissant 
en  force. 


284 


CINQUlfexME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


i 


6  Jehovah  vient  en  aide  aux  humbles, 
II  abaisse  les  mechants  jusqu'a  terre. 

7  Chantez  a  Jehovah  un  cantique  d'aflions  de  graces, 
Celebrez  notre  Dieu  sur  la  harpe! 

8  II  couvre  les  cieux  de  nuages, 
Et  prepare  la  pluie  pour  la  terre; 

II  fait  croitre  I'herbe  sur  les  montagnes. 

9  II  donne  la  nourriture  aux  troupeaux, 
Aux  petits  du  corbeau  qui  crient  vc'rs  hii. 

10  Ce  n'est  pas  dans  la  vigueur  du  chevalqu'il  se  complait, 
Ni  dans  les  jambes  de  rhomme  qu'il  met  son  plaisir; 

11  Jehovah  aime  ceux  qui  le  craignent, 
Ceux  qui  esperent  en  sa  bonte. 

12  Jerusalem,  celebre  Jehovah; 
Sion,  loue  ton  Dieu. 

13  Car  il  affermit  les  verrous  de  tes  portes, 
II  benit  tes  fils  au  milieu  de  tes  murs. 

14  II  assure  la  paix  a  tes  frontieres, 

II  te  rassasie  de  la  tleur  du  froment. 

15  11  envoie  ses  ordres  a  la  terre; 
Sa  parole  court  avec  vitesse. 

16  II  fait  tomber  la  neige  comme  une  blanche  toison, 
II  repand  le  givre  comme  de  la  cendre. 

17  II  jette  ses  glacons  par  morceaux; 
Qui  pent  tenir  devant  ses  frimas. 

18  II  envoie  sa  parole,  et  il  les  fond; 

II  fait  souffler  son  vent,  et  les  eaux  coulent. 

19  C'est  lui  qui  a  revele  sa  parole  a  Jacob, 
Ses  lois  et  ses  ordonnances  a  Israel. 

20  11  n'a  pas  fait  de  meme  pour  les  autres  nations; 
Elles  ne  connaissent  pas  ses  ordonnances. 

Alleluia! 


PSAUME   CXLVIII. 


ipA^^IEureux  de  voir  la  nationality  et  la  puissance  de  son  peuple  retablies,  le  Psalmiste 
3-^f '  invite  toutes  les  creatures  ti  joindre  leur  voix  h.  la  sienne  pour  chanter  a  Jehovah 
s^MaJ  un  hymne  d'acftion  de  graces.  Tons  les  etres  doivent  louer  Dieu,   parce  que  la 


Ps. 
cxlviii. 


creation  tout  enticre  est  interessee  aux  destinees  de  ce  peuple  qui  porte  en  quelque  sorte 
dans  ses  llancs  le  Sauveur  du  monde  {Rom.  viii,  19  sv.).  —  Le  Psaume  descend  graduel- 
lement  du  ciel  a  la  terre,  pour  s'arrcter  a  I'homme  et  s'achever  par  une  exhortation 
gendrale. 

Comp.  le  cantique  des  trois  Enfants  dans  la  fournaise  {Dan.  iii,  57  sv.)  et  I'hymne  du 
Soleil  de  S.  Francois  d'Assise. 

Alleluia. 

1  LOUEZ  Jehovah  du  haul  des  cieux, 
Louez-le  dans  les  hauteurs! 

2  Louez-le,  vous  tous,  ses  anges; 
Louez-le,  vous  toutes,  ses  armees! 

3  Louez-le,  soleil  et  lune; 

Louez-le,  vous  toutes,  etoiles  brillantes! 

4  Louez-le,  cieux  des  cieux, 

Et  vous,  eaux,  qui  etes  au-dessus  des  cieux! 

5  Qu'ils  louent  le  nom  de  Jehovah; 

Car  il  a  commande,  et  ils  ont  ete  crees. 


6.  Humbles,  hebr.  a/unn'm,  ceux  qui  souf- 
frent  avec  patience,  qui  sont  doie.v  devant  le 
malheur,  devant  mtMTie  la  persecution. 


8.  La  pluie,  une  benedi(!lion  pour  la  terre 
en  Orient. 

La  \'ulgate  ajoute  un  4"^  membre  :  el  les 


LIBER  PSALMORUM. 


285 


--:i:—  PSALMUS  CXLVII.  — *— 

Ecclesiam  invitat  ad  laudandum  Deum 
qui  earn  bonis  cumulavit. 

Alleluia. 

AUDA  Jerusalem  Domi- 
num  :  lauda  Deum  tuum 
Sion.  13.  Quoniam  con- 
fortavit  seras  portarum 
tuarum  :  benedixit  filiis  tuis  in  te. 
14.  Qui  posuit  fines  tuos  pacem  :  et 
adipe  frumenti  satiat  te.  15.  Qui 
emittit  eloquium  suum  terrae  :  velo- 
citer  currit  sermo  ejus.  16.  Qui  dat 
nivem  sicut  lanam  :  nebulam  sicut 
cinerem  spargit.  17.  Mittit  crystal- 
lum  suam  sicut  buccellas  :  ante 
faciem  frigoris  ejus  quis  sustine- 
bit.''  18.  Emittet  verbum  suum, 
et  liquefaciet  ea  :  flabit  spiritus 
ejus,  et  fluent  aquas.  19.   Qui  an- 


nuntiat  verbum  suum  Jacob  :  justi- 
tias,  et  judicia  sua  Israel.  20.  Non 
fecit  taliter  omni  nationi  :  et  ju- 
dicia sua  non  manifestavit  eis. 
Alleluia. 

— :>—   PSALMUS    CXLVin.  — :i:— 

Invitat  omnes  creaturas  ad  laudan- 
dum Deum. 

I.  Alleluia. 

AUDATE  Dominum  de 
coelis  :  laudate  eum  in 
excelsis.  2.  Laudate  eum 
omnes  Angeli  ejus  :  lau- 
date eum  omnes  virtutes  ejus. 
3.  Laudate  eum  sol  et  luna:  laudate 
eum  omnes  stella;, et  lumen .  4. " Lau- 
date eum  coeli  coelorum  :  et  aquas 
omnes,  quse  super  coelos  sunt,  5.  lau- 
dent  nomen  Domini.  Quia  ipse  di- 
xit, et  facta  sunt  :  ipse  mandavit,  et 


"  Dan. 

59.  60. 


plantes  pour  I'usage  de  Vhomvic,  emprunte 
a  Ps.  civ,  14. 

9.  Aux  froupeaux,  au  gros  betail.  —  Dii 
corbeau,  animal  vorace,  impur  chez  les  Juifs, 
mais  Dieu  ne  dedaigne  aucunede  ses  crea- 
tures {Sag.  xi,  25).  Comp.  Matth.  vi,  26; 
Luc,  xii,  24. 

10.  Sens  :  ce  qui  plait  a  Dieu,  ce  n'est  ni 
le  cavalier  fier  de  son  rapide  coursier,  ni  le 
guerrier  confiant  dans  la  vigueur  et  I'agilite 
de  ses  jambes;  c'est  I'homme  pieux  qui,  re- 
connaissant  sa  faiblesse,  se  contie  dans  le 
secours  divin. 

12.  Ici  commence  le  Ps.  cxlvii  de  la  Vul- 
gate :  Lauda,  Jerusalem. 

13.  //  affermit  les  verrous,  il  consolide  les 
barres  servant  k  fermer  tes  portes  a  I'en- 
nemi  [Ne'h.  vii,  i  sv.). 

14.  A  tes  frontieres ;  ou  bien  a  ton  terri- 
toire.  —  De  la  fieur,  litt.  de  la  graisse,  de 
ce  qu'il  y  a  de  meilleur  dans  le  froment  \Ps. 
Ixxxi,  17). 

1 5.  Ses  ordres  a  la  terre,  au  monde  phy- 
sique. —  Sa  parole,  comme  un  messager, 
court  porter  en  tous  lieux  ses  commande- 
ments  {Sag.  xviii,  15). 

16.  Comme  icne  blanche  toison,  litt.  comme 
la  laine.  La  neige,  rare  en  Palestine,  est 
comparde  a  un  objet  bien  connu,  a  la  laine, 
surtout  pour  sa  blancheur  {Is.  i,  18),  etsans 
doute  aussi  pour  sa  forme,  parce  qu'elle 
couvre  la  terre  comme  d'une  toison.  Les 
anciens,  dit  Eustathe,  appelaient  elegam- 
ment  la  neige  spuoos?  Gowp,  une  eau  qui  pr^- 


sente  I'aspefl  de  la  laine.  —  Comme  la  ce?i- 
dre  laissee  par  une  caravane  et  que  le  vent 
disperse  dans  le  desert. 

17.  Clacons  :  peut-etre  s'agit-il  du  gre'sil; 
mais  la  glace  peut  se  presenter  aussi  sous 
la  forme  de  fragments,  de  petits  blocs.  Quel- 
ques  interpretes  songent  a  \a.  grele  propre- 
ment  dite;  mais  elle  ne  tombe  guere  qu'en 
ete,  et  tout  indique  que  I'auteur  decrit  ici 
les  phenomenes  de  I'hiver.  Comp.  Job, 
xxxviii,  29  sv. 

18.  II  fond  \a.  neige,  le  givre  et  la  glace. 
Com^.  Job,  xxxviii,  lo. 

19.  C^est  lui  :  le  Dieu  qui  commande  en 
maitre  a  la  nature  est  le  meme  qtci  a  revele, 
etc. 

20.  Comp.  Dexit.  iv,  7;  xxxii,  34. 

PSAUME  CXLVIII. 

1-2.  Que  Dieu  soit  loue  d'abord  dans  le 
ciel  oil  il  a  son  trone  et  tient  sa  cour.  —  Ses 
armc'es  :  ce  mot  s'applique  aux  anges  et  aux 
astres;  ici  il  designe  les  anges,  ailleurs  les 
astres  seulement. 

3.  Etoiles  brillantes,  litt.  de  htmierej  LXX 
et  Vulg.  :  les  etoiles  et  la  lumiere. 

4.  Cieuxdes  cleux,  les  spheres  celestes  les 
plus  reculees,  au-dela  meme  de  la  region 
des  astres  {Dcut.  x,  14;  Eccli.  xvi,  18;  I  Rois, 
viii,  27. —  Eaux  qui ctes  au-dessus  des  cieux, 
reservoirs  de  la  pluie. 

5.  La  Vulg.  ajoute  apres  le  !«■■  membre  : 
car  il  a  dit,  et  tout  a  ete  fait. 


286 


CINOUlfeME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


6  II  les  a  e'tablis  pour  toujours  et  a  jamais; 

II  a  pose  des  lois  qu'on  ne  transgressera  pas. 

7  De  la  tene,  louez  Jehovah, 
Monstres  marins,  et  vous  tous,  oceans, 

8  Feu  et  grele,  neige  et  vapeurs  de  I'air, 
Vents  impetueux,  qui  ex^cutez  ses  ordres, 

9  Montagnes,  et  vous  toutes,  collines, 
Arbres  frui tiers,  et  vous  tous,  cedres, 

10  Animaux  sauvages  et  troupeaux  de  toutes  sortes, 
Reptiles  et  oiseaux  ailes, 

11  Rois  de  la  terre  et  tous  les  peuples, 
Princes  et  vous  tous,  juges  de  la  terre, 

12  Jeunes  hommes  et  jeunes  vierges, 
Vieillards  et  enfants,  — 

13  Qu'ils  louent  le  nom  de  Jehovah, 
Car  son  nom  seal  est  grand, 

Sa  gloire  est  au-dessus  du  ciel  et  de  la  terre. 

14  II  a  releve  la  puissance  de  son  peuple, 
Sujet  de  louang^e  pour  tous  ses  tideles, 

Pour  les  enfants  d' Israel,  le  peuple  qui  est  pres  de  lui. 
Alleluia! 

PSAUME   CXLIX. 


Ps.  cxlix. 


|E  Psaume  appartient  comma  le  precedent  et  le  suivant  a  I'epoque  du  re'tablisse- 
ment  du  peuple  de  Dieu  apres  la  captivite.  II  chante  les  vidoires  remportees  par 
Israel  sur  les  nations  voisines,  qui  s'opposaient  a  la  reconstrucflion  de  Jerusalem  et 
de  son  temple.  —  Dans  le  sens  spirituel,  il  s'applique  aux  jours  du  Messie  et  a  son  triom- 
phe  final,  alors  que  ses  Saints,  sauves  par  lui,  combles  de  joie  et  de  gloire,  seront  associes 
au  jugement  solennel  qu'il  exercera  sur  le  monde.  Comp.  Is.  xlv,  14;  Ix,  2,  3,  ii:  Ixv,  6; 
Ixix,  19-19,  et  TApocalypse,  passim. 

Alleluia. 

1  CHANTEZ  a  Jehovah  un  cantique  nouveau; 

Que  sa  louange  retentisse  dans  I'asscmblee  des  saints! 

2  Qu'Israel  se  rejouisse  en  son  Createur, 
Que  les  fils  de  Sion  tressaillent  en  leur  Roi! 

3  Qu'ils  louent  son  nom  dans  leurs  danse^, 
Qu'ils  le  chantent  avec  le  tambourin  et  la  harpe! 

4  Car  Jehovah  se  complait  dans  son  peuple, 
II  glorifie  les  humbles  en  les  sauvant. 

5  Les  fideles  triomphent  dans  la  gloire, 
lis  tressaillent  de  joie  sur  leur  couche. 

6  Les  louanges  de  Dieu  sont  dans  leur  bouchc, 

Et  dans  leurs  mains  un  glaive  a  deux  tranchanls, 

7  Pour  cxercer  la  vengeance  sur  les  nations, 
Et  porter  le  chatiment  chez  les  peuples; 

8  Pour  lier  leurs  rois  avec  des  chaines, 
Et  leurs  grands  avec  des  ceps  de  fer; 

9  Pour  executer  contre  eux  I'arret  ecrit. 
C'est  k\  la  gloire  rdservee  a  tous  ses  fideles. 

Alleluia! 


6.  //  les  a  e'tablis  pour  toujours  occuper  la 
place  et  remplir  les  fonflions  qu'il  leur  a 
assignees  a  I'origine  dans  I'ensemble  de  la 
creation,  et  cela,  tant  que  ce  monde  mate- 
riel lui-meme  subsistera.  Comp.  II  Pier. 
iii,  10.  —  Qii'on  fie  transe^rcssera  pas;  Vul- 
gate :  et  elles  lie  passeroiit  pas  outre. 


7.  De  la  terre,  du  bas  de  la  terre,  comme 
au  vers,  i  dtt  Jiatit  du  ciel. 

8.  Feu,  la  tlamme  de  I'eclair. 

1 3.  Sa  gloire,  ou  sa  majeste. 

14.  La  puissance ,  litt.  la  come. 


LIBER  PSALMORUM. 


287 


creata  sunt.  6.  Statuit  ea  in  aeter- 
num,  et  in  sasculum  sasculi  :  pras- 
ceptum  posuit,  et  non  praeteribit. 

7.  Laudate  Dominum  de  terra, 
dracones,  et  omnes  abyssi.  8.  Ignis, 
grando,  nix,  glacies,  spiritus  procel- 
larum  :  quas  faciunt  verbum  ejus  : 
9.  montes,  et  omnes  colles  :  ligna 
fructifera,  et  omnes  cedri.  10.  Be- 
stias,  et  universa  pecora  :  serpentes, 
et  volucres  pennatae  :  11.  reges 
terr^,  et  omnes  populi  :  principes, 
et  omnes  judices  terras,  12.  Juvenes, 
et  virgines  :  senes  cum  junioribus 
laudent  nomen  Domini  :  13.  quia 
exaltatum  est  nomen  ejus  solius. 
14.  Confessio  ejus  super  coelum,  et 
terram  :  et  exaltavit  cornu  populi 
sui.  Hymnus  omnibus  Sanctis  ejus: 
filiis  Israel,  populo  appropinquanti 
sibi.  Alleluia. 


— :;:—  PSALMUS    CXLIX.  — :i:— 
Gratiarum  aflio  pro  insigni  vifloria. 

T.  Alleluia. 

'AN TATE  Domino  can- 
ticum  novum  :  laus  ejus  in 
ecclesia  sanctorum.  2.  Las- 
tetur  Israel  in  eo,  qui  fe- 
cit eum:et  filii  Sion  exsultentin  rege 
suo. 3. Laudent  nomen  ejus  in  choro: 
in  tympano,  et  psalterio  psallant  ei  : 
4.  Quia  beneplacitum  est  Domi- 
no in  populo  suo  :  et  exaltabit 
mansuetos  in  salutem.  5.  Exsulta- 
bunt  sancti  in  gloria  :  lastabuntur 
in  cubilibus  suis.  6.  Exaltationes 
Dei  in  gutture  eorum  :  et  gladii  an- 
cipites  in  manibus  eorum:  7. ad  fa- 
ciendam  vindictam  in  nationibus  : 
increpationes  in  popuiis.  8.  Ad  alli- 
gandos  reges  eorum  in  compedibus  : 
et  nobiles  eorum  in  manicis  ferreis. 
9.  Ut  faciant  in  eis  judicium  con- 
scriptum  :  gloria  haec  est  omnibus 
Sanctis  ejus.  Alleluia. 


PSAUME  CXLIX. 

1.  C/n  cantique  iwuveau,  pour  un  nouveau 
et  signale  bienfait  :  comp.  Ps.  xxxiv,  3.  —  Dcs 
saints,  des  Israelites,  qui  forment  le  peuple 
de  Dieu,  la  nation  sainte  {E.vod.  xix,  6). 

2.  San  Createiir,  litt.  cclui  qui  l\i  fait; 
peut-etre  faut-il  entendre  ces  mots,  non  de 
la  creation  des  individus,  mais  du  retablis- 
sement  et  de  la  reconstitution  d'lsracl  com- 
me  peuple  de  Dieu.  —  En  lettr  Roi  :  les 
Israelites  a  cette  ^poque  n'en  avaient  pas 
d'autre  que  Jehovah. 

3.  Dans  leurs  dafises  sacrees,  comme  I'avait 
annonce  Jdremie  (xxxi,  4).  Comp.  Jug. 
xi,  34;  xxi,  21. 

4.  Jehovah,  apres  avoir  detourne  sa  face 
de  son  peuple,  se  complait  maintenant  en 
lui,  il  lui  a  rendu  ses  faveurs.  —  Les  Juini- 
bles  ici,  comme  souvent  ailleurs,  ce  sont  les 
justes  persecutes  qui  souffrent  en  silence 
dans  I'attente  du  secours  divin.  Dieu  les 
glorifie  e7t  les  sauvaftt,  litt.  leiir  fait  une 
pariire  par  son  saliit  ou  son  secours.  II  fau- 
drait  dans  la  Vulg.  in  salute.  Comp.  la  locu- 
tion latine,  ornare  beneficiis. 

5.  Les  fide  les  trioniphent;  d'autres  enten- 
dent  ce  verset  et  le  suivant  dans  le  sens  de 
I'optatif :  ^i^t'  les  fide  les  trioiiipke/it.  —  Duns 
la  gloire,  revetus  de  gloire,  eux  qui  naguere 


encore  etaient  reduits  a  un  honteux  escla- 
vage.  —  Sur  leur  couche,  ou  ils  se  lamen- 
taient  naguere  {Osce,  vii,  14). 

6.  Comp.  II  Macch.  xv,  27. 

7.  On  ne  voit  pas  que  cette  prophe'tie  se 
soit  jamais  realisee  dans  I'histoire  ulterieure 
des  Juifs;  elle  ne  pent  que  se  rapporter  au 
Messie,  et  c'est  de  lui  que  I'entendaient  les 
anciens  rabbins;  seulement,ils  ne  songeaient 
qu'a  des  vifloires  et  a  des  conquetes  mate- 
rielles.  Mais  tout  ici,  dit  S.  Augustin,  est 
spirituel,  et  le  combat  livre  et  les  armes  des 
combattants.  II  s'agit  des  vifloires  rempor- 
tees  sur  les  rois  et  les  peuples  paiens  par 
les  Apotres  et  les  saints  predicateurs  de 
I'Evangile,  en  sorte  que,  ajoute  ce  Pere,  ce 
Psaume  qui  semble  un  hymne  guerrier,  est 
en  realite  un  chant  de  paix  et  d'amour. 
Ajoutons  pourtant  qu'il  vise  egalement  le 
triomphe  final  du  Christ  et  le  chatiment  de 
toutes  les  puissances  mondaines  opposees 
au  regne  de  Dieu. 

8.  Ceps.,  ou  chaines  en  general. 

9.  V arret  ccrit  :  le  Psalmiste  a  en  vue, 
non  tel  ou  tel  passage  determine  de  la  loi, 
mais  le  temoignage  en  general  de  la  loi  et 
des  prophetes,  affirmant  que  toutes  les  na- 
tions de  la  terre  seront  assujetties  a  Dieu  et 
a  son  Christ.  —  Cest  la  la  gloire  :  cette 


288 


CINQUIEME  LIVRE  DES  PSAUMES. 


PSAUME  CL. 

iiE  Psalmiste  invite  ses  freres  a  louer  Dieu  a  cause  de  sa  grandeur  (vers.  1-2),  avec 
tous  les  instruments  de  musique  en  usage  chez  les  Hebreux  (3-6).  Chacun  des 
quatre  premiers  livres  du  Psautier  se  terminait  par  une  courte  doxologie;  ce  canti- 
que  est  la  magnifique  doxologie  du  Psautier  tout  entier,  comme  un  dernier  cri  et  un  der- 
nier elan  du  peuple  de  Dieu  vers  son  Roi  et  son  Sauveur. 

Alleluia. 

1  LOUEZ  Dieu  dans  son  sanCluaire ! 
Louez-le  dans  le  sejour  de  sa  puissance! 

2  Louez-le  pour  ses  hauts  faits! 

Louez-le  selon  I'immensite  de  sa  grandeur! 

3  Louez-le  au  son  de  la  trompette! 
Louez-le  sur  la  harpe  et  la  cithare! 

4  Louez-le  dans  vos  danses  avec  le  tambourin! 
Louez-le  avec  les  instruments  a  cordes  et  le  chalumeau! 

5  Louez-le  avec  les  cymbales  au  son  clair! 
Louez-le  avec  les  cymbales  retentissantes! 

6  Que  tout  ce  qui  respire  loue  Jehovah  ! 
""Alleluia. 


soumission  de  toutes  les  nations  du  nionde 
a  I'empire  du  Messie  etant  I'oeuvre  du  Dieu 
d'Israel,  et  les  saints  d'lsrael  eux-memes 
devant  y  cooperer,  elle  est  pour  ces  derniers 
un  titre  de  gloire.  Conip.  I  Cor.  vi,  2  sv. 


PSAUME  CL. 

I.  Dans  son  sancluaire  du  ciel,  dit  De- 
litzsch  :  ces  mots  indiquent  non  le  lieu  d'oii 
part  la  louange,  mais  celui  oil  elle  arrive, 


LIBER  PSALMORUM. 


289 


— :i:—     PSALMUS   CL.     — :>— 

In  omnibus  et  ubiqiie  Deum  celebrandum 
profitetur. 


Alleluia. 

AUDATE  Dominum  in 
Sanctis  ejus  :  laudate  eum 
in     firmamento     virtutis 

y  ejus.  2.  Laudate  eum  in 


virtutibus  ejus:  laudate  eum  secun- 
dum multitudinem  magnitudinis 
ejus.  3.  Laudate  eum  in  sono  tubas  : 
laudate  eum  in  psalterio,  et  cithara. 
4.  Laudate  eum  in  tympano,  et 
choro  :  laudate  eum  in  chordis,  et 
organo.  5.  Laudate  eum  in  cymba- 
lis  benesonantibus  :  laudate  eum  in 
cymbalis  jubilationis  : 

6.  Omnis  spiritus  laudet  Domi- 
num. Alleluia. 


comme  s'il  y  avait  :  louez  Dieu  residant 
dans  son  temple  celeste.  Selon  d'autres,  il 
s'agit  du  sandluaire  de  la  terre,  qui  serait 
mis  en  parallele  avec  celui  du  ciel,  comme 
I  J^ot's,  viii,  38  sv.  — Zf  sejour  (litt.  Pcten- 
due  du  ciel,  \&  Jiriiumieni,  comme  Geti.  i,  6) 
oil  il  exerce  sa  puissance. 

2.  Ses  hauts  faiis,  ses  a6lions  d'eclat, 
appeldes  ailleurs  ses  incrveillcs,  comme  le 
passage  de  la  mer  Rouge,  la  delivrance  de 
la  captivite  dc  Babylonc,  etc. 


3.  La  trompette  recourbee,  ou  clairon 
(hebr.  schofar). 

4.  CJialunieau,  flute  pastorale. 

5.  Cyinbales  ou  castagnettcs;  il  y  en  avait 
de  deux  sortes  :  Tune  plus  petite,  au  son 
clair  et  aigu;  I'autre  plus  grande,  d'une  plus 
puissante  sonorite. 

6.  Tout  ce  qui  respire  :  les  instruments 
vivants  apres  ceux  qui  sont  inanimes ;  ce 
verset  resume  tout  le  Psautier. 


LA  SAINTE  BIELE.  TOME  IV. 


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WM'MW'JUWWWWWMWWWWWWWWWWWWWWWWWMWWWWMW^^WWi^WM 


Introbuctiou. 


I. 

LE  mot  Proverbe  ne  rend  pas 
tres  bien  le  sens  du  titre  origi- 
nal. Le  titre  grec,  UaooiuAai, 
n'en  donne  pas  une  idee  plus  exa6le. 
Les  Misle,  comme  les  Hebreux  nom- 
ment  ce  livre,  sont  des  sentences,  des 
maximes,  nous  dirions  aujourd'hui 
diQ^ pensccs.  "  Proverbe  ",  maxime  vul- 
gaire,  diclon  populaire,  a  un  sens  plus 
restreint.  Le  mot  ATisle,  par  son  ety- 
mologic, a  signifie  d'abord  similitude, 
coinparaison.  Nombre  de  sentences, 
dans  notre  livre,  contiennent,  d'une 
maniere  explicite  ou  deguisee,  une 
comparaison.  Par  exemple  {Prov. 
xxvi,  3)  : 

Le  mors  pour  le  cheval,  le  fouet  pour  I'ane, 
Et  la  verge  pour  Ic  dos  de  I'insense. 

Puis,  par  extension,  ce  mot  s'est  ap- 
plique a  toute  maxime  sentencieuse, 
par  ex.  {Prov.  xii,  23)  : 

L'homme  prudent  cache  sa  science, 
Et  I'insense  publie  sa  sottise. 

Lc  but  religieux  et  moral  des  Misle 
les  distingue  encore  davantage  des 
proverbes  proprement  dits.  Nos  an- 
ciennes  versions  de  la  Bible  latine 
traduisaient  plus  heureusement  lc 
titre  de  la  Vulgate  par  :  les  diHs  du 
roi  Salomon. 

Le  livre  des  Proverbes  appartient 
a  la  Y>ois\egnoiniqite{yvwj:ri,  sentence), 
qui  releve  du  genre  dida6lique.  La 
forme  poetique  des  Hebreux,  \e  pa- 
rallelisme,  y  regne  d'un  bout  a  I'autre. 
En  general  elle  s'y  montre  sous  forme 
de  distique  dont  les  membrcs,  syno- 
nymesouopposcs,expriment  la  meme 
pensee  sous  deux  aspefts  un  peu  dif- 
ferents  ou  par  I'opposition  des  con- 
traires.  Ouelquefois  la  pensee  se  dc- 
veloppe  en  trois,  quatre  et  mcmc  un 


plus  grand  nombre  de  membrcs  pa- 
rallels (Cf  Introd.  a  la  poesic  hebr. 
T.  IV.). 

Quant  a  la  forme  littcraire,  tantot 
la  verite  est  simplement  cxprimce, 
tantot  elle  se  deguise  sous  le  voile 
de  la  metaphore  ou  de  la  comparai- 
son plus  ou  moins  explicite;  parfois 
elle  affe6le  lc  tour  de  renigme,  de  la 
question  a  resoudre  (cf  v.  g.  ch.  xxx); 
en  un  mot,  elle  prend  les  aspe6ls  les 
plus  varies,  dans  le  but  evident  de 
piquer  davantage  I'attcntion  et  de 
penetrer  plus  profondement. 

Les  Orientaux  se  plaisaient  beau- 
coup,  plus  que  nous  sans  doute,  a 
Texcrcice  intclle6lucl  qu'exige  la 
composition  et  rintcUigence  de  ces 
Misle.  II  est  rapporte,  au  premier 
livre  des  Rois  (iv,  31),  que  Salomon 
en  avait  compose  trois  mille.  Au 
troisieme  livre  (x,  i)  il  est  raconte 
que  la  reine  de  Saba  vint  lui  propo- 
ser des  sentences  enigmatique^  pour 
eprouver  sa  reputation  d'intelligence 
et  de  sagesse.  Le  lixrc  de  Y Ecelesiaste 
et,  plus  tard,  ceux  de  la  Sagesse  et 
de  X Ecclesiastique  nous  donnent  une 
nouvelle  preuve  de  la  vogue  que  ce 
genre  de  composition  avait  en  Orient. 
II  n'y  a  done  rien  detonnant  que 
I'Esprit-Saint  ait  voulu  se  servir  de 
cette  poesic  pour  inculc]uer  la  verite 
religieuse  et  morale. 

Ces  ouvrages  ont  etc  designes,  des 
les  premiers  siecles,  par  les  Peres  de 
I'Eglise,  sous  lc  nom  gencrique  de 
livres  sapientiaux,  et  depuis,  la  litur- 
gie  ecclesiastique  les  a  fait  lire  sous 
le  titre  de  Livre  de  la  Sagesse  :  Liber 
Sapientice.  lis  sont  au  nombre  de 
cinq  {Oidtique  libri  Salojiionis)  ;  ce 
sont,  outre  les  Proverbes,  VEecL'siaste, 
le  Cantique  des  eaiitiqiies,  la  Sagesse 
et  VEeelesiastiqiie. 


LE  LIVRE  DES  PROVERBES. 


291 


II. 

Le  livre  des  Proverbes  ne  presente 
pas  une  parfaite  unite  de  composi- 
tion. II  est  forme  de  plusieurs  collec- 
tions distin6les  de  style,  de  methode 
et  meme  d'origine.  Neanmoins,  ainsi 
qu'on  le  verra,  la  presque  totalite  en 
revient  a  Salomon,  comme  auteur. 

La  premiere  collection  comprend 
les  neuf  premiers  chapitres  (i-ix),  et 
porte  en  tete  I'inscription  :  Pamboles 
de  Salomon,  fils  de  David,  rol  d' Israel. 
EUe  consiste  surtout  en  instructions 
et  exhortations  a  embrasser  la  con- 
duite  de  la  sagesse.  Les  paroles,  mon 
fils,  adressees  par  le  sage  a  son  dis- 
ciple, peuvent  servir  a  les  distinguer. 
II  a  particulierement  en  vue  le  jeune 
homme  inexperimente  dans  la  vie. 
Cette  partie  est  tres  soignee ;  I'auteur 
s'ycleve  a  une  grande  hauteur  d'idees, 
surtout  dans  les  chapitres  viii  et  ix. 

La  deuxieme  colle6lion  renferme 
les  chapitres  x  a  xxii,  i6,  et  porte 
aussi  I'inscription  :  Pamboles  de  Sa- 
lomon. Ellc  est  suivie  de  deux  supple- 
ments (xxii,  17  —  xxi\^,  22  et  xxiv, 
23-34),  ^^  ^^"^"^  corps  avec  elle.  Dans 
cette  partie  I'auteur  change  de  style 
et  de  methode.  Aux  exhortations 
precedentes  font  place  une  serie  de 
maximes,  de  preceptes  moraux  et 
religieux  detaches,  sans  liaison  ni 
ordre  sensible.  Tout  a  I'heure  il 
exhortait  a  suivre  les  conseils  et  la 
conduite  de  la  sagesse;  a6luellement 
il  enseigne  cette  sagesse  meme.  Ses 
lecons  s'adressent  a  toutes  les  classes : 
grands  et  petits,  pauvres  et  riches, 
maitres  et  serviteurs;  maris  et  fem- 
mes,  peres  et  enfants,  rois  et  sujets  : 
nul  n'echappe  a  sa  sollicitude.  La 
crainte  de  Dieu,  I'horreur  du  vice,  les 
avantages  de  la  vertu,  les  peines  re- 
servees  au  mechant  sont  le  fond  de 
toutes  ces  sentences  et  en  determi- 
nent  le  cara6lere  en  meme  temps  que 
I'unite.  Les  376  maximes  contenues 
dans  cette  colle6lion  cchappent  a 
I'analyse;.  on  trouvera  neanmoins, 
dans  le  commentaire,  I'indication  des 


sujets  qu'elles  traitent,  quand  il  y  a 
une  suite. 

La  troisieme  colle6lion  s'etend  du 
chapitre  xxv  a  xxix  et  contient  les 
proverbes  de  Salomon  reunis  et  ajou- 
tes  au  volume  par  les  soins  du  roi 
Ezechias.  L'inscription  qui  la  pre- 
cede en  fait  foi.  Qui  furent  ces  gens 
d' Ezcehias?  lis  ne  sont  pas  positive- 
ment  connus,  mais  on  pent  nommer, 
avec  quelque  probabilite,  d'abord  le 
prophete  Isaie,  dont  I'autorite  etait 
si  grande  aupres  du  roi ;  puis  le  scri- 
be Sobna  ainsi  que  I'historiographe 
Joahe,dontil  est  fait  mention  flVi?^/^, 
xviii,  18).  Ce  recueil  se  distingue  sur- 
tout par  le  nombre  de  comparaisotis 
et  de  similitudes  ou  paraboles  qu'il 
renferme.  Etait-ce  une  colle6tion  dis- 
tin6le  ou  Ton  avait  reuni  ce  genre  de 
maximes,  empruntees  peut-etre  aux 
3000  proverbes?  L'auteur  avait-il  lui- 
meme  fait  ce  recueil?  on  ne  saurait 
rien  affirmer. 

Deux  petites  colle6lions  dues,  Tune 
a  Agur  fils  de  Jake,  I'autre  au  roi 
Lamuel,  ou  a  sa  mere,  d'apres  les  ins- 
criptions memes  qu'elles  portent,  oc- 
cupent  les  chap,  xxx  et  xxxi,  1-9. 
La  methode  et  le  style  y  different 
beaucoup  soit  entre  elles,  soit  avec 
les  parties  precedentes.  Dans  la  pre- 
miere on  est  frappe  de  la  forme 
enigmatique  des  sentences.  La  deu- 
xieme n'est  qu'un  fragment  tres  court 
de  neuf  versets. 

Le  livre  se  termine  (chap,  xxxi, 
1 0-3 1 J  par  le  petit  poeme  alphabe- 
tique,  bien  connu,  de  la  Femme  forte. 
II  contient  22  versets,  commencant 
chacun  par  I'une  des  lettres  de  I'al- 
phabct  hcbreu. 

III. 

Les  Proverbes  ont  toujours  etc 
attribues  a  Salomon.  Ouelques  rares 
auteurs,  a  raison  du  cara6lere  de  ce 
livre,  ont  pu  douter  de  leur  inspira- 
tion, mais  la  question  d'authenticite 
restait  intacte.  En  voici  les  preuves. 

10  La  tradition  constante  et  uni- 
verselle.  La  Synagogue,  I'Eglisechre- 


292 


LE  LIVRE  DES  PROVERBES. 


tienne,  tous  les  Peres,  le  moyen-age, 
les  commentateurs  modernes  ont  tou- 
jours  admis  ce  livre  comme  I'oeuvre 
de  Salomon.  Nul  temoignage  histo- 
rique,  nul  courant  traditionnel  n'est 
venu  ebranler  cettc  certitude. 

2°  Le  temoignage  des  inscriptions 
placees  en  tcte  du  livre  et  des  diver- 
ses  colle6lions.  Les  trois  principales 
parties  du  livre  portent,  comme  nous 
I'avons  dit,  le  nom  de  Salomon.  II 
est  vrai  que  I'inscription  de  la  2''  par- 
tie  (x,  i)  ne  se  trouve  ni  dans  les 
Septante  ni  dans  la  version  syriaque; 
mais  elle  est  dans  I'original  hebreu, 
dans  la  paraphrase  chaldaique  et 
dans  la  Vulgate.  On  ne  pent  faire 
que  des  hypotheses  sur  son  absence 
cle  ces  deux  versions.  Mais  a  suppo- 
ser  qu'elle  fut  unc  addition  poste- 
rieure,  cette  addition  meme  aurait 
eu  pour  but  d'affirmer  la  tradition 
que,  malgrc  la  difference  de  genre, 
cette  2"  partie  etait  encore  dc  Salo- 
mon. Du  reste,  inscription  du  chap,  i 
suffirait  a  lui  rapporter  les  chap, 
i-xxiv,  puisque  au  chap,  xxv  on  nous 
avertit  qu'il  ne  .s'agit  plus  de  la  col- 
le(5lion  faite  par  Salomon,  mais  de 
celle  qui  a  etc  ajoutee  sous  le  roi 
Ezechias.  —  Cette  derniere  partie 
lui  appartient  done  aussi.  Deux  a 
trois  siecles  environ  apres  Salomon 
on  pouvait  sans  doute  encore  con- 
naitre  un  auteur  dont  la  reputation 
de  science  avait  eu  un  si  grand  re- 
tentissement. 

30  L'impossibilite  d'assigner  un 
autre  auteur.  Contre  ces  preuves  on 
n'a  rien  allegue  de  serieux.  Seul  Ic 
parti  pris  de  nier  fait  rejeter  le  temoi- 
gnage des  inscriptions  aussi  bien  que 
celui  de  la  tradition  a  quelques-uns 
des  hypercritiques  contemporains. 
Et  toutefois  nul  auteur  ne  conteste 
serieusement  a  Salomon  les  chap. 
x-xxii,  ceux  prccisement  dont  I'ins- 
cription pourrait  paraitre  douteuse. 
11  n'y  a  pas  plus  dc  motifs  a  contcs- 
ter  le  reste.  Les  divergences  de  ma- 
niere  et  de  style  s'expliquent  natu- 
rellement  par  la  ditfcrencc  des  genres. 


Salomon  a  pu  ecrire  les  sentences 
gnomiques  de  la  2"  partie,  et  il  n'au- 
rait  pu  composer  les  similitudes  et 
les  paraboles  rontenues  dans  la  3"! 

Autre  grief.  Comment  attribuer  ce 
livre  a  un  roi  qui  fut  idolatre  et  de- 
bauchc?  Pour  conclure  il  faudrait  du 
moins  prouver  qu'il  le  fut  toujours. 

Que  penser  des  deux  fragments 
qui  terminent  la  deuxieme  colle6lion.'' 
EUes  commencent  par  ces  mots  : 
"  Ecoute  les  paroles  des  sages  " 
(xxii,  i7)"Voici  encore  les  paroles 
des  sages  "  (xxiv,  23).  On  peut  ad- 
mettre  que  I'auteur  les  a  empruntees, 
peut-etre  a  la  tradition  populaire. 
peut-etre  a  quelque  recueil  anterieur, 
et  se  les  soit  appropriees  en  les  mo- 
difiant,  ou  en  les  laissant  inta6les. 
Cela  est  si  vrai  qu'il  ajoute  tout  de 
suite,  dans  le  meme  verset  (xxii,  17) : 
"  Applique  ton  coeur  a  ///a  doctrine  "  ; 
et  dans  tout  le  passage,  c'est  sa  doc- 
trine qu'il  recommande. 

Agur  et  Lamuel  sont  les  auteurs 
des  fragments  qui  portent  leur  nom. 
La  place  qu'ils  occupent  a  la  fin  du 
volume,  avec  leur  inscription  respec- 
tive, montre  bien  la  pensee  des  col- 
le6leurs.  —  Contre  I'autorite  de  la 
tradition  on  a  releve  que  les  anciens 
s'etaient  trompes  en  les  attribuant  a 
Salomon.  Cela  est  vrai,  mais  n'infirme 
pas  la  valeur  de  la  tradition.  Les  ins- 
criptions de  ces  fragments  avaient 
ete  totalement  defigurees  par  les 
Septante,  et  la  Vulgate  ayant  traduit 
les  noms  propres,  on  leur  avait  donne 
un  sens  symbolique.  Au  16"  siecle 
I'etudedu  texte  hebreu  fit  reconnaitre 
I'erreur  et  attribuer  les  fragments  a 
leurs  auteurs. 


*t>' 


IV. 

Comme  tous  les  livres  Protocano- 
niques  de  I'Ancien  Testament,  le  livre 
des  Proverbes  nous  est  reste  dans  sa 
langue  originale,  I'hebreu.  Nous  en 
possedons  egalement  plusieurs  ver- 
sions anciennes.  Un  mot  sur  leur  va- 
leur et  leur  etat  relativemcnt  aux 
Proverbes. 


LE  LIVRE  DES  PROVERBES. 


293 


De  I'hebreu,  nous  n'avons  que  la 
recension  massoretique,  et  c'est  le  cas 
de  la  plupart  des  livres  de  I'Ancien 
Testament.  II  est  done  malaise  de 
faire  la  critique  du  texte;  critique 
d'autant  plus  necessaire  qu'il  s'agit 
ici  de  maximes  decousues  que  ne 
relie  ni  le  fil  du  recit,  ni  I'ensemble 
de  la  composition.  La  divergence 
avec  les  anciennes  versions,  bien 
qu'elle  n'atteigne  ni  la  doctrine,  ni 
les  parties  essentielles,  nous  fait  re- 
gretter  d'anciens  manuscrits,  negli- 
ges ou  detruits  par  les  massoretes, 
et  dont  les  variantes  eussent  jete 
un  jour  precieux  sur  les  endroits 
obscurs,  et  comble  sans  doute  mainte 
lacune. 

La  version  des  Septante,  dans  les 
Proverbes,  suit  assez  bien  I'original, 
surtout  pour  les  deux  premieres  par- 
ties (chap,  i-xxiv),  sauf  un  certain 
nombre  de  transpositions,  omissions 
ou  additions  de  versets.  II  est  pro- 
bable que  le  manuscrit  du  tradu6leur 
differait  de  I'hebreu  a6luel,  et  conte- 
nait  plusieurs  textes  que  nous  a  con- 
serves I'interprete  grec.  Les  derniers 
chapitres  s'ecartent  davantage  de 
I'hebreu  pour  I'ordre  suivi.  Cette  ver- 
sion, obscure  quelquefois,  est  pour 
nous  de  la  plus  haute  importance  a 
raison  des  manuscrits  anciens  qu'elle 
represente. 

La  version  syriaque  {Pesc/iJto),h\QX\ 
que  faitc  sur  I'hebreu,  se  rapproche 


beaucoup  des  Septante.  L'analogie 
du  Syriaque  avec  la  langue  de  I'ori- 
ginal lui  permet  d'etre  plus  fidele 
que  le  grec  qui  paraphrase  quelque- 
fois le  texte;  mais  cette  fidelite  meme 
laisse  subsister,  pour  nous  du  moins, 
I'obscurite  de  I'hebreu  dans  les  pas- 
sages de  sens  douteux.  Neanmoins 
cette  version  est  d'un  grand  secours 
et  temoigne  de  I'etat  du  texte  au 
second  siecle. 

La  version  latine  de  St  Jerome, 
celle  de  notre  Vulgate,  est  egalement 
faite  sur  I'hebreu.  Elle  contient  pour- 
tant  un  grand  nombre  de  versets 
propres  aux  Septante.  Soit  que  St  Je- 
rome n'ait  pas  cru  devoir  negliger 
cette  importante  version,  soit  qu'il 
ait  traduit  un  manuscrit  contenant 
des  textes  qui  auraient  disparu  plus 
tard  dans  le  travail  des  massoretes,  il 
est  du  devoir  de  I'interprete  dejuger, 
suivant  les  lois  de  la  critique,  de  la 
valeur  de  ces  passages  au  point  de 
vue  de  leur  authenticite. 

La  version  des  Proverbcs  par 
St  Jerome  est  une  des  parties  les 
moins  soignees  de  sa  traduction  de 
la  Bible.  La  rapidite  de  son  travail, 
op?is  fndm',si\[va.nt  I'expression  memc 
de  I'auteur,  pourra  nous  en  expliquer 
parfois  les  imperfe6lions. 

Citons  enfin,  pour  terminer  la  se- 
rie  des  anciennes  versions,  la  para- 
phrase chaldaique  qui  se  rapproche 
de  I'hebreu. 


^^=^ 


mHHHMHMH^^MMnH^MMM^^W^. 


ixLiiii  I  u  ixiiimrmniiti 


rTiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiriiiiiiliiiiiiiiiiiiriiniiniiiiiniinm-T-rrmiiiiiTfiiiiiiii 


^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWmS. 


M 


PREMIERE    PARTIE. 


^ 


Introduction  generale. 

Exhortations  et  avertissements  adresses  par  la 

sagesse  aux  jeunes  gens  [Ch.  I  —  IX]. 

SECTION   I.—  Premiere  serie  d'exhortations  [CH.  I  — III]. 

CHAP.  I,  —  Prologue.  —  Epigraphe.  —  Le  sage  exhorte  son  disciple  a  fuir 
les  sentiers  du  vice ;  a  la  fin,  il  fait  parler  la  sagesse  elle-meme. 

Chap.  I.  [^ip^]ROVERBES  de  Salomon,  fils  de  David, 

Roi  d' Israel  : 
2  Pour  connaitre  la  sagesse  et  I'instruflion, 
Pour  comprendre  les  discours  senses; 

3  Pour  acquerir  une  instruction  eclairee, 
La  justice,  I'equite  et  la  droiture; 

4  Pour  donner  aux  simples  le  discernement, 
Au  jeune  homme  la  connaissance  et  la  reflexion  : 

5  Que  le  sage  ecoute,  et  il  gagnera  en  savoir; 
L'homme  intelligent  connaitra  les  conseils  prudents, 

6  II  comprendra  les  proverbes  et  les  sens  mysterieux, 
Les  maximes  des  sages  et  leurs  enigmes. 

7  La  crainte  de  Jehovah  est  le  commencement  de  la  sagesse; 
Les  insenses  meprisent  la  sagesse  et  I'instrucflion. 

8  Ecoute,  mon  fils,  I'instrutlion  de  ton  pere, 
Et  ne  rejette  pas  I'enseignement  de  ta  mere; 

9  Car  c'est  une  couronne  de  grace  pour  ta  tete, 
Et  une  parure  pour  ton  cou. 

10  Mon  fils,  si  des  pecheurs  veulcnt  te  seduire, 
Ne  donne  pas  ton  acquiescement. 

1 1  S'ils  disent  :  "  Viens  avec  nous,  dressons  des  embiiches  pour  repandre  Ic  sang, 
Tendons  sans  raison  des  pieges  a  I'innocent, 

12  Engloutissons-les  tout  vifs,  comme  fci/i  le  sejour  des  morts, 
Tout  entiers,  comme  ceux  qui  descendent  dans  la  fosse. 

13  Nous  trouverons  toutes  sortes  de  biens  precieux, 
Nous  remplirons  de  butin  nos  malsons; 


CHAP.  I. 

I.  Proverbes  :  ce  mot  a  ici,  non  le  sens 
restreint  de  locutioti  prove7-biale ,  mais  le 
sens  plus  large  de  nmxiines^  sojfcnccs  (en 


gr.  yvcoijia'.)  :  les  diHs  de  Salomon,  comme 
traduisent  nos  vieillcs  Bibles. 

2.  La  sagesse,  hcbr.  c/iokeiiia/i,  c.-;\-d.  la 
connaissance  solide,  I'intelligence  vraie  des 
choses;    dans    le    domaine    religieux,    des 


'MMMMMMMMMMHM'MnM^Mm.M 


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QUEM  HEBR^I  MISLE  APPELLANT. 


^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWW 


— *—        CAPUT   I.        — :l:— 

Parabolarum  utilitas  :  auditus  et  studium 
sapientite  commendatur  :  Filius  admone- 
tur  ne  peccatorum  sequatur  blanditias  : 
sapientia  ad  sui  amplexum  invitat,  et 
contemptoribus  minatur  exitium. 

ARABOL.E  Salomo- 
nis,  filii  David,  regis 
Israel.  2.  Ad  sciendam 
sapientiam,  et  discipli- 
nam  :  3.  ad  intelligenda 
verba  prudentias  :  et  suscipiendam 
eruditionem  doctrinas,  justitiam,  et 
judicium,  et  aequitatem  :  4.  ut  detur 
parvulis  astutia,  adolescenti  scientia, 
et  intellectus.  5.  Audiens  sapiens, 


no, 


sapientior  erit :  et  intelligens,  guber- 
nacula  possidebit.  6,  Animadvertet 
parabolam,et  interpretationem, ver- 
ba sapientum,  et  asnigmata  eorum. 

7.  "Timor    Domini    principium 
sapientias.  Sapientiam,  atque  doctri-    [°-  ^"[,'j^  ^ 
nam  stulti  despiciunt.  16'. 

8,  Audi,  fili  mi,  disciplinam  pa- 
tris  tui,  et  ne  dimittas  legem  matris 
tuas  :  9.  ut  addatur  gratia  capiti  tuo, 
et  torques  collo  tuo.  10.  Fili  mi,  si 
te  lactaverint  peccatores,  ne  acquie- 
scas  eis.  11.  Si  dixerint  :  Veni  no- 
biscum,  insidiemur  sanguini,  abs- 
condamus  tendiculas  contra  inson- 
tem  frustra  :  12.  deglutiamus  eum 
sicut  infernus  viventem,  et  inte- 
grum quasi  descendentem  in  lacum. 


choses  de  Dieu  et  princlpalement  de  sa  loi, 
de  ce  qu'il  faut  faire  ou  eviter  pour  accom- 
plir  sa  volonte  et  conserver  sa  grace.  Ce 
mot  a  souvent  pour  synonymes  bhiaJi,  in- 
telligence (Vulg.  pr!{de?ifui),  et  daaih,  con- 
naissance  (Vulg.  scientia).  —  Linstruclion 
morale,  I'education,  en  gr.  Tiatosiav,  moyen 
pratique  pour  arriver  ^  la  sagesse.  —  Les 
di scouts  se?jscs,  litt.  dHtitelligetice. 

3.  Une  insirucliott  eclaircc,  capable  de  dis- 
cerner  le  vrai  du  faux,  le  bien  du  mal. 

4.  Potir  doiiner  :  ce  verset,  comme  les 
deux  precedents,  est  coordoiiiir  slxx  premier; 
les  LXX  et  la  Vulg.  le  siibordo7vicnt  aux 
vers.  2-3.  —  Akx  simples  :  selon  la  force 
du  mot  hebr.,  a  ceux  qui  sont  oitvcrfs  sans 
defiance  a  toute  influence  bonne  ou  mau- 
vaise.  —  Le  discerneinent,  Vulg.  la  finesse. 
-  -  La  reflexion,  Vulg.  P intelligence. 

5.  Ces  sentences  ne  sont  pas  seulement 
pour  les  simples  et  Xesj'eioies  gens. 

6.  II  comprendra.  Delitzsch  traduit,  poiir 
cojnprendre,  et  fait  de  ce  verset  la  suite  du 
vers.  4.  Zoeckler  le  subordonne  au  vers.  5 
et  lui  donne  un  sens  pregnant  :  le  sage  doit 
s'appliquer  a  le  devenir  davantage,  afin  de 
se  rendre  familier  les  proverbes  (meme  sens 
qu'au  vers,  i),  les  di  scours  obscurs,  renfer- 


mant  un  sens  cache,  et  les  enigmes  (hebr. 
c/iidot/i),  dont  la  solution  demande  un  esprit 
penetrant  et  subtil,  et  par  la  de  croitre  en- 
core en  sagesse. 

7.  Ce  verset  exprime  I'idee  fondamentale 
du  livre;  il  en  est  comme  I'epigraphe.  Comp. 
Job,  xxviii,  28;  Ps.  cxi,  10.  La  crainte  de 
JeJiovali,  c'est  la  soumission  humble  et  res- 
pecftueuse  a  I'egard  de  Dieu,  createur  de 
i'univers,  roi  et  legislateur  d'Israel,  en  d'au- 
tres  termes,  c'est  la  pratique  de  la  religion 
et  I'observation  des  commandements,  ce 
que  nous  appellerons  aujourd'hui  une  con- 
duite  chretienne.  —  L^e  comnience?nent,  le 
point  de  depart,  la  racine  et  la  base  de  la 
sagesse.  Pour  le  sage,  il  n'y  a  pas  de  vraie 
morale  et  de  science  complete  en  dehors  de 
Dieu.  —  Les  insenses,  en  hebr.  les  cpais :  on 
trouve  la  meme  figure  chez  les  Grecs  et  les 
Romains  :  T^a./jlc„  crassi^=  sensu  careiiies. 

9.  Une  couronne,  un  collier  d'or  ou  de 
pierres  precieuses,  etaient  la  parure  des 
rois  et  des  grands  {Gen.  xli,42;  Dan.  v,  29). 

11.  Ces  brigandages  ont  existe  de  tout 
temps  en  Palestine  {Jug.  xi,  3;  Luc,  x,  30). 

1 2.  Toiit  eniicrs,  integros  :  Zockler  entend 
ce  mot  dans  le  sens  moral  :  (engloutissons) 
les  homines  in/egres,  les  justes. 


296 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  I,  14—33. 


14  Tu  tireras  ta  part  aii  sort  avec  nous, 

II  n'y  aura  qu'une  bourse  pour  nous  tons."  — 

15  Mon  fils,  ne  va  pas  avec  eux, 
Ddtourne  ton  pied  de  leur  sentier; 

16  Car  leurs  pieds  courent  au  mal, 

lis  se  hatent  pour  repandre  le  sang; 

17  Et  c'est  vainement  qu'on  jette  le  filet 
Devant  les  yeux  de  tout  ce  qui  a  des  ailes. 

18  Eux,  c'est  contre  leur  propre  sang  qu'ils  dressenl  des  embuches, 
C'est  a  leur  ame  qu'ils  tendent  des  pieges. 

19  Telle  est  la  voie  de  tout  homme  avide  de  rapine; 
La  cupidite  cause  la  perte  de  ceux  qu'elle  possede. 

20  La  sagesse  crie  dans  les  rues, 
Elle  cleve  sa  voix  sur  les  places. 

21  Elle  preche  a  I'entree  des  lieux  bruyants ; 

Aux  portes,  dans  la  ville,  elle  fait  entendre  ses  paroles  : 

22  "  Jusques  a  quand,  simples,  aimerez-vous  votre  simplicite? 
Jusques  a  quand  les  railleurs  prendront-il  plaisir  a  la  raillerie? 
Et  les  insenses  hairont-ils  la  science.'' 

23  Retournez-vous  pour  entendre  mes  reprimandes, 
Et  je  rdpandrai  sur  vous  mon  esprit, 

Je  vous  ferai  connaitre  mes  paroles 

24  Puisque  j'appelle  et  que  vous  resistez, 

Puisque  j'etends  ma  main,  et  que  personne  n'y  prend  garde, 

25  Puisque  vous  abandonnez  tous  mes  conseils 
Et  que  vous  n'aimez  pas  mes  reprimandes, 

26  Moi  aussi  je  rirai  quand  vous  serez  dans  le  malheur, 
Je  me  moquerai  quand  viendra  sur  vous  I'epouvante, 

27  Quand  I'epouvante  vous  assaillira  comme  une  tempcte. 
Que  le  malheur  vous  enveloppera  comme  un  tourbillon, 
Que  la  detresse  et  I'angoisse  fondront  sur  vous. 

28  Alors  ils  m'appelleront,  et  je  ne  r^pondrai  pas; 
lis  me  chercheront,  et  ils  ne  me  trouveront  pas. 

29  Parce  qu'ils  ont  hai  la  science, 

Et  qu'ils  n'bnt  pas  desire  la  crainte  de  Jehovah, 

30  Parce  qji'Ws  n'ont  pas  accueilli  mes  conseils, 
Et  qu'ils  ont  dedaigne  toutes  mes  reprimandes, 

31  lis  mangeront  du  fruit  de  leur  voie, 

Et  ils  se  rassasieront  de  leurs  propres  conseils. 

32  Car  I'egarement  des  ignorants  les  tue, 
Et  la  securite  des  insenses  les  perd. 

33  Mais  celui  qui  m'ecoute  reposera  avec  securite, 
II  vivra  tranquille,  sans  craindre  le  malheur." 


-f©^ K^ 


14.  U}te  bourse,  ou  une  caisse.  La  pensee 
du  second  membre  semble  contredire  celle 
du  premier;  ou  bien  I'auteur  veut  dire  que 
tous  auront  droit  k  une  part  egale  du  butin, 
quelle  que  soit  la  part  que  chacun  ait  prise 
a  I'affaire,  et  alors  le  second  membre  don- 
nerait  la  raison  du  premier;  ou  bien  il  s'agi- 
rait  dans  le  second  d'un  fonds  de  reserve 
laisse  en  commun,  independamment  de  la 
part  de  butin  tir^e  au  sort  et  distribuee  a 
chaque  associd. 


17.  Et  c'est  vainement :  deuxicme  raison 
pour  laquelle  le  disciple  ne  doit  pas  se  lais- 
ser  gagner  par  les  discours  perfides  des 
mechants  :  meme  I'oiseau  sans  raison,  sait 
se  derober,  en  s'envolant  au  loin,  au  piege 
qu'on  a  tendu  sous  ses  yeux.  Autre  explica- 
tion, qui  parait  etre  celle  de  la  Vulgate  :  on 
a  beau  tendre  un  piege  sous  ses  yeux,  I'oi- 
seau stupide  s'y  fait  prendre  :  il  ne  fait 
attention  qu'k  I'appat  qu'il  convoite;  de 
meme  les  mechants,  uniquement  preoccu- 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  I,  13—3: 


297 


13.  Omnem  pretiosam  substantiam 
reperiemus,  implebimus  domos  no- 
stras spoliis.  14.  Sortem  mitte  no- 
biscum,  marsupium  unum  sit  om- 
nium nostrum.  15.  Fili  mi,  ne  am- 
bules  cum  eis,  prohibe  pedem  tuum 
59.7-  a  semitis  eorum.  16.  *Pedes  enim 
illorum  ad  malum  currunt,  et  fe- 
stinant  ut  effundant  sanguinem, 
17.  Frustra  autem  jacitur  rete  ante 
oculos  pennatorum.  18.  Ipsi  quo- 
que  contra  sanguinem  suum  insi- 
diantur,  et  moliuntur  fraudes  con- 
tra animas  suas.  19.  Sic  semitas 
omnis  avari,  animas  possidentium 
rapiunt. 

20.  Sapientia  foris  prasdicat,  in 
plateis  dat  vocem  suam  :  21.  in  ca- 
pite  turbarum  clamitat,  in  foribus 
portarum  urbis  profert  verba  sua, 
dicens  :  22.  Usquequo  parvuli  dili- 
gitis  infantiam,  et  stulti  ea,  quae  sibi 
sunt  noxia,  cupient,  et  impruden- 
tes  odibunt  scientiam.^  23.  Conver- 
timini  ad  correptionem  meam  :  en 
proferam  vobis  spiritum  meum,  et 


ostendam  vobis  verba  mea.  24,'"  Quia 
vocavi,  et  renuistis  :  extendi  ma- 
num  meam,  et  non  fuit  qui  aspice- 
ret.  25.  Despexistis  omne  consilium 
meum,  et  increpationes  meas  ne- 
glexistis.  26.  Ego  quoque  in  interitu 
vestro  ridebo,  et  subsannabo,  cum 
vobis  id,  quod  timebatis,  advenerit. 
27.  Cum  irruerit  repentina  calami- 
tas,  et  interitus  quasi  tempestas  in- 
gruerit  :  quando  venerit  super  vos 
tribulatio,  et  angustia  :  28.  tunc  in- 
vocabunt  me,  et  non  exaudiam  : 
mane  consurgent,  et  non  invenient 
me  :  29.  eo  quod  exosam  habuerint 
disciplinam,ettimorem  Domini  non 
susceperint,  30.  nee  acquieverint 
consilio  meo,  et  detraxerint  univer- 
sas  correptioni  meas.  31.  Comedent 
igitur  fructus  vias  suas,  suisque  con- 
siliis  saturabuntur.  32.  Aversio  par- 
vulorum  interficiet  eos,  et  prosperi- 
tas  stultorum  perdet  illos.  33.  Qui 
autem  me  audierit,  absque  terrore 
requiescet,  et  abundantia  perfrue- 
tur,  timore  malorum  sublato. 


^IS.  65,   12 

et  66, 4,  Jer, 
7.  13- 


—^©i i®^. ^O?— 


pes  du  butin  a  recueillir,  oublient  le  chati- 
ment  divin  qui  les  attend. 

18.  Troisieme  motif  de  fuir  les  conseils 
des  mediants. 

20.  La  sagesse  peisonnifiee.  —  Dans  les 
fues,  par  opposition  h.  I'interieur  des  mai- 
sons,  non  seulement  parce  qu'elle  n'a  pas  a 
rougir  des  lemons  qu'elle  donne,  mais  encore 
parce  qu'elle  est  Famie  des  hommes.  Comp. 
Matth.  X,  27;  Luc,  xiv,  21. 

21.  A  Peiiiree  des  lieux  bruyanis,  a  la 
naissance  ou  a  I'angle  des  larges  rues  oii  se 
presse  la  foule.  —  Aitx porles,  du  cote  de 
la  ville;  c'est  la  que  les  habitants  se  reunis- 
saient  pour  les  affaires,  les  jugements,  etc. 

22.  Simples,  denues  de  sagesse.  —  Les 
railleiirs  de  nos  jours  s'appellent  esprits 
forts,  libres-penseurs. 

2;?.  Retain  iiez-votis,  revenez  des  voies 
mauvaises  oil  vous  marchez.  —  Je  repaji- 
drai^  litt.  je  ferai  j'aillir,  comme  les  flots 
d'une  source  intarissable.  Comp./oel,  ii,  28; 
Jeaii,  xiv,  26. 

24.  J\'iends  ma  main,  comme  on  le  fait  a 
des  egards,  pour  les  ramener. 


26.  LVpouvante ;  Vulg.,  ce  que  7>mts  ;r- 
doitties. 

2<S.  lis  me  cliercJieroni  des  I'aurore,  c.-a-d. 
avec  empressement,  selon  la  force  du  mot 
hebreu. 

29.  La  science  ou  la  connaissance,  les 
lecons  de  la  sagesse. 

Les  vers.  29-30  donnent-ils  la  raison  du 
vers.  28  ou  bien,  comme  dans  notre  traduc- 
tion, sont-ils  la  protase  d'une  phrase  nou- 
velle  dont  I'apodose  vient  au  vers.  31?  Les 
interpretes  sont  partages.  Delitzsch  rapporte 
le  vers.  29  a  ce  qui  precede,  et  le  vers.  30 
a  ce  qui  suit. 

31.  Sens  :  ils  subiront  les  suites  de  leurs 
mauvaises  acftions.  Comp.  Ls.  iii,  10;  Ps. 
Ixxxviii,  4;  cxxiii,  4;  Gal.  vi,  8. 

32.  Des  ignorants,  litt.  des  simples,  Vulg. 
des  enfants.  —  La  fausse  securite,  le  stupide 
repos  ou  ils  se  tiennent,  par  opposition  a  la 
paix  solide,  au  bonheur  assure  du  sage  qui 
craint  Dieu  (vers.  33). 


298 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  II,  i 


Chap.  II. 


CITAP.  II,  —  La  docilitc  aux  lecons  dc  la  sagessc  procure  bcaucoup 
de  bien  et  preserve  de  beaucoup  de  maux. 

ON  fils,  si  tu  re(;ois  mes  paroles, 

Et  si  tu  gardes  avec  toi  mes  preceptes, 
2  Rendant  ton  oreille  attentive  a  la  sagesse, 
Et  inclinant  ton  coeur  vers  la  prudence; 

3  Oui,  si  tu  appelles  la  sagesse, 
Et  si  tu  eleves  ta  voix  vers  I'intelligence, 

4  Si  tu  la  cherches  comme  I'argent, 
Et  si  tu  la  creuses  comme  pour  decouvrir  un  tresor, 

5  Alors  tu  comprendras  la  crainte  de  Jehovah, 
Et  tu  trouveras  la  connaissance  de  Dieu. 

6  Car  Jehovah  donne  la  sagesse, 
De  sa  bouche  sortent  la  science  et  la  prudence. 

7  II  garde  le  bonheur  pour  les  hommes  droits, 
II  est  un  bouclier  pour  ceux  qui  marchent  dans  la  perfecflion, 

8  En  protegeant  les  sentiers  des  justes, 
En  veillant  sur  la  voie  de  ses  fideles. 

9  Alors  tu  comprendras  la  justice,  I'equite, 
La  droiture  et  tous  les  sentiers  du  bien. 

lo  Lorsque  la  sagesse  viendra  dans  ton  cceur, 
Et  que  la  science  fera  les  delices  de  ton  ame, 
La  reflexion  viendra  sur  toi, 
Et  la  prudence  te  gardera. 
Pour  te  ddlivrer  de  la  voie  du  mal, 
De  I'homme  qui  tient  des  discours  pervers, 

13  De  ceux  qui  abandonnent  les  droits  sentiers, 
Afin  de  marcher  dans  des  chemins  tenebreux, 

14  Qui  se  rejouissent  de  faire  le  mal, 
Et  mettent  leur  plaisir  dans  les  plus  viles  aiftions, 

15  Qui  suivent  des  sentiers  tortueux 
Et  s'ecartent  dans  des  voies  obliques  :  — 

16  Pour  te  delivrer  de  la  femme  qui  est  a  un  autre, 
De  I'etrangere  qui  use  de  paroles  doucereuses, 

17  Qui  abandonne  le  guide  de  sa  jeunesse 
Et  oublie  I'alliance  de  son  Dieu; 

18  Car  elle  penche  avec  sa  maison  vers  la  mort, 
Et  sa  route  conduit  aux  enfers. 

19  De  tous  ceux  qui  vont  a  elle,  nul  ne  revient, 
Aucun  ne  retrouve  les  sentiers  de  la  vie  :  — - 

20  Ainsi  tu  marcheras  dans  la  voie  des  hommes  de  bien, 
Et  tu  garderas  les  sentiers  des  justes. 

21  Car  les  hommes  droits  habiteront  la  terre 
Et  les  hommes  integres  y  demeureront; 

22  Alais  les  mechants  seront  retranches  de  la  terre, 
Et  les  infideles  en  seront  arraches. 


II 


12 


— -♦- 


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-<;^- 


CHAP.  II. 

I.  Af Of/ ^/s :  Vautcur  reprend  dire6\ement 
la  parole. 

3.  Si  in  eleves  ta  7'ozx  (Vulgate,  si  iu 
inclines  lofi  ccvur)  vers  V intelligence,  pour 
I'appeler;  c'est  plus  que  de  la  recevoir 
(vers.  i). 


4.  Comme  Vnrgent  cache  dans  les  en- 
trailles  de  la  terre  :  allusion  au  travail  des 
mines.  Comp.  Job,  xxviii. 

5.  La  connaissance  de  Dieu,  fruit  et  resul- 
tat  de  la  crainte  de  Jehovah. 

7.  II  garde,  comme  on  garde  un  tresor, 
un  joyau  de  prix,  le  vrai  bonheur  attache  a 
la  sagesse. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  II,  1—22. 


299 


— :i:—        CAPUT    II.        — :i:— 

Sapiential  acquisitio  quanta  bona  conferat, 
et  quanta  mala  avertat  :  cum  qua  Dei 
dona  veniunt,  et  sine  qua  ubique  erratur. 

ILI  mi,  si  susceperis  ser- 
mones  meos,  et  mandata 
mea  absconderis  penes  te, 
2.  ut  audiat  sapientiam 
auris  tua  :  inclina  cor  tuum  ad  co- 
gnoscendam  prudentiam.  3.  Si  enim 
sapientiam  invocaveris,  et  inclina- 
veris  cor  tuum  prudentias  :  4.  si 
quassieris  eam  quasi  pecuniam,  et 
sicut  thesauros  effoderis  illam  : 
5.  tunc  intelliges  timorem  Domini, 
et  scientiam  Dei  invenies  :  6.  quia 
Dominus  dat  sapientiam  :  et  ex  ore 
ejus  prudentia.  et  scientia.  7.  Custo- 
diet  rectorum  salutem,  et  proteget 
gradientes  simpliciter,  8.  servans 
semitas  justitias,  et  vias  sanctorum 
custodiens.  9.  Tunc  intelliges  justi- 
tiam,  et  judicium,  et  asquitatem,  et 
omnem  semitam  bonam. 


10.  Si  intraverit  sapientia  cor 
tuum,  et  scientia  animae  tuae  pla- 
cuerit  :  11.  consilium  custodiet  te, 
et  prudentia  servabit  te,  ri.  ut  erua- 
ris  a  via  mala,  et  ab  homine,  qui 
perversa  loquitur  :  13.  qui  relin- 
quunt  iter  rectum,  et  ambulant  per 
vias  tenebrosas  :  14.  qui  lastantur 
cum  malefecerint,  et  exsultant  in 
rebus  pessimis  :  15.  quorum  viae 
perversas  sunt,  et  infames  gressus 
eorum.  1 6.  Ut  eruaris  a  muliere  alie- 
na,  et  ab  extranea,  quas  mollit  ser- 
mones  suos,  17.  et  relinquit  ducem 
pubertatis  suae,  18.  et  pacti  Dei  sui 
oblita  est  :  inclinata  est  enim  ad 
mortem  domus  ejus,  et  ad  inferos 
semitas  ipsius.  19.  Omnes,  qui  in- 
grediuntur  ad  eam,  non  reverten- 
tur,  nee  apprehendent  semitas  vitae. 
20.  Ut  ambules  in  via  bona  :  et 
calles  justorum  custodias.  21.  Qui 
enim  recti  sunt,  habitabunt  in  terra, 
et  simplices  permanebunt  in  ea. 
22.  Tmpii  vero  de  terra  perden- 
tur  :  et  qui  inique  agunt,  auferen- 
tur  ex  ea. 


Job.  If 


17- 


10.  Lorsque  (Vulg.  si).  Ici  commence  un 
nouveau  developpement,  analogue  a  celui 
des  vers.  1-9,  mais  d'un  caracftere  plus  pra- 
tique. Delitzsch  et  d'autres  regardent  les 
vers.  10  sv.  comme  la  continuation  de  ce 
qui  precede,  et  traduisent  le  ki  hebreu  par 
car.,  parce  que. 

13.  Chanin  tenehrux  :  "  celui  qui  fait  le 
mal,  dit  S.  Jean,  hait  la  lumiere. "  iii,  20. 
Com  p.  Ep  Ill's.  V,  II. 

14.  Se  rejouir  du  mal  est  le  plus  haut  de- 
gre  de  la  perversite. 

16.  Poitr  te  delivrer  continue  le  vers.  12. 
—  De  la  femine  qui  est  a  un  autre,  litt.  de  la 
femme  e'trangcre,  qui  appartient  k  une  autre 
famille,  c.-a-d.  de  la  femme  adultere.  — 
De  P etraiigcre  au  pays,  dit  Delitzsch,  de  la 
femme  non  Israelite  :  c'est  le  nom  donne 
aux  femmes  etrangeres  qu'epousa  Salomon 
I  Rois.,  xi,  I,  8.  A  j'exemple  de  ce  roi,  des 
Israelites,  a  cette  epoque,  prenaient  pour 
epouses  ou  pour  concubines  des  femmes 
nees  chez  les  nations  idolatres;  elles  rem- 


plagaient,  en  quelque  sorte,  les  prostituees, 
severement  interdites  par  la  loi  {Dent,  xxiii, 
18  sv.).  D'autres  interpretes  entendent  ega- 
lement  les  deux  expressions  de  la  femme 
adultere  israelite,  et  le  contexte  parait  favo- 
rable k  ce  sens. 

17.  Z'a;/// (Vulg.  le  guide)  de  sa  jeu7iesse, 
son  premier  epoux.  —  Lalliance  de  son 
Dieu.  Cette  expression  suppose  un  carac- 
tere  religieux  "dans  le  mariage  des  Israe- 
lites; les  epoux  se  juraient  sans  doute  de- 
vant  Dieu  une  fidelite  mutuelle.  Comp, 
Mal.  ii,  14. 

21.  Hahiteront  la  terrede  Chanaan  :  cette 
habitation  pacifique  de  la  terre  promise  k 
Israel  etait  la  plus  haute  benedi6lion  aussi 
bien  pour  la  nation  entiere  que  pour  les  in- 
dividus.  Exod.  xx,  12;  Lev.  xxv,  18;  Ps. 
xxxvii,  passim.  Comp.  Deut.  xxviii,  63;  Ps. 
Iii,  7.  —  Cette  terre  est  la  figure  de  la  terre 
des  vivants,  la  patrie  celeste. 


300 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  Ill,  x  — 19. 


Chap.  III. 


7 
8 


CHAr.  HI. —  Biens  reserves  aux  serviteurs  do  Dieu ;  secours  que  Dieu 
lour   menage ;  exhortation  a  ramour  du  prochain  et  a  la  justice. 

|0N  fils,  n'oublie  pas  mes  enseignements, 
Et  que  ton  cceur  garde  mes  preceptes. 
2  lis  te  procureront  de  longs  jours,  des  annees  de  vie, 
La  paix  et  le  honJieiir. 

3  C2ue  la  mise'ricorde  et  la  verite  ne  t'abandonnent  pas; 
Attache-les  k  ton  con,  grave-les  sur  les  tables  de  ton  cocur. 

4  Ainsi  tu  trouveras  faveur  et  bonne  renommee 
Aux  yeux  de  Dieu  et  des  hommes. 

5  Confie-toi  de  tout  ton  coeur  en  Jehovah, 
Et  ne  t'appuie  pas  sur  ta  propre  intelligence. 

6  Pense  a  lui  dans  toutes  tes  voies, 
Et  il  aplanira  tes  sentiers. 
Ne  sois  pas  sage  a  tes  propres  yeux; 
Grains  Jehovah  et  detourne-toi  du  mal. 
Ce  sera  la  sante  pour  ton  corps, 
Et  un  rafraichissement  pour  tes  os. 

9  Fais  honneur  a  Dieu  de  tes  biens, 
Des  premices  de  tout  ton  revenu. 

10  Alors  tes  greniers  seront  abondamment  remplis, 
Et  tes  cuves  deborderont  de  vin  nouveau. 

11  Mon  fils,  ne  meprise  pas  la  correction  de  Jehovah, 
Et  n'aie  pas  d'aversion  pour  ses  chatiments. 

12  Car  Jehovah  chatie  celui  qu'il  aime, 
Comme  un  pere  chdtie  Tenfant  qu'il  ch^rit. 

13  Heureux  I'homme  qui  a  Irouve  la  sagesse, 
Et  rhomme  qui  a  ac(|uis  la  prudence ! 

14  Son  acquisition  vaut  mieux  que  celle  de  I'argent, 
Sa  possession  est  preferable  cjue  celle  de  Tor  pur. 

15  Elle  est  plus  precieuse  que  les  perles, 
Tous  tes  joyaux  ne  I'egalent  pas. 

16  Dans  sa  droite  est  una  longue  vie, 
Dans  sa  gauche,  la  richesse  et  la  gloire. 
Ses  voies  sont  des  voies  agreables, 
Tous  ses  sentiers,  des  sentiers  de  paix. 
Elle  est  un  arbre  de  vie  pour  ceux  qui  la  posscdent 
Et  celui  qui  s'y  attache  est  heureux. 


I 


'7 
18 


19  Cast  par  la  sagesse  que  Jdhovah  a  fondc  la  terrc, 
Par  I'intelligence  qu'il  a  affermi  les  cieux. 


CHAP.  III. 

2.  Dc  longs  jours,  etc.  Conip.  Exod. 
XX,  12;  I  Rois,  iii,  14.  Ce  sont  les  promessas 
de  I'Anc.  Testament;  le  Nouveau  y  ajoute 
relies  de  la  vie  future  :  "  La  picte,  dit 
.S.  I'aul  (I  Tim.  iv,  8),  est  utile  a  tout,  ayant 
les  promesses  de  la  vie  prcsente  at  de  la  via 
;i  venir. 

3.  La  miscricordc,  ou  la  cJuiriti\  et  la  ve- 
rity :  deux  mots  souvent  reunis  dans  les 
Proverhes  pour  exprimer  les  sentiments  qui 
doivant  animer  I'homme  envers  son  pro- 
chain.  —  Attaclie-les  a  ton  con;  sens  : 
qu'elles  te  soient  toujours  presentes;  Moise 
fait  una  recommandation  analogue  au  sujet 


de  la  loi  Exod.  xiii.  16;  Dent.  6,  8.  D'au- 
tres  :  qu'allas  soient  ta  phis  belle  parure  : 
comp.  vi,  21.  —  Tables  de  ton  caur  :  allu- 
sion aux  tables  da  la  loi  Exod.  xxiv,  12. 
Comp.  II  Cor.  iii   3. 

4.  L-\fa7'eur  ou  \a.  grace  se  rapporte  sur- 
lout  a  Dieu;  la  bonne  renommee  ou  la  honne 
opinion  se  rapporte  surtout  aux  hommes. 

6.  //  aplanira  tes  sentiers,  il  les  rendra 
droits  et  unis  :  il  conduira  a  bonne  fin  toutes 
tas  entraprises. 

8.  Ce  sera,  la  crainta  de  Diau  sera,  ate.  — 
l^our  ton  corps  :  ainsi  ont  lu  les  LXX  et  la 
traduflaur  syriaqua;  Fhel^reu  aciluel  porte, 
pour  tofi  ombilic  :  cette  partia  centrale  du 
corps  repr^sante  rensambla  des  organas.  — 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  Ill,  i— 19. 


301 


— *—       CAPUT   III.       — :>— 

Sapientia  vitam  prolongat  :  misericordia  et 
Veritas  non  deserendK  :  fiducia  in  Deum  : 
timor  Dei  :  honorandus  Deus  :  coneftio 
Dei  cum  ketitia  ferenda  :  sapientias  laus  : 
sapientiam  sequentibus  omnia  prospera  : 
amico  statim  dandum,  nee  ei  male  facien- 
dum :  non  contendendum  :  iniqui  non 
imitandi  :  impiorum  perditio,  et  piorum 
benedidlio. 

ILI  mi,  ne  obliviscaris  le- 
gis  meas,  et  prascepta  mea 
cortuumcustodiat.2.Lon- 
gitudinem  enim  dierum, 
et  annos  vitas,  et  pacem  apponent 
tibi.  3.  Misericordia,  et  Veritas  te 
non  deserant,  circumda  eas  gutturi 
tuo,  et  describe  in  tabulis  cordis  tui : 
4.  et  invenies  gratiam,  et  discipli- 
nam  bonam  coram  Deo  et  homini- 
bus,  5.  Habe  fiduciam  in  Domino 
ex  toto  corde  tuo,  et  ne  innitaris 
prudentias  tuas.  6.  In  omnibus  viis 
tuis  cogita  ilium,  et  ipse  diriget 
gressus  tuos.  7.  "Ne  sis  sapiens 
apud  temetipsum  :  time  Deum,  et 
recede  a  malo  :  8.  sanitas  quippe 


erit  umbilico  tuo,  et  irrigatio  os- 
sium  tuorum.  9.  *Honora  Domi- 
num  de  tua  substantia,  et  de  pri- 
mitiis  omnium  frugum  tuarum  da 
ei  :  10.  et  implebuntur  horrea  tua 
saturitate,  et  vino  torcularia  tua 
redundabunt. 

1 1. '  Disciplinam  Domini,  iili  mi, 
ne  abjicias  :  nee  deficias  cum  ab  eo 
corriperis  :  12.  quern  enim  diligit 
Dominus,  corripit  :  et  quasi  pater 
in  filio  complacet  sibi. 

13.  Beatus  homo,  qui  invenit  sa- 
pientiam, et  qui  affluit  prudentia  : 
14.  melior  est  acquisitio  ejus  nego- 
tiatione  argenti,  et  auri  primi  et  pu- 
rissimi  fructus  ejus  :  15.  pretiosior 
est  cunctis  opibus  :  et  omnia,  quas 
desiderantur,  huic  non  valent  com- 
parari.  16.  Longitude  dierum  in 
dextera  ejus,  et  in  sinistra  illius  di- 
v'lUse,  et  gloria.  17.  Viae  ejus  vias 
pulchras,  et  omnes  semitse  illius  pa- 
cificas,  18.  Lignum  vitas  est  his,  qui 
apprehenderint  eam  :  et  qui  tenue- 
rit  eam,  beatus. 

19.  Dominus  sapientia  fundavit 
terram,  stabilivit  coslos  prudentia. 


'■'Tob.  4,  7. 
Luc.  14, 13, 


^Hebr.  12. 
5-  Apoc.  3, 
19. 


l/fi  rafrcnchisscincnt,  lilt,  un  arrosement : 
comp.  Ps.  cii,  4. 

9.  /^ais  /lonneur  d  Dieu  de  tes  bie/is, 
en  lui  en  consacrant  une  partie,  la  dime. 
Cette  recommandation  vient  ici,  non  pour 
rappeler  un  precepte  de  la  loi  mosaique, 
que  I'auteur  des  Proverbes  laisse  absolu- 
ment  de  cote,  mais  pour  appuyer  une  obli- 
gation naturelle,  qu'on  trouve  observee 
chez  la  plupart  des  nations  paiennes  de 
I'antiquite. 

10.  Voy.    II   Par.   xxxi,   10.  Comp.  Ltic, 

'^ii,  33- 

11.  La  corretlion^  litt.  Viiistruflioii  ou 
P education^  mais  I'instruflion  par  la  correc- 
tion et  I'epreuve.  C'est  toujours  en  vue  de 
quelque  bien  que  Dieu  permet  que  nous 
soyons  dprouves  :  pour  nous  detacher  des 
choses  d'ici-bas,  pour  nous  retirer  du  mal, 
pour  affermir  et  developper  en  nous  la  foi 
et  I'amour,  etc. 

12.  Coninie  un pcre,  etc.  D'autres  avec  la 
Vulg.,  ct  il  met  en  liii  son  affedion  com/ne 
un  pcrc  dans  son  enfant. 

13.  Qui  a  acquis,  litt.  puise  (Vulg.,  qui  a 
en  abondance),  dans  le  tresor  de  Dieu,  sans 
exclure  celui  de  I'experience  personnelle. 

14.  So/i    acquisition...    sa    possession    : 


d'autres  :  ie  gain  qtCelle  procure...  le  profit 
qu^on  en  tire. 

15.  Les  perles,  peut-etre  les  coraux  rou- 
ges {^Lament,  iv,  7).  —  Tes  joyaux,  litt.  tes 
objets  de  prixj  Vulg.,  tout  ce  qu^ofi  pent 
desirer. 

16.  La  sagesse  repand  ses  largesses  des 
deux  mains;  de  la  droite,  qui  est  la  plus 
noble,  elle  dispense  le  bien  le  plus  precieux, 
savoir  longueur  de  vie,  et  cette  longueur, 
dit  S.  Augustin,  c'est  I'eternite;  de  la  gau- 
che, elle  donne  ce  que  Notre-Seigneur  ap- 
pelle  le  surcroit  {J\Iatth.  vi,  33).  Comp. 
I  Rois,  iii,  11- 14. 

18.   Un  arbre  de  vie. 
I'auteur    des    Pi'overbes,   qui    I'emprunte   a 
I'histoire  primitive  de  I'homme  {Gen.  ii,  9; 
iii,  22). 

19  sv.  Ces  deux  versets  sont  peut-etre 
amenes  par  le  souvenir  de  I'arbre  de  vie; 
d'ailleurs  ils  se  lient  bien  avec  I'ensemble ; 
jusqu'ici  la  sagesse  a  et^  montree  dans  ses 
relations  avec  I'homme;  mais  elle  est  aussi 
en  relation  avec  Dieu  :  c'est  par  elle  que 
Jehovah,  c.-a-d.  que  Dieu  a  concu  et  realist 
le  plan  de  cet  univers.  Ici  la  sagesse  n'est 
plus  seulement  un  attribut  divin,  elle  nous 
apparait  comme  une  puissance  vivante. 


image  familiere  a 


302         LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  Ill,  20—35;  IV,  i— 10. 

20  C'est  par  sa  science  que  les  abimes  se  sont  ouverts, 
Et  que  les  nuages  distillent  la  rosee. 

21  Mon  fils,  que  ces  enseignements  ne  s'eloignent  pas  de  tes  yeux. 
Garde  la  sagesse  et  la  reflexion; 

22  Elles  seront  la  vie  de  ton  ame 
Et  I'ornement  de  ton  cou. 

23  Alors  tu  marcheras  en  security  dans  ton  chemin, 
Et  ton  pied  ne  heurtera  pas. 

24  Si  tu  te  couches,  tu  seras  sans  crainte; 

Et  quand  tu  seras  couche,  ton  sommeil  sera  doux. 

25  Tu  n'as  a  redouter  ni  une  terreur  subite, 
Ni  une  attaque  de  la  part  des  mediants. 

25  Car  Jehovah  sera  ton  assurance, 

Et  il  preservera  ton  pied  de  tout  picge. 

27  Ne  refuse  pas  un  bienfait  a  ceux  a  qui  il  est  du, 
()uand  il  est  en  ton  pouvoir  de  Taccorder. 

28  Ne  dis  pas  a  ton  prochain  :  "  Va  et  reviens, 

Demain  je  donnerai,"  quand  tu  peux  donner  sur  I'heure. 

29  Ne  medite  pas  le  nial  contre  ton  prochain, 
Lorsqu'il  reste  tranquille  prcs  de  toi. 

30  Ne  conteste  pas  sans  motif  avec  quelqu'un, 
Lorsqu'il  ne  t'a  point  fait  de  mal. 

31  Ne  porte  pas  envie  a  Thomme  de  violence, 
Et  ne  choisis  aucune  de  ses  voies  : 

32  Car  Jehovah  a  en  horreur  les  hommes  pervers, 
Mais  aux  coeurs  droits  il  communique  ses  secrets. 

33  La  maledi(5lion  de  Jehovah  est  dans  la  maison  du  mechant, 
Mais  il  bdnit  le  toit  des  justes. 

34  II  se  moque  des  mocjueurs, 

Et  il  donne  la  grace  aux  humbles. 

35  La  gloire  sera  le  partage  des  sages, 

Mais  les  insenses  ont  pour  leur  part  I'ignominie. 


SECTION    IL— Seconde  serie  d'exhortations  [CH.  IV  — VII] 


Chap.  IV. 


CHAP.  I\^  —  Enseignements  que  le  sage  recut  de  son  pere 

pendant  sa  jeunesse. 

COUTEZ,  mes  fils,  TinStrudlion  d'un  pere, 

Et  soyez  attentifs,  pour  apprendre  I'intelligence; 
2  Car  je  vous  donne  une  bonne  docflrine  : 
N'abandonnez  pas  mon  enseignement. 

3  Moi  aussi  j'ai  tit6  un  fils  pour  mon  pere, 
Un  fils  tendre  et  unique  auprcs  de  ma  mere. 

4  II  m'instruisait  et  il  me  disait  : 
Que  ton  coeur  retienne  mes  paroles. 
Observe  mes  preceptcs,  et  tu  vivras. 

5  Acquiers  la  sagesse,  acquiers  I'intelligence; 
N'oublie  pas  les  paroles  de  ma  bouche,  et  ne  t'en  detourne  pas. 

6  Ne  I'abandonne  pas,  et  elle  te  gardera; 
Aime-la,  et  elle  te  conservera. 

7  Voici  le  commencement  de  la  sagesse  :  acquiers  la  sagesse, 
Au  prix  de  tout  ce  que  tu  possedes,  acquiers  I'intelligence. 

8  Tiens-la  en  haute  estime,  et  elle  t'exallera; 
Elle  fera  ta  gloire,  si  tu  I'embrasses. 

g  Elle  mettra  sur  ta  tcte  une  couronnc  de  grace, 
Elle  t'ornera  d'un  magnifique  diademe. 

10  Ecoute,  mon  fils,  et  re(^ois  mes  paroles, 
Et  les  annees  de  ta  vie  se  multiplieront. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  Ill,  20—35;  IV,  i— 11. 


303 


20.  Sapientia  illius  eruperunt  abyssi, 
et  nubes  rore  concrescunt.  21.  Fill 
mi,  ne  effluant  haec  ab  oculis  tuis  : 
Custodi  legem  atque  consilium  : 
22.  et  erit  vita  animas  tuae,  et  gratia 
faucibus  tuis.  23.  Tunc  ambulabis 
fiducialiter  in  via  tua,  et  pes  tuus 
non  impinget :  24.  si  dormieris,  non 
timebis  :  quiesces,  et  suavis  erit 
somnus  tuus.  25.  Ne  paveas  repen- 
tino  terrore,  et  irruentes  tibi  poten- 
tias  impiorum.  26.  Dominus  enim 
erit  in  latere  tuo,  et  custodiet  pe- 
dem  tuum  ne  capiaris. 

27.  Noli  prohibere  benefacere 
eum,  qui  potest  :  si  vales,  et  ipse 
benefac  :  28.  ne  dicas  amico  tuo  : 
Vade,  et  revertere  :  eras  dabo  tibi  : 
cum  statim  possis  dare.  29.  Ne  mo- 
liaris  amico  tuo  malum,  cum  ille  in 
te  habeat  fiduciam.  30.  Ne  conten- 
das  ad  versus  hominem  frustra,  cum 
36,1.  ipse  tibi  nihil  mali  fecerit.  3i.'^Ne 
aemuleris  hominem  injustum,  nee 
imiteris  vias  ejus  :  32.  quia  abomi- 
natio  Domini  est  omnis  illusor,  et 
cum  simplicibus  sermocinatio  ejus. 
33.  Egestas  a  Domino  in  domo  im- 
pii  :  habitacula  autem  justorum  be- 
nedicentur.  34.  Ipse  deludet  illuso- 
res,  et  mansuetis  dabit  gratiam. 
35.  Gloriam  sapientes  possidebunt : 
stultorum  exaltatio,  ignominia. 


— :;:—       CAPUT   IV.       — :!:— 

Sapiens  suo  exemplo  hortatur  qujerere  sa- 
pientiam,  cujus  explicat  utilitates ;  vise 
impiorum  declinandae,  et  justorum  am- 
plecflends  :  de  custodia  cordis,  oris,  et 
gressuum. 


UDITE  iilii  disciplinam 
patris,  et  attendite  ut  scia- 
tis  prudentiam.  2.  Donum 
bonum  tribuam  vobis,  le- 
gem meam  ne  derelinquatis.  3.  Nam 
et  ego  filius  fui  patris  mei,  tenellus, 
et  unigenitus  coram  matre  mea  : 
4.  et  docebat  me,  atque  dicebat : 
Suscipiat  verba  mea  cor  tuum,  cu- 
stodi pra^cepta  mea,  et  vives.  5.  Pos- 
side  sapientiam,  posside  pruden- 
tiam :  ne  obliviscaris,  neque  decli- 
nes a  verbis  oris  mei.  6.  Ne  dimittas 
eam,  et  custodiet  te  :  dilige  earn,  et 
conservabit  te.  7.  Principium  sa- 
pientias,  posside  sapientiam,  et  in 
omni  possessione  tua  acquire  pru- 
dentiam :  8.  arripe  illam,  et  exalta- 
bit  te  :  glorificaberis  ab  ea,  cum  eam 
fueris  amplexatus.  9.  Dabit  capiti 
tuo  augmenta  gratiarum,  et  corona 
inclyta  proteget  te. 

10.  Audi  fill  mi,  et  suscipe  verba 
mea,  ut  multiplicentur  tibi  anni 
vitas.  1 1 .  Viam  sapiential  monstrabo 


20.  Les  abhnes,  le  reservoir  des  eaux  sou- 
terraines,  se  sont  ouveris^  litt.  separe's,  pour 
former  les  mers  particulieres,  les  fleuves  et 
les  rivieres  qui  arrosent  le  sol.  Selon  d'au- 
tres  interpretes,  il  s'agirait  ici  de  la  separa- 
tion des  eaux  qui  s'accomplit  le  2*=  jour 
{Gen.  i,  6,  7),  et  qui  ont  pour  resultat  d'en 
transporter  une  partie,  sous  la  forme  de 
nuages  et  de  vapeurs,  au-dessus  du  firma- 
ment. —  La  rosce  et  la  pluie. 

21.  Ces  ettseignemenis,  qui  precedent;  ou 
bien  :  les  deux  choses  exprimees  dans  le 
second  membre  du  verset. 

27.  A  ceux  a  qui  il  est  dfe,  litt.  a  leurs 
inaiircs  :  hebra'isme  :  au  pauvre. 

33.  La  inaledidion  de  Jehovah;  Vulg., 
disette  de  la  part  du  Seigneur,  envoyee 
par  lui. 

35.  Mais  les  insensc's,  etc.  D'autres  :  mais 
Ic  deshoiincur  enlcvc  les  inseiises,  les  mene 
a  la  ruine. 


CHAP.  IV. 

I.  Dhin  pcre  :  c'est  le  sage  vis-a-vis  de 
ses  disciples. 

3.  Moi  aussi  :  cette  situation  de  Jils  qui 
est  la  votre  vis-k-vis  de  moi,  elle  a  ete  aussi 
la  mienne  devant  mon  pere  et  ma  mere. 

7.  Le  commencement  de  la  sagesse,  dit 
Corn,  de  Lapierre,  "  ne  consiste  pas  en 
d'arides  speculations  sur  la  vertu,  mais  dans 
une  volonte  sincere  et  un  serieux  effort  pour 
I'acquerir."  On  peut  appliquer  ici  ce  que 
S.  Francois  de  Sales  disait  de  I'amour  de 
Dieu  :  le  moyen  le  plus  aise,  le  plus  court, 
pour  aimer  Dieu  de  tout  son  coeur,  c'est  de 
I'aimer  de  tout  son  coeur.  Comme  on  ap- 
prend  a  parler  en  parlant,  aussi  apprend-on 
a  aimer  Dieu  et  le  prochain  en  I'aimant. 

10.  Mon  Jils  :  est-ce  le  pere  du  sage  qui 
continue  de  parler  a  son  fils,  ou  bien  est-ce 
le  sage  lui-meme  qui  reprend  la  parole  en 
son  propre  nom.''  Les  anciens  en  general 


304 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  IV,  11—27;  V,  r— 7. 


11  je  te  montre  la  voie  de  la  sagesse, 

Je  te  conduis  dans  les  sentiers  de  la  droiture. 

12  Si  tu  marches,  tes  pas  ne  seront  point  a  I'etroit, 
Et  si  tu  cours,  tu  ne  trebucheras  pas. 

13  Retiens  I'instruclilion,  ne  Tabandonne  pas, 
Garde-la,  car  elle  est  ta  vie. 

14  N'entre  pas  dans  le  sentier  des  mechants, 

Et  ne  marche  pas  dans  la  voie  des  hommes  mauvais. 

15  Evite-la,  n'y  passe  point, 
Detourne-toi  et  passe. 

16  Car  ils  ne  dorment  pas,  s'ils  ne  font  le  mal; 

lis  ne  trouvent  pas  le  sommeil,  s'ils  ne  font  tomber  personne. 

17  Car  ils  mangent  le  pain  du  crime, 
Ils  boiront  le  vin  de  la  violence. 

18  Le  sentier  des  justes  est  comme  la  brillante  lumiere  du  matin, 
Dont  I'eclat  va  croissant  jusqu'au  milieu  du  jour. 

19  La  voie  des  mechants  est  comme  les  tencbres; 
lis  n'aperc^oivent  pas  ce  qui  les  fera  tomber. 

20  Mon  fils,  sois  attentif  a  mes  paroles, 
Prete  I'oreille  a  mes  discours, 

21  Ou'ils  ne  s'eloignent  pas  de  tes  yeux, 
Garde-les  au  milieu  de  ton  coeur. 

22  Car  ils  sont  vie  pour  ceux  qui  les  trouvent, 
Sant^  pour  tout  leur  corps. 

23  Garde  ton  cceur  avant  toute  chose, 

Car  de  lui  jaillissent  les  sources  de  la  vie. 

24  Eloigne  de  ta  bouche  les  paroles  tortueuses, 
De  tes  levres  la  faussete. 

25  ()ue  tes  yeux  regardent  en  face, 

Et  que  tes  paupieres  se  dirigent  devant  toi. 

26  Fais  a  tes  pieds  un  chemin  uni 

Et  que  toutes  tes  voies  soient  droites. 

27  N'incline  ni  a  droite  ni  a  gauche, 
Et  detourne  ton  pied  du  mal. 


Chap.  V. 


CHAP.  V. —  Ou'il  faut  s'abstcnir  des  amours  impurcs  et  s'attacher 

a  son  epousc. 

?g|ON  fils,  sois  attentif  a  ma  sagesse, 
1 1  Et  prete  I'oreille  a  ma  prudence, 

2  Afin  que  tu  conserves  la  retlexion, 
Et  que  tes  levres  gardent  la  science. 

3  Car  les  levres  de  t'etrangcre  distillent  Ic  miel, 
Et  sa  Ijouche  est  plus  douce  que  I'huilc. 

4  Mais  ^.  la  fin  elle  est  amere  comme  I'absinthe, 
Aiguc  comme  un  glaive  a  deux  tranchants. 

5  Ses  pieds  descendent  vers  la  mort, 
Ses  pas  vont  droit  au  sejour  des  ombres. 

6  Loin  de  prendre  le  chemin  de  la  vie, 
Elle  porte  ga  et  h\  ses  pas  incertains, 
Elle  ne  sait  ou  die  est. 

7  Et  maintenant,  mes  lils,  ccoutez-moi, 
Et  ne  vous  ecartez  pas  des  paroles  de  ma  bouche. 


adoptenl  le  dernier  sentiment;  la  plupart 
des  modernes  pensent  que  c'est  encore  le 
pore  qui  parle,  et  cela  jusqu'au  vers.  20,  et 
mcme  jusqu'a  v,  6  (Delitzsch). 

12.  Rude  et  penible  au  premier  abord,  le 
chemin  de  la  sagesse  est  en  realite  moins 
penible  que  celui  du  vice  {Sap.  v,  7);  on  y 


marche  a  I'aise,  on  y  court  meme  sans  avoir 
a  craindre  de  trebucher. 

14.  N^ntre  pas...  ne  marche  pas.  Vulg., 
ne  /nets  pas  ton  plaisir...  ni  ta  complai- 
sance. 

16.  Ils  ne  dorment  pas  :  ce  n'est  pas  le 
remords  qui  trouble  leur  sommeil,  c'est  le 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  Ill,  12—27;  V,  1—7. 


305 


tibi,  ducam  te  per  semitas  asquitatis : 
12.  quas  cum  ingressus  fueris,  non 
arctabuntur  gressus  tui,  et  currens 
non  habebis  offendiculum.  1 3.  Tene 
disciplinam,  ne  dimittas  earn  :  custo- 
di  illam,  quia  ipsa  est  vita  tua.  1 4.  Ne 
delecteris  in  semitis  impiorum,  nee 
tibi  placeat  malorum  via.  15.  Fuge 
ab  ea,  nee  transeas  per  illam  :  de- 
clina,  et  desere  earn.  16.  Non  enim 
dormiunt  nisi  malefecerint  :  et  ra- 
pitur  somnus  ab  eis  nisi  supplanta- 
verint.  17.  Comedunt  panem  im- 
pietatis,  et  vinum  iniquitatis  bibunt. 
18.  Justorum  autem  semita,  quasi 
lux  splendens,  procedit  et  crescit 
usque  ad  perfectam  diem.  19.  Via 
impiorum  tenebrosa  :  nesciunt  ubi 
corruant. 

20.  Fili  mi,  ausculta  sermones 
meos,  et  ad  eloquia  mea  inclina  au- 
rem  tuam.  2  i.  Ne  recedant  ab  ocu- 
lis  tuis,  custodi  ea  in  medio  cordis 
tui  :  22.  vita  enim  sunt  invenienti- 
bus  ea,  et  universas  carni  sanitas. 
23.  Omni  custodia  serva  cor  tuum, 
quia  ex  ipso  vita  procedit.  24.  Re- 
move a  te  OS  pravum,  et  detrahen- 
tia  labia  sint  procul  a  te.  25.  Oculi 
tui  recta  videant,  et  palpebral  tuas 
prascedant  gressus  tuos.  26.  Dirige 
semitam  pedibus  tuis,  etomnesvias 


tuas  stabilientur.  27.  Ne  declines  ad 
dexteram,neque  ad  sinistram :  averte 
pedem  tuum  a  malo  :  vias  enim, 
quas  a  dextris  sunt,  novit  Dominus  : 
perversa^  vero  sunt  quas  a  sinistris 
sunt.  Ipse  autem  rectos  faciet  cur- 
sus  tuos,  itinera  autem  tua  in  pace 
producet. 

— :i:—         CAPUT  V.         — *— 

Vitare  jubet  meretricem  :  et  ne  labores  et 
anni  perdantur  :  propria  uxor  diligatur,  et 
fugiatur  aliena. 

^ILI  mi,  attende  ad  sapien- 
tiam  meam,  et  prudentias 
meas  inclina  auream  tuam, 
2,  ut  custodias  cogitatio- 
nes,  et  disciplinam  labia  tua  con- 
servent.  Ne  attendas  fallacias  mu- 
lieris  :  3.  favus  enim  distillans 
labia  meretricis,  et  nitidius  oleo 
guttur  ejus  :  4.  novissima  autem 
illius  amara  quasi  absynthium,  et 
acuta  quasi  gladius  biceps.  5.  Pe- 
des ejus  descendunt  in  mortem, 
et  ad  inferos  gressus  illius  pene- 
trant. 6.  Per  semitam  vitas  non 
ambulant,  vagi  sunt  gressus  ejus, 
et  investigabiles. 

7.  Nunc  ergo  fili  mi  audi  me,  et 
ne  recedas  a  verbis  oris  mei. 


regret  de  n'avoir  pii  faire  le  mal,  tant  ils 
ont  I'habitude  du  crime. 

17.  Sens,  ou  bien  :  ils  mangent  le  pain 
acquis  par  ieurs  crimes  (comp.  Amos,  ii,  S); 
ou  bien  :  ils  se  nourrissent  du  crime  comme 
on  mange  du  pain  {Job,  xv,  16;  xxxiv,  7); 
la  seconde  explication  donne  une  pensee 
plus  dnergique,  faisant  gradation  avec  celle 
du  vers.  16. 

Les  deux  versets  suivants  resument  ce  qui 
precede  :  les  deux  voies  proposees  au  choix 
du  jeune  homme  different  entre  elles  comme 
la  lumiere  et  les  tenebres. 

18.  Le  scntier  des  justes,  etc. :  marchant  a 
cette  lumiere,  le  juste  n'a  pas  a  craindre  de 
tomber;  elle  est  pour  lui  tout  a  la  fois  secu- 
rite  et  felicite. 

22.  Old  les  irouvd/it,  qui  parviennent  a 
se  les  procurer. 

23.  Les  sources  (litt.  les  sorties)  de  la  vie  : 
dans  la  psychologic  des  Hebreux,  le  cceur 
est  le  centre  de  la  vie  intelle6\uelle  et  mo- 
rale, comme  11  Test,  sous  le  rapport  physio- 

N"  2J  —  1,.\  SAINTK  BIBLE.  TOME  IV.  —  20 


logique,  par  le  sang'  qui  porta  la  vie  dans 
tous  les  membres. 

25.  Regardent  en  face,  contrairement  au 
regard  faux  et  oblique  du  mechant. 

26.  Sens  :  evite  tout  ce  qui  n'est  pas  mo- 
ralement  uni  et  droit. 

27.  A"i/tcliiu',  etc.  :  locution  proverbiale 
familiere  a  la  Bible  {Is.  xxx,  21,  al.) 

Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent  :  car  le  Sei- 
gneur connaU  les  voies  qui  sont  ti  droite, 
niais  celles  qui  sont  (X  gauche  sont  inauvai- 
ses.  Lui-nieme  dirigera  ta  course,  et  te  fcra 
suivre  ton  cheniin  dans  la  paix. 

CHAP.  V. 

2.  Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent  :  ne  donne 
aucune  attention  aux  artifices  de  la  leinme; 
c'est  comme  le  titre  du  chapitre. 

3.  Lctrangcre  a  la  famille,  radultcre  oii 
la  courtisane.  —  Sa  bouche,  litt.  son  palais. 
Comp.  Ps.  Iv,  21. 

6.  Oit  elle  est,  ni  oil  elle  va. 


306 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chai>.  V, 


S— 23; 


VI,  1—6. 


8  Eloigne-toi  du  chemin  qui  conduit  vers  elle, 
Ne  t'approche  pas  de  la  poite  de  sa  maison, 

9  De  peur  que  tu  ne  livres  a  d'autres  la  fleur  de  ta  jeunesse, 
Et  tes  annees  au  tyran  cruel; 

0  De  peur  que  des  etrangers  ne  se  rassasient  de  tes  biens, 

¥a  que  le  fruit  de  ton  travail  ne  passe  dans  la  maison  d'aulrui; 

1  De  peur  que  tu  ne  gemisses,  a  la  fin, 
()uand  ta  chair  et  ton  corps  seront  consumes, 

2  Et  que  tu  ne  discs  :  Comment  done  ai-je  pu  hair  la  corre(flion, 
Et  comment  mon  cceur  a-t-il  dedaigne  la  reprimande? 

3  Comment  ai-je  pu  ne  pas  ecouter  la  voix  de  mes  maitres, 
Ne  pas  preter  Foreille  a  ceux  qui  m'instruisaient? 

4  J'ai  failli  en  venir  au  comble  du  malheur 
Au  milieu  du  peuple  et  de  I'assemblee. 

5  Bois  I'eau  de  ta  citerne, 

Les  ruisseaux  qui  sortent  de  ton  puits. 

6  Que  tes  sources  se  repandent  au  dehors! 

Que  tes  ruisseaux  coulent  sur  les  places  publiquesi 

7  Qu'ils  soient  pour  toi  seul, 

Et  non  pour  des  etrangers  avec  toi! 

8  Que  ta  source  soit  bdnie, 

Et  mets  ta  joie  dans  la  femme  de  la  jeunesse. 

9  IJiche  charmante,  gracieuse  gazelle,  — 
Que  ses  charmes  t'enivrent  en  tout  temps! 
Sois  toujours  epris  de  son  amour! 

20  Pourquoi,  mon  fils,  irais-tu  a  une  etrangere, 
Et  embrasserais-tu  le  sein  d'une  inconnue? 

21  Car  les  yeux  de  Jehovah  regardent  les  voies  de  Ihonmie, 
II  considere  tous  ses  sentiers. 

22  Le  mediant  est  pris  dans  ses  propres  iniquilds, 
II  est  saisi  par  les  liens  de  son  ptche. 

23  II  mourra  faute  de  discipline, 

11  sera  trompe  par  I'exces  de  sa  folie. 


Chap.  VI. 


CHAT.  \  I.  —  Avertissements  divers  de  la  sagesse  :  ne  pas  se  rendre  impru- 
demmeiit  caution;  la  paresse;  cviter  Ic  mechant  et  I'hypocrite ;  I'impu- 
rete  et  ses  suites. 

ON  fils,  si  tu  t'es  rendu  caution  pour  tun  ami, 
Si  tu  t'es  engage  pour  un  etranger, 
2  Tu  es  lie  pur  les  paroles  de  ta  bouche, 
Tu  es  pris  par  les  paroles  de  ta  bouche. 
Fais  done  ceci,  mon  ami,  degage-loi, 
Puiscjue  tu  es  tombe  aux  mains  de  Ion  prochain, 
Va,  prosterne-toi  et  prcsse-le  vivement; 
Ne  donne  ni  sommeil  a  les  yeux, 
Ni  assoupissemenl  a  tes  paupicres; 
Degage-loi,  conmie  la  gazelle  de  la  main  (/u  c/iasscur, 
Comme  I'oiseau  de  la  main  de  I'oiseleur. 


6  Va  vers  la  fourmi,  6  paresseux; 
Considere  ses  voies  et  deviens  sage. 


9.  La  fleiir,  ou  la  vionetir,  de  ta  jeunesse, 
lilt,  ton  /lonneur,  ce  qui  fait  I'honneur  d'un 
jeune  homme.  —  A  (Vautres,  ...  au  tyran 
cruel :  il  est  probable  que  I'auteur  entend 
par  la,  la  femme  elle-meme,  avec  tout  son 
entourage  de  parents  et  d'amants,  exploi- 
tant  comme  une  proie  facile  I'imprudent 
jeune  homn)e  qui  s'est  jetd  dans  ses  filets, 


le  poussant  au  fond  de  I'abime  et  le  rui- 
nant  dans  son  corps  comme  dans  ses 
biens.  Par  tyran  cruel,  la  plupart  des  an- 
ciens  interpretes  entendent  le  d^mon,  d'au- 
tres la  mort. 

14.  Du  nuxlheur,  litt.  du  nial,  aussi  bien 
du  mal  moral,  du  vice,  que  du  mal  physi- 
que, de  ses  suites  lerriblcs.  —  Au  milieu 


IJBER  PROVERBIORUM.     Cap.  V,  8—23;  VI,  1—6. 


307 


8.  Longe  fac  ab  ea  viam  tuam,  et 
ne  appropinques  foribus  domus  ejus. 
9.  Ne  des  alienis  honorem  tuum,  et 
annos  tuos  crudeli.  10.  Ne  forte 
impleantur  extranei  viribus  tuis,  et 
labores  tui  sint  in  domo  aliena, 
1 1.  Et  gemas  in  novissimis,  quando 
consumpseris  carnes  tuas  et  corpus 
tuum,  et  dicas  :  12.  cur  detestatus 
sum  di^ciplinam,  et  increpationibus 
non  acquievit  cor  meum,  13.  nee 
audivi  vocem  docentium  me,  et  ma- 
gistris  non  inclinavi  aurem  meam? 
14.  Pene  fui  in  omni  malo,  in  me- 
dio ecclesias  et  synagogas. 

I  5.  Bibe  aquam  de  cisterna  tua, 
et  fluentaputei  tui  :  16.  deriventur 
fontes  tui  foras,  et  in  plateis  aquas 
tuas  divide.  17.  Habeto  eas  solus, 
nee  sint  alieni  participes  tui.  18.  Sit 
vena  tua  benedicta,  et  lastare  cum 
muliere  adolescentiae  tuie  :  i  9.cerva 
carissima,  et  gratissimus  hinnulus  ; 
ubera  ejus  inebrient  te  in  omni  tem- 
pore, in  amore  ejus  delectare  jugi- 
ter.  20.  Ouare  seduceris  fili  mi  ab 
aliena,  et  foveris  in  sinu  alterius? 
3. 14,  21.  "Respicit  Dominus  vias  homi- 
3I'  4    nis,  et  omnes  gressus  ejus  conside- 

21.  •'  o  J 


rat.  22.  Iniquitates  suae  capiunt  im- 
pium,et  funibus  peccatorum  suorum 
constringitur.  23.  Ipse  morietur, 
quia  non  habuit  disciplinam,  et  in 
multitudine  stultitia^  suae  decipietur. 

— :i:—         CAPUT   VI.        — :i:— 

Sponsor!  ut  fidem  datam  liberet  laboran- 
dum  :  pigium  formicce  exemplo  excitat  ad 
laborem  :  apostatam  describit  :  sex  qiue 
Dominus  odit  :  exhortatur  ad  legis  custo- 
diam,  utque  mulieris  pulchritudinem  non 
concLipiscas,  sed  consortium  vites  adul- 
teras. 

ILI  mi,  si  spoponderis  pro 
amico  tuo,  defixisti  apud 
extraneum  manum  tuam, 
2.  illaqueatus  es  verbis 
oris  tui,  et  captus  propriis  sermoni- 
bus,  3.  Fac  ergo  quod  dico  fili  mi, 
et  temetipsum  libera  :  quia  incidisti 
in  manum  proximi  tui.  Discurre, 
festina,  suscita  amicum  tuum  :  4.  ne 
dederis  somnum  oculis  tuis,  nee 
dormitent  palpebras  tuas.  5.  Eruere 
quasi  damula  de  manu,  et  quasi  avis 
de  manu  aucupis. 

6.  Vade  ad  formicam  o  piger,  et 


de  ses  concitoyens  scandalises  et  irrites. 

15.  Citerne^  reservoir  ou  I'on  recueille  les 
eaux  de  pluie ;  puits^  la  fontaine  plus  ou 
moins  profonde  d'oii  jaillit  Teau  viva  :  c'etait 
en  Orient  le  bien  le  plus  precieux;  il  avait 
un  caraClere  sacre.  Voila  pourquoi  Salomon 
en  fait  I'image  de  I'epouse  legitime  (comp. 
Is.  li,  i;xlviii,  \\Noinbr.  xxiv,7;  Ps,  lxviii,2.7; 
Cant,  iv,  12)  :  c'est  a  cette  pure  fontaine 
que  I'epoux  doit  etancher  sa  soif. 

16-17.  Tes  sources,  tes  riiisseaiix  :  ces 
mots,  dit  Delitzsch  tigurent  ici  et  designent 
les  nombreux  enfants  qui  doivent  sortir  de 
la  famille  soumise  aux  loisde  la  sagesse.  — 
(2ii'ils  soient  pour  tot  seul,  qu'ils  ne  soient 
pas  meles  a  une  autre  famille.  11  se  peut  que 
les  quatre  vers.  15-18  doivent  se  combiner 
deux  a  deux  en  alternant  de  la  maniere  sui- 
vante  :  15  et  17,  respetl  de  I'union  conju- 
gale,  16  et  18,  benedi(flion  attachee  a  ce 
respeiTt.  D'autres  traduisent  interrogative- 
ment  le  vers.  16  :  Tes  sources  doiveiii-elles 
se  repandre  au  dehors?  Tes  ruisseaux  doi- 
vent-ils  couler  sur  les  places  publiques? 

ig.  Bic/u%  gazelle  :  ces  gracieux  animaux 
sent  dans  la  poesie  orientale  Timage  ordi- 


naire de  la  beaute ;  leur  nom  etait  souvent 
donne  a  des  femmes.  Voy.  AlI.  ix,  39,  ou 
figure  une  jeune  chretienne  appelee  Tabi- 
tha,  c.-a-d.  gazelle.  Comp.  Cant,  ii,  9,  17; 
viii,  1 1.  —  Ses  charincs.,  litt.  sa poitrine,  son 
sein. 

22.  Les  liens  que  son  pecJte  porte  avec  lui. 

CHAP.  VI. 

1.  Ton  ami,  ou  ton  prochain.  —  .SV  ///  fes 
engage  (litt.,  si  tu  as  frappe  ta  main)  pour 
un  e'tranger,  sans  doute  quelque  marchand 
phenicien  debiteur  d'un  Israelite  :  comp. 
xi,  15;  XX,  16;  ou  bien,  avec  la  Vulg.,  vis-a- 
vis  d''un  etranger,  creancier  d'un  Israelite. 

2.  Par  les  paroles  de  ta  bouche  :  la  re'pc- 
tition  a  pour  but  de  faire  sentir  a  I'hom- 
me-caution  que  c'est  lui-meme  qui  s'est 
ainsi  lie. 

3.  Tu  es  tonibe',  etc.  :  ton  sort  depend  de 
la  probite  et  de  la  diligence  de  ton  ami.  — 
Prosterne-toi,  WXX.  fais-toi  fouler  aux  picds, 
c.-a-d.  pose-toi  devant  lui  en  suppliant,  ou 
bien  trouve-toi  continuellement  sur  ses  pas; 
d'autres,  frappe  du  pied;  Vulg.,  hilte-toi. 
Comp.  Ps.  Ixviii,  31. 


I 


308 


l.IVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  VI,  7  -31. 


7  EUe  qui  n'a  ni  chef, 

Ni  inspefleur  des  travaux,  ni  loi, 

8  Elle  amasse  en  die  de  quoi  manger, 

Elle  recueillc  pendant  la  moisson  sa  nourrilure. 

9  Jusques  a  quand,  6  paresseux,  seras-tu  couche? 
Quand  te  leveras-tu  de  ton  sommeil? 

10  '■  Un  pen  de  sommeil,  un  pea  d'assoupissenient, 
Un  pen  croiser  les  mains  sur  men  lit.  " 

11  Et  la  pauvrete  te  surprendra  comme  un  voyageur, 
Et  la  disette  comme  un  homme  en  aimes! 

12  Un  hommc  peivers,  un  homme  inique, 
Marche  la  perversite  dans  la  bouche, 

13  II  cligne  les  yeu.x,  parle  du  pied, 
Fait  des  signes  avec  les  doigts. 

14  L'iniquite  est  dans  son  coeur, 

II  mddite  le  mal  en  tout  temps, 
11  suscite  des  querelles. 

15  Aussi  sa  mine  viendra  subitement; 

II  sera  brise  tout  d'un  coup  et  sans  lemcde. 

16  11  y  a  six  choses  que  hait  Jehovah, 
11  y  en  a  sept  qu'il  a  en  honeur: 

17  Les  yeux  altiers,  la  langue  menleuse, 

Les  mains  qui  font  couler  le  sang  innocent, 

18  Le  cceur  qui  medite  des  projets  coupables, 
Les  pieds  empresses  a  courir  au  mal, 

19  Le  faux  temoin  qui  profere  des  mensonges, 
Et  cclui  qui  seme  la  discorde  entre  freres. 

20  Mon  fils,  garde  les  pre'ceptes  de  ton  pere, 
Et  ne  rejette  pas  I'enseignement  de  la  mere. 

21  Lie-les  constamment  siir  ton  cojur, 
Attache-les  a  ton  cou. 

22  lis  te  dirigeront  dans  ta  marche, 
lis  te  garderont  dans  ton  sommeil, 

.\  ton  rcveil  ils  converseront  avec  toi. 

23  Car  le  preceple  est  une  lampe,  et  la  loi  une  lumicre, 
Et  les  sages  avertissements  sont  le  chemin  de  la  vie. 

24  Ils  te  preserveront  de  la  femme  pei  verse, 
De  la  langue  doucereuse  dc  IV'trangcre. 

25  Ne  convoite  i^as  sa  beaute  dans  ton  coeur, 
Et  ne  le  laisse  pas  seduire  ]mr  ses  paupieres. 

26  Car  pour  la  courtisane  on  sc  reduit  a  un  morceau  dc  [jain, 
Et  la  femme  niariee  prend  au  picge  une  vie  precieuse. 

2"]  Se  peut-il  qu'un  homme  mette  du  feu  dans  son  sein 
Sans  cjue  ses  vctements  s'enflamment? 

28  Qu'il  marche  sur  des  charbons  ardents 
Sans  que  ses  pieds  soient  bruit's? 

29  Ainsi  en  cst-il  de  celui  qui  s'approche  de  la  femme  de  son  prochain 
Quiconque  la  louche  ne  saurait  rester  impuni. 

30  On  ne  mcprise  pas  un  voleur  qui  derobc 

Pour  satisfaire  sa  faim,  quand  il  n'a  ricn  a  manger. 

31  Surpris,  il  rend  sept  fois  autant, 

II  donnc  tout  ce  qu'il  a  dans  sa  maison. 


8.  La  fourmi  est  un  annual  liibernant, 
c.-.\-d.'  qui  passe  I'hiver  dans  un  engourdis- 
sement  Idthargique.  Les  anciens  s'imagi- 
naienl  qu'elle  amassait  en  etc  des  provi- 
sions pour  I'hiver.  Nous  n'a\ons  pas  a  exa- 
miner si  I'auleur  des  Proverbes  partageail 


cette  croyance;  sans  le  dire  en  termes  for- 
mels,  il  se  sert  d'ex|)rcssions  qui  la  suppo- 
sent.  Qu'il  nous  suffise  de  remarquer  que 
la  Hible  n'a  pas  pour  objet  dc  nous  donner 
des  lemons  scientifiques,  cl  ijue,  quand  clie 
louche    aux   fails   de    I'ordre    naturel,   elle 


LTBKR  PROVER RIORUM.     Cap.  VI,  7—31. 


309 


considera  vias  ejus,  et  disce  sapien- 
tiani  :  7.  quae  cum  non  habeat  du- 
cem,  nee  prjeceptorem,  nee  princi- 
pem,  8.  parat  in  aestate  cibum  sibi, 
et  congregat  in  messe  quod  com- 
edat.  9.  Usquequo  piger  dormies? 
quando  con  surges  e  somno  tuo.^ 
fra24,  10.  "Paululum  dormies,  paululum 
dormitabis,  paululum  conseres  ma- 
nus  ut  dormias  :  it.  et  veniet  tibi 
quasi  viator  egestas,  et  pauperies 
quasi  vir  armatus.  Si  vero  impiger 
fueris,  veniet  ut  fons  messis  tua,  et 
egestas  longe  fugiet  a  te. 

12.  Homo  apostata,  vir  inutilis, 
graditur  ore  perverso,  13.  annuit 
oculis,  terit  pede,  digito  loquitur, 

14.  pravocorde  mac hinatur  malum, 
et  omni   tempore  jurgia    seminat. 

15.  Huic  extemplo  veniet  perditio 
sua,  et  subito  conteretur,  nee  habe- 
bit  ultra  medicinam. 

16.  Sex  sunt,  quae  odit  Dominus, 
et  septimum  detestatur  anima  ejus  : 
17.  oculos  sublimes,  linguam  men- 
dacem,manuseffundentesinnoxium 
sanguinem,  18.  cor  machinans  cogi- 
tationes  pessimas,  pedes  veloces  ad 
currendum  in  malum,  iq.  proferen- 
tem mendacia  testem  fallacem,  et 


eum,  qui  seminat  inter  fratres  dis- 
cordias. 

20.  Conserva,  fili  mi,  prascepta 
patris  tui,  et  ne  dimittas  legem  ma- 
tris  tuas.  21.  Liga  ea  in  corde  tuo 
jugiter,   et   circumda   gutturi   tuo. 

22,  Cum  ambulaveris,  gradiantur 
tecum  :  cum  dormieris,  custodiant 
te,  et    evigilans    loquere   cum   eis. 

23,  Quia  mandatum  lucerna  est,  et 
lex  lux,et  via  vitae  increpatio  disci- 
plinae  :  24.  ut  custodiant  te  a  mu- 
liere  mala,  et  a  blanda  lingua  extra- 
neae.  25.  Non  concupiscat  pulchri- 
tudinem  ejus  cor  tuum,  nee  capiaris 
nutibus  illius  :  26.  pretium  enim 
scorti  vix  est  unius  panis  :  mulier 
autem  viri  pretiosam  animam  capit. 
27.  Numquid  potest  homo  abscon- 
dere  ignem  in  sinu  suo,  ut  vesti- 
menta  illius  non  ardeant.^  28.  Aut 
ambulare  super  prunas,  ut  non 
comburantur  plantae  ejus.^  29.  Sic 
qui  ingreditur  ad  mulierem  proximi 
sui,  non  erit  mundus  cum  tetigerit 
eam.  30.  Non  grandis  est  culpa, 
cum  quis  furatus  fuerit  :  furatur 
enim  ut  esurientem  impleat  ani- 
mam :  31.  deprehensus  quoque 
reddet  septuplum,  et  omnem  sub- 


doit  se  conformer  aux  idees  vulgaires,  pour 
etre  intelligible. 

!o.  Supplication  du  paresseux.  La  Vulg. 
les  met  dans  la  boiiche  de  la  sagesse  :  tn 
dors  iin  peu,  dis-tii,  et  pendant  ce  temps 
vient  la  panvretc. 

II.  Comiue  iin  I'oyag^eiir  qui  arrive  sou- 
dainement;  d'autres,  coniine  un  rodeitr  qui 
vient  la  nuit  pour  piller.  —  Coiuute  iin 
Jioinme  arnie  du  bouclier,  auquel  on  ne 
peut  resister. 

Les  LXX  et  la  Vulg.  ajoutent  :  niais  si  in 
es  a^if,  il  te  viendra  unc  moisson  ahon- 
danie,  couiine  Veau  d''nne  source,  et  Vindi- 
gence  s^cldignera  de  toi. 

13.  Cligne  les  yeiix,  etc.  :  fait  des  signes 
pour  s'entendre  avec  un  complice. 

16.  Six,  sept :  il  y  en  a  bien  sept,  mais 
I'auteur  precede  ainsi  soit  pour  piquer  I'at- 
tention,  soit  pour  obtenir  deux  membres 
paralleres. 

22.  lis  te  dirigeront :  la  Vulg.  traduit  ce 
verset  sous  forme  de  conseil  et  de  recom- 
mandation  :  quails  te  dirigcnt,  etc. 

25.  Par  ses  paupieres,  teintes  sans  doute 


de  ko/il,  selon  Tusage  de  I'Orient,  ce  qui 
donnait  au  regard  plus  de  vivacite  et  en 
meme  temps  une  expression  de  langueur. 

26.  On  se  red  id  I  a  ten  inorccau  de  pain,  on 
sacrifie  tous  ses  biens.  —  Preiid  au  piege  tciie 
vie  precietise,  met  en  peril  la  vie  meme, 
I'adultere  etant  puni  de  mort.  D'autres,  avec 
la  Vulgate,  preierent  un  parallelisme  anti- 
thetique  :  pour  jouir  d'une  courtisane,  il 
suftit  d'un  morceau  de  pain,  d'un  leger  pre- 
sent; mais  a  la  femme  mariee,  il  faut  sacri- 
fier,  ou  du  moins  mettre  en  peril  sa  vie 
meme,  le  bien  le  plus  precieux. 

30  sv.  Nouvelle  image  pour  faire  com- 
prendre,  par  le  chatiment  qui  I'attend,  le 
pdche  d'adultere  :  le  vol  lui-meme  est  moins 
honteux  et  a  des  suites  moins  funestes. 

31.  Sept  fois  :  la  loi  n'exigeait  jamais  plus 
que  le  quintuple;  mais  ou  bien  sept  est  mis 
comme  nombie  determine,  peut  etre  choisi 
a  dessein  comme  maximum;  ou  bien  il 
arrivait  qu'en  fait  un  voleur  rendait  jusqu'a 
sept  fois  plus,  pour  obtenir  cjue  sa  faute  ne 
fut  pas  divulguee  et  cviter  une  condamna- 
tion  judiciaire. 


310 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  VI, 


J.I 


S:  VII,  1— 2T. 


32  Mais  celui  qui  corrompt  une  femme  est  dcpourvu  de  sens; 
II  se  peid  lui-meme,  celui  qui  agit  de  la  soite; 

33  II  ne  recueille  que  plaie  et  ignominie, 
Et  son  opprobre  ne  s'effacera  pas. 

34  Car  la  jalousie  met  en  fuieur  I'homme  outrage; 
II  est  sans  pitie  au  jour  de  la  vengeance; 

35  11  n'accepte  pas  de  ran^on; 

II  reste  inflexible,  quand  tu  lui  ofifrirais  les  plus  riches  presents. 


Ch.  VII. 


CHAr.  VII.  —  Nouvelle  exhortation  a  fair  la  femmc  debauchee. 

ON  fils,  retiens  mes  paroles, 

Et  garde  avec  toi  mes  preceptes. 
Mj   2  Observe  mes  preceptes,  et  tu  vivras, 
Garde  mes  enseignements  comma  la  prunelle  de  tes  yeux. 

3  Lie-les  sur  tes  doigts, 
Ecris-les  sur  la  table  de  ton  cocur. 

4  Dis  a  la  sagesse  :  Tu  es  ma  soeur! 
Et  appelle  I'intelligence  ton  amie, 

5  Pour  qu'elle  te  preserve  de  la  femme  d'autrui, 
De  I'etrangere  cjui  fait  entendre  de  douces  paroles. 

6  Etatit  a  la  fenetre  de  ma  maison, 
Je  regardais  a  travers  le  treillis. 

7  J'aper<;us  parmi  les  insenses, 
Je  remarquai  parmi  les  jeunes  gens  un  gargon  depourvu  de  sens. 

8  II  passait  dans  la  rue,  pres  de  Tangle, 
Et  il  s'avan^ait  lentement  vers  la  demeure  d'une  de  ces  femmes. 

9  C'etait  au  crepuscule,  a  la  chute  du  jour, 
Au  milieu  de  la  nuit  et  de  I'obscurite. 

10  Et  voilk  qu'il  fut  aborde  par  une  femme 
Ayant  la  mise  d'une  courtisane  et  la  dissimulation  dans  le  creur. 

11  Elle  est  impctueuse  et  indomptable; 
Ses  pieds  ne  peuvent  se  reposer  dans  sa  maison; 

12  Tantot  dans  la  rue,  tantot  sur  les  places, 
Et  pres  de  tous  les  angles,  elle  se  tient  aux  aguets. 

13  Elle  saisit  le  jeune  homme  et  I'embrasse, 
Et  avec  un  visage  effronte  lui  dit  : 

14  "  Je  devais  offrir  des  vicftimes  pacifiques, 
Aujourd'hui  j'ai  accompli  mes  vreux. 

15  C'est  pourcjuoi  je  suis  sortie  a  ta  rencontre, 
Pour  te  chercher,  et  je  t'ai  trouvc. 

16  J'ai  garni  mon  lit  de  couvertures, 
'De  tapis  de  fil  d'Egypte. 

17  J'ai  parfume  ma  couche 
De  myrrhe,  cValocs  et  de  cinnamome. 

18  Viens,  enivrons-nous  d'amour  jusqu'au  matin, 
Livrons-nous  aux  delices  de  la  volupte. 

19  Car  mon  mari  n'est  pas  a  la  maison, 
II  est  parti  pour  un  lointain  voyage; 

20  II  a  pris  avec  lui  le  sac  de  I'argent, 
II  ne  reviendra  a  la  maison  qu'a  la  pleine  lune." 

21  Elle  le  seduit  a  force  de  paroles, 
Elle  I'entraine  par  les  caresses  de  ses  levres; 


33.  Plate,  coups;  ^'ulg.  honte. 
35.  Rcuico7i,  nioyen  de  satisfaclion;  \'ul 
gate  p7iire. 

CHAP.  VII. 

3.  JJe-lcs,  comme  un  ornement,  un  an- 
neau,  a  tes  doigts  :  qu'ils  president  a  toutes 
les  acftions. 


4.  Tu  es  Ilia  su'itr  (comp.  Maitlt.  xii,  50)  : 
que  les  rapports  les  plus  intimes  t'unissent 
a  la  sagesse. 

6.  Tfeiitis,  espece  de  persienne  placee  a 
I'ouverture  des  fenetres  en  Orient,  pour 
preserver  du  soleil  et  conserver  la  frairlieur 
dans  les  appartements. 

7.  Les  i/isciisi's,  litt.  les  peiits  au  point  de 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  VI,  32—35;  VII,  1—21. 


311 


stantiam  domussuae  tradet.  72.  Qui 
autem  adulter  est,  propter  cordis 
inopiam  perdet  animam  siiam  : 
22,.  turpitudinem  et  ignominiam 
congregat  sibi,  et  opprobrium  illius 
non  delebitur.  34.  Quia  zelus  et 
furor  viri  nonparcetin  die  vindicta.-, 
2S'  'lec  acquiescet  cujusquam  pre- 
cibus,  nee  suscipiet  pro  redemptione 
dona  plurima. 

-^^-       CAPUT  VII.       -:i^ 

Hortatur  adolescentem  ad  sapientias  am- 
plexum,  et  mandatoriim  custodiam  :  ut- 
que  scortorum  blanditias,  quas  late  de- 
scribit,  evitet. 

ILI  mi,  custodi  sermones 
meos,  et  prascepta  mea  re- 
conde  tibi.  2.  Fili,  serva 
mandata  mea,  et  vives  :  et 
legem  meam  quasi  pupillam  oculi 
tui :  3.  liga  earn  in  digitis  tuis,  scribe 
illam  in  tabulis  cordis  tui.  4.  Die 
sapientias,  soror  mea  es  :  et  pruden- 
tiam  voca  amicam  tuam,  5.  ut  cu- 
stodiat  te  a  muliere  extranea,  et  ab 
aliena,  quae  verba  sua  dulcia  facit. 
6.  De  fenestra  enim  domus  meae 


per  cancellos  prospexi,  7.  et  video 
parvulos,  considero  vecordem  juve- 
nem,  8.  qui  transit  per  plateam  juxta 
angulum,  et  prope  viam  domus 
illius,  graditur  9.  in  obscuro,  adve- 
sperascente  die,  in  noctis  tenebris, 
et  caligine.  10.  Et  ecce  occurrit  illi 
mulier  ornatu  meretricio,  prasparata 
ad  capiendas  animas  :  garrula  et 
vaga,  1 1 .  quietis  impatiens,  nee  va- 
lens  in  domo  consistere  pedibus  suis, 
12.  nunc  foris,  nunc  in  plateis,  nunc 
juxta  angulos  insidians.  13.  Appre- 
hensumque  deosculatur  juvenem,  et 
procaci  vultu  blanditur,  dicens  : 
14.  Victimas  pro  salute  vovi,  hodie 
reddidi  vota  mea.  1 5.  Idcirco  egressa 
sum  in  occursum  tuum,  desiderans 
te  videre,  et  reperi.  16.  Intexui  fu- 
nibus  lectulum  meum,  stravi  tapeti- 
bus  pictis  ex  i^gypto.  17.  Aspersi 
cubile  meum  myrrha,  et  aloe,  et 
cinnamomo.  18.  Veni,  inebriemur 
uberibus,  et  fruamur  cupitis  ample- 
xibus,  donee  illucescat  dies.  19.  Non 
est  enim  vir  in  domo  sua,  abiit  via 
longissima.  20.  Sacculum  pecuniae 
secum  tulit  :  in  die  plenae  lunae  re- 
versurusest  in  domumsuam,  21.  Ir- 


vue  de  rintelligence  et  de  I'expenence.  — 
Depour^ni  dc  sens,  litt.  de  amii-. 

8.  II  pas  salt  et  I'epassait  <-/(^?//^  A«  grande 
rue,  ou  siir  la  place,  pirs  de  Pantile,  pour  ne 
pas  etre  apevQii.  D'apres  le  texte  massore- 
tique  :  pres  de  son  an^le,  de  I'angle  ou  se 
tenait  la  femme,  re  qui  s'accorde  mal  avec 
le  contexte. 

9.  Ces  dififerentes  heures  sent  celles  ou  le 
sage  fit  ses  observations,  ou  bien  celles  qui 
s'^coulerent  jusqu'a  I'arrivee  de  la  femme. 

10.  La  dissimulation  dans  le  cceur,  litt. 
7-etenue  quant  au  cancr,  ne  faisant  pas  con- 
naitre  ses  veritables  sentiments.  Vulgate, 
ioute  preparee  a  prendre  (dans  ses  filets) 
les  dvies. 

11.  Elle  est  intpctueuse,  plus  exacflement 
tuninltiieiise,  elle  s'agite  avec  bruit;  indomp- 
table,  capricieuse,  ne  suivant  que  ses  fan- 
taisies,  et  rebelle  ci  toute  regie,  a  tout  de- 
voir. 

14.  Dans  les  sacrifices  d'a(flions  de  grices, 
una  part  notable  de  la  vicflime  revenait  a 
I'offrant,  qui  la  mangeait  le  jour  meme  dans 
un  festin  sacre  avec  ses  parents  et  ses  amis 
(Z/7'.  vii,  15  sv.). 


15.  Pour  te  chcrcher,  litt.  pour  chercher 
ta  face,  c'est-c\-dire  toi-meme,  mais  avec 
I'idee  d'un  plaisir  a  le  voir,  comme  traduit 
la  Vulgate. 

16.  Couvertures  ou  coussins;  Vulg.  de 
sangles  ou  de  bandes :  ces  couvertures  etaient 
peut-etre  failes  de  bandes  d'dtofTes  entrela- 
ce'es. — Fil  d'Egy pie :  com^.  Ezcch.  xxvii,  7. 

17.  Sur  I'usage  des  parfums  parmi  les 
femmes  Israelites,  voy.  Is.  iii,  20  sv. 

20.  Le  sac,  la  bourse  ou  Ton  met  V argent  : 
preuve  que  le  voyage  doit  etre  long. 

Le  32  membre  du  vers.  22  et  le  i^""  du 
vers.  23  sont  tres  diversement  interpr^tes 
aussi  bien  par  les  anciens  que  par  les  mo- 
dernes,  ce  qui  fait  soupgonner  quelque  alte- 
ration dans  le  texte  original.  L'inse?tse,  le 
fou,  peut-ctre  le  criminel,  le  forcene  qu'on 
ne  peut  contenir  autrement.  D'autres  tra- 
duisent  :  coninte  les  entraves  (aux  pieds) 
servent  au  chdtinieiit  de  Vitiserise  :  c'est 
la  femme  devenue  maitresse  absolue  du 
jeune  homme  qu'elle  tient  dans  ses  chaines, 
qui  serait  comparee  aux  entraves.  Vulg,, 
comme  un  agneau  folatrant,  qui  ignore  sot- 
tement  qu'on  I'entraine  pour  le  lier. 


312        LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  VII, 


17  ;  VIII,  I  — 18. 


22  II  se  met  aussitot  a  la  suivrc, 
Comme  le  boeuf  qui  va  a  la  boucherie, 

Comme  I'insense  qui  court  au  chatiment  des  entraves, 

23  Jusqu'a  ce  qu'une  fleche  lui  peice  le  foie, 
Comme  Toiseau  qui  se  precipite  dans  le  filet, 
Sans  savoir  qu'il  y  va  pour  lui  de  sa  vie. 

24  Et  maintenant,  mes  fils,  ecoutez-moi, 

Et  soyez  attentifs  aux  paroles  de  ma  bouche. 

25  Que  ton  coeur  ne  se  detourne  pas  vers  ses  voies, 
Ne  t'egare  pas  dans  ses  sentiers. 

26  Car  elle  en  fait  tomber  beaucoup 

Et  les  plus  forts  ont  ete  ses  viflimes. 

27  Sa  maison  est  le  chemin  du  scheol, 
Qui  descend  au  sejour  de  la  mort. 

SECTION    III.  —  Troisieme  serie  d'exhortations  [CH.  VIII  —  IX]. 


Ch.  VIII. 


CHAP.  VIII.  --La  sagesse  personnifiee  fait  son  propre  eloge  :  richesse  dc 
ses  dons  [vers,  i  —  21];  sa  generation  eternelle  [22  —  31];  bencdiftions 
attachees  a  sa  possession  [32  —  36]. 

^A  sagesse  ne  crie-t-elle  pas? 

La  prudence  n'eleve-t-elle  pas  sa  voix? 
2  Cost  au  sommet  des  hauteurs  sur  la  route, 
A  la  joncflion  des  chemins,  qu'elle  se  place; 

3  Pres  des  portes,  ;i  Fentree  de  la  ville, 
Lh  ou  passe  la  foule,  elle  fait  entendre  sa  voix  : 

4  Hommes,  c'est  a  vous  cine  je  crie, 
Et  ma  voix  s'adresse  aux  enfants  des  hommes. 

5  Simples,  apprenez  la  prudence; 
Insenses,  apprenez  Tintclligence. 

6  Ecoutez,  car  j'ai  a  dire  des  choses  magnifiques, 
Et  mes  Icvres  s'ouvrent  pour  enseigner  le  bien. 

7  Car  ma  bouche  proclame  la  verite, 
Et  mes  levres  ont  I'iniquite  en  horreur. 

S  Toutes  les  paroles  de  ma  bouche  sont  justes; 

II  n'y  a  en  elles  rien  de  faux  ni  de  tortueux. 
9  Toutes  sont  justes  pour  celui  qui  est  intelligent, 

Et  droites  pour  ceux  qui  ont  trouve  la  science. 

10  Preferez  mes  enseignements  a  I'argent, 
Et  la  science  ii  I'or  le  plus  pur. 

1 1  Car  la  sagesse  vaut  mieux  que  les  perles, 
Et  les  objets  les  plus  precieux  ne  I'egalent  pas. 

12  Moi,  la  sagesse,  j'habite  avec  la  prutlence, 
Et  je  possede  la  science  des  sages  resolutions. 

13  La  crainte  de  Jehovah,  c'est  la  haine  du  mal; 
L'arrogance  et  I'orgueil,  la  voie  du  mal 
Et  la  bouche  perverse,  voila  ce  que  je  hais. 

14  Le  conseil  et  le  succes  m'appartiennent; 
Je  suis  rintelligence,  la  force  est  a  moi. 

15  Par  moi  les  rois  regnent, 
Et  les  princes  ordonnent  ce  c^ui  est  juste. 

16  Par  moi  gouvernent  les  chefs, 
Les  grands,  tous  les  juges  de  la  terre. 

17  J'aime  ceux  qui  m'aiment, 
Et  ceux  qui  me  cherchent  avec  empressement  me  trouvent. 

18  Avec  moi  sont  les  richesses  et  la  gloire, 
Les  biens  durables  et  la  justice: 


23.    Lc  foie,  les   entrailles.  Ce   membre 
se  rapporte  au  jeune  homme  et  doit  ctre 


mis  entre  parenthese   (Zockler);   d'autres, 
avec   Delitzsch,  le  deplacent  et  en  font  le 


LIBER   PROVERBIORUM.     Cap.  VII,  22—27;  VIII,  i  — 16.         313 


retivit  eum  multis  sermonibus,  et 
blanditiis  labiorum  protraxit  ilium, 
22.  Statim  earn  sequitiir  quasi  bos 
ductus  ad  victimam,  et  quasi  agnus 
lasciviens,  et  ignorans  quod  ad  vin- 
cula  stultus  trahatur,  23.  donee 
transfigat  sagitta  jecur  ejus  :  velut 
si  avis  festinet  ad  laqueum,  et  nescit 
quod  de  periculo  animas  illius  agitur. 
24.  Nunc  ergo  fili  mi,  audi  me,  et 
attende  verbis  oris  mei.  25.  Ne  abs- 
trahatur  in  viis  illius  mens  tua  :  ne- 
que  decipiaris  semitis  ejus.  26.  Mul- 
tos  enim  vulneratos  dejecit,  et  for- 
tissimi  quique  interfecti  sunt  ab  ea. 
27.  Viae  inferi  domus  ejus,  pene- 
trantes  in  interiora  mortis. 

— :i:—      CAPUT  VIII.      — *— 

Sapientia  ad  siii  amplexum  invitat,  se  quo- 
que  multis  modis  commendat,  quodque 
sit  Deo  coieterna,  cum  ipso  cund\a  com- 
ponens  :  quam  qua^rentes,  beati;  spernen- 
tes  vero,  miseri  tandem  evadent. 


UMQUID  non  sapientia 
clamitat,  et  prudentia  dat 
vocem  suam?  2.  In  sum- 
mis,  excelsisque  verticibus 


supra  viam,  in  mediis  semitis  stans, 


3.  juxta  portas  civitatis  in  ipsis  fori- 
bus  loquitur,  dicens  :  4.  O  viri,  ad 
vos  clamito,  et  vox  mea  ad  filios 
hominum.  5.  Intelligite  parvuli  astu- 
tiam,  et  insipientes  animadvertite. 
6.  Audite,  quoniam  de  rebus  ma- 
gnis  locutura  sum  :  et  aperientur 
labia  mea,  ut  recta  praedicent.  7.  Ve- 
ritatem  meditabitur  guttur  meum, 
et  labia  mea  detestabuntur  impium. 
8.  Justi  sunt  omnes  sermones  mei, 
non  est  in  eis  pravum  quid,  neque 
perversum.  9.  Recti  sunt  intelligen- 
tibus,  et  aequi  invenientibus  scien- 
tiam.  10.  Accipite  disciplinam 
meam,  et  non  pecuniam  :  doctri- 
nam   magis,  quam   aurum   eligite. 

1 1.  Melior  est  enim  sapientia  cun- 
ctis  pretiosissimis  :  et  omne  desi- 
derabile  ei   non  potest  comparari. 

12.  Ego  sapientia  habito  in  consilio, 
et  eruditis  intersum  cogitationibus. 

13.  Timor  Domini  odit  malum  : 
arrogantiam,  et  superbiam,  et  viam 
pravam,   et    os    bilingue    detestor. 

14.  Meum  est  consilium,  et  asqui- 
tas,  mea  est  prudentia,  mea  est  for- 
titudo.  I  5.  Per  me  reges  regnant,  et 
legum  conditores  justa  decernunt  : 
1 6. per  me  principes  imperant,  et  po- 


3e  membra  du  verset ;  il  se  lapporte  alors 
a  oiscaii. 

CHAP.  VIII. 

I.  La  sagcsse  personnifiee,  opposee  a  la 
femme  du  chapitre  precedent,  trie,  fait  en- 
tendre aussi  sa  predication.  L'interrogation 
ici  n'est  qu'une  affirmation  plus  ^nergique. 

2-3.  Cost  la  nuit,  cachee  dans  les  angles 
et  parlant  bas,  que  la  femme  debauchee  se- 
duit  ses  vi(flimes;  la  sagesse,  au  contraire, 
fait  retentir  sa  voix  dans  les  endroits  les 
plus  eleves  de  la  ville,  aux  lieux  les  plus 
frequentes,  tels  que  les  carrefours  et  les 
environs  des  porte«,  ou  la  foule  passe  et  se 
rassemble. 

4.  Homines,  en  hebr.  ischiiii,  les  hommes 
distingues,  ayant  dejk  quelque  sagesse; 
oifants  des  /loiiiiiies,  en  hebr.  detie  adu/n,  les 
hommes  du  commun,  tout  occupes  de  leurs 
interets  materiels. 

^.  Apprencz  la  p) udence...  r intelligence 
(Htt.  le  ccetir),  c.-a-d.  selon  Delitzsch,  ce 
qu'elles  sont,  en  quoi  elles  consistent.  Les 
LXX  et  la  Vulg.  paraissent  avoir  lu  dans  le 
second  membre  hnkinou^  au  lieu  de  habhioii 


(comp.  Fs.  Ivii,  58),  et  traduisent,  appliquez 
voire  esprit. 

6.  De  grandes,  ou  bien  de  fiobles  chases. 

12.  Moi,  la  sagesse.  hs.  prudence,  ici,  c'est 
I'habilete  pratique,  la  finesse,  qui  sait  trou- 
ver  le  parti  a  prendre,  la  conduite  a  tenir 
dans  toutes  les  circonstances  de  la  vie. 

13.  I.a  vole  du  nial,  les  mauvaises  acflions. 

14.  Le  succt's,  le  salut,  le  bonheur,  comme 
ii,  7.  D'autres,  la  sainc  raisonj  Vulg., 
P ('quite.  —  Je  sin's  Vintelligeiice;  Vulg., 
a  iiioi  rintelligetice.  —  La  force,  I'energie 
dans  I'acflion. 

15-16.  Non  seulement  la  sagesse  dirige 
les  hommes  dans  les  acflions  de  la  vie  ordi- 
naire, elle  pre'side  aussi  au  gouvernement 
des  Etats,  non  pas,  comme  on  I'entend  quel- 
quefois,  qu'elle  donne  I'autorite  ou  le  pou- 
voir  de  gouverner,  mais  en  ce  sens  qu'elle 
inspire  les  chefs  des  peuples  et  leur  did\e 
des  lois  justes.  — Totis  les Juges  de  la  terre  : 
en  un  mot,  tous  ceux  qui  exercent  a  un  titre 
quelconque  la  puissance  souveraine. 

18.  Les  hiens  durables,  solides;  Vulg.  les 
biens  princiers,  magnifiques. 


314  LIVRE  DRS  PROVERP3ES.     Chap.  VIII,  10—36:  IX,  1,  2. 

19  Mon  fruit  vaut  mieux  que  I'or,  que  I'or  le  plus  pur, 
Et  ce  qui  vient  de  moi  plus  que  I'argent  eprouve. 

20  Je  marche  dans  le  chemin  de  la  justice, 
Au  milieu  des  sentiers  du  jugement. 

21  Pour  donner  des  biens  h  ceux  qui  m'aiment, 
Et  combler  leurs  tresors. 

22  Jehovah  m'a  possedee  au  commencement  de  ses  voies, 
Avant  ses  oeuvres  les  plus  anciennes. 

23  J'ai  ete  fondee  des  I'eternite, 

Des  le  commencement,  avant  Torigine  de  la  terre. 

24  II  n'y  avait  point  d'abimes  quand  je  fus  form^e, 
Point  de  sources  chargees  d'eaux. 

23  Avant  que  les  montagnes  fussent  affermies, 
Avant  les  collines,  j'etais  enfantee, 

26  Lorsqu'il  n'avait  encore  fait  ni  la  terre,  ni  les  plaines, 
Ni  les  premiers  elements  de  la  poussiere  du  globe. 

27  Lorsqu'il  disposa  les  cieux,  j'etais  Ici; 
Lorsqu'il  traga  un  cercle  a  la  surface  de  I'abime, 

28  Lorsqu'il  affermit  les  nuages  en  haut, 
Et  qu'il  dompta  les  sources  de  I'abime, 

29  Lorsqu'il  fixa  une  limite  a  la  mer, 

Pour  que  les  eaux  n'en  franchissent  pas  les  bords, 
Lorsqu'il  posa  les  fondements  de  la  terre, 

30  J'etais  k  I'oeuvre  aupres  de  lui, 
Me  rejouissant  chaque  jour, 

Et  jouant  sans  cesse  en  sa  presence. 
3r  Jouant  sur  le  globe  de  sa  terre, 

Et  trouvant  mes  delices  parmi  les  enfants  des  hommes 

32  Et  maintenant,  mes  fils,  ecoutez-moi; 
Heureux  ceux  qui  gardent  mes  voies! 

33  Ecoutez  rinstrucflion  pour  devenir  sages; 
Ne  la  rejetez  pas. 

34  Heureux  I'homme  qui  m'ecoute, 
Qui  veille  chaque  jour  .h  mes  portes, 
Et  qui  en  garde  les  montants! 

35  Celui  qui  me  trouve  a  trouvc  la  vie, 
Et  il  obtient  la  fa\eur  de  Jehovah. 

36  Mais  celui  qui  m'oftense  blesse  son  ame; 
Tous  ceux  qui  me  haissent  aiment  la  mort. 

CHAP.  TX. —  Les  hommes  sont  invites  a  un  double  festin  :  celui  dc  la 
sagesse  [vers,  i  —  12]  et  celui  de  la  folic  [13 — 18]. 


I 


Chap.  IX. 


^ifi^l  A.  sagesse  a  bati  sa  maison, 
^-1^         Elle  a  taiil^  ses  sept  colonnes. 


2  Elle  a  immold  ses  viflimes,  mele  son  vin 


Et  dress^  sa  table. 


19.  Que  Vor  le  phis  pier ;  Vulg.,  que  la 
picrre  precietise. 

22.  De  ses  voies,  de  ses  ccnvres.  L'auteur 
a  en  vue  la  sagesse  esscntielle  de  Dieu,  per- 
sonnifiee  comme  archetype  du  monde  phy- 
sique, ou  meme,  selon  la  plupart  des  Peres, 
la  Sagesse  persoiiJielle^  le  Verbe  ou  le  Fils, 
conqu  de  toute  eternite  dans  le  sein  du 
Pere.  Cette  sagesse  est  etcrnelle  comme 
Dieu;  on  pent  neanmoins  la  presenter  po(5- 
tiquement  comme  «/<?,  comme  crece,  lors- 
qu'cUc    rommenra    de    se    mouvoir    pour 


preparer  les  ceuvres  de  I'univers  (Tertul- 
lien,  S.  Athanase,  S.  Basile,  S.  Hilaire). 
Bossuet  :  "  La  sagesse  eternellement  con- 
cue  dans  le  sein  de  Dieu  avait  ete  cree'e, 
en  quelque  fagon,  lorsqu'elle  s'etait  imprl- 
mee  et  pour  ainsi  dire  figuree  elle-meme 
dans  son  ouvrage.  " 

Comme  le  mot  cree  ne  laissait  pas  que  de 
donner  quelque  pr^tcxte  aux  objecflions  des 
Ariens,  d'autres  Peres  ou  interpretes  cher- 
ch6rent  k  I'eviter  en  traduisant,  ou  bien  : 
Jchoi'aJt  111" a  coftstitui'c,  (^tablic,  /e  pn'tuipr 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  VIII,  17—36;  IX,  i,  2. 


315 


tentes  decernunt  justitiam.  17.  Ego 
diligentes  me  diligo  :  et  qui  mane 
vigilant  ad  me,  invenient  me. 
18.  Mecum  sunt  divitias,  et  gloria, 
opes  superbas,  et  justitia.  1 9.  Melior 
est  enim  fructus  meus  auro,  etlapi- 
de  pretioso,  et  genimina  mea  ar- 
gento  electo.  20.  In  viis  justitias 
ambulo,  in  medio  semitarum  judi- 
cii,  21.  ut  ditem  diligentes  me,  et 
thesauros  eorum  repleam. 

22.  Dominus  possedit  me  in  ini- 
tio viarum  suarum,  antequam  quid- 
quam  faceret  a  principio.  23.  Ab 
asterno  ordinata  sum,  et  ex  antiquis 
antequam  terra  fieret.  24.  Nondum 
erant  abyssi,  et  ego  jam  concepta 
eram  :  necdum  fontes  aquarum  eru- 
perant  :  25.  necdum  montes  gravi 
mole  constiterant  :  ante  colles  ego 
parturiebar  :  26.  adhuc  terram  non 
fecerat,  et  flumina,  et  cardines  orbis 
terra?.  27.  Ouando  praeparabat  coe- 
los,  aderam  :  quando  certa  lege,  et 
gyro  vallabat  abyssos  :  28.  quando 
aethera  firmabat  sursum,  et  librabat 
fontes  aquarum  :  29.  quando  cir- 
cumdabat  mari  terminum  suum,  et 
legem  ponebat  aquis,  ne  transirent 
fines  suos  :  quando  appendebat  fun- 


damenta  terrae.  30.  Cum.  eo  eram 
cuncta  componens  :  et  delectabar 
per  singulos  dies,  ludens  coram  eo 
omni  tempore;  31.  ludens  in  orbe 
terrarum  :  et  delicias  meae,  esse  cum 
filiis  hominum. 

32.  Nunc  ergo  filii  audite  me  : 
Beati,  qui  custodiunt  vias  meas. 
23.  Audite  disciplinam,  et  estote 
sapientes,  et  nolite  abjicere  eam. 
34.  Beatus  homo  qui  audit  me,  et 
qui  vigilat  ad  fores  meas  quotidie, 
et  observat  ad  postes  ostii  mei. 
2§.  Qui  me  invenerit,  inveniet  vi- 
tam,  et  hauriet  salutem  a  Domino  : 
36.  qui  autem  in  me  peccaverit,  lae- 
det  animam  suam.  Omnes,  qui  me 
oderunt,  diligunt  mortem. 

— :{:—        CAPUT   IX.       — "-- 

Sapientia  domo  sibi  aedificata  omnes  ad  se 
allicit,  vitam  prorogat,  et  a  niuliere  stulta 
ac  vaga  libeiat  :  pono  eruditionem  et  cor- 
reptionem  non  suscipiet  impius  ac  devi- 
sor, sed  Justus  et  sapiens. 


APIENTIA  «dificavit 
sibi  domum,  excidit  co- 
lumnas  septem.  2.  Immo- 
lavit  victimas  suas,  mis- 


de  ses  a'livtrs,  pour  presider  a  ses  ceuvres  ' 
exterieures;  ou  bien  avec  la  Vulgate  -.Jeho- 
vah vi^a  posscdi'e,  ce  qui  signifie,  dit  S.  Je- 
rome, I'existence  eternelle  du  Fils  dans  le 
Pere,  et  du  Pere  dans  le  Fils;  il  me  posse- 
dait  ail  coi/mienccuien/  de  ses  voies,  lorsqu'il 
exerqa  son  aflivite  au-dehors  par  la  crea- 
tion de  I'univers. 

L'Eglise  dans  sa  liturgie  applique,  par 
accommodation,  tout  ce  passage  a  la  sainte 
\''ierge,  predestinee  et  preparee  de  toute 
eternite,  dans  la  pensee  divine,  au  role  de 
mere  du  Verbe  incarne. 

24.  A  Mines,  reservoirs  des  eaux  souter- 
xMwts;  sources,  doii  ces  eaux  jaillirent  a  la 
surface  de  la  terre. 

Dans  cette  description  des  ceuvres  de 
Dieu  auxquelles  preside  la  sagesse,  I'auteur 
suit  Tordre  du  i^''  chap,  de  la  Genese. 

27.  Disposa  les  cieux,  fit  le  firmament  par 
la  separation  des  eaux  inferieures  et  des 
eaux  superieures.  —  Traca  iin  cercle,  pour 
ctablir  la  limite  des  eaux  et  des  terres,  ou 
bien  pour  assigner  un  domaine  fixe  aux  mers, 
auK  tieuves,  etc.  D'autres  :  lorsqit'il  eie/idit 


la  I'oiiie  celeste  au-dessus  de  Pabime,  pour 
separer  les  eaux  d'en  bas  de  celles  d'en  haut. 

28.  Et  qii'il  dompta,  comprima;  ou  bien  et 
que  les  sources  de  V  abinie  jaillirent  avec  force. 

2,0-2,1.  Je  me  rejouissais,  etc.  La  sagesse 
est  heureuse  de  prendre  part  k  la  creation; 
elle  se  joue  dans  I'univers,  dit  Bossuet,  par 
la  facilite,  la  variete  et  I'agrement  des  ouvra- 
ges  qu'elle  produit;  mais  le  principal  objet 
de  sa  complaisance,  c'est  I'homme.  D'autres 
traduisent,  /'c^/ais  ses  dclices,  les  delices  de 
Jehovah;  il  y  a  en  \\€\>x.,j\Uais  delices. 

35.  La  faveur;  Vulg.,  le  salut,  qui  en  est 
I'effet.  Les  LXX  (de  meme  le  Syriaque) 
ayant  lu  le  verbe  au  passif  {hophal)  tradui- 
sent, la  volonte  est  preparee  par  Jehovah,  et . 
S.  Augustin  s'est  souvent  servi  de  ce  texte 
pour  etablir  contre  les  Pelagiens  la  neces- 
site  de  la  grace  prevenante. 

CHAP.  IX. 

1.  Sept  colonnes  :  ce  nombre  dtant  celui 
de  la  perfecftion,  les  sept  colonnes  marquent 
la  saintete  et  la  magnificence  de  I'edifice. 

2.  Meie  son  7'in  :  les  anciens  preparaient 


316 


LIVRR  DES  PROVKRBES.     Chap.  IX,  3—18;  X,  1-4. 


:;  Kile  a  envoyc  ses  servantes,  elle  appelle 
Sur  les  hauteurs  de  la  ville  : 

4  "  Que  celui  qui  est  sans  instrudlion  entre  ici!  " 
Elle  dit  h  ceux  qui  sont  depourvus  de  sens  : 

5  Venez,  mangez  de  mon  pain, 
Et  buvez  du  vin  que  j'ai  mele; 

6  Ouittez  I'ignorance,  et  vous  vivrez, 

Et  marchez  dans  la  voie  de  rintelligence. 

7  Celui  qui  reprend  le  moqueur  s'attiie  la  raillerie, 

Et  celui  qui  reprimande  le  mediant  lecueille  I'outrage. 

8  Ne  reprends  pas  le  moqueur,  de  peur  qu'il  ne  te  hai'sse; 
Reprends  le  sage,  et  il  t'aimera. 

9  Donne  au  sage,  et  il  deviendra  plus  sage; 
Instruis  le  juste,  et  il  augmentera  son  savoir. 

10  Le  commencement  de  la  sagesse,  c'est  la  crainte  de  Jehovah; 
Et  I'intelligence,  c'est  la  science  du  Saint. 

11  Car  par  moi  tes  jours  se  multiplieront, 

Par  Dioi  s'augmenteront  les  annees  de  ta  vie. 

12  Si  tu  es  sage,  tu  es  sage  a  ton  profit; 

Si  tu  es  moqueur,  tu  en  porteras  seul  la  peine. 

13  La  folie  est  une  femme  bruyanle, 
Stupide  et  ne  sachant  rien. 

i_|  Elle  s'est  assise,  a  la  porte  de  sa  maison, 

Sur  un  siege  eleve,  dans  les  hauteurs  de  la  ville, 

15  Pour  inviter  les  passants 
Qui  vont  droit  leur  chemin  : 

16  "Que  celui  qui  est  sans  instru(flion  entre  ici  I" 
Elle  dit  a  celui  qui  est  depourvu  de  sens  : 

17  "  Les  eaux  derobees  ?,o\\t  pljis  douces, 
Et  le  pain  du  mystere  est  />///s  agreable!  " 

iS  Et  il  ne  salt  pas  qu'il  y  a  la  des  ombres, 

Et  que  ses  invites  sont  deja  dans  les  profondeurs  du  scheol. 


I 


4 


-^ 


DEUXIEME   PARTIE, 


■  ^ 


Proverbes  et  maximes  se  rapportant  aux  diverses 
situations  de  la  vie  humaine  [Cn.  X,  i  —  XXII,  i6]. 

SECTION  I.  —  L'homme  religieux  et  I'impie  compares  entre 
eux,  soit  dans  leurconduite  generale,  soit  dans  le  sort  qui  leur 
est  reserve  [CH.  X  — XV]. 


Chap.  X. 


CHAP.  X.  —  Parallele  entre  rhomme  piciix  ct  le  mechant. 

Proverbes  de  Salomon, 

E  fils  sage  fait  la  joie  de  son  pere, 

Et  le  fils  insense  le  chagrin  de  sa  mere 
2  Les  richesses  acquises  par  le  crime  ne  profitent  pas, 
Mais  la  justice  delivre  de  la  mort. 

3  Jehovah  ne  laisse  pas  le  juste  souffrir  de  la  faim, 
Mais  il  repousse  la  convoitise  du  mechant. 

4  II  s'appauvrit  celui  qui  travaille  d'une  main  paresseuse. 
Mais  la  main  diligente  amasse  des  richesses. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  IX,  3—18;  X,  1—4. 


317 


no, 


cult  vinum,  et  proposuit  mensam 
suam.  3.  Misit  ancillas  suas  ut  vo- 
carent  ad  arcem,  et  ad  mcenia  civi- 
tatis  :  4.  si  quis  est  parvulus,  veniat 
ad  me.  Et  insipientibus  locuta  est  : 

5.  venite,  comedite  panem  meum, 
et  bibite  vinum  quod  miscui  vobis. 

6.  Relinquite  infantiam,  et  vivite, 
et  ambulate  per  viasprudentiaf. 7. Qui 
erudit  derisorem,  ipse  injuriam  sibi 
facit  :  et  qui  arguit  impium,  sibi 
maculam  generat.  8.  Noli  arguere 
derisorem,  ne  oderit  te.  Argue  sa- 
pientem,et  diligette.  9.  Dasapienti 
occasionem,  et  addetur  ei  sapientia. 
Doce  justum,  et  festinabit  accipere. 
10.  'Principium  sapientias  timor 
Domini :  et  scientia  sanctorum,  pru- 
dentia.  1 1.  Per  me  enim  multiplica- 
buntur  dies  tui,  et  addentur  tibi 
anni  vitas.  12.  Si  sapiens  fueris,  tibi- 
metipsi  eris  :  si  autem  illusor,  so- 
lus portabis  malum. 

13.  Mulier  stulta  et  clamosa,  ple- 
naque  illecebris,  et  nihil  omnino 
sciens,  14.  sedit  in  foribus  domus  I 


suas  super  sellam  in  excelso  urbis 
loco,  15.  ut  vocaret  transeuntes  per 
viam,  et  pergentes  itinere  suo  : 
1 6.  qui  est  parvulus,  declinet  ad  me. 
Et  vecordi  locuta  est  :  17,  aquas 
furtivas  dulciores  sunt,  et  panis  abs- 
conditus  suavior.  18.  Et  ignoravit 
quod  ibi  sint  gigantes,  et  in  profun- 
dis  inferni  convivas  ejus. 

Parabola:  Salomonis. 

— ^i^     CAPUT  X.     — ^;>— 

Alternat  sermonem  de  filio  sapiente  etstulto, 
justo  et  impio,  operante  etotioso,  simplici 
et  pravo  :  de  caiitate  et  odio  :  de  bono 
linguae,  ej usque  malo. 


jILlUS  sapiens  lastificat 
patrem  :  filius  vero  stultus 
moestitia  est  matris  su£e. 
2.  "Nil  proderunt  thesauri 
impietatis  :  justitia  vero  liberabit  a 
morte.  3.  Non  affliget  Dominus 
fame  animam  justi,  et  insidias  im- 
piorum    subvertet.    4.    Egestatem 


Infr.  11,4. 


le  vin  pour  la  table  en  y  melant  des  aroma- 
tes  et  de  I'eau. 

5.  Les  Peres  ont  vu  dans  ce  festin  une 
figure  du  sacrifice  eucharistique;  voila  pour- 
quoi  I'Eglise  a  insere  ce  passage  dans  I'office 
du  S.  Sacrement. 

7-9.  Ces  versets  n'lnterrompent  pas  I'in- 
vitation ;  la  sagesse  fait  remarquer  qu'en 
s'adressant  aux  ignorants  et  aux  simples, 
elle  exclut  les  moqueurs  et  les  impies  comme 
tels  :  loin  de  profiter  de  ses  lec^ons,  ils  n'y  re- 
pondraient  que  par  I'ingratitude  et  le  mepris. 

9.  Donne  l'instru6lion.  —  Et  il  at/gincn- 
tera  son  savoirj  Vulg.,  et  il  s'empressera 
d'apprendre. 

10.  Le  conimenceinent,  etc.  Voy.  i,  7.  — 
La  science  du  Saint,  la  connaissance  prati- 
que de  Dieu,  lequel  est  trois  fois  saint  : 
comiJ.  ii,  5.  Vulg.  la  science  des  saints,  ou 
des  choses  saintes. 

11.  Car :  c'est  par  la  sagesse  que  s'ob- 
tiennent  les  longs  jours  promis  a  la  crainte 
de  Dieu  {Prov.  x,  27;  xiv,  27;  xix,  23.  Comp. 
Deut.  iv,  40). 

12.  La  sagesse  termine  son  invitation 
par  ce  tiotabene :  En  choisissant  la  religion 
ou  I'impiete,  tu  decides  de  ton  bonheur  ou 
de  ton  malheur  eternels. 

13.  Stupidc;  \^ulg. ,  pleine  d'att raits,  de 
seduflions. 


17.  Cet  attrait  du  mal  inconnu  etdefendu, 
preuve  manifeste  de  la  chute  originelle,  est 
surtout  frappant  dans  les  plaisirs  charnels. 
Les  philosophes  et  les  poetes  paiens  I'ont 
e'galement  constat^ ;  Ovide  ;  "Nitimur  in 
vetitum  nefas,  cupimusque  negata";  et 
ailleurs  :  "  Quod  non  licet  acrius  ui'it.  " 
Horace  :  "  Gens  humana  ruit  per  vetitum 
nefas.  "  Et  apres  eux  S.  Augustin  :  "  Quanto 
minus  licet,  tanto  magis  libet. "  Comp.  Rom. 
vii,  7. 

18.  Des  onil'res  {dest  le  sens  de  gigantes 
dans  la  V'ulg.),  des  gens  qui  appartiennent 
deja  au  sejour  des  morts  et  qui  vont  y  des- 
ceiidre. 

CHAP.  X. 

2.  Les  richesses,  etc.,  la  nianiinona  ini- 
quitatis  de  I'Evangile.  —  La  justice,  avec 
I'ide'e  de  bienveillance  et  de  charite  envers 
le  prochain.  Comp.  Ps.  cxii,  g;  Tob.  xii,  9; 
Dan.  iv,  24. 

3.  De  la  f aim  :  comp.  Mattli.  vi,  26;  Ps. 
xxxiv,  9-10;  xxxvii,  25.  —  //  repousse  en 
arriere,  il  empeche  d'aboulir  les  desirs  cri- 
minels  des  mdchants;  Vulg.,  les  embuclies 
dressees  contre  les  justes. 

4.  Apres  ce  verset,  la  Vulgate  ajoute  : 
s\ippuycr  sur  des  /nensonges,  c'est  se  nour- 
rir  de  vent,  c'est  poursuivrc  Poisenu  a  tra- 
vers  les  airs. 


318 


LIVRP:  DES  PROVERBES.     Chap.  X,  5— 28. 


5  Cekii  qui  lecueille  pendant  Pete  est  un  fils  prudent; 

Celui  qui  doit  au  temps  de  la  moisson  est  un  fils  de  confusion. 

6  La  bene'didlion  vient  sur  la  tcte  du  juste, 
Mais  I'injustice  couvre  la  bouche  des  mcchants. 

7  La  mcmoire  du  juste  est  en  benedicflion, 

Mais  le  noni  des  mechants  tombe  en  pourriture. 

8  Celui  qui  est  sage  de  coeur  rec^oit  les  preceptes, 
^Llis  celui  qui  est  insense'  des  levres  va  a  sa  peile. 

9  Celui  qui  marche  dans  I'integrite  marche  en  confiance, 
Mais  celui  qui  prend  des  voies  tortueuses  sera  decouvert. 

ID  Celui  qui  cligne  les  yeux  sera  une  cause  de  chagrin, 
Et  celui  qui  est  insense  des  levres  va  a  sa  perte. 

1 1   La  bouche  du  juste  est  une  source  de  vie, 
Mais  I'injustice  couvre  la  bouche  du  mechant. 

I J  La  haine  provoque  des  querelles, 
Mais  Tamour  couvre  toutes  les  fautes. 

13  Sur  les  levres  de  Thomme  intelligent  se  trouve  la  sagesse, 
Mais  la  verge  est  pour  le  dos  de  celui  qui  manque  de  sens. 

14  Les  sages  tiennent  la  sagesse  en  reserve, 

Mais  la  bouche  de  I'insense  est  un  malheur  prochain. 

1 5  La  fortune  est  pour  le  riche  sa  place  forte, 

Le  malheur  des  mise'rables,  c'est  leur  pauvrete. 

16  L'oeuvre  du  juste  est  pour  la  vie, 

Le  gain  du  mechant  est  pour  le  peche. 

17  Celui  qui  prend  garde  a  la  correclion  prend  le  chemin  de  la  vie; 
Mais  celui  qui  oublie  la  reprimande  s'egare. 

18  Celui  qui  cache  la  haine  a  des  levres  menteuses, 
Et  celui  qui  diffame  est  un  insense. 

19  L'abondance  de  paroles  ne  va  pas  sans  peche, 

Mais  celui  qui  retient  ses  levres  est  un  homme  prudent. 

20  La  langue  du  juste  est  un  argent  de  choix; 
Le  cojur  des  mechants  est  de  nul  prix. 

21  Les  levres  du  juste  instruisent  beaucoup  d'hommes, 
Mais  les  insenses  meurent  par  defaut  d'intelligence. 

22  C'est  la  benedicflion  du  Seigneur  qui  procure  la  richesse, 
Et  la  peine  que  Ton  prend  n'y  ajoute  rien. 

23  Commettre  le  crime  parait  un  jeu  a  I'insense; 

II  en  est  de  meme  de  la  sagesse  i^our  I'homme  intelligent. 

24  Ce  que  redoute  le  mechant  lui  arrive, 
Et  ce  que  desire  le  juste  s'accomplit. 

25  Le  tourbillon  qui  passe,  voila  I'image  du  mechant; 
Le  juste  est  etabli  sur  un  fondement  dternel. 

26  Ce  que  le  vinaigre  est  aux  dents  et  la  fumee  aux  yeux, 
Tel  est  le  paresseux  pour  celui  qui  I'envoie. 

27  La  crainte  de  Jehovah  augmente  les  jours, 
Mais  les  annees  des  mechants  sont  abregees. 

28  L'attente  des  justes  n'est  que  joie, 
Mais  I'esperance  des  mechants  perira. 


i 


5.  [/n  fils  de  confusion^  un  homme  qui 
agit  honteusement  et  qui  fait  qu'on  rougit 
de  lui. 

6.  U injustice  et  la  violence  retombent  sur 
le  m(fchant  en  malediClion  qui  I'obligent  nu 
silence. 

7.  Tombe  en  pourri/ure  et  inspire  I'hor- 
reur  a  tous. 

8.  Vinsense  des  levres^  qui  parle  avec 
suffisance,  croyant  tout  savoir,  et  dedaigne 
les  conseils.  Vulg.,  rinsens(f  est  chatic'  par 
ses  propres  levres  :  le  mal  qu'il  dit  retombe 
sur  lui.  Elle  traduit  mieux  au  vers.  10. 

9.  Sera  decouvert^  ses  mauvais   desseins 


seront  connus,  dejoues  et  punis  au  jugement 
de  Dieu. 

10.  Cligner  les  yeux  est  le  fait  du  mechant 
et  du  fourbe.  —  Une  cause  de  chagrin  pour 
les  autres  et  pour  lui-meme. 

I  I.Mais  I'i/ijiislice,  etc. ,  comnie  au  vers.  b. 
Ici  la  Vulg.  traduit  :  Jiiais  la  bouche  du  me- 
chant recele  Piniquite. 

12.  La  haine  denature  les  intentions  et  les 
acftes  du  prochain,  et  souleve  ainsi  des  su- 
jets  de  querelles ;  Mainour,  au  contraire,  cou- 
I're  les  torts  du  prochain,  n'y  fait  pas  atten- 
tion, les  pardonne,  S.  Jacques  (v,  20)  et 
S.  Pierre  (I,  iv,  8)   reproduisent  le  second 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  X,  5—28. 


319 


operata  est  manus  remissa  :  manus 
autem  fortium  divitias  j)arat.  Qui 
nititur  mendaciis,  hie  pascit  ventos  : 
idem  autem  ipse  sequitur  aves  vo- 
lantes.  5.  Qui  congregat  in  messe, 
filius  sapiens  est :  qui  autem  stertit 
asstate,  filius  confusionis.  6.  Bene- 
dictio  Domini  super  caput  justi :  os 
autem  impiorum  operit  iniquitas. 
7.  Memoria  justi  cum  laudibus  :  et 
nomen  impiorum  putrescet.  8.  Sa- 
piens corde  praeceptasuscipit :  stul- 
tus  casditur  labiis.  9.  Qui  ambulat 
simpliciter,  ambulat   confidenter  : 

?[ui  autem  depravat  vias  suas,  mani- 
estus  erit.  10.  *Qui  annuit  oculo, 
dabit  dolorem  :  et  stultus  labiis  ver- 
berabitur.  1 1.  Vena  vitas,  os  justi  : 
et  OS  impiorum  operit  iniquitatem. 
12,  Odium  suscitat  rixas  :  'et  uni- 
versa  delicta  operit  caritas.  13.  In 
labiis  sapientis  invenitur  sapientia  : 
et  virga  in  dorso  ejus  qui  indiget 
corde.  14.  Sapientes  abscondunt 
scientiam  :  os  autem  stulti  confu- 
sioni  proximum  est.  15.  Substantia 
divitis,  urbs  fortitudinis  ejus  :  pavor 
pauperum,  egestas  eorum.  16.  Opus 


justi  ad  vitam  :  fructus  autem  im- 
pii  ad  peccatum.  17.  Via  vitas,  cu- 
stodienti  disciplinam  :  qui  autem  in- 
crepationes  relinquit,errat.  1 8.  Abs- 
conderunt  odium  labia  mendacia  : 
qui  profert  contumeliam,  insipiens 
est.  iq.  In  multiloquio  non  deerit 
peccatum  :  qui  autem  moderatur 
labia  sua  prudentissimus  est.  20.  A r- 
gentum  electum,  lingua  justi  :  cor 
autem  impiorum  pro  nihilo.  21.  La- 
bia justi  erudiunt  plurimos  :  qui 
autem  indocti  sunt,  in  cordis  ege- 
state  morientur.  22.  Benedictio  Do- 
mini divites  facit,  nee  sociabitur  eis 
afflictio.  23.  Quasi  per  risum  stul- 
tus operatur  scelus :  sapientia  autem 
est  viro  prudentia.  24.  Quod  timet 
impius  :  veniet  super  eum  :  deside- 
rium  suum  justis  dabitur.  2 5. Quasi 
tempestas  transiens  non  erit  im- 
pius :  Justus  autem  quasi  fundamen- 
tum  sempiternum.  26.  Sicut  acetum 
dentibus,  et  fumus  oculis,  sic  piger 
hisj  qui  miserunt  eum.  27.  Timor 
Domini  apponet  dies  :  et  anni  im- 
piorum breviabuntur.  28.  Exspecta- 
tio  justorum  lastitia  :  spes  autem 


membre  dans  un  autre  sens  :  la  charite  cou- 
vre  devant  Dieu  les  pdches  commis  par  ce- 
lui  qui  pratique  cette  vertu, 

13.  Sens  :  tandis  que  le  sage  repand  la 
luniiere  autour  de  lui,  I'insense  s'attire  le 
chatiment. 

14.  En  reserve  dans  son  cueur.  —  LUn- 
sense,  par  son  inconsid^ration,  se  prepare  a 
lui-meme  et  aux  autres  quelque  malheur 
toujours  pret  a  eclater. 

15.  Sens  :  tandis  que  le  riche  se  croit  et 
est  en  effet  assure  centre  le  malheur  par 
ses  grands  biens,  le  pauvre,  par  suite  de 
son  indigence,  se  croit  et  est  en  effet 
constamment  menace  de  la  misere  et  de 
la  ruine.  Au  lieu  de,  le  malheur^  la  Vulg, 
met,  la  crainte  du  malheur,  ce  qui  revient 
au  meme. 

16.  Sens  :  ce  que  fait  le  juste  et  ce  qu'il 
acquiert  par  son  travail,  sert  k  lui  assurer 
une  vie  heureuse;  ce  que  gagne  le  mechant 
ne  sert  qu'au  peche  (orgueil,  plaisirs,  etc.) 
et  le  conduit  a  la  mort. 

17.  Comp.  Hebr.  xii,  7-1 1. 

18.  Celtii  qui,  derriere  ses  paroles,  cacJie 
la  haine  dans  son  coeur. 

ig.  Qovc\'^.  Jacq.  i,  26;  iii,  2. 


20.  La  langue,  pour  les  paroles.  —  Le 
coeur,  ce  qui  en  sort,  les  sentiments,  les  des- 
seins,  etc. 

21.  Lnstruisent  et  font  avancer  dans  la 
voie  du  bien,  ddifient.  —  Les  insenses,  loin 
d'etre  utiles  aux  autres,  pdrissent  eux-me- 
mes. 

22.  Ei  la  peine,  etc.;  c'est  I'explication  de 
Delitzsch;  le  proverbe  resumerait  ainsi  Ps. 
cxxvii,  1-2.  Les  anciennes  versions  tradui- 
sent,  et  il  n'ajoule pas  la  peine  avec  elle,  ce 
qui  peut  etre  entendu  a  peu  pres  dans  le 
meme  sens. 

23.  Sens  du  second  membre  :  de  meme 
une  conduite  sage  est  un  jeu,  une  chose  fa- 
cile pour  I'homme  intelligent.  Vulg.,  mais  la 
sagesse  donne  a  I'homme  la  prudence. 

24.  Ce  que  le  mechant  redoute, c'esi  le  cha- 
timent. 

25.  Comp.  Matth.  vii,  24-27. 

26.  Qui  Penvoie  travailler  a  quelque  ou- 
vrage. 

27.  Auginente  les  jours,  procure  de  longs 
jours.  Comp.  iii,  2;  ix,  ii;  Ps.  Iv,  24. 

28.  N^est  que  joie,  aura  son  joyeux  ac- 
complissement. 


320  LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  X,  29—32;  XT,  i— 21. 


29  La  voie  de  Jehovah  est  un  rempart  pour  le  juste, 
Mais  elle  est  une  ruiiie  pour  ceux  qui  font  le  mal. 

30  Le  juste  ne  chancellera  jamais, 

Mais  les  mechants  n"habiteront  pas  la  terre. 
La  bouche  du  juste  produit  la  sagesse, 
Et  la  langue  perverse  sera  arrachee.  ^ 
Les  levres  du  juste  connaissent  la  grace, 
Et  la  bouche  cles  mechants  la  perversite. 


I 


31 


12 


CHAP.  XL  —  Parallele  entre  I'homme  pieux  et  le  mechant  (suite). 


Ch.  .XL 


,^^j|A  balance  fausse  est  en  horreur  a  Jehovah, 
Mais  le  poids  juste  lui  est  agreablc. 
2  Si  Torgueil  vient,  viendra  aussi  I'ignominie; 


Mais  la  sagesse  est  avec  les  humbles. 

3  L'innocence  des  hommes  droits  les  dirige, 
Mais  les  detours  des  pei  fides  causent  leur  ruine. 

4  Au  jour  de  la  colere  la  richesse  ne  sert  de  rien, 
Mais  la  justice  delivre  de  la  moi  t. 

5  La  justice  de  I'homme  intcgre  dirige  ses  voies, 
Mais  le  mechant  tombe  par  sa  mechancetc. 

6  La  justice  des  hommes  droits  les  delivre, 

Mais  les  hommes  sans  foi  sont  pris  par  leur  propre  malice. 

7  Quand  meurt  le  mechant,  son  espoir  perit, 
Et  I'attente  du  pervers  est  aneantie. 

8  Le  juste  est  delivre  de  I'angoisse, 
Et  le  mechant  y  tombe  a  sa  place. 

9  Par  sa  bouche  I'impie  prepare  la  ruine  de  son  prochain, 
Mais  les  justes  seront  delivres  par  la  science. 

10  Ouand  les  justes  sont  heureux,  la  ville  se  rejouit; 
Ouand  les  mechants  perissent,  on  pousse  des  cris  de  joie. 

11  Par  la  benedicT-ion  des  hommes  droits  la  ville  prospere; 
Elle  est  renversee  par  la  bouche  des  impies. 

12  Celui  qui  meprise  son  prochain  est  depourvu  de  sens, 
INIais  I'homme  intelligent  se  tait. 

13  Le  medisant  de  voile  les  secrets, 

Mais  I'homme  au  cceur  fidele  les  garde. 

14  Quand  la  direftion  fait  defaut,  le  peuple  tombe; 
Le  salut  est  le  grand  nombre  des  conseillers. 

15  Qui  cautionne  un  inconnu  s'en  repnt, 

Mais  celui  qui  craint  de  s'engager  est  en  securitc. 

16  La  femme  qui  a  de  la  grace  obtient  la  gloire, 
Les  hommes  energiques  aequierent  la  richesse. 
L'homme  charitable  fait  du  bien  a  son  ame, 
iNLais  I'homme  cruel  aftlige  sa  propre  chair. 
Le  me'chant  fait  un  travail  trompeur, 

Mais  celui  qui  seme  la  justice  a  une  re'compense  assurco. 

19  La  justice  conduit  a  la  vie, 

Mais  celui  qui  poursuit  le  mal  va  a  la  mort. 

20  L'homme  au  cceur  pervers  est  en  abomination  a  Jehovah, 

Mais  celui  qui  est  integre  dans  sa  voie  est  I'objet  de  ses  complaisances. 

21  Non,  le  mechant  ne  restera  pas  impuni, 
Mais  la  posterite  des  justes  sera  sauvee. 


'7 
iS 


29.  La  voie  de  Jt'/iova/i,  sa  loi,  ses  com- 
mandements,  son  culte.  Comp.  Ps.  cxix,  27; 
Matth.  xxii,  16,  etc.  —  Une  ;-«/«i?y  Vulg., 
une  cpoH-c'cinie^  a  cause  des  menaces  que 
renferme  la  loi  de  Dieu. 

30.  La  terre  'promise,  la  patrie  du  peuple 
de  Uieu,  figure  de  la  patrie  celeste  :  partout 
ailleurs.  c'est  I'exil. 

31.  Produit,    comme    un    arbre    donne 


son  fruit  :   comp.  H^br.  xiii,    15.  Vulgate, 
enfante. 

32.  Connaissent  (ou  considerent)  la  grace, 
litt.  ce  qui  plait,  ce  qui  est  agreable  a  Dieu 
et  aux  hommes,  et  s'appliquent  h.  le  dire. 

CHAP.  XI. 

I.  Le  poids  juste,  Wii.  la  pierre  complete  : 
on  se  servait  encore  de  pierres  pour  pcser. 


LIBER  PROVERBTORUM.     Cap.  X,  29—32;  XI,  i— 21. 


321 


impiorum  peribit.  29.  Fortitude 
simplicis  via  Domini  :  et  pavor  his, 
qui  operantur  malum.  30.  Justus  in 
aeternum  non  commovebitur :  impii 
autem  non  habitabunt  super  ter- 
ram.  31.  Os  justi  parturiet  sapien- 
tiam  :  lingua  pravorum  peribit. 
32.  Labia  justi  considerant  placita  : 
et  OS  impiorum  perversa. 

— :;:—        CAPUT  XI.        — :i:— 

^qiiitatis  et  justiticC  ceterarumque  virtu- 
tum  commoda,  et  vitiorum  ac  vanarum 
divitiarum  incommoda. 


TATERA  dolosa,  abomi- 
natio  est  apud  Dominum  : 
et  pondus  asquum,  volun- 
tas ejus.  2,  Ubi  fiierit  su- 
perbia,  ibi  erit  et  contumelia  :  ubi 
autem  est  humilitas,  ibi  et  sapientia. 
3.  Simplicitas  justorum  diriget  eos: 
et  supplantatio  perversorum  vasta- 
bit  illos.  4.  *Non  proderunt  divitia^ 
in  die  ultionis  :  justitia  autem  libe- 
rabit  a  morte.  5.  Justitia  simplicis 
diriget  viam  ejus  :  et  in  impietate 
sua  corruet  impius.  6.  Justitia  re- 
ctorum  liberabit  eos  :  et  in  insidiis 
suis  capientur  iniqui.  7.  Mortuo 
homine  impio,  nulla  erit  ultra  spes  : 


et  exspectatio  sollicitorum  peribit. 
8.  Justus  de  angustia  liberatusest  : 
et  tradetur  impius  pro  eo.  9.  Simu- 
lator ore  decipit  amicum  suum  : 
justi  autem  liberabuntur  scientia. 
10.  In  bonis  justorum  exsultabit 
ci vitas  :  et  in  perditione  impiorum 
erit  laudatio.  1 1.  Benedictione  ju- 
storum exaltabitur  civitas  :  et  ore 
impiorum  subvertetur.  12.  Qui  de- 
spicit  amicum  suum,  indigens  corde 
est  :    vir   autem   prudens    tacebit. 

13.  Qui  ambulat  fraudulenter,  re- 
velat  arcana  :  qui  autem  fidelis  est 
animi,     celat     amici     commissum. 

14,  Ubi  non  est  gubernator  popu- 
lus  corruet :  salus  autem,  ubi  multa 
consilia.  15.  Affligetur  malo,  qui 
fidem  facit  proextraneo  :  qui  autem 
cavet  laqueos,  securuserit.  16.  Mu- 
lier  gratiosa  inveniet  gloriam  :  et 
robusti  habebuntdivitias.  17.  Bene- 
facit  anims  suas  vir  misericors  :  qui 
autem  crudelis  est,  etiam  propin- 
quos  abjicit.  18.  Impius  facit  opus 
instabile  :  seminanti  autem  justi- 
tiam  merces  fidelis.  19.  Clementia 
prasparat  vitam  :  et  sectatio  malo- 
rum  mortem.  20.  Abominabile 
Domino  cor  pravum  :  et  volun- 
tas ejus  in  iis,  qui  simpliciter  am- 
bulant.  21.   Manus   in   manu  non 


Moi'se  avail  fait  deposer  dans  le  sandliiaire 
des  etalons  des  poids  et  mesures;  mais  le 
controle  de  ceux  qui  etaient  en  usage  n'etait 
guere  facile.  De  la  ces  maximes  et  ces  aver- 
tissements  si  souvent  adresses  a  un  peuple 
enclin  a  la  cupidite. 

2.  La  sagcsse,  en  tant  qu'oppos^e  a  I'infa- 
tuation  de  I'orgueil  et  k  ses  funestes  conse- 
quences. 

3.  Les  dirigc,  les  conduit  dans  une  voie 
sure. 

4.  De  la  colore  (Vulg.  de  la  vengeance)^  du 
jugement  inexorable  de  Dieu.  Comp.  Soph. 
i,  18;  Is.  X,  3;  Eccli.  v,  40. 

6.  Malice,  litt.  desirs  dcreglcs  auxquels  ils 
se  laissent  aller.  Vulg.  picges. 

7.  Des  honvnes  iniques;  Delitzsch,  des 
homines  confiants  dans  leur  force  (comp.  Is. 
xl,  29);  Vulg.,  des  hommes  inquiets,  proba- 
blement  dans  le  sens  de  ambitieux. 

9.  Liiiipie,  ou  l' hypocrite  (Vulg.).  —  La 
science,  la  prudence. 

II.  La  be'ne'di^ion,  Its  voeux  et  les  pric- 


res.  —  Par  la  boieche,  par  les  discours  per- 
vers. 

12.  Qui ineprise  et  raille.  —  Se  tait  sur  les 
torts  reels  ou  apparents  du  prochain. 

13.  Lhotnine  aic  coeiir  fidele,  digne  de 
confiance. 

14.  La  dire^ion,  le  gouvernement. 

15.  Qui  craint  de  s'etiga^er,  litt.,  defrap- 
per  dans  la  main,  ce  qui  etait  alors  comme 
aujourd'hui  le  symbole  d'un  engagement. 

16.  Qui  a  de  la  grace,  une  vertu  aimable 
et  douce.  Le  second  membre  parait  pris  en 
mauvaise  part  :  les  homines  energiques,  vio- 
lents,  tfobiiennent  que  la  richesse,  qui  vaut 
bien  moins  que  I'honneur  (xxii,  i). 

17.  Sa  propre  chair,  lui-meme;  Vulg.  ses 
proches,  comme  Gen.  xxxvii,  27. 

19.  En  hebr.  le  verset  commence  par /Jw/, 
qui  pent  signifier  de  nihne  que,  ou  bien  solide, 
ferine  :  la  solide  justice;  Vulg.  la  clanence. 
.  21.  Non;  litt.  la  main  dans  la  main,  pro- 
bablement  formule  de  serment  (vers.  23)  ou 
de  forte  affirmation  :  je  le  jure,  je  I'afifirme. 


LA  SAINTE  BIBLE.   TOiMIi  IV.  —  21 


322        LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XI,  22—31;  XII,  i— n. 


22  Un  anneau  d'or  an  nez  d'un  pourceau, 

Telle  est  la  femme  belle  et  depourvue  de  sens. 

"23  Le  desir  des  justes,  c'est  unicjuenient  le  bien; 
L'attente  des  mediants,  c'est  la  fureur. 

24  Celui-ci  donne  liberalement  et  s'enrichit; 
Cet  autre  epargne  et  s'apauvrit. 

25  L'ame  bienfaisante  sera  rassasiee, 

Et  celui  qui  arrose  sera  lui-meme  arrose, 

26  Celui  qui  garde  le  ble  est  maudit  du  peuple, 

Mais  la  b^nddiclion  est  sur  la  tcte  de  celui  qui  le  vend. 

27  Celui  qui  recherche  le  bien  trouve  la  faveur, 
Mais  celui  qui  cherche  le  nial,  le  mal  I'atteindra. 

28  Celui  qui  se  con  fie  dans  sa  richesse  tombera, 
Mais  les  justes  germeront  comme  le  feuiliage. 

29  Celui  qui  trouble  sa  maison  he'ritera  le  vent, 
Et  I'insense  sera  I'esclave  de  I'homme  sage. 

30  Le  fruit  du  juste  est  un  arbre  de  vie, 

Et  qui  fait  la  concjuete  des  ames  est  sage. 

31  Si  le  juste  rec^oit  sur  la  terre  une  retribution  de peincs, 
Combien  plus  le  mechant  et  le  pecheur ! 


CHAP.  XII.  —  Parallele  entre  I'homme  pieux  et  le  mechant  (suite). 

Ch.  XII.  f^S^^ELUI  qui  aime  la  correflion  aime  la  science; 

Celui  qui  halt  la  reprimande  est  insense. 
2  Celui  qui  est  bon  obtient  la  faveur  de  Jdhovah, 
Mais  Jehovah  condamne  I'homme  de  malice. 

3  L'homme  ne  s'afifermit  pas  par  la  mechancete, 
Mais  la  racine  des  justes  ne  sera  pas  ebranlee. 

4  Une  femme  vertueuse  est  la  couronne  de  son  mari, 
Mais  la  femme  sans  honneur  est  comme  la  carie  dans  ses  os. 

5  Les  pensees  des  justes  sont  I'equite, 
Les  conseils  des  mtfchants,  la  fraude. 

6  Les  paroles  des  mechants  sont  des  pieges  de  mort, 
Mais  la  boqche  des  hommes  droits  les  sauve. 

7  Le  mechant  fait  un  tour,  et  il  n'est  plus; 
Mais  la  maison  des  justes  reste  debout. 

8  L'homme  est  estime  dans  la  mesure  de  son  intelligence; 
Mais  I'homme  au  coeur  pervers  sera  m^prise. 

9  Mieux  vaut  un  homme  humble  qui  suffit  a  ses  besoins, 
Qu'un  glorieux  manquant  de  pain. 

10  Le  juste  s'occupe  de  son  b^tail, 
Mais  les  entrailles  des  mechants  sont  cruelles. 

11  Celui  qui  cultive  son  champ  est  rassasie  de  pain, 
Mais  celui  qui  poursuit  des  choses  inutiles  est  d^pourvu  de  sens. 


22.  Uii  anneau  pour  le  nez,  hebr.  nezem. 
Comp.  Gen.  xxiv,  22;  Ezcch.  xvi,  12. 

24.  Qui  epargne  (htt.  retient)  a  Pexcls : 
Vulg.,  qui  ravit  le  bie)i  tVautrui. 

25.  Bienfaisante^  litt.  bcnissante,  qui  est 
pour  les  autres  une  benedidlion;  a  son  tour 
elle  sera  benie  de  Dieu.  —  (2ui  arrose^  ou 
selon  la  Vulg.,  qui  donne  liberalenienf  a 
boire. 

26.  Qui  garde  (Vulg.  qui  cache)  :  comp. 
Amos,  viii,  4-8. 

27.  Qici  ?-ccherche  des  le  matin,  c.-a-d. 
avec  soin.  —  S\ittire;  litt.  cliercJie  par  la 
meme,  sans  y  penser,  et  obtient  la  faveur 
des  hommes.  Vulg.,  //  a  raison  de  se  le7>er 
matin  celui  qui  cJierche  le  bien. 


28.  Scront  verdoyants,  pousseront  avcc 
vigueur  :  comp.  Ps.  i,  3. 

29.  Qui  trouble  sa  maison  par  un  carac- 
tere  acariatre.  —  Le  vent,  c.-«\-d.  rien.  — 
L'insensc,  apr^s  avoir  perdu  tons  ses  biens, 
n'aura  plus  d'autre  ressource  que  de  se 
vendre  comme  esclave. 

30.  Sens  :  le  juste  est  compare  a  un  arbre 
bienfaisant;  son  fruit,  c.-a-d.  ses  a(^l.es  et 
ses  paroles,  ont  sur  les  autres  une  influence 
vivifiante;  il  repand  autour  de  lui  la  vie  et  le 
bonheur.  —  Fait  la  conqucte,  litt.  s'en  cm- 
pare,  les  prend  comme  le  pecheur  prend  le 
poisson. 

31.  Rc{oit  une  retribution  :  on  peut  enten- 
dre, ou  bien  une  recompense,  et  Va  fortiori 


' 


LIBER  PROVERBIORUxM.     Cap.  XI,  22—31;  XII,  i  — 11. 


323 


erit  innocens  malus  :  semen  autem 
justorum  salvabitur.  22.  Circulus 
aureus  in  naribus  suis,  mulier  pul- 
chra  et  fatua.  23.  Desiderium  ju- 
storum omne  bonum  est  :  praesto- 
latio  impiorum  furor.  24.  Alii  di- 
vidunt  propria,  et  ditiores  fiunt  : 
alii  rapiunt  non  sua,  et  semper  in 
egestate  sunt,  25.  Anima,  quas 
benedicit,  impinguabitur  :  et  qui 
inebriat,  ipse  quoque  inebriabitur. 

26.  Qui  abscondit  frumenta,  ma- 
ledicetur  in  populis  :  benedictio 
autem    super    caput    vendentium. 

27.  Bene  consurgit  diluculo  qui  quae- 
rit  bona  :  qui  autem  investigator 
malorum   est,   opprimetur   ab   eis. 

28.  Qui  confidit  in  divitiis  suis, 
corruet  :  justi  autem  quasi  virens 
folium  germinabunt.  29.  Qui  con- 
turbat  domum  suam,  possidebit 
ventos  :  et  qui  stultus  est,  serviet 
sapienti.  30.  Fructus  justi  lignum 
vitae  :  et  qui  suscipit  animas,  sapiens 
est.  31.  ^Si  Justus  in  terra  recipit, 
quanto  magis  impius  et  peccator.? 


— :i:—        CAPUT  XII.       — :i:— 
Vicissim  loquitur  de  diligente  disciplinam 
et  earn  odiente;  de  impio  et  justo,  ope- 
rante  et  otioso,  stulto  et  sapiente  et  de 
bonis  ac  malis  lingua?.  - 


Uldiligit  disciplinam,  di- 
ligit  scientiam  :  qui  autem 
odit  increpationes,  insi- 
piens  est.  2.  Qui  bonus 
est,  hauriet  gratiam  a  Domino  :  qui 
autem  confidit  in  cogitationibus 
suis,  impie  agit,  3.  non  roborabitur 
homo  ex  impietate  :  et  radix  justo- 
rum non  commovebitur.  4.  Mulier 
diligens,  corona  est  viro  suo  :  et  pu- 
tredo  in  ossibus  ejus,  quas  confusio- 
ne  res  dignas  gerit.  5.  Cogitationes 
justorum  judicia  :  et  consilia  impio- 
rum fraudulenta.  6.  Verba  impio- 
rum insidiantur  sanguini  :  os  justo- 
rum liberabit  eos.  7.  Verte  impios, 
et  non  erunt  :  domus  autem  justo- 
rum permanebit.  8.  Doctrina  sua 
noscetur  vir  :  qui  autem  vanus  et 
excors  est,  patebit  contemptui. 
9.  ?Melior  est  pauper  et  sufficiens 
sibi,  quam  gloriosus  et  indigens  pa- 
ne. 10.  Novit  Justus  jumentorum 
suorum  animas  :  viscera  autem  im- 
piorum crudelia.  1 1.  *Qui  operatur 


suppose  I'idee  que  le  juste  n'y  a  pas  un  droit 
absolu,  etant  toujours  imparfait  et  pecheur 
par  quelque  endroit;  ou  mieux  avec  les  an- 
ciennes  versions,  ttn  chdtinierJ,  soit  pour 
ses  fautes  legeres,  soit  k  titre  d'^preuve. 

CHAP.  XII. 

2.  Lliomme  de  malice  et  d'intrigue.  Vulg., 
niais  celid  qui  met  sa  C07ifiance  dans  ses 
propres  pense'es  agit  en  zjnpie. 

3.  L'homme  est  compare  k  un  arbre  :  le 
mdchant  a  un  arbre  sans  racines,  etc.  Comp. 
Ephes.  iii,  17. 

4.  Vcrtueusc,  \\n.  forte,  telle  elle  est  peinte 
au  chap.  xxxi.  —  Sans  honneur,  litt.  digne 
de  honte  par  sa  conduite. 

5.  Chacun  conforme  ses  pensees  au  but 
qu'il  veut  atteindre. 

6.  Sens  :  les  mediants,  par  leurs  calom- 
nies,  faux  tt'moignages,  etc.,  mettent  en 
peril  la  vie  du  prochain;  le  juste,  par  des 
moyens  contraires,  la  sauve.  Eos^  les  justes 
menaces  par  les  mechants. 


7.  Fait  7m  four,  c.-a-d.  promptement,  en 
un  tour  de  main,  le  mechant  disparait. 

9.  Mieux  vaiti  etre  un  homme  humble  et 
pen  considere,  etc.  —  Qui  suffit  a  ses  be- 
soins;  ou,  selon  d'autres,  ayant  un  esclave 
pour  le  servir. 

10.  Pre/id  soift  de  son  be'tail,  comme  la  loi 
le  prescrit  {Exod.  xxv,  19;  Deui.  v,  4; 
xxii,  10;  xx\^,  4)  et  a  I'exemple  de  Dieu 
meme,  qui  prend  soin  de  toutes  ses  crea- 
tures {Ps.  xxxvii,  7;  Sag.  xi,  25).  —  Les  en- 
trailles,  considerees  comme  le  siege  de  la 
sensibilite  :  ce  qu'il  y  a  de  plus  tendre  dans 
l'homme  en  general,  ses  entrailles  memes, 
est  cruel  dans  le  mechant. 

11.  Des  chases  inutiles;  Vulg.  la paresse, 
ce  qui  revient  a.  peu  pres  au  meme ;  elle 
ajoute  :  celui  cjui  se  plait  dans  les  reunions 
ou  Ton  boit  le  vin  laisse  la  honte  dans  les 
citadelles.  Cette  addition,  qui  se  trouve  aussi 
dans  les  LXX,  parait  n'etre  qu'une  double 
tradu(ftion  du  premier  membre  du  verset 
suivant. 


"  Eccli.  10, 
30- 


*  Eccli,  20, 
30. 


324       LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XII,  12—28;  XIII,  1—5. 


12  Le  mechant  convoite  la  proie  des  mechants, 
Mais  la  racine  des  justes  donne  son  fruit. 

13  11  y  a  dans  le  peche  des  levres  un  piege  funeste, 
Mais  le  juste  se  tire  de  la  detresse. 

14  C'est  par  le  fruit  de  sa  bouche  qu'on  est  rassasie  de  biens, 
Et  il  sera  rendu  a  chacun  suivant  I'oiuvre  de  ses  mains. 
La  voie  de  I'insense  est  droite  a  ses  yeux, 
Mais  le  sage  ecoute  les  conseils. 


15 

16  L'insens^  faisse  voir  aussitot  sa  colere 
Mais  I'homme  prudent  sait  dissimuler  un  outrage. 

17  Celui  qu'anime  I'amour  de  la  verite  dit  ce  qui  est  juste, 
Et  le  faux  temoin  trahit  ses  intentions  perfides. 

18  Ses  paroles  blessent  comme  un  glaive, 

Mais  la  langue  des  sages  procure  la  guerison. 

19  La  langue  veridique  restera  toujours, 
Mais  la  langue  mensongere  est  confondue. 

20  La  fraude  est  dans  le  coeur  de  ceux  qui  meditent  le  mal, 
Mais  la  joie  est  pour  ceux  qui  conseillent  la  paix. 

21  Aucun  malheur  n'arrive  au  juste, 

Mais  les  mechants  sent  accables  de  maux. 

22  Les  levres  menteuses  sont  en  horreur  a  Jehovah, 

Mais  ceux  qui  agissent  selon  la  vdrite  lui  sont  agreables. 

23  L'homme  prudent  cache  sa  science, 
Mais  le  cceur  de  I'insense  publie  sa  folic. 

24  La  main  vigilante  dominera, 

Mais  Id  main  indolente  sera  tributaire. 

25  Le  chagrin  dans  le  cceur  de  l'homme  I'abat, 
Mais  une  bonne  parole  le  rejouit. 

26  Le  juste  montre  la  voie  a  son  ami, 
Mais  la  voie  des  mechants  les  egare. 

27  Le  paresseux  ne  rotit  pas  son  gibier, 

Mais  I'activile  est  pour  Thomme  un  prccieux  ircsor. 

28  Dans  le  sentier  de  la  justice  est  la  vie, 

Et  dans  le  chemin  eiu'elle  trace  I'immortalite. 


I 


CHAP,  xin.  —  Parallcle  cntre  rhommc  pieux  et  le  mechant  (suite). 

Ch.  XH.  G^fSMK  tils  sage  rcvcic  I'instrutlion  de  son  pcre, 

Mais  le  moqueur  n'ecoute  pas  la  reprimande. 
2  Du  fruit  de  sa  bouche  l'homme  goiite  le  bien, 
Mais  le  dcsir  des  mdchants,  c'est  la  violence. 

3  Celui  qui  veille  sur  sa  bouche  garde  son  ame; 
Celui  qui  ouvre  irop  ses  levres  court  a  sa  perte. 

4  Le  paresseux  a  des  dcsirs,  et  ils  ne  sont  pas  satisfaits, 
Mais  le  desir  des  hoinmes  dilit^ents  sera  rassasie. 

5  Le  juste  dcteste  les  paroles  mensongcres; 
Le  mechant  procure  la  honte  et  la  confusion. 


12.  Sens  du  premier  membre  :  les  me- 
chants se  disputent  les  di^pouilles  du  crime; 
ils  se  jalousent  et  se  perdent  mutuellement. 
Vulg. ,  le  niechani  desire  que  ses  pareils  s''af- 
femiissent ;  il  regarde  leur  cause  comme  la 
sienne  propre. 

13.  Un  picge  funeste  pour  le  mechant  lui- 
meme  :  comp.  Ps.  ix,  16. 

17.  Ce  qui  est  juste  et  vrai,  en  droit  comme 
en  fait.  Vulg.  :  celui  qui  dit  ce  qu'il  sait  ina- 
nifcste  Injustice,  la  vdritd;  mais  Vhomme  de 
iiicusoi^e  est  un  teinoiii  troinpeur.  Sens  : 
l'homme  ami  de  la  vtfritc  otire  a  la  justice 
un  temoignage  sur;  c'est  le  contraire  pour 
l'homme  qui  aime  le  mensonge. 


iS.  La  Vulg.  traduit  le  premier  membre  : 
/  tel  qui  pro/net  a  la  legere  est  eusuite  perce 
par  le  glaive  de  sa  conscience. 

19.  Sens  :  ce  que  dit  I'homme  veridique 
demeure;  ce  cjue  dit  le  menteur  est  bien 
vite  reconnu  faux. 

21.  Le  juste  peut  etre  eprouve,  mais  il 
soutient  avec  Constance  et  memeavecjoie 
cette  epreuve  passagere.  Comp.  Philip. 
iv,  7. 

22.  Selon  la  verite  ou  la  ^de'lite'  {V u\g.) , 
la  droiture. 

26.  Montre  la  7'oie(iat/ier,  hiph.  de  thour). 
Vulg.  :  le  juste  s'inquiete  peu  iVeprouver  tin 
dominate  pour  son  ami :  comp.yi'a//,  xv,  13. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XII,  12—28;  XIII,  1—5.         325 


terram  suam,  satiabitur  panibus  : 
qui  autem  sectatur  otium,  stultissi- 
mus  est.  Qui  suavis  est  in  vini  de- 
morationibus,  in  suis  munitionibus 
relinquit  contumeliam.  12.  Deside- 
rium  impii  munimentum  est  pessi- 
morum:  radix  autem  justorum  pro- 
ficiet.  13.  Propter  peccata  labiorum 
ruina  proximat  malo  :  effugiet  au- 
tem Justus  de  angustia.  14,  De  fru- 
ctu  oris  sui  unusquisque  replebitur 
bonis,  et  juxta  opera  manuum  sua- 
rum  retribuetur  ei.  15.  Via  stulti 
recta  in  oculis  ejus  :  qui  autem  sa- 
piens est,  audit  consilia.  16.  Fatuus 
statim  indicat  iram  suam  :  qui  au- 
tem dissimulat  injuriam,  callidus 
est.  17.  Qui  quod  novit  loquitur, 
index  justitiae  est  :  qui  autem  men- 
titur,  testis  est  fraudulentus.  18.  Est 
qui  promittit,  et  quasi  gladio  pun- 
gitur  conscientiae  :  lingua  autem  sa- 
pientium  sanitas  est.  19.  Labium 
veritatis  firmum  erit  in  perpetuum  : 
qui  autem  testis  est  repentinus,  con- 
cinnat  linguam  mendacii.  20.  Dolus 
in  corde  cogitantium  mala  :  qui  au- 
tem pacis  ineunt  consilia,  sequitur 
eos  gaudium.  21.  Non  contristabit 
justum  quidquid  ei  acciderit :  impii 
autem  replebuntur  malo.  22.  Abo- 
minatio  est  Domino  labia  mendacia: 
qui  autem  fideliter  agunt,  placent  ei. 
23.  Homo  versutus  celat  scientiam : 
et  cor  insipientium  provocat  stulti- 


tiam.  24.  Manus  fortium  domina- 
bitur  :  quas  autem  remissa  est,  tri- 
butis  serviet.  25.  Moeror  in  corde 
viri  humiliabit  ilium,  et  sermone 
bono  lastificabitur.  26.  Qui  negligit 
damnum  propter  amicum,  Justus 
est  :  iter  autem  impiorum  decipiet 
eos.  27.  Non  inveniet  fraudulentus 
lucrum  :  et  substantia  hominis  erit 
auri  pretium.  28.  In  semita  justitias, 
vita  :  iter  autem  devium  ducit  ad 
mortem. 

— *—       CAPUT  XIII.      — :;:— 

De  filio  sapiente  :  de  oris  custodia,  et  in- 
considerate ad  loquendiim  :  de  paupere 
divite,  et  divite  paupere,  lucerna  impio- 
rum, substantia  festinata  et  dilatione  spei  : 
omnia  cum  consilio  agenda,  et  cum  sa- 
pientibus  gradiendum  :  de  parcente  vir- 
gce,  et  insaturabili  ventre  impii. 


ILIUS  sapiens,  doctrina 
patris  :  qui  autem  illusor 
j  est,  non  audit  cum  argui- 
tur.  2.  De  fructu  oris  sui 
homo  satiabitur  bonis  :  anima  au- 
tem prasvaricatorum  iniqua.  3.  Qui 
custodit  OS  suum,  custodit  animam 
suam  :  qui  autem  inconsideratus  est 
ad  loquendum,  sentiet  mala.  4.  Vult 
et  non  vult  piger :  anima  autem  ope- 
rantium  impinguabitur.  5.  Verbum 
mendax  Justus  detestabitur  :  impius 
autem   confundit,  et  confundetur. 


Ce  premier  membre  est  tres  diversement 
interprete  aussi  bien  paries  anciens  que  par 
les  modernes. 

27.  Ne  rotit  pas,  ou  ne  fait  pas  lever,  ou 
i{atteint  pas :  meme  sens  au  fond.  Vulg.,  le 
trojiipetir  ne  fait  pas  de  profit,  iandis  que  les 
Mens  dii  juste  out  le  prix  de  for. 

28.  LHimnortalite,  litt.  la  nonniort.  Vulg., 
inais  le  chemin  detourne  conduit  a  la  niort. 

CHAP.  XIII. 

1.  D'autres,  sous-entendant  dans  le  pre- 
mier membre  le  verbe  du  deuxieme,  tra- 
duisent  :  le  fils  sage  econte  Vinstrnnion  de 
son  pcre. 

2.  Sens  du  i<^^  membre  :  I'homme  dont  la 
bouche  ne  dit  que  des  paroles  bonnes  et 
utiles  en  regoit  le  fruit  :  comp.  xii,  14.  — 
La  violence  avec  ses  suites  funestes  pour  le 


mechant  lui-meme.  Les  anciennes  versions 
prennent  nephesch  dans  le  sens  propre  de 
anima  :  mais  Vame  du  mechatit  est  iniquej 
ou  bien  :  goute  les  suites  de  ses  injustices 
et  de  ses  violences. 

3.  Celui  qui  ouvre  dc  grandes  levres,  qui 
est  inconsidere  dans  ses  paroles,  comme 
traduit  la  Vulg. 

4.  La  Vulg.  traduit  le  i«>'  membre  :  le 
paresseux  veut  et  ne  vejtt  pas. 

5.  Les  paroles  et  les  aflions  (hebr.  debar), 
—  Le  incchant  procure  la  confusion  aux 
autres,  par  ex.  a  ses  parents,  a  ses  amis, 
qui  ont  ^  rougir  de  lui ;  ou  bien  :  se  plait  k 
repandre  sur  les  autres  I'outrage  et  I'oppro- 
bre;  ou  bien  encore  :  se  conduit  d'une  ma- 
niere  honteuse.  Vulg.,  attire  la  confusion 
sur  les  autres  et  sur  lui-meme. 


i 


326        LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XIII,  6—25;  XIV,  1—3. 

6  La  justice  garde  la  voie  de  Fhomme  intfegre, 
Mais  la  mechancete  cause  la  ruine  du  pecheur. 

7  Tel  fait  le  riche  qui  n'a  rien, 

Tel  fait  le  pauvre  qui  a  de  grands  biens. 

8  La  richesse  d'un  homme  est  rangon  de  sa  vie, 
Mais  le  pauvre  est  a  I'abri  mcme  de  la  menace. 

9  La  lumiere  du  juste  brille  joyeusement, 
Mais  la  lampe  des  mediants  s'eteint. 

10  L'orgueil  n'enfante  que  des  querelles; 

Mais  la  sagesse  est  avec  ceux  qui  se  laissent  conseiller. 

1 1  La  richesse  mal  acquise  s'evanouit, 

Mais  celui  qui  amasse  peu  a  peu  I'augmente. 

12  L'espoir  differ^  rend  le  coeur  malade, 
Mais  le  ddsir  accompli  est  un  arbre  de  vie. 

13  Celui  qui  meprise  la  parole  se  perd, 

Mais  celui  qui  respe6\e  le  precepte  sera  recompense. 

14  L'enseignement  du  sage  est  une  source  de  vie, 
Pour  echapper  aux  pieges  de  la  moi^t. 

15  Une  intelligence  cultivee  produit  la  grace, 
Mais  la  voie  des  trompeurs  est  rude. 

16  Tout  homme  prudent  agit  avec  reflexion, 
Mais  I'insense  etale  sa  folic. 

17  Un  envoye  mechant  tombe  dans  le  malheur, 
Mais  un  messager  fidele  procure  la  guerison. 

18  Misere  et  honte  k  qui  rejette  la  correcftion; 
Celui  qui  rec^oit  la  reprimande  est  honord. 

19  Le  desir  satisfait  rejouit  I'ame, 

Et  s'eloigner  du  inal  fait  horreur  aux  insenses. 

20  Celui  qui  frequente  les  sages  devient  sage, 

Mais  celui  qui  se  plait  avec  les  insenses  devient  mechant. 

21  Le  malheur  poursuit  les  pecheurs, 
Mais  le  bonheur  recompense  les  justes. 

22  L'homme  de  bien  laisse  son  heritage  aux  enfants  de  ses  enfants; 
Mais  la  richesse  du  pecheur  est  reservee  au  juste. 

23  Dans  le  champ  defriche  par  le  pauvre  abonde  la  nourriturc, 
Mais  il  en  est  qui  perissent  par  I'injustice. 

24  Celui  qui  menage  sa  verge  hait  son  fils, 

Mais  celui  qui  I'aime  le  corrige  de  bonne  heure. 

25  Le  juste  mange  et  satisfait  son  appetit, 

Mais  le  ventre  des  mechants  cprouve  la  disette. 


CHAP.  XIV.  —  Parallele  entre  rhomme  pieiix  ct  Ic  mechant  (suite). 

Ch.  XIV.  [^""/j^f^A  femme  sage  batit  sa  maison, 

Et  la  femme  insens^e  la  renverse  de  ses  propres  mains. 
ll    2  Celui-la  marche  dans  la  droiture  qui  craint  Jehovah, 
Et  celui  qui  le  meprise  est  pervers  dans  sa  voie. 
Dans  la  bouche  de  I'insensd  est  la  verge  de  son  orgueil, 
Mais  les  levres  des  sages  les  gardent. 


7.  Sens  :  ne  pas  se  fier  aux  apparences; 
le  glorieux  indigent  simule  la  richesse, 
I'avare  simule  la  pauvrete.  Dans  le  sens 
spirituel,  tel  est  riche  devant  les  hommes 
qui  est  pauvre  devant  Dieu,  et  rdcipro- 
cjuement. 

8.  Le  riche  pent,  en  certains  cas,  racheter 
sa  vie  h,  prix  d'argent,  en  sacrifiant  sa  for- 
tune; mais  la  vie  du  pauvre  n'est  pas  meme 
menacee.  Dans  le  sens  spirituel  :  le  riche 
rach^te  et  sauve  son  ame  par  le  bon  usage 
de  ses  richesses;  le  salut  du  pauvre  court 
moins  de  dangers. 


9.  La  himiere^  symbole  d'une  vie  heureuse. 

ID.  n orgueil,  qui  a  son  principe  dans 
TegoYsme,  fait  naitre  mille  querelles. 

II.  Mai  aa/uisc,  litt.  acquise  par  des 
moyens  hatifs  (Vulg.)  et  frauduleux. 

13.  La  parole,  en  general  la  parole  de 
celui  qui  a  droit  de  commander,  et  en  parti- 
culier  la  parole  de  Dieu,  sa  loi,  ses  pr^ceptes. 
—  Vulg.,  cehii qtti dt'nii^rc  U7ie  c/tose  s'eni:[age 
Itii-meme  pour  Pavenir,  ce  que  Jansenius 
explique  ainsi  :  Si  la  chose  est  bonne,  il 
sera  puni;  si  elle  est  mauvaise,  il  s'oblige  a 
I'eviter, 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XIII,  6—25;  XIV,  1—3.  327 


6.  Justitia  custodit  innocentis  viam  : 
impietas  autem  peccatorem  supplan- 
tat.  7.  Est  quasi  dives  cum  nihil  ha- 
beat  :  et  est  quasi  pauper,  cum  in 
multis  divitiis  sit.  8.  Redemptio 
animas  viri,  divitias  suas  :  qui  autem 
pauper  est,  increpationem  non  sus- 
tinet.  9.  Lux  justorum  lastificat  : 
lucerna  autem  impiorum  exstingue- 
tur.  10.  Inter  superbos  semper  jur- 
gia  sunt  :  qui  autem  agunt  omnia 
cum  consilio,  reguntur  sapientia. 
1 1,  Substantia  festinata  minuetur  : 
quae  autem  paulatim  colligitur  ma- 
nu,  multiplicabitur.  12.  Spes,  quae 
differtur,  affligit  animam  :  lignum 
vitae  desiderium  veniens.  13.  Qui 
detrahit  alicui  rei,  ipse  se  in  futurum 
obligat  :  qui  autem  timet  praece- 
ptum,  in  pace  versabitur.  Animae 
dolosas  errant  in  peccatis  :  justi  au- 
tem misericordes  sunt,  et  miseran- 
tur.  14.  Lex  sapientis  fons  vitas,  ut 
declinet  a  ruina  mortis.  15.  Doctri- 
na  bona  dabit  gratiam  :  in  itinere 
contemptorum  vorago.  16.  Astutus 
omnia  agit  cum  consilio  :  qui  autem 
fatuus  est,aperitstultitiam.i7.Nun- 
tius  impii  cadet  in  malum  :  legatus 
autem  fidelis,  sanitas.  18.  Egestas, 
et  ignominia  ei,  qui  deserit  discipli- 
nam  :  qui  autem  acquiescit  arguenti. 


glorificabitur.  19.  Desiderium  si 
compleatur,  delectat  animam  :  de- 
testantur  stulti  eos,  qui  fugiunt 
mala.  20.  Qui  cum  sapientibus  gra- 
ditur,  sapiens  erit  :  amicus  stulto- 
rum  similis  efficietur,  21.  Peccato- 
res  persequitur  malum  :  et  justis 
retribuentur  bona.  22.  Bonus  relin- 
quit  heredes  filios  et  nepotes  :  et 
custoditur  justo  substantia  peccato- 
ris.  23.  Multi  cibi  in  novalibus  pa- 
trum  :  et  aliis  congregantur  absque 
judicio.  24." Qui  parcit  virgas,odit  fi- 
lium  suum  :  qui  autem  diligit  ilium, 
instanter  erudit.  25.  Justus  com- 
edit,  et  replet  animam  suam  :  venter 
autem  impiorum  insaturabilis. 

— *—      CAPUT  XIV.      — *— 


Sapientiae  et  stultitias  varise  conditiones  : 
prudentia  quivis  status  debite  regulatur, 
qua  quis  ad  misericordiam  movetur  et 
affeftiones  moderatur  :  vitia  autem  per- 
dunt  homines. 


APIENS  mulier  aedificat 
domum  suam  :  insipiens 
exstructam  quoque  mani- 
bus  destruet.  2.  Ambulans 


recto  itinere,  et  timens  Deum,  "de- 
spicitur  ab  eo,  qui  infami  graditur 
via.  3.  In  ore  stulti  virga  superbias  : 


La  Vulg.  ajoute  au  vers.  13  les  mots  sui- 
vants,  que  les  LXX  mettent  apres  le  vers.  9  : 
/es  dmes  trompettses  s'cf^arent  dans  leurs  pe- 
che's,  mats  les  jiistes  sont  7iiisericordteux  ct 
compatissants. 

14.  Poit7-  cchappcr  :  cet  enseignement 
donne  le  moyen  d'echapper  aux  dangers  de 
la  vie  presente  et  a  la  mort  eternelle. 

1 5.  U?ie  hifeflige/icc  culthu'e  par  une  bonne 
education  donne,  comme  son  fruit  naturel, 
la  faveur  de  Dieu  et  celle  des  hommes. 

16.  Etale  sa  fo/ie,  au  lieu  de  la  cacher, 
comme  un  marchand  etale  ses  marchan- 
dises. 

17.  Tonibe  et  fait  tomber  avec  lui  dans 
le  malheur  celui  qui  I'envoie.  Vulgate  :  le 
inessager  dii  mecJiant  ou  de  Pinipie.  —  La 
gtierison,  le  soulagement,  le  bien-etre  en 
general.  Legon  morale  :  que  les  princes 
ne  donnent  leur  confiance  qu'k  des  hom- 
mes vertueux. 

19.  S^eloigner  du  7nal,  etc.  :  comme  le 
mdchant  ddsire  assouvir  ses  passions  etque 


son  ame  est  fortement  attachee  au  mal,  il  a 
horreur  de  s'en  separer. 

20.  Devient  nicchanij  Vulg.,  seniblable  a 
eux;  d'autres,  s^en  froiive  mal. 

23.  Pendant  que  le  pauvre  s'enrichit  en 
travaillant  assidument  sa  terre,  d'autres 
sont  precipites  dans  la  ruine  par  leurs  injus- 
tices. Sens  de  la  Vulg.  :  les  fils  qui  conti- 
nuent  de  cultiver  les  champs  paternels  s'en- 
richissent;  mais  les  produits  amasses  par  les 
hommes  injustes  passent  a  d'autres. 

25.  Eprouvc  la  disette;\\i\g.,  est  insatia- 
ble; au  lieu  de  msatiabilis.,  il  faudrait  insa- 
tiatiis. 

CHAP.  XIV. 

1.  Bdtit  sa  Tuaison,  la  rend  prospere. 

2.  D'autres  :  cehii  qni  marcJie  ...,  crai7it 
Jehovah.  Vulg.  :  cehii  qui  i7iarcJie  da7is  la 
voie  droit e  et  qui crai7it  Jehovah,  est  7/teprise 
par  celui  qui  suit  line  voie  ho7tteuse. 

3.  Sens  du  i^r  membre  :  I'orgueil  inspire 
k  I'insense  des  paroles  qui  sont  une  verge 
pour  le  frapper.  —  Les  lh>res,  les  paroles. 


"  Infra  23 
13- 


'Job.  12,  4. 


328 


LIVRE  UES  PROVERBES.     Chap.  XIV,  4—28. 


4  Ou  il  n'y  a  pas  de  boeufs,  la  creche  est  vide, 

Mais  ia  vigueur  des  boeufs  procure  des  revenus  abondants. 

5  Le  temoin  fidele  ne  ment  pas, 

Mais  le  faux  temoin  dit  des  mensonges. 

6  Le  moqueur  cherche  la  sagesse  et  ne  la  trouve  pas, 
Mais  pour  I'homme  intelligent  la  science  est  facile. 

7  Eloigne-toi  de  I'insense; 

Car  tu  sals  que  la  science  n'est  pas  sur  ses  levres. 

8  La  sagesse  de  I'homme  prudent  est  de  comprendre  sa  voie; 
La  folie  de  I'insense,  c'est  la  tromperie. 

9  L'insense  se  rit  du  peche, 

Mais  I'homme  droit  est  bienveillant. 

10  Le  cceur  connait  ses  propres  chagrins, 
Et  un  Stranger  ne  peut  partager  sa  joie. 

11  La  maison  des  mechants  sera  detruite, 
Mais  la  tente  des  hommes  droits  fleuriia. 

12  Telle  voie  parait  droite  a  un  homme, 
Mais  son  issue  aboutit  a  la  mort. 

13  Meme  dans  le  rire  le  coeur  trouve  la  douleur, 
Et  la  joie  se  termine  par  le  deuil. 

14  L'impie  sera  rassasie  de  ses  voies, 
Et  I'homme  de  bien  de  ses  fruits. 

15  L'homme  simple  croit  tout  ce  qu'on  dit, 
Mais  I'homme  prudent  veille  sur  ses  pas. 

16  Le  sage  craint  et  se  detourne  du  mal, 

Mais  I'insense  s'emporte  et  reste  en  securite. 

17  L'homme  prompt  h.  s'irriter  fait  des  sottises, 
Et  le  malicieux  s'attire  la  haine. 

icS  Les  simples  ont  en  partage  la  folie, 

Et  les  prudents  se  font  de  la  science  une  couronne. 

19  Les  mechants  s'inclinent  devant  les  bons, 
Et  les  impies  aux  portes  du  juste. 

20  Le  pauvre  est  odieux  meme  k  son  ami; 
Mais  les  amis  du  riche  sont  nombreux. 

21  Celui  qui  meprise  son  prochain  commet  un  pech^; 
Mais  heureux  celui  qui  a  pitie  des  malheureux. 

22  Ne  s'egarent-ils  pas  ceux  qui  meditent  le  mal, 

Et  la  misericorde  et  la  verite  ne  sont-elles  pas  pour  ceux  qui  cherchent  le  bien. 

23  Tout  travail  produit  I'abondance, 

Mais  les  paroles  vaines  menent  a  la  disette. 

24  La  richesse  est  une  couronne  pour  les  sages; 
La  folie  des  insenses  est  toujottrs  folie. 

25  Le  temoin  veridique  delivre  des  ames, 
L'astuce  profei-e  des  mensonges. 

26  Celui  qui  craint  Jehovah  appuie  sa  confiance  sur  un  fondement  inebranlable, 
Et  ses  enfants  ont  un  sur  refuge. 

27  La  crainte  de  Jehovah  est  une  source  de  vie, 
Pour  e'chapper  aux  pieges  de  la  mort. 

28  Le  peuple  nombreux  est  la  gloire  du  roi; 
S'il  diminue,  c'est  la  ruine  du  prince 


4.  La  creche,  prise  pour  les  granges  et  les 
greniers.  L'auteur  recommande  I'dlcve  des 
animaux  de  labour,  indispensables  k  I'agri- 
culture  :  qui  veut  la  fin  veut  les  moyens. 

5.  Repetit.  de  xii,  17. 

6.  Le  inoquciir,  l'homme  frivole  pour  qui 
la  verity  n'est  pas  affaire  de  conscience.  — 
Lhotnine  ititelUi^cni,  qui  sait  que  la  crainte 
de  Dieu  conduit  a  la  vdrite. 

7.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  (de 
I'insense)  qui  ne  cottnaii  pas  les  levres,  les 
paroles,  dc  la  science. 


8.  Comprendre  sa  voie,  prendre  garde  ?i 
ce  qui  est  bien  ou  mal,  tenir  compte  du  droit 
et  du  devoir.  —  La  tromperie  :  I'insense  suit 
des  voies  tortueuses  pour  tromper  le  pro- 
chain;  mais  ses  artifices  sont  decouverts,  et 
il  est  la  premiere  vi(flime. 

10.  Sens  :  personne  ne  connait  mieux  que 
nous  notre  peine  ou  notre  joie.  Le  xwaiqiwd 
dans  la  Vulg.  trouble  le  sens. 

12.  Telle  voie  :\7i\o\&  des  hommes  ^loi- 
gnes  de  Dieu,  qui  toute  leur  vie  poursuivent 
les  richesses,  les  honneurs  et  les  plaisirs. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XIV,  4—28. 


329 


labia  autem  sapientium  custodiunt 
eos.  4.  Ubi  non  sunt  boves,  praesepe 
vacuum  est  :  ubi  autem  plurimas 
segetes,  ibi  manifesta  est  fortitude 
bovis.  5.  Testis  fidelis  non  menti- 
tur  :  profert  autem  mendacium  do- 
losus  testis.  6.  Quasrit  derisor  sapien- 
tiam,  et  non  invenit  :  doctrinapru- 
dentium  facilis.  7.  Vade  contra 
virum  stultum,  et  nescit  labia  pru- 
dentias.  8.  Sapientia  callidi  est  intel- 
ligere  viam  suam  :  et  imprudentia 
stultorum  errans,  g.  Stultus  ilJudet 
peccatum,et  inter  justos  morabitur 
gratia.  10.  Cor  quod  novit  amari- 
tudinem  animae  suas,  in  gaudio  ejus 
non  miscebitur  extraneus.  11.  Do- 
mus  impiorum  delebitur  :  taberna- 
cula  vero  justorum  germinabunt. 
12.  Est  via,  quas  videtur  homini 
justa  :  novissima  autem  ejus  dedu- 
cunt  ad  mortem.  13.  Risus  dolore 
miscebitur,  et  extremagaudii  luctus 
occupat.  14.  Viis  suis  replebitur 
stultus,  et  super  eum  erit  vir  bonus. 
15.  Innocens  credit  omni  verbo  : 
astutusconsiderat  gressussuos.  Filio 
doloso  nihil  erit  boni :  servo  autem 
sapienti  prosperi  erunt  actus,  et  di- 


rigetur  via  ejus.  16.  Sapiens  timet, 
et  declinata  malo  :  stultus  transilit, 
etconfidit.  ly.Impatiens  operabitur 
stultitiam  :  et  vir  versutus  odiosus 
est.  18.  Possidebunt  parvuli  stulti- 
tiam, et  exspectabunt  astuti  scien- 
tiam.  1 9.  Jacebunt  mali  ante  bonos  : 
et  impii  ante  portas  justorum. 
20.  Etiam  proximo  suo  pauper 
odiosus  erit  :  amici  vero  divitum 
multi.  21.  Qui  despicit  proximum 
suum,  peccat  :  qui  autem  miseretur 
pauperis,  beatus  erit.  Qui  credit  in 
Domino,  misericordiam  diligit. 
22.  Errant  qui  operantur  malum  : 
misericordia  et  Veritas  prasparant 
bona.  23.  In  omni  opere  erit  abun- 
dantia  :  ubi  autem  verba  sunt  plu- 
rima,  ibi  frequenter  egestas.  24.  Co- 
rona sapientium,  divitias  eorum  : 
fatuitas  stultorum,  imprudentia. 
25.  Liberat  animas  testis  fidelis  :  et 
profert  mendacia  versipellis.  26.  In 
timore  Domini  fiducia  fortitudinis, 
et  filiis  ejus  erit  spes.  27.  Timor 
Domini  fons  vitas,  ut  declinent  a 
ruina  mortis.  28.  In  multitudine 
populi  dignitas  regis  :  et  in  pauci- 
tate    plebis    ignominia     principis. 


13.  Aucune  joie  de  la  terre  n'est  sans  me- 
lange ni  durable. 

14.  L'l'mpte,  litt.  k  ccviir  qtci  se  detoiirne 
de  Dieu,  sera  rassasic,  recueillera  jusqu'^ 
satiete  les  fruits  de  sa  conduite.  La  Vulg. 
traduit  le  2^  membre  :  ct  Vhomme  de  Men 
sera  au-dessus  de  lui. 

15.  L'/iomiiie  simple,  sans  experience  et 
sans  reflexion. 

La  Vulg.  ajoute  :  il  7i\irrivcra  rien  de 
bon  ait  fils  ironipeiiry  mats  le  servitetir  sage 
prosperera  dans  ses  entreprises  et  reiissita. 
Les  LXX  avaient  place  ces  mots  xiii,  13. 

16.  En  langage  du  Nouv.  Testament  le 
sage  "fait  son  salut  avec  crainte  et  trem- 
blement.  "  —  S^emporie,  passe  les  bornes, 
se  jette  hors  du  devoir,  et  garde  une  fausse 
securite. 

I'j.Le  ;«rt//aV«.r  quijdissimulant  sa  colere, 
prepare  en  silence  la  vengeance. 

18.  Les  simples  :  comp.  vers.  1 5.  La  Vulg. 
traduit  le  2^  membre  :  et  les  habiles  atten- 
dront  la  science. 

19.  Tot  ou  tard  les  mediants  devront  s'in- 
c liner  ou  se  cotirber  devant  les  bans.  L'image 
parait  empruntee  a  un  usage  de  I'antiquitc  ; 


les  prisonniers  etaient  etendus  et  enchaines 
^  la  porte  de  leurs  vainqueurs. 

20.  Est  odieux,  n'est  I'objet  d'aucune  affec- 
tion, d'aucun  egard  :  enonce  d'un  fait  com- 
mun  a  toute  I'antiquite  :  le  christianisme 
seul  a  releve  la  dignitd  du  pauvre. 

21.  Ot(i  nieprise,  qui  garde  dans  son  cceur 
des  sentiments  de  mepris. 

La  Vulgate  ajoute  :  celi/i  qtci  croit  an  Sei- 
gneur aime  la  inisericoj'de. 

22.  La  misericorde  gratuite  et  la  fidelite 
dans  les  promesses,  deux  attributs  divins 
dont  Fhomme  est  surtout  I'objet  :  comp.  Ps. 
Ix,  8.  —  Vulg.,  la  misericorde  et  la  verite, 
vertus  humaines,  procurent  le  bonhenr  a  qui 
les  pratique. 

23.  Les  paroles  en  Pair,  litt.  des  levres; 
Vulg.,  7iombrenses. 

24.  Sens  :  la  richesse  est  un  ornement 
pour  le  sage, qui  saiten  faire  un  bon  emploi; 
mais  elle  n'empeche  pas  I'insense  d'etre  in- 
sense. 

25.  Mais  ceh/i,  etc.;  ou  bien  avec  la  Vulg., 
mais  Vastucieiix  profire  le  mensonge. 

27.  Comp.  xiii,  14. 

28.  La  rtdnej  Vulg. ,  la  hontc. 


330        LIVRE  DES  PROVERP.ES.     Chap.  XIV,  29-35:  XV,  i  — 21. 

29  Celui  qui  est  lent  h.  la  colore  a  une  grande  intelligence; 
Mais  celui  qui  est  prompt  ;\  s'emporter  public  sa  folie. 

30  Un  coeur  tranquille  est  la  vie  du  corps, 
Mais  I'envie  est  la  carie  des  os. 

31  Celui  qui  opprime  le  pauvre  outrage  celui  qui  I'a  fait; 
Mais  il  I'honore  celui  qui  a  pitie  de  I'indigent. 

32  Par  sa  propre  malice  le  mechant  est  renverse; 
Jusque  dans  sa  mort  le  juste  a  confiance. 

33  Dans  le  cceur  de  I'homme  intelligent  repose  la  sagesse, 
Et  au  milieu  des  insenses  on  la  reconnait. 

34  La  justice  eleve  une  nation, 

Mais  le  peche  est  I'opprobre  des  peuples. 

35  La  faveur  du  roi  est  pour  le  serviteur  intelligent, 
Et  sa  colere  pour  celui  qui  fait  honte. 

CHAP.  XV.  —  Parallele  entre  rhomme  pieux  et  Ic  mechant  (suite). 


Ch.  XV, 


10 


NE  reponse  douce  calme  la  fureur, 

Mais  une  parole  dure  excite  la  colere. 
2  La  langue  des  sages  rend  la  science  aimable; 
De  la  bouche  des  insenses  ddborde  la  folie. 

3  Les  yeux  de  Jehovah  sont  en  tout  lieu, 
Observant  les  me'chants  et  les  bons. 

4  La  parole  douce  est  un  arbre  de  vie, 
Mais  la  langue  perverse  brise  le  coeur. 

5  L'insense  meprise  I'instrucflion  de  son  pere, 

Mais  celui  qui  profite  de  la  reprimande  devient  plus  sage. 

6  11  y  a  abondance  dans  la  maison  du  juste, 

Mais  il  y  a  du  trouble  dans  les  gains  du  mdchant. 

7  Les  levres  du  sage  repandent  la  science, 
Mais  non  le  coeur  de  l'insense. 

8  Le  sacrifice  des  mechants  est  en  horreur  a  Jehovah, 
Mais  la  priere  des  hommes  droits  lui  plait. 

9  La  voie  du  mechant  est  en  abomination  a  Jehovah, 
Mais  il  aime  celui  qui  poursuit  la  justice. 
Une  correcftion  severe  frappe  celui  qui  abandonne  le  sentier; 
Celui  qui  hait  la  re'primande  mourra. 

11  Le  sejour  des  morts  et  I'abime  sont  tr  nii  devant  Jehovah  : 
Combien  plus  les  coeurs  des  enfants  des  hommes! 

12  Le  moqueur  n'aime  pas  qu'on  le  reprenne, 
II  ne  va  pas  vers  le  sage. 

13  Un  coeur  joyeux  rend  le  visage  serein, 

Mais  quand  le  coeur  est  triste,  I'esprit  est  abattu. 

14  Le  coeur  intelligent  cherche  la  science, 

Mais  la  bouche  des  insenses  se  repait  de  folie. 

15  Tons  les  jours  de  Taffligd  sont  mauvais, 
Mais  le  coeur  content  est  un  festin  perpetual. 

16  Mieux  vaut  peu  avec  la  crainte  de  Jehovah, 
Qu'un  grand  tresor  avec  le  trouble. 

17  Mieux  vaut  des  legumes  avec  de  I'afTecflion, 
Qu'un  boeuf  gras  avec  de  la  haine. 

18  L'homme  violent  excite  des  querelles, 
Mais  le  patient  apaise  les  disputes. 

19  Le  chemin  du  paresseux  est  comme  une  haie  d'epines, 
Mais  le  sentier  des  hommes  droits  est  aplani. 

30  Un  fils  sage  fait  la  joie  de  son  pore, 

Et  l'insense  meprise  sa  mere. 
21   La  folie  est  une  joie  pour  l'homme  depourvu  de  sens, 

Mais  un  homme  intelligent  va  le  droit  chemin. 


29.  Met  en  nvant ;  d'autres,  a  pour  sa  part, 
n'emporte  que  la  folie  :  comp.  iii,  35. 


30.  Un  cceiir  calme  (Vulg.  sain),  paisible, 
que  n'agite  pas  la  passion  de  I'envie. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XIV,  29—35 


XV,  I— 21. 


331 


17. 5- 


Infra  2: 


29.  Qui  patiens  est,  multa  guberna- 
tur  prudentia ;  qui  autem  impatiens 
est,  exaltat  stultitiam  suam.  30.  Vita 
carnium,  sanitas  cordis  :  putredo 
ossium,  invidia.  31.  'Qui  calumnia- 
tur  egentem,  exprobrat  factori  ejus : 
honorat  autem  eum,  qui  miseretur 
pauperis.  32.  In  malitia  sua  expel- 
letur  impius  :  sperat  autem  Justus 
in  morte  sua.  33.  In  corde  pruden- 
tis  requiescit  sapientia,  et  indoctos 
quosque  erudiet.  34.  Justitia  elevat 
gentem  :  miseros  autem  facit  popu- 
los  peccatum.  2S-  Acceptus  est  regi 
minister  intelligens  :  iracundiam 
ejus  inutilis  sustinebit. 

— :i:—       CAPUT   XV.       — :>— 

Responsio  mollis  :  lingua  sapientis,  et  im- 
moderata,  fortitudo  domus  justi  :  vi6limie 
impiorum  ingratte  :  omnia  Deo  nota  :  cor 
gaudensidies  pauperis  mali  :secura  mens  : 
vocari  ad  olera  :  vir  iracundus  :  et  rixo- 
sus  :  laus  patientis  :  iter  pigrorum  :  do- 
mus superborum  :  fide  et  misericordia 
purgantur  peccata  :  de  abjiciente  discipli- 
nam  :  laus  timoris  Domini  et  humilitatis. 


ESPONSIO  mollis  fran- 
git  iram  :  'sermo  durus 
suscitat  furorem.  2.  Lin- 
gua sapientium  ornat 
scientiam  :  os  fatuorum  ebullit  stul- 
titiam. 3.  In  omni  loco  oculi  Do- 
mini contemplantur  bonos  et  malos. 
4.  Lingua  placabilis,  lignum  vitas  : 
quas  autem  immoderata  est,  conte- 
ret  spiritum.  5.  Stultus  irridet  disci- 


plinam  patris  sui  :  qui  autem  cu- 
stodit  increpationes,  astutior  fiet. 
In  abundanti  justiti  avirtus  maxima 
est  :  cogitationes  autem  impiorum 
eradicabuntur.  6.  Domus  justi  plu- 
rima  fortitudo  :  et  in  fructibus  im- 
pii  conturbatio.  7.  Labia  sapientium 
disseminabunt  scientiam  :  cor  stul- 
torum  dissimile  erit.  8.  ^Victimae 
impiorum  abominabiles  Domino  : 
vota  justorum  placabilia  :  9.  Abo- 
minatio  est  Domino  via  impii  :  qui 
sequitur  justitiam,  diligitur  ab  eo. 
10.  Doctrina  mala  deserenti  viam 
vitae  :  qui  increpationes  odit,  morie- 
tur,  II.  Infernus, et  perditio  coram 
Domino  :  quanto  magis  corda  filio- 
rum  hominum.?  12.  Non  amat  pe- 
stilens  eum,  qui  se  corripit :  nee  ad 
sapientes  graditur.  1 3.  "Cor  gaudens 
exhilarat  faciem  :  in  moerore  animi 
dejicitur  spiritus.  14.  Cor  sapientis 
qua^rit  doctrinam  :  et  os  stultorum 
pascitur  imperitia.  15.  Omnes  dies 
pauperis,  mali  :  secura  mens  quasi 
juge  convivium.  16.  Melius  est  pa- 
rum  cum  timore  Domini, quam  the- 
sauri magni  et  insatiabiles.  17.  Me- 
lius est  vocari  ad  olera  cum  cari- 
tate  :  quam  ad  vitulum  saginatum 
cum  odio.  18.  Vir  iracundus  pro- 
vocat  rixas  :  qui  patiens  est,  mitigat 
suscitatas.  19.  Iter  pigrorum  quasi 
sepes  spinarum  :  via  justorum  abs- 
que offendiculo.  20.  Filius  sapiens 
lastificat  patrem  :  et  stultus  homo 
despicit  matrem  suam.  21.  Stultitia 


33.  Vulg.,  e^  elle  insirtiira  ions  les  igno- 
7-atits. 

34.  La  justice,  ^zxi?>  le  sens  le  plus  large  de 
ce  mot,  qui  comprend  toutes  les  vertus  indi- 
viduelles  et  sociales.  —  Est  Vopprobre  dcs 
■peuplesj  Vulg,,  re7id  les peuplcs  viiserablcs. 

35.  Potir  celui  q  id  fait  hoiite,  qui  se  con- 
duit mal.  Vulg.,  pour  le  serviieur  inutile. 

CHAP,  XV. 

i.Dure,  \\t\.. blessante ,ca.\\sa.ni  du  chagrin. 

4.  Brise,  blesse  I'ame  du  prochain. 

5.  La  Vulg.  ajoute  d'apres  les  LXX  : 
dans  une  justice  abondante  se  ttotive  tine 
grande  force,  mats  les  conseils  des  nie chants 
seront  deracines. 

10.  I.e  sen  tier  de  la  piete  et  de  la  vertu. 


11.  L!abhne,\^.  partie  la  plus  profonde  du 
scheol  ou  sejour  des  morts. 

12.  Le  moqueurj  Vulg.  le  corronipu. 

13.  Abattu  (Vulg.),  litt.  b7-ise. 

16.  Le  trouble,  ici,  le  defaut  de  contente- 
ment.  Thesauri  insatiabiles,  dans  la  Vulg., 
signifie  des  tresors  dont  on  ne  se  contente 
pas. 

19.  Le  cheiiiin  du  paresseux  est  presente 
comme  entoure  d'epines,  parce  que  le  pa- 
resseux trouve  tout  difficile,  qu'il  voit  par- 
tout  des  obstacles  et  des  difficultes,  des 
pretextes  a  ne  pas  avancer,  a  ne  rien  faire. 

20.  Comp.  X,  I. 

21.  La  folic  pratique,  qui  meconnait  et 
abandonne  la  voie  du  Seigneur,  parait  la 
sagesse  meme  ^  I'insense. 


*  Infra  21, 
27.  Eccli. 
34.  21. 


'  Infra  17, 
22. 


332        LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XV,  22—33;  XVI,  1—5. 

22  Les  projets  ^chouent  faute  de  deliberation, 

Mais  ils  reussisseut  quand  il  y  a  de  nonibreux  conseillers. 

23  L'homme  a  de  la  joie  pour  une  bonne  reponse  de  sa  bouche, 
Et  combien  est  agreable  une  parole  dite  a  propos ! 

24  Le  sage  suit  un  sentier  de  vie  qui  mene  en  haut, 
Pour  se  detourner  du  sejour  des  morts  qui  est  en  bas. 

25  Jehovah  renverse  la  maison  des  orgueilleux, 
Mais  il  afifermit  les  bornes  de  la  veuve. 

26  Les  pensees  mauvaises  sont  en  horreur  a  Jehovah, 
Mais  les  paroles  bienveillantes  sont  pures  a  ses  yeux. 

27  Celui  qui  est  apre  au  gain  trouble  sa  maison, 
Mais  celui  qui  hait  les  presents  vivra. 

28  Le  coeur  du  juste  medite  ce  qu'il  doit  repondre, 
Mais  le  mal  jaillit  de  la  bouche  des  mechants. 

29  Jehovah  s'eloigne  des  mechants, 
Mais  il  ecoute  la  priere  des  justes. 

30  Un  regard  bienveillant  rejouit  le  cceur; 
Une  bonne  nouvelle  engraisse  les  os. 

31  L'oreille  qui  ecoute  les  reprimandes  salutaires 
A  sa  demeure  parmi  les  sages. 

32  Celui  qui  rejette  la  corre(flion  meprise  son  ame, 

Mais  celui  qui  ecoute  la  reprimande  acquiert  la  sagesse. 

33  La  crainte  de  Jehovah  est  I'ecole  de  la  sagesse, 
Et  I'humilite  precede  la  gloire. 


Ch.  XVL 


SECTION    II. —  Exhortation  a  servir  Dieu  par  la  pratique 
des  vertus  [CH.  XVI,  i  -  XXII,  16]. 

CHAP.  XVI.  —  Confiance  en  Dieu,  qui  gouvcrnc  le  monde. 


L'homme  de  former  des  projets  dans  son  cceur, 

Mais  la  reponse  de  la  langue  vient  de  Jehovah. 
2  Toutes  les  voies  de  Thomme  sont  pures  a  ses  yeux, 
Mais  Jehovah  pese  les  esprits. 

3  Recommande  tes  oeuvres  ;\  Jehovah, 
Et  tes  projets  reussiront. 

4  Jehovah  a  tout  fait  pour  son  but, 

Et  le  m^chant  lui-meme  pour  le  jour  du  malheur. 

5  Tout  coeur  hautain  est  en  abomination  h.  Jehovah; 
Surement,  il  ne  sera  pas  impuni. 


24.  Nous  voyons  ici,  ncttement  formulee, 
I'indication  d'un  sejour  superieur  reserve 
aux  justes;  le  scheol  ou  sdjour  des  morts, 
commence  a  paraitre  comme  le  lieu  destine 
aux  mechants.  Comp.  Mattli.  vii,  13  sv.,  les 
deux  voies  dont  I'une  conduit  .^  la  vie  et 
I'autre  k  la  perdition. 

Vulg.,  Ic  sentier  de  la  vie  est  an-dess?/s  de 
VJiomnie  ijistrnit,  pour  lui  faire  ei'iter  le 
profond  nbhne  dn  scheol. 

25.  //  afflnnit,  etc.  Sens  :  il  protege  les 
humbles  el  les  faibles. 

26.  Les  pensees  vimivnises,  inspirees  par 
la  haine  et  le  desir  de  nuire  au  prochain. 
Les  mots  firniabiiur  ab  eo  sont  une  addition 
de  la  Vulgate. 

27.  Les  presents,  non  pas  ceux  qui  sont 
un  tdmoignage  et  comme  un  ^change  d'ami- 
ti^,  mais  ceux  que  convoite  et  qu'exige  la 


cupidite  pour  une  faveur  obtenue  ou  un  ser- 
vice rendu,  meme  injustement. 

La  Vulg.  ajoute  :  par  la  misericorde  et  la 
foi  ofi  lave  les  peches,  et  par  la  crainte  du 
Seigneitr  on  se  detot/rne  dit  mal :  variante 
du  vers.  6  du  chap,  suivant. 

28.  Le  vial  jaillit  naturellement  et  sans 
reflexion,  comme  I'eau  d'une  source. 

30.  Un  regard  bienveillant,  litt.  la  lu- 
niiere  des  yeux  :  elle  suppose  la  joie  et 
la  bont(5,  comme  un  regard  sombre  est 
un  indice  de  haine  et  de  mauvais  des- 
seins.  —  Une  bonne  nouvelle,  une  bonne 
parole  en  general,  enofaisse  les  os,  encou- 
rage et  affermit. 

31.  L'oreille  pour  l'homme  qui  ecoute,  etc. 

32.  La  sagesse  :  c'est  le  ^ens  de  cordis 
dans  la  \'ulg.,  le  coeur  etant  pour  les  He- 
breux  le  siege  de  la  sagesse. 


IJBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XV,  22—33;  XVI,  1—5.         333 


gaudium  stulto  :  et  vir  prudens  di- 
rigit  gressus  suos.  22.  Dissipantur 
cogitationes  ubi  non  est  consilium  : 
ubi  vero  sunt  plures  consiliarii,  con- 
firmantur.  23.  Lastatur  homo  in 
sententia  oris  sui  :  et  sermo  oppor- 
tunus  est  optimus.  24.  Semita  vitas 
super  eruditum,  ut  declinet  de  in- 
ferno novissimo.  25.  Domum  super- 
borum  demolietur  Dominus  :  et  fir- 
mos  faciet  terminos  viduas.  26.  Abo- 
minatio  Domini  cogitationes  malae  : 
et  purus  sermo  pulcherrimus  firma- 
bitur  ab  eo.  27.  Conturbat  domum 
suam  qui  sectatur  avaritiam  :  qui 
autem  odit  munera,  vivet.  ''Per  mi- 
sericordiam  et  fidem  purgantur  pec- 
cata  :  per  timorem  autem  Domini 
declinat  omnis  a  malo.  28.  Mens 
justi  meditatur  obedientiam  :  os  im- 
piorum  redundat  malis.  29.  Longe 
est  Dominus  ab  impiis:  et  orationes 
justorum  exaudiet.  30.  Lux  oculo- 
rum  lastificat  animam  :  fama  bona 
impinguat  ossa.  3  i,  Auris,  quae  au- 
dit increpationes  vitas,  in  medio  sa- 
pientium  commorabitur.  32.  Qui 
abjicit  disciplinam,  despicit  animam 
suam  :  qui  autem  acquiescit  incre- 
pationibus,    possessor    est    cordis. 


33.  Timor  Domini,  disciplina  sa- 
pientias  :  et  gloriam  prascedit  humi- 
litas. 

— :;:—       CAPUT  XVI.       —:;:—. 

Homo  animam  pneparat,  Deus  spiritiuim 
ponderator,  linguam  viasque  hominum 
dirigit,  omnia  propter  seipsum  operant, 
cui  abominatio  est  omnis  arrogans  :  mi- 
sericordia  redimuntur  peccata  :  pondus 
et  statera  Dei  judicia  :  indignatio  et  de- 
mentia regis  :  laus  sapientite,  prudentiic, 
eruditi,  ac  dulcis  in  verbo,  et  patientis  : 
vituperatur  insipiens  et  perversus  :  sortes 
a  Domino  temperantur. 


OMINIS  est  animam  pras- 
parare :  et  Domini  guber- 
nare  Jinguam.  2.  "Omnes 
vias  hominis  patent  oculis 
ejus  :  spirituum  ponderator  est  Do- 
minus. 3.  Revela  Domino  opera 
tua,  et  dirigentur  cogitationes  tuas. 
4.  Universa  propter  semetipsum 
operatus  est  Dominus  :  impium 
quoque  ad  diem  malum.  5.  Abomi- 
natio Domini  est  omnis  arrogans  : 
etiam  si  manus  ad  manum  fuerit, 
non  est  innocens.  Initium  vias  bo- 
nas,  facere  justitiam  :  accepta  est 
autem   apud   Deum   magis,   quam 


■^  Infra  20, 
24  et  21,  2. 


_ij.  La  crainte  dc  Jehovah  correspond  a 
VhiDiiilite  dans  le  2^  membre,  et  la  sagesse 
a  la  q/oirc. 

CHAP.  XVI. 

1.  Agiter  des  pensees  dans  son  coeur, 
voila  tout  ce  que  I'homme  peut  faire;  c'est 
Dieu  qui  met  sur  la  langue  la  reponse, 
c.-a-d.  I'expression  juste  et  vraie  du  meilleur 
parti  a  prendre.  Vulg.  :  a  I'houiine  de  pre- 
parer son  lime,  el  a  Dieu  de  gouverner  la 
langue. 

2.  Jehovah  pese  les  esprits,  scrute  les  in- 
tentions les  plus  secretes,  et  par  consequent 
peut  seul  apprecier  la  valeur  morale  des 
a6lions  humaines.  Vulg.  :  toutes  les  voies  de 
Vhoinme,  probablement  ses  a(5\ions  exte- 
rieures,  sont  manifestes  a  ses  yeux. 

3.  Recommande  a,  litt.  roule  {volve,  h^br. 
gol)  sur  ou  7'ers  Jehovah.  Vulg.  expose 
(hebr.  gal). 

4.  Pour  son  but  (hebr.  latnaanehou),  pour 
la  fin  qu'il  s'est  proposee  dans  son  eternelle 
sagesse.  D'autres,  pour  le  but  ou  la  fin  de 
chaque  chose.  Vulg.,  pour  lui-meine  (comme 
s'il  y  avait  en  hebr  le//iaanou),  ce  qui  pre- 


cise le  but  dont  parle  I'hebreu.  Syr.  et 
ChdiXd.,  pour  ceux  qui  ltd  obeissent.  LXX  : 
toutes  les  ccuvres  du  Seigneur  sont  avec  jus- 
tice, conformes  a  la  justice,  et  Viinpie  est 
re'serve' pour  le  jour  mauvais.  La  legon  de 
I'hebreu  acfluel  est  celle  qui  s'accorde  le 
mieux  avec  le  parallelisme.  —  Pour  le  jour 
mauvais  en  general.  L'espece  de  chatiment 
n'est  pas  specifiee.  En  admettant  qu'il 
s'agisse  du  jugement  final  et  du  chatiment 
eternel,  il  va  de  soi  que  le  mechant  n'y 
est  destine  qu'en  vue  et  a  raison  de  sa 
mechancete  et  de  ses  crimes.  Pensee  :  il 
entre  dans  le  plan  de  Dieu  que  I'homme 
soit  libre,  qu'il  puisse  abuser  de  sa  liber- 
te  et  que,  s'il  en  abuse  et  fait  le  mal  lors- 
c[u'il  pouvait  avec  la  grdce  faire  le  bien,  il 
soit  puni. 

5.  Suremeiit,  litt.  la  main  sur  la  main  : 
formule  de  serment,  comme  xi,  21.  La  Vulg. 
ajoute  d'apres  les  LXX  :  le  commencement 
de  la  bonne  voie,  c'est  de  pratiquer  la  jus- 
tice (d'obeir  a  la  loi  divine),  laquelle  est  plus 
agreable  a  Dieu  que  les  vidimes  offertes  en 
sacrifice. 


334  LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XVI,  6—33. 


6  Par  la  bonte  el  la  fidelite  on  expie  I'iniquite, 

Et  par  la  crainte  de  Jehovah  on  se  detourne  du  mal. 

7  Quand  Jehovah  a  pour  agreables  les  voies  d'un  homme, 
II  reconcilie  avec  lui  ses  ennemis  memes. 

8  Mieux  vaut  peu  avec  la  justice, 

(.)ue  de  grands  revenus  avec  I'injustice. 

9  Le  c(uur  de  rhomme  niedite  sa  voie, 
Mais  c'est  Jehovah  qui  dirige  ses  pas. 

10  Des  oracles  sont  sur  les  levres  du  roi; 

Que  sa  bouche  ne  viole  pas  la  justice  quand  il  juge  ! 

1 1  La  balance  et  les  plateaux  justes  sont  de  Jehovah, 
Tous  les  poids  du  sac  sont  son  ouvrage. 

12  C'est  une  abomination  pour  les  rois  de  faire  le  mal, 
Car  c'est  par  la  justice  que  le  trone  s'affermit. 

13  Les  levres  justes  jouissent  de  la  faveur  des  rois, 
Et  ils  aiment  celui  qui  parle  avec  droiture. 

14  La  fureur  du  roi  est  un  messager  de  mort, 
Mais  un  homme  sage  I'apaise. 

1 5  La  serenite  du  visage  du  roi  donne  la  vie, 

Et  sa  faveur  est  comme  la  pluie  du  printemps. 

16  Acquerir  la  sagesse  vaut  bien  mieux  que  I'or; 
Acquerir  I'intelligence  est  bien  preferable  h.  I'argent. 

17  Le  grand  chemin  des  hommes  droits,  c'est  d'eviter  le  mal; 
Celui-la  garde  son  ame  qui  veille  sur  sa  voie. 

18  L'arrogance  precede  la  ruine, 
Et  I'orgueil  precede  la  chute. 

19  Mieux  vaut  etre  humble  avec  les  petits 

Oue  de  partager  le  butin  avec  les  orgueilleux. 

20  Celui  qui  comprend  les  choses  trouve  le  bonheur, 
Et  celui  qui  se  confie  en  Jehovah  est  heureux. 

21  Celui  qui  est  sage  de  coeur  est  appele  intelligent, 
Et  la  douceur  des  levres  augmente  le  savoir. 

22  La  sagesse  est  une  source  de  vie  pour  celui  qui  la  possede, 
Et  le  chatiment  de  I'insense,  c'est  sa  folic. 

23  Le  cceur  du  sage  donne  la  sagesse  a  sa  bouche, 
Et  sur  ses  levres  s'accroit  le  savoir. 

24  Les  bonnes  paroles  sont  un  rayon  de  miel, 
Douces  a  I'ame  et  salutaires  au  corps. 

25  Telle  voie  parait  droite  a  un  homme, 
Mais  son  issue  aboutit  a  la  mort. 

26  Le  travailleur  travaille  pour  lui. 
Car  sa  bouche  I'y  excite. 

27  L'homme  pervers  prepare  le  malheur, 

Et  il  y  a  sur  ses  levres  comme  un  feu  ardent. 

28  L'homme  faux  excite  des  querelles, 
Et  le  rapporteur  divise  les  amis. 

29  L'homme  violent  seduit  son  prochain, 

Et  le  conduit  dans  une  voie  qui  n'est  pas  bonne. 

30  Celui  qui  ferme  les  yeux  pour  mediter  la  tromperie, 

Celui  cjui  se  mord  les  levres,  est  en  train  de  commettre  le  mal. 

31  Les  cheveux  blancs  sont  une  couronne  d'honneur; 
C'est  dans  le  chemin  de  la  justice  qu'on  la  trouve. 

32  Celui  qui  est  lent  <\  la  colere  vaut  mieux  qu'un  heros;  1 

Et  celui  qui  est  maitre  de  lui-meme,  que  le  guerrier  qui  prend  des  villes. 

33  On  jette  les  sorts  dans  le  pan  de  la  robe, 
Mais  c'est  Jehovah  qui  decide. 

6.  Comp.  XV,  27.  que  celui-ci  se  garde  bien  de  rendre  une 

8.  Comp.  XV,  15;  Ps.  xxxvii,  16.  decision,  ou  de  porter  une  loi  injuste. 

9.  Sens   :  l'homme  propose  et   Dieu  dis-           11.  Sofii  de /tf/iova/i,  sont  choses  sacrets, 
pose.  d'institution  divine.  —  Les  poids,  litti  les 

10.  Sens  :  puisque  le  peuple  regarde  et      piertes,  que  les  marchands  portaient  dans 
rec^oit  comme  un  oracle  la  parole  du  roi,      de  petits  sacs  pour  peser.  La  Vulg.  traduit 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XVI,  6—33. 


335 


jpra  15,  immolare  hostias.  6.  ^Misericordia 
et  veritate  redimitur  iniquitas  :  et 
in  timore  Domini  declinaturamalo. 
7.  Cum  placuerint  Domino  vias  ho- 
minis,  inimicos  quoque  ejus  conver- 
tet  ad  pacem.  8.  Melius  est  parum 
cum  justitia,  quam  multi  fructus 
cum  iniquitate.  9.  Cor  hominis  dis- 
ponit  viam  suam  :  sed  Domini  est 
dirigere  gressus  ejus.  10.  Divinatio 
in  labiis  regis,  in  judicio  non  errabit 
OS  ejus.  1 1.  Pondus  et  statera  judi- 
cia  Domini  sunt :  et  opera  ejus  om- 
nes  lapiides  sacculi.  12.  Abominabi- 
les  regi  qui  agunt  impie  :  quoniam 
justitia  firmatur  solium.  13.  Volun- 
tas regum  labia  justa  :  qui  recta  lo- 
quitur, diligetur  :  14.  Indignatio 
regis,  nuntii  mortis  :  et  vir  sapiens 
placabit  eam.  15.  In  hilaritate  vul- 
tus  regis,  vita  :  et  dementia  ejus 
quasi  imber  serotinus.  16.  Posside 
sapientiam,  quia  auro  melior  est  : 
et  acquire  prudentiam,  quia  pretio- 
sior  est  argento.  17.  Semita  justo- 
rum  declinat  mala  :  custos  animas 
suas  servat  viam  suam.  18.  Contri- 
tionem  praecedit  superbia  :  et  ante 
ruinam  exaltatur  spiritus.  19.  Me- 


lius est  humiliari  cum  mitibus, 
quam  dividere  spolia  cum  superbis. 
20.  Eruditus  in  verbo  reperiet  bo- 
na :  et  qui  sperat  in  Domino,  beatus 
est.  21.  Qui  sapiens  est  corde,  ap- 
pellabitur  prudens  :  et  qui  dulcis 
eloquio,  majora  percipiet.  22.  Fons 
vitae  eruditio  possidentis  :  doctrina 
stultorum,  fatuitas.  23.  Cor  sapien- 
tis  erudiet  os  ejus :  et  labiis  ejus  ad- 
det  gratiam.  24.  ^  Fay  us  mellis,  com-  <^supra  15, 
posita  verba  :  dulcedo  animas,  sani-  's-infraiz. 
tas  ossium.  25.  Est  via,  quas  videtur 
homini  recta  :  et  novissima  ejus  du- 
cunt  ad  mortem.  26.  Anima  labo- 
rantis  laborat  sibi,  quia  compulit 
eum  OS  suum  :  27.  vir  impius  fodit 
malum,  et  in  labiis  ejus  ignis  arde- 
scit.  28.  Homo  perversus  suscitat 
lites  :  et  verbosus  separat  principes. 

29.  Vir  iniquus  lactat  amicum  suum: 
et  ducit  eum  per  viam  non  bonam. 

30.  Qui  attonitis  oculis  cogitat  pra- 
va,  mordens  labia  sua  perficit  ma- 
lum. 31.  Corona  dignitatis  sene- 
ctus,  quas  in  viis  justitias  reperietur. 
32.  Melior  est  patiens  viro  forti :  et 
qui  dominatur  animo  sue,  expugna- 
tore  urbium.  ^t^.  Sortes  mittuntur 


le  ler  membre  :  /e  poids  et  la  balance  sont 
desjt/gements  de  Dieu. 

12,  C'est  une  abomination,  etc.  Sens  : 
faire  le  mal,  s'elever  despotiquement  au- 
dessus  des  lois,  est  chose  abominable  dans 
iin  roi;  ou  bien  :  I'injustice  commise  par 
leurs  sujets  est  chose  abominable  aux  yeux 
du  roi,  car,  etc. 

14.  Cet  homme  sage,  ce  sera  celui  contre 
lequel  le  roi  est  irrite,  ou  tout  autre  sage,  ou 
enfin,  selon  plusieurs,  le  roi  lui-meme. 

15.  La  serenite,  litt.  la  lumiere  :  comp. 
XV,  30.  —  La  pluie  du  priiitemps,  celle  qui 
tombe  en  mars  ou  avril  pour  faire  murir  les 
recoltes. 

18.  Ce  verset  complete  la  pensee  de  xv,33. 

21.  Est  appele  et  est  en  effet  un  homme 
intelligent ;  mais  il  y  a  un  don  qui  releve 
encore  la  valeur  de  cette  intelligence  en  ce 
qu'elle  lui  fait  porter  des  fruits  pour  les 
autres,  c'est  la  douceur  des  levres,  dulcedo 
orationis,  comme  parle  Ciceron. 

22.  Le  sage  trouve  sa  recompense  dans 
sa  sagesse,  I'insense  son  chatiment  dans  sa 
sottise.  Son  c/idtiment,  litt.  la  discipline  ou 
la  corredion  :  c'est  le  sens  de  dodrina  dans 
la  Vulg. 


24.  Pour  le  corps,  litt.  pour  les  os.  La 
Vulg.  fait  du  second  membre  une  phrase 
distin(fte  :  la  douceur  dc  I'dme  est  la  sante 
des  OS. 

25.  Repetition  de  xiv,  12. 

26.  Ce  proverbe  fait  ressortir  la  sagesse 
de  la  Providence  qui  a  mis  une  relation  ne- 
cessaire  entre  le  travail  et  le  besoin  de  nour- 
riture;  celui-ci  est  I'aiguillon  de  celui-la. 
Dans  la  condamnation  qui  oblige  I'homme 
ci  manger  son  pain  a  la  sueur  de  son  front, 
il  y  aussi  une  benediction. 

27.  Prepare,  litt.  creuse  le  mallieur,  une 
fosse  pour  y  faire  tomber  les  autres,  et  oil  il 
tombe  lui-meme  {Ps.  \ii,  16).  —  Sur  ses 
levres,  etc.  :  ses  paroles  sont  un  feu  devo- 
rant  qui  ravage  et  detruit. 

28.  La  Vulg.  traduit  le  2"=  membre  :  et  le 
grand  parler  divise  les  puissants. 

29.  Seduit  son  prochain,  I'attire  par  des 
paroles  trompeuses  dans  un  endroit  ^carte 
oil  il  pourra  le  d^pouiller  ou  le  tuer. 

30.  Fermer  les  yeux,  se  mordre  les  levres  : 
signes  auxquels  on  reconnait  le  m^chant  et 
qui  semblent  dire  :  prenez  garde! 

33.  Les  sorts,  petits  cailloux  varies  de 
forme  ou  de  couleur,  ou  marques  de  signes 


336 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XVII,  i— 21. 


Chap. 
XVII. 


CHAP.  XVII.  —  Frugalite  et  amour  de  la  paix. 

leux  vaut  un  morceau  de  pain  sec  avec  la  paix, 

Qu'une  maison  pleine  de  viandes  avec  la  discorde. 
2   Un  serviteur  prudent  remporte  sur  le  fils  qui  fait  honte, 
Et  ii  partagera  I'heritage  avec  les  freres. 

3  Le  creuset  eprouve  I'argent  et  le  fourneau  I'or; 
Celui  qui  eprouve  les  coeurs,  c'est  le  Seigneur. 

4  Le  mechant  ecoute  la  levre  inique, 

Le  menteur  prete  I'oreille  a  la  mauvaise  langue. 

5  Celui  qui  se  moque  du  pauvre  outrage  celui  qui  I'a  fait; 
Celui  qui  se  rejouit  d'un  malheur  ne  restera  pas  impuni. 

6  Les  enfants  des  enfants  sont  la  couronne  des  vieillards, 
Et  les  peres  sont  la  gloire  de  leurs  enfants. 

7  Des  paroles  distinguees  ne  conviennent  pas  a  I'insense; 
Mais  bien  moins  a  un  noble  les  paroles  mensongeres  ! 

8  C'est  un  joyau  que  le  present  pour  qui  le  rei^oit ; 
Partout  oil  il  arrive,  il  a  du  succes. 

9  Celui  qui  couvre  une  faute  cherche  I'aniitie, 
Et  celui  qui  la  rappelle  divise  les  amis. 

10  Une  reprimande  fait  plus  d'impression  sur  I'homme  intelligent 
Que  cent  coups  sur  I'insense. 

1 1  Le  rebelle  ne  cherche  que  le  mal, 

Mais  un  messager  cruel  sera  envoye  contre  lui. 

12  Mieux  vaut  rencontrer  une  ourse  privee  de  ses  petits 
Qu'un  insense  pendant  sa  folie. 

13  Celui  qui  rend  le  mal  pour  le  bien 

Ne  verra  jamais  le  malheur  quitter  sa  maison. 

14  C'est  ouvrir  une  digue  que  de  commencer  une  querelle; 
Avant  que  la  dispute  s'allume  retire  toi. 

15  Celui  qui  absout  le  coupable  et  celui  qui  condamne  le  juste 
Sont  lous  deux  en  abomination  a  Jehovah. 

16  A  quoi  sert  I'argent  dans  la  main  de  rinsense.? 

A  acheter  la  sagesse?  il  n'a  pas  de  sens  pour  le  /aire, 

17  L'ami  aimeen  tout  temps; 

Dans  le  malheur  il  devient  un  frere. 

18  L'homme  sans  intelligence  prend  des  engagements, 
II  se  fait  caution  pour  son  prochain. 

1 9  Celui  cjui  aime  les  querelles  aime  le  peche; 
Celui  qui  eleve  sa  parole  cherche  sa  ruine. 

20  Un  cceur  faux  ne  trouve  pas  le  bonheur, 

Et  la  langue  perverse  tombe  dans  le  malheur. 

21  Celui  qui  donne  naissance  k  un  insense  en  aura  du  chagrin; 
Le  pere  d'un  fou  ne  sera  pas  joyeux. 


differents.  On  les  mettait  dans  un  pli  du 
manteau,  et  les  tirait  I'un  apres  I'autre,  ou 
bien  on  secouait  le  pan  du  manteau  pour 
les  faire  sortir. 

CHAP.   XVII. 

1.  Pain  sec  :  les  Juifs  avaienl  coutume, 
avant  de  manger  le  pain,  de  le  trempcr  dans 
un  liquide  pour  en  relever  la  saveur.  Comp. 
/eafi,  xiii,  26.  —  De  viandes  de  viiflimes. 
Dans  les  sacrifices  pacifiques,  une  partie 
considerable  de  la  vidlime  revenait  a  I'of- 
frant,  et  etait  mangee  dans  un  repas  sacre 
oil,  sous  I'excitation  du  vin,  pouvaient  s'in- 
troduire  des  querelles. 

2.  Un  serviteuf  (c'ctait  alors  un  esclave) 
pnidt'/if,']oy\\%S2i\\i  de  la  faveur  de  son  maitre. 


est  richemcnt  recompense  par  ce  dernier  de 
son  vivant,  et,  apres  sa  mort,  peut  avoir 
avec  les  fils  sa  part  de  I'heritage.  Comp. 
Gen.  XV,  2  sv. 

3.  Eprouve  les  caurs  (Ps.  vii,  10;  I  Pier. 
I,  5),  sonde  leur  qualite,  leur  nature  bonne 
ou  mauvaise. 

8.  Sens  :  Un  present  est  toujours  bien 
accueilli;  quelque  part  qu'on  I'envoie,  il  ou- 
vrira  les  portes  et  les  cueurs. 

La  Vulgate  traduit  le  i^r  niembre  :  I'al- 
tetite  dUai  present  est  dejii  tin  Joyau  ires 
precieux. 

9.  Cherche  Vaniitie  ou  Pan/our,  cherche  a 
I'exercer;  ou  bien  :  cherche  Tamitie  entre 
les  autres,  entretient  la  concorde  et  la  paix. 

10.  Cent  coups  :  la  loi   n'autorisait  que 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XVII,  i— 21. 


337 


in   sinum,  sed   a   Domino   tempe- 
rantur. 

^  :tg  M  M  'M  'i^:  M  M  'M  'M  :<?>:  :<?>:  :<y  :<^  ^.  's^ :'»:  M  w.  ^:^ 

— :;:—      CAPUT   XVII.      —^^ 

Buccella  sicca  cum  gaudio  :  servus  sapiens  : 
Dominus  corda  probat  :  despiciens  pau- 
perem  :  gaudens  de  alterius  ruina  :  co- 
rona senum  :  celans  delictum  :  fatuus  in 
stultitia  confidens  :  stulto  inutiles  divitiai  : 
altam  faciens  domum  suam  :  omni  tem- 
pore diligit  amicus  :  animus  gaudens,  et 
spiritus  tristis  :  stultus  tacens. 

ELIOR  est  buccella  sicca 
cum  gaudio,  quam  domus 
plena  victimis  cum  jurgio. 
2.  'Servus  sapiens  domi- 
nabitur  filiis  stultis,  et  inter  fratres 
hereditatem  dividet.  3,  Sicut  igne 
probatur  argentum,  et  aurum  ca- 
mino  :  ita  corda  probat  Dominus. 
4.  Malus  obedit  linguae  iniquas  :  et 
fallax  obtemperat  labiis  mendaci- 
bus.  5.  *Qui  despicit  pauperem,  ex- 
probrat  factori  ejus  :  et  qui  ruina 
lastatur  alterius,  non  erit  impunitus. 
6.  Corona  senum  filii  filiorum  :  et 
gloria  filiorum  patreseorum.  7.  Non 
decent  stultum  verba  composita  : 
nee  principem  labium  mentiens. 
8.  Gemma  gratissima,  exspectatio 
prasstolantis  :  quocumque  se  vertit, 
prudenter   intelligit.    9.    Qui   celat 


delictum,  quaerit  amicitias  :  qui  al- 

tero  sermone  repetit,  separat  foede- 

ratos.    10.   Plus    proficit   correptio 

apud  prudentem,  quam  centum  pla- 

gas  apud  stultum.  1 1.  Semper  jurgia 

quaerit  malus  :  angelus  autem  cru- 

delis  mittetur  contra  eum.  12,  Ex- 

pedit  magis  urs«  occurrere  raptis 

foetibus,  quam  fatuo  confidenti  in 

stultitia  sua.  13.   Qui   reddit  mala     '^Rom.  12, 

pro  bonis,  non  recedet  malum  de    i7-iThess. 

S  •      '  ^     .     ,.       .      .  5,15.1  Petr. 

domo  ejus,  14.  (Jui  dmiittit  aquam,  3,  g. 
caput  est  jurgiorum  :  et  antequam 
patiatur  contumeliam,  judicium  de- 
serit,  15.  '^Qui  justificat  impium,  et  '^u  a.  23. 
qui  condemnat  justum,  abominabi- 
lis  est  uterque  apud  Deum.  1 6.  Quid 
prodest  stulto  habere  divitias,  cum 
sapientiam  emere  non  possit?  Qui 
altam  facit  domum  suam,  quaerit 
ruinam  :  et  qui  evitat  discere,  inci- 
det  in  mala.  17.  Omni  tempore  dili- 
git qui  amicus  est  :  et  frater  in  an- 
gustiis  comprobatur.  18.  Stultus 
homo  plaudet  manibus  cum  spo- 
ponderit  pro  amico  suo.  19.  Qui 
meditatur  discordias,  diligit  rixas  : 
et  qui  exaltat  ostium,  quaerit  rui- 
nam. 20.  Qui  perversi  cordis  est, 
non  inveniet  bonum  :  et  qui  vertit 
linguam,  incidet  in  malum.  21.  Na- 
tus  est  stultus  in  ignominiam  suam  : 
sed  nee   pater  in  fatuo  laetabitur. 


quarante  coups  de  verges;  meme  cent  coups 
seraient  sans  efifet  pour  corriger  I'insense. 

II.  Le  rebelle,  etc.  Ce  proverbe  exprime 
le  respe(n,de  I'Orientpour  la  souveraine  au- 
torite  du  roi.  Le  messager  cruel  &s\.  I'officier 
charge  de  reduire  et  de  chatier  la  revoke. 
D'autres  avec  la  Vulg.traduisent  le  i«''  mem- 
bre  :  le  inecliant  lie  cherche  que  revolte. 

14.  Ouvrir  une  digue;  litt.  laisser  s'^ecoic- 
ler  Peau  par  la  digue  :  I'image  est  emprun- 
tee  a  ces  grands  reservoirs  soigneusement 
entretenus  en  Orient  pour  I'alimentation  des 
villas.  Qu'une  tissure  s'y  produise,  I'eau  s'y 
infiltre,  I'agrandit  peu  a  peu  et  bientot 
s'echappe  par  torrents  :  ainsi  une  querelle, 
l^gere  au  debut  et  causee  par  un  motif  fu- 
tile, amene  souvent  les  plus  grands  exces. 
—  Avant  que  la  dispute  s'allume,  litt.  avatit 
qu^on  se  montre  les  dents. 

Vulgate  :  laisser  couler  Peau,  c'est  occa- 
sionner  des  querelles,  et  abandonner  la  jus- 


tice avant  ineine  d'avoir  souffert  Vinjure. 
Le  i^''  membre  se  ramenerait  au  sens  de 
I'hebreu  en  sous-entendant  sicut. 

16.  Pour  acquerir  la  sagesse,  ii  faut  avant 
tout  avoir  du  bon  sens,  de  I'intelligence  (litt. 
du  cceur). 

La  Vulg.  ajoute  :  celui  qui  clcve  bien  liaut 
sa  inaisoii  cherche  la  ruine,  et  celui  qui  ne'- 
glige  d'apprendre  {cQiiQ  legon  d'humilite.'') 
toinbera  dans  le  nialheur.  Comp.  vers.  19. 

17.  Un  ami  devient,  litt.  /niit,  est  engendre 
frere,  redouble  d'affedlion  pourvous  lorsque 
vous  etes  dans  I'adversite. 

18.  Comp.  vi,  1-5.  Prend  des  ejigagefnents, 
Yxii.frappe  (dans)  la  main.  Vu\g.,frappe des 
mains,  s'applaudit  des  sottises  qu'il  fait. 

19.  Eleve  sa  porte,  se  batit  une  maison 
elevee. 

20.  La  langue  perverse  J  litt.  celui  qui  se 
retire  avec  sa  langue.,  qui  dit  tantot  une 
chose,  tantot  une  autre. 


i\0  2J  • 


LA  SAINTE  BIDLE.  TOME  IV.   —  22 


338     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XVII,  22—28;  XVIII,  i  — 14. 


22  Uii  coeur  joyeux  est  un  excellent  remede; 

Un  esprit  abattu  desscche  les  os. 
2"?  Le  mechant  regoit  des  presents  caches  dans  Ic  pli  du  manteau, 

Pour  pervertir  les  sentiers  de  la  justice. 

24  L'homme  intelligent  a  la  face  tournee  vers  la  sagesse, 
Mais  les  yeux  de  I'insense  sont  a  I'extremite  de  la  terre. 

25  Un  tils  insense  fait  le  chagrin  de  son  pere, 
Et  I'amertume  de  sa  mere. 

26  II  n'est  pas  bon  de  frapper  le  juste  d'amende, 

Ni  de  condamner  les  nobles  a  cause  de  leur  droiture. 

27  Celui  qui  contient  ses  paroles  posscde  la  science, 

Et  celui  qui  est  calme  d'esprit  est  un  homme  d'intelligence. 

28  L'insense  lui-mcme,  quand  il  se  lait,  passe  pour  sage, 
Pour  intelligent,  quand  il  ferme  ses  levres. 


CHAP.   XVIII. 


Caraftere  accomipodant.   Fidelite  a  ses  amis 
Autres  v^ertus  sociales. 


Chap. 
XVIII. 


ELUI  qui  se  tient  a  I'ecart  ne  cherche  quVx  coiitcntcr  sa  passion, 
II  s'irrite  centre  tout  sage  conseil. 
2  Ce  n'est  pas  I'intelligencc  qui  plait  a  Pinsense, 
C'est  la  manifestation  de  ses  pensees. 

3  Quand  vient  le  mechant,  vient  aussi  le  mepris, 
Et  avec  la  honte  vient  I'opprobre. 

4  Les  paroles  de  la  bouche  de  l'homme  sont  des  eaux  profondes; 
La  source  de  la  sagesse  est  un  torrent  qui  deborde. 

5  II  n'est  pas  bon  d'avoir  egard  a  la  personne  du  mdchant, 
Pour  faire  tort  au  juste  dans  le  jugement. 

6  Les  levres  de  I'insense  se  melent  aux  querelles, 
Et  sa  bouche  provoque  les  outrages. 

7  La  bouche  de  I'insensd  cause  sa  ruine, 
Et  ses  levres  sont  un  piege  pour  son  ame. 

8  Les  paroles  du  rapporteur  sont  des  morceaux  friands, 
Elles  descendent  jusqu'au  fond  des  entrailles. 

9  Celui  qui  est  lache  dans  son  travail 
Est  frere  de  celui  qui  va  a  la  perdition. 

10  Le  nom  de  Jehovah  est  une  tour  forte: 
Le  juste  s'y  refugie  et  il  y  est  en  siirete. 

1 1  La  fortune  du  riche  est  sa  ville  forte; 
Dans  sa  pensee,  c'est  une  muraille  elevee. 

12  Avant  la  ruine,  le  cceur  de  l'homme  s'eleve, 
Mais  rhumilite  precede  la  gloire. 

13  Celui  qui  repond  avant  d'avoir  ecoute 
Montre  sa  folic  et  est  digne  de  confusion. 

14  L'esprit  de  l'homme  le  soutient  dans  la  maladie, 
Mais  l'esprit  abattu,  qui  le  rel^vera? 


22.  Est  un  excellent  remede,  litt.  tin  bon 
souldi^enienlj  Vulg.,  rend  la  sante  floris- 
sante. 

23.  Presents  cacJies  dans  le  pli  du  man- 
teau^ furtifs,  donnas  en  secret. 

24.  Les  yeux  de  I'insense  s'Gga.xtx\\.  a  tous 
les  horizons.  La  \'ulg.  tiaduit  le  \"  mem- 
bre  :  sur  le  visage  de  l'homme  prudent  brille 
la  sagesse. 

25.  Comp.  vers.  21. 

26.  Leur  droiture,  ou  leur  justice  (Matth. 
V,  10.  Comp.  Rom.  xiii,  4). 

27.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre,  et  c'est 
un  prrcieux  esprit  ijue  l'homme  instruit. 

28.  Proverbe  arabe  :  "  Le  silence  est  le 


manteau  de  I'insense."  La  Bruyere  :  "II 
n'y  a  que  de  I'avantage  pour  celui  qui  parle 
peu  :  la  presomption  est  qu'il  a  de  l'esprit.  " 

CHAP.  XVIII, 

1.  Celui  (/ui  se  tie/it  a  I'ecart,  qui  se  separe 
des  autres,  ne  le  fait  que  poui  satisfairc 
quelque  mauvais  dessein.  Vulg.  :  celui  qui 
veut  se  separer  de  son  ami  epie  les  occasions 
(hebr.  Ictheoanah,  Jug.  xiv,  4,  au  lieu  de 
lethaa7>ah)  de  rompre  a\'ec  lui  :  cette  legon, 
suivie  par  les  LXX,  pourrait  bien  ctre  la 
bonne. 

2.  Comp.  I  Cor.  ii,  14.  La  Vulgate  tra- 
duit ;  I'insense  n'aciueillc  pas   les  paroles 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XVII,  22—28:  XVIII,  i— 14.     339 


22,  '  Animus  gaudens  setatem  flori- 
dam  facit  :  spiritus  tristis  exsiccat 
ossa.  23.  Munera  de  sinu  impius 
accipit,  ut  pervertat  semitas  judicii. 
24.  'In  facie  prudentis  lucet  sapien- 
tia  :  oculi  stultorum  in  finibus  ter- 
ras. 25.  Ira  patris,  filius  stultus  :  et 
dolor  matris  quas  genuit  eum. 
26.  Non  est  bonum,  damnum  in- 
ferre  justo  :  nee  percutere  princi- 
pem,  qui  recta  judicat.  27.  "Qui 
moderatur  sermones  suos,  doctus 
et  prudens  est  :  et  pretiosi  spiri- 
tus vir  eruditus.  28/'Stultus  quo- 
que  si  tacuerit  sapiens  reputabi- 
tur  :  et  si  compresserit  labia  sua, 
intelligens. 
'i^^M'^wsi-s.  i^y.  ^  '^  M'^M-'iss.  :^  \^.  ^:  :<d:  m  m  mm  :<?) 


de    incorrigibili 


— :;:—      CAPUT  XVIII 

De    recessu    ab   amico 

non  deviandum  a  veritate  :  os  stulti 
Justus  se  accusans  :  frater  juvans  fra- 
trem  :  fructus  oris  :  mulier  bona  et 
mala  :  locutio  divitis  et  pauperis  :  vir 
amicabilis. 


CCASIONES  quasrit  qui 

vult  recedere  ab  amico  : 

omni  tempore  erit  expro- 

brabilis.    a.    Non    recipit 

stultus  verba  prudentias  :  nisi  ea  di- 


xeris  quas  versantur  in  corde  ejus. 
3.  Impius,  cum  in  profundum  ve- 
nerit  peccatorum,  contemnit  :  sed 
sequitur  eum  ignominia  et  oppro- 
brium. 4.  "  Aqua  profunda  verba  ex  "  imv.  20, 5. 
ore  viri  :  et  torrens  redundans  fons 
sapientias.  5.  Accipere  personam 
impii  non  est  bonum,  ut  declines  a 
veritate  judicii.  6.  Labia  stulti  mi- 
scent  se  rixis :  et  os  ejus  jurgia  pro- 
vocat.  7.  Os  stulti  contritio  ejus  :  et 
labia    ipsius,    ruina    animas     ejus. 

8.  Verba  bilinguis,  quasi  simplicia  : 
etipsaperveniunt  usque  ad  interiora 
ventris.  Pigrum  dejicit  timor  :  ani- 
mae  autem  efFeminatorum  esurient. 

9.  Qui  mollis  et  dissolutus  est  in 
opere  suo,  frater  est  sua  opera  dis- 
sipantis.  10.  Turris  fortissima,  no- 
men  Domini  :  ad  ipsum  currit  Ju- 
stus, et  exaltabitur.  11.  Substantia 
divitis  urbs  roboris  ejus,  et  quasi 
murus  validus  circumdans  eum. 
12.  Antequam  conteratur,  exaltatur 
cor  hominis  :  et  antequam  glorifice- 

tur,    humiliatur.     13.    "Qui    prius     /'Ecdi.  u. 
respondet  quam  audiat,  stultum  se    ^• 
esse  demonstrat,  et  confusione  di- 
gnum.    14.   Spiritus  viri   sustentat 
imbecillitatem  suam  :  spiritum  vero 
ad  irascendum  facilem  quis  poterit 


pf  ude/ites,  ii  moins  que  vous  ne  lui  teniez 
an  langage  conforme  a  ce  qu'il  a  dans 
son  cojur. 

3,  Le  niepris^  la  honic,  Vopprobre :  ou  bien 
ils  accompagnent  le  mechant  et  s'attachent 
h.  lui;  ou  bien  le  mehant  les  deverse  sur  le 
prochain  par  ses  paroles  et  ses  adlions. 
Vulg.  :  Piinpie,  lorsqii'il  est  desccndu  an 
fond  de  Vabiine  dti  pcche,  se  moque;  niais 
la  hontc  et  Vopprobre  le  sinvent,  s'atta- 
chent a  lui. 

4.  De  Phoinine  sage,  parfait.  L'auteur  pa- 
rait  considerer  la  sagesse,  d'abord  s'expri- 
mant  par  la  bouche  de  riiomme,  et  il  la 
compare  a  I'eau  calme  et  profonde  d'un 
puits  ou  d'une  citerne;  puis  r^sidant  dans 
le  cceur,  et  il  la  compare  a  une  source  d'oii 
I'eau  jaillit  en  abondance.  Delitzsch  traduit  : 
Ics  paroles  de  la  bouche  de  r/io/nine  (du  sage) 
sont  une  eau  profonde,  un  torrent  qui  Jaillit, 
line  source  de  sagesse. 

8.  Sont  des  niorceaux  friands;  Vulg.,  pa- 
raissent  toutes  simples,  innocentes.  —  Elles 
descendent,  etc.  :  on  les  recueille  avi dement 


et  on  les  conserve  au  fond  du  cceur  :  nianet 
alia  ntente. 

La  Vulg.  ajoute  :  la  craitite  abat  le  pares- 
seus,  //lais  les  a/nes  des  effeniines  eproiive- 
ront  la  faini. 

g.  Est  frcre,  est  de  meme  condition  et 
aura  le  meme  sort.  —  Va  a  la  perdition j 
Vulg.,  qui  dissipe  le  fruit  de  ses  ivuvres. 

10.  Le  novi  de  Jehovah,  pour  Jehovah 
lui-meme  :  comp.  Ps.  Ixi,  4.  —  //  est  en  si't- 
rctc;X\\X.,  il  est  cleve,  place  dans  un  lieu  sur, 
a  I'abri  du  danger. 

1 1.  Pensee  :  le  riche  a  de  tout  autres  sen- 
timents que  le  juste  :  il  met  sa  confiance 
dans  les  biens  perissables.  —  Une  niuraille 
clevce,  derriere  laquelle  le  riche  n'a  rien  a 
craindre.  La  Vulg.  traduit  le  second  mem- 
bre  :  c''est  un  niur  eleve  qui  fenvironne. 

12.  Comp.  xvi,  18;  XV,  'i)},- 

13.  La  Bruyere  :  "  II  y  a  des  gens  qui 
parlent  un  moment  avant  que  d'avoir 
pense.  " 

14.  Abattu ;  litt.  brisc;  V^ilg.,  prompt  a  la 
CO  I ere. 


340     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XVIIl,  15—24;  XIX,  i— 13. 


15  Un  coeur  intelligent  acquiert  la  science, 
Et  roreille  des  sages  cherche  la  do<5lrine. 

16  I.es  presents  d'un  homme  lui  elargissent  la  voie, 
Et  I'introduisent  aupres  des  grands. 

17  Le  premier  qui  expose  sa  cause  parait  juste;  ^ 
Vient  la  partie  adverse,  et  on  examine  le  diffcreiuL 

18  Le  sort  fait  cesser  les  contestations, 
Et  decide  entre  les  puissants. 

19  Un  frere  ennemi  de  son  frere  resiste  plus  qu'une  ville  forte, 
Et  leurs  querelles  sont  comme  les  verrous  d'un  palais. 

20  C'est  du  fruit  de  sa  bouche  que  I'homme  se  nourrit, 
I)u  produit  de  ses  Icvres  qu'il  se  rassasie. 

21  La  mort  et  la  vie  sont  au  pouvoir  de  la  langue; 
Suivant  son  choix  on  mangera  ses  fruits. 

22  Celui  qui  trouve  une  femme  trouve  le  bonheur; 
C'est  une  faveur  qu'il  a  regue  de  Jehovah. 
Le  pauvre  park  en  suppliant, 
Et  le  riche  repond  durement. 
L'homme  aux  nombreux  amis  les  a  pour  sa  perte, 
Mais  il  est  tel  ami  plus  attache  qu'un  frere. 


23 
24 


\ 


Ch.  XIX. 


CHAP.  XIX.  —  Humilite,  douceur  et  mausuetude. 

|IEUX  vaut  le  pauvre  qui  marche  dans  son  integrite, 

Que  l'homme  aux  levres  dedaigneuses  et  qui  est  insense. 
SfflSi     2  L'ignorance  de  Tame  n'est  pas  bonne. 


Et  celui  dont  les  pieds  se  hatent  tombe  bientot. 

3  La  folic  de  l'homme  pervertit  sa  voie, 

Et  c'est  contre  Jehovah  que  son  creur  s'irrile. 

4  La  richesse  procure  un  grand  nombre  d'amis, 
Mais  le  pauvre  voit  s'^loigner  I'ami  qu'il  avait. 

5  Le  faux  temoin  ne  restera  pas  impuni, 

Et  celui  qui  dit  des  mensonges  n'echappera  pas. 

6  Nombreux  sont  les  flatteurs  de  I'homme  g'endreux, 
Et  tons  sont  les  amis  de  celui  qui  fait  des  presents. 

7  Tous  les  freres  du  pauvre  le  haissent; 
Combien  plus  ses  amis  s'eloignent-ils  de  lui! 

11  cherche  des  paroles  bicnveillantes,  et  il  n'en  trouve  pas. 

8  Celui  cjui  acquiert  de  I'intelligence  aime  son  ame; 

Et  celui  qui  observe  la  prudence  obtiendra  le  bonheur. 

9  Le  faux  temoin  ne  restera  pas  impuni, 
Et  celui  qui  dit  des  mensonges  p^rira. 

10  II  ne  sied  pas  a  I'insense  de  vivre  dans  les  delices  : 
Moins  encore  a  I'esclave  de  dominer  sur  les  princes! 

1 1  La  sagesse  d'un  homme  le  rend  patient, 

Et  il  se  fait  une  gloire  d'oublier  les  offenses. 

12  La  colore  du  roi  est  comme  le  rugissement  d'un  lion, 
Et  sa  faveur  est  comme  la  rosee  sur  I'herbe. 

13  Un  fils  insensd  est  la  douleur  de  son  pere, 

Et  les  querelles  d'une  femme  une  gouttiere  sans  fin. 


15.  Comp.  xiv,  33;  xv,  14. 

17.  C'est  la  devise  de  Lothaire  1 1  de  Saxe  : 
Audi  ct  alteram  paj'teni.  \'^ulg.  :  Ic  juste  est 
le  premier  a  s' ace  user  lui-ineine;  survieiit 
son  a/iu\  qui  Vexainitiera  ci  fond. 

18.  I.e  sort,  en  I'absence  de  tout  autre 
moyen  de  decider. 

ig.  Un  frere,  soit  dans  le  sens  propre, 
soit  dans  le  sens  plus  large  d'ami  intime. 
Sens  :  les  querelles  entre  freres  ou  entre 
amis  foi'ment  un  obstacle  insurmontable  a 
leur  reconciliation;  lever  cet  obstacle    est 


plus  difficile  que  de  prendre  une  ville  forte 
ou  de  faire  ceder  les  verrous  d'un  palais. 

Vulg. :  le  frere  aide  par  son  frere  est  comme 
une  ville  forte,  ct  leurs  decisions  sont  connne 
les  verrous  des  cites. 

20.  Comp.  xii,  14;  xiii,  2. 

21.  La  mort,  etc.  :  selon  I'usage  que 
l'homme  fait  de  sa  langue,  il  tombe  dans  la 
mort  ou  il  arrive  a  la  vie. 

22.  Une  femme,  dans  le  bens  ideal  du  mot, 
comme  I  homme  au  vers.  4.  \  iilg.,  une 
femme  I'on/ie. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XVIII,  15—24;  XIX,  i— 13.     341 


sustinere?  15.  Cor  prudens  possi- 
debit  scientiam  :  et  auris  sapientium 
quaerit  doctrinam.  16.  Donum  ho- 
minis  dilatat  viam  ejus,  et  ante  prin- 
cipes  spatium  ei  facit.  17.  Justus, 
prior  est  accusator  sui  :  venit  ami- 
cus ejus,  et  investigabit  eum. 
I  S.Contradictiones  comprimit  sors, 
et  inter  potentes  quoque  dijudicat. 
19.  Frater,  qui  adjuvatur  a  fratre, 
quasi  civitas  firma  :  et  judicia  quasi 
vectes  urbium.  20.  De  fructu  oris 
viri  replebitur  venter  ejus  :  et  geni- 
mina  labiorum  ipsius  saturabunt 
eum.  21.  Mors,  et  vita  in  manu  lin- 
guas  :  qui  diligunt  eam,  comedent 
fructus  ejus.  22.  Oui  invenit  mulie- 
rem  bonam,  invenit  bonum  :  et  hau- 
riet  jucunditatem  a  Domino,  Qui 
expellit  mulierem  bonam,  expellit 
bonum  :  qui  autem  tenet  adulte- 
ram,  stultus  est  et  impius.  23.  Cum 
obsecrationibus  loquetur  pauper  :  et 
dives  effabitur  rigide.  24.  Vir  ama- 
bilis  ad  societatem,  magis  amicus 
erit,  quam  frater. 

— :i—       CAPUT  XIX.       — *— 


Pauper  ambulans  in  simplicitate  :  divitice 
addiint  amicos  :  verba  seflans  :  falsiis 
testis  :  non  decent  stiiltum  delicite  :  do- 
ftrina  per  patientiam  probatur  :  ira  et 
hilaritas  regis  :  mulier  litigiosa  :  uxor 
prudens  datur  a  Deo  :  pigritia  :  pra^cepli 
custodia  :  misericordia  in  paupereni  : 
eruditio  filii  :  acceptio  consilii  :  vir  men- 


dax  :  timer  Domini  :  pigritia  :  pestilens  : 
inobediens  parentibus  :  testis  iniquus  : 
derisores. 


ELIOR  est  pauper,  qui 
ambulat  in  simplicitate 
sua,  quam  dives  torquens 
labia  sua,  et  insipiens. 
2.  Ubi  non  est  scientia  animas,  non 
est  bonum  :  et  qui  festinus  est  pe- 
dibus,  offendet.  3.  Stultitia  hominis 
supplantat  gressus  ejus  :  et  contra 
Deum  fervet  animo  suo.  4.  Divitias 
addunt  amicos  plurimos  :  apaupere 
autem  et  hi,  quos  habuit,  separan- 
tur,  5.  "Testis  falsus  non  erit  impu- 
nitus  :  et  qui  mendacia  loquitur, 
non  effugiet.  6.  Multi  colunt  per- 
sonam potentis,  et  amici  sunt  dona 
tribuentis,  7.  Fratres  hominis  pau- 
peris oderunt  eum  :  insuper  et  amici 
procul  recesserunt  ab  eo.  Qui  tan- 
tum  verba  sectatur,  nihil  habebit  : 
8.  qui  autem  possessor  est  mentis, 
diligit  animam  suam,  et  custos  pru- 
dentias  inveniet  bona,  9,  Falsus  te- 
stis non  erit  impunitus  :  et  qui  lo- 
quitur mendacia,  peribit,  10,  Non 
decent  stultum  deliciae  :  nee  servum 
dominari  principibus.  11.  Doctrina 
viri  per  patientiam  noscitur  :  et  glo- 
ria ejus  est  iniqua  praetergredi. 
12.  Sicut  fremitus  leonis,  ita  et  re- 
gis ira  :  et  sicut  ros  super  herbam, 
ita  et  hilaritas  ejus,  1 3,  Dolor  patris, 
filius  stultus  :  et  tecta  jugiter  per- 


'  "  Dan.  13, 
61, 


La  Vulg.  ajoute  :  ce/ui  qtii  chasse  unc 
femme  bonne  chasse  le  bonhciir;  et  celtii  qni 
garde  I'adttltcre  est  sot  et  impie. 

24.  IJ]iO)nine  aux  nombretix  amis,  litt. 
VJiomme  des  amis,  qui  veut  etre  et  pa- 
raitre  I'ami  de  tout  le  monde;  ou  bien  : 
celui  dont  tout  le  monde  se  dit  I'ami,  n'en 
est  pas  plus  avance  :  ces  amis  sent  trop 
nombreux  pour  etre  sinceres,  ils  ne  vien- 
dront  pas  a  son  secours.  —  La  Vulgate 
exprime  une  autre  pensee  ;  L'hotnme  donl 
la  socicte  est  agreable  sera  plus  aime 
gi(^un  frcrc. 

CHAP.  XIX. 

I,  VJiotnme  aux  levres  dedaigtjeuses,  litt. 
qui  contourne  les  levres,  les  met  de  travers, 
par  orgueil  et  mepris  pour  le  pauvre. 


3,  Pervertit  ou  bouleverse  sa  vote,  I'em- 
peche  de  reussir  dans  ses  entreprises,  et 
c^est  k  Dieu  qu'il  s'en  prend. 

7.  //  n^en  trouve  pas,  hebr.  lo  avec  un 
aleph  (ketib);  ou  bien,  c''est  tout  ce  qti'il 
aura,  hebr./^  avec  un  vav  (qeri).  Ce  3^  mem- 
bre  n'est  probablement  qu'une  moiti^  de 
verset  dont  I'autre  moitie  s'est  perdue.  La 
Vulg.  le  rattache  pour  la  pensee  ^  ce  qui 
suit  :  celui  qui  ne  cherche  que  des  paroles 
7i'aura  ricnj  8.  mais  celui  qui  acquiert,  etc. 

g.  Repetition  du  vers.  5. 

10.  Dans  les  delices,  au  sein  des  richesses, 
dont  il  ne  pent  que  mal  user.  —  A  Pesclave  : 
comp.  Eccle.  x,  7. 

13.  Une  goutticre  sans  Jitij  ou,  comme 
I'explique  la  Vulg.,  ttn  toil  d^oii  Veau  de- 
goutte  toujours.  En  Palestine,  les  toits  sont 


342        LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XIX,  14—29;  XX,  1—6. 

14  Une  maison  et  des  richesses  sont  un  heritage  pateinel; 
Mais  une  femme  intelligente  est  un  don  de  Jehovah 

15  La  paresse  fait  tomber  dans  I'assoupissement, 
Et  I'ame  nonchalante  epiouvera  la  faim. 

16  Celui  qui  garde  le  commandement  garde  son  iime. 
Celui  qui  n'est  pas  attentif  ;\  sa  voie  mourra. 

17  Cehii  qui  a  pitie  du  pauvre  prete  h.  Jehovah, 
Qui  recompensera  sa  bonne  ccuvre. 

iS  Chatie  ton  fils,  car  il  y  a  encore  de  I'esperance; 
Mais  ne  va  pas  jusqu'k  le  faire  mourir. 

19  L'homme  a  la  colore  violente  en  subira  la  peine; 
Si  tu  le  sauves  une  fois,  il  te  faudra  recommencer. 

20  Ecoute  les  conseils  et  recois  I'instruflion, 
Afin  que  tu  sois  sage  dans  la  suite  de  ta  vie. 

21  Beaucoup  de  projets  s'agitent  dans  le  cceur  de  l'homme, 
Mais  c'est  le  dessein  de  Jehovah  qui  s'accomplit. 

22  Ce  qui  recommande  un  homme,  c'est  la  bonte, 
Et  mieux  vaut  un  pauvre  qu'un  menteur. 

23  La  crainte  de  Jehovah  mene  a  la  vie, 

Et  I'on  reste  rassasie,  sans  etre  visite  par  le  malheur. 

24  Le  paresseux  plonge  sa  main  dans  le  plat, 
Et  ne  la  ramene  pas  a  sa  bouche. 

25  Frappe  le  moqueur,  et  l'homme  simple  deviendra  sage; 
Reprends  l'homme  intelligent,  et  il  comprendra  la  science. 

26  Celui  qui  maltraite  son  pere  et  qui  fait  fuir  sa  mere 
Est  un  fils  qui  se  couvre  de  honte  et  d'opprobre. 

27  Cesse,  mon  fils,  d'ecouter  I'instruflion, 

Et  tu  t'eloigneras  des  paroles  de  la  science. 

28  Un  temoin  pervers  se  moque  de  la  justice, 
Et  la  bouche  des  mechants  avale  Finiquite.. 

29  Le  jugement  est  pret  pour  les  railleurs, 
Et  les  coups  pour  le  dos  des  insenses. 

CHAP.  XX.  —  Fuir  les  vices  :  ivresse,  pare.ssc,  jalousie,  querelles,  etc. 


Ch.  XX. 


.^^]|E  vin  est  moqueur,  les  boissons  fermenlces,  tumultueuses, 
Quiconque  s'y  adonne  n'est  pas  sage. 
2  Semblable  au  rugissement  du  lion  est  la  terreur  qu'inspire  le  roi; 
Celui  qui  I'irrite  ]iLche  centre  lui-meme, 

3  C'est  une  gloire  pour  l'homme  de  s'abstenir  des  querelles, 
Mais  tout  insense  s'abandonne  h  la  colore. 

4  A  cause  du  mauvais  temps,  le  paresseux  ne  laboure  pas; 
A  la  moisson,  il  cherchera,  et  il  n'y  aura  rien. 

5  La  sagesse  dans  le  co:ur  de  l'homme  est  une  eau  ])rofonde, 
Mais  l'homme  intelligent  y  jniisera. 

6  Heaucoup  d'hommes  vantent  leur  bonte; 
Mais  un  homme  fidele,  qui  le  trouvera? 


plats  et  formes  de  dalles  ou  de  tuiles  juxta- 
posdes  sur  des  poutres  transversales.  Si  ces 
dalles  ne  sont  pas  bien  soudees  ensemble, 
elles  laissent,  clurant  la  saison  des  pluies, 
passer  I'eau  dans  I'interieur  de  la  maison. 

16.  Afo7(rra,  hebr.  iavwiJi  (qeri),  Vulg., 
se7'a  7nis  a  morf,  hebr.  ioiiinatJi  (ketib). 

18.  Lesperance  de  le  rendre  meilleur. 

19.  L'honme  a  la  colar  7'iole/itc,  en  lisant 
f^edol.  —  //  fe  faudra  recoviiiie7Ke7- :  il  ne  se 
corrigera  pas,  et  la  peine  finira  par  I'attein- 
dre.  Delitzsch  interpr^te  le  2^  membre  :  eii 
vain  ill  cssaics  de  ii'pre'scrz'cr  die  citdiitiicjii, 
ill  11c  fais  qii'augmeTiter  sa  fiireur,  D'autres 


autrement.  La  Vulg.  est  tres  obscure;  litt., 
lorsqii  il  aura  cnlc7u'  par  7'iolatcc,  il  ajou- 
icra  autre  chose. 

22.  Ce  qui  fait  aimer  P/ioiiiiiiej  litt.,  ce 
gut  le  rend  dcsiraldc,  ou  ce  qii'on  desire  de 
lui.  A^ulg.,  rindigerii  (celui  qui  de'sire,  qui 
manque  de  quelque  chose)  a  de  la  compas- 
sion. Conip.  11071  ig7iara  i/iali  77tiseris  stic- 
cu7-7rre  disco  de  Yirgile.  —  Uu  pauv7'e  (\\\\ 
a  de  la  bonte.  —  Un  7iienteiir  prodigue  de 
fausses  promesses. 

24.  Dans  le  plat  (\'ulg.  sous  Paisselle)  : 
les  Orientaux  ne  se  servent  d'aucun  instru- 
ment pour  prendre  les  mels. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XIX,  14—29;  XX,  1—6. 


343 


stillantia,  litigiosa  mulier.  14.  Do- 
mus,et  divitiae  dantur  a  parentibiis  : 
a  Domino  autem  proprie  uxor  pru- 
dens.  1 5.  Pigredo  immittit  soporem, 
et  anima  dissoluta  esuriet.  16,  Qui 
custodit  mandatum,  custodit  ani- 
mam  suam  :  qui  autem  negligit 
viam  suam,  mortificabitur.  17.  Foe- 
neratur  Domino  qui  miseretur  pau- 
peris :  et  vicissitudinem  suam  red- 
det  ei.  18.  Erudi  filium  tuum,  ne 
desperes  :  ad  interfectionem  autem 
ejus  ne  ponas  animam  tuam.  1 9.  Qui 
impatiens  est,  sustinebit  damnum  : 
et  cum  rapuerit,  aliud  apponet. 
20.  Audi  consilium,  et  suscipe  di- 
sciplinam,  ut  sis  sapiens  in  novissi- 
mis  tuis.  21.  Multae  cogitationes  in 
corde  viri :  voluntas  autem  Domini 
permanebit.  22.  Homo  indigens 
misericors  est:  et  melior  est  pauper 
quam  vir  mendax.  23.  Timor  Do- 
mini ad  vitam  :  et  in  plenitudine 
commorabitur,  absque  visitatione 
pessima.  24.  ^Abscondit  piger  ma- 
num  suam  sub  ascella,  nee  ad  os 
suum  applicat  eam.  25.  ^Pestilente 
flagellate  stultus  sapientior  erit  :  si 
autem  corripueris  sapientem,  intel- 
liget  disciplinam.  26.  Qui  affligit 
patrem,  et  fugat  matrem,  ignomi- 
niosus  est  et  infelix.  27.  Non  cesses 
fili  audire  doctrinam,  nee  ignores 
sermones  scientias.   28.  Testis  ini- 


quus  deridet  judicium  :  et  osimpio- 

rum  devorat  iniquitatem.  29.  Pa- 

rata   sunt   derisoribus  judicia  :  et 

mallei  percutientes  stultorum  cor- 

poribus. 

i^  M  :^  ^  M  'M  M  M  'fis.  :e'.  m  '^.  ^:  w.  m  r>f.  'm  k>:  :<y.  :^  ^j 

— :i:—       CAPUT  XX.       — :>— 

Luxuriosa  res  vinum  :  de  peccante  in  re- 
gem,  et  relinquendis  contentionibus  :  pi- 
ger propter  frigus  non  laborans  :  rex  in 
solio  :  nemo  potest  dicere  mundum  se 
habere  cor  :  pondus  et  pondus  :  somnus 
non  diligendus.  Malum  est,  dicit  emptor; 
panis  mendacii  :  revelans  mysteria  :  non 
reddendum  malum  pro  malo  :  devorare 
sancflos ;  festinata  hereditas  :  misericor- 
dia,  Veritas  et  dementia  roborant  thro- 


UXURIOSA  res,  vinum, 
et  tumultuosa  ebrietas  : 
quicumque  his  delectatur, 
non  erit  sapiens.  2.  Sicut 
rugitus  leonis,  ita  et  terror  regis  : 
qui  provocat  eum,peccat  in  animam 
suam.  3.  Honor  est  homini,  qui  se- 
parat  se  a  contentionibus  :  omnes 
autem  stulti  miscentur  contumeliis. 
4.  Propter  frigus  piger  arare  noluit : 
mendicabit  ergo  aestate  et  non  dabi- 
tur  illi.  5.  Sicut  aqua  profunda,  sic 
consilium  in  corde  viri  :  sed  homo 
sapiens  exhauriet  illud.  6.  Multi 
homines  misericordes  vocantur  :  vi- 
rum  autem  fidelem  quis  inveniet.^ 


25.  Le  moquettr  pourra  bien  ne  pas  profi- 
ter  du  chatiment,  mais  I'homme  simple,  qui 
etait  ro1:)jet  de  ses  railleries,  en  profitera; 
quant  k  I'homme  intelligeiii,  il  met  la  repri- 
mande  a  profit  pour  lui-meme. 

27.  Til  fc/oigiief'as,  etc.  La  Vulgate  ajoute 
une  negation  :  fie  cesse  pas  d''ccoutcr  l'i?7s- 
iruHioii^  et  iCigfiore  pas  Ics  paroles  de  la 
science. 

28.  Devore  Viniquite^  la  boit  comme  I'eau, 
selon  I'expresbion  de  Job,  xv,  16. 

29.  Les  c/idtii/iciils,  surtout  les  chati- 
ments  divins. 

CHAP.   XX. 

T.  Les  boissons  fortes,  probablement  le 
vin  de  palmier  de  Syrie.  —  Sy  livre  avec 
exrrs,  litt.,  est  pris  de  ce  vertige;  d'au- 
tres,  est  foil  de  ces  choses;  Vulgate,  en  fait 
ses  deli  ces. 


2.  Variante  de  xix,  12. 

3.  S'abandontie  d  la  colere, 
Delitzsch,  mojitre  les  dents.  Comp.  xvii,  11: 
xviii,  6;Jacq.  iii,  15. 

4.  A  cause  du  mauvais  temps,  \'^ulg.  dit 
froid :  les  Juifs  ensemencaient  a  la  fin  de 
novembre,  avant  les  pluies  d'hiver.  —  // 
cherchera  sa  recolte.  Delitzsch  traduit  un 
peu  autrement  :  des  Vaiiiomne  le  paj-es- 
seux  lie  laboure  pas;  a  la  moisson,  il  men- 
diera  aupres  des  voisins,  et  on  ne  lui  don- 
nera  rien. 

5.  Le  sage  devine  le  secret  cachd  dans  le 
coeur  d'autrui. 

6.  Proclavient  leur  bonte;  Vulg.,  sont  ap- 
Peles  bans.  —  Fidele  a  ses  promesses.  De- 
litzsch traduit  le  i^''  membre  :  Beaucoup  ren- 
contrent  (on  rencontre  souvent)  un  Jto7nme 
qui  se  mo7itre  bon  pour  eux  (pour  un  tel  ou 
un  tel). 


344 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XX,  7—30. 


7  Le  juste  marche  dans  son  intdgrite; 
Heureux  ses  enfants  aprcs  Uii ! 

8  Le  loi,  assis  sur  le  trone  de  la  justice, 
Dissipe  tout  mal  par  son  regard. 

9  Qui  dira  :  "  J'ai  purifie  mon  coeur, 
Je  suis  net  de  mon  peche?" 

10  Poids  et  poids,  cpha  et  cpha, 

Sont  Tun  et  I'autre  en  horreur  h.  Jehovah. 

11  L'enfant  montre  deja  par  ses  inclinations 
Si  ses  oeuvres  seront  pures  et  droites. 

12  L'oreille  qui  entend  et  I'oeil  qui  voit, 
C'est  Jehovah  qui  les  a  faits  Fun  et  I'autre. 

13  N'aime  pas  le  sommeil,  pour  ne  pas  devenir  pauvre; 
Ouvre  les  yeux,  et  tu  seras  rassasie  de  pain. 

14  Mauvais  !  Mauvais  !  dit  I'acheteur, 
Et  en  s'en  allant  il  se  felicite. 

15  11  y  a  de  Tor  et  beaucoup  de  perles, 

Mais  les  levres  sages  sont  d'un  prix  inestimable. 

16  Trends  son  vetement,  car  il  a  repondu  pour  autrui; 
Exige  de  lui  des  gages  h  cause  cles  etrangers. 

17  Le  pain  de  fourberie  est  doux  a  I'homme, 
Mais  a  la  fin  sa  bouche  est  remplie  de  gravier. 

18  Les  projets  s'affermissent  par  le  conseil; 
Conduis  la  guerre  avec  prudence. 

19  Celui  cjui  parle  a  tort  et  a  travers  devoile  les  secrets, 
Evite  avec  soin  celui  qui  a  les  levres  toujours  ouvertes. 

20  Si  quelqu'un  maudit  son  pere  et  sa  mere, 
Sa  lampe  s'eteindra  au  sein  des  tenebres. 

21  Un  heritage  hate  a  I'origine 
Ne  sera  pas  bdni  a  la  fin. 

22  Ne  dis  pas  :  "  Je  me  vengerai." 
Espere  en  Jehovah,  et  il  te  ddlivrera. 

23  Poids  et  poids  sont  en  horreur  a  Jehovah, 

Et  la  balance  fausse  n'est  pas  une  chose  bonne. 

24  C'est  Jehovah  qui  dirige  les  pas  de  I'homme, 
Et  I'homme  peut-il  comprendre  sa  voie? 

25  C'est  un  picge  pour  Ihomme  de  dire  a  la  legcre  :  "  Cela  est  sacre! ' 
Et  de  ne  rdflechir  qu'apres  le  voeu  fait. 

26  Un  roi  sage  dissipe  les  mechants, 
Et  fait  passer  sur  eux  la  roue. 

27  L'ame  de  I'homme  est  une  lampe  de  Jehovah; 
Elle  penetre  jusqu'au  fond  des  entrailles. 

28  La  bonte  et  la  fidelite  gardent  le  roi, 
Et  il  affermit  son  trone  par  la  bontc. 

29  La  force  est  la  parure  des  jeunes  gens, 

Et  les  cheveux  blancs  sont  I'ornement  des  vieillards, 

30  La  verge  qui  dcchire  la  chair  gu^rit  le  mal, 
De  meme  les  blessures  profondes. 


I 


7.  Aprcs  lui  ne  signifie  pas  prdcisement 
apres  sa  inortj  cet  aprcs  commence  meme 
de  son  vivant  :  comp.  Dent.  i\-,  10,  et  pour 
la  pensee  Exod.  xx,  6. 

S.  Dissipe  tot(t  mal :  toute  ccuvre  mau- 
vaise,  tout  dessein  criminel,  pcnctrc  par  ce 
regard,  se  dissipe  ^  tous  les  vents,  ne  pent 
plus  se  realiser. 

9.  Qui  diva:  qui  peut  dire  qu'il  n'y  a  plus 
aucune  racine  de  peche  cache'e  dans  les  plus 
secrets  replis  de  son  ca;ur?  Personne.  Comp. 
I  Rois^  viii,  A,6;/ol>,  xiv,  4  ;  Ps.  li,  7:  Ecc/c. 
vii,  21. 

10.  Poids  ef  poids  ;  deux  sortes  de  poids. 


Ucp/ia  etait  une  mesure  pour  les  matieres 
scches,  contenant  environ  27  litres. 

12.  Ce  proverbe  est  susceptible  de  plu- 
sieurs  applications  :  i.  done  Dieu  sait  tout; 
craignez-le;  2.  done  il  faut  faire  un  bon 
usage  de  l'oreille  et  de  ru.'il,  etc. 

13.  Et  tu  scras,  litt.  et  sois  rassasie. 

15.  Sens  :  les  perles  sont  plus  precieuses 
que  lor,  et  la  science  plus  precieuse  que  les 
perles. 

16.  Meme  pensee  que  vi,  i;xi,  T5;xvii,  18. 
//  a  repondu  pour  autrui,  pour  une  per- 
sonne insolvable  :  il  apprendra  ainsi  h  ne 
pas  se  rendre  caution  imprudemment,    — 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XX,  7—30. 


345 


7,  Justus,  qui  ambulat  in  simplici- 
tate  sua,  beatos  post  se  filios  dere- 
linquet.  8.  Rex,  qui  sedet  in  solio 
judicii,  dissipatomne  malum  intuitu 
suo.  9.  "Quis  potest  dicere  :  Mun- 
dum  est  cor  meum,  purus  sum  a 
peccato?  10.  ''Pondus  et  pondus, 
mensura  et  mensura  :  utrumque 
abominabile  est  apud  Deum.  1 1 .  Ex 
studiis  suis  intelligitur  puer,  si  mun- 
da  et  recta  sint  opera  ejus.  12.  Au- 
rem  audientem,etoculum  videntem, 
Dominus  fecit  utrumque.  13.  Noli 
diligere  somnum,  ne  te  egestas  op- 
primat  :  aperi  oculos  tuos,  et  satu- 
rare  panibus.  14.  Malum  est,  ma- 
lum est,  dicit  omnis  emptor  :  et  cum 
recessit,  tunc  gloriabitur.  15.  Est 
aurum,  et  multitudo  gemmarum  : 
et  vas  pretiosum  labia  scientiae. 
16.  'Tolle  vestimentum  ejus,  qui 
fidejussor  exstitit  alieni,  et  pro  ex- 
traneis  aufer  pignus  ab  eo.  17.  Sua- 
vis  est  homini  panis  mendacii  :  et 
postea  implebitur  os  ejus  calculo. 
18.  Cogitationes  consiliis  roboran- 
tur :  et  gubernaculis  tractanda  sunt 
bella.  19.  Ei,  qui  revelat  mysteria, 
et  ambulat  fraudulenter,  et  diktat 


labia  sua,  ne  commiscearis.  20. ''Qui 
maledicit  patri  suo,  et  matri,  ex- 
stinguetur  lucerna  ejus  in  mediis 
tenebris.  21.  Hereditas,  ad  quam 
festinatur  in  principio,  in  novissimo 
benedictione  carebit.  22.  ""Ne  dicas  : 
Reddam  malum  :  exspecta  Domi- 
num,  et  liberabit  te.  23.  Abomina- 
tio  est  apud  Dominum  pondus  et 
pondus  :  statera  dolosa  non  est  bo- 
na. 24.  A  Domino  diriguntur  gres- 
sus  viri  :  quis  autem  hominum  in- 
telligerepotestviamsuam?25.Ruina 
est  homini  devorare  sanctos,  et  post 
vota  retractare.  26.  Dissipat  impios 
rex  sapiens,  et  incurvat  super  eos 
fornicem.  27.  Lucerna  Domini  spi- 
raculum  hominis,  guas  investigat 
omnia  secreta  ventris.  28.  Miseri- 
cordia,  et  Veritas  custodiunt  regem, 
et  roboratur  dementia  thronusejus. 

29.  Exsultatio  juvenum,  fortitudo 
eorum  :  et  dignitas  senum  canities. 

30.  Livor  vulneris  absterget  mala  : 
et  plagae  in  secretioribus  ventris. 


''Exod.  21, 
21,  17.  Lev. 
20,9.  Matth. 


e  Rom,  T2, 
17. 1  Thess. 
S.iS.iPetr. 
3.  9- 


.1. 

—  •  — 

•I* 


A  cause  des  ctrangers,  qu'il  a  cautionnes, 
afin  que  tu  n'eprouves  pas  de  dommages. 

17.  Le  mensonge  et  la  fourberie  ne  sau- 
raient  procurer  de  bonheur  durable. 

18.  Le  conseil,  la  deliberation  des  sages. 

19.  Dans  la  Vulg.,  le  verset  ne  forme 
qu'une  seule  proposition  :  Eviie  cehii  qtii 
di'voile  les  seae/s,  qui  agit  avec  foicrberie  et 
qui  iic7it  ses  lh<res  toujours  ouvertes. 

20.  Si  quelqihin  inmtdit :  ce  crime  etait 
puni  de  mort  {Exod.  xxi,  17;  Le'zK  xx,  9; 
MaitJt.  XV,  4).  —  Sa  lampe  :  sa  vie,  sa  pos- 
terite,  son  bonheur. 

21.  Un  heritage  hate,  }^x€ivi?i\.wcivL\tx\\.  ac- 
quis, avant  d'etre  legitimement  ouvert. 

23.  N^est  pas  niie  chose  Iwtmr,  est  une 
chose  tres  mauvaise  :  litote. 

24.  Dirige  par  sa  Providence  les  pas  de 
llioiinne,  tout  en  lui  laissant  sa  liberie.  — 
Sa  voie,  le  cours  de  sa  vie  :  I'avenir  seul  en 
expliquera  I'enigme.  Comp.  xvi,  9;  xix,  21; 
Ps.  xxxvii,  23. 

25.  Uii  piege,  un  danger.  —  Cela  est  sacre, 
voue  a  Dieu  (comp.  Marc,  vii,  11).  —  Et  de 
ne  reflcchir,  etc.,  ou  bien,  ct  apres  le  7'a'ii 
d'cxaminer  si  et  comment  on  pourra  Tac- 


complir.  Vulg.  :  c''est  une  ruine  pour  nn 
Jiomnic  de  pcrsccuter  les  saints,  car  Dieu  les 
venge,  et  en  suite  de  re  tracer  ses  7/a'ux.  Les 
anciens  manuscrits  de  la  Vulg.,  outre  la 
leqon  dez^orare,  en  ont  pkisieurs  autres  :  de- 
votare,  devovere,  denotarc,  dcTOcare,  qui  se 
rapprochent  davantage  du  veritable  sens. 

26.  La  rotie  du  lourd  chariot  a  fouler  le 
ble.  David  ecrasa  de  cette  fagon  les  Ammo- 
nites vaincus  (II  Sam.  xii,  31).  Vulg.,  et  ar- 
rondit  au-dessus  d^eux  une  votlte  :  la  voiite 
d'une  prison?  son  arc  de  triomphe? 

27.  II  s'agit  ici  de  la  conscience,  dont  le 
flambeau  a  ete  allume  par  Dieu  meme; 
c'est  la  lumiere  interieure  de  Matth.  vi,  33 ; 
r esprit  de  Vhomine  de  S.  Paul  (I  Cor.  ii,  1 1); 
Aristote  la  nomme  "  I'oeil  divin  de  I'ame. " 

28.  Lafidcliie,  ici,  la  justice. 

29.  La  force,  surtoUt  la  force  morale. 

30.  La  verge,  litt.  la plaie.  —  Le  vial  mo- 
ral, le  vice.  Sens  :  les  fortes  corrections 
peuvent  seules  amender  I'homme  vicieux. 
Comp.  xix,  26. 


346 


LIVRE  DRS  PROVERBES.     Chap.  XXI,  1  —  23. 


CHAP.  XXI.  —  Justice,  bonte  et  patience,  abandon  a  la  Providence. 


Ch.  XXI. 


^■jjE  cceur  du  roi  est  un  cours  d'eau  dans  la  main  de  Jehovah, 
II  I'incline  partout  011  il  veut. 
2  Toutes  les  voies  de  I'homme  sont  droites  a  ses  yeux; 
Mais  celui  qui  pese  les  coeurs,  c'est  Jeliovah. 

3  Pratiquer  la  justice  et  Tequite, 

Aux  yeux  de  Jehovah  est  preferable  aux  sacrifices. 

4  Des  regards  hautains  et  un  cceur  superbe  : 
Flambeau  des  mechants,  ce  n'est  que  pcche. 

5  Les  projets  de  I'homme  diligent  vont  a  I'abondance; 

Mais  celui  qui  pre'cipite  ses  demarches  n'arrive  qu'a  la  disette. 

6  Des  tresors  acquis  par  le  mensonge  : 

Vanite  fugitive  d'hommes  qui  courent  a  la  mort. 

7  La  violence  des  mdchants  les  egare, 

Parce  qu'ils  n'ont  pas  voulu  pratiquer  la  justice. 

8  Le  criminel  suit  des  voies  tortueuses, 
Mais  I'innocent  agit  avec  droiture. 

9  Mieux  vaut  habiter  a  Tangle  d'un  toit, 
Que  de  rester  avec  une  femme  querelleuse. 

10  L'ame  du  mechant  desire  le  mal; 

.Son  ami  ne  trouve  pas  grace  a  ses  yeux. 

11  Quand  on  chatie  le  mechant,  le  simple  devient  sage, 
Et  quand  on  instruit  le  sage,  il  devient  plus  sage. 

12  Le  juste  s'instruit  devant  la  maison  du  mechant  : 
Dieu  precipite  les  mechants  dans  le  malheur. 

13  Celui  qui  ferme  I'oreille  au  cri  du  pauvre 
Criera  lui-meme  et  ne  sera  pas  ecoute. 

14  Un  don  fait  en  secret  apaise  la  colore, 

L'^n  pre'sent  tire  du  pli  du  manteau  calme  une  fiireur  violente. 

15  C'est  une  joie  pour  le  juste  de  pratiquer  la  justice, 
Mais  I'epouvante  est  pour  ceux  qui  font  le  mal. 

16  L'homme  qui  s'ecarte  du  sentier  de  la  sagesse 
Reposera  clans  Tassemblee  des  morts. 

17  Celui  qui  aime  la  joie  sera  dans  I'indigence; 

Celui  qui  aime  le  vin  et  I'huile  parfumee  ne  s'enrlchit  pas. 

18  Le  mechant  sert  de  rancon  pour  le  juste, 
Et  le  perfide  pour  les  hommes  droits. 

19  Mieux  vaut  habiter  dans  un  desert 
Qu'avec  une  femme  querelleuse  et  colere. 

20  De  precieux  tresors,  de  I'lniile  sont  dans  la  maison  dn  sage; 
Mais  I'homme  insense  les  engloutit. 

21  Celui  qui  poursuit  la  justice  et  la  mis^ricorde 
Trouvera  la  vie,  la  justice  et  la  gloire. 

22  Le  sage  prend  d'assaut  une  ville  de  heros, 

Et  il  renverse  le  rempart  ou  elle  mettait  sa  confiance. 

23  Celui  qui  garde  sabouche  et  sa  langue 
Preserve  son  ame  des  angoisses. 


CHAP.  XXI. 

r.  Lc  avi/r  du  }-oi,  si  impenetrable  et  si 
irresponsable  qu'il  soit  pour  ses  sujets,  est 
dans  la  main  de  Dieu  semblable  a  un  cours 
d'eau  qu'on  dirige  ou  Ton  veut  par  des  pentes 
bien  menagees. 

2.  Le(;;on  indire<fle  :  que  I'homme  examine 
sa  conduite  d'apres  la  r&gle  de  la  volontd  de 
Dieu  telle  qu'elle  nous  est  connueparla  re- 
velation. Comp.  xiv,  12;  xvi,  2,  25;  xx,  24. 

3.  Supcriorite  des  oeuvres  morales  sur  les 
lois  cdrc'^monielles.  Comp.  xv,  8;  Ps.  1,8,  14. 


4.  Ceite  lainpe  des  mechants  (opposition  a 
ce  qui  precede),  image  et  figure  de  leurs 
sentiments  orgueilleux.  Delitzsch  -.ce  champ 
des  mcchanis  prodnii  lc  pcche.  V'ulg.,  les 
yeux  alfi'ers  marquoit  un  canir  orgueilleux 
(litt.  en/le);  le  flambeau  des  impies,  c^est  le 
pcchc. 

5.  IJhomme  diligent^  le  lra\ailleur  ener- 
gique  et  calme.  —  Celui  qui  precipite...  : 
au  lieu  de  Tccol-ats,  la  Vulg.  a  lu  7'elo-ats. 

6.  I'afiite  fugiiii'e.  D'autres  :  souffle  leger 
d'honunes  qui  i>ont  mourir,  litt.  qui  cher- 
chcnt  ou  qui  appcllent  la  mort. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXI,  1—22. 


347 


— :;:—  CAPUT  XXI.  — ^i^— 
Cor  regis  in  manu  Domini,  cui  misericordia 
et  judicium  magis  placent  quam  viftimas  : 
inique  thesaurizans  :  melius  est  sedere  in 
angulo  domatis,  quam  etc.  :  obturans  au- 
rem  pauperi,  etc.  :  diligens  epulas  :  pro 
justo  dabitur  impius  :  qui  custodit  os 
suum  :  desideria  ocridunt  pigrum  :  non 
est  sapientia  contra  Dominum  :  equus 
paratur  ad  bellum,  etc. 


ICUT  divisiones  aqua- 
rum,  ita  cor  regis  in  ma- 
nu Domini  :  quocumque 
voluerit,  inclinabit  illud. 
2,';Omnis  via  viri  recta  sibi  videtur: 
appendit  autem  corda  Dominus. 
3.  Facere  misericordiam  et  judi- 
cium, magis  placet  Domino,  quam 
victimas.  4.  Exaltatio  oculorum  est 
dilatatio  cordis  :  lucerna  impiorum 
peccatum.  5.  Cogitationes  robusti 
semper  in  abundantia  :  omnis  au- 
tem piger  semper  in  egestate  est. 
6,  Qui  congregat  thesauros  lingua 
mendacii,  vanus  et  excors  est,  et  im- 
pingetur  ad  laqueos  mortis.  7.  Ra- 
pinas  impiorum  detrahent  eos,  quia 
noluerunt  facere  judicium.  8.  Per- 
versa via  viri,  aliena  est  :  qui  au- 
tem mundus  est,  rectum  opus  ejus. 


Q.  ^'Melius  est  sedere  in  angulo  do-  'infra  25, 
matis,  quam  cum  muliere  litigiosa,  '^■ 
et  in  domo  communi.  10.  Anima 
impii  desiderat  malum,  non  misere- 
bitur  proximo  suo.  11.  Mulctato 
pestilente  sapientior  erit  parvulus  : 
et  si  sectetur  sapientem,  sumet  scien- 
tiam.  12.  Excogitat  Justus  de  domo 
impii,  ut  detrahat  impios  a  male. 
13.  Qui  obturat  aurem  suam  ad 
clamorem  pauperis,  et  ipse  clamabit, 
et  non  exaudietur.  14.  Munus  abs- 
conditum  exstinguit  iras  :  et  donum 
in  sinu  indignationem  maximarn. 
15.  Gaudium  justo  est  facere  judi- 
cium :  et  pavor  operantibus  iniqui- 
tatem,  16.  Vir,  qui  erraverit  a  via 
doctrinae,  in  coetu  gigantum  com- 
morabitur.  17.  Qui  diligit  epulas, 
in  egestate  erit :  qiii  amat  vinum.et 
pinguia,  non  ditabitur.  18.  Pro  ju- 
sto datur  impius  :  et  pro  rectis  ini- 
quus.  19.  ^Melius  est  habitare  in  '•eccH.  25. 
terra  deserta,  quam  cum  muliere  23. 
rixosa  et  iracunda.  2,0.  Thesaurus 
desiderabilis,et  oleum  in  habitaculo 
justi  :  et  imprudens  homo  dissipa- 
bit  illud.  21.  Qui  sequitur  justitiam 
et  misericordiam,  inveniet  vitam, 
justitiam,  et  gloriam.  21.  Civitatem 
fortium  ascendit  sapiens,  et  destru- 


Vulg.  :  cc/ia'  qui  aniasse  dcs  ircsors  par 
line  Inni^iie  dc  inensonge  est  vain  et  insoisc, 
et  il  tombej-a  dans  les  filets  de  la  nwi't. 

7.  La  violence  des  mediants  attire  sur 
eux  la  ruine  qu'ils  voulaient  faire  tomber 
sur  les  autres. 

8.  Le  crinii?iel,  litt.  PJioniine  charge  de 
crimes,  ^'ulg.,  la  voie  perverse  de  PJioviine 
est  line  vote  detoiirnce. 

9.  Hahiter  a  Vangle  d''ttn  toit,  expose  a 
toutes  les  intemperies. 

II.  Pour  le  i*^""  membre,  comp.  xix,  25.  Le 
sage  n'a  pas  besoin  de  chatiment  :  des  qu'on 
rinstruit,  il  accueille  avec  empressement  la 
science.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  et 
s'il  (le  simple)  s'attache  an  sage,  il  acquerra 
la  science. 

14.  Comp.  xvii,  23. 

15.  Lcpouvante,  a  la  pensee  du  chati- 
ment. 

16.  Dans  Passeniblee  dcs  marts,  hebr.  des 
rephaim ,  c.-a-d.  des  ombres,  Vulg.,  des 
geanis  :  cela  suppose  qu'il  existe  pour  les 
justes  un  autre  lieu  que  le  scheol. 


17.  Lajoic,  les  plaisirs,  surtoiit  de  la  ta- 
ble (Vulg.).  —  Llwile  parfnmee,  dont  on  se 
servait  pour  les  festins  {Ps.  xxiii,  5;  Jeaii, 

>^i',  3)- 

18.  Par  ex.  :  Aman  b.vre  au  supplice  a  la 

place  de  Mardochee  {Esth.  viii);  Babylone 
vaincue  par  Cyrus  et  les  Israelites  captifs 
delivrds.  Comp.  xi,  8. 

19.  Comp.  vers.  9. 

20.  Deprecieux  ^;'/5^;-.s-,amassespar  le  sage 
et  mis  en  reserve  pour  les  besoins  de  la  vie. 
—  L'huile  avait  divers  usages  :  nourriture, 
eclairage,  onflions,  etc.  —  Les  engloutit, 
les  devore  en  quelques  jours. 

21.  La  justice  :  dans  le  i«''  membre,  c'est 
la  vertu  par  laquelle  on  rend  a  Dieu  et  aux 
hommes  ce  qui  leur  est  du;  dans  le  2^,  c'est 
la  justice  de  Dieu,  rendant  a  chacun  selon 
ses  oeuvres. 

22.  Une  ville  defendue  par  des  heros,  des 
braves.  Sens  :  la  sagesse  I'emporte  sur  la 
force  (xx,  18).  Voy.  Eccle.  ix,  14  sv.,  un  pen- 
dant a  ce  verset. 


Chap. 
XXII. 


348     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXI,  24—31:  XXII,  T-14. 

24  On  appelle  moqueur  I'homme  hautain,  enfle  d'orgueil, 
Qui  agit  avec  un  exces  d'arrogance. 

25  Les  desirs  du  paresseux  le  tuent, 

Parce  que  ses  mains  refusent  de  travailler. 

26  Tout  le  jour  il  desire  avec  ardeur 
Mais  le  juste  donne  sans  relache. 

27  Le  sacrifice  des  mediants  est  abominable; 

Surtout  quand  ils  I'offrent  avec  des  pensees  criminelles! 

28  Le  temoin  menteur  perira, 

Mais  riiomme  qui  ^coute  pourra  parler  toujours. 

29  Le  mechant  prend  un  air  effront^, 
Mais  I'homme  droit  dirige  sa  voie. 

30  II  n'y  a  ni  sagesse,  ni  prudence, 
Ni  conseil  en  face  de  Jehovah. 

31  On  equipe  le  cheval  pour  le  jour  du  combat, 
Mais  de  Jehovah  depend  la  vicftoire. 

CHAP.  XXII. —  La  bonne  renommee  [vers,  i  — 16]. 

A  bonne  renommee  vaut  mieux  que  de  grandes  richesses, 
Et  I'estime  a  plus  de  prix  que  I'argent  et  que  For. 
2  Le  riche  et  le  pauvre  se  rencontrent; 
Tons  deux  sont  I'oeuvre  de  Jehovah. 

3  L'homme  prudent  voit  le  mal  et  se  cache, 
Mais  les  simples  passent  outre  et  en  portent  la  peine. 

4  Le  fruit  de  I'humilit^,  c'est  la  crainte  de  Jehovah, 
C'est  la  richesse,  la  gloire  et  la  vie. 

5  Des  epines  cl  des  pieges  sont  sur  la  voie  du  pervers; 
Celui  qui  garde  son  ame  s'en  dloigne. 

6  Instruis  I'enfant  selon  la  voie  qu'il  doit  suivre; 
Et  meme  lorsqu'il  sera  vieux,  il  ne  s'en  detournera  pas. 

7  Le  riche  domine  sur  les  pauvres, 
Et  celui  qui  emprunle  est  I'esclave  de  celui  cjui  prete. 

8  Celui  qui  seme  I'injustice  moissonne  le  malheur, 
Et  la  verge  de  sa  colere  disparait. 

9  L'homme  au  regard  bienveillant  sera  bdni, 
Parce  qu'il  donne  de  son  pain  au  pauvre. 

10  Chasse  le  moqueur,  et  la  querelle  prendra  fin, 
Les  disputes  et  les  outrages  cesseront. 

11  Celui  qui  aime  la  purete  du  coeur, 
Et  qui  a  la  grace  sur  les  levres,  a  le  roi  pour  ami. 

12  Les  yeux  de  Jehovah  gardent  la  science, 
Mais  il  confond  les  paroles  du  pervers. 

13  Le  paresseux  dit  ;  "  II  y  a  un  lion  dehors! 
Je  serai  tue  dans  les  rues!  " 

14  La  bouche  des  e'trangeres  est  une  fosse  profonde; 
Celui  contre  qui  Jehovah  est  irrite  y  tombera. 


23.  Comp.  xiii,  3;  xix,  6. 

24.  Mogi/eier  (\^ulg.  ignorant),  contemp- 
teur  de  la  religion  ;  on  dirait  aujourd'hui 
esprit  fort,  libre  penseur. 

25.  Les  deshs  de  bien-ctre,  de  jouissance, 
et  cela  sans  peine  ni  travail.  Que  n'accom- 
pagne  aucun  travail,  restent  sans  effet.  Le 
juste,  au  contraire,  grace  a  un  travail  assidu, 
a  de  quoi  donner  meme  aux  autres,  D'autres 
autrement. 

27.  Comp.  XV,  8. 

28.  Qtd  ecoj/te,  pour  bien  s'instruire  et 
connaitre  la  v^ritd.  —  Pourra  fivler  iou- 
jmirs  ;  il  sera  toujours  appelc  h  dcposer,  son 


temoignage  etant  trouve  constamment  ven- 
dique.  Vulg.  :  P/io/mne  obeissant  raeontera 
des  'I'ifloires  morales,  il  fera  beaucoup  d'ac- 
tes  de  vertu. 

29.  Un  air  ejfrontc',  dedaigneux  pour  les 
choses  divines  et  humaines.  —  Dirige,\\€br. 
iakin  (ket//ib);  ou  bien  considhe,  examine, 
hebr.  iabiii  (qeri). 

30.  La  sagesse  humaine  est  impuissante 
devant  Dieu,  qui  fait  toujours  prevaloir  ses 
desseins. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXI,  24—31;  XXII,  i  — 12.       349 


xit  robur  fiducias  ejus.  23.  Qui  cu- 
stodit  OS  suuni  et  linguam  suam, 
custodit  ab  angustiis  animam  suam. 
24.  Superbus  et  arrogans  vccatur 
indoctus,  qui  in  ira  operatur  super- 
biam.  25.  Desideria  occidunt  pi- 
grum  :  noluerunt  enim  quidquam 
manus  ejus  operari  :  26.  tota  die 
concupiscit  et  desiderat  :  qui  autem 
Justus  est,  tribuet,  et  non  cessabit. 
uprais,  27.  'Hostias  impiorum  abominabi- 
'ccii.34,    |gg^    q^jjj^    oiFeruntur    ex    scelere. 

28.  Testis  mendax  peribit :  vir  obe- 
diens  loquetur  victoriam.  29.  Vir 
impius  procaciter  obfirmat  vultum 
suuni  :  qui  autem  rectus  est,  corri- 
git  viam  suam.  30.  Non  est  sapien- 
tia,  non  est  prudentia,  non  est  con- 
silium contra  Dominum.  31.  Equus 
paratur  ad  diem  belli  :  Dominus 
autem  salutem  tribuit. 

— *—       CAPUT  XXII.      — :i:— 

Laus  boni  nominis  :  callidus  videns  malum  : 
adolescens  juxta  viam  suam  :  seminans 
iniquitatem  :  deiisorem  ejice  :  diligens 
cordis  munditiam  :  dicit  piger  :  Leo  etc.  : 
OS  alienae  :  stultitia  in  corde  pueri  :  ca- 
lumnians  paupeiem  :  audienda  est  sa- 
pientia  :  vitandi  sponsores  :  termini  anti- 
qui  servandi  :  velox  in  opera  suo,  etc. 


ELIUS  est  nomen  bo- 
num,  quam  divitias  mul- 
tas  :  'super  argentum  et 
;  aurum,gratia  bona.  2. "Di- 
ves, et  pauper  obviaverunt  sibi  : 
utriusque  operator  est  Dominus. 
3.  Callidus  vidit  malum,  et  abscon- 
dit  se  :  innocens  pertransiit,  et  affli- 
ctus  est  damno.  4.  Finis  modestife 
timor  Domini,  divitias  et  gloria  et 
vita.  5.  Arma  et  gladii  in  via  per- 
versi  :  custos  autem  animas  sua^ 
longe  recedit  ab  eis.  6.  Proverbium 
est  :  Adolescens  juxta  viam  suam, 
etiam  cum  senuerit,  non  recedet  ab 
ea.  7.  Dives  pauperibus  imperat :  et 
qui  accipit  mutuum,  servus  est  foe- 
nerantis.  8.  Qui  seminat  iniquita- 
tem, metet  mala,  et  virga  iras  suas 
consumrnabitur.  9.  "^Qui  pronus  est 
ad  misericordiam,  benedicetur  :  de 
panibus  enim  suis  dedit  pauperi. 
Victoriam  et  honorem  acquiret  qui 
dat  munera  :  animam  autem  aufert 
accipientium.  10.  Ejice  derisorem, 
et  exibit  cum  eo  jurgium,  cessa- 
buntque  causae  et  contumelias. 
II.  Qui  diligit  cordis  munditiam, 
propter  gratiam  labiorum  suorum 
habebit  amicum  regem.  12.  Oculi 
Domini  custodiunt   scientiam  :  et 


'  Eccles. 
■'■'  Inl'ra  . 


'  Eccli. 
28. 


CHAP.  XXII. 

1.  Lestime,  litt.  la  bonne  grace,  la  faveur. 
Comp.  Eccle.  vii,  2;  Eccli.  xli,  15;  Rom. 
xii,  17. 

2.  Sc  rencontrent  surle  chemin  de  la  vie. 

—  Tons  les  deux,  I'un  riche  et  I'autre  pau- 
vre.  Dieu  est  I'auteurdes  indgalites  sociales, 
dans  le  but  d'unir  les  hommes  entre  eux  par 
des  services  mutuels. 

3.  Le  Dial,  le  danger,  par  ex.  une  maison 
qui  menace  de  s'ecrouler,  une  tempete  im- 
minente.  —  Les  simples  au  pluriel,  pour 
insinuer  qu'il  y  a  bien  plus  d'hommes  sans 
experience  que  Ae  prudents.  Comp.  vers.  7. 

4.  Le  fruit  ou  la  recompense,  litt.  la  Jin. 

—  L^/iumilite  :  le  mot  hebreu  comprend 
aussi  dans  sa  notion  la  douceur  et  la  man- 
suetude.  La  plupart  des  modernes  tradui- 
sent  :  le  fruit  de  r/mmilite,  de  la  crainte  de 
Dieu,  c^est  la  richesse,  etc. 

5.  Des  epines  et  des  picges  (V\ilg.  des  ar- 
mes  et  des  glaives),  soit  pour  le  pervers  lui- 
meme,  soit  pour  les  autres. 

6.  Instruis  Vcnfant,  etc.  Vulgate  :  c'estun 


proverbe  :  le  jeune  homine  une  fois  engage 
dans  sa  voie,  ne  la  quittera  plus,  etc. 

8.  La  verge,  le  baton  dont  il  frappait 
ses  viiftimes,  disparait  :  sa  puissance  est 
aneantie. 

9.  Dhomme  au  regard  bienveillant j  Vulg., 
celui  qui  est  enclin  a  la  misericorde. 

La  Vulg.  ajoute  :  Celui  qui  fait  des  pre- 
sents obtiendra  la  vidioire  et  I'honneur,  et  il 
ravit  Fame  de  ceux  qui  les  regoivent.  Comp. 
xi,  25. 

10.  Le  moqueiir  (voy.  xxi,  24)  qui,  par  ses 
railleries  et  ses  paroles  inconsider^es,  seme 
la  discorde. 

11.  La  pureic  du  cceur,  un  coeur  fidele  et 
loyal.  Comp.  Matth.  v,  8.  Ouelques  moder- 
nes traduisent  :  celui  qui  aime  avec  un  avuy 
pur. 

12.  Gardent  la  science,  veillent  sur  ceux 
qui  possedent  la  sagesse. 

13.  Dit,  pour  s'excuser  de  ne  pas  aller  au 
travail.  Comp.  xxvi,  13. 

14.  La  bouche,  les  discours  seduisants  des 
courtisanes. 


350     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXII,  15—29;  XXIII,  1—4. 

15   La  folic  est  attachee  au  coeur  de  I'enfant; 

La  verge  de  la  discipline  I'eloignera  de  lui. 
i6  Opprimez  un  pauvre,  cela  lui  profile; 

Donnez  a  un  riche,  c'est  pour  sa  perte. 


Chap. 
XXII.  1" 


Chap. 
XXIII. 


Premier  supplement  a  la  11^  partie. 

DIVERS    CONSEILS    DE   JUSTICE    ET    DE    PRUDENCE 

[XXII,   17— XXIV,  22]. 

CHAP.  XXII,  17  sv.  —  Prologue.  Justice  envers  le  prochain,  surtout  cnvers 

les  pauvres. 

RLTE  I'oreille  et  ecoute  les  paroles  des  sages, 

Applique  ton  ccuur  h.  mon  enseignement. 
18  Car  c'est  une  chose  agreable  si  tu  les  gardes  au  dedans  de  toi  : 
Puissent-elles  etre  toutes  presentes  sur  tes  levres! 

19  Afin  que  ta  contiance  repose  sur  Jehovah, 
C'est  toi  que  je  veux  instruire  aujourd'hui. 

20  Plusieurs  fois  deja  j'ai  mis  pour  toi  par  ecrit 
Des  conseils  et  des  enseignements. 

21  Pour  t'enseigner  des  choses  sures  et  vraies, 
Afin  que  tu  repondes  par  des  paroles  vraies  a  ceux  qui  t'envoient. 

22  Ne  depouille  pas  le  pauvre  parce  qu'il  est  pauvre, 
Et  n'opprime  pas  le  malheureux  a  la  porta. 

2^  Car  Jehovah  prendra  en  main  leur  cause, 

Et  il  otera  la  vie  a  ceux  qui  les  auront  depouilles. 

24  Ne  lie  pas  societe  avec  Fhomnie  colcre, 
Et  ne  va  pas  avec  Thomme  violent. 

25  De  peur  que.tu  n'apprennes  ses  voies, 
Et  que  tu  ne  prepares  un  picge  a  ton  ame. 

26  Ne  sois  pas  de  ceux  qui  prennent  des  engagements, 
De  ceux  cjui  se  portent  caution  pour  dettes. 

27  Si  tu  n'as  pas  de  quoi  payer, 
Pourquoi  t'exposer  a  ce  qu'on  enlcve  ton  lit  de  dessous  toi? 

28  Ne  deplace  pas  la  borne  ancienne, 
Que  tes  pores  ont  poscfe. 

29  Vois-tu  un  homme  habile  dans  son  ouvrage.'' 

Sa  place  est  auprcs  des  rois,  . 

II  ne  demeurera  pas  auprcs  des  gens  obscurs. 

CHAP.  XXIII.  —  Fuir  la  cupidite,  I'intempcrance  et  I'l'mpurete. 

il  tu  es  a  table  avec  un  grand, 

Pais  attention  a  ce  qui  est  devant  toi. 
^    2  Mets  un  couteau  a  ta  gorge. 
Si  tu  as  trop  d'avidite. 
J  Ne  convoite  pas  ses  mets  dclicats, 
C'est  un  aliment  trompeur. 

4  Ne  te  tourmente  pas  pour  devenir  riche, 
N'y  applique  pas  ton  intelligence. 


16.  Ct'/a  profile  au  pauvre  :  son  energie  et 
son  aClivite  se  reveillent  et  Dieu  benit  son 


travail.  —  Cesi  pour  la  pcrte  du  riche  qui, 
devenu  plus  riche  encore,  se  porte  aux  exces 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXII,  13—29;  XXIII,  1—4.       351 


supplantantur  verba  iniqui.  13.  Di- 
cit  piger  :  Leo  est  foris,  in  medio 
platearum  occidendus  sum.  14.  Fo- 
vea profunda,  os  alienas  :  cui  iratus 
estDominus,incidetin  eam.  i5.Stul- 
titia  coUigata  est  in  corde  pueri,  et 
virga  disciplinas  fugabit  eam.  1 6.Qui 
calumniatur  pauperem,  ut  augeat 
divitias  suas,  dabit  ipse  dition,  et 
egebit. 

17.  Inclina  aurem  tuam,  et  audi 
verba  sapientium  :  appone  autem 
cor  ad  doctrinam  meam  :  18.  quae 
pulchra  erit  tibi,  cum  servaveris 
eam  in  ventre  tuo,  et  redundabit  in 
labiis  tuis  :  19.  ut  sit  in  Domino 
fiducia  tua,  unde  et  ostendi  eam  tibi 
hodie.  20.  Ecce  descripsi  eam  tibi 
tripliciter,in  cogitationibus  et  scien- 
tia  :  2 1 .  ut  ostenderem  tibi  firmita- 
tem,et  eloquia  veritatis,  respondere 
ex  his  illis,  qui  miserunt  te. 

22.  Non  facias  violentiam  pau- 
peri,  quia  pauper  est  :  neque  conte- 
ras  egenum  in  porta  :  23.  quia  ju- 
dicabit  Dominus  causam  ejus,  et 
configet  eos,  qui  confixerunt  ani- 
mam  ejus. 

24.  Noli  esse  amicus  homini  ira- 
cundo,  neque  ambules  cum  viro  fu- 
rioso  :  25.  ne  forte  discas  semitas 


ejus,  et   sumas   scandalum   animae 
tuas. 

26,  Noli  esse  cum  his,  qui  defi- 
gunt  manus  suas,  et  qui  vades  se 
offerunt  pro  debitis  :  27.  si  enim 
non  habes  unde  restituas,  quid 
causas  est  ut  tollat  operimentum  de 
cubili  tuo? 

28.  Ne  transgrediaris  terminos 
antiquos,  quos  posuerunt  patres  tui. 

29.  Vidisti  virum  velocem  in 
opere  suo?  coram  regibus  stabit, 
nee  erit  ante  ignobiles. 

— :i:—      CAPUT   XXIII.      — :;:— 

Quomodo  sit  edendum  cum  principe  :  non 
appetendcU  divitiee,  nee  cibi  invidoium  : 
non  opprimendi  pupilli  :  castigandus 
puer  :  quterenda  sapientia  :  fugiendi  pec- 
catores  et  guku  dediti  :  honorandi  paren- 
tes  :  fugienda  meietrix  et  ebrietas. 

UANDO  sederis  ut  come- 
das  cum  principe,  diligen- 
ter  attende  quae  apposita 
sunt  ante  faciem  tuam  : 
2.  et  statue  cultrum  in  gutture  tuo, 
si  tamen  habes  in  potestate  animam 
tuam,  3.  ne  desideres  de  cibis  ejus, 
in  quo  est  panis  mendacii. 

4.  Noli  laborare  ut  diteris  :  sed 


et  tombe  dans  la  ruine.  D'autres  :  opprimer 
le  pauvre  pour  augiiienter  son  bien^  le  bien 
de  Toppresseur,  c^est  una  chose  aussi  peu 
sensee  que  de  donner  au  riche  pour  n\xrri- 
ver  qu\i  la  disette,  que  de  se  depouiller  de 
tout  en  faveur  d'un  riche.  La  Vulg.  peut  se 
ramener  a  ce  dernier  sens. 

18.  Oesi  u?ic  chose  agreablc,  belle  aux 
yeux  de  Dieu  et  des  hommes.  Vulg.,  elle  te 
se/nblera  belle,  si  tu  la  gardes,  etc. 

20.  Plusieurs  fois,  litt.  trois  foisj  d'autres, 
deja^  auparavant.  Le  qeri  parait  donner  la 
vraie  legon,  schaliscJiim,  que  Delitzsch  in- 
terprete  setitcnccs  priucicres,  nous  dirions 
inagistrales,  d'oii  la  tradudlion  :  J'ai  mis 
deja  pour  toi  par  ecrit  de  graves  sentences^ 
enfermant  des  conseils  et  des  cnseigneinents. 

21.  A  ceux  qui  t'envoienl  ou  font  envoy c 
a  I'ecole  de  la  sagesse. 

22.  Le  pauvre,  le  petit,  le  faible.  —  A  la 
parte  :  c'est  la  qu'on  rendait  la  justice. 

26.  Comp.  vi,  i;  xi,  15;  xvii,  iS. 

27.  Ton  lit  J  Vulg.,  la  couverttere.de  ton 
lit :  le  creancier  pouvait  saisir  la  couver- 


ture,  mais  il  devait  la  rapporter  avant  la 
nuit  au  debiteur  indigent  {Exod.  xxii,  27; 
Deut.  xxiv,  12  sv.). 

28.  Comp.  XV,  25;  Dcut.  xix,  14. 

29.  Sa  place,  etc.  :  il  pourra  remplir  les 
charges  du  gouvernement. 

CHAP.  XXIII. 

1.  Ce  verset  se  rattache  au  precedent  : 
c'est  un  conseil  donne  k  I'homme  habile  dont 
on  vient  de  parler.  —  A  ce  qui  est  dcvatit  toi, 
aux  mets,  pour  ne  pas  ceder  a  la  friandise 
ou  k  la  gourmandise;  ou  bien  :  a  cclui  qui  est 
dcvant  toij  songe  que  tu  n'es  pas  son  egal ! 

2.  Si  tu  as  trop  d'aviditc,  litt.  si  toutefois 
tu  es  U7i  possesseur  d\ippetit  ou  de  convoitisc 
(hebr.  nepIicscJi);  Vulg.,  si  toutefois  tu  es  ca- 
pable de  te  posseder  toi-nieinc,  ce  qui  s'ac- 
corde  mal  avec  le  contexte. 

3.  Oest  ttn  aliment  trompeur,  une  douceur 
d'un  moment  qui  sera  suivie  d'amertume, 
soit  que  ce  grand  a.\t  un  but  tout  autre  que 
celui  qu'il  parait  avoir,  soit  que  par  caprice 
il  change  de  dispositions  a  ton  egard. 


352 


LIVRE  J)ES  PRUVERBES.     Chap.  XXIII,  5—29. 


5  Veiix-tu  poursuivre  du  regard  ce  qui  va  s'evanouir! 
Car  la  richesse  se  fait  des  ailes, 

Et  comme  I'aigle  elle  s'envole  vers  les  cieux. 

6  Ne  mange  pas  le  pain  de  Thomme  envieux, 

Et  ne  convoite  pas  ses  friandises; 

7  Car  il  ne  vaut  pas  plus  que  les  pensees  de  son  ame. 
"  Mange  et  bois,  "  te  dira-t-il, 

Mais  son  cocur  n'est  pas  avec  loi. 

8  Tu  vomiras  le  morceau  que  tu  as  mange, 
Et  tu  en  seras  pour  tes  belles  paroles. 

9  Ne  parle  pas  aux  oreilles  de  I'insense', 
Car  il  meprisera  la  sagesse  de  tes  discours. 

10  Ne  deplace  pas  la  borne  antique, 

Et  n'entre  pas  dans  le  champ  des  orphelins. 

11  Car  leur  vengeur  est  puissant  : 
II  ddfendra  leur  cause  contre  toi. 

12  Applique  ton  coeur  a  I'instruiflion 

Et  tes  oreilles  aux  paroles  de  la  science. 

13  N'epargne  pas  la  corre6lion  a  I'enfant; 

Si  tu  le  frappes  de  la  verge,  il  ne  mourra  point. 

14  Tu  le  frappes  de  la  verge, 

Et  tu  delivres  son  ame  du  sejour  des  morts. 

15  Mon  fils,  si  ton  coeur  est  sage, 

Mon  ccEur,  a  moi  aussi,  sera  dans  la  joie. 

16  Mes  entrailles  tressailleront  d'all^gresse, 
Ouand  tes  Icvres  diront  ce  qui  est  droit. 

17  Que  ton  cccur  n'envie  pas  les  pecheurs, 

Mais  qu'il  reste  toujours  dans  la  crainte  de  Jehovah; 

18  Car  il  y  a  un.  avenir, 

Et  ton  esperance  ne  sera  pas  aneantie. 

19  Ecoute,  mon  fils,  et  sois  sage; 
Dirige  ton  coeur  dans  la  voie  droite. 

20  Ne  sois  pas  parmi  les  buveurs  de  vin, 
Parmi  ceux  qui  se  gorgent  de  viandes; 

21  Car  le  buveur  et  le  gourmand  s'appauvrissent, 
Et  la  somnolence  fait  porter  des  haillons. 

22  Ecoute  ton  pere,  lui  qui  t'a  engendre, 

Et  ne  nieprise  pas  ta  mere,  quand  elle  est  devenue  vieille. 

23  Acquiers  la  verite,  et  ne  la  vends  pas. 
La  sagesse,  I'instruclion  et  I'intelligence. 

24  Le  pere  du  juste  est  dans  I'allegresse, 

Celui  qui  donne  le  jour  a  un  sage  en  aura  de  la  joie. 

25  Que  ton  pere  et  ta  mere  se  rdjouissent ! 

Que  celle  qui  t'a  enfante  soil  dans  I'allegresse ! 

26  Mon  fils,  donne-moi  ton  coeur, 

Et  que  tes  yeux  gardent  mes  voies. 

27  Car  la  courtisane  est  une  fosse  profonde, 
Et  I'etrangere  un  puits  ^troit. 

28  Elle  dresse  des  embuches  comme  pour  une  proie 

Et  elle  augmente  parmi  les  hommes  le  nombre  des  prevaricateurs. 

29  Pour  qui  les  ah.'' pour  qui  les  helas? 

Pour  qui  les  disputes?  pour  qui  les  murmures? 

Pour  qui  les  blessures  sans  raison?  pour  qui  les  yeux  rouges? 


LIBER  PR.OVERBIORUM.     Cap.  XXIII,  5—27. 


353 


prudently  tuse  pone  modum.  5,  Ne 
erigas  oculos  tuos  ad  opes,  quas  non 
potes  habere  :  quia  facient  sibi  pen- 
nas  quasi  aquilas,  et  volabunt  in 
coelum. 

6.  Ne  comedas  cum  homine  in- 
vido,  et  ne  desideres  cibos  ejus  : 
7.  quoniam  in  similitudinem  arioli, 
etconjectoris,asstimat  quod  ignorat. 
Comede  et  bibe,  dicet  tibi  ret  mens 
ejus  non  est  tecum.  8.  Cibos,  quos 
comederas,  evomes  :  et  pedes  pul- 
chros  sermones  tuos. 

9.  In  auribus  insipientium  ne  lo- 
quaris  :  quia  despicient  doctrinam 
eloquii  tui. 

10.  Ne  attingas  parvulorum  ter- 
minos  :  et  agrum  pupillorum  ne 
introeas  :  1 1.  propinquus  enim  illo- 
rum  fortis  est  :  et  ipse  judicabit 
contra  te  causam  illorum. 

12.  Ingrediatur  ad  doctrinam  cor 
tuum :  et  aures  t  uae  ad  verba  scientias. 
^rai3,  13.  "Noli  subtrahere  a  puero  di- 
Ecch.  sciplinam  :  si  enim  percusseris  eum 
virga,  non  morietur.  14.  Tu  virga 
percuties  eum  :  et  animam  ejus  de 
inferno  liberabis. 

15.  Fili  mi,  si  sapiens  fuerit  ani- 


mus tuuSjgaudebit  tecum  cor  meum : 
16.  et  exsultabunt  renes  mei,  cum 
locuta  fuerint  rectum  labia  tua. 

ly.^Non  asmuletur  cor  tuum  pec-    *infr.  24,  i. 
catores  :  sed  in  timore  Domini  esto 
tota  die  :  18.  quia  habebis  spem  in 
novissimo,  et  prasstolatio  tua  non 
auferetur. 

1 9.  Audi  fili  mi,  et  esto  sapiens  : 
et   dirige    in    via    animum    tuum. 

20.  Noli  esse  in  conviviis  potato- 
rum, nee  in  comessationibus  eorum, 
qui  carnes  ad  vescendum  conferunt: 

21.  quia  vacantes  potibus,  et  dantes 
symbola  consumentur,  et  vestietur 
pannis  dormitatio. 

22.  Audi  patrem  tuum,  qui  ge- 
nuit  te  :  et  ne  contemnas  cum  se- 
nuerit  mater  tua.  23.  Veritatem 
eme,  et  noli  vendere  sapientiam,  et 
doctrinam,et  intelligentiam.  24.  Ex- 
sultat  gaudio  pater  justi  :  qui  sa- 
pientem  genuit,  laetabitur  in  eo. 
25.  Gaudeat  pater  tuus,  et  mater 
tua,  et  exsultet  quae  genuit  te. 

26.  Prasbe  fili  mi  cor  tuum  mihi  : 
et  oculi  tui  vias  meas  custodiant. 
27.  Fovea  enim  profunda  est  me- 
retrix  :  et  puteus  angustus,  aliena. 


5.  Ce  qui  va  s''evanoiiir^  des  biens  fugi- 
tifs  qui  s'evanouissent  bientot. 

7.  II  est,  en  reality,  non  tel  que  leferaient 
croire  ses  feintes  amabilites,  mais  tel  que 
sont  les  sentiments  de  son  cueur. 

8.  Tu  vomiras  :  pris  de  ddgout  pour  des 
aliments  sordidement  prepares  par  un 
hommeque  tu  reconnaitras  pour  un  envieux 
et  un  rapace,  tu  les  vomiras.  —  Tes  belles 
paroles,  les  discours  aimables  et  flatteurs 
que  tu  lui  auras  adresses. 

10.  Comp.  xxii,  28.  Les  homes  antiques; 
Vulg.,  les  homes  des  pctits,  des  faibles.  — 
N''entre  pas,  dans  le  sens  de  empidter, 

11.  Leur  vengeur,  Dieu.  Vulg.,  leur  pro- 
chc  :  c'etait  le  plus  proche  parent  du  Idse 
qui  devait  revendiquer  ses  droits  ou  le  ven- 
ger  {Nombr.  xxxv,  12, 19,  21). 

13.  //  ne  tnourra  point :  ce  remede,  loin 
de  le  faire  mourir,  lui  sera  salutaire.  Comp. 
iii,  17;  xix,  18;  xxii,  15. 

14.  Tu  dclivres  son  dme,  tu  le  preserves 
de  la  mort  prematuree  qui  frappe  souvent 
le  pecheur  endurci. 

16.  Mes  entniilles,  litt.  nies  reins,  le  siege 
des  affeflions  dans  la  psychologie  des  He- 
breux. 


20.  Qui  se gorgent  de  viandesj  Vulg.,  qui 
mettent  en  commun  les  viandes  dont  ils  se 
nourrissent  :  il  en  etait  ainsi  dans  les  agapes 
des  premiers  tideles  (I  Cor.  xi,  21). 

21.  Le  gourinandj  Vulg.,  ceux  qui  font 
des  repas  coinniuns,  oil  chacun  apporte  son 
mets.  —  La  somnolence,  suite  naturelle  de 
ces  festins. 

23.  La  verite  en  general;  les  elements  qui 
la  constituent  la  sagesse,  VinstruHion,  etc. 
—  Ne  la  vettds  pas,  ne  la  sacrifie  pas  a  des 
interets  d'ordre  inferieur. 

26.  Mo7i  fils  :  c'est  la  sagesse  personni- 
fiee  qui  parle.  —  Tott  co^ur,  ici,  toute  ton 
ame.  —  Gardent  fnes  voies;  les  LXX  et  la 
Vulg.  suivent  le  qeri  :  observe/it  mes  voies. 

27.  Un  puits  dont  I'ouverture  est  si  etroite 
qu'une  pierre  suffit  a  la  fermer;  celui  qui  y 
est  tombe  ne  peut  plus  en  sortir  :  image  de 
la  volupte. 

28.  Des prevaricateitrs,  par  ex.  des  epoux 
infideles,  des  jeunes  gens  et  des  serviteurs 
qui  trompent  la  confiance  de  leurs  parents 
ou  de  leurs  maitres. 

29  Pour  qui  les  he  las j  Vulg.,  pour  le 
pere  de  qui  les  helas.  —  Les  yeux  rouges, 
litt.  Vobscurcissement  des  yeux. 


NO  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.   —  2J 


354     LIVRE  DES  PRO\'ERBES.     Chap.  XXIII,  30— 35 ;  XXIV,  1  —  16. 


30  Pour  ceux  qui  s'attardent  auprcs  du  vin, 
Pour  ceux  qui  vont  boire  du  vin  aromatise. 

31  Ne  regarde  pas  le  vin  :  comme  il  brille, 
Comme  il  fait  des  perles  dans  la  coupe, 
Comme  il  coule  aisement. 

32  II  finit  par  mordre  comme  un  serpent, 
Et  par  piquer  comme  un  basilic. 

7i}  Tes  yeux  se  porteront  sur  des  etrangcres, 
Et  ton  cceur  tiendra  des  discours  pervers. 
Tu  seras  comme  un  homme  couche  au  milieu  de  1 
Comme  un  homme  endormi  au  sommet  d'un  mat, 
"  On  m'a  frapp^...  Je  n'ai  point  de  mal ! 
On  m'a  battu...  Je  ne  sens  rien  1... 
Quand  me  reveillerai-je?...  11  men  faut  encore! 


34 


35 


a  mer, 


CHAP.   XXIV,  I  —  22. 


P'uir  les  mechants  et  les  insenses. 


Chap. 
XXIV. 


'E  porte  pas  envie  aux  hommes  mechants 
Et  ne  desire  pas  d'etre  avec  eux. 
2  Car  leur  coeur  medite  la  violence 
Et  leurs  levres  ne  proferent  que  le  malheur. 

3  C'est  par  ia  sagesse  qu'une  maison  s'eleve, 
Et  par  I'intelligence  qu'elle  s'affermit. 

4  C'est  par  I'intelligence  que  I'interieur  se  remplit 
De  tous  les  biens  precieux  et  agreables. 

5  Un  homme  sage  est  plein  de  force, 

Et  celui  qui  a  de  la  science  montre  une  grande  puissance. 

6  Car  avec  la  prudence  tu  conduiras  heureusement  la  guerre, 
Et  le  salut  est  dans  le  grand  nombre  de  conseillers. 

7  La  sagesse  est  ^rop  haute  pour  Finsense; 

II  n'ouvre  pas  la  bouche  a  la  porte  c/e  la  ville. 

8  Celui  qui  pense  a  faire  le  mal 
S'appelle  un  artisan  d'intrigues. 

9  Le  dessein  de  I'insense,  c'est  le  peche, 

Et  le  medisant  est  en  abomination  parmi  les  hommes. 

10  Si  tu  te  montres  faible  au  jour  de  la  detresse, 
Ta  force  n'est  que  faiblesse. 

11  Delivre  ceux  qu'on  traine  k  la  mort; 
Ceux  qu'on  va  egorger,  sauve-les  I 

12  Si  tu  dis  :  "  Nous  ne  le  savions  pas," 
Celui  qui  pcse  les  coeurs  ne  le  voit-il  pas? 
Celui  qui  veiile  sur  ton  ame  ne  le  connait-il  pas, 
Et  ne  rendra-t-il  pas  a  chacun  selon  ses  ccuvres.^ 

13  Mon  his,  mange  du  miel,  car  il  est  bon; 
Un  rayon  de  miel  est  doux  a  ton  palais; 

14  Sache  que  la  sagesse  est  la  mcme  chose  pour  ton  ame; 
Si  tu  I'acquiers,  il  est  un  avenir, 

Et  ton  esperance  ne  sera  pas  frustrce. 

15  Ne  tends  pas,  6  mechant,  des  embuches  a  la  demeure  du  juste, 
Et  ne  devaste  pas  le  lieu  ou  il  repose; 

16  Car  sept  fois  le  juste  tombe,  et  il  se  releve, 

Mais  les  mechants  sont  precipit^s  dans  le  malheur. 


30.   Du   vin   aroinatisc,   litt.    iiieseq^   vin 
mele  de  substances  aromatiques.  V^ulgale, 


pour  ceux  qui  s'cinpresscntd  vider  les  coupes. 
31.  II  fait  ties  pcrlcs,  ou  ties  yeu.xj  \h\\g.. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXIII,  28—35;  XXIV,  i— 16.     355 


28.  Insidiatur  in  via  quasi  latro,  et 
quos  incautos  viderit,  interficiet. 

29.  Cui  vae?  cujus  patri  vas?  cui 
rixae?  cui  foveae?  cui  sine  causa 
vulnera?  cui  suffusio  oculorum? 
30.  Nonne  his,  qui  commorantur 
in  vino,  et  student  calicibus  epotan- 
dis?  31.  Ne  intuearis  vinum  quando 
flavescit,  cum  splenduerit  in  vitro 
color  ejus:  ingreditur  blande,32,  sed 
in  novissimo  mordebit  ut  coluber, 
et  sicut  regulus  venena  difFundet. 
23.  Oculi  tui  videbunt  extraneas,  et 
cor  tuum  loquetur  perversa.  34.  Et 
eris  sicut  dormiens  in  medio  mari, 
et  quasi  sopitus  gubernator,  amisso 
clavo  :  3^.  et  dices  :  Verberaverunt 
me,  sed  non  dolui :  traxerunt  me,  et 
ego  non  sensi  :  quando  evigilabo,  et 
rursus  vina  reperiam? 

— :;:—      CAPUT  XXIV.      — =>— 

/Emulatio  malorum  :  sapientia  et  eruditio; 
cogitatio  stulti  :  eruendi  oppress!  :  do- 
(iflrina  ut  melle  utendum  :  non  insidian- 
dum  juste;  casus  inimici  :  detraftores  : 
juste  judicandum  :  nullus  verbis  la(5lan- 
dus,  nee  malum  malo  reddendum  :  ager 
pigri  :  dormitanti  pigro  venit  egestas. 


E  aemuleris  viros  malos, 
"nee  desideres  esse  cum 
eis  :  2.  quia  rapinas 
meditatur    mens    eorum. 


et  fraudes  labia  eorum  loquuntur. 

3.  Sapientia  asdificabitur  domus, 
et  prudentia  roborabitur.  4.  In  do- 
ctrina  replebuntur  cellaria,  universa 
substantia  pretiosa  et  pulcherrima. 

5.  Vir  sapiens,  fortis  est  :  et  vir 
doctus,  robustus  et  validus.  6.  Quia 
cum  dispositione  initur  bellum  :  et 
erit  salus  ubi  multa  consilia  sunt. 

7.  Excelsa  stulto  sapientia,  in 
porta  non  aperiet  os  suum. 

8.  Qui  cogitat  mala  facere,  stultus 
vocabitur. 

9.  Cogitatio  stulti  peccatum  est, 
et  abominatio  hominum  detractor. 

10.  Si  desperaveris  lassus  in  die 
angusti as  :imminuetur  fortitude  tua. 

ii.''Erue  eos,  qui  ducuntur  ad  ^'Pa.  si,  4. 
mortem  :  et  qui  trahuntur  ad  in- 
teritum  liberare  ne  cesses.  12.  Si 
dixeris  :  Vires  non  suppetunt  : 
qui  inspector  est  cordis,  ipse  in- 
telligit,  et  servatorem  animas  tuas 
nihil  fallit,  reddetque  homini  juxta 
opera  sua. 

13.  Comede,  fili  mi,  mel,  quia 
bonum  est,  et  favum  dulcissimum 
gutturi  tuo  :  14.  sic  et  doctrina  sa- 
piential animas  tuas  :  quam  cum  in - 
veneris,  habebis  in  novissimis  spem, 
et  spes  tua  non  peribit. 

15.  Ne  insidieris,  et  quasras  im- 
pietatem  in  domo  justi,  neque  va- 
stes  requiem  ejus.  16.  Septies  enim 


z7  resplendit.  —  //  coule  aisementj  ou  bien 
avec  la  Vulg.,  il  glisse  agreableinent  dans  le 
gosier. 

33.  Des  clrangeres,  des  courtisanes.  —  De- 
litzsch,  tesyeux  verront  des  choses  I'tranges. 

34.  Au  milieu  de  la  iner,  recouvert  et  bal- 
lotte  par  les  vagues,  —  Endormi,  incon- 
scient  du  danger,  aic  souinief  d'lin  mat,  sur 
une  vergue  qui  s'abaisse  et  se  releve  tour  k 
tour  :  image  de  I'homme  ivre. 

35.  Propos  incoherents  de  I'ivrogne. 

CHAP.  XXIV. 

2.  Ne  profcre/il  que  le  inalheur,  des  dis- 
cours  qui  tendent  au  malheur  du  prochain. 

5-6.  Sens  :  En  toutes  choses,  et  speciale- 
ment  a  la  guerre,  la  sagesse  assure  le  succes 
mieux  que  la  force  materielle.  —  Le  saluf, 
la  vicTloire.  Comp.  xi,  14;  xx,  18. 

7.  A  la  porte,  ou  se  tenaient  les  debats 
judiciaires. 


8.  Un  artisan  dHnttHgues;  Vulg.,  un  in- 
sense. 

9.  Le  dessein  :  toutes  les  pensees  de 
I'homme  denue  de  sagesse  tendent  au  pe- 
che ;  ou  bien  avec  Delitzsch  :  le  pcchc  est 
un  dessein  dUnsetise,  qui  porte  avec  lui  le 
caradlere  de  la  folie. 

10.  Aujour  de  la  dctresse,  alors  justement 
oil  tu  devais  montrer  ta  force  et  ton  energie. 

12.  Et  ne  rendra-t-il  pas;  ou  bien  :  oui, 
il  rendra,  etc. 

14.  Ufi  avenir  heureux,  recompense  du 
sage  (xxiii,  18  :  comp.  xix,  18). 

15.  (9  mechafit,  ou  bien  jne'chaminent.  La 
Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  }ie  cherc/ie 
point  Pimpictc  dans  la  maison  du  juste  .•  ne 
pille  pas  la  maison  du  juste,  sous  le  pretexte 
que  cette  maison  est  celle  d'un  impie,  digne 
de  chatiment. 

lb.  Le  juste  toinbe  dans  la  tribulation 
(S.  Augustin :  CQva^.Job,  v,  19;  Ps.  xxxiv,  19), 


356 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXIV,  17—34- 


17  Si  Ion  ennemi  tombe,  ne  te  rdjouis  pas, 

Et  que  ton  cujur  ne  triomphe  pas  de  sa  ruine, 

18  De  peur  que  Jehovah  ne  le  voie,  que  cela  ne  lui  deplaise, 
Et  qu'il  ne  detourne  de  hii  sa  colere. 

19  Ne  I'inite  pas  a  cause  des  mediants, 
Ne  porte  pas  envie  aux  peivers. 

20  Car  il  n'y  a  point  d'avenir  pour  celui  qui  fait  le  mal, 
Et  la  lampe  des  mediants  s'eteindra. 

21  Mon  fils,  Grains  Jehovah  et  le  roi; 

Ne  te  mele  pas  avec  les  homnies  remnants; 

22  Car  soudain  surgira  leur  nialheur, 

Et  qui  connait  la  ruine  des  uns  et  des  autres? 


Deuxieme  supplement  a   la   IP  partie. 


RELATIONS   SOCIALES.    PARESSE   [XXIV,  2^ 


;4]. 


Chap. 
XXIV.  =3 


E  qui  suit  vient  encore  des  sages  : 

II  n'est  pas  bon,  dans  les  jugements,  d'avoir  egard  aux  personnes. 
24  Celui  qui  dit  aux  mediants  :  Tu  es  juste, 
Les  peuples  le  maudissent,  les  nations  I'execrent. 

25  Mais  ceux  qui  le  corrigent  sont  applaudis, 
Sur  eux  viennent  la  benedi<flion  et  le  bonheur. 

26  II  baise  sur  les  levres 

Celui  qui  repond  des  paroles  justes. 

27  Soigne  tes  affaires  au  dehors, 
Soigne  ton  champ, 

Puis  tu  batiras  ta  maison. 

28  Ne  temoigne  pas  k  la  legere  centre  ton  prochain  : 
Voudrais-tu  troniper  par  tes  lcvres?| 

29  Ne  dis  pas  :  Je  lui  ferai  comme  il  m'a  fait; 
Je  rendrai  a  cet  liomme  selon  ses  auvres. 

30  J'ai  passe  prcs  du  champ  du  paresseux 
Et  prcs  de  la  vigne  de  I'insensc. 

31  Et  les  epines  y  croissaient  parlout, 
Les  ronces  en  couvraient  la  surface, 
Et  le  mur  de  pierres  dtait  ccroule. 

32  J'ai  regarde,  ^/j'ai  reflechi  en  moi-meme; 
J'ai  considdre  et  j'ai  tird  cette  le^on  : 

33  "  Un  peu  de  sommeil,  un  peu  d'assoupissement, 
Un  peu  croiser  les  mains  pour  dormir, 

34  Et  la  pauvrete  te  surprendra  comme  un  rodeur, 
Et  I'indigencc  comme  un  homme  arme.  '' 


V*^  V<tr  v*^  v*^ 

^/•^  ^r*  ^r^  ^j<^ 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXIV,   17—34. 


357 


cadet  Justus,  et  resurget  :  impii  au- 
tem  corruent  in  malum. 

17.  Cum  ceciderit  inimicus  tuus, 
ne  gaudeas,  et  in  ruina  ejus  ne  ex- 
sultet  cor  tuum  :  1 8.  ne  forte  videat 
Dominus,  et  displiceat  ei,  et  auferat 
ab  eo  iram  suam. 

1 9.  Ne  contendas  cum  pessimis, 
nee  asmuleris  impios  :  20.  quo- 
niam  non  habent  futurorum  spem 
mali,  et  lucerna  impiorum  exstin- 
guetur. 

21.  Time  Dominum,  fili  mi,  et 
regem  :  et  cum  detractoribus  non 
commiscearis  :  22.  quoniam  repente 
consurget  perditio  eorum  :  et  rui- 
nam  utriusque  quis  novit? 

23.  Hasc  quoque  sapientibus  : 
"Cognoscere  personam  in  judicio 
non  est  bonum.  24.  Qui  dicunt  im- 
pio  :  Justus  es  :  maledicent  eis  po- 
puli,  et  detestabuntur  eos  tribus. 
25.  Qui  arguunt  eum,  laudabuntur: 
et  super  ipsos  veniet  benedictio. 

26.  Labia  deosculabitur,  qui  recta 
verba  respondet. 


27.  Praspara  foris  opus  tuum,  et 
diligenter  exerce  agrum  tuum  :  ut 
postea  aedifices  domum  tuam. 

28.  Ne  sis  testis  frustra  contra 
proximum  tuum  :  nee  lactes  quem- 
quam  labiis  tuis. 

29.  ''Ne  dicas  :  Quomodo  fecit 
mi  hi,  sic  faciam  ei :  reddam  unicui- 
que  secundum  opus  suum. 

30.  Per  agrum.  hominis  pigri 
transivi,  et  per  vineam  viri  stulti  : 
31.  et  ecce  totum  repleverant  urti- 
cae,  et  operuerant  superficiem  ejus 
spinae,  et  maceria  lapidum  destru- 
eta  erat.  32.  Quod  cum  vidissem, 
posui  in  corde  meo,  et  exemplo  di- 
dici  disciplinam.  23,-  'Parum,  in- 
quam,  dormies,  modicum  dormita- 
bis,  pauxillum  manus  conseres,  ut 
quiescas  :  34.  et  veniet  tibi  quasi 
cursor  egestas,  et  mendicitas  quasi 
vir  armatus. 


.1. 

—  •  — 


''Supra  20k 
22. 


^  Supra  6, 


mais  Dieu  Ten  retire  toujours,  tandis  que  le 
mechant  est  precipite  dans  une  ruine  irre- 
mediable. Ouelques  manuscrits  de  la  Vulg. 
lisent,  septies  eni/n  in  die  cadit :  k  tort.  Les 
auteurs  mystiques,  a  la  suite  de  quelques 
Peres,  appliquent  ce  texte  aux  fautes  ve- 
nielles  que  commet  le  juste. 

18.  Qii'il  »e  detoio'iie  de  liii  sa  colere,  pour 
la  reporter  sur  toi. 

19.  Comp.  Ps.  xxxvii,  i. 

20.  Uavenir  :  voy.  vers.  14  et  xxxiii,  18. 
—  La  lampe  :  voy.  xii,  9;  xx,  20;  xxi,  4, 
Comp.  /ofi,  xviii.  5. 

21.  Remnants ,  litt.  dissidents.,  rebelles  k 
Dieu  et  au  roi.  C'est  peut-etre  le  sens  qu'il 
faut  donner  a  detreflatoribus  dans  la  Vulg. 

22.  Su>\s;ira,  comme  une  puissance  enne- 
mie.  —  Qui  con7taif.,  qui  sait  avec  quelle 
soudainete  viendra  la  ruine  des  luis  et  des 


autres.,  de  ceux  qui  se  rdvoltent  contre  Dieu 
et  de  ceux  qui  se  rdvoltent  contre  le  roi. 
D'autres  :  qui connatt  le  chdtifnent  des  deux, 
dont  I'un  et  I'autre,  Dieu  et  le  roi,  les  frap- 
peront?  Ou  bien  avec  le  Syriaque  suivi  par 
Delitzsch  :  qui  connait  la  fin.,  I'evanouisse- 
ment  de  leurs  anne'es,  combien  d'annees  il 
leur  reste  k  vivre? 

26.  Une  reponse  juste  est  aussi  agr^able 
qu'un  baiser  sur  les  levres. 

27.  Ta  inaison,  dans  le  sens  A&  famille. 
Chez  les  Hebreux,  I'epoux  seul  apportait 
une  dot ;  il  devait  done,  avant  de  songer  a 
fonder  une  famille,  poss^der  qu^lque  bien, 
et  avoir  mis  ses  affaires  en  ^tat. 

31.  Le  inur  de  pierj'e  qui  I'entourait  pour 
le  proteger  contre  les  pillards  et  les  animaux 
sauvages.  Comp.  Is.  v,  2-6. 

34.  Comp.  vi,  10  sv. 


^^^M^^%^ 


N°  23.  —  !-A  I5AINTE  BIRI  E    TOME  IV.  —  23' 


358 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXV,  i  — 16. 


TROISIEME    PARTIE. 


La  vraie  sagesse  souverain  bien  des  rois 
et  des  sujets  [Ch.  XXV— XXIX]. 


CHAP,  XXV.  —  Exhortation  a  la  crainte  de  Dieu  et  a  la  justice. 

'  Voici  encore  des  Proverbes  de  Salomon,  recueillis  par  les  gens  d'Ezechias,  roi 
de  Juda. 

Ch.XXV.  ||g8»y^  A  gloire  de  Dieu,  c'est  de  cacher  les  choses, 

La  gloire  des  rois,  c'est  de  les  examiner. 
3  Le  ciel  dans  sa  hauteur,  la  terre  dans  sa  profondeur, 
Et  le  cceur  des  rois  sont  impenetrables, 

4  Ote  les  scories  de  I'argent, 
Et  il  en  sortira  un  vase  pour  le  fondeur. 

5  Ote  le  mechant  de  devant  le  roi, 
Et  son  tione  s'affermira  dans  la  justice. 

6  Ne  prends  pas  des  airs  superbes  devant  le  roi, 
Et  ne  te  mets  pas  h  la  place  des  grands; 

7  Car  il  vaut  mieux  qu'on  te  dise  :  Monte  ici, 
Que  si  Ton  t'humilie  devant  le  prince  que  tes  yeux  ont  vu. 

S  Ne  sois  pas  prompt  k  contester, 

De  peur  qu'k  la  fin  tu  ne  saclies  que  faire. 
9  Lorsque  ton  prochain  t'aura  outrage, 

Defends  ta  cause  contre  ton  prochain, 

10  Mais  ne  revele  pas  le  secret  d'un  autre, 
De  peur  qu'en  I'apprenant  on  ne  te  couvre  de  honte, 
Et  que  ton  ignominie  ne  s'efiface  pas. 

1 1  Comme  des  pommes  d'or  sur  des  ciselures  d'argent, 
Ainsi  est  une  parole  dite  a  propos. 

12  Comme  un  anneau  d'or  et  un  ornement  d'or  fin, 
Ainsi  est  le  sage  qui  reprend  une  oreille  docile. 

13  Comme  la  fraicheur  de  la  neige  au  temps  de  la  moisson, 
Ainsi  est  le  messager  fiddle  pour  ceux  qui  I'envoient, 
II  rejouit  I'ame  de  son  maitre. 

14  Des  nuages  et  du  vent  sans  pluie, 
Tel  est  I'homme  qui  se  glorifie  de  presents  raensongers. 

15  Par  la  patience  le  juge  se  laisse  flechir, 
Et  une  langue  douce  peut  briser  des  os. 

16  Si  tu  trouves  du  miel,  n'en  mange  que  ce  qui  te  suffit, 
De  peur  que  rassasie  tu  ne  le  vomisses. 


CHAP.  XXV. 

I.  ReciteilUs,  rassembl^s  de  divers  Merits  ou  ces  proverbes  etaient  dissemines,  peut-cire 
aussi  de  la  tradition  orale. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXV,  i— 16. 


359 


— :!:—       CAPUT  XXV.      — :>— 

r.loria  Dei  et  regiim  :  cor  regis  :  rubigo  quoc 
el  impietas  est  :  nc  te  exaltes  :  ne  detra- 
has;  secreta  tua  serva  :  mala  aurea,  et 
inauris  aurea  :  frigus  in  messe  ;  nubes 
sine  pluvia  :  lingua  mollis  :  mel  inventum  : 
sagitta  acuta  :  dens  putridus  :  acetum  : 
tinea  :  benefac  inimico  :  angulus  doma- 
tis  :  aqua  frigida  :  fons  turbatus  :  multum 
mellis  comestum  :  urbs  absque  muro. 

7E  quoque  parabolae  Salo- 
monis,  quas  transtulerunt 
viri   Ezechias  regis  Juda. 

2.   Gloria  Dei  est  celare 

verbum,  et  gloria  regum  investigare 
sermonem.3.Ccelumsursum,et  terra 
deorsum,et  cor  regum  inscrutabile. 

4,  Aufer  rubiginem  de  argento, 
etegredietur  vaspurissimum:  5. au- 
fer impietatem  de  vultu  regis,  et  fir- 
mabitur  justitia  thronus  ejus. 

6.  Ne  gloriosus  appareas  coram 
rege,  et  in  loco  magnorum  ne  stete- 
ris.  7.  Melius  est  enim  ut  dicatur 
tibi :  "Ascende  huc;quam  ut  humi- 
lieris  coram  principe. 


8.  Quae  viderunt  oculi  tui,  ne  pro- 
feras  in  jurgio  cito  :  ne  postea  emen- 
dare  non  possis,  cum  dehonestave- 
ris  amicum  tuum.  9,  Causam  tuam 
tracta  cum  amico  tuo,  et  secretum 
extraneo  ne  reveles  :  10.  ne  forte 
insultet  tibi  cum  audierit,et  expro- 
brare  non  cesset.  Gratia  et  amicitia 
liberant  :  quas  tibi  serva,  ne  expro- 
brabilis  fias. 

1 1 .  Mala  aurea  in  lectis  argenteis, 
qui  loquitur  verbum  in  tempore 
suo. 

12.  Inauris  aurea,  et  margaritum 
fulgens,  qui  arguit  sapientem,  et  au- 
rem  obedientem. 

13.  Sicut  frigus  nivis  in  die  mes- 
sis,  ita  legatus  fidelis  ei,  qui  misit 
eum,  animam  ipsius  requiescere 
facit. 

14.  Nubes,  et  ventus,  et  pluviae 
non  sequentes,  vir  gloriosus,  et  pro- 
missa  non  complens. 

1 5.  Patientia  lenietur  princeps,''et 
lingua  mollis  confringet  duritiam. 

16.  Mel  invenisti,  comede  quod 
sufficit  tibi,  ne  forte  satiatus  evomas 


'Supra  15, 


2.  Les  reuvres  de  Dieu  renferment  des 
mysteres  et  des  secrets  que  I'homme  ne 
pourra  jamais  penetrer,  et  cela  montre  sa 
science  et  sa  puissance  infmie.  —  Un  roi 
doit  examiner  a  fond  les  choses,  demeler  et 
mettre  en  lumiere  ce  qui  est  juste  ou  injuste. 
utile  ou  nuisible. 

4.  Les  scenes  melees  a  I'argent  quand  on 
le  tire  du  sein  de  la  terie.  — Le  fondeu}\, 
I'artisan  en  general. 

7.  Devani  le  pi'i'iice  que  les  yeux  out  7't/, 
et  devant  lequel  tu  faisais  le  fier  :  il  sera 
temoin  de  ton  humiliation.  La  \"ulg.  relie 
ces  derniers  mots  au  vers,  suivant. 

8.  \'ulg.  :  ce  qu'ont  vu  tes  yeux,  ne  le  re- 
vele  pas  precipitamment  dans  une  discus- 
sion, de  peur  qu'ensuite  tu  ne  trouves  plus 
de  remede  au  deshonneur  que  tu  auras  in- 
tlige  a  ton  ami. 

9.  Si  le  proces  est  inevitable,  defends  ia 
cause,  mais  par  des  moyens  honnetes,  sans 
reveler,  pnr  exemple,  le  secret  d'un  tiers  c|ui 
I'aurait  ete  confie  ou  que  tu  aurais  decou- 
vert.  ^'ulg.,  nc  revcle  fornt  le  secret  a  lai 
ctrauge)-. 

10.  De  peur  que  celui  qui  apprendra  cette 
trahison  du  secret,  soit  le  tiers,  soit  tout 
autre,  etc. 

La  Vulg.   ajoute   d'apres   les   LXX   :  la 


honte  et  Vaimtic  donnent  la  libei'tc  d'dnie, 
au  contraire  de  la  haine  et  de  la  vengeance 
qui  rendent  Va.\nt  CR\i\.\\e;garde-les,  de  peur 
d\^ire  en  butte  au  niepris. 

11.  Des poinmes  d^or,  ornaments  en  forme 
de  boule.  La  Vulg.  parait  signifier  :  conimc 
des  pouunes  d'or,  des  fruits  dores  par  le  so- 
leil,  peut-etre  des  oranges,  dans  des  corbeil- 
les  d' argent. 

12.  Un  anneau  dh''r,  un  pendant  d'oreille, 
et  un  ornefnent  d' or  fin,  peut-etre  suspendu 
a  I'anneau,  forment  un  ensemble  agreable  : 
ainsi  le  sage  et  celui  qui  I'ecoute  d'une 
oreille  attentive.  Dans  le  langage  figure  des 
Arabes,  faire  entendre  de  sages  discours, 
c'est  "  orner  les  oreilles  de  pendants  et  de 
perles.  " 

13.  La  fraic/ieur  de  la  nelge,  non  pas  de 
celle  qui  tomberait  au  temps  de  la  moisson  : 
cela  n'arrive  jamais;  mais  de  celle  qui  cou- 
ronne  perpetuellementles  sommets  du  Liban 
et  de  I'Hermon. 

14.  En  Orient,  la  nuee  qui  passe  sans  don- 
ner  la  pluie  desiree  cause  une  cruelle  decep- 
tion. —  Presents  viensongcrs,  promis,  mais 
non  donnes,  comme  I'explique  la  Vulgate. 

15.  Par  la  patience  :  com  p.  Luc.  xviii, 
4  sv.  —  Briser  des  os,  surmonter  les  plus 
opiniatres  resistances. 


Chap. 
XXVI. 


360      LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXV,  17— 28;  XXVI,  i— 6. 

17  Mets  rarement  le  pied  dans  la  maison  de  ton  prochain, 
De  peur  que  fatigue  de  toi  il  ne  te  hai'sse. 

18  Una  massue,  une  epee  et  una  fleche  aigue, 

Tel  est  rhomma  qui  porta  un  faux  temoignage  contra  son  prochain. 

19  Une  dent  cassee  et  un  pied  foule, 

Cast  la  confiance  qu'inspira  un  perfide  au  jour  du  nialheur. 

20  Oter  son  nianteau  un  jour  da  froid, 
Repandra  du  vinaigre  sur  du  nitre, 

Ainsi  fait  celui  qui  dit  des  chansons  a  un  cceur  afflige. 

21  Si  ton  ennemi  a  faim,  donne-lui  du  pain  k  manger; 
S'il  a  soif,  donne  lui  de  I'eau  a  boire. 

22  Car  tu  amasses  ainsi  des  charbons  sur  sa  tete, 
Et  Jehovah  te  recompensera. 

23  Le  vent  du  nord  enfante  la  pluie, 

Et  la  langue  mysterieuse  un  visage  attriste. 

24  Mieux  vaut  habiter  k  I'angle  d'un  toit, 
Que  de  rester  avec  une  femme  querelleuse. 

25  De  I'eau  fraiche  pour  une  personne  alteree. 

Telle  est  une  bonne  nouvelle  venant  d'une  terra  lointaina. 

26  Une  foBtaine  troublee  et  une  source  corrompue, 
Tel  est  le  juste  qui  tombe  devant  la  mdchant. 

27  II  n'est  pas  bon  de  manger  beaucoup  de  miel; 

Ainsi  celui  qui  veut  sonder  la  majeste  divine  sera  accable  par  sa  gloire. 

28  Une  ville  forcea,  qui  n'a  plus  de  murailles, 
Tel  est  I'homme  qui  ne  peut  se  contenir. 

CHAP,  XXVI.  ■ —  Recommandations  diverses. 

OMME  la  neige  en  ete,  et  la  pluie  pendant  la  moisson, 
Ainsi  la  gloire  ne  convient  pas  a  un  insense. 

2  Comme  le  passereau  qui  s'echappe,  comme  Thirondelle  qui  s'envole, 
Ainsi  la  malcdicflion  sans  cause  n'atteint  pas. 

3  Le  fouet  est  pour  le  cheval,  le  mors  pour  Fane, 
Et  la  verge  pour  le  dos  des  insenses. 

4  Ne  reponds  pas  h.  I'insense  salon  sa  folic, 
De  peur  de  lui  ressembler  toi-meme. 

5  Reponds  a  I'insense  selon  sa  folic, 
Da  peur  qu'il  ne  se  regarde  comme  saga. 

6  11  se  coupe  les  pieds,  il  boit  I'iniquite, 
Celui  qui  donne  des  messages  a  un  insense. 


18.  Une  massue;  Vulg  ,.««  trait.  Sens  : 
le  faux  temoignage  fait  des  blessures  aussi 
cruelles  qu'une  arme  de  guerre. 

20.  Nitre.,  probablement  notre  potasse  : 
melang^e  k  un  acide,  elle  se  dissoutet  pard 
toutes  ses  proprietes  utiles. 

La  Vulg.  rattache  le  i^""  membre  au  ver- 
set  precedent.  Elle  ajoute,  en  I'empruntant 
aux  LXX  :  comma  la  teigne  nuit  aux  vcte- 


ments  et  le  vers  au  bois,  ainsi  la  tristesse 
nuit  au  cceur  de  rhomme. 

22.  Tu  amasses  des  charbons  sur  sa  tete 
(comp.  Rovt.  xii,  20),  ca  qua  S.  Francois 
de  Sales  explique  trcs  bien  d'apres  S.  Au- 
gustin  ;  "  Rendez  k  votre  ennemi  la  bien 
pour  Ic  mal,  jetez  sur  sa  tete  et  sur  son  cceur 
un  brasier  ardent  dc  temoignage  de  charity 
qui  le  brule  (c.-a-d.  qui  Ic  fasse  rougir  de  sa 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXV,  17—28;  XXVI,  1—6.       361 


illud.  17.  Subtrahe  pedem  tuum  de 
domo  proximi  tui,  nequando  satla- 
tus  oderit  te, 

18.  Jaculum,  et  gladius,  et  sagitta 
acuta,  homo  qui  loquitur  contra 
proximum  suum  falsum  testimo- 
nium, 

19.  Dens  putridus,  et  pes  lassus, 
qui  sperat  super  infideli  in  die  an- 
gustiae, 

20.  Et  amittit  pallium  in  die  fri- 
goris.  Acetum  in  nitro,  qui  cantat 
carmina  cordi  pessimo.  Sicut  tinea 
vestimento,  et  vermis  ligno  :  ita 
tristitia  viri  nocet  cordi. 

om.  12,  21.  'Si  esurierit  inimicus  tuus, 
ciba  ilium  :  si  sitierit,  da  ei  aquam 
bibere  :  22.  prunas  enim  congrega- 
bis  super  caput  ejus,  et  Dominus 
reddet  tibi. 

23.  Ventus  aquilo  dissipat  plu- 
vias,  et  facies  tristis  linguam  detra- 
hentem. 

ipra2i,  24.  '^Melius  est  sedere  in  angulo 
domatis,  quam  cum  muliere  liti- 
giosa,  et  in  domo  communi. 

25.  Aqua  frigida  animae  sitienti, 
et  nuntius  bonus  de  terra  longinqua. 

26.  Fons  turbatus  pede,  et  vena 
corrupta,  Justus  cadens  coram  im- 
pio. 

27.  Sicut  qui  mel  multum  com- 
^ccii.  3,    edit,  non  est  ei   bonum  :  'sic  qui 


scrutator  est  majestatis,  opprimetur 
a  gloria. 

28.  Sicut  urbs  patens  et  absque 
murorum  ambitu,  ita  vir,  qui  non 
potest  in  loquendo  cohibere  spiri- 
tum  suum. 

— :i:—       CAPUT  XXVI.      — :i-- 

Gloria  in  stulto  :  avis  volans  :  flagellum 
equo  :  lespondere  stulto  :  nuntius  stultus; 
parabola  stulti  :  honor  insipientis;  impo- 
nens  stulto  silentium  :  canis  advomitum  ; 
sapiens  proprio  judicio  :  commisceri  rixa;; 
nocens  amico  :  susurro  :  iracundus  :  labia 
tumentia  :  inimicus  :  operiens  odium  :  fo- 
diens  foveam  :  lingua  fallax. 

UOMODO  nix  in  asstate, 
et  pluvias   in  messe  :   sic 
indecens   est   stulto   glo- 
ria. 

2.  Sicut  avis  ad  alia  transvolans, 
et  passer  quo  libet  vadens  :  sic  ma- 
ledictum  frustra  prolatum  in  quem- 
piam  superveniet. 

3,  Flagellum  equo,et  camusasino, 
et  virga  in   dorso   imprudentium. 

4.  Ne  respondeas  stulto  juxta  stul- 
titiam  suam,  ne  efficiaris  ei  similis. 

5.  Responde  stulto  juxta  stultitiam 
suam,  ne  sibi  sapiens  esse  videatur. 

6.  Claudus  pedibus,  et  iniquitatem 
bibens,  qui  mittit  verba  per  nun- 


mechancete,  lui  en  inspire  le  remords)  et  le 
force  de  vous  aimer.  " 

23.  Z^  7'e»f  dii  iwrd,  en  Palestine,  enfimfc 
la phtie  :  plus  exacflement  /e  vent  dn  nord- 
ojicst.  C'est  sans  doute  pourcette  raison  que 
la  Vulg.  traduit,  dissipe  la  pluie.  —  La  lan- 
gtie  mystcrieiisc,  qui  dit  en  secret  du  mal 
du  prochain,  assombrit  le  visage  de  ce  der- 
nier. La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  et  le 
visage  alMs/c  dt  I'auditeur  (fmz/^r,  fait  taire 
la  laui^He  inedisante. 

24.  Repetition  de  xxi,  9. 

25.  Venant  dune  terre  lointaine^  par  con- 
sequent longtemps  attendue. 

26.  Qin'  tonibe  {\\  s'agit  d'une  chute  mo- 
rale), qui  se  laisse  cntrainer  au  mal  par  les 
discours  et  les  exemples  des  mechants. 

27.  Le  i^''  membre  exprime  la  meme  pen- 
sde  qu'au  vers.  16,  mais  avec  une  applica- 
tion differente.  Celui  qiti  vent  sonder  la 
majeste  divine,  litt.  les  choses  difficiles,  les 
myst^res  divins.  —  Par  sa  gloire  n'existe 


pas  en  hebreu.  Telle  est  I'interpretation  de 
la  Vulgate.  Le  texte  hebreu  adluel  parait 
altere.  Delitzsch,  lisant  kebdim,  au  lieu  de 
kebodam,  traduit,  mais  la  recherche  des  cho- 
ses difficiles  est  un  hottneur. 

CHAP.  XXVI. 

2.  Elle  7i\x point  d^effet  (hebr.  lo  par  un 
aleph) ;  Vulg.,  elle  relombe  sur  qiielqti'un 
(hdbr.  lo  par  un  vavj,  probablement  sur  ce- 
lui qui  I'a  lancee  (comp.  vers.  27). 

3.  Le  ffluet  et  le  mors  conviennent  egale- 
ment  au  cheval  et  a  I'ane;  Tauteur  emploie 
ici  la  figure  appelee  par  les  grammairiens 
merismns,  c.-a-d.  partage. 

5.  Ce  proverbe  a  pour  but  de  corriger  ce 
que  le  precedent  aurait  de  trop  absolu. 

6.  11  boit  volontiers  V injure,  le  dommage 
(c'est  le  sens  de  iniquitatem),  il  s'y  expose 
de  gaieie  de  cceur,  il  pourra,  en  quelque 
sorte,  s'en  regaler.; 


362  LIYRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXVI,  7—28. 

7  Otez  les  jambes  au  boiteux, 

Et  la  sentence  de  la  bouche  de  I'insense. 

8  C'est  attacher  one  pierre  a  la  fronde, 
Que  d'honoier  un  insensd. 

9  Comme  une  epine  qui  s'enfonce  dans  la  main  d'un  liomme  ivre, 
Ainsi  est  une  sentence  dans  la  bouche  des  insenses. 

10  Comme  un  archer  qui  blesse  tout  le  monde, 

Ainsi  est  celui  qui  prend  a  gage  les  insenses  et  les  passants. 

11  Comme  un  chien  qui  retourne  a  son  vomissement, 
Ainsi  est  un  insense  qui  revient  a  sa  folie. 

i2  Si  tu  vois  un  homme  qui  se  croit  sage, 
II  faut  plus  esperer  d'un  insense  que  de  lui. 

13  Le  paresseux  dit  :  II  y  a  un  lion  sur  la  route, 
II  y  a  un  lion  dans  les  rues. 

14  La  porte  tourne  sur  ses  gonds, 
Ainsi  le  paresseux  dans  son  lit. 

15  Le  paresseux  met  sa  main  dans  le  plat, 
Et  il  a  de  la  peine  a  la  porter  a  sa  bouche. 

16  Le  paresseux  se  croit  plus  sage 
Que  sept  conseillers  prudents. 

17  Comme  celui  qui  saisit  un  chien  par  les  oreilles, 

Tel  est  le  passant  qui  s'echauffe  dans  la  querelle  d'autrui. 

18  Comme  un  furieux  qui  lance  des  traits  enflammes, 
Des  flt'ches  et  la  mort, 

19  Ainsi  est  un  homme  qui  a  trompe  son  prochain 
Et  qui  dit  :  "  C'etait  pour  plaisanter.  " 

20  Faute  de  bois,  le  feu  s'eteint; 

Eloignez  le  rapporteur,  et  la  querelle  s'apaise. 

21  Le  charbon  donne  un  brasier  et  le  bois  du  feu  : 
Ainsi  I'homme  querelleur  irrite  une  discussion. 

22  Les  paroles  du  rapporteur  sont  comme  des  friandises; 
Elles  descendent  jusqu'au  fond  des  entrailles. 

23  Des  scories  d'argent  appliquees  sur  un  vase  de  terre, 
Telles  sont  les  levres  brulantes  avec  un  coeur  mauvais. 

24  Celui  qui  bait  se  d^guise  par  ses  levres, 
Mais  il  met  au-dedans  de  lui  la  perfidie. 

25  Ouand  il  adoucit  sa  voix,  ne  le  crois  pas, 
Car  il  y  a  sept  abominations  dans  son  canir. 

26  11  pent  bien  cacher  sa  haine  sous  la  dissimulation, 
Mais  sa  mdchancete  se  r^velera  dans  I'assemblee. 

27  Celui  qui  creuse  une  fosse  y  tombe, 

Et  la  pierre  revient  sur  celui  qui  la  roule. 

28  La  langue  fausse  hait  ceux  qu'elle  blesse, 
Et  la  bouche  flatteuse  cause  la  ruine. 


7.  O^es,  etc.  :  vous  pouvez  le  faire  sans 
inconvenient,  car  les  jambes  sont  inuti- 
les  au  hflitcux,  comme  les  sages  sentences 
le  sont  a  I'insense.  D'autres  :  les  jambes 
du  boiteux  sont  faibles,  ainsi  en  est-il  du 
proverbe  dans  la  bouche  de  I'insensd.  Ou 
Ijien  :  Ic  IcTer  des  Jambes  (pour  la  danse) 
de  la  part  du  boiteux  :  icl  est  le  pro- 
verbe dans  la  bouche  dc  I'insense.  \v\%.  : 
//  ne  sert  dc  rien  an  boiteux  d^avoir  de 
belles  jambes. 

8.  AltacJier  iinc  fierrc  Cx  la  fronde,  c'est 


I'empecher  de  partir  et  d'atteindre  son  but, 
c'est  faire  une  chose  absurde. 

La  Vulg.traduit  le  i^'membre:  c'est  mettrr 
line  pierre  au  monceait  de  Mcrcure.  Mercure 
etait  chez  les  paiens  le  dieu  des  voyageurs; 
on  lui  dlevait  de  loin  en  loin  sur  les  chemins 
des  statues  sans  bras  ni  jambes,  des  Hermes, 
et  chaque  voyageur  qui  passait  jetait  devant 
elles  une  pierre  en  hommage.  Les  tas  ainsi 
formes  s'appelaient  moticcaux  de  Mercure. 
En  traduisant  ainsi,  S.  Jerome  n'etait  sans 
doute  que  I'echo  des  traditions  juives. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXVI,  7—28. 


363 


tium  stultum.y.Quomodo  pulchras 
frustra  habet  claudus  tibias  :  sic  in- 
decens  est  in  ore  stultorum  para- 
bola. 8.  Sicut  qui  mittit  lapidem  in 
acervum  Mercurii  :  ita  qui  tribuit 
insipienti  honorem.  9.  Quomodo  si 
spina  nascatur  in  manu  temulenti  : 
sic  parabola  in  ore  stultorum.  10. Ju- 
dicium determinat  causas  :  et  qui 
imponit  stulto  silentium,  iras  miti- 
gat.  I  I.  'Sicut  canis,  qui  revertitur 
ad  vomitum  suum,  sic  imprudens, 
qui  iterat  stultitiam  suam.  12.  Vi- 
disti  hominem  sapientem  sibi  vi- 
deri.?  magis  illo  spem  habebit  insi- 
piens. 

13.  Dicit  piger  :  Leo  est  in  via, 
et  leasna  in  itineribus  :  14.  sicut 
ostium  vertitur  in  cardine  suo,  ita 
piger  in  lectulo  suo.  15.  Wbscondit 
piger  manum  sub  ascella  sua,  et 
laborat  si  ad  os  suum  eam  con- 
verterit.  16.  Sapientior  sibi  piger 
videtur  septem  viris  loquentibus 
sententias, 

17.  Sicut  qui  apprehendit  auribus 
canem,  sic  qui  transit  impatiens,  et 
commiscetur  rixas  alterius. 

I  8.  Sicut  noxius  est  qui  mittit  sa- 


gittas,  et  lanceas  in  mortem  :  19.  ita 
vir,  qui  fraudulenter  nocet  amico 
suo  :  et  cum  fuerit  deprehensus, 
dicit  :  Ludens  feci. 

20.  Cum  defecerint  ligna,  exstin- 
guetur  ignis  :  et  susurrone  subtra- 
cto,  jurgia  conquiescent.  21.  Sicut 
carbones  ad  prunas,  et  ligna  ad 
ignem,  ^sic  homo  iracundus  susci- 
tat  rixas.  22.  Verba  susurronis 
quasi  simplicia,  et  ipsa  perveniunt 
ad  intima  ventris. 

23.0uomodo  si  argento  sordido 
ornare  velis  vas  fictile,  sic  labia  tu- 
mentia  cum  pessimo  corde  sociata. 
24.  Labiis  suis  intelligitur  inimi- 
cus,  cum  in  corde  tractaverit  do- 
los.  25.  Q_uando  submiserit  vocem 
suam,  ne  credideris  ei  :  quoniam 
septem  nequitias  sunt  in  corde 
illius.  26.  Qui  operit  odium  frau- 
dulenter, revelabitur  malitia  ejus  in 
concilio. 

27.  C)ui  fodit  foveam,  incidet  in 
eam  :  et  qui  volvit  lapidem,  rever- 
tetur  ad  eum. 

28.  Lingua  fallax  non  amat  ve- 
ritatem  :  et  os  lubricum  operatur 
ruinas. 


■Supra  15, 


iS. 


9.  Comp.  vers.  7. 

10.  Verset  difficile  et  ties  diversement 
interprete.  Delitzsch  :  le  bcmicoup  empoiic 
Ic  toui^  c.-:i-d.,  celui  qui  par  son  travail  a 
commence  et  fait  avancer  une  ceiivre,  I'ache- 
vera  heureusement;  mais  les  gages  (en  lisant 
ouseJcar)  de  Pinsenac  et  cclui  qui  I'a  pris  a 
gages  passe/if,  sans  aboutir  a  rien  ;  les  ga- 
ges de  I'insense,  parce  qu'il  les  dissipe  fol- 
lement;  celui  qui  I'a  pris  a  gages,  parce  que 
le  travail  de  I'insense  lui  est  plutot  nuisible 
que  profitable. 

Vulg.  :  le  jugevient  (hebr.  rib)  decide  les 
p)'oces,  ct  celui  qui  impose  silence  a  Vinsense 
apaise  les  coleres. 

11.  Cite  II  Pier,  ii,  22. 

13.  Meme  pensee  que  xxii,  13. 

14.  Toume,  sans  changer  de  place. 

15.  Variante  de  xix,  24. 

16.  Sepl,  pour  plusieurs. 

22.  Repetition  de  xviii,  8. 

23.  Des  scones  d'ar^ent,  litt.  Pargeni  de 
scories,  Toxyde  de  plonib  ou  litharge  dont 
on  se  servait  alors,  comnie  aujourd'hui,  pour 
deposer  unvernis  sur  les  vases  d'argile;  ces 
vases  n'en  restaient  pas  moins  des  vases  de 


terre. — Des  Ih'res  hrulanfes^  ayant  toutes  les 
apparences  d'une  vive  et  sincere  affeftion. 

24.  Vulg.  :  (i  ses  levres,  k  ses  paroles,  on 
rcconnaii  iin  ennemi,  lorsqu^il  niedite  la 
tromperie  dans  son  canir. 

25.  Sept  abominations  (comp.  vers.  16)  : 
ici  le  nombre  sept  parait  designer  la  pleni- 
tude (comp.  MattJi.  xii,  45)  :  toutes  les  abo- 
minations, une  entiere  perversite. 

26.  II pent  bien  cacher ;  ou  simplement,  // 
cacJie.       : 

27.  La  pierre  :  comp.  Ps.  vii,  16;  Eccli. 
xxvii,  25;  peut-etre  allusion  aux  usages  de 
la  guerre  :  voy.  Jug.  ix,  53;  II  Sam.  xi,  21. 

28.  La  languefaicsse,  I'homme  qui  a  cause 
par  ses  calomnies  de  graves  dommages  a 
son  prochain,  n'en  a  que  plus  de  haine  pour 
sa  viflime;  c'est  Vodisse  quern  Iccseris  de 
Tacite,  pensee  que  La  Lruyere  exprime 
ainsi  :  "  Comme  nous  nous  affeflionnons  de 
plus  en  plus  aux  personnes  a  qui  nous  fai- 
sons  du  bien,  de  meme  nous  haissons  vio- 
lemment  ceux  que  nous  avons  beaucoup 
often  ses." 

Ouelques  interprctes  proposent  de  lire, 
au  lieu  de  daccar'  (contr'itos  suos),  adonav 


364 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXVII,  1-17. 


Chap. 
XXVI  I. 


CHAr.  xxvil.  —  Recommandations  clivcrses  (suite). 

E  te  glorifie  pas  du  lendcmain, 

Car  tu  ne  sais  pas  ce  qu'enfantera  le  jour  suivant. 

2  Ou'un  autre  te  loue,  et  non  ta  bouche; 
Un  ctranger,  et  non  tes  levres. 

3  La  pierre  est  lourde  et  le  sable  est  pesant  : 

Plus  que  I'lin  et  I'autre  pese  la  colere  de  I'insense. 

4  La  fureur  est  cruelle  et  la  colere  impetueuse, 
Mais  qui  pourra  tenir  devant  la  jalousie? 

5  Mieux  vaut  une  reprimande  ouverte 
Qu'une  aniitie  cnchec. 

6  Les  blessures  d'un  ami  sont  inspirees  par  sa  fid^lite, 
Mais  les  baisers  d'un  ennemi  sont  trompeurs. 

7  Celui  qui  est  rassasie  foule  aux  pieds  le  rayon  de  miel, 
Mais  celui  qui  a  faim  trouve  doux  tout  ce  qui  est  amer. 

8  Comme  I'oiseau  qui  erre  loin  de  son  nid, 
Ainsi  est  Thomme  qui  erre  loin  de  son  lieu. 

9  L'huile  et  les  parfums  rejouissent  le  coeur; 

Do  meme  les  doux  conseils  inspires  par  I'amitie. 

10  N'abandonne  pas  ton  ami  et  I'ami  de  ton  pere, 

Et  n'entre  pas  dans  la  maison  de  ton  frere  au  jour  de  ta  detresse 
Mieux  vaut  un  voisin  proche  qu'un  frere  eloigne. 

11  Mon  fils,  deviens  snge  et  rejouis  mon  coeur, 

Afin  que  je  iruisse  repondre  h.  celui  qui  m'outrngc. 

12  L'homme  prudent  voit  le  mal  et  se  cache; 
Les  simples  avancent  et  en  portent  la  peine. 

13  Prends  son  vetement,  car  il  a  repondu  pour  autrui; 
Demande  des  gages  h  cause  des  etrangers. 

14  Benir  son  prochain  h  haute  voix  et  de  grand  matin 
Est  repute  comme  une  maledicT:ion. 

15  Une  goutticre  continue  dans  un  jour  de  pluie 
Et  une  femme  querelleuse  se  ressemblent. 

16  Celui  qui  la  retient,  retient  le  vent, 
Et  sa  main  saisit  de  Fhuile. 

17  Le  fer  aiguise  le  fer, 

Ainsi  un  homme  aiguise  un  autre  homme. 


(domimim  situ  in)  :  la  Inngiic  faitsse  haii  son 
inai/jr,  celui  qui  la  possede,  en  ce  sens 
qu'elle  le  fait  tomber  dans  le  malheur. 

CHAP.    XXVII. 

1.  Ne  te  van/e  pas  du  lendonain^  comme 
si  tu  avals  ce  jour  k  ta  disposition. 

2.  Comp.  y^v?;/,  viii,  54;  II  Cor.  xii,  11. 

4.  Lajaloi/sie,  la  fureur  de  I't'poux  outia- 


g^.  V'ulg.  :  qui  pourra  soutenir  le  choc  d^un 
lionwie  eniporte? 

5.  Une  amiiit'  cac/ire,  qui  n'ose  se  montrer 
assez  pour  donner  un  avis  salutaire. 

6.  Sonl  inspirees  par  la  fidcliii';  litt.  sont 
Jideles,  ont  pour  cause  une  affe(ftion  verita- 
ble. —  So7il  Irompeurs;  Delitzsch,  sont  accn- 
niules  :  un  ennemi  multiplie  hypocritement 
ses  baisers.  \'ulg.  :  les  blessures  faiics  far 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXVII,  1  —  17. 


365 


— :i:—     CAPUT  XXVII.     — >— 

Non  gloriandum  in  crastinum  :  ne  teipsuni 
laudaveris  :  ira  stulti  quam  sit  gravis  : 
manifesta  corredio  :  vulnera  diligentis  : 
aninia  saturata  :  vicinus  juxta  :  spondens 
pro  extraneo  :  litigiosa  mulier  :  infernus 
insatiabilis  :  probatur  homo  ore  laudan- 
tis  :  stultus  contusus  :  vultum  pecoris 
lac  caprarum  in  cibum. 


E  glorieris  in  crastinum, 
ignorans  quid  superven- 
tura  pariat  dies. 

2.  Laudet  te  alienus,  et 

non  OS  tuum  :   extraneus,  et  non 

labia  tua. 

3.  "Grave  est  saxum,  et  onerosa 
arena  :  sed  ira  stulti  utroque  gra- 
vior. 

4.  Ira  non  habet  misericordiam, 
nee  erumpens  furor  :  et  impetum 
concitati  ferre  quis  poterit.? 

5.  Melior  est  manifesta  correptio, 
quam  amor  absconditus. 

6.  Meliora  sunt  vulnera  diligentis, 
quam  fraudulenta  oscula  odientis. 

7.  *Anima  saturata  calcabit  fa- 
vum  :  et  aninia  esuriens  etiam  ama- 
rum  pro  dulci  sumet. 


8.  Sicut  avis  transmigrans  de  nido 
suo,  sic  vir  qui  derelinquit  locum 
suum. 

9.  Unguento  et  variis  odoribus 
delectatur  cor  :  et  bonis  amici  con- 
siliis  anima  dulcoratur. 

10.  Amicum  tuum,  et  amicum 
patris  tui  ne  dimiseris  :  et  domum 
fratris  tui  ne  ingrediaris  in  die  affli- 
ctionis  tuas.  Melior  est  vicinus  jux- 
ta, quam  frater  procul. 

1 1.  Stude  sapientiae  fili  mi,et  lae- 
tifica  cor  meum,  ut  possis  expro- 
branti  respondere  sermonem. 

12.  Astutus  videns  malum,  abs- 
conditus est  :  parvuli  transeuntes 
sustinuerunt  dispendia. 

13.  ''Tolle  vestimentum  ejus,  qui     'Supra  20, 
spopondit  pro  extraneo :  et  pro  alie-    '^ 

nis,  aufer  ei  pignus. 

14.  Qui  benedicit  proximo  suo 
voce  grandi,  de  nocte  consurgens 
maledicenti  similis  erit. 

15.  "^Tecta    perstillantia   in   die     '^Supraio, 
frigoris,  et  litigiosa  mulier  compa-    ^3- 
rantur  :  16.  qui  retinet  eam,  quasi 

qui  ventum  teneat,  et  oleum  dexte- 
ras  suas  vocabit. 

17.  Ferrum  ferro  exacuitur,  et 
homo  exacuit  faciem  amici  sui. 


un  ami  valent  miettx  que  les  baisers  trovi- 
peurs  d''un  ennemi. 

8.  De  son  lieu,  de  la  demeine  de  ses 
peres.  Ce  proverbe  est  dirige  contre  I'esprit 
d'a venture;  nous  disons  dans  le  meme  sens  : 
"  Pierre  qui  roule  n'amasse  pas  mousse." 

9.  Repandre  ou  asperger  de  I'huile  odo- 
rante,  bruler  des  parfums,  etait  alors  d'un 
usage  general,  pour  donner  a  un  bote  des 
marques  d'honneur  et  d'amitie.  —  De  meme, 
ou  plus  encore  la  douce  parole,  etc.,  les  con- 
seils  afifedlueux  d'un  ami.  D'autres  :  la  dou- 
ceur dUen  ami  vient  de  son  dme  boniie  con- 
seillcre,  des  bons  conseils  qu'il  donne.  Vulg. : 
les  bons  conseils  d''un  ami  font  les  delices  de 
Vdme. 

10.  N^ abandonne  pas,  ne  laisse  pas  de 
cote  un  homme  depuis  longtemps  uni  a  ta 
famille  par  des  relations  d'amitie;  au  jour 
de  ta  dctrcsse,  c'est  a  lui,  qui  est  la  tout 
proche  et  ton  voisin,  que  tu  t'adresseras, 
et  non  a  ton  frere  qui  demeure  au  loin  et 
qui  peut-etre  serait  moins  dispose  a  te  venir 
en  aide. 

11.  Afin  t/uc  je  puissc  rcpondre,  atin  que 


je  sois  a  I'abri  de  tout  reproche,  la  mauvaise 
conduite  du  fils  etant  un  opprobre  pour  le 
p^re.  Vulg.,rtA"«  que  tu  puisses  rtpondre;  &\\ 
lieu  de.  possis,  plusieurs  anciens  manuscrits 
oni  possim,  le^on  preferable. 

12.  Repetition  de  xxii,  3. 

13.  Repetition  de  xx,  16. 

14.  Est  repute,  devant  Dieu  et  devarit  les 
hommes,  ne  valoir  pas  mieux  qu'une  malc- 
dic1ion,a  cause,  du  motif  int^resse  qui  inspire 
d'ordinaire  ces  demonstrations  exagerdes. 

15.  Comp.  xix,  13. 

16.  Sa  main  saisit  (litt.  rencontre)  de 
riiuile :  il  n'est  pas  plus  facile  de  faire  taire 
une  femme  querelleuse  que  d'arreter  le  vent 
ou  d'empecher  I'huile  de  couler.  Vulg.,  et  il 
appelleta  Phuile  pour  sa  main,  pour  guerir 
la  blessure  qu'il  se  sera  faite  en  luttant  contre 
sa  femme. 

17.  Sens  ;  les  hommes  se  perfeclionnent 
par  le  frottement  des  relations  sociales. 
Fades  designe  ce  qui  parait  au  dehors,  la 
maniere  d'agir,  les  mueurs.  D'autres  inter- 
pretent  le  2^  membre  :  ainsi  un  homme  ex- 
cite la  colere  d'un  autre  homme. 


366     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXVII,  iS— 27;  XXVIII,  1—7. 

18  Celui  qui  cultive  un  figuier  en  mangera  les  fruits, 
Et  celui  qui  garde  son  maitre  sera  honore. 

1 9  Comnie  dans  I'eau  le  visage  re'pond  au  visage, 
Ainsi  le  coeur  de  I'liomme  repond  a  I'liomme. 

20  Le  sejour  des  morts  et  I'abinie  ne  soiit  jamais  rassasies, 
De  mcme  les  yeux  de  rhomme  sont  insatiables. 

21  Le  creusot  est  pour  I'argent,  et  le  fourneau  pour  I'or; 
C2ue  rhomme  eprouve  de  mcme  la  louange  qu'il  re^oit. 

22  Quand  tu  pilerais  I'insense  dans  un  mortier, 
Comme  on  broie  le  grain,  avec  le  pilon, 

Sa  folie  ne  se  separerait  pas  de  lui. 

23  Connais  bien  I'etat  de  tes  brebis, 
Donne  tes  soins  a  ton  troupeau; 

24  Car  la  richesse  ne  dure  pas  toujours, 
Ni  une  couronne  d'age  en  age. 

25  Mais  quand  I'herbe  a  paru,  que  la  verdure  s'est  montrc'e, 
Que  Ic  foin  des  montagnes  est  recueilli, 

26  Tu  as  des  agneaux  pour  te  vetir, 
Des  boucs  pour  payer  un  champ; 

27  Tu  as  en  abondance  le  lait  des  chcvres  pour  ta  nourriture  et  celle  de  ta  maison, 
Et  pour  I'entretien  de  tes  servantes. 

CHAP.  XXVIIL  —  Recommandations  diverses  (suite). 


Chap. 
XXVIIL 


E  miichant  fuit  sans  qu'on  le  poursuive, 

Mais  les  justes  ont  de  I'assurance  comme  un  lion. 


J  Dans  un  pays  en  revoke,  les  chefs  se  multiplient; 
Mais  avec  un  homme  intelligent  et  sage 
L'ordre  se  prolonge. 

3  Un  homme  pauvre  qui  opprime  les  malheureux, 
C'est  une  i)luie  violente  qui  cause  la  disette. 

4  Ccux  qui  abandonnent  la  loi  louent  le  mcchanl, 
Ceux  qui  I'observent  s'irritent  contre  lui. 

5  L'homme  pervers  ne  comprend  pas  ce  qui  est  juste, 
Mais  ceux  qui  cherchent  jt^hovah  comprennent  tout. 

6  Mieux  vaut  le  pauvre  dans  son  integrity 

(2uc  rhomme  aux  voies  tortueuses  etK.iui  est  riche. 

7  Celui  qui  observe  la  loi  est  un  fils  intelligent, 

Mais  celui  qui  nourrit  les  ddbauches  fait  honte  a  son  pore. 


iS.  Eloge  du  serviteur  fidcle.  L'Eglise 
applique  le  2<^  membre  a  S.  Joseph,  le  pcre 
nourricier  du  Sauveur. 

19.  Pensee  :  de  mcme  que  chacun  voit  sa 
propre  figure  se  retleter  dans  le  miroir  des 
eaux,  de  meme  il  voit  dans  le  coeur  des 
autres  hommes  une  image  de  son  propre 
cceur;  il  y  retrouve  les  dispositions  ct  les 
sentiments  que  lui-meme  eprouve.  En  deux 
mots  :  notre  visage  trouve  dans  Teau  son 
image,  notre  cccur  trouve  dans  tout  cccur 
d'homme  son  echo. 

20.  I'our  le   i'^'  membre,  voy.  xv,   11.  — 


Rassasic's    de    viftimes. 


Les  yeux,   la 


concupiscence    des   yeux    :  voyez    I  Jea/i, 


II,  16. 


21.  Eproui'c,  fasse  passer  au  creuset  la 
louange  qui  lui  est  donnee,  pour  la  purifier 
de  ralliage  impur  qu'y  mele  la  fiatterie. 
D'autres  :  onjui^e  quelqifi/n  scion  la  lotianoe 
qtc'il  se  donne  a  lui-nicmc  :  s'il  se  loue  de 
bonnes  et  serieuses  qualites,  il  est  honncte 
et  vertueux;  s'il  se  glorifie  de  choses  futiles 
ou  mauvaises,  c'est  un  homme  de  peu  de 
valeur  ou  meme  vicieux.  LXX  et  Vulg.  :  ce 
qui  cprouvc  I'lionunc,  c'est  la  bouche  de  celui 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXVII,  18—27;  XXVIII,  1—7.    367 


18.  Qui  servat  ficum,  comedet 
fructus  ejus  :  et  qui  custos  est  do- 
mini  sui,  glorificabitur. 

19.  Quomodo  in  aquis  resplen- 
dent vuTtus  prospicientium,sic  cor- 
da  hominum  manifesta  sunt  pru- 
dentibus. 

20.  Infernus  et  perditio  nunquam 
iccii.  14,    implentur  :  similiter  et  'oculi  homi- 
num insatiabiles : 

supra  17,  2  I.  ^Quomodo  probatur  in  con- 
flatorio  argentum,  et  in  fornace  au- 
rum  :  sic  probatur  homo  ore  lau- 
dantis. 

Cor  iniqui  inquirit  mala,  cor  au- 
tem  rectum  inquirit  scientiam. 

22.  Si  contuderis  stultum  in  pila 
quasi  ptisanas  feriente  desuper  piJo, 
non  auferetur  ab  eo  stultitia  ejus. 

23,  Diligenter  agnosce  vultum 
pecoris  tui,  tuosque  greges  consi- 
dera  :  24.  non  enim  habebis  jugiter 
potestatem  :  sed  corona  tribuetur 
in  generationem  et  generationem. 
25.  Aperta  sunt  prata,  et  apparue- 
runt  herbas  virentes,  et  collecta  sunt 

Tim.  6,  fcena  de  montibus.  26.  ^Agni  ad 
vestimentum  tuum  :  et  hoedi,  ad 
agri  pretium.  27.  Sufficiat  tibi  lac 
caprarum  in  cibos  tuos,  et  in  neces- 
saria  domus  tuas  :  et  ad  victum  an- 
cillis  tuis. 


— :i:—     CAPUT  XXVIII.     — :!:— 

De  fuga  impii  et  secuiitate  justi  :  propter 
peccata  terrte  multi  principes  ejus  :  pau- 
per pauperem  calumnians  :  pauper  sup- 
plex,  et  dives  pravus  ;  nolens  audire  le- 
gem :  exsultatio  justorum  :  abscondens 
scelera  sua  :  beatus  semper  pavidus  : 
princeps  impius  ut  leo  :  dux  indigens  pru- 
dentia  :  terram  suam  operans  :  a  patre 
subtrahens. 


UGIT  impius,  nemine  per- 
sequente  :  Justus  autem 
quasi  leo  confidens,  abs- 
que terrore  erit. 

2.  Propter  peccata  terras  multi 
principes  ejus  :  et  propter  hominis 
sapientiam,  ethorum  scientiam  quse 
dicuntur,  vita  dulcis  longior  erit. 

3.  Vir  pauper  calumnians  paupe- 
reSj  similis  est  imbri  vehementi,  in 
quo  paratur  fames. 

4.  Oui  derelinquunt  legem,  lau- 
dant  impium  :  qui  custodiunt,  suc- 
cenduntur  contra  eum.  5.  Viri  mali 
non  cogitant  judicium  :  qui  autem 
inquirunt  Dominum,  animadver- 
tunt  omnia. 

6.  "Melior  est  pauper  ambulans 
in  simplicitate  sua,  quam  dives  in 
pravis  itineribus. 

7.  Qui  custodit  legem,  filius  sa- 
piens est  :  qui  autem  comessatores 
pascit,  confundit  patrem  suum. 


'^  Supra  19, 
I, 


(jui  Ic  lone,  la  maniere  dont  il  se  comporte 
en  face  de  la  louange. 

La  Vulg.  ajoute  d'aprcs  les  LXX  :  Ic  avicr 
dii  mediant  recJierche  Ic  vial,  iiiais  le  ai'iir 
droit  recherche  la  science. 

22.  Des  grains  d'orge  et  de  ble.  —  Sa 
folie,  etc.  :  elle  lui  est  invinciblement  atta- 
chee,  elle  est  comma  sa  substance  meme. 

34.  La  richesse,  les  provisions  de  toutes 
sortes  s'epuisent  :  il  faut  done  soigner  les 
troupeaux,  qui  fournissent  une  subsistance 
assuree.  —  CJne  conronne,  prise  ici  conime 
symbole  de  la  richesse  en  metaux  precieux, 
en  joyaux,  en  vetements  de  prix.  Vulg.  :  tu 
nhiuras  pas  toiijours  la  puissance,  niais  ime 
couronne  te  sera  accordee  d^dge  en  age. 

25.  Vlierbe  ancienne,  precedemment  cou- 
pee. 

26.  Des  boucs  dont  la  vente  te  perniettra 
d'acheter  un  champ. 


CHAP.  XXVIII. 

2.  Dans  nn  pays  en  revolte;  litt.,  par  la 
rebellion  (Vulg.  les pechc's)  du  pays,  les  pre- 
tendants  au  pouvoir  sont  nombreux,  et  a 
peine  I'un  d'eux  y  est-il  arrive,  cju'un  autre 
le  renverse.  —  L'ordre,  en  prenant  I'hebr. 
ke/i  pour  un  substantif;  d'autres  font  de  ce 
mot  un  adverbe  :  alors  il  (le  sage  arrive 
au  pouvoir)  prolonge  son  regne;  ou  bien  : 
//  (le  pays)  prolonge  ses  jours  d\uie  ma- 
niere stable. 

3.  Un  horn  me  n€  pauvre,  <j\m  s'est  empare 
du  pouvoir,  et  qui  oppri/ne,  etc.  —  Une pluie 
violcnte  qui,  au  lieu  de  faire  croitre  les  mois- 
sons,  y  porte  le  ravage. 

5.  Ne  comprend pas :  I'intelligence  depend 
h  beaucoup  d'egards  de  la  moralite.  Comp. 
\  Jean,  ii,  20;  Jacq.  i,  2^  sv. 

6.  Comp.  xix,  I. 


368 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXVIII,  8—26. 


8  Celui  qui  augmente  ses  biens  par  I'int^ret  et  I'lisure, 
Les  amasse  pour  celui  qui  a  pitie  des  pauvres. 

9  Si  quelqu'un  detourne  I'oreille  pour  ne  pas  tcouter  la  loi, 
Sa  priere  meme  est  una  abomination. 

10  Celui  qui  ^gare  les  hommes  droits  dans  la  vole  niauvaise 
Tombera  lui-meme  dans  la  fosse  qu'il  a  creusee; 

Mais  les  hommes  intcgres  possdderont  le  bonheur. 

1 1  L'homme  riche  se  croit  sage; 

Mais  le  pauvre  qui  est  intelligent  le  connait. 

12  Ouand  les  justes  triomphent,  c'est  une  grande  fete; 
Ouand  les  mediants  s'elevent,  chacun  se  cache. 

13  Celui  qui  cache  ses  fautes  ne  prosperera  point, 

Mais  celui  qui  les  avoue  et  les  quitte  obtiendra  misericorde. 

14  Heureux  l'homme  qui  est  continuellement  dans  la  crainte! 
Mais  celui  qui  endurcit  son  cteur  tombera  dans  le  malheur. 

15  Un  lion  rugissant  et  un  ours  affame, 

Tel  est  le  mechant  qui  domine  sur  un  peuple  pauvre. 

16  Le  prince  sans  intelligence  multiplie  I'oppression, 
Mais  celui  qui  hait  la  cupidite  aura  de  longs  jours. 

17  Un  homme  charge  du  sang  d'un  autre 
Fuit  jusqu'a  la  fosse  :  ne  I'arrctez  pas  ! 

18  Celui  qui  marche  dans  I'integrite  trouvera  le  salut, 

Mais  celui  qui  suit  des  voies  tortueuses  tombera  pour  ne  plus  se  relever. 

ig  Celui  qui  cultive  son  champ  sera  rassasie  de  pain, 

Mais  celui  qui  poursuit  des  choses  vaines  sera  rassasie  de  pauvrete. 

20  Un  homme  fidele  sera  comble  de  benedidlions, 

Mais  celui  qui  a  hate  de  s'enrichir  n'echappera  pas  a  la  faute. 

21  II  n'est  pas  bon  de  faire  acception  des  personnes; 
Pour  un  morceau  de  pain  un  homme  devient  criminel. 

22  L'homme  envieux  a  hate  de  s'enrichir; 

II  ne  salt  pas  que  la  disette  viendra  sur  lui. 

23  Celui  qui  reprend  quelqu'un  trouve  en  suite  plus  de  faveur 
Que  l'homme  a  la  langue  flatteuse. 

24  Celui  qui  vole  son  p6re  et  sa  mere, 
Et  qui  dit  ;  "  Ce  n'est  pas  un  peche," 
Est  le  compagnon  du  brigand. 

25  L'homme  cupide  excite  les  querelles; 

Mais  celui  qui  se  confie  en  Jehovah  sera  rassasid. 

26  Celui  qui  a  confiance  dans  son  propre  ccuur  est  un  insense, 
Mais  celui  qui  marche  dans  la  sagesse  sera  sauve. 


8  Unsure,  ici,  ce  qu'on  exige  pour  le  pret 
d'un  oh]t\.,  fa'tius  rcale  (comp.  Lev.  xxv,  37). 
—  Pour  celui.,  pour  un  heritier  qui  se  mon- 
trera  liberal  envers  les  pauvres. 

g.  Sa  priere  ne  sera  pas  agreee  de  Die  11. 
Comp.  is.  i,  1 5; _/(?<?«,  ix,  31. 


10.  Posscderont  le  bonheur;  Vulg.  ses  biens, 
lesbiensdu  mechant;  mais  le  motdy"//j-,auquel 
rien  necorrespond  ni  en  hcbr.  nien  grec, man- 
que aussi  dans  plusieurs  manuscrits  latins. 

11.  Le  connait,  penetre  a  fond  son  peu  de 
valeur. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXVIII,  8—26. 


369 


8.  Oui  coacervat  divitias  usuris 
et  foenore,  liberali  in  pauperes  con- 
gregat  eas. 

9.  Qui  declinat  aures  suas  ne  au- 
diat  legem,  oratio  ejus  erit  exsecra- 
bilis. 

10.  Qui  decipit  justos  in  via  mala, 
in  interitu  suo  corruet :  etsimplices 
possidebunt  bona  ejus. 

1 1 .  Sapiens  sibi  videtur  vir  dives : 
pauper  autem  prudens  scrutabitur 
eum. 

1 2. In  exsultationejustorum  multa 
gloria  est  :  regnantibus  impiis  rui- 
nas  horn i num. 

I  J.  Qui  abscondit  scelera  sua, 
non  dirigetur  :  qui  autem  confessus 
fuerit,  et  reliquerit  ea,  misericor- 
diam  consequetur. 

14.  Beatus  homo,  qui  semper  est 
pavidus  :  qui  vero  mentis  est  duras, 
corruet  in  malum. 

15.  Leo  rugiens,  et  ursus  esu- 
riens,  princeps  impius  super  popu- 
lum  pauperem. 

16.  Dux  indigens  prudentia,  mul- 
tos  opprimet  per  calumniam  :  qui 
autem  odit  avaritiam,  longi  fient 
dies  ejus, 

17.  Hominem,  qui  calumniatur 


animae  sanguinem,  si  usque  ad  la- 
cum  fugerit,  nemo  sustinet. 

18.  Qjui  ambulat  simpliciter,  sal- 
vus  erit :  qui  perversis  graditur  viis, 
concidet  semel. 

19.  *Qui  operatur  terram  suam, 
satiabitur  panibus  :  qui  autem  se- 
ctatur  otium,  replebitur  egestate. 

20.  Vir  fidelis  multum  laudabi- 
tur  :  "qui  autem  festinat  ditari,  non 
erit  innocens. 

21.  Qui  cognoscit  in  judicio  fa- 
ciem,  non  benefacit  :  iste  et  pro 
buccella  panis  deserit  veritatem. 

22.  Vir,  qui  festinat  ditari,  et  aliis 
invidet,  ignorat  quod  egestas  super- 
veniet  ei. 

23.  Qui  corripit  hominem,  gra- 
tiam  postea  inveniet  apud  eum  ma- 
gis  quam  ille,  qui  per  linguae  blan- 
dimenta  decipit. 

24.  Qui  subtrahit  aliquid  a  patre 
suo,  et  a  matre  :  et  dicit  hoc  non  esse 
peccatum,  particeps  homicidal  est. 

25.  Qui  se  jactat,  et  diktat,  jurgia 
concitat  :  qui  vero  sperat  in  Domi- 
no, sanabitur. 

26.  Qui  confidit  in  corde  suo, 
stultus  est  :  qui  autem  graditur  sa- 
pienter,  ipse  salvabitur. 


*  Supra  12, 
II.  Eccli. 
20,  30. 


'Supra  13, 
II  ct  20,  21. 


12.  Une graiide  fete,  litt.  une  grande  ma- 
gniticence;  tout  le  peuple  applaudit  a  cette 
vicftoire  dii  juste  sur  ses  ennemis.  —  Chacnn 
se  cache;  ou  bien,  on  cJierche  Ics  ge/is,  parce 
qu'ils  se  tiennent  enfermes  dans  leurs  mai- 
sons,  n'osant  paraitre  au  dehors.  II  s'agit 
piobablement  de  I'avenement  au  pouvoir 
soit  du  juste,  soit  du  mechant :  comp.  vers.  2. 

13.  Ses  fautes,  certains  manquenients  a 
des  prescriptions  legales  :  voy.  Lev.  v,  5; 
Nombr.  v,  6  sv. 

14.  La  crainte  d'offenser  Dieu. 

15.  Un  peuple  que  les  maux  de  la  guerre 
ont  reduit  a  la  pauvrete. 

16.  Delitzsch  traduit  plus  litteralement 
I'hebreu  :  6  prince  done  d'' intelligence  et 
richc  en  oppression,  sache  que  celtd  qui  halt, 
etc. 

17.  Fuit,  comma  Cain,  bourrele  de  re- 
mords  jusqu'a  ce  que  le  chatiment  divin  le 
frappe.  —  Nc  V arreted  pas,  n'essayez  pas  de 
I'arreter  dans  le  chemin  ou  il  trouvera  siire- 
ment  sa  perte,  de  le  soustraire  a  la  justice 
divine.  Vulg.,  personne  ne  L attend  "poMY  lui 
porter  secours  :  elle  a  lu  lo  au  lieu  de  dl. 


18.  Tombera  pour  ne  plus  se  relever,  litt. 
une  fois,  une  bonne  fois.  Semel  a  le  meme 
sens  Virg.  Aen.  ii,  418. 

19.  Variante  de  xii,  11. 

20.  De  benedmions  de  la  part  de  Dieu  et 
des  hommes.  —  N\'chappera  pas  a  la  fautc, 
et  par  suite  au  chatiment;  le  mot  hebr.  reu- 
nit  les  trois  idees  de  faute,  de  culpabilite  et 
de  chatiment. 

21.  Le  i^'  membre  regarde  les  juges, 
le  2e  tous  les  hommes  en  general  :  il  taut 
souvent  bien  peu  de  chose  pour  faire  pen- 
cher  leur  volonte  du  cote  du  mal. 

22.  La  Vulg.  reunit  les  deux  membres  en 
une  seule  phrase  :  Vhoinine  (/ui  parte  envie 
aux  metres  et  qui  a  hate  de  s'enrichir,  ne 
sail  pas,  etc. 

23.  Ensuite.  Delitzsch  prend  le  mot  hebr. 
pour  un  adjeflif  qu'il  rattache  a  ce  qui  pre- 
cede :  celui  qui  reprend  V lionune  cloignc  de 
Dieu  ou  du  bien  :  comp.  y6*r.  vii,  24. 

25.  Vhoinnie  cupidc,  litt.  large  dame, 
qui  etend  au  loin  ses  desirs;  Vulg.,  Por- 
gucilleux. 

26.  Vans  son  propre  ca'ur,  en  lui-mcme. 


N^  2J.  —  LA  SAINTE  BIULE.   TOME  IV.   —    24 


370     LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXVIII,  27,  28;  XXIX,  i  — 18. 


Chap. 
XXIX. 


27  Celui  qui  donne  au  pauvre  n'eprouve  pas  la  disette, 
Mais  celui  qui  feime  les  yeux  est  charge  de  maledi<;^ions. 

28  Quand  les  mechants  s'elfevent,  chacun  se  cache; 
Ouand  ils  perissent,  les  justes  se  multiplient. 

CHAP.  XXIX. —  Recommandations  diverses  (suite). 

'HOMME  digne  de  reproche  et  qui  raidit  le  cou, 
Sera  brise  subitement  et  sans  remede. 
2  Ouand  les  justes  se  multiplient,  le  peuple  est  dans  la  joie; 
Quand  le  me'chant  exerce  le  pouvoir,  le  peuple  gemit. 

3  L'homme  qui  aime  la  sagesse  rejouit  son  pere, 

Mais  celui  qui  frequente  les  courtisanes  dissipe  son  bien. 

4  Un  roi  aftermit  le  pays  par  la  justice; 

Mais  celui  qui  est  avide  de  presents  le  ruine. 

5  L'homme  qui  flatte  son  prochain 
Tend  un  filet  sous  ses  pieds. 

6  Dans  le  peche  de  l'homme  mechant  il  y  a  un  piege, 
Mais  le  juste  est  dans  la  jubilation  et  la  joie. 

7  Le  juste  connait  la  cause  des  pauvres, 

Mais  le  mechant  ne  comprend  pas  la  science. 

8  Les  railleurs  soufflent  le  feu  dans  la  ville, 
Mais  les  sages  apaisent  la  colere. 

9  Si  un  sage  conteste  avec  un  insense, 

Qu'il  se  fache  ou  qu'il  rie,  ils  ne  s'entendront  pas. 

10  Les  hommes  de  sang  haissent  l'homme  integre, 
Mais  les  hommes  droits  protegent  sa  vie. 

11  L'insense  fait  eclater  toute  sa  passion, 
Mais  le  sage  la  contient. 

12  Ouand  le  prince  ecoute  les  paroles  mensongeres, 
Tous  ses  serviteurs  sont  des  mechants. 

13  Le  pauvre  et  I'oppresseur  se  rencontrent; 

C'est  Jehovah  qui  eclaire  les  yeux  de  I'un  et  de  I'autre. 

14  Un  roi  qui  juge  fidelement  les  pauvres 
Aura  son  trone  affermi  pour  toujours. 

15  La  verge  et  la  correClion  donnent  la  sagesse, 

IVIais  I'enfant  abandonne  il  son  caprice  fait  honte  a  sa  mere. 

16  Ouand  les  mechants  se  multiplient,  le  crime  s'accroit, 
Mais  les  justes  contempleront  leur  chute. 

17  Corrige  ton  fils,  et  il  te  donnera  du  repos, 
Et  il  procurera  des  ddlices  a  ton  ame. 

18  Quand  Dieu  ne  se  montre  plus,  le  peuple  est  sans  frein; 
Heureux  qui  observe  la  loi ! 


27.  La  Vulg.  traduit  librement  le  2^  mem- 
bre  ,  mats  celui  qui  tneprise  sa  priere  souf- 
frini  Vindigcnce. 

28.  Quand  les  mechants :  voy.  vers.  12.  — 
Les  justes,  qui  se  cachaient,  reparaissent  et 
forment  un  parti  nombreux  et  puissant. 

CHAP.  XXIX. 

1.  La  Vulg.  traduit  le  1^'  membre  : 
Vhonwte  qui  mcprise,  en  raidissaiit  son  cou, 
celui  qui  le  reprcnd. 

2.  Comp.  xxviii,  12,  I'i. 


3.  Qui  frequente;  Vulg.  qui  nourrit  ou 
entretient. 

4.  Celui  qui  est  avide  de  presents,  ou  qui 
multiplie  les  impots,  par  ex.  sur  les  produits 
du  sol  ou  de  I'industrie,  sur  les  heritages, 
etc.  C'est  la  probablement  le  sens  de  avarus 
dans  la  Vulg. 

6.  Un picgc,  oil  le  mechant  finira  par  trou- 
ver  sa  perte.  — Le  juste,  dont  la  conscience 
est  pure  et  qui  n'a  pas  k  craindre  le  chati- 
ment  divin.  - 

7.  Connait  la  cause  des  pauvres,  leconnail 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXVIII,  27,  28;  XXIX,  i  — 18.    371 


27.  Qui  dat  pauperi,  non  indige- 
bit :  qui  despicit  deprecantem,  sus- 
tinebit  penuriam. 

28.  Cum  surrexerint  impii,  abs- 
condentur  homines  :  cum  illi  per- 
ierint,  multiplicabuntur  justi. 

— :i:—      CAPUT  XXIX.      — :>— 

Non  audiens  conipientem  :  multiplicatio 
justorum  :  amor  sapientiie  :  rex  Justus  : 
blandus  amicus  :  pestilentes  :  contendere 
cum  stulto  :  viri  sanguinum  :  totum  pro- 
ferens  spiritum  :  verba  mendacii  :  pauper 
et  creditor  :  rex  Justus  :  corretlio  :  multi- 
plicatio impiorum  :  erudi  filium  :  prophe- 
tia  :  velox  ad  loquendum  :  delicate  ser- 
vum  nutriens  :  iracundus  :  superbus  :  cum 
fure  participans  :  timens  hominem  :  justi 
abominantur  inipium,  et  e  diverso. 

IRO,qui  corripientem  du- 
ra cervice  contemnit,  re- 
pentinus    ei    superveniet 
interitus  :  et  eum  sanitas 
non  sequetur. 

2.  In  multiplicatione  justorum 
lastabitur  vulgus  :  cum  impii  sum- 
pserint  principatum,gemet  populus. 

3.  Vir,  qui  amat  sapientiam,  laeti- 
ficat  patrem  suum  :  'qui  autem  nu- 
trit  scorta,  perdet  substantiam. 

4.  Rex  Justus  erigit  terram,  vir 
avarus  destruet  earn. 

5.  Homo,  qui  blandis,  fictisque 
sermonibus  loquitur  amico  suo,  rete 
expandit  gressibus  ejus. 

6.  Peccantem  virum  iniquum  in- 


volvet  laqueus  :  et  Justus  laudabit 
atque  gaudebit. 

7.  Novit  Justus  causam  paupe- 
rum  :  impius  ignorat  scientiam. 

8.  Homines  pestilentes  dissipant 
civitatem  :  sapientes  vero  avertunt 
furorem. 

9.  Vir  sapiens,  si  cum  stulto  con- 
tenderit,  sive  irascatur,  sive  rideat, 
non  inveniet  requiem. 

10.  Viri  sanguinum  oderunt  sim- 
plicem  :  justi  autem  quasrunt  ani- 
mam  ejus. 

IT.  Totum  spiritum  suum  pro- 
fert  stultus  :  sapiens  differt,  et  re- 
servat  in  posterum. 

I  2.  Princeps,  qui  libenter  audit 
verba  mendacii,  omnes  ministros 
habet  impios. 

13.  ^Pauper  et  creditor  obviave-     "Supra2a 
runt  sibi :  utriusque  illuminator  est    ^^ 
Dominus. 

14.  Rex,  qui  judicat  in  veritate 
pauperes,  thronus  ejus  in  aeternum 
firmabitur. 

1 5. '  Virga  atque  correptio  tribuit 
sapientiam  :  puer  autem,  qui  dimit- 
titur  voluntati  suae,  confundit  ma- 
trem  suam. 

16.  In  multiplicatione  impiorum 
multiplicabuntur  scelera  :  et  justi 
ruinas  eorum  videbunt, 

17.  Erudi  filium  tuum,  et  refri- 
gerabit  te,  et  dabit  delicias  animas 
tuas. 

18.  Cum  prophetia  defecerit,  dis- 


Supra  23, 
13. 


ce  qui  leur  est  du,  savoir  justice  et  compas- 
sion. —  jVe  coinpreiid  pas  la  science,  n'a 
pas  le  sentiment  de  ces  deux  devoiis  envers 
le  pauvre. 

8.  Les  inoqueurs,  pour  qui  nulle  autorite 
n'est  sacree  (comp.  fs.  xxviii).  —  Le  feic  de 
la  discorde.  La  Vulg.  traduit  le  i^''  membre  : 
les  lioiiiDies  corrompiis  bouleversent  la  I'ille. 

9.  Si  un  sage,  etc.  :  tel  est  le  sens  de  la 
Vulg.  La  plupart  des  modernes  :  si  un  sage 
entre  en  discussion  avec  un  insense,  celui-ci, 
au  lieu  d'ecouter  avec  calme,  s'einporte  et 
rit  tour  a  tour,  et  il  n^y  a  pas  de  pair ;  ou 
bien  avec  Delitzsch,  et  ne  se  tient pas  tran- 
quil le. 

10.  Profegent  sa  vie,  litt.  cliercJient  son  dine 
(Vulg.)  pour  la  defendre. 

12.  Tons  ses  scrviteurs,  ■its  ministres,  sont 


ou  deviennent  des  niechants,  en  ce  qu'ils  le 
trompent  par  des  mensonges,  des  llatteries, 
de  faux  rapports,  etc. 

13.  L'opprcsseur,  litt.  Phoinnie  dhisures, 
le  riche  usurier.  —  (2;tti  eclaire,  etc.  :  Jeho- 
vah les  a  faits  Fun  et  I'autre  et  les  eclaire  de 
son  salut  {Mattli.  v,  45);  d'ou  cette  double 
consequence  morale  :  tous  deux  sont  sous 
le  regard  de  Dieu,  tous  deux  auront  a  lui 
rendre  compte  de  leur  conduite. 

14.  Comp.  xvi,  12;  XX,  28;  XXV,  5. 

15.  Comp.  xiii,  24;  xxv,  13;  x,  i;  xvii,  21; 
vxviii,  7. 

18.  Quand Dieu,  etc.;  litt.,  quand  il  n'y  a 
plus  de  vision,  de  revelation  de  Dieu  faite 
au  peuple  par  un  prophcte,  quand  il  n'y  a 
plus  personne  parlant  au  peuple  au  nom  de 
Dieu,  comme  au  temps  de  Samuel  (I  Sa/n. 


372     LIVRE  DKS  PROVERBES.     Chap.  XXIX,  19—27;  XXX,  1  —  4. 


19  Ce  n'est  pas  par  des  paroles  qu'on  corrige  un  esclave; 
Ouand  mcme  il  comprend,  il  n'obcit  pas. 

20  Si  tu  vols  un  homme  prompt  a  parler, 

II  y  a  plus  a  esperer  d'un  insense  que  de  lui. 

21  Le  serviteur  moUement  traite  dcs  I'enfance 
Finit  par  se  croire  un  fils. 

22  Un  homme  colere  excite  des  querelles, 

Et  riiomme  violent  tombe  dans  beaucoup  de  pcchcs. 

23  L'orgueil  dun  homme  le  conduit  a  Thumiliation, 
Rials  I'humble  d'esprit  oljtient  la  gloire. 

24  Celui  qui  partage  avec  un  voleur  halt  son  ame; 
II  entend  la  mak-ditlion  et  ne  dit  rien. 

25  La  crainte  des  hommes  porte  avec  elle  un  picge, 
IMais  celui  qui  se  confie  en  Jehovah  est  mis  en  surele. 

2b  Beaucoup  de  gens  recherchent  la  faveur  du  prince, 
Mais  c'est  Jehovah  qui  rend  justice  a  chacun. 

27  L'homme  inique  est  en  abomination  aux  justes, 

Et  celui  dont  la  voie  est  droite  est  en  abomination  aux  mechanls. 


Premier  supplement  a  la  III^  partie. 


PAROLES   D'AGUR. 


Chap. 
XXX. 


CHAP.  XXX.- —  rreambulc  [vers,  i — 6].  Divers  provcrbes  [7  sv.]. 
1  Paroles  d'Agur,  fils  de  Jake,  sentence.  Cet  homme  a  dit  : 


^•g  E  me  suis  fatigue  pour  connaUrc  Dieu, 

l^our  connaitrc  Dieu,  et  je  suis  a  bout  de  forces. 
*^   2  Car  je  suis  plus  stupide  que  personne, 
Et  je  n'ai  pas  rintelligence  d'un  homme. 

3  Je  n'ai  pas  appris  la  sagesse, 

Et  je  ne  connais  i^as  la  science  du  Saint. 

4  Qui  inonte  au  cie!  et  qui  en  descend? 
()ui  a  lecueilli  le  vent  dans  ses  mains? 
Oui  a  lie  les  eaux  dans  son  vctement.' 

Oui  a  aftermi  toutes  les  extrdmites  de  la  terra? 
Uuel  est  son  nom  et  quel  est  le  nom  de  son  fils? 
Le  sais-tu? 


iii,  I.  Comp.  Oscc^  iii,  4;  Ajiws,  viii,  12; 
II  Par.  XV,  3;  Ps.  Iwiv,  9).  II  ne  rcste  plus 
alors  au  peuple  que  la  loi  (de  Moise)  :  heu- 
reux  cjui  I'observe ! 

20.  Prompt  a  parler,  irreflechi  dans  ses 
paroles  {Eccli.  ix,  iZ;Jacq.  i,  19}  :  il  n'a  pas 
mcme  le  temps  de  s'apercevoir  de  sa  sotlise. 

21.  Uti  Jils  :  nos  pores  auraient  dit,  un 
daiiioiseaii :  c'est  le  sens  tres  probable  du 
mot  hdbreu.  D'autres  :  a  ia  fin  il  dcviendra 
ingrat ;  V'ulg.  rebcllc, 

22.  Comp.  XV,  18. 

23.  Comp.  xi,  16;  xvi,  19;  Luc,  xiv,  1 1. 

24.  La  inalcdiflion  :  aussitot  qu'un  vol 
etait  constate, la  personne  vol(^e(y/^^^xvii, 2) 
on  le  juge  de  la  ville  {Lev.  v,  1)  prononc^ait 
une  maledi(flion  solennelle  centre  le  voleur 


et  tons  ceux  qui,  Ic  connaissant,  ne  le  de- 
nonceraient  pas. 

25.  Celui  qui,  pour  se  soustraire  a  un  dan- 
ger dont  on  le  menace,  commet  une  injus- 
tice ou  nie  la  verite,  tombe  dans  un  picgc, 
car  non  seulement  il  fait  preuve  de  lachete, 
mais  encore  il  ofifense  Dieu  et  se  prepare  de 
cruels  remords. 

26.  Qui  fait  droit  a  chacun,  qui  met  tout 
a  sa  vraie  place. 

27.  Aprcs  ce  versct,  la  \'ulg.  ajoute,  sans 
doute  en  guise  d'epilogue  :  le  fils  qui  garde 
la  parole  est  a  I'abri  de  la  perdition. 

CHAP.  XXX. 

I.  ^'Igur,  Jake  :  inconnus.  —  Sentence, 
litt.  la  sentence,  est  ajoutc'e  pour  mieux  ca- 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXIX,  19—27;  XXX,  1—4.      373 


sipabitur  populus  :  qui  vero  custo- 
dit  legem,  beatus  est. 

1 9.  Servus  verbis  non  potest  eru- 
diri  :  quia  quod  dicis  intelligit,  et 
respondere  contemnit. 

20.  Vidisti  hominem  velocem  ad 
loquendum.^  stultitia  magis  speran- 
da  est,  quam  illius  correptio. 

21.  Qui  delicate  a  pueritia  nutrit 
servuni  suum,  postea  sentiet  eum 
contumacem. 

22.  Vir  iracundus  provocat  rixas: 
et  qui  ad  indignandum  facilis  est, 
erit  ad  peccandum  proclivior. 

23.  'Superbum  sequitur  humili- 
tas  :  et  humilem  spiritu  suscipiet 
gloria. 

24.  Qui  cum  fure  participat,  odit 
animam  suam  :  adjurantem  audit, 
et  non  indicat. 

25.  Qui  timet  hominem,  cito  cor- 
ruet  :  qui  sperat  in  Domino,  suble- 
vabitur. 

26.  Multi  requirunt  faciem  prin- 
cipis  :  et  judicium  a  Domino  egre- 
ditur  singulorum. 

27.  Abominantur  justi  virum  im- 
pium  :  et  abominantur  impii  eos, 
qui  in  recta  sunt  via.  Verbum  cu- 


stodiens   filius,   extra    perditionem 
erit. 

— :i:—      CAPUT  XXX.      — :!:— 

Homo  Deo  vicinus  jiidicat  se  insipientem, 
et  opera  Dei  incomprehensibilia  :  sermo 
Dei  ignitus,  cui  niliil  addendum  :  depre- 
catur  vanitatem,  verba  mendacii,  mendi- 
citatem  et  divitias  :  non  accusandus  ser- 
vus apud  dominum  suum  :  aliquot  gene- 
rationes  exsecrabiles  :  dute  sanguisugae  : 
tria  insaturabilia  :  oculus  patrem  subsan- 
nans  :  tria  difficilia  :  per  tria  movetur 
terra  :  quatuor  minima  terra;  :  tria  bene 
gradientia  :  vehementer  emungens. 


ERBA  Congregantis  filii 

Vomentis.    Visio,    quam 

locutus  est  vir,  cum  quo 

est  Deus,  et  qui  Deo  se- 

cum    morante    confortatus,    ait   : 

2,  Stultissimus  sum  virorum,  et  sa- 
pientia  hominum  non  est  mecum. 

3,  Non  didici  sapientiam,  et  non 
novi  scientiam  sanctorum.  4.  Quis 
ascendit  in  ccelum  atque  descendit? 
quis  continuit  spiritum  in  manibus 
suis.^  quis  colligavit  aquas  quasi  in 
vestimento?  quis  suscitavit  omnes 
terminos   terras?   quod   nomen  est 


r<Lc\er'\sev  pnro/es  et  en  relever  I'importance. 
—  Po!fr  connaitrc  Dieu,  sa  nature,  ses  per- 
fections (en  lisant  laiiJii  El). 

Ce  titre  du  morceau  est  trcs  diversement 
interprete. 

Delitzsch  traduit  la  dernicre  partie,  sans 
rien  changer  a  la  lecon  massoretique  .•  Dire 
de  cet  Jwinine  a  ou  poiij-  ItJiicl,  a  IfliicI,  ct  a 
Rh-al. 

Zockler  :  paroles  ifAgi/r,  fils  do  ccllc  a 
qui  obeit  Mnssa,  de  la  souveraine  de  Massa, 
contree  au  N.  de  I'Arabie,  pres  de  I'ldumee, 
habitee  probablement  par  une  colonic  de 
Simeonites  (I  }-ar.  iv,  38-43.  Comp.  I  Par. 

h  30). 

La  Vulg.,  aprcs  les  LXX,  prend  dans  un 
sens  allegorique  tous  les  noms  de  ce  verset  : 
pa?-oles  de  celiii  qui  rasseinhlc  (Salomon), 
fils  de  celui  qui  vomit  (qui  parle,  David). 
Vision  rac07itee  par  un  Jioinmc  avec  qui 
Dieu  csl  ct  qui^fortifie  par  la  presence  de 
Dieu  en  lui,  dit. 

3.  Du  Saint,  de  Dieu  :  voy.  ix,  10. 

4.  (2ui  :  I'auteur  sait  bien  qu'il  existe  un 
Dieu  invisible,  auteur  des  merveilles  qu'il 
va  exposer;  mais  il  ignore,  et  tout  homme 


avec  lui,  quelle  est  la  nature  de  Dieu,  et 
c'est  a  ce  mystere  que  se  rapporte  la  ques- 
tion. —  Qui  nionte  au  ciel,  etc.  :  quel  est 
celui  qui  preside  au  gouvernement  du 
ciel  et  de  la  terre.  —  Qui  a  recueilli  le  vent 
dans  ses  mains.,  de  telle  sorte  qu'il  le  de- 
chaine  ou  le  retient  a  son  gre.  —  Lie  les 
eati.x  dans  les  nuees  du  ciel,  d'ou  il  les  de- 
verse  sur  la  terre  quand  il  lui  plait.  —  Les 
extre/nites  de  la  terre,  oil  la  lerre  ferme  con- 
fine a  la  mer.  —  Quel  est  son  nom,  non  pas 
le  nom  dont  les  hommes  I'appellent,  mais  le 
nom  qui  soit  I'expression  adequate  de  son 
etre,  de  ses  infinies  perfections.  —  Le  nom 
de  son  fils  :  I'expression  est  empruntee  sans 
doute  aux  relations  ordinaires  de  la  famille 
humaine;  mais  il  est  clair  que  I'auteur  ins- 
pire decouvre  dans  I'unite  de  I'Etre  divin 
une  fecondite,  une  distincflion,  une  multi- 
plicite  mysterieuse  qu'il  voudrait  mieux  con- 
naitre.  Comp.  ce  qui  est  dit  viii,  22  sv.  de 
la  Sagesse  increee.  L'Evangile  (par  ex. 
/ean,  i)  apportera  au  monde  de  nouvelles 
lumicres  sur  ce  mystere  d'un  Dieu  en  trois 
personnes. 


374 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXX,  5—24. 


5  Toute  parole  de  Dieu  est  dprouv^e  par  le  feu. 

II  est  un  bouclier  pour  ceux  qui  se  refugient  aupres  de  lui. 

6  N'ajoute  rien  a  ses  paroles, 

])e  peur  qu'il  ne  te  reprenne  et  que  tu  ne  sois  trouve  menteur. 

7  fe  te  demande  deux  choses; 

"Ne  me  les  refuse  pas  avant  que  je  meure  : 

8  Eloigne  de  moi  la  faussete  et  le  mensonge; 
Ne  me  donne  ni  pauvrete,  ni  richesse; 
Accorde-moi  le  pain  qui  m'est  necessaire  : 

9  De  peur  que,  dans  Tabondance,  je  ne  te  renie 
Et  ne  dise  :  "  Qui  est  Jehovah?'"' 

Et  que,  dans  la  pauvrete,  je  ne  derobe 
Et  n'outrage  le  nom  de  mon  Uieu. 


10  Ne  calomnie  pas  un  serviteur  aupres  de  son  maitre, 
De  peur  qu'il  ne  te  maudisse  et  qu'il  ne  t'arrive  mal. 

11  II  est  une  race  qui  maudit  son  pere, 
Et  qui  ne  benit  pas  sa  mere. 

12  II  est  une  race  qui  se  croit  pure, 

Et  qui  n'est  pas  lavee  de  sa  souillure. 

13  II  est  une  race  dont  les  yeux  sont  altiers 
Et  les  paupieres  elevees. 

14  II  est  une  race  dont  les  dents  sont  des  glaives 
Et  les  molaires  des  couteaux, 

Pour  devorer  les  malheureux  de  dessus  la  teiTe, 
Et  les  indigents  parmi  les  hommes. 

1 5  La  sangsue  a  deux  filles  :  Donne !  donne  ! 
Trois  choses  sont  insatiables, 

Quatre  ne  disent  jamais  :  Assez  I 

16  Le  sejour  des  morts,  le  sein  sterile. 
La  terre  qui  n'est  pas.rassasiee  d'eau 
Et  le  feu,  qui  ne  dit  jamais  :  Assez! 

17  L'ceil  qui  se  moque  d'un  pere, 

Et  qui  dedaigne  I'obrissance  envers  une  mere, 
Les  corbeaux  du  torrent  le  perceront, 
Et  les  petits  de  I'aigle  le  devoreront. 

iS  U  y  a  trois  choses  qui  me  sont  cachees, 
Et  mcme  quatre  que  je  ne  comprends  pas. 

19  La  trace  de  I'aigle  dans  les  cieux. 
La  trace  du  serpent  sur  le  rocher, 

La  trace  du  navire  au  milieu  de  la  mer, 
Et  la  trace  de  I'homme  chez  la  jeune  fille. 

20  Telle  est  la  voie  de  la  femme  adultcre  : 
Elle  mange,  et  s'essuyant  la  bouche, 
EUe  dit  :  "  Je  n'ai  pas  fait  de  mal.  " 

Trois  choses  troublent  la  terre, 

Et  il  en  est  quatre  qu'elle  ne  pent  supporter  : 

Lin  esclave  qui  vient  .\  regner, 

Un  insensd  qui  est  rassasie  de  pain, 

Une  femme  dt^daignde  qui  se  marie, 

Et  une  servante  qui  hcrite  de  sa  maitresse. 

24  II  y  a  sur  la  terre  quatre  animaux  bien  petits, 
Et  cependant  tres  sages  : 


21 


22 


23 


5.  Eprouvce par  le  feii,  comme  I'or,  et  par 
consequent  pure  de  toute  scorie.  C'est  done 
a  la  revelation  divine  que  I'homme  doit  de- 


mander  toutes  les  lumicres  qui  lui  nianquent. 
6.   N^njoutc  7ien  :  com  p.    Dn/^.    iv,    2; 
xii,  32:  Apoc.  xxii,  iS, 


LIBER  PROVERBIORU^I.     Cap.  XXX,  5—24. 


375 


ejus,  et  quod  nomen  filii  ejus,  si 

Ti.  7.    nosti?  5.''Omnis  sermo  Dei  igni- 

tus,  clypeus  est  sperantibus  in  se  : 

eut.  4,     6.  ''ne  addas  quidquam  verbis  illius, 

^~'  ^^^'     et  arguaris  inveniarisque  mendax. 

7.  Duo  rogavi  te,  ne  deneges  mihi 

antequam  moriar.  8.  Vanitatem,  et 

verba   mendacia   longe   fac   a   me. 

Mendicitatem,  et  divitias  ne  dede- 

ris  mihi  :  tribue  tantum  victui  meo 

necessaria  :  9.  ne  forte  satiatus  illi- 

ciar  ad  negandum,  et  dicam  :  Quis 

est  Dominus.^  aut  egestate  compul- 

sus  furer,  et  perjurem  nomen  Dei 

mei. 

10.  Ne  accuses  servum  ad  domi- 
num  suum,  ne  forte  maledicat  tibi, 
et  corruas. 

1 1.  Generatio,  quae  patri  sue  ma- 
ledicit,  et  quae  matri  sua^  non  bene- 
dicit.  1 2.  Generatio,  quas  sibi  munda 
videtur,  et  tamen  non  est  lota  a  sor- 
dibus  suis.  13.  Generatio,  cujus  ex- 
celsi  sunt  oculi,  et  palpebral  ejus  in 
alta  surrectae,  14.  Generatio,  quae 
pro  dentibus  gladios  habet,  et  com- 
mandit  molaribus  suis,  ut  comedat 
inopes  de  terra,  et  pauperes  ex  ho- 
minibus. 


15.  Sanguisugae  duae  sunt  filiae, 
dicentes  :  Affer,  Affer.  Tria  sunt 
insaturabilia,  et  quartum,  quod  nun- 
quam  dicit  :  Sufficit.  16.  Infernus, 
et  OS  vulvae,  et  terra,  quae  non  sa- 
tiatur  aqua  :  ignis  vero  nunquam 
dicit  :  Sufficit. 

17.  Oculum,  qui  subsannat  pa- 
trem,  et  qui  despicit  partum  matris 
suae,  efFodiant  eum  corvi  de  torren- 
tibus,  et  comedant  eum  filii  aquilae. 

18.  Tria  sunt  difficilia  mihi,  et 
quartum  penitus  ignoro  :  19.  viam 
aquilae  in  ccelo,  viam  colubri  super 
petram,  viam  navis  in  medio  mari, 
et  viam  viri  in  adolescentia.  20.  Ta- 
lis est  et  via  mulieris  adulterae,  quae 
comedit,  et  tergens  os  suum  dicit  : 
Non  sum  operata  malum. 

21.  Per  tria  movetur  terra,  et 
quartum  non  potest  sustinere  : 
22.  per  servum  cum  regnaverit  : 
per  stultum  cum  saturatus  fuerit 
cibo  :  23.  per  odiosam  mulierem 
cum  in  matrimoniofueritassumpta: 
et  per  ancillam  cum  fuerit  heres  do- 
mi  nae  suae. 

24.  Quatuor  sunt  minima  terrae, 
et  ipsa  sunt  sapientiora  sapientibus. 


7.  /e  te  deiimnde,  je  demande  a  Dieif, 
nomme  vers.  i. 

9.  Et  n'onfi'ai^e,  litt.  ne prenne  en  vain  : 
soit  en  faisant  de  faux  serments  pour  attes- 
ter  mon  innocence,  soit  en  dissimulant  mes 
crimes  sous  les  dehors  d'une  feinte  pie'te. 

10.  Qn'il  7ie  f  arrive  vial,  litt.  que  in  lieii- 
cotires  une  expiation.  La  maledi<flion,  quand 
elle  est  juste,  peut  attirer  la  colore  divine 
sur  le  coiipable. 

11.  Une  race.,  litt.  une  ge'ttc'rafiofi,  une 
espece  d'hommes  freres  par  la  malice  et  la 
perversite. 

12.  Comp.  Is.  iv,  4;  Ezcch.  xvi,  4. 

13.  Les  yeiix  altiers  sont  le  signe  exte- 
rieur  de  I'orgueil. 

14.  Peinture  symbolique  de  la  cupidite. 

15.  Deuxfillcs,  dont  le  nom  :  donne,  dotifie, 
indique  le  caracflere. 

16.  Le  sein  sterile  (litt.  occliisio  uteri), 
qui  n'arrive  pas  a  concevoir  et  a  enfanter. 
Pour  I'expression,  comp.  Gen.  xvi,  2;  xx,  18; 
pour  la  pensee,  Gen.  xxx,  i  sv. 

17.  (2ui  dcdaiojie  Vohcissance;  Vulg.,  qui 
lucprise  Penfantenient  de  sa  inh'e,  la  mere 
qui  I'a  enfante.  —  Les  corheaux  s'attaquent 


tout  d'abord  aux  yeux  d'un  cadavre.  —  Les 
petits,  les  aiglons  auxquels  I'aigle  aura  ap- 
porte  ce  morceau  de  choix. 

19.  Lm  jeiine  pile,  hebr.  ainiah,  comp.  Isai 
vii,  14.  Si  un  homme  parvient  a  arriver  jus- 
qu'a  elle  et  a  la  seduire,  la  trace  de  ce  crime 
est,  au  moins  pour  quelque  temps,  aussi  diffi- 
cile a  saisir  que  celle  que  laisse  apres  lui  I'ai- 
gle volant  dans  les  airs,ou  le  serpent  glissant 
sur  le  roclier.  Ce  4<^  membre  est  le  noeud  du 
proverbe ;  la  Vulg.  le  traduit  :  et  la  trace  07i 
le  chemin  de  Vhonivie  dans  sa  jcunesse. 

20.  Application  a  la  femme  adultere. 

22.  Un  esclave  :  comp.  xix,  10,  —  Un  in- 
scnse,  arrive  sans  travail  a  I'abondance  de 
toutes  choses,  se  montre  insolent  et  orgueil- 
leux  :  comp.  vers.  9. 

23.  U7te  feniine  sans  aucun  attrait,  long- 
temps  dedaign^e  et  devenue  vieille  fille,  si 
elle  trouve  enfin  un  mari,  donne  un  libre 
cours  a  sa  vanite  et  a  ses  caprices.  —  Une 
servante  qui  he'rite  des  biens  de  sa  viaitresse, 
et  arrive  ainsi  a  la  fortune,  devient  fiere  et 
insolente.  Quelques  interpretes  entendent 
ce  proverbe  d'une  servante  qui  supplante  sa 
maitresse  dans  I'affeflion  de  son  maitre. 


376     LIVRE  UES  PROVERBES.     Chap.  XXX,  25—33;  XXXI,  1—9. 

25  Les  fourmis,  peuple  sans  force, 
Prepaient  en  cte  leur  nourriture; 

26  Les  damans,  peuple  sans  puissance, 
Placent  leui"  gite  dans  les  rochers ; 

27  Les  sauterelles  n'ont  pas  de  roi, 
Et  elles  sortent  toutes  par  bandes; 

28  Tu  peux  prendre  le  lezard  avec  la  main, 
Et  il  se  trouve  dans  le  palais  des  rois. 

29  II  y  en  a  trois  qui  ont  une  belle  allure, 
Et  quatre  qui  ont  une  belle  demarche  : 

30  Le  lion,  le  plus  brave  des  animaux, 
Ne  reculant  devant  aucun  adversaire: 

31  L'animal  aux  reins  agiles,  ou  le  bouc, 
Et  le  roi,  :i  qui  personne  ne  resiste. 

32  Si  tu  es  assez  fou  pour  te  laisser  emporter  par  Torgueil, 
Et  si  tu  en  as  la  pensee,  mets  la  main  sur  ta  bouche, 

33  Car  la  pression  du  lait  produit  du  beurre. 
La  pression  du  nez  produit  du  sanj?, 

Et  la  pression  de  la  colere  produit  la  querelle. 


Cliap. 
XXX  L 


Deuxieme  supplement  a  la  IIP  partle. 

PAROLES   DE   LA   MERE    DE    LAMUEL. 

CHAP.  XXXI,  vers,  i  — 9. 
1  Paroles  du  roi  Lamuel.  Sentences  par  lesquelles  sa  mere  Tinstruisit  : 


I^^^UE  ic  dirai-ji\  mon  fils?  Que  tc  dirai-je,  fils  de  mes  entrailles? 
i^^l         ^"^  ^''^  dhai-jc,  mon  fils,  objet  de  mes  vceux.' 
I^^Sl     3  Ne  livre  pas  ta  vigueur  aux  femmes, 
Et  tes  voies  ^  celles  qui  perdent  les  rois. 

4  Ce  n'est  point  aux  rois,  Lamuel, 

Ce  n'est  point  aux  rois  de  boire  du  vin, 

Ni  aux  puissants  de  rechercher  les  rujueurs  fermentees. 

5  De  peur  qu'en  buvant  ils  n'oublient  la  loi 

Et  ne  faussent  le  droit  de  tous  les  malheureux. 

6  Donnez  des  liqueurs  fortes  a  celui  qui  peril, 

Et  du  vin  a  celui  dont  le  coeur  est  rempli  d'amertume; 

7  Qu'il  boive  et  qu'il  oublie  sa  misere, 

Et  qu'il  ne  se  souvienne  plus  de  ses  peines. 

8  Ouvre  ta  bouche  en  faveur  du  nuiet, 
Pour  la  cause  de  tous  les  abandonncs. 

9  Ouvre  ta  bouche,  rends  de  justes  arrets, 

Et  fais  justice  an  malheureux  et  a  I'indigent. 


—JO^ K>i K>5-- 


25.  Les  fourmis  :  voy.  vi,  7  sv. 

26.  Les  damans  (Vulg.  Ic  lapin)  :  cet  ani- 
mal, qui  ressemble  pour  la  forme  a  la  mar- 
la  Syrie  et  I'.Xfrique;  il  sait 


motte,  habite 


trouver  dans  les  rochers  un  abri  pour  sa 

faiblesse. 

28.    Tu  pcux  prendre  Ic  h'zard  a7>ec  la 
main;  \'ulg.,  Ic  lezard  se  souiient  sur  ses 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXX,  25—33;  XXXI,  1—9.      377 


25.  Formicae,  populus  infirmus,qui 
prasparat    in    messe   cibum   sibi    : 

26.  lepusculus,  plebs  invalida,  qui 
collocat  inpetracubile  suum  :  2 7. re- 
gem  locusta  non  habet,  et  egreditur 
universa  per  turmas  suas  :  28.  stel- 
lio  manibus  nititur,  et  moratur  in 
asdibus  regis. 

29.  Tria  sunt,  quae  bene  gradiun- 
tur,  et  quartum,  quod  incedit  feli- 
citer  :  30.  leo  fortissimus  bestiarum, 
ad  nullius  pavebit  occursum :  3 1  .gal- 
lus  succinctus  lumbos :  et  aries :  nee 
est  rex,  qui  resistat  ei. 

32.  Et  qui  stultus  apparuit  post- 
quam  elevatus  est  in  sublime  :  si 
enim  intellexisset,ori  suo  imposuis- 
set  manum.  1,3-  Qui  autem  fortiter 
premit  ubera  ad  eliciendum  lac,  ex- 
primit  butyrum  :  et  qui  vehementer 
emungit,  elicit  sanguinem  :  et  qui 
provocat  iras,  producit  discordias. 
^  ^:  '■s>:  '^  ^:  m  m  '^  m  h  m  :^:  'm  m  ^:  's^:  m  :<$:  m  m  ^ 

— :i:—       CAPUT   XXXI.      — :i:— 

Exhortatiir  ne  mulieiibus  dederis  substan- 
tiam  tiiam,  nee  regibus  vinum,  sed  mce- 
lentibus ;  aperi  os  tiuim  muto  :  vindica 
inopem  :  laus  et  raritas  mulieris  fortis  : 
pulchritudo  fallax  gratia. 


'ERBA  Lamuelis  regis. 
Visio,  qua  erudivit  eum 
mater  sua.  2.  Quid  dilecte 
11  mi,  quid  dilecte  uteri  mei, 
quid  dilecte  votorum  meorum.'' 
3.  Ne  dederis  mulieribus  substan- 
tiam  tuam,  et  divitias  tuas  ad  de- 
lendos  reges. 

4.  Noli  regibus,  o  Lamuel,  noli 
regibus  dare  vinum  :  quia  nullum 
secretum  est  ubi  regnat  ebrietas. 
5.  Et  ne  forte  bibant,  et  oblivi- 
scantur  judiciorum,  et  mutent  cau- 
sam  filiorum  pauperis.  6.  Date  sice- 
ram  moerentibus,  et  vinum  his,  qui 
amaro  sunt  animo  :  7.  bibant,  et 
obliviscantur  egestatis  suas,  et  dolo- 
ris  sui  non  recordentur  amplius. 

8.  Aperi  os  tuum  muto,  et  causis 
omnium  filiorum  qui  pertranseunt : 
9.  aperi  os  tuum,  decerne  quod  ju- 
stum  est,  et  judica  inopem  et  pau- 
perem. 


^ 


viai7ts  (ses  pattes).  —  II  se  h-oiive,  il  est  assez 
habile  pour  penetrer  dans  les  palais  des  rois, 
malgre  les  miirailles  qui  les  entourent. 

Lecon  morale  :  cet  instindl  des  petits  ani- 
maux  vient  de  Dieu. 

31.  V animal  aux  leins  agiles^  peul-etre 
le  cheval  de  guerre  tout  equipe;  d'autres, 
le  le7nin-;  Vulg.,  le  coq.  —  A  qin  perso?ine 
nc  re'sish\  Le  mot  alqouiii  fait  difficulte ; 
Delilzsch  et  d'autres  lui  donnent  le  sens  qu'il 
a  en  arabe,  et  traduisent  :  le  roi  an  njilicii 
lie  soft  ariitee. 

32.  Sens  :  si,  pousse  par  I'orgueil,  tu  le 
sens  pret  a  dire  des  choses  foUes,  des  paro- 
les de  violence  et  de  colere,garde  le  silence, 
comprime  ces  pensees  et  ces  ddsirs  cou- 
pables. 

Vulgate  :  lei  s'esl  inontre  insense  a  la 
stiiie  de  son  elevation  a  un  7-ang  snperietirj 
avcc  de  Pinielliqence,  il  aitfail  mis  la  main 
stir  ses  le7'7'es. 

33.  Ca?-  :  raison  de  I'avertissement  qui 
precede  :  celui  qui  ne  sait  pas  se  mod^rer 
arrive  a  des  resultats  aussi  inattendus  que 
regrettables.  —  Dn  beiirre ;  d'autres,  de  la 
crane  ou  du  from  age. 


CHAP.  XXXI. 

1.  Lamuel,  en  hebr.  Lemouel  (de  lemo, 
pour  le,  et  El),  c.-a-d.  consacre  ou  apparte- 
nant  ii  Diet/.  D'apres  les  anciens,  ce  nom 
designerait  Salomon,  a  qui  ils  attribuaient 
tout  le  livre  des  Proverbes  :  opinion  tout  a 
fait  improbable;  il  designerait  plutot  le  roi 
Ez^chias. 

2.  Moji  fils,  hebr.  l>e>-i,  mot  arameen 
(comp.  ]^s.  ii,  12),  que  la  Vulg.  traduit  par 
inen-aime.  La  repetition  exprime  bien  I'emo- 
tion  de  la  mere,  inquicte  des  dangers  que 
court  son  fils. 

3.  Tes  7>oies,  tes  a(fles,  ta  volonte.  —  A 
cellcs  qui perdenl  les  rois,&n  lisant  liniec/iot/i. 
La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  cf  les  riches- 
ses  aux  courtisanes  pour  la  perte  des  rois. 

4.  Ni  auxp7/issan/s,  etc.  Vulg.  :  ear  il  n'y 
a  pas  de  secret  ou  irgne  Pii'resse,  ce  qui 
repond  au  proverbe  juif  :  "Qui  fait  entrer 
le  vin  fait  sortir  le  secret.  " 

8.  En  fa-c'eur  du  viuel,  de  celui  qui  n'ose 
pas  ou  ne  peut  pas  se  d^fendre  en  justice. 
—  De  ious  les  delaisses ;  A'ulg.,  de  lous  ceux 
qui passenl,  qui  n'ont  pas  d'asile. 


378 


LIVRE  DES  PROVERBES.     Chap.  XXXI,  10—31. 


Troisieme  supplement  a  la  IIP  partie. 

ELOGE   DE   LA   FEMME   FORTE. 


CHAP.  XXXI,  vers.  10 — 31. 

fR^^a  U I  pent  trouver  une  femme  forte? 
I^^Ji        EUe  a  bien  plus  de  prix  que  les  perles. 
i^°^i  1 1   Le  ccEur  de  son  mari  a  confiance  en  elle, 
Et  les  profits  ne  lui  feront  pas  defaut. 

12  Elle  lui  fait  du  bien,  et  non  du  mal, 
Tou3  les  jours  de  sa  \  ie. 

13  Elle  se  procure  de  la  laine  et  du  lin, 
Et  travaiUe  de  sa  main  joyeuse. 

14  Elle  est  comme  le  vaisseau  du  marchand, 
Elle  apporte  son  pain  de  loin. 

15  Elle  se  Icve  lorsqu'il  est  encore  nuit, 
Et  elle  donne  la  nourriture  a  sa  maison 
Et  la  tache  a  ses  servantes. 

16  Elle  considere  un  champ,  et  elle  I'achete; 
Du  fruit  de  ses  mains  elle  plante  une  vigne. 

17  Elle  ceint  de  force  ses  reins, 
Et  elle  affermit  ses  bras. 

18  Elle  sent  que  son  gain  est  bon; 

Sa  lampe  ne  s'dteint  pas  pendant  la  nuit. 

19  Elle  met  la  main  a  la  quenouille, 
Et  ses  doigts  prennent  le  fuseau. 

20  Elle  tend  la  main  au  malheureux, 
Elle  ouvre  la  main  a  I'indigent. 

21  Elle  ne  craint  pas  la  neige  pour  sa  maison, 
Car  toute  sa  maison  est  vctue  de  cramoisi. 

22  Elle  se  fait  des  coiivertures, 

Elle  a  des  ve.tements  de  byssus  et  de  pourpre. 
21,  Son  epoux  est  bien  connu  aux  portes  t/e  la  ville, 
Lorsqu'il  siege  avec  les  anciens  du  pays. 

24  Elle  fait  des  chemises  et  les  vend, 

Et  elle  livre  des  ceintures  au  marchand. 

25  Elle  est  revetue  de  force  ct  de  grace, 
Et  elle  se  rit  de  Tavenir. 

26  Elle  ouvre  la  bouche  avec  sagesse, 

Et  les  bonnes  paroles  sont  sur  sa  langue. 

27  Elle  surveille  les  sentiers  de  sa  maison, 
Et  elle  ne  mange  pas  le  pain  d'oisivetc. 

28  Ses  fils  so  Invent  ct  la  proclament  heureuse; 
Son  epoux  se  Icve  et  lui  donne  des  eloges. 

29  Plusieurs  filles  se  sont  montrees  vertueuses; 
Mais  toi,  tu  les  surpasses  toutes. 

30  Trompeuse  est  la  grace,  et  vaine  est  la  beaute; 

La  femme  qui  craint  Jehovah  est  celle  qui  sera  louee. 

31  Donnez-lui  du  fruit  de  ses  mains, 

Et  que  ses  oeuvres  disent  sa  louange  aux  portes  de  la  ville. 


10  sv.  Dans  ce  petit  pocme,  alphabetique 
en  hebreu,  I'auteur,  un  inconnu,  trace  le 
portrait  ideal  de  la  femme  forte,  dont  il  em- 
prunte  les  traits  aux  moeurs  de  son  temps 
et  de  son  pays. 

Une  femme  forte,  une  femme  vertueuse, 
amie  du  travail,  qui  remplit  ses  devoirs 
d'epouse  et  de  mere  avec   intelligence  et 


courage.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  : 
c''est  bien  loin  ct  aux  cx/n'mites  de  la  ierrc 
(hebr.  tnipiniin.  au  lieu  de  mipeninim)  qu'il 
en  faut  chercher  le  prix. 

1 1.  Les  profits,  ou  les  produits  du  patrimoi- 
ne  domestique,  seront  abondants,  grace  au 
travail  et  a  la  sage  economie  de  son  (Spouse. 

13.  De  sa  main  Joyeuse,  N'ulg.  Jtabile. 


LIBER  PROVERBIORUM.     Cap.  XXXI,  10—31. 


379 


ULIEREM  fortem  quis 
inveniet?  procul,  et  de 
ultimis    finibus    pretium 

ejus.  1 1.  Confidit  in  ea  cor 

viri  sui,  et  spoliis  non  indigebit. 
i2.Reddet  ei  bonum,et  non  malum, 
omnibus  diebus  vitas  suas.  13.  Quas- 
sivit  lanam  et  linum,  et  operata  est 
consiliomanuum  suarum.  14,  Facta 
est  quasi  navis  institoris,  de  longe 
portans  panem  suum.  15.  Et  de 
nocte  surrexit,  deditque  praedam 
domesticis  suis,  et  cibaria  ancillis 
suis.  i6.Consideravit  agrum,etemit 
eum  :  de  fructu  manuum  suarum 
plantavit  vineam.  17.  Accinxit  for- 
titudine  lumbos  suos,  et  roboravit 
brachium  suum.  18.  Gustavit,  et  vi- 
dit  quia  bona  est  negotiatio  ejus  : 
non  exstinguetur  in  nocte  lucerna 
ejus.  19.  Manum  suam  misit  ad 
fortia,  et  digiti  ejus  apprehenderunt 
fusum.  20.  Manum  suam  aperuit 
inopi,  et  palmas  suas  extendit  ad 


pauperem.  21.  Non  timebit  domui 
suas  a  frigoribus  nivis  :  omnes  enim 
domestici  ejus  vestiti  sunt  duplici- 
bus.  22.  Stragulatam  vestem  fecit 
sibi  :  byssus,  et  purpura  indumen- 
tum ejus.  23.  Nobilis  in  portis  vir 
ejus,  quando  sederit  cum  senatori- 
bus  terras.  24.  Sindonem  fecit,  et 
vendidit,  et  cingulum  tradidit  Cha- 
nanaso.  25.  Fortitudo  et  decor  in- 
dumentum ejus,  et  ridebit  in  die 
novissimo.  26.  Os  suum  aperuit  sa- 
pientiae,  et  lex  dementias  in  lingua 
ejus.  27.  Consideravit  semitas  do- 
mus  suas,  et  panem  otiosa  non  com- 
edit.  2  8.Surrexeruntfiliiejus,et  bea- 
tissimam  prasdicaverunt:  vir  ejus,  et 
laudavit  eam.  29.  Multas  filias  con- 
gregaverunt  divitias  :  tu  supergressa 
es  uni  versas.30.Fallaxgratia,et  vana 
est  pulchritudo  :  mulier  timensDo- 
minum  ipsa  laudabitur.  31.  Date  ei 
de  fructu  manuum  suarum  :  et  lau- 
dent  eam  in  portis  opera  ejus. 


14.  Sens  :  elle  vend  aux  etiangers  les  pro- 
duits  de  son  travail,  et  a\  ec  I'argent  qu'elle 
en  regoit  elle  se  procure  toutes  les  clioses 
necessaires  a  I'entretien  de  sa  famille. 

15.  Z(7  tachc,  \'ulg.  les  alimeiUs. 

18.  Elle  sc77t,  etc.  •  le  gain  qu'elle  retire 
de  son  Industrie  et  de  son  travail  lui  pro- 
cure une  douce  et  legitime  satisfa(n;ion.  — • 
Sa  laiupe  ne  s\'tcint  pas,  etc.  :  non  pour 
travailler  toute  la  nuit,  mais  pour  ctre  prcte 
a  la  premiere  alerte. 

19.  A  la  qi/e7Wi(ille,  Vulg.  a  des  a'uvres 
de  fo7Xc. 

21.  La  neigc  et  le  froid  qui  I'accompagne. 
—  De  cramoisi,  de  vetements  rouges  ou  de 
pourpre  :  on  croyait  sans  doute  que  cette 
couleur  conserve  la  chaleur.  ^^ulg.  :  tons  les 
_S[efts  de  sa  niaisoii  out  nn  double  7'cieme7it 
(hebr.  schc7taii7i,  au  lieu  de  scJia7ii77} )  .•  soit 
des  vetements  doubles,  soit  deux  vetements 
qui  se  superposent  I'un  ;i  I'autre. 

22.  Des  couverft(7'es  ou  coitsshis  pour  les 
lits  :  c'est  le  sens  de  siragulata7u  vestem  de 
la  Vulgate.  —  De  byssus,  etoffe  d'un  tissu 
fin  et  soyeux,  dont  la  matiere  etait  le  coton 
ou  le  lin  trcs  fin. 

23.  Akx  p07'tes  de  la  villc,  ou  les  juges  et 
les  magistrats  tenaient  leurs  assemblees. 

24.  Che77iises  :  la  Palestine  etait  renom- 
mee  pour  la  fabrication  du  linge  fin  (Is. 
iii,  23).  —  Des  cet7!t7ors  brodees  et  ornees 
de    perles.   —   Aif    inatxhand   phenicien, 


comme  traduit  la  Vulg.;  ce  marchand  lui 
fournissait  en  retour  des  etoffes  de  pourpre 
fabriquees  a  Tyr  et  a  Sidon. 

25.  Elle  se  r//,  elle  est  sans  inquietude  au 
sujet  de  I'avenir.  Vulg.,  elle  7'ira,  elle  sera 
joyeuse,  au  de7-77ter  joitr,  au  jour  du  juge- 
ment  final. 

Vulg.,  ime  hi  de  clei7ic7ice,  ou  de  douceu7- 
est  sin-  sa  Ia7ig7ic  :  elle  se  fait  une  loi  de  ne 
dire  que  de  douces  paroles. 

27.  Les  se7itiers  de  sa  77iaiso7t,  tout  ce  qui 
s'y  passe. 

28.  Heu7ruse  de  ce  qu'elle  a  procure  a  sa 
maison  et  a  elle-meme  le  bien-etre  et 
I'honneur. 

29.  Ce  verset  est  sans  doute  I'expression 
de  la  louange  adressee  k  la  femme  forte  par 
son  mari.  Se  S07it  i!i077t7rcs  ve7-t7<cuses,  litt. 
fo7'tes.  L'hebr.  chai'l  exprime  tout  d'abord 
I'idee  defo7re,  d'ou  celle  de  vertu,  et  quel- 
quefois  de  richesses. 

30.  La  c7-ai7ite  de  Dieu  est  la  condition 
du  m^rite  de  la  femme,  comme  elle  etait 
proclamee  au  commencement  du  livre  (i,  7) 
la  condition  du  merite  de  I'homme. 

31.  Do7i7icz-lui  :  qu'elle  jouisse  des  fruits 
de  son  travail,  etc.  Cette  recompense  tem- 
porelle  est  I'image  et  I'avant-gout  de  celle 
que  le  souverain  Juge  reserve  au  ciel  a  la 
femme  vertueuse. 


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1  iiiiiiririirTiriiiiiiiiiiiil 


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Intuatiuctian. 


LE  livrc  de  rEcclesiastc  est  gene- 
ralement  regarde  comme  un 
des  livres  dc  I'Ancicn  Testa- 
ment qui  offrent  a  I'exegete  le  plus 
de  difficultes.  A  premiere  vue,  la  doc- 
trine morale  de  cet  ecrit  semble  trop 
humaine,  indigne  d'un  auteur  inspire, 
voisine  meme  du  fatalisme  et  de  la 
philosophie  epicurienne;  ou  encore, 
elle  parait  incoherente  et  contradic- 
toire.  Mais  a  mesure  qu'on  penetre 
davantage  I'esprit  de  tout  le  livre,  ces 
impressions  se  corrigent  :  on  saisit 
mieux  le  sens  intime  des  pensees, 
leur  lien  peu  apparent;  bon  nombre 
dc  points  obscurs  finissent  par 
s'eclaircir. 

QoJicleth  est,  dans  le  texte  hebreu, 
le  titre  du  livre.  Ce  mot  signifie,  selon 
I'opinion  la  plus  commune,  celui  qui 
convoqiic  une  assemblee,  qui  parle  en 
public,  concionator.  Les  Septante  I'ont 
traduit  par  'E/./.Xviatacrry;;,  et  la  Vul- 
gate a  suivi  cette  traduction. 

L'Ecclesiaste  debute  par  un  tableau 
poetique  de  la  vanite  de  tons  les  etres 
de  ce  monde.  Toutes  choses  tournent 
dans  un  cercle,  et  rien  n'est  nouveau 
sous  le  soleil.  Puis,  il  fait  appel  a  son 
experience.  Roi  dans  Jerusalem,  il  a 
tout  vu,  tout  essaye,  et  il  a  senti  pro- 
fondement  la  vanite  de  la  science, 
des  plaisirs,  des  richesses.  L'homme, 
dit-il,  ignore  ce  que  deviendront  apres 
sa  mort  les  fruits  de  ses  travaux. 
Done,  mieux  vaut  en  jouir  de  son 
vivant,en  regardant  tout  bien  comme 
un  don  de  la  main  de  Dieu  (ch.  i 
et  ii). 

Dans  les  chapitres  suivants,  les 
considerations  de  QohcletJi  ne  se  suc- 
cedent  pas  toujours  dans  un  ordre 
aussi  parfait;  clles  aboutissent  du 
moins  a  la  meme  conclusion  :  tout  en 
ce  monde   est  effort  sterile,  vanite, 


neant.  L'homme  ne  pent  rien  changer 
au  plan  divin  :  qu'il  I'accepte  avec 
resignation  ;  il  ne  pent  pas  se  dcfen- 
dre  des  injustices,  ni  eviter  les  contre- 
temps; ou,  plutot,  il  n'y  a  point  de 
contre-temps  :  tout  arrive  en  son 
temps,  au  temps  prevu  ;  il  faut  se  sou- 
mettre.  II  est  bien  difficile  d'analyscr 
la  suite  du  livre,  ou  se  melent  les  re- 
flexions sur  les  objets  les  plus  divers  : 
avarice,  exces,  tyrannic ;  puis,  des 
sentences  dans  lest)le  et  la  forme  de 
celles  des  Proverbes;  et  enfin,  des 
conseils  pratiques  pour  la  conduite 
de  la  vie.  La  division  du  sujet,  le 
groupement  des  idees  differe  avec 
chaque  exegete,  justement  parce  qu'il 
n'y  a  point,  dans  la  suite  des  pensees, 
d'ordre  logique  rigoureux. 

A  la  fin  du  livre,  I'Ecclesiaste 
exhorte  le  jeune  homme  a  jouir  de  la 
vie  en  gardant  le  souvenir  de  Dieu, 
avant  que  viennent  les  jours  tristes, 
la  vieillesse,  —  dont  les  maux  sont 
decrits  dans  une  allegoric  pittores- 
que.  La  vanite  de  toutes  choses  est 
encore  proclamee,  et  voici  "  le  mot 
final  de  tout  ce  discours  :  Grains  Dieu 
et  observe  ses  commandements,  car 
c'est  le  tout  de  l'homme"  (xii,  13J. 

II  ne  s'agit  pas  ici  de  resoudre  en 
detail  les  difficultes  suscitees  par  ces 
douze  petits  chapitres.  Exposons  brie- 
vement  les  principaux  s)-stemes  d'in-' 
terpretation  et  les  principes  de  so- 
lution. 

Plusieurs  ont  pense  que  ca  et  la 
I'auteur  pretait  la  parole  aux  impies, 
materialistes,  fatalistes,  epicuriens, 
pour  refuter  ensuite  leur  doflrine. 
Mais  cette  hypothese,  n'etant  fondee 
sur  aucune  indication  du  texte,  est 
arbitraire.  Tous  les  commentateurs 
la  rejettent  aujourd'hui  pour  I'en- 
semble  du  discours;  quelques-uns  la 


382 


L'ECCLESIASTE. 


retiennent  pour  tel  passage  d'inter- 
pretation  plus  difficile,  sans  pouvoir 
toutefois  I'etablir  solidement. 

"  Pourquoi  le  livre  de  I'Ecclesiaste 
ne  serait-il  pas  la  confession  simple 
ct  sincere  de  celui  qui  a  cherche  en 
sens  divers  le  bonheur  de  cette  vie 
sans  reussir  a  le  rencontrer  tel  qu'il 
I'avait  reve?  II  I'a  demande  tour  a 
tour  a  la  science,  au  plaisir  et  a  la 
gloire.  Mais,  au  fond  de  toutes  les 
coupes  dont  ses  levres  se  sont  appro- 
chees,  il  a  trouve  unc  lie  amere  :  la 
vanite  des  biens  terrestres  et  I'afflic- 
tion  d'esprit  dont  leur  jouissance  est 
suivie  . . .  De  ce  point  de  vue,  nous 
assistons  a  toutes  les  marches  et  con- 
tremarches  du  QoJicletk  a  la  recher- 
che du  bonheur.  "  Si,  par  exemple,  a 
la  fin  du  chapitre  iii,  I'Ecclesiaste 
semble  douter  reellement  que  I'hom- 
me  et  la  bete  aient  un  sort  different 
apres  la  mort,  il  rappelle  simplement 
un  doute  passe ;  "  arrive  a  ce  point  de 
sa  confession,  il  s'est  souvenu  des  per- 
plexites  auxquelles  son  ame  fut  un 
jour  en  proie.  Au  cours  de  sa  marche 
en  avant  vers  le  bonheur,  il  s'ctait 
demande  si  I'homme  vertueux  pou- 
vait  au  moins  espcrer  pour  une  autre 
viequelque  compensation  a  I'injustice 
des  choses  presentes.Or,  a  cette  ques- 
tion il  n'avait  pas  su  donner  alors  une 
reponse  categorique  et  affirmative... 
Mais  ce  fut  aux  jours  "  de  sa  folic  et 
de  sa  vanite  "  qu'il  s'arreta  au  doute, 
presque  a  la  desesperance.  En  nous 
faisant  part  de  ses  incertitudes  pas- 
sees,  il  ne  nous  trompe  pas,  puisque  a 
la  fin  du  traite  il  livre  le  mot  de  I'enig- 
me,  la  solution  a  laquelle  il  s'est  defi- 
nitivement  arrete."( P. Alfred  Durand, 
Etudes,  t.  LXXXIII,  p.  42-45.) 

Pour  tel  autre,  I'Ecclesiaste  parait 
exposer  ses  sentiments  a^luels,  meme 
dans  ce  passage  difficile.  Dans  ce  cas, 
d'accord  avecl'explication  precedentc 
pour  ne  pas  forcer  le  sens  des  mots  et 
pour  y  voir  I'expression  d'un  veritable 
doute,  il  faut  s'en  ecarter  en  enten- 
dant  ce  doute  d'un  etat  d'ame  aclnel. 
On    fait  alors  porter   cc  doute,   non 


point  sur  la  survivance  de  I'ame,  net- 
tement  affirmee  en  plusieurs  endroits 
du  livre,  mais,  a  cause  meme  de  la 
locution  employee,  sur  le  uiode  de 
survivance,  sur  le  sejour  et  la  condi- 
tion des  morts,  —  points  sur  lesquels 
les  idees  vagues  et  sombres  de  I'an- 
cienne  Loi  s'eclairent  et  se  modifient 
dans  les  deux  siecles  qui  precedent 
I'ere  chretienne.  Comme  on  le  voit, 
cette  interpretation  place  la  compo- 
sition du  livre  a  une  epoque  assez 
basse.    (Cf    Revue     biblique,      1900. 

P-  369-371-) 

Les  critiques    independants  n'au- 

raient  pas  releve  dans  I'Ecclesiaste 
tant  d'incoherences  ct  de  contradic- 
tions, s'ils  avaient  mieux  compris  la 
nature  de  cet  ecrit,  s'ils  avaient  appli- 
que a  son  analyse  une  psychologic 
plus  penetrante,  une  exegese  moins 
rudimentaire.  Un  ecrivain  peut  enon- 
cer  des  propositions,  en  apparence 
contradi6l:oires,en  realite  parfaitement 
consequentes  ou  compatibles,  s'il  se 
place  a  des  points  de  vue  differents 
C'est  justement  le  cas  de  QoJieletli.  II 
se  met  tantot  au  point  de  vue  de  la 
faiblesse  de  I'homme,  tantot  au  point 
de  vue  de  la  grandeur  de  Dieu;  et 
suivant  qu'il  regarde  I'osuvre  divine 
sous  un  angle  ou  sous  I'autre,  natu- 
rellemcnt  ses  reflexions  diffcrent,sans 
etre,  pour  cela,  contradicloires.  Elles 
sont  differentes  aussi  suivant  les  eve- 
nements  qui  les  suggerent,  les  im- 
pressions recues,  les  conseils  a  don- 
ner, le  caraftere  des  personnes  a 
exhorter,  etc.  Ne  nous  attardons  pas 
a  des  objections  facilement  resolubles 
par  le  simple  bon  sens. 


* 
*  * 


Passons  a  la  question  d'auteur.  La 
tradition  juive  et  la  tradition  chre- 
tienne s'accordent  pour  attribuer  a 
Salomon  la  composition  du  livre  de 
ri'2cclesiaste.  Les  exegetes  catholi- 
ques  jusqu'a  ces  derniers  temps  ne  se 
sont  point  ecartes  de  ce  sentiment ; 
M.  Motais,  en  1876,  I'a  soutenu  elo- 
quemment  au   cours  de  deux  forts 


L'ECCLESIASTE. 


383 


volumes;  il  est  defendu  encore  par 
M.  Vigouroux,  le  P.  Cornely,  M.  Phi- 
lippe, etc.  Les  raisons  qu'on  fait  va- 
loir  en  faveur  de  cettc  opinion  sont, 
d'abord,  les  paroles  memes  du  Hvre 
inspire.  Des  le  debut,  I'Ecclesiaste  se 
cVitJi/s  lie  David.  II  est  roi  dans  Jeru- 
salem ;  il  a  surpasse  par  sa  sagesse 
tous  ceux  qui  ont  regne  sur  Jerusa- 
lem avant  lui;  il  a  entrepris  de  grands 
travaux,  bati  des  maisons,  fait  des 
jardins,  des  pares,  des  reservoirs,  pos- 
sede  de  grandes  richesses.  Tout  cela, 
cvidemment,  ne  peut  convenir  qu'a  la 
personne  de  Salomon.  En  second  lieu, 
on  insiste  sur  I'unanimite  de  la 
croyance  traditionnelle  chez  les  an- 
ciens  Peres  et  commentateurs. 

Ces  raisons  n'ont  point  paru  con- 
vaincantes  au  jugement  de  plusieurs 
exegetes  modernes  (Jahn,  Herbst, 
Movers,  Veith,M.  Loisy,  le  D'  Scholz, 
le  P.  Condamin  {Revue  biblique,  1900 
p.  35-44.)  etc.  La  tradition,  disent- 
ils,  ne  tranche  pas  la  question.  Les 
traits  sous  lesquels  I'auteur   se  pre- 


sente  peuvent  etre  une  fi6lion,  comme 
dans  le  livre  de  la  Sagesse.  Plusieurs 
idees,  reflexions,  sentiments,  et  la 
situation  meme,  indiquee  par  les 
allusions  et  le  ton  de  I'ouvrage,  ne 
sauraient  convenir  a  Salomon.  Enfin 
la  langue  du  livre,  chargee  d'ara- 
maismes.  presente  les  caracleres  de 
la  plus  basse  epoque.  "  Ouiconque 
admet  un  developpement  historique 
de  la  langue  hebraique,  dit  Mgr  Kau- 
len,  ne  peut  regarder  Salomon  comme 
I'auteur  du  texte  que  nous  avons  sous 
les  yeux...  Si  le  texte  acluel  n'est 
pas  une  transcription  du  texte  pri- 
mitif  en  langue  de  I'epoque  postexi- 
lienne,  I'Ecclesiaste,  comme  le  livre 
de  la  Sagesse,  aura  etc  compose  par 
un  auteur  posterieur  a  la  captivite, 
et  attribue  a  Salomon  comme  au  plus 
digne  representant  des  pensees  ex- 
primees  dans  ce  livre."  {Einleitung, 
3^  ed.  p^  323.) 

Le  Commentaire  des  pages  sui- 
vantes  conserve  le  point  de  vue  de 
I'opinion  traditionnelle. 


^:f?£:^:^MHMHHHH:^.H:^.HH^.:^:^:^:^[g). 


^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWW^ 


CHAP.  I. —  Proloy;ue;  titie  ct  sujet 
sont   vanitc    et    miserc    [vers,   i  — 
[12-18]. 

Cliap.  I.      [^^^^^^^  A  roles    de    I'Ecclesiaste, 

fils  de  David,  roi  de  Je- 
rusalem. 

^Vanite  des  vanites! 
dit  I'Ecclesiaste,  vanite 
des  vanites!  Tout  est  vanite.  3 Quel 
avantage  revient-il  a  rhomme  de 
toute  la  peine  qu'il  sc  donne  sous  le 
soleil?  4  line  generation  passe,  une  au- 
tre vient,  et  la  terre  subsiste  toujours. 
sLe  soleil  se  leve,  le  soleil  se  couche, 
et  il  se  hate  de  retourner  a  sa  de- 
meure,  d'ou  il  se  leve  de  nouveau. 
^Le  vent  va  au  midi,  tourne  vers  le 
nord;  puis  il  tourne  encore  et  reprend 
les  memes  circuits.  7 Tons  les  fleuves 
vont  a  la  mer,  et  la  mer  n'est  point 
remplie;ils  continucnt  a  aller  vers  le 
lieu  ou  ils  se  dirigent.  ^Toutes  cho- 
ses  sont  en  travail  au-dela  de  ce 
qu'on  peut  dire;roeil  n'est  pas  rassa- 
sie  de  voir,  et  I'oreille  ne  se  lasse 
pas  d'entendre.  vCe  qui  a  etc,  c'est 
ce  qui  sera,  et  cc  qui  s'est  fait,  c'est 


du  livre  :  toutes  les  choses  humaines 
-11].  Vanite   de    la   sagesse    humaine 


ce  qui  sc  fera;  il  n'y  a  rien  de  nou- 
veau sous  le  soleil.  i^S'il  est  une 
chose  dont  on  disc  :  "  Vois,  c'est  nou- 
veau !  "  cette  chose  existait  deja  dans 
les  siecles  qui  nous  ont  precedes. 
"On  ne  se  souvient  pasde  ce  qui  est 
ancien,  et  ce  qui  arrivera  dans  la 
suite  ne  laissera  pas  de  souvenir  chez 
ceux  qui  vivront  plus  tard. 

i^Moi,  I'Ecclesiaste,  je  suis  depuis 
longtemps  roi  d' Israel  a  Jerusalem, 
i3et  j'ai  applique  mon  esprit  arecher- 
cher  et  a  sonder  par  la  sagesse  tout 
ce  qui  se  fait  sous  les  cieux  :  occupa- 
tion penible  a  laquelle  Dieu  soumet 
les  enfants  des  hommes.  i4j'ai  exa- 
mine tout  ce  qui  se  fait  sous  le  soleil  : 
oui,  tout  est  vanite  et  poursuite  du 
vent.  ^sCe  qui  est  courbe  ne  peut  se 
redresser,  et  ce  qui  manque  ne  peut 
etre  compte.  ^^Je  me  suis  dit  en  moi- 
meme  :  "  J'ai  acquis  une  grande  sa- 
gesse, surpassant  tous  ceux  qui  ont 


CHAP.  I. 

1.  Ecclesiasic,  ht-br.  qohelcth,  celui  qui 
tient  une  asseinbltie  et  y  enseigne  :  nom 
symbolique  de  Salomon,  sans  doute  paice 
que  ce  roi  avait  coutume  d'enseigner  le  peu- 
ple  par  ses  discours  et  par  ses  Merits,  ou  du 
moins  parce  qu'il  remplit  ce  role  dans  ce 
livre.  —  Roi  dc  Jcruscihm  se  rapporte,  non 
a  David,  niais  a  Salomon. 

2.  Vanitc  des  vanites  :  vanite  a  son  plus 
haut  degrt^  :  idiotisme  hebreu. 

4  sv.  Cette  vanite  apparait  et  dans  le  cours 
de  la  nature  et  dans  les  ocuvres  de  Thomme  : 
lout  roule  dans  le  meme  cercle;  nul  resultat 
durable,  nul  prugrcs,  universel  oubli. 

if/,  par  un  etrange  contraste,  laterre^  qui 


n'est  faite  que  pour  I'homme,  la  terre  cjui 
n'a  ni  raison  ni  conscience,  ne  passe  pas  I 

6.  Le  vent  :  dans  la  Vulg.,  c'est  le  soleil 
qui  est  sujet  de  ce  premier  membre. 

7.  Les  fleuves  suivent  toujours  le  meme 
cours  :  I'intention  de  lauteur  parait  ctre  de 
peindre,  non  les  vicissitudes  des  choses, 
mais  la  permanence  de  leur  marche  et  des 
lois  qui  les  r^gissent  :  image  de  Thomme 
qui,  arrctti  comme  le  monde  par  la  loi  supc- 
rieure  qui  le  gouverne,  roule  lui  aussi  dans 
un  cercle  qu'il  ne  saurait  franchir. 

S.  En  travail,  en  acflivite,  jusqu'a  la  fati- 
gue, selon  la  force  du  mot  hebreu  :  le  monde 
n'otfre  au  regard  qu'une  succession  conti- 
nuelle  de  choses  qui  naissenl  et  qui  meu- 
rent,  qu'un  perptituel  devenir;  Thomme  ne 


[jmxLi 


.1. 

—  •  — 

•I* 


Gi'ilEsmetcii, 


.1. 
•I* 


QUI    AB    HEBR^IS    COHELETH    APPELLATUR 


'mwwwwwwwwwwwwwwwwwwww 


:<y  'M  W.  :^.  '!^'-  !<?>'  M  'M  M  '!^  -^  '3g>'  "'^'  W.  '.^)'.  M  M  ■^-  'i^-  '.'^'-  'fi) 

— *—        CAPUT  I.        — :>— 

Omnia  vana,  et  nihil  sub  sole  novum  :  cun- 
.  (flarum  quoque  rerum  difficilem  esse  in- 
quisitionem,  eamque  vanam,   et  spiritus 
afflidlionem. 


ERBA  Ecclesiastae,  filii 
David,  regis  Jerusalem. 
2.  Vanitas  vanitatum, 
dixit  Ecclesiastes  :  va- 
nitas vanitatum,  et  om- 
nia vanitas.  3.  Quid  habet  amplius 
homo  de  universe  labore  suo,  quo 
laborat  sub  sole.^  4.  Generatio  pras- 
terit,  et  generatio  advenit :  terra  au- 
tem  in  asternum  stat.  5.  Oritur  sol, 
et  occidit,  et  ad  locum  suum  rever- 
titur  :  ibique  renascens,  6.  gyrat  per 
meridiem,  et  flectitur  ad  aquilonem  : 
lustrans  uni versa  in  circuitu  pergit 
spiritus,  et  in  circulos  suos  reverti- 
tur.  7.  Omnia  flumina  intrant  in 
mare,  et  mare  non  redundat :  ad  lo- 
cum, unde  exeunt  flumina,  rever- 
tuntur  ut  iterum  fluant.  8.  Cunctae 


res  difficiles  :  non  potest  eas  homo 
explicare  sermone.  Non  saturatur 
oculus  visu,  nee  auris  auditu  imple- 
tur.  9.  Quid  est  quod  fuit.''  ipsum 
quod  futurum  est.  Quid  est  quod 
factum  est.'^  ipsum  quod  faciendum 
est.  10.  Nihil  sub  sole  novum,  nee 
valet  quisquam  dicere  :  Ecce  hoc 
recens  est  :  jam  enim  prfecessit  in 
sasculis,  qua^  fuerunt  ante  nos. 
1 1.  Non  est  priorum  memoria  :sed 
nee  eorum  quidem,  quas  postea  fu- 
tura  sunt,  erit  recordatio  apud  eos, 
qui  futuri  sunt  in  novissimo. 

1 2.  Ego  Ecclesiastes  fui  rex  Israel 
i  n  Jerusalem,  1 3.  et  proposui  in  animo 
meo  quasrere  et  investigare  sapien- 
ter  de  omnibus,  quas  fiunt  sub  sole. 
Hancoccupationem  pessimamdedit 
Deus  filiis  hominum,  ut  occuparen- 
tur  in  ea.  14.  Vidi  cuncta,  quae  fiunt 
sub  sole,  et  ecce  universa  vanitas,  et 
afflictio  spiritus.  15.  Perversi  diffi- 
cile corriguntur,  et  stultorum  infi- 
nitus  est  numerus.  1 6.  Locutus  sum 
in  corde  meo,  dicens  :  Ecce  magnus 


peut  lout  comprendie  ni  tout  expliquer;  son 
oeil  a  beau  regarder,  son  oreille  a  beau 
ecouter,  il  n'arrive  jamais  au  repos  d'une 
curiosite  satisfaite. 

Au  lieu  de,  toutes  cJioscs  sont  en  iravail, 
Motais  ixsidmtjSont  reinuces  ji/sqiia  la  fati- 
gue par  les  investigations  de  I'homme. 

g.  Ce  qui  a  e'it'  :  les  phenomenes  de  la 
nature  physique  ;  t^?  qui  s' est  fait,  les  choses 
de  Tordre  moral.  L'affirmation  est  generate 
et  admet  des  exceptions. 

12.  Je  suis  depuis  longtemps  roi,  litt.  j\ii 
etc  7-oi.  Un  commentateur  rappelle  ici  le 
mot  souvent  et  douloureusement  repete  par 
Louis  .\IV  dans  sa  vieillesse  :  "  Quand 
j'etais  roi !  "  Ce  n'est  pas  une  plainte  que  fait 
entendre  ici  Salomon ;  il  en  appelle  simple- 
ment  a  sa  longue  experience. 

NO  23  —  LA  SAINTE  BIliLE.  TOME  IV.  —  'Jj 


14.  Pours uite  du  vent,  effort  inutile  ;  c'est 
ainsi  que  la  plupart  des  interpretes  tradui- 
sent  cette  expression,  en  hebreu  rc'ouih 
rouach,  qui  revient  7  fois  dans  ce  livre. 
D'autres,  nourriture  de  I'ent,  c.-a-d.  vaine. 
LXX,  dessein  ou  propos  de  vent ;  Vulgate 
affliction  d''esprit.  L'idee  est  toujours  la 
meme  au  fond. 

15.  Ce  qui  manque,  ce  qui  fait  defaut. 
Sens  :  ou  il  n'y  a  rien,  il  n'y  a  rien  a  comp- 
ter. Pensee  du  verset  :  I'homme  ne  peut  re- 
medier  aux  imperfeclions  que,  du  point  de 
vue  de  son  utilite  propre,  il  croit  remarquer 
dans  le  monde  physique.  La  V'ulg.  entend 
ce  verset  dans  le  sens  moral  :  les  ho/n/nes 
pcrvers  se  corrigent  difficilcment,  et  le  7tom- 
bre  des  insenses  est  infini. 


386 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  I,  17,  18;  II,  i— 13. 


ete  avant  moi  a  Jerusalem,  et  mon 
coeur  a  possede  amplement  sagesse 
et  science.  ^7j'ai  applique  mon  esprit 
a  connaitre  la  sagesse  et  a  connaitre 
la  sottise  et  la  folic;  j'ai  compris  que 


cela  aussi  c'est  la  poursuite  du  vent. 
i^Car  avec  beaucoup  de  sagesse  on 
a  beaucoup  de  chagrin,  et  celui  qui 
augmente  sa  science  augmente  sa 
douleur. 


CHAP.  II. —  Vanite  des  joies  profanes  [vers,  i — 11].  Meme  sort  pour  le 
sage  et  I'insense  [12 — 17].  Vanite  de  la  richesse  peniblement  acquise 
[18  —  25].  Dieu  seul  donne  le  bonheur  [24  —  26]. 


Chap.  II.  [i^S^'AI  dit  dans  mon  coeur  :  •'  Al- 
lons,  je  t'eprouverai  par  la 
joie;  goute  le  plaisir!"  — 
Mais  c'est  encore  la  une  vanite.  ^J'ai 
dit  au  rire  :  "  Insense! "  et  a  la  joie  : 
"A  quoi  bon  ce  que  tu  donnes?"3je 
resolus  en  moi-meme  de  livrer  ma 
chair  au  vin,  tandis  que  mon  coeur 
me  conduirait  avec  sagesse,  et  de 
m'attacher  a  la  folic,  jusqu'a  ce  que 
je  visse  ce  qu'il  est  bon  pour  les  en- 
fants  des  hommes  de  faire  sous  le 
ciel  durant  les  jours  de  leur  vie. 
4j'executai  de  grands  ouvrages  :  je 
me  batis  des  maisons;  je  me  plantai 
des  vignes;  5je  me  fis  des  jardins  et 
des  vergers,  et  j'y  plantai  des  arbres 
a  fruit  de  toute  espece  ;  ^je  me  creu- 
sai  des  etangs  pour  arroser  des  bos- 
quets ou  croissaient  les  arbres. 
7j'achetai  des  serviteurs  et  des  ser- 
vantes,  et  j'eus  leurs  enfants  nes  dans 
la  maison;  je  possedai  aussi  des  trou- 
peaux  de  boeufs  et  de  brebis  plus  que 
tons  ceux  qui  etaient  avant  moi  dans 
Jerusalem.  8  Jc  m'amassai  de  I'argent 
et  de  I'or,  et  les  richesses  des  rois  ct 


des  provinces;  je  me  procurai  des 
chanteurs  et  des  chanteuses,  et  les 
delices  des  enfants  des  hommes,  des 
femmes  en  abondance.  9je  devins 
grand,  plus  grand  que  tous  ceux  qui 
etaient  avant  moi  dans  Jerusalem  ;  et 
meme  ma  sagesse  demeura  avec  moi. 
loTout  ce  que  mes  yeux  desiraient, 
je  ne  les  en  ai  pas  prives ;  je  n'ai  re- 
fuse a  mon  coeur  aucune  joie;  car 
mon  coeur  prenait  plaisir  a  tout  mon 
travail,  et  c'est  la  part  qui  m'en  est 
revenue.  "Puis  j'ai  considere  tous  les 
ouvrages  de  mes  mains,  et  le  labeur 
que  leur  execution  m'avait  coute,  et 
j'ai  vu  que  tout  est  vanite  et  pour- 
suite  du  vent,  et  qu'il  n'\'  a  aucun 
profit  a  retirer  de  ceqiioii  fait  sous  le 
soleil. 

i^Alors  j'ai  tourne  mes  regards 
vers  la  sagesse  pour  la  comparer  avec 
la  sottise  et  la  folic ;  car  quel  est 
I'homme  qui  pourrait  venir  apres  le 
roi,  lui  a  qui  on  a  confere  cette  di- 
gnite  depuis  longtemps?  ^^  Et  j'ai  vu 
que  la  sagesse  a  autant  d'avantage 
sur  la  folic,  que  la  lumiere  sur  les  te- 


16.  Qui  ont  iU  avant  moi  a  Jerusalem; 
d'autres  :  qui  ont  ete  avant  moi  (soiiverains) 
sur  Jerusalem  :  il  s'agirait  alors,  non  seule- 
ment  de  Saiil  et  de  David,  mais  des  rois 
chananeens  de  la  ville  de  Salem,  tels  que 
Melchisedech,  Adonisedec,  etc. 

17.  La  poursuite  du  vent :  voy.  vers.  14. 

CHAP.  II. 

1.  Allans  :  Je  veux  t'eprouver  au  moyen 
des  plaisirs,  pour  savoir  si  ta  faim  de  jouis- 
sances  sera  rassasiee. 

2.  Vulgate  :  j\ii  estime  le  rire  une  dupe- 
rie,  etj'ai  dit  a  la  joie  :  Pourquoi  te  faire 
illusion?  tu  ne  peux  procurer  le  veritable 
bonheur. 


3.  De  livrer  ma  chair  au  vin,  mon  corps 
aux  plaisirs  de  la  table.  Le  sens  de  livrer 
ou  attirer^captiver  (par  le  vin)  n'est  pas  sur. 
—  Me  condui/ait  avec  saj^esse,  comme  un 
habile  cocher  conduit  un  char.  Salomon 
prend  un  parti  intermediaire  :  tout  en 
s'adonnant  a  la  bonne  chere,  qu'il  appelle 
une/olie  (comp.  vers.  2),  il  veut  que  la  sa- 
gesse preside  a  cette  experience,  afin  de 
savoir  quelle  mesure  de  bonheur  ces  plai- 
sirs peuvent  procurer. 

4  sv.  Ce  tableau  s'accorde  bien  avec  ce 
qui  est  dit  de  Salomon  I  A'ois,  iv,  21,  24; 
V,  I,  4;  vii,  I  sv.  x,  27;  II  Par.  viii,  8;  xix,  20; 
Cant,  iv,  8;  viii,  11;  Ne/i.  iii,  15. 

6.  On  montre  encore,  dans  une  vallee  un 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  I,  17,  18;  II,  i— 13. 


387 


efFectus  sum,  et  prascessi  omnes  sa- 
pientia,  qui  fuerunt  ante  me  in  Je- 
rusalem :  et  mens  mea  contemplata 
est  multa  sapienter,  et  didici.  17.  De- 
dique  cor  meum  ut  scirem  pruden- 
tiam,  atque  doctrinam,  erroresque 
et  stultitiam  :  et  agnovi  quod  in  his 
quoque  esset  labor,  et  afflictio  spiri- 
tus,  18.  eo  quod  in  multa  sapientia 
multa  sit  indignatio  :  et  qui  addit 
scientiam,  addit  et  laborem. 
/?>:  'si^'M'mM'!^'.  M  M  'i^'.  "^  ^.  M  'M  M  "V.  w.  w.  M  M  :<jn  :<9 

— :i:—        CAPUT   II.       — :;-- 

In  affluentia  deliciarum,  divitiarum,  a^difi- 
ciorum,  et  in  horum  labore  est  vanitas  et 
affliflio  spiritus  :  dicit  etiam  quantiu  sit 
vanitatis  congregare  future  heredi,  qui 
qualis  futurus  sit  ignoratur. 


^^  IXI  ego  in  corde  meo  : 
Vadam,et  affluam  deliciis, 
et  fruar  bonis.  Et  vidi 
quod  hoc  quoque  esset  va- 


nitas. 2.  Risum  reputavi  errorem 
et  gaudio  dixi  :  Quid  frustra  deci- 
peris.?  3.  Cogitavi  in  corde  meo 
abstrahere  a  vino  carnem  meam,  ut 
animum  meum  transferrem  ad  sa- 
pientiam,  devitaremque  stultitiam, 
donee  viderem  quid  esset  utile  filiis 
hominum  :  quo  facto  opus  est  sub 
sole    numero    dierum    vitas    sus. 

4.  Magnificavi  opera  mea,  asdificavi 
mihi   domos,   et    plantavi    vineas, 

5.  feci  hortos,  et  pomaria,  et  con- 


sevi  ea  cuncti  generis  arboribus, 
6.  et  exstruxi  mihi  piscinas  aqua- 
rum,  ut  irrigarem  silvam  lignorum 
germinantium,  7.  possedi  servos  et 
ancillas,multamque  familiam  habui : 
armenta  quoque,  et  magnos  ovium 
greges  ultra  omnes  qui  fuerunt  ante 
me  in  Jerusalem :  8.  coacervavi  mihi 
argentum,  et  aurum,  et  substantias 
regum,  ac  provinciarum  :  feci  mihi 
cantores,  et  cantatrices,  et  delicias 
filiorum  hominum,  scyphos,  et  ur- 
ceos  in  ministerio  ad  vina  fundenda  : 
9.  et  supergressus  sum  opibus  om- 
nes, qui  ante  me  fuerunt  in  Jerusa- 
lem :  sapientia  quoque  perseveravit 
mecum.  10.  Et  omnia,  quae  deside- 
raverunt  oculi  mei,  non  negavi  eis  : 
nee  prohibui  cor  meum  quui  omni 
voluptate  frueretur,  et  oblectaret  se 
in  his,  quas  prasparaveram  :  et  hanc 
ratus  sum  partem  meam,  si  uterer 
labore  meo.  i  r.  Cumque  me  con- 
vertissem  ad  universa  opera,  quae 
fecerant  manus  meas,  et  ad  labo- 
res,  in  quibus  frustra  sudaveram, 
vidi  in  omnibus  vanitatem  et  afflic- 
tionem  animi,  et  nihil  permanere 
sub  sole. 

12.  Transivi  ad  contemplandam 
sapientiam,  erroresque  et  stultitiam 
(quid  est,  inquam,  homo,  ut  sequi 
possitregem  Factoremsuum?)  1 3.Et 
vidi  quod  tantum  prascederet  sapien- 
tia stultitiam,  quantum  differt  lux 


peu  au  sud  de  Bethleem,  trois  ctangs  de 
Saloiiioiiy  et  une  coUine  voisine  porte  le 
nom  de  petit  paradis. 

7.  Dcs  serviteurs,  des  servaiitcs :  liommes 
et  femmes  esclaves. 

8.  Les  dernieis  mots  de  ce  verset  sont 
trcs  diversement  expliques.  Vulg.,  des  cou- 
pes et  des  vases  de  service  pour  verser  le  vin. 
Delitzsch,  une  epoicsc  et  des  concidnnes. 
Motais,  et,  en  un  mot,  toutcs  les  delices  des 
enfants  des  honunes  en  abondance. 

g.  Grand,  riche  de  tons  les  biens  qui  pa- 
raissent  devoir  rendre  heureux  I'homme  sur 
la  terre. 

11.  La  Vulg.  traduit  les  derniers  mots 
du  verset,  et  que  rien  n^est  stable  sous  le 
soleil. 

12.  Qui  pourrait  venir  apres  le  roi,  apres 
Salomon,  dans  cette  etude  de  la  sagesse 


comparee  a  la  folic,  et  y  decouvrir  du  nou- 
veau,  puisque  le  roi,  avec  I'experience 
acquise  durant  un  long  regne,  est  le  mieux 
place  pour  trouver  la  vcrite.  —  Lui  a.  qui 
on  a  co7ifii cette  dignitcj  litt.,  lui  qti'on  a  fait 
tel,  c.-a-d.  roi. 

Selon  d'autres,  Salomon,  voyant  avec  in- 
quietude les  intrigues  qu'ourdissaient  deja 
les  partisans  de  Jeroboam,  se  demanderait 
ici  quel  serait  son  successeur  au  trone 
(comp.  vers.  21)  :  Qu'est-ce  que  I'homine  qui 
vicndra  apres  nwi,  celui  qu  ''ils  ont  deja  fait 
tel,  que  d'infideles  sujets  ont  deja  choisi 
pour  roi  a  I'exclusion  de  mon  fils  Roboam. 
D'autres  autrement. 

Vulgate  :  j'ai  passe  k  contempler  la  sa- 
gesse, la  sottise  et  la  folie  (qu'est-ce  que 
I'homme,  disais-je,  pour  qu'il  puisse  suivre 
le  roi  son  createur.^) 


388 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  II,  14—26;  III,  1—6. 


iiebres ;  i4le  sage  a  ses  yeux  a  la  tete, 
et  I'insense  marche  dans  les  tenebres. 
Et  j'ai  aussi  reconnu  qu'ils  ont  I'un  et 
I'autre  un  mcme  sort.  ^sEt  j'ai  dit 
dans  mon  coeur  :  "  J'aurai  le  meme 
sort  que  I'insense;  a  quoi  bon  tant  de 
sagesse  ?  "  Et  j'ai  dit  dans  mon  cceur 
que  cela  encore  est  une  vanite.  ^^Car 
la  memoire  du  sage  n'est  pas  plus 
eternelle  que  celle  de  I'insense;  des 
les  jours  qui  suivent  I'un  et  I'autre 
sont  egalement  oublies.  Eh  quoi!  le 
sage  meurt  aussi  bien  que  I'insense! 
i/Et  la  vie  me  devint  odieuse,  car  ce 
qui  se  fait  sous  le  soleil  me  deplai- 
sait,  car  tout  est  vanite  et  poursuite 
du  vent. 

i^Et  j'eus  en  haine  tout  le  travail 
que  j'avais  fait  sous  le  soleil,  et  que 
je  dois  laisser  apres  moi  a  I'hommc 
qui  me  succedera.  ^9Et  qui  sait  s'il 
sera  sage  ou  insense?  Cependant  il 
sera  maitre  de  tout  le  fruit  de  mon 
labeur  et  de  ma  sagesse  sous  le  soleil. 
C'est  encore  la  une  vanite.  =oEt  j'en 
suis  venu  a  livrer  mon  coeur  au  de- 
couragement,  a  cause  de  tous  les 
labcurs    que   j'ai    supportes    sous  le 


soleil.  21  Car  qu'un  homme  qui  a 
deploye  dans  ses  oeuvres  sagesse,  in- 
telligence et  habilete,  soit  reduit  a 
laisser  le  fruit  de  son  travail  a  un 
homme  qui  n'y  a  pris  aucune  peine, 
c'est  encore  la  une  vanite  et  un  grand 
mal.  22  En  effet,  que  revient-il  a 
I'homme  de  tout  son  travail  ct  de 
tous  les  soucis  dc  son  cceur,  qui  I'ont 
fatigue  sous  le  soleil  ?  -3l"ous  ses  jours 
ne  sont  que  douleur,  ses  occupations 
que  chagrins; la  nuit  mcme  son  coeur 
ne  repose  pas  :  c'est  encore  la  une 
vanite. 

24 11  n'y  a  ricn  de  meilleur  pour 
I'homme  que  de  manger  et  de  boire, 
et  de  faire  jouir  son  ame  du  bien-etre, 
au  milieu  de  son  travail;  mais  j'ai  vu 
que  cela  aussi  vient  de  la  main  de 
Dieu.  =5  Qui,  en  effet,  pent  sans  lui 
manger  et  jouir  du  bien-etre?  ^^Car 
il  donne  a  I'homme  qui  est  bon  devant 
lui  la  sagesse,  la  science  et  la  joie ; 
mais  il  donne  au  pecheur  le  soin  de 
recueillir  et  d'amasser  des  biens,  afin 
de  les  donner  a  celui  qui  est  bon  de- 
vant lui.  C'est  encore  la  une  vanite 
et  la  poursuite  du  vent. 


Chap.  III. 


CHAP.  III.  —  11  y  a  pour  toutes  choses  un  temps  fixe  par  Dieu  :  I'homme 
n'y  pent  rien  changer  [vers,  i  — 15];  il  est  egalement  impuissant  devant 
les  injustices  de  ce  monde. 


jL  y  a  un  temps  fixe  pour  tout, 
un  temps  pour  toute  chose 
^^J  sous  le  ciel  :  ^un  temps  pour 
naitre,  et  un  temps  pour  mourir;  un 
temps  pour  planter,  et  un  temps 
pour  arracher  ce  qui  a  etc  plante;  3un 
temps  pour  tuer,  et  un  temps  pour 
guerir;  un  temps  pour  abattre,  ct  un 
temps  pour  batir;  -lun    temps  pour 


pleurer  et  un  temps  pour  rire ;  un 
temps  pour  se  lamenter,  et  un  temps 
pour  danser;  5un  temps  pour  jeter 
des  pierres  et  un  temps  pour  en  ra- 
masscr;  un  temps  pour  embrasser,  et 
un  temps  pour  s'abstenir  d'cmbrasse- 
ments;  ^un  temps  pour  chercher,  et 
un  temps  pour  perdre  ;  un  temps 
pour  garder,  et  un  temps  pour  jeter; 


14.  Le  sa^c  uses  yeux  a  la  tete,  il  sait  s'en 
servir.  —  Uii  meme  sort :  il  s'agit  surtout  de 
la  mort. 

18.  La  pensec  que   la  mort  ravit  cgale 
ment  le  sage  et  I'insense  fait  naitre  dans 
I'esprit  de  Salomon  un  autre  sujet  de  peine. 

24.  (2«6'  de  manger  (en  lisant  en  hebreu 
inisscheiocal  au  lieu  de  sckeiocal)  :  manger 
et  boire,  locution  hdbrai'que  qui  signifie  le 
plus  sou\ent  jouir   honnctement   du  bien- 


etre.  —  Au  milieu  de  son  travail :  il  s'agit 
d'un  bien-etre  acquis  par  le  travail.  — Cela 
vient  de  la  main  de  Dieu,  est  un  don  de 
Dieu,  ne  depend  pas  des  efforts  de  I'liomme. 

Motais  :  nan,  il  n''est pas  au  pouvoir  de 
r/io/nme  de  manger  et  de  boire,  et  de  jouir 
ainsi  du  fruit  de  son  travail. 

Vulgate  :  ne  vaut-il  pas  niieux  manger  et 
boire,  etc. 

25.  Sans  lui,  sans  Dieu,  en   adoptant   la 


LIBER  BCCLESIASTES.     Cap.  II,  14—26;  III,  1—6. 


389 


ov.  17,  a  tenebris.  14.  "Sapientis  oculi  in 
nfras,  capltc  cjus  :  stultus  in  tenebris  am- 
bulat  :  et  didici  quod  unus  utrius- 
que  esset  interitus.  15.  Et  dixi  in 
corde  meo :  Si  unus  et  stulti  et  meus 
occasuserit,quid  mihi  prodest  quod 
majorem  sapientias  dedi  operam? 
Locutusque  cum  mente  mea,  ani- 
madverti  quod  hoc  quoque  esset 
vanitas.  16.  Non  enim  erit  memoria 
sapientis  similiter  ut  stulti  in  per- 
petuum,et  futura  tempora  oblivione 
cuncta  pariter  operient  :  moritur 
doctus  similiter  ut  indoctu^.  17.  Et 
idcirco  tfeduit  me  vitas  meas  viden- 
tem  mala  uni versa  esse  sub  sole,  et 
cuncta  vanitatem  et  afflictionem 
spiritus. 

I  S.Rursus  detestatus  sum  omnem 
industriam  meam,qua  sub  sole  stu- 
diosissime  laboravi,  habiturus  here- 
dem  post  me,  19.  quem  ignoro, 
utrum  sapiens  an  stultus  futurus  sit, 
et  dominabitur  in  laboribus  meis, 
quibus  desudavi  et  sollicitus  fui  :  et 
est  quidquam  tam  vanum?  20.Unde 
cessavi,  renuntiavitque  cor  meum 
ultra  laborare  sub  sole.  21.  Nam 
cum  alius  laboret  in  sapientia,  et 
doctrina,  et  sollicitudine,  homini 
otioso  quaesita  dimittit :  et  hoc  ergo, 
vanitas,et  magnum  malum. 22. Quid 
enim  proderit  homini  de  universo 
labore  suo,  et  afflictione  spiritus, 
qua  sub  sole  cruciatusest.^  23.  Cun- 
cti  dies  ejus  doloribus  et  aerumnis 
pleni  sunt,  nee  per  noctem  mente 


requiescit  :  et  hoc   nonne  vanitas 
est'? 

24.  Nonne  melius  est  comedere 
et  bibere,  et  ostendere  animas  suas 
bona  de  laboribus  suis?  et  hoc  de 
manu  Dei  est.  25.  Quis  ita  devora- 
bit, et  deliciis  affluet  ut  ego.?  26.  Ho- 
mini bono  in  conspectu  suo  dedit 
Deus  sapientiam,  et  scientiam,  et 
laetitiam  :  peccatori  autem  dedit 
afflictionem,  et  curam  superfluam, 
ut  addat,  et  congreget,  et  tradat  ei 
qui  placuit  Deo  :  sed  et  hoc  vanitas 
est,  et  cassa  soUicitudo  mentis. 

!<?)'  '.<s^.  "S^  j^  ■<?£  '.^  'M !(?)'  :-f^'  !<»)'  \^\  'fiS.  'sv-  M  /^)'  'M  M  W-  '.^'.  'S'.  'i^ 

— :i:—        CAPUT    III.       — ^i:— 

Quod  omnia  suo  proveniant  tempore  et 
transeant  :  quodque  in  nullis  his  fluxis  sit 
mentis  quies,  unus  quoque  sit  hominis  ac 
jumentoium  interitus. 


MNIA  tempus  habent,  et 
suis  spatiis  transeunt  uni- 
versa  sub  coelo.  2.  Tem- 
pus   nascendi,  et  tempus 


moriendi.  Tempus  plantandi,  et 
tempus  evellendi  quod  plantatum 
est.  3.  Tempus  occidendi,  et  tem- 
pus sanandi  :  tempus  destruendi,  et 
tempus  asdificandi.4.Tempusflendi, 
et  tempus  ridendi.  Tempus  plan- 
gendi,  et  tempus  saltandi.  5.  Tem- 
pus spargendi  lapides,  et  tempus 
colligendi.  Tempus  amplexandi,  et 
tempus  longe  fieri  ab  amplexibus. 
6.  Tempus  acquirendi,  et  tempus 
perdendi.  Tempus  custodiendi,  et 


legon  des  LXX  i^miiiivihio^  au  lieu  de  miin- 
riieni),  suivie  aussi  par  S.  Jerome  dans  son 
commentaire.  Vulg. ,  cm-  qui  a  phts  que  vwi 
majjge  et  goute  ies  delices? 

26.  O^ii  est  boil  devant  lui,  reellement 
bon,  et  par  consequent  agreable  a  ses  yeux. 
—  C''est  encore  la,  savoir  la  recherche  du 
bien-etre  avec  et  par  le  travail,  laie  vafiite, 
parce  que  cette  recherche  est  souvent  in- 
frudlueuse  et  n'aboutit  pas;  le  bonheur  nous 
echappe  au  moment  ou  nous  croyons  le 
saisir  :  comp.  ix,  1 1. 

CHAP.  III. 

I  sv.  Dieu  qui  donne  comme  il  lui  plait 
science,  richesses,  bien-etre,  etc.   (ch.   ii), 


tient  I'homme  dans  une  dependance  absolue 
sous  le  gouvernement  de  sa  providence,  et 
cela  dans  Ies  details  Ies  plus  minutieux 
aussi  bien  que  dans  Ies  evenements  Ies  plus 
importants  de  la  vie  :  telle  est  la  pensee  des 
vers.  1-15. 

5.  On  jette  des  pierres  dans  un  champ 
pour  le  rendre  sterile  (II  Rois,  iii,  19,  25; 
Is.  V,  2);  on  Ies  ramasse  pour  lui  rendre  la 
fertilite.  Motais  :  ttn  temps  pour  rejeter  Ies 
■pierres,  en  debarrasser  une  vigne  ;  7in  temps 
pour  Ies  raj/insser,  et  Ies  employer  a  repa- 
rer  Ies  clotures  ou  Ies  chemins.  —  Pour 
embrasser,  donner  des  temoignages  d'afifec- 
tion  a  ceux  qu'on  aime. 


390 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  Ill,  7—22;  IV,  i. 


7un  temps  pour  dechirer,  et  un  temps 
pour  coudre;  un  temps  pour  se  taire, 
et  un  temps  pour  parler;  ^un  temps 
pour  aimer,  et  un  temps  pour  hair; 
un  temps  pour  la  guerre,  et  un  temps 
pour  la  paix. 

9  Quel  avantage  celui  qui  travaille 
retire-t-il  de  sa  peine?  ^°J'ai  examine 
le  labeur  auquel  Dieu  assujettit  les 
enfants  des  hommes  :  ^^Dieu  a  fait 
toute  chose  belle  en  son  temps;  il  a 
mis  aussi  dans  leur  cceur  I'eternite. 
mais  sans  que  I'homme  puisse  com- 
prendre  I'oeuvre  que  Dieu  fait,  du 
commencement  jusqu'a  la  fin.  ^^Ej- 
j'ai  reconnu  qu'il  n'y  a  rien  de  meil- 
leur  pour  eux  que  de  se  rejouir  et  de 
se  donner  du  bien-etre  pendant  leur 
vie;  ^3et  en  meme  temps  que  si  un 
homme  mange  et  boit  et  jouit  du 
.bien-etre  au  milieu  de  tout  son  tra- 
vail, c'est  la  un  don  de  Dieu.  i4j'ai 
reconnu  que  tout  ce  que  Dieu  fait 
durera  toujours,  qu'il  n'y  a  rien  a  y 
ajouter  ni  rien  a  en  retrancher  :  Dieu 
agit  ainsi  afin  qu'on  le  craigne.  ^sCe 
qui  se  fait  existait  deja,  et  ce  qui  se 
fera  a  deja  etc  :  Dieu  ramene  ce  qui 
est  passe. 


i6J'ai  encore  vu  sous  le  soleil,  au 
siege  meme  du  droit,  regner  la  me- 
chancete,  et  au  lieu  de  la  justice  sie- 
ger I'iniquite.  i7j'ai  dit  dans  mon 
coeur  :  "  Dieu  jugera  le  juste  et  le 
mechant,  car  il  y  a  la  un  temps  pour 
toute  chose  et  pour  toute  oeuvre.  " 
isj'ai  dit  dans  mon  coeur  au  sujet  des 
enfants  des  hommes  :  "  Cela  arrive 
ainsi,  afin  que  Dieu  les  eprouve  et 
qu'ils  voient  qu'ils  sont  en  eux-me- 
mes  sem.blables  aux  betes. "  i9Car  le 
sort  des  enfants  des  hommes  est  le 
sort  de  la  bete  :  ils  ont  une  meme 
destinee ;  comme  I'un  meurt,  I'autre 
meurt  aussi ;  un  meme  esprit  les 
anime ;  I'homme  n'a  pas  d'avantage 
sur  la  bete,  car  tout  est  vanite.  20 Tout 
va  dans  un  meme  lieu ;  tout  est  sorti 
de  la  poussiere,  et  tout  retourne  a  la 
poussiere.  ^iQui  sait  si  I'esprit  des 
enfants  des  hommes  monte  en  haut, 
et  si  I'esprit  de  la  bete  descend  en 
bas  dans  la  terrc?  22  Et  j'ai  vu  qu'il  n'y 
a  rien  de  mieux  pour  I'homme  que  de 
se  rejouir  de  ses  oeuvres  :  c'est  la  sa 
part.  Car  qui  lui  donnera  de  connai- 
tre  ce  qui  arrivera  aprcs  lui? 


CHAP.  IV. —  Impuissance  de  I'homme  en  face  des  maux  et  des  tourments 

de  la  vie  [vers,  i  —  16]. 


Chap.  IV. 


'^'AI  tourne  ailleurs  mes  regards 
et  j'ai  vu  toutes  les  oppres- 
sions qui  se  commettent  sous 


le  soleil  :  les  opprimes  sont  dans  les 
larmes,  et  personne  qui  les  console! 
lis   sont   en  butte  a   la  violence  de 


7.  Dt'chtrer  ses  vctements  en  signe  de 
deuil,  par  ex.  u  la  nouvelle  de  quelque  fu- 
neste  evenement. 

9.  Puisque  toute  chose  a  son  temps 
lequel  depend,  non  de  I'homme,  mais  de 
I'absolue  determination  de  Dieu,  quel a-<'an- 
tage,  etc.  (conip.  i,  3)  ;  les  efibrts  de  I'homme 
n'aboutissent  a  rien  de  certain  ni  de  dura- 
ble, puisque  tout  est  soumis  \\  une  loi  su- 
perieure. 

10  sv./^ai  examine,  etc. ;  le  vers.  1 1  donne 
le  resultat  de  cet  examen  :  i*^"  Dieu  a  fait  : 
I'auteur  considere  les  choses  dans  le  plan 
divin,  ou  elles  ont  d€]h.  une  reality  id^ale, 
avant  meme  d'arriver  a  une  existence  rdelle 
(d'autres  preferent  traduire,  Dieu  fait); 
tflutc  cJiose  belle  en  soji  temps :  belle  precise- 
menl  parce  qu'elle  est  faite  au  moment  de 


la  duree  marqu^  par  la  sagesse  divine. 
2°  Dieu  a  mis  dans  le  caur  de  Vhomnie  la 
pensee  ou  le  desir  de  re'ternite,  de  ce  qui 
ne  passe  pas.  Grace  k  cette  facultc,  Thomme, 
que  les  choses  perissables  ne  sauraient  sa- 
tisfaire,  essaie  de  franchir  ces  etroites  limi- 
tes,  et  d'embrasser  du  regard  de  son  esprit 
I'oeuvre  complete  de  Dieu.  Mais  3°  il  ne 
pent  s'clever  ^  cette  conception  totale, 
et  son  desir  d'infini  n'est  pas  rassasie  sous 
le  soleil.  D'ou  la  conclusion  tiree  au  vers.  12. 

Au  lieu  de,  il  a  mis  dans  leur  ca'ur  Peter- 
7iite,  la  Vulg.  traduit,  il  a  abandonne  le 
monde  a  leurs  discussions. 

1 3.  Et  en  meme  letups,  etc.  :  encore  cette 
jouissance  des  biens  de  la  vie  est-elle  elle- 
meme  un  don  de  Dieu. 

15.  Les  lois  qui  president  au  gouverne- 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  Ill,  7—22;  IV,  i. 


391 


tempus  abjiciendi.  7.  Tempus  scin - 
dendi,  et  tempus  consuendi.  Tem- 
pus tacendi,  et  tempus  loquendi. 
8.  Tempus  dilectionis,  et  tempus 
odii.  Tempus  belli,  et  tempus  pacis. 

9.  Quid  habet  amplius  homo  de 
labore  sue?  10.  Vidi  afflictionem, 
quam  dedit  Deus  filiis  hominum,  ut 
distendantur  in  ea.  11.  Cuncta  fecit 
bona  in  tempore  suo,  et  mundum 
tradidit  disputationi  eorum,  ut  non 
inveniat  homo  opus,  quod  operatus 
est  Deus  ab  initio  usque  ad  finem, 
12.  Et  cognovi  quod  non  esset  me- 
Hus  nisi  lastari,  et  facere  bene  in  vita 
sua.  13.  Omnis  enim  homo,  qui 
comedit  et  bibit,  et  videt  bonum  de 
labore  suo,  hoc  donum  Dei  est. 
14.  Didici  quod  omnia  opera,  quae 
fecit  Deus,  perseverent  in  perpe- 
tuum  :  non  possumus  eis  quidquam 
addere,  nee  auferre,  quas  fecit  Deus 
ut  timeatur.  iC.  Ouod  factum  est, 
ipsum  permanet  :  quas  rutura  sunt, 
jam  fuerunt  :  et  Deus  instaurat 
quod  abiit. 

16,  Vidi  sub  sole  in  loco  judicii 
impietatem,  et  in  loco  justitia;  ini- 
quitatem.  17.  Et  dixi  in  corde  meo  : 
Justum,  et  impium  judicabit  Deus, 
et  tempus  omnis  rei  tunc  erit. 
18.  Dixi  in  corde  meo  de  filiis  ho- 
minum, ut  probaret  eos  Deus,  et 


ostenderet  similes  esse  bestiis.  1 9.  Id- 
circo  unus  interitus  est  hominis,  et 
jumentorum,  et  aequa  utriusque 
conditio  :  sicut  moritur  homo,  sic 
et  ilia  moriuntur  :  similiter  spirant 
omnia,et  nihil  habet  homo  jumento 
amplius  :  cuncta  subjacent  vanitati, 
20.  et  omnia  pergunt  ad  unum  lo- 
cum :  "  de  terra  facta  sunt,  et  in  ter-  " Gen.  3, 19. 
ram  pariter  revertuntur.  21.  Quis 
novit  si  spiritus  iilicrum  Adam 
ascendat  sursum,  et  si  spiritus  ju- 
mentorum descendat  deorsum.'' 
22.  Et  deprehendi  nihil  esse  melius 
quam  lastari  hominem  in  opere  suo, 
et  banc  esse  partem  illius.  Quis 
enim  eum  adducet,  ut  post  se  futura 
cognoscat.^ 

— :i:—       CAPUT   IV.       — :>— 

Vanitatem  hujus  vitce  arguit  sapiens  ex  in- 
nocentum  oppressione,  et  quod  industria 
humana  sit  invidiae  obnoxia  :  item  quod 
stultus  secure  in  otio  agit,  alio  qui  here- 
dem  non  habet  thesaurizante  :  explicat 
commoda  societatis,  regum  regnorumque 
vanitatem  :  et  obedientiam  praefert  stul- 
torum  vicflimis. 


^ERTI  me  ad  alia,  et  vidi 
calumnias,  quae  sub  sole 
geruntur,  et  lacrymas  in- 

J  nocentium,   et    neminem 


ment  divin,  soit  dans  rordre  moral,  soit 
dans  I'ordre  physique,  sont  toujours  les 
memes  ;  elles  amenent  les  memes  resultats 
ou  des  resultats  analogues. 

15.  Au  lieu  de  Injustice,  au  lieu  ou  la  jus- 
tice seule  devait  rendre  des  sentences. 

17.  Dieu  jugei'a  :  quand?  peut-etre  pas 
aussi  vite  que  plusieurs  le  voudraient;  mais 
ce  jugement  viendra,  car  il  y  a  la,  c.-^-d. 
aupres  de  Dieu,  etc.  La  Vulg.  traduit  le 
2e  membre  :  ei  ce  sera  alors  le  temps  de 
toute  cJiose. 

18.  CV/a,  savoir  que  Dieu  attend,  pour 
exercer  son  jugement,  I'heure  qu'il  a  fixee 
d'avance.  —  En  eux-mcincs,  naturellement, 
quant  a  la  vie  corporelle,  et  abstracflion  faite 
de  toute  relation  superieure  avec  Dieu. 
Motais,  pour  eux-}iiemes  :  pas  plus  que  la 
bete,  ils  ne  peuvent  rien  pour  eux-memes, 
tout  etant  r^gle  par  Dieu  (comp.  vers.  9). 

19.  Le  sort,  etc.;  ou  plus  exaflement  :  les 
enfant s  des  homines  sont  caducitc,  et  caduciie 


est  la  bete ;  ils  sont  cgalemoit  endues,  sujets 
a  I'infirmitd  et  a  lamort.  Dans  ce  verset,rau- 
teur  n'envisage  que  I'exterieur,  la  vie  corpo- 
relle, dont  le  souffle  vital  est  la  condition, 
aussi  bien  pour  I'homme  que  pour  la  bete. — 
Toiit,  ou  tous  deux;  de  meme  au  verset  sui  v. 

21.  Qui  sail :  cette  expression  n'implique 
pas  necessairement  une  ignorance  complete 
et  absolue  de  la  question  proposee  :  comp. 
xxxi,  10;  Ps.  xcx,  11;  xciv,  16.  L'auteur  ne 
doutait  ni  de  I'existence  de  Fame,  ni  de  sa 
destinee  future.  Voy.  vi,  12;  viii,  7;  x,  14. 
D'autres,  avec  Motais  :  qui  voit  Vesprit  de 
Phomnie,  lequel  remonte  7/ers  le  del,  etc. 
Cette  derniere  traducflion,  qui  suit  la  ponc- 
tuation  massoretique,  a  contre  elle  toutes 
les  versions  anciennes  et  le  contexte. 

22.  D'autres  :  qui  le  fera  jouir  de  ce  qui 
sera  apres  lui? 

CHAP.  IV. 

I.  Ailleurs,  ou  denoweau. 


392 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  IV,  2— r 


leurs  opprcsseurs,  et  personne  qui  les 
console!  ^Et  j'ai  trouve  les  morts  qui 
sont  deja  morts  plus  heureux  que  les 
vivants  qui  sont  encore  vivants,  3et 
plus  heureux  que  les  uns  et  les  au- 
tres  celui  qui  n'est  pas  encore  arrive 
a  I'existence,  qui  n'a  pas  vu  les  mau- 
vaises  a6l'ions  qui  se  commettent  sous 
le  soleil. 

4j'ai  vu  que  tout  travail  et  que 
toute  habilete  dans  un  ouvrage  n'est 
que  jalousie  de  Thomme  a  I'egard  de 
son  prochain  :  c'est  encore  la  unc 
vanite  et  la  poursuite  du  vent. 

5  L'insense  se  croise  les  mains  et 
mange  .sa  propre  chair.  ^Mieux  vaut 
une  main  pleine  de  repos,  que  les 
deux  pleines  de  labeur  et  de  pour- 
suite  du  vent. 

"J'ai  considere  une  autre  vanite 
sous  le  soleil.  ^Tel  homme  est  seul, 
n'ayant  personne  avec  lui,  ni  fils,  ni 
frere;  et  pourtant  son  travail  n'a  point 
de  treve,  et  ses  yeux  ne  sont  jamais 
rassasies  de  richesses.  "Pour  qui  done 
est-ce  que  je  travaille  et  que  je  prive 
mon  ame  de  jouissance.'' "  C'est  en- 
core la  une  vanite  et  une  mauvaise 
occupation. 

9Mieux  vaut  vivre  a  deux  que  so- 
litaire; il  y  a  pour  les  deux  un  bon 
salairc  dans   Icur  travail.  '"Car  s'ils 


tombent,  I'un  pent  relever  son  com- 
pagnon ;  mais  malheur  a  celui  qui 
est  seul  et  qui  tombe  sans  avoir  un 
second  pour  le  relever!  "  De  meme, 
si  deux  couchent  ensemble,  ils  se 
rechauffent  mutuellement  ;  mais  un 
homme  seul,  comment  aura-t-il 
chaud .''  12  Et  si  quelqu'un  fait  vio- 
lence a  celui  qui  est  seul,  les  deux 
pourront  lui  resister,  et  le  cordon  a 
trois  fils  ne  se  rompt  pas  facilemcnt. 
^sMieux  vaut  un  jeune  homme 
pauvre  et  sage  qu'un  roi  vieux  et  in- 
sense  qui  ne  sait  plus  ecouter  les 
avis;  '4 car  il  sort  de  prison  pour  re- 
gner,  quoiqu'il  soit  ne  pauvre  dans 
son  royaume.  ^sj'ai  vu  tous  les  vi- 
vants qui  sont  sous  le  soleil  entourer 
le  jeune  homme  qui  devait  succeder 
au  vieux  roi  et  regner  a  sa  place; 
i^elle  etait  infinie  toute  cette  foule 
qui  lui  rendait  hommage.  Et  cepen- 
dant  la  posterite  ne  se  rejouira  pas  a 
son  sujet.  C'est  la  encore  une  vanite 
et  la  poursuite  du  vent. 

i7Prends  garde  a  ton  pied  quand 
tu  vas  a  la  maison  de  Dieu ;  s'appro- 
cher  pour  ecouter  vaut  mieux  que 
d'offrir  des  vi6limes  a  la  maniere  des 
insenses ;  car  leur  ignorance  les  con- 
duit a  faire  mal. 


4.  Hnhilcte  ow  sttcch.  —  7V^V.f/  que  jalou- 
sie peut  s'entendre  de  deux  manicres  :  est 
inspire  par  ledesirde  I'emporter  sur  autrui; 
ou  bien  :  a  pour  effet  d'exciter  la  jalousie 
des  autres  homines  (Vulg.).  —  Poiirsitite  du 
ve)itf  peine  inutile. 

5.  Mange  sa  propre  chair  :  au  lieu  de 
vivre  du  travail  de  ses  mains,  il  se  consume 
lui-meme,  en  quelque  sorte,  et  va  a  sa  ruine. 

6.  De  repos  :  non  pas  le  repos  du  pares- 
seux,  mais  de  celui  qui  est  uni  il  un  travail 
moderd  et  au  bien-etre. 

8.  Pour  qui  done,  etc.  :  I'auteur  se  met  ;i 
la  place  de  cet  homme  sans  famille  et  fait 
entendre  cette  plainte  en  son  noni.  Motais 
sous-entend  :  //  ne  dii  point :  Pour  qui.,  etc. 


9.  Un  bon  salairc,  un  prccieux  avantage; 
ce  salaire  consiste  dans  la  douce  persuasion 
cju'a  chacun  d'eux  son  travail  profitera  a 
I'autre. 

\2.  On  lit  dans  le  Talmud  :  "  Un  homme 
sans  compagnon  est  comme  la  main  gauche 
sans  la  droile. 

Suit  une  autre  consideration,  empruntee 
.\  la  vie  politique,  pour  montrer  combien  la 
popularite  est  chose  vaine. 

13.  Ecouter  les  m'is;  Vulg.,  prcfoir 
Vavoiir. 

14.  Car  amcne  la  raison  pour  laquelle 
le  jeune  homme  vient  d'etre  qualifie  pa7i- 
vre  et  sage  :  sage,  puisqu'il  a  su  se  frayer 
un  chemin  de  la  prison  au  trone.  —  Dans 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  IV,  2—17. 


393 


consolatorem  :  nee  posse  resistere 
eoriim  violentiae,  cunctorum  auxi- 
lio  destitutes.  2.  Et  laudavi  magis 
mortuos,  quam  viventes  :  3.  et  feli- 
ciorem  utroque  judicavi,  qui  nec- 
dum  natus  est,  nee  vidit  mala  quas 
sub  sole  fiunt. 

4.Rursum  contemplatus  sumom- 
nes  labores  hominum,  et  industrias 
animadverti  patere  invidiam  proxi- 
mi  :  et  in  hoc  ergo  vanitas,  et  cura 
superflua  est. 

5.  Stultus  complicat  manus  suas, 
et  comedit  carnes  suas,  dicens  : 
6.  Melior  est  pugillus  cum  requie, 
quam  plena  utraque  manus  cum  la- 
bore,  et  afflictione  animi. 

7.  Considerans  reperi  et  aliam 
vanitatem  sub  sole  :  8.  unus  est,  et 
secundum  non  habet,  non  filium, 
non  fratrem,  et  tamen  laborare  non 
cessat,  nee  satiantur  oeuli  ejus  divi- 
tiis  :  nee  recogitat,  dicens  :  Cui 
laboro,  et  fraudo  animam  meam 
bonis.^  in  hoe  quoque  vanitas  est,  et 
afflietio  pessima. 

9.  Melius  est  ergo  duos  esse  si- 
mul,  quam  unum  :  habent  enim 
emolumentum  societatis  su^  :  10.  si 
unus  ceeiderit,  ab  altero  fulcietur  : 


vae  soli  :  quia  cum  ceeiderit,  non 
habet  sublevantem  se.  11.  Et  si 
dormierintduo,fovebuntur  mutuo: 
unus  quomodo  calefiet.^  12.  Et  si 
quispiam  praevaluerit  contra  unum, 
duo  resistunt  ei  :  funiculus  triplex 
difficile  rumpitur. 

1 3.  Melior  est  puer  pauper  et  sa- 
piens, rege  sene  et  stulto,  qui  nescit 
pra^videre  in  posterum.  14.  Quod 
de  carcere,catenisque  interdum  quis 
egrediatur  ad  regnum  :  et  alius  na- 
tus  in   regno,  inopia  eonsumatur. 

15.  Vidi  cunctos  viventes,  qui  am- 
bulant sub  sole  cum  adoiescente 
secundo,    qui    eonsurget    pro    eo. 

16.  Infinitus  numerus  est  populi 
omnium,  qui  fuerunt  ante  eum  :  et 
qui  postea  futuri  sunt,  non  laetabun- 
tur  in  eo  :  sed  et  hoc,  vanitas  et 
afflietio  spiritus. 

17.  Custodi  pedem  tuum  ingre- 
diens  domum  Dei,  et  appropinqua 
ut  audias.  "Multo  enim  melior  est 
obedientia,  quam  stultorum  vieti- 
ma?,  qui  nesciunt  quid  faciunt  mali. 


.1. 


•!• 


son  royauiue,  dans  la  contree  011  il  devait 
etre  roi ;  ou  bien  :  dans  le  royaume  du 
vieux  roi. 

Vulgate  :  car  il  arrive  que  tel  sortc  de  la 
prison  et  des  c/iaiftes  pour  rcgner,  et  que  tel 
autre,  ne  sur  le  tronc,  se  consume  dans  V in- 
digence. 

15.  Accueil  enthousiaste  fait  au  jeiine  roi. 
Qui  ltd  rendait  honimage;  litt.,  a  la  tete  de 
laquelle  il  etait. 

16.  La  posteritc  ne  se  rejoiiira  pas  :  les 
esperances  que  les  contemporains  avaient 
con^ues  ne  se  realiseront  pas  :  le  jeune  roi, 
si  acclame  a  son  debut,  ne  laissera  qu'une 
memoire  abhorree  :  nouvelle  confirmation 
de  la  maxime  chere  a  Tauteur  :  tout  est 
vanitd. 

Motais  et  quelques  autres  interpretes 
voient  dans  les  vers.  13-16  une  allusion  a 
I'histoire  de  Joseph, arrive  pauvre  en  Egypte, 
s'elevant  par  sa  sagesse  a  la  plus  haute  di- 


gnite  de  I'Etat,  gouvernant  le  royaume  a  la 
place,  c.-a-d.  au  nom  du  Pharaon,  oublie 
enfant  dans  sesbienfaits  par  les  generations 
suivantes.  Ce  rapprochement  est-il  fonde? 
C'est  fort  douteux. 

Le  verset  17  appartient  pour  le  sens  au 
chapitre  suivant. 

17.  Prends  garde  a  ton  pied,  \\  ta  con- 
duite.  —  Pour  ecouter  la  parole  divine  : 
prieres,  chants  sacres,  lefture  de  la  loi.  — 
Les  insense's  :  dans  la  plupart  des  sacrifices, 
une  partie  de  la  vicftime  revenait  k  I'offrant, 
qui  lamangeait  avec  ses  parents  et  ses  amis 
dans  des  repas  sacres,  lesquels  degeneraient 
souvent  en  rejouissances  grossieres.  — 
L igno}-a7ice  les  conduit  a  /aire  mat;  d'au- 
tres,  ils  ne  savent  pas  qu'ils  font  mal. 

La  Vulg.  traduit  la  fin  du  verset  :  car 
Vobeissance  vaut  beaiicoup  inieitx  que  les 
viHimes  des  inscnscs,  qui  7ie  savent  pas  ce 
quails  font  de  mal. 


"  I  Reg.  T5, 
22.  Os.  6,  6. 


394 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  V,  i  — 16. 


CHAP.  V.  —  Conduite  a  tcnir  dans  raccomplisscment  des  devoirs  religieux 
[iv,  ly  —  V,  6];  —  divers  abiis  et  desordres  [7 — 16];  —  s'abandonner  a 
la  Providence  [17 — 19]. 


Chap.  V.  |K«^^E  sois  pas  presse  d'ouvrir  la 
&"Hj  I  bouche  et  que  ton  coeur  ne  se 
Lm^^J  hate  pas  d'exprimer  une  pa- 
role devant  Dicu,  car  Dieu  est  au 
ciel,  et  toi  sur  la  tcrre ;  que  tes  paro- 
les soient  done  peu  nombreuses.  2 Car 
de  la  multitude  des  occupations  nais- 
sent  les  songes,  et  dans  la  multitude 
des  paroles  se  fait  entendre  la  voix 
de  I'insense. 

sLorsque  tu  as  fait  un  voeu  a  Dieu, 
ne  tarde  pas  a  I'accomplir,  car  il 
n'aime  pas  les  insenses  :  accomplis  le 
voeu  que  tu  as  fait.  4Mieux  vaut  pour 
toi  ne  pas  faire  de  vceu,  que  d'en  faire 
un  et  de  ne  pas  I'accomplir.  sNe  per- 
mets  pas  a  ta  bouche  de  faire  pecher 
ta  chair,  et  ne  dis  pas  en  presence  de 
I'envoye  de  Dieu  que  c'est  une  inad- 
vertance.  Pourquoi  ferais-tu  Dieu 
s'irriter  de  tes  paroles  et  detruire  les 
oeuvrcs  de  tes  mains?  ^Car,  comme 
il  y  a  des  vanites  dans  la  multitude 
des  occupations,  il  y  en  a  aussi  dans 
beaucoup  de  paroles ;  c'est  pourquoi 
crains  Dieu, 

7 Si  tu  vois  dans  une  province  le 
pauvre  opprime,  le  droit  et  la  justice 
violes,  ne  t'en  etonne  point,  car  un 
homme  cleve  est  place  sous  la  sur- 
veillance d'un  autre  plus  eleve,  et  de 
plus  eleves  encore  les  dominent  tous 


les  deux.  ^Un  avantage  pour  le  pays 
a  tous  egards,  c'est  un  roi  qui  donne 
ses  soins  a  I'agriculture. 

9Celui  qui  aime  I'argent  n'est  pas 
rassasie  par  I'argent,  et  celui  qui  aime 
les  richesses  n'en  goute  pas  le  fruit. 
C'est  encore  la  une  vanite.  ^oQuand 
les  biens  se  multiplient,  ceux  qui  les 
mangent  deviennent  aussi  plus  nom- 
breux,  et  quel  avantage  en  revient-il 
a  leurs  possesseurs,  sinon  qu'ils  les 
voient  de  leurs  yeux.  "Le  sommeil 
du  travailleur  est  doux,  qu'il  ait  peu 
ou  beaucoup  a  manger;  mais  la  satiete 
du  riche  ne  le  laisse  pas  dormir. 

^2 II  est  un  mal  grave  que  j'ai  vu 
sous  le  soleil  :  des  richesses  conser- 
vees  pour  son  malheur,  par  celui  qui 
lespossede;  i3ces  richesses  se  perdent 
par  quelque  facheux  evenement,  et 
s'il  a  engendre  un  fils,  il  ne  lui  reste 
plus  rien  entre  les  mains.  ^4Sorti  nu 
du  sein  de  sa  mere,  il  s'en  ira  comme 
il  etait  venu,  et  il  n'aura  rien  pour 
son  travail  qu'il  puisse  emporter  avec 
lui.  13 C'est  encore  la  une  grande  mi- 
sere.  II  s'en  va  comme  il  est  venu,  et 
quel  avantage  lui  revient-il  d'avoir 
travaille  pour  le  vent?  ^^'Dq  plus, 
toute  sa  vie  il  mange  dans  les  tene- 
bres ;  il  a  beaucoup  de  chagrin,  de 
I  souffrance  et  d'irritation. 


CHAP.  V. 

1.  Sens  :  Tiens-toi  devant  Dieu  dans  un 
silence  respetlueux,  exhalant  ton  ame  dans 
de  courtes  mais  ferventes  pricres,  n'oubliant 
pas  qu'autant  le  ciel  est  au-dessus  de  la 
terre,  autanl  Dieu  est  elevd  au-dessus 
de  toi. 

2.  Car  de  menie  cjue  de  la  inultifttde,  etc  , 
ainsi  dc  la  imiltilndc  des  occupations^  des 
soins  de  tout  genre,  des  soucis. 

5.  Faire  pecher  la  c/tair,  tout  ton  corps, 
et  par  suite  attirer  sur  toi  le  chatiment.  — 
Ihnvoye  de  Dieu,  probablement  le  pretre ; 
ou  bien  avec  les  LXX  et  d'autres  versions, 
devant  la  face  de  Dieu,  c.-h.-d.  un  etre  spiri- 
tuel    qui    tient    sa    place   et    le   reprcseiUe 


{Exod.  xxiii,  21),  un  ministre  de  sa  justice, 
tel  que  I'ange  qui  frappa  le  peuple  ^  cause 
des  peches  de  David  W  A'ois,  xxiv,  17. 

7  sv.  Car  donne  la  raison  de  jie  t\'7i 
etotuje  point,  mais  cette  raison  est  diverse- 
ment  expliquee  par  les  interprctes.  D'aprt-s 
Motais,  I'auteur  justifie  I'autoritc  :  s'il  y  a 
des  crimes  commis  et  des  abus  de  pouvoir, 
ce  n'est  pas  faute  de  surveillance;  mais  tant 
d'intermediaires  scparent  le  roi  du  peuple, 
surtout  en  province!  II  ne  faut  done  pas 
s'en  etonner,  mais  respe(!:ler  I'autorite  su- 
preme ;  cette  soumission  (vers.  <S)  profite  a 
tout  le  pays ;  le  roi  est  le  serviteur  du  pays. 

Delitzsch  donne  une  interpretation  tout 
<\  fait  differente  :  ne  t'en  etonne  point,  car 
un  honiine  elev^  est  obseri'e,  epie,  par  un 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  V,  i— 16. 


395 


— :i:—        CAPUT   V.         — *— 

Nil  temere  de  Deo  et  ejus  providentia  lo- 
quendum  :  vota  reddenda  :  non  miran- 
clum  de  egenorum  oppressione,  cum  iniqui 
judicem  habeant  :  item  quam  sit  misera 
conditio  avaii  nunquam  impleti,et  divitis 
coacervantis  divitias,  in  proprium  non- 
nunquam  malum. 

E  temere  quid  loquaris, 
neque  cor  tuum  sit  velox 
ad   proferendum    sermo- 

nem    coram    Deo.    Deus 

enim  in  coelo,  et  tu  super  terram  : 
idcirco  sint  pauci  sermones  tui. 
2.  Multas  curas  sequuntur  somnia, 
et  in  multis  sermonibus  invenietur 
stultitia. 

3,  Si  quid  vovisti  Deo,  ne  more- 
ris  reddere  :  displicet  enim  ei  infi- 
delis  et  stulta  promissio  :  sed  quod- 
cumque  voveris,  redde  :  4.  multo- 
que  melius  est  non  vovere,  quam 
post  votum  promissa  non  reddere. 
5.  Ne  dederis  os  tuum  ut  peccare 
facias  carnem  tuam  :  neque  dicas 
coram  Angelo  :  Non  est  providen- 
tia :  ne  forte  iratus  Deus  contra 
sermones  tuos,  dissipet  cuncta  opera 
manuum  tuarum.  6.  Ubi  multa 
sunt  somnia,  plurimae  sunt  vanita- 
tes,  et  sermones  innumeri  :  tu  vero 
Deum  time. 


7.  Si  videris  calumnias  egeno- 
rum, et  violenta  judicia,  et  subver- 
ti  justitiam  in  provincia,  non  mire- 
ris  super  hoc  negotio  :  quia  excel- 
so  excelsior  est  alius,  et  super  hos 
quoque  eminentiores  sunt  alii,  8.  et 
insuper  universas  terrae  rex  imperat 
servienti. 

9.  Avarus  non  implebitur  pecu- 
nia  :  et  qui  amat  divitias,  fructum 
non  capiet  ex  eis  :  et  hoc  ergo  va- 
nitas.  10.  Ubi  multas  sunt  opes, 
multi  et  qui  comedunt  eas.  Et 
quid  prodest  possessori,  nisi  quod 
cernit  divitias  oculis  suis.^  1 1.  Dul- 
cis  est  somnus  operanti,  sive  pa- 
rum,  sive  multum  comedat  :  satu- 
ritas  autem  divitis  non  sinit  eum 
dormire. 

12.  "Est  et  alia  infirmitas  pessi- 
ma,  quam  vidi  sub  sole  :  divitiae 
conservatae  in  malum  domini  sui, 
13.  Pereunt  enim  in  afflictione  pes- 
sima  :  generavit  filium,  qui  in  sum- 
ma  egestate  erit,  14.  ^'Sicut  egressus 
est  nudus  de  utero  matris  suae,  sic 
revertetur,  et  nihil  auferet  secum 
de  labore  suo.  15.  Miserabilis  pror- 
sus  infirmitas  :  quo  modo  venit,  sic 
revertetur.  Quid  ergo  prodest  ei 
quod  laboravit  in  ventum.''  i6.Cun- 
ctis  diebus  vitas  suae  comedit  in  te- 
nebris  et  in  curis  multis,et  in  aerum- 
na  atque  tristitia. 


"  Job.  20, 
20. 


*  Job.  I,  21. 
I  Tim.  6,  7. 


aiit7-e  plus  cleve,  (\\i\  cherche  I'occasion  de 
le  ddpouiller,  ct  aii-dessiis  (feiex  il y  eu  a 
de  phis  elevcs  encore,  animes  des  memes 
sentiments  envers  leurs  inferieurs ;  aussi 
(vers.  8)  est-ce  ii7i  avantage  poitr  le  pays,  etc. 

Si  le  vCiOX gebohim  pouvait  etre  pris  comme 
un  pluriel  de  majeste,  on  aurait  un  sens 
aussi  beau  que  facile  :  ne  fen  etonne  point, 
n'en  sois  pas  scandalise,  car  sicr  Vhomme 
elevi\  le  magistrat  de  province,  veille  iiti 
phis  elevc,  le  roi,  et  un  plus  eleve  encore,  la 
Tres-Haiit,  veille  siir  les  deux  premiers,  et 
leur  demandera  compte  des  injustices  et 
des  violences  qu'ils  ont  commises  ou  laisse 
commettre.  En  outre  (vers.  8)  le  profit  de 
la  terre  est  pour  tons ;  le  roi  hd-meme  est 
servi  par  la  culture  des  champs :  s'il  opprime 
les  petits,  ceux  qui  cultivent  les  terres,  il 
n'aura  plus  de  quoi  subsister. 

9.  Qui  ainic  Pargent :  il  s'agit  ici,  non  de 


Vaz'are{\v,  7-12),  mais  de  I'homme  avide  de 
faste  et  d'opulence,  qui  n'arrive  jamais  a 
satisfaire  ses  gouts  de  luxe. 

10.  Ceux  qui  les  mangent,  les  serviteurs, 
les  intendants,  tout  le  train  de  maison.  Le 
possesseur  n'en  a  que  plus  d'embarras  et  de 
soucis. 

12  sv.  Non  seulement  la  richesse  ne  pro- 
cure h.  qui  la  possede  aucun  bien  reel,  mais 
souvent  elle  se  perd  par  quelque  catastro- 
phe imprevue.  L'auteur  dans  ce  passage  fait 
allusion  a  Job  (comp.  _/tf^,  i,  21). 

16.  //  mange  dans  les  tcnebres,  soit  au 
figure  :  dans  la  tristesse;  soit  au  propre  : 
dans  une  salle  que  n'eclaire  pas  une  joyeuse 
lumiere.  D'ailieurs,  ce  verbe  est  douteux; 
une  legere  modification  du  mot  hebreu 
donne  le  sens  de  tristesse,  bien  plus  satis- 
faisant  :  tous  les  jours  de  sa  vie  (se  passent) 
dans  les  tcnebres,  la  tristesse,  etc. 


396 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  V,  17—19;  VI,  i— 12. 


i7Voici  done  ce  que  j'ai  rcconnu 
etre  bon  et  scant,  c'est  que  rhomme 
mange  et  boive,  et  jouisse  du  bien- 
etre  au  milieu  de  tout  le  travail  au- 
quel  il  se  livre  sous  le  soleil,  durant 
les  jours  de  vie  que  Dieu  lui  a  don- 
nes;  car  c'est  la  sa  part.  ^^YA  encore 
pour  tout  hommc  qui  a  recu  de  Dieu 


des  richesses  et  des  biens,  avec  pou- 
voir  d'en  manger,  d'en  prendre  sa 
part  et  de  se  rejouirdans  son  travail, 
c'est  la  un  don  de  Dieu.  i9Car  alors 
il  ne  songe  guere  aux  jours  de  sa  vie, 
parce  que  Dieu  repand  la  joie  dans 
son  coeur. 


CHAP.  \  I. —  La  richesse  ne  donne  pas  le  bonhcur;  Dieu  a  determine 

d'avance  le  lot  de  cliacun. 


Chap. VI.  ^P^L  est  un  mal  que  j'ai  vu  sous 
;^^'  le  soleil,  et  ce  mal  est  frequent 
iii^^  parmi  les  hommes  :  =tel  hom- 
me  a  qui  Dieu  a  donne  richesses,  tre- 
sors  et  gloire,  et  qui  ne  manque  pour 
son  ame  de  rien  de  ce  qu'il  pent  desi- 
rer;  mais  Dieu  ne  le  laisse  pas  mai- 
tre  d'en  jouir;  c'est  un  etranger  qui 
jouit  de  ses  biens  :  voila  une  vanite 
et  un  mal  grave.  sQuand  un  homme 
aurait  cent  fils,  vivrait  un  grand  nom- 
bre  d'annees,  et  que  les  jours  de  ses 
annees  se  multiplieraient,  si  .son  ame 
ne  s'est  pas  rassasiee  de  bonheur,  et 
qu'il  n'ait  pas  meme  eu  de  sepulture, 
je  dis  qu'un  avorton  est  plus  heureux 
que  lui.  4Car  il  est  venu  en  vain,  il 
s'en  va  dans  les  tenebres,  et  les  tene- 
bres  couvriront  son  nom;  5il  n'a  ni 
vu  ni  connu  le  soleil,  il  a  plus  de  re- 
pos  que  cet  homme.  ^Et  quand  il 
vivrait  deux  fois  mille  ans  sans  jouir 
du  bonheur,  tout  ne  va-t-il  pas  au 
meme  lieu? 


7 Tout  le  travail  de  I'homme  est 
pour  sa  bouche;  mais  ses  desirs  ne 
sont  jamais  satisfaits.  ^Car  quel  avan- 
tage  a  le  sage  sur  I'insense.''  Quel 
avantage  a  le  pauvre  qui  sait  se  con- 
duire  en  presence  des  vivants.''  9Ce 
que  les  )'eux  voient  est  preferable  a 
la  divagation  des  desirs.  C'est  en- 
core la  une  vanite  et  la  poursuite 
du  vent. 

I"  A  toute  chose  qui  arrive,  son 
nom  est  determine  d'avance;  on  sait 
ce  que  sera  un  homme,  et  il  ne  pent 
contester  avec  un  plus  fort  que  lui. 
"Car  il  Y  a  beaucoup  de  paroles  qui 
ne  font  qu'accroitre  la  vanite  :  quel 
avantage  en  revient-il  a  I'homme? 
12  Car  qui  sait,  en  effet,  ce  qui  est  bon 
pour  I'homme  dans  la  vie,  pendant 
les  jours  de  sa  vie  fugitive,  qu'il  passe 
comme  une  ombre  .^  Et  qui  pent  dire 
a  I'homme  ce  qui  sera  apres  lui  .sous 
le  soleil? 


18.  Liaison  :  le  mieux  (vers.  17)  est  de 
jouir  ici-bas  du  bien-Ctre  que  procure  le  tra- 
vail;  mais  (vers.  18)  cela  meme  est  un  don 
de  Dieu. 

19.  //  lie  songe  gith'c  au  v  jours  dc  sa  vie  : 
sa  vie  est  douce  et  passe  comme  inaper^ue, 
sans  ctre  attristee  par  de  pcnibles  retle.xions 
et  de  vains  soucis. 


CHAP.  VI. 

1.  Est  frequent  {y\\\g.)y  ou  mieux 
Iflurdenwnt  sur  Ics  Jtonnnes. 


pest 


3.  Les  jours  de  ses  annees  :  pour  mieux 
peindre  la  longue  duree  de  cette  vie,  I'au- 
teur  decompose  les  annees  en  jours. 

4.  //  est  I'enu  :  c'est  de  I'avorton  qu'il 
s'agit  dans  les  vers.  4  et  5;  le  vers.  6revient 
a  I'iiomme  que  Dieu  ne  laisse  pas  jouir  de 
sa  fortune. 

5.  //  a  plus  de  repos,  un  sort  plus  heureux 
en  general.  Vulg. ,  il  n'a  pas  connu  la  diffe- 
rence  du  bien  et  du  mal. 

7-8.  Poitr  sa  bouche^  pour  s'assurer  les 
di\  erses  jouissances  de  la  vie;  mais  I'homme 


LIBER  ECCLESIASTES.     Chap.  V,  17-^19;  VI,  i— n. 


397 


17.  Hoc  itaque  visum  est  mihi 
bonum  ut  comedat  quis,  et  bibat,  et 
fruatur  lastitiaex  labore  suo,  quo  la- 
boravit  ipse  sub  sole  numerodierum 
vitas  suje,  quos  dedit  ei  Deus,  et 
hasc  est  pars  illius.  i  8.  Et  omiii  ho- 
mini,  cui  dedit  Deus  divitias,  atque 
substantiam,  potestatemque  ei  tri- 
buit  ut  comedat  ex  eis,  et  fruatur 
parte  sua,  et  lastetur  de  labore  suo  : 
hoc  est  donum  Dei.  19.  Non  enim 
satis  recordabitur  dierum  vit^  suas, 
eo  quod  Deus  occupet  deliciis  cor 
ejus. 

-^'^       CAPUT  VI.        -^-- 

Misera  est  avari  vanitas,  qui  ne  in  neces- 
sariis  quidem  audet  partis  uti. 


ST  et  aliud  malum,  quod 
vidi  sub  sole,  et  quidem 
frequens  apud  homines  : 
2.  Vir,  cui  dedit  Deus  di- 
vitias, et  substantiam,  et  honorem, 
et  nihil  deest  animae  suas  ex  omni- 
bus, quas  desiderat  :  nee  tribuit  ei 
potestatem  Deus  ut  comedat  ex  eo, 
sed  homo  extraneus  vorabit  illud  : 
hoc  vanitas,  et  miseria  magna  est, 
3.  Si  genuerit  quispiam  centum  li- 


beros,  et  vixerit  multos  annos,  et 
plures  dies  astatis  habuerit,  et  anima 
illius  non  utatur  bonis  substantias 
suas,  sepulturaque  careat  :  de  hoc 
ego  pronuntio  quod  melior  illo  sit 
abortivus.  4.  Frustra  enim  venit,  et 
pergit  ad  tenebras,  et  oblivione  de- 
lebitur  nomen  ejus.  5.  Non  vidit 
solem,  neque  cognovit  distantiam 
boni  et  mali  :  6.  etiam  si  duobus 
millibus  annis  vixerit,  et  non  fuerit 
perfruitus  bonis  :  nonne  ad  unum 
locum  properant  omnia.? 

7.  Omnis  labor  hominis  in  ore 
ejus  :  sed  anima  ejus  non  implebi- 
tur.  8.  Quid  habet  amplius  sapiens 
a  stulto.?  et  quid  pauper  nisi  ut  per- 
gat  illuc,  ubi  est  vita.?  9.  Melius  est 
videre  quod  cupias,  quam  desiderare 
quod  nescias  :  sed  et  hoc  vanitas  est, 
et  prassumptio  spiritus. 

10.  ''Qui  futurus  est,  jam  vocatum 
est  nomen  ejus  :  et  scitur  quod 
homo  sit,  et  non  possit  contra  for- 
tiorem  se  in  judicio  contendere. 
1 1. Verba  sunt  plurima,  multamque 
in  disputando  habentia  vanitatem. 


'■  I  Reg.  tj, 
Heta^Reg. 
13.  2. 


n'arrive  jamais  a  une  situation  telle  qu'il 
soit  pleinement  satisfait,  qu'il  ne  desire  plus 
rien.  —  Car  anicne  la  raison  de  ce  qui  pre- 
cede :  les  hommes  les  plus  ditferents  par  le 
caraftere  moral,  tels  que  le  sage  et  I'insense, 
sent  pareils  sous  ce  rapport,  leurs  desirs 
sont  egalement  insatiables.  Le  sage,  il  est 
vrai,  s'efforce  de  les  dominer,  et  le  pauvre, 
qui  sait  gouverner  sa  vie,  les  dissimule  en 
s'imposant  des  privations ;  mais  ces  desirs 
n'en  existent  pas  moins  au  fond  de  leur 
cceur,  aussi  bien  que  dans  le  coeur  de  I'in- 
sense,  qui  se  donne  libre  carriere  pour  les 
satisfaire. 

Vulg.,  ^!/el  avantage  a  le  pauvre^  si  cc 
finest  g It'll  va  la  on  est  la  vie. 

g.  Sens  :  jouir  du  bien  qu'on  a  afluelle- 
ment  vaut  mieux  que  de  Juisser  son  ame 
s'egarer  a  toutes  sortes  de  desirs. 

10.  A  toute  chose;  Vulg.,  a  tout  hoi/u/ie 
qui  doit  arriver  a  f  existence,  etc.  —  Son 


noin  :  ce  que  cette  chose  sera  et  comment 
elle  sera  est  determine  et  comme  formulci 
d'avance.  —  On  sait,  c'est  une  chose  con- 
nue  (de  Dieu),  arretee  d'avance :  comp.  AH. 
XV,  18.  —  Avec  tin  plus  fort  que  lui,  avec 
Dieu,  qui  regie  toutes  choses. 

11.  Paroles  de  contestation  avec  Dieu; 
elles  sont  vaines  et  inutiles  :  I'homme  n'a 
qu'a  se  soumettre  a  la  Providence  et  a  re- 
connaitre  humblement  sa  dependance. 

12.  Sens  :  I'homme,  d'ailleurs,  ignore  ce 
qu'il  lui  faut  pour  etre  heureux;  pour  le  sa- 
voir,  il  lui  faudrait  lire  dans  I'avenir,  chose 
impossible  pour  lui. —  Ce  qui  sera  aprcs  lui, 
par  ex.,  s'il  laissera  des  enfants,  s'ils  entre- 
ront  en  possession  des  biens  amasses  par 
lui,  etc. 

Ce  verset  commence  le  chap,  vii  dans  la 
Vulg.,  mais  il  est  mieux  a  sa  place  \  la  fin 
du  ch.  vi. 


398 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  VII,  i— 17. 


CHAP.  VII.  —  Maximes  sur  les  tristesses  de  la  vie,  sur  la  sagesse 

et  la  moderation. 


Ch.  VII.  S^/iwr«|NE  bonne  reputation  vaut 
mieux  qu'un  bon  parfum,  et  Ic 
jour  de  la  mort  que  le  jour  de 
la  naissance.  ^ Mieux  vaut  aller  a  la 
maison  de  deuil  qu'a  la  maison  de 
festin,  car  dans  la  premiere  apparait 
la  fin  de  tout  homme,  et  le  vivant  y 
reflechit.  3 Mieux  vaut  la  tristesse  que 
le  rire,  car  un  visage  triste  fait  du 
bien  au  coeur.  4Le  coeur  des  sages  est 
dans  la  maison  de  deuil,  et  le  coeur 
des  insenscs  dans  la  maison  de  joie. 
5  Mieux  vaut  entendre  la  reprimande 
des  sages  que  le  chant  des  insenses. 
^Car  semblable  au  petillement  des 
epines  sous  la  chaudiere  est  le  rire 
des  insenses  :  c'est  la  encore  une  va- 
nite.  7  Car  I'oppression  rend  insense 
le  sage,  et  les  presents  corrompent  le 
coeur. 

^Mieux  vaut  la  fin  d'une  chose  que 
son  commencement;  mieux  vaut  un 
esprit  patient  qu'un  esprit  hautain. 
9Ne  te  hate  pas  dans  ton  esprit  de 
t'irriter,  car  I'irritation  repose  dans  le 
sein  des  insenses.  ^^Ne  dis  pas :  "D'ou 


vient  que  les  jours  anciens  etaient 
meilleurs  que  ceux-ci.-*  Car  ce  n'est 
pas  par  sagesse  que  tu  fais  cette 
question.  ^^  La  sagesse  est  bonne 
avec  un  patrimoine,  et  profitable  a 
ceux  qui  voient  le  soleil.  ^^  Car  on  est 
abrite  par  la  sagesse  comme  par  I'ar- 
gent;  mais  un  avantage  du  savoir, 
c'est  que  la  sagesse  fait  vivre  ceux 
qui  la  possedent.  ^sRegarde  I'o^uvre 
de  Dieu  :  qui  pourra  redresser  ce 
qu'il  a  courbe?  i4Au  jour  du  bon- 
heur,  sois  joyeux,  et  au  jour  du 
malheur  reflechis  :  Dieu  a  fait  I'un 
comme  I'autre,  afin  que  I'homme  ne 
decouvre  point  ce  qui  doit  lui  arriver. 
ijTout  ceci,  je  I'ai  vu  au  jour  de 
ma  vanite  :  il  y  a  tel  juste  qui  perit 
dans  sa  justice,  et  il  y  a  tel  mechant 
qui  prolonge  sa  vie  dans  sa  mechan- 
cete.  16  Ne  sois  pas  juste  a  i'exces,  et 
ne  te  montre  pas  sage  outre  mesure  : 
pourquoi  voudrais-tu  te  dctruire  ? 
17  Ne  sois  pas  mechant  a  I'exces,  et 
ne  sois  pas  insense  :  pourquoi  vou- 
drais-tu   mourir   avant    ton  temps? 


CHAP.  VII. 

Ce  chapitre,  ainsi  que  le  lo*^,  otifre  une 
ressemblance  frappante  de  style  avec  le 
livre  des  Proverbes. 

1.  Le  jour  dc  la  mort,  non  seulement  met 
fin  k  toutes  les  tristesses  et  a  tous  les  maux 
de  la  vie,  mais  encore  nous  rapproche  de 
Dieu  :  comp.  iii,  21;  xii,  7. 

2.  Les  ceremonies  du  deuil  duraient  ordi- 
nairement  huit  jours,  pendant  lesquels  on 
faisait  des  visiles  de  condoleance  aux  pro- 
ches  parents  du  defunt.  —  Celiii  qui  vit : 
les  vivants  ont  la  une  occasion  de  reflechir 
sur  la  mort  qui  les  attend  ^  leur  tour. 

3.  Mieux  vaut,  moralement.  —  h''aii  du 
bien,  moralement,  au  caur,  le  rappelle  aux 
pensees  serieuses  et  elevees.  Vulgate  :  la 
colcre  qui  reprend  vaut  tnieux  que  Ic  rire 
qui  approuve;  car  la  tristesse  du  visage  cor- 
rige  le  coeur  de  celui  qui  peche. 

4.  Le  cceur  des  sages  est  dans  la  maison 
de  deuil :  c'est  Ik  qu'il  se  porte  de  prefe- 
rence, qu'il  se  plait. 

7.  Car  (ce  mot  n'est  pas  traduit  dans  la 


Vulg.)  :  on  ne  voit  pas  la  liaison  de  ce  ver- 
set  avec  ce  qui  precede ;  Delitzsch  soup- 
^onne  que  la  i''<=  partie  s'est  perdue.  D'au- 
tres  interprctes,  au  lieu  de  car  (en  hebr.  ki), 
traduisent  certaineincnt  et  font  du  verset 
une  sentence  detachee,  dirigee  contre  les 
juges  et  les  magistrats  qui  se  laissent  cor- 
rompre  par  des  presents  et  oppriment  les 
faibles. 

8.  La  fin  d'une  chose  (Vulg.  d'un  dis- 
cours)  :  I'auteur  parait  recommander  de  ne 
pr^cipiter  ni  ses  jugements  ni  sa  conduite. 
On  juge  bien  une  chose,  non  par  son  com- 
mencement, mais  par  sa  fin,  quand  elle  est 
achevee  ;  alors  seulement  on  peut  prendre 
un  parti  en  connaissance  de  cause. 

II.  La  sagesse  :  c'est  uniquement  par  ce 
mot  que  ce  verset  se  rattache  au  precedent. 
—  Avec  un  patrimoine  :  la  sagesse  aide  a 
en  bien  user.  D'autres  :  la  sagesse  7'aut  au- 
tant  quUifi  heritage,  et  meme  plus  pour  ceux 
qui  voient  le  soleil,  les  vivants. 

13.  Regarde  Pa'uvrc  de  Dieu,  avec  un 
esprit  soumis  h  toutes  les  dispositions  de  la 
providence  ;  meme  lorsqu'elle    parait  agir 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  VII,  1—17. 


399 


— :i:—       CAPUT  VII.       — :>— 

Vanum  est  altiora  se  quaerere;  et  inter  multa 
qu£e  quibus  magis  sint  eligenda,  sic  et 
sapientia  utilior  est  cum  divitiis  :  dies 
malus  pra^cavendus  :  ne  plus  quam  opor- 
tet  sapiens  aut  Justus  sis  :  quam  sit  mu- 
lieris  consortium  amarum  et  periculo- 
sum  :  quodque  homo  sit  a  Deo  creatus 
recflus. 


UID  necesse  est  homini 
majora  se  quasrere,  cum 
ignoret  quid  conducat  sibi 
',  in  vita  sua  numero  die- 
rum  peregrinationis  suas,et  tempore, 
quod  velut  umbra  prasterit  ?  Aut 
quis  ei  poterit  indicare  quid  post 
eum  futurum  sub  sole  sit?  2.  "Me- 
lius est  nomen  bonum,  quam  un- 
guenta  pretiosa  :  et  dies  mortis  die 
nativitatis.  3.  Melius  est  ire  ad  do- 
mum  luctus,  quam  ad  domum  con- 
vivii  :  in  ilia  enim  finis  cunctorum 
admonetur  hominum^  et  vivens  co- 
gitat  quid  futurum  sit.  4.  Melior 
est  ira  risu :  quia  per  tristitiam  vul- 
tus  corrigitur  animus  delinquentis. 
5.  Cor  sapientium  ubi  tristitia  est, 
et  cor  stultorum  ubi  laetitia.  6.  Me- 
lius est  a  sapiente  corripi,  quam 
stultorum  adulatione  decipi :  7.  quia 


sicut  sonitus  spinarum  ardentium 
sub  olla,  sic  risus  stulti  :  sed  et  hoc 
vanitas.  8.  Calumnia  conturbat  sa- 
pientem,  et  perdet  robur  cordis 
illius. 

9.  Melior  est  finis  orationis,  quam 
principium.  Melior  est  patiens  arro- 
gante.  lO.Nesisveloxad  irascendum: 
quia  ira  in  sinu  stulti  requiescit. 
1 1.  Ne  dicas  :  Quid  putas  causas  est 
quod  priora  tempora  meliora  fuere 
quam  nunc  sunt.''  stulta  enim  est 
hujuscemodi  interrogatio.  12,  Uti- 
lior est  sapientia  cum  divitiis,  et 
magis  prodest  videntibus  solem. 
13.  Sicut  enim  protegit  sapientia, 
sic  protegit  pecunia  :  hoc  autem 
plus  habet  eruditio  et  sapientia, 
quod  vitamtribuunt  possessori  suo. 
i4.ConsideraoperaDei,quod  nemo 
possit  corrigere  quem  ille  despe- 
xerit.  1 5.  In  die  bona  fruere  bonis, et 
malam  diem  prascave  :  sicut  enim 
banc,  sic  et  illam  fecit  Deus,  ut  non 
inveniat  homo  contra  eum  justas 
querimonias. 

16,  Hasc  quoque  vidi  in  diebus 
vanitatis  meas  :  Justus  perit  in  ju- 
stitia  sua,  et  impius  multo  vivit 
tempore  in  malitia  sua.  17.  Noli 
esse  Justus  multum  :  neque  plus  sa- 


contrairement  a  la  justice;  aussi  bien  nul 
homme  ne  peut  les  changer. 

14.  Jif  an  jour  du  malheur  rcfiecJiis,  re- 
connais  ce  qui  suit;  Vulg.,  et  pre/ids  tes 
precautions  contre  les  jours  luauvais.  — 
Dieu  a  fait  Vun  conune  l\iutre,  et  les  a  en 
quelque  sorte  melanges,  en  sorte  que  Fhom- 
me  ne  peut  deviner  I'avenir,  cet  avenir 
devant  presenter  les  memes  vicissitudes. 
D'autres  :  7ie  peut  decouvrir  ce  qui  arrivera 
apres  Itii. —  Delitzsch  :  en  sorte  que  VJionuiie, 
ayant  pass^  par  cette  double  ecole,  celle  du 
bonheur  et  celle  du  malheur,  n^a  pas  besoin 
de  trouver  aprcs  liti,  apres  la  vie  presente, 
rien  qu'il  n'ait  deja  eprouve.  Vulg.,  aj!?i  que 
fhonune  ne  trouve  pas  de  juste  sujet  de 
plainte  contre  Dieu. 

15-17.  Dans  sa  justice,  avec  ou  malgre  sa 
justice.  L'ancien  Testament  promettait  aux 
justes  la  recompense  d'une  longue  vie;  cette 
regie  souffrait  des  exceptions.  L'auteur  sem- 
ble  les  attribuer  a  un  exces  dans  la  pratique 
de  la  justice,  a  une  justice  trop  rigoureuse, 
depassant  la  mesure  et  aboutissant  au  su/n- 


inuni  jus  suvima  injuria.  —  Sage  outre  ine- 
sure,  sombre  et  morose,  te  refusant  toutes 
les  joies  et  toutes  les  douceurs  de  la  vie  pre- 
sente. —  Mcchant  a  P exces  est  simplement 
oppose  a  la  justice  excessive  dont  on  vient 
de  parler;  sens  :  tu  peux  gouter  les  joies 
honnetes  de  la  vie,  mais  sans  donner  libra 
carriere  a  tes  convoitises;  cette  folie  attire- 
rait  sur  toi  le  chatiment  divin. 

Motais  donne  de  ces  versets  I'explication 
suivante  :  l'auteur  condamne  cette  justice 
rigoriste  et  pharisai'que,  toujours  prete  a  in- 
criminer  la  conduite  de  la  Providence;  cette 
sagesse  a  petites  vues,  toujours  attache'e  a 
I'ecorce  de  la  loi,  et  disputant  avec  Dieu, 
qu'elle  voudrait  incessamment  occupd  a 
foudroyer  le  vice  et  a  benir  la  vertu.  Ces 
mots,  ne  sois  pas  mcchant  ix  V exces,  se  rap- 
porteraient  a  la  meme  idee  generale;  ils  vi- 
sent  le  cynisme  incredule  de  I'impie,  qui 
prend  pretexte  des  abstentions  passageres 
de  la  Providence  pour  nier  Dieu  et  son 
acftion  dans  le  monde,  et  porte  ainsi  une 
sorte  de  defi  a  la  colcrc  divine. 


400 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  VII,  18—28;  VIII,  1  —  6. 


isjl  est  bon  que  tu  retiennes  ceci,  et 
que  tu  ne  negliges  point  cela,  car  celui 
qui  craint  Dieu  evite  tous  ces  exces. 

^9 La  sagesse  donne  au  sage  plus 
de  force  que  n'en  possedentdix  chefs 
reunis  dans  une  ville.  20 Car  il  n'y  a 
pas  sur  terre  d'homme  qui  fasse  le 
bien,  sans  jamais  pecher.  21  Ne  fais  pas 
non  plus  attention  a  toutes  les  paro- 
les qui  se  disent,  de  peur  que  tu  n'en- 
tendes  ton  serviteur  te  maudire;  22 car 
ta  conscience  te  dit  que  toi-meme  tu 
as  bien  des  fois  maudit  les  autres. 

-3jai  reconnu  vraies  toutes  ces 
choses  par  la  sagesse.  J'ai  dit  :  Je 
serai  sage,  mais  la  sagesse  est  restee 
loin  de  moi.  24 Ce  cjui  arrive  est  si 
loin,  si  profond  :  qui  pent  I'atteindre.^ 
25jc  me  suis  mis,  avec  application, 
a  ctudier,  a  sonder  et  a  chercher  la 


sagesse  et  la  raison  des  choses,  et  a 
reconnaitre  que  I'impiete  est  une  de- 
mence,  et  qu'une  conduite  folle  est 
un  delire.  ^SEt  j'ai  trouve  plus  amere 
que  la  mort  la  femme  dont  le  coeur 
est  un  piege  et  un  filet,  et  dont  les 
mains  sont  des  liens ;  celui  qui  est 
agreable  a  Dieu  lui  echappe,  mais  le 
pecheur  sera  enlace  par  elle.  ^yVoici 
ce  que  j'ai  trouve,  dit  I'Ecclesiaste, 
en  considerant  les  choses  une  a  une 
pour  en  decouvrir  la  raison  :  ce  que 
mon  ame  a  constamment  cherche 
sans  que  je  I'ai  trouve,  le  voici  :  j'ai 
trouve  un  homme  entre  mille,  mais 
je  n'ai  pas  trouve  une  femme  dans  le 
meme  nombre.  ^sSeulement,  voici  ce 
que  j'ai  trouve,  c'est  que  Dieu  a  fait 
I'homme  droit,  mais  il  cherche  beau- 
coup  de  subtilites. 


Ch.VIII. 


CHAP.  VIII. —  Comment  il  faut  se  comporter  sous  un  roi  absolu  [vers,  i — 9]. 
Le  sort  des  justes  et  des  mechants  etant  souvent  le  meme  ici-bas,  le 
meilleur  est  de  jouir  de  la  vie  [10 — 15].  La  raison  des  choses  echappe 
a  I'homme  [16 —  17]. 


^^^lUI  est  comme  le  sage,  et  qui 
)i  connait  com  me  lui  1 'explica- 
tion des  choses.**  La  sacresse 


fait  briller  son  visage,  et  la  rudesse 
de  sa  face  en  est  transfigurce. 

-Je  te  dis  :  Observe  les  ordres  du 
roi,  et  cela  a  cause  du  serment  fait  a 
Dieu.  -'Ne  te  hate  pas  de  t'eloigner 
de   lui,  et  ne  persiste   pas  dans  une 


chose  mauvaise.  Car  tout  ce  qu'il 
veut,  il  pent  le  faire.  4Sa  parole,  en 
effet,  est  puissante,  et  qui  lui  dira  : 
"Que  fais-tu?"  sCelui  qui  observe  le 
prccepte  n'eprouve  rien  de  mal,  et  le 
coeur  du  sage  connaitra  le  temps  et 
le  jugement.  ^11  y  a  en  effet  pour 
toutc  chose  un  temps  et  un  jugement, 
car  il  est  grand  le  mal  qui  tombera 


19.  Si  une  sagesse  trop  rigide  est  miisi- 
ble,  la  vraie  sagesse  n'en  est  pas  nioins 
precieuse. 

20.  Car  :  Deliusch  explique  ainsi  la  liai- 
son :  en  effet,  tout  homme,  meme  le  sage, 
tombe  parfois  dans  lepeche;mais  la  sagesse 
le  releve  et  remedie  ainsi  aiix  imperfections 
de  sa  nature.  D'autres  traduisent  sans  liai- 
son :  non,  il  tiy  a  pas  sur  terre,  etc. 

21.  De peiir  que,  entre  autres  choses  qui 
te  seraient  rapportees,  tu  n'apprennes  que 
ton  serviteur  t'a  maudit  (probablement  dans 
le  sens  large  :  a  dit  du  mal  de  toi);  mais,  si 
tu  venais  a  I'apprendre,  sois  indulgent,  te 
souvenant  que  toi- meme,  etc. 

23.  Toutes  ces  choses,  les  maximes  qui 
precedent.  —  Par,  au  moyen  de  la  sagesse  : 
I'auteur  possedait  done  une  eertaine  mesurc 
de  sagesse;  il  veut  Tacquerir  tout  entiere, 


c'est-a-dire  pouvoir  expliquer  tous  les  se- 
crets de  la  Providence,  la  conduite  de  Dieu 
a  I'egard  de  rhonime  'en  cette  vie  et  en 
I'autre;  mais  ces  mysteres  lui  sont  restes 
impdnetrables. 

24.  Ce  qui  arrive,  les  choses  et  les  ev^ne- 
ments  de  ce  monde,  est  si  loin,  est  comme 
un  objet  place  a  une  tres  grande  distance  : 
on  ne  le  connait  que  confusement. 

25.  Limpietc  ou  hi  ini'chanccte  :  ce  mot 
designe  laconduile  d'un  homme  qui  a  rompu 
avec  Dieu  et  la  loi  morale.  —  Une  cofiduitc 
folle,  consequence  de  la  uicchancete. 

27.  Un  homme  comme  il  doit  etre,  vrai- 
ment  sage,  parfaitement  vertueux. 

28.  Voici,  en  definitive,  ce  que  fai  trouve. 
—  Dieu  a  fait  P homme  droit,  ce  qu'il  faut 
entendre,  non  seulement  de  nos  premiers 
parents  cr^es  a  I'origiiie  dans   a  justice  et 


LIBER  ECCLESIASTES.     Chap.  VII,  18—30;  VIII,  1—6. 


401 


pias  quam  necesse  est,  ne  obstupe- 
scas.  1 8,  Ne  impie  agas  multum  :  et 
noli  esse  stultus,  ne  moriaris  in  tem- 
pore non  tuo.  1 9.  Bonum  est  te 
sustentare  justum,  sed  et  ab  iJlo 
ne  subtrahas  manum  tuam  :  quia 
qui  timet  Deum,  nihil  negligit. 

20.  Sapientia  confortavit  sapien- 

tem   super    decem    principes   civi- 

eg.  8,    tatis.    21.   ^' Non   est  enim   homo 

Par. 6,    Justus  in  terra,  qui  faciat  bonum, 

oann!    et   non    peccet.    22.    Sed   et   cun- 

ctis  sermonibus,  qui  dicuntur,  ne 

accommodes  cor  tuum  :  ne   forte 

audias  servum  tuum  maledicentem 

tibi.     23.    Scit    enim     conscientia 

tua,  quia  et  tu  crebro  maledixisti 

aliis. 

24.  Cuncta  tentavi  in  sapientia, 
Dixi  :  Sapiens  efficiar  :  et  ipsa  lon- 
gius  recessit  a  me.  25.  Multo  magis 
quam  erat :  et  alta  profunditas,  quis 
inveniet  eam.^  26.  Lustravi  uni  versa 
animo  meo,  ut  scirem,  et  considera- 
rem,et  quaererem  sapientiam,et  ra- 
tionem  :  et  ut  cognoscerem  impie- 
tatem  stulti,  et  errorem  impruden- 
tium  :  27.  et  invenl  amariorem 
morte  mulierem,  quae  laqueus  vena- 
torum  est,  et  sagena  cor  ejus,  vin- 
cula  sunt  manus  illius.  Qui  placet 
Deo,  effugiet  illam  :  qui  autem  pec- 
cator  est,  capietur  ab  ilia.  28.  Ecce 
hoc  inveni,  dixit  Ecclesiastes,  unum 


et  alterum,  ut  invenirem  rationem, 
29.  quam  adhuc  quaerit  anima  mea, 
et  non  inveni.  Virum  de  mille  unum 
reperi,  mulierem  ex  omnibus  non 
inveni.  30.  Solummodo  hoc  inveni, 
quod  feceritDeus  hominem  rectum, 
et  ipse  se  infinitis  miscuerit  quaestio- 
nibus.  Quis  talis  ut  sapiens  est?  et 
quis  cognovit  solutionem  verbi  .^ 

— :;:-        CAPUT   VIII.        -*— 

In  vultu  lucet  sapientia ;  a  Dei  mandatis 
non  recedendum  :  homo  novit  tantum 
praesentia,  neque  mortem  potest  evadere  : 
impii  ob  Dei  indulgentiam  liberius  pec- 
cant :  vanissimum  videtur  quod  justis  et 
impiis  similia  hie  eveniunt  :  et  operum 
Dei  ratio  non  est  investiganda. 


APIENTIA  hominis  lu- 
cet "in  vultu  ejus,  et  po- 
tentissimus  faciem  illius 
commutabit. 
2.  Ego  OS  regis  observo,  et  pras- 
cepta  juramenti  Dei.  3.  Ne  festines 
recedere  a  facie  ejus,  neque  perma- 
neas  in  opere  malo  :  quia  omne, 
quod  voluerit,  faciet  :  4.  et  sermo 
illius  potestate  plenus  est  :  nee  di- 
cere  ei  quisquam  potest  :  Quare  ita 
facis.^  5.  Qui  custodit  prasceptum, 
non  experietur  quidquam  mali. 
Tempus  et  responsionem  cor  sa- 
pientis  intelligit.  6,  Omni  negotio 


'Supra  2, 


14. 


la  saintele,  mais  encore  des  hommes  nes 
apres  la  chute  originelle  :  eux  aussi  sont 
droits,  en  ce  sens  qu'il  leur  reste,  avec  le 
libre  arbitre,  la  puissance  de  faire  le  bien 
et  de  resister  aux  attraits  du  mal,  quoique, 
en  fait,  ils  succombent  souvent.  —  Subtili- 
tes,  detours,  artifices,  tout  ce  qui  fait  devier 
de  la  voie  droite.  Motais  et  d'auires  :  il  se 
livre  sans  mestire  a  des  investigations  sub- 
tiles,  voulant  avoir  le  dernier  mot  de  toutes 
choses  et  pen^trer  tons  les  mysteres. 

La  Vulgate  met  ici  la  V^  moiti^  du  vers,  i 
du  chapitre  suivant,  a  tort. 

CHAP.  VIII. 

I.  Et  qui conftatt,  etc.;  ou  bien  :  ...  co7nme 
le  sage,  et  comme  celui  qui  connatt,  etc.  — 
La  sagesse  fait  briller  son  visage,  y  met 
comme  le  reflet  d'une  belle  intelligence, 
d'un  esprit  superieur  aux  hommes  du  com- 


mun.  Delitzsch  entend  ces  mots  dans  le 
sens  de  Ps.  xviii,  9;  cxviii,  130  :  /a  sagesse 
illumine  son  visage,  fait  tomber  le  voile  qui 
le  couvrait,  ce  qui  permet  au  sage  de  pene- 
trer  de  son  regard  le  fond  des  choses. 

2.  A  cause  du  serment  :  allusion  k  I  Par. 
xxix,  24.  Comp.  Rom.  xiii,  5.  Vulgate  -.fob- 
serve  I'ordre  du  roi  et  les  preceptes  du  ser- 
ment de  Dieu,  les  devoirs  qui  resultent  du 
serment  fait  a  Dieu. 

3.  T'e'loigner  de  lui,  rompre  avec  lui,  te 
soustraire  aux  obligations  que  tu  as  a  rem- 
plir  en  vers  ton  souverain,  fut-il  un  usur- 
pateur. 

5.  Le  sage  qui  reste  soumis,  n'eprouvera 
aucun  mal  de  la  part  du  roi,  et  il  verra  le 
temps  ou  I'oppression  prendra  fin,  et  le  jii- 
gement,  le  chatiment  divin  qui  frappera 
I'oppresseur. 
6.5?^r/'/«(>;«;«^,surl'oppresseur(  Delitzsch). 


N"  23. 


LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


26 


402 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  VIII,  7—17;  IX,  i. 


sur  rhomme.  7ll  ne  sait  pas  ce  qui 
arrivera,  et  qui  lui,dira  comment  cela 
arrivera?  ^L'homme  n'est  pas  maitre 
de  son  souffle  pour  pouvoir  le  rete- 
nir,  et  il  n'a  aucune  puissance  sur  le 
jour  de  sa  mort;  il  n'y  a  pas  d'evasion 
possible  dans  ce  combat,  et  le  crime 
ne  saurait  sauver  le  criminel.  9j'ai  vu 
toutes  ces  choses  en  appliquant  mon 
esprit  a  tout  ce  qui  se  fait  sous  le  so- 
leil,  lorsqu'un  homme  domine  sur  un 
homme  pour  le  malheur  de  celui-ci. 

i°J'ai  vu  des  mechants  recevoir  la 
sepulture  et  entrer  dans  leur  repos, 
tandis  que  des  hommes  qui  ont  agi 
avec  droiture  s'en  vont  loin  du  lieu 
saint  et  sont  oublies  dans  la  ville  : 
c'est  encore  la  une  vanite.  "Parce 
que  la  sentence  portee  contre  les 
mauvaises  a6lions  ne  s'execute  pas 
en  toute  hate,  le  cceur  des  enfants 
des  hommes  s'enhardit  a  faire  le  mal. 
12  Mais,  quoique  le  pecheur  fasse  cent 
fois  le  mal,  et  que  ses  jours  soient 
prolonges,  je  sais,  moi,  que  le  bon- 
heur  est  pour  ceux  qui  craignent 
Dieu,  et  qui  marchent  dans  la  crainte 
en  sa  presence;  ^Smais  le  bonheur 
n'est  pas  pour  le  mechant,  il  ne  pro- 


longera  pas  ses  jours  ^//<'WJ'^r«  comme 
I'ombre,  parce  qu'il  n'a  pas  la  crainte 
de  Dieu. 

Mil  est  une  autre  vanite  qui  existe 
sur  la  terre  :  c'est  qu'il  y  a  des  justes 
auxquels  il  arrive  des  choses  qui  con- 
viennent  aux  oeuvres  des  mechants; 
et  il  y  a  des  mechants  auxquels  il 
arrive  des  choses  qui  conviennent 
aux  oeuvres  des  justes.  Je  dis  que 
c'est  encore  la  une  vanite.  ^sAussi 
j'ai  loue  la  joie,  parce  qu'il  n'y  a  de 
bonheur  pour  I'homme  sous  le  soleil 
qu'a  manger  et  a  boire  et  a  se  rejouir; 
et  c'est  la  ce  qui  doit  I'accompagner 
au  milieu  de  son  travail,  pendant  les 
jours  de  vie  que  Dieu  lui  donne  sous 
le  soleil. 

i^Lorsque  j'ai  applique  mon  esprit 
a  I'etude  de  la  sagesse  et  a  la  medi- 
tation des  choses  qui  se  passent  sur 
la  terre,  —  car  ni  le  jour  ni  la  nuit 
les  yeux  de  I'homme  ne  peuvent  voir 
le  sommeil, —  i7j'ai  vu  toute  I'oeuvre 
de  DieUjj'ai  vu  que  I'homme  ne  sau- 
rait trouver  ce  qui  se  fait  sous  le  so- 
leil ;  il  se  fatigue  a  chercher,  mais  il 
ne  trouve  pas ;  meme  si  le  sage  veut 
connaitre,  il  est  impuissant  a  trouver. 


Ch.  IX. 


CHAP.  IX. —  Meme  sort  pour  le  juste  et  I'injuste;  jouir  de  la  vie  [vers. 
I  — 10].  Utilite  et  inutilite  de  la  sagesse  [11  —15].  Ecouter  le  sage, 
et  non  I'insense  [16 — \%\ 


N  effet,j'ai  appliqu^  mon  esprit 
a  toutes  ces  choses,  et  je  les  ai 
examinees    : 


soigneusement 


j'ai  vu  que  les  justes  et  les  sages  et 
leurs  oeuvres  sont  dans  la  main  de 
Dieu ;  ni  I'amour  ni  la  haine  ne  sont 


8.  IJho7H7ne  :  il  s'agit  toujours  de  I'oppres- 
seur  qui  entasse  crime  sur  crime,  et  qu'at- 
tend  la  justice  divine. 

10.  S''en  vont  en  e.xil,  loin  du  lietc  saint, 
de  Jerusalem  ou  du  temple  (comp.  Matth. 
xxiv,  15).  —  Une  vanite,  une  anomalie,  en 
ce  qu'on  n'aper^oit  plus  la  justice  divine. 
Mais  cette  justice  existe  pourtant ;  seule- 
ment  elle  ne  s'exerce  pas  au  jour  et  a  I'heure 
que  I'homme  ose  lui  assigner. 

D'apres  Motais  et  d'autres,  il  ne  serait 
question  dans  tout  le  verset  que  des  impies  : 
J^ai  vu  les  impies  ensevelis  avec  honneur,  et 
ils  s^en  sont  allies;  ils  s^e talent  dolgnes  du 
lieu  saint,  el  dans  la  vllle  on  a  oublle  leur 
condulte,  etc. 


Les  LXX  et  la  Vulg.  paraissent  avoir  lu 
autrement  :  J'ai  vu  des  impies  ensevelis, 
qui,  lors  meme  quells  vivalent,  e talent  dans 
le  lieu  saint  et  etalent  loues  dans  la  cite, 
comme  si  leurs  ceuvres  eussetit  ete  justes,  etc. 

14.  Mechants  dans  la  prosperite,  justes 
dans  I'afflidlion. 

15.  La  joie  :  conclusion  plusieurs  fois  re- 
petee  dans  le  livre  :  comp.  ii,  24;  iii,  12,  22; 
V,  17.  11  s'agit  toujours  d'honnetes  jouissan- 
ces,  qui  sont  ^  la  fois  un  don  de  Dieu  et  le 
fruit  du  travail  de  I'homme,  et  que  Ton  ne 
goute  qu'avec  un  sentiment  de  reconnais- 
sance pour  le  souverain  Dispensateur  de 
tout  bien.  —  Oest  la  ce  qui  dolt  I'accovipa- 
gner  :  meme  sens  que  I'expression  plus  fa- 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  VIII,  7—17;  IX,  i. 


403 


tempus  est,et  opportunitas,et  multa 
hominis  afflictio  :  7.  quia  ignorat 
pra£terita,et  futura  nullo  scire  potest 
nuntio.  8.  Non  est  in  hominis  po- 
testate  prohibere  spiritum,  nee  ha- 
bet  potestatem  in  die  mortis,  nee 
sinitur  quiescere  ingruente  bello, 
neque  salvabit  impietas  impium. 
9.  Omnia  haec  consideravi,  et  dedi 
cor  meum  in  cunctis  operibus,  quas 
fiunt  sub  sole.  Interdum  dominatur 
homo  homini  in  malum  suum. 

I  o.  Vidi  impios  sepultos :  qui  etiam 
cum  adhuc  viverent,  in  loco  sancto 
erant,  et  laudabantur  in  civitate 
quasi  justorum  operum  :  sed  et  hoc 
vanitas  est.  11.  Etenim  quia  non 
profertur  cito  contra  malos  senten- 
tia,  absque  timore  ullo  filii  homi- 
num  perpetrant  mala.  12.  Attamen 
peccator  ex  eo  quod  centies  facit 
malum,  et  per  patientiam  sustenta- 
tur,  ego  cognovi  quod  erit  bonum 
timentibus  Deum,  qui  verentur  fa- 
ciem  ejus.  13.  Non  sit  bonum  im- 
pio,  nee  prolongentur  dies  ejus,  sed 
quasi  umbra  transeant  qui  non 
timent  faciem  Domini. 

14.  Est  et  alia  vanitas,  quae  fit 
super  terram  :  sunt  justi,  quibus 
mala  pro  veniunt,  quasi  opera  egerint 
impiorum  :  et  sunt  impii,  qui  ita 
securi  sunt,  quasi  justorum  facta 
habeant  :  sed   et  hoc  vanissimum 


judico.  15.  Laudavi  igitur  laetitiam 
quod  non  esset  homini  bonum  sub 
sole,  nisi  quod  comederet,  et  bibe- 
ret,  atque  gauderet  :  et  hoc  solum 
secum  auferret  de  labore  suo  in 
diebus  vitas  suas,  quos  dedit  ei  Deus 
sub  sole. 

16.  Et  apposui  cor  meum  ut  sci- 
rem  sapientiam,  et  intelligerem 
distentionem,quas  versatur  in  terra : 
est  homo,  qui  diebus  et  noctibus 
somnum  non  capit  oculis.  17.  Et 
intellexi  quod  omnium  operum  Dei 
nullam  possit  homo  invenire  ratio- 
nem  eorum,  quae  fiunt  sub  sole  :  et 
quanto  plus  laboraverit  ad  quasren- 
dum,  tanto  minus  inveniat  :  etiam 
si  dixerit  sapiens  se  nosse,  non  pote- 
rit  reperire. 

— :i:—        CAPUT    IX.       -^^ 

Nemo  scit  an  Dei  odio  vel  amore  sit  dignus  : 
quod  eadem  cunctis  hie  eveniunt  :  et  cum 
post  hanc  brevem  et  incertam  vitam  non 
restet  tempus  operandi,  monet  nunc  ope- 
ribus instanter  incumbendum  :  et  licet 
sapientia  praestet  fortitudini,  in  paupere 
tamen  non  aestimatur. 

MNIA  haec  tractavi  in 
corde  meo,  ut  curiose  in- 
telligerem :  Sunt  justi 
atque  sapientes,  et  opera 
eorum  in  manu  Dei  :  et  tamen  ne- 


miliere  a  I'auteur  :  c'es^  let  sa  par-i,  ce  qui 
lui  revient.  C'est  en  vain  que  I'homme  vou- 
drait  aller  plus  loin  et  connaitre  tous  les 
secrets  de  la  Providence,  toutes  les  raisons 
de  la  conduite  de  Dieu  dans  le  monde  :  ce 
domaine  est  inaccessible  a  ses  recherches 
(vers.  16  suiv.). 

16.  Car  ni  le  jour  ni  la  nuit  I'esprit  de 
I'homme  ne  cesse  de  penser.  Motais  :  an 
point  que  ni  la  nuit  ni  le  joier  mes  yeu.x  ne 
connaissaient  le  sonwteil. 

CHAP.  IX. 

I.  Sont  dans  la  main,  sous  la  puissance 
et  la  dependance  absolue  de  Dieu,  qui  agit 
avec  eux  a  sa  guise,  et  permet  qu'ils  soient 
exposes  comme  les  mechants  aux  miseres 
et  aux  accidents  de  cette  vie.  —  Ni  P amour, 
etc.,  passage  obscur,  diversement  explique  : 
a)  I'amour  et  la  haine  designent  ici  les  mar- 


ques exterieures  de  la  faveur  ou  du  deplai- 
sir  de  Dieu,  la  prosperite  et  I'adversite  : 
personne  ne  sait  s'il  sera  heureux  ou  malheu- 
reux  en  cette  vie.  b)  Delitzsch  :  les  evene- 
ments  n'etant  pas  au  pouvoir  de  I'homme, 
ce  dernier  ne  sait  pas  s'il  aura  de  Tamour 
ou  de  la  haine,  car  ce  sont  les  circonstances 
exterieures,  encore  inconnues  de  lui  et  inde- 
pendantes  de  sa  volenti,  qui  determineront 
ses  sympathies  et  ses  antipathies;  il  pourra 
hair  demain  celui  qu'il  aime  aujourd'hui. 
c)  Vulgate  :  mil  ne  sait  s'il  est  digne  d' amour 
et  de  haine,  ce  que  Motais  explique  ainsi  : 
des  peines  et  des  joies  que  nous  envoie  la 
Providence,  nous  n'avons  pas  le  droit  de 
conclure  que  Dieu  est  content  ou  mecon- 
tent  de  nous,  par  la  raison  qu'il  n'est  point 
oblige  a  traiter  des  ce  monde  chacun  selon 
son  merite.  —  Tout  est  devant  eux,  dans 
I'avenir,  par  consequent  hors  de  leur  port^e; 


404 


LECCLESIASTE.     Chap.  IX,  2—18. 


connus  des  hommes  :  tout  est  devant 
eux.  2 Tout  arrive  egalement  a  tous  : 
meme  sort  pour  le  juste  et  pour  le 
mechant,  pour  celui  qui  est  bon  et 
pur  et  pour  celui  qui  est  impur,  pour 
celui  qui  sacrifie  et  pour  celui  qui  ne 
sacrifie  pas ;  ce  qui  arrive  a  riiomme 
bon  arrive  au  pecheur;  il  en  est  de 
celui  qui  jure  conime  de  celui  qui 
craint  de  jurer.  sC'est  un  mal,  parmi 
tout  ce  qui  se  fait  sous  le  soleil,  qu'il 
y  ait  pour  tous  un  meme  sort,  et  il  en 
resulte  que  le  cceur  des  enfants  des 
hommes  est  plein  de  mechancete  et 
que  la  folie  est  dans  leur  cceur  pen- 
dant leur  vie;  apres  quoi  ils  vont  chez 
les  morts.  4Car  pour  I'homme  qui 
est  parmi  tous  les  vivants,  il  y  a  de 
I'esperance;  mieux  vaut  un  chien  vi- 
vant  qu'un  lion  mort.  5 Les  vivants, 
en  effet,  savent  qu'ils  mourront,  mais 
les  morts  ne  savent  rien,  et  il  n'y  a 
plus  pour  eux  de  salaire,  puisque  leur 
memoire  est  oubliee.  6j)^j4  jguj- 
amour,  leur  haine,  leur  envie  a  peri, 
et  ils  n'auront  plus  jamais  aucune 
part  a  ce  qui  se  fait  sous  le  soleil. 

7Va,  mange  avec  joie  ton  pain  et 
bois  gaiement  ton  vin,  puisque  Dieu 
depuis  longtemps  se  montre  favora- 
ble a  tes  cEuvres.  ^Ou'en  tout  temps 
tes  vetements  soient  blancs,  et  que 
I'huile  parfumee  ne  manque  pas  sur 
ta  tete.  9jouis  de  la  vie  avec  une 
femme  que  tu  aimes,  pendant  tous 
les  jours  de  ta  fugitive  existence  que 
Dieu  t'a  donnee  sous  le  soleil,  pen- 
dant tous  les  jours  de  ta  vanite;  car 
c'est  ta  part  dans  la  vie  et  dans  le 


travail  que  tu  fais  sous  le  soleil. 
10  Tout  ce  que  ta  main  peut  faire 
avec  ta  force,  fais-le;  car  il  n'y  a  plus 
ni  oeuvre,  ni  science,  ni  sagesse,  dans 
le  sejour  des  morts  ou  tu  vas. 

^^J'ai  encore  vu  sous  le  soleil  que 
la  course  n'est  pas  aux  agiles,  ni  la 
guerre  aux  vaillants,  ni  le  pain  aux 
sages,  ni  la  richesse  aux  intelligents, 
ni  la  faveur  aux  savants;  car  tous 
sont  soumis  aux  circonstances  et  aux 
accidents.  ^^Car  I'homme  ne  connait 
pas  son  heure,  pareil  aux  poissons 
qui  sont  pris  au  filet  fatal,  et  aux  oi- 
seaux  qui  sont  pris  au  piege;comme 
eux  les  enfants  des  hommes  sont  en- 
laces au  temps  du  malheur  quand  il 
fond  sur  eux  tout  a  coup. 

i3j'ai  encore  vu  sous  le  soleil  ce 
trait  d'une  sagesse  qui  m'a  paru 
grande.  ^411  y  avait  une  petite  ville, 
avec  peu  d'hommes  dans  ses  murs; 
un  roi  puissant  marcha  contre  elle, 
I'investit,  et  eleva  contre  elle  de  hau- 
tes  tours.  ^5 II  s'y  trouvait  un  homme 
pauvre  et  sage,  qui  sauva  la  ville  par 
sa  sagesse,  et  personne  ne  s'est  sou- 
venu  de  cet  homme  pauvre.  '^Et  j'ai 
dit  :  La  sagesse  vaut  mieux  que  la 
force ;  mais  la  sagesse  du  pauvre  est 
meprisee,  et  sss  paroles  ne  sont  pas 
ecoutees.  i7Les  paroles  des  sages, 
ecoutees  avec  calme,  valent  mieux 
que  les  cris  de  celui  qui  commande 
au  milieu  des  insenses.  ^^La  sagesse 
vaut  mieux  que  les  instruments  de 
guerre;  mais  un  seul  pecheur  peut 
detruire  beaucoup  de  bien. 


ils  ne  peuvent  rien  sur  les  evenements  fu- 
turs,  qui  dependent  uniquement  de  Dieu. 
La  Vulg.  rattache  ces  mots  au  verset  suiv. 
et  les  traduit  :  mais  toiiies  clioses  sontreser- 
vees  pour  Ptn'emr,  ctant  itKeriaines  dans  le 
present  (Glaire). 

2.  Qui  jure  pour  des  choses  I^geres  ou 
pour  attester  le  mensonge.  Comp.  Matth. 
v,34-. 

3.  //  en  resulte^  etc  :  la  justice  de  Dieu 
ne  se  montrant  pas,  les  hommes  n'en  de- 
viennent  que  plus  mechants  :  comp.  viii,  11. 
—  La  folie  :  soit  le  d^couragement,  I'indif- 
ference   pour  toutes   choses,  et  par   suite 


I'inacftion;  soit  I'oubli  de  Dieu,  et  par  suite 
la  recherche  effrenee  des  jouissances  gros- 
sieres. 

4.  L^honime  qui  est  (litt.  associej  hebr. 
iechabour :  c'est  le  kethib)/<^ir;;//  les  vivants. 
Motais  :  a  quelque  vivaiit  qu^on  soit  associe, 
quelle  que  soit  la  situation  qu'on  ait  dans  la 
vie.  D'autres  suivent  le  qeri  (hebr.  iebou- 
cha>)  :  car  qui  est  excepte  de  la  loi  de  la 
mort?  Pour  tous  ceu.x  qui  invent^  etc.  —  Un 
cJiien  vivaftt:  le  chien  etait  chez  lesHebreux 
le  type  de  I'abjecftion  :  comp.  I  Sam.  xvii,  43. 

5.  //  ny  a  plus  pour  eux  de  salaire  ou  de 
recompense  dans  le  monde  superieur,  ou  Ton 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  IX,  2—18. 


405 


scit  homo  utrum  amore,  an  odio  di- 
gnus  sit  :  2.  sed  omnia  in  futurum 
servantur  incerta,  eo  quod  universa 
asque  eveniant  justo  et  impio,  bono 
et  malo,  mundo  et  immundo,  im- 
molanti  victimas,  et  sacrificia  con- 
temnenti :  sicut  bonus,  sic  et  pecca^ 
cator  :  ut  perjurus,  ita  et  ille  qui 
verum  dejerat.  j.Hocestpessimum 
inter  omnia,  quae  sub  sole  fiunt, 
quia  eadem  cunctis  eveniunt  :  unde 
et  corda  filiorum  hominumimplen- 
tur  malitia,  et  contemptu  in  vita 
sua,  et  post  hasc  ad  inferos  dedu- 
centur.  4.  Nemo  est  qui  semper  vi- 
vat,  et  qui  hujus  rei  habeat  fidu- 
ciam  :  melior  est  canis  vivus  leone 
mortuo.  5.  Viventes  enim  sciunt  se 
esse  morituros,  mortui  vero  nihil 
noverunt  amplius,  nee  habent  ultra 
mercedem  :  quia  oblivioni  tradita 
est  memoria  eorum,  6.  Amor  quo- 
que,  et  odium,  et  invidiam  simul 
perierunt,nec  habent  partem  in  hoc 
sasculo,  et  in  opere,  quod  sub  sole 
geritur. 

7.  Vade  ergo  et  comede  in  laetitia 
panem  tuum,  et  bibe  cum  gaudio 
vinum  tuum  :  quia  Deo  placent 
opera  tua.  8.  Omni  tempore  sint 
vestimenta  tua  Candida,  et  oleum 
de  capite  tuo  non  deficiat,  9.  Per- 
fruere  vita  cum  uxore,  quam  dili- 
gis,  cunctis  diebus  vitas  instabilitatis 
tuas,qui  dati  sunt  tibi  sub  sole  omni 
tempore  vanitatis  tuae  :  hasc  est  enim 
pars  in  vita,  et  in  labore  tuo,  quo 
laboras  sub  sole.  10.  Ouodcumque 


facere  potest  manus  tua,  instanter 
operare  :  quia  nee  opus,  nee  ratio, 
nee  sapientia,  nee  scientia  erunt 
apud  inferos,  quo  tu  properas. 

1 1.  Verti  me  ad  aliud,  et  vidi  sub 
sole,  nee  velocium  esse  cursum,  nee 
fortium  bellum,  nee  sapientium  pa- 
nem, nee  doctorum  divitias,  nee 
artificum  gratiam  :  sed  tempus,  ca- 
sumque  in  omnibus.  12.  Nescit 
homo  finem  suum  :  sed  sicut  pisces 
capiuntur  hamo,  et  sicut  aves  la- 
queo  comprehenduntur,  sic  capiun- 
tur homines  in  tempore  malo,  cum 
eis  extemplo  supervenerit. 

13.  Hanc  quoque  sub  sole  vidi 
sapientiam,  et  probavi  maximam  : 
14.  civitas  parva,  et  pauci  in  ea 
viri  :  venit  contra  eam  rex  magnus, 
et  vallavit  eam,  exstruxitque  muni- 
tiones  per  gyrum,  et  perfecta  est 
obsidio.  15.  Inventusque  est  in  ea 
vir  pauper  et  sapiens,  et  liberavit 
urbem  per  sapientiam  suam,et  nul- 
lus  deinceps  recordatus  est  hominis 
illius  pauperis.  16.  Et  dicebam  ego, 
meliorem  esse  sapientiam  fortitu- 
dine  :  quomodo  ergo  sapientia  pau- 
peris contempta  est,  et  verba  ejus 
non  sunt  audita.?  17.  \  erba  sapien- 
tium audiuntur  in  silentio  plus 
quam  clamor  principis  inter  stultos. 
1 8.  Melior  est  sapientia,  quam  arma 
bellica  :  et  qui  in  uno  peccaverit, 
multa  bona  perdet. 


a  bien  vite  oublie  leur  memoire  et  le  souve- 
nir des  services  qu'ils  ont  purendre  autrefois. 

6.  Leur  amour,  etc.  :  ils  n'^prouvent  plus 
les  passions  qui  agitent  les  hommes  dans  la 
vie  presente.  L'auteur  decrit  ici,  non  ce 
qu'il  croit,  mais  ce  qu'il  voit,  ce  que  la  pre- 
miere apparence  nous  montre  relativement 
a  la  condition  des  defunts. 

7.  Sens  :  puisqu'il  en  est  ainsi  (vers.  3-6), 
jouis,  dans  les  limites  tracees  par  la  sagesse, 
des  biens  que  ton  travail  et  la  benedi(51;ion 
de  Dieu  t'ont  donnes  en  abondance. 

8.  Les  vetements  blancs  et  les  parfums 
sont  simplement  des  symboles  de  joie. 

9.  Existence  que  Dieu  fa  domiee;  Motais  : 


femme  que  Dieu  fa  donne'e ;  x)^a.\s  ce  dernier 
sens  n'est  pas  vraisemblable  :  le  relatif  se 
rapporte  a  ce  qui  precede  immediatement. 

10.  Com^.  Jean,  ix,  4. 

11.  La  course,  etc.  :  L'agilite  ne  donne 
pas  toujours  et  par  elle-meme  la  vidloire  a 
la  course. 

13.  Ce  trait :  y  a-t-il  ici  une  allusion  a  un 
fait  historiquePCe  fait  est  difficile  atrouver. 

14.  De  hautes  tours,  soit  pour  faciliter 
I'escalade  des  murailles,  soit  pour  epier  ce 
qui  se  passait  dans  la  ville;  Motais,  de  for- 
tes macJiines  de  guerre. 

15.  Et personne  ne  s^est  souvenu;  Motais, 
tiavait  songe  a  cet  homnie  pauvre. 


406 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  X,  1—20. 


CHAP.  X. 


Contraste  entre  la  sagesse  et  la  folic. 


Chap.  X. 


lESa: 


j»ifgw'  N E  mouche  morte  infecle  et 
' !  corrompt  I'huile  du  parfumeur; 
^  de  mime  un  peu  de  foHe  I'em- 
portc  sur  la  sagesse  et  la  gloire.  ^Le 
coeur  du  sage  est  a  sa  droite,  et  le 
coeurde  I'insense  asagauche.sQuand 
I'insense  marche  dans  un  chemin,  le 
sens  lui  manque,  et  il  montre  a  tons 
qu'il  est  fou. 

4Si  I'esprit  de  celui  qui  commande 
se  souleve  centre  toi,  ne  quitte  point 
ta  place;  car  le  calme  previent  de 
grands  peches.  5ll  est  un  mal  que  j'ai 
vu  sous  le  soleil,  comme  une  erreur 
qui  provient  de  celui  qui  gouverne  : 
6 la  folic  occupe  les  postes  Ics  plus 
eleves,  et  des  riches  sont  assis  dans 
de  basses  conditions.  7 J'ai  vu  des  es- 
claves  portes  sur  des  coursiers,  et  des 
princes  aller  a  pied  comme  des 
esclaves. 

^Celui  qui  creuse  une  fosse  ytom- 
bera,  et  celui  qui  renverse  une  mu- 
raille  sera  mordu  par  un  serpent. 
9Celui  qui  detache  des  pierres  en 
sera  blesse,  et  celui  qui  fend  du  bois 
pent  se  faire  mal.  i°Si  le  fer  est 
cmousse  et  si  le  tranchant  n'est  pas 
aiguise,  on  devra  redoubler  de  force ; 


mais  la  sagesse  est  preferable  pour  le 
succes.  II  Si  le  serpent  mord  faute 
d'enchantement,  il  n'y  a  pas  d'avan- 
tage  pour  I'enchanteur. 

12 Les  paroles  de  la  bouche  du  sage 
sont  pleines  de  grace ;  mais  les  levres 
de  I'insense  le  devorent.  ^sLe  com- 
mencement des  paroles  de  sa  bouche 
est  sottise,  et  la  fin  de  son  discours  est 
demence  furieuse.  i4L'insense  multi- 
pHe  les  paroles,  et  pourtant  I'homme 
ne  sait  pas  ce  qui  arrivera,  et  qui  lui 
dira  ce  qui  sera  apres  lui.'  'sLe  tra- 
vail de  I'insense  le  fatigue,  lui  qui  ne 
sait  pas  mane  aller  a  la  ville. 

16 Malheur  a  toi,  pays,  dont  le  roi 
est  un  enfant,  et  dont  les  princes 
mangent  des  le  matin !  ^7  Heureux 
es-tu,  pays,  dont  le  roi  est  de  noble 
race,  et  dont  les  princes  mangent  au 
temps  con venable, pour  soutenir  leurs 
forces,  et  non  pour  se  livrer  a  la  bois- 
son.  iSQuand  les  mains  sont  pares- 
seuses,  la  charpente  s'afifaisse,  et  quand 
les  mains  sont  laches,  la  maison  ruis- 
selle.  19 On  fait  des  repas  pour  gouter 
le  plaisir;  le  vin  rend  la  vie  joyeuse, 
et  I'argent  repond  a  tout.  ^oMeme 
dans  ta  pensee  ne  maudis  pas  le  roi, 


CHAP.  X. 

1.  Ce  verset  se  lie  pour  le  sens  aux  der- 
niers  mots  du  chapiire  precedent,  dont  il 
n'aurait  pas  du  etre  separe. 

Un  pen  de  folie  Vemporte  (litt.  pese  plus) : 
detruit  les  bons  effets  de  la  sagesse  et  de 
la  consideration  dont  un  hcmme  avait  joui 
j  usque  Irl  :  comp.  I  Cor.  v,  6. 

2.  Le  ca'ttr,  dans  la  psychologie  des  He- 
breux,  est  I'organe  de  ^intelligence  et  de  la 
volonte;  il  est  a  la  droite  du  sage,  il  se  porte 
du  bon  cote,  du  cote  du  bien,  du  devoir;  la 
gauche  designe  naturellement  tout  I'oppose. 
Ou  bien  :  la  droite  est  le  cote  ou  se  place 
rhomme  qui  veut  en  proteger  un  autre ; 
sens  :  le  coeur,  le  sens  moral  du  sage  le  pro- 
tege et  le  defend;  celui  de  I'insense  lui  fait 
defaut,  ne  lui  est  d'aucune  utilite  dans  le 
besoin.  D'apres  Motais,  ce  verset  exprime- 
rait  simplement  I'adresse  et  I'habilete  du 
sage  et  la  gaucherie  du  sot. 

3.  Marche  daiis  ttn  chemin.,  soit  au  pro- 


pre,  soit  au  figure  :  fait  une  acflion.  — -  // 
montre,  litt.  /'/  dit^  par  sa  conduite  et  son 
langage  inconsideres.D'autres  avec  laVulg. : 
//  dit  de  chacun  :  Voild  un  sot! 

4.  L'esprit,  le  souffle,  la  colere  du  souve- 
rain.  —  Contre  toi  :  I'auteur  parait  avoir  en 
vue,  non  un  simple  particulier,  mais  un 
homme  revetu  d'une  fonclion  publique;  il 
lui  conseille,  dans  le  cas  indique,  de  ne  pas 
quitter  sa  place,  sa  charge,  de  ne  pas  faire 
un  coup  d'eclat,  comme  de  se  revolter  con- 
tre son  souverain,  et  d'entrainer  d'autres. 
hommes  a  la  revoke. 

5.  Eireur  ou  incprise  fatalement  attachee 
a  I'exercice  du  pouvoir  (Motais),  et  qui  con- 
siste  a  abaisser  ou  a  elever  des  personnes 
contrairement  a  la  justice  et  au  mdrite. 

6.  Des  riches,  des  nobles,  prepares  par 
leur  education  et  leur  fortune  a  tenir  digne- 
ment  un  rang  eleve. 

8-1 1.  Sens  de  ces  versets  :  adapter  les 
moyens  au  but  que  Ton  veut  atteindre;  celui 
qui  se  met  a  un  travail  difficile  s'expose  au 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  X,  1—20. 


407 


— :;:—         CAPUT  X.        -^^ 

Sapientis  a  stulto  differentia  :  tentationibus 
potentis  spiritus  resistendum  :  de  stulto 
ac  servo  elevatis,  et  divite  ac  principe 
humiliatis  :  occultus  detracflor  serpenti 
comparatur  :  de  rege  puero,  et  principi- 
bus  mane  comedentibus  :  neque  regi, 
neque  diviti  detrahendum. 


USCtE  morientes  perdunt 
suavitatem  unguenti.  Pre- 
tiosior  est  sapientia  et  glo- 
ria, parva  et  ad  tempus 
stultitia.  2.  Cor  sapientis  in  dextera 
ejus,  et  cor  stuiti  in  sinistra  illius. 
3.  Sed  et  in  via  stultus  ambulans, 
cum  ipse  insipiens  sit,omnes  stultos 
asstimat. 

4.  Si  spiritus  potestatem  habentis 
ascendent  super  te,  locum  tuum  ne 
dimiseris  :  quia  curatio  faciet  cessare 
peccata  maxima.  5.  Est  malum  quod 
vidi  sub  sole,  quasi  per  errorem 
egrediens  a  facie  principis  :  6.  posi- 
tum  stultum  in  dignitate  sublimi,  et 
divites  sedere  deorsum.  7.  Vidi  ser- 
vos in  equis:  et  principes  ambulan- 
tes  super  terram  quasi  servos. 

8.  "Oui  fodit  foveam,  incidet  in 
eam :  et  qui  dissipat  sepem,  morde- 


bit  eum  coluber.  9.  Qui  transfert 
lapides,  affligetur  in  eis  :  et  qui  scin- 
dit  ligna,  vulnerabitur  ab  eis.  10.  Si 
retusum  fuerit  ferrum,  et  hoc  non 
ut  prius,sed  hebetatum  fuerit,  multo 
labore  exacuetur,  et  post  industriam 
sequetur  sapientia.  11.  Si  mordeat 
serpens  in  silentio,  nihil  eo  minus 
habet  qui  occulte  detrahit. 

12.  Verba  oris  sapientis  gratia  :  et 
labia  insipientis  prascipitabunt  eum : 
13.  initium  verborum  ejus  stultitia, 
et  novissimum  oris  illius  error  pes- 
simus.  14.  Stultus  verba  multipli- 
cat.  Ignorat  homo  quid  ante  se  fue- 
rit :  et  quid  post  se  futurum  sit,  quis 
ei  poterit  indicare.'^  15.  Labor  stul- 
torum  affliget  eos,  qui  nesciunt  in 
urbem  pergere. 

i6.*Vae  tibi  terra,  cujus  rexpuer  *i3.  3, 4. 
est,  et  cujus  principes  mane  com- 
edunt.  17.  Beata  terra,  cujus  rex  no- 
bilis  est,  et  cujus  principes  vescun- 
tur  in  tempore  suo  ad  reficiendum, 
et  non  ad  luxuriam.  18.  In  pigritiis 
humiliabiturcontignatio:  et  in  infir- 
mitate  manuum  perstillabit  domus. 
1 9.  In  risum  faciunt  panem,  et  vi- 
num  ut  epulentur  viventes  :  et  pe- 
cuniae obediunt  omnia.  20.  In  cogi- 
tatione  tua  regi  ne  detrahas,  et  in 


danger  :  qu'il  prenne  done  toutes  les  pre- 
cautions indiquees  par  la  prudence. 

8.  V  tombera,  pour  y  tomber.  —  Un  ser- 
pent :  ces  animaux  aiment  a  se  loger  dans 
les  crevasses  et  les  trous  des  murailles. 

9.  Detache  des  pierres  dans  une  carriere; 
d'autres  :  retime  ou  transporte  des  pierres. 

10.  Mais  la  sagesse,  etc.  :  on  en  viendra 
plus  facilement  a  bout  par  I'habilete  et  la 
sagesse  que  par  un  deploiement  de  force 
matdrielle.  Ou  bien  avec  Delitzsch  :  cet 
avantage  (de  remettre  I'instrument  en  etat 
de  service),  c''est  la  sagesse  qui  le  porte  en 
elle-meme,  qui  le  procure.  Vulgate  :  et  apres 
r application  viendra  la  sagesse  :  cet  effort 
qu'il  faudra  faire  aura  pour  fruit  et  pour 
recompense  la  sagesse. 

w.  11  ny  a  pas  d' avantage  pour  Venchan- 
teiir  :  il  est  venu  trop  tard  ;  son  art  n'aura 
servi  a  rien.  Vulg.  :  la  mativaise  langue  ne 
reussit  pas  mieux,  a  le  meme  sort  :  voy. 
vers.  12. 

12.  Le  de'voreftt,  litt.  Venglotttissent,  I'en- 
trainent  a  sa  perte. 


14.  Multiplie  les  paroles,  parle  de  toutes 
choses,  meme  de  I'avenir,  qu'il  ignore. 

15.  L'insense'  se  fatigue  a  former  mille 
desseins,  a  poursuivre  mille  entreprises 
irrealisables ;  il  voudrait  eclairer  et  refor- 
mer le  monde,  et  il  ne  connait  pas  les  cho- 
ses les  plus  simples,  par  ex.  le  chemin  de  la 
ville. 

16.  Un  enfajtt,  plus  encore  par  le  carac- 
tere  que  par  I'age  :  un  roi  incapable  et  sans 
volonte,  jouet  de  ministres  vicieux.  — Man- 
gent  des  le  matin,  commencent  leur  journee, 
non  par  la  priere  et  le  travail,  mais  par  les 
plaisirs  et  les  festins. 

17.  Pour  soutenir  lenrs  forces;  litt.  en 
force,  et  non  en  ivresse,  ce  que  Delitzsch 
interprete  :  comme  des  hommes  forts,  et 
non  comme  des  hommes  adonnes  a  I'ivresse. 

18.  Les  mains  du  souverain.  — Ruisselle, 
laisse  passer  I'eau.  La  charpente  et  la  mai- 
son  figurent  I'Etat. 

19.  n argent  rep07id  a  tout,  satisfait  a 
toutes  les  exigences,  procure  tout  ce  qu'on 
peut  desirer. 


408 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  XI,  i— lo;  XII,  i,  2. 


Ch.  XI. 


Ch.  XII. 


meme  dans  la  chambre  011  tu  cou- 
ches ne  maudis  pas  le  puissant ;  car 


I'oiseau  du  ciel  einporterait  ta  voix, 
et  I'animal  aile  publierait  tes  paroles. 


CHAP.  XI. —  Etre  prevoyant,  mais  sans  exces  :  I'avenir  appartient  a  Dieu; 
jouir  de  la  vie  :  au-dela  sont  les  tenebres. 


Ette  ton  pain  sur  la  face  des 
eaux,  car  avec  le  temps  tu  le 
(re)trouveras ;  ^donnes-en  une 
part  a  sept,  et  meme  a  huit  car  tu 
ne  sais  pas  quel  malheur  peut  arri- 
ver  sur  la  terre.  sQuand  les  nuees 
sont  remplies  de  pluie,  elles  se  vident 
sur  la  terre;  et  si  un  arbre  tombe  au 
midi  ou  au  nord,  il  reste  a  la  place  ou 
il  est  tombe.  4Celui  qui  observe  le 
vent  ne  semera  point,  et  celui  qui 
interroge  les  nuages  ne  moissonnera 
point.  sComme  tu  ne  sais  pas  quel 
est  le  chemin  du  vent  et  comment  se 
forment  les  os  dans  le  sein  de  la 
mere,  tu  ne  connais  pas  non  plus 
I'oeuvre  de  Dieu,  qui  fait  tout.  ^Des 
le  matin  seme  ta  semence,  et  le  soir 
ne  laisse  pas  ta  main  oisive,  car  tu  ne 
sais  pas  ce  qui  reussira,  ceci  ou  cela, 


ou  si  I'un  et  I'autre  ne  sont  pas  ega- 
lement  bons. 

7 La  lumiere  est  douce,  et  c'est  un 
plaisir  pour  I'ceil  de  voir  le  soleil. 
^Ouelque  soit  le  nombre  d'annees 
qu'un  homme  vive,  qu'il  se  rejouisse 
pendant  toutes  ces  annees,  et  qu'il 
pense  aux  jours  de  tenebres,  qui  se- 
ront  nombreux  :  tout  ce  qui  arrivera 
est  vanite. 

9jeune  homme,  rejouis-toi  done 
dans  ta  jeunesse,  livre  ton  coeur  a  la 
joie  pendant  les  jours  de  ton  adoles- 
cence, marche  dans  les  voies  de  ton 
coeur  et  selon  les  regards  de  tes  yeux; 
mais  sache  que  pour  tout  cela  Dieu 
t'appellera  en  jugement.  ^°Bannisde 
ton  coeur  le  chagrin  et  eloigne  le  mal 
de  ton  corps;  car  la  jeunesse  et  I'ado- 
lescence  sont  vanite. 


CHAI 


'.  XII.  —  Etre  vertueux  des  la  jeunesse,  sans  attendre  les  derniers 
jours  de  la  vie  [vers.  1  —  8].  Epilogue  [9 —  14]. 

Ouviens-toi  de  ton  Createur 
aux  jours  de  ta  jeunesse, avant 
que  viennent  les  jours  mau- 


vais  et  que  s'approchent  les  annees 
dont  tu  diras  :  "  Je  n'y  ai  point  de 
plaisir;  ^avant  que  s'obscurcissent  le 


20.  Le  puissant,  litt.  le  riclie,  celui  qui 
t'est  superieur  par  la  richesse  et  I'autorite. 

CHAP.  XI. 

1-2.  Presque  tous  les  anciens  interpretes 
ont  entendu  ces  versets  de  I'aumone  :  ce  qui 
est  donne  semble  perdu  pour  le  donateur; 
mais  Dieu  le  lui  rendra  un  jour;  qu'il  soit 
done  genereux,  qu'il  donne  a  sept  (nombre 
qui  figure  la  iotalite),  c.-k-d.  a  tous,  et  a 
plus  encore,  si  c'etait  possible ;  s'il  tombe 
lui-meme  dans  le  malheur,  Dieu  viendra  a 
son  secours.  Comp.  le  proverbe  turco-arabe  : 
"  Jette  ton  pain  dans  la  mer;  si  le  poisson 
ne  le  voit  pas,  Dieu  le  verra." 

Selon  d'autres,  I'auteur  recommanderait 
ici  la  navigation,  les  entreprises  maritimes. 
Jette  to7i  pain,  tes  moyens  d'existence,  ta 
fortune,  stir  les  eaux,  c.ci-d.  fais  le  negoce 
sur  la  mer  {Ps.  cvii,  23).  Cette  recomman- 
dation  conviendrait   bien    a  .Salomon,  qui 


envoyait  ses  vaisseaux  jusqu'k  Ophir  et  a 
Tarsis. 

On  pourrait  traduire  aussi  le  vers.  2  : 
Fais  de  ton  bien  sept  parts  et  meme  huit : 
ainsi  divisee,  ta  fortune  ne  perira  pas  dans 
une  seule  catastrophe  (un  seul  naufrage?); 
quelques  parties  seront  toujours  sauvees. 
C'est  ce  que  fit  Jacob  en  face  d'Esati  Gen. 
xxxii,  9. 

3.  Elles  se  vide?it  sur  la  terre,  suivant  une 
loi  immuable  et  independamment  de  la  vo- 
lonte  de  I'homme.  De  ineme  un  arbre,  sous 
les  coups  de  la  hache  ou  les  efforts  de  la 
tempete,  tombe  du  cote  ou  il  penche,  sans 
que  I'homme  y  puisse  rien. 

4.  L'homme  qui  voudrait  n'agir  qu'k  coup 
sur,  aprfes  avoir  tout  prevu,  n'oserait  jamais 
rien  entreprendre,  car  I'avenir  est  connu  de 
Dieu  seul;  chacun  doit  remplir  sa  tache  en 
s'abandonnant  a  la  Providence. 

8.  Tout  ce  qui  arrivera,  I'avenir,  et  sp^- 


LIBER  ECCLESIASTES.     Cap.  XI,  i  — lo;  XII,  i,  2. 


409 


secreto  cubiculi  tui  ne  maledixeris 
diviti  :  quia  et  aves  coeli  portabunt 
vocem  tuam,  et  qui  habet  pennas 
annuntiabit  sententiam, 

— :!:—        CAPUT  XI.        — =>— 

Monet  nostra  aliis  impartiri,  et  semper 
bene  esse  operandum  :  quod  hominis  ju- 
dicium post  obitum  sit  immutabile;futuri 
quoque  judicii  memoriam  retinendam,  in 
quo  de  omnibus  judicandi  sumus  :  iram 
et  malitiam  a  corde  auferendam. 


ITTE  panem  tuum  super 
transeuntes  aquas  :  quia 
post  tempora  multa  inve- 
nies  ilium.  2.  Da  partem 


septem,  necnon  et  octo  :  quia  igno- 
ras  quid  futurum  sit  mali  super  ter- 
ram.  3.  Si  repletas  fuerint  nubes, 
imbrem  super  terram  efFundent.  Si 
ceciderit  lignum  ad  austrum,  aut 
ad  aquilonem,  in  quocumque  loco 
ceciderit,  ibi  erit.  4.  Qui  obser- 
vat  ventum,  non  seminat  :  et  qui 
considerat  nubes,  nunquam  metet. 
5.  Quomodo  ignoras  quas  sit  via 
spiritus,  et  qua  ratione  compingan- 
tur  ossa  in  ventre  praegnantis;  sic 
nescis  opera  Dei,  qui  fabricator  est 
omnium.  6.  Mane  semina  semen 
tuum,  et  vespere  ne  cesset  manus 
tua  :  quia  nescis  quid  magis  oriatur. 


hoc  aut  illud  :  et  si   utrumque  si- 
mul,  melius  erit. 

7.  Dulce  lumen,  et  delectabile  est 
oculis  videre  solem.  8.  Si  annismul- 
tis  vixerit  homo,  et  in  his  omnibus 
laetatus  fuerit,  meminisse  debet  te- 
nebrosi  temporis,  et  dierum  multo- 
rum  :  qui  cum  venerint,  vanitatis 
arguentur  prasterita. 

9.  Laetare  ergo  juvenis  in  adole- 
scentia  tua,  et  in  bono  sit  cor  tuum 
in  diebus  juventutis  tuas,  et  ambula 
m  viis  cordis  tui,  et  in  introitu  ocu- 
lorum  tuorum  :  et  scito  quod  pro 
omnibus  his  adducet  te  Deus  in 
judicium.  10.  Aufer  iram  a  corde 
tuo,  et  amove  malitiam  a  carne 
tua.  Adolescentia  enim  et  voluptas 
vana  sunt. 

— :;:—        CAPUT  XII.       —^'^ 

Deum  prae  oculis  habeto  in  juventute  prius- 
quam  succedat  molesta  seneflus,  tandem- 
que  novissima  mors  :  quumque  omnia 
sint  vanitas.  Dei  prtecepta  observa,  nam 
de  omnibus  est  reddenda  ratio. 


EMENTO  Creatoris  tui 
in  diebus  juventutis  tuas, 
antequam   veniat  tempus 

afflictionis,    et   appropin- 

quent  anni,  de  quibus  dicas  :  Non 
mihi  placent,  2.  antequam  tenebre- 


cialement,  salon  Delitzsch,  celui  qui  suivra 
la  vie  presente,  esi  vanite,  est  enveloppe  de 
tenebres.  A  cet  egard  encore  il  faut  s'aban- 
donner  a  Dieu. 

Les  vers.  9-10  auraient  ^te  mieux  places 
en  tete  du  chap,  suivant. 

9.  Marche  dans  les  votes  ou  t'appellent 
ton  coeur  et  tes  yeux.  —  En  jugement  :  ces 
mots  ne  peuvent  viser  qu'un  jugement  apres 
la  vie  presente,  quoique  I'auteur  n'en  ait 
qu'une  vue  encore  obscure. 

10.  Et  Vadolescetice  :  la  signification  du 
mot  hebreu  {schacharotith)  est  douteuse. 
Vulg.,  et  le  plaisir  ou  la  volnpte.  La  plupart 
desmodernes,^/(comme)/'a?^^<?r^.  Delitzsch, 
et  Vdge  oil  les  cheveux  sont  encore  noirs 
(de  I'hebr.  schackor,  noir),  n'ont  pas  encore 
blanchi,  ce  qui  comprend  la  jeunesse  et 
I'age  mur.  —  So7tt  vaiiite^  sont  fugitives. 


CHAP.  XII. 

1-8.  Allegoric  de  la  vieillesse. 

1.  Les  jours  maiivais  :  I'auteur  a  surtout 
en  vue  les  infirmites  et  souffrances  phy- 
siques. 

2.  L'obscurcissement  du  soleil  et  des  as- 
tres  figure  en  general  la  tristesse  :  comp. 
Ezech.  xxii,  7,  8;  Job,  iii,  9;  xxxiii,  28,  30; 
Is.  V,  30;  Amos,  viii,  9.  Mais  on  pent,  sans 
subtilitd,  donner  un  sens  plus  precis  a  ces 
images.  Le  soldi  qui  eclaire  le  monde  exte- 
rieur  est  le  sj'mbole  du  flambeau  qui  eclaire 
I'homme  int^rieur,  savoir  de  la  raison  et  de 
I'intelligence  (hebr.  rotiach,  gr.  -vsuij.a,  lat. 
spiritus).  La  lumicre  que  donne  ce  soleil, 
ce  sont  les  conceptions  nettes  et  vives,  les 
souvenirs  fidelement  conserves.  —  La  lune 
figure  ici  la  partie  inferieure  de  I'ame  hu- 
maine  (hebr.  nephesch,  gr.  'iux^  lat.  atiiina), 
qui  preside  aux  foncflions  de  la  vie  animale. 
—  Les  etoiles  sont  les  cinq  sens,  par  les- 


410 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  XII,  3—10. 


soleil  ct  la  lumiere,  la  lune  et  les 
etoiles,  et  que  les  nuages  reviennent 
apres  la  pluie;  stamps  ou  tremblent 
les  gardiens  de  la  maison,  ou  se  cour- 
bent  les  hommes  forts,  ou  celles  qui 
moulent  s'arretent  parce  que  leur 
nombre  est  diminue,  011  sont  obscur- 
cis  ceux  qui  regardent  par  les  fene- 
tres,  4  ou  les  deux  battants  de  la  porte 
se  ferment  sur  la  rue,  tandis  que  s'af- 
faiblit  le  bruit  de  la  meule;  ou  Ton  se 
leve  au  chant  de  I'oiseau,  ou  dispa- 
raissent  toutes  les  filles  du  chant;  5ou 
Ton  redoute  les  lieux  eleves,  ou  Ton  a 
des  terreurs  dans  le  chemin,  ou 
I'amandier  fleurit,  ou  la  sauterelle 
devient  pesante,  et  ou  la  capre  n'a 
plus  d'effet,  car  I'homme  s'en  va  vers 


la  demeure  eternelle,  et  les  pleureurs 
parcourent  les  rues;  ^avant  que  se 
rompe  le  cordon  d'argent,  que  se  brise 
I'ampoule  d'or,  que  le  seau  se  detache 
sur  la  fontaine,  que  la  poulie  se  casse 
et  roule  dans  la  citerne;  7avant  que 
la  poussiere,  faisant  retour  a  la  terre, 
redevienne  ce  qu'elle  etait,et  que  I'es- 
prit  retourne  a  Dieu  qui  I'a  donne. 

^Vanite  des  vanites,  dit  I'Eccle- 
siaste,  tout  est  vanite. 

90utre  que  I'Ecclesiaste  fut  un 
sage,  il  a  encore  enseigne  la  science 
au  peuple ;  il  a  examine  et  sonde,  et 
il  a  redige  un  grand  nombre  de  sen- 
tences. loL'Ecclesiaste  s'est  etudie  a 
trouver  un    langage    agreable,  et  a 


quels  Tame  connait  les  objets  exterieurs.  — 
Les  Ullages  symbolisent  les  infirmit^s  qui 
obscurcissent  et  attristent  le  temps  de  la 
vieillesse.  D'ordinaire  la  pluie  amene  un 
ciel  serein ;  pour  le  vieillard  il  n'y  a  plus  de 
beau  jour  :  aux  nuages  succedent  les  nua- 
ges,  apres  les  jours  sombres  reviennent  les 
jours  sombres. 

3.  Dans  ce  verset,  le  vieillard  est  coniju 
sous  I'image  d'une  maison  delabree  et 
chancelante.  Les  gardiens  de  la  maison  de- 
signent  les  bras  et  les  mains,  qui  lui  appor- 
tent  les  choses  utiles  et  en  ^cartent  les  cho- 
ses  dangereuses;  ces  gardiens  ont  perdu 
maintenant  toute  vigueur.  —  Les  hovinies 
forts  paraissent  etre  les  os.  Le  Cantique 
compare  (v,  15)  ceux  du  jeune  homme  a 
des  colonnes  de  marbre;  dans  la  vieillesse, 
ils  sont  courbes  et  branlants.  Selon  d'autres 
interpretes,  les  hommes  forts  figureraient  les 
jambes.  —  Par  un  rapprochement  qu'on 
retrouve  dans  toutes  les  langues,  les  dents 
sont  comparees  aux  servantes  qui,  dans 
I'antiquite,  moulaient  le  grain  en  tournant 
une  petite  meule.  Dans  la  vieillesse,  elles  se 
reposent,  elles  choment,  parce  qu'elles  sont 
trop  peu  nombreuses  pour  remplir  leurs 
foncftions. — Celles  qui  regardent  par  lesfe7ie- 
tres  ditt.  par  les  treillis :  I'ancien  Orient  ne 
connaissait  pas  d'autres  fenetres),  ce  sont 
les  yeux,  plus  specialement  la  pupille,  pla- 
cde  au  centre  de  I'orbite  entiere  de  I'oeil. 
Ciceron  {Tusc.  i,  20)  appelle  aussi  les  yeux 
les  "fenetres  de  I'ame." 

4.  Les  deux  battants  de  la  porte  sont  les 
levres  du  vieillard ;  elles  rentrent  en  quel- 
que  sorte  dans  sa  bouche  et  sont  fermdes 
sur  la  rue,  sur  le  dehors,  et  cela  ;i  cause  de 
I'absence  des  dents.  Comp.  Job,  xli,  5,  011 
les  machoires  de  Leviathan  (crocodile)  sont 


appelees  les  portes  de  sa  face.  Pour  la  meme 
raison  le  bruit  de  la  meule  s'affaiblit, 
s'abaisse,  devient  sourd  et  sans  eclat  :  le 
vieillard  n'a  plus  que  des  gencives  pour 
broyer  les  aliments.  L'image  est  empruntee 
a  ces  moulins  a  bras  dont  nous  venons  de 
parler.  Comp.  Je'r.  xxv,  10;  Apoc.  xviii,  23. 

—  Oit  Von  se  leve  :  le  vieillard  dort  d'un 
sommeil  si  leger,  que  le  chant  matinal  du 
petit  oiseau  suffit  pour  I'eveiller. —  Toutes  les 

filles  du  chant  :  chanteurs  et  chanteuses  se 
gardent  bien  de  paraitre  devant  le  vieillard  : 
il  n'a  pas  d'oreilles  pour  eux.  Comp.  II  Sam. 
xix,  36. 

Bien  d'autres  explications  ont  etd  don- 
nees  de  ce  verset  difficile.  Ainsi  la  porte 
qui  se  ferme  sur  la  rue  signifierait  I'isole- 
ment  du  vieillard  au  milieu  de  la  generation 
plus  jeune  qui  I'entoure,  mais  separee  de  lui 
par  des  goCits,  des  idees,  des  interets  diffe- 
rents.  —  Le  bruit  de  la  meule  qui  s'affaiblit 
serait  une  image  de  I'afifaiblissement  de  la 
voix  du  vieillard,  qui  a  perdu  son  assurance 
et  sa  sonority.  —  Enfin  les  filles  du  chant 
figureraient  soit  ses  oreilles  auxquelles  n'ar- 
rive  plus,  ou  n'arrive  qu'avec  peine  le  son 
des  joyeux  cantiques ;  soit  ces  cantiques 
eux-memes,  qui  ne  resonnent  plus  sur  ses 
levres. 

5.  Le  vieillard  redoute  les  lieux  eleves,  les 
moindres  montees,  parce  qu'il  est  faible  et 
d'haleine  courte.  D'autres,  les  personnes 
elevJes  Gn  dignite;il  est  timide  devant  elles. 

—  Eji  chemin  :  il  craint,  non  sans  raison, 
mille  accidents.  —  LJamandicr  pousse  des 
fleurs  a  la  fin  de  I'hiver  sur  ses  rameaux 
nus ;  ces  fleurs,  rouges  d'abord,  blanchissent 
ensuite  et  tombent  k  terre  comme  des  flo- 
cons  de  neige  :  image  du  vieillard  dont  la 
tete  est  couverte  de  cheveux  blancs.  —  La 


LIBRI  ECCLESIASTES.     Cap.  XII,  3—10. 


411 


scat  sol,  et  lumen,  et  luna,  et  Stellas, 
et  revertantur  nubes  post  pluviam  : 
3.  quando  commovebuntur  custo- 
des  domus,  et  nutabunt  viri  fortis- 
simi,  et  otiosaj  erunt  molentes  in 
minuto  numero,  et  tenebrescent  vi- 
dentes  per  foramina  :  4.  et  claudent 
ostia  in  platea,  in  humilitate  vocis 
molentis,  et  consurgent  ad  vocem 
volucris,etobsurdescentomnes  filias 
carminis.  5.  Excelsa  quoque  time- 
bunt,  et  formidabunt  in  via,  florebit 
amygdalus,  impinguabitur  locusta, 
et  dissipabitur  capparis  :  quoniam 
ibit   homo   in   domum    asternitatis 


suae,  et  circuibunt  in  platea  plan- 
gentes.  6.  Antequam  rumpatur  fu- 
niculus argenteus,  et  recurrat  vitta 
aurea,  et  conteratur  hydria  super 
fontem,  et  confringatur  rota  super 
cisternam,  7.  et  revertatur  pulvis  in 
terram  suam  unde  erat,  et  spiritus 
redeat  ad  Deum,  qui  dedit  ilium. 

8.  Vanitas  vanitatum,  dixit  Eccle- 
siastes,  et  omnia  vanitas. 

9.  Cumque  esset  sapientissimus 
Ecclesiastes,  docuit  populum,  et 
enarravit  quae  fecerat  :  et  investi- 
gans  composuit  parabolas  multas. 
10.  Qu^sivit  verba  utilia,  et  con- 


sauterelle,  etc.  Quelques  especes  de  saute- 
relles  dtaient  autrefois  et  sont  encore  aujour- 
d'hui  en  Orient  un  mets  savoureux  :  le  vieil- 
lard  ne  peut  plus  le  digerer.  Vulg.,  la  sau- 
terelle  s\'paissit  ou  se  gonfle  :  quelques 
auteurs  voient  dans  ces  mots  une  allusion 
k  I'obesite  de  certains  vieillards.  Mais 
S.  Jerome,  qui  traduit  ainsi,  explique  les 
choses  autrement :  le  mot  hebreu  qui  signifie 
sauierelle,  dit-il,  veut  dire  aussi  tahis,  talon 
ou  cheville  du  pied;de  Ik  ce  sens  :les  pieds 
du  vieillard  se  gonflent  et  s'alourdissent, 
notamment  par  la  goutte.  —  La  cdpre,  petite 
baie,  fruit  du  caprier,  n'a  plus  cfeffet,  elle 
est  impuissante  a  reveiller  I'appetit.  Motais 
traduit,  on  la  cdpre  eclate  :  la  capre,  dit-il, 
est  un  fruit  qui  contient  des  bales  envelop- 
pees  dans  de  petites  feuilles.  Au  temps  de 
la  maturite,  ces  feuilles  s'ouvrent  et  laissent 
tomber  la  baie  :  belle  image  de  la  mort  qui 
a  lieu  par  le  depart  de  I'ame  sortant  du 
corps. —  La  detnettre  eterjielle :  les  Hebreux, 
comme  les  Egyptiens  et  les  Romains,  appe- 
laient  ainsi  le  sepulcre,  quoique  I'esperance 
de  la  resurredlion  ne  leur  fi^it  pas  etrangere 
{Tob.  iii,  6).  —  Les pleureiirs  parcourent  les 
rues,  en  attendant  la  mort  du  vieillard,  et 
s'informent  s'il  est  encore  en  vie.  On  voit 
que  la  coutume  de  louer  des  pleureurs  pour 
lac^remonie  des  funerailles  est  fort  ancienne 
{Matlh.  ix,  23.  Comp.  Horace,  A rs poel.^;^;^  : 
qui  condufli  ploraiit  in  fu7tere). 

6.  L'auteur  compare  la  vie,  d'abord  a  une 
lampe  suspendue  au  plafond  par  un  fil  d'ar- 
gent,  et  alimentee  par  une  ampoule  d'or 
d'ou  I'huile  decoule  dans  la  lampe  par  de 
petits  canaux ;  puis  a  un  seau  suspendu  au- 
dessus  d'un  puits  par  une  corde  attachee  a 
une  poulie  ou  roue  fragile.  Les  anciens  exe- 
getes  ne  se  contentent  pas  de  cette  signifi- 
cation generale;  ils  cherchent  a  decouvrir 
ce  qui,  dans  I'homme,  est  la  corde  d'argent 
(Fame?),  ou  I'ampoule  d'or(le  corps?), ou  le 


seau  qui  tire  I'eau  de  la  citerne  (le  coeur  qui 
sans  cesse  regoit  le  sang  et  I'envoie  dans 
tout  le  corps  comme  une  eau  vivifiante?),etc. 

Au  lieu  de,  avant  que  se  brise  V ampoule 
d'oj,  S.  Jerome  traduit,  ava?tt  que  retourne 
la  baiidelette  d'or,  c.-a-d.,  comme  il  I'expli- 
que  lui-meme,  avant  que  Tame  retourne  a 
Dieu,  d'oii  elle  etait  descendue, 

7.  Ce  verset  constate  seulement  ce  qui 
arrive  quand  un  homme  meurt  :  les  deux 
elements  qui  formaient  le  compose  humain, 
le  corps  et  Fame,  se  separent,  et  chacun 
d'eux  retourne  a  son  lieu  d'origine,  le  corps 
a  la  terre  et  I'esprit  a  Dieu.  Quelle  idee 
I'Ecclesiaste  se  fait-il  de  ce  retour  a  Dieu 
de  I'esprit  separe  du  corps?  II  ne  s'explique 
pas  Ik-dessus ;  mais  si  Ton  ne  doit  pas  lui 
preter  sur  ce  sujet  des  idees  toutes  chrd- 
tiennes,  fruit  de  revelations  posterieures,  il 
est  certain  1°  qu'il  met  une  difference  essen- 
tielle  entre  I'homme  et  I'animal,  en  pensant 
(iii,  21),  que  I'esprit  de  I'un  remonte  vers 
Dieu,  et  que  I'esprit  de  I'autre  descend  vers 
la  terre;  2°  que  le  retour  de  I'esprit  de 
I'homme  vers  Dieu,  qui  est  une  fontaine  de 
vie  {Ps.  xxxvi,  9),  n'est  pas  congu  par  lui 
comme  une  sorte  de  resorption  ou  d'absorp- 
tion  dans  I'Etre  divin,  et  par  suite  comme 
un  aneantissement  de  la  personne  humaine. 
Cette  personnalite,  dans  la  pensee  de  l'au- 
teur, continue  si  bien  au  delk  de  la  vie  prd- 
sente,  que  la  conclusion  de  son  livre  est 
que  "  Dieu  amenera  toute  oeuvre,  bonne  ou 
mauvaise  k  son  jugement  "  xii,  14. 

9-14.  Epilogue.  Ce  morceau  est  par  rap- 
port k  I'Ecclesiaste  ce  qu'est  le  xxi^  chapi- 
tre  de  S.  Jean  par  rapport  au  quatrieme 
Evangile;  il  a  pour  but  de  confirmer  et  d'ac- 
crediter  le  livre  tout  entier.  L'auteur  parle 
de  lui-meme  a  la  y  personne,  comme  il 
I'avait  d^ja  fait  au  debut  de  son  livre. 

9.  Un  grand  nontbre  de  sentences  :  allusion 
au  livre  des  Proverbes. 


412 


L'ECCLESIASTE.     Chap.  XII,  ii— 14. 


ecrire  avec  droiture  de.s  paroles  de 
verite.  ^^Les  paroles  des  sages  sont 
comme  des  aiguillons,  et,  rassemblees 
en  recueils,  elles  sont  comme  des 
clous  plantes,  donnees  par  un  seul 
Pasteur.  ^^Du  reste,  mon  fils,  que  ces 
choses  suffisent  a  t'instruire;  multi- 
plier les  livres  n'aurait  pas  de  fin,  et 


beaucoup  d'etude  est  une  fatigue 
pour  le  corps.  ^sEcoutons  le  resume 
de  tout  ce  discours  :  Grains  Dieu  et 
observe  ses  commandements,car  c'est 
la  le  tout  de  I'homme.  i4Car  Dieu 
citera  en  jugement  sur  tout  ce  qui  est 
cache  toute  oeuvre,  soit  bonne,  soit 
mauvaise. 


II.  Des  aiguillons  ^onx  stimuler  et  r^veil- 
ler  les  esprits.  —  Elles  sont  conwie  des  clous 
solidement  plantes  :  elles  ne  peuvent  plus 
se  dispei'ser;  un  sol  commun  les  porte  tou- 
tes;  ce  rapprochement  aide,  non  seulement 
k  les  retenir,  mais  aussi  a  les  comprendre. 
Ou  bien  :  et  comme  des  clous  plantes  par  les 
mattres  des  assemblees,  par  les  predicateurs 
dans  les  assemblees  des  fideles.  —  Un  seul 
Pasteur  :  Dieu  :  comp. /<?>.  xxiii,  1-4;  Ps. 
xxiii,  i;  xxviii,  9;  I  Cor.  ii,  12  sv. 


Vulgate  :  parce  qu'elles  sont  donnees  selon 
le  conseil  des  mattres  par  tin  seul  Pasteur. 

12.  Ces  cJwses,  les  paroles  des  sages,  et 
specialement  toutes  celles  qui  sont  conte- 
nues  dans  VEcclc'siaste,  sans  qu'il  soit  ne- 
cessaire  d'y  rien  ajouter.  —  Beaucoup 
d^ etude  ou  de  meditation  (Vulg.). 

13.  Ecoutons  le  resume,  litt.  la  Jin,  le  re- 
sultat  final  du  discours,  de  ce  livre.  Delitzsch 
traduit  :  le  resume  du  discours,  aprcs  que 
tout  a  I'te  entendu,  est  ceci  :  Crains  Dieu, 


LIBRI  ECCLESIASTES.     Cap.  XII,  ii— 14 


413 


scripsit  sermonesrectissimos,  ac  ve- 
ritate  plenos,  1 1.  Verba  sapientium 
sicut  stimuli,  et  quasi  clavi  in  altum 
defixi,  quas  per  magistrorum  consi- 
lium data  sunt  a  pastore  uno.  1 2 .  His 
amplius  fili  mi  ne  requiras.  Faciendi 
plures  libros  nullus  est  finis  :  fre- 
quensque  meditatio,  carnis  afflictio 


est.  13.  Finem  loquendi  pariter 
omnes  audiamus.  Deum  time,  et 
mandata  ejus  observa  :  hoc  est  enim 
omnis  homo  :  14.  et  cuncta,  quas 
fiunt,  adducet  Deus  in  judicium  pro 
omni  errato,  sive  bonum,  sive  ma- 
lum illud  sit. 


etc.  —  C'est  Id  le  tout  de  Vhomme,  tout  son 
bien,  ou  tout  son  devoir,  tout  ce  qui  consti- 
tue  veritablement  Thomme.  Delitzsch  :  c'est 
Id  tout  /lOfHfue  d'apres  sa  destination,  c.-a-d. 
c'est  Ik  la  destination,  le  but  de  la  vie  de 
chaque  homme  sans  exception.  La  Vulgate 
s'adapte  tres  bien  k  ce  sens ;  on  la  traduit 
ordinairement  :  c'est  Id  tout  fhoiiitne,  tout 
ce  qu'il  doit  faire  d'apres  sa  destination;  ou 
bien  :  tout  Phomtne,  tout  I'etre  et  tout  le 
pouvoir  de  I'homme,  cela  seul  lui   est  ac- 


corde ;  tout  le  reste  depend  de  I'Etre  infini, 
incomprehensible,  dont  Thomme  ne  peut 
pene'trer,  encore  moins  modifier  les  desseins. 

14.  Sur  tout  ce  qui  est  cache  'at.  rapporte 
a  jugejnent,  et  bonne  ou  mauvaise  a  toute 
a'uvre. 

Delitzsch  :  "  Cette  certitude  d'un  juge- 
ment  final  pour  tout  homme  apres  la  vie 
presente  est  le  fil  d'Ariane  au  moyen  du- 
quel  I'Ecclesiaste  se  retrouve  en  terminant 
et  sort  du  labyrinthe  de  ses  reflexions. " 


\/  ^y^ 


"Y^h.  17 


\^:^:^:<y::--'S:^.  'j^^^^-  ■^'  ^'  :'^>^  :^^2a^ZSjl2SLMM^i;i^2^2^  ^^>"  ^  ^^  :^:mMM2^^ 


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IK 


-:i:-  jiE  Gantiiiuc  bcs  GantitiucG.  -:i:- 


WWWW^7^:W.W^MWKWMWWW^MWW^W^MWMW^W^^.'^:w:^WMMWW^. 


Introbuction. 


I. 


La  CANONICITlt  DU  Cantique 
DES  CANTIQUES. 

DES  doutes  semblent  s'etre  ele- 
ves  chez  les  Juifs,  avant  I'ere 
chretienne,  sur  la  question  de 
savoir  si  le  Cantique  devait  etre  main- 
tenu  dans  le  Canon  des  Livres  ins- 
pires. Plusieurs  passages  talmudiques 
font  allusion  a  ces  doutes  :  "  Au 
commencement  il  y  eut  des  gens  qui 
dirent  :  Les  Proverbes,  le  Cantique 
des  cantiques  et  I'Ecclesiaste  doivent 
etre  caches  (c'est-a-dire  detournes  de 
I'usage  public,  mis  au  rang  des  apo- 
cryphes),  parce  qu'ils  contiennent  des 
paraboles  et  n'appartiennent  pas  aux 
Hagiographes."  Ailleurs  Rabbi  Akiba 
proteste  la-contre  en  termes  energi- 
ques  :  "  A  Dieu  ne  plaise!  aucun 
Israelite  n'a  jamais  doute  que  le  Can- 
tique ne  rende  les  mains  impures 
[c'est-a-dire,  ne  soit  un  Livre  sacre], 
car  le  monde  n'a  rien  de  plus  pre- 
cieux  que  le  jour  oil  le  Cantique  des 
cantiques  fut  donne  a  Israel.  Tous 
les  Hagiographes  sont  saints;  mais 
le  Cantique  est  tres  saint."  (Loisy, 
Hist,  (ill  canon  de  I'A.  T.,  p.  51.) 

Dans  I'Eglise  chretienne  Theodore 
de  Mopsueste  ("j"  428)  nia  inspira- 
tion du  Cantique  des  cantiques.  Son 
opinion,  combattue  par  Theodoret, 
fut  ensuite  condamnee  par  le  v^  Con- 
cile  oecumenique. 

Les  Reformateurs  reconnurent  I'au- 
torite  divine  de  ce  Livre,  contenu  dans 
le  canon  des  Juifs.  Pour  I'avoir  atta- 
quee,  Chastillon  fut  chasse  de  Geneve 
par  Calvin.  Depuis  un  siecle  ou  deux 
I'exegese  protestante  est  divisee  dans 
cette  question.  Les  critiques  rationa- 
listes,comme  Reuss,font  valoir  contre 
la  canonicite  des  raisons  tirees  de  la 
nature  meme  du  livre,  du  sujet  traite 


et  de  la  maniere  dont  il  est  traite. 
Mais  un  fait  historique  ne  se  decide 
pas  par  des  appreciations  de  ce  genre. 
Or  le  Cantique  —  c'est  un  fait  cons- 
tant —  a  ete  tenu  pour  canonique 
pendant  dix-neuf  siecles  par  la  Sy- 
nagogue juive  et  par  I'Eglise  chre- 
tienne. 

II.  —  L'UNITfi. 

Au  xviF  siecle  quelques  mots  de 
Richard  Simon,  et  au  XVIIF  siecle 
un  ouvrage  de  Herder  representerent 
le  Cantique  comme  un  recueil  de 
chants  detaches,  une  anthologie  de 
poemes  lyriques.  "  Quelques  inter- 
pretes,  nous  dit  Reuss,  ont  trouve 
moyen  de  pousser  plus  loin  encore 
la  methode  de  Herder,  quant  a  la 
division  du  texte  en  parcelles  de  mi- 
nime  dimension.  On  a  ete  jusqu'a 
declarer  qu'une  partie  des  morceaux 
ainsi  detaches  ne  representent  plus 
que  des  fragments,  ou  des  additions 
postiches  faites  a  des  pieces  plus  an- 
ciennes  par  des  glosateurs  mal  avises, 
Dans  les  deux  cas,  on  a  cru  faire 
avancer  I'intelligence  d'un  livre,  dont 
on  s'exagerait  I'obscurite,  en  boule- 
versant  I'ordre  afluel  de  ses  elements 
d'une  maniere  tellement  arbitraire, 
qu'on  ne  se  contenta  pas  de  changer 
la  succession  des  differentes  idylles, 
mais  qu'on  alia  jusqu'a  composer 
celles-ci  librement,  en  combinant  en- 
semble, pour  les  former,  des  versets 
tires  de  divers  chapitres. "  Depuis 
lors  plusieurs  exegetes  indepen- 
dants  ont  travaille  a  dissequer  ce 
poeme  de  diverses  facons,  avec  autant 
de  hardiesse  et  non  moins  de  desac- 
cord.  Ainsi  M.  Siegfried,  dans  un 
commentaire  public  en  1898,  distin- 
gue dix  chants.  M.  Budde  en  compte 
vingt-trois ,   dans   son    commentaire 


416 


LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES. 


paru  la  meme  annee.  Ces  derniers 
critiques  ne  semblent  done  pas  avoir 
reussi  beaucoup  mieux  que  ceux 
dont  Reuss,  en  1879,  constatait  I'in- 
succes  :  "...Les  uns  veulent  y  voir 
[dans  le  Cantique]  un  recueil  de 
poesies  detachees,  tandis  que  les 
autres  pretendent  y  reconnaitre  une 
piece  unique,  et  dont  toutes  les  par- 
ties sont  reliees  entre  elles  par  un 
lien  indissoluble.  Oii  petit  dire  que 
cette  dernicre  coicepiion  tend  a  preva- 
loir  de  plus  en  plus,  quoique  I'autre 
trouve  encore  quelquefois  des  defen- 
seurs  dont  I'autorite  scientifique  et 
litteraire  lutte  sans  grand  succes, 
peut-etre  aussi  sans  trop  d'adresse, 
contre  celle  de  la  majorite  qui  compte 
dans  ses  rangs  les  hebraisants  les 
plus  renommes  de  notre  epoque.  " 
\Le  Caiitigue  des  cantiques,  1879.) 

Deja  en  1830  I'exegete  protestant 
Rosenmiiller  etablissait,  par  une  lon- 
gue  et  solide  demonstration,  I'unite 
du  Cantique.  Les  personnages  restent 
les  memes  tout  le  temps  et  conser- 
vent  jusqu'au  bout  le  meme  carac- 
tere;  tout  se  tient  dans  cette  serie  de 
dialogues ;  plusieurs  expressions  et 
locutions,  des  formules  entieres  sont 
repetees  9a  et  la;  enfin  partout  le 
style  et  le  ton  revelent  un  auteur 
unique.  Aussi  un  des  derniers  com- 
mentateurs  du  Cantique,  M.  Castelli, 
professeur  a  Florence  (rationaliste), 
soutient  que  I'unite  6! auteur  et  I'unite 
de  plan  ne  peuvent  etre  mises  en 
doute  (1892). 


III. 


L'AUTHENTICITfi. 


La  tradition  juive  et  la  tradition 
chretienne  attribuent  a  Salomon  le 
Cantique  des  cantiques.  La  raisoti 
principale  de  cette  attribution  est  le 
titre  meme  du  poeme  :  "  Cantique 
des  cantiques  qui  (est)  de  Salomon. " 
C'est  I'explication  la  plus  plausible 
du  lamed  qui  precede  le  nom  de  Sa- 
lomon et  qu'on  appelle  lamed  au6lo- 
ris.  De  la  meme  fagon,  et  avec  le 
m^me  sens,  cette  particule  est  placee 


avant  le  nom  de  David  dans  le  titre 
d'un  bon  nombre  de  Psaumes.  —  De 
plus,  "  I'ecrivain  fait  preuve  de  con- 
naissances  etendues  en  histoire  natu- 
relle.  Dans  les  cent  seize  versets  de 
son  poeme,  il  nomme  une  vingtaine 
de  plantes  et  autant  d'animaux.  Or 
Salomon  fut  remarquable  dans  cet 
ordre  de  connaissances.  Ill  Reg., 
i^')  33-  —  Enfin  I'auteur  decrit  avec 
tant  de  vivacite  et  de  precision  les 
choses  de  I'epoque  salomonienne, 
qu'on  pourrait  difficilement  admettre 
qu'il  n'en  soit  pas  le  contemporain. 
Apres  Ewald,  de  Wette  le  reconnait 
lui-meme  :  "  II  y  a  la  une  serie  d'ima- 
ges  et  d'allusions,  une  fraicheur  de 
vie  qui  caracterisent  le  temps  de  Sa- 
lomon. "  Einleitzmg  y^  edit.  p.  372. 
Frz.  Delitzsch  appuie  la  meme  con- 
clusion :  "  Le  Cantique  porte  en  lui- 
meme  les  traces  manifestes  de  sa 
composition  salomonienne.  C'est  ce 
qui  ressort  de  la  richesse  des  images 
empruntees  a  la  nature,  de  I'abon- 
dance  et  de  I'etendue  des  references 
geographiques  et  artistiques,  de  la 
mention  d'un  si  grand  nombre  de 
plantes  exotiques  et  de  choses  etran- 
geres,  et  particulierement  des  objets 
de  luxe,  comme  tout  d'abord  du  che- 
val  d'Egypte. "  ( Lesetre.  Cantique 
dans  le  Dicl.  de  la  Bible.) 

La  plupart  des  critiques  modernes 
non  catholiques  ont  rejete  I'authen- 
ticitc  du  Cantique  pour  les  raisons 
suivantes.  i.  II  y  a,  dans  ce  livre,  des 
aramaismes  trahissant  une  certaine 
evolution  de  la  langue  et  une  cpoque 
bien  plus  basse  que  celle  de  Salo- 
mon. On  a  note  encore  quelques 
termes  exotiques.  —  2.  Au  chap,  vi, 
vers.  4,  il  est  dit  :  "  Tu  es  belle,  mon 
amie,  comme  Thersa,  splendide  com- 
me Jerusalem.  "  Thersa,  mise  en  pa- 
rallele  avec  Jerusalem,  semble  etre 
alors  la  capitale  du  ro}'aume  du  Nord. 
Nous  sommes  done  au  moins  a  I'epo- 
que qui  suivit  la  separation  des  dix 
tribus.  —  3.  Enfin,  si  I'epouse  dont 
Salomon  a  voulu  celebrer  les  char- 
mes  est  la  fille  du  roi  d'Eg}'pte,  il  est 


LE  CANTIQUE  DBS  CANTIQUES. 


417 


assez  etrange  qu'il  en  parle  comme 
d'une  simple  fille  des  champs.  —  A 
ces  difficultes  on  repond  :  "  Tel  mot 
est-il  SLirement  un  aramaisme?  est-il 
certain  que  tel  aramaisme  ne  se  soit 
introduit  dans  la  langue  hebraique 
qu'a  telle  epoque?"  —  Thersa  ne 
pouvait-elle  pas  etre  cclebre  par  son 
site  et  ses  agrements  avant  de  deve- 
nir  la  capitale  du  royaume  du  Nord? 
—  Enfin  ceux  qui  interpretent  le 
Cantique  comme  une  allegoric  ne 
pensent  pas  qu'il  y  soit  question  de 
la  fille  du  roi  d'Egypte.  (Voir  le  pa- 
ragraphe  suivant.) 

On  obje6le  encore  —  et  cette  ob- 
jeftion  est  plus  serieuse  —  Salomon 
ne  pouvait  pas  parler  de  lui-meme 
comme  il  en  a  parle  dans  ce  livre  : 
par  exemple,  au  chap,  viii,  vers.  12  : 
"  A  toi,  Salomon,  les  mille  sides!..." 

D'autre  part,  les  adversaires  de 
I'authenticite  sont  loin  de  s'entendre 
sur  I'auteur,  ou  meme  sur  la  date  de 
ce  poeme;  et  ils  avouent  leur  embar- 
ras.  II  ne  faut  pas  I'oublier  d'ailleurs, 
la  question  d'authenticite  n'est  pas 
de  premiere  importance.  Ce  qui  est 
capital  pour  nous  c'est  de  connaitre 
que  le  livre  est  inspire ;  cette  affirma- 
tion de  la  Canonicite  est  tout  a  fait 
independante  de  I'autre,  et  il  est  bon 
de  Ten  distinguer  soigneusement. 


IV. 


L'iNTERPRIilTATION. 


I.  Interpyctatiou  historiquc.oiL pnre- 
ment  littemle.  Au  jugement  de  Theo- 
dore de  Mopsueste  le  Cantique  etait 
simplement  un  epithalame  celebrant 
I'union  de  Salomon  avec  la  fille  du 
roi  d'Egypte  ou  avec  la  Sulamite.  Ce 
sentiment,  comme  nous  I'avons  vu, 
a  ete  condamne  par  I'Eglise.  —  L'exe- 
gese  rationaliste  moderne  ne  va  pas 
au  dela  de  la  lettre  du  texte,  et  ap- 
plique tout  le  poeme  a  une  union 
purement  humaine.  Ce  serait  un 
chant  sur  les  noces  de  Salomon  ;  ou 
bien  une  idylle  sur  les  amours  d'un 
berger  et  d'une  bergere,  celle-ci  res- 
tant  fidele  a  son  fiance  en  depit  des 


desirs  de  Salomon  qui  la  veut  pour 
son  harem,  et  malgre  les  sedu6lions 
de  la  cour  royale.  Done,  pour  les  uns, 
fond  historique ;  pour  les  autres,  pure 
fi6lion.  Et  sur  la  forme  du  poeme 
meme  divergence  de  vues  :  serie  de 
dialogues  avec  une  progression  veri- 
table et  meme  tons  les  caracleres 
d'un  draine;  ou  bien,  tout  au  con- 
traire,  chants  lyriques  distin6ls,  mis 
bout  a  bout  sans  autre  liaison  que 
I'analogie  du  sujet.  Le  cara6lere  com- 
mun  de  cette  exegese  est  la  negation 
de  tout  sens  typique,  mystique,  alle- 
gorique. 

Mais  si  ce  poeme  ne  celebrait  que 
des  amours  profanes,  sans  s'elever 
plus  haut,  ni  les  Juifs,  ni  I'Eglise 
chretienne  ne  I'auraient  recu  dans  le 
canon  des  Livres  inspires.  Cette  re- 
ponse,  deja  ancienne,  garde  toute  sa 
valeur  contre  la  theorie  des  exegetes 
qui  ne  croient  plus  a  I'inspiration. 

2.  Interpretation  typique.  Le  Can- 
tique a  un  sens  litteral  et  dire6l,  par 
exemple,  I'union  de  Salomon  avec  la 
fille  du  roi  d'Egypte ;  mais  ce  sens 
n'est  pas  unique;  il  faut  s'elever  plus 
haut  et  voir,  derriere  cette  figure, 
I'union  du  Christ  etde  I'Eglise.  Ecou- 
tons  Dom  Calmet  dans  la  preface  de 
son  Commentaire  sur  le  Cantique  : 
"  La  plupart  croient  qu'il  fut  ecrit  a 
I'occasion  du  mariage  de  Salomon 
avec  la  fille  de  Pharaon,  roi  d'Egypte; 
et  par  consequent  avant  la  vieillesse 
de  Salomon ;  et  cette  opinion  est  non 
seulement  la  plus  suivie  [du  temps 
de  Dom  Calmet,  semble-t-il],  mais 
encore  la  plus  probable. "  Et  plus 
loin  :  "  Cette  idee  generale  que  nous 
venons  de  donner  du  dessein  du 
Cantique,  n'est,  pour  ainsi  dire,  que 
I'ecorce  de  ce  divin  ouvrage.  II  a  dans 
I'intention  du  Saint-Esprit,  et  dans 
I'idee  de  I'Eglise,  et  des  Peres,  un 
autre  sens  infiniment  plus  releve,  et 
plus  beau.  Salomon  y  chante  un  ma- 
riage tout  chaste  de  Jesus-Christ  avec 
la  nature  humaine,  avec  son  Eglise, 
avec  chaque  ame  en  particulier.  C'est 


NO  : 


LA  SAINTE  BIDLE.  TOME  IV. 


418 


LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES. 


a  quoi  il  faut  elever  son  esprit  et  son 
coeur,  en  lisant  ce  Livre.  Ouiconque 
y  apporte  des  yeux  profanes,  et  un 
coeur  rempli  d'un  amour  charnel,  y 
trouvera  une  lettre  qui  tue,  au  lieu  do 
I'esprit  qui  vivifie. "  —  Les  princi- 
paux  partisans  de  cette  interpreta- 
tion sont,  au  XIF  siecle,   Honorius 
d'Autun ;  plus  tard  Nicolas  de  Lyra, 
Jansenius   de   Gand,   Bossuet,   Dom 
Calmet,   Schegg,  Mgr   Plantier.  De 
nos  jours,  le  P.  Semeria  lui  semble 
favorable  (cf  Revue  bibliqiie,   1893, 
p.  444);  et  surtout  le  P.  Th.  Calmes 
qui  admet  lui  aussi  deux  sens,  et  re- 
jette  cependant  le  sens  historique  : 
"  Le  Cantique,  dit-il,  n'est  pas  une 
allegoric,  c'est  une  parabole.  Par  con- 
sequent, le  sens  principal,  celui  que 
I'Esprit-Saint  veut  surtout  inculquer 
au  lefteur,  n'est  pas  celui  qui  est  di- 
re61:ement  exprime  par  les  mots  . . . 
Pris  au  sens  litteral,  le  livre  du  Can- 
tique decrit  en  proprestermesl'amour 
profane.  Mais  les  scenes  qu'il  retrace, 
bien  qu'ayant  un  fondement  dans  la 
realite,  ne  sont  pas  historiques ;  ce 
sont  des  fi6lions,  sous  lesquelles  I'Es- 
prit-Saint  nous  presente  un  enseigne- 
ment  mystique.  Le  sens  direft  et  lit- 
teral est  secondaire.  Dans  I'intention 
de  I'auteur,  il  est  subordonne  au  sens 
indire6l   et   typique,   principalement 
voulu  par  le  Saint-Esprit.  L  ecrivain 
lui-meme  a-t-il  eu  connaissance  de  la 
portee  mystique  du  livre?  Rien  ne 
nous  oblige  a  I'admettre.  Comme  le 
fait  tres  bien  remarqucr  le  Pere  Ge- 
nocchi,  I'enseignement  traditionnel  et 
la  decision  de  I'Eglise,  condamnant 
I'interpretation  exclusivement   litte- 
rale  de  Theodore  de  Mopsueste,  ne 
s'ctendent  pas  a  cette  diclinclion." 
(^Rev.  biblique,  1898,  p.  460.) 

Cependant  la  plupart  des  recents 
Commentateurs  catholiques,  crai- 
gnant  de  mettre  en  peril  le  cara6lerc 
sacre  de  ce  Livre,  ou  de  s'ecarter  du 
sentiment  traditionnel,  en  admettant 
un  sens  historique  quelconque,  ou, 
de  quclquc  facon  que  ce  soit,  deux 
sens,   I'un    litteral    et  dirc6l,  I'autrc 


allcgorique  et  superieur,  se  pronon- 
cent  pour 

3.  Liiiterpyetation  tmiquement  alle- 
gorique.  Elle  est  admise  par  le  P.Giet- 
mann,  Mgr  Meignan,  M.  Vigouroux, 
M.  Fillion,  M.  Minocchi,  etc.;  elle 
s'appuie  sur  la  tradition  juive  et 
chretienne,  et  sur  certains  passages 
analogues  des  Livres  saints.  On 
ajoute  que  I'allegorie  seule  peut  ren- 
dre  compte  de  ce  qu'il  y  a  d'indecis 
et  de  flottant  dans  Ic  theatre  de  Tac- 
tion et  dans  la  qualite  des  personna- 
ges.  La  scene  est  tantot  au  palais  du 
roi,  tantot  dans  les  champs,  dans  la 
maison  de  I'epoux  ou  de  repouse;ellc 
est  transportee  brusquement  d'un  lieu 
a  I'autre.  "  De  nombreux  traits  du 
poeme  ne  conviennent  ni  a  Salomon 
ni  a  d'autres  personnages  purement 
terrestres,  et  deviennent  par  la  meme 
incomprehensibles,  si  Ton  ne  s'eleve 
pas  au-dessus  du  sens  litteral  :  ainsi 
le  heros  est  tour  a  tour,  et  sans  tran- 
sition, berger,  chasseur,  roi  glorieux, 
pour  redevenir  subitement  berger ;  sa 
fiancee  erre  seule  la  nuit  par  les  rues 
de  la  ville,  etc."  (Fillion.) 

M.  Lesetre  resume  fort  bien  les 
temoignages  de  I'antiquite.  "  Voici, 
ecrit  il,  comment  s'expriment  les 
Peres  :  "  Ce  livre  doit  etre  entendu 
dans  le  sens  spirituel,c'est-a-dire  dans 
le  sens  de  I'union  de  I'Eglise  avec 
Jesus-Christ,  sous  le  nom  d'epouse  et 
d'cpoux,  et  de  I'union  de  I'ame  avec 
le  Verbe  divin...  Par  I'epoux,  il  faut 
entendre  le  Christ,  et  I'Eglise  est 
I'epouse  sans  tache   et   sans  ride.  " 

Par 


»  r> 


Origene,  /;/  Cant.,  Houi.  i. 
I'epouse,  la  divine  Ecriture  entend 
I'Eglise,  et  c'est  le  Christ  qu'on  ap- 
pelle  I'epoux.  "  Theodoret,  /;/  Cant,, 
prolog.  —  "  Ce  qui  est  ecrit  fait  pen- 
ser  a  des  noces,  mais  ce  qui  est  com- 
pris  est  I'union  de  I'ame  humaine 
avec  Dieu."  S.  Greg,  de  Nysse,  In 
Cant.  Horn.  i.  —  "  Salomon  unit 
I'P^iise  et  le  Christ  et  chante  le  doux 
epithalame  des  saintes  noces."  S.  Je- 
rome, Ep.  liii,  7,  ad  Paulin.  —  "  Le 


LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES. 


419 


Cantique  des  cantiques  est  la  joie 
spirituelle  des  saintes  ames  aux  no- 
ces  du  roi  et  de  la  reine  de  la  cite,  le 
Christ  et  I'Eglise.  Mais  cette  joie  est 
enveloppee    de    voiles   allegoriques, 
pour  rendre  les  desirs  plus  ardents  et 
la  decouverte  plus  agreable  a  I'appa- 
rition    de    I'epoux    et  de  I'epouse. " 
S.  Augustin,  De  civit.  Dei,  xvii,  20. 
—  "  Salomon,  divinement  inspire,  a 
chante  les  louanges  du  Christ  et  de 
I'Eglise,  la  grace  du  saint  amour  et 
les  mysteres  des  noces  eternelles. " 
S.  Bernard,  Stip.  Cant.,  Serin,  i.  8  . . . 
"  Ce  sens  n'a  pas  ete  imagine  arbi- 
trairement   par    les    interpretes.    — 
I.    II    a   une   base   solide    dans    les 
nombreux  passages  de  I'Ancien  et 
du  Nouveau  Testament  qui  presen- 
tent  les  rapports  de  Dieu  avec  son 
peuple  sous  I'image  de  I'union  conju- 
gale.  Le  Psaume  xliv  traite  ce  sujet 
sous  une  forme  analogue.  Dans  Osee, 
ii,  19,  20,  23,  le  Seigneur  dit  a  la  na- 
tion choisie  :  "  Je  te   prendrai   pour 
epouse  a  jamais.  "  \cLJcr.  ii,  2.  Is.  1,  i; 
liv,  I,  6,  Ix,  4,  5  etc.]  Le  Seigneur  est 
frequemment  presente  comme  epoux, 
et  I'Eglise  comme  epouse,  dans   le 
Nouveau  Testament.  MattJi.  ix,  15; 
XXV,  l-i3;/^«.,  iii,  29;  ^///.,  v,  23-25, 
31,  32  ;  II  Cor.,  xi,  2  ;  Apoc.  xix,  7,  8." 
(Lesetre,/6'^.«/.)Plusieurs  passages  de 
I'Ancien  Testament  {ci.Isa'ie,  liv  etc.), 
la  meme  ou  ils  offrent  cette  image  de 
I'union  de  Dieu  avec  son  peuple  elu, 
annoncent  les  temps  messianiques;  il 
est  done  tout  a  fait  juste  d'appliquer 
ces  passages  a  I'Eglise  du  Christ. 


De  cette  interpretation  plusieurs 
autres  sont  derivees  par  une  deduc- 
tion bien  naturelle.  L'union  de  Jesus- 
Christ  avec  son  Eglise  se  realise  d'une 
facon  concrete  et  particuliere  dans 
I'ame  de  chacun  des  fideles,  membres 
vivants  de  I'Eglise  dont  Jesus-Christ 
est  la  tete,  selon  la  belle  do6lrine  de 
saint  Paul.  Et  cette  union  trouvant 
son  plus  parfait  accomplissement 
dans  I'ame  tres  pure  de  la  Vierge 
Marie,  on  a  vu  avec  beaucoup  de 
raison  en  I'Epouse  du  Cantique  la 
figure  de  la  Mere  du  Sauveur.  Cette 
application,  deja  faite  par  saint  Am- 
broise,  developpee  surtout  par  Denis 
le  Chartreux,  saint  Bernard,  est  adop- 
tee dans  la  liturgie  de  I'Plglise. 

Concluons.  La  premiere  interpre- 
tation est  inadmissible;  les  deux  der- 
nieres  sont  orthodoxes.  La  troisieme, 
qui  s'en  tient  au  sens  allegorique,  re- 
vendique  a  juste  titre  en  sa  faveur  le 
temoignage  de  la  tradition.  II  im- 
porte  done  par-dessus  tout  de  ne 
point  s'attacher  a  la  lettre  du  texte, 
qui  donnerait  seulement  un  sens  pro- 
fane et  pourrait  meme  susciter  dans 
I'esprit  des  images  dangereuses.  II 
faut  ne  jamais  perdre  de  vue  ce  sens 
superieuret  divin  de  I'inefifable  amour 
de  Dieu  pour  les  hommes,  pour  son 
Eglise,  pour  chaque  ame  fidele. 
Alors,  la  le6lure  du  Cantique  eleve 
le  coeur  vers  Dieu,  lui  inspire,  a 
I'egard  de  ce  Dieu  si  aimant,  les  plus 
tendres  sentiments  de  reconnais- 
sance et  d'amour,  et  lui  fait  gouter 
ainsi  de  celestes  delices. 


m 


:n^UHi^.Mi^MM^^MiSS,MnMMHHm 


Jxt  Cmitipe  tiES  CxintiriUEe. 


iixmcxxrnxD 


WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWWm 


Chap.  I. 


CHAP.   I. 
CANTIQUE  des  Cantiques,  de  Salomon. 

U'il  me  baise  des  baisers  de  sa  bouche! 
Car  ton  amour  est  meilleur  que  le  vin; 
3  Tes  parfums  ont  une  odeur  suave, 
Ton  nom  est  une  huile  epandue; 
C'est  pourquoi  les  jeunes  fiUes  t'aiment. 

4  Entraine-moi  apres  toi ;  courons ! 
Le  roi  in'a  fait  entrer  dans  ses  appartements  secrets; 
Nous  tressaillirons,  nous  nous  r^jouirons  en  toi; 
Nous  celebrerons  ton  amour  plus  que  le  vin. 
Qu'on  a  raison  de  t'aimer! 

5  Je  suis  noire,  mais  je  suis  belle,  filles  de  Jerusalem, 
Comme  les  tentes  de  C^dar,  comme  les  pavilions  de  Salomon. 

6  Ne  prenez  pas  garde  ci  mon  teint  noir, 
C'est  le  soleil  qui  m'a  bridee  : 
Les  fils  de  ma  mere  se  sont  irrites  contre  moi; 
lis  m'ont  mise  a  garder  des  vignes; 
Ma  vigne,  a  moi,  je  ne  I'ai  pas  gardee. 

7  Dis-moi,  6  toi  que  mon  cceur  aime, 
Ou  tu  menes  paitre  tes  brebis, 
Oil  tu  les  fais  reposer  a  midi, 
Tour  que  je  n'erre  pas  comme  une  egaree 
Autour  des  troupeaux  de  tes  compagnons. 

8  —  Si  tu  ne  le  sais  pas,  6  la  plus  belle  des  femmes, 
Sors  sur  les  traces  de  ton  troupeau, 
Et  m^ne  paitre  tes  chevreaux  pres  des  huttes  des  bergers. 

9  A  ma  cavale  quand  elle  est  attelee  aux  chars  de  Pharaon 
Je  te  compare,  6  mon  amie. 

10  Tes  joues  sont  belles  au  milieu  des  colliers. 
Ton  cou  esi  bean  au  milieu  des  rangees  de  perles. 

1 1  Nous  te  ferons  des  colliers  d'or,  pointilles  d'argent. 

12  Tandis  que  le  roi  est  k  son  divan, 
Mon  nard  exhale  son  parfum. 


CHAP.  I. 

1.  Le  Cantique  des  cantiques^  c'est  une 
forme  hebraique  du  superlatif,et  cela  signific 
le  plus  excellent  des  caniiqites.  Cf.  le  Saint 
des  saints,  le  Roi  des  rois,  Vanite  des  vani- 
tes,  etc.  —  de  Salomon^  cf.  Yltilrod.  ^  III. 
—  Le  titre  n'etant  pas  compte  comme  ver- 
set  dans  la  Vulgate,  le  verset  i  de  la  \'ulg. 
correspond  au  verset  2  de  I'hebreu,  le  ver- 
set 2  au  verset  3,  et  ainsi  jusqu'£\  la  fin  du 
chapitre. 

Versets  2-7.  Paroles  de  VEpousc. 

2.  Exclamation  d'un  ctcur  plein  d'amour, 


tout  occupe  de  son  objet,  desirant  vivement 
la  presence  du  Bien-aime,  et  les  temoigna- 
ges  (le  son  affecflion.  —  Ton  amour.  La 
Vulg.  ubera  iua,  les  inai/ielles,  suppose  une 
poncfluation  differente  du  mot  hebreu  :  c'est 
le  duel  du  mot  dad,  inaincllej  la  pondlua- 
tion  massordtiqueoffrc  un  meilleur  sens  avec 
le  pluriel  du  mot  dod,  amour.  —  Meilleur 
que  le  vin  :  I'amour  enivre  comme  le  vin. 
Comparez  ces  paroles  de  saint  Paul  :  "  Ne 
vous  enivrez  pas  de  vin  ...,  mais  soyez  rem- 
plis  de  I'Esprit.  "  {Ep/i.  v,  18). 

3.  l//ie  Jtuilt  aromatique.  Les  mots  huile 
et  noin  font  en  hebreu  une  paronomase. 


t^^  ^^^^^^c>'»£^^^^^^'»^^^^^^^ 


s^ 


ruiIllir-rrrTT-TTTrr 


=1 


Caiiticum  Cmiticni'inn  JSiiliiiminui 


QUOD    HEBRAICE     DICITUR    SIR    HASIRIM. 


rTTiiiiiTiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiTTTiiiirT-r 


rfniiiiiaiiiiiii!iiii  rrm 


WWWWWWWWWWWWWWWMWW^W 


~^;^—       CAPUT    I.        — :i^ 

Hoc  canticum  totiim  est  mysticum,  plenis- 
simum  incomprehersibilis  atnoris  Christi 
erga  sponsam  siiam,  ac  vicissim  sponsa^ 
erga  Christum  sponsum. 

SCULETUR  me  osculo 
oris  sui  :  quia  meliora 
sunt  ubera  tua  vino, 
2.  fragrantia  unguentis 
optimis.  Oleum  effusum 
nomen  tuum  :  ideo  adolescentulas 
dilexerunt  te.  3.  Trahe  me  :  post  te 
curremus  in  odorem  unguentorum 
tuorum.  Introduxit  me  rex  in  cel- 
laria  sua  :  exsultabimus  et  lastabi- 
mur  in  te,memores  uberum  tuorum 
super  vinum  :  recti  diligunt  te. 

4.  Nigra  sum,  sed  Formosa,  filias 
Jerusalem,  sicut  tabernacula  Cedar, 
sicut  pelles  Salomonis.  5.  Nolite  me 


considerare  quod  fusca  sim,  quia 
decoloravit  me  sol :  filii  matris  meae 
pugnaverunt  contra  me,  posuerunt 
me  custodem  in  vineis  :  vineam 
meam  non  custodivi.  6.  Indica  mihi, 
quem  diligit  anima  mea,  ubi  pascas, 
ubi  cubes  in  meridie,  ne  vagari  inci- 
piam  post  greges  sodalium  tuorum. 
7.  Si  ignoras  te  o  pulcherrima  inter 
muliere?,  egredere,  et  abi  post  vesti- 
gia gregum,  et  pasce  hoedos  tuos 
juxta  tabernacula  pastorum. 

S.Equitatui  meo  in  curribus  Pha- 
raonis  assimilavi  te  amica  mea. 
9.  Pulchras  sunt  genas  tuae  sicut 
turturis  :  collum  tuum  sicut  moni- 
lia.  10.  Murenulas  aureas  faciemus 
tibi,  vermiculatas  argento. 

II.  Dum  esset  rex  in  accubitu 
suo,nardus  mea  dedit  odorem  suum. 
12.  Fasciculus  myrrhas  dilectus 
meus  mihi,  inter  ubera  mea  commo- 


4.  Ent7-mnez-inoi,  peut-on  dire  a.  Jesus, 
vous  qui  avez  dit  :  ''  J'entrainerai  tout 
apres  moi !  "  (S.  Jean  xii,  32).  —  Les  mots 
de  la  Vulgate  (vers.  3)  /;/  odorem  utiguen- 
torian  tuontni  ne  sent  pas  dans  le  texte 
hebreu.  —  Nous  cclebrcrons  ton  amour.  Ici 
comme  au  vers.  2  (Vulg.  vers,  i)  la  Vul- 
gate a  lu  le  mot  qui  signifie  mnmelles.  — 
Vulgate  Reili  diligunt  te,  les  jusies  t'ai- 
ment ;  I'hebreu  signifie  plutot  :  //  est  juste 
de  f  aimer. 

5.  Noire,  au  teint  bruni  par  le  soleil.  — 
Comme  les  tentes  de  Cedar,  les  tentes  des 
nomades  du  desert,  formees  de  peaux  de 
chevres,  etaient  noires,  comme  cellos  des 
Bedouins  nomades  d'aujourd'hui. 

6.  C'est  la  coutume  en  Palestine  de  gar- 
der  les  vignes  au'temps  de  la  recolte.  Ici, 
le  mot  vigne  la  seconde  fois  semble  pris  au 
sens  metaphorique,  comme  I'indiquent  les 
premiers  mots  du  verset.  L'Epouse,  obligee 
de  garder  d'autres  vignes,  a  du  negliger  la 
sienne,  c'est-k-dire  qu'elle  a  eu  ainsi  le  teint 


hale  par  le  soleil  et  a  dii  perdre  quelque 
chose  de  ses  charmes. 

Plusieurs  des  anciens,  et  meme  des  Peres, 
ont  pense  tres  heureusement  que  le  teint  de 
I'Eglise  s'e'tait  hale  a  s'occuper  des  affaires 
temporelles  auxquelles  les  hommes  Font 
appliquee.  Sa  vigne  a  elle,  les  interets  spi- 
rituels,  en  ont  souffert. 

8.  C'est  la  reponse  des  filles  de  Jerusalem. 

I,  9  —  II,  7.  Dialogue  entre  P Epoux 
et  VEpouse. 

9.  Comparaison  tout  orientale  pour  mar- 
quer  une  allure  a  la  fois  noble  et  gracieuse. 

10.  Vulg.  Tes  joues  ont  la  beanie  de  la 
tourterelle.  L'hebreu  donne  un  sens  plus 
satisfaisant,  en  meilleure  harmonie  avec 
ceUii  du  membre  parallele. 

11.  Sponsus  amantissimus  in  sponsa  nihil 
inornatum  relinquit.  (Bossuet.) 

12.  Comparez  Marie-Madeleine  versant 
des  parfums  sur  les  pieds  de  Jesus  (S.  Jean, 

xii,  3)- 


422     LK  CANTIQUE  DES  CANTIQUES.     Chap.  I,  13—17;  II,  i  — 14. 

i. 

13  Mon  bien-aime  est  pour  moi  un  sachet  de  myrrhe, 
Qui  repose  entre  mes  seins. 

14  Mon  bien-aime  est  pour  moi  une  grappa  de  cypre 
Des  vignes  d'Engaddi. 

15  —  Oui,  tu  es  belle,  mon  amie;  oui,  tu  es  belle! 
Tes  yeux  sont  des  j'eux  de  colombe. 

16  —  Oui,  tu  es  beau,  mon  bien-aime;  oui,  tu  es  charmant! 
Notre  lit  est  un  lit  de  verdure. 

\']  —  Les  poutres  de  nos  maisons  sont  des  ccdres, 
Nos  lambris  sont  des  cypres. 

CHAP.    II. 


Chap.  II. 


grw^E  suis  le  narcisse  de  Saron, 

umI!        Le  lis  des  vallees. 

Wm^\    2  —  Comme  un  lis  au  milieu  des  epines, 


Telle  est  ma  bien-aimee  parmi  les  jeunes  filles. 

3  —  Comme  un  pommier  au  milieu  des  arbres  de  la  foret, 
Tel  est  mon  bien-aime  parmi  les  jeunes  hommes. 

J'ai  ddsire  m'asseoir  a  son  ombre, 
Et  son  fruit  est  doux  a  mon  palais. 

4  II  m'a  fait  entrer  dans  son  cellier, 

Et  la  banniere  qu'il  leve  sur  moi,  c'est  I'amour. 

5  Soutenez-moi  avec  un  peu  de  raisin, 
Fortifiez-moi  avec  des  pommes, 
Car  je  languis  d'amour. 

6  Que  sa  main  gauche  soutienne  ma  tete, 
Et  que  sa  droite  me  tienne  embrassee. 

7  —  Je  vous  en  conjure,  filles  de  Jerusalem, 
Par  les  gazelles  et  les  biches  des  champs, 

Ne  reveillez  pas,  ne  reveillez  pas  la  bien-aimee 
Avant  qu'elle  le  veuille. 

8  —  C'est  la  voix  de  mon  bien-aime! 
Le  voici  qui  vient, 
Bondissant  sur  les  montagnes, 
Franchissant  les  collines. 

9  Mon  bien-aime  est  semblable  a  la  gazelle 
Ou  au  faon  des  biches. 

Le  voici,  il  est  derricre  notre  mur, 
II  regarde  par  la  fenctre, 
11  regarde  par  le  treillis. 

10  Mon  bien-aime  prend  la  parole,  il  me  dit  : 
"  Lcve-toi,  mon  amie,  ma  belle,  et  viens! 

1 1  Car  voici  que  I'hiver  est  fini; 
La  pluie  a  cesse,  elle  a  disparu. 

12  Les  fleurs  paraissent  sur  la  terre, 
Le  temps  des  chants  est  arrive; 

La  voix  de  la  tourterelle  se  fait  entendre  dans  nos  campagnes; 

13  Le  figuier  developpe  ses  fruits  naissants, 
La  vigne  en  fleur  exhale  son  parfum. 
Leve-toi,  mon  amie,  ma  belle,  et  viens! 

14  Ma  colombe,  qui  te  tiens  dans  les  fentes  des  rochers, 
Qui  te  caches  dans  les  parois  escarp^es, 
Montre-moi  ton  visage, 


13.  Un  sachet  de  myrrhe.  "  On  ne  peut 
pas  traduire  naturellement  un  bouquet  de 
myrrhe.  La  myrrhe  ne  se  met  point  en  bou- 
quet; c'est  une  espece  de  gomme,  que  dis- 
tille  un  arbre  epineux  qui  croit  en  Arable. " 
(Dom  Calmet.) 


14.  Une  grappe  de  cypre.  "  Le  Kofer  cor- 
respond <^  la  Laiisonia  alba  des  botanistes, 
au  Jienne  des  Arabes.  Ses  fleurs  jaunatres, 
reunies  en  grappes  {botriis),  ont  une  odeur 
qui  rappelle  celle  du  reseda;  de  ses  feuilles 
dess^chees  on  fabrique  une  poudre  qui  joue 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  I,  13—16;  II,  i— 14. 


423 


rabitur.  13.  Botrus  cypri  dilectus 
meus  mihi,  in  vineis  Engaddi. 
14.  Ecce  tu  pulchra  es  arnica  mea, 
ecce  tu  pulchra  es,  oculi  tui  colum- 
barum.  15.  Ecce  tu  pulcher  es  di- 
Jecte  mi,  et  decorus.  Lectulus  noster 
floridus :  1 6.  tigna  domorum  nostra- 
rum  cedrina,  laquearia  nostra  cy- 
pressina. 

— :i:—        CAPUT   II.        — ^i^— 

GO  flos  campi,  et  lilium 
convallium.  2.  Sicut  lilium 
inter  spinas,  sic  amica  mea 
3j  inter  filias.  3.  Sicut  malus 
inter  ligna  silvarum,  sic  dilectus 
meus  inter  filios.  Sub  umbra  illius, 
quern  desideraveram,  sedi  :  et  fru- 
ctus  ejus  dulcis  gutturi  meo.  4.  In- 
troduxit  me  in  cellam  vinariam, 
ordinavit  in  me  caritatem.  5.  Ful- 
cite  me  floribus,  stipate  me  malis  : 
quia  amore  langueo.  6.  Laeva  ejus 
sub   capite   meo,  et   dextera  illius 


amplexabitur  me.  7.  Adjuro  vos 
filias  Jerusalem  per  capreas  cervos- 
que  camporum,  ne  suscitetis,  neque 
evigilare  faciatis  dilectam,  quoad- 
usque  ipsa  velit. 

8.  Vox  dilecti  mei,  ecce  iste  venit 
saliens  in  montibus,  transiliens  col- 
les  :  9.  similis  est  dilectus  meus  ca- 
preae,  hinnuloque  cervorum  :  en  ipse 
Stat  post  parietem  nostrum  respi- 
ciens  per  fenestras,  prospiciens  per 
cancellos.  10.  En  dilectus  meus  lo- 
quitur mihi  :  Surge,  propera  amica 
mea,  columba  mea,  Formosa  mea,  et 
veni.  II.  Jam  enim  hiems  transiit, 
imber  abiit,  et  recessit.  12.  Flores 
apparuerunt  in  terra  nostra,  tempus 
putationis  advenit  :  vox  turturis 
audita  est  in  terra  nostra  :  13.  ficus 
protulit  grossos  suos  :  vineas  floren- 
tes  dederunt  odorem  suum.  Surge, 
amica  mea,  speciosa  mea,  et  veni  : 
14.  columba  mea  in  foraminibus 
petras,  in  caverna  macerias,  ostende 
mihi  faciem  tuam,  sonet  vox  tua  in 
auribus  meis  :  vox  enim  tua  dulcis, 


un  grand  role  dans  la  toilette  des  femmes 
de  i'Orient.  "  (Fillion.) 

15.  Des  yeux  de  colombe,  pleins  de  dou- 
ceur et  d'innocence. 

16.  Cf.  Ps.  .\liv\  S.  Augustin  dans  son 
sermon  sur  ce  Psaume  cclebre  la  beaute  de 
rEpoux  qui  est  le  Christ. 

CHAP.  II. 

1.  Le  iiaj'dsse  de  Saron.  NxAg.flos  campi. 
11  s'agit  de  la  plaine  fertile  de  Saron  sur  les 
cotes  de  la  Mediterranee  entre  Jaffa  et 
Cesaree. 

2,  3.  Les  comparaisons  poetiques  et  gra- 
cieuses  continuant ;  mais,  comme  il  arrive 
dans  la  poesie  orientale,  une  mdtaphore  est 
immediatement  suivie  d'une  autre  mdta- 
phore  toute  diffe'rente. 

4.  //  ni\i  fait  cni7-er  dans  son  cellier,  il 
m'a  fait  gouter  ce  qu'il  y  avait  de  plus  ex- 
quis.  —-  Et  la  baiuiicre  qu'il  I  eve  sur  7/ioi, 
c'est  Vavtoiir;  image  admirable,  marquant 
bien  ce  qui  dirige  toutes  les  demarches  de 
I'Epoux.  La  ^'ulg. ,  //  a  ordojvie  en  iiioi 
Painoitr,  a  pris  le  premier  mot  dans  le  mcme 
sens  que  les  LXX. 

5.  Le  sens  est  :  Je  tombe  en  defaillance, 
faites-moi  respirer  I'odeur  forte  des  fruits, 
pour  me  ranimer. 

6.  Au  lieu   du  present  :  sa  main  gauclie 


soiitient  ma  tete,  il  parait  plus  conforme  au 
contexte  de  traduire  par  I'optatif. 

7.  Ne  reveillez pas  la  bien-aimee;  au  lieu 
de  bie?i-aimcc,  le  mot  hebreu  signifie  pro- 
prement  amoitrj&t  plusieurs  traduisent  :ne 
reveilles  pas  l' amour.  Mais  au  ch.  vii,  ver- 
set  7  le  meme  terme  s'applique  a  I'Epouse, 
appelee  "  Mon  amour  ". 

11,  8  —  III,  4.  Monologue  de  VEpouse 

{en  songe,peut-etre). 

8,  9.  Images  gracieuses  pour  peindre  la 
force  de  I'amour.  Celui  qui  aime  se  precipite 
vers  I'objet  aime,  en  franchissant  rapide- 
ment  tous  les  obstacles. 

10.  Les  mots  de  la  VviSg.  propera  ...,  co- 
htmba  mea,  ne  se  trouvent  pas  dans  le  texte 
hebreu.  Les  LXX  ont  aussi  ce  dernier  voca- 
tif  ' '  ma  colombe  ". 

II  et  suiv.  L'Epouse  rapporte  les  suaves 
paroles  de  son  Bien-aime  I'invitant  a  gouter 
les  charmes  du  printemps. 

1 2.  Vulg.  Tenipus  putationis  advenit,  le 
temps  de  tailler  (la  vigne)  est  venu.  Comme 
on  pent  fort  bien  rapporter  le  substantif 
zamir  a  la  racime  zamar  tailler,  cette  tra- 
dudflion  de  saint  Jerome  est  tout  a  fait  ad- 
missible. Quelques  anciens  interpretes  et  les 
modernes  en  general  preferent  traduire  par 
chants  {zamh-  de  zamar,  chanter). 


424     LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES.     Chap.  II,  15—17;  HI,  i— 11. 

Fais-moi  entendre  ta  voix; 

Car  ta  voix  est  douce,  et  ton  visage  chaimant. 

15  Prenez-nous  les  renards, 

Les  petits  renards  qui  ravagent  les  vignes, 
Car  nos  vignes  sont  en  fleur.  " 

16  Mon  bien-ainie  est  h.  moi,  et  je  suis  a  lui; 
II  fait  paitre  son  troupeau  parmi  les  lis, 

17  Avant  que  vienne  la  fraicheur  du  jour, 
Et  que  les  ombres  fuient. 

Reviens!  ...  sois  semblable,  mon  bien-aime, 
A  la  gazelle  ou  au  faon  des  biches, 
Sur  les  montagnes  ravinees. 


Chap.  1 1 1. 


CHAP.   III. 

UR  ma  couche,  pendant  la  nuit, 
J'ai  cherche  celui  que  mon  cceur  aime; 
li  Je  I'ai  cherche,  et  je  ne  I'ai  point  trouve  ... 
Levons-nous,  me  suis-je  dit,  faisons  le  tour  de  la  ville, 
Parcourons  les  rues  et  les  places, 
Cherchons  celui  que  mon  cc£ur  aime.  " 
Je  I'ai  cherche,  et  je  ne  I'ai  point  trouve. 

3  Les  gardes  qui  font  la  ronde  dans  la  ville  m'ont  rencontree 
"  Avez-vous  vu  celui  que  mon  coeur  aime? " 

4  A  peine  les  avais-je  depassds, 

Que  j'ai  trouve  celui  que  mon  coeur  aime. 

Je  I'ai  saisi  et  je  ne  le  laisserai  pas  aller 

Jusqu'a  ce  que  je  I'aie  amene  dans  la  maison  de  ma  m6re, 

Dans  la  chambre  de  celle  qui  m'a  donne  le  jour. 

5  —  Je  vous  en  conjure,  filles  de  Jerusalem, 
Par  les  gazelles  et  les  biches  des  champs, 

Ne  reveillez  pas,  ne  reveillez  pas  la  bien-aim^e, 
Avant  qu'elle  le  veuille. 

6  Quelle  est  celle-ci  qui  monte  du  desert, 
Comme  une  colonne  de  funiee, 
Exhalant  la  myrrhe  et  Tencens, 

Tous  les  aromates  du  parfumeur? 

7  Voici  le  palanquin  de  Salomon; 
Soixante  braves  I'entourent, 
D'entre  les  vaillants  d' Israel 

8  Tous  sont  armes  de  I'epee,  cxerccs  au  combat; 
Chacun  porte  I't'pee  sur  sa  hanche. 

Pour  ecarter  les  alarmes  de  la  nuit. 

9  Le  roi  Salomon  s'est  fait  une  liticre 
De  bois  du  Liban. 

10  11  en  a  fait  les  colonnes  d'argent, 

Le  dossier  d'or,  le  siege  de  pourpre; 

Au  milieu  est  une  broderie, 

fEuvre  d'amour  des  filles  de  Jerusalem. 
Ti   Sortez,  filles  de  Sion,  et  voyez  le  roi  Salomon, 

Avec  la  couronne  dont  sa  mere  I'a  couronne 

Le  jour  de  ses  epousailles, 

Le  jour  de  la  joie  de  son  coeur. 


15.  Prenez-iioits  les  renards,  etc.  "  Ce 
verset  15  a  de  tout  temps  embarrasse  les 
commentateurs,  qui  ne  savent  au  juste  s'il 
contient  les  paroles  du  Salomon  spirituel  ou 
de  la  Sulamite".  (Pillion.)  "  C'est  le  dernier 
vers  de  la  chanson  cjue  Tepoux  a  chantee  h 
la  fenctre  de  I'epouse.  Aprcs  quoi  il  entre, 


et  I'epouse  lui  dit  qu'elle  est  toute  h.  lui,  etc. 
L'epoux  en  rentrant,  donne  ordre  hses  gens 
de  veiller  a  la  garde  de  sa  vigne.  '  (Dom 
Cahnet.)  Ce  sont  peut-etre  quelques  paroles 
d'une  chanson  connue,  amenees  ici  sur  les 
It'vres  de  I'Epouse  par  ces  mots  du  vers.  13 
"  La  vigne  en  /leu  r  exhale  son  far/inn.  " 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  II,  15-17;  III,  i  — 11.        425 


et  facies  tua  decora.  15.  Capite  no- 
bis vulpes  parvulas,  qu^  demoliun- 
tur  vineas  :  nam  vinea  nostra  flo- 
ruit. 16.  Dilectus  meus  mihi,  et  ego 
illi,qui  pascitur  inter  lilia  17.  donee 
aspiret  dies,  et  inclinentur  umbra;, 
Revertere  :  similis  esto,  dilecte  mi, 
capreas,  hinnuloquecervorum  super 
montes  Bether. 

— :i:—       CAPUT  III.       — *— 

||N  lectulo  meo  per  noctes 
quassivi  quem  diligit  ani- 
ma  mea  :  quassivi  ilium, 
et  non  inveni.  2.  Surgam, 
et  circuibo  civitatem  :  per  vicos  et 
plateas  qu^eram  quem  diligit  anima 
mea  :  quassivi  ilium,  et  non  inveni. 
3.  Invenerunt  me  vigiles,  qui  custo- 
diunt  civitatem  :  Num  quem  diligit 
anima  mea,  vidistis?  4.  Paululum 
cum  pertransissemeos,  inveni  quem 
diligit  anima  mea  :  tenui  eum  :  nee 
dimittam  donee  introducam  ilium 


in  domum  matris  meae,  et  in  cubi- 
culum  genitricis  meae.  5.  Adjure 
vos  filiae  Jerusalem  per  capreas  cer- 
vosque  camporum,  ne  suscitetis, 
neque  evigilare  faciatisdilectam  do- 
nee ipsa  velit. 

6.  Quas  est  ista,  quas  ascendit  per 
desertum  sicut  virgula  fumi  ex  aro- 
matibus  myrrhas,  et  thuris,  et  uni- 
versi  pulveris  pigmentarii?  J.  En 
lectulum  Salomonis  sexaginta  fortes 
ambiunt  ex  fortissimis  Israel :  8.0m- 
nes  tenentes  gladios,  et  ad  bella 
doctissimi  :  uniuscujusque  ensis  su- 
per femur  suum  propter  ti mores 
nocturnos.  9.  Ferculum  fecit  sibi 
rex  Salomon  de  lignis  Libani  : 
10.  columnas  ejus  fecit  argenteas, 
reclinatorium  aureum,  ascensum 
purpureum  :  media  caritate  constra- 
vit  propter  Alias  Jerusalem :  1 1  .egre- 
dimini  et  videte  filias  Sion  regem 
Salomonem  in  diademate,quo  coro- 
navit  ilium  mater  sua  in  die  despon- 
sationis  illius,  et  in  die  lastitia:^  cor- 
dis ejus. 


16.  Vulg.  Oiii pascitur;  d'apres  I'hebreu, 
mieux  vaut  I'aflif,  qui  fait pailrc. 

ij.Avant  que  vienne  la frauheiir ciujour. 
Plusieurs  commentateurs  pensent  qu'il  s'agit 
de  la  brise  du  soir.  Reuss  traduit  :  "  Quand 
viendra  a  souffler  la  brise  die  soir,  quand  les 
ombres  s\dlongcnt,...  reviens''Wv\^.  Donee 
aspiret  dies  et  inclinentur  umbra;.  Mais  ce 
dernier  mot  en  hebreu  a  un  sens  different  : 
jusqu'a  ce  que  les  omijres  fuicnt,  se  dissi- 
^^«/.  Bossuet  I'a  fort  biencompris  :  "jusqu'a 
ce  que  le  jour  paraisse,  a  I'aube  duquel  une 
brise  le'gere  s'eleve  et  les  ombres  se  dissi- 
pent. "  II  faut  alors  joindre  cela  a  ce  qui 
precede,  et  non  au  mot  suivant,  Reviens. 

CHAP.  III. 

I.  C'est  le  monologue  de  I'Epouse  qui 
continue.  Elle  racontela  recherche  anxieuse 
de  son  Bien-aime.  Comparez  I'anxiete  des 
saintes  Femmes,  spe'cialement  de  Marie- 
Madeleine,  h,  la  recherche  de  Jesus.  (S.  Jean, 
XX,  I  suiv.) 

■^.  "  Avez-vous  vit  Celtii  que  moii  ca'tir 
aiine?"  Comme  si  tout  le  monde  ^tait  au 
courant  de  ce  qui  occupe  son  cceur.  Compa- 
rez la  parole  de  Marie-Madeleine  a  Jesus  lui 
apparaissant  sous  I'exterieur  d'un  jardinier  : 
"  Si  c'est  toi  qui  L'as  enleve,  dis-moi  ou  tu 
Z'as  mis  et  jc  le  prendrai."  (S.  Jean,  xx,  1 5.) 


5.  Repetition  du  verset  7  du  ch.  ii.  C'est 
I'Epouse  qui  parle,  ou  peut-etre  la  Coryphee 
repetant  a  ses  compagnes,  les  fiUes  de  Jeru- 
salem, la  recommandation  de  I'Epoux. 

Ill,  6-1 1.  Entree  solennelle  de  PE-pouse 
ix  Jerusalem. 

Ce  passage  est  chante  probablement  par 
le  choeur  des  filles  de  Jerusalem. 

6.  (liii  monte  du  desert;  desert  ne  doit 
pas  s'entendre  d'un  vaste  territoire  au  sol 
sterile  et  sans  habitants ;  mais  en  Palestine 
ce  mot  signitie  la  campagne  inhabite'e. 

7.  Le  palanquin  de  Salomo7i;  Vulg.  leHti- 
lum  Salomonis,  =a  litiere,  plutot  que  "  son 
lit  nuptial",  comme  traduit  Dom  Calmet. 

10.  Ai(  milieu  est  une  broderie,  oetivre 
d'amour,  etc.  Vulg.  media  (plur.  neutre,  le 
milieu)  caritate  conslravit,  traduit  par  les 
commentateurs  est  pave  d' amour,  n'est  pas 
Ires  clair.  Plusieurs,  apres  Theodotion, 
omettent  le  mot  amour.  Les  modernes  I'ex- 
pliquent  comme  une  locution  adverbiale,  ce 
qui  conduit  au  sens  adopte  dans  notre  tra- 
ducftion. 

11.  C'etait  la  coutume,  daus  I'antiquit^, 
d'orner  les  e'poux  d'une  couronne,  au  jour 
de  leurs  noces.  —  Les  paroles  de  ce  verset 
sont  appliquees  a  Notre-Seigneur  par  la 
liturgie  de  FEglise,  pour  la  fete  de  la  sainte 


426 


LE  C ANTIQUE  DES  C ANTIQUES.     Chap.  IV,  i  — 13. 


CHAP.  IV 


Chap.  IV. 


UI,  tu  es  belle,  mon  amie;  oui,  tu  es  belle! 
v'fS^A  ^^^  y^^^  ^°"^  desyeux  de  colombes  derriere  ton  voile; 
l^^yj  Tes  cheveux  sont  comme  un  troupeau  de  chevres, 
Suspendues  aux  flancs  de  la  montagne  de  Galaad. 

2  Tes  dents  sont  comme  un  troupeau  de  brebis  tonducs, 
Qui  remontent  du  lavoir; 

Chacune  porte  deux  junieaux, 
Aucune  d'elles  n'est  sterile. 

3  Tes  levres  sont  comme  un  fil  de  pourpre, 
Et  ta  bouche  est  charmante; 

Ta  joue  est  comme  une  moitie  de  grenade 
Derriere  ton  voile. 

4  Ton  cou  est  comme  la  tour  de  David, 
Batie  pour  servir  d'arsenal; 

Mille  boucliers  y  sont  suspendus, 
Tous  les  boucliers  des  braves. 

5  Tes  deux  seins  sont  comme  deux  jumeaux  de  gazelle. 
Qui  paissent  au  milieu  des  lis. 

6  Avant  que  vienne  la  fraicheur  du  jour, 
Et  que  les  ombres  fuient, 

J'irai  a  la  montagne  de  la  myrrhe 
Et  k  la  colline  de  I'encens. 

7  Tu  es  toute  belle,  mon  amie, 
Et  il  n'y  a  pas  de  tache  en  toi. 

8  Viens  avec  moi  du  Liban,  ma  fiancee, 
Viens  avec  moi  du  Liban! 
Regarde  du  sommet  de  I'Amana, 

Du  sommet  dli  Sanir  et  de  I'Hermon, 

Des  tanicres  des  lions, 

Des  montagnes  qu'habitent  les  leopards. 

9  Tu  m'as  ravi  le  coeur,  ma  sceur  fiancee, 

Tu  m'as  ravi  le  coeur  par  un  scul  de  tes  regards, 
Par  une  des  boucles  qui  pendent  sur  ton  cou. 

10  Que  ton  amour  a  de  charme,  ma  soeur  fiancee, 
Que  ton  amour  est  deletflable! 

11  vaut  mieux  que  le  vin; 

L'odeur  de  tes  parfums  vaut  mieux  que  tous  les  aromales. 

1 1  Tes  levres  distillent  le  miel,  ma  fiancee, 

Le  miel  et  le  lait  se  cachent  sous  ta  langue, 

Et  l'odeur  de  les  vetements  est  comme  l'odeur  du  Liban. 

12  C'est  un  jardin  ferm^  que  ma  soeur  fiancee, 
Une  source  fermee,  une  fontaine  scelloe, 

13  Un  bosquet  ou  croissent  les  grenadiers, 
Avec  les  fruits  les  plus  exquis, 

Le  cypre  avec  le  nard, 


Couronne  d'epines,  au  Capitule  des  Vepres 
et  de  Laudes,  dans  I'hymne  des  Vepres;  et 
la  iv^  Legon  est  un  passage  d'un  sermon  de 
saint  Bernard  sur  ce  texte. 

CHAP.  IV, 

IV,  I  —  V,  I.  Dialogue  cnire  PEpoux  et 
VEpouse    qui    expriinent    leiir    niutiiel 
anioiir. 
I.    Derrih'e  ton  voile,  Vulg.    absque  eo 

quod  intrinsecus  latet,  sa/is  ce  qui  est  cache 

au  dedans.  L'h^breu  donne  un  meilleur  sens; 

la  meme  expression  revient,  avec  le  mcme 


sens,  au  verset  3  et  vi,  7. 


Tes  cheveux 


etc.  Plus  loin,  vii,  6,  la  tete  est  comparee  k 
une  montagne;  ici  la  chevelure  est  repre- 
sentee sous  I'image  d'un  troupeau  de  che- 
vres, noir  et  brillant,  decrivant  des  ondula- 
tions  gracieuses  dans  les  plis  de  la  monta- 
gne. —  Les  monts  de  dalaad  etaient  fertiles 
en  riches  patu rages. 

2.  Comparaison  pittoresque,  de  style  bien 
oriental,  pour  peindre  la  blancheur  et  la 
parfaite  regularite  des  dents.  II  n'est  pas 
necessaire,commele  fait  remarquerBossuet, 
que  tous  ces  details  trouvent  une  applica- 
tion mystique,  il  sufifit  qu'un  sens  plus  eleve 
convienne  h.  tout  I'ensemble. 


CANTICUIM  CANTICORUM.     Cap.  IV,  i— i. 


427 


— :i:—        CAPUT   IV.        — :i:— 

UAM  pulchra  es  arnica 
mea,  quam  pulchra  es! 
Oculi  tui  columbarum, 
absque  eo,  quod  intrinse- 
cus  latet.  Capilli  tui  sicut  greges 
caprarum,qua2  ascenderunt  de  monte 
Galaad.  2.  Dentes  tui  sicut  greges 
tonsarum,  qua2  ascenderunt  de  la- 
vacro,  omnes  gemellis  foetibus,  et 
sterilis  non  est  inter  eas.  3.  Sicut 
vitta  cocci  nea,  labia  tua:eteloquium 
tuum,  dulce.  Sicut  fragmen  mali 
punici,  ita  gena;  tuae,  absque  eo, 
quod  intrinsecus  latet.  4.  Sicut  tur- 
ns David  coUum  tuum,  quae  asdifi- 
cata  est  cum  propugnaculis  :  mille 
clypei  pendent  ex  ea,  omnis  arma- 
tura  fortium.  5.  Duo  ubera  tua,  sic- 
ut duo  hinnuli  capreae  gemelli,  qui 
pascuntur  in  liliis,  6.  donee  aspiret 


dies,  et  inclinentur  umbr«,  vadam 
ad  montem  myrrhae,  et  ad  collem 
thuris,  7,  Tota  pulchra  es  amica 
mea,  et  macula  non  est  in  te.  8.  Veni 
de  Libano  sponsa  mea,  veni  de  Li- 
bano,  veni  :  coronaberis  de  capite 
Amana,  de  vertice  Sanir  et  Herrnon, 
de  cubilibus  leonum,  de  montibus 
pardorum.  9.  Vulnerasti  cor  meum 
soror  mea  sponsa,  vulnerasti  cor 
meum  in  uno  oculorum  tuorum,  et 
in  uno  crine  colli  tui.  10.  Ouam 
pulchras  sunt  mammas  tuas  soror 
mea  sponsa!  pulchriora  sunt  ubera 
tua  vino,  et  odor  unguentorum  tuo- 
rum super  omnia  aromata.  11.  Fa- 
vus  distillans  labia  tua  sponsa,  mel 
et  lac  sub  lingua  tua  :  et  odor  vesti- 
mentorum  tuorum  sicut  odor  thu- 
ris. 1 2.  Hortus  conclusus  soror  mea 
sponsa,  hortus  conclusus,  fons  si- 
gnatus.  13.  Emissiones  tuae  paradi- 
sus  malorum  punicorum  cum  po- 
morum  fructibus.  Cypri  cum  nardo, 


3.  Nouvelles  images  pour  signifier  I'in- 
carnat  des  levres  et  des  joues.  —  Derriere 
ton  voile ^  cf.  verset  i. 

4.  Mille  boiecliers,  c.-a-d.  des  colliers 
charges  d'ornements  precieux. 

5.  Tes  deiix  seifis^  etc.  "An  propter  tene- 
ritudinem?  an  etiam  quod,  geminorum  ani- 
malculorum  more,  spirare  sub  veste,  ac  velut 
micare  viderentur?  an  potius  quod  a  ta(flu 
abhorreant,  feri,  atque  uni  sponso  tracftabi- 
les?  quo  sponsae  formosissimae  severa  et 
inaccessa  castitas  commendatur."(Bossuet.) 

6.  Avant  que  vieniie  la  f?  aicJieur  du  jour, 
voir  la  note  de  ii,  17. 

7.  Vulg.  Tola  ptilchra  es,  etc.  texte  bien 
connu  dans  la  liturgie  chretienne  qui  I'appli- 
que  a  la  Sainle  Vierge,  specialement  pour 
la  fete  de  I'Immaculee  Conception. 

8.  Regarde,  Vulg.  in  seras  cotironnee.  Le 
sens  du  verbe  hebreu  ici  n'est  pas  bien  sur, 
ou  plutot  la  ledlure  meme  de  ce  mot  dans 
le  texte  est  douteuse;  mais  la  traduction 
regarde  est  plus  probable  que  celle  de  la 
Vulg.  et  des  LXX.  Cette  derniere  version 
porte  :  tit parcoicrras.  —  L^ Amana  (ne  pas 
confondre  avec  le  mont  Ainaiitis!)  est  la 
partie  de  I'Anti-Liban  qui  regarde  Damas. 
—  Sanir  est  le  nom  amorrheen  de  VHernion, 
appele  aussi  Si/ion.  "Les  lions  ont  disparu 
depuis  longtemps  de  ces  sommets;  les  leo- 
pards y  habitent  encore."  (Fillion.) 

9.  Ala   sceitr  fiancee.   Cf.   verset    lo,    12; 


V,  I,  2;  viii,  8  (?)  S.Jerome  pense  que  cette 
appellation  exige  un  sens  mystique  en  ex- 
cluant  tout  soupgon  d'amour  charnel.  {Con- 
tra J  ov.  i,  30.) 

10.  Ton  amour  ...  vaut  mieiix  que  le  vin. 
La  Vulg.  a  encore  ici  'ubera  tua,  au  lieu  de 
ton  amour;  cf.  i,  2. 

11.  Tes  levres  distilleiit  le  miel.  "  C'est 
ainsi  que  les  anciensont  dit  que  I'eloquence 
de  The'ophraste  etait  plus  douce  que  le  lait, 
et  que  les  discours  de  Nestor  etaient  sem- 
blables  au  miel...  Les  levres  de  I'Epouse 
marquent  les  Dofteurs,  les  predicateurs  de 
TEglise."  (Dom  Calmet.)  —  Et  Vodeur  de 
tes  vetements...  Les  Orientauxfont  un  grand 
usage  de  parfums;  ils  en  couvrent  leur  corps 
et  leurs  vetements,  cf  Gen.  xxvii,  22;  Ps. 
xlv,  9,  etc. 

12.  Oest  un  jardi7t  fermc,  etc.  La  chas- 
tete  parfaite  de  I'Epouse,  sa  preservation 
de  tout  ce  qui  pourrait  y  porter  atteinte, 
comme  aussi  ses  vertus  dont  les  parfums  se 
repandent  autour  d'elle,  purs  et  delicieux, 
tout  cela  est  poetiquement  exprime  dans 
une  nouvelle  serie  de  comparaisons.  —  Une 
source  fcrmce,  au  lieu  de  ces  mots  la  Vulg. 
repete  une  seconde  fois  un  jardin  ferine.  — 
Une  fontaine  scellee,  recouverte  d'une  pierre 
sur  laquelle  on  appose  un  sceau  de  par  I'au- 
torite  du  roi,  en  sorte  que  I'usage  de  la  fon- 
taine est  reserve. 

13.  Le  cypre^  voyez  i,  14. 


428     LE  CANTIQUE  DRS  CANTIQUES.     Chap.  IV,  14—16;  V,  i—q. 

14  Le  nard  et  le  safran, 

La  cannelle  et  le  cinnamome, 

Avec  tons  les  arbres  qui  donnent  I'encens, 

La  myrrhe  et  I'aloes 

Et  toutes  les  plantes  embaumees; 

15  Une  fontaine  dans  iin  jardin, 
Une  source  d'eaux  vives, 

Un  ruisseau  qui  coule  du  Liban. 

16  Levez-vous,  aquilons;  venez,  autans! 

Soufflez  sur  mon  jardin,  et  que  ses  parfums  s'exhalent! 
—  Que  mon  bien-aime  entre  dans  son  jardin, 
Et  qu'il  mange  de  ses  beaux  fruits! 


Chap.  V. 


CHAP.  V. 

jE  suis  entre  dans  mon  jardin,  ma  soeur  fiance'e, 

J'ai  cueilli  ma  myrrhe  et  mon  baume; 

J'ai  mange  le  rayon  avec  le  miel, 
J'ai  bu  mon  vin  et  mon  laitl  ... 
Mangez,  amis,  buvez,  enivrez-vous,  mes  bien-aim^s. 

2  —  Je  dors,  mais  mon  cceur  veille  ... 

C'est  la  voix  de  mon  bien-aime!  II  frappe  : 

"  Ouvre-moi,  ma  soeur,  mon  amie, 

Ma  colombe,  mon  immaculee; 

Car  ma  tete  est  couverte  de  rosee, 

Les  boucles  de  mes  cheveux  sont  trempe'es  des  gouttes  de  la  nuit." 

3  "J'ai  ote  ma  tunique,  comment  veux-tu  que  je  la  remette.'' 
J'ai  lave  mes  pieds,  comment  les  salirais-je?  ' 

4  Mon  bien-aime  a  passe  la  main  par  le  trou  de  la  serrure, 
Et  mes  entrailles  se  sont  emues  sur  lui. 

5  Je  me  suis  levee  pour  ouvrir  a  mon  bien-aime. 
Et  de  mes  mains  a  degoutte  la  myrrhe, 

De  mes  doigts  la  myrrhe  repandue  sur  la  poignee  du  v.errou. 

6  J'ouvre  h  mon  bien-aime; 

Mais  mon  bien-aime  avait  disparu,  il  avait  fui. 
J'etais  hors  de  moi  quand  il  me  parlait. 
Je  sors  pour  le  chercher,  et  ne  le  trouve  pas; 
Je  I'appelle,  il  ne  me  repond  pas. 

7  Les  gardes  qui  font  la  ronde  dans  la  ville  me  rencontrent; 
lis  me  frappent,  ils  me  meurlrissent; 

Les  gardiens  de  la  muraille  m'enlevent  mon  manteau. 

8  Je  vous  en  conjure,  filles  de  Jerusalem, 
Si  vous  trouvez  mon  bien-aim^, 

Que  lui  direz-vous? ... 

Que  je  suis  malade  d'amour. 

9  —  Qu'a  done  ton  bien-aime  de  plus  que  les  autres, 
O  la  plus  belle  des  femmes.' 

Ou'a  ton  bien-aime  de  plus  que  les  autres. 
Pour  que  tu  nous  conjures  de  la  sorte? 


14.  Le  safran,  parfum  trcs  estime  par  les 
Orientaux.  —  Le  cinnamome  entrait  dans  la 
composition  de  I'huile  sainte  que  Moise 
prescrivit  pour  les  oni^lions,  Exode  xxx,  2y, 
de  meme  dans  la  composition  des  aromates 
dont  on  se  servait  pour  parfumer  les  appar- 
tements  et  les  lits  de  repos.  Cf.  Difl.  de  la 
Bible. 

15.  Qui  coitle  du  Liban.  La  \'ulg.  ajoute, 
ou  interprcte,  avec  impcluosite.  Mieux  vaut 


dire   que   ces  eaux  coulent  pares  et  lim- 
pides. 

16.  Rien  de  plus  poeticjue  et  de  plus 
gracieux.  —  Que  mon  Bienainu'  etc.,  c'est 
evidemment  I'Epouse  qui  prend  la  pa- 
role :  son  Epoux  doit  jouir  de  ses  char- 
mes;  elle  est  toute  :\  Lui.  "  Mon  jardin  est 
k  Lui  plutot  qu';\  moi  ...  C'est  le  Christ  qui 
m'a  creee,  ornee,  ordonnee,  moi  I'Eglise.  " 
(Corn,  a  Lap.) 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  IV,  14—16;  V,  1—9. 


429 


14.  nardus  et  crocus,  fistula  et  cin- 
namomum  cum  universis  lignis  Li- 
bani,  myrrha  et  aloe  cum  omnibus 
primis  unguentis.  15.  Fons  horto- 
rum  :  puteus  aquarum  viventium, 
quas  fluunt  impetu  de  Libano. 
16,  Surge  aquilo,  et  veni  auster, 
perfla  hortum  meum,  et  fluant  aro- 
mata  illius. 

— :i:—        CAPUT  V.        — :>— 

ENIAT  dilectus  meus  in 
hortum  suum,  et  comedat 
fructum  pomorum  suo- 
rum.  Veni  in  hortum 
meum  soror  mea  sponsa,  messui 
myrrham  meam  cum  aromatibus 
meis  :  comedi  favum  cum  melle 
meo,  bibi  vinum  meum  cum  lacte 
meo  :  comedite  amici,  et  bibite,  et 
inebriamini  carissimi. 

1.  Ego  dormio,  et  cor  meum  vi- 
gilat  :  vox  dilecti  mei  pulsantis  : 
Aperi  mi  hi  soror  mea.  amica  mea, 
columba   mea,   immaculata   mea   : 


quia  caput  meum  plenum  est  rore, 
et    cincinni    mei    guttis    noctium. 
3.  Exspoliavi  me  tunica  mea,  quo- 
modo  induar  ilia?  lavi  pedes  meos, 
quomodo  inquinabo  illos?  4.  Dile- 
ctus meus  misit  manum  suam  per 
foramen,  et  venter  meus  intremuit 
ad  tactum  ejus.  5.  Surrexi,  ut  ape- 
rirem   dilecto   meo   :  manus   meas 
stillaverunt  myrrham,  et  digiti  mei 
pleni  myrrha  probatissima.  6.  Pes- 
sulum  ostii  mei  aperui  dilecto  meo  : 
at  ille  declinaverat,  atque  transierat. 
Anima  mea  liquefacta  est,  ut  locu- 
tus  est  :  quassivi,  et  non  inveni  il- 
ium :  vccavi,et  non  respondit  mihi. 
7.  Invenerunt  me  custodes  qui  cir- 
cumeunt   civitatem  :   percusserunt 
me,  et  vulneraverunt  me  :  tulerunt 
pallium  meum  mihi  custodes  muro- 
rum,  8.  Adjure  vos  fili^  Jerusalem, 
si   inveneritis   dilectum  meum,  ut 
nuntietis  ei  quia  amore  langueo. 

9.  Qualis  est  dilectus  tuus  ex  di- 
lecto, o  pulcherrima  mulierum? 
qualis  est  dilectus  tuus  ex  dilecto, 
quia  sic  adjurasti  nos? 


CHAP.  V. 

1.  Enivtcz-vousj  s'enivrer  en  style  bibli- 
que,  ce  n'est  pas  toujours  devenir  ivre,  au 
sens  que  nous  attachons  a  ce  mot,  mais 
souvent  c'est  prendre  part  a  un  banquet 
joyeux  ou  le  vin  coule  abondamment. 
L'Epoux  s'adresse  ici  a  ses  compagnons, 
aux  paranymphes,  et  les  invite  a  partager 
sa  joie. 

V,  2  —  VI,  3.  L Epoiise  raconte^  semble-t-il , 
un  songe  et  elle  cclcbre  les  charines  de  son 
Epoux. 

2.  Comp.  /mi/,  v,  5  "  L'amour  est  vigi- 
lant, il  s'assoupit  et  jamais  ne  s'endort."  — 
II frappe  :  "  Oiivre-moi! ...  Comp.  ces  pa- 
roles de  Notre-Seigneur  :  "  Je  me  tiens  a  la 
porte  et  je  frappe."  {Apoc.  iii,  20.)  —  Que 
celte  Epouse,  qui  I'aime  tant,  lui  ouvre  aus- 
sitot,  car  il  a  froid! 

3.  "Expoliavi  me  tunica  ...  Lavi  pedes 
meos  :  delicatte  sponsas  colorata  excusatio." 
(Bossuet.) 

4.  Vulg.  Venter  meus  intremuit  ad  taftum 
ejus,  mes  cntrailles  se  sont  eiiiiies  en  Penten- 
dani /rapper.  Hebr.  et  LXX,  se  sont  emties 
a  cause  de  lui,  sur  lui. 

5.  6.  Vulg.  I\fes  doigts  etaient  pleins  de  la 
inyrrhe  la  plus  prccieuse. 


J^ai  Icve  le  verrou  de  ma  porte  pour  mon 
Bien-aime.  Le  texte  hebreu  coupe  la  phrase 
autrement.  II  s'agit  de  la  myrrhe  repandue 
par  I'Epoux  sur  la  poignee  du  verrou  et 
d^coulant  sur  la  main  de  I'Epouse  lorsqu'elle 
ouvre.  Comparez  a  ce  trait  un  usage  des 
Grecs  et  des  Romains,  auquel  il  est  fait 
allusion  dans  ces  vers  de  Lucrece  (iv, 
1 171  suiv.)  : 

At  lacrymans  exclusus  amator  liinina  scepe 
Floribus  et  sertis  operit,  postesque  superbos 
Ungit  amaracino,  et  foribus  miser  oscula  figit. 

6.  La  disparition  de  I'Epoux,  ici  encore, 
(cf.  iii,  2,  3)  donne  a  I'Epouse  I'occasion  de 
tdmoigner  son  amour  intense  et  fidele  par 
des  recherches  pleines  d'anxi^te,  au  mepris 
de  tous  les  perils. 

7.  Brutalement  frappee,  depouillee  de  son 
manteau,  elle  ne  se  lamente  pas  de  res 
mauvais  traitements,  elle  n'y  attache  aucune 
importance,  uniquement  preoccupee  de  re- 
trouver  Celui  qu'elle  aime.  La  vehemence 
de  son  affecflion  est  exprimee  dans  le  ver- 
set  8. 

6.  Qii\i  done  ton  bien-aime  de  plus  que  les 
autres.  Vulg.  ex  dileclo,  entre  les  bien-ai- 
mh  (?)  la  preposition  hdbr.  miii.  exprime 
plutot  ici  le  comparatif. 


430     LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES.     Chap.  V,  ro-i6;  VI,  1—9. 


Chap.  VI. 


10  —  Mon  bien-aime  est  blanc  et  vermeil; 
II  se  distingue  entre  dix  mille. 

1 1  Sa  tete  est  de  For  pur, 

Ses  boucles  de  cheveux  sont  flexibles  comme  des  palmes 
Et  noires  comme  le  corbeau. 

12  Ses  yeux  sont  comme  des  colombes  au  bord  des  ruisseaux, 
Se  baignant  dans  le  lait, 

Posees  sur  des  rives  pleines. 

13  Ses  joues  sont  comme  un  parterre  de  baume, 
Un  carre  de  plantes  odorantes; 

Ses  levres  sont  des  lis 

D'ou  decoule  la  myrrhe  la  plus  pure. 

14  Ses  mains  sont  des  cylindres  d'or, 
Emailles  de  pierres  de  Tharsis; 

Son  sein  est  un  chef-d'ceuvre  d'ivoirc, 
Couvert  de  saphirs. 

15  Ses  jambes  sont  de  blanches  colonnes  de  marbre, 
Posees  sur  des  bases  d'or  pur. 

Son  aspe(fl  est  celui  du  Liban, 
Elegant  comme  le  cedre. 

16  Son  palais  n'est  que  douceur, 

Et  toute  sa  personne  est  pleine  de  charme. 
Tel  est  mon  bien-aime,  tel  est  mon  ami, 
Filles  de  Jerusalem. 

CHAP.  VI. 

E  quel  cote  est  alle  ton  bien-aime, 
O  la  plus  belle  des  femmes? 
De  quel  c6t6  ton  bien-aime  s'est-il  tourne, 
Pour  que  nous  le  cherchions  avec  toi.'' 

2  —  Mon  bien-aime  est  descendu  dans  son  jardin, 
Au  parterre  de  baume, 

Pour  faire  paitre  son  troiipeaii  dans  les  jardins 
Et  pour  cueillir  des  lis. 

3  Te  suis  a  mon  bien-aime,  et  mon  bien-aime  est  a  moi; 
II  fait  paitre  son  iroupeaii  parmi  les  lis. 

4  Tu  es  belle,  mon  amie,  comme  Thirsa, 
Charmante  comme  Jerusalem, 

Mais  terrible  comme  une  armee  en  bataille. 

5  D^tourne  de  moi  tes  yeux,  car  ils  me  troublent. 
Tes  cheveux  sont  comme  un  troupeau  de  chcvres 
Suspendues  aux  tiancs  de  la  montagne  de  Galaad. 

6  Tes  dents  sont  comme  un  troupeau  de  brebis 
Qui  remontent  du  lavoir; 

Chacune  porte  deux  jumeaux; 
Aucune  d'elles  n'est  sterile. 

7  Ta  joue  est  comme  une  moitic  de  grenade 
Derricre  ton  voile. 

8  II  y  a  soixante  reines,  quatre-vingts  concubines, 
Et  des  jeunes  tiUes  sans  nombre; 

9  Une  seule  est  ma  colombe,  mon  immaculee, 
L'unique  de  sa  mere. 

La  prefdree  de  celle  qui  lui  donna  le  jour. 


10.  Mon  bien-aime  est  blanc  ct  vermeil. 
Comparez  Lam.  iv,  7  : 

Ses  princes  etaieut  plus  brillants  que  la  iieige, 

plus  blancs  que  le  lait, 
I.eur  corps  plus  rouge  que  le  corail, 

ieur  couleur  celle  du  sapliir. 

11.  Ses  boucles  de  cheveux,  Vulg.  elatic, 


mot  grec,  employe  par  les  LXX,  transporte 
de  la  dans  la  Vulg. 

12.  Des  colombes  ...  se  baii^nanl  dans  le 
lait,  pour  peindre  une  blancheur  exquise. 

13.  Un  carre  de  plantes  odorantes,  m.  a  m. 
des  pousscs  de  plantes  aromatiqites.  Vulg. 
des  parterres  plantes  par  les  parfttmeurs. 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  V,  10-17;  VI,  1—9. 


431 


10.  Dilectus  meus  candidus  et 
rubicundus,  electus  ex  millibus. 
II,  Caput  ejus  aurum  optimum  : 
comas  ejus  sicut  elatas  palma- 
rum,  nigrae  quasi  corvus.  12.  Oculi 
ejus  sicut  coJumbse  super  rivulos 
aquarum,  quas  lacte  sunt  lotas,  et 
resident  juxta  fluenta  plenissima. 
i3.Genas  illius  sicut  areolae  aroma- 
tum  consitas  a  pigmentariis.  Labia 
ejus  lilia  distillantia  myrrham  pri- 
mam.  14.  Manus  illius  tornatiles 
aureas,  plenas  hyacinthis.  Venter 
ejus  eburneus,  distinctus  sapphiris. 
15.  Crura  illius  columnae  marmo- 
reas,  quas  fundatas  sunt  super  bases 
aureas.  Species  ejus  ut  Libani,  ele- 
ctus ut  cedri.  16.  Guttur  illius 
suavissimum,  et  totus  desiderabi- 
lis  :  talis  est  dilectus  meus,  et 
ipse  est  amicus  meus,  filias  Jerusa- 
lem. 17.  Quo  abiit  dilectus  tuus  o 
pulcherrima  mulierum.'^  quo  decli- 
navit  dilectus  tuus,  et  quasremus 
eum  tecum .f^ 


.1. 


— :i:—        CAPUT  YI.       — :>— 


ILECTUS  meus  descen- 
dit  in  hortum  suum  ad 
areolam  aromatum,  ut  pa- 
scaturin  hortis,et  iiliacol- 


igat.  1.  Ego  dilecto  meo,  et  dilectus 
meus  mihi  qui  pascitur  inter  lilia. 

3.  Pulchra  es  amica  mea,  suavis, 
et  decora  sicut  Jerusalem  :  terribilis 
utcastrorumaciesordinata.4.Averte 
oculos  tuos  a  me,  quia  ipsi  me  avo- 
lare  fecerunt.  Capilli  tui  sicut  grex 
caprarum,quas  apparuerunt  de  Ga- 
laad.  5.  Dentes  tui  sicut  grex  ovium, 
quas  ascenderunt  de  lavacro,  omnes 
gemellis  foetibus,  et  sterilis  non  est 
in  eis.  6.  Sicut  cortex  mali  punici, 
sic  genas  tuas  absque  occultis  tuis. 
7.  Sexaginta  sunt  reginas,  et  octo- 
ginta  concubinas,  et  adolescentula- 
rum  non  est  numerus.  8.  Una  est 
columba  mea,  perfecta  mea,  una  est 
matris  suas,  electa  genitrici  suas.  Vi- 
derunt  eam  filiae,  et  beatissimam 
prasdicaverunt  :  reginae  et  concubi- 
nas, et  laudaverunt  eam. 

9.  Quas  est  ista,  quae  progreditur 


—  Les  Vevres  sont  des  lis,  des  lis  rouges, 
fleur  assez  commune  en  Palestine. 

14.  C&s  pierrcs  precieuses  de  Tharsis  sont 
des  chrysolithes,  suivant  les  LXX  et  Flavius 
Josephe. 

15.  De  blanches  colon  ties  de  jnnrbre,  pour 
marquer  I'elegance  et  la  fermete. 

16.  Et  toiite  sa  personne  est  plcitic  de 
chartne.  hebr.  m.  a  m.  //  est  tout  cnticr 
charme.  Comparez  Ps.  xlv,  3  (Vulg.  xliv) 
Speciosiis  forma  prce  filiis  Jiojninuin... 

CHAP.  VI. 

2,  3.  Pour  f aire  paitre  son  troupeau...; 
Vulgate,  poicr  se  nourrir  datis  les  jardins, 
et  vers.  3,  qtii  se  noiirrit  pariiii  les  lis, 
Rosenmiiller  I'interprete  par  rassasier  ses 
yeux,  son  odorat.  Les  LXX  ont  traduit  par 
7ioi;j.aivj'.v,  faire  paitre;  et  il  semble  bien 
que  ce  soit  Ik  le  vrai  sens,  comma  plus 
haut,  ii,  16. 

VI,  4-9.  LEpoHX,  a  son  tour,  celeb  re  les 
cJiarnies  de  VEpouse. 

4.  Coinnie  Thirsa.  Les  LXX  et  la  Vulgate 
ont  pris  ce  nom  propre  pour  un  nom  com- 
mun  [fiic,  s'Loo/via,  Vulg.  suavis).  Le  nom  de 


cette  villa  signifie  en  effet  "  grace,  beaute. " 
M.  V.  Guerin  et  M.  Legendre  identifient 
Thirsa  avecTallouzah  situee  a  quelques  kilo- 
metres N.-E.  de  Naplouse.  Thirsa,  ancienne 
ville  du  pays  de  Chanaan,  fut,  avant  Sama- 
rie,  la  capitale  du  royaume  des  Dix  tribus. 

5.  Detoiirne  de  nioi  tes  yeiix,  car  ils  me 
trouble/it.  Ces  derniers  mots  sont  rendus 
dans  la  Vulg.  par  "  me  avolare  fecerunt, " 
ils  ni'ofit  fait  fiiir;  c'est  aussi  le  sens  donne 
par  les  LXX,  mais  la  sens  da  troublcr  est 
meilleur.  —  Tes  chevetix  sont  conune  itn 
troupeau  de  chevres  etc.  et  vers.  6,  7.  C'est 
exa<^1:ement,  avec  les  memes  comparaisons, 
dans  les  memes  termes,  le  portrait  de 
I'Epouse  trace  precedemment  iv,  1-3. 

8.  II  y  a  soixante  reines,  quatre-vingts 
C07icubines;  concubines  signifie  femmes  du 
second  rang,  de  condition  inferieure.  Ces 
details  sont  empruntes  aux  moeurs  de  la 
cour  royale  a  cette  epoque.  Les  chififres  ne 
doivent  pas  etre  pris  rigoureusement  pour 
un  nombre  precis,  mais  seulement  pour 
marquer  un  grand  nombra.  L'Epousa  du 
Cantique  est  distingue'e  enlre  toutes  ces 
femmes,  et  uniquement  aimee. 


432     LE  CANTIQUE  DP:S  CANTIQUES.     Chap.  VI,  10—12;  VII,  i— 11. 

Les  jeunes  tilles  I'ont  vue  et  I'ont  proclamee  bienheureuse; 
Les  reines  et  les  concubines  Font  vue  et  I'ont  loude. 

10  Quelle  est  celle-ci  cjui  apparait  comme  I'aurore, 
Belle  comme  la  lune,  pure  comme  le  soleil, 
Mais  terrible  comme  une  armee  en  bataille? 

11  J'etais  descendue  au  jardin  des  noyers, 
Pour  voir  les  herbes  de  la  vallee, 
Pour  voir  si  la  vigne  pousse, 
Si  les  s^renadiers  sont  en  fleur. 

12  Je  ne  sais,  mais  mon  amour  m'a  fait  nionter 
Sur  les  chars  de  mon  noble  peuple. 

CHAP,  VII. 

Ch.  VII.  P^lEVIENS,  reviens,  Sulamite, 

Reviens,  reviens,  afin  que  nous  te  regardions. 
—  Que  voulez-vous  voir  dans  la  Sulamite? 
—  Comme  une  danse  de  Machanaim. 

2  Que  tes  pieds  sont  beaux  dans  tes  sandales,  fille  de  prince ! 
La  courbure  de  tes  reins  est  comme  un  collier, 
CEuvre  de  mains  habiles. 

3  Ton  sein  est  vme  coupe  arrondie, 
Remplie  d'un  vin  aromatise. 
Ton  corps  est  un  monceau  de  froment 
Entoure  de  lis. 

4  Tes  deux  seiiis  sont  comme  deux  faons, 
Jumeaux  d'une  gazelle. 

5  Ton  cou  est  comme  une  tour  d'ivoire; 
Tes  yeux  sont  comme  les  piscines  d'Hescbon, 
Pres  de  la  porte  de  cette  ville  populeuse. 
Ton  nez  est  comme  la  tour  du  Liban, 
Qui  surveille  le  cote  de  Damas. 

6  Ta  tete  s'eleve  comme  le  Carmel, 
Les  cheveux  de  ta  tete  sont  comme  la  pourpre  : 
Un  roi  est  enchaine  a  leurs  boucles. 

7  Que  tu  es  belle,  que  tu  es  charmante, 
Mon  amour,  au  milieu  des  delices  ! 

8  Ta  taille  ressemble  au  palmier, 
Et  tes  seins  a  ses  grappes. 

9  J'ai  dit  :  Je  monterai  au  palmier, 
J'en  saisirai  les  rameaux. 

Que  tes  seins  soient  comme  les  grappes  de  la  vigne, 
Le  parfum  de  ton  souffle  comme  celui  des  pommes, 
Et  ta  bouche 'comme  un  vin  exquis  !... 

10  —  Qui  coule  aisement  pour  mon  bien-aime, 
Qui  glisse  sur  les  Icvres  de  ceux  qui  s'endorment. 

11  Je  suis  a  mon  bien-aime, 
Et  c'est  vers  moi  qu'il  porte  ses  desirs. 


VI,  10  —  VIII,  4.  Les  chanties  de  la  vie 
iwuvelle  des  Epoux^  dans  les  sentinienis 
d'ttn  amour  tendre  et  fort. 

10.  Ces  paroles  sont  appliquees  a  la  Vierge 
Marie  dans  la  liturgie  de  I'Eglise. 

12.  Mon  amour  in\i  fait  7110 titer  sur  les 
chars  de  mon  tioble  peuple,  m.  a  m.  mon 
ame  (mon  desir)  m'a  mise  (sur)  les  chars 
de  moti  peuple,  d''un  noble.  \'\x\g.  mon  ame 
a  dte  toute  troublee,  a  cause  des  chars  d'Ami- 
nadab.  Les  LXX  ont  aussi  le  nom  propre 


Aitiinadab.  La  syntaxe  hebraique  demande- 
rait  I'article  devant  Tadjecflif,  si  Ton  traduit 
tnon  tioble  peuple.  Le  texte  de  ce  passage 
parait  altere;  et  les  commentateurs  ont  beau- 
coup  de  peine  a  le  lier  a  ce  qui  precede  et 
a  ce  qui  suit.  Inutile  de  citer  ici  les  innoni- 
brables  hypotheses,  conjedlures,  interpreta- 
tions proposees  .\  cet  effet. 

CHAP.   VII. 

I.  Sulamite;  c'est  la  premiere  fois  que  ce 
nom  se  presente   pour  designer  I'Epouse. 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  VI,  10—12;  VII,  8— 11.        433 


quasi  aurora  consurgens,  pulchra  ut 
luna,  electa  ut  sol,  terribilis  ut  ca- 
strorum  acies  ordinata?  10,  De- 
scend! in  hortum  nucum,  ut  vide- 
rem  poma  convallium,et  inspicerem 
si  floruisset  vinea,  et  germinassent 
mala  punica.  11.  Nescivi  :  anima 
mea  conturbavit  me  propter  quadri- 
gas  Aminadab. 

I  2.  Revertere,  revertere  Sulami- 
tis  :  revertere  revertere,  ut  intuea- 
mur  te. 

— :i:—        CAPUT   VII.       — :i:— 


UID  videbis  in  Sulamite, 
nisi  choros  castrorum? 
Quam  pulchri  sunt  gres- 
sus  tui  in  calceamentis, 
filia  principis!  Junctures  femorum 
tuorum,  sicut  monilia,  quas  fabri- 
cata  sunt  manu  artificis.  2.  Umbili- 
cus tuus  crater  tornatilis,  nunquam 


indigens  poculis.  Venter  tuus  sicut 
acervus  tritici,  vallatus  liliis.  3.  Duo 
ubera  tua,  sicut  duo  hinnuli  gemelli 
capreas.  4.  Collum  tuum  sicut  turris 
eburnea.  Oculi  tui  sicut  piscinae  in 
Hesebon,  quas  sunt  in  porta  filiae 
multitudinis.  Nasus  tuus  sicut  turris 
Libani,  quae  respicit  contra  Dama- 
scum.  5.  Caput  tuum  ut  Carmelus: 
et  comas  capitis  tui,  sicut  purpura 
regis  vincta  canalibus.  6.  Quam  pul- 
chra es,  et  quam  decora  carissima, 
in  deliciis!  7.  Statura  tua  assimilata 
est  palmas,  et  ubera  tua  botris. 
8,  Dixi  :  Ascendam  in  palmam,  et 
apprehendam  fructus  ejus  :  et  erunt 
ubera  tua  sicut  botri  vineas  :  et  odor 
oris  tui  sicut  malorum.  9.  Guttur 
tuum  sicut  vinum  optimum,  di- 
gnum  dilecto  meo  ad  potandum, 
labiisque  et  dentibus  illius  ad  rumi- 
nandum.  10.  Ego  dilecto  meo,  et 
ad  me  conversio  ejus.  11.  Veni  di- 
Jecte  mi,  egrediamur  in  agrum,  com- 


i 


Dans  quelques  manuscrits  des  LXX  il  est 
ecrit  avec  un  v,  au  lieu  du  X  ;  de  meme  dans 
I'ancience  version  italique,  d'ou  il  a  passe 
dans  la  liturgie  chrdtienne,  Sunamitis.  On 
I'a  explique  par  fille  de  Sunani,  {Stiiiaiii, 
aujourd'hui  Stilavi,  petite  ville  de  la  tribu 
d'Issachar).  Les  modernes  regardent  plutot 
ce  nom  comme  symbolique  :  forme  femi- 
nine du  nom  de  Salomon,  il  signifierait 
Salomofiienne,  ou  bien,  selon  d'autres, 
"la  parfaite,  I'integre,  ou,  conformement  a 
un  autre  sens  de  la  meme  racine,  celle 
qui  possede,  qui  produit  la  paix,  le  conten- 
tement."  (Castelli.) —  Comme  tine  danse  de 
Machanaim.  Si  le  texte  est  exacSl,  voila 
encore  une  allusion  qui  nous  ^chappe.  Ce 
nom  propre  (si  e'en  est  un)  signifie  "  Deux 
camps.  "  S'agit-il  de  I'endroit  dont  parle  la 
Genese,  xxxii,  2? 

2.  Comme  il  est  question  de  datise  dans 
le  verset  precedent,  I'eloge  de  I'Epouse,  la 
description  de  sa  beaute,  commence  cette 
fois  par  les  pieds.  Dans  les  comparaisons 
suivantes,  qui  sont  marquees  au  coin  du 
genie  oriental,  inutile  de  chercher  pour 
chaque  image  un  sens  tres  precis,  et  d'en 
vouloir  faire  dans  le  detail  une  applica- 
tion mystique.  Comme  Bossuet  le  remar- 
que  avec  beaucoup  de  tacft,  il  est  plus  con- 
venable  de  placer  tous  ces  eloges  dans 
la  bouche  des  jeunes  filles  qui  composent 
le  choeur. 

N-O  23  —  LA  SAINTE  BIDLE.  TOME  IV.  —  28 


4.  Tes  deux  seiiis,  voyez  iv,  5  et  la  note. 

5.  Heseboti^  ville  importante  au  N.  E.  de 
la  mer  Morte. 

6.  Les  cheveux  de  ta  tete  sont  comme  la 
pourpre,  etc.  "  La  pourpre  des  anciens  etait 
de  nuances  varices,  qui  allaient  depuis  le 
rouge  eclatant  jusqu'au  violet  sombre  se 
rapprochant  du  noir.  Cast  de  cette  derniere 
teinte  qu'il  est  ici  question.  "  La  Vulg.  a 
compris  et  coupe  autrement  :  Comme  la 
pourpre  du  rot  lice  (dans)  les  ca?iaux  (ou  on 
la  teint).  Le  mot  hdbreu  rahat  signifie  en 
effet  canal;  mais  ici,  ou  il  ne  saurait  avoir 
ce  sens,  on  le  traduit  ordinairement  par 
tresses  ou  boucles  de  cheveux. 

7.  Moti  amour,  m.  a  m.  amour;  c'est  un 
mot  abstrait  employ^  pour  de'signer,  au  sens 
concret,  I'objet  de  I'amour,  la  bien-aimee; 
cette  expression  s'est  d^jk  rencontree  pre- 
cedemment. 

9.  Cette  image,  venant  apres  ce  qui  pre- 
cede, exprime  les  chastes  embrassements 
de  I'Epoux.  Cf.  Prov.  v,  18,  19.  Laetare  cum 
muliere  adolescentias  tuae...  ubera  ejus  ine- 
brient  te...  in  amore  ejus  deledtare  jugiter. 

10.  Qui  coule  aise'fuent.  L'Epouse  inter- 
rompt  I'Epoux  et  continue  la  phrase  com- 
mencee,  comme  I'indique  le  mot  suivant. 

11.  Vulgate.  Ad  me  conversio  ejus,  c^est 
vers  moi  quHl  se  tour?ie.  C'est  le  meme  mot 
que  Gen.  iv,  7  ou  la  Vulgate  le  traduit  par 
appetitus,  desir. 


434     LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES.    Chap.  VII,  12— 14:  VIII,  i—ii. 

12  Viens,  mon  bien-aime,  sortons  dans  les  champs, 
Passons  la  nuit  dans  les  villages. 

13  Des  le  matin  nous  irons  aux  vignes, 
Nous  verrons  si  la  vigne  bourgeonne, 
Si  ses  bourgeons  se  sont  ouverts, 

Si  les  grenadiers  sont  en  fleurs, 
La  je  te  donnerai  mon  amour. 

14  Les  mandragores  font  sentir  leur  parfum, 

Et  nous  avons  a  nos  portes  tous  les  meilleurs  fruits, 

Nouveaux  et  vieux  : 

Mon  bien-aime,  je  les  ai  gardes  pour  toi. 


Ch.  VIII. 


CHA]\  VIIL 

H!  que  n'es-tu  mon  frere! 
Que  n'as-tu  suce  le  sein  de  ma  mere! 
Te  rencontrant  dehors,  je  t'embrasserais, 
Sans  m'attirer  le  mepris. 

2  Je  voudrais  t'amener,  t'introduire  dans  la  maison  de  ma  mere, 
Pour  y  recevoir  tes  legons, 

Et  je  te  ferais  boire  le  vin  aromatise, 
Le  jus  de  mes  grenades. 

3  Sa  main  gauche  soutient  ma  tete, 
Et  sa  droite  me  tient  embrassee. 

4  —  Je  vous  en  conjure,  fiUes  de  Jerusalem, 

Ne  reveillez  pas,  ne  reveillez  pas  la  bien-aime'e, 
Avant  qu'elle  le  veuille. 

5  —  Quelle  est  celle-ci  qui  monte  du  desert, 
Appuy^e  sur  son  bien-aime? 

—  Je  t'ai  reveillee  sous  le  pommier, 

Voila  I'endroit  ou  ta  mere  t'a  enfantee; 

C'est  la  qu'elle  t'a  enfantee,  qu'elle  t'a  donn^  le  jour. 

6  Mets-moi  comme  un  sceau  sur  ton  coeur, 
Comme  un  sceau  sur  ton  bras; 

Car  I'amour  est  fort  comme  la  mort, 

La  jalousie  est  inflexible  comme  le  sejour  des  morts. 

Ses  ardeurs  sont  des  ardeurs  de  feu, 

Une  flamme  de  Jehovah. 

7  Les  grandes  eaux  ne  sauraient  eteindre  I'amour, 
Ni  les  fleuves  le  submerger. 

Qu'un  homme  veuille  acheter  I'amour  au  prix  de  toutes  les  richesses  de  sa  maison, 
II  ne  recueillera  que  la  confusion. 

8  Nous  avons  une  petite  soeur, 
Qui  n'a  pas  encore  de  mamelles. 
Que  ferons-nous  a  notre  soeur 
Le  jour  ou  on  la  recherchera? 

9  —  Si  elle  est  un  mur. 

Nous  lui  ferons  des  creneaux  d'argent; 

Si  elle  est  une  porte, 

Nous  la  fermerons  avec  des  ais  de  cedre. 

10  —  Je  suis  un  mur,  et  mes  seins  sont  comme  des  tours, 
Aussi  ai-je  ete  k  ses  yeux  comme  celle  qui  trouve  la  paix. 

11  —  Salomon  avait  une  vigne  k  Baal-Hamon; 
II  remit  la  vigne  a  des  gardiens, 

Et  pour  son  fruit  chacun  lui  doit  payer  mille  sides  d'argent. 


.  12,  13.  L'Epouse  invite  I'Epoux  a  fuir  le 
tumulte  de  la  ville,  ou  leur  amour  est  mal  a 
I'aise  au  milieu  de  tant  de  visages  affaires, 
curieux  ou  indifferents;  elle  le  presse  de 
venir  dans  les  champs,  oii  ils  jouiront  tous 


deux  du  calme  de  la  solitude  et  des  charmes 
du  printemps.  —  Mon  amour,  la  Vulgate 
traduit  encore  ici  par  libera,  cf.  i,  2. 

14.  Les  inandras^ores .  Plante  de  la  famille 
des  Solanacees.  Comme  le  nom  hebreu  Tin- 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  VII,  12—13;  VIII,  i— 11.      435 


moremur  in  villis.  12.  Mane  surga- 
mus  ad  vineas,  videamus  si  floruit 
vinea,  si  flores  fructus  parturiunt, 
si  floruerunt  mala  punica :  ibi  dabo 
tibi  ubera  mea.  13.  Mandragoras 
dederunt  odorem.  In  portis  nostris 
omnia  poma  :  nova  et  vetera,  dile- 
cte  mi,  servavi  tibi. 

— :>—       CAPUT   VIII.      — -— 


UIS  mihi  det  te  fratrem 
meum  sugentem  ubera 
matris  meas,  ut  inveniam 

te   foris,  et  deosculer  te, 

et  jam  me  nemo  despiciat?  2.  Ap- 
prehendam  te,  et  ducam  in  domum 
matris  meas  :  ibi  me  docebis,  et  dabo 
tibi  poculum  ex  vino  condito,  et 
mustum  malorum  granatorum  meo- 
rum.  3.  L«va  ejus  sub  capite  meo, 
et  dextera  illius  amplexabitur  me. 
4.  Adjuro  vos  filiae  Jerusalem,  ne 
suscitetis,  neque  evigilare  faciatis 
dilectam  donee  ipsa  velit. 


5.  Quas  est  ista,  quas  ascendit  de 
deserto,  deliciis  affluens,  innixa  su- 
per dilectum  suum?  Sub  arbore  malo 
suscitavi  te  :  ibi  corrupta  est  mater 
tua,  ibi  violata  est  genitrix  tua. 
6.  Pone  me  ut  signaculum  super  cor 
tuum,  ut  signaculum  super  bra- 
chium  tuum  :  quia  fortis  est  ut  mors 
dilectio  :  dura  sicut  infernus  asmu- 
latio,  lampades  ejus  lampades  ignis 
atque  flammarum.  7.  Aquas  multas 
non  potuerunt  exstinguere  carita- 
tem,  nee  flumina  obruent  illam  :  si 
dederit  homo  omnem  substantiam 
domus  suas  pro  dilectione,  quasi 
nihil  despiciet  eam. 

8.  Soror  nostra  parva,  et  ubera 
non  habet  :  quid  faciemus  sorori 
nostras  in  die  quando  alloquenda 
est?  9.  Si  murus  est,  asdificemus  su- 
per eum  propugnacula  argentea  :  si 
ostium  est,  compingamus  illud  ta- 
bulis  cedrinis,  10.  Ego  murus  :  et 
ubera  mea  sicut  turris,  ex  quo  facta 
sum  coram  eo  quasi  pacem  reperiens. 
II.  Vinea  fuit  pacifico  in  ea,  quae 


dique  {douday,  cf.  dod^  amour)  cette  plante 
etait,  a  une  epoque  ties  ancienne,  comme 
elle  I'est  encore  aujourd'hui  en  Orient,  le 
symbole  de  I'amour  et  de  la  fecondite. 
Voyez,  par  exemple,  Gen.  xxx,  14. 

CHAP.  VIII. 

I.  L'Epouse  voudrait  que  son  Bien-aime 
flit  son  frere,  ne  de  la  meme  mere;  alors 
elle  pourrait  lui  prodiguer  les  caresses  en 
toute  liberte,  sans  craindre  les  interpreta- 
tions mechantes  et  les  railleries. 

3.  Ce  verset  est  la  repetition  de  ii,  6. 

4.  Voyez  ii,  7  et  iii,  5. 

VIII,  5-7.  Les  Epoux  se promettent 
un  attachemetit  eternel. 

5.  Comparez  ce  debut  a  celui  de  vi,  10.  — 
"  En  se  promenant,  les  Epoux  mystiques 
rencontrent  un  arbre  qui  leur  rappelle 
d'emouvants  souvenii^s.  C'est  Ik  qu'ils  avaient 
echange  leurs  premieres  paroles  d'amour... 
Ibi  corncpta ...  La  Vulg.  doit  se  ramener  a 
I'hebreu,  qui  dit  beaucoup  plus  clairement  : 
Oest  la  que  ta  mere  fa  enfanie'e.  "  (Fillion.) 

6.  Mets-moi  comme  un  sceau  sur  ion 
coeur.  "  C'est  I'Epoux  qui  continue  a  parler. 
Anciennement  on  portait  des  cassolettes 
sur  le  sein,  et  des  bracelets  assez  larges  sur 
les  bras.  Ces  cassolettes   et  ces   bracelets 


etaient  ornes  de  figures  et  de  gravures. " 
(Dom  Calmet.)  D'autres  I'entendent  du  ca- 
chet, dont  on  se  sert  pour  apposer  sa  signa- 
ture a  une  piece  et  qui  joue  un  tres  grand 
role  chez  les  Orientaux  encore  aujourd'hui. 
6,  7.  Magnifiques  images  et  metaphores 
pour  marquer  la  force  de  I'amour.  Elles  ne 
sont  vraies  que  de  I'amour  pur,  et  de  celui 
surtout  qui  s'eleve  tout  a  fait  au-dessus  des 
sens,  de  I'amour  spirituel.  Car  rien,  au  con- 
traire,  n'est  plus  volage  et  fragile  que 
I'amour  charnel. 

VI 1 1,  8-14.  LEpouse  vajouir  avec  V Epoux 
dhaie  f elicits  sans  fin. 

Ce  passage  jusqu'k  la  fin  du  poeme  est 
bien  obscur,  et  le  lien  des  idees  bien  diffi- 
cile a  marquer. 

8.  C'est  probablement  I'Epouse  qui,  au 
sujet  de  sa  jeune  soeur,  consulte  I'Epoux, 
lui  temoignant  par  la  une  entiere  confiance. 

9.  "  Toutes  ces  manieres  de  parler  mar- 
quent  qu'il  faut  la  marier.  Une  fille  a  ma- 
rier,  une  femme  sans  mari,  est  comme  un 
mur  sans  tours  et  sans  defense...  II  lui  faut 
un  homme  riche,  puissant,  illustre,  qualites 
figurees  par  les  tours  ou  les  creneaux  d'ar- 
gent."  (Dom  Calmet.) 

II.  "C'est  ici  une  ficftion  poetique,  ou 
I'Epoux  sous  la  personne  d'un  homme  de 


436  LE  CANTIQUE  DES  CANTIQUES.     Chap.  VIII,  12—14. 

12  La  vigne  qui  est  a  moi,  j'en  dispose  : 
A  toi,  Salomon,  les  mille  sides, 

Et  deux  cents  aux  gardiens  de  ses  fruits. 

13  —  Toi  qui  habites  les  jardins, 

Les  compagnons  pretent  I'oreille  a  ta  voix, 
Daigne  me  la  faire  entendre. 

14  —  Cours,  mon  bien-aime, 

Et  sois  semblable  a  la  gazelle  ou  au  faon  des  biches, 
Sur  les  montagnes  des  aromates! 


campagne,  compare  son  bien  a  celui  du  roi 
Salomon,  et  dit  qu'il  ne  donnerait  point  sa 
vigne,  (il  entend  son  Epouse)  pour  toutes 
celles  de  Salomon."  (id.) 

12.  "  La  vigne  de  Salomon  represente  la 
Synagogue;  et  la  vigne  de  I'Epoux,  I'Eglise 
chrdtienne.  Que  Salomon  vante  la  beaute 
et  la  fertilite  de  sa  vigne  tant  qu'il  lui 
plaira...  qu'il  loue  son  antiquite,  son  eten- 
due,  sa  beaute  :  on  ne  lui  envie  aucun  de 
ces  avantages."  (id.) 

13.  L'Epoux  desire  entendre,  dans  le 
calme  et  le  silence  des  jardins,  la  voix  tres 
douce  de  la  Bien-aimee. 


14.  C'est  probablement  une  chanson 
chantee  par  I'Epouse,  a  la  priere  de  son 
Bien-aime;  et  c'est,  en  meme  temps,  une 
invitation  a  fuir  plus  loin  et  plus  haut 
dans  la  solitude,  au  milieu  des  parfums  : 
"  Nescit  habitare,  nisi  in  sublimitate  vir- 
tutum ;  nescit  commorari,  nisi  in  talibus 
Ecclesias  filiabus,  qu^e  possunt  dicere  : 
"  Christi  bonics  odor  swnus."  (S.  Ambroise, 
1.  \U.de  Vtrg.) 

L'exposition  des  anciens  est  encore  ici  la 
plus  satisfaisante.  Toute  cette  fin  du  canti- 
que  a  une  signification  eschatologique  par 
rapport  a  ses  premiers  lefleurs. 


CANTICUM  CANTICORUM.     Cap.  VIII,  12—14. 


437 


habet  populos  :  tradidit  earn  custo- 
dibus,  vir  afFert  pro  fructu  ejus 
mjlle  argenteos.  12.  Vinea  mea  co- 
ram me  est.  Mille  tui  pacifici,  et 
ducenti  his,  qui  custodiunt  fructus 


ejus.  13.  Quas  habitas  in  hortis, 
amici  auscultant  :  fac  me  audire 
vocem  tuam.  14.  Fuge  dilecte  mi, 
et  assimilare  capreae  hinnuloque 
cervorum  super  montes  aromatum. 


1°  Les  freres  de  I'Epouse  [la  Synagogue] 
d^lib&rent  entre  eux  du  mariage  de  leur 
jeune  soeur.  Le  trait  carafleristique  de  cette 
union,  c'est  la  haute  fortune  dont  par  elle 
va  jouir  cette  jeune  soeur.  Ce  progrcs,  cette 
perfe^ion  sont  compares  k  des  crdneaux, 
k  un  palais  d'argent  qu'on  eleverait  par 
dessus  des  murs  de  pierre;  ou  encore  a  une 
porte  pour  laquelle  on  sculpterait  des  bat- 
tants  en  cedre.  Ces  images  sont  d'autant 
mieux  ad  rem  que  I'Epouse  n'est  pas  une 
personne,  mais  une  societe,  la  cite  de  Dieti. 
Tout  cela  est  une  prophetie  de  VEglise  batie 
par  dessus  la  Synagogue  par  le  Verbe  incar- 
nc.  (ler  moment  de  I'exaltation  de  TEpouse.) 


2°  Ce  qui  suit  (10-13)  ddcrit  la  condition 
de  VEglise  inilitafite,  telle  que  les  paraboles 
du  N.  T.  et  en  particulier  celle  de  la  vigne 
nous  la  font  connaitre.  C'est  une  vigne  qui 
donne  des  fruits  k  son  maitre  et  aux  ouvriers 
qui  la  travaillent.  Cfr.  Matt,  xx,  xxi,  et  loc. 
^2ir.',Joa?t.  iv,  35-38.  (2^  moment  de  I'union 
definitive.) 

30  Apres  la  transit,  du  v.  13,  qui  est  un 
appel  de  I'Epoux  invitant  I'Epouse  au  repos 
eternel,  c'est  au  v.  14  la  reponse  de  I'Epouse 
qui  s'elance  sur  les  traces  de  I'Epoux  vers 
le  ciel.  —  DEglise  triomphante.  (3^  moment 
ou  consommation  de  I'union.) 


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311X1  imiiir- 


lie  liilire  be  la  Haitrssc^ 


.1. 

•I* 


Intrndiictiaiu 


I. 

LE  titre  de  ce  livre,  dans  la  ver- 
sion des  Septante,  est  :  2o©ia 
lotXcoiJiorjrot;    ou     2a/wa(6v.    De 
meme,  dans  la  version  syriaque,  il  est 
intitule  :  Liber  magnce  Sapientics  Sa- 
lomonis,  filii  David.  Plusieurs  Peres 
des  premiers  siecles  le  citent  egale- 
ment  sous  ce  titre.  Neanmoins  St  Je- 
rome   le    traite    de  pseiidt'pigraphe, 
('lEu^STTtypa^oc),  et   St  Augustin,  re- 
marquant  que  ce  titre  n'est  donne  a 
cet  ouvrage  qu'a   raison    d'une   cer- 
taine  ressemblance,  qitadam  similitn- 
dine    (Do6l,   christ.  ii,   8),   avec    les 
livres  de  Salomon,  dit  formellement 
ailleurs  (de  Civ.  Dei  xvii,  2o)  : "  Non 
esse  ipsius  non  dubitant  do6liores.  " 
■ —  La  Vulgate  a6luelle  a  retranche 
dans  le  titre  le  nom  de  Salomon,  et 
le  nomme  simplement :  Liber  Sapi en- 
tice.  Cette    suppression    se    trouvait 
deja  dans  les  Canons  scripturairesdes 
Conciles  de  Trente,  de  Florence,  etc. 
Le  but  de  I'ouvrage  nous  est  indi- 
que  par  le  titre  meme.  Faire  connai- 
tre  la  Sagesse  dans  sa  source,  dans 
ses    oeuvres,  dans   les   fruits    qu'elle 
apporte   a  ceux   qui    pratiquent  ses 
preceptes.  C'est,  en  effet,  tout  d'abord 
de  la  Sagesse  pratique  qu'il  s'agit,  de 
la  Sagesse  communiquee  a  I'homme, 
par  laquelle   il   connait   Dieu  et  les 
commandements    qu'il     lui     impose 
pour  atteindre  sa  fin.  Mais,  de  la  no- 
tion   de  Sagesse  participee,   I'auteur 
s'eleve  a  celle  de  la  Sagesse  increce, 
qui  se  revele  par  ses  oeuvres  et  par  la 
Providence  qui  preside  au  gouverne- 
ment  des  creatures.  Penetrant  meme 
plus  profondement  dans  la  nature  de 
Dieu,  I'auteur  inspire  nous  fait  entre- 
voir   des  Personnes   subsistant  dans 
cette  nature  :  le  Verbe  de  Dieu  et 


son  Esprit-Saint  se  manifestant  par 
leurs  operations  divines.  St  Paul 
{Hebr.  i)  appliquera  les  paroles  me- 
mes  de  la  Sagesse  au  Verbe  de  Dieu. 
"  La  Sagesse  est  le  souffle  de  la  puis- 
sance de  Dieu,  une  pure  emanation 
de  la  gloire  du  Tout-Puissant.  El'le 
est  le  resplendissement  de  la  lumiere 
eternelle,  le  miroir  sans  tache  de  I'ac- 
tivite  de  Dieu,  et  I'image  de  sa  bonte. 
Etant  unique,  elle  peut  tout;  restant 
la  meme,  elle  se  repand  dans  toutes 
les  ames  saintes,  et  en  fait  des  amis 
de  Dieu  "  {Sag.  vii,  25-27). 

La  divinite,  la  personnalite  du 
Saint-Esprit  sera  egalement  devoilee 
dans  ces  pages  dont  les  clartes  an- 
noncent  deja  les  grandes  revelations 
du  Nouveau  Testament  :  "  L'Esprit- 
Saint  remplit  tout  I'univers...;  il  fuit 
la  duplicite  et  se  retire  de  I'ame  per- 
verse..., il  aime  les  hommes  (Ch.  i). 
"J'ai  prie,  et  I'Esprit  de  Sagesse  est 
venu  en  moi  "  (vii,  7).  "  Qui  pourra 
connaitre  votre  pensee.  Seigneur,  si 
du  haut  du  ciel,  vous  ne  lui  envoyez 
votre  Esprit-Saint"  (ix,  17)?  Ces  pas- 
sages, qu'on  pourrait  multiplier,  sont 
si  explicites,  que  quelques  auteurs, 
hostiles  a  toute  idee  de  revelation, 
n'ont  pas  craint  d'y  soupconner  les 
retouches  d'une  main  chretienne. 

II. 

Le  livre  de  la  Sagesse  se  divise 
naturellement  en  deux  parties  :  I'une 
theorique  (ch.  i-ix),  I'autre  historique 
(ch.  x-xix). 

La  premiere,  plus  dida6lique,  con- 
sidere  la  Sagesse  en  elle-meme  et 
dans  ses  effets  sur  Tame.  La  deuxieme 
fait  connaitre  ses  oeuvres  exterieures: 
les  bienfaits  qu'elle  prodigue  a  ses 
serviteurs,  les  chatiments  dont  elle 
frappe  ses  ennemis. 


LE  LIVRE  DE  LA  SAGESSE. 


439 


On  peut  distinguer,  dans  ces  gran- 
des  lignes  : 

D'abord,  dans  la  partie  theorique 
(ch.  i-v),  la  Sagesse  nous  montre  la 
fin  a  obtenir,  c'est-a-dire,  la  bienheu- 
reuse  immortalite;  puis  (ch.  vi-ix), 
elle  se  fait  notre  guide,  a  travers  cette 
vie,  en  se  revelant  a  nous,  pour  nous 
conduire  au  but  desire. 

Dans  la  partie  historique,  la  Sagesse 
nous  apparait  :  i°  (ch.  x-xii),  comme 
source  de  salut  et  de  chatiment.  Pro- 
te6lion  du  juste  et  punition  de  I'im- 
pie  :  tel  est  le  resume  de  ses  oeuvres. 
L'histoire  sainte,  depuis  Adam  jus- 
qu'aux  chatiments  des  Egyptiens  et 
des  Chananeens  prouve  la  these  de 
I'auteur.  2°  (ch.  xiii-xiv),  comme 
I'ennemie  de  I'idolatrie,  source  de 
tous  les  chatiments.  Digression  sur 
les  origines  du  culte  des  idoles  et  ses 
funestes  consequences.  3o(ch.xv-xix), 
comme  I'auteur  de  la  Providence 
speciale  qui  a  frappe  I'Egypte  ido- 
latre  et  sauve  Israel  adorateur  du 
vrai  Dieu. 

III. 

L'auteur,  proprement  dit,  du  livre 
de  la  Sa£-esse  ne  peut  etre  Salomon. 
Les  autorites  que  nous  avons  deja 
alleguees  suffiraient  a  le  prouver.  On 
ne  peut  opposer  a  cette  assertion  la 
coutume  ancienne  de  le  mettre  au 
nombre  des  ouvrages  de  Salomon. 
Quand  on  parlait  des  Qninque  libri 
Salofnonis  on  savait  que  cette  for- 
mule,  adoptee  par  quelques  conciles, 
ne  prejugeait  en  rien  la  question 
d'authenticite.Ce  qui  importait,c'etait 
inspiration,  la  canonicite,  generale- 
ment  admise  et  defendue  par  ceux 
memes  qui  niaient  I'origine  Salo- 
monienne. 

Les  raisons  de  nier  cette  origine 
sont  tres  fortes. 

1°  La  Sagesse  n'a  pas  ete  origin ai- 
rement  ecrite  en  hebreu.  Nul  n'a 
jamais  parle  d'un  original  dans  cette 
langue.  De  plus  cet  ouvrage  est  com- 
pose en  grec,  il  ne  porte  aucun  ves- 
tige de  tradu6lion.  S'il  contient  quel- 


ques hebraismes,  c'est  que  I'auteur, 
juif  pieux,  etait  nourri  de  la  littera- 
ture  des  h'vres  saints.  Salomon  ne 
peut  done  I'avoir  ecrit. 

2°  Non  seulemeiit  la  langue,  mais 
les  idees,  mais  les  doftrines  refletent 
la  philosophie  grecque  et  revelent 
une  epoque  posterieure  a  Salomon 
de  7  a  8  siecles.  La  lecture  du  livre 
et  du  commentaire  en  fournira  abon- 
damment  la  preuve. 

y^  Aucun  juif  n'a  pense  que  la 
Sagesse  remontat  a  Salomon.  lis  I'ont 
toujours  repoussee  de  leur  Canon,  ou 
plutot  n'ont  jamais  songe  a  I'y  inse- 
rer,  tant  il  est  vrai,  qu'a  I'epoque  de 
sa  composition,  nul  ne  se  meprit  sur 
I'origine  du  livre. 

Quelques  auteurs  ont  imagine  une 
opinion  moyenne  qui  concilierait  la 
donnee  du  titre  grec  et  syriaque  ainsi 
que  I'opinion  de  quelques  Peres  avec 
les  arguments  contre  I'authenticite. 
L'auteur,  quel  qu'il  soit,  aurait  mis 
en  oeuvre  d'anciens^rrzVi'de  Salomon. 
Cette  opinion  est  nouvelle  et  sans 
fondement.  Si  Ton  se  bornait  a  dire 
qu'il  a  mis  en  oeuvre  les  idees  de 
Salomon,  rien  de  plus  naturel ;  par 
exemple,  la  premiere  partie  des  Pj'o- 
vei'bes,  et  c'est  sans  doute  la  raison 
pour  laquelle,  des  le  chap,  vi,  l'auteur 
se  personnifie  dans  Salomon.  Mais 
alleguer  des  ecrits  qu'Esdras  eut 
ignores,  dont  nul  n'a  jamais  parle  : 
hypothese  gratuite,  a  laquelle  les 
anciens  auraient  eu  recours,  si  elle 
avait  eu  quelque  vraisemblance. 

S'il  est  facile  de  refuser  la  compo- 
sition de  la  Sagesse  a  Salomon,  il  est 
difficile  d'en  assigner  l'auteur. 

St  Augustin  avait  pense  au  fils  de 
Sirach,  auteur  de  V  Ecclesiastique. 
Mais  celui-ci  a  ecrit  en  hebreu,  il  a 
vecu  avant  I'epoque  ou  fut  compose 
notre  ouvrage.  Les  Retra^ations 
(ii,  4)  du  saint  docleur  font  justice 
de  cette  opinion. 

Zorobabel  a  ete  mis  en  avant,  mais 
il  n'aurait  pas  ecrit  en  grec,  et  les 
juifs  auraient  mis  son  ouvrage  darts 
leur  Canon. 


% 


^40 


LE  LIVRE  DE  LA  SACESSE. 


Philon,  le  juif,  est  trop  recent,  et  la 
Sagesse  n'est  pas  de  son  style.  Philon 
I'ancien  etait  pai'en. 

Le  philosophe  Aristobule,  ami  des 
Ptolemee  et  leur  flatteur,  n'aurait 
point  parle  aux  rois  comme  I'auteur 
de  la  Sag  esse. 

Aucun  nom  propre  ne  pouvant 
convenir,  il  reste  a  dire  que  I'ouvrage 
suppose  un  juif  verse  dans  les  lettres 
et  la  philosophie  grecques,  vivant 
dans  un  centre  intelleftuel,  qui  ne 
peut  etre  qu'Alexandrie,  a  une  epo- 
que  de  scepticisme  et  de  corruption, 
tels  qu'il  les  depeint  a  chaque  page 
de  son  livre.  Or  nous  savons  que  le 
regne  des  Ptolemee,  depuis  200  ans 
environ  avant  J.-C,  fut  signale  par 
une  recrudescence  d'irreligion,  d'im- 
moralite,  de  persecution  contre  les 
Juifs.  L'auteur  aura  ecrit  pendant  ces 
temps  calamiteux,  afin  de  premunir 
ses  compatriotes  contre  la  corruption 
du  siecle,  les  exhorter  a  la  patience 
et  les  encouragerpar  le  souvenir  des 
bienfaits  de  Dieu  dans  le  passe,  et 
I'esperance  des  biens  futurs. 

Ces  considerations  nous  amenent 
a  placer  la  composition  du  livre  de  la 
Sagesse,  en  Egypte,  plus  probable- 
ment  a  Alexandrie,  pendant  le  cours 
du  2^  siecle  av.  J.-C. 

IV. 

Les  controverses  qui  se  sont  ele- 
vees,  des  les  premiers  siecles,  au  sujet 
de  la  Sagesse,  ont  jete  quelque  doute 
sur  I'inspiration  de  ce  livre.  Quelques 
Peres,  malgre  leur  respe6l  pour  cet 
ouvrage,  et  I'usage  meme  qu'ils  en 
faisaient,  ont  pense  qu'il  n'etait  pas 
destin^  a  soutenir  et  a  confirmer  la 
verite  dogmatique,  mais  seulement  a 
edifier  les  fideles  par  sa  leclure,  Les 
definitions  des  Conciles  ont  tranche 
de  bonne  heure  la  question  en  faveur 
de  inspiration.  Au  16^  siecle,  les  Pro- 
testants I'ont  renouvelee.  Le  Concile 
de  Trente,  confirm<^  recemment  par 
celui  du  Vatican,  a  maintenu  la  tradi- 
tion de  I'Eglisequi  a  toujoursreconnu 
la  Sagesse  pour  un  livre  inspire. 


La  perpetuite  et  I'universalite  de 
cette  tradition  sont,  en  efifet,  mani- 
festes. 

Les  ecrivains  du  N.  T.,  sans  citer 
expressement,  lui  empruntent  plu- 
sieurs  passages  et  jusqu'aux  expres- 
sions elles-memes  (Comp.  Heb.  i,  1-3 
et  Sap.  vii,  26;  Rom.  i,  20-32  et  Sap. 
xiii-xvi;  Rom.  ix,  21  sv.  et  Sap. 
XV,  17-xii,  20  etc.  etc.;  voir  le  Com- 
mentaire).  Ces  rapprochements  prou- 
vent  que  St  Paul,  non  plus  que 
St  Pierre,  et  St  Jacques  ne  considerait 
pas  la  Sagesse  covavaQ  un  livre  profane. 

La  tradition  des  Peres  est  plus 
explicite.  A  partir  de  St  Clement 
Remain,  ils  citent  expressement. 
Avec  Clement  d'Alexandrie  la  Sa- 
gesse est  alleguee  comme  livre  divin, 
et  cela  au  lieu  meme  ou  il  a  du  etre 
compose.  Tous  les  Peres  grecs,  sans 
excepter  ceux  qui  admettent  quelque 
doute  au  sujet  de  son  inspiration, 
par  ex.  St  Athanase,  la  citent  comme 
un  livre  sacre  et  un  temoignage  scrip- 
turaire.  Les  Peres  latins,  si  Ton  ex- 
cepte  St  Jerome,  trop  partisan  du 
Canon  palestinien,  n'hesitent  pas 
davantage  a  admettre  et  meme  a 
defendre  son  inspiration.  St  Augus- 
tin,  qui  ne  reconnait  pas  Salomon 
pour  auteur,  en  revendique  energi- 
quement  I'inspiration  vis  a  vis  des 
semipelagiens. 

Les  Conciles,  a  partir  de  celui 
d'Hippone  (393),  les  lettres  et  les 
decrets  des  Papes,  les  anciens  Canons 
scripturaires,  comme  celui  de  Mura- 
tori,  mettent  la  Sagesse  au  nombre 
des  livres  inspires. 

La  tradition  de  I'Eglise  est  evi- 
dente,  au  point  que  les  premiers  pro- 
testants,  Luther  en  tete,  ne  la  con- 
testaient  pas.  Depuis,  dans  notre  sie- 
cle surtout,  le  terrain  de  la  tradition 
n'etant  pas  favorable,  on  a  allegue 
des  erreurs  qui  ne  peuvent,  dit-on,  se 
concilier  avec  la  parole  de  Dieu. 
Nous  en  dirons  un  mot  seulement  en 
terminant. 

L'auteur  de  la  Sagesse  est  accuse 
de  meconnaitre  la  creation  ex  nihilo 


LE  LIVRE  DE  LA  SAGESSE. 


441 


(xi,  i8);  d'enseigner  la  preexistence 
des  ames  (viii,  19-20);  d'admettre  la 
corruption  du  corps  comme  cause  du 
peche  (i,  4;  viii,  20;  ix,  I5);de  donner 
dans  les  erreurs  de  I'emanatisme 
(vii,  25),  etc.  Ces  accusations,  on  les 
trouvera  refutees  dans  le  Commen- 
taire.  Elles  trouvent  leur  source  dans 
une  exegese  defeftueuse  des  passa- 
ges incrimines. 

Les  faits  racontes  touchant  les 
plaies  d'Egypte  sont  aussi  I'objet  de 
recriminations.  Pour  n'etre  pas  tous 
contenus  dans  les  recits  de  I'Exode, 
ils  peuvent  etre  fondes  sur  une  tradi- 


tion connue  de  I'auteur  et  consignee 
dans  son  oeuvre. 

Outre  letexte  grec,nous  possedons 
de  la  Sagesse  I'ancienne  version  la- 
tine  du  1 6'"  ou  du  2^  siecle,  contenue 
dans  la  Vulgate;  la  version  syriaque, 
et  quelques  autres  versions  moins 
anciennes.  On  a  suivi  dans  cette  tra- 
du6lion  le  texte  officiel  public  en  1 586 
par  le  Pape  Sixte-Quint,  d'apres  le 
manuscrit  du  Vatican.  Quelques  pas- 
sages qui  existent  dans  la  Vulgate, 
mais  ne  se  trouvent  pas  dans  les 
manuscrits  grecs,  ont  ete  mis  entre 
crochets,  v.  g.  II,  8,  etc. 


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PREMIERE    PARTIE. 


^ 


Avantages  de  la  sagesse 
consideree  theoriquement  [Ch.  I 


IX]. 


§  I.—  LA  SAGESSE  CONDUIT  A  LA  BIENHEUREUSE  IMMORTALITY 

[I-V]. 


CHAP.  I.  —  C'est  par  la  purete  morale  qu'on  arrive  a  la  sagesse 
[vers.  I  —  lo].  Le  peche  amene  le  chatiment  et  la  mort[ii  —  i6]. 


^^^P-  ^-      !E^^^^^^  Imez  la  justice,  vous  qui 

etes  les  juges  de  la  terre ; 
que  vos  pensees  sur  le 
Seigneur  soient  selon  la 
5'  droiture,  et    cherchez-le 
d'un  coeur  sincere.  ^Car  il  se  laisse 
trouver  par  ceux  qui  ne  le  tentent 
point,  et  il  se  manifeste  a  ceux  qui 
se  confient  en  lui.  3  En  effet,  les  pen- 
sees  perverses  separent  de  Dieu,  et 
sa   puissance   convainc    de   folie   les 
insenses  qui  la  mettent  a  I'epreuve. 
4  La  sagesse   n'entre  pas  dans  une 
ame  qui   medite  le  mal  et  n'habite 


pas  dans  un  corps  esclave  du  peche. 
sL'Esprit-Saint,  educateur  (ies  hovi- 
incs,  fuit  I'astuce,  il  s'eloigne  des 
pensees  depourvues  d'intelligence  et 
se  retire  de  I'ame  a  I'approche  de 
I'iniquit^.  ^En  effet,  I'Esprit  de  sa- 
gesse aime  les  hommes,  et  il  nc  laisse 
pas  impuni  le  blasphemateur  pour 
ses  discours  impies,  car  Dieu  est  le 
temoin  de  ses  reins,  le  veritable  scru- 
tateur  de  son  coeur,  et  il  entend  ses 
paroles.  7  Car  I'Esprit  du  Seigneur 
remplit  I'univers,  et  lui  qui  con- 
tient  tout,  entend  tout  ce  qui  se  dit. 


CHAP.  I. 

Vers.  I.  La  justice,  dans  le  sens  le  plus 
large  de  ce  mot,  la  droiture  morale  en  ge- 
neral, c.-k-d.  la  conformite  des  pensi^es  et 
des  actions  a  la  volonte  de  Dieu,  h.  sa  loi, 
en  d'autres  termes,  la  sagesse  theorique  et 
pratique.  —  Les  juges  de  la  terre,  ce  sont 
les  rois  :  dans  la  pensee  des  Hebreux,  I'ad- 
ministration  de  la  justice  est  une  fonclion 
de  souverain  :  comp.  Exod.  ii,  14;  I  Sam. 
viii,  20;  I  Rois,  iii,  9.  —  Dans  la  droiture 
d'une  ame  bonne,  parallele  ii  simplicite  de 
caur. 

Ce  i^"^  verset  resume  tout  le  livre,  qui 
recommande  la  justice,  c'est-a-dire  la  sa- 


gesse, a  tous  les  hommes,  mais  principale- 
ment  aux  rois. 

2.  Tenter  Dieu,  en  general,  c'est  douter  de 
sa  puissance,  de  sa  justice  ou  de  son  amour; 
ici,  pour  le  parall^lisme  avec  le  vers,  i,  c'est 
de  plus  le  mettre  k  I'epreuve,  de  defter  sa 
justice  vindicative.  —  //  se  manifeste,  par 
une  acflion  illuminante  et  sanctifiante  : 
coiw'p.  Jean,  xiv,  21  sv.  —  A  ceux  qui  s'aban- 
donnent  k  lui  avec  une  confiance  filiale. 

3.  Les  pensees  perverses  (par  ex.  ii,  i  sv. 
xi,  16)  separent  de  Dieti,  font  que  Dieu 
retire  ses  lumieres  et  son  assistance.  — 
Convainc  de  folie  par  le  chatiment  qui  les 
frappe ;  d'autres,  pufiit.  —  Les  insenses  : 
dans  les  livres  sapientiaux,  la.  folie  est  oppo- 


^S?£^^^^^^^^^HH^^.^^^^^^fg^ 


rTiiTTTriiiiiiiiiiiiiiimiiiiinTTTiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniTiiinTiiiriTigiiiiiiriiiiii 


liifiEi:  JSapientiae. 


.1. 


rritiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiTiiiiiiiiiiiTiiiTiiiirmiiiTtiTiiTiiiiirTinii  m  1 1 1  r  1 1  irrrrnn 


Wf^WWWWWWWWWWWWWWWWWWW 


— *—        CAPUT    I.        — *— 

Judices  sint  justi  :  Dominus  invenitur  si 
simplici  corde  et  fide  quaeratur,  fugit  au- 
tem  a  peccatoribus  et  vanis  cogitationi- 
bus  :  cumque  omnia  repleat,  nihil  eum 
latere  potest  :  murmuratio,  detraclio,  et 
mendacium  detestanda  :  omnia  fecit  Deus 
ad  vitam,  non  mortem  intendens,  quam 
sibi  peccatores  accersierunt. 


ILIGITE  ''justitiam,qui 
judicatis  terram.  Sentite 
de  Domino  in  bonitate, 
et  in  simplicitate  cordis 
quasrite  ilium  :  2.  *quo- 
niam  invenitur  ab  his,  qui  non  ten- 
tant  ilium  :  apparet  autem  eis,  qui 


fidem  habent  in  ilium  :  3.  perversas 

enim  cogitationes  separant  a  Deo  : 

probata  autem  virtus  corripit  insi- 

pientes.  4.  Quoniam  in  malevolam 

animam  non  introibit  sapientia,  nee 

habitabit  in  corpora  subdito  pecca- 

tis.  5.  Spiritus  enim  sanctus  disci- 

plinas  effligiet  fictum,  et  auferet  se 

a  cogitationibus,  quae  sunt  sine  in- 

tellectu,  et  corripietur  a  superve- 

niente  iniquitate.  6.  ^'Benignus  est    "^Gai.  5, 22. 

enim  spiritus  sapientiae,  et  non  libe- 

rabit  maledicum  a  labiis  suis :  '^quo-    .^jer.  17,10. 

niam  renum  illius  testis  est  Deus, 

et  cordis  illius  scrutator  est  verus, 

et  linguas   ejus   auditor.   7.  "Quo-       ^is.  6,  3. 

niam  spiritus  Domini   replevit  or- 

bem  terrarum  :  et  hoc,  quod  conti- 


see  a.\asao-esse;\es  insenses  sont  les  impies 
et  les  pecheurs  qui,  n'ayant  pas  I'intelligence 
de  leur  bien  veritable,  courent  a  leur  perte  : 
comp.  Prov.  ii,  6;  x,  21;  xxiv,  9;  Jug.  xx,  6; 
1 1  Sa/n.  xiii,  13. —  Qui  la  7netietit  a  Vepreuve, 
qui  defiant  Dieu  de  les  punir. 

4.  Ame,  corps :  chacun  de  ces  mots  desi- 
gne  ici  I'homme  tout  entier.  — Esclave,\\\.i. 
engage,  assiijetti  au  peche,  comme  le  debi- 
teur  vis-a-vis  de  son  creancier. 

5.  L^ Esprit- Saint,  sans  article  en  grec, 
ce  qui  indique  un  nom  propre  et  insinue  la 
personnalite  du  Saint-Esprit,  qui  sera  plei- 
nement  rdvelee  dans  I'Evangile  :  comp. 
Matth.  i,  18, 10;  Jean,  xx,  22;  ^^.  ii,  4.  Dans 
les  livres  plus  anciens,  ce  mot  est  accom- 
pagne  de  I'article,  par  ex.  Ps.  li,  13;  Is. 
Ixiii,  II.  —  Uastuce,  le  mal  en  tant  qu'il 
dissimule  sa  nature  mauvaise,  et  seduit  les 
simples  par  ses  faux  attraits.  —  Y^&'s,  pensees 
depourvues  d'' intelligence  sont  les  memes 
que  les  pensees  perverses  du  vers.  3.  —  A 
Papproche  de  Vitiiquite  :  comp.  Geti.  vi,  3; 
Is.  Ixiii,  10;  Ephes.  vi,  30. 

6.  Eti  effet  I'Esprit  de  sagesse  aime 
les  hommes  :  plusieurs  regardent  ce  mot 
comme  une  simple  copule;  d'autres  I'expli- 
quent  ainsi  :  le  mal  dans  le  coeur  de  I'homme 
en  bannit  la  sagesse,  car  plus  elle  a  d'amour 
pour  I'homme,  moins  elle  peut  souffrir  ce 


qui  defigure  sa  creature  et  I'empeche  d'at- 
teindre  sa  fin;  elle  la  chatie  done  pour  la 
ramener  dans  la  voie  du  bien.  Comp.  Prov. 
iii,  1 1 ;  Hebr.  xii,  4  sv.  —  L Esprit  de  sagesse. 
Les  meilleurs  manuscrits  grecs  lisent  aooi'a 
sagesse,  au  nominatif,  et  cette  lecon  est 
suivie  par  S.  Augustin;  sens  :  la  sagesse  est 
un  esprit  qui  aime  les  Jioninies.  —  Ses  reins, 
ses  sentiments  les  plus  intimes.  —  So7t 
cceur,  ses  pensdes.  —  Le  veritable  scruta- 
teur,  ce\u'\  a  qui  convient  justement  cenom, 
et  qui  en  realise  pleinement  I'idee.  —  Ses 
paroles  :  la  gradation  est  descendante. 

7.  D Esprit  du  Seigneur  remplit  Vttni- 
vers  :  la  meme  chose  est  dite  aussi  de  la 
sagesse  vii,  24;  viii,  i.  Dans  tout  ce  passage, 
les  deux  noms  semblent  mis  I'un  pour  I'autre 
et  expriment  la  meme  idee.  La  theologie 
chretienne  explique  tres  bien  cet  emploi  : 
I'Esprit  du  Pere  est  aussi  I'Esprit  du  Fils 
(de  la  Sagesse  comme  personne  divine).  — 
Qui  contient  tout,  qui  fait  que  tons  les  Ele- 
ments du  cosmos  se  tiennent  et  ne  retour- 
nent  pas  a  la  confusion  du  chaos  primitif. 
Le  tradufleur  latin  a  conserve  le  neutre  du 
grec  (TTViuij.a),  hoc  quod  continetj  il  aurait 
fallu,  hie  (spiritus)  qui  contiftef.  —  Tout  ce 
qui  se  dit,  soit  de  bouche,  soit  meme  de 
coeur  :  I'auteur  a  specialement  en  vue  les 
blasphemes  des  impies.  Dans  I'office  de  la 


444 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  I,  8—16;  II,  1—4. 


Chap.  II. 


^Aussi  celui  qui  tient  des  discours 
impies  ne  saurait  raster  cache,  ni 
echapper  au  chatiment  de  la  justice. 
9  Car  les  pensees  des  impies  seront 
examinees ;  la  connaissance  de  ses 
paroles  arrivera  jusqu'a  Dieu  pour  le 
chatiment  de  ses  iniquites  i^Une 
oreille  jalouse  entend  tout  et  le  bruit 
des  murmures  ne  lui  echappe  pas. 

iiGardez-vous  done  de  ces  mur- 
mures inutiles,  et  preservez  votre 
langue  du  blaspheme ;  car  la  parole 
la  plus  secrete  ne  sortira  pas  impu- 
nement  de  vos  levres,  et  la  bouche 
qui  ment  donne  la  mort  a  I'ame. 
12  Ne  courez  pas  apres  la  mort  par 


les  egarements  de  votre  vie,  et  n'at- 
tirez  pas  sur  vous  la  perdition  par  les 
oeuvres  de  vos  mains.  ^sCar  Dieu  n'a 
pas  fait  la  mort,  et  il  n'eprouve  pas 
de  joie  de  la  perte  des  vivants.  ^4 II  a 
cree  toutes  choses  pour  la  vie ;  toutes 
les  creatures  sont  salutaires ;  il  n'y  a  en 
elles  aucun  principe  de  destru6lion, 
et  la  mort  n'a  pas  d'empire  sur  la 
terre.  ^sCar  la  justice  est  immortelle. 
16  Mais  les  impies  appellant  la  mort 
du  geste  et  de  la  voix;  la  regardant 
comme  une  amie,  ils  se  passionnent 
pour  elle;  ils  font  alliance  avec  elle, 
et  ils  sont  dignes,  en  effet,  de  lui 
appartenir. 


CHAP.  II.  —  Maximes  et  raisonnements  des  impies  touchant  la  destinee 
humaine  [vers,  i — 20].  Refutation  de  ces  maximes  [21  —  25]. 

de  nos  narines  est  une  fumee,  et  notre 
pensee  une  etincelle  qui  jaillit  au 
battement  de  notre  cceur.  sQu'elle 
s'eteigne,  notre  corps  tombera  en  cen- 
dres  et  I'esprit  se  dissipera  comme 
I'air  leger.  4  Notre  nom  tombera  dans 
I'oubli  avec  le  temps,  et  personne  ne 
gardera  le  souvenir  de  nos  oeuvres. 
Notre  vie  passera  comme  un  reste  de 
nuee ;    elle    se   dissipera  comme  un 


iLS  se  sont  dit  les  uns  aux  au- 
tres,  dans  I'egarement  de  leurs 
pensees  :  "  II  est  court  et  triste 
le  temps  de  notre  vie  et,  quand  vient 
la  fin  d'un  homme,  il  n'y  a  point  de 
remede;  on  ne  connait  personne  qui 
soit  revenu  du  sejour  des  morts.  ^Le 
hasard  nous  a  amenes  a  I'existence, 
et  apres  cette  vie  nous  serons  comme 
si  nous  n'avions  jamais  ete;  le  souffle 


Pentecote,  I'Eglise  applique  au  don  des 
langues  les  mots  scientiam  habet  vocis  :  ce 
n'est  qu'une  simple  accommodation. 

9.  Les  pensees  ou  les  dcsseins.  —  Jusqu  'd 
Dieu  :  comp.  Jacq.  v,  4. 

10.  Utie  oreille  jalouse,  I'oreille  d'un  Dieu 
jaloux  de  la  fidelity  de  son  peuple ;  litt.  une 
oreille  de  Jalousie,  xeWo.  f\W&r\  a  la  jalousie, 
comme  on  dit  Pa'il  de  lafoi.  —  Murmures 
blasphematoires,  occasionnds  par  les  mal- 
heurs  des  Juifs  k  cette  epoque;  Dieu  sem- 
blait  les  avoir  abandonnes,  et  plusieurs 
niaient  sa  providence;  quelques-uns  meme 
allaient  jusqu'k  I'apostasie. 

11.  Inutiles,  c.-k-d.  mauvais,  funestes  : 
litote.  Ce  mot  est  souvent  employe  dans  ce 
sens  :  comp.  Matth.  xii,  36;  Ep/ie's.  v,  11; 
Tit.  iii,  9;  Phile'fn.  ii;  H3r.  xiii,  17.  — 
Blasphhne,  litt.  ditraH^ionj  le  contexte  indi- 
que  que  Dieu  en  est  I'objet.  —  Parole  se- 
crete, dite  dans  I'intimite.  —  Qui  ment  :  le 
mensonge  est  pris  ici  dans  le  sens  tres  ge- 
neral de  parole  coupable,  injuste.  —  La 
tnort  spirituelle. 

12.  Ne  courez  pas  :  ironie  (comp.  Prov. 
viii,  36);  aux  yeux  d'un  homme  sense,  les 


mechants  se  comportent  comme  s'ils  desi- 
raient  la  mort;  ils  prennent  plus  de  peine  a 
satisfaire  leurs  passions  et  h.  se  perdre, 
qu'ils  n'en  auraient  k  les  combattre  et  a  se 
sauver.  La  mort  dont  il  s'agit  ici  est  la  mort 
spirituelle  et  par  suite  le  chatiment  reserve 
au  pecheur  apr^s  la  vie  presente.  Ce  chati- 
ment, I'auteur  I'appelle  mort  ou  perditio7t 
(comp.  vers.  11;  iv,  19),  non  parce  que 
I'ame  coupable  sera  rdellement  aneantie, 
mais  parce  que  I'etat  de  souffrance  et  de 
misere  oii  elle  sera  reduite  pent  etre  nom- 
mee  une  mort,  en  comparaison  de  la  vie 
bienheureuse  et  immortelle  dont  jouiront 
les  justes.  Les  memes  expressions  ont  passe 
avec  le  meme  sens  dans  la  langue  chr^- 
tienne. 

13.  La  mort  n'entrait  pas  dans  le  plan 
primitif  du  Createur  (ii,  23);  elle  est  due  k 
une  cause  accidentelle,  au  pdche,  occasionn^ 
lui-meme  par  la  jalousie  du  d^mon. 

14.  Toutes  choses  en  general,  et  particu- 
li^rement  les  etres  vivants.  —  Toutes  les 
especes  de  creatures,  tout  ce  qui  arrive  k 
I'existence  :  c'est  le  sens  du  gr.  -^vihtKc, 
et  du  lat.  nationes  (Pline  :  nationes  mellis. 


LIBER  SAPIENTL4{.     Cap.  I,  8—16;  II,  1—4. 


445 


net  omnia,  scientiam  habet  vocis. 
8,  Propter  hoc  qui  loquitur  iniqua, 
non  potest  latere,  nee  praeteriet 
ilium  corripiens  judicium.  9,  In  co- 
gitationibusenim  impii  interrogatio 
erit  :  sermonum  autem  illius  audi- 
tio  ad  Deum  veniet,  ad  correptio- 
nem  iniquitatum  illius.  10. Quoniam 
auris  zeli  audit  omnia,  et  tumultus 
murmurationum  non  abscondetur. 
1 1.  Custodite  ergo  vos  a  murmu- 
ratione,  quae  nihil  prodest,  et  a  de- 
tractione  parcite  linguae,  quoniam 
sermoobscurus  in  vacuum  non  ibit: 
OS  autem  quod  mentitur,  occidit 
animam.  12.  Nolite  zelare  mortem 
in  errore  vitas  vestrae,  neque  acqui- 
ratis  perditionem  in  operibus  ma- 
nuum  vestrarum.  13.  ''Quoniam 
Deus  mortem  non  fecit,  nee  laetatur 
in  perditione  vivorum.  14.  Creavit 
enim,  ut  essent  omnia  :  et  sanabiles 
fecit  nationes  orbis  terrarum  :  et 
non  est  in  illis  medicamentum  ex- 
terminii,  nee  inferorum  regnum  in 
terra.  15.  Justitia  enim  perpetua 
est,  et  immortalis.  16.  Impii  autem 
manibus  et  verbis accersieruntillam: 
et  aestimantes  illam  amicam,  deflu- 
xerunt,  et  sponsiones  posuerunt  ad 


illam  :  quoniam  digni  sunt  qui  sint 
ex  parte  illius. 

— *—       CAPUT  IL       — ^i:— 

Omnis  impiorum  vitcc  futurae  spem  non 
habentium,  scopus  est  frui  hujus  vitae 
voluptatibus,  ideoque  justum,  qui  diver- 
sum  respicit  finem,  ferre  nequeunt,  sed  ad 
mortem  usque  persequuntur  :  sicut  et 
diaboli  invidia  homo  a  Deo  creatus  im- 
mortalis, fa6lus  est  mortalis. 


IXERUNT  enim  cogi- 
tantes  apud  se  non  recte  : 
''Exiguum,  et  cum  taedio 
est  tempus  vitas  nostrae, 
et  non  est  refrigerium  in  fine  homi- 
nis,  et  non  est  qui  agnitus  sit  rever- 
sus  ab  inferis  :  1.  quia  ex  nihilo  nati 
sumus,  et  post  hoc  erimus  tamquam 
non  fuerimus  :  quoniam  fumus  fla- 
tus est  in  naribus  nostris  :  et  sermo 
scintilla  ad  commovendum  cor  no- 
strum :  3.  qua  exstincta,  cinis  erit 
corpus  nostrum,  et  spiritus  difFun- 
detur  tamquam  mollis  aer,  et  trans- 
ibit  vita  nostra  tamquam  vestigium 
nubis,  et  sicut  nebula  dissolvetur, 
quas  fugata  est  a  radiis  solis,  et  a 
calore  illius  aggravata:  4.  et  nomen 


"Job.  7,  t 
et  14,  I. 


equortim,  etc.).  —  Sont  sahitaires ,  non 
nuisibles,  ont  regu  de  Dieu  a  I'origine  les 
qualitds  necessaires  k  leur  mutuelle  conser- 
vation. En  grec,  acoti^piot ;  le  mot  latin  de 
I'ancienne  version  italique,  sanabilis,  a  le 
meme  sens  a6lif,  plutot  que  celui  de  gtteris- 
sable,  qu'on  lui  donne  souvent  ici,  mais  a 
tort.  —  //  liy  a  en  elles,  telles  que  Dieu  les 
a  faites  k  I'origine. 

1 5.  Cay- :  raison  de  ce  qui  precede  :  le 
dessein  primitif  du  Createur  continue  de  se 
realiser  dans  les  justes.  —  La  justice,  la 
sagesse  pratique,  est  immortelle,  conduit  a 
I'immortalite;  ou  bien  :  les  justes,  ceux  qui 
pratiquent  la  sagesse,  sont  immortels.  La 
Vulgate  a.]ou.\.t,  perpetua.  Quelques  manus- 
crits  latins  ajoutent  encore  :  mais  Vinjristice 
s^acquiert  la  mort :  ces  mots,  regardes  par 
plusieurs  comme  une  simple  glose,  donnent 
au  premier  membre  un  membre  parallele 
qui  complete  le  verset. 

16.  Ironie  :  comp.  vers.  12.  A  considerer 
les  adlions  et  les  paroles  criminelles  des 
impies,  on  dirait  qu'ils  desirent  leur  perte 
eternelle.  Les  derniers  mots  visent  proba- 


blement  les  Juifs  apostats  qui,  renongant  a 
leur  alliance  avec  le  Seigneur  et  ne  voulant 
plus  etre  son  heritage,  devenaient  en  quel- 
que  sorte  la  propriete  de  la  mort. 

CHAP.  II. 

1.  Les  tins  aux  autres  pourrait  aussi,  avec 
la  Vulg.,  se  joindre  a  ce  qui  suit,  ils  ont  dit, 
raisotinant  follement  entre  eux.  —  //  est 
court  :  comp.  Gen.  xlvii,  9;  Job,  xiv,  i  sv. 
Ps.  xxxix,  6  sv.  —  Qui  soil  revenu  (comp. 
pour  I'expression  I  Esdr.  iii,  3;  Tob.  ii,  9)  : 
le  gr.  aitoXuda.;  se  prete  a  un  autre  sens  :  qui 
delivre  du  sejour  des  morts. 

2.  Le  hasard,  non  un  dessein  reflechi, 
precongu.  Vulg.,  nous  sommes  ne's  de  rien, 
nous  n'etions  rien  avant  de  naitre.  —  Une 
fumee  qui  se  dissipe  et  disparait  sans  retour. 
—  Notre  pensee,  etc.  Vulg.,  et  la  parole  est 
une  etincelle  qui  agite  notre  coeur. 

3.  L'air  leger  :  c'est  apres  ces  mots  que 
la  Vulg.  met  la  2^  partie  du  vers.  4,  notre 
vie  passera,  etc. 

4.  C'est  la  chaleur  solaire  qui,agissant  ine- 
galement  sur  les  dififerentes  couches  d'air, 


446 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  II,  5—21. 


brouillard  que  chassent  les  rayons 
du  soleil  et  que  la  chaleur  condense 
en  pliiie.  ^  Notre  vie  est  le  passage 
d'une  ombre;  sa  fin  est  sans  retour; 
le  sceau  est  appose  et  nul  ne  revient. 
^Venez  done,  jouissons  des  biens 
presents ;  usons  des  creatures  avec 
I'ardeur  de  la  jeunesse.  7Buvons  a 
profusion  le  van  precieux,  couvrons- 
nous  de  parfums,  et  ne  laissons  point 
passer  la  fleur  du  printemps.  ^Cou- 
ronnons-nous  de  roses  avant  qu'elles 
se  fletrissent;  [qu'il  n'y  ait  point  de 
prairie  qui  ne  soit  le  theatre  de  nos 
plaisirs].  9Qu'aucun  de  nous  ne  man- 
que a  nos  orgies;  laissons  partoutdes 
traces  de  nos  rejouissances;  car  c'est 
la  notre  part,  c'est  la  notre  destinee. 
^°Opprimons  le  juste  qui  est  pauvre; 
n'epargnons  pas  la  veuve,  et  n'ayons 
nul  egard  pour  les  cheveux  blancs 
du  vieillard  charge  d'annees.  "Oue 
la  force  soit  pour  nous  la  loi  de  la 
justice;  ce  qui  est  faible  n'est  bon  a 
rien.  ^^Traquons  done  le  juste,  puis- 
qu'il  nous  est  inutile,  qu'il  est  con- 
traire  a  notre  maniere  d'agir,  qu'il 
nous  reproche  de  violer  la  loi  et  nous 


fait  une  honte  de  dementir  notre 
education.  ^311  pretend  posseder  la 
science  divine  et  se  nomme  fils  de 
Dieu.  14 II  ne  sert  qu'a  faire  paraitre 
la  honte  de  nos  pensees.  'sSa  vue 
seule  nous  est  insupportable ;  car 
sa  vie  ne  ressemble  pas  a  celle  des 
autres,  et  ses  voies  sont  etranges. 
16  Dans  sa  pensee,  nous  sommes 
d'impures  scories ;  il  evite  notre  ma- 
niere de  vivre  comme  une  souil- 
lure ;  il  proclame  heureux  le  sort 
final  des  justes  et  se  vante  d'avoir 
Dieu  pour  pere.  i7Voyons  done  si 
ce  qu'il  dit  est  vrai,  et  examinons 
ce  qui  lui  arrivera  au  sortir  de  cette 
vie.  i^  Car  si  le  juste  est  fils  de 
Dieu,  Dieu  prendra  sa  defense  et 
le  delivrera  des  mains  de  ses  ad- 
versaires.  i9Soumettons-le  aux  ou- 
trages et  aux  tourments,  afin  de 
connaitre  sa  resignation  et  d'eprou- 
ver  sa  patience.  ^oCondamnons-le  a 
la  mort  la  plus  honteuse,  car  sans 
doute,  selon  qu'il  s'en  vante,  Dieu 
aura  souci  de  lui." 

-^Telles   sont  leurs  pensees,  mais 
ils  se  trompent,  aveugles  par    leur 


produit,  en  definitive,  la  condensation  des 
vapeurs  de  I'atmosphere.  Du  reste,  il  ne 
faut  pas  demander  a  I'auteur  une  explica- 
tion scientifique  d'un  phenomene  naturel; 
il  s'en  rapporte  dans  sa  comparaison  aux 
simples  apparences. 

5.  Le  passage  d'ti/ie  ombre  :  rombre  s'eva- 
nouit  quand  disparait  I'objet  qui  la  proje- 
tait,  ou  la  lumiere  dans  laquelle  elle  tom- 
bait.  Cette  image  est  frequente  dans  I'Ecri- 
ture;  comp.  v,  9;  Job,  viii,  9;  xiv,  2;  Ps. 
xxxix,  7,  al.  —  Safin  est  sans  retour,  on  ne 
meurt  qu'une  fois  {HJbr.  ix,  27). —  Le  sceati 
est  appose;  litt.  le  retour  est  see  lie,  c.-a-d. 
ferme,  impossible;  les  anciens  scellaient  ce 
que  nous  fermons;  comp. /ob,  xiv,  17;  Dan. 
vi,  17;  Apoc.  XX,  3.  —  Nul  ne  revient ; 
comp.  Job,  vii,  9;  II  Sam.  xii,  23;  Eccli. 
xxxviii,  21. 

Dans  les  versets  suiv.,  les  impies  tirent 
les  consequences  de  leur  materialisme  : 
I '■«  consequence,  vers.  6-9;  2e,  vers.  10-20. 

6.  Des  biens  presents  (en  gr.  ovxwv),  par 
opposition  a  ceux  de  I'autre  vie;  ou  bien, 
des  biens  reels,  palpables,  visibles,  par  oppo- 
sition aux  biens  imaginaires,  tels  que  la 
vertu  et  la  sagesse. 

7.  Ne  laisso7is  point  passer,  sans  la  cueil- 


lir,  la  flcur  du  prijitemps  :  soit  dans  le  sens 
propre,  pour  nous  en  couronner,  comme 
c'etait  I'usage  dans  les  festins;  soit  dans  le 
sens  figure  :  la  fleur  dtc  printemps,  pour 
les  plaisirs  en  general,  et  particuliere- 
ment  ceux  auxquels  se  livrent  les  jeunes 
gens. 

8.  De  roses,  litt.  de  toutons  de  roses.  Les 
mots  entre  crochets  ne  se  trouvent  que 
dans  la  Vulg. ;  ils  ne  se  lisent  dans  aucun 
des  manuscrits  grecs  adluels.  Plusieurs  ex- 
pliquent  leur  presence  dans  celui  que  I'au- 
teur de  la  Vulgate  avait  sous  les  yeux,  par 
I'inadvertance  d'un  copiste  qui  aurait  subs- 
titu^  [XTiSitc;  X£i}j.a)v  k  ,ult|8£1<;  riy.aiv  (commen- 
cement du  vers.  9),  d'ou  serait  resultee  une 
double  tradutlion  de  lameme  phrase.  Nean- 
moins  I'authenticite  de  ce  passage  n'est 
nuUement  improbable. 

10.  Opprimons,  etc.  Ceux  qui  parlent 
ainsi  sont  probablement  des  Juifs  apostats 
qui,  avec  la  culture  des  Grecs,  avaient 
adopte  leurs  vices,  et  qui  s'^taient  rallies 
aux  persecuteurs  de  leur  peuple.  Le  jtiste 
represente  les  Israelites  tideles. 

12.  Traquons,  litt.  tendons  des  embiickes. 
—  //  nous  est  inutile,  il  n'est  pas  k  notre 
convenance,  il  ne  s'adapte  pas  h  nos  vues, 


LIBRI  SAPIENTI^.     Cap.  II,  5  —  21. 


447 


nostrum    oblivionem    accipiet    per 

tempus,  et  nemo  memoriam  habe- 

>ar.  29,    bit  operum  nostrorum.  5.  ^Umbrae 

enim  transitus  est  tempus  nostrum, 

et  non  est  reversio  finis  nostri :  quo- 

niam  consignata  est,  et  nemo  rever- 

titur. 

,  22, 13        6.'  Venite  ergo,  et  fruamur  bonis 

'-  ^^-  ^    quas  sunt,  et  utamur  creatura  tam- 

^^'  ^^     quam  in  juventute  celeriter.  7.  Vino 

pretioso,  et  unguentis  nos  implea- 

mus  :  et  non  praetereat  nos  flos  tem- 

poris.  8.  Coronemus  nos  rosis,  ante- 

quam  marcescant  :  nullum  pratum 

sit,  quod   non   pertranseat  luxuria 

nostra.  9.  Nemo  nostrum  exsors  sit 

luxurias  nostras  :  ubique  relinqua- 

mus  signa  lastitias  :  quoniam  base 

est   pars  nostra,   et    haec    est   sors. 

I  o.  Opprimamus  pauperem  justum, 

et  non  parcamus  viduae,  nee  vete- 

rani   revereamur  canos  multi  tem- 

poris.  1 1.  Sit  autem  fortitudo  nostra 

lex  justitiae  :  quod  enim  infirmum 

est,  inutile  invenitur.  12.  Circum- 

veniamus    ergo    justum,   quoniam 

inutilis  est  nobis,  et  contrarius  est 

operibus  nostri s,  et  improperat  no- 


bis peccata  legis,  et  diffamat  in  nos    ^ 
peccata  disciplinasnostrae.  13 /Pro-    ^J^''^^-^/. 
mittit  se  scientiam  Dei   habere,  et 
filium  Dei  se  nominat.  14.  'Factus    „"-'°^""7. 
est  nobis  in  traductionem  cogitatio- 
num  nostrarum.  15.  Gravis  est  no- 
bis etiam  ad   videndum,  quoniam 
dissimilis  est  aliis  vita  illius,  et  im- 
mutatas  sunt  vias  ejus.  1 6.Tamquam 
nugaces  aestimati  sumus  ab  illo,  et 
abstinet  se  a  viis  nostris  tamquam 
ab  immunditiis,  et  praefert  novis- 
sima  justorum,  et  gloriatur  patrem 
se  habere  Deum.  17.  Videamusergo 
si  sermones  illius  veri  sint,et  tente- 
mus  quas  ventura  sunt  illi,  et  scie- 
mus   quas   erunt   novissima    illius.     ^p^  ^^ 
18.  ^Si  enim  est  verus  filius  Dei, 
suscipiet  ilium,  et  hberabit  eum  de 
manibus  contrariorum.  19.  Contu- 
melia    et    tormento    interrogemus 
eum,  ut  sciamus  reverentiam  ejus, 
et     probemus      patientiam     illius.    ,,.  ^  ^^^^^^ 
20.  ^Morte  turpissima  condemne- 
mus  eum :  erit  enim  ei  respectus  ex 
sermonibus  illius. 

21.  Haec  cogitaverunt,  et  erra- 
verunt  :  excaecavit  enim  illos  mali- 


a  nos  desseins.  Ce  i^''  membre  est  emprunte 
k  Isaie  (iii,  10)  selon  le  grec  des  Septante. 
—  Contraire  a  notre  maniere  d^agir,  cen- 
seur  de  nos  oeuvres.  —  La  lot  mosaique.  — 
Notre  ediicatio7i  religieuse,  les  principes  et 
les  pratiques  dans  lesquelles  nous  avons  ete 
eleves. 

Un  grand  nombre  de  Peres  ont  vu  dans 
ce  verset  et  ceux  qui  suivent  une  veritable 
prophetie  de  la  passion  de  Notre-Seigneur; 
on  y  trouve  en  etYet  une  coincidence  frap- 
pante  de  pensees  et  d'expressions  avec  les 
rdcits  dvangeliques  :  comp.  notamment 
Matth.  xxvii,  43;  Jean.,  xix,  7.  On  peut  y 
voir  encore,  en  second  lieu,  une  peinture 
generale  de  la  conduite  des  impies  k  I'egard 
des  justes,  peinture  qui  a  d'abord  son  ap- 
plication a  Jesus-Christ  et  a  ses  adver- 
saires. 

13.  La  science  divine.,  la  connaissance  de 
lavolonte  de  Dieu  et  de  ses  desseins  sur  les 
justes.  —  Fils  de  Dieu  :  cette  expression, 
outre  son  sens  propre  qui  s'applique  k  N.  S., 
indique  aussi  le  rapport  particulier  d'intimi- 
te  et  d'union  dans  laquelle  le  pieux  Israelite 
se  trouve  vis-a-vis  de  Dieu. 

14.  Faire  parditre  la  honte  de  nos  pen- 
sees  et  de  nos  sentiments,  par  la  compa- 


raison  qui  s'etablit  naturellement  entre  lui 
et  nous. 

15.  Ses  voies,  sa  conduite. 

16.  DHinpures  scories  (Vulg.  des  honinies 
futiles),  des  Israelites  falsifies,  degeneres, 
n'ayant  plus  les  sentiments  qui  conviennent 
au  peuple  de  Dieu  :  comp.  Matth.  xii,  39; 
Jea?i,  viii,  55.  —  Dieti  pour  pere  :  voy. 
vers.  13  et  comp.  /ean,  v,  18;  viii,  27. 

17.  Cette  vie.  La  Vulg.  ajoute,  et  nous 
saurons  quelle  sera  sa  fin,  si  elle  sera  aussi 
heureuse  qu'il  I'espfere.  Ces  mots  semblent 
etre  une  seconde  tradudlion  du  membre  de 
phrase  qui  precede. 

18.  Comp.  Ps.  xxii,8  sv.  Matth.  xxvii,  43. 
Si  le  juste,  etc. 

Vulgate  :  sHl  est  le  veritable  fils  de 
Dieu;  6  Stxa-.o?  parait  avoir  ete  rendu  par 
verus. 

ig.  Sa  resignation,  sa  soumission  respec- 
tueuse  k  la  volonte  de  Dieu  :  c'est  le  sens 
de  reverentia  ici  et  Hcbr.  v,  7. 

20.  Sans  doute  :  ironique.  —  Selon  qu'il 
s'en  vante  :  voy.  vers.  16. 

21  sv.  Reponse  du  sage  :  ces  pensees  et 
ce  langage  viennent  de  I'ignorance  des  des- 
seins de  Dieu. 

Telles  sont,  ou  telles  etaient :  voy.  vers.  i. 


448  LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  II,  22—25;  HI,  i— 11. 


malice.  ^2  ignorant  les  desseins  se- 
crets de  Dieu,  ils  n'esperent  pas  de 
remuneration  pour  la  justice,  et  ils  ne 
jugent  pas  qu'il  existe  une  glorieuse 
recompense  pour  les  ames  saintes. 
23 Car  Dieu  a  cree  I'homme  pour  I'im- 


mortalite,  et  il  I'a  fait  a  I'image  de  sa 
propre  nature.  24C'est  par  Ten  vie  du 
diable  que  la  mort  est  venue  dans  le 
monde;  25 ils  en  feront  I'experience, 
ceux  qui  lui  appartiennent. 


CHAP.  III. —  Les  justes  sont  recompenses  par  leurs  souffrances  [vers,  i — 9]. 
Contraste  entre  les  justes  et  les  impies  au  point  de  vue  de  leur  famille 
[10  — IV,  6]. 


Ch.  III.  B'S^Sffl'ES  ames  des  justes  sont  dans 
la  main  de  Dieu,  et  les  tour- 
ments  ne  les  atteindront  pas. 
-Aux  yeux  des  insenses  ils  parais- 
sent  etre  morts,  et  leur  sortie  de  ce 
monde  semble  un  malheur.  Set  leur 
depart  du  milieu  de  nous  un  anean- 
tissement;  mais  ils  sont  dans  la  paix. 
4Alors  meme  que,  devant  les  hom- 
mes,  ils  ont  subi  des  chatiments,  leur 
esperance  est  pleine  d'immortalite. 
5  Apres  une  legere  peine,  ils  recevront 
une  grande  recompense;  car  Dieu  les 
a  eprouves  et  les  a  trouves  dignes  de 
lui.  611  les  a  essayes  comme  Tor  dans 
la  fournaise  et  les  a  agrees  comme 
un  parfait  holocauste.  7Au  jour  de 
leur  recompense,  les  justes  brilleront, 


semblables  a  la  flamme  qui  court  a 
travers  les  roseaux.  ^Ils  jugeront  les 
nations  et  domineront  sur  les  peuples, 
et  le  Seigneur  regnera  sur  eux  a  ja- 
mais. 9Eux  qui  ont  mis  en  lui  leur 
confiance,  ils  auront  I'intelligence  de 
la  verite ;  ses  fideles  habiteront  avec 
lui  dans  I'amour,  car  la  grace  et  la 
misericorde  sont  pour  [ses  saints  et  il 
prend  soin  de]  ses  elus. 

10  Mais  les  impies  auront  le  chati- 
ment  merite  par  leurs  pensees  per- 
verses,  eux  qui  ont  meprise  le  juste 
et  se  sont  eloignes  du  Seigneur. 
"  Car  quiconque  rejette  la  sagesse  et 
la  discipline  est  voue  au  malheur; 
leur  esperance  est  vaine,  leurs  efforts 
sont  infru6lueux  et  leurs  ceuvres  sans 


22.  Les  desseins  secrets  de  Dieu  concer- 
nant  les  epreuves  des  justes  et  la  recom- 
pense qui  les  attend  dans  la  vie  future. 

23.  Comp.  Gen.  i,  27;  ii,  7;  Eccli.  xvii,  i. 
—  Pour  Viininortalitc  se  rapporte  surtout 
a  la  vie  dternelle  au-dela  de  la  tombe.  — A 
Pitnage  de  sa  propre  nature^  en  gr.  \rj<.6xr\-zrtc, 
litt.  proprietatis,  ce  que  Corn,  de  Lapierre 
explique  ainsi :  I'liomme  est  I'image  de  la  na- 
ture divine,  qui  est  propre  a  Dieu;  ou  bien  : 
I'homme  est  I'image  des  propridtes  divines, 
des  attributs  et  des  perfections  qui  sent 
propres  h.  Dieu.  On  trouve  dans  plusieurs 
manuscrits  et  quelques  Peres  aiSio-rjTo;, 
de  son  eter?iite. 

La  26  partie  du  verset  donne  la  raison 
de  la  i''^  :  I'ame  est  immortelle  parce  qu'elle 
porte  en  elle  I'image  de  I'Etre  divin,  de 
ses  perfecftions,  et  par  consequent  de  son 
eternite. 

24.  Uenvie  du  diable.,  jaloux  du  bonheur 
de  nos  premiers  parents  :  ici  pour  la  pre- 
miere fois  le  serpent  du  paradis  terrestre 
est  appele  de  son  vrai  nom,  le  Diable,  tra- 
dudlion  de  I'hebr.  Satan.  —  La  mort,  sur- 
tout la  mort  spirituelle.  —  Le  monde^  non 


I'univers,   mais    le    monde    des    hommes, 
comme  \\  Jean,  7. 

25.  Ceux  qui  se  sont  livr^s  au  diable 
^prouveront  la  mort.  Comp.  Rom.  vi,  23. 
Vulgate,  ceiix-la  imitent  le  diable,  qui  sont 
de  son  parti. 

CHAP.  III. 

I.  Les  dines  des  justes  apres  la  vie  pre- 
sente,  comme  Apoc.  vi,  9;  xx,  4;  I  Pier. 
iii,  19;  Hcbr.  xii,  25.  —  Daits  la  main  de 
Dieu,  sous  sa  proteftion  speciale.  —  Les 
tounnents  reserves  aux  mechants  dans  I'au- 
tre  vie.  Vulg.,  le  tourtnent  de  la  mort  eter- 
nelle;  ou,  selon  plusieurs  manuscrits,  tor- 
mentum  nialitice,  dans  le  sens  de  pana, 
selon  I'explication  de  S.  Augustin. 

2-3.  Aux  yeux,  pour  au  jugement  :  he- 
braisme.  —  Leur  depart :  mourir,  c'est  s''en 
aller  par  euphemisme  :  comp.  vii,  6;  Ltcc, 
ix,  31;  xxii,  22;  II  Pier,  i,  15.  —  Datis  la 
paix,  c.-a-d.  dans  le  bonheur  et  le  repos  : 
paroles  que  les  premiers  Chretiens  aimaient 
il  inscrire  sur  la  tombe  de  leurs  freres  : 
comp.  Gen.  xv,  15.  Ainsi  la  mort  corpo- 
relle  des  justes  n'a  de  la  mort  que  I'appa- 


LIBER  SAPIENTLE.     Cap.  II,  22—25;  HI,  i— 11. 


449 


tia  eorum.  22.  Et  nescierunt  sacra- 
menta  Dei,  neque  mercedem  spera- 
verunt  justitias,  nee  judicaverunt 
honorem  animarum  sanctarum. 
22.  ^Ouoniam  Deus  creavit  homi- 
nem  inexterminabilem,  et  ad  imagi- 
nem  similitudinis  suas  fecit  ilium. 
24.  'Invidia  autem  diaboli  mors  in- 
troivit  in  orbem  terrarum  :  25.  imi- 
tantur  autem  ilium  qui  sunt  ex  parte 
illius. 

— :;:—        CAPUT    III.       — *— 

De  felicitate  justorum,  qui  in  hac  vita  ab 
impiis  contempti,  tentationibus  a  Deo 
probati  fuerunt  :  et  de  infelicitate  impio- 
rum  :  item  de  castitatis  et  bonorum  ope- 
rum  mercede,  ac  infelicitate  filiorum 
adulterorum. 

USTORUM  autem  ani- 

mas  in  manu  Dei  sunt,  "et 

non  tanget  illos  tormen- 

tum  mortis.  2.  *Visi  sunt 

oculis  insipientium  mori  :  et  assti- 


mata  est  afflictio  exitus  illorum  : 
3.  et  quod  a  nobis  est  iter,  extermi- 
nium  :  illi  autem  sunt  in  pace.  4.  Et 
si  coram  hominibus  tormenta  passi 
sunt,  spes  illorum  immortalitate 
plena  est,  5.  In  paucis  vexati,  in 
multis  bene  disponentur  :  quoniam 
E)eus  tentavit  eos,  et  invenit  illos 
dignos  se.  6.  Tamquam  aurum  in 
fornace  probavit  illos,  et  quasi  holo- 
causti  hostiam  accepit  illos,  et  in 
tempore     erit    respectus    illorum. 

7.  ^Fulgebunt  justi,   et   tamquam    ^Matth^jca, 
scintillas   in  arundineto  discurrent. 

8.  '^Judicabunt  nationes,  et  domi-    '"^iCor.6,2. 
nabuntur  populis,  et  regnabit  Do- 
minus  illoruni  in  perpetuum.  9.  Qui 
confidunt  in  illo,  intelligent  veri*ta- 

tem  :  et  fideles  in  dilectione  acquie- 
scent illi  :  quoniam  donum  et  pax 
est  electis  ejus. 

10.  Impii  autem  secundum  quae 
cogitaverunt,  correptionem  habe- 
bunt  :  qui  neglexerunt  justum,  et  a 
Domino  recesserunt.  1 1 .  Sapientiam 


rence;  elle  est  en  realite  le  passage  a  une 
vie  superieure  aupres  de  Dieu. 

4.  Siidt  des  chdiitnents  :  peut-etre  I'auteur 
a-t-il  en  vue  les  viflimes  de  la  persecution 
d'Antiochus  Epiphane  (I  MaccJi.  i,  57  sv.). 

—  Esperance  pleine  dHvimortalite,  dont 
I'immortalite  est  I'unique  objet,  qui  va  tout 
entiere  vers  I'immortalite.  Comp.  II  Cor. 
v,  i;  Hebr.  vi,  19;  I  Pier,  i,  3;  II  Macch. 
vii,  9.  Ou  bien  :  Us  out  une  pleine  espe'rance 
d'immortalite  :  pleine,  c'est-a-dire  ferme, 
assuree. 

5.  Legere  :  les  souffrances  des  saints  sont 
souvent  appelees  ainsi,par  ex.  Hehr.yK\,b,  1 1 ; 
Apoc.  iii,  19.  Leger.,  oppose  "k  grand,  signifie 
petit  quant  a  la  quantite,  non  quant  a  la 
duree.  Comp.  II  Cor.  iv,  17;  Rom.  viii,  18. 

—  Eproiives  :  comp.  Hebr.  xi,  37;  Gen. 
XX,  I.  —  Dignes  de  lid  etre  unis  eternelle- 
ment  dans  la  gloire  et  la  felicite. 

6.  Holocatiste  parfait,  litt.  holocanste  de 
sacrifice;  Vulg. ,  comme  une  vicftime  ofterte 
en  holocauste. 

7.  All  joiir  de  leur  recompense;  litt.  an 
jour  oil  Dieu  les  regardera,  les  prendra  en 
souci.  —  Les  roseaux,  ou  le  chaume  desse- 
che  par  le  soleil  d'Orient  {^Abd.  18.  Comp. 
Matth.  xiii,  43). 

La  Vulg.  joint  les  i^'^  mots  de  ce  verset 
au  chap,  precedent  :  viendra  le  temps  oil 
Dieu  les  prendra  en  consideratioti.  7.  Les 


justes  brillero7it,  etc.  Reusch  conjeflure  que 
le  texte  primitif  de  la  Vulg.  traduisait  exac- 
tement  le  grec,  mais  qu'un  copiste,  prenant 
respeilus  pour  un  nominatif,  aura  cru  devoir 
ajouter  erit. 

8.  lis  jugero7it,  etc.  Comp.  Matth.  xix,  28; 
I  Cor.  vi,  2. —  Sur  eux  :  dans  la  Vulg.  aussi 
illorum  est  probablement  gouverne  par 
regnabit  :  comp.  I  Macch.  xii,  39.  Cette 
constru(flion  se  rencontre  dgalement  dans 
les  ecrivains  classiques,  par  ex.  Horace, 
Od.  Ill,  XXX,  12. 

9.  Lintelligence  de  la  ve'rite,  des  choses 
divines  :  com^.  Jean,  vii,  17.  — Habiteront 
avec  lui,  lui  seront  unis,  dans  Vamoiir  : 
comp.  Jean,  xv,  9.  —  La  misericorde,  Vulg. 
la paix.  —  De  ses  elus  :  comp.  Tob.  viii,  15; 
Matth.  xxiv,  22. 

Les  mots  entre  crochets  se  lisent  dans 
les  manuscrits  du  Sinai'  et  d'Alexandrie, 
ainsi  que  dans  les  versions  anciennes,  la 
Vulg.  exceptee;  ils  sont  probablement  au- 
thentiques.  Reusch  les  regarde  comme  une 
addition  empruntee  a  un  passage  semblable 
(iv,  15). 

10.  Petisces  perverses  (i,  3),  dont  I'expres- 
sion  se  trouve  dans  le  chap.  ii.  —  Le  juste, 
ou  la  justice. 

11.  La  sagesse  qui  connait  les  voies  de 
Dieu;  la  discipline,  qui  regie  la  conduite  en 
consequence.  —  Leur  esperance  d'obtenir 


LA  SAINTE   BIBLE.   TOME  IV.  —  29 


450  LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  Ill,  12  —  19;  IV,  1—4. 


profit.  i^Leurs  femmes  sont  insen- 
sees,  et  leurs  enfants  pleins  de  malice. 
isLeur  posterite  est  maudite;  c'est 
pourquoi  heureuse  la  femme  sterile 
et  sans  tache,  dont  la  couche  ne  con- 
nait  pas  la  souillure!  EUe  aura  son 
fruit  le  jour  ou  le  Seigneur  visitera 
les  ames  saintes.  i4Heureux  encore 
I'eunuque  dont  la  main  n'a  pas  com- 
mis  I'iniquite  et  qui  n'a  pas  concu  de 
pensees  criminelles  contre  Dieu !  II 
recevra  une  recompense  de  choix 
pour  sa  fidelite,  et  il  aura  dans  le 
temple  de  Dieu  le  sort  le  plus  desira- 


ble. 15  Car  le  travail  des  bonnes  ceu- 
vres  porte  des  fruits  glorieux,  et  la 
racine  de  la  sagesse  ne  perit  pas. 
I'^Mais  les  enfants  des  adulteres  n'at- 
teindront  pas  leur  fin,  et  la  race  sor- 
tie d'une  couche  criminelle  disparai- 
tra.  17  Si  leur  vie  est  longue,  ils  seront 
comptes  pour  rien,  et  leur  vieillesse 
a  la  fin  sera  sans  honneur.  ^^S'ils 
meurent  promptement,  ils  n'auront 
pas  d'esperance  ni  de  consolation  le 
jour  ou  sera  rendue  la  decision  su- 
preme. 19 Car  la  race  injuste  a  tou- 
jours  une  fin  funeste. 


Chap.  IV. 


CHAP.  IV. —  Suite  du  contraste  entre  les  justes  et  les  impies  [vers,  i — 6]. 
Mort  du  juste  opposee  a  celle  de  I'impic  [7  —  20]. 


leux  vaut  la  sterilitc  avec  la 
vertu;  sa  memoire  est  immor- 
telle, car  elle  est  connue  de 
Dieu  et  des  hommes.  ^Quand  on  I'a 
sous  les  yeux  on  I'imite;  quand  elle 
n'est  plus  la,  on  la  regrette ;  couron- 
nee  dans  I'eternite,  elle  triomphe, 
ayant  remporte  la  vi6loire  dans  des 
combats  sans  souillure.  3 Mais  la  nom- 


breuse  posterite  des  impies  est  sans 
utilite ;  rejetons  d'une  souche  impure, 
ils  ne  pousseront  pas  de  racines  pro- 
fondes,  et  ne  s'etabliront  pas  sur  un 
fondement  assure. 4 Alors  memequ'ils 
se  couvriraient  pour  un  temps  de 
verts  rameaux,  comme  ils  ne  sont  pas 
solidement  fixes  au  sol,  ils  seront 
ebranles  par  le  vent  et  deracines  par 


richesses,  honneurs,  etc.,  estvaitie,  n'abou- 
tit  pas  au  r^sultat  desire. 

12.  Iiisensees^  probablement  dans  le  sens 
de  corroinpties,  impies^  iiifideles,  adulteres, 
Comp.  Ezech.  xvi,  44 ;  Eccli.  xvi,  i  sv. 
xli,  5. 

13.  So)i  fruit,  une  glorieuse  recompense, 
fruit  bien  preferable  aux  enfants  pervers  de 

la  femme  insensee.  —  Les  ames  saintes  :  le 
mot  saintes  est  ajoute  par  la  Vulg.  La  loi 
mosaique  avait  promis  que  Dieu  recompen- 
serait  les  justes  par  de  nombreux  rejetons, 
et  que  les  impies  n'auraient  pas  de  poste- 
rite {Exod.  xxiii,  26;  Lev.  xx,  20  sv.  Deut. 
vii,  14;  Ps.  Ixwiii,  3;  Osee,  ix,  14.  La  steri- 
lity etait  done,  dans  la  pens^edes  H^breux, 
un  malheur  et  un  opprobre  (comp.  Gen. 
XXX,  23;  Is.  iv,  r;  Luc,  i,  25).  Les  Juifs 
apostats  vises  dans  ce  livre  pouvaient,  en 
s'appuyant  sur  quelques  faits  d'expdrience, 
tourner  en  derision  la  croyance  des  Israeli- 
tes tideles.  L'auteur  repond  que  la  piete  et 
la  vertu  avec  la  privation  d'enfants  valent 
mieux  que  le  vice  et  I'impi^te  avec  une  pos- 
terite nombreuse.  Le  vers.  13  regarde  la 
femme  sterile,  le  vers.  14  I'eunuque,  c'est- 
k-dire  en  general  I'liomme  incapable  d'etre 
pere,  que  cette  impuissance   vienne  de  la 


nature  ou  de  la  main  de  I'homme  {Matth. 
xix,  12). 

L'auteur  a-t-il  aussi  en  vue  la  virginite 
volontaire,  le  celibat  volontairement  em- 
brasse,  comme  un  etat  de  vie  que  le  Nou- 
veau  Testament  d^clarera  superieur  k  I'etat 
de  mariage?  Plusieurs  Peres  et  bon  nombre 
d'interpretes  catholiques  le  soutiennent,  et 
la  tradu(ftion  de  la  Vulgate  favorise  ce  sen- 
timent. Mais  dans  le  texte  original  I'appli- 
cation  aux  vierges  ne  pourrait  se  faire  qu'in- 
direcflement  et  par  voie  de  consequence. 
En  ce  sens,  et  en  s'en  tenant  au  texte  de 
la  Vulgate  latine,  I'Eglise  etait  en  droit 
de  faire  usage,  dans  I'office  des  Vierges, 
de  plusieurs  versets  de  ce  chapitre  et  du 
suivant. 

14.  Eeunuque  pur  d'aflions  et  de  pensees 
criminelles.  Les  eunuques  proprement  dits 
n'etaient  pas  reputes  faire  partie  de  la  com- 
munaute  d'Israel  {Deut.  xxiii,  I.  Comp. /^.r. 
xix,  51);  ils  etaient  ecartes  du  service  du 
temple  {Lev.  xxi,  17).  Eh  bien,  si  leur  vie 
est  sainte,  ils  auront  une  place  glorieuse 
dans  le  temple  du  ciel.  Comp.  Is.  Ivi,  3-5. 

15.  Car :  raison  des  deux  beatitudes  qu'on 
vient  de  proclamer.  —  La  racine  de  la  sa- 
j,''esse,  c.-k-d.  qui  n'est  autre  que  la  sagesse. 


LIBER  SAPIENTL^.     Cap.  III.  12— iq;  IV,  1—4. 


451 


enim,  et  disciplinam  qui  abjicit,  in- 
felix  est  :  et  vacua  est  spes  illorum, 
et  labores  sine  fructu,  et  inutilia 
opera  eorum.  12.  Mulieres  eorum 
insensatae  sunt,  et  nequissimi  filii 
eorum.  13.  Maledicta  creatura  eo- 
rum :  quoniam  felix  est  sterilis  :  et 
incoinquinata,  quas  nescivit  thorum 
in  delicto,  habebit  fructum  in  respe- 
s.  56,  4-  ctione  animarum  sanctarum  :  I4.''et 
spado,  qui  non  operatus  est  per  ma- 
nus  suas  iniquitatem,  nee  cogitavit 
adversus  Deum  nequissima :  dabitur 
enim  illi  fidei  donum  electum,  et 
sors  in  templo  Dei  acceptissima. 
15.  Bonorum  enim  laborum  glorio- 
sus  est  fructus,  et  quas  non  concidat 
radix  sapiential.  16,  Filii  autem 
adulterorum  in  inconsummatione 
erunt,  et  ab  iniquo  thoro  semen 
exterminabitur.  17.  Et  si  quidem 
longas  vitas  erunt,  in  nihilum  com- 
putabuntur,  et  sine  honore  erit  no- 
vissima  senectus  illorum.  18.  Et  si 
celerius  defuncti  fuerint,  non  habe- 
bunt  spem,  nee    in  die    agnitionis 


allocutionem.    19.    Nationis    enim 
iniquae  diras  sunt  consummationes. 


— *—  CAPUT  IV.  — :;:— 
Casta  generatio  in  multis  ab  adulterina  dis- 
sidet  :  de  refrigerio  justi  morte  pryeoccu- 
pati  :  qu£e  sit  senecftus  venerabilis ;  et 
quod  justi  ssepius  e  mundo  toUuntur  a 
Deo,  ne  ab  impiis  seducantur  :  et  quan- 
tum finis  utrorumque  distet. 

QUAM  pulchra  est  casta 
generatio  cum  claritate  : 
immortalis  est  enim  me- 
moria  illius  :  quoniam  et 
apud  Deum  nota  est,  et  apud  homi- 
nes. 2.  Cum  prassens  est,  imitantur 
illam  :  et  desiderant  eam  cum  se 
eduxerit,  et  in  perpetuum  coronata 
triumphat  incoinquinatorum  certa- 
minum  prasmium  vincens.  3.  Mul- 
tigena  autem  impiorum  multitudo 
non  erit  utilis,  et  spuria  vitu lamina 
non  dabunt  radices  altas,  nee  stabile 
firmamentum  coUocabunt.  4.  ''Etsi 
in  ramis  in  tem.pore  germinaverint, 


'-Jer.  17,  6. 
Matth.  7, 
27. 


Sens  :  I'homme  vertueux  sans  enfants  n'est 
pas  un  arbre  stdrile,  il  porte  des  fruits  pour 
I'eternite. 

16.  I?es  adulteres,  soit  dans  le  sens  pro- 
pre  (voy.  vers.  13),  soit  dans  le  sens  figure, 
adiiltere  etant  la  denomination  typique  d'un 
Israelite  infidele  k  Jehovah. — N\itteindront 
pas  leur  fin^  la  gloire  en  ce  monde  et  I'im- 
mortalit^  bienheureuse  dans  I'autre  :  ce  sont 
des  etres  inacheves,  des  fruits  qui  n'arrivent 
jamais  k  maturite.  Ces  enfants  sont  suppo- 
ses pervers  et  corrompus  comme  leurs 
parents. 

17.  Leur  vie,  la  vie  de  ces  enfants.  — 
Comptes  pour  rte?t,  meprises.  —  Leur  vieil- 
lesse  a  la  fin;  Vulg.  leur  vieillesse  la  plus 
avaficee. 

18.  Prompteinent^  de  bonne  heure.  —  lis 
li'auront  pas  Vesperance  d'etre  admis  k 
I'immortalite  bienheureuse  avec  Dieu.  -  - 
Consolation,  litt.  parole  consolante;  allocu- 
tio  a  le  meme  sens  dans  Seneque.  —  Le 

jour  de  la  decision  :  c'est  la  signification 
technique  du  grec  Siaytoa-sto;.  Vulg.,  in  die 
agnitionis,  probablement  le  jour  ou  tout  sera 
connu  {Rom.  ii,  16). 

CHAP.  IV. 

I.  La  sterilite,  litt.  V absence  d^ enfants  : 
allusion  k  la  femme  sterile  et  k  I'eunuque 


du  chap.  iii.  — Az>ec  la  veytti,  specialement 
la  vertu  de  chastete.  C'est  cette  derni^re 
idee  qui  domine  ici,  et  surtout  au  vers.  2.  — 
Sa  memoire  est  immortelle,  elle  laisse  apres 
elle  un  souvenir  durable. —  Elle  est  connue, 
remarquee,  elle  ne  passe  pas  inaper^ue. 

Vulgate  :  qjt^elle  est  belle  avec  eclat  la 
race  chaste!  Chaste  parait  repondre  au  grec, 
avec  la  vertuj  mais  d'ou  vient  avec  eclat? 
Peut-etre  d'une  seconde  traduftion  des  nie- 
mes  mots. 

2.  Quand  elle  n'est  plus  Id,  quand  ceux 
qui  la  possedent  et  la  pratiquent  se  sont 
retires  de  cette  vie,  on  la  regrette,  litt.  on  la 
cherche,  on  I'appelle  de  ses  desirs.  — •  Reni- 
porte  la  vi^oire,  litt.  vaincii  tin  combat; 
Vulg.,  remporte  le  prix  de  la  vifloire;  peut- 
etre  faudrait-il  Xxxt.  prcelium  au  lieude  prce- 
ntium.  —  Combats  sans  souillure  :  oppose 
aux  labeurs  coupables  des  mechants. 

3.  Comp.  iii,  16.  —  Sera  safis  utilite  xx\o- 
rale  (comp.  Eccli.  xiii,  14),  ne  porte  pas  de 
bons  fruits  :  comp.  Matth.  iii,  10;  n'arrive 
pas  k  la  fin  voulue  de  Dieu;  ou  bien,  par 
iitote,  sera  funeste  k  elle-meme  et  aux 
autres. 

4.  Alors  mime  quHls  se  couvriraient :  ils, 
les  rejetons  du  vers.  3.  Les  verts  rameaux 
figurent  ici  un  commencement  de  vertu ; 
selon  d'autres,  de  prosperite. 


452 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  IV,  5—20. 


la  violence  de  I'ouragan.  sLeurs  ra- 
meaux  seront  brises  encore  tendres; 
leurs  fruits  sent  inutiles,  apres  a  la 
bouche  et  impropres  a  tout  usage. 
^Car  les  enfants  nes  d'une  couche 
illegitime  sont  temoins  du  crime 
centre  leurs  parents  quand  on  les 
interroge. 

7  Mais  le  juste,  lors  meme  qu'il 
meurt  avant  I'age,  trouve  le  repos. 
^Une  vieillesse  honorable  n'est  pas 
celle  que  donne  une  longue  vie;  elle 
ne  se  mesure  pas  au  nombre  des  an- 
nees.  9Mais  la  sagesse  tient  lieu  pour 
I'homme  de  cheveux  blancs,  et  I'age 
de  la  vieillesse,  c'est  une  vie  sans 
tache.  loEtant  devenu  agreable  a 
Dieu,  il  etait  aime  de  lui,  et  comme 
il  vivait  parmi  les  pecheurs,  il  a  ete 
transfere.  "II  a  ete  enleve  de  peur 
que  la  malice  n'alterat  son  intelli- 
gence, ou  que  la  sedu6lion  ne  per- 
vertit  son  ame.  ^^Car  I'enchantement 
du  vice  obscurcit  le  bien,  et  le  vertige 
de  la  passion  pervertit  un  esprit  sans 
malice.  ^3  Arrive  en  peu  de  temps  a 
la  perfection,  il  a  fourni  une  longue 
carriere.  ^4  Car  son  ame  etait  agrea- 
ble a  Dieu;  c'est  pourquoi  le  Seignetir 


s'est  hate  de  le  retirer  du  milieu  de 
I'iniquite.  'SLes  peuples  levoientsans 
y  rien  comprendre,  ne  reflechissant 
pas  que  la  grace  de  Dieu  et  sa  mise- 
ricorde  sont  avec  ses  saints  et  qu'il  a 
souci  de  ses  elus.  ^^Mais  le  juste  qui 
meurt  condamne  les  impies  qui  sur- 
vivent,  et  la  jeunesse  arrivee  si  vite  a 
la  perfection  condamne  la  longue 
vieillesse  de  I'homme  injuste.  i7lls 
verront  la  fin  du  sage,  mais  sans  com- 
prendre les  desseins  de  Dieu  sur  lui, 
ni  pourquoi  le  Seigneur  I'a  mis  en 
surete.  ^^  lis  verront  et  se  moqueront, 
mais  le  Seigneur  se  rira  d'eux ;  et 
apres  cela  ils  tomberont  sans  hon- 
neur  et  ils  seront  parmi  les  morts 
dans  I'opprobre  pour  toujours.  i9Le 
Seigneur  les  brisera  et,  reduits  au  si- 
lence, ils  seront  precipites  la  tete  la 
premiere ;  il  les  ebranlera  de  leurs 
fondements ;  leur  ruine  sera  au  com- 
ble;  ils  seront  plonges  dans  la  dou- 
leur  et  leur  memoire  s'eteindra.  20  Us 
viendront  pleins  d'effroi  a  la  pensee 
de  leurs  peches,  et  leurs  crimes  se 
dressant  devant  eux  les  accableront 
de  leur  temoignage. 


5.  Leurs  raincaux%  etc.  :  ce  trait  ne  parait 
etre  que  pour  rornement.  —  Leto's  fruits^ 
leurs  oeuvres,  sont  inutiles :  a  peu  pres  dans 
le  meme  sens  qu'au  vers.  3.  Comp.  Matth. 
iii,  10. 

6.  Couche,  Vulg.  somnis  :  euphemisme 
pour  concubitu,  comme  vii,  2.  Comp.  Hom. 
Odyss.  xi,  245.  —  Temoiiis  du  crime,  soit  en 
fait,  en  ce  sens  que  la  perversity  des  enfants 
accuse  d'ordinaire  laperversite  des  parents; 
soit  en  paroles,  en  ce  sens  que  les  enfants 
feront  remonter  a  leurs  parents  la  respon- 
sabilite  de  leurs  crimes. 

7.  Le  repos  (Vulg.  /e  rafraichissenient), 
tout  d'abord  le  repos  des  labeurs  et  des 
afflidlions  de  la  vie  prdsente,  et  par  ex- 
tension la  beatitude  eternelle  dans  la  vie 
future. 


9.  La  sao^esse  pratique,  litt.  /e  bon  juge- 
iiicnt.  Vulg.,  mats  la  sagesse  de  Vhomme  est 
blanche,  c.-h-d.  cheveux  blancs. 

10.  Etant  devenu  :  ce  juste,  dans  la  pen- 
see de  I'auteur,  c'est  celui  dont  il  est  dit 
Gen.  v,  24  :  "  Henoch  plut  a  Dieu,  et  on  ne 
le  trouva  plus,  parce  que  Dieu  I'avait  trans- 
fere" vivant  de  cette  terre  dans  le  monde 
invisible  :  comp.  Eccli.  xliv,  16;  He'br.x\,  5. 

11.  Son  intelligence  des  choses  divines; 
ou  bien,  avec  un  parallelisme  plus  stridl;,  son 
esprit  parfaitement  initie  et  attache  a  la 
volonte  de  Dieu.  —  La  sedudion,  Vulg. 
fitlio,  les  ruses  et  les  mensonges  dont  les 
mediants  se  servent  pour  pervertir  les 
bons. 

Dieu  connait  d'avance,  non  seulementles 
futurs  absolus,  mais  encore  les  futurs  con- 


LIBER  SAPIENTItE.     Cap.  IV,  5—20. 


453 


infirmiter  posita,  a  vento  commo- 
vebuntur,  et  a  nimietate  ventorum 
eradicabuntur.  5.  Confringentur 
enim  rami  inconsummati,et  fructus 
illorum  inutiles,  et  acerbi  ad  man- 
ducandum,  et  ad  nihilum  apti.  6.  Ex 
iniquis  enim  somnis  filii,  qui  na- 
scuntur,  testes  sunt  nequitias  adver- 
sus  parentes  in  interrogatione  sua. 

7.  Justus  autem  si  morte  prasoc- 
cupatus  fuerit,  in  refrigerio  erit. 
8.  Senectus  enim  venerabilis  est  non 
diuturna,  neque  annorum  numero 
computata:  cani  autem  sunt  sensus 
hominis,  9.  et  aetas  senectutis  vita 
immaculata.  10.  ^Placens  Deo  fa- 
ctus  est  dilectus,  et  vivens  inter 
peccatores  translatus  est :  11.  raptus 
est  ne  malitia  mutaret  intellectum 
ejus,  aut  ne  fictio  deciperet  animam 
illius.  12.  Fascinatio  enim  nugaci- 
tatis  obscurat  bona,  et  inconstantia 
concupiscentias  transvertit  sensum 
sine  malitia.  13.  Consummatus  in 
brevi  explevit  tempora  multa  : 
14.  placita  enim  erat  Deo  anima 
illius  :  propter  hoc  properavit  edu- 
cere  ilium  de  medio  iniquitatum  : 


populi  autem  videntes,  et  non  in- 
telligentes,  nee  ponentes  in  prascor- 
diis  talia  :  15.  quoniam  gratia  Dei, 
et  misericordia  est  in  sanctos  ejus, 
et  respectus  in  electos illius.  1 6. Con- 
demnat  autem  Justus  mortuus  vivos 
impios,  et  juventus  celerius  con- 
summata,  longam  vitam  injusti. 
17.  Videbunt  enim  finem  sapientis, 
et  non  intelligent  quid  cogitaverit 
de  illo  Deus,  et  quare  munierit 
ilium  Dominus.  18.  Videbunt  et 
contemnent  eum  :  illos  autem  Do- 
minus irridebit  :  19.  et  erunt  post 
haec  decidentes  sine  honore,  et  in 
contumelia  inter  mortuos  in  perpe- 
tuum  :  quoniam  disrumpet  illos  in- 
flates sine  voce,  et  commovebit  illos 
a  fundamentis  et  usque  ad  supre- 
mum  desolabuntur  :  et  erunt  ge- 
mentes,  et  memoria  illorum  peribit. 
20.  Venient  in  cogitatione  peccato- 
rum  suorum  timidi,  et  traducent 
illos  ex  adverso  iniquitates  ipsorum. 


.1. 

-• — 
•I* 


ditionnels ;  prevoyant  qu'un  homme  ver- 
tueux  place  dans  certaines  circonstances 
tomberait  dans  le  mal,  il  le  retire  de  ce 
monde  avant  que  ces  circonstances  se  pro- 
duisent. 

12.  L^enchaniement  du  vice;  N\A^.  fasci- 
iiatio  nugacitatis,  que  Corn,  de  Lapierre 
explique  :  "  malitia  nugax,  nugis  suis  in 
cautos  illiciens.  "  —  Obscurcit  le  bien  mo- 
ral, jette  une  ombre  sur  la  beaute  de  la 
vertu,  et  fait  qu'on  lui  prefere  le  mal;  011, 
selon  d'autres,  altere  les  bonnes  qiialitcs 
du  juste. 

13.  Arrive  ct  la  perfe^ion,  mm  pour  le 
ciel :  il  s'agit  toujours  d'Henoch,  le  vers.  13 
formant  parenthese. 

14.  Car  :  il  etait  parfait,  car  son  dme,  etc. 
—  Le  Seigneur  se  hdta,  etc.  :  il  n'y  avait 
plus  que  cette  mort  a  la  fleur  de  I'age  et  de 
la  grace,  qui  put  ajouter  a  sa  couronne. 
Dans  ce  second  membre,  au  lieu  de  sous- 
entendre  le  Seigneicr^oxv  pourrait  aussi  pren- 
dre le  verbe  au  neutre  et  traduire,  elle  (son 
ame)  se  hdta  de  sortir,  etc. 


15.  S a  grace,  sa  faveur. 

16.  Sens  :  le  juste  qui  atteint  en  peu  d'an- 
nees  la  perfecflion  morale  condamne  virtuel- 
lement  le  pecheur  qui  n'y  arrive  que  pen- 
dant la  plus  longue  vie. 

17.  E71  silrete,  a  I'abri  des  seduflions  d'un 
monde  pervers. 

\%.  Se  moqiierontj  la  Vulg.  ajoute  eum  : 
ils  se  moqueront  du  juste  ou  de  sa  fin.  Se 
rira  d'eiix  :  comp.  Ps.  ii,  4;  Iviii,  9.  —  lis 
tomberont  satis  honneur  (Vulg.);  d'autres, 
ils  seront  un  vil  cadavre. 

19.  Ils  seront  precipitesj  Vulg.,  eux  qui 
etaient  ejifles  d''orgt(eil.  —  Plonges  da?is  la 
douleur :  il  s'agit  des  tourments  reserves 
aux  pecheurs  dans  la  vie  future,  par  oppo- 
sition a  la  paix  et  au  rafraichissement  qui 
attend  les  justes. 

20.  Ce  verset  appartient  au  chapitre  suiv., 
ou  sont  rapportes  les  sentiments  des  pe- 
cheurs a  leur  entree  dans  la  vie  future,  alors 
qu'ils  comparaitront  devant  le  tribunal  de 
Dieu. 

/Is  viendront  au  jugement  de  Dieu. 


454 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  V,  i— 15. 


CHAP.  V.  —  Contraste  entre  les  bons  et  les  mechants  apres  la  mort  :  les 
mechants  en  proie  au  remords  de  la  conscience  [ver.s.  i  —  15] ;  jugement 
de  Dieii  sur  les  justes  et  sur  les  mechants  [16  —  23]. 


Chap.  V.  i^^^Lors  le  juste  sera  debout  en 
grande  assurance  en  face  de 
ceux  qui  I'ont  persecute  et 
qui  meprisaient  ses  labeurs.  ^A  cette 
vue,  les  mechants  seront  agites  d'une 
horrible  epouvante,  ils  seront  dans  la 
stupeur  devant  cette  soudaine  reve- 
lation du  salut  si  contraire  a  leur 
attente.  3  Us  se  diront  les  uns  aux 
autres,  pleins  de  regret  et  gemissant 
dans  le  serrement  de  leur  coeur  : 
"  Voila  done  celui  qui  etait  I'objet  de 
nos  moqueries,  le  but  ordinaire  de 
nos  outrages!  ^Insenses  que  nous 
etions,  nous  regardions  sa  vie  comme 
une  folic,  et  sa  fin  comme  un  oppro- 
bre.  5Et  le  voila  compte  parmi  les 
enfants  de  Dieu,  et  sa  part  est  parmi 
les  saints!  ^Nous  avons  done  erre, 
loin  du  chemin  de  la  verite ;  la  lu- 
miere  de  la  justice  n'a  pas  brille  sur 
nous,  et  sur  nous  ne  s'est  pas  -leve 
son  soleil.  7 Nous  nous  sommes  ras- 
rasies  dans  la  voie  de  I'iniquite  et  de 
la  perdition,  nous  avons  marche  dans 
des  deserts  sans  chemin,  et  nous 
n 'avons  pas  connu  la  voie  du  Sei- 
gneur. ^  A  quoi  nous  a  servi  I'orgueil, 
et  de  quel  profit  a  ete  pour  nous  la 
richesse  jointe  a  la  ja6lance?  9Toutes 
ces  choses  ont  disparu  comme  I'om- 


bre,  comme  le  messager  qui  passe  a 
la  hate,  ^ocomme  le  navire  qui  fend 
I'onde  agitee  sans  qu'on  puisse  de- 
couvrir  aucune  trace  de  son  passage, 
ni  du  chemin  que  sa  quille  s'est  ou- 
vert  au  milieu  des  flots;  "ou  comme 
I'oiseau  qui  vole  a  travers  les  airs 
sans  laisser  aucune  marque  de  sa 
route;  mais  il  bat  a  coups  d'ailes  I'air 
leger,  d'un  puissant  elan  il  s'y  fraie 
un  chemin  en  les  agitant  avec  bruit, 
et  quand  il  I'a  traverse,  on  ne  volt 
plus  aucun  indice  de  son  passage; 
12 ou  comme  lorsque  la  fleche  a  ete 
lancee  vers  son  but,  I'air  qu'elle  a 
fendu  revient  aussitot  sur  lui-meme, 
et  Ton  ne  sait  plus  par  ou  elle  a  passe  : 
^3ainsi  nous-memes,  nous  sommes 
nes  et  nous  avons  cesse  d'etre,  et 
nous  n'avons  a  montrer  aucune  trace 
de  vertu  ;  nous  avons  ete  retranches 
au  milieu  de  nos  iniquites." 

14  En  effet  I'esperance  de  I'impie 
est  comme  le  flocon  de  laine  que  le 
vent  emporte,  comme  I'ecume  legere 
que  disperse  I'ouragan,  comme  la 
fumee  qu'un  souffle  dissipe,  comme 
le  souvenir  de  I'hote  d'un  jour  qui 
s'evanouit.  ^5  Mais  les  justes  vivent 
eternellement ;  leur  recompense  est 
aupres  du  Seigneur,  et  le  Tout-Puis- 


GHAP.   V. 

1.  Alors  :  au  jour  du  jugement;  les  der- 
niers  versets  indiqueraient  le  jugement  ge- 
neral a  la  fin  des  temps,  mais  la  plupart  des 
traits  de  ce  tableau  conviennent  aussi  au 
jugement  particulier  qui  suit  la  mort  de 
chaque  individu;  d'ailleurs  I'auteur  drama- 
tise une  pensee  vraie.  Comp.  L^ic^  xvi,  23. 
—  Le  juste ;  la  Vulg.  met  le  pluriel,  les 
jtisies,  ici  et  dans  les  versets  suiv.  —  Leiirs 

labeurs^  les  peines  que  prenaient  les  justes 
pour  pratiquer  la  vertu  et  mdriter  la  vie 
bienheureuse.  Comp.  ii,  16-20.  Vulg.,  qui 
leur  ont  cnlevc  le p-uit  de  leurs  travaux. 

2.  Agites  d'une  Jiorrible  epouvante.  com- 
men^ant  ^  deviner  le  sort  qui  les  attend.  — 
Sur  la  revelation  die  salut,  litt.,sur  le para- 


doxe  du  salut,  sur  I'etrange  changement  de 
destinee  qui  va  s'operer  ;  les  mechants  se 
regardaient  comme  les  seuls  heureux,  et  ils 
vont  etie  livrds  aux  tourments;  le  juste  leur 
semblait  malheureux  et  digne  de  mepris,  et 
il  va  entrer  dans  reternelle  felicite.  Plusieurs 
manuscrits  ajoutent  a  salut  le  mot  auxoC, 
sciLyz/iV/,  ce  qui  restreint  la  pensee  au  seul 
salut  des  justes.  Tel  est  a  peu  pres  le  sens 
de  la  Vulg. 

3.  Les  uns  aux  autres,  comme  ii,  i;  d'au- 
tres  avec  la  \'ulg.,  en  eux-memes.  Ce  discours 
est  la  contre-partie  exadle  de  celui  du  ch.  ii, 
1-20.  —  But  ordinaire,  litt.  type  proverbial. 

5.  Les  efifa?its  de  Dieu  sont,  non  les 
anges,  mais  les  fideles  serviteurs  de  Dieu, 
les  nieme  que  les  Saints.  Allusion  a  ii,  13,  18. 
Comp.  Matth.  v.  9. 


LIBER  SAPIENTI^E.     Cap.  V,  i  — i. 


455 


M  M  M  :<^  1^  M  'M'Mi^'sSJiss.'M'^M  M  '^  W.  WM^M^ 

— :i:—         CAPUT   V.        — *— 

Impii  in  judicio  admirantes  gloriam  justo- 
rum  quos  hie  contempserant,  deflent  suam 
miseriam,  quodque  tota  eorum  felicitas 
fuerit  momentanea  :  justorum  autem  erit 
perpetua  :  poiro  Deus,  turn  per  creaturas, 
turn  per  se,  armatur  ad  puniendos  impios. 

UNC  stabunt  justi  in  ma- 
gna constantia  ad  versus 
eos,  qui  se  angustiaverunt, 
et  qui  abstulerunt  labores 
eorum.  2.  Videntes  turbabuntur 
timore  horribili,  et  mirabuntur  in 
subitatione  insperatas  salutis.  3.  Di- 
centes  intra  se,  poenitentiam  agen- 
tes,  et  pras  angustia  spiritus  gemen- 
tes  :  Hi  sunt,  quos  habuimus  ali- 
quando  in  derisum,  et  in  similitudi- 
nem  improperii.  4.  "Nos  insensati 
vitam  illorum  asstimabamus  insa- 
niam,  et  finem  illorum  sine  honore  : 
5.  ecce  quomodo  computati  sunt 
inter  filios  Dei,et  inter  sanctos  sors 
illorum  est.  6.  Ergo  erravimus  a  via 
veritatis,  et  justitias  lumen  non  luxit 
nobis,  et  sol  intelligentiae  non  est 
ortus  nobis.  7.  Lassati  sumus  in  via 
iniquitatis  et  perditionis,  et  ambu- 


lavimus  vias  difficiles,  viam  autem 
Domini  ignoravimus.  8.  Quid  nobis 
profuit  superbia.''  aut  divitiarum  ja- 
ctantiaquidcontulit  nobis?  9.*Trans- 
ierunt  omnia  ilia  tamquam  umbra, 
et  tamquam  nuntius  percurrens, 
10.  ^et  tamquam  navis,  quas  per- 
transit  fluctuantem  aquam  :  cujus, 
cum  prasterierit,  non  est  vestigium 
invenire,  neque  semitam  carinas 
illius  in  fluctibus  :  11.  aut  tam- 
quam avis,  quas  transvolat  in  aere, 
cujus  nullum  invenitur  argumen- 
tum  itineris,  sed  tantum  sonitus 
alarum  verberans  levem  ventum  : 
et  scindens  per  vim  itineris  aerem  : 
commotis  alis  transvolavit,  et  post 
hoc  nullum  signum  invenitur  itine- 
ris illius  :  12.  aut  tamquam  sagitta 
emissa  in  locum  destinatum,  divisus 
aer  continuo  in  se  reclusus  est,  ut 
ignoretur  transitus  illius  :  13.  sic  et 
nos  nati  continuo  desivimus  esse  : 
et  virtutis  quidem  nullum  signum 
valuimus  ostendere  :  in  malignitate 
autem  nostra  consumpti  sumus. 
14.  Talia  dixerunt  in  inferno  hi,  qui 
peccaverunt. 

15.  "^Quoniam   spes  impii  tam- 
quam lanugo  est,  quae  a  vento  tolli- 


*  I  Par.  29, 
15.  Supra  2, 

5- 


Prov.  30, 


19- 


"?Ps.  I,  4. 
Prov.  10, 
28  el  II,  7. 


6.  La  lumiere  de  la  justice,  qui  montre 
quel  est  le  veritable  but  de  la  vie,  et  les 
moyens  de  I'atteindre.  Comme  ce  sont  des 
Juifs  qui  parlent,  cela  ne  veut  pas  dire 
qu'ils  n'ont  pas  entendu  I'enseignement  ex- 
tdrieur  de  la  loi,  mais  que  leur  mauvaise 
disposition  les  a  empechds  de  le  comprendre 
et  de  le  recevoir  dans  leur  coeur.  —  Son 
soleil,  Vulg.  le  soleil  de  Vintelligeiice. 

7.  Nous  nous  somnies  rassasies,  nous 
avons  satisfait  tous  nos  appetits;  Vulg., 
iiotis  nous  somnies  fatigues.  —  Deserts  sans 
chemin  qui  ne  pouvaient  nous  conduire  k  la 
veritable  felicite.  —  Nous  n^avons pas  connu 
pratiquement  la  vote  du  Seigneur :  comp. 

Ps.  XXV,  4. 

9.  Le  messager  (litt.  ime  j-umeur,  tin  bruit), 
en  prenant,  apres  la  Vulg.,  I'abstrait  pour 
le  concret.  Beaucoup  preferent  laisser  au 
nom  son  sens  littdral  et  traduisent  mie  nou- 
velle. 

13.  Avec  ce  verset  se  termine  I'expression 
du  remords  des  m^chants.  Pour  le  mieux 
faire  entendre,  la  Vulg.  ajoute  la  reflexion 
suivante  qui  forme  le  vers.    14  en   latin  : 


Ainsi  parlent  les  pecheurs  dans  le  sejour  des 
viorts.  Comp.  Luc,  xvi,  23  sv. 

14.  E71  effet,  ou  car,  donne  la  raison  du 
discours  qui  precede  :  les  impies  arrives  au 
sejour  des  morts  doivent  parler  ainsi,  car, 
etc.  —  Lespcrance  :  ce  sur  quoi  les  m^- 
chants  font  reposer  leur  esperance,  savoir 
les  richesses,  les  plaisirs,  etc.  —  Le  flocott 
de  laijie,  ou  le  duvet,  en  lisant  xvou?  avec 
la  Vulg.;  I'autre  leqon  est  ■/o~jq,  poussiere. 
—  IJecume  (en  lisant  i'/vr,)  k  la  surface  de 
I'eau,  ou  meme  toule  chose  legere  qui  se 
trouve  a  la  surface  d'un  corps  :  poussiere, 
debris,  etc.  L'autre  le(;on  est  T:i/yT\,  givre 
ou  Jteige.  —  L'hSte  d'un  jour,  le  voyageur 
qui  n'a  passe  qu'un  jour  dans  une  hotellerie. 

15.  Vivent  eterfiellenienf  :  comp.  Eccli. 
xli,  13;  \Jean,  ii,  17.  La  vie  dont  il  s'agit  ici 
est  celle  de  la  grace  et  de  la  gloire  :  comp. 
Jean,  vi,  57 ;  I  Jeaii,  iv,  9.  —  Leur  recom- 
pense est  mise  en  reserve  aupres  du  Sei- 
gneur, dans  ses  tr^sors;  ou  bien,  est  dans  le 
Seigneur,  consiste  dans  sa  possession,  dans 
une  communaute  de  vie  avec  lui.  Comp.  Gen. 
XV,  I.  —  A  souci  d'eux :  comp.  I.  Pier,  v,  7. 


456 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE. 


Chap.  V,  i6 — 23;  VI,  i — 6. 


sant  a  souci  d'eux.  ^^Cest  pourquoi 
ils  recevront  de  la  main  du  Seigneur 
le  magnifique  royaume  et  le  splen- 
dide  diademe  ;  car  il  les  protegera  de 
sa  droite,  et  son  bras  les  couvrira 
comme  un  bouclier.  ^7ll  saisira  son 
zele  comme  armure,  et  les  creatures 
lui  serviront  de  traits  pour  se  venger 
de  ses  ennemis.  ^^11  revetira  pour 
cuirasse  la  justice  et  prendra  pour 
casque  un  jugement  sincere.  ^9  11  se 
couvrira  de  la  saintete  comme  d'un 
bouclier  inexpugnable.  ^°T)e  son 
inexorable  colere  il  fera  un  glaive 
aigu  et  tout  I'univers  combattra  avec 


lui  contre  les  insenses.  ^iLes  traits 
de  la  foudre  bien  diriges  partiront, 
et  du  sein  des  nuages  comme  d'un 
arc  bien  tendu,  voleront  au  but  mar- 
que. 22  Sa  colere,  comme  une  baliste, 
lancera  une  masse  de  grele ;  I'eau  de 
la  mer  les  inondera  de  ses  flots,  et  les 
fleuves  se  precipiteront  avec  furie. 
23 Le  souffle  de  la  puissance  divine 
s'elevera  contre  eux  et  les  dispersera 
comme  un  tourbillon  :  et  ainsi  I'ini- 
quite  fera  de  toute  la  terre  un  desert, 
et  la  malice  renversera  le  trone  des 
puissants. 


II.  —  LA   SAGESSE    EST    LE   GUIDE    DE    LA  VIE   [CH.  VI  —  IX]. 


Chap.  VI. 


CHAP.  VI. —  Que  les  princes  cherchent  la  sagesse  [vers,  i — 11];  — elle 
est  facile  a  trouver  [12 — 16];  —  elle  conduit  a  un  royaume  [17 — 21];  — 
nature  de  la  sagesse  [22  —  25]. 


j[Coutez  done,  6  rois,  et  com- 
prenez;  ecoutez  I'instruftion, 
vous  qui  jugez  les  extremitds 


de  la  terre.  ^Pretez  I'oreille,  vous  qui 
dominez  sur  une  multitude,  qui  etes 
fiers  de  commander  a  des  foules  de 
peuples.  3  SacJiez  que  la  force  vous  a 
^te  donnee  par  le  Seigneur,  et  la 
puissance  par  le  Tres-Haut,  qui  exa- 


minera  vos  oeuvres  et  sondera  vos 
pensees.  4Parce  que,  etant  les  minis- 
tres  de  sa  royaute,  vous  n'avez  pas 
gouverne  equitablement,  ni  observe 
la  loi  de  Injustice,  ni  marche  selon  la 
volonte  de  Dieu;  sterrible  et  soudain 
il  fondra  sur  vous,  car  un  jugement 
severe  s'exerce  sur  ceux  qui  com- 
mandent.  ^Aux  petits,  on  pardonne 


i6.  Le  Diagtiifique  royaume,  etc.  Comp. 
II  Tim,  iv,  8;  I  Pier,  v,  4.  —  Son  bras;  la 
Vulg.  ajoute  saitit. 

Le  Dieu  tout-puissant  est  ensuite  intro- 
duit  comme  un  guerrier  revetant  son  armure 
pour  le  combat.  Comp.  Exod.  xv,  3;  Is. 
lix,  17;  Ezech.  xxxviii,  18-23.  S.  Paul  avait 
sans  doute  ce  passage  h,  la  pense'e  quand  il 
ecrivait  Ephcs.  vi,  11-17  :  comp.   I    T/iess. 


V,  8. 


17.  Son  zele,  qui  le  porte  tout  <\  la  fois  a 
proteger  les  justes  et  ti  punir  les  impies.  — 
Les  creatures,  litt.  la  creation,  toutes  les 
oeuvres  de  la  nature  :  comp.  Jug:  v,  20; 
Eccli.  xxxix,  25-31;  et  les  plaies  d'Egypte. 
—  Pour  se  venger,  etc.;  ou  \i\&v\,pour  re- 
pousser  ses  ennemis  et  les  empecher  de 
nuire  a  ses  fiddles. 

18.  La  justice  d'un  juge  incorruptible.  — 
Sincere,  litt.  sans  deguiseinent,  qui  repondra 
par  sa  sevdrite  k  la  solennite  des  circons- 
tances.  Vulg.  certain,  serieux. 

19.  La  saijitetc  dt  Dieu,  c'est  la  perfe<flion 


morale  absolue,  bouclier  sur  lequel  se  bri- 
sent  tous  les  traits  de  I'iniquite,  c.-a-d.  les 
outrages  et  les  blasphemes  des  impies. 
Vulg.,  de  Pcquitc,  mais  cette  idee  se  trouve 
deja  exprimee  au  verset  precedent. 

20.  Un  s^laivej  Vulg.,  J(ne  lance.  Ailleurs 
le  meme  mot  grec  poacpat'a  est  traduit  par 
glaive  {Apoc.  ii,  16).  —  Tout  l^univers; 
comp.  vers.  17.  —  Les  insenses,  les  impies. 

21.  Comp.  Ps.  vii,  13.  —  Bien  diriges  : 
le  mot  direde  de  la  Vulg.  vient  probable- 
ment  d'une  faute  de  copiste  pour  direilcc, 
que  lisent  plusieurs  manuscrits.  —  Aluages... 
arc  :  Tare  dans  les  nuees,  comme  symbole 
de  grace  et  de  misericorde,  est  tournd  en 
sens  inverse  de  la  terre;  comme  instrument 
de  colere,  c'est  la  terre  qu'il  vise. 

22.  Baliste,  machine  de  guerre  au  moyen 
de  laquelle  les  anciens  langaient  des  pierres 
sur  I'ennemi.  Comp.  Exod.  ix,  23  sv.  Jos. 
x,  1 1.  Vulg.,  une  colere  dure  comme  lapierre, 
inflexible.  —  L'eaji  de  la  mer  :  comp.  Luc, 


X.X1, 


25- 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  V,  16—24;  VI,  1—6. 


457 


tur  :  et  tamquam  spuma  gracilis, 
quae  a  procella  dispergitur  :  et  tam- 
quam fumus,  qui  a  vento  diffusus 
est  :  et  tamquam  memoria  hospitis 
unius  diei  prastereuntis.  16.  Justi 
autem  in  perpetuum  vivent,  et  apud 
Dominum  est  merces  eorum,  et 
cogitatio  illorum  apud  Altissimum. 
17.  Ideo  accipient  regnum  decoris, 
et  diadema  speciei  de  manu  Domi- 
ni :  quoniam  dextera  sua  teget  eos, 
et  brachio  sancto  suo  defendet  illos. 
18/  Accipiet  armaturam  zelus  illius, 
et  armabit  creaturam  ad  ultionem 
inimicorum.  19.  Induet  pro  thorace 
justitiam,  et  accipiet  pro  galea  judi- 
cium certum  :  20.  sumet  scutum 
inexpugnabile  asquitatem  :  2 1 .  acuet 
autem  duram  iram  in  lanceam,  et 
pugnabit  cum  illo  orbis  terrarum 
contra  insensatos.  22.  Ibunt  directe 
emissiones  fulgurum,  et  tamquam 
a  bene  curvato  arcu  nubium  exter- 
minabuntur,  et  ad  certum  locum 
insilient.  23.  Et  a  petrosa  ira  plenas 
mittentur  grandines,  excandescet 
in  illos  aqua  maris,  et  flumina  con- 
current duriter.  24.  Contra  illos 
stabit  spiritus  virtutis,  et  tamquam 


turbo  venti  dividet  illos  :  et  ad  ere- 
mum  perducet  omnem  terram  ini- 
quitas  illorum,  et  malignitas  evertet 
sedes  potentium. 

— :;:—        CAPUT    VI.        — :i:— 

Reges  et  judices  ad  sapientiam  et  justitiam 
secftandam  exhortatur  ostendens  quam 
grave  maneat  injustis  reftoribus  suppli- 
cium  :  item  quam  sit  obvia  sapientia  quae- 
rentibus  earn  :  quodque  ejus  acquisitio  sit 
utilis,  cujus  capax  non  est  invidus. 

ELI  OR  est  sapientia 
quam  vires:  "et  vir  pru- 

I  dens  quam  fortis. 

'  2.  Audite  ergo  reges,  et 
intelligite,  discite  judices  finium  ter- 
ras. 3.  Prasbete  aures  vos,  qui  con- 
tinetis  multitudines,  et  placetis  vo- 
bis  in  turbis  nationum.  4.  *  Quoniam 
data  est  a  Domino  potestas  vobis, 
et  virtus  ab  Altissimo,  qui  interro- 
gabit  opera  vestra,  et  cogitationes 
scrutabitur :  5.  quoniam  cum  essetis 
ministri  regni  illius,  non  recte  judi- 
castis,  nee  custodistis  legem  justi- 
tiae,  neque  secundum  voluntatem 
Dei  ambulastis.  6.  Horrende  et  cito 


"  Eccles.  9, 


*  Rom.  13, 
I. 


23.  Des  pidssaiits  :  ces  derniers  mots  ra- 
menent  I'auteur  aux  chefs  et  aux  magistrals, 
a  qui  il  s'etait  adresse  des  le  debut  de  son 
livre  (i,  i),  et  qu'il  va  exhorter  de  nouveau 
dans  le  chap,  suivant. 

CHAP.  VI. 

Pans  la  Vulgate  le  chapitre  s'ouvre  par 
ce  vers,  i  :  La  sagesse  vaict  tnieux  que  la 
force,  et  I'hoiiwie  prudent  que  Phonime  ro- 
buste:  c'est  une  compilation  de  Prov.  xvi,  32; 
xxiv,  5;  EccLe.  ix,  16  et  18,  ajoutee  sans 
doute  dans  quelques  manuscrits  comme 
titre  ou  en-tete  de  la  secflion,  et  qui  aura 
passe  ensuite  dans  le  texte. 

1.  Ecoutez,  etc.  Comp.  Ps.  ii,  10;  xxi,  28; 
Matth.  xii,  42.  —  Vous  qui  juges,  etc.  : 
souverains  des  pays  les  plus  lointains. 

2.  Sur  une  nniltiludej  Vulg.,  des  multi- 
tudes;  plusieurs  manuscrits  lisent  le  singu- 
lier,  Diultitudiriein.  —  Qui  ctes Jiersj  Vulg., 
qui  vous  coniplaisez  :  allusion  probable  au 
peuple  romain. 

3.  Sachez  :  ce  qui  suit  est  la  matiere  de 
I'instruflion  donnee  aux  princes.  Comp. 
Prov.  viii,  13;  I  Paral.  xxix,  11  sv.  Rodi. 
xiii,  I  sv. 


4.  Parce  que  introduit  la  raison  du  juge- 
ment  de  Dieu  decrit  vers.  5  suiv.  Selon 
d'autres,  le  vers.  4  est  coordonne  au  vers.  3  : 
Sachez  encore  que,  etant  les  ministres  de  sa 
royaute.  Les  rois,  meme  paiens,  sont  subor- 
donnes  a  I'autorite  du  Roi  des  rois,  de  Celui 
"  qui  regne  sur  les  empires."  —  La  loi  na- 
turelle  du  juste  et  de  I'injuste,  comme  I'ex- 
plique  le  mot  de  la  justice  ajoute  par  la  Vulg. 
Cette  loi  oblige  aussi  les  paiens,  elle  est 
pour  eux  la  volonte  de  Dieu. 

5.  S'exerce,  a  lieu,  et  non  pas  aura  lieu 
{Y\x\g.  /let)  :  assertion  gt^ndrale  donnant  la 
raison  de  la  menace  qui  precede. 

6.  Par  pitie  pour  leur  faiblesse  et  leur 
humble  condition;  on  ne  leur  applique  pas 
une  justice  stricfte.  — Puissaininent  ckdties  : 
par  ex.  Moi'se,  Notnbr.  xx,  12;  David, 
II  Sam.  xxiv,  12;  Ezechias,  II  Rois,  xx, 
17  sv.  Comp.  Luc,  xii,  47  sv.  Les  raisons 
de  cette  difference  sont  que  les  grands  sont 
mieux  en  position  d'apprendre  les  maximes 
de  la  justice  et  de  I'equite,  qu'ils  trouvent 
dans  leur  puissance  meme  des  facilite's  plus 
grandes  pour  faire  le  bien,  et  enfin  que 
I'abus  de  leur  pouvoir  produit  des  effets  plus 
desastreux. 


458 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  VI,  7—25. 


par  pitie;  mais  Ics  puissants  seront 
puissamment  chaties.  7Le  Souverain 
de  tous  ne  reculera  devant  personne, 
il  ne  s'arretera  par  respeft  devant 
aucune  grandeur ;  car  il  est  le  crea- 
teur  des  grands  et  des  petits,  et  il 
prend  soin  des  uns  comme  des  au- 
tres.  ^Mais  les  puissants  seront  sou- 
mis  a  un  jugement  plus  rigoureux. 
9C'est  done  a  vous,  6  rois,  que  s'adres- 
sent  mes  discours,  afin  que  vous  ap- 
preniez  la  sagesse  et  que  vous  ne 
tombiez  point.  ^oCeux  qui  observent 
saintement  les  saintes  lois  seront 
sanctifies,  et  ceux  qui  les  auront  ap- 
prises auront  de  quoi  repondre. "  Met- 
tez  done  vos  complaisances  dans  mes 
paroles,  desirez-les,  et  vous  aurez 
I'instruction. 

12 La  sagesse  est  un  astre  brillant, 
sa  bcaute  ne  se  fletrit  pas;  facilement 
on  raper9oit  quand  on  I'aime,  facile- 
ment on  la  trouve  quand  on  la  cher- 
che.  ^3Elle  previent  ceux  qui  la  cher- 
chent  et  se  montre  a  eux  la  premiere. 
^4Celui  qui  se  leve  de  bonne  heure 
pour  la  chercher  n'aura  pas  a  prendre 
beaucoup  de  peine  :  il  la  trouvera 
assise  a  sa  porte.  ^sCar  penser  a  elle, 
c'est  la  perfe6lion  de  la  prudence,  et 
celui  qui  veille  a  cause  d'elle  sera 
bientot  libre  de  soucis.  ^^EUe-meme 


va  de  tous  cotes  chercher  ceux  qui 
sont  dignes  d'elle,  elle  se  montre 
amicalement  a  eux  dans  leurs  voies, 
et  les  assiste  dans  tous  leurs  desseins. 

^7En  effet,  le  commencement  le 
plus  assure  de  la  sagesse  est  le  desir 
de  I'instruftion.  ^^Qr  le  soin  de  I'ins- 
truclion  conduit  a  I'amour,  I'amour 
fait  qu'on  obeit  a  ses  lois,  I'obeissance 
a  ses  lois  assure  I'immortalite,  i9et 
I'immortalite  donne  une  place  tout 
pres  de  Dieu.  ^oAinsi  le  desir  de  la 
sagesse  conduit  a  une  eternelle  royau- 
te.  21  Si  done,  6  rois  des  peuples,  vous 
mettez  votre  plaisir  dans  les  trones 
et  les  sceptres,  honorez  la  sagesse, 
et  vous  regnerez  eternellement. 

22 Mais  qu'est-ce  que  la  sagesse,  et 
quelle  est  son  origine?  Je  vais  I'expo- 
ser  sans  rien  vous  cacher  des  myste- 
res  de  Dieu.  Je  remonterai  jusqu'au 
commencement  des  choses,  je  met- 
trai  au  grand  jour  tout  ce  qui  la  con- 
cerne,  et  je  ne  tairai  pas  la  verite. 
23  Loin  de  moi  de  faire  route  avec  la 
pale  envie!  Elle  n'a  aucune  part  a 
la  sagesse.  24Le  grand  nombre  des 
sages  fait  le  salut  de  la  terre,  et  un 
roi  sage  la  prosperite  dc  son  peu- 
ple.  25Recevez  done  I'instruction  par 
mes  paroles,  et  vous  vous  en  trouve- 
rez  bien. 


7.  Ne  reculera  ou  ne  sHnclmera;  Vulg., 
ne  sotistraira  personne^  savoir,  au  jugement 
et  a  la  punition,  dit  Corn,  de  Lapierre  :  ce 
qui  ne  s'accorde  avec  le  grec  que  pour  le 
fond  de  la  pensee.  —  Des  uns  coimne  des 
attires,  en  gr.  6|j.oiwi;,  dans  le  sens  de  coin- 
tnuniter;  c'est  ainsi  qu'il  faut  entendre 
aqualiter  de  la  Vulg. 

8.  Un  jugement.  Vulg.  tourment. 

9.  Que  vous  ne  ioinbicz  poi)ii,  dans  le  sens 
moral,  que  vous  ne  pechiez  point. 

10.  Saintement,  pieusement.  —  Les  saintes 
lois  (litt.  les  saintes  choses)  :  la  loi  de  la  jus- 
tice, la  volonte  de  Dieu  (vers.  4),  la  sagesse 
pratique  (vers.  9).  —  Seront  sanilijies,  recon- 
nus  saints,  admis  au  nombre  des  saints 
dans  la  bienheureuse  eternite.  Comp.  I  Jean, 
iii,  7.  —  Ceux  qui  les  ont  apprises,  les  con- 
naissent  parfaitement,  auront  de  quoi  rcpon- 
dre  et  se  justifier  devant  le  souverain  Juge. 

12.  Ne  se  fletrit  pas  :  comp.  I  Pier,  i,  4. 
—  Facilement :  comp.  Prov.  viii,  17;  Eccli. 
xxvii,  8;  Matth.  xi,  19. 


14.  A  prendre  beaucoup  de  peine,  a  se 
fatiguer  a  I'attendre  ou  h  courir  "au  loin 
pour  la  trouver. 

15.  Car,  Vulg.  date.  Sens  du  verset  : 
I'homme  qui  pense  a  la  sagesse,  qui  refle- 
chit  sur  sa  beaute  et  ses  avantages,  atteint 
le  sommet  de  la  prudence,  en  tant  qu'il 
commence  h  comprendre  que  la  sagesse  est 
le  seul  bien  veritable,  par  opposition  aux 
biens  terrestres  et  apparents;  ces  derniers, 
qui  sont  I'occasion  de  beaucoup  d'agitations 
et  de  troubles,  il  cesse  de  les  poursuivre  et 
se  trouve  ainsi  affranchi  de  mille  soucis. 

16.  Elle  se  montre,  se  communique  a  eux 
dans  leurs  voies,  pour  les  diriger  dans  les 
afles  de  la  vie  exterieure  (comp.  Prov. 
viii,  2).  —  Vulg.,  ai'ec  toute  sorte  de  pre- 
voyance  et  de  soin. 

17.  En  effet,  ou  car,  introduit  la  preuve 
que  la  sagesse  merite  qu'on  la  recherche  : 
car  elle  conduit  au  bonheur  ^ternel.  —  Le 
conunencement,  le  point  de  depart  pour  arri- 
ver  a  la  sagesse,  la  condition  pour  I'obtenir. 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  VI,  7—27. 


459 


apparebit  vobis  :  quoniam  judicium 
durissimum  his,  qui  prassunt,  fiet. 
7.  Exiguo  enim  conceditur  niiseri- 
cordia  :  potentes  autem  potenter 
tormenta  patientur.  8.  ^Non  enim 
subtrahet  personam  cujusquam 
Deus,  nee  verebitur  magnitudinem 
cujusquam  :  quoniam  pusillum  et 
magnum  ipse  fecit,  et  ^qualiter  cura 
est  illi  de  omnibus.  9.  P'ortioribus 
autem  fortior  instat  cruciatio.  lO.Ad 
vos  ergo  reges  sunt  hi  sermones 
mei,  ut  discatis  sapientiam,  et  non 
excidatis.  1 1.  Oui  enim  custodierint 
justa  juste,  justificabuntur  :  et  qui 
didicerint  ista,  invenient  quid  re- 
spondeant.  12.  Concupiscite  ergo 
sermones  meos,  dihgite  illos,  et  ha- 
bebitis  disciphnam, 

13.  Clara  est,  et  quae  nunquam 
marcescit  sapientia,  et  facile  videtur 
ab  his  qui  diligunt  eam,  et  invenitur 
ab  his  qui  quasrunt  illam.  14.  Pras- 
occupat  qui  se  concupiscunt,  ut  illis 
se  prior  ostendat.  15.  Qui  de  luce 
vigilaverit  ad  illam,  non  laborabit  : 
assidentem  enim  illam  foribus  suis 
inveniet.  16.  Cogitare  ergo  de  ilia, 
sensus  est  consummatus  :  et  qui  vi- 
gilaverit propter  illam,  cito  securus 
erit.    17,  Quoniam  dignos  se  ipsa 


circuit  quasrens,  et  in  viis  ostendit 
se  illis  hilariter,  et  in  omni  provi- 
dentia  occurrit  illis. 

18.  Initium  enim  illius  verissima 
est  disciplinas  concupiscentia.  1 9. Cu- 
ra ergo  disciplinas,  dilectio  est  :  et 
dilectio,  custodia  legum  illius  est  : 
custoditio  autem  legum,  consum-' 
matio  incorruptionis  est  :  20.  in- 
corruptio  autem  facit  esse  proxi- 
mum  Deo.  21.  Concupiscentia  ita- 
que  sapientias  deducit  ad  regnum 
perpetuum.  22.  Si  ergo  delectamini 
sedibus  et  sceptris,  o  reges  populi, 
diligite  sapientiam,  ut  in  perpetuum 
regnetis  :  23.  diligite  lumen  sapien- 
tias  omnes  qui  prasestis  populis. 

24.  Quid  est  autem  sapientia,  et 
quemadmodum  facta  sit  referam  : 
et  non  abscondam  a  vobis  sacra- 
menta  Dei,  sed  ab  initio  nativitatis 
investigabo,et  ponam  inlucemscien- 
tiam  illius,  et  non  praeteribo  veri- 
tatem  :  25.  neque  cum  invidia  ta- 
bescente  iter  habebo  :  quoniam  talis 
homo  non  erit  particeps  sapientias. 

26.  Multitudo  autem  sapientium 
sanitas  est  orbis  terrarum  :  et  rex 
sapiens   stabilimentum    populi  est. 

27.  Ergo  accipite  disciplinam  per 
sermones  meos,  et  proderit  vobis. 


—  Le  dcsir  de  Pinstru^ion,  d'etre  instruit 
des  choses  que  la  sagesse  enseigne.  Vulg., 
le  commeficeineni  de  la  sagesse,  dest  le  dcsir 
tres  s Ulcere  de  s'mstniirc. 

Les  vers.  17-20  forment  one  espece  de 
sorite,  dont  le  2oe  est  la  conclusion. 

18.  Le  soin  ou  la  recherche  de  rinstruc- 
tion  conduit  a  Paniour  de  la  sagesse,  k  un 
ardent  desir  d'etre  en  communion  avec  elle, 
de  la  posseder  tout  entiere.  —  LHfnmorta- 
////bienheureuse,  comme  ii,  23. 

20.  Royaute  :  comp.  Rom.  v,  17. 

21.  Honorez,  Vulg.  aiinez. 

La  Vulg.  ajoute  :  aimez  la  liiniicre  de  la 
sagesse,  vans  tous  qui  comniandez  aux  peu- 
ples  :  ces  mots  paraissent  venir  d'une  dou- 
ble tradu61ion  du  vers.  21  qui  se  serait 
glissee  dans  le  texte. 

22.  Qu'esl-ce  que  la  sagesse  :  I'auteur  n'en 
donne  nuUe  part  de  definition  proprement 
dite;  il  se  contente  d'exposer  ses  proprietes 
et  ses  effets  sur  les  hommes.  —  Quelle  est 
son  origitie,  comment  elle  est  venue  a  I'exis- 
tence  (comp.  Prov.  viii,  23  sv.  Job,  xxviii, 


20  sv.)  :  I'auteur  passe  de  la  Sagesse  in- 
creee  k  la  sagesse  communiquee  a  I'homme. 
—  Je  vais  Vexfoser  :  cette  exposition  est 
precedee  d'un  prologue,  a  la  maniere  des 
anciens  :  comp.  le  discours  de  Moise  apres 
le  passage  de  la  mer  Rouge  {Exod.  xv,  i  sv.), 
le  Ps.  xlviii  et  plusieurs  discours  du  livre 
de  Job.  Oil  finit  le  prologue,  oil  commence 
I'exposition?  Au  vers,  i,  selon  les  uns;  aux 
vers.  22  du  chap,  vii,  selon  les  autres.  — 
Sans  rien  cacher :  I'auteur  n'imitera  pas  les 
paiens  qui  tiennent  soigneusement  caches 
leurs  niysthes;  il  dira  tout  ce  qu'il  sait  sur 
la  sagesse. 

23.  Elle,  I'envie ;  ou,  avec  la  Vulg., 
riiomme  envieux.  Sens  :  en  montrant  le 
chemin  qui  mene  a  la  sagesse,  je  ne  veux 
pas  ressembler  k  ces  guides  jaloux  qui  ne 
donnent  que  des  indications  parcimonieu- 
ses,  afin  que  nul  n'en  sache  autant  qu'eux  : 
allusion  aux  philosophes  grecs  qui  faisaient 
deux  parts  de  leur  docflrine,  I'une  exoteri- 
que,  destinee  a  la  foule,  I'autre  esoterique, 
reservee  k  un  petit  groupe  d'inities. 


460 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  VII,  i— 17. 


CHAP.  VII. —  Salomon  (dans  lequel  I'auteur  se  personnifie)  etait  un  homme 
comme  tous  les  autres  [vers,  i  —  6] ;  il  a  demande  a  Dieu  la  sagesse,  qu'il 
preferait  a  tous  les  biens  terrestres  [7  —  10];  avec  elle  sont  venus  tous 
les  biens,  I'amitie  de  Dieu  et  de  nombreuses  connaissances  [11  —  21].  — 
Proprietes  de  la  sagesse,  sa  nature  et  ses  effets  [22  —  viii,  i]. 

peu  de  sable,  et  I'argent,  a  cote  d'elle, 
ne  vaut  pas  plus  que  la  boue.  ^oje 
I'ai  aimee  plus  que  la  sante  et  la 
beaute;  j'ai  prefere  sa  possession  a  la 
possession  de  la  lumiere,  car  son 
flambeau  ne  s'eteint  jamais.  "Avec 
elle  me  sont  venus  tous  les  biens,  et 
une  immense  richesse  est  dans  ses 
mains.  ^^Et  je  me  suis  rejoui  de  tous 
ces  biens,  car  la  sagesse  les  amene 
avec  elle;  j'ignorais  pourtant  qu'elle 
en  etait  la  mere.  i3je  I'ai  apprise  sans 
arriere-pensee,  je  la  communique 
sans  envie,  et  je  ne  cache  point  ses 
tresors.  i4Car  elle  est  pour  les  hom- 
mes  un  tresor  inepuisable;  ceux  qui 
en  usent  ont  part  a  I'amitie  de  Dieu, 
a  qui  les  recommandent  les  dons  ac- 
quis par  rinstru6lion. 

15  Que  Dieu  me  donne  d'en  parler 
comme  je  le  voudrais,  et  de  conce- 
voir  des  pensees  dignes  des  dons  que 
j'ai  recus,  car  c'est  lui  qui  conduit  la 
sagesse  et  qui  dirige  les  sages!  ^^Nous 
sommes  dans  sa  main,  nous  et  nos 
discours,  et  toute  la  prudence  et  le 
savoir-faire.  ^7  C'est  lui  qui  m'a  donne 
la  veritable  science  des  etres,  pour 
me   faire   connaitre  la    stru6lure   de 


Ch.  VII.  'l^^E  ne  suis  moi-meme  qu  un 
I  homme  mortel,  semblable  a 
tous  les  autres  et  descendant 
du  premier  qui  fut  forme  (de  terre), 
2et  j'ai  ete  forme  quant  a  la  chair 
dans  le  sein  de  ma  mere  pendant  dix 
mois,  prenant  consistance  dans  le 
sang,  par  le  moyen  de  la  semence  de 
I'homme  durant  le  repos  du  sommeil. 
sMoi  aussi,  a  ma  naissance,  j'ai  res- 
pire I'air  commun  a  tous,  je  suis 
tombe  sur  la  meme  terre,  et  c'est 
avec  des  pleurs  que  j'ai,  comme  tous 
les  autres,  fait  entendre  mes  premiers 
sons.  4  J'ai  ete  eleve  dans  des  langes 
et  avec  des  soins  infinis.  sAucun  roi 
n'a  eu  un  autre  commencement 
d'existence.^Il  n'y  a  pour  tous  qu'une 
seule  et  meme  maniere  d'entrer  dans 
le  monde  et  d'en  sortir. 

7 C'est  pourquoi  j'ai  prie,  et  la  pru- 
dence m'a  ete  donnee;  j'ai  invoque  le 
Seigneur,  et  I'esprit  de  sagesse  est 
venu  en  moi.  ^Je  I'ai  preferee  aux 
sceptres  et  aux  couronnes,  et  j'ai  es- 
time  de  nul  prix  les  richesses  aupres 
d'elle.  9je  ne  lui  ai  pas  egale  les  pier- 
res  les  plus  precieuses,  car  tout  I'or 
du  monde  n'est  aupres  d'elle  qu'un 


CHAP.  VII. 

I.  Dt( prej/iz'erhomme,  litt.  du protoplaste, 
mot  communement  employe  depuis  pour 
designer  notre  premier  pere. 

1.  Quant  a  la  chair  :  c'est  I'element  exte- 
rieur  et  materiel  du  compost  humain;  sur 
Fame  voy.  viii,  19.  —  Pendant  dix  mois  lu- 
naires,  de  29  et  30  jours  alternativement. 
La  gestation  normale  etant  de  270  k  280 
jours,  la  naissance  arrivait  vers  le  milieu  du 
loe  mois.  Comp.  Virg.  Eclog.  iv,  61.  — 
Dans  le  sang  :  comp.  Lev.  xv,  24  sv.  L'au- 
teur  suit  les  opinions  de  son  temps  :  voy. 
Pline,  Hist.  Nat.  vii,  15. 

3.  Je  suis  tonibc  sur  la  inente  terre,  une 
terre  de  meme  nature;  ou  bien  qui  eprouve 
la  meme  chose  de  tous,  egalement  foul^e 


par  tous.  —  Avec  des  pleurs  :  comp.  Lu- 
crece  v,  223  sv. 

4.  Dans  des  langes  :  comp.  Luc,  ii,  7. 

7.  O est  pourquoi  :  n'etant  pas  par  nature 
plus  sage  que  les  autres  hommes,  et  ayant, 
comme  roi,  un  besoin  plus  constant  d'exer- 
cer  la  sagesse  :  habile  insinuation  adressee 
aux  princes  :  ils  n'ont  pas  regu  la  sagesse 
avec  la  couronne,  ils  doivent  I'acquerir 
comme  les  autres  hommes.  — J\ii  prie  : 
voy.  I  Rois,  iii,  5-12.  Com\>.  Jacq.  i,  5.  — 
L esprit  de  sagesse,  le  principe  de  la  sagesse  : 
comp.  Ephes.  \,  17. 

8.  Aux  sceptres;  Vulg.,  aux  royaumes. 
Comp.  Prov.  viii,  11,  15,  16. 

9.  Comp. /«?/;,  xxviii,  12  sv.  Prov.  viii,  11. 
\o.  J'ai ptef ere,  etc.  Vulg., _/''<?/  rcsolu  d'en 

faire  man  Jlambeau,  le  guide  de  ma  vie. 


LIBER  SAPIENTItE.     Cap.  VII,  1—17. 


461 


— :i:—       CAPUT    VII.       —^^ 

Cum  unus  sit  omnibus  introitus  ad  vitam. 
et  similis  exitus  ;  pras  omnibus  eligenda 
est  sapientia,adferens  secumcunfla  bona, 
habens  secum  spiritum  intelligentite  mul- 
tiplicem  ;  et  quae  hie  mirum  in  modum 
extoUitur,  quamque  abunde  aucflor  fuerat 
assecutus. 

UM  quidem  et  ego  mor- 
talis  homo,  similis  om.ni- 
bus,  et  ex  genere  terreni 
illius,  qui  prior  factus  est, 
et  in  ventre  matris  figuratus  sum 
caro,  2.  decem  mensium  tempore 
"coagulatus  sum  in  sanguine,  ex 
semine  hominis,  et  delectamento 
somni  conveniente.  3.  Et  ego  natus 
accepi  communem  aerem,et  in  simi- 
liter factam  decidi  terram,  et  pri- 
mam  vocem  similem  omnibus  emisi 
plorans  :  4.  in  involumentis  nutri- 
tus  sum,  et  curis  magnis.  5.  Nemo 
enim  ex  regibus  aliud  habuit  nativi- 
tatis  initium.  6.  ''Unus  ergo  introi- 
tus est  omnibus  ad  vitam,  et  similis 
exitus. 

7.  Propter  hoc  optavi,  et  datus 
est  mihi  sensus  :  et  invocavi,  et  ve- 
nit  in  me  spiritus  sapientiae  :  8.  et 
praeposui  illam  regnis  et  sedibus,  et 
divitias  nihil  esse  duxi  in  compara- 


tione  illius  :  9.  'nee  comparavi  illi 
lapidem  pretiosum  :  quoniam  omne 
aurum  incomparatione  illius,  arena 
est  exigua,  et  tamquam  lutum  assti- 
mabitur  argentum  in  conspectu 
illius.  10.  Super  salulem  et  speciem 
dilexi  illam,  et  proposui  pro  luce 
habere  illam  :  quoniam  inexstingui- 
bile  est  lumen  illius.  1 1.  ''Venerunt 
autem  mihi  omnia  bona  pariter  cum 
ilia,  et  innumerabilis  honestas  per 
manus  illius,  12.  et  lastatus  sum  in 
omnibus  :  quoniam  antecedebat  me 
istasapientia,et  ignorabam  quoniam 
horum  omnium  mater  est.  i3.Quam 
sine  fictione  didici,  et  sine  inyidia 
communico,  et  honestatem  illius 
non  abscondo.  14.  Infinitus  enirn 
thesaurus  est  hominibus  :  quo  qui 
usi  sunt,  participes  facti  sunt  amici- 
tias  Dei,  propter  disciplinas  dona 
commendati. 

15.  Mihi  autem  dedit  Deus  di- 
cere  ex  sententia,  et  prassumere 
digna  horum,  qu^e  mihi  dantur  : 
quoniam  ipse  sapientias  dux  est,  et 
sapientium  emendator  :  1 6.  in  manu 
enim  illius  et  nos,  et  sermones  no- 
stri,  et  omnis  sapientia,  et  operum 
scientiaet  disciplina.  17.  Ipse  enim 
dedit  mihi  horum,  quae  sunt,  scien- 
tiam  veram  :  ut  sciam  dispositionem 
orbis  terrarum,  et  virtutes  elemen- 


'  Job.  28,  15 
Prov.  8,  II. 


1 1,  l/ne  immense  richesse,  en  gr.  tlAouxoc. 
que  la  Vulg.  traduit  souvent  par  honestas. 
—  Est  dans  ses  mams  (I  Rois.,  iii,  13.  Comp. 
Matth.  vi,  33),  Vulg.,  invest  venue  par  ses 
mains. 

13.  Sans  arriere-pensee  d'interet  person- 
nel; Vulg.,  sans  ruse. —  Sans  envie,  libera- 
lement,  sans  etre  jaloux  que  d'autres  la  pos- 
sedent  dans  sa  plenitude.  —  Ses  tresors  : 
comp.  Eccli.  XX,  30;  Matth.  x,  8. 

14.  Qui  e7i  usent,  ou,  d'apres  une  autre 
leQon,  qui  la  possedent.  —  Vamitie  de 
Dieu  :  comp.  Is.  xli,  Z;  Jacq.  ii,  23;  Jea7i, 
XV,  14.  —  Les  dons.,  etc.  :  les  bonnes  oeu- 
vres  accomplies  par  les  sages,  fruit  de  la 
pratique  de  la  sagesse,  sont  presentees 
comme  des  dons  ou  presents  qui  recom- 
mandent  leurs  auteurs  a  I'amitie  et  a  la 
faveur  de  Dieu. 

;,   Vient  ensuite  une  invocation  a  Dieu  pour 
obtenir  la  grace  de  bien  parler  de  la  sa- 


gesse, invocation  tres  convenable  avant  les 
hautes  revelations  qui  vont  suivre. 

15.  Que  Dieu  me  donne,  en  grec  Scoti  : 
c'est  la'vraie  le^on.  Vulg.,  Dieu  7n'a  donne j 
dedit  vient  peut-etre  de  det,  qu'on  trouve 
dans  plusieurs  manuscrits.  —  Comme  je  le 
voudrais,  litt.  selon  ce  que  je  sens.,  selon  mon 
sentiment.  —  Qui  conduit  la  sagesse.,  qui 
lui  assigne  sa  route  pour  qu'elle  aille  eclai- 
rer  telle  ou  telle  ame. 

16.  Et  nos  discours  :  comp.  Prov.  xvi,  i; 
II  Cor.  iii,  5.  —  Le  savoir-faire.,  les  con- 
naissances  pratiques,  relatives  soit  aux  arts 
mecaniques  {Exod.  xxxi,  3),  soit  a  la  con- 
duite  des  affaires.  Dans  \2iWv\g.,  et  disci- 
plina parait  etre  une  seconde  tradudlion  du 
mot  deja  rendu  par  scientia. 

17.  La  struiiure,  I'agencement,  la  consti- 
tution. —  Proprietes  des  quatre  elements  qui, 
dans  la  pens^e  des  anciens,  constituaient 
I'univers  :  I'air,  la  terre,  I'eau  et  le  feu. 


"'3  Reg.  3, 
13.  Matth. 
6,  33- 


462 


LIVRE  DE  LA  SAG  ESSE.     Chap.  VII,  18—30. 


I'univers  et  les  proprietes  des  ele- 
ment.s,  '^le  commencement,  la  fin  et 
le  milieu  des  temps,  les  retours  perio- 
diques  du  soleil,  les  vicissitudes  des 
temps,  19 les  cycles  des  annees  et  la 
position  des  etoiles,  ^oja  nature  des 
animaux  et  les  instinfts  des  betes,  la 
puissance  des  esprits  et  les  raisonne- 
ments  des  hommes,  les  dififerentes 
especes  des  plantes  et  la  vertu  des 
racines;  ^^  en  un  mot,  tout  ce  qui  est 
cache  et  a  decouvert,  je  I'ai  appris; 
car  la  sagesse,  ouvriere  de  toutes  cho- 
ses,  me  I'a  enseigne. 

22 En  elle,  en  effet,  il  y  a  un  esprit 
intelligent,  saint,  unique,  multiple, 
immateriel,  a6tif,  penetrant,  sans 
souillure,  infaillible,  impassible,  ai- 
mant  le  bien,  sagace,  ne  connaissant 
pas  d'obstacle,  bienfaisant,  ^sbon 
pour  les  hommes,  immuable,  assure, 
tout-puissant,  surveillant  tout,  pene- 
trant tous  les  esprits,  les  intelligents, 
les  purs  et  les  plus  subtils.  24Car  la 


sagesse  est  plus  agile  que  tout  mou- 
vement ;  elle  penetre  toutes  les  par- 
ties de  I'univers  a  cause  de  sa  puret^. 
25  Elle  est  le  souffle  de  la  puissance 
de  Dieu,  une  pure  emanation  de  la 
gloire  du  Dieu  tout-puissant ;  aussi 
rien  de  souille  ne  peut  tomber  sur 
elle.  26  Elle  est  le  resplendissement 
de  la  lumiere  eternelle,  le  miroir  sans 
tache  de  I'activite  de  Dieu  et  I'image 
de  sa  bonte.  ^zEtant  unique,  elle  peut 
tout;  restant  la  meme,  elle  renouvelle 
toutes  choses,  et  a  travers  les  ages 
elle  se  repand  dans  toutes  les  ames 
saintes;  elle  en  fait  des  amis  de  Dieu 
et  des  prophetes.  ^sj^jgu^  en  effet, 
n'aime  que  celui  qui  habite  avec  la 
sagesse.  29 Car  elle  est  plus  belle 
que  le  soleil  et  que  I'arrangemcnt 
harmonieux  des  etoiles ;  comparee 
a  la  lumiere,  elle  I'emporte  sur  elle; 
30car  la  lumiere  fait  place  a  la  nuit; 
mais  le  mal  ne  prevaut  pas  contre 
la  sagesse. 


i8.  Le  coininencemejit,  etc.  :  periphrase 
po^tique  pour  designer  la  difference  et  la 
variete  des  periodes  deduites  des  calculs 
astronomiques.  —  Les  retoiifs  periodiqiies 
du  soleil,  les  solstices.  : —  Les  vicissitudes 
des  temps,  non  seulement  des  saisons,  mais 
encore  des  mois,  du  jour  et  de  la  nuit. 

19.  Les  cycles  des  annees,  series  d'annees 
apr^s  lesquelles  le  soleil  ou  la  lune  se  re- 
trouvent  dans  la  meme  position,  ou  recom- 
mencent  les  memes  revolutions.  Vulg,,  les 
cycles  de  Pannee,  les  revolutions  astronomi- 
ques qui  s'accomplissent  dans  le  cours  d^une 
annee  :  mois  (lunaires),  semaines,  jours.  — 
La  position  des  etoiles  aux  differentes  epo- 
ques  de  I'annce. 

20.  La  nattire,  les  proprietes  generales 
des  animaux.  — Les  instincls,  en  gr.  9u|j.o'J4 
aninios,  mot  dont  la  Vulg.  restreint  trop  le 
sens  en  le  traduisant  par  iras,  coleres.  — 
La  puissance  des  espfits  (Vulg.  des  vents')  : 
la  tradu(flion  attribuait  h  Salomon  un  grand 
pouvoir  sur  le  monde  des  esprits,  surtout 
sur  les  demons  (Josephe,  Ant.  viii,  2). 

21.  Cache  au  vulgaire.  —  A  decouvert, 
manifeste  :  mouvements  des  astres,  saisons, 
etc.  Vulg.,  inconmt  :  le  tradu(fteur  latin  a 
lu  acpavTJ  au  lieu  de  £;ji-favi^,  ou  bien  la  leqon 
primitive  etait  inprovisu,  d'ou  improiiisa. — 
Ouvriere,  etc. :  c'est  par  la  sagesse  que  Dieu 
a  eree  I'univers;  voy.  Prov.  iii,  19;  viii,  22-31. 

Ainsi  I'auteur  attribue  a  Salomon  des  con- 
naissances  plus  ou  moins  etendues  en  cos- 


mologie,  en  astronomic,  en  logique  et  psy- 
chologic, en  zoologie,  en  botanique,  en  phar- 
macic.  Comp.  I  Rois,  iv,  i'^. 

Suit  I'enumeration  des  proprietes  de  la 
sagesse. 

22.  En  effet  introduit  la  raison  pour  la- 
quelle  la  sagesse  est  dite  ouvriere  de  toutes 
choses  et  la  source  de  la  science  de  Salo- 
mon. —  En  elle  il y  a  un  esprit :  le  manus- 
crit  d'Alexandrie  lit  :  elle  est  un  esprit,  ce 
qui  identifierait  la  sagesse  et  I'Esprit :  comp. 
i,  6;  ix,  17.  —  Intelligent,  pensant.  —  Saint : 
voy.  i,  5.  —  Unique,  seul  de  son  esp^ce  : 
comp.  y>a«,  i,  14,  18,  oij  cette  epithete  est 
appliquee  au  Fils  de  Dieu.  —  Multiple 
dans  ses  attributs  et  ses  operations  :  comp. 
I  Cor.  xii,  II;  I'Eglise  appelle  le  St-Esprit 
septiformis  tmetiere,  FEsprit  aux  sept  dons. 
—  Ailif,  litt.  se  tnouvant  aisement,  conse- 
quence de  I'immateriaiite. — Pe'ne'trantj  d'au- 
tres,  brillant,  ou  bien  avec  la  Vulg.  eloquent: 
comp.  X,  21;  Is.  XXXV,  6  —  Sans  souillure; 
comme  le  rayon  du  soleil  reste  pur  lors 
meme  qu'il  touchc  la  terre ;  ou  bien  sans 
tache  qui  obscurcisse  ou  diminue  sa  clarte. — 
Impassible,  etendant  son  influence  et  son  ac- 
tion sur  toutes  choses,  sans  subir  lui-meme 
I'influence  d'aucune.  La  Vulg.  ajoute  suavis. 

23.  Bon  pour  les  hommes;  la  Vulg.  tra- 
duit  deux  fois  Ic  mot  grec  :  humanus,  beni- 
gnus.  —  Immuable,  litt.  incbranlable.  — 
Assure  de  mener  a  bien  toutes  ses  opera- 
tions,   sans    inquietude   sur   leur  succes    : 


LIBER  SAPIENTL^.     Cap.  VII,  18—30. 


463 


torum,  18.  initlum,  et  consumma- 
tionem,  et  medietatem  temporum, 
vicissitudinum  permutationes,  et 
commutationes  temporum,  1 9.  anni 
cursus,  et  stellarum  dispositiones, 
20.  naturas  animalium,et  iras  bestia- 
rum,  vim  ventorum,et  cogitationes 
hominum,difFerentias  virgultorum, 
et  virtutes  radicum,  2  1.  et  qii^cum- 
que  sunt  absconsa  et  improvisa,  di- 
dici  :  omnium  enim  artifex  docuit 
me  sapientia  : 

22.  Est  enim  in  ilk  spiritus  in- 
telligentise,  sanctus,  unicus,  multi- 
plex, subtilis,  disertus,  mobilis,  in- 
coinquinatus,  certus,  suavis,  amans 
bonum,  acutus,  quem  nihil  vetat, 
benefaciens,  23.  humanus,  benignus, 
stabilis,  certus,  securus,  omnem  ha- 
bens  virtutem,  omnia  prospiciens, 
et  qui  capiat  omnes  spiritus  :  intel- 
Hgibilis,  mundus,  subtilis.  24.  Om- 


nibus enim  mobilibus  mobilior  est 

sapientia  :  attingit   autem   ubique 

propter  suam  munditiam.  25.  Vapor 

est  enim  virtutis  Dei,  et  emanatio 

quaedam  est  claritatis  omnipotentis 

Dei  sincera  :  et  ideo  nihil  inquina- 

tum  in  eam  incurrit  :  26.  'candor    'Hebr.  1,3. 

est  enim  lucis  aeternas,  et  speculum 

sine  macula  Dei  majestatis,  et  imago 

bonitatis  illius.  27.  Et  cum  sit  una, 

omnia  potest  :  et  in  se  permanens 

omnia  innovat,  et  per  nationes  in 

animas  sanctas  se  transfert,  amicos 

Dei  et  prophetas  constituit.  28.  Ne- 

minem  enim  diligit  Deus,  nisi  eum, 

qui  cum  sapientia  inhabitat.  29.  Est 

enim  haec  speciosior  sole,  et  super 

omnem    dispositionem    stellarum, 

luci     comparata    invenitur    prior. 

30.  lUi  enim  succedit  nox,  sapien- 

tiam  autem  non  vincit  malitia. 


litote,  pour  suffisant  a  tout,  se  suffisant  lui- 
meme.  —  Surveillaiit  tout,  dans  le  monde 
physique  comme  dans  le  monde  moral.  — 
Penetrant  et  soumettant  a  son  action  tons 
les  esprits  :  les  intelligents ,  ceux  des  hom- 
mes  en  general;  les  purs  ou  immateriels, 
ceux  des  anges,  ou  bien  ceux  des  hommes 
purs  ;  et  les  plus  subtils,  ceux  des  hommes 
les  plus  parfaits  en  vertu  comme  en  intelli- 
gence, les  plus  degages  des  choses  mate- 
rielles.  La  Vulg.  attribue  a  tort  ces  trois 
dernieres  qualifications  a  I'Esprit  lui-meme. 
Ainsi,  en  grec,  les  epithetes  ou  attributs 
de  I'Esprit  qui  est  dans  la  sagesse  sont  au 
nombre  de  21,  produit  des  deux  nombres 
sacrds  3  et  7.  Voir  les  attributs  assignes 
par  S.  Paul  au  Verbe  de  Uieu.  Hebr.  iv, 
12,  13.  C'est  une  enumeration  oratoire  dont 
les  elements  se  refusent  a  toute  classifica- 
tion logique. 

24.  Car  :  raison  de  plusieurs  choses  dites 
dans  les  2  versets  precedents,  et  en  particu- 
lier  de  penetrant  tous  les  esprits.  —  Que 
tout  tnouveinentj  Vulg.,  que  les  etres  les  plus 
agiles;  peut-etre  faudrait-il  lire  motihus  ou 
mobilitatibus.  —  Sa  puretc' :  elle  est  un  pur 
esprit,  degage  de  toute  matiere. 

25.  Le  souffle,  gr.  aTij.i'c,  de  la  puissance 
creatrice  de  Dieu  :  comp.  Hebr.  i,  3.  — 
Une  pure  hnanation,  etc.  QucEdaiii  de  la 
Vulg.  vient  probablement  de  ce  que  le  tra- 
ducfteur  aura  lu  "i?  au  lieu  de  ~rfi.  -^  Rien 
de  souille  :  comp.  Jacq.  iii,  15. 


26.  Le  resplendissemeiit ,  ou  le  reflet.  Dans 
la  Vulg.,  plusieurs  manuscrits  au  lieu  de  can- 
dor lisent  splendor  qui  est  plus  conforme  au 
grec  a7ra'JYaa;j.a.  Comp.  Hebr.  i,  3 ;  1 1  Cor. 
iii,  18.  —  De  Paflivitc,  en  grec,  Evspysia; 
(Vulg.  de  la  niajestc)  de  Dieu.  —  De  sa  bonte  : 
la  bonte  ontologique,  c.-k-d.  I'etre  de  Dieu 
infiniment  parfait.  Avec  S.  Paul  {Hebr.  i,  3) 
les  SS.  Peres  entendent  ce  passage  du  Fils 
de  Dieu,  la  seconde  personne  de  la  tres- 
sainte  Trinite. 

La  substantialite  et  la  personitalite  de  la 
Sagesse  sont  enseignees  dans  les  2  versets 
qui  precedent  avec  une  force  et  une  clarte 
que  n'atteint  peut-etre  aucun  passage  des 
Proverbes  ou  de  I'Eccl^siastique. 

27.  U?iique{\&xs.22  :  comp.  I  Cor.  xii,  11), 
elle  petit  tout,  elle  peut  produire  au  dehors 
cette  infinie  variete  d'effets  que  nous  avons 
sous  les  yeux.  —  Elle  rettout'elle  toutes  cho- 
ses, elle  est  I'auteur  de  tous  les  changements 
et  renouvellements  aussi  bien  dans  I'ordre 
moral  que  dans  I'ordre  physique  :  comp. 
Ps.  civ,  30.  —  Des  amis  de  Dieu,  comme 
Abraham  :  comp.  II  Par.  xx,  7;  Is.  xli,  8;  et 
des  prophetes,  des  hommes  en  relation  par- 
ticuliere  avec  Dieu,  depositaires  et  inter- 
pretes  de  ses  volontes. 

28.  Habiter  avec  la  sagesse,  c'est  etre  en 
relation  habituelle  et  intime  avec  elle. 

30.  Le  vers,  i  du  chapitre  suiv.  appartient 
encore  k  ce  morceau,  dont  il  forme  la  con- 
clusion. 


464 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  VIII,  i  — 16. 


Ch.  VIII. 


CHAP,  VIII. —  L'auteiir,  continuant  de  jouer  le  role  du  roi  Salomon,  decrit 
les  avantages  de  la  sagesse,  sa  divine  fiancee  :  elle  charme  toute  la  vie 
[2  —  8],  elle  apprend  a  bien  gouverner  [9 — 16],  elle  est  une  source  de 
benedi6lions  pour  celui  qui  I'aime  [17 — 20]. 


A    sap'esse   atteint   avec   force 
d'une  extremite  du  monde  a 
I'autre,  et  dispose  tout   avec 
douceur. 

2je  I'aimais  et  la  recherchais  des 
ma  jeunesse;  je  cherchais  a  I'avoir 
pour  epouse  et  j'etais  epris  de  sa 
beaute.  3  Elle  fait  voir  la  gloire  de 
son  origine  en  ce  quelle  habite  avec 
Dieu,  et  le  souvcrain  Seigneur  de 
toutes  choses  I'aime.  4Car  c'est  elle 
qui  initie  a  la  science  de  Dieu  et  qui 
choisit  parmi  ses  oeuvres.  5  Si  la  ri- 
chesse  est  un  bien  desirable  en  cette 
vie,  quoi  de  plus  riche  que  la  sagesse, 
qui  opere  toutes  choses?  6 Si  la  pru- 
dence nous  procure  des  avantages, 
qui  mieux  que  la  sagesse  est  I'ou- 
vriere  de  tout  ce  qui  existe.'  7Aime- 
t-on  la  justice?  les  labeurs  de  la  sa- 
gesse produisent  les  vertus  ;  c'est  elle 
qui  enseigne  la  temperance,  la  pru- 
dence, la  justice  et  la  force,  cequ'il  y  a 
de  plus  utile  aux  hommes  pendant  la 
vie.  8Desire-t-on  une  science  eten- 
due?  elle  connait  le  passe  et  conjec- 
ture I'avenir ;  elle  penetre  les  discours 
subtils  et  resout  les  enigmes;  elle 
interprete  les  signes  et  les  prodiges 
et    revele   d'avance    les    evenements 


qu'ils  annoncent;  elle  salt  les  evene- 
ments des  temps  et  des  epoques. 

9Aussi  ai-je  resolu  de  la  prendre 
pour  compagne  de  ma  vie,  sachant 
quelle  serait  pour  moi  une  conseil- 
lere  de  tout  bien,  et  une  consolation 
dans  mes  soucis  et  mes  peines.  i°A 
cause  d'elle,  je  recueillerai  la  gloire 
dans  les  assemblees,  et,  jeune  encore, 
I'honneur  aupres  des  vieillards.  "On 
reconnaitra  ma  penetration  dans  les 
jugements,  et  devant  moi  les  grands 
seront  dans  I'admiration.  ^^gi  je  me 
tais,  ils  attendront  que  je  prenne  la 
parole;  si  je  parle,  ils  tiendront  les 
yeux  fixes  sur  moi,  et  si  je  prolonge 
mon  discours,  ils  mettront  la  main 
sur  leur  bouche.  ^sA  cause  d'elle, 
j'obtiendrai  I'immortalite,  et  je  lais- 
serai  a  la  posterite  un  souvenir  eter- 
nel.  i4je  gouvernerai  mes  peuples,  et 
les  nations  etrangeres  me  seront  sou- 
mises.  ^sEn  entendant  parler  de  moi, 
des  rois  redoutables  me  craindront; 
je  me  montrerai  bon  au  milieu  du 
peuple  et  vaillant  a  la  guerre.  ^^A 
mon  retour  dans  ma  maison,  je  me 
reposerai  aupres  d'elle,  car  il  n'y  a 
nulle  amertume  dans  sa  societe,  nul 
ennui  a  vivre  avec  elle;  il  n'y  a  que 


CHAP.  VIII. 

I.  Dispose,  gouverne,  totites  choses  avec 
douceur  (Vulg.),  litt.  lne?t,  utilement,  en 
grec  /pf)aTtI>;.  Le  i<^''  membre  de  ce  verset 
peut  se  rapporter  a  la  conservation,  le  se- 
cond au  goiivernemcnt  de  I'univers,  mais  la 
pens^e  est  plus  gdnerale.  L'Eglise  entend 
ce  verset  du  Messie  et  en  fait  le  fond  d'une 
des  grandes  antiennes  de  I'Avent. 

Puis  I'auteur  revient  a  la  pensee  de  vii, 
7  sv. 

2.Je  cherchais  a  V avoir,  litt.  a  Vaincnet 
dans  ma  maisott. 

3.  Elle  habite,  litt.  elle  vit  avec  Dieu, 
conime  une  epouse  avec  son  epoux.  Dans  la 
V u\g. ,  suatn  vaudrait  mieux  que  illius.  — 


Le  Seigneur  de  I'univers  Paiine  :  a  plus  forte 
raison  les  hommes  doivent-ils  I'aimer. 

4.  Qtd  initie  a  (Vulg.);  d'autres,  y///  est 
initiee.  — La  science  de  Dieu,  que  Dieu  pos- 
sede  —  Et  qui,  parmi  toutes  les  oeuvres 
dont  I'idee  est  en  Dieu,  choisit  celles  qu'il 
doit  realiser;  en  langage  moins  poetique  : 
Dieu  choisit  et  determine  par  sa  sagesse  les 
oeuvres  qu'il  doit  accomplir. 

5.  Qui  opere,  qui  cree  et  conserve  toutes 
choses. 

6.  Sens  :  si  deja  la  prudence  humaine 
(comp.  vi,  15)  est  capable  de  procurer  notre 
bien,  combien  plus  le  procurera  cette  sa- 
gesse superieure  qui  manifeste  sa  puissance 
et  ses  effets  dans  la  formation  ct  la  conser- 
vation de  I'univers? 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  VIII,  t  — i6. 


465 


— *—       CAPUT  VIII.       — :i:— 

Cum  sapientiam  comitentur  omnia  deside- 
rabilia,  summe  ambienda  est,  a  Deo  pe- 
tenda;  a  quo  solo  datur  continentia. 


TTINGIT  ergo  a  fine 
usque  ad  finem  fortiter, 
et  disponitomniasuaviter. 
2.  Hanc  amavi,  et  ex- 
quisivi  a  juventute  mea,  et  quassivi 
sponsam  mihi  earn  assumere,  et 
amator   factus    sum    formas    illius. 

3,  Generositatem  illius  glorificat, 
contubernium  habens  Dei  :  sed  et 
omnium    Dominus   dilexit   illam  : 

4.  doctrix  enim  est  disciplinas  Dei, 
et  electrix  operum  illius.  5.  Et  si 
divitiae  appetuntur  in  vita,  quid  sa- 
pientia  locupletius,  quae  operatur 
omnia.?  6.  Si  autem  sensus  opera- 
tur :  quis  horum,  quas  sunt,  magis 
quam  ilia  est  artifex.''  7.  Et  si  justi- 
tiam  quis  diligit :  labores  hujus  ma- 
gnas  habent  virtutes  :  sobrietatem 
enim,  et  prudentiam  docet,  et  justi- 
tiam,  et  virtutem,  quibus  utilius 
nihil  est  in  vita  hominibus.  8.  Et  si 
multitudinem  scientiae  desiderat 
quis,  scit  prasterita,  et  de  futuris 


aestimat  :  scit  versutias  sermonum, 
et  dissolutiones  argumentorum  : 
signa  et  monstra  scit  antequam 
fiant,  et  eventus  temporum  et  sas- 
culorum. 

9.  Proposui  ergo  hanc  adducere 
mihi  ad  convivendum  :  sciens  quo- 
niam  mecum  communicabit  de  bo- 
nis, et  erit  allocutio  cogitationis  et 
tasdii  mei.  10.  Habebo  propter  hanc 
claritatem  ad  turbas,  et  honorem 
apud  seniores  juvenis  :  11.  et  acu- 
tus  inveniar  in  judicio,  et  in  con- 
spectu  potentium  admirabilis  ero, 
et  facies  principum  mirabuntur  me  : 
12.  tacentem  me  sustinebunt,  et 
loquentem  me  respicient,  et  sermo- 
cinante  me  plura,  manus  ori  suo 
imponent.  13.  Prasterea  habebo  per 
hanc,  immortalitatem  :  et  memo- 
riam  asternam  his,  qui  post  me  fu- 
turi  sunt,  relinquam.  14.  Disponam 
populos  :  et  nationes  mihi  erunt 
subditae.  15.  Timebunt  me  audien- 
tes  reges  horrendi  :  in  multitudine 
videbor  bonus,  et  in  bello  fortis. 
16.  Intrans  in  domum  meam,  con- 
quiescam  cum  ilia  :  non  enim  habet 
amaritudinem  conversatio  illius, 
nee  taedium  convictus  illius,  sed  las- 


7.  Ai>ne-t-on  la  justice,  dans  le  sens  le 
plus  general  de  ce  mot  :  I'ensemble  des 
vertus  morales,  dont  fait  partie  la  justice 
entendue  dans  le  sens  stri6l.  - —  Les  labeurs 
de  la  sagesse,  ses  efforts,  son  acflion  parmi 
les  hommes.  —  La  temperance^  etc.  :  ce  sont 
les  quatre  vertus  cardinales  des  moralistes 
grecs. 

8.  Une  science  etendiie,  litt.  utie  )niil- 
tiple  experience  {Eccli.  xxv,  6).  —  Les 
discours  subtils,  les  fines  sentences,  ren- 
fermant  sous  peu  de  mots  un  sens  que  le 
vulgaire  n'aperqoit  pas  {Prov.  i,  3).  —  Les 
enigmes  :  questions  semblables  k  celles 
que  la  reine  de  Saba  adressa  a  Salo- 
mon (I  Kois^x,  i).  Comp.  Nombr.  xii,  8; 
I  Cor.  xiii,  12.  Exemples  d'enigmes  verita- 
bles  :  Jug.  xiv,  12,  14;  Ezech.  xvii,  3  sv.  — 
Et  revele,  etc.;  ou  bien,  comme  la  Vulg. 
parait  I'entendre  :  elle  prevail  les  signes 
et  les  prodiges,  les  phenomenes  extraordi- 
naires  qui  doivent  arriver.  —  Les  evene- 
inents,  litt.  les  issues,  quels  evenements 
seront  produits  par  ou  dans  telle  ou  telle 
periode  de  temps. 


9.  Une  consolatioti  :  c'est  le  sens  de  allo- 
cutio dans  la  Vulg. 

\o.  Jeune  encore  :  comp.  I  Rois,  iii,  7. 

11.  Dans  les  jugenients,  lorsque  je  juge- 
rai  :  allusion  au  fameux  jugement  de  Salo- 
mon, I  Rois,  iii,  16  sv.  —  Les  grands,  les 
rois  vassaux  de  Salomon,  les  magistrals,  les 
chefs  d'armee,  etc.  La  Vulgate  ajoute  un 
3^  membre  :  et  le  visage  des  prifices  sera 
dans  r etonnement  :  double  traduction  du 
2e  membre. 

12.  lis  atteiuiront,  personne  n'osant  par- 
ler  avant  moi  dans  les  assemblees.  —  lis 
inettront  la  main  stir  leur  bouche,  pour  ne 
pas  rompre  le  silence. 

13.  Viuunortalite,  une  gloire  immortelle 
parmi  les  hommes ;  ce  mot  a  un  sens  plus 
releve  vers.  17. 

15.  De  moi  et  de  ma  sagesse.  —  Ati  mi- 
lieu du peuple,  dans  la  paix;  ou  bien  dans 
les  assemblees,  les  jugements.  Comp.  Ho- 
mere>  //.  iii,  79. 

16.  A  man  retour  de  la  guerre,  ou  de 
I'assemblde.  —  Aupres  de  la  sagesse,  com- 
me d'une  epouse  bien-aimee. 


N°  23.  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.  —  30 


466         LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  VIII,  17—21;  IX,  i- 


Chap.  IX. 


contentement  et  joie.  ^/Meditant  ces 
pensees  en  moi-meme  et  reflechissant 
en  mon  coeur  que  Timmortalite  est  le 
fruit  de  I'union  intime  avec  la  sa- 
gesse,  iSqu'il  y  a  dans  son  amitie  une 
noble  jouissance,  et  dans  les  oeuvres 
de  ses  mains  des  richesses  inepuisa- 
bles,  qu'on  acquiert  la  prudence  dans 
un  commerce  assidu  avec  elle,  et  la 
gloire  a  prendre  part  a  sa  conversa- 
tion :  j'allai  de  tous  cotes,  cherchant 
le  moyen  de  I'avoir  avec  moi. 


'9j'etais  un  enfant  d'un  bon  natu- 
rel,  et  j'avais  recu  en  partage  une 
bonne  amej^oou  plutot,  etant  bon, 
je  vins  a  un  corps  sans  souillure. 
2iNeanmoins,  sachant  que  je  ne  pou- 
vais  obtenir  la  sagesse  si  Dieu  ne  me 
la  donnait,  —  et  c'etait  deja  de  la 
prudence  que  de  savoir  de  qui  vient 
ce  don,  —  je  m'adressai  au  Seigneur, 
et  je  I'invoquai  du  fond  de  mon  coeur, 
en  disant : 


CHAP.  IX.  —  Priere  de  Salomon  pour  demander  la  sagesse. 


lieu  des  peres,  Seigneur  de  mi- 
sericorde,  qui  avez  fait  I'uni- 
igiK'g^g^^  vers  par  votrc  parole,  ^et  qui, 
par  votre  sagesse,  avez  etabli  I'hom- 
me  pour  dominer  sur  toutes  les  crea- 
tures que  vous  avez  faites,  3 pour  regir 
le  monde  dans  la  saintete  et  la  jus- 
tice et  exercer  I'empire  dans  la  droi- 
ture  de  son  coeur,  4donnez-moi  la 
sagesse  qui  est  assise  pres  de  votre 
trone,  et  ne  me  rejetez  pas  du  nom- 
bre  de  vos  enfants.  5 Car  je  suis  votre 
serviteur  et  le  fils  de  votre  servante. 


un  homme  faible,  a  la  vie  courte  et 
peu  capable  de  comprendre  votre 
jugement  et  vos  lois.  ^Meme  le  plus 
habile  parmi  les  enfants  des  hommes, 
s'il  n'a  pas  la  sagesse,  sera  compte 
pour  rien.  7Vous  m'avez  choisi  pour 
regner  sur  votre  peuple  et  juger  vos 
fils  et  vos  filles.  ^Et  vous  m'avez 
commande  de  batir  un  temple  sur 
votre  montagne  sainte  et  un  autel 
dans  la  cite  ou  vous  faites  votre  de- 
meure,  sur  le  modele  du  saint  taber- 
nacle que  vous  avez  prepare  des  le 


17.  Z,'/;;/w<7r/'«///t'bienheureuse  aupres  de 
Dieu.  —  L'union  intime,  litt.  la  pare/tie. 

18.  Dans  les  anivres  de  ses  niaitts  :  la  sa- 
gesse est  considdrde  ici  comme  une  Spouse 
laborieuse,  dont  le  travail  et  I'intelligence 
enrichissent  sa  maison.  Comp.  ce  qui  est 
dit  de  la  femme  forte  Prov.  xxxi,  10  sv.  — 
Vavoir  avec  moi,  dans  le  sens  du  vers.  2. 

Apres  avoir  decrit  les  qualites  de  la  fian- 
cee, I'auteur  dnum^re  ce  que  I'amant  de  la 
sagesse  a  a  lui  offrir. 

ig-20.  Une  bonne  dine  ici,  dit  Estius,  ce 
n'est  pas  une  ^me  en  possession  de  la  grace 
san6\ifiante  ou  d'un  certain  degre  de  bonte 
morale,  c'est  une  ame  douee  d'une  bonte 
naturelle  qui  la  dispose  a  la  pratique  des 
vertus. 

L'enseignement  commun  de  TEglise  est 
que  Dieu  cree  Fame  de  chaque  homme  au 
moment  ou  il  I'unit  au  corps.  Les  vers.  19-20 
ne  contredisent  pas  cette  dodlrine  et  n'ont 
rien  de  commun  avec  la  dod\rine  platoni- 
cienne  de  la  preexistence  des  iimes.  L'au- 
teur  veut  exprimer  cette  pensee,  qu'il  a  requ 
de  Dieu  une  bonne  ame,  c.-k-d.  douee  d'heu- 
reuses  dispositions  naturelles,  et  un  corps 
pur,  c.-k-d.  sans  defaut  ni  vice  hereditaire. 
II  commence  ainsi   :  J^ii  recu  en  partage 


une  bonfie  dnie;  mais  aussitot  cette  maniere 
de  s'exprimer  lui  parait  peu  convenable. 
Elle  semble  impliquer,  en  effet,  que  le  corps 
est  le  fondement  essentiel  de  I'homme,  dont 
I'ame  ne  serait  que  I'accessoire.  Se  repre- 
nant  done,  il  ajoute  :  Ou  plutot,  etant  bon, 
je  vins  a  un  corps  pur,  c.-h-d.,  mon  ame 
etant  bonne  fut  unie  a  un  corps  pur.  Dans 
cette  seconde  forme  de  la  pensee,  c'est 
I'ame  qui  a  le  premier  rang,  qui  constitue 
le  moi.  Voilh,  uniquement  ce  que  veut  dire 
et  ce  que  dit  I'auteur  de  la  Sagesse.  Le 
veni  in  corpus  ne  suppose  dans  I'ame  qu'une 
anteriorite  de  raison,fondee  sur  son  essence 
sup^rieure. 

21.  Obtenir  la  sagesse  :  c'est  le  sens  natu- 
rel  du  grec,  et  meme  de  la  Vulgate  :  conti- 
netts,  scil.  sapienticc,  dont  il  est  question 
dans  tout  le  passage,  et  qui  est  I'objet  de  la 
priere  annoncde  dans  ce  verset.  L'EccI^sias- 
tique  dit  de  meme,  coiitinens  justitice  (xv,  i. 
Comp.  vi,  27).  Neanmoins  la  plupart  tra- 
duisent  le  latin,  et  quelques-uns  le  grec, 
sachant  que  je  ne  pouvais  itre  continent, 
chaste,  conserver  mon  corps  sans  tache 
(vers.  20).  —  En  disa?it :  la  priere  suivante 
est  une  amplification  de  celle  que  nous  lisons 
I  Rois,  iii,  6-10.  Comp.  II  Par.  i,  9  sv. 


LIBER  SAPIENTL^.     Cap.  VIII,  17—21;  IX,  1—8. 


467 


titiam  et  gaudium.  17.  Haec  cogi- 
tans  apud  me,  et  commemorans  in 
corde  meo  :  quoniam  immortalitas 
est  in  cognatione  sapientias,  18.  et 
in  amicitia  illius  delectatio  bona,  et 
in  operibus  manuum  illius  honestas 
sine  defectione,  et  in  certamine  lo- 
quelas  illius  sapientia,  et  prasclari- 
tas  in  communicatione  sermonum 
ipsius :  circuibam  quasrens,  ut  mihi 
illam  assumerem. 

19.  Puer  autem  eram  ingeniosus, 
et   sortitus   sum   animam    bonam. 

20.  Et  cum  essem  magis  bonus, 
veni    ad    corpus    incoinquinatum. 

21.  Et  ut  scivi  quoniam  aliter  non 
possem  esse  continens,  nisi  Deus 
det,  et  hoc  ipsum  erat  sapientia, 
scire  cujus  esset  hoc  donum  :  adii 
Dominum,  et  deprecatus  sum  ilium, 
et  dixi  ex  totis  prascordiis  meis. 

— :>—       CAPUT    IX.        —:;•-- 

Oratio  sapientis  cum  agnitione  propriae  im- 
becillitatis,  ad  impetrandam  a  Domino 
sapientiam  :  qute  cum  omnibus  necessa- 
ria  sit,  potissimum  tamen  refloribus  po- 


pulorum;  incerta  est  enim  humana  sa- 
pientia. 


EUS  patrum  meorum,  "et 
Domine  misericordias,  qui 
fecisti  omnia  verbo  tuo, 
i  2.  et  sapientia  tua  consti- 
tuisti  hominem  ut  dominaretur 
creaturas,  quas  a  te  facta  est,  3.  ut 
disponat  orbem  terrarum  in  asqui- 
tate  et  justitia,  et  in  directione  cor- 
dis judicium  judicet  :  4.  da  mihi 
sedium  tuarum  assistricem  sapien- 
tiam, et  noli  me  reprobare  a  pueris 
tuis  :  5.  ^quoniam  servus  tuus  sum 
ego,  et  filius  ancillas  tuas,  homo  in- 
firmus,  et  exigui  temporis,  et  minor 
ad  intellectum  judicii  et  legum. 
6.  Nam  et  si  quis  erit  consummatus 
inter  filios  hominum,  si  ab  illo  ab- 
fuerit  sapientia  tua,  in  nihilum  com- 
putabitur.  y.'^Tu  elegisti  me  regem 
populo  tuo,  et  judicem  filiorum  tuo- 
rum,  et  filiarum  :  8.  et  dixisti  me 
asdificare  templum  in  monte  sancto 
tuo,  et  in  civitate  habitationis  tuas 
altare,  similitudmem  tabernaculi 
sancti  tui,  quod  prasparasti  ab  ini- 


"  3  Reg.  3, 


'Ps.  115,16. 


'  I  Par.  28, 
4.  s.  2  Par. 
I,  9- 


CHAP.  IX. 

1.  Des  peres  (Vulg.  de  vies  peres),  Abra- 
ham, Isaac,  etc.  Cette  invocation  rappelle 
implicitement  les  promesses  faites  par  Dieu 
aux  ancetres  du  peuple  hebreu  et  k  leurs 
descendants.  —  Seigneur  de  mise'ricot'de  : 
comp.  pere  des  viisericordes  dans  S.  Paul 
(II  Cor.  i,  3).  —  Par  voire  parole  {Ps. 
xxxiii,  6),  la  parole  creatrice  et  le  Verbe  de 
Dieu  "  par  qui  tout  a  6t6  fait." 

2.  Par  voire  sagesse  :  synonyme  de,  par 
voire  parole  (vers.  i).  —  Pour  dominer  : 
comp.  Gen.  i,  26. 

3.  La  saintete  (Vulg.  Pequiie'),  piete  en- 
vers  Dieu,  ei  la  justice,  qui  regie  les  rela- 
tions de  I'homme  avec  ses  semblables;  ces 
deux  expressions  se  retrouveront  accouplees 
dans  le  cantique  de  Zacharie  {Luc,  i,  75)  : 
comp.  Ephes.  iv,  24.  —  Exercer  Pempire, 
comme  roi  de  I'univers;  c'est  aussi  le  sens 
d&  judicet  dans  la  Vulgate. 

4.  Assise pres  de  votre trone :  comp.  Prov. 


viii,  3,  27;  Eccli. 


De  vos  enfanis 


comp.  n,  13. 

5.  Et  le  Jils  de  votre  servante,  par  conse- 
quent deux  fois  votre  serviteur,  d'apres  la 
loi  des  Hebreux,  qui  d^clarait  propriete  du 
maitre    les   enfants   nes  d'un  esclave,  nes 


dans  la  maison,  comme  s'exprime  la  Genese 
(xiv,  14).  Comp.  Eccle.  xi,  7;  par  consequent 
encore  serviteur  fidele,  car  les  esclaves  nes 
dans  la  maison  etaient  d'ordinaire  plus  atta- 
ches k  leur  maitre  que  les  autres.  Comp. 
Ps.  Ixxxvi,  16;  cxvi,  16.  —  Les  lois  divines. 

7  sv.  Autres  raisons  pour  lesquelles  Salo- 
mon a  besoin  de  la  sagesse.  —  Vos  fils  et 
vosfilles.  Comp.  Is.  xliii,  6  sv.  II  Cor.  vi,  18. 
Quelle  grande  et  sainte  idee  de  la  royaute ! 
Les  sujets  du  roi  sont  les  enfants  de  Dieu. 

8.  Ordonne' :  voy.  II  Sam.  vii,  13;  I  Rois, 
V,  5.  —  Votre  montagne  sainte,  le  mont  Mo- 
ria,deja  saniTlifie  par  le  sacrifice  d'Abraham, 
et  un  autel  eleve  par  David  (II  Sam.  xxiv, 
16,  25.  Comp.  Ps.  xcix,  9).  —  Le  saint  taber- 
nacle prepare  des  le  commencement  est,  non 
pas  celui  que  Moise  eleva  dans  le  desert, 
mais  le  tabernacle  du  ciel,  veritable  sanc- 
tuaire  de  Dieu,  et  type  eternel  du  tabernacle 
et  du  temple  terrestres.  II  est  vrai  d'ailleurs 
que  le  temple  de  Salomon  reproduisait,  avec 
des  dimensions  plus  considerables,  la  forme 
du  tabernacle  mosaique;  mais  ce  dernier 
avait  ete  construit  lui-meme  sur  le  modele 
du  san(5Iuaire  celeste  montre  a  Moise  sur  la 
montagne  {Exod.  xxv,  9;  xxvi.  30.  Comp. 
Hebr.  viii,  2;  ix,  11 ;  Apoc.  xiii,  6;  xv,  5). 


468 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  IX,  9—18;  X,  1—3. 


commencement.  9Avec  vous  est  la 
Sagesse  qui  connait  vos  oeuvres,  qui 
etait  la  quand  vous  faisiez  I'univers, 
et  qui  sait  ce  qui  est  agreable  a  vos 
yeux  et  ce  qui  est  juste  selon  vos 
commandements.  ^°  Envoyez-la  de 
votre  sainte  demeure  du  ciel,  en- 
voyez-la du  trone  de  votre  gloire, 
afin  qu'elle  soit  avec  moi  dans  mes 
labeurs,  et  que  je  connaisse  ce  qui 
vous  est  agreable.  ^'Car  elle  connait 
et  comprend  toutes  choses,  et  elle  me 
conduira  avec  prudence  dans  mes 
oeuvres  et  me  gardera  par  sa  lumiere. 
12  Et  ainsi  mes  ceuvres  vous  seront 
agreables,  je  gouvernerai  votre  peu- 
ple  avec  justice  et  je  serai  digne  du 
trone  de  mon  pere. 

13  Quel  homme,  en  effet,  peut  con- 
naitre  le  conseil  de  Dieu?  Qui  peut 


penetrer  ce  que  veut  le  Seigneur? 
i4Les  pensees  des  hommes  sont  in- 
certaines  et  nos  opinions  sont  hasar- 
dees.  15  Car  le  corps,  sujet  a  la  corrup- 
tion, appesantit  I'ame,  et  sa  demeure 
terrestre  accable  I'esprit  aux  pensees 
multiples,  i^jsfous  avons  peine  a  de- 
viner  ce  qui  est  sur  la  terre,  et  nous 
n'apercevons  pas  sans  travail  ce  qui 
est  devant  nos  mains;  qui  done 
a  penetre  ce  qui  est  dans  le  ciel.'' 
i7Qui  a  connu  votre  volonte,  si  vous 
ne  lui  avez  pas  donne  la  sagesse  et 
si  vous  n'avez  pas  envoye  du  haut 
du  ciel  votre  Esprit-Saint.''  i8(3'est 
ainsi  qu'ont  ete  rendues  droites  les 
voies  de  ceux  qui  sont  sur  la  terre, 
que  les  hommes  ont  appris  ce  qui 
vous  est  agreable  et  qu'ils  ont  ete 
sauves  par  la  sagesse. 


M 


DEUXIEME   PARTIE 


■  ^ 


La  sagesse  consideree  historiquement  [X  —  XIXJ. 

§   I.  —  LA   SAGESSE    EST    UNE    PUISSANCE    QUI    SAUVE 
ET    QUI    CHATIE   [X  — XII]. 


CHAP.  X,  £ — XI,  4. —  Role  de  la  sagesse  comme  guide  du  peuple 

de  Dieu  d'Adam  a  Moise. 


Chap.  X.     M^^eSjyl'Est  la  sagesse  qui  garda  le 

premier  homme  forme  par 

Dieu  pour  etre  le  pere  du 

genre  humain,  le  seul  cree; 

^elle  le  tira  de  son  peche  et  lui  donna 


le  pouvoir  de  gouverner  toutes  les 
creatures. 

3S'etant  eloigne  d'elle  dans  sa  co- 
lere,  I'injuste  perit  avec  sa  fureur  fra- 
tricide. 


9.  Avec  votes  :  comp.  vers.  4.  —  Qiez  Hait 
la,  etc.  Comp.  Prov.  viii,  22-2,0; /ea?i,  i,  i. 

10.  Dit  trone  d'ou  rayonne  la  gloire  de 
votre  majeste  infinie;  Vulg. ,  du  trone  de 
votre  grandeur. 

11.  Par  sa  lu/u/rre  (litt.  Sti  spleiideiir), 
qui  m'empechera  de  m'egarer  hors  des  droits 
sentiers.  D'autres,/ar  j-^«  conseil,  ou  avec  la 
Vulg.,  par  sa  puissance,  par  ses  operations. 

12.  La  priere  de  Salomon  parait  se  termi- 
ner avec  ce  verset,  quoique  I'auteur,  dans 
presque  tout  le  reste  du  livre,  continue  de 
s'adresser  direcftement  k  Dieu. 


13.  Eft  effet  :  le  bon  gouvernement  du 
peuple  de  Dieu  demande  plus  qu'une  con- 
naissance  humaine,  et  on  n'arrive  a  cette 
connaissance  que  par  la  sagesse,  laquelle  est 
un  don  special  du  Seigneur  (vers.  17).  — 
Le  conseil  de  Dieu,  ses  desseins,  ses  inten- 
tions, ses  desirs. 

Ce  verset,  tire  d'lsaie  (xl,  13),  est  cite 
deux  fois  par  S.  Paul  :  Rotit.  xi,  34;  I  Cor. 
ii,  16. 

14.  hicertaines,  flottantes,  ou  b\en  /ail>les, 
pauvres.  —  jVos  opinions  (Vulg.  nos  provi- 
sions) sont  hasardees,  sans  assurance. 


LIBER  SAPIENT!^..     Cap.  IX,  9—19;  X,  1—3. 


469 


tio  :  9.  et  tecum  sapientia  tua,  quas 
novit  opera  tua,  quae  et  afFuit  tunc 
cum  orbem  terrarum  faceres,  et 
sciebat  quid  esset  placitum  oculis 
tuis,  et  quid  directum  in  prasceptis 
tuis,  10.  Mitte  illam  de  coelis  San- 
ctis tuis,  et  a  sede  magnitudinis 
tuas,  ut  mecum  sit  et  mecum  ]a- 
boret,  ut  sciam  quid  acceptum  sit 
apud  te  :  11.  scit  enim  ilia  omnia, 
et  intelligit,  et  deducet  me  in  ope- 
ribus  meis  sobrie,  et  custodiet  me 
in  sua  potentia.  12.  Et  erunt  acce- 
pta  opera  mea,  et  disponam  popu- 
lum  tuum  juste,  et  ero  dignus  se- 
dium  patris  mei. 

13/Quis  enim  hominum  poterit 
scire  consilium  Dei?  autquis poterit 
cogitare  quid  velit  Deus?  14.  Cogi- 
tationes  enim  mortalium  timidas,  et 
incertas  providentias  nostras.  1 5. Cor- 
pus enim,  quod  corrumpitur,  aggra- 
vat  animam,  et  terrena  inhabitatio 
deprimit  sensum  multa  cogitantem. 
16,  Et  difficile  asstimamus  quae  in 
terra  sunt :  et  quae  in  prospectu  sunt. 


invenimus  cum  labore.  Quas  autem 
in  coelis  sunt  quis  investigabit? 
17.  Sensum  autem  tuum  quis  sciet, 
nisi  tu  dederis  sapientiam,  et  miseris 
spiritum  sanctum  tuum  de  altissi- 
mis  :  1 8.  et  sic  correctae  sint  semitas 
eorum,  qui  sunt  in  terris,  et  quae 
tibi  placent  didicerint  homines? 
1 9.  Nam  per  sapientiam  sanati  sunt 
quicumque  placuerunt  tibi  Domine 
a  principio. 

— *—         CAPUT    X.        — :>— 

Commendatur  sapientia,  quod  servaverit  et 
a  malis  liberaverit  Adam,  Noe,  Abraham, 
Lot,  Jacob,  Joseph,  Moysen;  per  quern 
filios  Israel  de  JEgypto  duxit  per  mare 
rubrum,  demersis  in  eo  ^gyptiis. 

TEC    ilium,    "qui    primus    "Gen.  1,27 
formatus  est  a  Deo  pater 
orbis  terrarum,  cum  solus 
i  esset    creatus,  custodivit, 
2.  *et  eduxit  ilium  a  delicto  suo,  et    *Gen.  2,  7. 
dedit  illi  virtutemcontinendi  omnia. 

3.  "Ab  hac  ut  recessit  injustus  in     'Oen.  4,  8. 


1 5.  jLe  corps  est  la  demeiire  (litt.  la  tente) 
terrestre  de  I'esprit  qui,  enferme  dans  cette 
prison,  ne  peut  prendre  librement  son  essor. 
Comp.  II  Cor\  v,  i,  4.  La  pensee  de  ce  verset 
se  reirouve  dans  beaucoup  d'auteurs  profa- 
nes, notamment  dans  Platon,  Pkc'don,  xxx. 

16.  A  penetre  :  la  Vulg.  met  ce  verbe  et 
les  suivants  au  futur.  —  Ce  qui  est  dans  le 
del,  principalement  la  volontd  de  Dieu. 
Comp.  Jeati,  iii,  12. 

17.  Voire  volonte,  ce  que  vous  voulez  que 
I'homme  fasse.  Comp.  I  Cor.  ii,  10. 

18.  Ainsi,  par  la  sagesse.  La  Vulg.  traduit 
un  peu  autrement  ce  verset;  le  sens  serait 
le  meme  en  latin  et  en  grec  si  on  lisait  sunt 
et  didicerunt  au  lieu  de  sint  et  didicerint. 

Le  dernier  membre,  amplifie,  forme  dans 
la  Vulgate  un  vers.  19  ainsi  concju  :  Cest 
par  la  sagesse  qti'ont  ete  sauves  totes  ceux 
qui  vous  ont  plu,  Seigneur,  des  le  commen- 
cement. Les  mots  ajoutes  s'accordent  par- 
faitement  avec  le  contexte,  et  on  les  trouve 
dans  les  anciennes  liturgies  (S.  Jean  Chry- 
sostome,  S.  Jacques,  etc.).  11  est  done  proba- 
ble qu'ils  se  lisaient  dans  le  manuscrit  grec 
que  le  tradu(5\eur  latin  avait  sous  les  yeux. 

Le  vers.  18  sert  de  transition  a  la  2^  partie 
du  livre,  dans  laquelle  I'auteur  demontre/ar 
I'histoire  les  avantages  et  la  n^cessite  de  la 
sagesse. 


CHAP.  X. 

Sur  ce  morceau,  comp.  Hebr.  xi,  ou 
S.  Paul  attribue  a  la  foi  ce  qui  est  dit  ici  de 
la  sagesse. 

1.  Garda  le  premier  homme  dans  le  pa- 
radis  terrestre,  et  le  garda  encore  apres  son 
peche,  non  seulement  en  le  preservant  de 
beaucoup  de  dangers  qui  menagaient  savie 
corporelle,  mais  encore  et  surtout  en  le  sau- 
vant  de  la  mort  eternelle.  Les  saints  Peres 
sont  unanimes  a  croire  au  salut  d'Adam, 
grace  a  son  repentir  et  k  sa  foi  au  Redemp- 
teur  futur.  —  Le  seul  homme  qui  ait  ete 
immediatement  cree  par  Dieu,  tous  les  au- 
tres  arrivant  k  I'existence  par  voie  de  gene- 
ration. Cette  explication  que  la  Vulg.  donne 
de  ces  mots,  tres  diversement  interpretes, 
nous  parait  la  plus  probable.  D'autres,  tant 
qu'il  fut  le  seul  homme  cree,  avant  la  forma- 
tion d'Eve;  ou  bien,  alors  qu'il  etait  seul 
cree,  seul,  c.-k-d.  sans  defense  et  sans  pro- 
tection. Sur  ce  sens  de  solus,  comp.  Jean^ 
viii,  29;  xvi,  32. 

2.  Gouverner  totctes  les  creatures  :  voy.^ 
Gen.  i,  26,  28;  ii,  20;  ix,  2.  Comp.  Ps.  viii,  i; 
Hebr.  ii,  6-8;  Eccli.  xvii,  14. 

3.  Linjttste,  Cain  {Gen.  iv).  Une  tradi- 
tion mentionnee  par  S.  Jerome  dit  que  Cain 
fut  tue  accidentellement  par  son  petit-fils 
Lamech. 


470 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  X,  4—17. 


40uant,  a  cause  de  lui,  I'eau  sub- 
mergea  la  terre,  le  salut  vint  encore 
par  la  sagesse,  qui  dirigea  le  juste  sur 
un  bois  sans  valeur. 

sLorsque  les  nations  etaient  con- 
fondues  dans  leur  commune  iniquite, 
la  sagesse  connut  le  juste;  elle  le 
conserva  sans  reproche  devant  Dieu 
et  le  garda  invincible  contre  sa  ten- 
dresse  pour  son  fils. 

6Au  milieu  de  la  ruine  des  me- 
diants, la  sagesse  sauva  le  juste  en 
le  derobant  au  feu  qui  descendit  sur 
les  cinq  villes.  7 En  temoignage  de 
leur  perversite,  cette  terre  desolee 
continue  de  fumer,  les  arbres  portent 
leurs  fruits  hors  de  saison;  monument 
d'une  ame  incredule,  une  colonne  de 
sel  reste  la  debout.  ^Ayant  neglige 
la  sagesse,  non  seulemcnt  lis  subirent 
le  dommage  de  ne  pas  connaitre  le 
bien,  mais  ils  ont  laisse  aux  vivants 
un  monument  de  leur  folie,  Dieu  ne 
voulant  pas  que  leurs  crimes  tombent 
dans  I'oubli.  9  Mais  la  sagesse  a  deli- 
vre  du  malheur  ses  fideles. 

i°C'est  elle  qui  conduisit  par  des 
voies  droites  le  juste  fuyant  la  colere 
de  son  frere,  qui  lui  montra  le  royau- 
me  de  Dieu  et  lui  donna  la  science 


des  choses  saintes;  elle  I'enrichit  dans 
ses  penibles  labeurs  et  fit  fruftifier 
ses  travaux.  ^^Elle  I'assista  contre 
d'avares  oppresseurs  et  lui  fit  acque- 
rir  des  richesses.  ^^EHe  le  garda  con- 
tre ses  ennemis  et  le  protegea  contre 
ceux  qui  lui  dressaient  des  embuches  ; 
elle  lui  donna  la  vi6loire  dans  un  rude 
combat,  pour  lui  apprendre  que  la 
justice  est  plus  puissante  que  tout. 

^sQuand  le  juste  fut  vendu,  la  sa- 
gesse ne  I'abandonna  pas,  mais  le 
preserva  du  peche;elle  descendit  avec 
lui  dans  la  fosse,  ^4et  ne  le  quitta  pas 
dans  les  chaines,  jusqu'a  ce  qu'elle 
lui  eut  procure  le  sceptre  du  royaume 
et  la  puissance  sur  ses  oppresseurs ; 
elle  convainquit  de  mensonge  ceux 
qui  I'avaient  accuse  et  le  rendit  a 
jamais  illustre. 

15  Elle  delivra  des  nations  qui  I'op- 
primaient  le  peuple  saint  et  la  race 
sans  reproche.  ^6  Elle  entra  dans  I'ame 
du  serviteur  de  Dieu,  et  par  des  si- 
gnes  et  des  prodiges  elle  tint  tete  a 
des  rois  redoutables.  '7 Elle  rendit 
aux  juges  le  salaire  de  leurs  travaux; 
elle  les  conduisit  par  une  route  semee 
de  merveilles  et  fut  pour  eux  un 
ombrage  pendant  le  jour  et  comme 


4.  A  cause  de  lui,  du  peche  de  Cain  et  de 
ceux  de  ses  descendants  qui  marcheient  sur 
ses  traces,  Dieu  envoya  le  deluge.  —  En- 
core :  la  sagesse  avait  dejk  sauve  le  monde 
dans  la  personne  d'Adam,  le  pere  de  tous 
les  hommes(vers.  i).  —  (lui  dirigea  le  Juste, 
Noe,  enferme  dans  I'arche  :  comp.  Gen. 
vi,  9;  Eccli.  xliv,  17. 

5.  Etaicjit  co7tfotidues,  etc.,  etaient  egale- 
ment  perverties;  ou  bien,  avec  allusion  k  la 
tour  de  Babel  :  aprcs  que  les  ?iations  eurent 
ete  confotidues  dans  leu?  conspiration  crimi- 
nelle. —  Le  juste,  Abraham  {Gen.  xii,  i; 
Hebr.  xi,  17  sv.) —  Pour  son  fils  Isaac,  que 
Dieu  lui  avait  commande  d'immoler  {Gen. 
xxii,  10). 

6.  La  ruine  des  mechants,  des  habitants 
de  Sodome  et  des  autres  villes  coupables. 
—  Le  juste.  Lot,  neveu  d'Abraham  {Gen. 
xix,  17,  22.  Comp.  II  Pier,  ii,  7). 

7.  Continue  de  fumer  :  ce  phenomene, 
aujourd'hui  disparu.existait  encore  au  temps 
de  Philon,  de  Josephe  et  de  Tertullien.  — 
Fruits  Jiors  de  saison  :  sur  ce  sol  echauffe, 
les  fruits  se  forment  plus  vite,  mais  ils  se 


dessechent  avant  d'arriver  a  leur  plein  de- 
veloppement.  Allusion  aux  pom/nes  de  So- 
dome, dont  Josephe  raconte  qu'elles  s'en 
vont  en  fume'e  et  en  cendres  dans  la  main 
qui  les  cueille  {Bell.  jud.  iv,  8).  —  D'une 
dme  incredule  et  indocile  k  I'avertissement 
divin  :  allusion  a  la  femme  de  Lot  qui  fut 
changee  en  colonne  de  sel  pour  avoir  re- 
garde  en  arriere  {Luc,  xvii,  32).  Cette  stele 
ou  aiguille  de  sel  existait  encore  du  temps 
de  I'auteur. 

8.  lis  subirent  le  dommage  :  dans  la  Vulg., 
IcBsi  traduirait  mieux  le  grec  que  lapsi.  — 
Le  bien,  dont  la  pratique  les  ewt  preserves 
de  ce  terrible  chatiment. 

9.  Ses  fideles,  Lot  et  ceux  de  sa  famille 
qui  re(;urent  avec  docility  les  enseignements 
de  la  sagesse. 

10.  Par  des  voies  droites,  ou  le  juste, 
Jacob  en  butte  k  la  colere  de  son  frere  Esaii 
{Gen.  xxvii,  42  sv.  Comp.  xxviii,  5,  10).  — 
Le  royaume  de  Dieu,  le  monde  des  esprits 
et  la  maniere  dont  Dieu  gouverne  le  monde, 
prenant  soin  des  hommes  justes  par  le  mi- 
nistere  des  anges  :  allusion  au  songe  ou 


LIBER  SAPIENTLE.     Cap.  X,  4—17. 


471 


ira  sua,  per  iram  homicidii  fraterni 
deperiit. 

4.  '^Propter  quern,  cum  aqua  de- 
leret  terrain,  sanavit  iterum  sapien- 
tia,percontemptibile  lignum  justum 
gubernans. 

5.  ^Hasc  et  in  consensu  nequitias 
cum  se  nationes  contulissent,  scivit 
justum,  et  conservavit  sine  querela 
Deo,  et  in  filii  misericordia  fortem 
custodivit. 

6.  ^Hasc  justum  a  pereuntibus  im- 
piisliberavitfugientem,descendente 
igne  in  pentapolim  :  7.  quibus  in 
testimonium  nequitias  fumigabunda 
constat  deserta  terra,  et  incerto  tem- 
pore fructus  habentes  arbores,  et 
incredibilis  animae  memoria  stans 
figmentum  salis.  S.Sapientiam  enim 
praetereuntes  non  tantum  in  hoc 
lapsi  sunt  ut  ignorarent  bona,  sed 
et  insipientias  suas  reliquerunt  ho- 
minibus  memoriam,  ut  in  his,  quas 
peccaverunt,  nee  latere  potuissent. 
9.  Sapientia  autem  hos,  qui  se  ob- 
servant, a  doloribus  liberavit. 

10.  ^Haec  profugum  iras  fratris 
justum  deduxit  per  vias  rectas,  et 


ostendit  illi  regnum  Dei,  et  dedit 
illi  scientiam  sanctorum  :  honestavit 
ilium  in  laboribus,  et  complevit  la- 
bores  illius.  II.  In  fraude  circum- 
venientium  ilium  affuit  illi,  et  ho- 
nestum  fecit  ilium.  12.  Custodivit 
ilium  ab  inimicis,  et  a  seductoribus 
tutavit  ilium,  et  certamen  forte  de- 
dit illi  ut  vinceret,  et  sciret  quoniam 
omnium  potentior  est  sapientia. 

13.  *Hasc  venditum  justum  non 
dereliquit,  sed  a  peccatoribus  libe- 
ravit eum  :  descenditque  cum  illo 
in  foveam,  14.  'et  in  vinculis  non 
dereliquit  ilium,  donee  afferret  illi  ^%^*^"  '' 
sceptrum  regni,  et  potentiam  adver- 
sus  eos,  qui  eum  deprimebant  :  et 
mendaces  ostendit,  qui  maculave- 
runt  ilium,  et  dedit  illi  claritatem 
asternam. 

15.  ^Hasc  populum  justum,  et 
semen  sine  querela  liberavit  a  natio- 
nibus,  quae  ilium  deprimebant. 
16.  Intravit  in  animam  servi  Dei, 
et  stetit  contra  reges  horrendos  in 
portentis  et  signis.  17.  Et  reddidit 
justis  mercedem  laborum  suorum, 
et  deduxit  illos  in  via  mirabili  :  et 


'<■  Gen.  37, 
28. 


■/'Gen.  41, 


-'Exod.  I, 
II. 


Jacob  vit  une  echelle  mysterieuse  sur  la- 
quelle  des  anges  montaient  et  descendaient 
{Gen.  xxviii,  12  sv.).  —  La  science  des  choses 
saintes,  des  mysteres,  parallele  k  royatane 
de  Dieu.  —  Elle  Venricliit.,  pendant  qu'il 
etait  au  service  de  son  oncle  Laban  {Ge7i. 
XXX,  30,  43). 

11.  Avares  oppresseurs,  Laban  et  ses  fre- 
res  {Gen.  xxxi,  7,  23). 

12.  Ses  etmemis,  Laban,  Esaii,  les  Cha- 
naneens  {Gen.  xxxiii,  4;  xxxv,  5).  —  Da?is 
tin  rude  combat,  dans  la  lutte  que  Jacob 
soutint  contre  Dieu  {Gen.  xxxii,  24),  repre- 
sente  par  un  ange  {Osee,  xii,  4). 

13.  Le  juste.,  Joseph  vendu  par  ses  freres 
et  emmene  en  Egypte  {Gen.  xxxvii).  —  Le 
preserva  du  peche  dans  lequel  voulait  Ten- 
trainer  la  femme  de  Putiphar  {Geti.  xxxix). 
Vulg.,  le  delivra  des  pecheurs.,  le  protegea 
contre  les  mauvais  desseins  de  ses  freres. 

—  Elle  descendit  avec  lui,  le  consolant  et 
le  fortifiant  par  ses  inspirations.  —  La  fosse, 
la  prison  ou  Putiphar  avait  enferme  Joseph. 

14.  JVe  le  qiiitta  pas  dans  les  chaines,  lui 
conciliant  la  faveur  du  gardien  de  la  prison. 

—  Le  sceptre  du  royatmie  :  expression  figu- 
rde  de  Tautorit^  quasi-souveraine  dont  fut 
investi  Joseph  en  Egypte. —  Sesoppressetirs, 


ses  freres,  Putiphar,  etc.  —  Elle  convain- 
quit  de  mensonge,  non  par  des  paroles,  mais 
par  des  faits.  —  Cetcx  qui  Pavaieftt  accuse', 
ses  freres  et  la  femme  de  Putiphar. 

15.  Elle  delivra  de  la  servitude  d'Egypte. 
—  Le  peuple  saint ...  sans  reprochc,  Israel  : 
ces  qualifications  se  rapportent  au  caraflere 
officiel  du  peuple  de  Dieu,  appartenant  spe- 
cialement  k  Dieu ;  elles  lui  sont  donnees 
quoique  I'auteur  n'ignore  pas  les  prevarica- 
tions de  ce  peuple,  meme  pendant  son  s^- 
jour  en  Egypte  {Ezcch.  xx,  S).  C'est  dans  le 
meme  sens  c[ue  S.  Paul  appelle  saints  les 
premiers  Chretiens. 

16.  Du  servi teur  de  Dieu,  Moise  {Exod. 
iv,  12;  xiv,  31;  Nombr.  xii,  7.  Comp.  Hebr. 
iii,  5).  —  Des  rois  redotitables,  Pharaon, 
pluriel  de  catdgorie.  Comp.  Fs.  cxxxv,  9. 

17.  Aux  justes,  aux  Hebreux.  Avant  de 
partir,  ils  avaient  emprunte  aux  Egyptiens 
des  objets  d'or  et  d'argent  et  des  etoffes 
precieuses,  que  Dieu  leur  fit  garder  comme 
le  salaire  des  rudes  travaux  auxquels  ils 
avaient  dte  condamnes  {Exod.  xii, 35.  Comp. 
Gen.  XV,  14).  —  Uti  ornbrage  :  allusion  a  la 
colonne  de  nuee,  obscure  pendant  le  jour  et 
brillante  pendant  la  nuit  {Exod.  xiii,  21  sv. 
Detct.  viii,  2). 


472 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  X,  18—21;  XI,  i— 14. 


la  lumiere  des  etoiles  pendant  la 
nuit.  i^Elle  leur  fit  traverser  la  mer 
Rouge  et  les  conduisit  a  travers  les 
grandes  eaux.  ^9'Elle  submergea  leurs 
ennemis,  et  des  profondeurs  de  I'abi- 
me  rejeta  leurs  cadavres  sur  le  rivage. 
2oC'est  pourquoi  les  justes  enleverent 


les  depouilles  des  impies  et  chante- 
rent  votre  saint  nom,  Seigneur,  et 
louerent  de  concert  votre  main  qui 
combattait  pour  eux.  21  Car  la  sagesse 
ouvrit  la  bouche  des  muets  et  rendit 
eloquente  la  langue  des  enfants. 


CHAP.  XI.  —  La  sagesse,  guide  du  peuple  de  Dieu  [suite.  Vers  i — 4]. — 
Role  de  la  sagesse  dans  le  chatiment  des  ennemis  de  Dieu  :  1°  des 
Egyptiens  [5,  xil,  i]. 


Chap. XI.  [g^^^A  sagesse  donna  le  succes  a 
leurs  oeuvres  par  la  main  d'un 
saint  prophete. 
2 lis  firent  route  a  travers  un  desert 
inhabite  et  dresserent  leurs  tentes 
dans  des  regions  sans  chemin.  3  lis 
resisterent  a  leurs  ennemis  et  tirerent 
vengeance  de  leurs  adversaires.  4 Us 
eprouverent  la  soif  et  vous  invoque- 
rent,  et  vous  leur  donnates  de  I'eau 
d'un  rocher  escarpe,  et  d'une  pierre 
I'apaisement  de  leur  soif.  5Ce  qui 
avait  fait  le  chatiment  de  leurs  enne- 
mis devint  pour  eux  une  benedi6lion 
dans  leur  detresse.  ^En  effet,  tandis 
qu'un  fleuve  intarissable  roulait  des 
flots  troubles  par  un  sang  impur,  7en 
punition  du  decret  qui  frappait  de 
mort  les  enfants,  vous  donniez  a  vos 


fideles,  contre  tout  espoir,  une  eau 
abondante,  ^leur  montrant  ainsi,  par 
la  soif  qu'ils  ressentirent  alors,  de 
quel  chatiment  vous  frappiez  vos  ad- 
versaires. 9Apres  cette  epreuve,  quoi- 
que  punis  avec  misericorde,  ils  con- 
nurent  quels  tourments  avaient  en- 
dures les  impies  juges  dans  la  colere. 
^oVous  avez  eprouve  les  uns  comme 
un  pere  qui  avertit,  et  vous  avez  cha- 
tie  les  autres  comme  un  roi  severe 
qui  condamne.  "Absents  ou  presents, 
ils  furent  egalement  tourmentes.  ^^Un 
double  chagrin  les  saisit,  et  ils  gemis- 
saient  au  souvenir  de  ce  qui  etait  ar- 
rive. '3 Car  en  apprenant  que  ce  qui 
avait  fait  leur  tourment  tournait  a 
I'avantage  des  fugitifs,  ils  reconnurent 
la  main  du  Seigneur.  i4En  effet,  celui 


18.  Comp.  Exod.  xiv,  22;  Ps.  Ixxviii,  13. 

19.  Rejeta  leurs  cadavres,  etc.  :  c'est  ce 
qu'atteste  la  tradition  juive  :  comp.  Exod. 
xiv,  30.  La  Vulg.  semble  rapporter  ce  mem- 
bre  de  phrase  aux  Hdbreux  :  elle  les  retira 
des  profondeurs  de  Vabime. 

20.  Et  chanteretit  le  cantique  de  Moise 
{Exod.  xv).  —  Vfltre  main  qui  combattait 
pour  eux,  Vulg.  vi^orieiise. 

21.  Des  muets  ...  des  enfants  (comp.  Ps. 
viii,  2)  :  de  ceux  en  general  ^  qui  man- 
quaient  auparavant  I'eloquence  et  I'inspi- 
ration  poetique,  qui  ne  savaient  parler 
que  le  plus  simple  langage.  Peut-etre  allu- 
sion k  la  difficulte  de  parole  qu'eprouvait 
Moise. 

Le  vers,  i  du  chap,  xi  appartient  encore 
k  cet  alinea,  dont  il  est  la  conclusion. 

CHAP.  XI. 

I.  Par  la  main,  par  le  moyen  ou  le 
ministere  :  hebraisme.  —  Uti  saint  pro- 
phete :  Moise;  comp.  Deut.  xviii,  18;  .xxxiv, 
10-12. 


Ce  verset  doit  se  joindre  au  dernier  alinea 
du  chap.  X. 

3.  Allusion  aux  differenis  combats  des 
Hebreux  contre  les  Amalecites  {Exod. 
xvii,  8),  contre  les  Chananeens  et  leur  roi 
Arad  {Noinlir.  xxi,  i),  contre  les  Amor- 
rheens  {Xoindr.  xxi,  21),  etc. 

4.  Voy.  Exod.  xvii,  ^-6\'^Noinbr.  xx,  8-1 1. 
Les  versets  suiv.  ^tablissent  un  parallele 

entre  le  miracle  qui  fit  jaillir  I'eau  du  rocher 
en  faveur  des  Israelites,  et  celui  qui  avait 
change  en  sang  les  eaux  du  Nil  pour  punir 
les  Egyptiens  :  le  premier  fut  un  bienfait 
pour  les  Hebreux,  le  second  un  chatiment 
pour  les  Egyptiens. 

5.  Ce  qui,  I'eau  changee  en  sang,  et  plus 
tard  tiree  du  rocher. 

Apres  de  leurs  ennemis  la  Vulg.  ajoute 
plusieurs  mots  qui  ne  trouvent  aucun  appui 
dans  les  manuscrits  grecs  et  qui  forment 
une  phrase  des  plus  embarrassees;  il  en 
resulte  que  le  vers.  5  du  grec  correspond  en 
latin  aux  vers.  5  et  6. 

6-7.    Un  fleuve  intarissable,   le   Nil.   — 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  X,  18—21;  XI,  i— 14. 


473 


fuit  illis  in  velamento  diei,  et  in  luce 

xod.  14,    stellarum  per  noctem  :  1 8/ transtu- 

P^-  77.     lit  illos  per  Mare  rubrum,  et  trans- 

vexit    illos     per    aquam     nimiam. 

19.  Inimicos  autem  illorum  demer- 

sit  in  mare,  et  ab  altitudine  infero- 

xod.  12,    rum  eduxitillos/Ideojusti  tulerunt 

.jjQ^  J.     spolia  impiorum,  20.  '"et  decanta- 

verunt    Domine    nomen    sanctum 

tuum,  et  victricem   manum    tuam 

laudaverunt  pariter  :   21,  quoniam 

sapientia   aperuit  os    mutorum,  et 

linguas  infantium  fecit  disertas. 

— :>—        CAPUT    XI.        — :i:— 

Sapientia  filios  Israel  per  desertum  deduxit, 
devicflis  inimicis,  datisque  e  petra  aquis  : 
punitis  autem  multiplici  flagello  idolola- 
tris  /Egyptiis  :  cum  tainen  Deus,  omnium 
quccrens  salutem,  longanimiter  toleret 
peccatores,  ut  resipiscant,  quos  universes 
solo  suo  nutu  continuo  perdere  posset. 


16, 


IREXIT  opera  ''eorum  in 
manibus  prophetae  sancti. 
2.  Iter  fecerunt  per  de- 
serta,  quae  non  habitaban- 
in  locis  desertis  fixerunt 
*Steterunt  contra  hostes, 
inimicis    se   vindicaverunt. 


4.  ^Sitierunt,  et  invocaverunt  te,  et 
data  est  illis  aqua  de  petra  altissi- 
ma,  et  requies  sitis  de  lapide  duro. 

5.  Per  quae  enim  poenas  passi  sunt 
inimici  illorum,  a  defectione  potus 
sui,  et  in  eis,  cum  abundarent  filii 
Israel,  laetati  sunt;  6.  per  hsec,  cum 
illis  deessent,  bene  cum  illis  actum 
est,  7.  Nam  pro  fonte  quidem  sem- 
piterni  fluminis,  humanum  sangui- 
nem  dedisti  injustis.  8.  Qui  cum 
minuerentur  in  traductione  infan- 
tium occisorum,  dedisti  illis  abun- 
dantem  aquam  insperate,  9.  osten- 
dens  per  sitim,  quae  tunc  fuit, 
quemadmodum  tuos  exaltares,  et 
adversaries  illorum  necares.io.Cum 
enim  tentati  sunt,  et  quidem  cum 
misericordia  disciplinam  accipien- 
tes  scierunt  quemadmodum  cum  ira 
judicati  impii  tormenta  paterentur. 
II.  Hos  quidem  tamquam  pater 
monens  probasti  :  illos  autem  tam- 
quam durus  rex  interrogans  con- 
demnasti.  12.  Absentes  enim  et 
prassentes  similiter  torquebantur. 
13.  Duplex  enim  illos  acceperat 
tasdium,  et  gemitus  cum  memoria 
prasteritorum.  14.  Cum  enim  audi- 
rent  per  sua  tormenta  bene  secum 


"^  Num. '20, 
II. 


D'un  decret  qui  ordonnait  de  noyer  dans  le 
fleuve  les  enfants  males  des  Hebreux  {Exod. 
i,  15-18,  22). 

La  Vulg.  traduit  ainsi  ces  deux  versets  : 
car  a  la  place  de  Ponde  (pure)  di(  fleuve 
intarissable  vous  avez  donne'  anx  i)iipies 
(Egyptiens)  du  sang  humaiti  (une  eau  qui 
en  avait  I'apparence);  ei  pendant  quHls  (les 
Hebreux)  etaient  decinies  par  la  proscrip- 
tion de  leiirs  enfants  (ou  bien,  ce  qui  se  rap- 
proche  davantage  de  I'original  :  pendant 
que  les  Egyptiens  etaient  decinies  par  la  soif 
671  piinition  du  meurtre  des  enfants),  vous 
dotmiez  ct  vosfldeles,  etc. 

8.  De  quel  chdtiinent,  etc.  Vulg. ,  comment 
vous  saviez  glorifier  vosfideles  etfaire perir 
tears  adversaires. 

9.  Les  iinpies,  les  Egyptiens,  juges  dans 
la  colere,  sans  pitie. 

II.  Absents  ou  presents :  ces  mots,  a  cause 
de  leur  peu  de  precision  ont  ete  diversement 
interpretes  :  ]°  absents  de  chez  eux;  il  s'agit 
de  I'armee  egyptienne  a  la  poursuite  des 
Hebreux,  armee  qui  perit  dans  la  mer 
Rouge ; /Jr/j^w/j,  a  la  maison  :  leur  chati- 


ment  est  explique  vers.  12.  Ou  bien  :  2°  ab- 
sents... presents  J  hors  de  la  presence  ou  en 
presence  des  Israelites  :  pendant  que  les 
Israelites  etaient  sur  le  sol  de  I'Egypte,  les 
Egyptiens  eurent  a  souffrir  des  dix  plaies; 
quand  les  Israelites  furent  partis,  les  Egyp- 
tiens furent  tourmentes  comme  il  est  dit  au 
vers.  12.  D'autres  autrement. 

12.  U71  double  chagrin  :  les  plaies  dont  ils 
avaient  ete  frappes,  lesquelles  avaient  ame- 
ne  la  delivrance  des  Hebreux  et  fait  eclater 
la  puissance  de  Jehovah  et  I'impuissance 
des  dieux  de  I'Egypte  (vers.  13). 

13.  Ce  qui  avait  fait  leur  tour/Jient,  ou 
bien  les  plaies  d'Egypte  en  general,  qui 
avaient  abouti  a  la  delivrance  des  Israeli- 
lites;  ou  bien  la  plaie  particuliere  de  I'eau 
changde  en  sang,  k  laquelle  correspondit 
pour  les  Hebreux  le  prodige  de  I'eau  tiree 
du  rocher  (vers.  5  sv.). 

La  Vulg.  ajoute,  et  ils  admirerent  I'issue 
des  e've'tietnetits  :  interpolation  tiree  du  ver- 
set  suivant.  En  outre  secum  serait  avanta- 
geusement  remplace  par  eos. 

14.  Celui,  Moise.  —  Rejete  avec  7nepris, 


474 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XI,  15—26. 


qu'ils  avaient  autrefois  expose  sur  le 
fletive  et  rejete  avec  mepris,  ils  I'ad- 
mirerent  a  la  fin  des  evenements, 
lorsqu'ils  eurent  souffert  une  soif  bien 
differente  de  celle  des  Hebreux.  ^jEn 
punition  des  pensees  extravagantes, 
fruit  de  leur  perversite,  qui  les  ega- 
raient  et  leur  faisaient  adorer  des 
reptiles  sans  raison  et  de  vils  ani- 
maux,  vous  leur  envoyates  une  mul- 
titude de  betes  stupides  :  ^^pour  leur 
apprendre  que  ce  qui  sert  a  rhomme 
pour  pecher  sert  aussi  a  son  chati- 
ment.  '711  etait  facile  a  votre  main 
toute-puissante,  qui  a  fait  le  monde 
d'une  matiere  informe,  d'envoyer 
contre  eux  une  multitude  d'ours  ou 
de  lions  feroces,  ^^ou  des  betes  nou- 
vellement  creees,  pleines  de  fureur  et 
inconnuesy«j'^«^-/^,  respirant  une  va- 
peur  enflammee,  exhalant  une  fumee 
infecle  ou  lan^ant  par  les  yeux  de 
terribles  eclairs,  i9capables  enfin,  non 
seulement  de  donner  la  mort  par  une 
blessure,  mais  de  foudroyer  de  peur 
par  leur  seul  aspe6t.  ^oEt  sans  cela 
meme,   ils    pouvaient    perir    par    un 


simple  souffle,  poursuivis  par  la  jus- 
tice et  disperses  par  le  souffle  de 
votre  puissance;  mais  vous  avez  tout 
regie  avec  mesure,  avec  nombre  et 
avec  poids.  ^iCar  la  souveraine  puis- 
sance est  toujours  a  vos  ordres,  et 
qui  done  resisterait  a  la  force  de 
votre  bras?  22 Le  monde  est  devant 
vous  comme  I'atome  qui  fait  pencher 
la  balance,  comme  la  goutte  de  rosee 
matinale  qui  tombe  sur  la  terre. 
23  Mais,  parce  que  vous  etes  puissant, 
vous  avez  pitie  de  tons,  et  vous  fer- 
mez  les  yeux  sur  les  peches  des  hom- 
mes  pour  les  amener  a  la  penitence. 
24Car  vous  aimez  toutes  les  creatures, 
et  vous  ne  haissez  rien  de  ce  que 
vous  avez  fait ;  si  vous  aviez  hai 
une  chose,  vous  ne  I'auriez  pas  faite. 
25  Et  quel  etre  pourrait  subsister  si 
vous  ne  le  vouliez,  etre  conserve 
si  vous  ne  I'aviez  appele  a  I'exis- 
tence.''  ^ejvfais  vous  pardonnez  a  tons, 
parce  que  tout  est  a  vous.  Seigneur, 
qui  aimez  les  ames,  (ch.  xii,  i)  car 
votre  esprit  incorruptible  est  dans 
tons  les  etres. 


soit  par  le  fait  meme  de  son  exposition,  soit 
lorsqu'il  demandait  a  Pharaon  de  laisser 
partir  les  Hebreux.  D'autres  traduisent  in 
exposiliotie  :  au  temps  on  les  enfanls  des 
Hebreux  etaient  exposes.  Au  lieu  de  autre- 
fois (gr.  TraAxt),  il  y  a  dans  la  Vulg.  prava, 
criminelle,  se  rapportant  k  expositiotie.  — 
Une  soif  differente  :  la  soif  des  Egyptiens, 
pendant  que  les  eaux  du  Nil  ^talent  chan- 
gees  en  sang  fut  beaucoup  plus  cruelle  que 
celle  des  Hebreux  dans  le  desert,  celle-ci 
n'dtant  qu'une  epreuve  de  courte  duree. 

1 5.  Fruit  de  leur  pen'ersit/.  :  comp.  Rom. 
1,  21.  —  Des  reptiles  sans  raison  (Vulg. 
sans  paroles  :  comp.  II  Pier.  ii.  12)  :  cette 
expression  peut  comprendre  aussi  les  cro- 
codiles. • —  Betes  stupides  :  grenouilles, 
moucherons,  sauterelles,  etc.  Voy.  Exod. 
viii  et  X. 

Spiritualiste  k  I'origine,  la  religion  egyp- 
tienne  degen^ra  en  un  grossier  f^tichisme, 


surtout  parmi  le  peuple,  qui  substitua  facile- 
ment  I'embleme  k  I'idee,  la  statue  et  I'ani- 
mal  k  la  divinite  qu'ils  representaient. 

Au  lieu  de  guidani^  il  faut  probablement 
lire  dans  la  Vulg.  quidein. 

17.  Alati^re  informe  :  ce  sont  les  ele- 
ments premiers  des  choses,  tirees  du  n^ant 
par  un  premier  acfle  cr^ateur;  la  Genese 
nous  les  montre  au  commencement  k  I'etat 
de  iohu  vaboku,  c.-k-d.  de  confusion,  en 
attendant  que  la  main  de  Dieu  y  mette  de 
I'ordre  et  en  fagonne  le  monde  acfluel  et 
tous  les  etres  qui  I'habitent.  On  ne  peut 
done  soutenir  que  I'auteur,  tout  en  se  ser- 
vant d'une  expression  empruntee  a  Platon. 
admette  comme  lui  une  matiere  coeternelle 
k  Dieu.  —  Uenvoyer  contre  eux,  au  lieu  de 
chetifs  insedles,  des  ours  :  comp.  Lev. 
xxvii,  22;  Jcr.  viii,  17;  II  Rois.,  ii,  24;  otc  des 
lions  :  comp.  I  Rois ,  xiii,  24;  II  Rois, 
xvii,  26.  \ 


LIBER  SAPIENTL^.     Cap.  XI,  15—27. 


475 


agi,  commemorati  sunt  Dominum, 
admirantesinfinemexitus.15.Quem 
enim  in  expositione  prava  proje- 
ctum  deriserunt,  in  finem  eventus 
mirati  sunt  :  non  similiter  justis  si- 
tientes  :  16.  pro  cogitationibus  au- 
tem  insensatis  iniquitatis  illorum, 
'^quod  quidam  errantes  colebant 
mutos  serpentes,  et  bestias  super- 
vacuas,  immisisti  illis  multitudinem 
mutorum  animalium  in  vindictam  : 
17.  ut  scirent  quia  per  quas  peccat 
quis,  per  haec  et  torquetur.  18.  Non 
enim  impossibilis  erat  omnipotens 
manus  tua,  quas  creavit  orbem  ter- 
rarum  ex  materia  invisa,  ^immittere 
illis  multitudinem  ursorum,aut  au- 
daces  leones,  1 9.  aut  novi  generis 
ira  plenas  ignotas  bestias,  aut  va- 
porem  ignium  spirantes,  aut  fumi 
odorem  proferentes,  aut  horrendas 
ab  oculis  scintillas  emittentes  : 
20.  quarum  non  solum  laesura  pot- 
erat  illos  exterminare,  sed  et  aspe- 
ctus  per  timorem  occidere.  21.  Sed 
et  sine  his  uno  spiritu  poterant  oc- 
cidi  persecutionem   passi    ab   ipsis 


factis  suis,  et  dispersi  per  spiritum 
virtutis  tuae  :  sed  omnia  in  mensura, 
et  numero,  et  pondere  disposuisti. 
22.  Multum  enim  valere,  tibi  soli 
supererat  semper  :  et  virtuti  bra- 
chii  tui  quis  resistet.^  23.  Ouoniam 
tamquam  momentum  staterse,  sic 
est  ante  te  orbis  terrarum,  et  tam- 
quam gutta  roris  antelucani,  quas 
descendit  in  terram.  24.  Sed  misere- 
ris  omnium,  quia  omnia  potes,  et 
dissimulas  peccata  hominum  pro- 
pter pcenitentiam.  25.  Diligis  enim 
omnia  quas  sunt,  et  nihil  odisti  eo- 
rum  quas  fecisti  :  nee  enim  odiens 
aliquid  constituisti,  aut  tecisti. 
26.  Quomodo  autem  posset  aliquid 
permanere,  nisi  tu  voluisses.?  aut 
quod  a  te  vocatum  non  esset,  con- 
servaretur.''  27.  Parcis  autem  om- 
nibus :  quoniam  tua  sunt  Domine, 
qui  amas  animas. 


•!• 


18.  L'auteur  parait  s'etre  inspire  de  la 
description  du  Leviathan  (crocodile)  Job, 
xli,  10  sv. 

20.  Sans  cela,  sans  qu'il  fut  besoin  de  ces 
monstres.  —  Un  simple  souffle,  un  acle  spe- 
cial de  la  puissance  divine  :  comp.  Job, 
iv,  9.  —  Par  la  justice  ou  la  vengeance 
divine;  Vulg.,  a  raison  de  leurs  propres 
crimes.  —  Vous  avez  tout  regie  :  proposi- 
tion generale  qui  s'applique  k  toutes  les 
ceuvres  de  Dieu,  aussi  bien  dans  I'ordre 
physique  que  dans  I'ordre  moral,  mais  qui 
vise  ici  le  cas  particulier  du  chatiment  des 
Egyptiens  :  Dieu  les  a  punis,  non  selon 
I'etendue  de  sa  puissance  ou  la  rigueur  de 
sa  justice,  mais  avec  mesure,  etc.  Comp. 
Job,  xxviii,  25;  Ps.  xl,  12. 

21.  Car  :  Dieu  aurait  pu  chatier  les 
Egyptiens  comme  il  est  dit  versets  17-20, 
car,  etc. 

Dans  la  Vulg.,  soli  est  ajoutd  sans  raison, 
et  supererat  est  probablement  pour  superat, 
dans  le  sens  neutre,  en  gr.  TrapEaTi'v,  adest. 

22.  Comme  I'atome,  le  plus  l^ger  poids. 


23.  Comp.  Rom.  ii,  4;  Ad.  xvii,  30. 

26.  Qui  aimez  les  dmes,  litt.  ami  de  la  vie, 
surtout  de  la  vie  spirituelle,  surnaturelle  des 
ames  :  comp.  Ezech.  xviii,  4;  Alatth.  xviii, 
14;  Joan.  X,  ID.  —  Votre  Esprit  inco}rup- 
tible  ou  iminortel :  I'Esprit  de  Dieu,  en  tant 
que  principe  de  toute  existence,  et  de  toute 
vie,  est  dans  tons  les  etres  (d'autres,  dans 
tous  les  hommes),  mais  en  restant  distincfl 
de  tous  les  etres  qu'il  fait  vivre.  Cette  asser- 
tion n'a  rien  de  commun  soit  avec  le  pan- 
theisme,  soit  avec  Tame  du  monde  des 
stoiciens;  on  la  retrouve  en  d'autres  livres 
de  la  Bible  '.Job,  xxxiii,  4;  Ps.  cv,  30. 

Le  dernier  membre  de  phrase,  dans  nos 
editions  imprimees,  est  rejete  a  tort  dans  le 
chap,  suivant,  dont  il  forme  le  vers.  i.  Ce 
verset  est  paraphrase  ainsi  par  la  Vulgate  : 
qu'il  est  bon  et  suave.  Seigneur,  votre  Esprit 
qui  est  daiis  tous  les  etres!  Le  tradudteur 
latin  (de  meme  le  Syriaque)  parait  avoir  lu 
ayJtQov  bon,  au  lieu  de  atf^ap-co'v ,  incorrup- 
tible; en  outre,  il  ajoute  le  mot  suavis  et 
donne  au  tout  la  forme  d'exclamation. 


— ^€>5 — i®i — ^©^- 


476 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XII,  i— 16. 


CHAP.  XII.  —  Role  de  la  sagesse  dans  le  chatiment  des  ennemis 

de  Dieu   :  2°  des  Chananeens. 


Ch.  XII.  '^^gAR  votre  Esprit  incorruptible 
''i^Sl  Gst  dans  tous  les  etres. 
'^^^  2(3'est  pourquoi  vous  ne 
chatiez  que  par  degre  ceux  qui  tom- 
bent,  et  quand  ils  pechent  vous  les 
avertissez  et  vous  les  reprenez,  afin 
que,  renongant  a  leur  malice,  ils 
croient  en  vous.  Seigneur.  3 Vous 
aviez  en  haine  les  anciens  habitants 
de  votre  terre  sainte,  4parce  qu'ils  se 
livraient  a  des  ceuvres  detestables  de 
magie  et  a  des  ceremonies  impies, 
5tuant  sans  pitie  leurs  enfants,  devo- 
rant  des  chairs  humaines  et  s'abreu- 
vant  de  sang.  Ces  inities  a  d'abomi- 
nables  mysteres,  ^ces  parents  meur- 
triers  de  leurs  enfants  sans  defense, 
vous  vouliez  les  detruire  par  la  main 
de  nos  peres,  7afin  que  cette  terre 
que  vous  honorez  entre  toutes  recut 
une  digne  colonie  d'enfants  de  Dieu. 
^Cependant,  comme  ils  etaient  hom- 
mes,  vous  avez  use  de  clemence  et 
vous  avez  envoye,  comme  avant-cou- 
reurs  de  votre  armee,  des  frelons  pour 
les  faire  perir  peu  apeu  :  9non  qu'il 
ne  vous  fut  pas  possible  de  faire  tom- 
ber  ces  impies,  dans  une  bataille  ran- 
gee,  sous  la  main  des  justes,  ou  de 
les  exterminer  d'un  seul  coup  par  les 


betes  feroces  ou  par  un  ordre  rigou- 
reux ;  I'^mais  en  exer^ant  vos  juge- 
ments  par  degre,  vous  leur  donniez 
lieu  de  faire  penitence,  quoique  vous 
sussiez  bien  qu'ils  sortaient  d'une 
souche  perverse  et  que  leurs  pensees 
ne  changeraient  jamais;  ^^car  c'etait 
une  race  maudite  des  I'origine. 

Ce  n'est  pas  non  plus  par  crainte 
de  personne  que  vous  vous  etes  mon- 
tre  indulgent  pour  leurs  peches.  ^^Qui 
en  effet  pourrait  vous  dire:  "Ou'avez- 
vous  fait.'"  Qui  pourrait  s'opposer  a 
votre  jugement.^  Qui  viendrait  plai- 
der  contre  vous  la  cause  d'hommes 
impies?  Qui  vous  accusera  de  faire 
perir  des  nations  que  vous  avez  fai- 
tes?  13  Car  11  n'y  a  pas  d'autre  Dieu 
que  vous,  qui  prenez  soin  de  toutes 
choses,  afin  de  montrer  que  vous 
n'avez  rendu  aucun  jugement  injuste. 
14 II  n'y  a  ni  roi  ni  tyran  qui  puisse 
vous  demander  compte  au  sujet  de 
ceux  que  vous  avez  chaties.  ^sMais, 
comme  vous  etes  juste,  vous  reglez 
tout  avec  justice,  et  vous  regardez 
comme  une  chose  contraire  a  votre 
puissance  de  condamner  aussi  celui 
qui  ne  merite  pas  de  chatiment.  i<^Car 
votre  puissance  est  le  fondement  de 


CHAP.  XII. 

1.  Voy.  la  note  de  xi,  27. 

2.  O  est  pourquoi  :  parce  que  Dieu  a  pour 
toutes  ses  creatures,  et  specialement  pour 
I'homme,  un  amour  compatissant  (xi,  23-26). 
—  Par  degre,  peu  a  la  fois.  Dans  la  Vulg. 
partim  rendrait  mieux  la  pensee  (\y\t  parti- 
busj  mais  ce  mot  ne  se  trouve  nulle  part 
dans  cette  version.  —  (lui  toinbent  dans  le 
peche;  Vulg.,  qui  s''egarent.  —  Voits  les 
avertissez,  litt.  vous  les  faites  souvenir  du 
lien  qui  existe  entre  le  peche  et  le  chati- 
ment. —  Ils  croient  en  votes,  s'attachent  a 
votre  service. 

3.  Les  habitaiits  de  votre  terre  sainte,  les 
sept  peuplades  chananeennes  conquises  par 
les  Israelites.  Le  2^  livre  des  Macchabees 
(i,  7)  donne  aussi  k  la  Palestine  le  nom  de 
terre  sainte. 

4.  CEuvres  de  magie  ou  sorcellerie,  melees 
aux  ceremonies  religieuses.  Comp.  Detit. 


xiii,  5  sv.  Apoc.  ix,  21.  —  Ceremofiies  im- 
pies:  sacrifices  humains,  mutilations,  orgies 
de  toutes  sortes. 

5-6.  Tuant  leurs  enfants :  culte  de  Moloch 
et  de  Baal  {^Lev.  xxii,  2-5;  II  Rois,  iii,  27; 
Ps.  cvi,  37  sv.  Jer.  vii,  31;  xix,  5.  —  Ces 
parents  meurtriers  de  leurs  enfants  :  dans 
la  Vulg.,  il  faut  sous-entendre  ca;dis  apres 
audores,  h,  moins  que  ce  dernier  mot  n'ait 
remplace  necatores. 

Le  texte  de  ces  2  versets  varie  beaucoup 
dans  les  manuscrits ;  les  Peres  donnent,  et 
les  versions  anciennes  supposent  aussi  des 
lecjons  differentes.  Quelle  est  la  veritable? 
Les  interpretes  font  k  ce  sujet  plusieurs  con- 
jecftures  que  nous  n'indiquons  pas;  notre 
tradu(flion  se  contente  de  reproduirele  sens 
general. 

Le  sens  de  la  Vulg.  parait  etre  .  et  s'abreu- 
vant  de  sang  au  mepris  de  vos  lots  essentiel- 
les  oxa  fondamentales. 


LIBER  SAPIENTIyE.     Cap.  XII,  i— 16. 


477 


— :i:—        CAPUT  XII.        — :^:— 

Ostendit  quanta  dementia  et  longanimitate 
Deus  corripuerit  peccatores  terras  sanflse 
incolas,  non  subito  eos  delens,  cum  non 
illos  tantum,  sed  et  omnes  nationes,  nulli 
illata  injuria,  tamquam  solus  omnium  Do- 
minus  perdere  posset  :  hac  videlicet  erga 
inimicos  dementia  eledos  suos  de  se 
suaque  bonitate  bene  sperare  faciens, 
eosque  a  peccatis  revocans. 


'  QUAM  bonus  et  suavis 
est  Domine  spiritus  tuus 
in  omnibus! 

2.  Ideoque  eos,  qui  exer- 


rant,  partibus  corripis  :  et  de  quibus 
peccant,  admones  et  alloqueris  :  ut 
relicta  malitia,credant  in  te Domine. 
>eut.  9,    3.''Illosenim  antiquosinhabitatores 
5.  29  et    terras  sanctas  tuas,  quos  exhorruisti, 
'^*  4.  quoniam  odibilia  opera  tibi  facie- 

bant  per  medicamina,  et  sacrificia 
injusta,  5.  et  filiorum  suorum  neca- 
tores  sine  misericordia,  et  comesto- 
res  viscerum  hominum,  et  devora- 
tores  sanguinis  a  medio  sacramento 
tuo,  6.  et  auctores  parentes  anima- 
rum  inauxiliatarum  perdere  voluisti 
per  manus  parentum  nostrorum, 
7.ut  dignam  perciperent  peregrina- 
tionem  puerorum  Dei,  quae  tibi 
omnium  carior  est  terra.  8.  Sed  et 


his  tamquam  hominibus  pepercisti, 
et  misisti  antecessores  exercitus  tui 
vespas,  ut  illos  paulatim  extermi- 
narent.  9.  Non  quia  impotens  eras 
in  bello  subjicere  impios  justis,  aut 
bestiis  saevis,  aut  verbo  duro  simul 
exterminare  :  10.  *Sed  partibus  ju- 
dicans  dabas  locum  poenitentiae,non 
ignorans,  quoniam  nequam  est  natio 
eorum,et  naturalis  malitia  ipsorum, 
et  quoniam  non  poterat  mutari  co- 
gitatio  illorum  in  perpetuum  : 
1 1,  semen  enim  erat  maledictum  ab 
initio. 

Nee  timens  aliquem,  veniam  da- 
bas peccatis  illorum.  12.  Quis  enim 
dicet  tibi  :  Quid  fecisti.?  aut  quis 
stabit  contra  judicium  tuum.?  aut 
quis  in  conspectu  tuo  veniet  vin- 
dex  iniquorum  hominum.^  aut  quis 
tibi  imputabit,si  perierint  nationes, 
quas  tu  fecisti.?  13.  Non  enim  est 
alius  Deus  quam  tu, '^cui  cura  est 
de  omnibus,  ut  ostendas  quoniam 
non  injuste  judicas  judicium. i4.Ne- 
que  rex,  neque  tyrannus  in  conspe- 
ctu tuo  inquirent  de  his,  quos  per- 
didisti.  15.  Cum  ergo  sis  Justus, 
juste  omnia  disponis  :  ip)sum  quo- 
que,  qui  non  debet  puniri,  condem- 
nare,  exterum  asstimas  a  tua  virtute. 
16.  Virtus  enim  tuajustitiaeinitium 
est  :  et  ob  hoc  quod  omnium  Do- 


7.  Que  vons  Jwnorez  (Vulg.  qui  vous  est 
chere)  par  les  manifestations  de  votre  puis- 
sance et  de  votre  bonte. — ■  Digne,  dans 
le  sens  religieux  et  moral.  —  Colofiie  :  ce 
mot  traduit  exadement  le  gr.  airotxiav,  qui 
renferme  I'idee  d'un  pays  etranger.  Cepen- 
dant  la  Palestine,  depuis  le  sejour  qu'y 
avait  fait  Abraham,  est  toujours  consideree 
comme  la  patrie  des  Hebreux.  Feut-etre 
I'auteur  a-t-il  employe  a-o'.-/.'!av  dans  le  sens 
de  £Tror/.iav,  etablissement  en  general. 

8.  Homines,  faibles  et  port^s  au  mal  : 
comp.  Ps.  Ixxviii,  38  sv.  —  Frelons,  grosses 
guepes  :  voy.  Exod.  xxiii,  28;  Deut.  vii,  20. 
Quelques  interpretes  modernes  entendent 
ces  frelons  dans  le  sens  figure  de  'pMiique. 

10.  D^une  souche  perverse.  Dans  la  Vulg. 
natio  signifie  origine,  en  gr.  yivsat;.  —  Ne 
chatigeraietif  pas.  Les  mots  ttoit  poterat  de 
la  Vulg.  traduisent  mal  le  grec;  on  doit  les 
prendre  dans  le  sens  d'une  grande  difficulte 
morale. 


*  Exod.  23, 
30.  Deut.  7, 


11.  Race  maudite,  descendant  de  Cham  : 
voy.  Gen.  ix,  25. 

12.  Qui  vous  accusera  devant  un  juge  plus 
eleve.  La  Vulgate  intervertit  I'ordre  des  deux 
dernieres  interrogations. 

13.  Qui prenez  soin  de  toutes  choses,  a  la 
dififdrence  des  dieux  du  paganisme  qui  ne 
presidaient  qu'a  un  peuple  ou  k  une  pro- 
vince. D'autres  :  il  n'y  a  pas  en  dehors  de 
vous  de  Dieu  qui  pren7ie  soin  de  toutes  cho- 
ses,2L  qui,  par  consequent,  vous  ayezkprou- 
ver  que  vos  jugements  sont  justes,  et  en 
particulier  celui  qui  soumet  les  Chananeens 
aux  Israelites. 

14.  Vous  demander  cotnpte,  litt.  voiis  re- 
garder  en  face. 

1 5 .  De  condamtter  aussi,  I'innocent,  comme 
les  jug«s  de  la  terre  le  font  quelquefois. 

16.  La  souveraine  puissance  de  Dieu,  loin 
d'etre;  comme  I'est  souvent  le  pouvoir  ab- 
solu  d'un  homme,  une  cause  d'injustice  et 
de  dommage,  est  le  fondement  et  la  raison 


I  Petr.  5, 


478 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XII,  17—27;  XIII,  i. 


la  justice,  et  c'est  parce  que  vous  etes 
le  Seigneur  de  tous  que  vous  usez 
d'indulgence  envers  tous.  ^7  C'est  a 
ceux  qui  ne  croient  pas  a  votre  toute- 
puissance  que  vous  montrez  votre 
force,  et  vous  confondez  I'audace  de 
ceux  qui  !a  connaissent.  ^^Maitre  de 
votre  force,  vous  jugez  avec  douceur, 
et  vous  nous  gouvernez  avec  une 
grande  indulgence,  car  la  puissance 
est  toujours  avec  vous  quand  vous 
voulez  vous  en  servir. 

^9  En  agissant  ainsi,  vous  avez 
appris  a  votre  peuple  que  le  juste 
doit  etre  humain,  et  vous  avez  ins- 
pire a  vos  enfants  la  joyeuse  espe- 
rance  que,  s'ils  pechent,  vous  leur 
accordez  le  temps  du  repentir.  ^oSi, 
en  efifet,  vous  avez  puni  avec  tant  de 
menagement  et  d'indulgence  les  en- 
nemis  de  vos  serviteurs,  bien  qu'ils 
fussent  dignes  de  mort,  leur  donnant 
le  temps  et  I'occasion  de  se  convertir 
de  leur  malice,  ^i  avec  quelle  circons- 
peclion  jugez-vous  vos  enfants,  dont 
les  peres  ont  recu  de  vous  des  ser- 
ments  et  des  alliances  jointes  a  de 
magnifiques  promesses!  ^aLors  done 
que  vous  nous  infligez  quelque  cor- 


re6lion,  vous  flagellez  nos  ennemis 
mille  fois  plus  rudement,  pour  nous 
apprendre,  quand  nous  jugeons,  a 
songer  a  votre  bonte,  et,  quand  nous 
sommes  juges,  a  esperer  en  votre  mi- 
sericorde. 

23Voila  pourquoi  vous  avez  cruel- 
lement  tourmente  par  leurs  propres 
abominations  les  injustes  qui  pas- 
saient  leur  vie  dans  la  folic.  24  Car  ils 
s'etaient  enfonces  dans  les  voies  de 
I'erreur,  regardant  comme  des  dieux 
les  plus  vils  d'entre  les  animaux, 
s'etant  laisses  tromper  comme  des 
enfants  sans  raison.  25  Aussi  leur  avez- 
vous  envoye  d'abord,  comme  a  des 
enfants  sans  raison,  un  chatiment  de- 
risoire.  ^e^ais  ceux  qu'une  legere 
corre6lion  n'a  pas  amendes,  subiront 
un  chatiment  digne  de  Dieu.  ^/Cha- 
tie  au  moyen  des  animaux  qu'ils  pre- 
naient  pour  des  dieux,  ils  furent 
exasperes  de  leurs  soufifrances,  et  y 
voyant  la  main  de  Dieu  qu'ils  avaient 
autrefois  refuse  de  connaitre,  ils  le 
reconnurent  pour  le  Dieu  veritable; 
c'est  pourquoi  la  supreme  condamna- 
tion  tomba  sur  eux. 


II.  —  ORIGINE   ET   CONSI^QUENCES   MORALES   DE   L'IDOLATRIE 

[XIII  — XIV]. 


Ch.XIII. 


CHAP.  XIII. —  Origines  de  I'idolatrie  :  Culte  de  la  nature  [vers,  i  —  9]; 
culte  des  images  ou  idoles  [vers.  10  —  XIV,  13]. 


Nsenses    par   nature   tous  les 

hommes  qui  ont  ignore  Dieu 

-  et  qui   n'ont  pas  su,  par  les 


biens  visibles,  s'elever  a  la  connais- 
sancc  de  Celui  qui  est;  ni,  par  la  con- 
sideration de  ses  oeuvres,  reconnaitre 


meme  de  la  justice;  aucun  motif  secondaire 
ne  saurait  agir  sur  lui  et  le  rendre  injuste. 
—  Le  Seigneur  de  tons :  comp.  xi,  23,  26,  et 
Rom.  xi,  32. 

17.  De  ceux  qui  la  conttaissent,  et  qui,  la 
connaissant,  n'en  tiennent  pas  compte  dans 
leur  conduite,  la  bravent  :  comp.  Rotn.  i,  21. 
La  Vulg.  acfluelle  porta,  qui  la  jne'connais- 
sent;  mais  beaucoup  de  manuscrits  latins 
lisent,  qtii  sciu?it.  Quant  a  I'addition  de  o'jx 
devant  eli5d<Tt,  elle  parait  etre  une  correc- 
tion de  copiste. 


18.  Maitre  de  votre  force ^  sachant  la  regler 
par  la  sagesse  et  la  misericorde.  —  Avec 
douceur,  ou,  avec  la  Vulg.,  avec  calme,  sans 
vous  laisser  emporter  par  I'emotion. 

19.  En  agissant  ainsi  envers  vos  ennemis. 

20.  Et  d'indulgence,  en  gr.  Sie'asto;  (codex 
Sinait.)  :  la  Vulgate  n'a  pas  ce  second 
substantif. 

21.  CirconspeHion  :  opposde  a  la  precipi- 
tation des  juges  de  la  terre.  — Jugez-vous  : 
dans  le  passe,  le  present  et  I'avenir,  dans 
tout  le  cours  de  I'histoire. 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XII,  17—27;  XIII,  i. 


479 


minus  es,  omnibus  te  parcere  tacis. 
17.  Virtutem  enim  ostendis  tu,  qui 
non  crederis  esse  in  virtute  consum- 
matus,  et  horum,  qui  te  nesciunt, 
audaciam  traducis.  18,  Tu  autem 
dominator  virtutis,  cum  tranquilli- 
tate  judicas,  et  cum  magna  reveren- 
tia  disponis  nos  :  subest  enim  tibi, 
cum  volueris,  posse. 

i9.Docuistiautempopulum  tuum 
per  talia  opera,  quoniam  oportet 
justum  esse  et  humanum,  et  bonae 
spei  fecisti  filios  tuos  :  quoniam  ju- 
dicans  das  locum  in  peccatis  poeni- 
tentias.  20.  Si  enim  inimicos  servo- 
rum  tuorum,  et  debitos  morti,  cum 
tanta  cruciasti  attentione,  dans  tem- 
pus  et  locum,  per  quae  possent  mu- 
tari  a  malitia;  21.  cum  quanta  dili- 
gentia  judicasti  filios  tuos,  quorum 
parentibus  juramenta  et  conventio- 
nes  dedisti  bonarum  promissionum ! 
2 2. Cum  ergo  das  nobis  disciplinam, 
inimicos  nostros  multipliciter  fla- 
gellas,  ut  bonitatem  tuam cogitemus 
judicantes  :  et  cum  de  nobis  judica- 
tur,  speremus  misericordiam  tuam. 

23.  Unde  et  illis,  qui  in  vita  sua 
insensate  et  injuste  vixerunt,  per 
haec,  quae  coluerunt,  dedisti  summa 


tormenta.  24.  ''Etenim  in  erroris 
via  diutius  erraverunt,  deos  assti- 
mantes  haec,  quae  in  animalibus  sunt 
supervacua,infantiuminsensatorum 
more  viventes.25.  Propter  hoc  tam- 
quam  pueris  insensatis  judicium  in 
derisum  dedisti.  26.  Qui  autem  lu- 
dibriis  et  increpationibus  non  sunt 
correcti,  dignum  Dei  judicium  ex- 
perti  sunt.  27.  In  quibus  enim  pa- 
tientes  indignabantur,  per  haec  quos 
putabant  deos,  in  ipsis  cum  exter- 
minarentur  videntes,  ilium,  quern 
olim  negabant  se  nosse,  verum  Deum 
agnoverunt  :  propter  quod  et  finis 
condemnationis  eorum  venit  super 
illos. 

— :;:—       CAPUT  XIII.      — :i=— 

Vani  quidem  sunt  qui  ex  creaturis  Deum 
non  agnoscentes,  ipsas  potius  creaturas 
pro  diis  coluerunt  :  at  illi  longe  stultiores 
qui  opus  artificis  deum  dicunr,  ab  insen- 
sato  idolo  futura  interrogantes. 


ANI  autem  sunt  omnes 
homines,  in  quibus  non 
subest  scientia  Dei  :  et  de 


J  his,   quae  videntur  bona, 


"^  Supra  II, 
16.  Rom.  I, 
23- 


Rom.  I, 


non  potuerunt  intelligere  eum,  qui 


22.  Corre^WH,  comme  h  des  enfants.  — 
Flagellez^  comme  on  fait  pour  des  esclaves. 

23.  Voila  pourqiioi  :  parce  que  Dieu  pu- 
nit  ses  ennemis  bien  plus  rigoureusement 
que  son  peuple.  Ici  I'auteur  revient  aux 
Egyptiens  (ch.  xi).  —  Par  lettrs  propres 
abominations,  faisant  servir  k  leur  tourment 
les  creatures  qu'ils  adoraient  :  les  animaux, 
le  Nil,  honore  comme  un  dieu,  etc.  :  allu- 
sion aux  plaies  d'Egypte. —  Da7is  la  folie  du 
peche,  de  I'idolatrie  :  comp.  Exod.  xii,  12. 

24.  lis  s  ^etaient  enfonces  dans  les  votes  de 
I'erreur;  litt.  ils  avaient  erre  plus  loin  que 
les  voies  de  Perreur,  ils  en  avaient  depasse 
les  limites  ordinaires.  Vulg.,  ils  avaient  ejre' 
trap  lo7igte7nps,  etc.  —  S^e'tant  laisse  trom- 
per ;  Vulg.,  vivant. 

25.  Un  chdtiinent  de'risoire,  litt.  demoque- 
rie  :  plaies  des  mouches,  des  grenouilles, 
etc.  Ce  jeu  divin  avait  pour  but  d'amener  les 
coupables  a  resipiscence. 

26.  Cette  legere  corre^ioit,  litt.  ces  nioque- 
ries  de  coreflioti.  —  Subiront plus  tard,  dans 
le  sens  de  ont  subi  (Vulg.);  I'auteur  donne  k 
sa  pensee  une  forme  generale,  mais  il  a  en 


vue  la  mort  des  premiers- nes  des  Egyptiens 
et  le  passage  de  la  mer  Rouge. 

27.  Qu'ils  avaient  refuse  de  connaitre  : 
voy.  Exod.  V,  2.  —  lis  le  recomttirent  pour 
le  Dieu  veritable  (comp.  Exod.  viii,  8,  28; 
ix,  27;  x,  7,  16  sv.  xii,  31),  mais  sans  vouloir 
pour  cela  lui  obeir;  aussi,  etc. 

CHAP.  XIII. 

I.  Insenses,  litt,  vains  :  on  sait  que  les 
mots  vains  et  z/aw/d^'designent  souvent  dans 
I'Ecriture  les  idolatres  et  Tidolatrie  :  voy. 
II  Rois,  xvii,  15;  Rom.  i,  21;  Ephes.  iv,  17. 
—  Par  nature  exprime  I'etat  intelledluel 
des  hommes  que  les  dons  de  la  grace  et  les 
lumieres  de  la  sagesse  divine  n'ont  pas 
eclaires  et  transformes.  Dans  cet  etat,  il 
peut  neanmoins  et  doit,  par  les  biens  visi- 
bles,  c.-k-d.  par  le  speeftacle  de  la  nature, 
s'elever  k  un  certain  degre  de  connaissance 
de  Dieu  {A^.  xiv,  15-17;  Rom.  i,  20,  28).  — 
Dieu,  le  Dieu  unique,  dont  le  nom  pro- 
pre  et  incommunicable  revile  k  Moise 
{Exod.  iii,  14)  est  Celui  qui  est,  Jehovah  ; 
comp.  Apoc.  i,  4. 


480 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XTII,  2—17. 


rOuvrier.  2  Mais  ils  ont  regarde  le 
feu,  le  vent,  Fair  mobile,  le  cercle  des 
etoiles,  I'eau  impetueuse,  les  flam- 
beaux du  ciel,  comme  des  dieux  gou- 
vernant  I'univers.  3 Si,  charmes  de 
leur  beaute,  ils  ont  pris  ces  creatures 
pour  des  dieux,  qu'ils  sachent  com- 
bien  leur  Seigneur  I'emporte  sur  elles; 
car  c'est  I'Auteur  meme  de  la  beaute 
qui  a  fait  toutes  ces  choses.  4Et  s'ils 
en  admiraient  la  puissance  et  les 
effets,  qu'ils  comprennent  combien 
est  plus  puissant  celui  qui  les  a  faites. 
sCar  la  grandeur  et  la  beaute  des 
creatures  font  connaitre  par  analogie 
Celui  qui  en  est  le  Createur.  ^Ceux-ci 
pourtant  encourent  un  moindre  re- 
proche;  car  ils  s'egarent  peut-etre  en 
cherchant  Dieu  et  en  voulant  le  trou- 
ver.  7 Sans  cesse  occupes  de  ses  oeu- 
vres,  ils  en  font  I'objet  de  leurs 
recherches,  et  ils  s'en  rapportent  a 
I'apparence,  seduits  par  la  beaute  des 
choses  qu'ils  ont  sous  les  yeux.  ^D'au- 
tre  part,ils  ne  sont  pas  non  plus  excu- 
sables;9car,  s'ils  ont  acquis  assez  de 
science  pour  chercher  a  connaitre  les 
lois  du  monde,  comment  n'en  ont-ils 
pas  connu  plus  facilement  le  Seigneur? 
10  Mais  ils  sont  bien  malheureux  et 
leur  esperance  repose  sur  des  objets 
sans  vie,  ceux  qui  ont  appele  Dieu 


des  ouvrages  de  la  main  des  hom- 
mes,  de  Tor  et  de  I'argent  travailles 
avec  art,  des  figures  d'animaux  ou 
une  pierre  inutile, ouvrage  d'une  main 
antique.  "  Voiciqu'un  artisan  a  coupe 
dans  la  foret  un  arbre  facile  atravail- 
ler;  il  en  ote  adroitement  toute 
I'ecorce,  et,  au  moyen  de  son  art,  il 
en  fabrique  un  meuble  utile  pour 
I'usage  de  la  vie;  ^^son  travail  acheve, 
il  emploie  ce  qui  reste  a  faire  cuire 
ses  aliments  et  satisfait  sa  faim. 
i3Quant  aux  derniers  debris  qui  ne 
sont  plus  d'aucun  usage,  au  bois  tordu 
et  plein  de  noeuds,  il  le  prend,  le  taille 
pour  occuper  ses  loisirs,  et  il  est 
assez  habile  pour  reussir  a  lui  donner 
une  figure  :  il  I'a  fait  ressembler  a 
un  homme.  i4  0u  bien  il  en  fait 
I'image  de  quelque  vil  animal, le  peint 
de  vermilion,  le  recouvre  d'une  cou- 
leur  rouge  et  fait  disparaitre  sous  un 
enduit  toutes  les  taches.  ^5  Puis,  lui 
ayant  dispose  une  habitation  conve- 
nable,  il  le  place  contre  la  muraille  et 
la  fixe  avec  du  fer.  ^^U  prend  bien 
garde  qu'il  ne  tombe,  sachant  que  le 
dieu  ne  saurait  s'aider  lui-meme,  car 
ce  n'est  qu'une  statue  a  laquelle  il 
faut  porter  secours.  ^/Alors  il  lui 
adresse  des  prieres  au  sujet  de  ses 
biens,  de  ses  mariages  et  de  ses  en- 


Dans  la  Vulg.,  ^e  his  est  pour  ex  his;  de 
meme  Matth.  iii,  9;  Liic^  i,  71. 

2.  Lc  fell,  objet  d'un  culte  chez  les  Chal- 
deens  et  les  Perses.  —  Le  vent,  par  ex. 
Eole  chez  les  Grecs.  —  Uair  mobile  ou 
rapide  parait  se  rapporter  a  I'atmosphere, 
peisonnifiee  dans  Jupiter  et  Junon.  —  Le 
cercle  des  etoiles,  qui  semblent  decrire  des 
cercles  dans  le  ciel.  —  Deau  impctneuse, 
honor^e  chez  les  Perses  et  chez  les  Grecs 
sous  les  noms  de  Poseidon  (Neptune), 
d'Oceanos,  etc. ;  les  Egyptiens  rendaient 
des  honneurs  divins  a  leur  fleuve  sacre,  le 
Nil.  —  Les  flambeaux  du  ciel,  le  soleil  et  la 
lune,  comme  I'explique  la  Vulg.  :  le  soleil, 
honor^  k  H^liopolis  sous  le  nom  d'Osiris,  et 
la  lune  sous  celui  d'lsis. 

5.  'L^i  grandeur  se  rapporte  au  vers.  4,  et 
la  beaute  a.\i  vers.  3.  La  veritable  legon  du 
grec  est  peut-etre,  xal  xotXJ.ovTJi;  XTta[xaTwv 
D'apr^s  cela,  il  faudrait  dans  la  Vulg.,  et 
specie  creaturw,  qu'on  trouve  en  effet  dans 
d'autres  versions  anciennes  et  dans  des  ci- 


tations des  P^res.  —  Par  analogie,  par  voie 
de  comparaison  ou  de  consequence  (S.  Hi- 
laire)  :  la  cause  doit  etre  proportionnee  k 
I'effet.  Le  concile  du  Vatican  a  solennelle- 
ment  confiime  cette  dodlrine  {de  Revel. 
can.  i).  Comp.  Rom.  i,  20;  Afl.  xiv,  17). 

6.  Un  moindre  reproche,  une  moindre  res- 
ponsabilite,  si  on  les  compare  aux  adora- 
teurs  d'idoles  dont  il  va  etre  parle  (vers. 
10  sv.),  car  I'homme  pent  etre  facilement 
amene  a  rendre  un  culte  aux  grandes  puis- 
sances de  la  nature,  a  cause  de  la  faiblesse 
native  de  son  intelligence  (vers.  i).  L'auteur 
dira  plus  loin  qu'il  n'est  pourtant  pas  excu- 
sable en  cela  (vers.  8). 

Car  ils  s\garent  peut-etre  en  cherchant 
Dieu  sincerement.  D'autres  :  car  ils  tom- 
bent  aussi  facilement  dans  Verreur  ceux  qui 
cherchent  Dieu,  etc.;  sens  :  car  les  Israeli- 
tes eux-memes,qui  veulent  sincerement  con- 
naitre Dieu,  tombent  parfois  dans  I'erreur, 
par  ex.  sur  les  rapports  de  Dieu  avec  le 
monde  et  I'homme,  la  providence,  etc. 


LIBER  SAPIENTI^..     Cap.  XIII,  2—17. 


481 


est,  neqiie  operibus  atteiidentes 
Deut.  4,  agnoverunt  quis  esset  artifex:  2/sed 
'^^'^•^-  aut  ignem,  aut  spiritum,  aut  cita- 
tum aerem,  aut  gyrum  stellarum, 
aut  nimiam  aquam,aut  solem  et  lu- 
nam,  rectores  orbis  terrarum  deos 
putaverunt.  3.  Quorum  si  specie 
delectati,  deos  putaverunt  :  sciant 
quanto  his  dominator  eorum  spe- 
ciosior  est  :  specie!  enim  generator 
base  omnia  constituit.4,  Aut  si  virtu- 
tem,  et  opera  eorum  mirati  sunt, 
intelligant  ab  illis,  quoniam  qui  base 
fecit,  fortior  est  illis  :  5.  a  magnitu- 
dine  enim  speciei,  et  creaturas  co- 
gnoscibiliter  potent  creator  horum 
videri.  6,  Sed  tamen  adhuc  in  his 
minor  est  querela.  Kt  hi  enim  for- 
tasse  errant,  Deum  quasrentes,  et 
:om.  I,  volentes  invenire.  7.  "Etenim  cum 
in  operibus  illius  conversentur,  in- 
quirunt  :  et  persuasum  habent  quo- 
niam bona  sunt  quas  videntur, 
8.  Iterum  autem  nee  his  debet 
ignosci.  9.  Si  enim  tantum  potuerunt 
scire,  utpossentaestimare  sascuium  : 
quomodo  hujus  Dominum  non  fa- 
cilius  invenerunt.^ 

10.  Infelices  autem  sunt,  et  inter 


mortuos  spes  illorum  est,  qui  appel- 

laverunt  deos  opera  manuum  homi- 

num,  aurum  et  argentum,  artis  in- 

ventionem,  et  similitudines  anima- 

lium,  aut    lapidem    inutilem    opus 

manus  antiquas.    11.  ''Aut  si  quis    "Ts.  44, 12. 

artifex  faber  de  silva  lignum  rectum    J^''  ^°'  ^' 

secuerit,  et  hujus  docte  eradat  om- 

nem  corticem,  et  arte  suausus,  dili- 

genter  fabricet  vas  utile  in  conver- 

sationem  vitas,  1 2.  reliquiis  autem 

ejus  operis,  ad  prasparationem  escas 

abutatur  :  13.  et  reliquum  horum, 

quod  ad  nuUos  usus  facit,  lignum 

curvum,  et  vorticibus  plenum,  scul- 

pat  diligenter  per  vacuitatem  suam, 

et  per  scientiam  suae  artis  figuret 

illud,  et  assimilet  illud  imagini  ho- 

minis,  14.  aut  alicui  ex  animalibus 

illud  comparet,  perliniens  rubrica, 

et  rubicundum  faciens  fuco  colorem 

illius,  et  omnem  maculam,  quas  in 

illo  est,  perliniens  :  15.  et  faciat  ei 

dignam  habitationem,  et  in  pariete 

ponens  illud,  et  confirmans  ferro, 

16.  ne  forte  cadat,  prospiciens  illi, 

sciens  quoniam  non  potest  adjuvare 

se  :  imago  enim  est,  et  opus  est  illi 

adjutorium.    17.  Et  de   substantia 


7.  II  s'agit  probablement  dans  ce  verset 
(comp.  le  vers.  9)  des  philosophes  et  des  sa- 
vants qui  s'adonnent  a  I'etude  de  la  nature. 
D'autres  I'entendent  des  occupations  ordi- 
naires  de  la  vie,  dans  lesquelles  I'homme 
se  trouve  sans  cesse  en  relation  avec  les 
creatures,  et  traduisent  :  vivant  aic  inilieu 
de  ses  aiivres.  Us  le  c/ierc/ient,  ils  cherchent 
Dieu,  etc. 

8.  Attenuation  de  ce  qui  est  dit  vers.  6. 

9.  Sceciduin,  en  gr.  alojv,  c'est  le  monde 
considere  non  comme  espace,  mais  comme 
duree. 

10.  Bien  malheureux,  plus  malheureux 
encore,  plus  insenses  et  plus  coupables,  que 
ceux  qui  rendent  un  culte  aux  puissances 
de  la  nature  et  aux  oeuvres  de  Dieu.  —  Sur 
des  objets  sans  vie,  des  images,  des  statues 
de  pierre  ou  de  bois,  par  opposition,  non 
seulement  au  Dieu  vivant,  mais  probable- 
ment aux  creatures  vivantes,  aux  energies 
puissantes  et  harmonieuses  de  la  nature.  — 
Une  pierre  itiutile,  a  laquelle  une  origine 
antique  et  inconnue  a  attache  quelque  chose 
de  mysterieux  :  tel  I'informe  bloc  de  pierre 
honoree  dans  le  temple  de  Diane  a  Ephese 


(AlI.  xix,  35),  ou  I'ap/aTov  3pcTa;  (grossiere 
image  de  bois)  d' Athene  a  Athenes  (Euri- 
pide,  Iphig.  Taur.  977). 

11.  Facile  a  travailler,  ou  bien,  a  sa  con- 
V e nance ;  Vulg.  bien  droit. 

12.  Et  satisfait  safaim,  prend  son  repas  : 
la  Vulg.  omet  ces  mots. 

13.  Ponr  occuper  ses  loisirs  :  expression 
sarcastique;  sans  y  attacher  la  moindre  im- 
portance. —  //  est  asses  habile  ...  Les  Codd. 
Alex,  et  Sin.  lisent  hhzLo^,  litt.  avec  I'habi- 
Xetede  la  negligence;  la  leqon  du  Cod.  Vat. 
auvEJscoc,  rtfe  P intelligence,  cons&rv6t.da.ns  le 
texte  officiel  des  Septante,  et  reproduite  par 
la  Vulg.,  est  bien  preferable. 

14.  Vil  afiinial;  la  Vulg.  omet  vil.  —  De 
vermilion  :  comp.  Je'r.  xxii,  14;  Ezech. 
xxiii,  14.  Pline  nous  apprend  qu'on  peignait 
ainsi  la  statue  de  Jupiter  a  ses  jours  de  fete. 
Comp.  Virg.  Eclog.  x,  26.  —  Rouge,  pour 
leur  donner  I'apparence  de  la  vie(Bossuet). 

1 5.  Une  habitation,  probablement  une 
niche  dans  la  muraille.  —  Le  fixe  avec  dti 
fer  :  comp.  Is.  xli,  '];/er.  x,  4. 

J  7.  De  ses  tnariages,  en  y  comprenant 
peut-etre  ceux  des  membres  de  sa  famille. 


N°  23  —  LA  SAINTE   BIBLE.   TOME  IV.   —  31 


482       LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XIII,  i8,  19;  XIV,  i  — 13. 


Ch.  XIV. 


fants,  et  il  ne  roiigit  pas  de  parler  a 
ce  qui  n'a  point  d'ame.  ^^  II  demande 
la  sante  a  ce  qui  est  sans  force,  la  vie 
a  ce  qui  est  mort,  il  appelle  a  son 
secours  ce  qui  ne  peut  rendre  aucun 
service,  et  il  recommande  son  voyage 


a  ce  qui  ne  peut  se  servir  de  ses  pieds. 
19  Pour  s'assurer  des  profits,  pour 
reussir  dans  ses  entreprises,  pour  le 
succes  de  son  travail,  il  demande 
I'habilete  a  ce  qui  est  incapable  de 
quoi  que  ce  soit. 


CHAP.  XIV.—  Culte  des  innages  [suite.  Vers,  i —  13];  —  culte  des  hommes 
deifies  [14  —  21];  —  consequences  morales  de  I'idolatrie  [22  —  31]. 


SJN  voici  un  autre  qui  pens©  a 
\\  prendre  la  mer  et  se  dispose 
'  a  voyager  sur  les  flots  en  fu- 


reur  :  il  invoque  un  bois  plus  fragile 
encore  que  le  vaisseau  qui  le  porte ; 
2 car,  ce  vaisseau,  c'est  la  passion  du 
lucre  qui  Fa  invente,  et  I'ouvrier  y  a 
mis  toute  son  habilete.  ^Mais,  6  Pere, 
c'est  votre  providence  qui  le  gou- 
verne,  vous  qui  avez  meme  ouvert 
un  chemin  dans  la  mer  et  une  route 
sure  au  milieu  des  flots,  4montrant 
par  la  que  vous  pouvez  delivrer  de 
tout  peril,  afin  que  tout  homme,  fut-il 
etranger  a  I'art  de  la  navigation, 
puisse  se  mettre  en  mer.  5  Vous  ne 
voulez  pas  que  les  ceuvres  de  votre 
sagesse  restent  inutiles;  c'est  pour- 
quoi  les  hommes,  confiant  leur  vie  a 
un  bois  fragile,  traversent  les  vagues 
sur  un  radeau,  et  echappent  a  la 
mort.  ^Et  dans  les  temps  recules, 
tandis  que  les  geants  orgueilleux 
perissaient,   I'esperance  de   I'univers 


echappa  sur  une  barque,  et,  gou- 
verne  par  votre  main,  laissa  au  mon- 
de  la  semence  d'une  posterite.  7Car 
beni   est  le  bois  qui  sert  a  un  juste 


usage. 


^Mais  I'idole,  oeuvre  de  la  main 
des  hoinmes,  est  maudite,  elle  et  son 
auteur  :  celui-ci  parce  qu'il  I'a  faite, 
celle-la  parce  qu'etant  une  chose  pe- 
rissable,  elle  porte  le  nom  de  Dieu ; 
9car  Dieu  hait  egalement  I'impie  et 
son  impiete,  '^et  I'teuvre  et  I'ouvrier 
seront  pareillement  chaties.  "C'est 
pourquoi  viendra  aussi  le  jour  ou  les 
idoles  des  nations  seront  visit^es, 
parce  que,  creatures  de  Dieu,  elles 
sont  devenues  une  abomination,  un 
scandale  pour  les  ames  des  hommes, 
un  piege  pour  les  pieds  des  insenses. 
^2 En  effet,  la  fornication  a  commence 
quand  on  a  imagine  les  idoles,  et 
leur  invention  a  amene  la  perte  de  la 
vie.  13 Elles  n'existaient  pas  a  I'ori- 
gine,  et  elles  ne  subsisteront  pas  tou- 


18.  Ce  qui  lie  peut  retidre  aucun  serzncc ; 
litt.  ce  qui  est  satis  experience,  ignorant  les 
moyens  de  venir  en  aide  a  quelqu'un.  — 
De  ses  pieds,  litt.  de  sa  base  :  ironie.  La  Vulg. 
traduit  largenient  ces  derniers  mots. 

CHAP.  XIV. 

1.  Un  bois,  des  dieux  de  bois  :  les  divini- 
tes  tut^laires  des  navigateurs,  dont  les  ima- 
ges etaient  peintes  ou  sculptees  a  I'avant  du 
vaisseau.  —  Que  le  7'aisseau,  ou.  d'apres  la 
le^on  du  Cod.  Alex,  suivie  par  la  \'ulg. , 
que  le  bois,  ce  qui  donne  plus  de  relief  ii 
I'antithese. 

2.  Car  amene  la  raison  de  la  derniere 
assertion,  savoir  que  le  navire  vaut  mieux, 
est  plus  fort,  que  les  idoles. —  Son  habilete  : 
le  mot  j/iTrt  n'est  pas  exprime  dans  le  grec, 
mais  il  se  sous-entend  facilement.  Les  Codd. 
Vat.  et  Alex,  lisent  le/nT'.;  joo-'a ;  d'apres 


cette  le(;on,  I'auteur  dirait  que  la  Sagesse 
divine  a  appris  aux  hommes  a  construire  les 
vaisseaux  :  allusion  \  I'arche  de  Noe. 

3.  Votre  providence,  en  gr.  -rpovoia  :  ce 
mot,  employe  pour  la  premiere  fois  par  He- 
rodote,  puis  par  Platon,  passa  des  Grecs 
aux  Alexandrins;  mais  I'idee  qu'il  exprime 
apparait  a  chaque  page  dans  la  Bible.  — 
Ouvert  un  chemin  aux  Israelites  dans  la 
mer  Rouge  {Exod.  xiv,  22)  :  comp.  Fs. 
Ixxvi,  20;  cvi,  23  sv. 

4.  Etranger  a  I'art  de  la  navigatio7i, 
comme  etait  Noe,  puisse  se  mettte  en  mer 
et  faire  une  heureuse  traversee  si  Dieu  le 
protege. 

5  I^s  ceuvres  de  votre  sagesse,  les  pro- 
duits  des  mers  et  des  terres  lointaines,  pre- 
parees  par  la  Providence  pour  les  besoins 
de  I'homme.  —  Un  bois  fragile...  un  ra- 
deau :  figure  appelee  meiosis. 


LIBER  SAPIENTI.E.     Cap.  XIII,  i8,  19;  XIV,  i  — i, 


483 


sua,  et  de  filiis  suis,  et  de  nuptiis 
votum  faciens  inquirit.  Non  erube- 
scit  loqui  cum  illo,  qui  sine  anima 
est  :  18.  et  pro  sanitate  quidem  in- 
firmum  deprecatur,et  pro  vitarogat 
mortuum,  et  in  adjutorium  inuti- 
lem  invocat :  I9.et  pro  itinere  petit 
ab  eo,  qui  ambulare  non  potest  :  et 
de  acquirendo,  et  de  operando,  et 
de  omnium  rerum  eventu  petit  ab 
eo,  qui  in  omnibus  est  inutilis. 

— :>—       CAPUT   XIV.       — :i:— 

Utilis  inventio  navis,  qua  etiam  tempore 
diluvii  semen  hiimanum  servatum  est  : 
idolum  autem  malediflum  est  cum  suo 
fabricatore  :  et  quod  fuerit  idolorum  ido- 
lolatrijeque  exordium  ac  progressus,  item 
qucC  mala  ex  idololatria  procedant. 


TERUM  alius  navigare 
cogitans,  et  per  feros  flu- 
ctus  iter  facere  incipiens, 

ligno  portante  se,  fragilius 

lignum  invocat.  2.  lUud  enim  cupi- 
ditas  acquirendi  excogitavit,  et  arti- 
fex  sapientia  fabricavit  sua,  3.  Tua 
autem,  Pater,  providentia  gubernat : 
"quoniam  dedisti  et  in  mari  viam, 
et  inter  fluctus  semitam  firmissi- 
mam,  4.  ostendens  quoniam  potens 


es  ex  omnibus  salvare,  etiam  si  sine 
arte  aliquis  adeat  mare.  5.  Sed  ut 
non  essent  vacua  sapientiae  tuae  ope- 
ra :  propter  hoc  etiam  et  exiguo 
ligno  credunt  homines  animas  suas, 
et  transeuntes  mare  per  ratem  libe- 
rati  sunt  :  6.  *sed  et  ab  initio  cum 
perirent  superbi  gigantes,  spes  orbis 
terrarum  ad  ratem  confugiens,  re- 
misit  sasculo  semen  nativitatis,  quas 
manu  tua  erat  gubernata.  7.  Bene- 
dictum  est  enim  lignum,  per  quod 
fit  justitia. 

8.  '^Per  manus  autem  quod  fit 
idolum,  maledictum  est  et  ipsum, 
et  qui  fecit  illud  :  quia  ille  quidem 
operatus  est :  illud  autem  cum  esset 
fragile,  deas  cognominatus  est.  9.  Si- 
militer autem  odio  sunt  Deo  im- 
pius,  et  impietas  ejus.  10.  Etenim 
quod  factum  est,  cum  illo,  qui  fecit, 
tormenta  patietur.  1 1.  Propter  hoc 
et  in  idolis  nationum  non  erit  re- 
spectus  :  quoniam  creaturae  Dei  in 
odium  factae  sunt,  et  in  tentationem 
animabus  hominum,  et  in  muscipu- 
1am  pedibus  insipientium.  12.  Ini- 
tium  enim  fornicationis  est  exquisi- 
tio  idolorum  :  et  adinventio  illorum 
corruptio  vitae  est.  13.  Neque  enim 
erant  ab  initio,  neque  erunt  in  per- 


6.  Les  temps  recules,  I'epoque  du  deluge. 
—  Les  geants,\es  impies  de  cette  epoque, 
perissaient  dans  les  flots.  —  Lesperattce  de 
Viinivers,  Noe  et  sa  famille  :  comp.  Virg. 
Ai.n.  xii,  168. 

7.  Qui  sert  a  un  usage  juste  et  legitime, 
tel  que  la  construcflion  d'un  vaisseau,  par 
opposition  au  bois  dont  on  fait  des  idoles. 
Cette  pensee  ramene  I'auteur  a  son  sujet, 
apres  la  digression  des  vers.  3-7. 

Plusieurs  Peres  ont  applique  ce  verset, 
detache  de  son  contexte,  a  la  croix  de  Notre- 
Seigneur. 

8.  Le  nom  de  Dieit  :  comp.  Rom.  i,  23. 

9.  Et  son  ijiipi^le.,  son  ceuvre  impie,  I'idole. 
(Zox{\'^.Dcut.  xxvii,  i5;£'.r^<^/.xxiii,7;xxxiv,  7; 
Ps.  V,  5. 

10.  Comp.  Is.  ii,  18-21. 

11.  Visitera  les  idoles^  pour  les  aneantir 
(_/<?>.  x,  15),  comme  etant  les  symboles  des 
demons  (1  Cor.  x,  20.  Comp.  Exod.  xii,  12; 
Nombr.  xxxiii,  4,  al).  Vulg.  :  il  n'y  aura 
pas  d^e'gard,  de  ine'jtagetnenf,  pour  les  ido- 
les;  la   negation   parait   avoir  ete   ajoutee 


par  un  copiste  ignorant  la  double  signifi- 
cation de  respe^ns  :  recompense  et  chdti- 
me)it.  —  Une  abomination,  I'objet  d'un  culte 
impie  :  au  lieu  de  procurer  la  gloire  du 
Createur,  elles  servent  a  I'outrager.  —  Un 
scandale  :  comp.  /os.  xxiii,  13;  Ps.  Ixix,  23; 
Rom.  xi,  9. 

12.  La  fornication  spirituelle  :  c'est  sous 
ce  nom  que  I'Ecriture  designe  habituelle- 
ment  Fidolatrie  {Lev.  xvii,  7;  Dent,  xxxi,  16; 
Jtig.  ii,  17;  Is.  i,  21,  al.)  :  Talliance  de 
Jehovah  avec  son  peuple  etant  presentee 
sous  I'image  d'un  mariage,  I'Israelite  qui 
adore  des  divinites  etrangeres  est  infi- 
dele  et  adultere.  —  De  la  vie  morale  et 
spirituelle. 

13.  L'humanite  a  son  debut  etait  mono- 
theiste;  les  traditions  primitives  des  peuples 
sont  d'accord  sur  ce  point  avec  la  Genese. 
Meme  les  premiers  idolatres  paraissent 
avoir  adore  direftement  les  corps  celestes 
sans  les  representer  ou  les  symboliser  sous 
des  images. 


*  Gen.  6,  4 
et  7,  7. 


<^Ps.  113,  £ 
Bar.  6,  3. 


484 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XIV,  14- 


!8. 


jours.  i4C'est  la  folic  des  hommes 
qui  les  a  introduites  dans  le  monde ; 
aussi  leur  fin  prochaine  est-elle  arre- 
tee  dans  la  pensee  divine. 

15  Un  pere  accable  de  douleur  par 
la  prompte  mort  d'un  fils  qui  lui  a 
ete  enleve  avant  le  temps  a  faconne 
son  image,  et  cet  enfant  qui  etait 
mort,  il  s'est  mis  a  I'honorer  comme 
un  dieu,  et  il  a  institue  parmi  les 
gens  de  sa  maison  des  rites  pieux  et 
des  ceremonies.  ^^Puis,  cette  coutume 
impie  s'affermissant  avec  le  temps 
fut  observee  comme  une  loi,  et  sur 
I'ordre  des  princes  on  adora  des  sta- 
tues. '^7  0uand  on  ne  pouvait  les  ho- 
norer  en  face  a  cause  de  leur  eloi- 
gnement,  on  se  representait  de  loin 
leur  figure  et  Ton  faconnait  une 
image  visible  du  roi  venere,  afin  de 
rendre  a  I'absent  des  hommages  aussi 
empresses  que  s'il  eut  ete  present. 
i^Ce  qui  fit  croitre  la  superstition, 
c'est  que  ceux-la  meme  qui  ne  con- 
naissaient  pas  le  souverain  y  furent 
amenes  par  le  zele  de  I'artiste.  i9Ce- 
lui-ci  en  effet,  desireux  de  plaire  au 
maitre  puissant,  epuisa  tout  son  art 
a  embellir  le  portrait.  20  Et  la  foule 
des  hommes,  seduite  par  I'elegance 
de  I'oeuvre,  regarda  comme  un  dieu 


celui  qui  naguere  etait  honore  comme 
un  horn  me. 

21  Ce  fut  un  piege  pour  les  vivants 
que  les  hommes,  sous  le  coup  d'une 
infortune  ou  trop  complaisants  pour 
leurs  souverains,  eussent  donne  a  la 
pierre  ou  au  bois  le  nom  incommu- 
nicable. 22  Ce  n'etait  pas  assez  pour 
eux  d'errer  dans  la  notion  de  Dieu; 
vivant  dans  un  etat  de  lutte  violente 
par  suite  de  leur  ignorance,  ils  appe- 
laient  du  nom  de  paix  des  maux  si 
grands  et  si  nombreux.  23  Celebrant 
des  ceremonies  homicides  de  leurs 
enfants  ou  des  mysteres  clandestins, 
et  se  livrant  aux  debauches  effrenees 
de  rites  etranges,  24ils  n'ont  plus  gar- 
de de  pudeur  ni  dans  leur  vie  ni  dans 
leurs  mariages  ;  I'un  tue  I'autre  par  la 
trahison  ou  I'outrage  par  I'adultere. 
25  Ce  n'est  partout  que  sang  et  meur- 
tre,  vol  et  tromperie,  corruption  et 
infidelite,  revoke  et  parjure,  ^Sperse- 
cution  des  gens  de  bien,  oubli  des 
bienfaits,  souillure  des  ames,  crimes 
contre  nature,  instabilite  dans  les 
unions,  adultere  et  impudicite.  ^zCar 
le  culte  des  viles  idoles  est  le  prin- 
cipe,  la  cause  ct  la  fin  de  tout  mal. 
28  Leurs  divertissements  sont  de  foUes 
joies  et  leurs  oracles  des  mensonges; 


14.  L'auteur  inspire  volt  dans  un  avenir 
prochain  la  venue  du  Messie,et  avec  elle  la 
conversion  du  monde  au  culte  du  vrai  Dieu. 

La  1''^  partie  de  ce  verset  est  mal  rendue 
dans  la  Vulgate.  L'erreur  du  tradufteur 
latin  vient  de  ce  qu'il  s'est  mepris  sur  le 
sujet  de  advcnif,  qui  est  uiola,  comme  le 
montre  le  pronom  tlloruiii  qui  suit. 

Culte  des  honimes  deifies  (vers.  15-21). 

15.  Des  ceremonies;  Vulg.  des  sacrifices. 
Un  exemple  de  cette  tendance  naturelle  h 
I'homme  nous  est  fourni  par  Ciceron  qui, 
ayant  perdu  sa  fille  TuUia,  conqut  le  dessein 
d'elever  en  son  honneur  un  temple  magni- 
tique  {Epitr.  a  Atticits,  xii,  35  sv.  Comp. 
LacHiance,  Instit.  i,  15,  20).  L'empereur 
Adrien  realisa  une  pensee  semblable  en 
I'honneur  de  son  favori  Antinoiis. 

17.  Autre  cause  de  I'idolatrie  :  statues 
dress^es  pour  honorer  des  souverains  re- 
doutes. 

On  se  ;Y/^r,"'f(?;/ /«//.- plus  tard  les  souve- 
rains en  vinrent  k  envoyer  eux-memes,  des 
le  ddbut  de   leur  r^gne,  leur  image  dans 


toutes  les  provinces;  c'est  ce  que  suppose 
la  traduction  de  la  Vulg.  :  leur  image  etait 
apportce  de  loin;  mais  le  texte  grec  se  rap- 
porte  a  une  epoque  plus  ancienne. 

18.  Troisieme  cause  d'idolatrie  :  la  beaute 
meme  de  la  statue  ou  de  I'image. 

19.  La  superstition  s'accrut  de  deux  ma- 
nicres  :  I'image  fut  honoree  par  un  plus 
grand  nombre,  et  elle  regut  des  honneurs 
divins  (vers.  20). 

20.  Comme  un  dieu,  litt.  conime  un  objet 
d\idoration.  C'est  pour  prevenir  cet  abus  que 
Dieu  avait  d^fendu  aux  H^breux  de  se  faire 
des  images  taillees  ou  fondues  {Exod.^y.,  4). 

Au  lieu  de  abdufla,  dans  la  V^ulg.,  plu- 
sieurs  manuscrits  lisent  adduHa,  qui  tra- 
duirait  plus  exacflement  le  grec. 

Consequences  morales  de  I'idolatrie  (ver- 
sets  21-31).  Comp.  Rom.  i,  24  sv. 

21.  U}t  piege,  une  cause  de  corruption, 
pour  les  vivants,  litt.  pour  la  vie  :  comp. 
X,  8 ;  /lumance  n'est  pas  dans  le'grec.  —  D^une 
infortune,  par  ex.  la  perte  d'un  fils  (vers.  15). 
—  Trop  complaisants  pour  letirs  souverains : 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XIV,  14—28. 


485 


petuum.  14.  Supervacuitas  enim  ho- 
minum  hasc  advenit  in  orbem  ter- 
rarum  :  et  ideo  brevis  illorum  finis 
est  inventus. 

15.  Acerbo  enim  luctu  dolens 
pater,  cito  sibi  rapti  filii  fecit  ima- 
ginem  :  et  ilium,  qui  tunc  quasi 
homo  mortuus  fuerat,  nunc  tam- 
quam  deum  colere  coepit,  et  consti- 
tuit  inter  servos  suos  sacra  et  sa- 
crificia.  16.  Deinde  interveniente 
tempore  convalescente  iniqua  con- 
suetudine,  hie  error  tamquam  lex 
custoditus  est,  et  tyrannorum  im- 
perio  colebatitur  figmenta.  17.  Et 
hos,  quos  in  palam  homines  hono- 
rare  non  poterant  propter  hoc  quod 
longe  essent,  e  longinquo  figura  eo- 
rum  allata,  evidentem  imaginem 
regis,  quern  honorare  volebant,  fe- 
cerunt  :  ut  ilium,  qui  aberat,  tam- 
quam prassentem  colerent  sua  solli- 
citudine.  18.  Provexit  autem  ad 
horum  culturam  et  hos,  qui  igno- 
rabant,  artificis   eximia   diligentia. 

1 9.  Ille  enim  volens  placere  illi,  qui 
se  assumpsit,  elaboravit  arte  sua,  ut 
similitudinem  in   melius  figuraret. 

20.  Multitude  autem  hominum 
abducta  per  speciem  operis,  eum, 


qui  ante  tempus  tamquam  homo 
honoratus  fuerat,  nunc  deum  aesti- 
maverunt. 

21.  Et  hasc  fuit  vitas  humanas 
deceptio  :  quoniam  aut  afFectui,  aut 
regibus  deservientes  homines,  in- 
communicabile  nomen  lapidibus  et 
lignis  imposuerunt,  11.  Et  non 
suffecerat  errasse  eos  circa  Dei 
scientiam,  sed  et  in  magno  viventes 
inscientias  bello,  tot  et  tam  magna 
mala  pacem  appellant.  23.  '^Aut 
enim  filios  suos  sacrificantes,  aut 
obscura  sacrificia  facientes,  aut  insa- 
nia^  plenas  vigilias  habentes,  24.  ne- 
que  vitam,  neque  nuptias  mundas 
jam  custodiunt,  sed  alius  alium  per 
invidiam  occidit,  aut  adulterans 
contristat  :  25.  et  omnia  commista 
sunt,  sanguis,  homicidium,  furtum 
et  fictio,  corruptio  et  infidelitas, 
turbatio  et  perjurium,  tumultus 
bonorum,  26,  Dei  immemoratio, 
animarum  inquinatio,  nativitatis 
immutatio,  nuptiarum  inconstantia, 
inordinatio  moechias  et  impudicitias. 
27.  Infandorum  enim  idolorum  cul- 
tura,  omnis  mali  causa  est,  et  ini- 
tium  et  finis.  28,  Aut  enim  dum 
lastantur,  insaniunt  :  aut  certe  vati- 


"^Deut.  18, 
10.  Jer.    7, 


comp.  vers.  16  sv.  —  Le  notn  de  Dieu, 
incommutiicable  aux  creatures. 

22.  Lutte  contre  la  vertu;  ou  bien  ce  mot 
designe  les  injustices,  les  meurtres,  les  vio- 
lences, les  troubles  domestiques,  ce  que 
I'auteur  appelle  des  inaiix  si  grands  et  si 
nombreux,  et  qu'il  decrit  dans  les  versets 
suivants.  —  Du  notn  de  paix  :  comp.  Jer. 
vi,  14. 

23.  Ceremonies  homicides  :  allusion  aux 
sacrifices  offerts  a  Moloch  :  voy.  xii,  5.  — 
Des  Jiiysteres  clandesiins,  qui  s'accomplis- 
saient  dans  les  tenebres  de  la  nuit  :  initia- 
tion aux  mysteres  de  Cybele,  de  Priape,  etc. 

—  Aux  debauches  effrenees,  banquets  en 
I'honneur  de  Bacchus,  a  la  suite  desquels 
on  se  livrait  ^  toutes  sortes  d'impudicites. 

—  De  rites  etranges,  en  gr.  £;o(XXtov.  La 
Vulg.  traduit  le  dernier  membre,  7-einplis- 
sant  les  nuits  de  folies  :  comp.  II  Macch. 
vi,  4;  Rom.  xiii,  13. 

24.  La  trahison,  litt.  des  einbucJies;  Vulg., 
par  jalousie  :  peut-etre  faut-il  lire  insidias 
au  lieu  de  invidiajn. 

25.  Sur  ce  verset  et  le  suivant  comp.  Rom, 
i,  29  sv.  Gal.  V,  ig-2i ;  II  Cor.  xii,  20;  I  Tim. 


i,  9  sv.  —  Corruption.,  c.-k-d.  ruine,  destruc- 
tion; ou  bien  :  seducftion,  venalite. 

26.  Oubli  des  bienfaits,  ingratitude.  Vulg., 
oubli  de  Dieu;  mais  cet  oubli  est  la  cause, 
non  I'efifet  des  maux  enumeres.  Un  scribe, 
trouvant  sur  son  manuscrit  Doii  ou  Dt 
(doni)  aura  lu  par  meprise  Doiii  (Domini) 
ou  Dei.  —  Souilbire,  dans  le  sens  acflif  : 
a(flion  de  souiller.  —  Crimes  contre  Jiatiire, 
litt.  echange  de  sexe,  sodomie  :  comp.  Rom. 
i,  26  sv.  La  Vulg.  semble  entendre  ces  mots 
dans  le  sens  de  supposition  d'enfa?its. 

Itiordinatio,  dans  la  Vulg.,  n'est  sans 
doute  qu'une  seconde  traducflion  de  a-:a;ia 
(deja  rendu  par  inco?istantia),  qui  aura  passe 
de  la  marge  dans  le  texte. 

27.  Des  viles  idoles,  litt.  des  idoles  sans 
nom^  ce  qui  peut  signifier  des  idoles  sans 
existence  reelle  (comp.  I  Cor.  viii,  4;  Gal. 
iv,  3),  ou  des  idoles  meprisables,  qui  ne  me- 
ritent  pas  d'etre  nommees  (comp,  Exod. 
xxiii,  iy,Jos.  xxiii,  7;  Ps.  xvi,  4).  -  Lajiti, 
la  derniere  limite,  I'extremite  oii  le  mal 
arrive  a  son  apogee. 

28.  Leurs  divertissements ,  soit  dans  la 
vie  ordinaire,  par  opposition  a  la  joie  sainte 


486        LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XIV,  29—31; 


XV,  I- 


■12. 


ils  vivent  dans  I'injustice  et  se  par- 
jurent  sans  scrupule.  ^gComme  ils 
mettent  leur  confiance  en  des  idoles 
qui  n'ont  pas  de  vie,  ils  n'attendent 
aucun  prejudice  de  leurs  parjures. 
30 Mais  un  juste  chatiment  les  frap- 
pera  pour  ce  double  crime  :  parce 
que,  s'etant  attaches  aux   idoles,  ils 


ont  eu  sur  Dieu  des  pensees  perver- 
ses,  et  parce  qu'ils  ont  fait  par  four- 
berie  des  serments  contre  la  justice, 
au  mepris  des  plus  saintes  lois.  31  Ce 
n'est  pas  la  puissance  des  idoles  par 
lesquelles^  ils  ont  jure,  c'est  le  chati- 
ment du  aux  peches  qui  atteint  tou- 
jours  la  prevarication  des  impies. 


§  III.  —  CONTRASTE    ENTRE    LES   ADORATEURS    DU  VRAI    DIEU 

ET    LES    IDOLATRES. 


CHAP.  X\^  —  Differences  generales  [vers,  i  —  17];  —  adoration 
des  animaux  par  les  Egyptiens  [18  — 19]. 


Ch.  XV. 


[Ais  vous,  6  notre  Dieu,  vous 
etes  bon,  fidele  et  patient,  et 
vous  gouvernez  tout  avec  mi- 
sericorde.  ^Lors  meme  que  nous  pe- 
chons,  nous  sommes  a  vous,  connais- 
sant  votre  puissance;  mais  nous  ne 
voulons  pas  pecher,  car  nous  savons 
que  nous  sommes  comptes  parmi  les 
votres.  3  Vous  connaitre  est  la  justice 
parfaite,  et  connaitre  votre  puissance 
est  la  racine  de  I'immortalite.  4 Nous 
n'avons  pas  ete  jet^s  dans  I'egare- 
ment  par  I'invention  d'un  art  funeste, 
ni  par  une  figure  barbouillee  de  di- 
verses  couleurs,vain  travail  d'un  pein- 
tre  :  Sobjets  dont  I'aspecl  excite  la 
passion  de  I'insense,  qui  s'eprend 
pour  la  figure  inanimee  d'une  image 
sans  vie,  ^Ils  affe6lionnent  le  mal  et 
meritent  de  mettre  leurs  esp^rances 
en  de  pareils  dieux,  aussi  bien  ceux 
qui  les  font  que  ceux  qui  les  aiment 
ou  les  adorent 

7  En  effet,  voici  un  potier  qui  petrit 
laborieusement  la  terre  molle ;  il  fa- 
^onne  chaque  vase  pour  notre  usage, 
et  de  la  meme  argile  il  en  fait  qui 


sont  destines  a  de  nobles  emplois,  et 
d'autres  a  des  emplois  tout  contraires, 
sans  distinguer  nullement  a  quel  usa- 
ge chacun  d'eux  devra  servir.  C'est 
le  potier  qui  en  est  juge.  ^Ensuite, 
par  un  travail  impie,  il  faconne  une 
vaine  divinite,  lui  qui  naguere  avait 
ete  fait  de  terre,  et  qui  bientot  retour- 
nera  au  lieu  d'oii  il  a  ete  tire,  quand 
on  lui  redemandera  son  ame  qui  lui 
avait  ete  pretee.  9  Pourtant  il  ne  s'in- 
quiete  pas  de  ce  que  ses  forces  s'epui- 
sent,  ni  de  la  brievete  de  la  vie;  mais 
il  rivalise  avec  les  ouvriers  qui  tra- 
vaillent  I'or  ou  I'argent,  il  imite  ceux 
qui  travaillent  I'airainet  met  sa  gloire 
a  executer  des  figures  trompeuses. 
^"Son  coeur  est  comme  de  la  cendre, 
son  esperance  est  plus  vile  que  la 
terre  dont  il  fait  ses  idoles,  et  sa  vie 
est  de  moindre  valeur  que  I'argile. 
"Car  il  meconnait  celui  qui  I'a  fait, 
qui  lui  a  inspire  une  ame  agissante 
et  a  mis  en  lui  un  souffle  de  vie. 
i^Ces  hommes  ont  regarde  notre 
existence  comme  un  amusement,  la 
vie  comme  un  grand  marche  ou  Ton 


et  moderee  des  serviteiirs  de  Dieu;  soit 
dans  les  fetes  paiennes  :  saturnales,  bac- 
chanales,  etc. 

29.  Ces  paiens  qui  pratiquaient  encore 
quelques  adles  religieux,  n'avaient  en  realite 
aucune  foi;  c'^taient  au  fond  de  veritables 
athees. 

31.  S.  Augustin  :  "  Non  te  audit  lapis 
loquentem,  sed  punit  Deus  fallentem." 


CHAP.  XV. 

1.  Bon  en  vers  vos  adorateurs,yfi/i?/^  dans 
vos  promesses  :  par  opposition  k  I'impuis- 
sance  des  idoles  :  comp.  Exod.  xx.xiv,  6; 
Noinbr.  xiv,  18. 

2.  Nous  sommes  a  vous,  dans  votre  main, 
sachant  ce  que  nous  avons  a  attendre  de 
votre  justice  et  de  votre  misericorde,  et  au 


LIBER  SAPIENTL-i:.     Cap.  XIV,  29—31;  XV,  1  —  12. 


487 


cinantur  falsa,  aut  vivunt  injuste, 
aut  pejerant  cito.  29.  Dum  enim 
confidunt  in  idolis,  quae  sine  anima 
sunt,  male  jurantes  noceri  se  non 
sperant.  30.  Utraque  ergo  illis  eve- 
nient  digne,  quoniam  male  sense- 
runt  de  Deo,  attendentes  idolis,  et 
juraverunt  injuste,  in  dolo  contem- 
nentes  justitiam,  31.  Non  enim  ju- 
ratorum  virtus,  sed  peccantium 
poena,  perambulat  semper  injusto- 
rum  praevaricationem. 


— :i^       CAPUT    XV.        — A— 

Vox  fidelium  suavitatem  et  misericordiam 
Dei  commendantium,  cujus  gratia  ab 
idololatria  sunt  servati  :  mire  quoque 
subsannat  idolorum  artifices  ac  cultores. 


U  autem  Deus  noster,  sua- 
vis  et  verus  es,  patiens,  et 
in  misericordia  disponens 
omnia.  2.  Etenim  si  pec- 
caverimus,  tui  sumus,  scientes  ma- 
gnitudinem  tuam  :  et  si  non  pecca- 
verimus,  scimus  quoniam  apud  te 
sumus  computati.  3.  Nosse  enim  te, 
consummata  justitia  est  :  et  scire 
justitiam,  et  virtutem  tuam,  radix 
est  immortalitatis.  4.  Non  enim  in 
errorem  induxit  nos  hominum  malas 
artis  excogitatio,  nee  umbra  picturas 


labor  sine  fructu,  effigies  sculpta 
per  varios  colores,  5.  cujus  aspectus 
insensato  dat  concupiscentiam,  et 
diligit  mortuaeimaginiseffigiemsine 
anima.  6.  Malorum  amatores,  digni 
sunt  qui  spem  habeant  in  talibus,  et 
qui  faciunt  illos,  et  qui  diligunt,  et 
qui  colunt. 

7.  "Sed  et  figulus  mollem  terram 
premens  laboriose  fingit  ad  usus 
nostros  unumquodque  vas,  et  de 
eodem  luto  fingit  quas  munda  sunt 
in  usum  vasa,  et  similiter  quas  his 
sunt  contraria  :  horum  autem  vaso- 
rum  quis  sit  usus,  judex  est  figulus. 
8.  Et  cum  labore  vano  deum  fingit 
de  eodem  luto  :  ille  qui  paulo  ante 
de  terra  factus  fuerat,  et  post  pusil- 
lum  reducit  se  unde  acceptus  est, 
repetitus  animae  debitum  quam  ha- 
bebat.  9.  Sed  cura  est  illi,  non  quia 
laboraturus  est,  nee  quoniam  brevis 
illi  vita  est,  sed  concertatur  aurifi- 
cibus  et  argentariis  :  sed  et  asrarios 
imitatur,  et  gloriam  prasfert,  quo- 
niam res  supervacuas  fingit.  10.  Ci- 
nis  est  enim  cor  ejus,  et  terra  super- 
vacua  spes  illius,  et  luto  vilior  vita 
ejus  :  II.  quoniam  ignoravit  qui  se 
finxit,  et  qui  inspiravit  illi  animam, 
quas  operatur,  et  qui  insufflavit  ei 
spiritum  vitalem.  12.  Sed  et  aesti- 


Roni. 


lieu  de  nous  laisser  aller  au  desespoir,  nous 
sommes  plutot  excites  au  repentir.  —  Nous 
ne  voulons  pas  pecker j  Vulg. ,  et  si  nous  ne 
pechons  pas.  —  Parmi  les  votres,  parmi  les 
elus  de  votre  troupeau. 

3.  Voiis  connaitre,  d'une  connaissance 
theorique  et  pratique.  —  Connaitre  votre 
picissance  (la  Vulg.  ajoute,  et  votre  justice) 
est  la  racine  de  /'immorta/ite' hienheureuse; 
car  cetle  connaissance  detourne  du  peche 
et  par  suite  preserve  du  chatiment. 

4.  D'len  art  funeste,  I'art  de  peindre  ou 
de  sculpter  des  images.  —  Figures  bar- 
bouillees  de  diverses  couleurs  :  il  s'agit  pro- 
bablement  de  statues  peintes. 

5.  La  passion,  le  desir,  en  lisant  op£;iv 
(Cod.  Alex.)  de  preference  a  la  leqon  ovstSoi; : 
dont  VaspeH  tourne  a  la  honte  pour  Pin- 
sense.  Les  anciens  racontent  que  Pygmalion 
s'eprit  d'amour  pour  une  statue  de  Venus. 

6.  Le  mal,  les  mauvaises  choses  :  I'im- 
moralite  et  I'idolatrie  etaient  ordinairement 
reunies  chez  les  pa'i'ens.  —  Et  meritent  que 


leurs  esperances,  placees  en  des  objets  aussi 
vils  qu'impuissants,  soient  degues. 

"j.A  de  nobles  emplois  :  comp.  Rom.  ix,  21. 
—  Chaciin  devra  servir  :  I'auteur  insi- 
nue  que  du  potier  egalement  depend  quelle 
portion  de  sa  masse  d'argile  il  prendrapour 
en  faire  un  dieu. 

8.  Qiiand  on  lui  redeniandera,  etc.  :  comp. 
Ltic,  xii,  20. 

9.  De  ce  que  ses  forces  s'epuisent,  litt.  de 
ce  qu  'il  doit  etre  fatigue  de  la  fatigue  de  la 
mort,  de  ce  qu'il  doit  mourir  :  euphemisme; 
comp.  iv,  16.  —  Mais,  au  lieu  d'apprendre 
par  les  fragiles  materiaux  qu'il  emploie  que 
sa  vie  k  lui-meme  est  fragile,  il  tache  de  don- 
ner  k  ses  dieux  d'argile  I'aspeft  et  la  beautd 
des  statues  de  metal,  d'argent  ou  d'airain. 

10.  Son  cceur  est  mort  aux  nobles  aspira- 
tions, au  desir  d'une  vie  immortelle.  — 
Son  esperance  est  plus  vile  que  la  terre  dont 
il  fait  ses  idoles,  est  nulle;  il  n'a  rien  a  espe- 
rer  apres  cette  vie  :  comp.  Ephes.  ii,  12. 

12,  Ces  homines,  les  paiens.  —  Un  grand 


488         LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XV,  13—19;  XVI,  1—5. 


se  rassemble  pour  le  gain;  car,  disent- 
ils,il  faut  acquerir  par  tous  les  moyens, 
meme  par  le  crime.  'sCar,  celui-la 
sait  bien  qu'il  est  plus  coupable  que 
tous  les  autres,  qui,  de  la  meme  terre, 
fa^onne  des  vases  fragiles  et  des 
idoles. 

^4 Mais  ils  sont  tous  tres  insenses 
et  plus  malheureux  que  I'ame  d'un 
enfant,  les  ennemis  de  votre  peuple 
qui  le  tiennent  dans  I'oppression. 
isCar  ils  ont  regarde  comme  des 
dieux  toutes  les  idoles  des  nations, 
qui  ne  peuvent  user  de  leurs  yeux 
pour  voir,  ni  de  leurs  narines  pour 
respirer  I'air,  ni  de  leurs  oreilles  pour 
entendre,  ni  des  doigts  de  leurs  mains 
pour  toucher,  et  dont  les  pieds  sont 
incapables    de   marcher.    ^^C'est    un 


homme  qui  les  a  faites,  et  c'est  celui 
a  qui  on  a  prete  un  principe  de  vie 
qui  les  a  faconnees;  il  n'est  pas 
d'homme  qui  puisse  faire  un  dieu 
semblable  a  lui-meme.  ^7Car^  etant 
mortcl,  il  ne  pent,  de  ses  mains  im- 
pies,  rien  faire,  qui  ne  soit  mort;  il 
vaut  mieux  que  les  objets  qu'il  adore, 
car  au  moins  il  a  la  vie,  et  eux  ne 
Font  jamais  eue.  ^^Ils  rendent  un 
culte  aux  animaux  les  plus  odieux, 
lesquels,  si  on  les  compare  aux  au- 
tres idoles,  sont  pires  encore,  et  accu- 
sent  une  folie  plus  grande  dans  ceux 
qui  les  venerent.  ^911  n'y  a  rien  de 
bon  en  eux  qui  fasse  naitre  I'affec- 
tion,  comme  a  I'aspeft  d'autres  ani- 
maux; ils  echappent  a  la  louange  et 
a  la  benedi6lion  de  Dieu. 


Ch.  XVI. 


CHAP.  XVI.  —  Contraste  entre  les  adorateurs  du  vrai  Dieu  et  les  Egyptiens 
idolatres  .  ceux-ci  sont  affliges  par  toute  sorte  de  plaies,  ceux-la  en  sont 
affranchis.  A6lion  des  animaux  [vers  i  — 13];  aflion  des  forces  de  la 
nature  [14  —  29]. 


'Est  pourquoi  ils  ont  ete  juste- 

ment  chaties  par  des  creatu- 

^  res  semblables,  et  tourmentes 


par  une  multitude  de  betes.  ^A  la 
place  de  ces  tourments,  vous  avez 
accorde  des  bienfaits  a  votre  peuple, 
et,  pour  satisfaire  son  ardent  desir, 
vous  lui  avez  prepare  un  aliment 
merveilleux,  des  cailles  en  nourri- 
ture  :  3de  sorte  que  les  uns,  malgre 
leur  desir  de  manger,  a  I'aspeft  re- 


pugnant des  insecles  envoyes  contre 
eux,  prirent  en  aversion  meme  leur 
appetit  naturel,  tandis  que  les  autres, 
apres  une  legere  privation,  gouterent 
une  nourriture  nouvelle.  4  Car  il  fal- 
lait  qu'une  disette  inevitable  affligeat 
les  premiers,  les  oppresseurs,  et  qu'il 
fut  seulement  montre  aux  autres 
comment  leurs  ennemis  etaient  tour- 
mentes. 5  En  effet,  lorsque  ceux-ci 
eurent  aussi  a  souffrir  de  la  fureur  de 


marc/ir',  une  foire.  Le  mot  grec  designe  ces 
fetes  nationales  des  Grecs,  religieuses 
d'abord,  puis  meicantiles,  qui  attiraient 
d'imnienses  foules.  —  Par  tons  les  moyens  : 
cette  maxime  est  specialement  appropriee 
h.  I'adlivite  commerciale  d'Alexandrie,  alors 
et  pendant  plusieurs  siecles  le  plus  grand 
etnporiuni  du  monde.  Comp.  Horace  I  Epist. 
i,  65. 

13.  Car  :  explication  et  application  des 
derniers  mots  du  vers.  12,  meme  par  le 
crime.  —  Plus  coupable.,  parce  qu'il  connait 
mieux  la  nature  de  ses  dieux  et  qu'il  est 
cause  du  pechd  d'autrui. 

14.  L'auteur,  g^n^ralisant  sa  pensee,  a  en 
vue  tous  les  idolatres  ennemis  du  peuple  de 
Dieu  :  Egyptiens,  Assyriens,  et  en  dernier 


lieu  les  Ptoldmees,  specialement  Ptolemee 
Philometor,  qui  traita  cruellement  les  Juifs. 
—  Plus  malheureux,  sous  le  rapport  de 
I'ignorance  de  la  religion.  Vulg.,  et  malJieu- 
reux  au-dela  de  toute  limite,  orgiicilleux 
d'esprit :  texte  evidemment  altere.  Superhi 
est  une  meprisepour  j2^//^r//peut-etre  meme 
la  lecjon  primitive  etait-elle,  supra  animam 
pueri. 

15.  Comp.  Ps.  cv,  4  sv.  cxxxv,  16  sv. 

16.  Celtii  a  qui  oil  a  prete  un  principe  de 
•77V,  litt.  u)i  esprit  :  cet  esprit,  I'homme  ne 
peui  done  pas  le  transmettre  a  une  statue; 
il  pent  encore  moins  lui  communiquer  un 
esprit  superieur. 

17.  //  a  la  vie;  la  Vulg.  ajoute,  qttoiqtie 
inortel. 


LIBER  SAPIENTL-E.     Cap.  XV,  13—19;  XVI,  1—5. 


489 


maverunt  lusum  esse  vitam  nostram, 
et  conversationem  vitas  compositam 
ad  lucrum,  etoportereundecumque 
etiam  ex  malo  acquirere.  13.  Hie 
enim  scit  se  super  omnes  delinquere, 
qui  ex  terras  materia  fragilia  vasa,  et 
sculptilia  fingit. 

14.  Omnes  enim  insipientes,  et 
infelices  supra  modum  anima;  su- 
perbi,  sunt  inimici  populi  tui,  et 
imperantes  illi  :  i5.quoniam  omnia 
idola  nationum  deos  aestimaverunt, 
*quibus  neque  oculorum  usus  est  ad 
videndum,  neque  nares  ad  perci- 
piendum  spiritum,  neque  aures  ad 
audiendum,  neque  digiti  manuum  ad 
tractandum,sed  et  pedes  eorum  pigri 
ad  ambulandum.  16.  Homo  enim 
fecit  illos  :  et  qui  spiritum  mutuatus 
est,  is  finxit  illos.  Nemo  enim  sibi 
similem  homo  poterit  deum  fingere. 
17.  Cum  enim  sit  mortalis,  mor- 
tuum  fingit  manibus  iniquis.  Melior 
enim  est  ipse  his,  quos  edit,  quia 
ipse  quidem  vixit,  cum  esset  morta- 
Hs,  illi  autem  nunquam.  18.  Sed  et 
animaha  miserrima  colunt  :  insen- 
sata  enim  comparata  his,  illis  sunt 
deteriora.  1 9.  Sed  nee  aspectu  ahquis 
ex  his  animalibus  bona  potest  con- 
spicere.  Effugerunt  autem  Dei  lau- 
dem,  et  benedictionem  ejus. 


— :;:—       CAPUT  XVI.       — :>— 

yEgyptiis  ob  idololatiiam  digna  passis,  He- 
bra?!  escam  a  Deo  acceperunt  :  castigati 
tamen  aliquantum  morsu  serpentum^  ere- 
0.0  serpente  £eneo  sanati  sunt  a  Deo  : 
impii  vero  morte  consumpti  per  locustas, 
muscas,  ignemque  grandini  mistum  :  cum 
illi  accepto  manna,  satiati  sint  et  con- 
fortati. 

ROPTER  hasc,  et  per  his 
similia  passi  sunt  digne 
tormenta,  et  per  multitu- 

dinem  bestiarumextermi- 

nati  sunt.  2.  Pro  quibus  tormentis 
bene  disposuisti  pcpukim  tuum, 
'quibus  dedisti  concupiscentiam 
delectamenti  sui  novum  saporem, 
escam  parans  eis  ortygometram  : 
3.  ut  illi  quidem  concupiscentes 
escam  propter  ea,  quae  illis  ostensa 
et  missa  sunt,  etiam  a  necessaria 
concupiscentia  averterentur.  Hi  au- 
tem in  brevi  inopes  facti,  novam 
gustaverunt  escam.  4.  Oportebat 
enim  illis  sine  excusatione  quidem 
supervenire  interitum  exercentibus 
tyrannidem  :  his  autem  tantum 
ostendere  quemadmodum  inimici 
eorum  exterminabantur.  5.*Etenim 
cum  illis  supervenit  saeva  bestiarum 


18.  I/s,  les  ennemis  de  votre  peuple.  — 
Les  plus  odieiex,  les  plus  nuisibles,  en  gr. 
r/fj'.a-a  :  serpents,  crocodiles,  certains 
oiseaux.  Vulg.,  les  plus  vils;  peut-etre  le 
tradu(fleur  latin  a-t-il   lu    a'tcT/icT-ra.  —  Une 

folic  plus  gra7ide  :  compares  aux  autres 
idoles,  au  point  de  vue  de  leurs  adorateurs, 
ces  animaux  sont  pires  qu'elles,  car  il  y  a 
plus  de  folie  a  venerer  un  animal  qu'une 
image,  une  statue,  celle-ci  pouvant  etre 
congue  representant  unedivinite.  La  verita- 
ble legon  parait  etre  avoJqt.  La  Vulgate  s'ex- 
plique  difficilement ;  elle  semble  avoir  lu 
7V0'/.  D'autres  traduisent,  lesquels,  si  on  les 
compare  aux  autres  animaux  sous  le  rap- 
port de  la  stupidite,  sont  pires  qu'eux  :  un 
elephant,  un  singe,  un  renard  sont  plus  in- 
telligents  que  les  animaux  adores  en  Egypte. 

19.  Pensee  :  tout  etre  qui  sert.  a  I'ldola- 
trie  est  en  abomination  aux  yeux  de  Dieu 
{Deut.  xxviii,  18);  a  lui  ne  s'applique  pas  la 
louange  que  le  Createur  donne  a  son  ueu- 
vre  :  "  Et  il  vit  que  toutes  choses  etaient 


bonnes.":  sur  lui  ne  tombe  plus  la  benedic- 
tion accordee  k  toutes  les  creatures  sorties 
des  mains  de  Dieu.  La  Vulg.  traduit  inexac- 
tement  la  i^^^  partie  de  ce  verset  :  parmi  ces 
animaux,  mil  n^en  peut  voir  de  bons^  msine 
poicr  Vaspe^. 

CHAP.  XVI. 

1.  lis,  les  Egyptiens.  —  Des  creatures 
seiiiblables,  des  animaux.  —  Tourmentes, 
Vulg.,  exterinines. 

2.  IDes  call  les  :  voy.  Nombr.  xi,  31. 

3.  Les  tins,  les  Egyptiens.  —  Leiir  appetit 
natiirel,  litt.  necessaire,  qui  nous  avertit  du 
besoin  de  la  nourriture  necessaire  a  la  vie. 

4.  Une  disette,  Vulg.  titie  perte,  une  mort. 
—  //  //?/  motitre  :  par  la  privation  passa- 
gere  qu'ils  eprouverent,  les  Hebreux  com- 
prirent  mieux  la  rigueur  du  chatiment  inflige 
aux  Egyptiens. 

5.  Sur  les  serpents  venimeux  voy.  Nonibt . 
xxi,  6.  —  Jusqii'a  la  fin,  jusqu'k  I'entiere 
destru6lion  des  Hebreux. 


"'  Num.  II, 
31- 


*  Num.  21, 


490 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XVI,  6—22. 


betes  cruelles,  et  qu'ils  perissaient 
sous  la  morsure  de  serpents  tor- 
tueux,  votre  colere  ne  dura  pas  jus- 
qu'a  la  fin;  ^mais  ils  ne  furent 
troubles  qu'un  peu  de  temps,  en 
vue  de  leur  corre6lion,  et  ils  eurent 
un  signe  de  salut,  pour  leur  rappe- 
ler  les  preceptes  de  votre  loi.  7  Car 
celui  qui  se  tournait  de  son  cote 
etait  gueri,  non  par  I'objet  qu'il 
avait  sous  les  yeux,  mais  par  vous, 
qui  etes  le  sauveur  de  tous.  ^Mais 
par  la,  vous  avez  aussi  appris  a  nos 
ennemis  que  c'est  vous  qui  deli- 
vrez  de  tout  mal.  9  En  effet,  la  mor- 
sure des  sauterelles  et  des  mouche- 
rons  les  fit  perir,  et  il  ne  se  trouva 
aucun  moyen  de  sauver  leur  vie, 
parce  qu'ils  meritaient  d'etre  chaties 
de  la  sorte.  ^^Vos  enfants,  au  con- 
traire,  triompherent  de  la  dent  des 
serpents  venimeux,  car  votre  miseri- 
corde  vint  a  leur  secours  et  les  guerit. 
II  C'est  pour  que  vos  commandements 
leur  revinssent  en  memoire  qu'ils 
etaient  blesses  et  promptement  gue- 
ris,  de  peur  que,  venant  a  les  oublier 
entierement,  ils  ne  fussent  exclus  de 
vos  bienfaits.  ^^Ce  ne  fut  ni  une 
herbe,  ni  un  medicament  qui  les  gue- 
rit, mais  votre  parole,  Seigneur,  qui 
guerit  tout.  ^sCar  vous  avez  puissance 
sur  la  vie  et  sur  la  mort;  vous  menez 
aux  portes  du  sejour  des  morts  et 
vous  en  ramenez.  HL'homme,  dans 
sa  mechancete,  pent  bien  donner  la 
mort,  mais,  quand  I'esprit  est  sorti  de 
sa  viclime,  il  ne  peut  le  faire  revenir, 


ni  rappeler  I'ame  que  le  sejour  des 
morts  a  regue. 

ijMais  il  est  impossible  d'echapper 
a  votre  main.  '^Les  impies  qui  pre- 
tendaient  ne  pas  vous  connaitre  ont 
ete  flagelles  par  la  force  de  votre 
bras;  des  eaux  extraordinaires,  la 
grele  et  la  pluie  les  ont  tourmentes, 
et  le  feu  les  a  consumes.  ^7Ce  qui 
causait  un  extreme  etonnement,  c'est 
que,  au  milieu  de  I'eau  qui  eteint 
tout,  le  feu  n'etait  que  plus  ardent, 
car  I'univers  combat  pour  les  justes. 
i^Tantot  la  flamme  s'adoucissait,  afin 
que  les  animaux  envoyes  contre  les 
impies  ne  fussent  pas  consumes,  et 
que  ceux-ci,  a  cette  vue,  reconnus- 
sent  qu'un  jugement  de  Dieu  les 
poursuivait.  ^9  Tantot  elle  brulait  au 
sein  meme  de  I'eau  avec  plus  de 
force  que  n'en  comporte  la  nature  du 
feu,  afin  de  detruire  tous  les  produits 
d'une  nation  impie. 

2°Au  lieu  de  cela,  vous  avez  rassa- 
sie  votre  peuple  de  la  nourriture  des 
anges,  et  vous  leur  avez  donne  du 
ciel,  sans  travail,  un  pain  tout  pre- 
pare, procurant  toute  jouissance  et 
approprie  a  tous  les  gouts,  ^i  Cette 
substance  envoyee  par  vous  montrait 
la  douceur  que  vous  avez  envers  vos 
enfants,  et  ce  pain,  s'accommodant 
au  desir  de  celui  qui  le  mangeait,  se 
changeait  en  ce  qu'il  voulait.  22 La 
neige  ct  la  glace  soutenaient  la  vio- 
lence du  feu  sans  se  fondre,  afin  que 
les  enfants  d'Israel  sussent  que  le  feu 
qui  brulait  dans  la  grele  et  etincelait 


6.  Un  sj'gne,  et  en  meme  temps  un  gage 
de  saltit,  le  serpent  d'airain.  —  Pour  leur 
rappeler  se  rapporte,  non  aux  mots  qui  pre- 
cedent immediatement,  mais  k  I'ensemble 
des  vers.  5  et  6. 

7.  Non  par  Pobjet,  etc.  :  I'auteur  rejette 
ici  I'idee  d'un  pouvoir  magique  qui  parait 
avoir  ete  attribue  par  plusieurs  au  serpent 
d'airain,  ce  qui  amena  sa  destruction  par  le 
roi  Ezechias  (II  Rots,  xviii,  4;. 

8.  Comp.  Is.  xlv,  21;  I  Tim.  iv,  10. 

9.  Les  fit  perir  ^xi  grand  nombre  {E.xod. 
X,  17).  —  CM  ties,  Vulg.  extermines. 

10.  Trio)nphere7it,  en  ce  sens  que,  apres 
la  mort  de  plusieurs  d'entre  eux,  le  fl^au 
cessa  tout  d'un  coup, et  que ceuxqui  n'avaient 


pas  encore  succombd  ri  leurs  morsures  furent 
rendus  k  la  sante. 

11.  Blesses,  litt.  piques  par  les  serpents. 

12.  Comp.  vers.  7.  Votre  parole,  expres- 
sion de  votre  volonte  :  comp.  Ps.  cvi,  20. 

13.  Vous  avez  puissance,  etc.  :  comp. 
Apoc.  i,  18.  —  Vous  menez,  etc.  :  comp. 
Job,  xxxviii,  17;  Ps.  cvi,  18;  Is.  xx.wiii,  10. 

15.  Comp.  Tob.  xiii,  2;  Ps.  cxxxix,  8. 

16.  Les  impies  :  allusion  a  Pharaon  {Exod. 
V,  2).  —  Des  eaux  extraordinaires  :  voy. 
Exod.  ix,  24,  34.  —  Intarissable ;  litt.  im- 
possible a  arreter  ou  a  detouruer  :  ce  mot 
n'est  pas  dans  la  Vulgate.  Ce  verset  se  rap- 
porte a  la  7'i  plaie  {E.xod.  ix,  22  sv.). 

17.  Dans  les  violents  orages,  la  foudre, 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XVI,  6—22. 


491 


Tob. 


ira,  morsibus  perversorum  colubro- 
rum  exterminabantur.  6.  Sed  non 
in  perpetuum  ira  tua  permansit,  sed 
ad  correptionem  in  brevi  turbati 
sunt,  signum  habentes  salutis  ad 
commemorationem  mandati  legis 
tuae.  7.  Qui  enim  conversus  est,  non 
per  hoc,  quod  videbat,  sanabatur, 
sed  per  te  omnium  salvatorem  : 
8.  in  hoc  autem  ostendisti  inimicis 
nostris,  quia  tu  es,  qui  liberas  ab 
omni  malo,  9.  ''lllos  enim  locusta- 
rum,  et  muscarum  occiderunt  mor- 
sus,  et  non  est  inventa  sanitas  ani- 
mas  illorum  :  quia  digni  erant  ab 
hujusmodi  exterminari.  10.  Filios 
autem  tuos,  nee  draconum  venena- 
torum  vicerunt  dentes  :  misericor- 
dia  enim  tua  adveniens  sanabat  illos. 
II.  In  memoria  enim  sermonum 
tuorum  examinabantur,  et  velociter 
salvabantur,  ne  in  altam  incidentes 
oblivionem,  non  possent  tuo  uti  ad- 
jutorio.  12.  Etenim  neque  herba, 
neque  malagma  sanavit  eos,  sed 
tuus,  Domine,  sermo,  qui  sanat  om- 
nia. 13.  '^Tu  es  enim,  Domine,  qui 
vitae  et  mortis  habes  potestatem  et 
deducis  ad  portas  mortis,  et  reducis: 
14.  homo  autem  occidit  quidem 
per  malitiam,  et  cum  exierit  spiri- 
tus,  non  revertetur,  nee  revocabit 
animam  quae  recepta  est. 


'■  Exod.  9, 

3- 


15.  Sed  tuam  manum  effugere 
impossibile  est.  16.  'Negantes  enim 
te  nosse  impii,  per  fortitudinem 
brachii  tui  flagellati  sunt  :  novis 
aquis,  et  grandinibus,  et  pluviis  per- 
secutionem  passi,  et  per  ignem  con- 
sumpti.  17.  Quod  enim  mirabile 
erat,  in  aqua,  quae  omnia  exstinguit, 
plus  ignis  valebat  :  vindex  est  enim 
orbis  justorum.  18.  Quodam  enim 
tempore,  mansuetabatur  ignis,  ne 
comburerentur  quae  ad  impios  mis- 
sa  erant  animaiia:  sed  ut  ipsi  viden- 
tes  scirent,  quoniam  Dei  judicio 
patiuntur  persecutionem.  19.  Et 
quodam  tempore  in  aqua  supra  vir- 
tutem  ignis,  exardescebat  undique, 
ut  iniquas  terras  nationem  extermi- 
naret. 

20.  ^Fro  quibus  Angelorum  esca  ^Exod.  16, 
nutrivisti  populum  tuum,  et  para-  ^-t- 
turn  panem  de  coelo  praestitisti  illis 
sine  labore,  omne  delectamentum 
in  se  habentem,  et  omnis  saporis 
suavitatem.  2 1 .  Substantia  enim  tua 
dulcedinem  tuam,  quam  in  filios 
habes,  ostendebat  :  et  deserviens 
uniuscujusque  voluntati,  ad  quod 
quisque  volebat,  convertebatur. 
22.  ^Nix  autem  et  glacies  sustine- 
bant  vim  ignis,  et  non  tabescebant : 
ut  scirent  quoniam  fructus  inimi- 
corum    exterminabat   ignis   ardens 


Num. 
II,  7.  Ps. 
77, 25.  Joan. 
6.31. 


Exod.  9, 


24- 


la  grele  et  la  pluie  se  dechatnent  ensemble. 
—  L'univers,  la  nature  physique  :  comp. 
V,  17  sv.  X,  20. 

18.  Laflamnie,  le  feu  du  ciel  dont  on  vient 
de  parler  :  I'auteur  usant  d'un  precede  ora- 
toire  pour  produire  plus  d'effet,  rapproche 
et  traite  comme  simultanees  des  plaies  qui 
vinrent  successivement,  par  ex.  les  2^,  36,  ^e 
(plaies  des  animaux)  et  la  7^  (plaie  de  grele). 
La  plupart  des  auteurs  catholiques  rejettent 
cette  explication  comme  peu  compatible 
avec  la  verite  historique,  et  par  consequent 
avec  le  caracflere  inspire  du  livre;  ils  sup- 
posent  qu'il  s'agit  ici  de  feux  allumes  par 
les  Egyptiens  pour  se  delivrer,  sans  pouvoir 
y  reussir,  des  insedtes  envoyes  contre  eux. 

19.  Les  proditits  :  ble,  orge,  lin,  etc. 

20.  Nourriture  des  anges,  la  manne 
{Exod.  XV ;  Nombr.  xi),  appelee  pain  des 
forls,  Ps.  Ixxviii,  25,  ce  que  les  LXX  tra- 
duisent,  pain  des  anges  (comp.  Ps.  ciii,  20). 
Cette  expression,  synonyme  de  pain  du  ciel., 


indique  seulement  I'origine  surnaturelle  de 
cet  aliment  procure  aux  Hdbreux  sans  au- 
cun  travail  de  leur  part.  Sur  le  sens  figura- 
tif  de  la  manne,  symbole  de  I'Eucharistie, 
comp.  Jean,  vi,  31,  49.  —  Produisant  toiite 
jouissance,  etc.  Vulg.,  ayant  en  ltd  toutes  les 
douceurs  et  tons  les  gouts  delicieiix  :  le  tra- 
dudleur  latin  parait  avoir  lu  la/ov-ra  au  lieu 
de  la/uovTa,  et  ap;j.ovtav  au  lieu  de  ap|jLov.ov 
scil.  panem. 

21.  Cette  substance,  la  manne,  appelee 
ainsi  pour  faire  entendre  qu'elle  etait  quelque 
chose  de  r^el,  non  une  simple  apparence, 
et  que  cette  substance  restait  identique  tout 
en  prenant  des  gouts  difterents. —  Se  chati- 
geait  en  ce  quHl  voulait  :  ces  expressions 
doivent  s'entendre  oratorio  modo,  dans  un 
sens  large  :  la  manne  tenait  lieu  aux  Israeli- 
tes de  tous  les  aliments  les  plus  exquis. 

22.  La  neige,  etc.  :  la  manne,  qui  offrait 
cet  aspecfl  {Notnbr.  xi,  7  dans  les  LXX). — 
Dufeu  du  foyer,  non  du  soleil  {Exod.  xvi,  21): 


492        LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XVI,  23—29;  XVII,  1—8. 


Chap. 
XVII. 


dans  ]a  pluie  dctruisait  les  recoltes 
de  leurs  ennemis,  ^3et  qu'il  oubliait 
ensuite  sa  vertu  propre,  pour  I'entre- 
tien  des  justes.  24  Car  la  creature,  sou- 
mise  a  vous,  son  Createur,  deploie 
toute  son  energie  pour  tourmenter 
les  mechants,  et  se  relache  pour  pro- 
curer le  bien  de  ceux  qui  mettcnt  en 
vous  leur  confiance.  ^sC'est  pourquoi, 
se  pliant  alors  a  tous  ces  change- 
men  ts,  elle  etait  aux  ordres  de  votre 
grace,  nourriciere  de  tous  les  hom- 
mes,  selon  la  volonte  de  ceux  qui 
etaient  dans  le  besoin  ;  ^^afin  que  vos 
enfants  que  vous  aimez, Seigneur, con- 


nussent  que  ce  ne  sont  pas  les  diffe- 
rentes  especes  de  fruits  qui  nourris- 
sent  les  hommes,  mais  que  c'est  votre 
parole  qui  conserve  ceux  qui  croient 
en  vous;  27 car  ce  qui  resistait  a  Tac- 
tion destru6livc  du  feu  se  fondait 
aisenaent  echauffe  par  le  moindre 
rayon  de  soleil  :  ^Safin  d'apprendre  a 
tous  qu'il  faut  devancer  le  soleil  pour 
vous  rendre  graces  et  vous  adorer  des 
le  lever  du  jour.  29  Quant  a  I'ingrat, 
son  esperance  fondra  comma  la  glace 
d'hiver  et  s'ecoulera  comme  une  eau 
inutile. 


CHAP.  XVII. —  Contraste  entre  les   Hebreux  et  les  Egyptiens  dans 

la  plaie  des  tenebres. 


'•  f^^^  A R  vos  jugements  sont  grands 
'^^3  et  difficiles  a  expliquer;  aussi 
-^^^s.  les  ames  sans  instru6lion  se 
sont-elles  egarees.  ^ Alors  que  les 
mechants  s'etaient  persuades  qu'ils 
pouvaient  opprimer  la  nation  sainte, 
enchaines  tout  a  coup  par  les  tene- 
bres et  prisonniers  d'une  longue  nuit, 
lis  resterent  sur  leur  couche  enfermes 
sous  leur  toit,  s'excluant  eux-memes, 
comme  des  esclaves'fugitifs,  de  votre 
incessante  providence.  3Alors  qu'ils 
imaginaient  rester  caches  avec  leurs 
peches  secrets,  ils  furent  disperses 
sous  le  voile  epais  de  I'oubli,  saisis 
d'une  horrible  epouvante  et  effrayes 
par  des  fantomes.  4 Les  reduits  ou  ils 
se  renfermaient  ne  les  preservaient 
pas  de  la  crainte :  des  bruits  efifrayants 


retentissaient  autour  d'eux,  et  des 
spe6lres  leur  apparaissaient  avec  des 
visages  lugubres.  5  H  n'y  avait  pas  de 
feu  capable  de  leur  donner  de  la  lu- 
miere,  et  la  flamme  brillante  des 
astres  ne  pouvait  eclairer  cette  hor- 
rible nuit.  ^Parfois  seulement,  a  tra- 
vers  ces  tenebres,  ils  voyaient  luire 
une  masse  de  feu,  allumee  d'elle- 
meme,  effrayante,  et  epouvantes  de 
cette  vision  dont  ils  n'apercevaient 
pas  la  cause,  ils  jugeaient  ces  appa- 
ritions plus  terribles  encore.  -^L'art 
derisoire  des  magiciens  etait  a  bout, 
et  leur  pretention  a  la  sagesse  etait 
honteusement  con  vaincue  de  faussete. 
^Eux  qui  se  faisaient  forts  de  chasser 
des  ames  malades  la  terreur  et  le 
trouble,  ils  etaient  malades  eux-me- 


on  pouvait  la  cuire  et  en  faire  des  gateaux 
{Exod.  xvi,  23;  Nonibr.  xi,  8). 

24.  La  crdatiire,  toutes  les  choses  creees, 
ici  specialement  le  feu^  soit  du  foyer,  soit 
du  soleil. 

25.  Qui  etaient  dans  le  besoin,  ou  bien 
qui  desiraient  de  la  nourriture.  Vulg.,  de 
ceux  qui  vous  priaieiit,  mais  a  te  n'est  pas 
dans  le  grec. 

26.  Les  diffcrentes  especes  de  fruits,  les 
fruits  naturels  (comp.  i,  14);  la  Vulg.  em- 
ploie  nativitas  dans  ce  sens.  —  Votre  pa- 
role, ici  votre  volonte.  donnait  a  la  manne 
sa  vertu  nutritive  :  voy.  Deut.  viii,  3  (LXX) 
et  comp.  Matth.  iv,  4. 


27.  Se  fondait,  se  changeait  en  eau  et 
etait  perdu.  Voy.  Exod.  xvi,  21. 

28.  Ce  trait  est  fort  beau.  Sur  la  priere  k 
faire  des  I'aube  du  jour,  voy.  Ps.  v,  4;  lix,  17; 
Ixxxviii,  14;  Prov.  viii,  17,  al. 

29.  Connne  la  glace  d  /liver,  et  comme  la 
manne  aux  premiers  rayons  du  soleil. 

CHAP.  XVII. 
I.  Car  :  ce  verset  confirme  et  elucide 
xvi,  29,  avec  une  relation  speciale  a  I'en- 
durcissement  de  coeur  de  Pharaon  et  de  ses 
conseillers.  —  Vos  jugements  et  vos  conseils 
sont  grands,  ils  depassent  la  portee  de 
rhomnie.  —  Les  ames  sans  instruflion, 
^trangeres  a  la  vraie  religion. 


LIBER  SAPIENTI/E.     Cap.  XVI,  23—29:  XVII,  1—8. 


493 


in  grandine  et  pluvia  coruscans. 
23.  Hie  autem  iterum  ut  nutriren- 
tur  justi,  etiam  suae  virtutis  oblitus 
est.  24.  Creatura  enim  tibi  Factori 
deserviens,  exardescit  in  tormen- 
tum  adversus  injustos  :  et  lenior  fit 
ad  benefaciendum,  pro  his,  qui  in  te 
confidunt.  25.  Propter  hoc  et  tunc 
in  omnia  transfigurata  omnium  nu- 
trici  gratias  tuas  deserviebat,  ad  vo- 
luntatem  eorum,  qui  a  te  desidera- 
bant  :  26.  ut  scirent  filii  tui,  quos 
eut.  8,  delexisti  Domine,  ^'quoniam  non 
viatth.  iiativitatis  fructus  pascunt  homines, 
sed  sermo  tuus  hos,  qui  in  te  credi- 
derint,  conservat.  27,  Quod  enim 
ab  igne  non  poterat  exterminari, 
statim  ab  exiguo  radio  solis  calefa 
ctum  tabescebat  :  28.  ut  notum  om- 
nibus esset,  quoniam  oportet  pras- 
venire  solem  ad  benedictionem 
tuam,  et  ad  ortum  lucis  te  adorare. 
29.  Ingrati  enim  spes  tamquam  hy- 
bernalis  glacies  tabescet,  et  disperiet 
tamquam  aqua  supervacua. 

— :>—       CAPUT  XVII.       — :>— 

^gyptii  triduanas  passi  sunt  invincibiles 
tenebias  cum  incredibili  timore  et  hor- 
rore  :  reliqua  orbis  parte  illustrata  lumine. 


AGNA  sunt  enim  judicia 
tua  Domine,  et  inenarra- 
bilia  verba  tua  :  propter 
hoc  indisciplinatas  animae 
erraverunt.  2.  "Dum  enim  persua-  aExod.  10, 
sum  habent  iniqui  posse  dominari  23. 
nationi  sanctas :  vinculis  tenebrarum 
et  longae  noctis  compediti,  inclusi 
sub  tectis,  fugitivi  perpetuas  provi- 
dentias  jacuerunt.  3.  Et  dum  putant 
se  latere  in  obscuris  peccatis,  tene- 
broso  oblivionis  velamento  dispersi 
sunt,  paventes  horrende,  et  cum 
admiratione  nimiaperturbati.4.  Ne- 
que  enim  quae  continebat  illos  spe- 
lunca,  sine  timore  custodiebat  :  quo- 
niam sonitus  descendens  perturba- 
bat  illos,  et  personam  tristes  illis 
apparentes  pavorem  illis  prassta- 
bant.  5.  Et  ignis  quidem  nulla  vis 
poterat  illis  lumen  praebere,  nee  si- 
derum  limpidas  flammas  illuminare 
poterant  illam  noctem  horrendam. 
6.  Apparebat  autem  illis  subitaneus 
ignis,  timore  plenus  :  et  timore  per- 
culsi  illius,  quas  non  videbatur  fa- 
ciei, asstimabant  deteriora  esse  quas 
videbantur :  7.  et  *magicae  artis  ap-  ^exocI.  7, 
positi  erant  derisus,  et  sapientias  22  et  8, 7. 
glorias  correptio  cum  contumelia. 
8.  lUi  enim  qui  promittebant  timo- 


2.  Les  /f'nedres,  la  plaie  de  ce  nom 
{Exod.  X,  21-23),  qui  dura  trois  jours. 
Cette  plaie  parait  avoir  ete  produite  par 
un  dechainement  extraordinaire  du  simottin, 
le  khamsin  des  Arabes ;  ce  vent,  soufflant 
en  tempete,  embrase  I'air  d'une  chaleur 
etouffante  et  souleve  des  tourbillons  d'un 
sable  brulant  qui  penetre  partout  et  pent 
amener  la  mort. 

3.  Pensee  :  ayant  cherche  les  tenebres 
pour  pecher,  ils  furent  punis  par  la  plaie 
des  tenebres  :  allusion  probable  aux  mys- 
teres  que  les  paiens  celebraient  pendant  la 
nuit,  et  ou  se  commettaient  souvent  des 
aflions  abominables  (comp.  xiv,  23);  la  plaie 
des  tenebres  les  dispersa  chacun  de  leur 
cote  ou  les  empecha  de  se  reunir.  Disperses 
suppose  la  legon  du  Cod.  Alex.,  EaxopTi'.- 
afiTjfTxv  :  d'aulres  lisent  £!Txo-ia6riaav:  ...avec 
leiirs  peches  secrets  sous  le  voile  epais  de 
Poiibli,  ilsfuretit  soiidain  ploiiges  dans  les 
fe'nebres,  saisis,  etc.  —  E^rayes  par  des  fan- 
tomes;  Vulg.,  troubles  par  lai  extreme  e'toJi- 
nement. 


Ici  et  plus  loin,  I'auteur  ajoute  au  r^cit 
biblique  des  circonstances  qu'il  tenait  sans 
doute  de  la  tradition. 

4.  Les  reduits^  les  endroits  les  plus  retires 
des  maisons,  peut-etre  meme  les  tombeaux 
ou  les  Egyptiens  cherchaient  un  refuge.  — 
Des  bruits  (Cod.  Vat.  EXTapaaaovxsc,  ef- 
frayants),  les  bruits  de  I'ouragan  dechaine. 

5.  A'e  pouvait  eclairer ;  le  grec  utteixcvov 
se  traduirait  peut-etre  mie\ix,n''osait eclairer. 

6.  Ufte  masse  de  feti,  une  lumiere  elecflri- 
que,  des  eclairs,  ou  mieux  des  nuages  de 
sable  brulant,  dont  la  rougeur  semblait  em- 
braser  I'atmosphere.  —  Shillumant  d^ellc- 
meme,  Vulg.,  soicdaine.  —  De  cette  vision, 
de  ce  feu  dont  ils  ne  distinguaient  pas  la 
matiere  ou  le  foyer;  selon  d'autres  :  de  cette 
vision  aux  formes  vagues  et  indeterminees. 
—  Plus  teiribles  qu'elles  ne  I'etaient  en 
effet;  ou  bien  :  plus  terribles  que  s'ils  avaient 
pu  les  expliquer. 

7.  A  bout,  impuissant  soit  a  les  preserver 
eux-memes,  soit  a  rassurer  les  autres.  — 
La  sagesse,  ici,  la  science  de  choses  occultes. 


494       LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XVII,  9—20;  XVIII,  i,  2. 


mes  d'une  peur  ridicule.  9  Car  aiors 
meme  qu'il  n'y  avait  aucun  objet  ter- 
rible pour  leur  inspirer  de  la  crainte, 
le  passage  des  animaux  et  le  siffle- 
ment  des  serpents  les  terrifiaient,  et 
ils  mouraieut  de  fraj'eur,  se  refusant 
a  voir  cet  air  auquel  nul  ne  peut 
echapper.  —  '^Car  la  perversite  est 
craintive,  condamnee  qu'elle  est  par 
son  propre  temoignage ;  dans  le  trou- 
ble de  sa  conscience,  elle  s'exagere 
toujours  le  mal.  "  La  crainte,  en  effet, 
n'est  pas  autre  chose  que  1 'abandon 
des  moyens  de  salut  que  pourrait 
apporter  la  reflexion.  ^^L'esperance 
etant  moindre  au  fond  du  coeur,  on 
s'effraie  d'autant  plus  d'ignorer  la 
cause  qui  produit  le  tourment.  -  — 
13  Eux,  pendant  cette  nuit  d'impuis- 
sance, sortie  des  profondeurs  du  scheol 
cgalemejit  impuissant,  en  dorm  is  du 
meme  sommeil,  Metaient  tantot  agi- 
tes  par  la  crainte  des  spe6lres,  tantot 
abattus  par  la  defaillance  de  leur 
ame,  car  une  epouvante  subite  et 
inattendue  s'etait  repandue  sur  eux. 
15  De    meme    tous   les   autres,    quels 


qu'ils  fussent,  tombant  sans  force, 
etaient  retenus  la  comme  enfermes 
dans  une  prison  ou  il  n'y  avait  pas 
de  chaines  de  fer.  ^^Le  laboureur,  le 
berger,  I'ouvrier  occupe  aux  rudes 
travaux  de  la  campagne,  surpris  par 
le  fleau,  etaient  soumis  a  inevitable 
necessite,  car  tous  etaient  lies  par  la 
meme  chaine  de  tenebres.  i7Le  vent 
qui  sifflait,  le  chant  melodieux  des 
oiseaux  dans  les  rameaux  epais  des 
arbres,  le  bruit  des  eaux  precipitant 
leur  cours.  i^jg  fracas  des  pierres  qui 
roulaient,  la  course  invisible  des  ani- 
maux bondissants,  les  hurlements 
des  betes  feroces,  I'echo  se  repercu- 
tant  sur  les  flancs  eleves  des  monta- 
gnes,  tout  les  faisait  pamer  d'effroi. 
i9Car  tandis  que  tout  le  reste  de  I'uni- 
vers  etait  eclaire  d'une  lumiere  bril- 
lante  et  se  livrait  sans  obstacle  a  ses 
travaux,  ^ogur  eux  seuls  s'etendait 
une  nuit  pesante,  image  des  tenebres 
qui  devaient  les  recevoir ;  mais  ils 
etaient  encore  plus  a  charge  a  eux- 
memes  que  les  tenebres. 


Chap. 
XVIII. 


CHAP.  XVIII. —  Suite  du  chap,  precedent  [vers,  i  —  4].  Contraste 
dans  I'aftion  de  la  mort  [5  —  25]. 


qu'eussent  ete  leurs  soufTrances  ante- 
rieures,  ils  les  proclamaient  heureux. 
2  Et  parce   que  votre   peuple,  apres 
voix  sans  voir  leur  visage,  et  quelles  |  avoir   ete   maltraite,  ne  se   vengeait 


^^^Ependant  une  grande  lumiere 
brillait  pour  vos  saints;  les 
Egyptiens    entendaient    leur 


9.  Preuve  de  la  peur  des  magiciens. 

Le  passage  des  animaux  qui  s'enfuyaient 
effrayes.  —  Cet  air  auquel  nul  ne  peut 
echapper  (comp.  vii,  3)  :  ils  n'osaient  regar- 
der  autour  d'eux,  de  peur  de  rencontrer  des 
sujets  d'epouvante. 

10-12.  Reflexion  del'auteur  sur  le  remords 
et  la  crainte. 

10.  Par  son  propre  temoig)iai:i;e,  en  lisant 
iSto)  ixaptopi  (Cod.  Alex.).  La  le^on  '.0110? 
;j.2pTup£!  (Cod.  Vat.)  donne  ce  sens  :  car  la 
perversite  est  nattirellenient  craintive ;  elle 
le  prouve  lorsqu^elle  rencontre  le  cluitinient ; 
ou  bien  :  la  perversite  naturelletnent  crain- 
tive se  inontre-t-elle  quand  elle  est  condam- 
nee au  chdtiment.  Y^xXg.,  elle  rend  temoi- 
gnage a  la  justice  de  sa  condamnation.  — 
Elle  s'exagh-e,  etc.  :  elle  est  disposee  a 
croire  le  mal  qui  la  frappe  ou  la  menace 


plus  grand  qu'il  n'est  en  effet.  D'autres,  avec 
la  Vulg.  (qui  a  lu  peut-etre  TrposiXT^tps  au 
lieu  de  7rpo(Ti'.'XT,-j£),  elle  attend  toujours  le 
malkeur,  des  chatiments  rigoureux. 

12.  Uesperance  d'un  secours,  du  salut. — 
Oti  s^effraie,  etc. ;  ou  bien  :  on  estime  la  de- 
tresse  (ou  Ton  se  trouvej/J/r^  (un  plus  grand 
mal)  que  la  cause  meme  (les  tenebres)  qui 
produit  le  tourment. 

13.  Eux,  les  magiciens.  —  Cette  nuit, 
litt.  impuissante.  —  Scheol,  ou  sejour  des 
niorts,  impuissant,  n'ayant  aucun  pouvoir 
sur  les  habitants  de  la  terre.  —  Dormant  le 
me?ne  sommeil  que  les  autres  Egyptiens. 

(Jiii,  ajoute  dans  la  Vulg.,  trouble  la 
phrase  latine. 

15.  Des  magiciens,  I'auteur  passe  aux 
autres  habitants  de  I'Egypte  qui,  surpris  au 
dehors   par   le    fleau,  tombaient  par  terre 


[LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XVII,  9—20;  XVIII,  i,  2. 


495 


res  et  perturbationes  expellere  se 
ab  anima  languente,  hi  cum  derisu 
pleni  timore  languebant.  9.  Nam 
etsi  nihil  illos  ex  monstris  perturba- 
bat  :  transitu  animalium  et  serpen- 
tium  sibilatione  commoti,  treme- 
bundi  peribant  :  et  aerem,  quem 
nulla  ratione  quis  efFugere  posset, 
negantes  se  videre.  10.  Cum  sit 
enim  timida  nequitia,  dat  testimo- 
nium condemnationis :  semper  enim 
praesumit  sasva,perturbata  conscien- 
tia.  II.  Nihil  enim  est  timor  nisi 
proditio  cogitationis  auxiliorum. 
12.  Et  dum  ab  intus  minor  est  ex- 
spectatio,  majorem  computat  in- 
scientiam  ejus  causae,  de  qua  tor- 
mentum  prasstat.  I3.111i  autem  qui 
impotentem  vere  noctem,  et  ab  infi- 
mis,  et  ab  altissimis  inferis  super- 
venientem,  eumdem  somnum  dor- 
mientes,  14.  aliquando  monstrorum 
exagitabantur  timore, aliquando  ani- 
mas  deficiebant  traductione  :  subi- 
taneus  enim  illis  et  insperatus  timor 
supervenerat.  15.  Deinde  si  quis- 
quam  ex  illis  decidisset,  custodie- 
batur  in  carcere  sine  ferro  reclusus, 
16.  Si  enim  rusticus  quis  erat,  aut 
pastor,  aut  agri  laborum  operarius 
prasoccupatus  esset,  ineffugibilem 
sustinebat  necessitatem.  17.  Una 
enim    catena    tenebrarum     omnes 


erant  colligati.  Sive  spiritus  sibilans, 
aut  inter  spissos  arborum  ramos 
avium  sonus  suavis,  aut  vis  aquae 
decurrentis  nimium,  18.  aut  sonus 
validus  prascipitatarum  petrarum, 
aut  ludentium  animalium  cursus 
invisus,  aut  mugientium  valida  be- 
stiarum  vox,  aut  resonans  de  altissi- 
mis montibus  echo  :  deficientes  fa- 
ciebant  illos  pras  timore.  19.  Omnis 
enim  orbis  terrarum  limpido  illumi- 
nabatur  lumine,  et  non  impeditis 
operibus  continebatur.  20.  Solis  au- 
tem illis  superposita  erat  gravis  nox, 
imago  tenebrarum,  quae  superven- 
tura  illis  erat.  Ipsi  ergo  sibi  erant 
graviores  tenebris. 

MMMM  M  M  M  '!s>i  ^:  'M  M  M  :<j£  M  jS):  %:  'M  ?»>:  ?t>:  ??>:  ^ 
— :;:—      CAPUT  XVIII.      — ^>— 


Hebrgei  luce  gaudent,  et  ducatum  columnce 
ignis  accipiunt  :  occiduntur  omnia  ^g)'- 
pti  primogenita  ab  Angelo  :  Hebraei  in 
seditione  Core  iram  Dei  provocant;  sed 
in  medio  incendii  liberantur,  offerente 
Aaron  incensum,  et  pro  multitudine  de- 
precante. 


ANCTIS  autem  tuis 'ma- 
xima erat  lux,  et  horum 
quidem  vocem  audiebant, 
sed  figuram  non  videbant. 
non  et  ipsi  eadem  passi 
2.  et  qui 


Exod.  10, 


23- 


Et   quia 

erant,  magnificabant  te 


sans  force,  peut-etre  aussi  obliges  de  se 
coucher  sur  le  sol  pour  donner  moins  de 
prise  a  I'ouragan,  et  restaient  la  immobiles  : 
comp.  Exod.  X,  23. 

Si,  dans  la  Vulg.,  est  probablement  pour 
sic. 

16.  Travaiix  de  la  campagne,  litt.  dti 
desert,  Aes  endroits  oii  il  n'y  avait  pas  d'ha- 
bitations  :  terrassements  pour  canaux,  ex- 
tracflion  de  I'argile,  transports,  etc. 

Esset,  ajoute  par  la  Vulg.  .ne  s'explique 
pas  grammaticalement. 

17.  Le  chant  des  oiseatix  :  sans  compter 
le  rossignol,  il  parait  que  d'autres  oiseaux 
d'Egypte  chantent  pendant  la  nuit.  Peut- 
etre  1  auteur  s'exprime-t-il  ici  oratorio  niodo. 
—  Precipitant  lew  cours  sous  la  violence 
de  I'ouragan. 

18.  Des  pierres  qui  se  detachaient  des 
lieux  Aleves  ou  meme  des  maisons. 

19.  Car  se  rapporte  a  I'ensemble  du  recit. 

20.  Des  tenebres  du  scheol,  ou  sejour  des 


morts,  oil  les  vidlimes  des  plaies  d'Egypte 
allaient  etre  precipitees.  Comp.  Matth.  iii,  7; 
viii,  12;  xxii,  13;  II  Pier,  iii,  4,  17;  Jtid. 
6,  13,  et  Tob.  xiv,  10.  —  A  charge  a  etix- 
memes,  par  le  remords  de  leur  conscience. 

CHAP.    XVIII. 

1.  Vos  saints,  les  Hebreux.  • —  Letas  souf- 
frances,  les  soufifrances  des  Hebreux  oppri- 

mes;  la  vraie  leqon  parait  etre  0  ti  o'Jv  (Cod. 
Vat.).  Le  tradudleur  latin  a  lu  o-it  ouv  (Cod. 
Alex.)  :  etparce  quHls  (les  Hebreux)  n'ctaient 
plus  persecutes,  its  vous  glorifiaient :  te  de 
la  Vulg.  n'est  pas  dans  le  grec. 

2.  Ne  se  vengeait  pas,  a  la  faveur  des 
tenebres  qui  enveloppaient  les  Egyptiens. 
—  De  Pavoir  traitc  en  enneim ;  ou  bien, 
d'avoir  change  de  se7ittinents  a  son  egard 
{Exod.  i,  8). 

Vulg.  :  et  les  Hebieiix  qui  avaient  ete 
autrefois  maltraites,  n'eta7it  plus  tourmen- 
tes,  vous  rendaient  graces  et  vous  deman- 


496 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XVIII,  3—16. 


pas,  ils  lui  rendaient  graces  et  lui  de- 
mandaient  pardon  de  I'avoir  traite  en 
ennemi.  3  A  la  place  de  ces  tenebres, 
vous  avez  donne  a  vos  saints  une 
colonne  de  feu,  guide  dans  une  route 
inconnue,  soleil  inoffensif  pour  leur 
glorieux  pelerinage.  4  lis  meritaient 
bien  d'etre  prives  de  lumiere  et  de 
souffrir  une  prison  de  tenebres,  ceux 
qui  tenaient  enfermes  vos  enfants, 
par  qui  la  lumiere  incorruptible  de 
votre  loi  allait  etre  donneeau  monde. 
'  5 lis  avaient  resolu  de  faire  perir 
les  enfants  des  saints,  et  I'un  de  ces 
derniers  ayant  ete  expose  et  delivre 
pour  leur  chatiment,  vous  leur  avez 
enleve  la  multitude  de  leurs  fils,  et 
vous  les  avez  engloutis  tons  ensemble 
au  sein  des  flots  impetueux.  ^Cette 
nuit  avait  ete  connue  d'avance  par 
nos  peres,  afin  que,  sachant  bien  a 
quelles  promesses  ils  avaient  cru,  ils 
eussent  meilleur  courage.  7Et  ainsi 
votre  peuple  attendit  la  delivrance 
des  justes  et  I'extermination  de  ses 
ennemis.  ^De  meme  que  vous  avez 
chatie  nos  adversaires,  ainsi  vous 
nous  avez  delivres  en  nous  appelant 
a  vous.  9 En  effet,  les  pieux  enfants 
des  saints  patriarcJies  offraient  leur 
sacrifice  en  secret,  et  ils  firent  d'un 


commun  accord  ce  pacle  divin  de 
prendre  part  aux  memes  biens  et 
aux  memes  dangers,  chantant  deja 
les  saintes  hymnes  de  louange  recues 
de  leurs  peres.  ^°Dans  le  meme  temps 
retentissaient  les  cris  discordants  des 
ennemis, et  Ton  entendait  des  plaintes 
lamentables  sur  les  enfants  qu'on 
pleurait.  "  L'esclave  et  le  maitre 
etaient  punis  de  la  meme  peine,  et 
I'homme  du  peuple  souffrait  la  meme 
chose  que  le  roi.  ^^Hs  avaient  tous 
pareillement,  dans  un  seul  genre  de 
mort,  des  morts  sans  nombre,  et  les 
vivants  ne  suffisaient  pas  aux  fune- 
railles,  car  leurs  plus  nobles  rejetons 
avaient  ete  extermines  en  un  instant. 
13  lis  avaient  refuse  de  rien  croire  a 
cause  des  sortileges  de  leurs  niagi- 
ciens ;  quand  arriva  I'extermination 
des  premiers-nes,  ils  reconnurent  que 
ce  peuple  etait  fils  de  Dieu. 

14  Pendant  qu'un  paisible  sommeil 
enveloppait  tout  le  pays  et  que  la 
nuit,  dans  sa  course  rapide,  avait 
atteint  le  milieu  de  sa  carriere,  ^Svotre 
Parole  toute-puissante  s'elanca  du 
haut  du  ciel,  de  son  trone  royal, 
comme  un  guerrier  impitoyable,  au 
milieu  d'une  terre  vouee  a  I'extermi- 
nation,  Important  comme  un  glaive 


daient  la  faveur  que  leur  sort  fut  toujours 
different  de  celui  des  E^yptiens ;  ou  bien  : 
guHl  y  eiit  toujours  entre  eux  et  les  Eg^yp- 
tiens  U7ie  separation  :  les  tenebres  avaient 
commence  cette  separation,  la  colonne  de 
nuee  la  continua  (E.vod.  xi,  7). 

3.  A  la  place;  Vuly.,  c''est  pourquoz.  — 
Une  colotme  de  feti  :  voy.  Exod.  xiii,  21.  — 
Soleil  inoffensif,  dont  les  feux  n'incommo- 
daient  pas  les  Hebreux  en  marche  :  comp. 
Ps.  cxxi,  6. 

4.  La  lumiere  incorruptible,  t.'^  par  la  meme 
imperissable  (comp.  Matth.  v.  17).  —  Au 
monde  :  les  revelations  faites  au  peuple 
hebreu  n'etaient  pas  seulement  pour  lui, 
mais  pour  le  monde  entier.  Cette  verite, 
deja  proclamee  par  les  prophetes  (/•.?. xxii,  27; 
/.f.  ii,  I  sv.  Mich,  iv,  i  sv.)  est  exprimee  plus 
clairement  encore  dans  les  livres  postdrieurs 
{Tob.  xiii,  11 ;  xiv,  6). 

5.  Lun  de  ces  derniers,  Moise,  expose  sur 
le  Nil.  —  Vous  leur  avez  enleve,  en  faisant 
mourir  leurs  premiers-nes,  etc. 

6.  Nos  peres,    les    anciens    patriarches, 


Abraham,  etc.;  ce  sont  eux  que  I'auteur  de 
ce  livre  designe  toujours  sous  ce  nom  : 
comp.  Gen.  xv,  13,  14;  xxii,  16  sv.  xxvi,  3  sv. 
D'autres  cependant  entendent  par  la  les  Is- 
raelites vivant  en  Egypte.  instruits  d'avance 
par  Moise  de  tous  les  details  de  la  lo^  plaie 
{Exod.  xi,  4  sv.  xii,  21  sv.). 

7.  Attendit;  Vulg.  apprit,  regut  la  nou- 
velle.  —  De  ses  etitieniis,  Vulg.  des  injustes. 

8.  De  vthne  que,  gr.  tb<;  (cod.  Alex.).  Le 
cod.  Vat.  lit  o)  :  du  inhne  coup  dont  vous 
avez  chatie...  vous  ?tous  avez  glorifies.  Le 
sens  est  le  meme  au  fond  :  la  mort  des  pre- 
miers-nes des  Egyptiens,  etroitement  liee  a 
I'institution  de  la  Paque  fut  le  moyen  dont 
Dieu  se  servit  pour  delivrer  les  Israelites 
et  se  les  attacher  comme  son  peuple  par- 
ticulier. 

Au  lieu  de  -ooj/,aX£ja;j.£voc,  advocans,  la 
Vulg.  parait  avoir  lu  :  TpoxaAsjifxivo^,  pro- 
7'ocafis. 

9.  Les  pieux  enfants  des  patriarches,  heri- 
tiers  des  benedidlions  et  des  promesses  que 
ceux-ci  avaient  regues.  —  Leur  sacrifice  :  la 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XVIII,  3—16. 


497 


ante  laesi  erant,  quia  non  lasdeban- 
tur,  gratias  agebant :  et  ut  esset  dif- 
ferentia, donum  petebant.  3.  *  Pro- 
pter quod  ignis  ardentem  columnam 
ducem  habuerunt  ignotae  viae,  et 
solem  sine  laesura  boni  hospitii  pras- 
stitisti.  4.  Digni  quidem  illi  carere 
luce,  et  pati  carcereni  tenebrarum, 
qui  inclusos  custodiebant  filios  tuos, 
per  quos  incipiebat  incorruptum  ]e- 
gis  lumen  saeculo  dari. 

5.  ^Cum  cogitarent  justorum  oc- 
cidere  infantes  :  et  "^uno  exposito 
filio,  et  liberato,  in  traductionem 
illorum,  multitudinem  filiorum  abs- 
tulisti,  et  ^pariter  illos  perdidisti  in 
aqua  valida.  6,  Ilia  enim  nox  ante 
cognita  est  a  patribus  nostris,  ut 
vere  scientes  quibus  juramentis 
crediderunt,  animasquiores  essent. 
7.  Suscepta  est  autem  a  populo  tuo 
sanitas  quidem  justorum,  injusto- 
rum  autem  exterminatio.  8.  Sicut 
enim  lassisti  adversarios  :  sic  et  nos 
provocans  magnificasti.  9.  Absconse 
enim  sacrificabant  justi  pueri  bono- 
rum,  et  justitiae  legem  in  concordia 


disposuerunt  :  similiter  et  bona  et 
mala  recepturos  justos,  patrum  jam 
decantantes  laudes.  10.  Resonabat 
autem  inconveniens  inimicorum 
vox,  et  flebilis  audiebatur  planctus 
ploratorum  infantium.  11.  ^Simili 
autem  poena  servus  cum  domino 
afflictus  est,  et  popularis  homo  regi 
similia  passus.  12.  Similiter  ergo 
omnes  uno  nomine  mortis  mortuos 
habebant  innumerabiles.  Nee  enim 
ad  sepeliendum  vivi  sufficiebant  : 
quoniam  uno  momento,  quas  erat 
prasclarior  natio  illorum,  extermi- 
nata  est.  13.  De  omnibus  enim  non 
credentes  propter  veneficia,  tunc 
vero  primum  cum  fuit  exterminium 
primogenitorum,  spoponderunt  po- 
pulum  Dei  esse. 

14.  Cum  enim  quietum  silentium 
contineret  omnia,  et  nox  in  suo 
cursu  medium  iter  haberet,  15.  om- 
nipotens  sermo  tuus  de  coelo  a  re- 
galibus  sedibus,  durus  debellator  in 
mediam  exterminii  terram  prosili- 
vit,  16,  gladius  acutus  insimulatum 
imperium  tuum  portans,  et   stans 


>^Exod,  12, 
30. 


Paque  etait  un  veritable  sacrifice  :  comp. 
Exod.  xii,  27 ;  xxiii,  18;  Dent,  xvi,  5  sv. 
Hebr.  xi,  28.  —  En  secret,  dans  chaque  mai- 
son  {Exod.  xii,  13,  46  :  comp.  Exod.  viii,  26. 

—  Ce  pade  divin,  conforme  k  la  volonte  de 
Dieu,  ou  inspire  par  lui ;  Vulg.  equitable, 
en  gr.  oatdxTjio;,  au  lieu  de  ^t'.oxt\xoc,.  — 
Chantant  dejd,  ou  pour  la  premiere  fois, 
pendant  le  repas  pascal.  —  De  leurs  peres, 
les  patriarches  a  qui  avaient  et^  faites  les 
promesses  qui  etaient  sur  le  point  de  s'ac- 
complir.  Le  cod.  Vat.  lit  TrpoavaasXTrovxtuv 
au  gen.  :  les  peres  (Moise  et  Aaron)  chantant 
dejd  les  saintes  lottanges  dans  des  cantiques 
composes  par  eux. 

10.  Cris  des  ennemis  :  voy.  Exod.  xii,  31. 

11.  Comp.  Exod.  xii,  29. 

12.  Ne  suffisaient  pas  :  comp.  Nombr. 
x  xxiii,  4.  L'embaumement  des  morts  chez 
les  Egyptiens  demandait  plusieurs  semaines, 
et  les  ceremonies  funebres  etaient  fort  lon- 
gues.  —  Leurs  plus  nobles  rejetons,  les  pre- 
miers n^s      comp.  Ps.  cvi,  36. 

13.  De  r:ien  croire,  de  croire  aux  avertis- 
sements  et  aux  menaces  que  Dieu  leur 
adressait  par  la  bouche  de  Moise  et  d'Araon. 

—  De  leurs  magiciens,  qui  operaient  des 
prodiges  assez  semblables  a  ceux  de  Moise. 

—  Fils  de  Dieu  :  Israel  est  ainsi  appele  par 


Seigneur 


lui-meme  Exod.  iv,  22  sv. 
Comp.  Jer.  xxxi,  9,  20 ;  Osee,  xi,  I ;  Maith. 
ii,  15. 

15.  Voire  Parole,  expression  de  la  puis- 
sance divine  personnifiee  :  comp.  Osee,  vi,  5 
et  surtout  Ps.  cxlvii,  15.  L'auteur  avait  sans 
doute  en  vue  I  Par.  xxi,  16,  sur  I'ange  ex- 
terminateur.  —  Co/nine  un  guerrier :  comp. 
Exod.  XV,  3. 

Dans  le  missel  romain,  ces  deux  versets 
forment  Vtntroit  de  la  messe  du  dimanche 
dans  I'odlave  de  Noel.  Expression  solennelle 
du  grand  aifle  de  puissance  divine  qui  de- 
vait  mettre  fin  a  la  servitude  des  Hebreux 
et  en  faire  un  peuple  saint,  depositaire  des 
promesses  messianiques,  ces  paroles  ont  pu 
etre  appliquees  par  I'Eglise  a  la  nuit  bien- 
heureuse  ou  un  a(fle  plus  grand  encore  de 
cette  meme  puissance  fit  descendre  du  ciel 
le  Fils  de  Dieu  pour  la  delivi-ance  et  le  salut 
de  I'humanite  tout  entiere. 

16.  Dans  la  Vulg.,  glaive  aigu  figure 
comme  apposition  a  voire  parole.  —  Elle 
aiteignaii  le  ciel :  comp.  la  description  de 
la  Discorde  dans  Homere  (//.  iv,  443)  et 
celle  de  la  Renommee  dans  Virgile  (Aen. 
iv,  177);  cette  expression  doit  signifier  que 
le  commandement  divin  passa  en  un  instant 
du  ciel  sur  la  terre.  * 


N°  23. 


LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV. 


■  32 


498       LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XVIII,  17—25;  XIX,  1—4. 


Ch.  XIX. 


aigu  votre  irrevocable  decret;  elle 
etait  la,  remplissant  tout  de  mort; 
elle  atteignait  le  ciel  et  se  tenait  sur 
la  terre.  i7Aussit6t  des  visions  de 
songes  effrayants  les  troublerent  et 
des  terreurs  inattendues  tomberent 
sur  eux.  ^^Jetes  par  terre  9a  et  la  a 
demi  morts,  ils  revelaient  la  cause 
pour  laquelle  ils  mouraient.  i9Car  les 
visions  qui  les  troublaient  la  leur 
avaient  revelee,  afin  qu'ils  ne  mou- 
russent  pas  sans  savoir  pourquoi  ils 
etaient  frappes. 

-°L'epreuve  de  la  mort  atteignit 
aussi  les  justes,  et  il  y  eut  dans  le 
desert  une  destru6lion  de  la  multi- 
tude; mais  votre  colere  ne  dura  pas 
longtemps.  ^iCar  un  homme  sans 
reproche  se  hata  de  combattre  pour 
les  coupables ;  prenant  les  armes  de 
son  ministere,  la  priere  et  I'encens 
expiatoire,  il  resista  a  la  colere  divine 


et  fit  cesser  le  fleau,  montrant  qu'il 
etait  votre  serviteur.  22II  vint  a  bout 
de  cette  sedition,  non  par  la  force 
corporelle,  ni  par  la  puissance  des 
armes;  mais  il  dompta  par  la  parole 
celui  qui  les  chatiait,  en  rappelant 
a  Dieu  les  serments  qu'il  avait  faits 
aux  patriarches  et  ses  alliances  avec 
eux.  ^sLorsque  deja  les  morts  etaient 
tombes  par  monceaux  les  uns  sur  les 
autres,  s'interposant,  il  arreta  le  cours 
de  la  colere  et  ferma  a  F Exterviina- 
teiir  le  chemin  des  survivants.  24 Car 
sur  la  robe  qui  tombait  jusqu'a  terre 
etait  tout  I'univers ;  les  noms  glorieux 
des  patriarches  etaient  graves  sur  les 
quatre  rangees  de  pierres  precieuses, 
et  votre  majeste  sur  le  diademe  de  sa 
tete.  ^sDevant  ces  symboles  sacres, 
I'Exterminateur  se  retira,  a  leur  vue 
il  fut  effraye  ;  car  la  seule  experience 
de  votre  colere  etait  suffisante. 


CHAP.  XIX. —  Contraste  entre  les  Israelites  et  les  Egyptiens  quant  a  Taction 
des  puissances  naturelles  sur  les  uns  et  sur  les  autres  [vers,  i — 12]. 
Comparaison  entre  les  Egyptiens  et  les  habitants  de  Sodome  [13  — 17]. 
Resume  de  toute  la  deuxieme  partie  du  livre  [18-22]. 


Ais  une  colere  sans  miseri- 
corde  poursuivit  les  impies 
jusqu'a  la  fin.  Car  Dieu  savait 
d'avance  quelle  serait  leur  conduite. 
^Qu'apres  avoir  permis  aux  justes  de 
s'en  aller  et  presse  leur  depart  avec 
grande  instance,  ils  en  auraient  du 
regret  et  se  mettraient  a  leur  pour- 


suite.  3  En  eftet,  ils  n'avaient  pas  en- 
core acheve  leurs  ceremonies  fune- 
bres,  et  ils  se  lamentaient  encore  aux 
tombeaux  de  leurs  morts,  qu'ils  s'en- 
gagerent  dans  un  autre  dessein  de 
folie,  et  poursuivirent  comme  des 
fugitifs  ceux  qu'ils  avaient  conjures 
de  s'eloigner.  ■+Une  juste  necessite  les 


17.  Atcssitot  que  I'ordre  divin  fut  donne. 
—  Les  trotiblt-ren/  :  les  premiers-nes.  — 
Des  terreurs  hiatteiidiies,  presage  du  coup 
qui  allait  les  frapper. 

18.  La  caiise^  etc.  :  leur  mort  etait,  non  un 
accident  nature!,  mais  un  chatiment  de 
Dieu.  Le  mot  mortis  est  ajoutd  a  tort  a  la 
fin  du  verset  dans  la  Vulg. 

20.  L'epretive,  ou  Vexperience  de  la  tnort  : 
allusion  a  la  revoke  de  Core  et  d'Abiron,  et 
au  chatiment  qui  en  fut  la  suite  {NoiiiOr. 
xvi,  46). .         ^ 

Tunc  ajoute  par  la  Vulg.  trouble  le  sens. 

21.  Un  hotnme  sans  reproclte,  le  grand 
pretre  Aaron.  —  De  coinbattrej  la  Vulg. 
rend  la  pensee,  d^tnterceder.  —  Les  armes 
de  son  ministere,  la  puissance  d'intercession 
attach^e  au  souverain  sacerdoce  dont  il  etait 


revetu.  —  Voire  serviteur,  le  pretre  choisi 
par  vous. 

22.  Tous  les  anciens  manuscrits  et  toutes 
les  anciennes  versions  lisent  o/Xov.  Plusieurs 
critiques  modernes  conjeflurent  ing^nieuse- 
ment  qu'o/Xov  serait  une  meprise  de  copiste, 
fort  ancienne,  pour  /ciXov,  la  colere  divine. 
—  Cehii  qui  les  chatiait,  le  chatiment  per- 
sonnifie. 

23.  S'interposant  entre  les  morts  et  les 
vivants  {Nomdr.  xvi,  47).  —  L'Extcrmina- 
teur  :  la  puissance  de  la  mort  personnifiee; 
nous  empruntons  ce  mot  au  vers.  25. 

24.  La  rode  du  grand  pretre  :  voy.  Exod. 
xxviii,  4,  31;  comp.  Apoc.  i,  13.  —  Tout 
Vu7iivers  etait  figure  par  cette  robe,  ce  que 
Philon  explique  ainsi  :  Par  sa  couleur  bleue, 
qui  est  celle  de  I'air,  elle  figure  le  ciel;  les 


LIBER  SAPIENTMt.     Cap.  XVIII,  17—25;  XIX,  1—4. 


499 


replevit  omnia  morte,  et  usque  ad 
coelum    attingebat    stans  in   terra. 

17.  Tunc  continue  visus  somnio- 
rum  malorum  turbaverunt  illos,  et 
timores    supervenerunt    insperati. 

18.  Et  alius  alibi  projectus  semivi- 
vus,  propter  quam  moriebatur,  cau- 
sam  demonstrabat  mortis.  19.  Vi- 
siones  enim,  quae  illos  turbaverunt, 
base  prasmonebant,  ne  inscii,  quare 
mala  patiebantur,  perirent. 

20.  Tetigit  autem  tunc  et  justos 
tentatio  mortis,  et  commotio  in  ere- 
mo  facta  est  multitudinis  :  sed  non 

.im.  16,  diu  permansit  ira  tua.  21.^  Prope- 
rans  enim  homo  sine  querela  depre- 
cari  pro  populis,  proferens  servitu- 
tis  suae  scutum,  orationem  et  per 
incensum  deprecationem  allegans, 
restitit  iras,  et  finem  imposuit  ne- 
cessitati,  ostendens  quoniam  tuus 
est  famulus.  22.  Vicit  autem  turbas, 
non  in  virtute  corporis,  nee  arma- 
turas  potentia,  sed  verbo  ilium,  qui 
se  vexabat,  subjecit,  juramenta  pa- 
rentum,  et  testamentum  commemo- 
rans.  23.  Cum  enim  jam  acervatim 
cecidissent  super  alterutrum  mor- 
tui,  interstitit,  et  amputavit  impe- 
tum,  et  divisit  illam,  quae  ad  vivos 

od. s8,  ducebat  viam.  24.  ''In  veste  enim 
poderis,  quam  habebat,  totus  erat 


orbis  terrarum  :  et  parentum  ma- 
gnalia  in  quatuor  ordinibus  lapi- 
dum  erant  sculpta,  et  magnificentia 
tua  in  diademate  capitis  illius  scul- 
pta erat.  25.  His  autem  cessit  qui 
exterminabat,  et  haec  extimuit:  erat 
enim  sola  tentatio  irae  sufficiens. 

— :l:—      CAPUT   XIX,       — *— 

Hebrasos  persequentes  yEgyptii,  mari  ab- 
sorpti  sunt,  muscis  et  ranis  antea  vexati; 
Hebrsis  vero  concupitas  carnes  accipien- 
tibus,  impii  inhospitales  percutiuntur 
cscitate  :  elementa  Deo  serviunt  in  affli- 
flione  malorum,  et  obsequio  bonorum. 

MPIIS  autem  usque  in  no- 
vissimum  sine  misericor- 
dia  ira  supervenit.  Pras- 
sciebat  enim  et  futura  illo- 
rum  :  2.  quoniam  cum  ipsi  permi- 
sissent  ut  se  educerent,  et  cum 
magna  soUicitudine  praemisissent 
illos,  consequebantur  illos  poeniten- 
tia  acti.  3.  "Adhuc  enim  inter  manus 
habentes  luctum,  et  deplorantes 
ad  monumenta  mortuorum,  aliam 
sibi  assumpserunt  cogitationern  in- 
scientiae  :  et  quos  rogantes  projece- 
rant,  hos  tamquam  fugitives  perse- 
quebantur  :  4.  ducebat  enim  illos 
ad  hunc  finem  digna  necessitas  :  et 


fleurs  qui  sont  au  bas  sont  le  symbole  de  la 
terre,  les  grenades  celui  de  I'eau,  et  les  son- 
nettes  representent  I'harmonie  et  la  sym- 
phonie  de  toutes  ces  choses.  Selon  d'autres, 
la  robe  du  grand  pretre  figurerait  les  quatre 
elements  :  I'air  par  sa  couleur,  la  terre  par 
le  lin,  le  feu  par  I'or  et  la  mer  par  les  gre- 
nades. Loch  et  Reischl  :  la  couleur  bleue 
est  le  symbole  du  ciel,  le  byssus  ou  lin  dont 
la  robe  est  faite  celui  de  la  lumiere  et  de 
toute  crdature  pure,  la  pourpre  I'image  de 
la  vie  et  I'or  I'embleme  de  la  gloire.  —  Les 
noms  glorieux  (litt.  les  gloires)  des  douze 
patriarches,  peres  des  douze  tribus,  graves 
stir  les  pierres  precieuses  du  rational  ou  pec- 
toral du  grand  pretre  {Exod.  xxviii,  17-21). 
—  Voire  inajeste,  etc.  :  sur  la  lame  d'or  ser- 
vant de  diademe  au  grand  pretre  ^taient 
graves  ces  mots  :  Saint  du  Seigneur  {Exod. 
xxviii,  36;  xxxix,  30). 

25.  //  ftit  effraye  :  lire  iooSTjOt]  —  Eiait 
suffisante  :  la  justice  et  la  misericorde  di- 
vines avaient  egalement  satisfa<fl;ion. 


CHAP.  XIX. 

1.  Les  impies,  les  Egyptiens,  ^W^w'rt  la 
fi?t,  leur  entiere  destruflion.  —  Leur  con- 
duite  est  expliquee  au  vers.  2  :  non  pas  que 
Dieu  punisse  d'avance  des  peches  prevus, 
mais  non  commis  a(fluellement;  la  docflrine 
de  I'auteur  est  que,  quand  les  hommes  ne 
profitent  pas  des  graces  qui  leur  ont  ete 
donnees,  Dieu,  prevoyant  que  des  graces 
ulterieures  seraient  egalement  sans  effet, 
laisse  un  libre  cours  au  chatiment. 

2.  Leur  avoir  pertnis,  en  lisant  comme  la 
Vulg.  iTC(Tf,£'J;av-c£;  (cod.  Alex.).  Deane  pre- 
fere  la  leqon  plus  difficile  du  cod.  Vat., 
£-'.c7-p£'iavx£c,  apres  s'etre  ocaipes  de  les 
faire  partir,  y  avoir  travaille.  —  Presse  leur 
depart  :  voy.  Exod.  xii,  31-33,  39-  —  ^  ^^"^ 
poursuite  :  voy.  Exod.  xiv,  5  sv. 

3.  Acheve  les  ceremonies  fntiebresj  litt., 
les  deuils  etaient  encore  dans  leurs  inains. 

4.  Une  juste  necessite',  d'ordre  moral,  con- 
sequence de  I'endurcissement  volontaire  des 


"  Exod.  14, 

5- 


500 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XIX,  5—18. 


entrainait  a  cctte  fin  et  leur  faisait 
oublier  ce  qui  venait  de  leur  arriver, 
afin  qu'ils  subissent  dans  sa  pleine 
mesure  le  chatiment  qui  manquait 
encore  a  leurs  precedents  supplices, 
5et  que,  tandis  qu'un  merveilleux 
passage  etait  accorde  a  votre  peuple, 
ils  trouvassent  une  mort  etrange. 
^Car  la  creation  tout  entiere  fut  trans- 
formee  dans  sa  nature,  obeissant  aux 
commandements  particuliers  qui  lui 
etaient  donnes,  afin  que  vos  enfants 
fussent  conserves  a  I'abri  de  tout  mal. 
7Ainsi  on  vit  une  nuee  couvrir  le 
camp  de  son  ombre;  la  ou  il  y  avait 
auparavant  de  I'eau  apparut  la  terre 
ferme;  la  mer  Rouge  ouvrit  un  libre 
passage,  et  les  flots  impetueux  se 
changerent  en  un  champ  de  verdure. 
8 Ils  y  passerent,  toute  une  nation, 
ayant  sous  les  yeux  de  merveilleux 
prodiges.  9Comme  des  chevaux  en 
paturagc,  comme  des  agneaux  bon 
dissants,  ils  vous  glorifiaient  Seigneur, 
vous  leur  liberateur.  ^oCar  ils  se  rap- 
pelaient  que,  durant  leur  exil,  a  la 
place  des  autres  animaux,  la  terre  ne 
produisit  que  des  moustiques,  et  le 
fleuve,  au  lieu  de  poissons,  une  mul- 
titude de  grenouilles.  "Plus  tard,  ils 
virent  encore  une  etrange  produ6lion 
d'oiseaux,  lorsque,  pousses  par  la 
convoitise,  ils  demanderent  une  nour- 


riture  delicate.  ^^  Pour  satisfaire  leur 
desir,  des  cailles  monterent  du  cote 
de  la  mer. 

13  Et  le  chatiment  tomba  sur  les 
pecheurs,  non  sans  etre  signale 
d'avance  par  de  violents  eclairs.  Ils 
soufifrirent  justement  pour  leurs  cri- 
mes ;  Hear  ils  avaient  montre  pour 
I'etranger  la  haine  la  plus  odieuse. 
Ceux  (de  Sodome)  ne  voulurent  pas 
recevoir  des  gens  qui  ne  les  connais- 
saient  pas ;  ceux-la  reduisirent  en 
esclavage  des  etrangers  qui  leur 
avaient  rendu  des  services.  ^5  II  y  a 
plus,  car  voici  une  autre  consideration 
en  faveurdes  premiers  rc'est  en  enne- 
mis  qu'ils  recevaient  ces  etrangers, 
16  tandis  que  les  autres  accueillirent 
d'abord  votre  peuple  avec  des  de- 
monstrations de  joie,  et  apres  I'avoir 
admis  a  la  jouissance  de  leurs  droits, 
ils  I'accablerent  des  plus  cruelles 
souffrances.  ^/Aussi  furent-ils  frap- 
pes  d'aveuglement,  comme  ceux  qui 
assiegeaient  la  porte  du  juste,  lors- 
que, enveloppes  de  tenebres  profon- 
des,  ils  cherchaient  chacun  I'entree 
de  la  porte. 

18  Car  les  elements  echangaient 
leurs  proprietes,  comme  dans  le  psal- 
terion  les  sons  changent  de  rythme 
tout  en  restant  les  memes.  C'est  ce 
qu'on  pent  voir   clairement   par  les 


Egyptiens  :  voy.  la  note  du  vers.  i.  —  A  cettc 
fin,  i\  cette  derni^re/^VzV  qui  devait  les  per- 
dre. —  Ce  qui  venait  de  leur  arriver^  les  pre- 
cedents fleaux,  et  specialement  la  mort  de 
leurs  premiers-nes.  —  Qii'ils  snhissent  dans 
sa  pleine  mesure,  en  gr.  itpoaavaTrATiptojdJT' 
(cod.  Alex.). 

5.  Un  merveilleux  passas;e  a  tra\ers  la 
mer  Rouge.  —  Une  mort  etrange,  produite 
par  une  cause  miraculeuse. 

6.  Car  introduit  une  reflexion  philosophi- 
que  sur  le  role  des  creatures  entre  les  mains 
de  Dieu.  -  Fut  transformee,  litt.  formee  de 
tiouveau,  et,  d'apres  la  Vulg.,  ramenee  ^  ce 
qu'elle  etait  a  I'origine,  la  servante  de 
I'homme.  —  Comtnandements  particuliers  : 
la  pensee  est  expliquee  au  verset  suiv. 

7.  Le  camp  des  Hebreux  :  voy.  Exod. 
xiii,  21  sv.  xiv,  19  sv.  —  Un  champ  de  ver- 
dure :  amplification  poetique,  et  peut-etre 
allusion  aux  plantes  qui  tapissaient  le  fond 
de  la  mer  Rouge,  appelee  pour  cette  rai- 


son  par  les  Hebreux  yam  souf,  mer  des 
algues. 

8.  Toute  une  nation,  opposition  au  sujet 
du  verbe.  Le  cod.  Sin.  lit.  TravsOvt,  en  corps 
de  nation  :comp.  Exod.  x,  9. 

10.  lis  se  rappelaient,  et  ce  souvenir  ajou- 
tait  encore  a  leur  joie.  Sens  :  pendant  la 
2^  et  la  3^  plaie  {Exod.  viii),  les  animaux 
ordinaires,  soit  terrestres,  soit  aquatiques, 
semblaient  avoir  disparu;  on  ne  voyait  plus 
que  des  moustiques  et  des  grenouilles. 

\\.\oy.  E.xod.  xvi,  xy,  Nombr.  xi,  13. 
Com  p.  Ps.  Ixxviii,  26  sv. 

12.  Des  cailles,  apportees  par  le  vent  qui 
souffiait  du  cote  de  la  mer  \Nombr.  xi,  31). 

13.  Ici  commence  un  nouveau  paragra- 
phe;  la  mention  de  la  mer  eveille  dans  I'es- 
prit  de  I'auteur  la  pensee  du  chatiment  des 
Egyptiens  submerges  dans  la  mer  Rouge. 
—  De  violents  eclairs  :  Jos^phe  {Antiq.  II, 
xvi,  3)  nous  apprend  que  le  jugement  sur 
les  Egyptiens  fut   precede  d'une   tempete 


LIBER  SAPIENTI^.     Cap.  XIX,  5  — ig. 


501 


horum,  quae  acciderant,  commemo- 
rationem  amittebant,  ut  quas  deerant 
tormentis,  repleret  punitio  :  5.  et 
populus  quidem  tuus  mirabiliter 
transiret,  illi  autem  novam  mortem 
invenirent.  6.  Omnis  enim  creatura 
ad  suum  genus  ab  initio  refiguraba- 
tur,  deserviens  tuis  prasceptis,  ut 
pueri  tui  custodirenturillassi.y.Nam 
nubes  castra  eorum  obumbrabat,  et 
ex  aqua,  quas  ante  erat,  terra  arida 
apparuit,  et  in  mari  rubro  via  sine 
impedimento,et  campus  germinans 
de  profundo  nimio  :  8.  per  quern 
omnis  natio  transivit,  quas  tegeba- 
tur  tua  manu,  videntes  tua  mirabi- 
lia  et  monstra.  9,  Tamquam  enim 
equi  depaveruntescam,et  tamquam 
agni  exsultaverunt,  magnificantes  te 
Domine,  qui  liberasti  illos.  10.  Me- 
mores  enim  erant  adhuc  eorum, quae 
in  incolatu  illorum  facta  fuerant, 
quemadmodum  pro  natione  anima- 
lium  eduxit  terra  muscas,  et  pro 
piscibus  eructavit  fluvius  multitu- 

jod.  16,  dinem  ranarum.  1 1 .  *Novissime  au- 
Num.     tem    viderunt    novam    creaturam 

16,2"  avium,  cum  adducti  concupiscen- 
tia  postulaverunt  escas  epulatio- 
nis.  12.   In  allocutione  enim  desi- 


derii,  ascendit  illis  de  mari  ortygo- 
metra  : 

Etvexationes  peccatoribus  super- 
venerunt,  non  sine  illis,  quas  ante 
facta  erant,  argumentis  per  vim  ful- 
minum  :  juste  enim  patiebantur  se- 
cundum suas  nequitias.  13.  Etenim 
detestabiliorem  inhospitalitatem 
instituerunt  :  alii  quidem  ignotos 
non  recipiebant  advenas,  alii  autem 
bonos  hospites  in  servitutem  redi- 
gebant.  14.  Et  non  solum  hasc,  sed 
et  alius  quidam  respectus  illorum 
erat  :  quoniam  inviti  recipiebant 
extraneos.  15.  Qui  autem  cum  laeti- 
tia  receperunt  hos,  qui  eisdem  usi 
erant  justitiis,  sasvissimis  afflixerunt 
doloribus.  16.  Percussi  sunt  autem 
cascitate  :  sicut  "illi  in  foribus  justi, 
cum  subitaneiscooperti  essenttene- 
bris,  unusquisque  transitum  ostii 
sui  querebat. 

1 7.  In  se  enim  elementa  dum  con- 
vertuntur,  sicut  in  organo  qualitatis 
sonus  immutatur,  et  omnia  suum 
sonum  custodiunt  :  unde  asstimari 
ex  ipso  visu  certo  potest.  18.  Agre- 
stia  enim  in  aquatica  converteban- 
tur  :  et  quscumque  erant  natan- 
tia,  in  terram  transibant.  19.  Ignis 


violente  accompagnee  de  pluies,  de  greles 
et  de  tonnerre.  Le  Psalmiste  y  fait  allusion 
Ps.  Ixxviii,  16-18.  Comp.  Exod.  xiv,  24  sv. 
—  lis  av Client  nwfitre  tine  /mine  de  I'etran- 
ger ;  Vulg.,  ils  avaiettt  exerce  Vhospitalite 
dhine  maniere  phts  odietise,  par  comparai- 
son  avec  la  conduite  des  Sodomites. 

14.  Ne  vouluretiipas  recevoir :  litote  :  I'au- 
teur  pallie  la  conduite  infame  des  habitants 
de  Sodome  a  I'egard  des  deux  anges  qui 
vinrent  visiter  Lot  {Gen.  xix).  —  Qui  ne  les 
connaissaient pas,  avec  qui  ils  n'avaient  ja- 
mais eu  de  rapport  et  envers  qui  ils  n'^taient 
obliges  en  rien,  par  opposition  a  bonos.  Ce 
mot  n'ayant  pas  ete  compris  des  anciens 
interpretes,  on  a  essaye  de  le  changer,  mal- 
gre  I'accord  de  tous  les  manuscrits;  ainsi  la 
Vulg.  met  ignotos,  des  inconniis.  —  Des 
etratigers,  les  Hebreux  qui  avaient  sauve 
I'Egypte  au  temps  de  Joseph.  Comp.  Exod. 
i,  7.  La  conduite  des  Egyptiens  est  done, 
sous  ce  rapport,  plus  coupable  que  celle  des 
Sodomites. 

15.  Non  setelemetit  cette  difference  est 
vraie.  —  En  ennemis,  sans  dissimuler  leurs 


mauvais  sentiments  sous  les  dehors  d'une 
amitie  hypocrite. 

16.  Les  autres,  les  Egyptiens  :  ici  et 
ailleurs  (ch.  x)  I'auteur  suppose  que  ses  lec- 
teurs  connaissent  assez  la  Bible  pourrccon- 
naitre  les  personnages  dont  il  parle  sans  les 
nomnier.  Comp.  Exod.  i,  ro-14. 

17.  Frappes  d'aveiiglement,  dans  la  plaie 
des  tenebres.  —  Comme  eux,  les  Sodomites, 
furent  frappes  de  cecite  par  les  anges  {Gen. 
xix,  11)  lorsqu'/'/i'  assiegeaient  la  porte  du 
juste,  de  Lot.  —  Tenebres  profondes,  Vulg. 
subites.  —  Eentree  de  sa  porte,  de  la  porte 
du  juste  (en  grec  aoroo.  Le  cod.  Alex,  lit 
ea'j~oj,  ostii  sui  :  la  derniere  moitie  du 
verset  devrait  alors  s'entendre  des  Egyp- 
tiens, ce  qui  s'accorderait  mal  avec  xvii,  2, 17 
coll.  Exod.  X,  23. 

18.  Car,  amene  une  explication  des  mira- 
cles mentionnes  plus  haut.  Sens  :  dans  le 
miracle,  les  elements  restent  les  memes 
quant  k  leur  nature,  quoique  les  operations 
soient  changees. 

19.  Devenaient  aquatiqties  :  allusion  au 
passage  des  Hebreux  avec  leurs  troupeaux 


•^Gen.  19, 


502 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XIX,  19—22. 


faits  qui  se  sont  passes.  i9Les  ani- 
maux  terrestres  devenaient  aquati- 
ques,  et  ceux  qui  nagent  passaient 
sur  la  terre.  20 Le  feu  depassait  dans 
I'eau  sa  vertu  naturelle,  et  I'eau  ou- 
bliait  sa  propriete  d'eteindre.  ^^'D'au- 
tre  part,  la  flamme  n'atteignait  pas  la 
chair   des   freles  animaux   repandus 


partout,  et  ne  fondait  pas  cet  aliment 
celeste,  semblable  au  givre  et  fusible 
comme  lui. 

22  En  toutes  choses.  Seigneur,  vous 
avez  glorifie  votre  peuple,  vous  I'avez 
honore  etvous  ne  I'avez  pas  meprise; 
en  tout  temps  et  en  tout  lieu  vous 
I'avez  assiste. 


a  travers  la  mer  Rouge.  —  Ceux  qui  fiagent, 
les  grenouilles,  dans  la  plaie  de  ce  nom, 
passaient  sur  la  terre  et  remplissaient  les 
maisons  {Exod.  viii,  3  sv.  Ps.  cv,  30). 


20.  Voy.  I'explication  xvi,  17-25. 

21.  Friles  anitnaux,  tels  que  les  saute- 
relles,  envoyes  pour  chatier  les  Egyptiens. 
L'auteur    suppose   poetiquement    qu'il    en 


LIBER  SAPIENTI.E.     Cap.  XIX,  20—22. 


503 


in  aqua  valebat  supra  suam  virtu- 
tem,  et  aqua  exstinguentis  naturas 
obliviscebatur.  20.  Flammas  e  con- 
trario,  corruptibilium  animalium 
non  vexaverunt  carnes  coambulan- 
tium,  nee  dissolvebant  illam,  quae 


facile    dissolvebatur    sicut    glacies, 
bonam  escam. 

In  omnibus  enim  magnificasti  po- 
pulum  tuum,  Domine,  et  honora- 
sti,  et  non  despexisti,  in  omni  tem- 
pore, et  in  omni  loco  assistens  eis. 


existait  encore  au  temps  de  la  plaie  de  la 
grele  et  des  Eclairs  :  voy.  xvi,  18.  Selon 
d'autres,  cette  flamme  serait  celle  des  feux 
que  les  Egyptiens  auraient  allumes  pour  se 
debarasser  de  ces  animaux. 


Pour  la  derniere  partie  du  verset  voy. 
xvi,  22.  Le  sens  est  le  meme  soit  qu'on  lise 
tTjXTo'v  avec  les  anciens  manuscrits,  soit 
qu'on  prefere  la  correction  £tt,xov,  suivie 
par  la  Vulg. 


'0. 


:<g:t?)"^::g):^r5y.^.H:sy.^y.:<?>::t9:^:t^^H^>):^^^^^.^.?>^K>. 


— :•:—  Ecc  liitirc  be  l'6cdE5ieiritiqiu\ 


.1. 


i^i^3^i^j^3^WJ^^^W^3^W^l^^W^'^WM'^W^W3Sn^^?^^^^^H^W^M^WjS 


Introbuction. 


Titre.  La  Vulgate  latine  nomme 
ce  livre  :  Ecclcsiastique,  c'est-a-dire, 
le  livre  d'eglise  par  excellence.  Ce 
nom  lui  vient,  en  effet,  du  frequent 
usage  qu'en  faisait  la  primitive  eglise 
pour  l'instru6lion  des  fideles.  Son 
titre  original  est,  dans  la  version  des 
Septante,  l^oq^ict.  'ly-cciO  jtou  Zitpi'/.  La 
version  syriaque  le  nomme  egale- 
ment :  S  apieniia  Jesu  filii  SiracJi.  C'est 
le  dernier  des  livres  sapientiaux  dans 
le  canon  du  Concile  de  Trente.  Com- 
me  les  autres  livres  de  I'Ancien  Tes- 
tament, dont  le  texte  hebreu  etait 
perdu,  ou  qui  avaient  ete  primitive- 
ment  ecrits  en  grec,  il  appartient  a  la 
serie  des  livres  deuterocanoniques. 

But.  Enseigner  la  sagesse  par  une 
grande  variete  de  maximes  s'adres- 
sant  a  toutes  les  conditions,  a  tous 
les  etats  de  vie,  tel  est  le  but  de  ce 
livre.  La  methode  en  est  toute  sem- 
blable  a  celle  des  Proverbes,  que  I'au- 
teur  semble  avoir  pris  pour  modele, 
et  n'en  differe  qu'a  la  fin.  Apres  avoir 
enseigne  la  sagesse  par  les  preceptes, 
il  veut  la  faire  connaitre  par  les 
exemples  de  ceux  qui  I'ont  pratiquee. 
Un  magnifique  eloge  des  ancetres, 
depuis  Enoch,  qui  s'efforga  de  plaire 
a  Dieu,  jusqu'a  Nehemie  et  le  grand 
Pretre  Simon,  fils  d'Onias,  termine 
I'ouvrage. 

Division.  L'analysen'aguere  prise 
sur  ce  genre  de  composition,  et  les 
divisions  sont,  en  grande  partie,  ar- 
bitraires.  Sans  doute  un  certain  nom- 
bre  de  passages  traitent  du  meme 
sujet,  mais,  en  general,  les  maximes 
se  succedent  sans  ordre  apparent. 
Les  endroits  meme  qui  presentent 
une  suite  n'ont  pas  de  lien  entre  eux. 
On  pent  pourtant  y  distinguer  quel- 
ques  grandes  lignes. 


Exorde  (Chap.  i).  Invitation  a 
suivre  les  voies  de  la  sagesse. 

Premiere  partie  (Chap,  ii-xlii,  14). 
Maximes,  preceptes  et  conseils  varies 
sur  toutes  les  vertus  privees  et  so- 
ciales.  Des  exhortations,  des  prieres 
y  rompent  de  temps  a  autre  la  mo- 
notonie.  On  trouvera,  au  cours  du 
commentaire,  et  dans  la  table,  les 
quelques  subdivisions,  peu  marquees 
d'ailleurs,  dont  cette  partie  est  sus- 
ceptible. 

Deuxienie  partie  (Chap,  xlii,  15- 
1,  23).  Exemples  de  sagesse  donnes  : 
1°  par  la  Providence  du  Createur 
qu'il  celebre  dans  une  hymne  remar- 
quable  (xlii,  15-xliii,  37).  2°  Par  les 
ancetres  du  peuple  d'Israel,  depuis 
Enoch  jusqu'au  grand-pretre  Simon, 
qui  vivait  du  temps  de  I'auteur 
(xliv-l,  23). 

Epilogue  (1,  24-li).  Conclusion, 
priere  et  derniere  instruction  de  I'au- 
teur. 

Le  livre  est  precede  d'un  prologue 
du  au  tradufteur  grec,  qui  nous  four- 
nit  quelques  donnees  sur  sa  compo- 
sition et  sa  tradu6lion.  On  ne  le  con- 
sidere  pas  comme  inspire. 

Auteur.  Si  le  livre  de  la  Sagesse 
est  anonyme,  celui  de  V Ecclcsiastique 
est  signc  ;  malheureusement  I'auteur 
n'est  connu  que  parson  nom.  II  nous 
I'apprend  lui-meme,  a  la  fin  de  son 
ceuvre  (1,  29)  :  "  Donriiiani  sapientia; 
et  disciplines  scripsit  in  codice  isto 
Jesus,  filius  SiracJi,  Jerosolyviita.  Les 
manuscrits  grecs  portent  lyxoaiy., 
scripsi.  Le  prologue,  plac^  en  tete  du 
livre,  par  le  petit- fils  de  I'auteur,  re- 
pete  la  meme  donnee  :  Avus  nieus 
Jesus  . . .  vol  nit  et  ipse  scribere  aliquid 
horuni  quce  ad  do6}rinani  et  sapien- 


LE  LIVRE  DE  L'ECCLESIASTIQUE. 


505 


tiaju pertinent,  etc.  {Prolog.)  A  defaut 
de  documents  historiques,  I'auteur 
se  fait  connaitre,  par  son  ouvrage, 
comme  un  homme  profondement 
verse  dans  I'etude  des  saintes  Ecri- 
tures,  et  d'une  piete  peu  commune. 
Peut-etre  fut-il,  selon  la  conje6lure 
de  quelques  ecrivains,  pretre  et  meme 
medecin.  Mais  les  connaissances  par- 
ticulieres  dont  il  temoigne,  touchant 
ces  deux  professions,  sont  trop  peu 
cara6lerisees  pour  etablir  une  con- 
clusion certaine. 

L'epoque  a  laquelle  I'ouvrage  fut 
compose  pent  etre  precisee  avec  plus 
de  certitude.  On  est  autorise  a  la 
fixer,  non  pourtant  sans  controverse, 
aux  premieres  annees  du  2^  siecle 
avant  J.-C,  vers  190. 

Cette  date  resulte  des  considera- 
tions suivantes. 

1°  L'auteur  depeint  le  grand  pretre 
Simon,  fils  d'Onias,  avec  tant  de  de- 
tails et  une  complaisance  si  marquee, 
avec  des  traits  si  precis  (1,  1-21), 
qu'on  ne  peut  douter,  et  tout  le 
monde  en  convient,  qu'il  n'ait  connu 
le  pontife,  et  ne  I'ait  vu  souvent  ac- 
complir  les  ceremonies  saintes.  Or  ce 
Simon  a  vecu,  nous  le  verrons,  envi- 
ron 60  ans  avant  le  regne  de  Pto- 
lemee  VII  Evergete  en  Egypte 
(145-117  av.  J.-C). 

2°  Le  petit-fils  de  l'auteur,  qui  tra- 
duisit  en  grec  I'oeuvre  de  son  grand- 
pere,  nous  declare,  dans  le  prologue, 
qu'il  est  venu  en  Egypte  dans  la 
38^  annee  du  regne  de  Ptolemee 
Evergete.  "  Iv  yy.p  t(>>  oy^ow  zat  zpia- 

KOCT'j)    'izZl    £7r'.    Toil    Yiilirj-.'iTOI)    jSa«7t/.£(J0; 

Trapayev/jQsis  st;  Ai'yuTrrov."  Vulg.'W^;// 
in  o6lavo  et  trigesivto  anno  teinporibus 
PtolenicBi  Evergetis  regis,  postquavi 
perveni  in  ALgyptuni..^  Or  la  38^  an- 
nee de  ce  regne  nous  reporte  vers 
I'an  130  avant  J.-C.  II  est  vraisembla- 
ble  d'admettre  qu'il  s'ecoula  environ 
60  ans  entre  la  composition  de  I'ou- 
vrage par  le  grand-pere  et  sa  traduc- 
tion par  le  petit-fils. 

3°  L'epoque  de  cette  composition 
coincide  avec  un  temps  de  persecu- 


tion marquee  contre  les  Juifs.  La 
priere  de  l'auteur  (chap,  xxx,  22- 
XXX vi,  19)  temoigne  des  afflictions 
de  ses  contemporains,  et  nous  ra- 
mene  aux  mauvais  jours  011  Ptole- 
mee IV  Philopator  {222-20^)  inau- 
gura  les  vexations  dont  Israel  fut 
viftime  pendant  le  2^  siecle. 

Ces  indications  paraissent  assez 
precises.  Elles  ne  sont  pourtant  pas 
sans  conteste.  II  se  trouve  en  effet 
qu'un  autre  grand-pretre,  Simon, 
egalement  fils  d'Onias,  a  vecu  vers 
I'an  300  av.  J.-C,  et  qu'un  autre  Pto- 
lemee Evergete  a  regne  en  Egypte 
vers  250.  De  la  une  opinion  nouvelle, 
embrassee  par  plusieurs  exegetes  mo- 
dernes  et  recents,  qui  fait  remonter 
un  siecle  plus  haut  la  composition 
de  I'Ecclesiastique. 

Cette  opinion  ne  parait  pas  histo- 
riquement  fondee. 

II  est  certain,  en  effet,  que  Ptole- 
mee III  Evergete  I  n'a  pas  regne 
'i,'^  ans ;  ce  n'est  done  pas  le  Ptolem.ee 
dont  parle  le  prologue.  —  A  cette 
difificulte,  on  repond  que  le  texte 
grec,  cite  plus  haut,  ne  signifie  pas 
la  38*^  annee  du  regne  d'Evergete, 
mais  bien  I'age  du  tradu6lcur,  qui  se- 
rait  venu  en  Egypte  dans  la  38^  an- 
nee de  sa  vie.  —  Malgre  I'etrangete 
de  cette  donnee,  surtout  de  la  part 
d'un  auteur  qui  ne  nous  dit  pas 
meme  son  nom,  on  pourrait  a  la  ri- 
gueur  I'accepter,  si  la  phrase  em- 
ployee n'etait  la  formule  ordinaire 
pour  indiquer  I'annee  du  regne.  Cette 
seule  observation  fait  crouler  tout  le 
fondement  de  cette  opinion.  —  Vai- 
nement  obje6te-t-on  que  Ptolemee 
Evergete  II  lui-meme  n'aurait  pas 
regne  38  ans ;  car  il  est  constant  que 
son  regne,  malgre  une  assez  longue 
interruption,  date  de  170,  et  les  his- 
toriens  le  font  remonter  a  cette  annee 
ou  il  commenca  a  regner  a  la  place 
de  son  frere  Ptolemee  IV  Philometor. 

Nous  avons  du  reste  d'autres  te- 
moignages  historiques  certains  qui 
nous  permettent  de  distinguer  entre 
les  deux  Simon,  fils  d'Onias.  Eusebe 


506 


LE  LIVRE  DE  L'ECCLESIASTIQUE. 


de  Cesaree,  dans  sa  Demonstration 
evangelique  (P.  L.  22,616),  nous  ap- 
prend  "  qu'a  ce  Simon,  fils  d'Onias, 
qui  vecut  au  temps  ou  VEcclesiastigue 
fut  compose,  succeda  un  autre  grand- 
pretre  du  nom  d'Onias,  precisement 
a  I'epoque  ou  Antiochus  Epiphane 
voulait  obliger  les  Juifs  a  sacrifier 
aux  dieux.  —  St  Jerome,  dans  son 
commentaire  sur  Daniel  (9,  14)  nous 
fournit  la  meme  donnee.  II  est  done 
certain  qu'il  s'agit  du  deuxieme  Si- 
mon (219  a  199)  dans  VEcclesiastigue. 
D'ailleurs,  point  de  persecution  an- 
terieure  a  cette  epoque;  nulle  proba- 
bilite  que  la  version  des  Septante 
commencee  en  286  ait  ete  terminee 
vers  250 :  autant  de  motifs  de  ne  pas 
reculer  a  I'an  290  la  composition  de 
ce  livre. 

Texte  primitif.  Nous  avons  deja 
dit  que  ce  livre  avait  ete  traduit  de 
I'hebreu.  C'est  en  efifet  dans  cette 
langue  qu'il  fut  compose.  Le  tour  ge- 
neral du  style,  une  foule  de  locutions 
hebraiques,  des  fautes  meme  du  tra- 
du6teur  qui  ne  s'expliqueraient  pas 
en  dehors  de  I'original  hebreu,  ne 
permettent  pas  d'en  douter.  —  St  Je- 
rome a  eu  entre  les  mains  le  texte 
hebreu. I  Malheureusement  ce  texte 
moins  estime  des  Juifs  palestiniens, 
qui  ne  le  regardaient  pas  comme  ca- 
nonique,  neglige  des  chretiens  qui  se 
servaient  exclusivement  du  grec,  ne 
tarda  pas  a  disparaitre.  Depuis  de 
longs  siecles  I'original  de  VEcclcsias- 
tique  etait  perdu ;  il  n'en  restait  que 
quelques  versets,  recueillis  par  le 
Talmud,  lorsque  en  1896  un  heureux 
hasard  fit  rencontrer  dans  une  syna- 
gogue du  Caire  un  manuscrit  hebreu 
contenant  les  dix  derniers  chapitres 
du  livre  (xxxix,  15-xlix,  11).  Cet 
important  fragment,  public  depuis,- 
a  permis  de  reconnaitre  le  cara6lere 


de  la  langue  originale.  Ce  n'est  ni  le 
chaldaique,  comme  plusieurs  I'avaient 
pense;  ni  I'hebreu  rabbinique,  mais 
bien  I'hebreu  classique,  imitant  a  des- 
sein  la  langue  de  I'Ancien  Testament. 
Sa  comparaison  avec  la  version  grec- 
que  a  fait  ressortir,  malgre  quelques 
imperfeftions  de  detail,  le  caraftere 
de  fidelite  presque  servile  de  I'oeuvre 
du  petit-fils  de  Sirach.  II  suit  de  tres 
pres  le  texte  et  rend  ordinairement 
le  mot  hebreu  par  le  mot  grec  equi- 
valent. Quelques  textes  obscurs  ont 
ete  heureusement  elucides  grace  a 
I'original.  Par  exemple  les  versets 
8  et  9  du  chap.  49  avaient  ete  tra- 
duits  :  8.  "  Ezechiel contemple  la  vision 
de  gloire  que  le  Seigneur  lid  viontra 
sur  le  char  des  cherubins.  9.  Car  il 
songe  a  Vennenii  dans  la  menace  dhme 
pluie  d'orage,  et  il  fit  du  bien  a  ceux 
qui  suivaient  la  voie  droite''  Plusieurs 
critiques  sougonnaient  que  le  traduc- 
teur  avait  lu  'oyeb,  ennemi,  au  lieu  de 
'iyob,]oh.  On  obtenait  ainsi  un  meil- 
leur  sens.  Le  texte  original  a  justifie 
cette  hypothese  :  on  y  trouve  iyob^  et, 
au  lieu  d'un  verset  inintelligible  et 
sans  lien  avec  le  contexte,  on  a  : 
9)  "  Et  Ezechiel  a  aussi  parle  de  Job, 
qui  a  accompli  toutes  les  voies  de  la 
justice." 

Depuis  la  decouverte  des  chapitres 
xxxix,  15  a  xlix,  11,  M.  Schechter, 
professeur  a  Cambridge,  sachant  que 
le  manuscrit  provenait  d'une  syna- 
gogue du  Caire,  parvint  a  se  faire 
ceder  tout  le  contenu  de  la  Ghenizah.^ 
Outre  sept  nouveaux  feuillets  du  ma- 
nuscrit deja  connu,  il  s'en  trouva 
quatre  d'un  autre  manuscrit  plus  pe- 
tit. Quelques  autres  feuillets  furent 
encore  trouves. 

En  resume,  aftuellement  on  a  pu- 
blic du  texte  original,4  Eccli.  iii,  6- 
vii,22;xi,34''-xvi,26;xxx,  ii-xxxv,2; 


'  Fertur  et  Panaretos  Jesu,  filii  Sirach, 
liber  et  alius,  pseudepigraphus,  qui  Sapientia 
Salomonis  inscribitur;  quorum  priorem  he- 
braicum  reperi.  (Hier,  Prasf.  in  libr.  Salom.). 

""  Cowley  et  Neubauer,  The  original  he- 


brew  of  a  portion  of  Ecclesiasticus,  Oxford, 
1897. 

^  Cf.  Et.  juives.  Juil.-Sept.  iSuj. 

*  Schechter  and  Taylor,  The  Wisdom  of 
Ben  Sira,  portions  of  the  Book  of  Ecclesia- 


LE  LIVRE  DE  L'ECCLESIASTIQUE. 


507 


xxxvii,  27-xxxviii,  27;  xxxix,  15- 
xlix,  II;  xlix,  15-li,  30.  En  tout 
695  versets  sur  1411  qu'en  renferme 
V Ecclesiastig?ie,d'a.^rhs,  la  maniere  de 
compter  de  Swete,  O.  T.  in  Greek. 

L'Inspiration  de  Y Ecdesiastique  a 
donne  lieu  a  la  meme  controverse 
que  les  autres  Hvres  dejiterocanoni- 
ques.  A  cet  egard,  rien  de  particulier, 
sinon  qu'il  a  ete  moins  conteste  que 
plusieurs  d'entre  eux.  Estime  d'abord 
des  Juifs  Palestinians,  admis  meme 
dans  le  canon  des  Juifs  alexandrins, 
cite  et  transcrit  avec  honneur  par  le 
Talmud, ilsemble  n'avoir  cesse  d'etre, 
parmi  les  Juifs,  un  livre  sacre  qu'a  la 
suite  d"interpolations  toujours  faciles 
dans  un  recueil  de  maximes.  Ouoi 
qu'il  en  soit,  I'Eglise  chretienne,  mal- 
gre  quelques  dissonances  passageres, 


n'a  jamais  mis  en  doute  son  inspira- 
tion. De  I'aveu  meme  des  auteurs 
hostiles  a  ce  livre,  la  lettre  de  St  Jac- 
ques s'en  inspire  constamment,  et 
parfois  meme  en  reproduit  les  pa- 
roles. Les  premiers  Peres,  comme 
St  Clement  Romain,'rauteur  de  I'Epi- 
tre  de  St  Barnabe,  la  Do6lrine  des 
apotres,  s'en  servent  egalement.  Des 
le  milieu  du  deuxieme  siecle  VEccle- 
siastique  est  allegue  comme  texte  de 
I'Ecriture  par  les  Peres  d'occident 
comme  par  ceux  d'orient.  Les  here- 
tiques  memes,  dans  les  controverses, 
par  example  de  St  Augustin  avec  les 
Donatiens,  ne  repoussent  pas  son 
autorite.  Enfin,  de  bonne  heure,  des 
le  4^  siecle,  les  Conciles  I'inscrivent 
dans  les  canons  scripturaires. 


sticus  from  Hebrew  manuscripts  in  the  Cairo  Genizah  colleflion,  presented  to  the  Univer- 
sity of  Cambridge  by  the  editors. 


^H^^HU^UMMM^M^^M'^MMMMY^. 


>TIITITT7TIIiriIlIIT  I  TTT  I 


.1. 

•    

•I* 


Ii:'GcLlc«5iflritinnE. 


.1. 


i^WWWWWWWWWWWWWWWWWWWWfS 


PROLOGUE. 


^,K  iiombreuses  et  excellentes 
lecons  nous  ont  ete  transmises 
'^*''^^'^^'  par  la  loi,  les  prophetes  et  les 
autres  ecrivains  qui  les  ont  suivis,  ce 
qui  assure  a  Israel  une  louange  me- 
ritee  d'instruclion  et  de  sagesse.  Et 
comn:ie  non  seulement  ceux  qui  les 
lisent  acquierent  la  science,  mais  en- 
core ceux  qui  les  etudient  avec  zele 
se  rendent  capables  d'etre  utiles  a 
ceux  du  dehors  par  leur  parole  et 
leurs  ecrits,  mon  aieul  Jesus,  qui 
s'etait  beaucoup  applique  a  la  lec- 
ture de  la  loi,  des  prophetes  et  des 
autres  livres  de  nos  peres  et  qui  y 
avait  acquis  une  grande  habilete, 
fut  amene  a  composer  lui  aussi  un 
ecrit  ayant  trait  a  la  formation  mo- 
rale et  a  la  sagesse,  afin  que  ceux 
qui  ont  le  desir  d'apprendre,  s'atta- 
chant  aussi  a  ce  livre,  progressent  de 
plus  en  plus  dans  une  vie  conforme 
a  la  loi. 

Je  vous  exhorte  done  a  en  faire  la 
lefture  avec  bienveillance  et  atten- 
tion,  et   a  vous  montrer  indulgents 


dans  les  endroits  ou,  malgre  le  soin 
que  nous  avons  apporte  a  le  traduire, 
nous  paraitrions  avoir  mal  interprete 
quelques  mots ;  car  les  termes  he- 
breux  n'ont  pas  la  meme  force  en 
passant  dans  une  autre  langue.  Ce 
defaut  ne  se  rencontre  pas  seulement 
dans  ce  livre;  mais  la  loi,  les  pro- 
phetes et  les  autres  livres  sacn's  n'of- 
frent  pas  moins  de  differences  quand 
on  compare  la  version  a  I'original. 

Etant  alle  en  Egypte  en  la  trente- 
huitieme  annee  du  regne  d'Evergete, 
je  trouvai,  pendant  mon  sejour,  que 
I'instruclion  t-eligieuse  etait  loind'ega- 
ler  la  noire.  J'ai  done  regarde  com  me 
tres  necessaire  de  donner  quelque 
soin  et  quelque  labeur  a  la  tradu6lion 
du  livre  de  mon  aieul.  A  cet  effet  j'ai 
consacre  a  cette  oeuvre,  durant  ce 
temps,  beaucoup  de  veilles  et  d'ap- 
plication  afin  de  la  conduire  a  bonne 
fin  et  de  la  publicr  pour  ceux  aussi 
qui,  sur  la  terre  etrangere,  sont  desi- 
reux  de  s'instruire  et  disposes  a  con- 
former  leur  vie  a  la  loi  du  Seigneui-. 


PROLOGUE. 

Ce  prologue  n'est  pas  regarde  comme 
canonique,  c.-k-d.  comme  faisant  partie  des 
Ecritures  inspirees.  L'auteur  y  explique 
d'abord  comment  son  grand-pere  fut  anient 
k  composer  ce  livre  (en  hebreu),  a  quelle 
occasion  et  dans  quel  but  lui-meme  le  tra- 
duisit  en  grec. 

Des  le<;ons^  litt.  des  choses  pouvant  servir 
a  la  formation  morale,  conduire  a  la  sagesse. 
—  La  loi,  les  cinq  livres  de  Moise, ...  les 
autres  ecrhmins,  appeles  hagiographes  : 
telle  etait,  des  cette  epoque,  la  division  des 


livres  contenus  dans  le  canon  des  Juifs. 
Comp.  LuCn,  xxiv,  14.  —  Qui  les  ont  suivis, 
qui  ont  ecrit  apres  eux  et  surtout  dans  le 
meme  esprit.  —  Ceux  du  dehois,  les  Juifs 
vivant  hors  de  la  Palestine  qui,  ne  compre- 
nant  plus  la  langue  h^braique,  restaient 
plus  ou  moins  etrangers  aux  anciens  livres 
sacrds,  et  avaient  besoin  soit  de  nouveaux 
ouvrages  composes  en  grec,  soit  de  traduc- 
tions grecques  des  livres  hebreux. 

N'ont  pas  la  mane  force,  etc.  "  Voir  un 
ouvrage  seulement  traduit,  dit  D.  Calmet, 
c'est  regarder  une  tapisserie  a  I'envers;  ce 
sont  les  memes  personnages,  mais  ils  n'ont 


^H^H^H^^g£HHHHHg£H^HH^^[^ 


•1* 


Gi'clE'jiiisticus. 


.1. 


nrr  1 1  I  1  I  I  I  I  I  1  1  rrr  r  1 1 1 1 1  1 1  1  1 


PROLOGUS. 


ULTORUM  nobis,  et 
magnorum  per  legem,  et 
prophetas,  aliosque  qui 
secuti  sunt  illos,  sapientia 
demonstrata  est  :  in  quibus  oportet 
laudare  Israel  doctrinae  et  sapientias 
causa :  quia  non  solum  ipsos  loquen- 
tes  necesse  est  esse  peritos,  sed  etiam 
extraneos  posse  et  dicentes  et  scri- 
bentes  doctissimos  fieri.  Avus  meus 
Jesus,  postquam  se  amplius  dedit 
ad  diligentiam  lectionis  legis,  et  pro- 
phetarum,  et  aliorum  librorum,  qui 
nobis  a  parentibus  nostris  traditi 
sunt  :  voluit  et  ipse  scribere  aliquid 
horum,  quae  ad  doctrinam  et  sapien- 
tiam  pertinent  :  ut  desiderantes  di- 
scere,  et  illorum  periti  facti,  magis 
magisque  attendant  animo,  et  con- 
firmentur  ad  legitimam  vitam. 

Hortor  itaque  venire  vos  cum 
benevolentia,  et  attention  studio 
lectionem  facere,  et  veniam  habere 
in  illis,  in  quibus  videmur  sequen- 
tes  imaginem  sapientiae  deficere  in 


verborum  compositione.  Nam  defi- 
ciunt  verba  Hebraica,  quando  fue- 
rint  translata  ad  alteram  linguam, 
Non  autem  solum  base,  sed  et  ipsa 
lex,  et  prophetas,  ceteraque  alio- 
rum librorum,  non  parvam  habent 
differentiam,  quando  inter  se  di- 
cuntur. 

Nam  in  octavo  et  trigesimo  anno 
temporibus  Ptolemasi  Evergetis  re- 
gis, postquam  perveni  in  ^Egyptum, 
et  cum  multum  temporis  ibi  fuis- 
sem,  inveni  ibi  libros  relictos,  non 
parvas,  neque  contemnendas  doctri- 
nas.  Itaque  bonum  et  necessarium 
putavi  et  ipse  aliquam  addere  dili- 
gentiam et  laborem  interpretandi 
librum  istum  :  et  multa  vigilia  attuli 
doctrinam  in  spatio  temporis  ad  ilia, 
quag  ad  finem  ducunt,  librum  istum 
dare,  et  illis  qui  volunt  animum  in- 
tendere,  et  discere  quemadmodum 
oporteat  instituere  mores,  qui  se- 
cundum legem  Domini  proposue- 
rint  vitam  agere. 


ni  la  menie  beaut^,  ni  la  meme  grace.  " 
S.  Jerome  dit  a  ce  sujet  avec  son  energie 
ordinaire  :  Alienis  defttibus  connnoliti  cibi 
vescentibus  nmiseam  faciunt. 

En  la  j8<:  annee  du  regne  d'Evergete? 
Voyez  I'introducftion  p.  504.  —  LHnstnic- 
Hon  religieuse  des  Juifs  habitant  I'Egypte 
etait  inferieure  a  celle  des  Juifs  de  la  Pales- 


tine. La  Vulg.  traduit,yj/  trouvai  des  livres 
qui  etaieni  resh's,  dont  la  do£lrine  n' etait  ni 
mediocre  Jti  me'prisable,  ce  qui  est  en  desac- 
cord  avec  le  contexte.  D'autres.y'j  trouvai 
un  exemplaire  du  livre  de  mon  aieul;  mais 
acpo'ij-otov  signifie  dijferent,  litt.  no7i  sembla- 
blc,  et  non  pas  exemplaire.  —  Wapplica- 
tion,  ou  de  savoir,  d" etude. 


— HiH \©^ ^®^ — Kstf- 


510 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  I,  i— 14. 


M 


PREMIEME    PARTIE. 


N^ 


Origine  et  nature  de  la  sagesse.  Exhortations  a 
se  livrer  a  elle  et  a  suivre  ses  enseignements. 

[Ch.   I— XVI,   21]. 


CHAP.  I,  —  Origine  de  la  sagesse  [vers,  i  — 10].  La  crainte  de  Dieu 
et  ses  rapports  avec  la  sagesse  [11  —  30]. 

Chap.  I.  |{jPgg*5a|0UTE  sagesse  vient  du  Seigneur, 

Elle  est  avec  lui  eternellement. 
2  Qui  pent  compter  le  sable  de  la  mer, 

Les  gouttes  de  la  pluie  et  les  jours  du  passe.'* 

3  Qui  peut  atteindre  la  hauteur  du  ciel,  la  largeur  de  la  terre, 
I^ci  profondeur  de  I'abime  et  la  sagesse .'' 

4  La  sagesse  a  ete  crdee  avant  toutes  choses, 
Et  la  lumiere  de  Tintelligence  des  I'eternite. 

5  [La  source  de  la  sagesse,  c'est  la  parole  de  Dieu  au  plus  haut  des  cieux, 
Ses  voies  sont  les  commandements  eternels.] 

6  A  qui  a  ete  revelee  la  racine  de  la  sagesse .'' 
Qui  a  connu  ses  desseins  profonds? 

7  [A  qui  la  science  de  la  sagesse  a-t-elle  etd  revelee, 
Et  qui  oomprend  son  habilet^?] 

8  II  n'y  a  qu'un  sage,  grandement  redoutable, 
Assis  sur  son  trone  :  c'est  le  Seigneur. 

9  C'est  lui  qui  I'a  cre^e; 
II  I'a  vue  et  il  I'a  fait  connaitre. 

10  II  I'a  r^pandue  sur  toutes  ses  ceuvres, 
Ainsi  que  sur  toute  chair,  selon  la  mestire  de  son  don, 
II  I'a  donnee  liberalement  a  ceux  qui  I'aiment. 

1 1  La  crainte  du  Seigneur  est  gloire  et  honneur, 
Et  joie,  et  couronne  d'allegresse.  . 

12  La  crainte  du  Seigneur  rejouit  le  cceur; 
Elle  donne  gaiete,  joie  et  longue  vie. 

13  Celui  qui  craint  le  Seigneur  s'en  trouvera  bien  a  la  fin 
Et  il  trouvera  grace  au  jour  de  sa  mort. 
[L'amour  de  Dieu  est  une  glorieuse  sagesse; 
Ceux  h,  qui  il  se  montre,  Dieu  leur  communique  la  sagesse 
Pour  le  contempler  et  reconnaitre  ses  grandeurs.] 

14  Le  commencement  de  la  sagesse  est  de  craindre  Dieu; 
Elle  est  formee  avec  les  fideles  dans  le  sein  de  leur  mere. 


CHAP.  I. 

I.  Sagesse,  aocpia  :  ici,  comme  dans  les 
Proverbes  et  le  livre  de  la  Sai^csse,  ce  mot 
signifie  tantot  la  Sagesse  increee,soit  comme 
attribut  divin  impersonnel,  soit  comme  se- 
conde  personne  de  la  Ste  Trinite,  comme 
Fils  de  Dieu;  tantot  la  sagesse  crede,  soit 
communiquee  par  Dieu  a  ses  creatures  rai- 
sonnables,  soit  poetiquement  personnifide 
(comp.   iv,  11-19;  vi,  18-33;  "^'^'j  20-xv,  10; 


xxiv).  L'auteur  emploie  comme  termes  cor- 
relatifs  :  cppovTia'.;,  auvsatc,  £TTiaTT,(XTi,  TratSeia, 
prudeiitia,  intclleflus^  scie/itia,  discipima 
dans  la  Vulgate. 

A  la  place  du  1^  membre,  il  y  a  dans  la 
Vulg.,  ct  elle  a  toujours  cie  avec  lui,  ct  elle 
est  avant  tons  les  siecles. 

2-3.  Sens  :  de  meme  que  personne  ne 
peut  compter...,  de  meme  nul  ne  peut  scru- 
ter  I'origine  et  la  nature  de  la  sagesse. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  I,  i  — 14. 


511 


— :;:—         CAPUT   I.         — :^— 

Sapientia  incomprehensibilis  et  in  creaturis 
relucens,  ab  Eeterno  originem  a  solo  Deo 
omnipotente  trahit,  quam  dat  diligentibus 
ac  timentibus  ipsum  :  nam  timor  Domini, 
qui  hie  multipliciter  commendatur,  non 
solum  sapientiam,  sed  et  reliquas  secum 
affert  virtutes  :  simplici  autem  corde  ad 
Deum  accedendum  est. 


MNIS  sapientia  a  Do- 
mino Deo  est,  et  cum 
illo  fuit  semper,  "et  est 
ante  asvum.  2.  Arenam 
maris,  et  pluvias  guttas, 
et  dies  saeculi  quis  dinumeravit? 
Altitudinem  coeli,  et  latitudinem 
terras,  et  profundum  abyssi  quis 
dimensus  est?  3.  Sapientiam  Dei 
prascedentem  omnia  quis  investiga- 
vit?  4.  Prior  omnium  creata  est  sa- 
pientia, et  intellectus  prudentias  ab 
aevo.  5.  Fons  sapientias  verbum  Dei 


in  excelsis,  et  ingressus  illius  man- 
data  asterna.  6.  Radix  sapientias  cui 
revelata  est,  et  astutias  illius  quis 
agnovit?  7.  Disciplina  sapientias  cui 
revelata  est,  et  manifestata?  et  mul- 
tiplicationem  ingressus  illius  quis 
intellexit?  8.  Unus  est  altissimus 
Creator  omnipotens,  et  Rex  potens, 
et  metuendus  nimis,  sedens  super 
thronum  illius  et  dominans  Deus. 
9.  Ipse  creavit  illam  in  Spiritu  san- 
cto,  et  vidit,  et  dinumeravit,  et 
mensus  est.  10.  Et  eiFudit  illam  su- 
per omnia  opera  sua,  et  super  om- 
nem  carnem  secundum  datum  suum, 
et  praebuit  illam  diligentibus  se. 

1 1.  Timor  Domini  gloria, et  glo- 
riatio,  et  lastitia,  et  corona  exsulta- 
tionis.  1 2.  Timor  Domini  delectabit 
cor,  et  dabit  laetitiam,  et  gaudium, 
et  longitudinem  dierum.  13.  Ti- 
menti  Dominum  bene  erit  in  extre- 
mis, et  in  die  defunctionis  suas  be- 
nedicetur.  14.  Dilectio  Dei  honora- 


La  Vulg.  traduit  la  fin  du  vers.  3  :  qui  a 
penetre  la  sagesse  de  Dieu  atiterieure  a  toutes 
choses  ? 

5.  La  parole  de  Dieu^  ses  revelations;  ou 
bien  son  Verbe,  son  Fils  eternel.  —  Les 
votes  qii'elle  suit  et  qu'elie  ordonne  de  sui- 
vre  sont  les  commandements  de  Dieu,  la  loi. 

Ce  verset  exprime  une  pensee  juste,  mais 
il  interrompt  la  suite  des  idees;  on  le  trouve 
dans  la  Vulg.,  mais  non  dans  le  cod.  Vat. 

6.  La  racijie  de  la  sagesse,  son  essence  ou 
son  origine,  sa  source.  ■—  Ses  desseiits,  litt. 
ses  artifices,  en  prenant  ce  mot  dans  un  sens 
favorable. 

7.  So7t  habilete,  en  gr.  TToXoTistpiav,  Htt. 
une  habiletc  acquise  par  une  tongue  expe- 
rience. La  Vulg.  traduit  ce  mot  ici  nmltitu- 
dinem  ingressus  illius. 

Ce  verset  ne  se  trouve  pas  dans  le  cod.  Vat. 

8.  La  Vulg.  paraphrase  ce  verset  et  en 
altere  le  sens  :  il  tiy  a  qu''un  tres  haut  Cre'a- 
teur  tout-puissant.  Rot  fort  et  grandement 
redoutable,  assis  sur  soji  trone  et  Dieu  sou- 
verain. 

9.  Qui  Pa  creee;  la  Vulg.  ajoute,  dans  ou 
par  I'Esprit-Saint.  —  //  la  fait  connaitre 
par  ses  oeuvres,  en  creant  le  monde,  ou  elle 
se  montre  avec  eclat  dans  I'ordre  et  I'har- 
monie  de  toutes  ses  parties.  Diniimeravit 
rend  bien  le  gr.  £;T,pi6;j.r;(T£v,  mais  on  con- 
jecflure  avec  vraisemblance  que  £;T,pi6[j.Tia£v 
ne  repond  qu'imparfaitement  au  mot  he- 
breu,  lequel  aurait  ete  mieux  traduit  en  grec 


par  £?viYn<TaTo,  enarravit,  comme  dans  le 
passage  parallele  de  Job,  xxviii,  27  :  Tunc 
vidit  illam  (sapientiam)  et  enarravit. 

11  me  semble  toutefois  que  Ton  pourrait 
conserver  au  verbe  grec  son  sens  naturel  et 
traduire  :  il  Pa  vue  et  il  Pa  coti7iue  ititime- 
ment,  sous  tous  ses  aspecfls,  dans  tous  les 
elements  qui  constituent  sa  nature.  L'ex- 
pression  aurait  ete  choisie  a  dessein  pour 
indiquer  la  science  multiple  et  comprehen- 
sive de  Dieu,  penetrant  le  fond  de  toute 
chose  et  embrassant  tous  les  details.  C'est 
ainsi  que  la  Vulg.  parait  avoir  entendu  ce 
passage  :  il  Pa  coniptee  et  il  Pa  mesuree. 

II.  La  crainte  du  Seioneur  ici,  comme 
dans  les  autres  livres  sapientiaux,  c'est  le 
devouement  k  Dieu  et  la  fidelite  "k  sa  loi, 
avec  toutes  les  benedicflions  qui  y  sont  atta- 
chees.  —  Est  gloire,  procure  la  gloire,  etc. 

13.  //  trouvera  grace;  ou,  d'apres  une 
autre  legon  suivie  par  la  Vulg.  et  peut-etre 
preferable,  il  sera  beni. 

Une  glorieuse  sagesse,  la  sagesse  ne  pou- 
vant  inspirer  rien  de  meilleur  que  I'amour 
de  Dieu. 

Ceux  a  qui  Varnottr  de  Dieu  se  >nonlre, 
ceux  qui  le  possedent.  Tel  parait  etre  le 
sens  du  grec.  Vulg.  :  ceux  ii  qui  elle  (la' 
sagesse)  se  montre  la  cherissent  des  qu'ils  la 
voient  et  quHls  recon?taissent  les  grandes 
choses  qtielle  opere. 

14.  Le  commencement  de  la  sagesse  : 
comp.  Prov.  i,  7.  —  Elle  est  formee,  etc.  : 


512 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  I,  15—30. 


15  Elle  s'est  prepare  chez  les  hommes  una  eternelle  habitation; 
EUe  demeurera  fidelement  avec  leur  race. 

16  La  plenitude  de  la  sagesse  est  de  craindre  le  Seigneur; 
Elle  rassasie  de  ses  fruits  ceux  qui  la  possedent. 

17  Elle  remplit  toute  sa  maison  de  choses  desirables 
Et  ses  greniers  de  ses  produits. 

18  La  couronne  de  la  sagesse,  c'est  la  crainte  du  Seigneur; 
Elle  fait  fleurir  la  paix  et  les  fruits  de  salut. 

19  Le  Seigneur  I'avue  et  I'a  manifestee; 

II  fait  jaillir  k  flots  la  science  et  la  lumicre  de  I'intelligence. 

20  La  racine  de  la  sagesse,  c'est  de  craindre  le  Seigneur; 
II  exalte  la  gloire  de  ceux  qui  la  possedent. 

21  [La  crainte  du  Seigneur  bannit  le  peche, 
Et  celui  qui  s'y  attache  d^tourne  la  colere.] 

22  L'homme  injuste  et  emport^  ne  saurait  etre  justifie, 
Car  la  fougue  de  la  colere  amene  sa  ruine. 

23  L'homme  patient  attend  jusqu'au  temps  voulu, 
Et  ensuite  la  joie  lui  est  rendue. 

24  II  cache  jusque-la  ses  paroles, 

Et  les  levres  des  fideles  raconteront  sa  prudence. 

25  Les  tresors  de  la  sagesse  renferment  des  maximes  de  prudence, 
Mais  la  piete  envers  Dieu  est  en  abomination  au  pecheur. 

26  Desires-tu  la  sagesse?  garde  les  commandements, 
Et  le  Seigneur  te  I'accordera. 

27  Car  la  sagesse  et  I'instrurtion,  c'est  la  crainte  du  Seigneur, 
Et  ce  qui  lui  plait,  c'est  la  fidelite  et  la  mansuetude. 

28  Ne  te  refuse  pas  a  la  crainte  du  Seigneur, 

Et  ne  t'adonne  pas  a  elle  avec  un  coeur  double. 

29  Ne  sois  pas  hypocrite  devant  les  hommes, 
Et  prends  garde  a  tes  levres. 

30  Ne  t'eleve  pas  toi-meme,  de  peur  que  tu  ne  tombes, 
Et  que  tu  n'attires  sur  toi  la  confusion. 

Car  le  Seigneur  rdvelera  ce  que  tu  caches, 

Et  te  precipitera  au  milieu  de  I'assemblee, 

Parce  que  tu  ne  t'es  pas  adonne  a  la  crainte  du  Seigneur, 

Et  que  ton  cceur  est  plein  de  fraude. 


-^3^ 


■-S^— 


elle  est  donnde  aux  hommes  fideles  des  le 
premier  moment  de  leur  existence. 

15.  Uneeterfielle  habitation  :  comp.  Prov. 
viii,  31.  La  Vulg.  traduit  le  second  mem- 
bre  :  elle  marche  avec,  elle  est  en  rapport 
habituel  et  familier  avec  les  feinmes  choi- 
sies,  et  se  inontre  dans  la  compagnie  des 
justes  et  des  fideles. 

Ici  la  Vulg.  insere  trois  versets,  dont  le 
dernier  repete  le  vers.  13  :  La  crainte  du 
Seigneur  est  la  relation  de  la  science  a  Dieu, 
donne  k  la  science  une  tendance  religieuse, 
la  fait  tendre  vers  Dieu.  —  La  relation  a 
Dieu  garde  et  sandifie  le  cceur ^  elle  donne 
contentement  et  joie.  —  Celui  qui  craitit  le 
Seigneur  s'en  trotroera  bien,  et  au  jour  de 
sajiti  i I  sera  beni. 

16.  Elle  rassasie,  elle  satisfait  tous  les  de- 
sirs;  litt.,  &\\e.enivre.  Vulg.,  et  ses  fruits  pro- 
curentla  plenitude, \&  rassasiement  de  I'ame. 

17.  La  sagesse  a  sa  main  remplie  des 


choses  les  plus  desirables,  et  les  met  a  la 
disposition  de  ses  disciples. 

18.  L.a  couronne  orne  la  tete  des  rois,  elle 
est  I'insigne  de  leur  dignite;  aussi  la  crainte 
de  Dieu,  appelee  plus  haut  X'a platitude  de 
la  science,  en  est  aussi  la  plus  belle  parure. 
—  Elle  fait  jleurir,  Vulg.  elle  donne  en 
abondance.  —  L^es  fruits  de  salut  :  c'est  la 
tradudlion  de  la  Vulg.  II  y  a  en  grec,  la 
santc  du  ou  par  le  salut,  la  guerison. 
Fritzsche  conjecture  qu'il  y  avait  en  hebreu, 
la  paix,  le  bonheur  et  le  rafrdichissement ,  ce 
qui  ranime  les  forces  perdues. 

19.  L^e  Seigneur  Va  vue  :  voy.  la  note  du 
vers.  9.  La  Vulgate  ajoute  k  ce  premier 
membre,  toutes  deux  (la  sagesse  et  la  crainte 
de  Dieu)  sont  des  dons  divins. 

21.  La  colere  de  Dieu.  La  Vulg.  met  k  la 
place  du  second  membre  :  car  celui  qui  est 
sans  crainte  (de  Dieu)  ne  saurait  itre  jtts- 
tifie,  reconnu  juste. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  I,  15—40. 


513 


bills  sapientia.  15.  Quibus  autem 
apparuerit  in  visu,  diligunt  earn  in 
visione,  et  in  agnitione  magnalium 
suorum.  16.  *Initium  sapientiae,  ti- 
mer Domini,  et  cum  fidelibiis  in 
vulva  concreatus  est,  cum  electis 
feminis  graditur,  et  cum  justis  et 
fidelibus  agnoscitur.  17.  Timor  Do- 
mini, scientias  religiositas.  18.  Reli- 
giositas  custodiet  et  justificabit  cor, 
jucunditatem  atque  gaudium  dabit. 
19.  Timenti  Dominum  bene  erit, 
et  in  diebus  consummationis  illius 
benedicetur.  20.  Plenitude  sapien- 
tias  est  timere  Deum,  et  plenitude 
a  fructibus  illius.  21.  Omnem  do- 
mum  illius  implebit  a  generationi- 
bus,  et  receptacula  a  thesauris  illius. 
22.  Corona  sapientias,  timor  Do- 
mini, replens  pacem,  et  salutis  fru- 
ctum  :  23.  et  vidit,  et  dinumeravit 
earn  :  utraque  autem  sunt  dona  Dei. 
24.  Scientiam,  et  intellectum  pru- 
dentias  sapientia  compartietur  :  et 
gloriam  tenentiumse,exaltat.2  5.Ra- 
dix  sapientiae  est  timere  Dominum  : 
et  rami  illius  longasvi.  26.  In  the- 
sauris sapientias  intellectus,  et  scien- 
tice  religiositas  :  exsecratio  autem 
peccatoribus  sapientia.  27.  Timor 
Domini  expellit  peccatum  : 


28.  Nam  qui  sine  timore  est,  non 
poterit  justificari  :  iracundia  enim 
animositatis  illius,  subversio  illius 
est,  29.  Usque  in  tempus  sustine- 
bit  p_atiens,et  postearedditio  jucun- 
ditatis.  30.  Bonus  sensus  usque  in 
tempus  abscondet  verba  illius,  et 
labia  multorum  enarrabunt  sensum 
illius.  31.  In  thesauris  sapientias  si- 
gnificatio  disciplina^ :  32,  exsecratio 
autem  peccatori,cultura  Dei. 33.  Fi- 
lii  concupiscens  sapientiam,conserva 
justitiam,  et  Deus  prasbebit  illam 
tibi,  34.  Sapientia  enim  et  disciplina 
timor  Domini  :  et  quod  beneplaci- 
tum  est  illi,  35.  fides,  et  mansue- 
tudo,et  adimplebit  thesauros  illius. 
36,  Ne  sis  incredibilis  timori  Do- 
mini :  et  ne  accesseris  ad  ilium  du- 
plici  corde.  37.  Ne  fueris  hypocrita 
in  conspectu  hominum,  et  non 
scandalizeris  in  labiis  tuis.  38.  At- 
tende  in  illis,  ne  forte  cadas,  et  addu- 
cas    animas    tuas    inhonorationem, 

39.  et  revelet  Deus  absconsa  tua,  et 
in    medio    synagoga;    elidat    te    : 

40.  quoniam  accessisti  maligne  ad 
Dominum,  et  cor  tuum  plenum  est 
dolo  et  fallacia. 


23.  Attend  :  la  vraie  leqon  parait  etre 
avs;£Tai,  au  lieu  de  avOs'^sTai.  — /usgu'au 
temps  7'onlu,  la  fin  de  I'epreuve. 

24.  //  cache;  la  Vulg.  donne  a  ce  verbe 
iin  autre  sujet  :  Phoinine  de  setts  cache,  etc. 
—  Des  Jidcles,  -'.j-wv,  D'autres  manuscrits 
suivis  par  la  Vulg.,  dg  la  multitude,  T.nXLwi, 
lecon  preferable  a  celle  du  cod.  Vat. 

26.  Desires-tu;  la  Vulg.  commence  le  ver- 
set  par,  mon  fits. 

27.  La  Vulg.  ajoute  a  ce  verset  :  et  il 
remplira  le  tresor  de  celiii  qui  les  possede. 

28.  A  la  crainte  du  Seigneur,  au  service 
de  Dieu,  a  la  piete.  —  Ne  fadonne  pas  ii 
elle,  a  la  piete;  ou  bien,  avec  la  Vulg.,  /le 
VappfocJie  pas  de  lui,  de  Dieu.  — •  U/i  cccur 
double,  flottant  entre  la  foi  et  I'impiete,  entre 
la  vertu  et  Ic  vice.  ■ 


L'auteur  signale  ensuite  deux  defauts  de 
la  piete  :  I'hypocrisie  (vers.  29)  et  I'orgueil 
(vers.  30). 

29.  A't'  sois  pas  hypocrite,  ne  feins  pas  la 
piete.  —  Prends  oarde  a  tes  levres,  pour 
n'en  laisser  sortir  aucune  parole  hypocrite. 
Vulg.,  et  que  tes  levres  ne  te  soient  pas  une 
occasion  de  peche. 

30.  Ne  feleve  pas  toi-meme;  Vulg. ,  veille 
sur  elles,  sur  tes  levres.  —  La  confusion  : 
comp.  Mattli.  xx,  12.  —  Le  Seigneur  reve- 
lera,  etc.  :  comp.  I  Cor.  iv,  5.  —  Te  preci- 
pitera  du  haut  de  tes  pensees  d'orgueil  et 
de  presomption.  —  A  la  place  du  5'=  mem- 
bre,  plusieurs  manuscrits  et  la  Vulg.  don- 
nent  :  parce  que  tu  ne  t'es  pas  approchc 
sincerement  (iv  iXTjOstx)  du  Seigneur.  —  De 
fraudej  la  Vulg.  ajoute,  et  de  tromperic. 


NO  23  ■ 


LA  SAIN TK  lUUI.li.   TOME  IV. 


jj 


514 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  II,  i— 18. 


Chap.  II. 


CHAP.  II.  —  Constance  dans  I'epreuve  [vers,  i — 6].  Confiance  en  Dieu 
[7 — 11].  Malheur  aux  ames  chancelantes  et  incertaines  [12 — 14].  Ver- 
tus  de  ceux  qui  craignent  Dieu  [15  — 18]. 

y.gON  fils,  en  entrant  au  service  du  Seigneur, 
Prepare  ton  ame  a  I'epreuve. 
2  Rends  droit  ton  cceur  et  sois  constant, 


Et  ne  prdcipite  rien  au  temps  du  malheur. 

3  Attache-toi  a  Dieu  et  ne  t'en  separe  pas, 
Afin  que  tu  grandisses  a  la  fin. 

4  Tout  ce  qui  vient  sur  toi,  accepte-le, 

Et  dans  les  vicissitudes  de  ton  humiliation  sois  patient. 

5  Car  Tor  et  I'argent  s'eprouvent  dans  le  feu, 

Et  les  hommes  agreables  a  Dieu  dans  le  creuset  de  I'humiliation. 

6  Aie  foi  en  Dieu,  et  il  te  relevera; 

Marche  dans  la  voie  droite  et  espere  en  lui. 

7  Vous  qui  craignez  le  Seigneur,  attendez  sa  misericorde, 
Et  ne  vous  detournez  pas,  de  peur  que  vous  ne  tombiez. 

8  Vous  qui  craignez  le  Seigneur,  ayez  foi  en  lui, 
Et  votre  recompense  ne  se  perdra  pas. 

9  Vous  qui  craignez  le  Seigneur,  esperez  le  bonheur, 
La  joie  eternelle  et  la  misericorde. 

10  Considerez  les  generations  antiques  et  voyez  : 

Qui  jamais  a  espere  au  Seigneur  et  a  ete  confondu? 
Qui  est  reste  fidele  h  ses  preceptes  et  a  ete  abandonne? 
Qui  I'a  invoqud  et  n'a  regu  de  lui  que  le  mepris? 

11  Car  le  Seigneur  est  compatissant  et  misericordieu.x; 
11  remet  les  peche's  et  delivre  au  jour  de  I'afifliclion. 

12  Malheur  aux  coeurs  timides, 
Aux  mains  sans  vigueur, 

Au  pecheur  qui  marche  dans  deux  voies  I 

13  Malheur  au  coeur  lache,  parce  qu'il  n'a  pas  foi  e/i  Dieu! 
Aussi  n'aura-t-il  pas  sa  protecflion. 

14  Malheur  a  vous  qui  avez  perdu  la  patience! 
Que  ferez-vous  au  jour  de  la  visite  du  Seigneur? 

15  Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  ne  sont  pas  indociles  a  sa  parole, 
Et  ceux  qui  I'aiment  gardent  fidelement  ses  voies. 

16  Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  cherchent  son  bon  plaisir, 
Et  ceux  qui  I'aiment  se  rassasient  de  sa  loi. 

17  Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  preparent  leurs  cuuurs 
Et  tiennent  leurs  ames  humiliees  devant  lui, 

J  8  En  disa/it :  Nous  tomberons  entre  les  mains  du  Seigneur, 
Et  non  entre  les  mains  des  hommes; 


CHAP.  II. 

1.  Prepare  ton  ame  k  I'epreuve,  i\  la  sou- 
lenir  courageusement. Comp.  II  'J'i/n.  iii,  12. 
La  Vulg.  ajoute  apres  le  i^''  membre  :  de- 
iiieure  ferine  dans  la  justice  et  dans  la 
crainte. 

2.  Ne prccipite  rien,  n'agis  pas  avec  im- 
patience et  precipitation;  soit  pour  te  decou- 
rager,  soit  pour  abandonner  le  service  de 
Dieu  :  "  comme  un  oiseau  qui,  dit  S.  Fran- 
cois de  Sales,  ^tant  pris  dans  un  lacs,  se 
debat  et  remue  dercglement  pour  en  sor- 
tir,  ce  que  faisant,  il  s'enveloppe  toujours 
tant  plus  ". — Du  malheur,  litt.  de  ce  qui  est 


ainene,  de  ce  qui  t'arrive  pour  t'eprouver. 
La  V^ulg.  ajoute  aprcs  le  premier  mem- 
bre :  prete  Voreille  et  recueille  les  paroles  de 
la  sagesse. 

3.  Que  tu  grandisses,  litt.  que  tu  croisses 
en  prosperite,  comme  en  merites. 

La  Vulg.  ajoute  avant  le  i^'"  membre  : 
support e  ce  que  Dieu  te  donne  a  supporter; 
ou,  d'apris  une  autre  interpretation,  attends 
les  attentes  de  Dieu,  attends  le  moment  que 
Dieu  a  fixe  pour  la  fin  de  ton  epreuve. 

4.  La  Vulg.  ajoute  apres  le  i<;i  membre  ; 
sois  fort  dans  la  souff ranee. 

5.  Comp.  Prov.  xvii,3;  .\xvii,  z\\  Sag. iii, 6. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  II,  1—22. 


515 


— :;:—         CAPUT  II.         — :i:— 


Deo  serviturus  stet  in  justitia,  Dei  timore 
et  patientia;  timentes  vero  Deum  cre- 
dant,  fidantque  in  ilium,  et  maximos  hinc 
frucflus  accipient  :  vae  autem  incredulis  et 
impatientibus  effeflus  quoque  divini  ti- 
moris  explicantur. 

I  LI  accedensadservitutem 
Dei,  'sta  in  justitia,  et  ti- 
more, et  praspara  animam 
(i  tuam  ad  tentationem. 
2.  Deprime  cor  tuum,  et  sustine  : 
inclina  aurem  tuam,  et  suscipe  verba 
intellectus  :  et  ne  festines  in  tem- 
pore obductionis.  3.  Sustine  susten- 
tationes  Dei  :  conjungere  Deo,  et 
sustine,  ut  crescat  in  novissimo  vita 
tua.  4.  Omne,  quod  tibi  applicitum 
fuerit,  accipe  :  et  in  dolore  sustine, 
et  in  humilitate  tua  patientiam  habe : 
5.  ^quoniam  in  igne  probatur  au- 
rum  et  argentum,  homines  vero 
receptibiles  in  camino  humiliatio- 
nis.  6.  Crede  Deo,  et  recuperabit 
te  :  et  dirige  viam  tuam,  et  spera 
in  ilium.  Serva  timorem  illius,  et  in 
illo  veterasce. 

y.Metuentes  Dominum  sustinete 
misericordiam  ejus  :  et  non  defle- 
ctatis  ab  illo  ne  cadatis.  8.  Qui  ti me- 
tis Dominum,  credite  illi  :  et  non 
evacuabitur  merces  vestra.  9.  Qui 
timetis  Dominum,  sperate  in  ilium  : 
et  in  oblectationem  veniet  vobis 
misericordia.  10.  Oui  timetis  Domi- 


num diligite  ilium,  et  illuminabun- 
tur  corda  vestra.  1 1.  Respicite  filii 
nationes  hominum  :  et  scitote  quia 
nullus  speravit  in  Domino,  et  con- 
fusus  est.  i2.^Quis  enim  permansit 
in  mandatis  ejus,  et  derelictus  est.'' 
aut  quis  invocavit  eum,  et  despexit 
ilium.''  13.  Quoniam  pius  et  miseri- 
cors  est  Deus,  et  remittet  in  die  tri- 
bulationis  peccata  :  et  protector  est 
omnibusexquirentibusseinveritate. 
14.  Vas  duplici  corde,  et  labiis 
scelestis,  et  manibus  malefacienti- 
bus,  et  peccatori  '^terram  ingredienti 
duabus  viis.  15.  Vas  dissolutis  cor- 
de, qui  non  credunt  Deo  :  et  ideo 
non  protegentur  ab  eo.  16.  Vas  his, 
qui  perdiderunt  sustinentiam,et  qui 
dereliquerunt  vias  rectas,  et  diver- 
terunt  in  vias  pravas.  17.  Et  quid 
facient,  cum  inspicere  cceperit  Do- 
minus.^ 

18.  Qui  timent  Dominum,  non 
erunt  incredibiles  verbo  illius  :''qui 
diligunt  ilium,  conservabunt  viam 
illius.  19.  Qui  timent  Dominum, 
inquirent  quas  beneplacita  sunt  ei  : 
et  qui  diligunt  eum,  replebuntur 
lege  ipsius.  20.  Qui  timent  Domi- 
num, prasparabunt  corda  sua,  et  in 
conspectu  illius  sanctificabunt  ani- 
mas  suas,  21.  Qui  timent  Domi- 
num, custodiunt  mandata  illius,  et 
patientiam  habebunt  usque  ad  in- 
spectionem  illius,  22.  dicentes  :  Si 
poenitentiam  non  egerimus,  incide- 
mus  in  manus  Domini,  et  non  in 


6.  La  Vulg.  ajoute  iin  3*=  membre  :  garde 
sa  crainte  et  vieillis  avec  elle. 

L'auteur  emploie  ensuite  la  2*=  pers.  du 
pluriel. 

g.  Vulg.,  ...  esperes  en  lui,  et  sa  miscri- 
corde  fera  voire  bonheur.  Puis  elle  ajoute  ce 
verset  :  Voiis  qui  craignes  le  Seigneur, 
aiinez-le,  et  7>os  ca'tirs  seront  illumines. 

10.  La  Vulg.  met  en  tete  du  verset,  nies 
cnjants. 

11.  La  Vulg.  ajoute  :  //  est  le  protefleur 
de  ions  ceiix  qui  Ic  cJicrchent  avec  sincerite. 

12.  Caurs  tiinides,  pusillanimes;  Vulg., 
doubles,  apres  quoi  elle  insere,  aux  levres 
criminelles.  —  Mains  sans  vigueur;  Vulg. , 
malfaisantes. 


14.  La  Vulg.  ajoute  apres  le  ie>- membre  : 
et  qui  ont  abandontie  les  voles  droltes  pour 
s'egarer  dans  des  chemins  torttteux.  —  Jotir 
de  la  visile,  du  jugement,  du  chatiment. 

15.  Com^.  Jean,  xiv,  23. 

16.  Se  rassasient  de  sa  loi,  font  de  sa  loi 
leur  nourriture  (comp.  Jean,  iv,  34). 

17.  Preparent  leurs  ca^urs,  les  affermissent 
pour  supporter  I'adversite. 

La  Vulg.  traduit  le  2^  membre,  et  ils  sanc- 
tifient  leurs  dines  devant  luij^vas  elle  ajoute: 
ceux  qui  craignent  le  Seigneur  gardent  ses 
conuiuindenients,  et  ils  ont  patience  jusqu'au 
jour  de  sa  visile. 

18.  La  Vulg.  ajoute  a  tort  en  tete  du  ver- 
set :  si  nous  ne  faisons  penitence.  —  Entre 


'Vs.  30,  I. 


d 
21 


3  Reg.  18, 


'Joann.  14, 
23- 


516 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  Ill,  i— 21. 


Car  autant  il  a  de  puissance, 
Autant  il  a  de  misericorde. 


CHAr.  III. —  Devoirs  des  enfants  envers  leurs  parents  [vers,  i  — 16].  Sois 
doux  et  humble,  misericordieux  et  reconnaissant  [17 — 31]. 

Chap.  1 1 1.  it§n^^ES  enfants,  ecoutez-moi,  qui  suis  votre  pere, 

Et  faites  en  sorte  que  vous  obteniez  le  salut. 
2  Car  le  Seigneur  veut  que  le  pcre  soit  honore  par  ses  enfants, 
Et  il  a  affermi  sur  les  fils  I'autorite  de  la  mere. 

3  Celui  qui  honore  son  pere  expie  ses  peches. 

4  Et  c'est  amasser  un  tresor  que  d'honorer  sa  mere. 

5  Celui  qui  honore  son  pere  sera  rejoui  par  ses  enfants, 
Et  il  sera  exauce  au  jour  de  sa  priere. 

6  Celui  qui  honore  son  p^re  aura  de  longs  jours; 
Celui  qui  obeit  au  Seigneur  donnera  consolation  a  sa  mere; 

7  [Celui  qui  craint  le  Seigneur  honore  ses  parents;] 
Comme  I'esclave  son  maitre,  il  sert  ceux  qui  lui  ont  donne  le  jour. 

8  En  a6lion  et  en  parole  honore  ton  pere, 
Afin  que  sa  benddicH^ion  vienne  sur  toi; 

9  Car  la  benedidlion  du  pere  affermit  les  maisons  de  ses  enfants; 
Mais  la  maledicflion  de  la  mere  les  bouleverse  jusque  dans  leurs  fondements. 

10  Ne  te  glorifie  pas  de  I'opprobre  de  ton  pere, 
Car  sa  confusion  ne  saurait  te  faire  honneur, 

1 1  Car  la  gloire  d'un  homme  lui  vient  de  I'honneur  de  son  pere, 
Et  une  mere  meprisee  est  la  honte  de  ses  enfants. 

12  Mon  fils,  soutiens  ton  pere  dans  sa  vieillesse, 
Et  ne  le  contriste  pas  durant  sa  vie. 

13  Son  esprit  viendrait-il  a  s'affaiblir,  sois  indulgent, 
Et  ne  le  meprise  pas  dans  la  ple'nitude  de  tes  forces. 

14  Car  le  bien  fait  a  un  pere  ne  sera  pas  mis  en  oubli, 
Et  a  la  place  de  tes  peches,  ta  maison  deviendra  prospeie. 

15  Au  jour  de  ta  tribulation  le  Seigneur  se  souviendra  de  toi; 
Comme  la  glace  se  fond  par  un  temps  serein, 
Ainsi  se  dissiperont  tes  peches. 

16  II  ressemble  au  blasphemateur  celui  qui  delaisse  son  pere; 
11  est  maudit  de  Dieu  celui  qui  irrite  sa  mere. 

17  Mon  fils,  accomplis  tes  oeuvres  avec  mansuetude, 
Et  tu  seras  aime  de  I'homme  agreable  a  Dieu. 

18  Plus  tu  es  grand,  plus  sois  humble  en  toutes  choses, 
Et  tu  trouveras  grace  devant  Dieu. 

19  Car  la  puissance  de  Dieu  est  grande, 
Et  il  est  glorifie  par  les  humbles. 

20  Ne  cherche  pas  ce  qui  est  trop  difficile  pour  toi, 
Et  ne  scrute  pas  ce  qui  depasse  tes  forces. 

21  Ce  qui  t'est  commande,  voila  a  quoi  tu  dois  penser, 
Car  tu  n'as  que  faire  des  choses  cache'es. 


les  mains  du  Seigneur  :  les  dmes  pieuses 
ont  moins  d'apprehension  de  tomber  entre 
les  mains  de  Dieu  qu'en  celles  des  hommes; 
elles  savent  qu'il  peut  les  delivrer  par  sa 
puissance,  et  qu'il  le  voudra  en  vertu  de  sa 
misericorde. 

CHAP.  III. 

La  Vulg.  commence  le  chap,  par  le  verset 
suiv.  :  Les  enfants  de  la  sagesse  forinent  la 
society  des  j Its fes,  ct  Icur  race  est  obeissance 
ct  amour. 


\.  Judicium,  dans  la  Vulg.et  quelques  ma- 
nuscrits  grecs,  parait  emprunte  au  vers.  suiv. 

2.  Exquirens  dans  la  Vulg.  ne  repond  h 
rien  en  grec  et  embarrasse  le  sens. 

3.  Vulg.  :  celui  qui  aiine  Dieu  implorera 
le  pardon  de  ses  peches,  il  s'en  abstiendra  et 
il  sera  exauce  dans  sa  priere  de  chaquejour : 
peu  en  harmonic  avec  le  contexte. 

6.  Celui  qui  obeit  au  Seigneur  {'Vu\g.  a  son 
pere),  lequel  commande  d'honorer  ses  pa- 
rents. 

8.  En  paiole;  la  Vulg.  ajoute,  et  en  toute 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cai-.  II,  23;  III,  1—24. 


517 


manus  hominum.  23.  Secundum 
enim  magnitudinem  ipsius,  sic  et 
mlsericordia  illius  cum  ipso  est. 

— *—       CAPUT   III.       — :i:— 

Honor  paientum  multiplicem  Dei  meretur 
benedi(flionem,et  inhonoratio  maledi(flio- 
neni  :  modestia  animi  laudatur  contra  cu- 
riositatem,  et  cor  durum,  nequam  et  su- 
perbum  vituperatur,  laudato  sapiente  et 
eleemosynam  tribuente. 


ILII  sapientias,  ecclesia  ju- 
storum  :  et  natio  illorum, 
obedientiaetdilectio.  2, Ju- 
dicium patris  audite  nlii^ 
et  sic  facite  ut  salvi  sitis.  3.  Deus 
enim  honoravit  patrem  in  filiis  :  et 
judicium  matris  exquirens,  firmavit 
in  filios,  4.  Qui  diligit  Deum,  ex- 
orabit  pro  peccatis,  et  continebit  se, 
ab  illiSj  et  in  oratione  dierum  exau- 
dietur.  5.  Et  sicut  qui  thesaurizat, 
ita  et  qui  honorificat  matrem  suam. 
6.  Qui  honorat  patrem  suum,  ju- 
cundabitur  in  filiis,  et  in  die  oratio- 
nis  su«  exaudietur.  7.  Qui  honorat 
patrem  suum,  vita  vivet  longiore  : 
et  qui  obedit  patri,  refrigerabit  ma- 
trem. 8.  Qui  timet  Dominum  ho- 
norat parentes,  et  quasi  dominis 
serviet  his,  qui  se  genuerunt.  g.'^ln 
opere  et  sermone,  et  omni  patientia 
honora  patrem  tuum,  10.  ut  super- 
veniat  tibi  benedictio  ab  eo,  et  be- 
nedictio  illius  in  novissimo  maneat. 
1 1.  ^'Benedictio  patris  firmat  domos 


filiorum  :  maledictio  autem  matris 
eradicat  fundamenta, 

12.  Ne  glorieris  in  contumelia 
patris  tui  :  non  enim  est  tibi  gloria, 
ejus  confusio  :  13.  gloria  enim  ho- 
minis  ex  honore  patris  sui,  et  dede- 
cus  filii  pater  sine  honore.  14.  Fili 
suscipe  senectam  patris  tui,  et  non 
contristes  eum  in  vita  illius  :  15.  et 
si  defecerit  sensu,  veniam  da,  et  ne 
spernas  eum  in  virtute  tua  :  elee- 
mosyna  enim  patris  non  erit  in 
oblivione.  16.  Nam  pro  peccato 
matris  restituetur  tibi  bonum,  1 7.  et 
in  justitia  ^edificabitur  tibi,  et  in  die 
tribulationis  commemorabitur  tui  : 
et  sicut  in  sereno  glacies  solventur 
peccata  tua.  18.  Quam  malas  fama; 
est,  qui  derelinquit  patrem  :  et  est 
maledictus  a  Deo,  qui  exasperat 
matrem. 

19.  Fili  in  mansuetudine  opera 
tua  perfice,  et  super  hominum  glo- 
riam  diligeris.  20.  ""Quanto  magnus 
es,  humilia  te  in  omnibus,  et  coram 
Deo  invenies  gratiam  :  21.  quoniam 
magna  potentia  Dei  solius,  et  ab 
humilibus  honoratur.  22.  '^Altiora 
te  ne  quassieris,  et  fortiora  te  ne 
scrutatus  fueris  :  sed  quas  prascepit 
tibi  Deus,  ilia  cogita  semper,  et  in 
pluribus  operibus  ejus  ne  fueris  cu- 
riosus.  23.  Non  est  enim  tibi  neces- 
sarium  ea,  quas  abscondita  sunt, 
videre  oculis  tuis.  24.  In  superva- 
cuis  rebus  noli  scrutari  multiplici- 
ter,  et  in  pluribus  operibus  ejus  non 


'^  Philipp.  2, 
3- 


""Prov.  25, 


■patience.  —  Stir  ioi;  la  Vulg.  ajoute,  et  que 
cette  benediHioii  denieitre  jiisqiiW  la  Jjit. 
II.  Une  mere;  Vulg.  tin  pere. 

14.  En  oubli  aupres  de  Dieu.  — •  A  la  place 
de  tes  peches  et  des  maux  qui  en  sont  I'ine- 
vitable  chatiment.  —  Ta  tnaison,  etc.;  litt., 
zl  sera  rebati  pour  ioi  :  hebra'isme. 

La  Vulg.  traduit  le  2^  membra  :  et  pour 
avoir  siipporte  le  defatit  (la  vieillesse)  de  ta 
mere.,  le  boiiheitr  te  sera  rendu.  Une  seconde 
traducftion  des  memes  mots  se  trouve  en  tete 
du  vers.  15. 

15.  Tes  peches,  avec  les  maux  qui  en  sont 
la  suite. 

16.  II  ressemble  ati,  il  est  aussi  coupable 
que  le  blaspJiemateiir.  —  (2tii  irrite  sa  mere, 
en  refusant  de  I'assister. 


La  Vulg.  traduit  le  i^r  membre  :  qti'il  est 
in  fame  celtii  qui  delaisse,  etc. 

17.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  et  tu 
auras  par  mi  les  hotnnies  plus  d' amour  en- 
core que  de  gloirej  ou  bien  :  outre  la  gloire, 
I'estime  des  hommes,  tti  atwas  encore  letir 
affe^ion. 

18.  Comp.  Philip,  ii,  y,/acq.  iv,  6. 

21.  Tu  n'as  que  f aire,  etc.  Quelques  ma- 
nuscrits  grecs,  suivis  par  la  Vulgate,  de  voir 
de  tes  yeux  les  choses  cachces. 

22.  Super/lues,  de  pure  curiosite.  —  On 
fa  montre  :  ce  que  Dieu  a  revele  forme  un 
riche  tresor  de  do(flrine  et  de  science;  que 
cela  nous  suffise,  puisque,  avec  notre  esprit 
borne,  nous  ne  pouvons  pas  meme  en  avoir 
la  parfaite  intelligence. 


518 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  Ill,  22—29;  IV,  1—9. 


Chap.  I V^ 


22  Ne  t'applique  point  aux  occupations  superflues, 

Car  on  t'a  deja  montre  plus  de  choses  que  I'intelligence  humaine  n'en  peut  comprendre. 

23  L'illusion  en  a  egare  un  grand  nombre, 

Et  une  pre'somption  coupable  a  fait  d^vier  leurs  pensees. 

24  Celui  ciui  aime  le  danger  y  trouvera  sa  perte  : 
Et  le  coeur  dur  tombe  a  la  fin  dans  le  malheur. 

25  Le  coeur  dur  sera  accable  d'afflicftions, 
Comme  le  pecheur  entasse  peches  sur  peches. 

26  Le  malheur  de  I'orgueilleux  est  sans  remede, 
Car  la  plante  du  peche  a  jetd  en  lui  ses  racines. 

27  Le  cceur  de  I'homme  intelligent  medite  la  parabole; 
Trouver  une  oreille  attentive  est  le  de'sir  du  sage. 

28  L'eau  eteint  le  feu  le  plus  ardent, 
Et  I'aumone  expie  les  peche's. 

29  Celui  qui  paie  de  retour  les  bienfaits  songe  a  I'avenlr, 
Et  au  jour  du  malheur  il  trouvera  un  appui. 

CHAP.  IV.  —  Devoirs  en  vers  les  pauvres  [vers,  i  — 11].  A  vantages 
de  la  sagesse  [12  — 19].  Conseils  divers  [20  —  31]. 

ON  fils,  ne  prive  pas  le  pauvre  de  sa  subsistance; 
Ne  fais  pas  attendre  les  yeux  de  I'indigent. 
2  N'afflige  pas  I'ame  de  celui  qui  a  faim, 
Et  n'aigris  pas  I'indigent  dans  sa  detresse. 
N'irrite  pas  davantage  un  coeur  exasp^re, 
Et  ne  differe  pas  de  donner  au  necessiteux. 
Ne  repousse  pas  le  suppliant  qui  souffre, 
Et  ne  detourne  pas  ton  visage  du  pauvre. 
Ne  ddtourne  pas  ton  regard  du  necessiteux, 
Et  ne  lui  donne  pas  occasion  de  te  maudire; 
Car,  s'il  te  maudit  dans  I'amertume  de  son  ame, 
Celui  qui  Fa  fait  exaucera  sa  priere. 
Rends-toi  agreable  a  la  societe, 
Et  devant  .un  grand  abaisse  ton  front. 
Prete  I'oreille  au  pauvre, 

Et  fais-lui  avec  douceur  une  reponse  qui  le  rejouisse. 
Tire  I'opprime  des  mains  de  I'oppresseur, 
Et  ne  sois  pas  pusillanime  quand  tu  rends  la  justice. 


23.  Uillttsion,  la  fausse  persuasion  que 
leur  esprit  peut  tout  comprendre.  D'autres, 
de  vaines  coiijcHures.  —  Devier,  litt.  glisser 
dans  I'erreur. 

La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  ct  leur 
esprit  firopre  les  a  retenus  dans  la  vanite, 
le  mensonge,  I'erreur. 

24.  Le  Civtir  dur,  I'homme  presom- 
ptueux,  obstinement  attache  a  ses  propres 
iddes. 

Plusieurs  manuscrits  grecs,  suivis  par  la 
Vulg.,  intervertissent  I'ordre  des  deux  mem- 
bres  de  ce  verset;  cet  arrangement  est  peut- 
etre  preferable  k  celui  du  cod.  Vat. 

La  Vulg.  ajoute  ici  ce  verset  :  le  ca-ur  qui 
s'oiffage  dans  deux  votes  ne  rcussira  point, 
et  I  hoimne  au  cantr  pervers  y  trouvera  une 
occasion  de  cJiute. 

25.  Le  point  de  comparaison  est  dans 
cette  idee,  que  les  douleurs  et  les  peches 
dont  elles  sont  le  chatiment  vont  toujours 
en  se  multipliant. 


26.  Le  malheur,  les  maux  dont  Dleu  le 
frappe. 

La  Vulg.  traduit  le  i^""  membre  :  il  n^  a 
point  de  gucrison  pour  Vassemblee  (en  gr. 
(TuvayioYri,  au  lieu  de  ETTaytoYTij  litt.  ce  qui 
est  ainene  par  Dieu.savoir  le  chatiment)  des 
o}gueilleux. 

Suit  une  sentence  isolee. 

27.  La  parabole,  un  discours,  une  sentence 
renfermant  un  sens  cache,  une  fine  leqon. 

Vulg.  :  le  ca'ur  du  sage  se  reconnait  (\  sa 
sagesse,  et  I'oreille  7>crtueuse  (de  Thomme 
vertueux)  ecoutera  la  sagesse  avec  une  ex- 
treme ardeur. 

EUe  ajoute  ensuite  ce  verset  :  le  co^ur 
sage  ct  intelligent  s'abstient  de  peches,  ct  il 
prosper e  ett  ccuvres  de  justice. 

28.  L'aumone,  toutes  les  oeuvres  de  mise- 
ricorde.  —  Expie  les  peches;  Vulg.,  resiste 
aux  peches. 

29.  Celui,  I'homme,  etc.  —  Songe  d.  Vave- 
nir,  pense  h  se  preparer  un  avenir  favorable. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  Ill,  25—34;  IV,  1—9. 


519 


eris  curiosus.  25.  Plurima  enim  su- 
per sensum  hominum  ostensa  sunt 
tibi.  26,  Multos  quoque  supplanta- 
vit  suspicio  illorum,  et  in  vanltate 
detinuit  sensus  illorum. 

27.  Cor  durum  habebit  male  in 
novissimo  :  et  qui  amat  pericu- 
lum,  in  illo  peribit.  28.  Cor  in- 
grediens  duas  vias,  non  habebit 
successus,  et  pravus  corde  in  illis 
scandalizabitur.  29.  Cor  nequam 
gravabitur  in  doloribus,  et  pecca- 
tor  adjiciet  ad  peccandum.  30.  Syn- 
agogae  superborum  non  erit  sani- 
tas  :  frutex  enim  peccati  radicabi- 
tur    in    illis,    et    non    intelligetur. 

31.  Cor  sapientis  intelligitur  in 
sapientia,  et  auris  bona  audiet  cum 
omni     concupiscentia     sapientiam. 

32.  Sapiens  cor,  et  intelligibile  abs- 
tinebit  se  a  peccatis,  et  in  ope- 
ribus    justitias    successus    habebit. 

n.4,24.  32'  '^Ignem  ardentem  exstinguit 
aqua,  et  eleemosyna  resistit  pecca- 
tis :  34.  et  Deus  prospector  est  ejus 
qui  reddit  gratiam :  meminit  ejus  in 
posterum,  et  in  tempore  casus  sui 
inveniet  firmamentum. 


— :;:—        CAPUT   IV.        — :i:— 

Ad  opera  misericordicC  et  sapientiam  mul- 
tipliciter  hortatur,  hujus  ostendens  utili- 
tates  :  confusio  bona  et  mala  :  non  occul- 
tanda  sapientia,  nee  veritati  contradicen- 
dum  :  pro  justitia  certandum  :  verbo  tuo 
opus  respondeat  :  sis  humanus  erga 
subditos,  et  non  avarus. 

ILIeleemosynam  pauperis 
ne  defraudes,  "et  oculos 
tuos  ne  transvertas  a  pau- 
pere.  2.  Animam  esurien- 
tem  ne  despexeris  :  et  non  exaspe- 
res  pauperem  in  inopia  sua.  3.  Cor 
inopis  ne  afflixeris,  et  non  protrahas 
daturn  angustianti.  4.  Rogationem 
contribulati  ne  abjicias  :  et  non 
avertas  faciem  tuam  ab  egeno.  5.  Ab 
inope  ne  avertas  oculos  tuos  pro- 
pter iram  :  et  non  relinquas  quae- 
rentibus  tibi  retro  maledicere  : 
6.  maledicentis  enim  tibi  in  amari- 
tudine  animas  exaudietur  deprecatio 
illius  :  exaudiet  autem  eum,  qui  fe- 
cit ilium.  7.  Congregationi  paupe- 
rum  afFabilem  te  facito,  et  presby- 
tero  humilia  animam  tuam,  et  ma- 
gnatohumiliacaputtuum.S.Declina 
pauperi  sine  tristitia  aurem  tuam,  et 
redde  debitum  tuum,  et  responde 
illi  pacifica  in  mansuetudine.  9.  Li- 
bera eum,  qui  injuriam  patitur  de 
manu  superbi :  et  non  acide  feras  in 


"■Tob.  .|,  7. 


Telle  est  I'interpretation  de  Fritzsche.  Le 
sujet  de  la  phrase  n'etant  pas  exprimd,  on 
pent  sous-entendre  riwimne  ou  le  Seigneur. 
La  Vulg.,  k  la  suite  de  quelques  manuscrits 
grecs  qui  ont  le  mot  xup'-oc,  adopte  ce  dernier 
sens  :  le  Seigitetir  paiera  de  retoiir  (Vulg. 
regarde)  cehii  qui  pratique  la  niisericorde j 
il  se  souviendra  de  lui  plus  tard,  el  au  jour 
du  inalheur  il  (le  misericordieux)  Irouvera 
un  appui. 

CHAP.  IV. 

1.  Subsistance ;  Vulg.  aunione.  —  Lesyeux 
de  I'indigenl  tournes  vers  toi  dans  une 
muette  pri^re.  Vulg.,  et  ne  detourne  pastes 
yeux  de  I'indigent. 

2.  N'afflige  pas  (Vulg.  7ie  ineprise  pas), 
soit  par  un  refus,  soit  par  de  dures  paroles. 
—  N'aigris  pas,  ne  le  porte  pas  k  des  exces  : 
la  faim  est  mauvaise  conseillere. 


3.  N'irrite pas,  mais  calme  plutot.  Vulg., 
n'afflige  pas  le  ccetir  de  ^indigent.  Pour  le 
2e  membre,  comp.  Prov.  iii,  28;  xiii,  12. 

4.  Comp.  Tob.  iv,  7. 

5.  De  le  inaudirej  la  Vulg.  ajoute,  par 
derria-e. 

7.  A  la  societej  la  Vulg.  ajoute,  des  paii- 
vres,  a  tort  :  il  s'agit  des  rapports  sociaux 
en  general;  en  outre,  elle  traduit  deux  fois 
le  2^  membre. 

2.  La  Vulg.  ajoute  au  !«••  membre,  et  paie 
ta  dette. 

9.  Quatid  iu  rends  la  justice,  quand  tu  as 
a  defendre  I'homme  injustement  persecute. 

Le  2e  membre  est  obscur  dans  la  Vul- 
gate; peut-etre  faut-il  I'entendre  ainsi  :  jie 
supporte  pas  cela  (I'oppression  du  juste) 
ainerenieiit  dans  ton  dine,  ne  te  contente  pas 
de  t'en  affliger  interieurement. 


520 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  IV,  10—26. 


10  Sois  comme  un  pcre  pour  les  orphelins, 
Comme  son  mari  pour  leur  mere, 

Et  tu  seras  comme  un  fils  du  Tres-Haut, 

Et  il  aura  pour  toi  plus  de  tendresse  que  ta  mere. 

1 1  La  sagesse  exalte  ses  enfants, 

Et  prend  soin  de  ceux  qui  la  cherchent. 

12  Celui  qui  I'aime  aime  la  vie, 

Et  ceux  qui  la  cherchent  avec  empressement  seront  remplis  de  joie. 

13  Celui  qui  s'attache  a  elle  aura  la  gloire  en  partnge, 

Et  partout  ou  il  entrera,  le  Seigneur  enverra  sa  benedi(flion, 

14  Ceux  qui  la  servent  servent  le  Saint, 

Et  ceux  qui  I'aiment  sent  aimes  du  Seigneur. 

15  Celui  qui  Tecoute  jugera  les  nations, 

Et  celui  qui  vient  a  elle  habitera  en  securite. 

16  Celui  qui  met  en  elle  sa  confiance  I'aura  en  partage, 
Et  sa  posterity  en  gardera  la  possession. 

17  Car  dans  le  commencement  elle  s'engage  avec  lui  dans  une  voie  difficile; 
Elle  amene  sur  lui  la  crainte  et  la  frayeur; 

Elle  le  tourmente  par  sa  dure  discipline, 

Jusqu'a  ce  qu'elle  puisse  se  fier  a  lui, 

Et  qu'elle  Fait  ^prouve  par  ses  prescriptions. 

18  Mais  alors  elle  revient  droit  il  lui; 
Elle  le  rdjouit  et  lui  revele  ses  secrets, 

19  S'il  s'egare,  elle  I'abandonne 
Et  le  livre  a  sa  perte. 

20  Observe  le  temps  et  garde-toi  du  mal, 
Et  n'aie  pas  a  rougir  de  toi-meme. 

21  II  y  a  une  honte  qui  amene  le  pdche, 

Et  il  y  a  une  honte  qui  attire  la  gloire  et  la  grace. 

22  N'aie  egard  a  personne  au  prejudice  de  ton  ame, 
Et  ne  rougis  pas  pour  ta  perte. 

22i  Ne  retiens  pas  une  parole  au  moment  de  sauver  ton  frh-e, 
[Et  ne  cache  pas  ta  sagesse  par  vaine  gloire] ; 

24  Car  c'est  au  langage  qu'on  reconnait  la  sagesse, 
Aux  paroles  de  la  langue  que  se  montre  la  science. 

25  Ne  contredis  pas  a  la  verite, 

Mais  rougis  de  manquer  d'instrucflion. 

26  N'aie  pas  honte  de  confesser  tes  peches, 
Et  ne  lutte  pas  contre  le  cours  du  fleuve. 


10.  Comiiic  ten  fils;  la  Vulgate  ajoute, 
ohcissnnt. 

11.  Exalte,  fait  grands  et  glorieux,  ses 
enfatits,  ses  disciples,  enfantes  par  elle  a  la 
vie  spirituelle.  Au  lieu  de  exalte,  il  y  a  dans 
la  Vulg.,  inspire  la  vie  morale  et  surnatu- 
relle,  et  I'on  trouve  cette  le(,on  dans  une 
citation  de  Clement  d'Alexandrie. 

Aprfes  le  2e  membre,  la  Vulg.  ajoute,  ct 
les  precede  dans  la  voie  de  la  justice. 

12.  Aime  la  vie,  en  ce  qu'elle  donne  a  ses 
disciples  une  vie  heureuse  et  immortelle.  — 
Seront  remplis  de  joie;  \'ulg.,  sentiront 
ioiite  sa  douceur. 

1 3.  La  gloire,  Vulg.  la  vie.  —  Partout  oil 
il  entrera,  dans  quelque  maison  qu'il  entre. 
D'autres,  partout  oii  entrera  la  sagesse;  ce 
sens  parait  etre  celui  de  la  Vulgate. 

14.  Le  Saint  par  excellence,  le  Sei- 
gneur. 


\^.  Jugera  les  nations  :  cette  expression 
tire  son  origine  et  sa  signification  des  espe- 
rances  messianiques  d'israci,  lesquelles 
promettaient  au  peuple  de  Dieu  la  primaute 
et  la  domination  sur  les  nations  idolatres. 

—  Qui  vient  a  elle,en  gr.  TipojO.ftwv;  Vulg., 
gui  la  cojtteniple,  en  gr.  ■:rpoj£)^ajv,  legon 
preferable  a  celle  du  cod.  Vat. 

16.  Datira  e?i  partaoe,  avec  tous  les  biens 
attaches  a  sa  possession. 

17.  C*?/- amene  la  raison  pour  laquelle  il 
faut  mettre  son  espe'rance  en  la  sagesse.  — 
Dans  une  voie  difficile;  \'^ulg.,  dans  la  ten- 
iation,  et  le  tradutleur  latin  ajoute,  et  tout 
d'abord  elle  Vcprouve  :  bien  pour  le  sens. 

—  (lit' elle  rait  eproicve,  qu'elle  se  soit  assure 
qu'il  suivra  toujours  ses  pr^ceptes,  quelque 
difficulte  qu'il  y  rencontre,  quelques  sacrifi- 
ces qu'ils  lui  impose. 

18.  Apr6s  le  2«  membre,  la  Vulg.  en  ajoute 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  IV,  10—31. 


521 


anima  tua,  10.  In  judicando  esto 
pupillis  misericors  ut  pater,  et  pro 
viro  matri  illorum  :  11.  et  eris  tu 
velut  filius  Altissimi  obediens,  et 
miserebitiir  tui  magis  quam  mater, 
12.  Sapientia  filiis  suis  vitam  in- 
spirat,  et  suscipit  inquirentes  se,  et 
prasibit  in  via  justitias  :  13.  et  qui 
illam  diligit,  diligit  vitam  :  et  qui 
vigilaverint  ad  illam,  complecten- 
tur  placorem  ejus.  14.  Qui  tenuerint 
illam,  vitam  hereditabunt  :  et  quo 
introibit,  benedicet  Deus,  15.  Qui 
serviunt  ei,  obsequentes  erunt  san- 
cto  :  et  eos,  qui  diligunt  illam,  dili- 
git Deus.  16.  Qui  audit  illam,  judi- 
cabit  gentes  :  et  qui  intuetur  illam, 
permanebit  confidens.  17.  Si  credi- 
derit  ei,  hereditabit  illam,  et  erunt 
in    confirmatione   creaturae  illius  : 

18.  quoniam  in  tentatione  ambulat 
cum  eo,  et  in    primis   eligit  eum, 

19.  Timorem  et  metum,  et  proba- 
tionem  inducet  super  ilium  :  et  cru- 
ciabit  ilium  in  tribulatione  doctrinas 
suas,  donee  tentet  eum  in  cogitatio- 
nibus  suis,  et  credat  anima;  illius. 

20.  Et  iirmabit  ilium,  et  iter  addu- 


cet  directum  ad  ilium,  et  lastificabit 
ilium,  21.  et  denudabit  absconsa 
sua  illi,  et  thesaurizabit  super  ilium 
scientiam  et  intellectum  justitias. 
22.  Si  autem  oberraverit,  derelin- 
quet  eum,  et  tradet  eum  in  manus 
inimici  sui. 

23.  Fili  conserva  tempus,  et  de- 
vita  a  malo.  24..  Pro  anima  tua  ne 
confundaris  dicere  verum.  25.  Est 
enim  confusio  adducens  peccatum, 
et  est  confusio  adducens  gloriam  et 
gratiam.  26.  Ne  accipias  faciem  ad- 
versus  faciem  tuam,  nee  adversus 
animam  tuam  mendacium.  27.  Ne 
reverearis  proximum  tuum  in  casu 
suo  :  28.  nee  retineas  verbum  in 
tempore  salutis.  Non  abscondas  sa- 
pientiam  tuam  in  decore  suo,  29.  In 
lingua  enim  sapientia  dignoscitur  : 
et  sensus,  et  scientia,  et  doctrina  in 
verbo  sensati,  et  firmamentum  in 
operibus  justitias.  30.  Non  contra- 
dicas  verbo  veritatis  ullo  modo, 
et  de  mendacio  ineruditionis  tuas 
confundere.  31.  Non  confunda- 
ris confiteri  peccata  tua,  et  ne  sub- 
jicias  te  omni  homini  pro  peccato. 


un  3^  :  ei  lui  pfodiouc  des  tresors  de  science 
et  d'intelligence  de  la  justice. 

19.  S'il  s''egare,  s'il  n'a  pas  etc  fidele 
dans  rdpreuve,  s'il  a  delaisse  la  sagesse  a 
cause  des  premieres  difficultes  de  son  com- 
merce avec  elle.  —  A  sa  pcrie;  Vulg.,  a 
scs  enneiiiis. 

20.  Obse7-vc  le  ie flips,  fais  attention  ;\  tous 
les  instants  pour  ne  pas  pecher.  Vulg.,  nion 
fits  conserve  le  temps,  ne  le  perds  pas  en 
I'employant  k  pecher. 

La  Vulg.  ajoute  k  la  fin  du  2^  membre 
dicere  7'eria/i,  ce  qui  donne  cet  autre  sens  : 
poitr  le  bien  de  ion  dine  71'aie  pas  Jionte  de 
dire  la  vcrite. 

21.  Une  fausse  honie  qj/i  aincne  le  pc'c/ie, 
par  ex.  quand  on  rougit  de  faire  le  bien  ou 
de  reparer  une  faute.  Comp.  xx,  20  sv. 
(Vulg.  24  sv.).  —  Une  honie  bonne  et  legi- 
time qni  aitirc,  etc.,  celle  par  ex.  qui  eloigne 
du  mal. 

22.  N\i7c  egard  a  persomie,  etc.  :  ne  fais 
jamais  le  mal  pour  plaire  a  une  personne, 
par  respeifl  humain,  etc.  —  A'e  roirgis  pas  : 
loin  de  toi  la  fausse  honte,  le  lache  respect 
humain  I 

La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  et  ne 
mens  pas  aiix  dcpc7is  de  ton  ame.  Une  autre 


tradu6lion  des  memes  mots  forme  ensuite 
un  verset  :  point  de  i-esped  ou  d'cgayd poi/r 
le  proc/iain  daits  sa  c/n/ie,  pour  les  fautes  du 
prochain. 

23.  U/ie  pa7-ole,  un  sage  conseil  qui  sau- 
verait  le  prochain.  —  Parvainegloire,  pour 
te  faire  une  gloire  de  ce  silence.  On  pour- 
rait  traduire  zV;  dcco7'e  suo  de  la  Vulg.,  q7uind 
S071  Jioniiettr  (I'honneur  de  la  sagesse)  le 
de77tandc. 

24.  La  Vulg.  paraphrase  le  2«  membre  : 
rifiielligetice,  la  scieiice  et  la  do^rine  sont 
dans  la  parole  de  Pko7n//ic  de  se7is,  et  la  fc7-- 
7netd  se  7nanifesie  da7ts  les  a'ltvres  de  justice. 

25.  A-e  coniredis  pas,  par  fausse  honte, 
par  respecfl  humain,  a  la  verite  connue, 
mais  dis-la  toujours  ouvertement  et  coura- 


geusement. 


La  Vulg.  traduit  le  2e  membre  :  7nais  aie 
ho7ite  die  77iensonge  qui  vieitt  de  ton  ig7io- 
ra/ice. 

26.  Comp.  Prov.  xxviii,  13.  Sens  :  vouloir 
cacher  ses  fautes,  c'est  latter  contre  le  cou- 
rant,  c'est  chose  impossible  :  elles  seront 
connues  tot  ou  tard. 

La  Vulg.  transporte  ce  membre  au  verset 
sui  v.,  et  le  remplace  ici  par  :  et  ne  te  fais 
Vesclave  d\iucu/i  homine  pour  pecher. 


522 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  IV,  27—31;  V,  i— 13. 


27  Ne  te  soumets  pas  a  un  homme  insens^, 

Et  n'aie  pas  egard  h  la  personne  cVun  puissant. 

28  T^squ'a  la  moit  combats  pour  la  veritt', 
Et  le  Seigneur  combattra  pour  toi. 

29  Ne  sois  pas  dur  dans  ton  langage, 
Paresseux  et  lache  dans  tes  adiions. 

30  Ne  sois  pas  comme  un  lion  dans  ta  maison, 
Ni  capricieux  au  milieu  de  tes  serviteurs. 

31  Que  ta  main  ne  soit  pas  ^tendue  pour  recevoir, 
Et  retiree  en  arriere  pour  donner. 


Chap.  V. 


CHAP.  V, —  Securite  dangereuse  [vers,  i — 7]. 
Danger  des  richesses  [8 — 10].  Langue  double  [11 — 15]. 

^^f'E  t'appuie  pas  sur  tes  richesses, 

iWiJi  "^  *^^^  P^^  ■  "  J'^'  assez  de  biens.  " 

MSaal    2  Ne  suis  pas  ta  convoitise  et  ta  force, 
Pour  satisfaire  les  desirs  de  ton  cceur; 

3  Et  ne  dis  pas  :  "  Qui  sera  mon  maitre?" 
Car  certainement  le  Seigneur  te  punira. 

4  Ne  dis  point  :  "  J'ai  peche,  et  que  m'est-il  arrive  [de  facheux].'" 
Car  le  Seigneur  est  patient. 

5  Ne  sois  pas  sans  crainte  au  sujet  de  I'expiation, 
Et  n'ajoute  pas  peche  a  peche. 

6  Ne  dis  point  :  "  La  misericorde  de  Dieu  est  grande, 
II  pardonnera  la  multitude  de  mes  peches;  " 

Car  de  lui  viennent  la  pitie  et  la  colere, 
Et  son  courroux  tombe  sur  les  pecheurs. 

7  Ne  tarde  pas  a  te  convertir  au  Seigneur, 
Et  ne  differe  pas  de  jour  en  jour; 

Car  la  colere  du  Seigneur  eclatera  tout  a  coup, 
Et  au  jour  de  la  vengeance  tu  periras. 

8  Ne  t'appuie  pas  sur  des  richesses  injustes, 

Car  elles  ne  te  serviront  de  rien  au  jour  du  malheur. 

9  Ne  vanne  pas  a  tout  vent, 

Et  ne  marche  pas  dans  toute  voie  : 
Ainsi  fait  le  pecheur  a  la  langue  double. 

10  Sois  ferme  dans  ton  sentiment, 
Et  que  ton  langage  soit  un. 

11  Sois  prompt  h.  ecouter 

Et  lent  a  donner  une  reponse. 

12  Si  tu  as  de  I'intelligence,  reponds  a  ton  prochain; 
Sinon,  mets  la  main  sur  ta  bouche. 

13  La  gloire  et  la  honte  sont  dans  la  parole, 
Et  la  langue  de  I'homme  cause  sa  perte. 


27.  Ne  te  mets  pas  ii  la  discretion  dhm 
t'nsensif  pour  lui  obeir  en  tout.  —  N\iie  pas 
egard  :  ne  trahis  pas  ta  conscience  pour 
complaire  aux  puissants.  Vulg.,  ne  resiste 
pas  en  face  an  puissanf,  ce  qu'il  faut  enten- 
dre avec  cette  reserve  :  ^  moins  qu'il  ne 
commande  le  mal. 

28.  La  vcritc;  Vulg.  la  justice.  La  Vulg. 
traduit  deux  fois  le  i«''  membre,  et  ajoute 
au  2e  membre,  contre  tes  etineniis. 

29.  Ce  verset,  comme  le  suivant,  parait  se 
rapporter  aux  relations  domestiques. 


Dur,  blessant,  en  gr.  xpa/jc;  la  Vulg.  a  lu 
Tot/;j:,  prompt  h.  parler. 

30.  Capricieux,  fantasque ;  Fritzsche, 
soupi^ottneux.  La  Vulg.  traduit  deux  fois  ce 
2e  membre  :  houleversant  les  ^ens  de  ta  mai- 
son et  tyrannisant  ceux  qiti  te  sotit  soumis. 

31.  Comp.  A^.  XX,  25.  Etendue  ...  7-etiree 
en  arriere;  nous  dirions,  ouverte  ...  fermee. 

CHAP.  V. 

I.  Vulg.,  ne  tourne pas  tes  efforts  vers  les 
richesses  injustes,  et  ne  dis  pas  :  J\ii  assez 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  IV,  32—36;  V,  1—15. 


523 


32.  Noli  resistere  contra  faciem 
potentis,  nee  coneris  contra  ictum 
fluvii.  33.  Pro  justitia  agonizare 
pro  anima  tua,  et  usque  ad  mortem 
certa  pro  justitia,  et  Deus  expugna- 
bit  pro  te  inimicos  tuos. 

34.  Noli  citatus  esse  in  lingua 
tua  :  et  inutilis,  et  remissus  in  ope- 
ribus  tuis,  35.  Noli  esse  sicut  leo  in 
domo  tua,  evertens  domesticos  tuos, 
etopprimenssubjectos  tibi.  36.Non 
sit  porrecta  manus  tua  ad  accipien- 
dum,  et  ad  dandum  collecta. 

— :i:—        CAPUT  V.       — *— 

Non  permanendum  in  peccato  ob  confiden- 
tiam  divitiariim,  juventutis,  fortitudinis, 
aut  tnisericordise  Domini;  ne  sis  vagus, 
sed  firmus  et  mansuetus  in  via  Domini, 
et  cordatus  in  verbis  :  ne  sis  susurro  aut 

'■    bilinguis. 

OLI  attendere  ad  posses- 
siones  iniquas,  et  ne  dixe- 
ris  :  Est  mihi  sufficiens 
vita  :  nihil  enim  proderit 
in  tempore  vindictas  et  obductionis, 
2.  Ne  sequaris  in  fortitudine  tua 
concupiscentiam  cordis  tui :  3.  et  ne 
dixeris  :  Ouomodo  potui?  aut  quis 
me  subjiciet  propter  facta  mea? 
Deus  enim  vindicans  vindicabit. 
4.  Ne  dixeris  :  Peccavi,  et  quid  mihi 


accidit  triste?  '^  Altissimus  enim  est  «ps.  10,  6. 
patiens  redditor.  5.  De  propitiato 
peccato  noli  esse  sine  metu,  neque 
adjicias  peccatum  super  peccatum. 
6.  Et  ne  dicas  :  Miseratio  Domini 
magna  est,  multitudinis  peccatorum 
meorum  miserebitur. 

7/Misericordia  enim  etiraabillo  *Prov.io,6. 
cito  proximant,  et  in  peccatores 
respicit  ira  illius.  8.  Non  tardes 
converti  ad  Dominum,  et  ne  difFe- 
ras  de  die  in  diem  :  9.  subito  enim 
veniet  ira  illius,  et  in  tempore  vin- 
dictae  disperdet  te. 

10.  '"Noli  anxius  esse  in  divitiis  'Piqv.  n, 
injustis  :  non  enim  proderunt  tibi  '^'  ^^' 
in  die  obductionis  et  vindictae. 
1 1.  Non  ventiles  te  in  omnem  ven- 
tum,  et  non  eas  in  omnem  viam  : 
sic  enim  omnis  peccator  probatur 
in  duplici  lingua.  12.  Esto  firmus 
in  via  Domini,  et  in  veritate  sensus 
tui  et  scientia,  et  prosequatur  te 
verbum  pacis  et  justitias.  13,  Esto 
mansuetus  ad  audiendum  verbum, 
ut  intelligas  :  et  cum  sapientia  pro- 
feras  responsum  verum.  14.  Si  est 
tibi  intellectus,  responde  proximo  : 
sin  autem,  sit  manus  tua  super  os 
tuum,  ne  capiaris  in  verbo  indisci- 
plinato,  et  confundaris.  15.  Honor 
et  gloria  in  sermone  sensati,  lin- 
gua vero  imprudentis  subversio  est 


pozir  vivre,  car  cela  nc  sert  de  rien  ati  jotir 
du  chdtiine7it  et  dit  maUieur. 

2.  Ne  siiis  pas,  n'obeis  pas  aux  sugges- 
tions de  ta  convoitise,  etc. 

4.  Patietit  ci  rendre,  a  punir  (Vulg.). 

^.  An  sujet  de  Vexpiatioti :  I'expiation  des 
fautes  n'est  pas  chose  si  facile  qu'on  y  trouve 
un  pretexte  a  entasser  p^ch^  sur  peche.  Ou 
bien,  comme  la  Vulgate  :  au  sujet  de  I'ex- 
piation des  fautes  passdes,  es-tu  certain 
qu'elle  soit  accomplie,  que  tes  fautes  soient 
pardonnees? 

6.  Ca7\  non  seulement  la  pitie,  mais  aussi 
la  colere  inent  dc  hci;  il  exerce  I'une  et  I'autre ; 
ou  bien  :  est  en  Ini  (~5tf-'  auTw,  cod.  Alex.). 
Quelques  manuscrits  gr.  et  la  Vulg.,  sojit 
egalevient  proiiiptes,  ou  se  sutvent  de  pres. 

7.  Tout  a  coup,  pendant  tous  ces  delais. 

8.  Sur  les  vers.  8-10  comp.  Prov.  x,  2. 
La  Vulg.  traduit  le  i^'^  membre  :  ne prends 

pas  de  soins  pour  des  rich  esses  injustes,  mal 
acquises. 


9.  Ne  vanne  pas,  etc. ;  nous  dirions  :  ne 
flotte  pas  a  tout  vent.  L'image  est  emprun- 
tee  a  I'usage  des  Hebreux  de  vanner  en 
plein  air  en  jetant  contre  le  vent  le  melange 
de  grain  et  de  paille;  celle-ci  etait  empor- 
tee.  —  Ainsi  fait  le pecJieur  :  il  parle  sans 
convicflion,  selon  le  vent  qui  souffle. 

10.  Un,  toujours  le  meme. 

La  Vulg.  paraphrase  :  sois  ferine  dans  la 
vote  du  Seigneur,  dans  la  sincerite  de  ce  que 
tu  penses  et  de  ce  que  tu  sais,  et  que  la  parole 
de  paix  et  de  justice  facconipagne  toujours. 

11.  Comp.  y^^f^.  i,  19. 

Vulg.  :  sois  pa/ieitt  a  efttendre  la  parole 
afin  de  comprendre,  et  fais  avec  sagesse  unc 
reponse  juste. 

12.  Metsta  mai?t,etc.  :  garde- toi  de  parler. 
La  Vulg.  ajoute  :  de  peur  d^etre  pris  dans 
une  parole  indiscrete  et  d^ avoir  a  rougir. 

13.  La  parole,  selon  qu'elle  est  bonne  ou 
mauvaise,  procure  la  gloire  ou  la  honte. 
Vulg.  :  riionneur  et  la  gloire  suivent  les 


524 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  V,  14—15;  VI,  i— 17. 


Chap.  VI. 


14  Ne  t'attire  pas  le  nom  de  medisant, 

Et  ne  tends  pas  des  pieges  avec  ta  langue; 

Car  la  confusion  tombe  sur  le  voleur, 

Et  une  condamnation  severe  atteint  la  langue  double. 

15  Ne  sois  en  faute  ni  beaucoup  ni  peu, 
I   Et  d'ami  ne  deviens  pas  ennemi; 

Car  le  mechant  aura  en  partage  la  honte  et  Topprobre 
Tel  est  le  pecheur  a  la  langue  double. 


CHAP.  VI. —  Centre  I'orgueil  [vers.  2 — 4]. 
L'amitie  et  scs  avantages  [5  — 17].  Exhortation  a  la  sagesse  [18 

E  t'eleve  pas  toi-meme  selon  les  pensees  de  ton  ame, 
jl       De  peur  que  tu  ne  sois  dechire,  comme  un  taureau. 
M  3  Tu  devoreras  ton  feuillage, 

Tu  feras  perir  tes  fruits, 

Et  tu  ne  laisseras  de  toi  qu'un  bois  aride. 

4  L'ame  perverse  perd  celui  qui  la  possede; 
EUe  fait  de  lui  la  risee  de  ses  ennemis. 

5  Une  parole  douce  fait  beaucoup  d'amis, 
Et  la  langue  aimable  est  riche  d'affabilite. 

6  Qu'ils  soient  nombreux  ceux  qui  vivent  en  bons  rapports  aver  toi, 
Mais  prends  conseil  d'un  seul  entre  mille. 

7  Si  tu  veux  acqudrir  un  ami,  acquiers-le  en  I'eprouvant, 
Et  ne  te  confie  pas  k  lui  a  la  legere; 

8  Car  tel  est  ami  a  ses  heures. 
Qui  ne  le  restera  pas  au  jour  de  ton  afidicflion. 

9  Tel  est  ami  qui  deviendra  un  ennemi, 
Et  qui  revelera  votre  differend  k  ta  confusion. 

10  Tel  est  ami  assis  Ti  ta  table, 
Qui  ne  le  restera  pas  au  jour  de  ton  malheur. 

11  Durant  ta  prosperite,  il  sera  comme  un  autre  toi-mcme, 
Et  il  parlera  librement  avec  les  gens  de  ta  maison. 

12  Si  tu  tombes  dans  I'humiliation,  il  sera  contre  toi, 
Et  il  se  cachera  devant  toi. 

13  Eloigne-toi  de  tes  ennemis, 
Et  sois  sur  tes  gardes  avec  tes  amis, 

14  Un  ami  fidMe  est  une  protecflion  puissante, 
Celui  qui  le  trouve  a  trouve  un  trcsor. 

15  Rien  ne  vaut  un  ami  fidele; 
Aucun  poids  ne  saurait  en  marquer  le  prix. 

16  Un  ami  fidele  est  un  remede  de  vie; 
Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  le  trouvent. 

17  Celui  qui  craint  le  Seigneur  a  une  veritable  amitie, 
Car  son  ami  lui  est  semblable. 


-36]. 


discoiirs  de  rhonime  setise,  mais  la  lani^ue 
de  Vimpnidefit  came  sa  ritine. 

14.  Car  de  meme  cjue  la  confusion...^ 
ainsi  line  condaiiniatioii,  etc. 

La  Vulg.  ajoute  :  an  medisant  la  Jtaine, 
Piniinitie  et  IHnfaviie. 

15.  Ne  sois  en  faute;  litt.  ii'erre  pas.  11 
s'agit  de  I'usage  de  la  langue.  Vulg.  :  fais 
egalenient  justice  au  petit  et  au  grand. 

Nous  mettons  ici  le  i^'' verset  du  chap,  vi, 
intimement  lie  au  vers.  15  de  notre  chapitre. 

Le  iiit'cJiant  ;\\\.\..,le  ]ioin  niaui'ais.  —  Tel 
est  lepecJteur,  etc. :  c'est  lui  surtout  qui  est  ex- 
pos^ et  dispose  k  changer  l'amitie  en  haine. 


CHAP.  VI. 

Le  vers,  i  se  trouve  k  la  fin  du  chap,  pre- 
cedent. 

2.  Selon  les  pensees,  conformement  aux 
pensees  (litt.  au  dessein  reflechi)  de  ton 
ame,  avec  reflexion.  —  Comme  un  taureau 
indompte  qui  s'attire  la  mort  par  ses  furieux 
deportements. 

Vulg.  :  ne  Veleve  pas  dans  les  pensees  de 
ton  ame,  comme  un  taureau,  de  peur  que  ta 
force  7te  soit  briscc  par  la  folic. 

Un  grand  nombre  d'interpretes  soupgon- 
nent  une  alteration  dans  le  texie  primitif  de 
ce  verset  et  du  suivant. 


LIBER  ECCLESIASTIC!,     Cap.  V,  i6— 18;  VI,  i— 17. 


525 


ipsius.  16.  Non  appelleris  susurro, 
et  lingua  tua  ne  capiaris,  et  confun- 
daris.  17.  Super  furem  enim  est 
confusio  et  poenitentia,  et  denotatio 
pessima  super  bilinguem  :  susurra- 
tori  autem  odium,  et  inimicitia,  et 
contumelia.  18.  Justifica  pusillum, 
et  magnum  similiter. 

— :>—       CAPUT   VI.       ~-:i:— 

Proximi  dileflionem  repellunt  improperium, 
invidia,  ac  ferocitas  :  quam  juvant  dulcedo 
in  verbis  et  pacifica  conversatio  :  multi- 
plices  sunt  ainici,  sed  verus  amicus  non 
potest  satis  a^stimari  :  quantum  diligenda 
et  conservanda  sit  sapientia  :  quserenda 
est  prudentium  societas,  et  servanda  Dei 
prjEcepta. 

OLI  fieri  pro  amico  inimi- 
cus  proximo  :  imprope- 
rium enim  et  contume- 
liam  malus  hereditabit,  et 
omnis  peccator  invidus  et  bilinguis. 
2.  "Non  te  extollas  in  cogitatione 
animae  tuas  velut  taurus  :  ne  forte 
elidatur  virtus  tua  per  stultitiam, 
3.  et  folia  tua  comedat,  et  fructus 
tuos  perdat,  et  relinquaris  velut 
lignum  aridum  in  eremo.  4.  Anima 
enim  nequam  disperdet  qui  se  ha- 
bet,  et  in  gaudium  inimicis  dat 
ilium,  et  deducet  in  sortem  impio- 
rum.  5.  Verbum  duke  multiplicat 


amicos,  et  mitigat  inimicos  :  et  lin- 
gua eucharis  in  bono  homine  abun- 
dat.  6.  Multi  pacific!  sint  tibi,  et 
consiliarius  sit  tibi  unus  de  mille. 

7.  Si  possides  amicum,  in  tentatione 
posside  eum,  et  ne  facile  credas  ei. 

8.  Est  enim  amicus  secundum  tem- 
pus  suum,  et  non  permanebit  in  die 
tribulationis.  9.  Et  est  amicus  qui 
convertitur  ad  inimicitiam  :  et  est 
amicus  qui  odium  et  rixam,  et  con- 
vitia  denudabit.  10.  Est  autem  ami- 
cus socius  mensas,  et  non  permane- 
bit in  die  necessitatis.  11,  Amicus 
si  permanserit  fixus,  erit  tibi  quasi 
coaequalis,  et  in  domesticis  tuis  fidu- 
cialiter  aget  :  12.  si  humiliaverit  se 
contra  te,  et  a  facie  tua  absconderit 
se,  unanimem  habebis  amicitiam 
bonam.  13.  Ab  inimicis  tuis  sepa- 
rare,  et  ab  amicis  tuis  attende. 

14.  Amicus  fidelis,  protectio  for- 
tis  :  qui  autem  invenit  ilium,  inve- 
nit  thesaurum.  i  ^.  Amico  fideli 
nulla  est  comparatio,  et  non  est  di- 
gna  ponderatio  auri  et  argenti  con- 
tra bonitatem  fidei  illius.  16.  Ami- 
cus fidelis,  medicamentum  vitas  et 
immortalitatis  :  et  qui  metuunt  Do- 
minum,  invenient  ilium.  17.  Qui 
timet  Deum,  aeque  habebit  amici- 
tiam bonam  :  quoniam  secundum 
ilium  erit  amicus  illius. 


3.  L'orgueil  est  compare  a  un  arbre  qui 
se  depouillerait  lui-meme  de  ses  feuilles  et 
de  ses  fruits. 

Vulg.,  et  qii'elle  (la  folie)  ne  di'vore  ies 
jeuilles,  ?ie  detruise  tes  fruits  et  te  laisse 
covtine  un  bois  aride  dans  le  desert. 

4.  Le  discours  passe  au  propre.  —  Per- 
verse, ici  orgueilleuse. 

La  Vulg.  ajoute  :  et  le  reduira  au  sort  des 
iinpies. 

5.  La  Vulg.  ajoute  au  i^''  membre,  etapaise 
Ies  enneniis,  et  traduit  le  2«,  dans  PJioninie 
de  bten  la  langtie  affable  aboiide  (en  paroles 
affables). 

9.  //  revelcra  votre  diffe'rend,  il  racontera 
Ies  causes  de  sa  rupture  de  maniere  a  mettre 
Ies  torts  de  ton  cote. 

La  Vulg.  traduit  le  2<^  membre  :  et  tel  est 
ami  qui  devoilera  Ies  /laines,  la  dispute  et 
Ies  injures  qui  se  sont  preparees  pendant 
qu'il  ^tait  encore  ton  ami. 

II.     Coinnie    un    autre    toi-vienic ,    litt. 


comme  toi,  ayant  Ies  memes  sentiments. 
—  Librenient,  familierement,  comme  etant 
lui-meme  de  la  maison ;  Fritzsche,  rude- 
nient,  sans  se  gener,  comme  s'il  dtait  leur 
maitre. 

La  Vulg.  traduit  le  i^r  membre  :  si  P ami 
demeuie  fidele,  il  te  sera  comme  un  autre 
toi-meme. 

12.  Vulg.  :  S'il  s\ibaisse  devant  toi  et  se 
cache  en  ta  presence,  de  peur  d'etre  impor- 
tun,  ttc  auras  Id  une  excellente  amitie  dans 
Punion  des  caurs. 

1 5.  Rien  ne  vaut,  litt.  n^equivaut  comme 
prix  d'achat. 

La  Vulg.  traduit  le  2'^  membre  :  aucu?i 
poids  d'or  et  d^irgent  ne  peut  etre  mis  en 
balance  avec  la  sincerite  de  sa  foi. 

16.  Un  remcde  de  vie,  qui  entretient  la  vie, 
ct  Vimnwrtalite,  ajoute  la  Vulg.  Dieu  le 
donne  a  ses  pieux  serviteurs. 

17.  A  une  amitie  veritable,  litt.  rend  son 
amitie  droite,  vraie.  Car  amene  la  raison^ 


526 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  VI,  18—37. 


18  Mon  fils,  des  ta  jeiinesse  adonne-toi  h  I'instrucflion, 
Et  jusqu'k  tes  cheveux  blancs  tu  tiouveras  la  sagesse. 

19  Approche-toi  d'elle  comme  rhomme  qui  laboure  et  qui  seme, 
Et  attends  ses  bons  fruits. 

Pendant  un  peu  de  temps  tu  auras  de  la  peine  a  la  cultiver, 
Et  bientot  tu  mangeras  de  ses  fruits. 

20  Combien  elle  parait  dure  aux  ignorants ! 
L'insense  ne  lui  restera  pas  attache. 

21  Comme  une  lourde  pierre  d'epreuve,  elle  pese  sur  lui, 
Et  il  ne  tarde  pas  a  la  rejeter. 

22  Car  la  sagesse  justifie  son  nom  : 

Elle  ne  se  decouvre  pas  au  grand  nombre. 

23  Ecoute,  mon  fils,  et  regois  ma  pensee, 
Et  ne  rejette  pas  mon  conseil. 

24  Engage  ton  pied  dans  ses  entraves, 
Et  ton  cou  dans  son  collier. 

25  Courbe  ton  epaule  pour  la  porter, 
Et  ne  t'irrite  pas  de  ses  liens. 

26  Viens  h  elle  de  toute  ton  ame, 

Et  garde  ses  voies  de  toutes  tes  forces. 

27  Suis  ses  traces  et  cherche-la,  et  elle  se  fera  connaitre  k  toi, 
Et  quand  tu  I'auras  saisie,  ne  la  quitte  pas. 

28  Car  a  la  fin  tu  trouveras  son  repos, 

Et  elle  se  changera  pour  toi  en  sujet  de  joie. 

29  Ses  entraves  deviendront  pour  toi  une  protedlion  puissante, 
Et  son  collier  un  vetement  de  gloire. 

30  Car  sur  sa  tete  est  un  ornement  d'or, 

Et  ses  bandeaux  sont  des  fils  d'hyacinthe. 

31  Tu  t'en  revetiras  comme  d'une  robe  de  gloire, 

Et  tu  la  mettras  sur  ta  tete  comme  une  couronne  de  joie. 

32  Mon  fils,  si  tu  /£  veux,  tu  acquerras  I'instrucliion, 
Et  si  tu  appliques  ton  ame,  tu  deviendras  habile. 

33  Si  tu  ecoutes  volontiers,  tu  apprendras; 
Si  tu  pretes  I'oreille,  tu  deviendras  sage. 

34  Tiens-toi  dans  la  compagnie  des  vieillards; 
Si  tu  rencontres  un  sage,  attache-toi  ;i  lui. 

35  Ecoute  volontiers  tout  discours  sur  Dieu 

Et  que  les  maximes  de  sagesse  ne  t'e'chappent  pas. 

36  Si  tu  vois  un  homme  de  sens,  sois  pres  de  lui  des  le  matin, 
Et  ciue  ton  pied  use  le  seuil  de  sa  porte. 

37  Medite  sur  les  commandements  du  Seigneur, 
Et  reflechis  constamment  a  ses  preceptes. 
Lui-meme  affermira  ton  cceur, 

Et  la  sagesse  que  tu  desires  te  sera  donnee. 


savoir  que  les  deux  amis,  en  tant  que  crai- 
gnant  Dieu,  sont  bons  et  vrais. 

18.  Adonne-toi  par  choix,  en  gr.  EuiXe^ai 
D'autres  manuscrits  suivis  par  la  Vulgate 
lisent  £7rt3£;ai,  re(^ois  Vinstrudion. 

19.  Qowx"^.  Jacq.  V,  7;  I  Cor.  iii,  9. 

21.  Picrn-  d\'preiive :  dans  toutes  les  loca- 
lites  de  la  Palestine,  dit  S.  Jdrome,  on  voit 


de  grosses  pierres  sur  lesquelles  les  jeunes 
gens  essaient  leur  force  :  les  uns  les  soule- 
vent  jusqu'aux  genoux,  les  autres  jusqu'a  la 
poitrine,  les  plus  vigoureux  jusqu'au-dessus 
de  leur  tete. 

22.  Justifie  son  nom.,  est  selon  son  nom. 
Les  exegetes  ont  cherche  un  nom  hebreu  de 
la  sagesse  qui  explique  ce  verset,  mais  leurs 


LIBER  ECCLESIASTIC!.     Cap.  VI,  18—37. 


527 


18.  Fill  a  juventute  tiia  excipe 
doctrinam,  et  usque  ad  canos  inve- 
nics  sapientiam.  19.  Quasi  is  qui 
arat,  et  seminat,  accede  ad  earn,  et 
sustine  bonos  fructus  illius,  20.  In 
opere  enim  ipsius  exiguum  labora- 
bis,  et  cito  edes  de  generationibus 
illius.  21.  Quam  aspera  est  nimium 
sapientia  indoctis  hominibus,  et  non 
permanebit  in  illaexcors.  22.  Quasi 
lapidis  virtus  probatio  erit  in  illis,  et 
non  demorabuntur  projicere  illam. 
23.  Sapientia  enim  doctrinas  secun- 
dum nomen  est  ejus,  et  non  est 
multis  manifesta  :  quibus  autem 
cognita  est,  permanet  usque  ad  con- 
spectum  Dei. 

24.  Audi  fili,  et  accipe  consilium 
intellectus,  et  ne  abjicias  consilium 
meum.  25.  Injice  pedem  tuum  in 
compedes  illius,  et  in  torques  illius 
collum  tuum  :  26.  subjice  hume- 
rum  tuum,  et  porta  illam,  et  ne 
acedieris  vinculis  ejus.  27.  In  omni 
animo  tuo  accede  ad  illam,  et  in 
omni  virtute  tua  conserva  vias  ejus. 
28.  Investiga  illam,  et  manifestabi- 
tur  tibi,  et  continens  factus  ne  de- 


relinquas  earn  :  29.  in  novissimis 
enim  invenies  requiem  in  ea,  et  con- 
verteturtibi  inoblectationem.30.Et 
erunt  tibi  compedes  ejus  in  prote- 
ctionem  fortitudinis,  et  bases  virtu- 
tis,  et  torques  illius  in  stolam  glo- 
riae:  31.  decor  enim  vitae  est  in  ilia, 
et  vincula  illius  alligatura  salutaris. 
32.  Stolam  glorias  indues  eam,  et 
coronam  gratulationis  superpones 
tibi. 

33.  Fili,  si  attenderis  mihi,disces: 
etsiaccommodaverisanimumtuum, 
sapiens  eris.  34.  Si  inclinaveris  au- 
rem  tuam,  excipies  doctrinam  :  et  si 
dilexeris  audire,  sapiens  eris.  35.  *In  *  infra 
multitudine  presbyterorum  pruden- 
tium  sta,  et  sapientias  illorum  ex 
corde  conjungere,  ut  omnem  narra- 
tionem  Dei  possis  audire,  et  prover- 
bialaudis  non  effugiant  a  te.  2^'  Et 
si  videris  sensatum,  evigila  ad  eum, 
et  gradus  ostiorum  illius  exterat  pes 
tuus.  37.  'Cogitatum  tuum  habe  in  '  Ps. 
prasceptis  Dei,  et  in  mandatis  illius 
maxime  assiduus  esto  :  et  ipse  dabit 
tibi  cor,  et  concupiscentia  sapientiae 
dabitur  tibi. 


8,9- 


conjectures  a  ce  sujet  sont  peu  satisfaisan- 
tes.  Peut-etre  faut-il  simplement  prendre 
7iom  dans  le  sens  du  latin  uomen,  qui  signifie 
aussi  reputation. 

La  Vulg.  ajoute  :  mais  dans  cetix  qui  la 
connaissent  elle  persevere  jusquW  la  vue  de 
Dieu,  jusqu'a  ce  ciu'elle  les  ait  conduits  a  la 
vue  de  Dieu. 

24.  Collier^  non  de  parure,  mais  d'assu- 
jettissement.  Sans  image  :  soumets-toi  a  la 
dure  discipline  de  la  sagesse. 

27.  Ne  la  quitte  fias,  lors  meme  qu'elle 
t'imposerait  des  devoirs  penibles. 

28.  Son  repos,  le  repos  qu'elle  donne,  et 
apres  avoir  ete  pour  toi  un  sujet  de  peine, 
elle  deviendra  un  sujet  de  joie. 

29.  Une  puissante  protemo7ij  la  Vulg. 
ajoute,  et  un  ferine  appui. 


30.  Les  bandeaux  de  son  front  sont  de 
couleur  d'hyacint/ie,  comma  les  houppes 
que  les  Hebreux  devaient  porter  aux  coins 
de  leurs  manteaux  {A'oinbr.  xv,  38).  Sous  ces 
images,  I'auteur  affirme  la  perfection  inte- 
rieure  de  la  sagesse. 

Vulg.  :  car  en  elle  est  Vhonneur  de  la  vie., 
et  ses  liens  sont  des  chaiiies  salutaires. 

32.  Si  tu  le  veux ;  Vulg.,  si  tu  pretes 
Voreille.  —  Si  tu  appliques  ton  dine  a 
I'etude  de  la  sagesse. 

34.  Des  vieillardsj  la  Vulg.  ajoute  pru- 
dejits.  —  Si,  en  general  et  en  dehors  de  I'as- 
semblee  des  vieillards,  tu  rencontres  un 
sage.  Lire  xal  -ct;  et  non  /.ai  zxc,  (Fritzsche). 

yj.  Affennira  ton  caner  dans  la  prudence 
et  la  sagesse.  —  Et  la  sagesse  que  tu  desires; 
litt.,  et  ton  desir  de  la  sagesse. 


Vd^    V<tr    Vd. 

^^  ^^  ^'** 

-'3C:-':>.  •^C.-TjN  ./gCV^ 


528 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  VII,  i— 19. 


Ch.  VII. 


CKAP.  VII.—  Exhortation  generale  a  eviter  le  mal  [vers,  i  —  3], 
suivie  d'avertissements  et  de  conseils  divers  [4 — s^]. 

^E  fais  pas  le  mal, 

Et  le  mal  ne  te  saisira  pas. 
2  Eloigne-toi  de  ce  qui  est  injuste, 
Et  I'injuste  s'eloignera  de  toi. 

3  Mon  fils,  ne  seme  point  dans  les  sillons  de  I'injustice, 
Si  tu  ne  veux  pas  recolter  sept  fois  autant. 

4  Ne  demande  pas  au  Seigneur  un  gouvernement, 
Ni  au  roi  un  siege  d'honneur. 

5  N'essaie  pas  de  paraitre  juste  devant  le  Seigneur, 
Et  ne  cherche  pas  a  paraitre  sage  devant  le  roi. 

6  Ne  brigue  pas  la  fondlion  de  juge, 
De  peur  que  tu  n'aies  pas  la  force  d'extirper  I'injustice, 
De  peur  que  tu  ne  sois  intimide  en  presence  d'un  puissant, 
Et  que  tu  ne  mettes  en  peril  ton  equite. 

7  N'offense  pas  toute  la  population  d'une  ville, 
Et  ne  te  jette  pas  au  milieu  de  la  foule. 

8  Ne  lie  pas  deux  fois  le  pechd, 
Car  meme  pour  un  seul  tu  ne  seras  pas  impuni. 

9  Ne  dis  pas  :  '•  Dieu  regardera  favorablement  la  multitude  de  mes  oftrandes, 
Et  lorsque  j'offrirai  mes  presents  au  Dieu  trcs  haut,  il  les  recevra." 

10  Ne  sois  pas  pusillanime  dans  ta  pricre, 
Et  ne  neglige  pas  de  faire  I'aumone. 

11  Ne  te  moque  pas  de  I'homme  dont  le  coiur  est  afflige, 
Car  il  y  en  a  un  qui  abaisse  et  qui  eleve. 

12  Ne  forge  point  de  mensonge  contre  ton  frere; 
Ne  le  fais  pas  non  plus  contre  ton  ami. 

13  Garde-toi  de  dire  aucun  mensonge, 
Car  le  mensonge  continu  ne  tourne  pas  a  bien. 

14  Ne  bavarde  pas  dans  la  compagnie  des  vieillards, 
Et  ne  repfete  pas  les  paroles  de  ta  pricre. 

15  Ne  hais  pas  les  labeurs  penibles, 
Ni  le  travail  des  champs  institue  par  le  Trcs-Haut. 

16  Ne  te  mets  pas  parmi  le  grand  nombre  des  pecheurs; 
Souviens-toi  que  la  vengeance  ne  tardera  pas. 

17  Humilie  profondemenl  ton  ame, 
Car  le  feu  et  Ic  ver  sont  le  chatiment  de  I'impie. 

18  N'echange  pas  ton  ami  pour  un  tresor, 
Ni  ton  frere  pour  I'or  d'Ophir. 

19  Ne  te  detourne  pas  d'une  epouse  intelligente  et  vertueuse. 
Car  son  charme  vaut  mieux  que  Tor. 


CHAP.  VII. 

1.  Zt' wa/ designe  d'abord  la  faute,  wa- 
lum  culpce,  ensuite  la  peine,  nialu/n  pcvncE. 

2.  L'inJHste,  les  consequences  de  I'injus- 
tice. 

3.  Ne  si  me  pas,  etc.  Sans  figure  :  ne  com- 
mets  pas  d'injustice.  Comp.  Prov.  xxii,  8; 
Osec,  X,  12, 

4.  Un  gouverncDient,  une  charge  de  pro- 
consul, de  procurateur,   de  satrape.  —  Uii 


SLCkTc  d' honiicuy 


une  haute  dignite. 


5.  La  I'e  de  ces  choses  est  impossible,  la 
2^  dangereuse. 

La  Vulg.  ajoute  aprcs  le  ler  membre  :  car 
il  cotuiait  bicii  les  caiirs. 

6.  De  peur  que  tti  n'aies  pas;  Vulg.,  si  tu 
n\is pas :  le  3e  membre  serait  alors  subordon- 
ne,  et  non  plus  seulement  coordonn^  au  2^. 

7.  L'auteur  adresse  ce  conseil.\un  magis- 
trat,  a  un  juge.  —  Ne  le  jette  pas,  etc.  :  ne 
t'expose  pas,  par  ton  offense,  ton  injuste 
oppression,  auxfureursde  la  foule(Fritzsche). 
D'autres  aulrcment. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  VII,  i— 21. 


529 


m^^i 


s.y^mn 


— :i^-       CAPUT  VII.      — *— 

Abstinendum  a  malis  :  vetantur  ambitio, 
pra^sumptio,  pusillanimitas,  mendacium, 
verbositas  coram  presbyteris,  et  prte- 
sumptio  in  oblationibus  :  laus  agricul- 
tural, bonae  mulieris  et  servi  frugi  :  pa- 
rentes  filios  erudiant,  et  filias  elocent  : 
filii  honorent  parentes  :  Deus  ac  sacer- 
dotes  ipsius  honorandi  :  ad  opera  miseri- 
cordiae  hortatur,  et  ad  memoriam  novis- 
simorum. 


'OLl  facere  mala,  et  non 
te  apprehendent.  2.  Dis- 
cede  ab  iniquo,et  deficient 
mala  abs  te.  3.  Filii,  non 


semines  mala  in  sulcis  injustitias,  et 
non  metes  ea  in  septuplum. 

4.  Noli  quaerere  a  domino  duca- 
tum,  neque  a  rege  cathedram  hono- 
ris. 5.  "Non  tejustifices  anteDeum, 
quoniam  agnitor  cordis  ipse  est  :  et 
penes  regem  noli  velle  videri  sa- 
piens. 6.  Noli  quasrere  fieri  judex, 
nisi  valeas  virtute  irrumpere  iniqui- 
tates  :  ne  forte  extimescas  faciem 
potentis,  et  ponas  scandalum  in 
asquitate  tua. 

7.  Non  pecces  in  multitudinem 
civitatis,  nee  te  immittas  in  popu- 
lum,  8.  *  neque  alliges  duplicia  pec- 


cata  :  nee  enmi  in  uno  ens  immunis. 
9,  Noli  esse  pusillanimis  in  animo 
tuo  :  10.  exorare,  et  facere  eleemo- 
synam  ne  despicias.  11.  Ne  dicas  : 
In  multitudine  munerum  meorum 
respiciet  Deus,  et  offerente  me  Deo 
altissimo,  munera  mea  suscipiet. 

12.  Non  irrideas  hominem  in 
amaritudine  animas  :  ""est  enim  qui  '^i  Reg.  2, 
humiliat  et  exaltat,  circumspector  7- 
Deus.  13.  Noli  arare  mendacium 
ad  versus  fratrem  tuum  :  neque  in 
amicum  similiter  facias.  14.  Noli 
velle  mentiri  omne  mendacium  : 
assiduitas  enim  illius  non  est  bona. 
15.  Noli  verbosus  esse  in  multitu- 
dine presbyterorum,  et  non  iteres 
verbum  in  oratione  tua. 

16.  Non  oderis  kboriosa  opera, 
et  rusticationem  creatam  ab  Altis- 
simo. 17.  Non  te  reputes  in  multi- 
tudine indisciplinatorum.  18.  Me- 
mento iras,  quoniam  non  tardabit. 
19.  Humilia  valde  spiritum  tuum  : 
quoniam  vindicta  carnis  impii,  ignis 
et  vermis. 

20.  Noli  praevaricari  in  amicum 
pecuniam  difFerentem,  neque  fra- 
trem carissimum  auro  spreveris. 
21.  Noli  discedere  a  muliere  sen- 
sata  et  bona,  quam  sortitus  es  in 


8.  Ne  lie  pas  deux  fois  de  suite  le  peche  a 
ton  ame  (comp.  Is.  v,  18),  ne  renouvelle  pas 
une  faute  commise,  sous  pretexte  que  le 
chatiment  n'a  pas  suivi.  Fritzsche  :  ne  lie 
pas,  dans  I'expiation  que  tu  ofifres  a  Dieu 
(comp.  vers.  9),  deux  p^ches  successive- 
ment  commis,  mais  fais  I'expiation  aussitot 
apres  le  premier. 

9.  Ce  verset  est  place  dans  la  Vulg.  apres 
le  suivant  :  a  tort. 

L'auteur  indique  ensuite  deux  moyens 
infaillibles  de  plaire  a  Dieu  :  la  contiance 
en  lui,  et  la  pratique  de  la  charite. 

10. /"wj/Z/a^m^jtimide,  defiant  de  la  bonte 
de  Dieu. 

I  r.  II y  en  a  un,  savoir,  comme  I'explique 
la  Vulg.,  Dieu  qui  voit  tout. 

1 2.  Ne  forge  point :  le  mot  hebr.  charasch 
signifie  a  la  ioM  forger  et  labourer;  c'est  le 
dernier  sens  qu'expriment  le  tradudleurgrec 
et  la  Vulg. 

13.  Ne  tourne  pas  a  bien,  tourne  a  mal  : 
litote. 

14.  Ne  repUe  pas  :  comp.  Matth.  vi,  7  sv. 


15.  Institue  par  le  Tres-Haut  dans  le  pa- 
radis  terrestre  {Cien.  ii,  15). 

16.  Ne  te  niets  pas  :  ne  peche  pas  comme 
beaucoup  le  font. 

17.  De  / V;«^zVy  Vulg. ,  dc  la  chair  de  Pini- 
pie.  Comp.  Is.  Ivi,  24;  Marc,  ix,  45. 

18.  Pour  un  tresor,  litt.  pour  de  Pargent, 
en  grec  svsxev  aoia'fo'pou.  D'apres  Fritzsche, 
aStatpopov,  qui  designe  ordinairement  une 
chose  sans  importance,  signifierait  aussi  par 
exception  de  Vargent,  comme  o'.aoooov  dans 
Polybe,  et  cette  signification  parait  ici  exi- 
gee  par  le  parallelisme.  La  Vulg.  traduit 
largement  :  ne  te  roids  pas  coicpable  contre 
V ami  qui  te  fait  attendre  de  l' argent,  qu'il 
te  doit  ou  que  tu  lui  demandes,^/  ne  nuprise 
pas  pour  dc  Vor  ton  frere  bien-aimc. 

19.  Ne  te  detour  ne  pas;  Vulgate,  ne  te 
separe  pas ;  elle  ajoute  au  i^r  membre,  que 
tu  as  eue  en  partage  dans  la  crainte  da 
Seigneur.  —  Son  char  me;  Vulg.,  le  char  me 
de  sa  modcstie. 

20.  (2ui  se  devoice;  litt.,  qui  donne  son 
dine,  qui  se  donne  lui-meme. 


LA  SAlNTE  UIULli.  TOME  IV. 


34 


530 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  VII,  20—36;  VIII,  i,  2. 


20  Ne  maltraite  pas  I'esclave  qui  travaille  fidelement, 
Ni  le  mercenaire  qui  se  devoue  a  ton  service. 

21  Aime  I'esclave  intelligent; 
Ne  le  prive  pas  de  la  liberte. 

22  As-tu  des  troupeaux,  prends-en  soin, 
Et  s'ils  te  sont  utiles,  garde-les  chez  toi. 

23  As-tu  des  fils,  instruis-les, 

Et  plie-les  au  joug  des  leur  enfance.^ 

24  As-tu  des  filles,  veille  a  leur  chastete, 
Et  n'aie  pas  avec  elles  un  visage  jovial. 

25  Marie  ta  fille,  et  tu  auras  fini  une  grosse  affaire; 
Et  donne-lk  a  un  homme  intelligent. 

26  As-tu  une  femme  salon  ton  cceur,  ne  la  repudie  pas. 
[Mais  ne  te  donne  pas  a  une  femme  qui  t'est  contraire]. 

27  Honore  ton  p^re  de  tout  ton  coeur, 

Et  n'oublie  pas  les  douleurs  de  ta  mere. 

28  Souviens-toi  que  c'est  par  eux  que  tu  es  venu  au  monde: 
Et  comment  leur  rendras-tu  ce  qu'ils  font  donne? 

29  Grains  le  Seigneur  de  toute  ton  ame, 
Et  tiens  ses  pretres  en  grand  honneur. 

30  Aime  de  toutes  tes  forces  Celui  qui  t'a  fait, 
Et  ne  d^laisse  pas  ses  ministres. 

31  Grains  le  Seigneur  et  honore  le  pretre; 
Donne-lui  sa  part,  comme  il  est  prescrit  \ 

La  viflime  pour  le  delit  avec  le  don  des  epaules. 
La  sainte  oblation  et  les  premices  dues  aux  saints 

32  Tends  aussi  la  main  au  pauvre, 

Afin  que  ta  benediflion  soit  complete. 
Donne  gracieusement  a  tout  vivant, 
Et  ne  refuse  pas  ton  bienfait  au  mort. 
Ne  fais  pas  ddfaut  a  ceux  qui  pleurent, 
Et  sois  en  deuil  avec  les  affliges. 
Ne  neglige  pas  de  prendre  soin  des  malades; 
Pour  cet  acfle  de  charite  tu  seras  aime  de  Dieii. 
36  Dans  toutes  tes  aiflions  souviens-toi  de  ta  fin, 
Et  tu  ne  pecheras  jamais. 


I 


34 
35 


CHAP.  VIII.  —  Diverses  regies  de  prudence  a  observer  dans 

les  relations  sociales. 


Gh.  VIII. 


'^^^I'AIE  pas  de  dispute  avec  un  homme  puissant, 
De  peur  que  tu  ne  tombes  entre  ses  mains. 
N'aie  pas  de  querelle  avec  un  homme  riche, 


De  peur  qu'il  ne  t'oppose  le  poids  de  sott  or; 


21.  Aime;  la  Vulg.  ajoute,  comme  ton  dme, 
comme  toi-meme.  —  De  la  liberte  a  laquelle 
la  loi  lui  donnait  droit  apres  tant  d'annees  de 
service  {Exod.  xxi,  2;  Lev.  xv,  41).  La  Vulg. 
ajoute,  et  ne  le  laisse  pas  dans  I'indigence 
apres  I'avoir  afifranchi  {Dent,  xv,  13  sv.). 

22.  Garde-les,  ne  les  vends  pas.  Cela  est 
dit  pour  ceux  qui  cherchent  toujours  de 
nouveaux  moyens  de  s'enrichir  (Gorn. 
de  Lapierre). 

23.  Instruts-les,  en  prenant  ce  mot  dans 
le  sens  general  de  bien  clever,  /aire  Vcdu- 
cation. 


24.  Veille  a  leur  chastete;  litt.,  garde  leur 
corps.  —  N''aie  pas  avec  elles  :  evite  des 
familiarit^s  qui  les  rendraient  legeres  et 
folatres. 

25.  Uiic  <rrosse  affaire,  car  il  est  aussi 
difficile  de  la  garder  a  la  maison  paternelle 
que  de  lui  trouver  un  mari  convenable. 

26.  Qui  Vest  contraire,  qui  n'est  pas  selon 
ton  cceur. 

27.  Les  douleurs  d'enfantement. 

28.  Et  comment  leur  rendras-tu;  Vulg. , 
et  rends-leur. 

30.  Ses  ministres  :  comp.  I  Tim.  v,  1 7  sv. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  VII,  22  -40;  VIII,  i,  2. 


531 


timore  Domini  :  gratia  enim  vere- 
cundias  illius super  aurum.  22.'^Non 
lasdas servum  inveritateoperantem, 
nequemercenarium  dantem  animam 
suam.  23.  Servus  sensatus  sit  tibi 
dilectus  quasi  anima  tua,  non  de- 
fraudes  ilium  libertate,  neque  in- 
opem  derelinquas  ilium. 

24.  Pecora  tibi  sunt?  attende 
illis  :  et  si  sunt  utilia,  perseverent 
apud  te.  25.  Filii  tibi  sunt?  erudi 
illos,  et  curva  illos  a  pueritia  illo- 
rum.  26,  Filias  tibi  sunt?  serva  cor- 
pus illarum,  et  non  ostendas  hila- 
rem  faciem  luam  ad  illas.  27.  Trade 
filiam,  et  grande  opus  feceris,  et 
homini  sensato  da  illam. 

28.  Mulier  si  est  tibi  secundum 
animam  tuam,  non  projicias  illam  : 
et  odibili  non  credas  te.  In  toto 
corde  tuo  29.  'honora  patrem  tuum, 
et  gemitus  matris  tu«  ne  oblivisca- 
ris  :  30.  memento  quoniam  nisi  per 
illos  natus  non  fuisses  :  et  retribue 
illis,  quomodo  et  illi  tibi. 

31.  In  tota  anima  tua  time  Do- 
minum,  et  sacerdotes  illius  sancti- 
fica.  32.  In  omni  virtute  tua  dilige 
eum  qui  te  fecit  :  et  ministros  ejus 
ne  derelinquas.  23-  ^Honora  Deum 
ex  tota  anima  tua,  et  honorifica  sa- 
cerdotes, et  propurga  te  cum  bra- 
chiis.  34.  Da    illis    partem,  "sicut 


mandatum  est  tibi,  primitiarum  et 
purgationis  :  et  de  negligentia  tua 
purga  te  cum  paucis.  2^.  Datum 
brachiorum  tuorum  et  sacrificium 
sanctificationis  offeres  Domino,  et 
initia  sanctorum  : 

26.  Et  pauperi  porrige  manum 
tuam,  ut  perficiatur  propitiatio  et 
benedictio  tua.  37.  Gratia  dati  in 
conspectu  omnisviventis,  et  mortuo 
non   prohibeas  gratiam.  38.  ''Non     ''Rom. 
desis  plorantibus  in  consolatione,  et    ^^■ 
cum  lugentibus  ambula.  39,  'Non    'Mattii. 
te  pigeat  visitare  infirmum  :  ex  his    ^^■ 
enim  in  dilectione  firmaberis.  40.  In 
omnibus  operibus   tuis   memorare 
novissima  tua,  et  in  asternum  non 
peccabis. 


— :;:—       CAPUT    VIII.       — =;:— 

Non  contendendum  cum  potente,  locuplete, 
linguato,  indo(flo  :  non  despiciendus  poe- 
nitens,  nee  senex  :  de  mortuo  inimico  ne 
gaudeas  :  audiendi  seniores,  arguendi 
peccatores  et  contumeliosi  :  fenerari  : 
spondere  :  contra  judicem  :  cum  audace  : 
cum  iracundo :  cum  fatuis  :  cum  extraneo. 


ON   litiges  cum    homine 
potente,  ne  forte  incidas 
in  manus  illius.  2.  "Non 
contendas  cum  viro  locu- 
plete, ne  forte  contra  te  constituat 


12, 


"  Matth. 

25- 


31.  Les  premices  en  general  {No7nbr. 
xviii,  19).  —  Le  don  des  cpmiles  :  dans  cer- 
tains sacrifices  {Exod.  xxix,  2'j;Lev.  vii,  32). 
et  particulierement  dans  le  sacrifice  pour  le 
delit  (hebr.  dscJiam),  I'epaule  droite  de  la 
vi(flime  revenait  aux  pretres.  —  La  sainte 
oblation  :  dans  les  sacrifices  non  sanglants 
(en  hebr.  mincJiaJi;  Vulg.  oblatw),  une  par- 
tie  des  offrandes  (farine,  huile,  etc.)  reve- 
nait aussi  aux  pretres  :  voy.  Lev.  ii,  3; 
xvi,  17.  —  Les  premices  dues  aux  saints,  aux 
pretres,  toutes  les  dimes  et  redevances  dues 
au  Seigneur  et  a  ses  ministres  {Lev.  xxvii, 
30  sv.). 

La  Vulg.  ofFre  quelques  repetitions,  cjui 
resultent  en  partie  dime  double  traduc- 
tion des  memes  mots,  par  ex.  purgationis 
et  de  negligentia  pour  sacrifice  pour  le  de- 
lit.  La  note  qui  precede  servira  aussi  a 
I'expliquer. 

32.  Ta   bcnedidion,  la    benediiflion    que 


Dieu  te  donnera.  La  Vulg.  ajoute,  et  son 
expiation. 

I'})-  On  traduit  ordinairement  le  i^'^mem- 
bre  :  le  present  est  agrcable  a  tout  vivantj 
ou  bien,  avec  Loch  et  Reischl  :  que  la  re- 
connaissance pour  un  present  soit  temoignce 
a  tout  bienfaiteur  vivant.  Notre  version 
donne  un  meilleur  parall^lisme.  —  Ton 
bienfait  au  mart,  la  sepulture  et  sans  doute 
aussi  tes  prieres. 

34.  La  Vulg.  traduit  le  ler  membre  :  ne 
manque  pas  de  consoler  ccux  qui  pleurent, 
en  pleurant  avec  eux  {Rom.  xii,  15)  :  bien 
pour  le  sens. 

35.  De  prendre  soin;  Vulg.,  de  visiter. 

CHAP.  VIII. 

2.  De  peur  quHl  ne  gagne  a  prix  d'argent 
des  hommes  a  sa  cause.  —  Perdu,  dans  le 
sens  de  corrompu.  —  Fait  devier  de  la  jus- 
tice et  du  droit. 


532 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  VIII,  3—19. 


Car  Tor  a  perdu  beaucoup  de  gens, 
II  a  ineme  fait  d^vier  le  coeur  des  rois. 

3  N'aie  pas  de  dispute  avec  un  grand  parleur, 
Et  n'entasse  pas  du  bois  dans  son  feu. 

4  Ne  plaisante  pas  avec  un  homme  mal  elev^, 
De  peur  que  tes  ancetres  ne  soient  deshonores. 

5  Ne  raille  pas  I'homme  qui  se  detourne  du  peche;^ 
Souviens-toi  que  nous  sommes  tous  dignes  de  chatiment. 

6  Ne  meprise  pas  un  homme  dans  sa  vieillesse, 
Car  quelques-uns  d'entre  nous  vieillissent  aussi. 

7  Ne  te  rejouis  pas  quand  un  homme  meurt; 
Souviens-toi  que  nous  mourrons  tous. 

8  Ne  negligie  pas  les  discours  des  sages, 
Et  entretiens-toi  de  leurs  maximes; 
Car  tu  apprendras  d'eux  I'instrucftion 

Et  I'art  de  servir  les  grands  [sans  reproche]. 

9  Ne  laisse  pas  echapper  les  discours  des  vieillards. 
Car  eux-memes  ont  appris  de  leurs  peres. 

Tu  apprendras  d'eux  la  sagesse, 

Et  a  bien  repondre  quand  il  en  sera  besoin. 

10  N'allume  pas  les  charbons  du  pecheur, 

De  peur  que  tu  ne  sois  devore  par  les  ardeurs  de  sa  flamme. 

1 1  Ne  tiens  pas  tete  a  I'insolent  qui  t'insulte, 

De  peur  qu'il  ne  se  mette  en  embuscade  pour  epier  tes  paroles. 

12  Ne  prete  pas  a  plus  puissant  que  toi, 

Et  si  tu  lui  as  prete  une  chose,  tiens-la  pour  perdue. 

13  Ne  te  porte  pas  caution  au-dela  de  tes  moyens, 

Et  si  tu  as  repondu,  inquiete-toi  comme  devant  payer. 

14  N'aie  pas  de  litige  avec  un  juge, 

Car  on  decidera  pour  lui  selon  sa  consideration. 

1 5  Ne  fais  point  route  avec  un  temeraire, 
De  peur  qu'il  ne  te  devienne  a  charge; 
Car  il  fait  tout  a  sa  fantaisie, 

Et,  par  sa  folic,  tu  periras  avec  lui. 

16  N'aie  pas  de  querelle  avec  un  homme  irascible, 
Et  ne  traverse  pas  le  ddsert  avec  lui; 

Car  le  sang  n'est  rien  a  ses  yeux, 

Et,  loin  de  tout  secours,  il  te  terrassera. 

17  Ne  tiens  pas  conseil  avec  un  fou. 
Car  il  ne  pourra  rien  taire. 

18  Devant  un  dtranger  ne  fais  rien  qui  doive  rester  cache, 
Car  tu  ne  sais  ce  qu'il  pent  faire. 

19  Ne  decouvre  pas  ton  cocur  h.  tout  venant, 
Si  tu  ne  veux  pas  en  ctre  mal  rtfcompense. 


1 

i 


*^^f^§#^ 


3.  N'entasse  pas,  etc.  Sans  figure  :  ne  lui 
donne  pas  occasion  de  faire  valoir  sa  faci- 
lite  de  parole. 

4.  Deshonores,  soit  qu'ils  ne  verraient  pas 
sans  rougir  ta  liaison  avec  un  homme  vul- 


gaire  et  grossier,  soit  plutot  parce  que  cet 
homme  insulterait  a  leur  me'moire. 

La  Vulg.,  au  lieu  de  tes  ancetres,  met  ta 
race,  ce  qui  comprend  les  ascendants  et  les 
descendants. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  VIII,  3—22. 


533 


litem  tibi.  3.*MuItosenim  perdidit  I  rum.    14.    Ne    contra   faciem   stes 
aurum  et  argentum,et  usque  ad  cor  '  contumeliosi,  ne  sedeat  quasi  insi- 


regum  extendit,  et  convertit.  4.  Non 
litiges  cum  homine  linguato,  et  non 
strues  in  ignem  illius  ligna. 

5.  Non  communices  homini  in- 
docto,  ne  male  de  progenie  tua  lo- 
quatur.  6.  Ne  despicias  hominem 
2,6.  avertentem  se  a  peccato,  "neque 
^-  improperes  ei  :  memento  quoniam 
19,  omnes  in  correptione  sumus.  7/Ne 
spernas  hominem  in  sua  senectute  : 
etenim  ex  nobis  senescunt.  8.  Noli 
de  mortuo  inimico  tuo  gaudere  : 
sciens  quoniam  omnes  morimur,  et 
in  gaudium  nolumus  venire, 
a 6,  9.  ''Ne  despicias  narrationem 
presbyterorum  sapientium,  et  in 
proverbiis  eorum  conversare :  10.  ab 
ipsis  enim  disces  sapientiam,  et  do- 
ctrinam  intellectus,  et  servire  ma- 
gnates sine  querela.  11.  Non  te 
praetereat  narratio  seniorum  :  ipsi 
enim  didicerunt  a  patribus  suis  : 
12.  quoniam  ab  ipsis  disces  intelle- 
ctum,et  in  tempore  necessitatis  dare 
responsum. 

13.  Non  incendas  carbones  pec- 
catorum  arguens  eos,  et  ne  incen- 
daris  flamma  ignis  peccatorum  illo- 


diator  ori  tuo.  15. 'Noli  foenerari 
homini  fortiori  te  :  quod  si  foenera- 
veris,  quasi  perditum  habe.  16.  Non 
spondeas  super  virtutem  tuam  : 
quod  si  spoponderis,quasi  restituens 
cogita. 

1 7.  Non  judices  contra  judicem  : 
quoniam  secundum  quod  justum  est 
judicat.  18.  ^  Cum  audace  non  eas 
in  via,  ne  forte  gravet  mala  sua  in 
te  :  ipse  enim  secundum  volunta- 
tem  suam  vadit,  et  simul  cum  stul- 
titia  illius  peries,  1 9.''  Cum  iracundo 
non  facias  rixam,  et  cum  audace  non 
eas  in  desertum  :  quoniam  quasi 
nihil  est  ante  ilium  sanguis,  et  ubi 
nonestadjutorium,elidet  te.20.Cum 
fatuis  consilium  non  habeas  :  non 
enim  poterunt  diligere  nisi  quae  eis 
placent.  21.  Coram  extraneo  ne  fa- 
cias consilium  :  nescis  enim  quid 
pariet.  22.  Non  omni  homini  cor 
tuum  manifestes  :  ne  forte  inferat 
tibi  gratiam  falsam,  et  convitietur 
tibi. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


-^  Infra  29,4. 


'  Gen.  4,  8. 


''  Prov.  22, 
24- 


5.  La  Vulg.  ajoute  au  i«''  membre  :  et  ne 
ltd  adresse  pas  de  reproches. 

6.  Dans  et  k  cause  de  sa  vieillesse.  — 
Car  un  mepris  semblable  attendrait  ceux 
d'entre  nous  qui  arriveront  a  la  vieillesse. 

7.  Quattd  un  homme ;  Vulg.,  qtiand  ion 
enneini^  ce  qui  restreint  la  pensee.  —  La 
Vulg.  ajoute  au  z^-  membre,  et  que  ftous  7ie 
voulons  pas  devenir  un  sujet  de  risee. 

8.  Des  sages;  la  Vulg.  ajoute,  vieillards, 
—  Entretiens-toi,  occupe-toi.  —  Uinstruc- 
tioji ;  la  Vulg.,  ct  les  enseignevients  de  P in- 
telligence. —  Salts  reproche^  ou,  selon  une 
autre  variante,  sans  difficidte. 

10.  N\xlluine  pas,  n'excite  pas  les  instin(fls 
pervers  du  pcckeur. 

11.  Ne  tiens pas  tete,  etc.  :  ce  sens  parait 
etre  celui  du  traducfleur  latin;  le  grec  est 
obscur.  —  Pour  epier  tes  paroles,  les  enve- 
nimer  et  les  tourner  contre  toi. 

13.  Comp.  Prov.  vi,  i;  xi,  15;  xvii,  18,  al. 


14.  Selon  sa  consideration,  la  considera- 
tion attachee  a  ses  fondlions  de  juge. 

Vulg.  :  ne  jicge pas  contre  Ic  juge,  ne  sus- 
pefle  pas  son  jugement ;  car  il  prononce 
seloft  ce  qui  est  juste,  la  presomption  est  en 
sa  faveur. 

15.  (2'^'^^  '^^  te  devienne  a  charge,  qu'il  ne 
te  mette  en  peril;  Vulg.,  qiCil  ne  fasse  re- 
toviber  stir  toi  ses  mefaits,  ses  imprudences. 

16.  //  te  terrassera;  Vulg.,  //  t\'crasera  : 
allusion  au  meurtre  d'Abel. 

17.  Rie7i  taire;  litt.,  taire  V affaire  en 
question, 

18.  Un  etranger  k  ta  maison,  a  tes  affaires. 

19.  ^  totit  vetiajitj  Fritzsche,  ne  decouvre 
ton  cceur  a  personne.  —  Si  tu  ne  veiix  pas; 
litt.  et  fien  sois  pas,  ne  t'expose  pas  a  en  etre 
inal  recompense;  la  Vulg.  ajoute,  etrecevoir 
des  outrages.  Samson  avec  Dalila  est  un 
exemple  de  cette  imprudence  {Juq.  xvi, 
18  sv.). 


534 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  IX,  1  —  14. 


Chap.  IX. 


CHAR  IX. —  Rapport  avec  Ics  femmes  [vers,  i  —  9],  avec  les  vieux  amis  [10], 
avcc  les  p6cheurs  heureux  [11  — 12],  les  puissants  [13],  les  sages  et  les 
jiistes  [14 — 16],  le  sage  magistrat  et  le  grand  parleur  [17  — 18]. 

E  sois  point  jaloux  de  la  femme  qui  repose  sur  ton  sein, 

Et  n'eveille  pas  dans  son  esprit,  a  ton  detriment,  una  idde  mauvaise. 
2   Ne  te  livre  pas  de  telle  sorte  a  ta  femme, 
Qu'elle  s'eleve  centre  ton  autorite. 

3  Ne  vas  pas  k  la  rencontre  d'une  femme  courtisane, 
De  peur  de  tomber  dans  ses  filets. 

4  Ne  reste  pas  longtemps  avec  une  chanteuse, 
De  peur  que  tu  ne  sois  pris  par  son  art. 

5  N'arrete  pas  ton  regard  sur  une  jeune  fille, 
De  peur  d'avoir  a  subir  des  chatiments  a  cause  d'elle. 

6  Ne  te  livre  pas  aux  courtisanes, 
De  peur  que  tu  ne  perdes  tes  biens. 

7  Ne  prom&ne  pas  tes  yeux  dans  les  rues  de  la  ville, 
Et  ne  rode  pas  dans  les  endroits  solitaires. 

8  Detourne  les  yeux  de  la  femme  elegante, 
Et  ne  regarde  pas  curieusement  une  beaute  etrangere. 
Beaucoup  sont  seduits  par  la  beaute  de  la  femme, 
Et  la  passion  s'y  allume  comme  un  feu. 

9  Ne  t'asseois  jamais  auprfes  d'une  femme  marine, 
[Ne  t'accoude  pas  a  table  avec  elle,] 
Et  ne  bois  pas  avec  elle  le  vin  dans  des  banquets, 
De  peur  que  ton  coeur  ne  se  tourne  vers  elle, 
Et  que  la  passion  ne  t'entraine  a  ta  perte. 

10  N'abandonne  pas  un  vieil  ami, 
Car  le  nouveau  ne  le  vaudra  pas; 
Vin  nouveau,  nouvel  ami, 
Ou'il  vieillisse,  et  tu  le  boiras  avec  plaisir. 

11  N'envie  pas  la  gloire  du  pecheur, 
Car  tu  ne  sais  pas  ce  que  sera  sa  ruine. 

12  Ne  prends  pas  plaisir  au  plaisir  des  impies; 
Souviens-toi  qu'ils  ne  paraitront  pas  justes  jusqu'au  scjour  des  morts. 

13  Tiens-toi  loin  de  I'homme  qui  a  le  pouvoir  de  faire  mourir, 
Et  tu  n'auras  pas  la  crainte  de  la  mort. 
Et  si  tu  I'approches,  garde-toi  de  toute  faute, 
De  peur  qu'il  ne  t'ote  la  vie. 
Sache  que  tu  marches  au  milieu  de  pieges, 
Et  que  tu  te  promenes  sur  les  creneaux  de  la  ville. 

14  Observe  autant  que  possible  ceux  qui  t'approchent, 
Et  prends  conseil  des  sages. 


CHAP.  IX. 

1.  U/ie  idee  ntauvaisc,  I'idee  d'etre  infidele 
en  effet. 

2.  Contre  ton  autorite^  ce  qui  serait 
contraire  a  institution  divine  du  mariage 
{Gen.  iii,  16).  Exemples  :  Samson,  Salo- 
mon, etc. 

3.  Ne  va  pas  nu-devant,  ne  t'approche 
pas  (Vulg.,  ne  regarde  pas).  Comp.  I^rov. 
vii,  10. 

4.  Une  chanteuse  J  Vulg.,  imc  danseuse. 


La  Vulg.  ajoute  au  i^''  membre,  et  ne 
Pccoiiie  pas. 

5.  Sur  line  jeune  fille  :  covcv'^.Job,  xxxii,  i ; 
Matt/i.  v,  28.  —  De  peur  que,  ayant  pech^ 
avec  elle,  ///  ne  subisses  litt.  scs  chatiments, 
les  peines  dont  la  loi  frappe  le  seduc1:eur, 
savoir  la  flagellation  et  I'amende  {Deut. 
xxii,  19).  Vulg.,  de  peur  que  sa  beaute  (en 
gr.  £T:t6'j;j.iatc)  7ie  cause  ta  chute. 

6.  Que  tu  ne  perdes  tes  biens :  comp.  Prov. 
V,  10;  vi,  26;  xxix,  3.  Vulg.,  que  tu  ne  perdes 
toi  et  tes  biens. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  IX,  i— 21. 


535 


JS^M^MM-^i^MMM^  '^  ^  '■^  ^  ^-  ^  ^M^ 

— :i:—        CAPUT   IX.       — ^i^— 

Ouam  sit  prudenter  cum  mulieribus  agen- 
"dum,  et  quam  sit  societas  et  affecflus  ea- 
rum  viris  periculosa  :  amicus  antiquus 
servandus  :  peccatoris  gloria  non  zelan- 
da  :  absis  ab  homine  potestatem  Deci- 
dendi habente  :  cum  sapientibus  tracflan- 
dum  et  Deus  pr£e  oculis  habendus. 

ON  zeles  mulierem  sinus 
tui,  ne  ostendat  super  te 
malitiam     doctrinas     ne- 

quam.  2.  Non  des  mulieri 

potestatem  animas  tuas,  ne  ingredia- 
tur  in  virtutem  tuam,  et  confunda- 
ris.  3.  Ne  respicias  mulierem  multi- 
volam  :  ne  forte  incidas  in  laqueos 
illius.  4.  Cum  saltatrice  ne  assiduus 
sis  :  nee  audias  illam,  ne  forte  pereas 
in  efficacia  illius.  5.  "Virginem  ne 
conspicias,  ne  forte  scandalizeris  in 
decore  illius.  6.  *Ne  des  fornicariis 
animam  tuam  in  ullo  :  ne  perdas  te, 
et  hereditatem  tuam.  7.  Noli  cir- 
cumspicere  in  vicis  civitatis,  nee 
oberraverisinplateisillius.  S.^Aver- 
te  faciem  tuam  a  muliere  compta,  et 
ne  circumspicias  speciem  alienam. 
9.  Propter  speciem  mulieris  multi 
perierunt :  et  ex  hoc  concupiscentia 
quasi  ignis  exardescit.  10.  Omnis 
mulier,   quae   est   fornicaria,   quasi 


stercus  in  via  conculcabitur.  1 1 .  Spe- 
ciem mulieris  alienas  multi  admira- 
ti,  reprobi  facti  sunt  :  colloquium 
enim  illius  quasi  ignis  exardescit. 
12.  Cum  aliena  muliere  ne  sedeas 
omnino,  nee  accumbas  cum  ea  su- 
per cubitum  :  13.  et  non  alterceris 
cum  ilia  in  vino,  ne  forte  declinet 
cor  tuum  in  illam,  et  sanguine  tuo 
labaris  in  perditionem. 

14.  Ne  derelinquas  amicum  anti- 
quum :  novus  enim  non  erit  similis 
illi.  15.  Vinum  novum,  amicus  no- 
vus :  veterascet,  et  cum  suavitate 
bibes  illud. 

16.  '^Non  zeles  gloriam,  et  opes 
peccatoris  :  non  enim  scis  quae  fu- 
tura  sit  illius  subversio.  17.  Non 
placeat  tibi  injuria  injustorum,sciens 
quoniam  usque  ad  inferos  non  pla- 
cebit  impius. 

18.  Longe  abesto  ab  homine  po- 
testatem habente  occidendi  et  non 
suspicaberis  timorem  mortis  :  19.  et 
si  accesseris  ad  ilium,  noli  aliquid 
committere,  ne  forte  auferat  vitam 
tuam.  20.  Communionem  mortis 
scito  :  quoniam  in  medio  laqueorum 
ingredieris,  et  super  dolentium  arma 
ambulabis. 

2 1. Secundum  virtutem  tuam  cave 
te  a  proximo  tuo,  et  cum  sapienti- 


7.  Les  eiidroits  solitaires  ou  se  tiennent 
d'ordinaire  les  courtisanes.  Vulg.,  les  places. 

8.  Unc  beanie  efrajjgcre,  la  beaute  d'une 
femme  dtrangere.  Comp.  Prov.u,  16. 

La  Vulg.  ajoute  ici  les  deux  versets  suiv.  : 
toute  femme  qui  se  livre  a  la  debauche  est 
foulce  auxpieds  comme  une  ordure.  —  Beatc- 
coup,  four  avoir  admire  la  beaute  d^une 
ctratigere,  oni  ete  rejetes  de  Dieu;  car  sa 
conversatio7i  brfile  co)nme  un  feu. 

g.  A'e  faccoude  fas  a  table  :  les  Juifs  de 
cette  epoque  avaient  emprunte  aux  Grecs 
et  aux  Remains  la  coutume  de  manger  a 
table  couches  sur  des  divans  et  appuyes  sur 
le  coude  gauche,  de  sorte  que  le  convive 
place  a  droite  se  trouvait  avoir  la  tete  a  peu 
pres  sur  la  poitrine  de  son  voisin  de  gauche. 
Comp./m«,  xiii,  23.  —  Ne  bois pas  avec  elle, 
etc. ;  litt.  ne  banquette  pas  (Vulg.  7te  dispute 
pas)  avec  elle  ett  buvant  du  vin.  —  La  pas- 
sio7i,  en  gr.  Trveu;j.aTt,  spiritu  (tradufl.  de 
I'h^br.  rouach)  change  arbitrairement  en 
aVaxT'.,  sanguine  (\\\\g.). 


11.  Comp.  Ps.  xxxvii,  i  sv.  —  La  gloire; 
la  Vulg.  ajoute,  et  la  prosperite. 

12.  Tant  que  le  me'chant  est  prospere, 
Dieu  le  traite  comme  s'il  etait  juste;  mais 
des  cette  vie  meme  il  sera  puni.  Comp.  Job^ 
xxiv,  19. 

13.  Tiens-toi  loi7i  :  celui  qui  vit  pres  d'un 
tyran  capricieux  est  constamment  sous  le 
coup  d'une  disgrace,  et  meme  du  dernier 
supplice.  Comp.  Prov.  xvi,  14J  xx,  2.  —  De 
toute  f ante  centre  lui.  —  Sac  he  que;  Vulg., 
la  77iort  est  f7-oclie,  car  tit  77tarches,  etc.  — 
Sur  les  crhieaux  de  la  ville^  ou  I'on  est  ex- 
pose k  tons  les  traits  de  I'ennemi.  La  Vulg. 
traduit  ce  dernier  membre,  et  que  ttt  foules 
les  armes  de  ceux  qui  sont  en  deuil :  mots 
diversement  expliques. 

14.  Obse7-z'e,  tache  de  savoir  s'ils  sont 
sages  et  prudents.  Vulg.,  sois  sjir  tes gardes 
avec  ton  prochai?i. 

Les  versets  15  et  16  sont  intervertis 
dans  la  Vulgate,  ou  ils  forment  les  versets 
23  et  22. 


"^711(310.9,4. 
2  Reg.  15, 
10. 


536 


L'ECCLfelASTIQUE.     Chap.  IX,  15  —  18;  X,  i— r 


Chap.  X. 


I  5  Converse  avec  les  hommes  intelligents, 

Et  que  tes  entretiens  soient  sur  la  loi  du  Trcs-Haut. 

16  Que  les  hommes  justes  soient  tes  commensaiix, 
Et  mats  ta  gloire  dans  la  crainte  de  Dieu. 

17  C'est  la  main  de  I'artiste  qui  vaut  h.  une  ccuvre  la  louange, 
C'est  sa  parole  qui  fait  paraitre  sage  le  chef  du  peuple. 

18  Le  grand  parleur  est  redoute  dans  sa  ville, 

Et  I'inconsidere  s'attire  la  haine  par  ses  discours. 

CHAP.  X.  —  Le  prince  sage  et  I'insense  [vers,  i  —  5].  Orgueil  et  presomp- 
tion  [6  — 18].  Crainte  de  Dieu  [19  —  24].  Paresse  et  vaine  gloire,  gloire 
veritable  [25  —  31]. 

|E  prince  sage  tient  son  peuple  dans  la  discipline, 
Hi       Et  le  gouvernement  de  I'homme  sense  est  bien  regie. 
2  Tel  le  chef  du  peuple,  tels  ses  ministres; 
Et  tel  le  gouverneur  de  la  ville,  tels  tous  ses  habitants. 

3  Un  roi  ignorant  perd  son  peuple, 
Mais  une  ville  prospere  par  Fintelligence  des  chefs. 

4  La  souverainete  du  pays  est  entre  les  mains  du  Seigneur, 
Et  il  y  suscite  en  son  temps  I'homme  habile. 

5  Le  succes  d'un  homme  est  dans  la  main  du  Seigneur; 
C'est  lui  qui  met  sur  le  front  du  chef  le  cara<5lere  de  son  autorlte. 

6  Ne  garde  rancune  pour  aucune  injustice  de  ton  prochain. 
Et  ne  fais  rien  au  milieu  des  a6les  de  violence. 

7  L'orgueil  est  odieux  a  Dieu  et  aux  hommes; 
II  est  une  injustice  contre  les  deux. 

8  La  domination  passe  d'un  peuple  k  un  autre 
A  cause  de  I'injustice,  des  injures  et  de  la  convoitise  des  richesses. 

9  Pourquoi  s'enorgueillit  ce  qui  est  terre  et  poussiere? 
Car  pendant  sa  vie  je  mets  le  trouble  dans  ses  membres. 

10  La  maladie  est  longue;  le  m^decin  se  rit; 

Et  le  roi  d'aujourd'hui  sera  deniain  un  cadavre ! 

II  Et  quand  I'homme  est  mort, 
II  a  en  partage  les  larves,  les  betes  et  les  vers. 

1 2  Le  commencement  de  l'orgueil  est  quand  I'homme  se  separe  du  Seigneur, 
Et  quand  le  coeur  s'eloigne  de  Celui  qui  I'a  fait. 

13  Car  le  commencement  de  l'orgueil,  c'est  le  p^che, 
Et  celui  qui  s'y  attache  multiplie  les  abominations. 
C'est  pourquoi  le  Seigneur  envoie  des  chatiments  prodigieux, 
Et  frappe  les  mechants  d'une  mine  complete. 


15.  Converse  avec,  etc.  Vulg.,  qite  la  pen- 
see  de  Diett  soil  dans  ton  esprit. 

17.  Oest  la  main,  I'habilete. 

La  Vulg.  ajoute  un  3*^  membre  :  c'est  la 
prudence  qui  reconiniandc  les  discours  des 
iiieillards. 

CHAP.   X. 

1.  Le  prince,  litt.  le  Juoe,  dans  le  sens 
large  de  ce  mot  :  celui  qui  gouverne.  — 
Tient  son  peuple,  etc.  \h\]g.Juge  son  peuple. 
—  Bien  ri'i^h';  d'autres  avec  la  Vulg.,  stable. 

2.  Les  subordonnes  reglent  leurs  moeurs 
sur  celles  des  chefs  et  des  superieurs  :  qjtn- 
lis  rex,  talis  <^rex. 

3.  Ignorant,  etranger  a  la  sagesse;  Vulg., 
insense. 

4.  La  souverainete  :  comp.  Dan.  ii,  21. — 
Llioinnic  (Vulg.  le  chef)  habile. 


5.  Le  succes  d'un  honinie,  sa  reussite,  son 
elevation  a  un  poste  eleve,  %a.  fortune  poli- 
tique. —  Le  caraflcre  de  son  autorite,  litt. 
sa  gloire,  la  marque  de  sa  grandeur.  Son, 
dans  la  pensee  de  I'auteur,  se  rapporte  a 
chefiy\x\%., scribe,  ici  dignitaire  en  general). 
Si  on  le  rapportait  a  Seigneur,  la  pensee 
serait  que  Dieu  met  comme  une  empreinte 
de  sa  majeste  sur  le  front  de  I'homme  investi 
d'une  fonclion  publique,  afin  que  les  peuples 
reverent  en  lui  son  representant. 

6.  Ne  fais  rien,  tiens-toi  en  repos. 

7.  La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  -.ettoute 
iniquite  des  nations  est  digne  dWiorreu?: 

8.  A  cause  de  f injustice,  etc.;  la  \'ulg. 
ajoute,^/  des fraudes  de  toutes sortes.  Telles 
sont  les  causes  qui  corrompent  les  nations 
a  I'interieur  et  les  excilent  u  se  faire  la  guerre 


LIBER  ECCLESIASTIC!.     Cap.  IX, 


-25;  X, 


16. 


537 


bus  et  prudentibus  tracta.  22.  Viri 
justi  sint  tibi  convivae,  et  in  timore 
Dei  sit  tibi  gloriatio,  23.  et  in  sensu 
sit  tibi  cogitatus  Dei,  et  omnis  enar- 
ratio  tLia  in  praxeptis  Altissimi. 

24.  In  manu  artificum  opera 
laudabuntur,  et  princeps  populi 
in  sapientia  sermonis  sui,  in  sensu 
vero  senioriim  verbum.  25.  Terri- 
bilis  est  in  civitate  sua  homo  lin- 
guosus  :  et  temerarius  in  verbo  suo 
odibilis  erit. 

— :;•—        CAPUT  X.        — :>— 

Sapiens  judex,  utilis  :  insipiens,  pernicio- 
sus  :  rectorem  subditi  imitantur  :  omnia 
in  manu  Dei  :  injun;e  obliviscendum  : 
detestatio  superbia;,  injustitia?,  contume- 
li£e,  avaritias  :  homo  brevis  vit^e  post  mor- 
tem \'ermis  :  discessus  a  Deo,  causa  est 
superbitE  :  gentes  ob  superbiam  a  Deo 
perditae  :  laus  timoris  Dei  :  non  despi- 
ciendus  pauper  Justus  :  nee  dives  pecca- 
tor  honorandus  :  anima  in  mansuetudine 
servanda. 

UDEX  sapiens  judicabit 
populum  suum,  et  princi- 
patus  sensati  stabilis  erit. 
2.  "Secundum  judicem 
populi,  sic  et  ministri  ejus  :  et  qua- 
ils rector  est  civitatis,  tales  et  inha- 
bitantes  in  ea.  3.  *ReK  insipiens  per- 
det  populum  suum  :  et  civitates 
inhabitabuntur  per  sensum  poten- 


tium.  4.  In  manu  Dei  potestas  ter- 
ras :  et  utilem  rectorem  suscitabit 
in  tempus  super  illam.  5.  In  manu 
Dei  prosperitas  hominis,  et  super 
faciem  scribas  imponet  honorem 
suum. 

6.  Omnis  injurias  proximi  ne  me- 
mineris,  ^et  nihil  agas  in  operibus 
injurias.  7.  Odibilis  coram  Deo  est 
et  hominibus  superbia  :  et  exsecra- 
bilis  omnis  iniquitas  gentium.  8. ''Re- 
gnu  m  a  gente  in  gentem  transfertur 
propter  injustitias,  et  in jurias,et  con- 
tumelias,  et  diversos  dolos.  9.  Avaro 
autem  nihil  est  scelestius.  Quid  su- 
perbit  terra  et  cinis.?  10.  Nihil  est 
iniquius  quam  amare  pecuniam  : 
hie  enim  et  animam  suam  venalem 
habet :  quoniam  in  vita  sua  projecit 
intima  sua.  11.  Omnis  potentatus 
brevis  vita.  Languor  prolixior  gra- 
vat  medicum.  12.  Brevem  languo- 
rem  prascidit  medicus  :  sic  et  rex 
hodie  est,  et  eras  morietur.  13.  Cum 
enim  morietur  homo,  hereditabit 
serpentes,  et  bestias,  et  vermes. 
14.  Initium  superbias  hominis,  apo- 
statare  a  Deo  :  15.  quoniam  ab  eo, 
qui  fecit  ilium,  recessit  cor  ejus  : 
'quoniam  initium  omnis  peccati  est 
superbia  :  qui  tenuerit  illam,  adim- 
plebitur  maledictis,et  sub  vertet  eum 
in  finem.  16.  Propterea  exhonora- 
vit  Dominus  conventus  malorum. 


'Lev.  19,13. 


"'Dan.  4, 1. 'f. 


'Prov.  18, 
12. 


9.  L'homme,  meme  un  roi,  esf  terre  et 
potissiere  :  comp.  Gen.  iii,  19.  — Je  inets  : 
c'est  Dieu  qui  parle;  il  commence  par  frap- 
per  I'orgueil  par  une  maladie  qui  lui  ote 
ses  forces. 

10.  Le  viedecin  se  rit  de  cette  maladie, 
qu'il  croit  sans  gravite. 

11.  Lcs  lar^'es  des  insefles  qui  devorent 
le  cadavre. 

Dans  la  Vulg.,  les  vers.  9-10  (9-12)  n'of- 
frent  aucun  sens  suivi  par  suite  d'intercala- 
tions  et  de  doubles  tradudlions.  En  voici  la 
traduction  litterale  : 

9.  //  liy  a  rien  de  plus  criminel  que 
Vavare.  Pourqiioi  s^enorgiteillit  ce  qui  est 
cendre  et  poussicrc?  —  10.  //  jiy  a  rien  de 
plus  coiipable  que  d' aimer  P argent;  car  ce- 
lui  qui  Valine  est  pret  a  iiendrc  so?i  dine; 
tout  vivant,  il  a  rejete  ses  entrailles  (tout 
sentiment  bon  et  compatissatit).  —  11.  La 


dure'e  de  toute  puissance  est  courte.  Une  ma- 
ladie qui  se  prolonge  fatigue  le  niedecin.  — 
12.  Ix  niedecin  arrete  le  malaise  qui  dure 
peu.  Ainsi  tel est  roi aujoitrd'hui,  qui  motirra 
demain. 

13.  Le  commencement  de  Porgueil,  c'est  le 
pcche  :  c'est  par  le  pdche  qu'il  commence  h 
se  montrer.  —  Qui  s'y  attache,  qui  s'attache 
au  peche  (ou  a  I'orgueil?).  —  Multiplie,  litt. 
fait  pleuvoir  des  crimes  abominables.  — 
Chatiinents  prodigieux ,  presque  incroya- 
bles  :  punition  des  anges,  de  nos  premiers 
parents,  de  tons  les  hommes  par  le  deluge, 
etc. 

La  Vulg.  traduit  le  2^  meml^re  :  et  celui 
qui  sy  attaclie  sera  accable  de  maledicTions, 
et  ajoute  :  ^///(I'orgueil)  leperdra  a  jamais. 
Elle  traduit  le  y  membre  :  voilct  pourquoi 
le  Seigneur  a  convert  de  lionte  les  assemblees 
des  mcchants. 


538 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  X,  14—30;  XI,  i. 


14  Le  Seigneur  renverse  le  trone  des  princes, 
Et  fait  asseoir  a  leur  place  les  hommes  doiix. 

15  Le  Seigneur  arrache  les  racines  des  nations  [orgueilleuses] 
Et  plante  les  humbles  a  leur  place. 

16  Le  Seigneur  bouleverse  les  contrees  des  nations, 
Et  il  les  detruit  de  fond  en  comble. 

17  11  en  desseche  plusieurs  et  en  extermine  les  habitants; 
II  efface  leur  memoire  de  la  terre. 

18  L'orgueil  n'est  pas  fait  pour  I'homme, 

Ni  la  colere  insolente  pour  ceux  qui  naissent  de  la  femme. 

19  Quelle  race  est  honoree?  La  race  des  hommes. 

Quelle  race  est  honoree?  Ceux  qui  craignent  le  Seigneur. 

Quelle  race  est  meprisee?  La  race  des  hommes. 

Quelle  race  est  meprisee?  Ceux  qui  transgressent  les  commandements. 

20  Au  milieu  de  ses  freres  leur  chef  est  en  honneur; 

Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  le  sont  de  nieine  k  ses  yeux. 

21  Riche,  noble  et  pauvre, 

Leur  gloire  est  la  crainte  du  Seigneur. 

22  II  n'est  pas  juste  de  mepriser  un  pauvre  qui  poss^de  la  sagesse; 
II  ne  convient  pas  d'honorer  un  pdcheur  [qui  possede  la  richesse]. 

23  Le  grand,  le  juge  et  le  puissant  sont  en  honneur, 

Mais  aucun  d'eux  n'est  plus  grand  cjue  celui  qui  craint  le  Seigneur. 

24  Les  hommes  libres  seront  les  serviteurs  de  I'esclave  prudent, 
Et  I'homme  intelligent  ne  murmurera  pas. 

25  Ne  raisonne  pas  pour  faire  ton  ouvrage, 

Et  ne  te  vante  pas  au  temps  de  ta  detresse. 

26  Mieux  vaut  I'homme  qui  travaille  en  toutes  choses, 

Que  celui  qui  se  promene,  qui  se  vante  et  manque  de  pain. 

27  Mon  fils,  honore  ton  ame  dans  la  douceur, 
Et  donne-lui  le  respecfl  qu'elle  merite. 

28  L'homme  qui  peche  contre  son  ame,  qui  le  regardera  comme  juste? 
Qui  honorera  celui  qui  deshonore  sa  vie? 


Chap.  XI. 


29  Le  pauvre  est  honore  pour  sa  science, 
Et  le  riche  est  honore  pour  sa  richesse. 

30  Mais  celui  qui  est  honore  dans  la  pauvrete, 
Combien  le  serait-il  davantage  dans  la  richesse? 
Et  celui  qui  est  sans  honneur  dans  la  richesse, 
Combien  plus  le  serait-il  dans  la  pauvrete? 

I   La  sagesse  de  I'homme  humble  relevera  sa  tete, 
Et  le  fera  asseoir  au  milieu  des  grands. 


14.  Comp.  I  SaJii.  ii,  7  sv.  Lhc,  i,  52.  — 
Les  hflinmes  doitx  et  humbles  :  le  mot  he- 
breu  correspondant  reunit  les  deux  signi- 
fications. 

15.  Arrache  les  racines^  detruit  jusqu'h  la 
racine. 

17.  Apres  ce  verset,  la  Vulgate  ajoute  : 
Dieu  abolit  le  sottvenir  des  svpcrhcs^  ct  il 


laisse   siibsister   la    memov-e   des   humbles 
d^esprt't. 

19.  Quelle  race,  quelle  esp^ce  d'hommes. 
Sens  :  I'homme  est  honore  ou  m^prise 
d'apres  ses  relations  avec  Dieu. 

21.  Le7ir  gloire  veritable,  celle  qu'ils  doi- 
vent  rechercher  avant  tout. 

22.  Comp.  _/«ri7.  ii,  2. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  X,  17—34- 


539 


et  destruxit  eos  usque  in  finem, 
17.  Sedes  ducum  superborum  de- 
struxit Deus,  et  sedere  fecit  mites 
pro  eis,  18.  Radices  gentium  super- 
barum  arefecit  Deus,  et  plantavit 
humilesexipsisgentibus.  19.  Terras 
gentium  evertit  Dominus,  et  perdi- 
dit  eas  usque  ad  fundamentum  : 
20.  arefecit  ex  ipsis,  et  disperdidit 
eos,  et  cessare  fecit  memoriam  eo- 
rum  a  terra.  21.  Memoriam  super- 
borum perdidit  Deus,  et  reliquit 
memoriam  humilium  sensu.  22.Non 
est  creata  hominibus  superbia  :  ne- 
que  iracundia  nationi  mulierum. 

23.  Semen  hominum  honorabitur 
hoc,  quod  timet  Deum  :  semen  au- 
tem  hoc  exhonorabitur,  quod  pras- 
terit  mandata  Domini.  24.  In  medio 
fratrum  rector  illorum  in  honore  : 
et  qui  timent  Dominum,  erunt  in 
ocuHs  illius.  25.  Gloria  divitum, 
honoratorum,  et  pauperum,  timor 
Dei  est  :  26.  noh  despicere  homi- 
nem  justum  pauperem,  et  noh  ma- 
gnificare  virum  peccatorem  divi- 
tem.  27.  Magnus,  et  judex,  et  po- 
tens  est  in  honore  :  et  non  est  ma- 
)v.i7,2.    jor  illo,  qui  timet  Deum.  28.^Servo 


sensato  liberi  servient  :  ^et  vir  pru- 
dens  et  disciphnatus  non  murmu- 
rabit  correptus,  et  inscius  non  ho- 
norabitur. 

29.  Noli  extollere  te  in  faciendo 
opere  tuo,  et  noli  cunctari  in  tem- 
pore angustias.  30.  ''Melior  est  qui 
operatur,  et  abundat  in  omnibus, 
quam  qui  gloriatur,  et  eget  pane. 
31.  Fill  in  mansuetudine  serva  ani- 
mam  tuam,  et  da  illi  honorem  se- 
cundum meritum  suum.  32.  Pec- 
cantem  in  animam  suam  quis  justi- 
ficabit.'^  et  quis  honorificabit  exho- 
norantem  animam  suam.^ 

22-  Pauper  gloriatur  per  discipli- 
nam  et  timorem  suum  :  et  est  homo 
qui  honorificatur  propter  substan- 
tiam.  34.  Qui  autem  gloriatur  in 
paupertate,  quanto  magis  in  sub- 
stantia.'' et  qui  gloriatur  in  substan- 
tia, paupertatem  vereatur. 


Si  Reg.  12, 
13- 


''  Prov.  12, 
9- 


24.  Serviteiirs  de  Vesclave  prudent :  allu- 
sion a  I'histoire  de  Joseph  en  Egypte.  —  Ne 
niurmiirera  pas  de  ce  renversement  des 
roles,  qui  ne  fait  apres  tout  que  remettre  les 
choses  a  leur  place. 

La  Vulg.  paraphrase  le  2e  membra  :  et 
Vhovinie  -prudent  et  instruit  ne  muriiiure 
pas  quand  on  le  reprend,  et  rignoratit  n'est 
pas  en  /lonneur. 

25.  Ne  raisonne  -pas  :  lorsqu'il  s'agit  de 
faire  un  travail,  ne  te  livre  pas  a  toutes 
sortes  de  considerations  subtiles  et  oiseu- 
ses,  au  lieu  de  te  mettre  a  I'oeuvre.  —  Ne  tc 
V  ante  pas,  en  disant,  par  ex.,  que  ton  mal- 
heur  est  immdrite,  que  ta  conduite  etait 
digne  d'un  meilleur  soi't,  etc. 

Dans  la  Vulg.,  les  verbes  sont  interver- 
tis  :  ne  fetiorgtteillis  pas  en  accoinplissant 
ton  ceuvre,  et  ne  te  laisse  pas  alter  a  la  pa- 
resse  an  temps  de  Vadversite. 


26.  Qui  se  proviene  sans  rien  faire. 

27.  Ton  dnie,  toi-meme.  Sens  :  tout  en 
restant  doux  et  humble,  ne  te  rabaisse  pas 
a  I'exces,  prends  soin  de  ta  dignite,  surtout 
par  la  sagesse  de  ta  conduite. 

28.  Qui  peche  conlre  son  dtne,  centre  lui- 
meme,  qui  se  rabaisse  trop  et  manque  a  sa 
dignite. 

29.  Pour  sa  science;  la  Vulg.  ajoute,  et 
pour  sa  crainte  de  Dieu. 

Chap.  XI,  i.  Ce  verset  se  rattache  etroi- 
tement  aux  deux  qui  precedent;  il  aurait 
du  terminer  le  chap.  x. 

La  sagesse  relevera  sa  tete,  la  tete  de 
I'homme  humble,  abaisse,  sans  honneur;elIe 
fera  qu'il  la  portera  haut,  qu'il  sera  honord. 


—^04 — i®i — ^04— 


540 


L'ECCLliSIASTIQUE.     Chap.  XI,  2—18. 


CHAP.  XT. —  Ne  pas  rcgarder  a  I'exterieur  [vers.  2  —  6].  Ne  blamer  ni  ne 
parler  a  la  legere  [7  —  9].  Lc  bonheur  depend  avant  tout  de  la  benedic- 
tion de  Dicii,  qui  I'accorde  a  ses  fideles  serviteurs  [10  —  26].  Eviter  toute 
relation  intime  avec  les  mechants  [27 — 32]. 

Ch.  XI.  =  [^^^E  loue  pas  un  homme  pour  sa  beaule, 

Et  ne  le  prends  pas  en  degout  sur  sa  mine. 
3  L'abeille  est  un  bien  petit  volatile, 
Et  son  produit  est  au  premier  rang  parmi  les  choses  douces. 

4  Ne  te  glorifie  pas  des  habits  qui  te  couvrent, 
Et  ne  t'eleves  pas  quand  tu  arrives  aux  honneurs. 
Car  les  oeuvres  du  Seigneur  sent  etonnantes, 
Et  son  adiion  parmi  les  hommes  est  cachee. 

5  Beaucoup  de  princes  se  sont  assis  sur  le  pavd, 
Et  celui  a  qui  on  ne  pensait  pas  a  porte  la  couronne. 

6  Beaucoup  de  puissants  ont  ete  accables  d'opprobre, 
Et  des  hommes  illustres  livres  aux  mains  des  autres. 

7  Avant  de  t'informer,  ne  jette  pas  le  blame; 
Examine  d'abord,  et  alors  tu  pourras  reprendre. 

8  Ne  reponds  rien  avant  d'avoir  ^coute, 
Et  ne  jette  pas  tes  paroles  au  milieu  des  discours  des  aut7-es. 

9  Ne  conteste  pas  pour  une  chose  qui  n'est  pas  a  toi, 
Et  ne  t'asseois  pas  avec  les  p^cheurs  pour  juger. 

10  Mon  fils,  n'applique  pas  ton  adivitd  a  une  multitude  de  choses  : 
Si  tu  embrasses  beaucoup,  tu  ne  seras  pas  exempt  de  faute; 
Si  tu  poursuis  fivp  de  choses,  tu  ne  les  atteindras  pas, 
Et  si  tu  reussis  a  t'en  degager,  ce  ne  sera  pas  sans  dommage. 

11  Tel  travaille,  se  fatigue  et  se  hate, 
Et  il  n'en  devient  que  plus  pauvre. 

12  Tel  est  sans  cnergie,  appelant  le  secours, 
Pauvre  de  forces  et  riche  de  besoins; 
Mais  le  Seigneur  le  regarde  d'un  ceil  favorable, 
II  le  tire  de  son  humble  condition, 

13  II  relcve  sa  tcte, 
Et  la  foule  est  dans  I'admiration  a  son  sujet. 

14  Les  biens  et  les  maux,  la  mort  et  la  vie,  , 
La  pauvretd  et  la  richesse  viennent  du  Seigneur. 

15  Les  dons  de  Dieu  demeurent  aux  justes, 
Et  sa  faveur  assure  la  prosperite  pour  toujours. 

16  Tel  est  riche  a  force  de  soin  et  de  parcimonie, 
Et  voici  la  part  qui  lui  echoit  en  recompense  : 

17  II  peut  dire  :  "  J'ai  trouve  le  repos, 
Et  maintenant  je  veux  manger  mon  bien." 
Mais  il  ne  sait  pas  quel  temps  s'est  ecoule; 
11  va  laisser  ses  biens  k  d'autres  et  mourir. 

18  Sois  fidcle  5.  ton  alliance  ai'ec  Dieu,  et  vis  dans  cette  pensee, 
Et  vieillis  dans  ton  ocuvre. 


CHAP.  XI. 

Le  vers,  i  se  trouve  h.  la  fin  du  chap.  x. 

2.  Comp.   I  Sam.  xvi,  17;  Luc,y.\\\\  11; 
II  Cor.  x,  10. 

3.  Dabeille  sert  d'exemple  a  la  sentence 
precedente. 

4.  Des  habits  :  car,   d'apres  la  mani^re 
myst^rieuse  doiit  Dieu  conduit  les  choses 


humaines,  un  renversement  de  fortune  est 
h  craindre. 

La  V'ulg.  traduit  les  deux  derniers  mem- 
bres  :  car  les  antvres  du  Trcs-Haut  seiil  sont 
adorables;  glorieiises,  cacJu'es  et  inconnues 
sont  ses  ceuvres. 

5.  Beaucoup  dc  priuccs,  renverses  du  trone, 
ont  ete  reduits  a  s'asseoir  sur  ie  pai'c  nu; 
\'ulg.,  sur  le  irfine.  Comp.  Ps.  cxiii,  7  suiv. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XI,  i— 2t. 


541 


^^^^-tgS?g^^^Sjga^S^^^^^^^^^^' 


CAPUT  XI.       — *— 


Sapientia  humiliati  :  ex  specie  nemo  judi- 
candus  :  de  vestitu  et  honore  non  glorian- 
dum  :  de  re  interrogandum  ante  judiciinn  : 
non  ciimulanda  temporalia,  nee  in  illis 
fidendum  aut  gloriandum  :  bona  et  mala 
a  Deo  :  et  bonorum  et  maloriim  memor 
sis  :  in  domum  non  quivis  inducendus,  et 
ab  insidiis  dolosi  cavendum. 


APIENTIA  humiliati 
exaltabit  caput  illius,  "et 
in  medio  magnatorum 
consedere  ilium  faciet. 
2.  Non  laudes  virum  in  specie 
sua,  neque  spernas  hominem  in  visu 
suo,  3,  Brevis  in  volatilibus  est  apis, 
et  initium  dulcoris  habet  fructus 
illius.  4.  *In  vestitu  ne  glorieris  un- 
quam,  nee  in  die  honoris  tui  extolla- 
ris  :  quoniam  mirabilia  opera  Altis- 
simi  solius,  et  gloriosa,  et  absconsa, 
et  invisa  opera  illius.  5.  Multi  tyran- 
ni  sederunt  in  throno,  et  insuspica- 
bilis  portavit  diadema.  6.  'Multi  po- 
tentes  oppressi  sunt  valide,  et  glo- 
riosi  traditisuntinmanusalterorum. 
7.  Priusquam  interroges,  ne  vitu- 
peres  quemquam  :  et  cum  interro- 
gaveris, corripe  juste.  8.  '^Priusquam 
audias,  ne  respondeas  verbum  :  et 
in  medio  sermonum  ne  adjicias  lo- 
qui.  9.  De  ea  re,  quae  te  non  mole- 
stat,  ne  certeris  :  et  in  judicio  pec- 
cantium  ne  consistas. 


'■  I  Tim.  6, 


-^  Eccles. 
8. 


''Job.  I, 
et  2,  10. 


10.  Fill  ne  in  multis  sint  actus 
tui  :  et  ^si  dives  fueris,  non  eris  im- 
munis  a  delicto  :  si  enim  secutus 
fueris,  non  apprehendes  :  et  non 
effugies,  si  prascucurreris. 

1 1 .  ''Est  homo  laborans,  et  festi- 
nans,  et  dolens  impius,  et  tanto 
magis  non  abundabit.  i  2.  Est  homo 
marcidus  egens  recuperatione,  plus 
deficiens  virtute,  et  abundans  pau- 
pertate  :  13.  Et^'oculus  Dei  respe-  «-Job.42, 
xit  ilium  in  bono,  et  erexit  eum  ab 
humilitate  ipsius,  et  exaltavit  caput 

ejus  :  et  mirati  sunt  in  illo  multi,  et 
honoraverunt  Deum. 

14.  ''Bona  et  mala,  vita  et  mors, 
paupertas  et  honestas  a  Deo  sunt. 
15.  Sapientia  et  disciplina,  et  scien- 
tia  legis  apud  Deum.  Dilectio,  et 
vias  bonorum  apud  ipsum.  16.  Error 
et  tenebras  peccatoribus  concreata 
sunt :  qui  autem  exsultant  in  malis, 
consenescunt  in  malo.  17.  Datio 
Dei  permanet  justis,  et  profectus 
illius  successus  habebit  in  aeternum. 
18.  Est  qui  locupletatur  parce 
agendo,  et  hasc  est  pars  mercedis 
illius  19.  in  eo  quod  dicit  :  'Inveni 
requiem  mihi,  et  nunc  manducabo 
de  bonis  meis  solus  :  20.  et  nescit 
quod  tempus  prasteriet,  et  mors 
appropinquet,  et  relinquat  om- 
nia aliis,  et  morietur.  21.  Sta  in 
testamento  tuo,  et  in  illo  colloque- 
re,  et  in  opere  mandatorum  tuo- 
rum  veterasce. 


10. 


21 


■  Luc. 


19. 


6.  Beaiicoup,  par  ex.  Samson,  Aman,  etc. 

9.  Pour  obtenir  une  chose  qui  tiest  pas  a 
toi  :  en  rejetant  le  mot  '/_[->-~'.'^  qui  n'est  pas 
dans  le  cod.  Alex.  Ou  bien  avec  la  Vulg., 
pour  une  chose  qui  ne  te  regarde  pas^  ou  tu 
n'as  aucun  interet. 

10.  N'' applique  pas  ton  aHivite  :  on  le  fait 
d'ordinaire  pour  s'enrichir  plus  vite.  —  Si 
tu  embrasses  beaucoupj  Vulg.,  situ  acquiers 
des  richesses. 

Sens  general  des  trois  versets  suiv.  :  le 
succes  depend,  non  du  travail  et  des  efforts 
de  I'homme,  mais  d'une  puissance  supe- 
rieure,  de  la  benedi(flion  divine. 

11.  Tel;  la  Vulg.  ajoute  impie. 

14.  Apres  ce  verset,  le  latin  ajoute  les 
deux  suivants  : 

La  sagesse^  Vinstrtidion  et  la  science  de  la 


loi  sont  en  Dieu ;  en  lui  est  la  charite  et  la 
lot  des  bonnes  cuuvres.  —  Herreur  et  les  tc- 
nebres  sont  crcees  avec  les  pecheurs,  sont  en 
eux  des  leur  naissance,  et  ceux  qui  se plai- 
sent  dans  le  nial y  vieillissent. 

15.  Les  dons  de  Dieu  ne  sont  jamais 
retires  aux  justes  :  comp.  Rom.  xi,  29.  — • 
Assure  la  prosperite;  litt.,  prospere  a  ja- 
mais. 

17.  J^ai  trouve  le  7-epos,  je  puis  enfin  me 
reposer.  —  Je  veux  manger  mon  bien,  tout 
seul,  ajoute  le  latin.  Comp.  Luc,  xii,  19.  — 
Quel  temps,  qu'un  long  temps  s'est  ecoule,  si 
rapidement  qu'il  ne  s'en  est  pas  aper^u.  La 
Vulg.  ajoute,  que  la  mart  approche. 

18.  Dans  ton  o^uvre,  dans  la  pratique  des 
devoirs  qui  resultent  de  cette  alliance. 


542 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XI,  19—32:  XII,  1—5. 


19  Ne  t'etonne  pas  des  affaires  du  pecheur; 

Confie-toi  dans  le  Seigneur  et  persevere  dans  ton  travail. 

Car  c'est  chose  facile  aux  yeux  du  Seigneur 

D'enrichir  promptement  et  d'un  seul  coup  celui  qui  est  pauvre. 

20  La  benedidlion  du  Seigneur  est  la  recompense  de  I'homme  pieux; 
Dans  une  heure  rapide  il  la  fait  fleurir. 

21  Ne  dis  pas  :  "  Qu'ai-je  besoin  de  ciuoi  que  ce  soit, 
Et  quel  peut  etre  ddsormais  mon  bonheur?" 

22  Ne  dis  pas  no7i  plus  :  "  J'ai  ce  qu'il  me  faut, 
Et  quel  mal  pourrais-je  avoir  a  souffrir?  " 

23  Au  jour  du  bonheur,  on  oublie  le  malheur, 

Et  au  jour  du  malheur  on  ne  se  souvient  plus  du  bonheur. 

24  Car  c'est  chose  facile  devant  le  Seigneur, 

Au  jour  de  la  mort,  de  rendre  a  I'homme  selon  ses  ocuvres. 

25  Un  moment  d'affliclion  fait  oublier  le  h\e\\-Qive.  passe, 
Et  a  la  fin  de  I'homme  ses  oeuvres  seront  devoilees. 

26  N'estime  heureux  aucun  homme  avant  sa  mort, 
C'est  dans  ses  enfants  qu'on  le  connaitra. 

27  N'introduis  pas  tout  le  monde  dans  ta  maison. 

Car  les  embuches  de  I'homme  trompeur  sont  nombreuses. 

28  Comme  la  perdrix  de  chasse  dans  sa  cage, 
Ainsi  est  le  cceur  de  I'orgueilleux, 

Et  comme  I'espion  il  guette  la  ruine. 

29  Changeant  le  bien  en  mal,  il  dresse  des  pieges, 
Et  il  imprime  une  tache  a  ce  qu'il  y  a  de  plus  pur. 

30  Une  etincelle  embrase  le  charbon, 

Ainsi  le  pecheur  cherche  a  repandre  le  sang. 

31  Prends  garde  au  mechant,  car  il  ourdit  le  mal, 

De  peur  qu'il  ne  t'imprime  une  fletrissure  ineffa^able. 

32  Donne  entree  chez  toi  a  I'etranger, 

Et  il  te  renversera  en  excitant  des  troubles, 
Et  il  t'alienera  les  gens  de  ta  maison. 


I 


CHAP.  XII. —  Ne  faire  du  bien  qu'aux  justes  [vers,  i — 7].  Xc  pas 
se  confier  a  un  ennemi  [8  — 18]. 

Ch.  XII.  fg-j^^l  tu  fais  du  bien,  sache  a  qui  tu  le  fais, 

l^^lj        Et  Ton  te  saura  gre  de  tes  bienfaits. 

I^^s^l    2  Fais  du  bien  k  I'homme  pieux,  et  tu  en  trouveras  la  recompense, 
Sinon  de  lui,  du  moins  du  Seigneur. 

3  Les  bienfaits  ne  sont  pas  pour  celui  qui  persevere  dans  le  mal, 
Ni  pour  celui  qui  ne  pratique  pas  la  bienfaisance. 

4  Donne  a  I'homme  pieux, 
Et  ne  prends  pas  sur  toi  le  soin  du  pecheur. 

5  Fais  du  bien  a  celui  qui  est  humilie, 
Et  ne  donne  pas  h.  I'impie; 
Refiise-lui  du  pain, 
De  peur  qu'il  ne  devienne  ainsi  plus  fort  que  toi. 


.'  i().Ne  V etomic pas  des  (Vulg.,  ne  farrete 
pas  aux)  affaires  des pec/ieu/s,  e.n  tant  que 
ces  affaires  reussissent,  que  les  p^cheurs 
sont  dans  la  prosperite.  —  Persevere  dans 
ion  travail,  en  gr.  -ovfp;  le  traducfteur  latin 
a  lu  TOTTtij,  reste  ix  ton  paste. 

20.  //  la  fait  fleurir  et  frudlifier  au  profit 
des  justes. 

21.  Parole  de  d^sespoir,  qui  a  son  expli- 
cation dans  le  2.^  membre  du  vers.  23. 

22.  Parole  de  presomption,  expliquce  au 
i*^''  membre  du  vers.  23. 


23.  On  oubliej  le  traducfleur  latin  donne 
un  conseil  :  n^oublie  pas. 

24.  Gwamene  la  raison  pour  laquelle  on 
ne  doit  pas  tenir  le  langage  rapporte  ver- 
sets  21  et  22. 

25.  Ses  ivuvres  seront  devoiUes,  on  verra 
alors  s'il  etait  pecheur  ou  agreable  a  Dieu. 

26.  N^estiine  heureux j&n  latin,  ne  lone. — 
Dans  ou  par  ses  enfants,  soit  par  leur  cpn- 
duite  :  Aleves  par  un  pere  craignant  Dieu, 
ils  lui  ressembleront  {Proz'.  xiii,  i);  soit  par 
leur  sort  :  si  le  pere  etait  pecheur,  ses  fau- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XI,  22—36;  XII,  1—5. 


543 


22.  Ne  manseris  in  operibus  pec- 
catorum.  Confide  autem  in  Deo,  et 
mane  in  loco  tuo.  23.  Facile  est 
enim  in  oculisDei  subito  honestare 
pauperem.  24.  Benedictio  Dei  in 
mercedem  justi  festinat,  et  in  hora 
veloci    processus    illius   fructificat. 

25.  Ne  dicas  :  Quid  est  mihi  opus, 
et  quae  erunt  mihi  ex  hoc   bona? 

26.  Ne  dicas  :  Sufficiens  mihi  sum  : 
ra  18,    et  quid  ex  hoc  pessimabor.?  27. -'In 

die  bonorum  ne  immemor  sis  malo- 
rum  :  et  in  die  malorum  ne  imme- 
mor sis  bonorum  -.28.  quoniam  fa- 
cile est  coram  Deo  in  die  obitus 
retribuere  unicuique  secundum  vias 
suas.  29.  Malitia  horas  oblivionem 
facit  luxuriae  magnas,  et  in  fine 
hominis  denudatio  operum  illius. 
30.  Ante  mortem  ne  laudes  homi- 
nem  quemquam,  quoniam  in  filiis 
suis  agnoscitur  vir. 

31.  Non  omnem  hominem  indu- 
cas  in  domum  tuam  :  multae  enim 
sunt  insidias  dolosi.  32.  Sicut  enim 
eructant  prascordia  foetentium,  et 
sicut  perdix  inducitur  in  caveam,  et 
ut  caprea  in  laqueum  :  sic  et  cor 
superborum,  et  sicut  prospector  vi- 
dens  casum  proximi  sui.  T,3-  Bona 
enim  in  mala  convertens  insidiatur, 
et    in    electis    imponet    maculam. 


34.  A  scintilla  una  augetur  ignis, 
et  ab  uno  doloso  augetur  san- 
guis :  homo  vero  peccator  sangui- 
ni  insidiatur.  35.  Attende  tibi  a 
pestifero,  fabricat  enim  mala  :  ne 
forte  inducat  super  te  subsanna- 
tionem  in  perpetuum.  2^.  Admitte 
ad  te  alienigenam,  et  subvertet  te 
ni  turbine,  et  abalienabit  te  a  tuis 
propriis. 

— :i:—       CAPUT  XII.       — :i:— 

Benefaciendum  justo  :  impii  vei'o  et  pecca- 
tores  non  suscipiendi  :  difficile  est  ami- 
cos  ab  inimicis  dignoscere,  nee  inimicis 
unquam  fidendum,  quantumvis  amicitiam 
simulent. 

I  benefeceris,  scito  cui  fe- 
ceris,et  erit  gratia  in  bonis 
tuis  multa.  2.  Benefac  ju- 
sto, et  invenies  retributio- 
nem  magnam  :  et  si  non  ab  ipso, 
certe  a  Domino.  3.  Non  est  enim  ei 
bene  qui  assiduus  est  in  malis,  et 
eleemosynas  non  danti :  quoniam  et 
Altissimus  odio  habet  peccatores, 
et  misertusestpoenitentibus.  4.  "Da  «Gai.  6,10. 
misericordi,  et  ne  suscipias  peccato- 
rem  :  et  impiis  et  peccatoribus  red- 
det  vindictam,  custodiens  eos  in 
diem  vindictas.  5.  Da  bono,  et  non 


tes  retomberont  sur  ses  enfants,  et  ils  seront 
malheureux. 

27.  NHntroduis  pas,  en  qualite  d'ami,  de 
familier. 

28.  Uorgiieilleicx  est  le  meme  que  le  trom- 
fieurdiU  vers.  27,  et  que  \Qpecheurdi\x  vers.  30. 
L'auteur  le  compare  a  la  perdrix  dressee 
pour  la  chasse  par  I'oiseleur  et  enfermee 
dans  une  cage,  d'ou  elle  attire  les  autres  oi- 
seaux  pres  du  piege.  Le  2^  membre  exprime 
la  meme  pensee  sous  une  autre  image. 

Le  latin,  a  force  de  surcharger  le  texte 
primitif,  laisse  a  peine  deviner  la  pensee  : 
coinine  Pestoniac  nialade  exhale  une  halcine 
fe'iide,  et  coinme  la  perdrix  est  attiree  dans 
la  cage  et  la  chevre  dans  le  filet,  ainsi  est  le 
ceeur  des  orgiieilleiix,  et  coninie  Pespion  qui 
giiette  pour  voir  la  chute  de  son  prochain. 

30.  Ainsi  le  pe'cheur^  pour  une  cause  le- 
gere,  irait  jusqu'a  verser  le  sang. 

31.  Qt^il  ne  t'imprinie,  par  son  seul 
contacfl. 

32.  Donne  entree,  si  tu  donnes  entree. 


CHAP.  XII. 

Vers.  1-7.  Notre-Seigneur  dit  :  "  Faites 
du  bien  a  ceux  qui  vous  haissent ",  Luc, 
vi,  27,  et  dans  cette  recommandation  il  y  a 
la  part  du  conseil.  Notre  auteur  pose  une 
maxime  de  prudence  pour  les  circonstances 
ordinaires  de  la  vie,  et  qui  naturellement 
reste  en  dega  de  la  perfeftion  propre  a 
I'Evangile.  Ennius  dira  plus  energiquement 
que  lui  :  BenefaHa  male  locata  nialefada 
arbitror. 

3.  Les  bienfaits  ne  sont  pas  pour,  ne  doi- 
vent  pas  aller  a  celui,  etc.  Le  latin  ajoute  : 
car  le  Tres-Haut  deteste  les  pccheurs,  et  il 
fait  niisericorde  aux  repentanfs. 

4.  A  Phomnie  picux,  Vulg.  niiscricor- 
dieux. 

Le  latin  ajoute  :  et  il  (Dieu)  tirera  ven- 
geance des  iinpies  et  des  pechcurs,  les  reser- 
V ant  pour  le  jour  du  chdtiinettt. 

5.  Hu/niliJ,  opprime.  —  Refuse-lui  du 
pain,  tout  ce  qui  sert.  k  I'entretien  de  la 


544 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XII,  6—18;  XIII,  i,  2. 


Car  tu  recueilleras  un  double  mal 

De  tous  les  biens  que  tu  lui  auras  faits. 

6  Le  Trcs-Haut  aussi  hait  le  pecheur, 
Et  il  tirera  vengeance  des  inipies. 

7  Donne  a  rhomme  vertueux, 

Et  ne  prends  par  sur  toi  le  soin  du  pecheur. 

8  Ce  n'est  point  dans  la  prospdrite  qu'un  ami  s'attire  le  chatiment, 
Ni  dans  Fadversite  qu'un  ennemi  se  dissimule. 

9  Ouand  un  homme  est  heureux,  ses  ennemis  sont  dans  le  deuil; 
Quand  il  est  malheureux,  son  ami  meme  se  separe  de  lui. 

10  Ne  te  fie  jamais  a  ton  ennemi, 

Car  sa  malice  est  comme  I'airain  que  couvre  la  rouille, 

1 1  Alors  meme  qu'il  se  montre  humble  et  marche  courbe, 
Fais  attention  et  garde-toi  de  lui, 

Et  tu  seras  pour  lui  comme  celui  qui  polit  un  miroir, 
Et  tu  connaitras  qu'il  n'a  pas  de  rouille  juscju'a  la  fin. 

12  Ne  le  mets  pas  a  cote  de  toi, 

De  peur  qu'il  ne  te  renverse  el  ne  prenne  ta  place. 

Ne  le  fais  pas  asseoir  a  ta  droite, 

De  peur  qu'il  ne  cherche  a  occuper  ton  siege, 

Et  qu'a  la  fin,  reconnaissant  la  verile  de  mes  discours, 

Tu  n'aies  du  chagrin  au  souvenir  de  mes  paroles. 

13  Qui  aura  pitie  de  I'enchanteur  mordu  par  un  serpent, 
Et  de  tous  ceux  qui  approchent  les  betes  feroces? 

14  II  en  est  de  meme  de  celui  qui  lie  societe  avec  un  pecheur, 
Et  qui  se  mele  a  ses  peches. 

15  II  reste  une  heure  avec  toi, 

Mais  si  tu  te  detournes,  il  ne  tiendra  pas  plus  longlemps. 

16  L'ennemi  a  la  douceur  sur  les  Icvres, 

Et  dans  son  coeur  il  medite  le  moyen  de  te  jeter  dans  la  fosse. 

II  a  des  larmes  dans  les  veux, 

Et  s'il  trouve  I'occasion,  il  sera  insatiable  de  ton  sang. 

17  Si  le  malheur  t'atteint,  tu  le  trouveras  la  avant  toi, 
Et  sous  pretexte  de  te  secourir,  il  te  fera  tomber. 

18  Alors  il  branlera  la  tete,  il  battra  des  mains, 

II  ne  cessera  de  chuchoter  et  prendra  un  autre  visage. 


Ch.  XIII. 


CHAP.  XIII.  —  Danger  du  commerce  entre  les  grands  et  les  [)etits,  les  riches 
et  les  pauvres  [vers,  i  —  22].  Valeur  morale  de  la  richesse  et  de  la 
pauvrete  [23  —  xvi,  2]. 


^  UI  touche  a  la  poix  se  souille, 
l^^l       Et  qui  se  lie  avec  I'orgueiileux  lui  devient  semblable. 
^^jl  2  Ne  mets  pas  sur  tes  epaules  un  lourd  fardeau, 

Et  ne  te  lie  pas  avec  un  homme  plus  foit  et  plus  riche  que  toi. 

Quelle  association  peut-il  y  avoir  entre  le  pot  de  terre  et  le  chaudron? 

Le  chaudron  heurtera  le  pot,  et  celui-ci  sera  brise. 


vie,  ne  lui  en  donne  pas.  —  Un  double 
Dial :  le  mechant  te  rendra  le  double,  mais 
en  mal. 

8.  Sens  :  tant  qu'un  homme  est  heureux, 
son  ami  cache  sa  perfidie,  se  montre  fidele 
et  n'encourt  pas  de  chatiment,  en  grec 
Exof/.TjO/iasxat,  lilt,  sera  pti7iij  cjuand  un 
homme  est  malheureux,  son  ennemi  n'a  plus 
de  raisonde  dissimuler  ses  vdritables  senti- 
ments :  comp.  vers.  17  sv. 

Dans  le  i^r  membre,  le  tradurteur  lalin 
a  lu  £tiiyvwjOq<7oxc(i,  ce  qui  donne  un  sens 


plus  facile  :  ce  n'est  pas  dans  la  prosperite 
qiioti  reconnait  tin  veritable  ami. 

9.  Se  separe  (ota/iopidOrjasxai);  en  latin, 
Vami  veritable,  sincere,  se  reconnait. 

10.  Comme  Pairain  ou  le  cuivre  :  ce  me- 
tal se  ternil  facilement  et  prend  une  appa- 
rence  differente  de  sa  nature  interieure  : 
image  du  mechant  qui  couvre  sa  malice 
d'un  voile  hypocrite. 

11.  Tu  seras  ...  un  miroir  :  les  mi- 
roirs  antiques  etaient  faits  de  mdtal ;  sans 
figure   :   fais   attention^  et    le    resultat  de 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XII,  6—19;  XIII,  i- 


545 


receperis  peccatorem.  6.  Benefac 
humili,  et  non  dederis  impio  :  pro- 
hibe  panes  illi  dari,ne  in  ipsispoten- 
tior  te  sit  :  7.  nam  duplicia  mala 
invenies  in  omnibus  bonis,  quascum- 
que  feceris  illi  :  quoniam  et  Altissi- 
mus  odio  habet  peccatores,  et  impiis 
reddet  vindictam. 

8.  Non  agnoscetur  in  bonis  ami- 
cus, et  non  abscondetur  in  malis 
inimicus.  9.  In  bonis  viri,  inimici 
illius  in  tristitiaret  in  malitia  illius, 
amicus  agnitus  est.  10.  Non  credas 
iriimico  tuo  in  asternum  :  sicut  enim 
a5ramentum,a2ruginat  nequitia  illius: 
II.  et  si  humiliatus  vadat  curvus, 
adjice  animum  tuum,  et  custodi  te 
ab  illo.  I  2.  Non  statuas  ilium  penes 
te,  nee  sedeat  ad  dexteram  tuam,  ne 
forte  conversus  in  locum  tuum,  in- 
quirat  cathedram  tuam  :  et  in  no- 
vissimo  agnoscas  verba  mea,  et  in 
sermonibus  meis  stimuleris.  ij.Quis 
miserebitur  incantatori  a  serpente 
percusso,  et  omnibus,  qui  appro- 
piant  bestiis?  et  sic  qui  comitatur 
cum  viro  iniquo,  et  obvolutus  est 
in  peccatis  ejus.  14.  Una  hora  te- 
cum permanebit  :  si  autem  declina- 


veris,  non  supportabit.  1 5.  *In  labiis  *jer.  41,  6. 
suis  indulcat  inimicus,  et  in  corde 
suo  insidiatur  ut  subvertat  te  in  fo- 
veam.  16.  In  oculis  suis  lacrymatur 
inimicus  :  et  si  invenerlt  tempus, 
non  satiabitur  sanguine  :  17.  et  si 
incurrerint  tibi  mala,  invenies  eum 
illic  priorem.  18.  In  oculis  suis  la- 
crymatur inimicus,  et  quasi  adju- 
vans  sufFodiet  plantas  tuas.  1 9.  Ca- 
put suum  movebit,et  plaudet  manu, 
et  multa  susurrans  commutabit  vul- 
tum  suum. 

^MMM  'fix  %'  M  %:  M  W.  'M  M  M  '!^'.  W.  M  W.  M  M  '!^\  'M 

— :>—       CAPUT   XIII.       -:i:— 

Periculosa  sunt  consortia  cum  superbo,  di- 
vite,  et  potentiore  :  dilige  Deum  ac  proxi- 
mum  :  non  convenit  diviti  cum  paupere, 
et  hoc  despefto  ille  honoratur. 

UI  tetigerit  picem,  inqui- 
nabitur   ab   ea  :    "et   qui      ■^Supiay, 
communicaverit  superbo,    ^- 

induct  superbiam.  2.  Pon- 

dus  super  se  toilet  qui  honestiori  se 
communicat.  Et  ditiori  te  ne  socius 
fueris.  7.  Ouid  communicabit  caca- 
bus  ad  ollam?  quando  enim  se  colli- 
serint,  confringetur. 


cette  attention  sera  de  mettre  a  nu  I'in- 
terieur  du  mechant,  de  le  rendre  visible, 
comme  sur  un  miroir  bien  poli.  —  Qu'il 
tia  pas  de  rouille  jusqii^a  la  fin  :  sous  son 
apparente  humilite,  tu  decouvriras  bientot 
la  malice. 

12.  Dl'  jites  paroles,  dont  tu  n'auras  pas 
tenu  compte. 

13.  Les  charmeurs  de  serpents  et  les 
dompteurs  de  betes  feroces  sont  quelquefois 
moi'dus  ou  devores;  mais  on  ne  les  plaint 
guere,  parce  qu'ils  s'exposent  volontaire- 
ment  au  danger. 

15.  Le  pecheur  pourra  bien  s'attacher 
a  toi  pendant  quelques  jours;  pour  te  de- 
barrasser  d'une  alliance  si  compromet- 
tante,  deioiirne-toi  de  liei,  quitte-le  sans 
retour. 

17.  Tu  le  trouveras  Id,  il  sera  le  premier 
k  t'adresser  ses  condoleances  et  a  t'offrir  ses 
services. 

iS.  Alors,  te  voyant  tombe,  il  branlera  la 
tcte  par  moquerie.  —  De  ckuchofer,  de  re- 
pandre  partout  de  faux  bruits,  de  fausses 
accusations  contre  toi.  —  Un  autre  visage, 
celui  d'un  ennemi.  Comp.  Prov.  vi,  12-14. 


CHAP.  XIII. 

2.  Ne  mets  pas  :  le  latin  sous  un  autre 
tour  donne  bien  le  sens  :  //  s'impose  un 
lourd  fardeau  celui  qui  se  lie  avec  un  plus 
riche  que  soi.  —  Pot  de  terre;  chaudron  ou 
niarniite  d'airain. 

3.  Demafide  excuse,  litt.  supplie;  Vulg., 
se  tail.  Comp.  Prov.  xviii,  23. 

Les  traits  de  moeurs  rappeles  dans  les 
vers.  3  et  suiv.  sont  vrais  dans  tous  les 
temps  et  chez  tous  les  peuples,  mais  la  si- 
tuation de  la  Palestine  a  cette  epoque  leur 
donne  une  valeur  morale  particuliere.  Les 
grands  et  les  riches  que  I'auteur  a  surtout 
en  vue,  ce  sont  pour  la  plupart  les  etrangers 
qui  tenaient  les  Juifs  asservis  et  qui,  non 
seulement  les  exploitaient,  mais  s'effor- 
caient  encore  de  les  gagner  k  leur  cause 
et  k  leurs  opinions ;  les  petits  et  les  pau- 
vres,  ce  sont  les  Israelites  qui,  par  des  re- 
lations faciles  et  habituelles  avec  leurs  vain- 
queurs  idolatres,  auraient  ete  exposes  a  per- 
dre  leur  attachement  a  leurs  croyances  et  a 
leur  culte  national. 


NO  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.  —  35 


546 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XIII,  3—2; 


3  Le  riche  commet  iine  injustice,  et  il  fr^mit  d'indignation; 
Le  pauvre  est  maltraite,  et  il  demande  excuse. 

4  Tant  que  tu  pourras  lui  etre  utile,  il  se  servira  de  toi, 
Et  quand  tu  n'auras  plus  rien,  il  te  delaissera. 

5  Si  tu  as  du  bien,  il  vivra  avec  toi, 

II  te  depouillera,  et  n'aura  nul  souci. 

6  Lui  es-tu  necessaire?  11  t'enjolera, 

II  te  sourira  et  te  donnera  des  esperances, 
'      II  te  prodiguera  de  belles  paroles  et  te  dira  :  "  De  quoi  as-tu  besoin? " 
i  7  II  t'accablera  de  festins 

Jusqu'a  ce  qu'il  t'ait  depouille  deux  ou  trois  fois, 

Et  a  la  fin  il  se  rira  de  toi; 

Apres  quoi  il  te  verra  et  te  delaissera, 

Et  t'insultera  en  branlant  la  tete. 

8  Prends  garde  de  te  laisser  s^duire, 

Et,  au  sein  de  la  prosperite,  de  tomber  dans  rhumiliation. 

9  Si  un  plus  puissant  que  toi  t'appelle  aupres  de  lui,  retire-toi  en  arriere; 
II  ne  fera  que  t'inviter  avec  plus  d'instances. 

10  Ne  tombe  pas  sur  lui  k  Timproviste,  de  peur  d'etre  repousse, 
Et  ne  te  tiens  pas  trop  loin  de  lui,  de  peur  d'etre  oublie. 

11  Ne  t'imagine  pas  de  causer  avec  lui  d'egal  h.  egal, 
Et  ne  te  fie  pas  a  tout  ce  qu'il  dit. 

12  Car  par  son  flux  de  paroles  il  te  tentera, 
Et  il  t'interrogera  comme  en  souriant. 

Homme  snns  pitie,  il  ne  gardera  pas  pour  lui  tes  paroles, 
Et  il  ne  t'epargnera  ni  les  coups  ni  les  chaines. 

13  Prends  garde  et  fais  bien  attention, 
Car  tu  marches  avec  ta  ruine. 

14  Toute  creature  vivante  aime  son  semblable, 
Et  tout  homme  son  prochain. 

15  Toute  chair  s'unit  selon  son  espcce, 

Et  I'homme  s'associe  a  celui  qui  lui  ressemble. 

16  (2uelle  union  peut-il  y  avoir  entre  le  loup  et  I'agneau? 
II  en  est  de  meme  entre  le  pdcheur  et  le  juste. 

17  Quelle  paix  peut  avoir  I'hyene  avec  le  chien? 
Uuelle  paix  le  riche  avec  le  pauvre? 

18  L'onagre  est  la  proie  du  lion  dans  le  desert  : 
Ainsi  les  pauvi-es  sont  la  proie  des  riches. 

19  L'orgueilleux  a  en  horreur  I'humiliation  : 
Ainsi  le  pauvre  est  deteste  du  riche. 

20  Le  riche  vient-il  a  chanceler,  ses  amis  le  soutiennent; 

Mais  quand  I'humble  tombe,  il  est  encore  repousse  par  ses  amis. 

21  Ouand  le  riche  fait  une  chute,  beaucoup  lui  viennent  en  aide; 
II  tient  des  discours  insenses,  et  on  I'approuve. 

Quand  I'humble  fait  une  chute,  il  a  encore  des  reproches; 

22  Le  riche  parle,  et  tout  le  monde  se  tait, 
Et  on  eleve  son  discours  jusqu'aux  nues. 

Le  pauvre  parle,  et  Ton  dit  :  "  Quel  est  celui-la? " 
Et  s'il  heurte,  on  le  culbute. 

23  La  richesse  est  bonne  quand  elle  n'est  pas  unie  au  peche, 
Et  la  pauvrete  est  mauvaise  dans  la  bouche  de  I'impie. 


7.  //  faccablera;  litt.,  il  te  fera  cotifusion 
par  ses  festins,  il  t'y  invitera  si  souvent  que 
tu  en  seras  confus.  —  //  te  verra  pauvre  et 
indigent.  —  Branlant  la  tete,  geste  de  me- 
pris  et  de  joie  maligna. 

Le  latin  ajoute  :  Huiiiilie-toi  devant  Dieu 
et  attends  ses  7nains,  son  secours. 

8,  Ati  sein  de  la  prosperite,  en  grec  sv 


£jcppoa'jvT|;  le  tradudleur  latin  a  lu  dopoduvr, 
de  ne  pas  tomber  dans  la  sottise. 

Le  latin  ajoute  :  tie  fabaisse pas  dans  ta 
sagesse,  de  peur  que  cet  abaissenient  ne  fen- 
traine  a  la  sottise.  L'auteur  mettrait  en 
garde  contre  une  humilite  qui  ne  serait  que 
bassesse  et  abdication  de  sa  propre  dignite 
et  meme  de  sa  conscience  :  en  cedant,  par 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XIII,  4—30. 


547 


4.  Dives  injuste  egit,  et  fremet  : 
pauper  autem  lassus  tacebit.  5.  Si 
largitus  fueris,  assumet  te  :  et  si  non 
habueris,  derelinquet  te,  6,  Si  habes, 
convivet  tecum,  et  evacuabit  te,  et 
ipse  non  dolebit  super  te.  7.  Si  ne- 
cessarius  illi  fueris,  supplantabit  te, 
et  subridens  spem  dabit,  narrans 
tibi  bona,  et  dicet  :  Quid  opus  est 
tibi?  8.  Et  confundet  te  in  cibis  suis, 
donee  te  exinaniat  bis,  et  ter  :  et  in 
novissimo  deridebit  te  :  et  postea 
videns  derelinquet  te,  et  caput  suum 
movebit  ad  te.  9.  Humiliare  Deo,  et 
exspecta  manus  ejus.  10.  Attende 
ne  seductus  in  stultitiam  humilieris. 
II.  Noli  esse  humilis  in  sapientia 
tua,  ne  humiliatus  in  stultitiam  se- 
ducaris. 

12.  Advocatus  a  potentiore  dis- 
cede  :  ex  hoc  enim  magis  te  advo- 
cabit.  13.  Ne  improbus  sis,  ne  im- 
pingaris  :  et  ne  longe  sis  ab  eo,  ne 
eas  in  oblivionem.  14.  Ne  retineas 
ex  aequo  loqui  cum  illo :  nee  credas 
multis  verbis  illius  :  ex  multa  enim 
loquela  tentabit  te,  et  subridens  in- 
terrogabit  te  de  absconditis  tuis. 
15.  Immitis  animus  illius  conserva- 
bit  verba  tua  :  et  non  parcet  de  ma- 
litia,  et  de  vinculis.  16.  Cave  tibi,et 
attende  diligenter  auditui  tuo  :  quo- 
niam  cum  subversione  tua  ambulas. 


17.  Audiens  vero  ilia  quasi  in  som- 
nis  vide,  et  vigilabis.  18.  Omni  vita 
tua  dilige  Deum,  et  invoca  ilium  in 
salute  tua. 

19.  Omne  animal  diligit  simile 
sibi  :  sic  et  omnis  homo  proximum 
sibi.  20.  Omnis  caro  ad  similem  sibi 
conjungetur,  et  omnis  homo  simili 
sui  sociabitur.  21.  Si  communicabit 
lupus  agno  aliquando,  sic  peccator 
justo.  2  2.  *Ouas  communicatio  san- 
cto  homini  ad  canem.?  aut  qu^  pars 
diviti  ad  pauperem.^  23.  ^Venatio 
leonis  onager  in  eremo  :  sic  et  pa- 
scua  divitum,  sunt  pauperes.  24.  Et 
sicut  abominatio  est  superbo  humi- 
litas :  sic  et  exsecratio  divitis  pauper. 

25.  Dives  comm.otus  confirmatur 
ab  amicis  suis  :  humilis  autem  cum 
ceciderit  expelletur  et  a  notis.  26. Di- 
viti decepto  multi  recuperatores  : 
locutus  est  superba,  et  justificave- 
runt  ilium  :  27.  humilis  deceptus 
est,  insuper  et  arguitur :  locutus  est 
sensate,  et  non  est  datus  ei  locus. 
28.  Dives  locutus  est,  et  omnes  ta- 
cuerunt,  et  verbum  illius  usque  ad 
nubes  perducent.  29.  Pauper  locu- 
tus est,  et  dicunt  :  Quis  est  hie?  et 
si  offenderit,  subvertent  ilium. 

30.  Bona  est  substantia,  cui  non 
est  peccatum  in  conscientia  :  et  ne- 
quissima  paupertas  in  ore  impii. 


*  2  Cor.  6, 
14- 

'^  I's.  10,  9. 
secundum 
HebiEeos. 


ex.,  aux  desirs  ou  aux  exigences  injustes  du 
prochain. 

9.  T\ippelle  pour  avoir  avec  toi  des  rela- 
tions frequentes  et  intimes. 

10.  Ne  tonibc  pas  stir  ltd,  ne  te  prdsente 
pas  a  lui  a  tout  moment,  sans  fa^on. 

Alexandre  disait  qu'il  fallait  s'approcher 
des  rois  comme  du  feu  :  trop  loin,  on  a  froid; 
trop  pres,  on  se  bride. 

12.  II  te  tentera,  il  essaiera  de  t'inspirer 
la  confiance.  —  //  fititerrogcra;  le  latin 
ajoute,  siir  tes  secrets. 

13.  Avec  ta  ruine,  dans  sa  compagnie  : 
tu  es  bien  pres  de  ta  ruine. 

Plusieurs  manuscrits  grecs  suivis  par  le 
traducfleur  latin  ajoutent  :  si  tu  enlends  cela, 
les  paroles  du  puissant  qui  veut  te  gagner, 
[fais  comme  si  c'ctait]  en  songe,  n'y  attache 
pas  plus  d'importance,  et  tiens-toi  eveille. 
Toute  ta  vie  aime  le  Seigneur  et  invoque-le 
pour  ton  salut. 

14.  Son  prochaiji,  non  pas  I'homme  en 


general,  I'homme  de  meme  nature,  mais 
celui  de  meme  condition  sociale,  I'homme 
semblable  a  lui  :  le  riche  aime  le  riche,  le 
pauvre  aime  le  pauvre. 

15.  S'u7iit  selon  son  espece,  a  une  chair  de 
son  espece. 

16.  Ce  n'est  qu'aux  pieds  du  Sauveur  et 
par  sa  grace  que  le  loup  et  Pag/ieau,  le 
grand  et  le  petit,  pourront  vivre  en  paix. 
Comp.  Is.  xi,  6;  Lzec,  x,  3. 

17.  L'/iyene  rode  la  nuit  autour  des  trou- 
peaux,  et  se  trouve  souvent  en  lutte  avec  les 
chiens  qui  les  gardent.  En  latin,  Vhoinine 
saint,  S3.ns  doute  par  suite  d'une  fausse  lecon. 

18.  L'onagre,  I'ane  sauvage. 

21.  Le  riche  fait  une  chute;  en  latin,  est 
trompe  ou  se  trompe.  —  Insense's,  en  latin, 
insolents. 

22.  S^il  heurte  ses  auditeurs;  ou  bien  :  s'il 
fait  un  faux  pas. 

21.  L'auteur  apporte  ici  quelque  restriflion 
a  ce  qu'il  vient  de  dire  sur  la  richesse  et  la 


548  L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XIII,  24,  25;  XIV,  i— 18. 


24 


25 


Le  cceur  de  I'homme  change  son  visage; 

II  le  rend  bon  ou  mauvais. 

Le  signe  d'un  coeur  content  est  un  visage  joyeux; 

Pour  trouver  de  sages  maximes,  il  faut  le  labeur  de  la  reflexion. 


i 


Ch.  XIV. 


CHAP.  XIV.  —  Bonheur  d'une  bonne  conscience  [vers,  i  —  2].  De  I'avarice 
et  du  sage  emploi  des  richesses  [3  — 19].  Heureux  celui  qui  travaille 
a  acquerir  la  sagesse  [20 — 27]! 


Et  qui  n'a  pas  perdu  son  esperance  au  Seigneurl 


3  A  Fhomme  sordide  la  richesse  est  inutile, 

Et  que  servent  les  tresors  a  I'homme  envieux? 

4  Celui  qui  amasse  en  se  privant  lui-meme  amasse  pour  d'autres; 
Avec  ses  biens  d'autres  vivront  dans  les  delices. 

5  Celui  qui  est  mauvais  a  lui-meme,  pour  qui  sera-t-il  bon? 
II  ne  jouira  pas  de  ses  propres  tresors. 

6  Celui-lk  est  k  lui-meme  son  pire  ennemi,  qui  se  refuse  tout, 
Et  c'est  la  le  juste  salaire  de  sa  malice. 

7  S'il  fait  quelque  bien,  c'est  sans  le  savoir, 
Et  il  finit  par  laisser  voir  sa  malice. 

8  C'est  un  mechant  homme  que  celui  qui  regarde  d'un  ceil  d'envie, 
Qui  detourne  son  visage  et  meprise  les  ames  qui  Vituplorcjit. 

9  L'oeil  de  I'avare  n'est  pas  rassasie  par  une  portion, 
Et  une  funeste  convoitise  desseche  son  ame. 

10  L'ceil  mauvais  se  refuse  le  pain, 
Et  il  a  faim  a  sa  propre  table. 

1 1  Mon  fils,  selon  ce  que  tu  possedes  fais-toi  du  bien, 
Et  presente  au  Seigneur  de  dignes  offrandes. 

12  Rappelle-toi  que  la  niort  ne  tarde  pas, 

Et  cjue  le  pacfte  de  I'Hades  ne  t'a  pas  ete  revele. 

13  Avant  de  mourir,  fais  du  bien  a  ton  ami, 

Et  selon  tes  moyens  etends  la  main  et  donne-lui. 

14  Ne  te  prive  pas  d'un  jour  de  fete, 

Et  ne  laisse  echapper  aucune  partie  d'un  bon  desir. 

15  Est-ce  que  tu  ne  laisseras  pas  a  d'autres  les  fruits  de  ton  labeur? 

Est-ce  que  ces  biens  p^niblement  acquis  ne  seront  pas  partages  par  le  sort? 

16  Donne  et  prends,  et  rejouis  ton  ame. 

Car  il  n'y  a  pas  a  chercher  de  delices  dans  le  sejour  des  morts. 

17  Toute  chair  vieillit  comme  un  vetement, 

Car  c'est  une  loi  portee  des  I'origine;  tu  mourras  certainement. 

18  Comme  la  feuille  verdoyante  sur  un  arbre  touffu;  — 

II  laisse  tomber  les  unes,  et  en  fait  pousser  d'autres  :  — 

Ainsi  en  est-il  des  generations  humaines  faites  de  chair  et  de  sang; 

Les  unes  meurent,  d'autres  viennent  a  la  vie. 


pauvrete  :  la  condition  des  riches  n'est  pas 
mauvaise  en  soi;  de  meme  la  pauvrete  n'est 
pas  un  mal  absolu  :  les  impies  seuls  I'ont 
en  horreur. 

24.  Le  rend  bo?t  on  mauvais,  y  fait  pa- 
raitre  la  joie  ou  la  tristesse,  la  bienveillance 
ou  la  colere. 

25.  Le  labeur  de  la  reflexion,  et  ce  labeur 
trace  son  empreinte  sur  le  visage. 

Les  vers.  24-25  expriment  la  meme  pen- 
see  :  le  visage  est  le  miroir  de  I'ame,  et 
cette  pensee  ne  se  rattache  ni  ci  ce  qui  pre- 


cede ni  a  ce  qui  suit,  tandis  que  les  vers.  1-2 
du  chap,  xiv  se  lient  sans  effort  au  vers.  23. 

CHAP.  XIV. 

2.  Les  mots  au  Seis^neur  se  lisent  dans 
plusieurs  manuscrits  :  celui  qui  garde  son 
esperance  au  Seigneur  garde  aussi  sa  fide- 
lite  et  se  preserve  du  p^che.  Loch  et  Reischl ; 
et  dont  Vesperatice  rHa  pas  ete  decue  :  I'es- 
perance  ne  peut  etre  d^gue  que  si  on  la 
met  ailleurs  qu'en  Dieu;  c'est  done  comme 
si   I'auteur  disait  :  Heureux  celui   qui  n'a 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XITI.  31,  32;  XIV,  i—sq.  549 


31.  Cor  hominis  immutat  faciem 
illius,  sive  in  bona,  sive  in   mala 
32.   Vestigium  cordis  boni,  et  fa- 
ciem  bonam   difficile    invenies,   et 
cum  labore. 

— :i:—       CAPUT  XIV.       — :i:— 

Beatus  qui  non  est  verbo  lapsus  :  avaro  et 
livido  perniciosfe  divitije,  et  de  utriusque 
miseriis  :  de  substantia  benefaciendum 
ante  mortem  quae  non  tardat  :  de  homi- 
nis fragilitate  :  beatus  sapientiae  et  justi- 
tiye  studiosus. 

EATUS  vir,  qui  non  est 
lapsus  verbo  ex  ore  suo, 
"et  non  est  stimulatus  in 
tristitia  delicti.  2.  ^ Felix, 
qui  non  habuit  animi  sui  tristitiam, 
et  non  excidit  a  spe  sua. 

3.  Viro  cupido  et  tenaci  sine  ra- 
tione  est  substantia,et  homini  livido 
ad  quid  aurum.''  4.  Qui  acervat  ex 
animo  suo  injuste,  aliis  congregat, 
et  in  bonis  illius  alius  luxuriabitur. 
5.  Qui  sibi  nequam  est,  cui  alii  bo- 
nus erit.''  et  non  jucundabitur  in 
bonis  suis.  6.  Qui  sibi  invidet,  nihil 
est  illo  nequius,  et  base  redditio  est 
malitias  illius  :  7.  et  si  bene  fecerit, 
ignoranter,  et  non  volens  facit  :  et 
in  novissimo   manifestat   malitiam 


suam  8.  Nequam  est  oculus  lividi, 
et  avertens  faciem  suam,  et  despi- 
ciens  animam  suam.  9.  Insatiabilis 
oculus  cupidi  in  parte  iniquitatis  : 
non  satiabitur  donee  consumat  are- 
faciens  animam  suam.  10.  Oculus 
malus  ad  mala  :  et  non  satiabitur 
pane,  sed  indigens  et  in  tristitia  erit 
super  mensam  suam. 

II.  Fili  si  habes,  benefac  tecum, 
et  Deo  dignas  oblationes  offer. 
12.  Memor  esto  quoniam  mors 
non  tardat,  et  testamentum  infe- 
rorum  quia  demonstratum  est  tibi  : 
testamentum  enim  hujus  mundi 
morte  morietur.  13.  ''Ante  mor- 
tem benefac  amico  tuo,  et  secun- 
dum vires  tuas  exporrigens  da 
pauperi.  14.  Non  defrauderis  a  die 
bono,  et  particula  boni  doni  non 
te  prastereat.  15.  Nonne  aliis  re- 
linques  dolores  et  labores  tuos  in 
divisione  sortis.^  16.  Da,  et  accipe, 
et  justifica  animam  tuam.  17.  Ante 
obitum  tuum  operare  justitiam  : 
quoniam  non  est  apud  inferos  in- 
venire  cibum.  18.  ''Omnis  caro 
sicut  foenum  veterascet,  et  sicut  Jac.  i,  m 
folium  fructificans  in  arbore  viridi.  24. 
19.  Alia  generantur,  et  alia  deji- 
ciuntur  :  sic  generatio  carniset  san- 
guinis, alia  finitur,  et  alia  nascitur. 


^Tob.  4,  7. 
Supra  4,  T. 
Luc.  16,  9. 


'^Is,  40,   6. 


pas  cesse  de  mettre  en  Dieu  sa  confiance! 

3.  Lhomrne  sordtde,  litt.  viesqtiin^  chiche, 
est  le  meme  que  Vhouunc  cnvieiix,  I'avare 
avide,  jaloux  et  defiant. 

6.  Comp.  Pj'ov.  xi,  17.  — ■  De  sa  malice, 
de  sa  lesinerie. 

8.  Detoiirne  son  visage  du  malheureux. 

9.  Par  line  portioji :  il  lui  faut  le  tout.  En 
latin,  d'une  part  dHniqtiitc;  il  ne  sera  pas 
rassasie  tant  qti'il  n^aitra  pas  desseche  et 
consume  son  dine. 

10.  Lseil  mauvais,  c.-a-d.  Venvieiix. 

11.  Fais-toi  du  bten,  traite-toi  bien.  — 
De  dignes  offrandes,  des  offrandes  convena- 
bles,  en  rapport  avec  ta  fortune. 

12.  La  mart  ne  tardepas,  n'est  pas  en  retard 
sur  I'heure  fixee,  et  cette  heure  ne  t'est  pas 
connue.  Cette  derniere  pens^e  est  exprimee 
par  figure  :  I'Hades  ou  sejourdes  morts  est 
personnifie;  il  a  fait  avec  toi  une  sorte  de 
pafte,  renfermanl  naturellement  la  determi- 
nation du  jour  de  ta  mort;  mais  ce  jour  ne  t'a 
pas  dte  revile.  Le  latin  dit  au  contraire,  t'a 


ete  signifie,  manifeste;  le  pacfte  de  I'Hades 
consiste  alors  en  ceci  :  tu  mourras. 

Le  latin  ajoute  un  3^  membre  :  car  c'est 
une  loi  de  ce  inonde  :  il  faut  mourir.  En 
grec,  ces  mots  forment  le  2^  membre  du 
vers.  17,  ou  ils  sont  mieux  k  leur  place. 

13.  Comp.  Prov.  iii,  28.  Et  donne-luijtn 
latin,  et  donne  ate  pauvre. 

14.  D'u7i  ho7i  desirj  en  latin,  d'tin  don 
bon,  du  bien  que  Dieu  te  donne,  d'une  joie 
legitime. 

16. Donfte  de  tes  biens  aux  autres  et prends 
en  pour  ton  usage.  —  Rejotiis;  lat.,  sanflijie 
ton  dine,  ayrj-aoy,  le^on  de  plusieurs  manus- 
crits. — Le  sejour  des  morts,  lieu  d'exil,  meme 
pour  le  juste,  avant  la  ledemption. 

Le  latin  aioute  avant  le  2^  membre :  avant 
ta  mort  pratique  la  justice,  car,  etc. 

17.  Comiiie  un  viteinent ;  en  lat.  comine 
rherbc.  Comp.  Ps.  cii,  27.  En  latin  le 
2^  membre  est  place  a  la  suite  du  vers.  12. 

18.  Homere  emploie  la  meme  comparai- 
son  :  Is.  vi,  146  sv.  xxi,  464  sv. 


550 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XIV,  19-27;  XV,  i— 12. 


Ch.  XV. 


19  Toute  oeuvre  corruptible  finit  par  perir, 
Et  I'ouvrier  s'en  ira  avec  elle. 

20  Heureux  riiomme  qui  mddite  sur  la  sagesse 
Et  qui  park  avec  son  bon  sens; 

21  Qui  reflechit  dans  son  coeur  sur  ses  voies, 
Et  qui  etudie  ses  secrets; 

22  La  poursuit,  comme  un  chasseur, 
Et  guette  ses  entries. 

23  II  se  baisse  pour  regarder  par  ses  fenetres, 
Et  il  dcoute  a  sa  porte. 

24  II  dtablit  son  habitation  tout  pres  de  sa  demeure, 
Et  fixe  ses  pieux  dans  ses  parois. 

25  II  dresse  sa  tente  centre  la  sienne, 

Et  il  habite  dans  la  maison  ou  se  trouve  le  bonheur. 

26  II  met  ses  enfants  sous  sa  proteflion, 
Et  s'abrite  sous  ses  rameaux. 

27  A  son  ombre,  il  sera  garanti  centre  la  chaleur, 
Et  il  se  reposera  dans  sa  gloire. 

CHAP.  XV.  —  Eloge  de  la  sagesse,  suite  [vers,  i  — 10].  Dieu  n'est  pas 
I'auteur  du  mal,  mais  il  a  donne  a  riiomme  la  liberte. 

01  LA  ce  que  fait  celui  qui  craint  le  Seigneur, 

Et  celui  qui  s'attache  a  la  loi  obtiendra  la  sagesse. 
2  Elle  viendra  au-devant  de  lui  comme  une  mere, 
Et  elle  I'accueillera  comme  une  epouse  vierge. 
Elle  le  nourrira  du  pain  de  I'intelligence, 
Et  lui  donnera  a  boire  I'eau  de  la  sagesse. 
II  s'appuiera  sur  elle  et  ne  flechira  pas, 
II  s'attachera  a  elle  et  ne  sera  pas  confondu. 
Elle  r^levera  devant  ses  compagnons, 
Et  lui  ouvrira  la  bouche  au  milieu  de  Tassemblee. 
La  joie,  une  couronne  d'allegresse 
Et  un  nometernel  seront  son  partage. 
Les  insenses  ne  la  possederont  pas, 
Et  les  pecheurs  ne  la  verront  meme  pas. 
Elle  se  tient  loin  des  hommes  d'orgueil, 
Et  les  hommes  de  mensonge  ne  songent  pas  a  elle. 
La  louange  de  Diet/  n'est  pas  agreable  dans  la  bouche  du  pecheur, 
Parce  qu'elle  n'est  pas  envoyee  par  le  Seigneur. 
Car  c'est  par  la  sagesse  qu'est  diclee  la  louange, 
Et  le  Seigneur  I'aura  pour  agreable. 


4 

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9 

10 


1 1  Ne  dis  pas  :  "  Le  Seigneur  est  cause  qu'elle  me  manque," 
Car  ce  qu'il  hait,  tu  ne  dois  pas  le  faire. 

12  Ne  dis  pas  :  "  C'est  lui  qui  m'a  egare;" 
Car  il  n'a  pas  besoin  du  pdcheur. 


19.  Le  latin  ajoute  :  cf  toiile  ccnvre  excel- 
lente  sera  approinu'e,  ct  rflin'7-icr  y  irojiiera 
sa  gloire. 

20.  Qui  nieditc.  Le  cod.  Vat.  lit  -i/.s'j-rrj^Et, 
qui  persevere;  mais  la  legon  du  cod.  Alex., 
[j-eXet/iCji,  parait  preferable.  Le  latin  ajoute 
au  premier  membre,  ct  qui  im'ditc  sur  sa 
propre  justice.,  et  traduit  le  2^  :  et  qui 
pcnse  dans  sou  ccrur  a  Vanl  de  Dieu  qui 
voit  tout. 

21.  Sur  ses  voies.,  les  voies  que  suit  la  sa- 
gesse. —  Ses  secrets,  peut-ctre  les  lieux 
secrets  ou  elle  se  cache. 


22.  Guette  ses  entrees.,  les  endroits  par  oii 
elle  entre,  par  oil  elle  passe,  afin  de  la  sai- 
sir  :  I'image  est  empruntee  k  la  chasse. 

L'auteur  decrit  ensuite,  sous  diverses 
images,  les  efforts  que  doit  faire  I'ami  de  la 
sagesse  pour  I'atteindre  et  s'emparer  d'elle. 

24.  Ses  pieux,  les  pieux  ou  piquets  de  sa 
tente. 

25.  C outre  la  sienne;  litt.  contre  ses  /nains, 
c.-a-d.  ses  cotes.  —  Et  il  luibite ;  en  latin,  et 
le  bonheur  habitera  a  jamais  datis  sa  tente. 

26.  Sa  proteflion  ou  son  onibrage  :  I'imnge 
est  empruntee  aupalmierjdontl'ombrage pro- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XIV,  20—27;  XV,  i— 12.  551 


20.  Omne  opus  corruptibile  in  fine 
deficiet  :  et  qui  illud  operatur,  ibit 
cum  illo. 

21.  Et  omne  opus  electum  justi- 
ficabitur  :  et  qui  operatur  illud, 
1,2.  honorabitur  in  illo.  22.  'Beatus 
vir,  qui  in  sapientia  morabitur, 
et  qui  in  justitia  sua  meditabitur, 
et  in  sensu  cogitabit  circumspectio- 
nem  Dei.  23.  Qui  excogitat  vias 
illius  in  corde  suo,  et  in  abscon- 
ditis  suis  intelligens,  vadens  post 
illam  quasi  investigator,  et  in  viis 
illius  consistens  :  24.  qui  respicit 
per  fenestras  illius,  et  in  januis 
illius  audiens  :  25.  qui  requiescit 
juxta  domum  illius,  et  in  parieti- 
bus  illius  figens  palum  statuet  ca- 
sulam  suam  ad  manus  illius,  et  re- 
quiescent  in  casula  illius  bona  per 
asvum  :  26.  statuet  filios  suos  sub 
tegmine  illius,  et  sub  ramis  ejus 
morabitur  :  27,  protegetur  sub  teg- 
mine illius  a  fervore,  et  in  gloria 
ejus  requiescet. 

— :i:—       CAPUT  XV.      — :!=— 

Beatus  qui  in  timoreDei  aptat  se  ad  sapien- 
tiam,  quam  stulti  et  mendaces  non  asse- 
quentur  :  peccata  Deo  non  sunt  adscri- 
benda,  sed  homini,  qui  ab  illo  conditus 
est  libero  arbitrio,  propositis  praeceptis 
qus  servare  poterat  :  Dei  oculis  omnia 
munda  sunt. 


UI  timet  Deum,  faciet  bo- 
na :  et  qui  continens  est 
justitias,  apprehendet  il- 
lam, 2.  et  obviabit  illi 
quasi  mater  honorificata,  et  quasi 
mulier  a  virginitate  suscipiet  ilium. 
3.  Cibabit  ilium  pane  vitae  et  intel- 
lectus,  "et  aqua  sapientias  salutaris 
potabit  ilium  :  et  firmabitur  in  illo, 
et  non  flectetur  :  4.  et  continebit 
ilium,  et  non  confundetur  :  et  exal- 
tabit  ilium  apud  proximos  suos, 
5.  et  in  medio  ecclesi^  aperiet  os 
ejus,  et  adimplebit  ilium  spiritu 
sapientiae  et  intellectus,  et  stola  glo- 
riae  vestiet  ilium.  6.  Jucunditatem 
et  exsultationem  thesaurizabit  super 
ilium,  et  nomine  asterno  hereditabit 
ilium.  7.  Homines  stulti  non  appre- 
hendent  illam,  et  homines  sensati 
obviabunt  illi,  homines  stulti  non 
videbunt  eam  :  longe  enim  abest  a 
superbia  et  dolo  :  8.  viri  mendaces 
non  erunt  illius  memores  :  et  viri 
veraces  invenientur  in  ilia,  et  succes- 
sumhabebunt  usque  ad  inspectionem 
Dei.  9.  Non  est  speciosa  laus  in  ore 
peccatoris  :  10.  quoniam  a  Deo  pro- 
tecta  est  sapientia  :  sapientias  enim 
Dei  astabit  laus,  et  in  ore  fideli  abun- 
dabit,  et  dominator  dabit  eam  illi. 

1 1.  Non  dixeris  :  Per  Deum  ab- 
est: quae  enim  oditnefeceris.  12.  Non 
dicas  :  Ille  me  implanavit :  non  enim 


"Joann.  4, 
10. 


tege  les  voyageurs  contra  les  faux  du  soleil. 
27.  Dans  sa  gloire^  dans  la  splendaur  ou 
la  magnificence  qui  environne  la  sagesse  et 
qu'elle  communique  a  ses  disciples. 

CHAP.  XV. 

1.  Voila  ce  que  fait j  en  lat.,  il  fait  le  bien 
celui  qid,  etc. 

2.  Co/nine  nne  mere,  avac  la  tendresse 
d'une  m^re;  le  lat.  ajoute  honor  ce. —  Ccviine 
ime  epoiise  vierge,  avec  la  grace  affeclueuse 
d'une  vierge. 

3.  Dii  pain  de  V intelligence;  en  lat.,  dela 
vie  ct  de  lH7itclligence.  —  De  la  sagesse;  le 
lat.  ajoute  sabitaire. 

4.  //  s^apptiiera  siir  clle;  en  lat.,  elle 
s''e  tab  lira  en  lid.  --  //  s^attache?'a  a  elle; 
Vulg.,  elle  le  sontiendra  :  bien  pour  le  sens. 

5.  Elle  rclh'cra,  lui  donnera  une  grande 
consideration. 


Le  lat.  ajoute  :  elle  le  rernplira  de  Pesprit 
de  sagesse  et  dHntelligence,  et  le  revctira 
d''iin  manteau  de  gloire. 

7.  Apres  le  le""  membre,  dans  la  Vul- 
gate, et  les  honimes  senses  la  renco7itre- 
ront. 

8.  Des  hoinnies  d^ofgiieil;  le  lat.  ajoute,  et 
de  fiaiide.  II  ajoute  encore  apres  le2e  mem- 
bre :  niais  les  honimes  sinceres  se  troiiveront 
avec  elle ^  et  prospereront  jusqii'a  la  visile  de 
Dieic,  jusqu'au  jour  du  jugement  (comp. 
Sag.  iii,  13). 

9.  La  louange  :  comp.  Fs.  xxxiii,  i;  1,  16. 
—  Jille  n'est  pas  etwoyce^  inspiree.  Ce 
2*=  membre  manque  dans  la  Vulg. 

10.  En  latin  :  parce  que  la  sagesse  est 
sortie  de  Dieu,  car  la  louange  de  Dieu  est 
coinpag7ie  de  la  sagesse;  elle  sera  a  bond  ante 
dans  la  boiiche  fidcle,  et  dest  le  Seigneur 
qui  la  lui  inspirera. 


552 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XV,  13—20;  XVI,  i— 11. 


Ch.  XVI. 


13  Le  Seigneur  halt  tout  ce  qui  est  criminel, 

Et  ceux  qui  le  craignent  ne  doivent  pas  I'aimer  davantage. 

14  Au  commencement  il  a  cree  I'homme, 

Et  il  I'a  laisse  dans  la  main  de  son  conseil. 

15  Si  tu  le  veux,  tu  garderas  les  commandements; 
Etie  fidele  depend  de  ton  bon  plaisir. 

16  II  a  mis  devant  toi  le  feu  et  I'eau, 

Du  cote  que  tu  voudras  tu  peux  etendre  la  main. 

17  L'homme  a  devant  lui  la  vie  et  la  mort; 
Ce  qu'il  aura  choisi  lui  sera  donne. 

18  Car  la  sagesse  du  Seigneur  est  grande; 

II  est  fort  et  puissant,  et  il  voit  toutes  choses. 
ig  Ses  3'eux  sont  sur  ceux  qui  le  craignent, 

Et  il  connait  lui-meme  toutes  les  oeuvres  de  l'homme. 
20  II  n'a  commande  a  personne  d'etre  impie, 

A  personne  il  n'a  donne  la  permission  de  pecher. 

CHAP.  XVI. —  Des  enfants  impies  ne  sont  pas  a  desirer  [vers,  i  —  5];  ils 
attirent  toutes  sortes  de  malheurs  [5  —  10];  car  Dieu  n'est  pas  seule- 
ment  misericordieux,  il  est  juste  aussi  et  vengeur  du  crime  [11  —  21]. 
Sagesse  de  Dieu  dans  la  creation  du  monde  [22  —  28]. 

E  desire  pas  un  grand  nombre  d'enfants  inutiles, 
Et  ne  mats  pas  ta  joie  dans  des  fils  impies. 
2  S'ils  se  multiplient,  ne  ten  rejouis  pas. 
Si  la  crainte  du  Seigneur  n'est  pas  avec  eux. 

3  N'espere  pas  pour  eux  una  longue  via, 
Et  ne  fais  aucun  fond  sur  leur  prosp^rite. 
Un  seul  vaut  mieux  ciue  mille; 
Mieux  vaut  mourir  sans  enfants  que  de  laisser  des  fils  impias. 

4  Car  un  seul  homme  intelligent  peuplera  un  pays, 
Mais  la  race  des  mechants  sera  detruite. 

5  J'en  ai  vu  de  mes  yeux  beaucoup  d'exemples, 
Et  mes  oreilles  ont  entendu  des  choses  plus  graves  encore. 

6  La  feu  s'est  allumd  sur  I'assemblee  des  pecheurs, 
Et  la  colere  de  Dieu  s'est  enflammee  sur  un  peuple  rabelle. 
Le  Seigneur  n'a  point  pardonne  aux  antiques  geants, 
Lesquels,  confiants  dans  leur  force,  s'etaient  separes  de  lui. 
II  n'a  pas  epargne  ceux  qui  habitaient  avec  Lot, 
II  les  eut  en  horreur  a  cause  de  leur  orgueil  insolent. 
II  n'a  pas  eu  piti^  du  peuple  voue  a  la  perdition, 
Lequel  fut  extermine  avec  ses  peches. 
De  meme  il  extermina  six  cent  mille  combattants 
Oui  s'etaient  rassembles  dans  I'endurcissement  da  leurs  coeurs. 


7 
8 

9 
10 


1 1   Un  seul  fut-il  rebelle, 

Ce  serait  merveille  s'il  rastait  impuni. 

Car  du  Seigneur  viennent  la  misericorde  ct  la  colere; 

Puissant  en  pardon,  il  dechaine  aussi  sa  colere; 


13.  D aimer,  aimer  ce  qui  est  criminal. 

14.  Le  lat.  ajoute  :  //  a  dofine  en  outre  ses 
comrnandements  et  ses  preceptes. 

15.  En  latin  :  .$•/  tu  veux  garder  les 
coinmandements,  ils  te  garderotit^  et  a  ja- 
mais tu  conserveras  la  fidelite  que  tu  aii- 
7-as  vouhic. 

16.  Le  feu  et  Peau,  deux  choses  opposees, 
qui  representent  ici  le  bien  et  le  mal. 

17.  La  vie  et  la  juort,  son  salut  ou  sa 
parte.  Le  lat.  ajoute,  le  Men  et  le  tual. 


1 8.  Car  introduit  la  raison  du  2e  membre 
du  vers.  17  :  Dieu  peut  rendre  ^  Fhomme 
selon  ses  oeuvres,  la  recompensar  ou  le  pu- 
nir,  car  il  est  infiniment  sage  et  puissant, 
et  connaissant  toutes  choses. 

19.  Comp.  Ps.  xxxi,  16;  xxxii,  8;xxxiii,  18; 
xxxiv,  16. 

20.  Le  lat.  ajoute  :  car  il  ne  desire  pas  une 
uiultitudc  d'ciifauts  infidel es  ct  inutiles  : 
traduction  de  la  maxime  qui  commence  le 
chapitre  suivant,  mais  tradudlion  inexacla. 


LIBER  ECCLESIASTIC!.     Cap.  XV,  13—22;  XVI,  i  — 13. 


553 


necessarii  sunt  ei  homines  inipii. 
13.  Omne  exsecramentum  erroris 
odit  Dominus,  et  non  erit  amabile 
timentibus  eum.  14.  Deus  ab  initio 
constituithominem,etreliquit  ilium 
in  manu  consilii  sui.  1 5. Adjecit  man- 
data  et  praecepta  sua  :  16.  *Si  volue- 
ris  mandata  servare,  conservabunt 
te,  et  in  perpetuum  fidem  placitam 
facere.  17.  Apposuit  tibi  aquam  et 
ignem  :  ad  quod  volueris,  porrige 
manum  tuam.  18. 'Ante  hominem 
vitaet  morSjbonumet  malum  :quod 
placuerit  ei,  dabitur  illi  :  19.  quo- 
niam  multa  sapientia  Dei,  et  fortis 
in  potentia,  videns  omnes  sine  inter- 
missione.  20.  "^Oculi  Domini  ad  ti- 
mentes  eum,  et  ipse  '^agnoscit  om- 
nem  operam  hominis.  21.  Nemini 
mandavit  impie  agere,  et  nemini 
dedit  spatium  peccandi  :  22.  non 
enimconcupiscitmultitudinemfilio- 
rum  infidelium  et  inutilium. 

— :;:—       CAPUT  XVI.       — :^— 

Non  exsultandum  in  filiis  impiis  :  de  ira  Dei 
in  malos,  et  misericordia  in  bonos  :  ma- 
gna sunt  operum  misericordias  merita  : 
Dei  cognitioni  ac  judicio  nemo  se  potest 
subtrahere,  cujus  opera  sunt  ab  homine 
inscrutabilia. 


II  y  a  en  grec,  ;j.ti  £7riOu;ji£'.,  ne  desire  pas ; 
le  tradu6leur  latin  a  lu  ce  verbe  a  la  3e  pers. 
du  present  de  I'indicatif,  £-tOu[/£"i,  et  lui  a 
donne  pour  sujet  Diexi. 

CHAP.  XVI. 

I.  Enfants  imctiles,  dans  le  sens  biblique  : 
mauvais,  pecheurs.  Comp.  Sag.  iv,  i. 

3.  Leur prosferite ,  litt.  leur  etablissement, 
en  gr.  totiov.  Le  tradu(5\eur  latin  a  lu  ucivov, 
leiir  labeur,  les  richesses  amassees  par  leur 
travail.  D'autres  manuscrits  lisent  ttat^Ooc, 
leur  grand  noinbre.  —  Uji  seid  :  ce  que  le 
latin  explique  ainsi  :  im  seiil  fils  craignant 
Dieu  vaiit  mieiix  que  mille  e^ifatits  impies. 
—  Mourir  satis  enfants,  ce  qui  pourtant 
etait  une  honte  chez  les  Juifs. 

4.  Intelligent,  et  par  Ik  meme  pieux.  — 
Peuplera  un  pays  :  sa  posterite  sera  bdnie 
de  Dieu. 

5.  Plus  graves,  plus  terribles,  plus  tristes. 

6.  Allusion  a  la  revoke  et  au  chatiment 
de  Dathan  et  de  ses  complices  {Nombr. 
xi,  I  et  xvi.  Comp.  Ps.  Ixxviii,  21). 


E  jucunderis  in  filiis  im- 
piis, si  multiplicentur:  nee 
oblecteris  super  ipsos,  si 

, non  est  timor  Dei  in  illis. 

2.  Non  credas  vitas  illorum,  et  ne 
respexeris  in  labores  eorum.  3.  Me- 
lior  est  enim  unus  timens  Deum, 
quam  mille  filii  impii.  4.  Et  utile  est 
mori  sine  filiisquam  relinquere  filios 
impios.  5.  Ab  uno  sensato  inhabi- 
tabitur  patria,  tribus  impiorum  de- 
seretur.  6.  Multa  talia  vidit  ociilus 
mens,  et  fortiora  horum  audivit 
auris  mea.  7.  "In  synagoga  peccan- 
tium  exardebit  ignis,  et  in  gente 
incredibili  exardescet  ira.  8,  *Non 
exoraverunt  pro  peccatis  suis  anti- 
qui  gigantes,  qui  destructi  suntcon- 
fidentes  suae  virtuti  :  9.  et  non 
pepercitperegrinationi  Lot,et  exse- 
cratus  est  eos  prae  superbia  verbi 
illorum.  10.  Non  misertus  est  illis, 
gentem  totam  perdens,  et  extoUen- 
tem  se  in  peccatis  suis.  i  i.'^Et  sicut 
sexcenta  millia  peditum,  qiii  con- 
gregati  sunt  in  duritia  cordis  sui  : 
et  si  unus  fuisset  cervicatus,  mirum 
si  unus  immunis  : 

12.  Misericordia  enim  et  ira  est 
cum  illo.  Potens  exoratio,  et  effun- 
dens  iram  :   13.  secundum  miseri- 


7.  Antiques geanis :  les  hommes  a  I'epoque 
du  deluge  {Gen.  vi,  i  sv.).  En  latin  :  les  anti- 
ques geants  n^ont  pas  implore  le  pardon  de 
leurs  peches  :  bien  pour  le  fond. —  S^' talent 
separes,  en  gr.  aTrsaTTjaav ;  le  tradufteur  latin 
parait  avoir  lu  sTrtcJxsoo-av  :  qui  furent  de- 
truits  pour  s'etre  confies  dans  leur  force. 

8.  Ceux  qui  Jialntaicnt  avec  Lot,  les  habi- 
tants de  Sodome.  Peregri?tationi  est  pour 
peregrinis,  pris  dans  le  sens  large;  plus 
exatflement,  c'etait  Lot  qui  etait  peregritius 
chez  les  Sodomites.  —  Orgueil  ittsoleni  : 
Ezechiel  (xvi,  49)  designe  de  meme  le  pre- 
mier peche  de  Sodome;  de  la  racine  de  I'or- 
gueil  sortireiit  tous  les  autres.  En  latin, 
a  cause  de  f  insolence  de  leurs  propos. 

9.  Du  peuple  :  il  s'agit  probablement  des 


Egyptiens. 


Lequel  fut   cxtcrmine ;   ou 


bien,  qui  s'enorgtieillissait  dans  ses  peches. 

10.  De  tnhne :  il  s'agit  des  Israelites  con- 
damnes  k  mourir  dans  le  desert  {Nombr. 
xi,  21;  xiv,  30). 

11.  Si  Dieu  fit  perir  sans  en  avoir  pitie 
un   si  grand  nombre  de  pecheurs,  k  plus 


«  Infra  21 
10. 

*Gen.  6,  4. 


''Num.  14, 
23.  24  et  26, 
51- 


554 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XVI,  12—26. 


12  Autant  est  grande  sa  misericorde,  aulant  ses  chatiments  sont  rigoureux. 
II  jugera  I'homme  selon  ses  oeuvres. 

13  Le  pecheur  n'echappera  pas  avec  ses  rapines, 

Et  le  Seigneur  ne  retardera  pas  I'attente  de  Thomme  pieux. 

14  II  donnera  carricre  a  toute  sa  misericorde, 
Et  chacun  recevra  selon  ses  oeuvres. 

15  Ne  dis  pas  :  "  Je  me  ddroberai  au  regard  de  Dieu, 
Et  de  la-haut  qui  done  pensera  a  moi? 

Au  milieu  de  la  foule  je  serai  oublie, 

Et  que  suis-je  au  sein  de  I'immense  creation?" 

16  Vois  :  le  ciel  et  le  ciel  des  cieux, 

L'abline  et  la  terre  sont  ebrank's  quand  il  les  visite; 

17  Ensemble  les  montagnes  et  les  fondements  de  la  terre 
Sont  ebranles  quand  il  les  regarde. 

18  iSIais  le  coeur  de  I'homme  ne  reflechit  pas  a  cela, 
Et  quel  est  celui  qui  etudie  ses  voies? 

19  La  tempete  echappe  a  I'oeil  de  I'homme  : 

Et  la  plupart  des  oeuvres  de  Dieu  sont  cachdes. 

20  "  Qui  nous  dira  les  oeuvres  de  sa  justice  et  qui  les  attendra? 
Elle  est  si  loin  la  loi  du  chatiment!  " 

21  Ainsi  pense  I'homme  sans  intelligence; 
L'insense  qui  s'egare  n'imagine  que  folies. 


DEUXIEME   PARTIE 


■  ^ 


La  Creation  et  la  Providence;  devoirs 
de  rhomme  envers  Dieu;  niaximes  diverses. 

[Ch.  XVI,  22  — XXIII,  27]. 


22  Ecoute-moi,  mon  fils,  et  apprends  la  sagesse, 

Et  rends  ton  coeur  attentif  a  mes  paroles. 

Je  te  decouvrirai  une  do6lrine  pesee  dans  la  balance, 

Et  je  te  ferai  connaitre  une  science  exacfle. 

Les  ccuvres  de  Dieu  subsistent  depuis  le  commencement  comme  il  les  a  disposees, 

Et  des  leur  creation  il  en  a  separe  les  parties. 

II  a  orne  pour  toujours  ses  ouvrages, 

Et  les  plus  beaux  pour  brillcr  d'age  en  age. 

lis  n'dprouvent  ni  la  faim  ni  la  fatigue, 

Et  ils  n'interrompent  pas  leur  tache. 
26  Aucun  d'eux  ne  heurte  son  voisin, 

Et  toujours  ils  obeissent  au  divin  commandement. 


23 
24 

25 


forte  raison  punira-t-il  quand  il  n'y  en  a 
qu'un  seul. 

II.  Du  Seig;ncitr  viettncnt,  etc.  :  il  pos- 
sede,  il  exerce  egalement  ces  deux  attributs. 
Si  au  lieu  de  ~ap'  auTou  (cod.  Vat.),  on  lisait 
Tcap'  ocjtio  (traducfteur  lat.  et  divers  manus- 
crits  grecs),  on  traduirait  :  car  la  miseri- 
corde ct  la  colcre  sont  avec  lid,  en  lui.  — 
Puissant,  riche  eji  pardon,  litt.  en  expia- 
tions. 

13.  L'aitenfe  de  rhotinne  pieux,  son  es- 
poir  d'une  ddlivrance  prochaine.  Le  traduc- 


teur  latin  a  lu.  et  quelques  manuscrits  por- 
tent uTTouovT]  au  nominatif  :  et  Vattenfe  de 
P/iomine  pieux  ne  sera  pas  retardde. 

14.  //  donnera  carricre,  etc.  D'autres,  // 
donnera  place  a  toute  mise'ricorde,  il  tiendra 
compte  de  toute  oeuvre  de  misericorde  ac- 
complie  par  Thomme  et  la  recompensera. 
Tel  parait  etre  le  sens  du  latin  :  toicte  mise- 
ricorde vaudra  a  chacun  une  recompeitse 
selon  le  nierite  de  ses  ceuvres  et  selon  la  sa- 
gesse de  sa  conduit e. 

16.  Le  ciel  des  cieux,  le  ciel  le  plus  dlev^, 


LIBER  ECCLESIz\STICI.     Cap.  XVI,  14—29. 


555 


cordiam  suam,  sic  correptio  illius 
hominem  secundum  opera  sua  judi- 
cat.  14.  Non  effugiet  in  rapina  pec- 
cator,  et  non  retardabit  sufferentia 
2,6.  misericordiam  facientis.  i5.''Omnis 
misericordia  faciet  locum  unicuique 
secundum  meritum  operum  suo- 
rum,  et  secundum  intellectum  pe- 
regrinationis  ipsius, 

16.  Non  dicas  :  A  Deo  abscon- 
dar,  et  ex  summo  quis  mei  memo- 
rabitur.^  17.  In  populo  magno  non 
agnoscar  :  quas  est  enim  anima  mea 
in  tam  immensa  creatura.^  18.  Ecce 
coelum,  et  coeli  coelorum,  abyssus, 
et  universa  terra,  et  quae  in  eis  sunt, 
in  conspectu  illius  commovebuntur, 

19,  montes  simul,  et  colles,  et  fun- 
damenta  terras  :  cum  conspexerit 
ilia    Deus,   tremore    concutientur. 

20.  Et  in  omnibus  his  insensatum 
est  cor  :  et  omne  cor  intelligitur  ab 
illo  :  2,1.  et  vias  illius  quis  intelligit, 
et  procellam,  quam  nee  oculus  vide- 
bit  hominis?  11.  Nam  plurima  illius 
opera  sunt  in  absconsis  :  sed  opera 


justitias  ejus  quis  enuntiabit.''  aut 
quis  sustinebit.?  Longe  enim  est  te- 
stamentum  a  quibusdam,  et  interro- 
gatio  omnium  in  consummatione 
est.  23.  Qui  minoratur  corde,  cogi- 
tat  inania":  et  vir  imprudens,  et  er- 
rans  cogitat  stulta. 

24.  Audi  me  fili,  et  disce  discipli- 
nam  sensus,  et  in  verbis  meis  attende 
in  corde  tuo,  25.  et  dicam  in  asqui- 
tate  disciplinam,  et  scrutabor  enar- 
rare  sapientiam  :  et  in  verbis  meis 
attende  in  corde  tuo,  et  dico  in 
aequitate  spiritus  virtutes,  quas  po- 
suit  Deus  in  opera  sua  ab  initio,  et 
in  veritate  enuntio  scientiam  ejus. 
26.  In  judicio  Dei  opera  ejus  ab 
initio,  et  ab  institutione  ipsorum 
distinxit  partes  illorumi,  et  initia 
eorum  in  gentibus  suis.  27.  Orna- 
vit  in  aeternum  opera  illorum,  nee 
esurierunt,  nee  laboraverunt,  et 
non   destiterunt  ab  operibus  suis. 

28.  Unusquisque  proximum  sibi 
non  angustiabit  usque  in  asternum. 

29.  Non  sis  incredibilis  verbo  illius. 


ou  Dieu  reside  {DeiiL  x,  14),  par  opposition 
au  firmament.  Les  mots  xou  Osou  qui  se  lisent 
apres  oCpavou  dans  le  cod.  Vat.  sont  une 
glose. 

17.  Les  f/wnfajo-nes;  le  latin  ajoute,  e/  Ics 
collines. 

18.  Ses  votes,  les  voies  de  Dieu,  ses  des- 
seins  et  sa  conduite  dans  le  gouvernement 
du  monde. 

Le  lat.  ajoute  apres  le  i^""  membre  :  iiiais 
tout  cceur  est  cotinu  de  Dieu. 

ig.  A  Vanl  de  rhoimne,  a  ses  investiga- 
tions; I'homme  ne  peut  en  comprendre  la 
nature  et  la  cause. 

20.  Les  osiivrcs  de  sa  justice  vindicative, 
ses  chatiments;  c'est  chose  inconnue,  impe- 
netrable aux  hommes.  —  Za  loi  du  chdti- 
iiient :  la  loi  de  justice  qui  oblige  Dieu  a 
punir  est  cachee;  personne  ne  la  connait. 
Fritzsche  met  ce  verset  dans  la  bouche  de 
rimpie  qui  cherche  ainsi  a  se  rassurer  et  se 
promet  I'impunite.  Le  latin  offre  un  autre 
sens;  on  peut  le  traduire  ainsi  :  Qui  anitou- 
cera  ses  cvuvres  de  justice  ojc  qui  pflU7'7-a  les 
suppo?-ter  (d'autres,  $'///  osera  les  affrojiter)'^ 
Cette  loi,  d'apres  laquelle  le  chatiment 
frappe  toujours  les  coupables,  est  loin  de  la 
pensee  de  plusieurs,  et,  pour  eux,  Vexainen, 
le  jugement,  de  tous  les  Jwintnes  u'au7-a  lieu 
quW  la  Jin  des  sieclcs. 


21.  Ainsi  pense,  etc.;  en  latin,  Vhomme 
sans  intelligence  n'a  que  des  peiisees  amines 
et  futiles. 

Les  vers.  22-23  s^"^*  I'exorde  ou  pream- 
bule  de  la  deuxieme  partie. 

23.  Entre  les  2  membres  de  ce  verset,  le 
lat.  ajoute  -.Je  feiiseignerai  une  sagesse pro- 
fondc,  et  dans  tofi  coeur  fais  attefition  a  nics 
paroles  J  je  te  dirai  avec  un  esprit  droit  les 
vertus  merveilleuses  que  Dieu  a  niises  dans 
ses  oeuvres  des  Porigine. 

Sur  les  versets  suivants  comp.  Gejt.  i. 

24.  Separe  les  parties  :  I'oeuvre  des  trois 
premiers  jours  de  la  creation  consiste  sur- 
tout  en  separations  :  la  lumiere  est  separee 
des  tenebres,  les  eaux  superieures  des  eaux 
inferieures,  la  terre  de  la  mer. 

25.  //  a  orne  ses  ouvrages,  il  les  a  faits 
beaux  et  magnifiques;  ou  bien  :  il  les  a  ornes 
par  la  creation  des  plantes.  —  L^es  plus 
beaux,  litt.  les  chefs,  c.-a-d.  les  astres,  en 
particulier  le  soleil  et  la  lune  qui  president 
au  jour  et  a  la  nuit. 

En  latin  ces  deux  membres  sont  trans- 
poses et  distribues  dans  deux  versets  diffe- 
rents. 

26.  En  latin  le  i"^""  membre  est  traduit 
deux  fois,  et  a  la  place  du  2^  il  y  a  :  ne  sois 
pas  incrcdule  a  la  parole  de  Dieu. 


556 


L'ECCLfelASTIQUE.     Chap.  XVI,  27,  28;  XVII,  1—17. 


Chap. 
XVII 


27  Apres  cela,  le  Seigneur  regarda  sur  la  terre 
Et  il  la  remplit  de  ses  biens. 

28  Des  animaux  de  toutes  sortes  en  couvrirent  la  surface, 

Et  c'est  dans  son  sein  qu'ils  doivent  retourner  apres  leur  mort. 

CHAP.  XVII.  —  Creation  de  I'homme;  dans  quel  rapport  il  est  etabli  vis-a-vis 
de  Dieu  [vers,  i  —  12].  Attention  que  Dieu  apporte  a  tous  les  a6les 
[12 — 19].  Que  riiomme  revienne  a  Dieu,  qui  a  compassion  de  sa  fai- 
blesse  [20  —  27]. 

^E  Seigneur  a  forme  rhomme  de  terre, 
Et  il  le  fait  retourner  dans  la  terre. 
alia  assigne  a  I'homme  un  nombre  de  jours  et  un  temps  determine, 
Et  il  lui  a  donnd  pouvoir  sur  tout  ce  qui  est  sur  la  terre. 

3  Selon  sa  nature,  il  I'a  revetu  de  force, 
Et  il  I'a  fait  h.  son  image. 

4  II  a  inspire  sa  crainte  a  toute  chair, 
Et  lui  a  donne  I'empire  sur  les  betes  et  sur  les  oiseaux. 

5  II  a  donne  aux  hommes  le  discernement,  une  langue,  des  yeux, 
Des  oreilles  et  un  coeur  pour  penser. 

6  II  les  a  remplis  de  science  et  d'intelligence, 
Et  il  leur  a  fait  connaitre  le  bien  et  le  mal. 

7  II  a  mis  son  ceil  dans  leurs  coeurs. 
Pour  leur  montrer  la  grandeur  de  ses  ceuvres. 

8  Et  ai»sz  ils  loueront  son  saint  nom, 
Et  publieront  les  merveilles  de  ses  oeuvres. 

9  II  leur  a  encore  donne  la  science, 
Et  les  a  mis  en  possession  de  la  loi  de  Dieu. 

ro  II  a  contradte  avec  eux  une  alliance  eternelle, 
Et  il  leur  a  appris  ses  commandements. 

11  Leurs  yeux  ont  contemple  les  splendeurs  de  sa  majeste, 
Et  leurs  oreilles  ont  entendu  les  magnifiques  accents  de  sa  voix. 

12  Et  il  leur  dit  :  "  Gardez-vous  de  toute  iniquite !  " 
Et  il  leur  donna  k  chacun  des  prescriptions  h  I'egard  du  prochain. 

13  Leurs  voies  sont  constamment  sous  ses  yeux; 
Rien  ne  peut  les  derober  k  son  regard. 

14  A  chaque  peuple  il  assigne  un  chef, 
Mais  Israel  est  la  portion  du  Seigneur. 

15  Tout  ce  qu'ils  font  est  devant  lui,  comme  le  soleil, 
Et  ses  yeux  sont  toujours  tournes  sur  leurs  voies. 

16  Leurs  injustices  ne  lui  sont  pas  cach^es, 
Et  tous  leurs  peches  sont  devant  le  Seigneur. 

17  L'oeuvre  charitable  d'un  homme  est  pour  lui  comme  un  sceau, 
Et  il  conserve  son  bienfait  comme  la  prunelle  de  I'oeil. 


27.  Apres  cela,  apr^s  la  creation  des 
astres,  le  5=  jour.  —  De  ses  biens,  de  toutes 
les  choses  utiles  a  I'homme,  et  en  particu- 
lier  des  animaux. 

28.  Des  aiiiiiuiiix,  etc.  La  vraie  le^on  est 
'I>u/rj,  suivie  par  le  tradu<fleur  latin,  et  non 
"^u/Tiv  (cod.  Vat.,  etc.).  —  Dans  son  sein  : 
comp.  Gen.  ii,  19;  iii,  19. 

CHAP.  XVIL 

2.  //  lui  a  donne  poKVoir  :\oy.  Gen.  i,  28. 

3.  Selon  sa  ftat7(re,  litt.  selofi  eitx,  selon 
que  Dieu  a  lui-mcme  force  et  puissance  : 
lauTou?;  comme  il  convenait  a  la  nature 
humaine. 


4.  Sa  crainte,  la  crainte  de  I'homme, 
a  toute  chair,  k  tous  les  animaux. 

5.  Le  discernement,  la  reflexion,  la  faculte 
de  comparer,  ayant  pour  instruments  la  pa- 
role, la  vue,  Fouie.  —  Un  carnr,  dans  le  sens 
que  les  Hebreux  attachaient  k  ce  mot  :  I'in- 
telligence. 

Le  latin  ajoute  en  tete  du  verset  :  il  lui  a 
donne  de  sa  substance  icne  aide  seniblable  a 
lui,  la  femme. 

6.  Entre  les  2  membres  du  verset  le  latin 
ajoute  :  //  ot^a  pour  eux  la  science  de  I' esprit 
et  remplit  leurs  cwurs  de  sa^esse. 

7.  //  a  mis  son  a'il,  comme  un  sens  divin, 
dans  leurs  ca'urs,   dans    leur  intelligence, 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XVI.  30,  31;  XVII,  i— 18.         557 


30.  Post  hasc  Deus  in  terram  re- 
spexit,  et  implevit  illam  bonis  suis. 

31.  Anima  omnis  vitalis  denuntia- 
vit  ante  faciem  ipsius,  et  in  ipsam 
iterum  reversio  illorum. 

— :i:—      CAPUT  XVII.       -"^ 

Creatio  primorum  parentum,  donaque  ipsis 
collata  ac  preecepta  proposita  :  distincflio 
generis  humani  in  varias  nationes,  quibus 
recftores  praeposuit,  illosque  et  ipsorum 
opera  universa  perpetuo  intuetur  :  virtus 
eleemosynaa  :  exhortatur  peccatores  ad 
poenitentiam,  dum  sani  sunt,  proposita 
Dei  misericordia. 


EUS  creavit  de  terra  ho- 
minem,"et  secundum  ima- 
ginem  suam  fecit  ilium. 
2.  Et  iterum  convertit 
ilium  in  ipsam,  et  secundum  se  ve- 
stivit  ilium  virtute.  3.  Numerum 
dierum,  et  tempus  dedit  illi,  et  dedit 
illi  potestatem  eorum,  quag  sunt  su- 
per terram.  4.  Posuit  timorem  illius 
super  omnem  carnem,  et  dominatus 
est  bestiarum  et  volatilium.  5.  *Crea- 
vit  ex  ipso  adjutorium  simile  sibi  : 
consilium,  et  linguam,  et  oculos,  et 
aures,  et  cor  dedit  illis  excogitandi : 
et  disciplina  intellectus  replevit  illos. 
6.  Creavit  illis  scientiam  spiritus. 


sensu  implevit  cor  illorum,  et  mala 
et  bona  ostendit  illis.  7.  Posuit  ocu- 
lum  suum  super  cordaillorum  osten- 
dere  illis  magnalia  operum  suorum, 

8.  ut  nomen  sanctificationis  collau- 
dent :  et  gloriari  in  mirabilibus  illius, 
ut  magnalia  enarrent  operum  ejus. 

9.  Addidit  illis  disciplinam,  et  legem 
vitas  hereditavit  illos.  lo.Testamen- 
tum  asternum  constituit  cum  illis,  et 
justitiam  et  judicia  sua  ostendit  illis. 

1 1.  Et  magnalia  honoris  ejus  vidit 
oculus  illorum,  et  honorem  vocis 
audierunt  aures  illorum,  et  dixit 
illis  :    Attendite   ab   omni   iniquo. 

12.  Et  mandavit  illis  unicuique  de 
proximo  suo. 

13.  Vias  illorum  coram  ipso  sunt 
semper,  non  sunt  absconsas  ab  ocu- 
lis  ipsius.  14.  'In  unamquamque  <:Rom.i3,i. 
gentem  prsposuit  rectorem  :  i5.et 
pars  Dei,  Israel  facta  est  manifesta. 
16.  Et  omnia  opera  illorum  velut 
sol  in  conspectu  Dei  et  oculi  ejus 
sineintermissioneinspicientesinviis 
eorum.  17.  Non  sunt  absconsa  testa- 
menta  per  iniquitatem  illorum,  et 
omnes  iniquitates  eorum  in  conspe- 
ctu Dei.  18.  '^Eleemosyna  viri  quasi 
signaculum  cum  ipso,  et  gratiam 
hominis  quasi  pupillam  conserva- 


'^  Infra  29, 
IS 


pour  les  aider  a  comprendre  la  gran- 
deur de  ses  ceuvres.  Telle  est  I'explication 
de  Fritzsche.  D'autres,  il  posa  son  ml,  son 
regard,  siir  lettrs  cceurs,  il  prit  un  soin  atten- 
tif  de  leur  intelligence  pour  la  diriger  : 
hebraisme. 

g.  La  loi  de  vie,  la  loi  mosaique  qui,  bien 
observee,  conduit  k  la  vie.  De  I'homme  en 
general,  I'auteur  passerait  ici  au  peuple  he- 
breu  en  particulier.  On  voit  du  reste  que 
cette  loi  est  consideree  sous  son  aspecfl  le 
plus  general,  par  011  elle  differe  a  peine  de 
la  loi  naturelle.  On  a  remarque  que  I'auteur 
ne  fait  aucune  mention  de  la  chute  origi- 
nelle;  mais  son  raisonnement  et  la  suite  de 
ses  pensees  n'exigeaient  pas  cette  mention. 

10.  Une  alliance  eternelle  quant  a  ses 
prescriptions  fondamentales,  qui  sont  celles 
de  la  loi  naturelle. 

11.  Allusion  aux  phenomenes  extraordi- 
naires  qui  accompagnerent  la  promulgation 
de  la  loi  sur  le  Sinai. 

13.  Le  souverain  legislateur  salt  parfaite- 
ment  si  ses  preceptes  sont  observes. 


14.  On  entend  ordinairement  ce  verset 
du  privilege  dont  jouissait  Israel  d'etre  gou- 
verne  d'une  maniere  speciale  par  Jehovah 
(theocratic),  tandis  que  les  autres  peuples 
avec  des  hommes  pour  chefs.  Mais  conime, 
au  temps  de  I'auteur,  les  Juifs  avaient  eu 
deja  bien  des  princes  a  la  maniere  des  na- 
tions, et  que  d'ailleurs  cette  opposition  entre 
la  theocratie  et  les  royautes  humaines  sem- 
ble  n'avoir  rien  k  faire  ici,  d'autres  pensent 
qu'il  5'agit  dans  ce  verset  du  gouvernement 
invisible  de  Dieu,  de  sa  Providence,  prenant 
soin  des  hommes  par  le  moyen  de  ses  anges 
(comp.  Dan.  x,  21),  et  traduisent :  //  a  assi- 
gne  un  ange. 

15.  Devant  ltd,  clair  coninie  le  soleil. 

16.  Le  latin  traduit  le  i^r  membre  :  les  lois 
de  Dieu  ne  sont  pas  (abrogees  ni)  obscurcies 
par  leur  iniquite. 

17.  Pour  lui,  pour  Y)\evi,conune  un  sceau, 
quelque  chose  de  pr^cieux  qu'on  garde  avec 
soin.  Le  sceau  ou  cachet  se  portait  souvent 
au  doigt;  comme  il  imprimait  sur  un  ecrit, 
sur  un  objet  quelconque  la  marque  authen- 


558  L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XVII,  18—27;  XVIII,  1—9. 

18  Ensuite  il  se  Icvera  et  leur  rendra  selon  leurs  actions, 
Et  il  fera  retomber  sur  leur  tete  ce  qui  leur  est  du. 

19  Cependant,  a  ceux  qui  se  repentent,  il  accorde  le  retour, 
Et  a  ceux  qui  ont  perdu  confiance  il  dit  d'esperer. 

20  Tourne-toi  vers  le  Seigneur  et  quitte  tes  peclies; 
Prie  devant  sa  face  et  diminue  tes  offenses. 

21  Reviens  au  Tres-Haut,  detourne-toi  de  I'injustice, 
Et  deteste  fortement  ce  qui  est  abominable. 

22  Qui  louera  le  Tres-Haut  dans  le  sejour  des  morts, 

A  la  place  des  vivants  et  de  ceux  qui  lui  rendent  leurs  hommages? 

23  A  riiomnie  mort,  comme  s'il  n'etait  plus  rien,  la  louange  est  impossible; 
Celui  qui  a  la  vie  et  la  sante  loue  le  Seigneur. 

24  Qu'elle  est  grande  la  misericorde  du  Seigneur! 

Qu'il  est  grand  son  pardon  envers  ceux  qui  se  convertissent  a  lui! 

25  Car  tout  ne  pent  pas  se  trouver  dans  les  hommes, 
Le  fils  de  riiomme  n'etant  pas  immortel. 

26  Ouoi  de  plus  brillant  que  le  soleil?  Et  pourtant  il  s'obscurcit  : 
Ainsi  le  mechant  obeit  a  la  chair  et  au  sang. 

27  Le  soleil  visite  I'armee  des  astres  dans  les  hauteurs  des  cieux, 
Mais  les  hommes  sont  terre  et  cendre. 


Chap. 
XVIIL 


CHAP.  XVHL  —  Grandeur  de  Dieu  en  regard  de  la  faiblesse  de  rhomme, 
raison  de  la  misericorde  divine  [vers,  i  — 13].  Que  le  bienfait  soit 
accompagne  de  bonnes  paroles  [14 — 17].  Diverses  maximes  de  sagesse 

[13  —  32]. 

ELUI  qui  vit  eternellement  a  tout  cree  sans  exception. 
2  Le  Seigneur  seul  est  juste. 
^    3  11  n'a  donne  a  personne  de  raconter  ses  oeuvres; 
Et  qui  pourra  decouvrir  ses  grandeurs? 

4  Qui  exprimera  la  toute-puissance  de  sa  majeste? 
Et  qui  encore  redira  ses  misericordes.'' 

5  Rien  a  diminuer,  rien  a  ajouter; 
Impossible  de  pe'ndtrer  les  aflions  merveilleuses  du  Seigneur. 

6  Quand  I'homme  a  fini  de  chercher,  il  n'est  qu'au  commencement, 
Et  quand  il  s'arrete,  il  ne  sait  que  penser. 

7  ()u'est-ce  que  I'homme,  et  a  quoi  est-il  bon? 
Quel  est  son  bonheur  et  quel  est  son  malheur? 

8  Le  nombre  de  ses  jours  est  au  plus  de  cent  ans. 

9  Comme  une  goutte  d'eau  prise  dans  la  mer  et  comme  un  grain  de  sable, 
Ainsi  est  le  petit  nombre  de  ses  annees  au  jour  de  Feternite. 


tique  de  la  possession  ou  de  I'autorite,  on  y 
attachait  une  grande  importance. 

18.  Ensuite,  au  jour  du  jugement,  apres 
la  mort,  //  leie?-  7-endra  :  ce  premier  membre 
doit  probablement,  comme  le  second  (conip. 
Joel,  iii,  4  et  7)  s'entendre  des  m^chants. 

Le  lat.  ajoute  :  et  les  fera  reiotirner  dans 
les  profondeitrs  de  la  tetfc. 

19.  Le  retour  de  I'iniquit^  a  la  justice,  el 
par  consequent  h.  la  grace.  —  Qui  ont  per- 
du confiance,  la  confiance  que  Dieu  les 
recevra. 

20.  Tes  offenses,  litt.  la  pierre  d'achoppe- 
ment,  ce  qui  cause  la  chute  et  par  suite  la 
chute  elle-meme. 

11.  Ce  qui  est  abominable,  le  peche. 
Le  latin  ajouie  :  reconnais  la  justice  des 
jugenicnts  de  Dieu  et  dcmeure  ferme  datis  la 


conditioti  oil  il  fa  placket  dans  P  invocation 
du  Dieu  Tres-Haut. 

Mais  ne  tarde  pas  trop,  de  peur  d'etre 
pre'venu  par  la  mort. 

22.  Comp.  Ps.  vi,  6.  Le  2^  xal  twnwi, 
qui  manque  dans  le  cod.  Alex,  et  plusieurs 
autres  manuscrits  grecs,  est  une  addition 
fautive.  Ceux  qui  le  conservent  traduisent, 
a  la  place  des  viva7its  et  des  vivants,  c.-h.-d. 
des  innombrables  vivants. 

En  latin  :  niarche  en  conipagnie  du  penple 
saint,  avec  ceux  qui  idvcnt  et  qui  rendent 
gloire  a  Dieu. 

23.  Ce  verset  en  forme  deux  en  latin,  grace 
a  la  paraphrase  du  tradutleur. 

25.  Car :\?i  misericorde  de  Dieu  a  sa  rai- 
son dans  la  fragilite  de  notre  nature,  dont 
il  tient  compte.  --  Tout,  toutes  les  qualitcs, 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XVII,  19—31;  XVIII,  1—8.        559 


2, 


bit  :  1 9.  ''et  pos'"ea  resurget,  et  re- 
tribuet  illis  retributionem,  unicui- 
que  in  caput  ipsorum,  et  convertet 
in  interiores  partes  terrae,  20.  Pce- 
nitentibus  autem  dedit  viam  justi- 
tias,  et  confirmavit  deficientes  susti- 
nere,  et  destinavit  illis  sortem  veri- 
tatis. 

2,T.  Convertere  ad  Dominum,  et 
relinque  peccata  tua  :  22.  precare 
ante  faciem  Domini,  et  minue  offen- 
dicula.  23.  Revertere  ad  Dominum, 
et  avertere  ab  injustitia  tua,  et  nimis 
odito  exsecrationem  :  24.et  cognosce 
justitiasetjudiciaDei,etsta  in  sorte 
propositionis,  et  orationis  altissimi 
Dei.  25.  In  partes  vade  sasculi  sancti, 
^cum  vivis  et  dantibus  confessionem 
Deo.  26.  Non  demoreris  in  errore 
impiorum,  ante  mortem  confitere. 
A  mortuo  quasi  nihil,  perit  confes- 
sio.  27.  -^'Confiteberis  vivens,  vivus 
et  sanus  confiteberis,  et  laudabis 
Deum,  et  gloriaberis  in  miserationi- 
bus  illius.  28.  ''Quam  magna  mise- 
ricordia  Domini,  et  propitiatio  illius 
convertentibus  ad  se!  29.  Nee  enim 
omnia  possunt  esse  in  hominibus, 
quoniam  non  est  immortalis  filius 
hominis,  et  in  vanitate  malitias  pla- 
cuerunt.  10.  Ouid  lucidius  sole?  et 
hie  deficiet.  Aut  quid  nequius  quam 


quod  excot^itavit  caro  et  sanguis?  et 
hoc  arguetur.  31.  Virtutem  altitu- 
dinis  coeli  ipse  conspicit  :  et  omnes 
homines  terra  et  cinis. 

'.<^.  i^  ^-  'M  ^:  w.  'M  w.'^.^i^.'s^W.^^'i^.'s^  ^.^^^ 

— :i:—      CAPUT  XVIII.      — *— 

Dei  magnalia  homini  inscrutabilia  :  homi- 
nis miseria,  et  Dei  erga  ilium  miseratio  : 
proximo  miserendum  :  quomodo  infirmus 
se  habere  debeat  :  quomodo  sit  orandum  : 
considerandum  Dei  ludicium  et  a  propriis 
concupiscentiis  discedendum. 


*  Ps.  105,  2. 
Rom.      II, 

33- 


UI  vivitin  asternum,"crea-    'Gen.  i,  i 
vit  omnia  simul.  Deus  so- 
lus justificabitur,  et  manet 
invictus  rex  in  astern um. 

2.  Quis  sufficit  enarrare  opera  illius? 

3.  *Quis  enim  investigabit  magnalia 
ejus?  4.  Virtutem  autem  magnitu- 
dinis  ejus  quis  enuntiabit?  aut  quis 
adj  iciet  enarrare  misericordiam  ejus? 
5.  Non  est  minuere,  neque  adjicere, 
nee  est  invenire  magnaliaDei.6.Cum 
consummaverit  homo, tunc  incipiet: 
et  cum  quieverit,  aporiabitur.y.Quid 
est  homo,  et  quae  est  gratia  illius?  et 
quid  est  bonum,  aut  quid  nequam 

illius?  S.'^Numerus  dierum  homi-    ^Ps.  89, 10. 
num  ut  multum  centum  anni :  quasi 
gutta  aquae  maris  deputati  sunt :  et 
sicut  calculus  arenas,  sic  exigui  anni 


toutes  las  perfedlions.  —  N'e/ani  pas  iiii- 
inortel :  la  mort  est  le  signe  le  plus  certain 
et  le  plus  frappant  de  notre  faiblesse. 

Le  latin  ajoute  :  et  Us  se  plaisent  dans  la 
frivolite  de  la  malice. 

26.  11  s^obscurcit,  il  subit  des  eclipses.  — 
Ainsi  rhomme  s'obscurcit  moralement,  et  le 
inechant  obeit  k  toutes  les  inspirations  de  la 
nature  corrompue. 

Le  tradufleur  latin  rend  le  i"^""  membre  : 
qnoi  de  plus  criminel  que  les  pensees  de  la 
chair  et  du  saftg?  et  il  ajoute  au  2^  :  or  cela 
sera  puni. 

27.  Le  soleil  visile,  passe  en  revue,  etc.,  et 
cependant  il  s'eclipse.  —  Les  homines  sont 
terre  et  cetidre :  quoi  d'etonnant  qu'ils  aient 
des  defaillances  morales.'' 

CHAP.  XVIII. 

I.  Tout  sans  exception,Gt  non  pas  en  ineme 
temps,  comme  I'entendait  S.  Augustin,  qui 
appuie  sur  ce  passage  son  explication  de  la 
creation  instantanee. 


3.  Le  latin  traduit  le  !=>■  membre  interro- 
gativement  :  qui  est  capable  de  raconter  ses 
ceuvresf 

4.  Ses  misericordes,  tous  les  a6les  divins 
inspires  par  la  bonte  et  la  misericorde. 

5.  Rien  a  diminuer  :  tout  en  Dieu  est 
perfe6lion  absolue. 

6.  Quand  il  s'arrete,  qu'il  cesse  de  cher- 
cher  a  pe'netrer  les  perfections  divines,//;/^ 
sail  que  peiiser,  parce  qu'il  n'a  pu  rien  de- 
couvrir,  son  esprit  est  a  bout. 

7.  A  quoi  est-il  bon,  litt.  quelle  est  son 
utilite ;  en  latin,  son  me'rite.  —  Quel  est  son 
bonheur,  etc.  Fritzsche  :  combien  est  petit 
le  bonheur  dont  il  peut  jouir;  combien  est 
grand  le  malheur  qui  peut  lui  arriver!  D'au- 
tres  :  qu'est-ce  que  VJiomme  et  a  quoi peut-il 
ctre  utile  a  Dieu.?  Quel  bien  011  quel  mal 
peut-il  lui  faire? 

8.  Cent  ans  :  comp.  Ps.  xc,  10. 

Quelques  manuscrits  ajoutent  un  2^  mem- 
bre :  et  la  mort  de  chacun  est  inconnue  a 
tous. 


560 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XVIII,  10—30. 


10  C'est  pourquoi  le  Seigneur  est  patient  a  I'egard  des  hommes, 
Et  il  repand  sur  eux  sa  misericorde. 

11  II  voit  et  il  reconnait  que  leur  fin  est  deplorable; 
C'est  pourquoi  il  est  liberal  k  pardonner. 

12  La  misericorde  de  I'homme  s'exerce  en  vers  son  prochain, 
Mais  la  misericorde  de  Dieu  s'etend  k  toute  chair, 

11  reprend,  il  corrige,  il  instruit, 

Et  ramene  ai<  bercail,  comme  le  berger  son  troupeau. 

13  II  a  pitie  de  ceux  qui  resolvent  la  corredlion, 

Et  de  ceux  qui  s'empressent  d'accomplir  ses  preceptes. 

14  Mon  fils,  a  tes  bienfaits  n'ajoute  pas  I'mjure, 

Et  quand  tu  donnes,  que  tes  paroles  n'excitent  jamais  la  tristesse, 

15  La  rosee  ne  rafraichit-elle  pas  les  ardeurs  du  vent  d'Orient? 
De  meme  une  parole  vaut  mieux  qu'un  don. 

16  Vois  :  une  bonne  parole  est  meilleure  que  le  meilleur  don; 
L'homme  gracieux  unit  les  deux  ensemble. 

17  L'insense  fait  d'aigres  reproches, 

Et  le  don  de  I'envieux  desseche  les  yeux. 

iS  Avant  de  parler,  instruis-toi; 
Avant  la  maladie,  soigne-toi. 

19  Avant  le  jugement,  examine-toi, 
Et  tu  trouveras  grace  devant  Dieu. 

20  Avant  d'etre  malade,  humilie-toi, 

Et  quand  tu  es  dans  le  peche,  reviens  a  Dieu. 

21  Que  rien  ne  t'arrete  pour  accomplir  ton  voeu  dans  le  temps  voulu, 
Et  n'attends  pas  jusqu'k  la  mort  pour  t'acquitter. 

22  Avant  de  faire  un  vceu,  prepare-toi, 

Et  ne  sois  pas  comme  un  homme  qui  tente  le  Seigneur. 

23  Songe  a  la  colore  du  dernier  jour, 

Au  temps  de  la  vengeance,  ou  Dieu  detournera  son  visage. 

24  Au  temps  de  I'abondance  pense  au  temps  de  la  faim; 

Aux  jours  de  la  richesse  pense  a  la  pauvrete  et  k  la  disette. 

25  Du  matin  au  soir  le  temps  change  : 

Ainsi  tout  subit  de  rapides  chaiigements  devant  Dieu. 

26  L'homme  sage  est  en  toute  chose  sur  ses  gardes; 
Aux  jours  de  pechcfs,  il  se  preserve  de  toute  faute. 

27  Tout  homme  sense  connait  la  sagesse 
Et  rend  hommage  a  celui  qui  I'a  trouvee. 

28  Ceux  qui  ont  I'intelligence  des  discours  sentencieiix  sont  eux-memes  des  sages, 
Et  ils  font  pleuvoir  les  maximes  parfaites. 

29  Ne  te  laisse  pas  aller  a  tes  convoitises, 
Et  r^prime  tes  desirs. 

30  Si  tu  accordes  a  ton  ame  la  satisfartion  de  ses  convoitises, 
Elle  fera  de  toi  la  risee  de  tes  ennemis. 


9.  Une  gouiie  (Veau  prise  dans  la  iner,  et 
compartfe  a  toute  I'eau  des  mers.  —  Le  petit 
noinbre  de  ses  annces  (au  lieu  de  oXiyot,  plu- 
sieurs  manuscrits  lisent  /j'^ta,  correcSlion 
empruntee  h.  Ps.  xc,  4)  compare  a  I'eternite. 

\\.  Lenr  fin,  litt.  leur  destruction,  leur 
mort. 

Le  latin  ajoute  avant  le  i<=''  membre  :  il  a 
vu  que  la  presoniption  la  pente  naturelle,  de 
leur  caur  est  mauvaise ;  et  apres  le  2^  :  et  il 
leur  indique  le  cheniin  de  la  justice. 

12.  Et  ramene  :  comp.  Is.  xl,  i\;  Jean, 

X,    II. 


14-17.  La  leqon  donnee  dans  ces  versets 
vient  naturellement  apres  ce  que  I'auteur  a 
dit  de  la  misericorde  de  Dieu  envers 
l'homme.  Comp.  Scncque,  de  Bene/,  ii,  3. 

1 4  Tes  paroles;  le  latin  ajoute  indchantes  : 
bien  pour  le  sens. 

15.  Ne  rafratchit-elle  pas;  litt.,  Jie  fait- 
clle  pas  cesser  le  7'ent  d^ orient,  dans  ses  effets, 
dans  ses  ardeurs,  en  rafraichissant  tout  ce 
qu'il  brule.  —  Une  bonne  parole  adressee  au 
malheureux  le  console  mieux  que  ne  ferait 
un  present  sechement  ou  durement  offert. 

16.  Lhointne  gracieux,  en  Int.  juste. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XVIII,  9—31. 


561 


in  die  asvi.  9.  Propter  hoc  patiens 
est  Deus  in  illis,  et  efFundit  super 
eos  misericordiam  suam.  10.  Vidit 
prassumptionem  cordis  eorum  quo- 
niam  mala  est,  et  cognovit  subver- 
sionem  illorum  quoniam  nequam 
est.  ii.Ideo  adimplevit  propitia- 
tionem  suam  in  illis,  et  ostendit  eis 
viam  asquitatis.  12.  Miseratio  homi- 
nis  circa  proximum  suum  :  miseri- 
cordia  autem  Dei  super  omnem 
carnem.  13.  Qui  misericordiam  ha- 
bet,  docet,  et  erudit,  quasi  pastor 
gregem  suum.  14.  Miseretur  exci- 
pientis  doctrinam  miserationis,  et 
qui  festinat  in  judiciis  ejus, 

1 5.  Fili  in  bonis  non  des querelam, 
et  in  omni  dato  non  des  tristitiam 
verbi  mali.  16.  Nonne  ardorem  re- 
frigerabit  ros.''  sic  et  verbum  melius 
quam  datum.  17.  Nonne  ecce  ver- 
bum super  datum  bonum.''  sed  utra- 
quecumhominejustificato.  iS.Stul- 
tus  acriter  improperabit  :  et  datus 
indisciplinati  tabescere  facit  oculos. 
1 9.  Ante  judicium  para  justitiam 
tibi,  et  antequam  loquaris  disce. 
20.  Ante  languorem  adhibe  medici- 
Dr.  II,  nam,  ''et  ante  judicium  interroga  te- 
ipsum,  et  in  conspectu  Dei  invenies 


I  Thess. 
17- 


propitiationem.  2 1  .Ante  languorem 
humilia  te,  et  in  tempore  infirmita- 
tis  ostende  conversationem  tuam. 

22. ''Non  impediaris  orare  sem-  <^Luc.  is.t. 
per,  et  ne  verearis  usque  ad  mortem 
justificari  :  quoniam  merces  Dei 
manet  in  asternum.  23.  Ante  ora- 
tionem  praepara  animam  tuam  :  et 
noli  esse  quasi  homo  qui  tentat 
Deum.  24.  ^Memento  irae  in  die  ^supraj, 
consummationis,  et  tempus  retribu- 
tionis  in  conversatione  faciei. 

2  5.^"Mementopaupertatisintem-  ^Supran, 
pore  abundantias,  et  necessitatum  ^7- 
paupertatis  in  die  divitiarum.  26.  A 
mane  usque  ad  vesperam  immuta- 
bitur  tempus,  et  hasc  omnia  citata 
in  oculis  Dei.  27.  Homo  sapiens  in 
omnibus  metuet,  et  in  diebus  deli- 
ctorum  attendet  ab  inertia.  28.  Om- 
nis  astutus  agnoscit  sapientiam,  et 
invenienti  eam  dabit  confessionem. 
29.  Sensati  in  verbis  et  ipsi  sapien- 
ter  egerunt:  et  intellexerunt  verita- 
tem  et  justitiam,  et  impluerunt  pro- 
verbia  et  judicia. 

30.   ''Post  concupiscentias    tuas      ''Rom.  6. 
non  eas,  et  a  voluntate  tua  avertere.    ^^  '^^  ^^'  ^"^' 
31.  Si  prasstes  animae  tuas  concu- 
piscentias ejus,  faciet  te  in  gaudium 


17.  De  Penvieiix,  en  lat.  de  Vhidiscret.  — 
Desseche  les  yeux,  dont  il  fait  couler  des 
larmes. 

18.  Soigne-toi,  pre'cisement  pour  ne  pas 
devenir  malade.  En  latin,  prends  des  reine- 
des;  mais  il  ne  s'agit  que  de  soins. 

Le  latin  ajoute  au  i^r  membra  :  avant  de 
jugcr,  tdtlie  d^etre  jitsie. 

19.  Avant  le  jugeinent^  avant  d'etre  jugd 
par  Dieu  :  comp.  I  Cor.  xi,  31.  —  Exainme- 
tot,  et  si  tu  te  trouves  coupable,  hate-toi  de 
te  convertir.  D'autres  :  avant  de  jtiger  un 
autre  homme  :  ce  qui  s'accorde  moins  bien 
avec  le  2^  membre. 

20.  Huinilie-toi  par  le  jeune  et  la  priere. 
—  Reviens  a  Dieuj  litt.,  t/iontre  le  retoiir. 
Sens  :  quand  tu  as  commis  quelque  faute, 
hate-toi  d'en  faire  penitence  et  de  revenir  a 
Dieu,  si  tu  veux  eviter  le  chatiment,  lequel 
consiste  souvent  dans  une  maladie,  la  perte 
des  biens,  etc. 

Le  lat.  traduit  le  2^  membre  :  et  au  temps 
de  Vinfinnite  inontre  quelle  est  ta  conduitc. 
Au  lieu  de  conversationem,  il  aurait  fallu 
conversionem. 


21.  Pour  facquitterj  litt.,  pour  etre  decla- 
re juste  (quitte)  a  ce  sujet.  Comp.  Eccle.  v,  3. 

22.  Prepare-toi,  reflechis  et  vois  si  tu  veux 
et  si  tu  peux  I'accomplir.  —  Qui  tente  le  Sei- 
gneur, en  faisant  des  vceux  et  ne  les  accom- 
plissant  pas. 

Le  tradudleur  latin  entend  ces  deux  ver- 
sets,  non  du  vceu,  mais  de  la  priere. 

23.  Du  dernier  jour  J  litt.,  ati  jour  de  la 
niort.  —  Detournera  son  visage,  ne  fera  plus 
misericorde. 

25.  Tout :  toutes  les  choses  humaines  : 
fortune,  dignites,  sante,  etc. 

26.  Sur  ses  gardes,  pour  ne  pas  pecher.  — 
A ux  jours  de  peches,  dans  le  temps  ou  les 
offenses  et  les  transgressions  se  multiplient. 
—  II  se  preserve  de  toute  faute j  en  lat.,  il 
s  \ibstient  de  Pindolence. 

27.  Connait  la  sagesse,  ce  qu'elle  est  et  ce 
qu'elle  vaut. 

28.  Des  sages,  capables,  eux  aussi,  de  trou- 
ver  et  de  formuler  des  maximes  morales. 

Entre  les  deux  membres,  le  lat.  ajoute  : 
ils  comprennent  la  verite  et  la  justice. 
L'auteur  nous  donne  ensuite  une  serie  de 


N"  23  —  LA  SAINTE  BlULE.  TOME  IV.  —  36 


Ch.  XIX. 


562  UECCLESIASTIQUE.     Chap.  XVIII,  3i»  3^;  XIX,  i— 15. 

31  Ne  mets  pas  ta  joie  dans  I'abondance  de  la  bonne  chere, 
Et  ne  lie  pas  societe  avec  elle. 

32  Ne  t'appauvris  pas  en  empruntant  pour  donner  des  banquets, 
Et  quand  tu  n'as  riea  dans  ta  bourse. 

CHAP.  XIX.  —  Ivrognerie  et  impurete  [vers,  i  —  3].  Discretion  et  indiscre- 
tion [4  —  12].  Correaion  fraternelle  [13—17]-  La  vraie  et  la  fausse 
sagesse  [18  —  27]. 

'OUVRIER  adonne  au  vin  ne  s'enrichira  pas; 

Celui  qui  ne  soigne  pas  le  peu  qu'il  a  tombera  bientot  dans  la  ruine. 

2  Le  vin  et  les  femmes  egarent  les  sages, 

Et  celui  qui  s'attache  aux  courtisanes  est  un  imprudent. 

3  Les  larves  et  les  vers  en  feront  leur  proie, 
Et  Tame  criminelle  sera  retranchee. 

4  Celui  qui  croit  trop  vite  est  un  coeur  leger, 
Et  celui  qui  tombe  dans  cette  faute  peche  centre  son  an^iC. 

5  Celui  qui  prend  plaisir  a  de  sots  discours  sera  condamne, 

6  Et  celui  qui  hait  le  bavardage  se  pre'serve  du  mal. 

7  Ne  repete  jamais  une  parole, 
Et  tu  n'encourras  aucun  dommage. 

8  Ne  la  redis  ni  a  un  ami  ni  a  un  ennemi, 
Et  k  moins  qu'il  n'y  ait  faute  pour  toi,  ne  la  revele  pas. 

9  Car  s'il  t'entend  bavarder  ainsi,  il  se  mettra  en  garde  vis-a-vis  de  toi, 
Et  le  moment  venu  il  se  montrera  ton  ennemi. 

10  As-tu  entendu  quelque  o-rave  propos,  meurs  avec  lui; 
Sois  sans  inquietude,  tu  n'en  rompras  pas. 

11  Pour  une  parole  a  garder,  I'insense  est  dans  les  douleurs, 
Comme  la  femme  en  travail  d'enfant. 

12  Comme  une  fleche  enfoncee  dans  la  cuisse, 
Ainsi  est  une  parole  dans  le  cceur  de  I'insense. 


13  Questionneton  ami;  peut-etre  n'a-t-il  pas  fait  la  chose; 
Et,  s'il  I'a  faite,  afin  qu'il  ne  la  fasse  plus. 

14  Questionne  ton  ami;  peut-etre  n'a-t-il  pas  dil  la  chose; 
Et,  s'il  I'a  dite,  atin  qu'il  ne  recommence  pas. 

15  Questionne  ton  ami,  car  souvent  il  y  a  calomnie, 
Et  ne  crois  pas  tout  ce  qu'on  dit. 


ces  maximes  ou  sentences  parfaites,  litt. 
exa^es  (vers.  29-xix,  3).  En  grec,  elles  sont 
precedees  d'un  titre  en  lettres  majuscules, 
qui  signifie  :  CDipire  a  exercer  sur  Vdiiie, 
c.-a-d.  gouvernement  de  soi-meme. 

31.  Nc  lie  pas  societe^  etc.  D'autres,  ne 
f  engage  pas  dans  ses  festins.  En  latin  :  ne 
mets  pas  ton  plaisir  dans  les  reunions  no/n- 
breuses  ou  peu  nonih'eicses,  car  on  y  coinnict 
constaminent  le  nial. 

32.  Nc  fappauvris  pas,  prends  garde  de 
tomber  dans  I'indigence.  —  Pour  donner  des 
banquets  :  le  mot  grec  indique  des  pique- 
7iiques,  c.-a-d.  des  banquets  ou  chacun 
payait  son  ecot.  —  Et  quand  tu  n'as  rien  : 
parallele  a  en  empruntant.. 

Le  lat.  traduit  le  i^f  membre  :  7ie  t'ap- 
pauvris pas  en  empruntant  pour  rivaliser 
de  luxe  et  de  folles  de'penses;  il  ajoute  au  2^  : 
ce  serait  en  vouloir  ix  ta  propre  vie. 


CHAP.  XIX. 

1-3.  Comp.  Prov.  xxi,  17;  xxiii,  21. 

1.  Qui  ne  soigne  pas  le  peu  qu'il  a,  qui  le 
neglige  et  le  depense  inconsiderement.  Cette 
maxime  n'est  pas  moins  vraie  dans  son 
application  h.  la  vie  spirituelle  :  celui  qui 
neglige  les  petites  fautes,  tombera  bientot 
dans  les  grandes. 

2.  C/n  in/prudent,  qui  ne  rougit  plus  de 
rien,  qui  se  plonge,  sans  pudeur  et  sans 
remords,  dans  la  dtibauche. 

Apres  le  i^r  membre  le  lat.  ajoute  :  ct 
rendent  coupables  les  liommes  prudent s. 

3.  Les  larves  de  divers  inseftes  en 
feront  leur  proie  :  allusion  aux  horribles 
maladies  dont  I'impudique  est  souvent 
frappe.  —  L'dme  criminelle,  le  criminel 
lui-meme. 

Aprcs  le  i^^  membre  le  lat.  ajoute  :  // 
apparaitra  comme  un  grand  exeiwhle. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XVIII,  32,  S3;  XIX,  i— 16.        563 


inimicis  tuis.  32.  Ne  oblecteris  in 
turbis  nee  in  modicis :  assidua  enim 
est  commissio  illorum.  33.  Ne  fueris 
mediocris  in  contentione  ex  fcEnore, 
et  est  tibi  nihil  in  saccule  :  erisenim 
invidus  vitae  tuas. 

-^:—      CAPUT  XIX.      — *— 

De  vino,  luxiiria,  loquacitate,  cito  credente, 
gaudente  super  iniquitate,  odiente  cor- 
reptionem,  exsultante  in  malitia,  discre- 
tione  in  verbis  servanda,  correptione, 
fi(fl;a  humilitate,  et  laude  tacentis. 


PERARIUSebriosusnon 

locupletabitur :  et  qui  sper- 
nit  modica,  paulatim  deci- 
det.  2.  "Vinum  et  mulie- 
res  apostatare  faciunt  sapientes,  et 
arguent  sensatos:  3.  et  qui  se  jungit 
fornicariis,  erit  nequam  :  putredo  et 
vermes  hereditabunt  ilium,  et  extol- 
letur  in  exemplum  majus,  et  tolle- 
tur  de  numero  anima  ejus. 

4.  *Qui  credit  cito,  levis  corde 
est,  et  minorabitur :  et  qui  delinquit 
in  animam  suam,  insuper  habebitur. 


5.  Qui  gaudet  iniquitate,  denotabi- 
tur  :  et  qui  odit  correptionem,  mi- 
nuetur  vita  :  et  qui  odit  loquacita- 
tem,  exstinguit  malitiam.  6.  Qui 
peccat  in  animam  suam,  poenitebit  : 
et  qui  jucundatur  in  malitia,  deno- 
tabitur.  7.  Ne  iteres  verbum  ne- 
quam et  durum,  et  non  minorabe- 
ris.  8,  Amico  et  inimico  noli  narrare 
sensum  tuum  :  et  si  est  tibi  deli- 
ctum, noli  denudare :  9.  audietenim 
te,  et  custodiet  te,  et  quasi  defen- 
dens  peccatum  odiet  te,  et  sic  aderit 
tibi  semper.  10.  Audisti  verbum 
adversus  proximum  tuum.^  commo- 
riatur  in  te,  iidens  quoniam  non  te 
dirumpet.  1 1.  A  facie  verbi  parturit 
fatuus,  tamquam  gemitus  partus  in- 
fantis.  12.  Sagitta  infixa  femori  car- 
nis,  sic  verbum  in  corde  stulti. 

13.  'Corripe  amicum,  ne  forte 
non  intellexerit,  et  dicat :  Non  feci : 
aut  si  fecerit,  ne  iterum  addat  fa- 
cere.  14.  Corripe  proximum,  ne 
forte  non  dixerit  :  et  si  dixerit,  ne 
forte  iteret.  15.  Corripe  amicum  : 
saepe  enim  fit  commissio.  1 6.  Et  non 


'^  Lev.  19, 17. 
Matth.  18, 
15.  Luc.  17, 
3- 


4.  Ce  verset  commence  un  nouveau  sujet, 
independant  de  ce  qui  precede.  Beaucoup 
d'interpretes  I'y  rattachent  neanmoins  :  ce- 
liiL  qui  croit  trop  vite  aux  paroles  trom- 
peuses  des  femmes,  etc.  —  PccJie  co litre 
son  a  vie,  centre  lui-meme,  attire  sur'soi  le 
malheur. 

Apres  le  i^r  membre  le  lat.  ajoute  :  ei  il 
en  souffrira  un  dommage. 

5.  A  de  sots  discoiirs  :  le  textegrec  atluel 
porte  /.apot'q;,  lat.  corde,  qui  ne  presente  au- 
cun  sens.  Fritzsche  conjeflure  qu'il  y  avait 
en  hebreu  lebattch,  discoiirs  vain,  d'ou  le 
tradu(5\eur  gr.  aura  pris  par  erreur  son 
xapSiY;  c'est  d'apres  cette  conjetlure  que 
nous  avons  traduit. 

En  latin  :  celiii  qui  se  rejouit  de  Viniquitc 
sera  deshonore,  et  celui  qui  hait  la  corre^ion 
abregera  sa  vie,  et  cclui  qui  hait  Ic  bavar- 
dage  cteint  la  malice.  Le  latin  ajoute  une 
seconde  traducflion  qui  differe  a  peine  de  la 
premiere  :  celui  qui  pccJic  contre  son  ame 
aura  a  s^en  repentir,  et  celui  qui  met  son 
plaisir  dans  le  mal  sera  desJionorc. 

7.  Une  parole  que  tu  as  entendue.  Le 
lat.  ajoute,  mechante  et  dure  :  bien  pour 
le  sens. 

8.  (lu^il  n^y  ait  faute pour  toi  a  la  tairc. 
Fritzsche  :  a  moins  qii'il  n'y  ait  eu  fautc  de 


ta  part,  en  ce  que  tu  aurais  donne  occasion 
k  ce  mechant  propos,  que  tu  I'aurais  provo- 
que;  dans  ce  cas,  tu  dois  parler  pour  en 
arreter  ou  en  reparer  les  suites  funestes. 
Autrement,  tais-toi. 

En  latin  :  Ne  fais  connaitre  ta  pensce  ni  a 
un  ami  ni  a  un  ennemi,  et  si  tic  as  commis 
une  f ante,  ne  la  dcvoile  pas. 

9.  SHI,  I'ami  ou  I'ennemi.  En  latin  :  car 
il  t'entendra  et  t'observera,  et  tout  en  pa- 
raissant  excuser  ton  peche,  il  te  haira. 

10.  (2uelque  grave  propos,  dangereux  a 
divulguer.  En  latin,  une  parole  contre  ton 
prochain.  —  Meurs  avec  lui,  sans  I'avoir 
revele.  —  Tu  n^en  rompras pas;  vulgaire- 
ment,  tu  lien  creveras  pas :  ce  propos  garde 
dans  ton  sein  ne  t'etouffera  pas.  Comp.yf^^, 
xxiii,  18  sv.  Ce  2e  membre  est  legerement 
ironique. 

12.  Ainsi  est  une  parole,  un  secret  :  elle 
le  fait  souffrir  autant  que  le  ferait  une  fleche 
enfoncee  dans  sa  cuisse,  litt.  dans  sa  cuisse 
cJiarnue. 

13.  Questionne  ton  ami,  demande-lui  une 
explication.  —  La  chose,  une  chose  blamable 
dont  on  I'accuse. 

Le  latin  traduit  le  i^"^  mernbre  :  reprends 
ton  ami,  de  peur  qu'il  n'ait  pas  compris  et 
disc  :  Je  liai  rien  fait. 


564 


L'ECCLliSIASTIQUE.     Chap.  XIX,  16—27;  XX,  1—7. 


16  II  en  est  qui  manquent,  mais  sans  que  le  ccEur  y  soit; 
Et  qui  est-ce  qui  n'a  pas  peche  par  sa  langue? 

17  Ouestionne  ton  ami  avant  d'en  venir  aux  menaces, 
Et  attache-toi  a  observer  la  loi  du  Tres-Haut. 

18  Toute  sagesse  consiste  dans  la  crainte  du  Seigneur, 
Et  dans  toute  sagesse  est  I'accomplissement  de  la  loi. 

19  La  sagesse  n'est  pas  I'habilete  a  faire  le  mal, 

Et  la  prudence  ne  se  trouve  pas  dans  le  conseil  des  pecheurs. 

20  II  y  a  una  habilete  qui  est  execrable, 

Et  il  y  a  une  folie  qui  ;/'est  gu'un  manque  de  sagesse. 

21  iVIieux  vaut  celui  qui  a  peu  de  sagesse  et  qui  craint  Dieu, 
Que  I'homme  qui  a  beaucoup  de  sens  et  qui  transgresse  la  loi. 

22  II  y  a  une  habilete  veritable,  mais  qui  viole  la  justice, 

Et  il  est  tel  qui  fausse  la  cause  pour  faire  rendre  la  sentence  quHl  desire. 

23  II  est  tel  mechant  qui  marche  courbe  par  le  chagrin, 
Et  son  coeur  est  rempli  de  fraude. 

24  II  baisse  la  tete,  il  est  sourd  d'un  cote, 

Et  des  qu'il  n'est  pas  remarque,  il  prend  sur  toi  les  devants. 

25  Et  s'il  est  trop  faible  pour  pouvoir  pecher, 

II  fera  le  mal  quand  il  en  trouvera  I'occasion. 

26  A  son  air  on  connait  un  homme, 

Et  au  visage  qu'il  presente  on  connait  le  sage. 

27  Son  vetement,  le  rire  de  ses  levres 

Et  sa  demarche  revelent  ce  qu'est  un  homme. 


CHAP.  XX.  —  II  y  a  temps  et  raison  pour  parler  et  pour  se  taire  [vers,  i — 7]. 
Apparences  trompeuses  [8  — 12].  Les  presents  de  I'insense  [13  — 16]. 
Dangers  de  la  langue  [17 — 19].  Maximes  diverses  [20 — 30]. 

^IL  y  a  une  reprimande  qui  n'est  pas  opportune, 
Et  tel  se  tait  qui  fait  preuve  de  prudence. 

2  Mieux  vaut  reprendre  que  de  bruler  d'une  colcrc  contenue; 
Et  celui  cjui  avoue  sera  preserve  de  dommage. 

3  Comme  I'eunuque  qui  desire  deflorer  une  jeune  fille, 
Ainsi  est  celui  qui  rend  la  justice  par  la  violence. 
Qu'il  est  beau,  quand  on  est  repris,  de  temoigner  du  repentir! 
C'est  ainsi  que  tu  echapperas  au  peche  volontaire. 

4  Tel  en  se  taisant  se  montre  sage, 
Et  tel  se  rend  odieux  par  son  intemperance  de  langage. 

5  Tel  se  tait  parce  qu'il  ne  sait  pas  quoi  repondre; 
Tel  autre  se  tait,  parce  qu'il  connait  le  temps  propice. 

6  Le  sage  se  tait  jusqu'au  moment  favorable, 
Mais  le  fanfaron  et  I'inconsidere  passent  par-dessus. 

7  Celui  qui  multiplie  les  paroles  sera  deteste, 
Et  celui  qui  se  donne  pleine  licence  se  rendra  odieux. 


16.  Qui  i/ianqucnt,  en  disant  des  paroles 
mechantes  ou  peu  sensees. 

17.  Attache-toi  a  observer  la  loi,  litt. 
do)inc  place  a  la  loi. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  et  laisse 
agir  la  crainte  du  Seigneur,  laisse-Iui  pro- 
duire  ses  effets  et  sur  toi  et  sur  ton  ami. 

18.  Entre  les  2  membres  le  latin  ajoute  : 
et  en  elle  est  la  crainte  du  Seigneur. 

19.  Sens  du  2^  membre  :  ce  n'est  pas  la 
veritable  prudence,  la  prudence  agrdable  a 
Dieu,  qui  preside  aux  deliberations  des  pe- 
cheurs, quand  ils  forment  des  desseins  lia- 
biles,  mais  criniincls. 


20.  Habilete,  en  lisant  -avrrjfjyi'a,  comme 
au  vers.  22.  Le  texte  grec  acT^uel  a  rovTjpiot, 
c[ui  vient  sans  doute  du  vers.  19.  C'est 
cette  derniere  leijon  qu'a  suivie  le  traduc- 
teur  latin  :  //  y  a  une  iitalice,  etc.  — 
II  y  a  une  folie  qui  est  moins  coupable, 
parce  qu'elle  a  pour  principe,  non  la  per- 
versity de  Tame,  mais  un  simple  manque 
de  sagesse. 

22.  La  cause  en  litige,  sous-entendu. 

En  latin,  le  2e  membre  peut  se  tra- 
duire  :  //  est  tel  qui  parle  avec  ferinete, 
une  franchise  im  peu  rude,  mais  qui  dit 
la  verite. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XIX,  17—28;  XX,  1—8. 


565 


omni  verbo  credas  :  est  qui  labitur 
lingua,  sed  non  ex  animo.  17.  ''Quis 
est  enim  qui  non  deliquerit  in  lin- 
gua sua?  Corripe  proximum  ante- 
quam  commineris.  18.  Et  da  locum 
timori  Altissimi  : 

^Quia  omnis  sapientia  timor  Dei, 
et  in  ilia  timere  Deum,  et  in  omni 
sapientia  dispositio  legis.  19.  Et 
non  est  sapientia  nequitias  disci- 
plina  :  et  non  est  cogitatus  pec- 
catorum  prudentia.  20.  Est  nequi- 
tia,  et  in  ipsa  exsecratio  :  et  est 
insipiens  qui  minuitur  sapientia. 
21,  Melior  est  homo,  qui  minui- 
tur sapientia,  et  deficiens  sensu 
in  timore,  quam  qui  abundat  sen- 
su, et  transgreditur  legem  Altis- 
simi. 22.  Est  solertia  certa,  et  ipsa 
iniqua.  23.  Et  est  qui  emittit  ver- 
bum  certum  enarrans  veritatem. 
Est  qui  nequiter  humiliat  se,  et 
interiora    ejus    plena    sunt   dolo   : 

24.  et  est  qui  se  nimium  submit- 
tit  a  multa  humilitate  :  et  est  qui 
inclinat  faciem  suam,  et  fingit  se 
non  videre   quod   ignoratum  est  : 

25.  et  si  ab  imbecillitate  virium 
vetetur  peccare,  si  invenerit  tem- 
pus  malefaciendi,  malefaciet.  26. Ex 
vnsu  cognoscitur  vir,  et  ab  oc- 
cursu  faciei  cognoscitur  sensatus. 
27.  Amictus  corporis,  et  risus  den- 
tium,  et   ingressus  hominis   enun- 


tiant  de  illo.  28.  Est  correptio  men- 
dax  in  ira  contumeliosi :  et  est  judi- 
cium, quod  non  probatur  esse  bo- 
num  :  et  est  tacens,  et  ipse  est 
prudens. 

— :i:—       CAPUT  XX.       — t-- 

De  correptione,  et  correpti  pcenitentia  : 
de  tacente  et  loquace  :  de  dono  sapien- 
tis  et  fatui  :  de  falsa  promissione  et  men- 
dacio  :  de  sapiente  qui  placet  magna- 
tis  :  de  donis  non  accipiendis,  et  sapien- 
tia abscondita. 


UAM  bonum  est  arguere, 
quam  irasci,  et  confiten- 
tem  in  oratione  non  prohi- 
bere!  2.  "Concupiscentia 
spadonis  devirginabit  juvenculam  : 
3.  sic  qui  facit  per  vim  judicium 
iniquum.  4.  Ouam  bonum  est  cor- 
reptum  manitestare  poenitentiam! 
sic  enim  effugies  voluntarium  pec- 
catum.  5.  Est  tacens,  qui  invenitur 
sapiens  :  et  est  odibilis,  qui  procax 
est  ad  loquendum.  6.  Est  tacens  non 
habens  sensum  loquelas  :  et  est  ta- 
cens sciens  tempus  aptum.  7.  Homo 
sapiens  tacebit  usque  ad  tempus  : 
lascivus  autem,  et  imprudens  non 
servabunt  tempus.  8.  *C)ui  multis 
utitur  verbis,  lasdet  animam  suam  : 
et  qui  potestatem  sibi  sumit  injuste, 
odietur. 


23.  Qui  marche  humblement,  comme 
coiirbc  -par  le  chagrin. 

24.  Le  latin  ajoute  avant  le  i'^''  membre  : 
et  tel  s'abatsse  a  V execs  dans  une  profonde 
humiliation. 

II  est  sourd  d'un  cotd.  £T£poy.wtpwv,  il  faic 
comme  s'il  n'entendait  qu'a  moitie,  il  n'a  pas 
I'air  de  remarquer  les  personnes  qui  I'entou- 
rent.  Une  autre  lecon  porte,  sOsXoxwocov, 
vfllontairement  soietd,  faisant  le  sourd. 

26.  On  cojinait  un  honimc^  dans  la  gend- 
ralite  des  cas. 

Le  vers.  28  de  la  Vulgate  est  en  grec 
le  !«'■  du  chap.  xx. 

CHAP.  XX. 

I.  Dans  la  Vulgate,  ce  verset  termine  le 
chap,  precedent;  il  commence  par  ces  mots, 
qui  ne  sont  pas  dans  le  grec  :  la  rcpriniande 
que  fait  V insolent  dans  sa  colcre  est  menteuse. 


2.  Brfiler  dhine  colcre  cotitettue,  qu'on 
renferme  en  soi-meme;  par  la  reprimande 
faite  au  coupable,  elle  s'exhale  au  dehors. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  et  7ie  pas 
empecher  de  parler  celui  qui  avotie. 

3.  Ainsi  est  celui,  etc.  :  des  deux  cotes 
il  y  a  abus  de  la  force  pour  outrager  ce  qu'il 
faudrait  defendre. 

(Ju'il  est  beau,  etc.  Ce  verset,  qu'on  trouve 
dans  quelques  manuscrits  grecs  et  dans  la 
Vulg.,  aurait  ete  mieux  a  sa  place  apres  le 
vers.  2. 

5.  //  co7tna'it  le  temps  propice  pour  parler, 
et  il  veut  attendre  jusque  la. 

6.  Passent  par-dessus,  parlent  trop  tot  ou 
trop  tard. 

7.  Sera  deteste;  en  lat.,  blessera  son  a  me, 
se  nuira  a  lui-meme.  —  Pleine  licence  de 
parler. 


"  Infra  30, 
21. 


*  Prov.  10, 
19. 


566 


L'ECCLl':SIASTIQUE.     Chap.  XX,  8—28. 


8  Tel  homme  trouve  dans  le  malheur  quelque  chose  d'heureux, 
Et  un  bonheur  inespdre  tourne  a  sa  peite. 

9  II  est  tel  don  qui  ne  te  rapporte  rien, 

Et  il  est  tel  don  qui  est  rendu  au  double. 

10  D'une  situation  brillante  resulte  sonvent  un  dommage, 
Et  tel  releve  la  tete  apres  une  humiliation. 

11  Tel  achete  beaucoup  de  choses  a  vil  prix, 
Qui  las  paie  sept  fois  leur  valeur. 

12  Celui  qui  est  sage  dans  ses  discours  se  fait  aimer, 

Mais  les  paroles  aimables  de  I'insense  sont  en  pure  perte. 

13  Le  don  de  I'insense  ne  te  servira  de  rien; 

Car  ses  yeux,  au  lieu  d'un  seul,  sont  nombreux. 

14  11  donne  peu,  et  reproche  beaucoup, 

Et  il  ouvre  la  bouche  comme  un  crieur  public. 
II  prete  aujourd'hui,  et  il  redemandera  demain  : 
Un  tel  homme  est  odieux. 

15  L'insense  dit  :  "  Je  n'ai  point  d'ami, 

Et  Ton  ne  me  sait  pas  gre  de  mes  bienfaits; 

Ceux  qui  mangent  mon  pain  ont  des  langues  perverses."  — 

16  Combien  de  fois  et  de  combien  de  gens  ne  sera-t-il  pas  la  risee ! 

17  Mieux  vaut  une  chute  sur  le  pave  qu'une  chute  de  langue; 
C'est  ainsi  que  la  mine  des  mechants  arrive  promptement. 

18  Un  homme  desagreable  est  comme  un  conte  hors  de  saison; 
L'homme  mal  appris  I'a  constamment  a  la  bouche. 

19  On  n'accepte  pas  une  maxime  des  levres  d'un  sot. 
Car  il  ne  la  dit  pas  dans  le  temps  qui  lui  convient. 

20  II  est  tel  qui  ne  peut  pdcher  a  cause  de  son  indigence; 
S'il  trouve  le  repos,  il  le  fera  sans  remords. 

21  Tel  se  perd  par  une  fausse  honte, 

Et  tombe  dans  la  ruine  a  cause  du  regard  d'un  insense. 

22  Tel  par  fausse  honte  promet  beaucoup  a  son  ami, 
Et  il  s'en  fait  gratuitement  un  ennemi. 

23  Le  mensonge  imprime  a  un  homme  une  tache  honteuse; 
II  est  toujours  sur  les  levres  des  gens  mal  eleves. 

24  Mieux  vaut  un  voleur  que  l'homme  qui  fait  metier  de  mentir  : 
Tous  deux  auront  la  ruine  en  partage. 

25  II  est  dans  la  nature  du  mensonge  de  deshonorer, 
Et  la  honte  du  menteur  est  constamment  avec  lui. 

26  Celui  cjui  est  sage  dans  ses  discours  s'eleve  en  consideration, 
Et  l'homme  prudent  plait  aux  grands. 

27  Celui  qui  cultive  sa  terre  amassera  de  grands  monceaux  de  ble, 
Et  celui  qui  plait  aux  grands  se  fait  pardonner  ses  injustices. 

28  Les  presents  et  les  dons  aveuglent  les  yeux  des  sages, 

Et,  comme  une  museliere  a  la  bouche  cVun  animal,  ils  arretent  le  blame. 


8.  Tel  JtoiiiDie;  sens  :  souvent  .\  quelque 
chose  malheur  est  bon.  —  Un  bonJietn-  incs- 
pcrr,  litt.  une  irouvaille. 

En  latin  :  il y  a  pour  le  liber/in  uti  pi-o- 
gres dans  le  mal,  et  ce  qu^il  trouve  tourne  a 
sa  ruine. 

9.  Qui  nc  te  rapporte  rien,  dont  tu  ne  re- 
cueilles  que  de  I'ingratitude.  II  s'agit  dans 
les  2  membres  de  dons  fails.  Selon  d'autres, 
le  don  du  i'^''  membre  serait  un  don  recju. 
Mais  le  parallelisme  favorise  la  premiere 
explication. 

10.  I\eli7>c  la  tt'lc,  arrive  au  bonheur  et  a 
la  joie. 


II.  Ac/iete,  croit  acheter;  mais  il  s'aper- 
coit  bientot  que  ces  choses  valent  encore 
beaucoup  moins  qu'elles  ne  lui  ont  coiitd. 

13.  L'insense,  ici,  est  le  meme  que  l'homme 
envieux  et  cupide.  —  Ses  yeux,  dans  les- 
quels  il  exprime  sa  cupidite,  ses  desirs  avi- 
des;  il  donne  peu  pour  qu'on  lui  rende  beau- 
coup. 

14.  Et  reproche,  comme  s'il  avait  donn^ 
beaucoup.  —  //  ou7're  la  bouche,  publiant 
ses  dons  sur  les  places  publiques. 

1 5.  LHnsense  dit :  Je  n'ai  point  d'ami,  etc. ; 
en  lat.  les  Irois  membres  sont  a  la  3<^  per- 
sonne  :  I'insense  n''a  point  d\xmi,  etc. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XX,  9—31. 


567 


9.  Est  processio  in  malis  viro  in- 
disciplinato,  et  est  inventio  in  detri- 
mentum.  10.  Est  datum,  quod  non 
est  utile  :  et  est  datum,  cujus  retri- 
butio  duplex.  11.  Est  propter  glo- 
riam  minoratio :  et  est  qui  ab  humi- 
litate  levabit  caput.  12,  Est  qui 
multa  redimat  modico  pretio,  et  re- 
stituens  ea  in  septuplum.  13.  Sa- 
piens in  verbis  seipsum  amabilem 
facit :  gratias  autem  fatuorum  effun- 
dentur. 

14.  Datus  insipientis  non  erit  uti- 
lis  tibi:  oculi  enim  illius  septempli- 
ces  sunt :  15.  exigua  dabit,  et  multa 
improperabit  :  et  apertio  oris  illius 
inflammatio  est.  16,  Hodie  fcenera- 
tur  quis,  et  eras  expetit :  odibilis  est 
homo  hujusmodi.  17.  Fatuo  non 
erit  amicus,  et  non  erit  gratia  bonis 
illius  :  18.  qui  enim  edunt  panem 
illius  :  falsas  linguae  sunt.  Quoties, 
et  quanti  irridebunt  eum.^  19.  Ne- 
que  enim  quod  habendum  erat,  di- 
rect© sensu  distribuit  :  similiter  et 
quod  non  erat  habendum.  20.  La- 
psus fals^  linguae,  quasi  qui  in  pa- 
vimento  cadens:  sic  casus  malorum 
festinanter  veniet.  21.  Homo  acha- 


ris  quasi  fabula  van  a,  in  ore  indisci- 
plinatorum  assidua  erit.  22,  Ex  ore 
fatui  reprobabitur  parabola  :  non 
enim  dicit  illam  in  tempore  suo. 

23.  Est  qui  vetatur  peccare  pras 
inopia,  et  in  requie  sua  stimulabitur. 
24.  Est  qui  perdet  animam  suam 
pras  confusione,  et  ab  imprudenti 
persona  perdet  eam  :  personae  au- 
tem acceptione  perdet  se.  25.  Est 
qui  pras  confusione  promittit  amico, 
et  lucratus  est  eum  inimicum  gratis, 

26.  Opprobrium  nequam  in  ho- 
mine  mendacium,  et  in  ore  indisci- 
plinatorum  assidue  erit.  27.  Potior 
fur  quam  assiduitas  viri  mendacis  : 
perditionem  autem  ambo  heredita- 
bunt.  28.  Mores  hominum  menda- 
cium sine  honore  :  et  confusio  illo- 
rum  cum  ipsis  sine  intermissione. 
29.  Sapiens  in  verbis  producet  se- 
ipsum, et  homo  prudens  placebit 
magnatis.  30.  Qui  operatur  terram 
suam,  inaltabit  acervum  frugum  : 
et  qui  operatur  justitiam,  ipse  exal- 
tabitur  :  qui  vero  placet  magnatis, 
effugiet  iniquitatem.  31. 'Xenia  et    ^Exod.  23, 

dona  excaecant  oculos  iudicum,  et    s.  Deut.  16, 

•*     .         '         19. 
quasi  mutus  m  ore  avertit  corre- 


Apres  le  vers.  16,  plusieurs  manuscrits 
grecs  ajoLitent  :  car  il  nc  salt  fas  appj'ccier 
ce  qiiHl  a  a  sa  juste  valeitr,  et  autant  vaii- 
drait  pour  lui  ne  rien  avoir ,  ce  que  le  latin 
traduit  :  car  il  ne  salt  discerner  exa^einent 
ni  ce  qicHl  doit  garder  pour  lui,  ni  ce  quHl 
ne  doit  pas  garder^  ce  qu'il  doit  donner  aux 
autres. 

17.  Oest  ainsi,  etc.  :  parce  que  les  me- 
chants  font  souvent  des  chutes  de  langue. 

19.  Comp.  Prov.  xxvi,  7,  9. 

20.  Ne  pent  pecher,  par  ex.  se  livrer  k  la 
debauche  :  en  quoi  sa  pauvrete  lui  est  bonne 
a  quelque  chose  (vers.  8).  — ■  Le  repos,  un 
bien-etre  qui  lui  permette  de  se  reposer.  — 
//  le  fera,  il  pechera  sans  reinords.  D'autres, 
avec  la  Vulgate,  et  dans  son  repos  il  est 
aiguillonne,  devore  de  mauvais  desirs;  ou 
bien  ;  et  s'il  trouve  le  repos,  le  bien-ctre,  /'/ 
sera  aiguillo>ine. 

21.  Se  perd  par  une  fausse  Jionte  (comp. 
iv,  24-28),  qui  I'empeche  de  faire  ce  qu'il 
faudrait  pour  se  tirer  d'un  danger,  remplir 
un  devoir.  Le  respecfl  humain  dans  la  pra- 
tique de  la  vie  chretienne  est  une  des  prin- 
cipals applications  de  cette  sentence;  raais 


il  y  en  a  beaucoup  d'autres,  par  ex.  celle  du 
vers.  22.  —  A  cause  du  regard,  litt.  du  visage 
d'un  insense  qui  le  regarde  et  lui  ote  tout 
courage,  toute  energie. 

Le  lat.  ajoute,  et  il  se  perd  pour  avoir  eti 
trap  d'egard  pour  quelqtihm. 

22.  Proniet  beaucoup,  promet  monts  et 
merveilles.  —  Un  enneini,  parce  qu'il  ne 
pent  tenir  ses  promesses. 

26.  En  tete  de  ce  verset,  le  grec  a  ces 
deux  mots  en  lettres  majuscules  :  Paro- 
les des  niaxiines,  ce  qui  annonce  peut- 
etre  une  nouvelle  colledlion  de  sentences 
morales. 

27.  Monceaux  de  ble,  ou  de  gerbes.  Le 
point  de  comparaison  est  uniquement  dans 
les  moyens  employes. 

Entre  les  deux  membres  le  latin  ajoute  : 
celui  qui  cultive  la  justice  sera  cleve'. 

28.  Des  sages  &\\.y.-xnQVL\&'i;  en  lat.  desjuges. 
Comp.  Deut.  xvi,  19;  Prov.  xviii,  16.  — 
Coiinne  line  museliere  empeche  I'animal  de 
mordre,  ainsi  les  presents  arrctent,  litt.  de- 
tourticnt,  le  blame  sur  les  levres  des  sages, 
les  empechent  de  blaincr  ce  qui  est  digne 
de  blame.  Et  lat.,  et  connne  7in  viuet. 


568 


L'ECCLESIAS'i'IQUE.     Chap.  XX,  29,  30:  XXI,  i— 17. 


29  Sagesse  cachee,  tresor  invisible  : 
A  quoi  servent  run  et  I'autre? 

30  Mieux  vaut  I'liomme  qui  cache  sa  sottise 
Que  celui  qui  cache  sa  sagesse. 

CHAP.  XXI. —  Eviter  le  peche,  particuHeremcnt  I'orgueil,  etc.  [vers,  i  — 10]. 
Le  sage,  le  pieux,  I'insense  et  I'impie  compares  entre  eux  sous  divers 
rapports  [11  —  28]. 

Ch.  XXI.  I^^^^^^  ^^^'  ^^"^"  peche?  ne  le  fais  plus, 

iK^CS]       Mais  prie  pour  tes  fautes  passees. 
Iej^^i  2  Fuis  le  peche  comme  un  serpent; 

Car  si  tu  en  approches,  il  te  mordra. 

Ses  dents  sont  des  dents  de  lion; 

Elles  donnent  la  mort  aux  hommes. 

3  Toute  transgression  est  comme  une  epee  k  deux  tranchants; 
La  plaie  qu'elle  fait  est  incurable. 

4  La  menace  et  I'injure  ddtruisent  la  richesse; 

C'est  ainsi  que  la  maison  de  I'orgueilleux  va  a  la  ruine. 

5  La  priere  du  pauvre  monte  de  ses  levres  a  I'oreille  du  riche, 
Mais  sur  I'orgueilleux  viendra  bientot  son  jugement. 

6  Celui  qui  hait  la  reprimande  marche  sur  la  trace  du  pecheur, 
Mais  celui  qui  craint  Dieu  se  tourne  vers  lui  d'un  coeur  sincere. 

7  L'homme  puissant  par  la  langue  se  fait  connaitre  au  loin. 
Mais  l'homme  de  sens  salt  quand  il  faillit. 

8  L'homme  qui  batit  sa  maison  avec  de  I'argent  qui  n'est  pas  a  lui 
Est  comme  celui  qui  ramasse  ses  pierres  pour  I'hiver. 

9  La  troupe  des  ennemis  est  un  amas  d'etoupes; 
Elle  finira  par  etre  la  proie  du  feu. 

10  La  voie  des  pecheurs  est  pavee  de  pierres, 
Mais  a  son  extremite  est  le  gouffre  de  I'Hades. 

11  Celui  qui  observe  la  loi  maitrise  ses  pensdes, 

Et  le  resultat  final  de  la  crainte  du  Seigneur  est  la  sagesse. 

12  Celui  qui  manque  d'habilete  n'arrivera  pas  a  la  sagesse; 
Mais  il  y  a  une  habiletd  qui  produit  beaucoup  d'amertume. 

13  La  science  du  sage  s'accroit  comme  une  eau  qui  deborde, 
Et  son  conseil  est  une  source  de  vie. 

14  L'interieur  de  I'insens^  est  comme  un  vase  fele; 
II  ne  retiendra  aucune  connaissance. 

15  Que  l'homme  intelligent  entende  une  sage  parole, 
II  en  fait  I'eloge  et  y  ajoute  quelque  chose. 

Que  le  voluptueux  lentende,  elle  lui  de'plait, 
Et  il  la  jette  derricre  lui. 

16  Le  discours  de  I'insense  est  comme  un  fardeau  en  voyage, 
Mais  sur  les  levres  de  l'homme  intelligent  se  trouve  la  grace. 

17  On  recherche  dans  I'assemblee  la  bouche  de  l'homme  prudent, 
Et  ce  qu'il  a  dit,  on  le  medite  dans  son  cceur. 


CHAP.  XXI. 

1.  Pour  tes  fautes  passees ;  le  latin  ajoute  : 
afiji  qtf' elles  te  soieni  pardonnees :  bien  pour 
le  sens.  Ce  verset  exprime  les  deux  elements 
essentiels  de  la  conversion  et  de  la  penitence. 

2.  Coinine  un  serpent :  allusion  au  peche 
de  nos  premiers  parents,  dont  le  serpent 
fut  I'instigateur.  —  //  te  mordra^  en  grec, 
0T^;£Tai;  le  tradud-eur  latin  a  lu  5£;£xai,  //  te 
prendra. 


4.  La  menace,  litt.  Vadion  d'epom/anter, 
par  un  langage  dur  et  hautain  qui  inspire  la 
crainte,  mais  en  meme  temps  eveille  la 
haine,  suscite  des  oppositions  et  des  resis- 
tances. —  La  maison  du  riche  07-ffiteilleux , 
sa  famille  et  ses  biens. 

Le  tradu(fleur  latin  paraphrase. 

5.  A  Poreille,  sans  arriver  jusqu'h.  son 
coeur,  qui  reste  endurci. 

6.  Celui  qui  craint  Dieu,  quand  on  le  re- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XX,  32,  ss;  XXI,  1—20. 


569 


ptiones  eorum.  32.  ''Sapientia  abs- 
consa  et  thesaurus  invisus  :  quas 
utilitas  in  utrisque?  ^2-  Melior  est 
qui  celat  insipientiam  suam,  quam 
homo  qui  abscondit  sapientiam 
suam. 

— t^       CAPUT  XXI.       — :l:— 

Docet  fugiendum  peccatum  :  primum  in  ge- 
nere,  deinde  in  specie  produflis  variis 
peccatis. 


jILI  peccasti?  non  adjicias 
iterum  :  sed  et  de  pristinis 
deprecare  ut  tibi  dimit- 
tantur.  2.  Quasi  a  facie 
colubri  fuge  peccata  :  et  si  accesse- 
ris  ad  ilia,  suscipient  te.  3.  Dentes 
leonisjdentes  ejus,  interficientesani- 
mas  hominum.  4.  Quasi  romphasa 
bis  acuta  omnis  miquitas,  plagas 
illius  non  est  sanitas. 

5.  Objurgatio  et  injurias  annulla- 
bunt  substantiam  :  et  domus  quas 
nimis  locuples  est,  annullabitur  su- 
perbia  :  sic  substantia  superbi  era- 
dicabitur.  6.  Deprecatio  pauperis 
ex  ore  usque  ad  aures  ejus  perveniet, 
et  judicium  festinato  adveniet  illi, 
7.  Qui  edit  correptionem,  vestigium 
est  peccatoris  :  et  qui  timet  Deum, 
convertetur  ad  cor  suum.  8.  Notus 


a  longe  potens  lingua  audaci  :  et 
sensatus  scit  labi  se  ab  ipso. 

9.  Qui  aedificat  donium  suam  im- 
pendiis  alienis,  quasi  qui  colligit  la- 
pides  suos  in  hyeme.  10.  "Stuppa 
collecta  synagoga  peccantium,  et 
consummatio  illorum  flamma  ignis. 
1 1 .  Via  peccantium  complanata 
lapidibus,  et  in  fine  illorum  inferi, 
et  tenebrae,  et  poenas. 

12.  Qui  custodit  justitiam,  conti- 
nebit  sensum  ejus.  13.  Consumma- 
tio timoris  Dei,  sapientia  et  sensus. 
14.  Non  erudietur  qui  non  est  sa- 
piens in  bono.  15.  Est  autem  sa- 
pientia, quas  abundat  in  malo  :  et 
non  est  sensus  ubi  est  amaritudo. 

16.  Scientia  sapientis  tamquam  in- 
undatio  abundabit,  et  consilium 
illius    sicut    fons    vitas    permanet. 

17.  Cor  fatui  quasi  vas  confra- 
ctum,  et  omnem  sapientiam  non 
tenebit.  18.  Verbum  sapiens  quod- 
cumque  audierit  scius  laudabit,  et 
ad  se  adjiciet  :  audivit  luxuriosus, 
et  displicebit  illi,  et  projiciet  illud 
post  dorsum  suum.  19.  Narratio 
fatui  quasi  sarcina  in  via  :  nam 
in  labiis  sensati  invenietur  gratia. 
20.  Os  prudentis  quasritur  in  ec- 
clesia,  et  verba  illius  cogitabunt  in 
cordibus  suis. 


'  Supra  16, 


primande,  au  lieu  de  se  revolter,  se  tourne 
vers  le  bien. 

7.  nhoinme  puissant  par  la  laiigue  seduit 
les  foules,  il  acquiert  une  grande  reputation, 
tous  lui  rendent  hommage;  seul  le  sage  sait 
discerner  ses  defauts,  le  fort  et  le  faible  de 
son  argumentation,  et  il  ne  se  laissera  pas 
prendre  a  ses  belles  paroles. 

Mais  les  mots  pinssa7it par  la  langiie  se 
prennent  quelquefois  aussi  en  mauvaise 
part,  et  c'est  ainsi  que  le  tradufleur  latin 
les  a  entendus  :  Phoinme  puissant  par  sa 
langue  insolente  est  connu  arc  loin,  niais 
Vhomnie  sense  sait  se  degager  de  lui. 

8.  Argent  qui  n^est  pas  a  lui,  mal  acquis. 
—  Qui  ramasse  ses  pierres,  au  lieu  de  bois, 
pour  se  chauffer  Ihiver  (Fritzsche).  D'au- 
tres,  qui  ramasse  des  pierres  pour  hkin  pen- 
dant I'hiver,  saison  peu  favorable  a  une 
construcflion  solide. 

10.  Un  chtmm  pave  de  pierres  est  uni  et 
facile.  —  Le  goujfre  de  P Hades,  du  sejour 
des  morts,  considere  ici  plus  specialement 


comme  le  lieu  de  chatiment  reserve  aux  pe- 
cheurs.  Pour  accentuer  cette  signification, 
le  tradufteur  latin  ajoute,  les  tenebres  et  les 
supplices. 

ir.  Mattrise  ses  pensees  pour  les  rendre 
conformes  a  la  loi. 

12.  En  latin  :  celui  qui  n^est  pas  sage 
pour  le  bien  ne  s^instruira  pas;  inais  il 
y  a  une  sagesse  qui  est  ficonde  pour  le 
mal,  et  il  «'_y  a  pas  de  bon  sens  Id  oft.  est 
Pamertu7ne. 

13.  S^accroit  sans  cesse.  —  Son  conseil, 
le  fruit  de  ses  reflexions;  ou  avec  Fritzsche, 
son  intelligence,  son  sens  juste  et  penetrant. 

14.  Uji  vase  fele,  qui  ne  garde  rien  de  ce 
qu'on  y  met. 

15.  Ajoute  quelque  chose  de  son  propre 
fond;  en  latin,  et  se  V applique  a  lui-meme  : 
le  tradu(fleur  a  lu  auTov  avec  un  esprit 
rude. 

16.  La  grace,  quelque  chose  de  gracieux 
et  d'aimable  qui  plait  et  attire.  Comp.  I^rov. 
xvi,  21. 


570 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXI,  18—28;  XXII,  1—6. 


18  La  sagesse  est  pour  le  sot  comme  une  maison  en  mines, 
Et  la  science  de  I'insense  n'est  que  paroles  incoherentes. 

19  L'instrudlion  est  pour  I'insense  comme  des  chaines  au\  pieds, 
Et  des  menottes  a  la  main  droite. 

20  Le  sot,  quand  il  rit,  fait  eclater  sa  v'oix, 

Mais  rhomme  prudent  sourit  a  peine  tout  bas. 

21  L'instruftion  est  pour  I'homme  sense  comme  une  parure  d'or, 
Et  comme  un  bracelet  au  bras  droit. 

22  L'insense  entre  d'un  pas  rapide  dans  la  maison, 
Mais  I'homme  avise  s'arrete  timidement  a  I'entree. 

23  L'insense  se  courbe  des  la  porte  pour  voir  dans  la  maison, 
Mais  I'homme  bien  eleve  se  tient  dehors. 

24  C'est  une  grossierete  pour  un  homme  d'ecouter  a  la  porte; 
L'homme  sense  s'indigne  d'une  aflion  si  honteuse. 

25  Les  levres  des  insenses  ne  proferent  que  sottises, 

Mais  les  paroles  des  hommes  prudents  sont  pesees  a  la  balance. 

26  Dans  la  bouche  des  sots  est  leur  cceur, 
Mais  le  coeur  des  sages  est  leur  bouche. 

27  Quand  I'impie  maudit  son  adversaire, 
C'est  lui-meme  qu'il  maudit. 

28  Le  rapporteur  se  souille  lui-meme, 

Et  il  est  detest^  de  tous  ceux  qui  I'approchent. 

CHAP.  xxn.  —  La  paresse  [vers,  i  —  2].  Enfants  mal  eleves  [3  —  6].  L'in- 
sense et  le  sage  [7 — 16].  Ce  qui  detruit  Tamitie  [17  —  20];  devoirs  qu'elle 
impose  [21 — 24].  Veiller  sur  ses  paroles  [25  —  27]. 


Chap. 

xxn. 


^E  paresseux  i-essemble  a  une  pierre  remplie  d'ordure, 
Et  chacun  siffle  son  infamie. 
I       2  Le  paresseux  ressemble  a  une  boule  de  fiente  : 
Celui  qui  la  ramasse  secoue  sa  main. 

3  Un  fils  mal  eleve  est  la  honte  du  pcre  qui  lui  a  donnd  le  jour; 
Une  fille  seinblable  est  venue  au  monde  pour  son  detriment. 

4  Une  femme  prudente  trouvera  un  mari, 

Mais  celle  dont  on  a  honte  fait  le  chagrin  de  son  pere. 

5  L'effrontde  fait  honte  h.  son  pere  et  ci  son  mari; 
Tous  deux  la  mepriseront. 

6  Telle  une  musique  dans  le  deuil,  tel  un  sermon  il  centre  temps; 
Mais  le  fouet  et  la  correcflion  sont  en  tout  temps  de  la  sagesse. 


18.  Une  maison  en  }-i/htes,oi\  il  n'y  a  plus 
que  des  materiaux  disperse's,  ne  pouvant 
abriter  personne. 

19.  Linsti-uflion  n'est  pas  seulement  inu- 
tile a  l'insense,  elle  le  gene  et  I'embarrasse. 

22.  Dans  la  maison  d'un  autre.  —  5^17'- 
rcie  a  Penfjre,  attendant  cju'on  I'introduise. 
Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  el  rhomme 
avise  ga7-de  la  irserve  vis-ci-vis  d'' 11  ne  per- 
sonne ptiissante.  Mais  polentis  n'est  pas 
dans  le  grec,  et  peisona  repond  a  I'hebreu 
panifn,  qui  designe  soit  la  fa(;ade  de  la 
maison,  soit  les  murailles  interieures  du 
vestibule. 

23.  Pour  Toir  dans  la  maison,  epier  cu- 
rieusement  ce  qui  s'y  trouve  et  ce  qui  s'y 
passe.  —  Se  tient  dehojs,  ne  voulant  rien 
voir  ni  entendre  avant  qu'on  I'invite  a 
entrer. 


24.  Une  orossierefe,  un  manque  d'educa- 
tion.  —  S'indii^ne ;  ou  bien,  serait  accable 
de  cette  honte,  ne  voudrait  pas  en  porter  le 
fardeau. 

25.  Nous  traduisons  ce  verset  d'apres  le 
latin.  Dans  le  texte  grec  adluel,  le  i^r  mem- 
bre n'offre  aucun  sens  satisfaisant.  Fritzsche, 
supposant  par  conjecflure  un  texte  hebreu 
un  peu  different  de  celui  qu'a  lu  le  traduc- 
teur  grec,  le  retablit  ainsi  :  les  levres  des 
ors;iieillenx  (zedim,  au  lieu  de  zarim)  seront 
accablees  de  mali'diflions  (beala/i,  au  lieu  de 
beeleh);  et  il  interprete  le  2^  membre  :  mais 
les  paroles  des  Jtommes  prudents  sero7it 
pesees  dans  la  bala/ice,  c.-^-d.  hautement 
appreciees  et  conservees  precieusement. 

26.  Le  ca'ur,  dans  la  psychologie  des  He- 
breux,  est  I'organe  de  la  pensee  et  de  I'in- 
telligence,  par  consequent  de  la  rcilexion. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXI,  21  — -,i;  XXII,  1—6. 


571 


2  1.  Tamquam  domus  extermi- 
nata,  sic  fatuo  sapientia  :  et  scien- 
tia  insensati  inenarrabilia  verba. 
22.  Compedes  in  pedibus,  stulto 
doctrina,  et  quasi  vincula  manuum 
super  manum  dextram.  23,  Fatuus 
in  risu  exaltat  vocem  suam  :  vir 
autem  sapiens  vix  tacite  ridebit. 
24.  Ornamentum  aureum  prudenti 
doctrina,  et  quasi  brachiale  in  bra- 
chio  dextro.  25.  Pes  fatui  facilis  in 
domum  proximi  :  et  homo  peri- 
tus  confundetur  a  persona  potentis. 
26.  Stultus  a  fenestra  respiciet  in 
domum  :  vir  autem  eruditus  foris 
stabit.  27.  Stultitia  hominis  auscul- 
tare  per  ostium  :  et  prudens  grava- 
bitur  contumelia.  28.  Labia  impru- 
dentium  stulta  narrabunt  :  verba 
autem  prudentium  statera  pondera- 
buntur. 

29.  In  ore  fatuorum  cor  illo- 
rum  :  et  in  corde  sapientium  os 
illorum.  30.  Dum  maledicit  im- 
pius  diabolum,  maledicit  ipse  ani- 
mam  suam.  31.  Susurro  coinquina- 
bit  animam  suam,  et  in  omnibus 
odietur  :  et  qui  cum  eo  manserit. 


odiosus   erit   :   tacitus   et   sensatus 
honorabitur. 

^.  's^:  M  's^.  H  -js;.  M  H  M  'M  'M  '^.  :<tg  M  '^S-  'f^.  'M.  H  h  h  s^ 

— :i:—      CAPUT  XXII.       — :!:— 

De  lapidatione  pigri,  filio  indisciplinato, 
tiliaque  fatua,  musica  in  Iu(ftu,  docente 
fatuum,  moituo  plorando  :  cum  stulto  non 
loquendum  :  de  corde  stulti  ac  timidi  :  de 
servanda  fide  cum  amico,  et  oris  custodia. 

N  lapide  luteo  lapida- 
tus  est  piger,  et  omnes 
loquentur  super  asperna- 
tionem  illius.  2.  De  ster- 
core  boum  lapidatus  est  piger  :  et 
omnis,  qui  tetigerit  eum,  excutiet 
manus. 

3.  Confusio  patris  est  de  filio  in- 
disciplinato :  filia  autem  in  demino- 
ratione  fiet.  4.  Filia  prudens  here- 
ditas  viro  suo:  nam  quas  confundit, 
in  contumeliam  fit  genitoris,  5.  Pa- 
trem  et  virum  confundit  audax,  et 
ab  impiis  non  minorabitur :  ab  utris- 
que  autem  inhonorabitur.  6.  Musi- 
ca in  luctu  importuna  narratio  :  fla- 
gella  et  doctrina  in  omni  tempore 
sapientia. 


Sens  du  verset  ;  les  sots  parlent  inconside- 
rement,  ils  ne  se  servent  pas  de  leur  creur 
pour  r^flechir,  toute  leur  reflexion  est  pour 
ainsi  dire  dans  leur  bouche;  les  sages,  au 
contraire,  ne  disent  que  ce  qu'ils  ont  medite 
et  pese  dans  leur  cojur,  leurs  paroles  sont 
leur  coeur  meme. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  nniis  dans 
le  ccew'  des  sages  est  leitr  douche. 

27.  Oesi  lin-meiiie  gu^il  maiidit.,  soit  parce 
qu'il  donne  occasion  k  son  adversaire  de  le 
maudire  a  son  tour;  soit  plutot  parce  que, 
impie  comme  il  est,  c'est  sur  lui  que  retom- 
bera  la  maledicftion. 

Le  mot  gr.  aa-avav,  que  nous  avons  rendu 
par  adversaire,  a  bien  cette  signification 
dans  la  pensee  meme  du  traducleur  grec 
(comp.  I  Sam.  xxix,  4;  III  Sam.  xix,  22; 
I  Rois.,  V,  4;  xi,  25;  Matth.  xvi,  23).  Le  tra- 
du(fteur  latin  traduit  diaboliiiii. 

28.  Le  latin  ajoute  :  celui  qui  detncitre 
avec  lui  devient  odieux,  niais  Vhovitne  sense 
qui  se  iait  sera  Jionorc. 

CHAP.  XXII. 

I.  Utie pierre  reniplie  d'ot'dures,  d^e\CYt- 
ments  humains,  laf)is  latrinarum .  "  La- 
pillis    utel^antur    veteres    abstergendis   na- 


tibus,  postquam  alvum  exonerassent.  " 
Comp.  Aristoph.  Plu/iis,  817.  Le  point  de 
comparaison  est  que  le  paresseux  inspire 
le  degoiit.  Le  verset  suivant  exprime  la 
meme  pensee  sous  une  image  a  peu  pres 
semblable. 

2.  Secoue  sa  main  souillee  par  le  contadl. 
Dans  ces  deux  versets,  au  lieu  de:  le pa- 

7-esseu.v  ressemble  (en  gr.  auvspX-r^O-ri),  il  y  a 
en  latin,  on  lapide  le  paressetix  :  le  traduc- 
teur  a  lu  xaTEpATjOr]. 

3.  Poicr  son  detriment,  le  detriment  du 
pere,  pour  cette  raison  entre  autres,  qu'elle 
ne  trouvera  pas  de  mari  et  c^u'elle  restera  a 
la  charge  de  son  pere. 

4.  Trouvera,  litt.  aura  en  paitage,  possc- 
dera,  c'est  le  sens  ordinaire  de  Jucredilare. 
En  latin,  sera  un  heritage,  un  tresor,  pour 
son  mari,  et  cela  par  ses  bonnes  qualites, 
car  on  sait  C|ue  la  femme  juive  n'apportait 
pas  de  dot.  Comp.  Prov.  xiv,  i;  xviii,  22; 
xxxi,  10. 

5.  L'effrontee  :  comp.  Prov.  ix,  13;  xiii,  7; 
xxi,  24.  Le  latin  ajoute  apres  le  i"^""  membre, 
et  ne  le  cede  en  rieii  aux  impies. 

6.  Un  sermo77,  une  longue  remontrance; 
ou  bien,  ///;  enseignemcnt,  une  instrucflion 


572  L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXII,  7—24. 


7  Instruire  un  sot,  c'est  recoller  un  pot  casse, 
[Raconter  une  chose  a  qui  n'ecoute  pas,] 

C'est  reveiller  un  homme  dormant  d'un  profond  sommeil. 

8  C'est  parlei-  a  un  homme  qui  doit  que  d'entretenir  un  sot;     . 
A  la  fin  de  ton  discours  il  dira  :  "  Qu'est-ce?" 

9  Pleure  sur  un  mort,  car  sa  himiere  est  eteinte; 
Pleure  sur  un  sot,  car  le  bon  sens  a  disparu. 

Pleure  doucement  sur  le  mort,  car  il  a  trouve  le  repos, 
jMais  la  vie  du  sot  est  pire  que  la  mort. 

10  Le  deuil  pour  un  mort  dure  sept  jours; 

Pour  le  sot  et  pour  I'impie,  il  dure  tous  les  jours  de  leur  vie. 

11  Avec  I'insens^  n'aie  pas  de  longs  entretiens, 
Et  ne  va  pas  avec  I'homme  denue  de  sens. 
Garde-toi  de  lui,  si  tu  ne  veux  pas  avoir  d'ennui, 
Et  tu  ne  seras  pas  souilld  de  son  contadl. 
Detourne-toi  de  lui  et  tu  trouveras  le  repos, 

Et  tu  n'auras  pas  a  t'attrister  en  voyant  sa  sottise. 

12  Qu'est-ce  qui  est  plus  lourd  que  le  plomb? 

Et  quel  autre  nom  lui  donner  que  celui  de  sot? 

13  Le  sable,  le  sel,  une  masse  de  fer  sont  plus  faciles  a  porter 
Qu'un  homme  sans  intelligence. 

14  Un  assemblage  de  charpente  bien  lie  dans  un  edifice  ne  sera  pas  disjoint  par  un  trem- 

blement  de  terre  : 
Ainsi  le  cceur  fixe  dans  un  dessein  niurement  reflechi  sera  sans  crainte  au  moment 
critique. 

15  Le  coeur  qui  s'appuie  sur  une  pens^e  de  sagesse 
Est  comme  I'enduit  mele  de  sable  sur  un  mur  poli. 

16  Une  palissade  sur  une  hauteur  ne  tient  pas  contre  le  vent  : 

Ainsi  un  coeur  timide  avec  ses  folles  resolutions  ne  r^sistera  pas  a  la  crainte. 

17  Celui  qui  froisse  un  oeil  fait  couler  des  larmes; 

Celui  qui  froisse  un  coeur  excite  le  sentiment  de  la  douleur. 

18  Celui  qui  jette  une  pierre  contre  des  oiseaux  les  met  en  fuite, 
Et  celui  qui  reproche  201  hicnfait  h.  son  ami  dissout  I'amitie. 

19  As-tu  tire  I'epee  contre  ton  ami?  ne  desespere  pas; 
Un  retour  est  possible. 

20  As-tu  ouvert  la  bouche  contre  ton  ami?  sois  sans  crainte; 
La  reconciliation  est  possible. 

Mais  le  reproche  d'uu  bienfait,  un  mepris  hautain. 
La  revelation  d'un  secret,  un  coup  de  langue  perfide, 
Cela  met  en  fuite  tous  les  amis. 

21  Reste  fidele  a  ton  ami  dans  sa  pauvretd, 
Afin  que  tu  jouisses  avec  lui  de  sa  prosperity. 
Ne  le  d^laisse  pas  aux  jours  de  son  epreuve, 

Afin  que  tu  aies  part  aux  biens  qui  lui  surviendront. 

22  Avant  le  feu  s'elevent  la  vapeur  de  la  fournaise  et  la  fumce; 

De  meme  avant  I'effusion  du  sang  retentissent  les  paroles  outrageantes. 

23  Je  ne  rougirai  pas  de  defendre  mon  ami, 
Et  je  ne  me  cacherai  pas  devant  lui; 

24  Et  si  ap7'cs  cela  quelque  mal  m'arrive  par  son  fait, 
Quiconque  I'apprendra  se  mettra  en  garde  contre  lui. 


I 


7.  Cet  Jioinme  ainsi  reveille,  est  encore  a 
moitie  endormi  et  ne  comprend  rien  k  ce 
qu'on  lui  dit,  et  il  ne  tardera  pas  a  retomber 
dans  son  sommeil. 

8.  Eittreteni}-  un  sot;  le  latin  ajoute,  de  la 
sagesse.  —  //  dira  :  (Jit'est-ce.^  comme  s'il 
n'avait  rien  entendu.  En  latin,  ^/«  i?.y/-^^  qui 
me  parle? 

9.  Sa  linniere,  le  flambeau  de  la  vie. 

10.  Tous  les  jours  de  leur  vie,  parce  que 


11.  De  son  con  tail;  le  mot  grec  signifie 
litteralement  c/toc,  secousse.  En  latin,  de  la 
contagion  de  son  peche. 

12.  Lui  dottner,  donner  a  ce  qui  est  plus 
lourd  que  le  plomb.  Sens  :  il  n'y  a  rien 
autre  que  le  sot.  Chez  les  Latins  aussi  konui 
plunibeus  d^signait  un  homme  lourd  d'es- 
prit,  sans  intelligence. 

13.  Le  sable,  etc.  :  trois  choses  tr^s  pesan- 
tes.  —  Hans  intelligence;  le  latin  ajoute. 


leur  vie  tout  entiere  est  mauvaise  et  deplo-      sot  et  impic. 

rable.  1       15.  Le  2--  membre  fait  allusion  k  un  cer- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXII,  7- 


573 


7.  Qui  docet  fatuum,  quasi  qui 
conglutinat  testam.  8.  Qui  narrat 
verbum  non  audienti,  quasi  qui  ex- 
citat  dormientem  de  gravi  somno. 
9.  Cum  dormiente  loquitur  qui 
enarrat  stulto  sapientiam  :  et  in  fine 
narrationis   dicit   :    Quis   est    hie? 

ra.38,  10.  "Supra  mortuum  plora,  defecit 
enim  lux  ejus  :  et  supra  fatuum 
plora,  deficit  enim  sensus.  1 1.  Mo- 
dicum plora  supra  mortuum,  quo- 
niam  requievit.  1 2.  Nequissimi  enim 
nequissima  vita  super  mortem  fatui. 

n.  50,  13.  *Luctus  mortui  septem  dies: 
fatui  autem  et  impii  omnes  dies  vi- 
tae  illorum.  14.  Cum  stulto  ne  mul- 
tum  loquaris,  et  cum  insensate  ne 
abieris.  15.  Serva  te  ab  illo,  ut  non 
molestiam  habeas,  et  non  coinqui- 
naberis  peccato  illius.  16.  Deflecte 
ab  illo,  et  invenies  requiem,  et  non 
acediaberis  in  stultitia  illius.  17.  Su- 
per plumbum  quid  gravabitur?  et 
quod  illi  aliud  nomen  quam  fatuus? 

)v.  27,  18.  "Arenam,  et  salem,  et  massam 
ferri  facilius  est  ferre  quam  homi- 
nem  imprudentem,  et  fatuum,  et 
impium.  19.  Loramentum  ligneum 
colligatum  in  fundamento  aedificii 
non  dissolvetur  :  sic  et  cor  confir- 
matumincogitationeconsilii.20.Co- 
gitatus  sensati  in  omni  tempore 
metu  non  depravabitur.  21.  Sicut 
pali   in   excelsis,  et   c^menta  sine 


impensa  posita  contra  faciem  venti 
non  permanebunt  :  22.  sic  et  cor 
timidum  in  cogitatione  stulti  contra 
impetum  timoris  non  resistet. 

23,  Sicut  cor  trepidum  in  cogita- 
tione fatui,  omni  tempore  non  me- 
tuet,  sic   et   qui  in  prasceptis  Dei 
permanet  semper.  24.  Pungens  ocu- 
lum  deducit  lacrymas  :  et  qui  pun- 
git  cor,  profert  sensum.  25.  Mittens 
lapideni  in  volatilia,  dejiciet  ilia  : 
sic  et  qui  convitiatur  amico,  dissol- 
vit  amicitiam.  26.  Ad  amicum  etsi 
produxeris  gladium,  non  desperes  : 
est    enim    regressus.   Ad    amicum 
27.  si  aperueris  os  triste,   non  ti- 
meas  :  est  enim  concordatio  :  ex- 
cepto   convitio,  et   improperio,  et 
superbia,   et   mysterii    revelatione, 
et  plaga  dolosa  :  in   his  omnibus 
efFugiet    amicus.    28.    Fidem    pos- 
side  cum  amico  in  paupertate  illius, 
ut  et  in  bonis  illius  lasteris.  29.  In 
tempore  tribulationis  illius  perma- 
ne   illi    fidehs,  ut  et  in  hereditate 
illius  coheres  sis.  30.  Ante  ignem 
camini  vapor,  et  fumus  ignis  inal- 
tatur  :  sic  et  ante  sanguinem  male- 
dicta,    et     contumelias,    et    minae. 
31.  Amicum  salutare  non  confun- 
dar,  a  facie  illius  non  me  abscon- 
dam  :  et  si  mala  mihi  evenerint  per 
ilium,  sustinebo.  32,  Omnis  qui  au- 
diet,  cavebit  se  ab  eo. 


tain  procede  de  cre'pissure  remarquable  par 
sa  solidite  et  sa  duree. 

En  latin  :  Le  dessein  de  Phomnie  sense  ne 
sera  pas  altere  par  la  crainte  en  quelque 
temps  que  ce  soit. 

16.  Une  palissade;  litt.  des  pieux  disposes 
en  palissade. 

Le  latin  ajoute  apres  le  ler  membre  :  et 
des  pierres  superposces  sans  ciinenf;  et  apres 
le  2«,  le  verset  suivant  dont  la  premiere  par- 
tie  n'est  que  la  repetition  du  precedent,  et 
dont  I'ensemble  est  peu  clair.  Loch  et  Reischl 
I'expliquent  ainsi  :  le  cceiir  du  sot,  flottant 
dans  ses  pensees,  n'a  jamais  ni  crainte  ni 
souci,  et  cela  a  cause  de  la  legerete  de  son 
esprit;  de  meme  celui  qui  persevere  dans  la 
fidelite  aux  prdceptes  divins  est  sans  crainte, 
mais  parce  qu'il  met  sa  confiance  en  Dieu. 


17.  Qui  froisse ;  ou,  avec  le  latin,  qui 
pique.  Ce  verset  sert  d'introdudlion  a  ce  qui 
suit  sur  les  froisssements  de  I'amitie. 

18.  (Qui  reproche  un  bioifait^  un  service 
rendu;  d'autres,  qui  adresse  des  injures. 

20.  Ouvert  la  bouche,  parle  dans  un  mo- 
ment de  vivacitd  et  d'irreflexion. 

23.  De  defendre  (en  lat.  de  saluer  [jnon  ami., 
s'ilvientatomberdansle  malheur. — Jetienie 
cacherai pas,  pour  ne  pas  lui  venir  en  aide. 

24.  Par  son  fait :  s'il  me  maltraite,  il  por- 
tera  tout  I'odieux  de  la  rupture.  Le  mot 
sustinebo  ajoute  par  le  traducleur  latin 
trouble  le  sens. 

Le  vers.  25  {^yl)  dans  la  Vulgate)  com- 
mence une  priere  qui  se  continue  dans  le 
chap,  xxiii ;  c'est  la  que  nous  I'avons  reporte 
pour  ne  pas  interrompre  la  suite  des  idees. 


574 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXII,  25;  XXIII,  i— 14. 


Chap. 
XXII. 


Cha]3. 
XXIII. 


CHAP.  XXIII. —  Priere  pour  etre  preserve  des  peches  de  langue  [xxii,  25  — 
xxiii,  6].  Vigilance  sur  les  paroles  [7 — 15].  Fuir  la  volupte  [16  —  27]. 

UI  mettra  une  garde  a  ma  bouche, 
Et  sur  mes  Icvres  un  sceau  prudent, 
Afin  que  je  ne  tombe  pas  par  leur  faute, 
Et  que  ma  langue  ne  me  perde  pas.^ 

1  Seigneur,  Pcre  et  souverain  Maitre  de  ma  vie, 
Ne  m'abandonnez  pas  au  conseil  de  mes  levres, 

Et  ne  permettez  pas  que  j'y  trouve  une  occasion  de  chute. 

2  Qui  fera  sentir  la  verge  a  mes  pensees, 

Et  tiendra  mon  coeur  sous  la  discipline  de  la  sagesse, 

Pour  ne  pas  m'epargner  dans  mes  folies, 

Et  ne  pas  laisser  un  libre  cours  a  mes  peche's  : 

3  De  peur  que  mes  folies  ne  s'accroissent, 
Que  mes  peches  ne  se  multiplient, 

Que  je  ne  tombe  en  presence  de  mes  adversaires, 
Et  que  mon  ennemi  ne  se  rejouisse  a  mon  sujet? 

4  Seigneur,  Fere  et  Dieu  de  ma  vie, 

Ne  me  donnez  point  la  licence  des  yeux, 

5  Et  d^tournez  de  moi  les  desirs  inaiivais. 

6  Que  les  passions  charnelles  et  la  voluptt-  ne  s'emparent  pas  de  moi, 
Et  ne  me  livrez  pas  a  une  ame  sans  pudeur. 

7  Mes  enfants  ecoutez  la  discipline  de  la  bouche; 
Celui  qui  Tobservera  ne  sera  pas  pris  par  ses  levres. 

8  Au  piege  de  ses  levres  le  pecheur  sera  pris; 

Le  medisant  et  I'insolent  y  trouveront  une  occasion  de  chute. 

9  N'accoutume  pas  ta  bouche  a  faire  des  serments, 

Et  ne  prends  pas  I'habitude  de  prononcer  le  nom  du  Saint. 

10  Car,  comme  un  esclave  mis  souvent  a  la  torture  ne  saurait  etre  e.xempt  de  meurtrissures, 
Ainsi  celui  qui  fait  serment  et  prononce  sans  cesse  Ic  nom  dn  Sain/,  ne  sera  pas  pur 

de  peches. 

11  L'homme  qui  fait  beaucoup  de  serments  multiplie  I'iniquite, 
Et  le  malheur  ne  s'eloignera  pas  de  sa  maison. 

S'il  s'est  rendu  coupable,  son  peche  est  sur  lui; 
.S'il  n'y  fait  pas  attention,  son  peche  est  double. 
Et  s'il  a  fait  un  faux  serment,  il  ne  sera  pas  absous, 
Car  sa  maison  sera  remplie  de  chatiments. 

12  II  y  a  des  paroles  qui  appellent  la  mort  : 

Puissent-elles  ne  jamais  se  rencontrer  dans  I'heritage  de  Jacob! 
Tout  cela  est  eloigne  des  hommes  pieux; 
lis  ne  s'engagent  pas  dans  ces  peches. 

13  N'accoutume  pas  ta  bouche  a  un  langage  grossier  et  bas. 
Car  il  y  aurait  des  paroles  coupables. 

14  Souviens-toi  de  ton  pcre  et  de  ta  mere 
Quand  tu  sieges  au  milieu  des  grands. 


CHAP.  XXIII. 

1.  Ati  conseil,  a  la  volonte,  au  caprice. 

2.  JMes  fiensccs,  mes  sentiments,  mes  dis- 
positions interieures.  —  Sous  la  discipline, 
la  correflion  qui  conduit  a  la  sagesse.  — 
Mes  folies  :  parallele  a  mes  peches.  Sens  du 
verset  :  puisse  quelqu'un  punir  ce  qu'il  y  a 
de  mauvais  dans  mes  pensees  et  mes  sen- 
timents! 

En  grec  et  en  lat.  les  sujets  des  verbes 
epari^ner,  laisser  un  libre  cours,  sont  verge 
et  discipline,  et  au  lieu  de  mes  folies,  mes 
peches,  \\y  uleurs folies,  leiirs peches,  c.-a-d. 


les  folies  et  les  peches  de  mes  pensdes  et  de 
mon  coeur.  Fritzsche  corrige,  par  conje(nure, 
le  texte  grec  dans  le  sens  ou  nous  I'avons 
traduit,  sens  qui  reste  le  mcme  au  fond. 

4.  Apres  le  I'^f  membre,  le  lat.  ajoute  -.ne 
m\ibandon/tes pas  a  leur  caprice,  au  caprice 
de  mes  adversaires.  —  La  licence,  (en  lat. 
Porgueil)  des  yeux,  des  regards  lascifs.  Ne 
me  aonnea  point  n'est  qu'un  tour  biblique 
donne  a  cette  pensee  :  aidez-moi  k  triom- 
pher  de  la  concupiscence;  exadiement  com- 
me, ne  nous  induisez  pas  en  lentation,  de 
rOraison  dominicale. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXII,  33;  XXIII,  1—18. 


575 


33'  ''Quis  dabit  ori  meo  custo- 
diam,  et  super  labia  mea  signacu- 
lum  certum,  ut  non  cadam  ab  ipsis, 
et  lingua  mea  perdat  me? 

— :;:—      CAPUT  XXIII.      — :i:— 

Oratio  adversus  superbiam,  gulam  et  luxu- 
riam  :  consuetudo  jurandi  vitanda,  et  in- 
disciplinatus  sermo  adferens  imprope- 
rium  :  duo  genera  in  peccato  abundantiie, 
et  tertium  adducens  iram  :  confutatio 
hominis  ad  peccandum  se  hortantis  :  de 
peccatis  in  adiilterio  concurrentibus,  et 
laude  timoris  Domini. 


OMINE  pater,  et  domina- 
tor  vitas  meae,  ne  derelin- 
quas  me  in  consilio  eorum : 
nee  sinas  mecadere  in  illis. 
2.  Quis  superponet  in  cogitatu  meo 
flagella,  et  in  corde  meo  doctrinam 
sapientias,  ut  ignorationibus  eorum 
non  parcant  mihi,et  non  appareant 
delicta  eorum,  3.  et  ne  adincrescant 
ignorantias  meae,  et  multiplicentur 
delicta  mea,  et  peccata  mea  abun- 
dent, et  incidam  in  conspectu  adver- 
sariorum  meorum,  et  gaudeat  super 
me  inimicus  meus?  4.  Domine  pa- 
ter, et  Deus  vitas  meas,  ne  derelin- 
quas  me  in  cogitatu  illorum.  5,  Ex- 
tollentiam  oculorum  meorum  ne 
dederis  mihi,  et  omne  desiderium 
averte  a  me.  6.  Aufer  a  me  ventris 
concupiscentias,  et  concubitus  con- 


cupiscentias  ne  apprehendant  me,  et 
animas  irreverenti  et  infrunitas  ne 
tradas  me. 

7.  Doctrinam  oris  audite  filii  :  et 
qui  custodierit  illam,  nop  periet  la- 
biis,  nee  scandalizabitur  in  operibus 
nequissimis.  8.1n  vanitate  sua  appre- 
henditur  peccator,  et  superbus  et 
maledictus  scandalizabitur  in  illis. 
9."Jurationi  non  assuescat  os  tuum: 
multi  enim  casus  in  ilia.  10.  Nomi- 
natio  veroDei  non  sit  assidua  in  ore 
tuo,  et  nominibus  Sanctorum  non 
admiscearis  :  quoniam  non  eris  im- 
munis  ab  eis.  1 1.  Sicut  enim  servus 
interrogatus  assidue,  a  livore  non 
minuitur  :  sic  omnis  jurans,  et  no- 
minans,  in  toto  a  peccato  non  pur- 
gabitur.  12.  Vir  multum  jurans 
implebitur  iniquitate,  et  non  disce- 
det  a  domo  illius  plaga.  13.  Et  si 
frustraverit,  delictum  illius  super 
ipsum  erit  :  et  si  dissimulaverit,de- 
linquit  dupliciter  :  14.  et  si  in  va- 
cuum juraverit,  non  justificabitur  : 
replebitur  enim  retributione  domus 
illius.  15.  Est  et  alia  loquela  con- 
traria  morti,  non  inveniatur  in  here- 
ditate  Jacob.  16.  Etenim  a  miseri- 
cordibus  omnia  h^c  auferentur,  et 
in  delictis  non  volutabuntur.  17.  In- 
disciplinatas  loquelas  non  assuescat 
OS  tuum  :  est  enim  in  ilia  verbum 
peccati.  18.  Memento  patris  et  ma- 
tris  tuae,in  medio  enim  magnatorum 


"  Exod.  20, 
7.  Matth.5, 

33- 


6.  La  volupte^  litt.  concubitus,  I'adle  re- 
pondant  a  ces  passions.  —  A  une  dme,  a 
nion  ame  en  tant  qu'elle  se  livrerait  aux 
passions  charnelles. 

A  la  priere  succede  I'instruflion.  Cette 
instrudlion  portera  d'abord  sur  les  p^ches  de 
langue,  puis  sur  Pimpurete.  En  grec,  elle  est 
precedee  de  ce  titre  :  discipline  de  la  bouche. 

7.  La  discipline,  la  regie  de  la  bouclic, 
comment  il  faut  regler  I'organe  de  la  parole. 
—  Ne  sera  pas pris,  entraine  au  mal;  en  lat., 
ne  perira  pas,  ce  que  le  tradudleur  explique 
en  ajoutant  :  il  ne  fera  pas  de  chute  en  cotn- 
inettant  les  anions  les  plus  criininelles. 

%.  Ate  piege  de  ses  Icvrcsj  en  lat.,/c?r  sa 
legerete. 

9.  Le  latin  ajoute  apres  le  1^'-  membre  : 
c^est  la  cause  de  beaucoup  de  chutes,  —  Le 
nom  du  Saint,  de  Dieu.  Le  latin  ajoute  :  et 


ne  niele  pas  a  tes  discours  le  nont  des  saints, 
car  en  cela  tu  ne  serais  pas  exempt  de  cha- 
tiinent :  dans  I'ancien  Testament,  les  saints 
sont  les  anges;  mais  I'addition  etant  d'une 
main  chretienne,  ils  de'signent  ici  les  saints 
proprement  dits. 

10.  Mis  <x  la  torture,  a  la  question  :  c'etait 
ordinairement  par  le  fouet. 

1 1.  Ce  verset  parait  distinguer  trois  cas  de 
serments  coupables  avec  gradation,  i*:""  cas  : 
serments  multiplies;  2^  cas  :  serments  cou- 
pables dont  on  n'a  aucun  repentir;  3«=  cas  : 
faux  serments,  litt.,  serments  en  vain. 

12.  II  y  a  des  paroles  qui  appellent  la 
mort,  litt.  qui  repondent  a  la  mort,  lui  font 
face,  la  meritent  :  c'est  le  blaspheme,  tou- 
jours  puni  de  mort  chez  les  Juifs. 

14.  Souviens-toi,  etc.  Fritzsche  :  par  res- 
pedl  pour  leur  memoire,  lu  veilleras  sur  tes 


576 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXIII,  15—27. 


De  peur  que,  les  oubliant  en  leur  presence, 
Tu  ne  fasses  des  sottises  par  I'effet  de  Thabitude, 
Et  que  tu  n'en  viennes  a  souhaiter  de  n'etre  pas  ne, 
Et  a  maudire  le  jour  de  ta  naissance. 

15  Un  homme  qui  s'habitue  a  un  langage  grossier 
Ne  parviendra  jamais  a  la  sagesse. 

16  Deux  sortes  d'hommes  multiplient  les  peches, 
Et  la  troisieme  attire  la  colere. 

L'homme  que  brule  la  passion,  comme  un  feu  ardent, 
Ne  s'eteindra  pas  jusqu'a  ce  qu'il  soit  consume  : 
Ainsi  celui  qui  ne  respecfle  pas  sa  propre  chair 
Ne  cessera  pas  jusqu'a  ce  que  son  feu  soit  eteint. 

17  Au  voluptueux  tout  pain  est  doux; 

II  ne  s'arretera  pas  qu'il  ne  soit  mort. 

18  L'homme  qui  quitte  la  couche  conjugale  dit  dans  son  coeur  : 

"  Qui  me  voit?  Les  tenebres  m'environnent,  les  murailles  me  couvrent, 

Et  personne  ne  m'apercoit  :  que  craindrais-je? 

Le  Tres-Haut  ne  se  souviendra  pas  de  mes  peches".  — 

19  Les  yeux  des  hommes  sont  sa  crainte, 

Et  il  ne  sait  pas  que  les  yeux  du  Seigneur  sont  mille  fois  plus  brillants  que  le  soleil; 

Qu'ils  regardent  toutes  les  voies  de  l'homme, 

Et  penetrent  jusque  dans  les  lieux  les  plus  caches! 

20  Avant  d'etre  cree,  I'univers  etait  connu  du  Seigneur, 
II  I'est  toujours  depuis  son  achevement. 

21  L'adultere  sera  puni  dans  les  rues  de  la  ville, 
Et  Ih.  oil  il  ne  s'y  attendait  pas,  il  sera  pris. 

22  II  en  est  de  meme  de  la  femme  qui  a  abandonne  son  mari, 
Et  donne  un  he'ritier  d'une  union  etrangere. 

23  Car  d'abord  elle  a  desobei  a  la  loi  du  Tres-Haut;  , 
Ensuite  elle  s'est  rendue  coupable  envers  son  mari, 

Enfin  elle  a  commis  un  adultere, 

Et  donne  des  enfants  d'un  sang  t'tranger. 

24  Elle  sera  amenee  devant  I'assemblee, 
Et  le  chatiment  visitera  ses  enfants. 

25  Ses  enfants  ne  pousseront  point  de  racines, 
Et  leurs  branches  ne  porteront  pas  de  fruits. 

26  Elle  laissera  une  memoire  vouee  h  la  malediftion, 
Et  son  infamie  ne  s'eftacera  jamais. 

27  Et  ceux  qui  viendront  apres  sauront  qu'il  n'y  a  rien  de  meilleur  que  la  crainte  du 

Seigneur, 
Rien  de  plus  doux  que  d'observer  ses  commandements. 
[C'est  une  grande  gloire  que  de  suivre  le  Seigneur; 
S'attacher  a  lui,  c'est  la  longueur  des  jours.] 


-^3h 


■^ 


-<^- 


atlions  et  tes  paroles,  afin  qu'il  ne  t'echappe 
rien  de  grossier  ni  de  choquant,  ce  qui  te 
couvrirait  d'une  insupportable  confusion.  — 
Quand  fii  sieges :  cniin  en  lat.  et  y=<P  en  grec 
repondent  a  I'hebreu  XV,  qui  signitie  ici 
qtiand.  —  Les  oubliant^  etc.,  en  oubliant  tes 
parents  en  presence  des  grsLwds.  —  Par  I'effet 
de  P/inbitude,  ou  bien  par  ion  sans-gene. 

Selon  d'autres,  I'auteur  donnerait  une 
lec^onjnon  de  savoir-vivre,  mais  d'humilite  : 
souviens-toi  de  la  condition  humble  de  tes 
parents  et  ne  t'introduis  pas  dans  un  milieu 
pour  lequel  ton  education  ne  t'a  pas  prepare; 
tu  ne  pourrais  y  faire  que  des  sottises,  etc. 


Le  traducfleur  latin  ajoute  le  mot  Dieu 
dans  le  3^  membre  :  de  peur  que  Dieu  ne 
foublie  eti  leur  presence  ct  que,  rendu  sot 
par  ta  trap  grande  faniiliarite,  tu  n'eprouves 
de  la  confusion  et  que  tu  if  en  viennes,  etc. 

16.  Deux  sortes  d'honiuies ...,  la  troisinne : 
dans  cette  maniere  de  s'exprimer,  les  dis- 
tindlions  ne  sont  que  pour  la  forme;  elles 
amenent  deux  membres  paralleles.  Sens  : 
trois  sortes  d'hommes  multiplient  les  peches 
et  attirent  la  colere  divine;  toutefois  le  tour 
insinue  que  les  hommes  de  la  troisieme 
sorte  sont  les  plus  coupables.  Comp.  Prov. 
\'\,  16;  Amos,  i,  3,  etc.  —  JusquW  cc  quHl 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIII,  19—38. 


577 


consistis  :  19.  ne  forte  obliviscatur 
te  Deus  in  conspectu  illorum,  et 
assiduitate  tua  infatuatus,  imprope- 
rium  patlaris,et  maluisses  non  nasci, 
et  diem  nativitatis  tuas  maledicas. 

;.  16,  20.  *Homo  assuetus  in  verbis  im- 
properiijin  omnibus  diebus  suis  non 
erudietur. 

2 1 .  Duo  genera  abundant  in  pec- 
catis,  et  tertium  adducit  iram,  et 
perditionem.  22,  Animacalida quasi 
ignis  ardens  non  exstinguetur  donee 
aliquid  glutiat :  2  3.et  homo  nequam 
in  ore  carnis  suas  non  desinet  donee 
incendat  ignem.  24.  Homini  forni- 
cario  omnis  panis  dulcis,  non  fati- 
gabitur  transgrediens  usque  ad 
finem.  25.  Omnis  homo  qui  trans- 
greditur  lectum  suum,  contemnens 

.  IS-  in  animam  suam,  et  dicens  :  "Quis 
me  videt.^  26.  Tenebras  circumdant 
me,  et  parietes  cooperiunt  me,  et 
nemo  circumspicit  me  :  quem  ve- 
reor,''  delictorum  meorum  non  me- 
morabitur  Altissimus.  27.  Et  non 
intelligit  quoniam  omnia  videt  ocu- 
lus  illius,  quoniam  expeUit  a  se  ti- 
morem  Dei  hujusmodi  hominis 
timor,  et  oculi  hominum  timentes 
ilium  :  28.  et  non  cognovit  quoniam 
oculi  Domini  multo  plus  lucidiores 


Lev.  20, 


sunt  super  solem,  circumspicientes 
omnes  vias  hominum,  et  profundum 
abyssi,  et  hominum  corda  intuentes 
in  absconditas  partes.  29.  Domino 
enim  Deo  antequam  crearentur,  om- 
nia sunt  agnita  :  sic  et  post  perfe- 
ctum  respicit  omnia.  30.  Hie  in 
plateis  civitatis  vindicabitur,et  quasi 
pullus  equinus  fugabitur  :  et  ubi 
non  speravit,  apprehendetur.  3  i .  Et 
erit  dedecus  omnibus,  eo  quod  non 
intellexerittimoremDomini.32.'^Sic      "'l 

1-  •  r  10.      Dent. 

et  mulier  omnis  relmquens  virum  22, 22. 
suum,  et  statuens  hereditatem  ex 
alieno  matrimonio.  33.  Prime  enim 
in  lege  Altissimi  incredibilis  fuit  : 
secundo  in  virum  suum  deliquit  : 
tertio  in  adulterio  fornicata  est,  et 
ex  alio  viro  filios  statuit  sibi.34.Hasc 
in  ecclesiam  adducetur,  et  in  filios 
ejus  respicietur.  ^^.  Non  tradent 
filii  ejus  radices,  et  rami  ejus  non 
dabunt  fructum  :  ;^6.  derelinquet 
in  maledictum  memoriam  ejus,  et 
dedecus  illius  non  delebitur.  37.  Et 
agnoscent  qui  derelicti  sunt,  quo- 
niam nihil  melius  est  quam  timor 
Dei  :  et  nihil  dulcius,  quam  respice- 
re  in  mandatis  Domini.  38.  Gloria 
magna  est  sequi  Dominum  :  longi- 
tudo  enim  dierum  assumetur  ab  eo. 


soi'i  consinne,  litt.  absorbe,  entierement  de- 
vore.  En  Xaim^  jusquW  ce  quHl  ait  devore 
quelque  chose.  —  Jusqti'a  ce  que  son  feu, 
le  feu  de  sa  passion,  soit  eteint,  jusqu'a 
ce  qu'il  ait  assouvi  sa  passion,  qu'il  ne  reste 
plus  d'aliment  au  feu,  d'excitation  a  la  con- 
voitise. 

Sa  propre  chair,  litt.  le  corps  de  sa  chair, 
le  corps  nieme  de  I'impudique,  et  la  i^e  es- 
pece  de  voluptueux  serait  les  masturba- 
teurs. 

La  2eclasse  comprend  les  voluptueux  qui 
font  le  mal  avec  des  femmes  non  engagdes 
dans  le  mariage ;  ce  sont  les  foniicateurs 
(vers.  17)  :  comp.  Prov.  v,  15;  ix,  17;  xx,  17. 
La  3^  classe  est  celle  des  adulteres  (vers.  18). 

18.  Qui  quitte  son  lit  pour  monter  dans 
celui  d'un  autre.  —  Que  craindrais-jej  en 
lat.,  qui  craindrais-je^  —  Ne  se  souviendra 
pas  de  ines  pcches,  pour  les  punir. 

ig.  Toiites  les  voies,  les  aflions.  Le  latin 
paraphrase  le  i^""  membre  et  en  fait  un  ver- 
set  distindl;,  dont  les  derniers  mots  sont 
inintelligibles;  il  traduit  le  dernier  mem- 


bre :  et  apercoivent  les  cccurs  des  homines 
jusque  dans  les  replis  les  plus  caches. 

21.  L' adultcre  :  conixnm.Uon  du  vers.  iS. 
—  Sera puni.  D'apres  Fritzsche,  il  s'agirait 
ici,  non  du  supplice  de  mort  auquel  la  loi 
condamnait  le  coupable  {Lev.  xx,  10;  Dent. 
xxii,  22),  mais  des  mesaventures  auxquelles 
s'expose  I'adultere,  comme  d'etre  surpris  et 
charge  de  coups.  Le  latin  ajoute  :  //  fuira 
rapide  coinine  le  poulain  die  chcval. 

22.  De  nie/ne. -Idi  femme  coupable  aussi  sera 
punie.  —  Un  heritier,  en  lat.  un  heritage. 

24.  Amence  devant  Vassemblee,  pour  etre 
condamnee  au  supplice  de  la  lapidation.  — 
Le  chdtinient  indique  vers.  25.  Comp.  Sag. 
iv,  3-6. 

25.  Ses  enfants  n'auront  point  de  pos- 
terite. 

27.  S'attacher  a  luij  ou  bien,  etre  Vobjet 
de  sa  faveur.  Le  latin  traduit  le  2^  membre  : 
c^est  de  lui  qu'on  reqoit  la  longueur  des  jours, 
une  longue  vie. 


LA  SAINTE  mULE.   TU.ME  IV. 


37 


578 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXIV,  i— lo. 


Chap. 
XXIV. 


M 


TROISIEME    PARTIE. 


w 


Eloge  de  la  sagesse.  Sentences  et  maximes  pour 

la  conduite  de  rhomme  dans  ses  rapports 

sociaux  [Cii.  XXIV  — XXXIII,  i8]. 

CHAP.  XXIV.  —  L'auteur  introduit  la  sagesse  [vers,  i  —  2]  et  lui  fait  tenir 
dans  Fassemblee  du  peuple,  un  discours  ou  elle  fait  son  propre  eloge 
[3  —  21].  Puis,  reprenant  la  parole,  il  explique  que  ce  qu'il  vient  de  dire 
est  vrai  de  la  loi,  puisqu'elle  decoule  de  la  sagesse  [22  —  27]. 

A  sagesse  se  loue  elle-meme, 

Et  se  glorifie  au  milieu  de  son  peuple. 
2  Elle  ouvre  la  bouche  dans  Fassemblee  du  Ties-Haut, 
Et  se  glorifie  en  presence  de  sa  Majesty  : 

3  Je  suis  sortie  de  la  bouche  du  Tres-Haut, 
Et  comme  une  nuee  je  couvris  la  terre. 

4  J'habitai  sur  les  hauteurs  les  plus  elevees, 
Et  mon  trone  dtait  sur  une  colonne  de  nutfe. 

5  Seule  j'ai  parcouru  le  cercle  du  ciel, 
Et  je  me  suis  promenee  dans  les  profondeurs  de  I'abime. 

6  Dans  les  flots  de  la  mer  et  sur  toute  la  terie, 
Dans  tout  peuple  et  toute  nation  j'ai  exerce  I'empire. 

7  Parmi  tons  les  peoples  j'ai  cherche  un  lieu  de  repos, 
Et  dans  quel  domaine  je  devais  habiter. 

8  Alors  le  Cr^ateur  de  toutes  choses  me  donna  ses  ordres, 
Et  celui  qui  m'a  creee  fit  reposer  ma  tente; 
Et  il  m'a  dit  :  "  Habite  en  Jacob, 
Aie  ton  heritage  en  Israel." 

y  Des  le  commencement  et  avant  tous  les  siecles  j'ai  6i6  creee, 

Et  je  ne  cesserai  pas  d'etre  jusqu'a  I'eternite. 
10  J'ai  exercd  le  ministere  en  sa  presence  dans  le  tabernacle, 
Et  ainsi  j'ai  eu  une  demeure  fixe  en  Sion. 


CHAP.  XXIV. 

1.  Comp.  les  i^r^  chap,  des  Proverhes^  et 
surtout  leviiie.  La  sairessc  sc  lone  cllc-mhne, 
elle  a  en  elle-meme  sa  propre  louange,  sans 
avoir  besoin  de  la  recevoir  du  dehors.  — 
Au  niilicu  dc  son  peuple,  au  milieu  d' Israel, 
le  peuple  de  Dieu. 

Apr^s  le  i*^""  membre  le  lat.  ajoute  :  elle 
iroiive  son  honiieur  en  Dieu. 

2.  Dans  Passemhlce  du  Tres-Haut  :vc\.^\Xi& 
sens  cjue,  au  milieu  dc  son  peuple. —  Devanl 
sa  Alajeslr,  litt.  defiant  sa  puissance.,  devant 
Jehovah  assis  sur  son  trone  dans  le  temple. 
D'aulres  :  devant  sa  puissance,  dans  le  sens 
concret,  deva?it  son  armee  celeste,  en  pre- 
sence des  esprits  bienheureux. 

Le  latin  ajoute  deux  versets  :  elle  est 
cxaltee  au  milieu  de  son  peuple  et  admire'e 


dans  Vassemblce  saittte  :  seconde  tradu(fl;ion 
du  vers.  2.  —  Elle  recoit  des  louanges parmi 
la  multitude  des  elus,  et  des  bcnedidions 
parmi  les  benis  de  Dieu.  Elle  dit.  Les  ex- 
pressions clus,  benis  de  Dieu,  trahissent  une 
main  chretienne. 

2)-  Je  suis  sortie,  etc.  :  sous  cette  image 
est  exprimde  la  generation  eternelle  de  la 
Sagesse,  en  tant  que  personne  divine,  appe- 
lee  plus  tard  par  S.  Jean  (i,  i)  le  Verbe  ou 
la  Parole  du  Pere,  par  laquelle  il  a  fait 
toutes  choses. 

Le  latin  ajoute  :  engendrce  la  premiere 
ajiant  toute  creature  (con\\).  Col.  i,  15).  C'est 
moi  qui  ai  fait  lever  dans  le  ciel  une  lumiere 
indrfeclible  :  allusion  h  la  creation  de  la 
lumiere  sensible  (Gen.  i,  3),  image  de  la  lu- 
mirre  spirituelle  qui  eclaire  les  ames. 

Comme  une  mice,  etc.  :  allusion  au  temps 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIV,  i  — 15. 


579 


— :i:—      CAPUT  XXIV.      — ^i:— 

Sapientia  multiplices  suas  laudes  et  origi- 
nem  describit,  et  mire  ad  sui  amplexum 
invitat,  omnia  su£e  docflrinse  splendore 
illustrans. 

APIENTlAlaudabitani- 
mam  suam,  et  in  Deo 
honorabitur,  et  in  me- 
dio populi  sui  gloriabitur, 
2.  et  in  ecclesiis  Altissimi  aperiet 
OS  suum,  et  in  conspectu  virtutis 
illius  gloriabitur,  3.  et  in  medio 
populi  sui  exaltabitur,  et  in  pleni- 
tudine  sancta  admirabitur,  4.  et  in 
multitudine  electorum  habebit  lau- 
dem,  et  inter  benedictos  benedice- 
tur,  dicens  : 

5.  Ego  ex  ore  Altissimi  prodivi 
primogenita  ante  omnem  creatu- 
ram  :  6.  ego  reci  m  coelis  ut  orire- 
tur  lumen  indeficiens,  et  sicut  ne- 


bula texi  omnem  terram  :   7.  ego 

in   altissimis   habitavi,   et   thronus 

meus   in    columna    nubis.    8.    Gy- 

rum  coeli   circuivi  sola,  et  profun- 

dum  abyssi  penetravi,  in   fluctibus 

maris  ambulavi,  9.  et  in  omni  terra 

steti  :  et  in  omni  populo,  10.  et  in 

omni  gente  primatum  habui  :  1 1.  et 

omnium  excellentium  et  humilium 

corda   virtute   calcavi    :    et    in    his 

omnibus  requiem  quaesivi,  et  in  he- 

reditate  Domini  morabor.  12.  Tunc 

prascepit,    et    dixit    mihi    Creator 

omnium  :  et  qui    creavit    me,  re- 

quievit  in  tabernaculo  meo,  13.  et 

dixit  mihi  :  In  Jacob  inhabita,  et  in 

Israel  hereditare,  et  in  electis  meis 

mitte  radices.  14.  "Ab  initio,  et  ante      "  prov.  8, 

sascula  creata  sum,  et  usque  ad  fu-    ^^• 

turum  sasculum  non  desinam,  et  in 

habitatione  sancta  coram  ipso  mini- 

stravi.   15.  Et  sic  in  Sion  firmata 

sum,  et  in  civitate  sanctificata  simi- 


ou  le  globe  terrestre  etait  encore  informe  et 
vide,  comme  plonge  dans  la  nuit  {Gen.  i,  2), 
et  ou  I'Esprit  de  Dieu  le  couvrait  de  sa 
vertu  fecondante.  Si  I'on  retient  I'addition 
de  la  Vulgate  :  c''est  iiioi  qui  ai  fait  lever, 
etc.,  notre  second  niembre  pourrait  s'enten- 
dre  du  nuage  de  vapeurs  qui,  meme  apres 
la  creation  de  la  lumiere,  continua  d'enve- 
lopper  la  terre,  se  dissipant  peu  a  peu  et 
devenant  plus  transparent,  jusqu'au  46  jour 
oil  la  lumiere  du  soleil  le  perga  tout  a  fait 
et  le  fit  disparaitre. 

4.  Les  hauteurs  les  plus  e'levees,  les  cieux, 
ou  Dieu  lui-meme  habite  {Is.  Ixvi,  i).  — 
Colonne  de  nuee  :  la  sainte  Ecriture  repre- 
sente  souvent  le  trone  de  Dieu  porte  sur  des 
nuees;  ce  soutien  est  appele  ici  une  colonne. 

5.  Seule,  parce  que  seule  je  le  pouvais, 
fai parcouru,  etc.,  mettant  partout  de  I'or- 
dre  et  de  I'harmonie,  et  peuplant  le  monde 
de  creatures  diverses. 

6.  J'ai  cxercc  I'einpirej  V\i\..,  j' avals  droit 
de  possession,  tn  grec  ixx-r^jauriv ;  je  pou- 
vais done  ine  reposer^  etablir  ma  demeure 
chez  telle  nation  qu'il  me  plairait  de  choi- 
sir,  mais  j'ai  laisse  ce  soin  au  Createur,  et 
c'est  lui  qui  m'a  assigne  pour  heritage  les 
enfants  de  Jacob.  Telle  est  I'interpretation 
ordinaire  de  ce  passage  difificile.  Fritzsche 
conjedlure  qu'il  y  avait  en  hebreu  qanlthl, 
qu'il  aurait  fallu  traduire  en  grec  s/.ticia, 
j''al  cree^fdix  peuple  de  creatures  le  monde 
materiel ;  mais  cette  pensee  s'accorde  mal 
avec  le  contexte. 


Le  latin  ajoute  :j^ai  etc  sous  les  pleds par 
ma  puissance  les  ca'urs  des  grands  et  ceux 
des  petits. 

7.  Dans  quel dontaine ,  litt.  dans  le  domaifte 
de  qui.  En  latin,  et  fhabiterai  dans  le  do- 
maine  du  Seigneur. 

8.  Qui  in^a  cre'e'e,  dans  un  sens  large,  gr. 
<j  xTt'aai;  qui  m^a  engcndree.  En  conservant 
a  ce  mot  son  sens  stri(51;,  on  peut  dire  avec 
Bossuet  que  la  Sagesse  eternellement  con- 
9ue  dans  le  sein  de  Dieu  a  ete  creee  en 
quelque  facon  lorsqu'elle  s'est  exprimee  et 
pour  ainsi  dire  figuree  elle-rneme  dans  son 
ouvrage.  —  Fit  icposer  ina  tente,  jusque  la. 
errante,  fixa  ma  demeure  :  image  empruntee 
a  la  vie  nomade.  En  latin,  reposa  dans  via 
tente  :  les  anciens  exdgetes  entendent  par 
cette  tente  I'humanite  de  Notre-Seigneur, 
oil  le  Pere  habitait  aussi  par  sa  divinite,  en 
vertu  de  ce  que  les  theologiens  appellent  la 
circuminsession.  Comp.  Col.  ii,  9.  ~  Habite 
en  Jacob  :  c'est  sous  la  forme  de  la  loi 
(vers.  22)  et  des  autres  revelations  que  la 
Sagesse  etablit  sa  demeure  en  Israel.  Le 
lat.  ajoute  :  e'tends  tcs  racines,  image  d'une 
habitation  durable,  parini  ines  clus. 

9.  Creee  :  voy.  la  note  du  vers.  8. 

10.  Le  jninistere  sacre  :  la  sagesse  se 
donne  comme  I'institutrice  et  le  ministre  du 
culte  rendu  a  Jehovah  dans  le  tabernacle. 
—  En  Sion,  la  montagne  ou  fut  transfere  le 
culte  de  I'ancien  tabernacle  sous  David,  et 
oil  Salomon  fit  batir  le  temple. 


580 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXIV,  11—24. 


II 


12 


14 


De  meme  il  m'a  fait  reposer  dans  la  cite  bien-aimee, 
Et  dans  Jerusalem  est  le  s'lhge  de  mon  empire. 
J'ai  pouss^  mes  racines  au  milieu  du  peuple  glorifie, 
Dans  la  portion  du  Seigneur,  dans  son  heritage. 
Je  me  suis  dlevee  comme  le  cedre  sur  le  Liban, 
Et  comme  le  cypres  sur  la  montagne  d'Hermon. 
Je  me  suis  elevde  comme  le  palmier  des  rivages, 
Et  comme  les  roses  de  Jericho; 
Comme  un  bel  olivier  dans  la  plaine, 
Et  j'ai  grandi  comme  un  platane. 

15  J'ai  exhale  mon  parfum  comme  la  canelle  et  comme  le  baume  odorant, 
Et  comme  une  myrrhe  choisie  j'ai  repandu  une  odeur  suave, 
Comme  le  galbanum,  I'onyx  et  le  stable, 

Et  comme  la  vapeur  de  I'encens  dans  le  tabernacle. 

16  J'ai  etendu  mes  branches  comme  le  terebinthe, 

Et  mes  rameaux  sont  des  rameaux  de  gloire  et  de  grace. 

17  Comme  la  vigne,  j'ai  produit  des  pousses  charmantes, 

Et  mes  fleurs  ont  donnd  des  fruits  de  gloire  et  de  richesse. 
[Je  suis  la  mere  du  pur  amour,  de  la  crainte  c/e  Dt'eu, 
De  la  science  et  de  la  sainte  esperance.] 

18  Venez  k  moi,  vous  tous  qui  me  desirez, 
Et  rassasiez-vous  de  mes  fruits. 

19  Car  mon  souvenir  est  plus  doux  que  le  miel, 

Et  ma  possession  plus  douce  que  le  rayon  de  miel. 

20  Ceux  qui  me  mangent  auront  encore  faim, 
Et  ceux  qui  me  boivent  auront  encore  soif. 

21  Celui  qui  m'ecoute  n'aura  jamais  de  confusion, 
Et  ceux  qui  agissent  par  moi  ne  pecheront  point. 

22  Tout  cela,  c'est  le  livre  de  I'alliance  du  Dieu  tres  haut, 

C'est  la  loi  que  Moise  a  donnee  pour  etre  I'heritage  de  I'assemblee  de  Jacob. 

23  Cette  loi  fait  deborder  la  Sagesse,  comme  le  Phison, 
Comme  le  Tigre  au  temps  des  fruits  nouveaux. 

24  Elle  repand  h  tlots  I'intelligence,  comme  I'Euphrate, 
Comme  le  Jourdain  au  temps  de  la  moisson. 


11.  La  cite  bien-aimee^  en  \zX.la  cite  sainte. 
Comp.  Ps.  cxxxii,  8. 

12.  Le  peuple  glo7ifie^  portion  (ou  lot')  du 
Seigneur,  son  heritage,  c'est  Israel,  le  peu- 
ple de  Dieu. 

Le  latin  ajoute  :  et  fai  pxe  mon  sejour 
dans  Vasseinblee  des  saints. 

Suivent  diverses  images  par  lesquelles 
I'auteur  essaie  de  peindre  les  perfedlions  de 
la  Sagesse  :  sa  grandeur,  sa  fecondite,  ses 
bienfaits,  sa  douceur,  etc. 

13.  Cypres  :  cet  arbre  serait  bien  petit  a 
cote  du  cedre.  Peut-etre  le  mot  hebreu,  tra- 
duit  /.uTcaptcrao^,  designait-il  le  chcne  ou  le 
sapin.  — Herman,  sommet  meridional  de  la 
chaine  de  I'Anti-Liban;  il  s'appelait  ancien- 
nement  Sion  {Dcut.  iv,  48),  ce  qui  expli- 
querait  Sion  du  tradudleur  latin. 

14.  Palmier  des  rivages  :  il  y  avait  beau- 
coup  de  palmiers  sur  les  rives  de  la  mer  de 
Genesareth  et  de  la  mer  Morte.  En  latin, 
lie  Cades,  au  S.  de  la  Palestine.  La  vraie 
le(;on  pourrait  bien  etre  celle  de  plusieurs 
manuscrits  grecs,  d'Engaddi,  ville  sur  la 
cote  S.  O.  de  la  mer  Morte.  —  Les  roses 
de  Jei'icho  :  on  n'est  pas  d'accord  sur  la 
plante  designee  par  ces  mots.  La  rose  pro- 


prement  dite  n'est  pas  nommee  dans  I'An- 
cien  Testament  hebreu. —  Comme  un  pla- 
tane :  le  latin  ajoute  :  azi  bord  de  Veau  sur 
le  chemin. 

15.  Comme  le  galbanum  :  avant  ce  par- 
fum, le  latin  en  ajoute  un  autre,  le  styrax. 

—  Lencens  dans  le  tabernacle,  bride  sur 
I'autel  des  parfums  devant  I'arche.  En  latin  : 
comme  Pencens  obtenu  satis  incision,  decou- 
lant  naturellement  de  I'arbre  :  le  traducfteur 
a  lu  ito[jLo;  au  lieu  de  a-rixi;. 

Le  latin  ajoute  :  et  mon  odeur  est  comme 
celle  d^un  baume  sans  melange. 

1 6.  Rameaux  de  gloire  et  de  grace,  magni- 
fiques  et  gracieux. 

17.  Des  pousses  charmantes,  litt.  la  grace. 

—  Fruits  de  gloire  et  de  richesse,  ma- 
gnifiques  et  abondants.  Honestas  dans  la 
Vulgate  a  le  plus  souvent  le  sens  de 
richesse. 

Je  stiis,  etc.  Ce  verset,  qu'on  trouve 
dans  plusieurs  manuscrits  grecs  et  dans 
la  Vulgate,  exprime  sans  figure  les  heu- 
reux  effets  de  la  Sagesse,  representes  dans 
ce  qui  pr^c6de  sous  differentes  images,  sa- 
voir  la  foi,  science  des  choses  divines,  I'espe- 
rance,  la  charit^  et  la  crainte  du  Seigneur, 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIV,  16—36. 


581 


liter  requievi,  et  in  Jerusalem  pote- 
stas  mea.  16.  Et  radicavi  in  populo 
honorificato,  et  in  parte  Dei  mei 
hereditas  illius,  et  in  plenitudine 
sanctorum  detentio  mea.  17.  Quasi 
cedrus  exaltata  sum  in  Libano,  et 
quasi  cypressus  in  monte  Sion  : 
18.  Quasi  palma  exaltata  sum  in 
Cades,  et  quasi  plantatio  rosas  in 
Jericho  :  19.  quasi  oliva  speciosain 
campis,  et  quasi  platanus  exaltata 
sumjuxtaaquam  inplateis.20,Sicut 
cinnamomum,et  balsamum  aroma- 
tizans  odorem  dedi  :  quasi  myrrha 
electa  dedi  suavitatem  odoris  :  2 1 .  et 
quasi  storax,  et  galbanus,  et  ungula, 
et  gutta,  et  quasi  Libanus  non  inci- 
sus  vaporavi  habitationem  meam,  et 
quasi  balsamum  non  mistum  odor 
meus.  22.  Ego  quasi  therebinthus 
extendi  ramos  meos,  et  rami  mei 
honoris  et  gratiae.  23.  Ego  quasi 
vitis  fructificavi  suavitatem  odoris  : 
et  flores  mei  fructus  honoris  et  ho- 
nestatis.  24.  Ego  mater  pulchras 
dilectionis,  et  timoris,  et  agnitionis, 
et   sanctae   spei.   25.  In  me  gratia 


omnis  vias  et  veritatis,  in  me  omnis 

spes  vitas  et  virtutis.  26.  Transite 

ad  me  omnes  qui  concupiscitis  me, 

et  a  generationibus  meis  implemini : 

27.  Spiritus  enim  meus  super  mei 

dulcis,  et  hereditas  mea  super  mei 

et  favum  :  28.  memoria  mea  in  ge- 

nerationes    saeculorum.    29.    *Qui     *|oann.  6, 

edunt  me,  adhuc  esurient  :  et  qui    3S-  . 

bibunt  me,  adhuc  sitient.  20.  Oui 

audit  me,  non  confundetur  :  et  qui 

operantur  in    me,  non    peccabunt. 

31.  Qui  elucidant  me,  vitam  aeter- 

nam  habebunt. 

32.  Hasc  omnia  liber  vitas,  et  te- 
stamentum  Altissimi,  et  agnitio  ve- 
ritatis. 33.  Legem  mandavit  Moyses 
in  prasceptis  justitiarum,  et  heredi- 
tatem  domui  Jacob,  et  Israel  pro- 
missiones.  34.  Posuit  David  puero 
suo  excitare  regem  ex  ipso  fortissi- 
mum,  et  in  throne  honoris  seden- 
tem  in  sempiternum.  35.  ^Qui  im-  fGen.2,  n. 
plet  quasi  Phison  sapientiam,  et 
sicut  Tigris  in  diebus  novorum. 
36.  Qui  adimplet  quasi  Euphrates 
sensum :  ''qui  multiplicat  quasi  Jor-    "-jos.  3, 15. 


c'est-k-dire  la  piete,  la  fidelite  au  service 
de  Dieu. 

Le  tradudleur  latin  ajoute  :  en  mot 
toiite  la  grace  de  la  vote  et  de  la  vetite', 
en  moi  toute  Vesperance  de  la  vie  et  de 
la  vertti. 

19.  Mott  souvenir,  garder  mon  souvenir, 
penser  a  moi.  En  latin,  viott  esprit. 

Le  latin  ajoute,  et  ma  ntemoire  passera 
dans  totite  la  suite  des  siccles. 

20.  Aiirotit  encore  f aim  :  I'aliment  que  je 
donne  est  si  agreable  et  si  precieux  qu'on 
n'en  sera  jamais  rassasie,  qu'on  en  voudra 
toujours  davantage.  La  parole  de  Jesus- 
Christ  a  la  Samaritaine  {Jean,  iv,  13 j  se 
rapporte  a  un  autre  ordre  d'idee  :  "  Ce- 
lui  qui  aura  bu  de  I'eau  que  je  donne 
n'aura  plus  jamais  soif  "  :  il  n'aura  plus 
soif  d'une  autre  eau,  il  ne  cherchera  pas 
autre  chose. 

21.  N^atira  jamais  de  conftisioft,  n'aura 
jamais  lieu  de  rougir  parce  qu'il  fera  tou- 
jours le  bien.  —  Qtii  agissent  par  moi,  qui 
usent  de  mes  services.  D'autres,  qui  tra- 
vaillent  stir  moi,  qui  concentrent  sur  moi 
tous  leurs  efforts  afin  de  me  posseder. 

Le  latin  ajoute  :  cetix  qui  me  jnettent  en 
Itimiere,  qui  enseignent  aux  autres  ma  doc- 
trine, aurotit  la  vie  eternelle. 


Ici  finit  le  discours  de  la  Sagesse;  I'auteur 
reprend  la  parole  pour  en  eclaircir  c|uelques 
points. 

22.  Totd  cela,  c''est  la  loi  :  tout  ce  que  la 
Sagesse  vient  de  dire  s'applique  a  la  loi  de 
Moise,  est  vrai  de  cette  loi ;  ou  bien  :  ces 
promesses  (vers.  19-21),  le  livre  de  la  loiles 
contient  et  les  realise.  —  L heritage  de  Vas- 
semblee  de  Jacob,  le  bien  propre  du  peuple 
d'Israel. 

Le  tradu(fteur  latin  paraphrase  ce  verset, 
et  il  ajoute  :  le  Seigneur  a  promts  a  David 
son  serviteur  de  Jaire  sortir  de  ltd  tin  rot 
toiit-ptiissant,  le  Messie,  qtii  doit  ^tre  eter- 
nellement  assis  sur  un  trone  de  gloire. 

23.  Cette  loi,  sujet  des  verbes  qui  suivent 
(vers.  23-25);  d'apr^s  la  Vulg.  et  d'autres 
interpretes,  c'est  Dieu  sous-entendu  qui 
serait  le  sujet.  —  Fait  deborder  la  Sagesse, 
la  donne  abondamment.  —  Le  Pltison  et  le 
Gc/ion  (vers.  25)  sont  deux  fleuves  du  para- 
dis  terrestre  {Gen.  ii,  11,  13).  —  Tigre, 
tleuve  d'Assyrie,  que  grossit  la  fonte  des 
neiges  au  temps  des  fruits  notiveatix,  k  I'epo- 
que  de  la  Paque,  dans  le  mois  de  Nisan 
(mars-avril). 

24.  Etiphrate,  fleuve  de  Chaldee.  —  Ati 
temps  de  la  moissott,  en  avril,  alors  que  fon- 
dent  les  neiges  du  Liban. 


582  L'ECCl6sIASTIQUE.     Chap.  XXIV,  25—32;  XXV,  1—7. 


Ch.XXV 


25  EUe  fait  jaillir  la  science,  comme  le  Fleuve, 
Comma  le  Gehon  an  temps  de  la  vendange. 

26  Le  premier  qui  Pa  I'tiidiee  n'a  pas  acheve  de  la  connaitre, 
Et  le  dernier  ne  I'a  pas  p^netree. 

27  Car  ses  pensees  sont  plus  vastes  que  la  mer, 

Et  ses  conseils  plus  profonds  que  le  grand  abime. 

28  Et  moi  j'ai  coule  comme  un  petit  canal  derive  d'un  fleuve, 
Comme  une  prise  d'eau  arrosant  un  jardin  de  plaisance. 

29  J'ai  dit  :  "J'arroserai  mon  jardin, 
J'abreuverai  mon  parterre." 

Et  voila  que  mon  petit  canal  est  devenu  un  fleuve, 
Que  mon  fleuve  est  devenu  une  mer. 

30  Je  veux  done  faire  briller  encore  la  sagesse  comme  I'aurore, 
Faire  connaitre  au  loin  ses  maximes. 

31  Je  veux  encore  repandre  la  dotlrine  comme  une  parole  inspiree, 
Et  la  laisser  en  heritage  aux  generations  lointaines. 

32  Reconnaissez  que  je  n'ai  pas  travaille  pour  moi  seul, 
Mais  pour  tous  ceux  qui  cherchent  la  Sagesse. 

CHAP.  XXV,  —  Sentences  diverses  :  trois  choses  qu'on  aime  et  trois  choses 
qu'on  deteste  [vers,  i  —  2].  La  sagesse  est  I'honneur  des  vieillards  [3  —  6]. 
Eloge  de  la  crainte  dc  Dieu  [7  — 11].  La  mechante  femme  [12  —  25]. 

ROIS  choses  me  plaisent, 

Et  elles  sont  agreables  au  Seigneur  et  aux  hommes  : 
La  Concorde  entre  les  freres,  I'amitie  entre  les  proches, 
e  bon  accord  entre  le  mari  et  la  femme. 

2  Mais  il  y  a  trois  sortes  dc  gens  que  je  deteste, 
Et  dont  la  vie  m'est  insupportable  : 
Le  pauvre  orgueilleux,  le  riche  qui  use  de  fraude, 
Et  le  vieillard  voluptueux,  denue  de  sens. 

3  Tu  n'as  rien  amasse  dans  ta  jeunesse? 
Comment  possederais-tu  dans  ta  vieillesse? 

4  Qu'il  est  beau  pour  les  cheveux  blancs  de  bien  juger, 
Pour  la  vieillesse  de  connaitre  le  bon  conseil ! 

5  Que  la  sagesse  sied  bien  aux  vieillards, 
La  prudence  et  le  conseil  k  ceux  cju'cn  honore ! 

6  La  couronne  des  vieillards,  c'est  une  riche  experience. 
Leur  gloire,  c'est  la  crainte  du  Seigneur. 

7  II  y  a  neuf  choses  que  mon  coeur  estime  heureuses, 
Et  une  dixieme  que  ma  langue  proclame  : 


25.  Le  Fleuve,  le  Nil  {Is.  xxiii,  3),  en  hebr. 
ieor.  Le  traducfleur  latin  a  lu  or,  la  luiiiihe. 
—  Au  temps  de  la  vendange,  en  septembre  : 
c'est  I'epoque  du  dcbordement  du  Nil. 

Le  mot  assistens  de  la  Vulg.  ne  corres- 
pond a  rien  en  grec. 

26.  IJa  ^tudice,  a  etudie  la  Sagesse  :  I'au- 
teur  abandonne  ici  Tidee  de  la  loi  pour  re- 
venir  a  la  Sagesse  elle-mcme.  Sens  du  ver- 
set  :  la  Sagesse  depasse  toute  intelligence 
humaine. 

27.  Dans  le  latin,  a  mari  est  pour  firo' 
niari;  il  y  avait  en  hebr.  la  preposition  com- 
parative tnin. 

28.  Et  moi  :  c'est  I'auteur  du  livre  qui 
parle  jusqu'a  la  fin  du  cliapitre.  Suite  des 


idees  ;la  loi  donne  abondamment  la  Sagesse 
(vers.  23  sv.),  qui  cependant  ne  pent  elre 
pleinement  connue  (vers.  26  sv.).  De  ce 
fleuve  immense,  I'auteur  a  amene  un  peu 
d'eau  dans  son  canal  pour  arroser  son  jar- 
din, pour  suffire  a  ses  propres  besoins  (ver- 
set  28  sv.).  Mais  ce  petit  canal  etant  devenu 
un  fleuve,  une  mer,  c.-a-d.  sa  sagesse  ayant 
pris  de  I'accroissementjil  continuera, comme 
il  I'a  fait,  jusqu'a  present,  de  publier  des 
maximes  et  des  sentences  pour  les  genera- 
tions futures. 

y\ii  conic,  j'ai  fait  coulcr  la  Sagesse  dans 
mes  maximes.  —  Un  jardin  dc  plaisance, 
symbole  du  monde  des  ames,  et  particulie- 
rement  du  peuple  de  Dieu. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIV,  37—47;  XXV,  1—9.        583 


danis  in  tempore  messis.  37.  Qui 
mittit  disciplinam  sicut  lucem,  et 
assistens  quasi  Gehon  in  die  vinde- 
m'lse.  38.  Qui  perficit  primus  scire 
ipsam,  et  infirmior  non  investigabit 
eam,  39,  A  mari  enim  abundavit 
cogitatio  ejus,  et  consilium  illius  ab 
abysso  magna. 

40.  Ego  sapientia  effudi  flumina. 

4 1 .  Ego  quasi  frames  aquas  immensas 
de  fluvio,  ego  quasi  fluvii  dioryx,  et 
sicut  aquasductus  exivi  de  paradiso  : 

42.  dixi  :  Rigabo  hortum  meum 
plantationum,et  inebriabo  prati  mei 
fructum.  43.  Et  ecce  factus  est  mihi 
frames  abundans,  et  fluvius  meus 
appropinquavit  ad  mare  :  44.  quo- 
niam  doctrinam  quasi  antelucanum 
illumino  omnibus,  et  enarrabo  illam 
usque  ad  longinquum.  45.  Pene- 
traboomnes  inferiores  partes  terras, 
et  inspiciam  omnes  dormientes,  et 
illuminabo  omnes  sperantes  in  Do- 
mino. 46.  Adhuc  doctrinam  quasi 
prophetiam  effundam,  et  relinquam 
illam  quaerentibus  sapientiam,  et 
non  desinam  in  progenies  illorum 

ra  33,  usque  in  asvum  sanctum,  47. '  Videte 
quoniam  non  soli  mihi  laboravi,  sed 
omnibus  exquirentibus  veritatem. 


— :|:—       CAPUT  XXV.       — :i:— 

Tria  quae  Domino  placent,  et  tria  quae  edit  : 
novem  insuspicabilia  :  laus  timoris  Dei  : 
mulieris  nequam  mira  detestatio  :  a  mu- 
liere  initium  peccati  et  mortis  :  mulieris 
dominium  non  ferendum. 


N  tribus  placitum  est  spi- 
ritui  meo,  quas  sunt  pro- 
bata coram  Deo,  et  homi- 
nibus  :  2.  concordia  fra- 
trum,  et  amor  proximorum,  et  vir 
et  mulier  bene  sibi  consentientes. 

3.  Tres  species  odivit  anima  mea, 
et  aggravor  valde  animas  illorum  : 

4.  pauperem  superbum  :  divitem 
mendacem  :  senem  fatuum  et  insen- 
satum. 

C,  Quas  in  juventute  tua  non  con- 
gregasti,  quomodo  in  senectute  tua 
invenies?  6.  Quam  speciosum  cani- 
tiei  judicium,  et  presbyteris  cogno- 
scere  consilium!  7.  Quam  speciosa 
veteranis  sapientia,  et  gloriosis  in- 
tellectus,  et  consilium!  8.  Corona 
senum  multa  peritia,  et  gloria  illo- 
rum timor  Dei. 

9,  Novem  insuspicabilia  cordis 
magnificavi,  et  decimum  dicam  in 


Apres  ^/  w/(?/,  le  latin  ajoute  entre  autres 
choses  le  mot  Sapientia,  en  sorte  que  c'est 
la  Sagesse  elle-meme  qui  se  trouve  parler 
dans  le  reste  du  chapitre  :  moi,  la  Sagesse, 
fat  fait  couler  des  fteuves  d'intelligence  et 
de  sages  maximes,  ...prise  cVeau  sortant  dti 
paradis. 

30.  Ses  7naximes,  en  gr.  auxa,  scil.  verba 
dodrince  :  construdlion  ad  senstim. 

Le  latin  ajoute  :  je  pe'ttetrerai  toutes  les 
profondetirs  de  la  terre,  je  visiierai  tous 
ceiex  qui  dortneJtt  et  j\klairerai  tons  ceiix 
qui  espereni  dans  le  Seigneitr :  allusion  a  la 
descente  de  Jesus-Christ,  la  Sagesse  incar- 
nee,  aux  enfers. 

31.  Coinine  jine  parole  inspirce  de  Dieu, 
qui  sort  impetueuse  et  abondante  de  la  bou- 
che  du  prophete. 

Le  point  de  comparaison  est  probable- 
ment  dans  I'idee  d'abondance,  de  plenitude. 

CHAP.  XXV. 

I.  Me  plaisent :  c'est  Tauteur  qui  parle. 
Le  texte  ,grec  acfluel  se  traduirait  :  je  me 
pare  (cboaijGT.v)  de  trois  choses,  et  je  me  tiens 


(avijxTjv)  belle  devant  le  Seigneur  et  devant 
les  homines.  Mais  il  est  certainement  altere, 
et  il  faut  probablement  lire  TjpaaOriv  et  scitlv, 
comme  ont  lu  les  tradu(5teurs  latin  et  syria- 
que.  --  Les  freres,  dans  le  sens  large,  les 
compatriotes.  —  Les  proches,  les  parents.  — 
Le  bon  accord.  Comp.  Hom.  Odyss.  vi,  83  sv. 

2.  Voluptueux,  en  gr.  [lot/o'v.  Le  traduc- 
teur  latin  a  lu  jj-wpov,  sot. 

3.  La  sentence  est  generate  dans  les  ter- 
mes;  mais  c'est  la  recherche  de  la  sagesse 
que  I'auteur  a  en  vue.  Comp.  Prov.  vi,  8. 

4.  Bien  jiiger,  en  general,  avoir  un  bon 
jugement,  sans  relation  particuliere  a  la 
foncflion  de  juge.  Comp.  Sag.  iv,  8. 

5.  Ceux  qu'on  lionore,  les  vieillards ;  se- 
lon  d'autres,  les  personnes  constitutes  en 
dignite. 

7.  Une  dixie/ne,  la  plus  excellente,  puis- 
que  ce  n'est  pas  seulement  de  son  coeur, 
mais  par  sa  parole  qu'il  la  proclame  heu- 
reuse.  —  Voir  la  mine  de  ses  e /in  em  is,  et 
dans  cette  ruine  la  cessation  du  mal  qu'ils 
faisaient,  et  une  satisfadlion  donnee  a  la 
justice  de  Dieu.  Comp.  Prov.  xxiv,  17. 


584 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXV,  8—25. 


L'homme  qui  a  de  la  joie  dans  ses  enfants, 

Celui  qui  vit  assez  pour  voir  la  ruine  de  ses  ennemis. 

8  Heureux  qui  a  dans  sa  maison  une  femme  sensee, 
Et  celui  qui  ne  peche  point  par  la  langue ! 
[Heureux  qui  a  trouve  un  ami  fidele,] 

Et  celui  qui  ne  sert  pas  des  maitres  indignes  de  lui ! 

9  Heureux  qui  a  trouve  la  prudence, 

Et  celui  qui  I'enseigne  h.  une  oreille  attentive ! 

10  Ou'il  est  grand  l'homme  qui  a  trouve  la  sagesse ! 

Pourtant  H  n'est  pas  au-dessus  de  celui  qui  craint  le  Seigneur. 

11  La  crainte  du  Seigneur  surpasse  tout; 
Celui  qui  la  possede,  a  qui  le  comparer? 

[La  crainte  du  Seigneur  est  le  commencement  de  son  amour, 
Et  la  foi  est  le  commencement  de  I'attachement  a  Dieu.] 

12  Toutes  les  souffrances,  mais  non  la  soufFrance  du  coeur; 
Toutes  les  mechancetes,  mais  non  la  mechancete  de  la  femme. 

13  Tous  les  maux,  mais  non  le  mal  que  peut  faire  la  haine, 
Toutes  les  vengeances,  mais  non  la  vengeance  d'un  ennemi. 

14  II  n'y  a  pas  de  venin  plus  mauvais  que  le  venin  du  serpent, 

Et  il  n'y  a  pas  de  colere  plus  grande  que  la  colere  d'une  femme. 

15  J'aimerais  mieux  habiter  avec  un  lion  et  un  dragon, 
Que  de  demeurer  avec  une  femme  mechante. 

16  La  mdchancete  de  la  femme  change  sa  figure; 

EUe  obscurcit  son  visage  et  le  fait  ressembler  a  un  sac. 

17  Son  mari  va  s'asseoir  au  milieu  de  ses  amis, 
Et  en  les  entendant  il  soupire  amerement. 

18  Toute  mechancete  est  legere,  comparee  a  la  mechancete  de  la  femme 
Que  le  sort  des  pecheurs  tombe  sur  elle ! 

19  Comme  une  montee  sablonneuse  pour  les  pieds  d'un  vieillard, 
Ainsi  est  une  femme  bavarde  pour  un  mari  paisible. 

20  Ne  te  laisse  pas  seduire  par  la  beaute  d'une  femme, 
Et  qu'aucune  femme  n'excite  ta  convoitise. 

21  C'est  un  sujet  d'indignation,  un  opprobre  et  une  grande  honte, 
Que  la  femme  fournisse  I'entretien  de  son  mari. 

22  Abattement  du  coeur,  tristesse  du  visage,  souffrance  de  I'ame  : 
Voila  ce  que  produit  une  mechante  femme. 

Les  mains  di/  mari  s'affaissent,  et  ses  genoux  flechissent, 
Quand  sa  femme  ne  le  rend  pas  heureux. 

23  C'est  par  une  femme  que  le  peche  a  commence; 
C'est  a  cause  d'elle  que  nous  mourons  tous. 

24  Ne  laisse  a  I'eau  aucune  issue, 
Ni  a  la  femme  aucune  autoritd. 

25  Si  elle  ne  marche  pas  comme  ta  main  la  conduit, 
Retranche-la  de  ton  corps. 


— f€>^ \^ K>f— ' 


8.  Un  ami  Ji dele  :  ce  3*^  membre  qu'on  ne 
lit  plus  dans  le  texte  grec  aftuel  s'y  trouvait 
sans  doute  a  I'origine. 

10.  Ponrtajit,  etc.  :  ce  terme  est  le  lo^  et 
dernier,  par  consequent  le  point  culminant 
du  bonheur. 

11.  Les  2  membres  entre  crochets  ne  se 
lisent  pas  dans  les  meilleurs  manuscrits; 
le  2^  differe  un  pen  dans  le  latin  :  Ic  com- 
7ncnce7ne7it  dc  la  foi  est  Vattachcmcnt  a  Dicu. 

12.  Ellipse  :  j'endurerais  toutes  les  souf- 
frances plutot  que  celle  du  cceur,  etc. 


Ce  verset  est  traduit  deux  fois  dans  la 
\'ulg. 

14.  Vcnin :  il  y  avait  sans  doute  en  hcbr. 
7-flsch  qui  signifie  ;\  la  fois  teie  et  Tcniii;  le 
traduc^eur  g'rec  I'a  pris  a  tort  dans  le  pre- 
mier sens,  qui  a  ainsi  passe  dans  le  latin. 
—  Delate  fevvne  :  les  tradu<fleurs  syriaque 
et  arabe  sont  ici  d'accord  avec  le  latin;  le 
texte  grec  acluel  porte,  d^iin  enncnii. 

15.  Draoon,  monstre  marin,  probable- 
ment  le  crocodile.  Comp.  Pro7'.  xxi,  19; 
XXV,  24. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXV,  10—36. 


585 


lingua  hominibus  :  10.  homo,  qui 
jucundatur  in  filiis,  vivens  et  videns 
subversionem  inimicorum  suorum. 
ii."Beatus,  qui  habitat  cum  mu- 
liere  sensata,  *et  qui  lingua  sua  non 
est  lapsus,  et  qui  non  servivit  indi- 
gnis  se.  12.  Beatus,  qui  invenit  ami- 
cum  verum,  et  qui  enarrat  justitiam 
auri  audienti.  13.  Quam  magnus, 
qui  invenit  sapientiam  et  scientiam  ! 
sed  non  est  super  timentem  Domi- 
num  :  14.  timor  Dei  super  omnia 
se  superposuit  :  15.  beatus  homo, 
cui  donatum  est  habere  timorem 
Dei  :  qui  tenet  ilium,  cui  assimila- 
bitur?  16.  Timor  Dei  initium  dile- 
ctionis  ejus  :  fidei  autem  initium 
agglutinandum  est  ei.  17.  Omnis 
plaga  tristitia  cordis  est  :  et  omnis 
malitia,  nequitia  mulieris. 

18.  Et  omnem  plagam,  et  non 
plagam  videbit  cordis  :  1 9.  et  om- 
nem nequitiam,  et  non  nequitiam 
mulieris  :  20.  et  omnem  obductum, 
et  non  obductum  odientium  :  21.  et 
omnem  vindictam,  et  non  vindi- 
ctam  inimicorum.  22.  Non  est  ca- 
put nequius  super  caput  colubri  : 
23.  et  non  est  ira  super  iram  mulie- 
ris. "Commorari  leoni  et  draconi 
placebit,  quam  habitare  cum  mu- 
liere  nequam.  24.  Nequitia  mulieris 


immutat  faciem  ejus  :  et  obcascat 
vultum  suum  tamquam  ursus  :  et 
quasi  saccum  ostendit.  In  medio 
proximorum  ejus  25.  ingemuit  vir 
ejus,  et  audiens  suspiravit  modi- 
cum. 26.  Brevis  omnis  malitia  su- 
per malitiam  mulieris,  sors  pecca- 
torum  cadat  super  illam.  27.  Sicut 
ascensus  arenosus  in  pedibus  vete- 
rani,  sic  mulier  linguata  homini 
quieto.  28. '^Ne  respicias  in  mulieris 
speciem,  et  non  concupiscas  mulie- 
rem  in  specie.  29.  Mulieris  ira,  et 
irreverentia,  et  confusio  magna. 
30.  Mulier  si  primatumhabeat,con- 
traria  est  viro  suo.  31.  Cor  humile, 
et  facies  tristis,  et  plaga  cordis,  mu- 
lier nequam.  32.  Manus  debiles,  et 
genua  dissoluta,  mulier  quas  non 
beatificat  virum  suum.  22-  '-^  '^"^^' 
Here  initium  factum  est  peccati,  et 
per  illam  omnes  morimur.  34.  Non 
des  aquas  tuas  exitum,  nee  modi- 
cum :  nee  mulieri  nequam  veniam 
prodeundi.  SS-  Si  non  ambulaverit 
ad  manum  tuam,  confundet  te  in 
conspectu  inimicorum.  2^-  A  car- 
nibus  tuis  abscinde  illam,  ne  semper 
te  abutatur. 


"^  Infra  42, 


'Gen.  3,  6. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


16.  L/n  sac,  vetement  grossier,  de  couleur 
sombre.  Au  lieu  de  aaxxov,  plusieurs  ma- 
nuscrits  lisent  ioxtor,  oitrs.  Cette  derniere 
lei^on  pourrait  bien  etre  la  vraie;  le  latin 
traduit  les  deux. 

17.  Va  s'asseflir,  pour  se  consoler;  le 
verbe  grec  signifie  aussi  ioinber  dans  Vabat- 
tc7ucnt,  et  c'est  peut-etre  cette  idee  que  le 
traduCleur  lat.  a  voulu  exprimer  par  le  mot 
geniit.  —  Ett  les  ente77dant  parler  d'elle,  ou 
des  m^chantes  femmes  en  general.  —  Ainc- 
renient,  en  gr.  irr/pa;  le  traducfteur  lat.  a  lu 
[j.txpa,  legere)nent. 

18.  Le  sort,  ici  le  chatiment. 

20.  Ne  te  laisse pas  sedutre;  en  latin,  Jie 
considhr  pas.  —  I\^ excite  pas  ta  cotivoitise; 
le  latin  ajoute,  par  sa  beaiite. 

21.  One  lafemnie,  etc.  :  dans  cette  situa- 
tion, elle  domine  son  mari  et  le  gouverne  ;i 
son  gre,  contrairement  a  I'institution  divine 
{Gen.  iii,  16). 

En  latin  :  la  colere  de  la  feniine,  son  inso- 
lence et  la  Jionte  qui  s'ensuit  sont  grandes. 


Si  la  femme  a  rantorite,  elle  s^e'lcve  centre 
son  viari. 

23.  Une  feni7ue,  Eve.  —  NoJis  nwjifons 
tons  {Gen.  iii,  6  :  comp.  II  Cor.  xi,  3;  I  Tim. 
ii,  14.  Ailleurs  (xiv,  12-19;  ^'^'')  3)>  I'auteur 
semble  presenter  la  mort  conime  une  neces- 
sity originelle  de  notre  nature.  Mais  1°  cela 
meme  est  vrai  en  soi,  puisque  I'immortalite 
avait  ete  accordee  a  nos  premiers  parents  "k 
titre  de  privilege  et  de  grace.  2°  Rien  ne 
prouve  que  I'auteur,  en  parlant  de  cette  ne- 
cessite,  ne  la  rattache  pas  a  la  decheance 
primitive. 

24.  Auciine  issue;  le  latin  ajoute,  viane 
petite.  —  Auctine  aiitorite ;  en  latin,  la 
liberie  de  paraitre  dehors  :  dans  la  pi u part 
des  contrees  de  I'Orient,  la  femme  est  tenue 
enfermee. 

25.  De  ton  co7ps  auquel  elle  est  unie,  dont 
elle  fait  partie  en  quelque  sorie  :  locution 
figuree  pour  :  quitte-la,  separe-toi  d'elle  par 
le  divorce,  que  permettait  la  loi  de  Moise. 


586 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXVI,  i— 18. 


Chap. 
XXVI. 


CHAP.  XXVI.  —  Sentences  diverses  [suite]  :  La  femme  vertueuse  [vers,  i — 4 
et  16 — 18].  La  femme  jalouse,  mechante  et  impudique  [5  — 12].  Trois 
choses  deplorables  [19].  Le  negoce  expose  au  peche  [20]. 


^jEUREUX  est  le  mari  d'une  femme  vertueuse, 
^^^^■|       Et  le  nombre  de  ses  jours  sera  double. 
^Mii  2  La  femme  forte  est  la  joie  de  son  mari, 
Et  il  passe  ses  annees  dans  la  paix. 

3  La  femme  vertueuse  est  une  bonne  part; 

Elle  sera  donnee  k  ceux  qui  craignent  le  Seigneur. 

4  Riche  ou  pauvre,  son  mari  a  le  coeur  joyeux, 
En  tout  temps  la  gaiete  brille  sur  son  visage. 

5  II  y  a  trois  choses  que  redoute  mon  cceur, 

Et  au  sujet  de  la  quatrieme,  je  conjure  le  Seigneur  : 

Les  mechants  propos  de  tout  une  ville, 

La  malediction  de  la  foule  et  la  calomnie  :  — 

Ces  trois  choses  me  sont  plus  odieuses  que  la  mort;  — 

6  Mais  la  douleur  du  coeur  et  I'affliftion,  c'est  une  femme  jalouse, 
Et  le  fouet  d'une  langue  qui  raconte  ses  griefs  a  tout  le  monde. 

7  Une  mechante  epouse,  c'est  une  paire  de  boeufs  en  desaccord; 
Celui  qui  la  tient  a  saisi  un  scorpion. 

8  C'est  un  grand  sujet  de  colere  qu'une  femme  adonnee  au  vin; 
Elle  ne  voilera  pas  iiiei)ie  sa  honte. 

9  A  I'effronterie  de  son  regard,  au  clignotement  de  ses  yeux, 
On  reconnait  Timpudicite  d'une  femme. 

10  Fais  bonne  garde  aupres  d'une  tille  indocile, 

De  peur  qu'elle  ne  profite  de  ta  negligence  pour  se  livrer  a  la  debauche. 

11  Garde-toi  de  suivre  un  oeil  impudent; 
Aiitrement  ne  t'e'tonne  pas  qu'il  t'entraine  au  peche. 

12  Comme  le  voyageur  altdre'  ouvre  sa  bouche, 
Et  boit  de  toute  eau  qu'il  rencontre, 
L'impudique  s'assied  devant  chaque  poteau, 
Et  devant  la  fleche  ouvre  son  carquois. 

13  La  grace  d'une  femme  fait  la  joie  de  son  mari, 

Et  son  intelligence  repand  la  vigueur  jusque  dans  ses  os. 

14  C'est  un  don  de  Dieu  qu'une  femme  silencieuse, 
Et  rien  n'est  comparable  a  une  femme  bien  dlevee. 

15  C'est  une  grace  au-dessus  de  toute  grace  qu'une  femme  pudique, 
Et  aucun  tresor  ne  vaut  une  femme  chaste. 

16  Le  soleil  se  leve  dans  les  hauteurs  des  cieux  : 

Ainsi  la  beaute  d'une  femme  brille  dans  sa  maison  bien  orn^e. 

17  Comme  le  flambeau  qui  luit  sur  le  chandelier  sacre, 
Ainsi  est  la  beaute  du  visage  sur  une  noble  stature. 

18  Comme  des  colonnes  d'or  sur  des  bases  d'argent, 
Tels  sont  des  pieds  elegants  sur  des  talons  solides. 


CHAP.  XXVI. 

1-4.  Comp.  ProiK  xxxi,  10  sv. 

3.  Une  bontje  part,  un  bon  lot.  Comp. 
Prov.  xviii,  22;  xix,  14. 

Le  latin  ajoute  au  2^  membre  :  lUt  recom- 
pense)! sc  de  leiirs  bonnes  a-nvres. 

5.  Je  conjure  le  Seigneur  de  m'en  preser- 
ver, ce  qui  est  plus  que  de  la  redoiiter.  En 
grec,  le  mot  7rf-OT(oTr(.)  fait  difficulte;  Fritz- 
sche  I'explique  ainsi  :  je  conjure  en  presence 
(en  face)  du  Seigneur;  ou  bien  :  j'e  prie,  la 
face  co7itre  tcrre.  En  latin  le  2«  membre  est 


traduit  :  et  ttne  quatrieme  jette  Vepoui'anie 
sur  mon  visage.  —  La  jnalediclion,  en  sup- 
posant  qu'il  y  avait  en  hebreu  qelala/t,  pris 
par  le  traduc^eur  grec  pour  qalial.  On  pent 
cependant  conserver  i-/./.XTjjt'av,  colleHioneni, 
et  traduire,  le  rasscmblement  seditieux  de  la 
niulti/ude. 

6.  Une  femme  jalouse,  vis-k-vis  d'une  au- 
tre femme.  —  Et  le  fouet,  etc.,  complete 
ride'e  de  la  femme  jalouse;  c'est  comme  s'il 
y  avait  :  et  dont  la  langue  fiagelle  son  mari, 
racontant  ses  griefs  k  tous. 

7.  En  desacco?-d,  litt.  ngitee,  marchant  en 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXVI,  1—24. 


587 


— :i:—      CAPUT  XXVI.      — :i:— 

Proponit  vicissim  laudes  bonae  mulieris,  et 
vituperia  malx  ac  zelotyp;c  :  filia  custo- 
dienda  :  tria  timenda  :  duo  contristantia, 
et  duo  periculosa. 

ULIERIS  bonae  beatus 
vir  :  numerus  enim  anno- 
rum  illius  duplex.  2.  Mu- 
lier  fortis  oblectat  virum 
suum,  et  annos  vitae  illius  in  pace 
impleblt.  3.  Pars  bona,  mulier  bona, 
in  parte  timentium  Deum  dabitur 
viro  pro  factis  bonis  :  4.  divitis  au- 
tem,  et  pauperis  cor  bonum,  in  omni 
tempore  vultus  illorum  hilaris. 

5.  A  tribus  timuit  cor  meum,  et 
in  quarto  facies  mea  metuit :  6.  de- 
laturam  civitatis,  et  collectionem 
populi  :  7.  calumniam  mendacem, 
super  mortem,  omnia  gravia.  8.  Do- 
lor cordis  et  luctus,  mulier  zelo- 
typa :  9.  in  muliere  zelotypa  flagel- 
lum  linguae,  omnibus  communicans. 
10.  Sicut  bourn  jugum,  quod  mo- 
vetur,  ita  et  mulier  nequam  :  qui 
tenet  illam,  quasi  qui  apprehendit 
scorpionem.  11.  Mulier  ebriosa  ira 
magna  :  et  contumelia,  et  turpitudo 
illius  non  tegetur.    1 1.   Fornicatio 


mulieris  in  extollentia  oculorum,  et 
in  palpebris  illius  agnoscetur.  13. ''In 
filia  non  avertente  se,  firma  custo- 
diam  :  ne  inventa  occasione  utatur 
se.  14.  Ab  omni  irreverentia  ocu- 
lorum ejus  cave,  et  ne  mireris  si  te 
neglexerit  :  15.  sicut  viator  sitiens, 
ad  fontem  os  aperiet,  et  ab  omni 
aqua  proxima  bibet,  et  contra  om- 
nem  palum  sedebit,  et  contra  om- 
nem  sagittam  aperiet  pharetram 
donee  deficiat. 

16.  Gratia  mulieris  sedulae  dele- 
ctabit  virum  suum,  et  ossa  illius 
impinguabit.  17.  Disciplina  illius 
datum  Dei  est  :  18.  mulier  sensata 
et  tacita,  non  est  immutatio  erudi- 
tae  animas.  19.  Gratia  super  gratiam 
mulier  sancta,  et  pudorata.  20.  Om- 
nis  autem  ponderatio  non  est  digna 
continentis  animae.  21.  Sicut  sol 
oriens  mundo  in  altissimis  Dei,  sic 
mulieris  bon«  species  in  ornamen- 
tum  domus  ejus  :  22.  lucerna  splen- 
dens  super  candelabrum  sanctum, 
et  species  faciei  super  astatem  stabi- 
lem.  23.  Columnas  aureas  super  ba- 
ses argenteas,  et  pedes  firmi  super 
plantas  stabilis  mulieris.  24.  Fun- 
damenta  asterna  supra  petram  soli- 
dam,  et  mandata  Dei  in  corde  mu- 
lieris sanctae. 


"  Infra  42, 
II. 


divers  sens.  —  Scorpion,  dont  la  queue 
porte  un  dard  recourbe,  qui  inocule  un  venin 
souvent  mortel. 

8.  Sa  honie,  en  lat.  pudenda. 

10.  De  peiir  que,  etc.  Litt.,  de  pcur  que, 
trouvant  reldcJie  de  ta  part,  elle  n'en  use 
pour  elle-nicnie,  pour  se  satisfaire;  d'autres, 
avec  le  tradufteur  latin,  de  pear  qic'elle  n'use 
d'elle-nienie  (comme  on  dit,  /prjaOai  sxatpa), 
elle  ne  se  livre  a  la  debauche. 

11.  Autrenient,  si  tu  le  suivais.  —  Qu''il 
te  conduise  au  pecliej  en  latin,  quUl  ie  ne- 
glige, qu'il  n'ait  pour  toi  aucun  respedl. 

12.  CJiaque  poteati  indicateur  d'un  lieu  de 
prostitution  :  comp.  Ezech.  xvi,  24  sv.  — 
Ouvre  son  carquois  :  expression  figuree  de 
I'acflion  de  I'impudique.  Le  latin  ajoute,y?^i-- 
qu^a  ce  qu'elle  defaille. 

13.  La  grace  exterieure,  le  charme,  d^une 
femniej  le  latin  ajoute  dillgente.  —  Dans  ses 
OS.  Comp.  /';'^7'.  xv,  30. 

15.  Utie  fenime  pudique;  en  latin,  sainte 
et  pudique. 


16.  Les  hautetcrs  des  cieux,  litt.  du  Sei- 
gneur, c.-k-d.  avec  un  eclat  resplendissant. 
—  Dans  sa  niaison  bien  or  nee,  litt.,  da7ts  Vor- 
nenient  de  sa  niaison,  de  la  maison  de  lui,  de 
son  mari,  oii  regnent  I'ordre  et  la  proprete. 
En  Xdi'iwi,  fait  Pornenicnt  de  sa  niaison. 

17.  Le  chandelier  a  sept  branches  dans  le 
temple.  —  Le  traducleur  latin  a  pris  TjX-.xja 
dans  le  sens  A\ige  :  avec  tm  age  nifer,  ce  qui 
convient  moins  ici  que  le  sens  de  stature. 

18.  Des  pieds,  etc.  Par  le  mot  pieds,  I'au- 
teur  entend  les  colonnes  qui  supportent  le 
corps,  c.-a-d.  les  jambes,  et  par  taloiis  tout 
ce  qui  constitue  la  base  de  ces  colonnes, 
c.-a-d.  le  pied  proprement  dit.  En  latin,  .wr 
les  platites  dUine  feninie  itiebranlable.  Le 
texte  grec  a<fluel  signifie,  sur  la  poitrine  de 
cclle  qui  se  tient  fernie,  ce  qui  n'offre  aucun 
sens.  II  est  vraisemblable  qu'au  lieu  de 
axs'pvotc  il  faut  lire  avec  le  traducfleur  latin 
TC-ts'pvatc,  talons. 

Le  latin  ajoute  ce  verset  :  comme  des  fon- 
dations  eternelles  sur  une  roche  solide,  ainsi 


588         L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXVI,  19,  20;  XXVII,  i— 15. 


19 


Deux  choses  attristent  mon  coeur, 

Et  la  troisieme  excite  mon  indignation  : 

L'homme  de  guerre  qui  soufifre  de  la  pauvrete, 

L'homme  intelligent  qui  est  I'objet  du  mepris; 

Celui  qui  passe  de  la  justice  au  peche, 

Le  Seigneur  le  prepare  pour  I'epee. 


20  Difficilement  l'homme  du  negoce  evitera  la  faute, 
Et  le  marchand  de  vin  ne  sera  pas  exempt  de  pe'che. 


Chap. 
XXVII. 


CHAP.  XXVII.  —  L'exercicc  du  commerce  au  peche  [vers,  i  —  3].  Le  discours 
revele  I'interieur  de  l'homme  [4  —  7].  Recherche  de  la  justice  [8 — 10]. 
Langage  des  hommes  pieux  et  des  impies  [11  —  15].  Indiscretion 
[16  —  21].  Odieux  de  I'hypocrisie  [22 — 24].  Le  fourbe  se  nuit  a  lui- 
meme  [25  —  28].  Ne  pas  se  rejouir  de  la  chute  des  hommes  pieux  [29]. 
Ne  te  venge  pas,  mais  pardonne  [30  —  xxviii,  7]. 

EAUCOUP  p^chent  pour  de  I'argent, 

Et  celui  qui  cherche  a  s'enrichir  detourne  les  yeux. 
2  La  cheville  s'enfonce  entre  deux  pierres  : 
Ainsi  le  peche  penetre  entre  la  vente  et  I'achat. 

3  Si  tu  ne  t'attaches  pas  fortement  a  la  crainte  de  Dieu, 
Ta  maison  sera  bientot  detruite. 

4  Quand  on  agite  le  crible,  il  reste  un  tas  de  rebuts  : 
De  meme  les  defauts  d'un  homme  apparaissent  dans  ses  discours. 

5  La  fournaise  eprouve  les  vases  du  potier  : 
L'epreuve  de  l'homme  est  dans  sa  conversation. 

6  Le  fruit  d'un  arbre  fait  connaitre  le  champ  qui  le  porte  : 
Ainsi  la  parole  manifeste  les  sentiments  du  coeur  de  l'homme. 

7  Ne  loue  personne  avant  de  I'entendre  parler. 
Car  la  parole  est  I'dpreuve  des  hommes. 

8  .Si  tu  poursiiis  la  justice,  tu  I'atteindras, 
Et  tu  t'en  revetiras  comme  d'une  robe  d'honneur. 

9  Les  oiseaux  se  reunissent  h.  leurs  semblables  : 
De  meme  la  verite  retourne  a  ceux  qui  la  pratiquent. 

10  Le  lion  est  toujours  a  guetter  sa  proie  : 
Ainsi  le  peche  guette  ceux  qui  commettent  I'injustice. 

11  Le  discours  de  l'homme  pieux  est  toujours  sagesse, 
Mais  I'insens^  est  changeant  comme  la  lune. 

12  Pour  aller  dans  la  compagnie  des  insenses,  observe  le  temps, 
Mais  sois  continuellement  avec  ceux  qui  refiechissent. 

13  La  conversation  des  insenses  est  detestable; 
Leur  rire  eclate  dans  la  joie  du  peche. 

14  Le  langage  de  celui  qui  prodigue  les  serments  fait  dresser  les 
Quand  il  dispute,  on  se  bouche  les  oreilles.  [cheveux; 

15  Les  disputes  des  orgueilleux  font  couler  le  sang, 
Et  leurs  invedlives  font  peine  ci  entendre. 


snnt  les  prdceptes  divins  dans  le  ca'iir  d^une 
saint e  feninie. 

Plusieurs  manuscrits  grecs,  ainsi  que  les 
versions  syriaque  et  arabe,  inscrent  ici  un 
certain  nombre  de  distiques  ayant  trait  h  la 
fern  me. 

19.  IJhoniiiic  i/itcl/ii^enf,  dont  il  faudrait 
demander  et  suivre  les  conseils.  —  Le  pre- 
pare pour  I'^p^e,  le  livrera  i\  la  mort;  ce 


troisieme  malheur  est  plus  grand  que  les 
deux  autres. 

Le  vers.  20  eut  ete  mieux  h  sa  place  dans 
le  chap,  suivant.  En  latin  il  est  precede  de 
ces  mots  :  deux  choses  in^ out  pant  difficiles 
et  pi'rilleuses. 

20.  Du  pechi';  en  latin,  des  pcches  des 
Ih'res,  de  la  langue. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXVI,  25—28;  XXVII,  i— 16.      589 


25.  In  duobus  contristatum  est 
cor  meum,  et  in  tertio  iracundia 
mihi  advenit  :  26.  vir  bellator  defi- 
ciens  per  inopiam  :  et  vir  sensatus 
contemptus  :  27.  et  qui  transgredi- 
tur  a  justitia  ad  peccatum,  Deus  pa- 
ravit  eum  ad  romphaeam. 

28.  Duae  species  difficiles  et  pe- 
riculosas  mihi  apparuerunt,  difficile 
exuitur  negotians  a  negligentia  :  et 
non  justificabitur  caupo  a  peccatis 
labiorum. 

— :i:—     CAPUT  XXVII.     — :!=— 

Ob  inopiam  et  amorem  divitiarum  multi  de- 
linquunt  :  timor  Domini  constanter  ser- 
vandus  :  tentatio  probat  eum  qui  tenta- 
tur :  sequenda  justitia  :  inconstantia  stulti: 
modestia  in  verbis  servanda  :  secreta 
amici  non  revelanda  :  de  annuente  oculo 
et  insidioso. 


ROPTER  inopiam  multi 
deliquerunt  :  et  qui  quas- 
rit  locupletari,  avertit  ocu- 
lum  suum.  2.  Sicut  in  me- 
dio compaginis  lapidum  palus  figi- 
tur,  sic  et  inter  medium  venditionis 
et  emptionis  angustiabitur  pecca- 
tum. 3.  Conteretur  cum  delinquente 
delictum.  4.  Si  non  in  timore  Do- 
mini tenueris  te  instanter,  cito  sub- 
vertetur  domus  tua.  5.  Sicut  in  per- 


cussura  cribri  remanebit  pulvis,  sic 
aporia  hominis  in  cogitatu  illius. 
6.  Vasa  figuli  probat  fornax,  et 
homines  justos  tentatio  tribulatio- 
nis.  7.  Sicut  rusticatio  de  ligno 
ostendit  fructum  illius,  sic  verbum 
ex  cogitatu  cordis  hominis.  8.  Ante 
sermonem  non  laudes  virum  :  hasc 
enim  tentatio  est  hominum. 

9.  Si  sequaris  justitiam,  appre- 
hendes  illam  :  et  indues  quasi 
poderem  honoris,  et  inhabitabis 
cum  ea,  et  proteget  te  in  sempi- 
ternum,  et  in  die  agnitionis  inve- 
nies  firmamentum.  10.  Volatilia 
ad  sibi  similia  conveniunt  :  et  Ve- 
ritas ad  eos,  qui  operantur  illam, 
revertetur.  11.  Leo  venationi  insi- 
diatur  semper  :  sic  peccata  operan- 
tibus  iniquitates. 

12.  Homo  sanctus  in  sapientia 
manet  sicut  sol  :  nam  stultus  sicut 
luna  mutatur.  13,  In  medio  insen- 
satorum  serva  verbum  tempori  :  in 
medio  autem  cogitantium  assiduus 
esto.  14.  Narratio  peccantium  odio- 
sa,  et  risus  illorum  in  deliciis  pec- 
cati.  15.  Loquela  multum  jurans, 
horripilationem  capiti  statuet  :  et 
irreverentiaipsius  obturatio  aurium. 
16.  Effusio  sanguinis  in  rixa  super- 
borum  :  et  maledictio  illorum  audi- 
tus  gravis. 


CHAP.  XXVII. 

1.  Pour  de  Pargetit  :  voy.  la  note  de 
vii,  18.  Ou  bien,  en  conservant  au  mot  grec 
a5tacpdpou  son  sens  ordinaire  :  poitr  line 
chose  de  pen  de  valeur.  En  latin,  far  indi- 
gence. —  Dctoiirne  les  yeiix  de  Dieu,  de  sa 
loi  et  de  ses  menaces  centre  les  pecheurs. 

2.  La  cheville,  a  laquelle  on  veut  suspen- 
dre  quelque  chose.  —  Pe'7ietre,  entre  comme 
de  force.  Le  lat.  ajoute  :  le  peche  sera  broyc 
avec  le  pecJieur. 

3.  Si  tu  ne  V  attaches  pas,  etc.  C'est  le  sens 
du  texte  latin.  Fritzsche  traduit  le  grec  :  si 
quelquhin  tiacquiert  pas  la  richesse  dans  la 
crainte  de  Dieu;  et  il  neglige  xaxa  aTcouST^v, 
dont  le  sens  lui  parait  peu  en  rapport  avec 
la  pensee  generale. 

4.  Dans  ses  discoiirs;  en  lat.,  dans  sa  re- 
flexion, quand  il  examine  sa  conscience. 

5.  Sa  co7iversation  fait  voir  s'il  est  bon  ou 
mauvais,  pieux  ou  impie. 


6.  Les  sentiments  et  les  pensees,  en  lisant 
£v6u!JLT,;j.a,  au  lieu  de  i^S\>\x-(\\j.ixioc,  que  porte 
le  texte  a6luel.  Si  I'on  conserve  ce  dernier 
mot,  on  traduira  :  ainsi  la  parole  est  le  fruit 
de  Vinterieur  du  caur  de  Phonnne. 

7.  En  latin,  hcec  est  pour  hie,  scil.  serino. 

8.  Le  latin  ajoute  :  tu  habiteras  avec  elle, 
elle  te  protegera  pour  tvujoui  s,  et  au  jour 
du  jugenient  tu  y  trouveras  im  appui. 

9.  La  verite  est  ici  personnifiee;  si  elle 
abandonnait  un  homme  juste,  elle  revien- 
drait  bien  vite  a  lui  pour  I'assister,  a  cause 
du  lien  qui  les  unit. 

10.  Ce  verset  est  la  contre-partie  du  pre- 
cedent. 

11.  Le  latin  traduit  le  i^i  membre  -.Vhonwie 
saint  est  stable  dans  la  sagesse  comnie  le  so- 
ldi. 

12.  Observe  le  temps,  n'y  va  que  dans  de 
rares  occasions  ou  cela  peul  etre  necessaire 
ou  utile. 


I 


590       L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXVII,  16—30;  XXVIII,  1-9. 


16  Celui  qui  revcle  les  secrets  perd  la  confiance, 
Et  il  ne  trouvera  plus  d'ami  a  son  gre. 

17  Aime  ton  ami  et  sois-lui  fidele; 

Mais  si  tu  devoiles  ses  secrets,  ne  cours  pas  apres  lui; 

18  Car,  comnie  Thomme  qui  a  donne  la  mort  a  son  ennemi, 
Ainsi  tu  as  tue  pour  toujours  I'amitie  de  ton  prochain; 

19  Et  comme  lorsque  tu  as  laisse  echapper  un  oiseau  de  ta  main, 
Ainsi  tu  as  eloigne  ton  ami,  et  tu  ne  pourras  plus  le  rattraper. 

20  Ne  le  poursuis  pas,  car  il  est  bien  loin; 
C'est  una  gazelle  qui  s'est  echapptfe  du  filet. 

21  On  bande  une  blessure,  apres  une  injure  on  se  reconcilie, 
Mais  celui  qui  a  r6v6\e  des  secrets  n'a  plus  d'esperance. 

22  Celui  qui  cligne  de  I'oeil  fabrique  I'iniquitii, 
Et  personne  ne  pent  s'en  defaire. 

23  En  ta  presence  il  n'aura  que  douceur  sur  les  Icvres, 
II  admirera  toittes  tes  paroles; 

Mais  ensuite  il  changera  sa  bouche, 

Et  donnera  un  tour  facheux  a  tes  discours. 

24  Je  bais  bien  des  choses,  mais  rien  tant  que  lui; 
Le  Seigneur  aussi  I'a  en  aversion. 

25  Celui  qui  jette  une  pierre  en  I'air  la  jette  sur  sa  propre  tete  : 
Ainsi  un  coup  perfide  fait  des  blessures  au pcrfide. 

26  Qui  creuse  une  fosse  y  tombera, 
Et  qui  tend  un  filet  y  sera  pris. 

27  Celui  qui  trame  un  mauvais  dessein  le  verra  rouler  sur  lui, 
Et  il  ne  saura  pas  d'oii  cela  lui  vient. 

28  Le  sarcasme  et  I'outrage  sont  dans  la  bouche  des  orgueilleux, 
Mais  la  vengeance  les  guette  comme  un  lion. 

29  lis  seront  pris  au  piege  ceux  que  rejouit  le  malheur  des  hommes  pieux, 
Et  ils  se  consumeront  de  douleur  avant  de  mourir. 

30  Le  ressentiment  et  la  colere,  eux  aussi,  sont  dctestables, 
Et  le  pecheur  les  posscde. 


cnAP.  xxvin. 


Contre  la  vengeance  [vers,  i  —  7],  les  querelles  [8 — 12] 
les  peches  de  langue  [13  —  26]. 


Chap. 
XXVII L 


ELUI  qui  se  venge  liprouvera  la  vengeance  divine, 

Et  le  Seigneur  conservera  soigneusement  ses  peches. 
2  Pardonne  au  prochain  son  injustice, 


Et  alors  a  ta  priere  tes  peches  seront  reniis. 

3  L'homme  conserve  de  la  colere  contre  un  autre  homme, 
Et  il  demande  a  Dieu  son  pardon ! 

4  11  n'a  pas  pitie  d'un  homme,  son  semblable, 
Et  il  supplie  pour  ses  propres  fautes! 

5  Lui  qui  n'est  que  chair  garde  rancune; 

Qui  done  lui  obtiendra  le  pardon  de  ses  peches? 

6  Souviens-toi  de  ta  fin,  et  cesse  de  hair; 

De  la  corruption  et  de  la  mort,  et  observe  les  commandements. 

7  Souviens-toi  des  commandements,  et  n'aie  pas  de  rancune  contre  ton  prochain; 
De  I'alliance  du  Tres-Haut,  et  passe  par-dessus  I'oftense. 

8  Tiens-toi  eloigne  de  la  dispute,  et  tu  pccheras  moins; 
Car  l'homme  irascible  dchauffe  la  cjuerelle, 

9  Et  le  pecheur  met  le  trouble  parmi  les  amis, 

Et  jette  la  calomnie  parmi  ceux  qui  vivaient  en  paix. 


17.  Ne  eours  pas  apres  lui,  pour  regagner 
son  amitie  :  tu  perdrais  ta  peine. 

18.  Soil  ennemi ;  en  latin,  son  and  :  sans 
doute  \eqon  fautive. 


20.  Le  latin  ajoute  :  car  son  ame  a  ete 
l^lcssee. 

21.  Une  -blessure   :  lire  Tpaj;j.a,  et   non 
TpaijCTij.x ,  fragment. 


LIBER  ECCLESrASTICI.     Cap.  XXVII,  17—33;  XXVIII,  i— 11.     591 


17.  Qui  denudat  arcana  amici, 
fidem  perdit,  et  non  inveniet  ami- 
cum  ad  animum  suum.  18.  Dilige 
proximum,  et  conjungere  fide  cum 
i]lo.  1 9.  Quod  si  denudaveris  abs- 
consa  ilJius,  non  persequeris  post 
eum.  20.  Sicut  enim  homo,  qui 
perdit  amicum  suum,  sic  et  qui  per- 
dit amicitiam  proximi  sui.  21.  Et 
sicut  qui  dimittit  avem  de  manu 
sua,sicdereliquisti  proximum  tuum, 
et  non  eum  capies  :  22.  non  ilium 
sequaris,  quoniam  longe  abest :  efFu- 
git  enim  quasi  caprea  de  laqueo  : 
quoniam  vulnerata  est  anima  ejus': 
23.  ultra  eum  non  poteris  colligare : 
et  maledicti  est  concordatio  :  24.  de- 
nudare  autem  amici  mysteria,  de- 
speratio  est  animas  infelicis. 

25.  Annuens  oculo  fabricat  ini- 
qua,  et  nemo  eum  abjiciet  :  26,  in 
conspectu  oculorum  tuorum  con- 
dulcabit  os  suum,  et  super  sermo- 
nes  tuos  admirabitur  :  novissime 
autem  pervertet  os  suum,  et  in  ver- 
bis tuis  dabit  scandalum.  27.  Multa 
odivi,  et  non  coasquavi  ei,  et  Domi- 
nus  odiet  ilium. 

28.  Qui  in  altum  mittit  lapidem, 
super  caput  ejus  cadet  :  et  plaga 
dolosa  dolosi  dividet  vulnera.  29.  Et 
qui  foveam  fodit,  incidet  in  eam  : 
et  qui  statuit  lapidem  proximo,  of- 
fendet  in  eo  :  et  qui  laqueum  alii 
ponit,  peribit  in  illo.  30.  Facienti  ne- 
quissimum  consilium,  super  ipsuni 
devolvetur,  et  non  agnoscet  unde 
adveniat  illi.  3 1 .  Illusio,  et  imprope- 


rium  superborum,  et  vindicta  sicut 
leo  insidiabitur  illi.  32.  Laqueo 
peribunt  qui  oblectantur  casu  ju- 
storum  :  dolor  autem  consumet  illos 
antequam  moriantur.  33.  Ira  et  fu- 
ror, utraque  exsecrabilia  sunt,  et  vir 
peccator  continens  erit  illorum. 

— :i:—     CAPUT  XXVIII.     — :>— 

Non  quEerenda  vindicfta,  sed  offensa  remit- 
tenda  :  ab  ira  ac  lite  cessandum  :  mala 
linguas  et  pericula  ipsius,  et  de  tertia  lin- 
gua :  aures  sepiendas  adversus  linguam 
neqiiam,  orique  frenum  imponendum. 

UI  vindicari  vult,  a  Do- 
mino inveniet  vindictam, 
"et  peccata  illius  servans  -^Deut.  32, 
servabit.  2.  Relinque  pro-  i'^j.^'farc' 
ximo  tuo  nocenti  te  :  et  tunc  de-  ii,25,Rom'. 
precanti  tibi  peccata  solventur.  ^^'  ^9- 
3.  Homo  homini  reservat  iram,  et 
a  Deo  qusrit  medelam.''  4.  In  ho- 
minem  similem  sibi  non  habet  mi- 
sericordiam,  et  de  peccatis  suis  de- 
precatur.^  5.  Ipse  cum  caro  sit, 
reservat  iram,  et  propitiationem 
petit  a  Deo.^  quis  exorabit  pro  deli- 
ctis  illius.^  6.  Memento  novissimo- 
rum,  et  desine  inimicari  :  7.  tabi- 
tudo  enim  et  mors  imminent  in 
mandatis  ejus.  8.  Memorare  timo- 
rem  Dei,  et  non  irascaris  proximo. 
9.  Memorare  testamentum  Altissi- 
mi,  et  despice  ignorantiam  proximi. 
TO.  Abstine  te  a  lite,  et  minues 
peccata  :  1 1.  homo  enim  iracundus 
incendit  litem,  et  vir  peccator  tur- 


22.  S'en  defaire,  se  defaire  de  lui,  echap- 
per  a  ses  machinations. 

23.  Siir  les  levres  :  dans  le  i^"^  membre, 
au  lieu  de  dto'iJLa  aou,  os  tuum,  lire  jt.  auxou 
OS  suum  (cod.  Alex.  Vulg.). 

25.  Lajette  sur  sa propre  feie,  c.-a-d.,  com- 
me  traduit  le  latin,  elle  retomhera  sur  sa  tefe. 

26.  Comp.  Ps.  vii,  ib;  Prov.  xxvi,  27; 
Eccle.  X,  8. 

Le  latin  ajoute  entre  les  deux  membres  ; 
qui  place  une  pierfe  devajit  son  procJuiin  s'j 
heurtera. 

28.  Illi,  en  latin  comme  en  grec,  est  pour 
illis,  et  se  rapporte  grammaticalement  a 
sarcasme;  selon  d'autres,  a  orgueilleux. 


29.  Pris  nil  p lege,  severement  punis. 

2f).  Eux  aussi,  comme  les  autres  vices 
prec^demment  signales.  Ce  verset  appar- 
tient  logiquement  au  chap,  suivant. 

CHAP.   XXVIII. 

1.  Comp.  Matth.  vi,  12;  Rom.  xii,  19. 

2.  Comp.  Matth.  vi,  14;  Marc,  xi,  25. 

5.  Qui  n'est  que  chair,  la  faiblesse  meme. 

6.  Le  latin  traduit  le  2*=  membre  :  car  la 
pourriture  et  la  mart  te  menacent  derricre 
les  commandements,  si  tu  ne  les  observes  pas. 

7.  Des  commandements;  en  latin,  de  la 
crainte  de  Dieu.  —  L! offense  (litt.  V ignorance) 
du  prochain  a  ton  egard. 


592 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXVIII,  10—26. 


10 


II 


12 


Le  feu  s'embrase  en  proportion  du  bois  qui  ralimente  : 

Ainsi  la  colere  d'un  homme  s'allume  en  proportion  de  sa  puissance. 

Selon  sa  richesse  il  fait  monter  sa  fureur; 

EUe  s'enflamme  selon  la  violence  de  la  dispute. 

Une  querelle  precipitee  allume  le  feu, 

Et  une  dispute  irreflechie  fait  couler  le  sang. 

Si  tu  souffles  sur  une  etincelle,  elle  s'embrase; 

Si  tu  craches  dessus,  elle  s'eteint  : 

Les  deux  choses  sortent  de  ta  bouche. 

13  Maudis  le  rapporteur  et  Fhomme  a  double  langue, 
Car  il  est  funeste  a  beaucoup  qui  vivaient  en  paix. 

14  La  langue  calomniatrice  en  a  precipite  un  grand  nombre, 
Et  les  a  chasses  de  pays  en  pays; 

Elle  a  renverse  des  villas  fortes, 

Et  jete  par  terre  les  palais  des  grands. 

15  La  langue  calomniatrice  a  chasse  de  la  maison  des  femmes  vaillantes, 
Et  les  a  depouillees  du  fruit  de  leurs  travaux. 

16  Qui  lui  prete  I'oreille  ne  trouvera  plus  le  repos, 
Et  il  n'aura  plus  de  paix  dans  sa  demeure. 

17  Le  coup  de  verge  fait  une  meurtrissure, 
Le  coup  de  langue  brise  les  os. 

18  Beaucoup  ont  pdri  par  le  tranchant  de  I'epee; 
Bien  plus  nombreux  ceux  que  la  langue  a  tues. 

19  Heureux  celui  qui  est  a  I'abri  de  ses  coups, 
Qui  n'est  pas  livre  a  sa  fureur, 

Qui  n'a  pas  traine  son  joug, 

Et  qui  n'a  pas  ete'  lie  de  ses  chaines ! 

20  Car  son  joug  est  un  joug  de  fer, 

Et  ses  chaines  sont  des  chaines  d'airain. 

21  La  mort  qu'elle  donne  est  une  mort  affreuse, 
Et  I'Hadcs  vaut  mieux  qu'elle. 

22  Elle  n'aura  pas  d'empire  sur  les  hommes  pieu.x, 
Et  ils  ne  seront  pas  brules  par  sa  flamme. 

23  Ceux  qui  abandonnent  le  Seigneur  y  tomberont; 
Et  elle  les  consumera  sans  s'eteindre; 

24  Entoure  done  ton  domaine  d'une  haie  d'epines; 
Lie  dans  un  sac  ton  or  et  ton  argent, 

25  Et  fais  une  balance  et  des  poids  pour  tes  discours, 
Une  porte  et  un  verrou  pour  la  bouche. 

26  Prends  garde  a  ne  pas  faillir  par  la  langue, 

De  peur  que  tu  ne  tombes  sous  les  yeux  de  celui  qui  te  guetie. 


10.  En  latin,  le  dernier  membre  fait  de- 
faut;  dans  plusieurs  manuscrits  grecs  il  se 
trouve  place  apr^s  le  premier. 

11.  Une  querelle  precipitee,  excite'e  a  la 
legere,  allume  le  feu  des  passions,  et  spd- 
cialement  de  la  colere. 

Le  latin  ajoute  :  et  la  langue  qui  rend  \xx\ 
faux  tenwignage  cause  la  mort,  en  excitant 
les  deux  rivaux  I'un  contre  I'autre;  ou  bien  ; 
la  mort  du  faux  temoin,  que  la  loi  condam- 
nait  a  la  peine  du  talion  {Deut.  xix,  21). 

12.  Sans  image  :  il  est  en  ton  pouvoir,  en 
presence  d'une  querelle,  de  I'exciler  ou  de 
I'apaiser. 

13.  L! homme  ix  double  langue,  qui  ticnt 
un  langage  different  selon  les  personnes  h. 
qui  il  parle. 


14.  La  langue  calomniatrice;  litt.,  la  iroi- 
sieme  langue,  sans  doute  ainsi  appelde  parce 
qu'elle  seme  la  discorde  entre  deux  autres 
personnes.  La  sentence  est  gendrale;  cepen- 
dant  plusieurs  ex^getes  pensent  que  Tauteur 
avait  en  vue  les  calomnies  dont  les  Samari- 
lains  poursuivirent  les  Juifs  aupres  des  rois 
de  Perse,  apres  le  retour  de  Texil,  pour  les 
empecher  de  rebatir  Jerusalem  et  le  temple 
{lYcli.  iv,  12  sv.). 

Le  latin  ajoute  :  elle  a  deiruil  les  arnu'es 
des  peuples  et  disperse  des  nations puissantes. 

16.  Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  et  il 
n\iurapointd'ami  stirqui  il  puissesereposer. 

18.  La  langue  du  calomniateur;  en  latin, 
leur  langue  :  Taddition  de  sua/n  denature 
le  sens. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXVIII,  12—30. 


593 


babit  amicos,  et  in  medio  pacem 
habentium  immittet  inimicitiam. 
12.  Secundum  enim  ligna  silv«  sic 
ignis  exardescit  :  et  secundum  vir- 
tutem  hominis,  sic  iracundia  illius 
erit,  et  secundum  substantiam  suam 
exaltabit  iram  suam.  13.  Certamen 
festinatum  incendit  ignem  :  et  lis 
festinans  efFundit  sanguinem  :  et 
lingua  testificans  adducit  mortem. 
14.  Si  sufflaveris  in  scintillam,  quasi 
ignis  exardebit  :  et  si  exspueris  su- 
per illam,  exstinguetur  :  utraque  ex 
ore  proficiscuntur. 

15.  Susurro  et  bilinguis  maledi- 
ctus  :  multos  enim  turbabit  pacem 
habentes.  16.  Lingua  tertia  multos 
commovit,  et  dispersit  illos  de  gente 
in  gentem  :  17.  civitates  muratas 
divitum  destruxit,  et  domos  magna- 
torum  efFodit.  18.  Virtutes  populo- 
rum  concidit,.et  gentes  fortes  dis- 
solvit.  19.  Lingua  tertia  mulieres 
viratas  ejecit,  et  privavit  illas  labo- 
ribus  suis  :  20.  qui  respicit  illam, 
non  habebit  requiem,  nee  habebit 
amicum,  in  quo  requiescat.  21.  Fla- 
gelli  plaga  livorem  facit  :  plaga  au- 
tem  linguae  comminuetossa.  22. Mul- 
ti  ceciderunt  in  ore  gladii,  sed  non 


sic  quasi  qui  interierunt  per  linguam 
suam.  23.  Beatus  qui  tectus  est  a 
lingua  nequam,  qui  in  iracundiam 
illius  non  transivit,  et  qui  non  attra- 
xit  jugum  illius,  et  in  vinculis  ejus 
non  est  ligatus  :  24.  jugum  enim 
illius,  jugum  ferreum  est  :  et  vin- 
culum illius,  vinculum  asreum  est. 

25.  Mors  illius,  mors  nequissima  : 
et  utilis  potius  infernus  quam  ilia. 

26.  Perseverantia  illius  non  perma- 
nebit,  sed  obtinebit  vias  injustorum: 
et  in  flamma  sua  non  comburet  ju- 
stos.  27.  Qui  relinquunt  Deum,  in- 
cident in  illam,  et  exardebit  in  illis, 
et  non  exstinguetur,  et  immittetur 
in  illos  quasi  leo,  et  quasi  pardus 
lasdet  illos.  28.  Sepi  aures  tuas  spi- 
nis,  linguam  nequam  noli  audire,et 
ori  tuo  facito  ostia,  et  seras.  29.  Au- 
rum  tuum  et  argentum  tuum  con- 
fla,  et  verbis  tuis  facito  stateram,  et 
frenos  ori  tuo  rectos :  30.  et  attende 
ne  forte  labaris  in  lingua,  et  cadas 
in  conspectu  inimicorum  insidian- 
tium  tibi,  et  sit  casus  tuus  insanabi- 
lis  in  mortem. 


19.  Qui  n\i  pas  traine  :  en  lat.  attraxit 
est  pour  traxit. 

21.  La  wort  morale  :  parte  de  la  reputa- 
tion, persecution  de  tout  genre.  —  VHadls, 
le  sejour  des  morts,  la  mort  physique. 

22.  W empire  absolu  sur  les  hommes  pieux; 
elle  pourra  bien  leur  nuire  pendant  quelque 
temps,  mais  cette  epreuve  ne  durera  pas 
toujours  et  leur  innocence  sera  reconnue. 
En  latin  :  sa  durce  ne  sera  pas  longue;  mais 
elle  sera  maitresse  des  voies  des  injtistes,  et 
les  jiistes  7ie  seront  pas  consumes  par  sa 

jiamme. 

23.  Y  tomberont,  tomberont  dans  sa 
flamme.  Sens  :  les  calomniateui's  seront 
punis  :  a  leur  tour  ils  seront  livres  a  de  me- 
chantes  langues  qui,  comme  un  feu  inextin- 
guible  et  avec  une  fureur  de  betes  feroces, 
les  devoreront. 

Les  vers.  22-23  se  pretent  a  une  autre 
explication  :  la  calomnie  n'a  pas  d'empire 
sur  les  justes,  en  ce  sens  qu'ils  ne  la  prati- 
quent  pas,  qu'ils  ne  sont  pas  devores  du  feu 
de  ce  vice.  Au  contraire,  ceux  qui  abandon- 
nent  le  Seigneur,  les  impies,  tombent  sous 

N"  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.   TOME  IV.   —  38 


son  pouvoir;  elle  bride  en  eux,  et  a  la  fin 
elle  se  jette  sur  eux  comme  un  lion,  c.-a-d. 
qu'ils  auront  a  subir  le  chatiment  de  leur 
mechancete. 

24-25.  Le  vers.  24  exprime  par  une  sorte 
de  comparaison  la  meme  pensee  que  le 
vers.  25  :  tu  prends  des  precautions  pour  la 
conservation  de  tes  richesses  materielles; 
prends-en  egalement  pour  le  bon  usage  de 
la  parole. 

Dans  plusieurs  manuscrits  grecs  et  dans 
les  anciennes  versions  les  membres  de  ces 
deux  versets  sont  repartis  un  peu  differem- 
ment.  En  latin  :  entoure  d''cpincs  tes  oreilles, 
liecouie  pas  la  laiigue  mechante  etfais  pour 
ta  bouche  tcne  parte  et  des  verrous.  Fats 
fondre  ton  or  et  ton  argent,  et  pais  pour  tes 
paroles  une  balance  et  pour  ta  bouche  un 
juste  frein. 

26.  Sous  les y eux  de  ton  ennemi.  Le  latin 
ajoute  :  et  que  ta  chute  ne  soil  incurable  et 
mortellc. 


594 


LIVRE  DE  LA  SAGESSE.     Chap.  XXIX,  i— 18. 


CHAP.  XXIX. —  Preter  [vers,  i  — 13]  et  se  porter  caution  [14 --20]  sont 
des  oeuvres  de  misericorde.  Vivre  pauvre  chez  soi  vaut  mieux  que  de 
se  faire  heberger  chez  les  autres  [21 — 28]. 

^^^jELUI  qui  pratique  la  misdricorde  prete  a  son  prochain, 

'^^j       Et  celui  qui  le  soutient  de  sa  main  observe  les  commandements. 

^^^  2  Prcte  a  ton  prochain  quand  il  est  dans  le  besoin, 


Et  a  ton  tour  rends  au  prochain,  le  temps  venu,  ce  quHl  fapriie. 

3  Tiens  ta  parole,  et  agis  loyalement  avec  lui, 

Et  tu  trouveras  en  tout  temps  ce  qui  t'est  necessaire. 

4  Beaucoup  regardent  comme  une  trouvaille  ce  qu'on  leur  a  prete, 
Et  causent  de  I'ennui  a  ceux  qui  leur  sont  venus  en  aide. 

5  Jusqu'a  ce  qu'on  ait  requ  on  baise  la  main  du  prochain, 
D'une  voix  humble  on  vante  ses  richesses; 

Mais  quand  vient  le  moment  de  rendre,  on  prend  des  delais, 
On  exprime  tout  son  chagrin  et  on  accuse  la  durete  des  temps. 

6  Si  Ton  peut  payer,  le  preteur  recevra  la  moitie  k  peine, 
Et  croira  faire  une  trouvaille. 

Si  on  ne  le  peut  pas,  on  le  frustre  de  son  argent, 

Et  celui-ci  sans  le  vouloir  se  fait  de  son  oblige  un  ennemi 

Qui  le  paie  en  maledictions  et  en  injures, 

Et  qui,  au  lieu  de  I'honneur,  ne  lui  rend  que  I'outrage. 

7  Beaucoup  se  refusent  a  preter  a  cause  de  la  malice  des  Jiomims  : 
lis  craignent  de  perdre  inutilement  leur  argent. 

8  Pourtant  sois  indulgent  a  I'egard  du  malheureux, 
Et  ne  lui  fais  pas  attendre  ton  aumone. 

9  Assiste  le  pauvre  k  cause  du  commandement  divin, 

Et  a  cause  de  sa  detresse  ne  le  renvoie  pas  les  mains  vides. 

10  Consens  a  perdre  ton  argent  en  faveur  de  ton  frere  et  de  ton  ami, 
Et  ne  le  laisse  pas  se  rouiller  sans  profit  sous  une  pierre. 

11  Amasse  ton  \.xq.%ox  pour  en  user  selon  les  preceptes  du  Tres-Haut, 
Et  plus  que  Tor  il  te  profitera. 

12  Enferme  dans  tes  appartements  r anient  pour  tes  aumones, 
Et  elles  te  delivreront  de  tout  malheur. 

13  Mieux  qu'un  fort  bouclier,  mieux  qu'une  lance  puissante, 
Elles  combattront  pour  toi  en  face  de  Tennemi. 

14  L'homme  bon  se  porte  caution  pour  son  prochain, 

Et  celui-la  seul  I'abandonne,  c[ui  a  perdu  toute  honte. 

15  N'oublie  pas  les  bontcs  de  celui  qui  a  repondu, 
Car  il  a  engage  sa  vie  pour  toi. 

16  Le  pecheur  fait  perdre  tous  ses  biens  a  son  re'pondant, 
Et  le  cocur  ingrat  abandonne  son  sauveur., 

17  Une  caution  donnee  a  entraine  la  perte  de  beaucoup  d'heureux, 
Et  les  a  ballottes  comme  les  vagues  de  la  men 

18  Elle  a  fait  bannir  des  hommes  puissants, 
Et  ils  ont  erre  parmi  les  nations  etrang^res. 


CHAP.  XXIX. 

I.  Comp.  Deut.  xv,  7  sv.  Prov.  xix,  17; 
Matth.  v,  42.  ■ —  De  sa  inat/i,  en  lui  pretant 
I'argent  dont  il  a  besoin. 

Le  traducfteur  latin  prend  i-'-d/utov  dans  le 
sens  neutre  :  celui  gut  est  puissant  (liberal?) 
par  la  main,  par  les  richesses,  observe,  etc. 

3.  Ta  par-olc,  ta  promesse  de  rendre  la 
chose  pretee. 

4.  Causent  de  Penmd,  en  differant  ou  en 
refusant  de  rendre. 

5.  On  prend  des  delais;  en  lat.,  on  deina?tde 
du  temps.  —Son  c/iagrindi&  ne  pouvoir  pajer. 


6.  Et  croira  avoir  fait  une  trouvaille,  tant 
il  avait  h.  craindre  qu'on  ne  lui  rendit  rien  du 
tout. — Lelatinrapporteceversetau  debiteur. 

Et  celui-ci,  le  preteur  non  paye.  D'autres, 
avec  le  tradu<fleur  latin,  font  I'emijrunteur 
sujet  :  et  on  en  fait  un  ennemi,  sans  qiCil  y 
ait  de  sa  faute,  et  on  le  paie,  etc. 

7.  Beaucoup :  apres  TioXXot,  le  cod.  Alex, 
ajoute  ouv,  ^V/V/^yy  d'autres  manuscrits  lisent 
o'j,  et  c'est  cette  legon  qu'a  suivie  le  traduc- 
teur  latin  :  beaucoup  ne  prCtent pas,  non  par 
mcchanccte,  mais  par  la  crainte  d^etre  injus- 
tetnent  depouilles. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIX,  1—25. 


595 


— *—     CAPUT  XXIX.     — *— 

Per  mutuum  subveniendum  proximo,  fides- 
que  mutuant!  servanda  :  et  quamquam 
multi  fidem  fallant,  non  tamen  ob  id  ces- 
sandum  ab  eleemosyna,  cujus  laudes  de- 
scribit  :  fidejussori  gratia  habenda  est, 
fidesque  servanda  :  in  quibus  consistat 
initium  vitae  hominis  disserit,  et  de  vagis 
et  ingratis  hospitibus, 

UI  facit  misericordiam, 
foeneratur  proximo  suo  : 
et  qui  praevalet  manu, 
mandata  servat.  2.  Foene- 
rare  proximo  tuo  in  tempore  neces- 
sitatis illius,  et  iterum  redde  proxi- 
mo in  tempore  suo.  3.  Confirma 
verbum,  et  fideliter  age  cum  illo  : 
et  in  omni  tempore  invenies  quod 
tibi  necessarium  est.  4.  Multi  quasi 
inventionem  asstimaverunt  foenus, 
et  prasstiterunt  molestiam  his,  qui 
se  adjuverunt.  5.  Donee  accipiant, 
osculantur  manus  dantis,  et  in  pro- 
missionibus  humiliant  vocem  suam: 
6.  et  in  tempore  redditionis  postu- 
labit  tempus,  et  loquetur  verba  tas- 
dii  et  murmurationum,  et  tempus 
causabitur  :  7.  sin  autem  potuerit 
reddere,  adversabitur,  solidi  vix 
reddet  dimidium,  et  computabit 
illud  quasi  inventionem  :  8.  sin  au- 
tem fraudabit  ilium  pecunia  sua,  et 
possidebit  ilium  inimicum  gratis  : 
9.  et  convitia  et  maledicta  reddet 


illi,  et  pro  honore  et  beneficio  red- 
det illi  contumeliam.  10.  Multi 
non  causa  nequitias  non  foenerati 
sunt,  sed  fraudari  gratis  timuerunt. 
II.  Verumtamen  super  humilem 
animo  fortior  esto,  et  pro  eleemo- 
syna non  trahas  ilium.  12.  Propter 
mandatum  assume  paupereni  :  et 
propter  inopiam  ejus  ne  dimittas 
eum  vacuum.  13.  Perde  pecuniam 
propter  fratrem  et  amicum  tuum  : 
et  non  abscondas  illam  sub  lapide 
in  perditionem.  14.  Pone  thesau- 
rum  tuum  in  prasceptis  Altissimi, 
et  proderit  tibi  magis  quam  aurum. 
15."  Conclude  eleemosynam  in  cor- 
de  pauperis,  et  hasc  pro  te  exorabit 
ab  omni  malo.  16.  17.  18.  Super 
scutum  potentis,  et  super  lanceam 
adversus  inimicum  tuum  pugnabit. 
1 9.  Vir  bonus  fidem  facit  pro  pro- 
ximo suo  :  et  qui  perdiderit  confu- 
sionem,  derelinquet  sibi.  20.  Gra- 
tiam  fidejussoris  ne  obliviscaris  : 
dedit  enim  pro  te  animam  suam. 
21.  Repromissorem  fugit  peccator 
et  immundus.  22.  Bona  repromisso- 
ris  sibi  ascribit  peccator  :  et  ingra- 
tus  sensu  derelinquet  liberantem  se. 
23.  Vir  repromittit  de  proximo  suo  : 
et  cum  perdiderit  reverentiam,  de- 
relinquetur  ab  eo.  24.  Repromissio 
nequissima  multos  perdidit  dirigen- 
tes,  et  commovit  illos  quasi  fluctus 
maris.  25.  Viros  potentes  gyrans 
migrare  fecit,  et  vagati  sunt  in  gen- 


«Tob.  4,11. 
Supr.17,18. 


8.  Indulgent,  litt.  patient  (lat.  magna- 
7nme),  en  lui  accordant  un  delai  pour  s'ac- 
quitter. 

10.  Ton  frere,  ton  compatriote.  —  Se 
rouiller :  com'p.  /acq.  v,  3.  D'autres  manus- 
crits,  suivis  par  le  tradudleur  latin,  tie  le 
cache  pas. 

Les  deux  versets  suiv.  sont  reciproque- 
ment  en  parall^lisme. 

11.  .(4 ;/^«i•^^  correspond  a  I'hebr.  si/n  ou 
soiini;  d'autres,  mets  en  reserve;  \2X., place. 

12.  Efiferine,&\.c.,  pour  ne  pas  I'employer 
a  un  auti-e  usage.  En  latin  :  enferme  Vati- 
vione  dans  le  sein  du  paiivre. 

14.  Le  sage  des  Proverbes  (xvii,  8)  parle 
autrement  :  11  appelle  insense  celui  qui  se 
porte  caution;  mais  les  circonstances  etaient 
bien  changees.  A  I'epoque  du  rils  de  Sirach, 


I'oppression  etrangere  pesait  sur  la  nation 
juive,  et  la  charite  devait  prendre  le  pas  sur 
la  prudence. 

15.  Sa  vie,  ses  biens,  sa  liberte,  son  repos. 
Comp.  vers.  17  suiv. 

16.  Le  pccheiir,  ici,  le  cautionne  qui  se 
derobe  et  laisse  toute  la  responsabilite  ^ 
son  repondant,  a  celui  qui  I'a  sauve  en  se 
faisant  caution  pour  lui. 

Dans  la  Vulg.,  ce  verset  est  precede  et 
suivi  d'additions  qui  ne  sont  qu'une  double 
tradudlion  du  grec. 

17.  Une  caution  donnee;  le  lat.  ajoute  ne- 
quissima, c.-a-d.  inconsiderce,  ou  \i\^\\  pour 
un  mechant. —  D^heureux,  de  riches;  le  latin 
dirigentes,zoxxt.%'^ox\A2ivX  k  I'hebr.  dscherini, 
a  le  meme  sens. 

18.  Gyrans  ne  repond  k  rien  dans  le  grec. 


596  L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXIX,  19—28;  XXX,  1—9. 


Chap. 
XXX. 


19  Le  pdcheur  est  prompt  a  se  rendre  caution, 

I  Et  celui  qui  poursuit  le  gain  eprouvera  la  rigueur  des  jugements. 

20  Assiste  ton  prochain  selon  ton  pouvoir, 

Et  prends  garde  de  tomber  toi-meme  dans  le  malheur. 

21  La  premiere  chose  pour  vivre,  c'est  I'eau  et  le  pain, 
Le  vetement  et  une  maison  pour  couvrir  la  nudite. 

22  Mieux  vaut  la  vie  du  pauvre  sous  un  toit  de  planches, 
Que  des  mets  somptueux  dans  une  maison  etrangere. 

23  Que  tu  aies  peu  ou  beaucoup,  sois  content, 

[Et  tu  ne  t'entendras  pas  reprocher  d'etre  un  etranger]. 

24  C'est  une  triste  vie  que  d'aller  de  maison  en  maison; 

Lh.  ou  Ton  est  re9u  comme  etranger,  on  n'ose  pas  ouvrir  la  bouche. 

25  Tu  donneras  a  ton  bote  a  manger  et  k  boire,  sans  qu'il  t'en  sache  gre', 
Et  tu  entendras  encore  par-dessus  des  paroles  ameres. 

26  "  Arrive,  etranger,  pre'pare  la  table, 

Et  si  tu  as  quelque  chose,  donne-moi  a  manger. 

27  Va-t'en,  etranger,  loin  de  cette  magnificence; 

J'ai  mon  frere  a  recevoir,  j'ai  besoin  de  ma  maison." 

28  II  est  dur,  pour  quelqu'un  qui  a  du  sens, 

De  s'entendre  reprocher  I'hospitalite  et  d'etre  injurie  par  son  debiteur. 

CHAP.  XXX.  —  Fermete  dans  I'education  des  enfants  [vers,  i  —  13].  Bon- 
heur  que  donne  la  sante  [14  —  20].  La  tristesse  et  ses  effets  pernicieux 
[21  —  24]. 

ELUI  qui  aime  son  fils  lui  fait  souvent  sentir  la  verge, 
Afin  d'avoir  de  la  joie  le  reste  de  sa  vie. 
2  Celui  qui  ^leve  bien  son  fils  retirera  de  lui  des  avantages. 


Et  il  se  glorifiera  de  lui  devant  ses  connaissances. 

3  Celui  qui  instruit  son  fils  rendra  son  ennemi  jaloux, 
Et  il  se  rejouira  de  lui  devant  ses  amis. 

4  Son  pere  vient-il  a  mourir?  C'est  comme  s'il  n'etait  pas  mort, 
Car  il  laisse  apres  lui  quelqu'un  qui  lui  ressemble. 

5  Pendant  sa  vie,  il  le  voit  et  se  rejouit, 
Et  a  sa  mort,  il  n'est  point  afflige. 

6  II  laisse  quelqu'un  pour  defendre  sa  maison, 

Et  pour  temoigner  de  la  reconnaissance  a  ses  amis. 

7  Celui  qui  gate  son  fils  bandera  ses  blessures, 

Et  a  chacun  de  ses  cris  ses  entrailles  seront  emues. 

8  Le  cheval  indompte  devient  intraitable  : 

Ainsi  le  fils  abandonne  a  lui-meme  devient  inconsidere. 

9  Caresse  ton  enfant,  et  il  te  fera  trembler; 
Joue  avec  lui,  et  il  te  contristera. 


19.  Le  pechetir,  pousse  par  I'amour  du 
lucre,  est  prompt,  etc. ;  litt.  se  prccipite  dans 
la  caution,  quand  il  en  espere  quelque  pro- 
fit. En  latin  :  le  pccJicitr  qui  transgresse  les 
coiittnandeinents  du  Seigjieur  s^'figagera 
dans  de  mauvaises  cautiofts.  —  Qui  poursuit 
le  gain;  litt.,  des  entteprises  lucratives.  — 
Eprouvera  la  rigueur  des  jugements,  finira 
par  etre  condamne  k  cause  de  ses  injustices. 

20.  Assiste  ton  prochain,  en  repondant 
pour  lui,  J^/(;«  ton  pouvoir,  tes  moyens,  mais 
non  au-dessus,  autrement  tu  tomberais  dans 
le  malheur. 

21.  La  premiere  chose,  la  chose  principale, 
essentielle.  • —  Pour  couvrir  la  nudite  {pu- 
denda) ne  se  rapporte  rigoureusement  qu'k 
vetement.  Comp.  I  Tim.  vi,  8. 


23.  Le  2^  membre  manque  dans  le  cod. 
Vat.,  mais  on  le  trouve  dans  d'autres  ma- 
nuscrits  et  dans  les  versions  anciennes. 
Seulement,  au  lieu  de  oixtx;,  il  semble 
qu'on  doive  lire  avec  le  tradudleur  latin 
7Tapo'.x;a<;.  Avec  o'.xi'a;  on  traduirait  :  tu  ne 
t^ entendras  pas  reprocher  ta  maison,  de  ne 
savoir  pas  la  garder,  d'etre  un  parasite.  Le 
sens  est  le  meme  au  fond. 

24.  On  n'ose  pas  ouvrir  la  bouche, 
comme  pour  laisser  le  moins  possible  aper- 
cevoir  sa  presence.  C'est  ce  que  le  latin 
explique  en  ajoutant  :  on  n\i  aucune  assu- 
rance. 

25.  Tu  donneras,  tu  auras  beau,  de  ta 
bourse,  donner,  etc.,  on  ne  t'en  saura  nul 
gre. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXIX,  26—35;  XXX,  1—9.        597 


tibus  alienis.  2,6.  Peccator  transgre- 
diens  mandatum  Domini,  incidet  in 
promissionem  nequam  :  et  qui  co- 
natur  multa  agere,  incidet  in  judi- 
cium. 27.  Recupera  proximum  se- 
cundum virtutem  tuam,  et  attende 
tibi  ne  incidas. 

28.  ^Initium  vitas  hominis  aqua 
et  panis,  et  vestimentum,  et  domus 
protegensturpitudinem.  29.  Melior 
est  victus  pauperis  sub  tegmine 
asserum,  quam  epulas  splendidas  in 
peregre  sine  dom.icilio.  30.  Mini- 
mum pro  magno  placeat  tibi,  et 
improperium  peregrinationis  non 
audies.  31.  Vita  nequam  hospitandi 
de  domo  in  domum  :  et  ubi  hospi- 
tabitur,  non  fiducialiter  aget,  nee 
aperiet  os.  32.  Hospitabitur,  et  pa- 
scet,  et  potabit  ingratos,  et  ad  base 
amara  audiet.  23-  Transi  hospes,  et 
orna  mensam  :  et  quas  in  manu  ba- 
bes, ciba  ceteros.  34.  Exi  a  facie 
honoris  amicorum  meorum  :  neces- 
situdine  domus  meas  hospitio  mi  hi 
factus  est  frater.  35.  Gravia  base 
homini  habenti  sensum  :  Correptio 
domus, et  improperium  foeneratoris. 


— :i:—       CAPUT  XXX.      — :i:— 

Filii  in  disciplina  educandi,  et  quam  sit 
perniciosum  illis  indulgere  :  corporis  sa- 
nitas  prsestat  divitiis  :  et  quam  sit  noxia 
et  fugienda  homini  tristitia,  cordis  vero 
jucunditas  quam  sit  utilis. 


^"UI  diligit  filium  suum, 
'assiduat  ilH  flagella,  ut 
lastetur  in  novissimo  suo, 
et  non  palpet  proximorum 


"  Prov.  13, 
24  et  23.  13. 


ostia.  2.  Qui  docet  filium  suum,  lau- 
dabitur  in  illo,  et  in  medio  dome- 
sticorum  in  illo  gloriabitur.  3/ Qui  *Deut. 6,7. 
docet  filium  suum,  in  zelum  mittit 
inimicum,  et  in  medio  amicorum 
gloriabitur  in  illo.  4.  Mortuus  est 
pater  ejus,  et  quasi  non  est  mortuus: 
similem  enim  reliquit  sibi  post  se. 
5.  In  vita  sua  vidit,  et  lastatus  est  in 
illo  :  in  obitu  suo  non  est  contrista- 
tus,  nee  confusus  est  coram  inimi- 
cis.  6.  Reliquit  enim  defensorem 
domus  contra  inimicos,  et  amicis 
reddentem  gratiam.  7.  Pro  anima- 
bus  filiorum  colligabit  vulnera  sua, 
et  super  omnem  vocem  turbabun- 
tur  viscera  ejus.  S.Equus  indomitus 
evadit  durus,  et  filius  remissus  eva- 
det  praeceps.  9.  Lacta  filium,  et  pa- 
ventem  te  faciet  :  lude  cum  eo,  et 


Puis  I'auteur  met  en  scene  le  maitre  de  la 
maison,  qui  adresse  d'abord  a  I'etranger 
une  invitation  bienveillante,  mais  interes- 
see,  puis,  quand  il  juge  que  son  bote  est  a 
bout  de  ressources,  I'econduit  durement. 

26.  Prepare  la  table,  couvre-la  de  mets. 
—  Donne-moi,  en  lat.  doiinc  aiex  mitres. 

27.  Loin  de  cette  inagnificence,  de  ces  ma- 
gnifiques  preparatifs;  ils  ne  sont  pas  pour 
toi.  Syr.,  de  cette  place  d'honneiir;  latin, 
devant  iiii  persotmage  Jionorable  de  tnes  amis, 
a  qui  tu  dois  ceder  la  place.  — J\xi  a  rece- 
voir  :  on  devine  que  ce  n'est  1;\  qu'un  pre- 
texte. 

2&.S'' entendre  reprocher  rhospitalitc;  litt., 
la  repriniande  a  propos  de  la  maison.  Voy. 
la  note  du  vers.  23. 

CHAP.  XXX. 

I -13.  En  grec,  cette  secSlion  porte  un  ti- 
tre  :  Des  enfant s.  Comp.  Prov.  xiii,  24; 
xxiii,  12;  xxix,  15. 


I.  Le  latin  ajoute  :  et  de  ne  point frapper 
a  la  porte  de  ses  voisins,  pour  y  chercher 
assistance  et  consolation. 

3.  II  se  rejoiiira;  le  latin  repete,  il  se  glo- 
rifiera. 

.  5.  //  7i'est  point  affligc,  sur  qu'il  est  que 
son  fils  fera  honneur  h.  sa  memoire  et  sera 
beni  de  Dieu.  Le  latin  ajoute,  et  il  n\x  pas 
(r  roiigir  en  face  de  ses  etmemis. 

6.  Comp.  Ps.  cxxvii,  3-5. 

7.  Qui  gate,  qui  traite  mollement,  en  gr. 
izi'jvh'y/wt,  litt.  qui  rafraichit  tout  autour. 
—  Bandera  ses  blessures  :  a  chaque  petit 
mal  qu'aura  ou  paraitra  avoir  son  enfant,  il 
accourra  pour  le  soulager,  et  celui-ci,  abu- 
sant  de  la  faiblesse  paternelle,  redoublera 
ses  larmes  et  ses  cris. 

Le  tradu(iteur  latin  a  divise  le  mot 
TTsptt^u/wv,  ce  qui  rend  le  i^^  membre  peu 
intelligible  :  a  cause  des  dnics  de  ses  fils,  il 
handera  ses  blessures. 


598 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXX,  10—25. 


10  Ne  lis  pas  avec  lui,  de  peur  que  tu  n'aies  a  t'affliger  avec  lui; 
Et  a  la  fin  tu  grinceras  des  dents. 

1 1  Ne  lui  donne  pas  toute  liberte  dans  sa  jeunesse, 
Et  ne  feime  pas  les  yeux  sur  ses  folies. 

12  Fais  plier  sa  tete  pendant  sa  jeunesse, 

Et  ne  lui  menage  pas  les  coups  parce  que  c'est  un  enfant. 
De  peur  qu'il  ne  devienne  opiniatre  et  ne  t'obeisse  plus, 
[Et  que  tu  n'aies  la  douleur  au  cceur]. 

13  Corrige  ton  fils,  et  fais-le  travailler, 

De  peur  qu'il  ne  trdbuche  par  ta  honteuse  faiblesse. 

14  Mieux  vaut  un  pauvre  sain  et  vigoureux, 

Ou'un  riche  flagelle  dans  son  corps  par  la  maladie. 

15  La  sant^  et  la  bonne  complexion  valent  mieux  que  tout  I'or, 
Et  un  corps  vigoureux  est  preferable  a  une  immense  fortune. 

16  II  n'y  a  pas  de  richesse  preferable  a  la  sante  du  corps, 
Comme  il  n'y  a  pas  de  joie  meilleure  que  la  joie  du  cceur. 

17  Mieux  vaut  la  mort  qu'une  vie  d'amertume, 

Et  I'eternelle  repos  qu'une  souffrance  continuelle. 

18  Des  mets  exquis  offerts  a  une  bouche  fermee 

Sont  comme  les  ofifrandes  d'aliments  qu'on  met  sur  une  tombe. 

19  Que  sert  I'offrande  a  une  idole? 

Elle  ne  la  mangera  pas  et  n'en  sentira  pas  I'odeur  : 

20  Ainsi  en  est-il  de  I'homme  que  Dieu  poursuit  par  la  maladie  : 
II  voit  de  ses  yeux,  et  il  soupire, 

Comme  soupire  I'ennuque  qui  tient  une  vierge  dans  ses  bras. 

21  N'abandonne  pas  ton  ame  a  la  tristesse, 

Et  ne  te  tourmente  pas  toi-meme  par  d'inquietes  reflexions. 

22  La  joie  au  cceur  est  la  vie  de  I'homme, 

Et  I'allegresse  de  I'homme  est  pour  lui  longueur  de  jours. 

23  Aime  ton  ame  et  console  ton  coeur, 
Et  chasse  de  toi  la  tristesse. 

24  L'emportement  et  la  colere  abr&gent  les  jours, 

Et  les  soucis  am&nent  la  vieillesse  avant  le  temps. 

25  Le  cceur  genereux  et  bon  prend  soin  des  mets  qui  forment  sa  nourriture. 


10.  T''affliger  avec  hii  :  par  suite  de  cette 
molle  Education,  il  arrivera  malheur  h.  ton 
enfant,  et  tu  auras  a  partager  son  afflicflion. 

1 1.  Ses  folies,  en  lat.  ses  pense'es,  ses  des- 
seins. 

12.  Parce  que  c^est  len  enfant;  en  latin, 
pendant  qu'il  est  enfant. 

13.  Fais-le  travailler;  d'autres  avec  le 
latin,  et  prends  de  la  peine  a  son  sujet,  I'edu- 
cation  etant  une  oeuvre  laborieuse.  —  Ow'// 
7ie  trebuc/ie,  qu'il  ne  fasse  de  faux  pas  dans 
la  vie,  qu'il  ne  tombe  dans  le  peche  et  le 
malheur.  —  Par  ta  honteuse  faiblesse ;  ou 
h\&n,pour  ta  /lontCyQW  supposant  dansl'hebr. 
lebaschtheka. 

Au  lieu  de  Trpoj-/.o''i;(i  ^  la  3<=  pers.,  d'au- 
tres manuscrits  suivis  par  le  traducfleur  latin 


lisent  TTpoa/.o'l'ri;,  de  peur  que  tu  ne  trebu- 
chcs  dans  sa  Jiontc,  de  peur  que  sa  honteuse 
education  ne  te  cause  un  grand  chagrin. 

Le  morceau  suivant  (v-ers.  14-20)  est  inti- 
tule dans  le  grec  :  de  la  sante. 

15.  La  sante,  etc.  Le  latin  entend  ce 
!'='■  membre  dans  un  sens  moral  :  la  sante 
de  rdme,  dans  la  saintetc  et  la  justice,  vaut 
niieux  que  tout  Par  et  tout  Vargent. 

17.  Et  Vi'ternel  repos  :  ces  mots  se  lisent 
dans  les  versions  anciennes,  mais  dans  bien 
peu  de  manuscrits  grecs;  neanmoins  ils  sont 
tres  probablement  authentiques. 

18.  Une  bouclie  fcrinee  par  la  maladie.  — 
Offrandes  d'aliments  :  sur  cet  usage,  voy. 
Tab.  iv,  18. 

19.  Comp.  Deut.  iv,  28. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXX,  10—27. 


599 


contristabit  te.  10.  Non  corrideas 
illi  :  ne  doleas,  et  in  novissinio 
obstupescent  dentes  tui.  11.  Non 
des  illi  potestatem  in  juventute,  et 
ne  despicias  cogitatus  illius.  1 2.''Cur- 
va  cervicem  ejus  in  juventute,  et 
tunde  latera  ejus  dum  infans  est,  ne 
forte  induret,  et  non  credat  tibi,  et 
erit  tibi  dolor  animas.  13.  Doce 
filium  tuum,  et  operare  in  illo,  ne 
in  turpitudinem  illius  offendas. 

14.  Melior  est  pauper  sanus,  et 
fortis  viribus,  quam  dives  imbeciilis 
et  flagellatus  malitia.  15.  Salus  ani- 
mas in  sanctitate  justitias  melior  est 
omni  auro  et  argento  :  et  corpus 
validum   quam   census    immensus. 

16.  Non  est  census  super  censum 
salutis  corporis  :  et  non  est  oblecta- 
mentum    super    cordis     gaudium. 

17.  Melior  est  mors  quam  vita 
amara :  et  requies  asterna  quam  lan- 
guor perseverans.  18.  Bona  abscon- 
dita  in  ore  clauso,  quasi  appositiones 
epularum  circumpositas  sepulcro. 
19.  "'Quid   proderit  libatio  idolo.f* 


nee  enim  manducabit,  nee  odorabit : 
20.  sic  qui  effugatur  a  Domino,  por- 
tans  mercedes  iniquitatis :  2 1 .  videns 
oculis,  et  ingemiscens,  sicut  spado 
complectens  virginem,  et  suspirans. 

22.  "Tristitiam  non  des  animae 
tuae,  et  non  affligas  temetipsum  in 
consilio  tuo.  23.  Jucunditas  cordis 
hasc  est  vita  hominis,  et  thesaurus 
sine  defectione  sanctitatis :  et  exsul- 
tatio  viri  est  longasvitas.  24.  Mise- 
rere animae  tuas  placens  Deo,  et  con- 
tinue :  congrega  cor  tuum  in  san- 
ctitate ejus,  et  tristitiam  longe 
repelle  a  te.  25.^Multos  enirn  occi- 
dit  tristitia,  et  non  est  utilitas  in  ilia. 
26.  Zelus  et  iracundia  minuunt 
dies,  et  ante  tempus  senectam  addu- 
cet  cogitatus. 

27.  Splendidum  cor,  et  bonum  in 
epulis  est  :  epulae  enim  illius  dili- 
genter  fiunt. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


'-  Prov.  12, 
25  et  15.  13 
et  17,  22. 


2  Cor.  7, 


20.  Pcmrsiiit,  chatie.  L'auteur  considere 
ici  la  maladie  comme  un  chatiment;  sou- 
vent  aussi  elle  est  une  epreuve. 

Le  latin  ajoute  apres  le  i^^  membre  :  ct 
qui  porte  la  peine  de  son  iniqiiUc. 

11.  Apres  le  i'^''  membre,  le  lat.  ajoute  :  cf 
nn  trcsor  inepidsahle  de  saintete. 

23.  Aiine  ton  duie,  toi-meme,  ecarte  ce 
qui  pourrait  I'affliger  ou  lui  causer  du  souci, 
ct  console,  ou  bien  exhorte  ion  carter,  pour 
qu'il  ne  se  laisse  pas  dominer  par  la  tris- 
tesse. 

En  latin  :  par pitie  pour  ton  ante,  rends- 
toi  agre'able  a  Dieu,  recneille  ton  cceur  dans 
la  saintete^  et  cliasse,  etc. 

Dans  I'ancien  manuscrit  grec  qui  a  servi 
de  type  a  tous  les  autres,  il  s'est  produit 
apres  le  vers.  24,  un  deplacement  de  quel- 
ques  feuilletsqui  trouble  I'arrangement  pri- 
mitif  du  livre.  Ainsi  la  seftion  comprenant 
chap.  XXX,  25-xxxiii,  13a,  qui  ne  devait  venir 
qu'apres  xxxvi,  16a,  vient  immediatement 
apres  ch.  xxx,  24.  Cet  ordre,  ou  plutot  ce 
desordre,  s'est  transmis  dans  les  editions 
imprimees.  Mais  les  tradu(5\eurs  latin,  syria- 
que  et  arabe  ont  conserve  la  disposition 


primitive,  ce  qui  prouve  que  I'accident  s'est 
produit  posterieurement  a  ces  versions.  C'est 
I'ordre  du  texte  latin,  I'ordre  vrai,  que  nous 
croyons  devoir  suivre  dans  notre  tradudlion 
francaise. 

25.  Ce  verset  (xxxiii,  13  dans  le  texte  grec) 
est  diversement  expliciue:  la  pensee  parait 
etre  qu'un  homme  bon  et  genereux,  degag^ 
de  toute  pensee  d'avarice,  du  souci  d'amas- 
ser  de  grandes  richesses,  ne  lesine  pas  en 
ce  qui  coiicerne  sa  table,  mais  qu'il  y  pour- 
voit  largement,  afin  que  rien  ne  manque  ni 
aux  siens,  ni  a  ses  botes,  ni  k  lui-meme. 
Fritzsche  traduit  :  zm  ca'ur  liberal,  que  les 
bans  mets  rejouissent,  apporte  du  soi?i  a  ses 
aliments^  evite  toute  lesinerie. 

Le  latin  differe  notablement  du  grec  ; 
voici  comment  Loch  et  Reischl  le  tradui- 
sent  et  I'expliquent  :  tin  coeur  noble  et  bon 
se  niontre  tel  dans  les  fes tins ^  car  ses  festins 
sont soigneusejne7tt prepares, c.-a.-d..  un  noble 
cceur  prend  volontiers  part  aux  joies  d'un 
festin,  mais  il  a  soin  que  tout  soit  dispose 
de  telle  sorte  qu'on  n'y  depasse  jamais  la 
mesure  convenable  de  gaiete  et  de  tem- 
perance. 


600 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXI,  i— 17. 


Chap. 
XXXI. 


CHAP.  XXXI  [en  gr.  xxxiv]. —  De  la  recherche  des  biens  temporels 
[vers.  I  — 11].  De  la  bienseance  a  table  et  de  la  temperance  [12 — 31]. 

jlEILLER  pour  s'enrichir,  c'est  se  consumer  les  chairs, 
Et  le  souci  de  la  richesse  enleve  le  sommeil. 

2  Un  souci  perpetuel  empeche  de  dormir, 

Comme  dans  une  maladie  grave  le  sommeil  s'en  va. 

3  Le  riche  travaille  pour  amasser  des  richesses, 
Et  quand  il  se  repose,  il  peut  rassasier  ses  plus  somptueux  desirs. 

4  Le  pauvre  travaille,  sans  avoir  de  quoi  vivre, 
Et  quand  il  se  repose,  il  manque  de  tout. 

5  Celui  qui  aime  Tor  ne  sera  pas  sans  peche, 
Comme  celui  qui  poursuit  les  choses  corruptibles  les  aura  en  abondance. 

6  Beaucoup  ont  6t6  livres  k  la  ruine  a  cause  de  Tor, 
Et  leur  perte  etait  devant  eux. 

7  L'or  est  un  bois  de  scandale  pour  ceux  qui  lui  sacrifient; 
Tout  insense  y  sera  pris. 

8  Heureux  le  riche  qui  sera  trouve  sans  tache, 
Et  qui  n'a  pas  couru  apres  Tor ! 

9  Qui  est-il,  pour  que  nous  le  proclamions  heureux? 
Car  il  a  fait  une  chose  merveilleuse  parmi  son  peuple. 

10  Quel  est  celui  qui  a  ete  eprouve  par  l'or  et  trouve  sans  reproche? 
Que  cette  epreuve  lui  soit  un  sujet  de  gloire! 
Qui  a  pu  violer  la  loi  et  ne  Fa  pas  violee, 
Faire  le  mal  et  ne  I'a  pas  fait? 

1 1  C'est  pourquoi  sa  fortune  est  affermie, 
Et  I'assemblee  publiera  ses  bienfaits. 

12  As-tu  pris  place  a  une  table  bien  servie, 
N'ouvre  pas  la  bouche  devant  elle, 
Et  ne  dis  pas  :  "Voici  bien  des  mets." 

13  N'oublie  pas  que  I'ceil  envieux  est  chose  mauvaise; 
Y  a-t-il  creature  plus  mauvaise  que  I'oeil  envieiixf 
Aussi  pleure-t-il  de  tout  le  visage. 

14  Qi\  il  regarde,  n'etends  pas  la  main, 
Et  ne  te  heurte  pas  avec  lui  dans  le  plat. 

15  Tuge  des  desirs  du  prochain  d'apres  les  tiens, 
Et  agis  en  toutes  choses  avec  reflexion. 

16  Mange  comme  il  convient  a  un  homme  de  ce  qui  est  devant  toi, 
Et  ne  mache  pas  avec  bruit,  de  peur  que  tu  n'inspires  de  la  repugnance. 

17  Cesse  le  premier  par  bonne  education, 
Et  ne  te  montre  pas  insatiable  de  peur  de  scandaliser. 


CHAP.  XXXI. 

2.Perpi'tueI,  litt.  de  vci/le,  qui  tient  eveille. 
—  Empeche  de  dor»nr,&n  prenant  a-ai-:T,a£i 
dans  le  sens  de  arcere,  impedire;  ou  bien 
en  lisant  a7tocrxr,asi.  —  Dans  jtne  vialadie 
grave,  au  nominatif  absolu  en  grec.  —  S'en 
va,  litt.  se  repent.  Loch  et  Reischl  interpre- 
tent  le  grec  tout  autrement  :  Celui  qui  se 
refuse  le  repos  necessaire. 

En  latin  :  le  souci  de  I'avcnir  deiournc  la 
pensee  de  Dieu,  de  la  vertu  (ou  bien,  houle- 
verse  le  sens),  et  une  maladie  grave  raniene 
a  la  sagesse. 

3-4.  Ces  deux  versets  enoncent  un  fait 
dont  I'auteur  ne  donne  pas  la  raison.  \'eut-il 
affirmer  simplement  que  ie  riche,  lors  mcme 
qu'il  se  repose,  a  tout  en  abondance,  tandis 


que  le  travail  du  pauvre  ne  suffit  pas  meme 
a  Tentretien  de  sa  vie,  et  que,  s'il  se  repose, 
il  tombe  dans  une  profonde  misere?  Ou  bien 
son  intention  est-elle  d'insinuer  que  c'est  de 
Dieu  seul  que  depend  le  succes  du  travail 
humain  (Houbigant)? 

5.  Les  c/ioses  corruptibles,  litt.  la  corrup- 
tion, ce  qui  amene  la  perte  de  I'homme. 

6.  Leur  perte  etait  devant  cu\\  h.  peu  pres 
ine'vitable  :  ils  devaient  la  rencontrer.  En 
latin  :  et  sa  beaiite  a  etc  leur  perte. 

7.  U)i  bois  de  scandale,  d'achoppement, 
une  poutre  dans  le  chemin  que  Ton  heurte 
et  qui  fait  tomber,  naturellement  dans  le 
pcche.  Plusieurs  entendent  par  bois  de  scan- 
dale une  idole. —  ]'  sera  pris,  y  trouvera 
sa  ruine. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXI,  1—20. 


601 


— :i:—      CAPUT  XXXI.     — :>— 

Vigilia  honestatis  :  cogitatus  praescientias  : 
labor  divitis  et  pauperis  :  diligens  aiirum  : 
multi  casus  in  auro  :  laus  divitis  sine 
macula  :  niodestia  in  niensa  servanda  : 
laus  sobrietatis,  et  vituperatio  gulae  :  laus 
usus  modici  vini,et  vituperatio  immodici. 


^5P:g^1GILIA  honestatis  tabe- 
faciet  carnes,  et  cogitatus 
illius  auferet  somnum. 
2.  Cogitatus  prasscientias 


avertit  sensum,  et  infirmitas  gravis 
sobriam  facit  animam. 

3.  Laboravit  dives  in  congrega- 
tione  substantias,  et  in  requie  sua 
replebitur  bonis  suis.  4.  Laboravit 
pauper  in  diminutione  victus,  et  in 
fine  inops  fit.  5.  Qui  aurum  diligit, 
non  justificabitur :  et  qui  insequitur 
consumptionem,  replebitur  ex  ea. 
6.  'Multi  dati  sunt  in  auri  casus, 
et  facta  est  in  specie  ipsius  perdi- 
tio  illorum.  7.  Lignum  ofFensionis 
est  aurum  sacrificantium  :  vae  illis, 
qui  sectantur  illud,  et  omnis  im- 
prudens  deperiet  in  illo,  8.  Beatus 
dives,  qui  inventus  est  sine  macu- 


la :  et  qui  post  aurum  non  abiit, 
nee  speravit  in  pecunia,  et  thesau- 
ris.  9.  Quis  est  hie,  et  laudabimus 
eum?  fecit  enim  mirabilia  in  vita 
sua.  10.  Qui  probatus  est  in  illo,  et 
perfectus  est,  erit  illi  gloria  aster- 
na  :  qui  potuit  transgredi,  et  non 
est  transgressus  :  facere  mala,  et 
non  fecit  :  11.  ideo  stabilita  sunt 
bona  illius  in  Domino,  et  eleemo- 
synas  illius  enarrabit  omnis  Eccle- 
sia  sanctorum. 

12.  Supra  mensam  magnam  se- 
disti?  non  aperias  super  illam  fau- 
cem  tuam  prior.  13.  Non  dicas  sic  : 
Multa  sunt,  quae  super  illam  sunt : 
14.  memento  quoniam  malus  est 
oculus  nequam.  15.  Nequius  oculo 
quid  creatum  est.^  ideo  ab  omni 
facie  sua  lacrymabitur ;  cum  viderit, 

16.  ne  extendasmanum  tuam  prior, 
et  invidia  contaminatus  erubescas. 

17.  Ne  comprimaris  in  convivio. 

1 8 .  Intellige  quas  sunt  proximi  tui  ex 
te  ipso  :  19.  utere  quasi  homo  frugi 
his,  quas  tibi  apponuntur  :  ne,  cum 
manducas  multum,  odio  habearis. 
20.  Cessa  prior  causa  disciplinas  :  et 
noli  nimius  esse,  ne  forte  offendas. 


8.  Le  latin  ajoute  :  et  n^a  pas  mis  son 
espoir  dajis  V argent  ct  les  trcsors. 

g.  Pat'iiii  son  peiiple;  en  latin,  pendant 
sa  vie, 

10.  Quel  est  celui,  etc.;  en  latin  sans  inter- 
rogation :  Ini  qui  a  cte  eprouve'. 

11.  Sa  fortune  est  afferniie,  n'est  pas  ex- 
posee  a  se  perdre.  Le  latin  ajoute,  dans  le 
Seigneur^  grace  a  la  benedidlion  de  Dieu. 

—  Et  Passenible'e;  le  latin  ajoute,  des  saints, 
des  pieux  Israelites. 

12.  N^oitvre  pas  la  bouche,  comme  si  tu 
etais  pret  a  tout  devorer  :  indice  de  gour- 
mandise.  Le  latin  ajoute,  le  premier.  —  Et 
ne  dis  pas,  pour  t'excuser;  ou  bien  :  par  un 
sentiment  de  joie  sensuelle. 

13.  L\ril  envieux,  I'oeil  de  convoitise  : 
hebraisme.  —  Creature  plus  niauvaise  que 
Pa'il  envieux;  ou  bien  avec  Fritzsche,  cre'a- 
ture  plus  niauvaise,  plus  envieuse,  que  I'a'il. 

—  Aussi  tout  visage  d'homme  verse-t-il  des 
larmes  de  convoitise,  tout  homme  est-il  plus 
ou  moins  envieux.  D'autres,  a  qui  cette 
affirmation  parait  trop  absolue,  quoiqu'elle 
admette  naturellement  des  exceptions,  tra- 
duisent  avec  le  latin  :  aussi pleure-t-il  (yatW 


envieux)  de  toute  sa  face,  sur  tout  son  visage, 
des  larmes  de  convoitise  lorsqu'il  voit  quel- 
que  chose  sans  pouvoir  en  jouir  tout  de  suite. 
Les  mots,  cuni  viderit,  scil.  oculus,  appar- 
tiennent  au  verset  suivant. 

14.  Et  ne  te  lieurte  pas  :  et  que  ta  main 
ne  se  trouve  pas,  en  quek|ue  sorte,  en  con- 
flit  avec  ton  ceil,  en  prenant  avidement  ce 
qu'il  convoite. 

En  latin  :  n'etends  pas  la  main  le  premier, 
de  peur  que,  desJionore  par  ta  convoitise,  tu 
ii'aies  a  roiigir;  ne  fempresse  pas  (ou  bien  : 
ne  te  gorge  pas  de  7iourriture  pendant  le 
f est  in. 

iS-  A  cette  epoqiie,  en  Orient,  chacun  pre- 
nait  lui-meme  au  plat  commun  ce  qu'il  desi- 
rait;  il  devait  done  tenir  compte  des  desirs 
et  des  besoins  legitimes  des  autres  convives. 
Le  2^  membre  manque  en  latin. 
16.  Comme  il  convient  a  tat  homme  rai- 
sonnable;  en  latin,  a  tin  homme  temperant. 
Cela  pent  signifier  :  ne  mange  pas  a  I'exces  : 
ou  bien  :d'une  maniere  inconvenante;ce  der- 
nier sens  est  preferable.  Le  latin  exprime  le 
!«'  en  traduisant  le  2^  membre  :  depeurqu^en 
tnangeant  a  I'exces  tu  ite  te  rendes  odieux. 


602  L'ECCIASIASTIQUE.     Chap.  XXXI,  18—31;  XXXII,  i,  2. 


18  Si  tu  es  assis  en  nombreuse  compagnie, 
N'etends  pas  la  main  avant  les  autres. 

19  Peu  de  chose  suffit  a  im  homme  bien  eleve, 
Et  sur  sa  couche  il  respire  librement. 

20  Le  sommeil  salutaire  est  pour  I'estomac  sobre; 
On  se  leva  matin  et  on  a  Tesprit  dispos. 

Des  insomnies,  des  vomissements  penibles 
Et  la  colique  sont  pour  I'homme  intemperant. 

21  Si  I'exces  du  manger  t'incommode, 

Leve-toi,  promene-toi  au  large,  et  tu  seras  soulage. 

22  Ecoute-moi,  mon  fils,  et  ne  me  meprise  pas, 

Et  a  la  fin  tu  dprouveras  la  veritc  de  mes  paroles  : 
Dans  toutes  tes  aftions,  sois  diligent, 
Et  aucune  maladie  ne  te  surviendra. 

23  Des  levres  nombreuses  benissent  celui  qui  donne  liberalement  k  manger, 
Et  le  temoignage  rendu  a  sa  generosite  est  vrai. 

24  Toiite  la  ville  murmure  contre  celui  qui  lesine  en  donnant  a  manger, 
Et  le  temoignage  rendu  a  son  avarice  est  exafl. 

25  Ne  fais  pas  le  brave  avec  le  vin, 

Car  le  vin  a  fait  perir  un  grand  nombre  d'hommes. 

26  La  fournaise  ^prouve  I'acier  quand  on  le  trempe; 

De  meme  le  vin  eprouve  les  cceurs  quand  les  orgueilleux  se  querellent. 

27  Le  vin  est  comme  la  vie  pour  I'homme, 
Si  tu  le  bois  dans  sa  juste  mesure. 
Quelle  vie  a  celui  qui  manque  de  vin? 

Et  certes  le  vin  a  dte  fait  pour  rejouir  les  hommes. 

28  AUdgresse  du  coeur  et  joie  de  Tame, 

Tel  est  le  vin  pris  a  temps  dans  une  juste  mesure. 

29  Amertume  de  I'ame  est  le  vin  bu  avec  exces, 
Alors  qu'on  est  excite  et  qu'on  se  debat  contre  lui. 

30  L'ivresse  echauffe  la  fureur  de  Mnsensd  et  le  fait  tomber  dans  le  mal; 
EUe  diminue  les  forces  et  amene  des  blessures. 

31  Dans  un  festin,  ne  fais  pas  de  reproches  au  prochain, 

Et  ne  le  traite  avec  mepris  pendant  qu'il  s'abandonne  a  la  joie; 

Ne  lui  adresse  pas  de  paroles  injurieuses, 

Et  ne  le  presse  pas  en  lui  redemandant  quelque  chose. 


Chap. 
XXXII. 


CHAP.  XXXII  [en  gr.  xxxv].  —  Regies  a  observer  dans  les  festins  [suite, 
vers.  I  — 13].  Le  juste  et  le  sage  opposes  a  I'insense  dans  leur  conduite 
comme  dans  leur  sort  [14 — 24]. 

IN  t'a  etabli  roi  du  festin?  Ne  t'eleve  pas; 
Sois  au  milieu  des  convives  comme  I'un  d'eux. 
Prends  soin  d'eux,  et  ensuite  assieds-toi. 
2  Quand  tu  auras  rempli  les  devoirs  de  ta  charge,  prends  place, 
Afin  de  te  rejouir  ^.  cause  d'eux, 
Et,  pour  la  belle  ordonnance  du  banquet,  recevoir  la  couronne. 


18.  N\'fe7ids  fas  la  fiiahr,  pour  prendre 
dans  le  plat  :  voy.  la  note  du  vers.  14.  Le 
latin  ajoute,  et  ne  sois  pas  le  ptri/n'ef-  a  de- 
mander  a  boire. 

19.  Peic  de  chose,SQ\t  en  viandes,soit  en  vin. 
En  latin,  peu  de  vin.  Apres  le  2^  membre,  le 
latin  ajoute  :  et  tu  ne  ressens  aucune  doulcur. 

20.  L'estoinac  sobre,  litt.  nioderdment  rem- 
pli; en  latin,  pour  Vhoinnie  sobre. 

En  latin,  les  deux  derniers  membres  du 
verset  grec  precedent  les  deux  premiers. 


21.  Promene-toi :  en  latin,  vomis  :  cet 
usage,  fre'quent  chez  les  Romains,  I'etait 
moins  chez  les  Grecs.  — •  Le  latin  ajoute  :  et 
tu  ne  t  \ittireras  pas  de  maladie. 

22.  Dilis^ent,  a(ftif,  exercant  vigoureuse- 
ment  tes  membres. 

23.  Benissent,  dans  le  sens  de  louer,  et 
non  de  remercier.  — Est  vrai,  si^r,  on  peut 
s'y  tier.  Comp.  Ps.  xix,  8. 

24.  Exacl,  conforme  k  la  vdritd,  d\(\6  par 
la  sagesse. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXI,  21—42;  XXXII,  1—3.      603 


21.  Et  si  in  medio  multorum  sedi- 
sti,  prior  illis  ne  extendas  manum 
tuam,  nee  prior  poscas  bibere. 

11.  Quam  sufficiens  est  homini 
erudito  vinum  exiguum,  et  in  dor- 
miendo  non  laborabis  ab  illo,  et  non 
senties  dolorem.  23.  Vigilia,  cho- 
lera, et  tortura  viro  infrunito  : 
24.  somnus  sanitatis  in  homine  par- 
co  :  dormiet  usque  mane,  et  anima 
iilius  cum  ipso  delectabitur.  25.  Et 
si  coactus  fueris  in  edendo  multum, 
surge  e  medio,  evome  :  et  refrigera- 
bit  te,  et  non  adduces  corpori  tuo 
infirmitatem.  26.  Audi  me  fili,  et 
ne  spernas  me  :  et  in  novissimo  in- 
venies  verba  mea.  27.  In  omnibus 
operibus  tuis  esto  velox,  et  omnis 
infirmitas  non  occurret  tibi. 

28.  Splendidum  in  panibus  bene- 
dicent  labia  multorum,  et  testimo- 
nium veritatis  iilius  fidele.  29.  Ne- 
quissimo  in  pane  murmurabit  civi- 
tas,  et  testimonium  nequitias  iilius 
verum  est. 

30.  Diligentes  in  vino  noli  pro- 
vocare  :  *multos  enim  exterminavit 
vinum.  31.  Ignis  probat  ferrum 
durum  :  sic  vinum  corda  superbo- 
rum  arguet  in  ebrietate  potatum. 
32.  ^qua  vita  hominibus  vinum  in 
sobrietate  :  si  bibas  illud  moderate, 
eris  sobrius.  23-  Quae  vita  est  ei, 
qui  minuitur  vino?  34.  Quid  de- 


fraudat  vitam?  Mors.  35.  ^  Vinum  ^Ps.103,15. 
in  jucunditatem  creatum  est,  et  non 
in  ebrietatem,  ab  initio.  36.  Exsul- 
tatio  animas  et  cordis  vinum  mode- 
rate potatum.  37.  Sanitas  est  animae 
et  corpori  sobrius  potus.  38.  '^Vi-  "'Prov.  31. 
num  multum  potatum  irritationem,  4- 
et  iram,  et  ruinas  multas  facit. 
39.  Amaritudo  animae  vinum  mul- 
tum potatum.  40.  Ebrietatis  ani- 
mositas,  imprudentis  offensio,  mi- 
norans  virtutem,  et  faciens  vulnera. 
41.  In  convivio  vini  non  arguas 
proximum  :  et  non  despicias  eum 
in  jucunditate  iilius  :  42.  verba  im- 
properii  non  dicas  illi  :  et  non  pre- 
mas  ilium  in  repetendo. 

— *—     CAPUT  XXXII.    — *— 

Officium  boni  reiloris  :  major  natu  loqua- 
tur  :  tacendum  ubi  non  est  qui  audiat  : 
jucLinditas  musicte  in  convivio  :  adole- 
scenti  tacendum  :  laus  taciturnitatis  :  dis- 
cutienda  propria  domus  :  laus  timoris 
Domini  :  peccator  vitat  correptionem  : 
absque  consilio  nihil  agendum. 


lECTOREM  te  posue- 
runt?  noli  extolli :  esto  in 
illis  quasi  unus  ex  ipsis. 
2,  Curam  illorum  habe, 
et  sic  conside,  et  omni  cura  tua  ex- 
plicita  recumbe :  3 .  ut  laeteris  propter 
illos,  et  ornamentum  gratias  accipias 


25.  Ne  fats  pas  le  brave,  etc.  :  n'essaie 
pas  de  lui  tenir  tete  :  tu  serais  vaincu  par 
lui.  En  latin  :  n'excite  pas  a  boirc  ceitx  qui 
aiment  le  vin. 

26.  Sens  :  on  sait  ce  que  vaut  I'acier  (en 
lat.  le  fer)  quand  il  a  passe  par  le  feu  et  par 
la  trempe  :  de  meme  le  cosur  des  orgueilleux 
se  montre  tel  qu'il  est  dans  les  querelles 
apres  boire. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  de  meme 
le  vin  bic  a  V  execs  re'vele  le  cancr  des  or- 
gueilleux. 

27.  Le  vin  est  comnie  la  vie  :  il  I'excite,  la 
ranime,  etc.  Le  latin  ajoute  apres  le  3e  mem- 
bre ;  qic^est-ce  qui  enlcve  la  vie?  La  niort, 
et  traduit  le  46  :  le  vin  a  ete  cree  a  forigine 
pour  rejouir,  et  tion  pour  enivrer. 

28.  Dans  line  juste  niestcre,  dans  une  me- 
sure  suffisante. 

Le  latin  ajoute  :  pris  sobrenienf,  il  est  la 
saute'  de  Pdine  et  die  corps. 


29.  Alors  qii'on  est  excite',  etc. ;  litt.,  dans 
I'excitation  et  la  luite  contre;  en  latin,  et  la 
colcrej  d'autres  autrement. 

Le  latin  paraphrase,  ou  plutot  traduit 
deux  fois  ce  verset. 

30.  Le  fait  toniber  dans  le  vial,  lui  fait 
dire  des  injures  et  I'engage  dans  des  que- 
relles, d'ou  il  sort  meurtri  de  coups. 

31.  Au  prochain  dejk  echauffe  par  le  vin. 
—  En  lui  rcdemandant  quelquc  chose,  en 
reclamant  de  lui  le  paiement  d'une  dette,  de 
I'argent  prete  :  le  moment  serait  mal  choisi. 

CHAP.   XXXII. 

1-13.  Ce  morceau  est  precede  d'un  titre  : 
Des Pre'sidents,\es  symposiarques  des  Grecs, 
inagistri  ou  reges  des  Romains,  les  archi- 
iriclinii  de  I'Evangile  {Jea7i,  ii,  8). 

2.  A  cause  d'eux,  en  les  voyant  eux-memes 
contents  et  joyeux.  —  La  couro/ine.  Chez 
les  Grecs  et  les  Romains  tous  les  convives 


604 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXII,  3—21. 


3  Parle,  vieillard,  avec  justesse  et  doflrine,  car  cela  te  convient, 
Mais  sans  faire  obstacle  h.  la  musique. 

4  Lorsqu'on  ecoute  /a  viusiqitc^  ne  te  r^pands  pas  en  paroles, 
Et  n'etale  pas  ta  sagesse  a  contre-temps. 

5  Un  sceau  d'escarboucle  enchasse  dans  For, 

Tel  est  un  concert  harmonieux  dans  un  banquet. 

6  Un  sceau  d'emeraude  dans  une  garniture  d'or, 

Telle  est  une  douce  melodie  accompagnant  un  vin  agrdable. 

7  Parle,  jeune  homme,  s'il  y  a  utilite  pour  toi; 
A  peine  deux  fois,  si  Ton  t'interroge. 

8  Abrege  ton  discours,  beaucoup  de  choses  en  peu  de  mots; 
.Sois  comme  un  homme  qui  a  la  science  et  qui  sait  se  taire. 

9  Au  milieu  des  grands,  ne  te  fais  pas  leur  egal, 
Et  oil  il  y  a  des  vieillards,  sois  sobre  de  paroles. 

10  Avant  le  tonnerre  I'eclair  brille  : 

Ainsi  devant  le  jeune  homme  modeste  maixhe  la  grace. 

11  L'heure  venue,  Icve-toi  de  table  sans  tarder; 
Cours  a  ta  maison  et  ne  sois  pas  insouciant. 

12  Lh.  divertis-toi,  fais  tes  fantaisies, 

Toutefois  sans  pecher  par  des  discours  insolents. 

13  Et  apres  tout  cela  benis  le  Seigneur  qui  t'a  cree, 
Et  qui  te  comble  de  tons  ses  biens. 

14  Celui  qui  craint  le  Seigneur  recoit  I'instruiflion, 

Et  ceux  qui  le  cherchent  avec  empressement  trouveront  sa  faveur. 

15  Celui  qui  cherche  la  loi  y  trouvera  son  rassasiement; 
Mais  pour  I'hypocrite  elle  sera  une  occasion  de  chute. 

16  Ceux  qui  craignent  le  Seigneur  trouveront  le  jugement  vrai, 
Et  ils  feront  briller,  comme  un  flambeau,  de  justes  sentences. 

17  Le  pecheur  decline  la  correction, 
Et  il  trouve  des  excuses  k  son  gre. 

18  L'homme  intelligent  ne  meprise  pas  I'avis  d'un  etranger, 
Mais  I'orgueilleux  n'est  arrete  par  aucune  crainte, 

Et  apres  avoir  agi,  il  ne  sait  plus  C|ue  faire, 
[Et  ainsi  if  est  convaincu  de  folie.] 

19  Ne  fais  rien  sans  reflexion, 

Et  aprC^s  I'acflion  tu  n'auras  pas  a  te  repentir, 

20  Ne  va  pas  sur  un  chemin  ddgrad^, 
Et  tu  ne  te  heurteras  pas  aux  pierres. 

21  Ne  te  fie  pas  h,  un  chemin  qui  n'offre  aucun  obstacle, 
Et  sois  sur  tes  gardes  vis-k-vis  de  tes  enfants. 


portaient  des  couronnes  dans  les  festins,  et 
cet  usage  s'introduisit  chez  les  Juifs  des 
derniers  temps.  Ici,  la  couronne  est  donnee 
au  seul  president  par  honneur  et  par  recon- 
naissance. 

Le  latin  ajoute  :  et  d'obtrnir  la  reconnais- 
sance des  invites ;  ou  bien  :  et  de  i>wntrcr 
que  tu  vih-itais  d^etre  clu. 

3.  Chez  les  anciens,  la  musique  etait  I'ac- 
compagnement  oblige  d'un  festin.  On  en 
trouve  des  traces  d'assez  bonne  heure  chez 
les  Hebreux  (II  Satn.  xi.x,  35;  Is.  v,  12). 

4.  LorsqtCon  ecoute,  etc.;  en  latin,  si  I'on 
ne  t' ecoute  pas  :  meme  sens  au  fond. 

5.  Une  escarboucle  gravee,  formant  le  cha- 
ton  d'un  anneau  k  sceller. 

6.  Le  latin  ajoute  :  ecoute  en  silence,  et  ta 
reteniie  te  coitciliera  la  faveur. 

7-8.  En  latin  -.jeune  /loniine,  parle  c\  peine 


dans  ta  pro  pre  cause j  si  tu  es  interroge  deux 
fois,  que  ta  re'pottse  soit  un  abrege  (Loch  : 
alors  seiileinent  coniincnce  ix  parler).  En 
beaucoup  de  choses,  fais  cotnine  si  tu  igno- 
rais,  et  Ecoute  en  silence,  cherchant  h  ap- 
prendre. 

9.  Oil  il  y  a  des  vieillards;  la  legon  du 
cod.  Vat.  nous  parait  moins  bonne  :  quand 
Jin  autre  parte. 

10.  L'auteur  compare  deux  choses  qui  se 
suivent  de  pros,  qui  vont  ensemble.  La 
grace,  soit  la  faveur  des  hommes,  soit  quel- 
que  chose  de  gracieux  et  d'aimable  dans  le 
maintien,  dans  toute  la  personne. 

Le  latin  traduit  deux  fois  le  2e  membre. 
Loch  explique  ainsi  la  premiere  de  ces  tra- 
ductions :  et  devant  la  rongeur  ntarchc  la 
fai'eur :  la  faveur  dont  est  I'objet  un  homme 
modeste  le  fait  rougir  comme  s'il  en  ^tait 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXII,  4—26. 


605 


coronam,  et  dignationem  consequa- 
ris  corrogationis. 

4.  Loquere  major  natu  :  decet 
enim  te  5.  primum  verbum  dili- 
gent! scientia,  et  non  impedias 
musicam.  6,  Ubi  auditus  non  est, 
non  eiFundas  sermonem,  et  impor- 
tune noli  extolli  in  sapientia  tua. 
7.  Gemmula  carbunculi  in  orna- 
mento  aiiri,  et  comparatio  musi- 
corum  in  convivio  vini.  8.  Sicut  in 
fabricatione  auri  signum  est  sma- 
ragdi,  sic  numerus  musicorum  in 
jucundo  et  moderato  vino.  9.  Audi 
tacens,  et  pro  reverentia  accedet 
tibi  bona  gratia. 

10.  Adolescens  loquere  in  tua 
causa  vix.  11.  Si  bis  interrogatus 
fueris,  habeat  caput  responsum 
tuum.  12.  In  multis  esto  quasi  in- 
scius,  et  audi  tacens  simul  et  quas- 
rens.  13.  In  medio  magnatorum 
non  prassumas  :  et  ubi  sunt  senes, 
non  multum  loquaris.  14.  Ante 
grandinem  prasibit  coruscatio  :  et 
ante  verecundiam  praeibit  gratia,  et 
pro  reverentia  accedet  tibi  bona 
gratia.  15.  Et  hora  surgendi  non  te 
trices  :    prascurre   autem   prior   in 


domum  tuam,  et  illic  avocare,  et 
illic  lude,  16.  et  age  conceptiones 
tuas,  et  non  in  delictis  et  verbo  su- 
perbo.  17.  Et  super  his  omnibus 
benedicito  Dominum,  qui  fecit  te, 
et  inebriantem  te  ab  omnibus  bonis 
suis.  18.  Qui  timet  Dominum,  ex- 
cipiet  doctrinam  ejus  :  et  qui  vigi- 
laverint  ad  ilium,  invenient  bene- 
dictionem.  1 9.  Oui  quaerit  legem, 
replebitur  ab  ea  :  et  qui  insidiose 
agit,  scandalizabitur  in  ea.  20.  Qui 
timent  Dominum,  invenient  judi- 
cium justum,  et  justitias  quasi  lu- 
men accendent.  21.  Peccator  homo 
vitabit  correptionem,  et  secundum 
voluntatem  suam  inveniet  compa- 
rationem. 

22.  Vir  consilii  non  disperdet  in- 
telligentiam,  alienus  et  superbus  non 
pertimescet  timorem  :  23.  etiam 
postquam  fecit  cum  eo  sine  consi- 
lio,  et  suis  insectationibus  arguetur. 
24.  Fill  sine  consilio  nihil  facias,  et 
post  factum  non  pcenitebis.  25.  In 
via  ruinas  non  eas,  et  non  offendes 
in  lapides  :  nee  credas  te  vias  labo- 
riosas,  ne  ponas  animas  tuae  scanda- 
lum  :  26.  et  a  filiis  tuis  cave,  et  a 


indigne.  La  2"^  se  rapproche  davantage  du 
grec. 

11.  Sans  retard  J  litt.,  /le  forme  pas  la 
queue  ^  Parrie  re -garde.  —  Insouciant,  leger, 
oubliant  ta  maison  pour  te  livrer  aux  joies 
du  festin;  d'autres,  nonchalant,  negligent. 

1 2.  Des  discours  insole nts,  ou  des  paroles 
orgueilleieses,  ce  a  quoi  on  est  exposd  quand 
on  est  echauffe  par  le  vin. 

13.  Qui  te  conible,  litt.  qui  fenivre. 

15.  Qui  cherche  a  accomplir  la  loi.  —  Son 
rassasienient,  toutes  les  benedicftions  qui  y 
sont  attachees,  et  par  la  meme  toutes  les 
satisfa(5lions  qu'il  pent  desirer.  —  L'Jiypo- 
crite,  qui  ne  s'attache  pas  sincerement  a  la 
loi,  qui  n'a  que  I'apparence  de  la  fidelite.  — 
Une  occasion  de  chute,  de  perdition,  de 
ruine. 

16.  Le  jugeinent  vrai,  une  saine  appre- 
ciation des  choses.  Loch  interprete  le  latin  : 
ceux  qui  craignent  le  Seigneur  trouveront 
aupres  de  lui  un  Jugentent  ]\xste,  et  par  con- 
sequent favorable,  et  ils  ferotit  briller, 
coinme  tin  flambeau,  leurs  justices,  leurs 
bonnes  oeuvres,  devant  les  hommes  {lUatth., 
V,  16;. 


17.  Des  excuses,  litt.  une  interpretation 
de  la  loi  ou  de  sa  conduite. 

18.  Dhm  ctranger,  en  gr.  aX'Aotoio'j,  par 
conjecflure;  aXXoxpto;  viendrait  d'une  erreur 
du  tradu6leur  grec  ou  du  copiste.  £n  con- 
servant  aXXoxpto;,  on  traduira  le  1^  mem- 
bre  :  Vhonime  ctranger  a  la  reflexion  et 
Vorgueilleux  ne  sont  arretes  par  aucune 
crainte.  —  Et  ainsi,  etc.  Ce  4^  membre 
n'existe  pas  dans  le  grec  acfluel,  probable- 
ment  par  I'omission  d'un  copiste.  A  quel 
mot  I'hebreu  ou  grec  repond  inseclationi- 
bus?  11  est  difficile  de  le  deviner.  Nous  avons 
suppose_/c'//'d?  dans  notre  traduction.  Le  latin 
peut  s'interpreter  :  et  il  est  puni par  ses pro- 
pres  desseinsj  ou  bien,  condamne  par  ses 
prop  res  entreprises. 

19.  Sans  reflexion,  ou  bien  sa)is  consul- 
tation, 

20.  Sens  :  evite  ce  qui  peut  etre  pour 
toi  une  occasion  de  chute,  dans  le  sens 
moral. 

21.  Sens  :  sois  toujours  sur  tes  gardes, 
meme  lorsqu'aucun  danger  n'apparait,  par 
ex.  vis-a-vis  de  tes  enfants. 


Chap. 
XXXIII. 


606       L'ECCLESIASTIQUE.    Chap.  XXXII,  22,  23;  XXXIII,  i— 14. 

22  Dans  tout  ce  que  tu  fais,  aie  confiance  en  ton  ame. 
Car  cela  aussi  est  observation  des  commandements. 

23  Celui  qui  a  confiance  en  la  loi  est  attentif  a  ses  preceptes, 

Et  celui  qui  se  confie  au  Seigneur  ne  souffrira  aucun  dommage. 

CHAP.  XXXIII  [en  gr.  xxxvi],  i  — 19.  —  La  crainte  de  Dieu  [vers,  i — 6]. 
Inegalite  des  conditions  [7 — 15].  L'auteur  se  felicite  de  son  recueil  de 
sentences  et  invite  tous  les  hommes  a  I'ecouter  [16 — 19]. 

t  CELUI  qui  craint  le  Seigneur  le  malheur  ne  surviendra  pas; 
Mais  s'il  est  eprouve,  le  Seigneur  le  delivrera. 
[&^a3|     2  L'homme  sage  ne  hait  pas  la  loi, 

Mais  celui  qui  use  d'hypocrisie  vis-a-vis  d'elle  est  comme  un  vaisseau  pendant  la  tempete. 

L'homme  intelligent  a  confiance  dans  la  loi, 

Et  pour  lui  la  loi  est  digne  de  foi  comme  I'oracle  de  I'Urim. 


4  Prepare  ton  discours,  et  ainsi  tu  seras  ecoute; 
Rassemble  ton  savoir,  ct  reponds. 

5  L'interieur  de  I'insense  est  comme  une  roue  de  chariot, 
Et  sa  pensee  comme  un  essieu  qui  tourne. 

6  L'etalon  est  I'image  de  I'ami  moqueur  : 
II  hennit  sous  tout  cavalier, 

7  Pourquoi  un  jour  I'emporte-t-il  sur  un  autre  jour, 

Puisque  la  lumiere  de  tous  les  jours  de  I'annee  vient  du  soleil? 

8  C'est  la  sagesse  du  Seigneur  qui  a  dtabli  entre  eux  des  distindlions, 
Qui  a  institue  des  temps  divers  et  des  jours  de  fete. 

9  Parmi  les  jours,  il  y  en  a  qu'il  a  eleves  et  sanrtifies, 
Et  il  y  en  a  qu'il  a  mis  parmi  les  jours  ordinaires. 

10  Ainsi  tous  les  hommes  viennent  de  la  poussicre, 
De  la  terra  dont  Adam  a  ete  forme. 

11  Afais  c'est  avec  une  grande  sagesse  que  le  Seigneur  les  a  distingues, 
Et  les  a  fait  marcher  dans  des  voies  differentes. 

12  II  a  beni  les  uns  et  les  a  eleves; 

11  a  san(5lifid  les  autres  et  les  a  approches  de  lui; 

D'autres,  il  les  a  maudits  et  abaisses, 

Et  les  a  prccipites  de  la  place  cju'ils  occupaient. 

13  Comme  I'argile  est  dans  la  main  du  potier, 
Et  qu'il  en  dispose  selon  son  bon  plaisir, 

Ainsi  les  hommes  sont  dans  la  main  de  celui  qui  les  a  fails, 
Et  il  leur  donne  selon  son  jugement. 

14  En  face  du  mal  est  le  bien,  en  face  de  la  mort  la  vie  : 
Ainsi  en  face  du  juste  est  le  pecheur. 


22.  Ne  sois  pas  pusillanime;  cela  aussi 
est  commande  par  le  Seigneur. 

Loch,  pressant  davantage  les  mots  latins  : 
dans  toiites  tes  anions,  rapporfc-toi  Jidi'le- 
inent  a  ton  dine,  a  la  voix  interieure  de  ta 
conscience. 

23.  En  la  loi;  lat.  en  Dieu  :  mcme  sens 
au  fond.  Ce  verset  se  lie  au  chap,  suivant. 

CHAP.  XXXIII. 

2.  Ne  hait  pas  la  loi,  il  s'y  attache  et  I'ob- 
serve  fidelement.  LJiypocrite  aimerait  aussi 
a  I'accomplir,  mais  il  la  viole  des  qu'elle  le 
gene,  et  se  trouve  ainsi  ballotte  comme  un 
vaisseau,  etc. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  ct  il  ne  sera 
pas  brise  comme  le  vaisseau  dans  la  tempHe. 


3.  A  coiifiance  dans  la  loi,  il  I'embrasse 
de  tout  son  cceur  et  en  attend  son  salut,  son 
bonheur.  —  La  loi  est  digne  dc  foi,  c'est  la 
parole  de  Dieu,  comme  Poracle  (litt.  Pinter- 
rooation,  ce  qui  comprend  aussi  la  n'ponse) 
de  PUrim,  toujours  vrai,  indiscutable.  Voy. 
Exod.  xxviii,  30. 

La  legon  oixxitov  du  cod.  Vat.  est  une  cor- 
redlion  fautive  pour  3ti).wv,  que  portent  la 
plupart  des  manuscrits.  C'est  par  ce  dernier 
mot  cjue  les  LXX  rendent  ordinairement 
iirim  {Nombr.  xxvii,  21;  I  Sa7n.  xxviii,  6)  et 
thummim  {Deuf.  xxxiii,  8;  I  Sam.  xiv,  41). 

En  latin  les  \no\.s,comme  Viiiterrogation  de 
PUri III,  ?,oni  reunis  au  vers.  suiv.,ce  qui  con- 
tribue  a  le  rendre  k  peu  pres  inintelligible. 

4.  Rassemble  ton  savoir,  par  la  reflexion. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXII,  27,  28;  XXXIII,  i— 14.     607 


domesticis  tuis  attende.  27.  In  omni 
opere  tuo  crede  ex  fide  animae  tuae  : 
hoc  est  enim  conservatio  manda- 
torum. 

28.  Qui  credit  Deo,  attendit  man- 
datis  :  et  qui  confidit  in  illo,  non 
minorabitur. 

— :i:—     CAPUT  XXXI 11.     — ^i:— 

Laudantur  timens  Dominum  et  sapiens  : 
inconstantia  preecordiorum  fatui  :  amicus 
subsannator;  dies  et  tempora  a  Deo  sunt, 
qui  et  leliqua  omnia  creavit  ac  disponit, 
in  cujus  manu  est  homo  ut  lutum  in  manu 
figuli  :  malum  contra  bonum  :  possessio 
non  in  vita,  sed  in  morte,  distribuenda 
aliis  :  et  quomodo  servi  sint  tracflandi. 


I^IMENTI  Dominum  non 
occurrent  mala,  sed  in  ten- 
tatione  Deus  ilium  con- 
servabit,  et  liberabit  a 
malis.  2.  Sapiens  non  odit  mandata 
et  justitias,  et  non  illidetur  quasi  in 
procella  navis.  3.  Homo  sensatus 
credit  legi  Dei,  et  lex  illi  fidelis. 

4.  Qui  interrogationem  mani- 
festat,  parabit  verbum,  et  sic  de- 
precatus  exaudietur,  et  conservabit 


"  Supra  21, 
17. 


disciplinam,  et  tunc  respondebit. 
5. "  Prascordia  fatui  quasi  rota  carri : 
et  quasi  axis  versatilis  cogitatus 
illius.  6.  Equus  emissarius,  sic  et 
amicus  subsannator,  sub  omni  su- 
prasedente  hinnit. 

7.  Quare  dies  diem  superat,  et 
iterum  lux  lucem  et  annus  annum  a 
sole?  8.  A  Domini  scientia  separati 
sunt,  facto  sole,  et  praeceptum  cu- 
stodiente.  9.  Et  immutavit  tempora, 
et  dies  festos  ipsorum,  et  in  illis 
dies  festos  celebraverunt  ad  horam. 
10.  Ex  ipsis  exaltavit  et  magnifica- 
vit  Deus,  et  ex  ipsis  posuit  in  nu- 
merum  dierum.  Et  omnes  homines 
de  solo,  *et  ex  terra,  unde  creatus 
est  Adam.  1 1.  In  multitudine  disci- 
plinas  Dominus  separavit  eos,  et 
immutavit  vias  eorum.  12.  Ex  ipsis 
benedixit,  et  exaltavit :  et  ex  ipsis 
sanctificavit,  et  ad  se  applicavit :  et 
ex  ipsis  maledixit,  et  humiliavit,  et 
convertit  illos  a  separatione  ipso- 
rum. 13.  ""Quasi  lutum  figuh  in  manu  ^ Rom. 9,21 
ipsius,  plasmare  illud  et  disponere. 
I4.0mnes  vias  ejus  secundum  dispo- 
sitionem  ejus  :  sic  homo  in  manu 
illius,  qui  se  fecit,  et  reddet  illi  se- 


*  Gen.  2,  7. 


5.  L'esprit  de  I'insense  est  mobile,  versa- 
tile; mais  c'est  toujours  dans  le  meme  cer- 
cle  d'idees  qu'il  se  meut. 

6.  Ue'talofii  en  lat.  cqtms  emissarius^  ou 
plutot,  d'apres  une  legon  meilleure,  adinis- 
sariits,  destine  a  la  reproduction.  —  Qui 
heiinit  :  signe  de  lubricite,  sans  souci  de 
celui  qu'il  porte  :  ainsi  le  moqueur  lance 
ses  traits  sans  tenir  compte  de  I'amitie. 

7.  Deniporte-t-il,  est-il  plus  exxellent  en 
general,  distingue  des  autres.  —  Puisque  ce 
qui  fait  le  jour,  la  luiniere,  vient  egalement 
du  soldi  pour  tous  les  jours  de  I'annde. 
Exemple  d'inegalite  et  de  difference  em- 
pruntd  aux  usages  religieux  des  Juifs. 

8.  Apres  le  i^''  membre  le  lat.  ajoute  : 
quand  il  eut  fait  le  soleil  qui  observe  ses 
lots;  et  apres  le  2e  :  et  dans  ces  temps  on  a 
cclebre  des  fetes  a  Vcpoque  marquee. 

10.  Ainsi  repond  au  vers.  7,  comme  les 
vers.  II  et  12  repondront  aux  vers.  8  et  9. 
—  Dont,  en  lat.  unde,  parait  omis  ou  sous- 
entendu  en  grec ;  cependant  ce  texte  pent 
s'expliquer  sans  cet  adverbe  :  et,  dans  le 
sens  de  comme,  Adam  leur  ancetre  a  ete 
forme  de  terre. 


12.  Les  tins,  les  princes  et  les  rois.  — •  Les 
autres,  la  nation  Israelite  en  general,  et 
dans  cette  nation  la  tribu  de  Levi,  qui  four- 
nit  les  ministres  sacres,  ceux  qui  approc/ient 
du  Seigneur  {Nombr.  viii,  14-15).  —  Qii'il  a 
maudits,  c.-a-d.  selon  la  maniere  de  parler 
de  la  Bible,  qu'il  n'a  pas  spe'cialement  benis. 
—  De  la  place  qu'ils  occupaientj  c'est  ainsi 
qu'il  faut  entendre  le  latin  a  separatione 
ipsorum  :  de  leur  delimitation,  du  pays  qui 
leur  fut  primitivement  assigne  :  allusion  aux 
Chananeens  depossedes  de  leur  pays  par  le 
peuple  de  Dieu. 

13.  Comp.  Roi>i.  ix,  21.  Qu''il  en  dispose; 
litt.,  que  toutes  ses  votes,  les  voies,  la  desti- 
nde  de  I'argile,  sont  selon  son  bon  plaisir. 
Au  lieu  de  iraxai  al  oool  xutoO,  d'autres  ma- 
nuscrits  portent,  TiXaaat  auxo,  quHl  la  moule. 
Le  latin  traduit  successivement  les  deux 
lecons.  —  Selon  son  juoemoit,  sa  decision, 
et  Dieu  ne  decide  rien  qu'avec  sagesse 
(viii,  II). 

14-15.  Ces  rapprochements  sont  emprun- 
tes  a  des  fails  qui  frappent  les  yeux  de  tous, 
et  sur  lesquels  I'auteur  ne  s'explique  pas 
autrement.  II  veut  par  la  faire  comprendre 


608 


L'ECCLKSIASTIQUE.     Chap.  XXXIII,  15—29. 


15  Considerede  meme  toutes  les  ceuvres  du  Tres-Haut  : 
EUes  sont  deux  a  deux,  Tune  opposde  a  I'autre. 

16  Pour  moi,  venu  le  dernier,  j'ai  consacre  mes  veilles  a  la  sagesse, 
Semblable  a  celui  qui  grapille  les  raisins  apres  la  vendange; 
Par  la  benediclion  du  Seigneur  j'ai  pris  les  devants, 

Et  comme  le  vendangeur  j'ai  rempli  le  pressoir. 

17  Reconnaissez  que  je  n'ai  pas  travaill^  pour  moi  seul, 
Mais  pour  tous  ceux  qui  recherchent  la  sagesse. 

18  Ecoutez-moi  done,  chefs  du  peuple; 
Presidents  de  I'assemblee,  pretez-moi  I'oreille. 


QUATRIEME   PARTIE. 


Chap. 

XXXI II 

19 


^ 


Regies  de  prudence  et  de  justice.  Le  Seigneur 
et  son  peuple  [Cn.  XXXIII,  19  — XXXVI.  17. 

En  grec  XXX,  28  — XXXIII,  11   et  XXXVI,  1  —  16]. 

CHAP.  XXXIII,  19 — 31  [en  gr.  xxx,  28  —  40].  —  Ne  pas  distribuer  ses  biens 
avant  sa  mort  [vers.  19 — 24.  Comment  il  faut  traiter  les  esclaves  [25  —  31]. 

I  a  ton  fils  ni  a  ton  epouse,  ni  a  ton  frcre  ni  a  ton  ami 
Ne  donne  pouvoir  sur  toi  durant  ta  vie, 
Et  n'abandonne  pas  tes  biens  a  un  autre, 
De  peur  que,  plein  de  regret,  tu  ne  sois  reduit  a  leur  adresser  des  supplications. 

20  Tant  que  tu  vis  et  qu'il  te  reste  un  souffle, 
Ne  t'alicne  toi-mcnie  a  aucune  chair. 

21  Car  il  vaut  mieux  que  tes  enfants  te  demandent, 

Que  d'avoir  toi-meme  a  tourner  les  yeux  vers  les  mains  de  tes  enfants. 

22  Dans  tout  ce  que  tu  fais,  reste  le  maitre, 
Et  n'imprime  aucune  tache  a  ta  renommee. 

23  Quand  viendra  la  fin  des  jours  de  ta  vie 

Et  le  moment  de  mourir,  distribue  ton  heritage. 

24  A  I'ane  le  fourrage,  le  baton  et  la  charge; 

A  I'esclave  le  pain,  la  correcflion  et  le  travail. 

25  Fais  travailler  ton  esclave,  et  tu  seras  en  repos; 
Laisse-lui  les  mains  libres,  et  il  cherchera  la  liberie. 

26  Le  joug  et  la  lanicre  font  plier  le  cou; 

A  I'esclave  meehant  la  torture  et  la  douleur. 

27  Envoie-le  au  travail,  afin  qu'il  ne  reste  pas  oisif, 
Car  I'oisivete  enseigne  beaucoup  de  mal. 

28  Mets-le  a  I'ouvrage,  c'est  ce  qui  lui  convient, 
Et  s'il  n'obeit  pas,  serre-lui  les  entraves; 
Mais  ne  depasse  la  mesure  envers  personne, 
Et  ne  fais  rien  de  contraire  a  la  justice. 

29  Si  tu  as  un  esclave,  qu'il  soit  comme  toi-mcme, 
Car  tu  I'as  acquis  avec  du  sang. 


de  plus  en  plus  cjue  la  diversite  dans  les 
conditions  sur  la  terre,  est  en  harmonie  avec 
I'ordre  general  de  I'univers  tel  qu'il  resulte, 
en  partie  de  la  volonte  primitive  de  Dieu, 
en  partie  du  p^che  originel. 


16.  Le  dernier,  apres  les  autres  ecrivains 
sacres.  — J''ai  pris  les  devants  .•  je  ne  me 
suis  pas  contente  de  glaner;  a  mon  tour  j'ai 
fait  aussi  la  vendange  :  sans  figure,  j'ai  for- 
mule  un  grand  nombre  de  sages  maximes. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXIII,  15—31. 


609 


cundum  judicium  suum.  1 5.  Contra 
malum  bonum  est,  et  contra  mor- 
tem vita  :  sic  et  contra  virumjustum 
peccator.  Et  sic  intuere  in  omnia 
opera  Altissimi.  Duo  et  duo,  et 
unum  contra  unum. 

16.  Et  ego  novissimus  evigilavi, 
et  quasi  qui  colligit  acinos  postvin- 
demiatores.  17.  In  benedictione  Dei 
et  ipse  speravi  :  et  quasi  qui  vinde- 
miat,  replevi  torcular.  iS.'^Respi- 
cite  quoniam  non  mihi  soli  laboravi, 
sed  omnibus  exquirentibus  discipli- 
nam.  19.  Audite  me  magnates,  et 
omnes  populi,  et  rectores  Ecclesias 
auribus  percipite. 

20.  Filio  et  mulieri,  fratri  et  amico 
non  des  potestatem  super  te  in  vita 
tua  :  et  non  dederis  alii  possessio- 
nem tuam  :  ne  forte  pceniteat  te,  et 
depreceris  pro  illis.  21.  Dum  adhuc 
superes  et  aspiras,  non  immutabit 
te  omnis  caro.  22.  Melius  est  enim 
ut  filii  tui  te  rogent,  quam  te  respi- 
cere    in    manus    filiorum    tuorum. 


23.  In  omnibus  operibus  tuis  pras- 
cellens  esto.  24.  Ne  dederis  macu- 
1am  in  gloria  tua.  In  die  consum- 
mationis  dierum  vitas  tuas,  et  in 
tempore  exitus  tui  distribue  here- 
ditatem  tuam. 

25.  Cibaria,  et  virga,  et  onus  asi- 
no  :  panis,  et  discipjina,  et  opus 
servo.  26.  Operatur  in  disciplina, 
et  quasrit  requiescere  :  laxa  manus 
illi,  et  quasrit  libertatem.  27.  Jugum 
et  lorum  curvant  collum  durum,  et 
servum  inclinant  operationes  assi- 
duas,  28.  Servo  malevolo  tortura  et 
compedes,  mitte  ilium  in  operatio- 
nem,  ne  vacet  :  29.  multam  enim 
malitiam  docuit  otiositas.  30.  In 
opera  constitue  eum  :  sic  enim  con- 
decet  ilium.  Ouod  si  non  obaudie- 
rit,  curva  ilium  compedibus,  et  non 
amplifices  super  omnem  carnem  : 
verum  sine  judicio  nihil  facias  grave. 

31.  "Si  est  tibi  servus  fidelis,  sit 
tibi  quasi  anima  tua  :  quasi  fratrem 
sic  eum  tracta :  quoniam  in  sanguine 


•Supra  7, 


2^. 


Quelque  soit  du  reste  le  sens  exa6l,  assez 
difficile  a  deviner,  que  I'auteur  attache  li 
cette  expression,  les  mots  qui  I'accompa- 
gnent,  par  la  bcncdiLlion  du  Seigneur,  en 
font  disparaitre  toute  couleur  de  suffisance 
et  de  presomption.  En  latin  :  moi  atissi  j'ai 
mis  ma  cotifiance  dans  la  bencdi£lion  du 
Seigneur. 

17.  Repetition  de  xxiv,  32. 

18.  Chefs  dtc  peuple ;  en  \dX\x\.,  grands  et 
gens  du  peuple. 

Les  vers.  16-1S  (en  gr.  xxxvi,  i6a  et 
XXX,  25-27)  sont  la  conclusion  d'une  serie 
de  sentences,  auxquelles  I'auteur  va  en  ajou- 
ter  d'autres. 


19.  Ne  domie  pouvoir  sur  tot,  ne  te  mets 
sous  leur  dependance,  specialement  enleur 
abandonnant  tes  biens,  etc.  —  Des  suppli- 
cations, pour  en  obtenir  les  choses  neces- 
saires  a  la  vie. 

20.  A^e  falicne  toi-meme  a  aucune  chair, 
aucun  homme,  de  maniere  a  ne  plus  t'ap- 
partenir,  a  etre  sous  sa  dependance.  Ou 
bien,  ne  Vechange  toi-nieme,  en  donnant  a 
un  autre  homme,  par  la  cession  de  tes  biens, 
le  droit  de  prendre  ta  place. 

En  latin  :  personne  ne  doit  te  faire  chan- 
ger (de  sentiment)  ii  cet  cgard. 

21.  Te  demandent,  ou  aient  besoiii  de  toi. 


—  Tourner  les  yeux,  des  yeux  suppHants, 
pour  obtenir  ce  dont  tu  as  besoin.  Comp. 
Ps.  cxxxiii,  2. 

22.  Aucune  iache  :  ces  concessions  et  ces 
faiblesses  te  feraient  perdre  ton  renom  de 
sagesse. 

23.  Distribue,  seulement  alors. 

24-31.  Ce  morceau  porte  en  grec  le  titre  : 
des  Esclaves. 

25.  Tu  seras  en  repos,  tu  ne  seras  pas 
inquiet  a  son  sujet.  —  //  cherchera  a  recou- 
vrer  sa  liberie  par  la  fuite. 

Le  traducleur  latin  avait  sous  les  yeux, 
pour  le  I'^r  membre,  un  texte  un  peu  diffe- 
rent, mais  qui  offre  aussi  un  bon  sens  :  il 
(I'esclave)  fte  travaillera  que  si  on  le  chdtie, 
et  71^ aspire  qtiatc  repos. 

26.  Le  coil  du  boeuf  indocile. 

28.  Rien  de  contraire  a  la  justice;  d'autres, 
rien  sans  reflexion.  Les  deux  derniers  mem- 
bres  donnent,  en  termes  generaux,  un  con- 
seil  de  mode'ration  qui  s'applique  tout 
d'abord  au  traitement  des  esclaves. 

29.  Avec  du  sang.  II  devait  y  avoir  en 
bebr.  bedam.  Fritzsche,  d'apres  I'analogie 
du  syriaque  et  de  I'hebreu  rabbinique,  tra- 
duit,  avec  de  Pargent.  D'autres  arrivent  au 
meme  sens  par  cette  consideration  que  I'ar- 
gent  necessaire  a  I'achat  d'un  esclave  est  le 
produit  d'un  dur  labeur,  et  pour  ainsi  dire 
le  sang  de  I'ame.  D'autres  supposent  qu'il 


LA  SAINTE  BIULE.  TOME  IV. 


■39 


Chap. 
XXXIV. 


610       L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXIII,  30,  31;  XXXIV,  i— 16. 

30  Si  tu  as  un  esclave,  prends  soin  de  lui  comme  d'un  frere, 
Et  ainsi  tu  I'attacheras  a  ton  ame. 

31  Si  tu  le  maltraites  et  qu'il  prenne  la  fuite, 
Sur  quel  chemin  iras-tu  le  chercher? 

CHAP.  XXXIV  [en  gr.  xxxi].  —  Vanite  des  songes  en  general  [vers,  i  —  8]. 
L'experience  rend  sage  et  delivre  des  dangers,  Dieu  etant  le  prote6leur 
de  ceux  qui  le  crai'gnent  [9 — 17].  Ne  pas  offrir  a  Dieu  des  biens  injus- 
tement  acquis  [18 — 26]. 

INSENSE  se  livre  a  des  esperances  vaines  et  trompeuses, 

Et  les  songes  excitent  I'attente  des  sots. 
2  C'est  vouloir  saisir  une  ombre  et  atteindre  le  vent, 
Que  de  s'arreter  a  des  songes. 

3  Une  chose  d'apres  une  autre,  voila  ce  qu'on  voit  en  songe; 
C'est  comme  I'image  d'un  homme  en  face  de  son  visage. 

4  D'une  source  impure,  que  peut-il  sortir  de  pur? 
Du  mensonge,  cjue  peut-il  sortir  de  vrai? 

5  La  divination,  les  augures  et  les  songes  sont  choses  vaines, 
Et  le  coeur,  comme  celui  d'une  femme  enceinte,  y  est  le  jouet  de  Timaginalion. 

6  A  moins  qu'ils  ne  soient  envoyes  par  le  Trcs-Haut  dans  une  visile, 
N'y  fais  aucune  attention. 

7  Car  les  songes  ont  egare  beaucoup  d'hommes, 
Et  ceux  qui  appuyaient  sur  eux  leurs  esperances  ont  ete  frustres. 

8  Mais  la  loi  s'accomplit  sans  mensonge, 
Comme  se  realise  toute  sage  parole  sortie  d'une  bouche  fidele. 

9  L'homme  instruit  salt  beaucoup  de  choses, 
Et  l'homme  de  grande  experience  parle  sagement. 

10  Celui  qui  n'a  pas  ete  eprouve  sait  peu  de  choses, 
Et  celui  qui  a  voyage  possede  une  grande  prudence. 

11  T'ai  vu  beaucoup  de  choses  dans  mes  voyages, 
Et  ma  science  est  plus  grande  que  mes  paroles. 

12  Souvent  j'ai  ete  en  danger  de  mort, 
Et  j'ai  ete  sauve  grace  a  cette  experience. 

13  L'esprit  de  ceux  qui  craignent  le  Seigneur  vivra, 
Car  leur  esperance  est  en  celui  qui  les  sauve. 

14  Celui  qui  craint  le  Seigneur  n'a  peur  de  rien  et  ne  tremble  pas, 
Car  Dieu  est  son  espdrance. 

15  Heureuse  Tame  de  celui  qui  craint  le  Seigneur ! 
Sur  qui  s'appuie-t-elle  et  qui  est  son  soutien.' 

16  Les  yeux  du  Seigneur  sont  sur  ceux  qui  I'aiment; 
II  est  un  prote(fteur  puissant,  un  inebranlable  appui, 


i 

1 


s'agit  d'un  esclave  que  Ton  a  pris  h.  la  guerre 
au  pdril  de  sa  vie. 

30.  Comme  d'un  frere,  ou,  d'apres  le  cod. 
Vat.,  comme  de  toi-meme.  —  Tu  Vattaclie- 
ras  a  ton  dme,  a  toi-mcme.  Cette  interpre- 
tation proposee  par  Fritzsche  suppose  1°  que 
le  tradu<5leur  grec  a  lu  par  mdprise  dans  le 
texte  hebreu,  sicut  anima  tua,  au  lieu  de  in 
anima  iua;  2°  que  le  grec  primitif  portait 
ettiSt^ce'.?,  /u  iieras,  au  lieu  de  Eir'.oe-f^a-sic,  tu 
auras  besoin  (de  lui  com/ne  de  ta  vie). 

En  latin,  les  vers.  29-30  sont  reunis  en 
un  seul  (31)  :  si  tu  as  un  esclave  fidele,  quHl 
te  soit  comme  ton  dme,  toi-meme;  traite-le 
comme  ton  firre,  car  tu  Pas  acquis  avec  le 
sang  de  ton  dme. 

31.  Sur  quel  chemin.  La  loi  de  Moise  de- 


fendait  de  rendre  h.  son  maitre  un  esclave 
fugitif  (Z)t7^/.  xxiii,  15-16). 
Le  kitin  paraphrase. 

CHAP.   XXXIV. 

I.  Et,  ainsi,  les  songes  excitent  I'attente, 
litt.  cnlcvcnt  sur  des  ailes  dans  la  region 
des  chimeres. 

3.  Une  chose  d'apres  une  autre  (xaTot  toijxo 
ou  bien  01  face  d'une  autre  (-/.aTa  touto'j, 
cod.  Vat.),  qui  n'est  que  I'image  ou  le  reflet 
d'une  autre,  mais  non  une  realite.  —  L'image 
d'un  homme,  rdfldchie  dans  un  miroir,  en 
face  de  son  visage  reel.  Sens  :  les  songes 
reproduisent  d'ordinaire,  d'une  maniore  con- 
fuse et  desordonnee,  les  pensees  et  les  pre- 
occupations de  la  veille. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXIII,  i^—^y,  XXXIV,  i— 19.     611 


animae  comparasti  ilium.  32.  Si  las- 
seris  eum  injuste,  in  fugam  conver- 
tetur  :  33.  et  si  extoliens  discesserit : 
quern  quaeras,  et  in  qua  via  quasras 
ilium,  nescis. 

— :i:—     CAPUT   XXXIV.     — :>— 

Vanitas  somniorum,  divinationum,  augurii, 
mendaciorum  :  laus  expertorum  :  beati- 
tude timentium  Deum  :  oblationes  ini- 
quorum  :  fraudans  pauperem  :  unus 
cedificans,  et  alter  destruens  :  faciens 
poenitentiam,  et  non  abstinens  a  peccatis. 


ANA  spes,  et  mendacium 
viro  insensate  :  et  somnia 
extoUunt  imprudentes. 
2.  Quasi  qui  apprehendit 
umbram,  et  persequitur  ventum  : 
sic  et  qui  attendit  ad  visa  mendacia. 
3.  Hoc  secundum  hoc  visio  somnio- 
rum :  ante  faciem  hominis  similitu- 
de hominis.  4.  Ab  immundo  quid 
mundabitur.^  et  a  mendace  quid  ve- 
rum  dicetur.^  5.  Divinatio  erroris, 
et  auguria  mendacia,  et  somnia  ma- 
lefacientium,  vanitas  est.  6.  Et  sicut 
parturientis,  cor  tuum  phantasias 
patitur  :  nisi  ab  Altissimo  fuerit 
emissa  visitatio,  ne  dederis  in  illis 


cor  tuum  :  7.  multos  enim  errare 
fecerunt  somnia,  et  exciderunt  spe- 
rantes  in  illis.  8.  Sine  mendacio 
consummabitur  verbum  legis,  et 
sapientia  in  ore  fidelis  complana- 
bitur. 

9.  Qui  non  est  tentatus,  quid 
scit.?  VTr  in  multis  expertus,  cogita- 
bit  multa  :  et  qui  multa  didicit, 
enarrabit  intellectum.  10.  Qui  non 
est  expertus,  pauca  recognoscit :  qui 
autem  in  multis  factus  est,  multi- 
plicat  malitiam.  it.  Qui  tentatus 
non  est,  qualia  scit.?  qui  implanatus 
est,  abundabit  nequitia.  12.  Multa 
vidi  errando,  et  plurimas  verborum 
consuetudines.  13.  Aliquoties  usque 
ad  mortem  periclitatus  sum  horurn 
causa,  et  liberatus  sum  gratia  Dei. 
14.  Spiritus  timentium  Deum  quae- 
ritur,  et  in  respectu  illius  benedice- 
tur.  1 5.  Spes  enim  illorum  in  salvan- 
tem  illos,  et  oculi  Dei  in  diligentes 
se.  16.  Qui  timet  Dominum  nihil 
trepidabit,  et  non  pavebit :  quoniam 
ipse  est  spes  ejus.  ly.Timentis  Do- 
minum beata  est  anima  ejus.  1 8.  Ad 
quern  respicit,  et  quis  est  fortitude 
ejus.  19.  '^Oculi  Domini  super  ti-  «Ps.  33, 16. 
mentes   eum,   protector   potentiae, 


4.  Du  mensonge,  des  visions  trompeuses 
d'un  songe. 

5.  Uiie  femme  enceinte  eprouve  des  ca- 
prices, des  fantaisies  qui  ne  durent  qu'un 
moment  pour  faire  place  a  d'autres. 

Le  latin  ajoute  plusieurs  mots  qui  ne 
changent  rien  au  sens. 

6.  Reserve  commandee  par  la  sainte  Ecri- 
ture  elle-meme,  qui  relate  plusieurs  songes 
envoyes  de  Dieu,  par  ex.  Gen.  xxviii,  12; 
xxxvii,  6,  etc.  Comp.  Matth.  i,  20. 

8.  La  loi  s'accoinplit,  dans  ses  promesses 
et  ses  menaces,  sa7is  inensoftge  :  elle  ne 
trompe  pas,  comme  les  songes.  —  Fidele, 
digne  de  confiance. 

9.  Le  latin  ajoute  en  tete  du  verset  :  celui 
qui  )i!a  pas  etc  eprouve,  que  sait-il?  em- 
prunte  au  verset  suivant. 

10.  Qui  a  voyage,  erre  dans  le  monde, 
qui  a  ete  en  relation  avec  beaucoup  de 
gens.  —  Prudence,  ou  habilete,  en  lat.  ma- 
lice. 

Ici  le  latin  donne  une  seconde  version  du 
vers.  10,  mais  en  traduisant  le  2^  membre 
autrement  que  la  premiere  fois  :  celui  qui 


a  ete  trompe  abondera  en  malice,  ou  en  habi- 
lete, de  maniere  a  ne  plus  etre  si  facilement 
dupe. 

11.  Ma  science,  etc.  :  j'en  sais  plus  que  je 
ne  puis  en  exprimer  par  mes  paroles.  En 
latin  :  et  biett  des  coutumes  diverses.  Le  mot 
verborum  doitprobablement  s'entendre  dans 
le  sens  hebreu  de  choses. 

12.  Grace  a  cette  experience  acquise  par 
I'etude  et  les  relations  sociales.  En  lat.,  par 
la  grace  de  Dieu. 

13.  Vivra,  en  gr.  l.-^atxai.  Le  traducfleur 
latin  a  lu  trfir^i^zz'xi,  sera  recherche,  I'objet 
de  soins  de  la  part  de  Dieu  (?) 

Le  latin  ajoute  apres  le  i^^  membre  :  et  il 
sera  be'ni  pour  avoir  eu  cgard  a  lui  (a  Dieu) ; 
ou  bien,  au  jour  oil  Dieu  le  regardera,  le 
visitera;  —  et  apres  le  2^  membre  :  et  les 
yeilx  de  Dieu  sont  sur  ceux  qui  Vaiment. 

14.  Comp.  Ps.  cxii,  7  et  8. 

15.  Sur  qui,  etc.  :  les  versets  suivants 
donnent  la  reponse. 

16.  Qui  raiment;  en  lat.  qui  le  craignent : 
meme  sens  au  fond.  —  Vachoppement,  la 
chute  figurent  le  mal  ou  le  malheur. 


612         L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXIV,  17—26;  XXXV,  1—8. 

Un  abii  centre  le  vent  d'Orient,  un  ombrage  contra  les  feux  de  midi, 
Une  garde  centre  I'achoppement,  un  secours  centre  la  chute; 

17  II  ^leve  I'ame,  il  illumine  les  yeux. 
II  donne  sante,  vie  et  benedicftion. 

18  C'est  une  offrande  derisoire  que  celle  d'un  bien  mal  acquis, 

Et  les  derisions  des  pecheurs  ne  sauraient  etre  agreables  a  Dieic. 

19  Le  Tres-Haut  n'agree  pas  les  offrandes  des  impies, 

Et  ce  n'est  pas  pour  le  grand  nombre  des  viftimes  cju'il  pardonne  les  peches. 

20  II  immole  un  fils  sous  les  yeux  de  son  pere, 

Celui  qui  offre  un  sacrifice  pris  sur  le  bien  des  pauvres. 

21  Le  pain  des  malheureux  est  la  vie  des  pauvres; 
Celui  qui  les  en  prive  est  un  meurtrier. 

22  II  donne  la  mort  a  son  prochain  celui  qui  lui  ote  sa  subsistance; 
II  verse  le  sang  celui  qui  prive  le  mercenaire  de  son  salaire. 

23  L'un  batit  et  I'autre  detruit  : 
Qu'en  retirent-ils,  sinon  de  la  peine? 

24  L'un  prie  et  I'autre  maudit  : 

Duquel  des  deux  Dieu  ecoutera-t-il  la  voix? 

25  Celui  qui  se  lave  apres  le  contadl;  d'un  mort  et  qui  le  touche  de  nouveau, 
Que  gagne-t-il  a  s'etre  lave? 

26  Ainsi  I'homme  qui  jeune  pour  ses  peche's, 
S'il  va  les  commettre  encore, 

Qui  entendra  sa  priere, 

Et  que  lui  servira  son  humiliation? 


Chap. 
XXXV. 


CHAP.  XXXV  [en  gr.  xxxii]. —  Des  sacrifices  [vers,  i  —  10].  Dieu  exauce 
la  priere  des  pauvres  et  punit  les  ccEurs  sans  pitie  [11  —  17.  II  exercera 
sa  vengeance  centre  les  paiens  orgueilleux,  et  fera  justice  et  misericorde 
a  son  peuple  [18  —  19]. 

BSERVER  la  loi,  c'est  faire  de  nombreuses  offrandes, 

C'est  offrir  un  sacrifice  pacifique  que  de  s'attacher  aux  commandements. 
2  Rendre  graces,  c'est  faire  une  offrande  de  fleur  de  farine, 
Et  pratiquer  la  misericorde,  c'est  offrir  un  sacrifice  de  louange. 

3  Ce  qui  plait  au  Seigneur,  c'est  qu'on  s'eloigne  du  mal; 
Ce  qui  obtient  son  pardon,  c'est  la  fuite  de  I'injustice. 

4  Pourtafit  ne  te  pr^sente  pas  devant  le  Seigneur  les  mains  vides, 
Car  toutes  ces  offrandes  doivent  ctre  faites  a  cause  du  precepte  divin. 

5  L'offrande  du  juste  engraisse  I'autel, 
Et  sa  suave  odeur  s'elcve  devant  le  Seigneur. 

6  Le  sacrifice  de  Thomme  juste  est  agreable, 
Et  Dieu  en  conservera  le  souvenir. 

7  Glorifie  le  Seigneur  d'un  cceur  liberal, 
Et  ne  retranche  rien  aux  premiccs  de  tes  mains. 

8  Dans  toutes  tes  offrandes,  que  la  joie  brille  sur  ton  visage, 
Et  consacre  tes  dimes  avec  allegresse. 


17.  L'ame  elevce,  et  non  abattue;  les  yeux 
brlllantSy  et  non  obscurcis  :  signes  de  bon- 
heur. 

18.  Derisoire^  injurieuse  a  Dieu;  en  latin, 
souillce. 

Le  latin  ajoute  :  le  Seigneur  7i^esi  favo- 
rable quW  ceux  qui  Vattendent  dans  la  vote 
de  la  verite  et  de  la  justice.  Remarquez 
I'emploi  insolite  de  solus  ]om\.  au  sujet. 

20.  Un  fds  :  c'est  le  pauvre  injustement 
opprime  sous  le  regard  de  Dieu,  son  crea- 
teur  et  son  pere. 

21.  La  vie,  le  soutien  de  la  vie.  —  Les  en 


prive :  dans  le  cod.  Vat.  eti  se  rapporte  a  vie; 
dans  d'autres  manuscrits  et  en  latin,  a  pain. 

22.  Sa  subsistance ;  en  lat.,  le  pain  trenipe 
de  sueur,  peniblement  gagne. 

Le  latin  traduit  le  2'=  membre  :  celui  gut 
7'crse  le  sang  et  celui  qui  fait  tort  au  inerce- 
naiie  sont  freres. 

23-24.  Loch  et  Reischl  :  le  vers.  23  trouve 
son  explication  dans  le  suivant.  Le  pauvre 
se  fatigue  pour  acquerir  quelque  bien  :  il 
batit;  le  riche  le  lui  enleve  injustement  :  il 
detruit.  L'oppresseur  offre  un  sacrifice  et 
prie,  tandis  que  I'opprim^  maudit.  Le  sacri- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXIV,  20—31;  XXXV,  i— 11.     613 


firmamentum  virtutis,  tegimen  ar- 
doris,  et  umbraculum  meridiani, 
20.  deprecatio  offensionis,  et  adju- 
torium  casus,  exaltans  animam,  et 
illuminans  oculos,  dans  sanitatem, 
et  vitam  et  benedictionem. 

•ov.  21,  21.  *Immolantis  ex  iniquo  oblatio 
est  maculata,  et  non  sunt  benepla- 
citas  subsannationes  injustorum. 
22.  Dominus  solus  sustinentibus  se 

■ov.  15,  in  via  veritatis  et  justitias.  23/ Dona 
iniquorum  non  probat  Altissimus, 
nee  respicit  in  oblationes  iniquo- 
rum :  nee  in  multitudine  sacrificio- 
rum  eorum  propitiabitur  peccatis. 

24.  (^ui  offert  sacrificium  ex  sub- 
stantia pauperum,  quasi  qui  victi- 
mat  filium  in  conspectu  patris  sui. 

25.  Panis  egentium  vita  pauperum 
est  :  qui  defraudat  ilium,  homo 
sanguinis  est.  26.  Qui  aufert  in  su- 
dore  panem,  quasi  qui  occidit  pro- 
ximum    suum.    27.    Oui    effundit 

'ut.  24,  sanguinem,  '^et  qui  fraudem  facit 
upray.  mercenario,  fratres  sunt.  28.  Unus 
aedificans,  et  unus  destruens  :  quid 
prodest  illis  nisi  labor.'^  29.  Unus 
orans,  et  unus  maledicens  :  cujus 
vocem  exaudiet  Deus.''  ^o.  Oui  ba- 
ptizatur  a  mortuo,  et  iterum  tangit 
eum,  quid  proficit  lavatio  illius.^ 
^etr.  2,  31.  ''Sic  homo  qui  jejunat  in  pecca- 
tis suis  :  et  iterum  eadem  faciens, 
quid  proficit  humiliando  se.''  oratio- 
nem  illius  quis  exaudiet.? 


— :i:—      CAPUT  XXXV.     — :!:— 

Venim  et  acceptum  Deo  sacrificium  :  non 
appareas  coram  eo  vacuus  :  primitive  et 
oblationes  hilari  animo  tribuend;ie  :  sacri- 
ficium injustum  :  pauperem  Icesum,  pu- 
pillum  et  viduam  lacrymantem  exaudit 
Dominus  :  orationes  justorum,  et  potis- 
simum  se  humiliantium  audit  Deus,  libe- 
rans  ab  affligentibus,  et  cuicjue  reddens 
juxta  opera  sua. 

UI  conservat  legem,  mul- 
tiplicat  oblationem.  2.  "Sa- 
crificium salutare  est  at- 

tendere  mandatis,  et  dis- 

cedere  ab  omni  iniquitate.  3.  Kt 
propitiationem  litare  sacrificii  super 
injustitias,  et  deprecatio  pro  pecca- 
tis, recedere  ab  injustitia.  4.  Retri- 
buet  gratiam  qui  offert  similaginem : 
et  qui  facit  misericordiam,  offert 
sacrificium.    5.  *Beneplacitum    est 


« I  Reg.  15, 
22. 


*Jer.  7,  3 
et  26,  13. 


Domino  recedere  ab  iniquitate  :  et 
deprecatio  pro  peccatis  recedere  ab 

injustitia.    6.  ^Non  apparebis  ante  ^Exod.  23. 

conspectum  Domini  vacuus.  7.  Hasc  r?  '^IH' ^5' 

^  .  ^  -r>.    •       Dent.  16, 16. 

enim  omnia  propter  mandatum  Dei 
fiunt.  8.  Oblatio  justi  impinguat 
altare,  et  odor  suavitatis  est  in  con- 
spectu Altissimi.  9.  Sacrificium  justi 
acceptum  est,  et  memoriam  ejus  non 
obliviscetur  Dominus.  10.  Bono 
animo  gloriam  redde  Deo  :  et  non 
minuas  primitias  manuum  tuarum. 
1 1,  ''[n  omni  dato  hilarem  fac  vul-     "^2  Cor.  9, 

7- 


fice  et  la  priere  du  riche  ont  aussi  peu  de 
succes  que  le  travail  du  pauvre;  ils  ont  pris 
I'un  et  I'autre  une  peine  inutile. 
D'autres  autrement. 

25.  D'apres  la  loi,  celui  qui  touchait  un 
cadavre  contracftait  une  souillure  dont  il 
devait  se  purifier  {Nombr.  xix,  1 1  sv.).  Comp. 
pour  le  sens  II  Pier,  ii,  20  sv. 

26.  L'auteur  a  en  vue  la  penitence  qui  est 
suivie  de  rechute,  et  non  celle  qui  vient 
apres  la  faute  commise  pour  I'expier  et  la 
reparer. 

CHAP.  XXXV, 

I.  Sacrifice  pad  fig  ue,  ou  d'aflion  de  gra- 
ces, appele  plus  loin  de  lotiange  {Lev. 
ix,  4,  18). 

Le  latin  ajoute  un  versec  oii  il  repete  la 
meme  pens^e  en  I'appliquant  aux  sacrifices 
expiatoires. 


2.  Qt(i  rend  graces,  qui  se  montre  recon- 
naissant  envers  Dieu. 

4.  Pourtant :  quoique  la  pratique  des  ver- 
tus  doive  venir  en  premier  lieu,  il  ne  faut  pas 
negliger  les  sacrifices  prescrits  par  la  loi. 

5.  Eugraisse  I'antel,  est  une  vi(flime 
grasse,  et  par  la-meme  agreable  a  Dieu  : 
comp.  Ps.  XX,  4.  —  Sa  suave  odejir  :  sa 
manque  dans  le  latin,  qui  pent  se  traduire, 
et  clle  est  tme  suave  odeur  devaiif  le  Sei- 
gneur. 

7.  Glorijie  le  Seigneur,  ici  par  des  sacri- 
fices. —  D'un  cceur  liba'al,  litt.  avec  un 
ail  bo?7,  par  opposition  au  mauvais  ceil  de 
I'envieux,  de  I'avare.  —  Aux  prentices  des 
biens  acquis  par  tes  mains,  par  ton  travail, 
premices  qui  appartiennent  a  Dieu. 

8.  Co7isac7-e,  litt.  sanLliJie,  oftVe  au  Sei- 
gneur. 


614        L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXV,  9—19;  XXXVI,  1—6. 

9  Donne  au  Seigneur  selon  ce  qu'il  I'a  donne, 

Donne  d'un  coeur  liberal  selon  ce  que  tes  mains  ont  acquis. 

10  Car  le  vSeigneur  paie  de  retour, 
Et  il  te  rendra  sept  fois  autant. 

11  Ne  cherche  pas  a  corrompre  le  Seigneur  par  des  dons,  car  il  ne  les  recevrait  pas, 
Et  ne  t'appuie  pas  sur  une  offrande  injuste, 

Car  le  Seigneur  est  un  juge, 

Et  il  n'a  point  dgard  au  rang  des  personnes. 

12  II  ne  fait  acception  de  personne  au  detriment  du  pauvre, 
Et  il  ecoute  la  priere  de  I'opprime. 

13  II  ne  dedaigne  pas  la  supplication  de  I'orphelin, 
Ni  la  veuve  qui  repand  sa  plainte  devani  hii. 

14  Les  larmes  de  la  veuve  ne  coulent-elles  pas  sur  ses  joues, 
Et  son  cri  n'eclate-t-il  pas  sur  celui  qui  les  lui  fait  verser? 

15  Celui  qui  honore  Dieii  de  la  maniere  qui  lui  plait  sera  bien  accueilli, 
Et  sa  priere  monte  jusqu'aux  nues. 

16  La  priere  de  ropprimd  penetrera  les  nues; 

II  ne  sera  pas  console  qu'elle  ne  soit  2ixx\\€^jiisqu^a  Dieti ; 
II  ne  cessera  pas  que  le  Tres-Haut  ne  I'ait  regarde, 
Et  le  Seigneur  jugera  selon  I'equite  et  rendra  justice. 

17  Le  Seigneur  ne  fera  pas  attend  re, 

II  n'aura  plus  de  patience  a  I'egard  des  oppresseurs, 
Jusqu'a  ce  qu'il  ait  brise  les  reins  de  ces  hommes  sans  pitie; 
II  tirera  vengeance  des  nations, 

Jusqu'k  ce  qu'il  ait  aneanti  la  troupe  des  blasphemateurs 
Et  mis  en  pieces  les  sceptres  des  impies; 

18  Jusqu'a  ce  qu'il  ait  rendu  a  I'homme  selon  ses  a6les, 

Et  renmm'tr  Xes  oeuvres  des  hommes  selon  leurs  pensees; 
Jusqu'a  ce  qu'il  prenne  en  main  la  cause  de  son  peuple 
Et  qu'il  le  rdjouisse  par  sa  misericorde. 

19  La  mis(fricorde  est  la  bien-venue  au  temps  de  I'oppression  d' Israel, 
Comme  les  nudes  chargees  de  pluie  au  temps  de  la  secheresse. 


Chap. 
XXXVI. 


CHAP.  XXXVI,   I  — 17  [en   gr.  XXXIII,   i  —  11;    xxxvi,   16^  —  22].  —  Priere 
pour  la  delivrance  d'Israel  et  sa  reunion  dans  le  pays  de  ses  peres. 

YEZ  pitie  de  nous,  souverain  Seigneur,  Dieu  de  I'univers; 
Abaissez  sur  nous  vos  regards. 
2  Et  repandez  votre  terreur  sur  toutes  les  nations. 
Levez  votre  main  centre  les  peuples  ctrangers, 
Et  qu'ils  sentent  votre  puissance. 

De  meme  que  vous  avez  montrd  devant  eux  votre  saintete  en  punissant  nos  fautes, 
Ainsi  faites  paraitre  votre  grandeur  a  nos  yeux  en  chiitiant  nos  oppresseurs. 
Et  qu'ils  apprennent,  comme  nous  I'avons  appris  nous-memes, 
Qu'il  n'y  a  pas  d'autre  Dieu  que  vous,  Seigneur. 
Renouvelez  les  prodiges,  reproduisez  les  merveilles, 
Glorifiez  votre  main  et  votre  bras  droit. 


6.  Dhin  cceur  liberal,  litt.  nvcc  un  ban 
a'il,  comme  au  vers.  7. 

11.^  co7-ro))ipre  le  Seigneur,  h.  obtenir  de 
lui,  par  ex.,  qu'il  detourne  les  yeux  de  tes 
fautes  et  ne  les  punisse  pas.  —  Des  dons, 
des  sacrifices.  Le  lat.  traduit  le  i '^r  niembre, 
lioffre  pas  cm  Seigneur  des  dons  aiminels. 
—  Ne  t'appuie  pas  sur  une  ojfrande  injuste, 
prise  sur  un  bien  mal  acquis.  En  latin,  7ie 
fais  pas  attention  a  une  offrande,  etc.,  n'en 
attends  rien.  Plusieurs  donnent  aussi  ce 
sens  au  grec,  'J-fj  'i^T^^'/J■. 


14.  Son  cri  de  detresse,  d'appel  de  se- 
cours.  —  Sur,  on  a  cause  de,  mais  non  pas 
contre,  conmie  plusieurs  traduisent;  en  fait, 
re  cri  provoque  la  vengeance  divine,  mais 
il  ne  I'invoque  pas. 

15.  Qui  honore  Dieu  par  des  sacrifices  teJs 
que  Dieu  les  aime,  litt.  selon  le  bon  plaisir 
de  Dieu ;  d'autres,  en  y  mettatit  son  bon 
plaisir,  de  tout  son  coeur,  avec  une  bonne 
volonte.  .Sur  ce  mot  comp.  Luc,  ii,  14. 

16.  De  Popprimc,  en  lat.  de  celui  qui 
sliumilie.  —  Jugera  les  oppresseurs  selon 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXV,  12—26;  XXXVI,  1—7.      615 


4.9- 


turn  tuum,  et  in  exsultatione  san- 
ctifica  decimas  tuas.  12,  '"Da  Altis- 
simo  secundum  datum  ejus,  et  in 
bono  oculo  adinventionem  facito 
manuum  tuarum  :  13.  quoniam 
Dominus  retribuens  est,  et  septies 
tantum  reddet  tibi. 

14.  ^Noli  offerre  munera  prava, 
non  enim  suscipiet  ilia.  15.  Et  noli 
inspicere  sacrificium  injustum,  quo- 
niam Dominus  judex  est,  et  i^non 
est  apud  ilium  gloria  personam. 
16.  Non  accipiet  Dominus  perso- 
nam in  pauperem,  et  deprecationem 
lassi  exaudiet.  17.  Non  despiciet 
preces  pupiili :  nee  viduam,  si  efflm- 
dat  loquelam  gemitus,  iB.Nonne 
lacrymas  viduas  ad  maxillam  descen- 
dunt,  et  exclamatio  ejus  super  de- 
ducentem  eas?  19.  A  maxilla  enim 
ascendunt  usque  ad  coelum,  et  Do- 
minus exauditor  non  delectabitur 
in  illis.  10.  Qui  adorat  Deum  in 
oblectatione  suscipietur,  et  depre- 
catio  illius  usque  ad  nubes  propin- 
quabit.  21.  Oratlo  humiliantis  se, 
nubes  penetrabit  :  et  donee  propin- 
quet  non  consolabitur  :  et  non  dis- 
cedet  donee  Altissimus  aspiciat. 
22.  Et  Dominus  non  elongabit,  sed 
judicabit  justos,  et  faciet  judicium  : 
et  Fortissimus  non  habebit  in  illis 
patientiam,  ut  contribulet  dorsum 
ipsorum  :  23.  et  gentibus  reddet 
vindictam  donee  tollat  plenitudinem 
superborum  :  et  sceptra  iniquorum 


contribulet  24.  donee  reddat  homi- 
nibus  secundum  actus  suos,  et  se- 
cundum opera  Adas,  et  secundum 
praesumptionem  illius,  25,  donee 
judicet  judicium  plebis  suas,  et  oble- 
ctabit  justos  misericordia  sua. 
26.  Speciosa  misericordia  Dei,  in 
tempore  tribulationis,  quasi  nubes 
pluviae  in  tempore  siccitatis. 

— :i:—      CAPUT  XXXVI.     — *— 

Super  Israel  et  civitatem  Jerusalem  invocat 
Dei  misericordiam  :  super  gentes  vero 
alienas  Dei  timorem  ejusque  manum  ut 
ipsius  potentia  glorificetur,  ipseque  solus 
Deus  agnoscatur;  cor  insensatum  et  cor 
pravum  :  species  mulieris  faciem  viri 
exhilarat  :  bona;  mulieris  possessio. 

ISERERE  nostri  Deus 
omnium,  et  respice  nos, 
et  ostende  nobis  lucem 
miserationum  tuarum  : 
2.  et  immitte  timorem  tuum  super 
gentes,  quas  non  exquisierunt  te,  ut 
cognoscant  quia  non  est  Deus  nisi 
tu,  et  enarrent  magnalia  tua.  3.  Al- 
leva  manum  tuam  super  gentes  alie- 
nas,   ut   videant   potentiam    tuam. 

4.  Sicut  enim  in  conspectu  eorum 
sanctiiicatus  es  in  nobis,  sic  in  con- 
spectu nostro  magnificaberis  in  eis, 

5.  ut  cognoscant  te,  sicut  et  nos 
cognovimus  quoniam  non  est  Deus 
praster  te  Domine.  6.  Innova  signa, 
et   immuta   mirabilia.   7.   Glorifica 


Vequite,  en  gr.  or/.aitot;  (cod.  Vat);  d'autres 
manuscrits  lisent  o/.atou;,  les  justes  (Vulg.). 
Dans  le  latin,  le  4*^  membre  est  place  aprcs 
le  I"  du  verset  suiv. 

17.  Ne  fern  'pas  atteiidre  le  chatiment.  — 
Des  oppf-esseiirs,  des  peuples  idolatres  qui 
opprimaient  alors  le  peuple  de  Dieu. 

18.  Reviii7icrc,  ici  puni,  selon  leicrs  pen- 
sees,  leurs  desseins  ou  leurs  sentiments 
cruels  covers  la  nation  juive.  Au  lieu  de 
suppleer  le  mot  i-cmiinere,  d'autres  avec  le 
traducleur  latin  sous-entendent  secundiiin 
dans  le  2^  membre  :  seloji  les  a-uvres  des 
lioDiines  (en  lat.  d'Adam,  pour  les  enfatits 
d' Adam)  et  selon  leurs  pensees. 

19.  L^ oppression  dVsrnel,  litt.  sa  tribu- 
lation; en  latin,  la  tribulation  en  general. 


CHAP.  XXXVI. 

I.  L'auteur  ecrivait  apres  le  retour  de  la 
captivite;  mais  un  grand  nombre  de  Juifs 
etaient  restes  disperses  dans  les  diverses 
contrees  de  l'Asie,un  grand  nombre  vivaient 
en  Egypte,  et  ceux  memes  qui  avaient  pu 
regagner  leur  patrie,  soumis  tour  k  tour  aux 
rois  de  Syrie  et  d'Egypte,  avaient  beaucoup 
a  soufifrir  de  I'ambition  et  de  la  cruautd  des 
uns  et  des  autres.  —  Le  latin  ajoute  :  et 
inontrez-ftous  la  lutniere  de  vos  niiscricordes. 

1.  Toutcs  les  nations  :  plusieurs  manus- 
crits suivis  par  le  tradufleur  latin  ajoutent, 
qui  ne  vous  cherche7tt  pas. —  Le  latin  ajoute  : 
et  qu^elles  cclebrent  7'os  grandeurs. 

6.  Les  p7-odigcs  que  vous  avez  accomplis 
autrefois  en  faveur  de  votre  peuple. 


616 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXVI,  7—25. 


7  Excitez  votie  courroux  et  repandez  votre  colere; 
Detruisez  radversaire  et  aneantissez  I'enneiTii. 

8  Hatez  le  temps  et  souvenez-vous  du  seiment, 
Et  qu'on  celebie  vos  hauts  faits. 

9  Que  votre  colere  lance  la  foudre  et  devore  celui  qui  tenterait  d'echapper, 
Et  que  ceux  qui  maltraitent  votre  peuple  trouvent  leur  perte. 

10  Brisez  les  tetes  des  chefs  des  ennemis, 
Qui  disent  :  "  II  n'y  a  que  nous!  " 

11  Rassemblez  toutes  les  tribus  de  Jacob, 

Et  rendez-leur  I'heritage  qu'ils  avaient  au  commencement. 

12  Seigneur,  ayez  piti^  de  votre  peuple  qui  est  appele  de  votre  nom, 
Et  d' Israel,  que  vous  avez  fait  semblable  a  un  premier-ne. 

13  Prenez  compassion  de  la  ville  qui  renferme  votre  sanfluaire, 
De  Jerusalem,  le  lieu  de  votre  repos. 

14  Remplissez  Sion  de  vos  oracles, 
Et  votre  peuple  de  votre  gloire. 

15  Rendez  temoignage  a  ceux  qui  sont  vos  creatures  des  le  commencement, 
Et  accomplissez  les  promesses  faites  en  votre  nom. 

16  Recompensez  ceux  qui  vous  attendent, 

Et  que  vos  prophetes  soient  trouves  veridiques, 

17  Exaucez,  Seigneur,  la  priere  de  ceux  qui  vous  implorent. 
Selon  la  benddiftion  d'Aaron  sur  votre  peuple, 

Et  que  tous  les  habitants  de  la  terre  reconnaissent 
Que  vous  etes  le  Seigneur,  Dieu  des  siecles. 


M 


CINQUIEME    PARTIE. 


Diverses  maximes  et  regies  a  suivre  dans  les 
relations  sociales  [Cii.  XXXVI,  i8  — XXXIX,  n]. 


Chap. 
XXXVI. 

IS 


CHAP,  XXXVI,  18  SV. —  Discernement  a  apporter  dans  les  choses 
et  les  personnes,  specialement  dans  le  choix  d'une  epouse. 

]'ESTOMAC  recoit  toute  espece  de  nourriture, 
Mais  tel  aliment  est  meilleur  qu'un  autre. 
19  Le  palais  discerne  au  gout  la  viande  sauvage  : 
Ainsi  le  coeur  sense  reconnait  la  parole  mensongere. 

20  Le  coeur  pervers  cause  du  chagrin, 
Mais  I'homme  d'experience  sait  se  mettre  en  garde  centre  lui. 

21  La  femme  reqoit  toute  espece  de  mari, 
Mais  telle  fdle  vaut  mieux  qu'une  autre. 

22  La  beaute  de  la  femme  r^jouit  le  visage  de  P/iomme, 
Et  elle  excite  au  jilus  haut  point  son  desir. 

23  Si  la  bonte  et  la  douceur  sont  sur  sa  langue, 
Son  mari  n'est  plus  un  simple  enfant  des  hommes. 

24  Celui  qui  prend  une  femme  veriuciise  ■x  le  principe  de  sa  fortune  : 
Une  aide  semblable  a  lui  et  un  appui  pour  se  reposer. 

25  Lk  oil  il  n'y  a  pas  de  haie,  le  domaine  est  au  pillage; 
\A  oil  il  n'y  a  pas  de  femme,  I'homme  errant  sans  foyer  gemit. 


8.  Du  serment  fait  k  nos  peres  de  trailer 
Israel  comme  votre  peuple. 

9.  Que  votre  colere,  etc.;  litt.,  dans  une 
colere  de  feu,  qui  lance  le  feu,  que  soit 
devore,  etc.  —  Qui  tenterait  de  sU'chnpper, 


ou,  avec  le  traducl;eur  latin,  qui  aurait 
echappe  aux  premiers  fleaux. 

10.  //  «V  a  que  Jious  de  puissants. 

I  i.Rasseinl'le,  etc.  voy.  :  la  note  du  vers,  i, 
et  com]).  Ad.  xiii,  19.  —  Rendez-leur  The- 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXVI,  8—27. 


617 


manum,    et     brachium     dextrum. 

8.  Excita  furorem,  et  efPunde  iram. 

9.  Tolle  adversarium,  et  afflige  ini- 
micum.  10.  Festina  tempus,  et  me- 
mento finis,  ut  enarrent  mirabilia 
tua.  II.  In  ira  flammas  devoretiir 
qui  salvatur  :  et  qui  pessimant  ple- 
bem  tuam,  inveniant  perditionem. 
12.  Contere  caput  principum  inimi- 
corum,  dicentium  :  Non  est  alius 
praster  nos.  13.  Congrega  omnes 
tribus  Jacob  :  ut  cognoscant  quia 
non  est  Deus  nisi  tu,  et  enarrent 
magnalia  tua  :  et  hereditabis  eos, 
sicut  ab  initio.  14.  Miserere  plebi 
tuas,  super  quam  invocatum  est  no- 

Dd.  4,  men  tuum  :  et  Israel, "  quem  cozequa- 
sti  primogenito  tuo.  15.  Miserere 
civitati  sanctificationis  tuas  Jerusa- 
lem, civitati  requiei  tuae.  16.  Reple 
Sion  inenarrabilibus  verbis  tuis,  et 
gloria  tua  populum  tuum.  17.  Da 
testimonium  his,  qui  ab  initio  crea- 
turas  tuas  sunt,  et  suscita  prasdica- 
tiones,  quas  locuti  sunt  in  nomine 
tuo  prophets  priores.  18.  Da  mer- 
cedem  sustinentibus  te,  ut  prophetas 


tui  fideles  inveniantur  :  et  exaudi 
orationes  servorum  tuorum  I9.*se- 
cundum  benedictionem  Aaron  de 
populo  tuo,  et  dirige  nos  in  viam 
justitias,  et  sciant  omnes  qui  habi- 
tant terram,  quia  tu  es  Deus  con- 
spector  saeculorum. 

20.  Omnem  escam   manducabit 
venter,  et   est   cibus   cibo    melior. 

21.  Fauces  contingunt  cibum  ferae, 
et   cor   sensatum   verba    mendacia. 

22.  Cor  pravum  dabit  tristitiam,  et 
homo  peritus  resistet  illi.  23.  Om- 
nem masculum  excipiet  mulier  :  et 
est  filia  melior  filia.  24.  Species  mu- 
lieris  exhilarat  faciem  viri  sui,  et 
super  omnem  concupiscentiam  ho- 
minis  superducit  desiderium.  25. Si 
est  lingua  curationis,  est  et  mitiga- 
tionis  et  misericordiae  :  non  est 
vir  illius  secundum  filios  homi- 
num.  26.  Qui  possidet  mulierem 
bonam,  inchoat  possessionem  :  ad- 
jutorium  secundum  ilium  est,  et 
columna  ut  requies.  27.  Ubi  non 
est  sepes,  diripietur  possessio  :  et 
ubi  non  est  mulier, ingemiscit  egens. 


ritage;  lire  "/aTaxXTQpovo'[jLTiTai  ou  ...  [xr^aov  : 
I'absence  de  ce  membre  dans  qiielques  ma- 
nuscrits  et  la  variete  de  lemons  qu'il  offre 
dans  d'autres  s'expliquent  par  cette  circons- 
tance  que  I'interversion  signalee  plus  haut 
dans  le  texte  grec  finit  juste  en  cet  endroit  : 
on  a  imaging  diverses  soudures.  A  partir  de 
ce  verset,  les  deux  textes,  grec  et  latin,  re- 
prennent  le  meme  ordre. 

12.  Qui  est  appeleX^  peuple  du  Seigneur, 
de  Jehovah.  En  latin,  sur  lequel  voire  no?n 
a  ete  invoquc.  —  Seviblable  a  un  pret/iier- 
ttc,  k  qui  vous  accordez  le  privilege  du  droit 
d'ainesse  parmi  tons  les  peuples  de  la  terre 
{Exod.  iv,  22). 

13.  Le  Heti  de  voire  repos,  011  vous  habitez. 

14.  Remplissez  Sion,  etc.,  peut  signifier  : 
faites  retentir,  comme  autrefois,  dans  Sion 
la  parole  des  prophetes ;  ou  bien  :  accom- 
plissez  en  faveur  de  Sion  les  anciens  ora- 
cles; ce  dernier  sens  parait  preferable.  — Et 
(remplissez)  voire  peuple,  etc.  :  et  ainsi,  par 
I'accomplissement  des  anciennes  promes- 
ses,  votre  gloire  brillera  dans  votre  peuple. 

15.  Rendez  tcinoignage,  etc.  :  par  I'accom- 
plissement de  vos  promesses,  faites  voir  que 
nous  sommes  vi'aiment  vos  crdatures  privi- 
legiees,  le  peuple  choisi.  —  Accomplissez 
repond  a  I'hebreu   hajini,  litt.  faites  ienir 


debout.  Le  latin  siiscita  doit  s'entendre  de 
meme. 

17.  Qici  vous  iinploreiii,  en  gr.  Ixsttov; 
le  tradu(il;eur  latin  a  lu  olxsTdiv,  de  vos  ser- 
viteurs.  —  La  bene'di^ion  d'Aaro?i  :  voy. 
No  nib  r.  vi,  24  sv.  —  Le  Seigneur^  Dieu  des 
siecles,  TEternel.  En  latin,  que  vous  etes  le 
Dieu  qui  coniemple  les  siecles,  dont  le  regard 
penetre  I'eternite. 

21.  La  fetnme  juive  ne  choisissait  pas, 
elle  acceptait  le  mari  que  ses  parents  avaient 
choisi  pour  elle;  rhomme,  au  contraire,  doit 
apporter  un  grand  discernement  dans  le 
choix  de  son  epouse. 

23.  Si  avec  cela,  la  beaute. — La  bonte  et  la 
douceur;  le  latin  et  quelques  manuscrits  gr. 
ajoutent,  la  guerison  :  une  langue  qui  sait 
guerir  les  blessures  faites  au  coeur  de  I'e'poux 
par  les  epreuves  de  la  vie.  —  Son  inaji  est 
plus  heureux  que  tous  les  autres  hommes. 

24.  Une  aide  semblable  a  lui  :  comp.  Gen. 
ii,  18. 

Dans  le  ler  membre,  Fritzsche  conjecflure 
que  le  tradudleur  grec  a  lu  iachel,  comnieft- 
cer,  au  lieu  de  inechal,  posseder,  et  traduit  : 
celui  qui  s\icquieri  une  femme  (vertueuse) 
possede  ou  acquicrt  un  bien,  un  domaine. 

25.  Erratii  sans  foyer,  sans  demeure  fixe; 
en  lat. ,  reduit  ct  I'indigence. 


*Num.  6, 
24. 


618         L'ECCLl^.SIASTIQUE.     Chap.  XXXVI,  26;  XXXVII,  i— 14. 

26  Qui  se  fie  au  brigand  agile  qui  court  de  ville  en  ville? 
Ainsi  en  est-il  de  I'homme  qui  n'a  pas  de  demeure, 
Et  qui  prend  son  gite  ou  la  nuit  le  surprend. 

CHAP.  XXXVII. —  Le  vrai  et  le  faux  ami  [vers,  i — 6].  Conseillers  a  eviter, 
a  choisir  [7 — 15].  Des  hommes  habiles  [16  —  26].  De  rintemperancc. 


Chap. 
XXXVII. 


^|OUT  ami  dit  :  "  Moi  aussi  je  suis  ton  ami  "; 
Mais  tel  ami  ne  I'est  que  de  nom. 
^"gi^^l  2  N'est-ce  pas  un  chagrin  jusqu'a  la  mort, 


Quand  un  compagnon  et  un  ami  se  changent  en  ennemis? 

3  O  pensee  perverse,  d'oii  es-tu  sortie 
Pour  couvrir  la  terre  de  tromperie.'' 

4  Le  compagnon  d'un  ami  se  r^jouit  de  ses  joies, 
Et  au  jour  de  I'adversite  il  se  tourne  contre  lui ! 

5  Un  compagnon  partage  la  peine  de  son  ami  dans  I'interet  de  son  ventre, 
Et  en  face  du  combat  il  prend  son  bouclier. 

6  N'oublie  pas  ton  ami  dans  ton  coeur, 

Et  au  sein  de  I'opulence  ne  perds  pas  son  souvenir. 

7  Tout  conseiller  donne  des  conseils, 

Mais  il  en  est  qui  conseillent  dans  leur  propre  int^ret. 

8  Vis-k-vis  d'un  conseiller  tiens-toi  sur  tes  gardes, 
Et  cherche  d'abord  k  savoir  quel  est  son  interet; 
Car  c'est  pour  lui-meme  qu'il  conseillera  : 

Afin  qu'il  ne  jette  pas  le  sort  sur  toi, 

9  Et  qu'il  ne  dise  pas  :  "  Ta  voie  est  bonne  "; 

Puis  il  se  tiendra  de  I'autre  cote  pour  voir  ce  qui  t'arrivera. 

10  Ne  consulte  pas  un  homnie  qui  te  regarde  en  dessous, 
Et  cache  ta  resolution  a  celui  qui  te  jalouse. 

11  Ne  consulte  pas  une  femme  sur  sa  rivale, 
Un  lache  sur  la  guerre, 

Un  marchand  sur  un  echange, 

Un  acheteur  pour  une  vente, 

Un  envieux  sur  la  reconnaissance, 

Un  homme  sans  compassion  pour  un  adle  charitable, 

Un  homme  indolent  sur  un  travail  quelconque, 

Un  mercenaire  de  la  maison  sur  I'achcvement  cVnn  oiivrage, 

Un  esclave  paresseux  sur  une  grosse  besogne  : 

Ne  fais  fonds  sur  ces  gens  pour  aucun  conseil. 

12  Mais  entretiens  un  commerce  assidu  avec  un  homme  pieux. 
Que  tu  auras  reconnu  fidcle  observateur  des  commandements, 
Dont  le  coeur  est  selon  ton  coeur, 

Et  qui,  si  tu  tombes  dans  le  malheur,  souffrira  avec  toi. 

13  Ensuite,  ce  que  ton  cceur  te  conseille,  accomplis-le, 
Car  personne  ne  t'est  plus  fidele  que  lui; 

14  Et  I'ame  de  I'homme  annonce  parfois  plus  de  choses 

Que  sept  sentinelles  postees  sur  une  hauteur  pour  observer. 


26.  Brioand  aoUe^  litt.  legereineftt  ceint, 
cqutf)e\  arme  a  la  legere  (?)  —  Qui  court  : 
au  lieu  de  CTccaXXo[j.£vto,  qjii  cha7icelle  (cod. 
Vat.),  lire  atpaXXoiJ-svio,  litt.  qui  saute,  en  lat. 
exiliens.  Chez  les  Juifs,  011  le  mariage  etait 
en  honneur,  le  mdpris  et  la  suspicion  s'atta- 
chaient  au  celibataire. 

CHAP.  XXXVII. 

1.  Tout  nmi^  tout  homme  qui  recherche 
ton  amitid.  Au  2^  membre,  au-uw  parait 
ajoute  k  tort  dans  le  cod.  Vat. 

3.  Pensee  perverse^  celle  qui  fait  passer  de 


I'amitie  k  I'inimitie.  —  Es-tu  sortie^  litt.  as-tu 
route,  comme  un  fleuve  deborde  roule  ses 
eaux,  etc. 

4.  Le  co/npagnoti  tPun  ami,  tel  qui  s'atta- 
che  k  un  ami. 

5.  Autre  exemple  de  faux  ami.  Eu  face 
du  coDilhif,  quand  il  faut  combattre;  en 
lat.  en  face  de  Penneini,  T:o),£,aio'j  au  lieu  de 
TtoXsixou.  —  //  prend  son  bouclier  pour  se 
protdger  lui-meme,  et  non  son  epee  pour 
d^fendre  son  ami.  Fritzsche  :  il  prend  son 
bouclier  et  combat  courageusemcnt,  mais 
toujours  datis  Pintt'ret  de  son  ventre. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXVI,  28;  XXXVII,  i— 18.       619 


28.  Quis  credit  ei,  qui  non  habet 
nidum,  et  deflectens  ubicumque 
obscuraverit,  quasi  succinctus  latro 
exsiliens  de  civitate  in  civitatem? 

— :i—    CAPUT  XXXVII.    — :^- 


Detestatio  fifti  amici  :  veri  amici  ne  obli- 
viscaris  :  discretio  in  captandis  consiliis, 
et  cum  quibus  consulas,  et  quibus  te  et 
consilium  tuum  occultes  :  laus  sententi^ 
viri  sancli  :  vei-bum  nequam  :  quatuor  ex 
corde  oriuntur  :  laus  viri  periti  et  sapien- 
tis  :  qui  sophistice  loquitur,  odibilis  est  : 
tenta  animam  tuam;  et  si  sit  nequam  non 
des  illi  potestatem  :  pernicies  crapulae. 

MNIS  amicus  dicet  :  Et 
ego  amicitiam  copulavi  : 
sed  est  amicus  solo  no- 
mine amicus.  Nonne  tri- 
stitia  inest  usque  ad  mortem.^  2.  So- 
dalis  autem  et  amicus  ad  inimici- 
tiam  convertentur.  3,  O  praesum- 
ptio  nequissima,  unde  creata  es 
cooperire  aridam  malitia,  et  dolosi- 
tate  illius.^  4.  Sodalis  amico  conju- 
cundatur  in  oblectationibus,  et  in 
tempore  tribulationis  adversarius 
erit.  5.  Sodalis  amico  condolet  causa 
ventris,  et  contra  hostem  accipiet 
scutum.  6.  Non  obliviscaris  amici 
tui  in  animo  tuo,  et  non  immemor 
sis  illius  in  opibus  tuis.  7.  Noli  con- 
siliari  cum  eo,  qui  tibi  insidiatur,  et 


a  zelantibus  te  absconde  consilium. 
8.  Omnis  consiliarius  prodit  con- 
silium, sed  est  consiliarius  in  semet- 
ipso.  9.  A  consiliario  serva  animam 
tuam  :  prius  scito  quas  sit  illius  ne- 
cessitas  :  et  ipse  enim  animo  suo 
cogitabit  :  10.  ne  forte  mittat  su- 
deminterram,et  dicattibi:  i  i.bona 
est  via  tua;  et  stet  e  contrario  videre 
quid  tibi  eveniat.  1 1.  Cum  viro  irre- 
ligioso  tracta  de  sanctitate,  et  cum 
injusto  de  justitia,  et  cum  muliere 
de  ea,  quas  asmulatur  :  cum  timido 
de  bello,  cum  negotiatore  de  traje- 
ctione,  cum  emptore  de  venditione, 
cum  viro  livido  de  gratiis  agendis, 
13.  cum  impio  de  pietate,  cum  in- 
honesto  de  nonestate,  cum  operario 
agrario  de  omni  opere,  14.  cum 
operario  annuali  de  consummatione 
anni,  cum  servo  pigro  de  multa 
operatione  :  non  attendas  his  in 
omni  consilio.  15.  Sed  cum  viro 
sancto  assiduus  esto,  quemcumque 
cognoveris  observantem  timorem 
Dei,  16.  cujus  anima  est  secundum 
animam  tuam  :  et  qui,  cum  titu- 
baveris  in  tenebris,  condolebit  tibi. 
I  7.  Cor  boni  consilii  statue  tecum  : 
non  est  enim  tibi  aliud  pluris  illo. 
18.  Anima  viri  sancti  enuntiat  ali- 
quando  vera,  quam  septem  circum- 
spectores  sedentes  in  excelso  ad  spe- 


7.  Don^ie,  en  lat.  prodit,  ne  repond  pas 
exacfteraent  au  gr.  siaipsi,  qui  signifie  exalte, 
vante  les  conseils  qu'il  donne.  Mais  ce  sens 
est-il  bien  celui  de  I'auteur,  et  e^atps'.  ne 
serait-il  pas  une  faute  de  copiste? 

8.  Car,  dans  le  cas  ou  son  interet  serait 
oppose  au  tien,  c'' est  pour  Ini-vieme,  en  vue 
de  son  propre  avantage,  quHl  conseillerait. 
—  Jeter  le  sort  sur  quelqti^un,  locution  pro- 
verbiale  qui  signifie  :  abandonner  au  hasard 
le  sort  de  quelqu'un;  ou  bien  :  jeter  sur 
quelqu'un  son  devolu,  en  faire  sa  proie, 
I'exploiter.  En  latin  :  afin  qii'il  ne  planic 
pas  un  pieu  dans  le  sol,  ce  qui  est  peut-etre 
aussi  une  locution  proverbiale  pour  :  tendre 
des  embilches. 

9.  QuHl  7ie  dise pas  perfidement,  persuadd 
que  tu  es  engage  dans  une  mauvaise  voie 
et  qu'il  t'arrive  malheur. 

10.  Qui  te  regarde  en  dessous,  de  travers, 
d'un  oeil  envieux.  Ce  verset  manque  en 
latin. 


1 1.  Ne  consul  te  pas;  en  lat.  consulte,  mais 
dans  le  sens  ironique  :  il  ferait  beau  te  voir 
consulter,  etc.  Le  lat.  ajoute  deux  membres : 
1111  hoinme  sans  7-elioion  sur  les  choses  sain- 
tes,  un  hoinnie  injuste  sur  la  justice. 

Un  mercenaire  de  la  maison  (sfflsaxioy), 
attache  k  la  maison  pour  un  temps  plus  ou 
moins  long;  d'oii  une  autre  legon  suivie  par 
le  tradu(5leur  latin,  eTte-reiou,  U7i  inercenaire 
a  Vannce,  loue  pour  un  an  :  il  a  interet  k  ce 
qu'un  ouvrage  traine  en  longueur. 

12.  Dont  le  cceiir  est  selon  ton  cceur,  anime 
des  mcmes  sentiments. 

13.  Ensuite,  apres  avoir  consulte  un  ami 
vertueux,  decide  toi-meme,  suis  ce  que  ton 
cceur,  ta  lumiere  interieure  t'inspirera,  et 
cela  pour  deux  raisons  :  ton  cceur  est  ton 
ami  le  plus  sur,  et  il  voit  plus  loin  que  tous 
les  autres.  Cette  derniere  pensee  est  expri- 
mee  sous  une  iniage  dans  le  verset  suivant. 

14.  Ddnie  de  PJinmnie  decouvre  et  annonce 
plus  de  choses;  le  latin  ajoute  vraics. 


620    L'ECCL^SIASTIQUE.     Chap.  XXXVII,  15— 31;  XXXVIII,  1—4. 


15  Et  avec  tout  cela  piie  le  Tres-Haut, 
Afin  qu'il  dirige  surement  ta  voie. 

16  Que  toute  oeuvie  commence  par  la  reflexion; 
Avant  de  rien  entreprendre,  il  faut  deliberer. 

17  Comme  trace  du  changement  du  coeur  apparaissent  quatre  choses  : 

18  Le  bien  et  le  mal,  la  vie  et  la  mort, 

Et  c'est  toujours  la  langue  qui  en  decide  en  maitresse. 

19  Tel  homme  est  prudent  et  le  do61eur  d'un  grand  nombre, 
Mais  il  est  inutile  a  lui-meme. 

20  Celui  qui  affeifte  la  sagesse  dans  ses  paroles  est  odieux; 
II  finira  par  manquer  de  pain. 
Car  le  Seigneur  ne  lui  a  pas  donne  sa  faveur, 
Parce  qu'il  est  depourvu  de  toute  sagesse. 
Tel  sage  est  sage  pour  lui-meme, 

Et  les  fruits  de  son  savoir  sont  assures  sur  les  levres, 
23  L'homme  sage  instruit  son  peuple, 

Et  les  fruits  de  son  savoir  sont  veritables. 

L'homme  sage  est  comble  de  benedi(ftions 

Et  tons  ceux  qui  le  voient  le  proclament  heureux. 

25  La  vie  de  l'homme  ne  compte  que  peu  de  jours, 
Mais  les  jours  d' Israel  sont  sans  nombre. 

26  Le  sage  obtient  la  confiance  au  milieu  de  son  peuple, 
Et  son  nom  vivra  h.  jamais. 

27  Mon  fils,  pour  ta  maniere  de  vivre,  consulte  ton  ame; 
Vols  ce  qui  lui  est  nuisible,  et  ne  le  lui  donne  pas. 

28  Car  tout  n'est  pas  bon  pour  tous, 

Et  chacun  ne  trouve  pas  son  bien-etre  dans  chaque  sorte  de  chose. 

29  Ne  sois  pas  insatiable  dans  un  festin  somptueux, 
Et  ne  te  jette  pas  avidement  sur  des  mets  delicats; 

30  Car  I'exces  de  la  nourriture  amene  des  incommodites, 
Et  I'intemp^rance  conduit  jusqu'a  la  colique. 

31  L'intemperance  a  fait  mourir  beaucoup  de  gens, 
Mais  celui  qui  s'abstient  prolonge  sa  vie. 


21 


22 


24 


Chap. 
XXXVIII. 


CHAP.  XXXVIII.  —  Comment  on  doit  se  comporter  vis-a-vis  des  m^decins 
[vers.  I  —  8],  dans  la  maladic  [9 — 15],  envers  les  morts  [16  —  23].  Des 
artisans  consideres  au  point  de  vuc  de  la  sagesse  [24 — 34]. 

|ENDS  au  medecin  pour  tes  besoins  les  honneurs  qui  lui  sont  dus. 
Car  c'est  le  Seigneur  qui  I'a  cree. 

2  C'est  du  Tres-Haut  en  effet  que  vient  la  guerison, 

Et  du  roi  Iiii-viaue  il  regoit  des  presents. 

3  La  science  du  medecin  eleve  sa  tete, 
Et  il  est  admire  en  presence  des  grands. 

4  Le  Seigneur  fait  produire  a  la  terre  ses  medicaments, 
Et  l'homme  sense  ne  les  dedaigne  pas. 


16.  Que  toute  ci'uvre,  etc.;  en  latin,  avant 
toutes  tes  actions,  qu^une  parole  de  virite, 
fruit  de  la  reflexion,  te  precede. 

17-18.  Sens  :  le  cceur,  apres  avoir  rdflechi, 
se  tourne  d'un  coX.€  ou  de  I'autre,  et  la  trace, 
I'effet  apparent,  la  consequence  visible  de  sa 
decision,  c'est  le  bien  ou  le  mal;  lequel  des 
deux?  Cela  depend  surtout  de  la  langue,  du  bon 
ou  mauvais  usage  que  I'on  fait  de  la  parole. 

Dans  le  i*^'  membre,  le  traducfteur  latin, 
au  lieu  de  '^yy^'^,  trace,  a  lu  Xdyo;,  et  il  ajoute 
fwqiiain  :  la  parole  fn^chante  c/ianj^c  le  cwiir. 

Si  la  vraie  legon  ^tait  Xo'vo?,  le  grec  pour- 


rait  se  traduire  :  la  raison,  ou  plutot  la  re- 
flexion change  le  cceur,  et  donne  lieu  a  quatre 
c/ioses,  savoir  le  bieti  et  le  mal,  etc. 

ig.  Qui  est  inutile  a  lui-meme,  qui  ne 
proiite  pas  de  ses  propres  lumieres  pour 
marcher  dans  le  droit  chemin.  Comp.  Matth. 
XXX iii,  3. 

Le  latin  ajoute  un  verset  qui  repete  le 
precedent  avec  une  variante  dans  le  2^  mem- 
Ijre  :  et  il  est  agrcable  ou  utile  a  lui-meme, 
ypri^jzc^  au  lieu  de  a/orjaTo;. 

20.  Qui  ajfcile  la  sagesse,  en  fait  parade, 
sans  etre  sage  en  effet. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXVII,  19—34;  XXXVIII,  1—4.     621 


culandum.  19.  Et  in  his  omnibus 
deprecare  Altissimum  ut  dirigat  in 
veritate  viam  tuam. 

20.  Ante  omnia  opera  verbum 
verax  praecedat  te,  et  ante  omnem 
actum  consilium  stabile,  21.  Ver- 
bum nequam  immutabit  cor  :  ex 
quo  partes  quatuor  oriuntur,  bo- 
num  et  malum,  vita  et  mors  :  et 
dominatrix  illorum  est  assidua  lin- 
gua. Est  vir  astutus  multorum 
eruditor,  et  animas  suae  inutilis  est. 
22.  Vir  peritus  multos  erudivit,  et 
animas  suae  suavis  est.  23.  Qui  so- 
phistice  loquitur,  odibilis  est  :  in 
omni  re  defraudabitur.  24.  Non  est 
illi  data  a  Domino  gratia  :  omni 
enim    sapientia     defraudatus     est. 

25.  Est  sapiens  animas  suas  sapiens  : 
et   fructus  sensus  illius  laudabilis. 

26.  Vir  sapiens  plebem  suam  eru- 
dit,  et  fructus  sensus  illius  fideles 
sunt.  27.  Vir  sapiens  implebitur  be- 
nedictionibus,  et  videntes  ilium  lau- 
dabunt.  28.  Vita  viri  in  numero 
dierum  :  dies  autem  Israel  innume- 
rabiles  sunt.  29.  Sapiens  in  populo 
hereditabit  honorem,et  nomen  illius 
erit  vivens  in  asternum.  30,  Fili  in 
vita  tua  tenta  animam  tuam  :  et  si 
fuerit  nequam,  non  des  illi  potesta- 


tem  :  31.  non  enim  omnia  omnibus 
expediunt,  et  non  omni  animas  om- 
ne  genus  placet.  32.  Noli  avidus 
esse  in  omni  epulatione,  et  non  te 
eiFundas  super  omnem  escam  : 
33.  in  multis  enim  escis  erit  infir- 
mitas,  et  aviditas  appropinquabit 
usque  ad  choleram.  34.  Propter 
crapulam  multi  obierunt  :  qui  au- 
tem abstinens  est,  adjiciet  vitam. 


— :>—  CAPUT  XXXVIII.  — :i:— 
Honora  medicum  :  a  Deo  data  est  homini 
medicina  :  quomodo  aegrotus  se  habebit 
erga  Deum  et  medicum  :  mortuus  ploran- 
dus,  temperandum  autem  a  tristitia  quie 
mortuo  non  prodest  et  tibi  obest  :  sed 
memineris  te  etiam  moriturum  :  quisque 
artifex  considerat  ea  in  quibus  operatur  : 
et  hi  necessarii  quidem  sunt  in  commu- 
nitate,  sed  in  ea  non  pneeminent  digni- 
tate  vel  sapientia. 

ONORA  medicum  pro- 
pter necessitatem  :  etenim 
ilium  creavit  Altissimus. 
2.  A  Deo  est  enim  omnis 
medeia,  et  a  rege  accipiet  donatio- 
nem,  3,  Disciplina  medici  exaltabit 
caput  illius,  et  in  conspectu  magna- 
torum  collaudabitur.  4.  Altissimus 
creavit  de    terra    medicamenta,    et 


21.  Sa  faveurj  Fritzsche,  la  grdce,  un 
langage  aimable,  persuasif. 

22.  Sotit  assures,  vrais,  reels,  stir  Ics 
levres^  sur  ses  levres  :  il  sera  capable  d'ins- 
truire  les  autres  avec  fruit.  En  latin,  sofit 
dignes  de  louange. 

Fritzsche  entend  ce  verset  dans  un  sens 
defavorable  :  tel  sage  n'esl  sage  que  pour 
lui-meme,  par  opposition  au  sage  du  verset 
suivant,  et  les  fruits  de  son  savoir  tie  sont 
vrais  que  sur  les  levres,  par  opposition  aux 
fruits  vrais  absolument  du  sage  qui  com- 
munique son  savoir  au  peuple  (vers.  23). 

25.  Le  sage  a  ses  jours  comptes,  mais  sa 
memoire  vivra  toujours  au  sein  du  peuple 
de  Dieu  qui  a  requ  ses  le(^ons. 

26.  Obtietit  la  cotiflance,  TttaT'.v;  en  latin, 
I'konneur. 

27.  Coftsulte,  litt.  e'pfouve,  ion  a  me,  en 
en  tant  que  principe  de  la  vie  corporelle; 
ton  corps,  comme  traduit  Fritzsche,  aurait 
ici  k  peu  pres  le  meme  sens. 

Loch  explique  le  latin  :  durant  ta  vie 
entiere  cprouvc  ton  dine,  pour  connaitre  les 


principes  mauvais  qui  sont  en  elle,  et  si  elle 
est  mauvaise,  ne  lui  accorde  aucun  pouvoir. 
D'autres  autrement. 
28.  Comp.  I  Cor.  vi,  12. 

CHAP.  XXXVIII. 

1.  Pour  tes  besoins,  afin  qu'il  t'assiste  dans 
tes  maladies;  en  latin,  parce  qu^il  t'est  ne'- 
cessaire.  —  Les  honneurs,  ce  qui  comprend 
sans  doute  aussi  les  honoraires  :  comp. 
vers.  2.  - —  Qui  Va  cree  comme  medecin. 
Dans  I'ordre  ordinaire  de  la  Providence, 
c'est  par  son  intermediaire  que  la  guerison, 
dont  Dieu  est  le  maitre,  arrive  aux  malades. 

La  profession  de  medecin  etait  tres  hono- 
ree  chez  les  anciens  (voy.  Homere,  //. 
xi,  514);  elle  I'etait  aussi  chez  les  Juifs,  mais 
plusieurs,  soit  apathie,  soit  prejuges,  negli- 
geaient  d'avoir  recours  k  leur  ministere. 

2.  La  guerison  vient  de  Dieu,  et  d'ordi- 
naire  par  le  medecin.  "  Je  le  pansai,  Dieu 
le  guerit,"  disait  Ambroise  Pare. 

3.  Eleve  sa  tcfe,  lui  attire  une  juste  con- 
side'ration. 


622  L  ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXVIII,  5—23. 

5  Un  bois  n'a-t-il  pas  adouci  I'eau  amere, 
Afin  que  sa  vertu  fut  conniie  de  tons? 

6  II  a  donne  aux  homines  la  science, 

Pour  qu'ils  se  rendissent  celebres  par  ses  dons  merveilleux. 

7  Par  eux  I'homme  procure  la  guerison, 
Et  enleve  la  douleur. 

8  Le  pharmacien  en  fait  des  mixtions, 
Et  son  oeuvre  est  a  peine  achevee 

Que  par  lui  le  bien-etre  se  repand  sur  la  terre. 

9  Mon  fils,  si  tu  es  malade,  ne  neglige  pas  iiion  conseil^ 
Mais  prie  le  Seigneur,  et  il  te  guerira. 

10  Eloigne  la  transgression,  redresse  tes  mains, 
Et  purifie  ton  coeur  de  tout  peche. 

11  Offre  I'encens  et  I'oblation  de  farine, 

Et  immole  de  grasses  viclimes,  comme  si  e'en  etait  fait  de  toi. 

12  Puis  donne  acces  au  medecin,  car  le  Seigneur  I'a  cree, 
Et  qu'il  ne  s'eloigne  pas  de  toi,  car  tu  as  besoin  de  lui. 

13  II  arrive  que  leurs  mains  ont  du  succes, 

14  Car  eux  aussi  prieront  le  Seigneur, 

Afin  qu'il  leur  accorde  de  procurer  le  repos  et  la  guerison, 
Pour  prolonger  la  vie  du  Jiialade. 

15  Que  celui  qui  peche  sous  les  yeux  de  son  Createur 
Tombe  entre  les  mains  du  medecin! 

16  Mon  fils,  repands  des  pleurs  sur  un  mort, 

Et  comme  un  homme  qui  souffre  cruellement  commence  la  lamentation. 
Puis  donne  a  son  corps  les  soins  qui  lui  sont  dus, 
Et  ne  neglige  pas  sa  sepulture. 

17  Verse  des  larmes,  exhale  des  soupirs  brulants, 

Et  fais  le  deuil,  selon  qu'il  en  est  digne,  un  jour  ou  deux,  pour  eviter  les  mauvais  propos. 

18  Ensuite  console-toi,  pour  eloigner  la  tristesse, 
Car  la  tristesse  fait  venir  la  mort, 

Et  le  chagrin  du  coeur  abat  toute  vigueur. 

19  Ouand  on  emmene  //;/  viort^  le  chagrin  doit  passer  avec  lui, 
Comme  la  vie  du  pauvTe  est  contre  son  coeur. 

20  N'abandonne  pas  ton  ame  a  la  tristesse; 
Chasse-la,  te  souvenant  de  ta  fin. 

21  Ne  I'oublie  pas  :  il  n'y  a  point  de  retour; 

Tu  ne  seras  pas  utile  au  mort  et  tu  feras  du  mal  a  toi-mcme 

22  "  Souviens-toi  de  I'arret  porte  sur  moi,  car  le  tien  sera  pareil  : 
Pour  moi  hier,  pour  toi  aujourd'hui." 

23  Quand  le  mort  repose,  laisse  reposer  sa  memoire, 
Et  console-toi  a  son  sujet,  au  depart  de  son  esprit. 


5.  Exemple  de  refficacite  d'une  plante 
tiree  de  Exod.  xv,  23  sv.  Ce  prodige  fut 
accompli  par  Mo'i'se  dans  le  desert. 

6.  La  science  des  me'dicaments.  —  Ses 
pre'sents  merveilleux,  litt.  ses  merveilles,  les 
medicaments  doues  par  Dieu  d'une  vertu 
merveilleuse. 

7.  LJiomme,  particulierement  I'homme  de 
I'art,  le  medecin. 

8.  Son  osuvrc  :  a  peine  le  medicament 
est-il  applique,  cjue  la  sante  revient  aux 
malades. 

Dans  le  latin,  au  3^  membre,  pax  repon- 
dant  a  I'hebr.  schaloni,  signifie  ici  intcgrite, 
sante,  et  les  mots  eniin  et  Dei  sont  ajoutes 
k  tort. 

9.  Mon  conseil,  le  conseil  qui  suit,  de  prier 
le  Seigneur. 

10.  Redresse  tcs  mains,   agis  desormais 


avec  droiture.  C'etait  une  idee  familiere  aux 
Juifs  cjue  la  maladie  avait  souvent  sa  cause 
premiere  dans  quelque  pech^  commis. 
Comp.  MattJi.  ix,  2;  Jean,  v,  14;  ix,  2. 

11.  L' oblation,  litt.  le  manorial :  la  sainte 
Ecriture  appelle  ainsi  la  partie  de  la  min- 
chah  (oblation  de  farine,  d'huile  et  d'encens) 
qui  devait  etre  brulee  sur  I'autel  pour  rappe- 
ler  ^.  Dieu,  en  quelque  sorte,  le  souvenir  du 
donataire  :  voy.  Lc%>.  ii,  2.  —  Comme  si, 
etc.  :  un  homme  qui  se  voit  perdu  n'epar- 
gne  rien  pour  obtenir  la  guerison.  Ces  der- 
niers  mots  sont  omis  en  latin. 

12.  "  Attendre  tout  de  Dieu  et  quelque 
chose  du  medecin,"  disait  I'abbe  Perreyve. 

13  sv.  Leurs  mains,  les  soins  des  mede- 
cins,  ont  du  succes,  procurent  la  guerison, 
en  gr.  euoota  (cod.  Alex.).  Le  cod.  Vat.  lit 
sOtoSia  :  vient  le  temps  oh  il y  a  aussi  dans 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXVIII,  5—24. 


623 


vir   prudens    non   abhorrebit   ilia. 

I.  15.  5.;f  Nonne  a  ligno  indulcata  est  aqua 
amara.''  6.  Ad  agnitionem  hominum 
virtus  illorum,  et  dedit  hominibus 
scientiam  Altissimus,  honorari  in 
mirabilibus  suis.  7.  In  his  curans 
mitigabit  dolorem,  et  unguentarius 
faciet  pigmenta  suavitatis,  et  un- 
ctiones  conficiet  sanitatis,  et  non 
consummabuntur  opera  ejus.  8.  Pax 
enim  Dei  super  faciem  terrae. 

58,  3.  9.  *Fili  in  tua  infirmitate  ne  despi- 
cias  te  ipsum,  sed  ora  Dominum,  et 
ipse  curabit  te.  10,  Averte  a  delicto, 
et  dirige  manus,  et  ab  omni  delicto 
munda  cor  tuum.  11.  Da  suavita- 
tem  et  memoriam  similaginis,  et 
impingua  oblationem,  et  da  locum 
medico  :  12.  etenim  ilium  Domi- 
nus  creavit  :  et  non  discedat  a  te, 
quia  opera  ejus  sunt  necessaria, 
13.  Est  enim  tempus  quando  in 
manus  illorum  incurras  :  14.  ipsi 
vero  Dominum  deprecabuntur,  ut 
dirigat  requiem  eorum,  et  sanita- 
tem,  propter  conversationem  illo- 
rum. 15.  Qui  delinquit  in  conspe- 


ctu  ejus,  qui  fecit  eum,  incidet  in 
manus  medici. 

16.  Fili  in  mortuum  produc  la- 
crymas,  et  quasi  dira  passus  incipe 
plorare,  et  secundum  judicium  con- 
tege  corpus  illius,  et  non  despicias 
sepulturam  illius.  17.  Propter  dela- 
turam  autem  amare  fer  luctum  illius 
uno  die,  et  consolare  propter  tristi- 
tiam,  18.  et  fac  luctum  secundum 
meritum  ejus  uno  die,  vel  duobus 
propter  detractionem.  19.  'A  tristi-  ■^Prov. 
tia  enim  festinat  mors,  et  cooperit  ^3eti7, 
virtutem,  et  tristitia  cordis  flectit 
cervicem.  20.  In  abductione  perma- 
net  tristitia  :  et  substantia  inopis 
secundum  cor  ejus.  21.  Ne  dederis 
in  tristitia  cor  tuum,  sed  repelle  eam 
a  te  :  et  memento  novissimorum, 
22.  noli  oblivisci  :  neque  enim  est 
conversio,  et  huic  nihil  proderis,  et 
te  ipsum  pessimabis.  23.  Memor 
esto  judicii  mei  :  sic  enim  erit  et 
tuum  :  mihi  heri,  et  tibi  hodie. 
24.  '^In  requie  mortui  requiescere  '^2Reg. 
fac  memoriam  ejus,  et  consolare  -^• 
ilium  in  exitu  spiritus  sui. 


15. 
22. 


leurs  mains  la  bonne  odeur  de  I'encens,  car 
Us  prieront  et  offriront  des  sacrifices  pour 
le  malade.  Chez  les  Jiiifs,  la  medecine  etait 
ordinairement  exercee  par  des  pretres  et 
des  levites.  En  latin  :  iin  ie/Jips  viendra  on 
tu  toinberas  entre  lenrs  mains,  il  faudra  un 
jour  ou  I'autre  avoir  recours  a  eux.  En  latin, 
propter  conversationem  illorum  :  eu  egard 
a  leur  bonne  vie. 

15.  Tombe  e7itre  les  mains,  etc.,soit  puni 
de  Dieu  par  une  maladie.  En  latin,  au  lieu 
de  I'optatif,  il  y  a  un  simple  futur  :  celiti  ... 
tombera. 

16.  Les  soins  :  il  s'agit  des  preparatifs  de 
I'ensevelissement. 

17.  Un  jour  ou  deux  :  le  deuil  solennel 
durait  sept  jours  (xxii,  13);  mais  avec  le 
temps  on  s'^carta  de  ce  nombre  rond,  qui 
etait  un  maximum,  et  suivant  les  circons- 
tances  on  le  reduisit  a  un  ou  deux  jours. 

18.  Fait  venir,  en  lat.  fait  accourir. 

19.  Le  chagrin  doit  passer  :  il  faut  imiter 
le  pauvre  dont  la  vie  miserable  est  pour  lui 
une  cause  continuelle  de  chagrin  et  qui 
pourtant  ne  se  laisse  pas  abattre,  mais  se 
livre  a  un  travail  incessant.  Tel  est  le  sens 
probable  de  ce  verset  difficile,  si  Ton  s'en 
tient  a  la  le<jon  du  cod.  Vat.,  a^naywyrj  et 


Fritzsche  et  d'autres  preferent  le  texte 
Alex.,  eiraYwyfi  et  uapajj-svEt  :  dans  le  mal- 
heur  aussi  le  cJiagrin  demeurc,  au  detriment 
des  forces  et  de  la  sante,  comme  la  vie  mise- 
rable die  pauvre  est  co7itre  son  cceur,  est 
prejudiciable  a  sa  vie,  la  met  en  danger. 

Le  latin  pent  se  traduire  :  quand  on 
emmcne  le  mort  (d'autres,  dans  la  solitude), 
la  tristesse  denieure,  et  (ou  comme)  la  vie  du 
pauvre  est  a  Vintage  de  son  c<£ur :  si  le  ccEur 
du  pauvre  est  mdcontent,  triste  et  chagrin, 
sa  vie  est  malheureuse;  s'il  est  patient  et 
resigne,  sa  vie  est  heureuse. 

20.  De  ta  (ou  de  la)  Jin,  savoir  que  tu  dois 
mourir,  que  nul  n'echappe  a  la  mort. 

21.  Il  n'y  a  point  de  re  tour  :  ta  tristesse 
et  tes  larmes  ne  feront  pas  revenir  le 
defunt. 

22.  De  I'arret  de  mort  porte  sur  moi  : 
c'est  le  mort  qui  parle.  Le  cod.  Vat.  et  d'au- 
tres conservent  la  3^  pers.  dans  le  i^r  mem- 
bre  :  sur  lui,  le  mort. 

23.  Repose  dans  le  tombeau.  —  Laisse 
reposer  sa  memoire,  ce  qui  signifie  d'apres 
le  contexte  :  cesse  de  te  livrer  a  I'affliclion, 
et  non  pas  :  oublie-le.  —  Au  depart  de  son 
esprit,  lorsque  son  ame  I'a  quitte.  Au  lieu 
de,  console-toi,  le  latin  traduit  :  et  console-lc, 
par  des  prieres  et  des  sacrifices  oi^erts  a 


624 


L'ECCLIiSIASTIQUE.     Chap.  XXXVIII,  24—34. 


24  La  sagesse  du  scribe  s'acquiert  a  la  faveur  du  loisir, 

Et  celui  qui  ii'a  pas  a  s'occuper  d'affaires  deviendra  sage. 

25  Comment  deviendrait-il  sage  celui  qui  gouverne  la  charrue, 
Dont  I'ambition  est  de  manier,  en  guise  de  lance,  I'aiguillon; 
Qui  pousse  ses  boeufs  et  se  mcle  ;\  leurs  travaux, 

Et  ne  sait  discourir  que  des  petits  des  taureaux? 

26  II  met  tout  son  coeur  a  tracer  des  sillons, 

Un  soin  vigilant  a  procurer  le  fourrage  a  ses  ge'nisses. 

27  II  en  est  de  meme  du  charpentier  et  du  construcfleur. 
Qui  poursuivent  leurs  occupations  la  nuit  comme  le  jour; 
De  celui  qui  grave  les  empreintes  des  cachets  : 

Son  application  est  de  varier  les  figures; 
II  met  tout  son  coeur  a  reproduire  le  dessin, 
Un  soin  vigilant  a  parfaire  son  ouvrage. 

28  Tel  est  le  forgeron  assis  pres  de  son  enclume, 
Et  considerant  le  fer  encore  brut; 

La  vapeur  du  feu  fait  fondre  ses  chairs, 

Et  il  tient  bon  contre  la  chaleur  de  son  fourneau; 

Le  bruit  du  marteau  assourdit  son  oreille, 

Et  son  oeil  est  fixe  sur  le  modele  de  I'ustensile. 

11  met  tout  son  coeur  a  parfaire  son  oeuvre, 

Un  soin  vigilant  a  la  polir  dans  la  perfeflion. 

29  Tel  encore  le  potier  assis  a  son  ouvrage, 
Et  tournant  la  roue  avec  ses  pieds  : 
Constamment  il  est  en  souci  de  son  travail, 

Et  tous  ses  efforts  tendent  a  fournir  un  certain  nombre  de  vases. 

30  Avec  son  bras  il  faqonne  Targile, 

Et  devant  ses  pieds  il  la  rend  flexible; 
II  met  tout  son  coeur  k  parfaire  le  vernis, 
Un  soin  vigilant  a  nettoyer  son  four. 

31  Ces  sortes  de  gens  attendent  tout  de  leurs  mains, 
Et  chacun  d'eux  est  intelligent  dans  son  metier. 

32  Sans  eux  on  ne  batirait  aucune  ville, 

On  n'irait  pas  a  I'etranger,  on  ne  voyagerait  pas  de  lieu  en  lieu. 

33  Mais  ils  ne.seront  pas  recherches  dans  le  conseil  du  peuple, 
Et  ils  ne  se  distingueront  pas  dans  I'assemblee, 

lis  ne  prendront  point  place  sur  le  siege  du  juge, 

Ils  n'auront  pas  la  science  des  saintes  lois, 

lis  n'interpreteront  pas  la  justice  et  le  droit, 

Et  on  ne  les  trouvera  pas  pour  enoncer  de  fines  sentences. 

34  Cependant  ils  soutiennent  les  choses  du  temps, 

Et  leur  priere  se  rapporte  aux  travaux  de  leur  metier. 


•-JOS ^©^ ^©^ Ki>^-' 


Dieu  pour  I'expiation  de  ses  pech^s;  mais 
cette  pensee  est  moins  en  harmonic  avec  le 
contexte. 

Le  morceau  suivant  (24-xxxix,  11)  oppose 
le  scribe.,  le  lettre  juif,  le  do(fl;eur  de  la  loi, 
k  Partisan,  aux  gens  de  metier,  au  point  de 
vue  de  I'acquisition  de  la  sagesse;  c'est  par 
ces  derniers  qu'il  commence. 

24.  La  sai^esse,  spdcialement  la  science  de 
la  loi  et  du  droit,  tant  civils  que  religieux, 
et  leur  interpretation.  —  Deviendra  sage  : 
il  peut  le  devenir,  car  il  a  toute  facilile  pour 
cela. 


25.  Comment  pourrait-il  devenir  sage, 
voy.  la  note  du  verset  precedent  :  le  temps 
mOnie  lui  fait  defaut.  —  En  guise  de  lance, 
raiguillon  du  bouvier;  litt.  la  lance  de  Vai- 
guillon;  il  faudrait  en  latin  /rcc/z/t;  stimuli. 
II  y  a  peut-etre  quelque  ironie  dans  les  ex- 
pressions gouverner,  manier  la  lance. 

26.  Procurer  le  fourrage  a  ses  genissesj 
en  lat.,  engraisser  ses  genisses. 

27.  Charpentier  :  le  mot  grec  s'applique- 
rait  aussi  au  maqon.  —  Construtleur  de 
maisons.  —  Varier  les  figures,  chacun  de- 
vant  avoir  son   cachet    particulier.  —  Le 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXVIII,  25—39. 


625 


25.  Sapientia  scribas  in  tempore 
vacuitads  :  et  qui  minoratur  actu, 
sapientiam  percipiet  :  qua  sapientia 
replebitur  16.  qui  tenet  aratrum,  et 
qui  gloriatur  in  jaculo,  stimulo  bo- 
ves  agitat,  et  conversatur  in  operi- 
bus  eorum,  et  enarratio  ejus  in  filiis 
taurorum.  27.  Cor  suum  dabit  ad 
versandos  sulcos,  et  vigilia  ejus  in 
sagina  vaccarum.  28.  Sic  omnis  fa- 
ber  et  architectus,  qui  noctem  tam- 
quam  diem  transigit,  qui  sculpit 
signacula  sculptilia,  et  assiduitas 
ejus  variat  picturam  :  cor  suum  da- 
bit  in  similitudinem  picturas,  et 
vigilia  sua  perficiet  opus.  29.  Sic 
faber  ferrarius  sedens  juxta  incu- 
dem,  et  considerans  opus  ferri  : 
vapor  ignis  uret  carnes  ejus,  et  in 
calore  fornacis  concertatur :  30.  vox 
mallei  innovat  aurem  ejus,  et  contra 
similitudinem  vasis  oculus  ejus  : 
31.  cor  suum  dabit  in  consumma- 
tionem  operum,  et  vigilia  sua  orna- 
bit  in  perfectionem.  32.  Sic  figulus 
sedens  ad  opus  suum,  convertens 
pedibus  suis  rotam,  qui  in  sollicitu- 


dine  positus  est  semper  propter 
opus  suum,  et  in  numero  est  omnis 
operatio  ejus  :  ^i^.  in  brachio  suo 
formabit  lutum,  et  ante  pedes  suos 
curvabit  virtutem  suam  :  34.  cor 
suum  dabit  ut  consummet  linitio- 
nem,  et  vigilia  sua  mundabit  for- 
nacem. 

35.  Omnes  hi  in  manibus  suis 
speraverunt,  et  unusquisque  in  arte 
sua  sapiens  est.  36.  Sine  his  omni- 
bus non  aedificatur  civitas.  37.  Et 
non  inhabitabunt,  nee  inambula- 
bunt,et  in  ecclesiam  non  transilient. 
38.  Super  sellam  judicis  non  sede- 
bunt,  et  testamentum  judicii  non 
intelligent,  neque  palam  facient  di- 
sciplinam  et  judicium,  et  in  parabo- 
lis  non  invenientur  :  39.  sed  creatu- 
ram  asvi  confirmabunt,et  deprecatio 
illorum  in  operatione  artis,  accom- 
modantes  animam  suam,  et  conqui- 
rentes  in  lege  Altissimi. 


.1. 
•I* 


desstn,  fait  au  pinceau,  selon  la  maniere 
des  anciens,  d'ou  le  latin  pidtira. 

28.  Ass/s  :  a  cette  epoque,  le  foyer  etait 
place  a  terre.  —  Consideraiit  le  fer  brut 
pendant  qu'il  chauffe  -.fer  brut,  apyw  a-.S-i^ptij; 
le  tradutleur  latin  a  lu  l[j'{m  atSypoj,  le  fer 
qu'il  travaille.  —  Fait foiidre,  en  gr.  "LTjis', 
legon  preferable  a  ttt^^e'-,  geler,  durcir.  — 
//  tient  boH,  litt.  il  lutte.  —  Assourdit  : 
le  grec  porte  xaivtsT  (en  hebr.  chadascli), 
innovat,  litt.  renouvelle  son  oreille,  lui  fait 
entendre  le  meme  bruit  souvent  renouvele. 
II  est  tout  k  fait  vraisemblable  qu'il  y  avait 
en  hebr.  charasch,  rejidre  sotcrd.  —  De 
Viistensile  qu'il  fagonne. 

30.  Avec  son  bras,  la  main  et  I'avant-bras. 
—  Devant  ses  pieds,  ou  se  trouve  I'argile,  et 
s'aidant  aussi  de  ses  pieds,  il  la  rend  flexi- 
ble; litt.,  il  en  assouplit  la  force,  la  durete', 
peut-etre  la  masse.  D'autres  :  et  devant  ses 
pieds  ilfait  tourner  la  masse  d\irgile,  quand 
ses  pieds  ont  imprime  a  la  roue  son  mou- 
vement.  —  Nettoyer  son  four,  afin  qu'il  n'y 
reste  aucun  debris  qui  puisse  s'attacher  a 
ses  vases  et  les  defigurer. 

32.  Altera  Vetranger,  voyager,  pour  faire 
le  commerce.  D'autres  :  on  tie  pourrait  s'y 
loger  ni  s'y promener,  car  ce  sont  les  artisans 
qui  construisent  les  maisons  et  les  routes. 


33.  Dans  le  conseil,  I'assemblee  delibe- 
rante.  Ce  i^r  membre  est  absent  du  cod. 
Vat.  et  du  latin,  mais  on  le  trouve  dans 
d'autres  manuscrits  et  dans  les  versions 
Syr.  et  Arabe  :  il  est  probablement  authen- 
tique. 

La  science  des  saint es  lois,  litt.  de  P al- 
liance du  droit,  de  I'alliance  avec  Dieu  en 
tant  qu'elle  renferme  les  lois  religieuses  et 
civiles  du  peuple  de  Dieu.  —  lis  tiinterpre- 
teront  pas,  a  la  maniere  des  do(fteurs  et  des 
juges. 

34.  Les  chases  du  temps,  litt.  la  creature 
du  siecle,  la  creation  materielle  sujette  aux 
vicissitudes  du  temps;  le  concours  des  gens 
de  metier  aide  I'homme  a  faire  face  aux 
divers  besoins  de  son  existence.  —  Leur 
priere  ne  s'eleve  pas  jusqu'a  demander,  par 
ex.,  la  science  theorique  de  la  sagesse. 

Le  latin  ajoute  :  ils  y  appliquent  leur 
dine  et  ctudient  la  loi  du  Tres-Haut  :  ce 
qui  s'accorde  mal  avec  le  contexte.  En 
grec,  ces  mots  forment  le  commencement 
du  chapitre  suivant  et  ils  s'appliquent,  non 
plus  aux  gens  de  metier,  mais  aux  sages  de 
profession. 


NO  23  —  LA  SAl.NTE  BIBLE,   TOME  IV.   —  40 


626  L'ECCLfiSIASTIQUE.     Chap.  XXXIX,  i— 14. 


CHAP.  XXXIX,  I  —  II. —  Des  sages,  par  opposition  aux  artisans 

[vers.  I  — 11]. 

Chap.  I^^^L  en  est  autrement  de  celui  qui  applique  son  esprit, 

XXXIX.  S@  Et  qui  se  livre  a  I'etude  de  la  loi  du  Tres-Haut  : 

i^M^  II  recherche  la  sagesse  de  tons  les  anciens, 
Et  il  consacre  ses  loisirs  aux  propheties. 

2  II  garde  dans  sa  memoire  les  re'cits  des  hommes  celebres, 
Et  il  p^netre  dans  les  detours  des  sentences  subtiles. 

3  II  cherche  le  sens  cach^  des  similitudes, 
Et  il  s'occupe  des  sentences  enigmatiques. 

4  II  sert  au  milieu  des  grands, 
Et  il  parait  devant  le  prince. 

II  voyage  dans  le  pays  des  peuples  etrangers, 

Car  il  veut  connaitre  le  bien  et  le  mal  parmi  les  hommes. 

5  II  met  tout  son  coeur  k  aller  des  le  matin  aupres  du  Seigneur  qui  I'a  fait, 
II  prie  en  presence  du  Tres-Haut, 

II  ouvre  sa  bouche  pour  la  priere 

Et  il  demande  pardon  pour  ses  peches. 

6  Si  c'est  la  volonte  du  Seigneur, 

II  sera  rempli  de  I'esprit  d'intelligence; 
Alors  il  repandra  a  flots  ses  sages  paroles, 
Et  dans  sa  priere  il  rendra  grace  au  Seigneur. 

7  II  saura  diriger  sa  prudence  et  son  savoir, 
Et  il  etudiera  les  mysteres  divins. 

8  II  publiera  ses  sages  enseignements, 

Et  il  se  glorifiera  de  la  loi  de  I'alliance  du  Seigneur, 

9  Beaucoup  loueront  son  intelligence, 
Et  il  ne  sera  jamais  oublie; 

Sa  memoire  ne  passera  pas, 
Et  son  nom  vivra  d'age  en  age. 

10  Les  peuples  raconteront  sa  sagesse, 
Et  I'assemble'e  cel^brera  ses  louanges. 

11  Tant  qu'il  est  en  vie,  son  nom  reste  plus  illustre  que  mille  autres, 
Et  quand  il  se  reposera,  sa  gloire  grandira  encore. 


^       SIXIEME    PARTIE.       ^g^ 

De  la  creation  et  de  la  place  que  I'homme 
y  occupe  [dr.  XXXIX,  12---XLII,  14]. 

CHAP.  XXXIX,  12  sv. —  Sujet  :  Toutes  les  oeuvres  de  Dieu  sont  bonnes, 
et  tout  ce  qu'il  ordonne  arrive  en  son  temps.  Que  les  justes  louent  le 
Seigneur  [vers.  12  — 15].  II  est  tout-puissant,  et  sa  science  est  infinie 
[16  —  21].  Tout  ce  qu'il  fait  est  pour  le  bien  des  justes  et  pour  la  puni- 
tion  des  pecheurs  [22  —  31].  Conclusion  :  louange  a  Dieu  [32  —  35]. 

Chap.  ||Mi'b'iM||E  veux  encore  jniblier  le  fruit  de  mes  reflexions, 

WYTY  ^^  ^  Car  je  suis  rempli,  comme  la  lune  dans  son  plein. 

iM^K  «    '3  Ecoutez-moi,  tils  pieux, 

'^-'ftsJil         ya  croissez  comme  la  rose  sur  le  l^ord  d'une  eau  courante. 
14  Repandez,  comme  I'encens,  votre  suave  odeur; 
Faites  dclore  votre  fleur,  comme  le  lis; 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXIX,  1—18. 


627 


— :i:—     CAPUT  XXXIX.     — :i:— 

Studium  sapientis,  ipsiusque  praeclara  opera 
et  nominis  perpetuitas  :  Deus  benedicen- 
dus  in  operibus  suis,  cui  nihil  occultum 
est  :  benedidlio  Dei  in  bonos,  et  ira  in 
malos  :  bonis  omnia  in  bonum  cedunt, 
malis  in  malum,  ad  quos  puniendos  et 
cetera  sunt  creata. 


APIENTIAM  omnium 
antiquorum  exquiret  sa- 
piens, et  in  prophetis  va- 
cabit.  2.  Narrationem  vi- 


rorum  nominatorum  conservabit, 
et  in  versutias  parabolarum  simul 
introibit.  3.  Occulta  proverbiorum 
exquiret,  et  in  absconditis  parabo- 
larum conversabitur.  4.  In  medio 
magnatorum  ministrabit,  et  in  con- 
spectu  prassidis  apparebit.  5.  In  ter- 
ram  alienigenarum  gentium  per- 
transiet  :  bona  enim  et  mala  in 
hominibus  tentabit.  6,  Cor  suum 
tradet  ad  vigilandum  diluculo  ad 
Dominum,  qui  fecit  ilium,  et  in 
conspectu  Altissimi  deprecabitur. 
7.   Aperiet    os    suum    in    oratio- 


ne,  et  pro  delictis  suis  depreca- 
bitur. 

8.  Si  enim  Dominus  magnus  vo- 
luerit,  spiritu  intelligentiae  replebit 
ilium  :  9.  et  ipse  tamquam  imbres 
mittet  eloquia  sapientias  suae,  et  in 
orationeconfitebitur  Domino:  10.  et 
ipse  diriget  consilium  ejus,  et  disci- 
plinam,  et  in  absconditis  suis  con- 
siliabitur.  11.  Ipse  palam  faciet 
disciplinam  doctrincc  suas,  et  in 
lege  testamenti  Domini  gloriabitur. 
12.  Collaudabunt  multi  sapientiam 
ejus,  et  usque  in  saeculum  non  de- 
lebitur.  13.  Non  recedet  memoria 
ejus,  et  nomen  ejus  requiretur  a  ge- 
neratione  in  generationem.  14.  Sa- 
pientiam ejus  enarrabunt  gentes,  et 
laudem  ejus  enuntiabit  ecclesia. 
15.  Si  permanserit,  nomen  derelin- 
quet  plus  quam  mille  :  et  si  requie- 
verit,  proderit  illi. 

16.  Adhuc  consiliabor,  ut  enar- 
rem  :  ut  furore  enim  repletus  sum. 

17.  In  voce  dicit :  Obaudite  me  di- 
vini  fructus,  et  quasi  rosa  plantata 
super   rivos   aquarum    fructificate. 

1 8.  Quasi  Libanus  odorem  suavita- 


GHAP.  XXXIX. 

1.  La  sagesse  des  anciens,  exposee  surtout 
dans  les  livres  sapientiaux.  —  Aux  prop/iJ- 
ties,  aux  livres  prophetiques.  En  latin,  aux 
prophetes. 

2.  Sentences  subtilcs,  discours  ayant  un 
sens  cache;  litt.  parabolcs. 

4.  II  sert,  il  se  meut,  ati  milieu  des grmids, 
leur  rendant  des  services. 

//  voyage^  comme  beaucoup  de  sages  de 
I'antiquite,  pour  apprendre  et  acquerir  de 
I'experience.  —  //  vent  connaitre,  litt.  il 
cproitve^  il  experimente,  le  bien  et  le  inal, 
toutes  choses.  Le  verba  grec  est  au  passe 
£7r£tpaiT£,  mais  ce  passe  repond  a  un  futur 
(present)  hebreu.  Si  I'on  retient  le  passe,  le 
sens  sera  :  il  voyage  sans  crainte,  surement, 
a  I'etranger,  oil  Ton  rencontre  des  dangers 
de  tout  genre,  carila  eprouv^,  expdrimente, 
le  bien  et  Ic  inal,  il  a  acquis  une  grande  ex- 
perience des  choses  humaines. 

5.  A  alter,  dans  I'adoration  et  la  priere. 

6.  //  rendra  grace  au  Seigneur,  en  recon- 
naissant  ce  qu'il  a  recu  de  lui. 

7.  Diriger  sa  prudence  et  son  savoir,  les 
bien  conduire,  de  maniere  a  ce  qu'ils  ne 
s'egarent  pas. 


8.  //  se  glorifiera  de  la  loi,  en  tant  qu'il 
la  connait  et  I'observe. 

9.  Oublie,  litt.  enleve',  ote  de  la  memoire. 
— -  Vivra,  en  grec  C'l'^^'^as;  le  tradu61;eur  la- 
tin a  lu  CfiTTiiTSTat,  sera  recherche. 

10.  Lassemblee,  la  communaute  juive. 
w.  Sa  gloire  grandira  encore.  Le  grec, 

sixTTotcf  auTw,  est  assez  obscur;  le  latin  tra- 
duit,  cela  lui  servira.  II  y  avait  probable- 
ment  en  hebreu  iasaf  lo,  cela  augntente  a 
lui,  vulgairement  c^est  encore  tnieux. 

12.  Je  suis  renipli :  le  point  de  la  compa- 
raison  est  I'idee,  non  de  lumiere,  mais  de 
plenitude.  Le  tradu<fleur  latin  rend  le 
2e  membre  :  car  je  suis  comnie  renipli  d'en- 
thousiasnie,  litt.  de  fureur,  la  fureur  de  I'ins- 
piration. 

13.  Ecoutez-nwi,  etc.  En  latin  :  il  (I'Es- 
prit?)  dit  de  sa  voix,  a  haute  voix  :  Ecoutez- 
nioi,  rejetons  divins.  —  Et  croissez,  gran- 
dissez  en  sagesse. 

14.  Cotnrne  Vencens  :  le  meme  mot  pris 
comme  nom  propre  designe  le  mont  Li- 
ban  :  la  pensee  serait  la  meme.  —  Voire 
suave  odeur. . .  votre  fleur  :  I'auteur  appelle 
ainsi  par  figure  le  cantique  de  la  louange 
divine. 


628 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XXXIX,  15—35- 


Exhalez  votre  paifum  et  chantez  un  cantique  de  louange, 
Et  celebrez  le  Seigneur  pour  toutes  ses  CEUvres. 

15  Rendez  gloire  h.  son  nom, 
Proclamez  sa  louange 

Dans  les  chants  de  vos  levres  et  sur  vos  harpes, 
Et  celebrez-le  en  disant  : 

16  Toutes  les  CEUvres  du  Seigneur  sont  tres  bonnes, 
Et  ce  qu'il  a  ordonne  s'accomplira  en  son  temps. 

17  On  ne  doit  pas  dire  :  "  Ou'est-ce  que  cela?  A  quoi  sert-il?" 
Car  toute  chose  sera  recherchee  en  son  temps. 

Par  I'ordre  du  Seigneur,  I'eau  s'est  rassemble'e  en  monceau, 
Et  sur  une  parole  de  sa  bouche  il  y  eut  des  reservoirs  d'eau. 

18  Par  son  commandement  ce  qui  lui  plait  arrive, 
Et  nul  ne  peut  arreter  le  salut  qu'il  envoie. 

19  Les  oeuvres  de  toute  chair  sont  devant  lui, 
Et  Ton  ne  peut  se  cacher  a  ses  yeux. 

20  Son  regard  atteint  de  I'eternite  a  I'eternite, 
Et  il  n'y  rien  d'etonnant  devant  lui. 

21  On  ne  doit  pas  dire  :  "  Qu'est-ce  que  cela.^  A  quoi  sert-il?  " 
Car  toute  chose  a  ete  creee  pour  son  usage. 

22  La  benedidlion  du  Seigneur  deborde  comme  un  fleuve, 
Et  comme  un  deluge  elle  couvre  la  terre. 

23  De  mcme  il  dechaine  sa  colere  sur  les  nations, 

Comme  il  a  change  un  pays  bien  arrose  en  une  contree  de  sel. 

24  Ses  voies  sont  droites  pour  les  hommes  saints, 

Et  de  meme  elles  sont  pour  les  impies  des  occasions  de  chute. 

25  Les  biens  ont  ete  crees  pour  les  bons  des  I'origine, 
De  meme  que  les  maux  pour  les  mechants. 

26  Ce  qui  est  de  premiere  necessite  pour  la  vie  des  hommes, 
C'est  I'eau,  le  feu,  le  fer  et  le  sel, 

Le  pain  de  froment,  le  lait  et  le  miel, 

Le  sang  de  la  grappe,  I'huile  et  le  vetement. 

27  Toutes  choses  deviennent  des  biens  pour  les  hommes  pieux, 
Et  se  changent  en  maux  pour  les  pecheurs. 

28  II  y  a  des  vents  qui  ont  ete  crees  pour  la  vengeance, 
Et  leur  fureur  dechaine  de  terribles  fle'aux. 

Au  jour  de  la  destrudion  ils  deploieront  leur  puissance, 
Et  apaiseront  le  courroux  de  Celui  qui  les  a  faits. 

29  Eclairs  et  grele,  famine  et  peste, 

Toutes  ces  choses  ont  ete  cree'es  pour  le  chatiment; 

30  Ainsi  que  la  dent  des  betes  feroces,  les  scorpions  et  les  viperes, 
Et  le  glaive  exterminateur  qui  tire  vengeance  des  impies. 

31  Ces  creatures  se  rejouissent  du  commandement  du  Seigneur; 
Elles  se  tiennent  prctes  sur  la  terre  pour  le  besoin, 

Et  au  temps  marque  elles  ne  manqueront  pas  d'executer  ses  ordres. 

32  C'est  pourquoi  j'ai  etc  depuis  le  commencement  ferine  dans  mes  pensees, 
Et  aprcs  avoir  medite,  je  les  ai  mises  par  (fcrit. 

33  Toutes  les  oeuvres  du  Seigneur  sont  bonnes, 

Et,  I'heure  venue,  a  tout  besoin  elles  donneront  satisfa<f\ion. 

34  11  n'y  a  pas  lieu  de  dire  :  "  Ceci  est  plus  mauvais  que  cela." 
Toute  chose  en  son  temps  sera  reconnue  bonne. 

35  Et  maintenant  chantez  de  tout  cceur  et  de  bouche, 
Et  benissez  le  nom  du  Seigneur. 


16.  Le  2e  membre  manque  en  latin. 

17.  Recherc/u'e,  ou  desirce  :  le  moment 
arrive  ou  une  chose  qui  paraissait  ne  servir 
a  rien  trouve  son  usage.  —  Par  Vordre  du 
Seigneur,  etc.  :  allusion  a  Gen.  i,  6-10,  011 
il  est  dit  que  Dieu  crea  le  firmament  et  en 


fit  le  reservoir  des  eaux  superieures,  peut- 
etre  aussi  au  miracle  de  la  mer  Rouge. 

Le  ler  membre  manque  dans  le  cod.  Vat., 
ainsi  que  dans  le  latin,  qui  n'a  pas  non  plus 
le  i^'. 

18.  Le  salttt,  ou  le  secours. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XXXIX,  19—41. 


629 


tis  habete.  1 9.  Florete  flores,  quasi 
lilium,  et  date  odorem,  et  frondete 
in  gratiam,  et  collaudate  canticiim, 
et  benedicite  Dominiim  in  operibus 
suis.  20.  Date  nomini  ejus  magnifi- 
centiam,  et  confitemini  illi  in  voce 
labiorum  vestrorum,  et  in  canticis 
labiorum,  et  citharis,  et  sic  dicetis 
in  confessione  : 

1,31.         21.'  Opera  Domini  uni  versa  bona 

''g^^'  valde.  11.  *In  verbo  ejus  stetit  aqua 
sicut  congeries  :  et  in  sermone  oris 
illius  sicut  exceptoria  aquarum  : 
23.  quoniam  in  prascepto  ipsius 
placor  fit,  et  non  est  minoratio  in 
salute  ipsius.  24.  Opera  omnis  car- 
nis  coram  illo,  et  non  est  quidquam 
absconditum  ab  oculis  ejus.  25.  A 
sasculo  usque  in  sasculum  respicit, 
et  nihil  est  mirabile  in  conspectu 
ejus.  26.  Non  est  dicere  :  Quid  est 
hoc,  aut  quid  est  istud.^  omnia  enim 
in  tempore  suo  quasrentur  : 

27.  Benedictio  illius  quasi  fluvius 

7,21.  inundavit.  28.'"Ouomodo  cataclys- 
mus  aridam  inebriavit,  sic  ira  ipsius 
gentes,  quas  non  exquisierunt  eum, 

i.  14,  hereditabit.  29.''Quomodo  conver- 
tit  aquas  in  siccitatem,et  siccata  est 
terra  :  et  vias  illius  viis  illorum  di- 
rectas  sunt  :  sic  peccatoribus  ofFen- 
siones  in  ira  ejus.  30.  Bona  bonis 


creata  sunt  ab  initio,  sic  nequissimis 
bona  et  mala.  31.  'Initium  necessa-  .Supra  29, 
riae  rei  vitas  hominum,  aqua,Jgnis,  ^^" 
et  ferrum,  sal,  lac,  et  panis  simila- 
gineus,  et  mel,  et  botrus  uvas,  et 
oleum,  et  vestimentum.  32.  Hasc 
omnia  Sanctis  in  bona, sic  et  impiis  et 
peccatoribus  in  mala  convertentur. 

33.  Sunt  spiritus,  qui  ad  vindi- 
ctam  creati  sunt,  et  in  furore  suo 
confirmaverunt  tormenta  sua  :  34.  in 
tempore  consummation's  effundent 
virtutem  :  et  furorem  ejus,  qui  fecit 
illos,  placabunt.  35.  Ignis,  grando, 
fames,  et  mors,  omnia  haec  ad  vin- 
dictam  creata  sunt  :  36.  bestiarum 
dentes,  et  scorpii,  et  serpentes,  et 
romphasa  vindicans  in  exterminium 
impios.  37.  In  mandatis  ejus  epula- 
buntur,  et  super  terram  in  necessi- 
tatem  prasparabuntur,  et  in  tempo- 
ribus  suis  non  prasterient  verbum. 

38.  Propterea  ab  initio  confirma- 
tus  sum,  et  consiliatus  sum,  et  co- 
gitavi,  et  scripta  dimisi.  39.^0mnia   ^Gen.1,31. 

T--V         *     •    1  Marc  7  "^7 

opera  Domini  bona,  et  omne  opus  '""'' 

hora  sua  subministrabit.  40.  Non 
est  dicere  :  Hoc  illo  nequius  est  : 
omnia  enim  in  tempore  suo  com- 
probabuntur.  41.  Et  nunc  in  omni 
corde  et  ore  collaudate,  et  benedi- 
cite nomen  Domini. 


20.  Son  regard  penetre  le  passe  comme 
le  futur  le  plus  lointain,  et  pour  lui  il  n'y  a 
pas  de  merveille. 

21.  Pour  son  usage,  pour  trouver  en  son 
temps  un  usage.  A  la  place  de  ce  2^  mem- 
bre,  le  latin  met  ici  le  z^  membre  du  ver- 
set  17. 

22.  Deborde,  litt.  couvre  la  terre  et  la 
feconde,  coniine  un  fleuve  en  general ;  ou 
bien  comme  le  fieuve,  le  Nil  ou  le  Jourdain. 

23.  Sur  les  Jtaiions  idolatres,  qui  tie  le 
c]ierche7it  f>as,  ajoute  le  latin.  —  Un  fays 
Ineti  arrosc',  la  vallee  de  Siddim,  ou  etaient 
situees  Sodome  et  Gomorrhe,  en  tine  contree 
de  sel,  la  mer  Morte  et  ses  environs.  Le  lat. 
ajoute  :  et  la  terre  a  die  dessccJice. 

24.  Droites,  faciles,  sans  obstacle.  En 
latin  :  ses  voies  sont  dirigees  d^apres  leurs 
voies,  il  se  conduit  envers  les  hommes 
comme  les  hommes  se  conduisent  envers 
lui  (comp.  Ps.  xvii,  26  sv.),  et  ainsi  pour  les 
pecheurs  elles  sont  dans  sa  colerc  des  causes 
de  chute. 


25.  Les  mauxj  en  latin,  les  biens  et  les 
maux;  I'addition  de  bona  trouble  le  sens. 

26.  Le:  sang  de  la  grappe,  le  vin  rouge 
{Gen.  xlix,  11;  Deitf.  xxxii,  14). 

28.  Des  vents,  les  ouragans,  les  trombes. 
Dans  les  trois  langues  sacrees  le  meme  mot 
designe  des  esprits  et  des  vents;  ici  le  con- 
texte  nous  parait  exiger  cette  derniere  signi- 
fication. D'autres  preferent  la  premiere  et 
entendent  les  esprits  celestes,  soit  les  bons 
anges,  que  I'Ecriture  nous  montre  souvent 
comme  les  ministres  de  la  justice  divine 
(anges  de  Sodome, ange  exterminateur,etc.), 
soit  les  mauvais  anges.  —  Apatsent,  font 
cesser  son  courroux,  en  lui  donnant  satis- 
faction. 

29.  La  peste,  litt.  la  mart,  la  mortalite. 

33.  Elles  donneront;  ou  bien,  //  (le  Sei- 
gneur) donnera. 

34.  Bonne,  utile  pour  I'usage  auquel  elle 
est  destinee. 


630 


L'ECClJ:SIASTIQUE.     Chap.  XL,  1  —  18. 


Ch.  XL. 


CHAP.  XL. —  Miseres  de  Li  vie  humaine  [vers,  i  — 11].  Eloge  de  la  fidelite 
et  de  la  bienfaisance  [12  —  17].  Glioses  agreables  de  la  vie  [18  —  27]; 
choses  tristes  et  malheureuses  [28  —  xli,  13]. 

TOUT  homme  a  ete  imposee  une  grande  misere, 

Et  un  joug  pesant  est  sur  les  enfants  des  hommes, 

Depuis  le  jour  011  ils  sortent  du  sein  de  leur  mere, 
,        •  1^  1 '„-.ii. J i„  „„:„  A^  1^  w,X^<^  r 


Jusqu'au  jour  de  leur  sepulture  dans  le  sein  de  la  mere  commune. 

2  Une  crainte  du  coeur  se  mele  a  leurs  pensees; 
L'inqui(?tude  qui  les  preoccupe,  c'est  la  crainte  de  la  mort. 

3  Depuis  I'homme  qui  siege  sur  un  trone  de  gloire 
Jusqu'au  malheureux  assis  par  terre  et  sur  la  cendre; 

4  Depuis  celui  qui  porte  la  pourpre  et  la  couronne 
Jusqu'au  miserable  couvert  d'une  toile  grossiere, 

5  La  colere,  I'envie,  le  trouble,  I'agitation, 

La  crainte  de  la  mort,  I'aigreur  et  les  querelles  so;?t  le  partake  de  ious, 
Et  dans  le  temps  oii  chacun  repose  sur  sa  couche, 
Le  sommeil  de  la  nuit  bouleverse  ses  iddes. 

6  II  repose  un  instant,  si  peu  que  rien, 
Et  aussitot  des  reves  I'agitent; 

II  lui  semble  etre  en  sentinelle  pendant  le  jour, 
II  est  effraye  par  la  vision  de  son  esprit, 
Comme  un  homme  qui  fuit  devant  I'ennemi. 

7  Au  moment  de  la  delivrance,  il  s'eveille, 
Et  s'etonne  de  sa  vaine  frayeur. 

8  Ainsi  en  est-il  de  toute  chair,  depuis  I'homme  jusqu'k  la  bete; 
Pour  les  pecheurs,  sept  fois  plus  encore  : 

9  La  peste,  le  meurtre,  la  discorde,  I'epee, 

Les  calamites,  la  famine,  la  destrucflion  et  les  atitres  fldaux  : 

10  Tout  cela  a  ete  crce  contre  les  pecheurs, 
Comme  c'est  k  cause  d'eux  que  le  deluge  est  arrive. 

1 1  Tout  ce  qui  vient  de  la  terre  retourne  a  la  terre, 
Comme  les.eaux  par  leur  pente  vont  a  la  mer. 

12  Tout  present  et  tout  bien  injustement  acquis  periront, 
Mais  la  bonne  foi  subsistera  \  jamais. 

13  Les  richesses  des  injustes  tariront  comme  un  torrent, 
Et  comme  un  fort  tonnerre  retentit  pendant  I'ondee. 

14  L'homme  qui  sait  ouvrir  la  main  se  rejouira, 
Mais  les  prevaricateurs  subiront  une  ruine  totale. 

15  La  posterity  des  impies  ne  pousse  pas  de  nombreux  rameaux, 
Et  des  racines  impures  n'ont  d'autre  sol  que  le  rocher  escarpe. 

16  Le  roseau  qui  croit  pres  des  eaux  et  sur  le  bord  d"un  fleuve 
Est  arrache  avant  toute  autre  herbe. 

17  Le  bienfait  est  comme  un  jardin  beni, 
Et  la  bienfaisance  demeure  k  jamais. 

18  Douce  est  la  vie  de  I'homme  qui  se  suffit,  de  I'ouvrier; 

Plus  douce  que  I'une  et  I'autre  la  vie  de  celui  qui  trouve  la  richesse. 


CHAP.  XL. 

1.  Imposee,  \\\X.  faite  ou  crece.  —  Misere, 
peine.  —  Ln  mere  commune,  c'est  la  terre, 
d'ou  le  i<^''  homme  a  ete  tire  et  ou  tons  les 
hommes  doivent  retourner  {Gen.  ii,  7.  Comp. 
Job,  i,  21;  Eccle.  v,  14). 

2.  Une  crainte  du  canir,  une  crainte  pro- 
fonde,  qui  a  son  siege  dans  le  fond  de  notrc 
etre.  Ce  premier  membre  est  inexplicable 
en  grec  (et  en  latin)  les  deux  noms  etant  a 


I'accuratif.  Cela  vient  de  ce  que  le  traduc- 
teur  n'a  pas  compris  la  particule  eth  qui 
commencjait  sans  doute  la  phrase  en  hebreu  : 
ai'ec  leurs  pensees  est  une  crainte  du  ecru?-. 

5.  naig7'eur,  la  rancune,  une  haine  inve- 
teree,  colere  incessante,  comme  traduit  le 
latin.  —  Bouleverse  ses  idces,  le  trouble  par 
toutes  sortes  de  rcves  et  d'imaginations. 

7.  Au  moment  ou,  dans  son  rcve,  il  fait 
un  supreme  effort  qui  am^ne  sa  dcliiirance. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XL,  i— 18. 


631 


— :>—       CAPUT  XL.       — :>— 

Occupationi  niagn;e,  jugo  gravi,  ac  variis 
miseriis  homo  obnoxius  :  omnia  caduca  : 
iniqui  cum  suis  divitiis  cite  delendi  :  laus 
vita;  sibi  sufficientis  :  varies  :  binaries 
commendat,quibus  tamen  alia  anteponit : 
laus  timoris  Domini  :  fac  ne  indigeas,  nee 
in  alienam  mensam  respicias,  a  quo  vir 
disciplinatus  et  eruditus  se  servat. 

CCUPATIO  magna  area- 
ta est  omnibus  hominibus, 
etjugum  grave  super  filios 
Adam, a  die  exitus  de  ven- 
tre matris  eorum,  usque  in  diem 
sepulturas,  in  matrem  omnium. 
2.  Cogitationes  eorum,  et  timores 
cordis,  adinventio  exspectationis,  et 
dies  finitionis  : 

3.  A  residente  super  sedem  glo- 
riosam,  usque  ad  humiliatum  in 
terra  et  cinere  :  4.  ab  eo,  qui  utitur 
hyacintho,et  portat  coronam,  usque 
ad  eum,  qui  operitur  lino  crude  : 
furor,  zelus,  tumultus,  fluctuatio,  et 
timor  mortis, iracundia  perseverans, 
et  contentio,  5.  et  in  tempore  refe- 
ctionis  in  cubili  somnus  noctis  im- 
mutat  scientiam  ejus.  6.  Modicum 
tamquam  nihil  in  requie,  et  ab  eo 
in  somnis,  quasi  in  die  respectus. 


7.  Conturbatus  est  in  visu  cordis 
sui,  tamquam  qui  evaserit  in  die 
belli.  In  tempore  salutis  suae  exsur- 
rexit,  et  admirans  ad  nullum  tirno- 
rem  :  8.  cum  omni  carne,  ab  homine 
usque  ad  pecus,  et  super  peccatores 
septuplum.  9.  "Ad  haec  mors,  san- 
guis, contentio,  et  romphasa,  oppres- 
siones,  fames,  et  contritio,  et  flagel- 
la:  10.  super  iniquos  creata  sunt  haec 
omnia, *et  propter  illos  factus  est  ca- 
taclysmus.  1 1.  ""Omnia,  quae  de  ter- 
ra sunt,  in  terram  convertentur,  ''et 
omnes  aquas  in  mare  revertentur. 

12.  Omne  munus,  et  iniquitas 
delebitur,  et  fides  in  sasculum  sta- 
bit.  1 3.  Substantias  injustorum  sicut 
fluvius  siccabuntur,  et  sicut  toni- 
truum  magnum  in  pluvia  persona- 
bunt.  14.  In  aperiendo  manus  suas 
lastabitur  :  sic  prasvaricatores  in 
consummatione  tabescent.  15.  Ne- 
potes  impiorum  non  multiplicabunt 
ramos,  et  radices  immundas  super 
cacumen  petras  sonant.  16.  Super 
omnem  aquam  viriditas,  et  ad  oram 
fluminis  ante  omne  foenum  evelle- 
tur.  17.  Gratia  sicut  paradisus  in 
benedictionibus,  et  misericordia  in 
sasculum  permanet. 

18.  Vita  sibi  sufficientis  operarii 
condulcabitur,  et  in  ea  invenies  the- 


<»  Supra  39, 
34.  36. 


*Gen.  7, 10. 
■^  Infra  41, 

13- 
''Eccles.  I, 

7- 


8.  Depuis  Phomme  jusqti'd  la  bete  dcarte 
toute  idee  d'exception  (comp.  Gen.  vii,  23; 
Exod.  ix,  25).  On  sait  d'ailleurs  que  meme 
les  etres  sans  raison  ont  regu  le  contre-coup 
de  la  decheance  de  I'humanit^.  —  Sept  fois 
phis,  savoir,  la  peste,  etc. 

Q.  Les  calainites,  en  lat.  les  oppressions  : 
Fritzsche  conjecflure  que  ce  mot  (iKaywyat) 
a  ete  ajoute  au  texte  primitif. 

11.  Les  eaiix,  litt.  ce  qui  vient  des  eaiix, 
les  eaux  elles-memes  :  1  auteur  est  amene  a 
tourner  ainsi  sa  phrase  par  la  construflion 
du  i*^''  membre. 

Malgre  toutes  ces  miseres,  il  reste  k  I'hom- 
me  un  bien  solide  et  durable,  c'est  la  vertu. 

12.  Tout  pirsent  qui  est  le  prix  de  la  cor- 
ruption, d'une  injustice.  —  La  bonne  foi, 
I'integrite  de  la  conduite. 

13.  Coinine  tin  toi'rent  qui  se  desseche 
apres  Forage  ou  les  pluies  d'hiver. 

14.  Otivrir  la  niain,  pour  donner.  En  latin 
in  consummatione  est  pour  usque  ad  con- 
summationem. 


15.  Racines  impiires  dit  par  figure  exac- 
tement  la  meme  chose  que  posterite  des 
iinpies.  —  Le  rocker  escarpe,  ou  elles  se  des- 
sechent  et  meurent. 

Sonant  en  latin  :  il  est  vraisemblable  que 
le  tradu(5leur  a  rendu  ainsi  le  premier  mot 
du  verset  suivant,  a/st  (hebr.  achou),  roseau, 
qu'il  aura  lu  v/.£t. 

16.  Le  roseau  est  arrachc,  etc.,  soit  k  cause 
de  sa  mauvaise  qualite,  soit  parce  qu'il 
croit  plus  rapidement.  L'application  de  la 
comparaison  aux  impies  n'est  pas  exprimee; 
le  lecleur  y  supplee  facilement. 

17.  Beni,  par  consequent  fertile.  —  La 
viisericorde,  la  bienfaisance.  —  Demeure  ia 
jamais,  par  opposition  a  la  prompte  mine 
des  impies. 

18.  De  Voiivrier  .-c.-a-d.  la  vie  de  I'oti- 
vrier  qui  se  siiffit  a  lui-miine. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  et  en  elle, 
dans  cette  vie  simple  et  laborieuse,  oft 
troiive  un  tre'sor,  sans  doute  pour  donner  a 
la  sentence  une  plus  haute  moralite. 


632 


UECCLESIASTIQUE.     Chap.  XL,  19-30;  XLI,  1—5. 


19  Des  enfants  et  la  fondation  d'une  ville  assurent  la  duree  d'un  nom  : 
Plus  que  ces  deux  choses  on  estime  une  femme  irreprochable. 

20  Le  vin  et  la  musique  r^jouissent  le  coeur  : 
Plus  que  I'un  et  I'autre  I'amour  de  la  sagesse. 

21  La  flute  et  la  harpe  font  entendre  de  doux  sons  : 
Plus  que  I'une  et  I'autre  la  langue  bienveillante. 

22  La  grace  et  la  beaute  font  le  plaisir  de  tes  yeux  : 
Plus  que  I'une  et  I'autre  la  tendre  verdure  des  champs. 

23  L'ami  et  le  compagnon  se  rencontrent  a  certaines  heures  : 
Au-dessus  des  deux  la  femme  avec  son  mari. 

24  Les  freres  et  les  hommes  secourables  sont  pour  le  temps  de  I'affliclion  : 
Plus  que  les  uns  et  les  autres  la  bienfaisance. 

25  L'or  et  I'argent  affermissent  les  pieds  : 

Plus  que  Tun  et  I'autre  est  estimee  la  prudence. 

26  La  richesse  et  la  force  elevent  le  cceur  : 

Plus  que  Tune  et  I'autre  la  crainte  du  Seigneur. 
Avec  la  crainte  du  Seigneur  on  ne  manque  de  rien; 
Avec  elle,  nul  besoin  d'implorer  du  secours. 

27  La  crainte  du  Seigneur  est  comme  un  jardin  beni, 
Et  le  Seigneur  la  revet  d'une  gloire  sans  egale. 

28  Mon  tils,  puisses-tu  ne  pas  mener  une  vie  de  mendiant! 
Mieux  vaut  mourir  que  de  mendier. 

29  Quand  un  homme  en  est  reduit  a  regarder  vers  la  table  d'un  autre, 
Sa  vie  ne  saurait  compter  pour  une  vie. 

Car  il  souille  son  ame  par  des  mets  etrangers, 

Ce  dont  sait  se  garder  I'homme  instruit  et  bien  eleve. 

30  Pour  I'homme  sans  pudeur  la  mendicity  a  des  charmes, 
Mais  un  feu  brule  dans  ses  entrailles. 

CHAP.  XLI. —  Pensee  de  la  mort  [vers,  i  —  4].  Malheur  des  impies  [5  — 13]. 
Nouveau  groupe  de  sentences  morales  [14  —  xlii,  14]  :  la  vraie  et  la 
fausse  honte  [14 — 16].  Choses  dont  on  doit  avoir  honte  [17  —  24]. 


Ch.  XLL 


MORT,  que  ton  souvenir  est  amer 

A  I'homme  qui  vit  en  paix  au  sein  de  ses  richesses, 

A  I'homme  exempt  de  soucis  et  qui  prospere  en  toutes  choses, 

Et  qui  est  encore  en  etat  de  goiiter  les  plaisirs  de  la  table! 

O  mort,  ton  arret  est  agreable  a  I'indigent,  a  celui  dont  les  forces  sont  epuisees, 

Au  vieillard  accable  d'anndes  et  travaille  de  mille  soins, 

A  celui  qui  ne  se  soumet  pas  k  son  sort  et  qui  a  perdu  la  patience. 

Ne  redoute  point  I'arret  de  la  mort; 

Souviens-toi  de  ceux  qui  t'ont  precede  et  de  ceux  qui  viendront  plus  tard. 

Cet  arret,  le  Seigneur  I'a  porte  pour  toute  chair. 

Et  pourquoi  te  revolter  contre  le  bon  plaisir  du  Tres-Haut? 

Que  tu  aies  vecu  dix  ans,  cent  ans,  mille  ans,  il  ifiiiipo7-te  : 

Dans  le  sejour  des  morts  on  n'est  plus  en  peine  de  la  durce  de  la  vie. 


5  Ce  sont  des  fils  abominables  que  les  fils  des  pecheurs, 
Eux  qui  frdquentent  les  demeures  des  impies. 


19.  Des  enfants  portent  le  nom  de  leur 
pore,  ime  ville  porte  on  rappelle  celui  de 
son  fondateur.  —  La  femme  est  consideree 
ici  en  tant  que  faisant  honneur  k  son  mari. 

22.  La  grace  et  la  beaute  humaine,  parti- 
culierement  de  la  femme. 

23.  Au-dessus  des  deux :  plus  intimes  sont 
les  relations  de  la  femme  et  du  mari,  qui 
vivent  continuellement  ensemble. 

24.  Les  freres  dans  le  sens  large,  les  com- 


patriotes,  sont  pour  venir  en  aide.  —  Plus 
surement  qu'eux  la  bienfaisance  secourt  et 
tire  du  malheur  celui  qui  la  pratique. 

Le  latin  traduit  le  i^^""  membre  :  les  freres 
vienncnt  en  aide  au  temps  de  la  tribulation. 

25.  Affermissent  les  pieds,  procurent  un 
bonheur  durable.  —  Est  estimee  comme 
pouvant  assurer  le  bonheur. 

26.  La  force  physique.  —  Elevent  le  cantr, 
lui  donnent  du  courage,  de  I'energie. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XL,  19—32;  XLI,  1—8. 


633 


saurum.  19.  Filii,  et  asdificatio  civi- 
tatis  confirmabit  nomen,  et  super 
haec  mulier  immaculata  computabi- 
tur.  20.  Vinum  et  musica  lastificant 
cor :  et  super  utraque  dilectio  sapien- 
tial, 2 1 .  Tibias,  et  psalterium  suavem 
faciunt  melodiam,  et  super  utraque 
lingua  suavis.  22.  Gratiam,  et  spe- 
ciem  desiderabit  oculus  tuus,  et  su- 
per haec  virides  sationes.  23.  Amicus, 
et  sodalis  in  tempore  convenientes, 
et  super  utrosque  mulier  cum  viro. 
24.  Fratres  in  adjutorium  in  tem- 
pore tribulationis,  et  super  eos  mi- 
sericordia  liberabit.  25.  Aurum  et 
argentum  est  constitutio  pedum  : 
et  super  utrumque  consilium  bene- 
placitum.  26.  Facultates  et  virtu- 
tes  exaltant  cor,  et  super  base  ti- 
mor  Domini.  27.  Non  est  in  timore 
Domini  minoratio,  et  non  est  in 
eo  inquirere  adjutorium.  28.  Timor 
Domini  sicut  paradisus  benedictio- 
nis,  et  super  omnem  gloriam  ope- 
ruerunt  ilium. 

29,  Fili  in  tempore  vitas  tuas  ne 
indigeas  :  melius  est  enim  mori, 
quam  indigere.  30.  Vir  respiciens  in 
mensam  alienam,  non  est  vita  ejus 
in  cogitatione  victus  :  alit  enim  ani- 
mam  suam  cibis  alienis.  31.  Vir  au- 
tem  disciplinatus,  et  erudituscusto- 
diet    se.   32.    In    ore   imprudentis 


condulcabitur  inopia,  et  in  ventre 
ejus  ignis  ardebit. 

— :i:—       CAPUT  XLI.       — :;:— 

Memoria  mortis  cui  est  amara,  et  cui  non  : 
mortem  non  metuas,  sed  prteteritorum  et 
futurorum  memento,  contenlus  divina  dis- 
positione  circa  te  :  maledicftio  manens 
impios  :  cura  boni  nominis  :  sapientia  et 
thesaurus  absconditi  inutiles  :  qualiter  sit 
de  peccatis  erubescendum  :  ne  faciem 
avertas  a  proximo,  nee  respicias  mulierem 
alterius,  neque  improperes  post  datum. 


•"  MORS  quam  amara  est 
memoria  tua  homini  pa- 
cem  habenti  in  substantiis 
suis  :  2.  viro  quieto,  et 
cujus  vias  directas  sunt  in  omnibus, 
et  adhuc  valenti  accipere  cibum! 
3.  O  mors,  bonum  est  judicium 
tuum  homini  indigent!,  et  qui  mi- 
noratur  viribus,  4.  defecto  astate,  et 
cui  de  omnibus  cura  est,  et  incre- 
dibili,  qui  perdit  patientiam !  5.  Noli 
metuere  judicium  mortis.  Memento 
quas  ante  te  fuerunt,  et  quse  super- 
ventura  sunt  tibi  :  hoc  judicium  a 
Domino  omni  carni  :  6.  et  quid 
superveniet  tibi  in  beneplacito  Al- 
tissimi.'*  sive  decem,  sive  centum, 
sive  mille  anni.  7.  Non  est  enim  in 
inferno  accusatio  vitae. 

8.  Filii  abominationum  fiunt  filii 


27.  La  revet^  I'orne.  On  pourrait  aussi 
traduire  :  le  revet  (le  jardin  beni)  d^tme 
luagnificence  safis  egale. 

29.  Car  annonce  la  v^  raison  de  ce  qui 
precede ;  la  1^  se  trouve  au  vers.  30.  —  // 
sojnlle,  il  est  expose  k  transgresser  la  loi  en 
mangeant  des  viandes  impures  {Deut.  xv,  4). 
En  lat. ,  //  nourrit. 

30.  Pour  Vhomme  sajis  pudeur,  (en  lat. 
imprudentis  est  probablement  pour  iinpt<- 
deniis,  en  gr.  avaiooOc;);  elle  a  pour  lui  des 
charmes,  en  ce  qu'elle  lui  permet  de  ne  pas 
travailler.  —  U?ifeu,  le  feu  du  meconten- 
tement  et  de  la  colere,  k  cause  de  sa  triste 
situation. 

CHAP.  XLI. 

2.  De  mine  soins,  particulierement  pour 
la  nourriture.  — ■  Qui  ne  se  soumet  pas  : 
c'est  sans  doute  aussi  le  sens  de  iticredibili; 
d'autres  :  qui  n\iplus  de  confiance,  qui  n'es- 
pere  plus  rien  de  bon. 


3.  Souviens-toi  (comp.  xxxviii,  23)  de 
ceux,  en  lat.  des  choses. 

II  n'y  a  pas  non  plus  k  murmurer  de  mou- 
rir  a  tel  ou  tel  age. 

4.  Le  bon  plaisir  du  Trcs-Haui  qui  a  fixe 
le  nombre  de  tes  annees.  En  latin  :  et  que 
peut-il  farriver  par  la  volo7ite  du  Tres- 
Haut?  —  On  n^est  phis  en  peine,  litt.  //  Jj'y  a 
plus  de  blame  de  la  vie ,  de  reproche,  de 
plainte  pour  une  vie  trop  courte;  il  n'y  en  a 
plus  que  pour  une  vie  mauvaise. 

Bossuet  dit  k  peu  pres  dans  le  meme 
sens  :  "  Tout  etre  qui  se  mesure  n'est  rien, 
parce  que  ce  qui  se  mesure  a  son  terme,  et 
lorqu'on  est  venu  a  ce  terme,  un  dernier 
terme,  un  dernier  point  detruit  tout  comme 
si  jamais  il  n'avait  ete." 

5.  Le  2e  membre  donne  la  raison  du  i^r  ; 
en  frequentant  les  impies,  les  fils  des  pe- 
cheurs  deviennent  impies  eux-menies. 


634 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLI,  6—24. 


7 
8 


L'heritage  des  enfants  des  pecheurs  va  k  la  ruine, 
Et  un  opprobre  ineffagable  s'attache  a  leur  posterite. 
Les  enfants  d'un  p^re  impie  lui  jettent  I'outrage, ' 
Parce  que  c'est  c\  cause  de  lui  qu'ils  sont  dans  I'oppiobre. 
Malheur  ;i  vous,  hommes  impies, 
Qui  avez  abandonnc^  la  loi  du  Dieu  tres  haut! 
9  A  votre  naissance,  vous  etes  nes  pour  la  maledicflion, 
Et  a  votre  niort,  la  maledidlion  sera  votre  partage. 

10  Tout  ce  qui  est  de  la  terra  retourne  h  la  terre  : 
Ainsi  les  impies  vont  de  la  maledicflion  h.  la  ruine. 

1 1  Les  hommes  s'attristent  de  la  perle  de  leur  corps, 
Mais  le  nom  odieux  des  pecheurs  sera  aneanti. 

12  Prends  soin  de  ton  nom, 

Car  ce  sera  pour  toi  un  bien  plus  durable  que  mille  grands  tresors. 

13  On  compte  les  jours  d'une  bonne  vie, 
Mais  un  beau  nom  demeure  k  jamais. 

14  Mes  enfants,  observez  en  paix  mes  instrucflions  : 
Si  la  sagesse  reste  cachee  et  le  tresor  invisible, 
A  quoi  servent-ils  I'un  et  I'autre?  — 

15  Mieux  vaut  cacher  sa  sottise, 
Que  cacher  sa  sagesse.  — 

16  Done  ayez  honte  des  choses  que  je  vais  vous  dire, 
Car  toute  honte  n'est  pas  bonne  a  garder, 

Et  toutes  choses  ne  sont  pas  jugees  par  tous  selon  la  vdrite. 

17  Ayez  honte  de  la  fornication  devant  votre  pere  et  votre  mere, 
Et  du  mensonge  devant  le  prince  et  le  puissant; 

18  Du  delit  devant  le  juge  et  le  magistrat, 

De  la  transgression  de  la  loi  devant  I'assemblee  et  le  peuple. 
De  I'injuslice  devant  le  compagnon  et  I'ami, 
Du  vol  devant  les  gens  du  voisinage. 
Au  nom  de  la  verite  de  Dieu  et  de  son  alliance, 
Aie  honte  d'appuyer  ton  coude  sur  les  pains, 
Et  de  t'attirer  le  mepris  en  prenant  et  en  donnant; 
20  De  ne  pas  repondre  a  celui  qui  te  salue, 
Et  de  regarder  une  femme  debauchee. 
De  ddtourner  ton  visage  d'un  parent, 
De  lui  prendre  sa  part  et  son  don,  — 
Et  d'observer  une  femme  mariee; 
D'avoir  des  familiaritds  avec  ta  servante, 
Et  ne  te  tiens  pas  pres  de  son  lit. 
Aie  honte  de  paroles  offensantes  devant  tes  amis, 
Et  ne  rcproche  pas  apres  avoir  donne. 

23  Aie  honte  de  rdpdter  ce  que  tu  as  entendu, 
Et  de  reveler  des  choses  secretes  : 

24  Et  tu  auras  la  vraie  honte, 

Et  tu  trouveras  faveur  devant  tous  les  hommes. 


19 


21 


22 


— J€>^ KH- — K>^ J0f- 


9.  Pour  la  vialediclion,  pour  etre  maudits; 
en  lat.  dans  la  nialedullon.  Ici,  comme  au 
vers.  5,  on  suppose  que  les  enfants  des  p<5- 
cheurs  marcheront  dans  la  voie  de  leurs 
p6re5,  ce  qui  est  le  cas  le  plus  ordinaire. 

11.  Les  hommes,  en  gdneral,  etc.;  leur 
nom  du  moins  leur  survit.  Comp.  Pfov.  x,  7. 

12.  De  ion  nom,  en  lat.  d'un  beau  nom,  de 
te  faire  un  nom  honorable. 


14.  Obse)'7'es  en  paix,  mettez  en  pratique, 
dans  le  calme  d'une  vie  vertueuse,  mes  ins- 
truflions,  ne  vous  contentant  pas  de  les 
garder  dans  votre  coeur.  Comp.  xx,  29  sv. 

16.  Le  3«  membre  explique  le  I'-fpar  une 
proposition  generale  :  tout  le  monde  ne  juge 
pas  justement  les  choses;  il  en  est  qui  rou- 
gissent  de  choses  honorables,  et  d'autres 
qui  ne  rougissent  pas  de  choses  honteuses.. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLI,  9—28. 


635 


peccatorum,  et  qui  conversantur 
secus  domos  impiorum.  9.  Filio- 
rum  peccatorum  periet  hereditas, 
et  cum  semine  illorum  assiduitas 
opprobrii.  10,  De  patre  impio  que- 
runtur  filii,  quoniam  propter  ilium 
sunt  in  opprobrio.  11.  Vas  vobis 
viri  impii,  qui  dereliquistis  legem 
Domini  Altissimi.  12.  Et  si  nati 
fueritis,  in  maledictione  nascemini  : 
et  si  mortui  fueritis,  in  maledictione 
erit  pars  vestra.  13.  "Omnia,  quae 
de  terra  sunt,  in  terram  converten- 
tur  :  sic  impii  a  maledicto  in  perdi- 
tionem.  14.  Luctus  hominum  in 
corpore  ipsorum,  nomen  autem  im- 
piorum delebitur.  15.  Curam  habe 
de  bono  nomine  :  hoc  enim  magis 
permanebit  tibi,  quam  mille  the- 
sauri pretiosi  et  magni.  16.  Bonas 
vitas  numerus  dierum  :  bonum  au- 
tem nomen  permanebit  in  aevum. 

17.  Disciplinam  in  pace  conser- 
vate  filii  :  ^sapientia  enim  abscon- 
dita,  et  thesaurus  invisus,  quae  uti- 
litas  in  utrisque?  18.  Melior  est 
homo,  qui  abscondit  stultitiam 
suam,  quam  homo,  qui  abscondit 
sapientiam  suam.  19.  Verumtamen 


reveremini  in  his,  qu£e  procedunt 
de  ore  meo.  20.  Non  est  enim  bo- 
num omnem  reverentiam  observa- 
re  :  et  non  omnia  omnibus  bene 
placent  in  fide.  21.  Erubescite  a 
patre  et  a  matre  de  fornicatione  :  et 
a  prassidente  et  a  potente  de  men- 
dacio  :  22.  a  principe  et  a  judice  de 
delicto  :  a  synagoga  et  plebe  de  ini- 
quitate  :  23.  a  socio  et  amico  de 
injustitia  :  et  de  loco,  in  quo  habi- 
tas,  24.  de  furto,  de  veritate  Dei,  et 
testamento  :  de  discubitu  in  pani- 
bus,  et  ab  obfuscatione  dati  et  ac- 
cepti  :  25.  a  salutantibus  de  silen- 
tio  :  a  respectu  mulieris  fornica- 
rias  :  et  ab  aversione  vultus  cognati. 
26.  Ne  avertas  faciem  a  proximo 
tuo,  et  ab  auferendo  partem  et  non 
restituendo.  27.  "^Ne  respicias  mu- 
lierem  alieni  viri,  et  ne  scruteris  an- 
cillam  ejus,  neque  steteris  ad  lectum 
ejus.  28.  Ab  amicis  de  sermonibus 
improperii  :  et  cum  dederis,  ne  im- 
properes. 


.1. 

—  •  — 

•I* 


17.  Ayez  hojtie,  etc.  :  toujours,  mais  sur- 
tout  devant  voire pere,  etc.  L'auteur  signale 
les  circonstances  qui  rendent  une  faute  plus 
odieuse,  et  exposent  le  coupable  ^  un  chati- 
ment  plus  certain  et  plus  rigouieux.  — 
Devant  le  prince^  qui  a  un  droit  plus  stricfl 
k  ce  que  ses  sujets  lui  disent  la  verite. 

18.  En  latin,  il  faut  interpreter  de  loco 
conime  s'il  y  avait  a  loco,  et  joindre/z/r/c  a 
ce  qui  precede. 

ig.  All  noin  de  la  ve'rife  :  ce  !*=•■  membre, 
tel  que  nous  le  trouvons  en  grec  et  en  latin, 
ne  rend  pas  exacftement  le  sens  de  I'hebreu, 
et  celui  que  nous  donnons  ici  n'est  certaine- 
ment  pas  le  veritable;  on  le  soupconne  deja 
au  brusque  changement  de  tournure.  Que 
faut-il  mettre  a  la  place?  Aucune  des 
conjectures  faites  k  ce  sujet  n'est  satisfai- 
sante. 

2 1 .  De  detoiirjiej-  ton  visage  d'un  parent, 


de  ne  pas  I'assister  dans  ses  besoins.  —  La 
pa7't  et  le  don  qui  lui  reviennent  dans  le 
partage  d'un  heritage.  —  Observer  une 
fenime  majdee,  arreter  sur  elle  le  regard  et 
la  pensee. 

22.  Avoir  des  familiarites,  etre  aux  petits 


soins,  pour 


arriver  a  la    seduire,  avec   ta 


servante  :  aOxou  pour  ffaoxou ;  le  sigma  de 
jauTou  a  pu  facilement  etre  saut^  apres  le 
sigma  qui  termine  le  mot  precedent.  En  lat. 
sa  servante :  la  servante  de  la  femme  mariee 
ou  du  niari  de  celle-ci? 

22.  Paroles  offensantes  :  d'apres  le  paral- 
lelisme,  reprochant  un  bienfait,  un  service 
rendu. 

24.  La  vraie  Jionte,  la  honte  legitime,  que 
tout  homme  sage  doit  eprouver.  En  latin, 
tt{  71' auras  pas  de  confusion. 

Ces  deux  membres  y  sont  reportes  a  tort 
au  chapitre  suivant. 


'Matth,  s. 
28. 


— <^ 


.^. 


-O— 


636 


L'ECCLl^.SIASTIQUE.     Chap.  XLII,  1  —  14. 


Chap. 
XLII. 


CHAP.  XLII  [vers.  I  — 14].  —  Choses  dont  il  ne  faut  pas  avoir  honte  [vers. 
I  —  8].  Sollicitude  du  pere  de  famille  au  sujet  de  sa  fille  [9— n];  (I'^i'il 
sc  garde  dcs  femmcs  [12 — 14]. 

"E  rougis  pas  des  choses  que  je  vais  dire, 

Et  n'aie  pas  egard  aux  personnes  pour  commettre  le  pdche; 
2  De  la  loi  du  Tres-Haut  et  de  son  alliance, 
De  la  sentence  rendue  en  faveur  de  I'impie, 

3  De  t'entretenir  avec  des  compagnons  et  des  passants, 
De  donner  quelque  bien  k  tes  amis, 

4  D'user  de  balances  justes  et  de  justes  poids, 
De  gagner  beaucoup  ou  peu, 

5  De  ne  pas  faire  de  difference  dans  la  vente  et  avec  les  marchands, 
De  corriger  severement  tes  enfants, 
Et  de  battre  jusqu'au  sang  un  m(^chant  esclave. 

6  Avec  une  mechante  femme,  le  sceau  est  bon; 
Et  la  ou  il  y  a  beaucoup  de  mains,  mets  sous  clef. 

■J,  Ce  que  tu  livres  a  tes  gens,  compte-le  et  pcse-le, 

Et  mets  par  ecrit  ce  que  tu  donnes  et  ce  que  tu  recois. 

8  Ne  rougis  pas  de  reprimander  I'insenst!  et  le  sot, 
Et  le  vieillard  qui  dispute  avec  des  jeunes  gens  : 
Et  ainsi  tu  seras  veritablement  instruit, 
Et  tu  auras  I'approbation  de  tout  le  monde. 

9  Une  fille  est  pour  son  pere  un  secret  souci; 
L'inquietude  qu'elle  lui  donne  lui  ote  le  sommeil  : 
Jeune  fille,  elle  passera  peut-etre  la  fleur  de  I'age; 
Unie  a  un  mari,  elle  lui  deviendra  peut-etre  odieuse; 

10  Vierge,  elle  pourrait  se  laisser  seduire 
Et  devenir  mere  dans  la  maison  paternelle; 
Avec  un  mari,  peut-etre  sera-t-elle  infidele, 
Et  habitant  avec  lui  peut-etre  restera-t-elle  sterile. 

11  A  I'egard  d'une  fille  opiniatre  exerce  une  severe  vigilance, 
De  peur  qu'elle  ne  fasse  de  toi  la  risee  de  tes  ennemis. 
La  fable  de  la  ville  et  I'objet  des  propos  publics, 
Et  ne  te  deshonore  pas  au  milieu  de  tout  le  peuple. 

12  N'arrete  pas  tes  regards  sur  un  homme  bien  pare, 
Et  ne  t'assieds  pas  au  milieu  des  femmes; 

13  Car  des  vetements  sort  la  teigne, 
Et  de  la  femme  la  malice  feminine. 

14  Un  homme  mechant  vaut  mieux  qu'une  femme  caressante, 
Car  la  femme  couvre  d'opprobre  et  de  honte. 


CHAP,  XLII. 

2.  Un  iiupie,  ici  un  non  Israelite,  wnpaien, 
s'il  est  innocent;  il  y  avait  probablement  en 
hcbr.  rascha,  litt.  pecJieiir,  avo;j.o;. 

3.  ])e  t'entretenir,  de  parler  amicalement. 


Ce  I"  membre  est  exprime  en  termes  pen 
precis,  qui  admettent  diverses  explications, 
par  ex.  :  ne  rougis  pas  d'entendre  la  parole 
que  t'adressent  des  compagnons,  etc.,  et 
reponds-leur  avec  bonte;  ou  bien  :  des  pro- 
pos que  peuvent  tenir  sur  ton  compte  des 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLII,  i— 14. 


637 


— :i:—      CAPUT   XLII.      — *— 

Secretum  non  revelandum  :  a  respetflu  per- 
sonarum  et  aliis  plerisque  vitiis  hie  enu- 
meratis  abstinendum  :  datum  et  acceptum 
scribendum  ;  de  sollicita  custodia  filiie, 
et  super  luxuriosam  firmanda  custodia  : 
commorari  mulieri  periculosum  :  melior 
est  autem  iniquitas  viri  quam  mulier  be- 
nefaciens  :  opera  Domini,  qui  omnia  videt 
etiam  occulta  cordium,  sunt  perfe£la  et 
desiderabilia. 

ON  duplices  sermonem 
auditus,  de  revelatione 
sermonis  absconditi,et  eris 
vere  sine  confusione,  et 
invenies  gratiam  in  conspectu  om- 
nium hominum  :  ne  pro  his  omni- 
bus confundaris,  "et  ne  accipias  per- 
sonam ut  delinquas.  1.  De  lege 
Altissimi,  et  testamento,  et  de  judi- 
cio  justificare  impium,  3.  de  verbo 
sociorum  et  viatorum,  et  de  datione 
hereditatis  amicorum,  4.  de  aequali- 
tate  stateras  et  ponderum,  de  acqui- 
sitione  multorum  et  paucorum,  5.de 
corruptione  emptioniset  negotiato- 
rum,  et  de  multa  disciplina  filiorum, 
et  servo  pessimo  latus  sanguinare. 
6.  Super  mulierem  nequam  bonum 
est  signum.   7.   Ubi  manus  multae 


sunt,  claude,  et  quodcumque  trades, 
numera,  et  appende  :  datum  vero, 
et  acceptum  omne  describe.  8.  De 
disciplina  insensati  et  fatui,  et  de 
senioribus,  qui  judicantur  ab  ado- 
lescentibus  :  et  eris  eruditus  in  om- 
nibus, et  probabilis  in  conspectu 
omnium  vivorum. 

9.  Filia  patris  abscondita  est  vigi- 
lia,  et  soUicitudo  ejus  aufert  som- 
num,  ne  forte  in  adolescentia  sua 
adulta  efficiatur,  et  cum  viro  com- 
morata  odibilis  fiat  :  10.  nequando 
polluatur  in  virginitate  sua,  et  in 
paternis  suis  gravida  inveniatur  :  ne 
forte  cum  viro  commorata  trans- 
grediatur,  aut  certe  sterilis  efficiatur. 
1 1.  Super  filiam  luxuriosam  confir- 
ma  custodiam  :  ne  quando  faciat  te 
in  opprobrium  venire  inimicis,  a 
detractione  in  civitate,  et  objectione 
plebis,  et  confundat  te  in  multitu- 
dine  populi. 

1 2.  Omni  homini  noli  intendere 
in  specie  :  et  in  medio  mulierum 
noli  commorari  :  13.  de  vestimen- 
tis  enim  procedit  tinea,  et  amuliere 
iniquitas  viri.  14.  Melior  est  enim 
iniquitas  viri,  quam  mulier  benefa- 
ciens,et  mulier  confundens  in  oppro- 
brium. 


compagnons  et  des  voyageurs  (despassants), 
et  fais  ton  devoir  quand  meme.  —  Quelqiic 
bien  :  le  mot  heritage  dans  la  Bible  a  sou- 
vent  ce  sens  general;  d'autres  :  et  de  doniier 
quelqtie  chose  en  heritage,  de  legiier  quelque 
chose,  etc. 

4.  De  gagner,  d'autres.  de  posseder  beau- 
coup  ou  pen  :  I'essentiel  est  d'etre  honnete. 

5.  De  ne  pas  faire  de  diff'erence,  en  lisant 
a5ia«po'pou  (cod.  Vat.).  D'autres  manuscrits 
ont  otacpo'pou  et  suppriment  "/.ai  devant 
£[jnio'piov  :  de  faite  des  differences,  de  vendre 
plus  ou  moins  cher  selon  les  circonstances. 

Le  tradufleur  latin  a  lu  otaaOopa?,  co7-- 
rupiion,  ce  qui  oblige  a  traduire,  en  chan- 
geant  la  formule  :  ne  te  deshonore  pas  par 
la  corruption,  la  deloyaute,  dans  la  vcnte  et 
I'imitation  des  niarchands  de  mauvaise  foi. 

6.  Le  sceau  est  bon,  il  est  bon  de  mettre 
sous  le  sceau  beaucoup  de  choses. 

7.  Ce  que  tu  donnes,  etc.,  ce  qui  sort  et  ce 
qui  entre,  depenses  et  recettes. 

8.  Le  vieillard  qui  compromet  sa  dignite 
en  se  disputant  avec  des  jcunes  gens. 


9.  Passera-t-elle  la  fleur  de  Page  sans 
trouver  un  epoux.  —  Lui  deviendra  peut- 
etre  odieuse,  ce  qui  la  rendra  malheu- 
reuse  et  I'exposera  a  ctre  renvoyee  a  ses 
parents. 

II.  Opinidtre,  indocile,  en  gr.  aSiaxos-iTTfo 
Le  traducfleur  latin  rend  ici  ce  mot  par 
luxoriosa,  et  plus  haut  (xxvi,  13)  par  non 
avertetis  se,  qui  se  rapproche  davantage 
du  sens.  — ■  Dobjet  des  propos,  en  lisant 
e/.y.ATjTov  (cod.  Vat.),  \\\X.  jugenient  dont  on 
appelle,  dont  on  s'entretient.  Quelques  ma- 
nuscrits portent  £Yx>.t,t0Vj  objet  de  reproches, 
legon  qui  parait  preferable. 

13.  De  lafeinine,  de  son  interieur,  sort  la 
malice  feminine,  la  malice  propre  a  la 
femme,  tous  les  moyens  de  seduflion  qu'elle 
sait  mettre  en  oeuvre.  En  lat.  la  malice  de 
Phonnne,  ce  qui  n'est  pas  moins  vrai  et  con- 
forme  k  I'experience. 

14.  Un  homme  mc chant,  rude  et  grossier, 
comme  I'indique  le  parallelisme.  —  Cares- 
sa/ite,  qui  fait  valoir  tous  ses  charmes  pour 
seduire. 


638 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLII,  15—25- 


M 


SEPTIEME    PARTIE. 


> 


Louange  du  Seigneur,  qui  a  fait  eclater  sa  gloire 
dans  les  oeuvres  de  la  nature  et  dans  les  illus- 
tres  ancetres  d'Israel  [Ch.  XLII,  15  — L,  26]. 


CHAP.  XLII  [vers.  1 5  sv.] 


—  Puissance  et  sagesse  de  Dieu  manifestees  dans 
les  cEuvres  de  la  nature. 


Chap. 
XLII.'^ 


E  veux  rappeler  maintenant  les  oeuvres  du  Seigneur, 
Et  publier  ce  que  j'ai  vu. 

C'est  par  la  parole  du  Seigneur  que  ses  ccuvres  sont  venues  a  I'existence. 
16  Le  soleil  qui  les  eclaire  les  contemple  toutes; 
Ouvrage  du  Seigneur,  il  est  rempli  de  sa  gloire. 

17  II  n'a  pas  donne  a  ses  saints  d'annoncer  toutes  ses  merveilles 
Que  le  Seigneur  tout-puissant  a  solidement  etablies, 

Faisant  tout  reposer  par  sa  gloire  sur  un  fondement  inebranlable. 

18  11  sonde  les  profondeurs  de  I'ocean  et  le  coeur  de  VhoDiine, 
Et  il  connait  leurs  desseins  les  plus  subtils; 

Car  le  Seigneur  possede  toute  science, 
Et  il  voit  les  signes  du  temps. 

19  II  annonce  le  passe  et  I'avenir, 

Et  il  devoile  les  traces  des  choses  cachees. 

20  Aucune  pen  see  ne  lui  echappe, 
Aucune  parole  n'est  cachee  pour  lui. 

21  II  a  revctu  de  beaute  les  grandes  oeuvres  de  sa  sagesse; 
II  est  avant  tous  les  siecles  et  il  subsistera  k  jamais; 
Rien  n'a  ete  ajoute  a  son  cfre,  et  il  n'en  a  ete  rien  ote; 
Et  il  n'a  eu  besoin  d'aucun  conseiller. 

22  Comme  toutes  ses  oeuvres  sont  belles  I 

Et  pourtant  ce  qu'on  en  peut  contempler  n'est  qu'une  ^tincelle. 

23  Tout  est  vivant  et  demeure  a  jamais  pour  tous  les  usages, 
Et  tout  obeit  ait  Ct  cat  ear. 

24  Tout  est  par  couples,  un  individu  en  face  d'un  autre, 
Et  il  n'a  rien  fait  qui  aille  a  la  ruine. 

25  L'un  assure  le  bonheur  de  I'autre  : 

(2ui  pourra  se  rassasier  de  voir  la  gloire  du  Seigneur? 


15.  Ce  que  fai  vu,  ce  que  je  sais  de  ses 
oeuvres. 

16.  Le  soleil,  par  sa  splendeur,  est  comme 
le  reflet  de  la  gloire  de  Dieu. 

17.  II  fi'a  pas  do7ine  :  \e  mot  important 
est  toutes.  En  latin,  n\i-t-il  pas  donnc,  etc. 
—  A  ses  saints,  aux  pieux  Israelites  en  ge- 


neral, et  particulierement  aux  ecrivains 
sacres  anterieurs  k  I'auteur  de  ce  livre.  — 
Ses  merveilles ,  les  oeuvres  merveilleu- 
ses  de  la  creation ;  nous  en  d^couvrons 
chaque  jour  de  nouvelles.  —  Par  sa  gloire, 
son  operation  glorieuse,  ou  bien  par  sa 
iiiajestc. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLII,  15—26. 


639 


15.  Memor  ero  igltur  operum 
Domini,  et  quae  vidi  annuntiabo.  In 
sermonibus  Domini  opera  ejus. 
16.  Sol  illuminans  per  omnia  respe- 
xit,  et  gloria  Domini  plenum  est 
opusejus.  17.  NonneDominus  fecit 
sanctos  enarrare  omnia  mirabilia 
sua,  quas  confirmavit  Dominus  om- 
nipotens  stabiliri  in  gloria  sua? 
18.  Abyssum,  et  cor  hominum  in- 
vestigavit  :  et  in  astutia  eorum  ex- 
cogitavit.  19.  Cognovit  enim  Do- 
minus omnem  scientiam,  et  inspexit 
in  signum  asvi,  annuntians  quas  pras- 
terierunt,et  quae  superventura  sunt, 
revelansvestigiaoccultorum.20.Non 
praeterit  ilium  omnis  cogitatus,  et 
non  abscondit  se  abeo  ullus  sermo. 


21.  Magnalia  sapientiae  suae  de- 
coravit  :  qui  est  ante  saeculum  et 
usque  in  saeculum,  neque  adjectum 
est,  22.  neque  minuitur,  et  non  eget 
alicujus  consilio.  23.  C)uam  deside- 
rabilia  omnia  opera  ejus,ettamquam 
scintilla,quas  est  considerare.  24. Om- 
nia base  vivunt,  et  manent  in  s?ecu- 
lum,  et  in  omni  necessitate  ornnia 
obaudiunt  ei.  25.  Omnia  duplicia, 
unum  contra  unum,  et  non  fecit 
quidquam  deesse.  26.  Uniuscujus- 
que  confirmavit  bona.  Et  quis  sa- 
tiabitur  videns  gloriam  ejus.^ 


18.  Leiirs  desseins  :  c'est  poetiquement 
que  ces  mots  sont  appliques  aussi  a  I'ocean. 
- —  Les  signes  du  temps,  qui  annoncent 
I'avenir. 

19.  Les  traces,  les  vestiges  des  choses  ca- 
chees,  des  mysteres  du  plan  diviii  de 
I'univers. 

20.  Comp.  Ps.  cxxxiv,  4. 

21.  Rien  lia  ete  ajoiite,  etc.  :  Dieu  est 
toujours  le  meme  :  comp.  Ps.  cii,  28.  — 
Uaucun  cotiseiller  humain,  mais  la  Sagesse 
eternelle  etait  avec  lui  {Prov.  viii,  30.  Comp. 
Sag.  ix,  4). 

Nous  avons  traduit  les  2^  et  y  membies 
d'apres  quelques  manuscrits  grecs  suivis 
par  la  Vulgate,  qui  lisent  o?  eati,  qtci  est, 
au  commencement  du  2^.  Cependant  nous 
devons  reconnaitre  que  la  plupart  des  ma- 
nuscrits, et  les  meilleurs,  portent  ew?  saxi, 
ce  qui  amene  pour  sujet  p.tyaXeiy.,  jiiagna- 
lia :  et  ellcs  (ces  grandes  oeuvres)  sitbsistent 
encore  de  Peternite'  a  Veternite,  et  rien  iCy  a 
ete  ajoiite,  rien  n^en  a  ete  dte\  el  les  appa- 
raissent  toujours  les  memes,  sans  change- 
ment  essentiel.  Ce  qui  empeche  beaucoup 
d'ex^getes  d'adopter  cette  interpretation, 
c'est  qu'elle  semble  attribuer  Peternite  au 
monde  physique.  Mais  nous  ferons  observer 
que  les  expressions  in  ceternuin,  in  scecu- 
lum,  in  scEculum  scectdi,  ne  marquent  assez 
souvent  qu'une  dure'e  tres  longue,  dont  le 


commencement  se  perd  dans  la  nuit  du 
passe  lointain,  et  la  fin  dans  le  plus  lointain 
avenir.  C'est  ainsi  que  le  mont  Sion  est  dit 
inebranlable  in  aternum  {Ps.  cxxiv,  i),  la 
terre  fondee  in  s(2ciilinn  stECuli{Ps.\y.\\\\,6<)), 
la  lune  etablie  dans  le  ciel  in  ceternuin  {Ps. 
Ixxxviii,  38),  etc. 

22.  Belles,  litt.  desirables,  a  cause  de  leur 
beaute.  —  Une  etincelle,  une  petite  partie, 
un  faible  rayon  de  la  splendeur  et  de  la 
magnificence  de  la  creation.  Comp.  Job, 
xxvi,  14.  Au  lieu  de  Ws  aTiwOfipoc,  quelques 
manuscrits  portent  ew?  air . :  elles  sont  a  re- 
gar  der  jusqii' a  une  ctincelle,  juscju'au  moin- 
dre  detail.  Fritzsche  soupgonne  qu'il  y  avait 
en  hebr.  nitsoth,  fleurs,  et  que  le  traducfleur 
a  lu  par  megarde  nitsots,  etincelles. 

23.  Demeure,  en  se  perpetuant  par  la 
generation.  —  Obeit  au  Createur  :  comp. 
Ps.  cxlviii,  6. 

24.  Par  couples  de  deux  individus,  I'un  de 
chaque  sexe,  dans  le  regne  vegetal  et  le 
regne  animal.  —  Qui  aille  a  la  ruine,  qui 
perisse  (en  gr.  £KA£"!Trov),  faute  d'un  indi- 
vidu  de  I'autre  sexe  pour  perpetuer  I'espece; 
oubien  :  qui  soil  incomplct  (en  gr.  sXXs^ttov)  : 
meme  sens  au  fond. 

25.  Uun  assure,  etc.  :  dans  chaque  cou- 
ple, un  individu  est  necessaire  a  I'autre.  — 
La  gloire  du  Seigneur,  telle  qu'elle  se  ma- 
nifeste  dans  les  oeuvres  de  la  creation. 


640 


L'ECCLE:SIASTIQUE.     Chap.  XLIII,  I— 17. 


Chap. 
XLIII. 


CHAP.  XLIII.  —  Louange  de  Dieu  par  les  ceuvres  de  la  nature  (suite)  :  le 
del,  le  soleil  [vers,  i  —  5];  la  lune,  les  etoiles,  I'arc-en-ciel  [6 — 12];  divers 
phenomenes  [13  —  22];  la  mer  [22  —  26].  Conclusion  [27  —  32]. 

ORGUEIL  des  hauteurs  du  ciel,  c'est  le  firmament  dans  son  pur  eclat; 
Et  I'aspecfl  du  ciel  est  une  vision  de  gloire. 
2  Le  soleil,  quand  il  se  montre,  glorifie  le  Seigneur; 
A  son  lever,  c'est  une  merveilleuse  creature,  I'oeuvre  du  Tres-Haut. 

3  A  son  midi,  il  desseche  la  terre; 
Qui  peut  tenir  devant  ses  ardeurs? 

4  Pour  ses  travaux  I'artisan  aftive  le  feu  dans  la  fournaise, 
Trois  fois  plus  le  soleil  echauffe  les  montagnes; 
II  embrase  les  vapeurs  de  Pair, 
Et  quand  il  fait  resplendir  ses  rayons,  il  eblouit  les  yeux. 

5  Grand  est  le  Seigneur  qui  I'a  fait, 
Et  sur  son  ordre  il  precipite  sa  course. 

6  La  lune  aussi  est  toujours  fidele  a  I'heure  qui  lui  est  assignde; 
EUe  indique  les  temps  de  I'annee  et  annonce  I'avenir. 

7  La  lune  donne  le  signal  des  fetes; 
Sa  lumiere  diminue  quand  elle  est  arrivee  a  son  plein. 

8  C'est  d'elle  que  le  mois  prend  son  nom; 
Elle  croit  merveilleusement  dans  ses  diverses  phases; 
C'est  la  tente  d'un  camp  dans  les  hauteurs  des  cieux. 

9  La  beaute  du  ciel,  c'est  I'eclat  des  dtoiles, 
Splendide  parure  dans  les  hauteurs  du  Seigneur. 

10  Selon  I'ordre  du  .Saint,  elles  se  tiennent  a  sa  disposition, 
Et  ne  se  fatiguent  pas  dans  leurs  veilles. 

11  Vois  I'arc-en-ciel  et  benis  Celui  qui  I'a  fait; 
II  est  bien  beau  dans  sa  splendeur! 

12  II  embrasse  le  ciel  dans  son  cercle  radieux  : 
Ce  sont  les  mains  du  Tres-Haut  qui  le  tendent. 

13  Par  son  ordre,  la  neige  se  precipite, 
Et  les  eclairs  se  pressent,  executeurs  de  ses  jugements. 

14  C'est  pourquoi  ses  tresors  s'ouvrent 
Et  les  nuees  volent  comme  des  oiseaux. 

15  Par  sa  puissance  il  dorine  la  force  aux  nuees, 
Et  la  grele  tombe  comme  des  eclats  de  pierre. 

16  La  voix  de  son  tonnerre  fait  trembler  la  terre, 
Et  quand  il  se  montre  les  montagnes  chancellent. 

17  A  sa  volonte,  le  vent  du  midi  souffle, 
L'aquilon  se  dechaine  et  le  tourbillony^z//  rage. 
II  repand  la  neige  comme  des  oiseaux  qui  s'abattent, 
Elle  descend  comme  la  sauterelle  qui  fait  halte. 


CHAP,  XLIII. 

1.  Vorgueil,  ce  dont  peuvent  se  glorifier 
les  hauteurs  celestes.  —  Le  Jirinaiuenty  les 
plaines  limpides  de  I'dther.  —  Une  vision 
de  gloire,  un  specftacle  magnifique. 

Le  latin  traduit  le  i^r  membre  :  le  firtna- 
inent  des  hauteurs  celestes  est  sa  beaute.,  un 
reflet  ou  une  image  de  la  beaute  de  Dieu; 
ou  bien  avec  Loch  :  est  son  magnifique 
ouvrage. 

2.  A  son  lever  surtout  :  ces  mots  nous 
semblent  appartenir  au  2^  membre;  joints 
au  lei  (Vulg.),  ils  feraient  tautologie. 


4.  Adive,  souffle,  gr.  (puuwv;  le  tradufleur 
latin  a  lu  o'jXi^iw/,  gardrnt. —  Les  vapeurs 
(en  lat.  les  rayons);  litt.,  en  soufflant,  il 
rend  les  vapeurs  comme  du  feu. 

6.  On  salt  que  I'annee  et  les  mois,  chez 
les  Juifs,  ctaient  lunaires;  c'est  la  lune  qui 
reglait  toutes  les  divisions  du  temps. 
Annonce  Vavenir  :  comp.  xlii,  18;  Loch  : 
marque  les  epoques  de  Page  du  nionde. 

7.  Quand  elle  est  arrivee  a  son  plein;  d'au- 
tres  :  j'usquW  ce  qu'elle  disparaisse  tout  d, 
fait;  mais  ce  sens  demanderait,  {usque)  ad 
consuinmatio/iem. 

5.  Son  nom  :  il  en  est  ainsi  en  hebreu,  en 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLIII,  i— 19. 


641 


2SI M  w.  :^:  M  'M  w.  'i^'.  '^  w.  '^  's^.  :<j>:  m  m  '&  's^'-  's^  ^  '^-  %i 

— *-      CAPUT  XLIII.      -*— 

Eminentia  Creatoris  relucet  in  coeloriim 
ornatu  et  pulchritudine,  nempe  in  ccelo, 
luna,  stellis,  iride,  nive,  grandine,  nubi- 
bus,  tonitru,  gelu  ab  aquilone,  pruina,  et 
mari,  in  quo  sunt  plurima  genera  bellua- 
rum  :  denique  nemo  ad  Deum  laudan- 
dum  sufficit. 

LTITUDINIS  firma- 
mentum  pulchritude  ejus 
est,  species  coeli  invisione 
glorias.  2.  Sol  in  aspectu 
annuntians  in  exitu,  vas  admira- 
bile  opus  excelsi.  3,  In  meridiano 
exurit  terram,"et  in  conspectu  ar- 
doris  ejus  quis  poterit  sustinere.^ 
Fornacem  custodiens  in  operibus 
ardoris  i  4.  tripliciter  sol  exurens 
montes,  radios  igneos  exsufflans, 
et  refulgens  radiis  suis  obca^cat 
oculos.  5.  Magnus  Dominus  qui 
fecit  ilium,  et  in  sermonibus  ejus 
festinavit  iter. 

6.  *Et  luna  in  omnibus  in  tem- 
pore suo,  ostensio  temporis,  et  si- 
gnum  £evi.  7.  A  luna  signum  diei 
festi,  luminare   quod   minuitur  in 


consummatione.  8.  Mensis  secun- 
dum nomen  ejus  est,  crescens  mira- 
biliter  in  consummatione.  9.  Vas 
castrorum  in  excelsis,  in  firmamento 
coeli  resplendens  gloriose. 

10.  Species  coeli  gloria  stellarum, 
mundum  illuminans  in  excelsis  Do- 
minus. II.  In  verbis  sancti  stabunt 
ad  judicium,  et  non  deficient  in 
vigiliis  suis. 

12.  Vide  arcum,  et  benedic  eum, 
'qui  fecit  ilium  :  valde  speciosus  est 
in  splendore  suo.  13.  Gyravit  coe- 
lum  in  circuitu  gloriae  suas,  manus 
Excelsi  aperuerunt  ilium. 

14.  Imperio  suo  acceleravit  ni- 
vem,et  accelerat  coruscationes  emit- 
terejudicii  sui.  15.  Propterea  aperti 
sunt  thesauri,  et  evolaverunt  nebulas 
sicut  aves.  16.  "'In  magnitudine  sua 
posuit  nubes,  et  confracti  sunt  lapi- 
des  grandinis.  17.  "In  conspectu 
ejus  commovebuntur  montes,  et  in 
voluntate  ejus  aspirabit  notus. 
18.  Vox  tonitrui  ejus  verberabit 
terram,  tempestas  aquilonis,  et  con- 
gregatio  spiritus  :  1 9.  et  sicut  avis 
deponens  ad  sedendum,  aspergit 
nivem,  et  sicut  locusta  demergens 


gr.  (jJ(."nvn  et  [J-'iv),  ainsi  que  dans  plusieurs 
langues  modernes  (all.  ni07id  et  Jiioiiat; 
angl.  >noon  et  month).  —  La  tente  d'un 
camp  :  les  etoiles  sont  souvent  appeldes 
I'armee  du  ciel;  elles  apparaissent  rangees 
ou  campees  autour  de  la  lune,  comme  une 
armee  autour  de  la  tente  du  general.  Le  mot 
que  nous  traduisons  par  tente  designe  dans 
les  trois  langues  un  objet,  un  ineiible  quel- 
conque;  d'autres  le  traduisent  ici  "pa-v  Janal, 
le  fanal  militaire  qui  eclaire  un  camp. 

9.  Les  haiitein-s  du  Seigneur  (en  lisant 
Kupi'ou  avec  le  cod.  Alex,  et  plusieurs  au- 
tres),  ou  le  Seigneur  habite;  ou  bien  :  les 
hauteurs  les  plus  elevees.  Le  cod.  Vat.  porte 
Kupio?  :  c''est  le  Seigneur  dans  les  hai/teiirs. 
Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  cehii  qui 
illumine  le  monde  dans  les  haicteurs,  c  'est  le 
Seigneur. 

10.  Dans  leurs  veilles  :  ce  sont  des  soldats 
en  sentinelle;  voy.  vers.  8  et  la  note. 

13.  Se  precipitc  :  le  tradudleur  grec  a 
donne  aux  verbes  un  sens  transitif  -.par son 
ordre,  Dieii  prccipite  la  fieige  :  a  tort.  —  Se 
pressent,  se  succedent  de  pres.  La  neige  et 
les  eclairs  sont  ici  associds,  non   comme 


etant  des  phenomenes  simultanes,  mais 
comme  manifestant  dgalement  la  puissance 
de  Dieu. 

14.  Cestpourqtioi,  parce  qu'il  suffit  a  Dieu 
de  donner  un  ordre  pour  que  sa  volonte 
s'accomplisse.  —  Ses  tresors,  les  reservoirs 
du  ciel  ou  la  pluie,  la  neige  et  la  grele  sont 
censees  renfermees.  Comp.  Deut.  xxviii,  12; 
Job,  xxxviii,  22;  Jcr.  x,  13;  li,  16.  —  Les 
nue'es  volent,  rapides  et  se  poussent  les  unes 
les  autres. 

1 5.  Par  sa  puissance,  litt.  par  sa  majeste. 
La  grele  est  congue  comme  une  masse  com- 
pacle  renfermde  dans  la  nuee,  a  laquelle 
Dieu  donne  la  force,  soit  de  la  porter,  soit 
de  la  briser  en  eclats.  —  La  grele,  etc.; 
litt.,  et  les  pierrcs  de  grele  se  brisent. 

16-17.  Les  membres  qui  composent  les 
deux  versets  sont  disposes  un  peu  autre- 
ment  dans  le  cod.  Vat.,  suivi  par  la  Vulgate. 
—  Quand  il  se  mo7itre  dans  la  nuee  ora- 
g^euse.  —  //  (Dieu)  repaitd  la  fieige  a  flocons 
presses.  —  Elle  descend  lentement. 

iS.  Le  phenomene  de  la  neige  offre  en 
effet  un  merveilleux  spectacle  a  celui  qui  ne 
Fa  jamais  vu  ou  qui  le  contemple  rarement. 


Gen.  9,  i; 


-^Job.  38, 


'  Ps.  103, 


32. 


N"  23.  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  IV.  —  41 


642         L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLIII,  18-33;  XLIV,  i- 

18  L'oeil  admire  la  beaute  de  sa  blancheur, 
Et  le  coeur  est  emerveille  de  sa  chute. 

19  II  verse  le  givre  sur  la  terre  comme  du  sel, 
Et  la  gelde  le  durcit  en  pointes  d'epines. 

20  Le  vent  du  nord  se  met  k  souffler, 
Et  I'eau  se  durcit  en  glace; 

Cette  glace  s'etend  immobile  sur  tout  amas  d'eau 
Et  le  revet  comme  d'une  cuirasse. 

21  Le  Seigneur  devore  les  montagnes  et  embrase  le  desert, 
11  brule  la  verdure  comme  le  feu. 

22  A  tous  ces  maux  un  nuage  apporte  le  remede; 

Une  rosea  qui  survient  ramene  la  fraicheur  et  la  joie. 

23  Selon  son  dessein,  il  a  deposd  dans  son  lit  la  mer  profonde, 
Et  il  y  a  plante  des  iles. 

24  Ceux  qui  naviguent  sur  la  mer  en  racontent  les  perils, 

Et  en  entendant  leurs  recits  nous  sommes  saisis  d'etonnement. 

25  Lk  sont  des  creatures  etranges  et  merveilleuses, 

Des  animaux  de  toutes  sortes  et  la  race  des  monstres  marins. 

26  Par  le  Seigneur  toute  chose  marche  heureusement  a  sa  fin, 
Et  tout  subsiste  par  sa  parole. 

27  Nous  pourrions  dire  beaucoup,  et  nous  ne  I'atteindrions  pas; 
Pour  resumer  notre  discours  :  II  est  le  tout. 

28  Voulant  le  louer,  oii  en  trouverions-nous  la  force? 

II  est  le  Tout-Puissant,  superieur  h  toutes  ses  oeuvres. 

29  Le  Seigneur  est  terrible  et  souverainement  grand, 
Et  merveilleuse  est  sa  puissance. 

30  En  louant  le  Seigneur,  exaltez-le  tant  cjue  vous  pourrez. 
Car  il  sera  toujours  plus  haut  encore. 

Pour  I'exalter,  rassemblez  toutes  vos  forces; 

Ne  vous  lassez  pas,  car  vous  ne  pourrez  I'atteindre. 

31  Qui  I'a  vu  et  pourrait  en  discourir? 
Qui  est  capable  de  le  louer  tel  qu'il  est.-* 

32  Beaucoup  de  merveilles  cachees  sont  plus  grandes  encore, 
Car  nous  n.e  connaissons  qu'un  petit  nombre  de  ses  oeuvres. 

33  Le  Seigneur  a  tout  fait, 

Et  il  donne  la  sagesse  aux  hommes  pieux. 


Chap. 
XLIV. 


CHAP.  XLIV. —  E/oge  des  pcres  :  Introduclion  [vers,  i  — 15].  Enoch 
et  Noe  [16 — 18];  Abraham,  Isaac  et  Jacob  [19  —  23]. 

jAISONS  done  I'eloge  des  hommes  illustres, 
Et  des  pcres  de  notre  race. 
2  Eh  eiix  le  Seigneur  a  opere  de  glorieuses  merveilles, 
//  a  inanifcstc  sa  grandeur  des  I'origine. 
3  Oetaicnt  des  souverains  dans  leurs  royaumes, 
Des  princes  renommes  par  leur  puissance. 


20.  S''eiend  immobile^  lilt,  se  repose,  sur 
tout  amas  cVeau  :  peut-ctre  y  avait-il  en 
hebr. ,  sur  tout  Vaiiias  iVcnu. 

21.  Le  Seigtieur,  en  faisant  souffler  le 
vent  du  midi,  que  I'auteur  oppose  au  vent 
du  nord,  devore,  consume,  etc. 

22.  Ces  maux,  causes  par  le  vent  du  midi. 

—  Ramene  la  joie;  en  latin,  fait  baisser, 
abat  ce  vent  brulant. 

23.  //  a  depose  (ou,  //  a  fait  reposer)  dans 
son  lit;  d'autres  avec  la  Vulg.  :  par  sa  pen- 
see,  sa  volonte,  il  apaise,  il  calme  Pocean. 

—  Des  lies,  en  gr.  vqaou^.  La  legon  'rr,ciou<; 


(cod.  Vat.)  est  rejetee  par  tout  le  monde. 

Le  latin  ajoute  en  tete  du  verset  :  quand 
il  parte,  le  %>ent  se  tait. 

24.  Leurs  recits,  sans  doute  les  recits  des 
hardis  navigateurs  ph^niciens. 

27.  Nous  ne  V atteituirions  pas,  nos  dis- 
cours, nos  louanges  resteraient  infiniment 
au-dessous  de  lui.  —  //  est  le  tout,  en  grec, 
TO  Tiav  (lat.,  il  est  en  totit)  il  possede  tout 
I'etre  dminemment  et  virtuellement.  II  y  a 
des  etres  distincfls  de  lui,  mais  c'est  lui  qui 
les  a  crees,  qui  leur  a  donne  tout  ce  qu'ils 
sont,  qui  les  fait  subsister  et  les  conduit  a 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLIII,  20—37;  XLIV,  i- 


643 


descensus  ejus.  20.  Pulchritudinem 
candoris  ejus  admirabitur  oculus,  et 
super  imbrem  ejus  expavescet  cor. 
21.  Gelu  sicut  salem  effundet  super 
terram  :  et  dum  gelaverit,  fiet  tam- 
quam  cacumina  tribuli. 

22.  Frigidus  ventus  aquilo  flavit, 
et  gelavit  crystallus  ab  aqua,  super 
omnem  congregationem  aquarum 
requiescet,  et  sicut  lorica  induet  se 
aquis.  23.  Et  devorabit  montes,  et 
exuret  desertum,  et  exstinguet  viri- 
de,  sicut  igne.  24.  Medicina  om- 
nium in  festinatione  nebulae  :  et  ros 
obvians  ab  ardore  venienti  humilem 
efficiet  eum. 

25.  In  sermone  ejus  siluit  ventus, 
et  cogitatione  sua  placavit  abyssum, 
et  plantavit  in  ilia  Dominus  insulas. 
26.  Qui  navigant  mare,  enarrent 
pericula  ejus  :  et  audientes  auribus 
nostris  admirabimur.  27.  Illic  pras- 
clara  opera,  et  mirabilia  :  varia  be- 
stiarum  genera,  et  omnium  peco- 
rum,  et  creatura  belluarum.  28.  Pro- 
pter ipsum  confirmatus  est  itineris 
finis,  et  in  sermone  ejus  composita 
sunt  omnia. 

29.  Multa  dicemus,  et  deficiemus 
in  verbis;  consummatio  autem  ser- 
monum,  ipse  est  in  omnibus.jo.Glo- 
riantes  ad  quid  valebimus?  ipse 
enim  omnipotens  super  omnia  ope- 


ra sua.  31.  Terribilis  Dominus,  et 
magnus  vehementer,  et  mirabilis 
potentia  ipsius.  32.  Glorificantes 
Dominum  quantumcumque  potue- 
ritis,  supervalebit  enim  adhuc,  et 
admirabilismagnificentiaejus.33.Be- 
nedicentes Dominum,  exaltate  ilium 
quantum  potestis  :  major  enim  est 
omni  laude.  34.  Exaltantes  eum  re- 
plemini  virtute  :  ne  laboretis  :  non 
enim  comprehendetis.  ^^.  Quis  vi- 
debit  eum,  et  enarrabit.^  et  ^quis 
magnificabit  eum  sicut  est  ab  initio.'^ 
36.  Multa  abscondita  sunt  majora 
his  :  pauca  enim  vidimus  operum 
ejus.  37.  Omnia  autem  Dominus 
fecit,  et  pie  agentibus  dedit  sa- 
pientiam. 

— :>—      CAPUT  XLIV.      — :i:— 

Laus  priorum  patrum  ac  seminis  eorum  : 
primum  in  genere,  deinde  nominatim  lau- 
dantur  Henoch,  Noe,  Abraham,  cui  ia€\s£ 
sunt  promissiones  :  Isaac,  et  Jacob. 

AUDEMUS  viros  glorio- 
sos,  et  parentes  nostros  in 
generatione  sua.  2.  Mul- 
^  tarn  gloriam  fecit  Domi- 
nus, magnificentia  sua  a  sasculo. 
3.  Dominantes  in  potestatibus  suis, 
homines  magni  virtute,  et  pruden- 
tia  sua  praediti,  nuntiantes  in  pro- 


'  Ps.   10^,  2. 


leur  fin.  Ce  langage,  dit  Fritzsche  lui-meme, 
exchit  absolument  toute  interpretation  pan- 
theistique. 

28.  Le  Tout-Puissant,  litt.  le  grand. 

30.  Ce  verset  est  traduit  2  fois  dans  la  Vulg. 

31.  Tel  quHl  est ;  le  latin  ajoute  a  tort,  ab 
initio,  des  le  commencement. 

32.  Plus  grandcs  encore  que  celles  que 
nous  avons  pu  decouvrir. 

33.  II  donjie  la  sagesse  atix  homines pieux, 
pour  les  aider  a  connaitre  dans  une  certaine 
mesure  les  oeuvres  de  la  creation,  et  a  s'ele- 
ver  a  la  saintete  :  transition  k  I'eloge  des 
saints  personnages  d' Israel. 

CHAP.  XLIV. 

I.  Le  grec  porte  en  tete  de  ce  morceau 
(xliv,  I  —  1,  24)  :  Eloge  des  peres.  Apres 
avoir  loue  le  Seigneur  par  les  merveilles  du 
monde  physique,  le  fils  de  Sirach  jette  un 
coup  d'oiil  sur  I'histoire  de  sa  nation  et 
fait  I'eloge  des  principaux  personnages  d' Is- 


rael. Au  fond,  c'est  encore  a  Dieu  que 
s'adresse  sa  louange,  a  Dieu  cjui  a  conduit 
son  peuple  a  travers  les  siecles  avec  tant 
d'amour  et  de  sollicitude  et  qui  a  suscite 
dans  son  sein  des  hommes  d'une  si  haute 
vertu.  La  matiere  et  sou  vent  la  forme  meme 
de  ces  eloges  sont  empruntees  a  des  livres 
saints  plus  anciens.  Le  but  de  I'auteur  est 
de  ranimer  et  de  fortifier  le  sentiment  reli- 
gieux  dans  la  conscience  des  Juifs  ses  con- 
temporains. 

2.  En  eux,  dans  ces  grands  hommes,  il  a 
produit  des  merveilles  de  saintet^  et  de 
vertu.  —  Sa  grandeur;  en  lat.  ce  mot  est  a 
I'ablatif  comme  nom  d'instrument  :  par  sa 
grandeur,  sa  puissance,  des  Vorigine. 

L'auteur  donne  ensuite  une  idee  generale 
de  la  condition  des  personnages  dont  il  va 
parler  :  rois,  princes,  prophetes,  docfleurs, 
musiciens,  poetes,  simples  particuliers. 

3.  Les  deux  derniers  membres  s'appliquent 
aux  prophetes,  conseillers  des  rois,  auxquels 


644 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLIV,  4—21. 


Des  conseilleis  remplis  de  sagesse, 

Annongant  la  volonte  divine  par  leurs  propheties, 

4  Des  guides  du  peuple  par  leurs  conseils  et  leur  prudence, 

Des  doaeurs  du  peuple  qui  I'instruisaient  par  de  sages  discours; 

5  Des  hommes  cultivant  I'art  des  saintes  melodies 
Et  qui  ont  mis  par  ecrit  de  poetiques  recits; 

6  Des  riches  ayant  des  biens  en  abondance, 
Vivant  en  paix  dans  leurs  demeures  : 

7  Tous  ces  hommes  furent  honords  par  leurs  contemporains, 
Tons  ont  ete  illustres  de  leur  temps. 

8  II  en  est  parmi  eux  qui  ont  laisse  un  nom, 
Et  Ton  peut  raconter  leurs  louanges. 

9  II  en  est  dont  il  n'y  a  plus  de  souvenir; 

lis  ont  peri  comme  s'ils  n'avaient  jamais  existe, 
lis  sont  devenus  comme  s'ils  n'etaient  jamais  nes, 
Et  leur  enfants  ont  partage  leur  sort. 

10  Les  premiers  etaient  des  hommes  pieux, 
Dont  les  vertus  n'ont  pas  ete  oubliees. 

1 1  Le  bonheur  reste  attache  a  leur  race, 

Et  un  heritage  est  assure  a  leurs  enfants. 

12  Leur  race  se  maintient  fidele  aux  alliances, 
Et  leurs  enfants  k  cause  d'eux. 

13  Leur  race  demeure  eternellement, 
Et  leur  gloire  ne  sera  jamais  effacee. 

14  Leur  corps  a  ete  enseveli  en  paix 
Et  leur  nom  vit  d'age  en  age. 

15  Les  peuples  celebrent  leur  sagesse, 
Et  I'assemblee  publie  leurs  louanges. 

16  Henoch  fut  agreable  au  Seigneur,  et  il  a  ete  transports, 
Exemple  de  penitence  pour  les  generations. 

17  Noe  a  ete  trouve  parfait  c/ juste; 

Au  temps  de  la  colere  il  fut  la  ran^on  de  Vhtimanite. 
C'est  pourcjuoi  un  reste  fut  laisse  a  la  terre 
Lorsque  le. deluge  arriva. 

18  Une  alliance  eternelle  a  ete  faite  avec  lui, 

Afin  que  le  genre  humain  ne  fut  plus  detruit  par  un  deluge. 

19  Abraham  est  I'illustre  pere  d'une  multitude  de  nations, 
Et  il  ne  s'est  trouvd  personne  qui  Fcgalat  en  gloire. 

20  II  a  garde  la  loi  du  Trcs-Haut, 

Et  il  est  entre  en  alliance  avec  lui. 
II  a  institue  cette  alliance  dans  sa  chair, 
Et  dans  I'epreuve  il  s'est  montre  fidele. 
2\   Aussi  Dieu  lui  assura  par  serment 

(2ue  les  nations  seraient  bcnies  dans  sa  race; 

Tl  lui  promit  de  le  multiplier  comme  la  poussiere  de  la  terre, 

D'elever  sa  posterite  comme  les  etoiles  du  cic/, 

De  lui  donner  en  heritage  depuis  la  mer  jusqu'ci  I'autre  mer, 

Depuis  le  fleuve  jusqu'aux  extremites  de  la  terre. 


ils  faisaient  connaitre  les  desseins  et  la  vo 

■5 
rrec 


lontd  du  Seigneur. 


Le  grec  serait  a  peu  pros  inintelli- 
gible  si  on  ne  lisait  Ypap.ij.aTE'ic  au  lieu  de 
Ypa|X[j.ax£ta<;,  et  aotpol  Xoyoi?  au  lieu  de 
aocpoi  Xoyot. 

Le  latin  peut  se  traduire  :  des  hommes 
qui  ont  coiiimandc  au  peuple  dc  leur  temps, 
et  ont  donne  aux  peuples ,  par  la  force  de  leur 
intelligence,  les  plus  sainics  inaximcs. 

5.  Des  saintes  mdlodies,  litt.   des  modes 


musicaux,  comme  David.  —  Poetiques  re- 
cits,  par  ex.  Job,  le  Cantique;  plusieurs  en- 
tendent  aussi  par  l--i\  des  cantiques,  par  ex. 
les  Psaumes.  En  latin,  les  cantiques  des 
Ecritures. 

6.  Des  biens :  c'est  le  sens  du  lat.  virtute. 
Apres  le  i'^''  membre,  le  lat.  ajoute  :  qui 
avaient  de  Vardcur  pour  ce  qui  est  beau. 

8.  Qui  ont  laisse  un  nom  :  tous  ont  e'te 
illustres  pendant  leur  vie,  mais  pour  quel- 
ques-uns  seulement  I'histoire  a  conserve  le 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLIV,  1—2- 


645 


phetis  dignitatem  prophetarum,  4. et 
imperantes  in  prassenti  populo,  et 
virtute  prudentias  populis  sanctissi- 
ma  verba.  5.  In  peritia  sua  requi- 
rentes  modos  musicos,  et  narrantes 
carmina  scripturarum.  6,  Homines 
divites  in  virtute,  pulchritudinis 
studium  habentes  :  pacificantes  in 
domibus  suis.  7.  Omnes  isti  in  ge- 
nerationibus  gentis  suae  gloriam 
adepti  sunt,  et  in  diebus  suis  ha- 
bentur  in  laudibus. 

8.  Qui  de  illis  nati  sunt,  relique- 
runt  nomen  narrandi  laudes  eorum  : 
9.  et  sunt  quorum  non  est  memoria: 
perierunt  quasi  qui  non  fuerint  :  et 
nati  sunt,  quasi  non  nati,  et  filii 
ipsorum  cum  ipsis.  10.  Sed  illi  viri 
misericordias  sunt,  quorum  pietates 
non  defuerunt  :  11.  cum  semine 
eorum  permanent  bona,  t  2.  here- 
ditas  sancta  nepotes  eorum,  et  in 
testamentis  stetit  semen  eorum  : 
13.  et  filii  eorum  propter  illos  us- 
que in  asternum  manent  :  semen 
eorum  et  gloria  eorum  non  dere- 


linquetur.  14.  Corpora  ipsorum  in 
pace  sepulta  sunt,  et  nomen  eorum 
vivit  in  generationem  et  generatio- 
nem.  15.  Sapientiam  ipsorum  nar- 
rent  populi,  et  laudem  eorum  nun- 
tiet  ecclesia.  16.  ''Henoch  placuit 
Deo,  et  translatus  est  in  paradi- 
sum,  ut  det  gentibus  pcenitentiam. 
17.  *Noe  inventus  est  perfectus, 
Justus,  et  in  tempore  iracundias  fa- 
ctus  est  reconciliatio.  18.  Ideo  di- 
missum  est  reliquum  terras,  cum 
factum  est  diluvium,  19.  '  Testa- 
menta  sasculi  posita  sunt  apud  ilium, 
ne  deleri  possit  diluvio  omnis  caro. 
20.  '^  Abraham  magnus  pater  mul- 
titudinis  gentium,  et  non  est  inven- 
tus similis  illi  in  gloria  :  qui  conser- 
vavit  legem  Excelsi,  et  fuit  in  testa- 
mento  cum  illo.  21,  'In  carne  ejus 
stare  fecit  testamentum,  et^in  ten- 
tatione  inventus  est  fidelis.  22.  Ideo 
jurejurando  dedit  illi  gloriam  in 
gente  sua,  crescere  ilium  quasi  ter- 
ras cumulum,  23.  et  ut  Stellas  exal- 
tare  semen  ejus,  et  hereditare  illos 


"0611.5,24. 
Hebr.  11,5, 


*  Gen.  6,  9. 


<^Gen.  6, 
14  et  7,  I 
Hebr.  11,7. 

«'Gen.  12, 
2  et  15,  S 
et  17,  4. 


'Gen.  17, 
10.  Gal.  3, 
6. 

^Gen.  22, 
I. 


souvenir  de  leurs  acTlions  et  de  leurs  vertus, 
jin  noiji. 

Le  latin  ajoute  en  tete  du  verset  quelques 
mots  qui  en  alterent  le  sens  :  ceux  qui  sont 
ncs  (Teitx  ont  laisse  uti  nom. 

9.  II  s'agit  des  impies  dans  ce  verset. 

10.  Des  Jionnnes  pieiix.  Dans  la  Vulgate, 
hoviines  de  iniscricorde  doit  s'entendre  dans 
le  meme  sens.  Comp.  xlv,  i. 

11.  Le  boiihe7ir  :  il  y  avait  probablement 
en  hebreu  tobah  nac/ialali,  traduit  en  grec 
ayafi-f]  -/.X-ripovou.ia,  bona  (lat.  sa>i^a)  /iceredi- 
tas;  mais  iobah  devait  se  prendre  substan- 
tivement;  nous  le  traduisons  par  boiiheur^ 
en  le  rattachant  a  ce  qui  precede.  —  Et  iin 
hc'rifage,  etc. ;  en  latin,  et  leurs  enfants  sont 
un  saint  heritage. 

Le  texte  grec  des  vers.  11- 12  a  subi  dans 
les  manuscrits  des  coupures  anormales; 
nous  retablissons  ce  qui  nous  parait  etre  la 
disposition  primitive  d'apres  les  anciennes 
versions  (Syr.  Vulg.  etc.). 

12.  Aux  alliances  :  le  pluriel  fait  allusion 
aux  divers  renouvellements  de  I'alliance  de 
Dieu  avec  Abraham  et  les  patriarches.  — 
Et  leurs  en  faults  y  sont  egalement  fideles 
a  cause  d^eux  :  leur  piete  est  un  eft'et,  un 
fruit  de  la  pi^te  de  leurs  peres. 

15.  Celebrent;  le  latin  met  I'optatif  :  que 
les  pcuples  ce'lebrenf,  etc. 


16.  //  a  etc  tra7isp07'te :  "  le  Seigneur  Ten- 
leva",  dit  la  Genese  (v,  24),  tout  vivant,  se- 
lon  la  tradition  {Hebr.  xi,  15).  La  Vulgate 
ajoute  ici,  dans  le paradis^  ce  que  les  Peres 
et  les  theologiens  expliquent  diversement. 

—  Exeviple  de  penitence,  etc.;  en  latin  -.pour 
dojiticr  la  penitence  aux  nations.  D'apres  la 
tradition  assez  generale  des  Peres  et  des  in- 
terpretes  catholiques,  Enoch  et  Elie  ont  etd 
transportes  du  milieu  des  hommes  en  corps 
et  en  ame.  Leur  course  n'est  pas  achevde;  ce 
sont  les  deux  temoins  de  I'Apocalypse  (xi,  3), 
et  ils  reviendront  sur  la  terre  a  la  fin  des 
temps  pour  precher  aux  hommes  le  repentir 
et  leur  donner  I'exemple  de  la  penitence. 

17.  Noc :  voy.  Gen.  vi,  8  sv.  —  La  ranco7i  : 
lorsque  Dieu  irrite  contre  les  hommes  coupa- 
bles  avait  resolu  de  les  faire  pdrir  tous,  ce  fut 
en  consideration  de  la  justice  de  Noe  qu'il 
conserva  I'humanite  parluiet  par  sesenfants. 

18.  Une  alliance  :  voy.  Gen.  ix,  16. 

19.  Ph'e  dhine  7nultitude  de  nations :  c'est 
la  signification  meme  du  nom  d'Abraham 
{Ge77.  xvii,  4). 

20.  En  allia7tce: voy.  Gen.  xv,  18. — Dans sa 
chair.,  par  la  circoncision.  {Ge7i.  xvii,  10-14). 

—  Dans  rep7-e7ive  :  le  sacrifice  d'lsaac. 

21.  Aussi,  etc.  :  voy.  Ge/i.  xxii,  17.  — 
Depuis  la  7ner  Rouge  jusqu'a  la  mer  M^di- 
terranee. —  Dep7(is  le  flciive,  I'Euphrate,  jus- 


646  L'ECCL^SIASTIQUE.     Chap.  XLIV,  22,  23;  XLV,  i— 10. 


22  De  la  meme  maniere  il  confirma  en  Isaac,  a  cause  de  son  pere  Abraham, 
La  benedi(flion  de  tous  les  peuples  et  I'alliance, 

23  Et  il  la  fit  leposer  ensuite  sur  la  tete  de  Jacob; 
II  eut  egard  a  lui  dans  ses  benedi6\ions; 

II  lui  donna  le  pays  en  heritage; 

II  en  fit  diverses  portions; 

Et  les  partagea  entre  les  douze  tribus. 


Ch.  XLV. 


CHAP.  XLV, —  Eloge  de  MoTse  [vers,  i  —  5], 

de  Phinees  [23  —  26]. 


d' Aaron  [6  —  22], 


L  a  fait  sortir  de  Jacob  un  homme  pieux, 
Qui  trouva  grace  aupres  de  toute  chair, 
Un  homme  aime  de  Dieu  et  des  hommes,  Moise  : 
Que  sa  mdmoire  soit  en  benediction! 

2  II  lui  a  donn^  une  gloire  egale  a  cello  des  saints, 

II  I'a  rendu  grand  par  la  terreur  qu'il  inspira  aux  ennemis. 

3  Par  sa  parole,  il  a  fait  cesser  les  prodiges; 
II  I'a  glorifie  devant  les  rois; 

II  lui  a  donne  des  commandements  pour  son  peuple, 
Et  il  lui  a  fait  voir  un  rayon  de  sa  gloire. 

4  A  cause  de  sa  foi  et  de  sa  mansuetude  il  I'a  consacre'; 
II  I'a  choisi  d'entre  tous  les  mortals. 

5  II  lui  a  fait  entendre  sa  voix, 
Et  I'a  introduit  dans  la  nuee; 

II  lui  a  donne  face  <\  face  ses  commandements, 
La  loi  de  la  vie  et  de  la  science, 
Pour  qu'il  enseignat  a  Jacob  son  alliance 
Et  ses  lois  a  Israel. 

6  II  a  eleve  a  la  saintete  Aaron,  semblable  h  lui, 
Son  fr^re,  de  la  tribu  de  Levi. 

7  II  conclut  avec  lui  une  alliance  dternelle, 
Et  lui  donna  le  sacerdoce  de  son  peuple; 
II  I'orna  d'une  splendide  parure, 

Et  le  ceignit  de  la  robe  de  gloire. 

8  II  le  revetit  d'une  souveraine  magnificence 
Et  lui  assigna  des  vetements  d'lionneur  : 
Les  caleqons,  la  longue  tunique  et  I'ephod. 

9  II  I'entoura  de  grenades  d'or, 

Avec  de  nombreuses  clochettes  a  I'entour, 
Qui  devaient  retentir  quand  il  marchait 
Et  faire  entendre  leur  son  dans  le  temple, 
Pour  avertir  les  fils  de  son  peuple. 
10  II  I'entoura  du  vetement  sacre, 

Tissu  d'or,  d'hyacinthe  et  de  pourpre; 

Du  rational  du  jugement,  avec  I'Urim  et  le  Thummim, 

Fait  de  fils  d'ecarlate  par  un  artiste  habile; 


qu'^  la  frontiere  septentrionale  de  I'Egypte. 
Cette  promesse  ne  fut  realisee  h  la  lettre 
qu'a  I'epoque  de  Salomon.  Dans  le  sens 
messianique,  les  extrniiitcs  de  la  ierrc  doi- 
vent  se  prendre  au  sens  le  plus  large. 

22.  Comp.  Gen.  xvii,  19;  xxvi,  4  sv. 

23.  //  la  fit :  la,  c.-a-d.  la  bcnediflion  et 
I'alliance.  En  latin,  tl cofijlr/iia  Valliance.  — 
Les  partagea  plus  tard,  par  le  ministere  de 
Josue;  niais  Dieu  avait  pose  la  base  de  cette 
division  en  donnant  douze  fils  .\  Jacob. 

Apres  ce  verset,  la  Vulgate  en  place  un 
autre  (le  276  dans  cette  version)  qui  appar- 


tient  au  chap.  suiv.,ou  on  le  trouvera;  il  est 
ainsi  congu  en  latin  :  Et  il  hii  a  conser%ic  des 
honuues  de  misnicorde  (pieux  :  voy.  vers.  10), 
Moise  et  Aaron,  qui  ofit  trouve grace  (faveur) 
anx yeiix  de  toute  chair,  de  tous  les  hommes. 

CHAP.  XLV. 

I.  La  Vulgate  commence  ce  chap,  par  le 
36  membre  :  voy.  la  note  de  xliv,  23.  — 
Que  sa  incmoire  :  formule  familiere  aux 
Juifs  quand  ils  pronongaient  le  nom  de  quel- 
que  personnage  venerable.  En  latin  :  do/it 
la  memoir e  est  en  bcnedifiion. 


LIBER  ECCLESIASTIC!.     Cap.  XLIV,  24—27;  XLV,  i— 12.        647 


a  mari  usque  ad  mare,  et  a  flumine 
usque  ad  terminos  terras.  24.  Et  in 
Isaac  eodem  modo  fecit  propter 
Abraham  patrem  ejus.  25.  Benedi- 
ctionem  omnium  gentium  dedit  illi 
Dominus,  et  testamentum  confir- 
mavit  super  caput  Jacob.  26.  Agno- 
vit  eum  in  benedictionibus  suis,  et 
dedit  illi  hereditatem,  et  divisit  illi 
partem  in  tribubus  duodecim.  27. Et 
conservavit  illi  homines  misericor- 
dias,  invenientes  gratiam  in  oculis 
omnis  carnis. 

— :;:—       CAPUT  XLV.      — =>— 

De  laudibus  Moysi,  Aaron,  et  Phinees  : 
de  congregatione  Core  interempta. 

ILECTUSDeo,ethomi- 
nibus  Moyses  :  "cujus 
memoria  in  benedictione 

^  est.  2.  Similem  ilium  fecit 

in  gloria  sanctorum,  et  magnificavit 
eum  in  timore  inimicorum,  et  in 
verbis  suis  monstra  placavit.^.^Glo- 
rificavit  ilium  in  conspectu  regum, 


et  jussit  illi  coram  populo  suo,  et 
ostendit  illi  gloriam  suam.  4.  "In 
fide  et  lenitate  ipsius  sanctum  fecit 
ilium,  et  elegit  eum  ex  omni  carne. 

5.  Audivit  enim  eum,  et  vocem 
ipsius,  et  induxit  ilium  in  nubem. 

6,  Et  dedit  illi  coram  prascepta,  et 
legem  vitae  et  disciplinae,  docere 
Jacob  testamentum  suum,  et  judi- 
cia  sua  Israel, 

7,  Excelsum  fecit  Aaron  fratrem 
ejus,  et  similem  sibi  de  tribu  Levi : 
8.  statuit  ei  testamentum  aeternum, 
et  dedit  illi  sacerdotium  gentis  :  et 
beatificavit  ilium  in  gloria,  9.  et  cir- 
cumcinxit  eum  zona  glorias,  et  in- 
duit  eum  stolam  glorias,  et  corona- 
vit  eum  in  vasis  virtutis.  10.  Cir- 
cumpedes,  et  femoralia, et  humerale 
posuit  ei,  et  cinxit  ilium  tintinna- 
bulis  aureis  plurimis  in  gyro, 
ii.'^dare  sonitum  in  incessu  suo, 
auditum  facere  sonitum  in  templo 
in  memoriam  filiis  gentis  suas. 
1 2.  Stolam  sanctam,  auro,  et  hya- 
cintho,  et  purpura,  opus  textile,  viri 
sapientis,  judicio  et  veritate  prasditi : 


'^Num.  12, 
3,  7.  Hebr. 
3.  2.  5- 


•^Exod.  28, 
35- 


2. Des  saints,  des  pretres  (comp.  vers.  24); 
d'autres,  des  anges;  ou  bien  des  patriarches 
nommes  phis  haut. 

3.  Pa)-  la  ■parole  de  Moise,  Dieu  a  fait 
cesserX^s  plaies  qui  desolaient  I'Egypte  {Exod. 
viii,  27;  ix,  33;  x,  19).  —  Les  rois  :  Pharaon; 
pluriel  de  categorie  qui  generalise  la  pen- 
see.  —  Pour  son  peiiple,  en  lat.  devant  son 
peuple  {Exod.  vi,  13).  —  U7i  rayoji,  litt.  de 
sa  gloire ;  en  lat.,  il  ltd  a  montrc  sa  gloii'e  : 
au  buisson  ardent  {Exod.  iii),  au  Sinai 
{Exod.  xxxiii,  11  sv.). 

4.  De  sa  viajisiietiide.  Comp.  Noinbr. 
^'')  3)  7-  —  I^  ^'^  choisi  se  rapporte  au 
ministere  de  Moise  comme  legislateur. 

5.  Liii  a  fait  entendre  sa  voix ;  &Vi.  latin, 
//  Pa  exaucc  et  a  entendu  sa  voix  :  le  tra- 
du(fteur  n'a  pas  compris  la  force  de  I'liiphil 
hebreu.  —  Dans  la  nicee  :  voy.  Exod.  xx,  21 ; 
xxiv,  15.  —  La  loi  qui  donne  la  vie.  Comp. 
Lev.  xviii,  5. 

6.  L'auteur  va  s'etendre  avec  une  com- 
plaisance marquee  sur  Aaron  (voy.  Exod. 
vi,  20;  iv,  14  sv.)  et  sur  la  gloire  du  sacer- 
doce  Idvitique.  —  Seniblable  a  li/i,  k  Moise. 

7.  Urie  alliance  e'ternelle  :  voy.  Exod. 
xxix,  g;  Nombr.  xxv,  13.  —  11  Vorna:  en  gr. 
et  en  lat.,  il  le  bcatifia :  il  y  avail  sans  doute 
en  hebreu  ie'azser,  vestivit,  que  le  traduc- 


teur  aura  lu  ie'ascher,  beattmi  fecit.  —  De  la 
robe,  en  lat.  d''une  ceinttire. 

8.  Lid  assig)ia  des  vetenients  d'ho?tneiir; 
litt.  le  fortifa,  saxcpetoaiv  :  il  y  avait  sans 
doute  en  hebr.  chizzaq,  qui  signifie  ceindre 
(lat.  coronavit)  Qt  fortifier  :  le  i^^'  sens  con- 
venait  mieux  ici.  —  D^honnenr,  en  grec 
la;(uo<;,  en  lat.  de  ptdssance  :  il  y  avait  en 
helDr.  OS,  qui  signifie  force,  mais  aussi  ina- 
giuficence,  splendetir.  D'autres,  et  il  Veta- 
blit  par  les  insignes  de  la  puissance. 

Sur  les  ornements  du  grand  pretre,  voy. 
Exod.  xxviii-xxix. 

9.  Grenades  d'or,  brochees  au  bas  de  la 
tunique.  —  Pour  les  avertir  de  I'entree  du 
grand  pretre  dans  le  sandluaire  et  les  invi- 
ter  a  la  priere  :  comp.  Exod.  xxviii,  35. 

10.  Du  vetenient  sacre,  I'ephod,  deja  men- 
tionne  vers.  8,  tissii  de  fils  d'or,  de  pourpre 
violette  et  de  poupre  rouge.  —  Du  rational : 
gr.  Aoyito  xpijito?,  o/iXot;  i'):(^t{'Xc,  :  du  ratio- 
nal du  jugenietit,  des  signes  de  la  vcrite. 
Ces  signes  de  la  verite  repondent  dans  les 
Septante  aux  mots  hebreux  Uritn  et  Thuin- 
mini;  voy.  Exod.  xxviii,  30.  Le  tradufteur 
latin  n'a  pas  compris  le  2^  membre,  qu'il 
rattache  au  i^r  :  {tissu)  par  un  homme  sage, 
doue  de  jugcment  et  dc  verite. 


648 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLV,  11—24. 


1 1  Avec  des  pierres  precieuses,  gravees  comme  les  cachets, 
Et  enchass^es  dans  I'or  par  un  lapidaire, 

Pour  etre  un  memorial,  des  noms  ^tant  Merits 
Selon  le  nombre  des  tribus  d'Israel. 

12  II  lui  mit  sur  la  tiare  la  couronne  d'or, 
Portant  ces  mots  grave's  :  Saint  du  Seigneur, 
Insigne  d'honneur,  ouvrage  parfait, 
D^lices  des  yeux,  parure  magnifique. 

13  Rien  de  pareil  n'a  ete  avant  lui  et  ne  sera  jamais; 
Aucun  etranger  ne  s'en  est  revetu,  mais  seulement  ses  fils, 
Et  ses  descendants  dans  toute  la  suite  des  ages. 

14  Ses  holocaustes  seront  offerts 

Deux  fois  chaque  jour  sans  interruption. 

15  Moise  lui  remplit  les  mains 
Et  I'oignit  de  I'huile  sainte; 

Ce  fut  pour  lui  une  alliance  eternelle, 

Et  pour  sa  race,  tant  que  dureront  les  jours  du  ciel, 

Pour  qu'il  fit  le  service  du  Seigneur  et  remplit  les  fondions  du  sacerdoce, 

Et  bdnit  son  peuple  en  son  nom. 

16  Le  Seigneur  le  choisit  parmi  tons  les  vivants. 
Pour  lui  presenter  I'offrande, 

Le  parfum  et  la  suave  odeur  en  souvenir, 

Et  pour  faire  I'expiation  des  peches  de  son  peuple. 

17  II  lui  donna  dans  ses  commandements 
Autorite  sur  les  saintes  ordonnances, 
Pour  apprendre  a  Jacob  ses  preceptes 
Et  donner  a  Israel  I'intelligence  de  sa  loi. 

18  Des  etrangers  s'eleverent  contre  lui 
Et  furent  jaloux  de  lui  dans  le  desert  : 

Les  hommes  attaches  au  parti  de  Dathan  et  d'Abiron, 
Et  la  bande  de  Core,  ardente  et  furieuse. 

19  Le  Seigneur  le  vit  et  n'y  eut  pas  plaisir, 

Et  ils  furent  extermines  dans  I'ardeur  de  sa  colere; 

II  fit  contre  eux  des  prodiges, 

II  les  consuma  par  un  feu  devorant. 

20  Et  il  augmenta  la  gloire  d'Aaron, 
Et  lui  assigna  un  heritage  : 

II  leur  donna  en  partage  les  premices  des  fruits  de  la  terre; 
Avant  tout  il  prepara  le  pain  pour  les  rassasier. 

21  Ils  se  nourrissent  des  offrandes  du  Seigneur, 

De  celles  qu'il  donna  a  Aaron  et  a  ses  descendants. 

22  Seulement  il  n'a  pas  d'heritage  dans  la  terre  du  peuple, 
Et  il  n'a  pas  de  part  au  sein  de  la  nation, 

Car,  dit  le  Seigneur,  "  je  serai  ta  part  et  ton  heritage. " 

23  Phinees,  fils  d'Eleazar,  est  le  troisit-me  en  gloire, 

En  ce  qu'il  montra  du  zele  dans  la  crainte  du  Seigneur, 

Et  que,  dans  la  defecftion  du  peuple,  il  demeura  ferme  dans  le  noble  courage  de  son  ame, 

Et  fit  I'expiation  pour  Israel. 

24  C'est  pourquoi  fut  conclue  avec  lui  une  alliance  de  salut, 
Qui  le  fit  chef  des  pretres  et  de  son  peuple, 

Afin  que,  dans  tons  les  ages,  I'auguste  dignite  du  sacerdoce 
Appartint  a  lui  et  a  ses  descendants, 


11.  Des  noins,  les  noms  des  12  tribus,  un 
sur  chaque  pierre. 

12.  La  couroiuie  d'or,  lame  d'or  en  forme 
de  croissant. 

14.  Un  agneau  etait  offert  en  holocauste 
deux  fois  chaque  jour,  le  matin  et  le  soir 
{Exod.  xxix,  38  sv.). 


15.  Ltd  remplit  les  mains,  mit  sur  ses 
mains  les  offrandes  prescrites  pour  la  c(fre- 
monie  de  la  consecration;  c'est  comme  s'il 
y  avait  :  lui  confera  le  sacerdoce.  Comp. 
Jixod.  xxviii,  41;  LezK  viii,  2  sv.  —  Tant  que 
dureront,  etc.  :  ce  qui  est  vrai  si  Ton  n'ou- 
blie  pas  que  le  sacerdoce  d'Aaron  ^tait  la 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLV,  13—30.^ 


649 


13.  torto  cocco  opus  artificis,  gem- 
mis  pretiosis  figuratis  in  ligatura 
auri,  et  opere  lapidarii  sculptis  in 
memoriam  secundum  numerum  tri- 
buum  Israel.  14.  Corona  aurea  su- 
per mitram  ejus  expressa  signo  san- 
ctitatis,  et  gloria  honoris  :  opus  vir- 
tutis,  et  desideria  oculorum  ornata. 
15.  Sic  pulchra  ante  ipsum  non  fue- 
runttaliausqueadoriginem.i6.Non 
est  indutus  ilia  alienigena  aliquis, 
sed  tantum  filii  ipsius  soli,  et  nepo- 
tes  ejus  per  omne  tempus.  17.  Sacri- 
ficia  ipsius  consumpta  sunt  igne 
quotidie.  18,  ''Complevit  Moyses 
manus  ejus,  et  unxit  ilium  oleo  san- 
cto.  19.  Factum  est  illi  in  testamen- 
tum  asternum,  et  semini  ejus  sicut 
dies  coeli,  fungi  sacerdotio,et  habere 
laudem,etglorificare  populum  suum 
in  nomine  ejus.  20.  Ipsum  elegit  ab 
omni  vivente,  offerre  sacrificium 
Deo,  incensum,  et  bonum  odorem, 
in  memoriam  placare  pro  populo 
suo  :  21.  et  dedit  illi  in  prasceptis 
suis  potestatem,  in  testamentis  judi- 
ciorum,  docere  Jacob  testimonia, 
et  in  lege  sua  lucem  dare  Israel. 


22.  -^Quia  contra  ilium  steterunt 
alieni,  et  propter  invidiam  circum- 
dederunt  ilium  homines  in  deserto, 
qui  erant  cum  Dathan  et  Abiron, 
et  congregatio  Core  in  iracundia. 

23.  Vidit  Dominus  Deus,  et  non 
placuit  illi,  et  consumpti  sunt  in 
impetu  iracundias,  24.  Fecit  illis 
monstra,  et  consumpsit  illos  in 
flamma  ignis.  25.  Et  addidit  Aaron 
gloriarn,  et  dedit  illi  hereditatem,  et 
primitias  frugum  terras  divisit  illi. 
26.  Panem  ipsis  in  primis  paravit 
in  satietatem  :  nam  et  sacrificia  Do- 
rnini  edent,  quae  dedit  iHi,et  semini 
ejus.  27.  Ceterum  in  terra  gentes 
non  hereditabit,  et  pars  non  est  illi 
in  gente  :  ipse  est  enim  pars  ejus,  et 
hereditas. 

28. '^Phinees  filius  Eleazari  ter- 
tius  in  gloria  est,  imitando  eum  in 
timore  Domini  :  29.  et  stare  in  re- 
verentia  gentis  :  in  bonitate  et  ala- 
critate  animas  suae  placuit  Deo  pro 
Israel.  30,  Ideo  statuit  illi  testamen- 
tum  pacis,  principem  sanctorum 
et  gentis  suas,  ut  sit  illi  et  semini 
ejus  sacerdotii  dignitas  in  asternum. 


^Num.  16, 
I.  3- 


■?■  Num.  25, 
7.  I  Mach. 
2,  26.  54. 


figure  de  celui  de  J.-C.  —  Remplir  les  fonc- 
tions  du  sacerdoce;  en   latin,  loner  le  Sei- 


gneiir. 


16.  En  souvenir,  ou  e7i  holocaiiste  :  cette 
oblation,  brulee  sur  I'autel,  avait  pour  but 
de  rappeler  k  Dieu  le  souvenir  d'Israel. 

17.  Les  saintes  ordonnattces ;  litt.,  les 
alliajices  du  droit,  le  droit  contenu  dans 
I'alliance  :  meme  expression  xxxviii,  33. 

Sur  le  pouvoir  confie  au  grand  pretre 
d'interpreter  et  d'enseigner  la  loi,  voy.  Dent. 
xvii,  8-1 1. 

18.  Voy.  Nojnbr.  xvi;  Ps.  cvi,  17.  Des 
e'trangers  h.  la  famille  privilegiee,  en  hebr. 
zeriin.  Fritzsche  trouvant  ce  mot  un  peu 
faible  soupconne  qu'il  y  avait  en  hebr. 
sedi/n,  des  Jioinnies  teineraires,  d'une  audace 
impie. 

20.  Un  heritage  :  on  sait  que  la  tribu  de 
Levi  ne  regut,  sauf  quelques  villes  dissemi- 
nees  dans  le  pays,  aucune  portion  de  terri- 
toire.  Dieu  pourvut  a  sa  subsistance  en 
assignant  a  ses  membres  certaines  redevan- 
ces,  premices,  dimes,  et  une  part  dans  les 
sacrifices  et  les  oblations.  —  //  leur  (en  lat. 
lui)  donna,  a  Aaron  et  a  ses  descendants, 
aux  pretres  et  aux  Idvites.  —  Le  pain  :  pro- 


bablement  les  pains  d&  propositiofi  {Exod. 
XXV,  30),  qui  ne  pouvaient  etre  manges  que 
par  les  pretres  et  les  levites. 

22.  Dit  le  Seigneur  :  voy.  Nombr.  xviii,  20. 

23.  Le  troisieiiie,  apres  Moise  et  Aaron. 
Eleazar,  fils  dAaron,  lui  avait  succed^ 
comme  grand  pretre ;  mais  comme  il  ne 
joua  pas  un  role  preponderant  dans  I'his- 
toire  de  la  nation,  I'auteur  le  neglige.  —  // 
Diontra  du  zele;  en  lat.,  en  Piniifant,  sans 
doute  Aaron.  —  Dans  la  crainte,  au  service 
du  Seigneur.  —  Dans  la  defe^ion,  (en  gr. 
hi  TpoTr-?i),  I'apostasie  die  peuplc,  lorsqu'il  prit 
part  aux  sacrifices  idolatricjues  des  Madia- 
nites  en  I'honneur  de  Beelphegor  {Nombr. 
xxv).  Le  tradufteur  latin  ayant  lu  suxpoTr^ 
met  in  reverentia;  si  Ton  interprete  ce  mot 
par  houte,  on  aura  a  peu  pres  le  meme  sens 
qu'en  grec. 

24.  Des  pretres,  litt.  des  saints.  Lire  en 
gr.  TTpoataTs'iv  au  lieu  de  Trpojtax'/jv,  et  Xaou 
au  lieu  de  Xxip.  —  Dans  tous  les  ages  :  ces 
mots  ne  doivent  pas  se  prendre  dans  un 
sens  trop  absolu;  le  pontificat  resta  assez 
longtemps  dans  la  famille  de  Phinees,  mais 
il  en  sortit  par  intervalles,  pour  passer  dans 
une  autre  branche  de  la  posterite  d'Eleazar. 


650 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLV,  25,  26;  XLVI,  i  — 11. 


25  De  meme  qtce  I'alliance  avec  David,  fils  de  Jess^,  de  la  tribu  de  Juda, 
Fit  passer  I'heiitage  du  royaume  seulement  de  fils  en  fils, 

De  ineine  aussi  I'heritage  d'Aaron  appartient  \  ses  descendants. 

26  Que  le  Seigneur  vous  donne,  0  grands pritres,  la  sagesse  dans  votre  coeur. 
Pour  juger  son  peuple  dans  la  justice, 

Afin  que  sa  prosperite  ne  disparaisse  pas, 
Ni  sa  gloire  dans  les  ages  futurs! 


CHAP.   XLVI. 


Chap. 
XLVI. 


Josue  et  Caleb  [vers,  i  — 10].  Les  Juges  [11  — 12]. 
Samuel  [13  —  20]. 


|L  fut  vaillant  a  la  guerre  Josue,  fils  de  Nun, 
Qui  succeda  k  Moise  dans  la  dignite  de  prophete, 
Et  qui,  verifiant  son  nom, 

Se  montra  grand  dans  la  delivrance  des  clus  du  Seigneur, 

Pour  chatier  les  ennemis  souleves, 

Afin  de  mettre  Israel  en  possession  du  pays. 

2  De  quelle  gloire  il  se  couvrit  lorsqu'il  leva  son  bras 
Et  etendit  son  ep^e  contre  les  villes ! 

3  Qui  jamais  avant  lui  soutint  tant  de  combats, 
Quand  le  Seigneur  lui-meme  amenait  les  ennemis? 

4  Le  soleil,  k  sa  parole,  n'a-t-il  pas  retrograde, 

Et  un  seul  jour  ne  fut-il  pas  pareil  a  deux  jours? 

5  II  invoqua  le  tres  haut  Souverain 
Pendant  qu'il  pressait  I'ennemi  de  tous  cotes, 
Et  le  Seigneur  tout-puissant  I'entendit. 

6  Avec  des  pierres  de  grele  d'une  grande  force 
Le  Seigneur  fondit  sur  la  nation  hostile, 

Et  fit  perir  les  adversaires  dans  le  defile, 

Afin  que  les  nations  idolatres  connussent  toutes  les  armes  de  Josue, 

Et  que  la  guerre  qu'il  soutenait  ^tait  devant  le  Seigneur, 

Car  il  suivait  la  volontd  du  Tout-Puissant. 

7  Dejk  aux  jours  de  Moise  il  avait  montre  sa  pi^te, 
Lui  et  Caleb,  fils  de  Jdphone, 

En  tenant  ferme  contre  I'ennemi, 

En  empechant  le  peuple  de  pdcher, 

Et  en  faisant  taire  le  murmure  des  mediants. 

8  Aussi  ces  deux  hommes  furent-ils  seuls  conserves 
De  six  cent  mille  hommes  de  pied, 

Pour  etre  introduits  dans  I'heritage, 
Dans  la  terre  ou  coulent  le  lait  et  le  miel. 

9  Et  le  Seigneur  donna  la  vigueur  a  Caleb, 
Et  elle  lui  resta  jusqu'a  la  vieillesse, 

De  sorte  qu'il  put  monter  sur  les  sommets  de  la  region; 
Et  que  sa  posterite  conserva  cet  heritage  : 

10  Afin  que  tous  les  enfants  d'lsraiil  reconnussent 
Qu'il  est  bon  de  servir  le  Seigneur. 

11  Et  les  Juges,  quel  que  soit  le  nom  de  chacun, 

Tous  ceux  dont  le  canir  ne  s'est  pas  adonne  a  la  fornication, 
Tous  ceux  qui  ne  se  sont  pas  detournes  du  Seigneur, 
Que  leur  mdmoire  soit  en  benedidlion  ! 


25.  Comparaison  entre  I'heredite  royale 
etablie  dans  la  famille  de  David,  et  I'heredite 
pontificale  etablie  dans  la  famille  d'Aaron. 

Le  texte  de  ce  verset  a  beaucoup  souffert; 
le  3e  membre  manque  completement  en 
latin.  Meme  en  grec,  il  est  probable  que  le 
i^""  terme  de  la  comparaison  ayant  deux  he- 
mistiches, le  2^,  qui  se  rapporte  h  I'heritage 
du  pontifical,  en  avait  egalement  deux,  que 
Ton  peut  supposer  ainsi  congus  :  de  ineinc 


Valliance,  le  pacfle  fait  avec  Phinces,  fils 
d''Elcazar,  a  fait  passer  a  ses  descendants 
P heritage  d'' Aaron. 

26.  Voeu  de  I'auteur  pour  les  grands  pre- 
tres.  Comp.  II  Macch.  iv,  14. 

Le  latin  n'ayant  pas  le  3^  membre  du 
vers.  25  reunit  en  un  seul  les  vers.  25  et  26, 
d'ou  il  resulte  que  la  partie  qui  correspond 
au  vers.  26  du  grec  presente  une  certaine 
confusion. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLV,  31;  XLVI,  i— 14. 


651 


31.  Et  testamentum  David  regi 
filio  Jessae  de  tribu  Juda,  hereditas 
ipsi  et  semini  ejus,  ut  daret  sapien- 
tiam  in  cor  nostrum  judicare  gentem 
suam  in  justitia,  ne  abolerentur 
bona  ipsorum,  et  gloriam  ipsorum 
in  gentem  eorum  asternam  fecit, 

— *—     CAPUT  XLVI.     — *— 
Laudes  Josue,  Caleb,  et  Samuelis. 

ORTIS  in  bello  Jesus 
Nave  successor  Moysi  in 
prophetis,  qui  fuit  ma- 
gnus  secundum  nomen 
suum,  2.  maximus  in  salutem  ele- 
ctorum  Dei,  expugnare  insurgentes 
hostes,  ut  consequeretur  heredita- 
tem  Israel.  3.  Quam  gloriam  ade- 
ptus  est  in  tollendo  manus  suas,  et 
jactando  contra  civitates  romphasas? 

4.  Quis  ante  ilium  sic  restitit?  Nam 
hostes     ipse     Dominus     perduxit. 

5.  "An  non  in  iracundia  ejus  impe- 
ditus  est  sol,  et  una  dies  facta  est 
quasi  duo?  6.  Invocavit  Altissimum 
potentem  in  oppugnando  inimicos 
undique,  et  audivit  ilium  magnus  et 


sanctus  Deus  in  saxis  grandinis  vir- 
tutis  valde  fortis.  7.  Impetum  fecit 
contra  gentem  hostilem,  et  in  de- 
scensu  perdidit  contrarios,  8.ut  co- 
gnoscantgentespotentiam  ejus,  quia 
contra  Deum  pugnare  non  est  fa- 
cile. Et  secutus  est  a  tergo  potentis : 
9.  *et  in  diebus  Moysi  misericor- 
diam  fecit  ipse,  et  Caleb  filius  Je- 
phone,  stare  contra  hostem,  et  pro- 
hibere  gentem  a  peccatis,  et  perfrin- 
gere  murmur  malitias.  10.  Et  ipsi 
duo  constituti,  a  periculo  liberati 
sunt  a  numero  sexcentorum  mil- 
lium  peditum,  inducere  illos  in  he- 
reditatem,  in  terram,  quas  manat 
lac  et  mel,  11.  Et  dedit  Dominus 
ipsi  Caleb  fortitudinem,  et  usque  in 
senectutem  permansit  illi  virtus,  ut 
ascenderet  in  excelsum  terras  locum, 
et  semen  ipsius  obtinuit  heredita- 
tem  :  12,  ut  viderent  omnes  filii 
Israel  quia  bonum  est  obsequi  san- 
cto  Deo. 

13.  Et  judices  singuli  suo  nomine, 
quorum  non  est  corruptum  cor  : 
qui  non  aversi  sunt  a  Domino,  14.  ut 
sit  memoria  illorum  in  benedictione, 
et  ossa  eorum  pullulent  de  loco  suo, 


*  Num. 
6. 


14. 


CHAP.  XLVI  . 

1.  Profhete,  dans  le  sens  large  :  inter- 
prete  et  ex^cuteur  des  volontes  divines, 
comme  I'avait  ete  Moise  {Dent,  xviii,  15). 
—  So7t  noin,  qui  exprime  I'idee  de  sahtt,  de 
sauvetir,  litt.  Jeliovah  saimeiir. 

2.  //  leva  soft  bras  :  geste  de  menace.  — 
Les  villes  chananeennes. 

3.  Ame/iait  les  entteinis,  les  faisait  surgir 
en  grand  nombre,  ce  qui  resultait  precise- 
ment  de  la  marche  vicftorieuse  de  Josue. 

4.  A  sa  parole,  hi  X^ipt,  par  sa  fnai;i,  par 
lui;  en  lat'm, />arsa co/ere,  par  I'emportement 
de  son  ardeur.  —  Relrograde,  avsTroStaEv  • 
le  cod.  Vat.  suivi  par  la  V^ulgate  porte  £v- 
£7ro3iff6-fi,  fut  arrete,  ce  qui  se  rapproche 
de  I'expression  du  livre  de  Josue  (x,  12  sv.), 
stetit. 

5.  Au  lieu  de  at/Ttov,  apres  er.rjxouasv,  lire 
K'jxou  (cod.  Alex.  Vulg.  etc.). 

6.  Avec  des  pierres  de  grele  dhi7te  grandc 
force  :  on  peut  aussi,  avec  le  cod.  Vat.  suivi 
par  la  Vulg.  joindre  ces  mots  a  ce  qui  pre- 
cede :  Ventendit,  I'exauca,  avec  (en  Ian  cant) 
des  pierres,  etc.  —  -  Nation  hostile  :  lire 
T.oliiJ'.o'j  au  lieu  de  iroAEaov, — Dans  le  defile 


de  Bethoron  {Jos.  x,  11).  —  Toiites  les  armes 
de  Josue,  en  lisant  auxou  (cod.  Vat.  auTwv, 
des  Israelites)  :  savoir,  que  Josue  n'avait  pas 
seulement,  pour  combattre,  I'epee  et  les 
autres  armes  humaines,  mais  que  Dieu  met- 
tait  a  sa  disposition  les  elements  de  la  na- 
ture physique,  comme  la  grele.  —  Devant 
le  Seigneur,  sous  ses  yeux,  et  naturellement 
avec  son  secours.  —  //  suivait  la  volontc  : 
voy.  Jos.  xiv,  9. 

7.  Aux  jours  de  Moise  :  voy.  Nomhr.  xiii, 
14,  30.  —  IJennemi,  les  Chananeens.  —  Le 
viurnmre  des  Hebreux  qui,  effrayes  par  la 
relation  des  espions,  demandaient  a  retour- 
ner  en  Egypte. 

8.  De  600  inille  hofnmes  condamnes  a  pe- 
rir  dans  le  desert. 

En  latin,  inducere  illos  est  pour  ita  ut 
Deus  induceret  eos. 

9.  Donna  la  vigiceur  :  voy.  Jos.  xiv,  16  sv. 
—  Monter  sur  les  sommets  de  la  region,  la 
montagne  de  Juda  autour  d'Hebron,  et  en 
faire  la  conquete. 

1 1.  Quel  que  soil  le  novi  de  chacun  :  I'au- 
teur  ne  veut  en  nommer  aucun  en  particu- 
lier.  —  A  la  fornication,  ^  I'idolatrie  :  la 


652         L'ECCLfiSIASTIQUE.     Chap.  XLVI,  12—20;  XLVII,  1—8. 


Chap. 
XLVai. 


12  Que  leurs  os  refleurissent  dii  sein  de  leur  tombeau  ! 

Que  leur  nom  se  renouvelle  dans  des  erifants  heritiers  de  leur  gloire! 

13  Samuel  fut  aime  du  Seigneur  son  Dieu; 
Prophete  du  Seigneur,  il  a  etabli  la  royaute, 

Et  il  a  oint  des  princes  pour  commander  h  son  peuple. 

14  11  a  juge  la  nation  selon  la  loi  du  Seigneur, 

Et  le  Seigneur  abaissa  sur  Jacob  un  regard  favorable. 

15  Par  sa  veracite  il  se  montra  prophete; 

A  la  surete  de  ses  oracles  on  reconnut  un  voyant  digne  de  foi. 

16  II  invoqua  le  Seigneur  souverain 

Lorsque  ses  ennemis  le  pressaient  de  toutes  parts, 
Et  il  offrit  un  agneau  encore  a  la  mamelle. 

17  Et  le  Seigneur  tonna  du  haut  du  ciel, 

II  fit  entendre  I'eclat  puissant  de  sa  voix, 

18  Et  il  ecrasa  les  chefs  des  Tyriens, 
Et  tous  les  princes  des  Philistins. 

19  Avant  d'entrer  dans  I'eternel  sommeil, 
Samuel  protesta  devant  le  Seigneur  et  son  Oint, 

Qu'il  n'avait  rien  requ  de  personne,  pas  meme  des  sandales, 
Et  aucun  homme  ne  se  leva  pour  I'accuser. 

20  Et  lorsqu'il  se  fut  endormi,  il  prophetisa, 
Et  il  annonga  au  roi  sa  fin  prochaine j 

Du  sein  de  la  terre  il  eleva  sa  voix  de  prophete, 
Afin  d'effacer  I'iniquite  du  peuple. 

CHAP.  XLVII. —  Nathan  et  David  [vers,  i  — 11];  Salomon  [12  —  22];  partage 
de  la  nation  en  deux  royaumes,  peche  et  chatiment  d'Ephraim  [23  —  25]. 

N SUITE  parut  Nathan, 

Pour  prophetiser  au  temps  de  David. 
2  Comme  la  graisse  est  s^paree  de  la  viclime  ofiferte  en  acflion  de  graces, 
Ainsi  David  a  ete  mis  a  part  parmi  les  enfants  d'Israel. 

3  II  joua  avec  les  lions  comme  avec  des  chevreaux, 
Avec  les  ours  comme  avec  de  jeunes  agneaux. 

4  Dans  sa  jeunesse  n'a-t-il  pas  tue  le  geant, 
Et  ote  Topprobre  du  peuple, 

Lorsqu'il  leva  la  main  pour  lancer  la  pierre  de  sa  fronde 
Et  abattit  I'insolence  de  Goliath? 

5  Car  il  invoqua  le  Seigneur,  le  Tres-Haut, 
Et  le  Seigneur  donna  la  force  .\  sa  droite, 
Pour  mettre  a  mort  le  puissant  guerrier. 
Pour  elever  la  corne  de  son  peuple. 

6  Aussi  on  le  celebra  k  cause  des  dix  mille. 
On  le  loua  a  cause  des  benedicflions  du  Seigneur, 
Et  on  lui  offrit  la  couronne  de  gloire. 

7  Car  il  dcrasa  les  ennemis  de  tous  cot^s, 
II  foula  aux  pieds  les  Philistins,  les  adversaires; 
II  brisa  leur  puissance  jusqu'ii  ce  jour. 

8  Dans  toutes  ses  entreprises,  il  rendit  hommage  au  Saint, 
11  chanta  le  Tres-Haut  de  tout  son  coeur  dans  des  hymnes  de  louange, 
Et  il  aima  Celui  qui  I'avait  fait. 


nation  israelite  etait  consideree  comme 
I'epouse  de  Jehovah.  —  Que  leur  meinoi- 
?Yy  le  mot  ///  de  la  Vulgate  n'est  pas  dans 
le  grec. 

12.  Que  leurs  os  refleurissent,  soit  par  le 
souvenir  de  leurs  vertus  conserve  dans  la 
mcmoire  des  hommes,  soit  plutot  par  une 
posterite  nombreuse  et  vertueuse.  —  Se  re- 
nouvelle, en  lat.  dciiieure. 

13.  Comp.  1  Sam.  viii,  x,  xvi.  —  II  a  eta- 


bli, en  lat.  //  a  renouvele.  —  Des  princes, 
Saiil  et  David. 

14.  Juge,  gouvern^  comme  juge. 

15.  Comp.  1.  Sam.  iii,  19  sv. 

La  Vulg.  traduit  le  2^  membre  :  et  il  fut 
reconnu  digne  de  foi  daiis  ses  oracles,  car  il 
vit  le  Dieu  de  lumiere. 

16.  Jl  ini'ogua  :  voy.  I  Sam.  vii,  9.  —  A 
la  ma?Jielle,  en  lat.  satis  tac/ie. 

18.  Des  Tyriens.  Le  livre  dt  Josu^  r\t  fait 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLVI,  15—23;  XLVII,  1—9.       653 


15.  et  nomen  eorum  permaneat  in 
aeternum,  permanens  ad  filios  illo- 
rum,  sanctorum  virorum  gloria. 

16.  Dilectus  a  Domino  Deo  suo 
Samuel  propheta  Domini,  renova- 
bit  imperium,  et  unxit  principes  in 
gente  sua.  17.  In  lege  Domini  con- 
gregationem  judicavit,  et  vidit  Deus 
Jacob,  et  in  fide  sua  probatus  est 
propheta.  18.  Et  cognitus  est  in 
verbis  suis  fidelis,  quia  vidit  Deum 

Reg.  7,     lucis  :  19.  "et  invocavit  Dominum 

^-  omnipotentem,  in  oppugnando  ho- 

stes  circumstantes  undique  in  obla- 
tione  agni  inviolati.  20.  Et  intonuit 
de  coelo  Dominus,  et  in  sonitu  ma- 
gno  auditam  fecit  vocem  suam, 
21.  et  contrivit  principes  Tyrio- 
rum,  et  omnes  duces  Philisthiim  : 

^eg.  12,  22.  "'et  ante  tempus  finis  vitas  suas 
et  sasculi,  testimonium  prasbuit  in 
conspectu  Domini,  et  Christi,  pe- 
cunias  et  usque  ad  calceamenta  ab 
omni  carne  non  accepit,  et  non  ac- 

ieg.  25,  cusavit  ilium  homo.  23.  "Et  post 
hoc  dormivit,  et  notum  fecit  regi, 
et  ostendit  illi  finem  vitas  suas,  et 
exaltavit  vocem  suam  de  terra  in 
prophetia  delere  impietatem  gentis. 


— :i:—     CAPUT  XLVII.     — :!:— 
Laudes  Nathan,  Davidis,  et  Salompnis. 

OST  hasc  surrexit  Nathan 
'propheta  in  diebus  Da- 
vid. 2.  Et  quasi  adeps  se- 
paratus  a  carne,  sic  David 
a  filiis  Israel.  3.  *Cum  leonibus  lusit 
quasi  cum  agnis  :  et  in  ursis  simili- 
ter fecit  sicut  in  agnis  ovium  in  ju- 
ventute  sua.  4.  "Numquid  non  occi- 
dit  gigantem,  et  abstulit  opprobrium 
de  gente.?  5.  In  tollendo  manum, 
saxo  fundas  dejecit  exsultationem 
Golias  :  6.  nam  invocavit  Dominum 
omnipotentem,  et  dedit  in  dextera 
ejus  tollere  hominem  fortem  in 
bello,  et  exaltare  cornu  gentis  suas. 
7.  ''Sic  in  decem  millibus  glorifica- 
vit  eum,  et  laudavit  eum  in  bene- 
dictionibus  Domini  in  offerendo  illi 
coronam  glorias  :  8.  contrivit  enim 
inimicos  undique,  et  exstirpavit 
Philisthiim  contrarios  usque  in  ho- 
diernum  diem:  contrivit  cornu  ipso- 
rum  usque  in  seternum,  9.  In  omni 
opere  dedit  confessionem  Sancto, et 


'^  2  Reg.  12, 
I. 


*  I  Reg.  17, 
34- 


'4  Reg,  17, 
49- 


■^  I  Reg.  18, 
7- 


aucune  mention  des  Tyriens  dans  cette 
guerre;  le  traducteur  grec  aura  lu  en  hebreu 
tsorini,  Tyriens^  au  lieu  de  tsarim,  ennemis. 

I  ().L'e'ternel soiiimeil^  le  sommeil  de  la  mort, 
appele  ainsi  dans  le  sens  large  de  longue  du- 
r^e.  —  II  protesta  :  voy.  I  Sa//i.  xii,  1-3.  — 
Des saHda/es,pour  des  objets  de  nulle  valeur. 

20.  Au  roi\  a  Saiil  :  allusion  a  I'evocation 
de  I'ame  de  Samuel  par  la  pythonisse  d'En- 
dor  sur  I'ordre  de  Saiil.  — A/in  d''effacer^  etc., 
de  maniere  que,  le  chatiment  subi,  Dieu  ne 
se  souvint  plus  des  iniquites  du  peuple.  D'au- 
tres  :  afin  de  faire  cesser  Piniqtdte  :  en  an- 
nongant  d'avance  le  chatiment  qui  allait  fon- 
dre  sur  Saiil  et  sur  le  peuple,  Samuel  prepa- 
rait  celui-ci  a  revenir  a  Dieu  et  a  le  servir 
plus  fidelement.  Comp.  I  Sam.  xxviii,  18  sv. 

CHAP.  XLVII. 

2.  Separee,  comme  la  partie  la  plus  pre- 
cieuse,  pour  ctre  brCdee  sur  I'autel  des  holo- 
caustes,  tandis  que  les  autres  parties  de  la 
vicftime  etaient  mangees  par  les  pretres  et 
par  ceux  qui  I'avaient  offerte. 

3.  Voy.  I  Sam.  xvii,  34.  II  joua,  expres- 
sion poetique  pour  :  il  lutta  contre  les  lions 
et  en  Iriompha  facilement. 


4.  Voy.  I  Sam.  xvii,  4  sv.  Dans  sa  jeu- 
nesse  ;  en  latin  ces  mots  sont  rattaches  au 
verset  precedent. 

5.  La  come,  la  puissance. 

6.  On.,  le  peuple  le  celebra  a  cause  des  dix 
mille  qu'il  ^tait  cense  avoir  tue  :  allusion 
au  mot  repete  par  les  Israelites  :  "  Saiil  en 
a  tue  mille,  et  David  dix  mille. "  I  Sain. 
xviii,  7.  —  Des  be'nediclions  que  Dieu  lui 
avait  accordees  en  lui  pretant  son  secours. 

—  La  ou  une  couronne  de  gloire,  de  grands 
honneurs;  ce  n'est  que  plus  tard,  apres  la 
mort  de  Saiil,  que  les  tribus  mirent  David 
a  leur  tete  (II  Sam.  v,  1-13). 

7.  II  foiila  aux  pieds;  en  latin,  il  aneantit. 
II  devait  y  avoir  en  hebreu  iabous,  que  le 
tradufleur  grec  a  rendu  un  peu  inexacfle- 
ment,  £;ou5£vtoj£.  — Jusqtc' ace  jour :  k  par- 
tir  de  David,  les  Philistins,  ces  antiques 
adversaires  d'Israel,  devinrent  et  resterent 
dans  la  suite  ses  tributaires.  Voy.  II  Sam. 
viii,  i;  xxi,  15  sv.  I  Rois.,  iv.  21. 

Les  mots  usque  in  celernutn  sont  une  ad- 
dition du  tradufleur  latin. 

8.  Hynmes  de  louange,  les  Psaumes.  — 
II  aima  :  comp.  Ps.  xviii,  i. 


654 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLVII,  9—23. 


9  II  etablit  des  chantres  devant  I'autel, 

Et  par  leur  voix  il  fait  entendre  de  douces  melodies, 
Et  chaque  jour  retentissent  des  hymnes  de  louange. 

10  II  donna  de  I'eclat  aux  fetes, 

Et  line  splendeur  souveraine  aux  solennitds, 

Pendant  que  les  chantres  celebrent  le  saint  nom  du  Seigneur 

Et  que,  des  le  matin,  ils  font  resonner  le  sandluaire, 

1 1  Le  Seigneur  lui  pardonna  ses  fautes, 
Et  il  eleva  pour  toujours  sa  puissance; 
II  lui  assura  une  descendance  de  rois, 
Et  le  trone  de  gloire  en  Israel. 

12  Apres  lui  s'eleva  un  fils  plein  de  sagesse; 

A  cause  de  son  pere,  il  ne  connut  pas  la  detresse. 

13  Salomon  regna  en  des  jours  de  paix, 

Dieu  lui  ayant  procure  le  repos  tout  autour, 
Afin  qu'il  batit  un  temple  a  son  nom, 
Et  priparat  un  san<5luaire  eternel. 

14  Comme  tu  etais  sage  dans  ta  jeunesse, 

Et  debordant  d'intelligence,  comme  un  fleuve! 

15  Ton  esprit  a  couvert  la  terre, 

Et  tu  I'as  remplie  de  sentences  au  sens  cache. 

16  Ton  nom  est  arrive  jusqu'aux  iles  lointaines, 
Et  tu  fus  aime  dans  ta  paix. 

17  Tes  cantiques,  tes  proverbes,  tes  paraboles 

Et  tes  reponses  ont  fait  I'admiration  du  monde. 

18  Au  nom  du  Seigneur  Dieu, 
Qui  est  appele  le  Dieu  d'Israel, 
Tu  as  amasse  Tor  comme  I'etain, 

Et  amoncele  I'argent  comme  le  plomb. 

19  Tu  t'es  livre  aux  femmes 

Et  tu  as  donne  puissance  sur  ton  corps. 

20  Tu  as  imprime  une  tache  a  ta  gloire, 
Et  tu  as  profane  ta  race, 

Et  ainsi  tu  as  attire  la  colere  sur  tes  enfants. 

21  Je  sens  une  cruelle  douleur  pour  ta  folic; 
Elle  a  ete  cause  que  I'empire  fut  partage 

Et  que  d'Ephraim  s'eleva  le  chef  d'un  royaume  rebelle. 

22  Mais  le  Seigneur  n'abandonnera  pas  sa  misericorde, 
Et  ne  fera  pdrir  aucune  de  ses  ceuvres; 

II  ne  detruira  pas  la  posterite  de  son  elu, 

Et  ne  fera  pas  disparaitre  la  race  de  celui  qui  I'aimait. 

II  a  laisse  a  Jacob  un  reste, 

Et  a  David  un  rejeton  de  sa  race. 

23  Salomon  se  reposa  avec  ses  peres, 

Et  il  laissa  apres  lui,  de  la  race  d'Ammon,un  insense, depourvu  de  prudence,  Roboam, 

Qui  fit  que  le  peuple  s'ecarta  de  ses  conseils, 

Et  Jeroboam,  fils  de  Nabat, 

Qui  entraina  Israel  dans  le  pechd 

Et  ouvrit  h  Ephraim  la  voie  de  la  prevarication. 


9.  II  fait  entoidi-e,  au  present  :  cette  ins- 
titution subsiste  encore.  —  Chaqiie  jour  : 
ce  3^  membre,  qui  ne  se  trouve  guere  que 
dans  une  citation  de  S.  Jerome  et  dans  le 
texte  de  la  polyglotte  d'Alcala,  parait  nean- 
moins  authentique. 

10.  Une  splendeur  souveraine;  le  latin 
ajoute  vitcc  apres  consumtnatioftein,  ce  cjui 
amfene  ce  sens  -.jusquW  la  Jin  de  sa  vie. 

11.  Pardonna  ses  fautes  :  voy.  II  Sani. 
,.  —  Sa  puissance ,  litt.  sa 


come.  —  //  lui  assura j  litt.,  //  ////  donna 
une  alliance,  I'engagement  que  les  rois  ses 
successeurs  descendraient  de  lui. 

12.  Uti  fits  plein  de  sagesse,  Salomon 
(I  Rois,  iv,  29).  —  A  cause,  en  considera- 
tion de  son  pcre  David,  il  ne  connut  pas  la 
dc'tresse,  il  habita  au  large,  sans  etre  gene 
par  ses  ennemis  :  hebraisme,  dont  le  tra- 
dutleur  latin  donne  a  peu  pres  le  sens  :  il 
abattit  foute  la  puissance  de  ses  ennemis. 

13.  A  son  /lo/n,  eu  son  honneur. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLVII,  10—29. 


655 


Excelso  in  verbo  glorias.  10.  De 
omni  corde  suo  laudavit  Dominum, 
et  dilexit  Deum,  qui  fecit  ilium  :  et 
dedit  illi  contra  inimicos  potentiam: 
1 1 .  et  stare  fecit  cantores  contra 
altare,  et  in  sono  eorum  dulces  fecit 
modos.  12.  Et  dedit  in  celebratio- 
nibus  decus,  et  ornavit  tempora  us- 
que ad  consummationem  vitas,  ut 
laudarent  nomen  sanctum  Domini, 
et  amplificarent  mane  Dei  sanctita- 
tem.  13.  'Dominuspurgavitpeccata 
ipsius,  et  exaltavit  in  asternum  cornu 
ejus  :  et  dedit  illi  testamentum  re- 
gni,  et  sedem  glorise  in  Israel. 

14.  Post  ipsum  surrexit  filius  sen- 
satus,  et  propter  ilium  dejecit  om- 
nem  potentiam  inimicorum.  1 5. ^Sa- 
lomon imperavit  in  diebus  pacis,  cui 
subjecit  Deus  omnes  hostes,  ut  con- 
deret  domum  in  nomine  suo,  et 
pararet  sanctitatem  in  sempiternum : 
quemadmodum  eruditus  es  in  ju- 
ventute  tua,  16.  ^et  impletus  es, 
quasi  flumen,  sapientia,  et  terram 
retexit  anima  tua.  17.  Et  replesti  in 
comparationibus  aenigmata  :  ad  in- 
sulas  longe  divulgatum  est  nomen 
tuum,  et  dilectus  es  in  pace  tua. 
18.  In  cantilenis,  et  proverbiis,  et 


comparationibus,  et  interpretationi- 
bus  miratae  sunt  terras,  1 9.  et  in 
nomine  Domini  Dei,  cui  est  cogno- 
men, Deus  Israel.  20.  ''Collegisti 
quasi  aurichalcum  aurum,  et  ut 
plumbum  complesti  argentum,2 1  .et 
inclinasti  femora  tua  mulieribus  : 
potestatem  habuisti  in  corpore  tuo, 
22.  dedisti  maculam.  in  gloria  tua, 
et  profanasti  semen  tuum  inducere 
iracundiam  ad  liberos  tuos,  et  inci- 
tari  stultitiam  tuam,  23.  ut  face- 
res  imperium  bipartitum,  'et  ex 
Ephraim  imperare  imperium  du- 
rum. 24.  Deus  autem  non  derelin- 
quet  misericordiam  suam,  et  non 
corrumpet,  nee  delebit  opera  sua, 
neque  perdet  a  stirpe  nepotes  electi 
sui  :  et  semen  ejus,  qui  diligit  Do- 
minum, non  corrumpet.  25.  Dedit 
autem  reliquum  Jacob,  et  David  de 
ipsa  stirpe. 

26.  Et  finem  habuit  Salomon  cum 
patribus  suis.  27.  Et  dereliquit  post 
se  de  semine  suo,  gentis  stultitiam, 
28.  et  imminutum  a  prudentia,  Ro- 
boam,  qui  avertit  gentem  consilio 
suo  :  29.  ^et  Jeroboam  filium  Na- 
bat,  qui  peccare  fecit  Israel,  et  dedit 
viam  peccandi  Ephraim,  et  plurima 


''  3  Reg. 
27. 


10, 


'■3  Reg. 
16. 


12, 


'  3  Reg. 
28. 


14.  Coinine  unfiettve  :  il  y  avait  sans  doute 
en  hdbr.  le  mot  ieo?-^  qui  designe  speciale- 
ment  le  Nil. 

IK.  A  convert  :  I'image  d'un  fleuve  qui 
deborde  continue. 

16.  lies  :  les  Hebreux  appelaient  ainsi 
les  contrees  riveraines  de  la  Mdditerranee. 
—  Dans  ta  paix,  a  cause  de  la  paix  que  tu 
donnais  a  ton  peuple  et  aux  nations  voisines. 

17.  Tcs  rJponses,  litt.  tes  interpretations, 
ton  habilete  a  resoudre  les  enigmes  et  en 
general  les  questions  difficiles. 

18.  Comp.  I  Rots,  X,  27;  II  Par.  i,  15. 
Au  noiii  die  Seigneur,  selon  sa  volonte  et 
avec  son  aide.  Le  1^  membre  fait  entendre 
pourquoi  Dieu  voulut  que  Salomon  acquit 
de  grandes  richesses. 

19.  Tu  fcs  livre,  litt.  inclinasti  later  a 
(Vulg.  femora)  tua.  —  Tu  as  donne'  puis- 
sance, en  supposant  en  hebreu  thaschelit ;  le 
traducfleur  grec  a  rendu  imparfaitement  ce 
mot  :  tu  as  etc  asservi  dans  ton  corps.  Dans 
la  Vulg.,  il  faudrait  mettre  dedisti  au  lieu 
de  habuisti. 

20.  Ta  race,  la  race  sainte  d'lsrael,  par 


ton  commerce  avec  des  femmes  etrangeres  : 
voy.  I  Rois,  ix,  i  sv. 

21.  n empire  partage,  schisme  des  dix 
tribus  (I  Rois,  xi,  31).  —  Le  chef  d'un 
royaume  rebelle  au  Seigneur,  a  raison  du 
culte  idolatrique  institue  par  Jeroboam,  le- 
quel  etait  de  la  tribu  d'Ephraim  (I  Rois,  xii, 
25  sv.). 

Dans  la  Vulg.,  le  i^r  membre,  rattache  au 
vers.  20,  presente  un  autre  sens  :  et  le  cha- 
timent  sur  ta  folic. 

22.  De  son  elu,  de  David  :  comp.  Ps. 
Ixxxix,  20.  —  Qui  Vaimait  :  comp.  vers.  8. 

—  A  Jacob,  au  peuple  Israelite,  un  reste,  le 
royaume  de  Juda,  le  veritable  Israel  durant 
le  schisme,  la  portion  du  peuple  de  Dieu  a 
laquelle  etait  attachee  la  conservation  du 
tout.  —  U7i  rejcton  de  ta  race;  litt.  de  luij 
probablement  de  Salomon,  et  ce  rejeton  est 
Roboam;  d'autres  :  de  David,  et  ce  rejeton 
designerait  coUectivement  sa  posterite. 

23.  Se  reposa,  mourut  :  voy.  I  Rois,  xi,  43. 

—  De  la  race  d' Amnion  :  Roboam  etait  fils 
de  Salomon  et  de  I'Ammonite  Naama.  Cette 
traducftion  suppose,  ce  qui  est  tres  vraisem- 


656       L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLVII,  24,  25;  XLVIII,  i— 13. 

24  Et  les  peches  des  Israelites  se  multiplierent  a  I'exces, 
En  sorte  qu'on  les  emmena  loin  de  leur  pays. 

25  lis  se  precipiterent  dans  toute  sorte  d'iniquites, 
Jusqu'a  ce  que  la  vengeance  vint  fondre  sur  eux. 


CHAP.   XLVIII. 


Chap. 
XLVIII. 


Elie  [vers,  i  — 11],  EHsee  [12  — 16],  Ezechias  et  Isaie 
[17  — xHx,  3]. 


NSUITE  se  leva  Elie,  prophete  semblable  au  feu, 
Et  sa  parole  etait  enflammee  comme  un  flambeau. 
2   U  fit  venir  la  famine  sur  Israel, 


Et  par  son  zele  il  le  reduisit  a  un  petit  nombre. 

3  Par  la  parole  du  Seigneur  il  ferma  le  ciel; 
De  meme  il  e7i  fit  trois  fois  tomber  le  feu. 

4  Combien  tu  t'es  rendu  glorieux,  6  Elie,  par  tes  prodiges, 
Et  qui  pourrait  se  vanter  d'etre  semblable  a  toi? 

5  Toi  qui  as  fait  lever  un  cadavre  du  sein  de  la  mort, 

Et  I'as  ramene  du  sejour  des  morts  par  la  parole  du  Tres-Haut; 

6  Toi  qui  as  precipite  des  rois  dans  la  ruine, 

Et  d'illustres  personnages  de  leur  couche  dans  la  mort; 

7  Toi  qui  as  entendu  sur  le  Sinai  le  jugement  dii  Seigneur, 
Et  sur  I'Horeb  I'arret  de  sa  vengeance; 

8  Toi  qui  as  sacre  des  rois  pour  exeixer  la  vengeance, 
Et  des  prophetes  pour  te  succeder; 

9  Toi  qui  fus  enleve  dans  un  tourbillon  de  flamme 
Et  dans  un  char  aux  chevaux  de  feu; 

10  Toi  qui  as  ete  designe  dans  de  severes  oracles  pour  des  temps  a  venir, 
Comme  devant  apaiser  la  colere  avant  qu'elle  s'enflamme, 
Ramener  le  coeur  du  pere  vers  les  enfants 

Et  retablir  les  tribus  d'Isracl. 

1 1  Heureux  ceux  qui  te  verront  et  qui  seront  pares  de  I'amour  de  Dieu! 
Car  nous  aussi  nous  serons  certainement  en  vie. 

12  Lorsque  Elie  cut  disparu,  enveloppe  dans  le  tourbillon, 
Elisee  fut  rempli  de  son  esprit. 

Durant  ses  jours  il  ne  fut  ebranle  par  aucun  prince, 
Et  personne  ne  le  domina. 

13  Rien  ne  lui  fut  impossible, 

Et  son  corps,  couch^  dans  le  tombeau,  fit  des  miracles. 


blable,  qu'il  y  avait  en  hebreu,  mizce'ra  am- 
nion. Le  grec,  comme  le  latin,  se  tradui- 
rait  :  et  il  laissa  apres  lui,  de  sa  race,  tot 
honiine  folic  de  la  nalion,  c.-a-d.  cause  de  la 
folic  de  son  peuple,  ou  bien  le  plus  sot  de 
son  peuple,  ei  dcpourvu  de  sens.  —  Qui  fit, 
par  sa  sotte  conduite,  que  Ic  peuple,  au  lieu 
de  se  soumettre  a  ses  caprices  et  a  ses 
exa<nions,  se  revolta  et  fit  un  schisme.  On 
traduit  ordinairement,  qui  par  ses  preten- 
tions et  ses  caprices  amena  un  schisme 
dans  la  nation.  —  Dans  le  pcchc  d'idola- 
trie  :  voy.  I  Rois,  xiv,  16,  al. 

24.  Des  Israelites,  des  habitants  du  royau- 
me  d' Israel.  —  Oti  les  eni/nena  captifs  en 
Assyrie  :  voy.  II  Rois,  xvii,  6  sv. 

25.  La  Vulg.  ajoute,  et  les  delivrer  de  tons 
Icurs  peches,  en  les  leur  faisant  expier  par 
le  repentir  et  le  chatiment. 


CHAP.   XLVIII. 

1.  Semblable  au  feu,  par  I'ardeur  de  son 
z^le. 

2.  Par  son  zele  pour  I'honneur  du  vrai 
Dieu.  —  A  un  petit  nombre,  au  nioyen  de 
la  famine  et  d'autres  chatiments  (I  Rois, 
xviii,  40). 

La  Vulg.  ajoute  :  carils  ne  pouvaient  pas 
supporter  les  preceptes  du  Seigncjir. 

3.  II  ferma  le  del,  pour  y  retenir  la  pluie  : 
Voy.  I  Rois,  xvii,  i. —  De  meme,  par  la  parole 
du  Seigneur  :  voy.  I  Rois,  xviii,  38;  II,  i, 
9-14. 

5.  Allusion  k  la  resurredlion  des  fils  de  la 
veuve  de  Sarepta  (I  Rois,  xvii,  20  sv.). 

6.  Des  rois,  Achab  (I  Rois,  xxi,  21)  :  plu- 
riel  emphatique.  —  D^illustres personnages: 
voy.  II  Rois,  i,  4,  16  sv.  Comp.  II  Par.  xi, 
IS,  19. 

7.  Elie  (itait  fugitif  sur  le  mont  Horeb 
lorsque  Dieu  lui  revela  le  chatiment  dont  il 


redundaverunt  peccata  ipsorum. 
30.  Valde  averterunt  illos  a  terra 
sua,  31.  Et  quassivit  omnes  nequi- 
tias  usque  dum  perveniret  ad  illos 
defensio,  et  ab  oninibus  peccatis 
liberavit  eos. 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLVII,  30,  31;  XLVIII,  1-14.     657 

tuum  ab  inferis  de  sorte  mortis  in 
verbo  Domini  Dei.  6.  Qui  dejecisti 
reges  ad  perniciem,  erconfregisti 
facile  potentiam  ipsorum,  et  glo- 
riosos  de  lecto  suo.  7.  Qui  audis  in 
Sina  judicium,  et  in  lioreb  judicia 
defensionis.  8.  Qui  ungis  reges  ad 
poenitentiam,  et  prophetas  facis  suc- 
cessores  post  te.  9. ''Qui  receptus  es 
in  turbine  ignis,  in  curru  equorum 
igneorum.  10.  Qui  scriptus  es  in 
judiciis  temporum  lenire  iracun- 
diam  Domini  :  'conciliare  cor  pa- 
tris  ad  filium,  et  restituere  tribus 
Jacob,  II.  Beati  sunt,  qui  te  vide- 
runt,  et  in  amicitia  tua  decorati 
sunt  :  12.  nam  nos  vita  vivimus 
tantum,  post  mortem  autem  non 
erit  tale  nomen  nostrum. 

i3,^Elias  quidem  in  turbine  te- 
ctus  est,  et  in  Eliseo  completus  est 
spiritus  ejus  :  in  diebus  suis  non 
pertimuit  principem,  et  potentia 
nemo  vicit  ilium  :  14.  nee  superavit 
ilium  verbum  aliquod  ^et  mortuum 


— :i:—     CAPUT   XLVIII.     — :i:— 

Laudes  Elije,  Elisei,  Ezechiae,  et  Isaia;, 
quorum  oratione  Deus  liberavit  Israel  ab 
exercitu  Sennacherib. 


T  surrexit  Elias  propheta, 
'quasi  ignis,  et  verbum 
ipsius  quasi  facula  arde- 
bat.  2.  Oui  induxit  in  il- 
los  tamem,  et  irritantes  ilium  mvi- 
dia  sua  pauci  facti  sunt  :  non  enim 
poterantsustinereprascepta  Domini. 
3,  *  Verbo  Domini  continuit  coelum, 
et  dejecit  de  coelo  ignem  ter  :  4.  sic 
amplificatus  est  Elias  in  mirabilibus 
suis.  Et  quis  potest  similiter  sic  glo- 
riari  tibi.^    C.  "Oui   sustulisti   mor- 


allait  frapper  Achab  et  ses  sujets    :  voy. 

I  /^ois,  xiv,  1-18. 

8.  Sacnf,  peut-etre  dans  le  sens  large, 
designe  des  rots,  Hasael  pour  la  Syrie,  J^hu 
pour  Israel. —  Voy.  I  Rots,  xix,  15  sv.  Comp. 

II  Rois,  ix,  I  sv.  — La  vengeance  centre  le 
royaume  d' Israel.  —  Des  prophetes  :  Eli  see. 

9.  Voy.  II  Rois,  ii.  11. 

10.  Dans  de  sevcres  oracles,  litt.  des  aver- 
tissciiients,  des  reprochesj  il  s'a*it  de  la  pro- 
phetic de  Malachie  (iv,  5  sv.).  D'autres, 
pour  donner  des  averiissetnents.  —  Les 
temps  a  venir  sont  ceux,  non  du  premier 
avenement  du  Messie,  mais  du  second.  De 
meme  que  Jean-Baptiste  eut  pour  mission 
de  disposer  les  Juifs  de  son  temps  a  recon- 
naitre  Jesus-Christ  {Ltic,  i,  17),  ainsi  Elie 
doit  revenir  a  la  fin  du  monde  pour  remplir 
une  mission  semblable  aupres  des  Juifs  de 
cette  epoque,  et  les  convertir  a  la  religion 
chretienne.  —  Avant  qiCelle  s' enflanuiie  et 
fasse  tomber  sur  les  Juifs  incrddules  un  cha- 
timent  irremediable.  —  Le  ccvur  du  pere, 
dans  Malachie,  les  ca'iirs  des  peres,  des  an- 
ciens  patriarches,  que  notre  auteur  resume 
tous  en  un  seul,  Abraham.  Sens  :  pour  faire 
cesser  I'eloignement  que  I'on  suppose  exister 
entre  patriarches  pieux  et  fideles  et  les  Juifs 
degeneres  des  derniers  temps,  et  cela  en 
faisant  revivre  les  sentiments  des  premiers 
dans  les  coeurs  des  seconds. 


11.  Ce  verset  est  tres  difficile,  et  les  an- 
ciennes  versions  Font  diversement  rendu. 
Fritzsche,  qui  entend  tout  ce  passage  d'un 
prochain  retour  d'Elie  pour  reconstituer  la 
nation  juive  telle  qu'elle  etait  sous  David  et 
Salomon,  prete  a  I'auteur  I'espoir  de  vivre 
assez  longtemps  pour  voir  cet  heureux  eve- 
nement :  heureux  ceux  qui,  comme  nous,  (e 
verronl  k  ton  retour,  et  qui  seront  pleux  et 
fideles  au  Seigneur,  car  noics  aussi  nous 
serons  en  vie,  et  nous  aurons  part  aux  bene- 
di(flions  de  ces  temps  nouveaux.  Peut-etre 
le  texte  grec  est-il  altere,  ou  traduit-il  inexac- 
tement  I'hebreu  primitif.  Vulgate  :  Heureux 
ceux  qui  i'ont  vii  et  ont  ete  honor  es  de  ion 
aniltlc!  Car  nous  ne  vlvotis  que  le  temps  de 
notre  vie,  et  apres  la  niort  nous  n'aurons 
point  un  par  ell  nom. 

12.  Lorsque  :  au  lieu  de  6'^  il  eut  fallu  en 
grec  w?;  il  devait  yavoir  en  hebreu  kdascher, 
et  non  ascher.  —  La  particule  et  qui  com- 
mence le  2e  membre  marque  I'apodose,  et 
pourrait  se  traduii'e  par  alors.  —  Ebranle, 
effraye,  intimide.  Voy.  II  Rois,  iii,  14; 
vi,  16,  .32;  viii,  10,  al. 

13.  Rien,  aucune  chose;  on  sait  cjue  I'he- 
breu dabar  (Xoyo;,  verbtcm)  a  souvent  ce 
sens.  —  Fit  des  miracles,  litt.  prophetisa,  fit 
oeuvre  de  prophete,  ressuscita  un  mort 
(II  Rois,  xiii,  21). 


4  Reg 


■Mai.  4,  6. 


J" ^  Reg.  2, 
II. 


?-4Reg.i3, 
21. 


NO  23  —  LA  SAINTE  BIBLE.  TOME  (V.   —  42 


658        L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLVIII,  14—24;  XLIX,  1—5. 

14  Pendant  sa  vie  il  fit  des  prodiges,"^ 

Et  dans  sa  mort  il  opera  des  merveilles. 

15  Malgre  tout  cela,  le  peuple  ne  se  repentit  point, 
Et  ne  s'dloigna  pas  du  pech.6, 

Jusqu'a  ce  qu'il  fut  emmene  loin  de  son  pays 

Et  disperse  par  toute  la  terre. 

II  ne  resta  qu'un  petit  peuple, 

Avec  un  chef  de  la  maison  de  David. 

16  Parmi  ceu.x-ci,  quelques-uns  firent  ce  qui  est  agreable  a  Dieie, 
Et  d'autres  multiplierent  les  transgressions. 

17  Ezechias  fortifia  sa  ville 

Et  amena  dans  son  enceinte  le  Gihon; 

Avec  le  fer  il  creusa  le  roclier 

Et  construisit  des  reservoirs  pour  les  eaux. 

18  De  son  temps  Sennacherib  monta, 
Et  envoya  Rabsaces;  celui-ci  partit 
Et  leva  la  main  contre  Sion, 

Et  dans  son  orgueil  prononga  des  paroles  de  ja(ftance. 

19  Alors  les  coeurs  et  les  mains  tremblerent, 

Et  ils  furent  dans  la  douleur  comme  les  femmes  dans  I'enfantement. 

20  lis  invoquerent  le  Seigneur  misericordieux, 
Etendant  leurs  mains  vers  lui, 

Et  le  Saint  les  entendit  aussitot  du  haut  du  ciel, 
Et  les  d^livra  par  le  ministere  d'Isaie. 

21  II  frappa  I'arm^e  des  Assyriens, 
Et  son  ange  les  extermina. 

22  Car  Ezechias  fit  ce  qui  est  agreable  au  Seigneur, 
Et  se  tint  ferme  dans  les  voies  de  David,  son  pere, 
Que  lui  recommanda  Isaie  le  prophete, 

Grand  et  veridique  dans  ses  visions. 

23  Pendant  ses  jours,  le  soleil  retrograda, 
Et  Isa'i'e  prolongea  la  vie  du  roi. 

24  Sous  une  puissante  inspiration,  il  vit  les  temps  a  venir, 
Et  consola  les  affligds  dans  Sion; 

II  annonga  ce  cjui  doit  arriver  dans  toute  la  suite  des  temps, 
Et  les  choses  cachees  avant  leur  accomplissement. 


Chap. 
XLIX. 


CHAP.  XLIX. —  Josias  [vers,  i  —  3];  rois  de  Juda,  Jereniie,  Ezechiel,  les 
douze  petits  prophetes  [4 — 12];  Zorobabel,  Jesus  et  Nehemie  [11  — 13]; 
Enoch,  Joseph,  Sem,  Seth  et  Adam  [14 — 16]. 

^A  memoire  de  Josias  est  un  parfum  compose  des  plus  suaves  odeurs, 
Prepare  par  I'art  du  parfumeur  : 
Dans  toute  bouche  son  souvenir  est  doux  comme  le  miel, 


Et  comme  une  musique  dans  un  festin. 

II  reussit  a  amener  la  nation  au  repentir, 

Et  il  fit  disparaitre  les  abominations  de  I'impiete. 

II  tourna  son  coeur  vers  le  Seigneur, 

Et  dans  les  jours  des  inipies  il  affermit  la  pidte. 

A  I'exception  de  David,  d'Ezechias  et  de  Josias, 

Tous  les  autres  se  sont  rendus  coupables  de  transgressions. 

Car  ils  ont  abandonne  la  loi  du  Tres-Haut; 

Les  rois  de  Juda  sont  alles  ri  leur  perte. 

En  effet,  ils  ont  laisse  h.  d'autres  leur  puissance, 

Et  leur  gloire  ii  une  nation  etrangere. 


15.  Un  petit  peuple,  le  royaume  de  Juda, 
qui  ne  comprenait  que  deux  tribus. 

16.  Ceux-ci,  les  chefs  ou  rois  de  Juda. 

17.  Gihon  {Gog  en  gr.  est  une  mauvaise 


reproduclion  de  I'hebreu  gicJion),  source  a 
I'O.  de  Jerusalem,  qui  alimentait  la  piscine 
suptfrieure,  auj.  BirJ:et-Ma>nilla.  Ezechias 
fit  consiruire  un  aqueduc  souterrain  pour 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLVIII,  15-28;  XLIX,  1—7.      659 


prophetavit  corpus  ejus.  15.  In  vita 
sua  fecit  monstra,  et  in  morte  mira- 
bilia  operatus  est.  16.  In  omnibus 
istis  non  poenituit  populus,  et  non 
recesserunt  a  peccatis  suis  usque 
dum  ejecti  sunt  de  terra  sua,  et  dis- 
persi  sunt  in  omnem  terram  :  17.  et 
relicta  est  gens  perpauca,  et  prin- 
ceps  in  domo  David.  18.  Quidam 
ipsorum  fecerunt  quod  placeret 
Deo  :  alii  autem  multa  commise- 
runt  peccata. 

19.  Ezechias  munivit  civitatem 
suam,  et  induxit  in  medium  ipsius 
aquam,  et  fodit  ferro  rupem,  et  sed\- 
ficavit  ad  aquam  puteum.  20.  '''In 
diebus  ipsius  ascendit  Sennacherib, 
et  misit  Rabsacen,  et  sustulit  ma- 
num  suam  contra  illos,  et  extulit 
manum  suam  in  Sion,  et  superbus 
factus  est  potentia  sua.  21.  Tunc 
mota  sunt  corda,  et  manus  ipso- 
rum :  et  doluerunt  quasi  parturien- 
tes  mulieres.  22.  Et  invocaverunt 
Dominum  misericordem,  et  expan- 
dentes  manus  suas,  extulerunt  ad 
coelum  :  et  sanctus  Dominus  Deus 
audivit  cito  vocem  ipsorum.  23.  Non 
estcommemoratus  peccatorum  illo- 
rum,  neque  dedit  illos  inimicis  suis, 
sed  purgavit  eos  in  manu  Isaias  san- 
cti  prophetas.  24.  'Dejecit  castra 
Assyriorum,  et  contrivit  illos  An- 
gelus  Domini  :  2^.  nam  fecit  Eze- 
chias quod  placuit  Deo,  et  fortiter 


ivit  in  via  David  patris  sui,  quam 
mandavit  illi  Isaias  propheta  ma- 
gnus,  et  fidelis  in  conspectu  Dei. 
26.  'In  diebus  ipsius  retro  rediit 
sol,  et  addidit  regi  vitam.  27.  Spi- 
ritu  magno  vidit  ultima,  et  conso- 
latus  est  lugentes  in  Sion.  Usque 
in  sempiternum  28.  ostendit  fu- 
tura  et  abscondita  antequam  eve- 
nirent. 

— :i:—      CAPUT  XLIX.      — =!:— 

De  Josia,  et  quod  omnes  reges  Juda,  prte- 
ter  David,  Ezechiam  et  Josiam,  fuerunt 
peccatores  :  de  Jeremia,  Ezechiele,  et 
Zorobabel,  Jesu  filio  Josedec,  Nehemia, 
Henoch,  Joseph,  Seth,  et  Sem. 


EMORIA  Josias  in  com- 
positionem  ''odoris  facta 
opus   pigmentarii,    2.    In 

. omni  ore  quasi  mel  indul- 

cabitur  ejus  memoria,  et  ut  musica 
in  convivio  vini.  3.  Ipse  est  directus 
divinitus  in  poenitentiam  gentis,  et 
tulit  abominationes  impietatis.  4.Et 
gubernavit  ad  Dominum  cor  ipsius, 
et  in  diebus  peccatorum  corrobora- 
vit  pietatem. 

5.  Pra^ter  David,  et  Ezechiam,  et 
Josiam,  omnes  peccatum  commise- 
runt  :  6.  nam  reliquerunt  legem 
Altissimi  reges  Juda,  et  contempse- 
runt  timorem  Dei.  7.  Dederunt 
enim  regnum  suum  aliis,  et  gloriam 


'4  Reg.  2c, 
II.    Is.  38, 


"  4  Reg.  22, 
I. 


en  amener  les  eaux  dans  I'interieur  de  la 
ville,  afin  que,  en  cas  de  siege,  les  habitants 
n'eussent  pas  a  souffrir  de  la  soif. 

x8.  Senmichcrib  :  voy.  II   Rois^  xviii  sv. 
—  Rabsaccs  :  voy.  II  Ro/s,  xviii,  17.  —  Leva 
la  main  :  geste  de  menace. 

19.  Les  ca'urs  des  Israelites  :  voy.  II  Rot's, 
xix,  I. 

20.  Far  le  ministere  d^Isaie  :  c'est  k  Isaie 
qu'Ezechias  eut  recours,  et  c'est  lui  qui  an- 
noni^a  la  prochaine  delivrance  (II  Rots,  xix, 
2  sv.  Ls.  xxxvii,  2  sv. 

21.  Voy.  II  Rots,  xix,  35. 

22.  Dans  ses  visions;  en  lat.,  aiix  yeux 
dtt  Seigneur. 

23.  Rctrograda  :  voy.  II  Rois,  xx,  i-ii.  — 
Isaie  prolongea,  en  ce  sens  seulennent  qu'il 
annonga  au  roi  la  prolongation  de  sa  vie. 

24  sv.  Voy.  II  Rois,  .\x,  17  sv.  Is.  xl  sv. 


CHAP.  XLIX. 

1.  Josias  :  sur  ce  roi  voy.  II  Rois,  xxii,2; 
xxiii,  1-25;  II  Far.  xxxv,  24  sv.  —  Un  par- 
fuin,  destine  k  I'autel  des  parfums  {Exod. 
xxv,  6;  xxxi,  10.  —  Dans  totite  houche  qui 
prononce  son  nom. 

2.  //  reussit;  en  latin,  //  fut  destine  de 
Dieti.  —  Les  abominations ,  les  idoles.  Voy. 
II  Rois,  xxiii,  24. 

4.  Totts  les  autres  rois  de  Juda,  Asa, 
Josaphat  et  Joas,  auxquels  le  livre  des 
Rois  donne  aussi  des  eloges,  ne  surent  pas 
faire  cesser  parmi  leurs  sujets  les  prati- 
ques idolatriques  :  voy.  I  Rois,  xv,  11-15; 
xxii,  43  sv.  II  Rois,  xii,  3  sv.  —  Sont  alles 
a  leur  perte ;  en  lat,,  ont  meprise  la  crainte 
du  Seigneur. 

5.  Une  nation  etrangere,  les  Chaldeens. 


660 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  XLIX,  6— i6;  L,  i,  2. 


6  lis  ont  brule  la  ville  choisie  du  sancluaire 

Et  ont  rendu  ses  places  desertes  a  cause  de  Jeremie. 

7  Car  ils  Font  maltrait^, 

Lui,  consacre  prophete  des  le  sein  dc  sa  mere, 

Pour  renverser,  ddtruire  et  faire  perir, 

En  meme  temps  que  pour  edifier  et  planter. 

8  Ezecliiel  contempla  la  vision  de  gloire, 

Que  le  Seigneur  lui  montra  sur  le  char  des  Cherubins; 

9  Car  il  songea  aux  ennemis  dans  la  menace  d'une  pluie  d'orage, 
Et  il  fit  du  bien  a  ceux  qui  suivaient  la  voie  droite. 

10  Quant  aux  douze  prophetes. 

Que  leurs  ossements  refleurissent  du  sein  de  leurs  tombeaux! 

Car  ils  ont  console  Jacob 

Et  I'ont  sauve  par  une  esperance  certaine. 

11  Comment  celebrer  Zorobabel? 

Car  il  est  comme  un  anneau  de  cachet  a  la  main  droite. 

12  II  en  est  de  meme  de  Jesus,  fils  de  Josedec  : 

Tous  deux,  en  leurs  jours,  ont  rebati  la  maison  de  Dieu, 
Et  releve  le  temple,  consacre  au  Seigneur, 
Destine  k  une  gloire  eternelle. 

13  Ndhemie  aussi  a  laisse  un  grand  souvenir, 
Lui  qui  a  releve  nos  murs  en  mines, 

Qui  a  retabli  nos  portes  avec  leurs  barres, 
Et  reconstruit  nos  maisons. 

14  Pas  un  homme  n'a  existe  ici-bas  semblable  a  Henoch, 
Car  il  a  ete  enleve  de  cette  terre. 

15  Nul  vivant  ne  fut  non  plus  comme  Joseph, 

Le  prince  de  ses  freres,  le  soutien  de  sa  nation. 
Et  ses  ossements  ont  ete  gardes  avec  soin. 

16  Sem  et  Seth  ont  ete  glorifies  parmi  les  hommes, 
Mais  au-dessus  de  tout  etre  dans  la  creation  est  Adam. 


Chap.  L. 


CHAP.  L.  —  Eloge  du  grand-pretre  Simon  :  travaux  qu'il  fit  executer  au 
temple  [vers,  i^ — 4];  sa  majeste  dans  les  fon6lions  saintes  [5  —  31]. — 
Epilogue  de  I'eloge  des  Peres  :  louange  au  Seigneur;  qu'il  benisse  le 
peuple  [22 — 24].  Les  trois  peuples  detestes  [25  —  26;  Conclusion  du 
livre  [27 — 29]. 

MON,  fils  d'Onias,  est  le  grand  pretre 
Qui  pendant  sa  vie  repara  la  maison  du  Seigneur, 
Et  durant  ses  jours  affermit  le  temple. 
2  Par  lui  furent  posees  les  fondations  pour  porter  au  double 
Le  mur  eleve  qui  soutient  I'enceinte  du  temple. 


6.  Ils  ont  brfdc  la  villc,  ils  ont  amene  ce 
resultat  en  maltraitant  Jeremie  et  en  refu- 
sant  d'dcouter  ses  propheties,  litt.  par  ou 
au  nwyen  de  Jeremie,  k  cause  de  lui. 

7.  Mallraitc  :  voy.  Jer.  xxxvii,  14  sv. ; 
xxxviii,  4.  Comp.  Hcbr.  xi,  37.  —  Consacre 
prophete  :  voy.  Jer.  i,  5,10.  —  Pour  ren- 
7ierser,  etc.  :  la  mission  du  prophete  etait 
double,  d'abord  de  renverser  et  ensuite 
d'ddifier,  c.-k-d.  d'annoncer  des  maux  et  des 
biens. 

8.  Vox.  Ese'ch.  i  et  ii,  i. 

9.  //  songea  aux  ennemis,  c.-ii-d.  il  les 
mena9a  d'une  pluie  d'orage,  symbole  de  la 


colere  divine  {EzccJi.  xiii.  13;  xxxviii,  22). 
Cf.  Introd.  p.  506.  —  II  fit  du  bien,  il  an- 
nonca  des  choses  heureuses. 

10.  Douze  propketes,  ceux  que  nous  appe- 
lons  pet  its  prophetes.  —  Leurs  ossements  : 
comp.  xlvi,  12.  —  Jacob,  les  Israelites.  — 
Uont  sauve,  ont  eveille  en  lui  I'espcrance 
assuree  de  la  delivrance. 

En  grec,  les  verbes  des  deux  derniers 
membres  sont  au  singulier;  de  la  plusieurs 
exegetes  conjecflurent,  sans  vraisemblance, 
qu'une  meprise  de  copiste  les  aurait  inter- 
vertis,  et  que  leur  place  primitive  etait  h.  la 
fin  du  vers.  9,  avec  Esechiel  pour  sujet  :  // 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  XLIX,  8—19;  T,,  i,  2. 


661 


suam  alienigenae  genti.  8.  *Incen- 
deruntelectamsanctitatiscivitatem, 
et  desertas  fecerunt  vias  ipsius  in 
manu  Jeremiae.  9.  Nam  male  tra- 
ctaverunt  ilium,  qui  a  ventre  matris 
consecratus  est  propheta,  evertere, 
et  eruere,  et  perdere,  et  iterum  asdi- 
ficare,  et  renovare.  lO.'Ezechiel  qui 
vidit  conspectum  glorias,  quam 
ostendit  illi  in  curru  Cherubim. 
1 1.  Nam  commemoratus  est  inimi- 
corum  in  imbre,  benefacere  iilis,  qui 
ostenderunt  rectas  vias.  1 2.  Et  duo- 
decim  prophetarum  ossa  pullulent 
de  loco  suo  :  nam  corroboraverunt 
Jacob,  et  redemerunt  se  in  fide 
virtutis. 

13.  ''Quomodo  amplificemus 
Zorobabel.f'  nam  et  ipsequasi  signum 
in  dextera  manu,  14.  'sic  et  Jesum 
filium  Josedec.'^  qui  in  diebus  suis 
aedificaverunt  domum,  et  exaltave- 
runt  templum  sanctum  Domino, 
paratum  in  gloriam  sempiternam. 
15.  Et  Nehemias  in  memoria  multi 
temporis,  qui   erexit   nobis  muros 


^Gen.  41, 
40  et  42.  3 
et  45,  5  et 
50,  20. 


e versos,  et  stare  fecit  portas  et  seras, 
qui  erexit  domos  nostras. 

16.  Nemo  natus  est  in  terra  qua- 
lis  Henoch  :  nam  et  ipse  receptus 
est  a  terra.  ly.^Neque  ut  Joseph, 
qui  natus  est  homo,  princeps  fra- 
trum,  firmamentum  gentis,  rector 
fratrum,    stabilimentum    populi    : 

18.  et  ossa  ipsius  visitata  sunt,  et 
post       mortem       prophetaverunt. 

19.  ^Seth,  et  ''Sem  apud  homines  i-Gen.4,25. 
gloriam  adepti  sunt :  et  super  om-  ''Gen. 5,31. 
nem  animam  in  origine  Adam. 

— :i:—         CAPUT   L.         — :i:— 

Simonis  pontificis  filii  Oni^e  praeconia  nar- 
rantur  celebenima  :  du^  gentes  odio 
habitas,  et  tertia  stulta  :  de  Jesu  filio 
Sitach  hiiJLis  libri  au(flore. 


IMONOniae"filius,sacer- 
dos  magnus,  qui  in  vita 
sua  sufFulsit  domum,  et  in 
diebus  suis  corroboravit 
templum.  2.  Templi  etiam  altitude 
ab  ipso  fundata  est,  duplex  asdifica- 


"  I  Mach . 
12,  7.  2 
Mach.  3,  4. 


consola  Jacob y  etc.  Le  pluriel  serait  une  cor- 
recftion  rendue  necessaire  par  I'interversion. 
L'auteur  ne  nomme  pas  Daniel;  mais  il 
omet  egalement  d'autres  personnages  qui 
figurent  avec  honneur  dans  nos  saints 
Livres;  son  silence  n'autorise  done  aucune 
conclusion  defavorable  k  I'authenticite  du 
livre  compose  par  ce  prophete. 

11.  Zorobabel  c[m,  avec  Jesus,  ramena  la 
premiere  colonie  des  tribus  captives  et  pre- 
sida  a  la  reconstrudlion  de  Jerusalem  et  du 
temple.  —  Aiineati  de  cacJict,  symbole  d'une 
chose  belle  et  precieuse  {Agg.  ii,  24). 

12.  La  viaison,  en  gr.  vao'v  (cod.  Alex.), 
et  non  X«ov,  popicliini  (cod.  Vat.).  —  Des- 
tine a  tine  gloire  eternelle :  le  Messie  devait 
y  faire  son  apparition  (Agg.  ii,  24). 

13.  Un  grand  sotcvenir  :  ItCk  -oXu  repond 
sans  doute  a  I'hebr.  j-ab.  On  pourrait  aussi 
donner  a  ces  mots,  avec  le  tradufteur  latin, 
le  sens  d&  pour  longteinps  :  un  souvenir  qui 
ne  s'effacera  jamais.  —  Nos  niaisons  :  voy. 
Josephe,  Antiq.  XI,  V,  8. 

La  serie  chronologique  des  grands  hom- 
mes  dont  il  voulait  faire  I'eloge  etant  epuise, 
l'auteur  revient  en  arriere  et,  apres  avoir 
nomme  une  seconde  fois  Henoch,  fait  men- 
tion de  trois  autres  personnages  par  lesquels 
il  remonte  jusqu'a  Adam. 

14.  Comp.  xliv,  i6. 


15.  Prince  de  ses  freres  :  voy.  Geft.  xxxvii, 
5  sv.  —  Soiitieji  de  son  peiiple  pendant  la 
famine  (Gen.  xlii,  i  sv.).  —  Gardes  avec  soin: 
comme  Joseph  lui-meme  I'avait  recomman- 
de  (Gen.  1,  25),  Moise  emporta  d'Egypte  son 
corps  embaume  (Exod.  xiii,  19),  qui  fut  en- 
terre  plus  tard  a  Sichem  (Jos.  xxiv,  32). 

Le  latin  traduit  deux  fois  le  2e  membre, 
et  il  ajoute  au  3^ :  et  its  (ses  ossements)  out 
prophetisc  apres  sa  mort  :  emprunte  a 
xlviii,  14. 

16.  Sent,  le  fils  aine  de  Noe,  et  Seth,  le 
3^  fils  d'Aclam;  en  lat.  Seth  et  Sent. —  Adam., 
sorti  immediatement  des  mains  de  Dieu  et 
pere  du  genre  humain. 

CHAP.   L. 

1.  Simon  :  voy.  I'introducftion. 

2.  Ce  verset  n'est  guere  moins  difficile  en 
grec  qu'en  latin,  et  comme  nous  ne  posse- 
dons  aucun  autre  document  qui  nous  ren- 
seigne  sur  les  travaux  executes  par  Simon, 
notre  traduction  reste  conjeflurale. 

Porter  au  double,  soit  en  hauteur,  soit  en 
epaisseur.  —  Venceinte  du  temple,  le  peri- 
metre  du  sol  sur  lequel  le  temple  etait  bati. 

En  latin  :  par  lui  Jut  Jondc,  assis  sur  de 
solides  fondements,  le  haut  edifice  du  tem- 
ple, la  double  construflion  et  les  n:urailles 
elevees  die  temple. 


662 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  L,  3—20. 


3  De  son  temps  fut  fabrique  le  reservoir  des  eaux; 
L'airain  dent  il  etait  forme  avait  le  perimetre  de  la  mer. 

4  II  prit  soin  de  son  peuple  pour  le  preserver  de  la  ruine, 
Et  fortifia  la  ville  contre  un  siege. 

5  Ou'il  etait  majestueux  lorsque,  devant  le  peuple  rassemble  tout  autour, 
II  sortait  de  la  maison  du  voile  I 

6  //  I'hxit  comme  I'etoile  du  matin  qui  etincelle  a  travers  le  nua;je, 
Comme  la  lune  aux  jours  de  son  plein, 

7  Comme  le  soleil  qui  resplendit  sur  le  temple  du  Tres-Haut, 

Et  comme  I'arc-en-ciel  qui  brille  au  milieu  des  nuees  lumineuses; 

8  Comme  la  fleur  des  roses  aux  jours  du  printemps, 
Comme  les  lys  sur  le  bord  des  eaux, 

Comme  le  rameau  de  I'arbre  odoriferant  aux  jours  de  I'ete, 
g  Comme  le  parfum  sur  le  feu  de  I'encensoir, 
Comme  un  vase  d'or  massif 
Orn^  de  toutes  sortes  de  pierres  precieuses, 

10  Comme  I'olivier  qui  pousse  ses  fruits 

Et  comme  le  cypres  qui  s'eleve  dans  les  nuages. 

11  Quand  il  avait  pris  la  robe  d'honneur 
Et  revetu  tous  ses  ornements, 

Et  qu'il  montait  a  I'autel  saint, 

II  faisait  I'esplendir  les  abords  du  sancluaire. 

12  Mais  quand  il  recevait  les  parties  de  la  vi6\ime  de  la  main  des  pretres, 
Et  se  tenait  debout  pres  du  foyer  de  Tautel, 

Ses  freres  formant  une  couronne  autour  de  lui, 

Alors  il  paraissait  comme  un  cedre  majestueux  sur  le  Liban, 

Et  les  pretres  I'entouraient  comme  des  palmiers. 

13  Tous  les  fils  d'Aaron  etaient  revetus  de  leurs  magnifiques  ornements, 

Et  ils  tenaient  dans  leurs  mains  I'offrande  pour  le  Seigneur  devant  toute  I'assemblee 
d'Israel. 

14  Et  lorsqu'il  avait  acheve  le  service  sur  les  autels, 
Afin  d'embellir  I'offrande  du  Tres-Haut  tout-puissant, 
II  etendait  la  main  sur  la  coupe  aux  libations, 

Et  rdpandait  le  sang  de  la  grappe. 

15  II  le  versait  sur  la  base  de  I'autel, 

Parfum  d'agreable  odeur  au  Tres-Haut,  au  grand  Roi. 

16  Alors  les  fils  d'Aaron  poussaient  des  cris, 

lis  sonnaient  de  leurs  trompettes  artistement  travaillees 

Et  faisaient  entendre  d'dclatantes  clameurs  en  souvenir  devant  le  Tres-Haut. 

17  Et  tout  le  peuple  a  la  fois  s'empressait 

Et  tombait  la  face  contre  terre  pour  adorer  leur  Seigneur, 
Le  Dieu  tout-puissant,  le  Tres-Haut. 

18  Et  les  chantres,  deployant  leur  voix,  le  louaient; 
Le  vaste  temple  retentissait  de  doux  accords. 

ig  Et  le  peuple  suppliait  le  Seigneur  tr^s  haut, 

Se  tenant  en  priere  devant  le  Misericordieux, 

Jusqu'h  ce  que  les  ceremonies  du  Seigneur  fussent  achevees, 

Et  que  les  pretres  eussent  accompli  les  foncftions  sacrees. 
20  Alors  le  grand  pretre  descendait  et  elevait  sa  main 

Sur  toute  I'assemblee  des  enfants  d'Israel, 


3.  Le  temple  etant  situe  sur  une  hauteur,  il 
fallaityameneretyconserverbeaucoup  d'eau 
pour  les  ablutions.  Le  grand  bassin  appele 
mer  d'airain,  que  Salomon  avait  fait  fondre, 
servait  a  cet  usage;  mais  les  Chalddens 
I'avaient  brise  et  emporte  k  Babylone.  Simon 
en  fit  fabriquer  un  autre  de  meme  matit're 
et  de  meme  dimension.  —  En  latin  :  de  son 
temps  Peaii  coula  dmis  les  reservoirs,  abo/i- 
danunent  rcittpUs  coiiuiie  la  mer  d\iirain. 


4.  De  la  ruinc  :  ce  mot  est  explique  par 
le  2^  membre.  —  Contre  1111  sici^e,  pour  em- 
pccher  qu'elle  ne  fut  assieg^e.  Comp.  Jose- 
phe,  A7iiiq.  XII,  i,  i. 

Le  latin  traduit  le  2^  membre  :  il  fut 
asses  puissant  pour  agrandir  la  ville. 

5.  La  maison  du  voile,  le  Saint  des  Saints, 
separe  du  Saint  par  un  voile,  et  ainsi  cache 
aux  regards  de  la  foule.  Le  grand  pretre  n'y 
entrait  qu'une  fois  chaque  annee,  en  la  fete 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  L,  3—22. 


663 


tio  et  excels!  parietes  tenipli.  3.  In 
diebus  ipsiiis  emanaverunt  putei 
aquarum,  et  quasi  mare  adimpleti 
sunt  supra  modum.  4.  Oui  curavit 
gentem  suam,  et  liberavit  earn  a 
perditione. 

5.  Qui  prasvaluitamplificare  civi- 
tatem,  qui  adeptus  est  gloriam  in 
conversatione  gentis  :  et  ingressum 
domus,  et  atrii  amplificavit.  6. Quasi 
Stella  matutina  in  medio  nebulas,  et 
quasi  luna  plena  in  diebus  suis  lucet. 
7.  Et  quasi  sol  refulgens,  sic  ille 
effulsit  in  temploDei.  8.  Quasi  arcus 
refulgens  inter  nebulas  gloriac,  et 
quasi  flos  rosarum  in  diebus  vernis, 
et  quasi  lilia  qua:  sunt  in  transitu 
aquas,  et  quasi  thus  redolens  in  die- 
bus  aestatis.  9.  Quasi  ignis  effulgens, 
et  thus  ardens  in  igne.  10.  Ouasi 
vas  auri  solidum,  ornatum  omni 
lapide  pretioso.  Quasi  oliva  pullu- 
lans,  et  cypressus  in  altitudinem  se 
extollens, 

In  accipiendo  ipsum  stolam  glo- 
riae,  et  vestiri  eum  in  consummatio- 
nem  virtutis.  12.  In  ascensu  altaris 
sancti,  gloriam  dedit  sanctitatis  ami- 
ctum.  13.  In  accipiendo  autem  par- 
tes  de   manu   sacerdotum,  et  ipse 


stans  juxta  aram.  Et  circa  ilium  co- 
rona fratrum  :  quasi  plantatio  cedri 
in  monte  Libano,  14.  sic  circa  ilium 
steterunt  quasi  rami  palmas,  et  om- 
nes  filii  Aaron  i n  gloria  sua.  1 5.0bla- 
tio  autem  Domini  in  manibus  ipso- 
rum,  coram  omni  synagoga  Israel  : 
et  consummatione  fungens  in  ara, 
amplificare  oblationem  excelsi  regis 

16,  porrexit  manum  suam  in  liba- 
tione,  et  libavit  de  sanguine  uvae, 

17.  Effudit  in  fundamento  altaris 
odorem  divinum  excelso  principi. 
I  H.Tunc  exclamaverunt  filii  Aaron, 
in  tubis  productilibus  sonuerunt,  et 
auditam  fecerunt  vocem  magnam 
in  memoriam  coram  Deo.  19.  Tunc 
omnis  populussimul  properaverunt, 
et  ceciderunt  in  faciem  super  ter- 
ram,  adorare  Dominum  Deum 
suum,  et  dare  preces  omnipotent! 
Deo  excelso.  20. Et  amplificaverunt 
psallentes  in  vocibus  suis,  et  in  ma- 
gna domo  auctus  est  sonus  suavita- 
tis  plenus.  21.  Et  rogavit  populus 
Dominum  excelsum  in  prece,usque- 
dum  perfectus  est  honor  Domini,  et 
munus  suum  perfecerunt.  22.  Tunc 
descendens,  manus  suas  extulit  in 
omnem    congregationem    filiorum 


des  Expiations.  —  En  latin  :  il  acquit  de  la 
gloire  dans  ses  rapports  avec  la  nation,  et  il 
elargit  Cetitree  de  la  7naison  et  du  parvis. 

6.  Le  nieage,  les  vapeurs  qui  precedent 
I'aurore. 

7.  En  latin  :  comme  le  soleil  eclatant,  il 
(Simon)  etait  resplendissant  dans  le  tem- 
ple de  Dicu.  —  Niiees  bimijieuses,  preci- 
sement  parce  que  I'eclat  de  Tare  en-ciel  s'y 
retlete. 

8.  Stir  le  bord  des  eaiix,  litt.  aux  sources 
des  eaux.  —  Le  ranieau  d'un  arbre  odorife- 
rant,  en  lat.  I'encens  odoriferant. 

9.  Comme  Vencens  sttr  le  feujWli,,  comme 
le  feu  et  I'encens. 

10.  Le  cypres  :  voy.  xxiv,  17. 

Suit  le  tableau  du  grand  pretre  offrant 
le  sacrifice. 

1 1.  La  robe  d'honneur,  la  robe  de  dessus, 
d'un  beau  bleu  violace,  mentionnee  dejk 
xlv,  9.  Voy.  Exod.  xxviii,  31.  —  Lautel 
saint,  I'autel  des  holocaustes.  —  II  faisait 
resplendir,  eic;  en  latin,  il  resplendissait 
a%iec  ses  vt'temenfs  s acres. 

M2.  Un  cedre,  litt.  un  rejetoti  de  cedre,  poe- 


tique  pour  im  cedre.  —  Des  palmiers,  litt. 
des  tiges  ou  troncs  de  palmiers. 

14.  Stir  les  autels  des  holocaustes  et  des 
parfums.  En  lat.  sur  Pautel.  —  AJin  d'em- 
/;^///r,orner,rendre  parfaite,etc.  Ce  2^  mem- 
bre  exprime  I'intention  de  Fadion  decrite 
dans  le  3^.  —  Le  sang  de  la  grappe,  le  vin  : 
voy.  xxxix,  26. 

15.  Sur  la  base  de  I'autel  :  voy.  Exod. 
xxix,  12;  Lev.  viii,  15. 

16.  Artistenient  travaillees,  litt.  en  metal 
battu  au  martcau.  —  En  souveni?',  pour 
rappeler  le  peuple  au  souvenir  du  Seigneur  : 
comp.  Exod.  xxviii,  29.  Ce  mot  n'est  pas 
dans  la  Vulgate. 

18.  Le  vaste  temple  retentissait,  en  lisant 
TrXe'^aTO)  ot'xtp ;  d'autres  manuscrits  portent 
ttX  . . ,  -Ji/w  :  avec  un  grand  eclat  retentis- 
saient  de  doux  accents. 

19.  Le  peuple  etait  prosterne  pendant  que 
les  pretres  et  les  levites  accomplissaient  les 
ceremonies  principales  du  sacrifice. 

20.  Descendait  de  I'autel  des  holocaustes. 
—  Do7iner  la  bencdiflion  de  la  part  du  Sei- 
gneur, en  lat.  rendre  gloire  a  Dieu.  —  Se 


664 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  L,  21—29;  LI,  1—4. 


Pour  donner  de  ses  levres  la  benedi<flion  de  la  part  du  Seigneur 
Et  se  glorifier  en  son  nom. 

21  Et  le  peuple  se  piosteinait  de  nouveau 
Pour  recevoir  la  benediction  du  Tres-Haut. 

22  Et  maintenant  b^nissez  le  Seigneur  de  I'univers, 
Qui  fait  partout  de  grandes  choses, 

Qui  a  exalte  nos  jours  depuis  I'origine 
Et  nous  a  traites  selon  sa  misericorde. 

23  Qu'il  nous  donne  la  joie  du  coeur, 

Et  que  la  paix  soit  en  Israel  de  nos  jours  comme  aux  jours  du  passe! 

24  Que  sa  misericorde  demeure  perpecuellement  avec  nous, 
Et  Cju'il  nous  delivre  quand  son  jour  sera  venu! 

25  II  y  a  deux  nations  cjue  de  teste  mon  ame, 
Et  la  troisieme  n'est  pas  inenie  une  nation  : 

26  Ceux  qui  demeurent  dans  la  montagne  de  Seir,  les  Philistins, 
Et  le  peuple  insense  cjui  habite  Sichem. 


fiPILOGUE  [L,  27  — LI,  zo']. 

Conclusion,  derniere  priere  et  instruction  finale  de  I'auteur. 

27  J'ai  consigne  dans  ce  livre  un  enseignement  d'intelligence  et  de  science, 
Moi,  Jesus,  fils  de  Sirach,  de  Jerusalem, 

Qui  ai  fait  couler  a  flots  la  sagesse  de  mon  coeur. 

28  Heureux  celui  qui  fera  de  ces  enseignements  son  occupation! 
L'homme  qui  les  recueille  dans  son  coeur  deviendra  sage; 

29  Car  s'il  les  met  en  pratique,  il  triomphera  de  tout, 
Parce  que  la  lumiere  du  Seigneur  est  son  sentier. 


CHAP.  LI.  — -  Appendice,  Louange  et  action  de  graces  au  Seigneur  qui  m'a 
sauve  d'un  peril  mortel  [vers,  i  — 12].  Moyens  employes  par  I'auteur 
pour  acquerir  la  sagesse  [13  —  22];  exhortation  a  suivre  son  exemple. 

Priere  de  Jesus,  fils  de  Sirach. 


Chap.  LI. 


^ME  veux  vous  celebrer,  Seigneur,  Roi; 
n!  Je  veux  vous  louer,  6  Dieu  Sauveur, 
vi-i^  Je  celebre  votre  nom. 
;  Car  vous  avez  ete  pour  moi  un  protecieur  et  un  secours, 

Vous  avez  sauve  mon  corps  de  la  ruine, 

Du  filet  de  la  langue  calomnieuse, 

Des  levres  de  ceux  qui  trament  le  mensonge, 

Et  vous  avez  ^te  mon  defenseur  contre  mes  adversaires. 
1  Vous  m'avez  delivre  selon  votre  grande  misericorde  et  selon  votre  nom, 

De  ceux  qui  rugissaient,  prets  h.  me  devorer, 

De  la  mam  de  ceux  qui  en  voulaient  a  ma  vie, 

De  toutes  les  tribulations  dont  j'etais  assiege; 
|,  De  la  suffocation  du  feu  qui  m'entourait, 

Du  milieu  d'un  feu  que  je  n'avais  pas  allume, 


glorifier  en  son  nom,  ou  de  son  710 vi,  recon- 
naitre,  dans  un  sentiment  profond  de  grati- 
tude, la  grandeur  de  Dieu  et  sa  bontc  envers 
son  peuple. 

21.  Dii  nouveau  :  comp.  vers.  19.  — Potcr 
recevoir,  en  gr.  £T:t3£;ac7ba'..  Le  cod.  Vat.  a 
iKt^£';ac70ai,  pour  niontrer  la  bcnediflion 
recue  du  Trls-Haut,  c.-a-d.  pour  temoigner 


par  cette  humble  attitude  que  c'etait  la  be- 
nedicftion  de  Dieu  qu'il  recevait  par  la  main 
du  grand  prctre.  Comp.  Nombr.  vi,  22  sv. 
En  latin,  voulant  inonlrer  ia  puissance  dc 
Dieu. —  Suit  I'epilogue  de  Ve/o^^e  des  Peres. 
22.  Benissez,  louez.  —  De  I'univers,  en 
gr.  -0£vT(ov ;  le  cod.  Vat.  porte  -ravxi;  :  be- 
nissez tons  le  Seigneur.  —  Qui  a  exalte  nos 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  L,  23—31;  LI,  1—6. 


665 


Israel  dare  gloriam  Deo  a  labiis 
suis,  et  in  nomine  ipsius  gloriari  : 
23.  et  iteravit  orationem  suam,  vo- 
lens  ostendere  virtutem  Dei. 

24.  Et  nunc  orate  Deum  omnium, 
qui  magna  fecit  in  omni  terra,  qui 
auxit  dies  nostros  a  ventre  matris 
nostras,  et  fecit  nobiscum  secundum 
suam  misericordiam  :  25.  det  nobis 
jucunditatem  cordis,  et  fieri  pacem 
in  diebus  nostris  in  Israel  per  dies 
sempiternos  :  26.  credere  Israel  no- 
biscum esse  Dei  misericordiam,  ut 
liberet  nos  in  diebus  suis. 

27.  Duas  gentes  odit  animamea: 
tertia  autem  non  est  gens,  quam 
oderim  :  28.  qui  sedent  in  monte 
Seir,  et  Philisthiim,  et  stultus  po- 
pulus,  qui  habitat  in  Sichimis. 

29.  Doctrinam  sapientise  etdisci- 
plinas  scripsit  in  codice  isto  Jesus 
filius  Sirach  Jerosolymita,  qui  reno- 
vavit  sapientiam  de  corde  suo. 
30.  Beatus,  qui  in  istis  versatur  bo- 
nis :  qui  ponit  ilia  in  corde  suo,  sa- 


piens erit  semper.  31.  Si  enim  haec 
fecerit,  ad  omnia  valebit  :  quia  lux 
Dei,  vestigium  ejus  est. 

-^^       CAPUT   LI.       — ^i^ 
Dei  laus,  exaltatio,  et  gratiarum  aflio. 

^RATIO  Jesu  filii  Sirach  : 
Confitebor  tibi  Domine 
rex,et  collaudabo  teDeum 
salvatorem  meum. 2.  Con- 
fitebor nomini  tuo  :  quoniam  adju- 
tor  et  protector  factus  es  mihi,  3.  et 
liberasti  corpus  meum  a  perditione, 
a  laqueo  linguae  iniquas,  et  a  labiis 
operantium  mendacium,  et  in  con- 
spectu  astantium  factus  es  mihi  ad- 
jutor.  4.  Et  liberasti  me  secundum 
multitudinem  misericordias  nominis 
tui  a  rugientibus,  prasparatis  ad 
escam,  5.  de  manibus  quasrentium 
animam  meam,  et  de  portis  tribula- 
tionum  quae  circumdederunt  me  : 
6.  a  pressura  flammas,  quae  circum- 


joiirs,  qui  les  a  rendus  glorieux  et  heureux, 
en  donnant  a  noti'C  nation,  dans  le  cours  de 
son  histoire,  tant  de  saints  personnages. 

23.  La  patx,  ce  qui  comprend  aussi  le 
bonheur.  —  Coin7ne  mix  jours  du  passe j  en 
lat.  pour  des  jours  eternels,  a  jamais. 

24.  DeDieiire perpetuellcment :  l\i.-K:i-vj'ztj.: 
repond  a  I'liebr.  ieaiiie/i,  ici  soil  stable. 

Le  latin  traduit  le  i^''  membre  :  ajin  que 
Israel  (ce  mot  n'est  pas  dans  le  grec)  croie 
que  la  iniserlcorde  de  Dieu  est  avec  jwus. 

Ces  souhaits  de  bonheur  pour  sa  nation 
rappellent  naturellement  a  1  auteur  le  sou- 
venir des  peuples  voisins  dont  elle  a  eu  et 
dont  elle  a  encore  beaucoup  a  souffrir. 

25-26.  La  7/10/1  tagjie  de  Seir  (en  gr.  '^r\z<.o; 
Sap-asia?  est  une  faute  de  copiste),  s'etend 
de  la  mer  Morte  au  golfe  Elamitique.  II  s'agit 
des  Idumeens,  ennemis  hereditaires  dupeu- 
ple  de  Dieu  :  voy.  Ezech.  xxxv;  I  Macch. 
V,  65.  —  Philisti/is  :  comp.  Ezech.  xxv, 
15  sv.  II  Esdr.  xiii,  23  sv.  I  Macch.  x,  48  sv. 
—  Qui  habite/it  Sic/ie/ii,  cap.  des  Samari- 
tains;  ramassis  de  peuples  divers  envoyes 
par  les  Assyriens  pour  remplacer  les  habi- 
tants du  royaume  d'lsraijl  emmenesen  cap- 
tivite,  ils  ne  formaient  pas  un  peuple  homo- 
gene.  —  I/isefise,  sot  et  impie,  selon  la  force 
du  mot  hebr.  nabal.  C'etait  une  injure  que 
de  donner  a  un  juif  le  nom  de  Samaritain  : 
com.^.  Jean,  viii,  48. 


Conclusion  du  livre  tout  entier  : 
27.  J\ii  co/isig/te,  litt.  grave',  pour  insi- 
nuer  le  soin  et  le  travail  que  I'auteur  a  mis 
a  ecrire  son  livre.  Plusieurs  manuscrits, 
suivis  par  la  Vulg.,  ont  la  yt  personne  : 
Jesus,  fits  de  Sirach,  a  co/isig/te.  —  U?t  e/i- 
seig/ie//te/it  qui  donne  Pi/itellige/ice,  etc.  — 
Fait  couler,  V\\.\..  fait  pleuvoir;  en  lat.,  qui 
ai  re/iouvele,  expose  de  nouveau  apres  d'au- 
tres,  tels  c[ue  Salomon. 

29.  De  tout,  de  toutes  les  difficultes  de  la 
vie.  —  La  lu//iiere,  I'enseignement  du  Sei- 
g/ieur  est  le  se/iiier  oil  il  marche;  ou  bien  : 
eclaire  so/i  sc/itier,  le  chemin  ou  il  doit  mar- 
cher et  ou,  en  y  marchant,  il  ne  fera  pas  de 
chute,  il  sera  heureux. 

CHAP.  LI. 

2.  De  la  rui/ie  :  le  fils  de  Sirach  avait  ete 
menace  de  mort  par  suite  d'une  denoncia- 
tion  mensongere  adressee  au  roi  aucjuel  la 
Palestine  etait  alors  soumise. — ■  Mes  adi'er- 
saires,  litt.  ceux  qui  se  te/iaie/it  aupres  :  de 
moi,  c.-a-d.  contre  moi;  d'autres  :  du  roi, 
pour  m'accuser  devant  lui. 

3.  Selo/t  voire  /10//1,  qui  est  celui  d'un  Dieu 
juste  et  bon.  —  Ceux  qui  rugissaie/il,  les 
calomniateurs  :  comp.  Ps.  xxii,  14.  —  A  //le 
dcvorer,  litt.  a  la  proie. 

4.  Du  feu,  symbole  de  I'epreuve  :  comp. 
Ps.  xvii,  3;  Ixvi,  10  sv.  :  dans  tout  ce  mor- 


666 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  LI,  5—22. 


5  De  I'abime  profond  du  sejour  des  morts, 
De  la  langue  impure, 

De  la  parole  mensongere  adressee  au  roi, 
De  la  calomnie  d'une  langue  injuste. 

6  Mon  ame  s'approchait  de  la  mort, 

Et  ma  vie  touchait  au  sejour  souterrain. 

7  lis  m'entouraient  de  toutes  parts, 

Et  il  n'y  avait  personne  pour  venir  a  mon  aide; 
Je  regardais  apres  le  secours  des  hommes, 
Et  il  n'y  en  avait  aucun. 

8  Alors  je  me  suis  souvenu  de  votre  misericorde,  Seigneur, 
Et  de  vos  oeuvres  dans  les  temps  antiques; 

Je  me  suis  souvejiii  que  vous  tiriez  du  peril  ceux  qui  esperaient  en  vous, 
Et  que  vous  les  delivriez  des  mains  des  nations  idolatres. 

9  Et  prosterne  contre  terre  j'ai  fait  monter  ma  priere, 
Et  je  vous  ai  conjure  de  me  sauver  de  la  mort. 

10  J'invoquai  le  Seigneur,  pere  de  mon  Seigneur, 

Pour  qu'il  ne  m'abandonnat  pas  aux  jours  de  ma  detresse, 
Au  temps  des  orgueilleux,  oii  il  n'y  avait  pas  de  secours. 

11  Je  louerai  sans  cesse  votre  nom, 

Et  je  le  chanterai  dans  ma  reconnaissance; 
Et  ma  priere  a  ete  exaucee. 

12  Car  vous  m'avez  sauve  de  la  ruine 

Et  vous  m'avez  delivre  au  temps  du  malheur. 
C'est  pourquoi  je  vous  celebrerai  et  je  vous  louerai, 
Et  je  benirai  votre  nom. 

13  Ouandj'etais  encore  jeune, 

Avant  de  m'egarer  dans  la  voie  de  I'erreur, 
J'ai  prie  ouvertement  pour  obtenir  la  sagesse. 

14  Je  I'ai  demandee  devant  le  temple, 
Et  je  la  rechercherai  jusqu'a  la  fin, 

15  En  voyant  sa  fleur,  comme  a  la  vue  de  la  grappa  qui  se  colore, 
Mon  coeur  se  rejouissait  en  elle; 

Avec  elle,  mon  coeur  a  suivi  le  droit  chemin; 
Des  ma  jeunesse  je  me  suis  mis  k  sa  recherche. 

16  Je  lui  ai  prete  I'oreille  un  peu  de  temps  et  je  I'ai  recueillie, 
Et  j'ai  trouv^  pour  moi  une  grande  instrucflion. 

17  Grace  a  elle,  j'ai  retire  un  grand  profit  :  — 

A  Celui  qui  m'a  donnd  la  sagesse  je  veux  rendre  gloire!  — 

18  Car  je  me  suis  resolu  k  la  mettre  en  pratique, 
Et  me  suis  applicjue  a  faire  le  bien, 

Et  je  ne  serai  pas  confondu. 

19  Pour  elle  mon  ame  a  lutte 

Et  j'ai  apporte  un  grand  soin  k  mes  a(flions. 

20  Vers  elle  j'ai  dirige  mon  ame, 

Et  par  la  purete  de  la  vie  je  I'ai  trouvee. 

Avec  elle,  des  le  commencement,  j'ai  acquis  rintelligence, 

C'est  pourquoi  je  ne  serai  jamais  abandonne. 

21  Mes  entrailles  se  sont  emues  k  sa  recherche; 
Aussi  ai-je  acquis  un  bien  precieux. 

22  Le  Seigneur  m'a  donnd  en  recompense  le  don  de  la  parole, 
Et  j'en  userai  pour  le  louer. 


ceau  abondent  les  expressions  et  les  images 
familieres  aux  Psaumes.  —  ITitn  feu  que  je 
)i(ivais  pas  aliuuii',  clant  innocent,  mais  qui 
n'etait  allumc  que  par  la  calomnie.  En  latin, 
et  au  milieu  dufeu  je  n'ai  ftas  ete  brule. 

5.  Au  roi :  ce  mot  pourrait  aussi  bien  ctre 
joint  k  caloDinie  dans  le  membre  suivant. 
En  lat.,  d^un  roi  inique  et  des  levres  iiijus- 
tes.  —  De  la  calonuiie  :  en  grec  (cod.  \'at.) 


ce  mot  est  au  nominatif,  mais  par  suite 
d'une  faute  du  traduc^eur;  le  cod.  Alex,  le 
met  au  genitif. 

6.  Mon  dure,  etc.  Comp.  Fs.  xviii,  5  sv. 
civ,  17.  En  latin  :  jttsqu'a  ma  mort  mon 
dine  louera  le  Scii^neur  :  ce  qui  interrompt 
la  suite  des  idees. 

7.  Comp.  Ps.  vii,  3;  cvii,  12. 

g.  IF t  prosterne',  etc.  En  latin  :  t'ous  ai'ez 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  LI,  7—30. 


667 


dedit  me,  et  in  medio  ignis  non  sum 
aestuatus  :  7.  de  altitudine  ventris 
inferi,  et  a  lingua  coinquinata,  et  a 
verbo  mendacii,  a  rege  iniquo,  et  a 
lingua  injusta  :  8.  laudabit  usque 
ad  mortem  anima  mea  Dominum, 
9,  et  vita  mea  appropinquans  erat 
in  inferno  deorsum.  to.  Circumde- 
derunt  me  undique,  et  non  erat  qui 
adjuvaret.Respicienseram  ad  adjuto- 
rium  hominum,et  non  erat,  1 1.  Me- 
moratus  sum  misericordias  tuae  Do- 
mine,  et  operationis  tuas,  qu«  a  sas- 
culo  sunt  :  12.  quoniam  eruis  susti- 
nentes  te  Domine,  et  liberas  eos  de 
manibus  gentium.  13.  Exaltasti  su- 
per terram  habitationem  meam,  et 
pro  mortedefluente  deprecatus  sum. 
i4.Invocavi  Dominum  patrem  Do- 
mini mei,  ut  non  derelinquat  me  in 
die  tribulationis  meas,  et  in  tempore 
superborum  sine  adjutorio,  i5.Lau- 
dabo  nomen  tuum  assidue,  et  col- 
laudaboilludin  confessione,etexau- 
dita  est  oratio  mea.  16.  Et  liberasti 
me  de  perditione,  et  eripuisti  me  de 
tempore  iniquo.  17.  Propterea  con- 
fitebor,  et  laudem  dicam  tibi,  et  be- 
nedicam  nomini  Domini. 


18.  Cum  adhuc  junior  essem, 
priusquam  oberrarem,  quassivi  sa- 
pientiam  palam  in  oratione  mea. 
19.  Ante  ternplum  postulabam  pro 
ilia,  et  usque  in  novissimis  inquiram 
eam.  Et  effloruit  tamquam  prascox 
uva,  20.  lastatum  est  cor  meum  in 
ea.  Ambulavit  pes  meus  iter  rectum, 
a  juventute  mea  investigabam  eam. 
21.  Inclinavi  modice  aurem  meam, 
et  excepi  illam.  22.  Multam  inveni 
in  meipso  sapientiam,  et  multum 
profeci  in  ea.  23.  Danti  mi  hi  sapien- 
tiam, dabo  gloriam.  24.  Consiliatus 
sum  enim  ut  facerem  illam  :  zelatus 
sum    bonum,   et    non    confundar. 

25.  Colluctata  est  anima  mea  in  ilia, 
et  in  faciendo  eam  confirmatus  sum. 

26.  Manus  meas  extendi  in  altum, 
et  insipientiam  ejus  luxi.  27.  Ani- 
mam  meam  direxi  ad  illam,  et  in 
agnitione  inveni  eam.  28.  Possedi 
cum  ipsa  cor  ab  initio :  propter  hoc 
non  derelinquar.  29.  Venter  meus 
conturbatus  est  quasrendo  illam  : 
propterea  bonam  possidebo  posses- 
sionem. 30.  Dedit  mihi  Dominus 
linguam  mercedem  meam  :  et  in 
ipsa  laudabo  eum. 


exalte  ina  viaison  siir  la  terre;  au  lieu  de 
Ix.ETEt'av,  prih'e,  le  tradufteur  a  lu  otXcTEtav, 
et  a  donne  a  ce  mot  le  sens  de  olxi'av,  ce  qui 
I'a  amene  a  mettre  le  verbe  a  la  2^  personne. 
10.  Pere  de  ino7i  Seigneur,  du  Fils  de 
Dieu,  du  Messie,  liberateur  promis  a  Israel, 
dont  David  pailait  d^ja  dans  ses  Psaumes 
(ii,  7;  ex,  i).  Les  exegetes  rationalistes  re- 
jettent  cette  interpretation,  qu'ils  attribuent 
a  une  erreur  du  tradutteur  grec;  d'apres 
Fritzsche,  le  texte  original  portait  abi  vea- 
dxniai  :  (Dieu)  nion  pcre  et  j/w?t  seignetir. 
Conjecture  fausse.  Le  texte  retrouve  au- 
jourd'hui  donne  :  abi  adonar,  conforme- 
ment  a  la  Vulgate. 

13.  Dans  la  voie  de  Verreiir  et  du  peche. 
On  peut  aussi  entendre  7rXocvfj6/)va[  dans  le 
sens  de  errer  sur  la  ter7-e  etrangere,  peut- 
etre  pour  echapper  au  danger  de  mort  dont 
il  vient  d'etre  parle;  ou  bien  encore  de  voya- 
ger a  I'etra/iger  pour  son  instrucflion  (comp. 
xxxiv,  12).  — y^i  prie  ouverfement,  etc.,  a 
I'exemple  de  Salomon  (I  Rois,  iii,  6  sv.). 

14.  Devant  le  temple,  dans  le  parvis  des 
fideles,  le  visage  tourne  vers  le  sandluaire  : 
comp.  Ps.  V,  8. 


16.  Un  pen  de  temps,  compare  a  I'impor- 
tance  du  resultat. 

1 7.  J'ai  retire  un  gra7id profit,  oufai  fait 
de  grands  progres.  Ce  i<^''  membre  trouve 
son  explication  dans  le  vers.  18. 

18.  Je  tie  serai  pas  confondu,  mes  efforts 
ne  seront  pas  sans  resultat. 

19.  Pour  el  le,  pour  I'acquerir  et  trionipher 
des  difficultes  de  sa  mise  en  pratique.  — 
A  mes  a&ions,  en  gr.  £v  Tro'.Tjjst  aou  (cod. 
Alex.);  XijJLoS  du  cod.  Vat.  est  une  faute  ma- 
nifeste;  peut-etre  y  avait-il  a  I'origine  vo'ij.ou, 
a  Vaccomplissement  de  la  loi. 

20.  La  purete'  de  la  vie  est  la  condition  et 
la  compagne  de  la  sagesse.  Le  latin  met, 
in  agnitiotie,  probablement  en  c/ierchant  a 
la  conjiaitre.  —  Avec  elle  :  fJ-ST'  auTwv  est 
une  erreur  du  traducleur  ou  du  copiste  pour 
;j.£t'  a'jxfj;.  Abandonne  d'elle  :  elle  m'assis- 
tera  tou jours. 

21.  Mes  entrailles.^  le  plus  intime  de  mon 
etre,  se  sont  eniues,  litt.  troublees,  n'ont  pas 
eu  de  repos,  ont  eu  un  zele  ardent.  —  Ai-je 
acquis,  en  la  trouvant. 

22.  Le  don  de  la  pa7-ole,  de  bien  parler  en 
general,  et  sp^cialement  de  la  sagesse. 


668 


L'ECCLESIASTIQUE.     Chap.  LI,  23—30. 


23  Approchez-vous  de  moi,  ignorants, 

Et  etablissez  votre  demeure  dans  la  maison  de  I'instruflion, 

24  Puisque  vous  manquez  de  sagesse 

Mt  que  vosames  ont  grandeniient  soif. 

25  j'ouvre  ma  bouche  et  je  parle  : 
Procurez-vous-la  sans  argent. 

26  Pliez  votre  con  sous  le  joug, 

Et  que  votre  ame  receive  I'inslruflion; 
II  n'y  a  pas  :\  aller  loin  pour  la  trouver. 

27  Voyez  de  vos  yeux  que  j'ai  travaille  pen  de  temps 
Et  que  j'ai  trouve  un  grand  repos. 

28  Prenez  part  a  I'instrutlion  c\  grand  prix  d'argent, 

Et  avec  elle  vous  aurez  acquis  de  For  en  abondance. 

29  Que  votre  ame  se  rdjouisse  de  la  misericorde  du  Seigneur, 
Et  ne  rougissez  pas  de  sa  louange. 

30  Accomplissez  votre  ctHivre  avant  le  temps, 

Et  en  son  temps  il  vous  donnera  la  recompense. 


23.  Etablissez  I'otre  demeure;  en  \^\..,ras- 
sembles-vous. 

24.  Ont  soif,,  ont  le  besoin  et  le  desir  de  la 
sagesse.  En  latin  :  poiirquoi  iardes-iwus, 
et  qtte  dites-vous  a  eel  a?  Vos  dines,  etc. 

25.  Sans  argent :  les  dofleurs  juifs  don- 


naient   leurs    legons   gratuitement.    Comp. 
Is.  Iv,  I. 

26.  Pliez  voire  C021  :  comp.  vi,  23  sv. 

27.  Pen  de  temps  :  voy.  vers.  16. 

28.  Prenez  part  :  I'imperatif  n'est  que 
pour  le  tour  de  phrase;  c'est  comme  s'il  y 


LIBER  ECCLESIASTICI.     Cap.  LI,  31—38. 


669 


31.  Appropiate  ad  me  indocti,  et 
congregate  vos  in  domum  discipli- 
nas  :  32.  quid  adhuc  retardatis.^  et 
quid  dicitis  in  his.^  animas  vestras 
sitiunt  vehementer.  23-  Aperui  os 
meum,  et  locutus  sum  '•  Comparate 
vobis  sine  argento,  34.  et  collum 
vestrum  subjicite  jugo,  et  suscipiat 
anima  vestra  disciplinam  :  in  proxi- 
mo est  enim  invenire  earn.  35.  Vi- 


dete  oculis  vestris  quia  modicum 
laboravi,  et  inveni  mihi  multam  re- 
quiem. s6.  Assumite  disciplinam  in 
multo  numero  argenti,  et  copiosum 
aurum  possidete  in  ea.  37.  Lastetur 
anima  vestra  in  misericordia  ejus,  et 
non  confundemini  in  iaude  ipsius. 
38.  Operamini  opus  vestrum  ante 
tempus,  et  dabit  vobis  mercedem 
vestram  in  tempore  suo. 


avail  :  lors  meme  que  vous  auriez  depense 
beaucoup  d'argent  pour  avoir  part  a  la  sa- 
gesse,  avec  elle  vous  seriez  encore  tres 
riche.  Comp.  ProiK  viii,  1 1 ;  Sag.  vii,  8  sv. 

29.  De  la  misih-icorde  dit  Seigneur,  en 
tant  qu'il  vous  a  fait  le  plus  precieux  de 
tous  les  dons,  celui  de  la  sagesse.  —  Ne 


fougisses  pas  :  ayant  rtqu  de  lui  la  sagesse, 
vous  pouvez  le  louer  de  tout  votre  cceur. 

30.  l^o/re  a'uvre,  ce  qui  est  pour  vous  un 
devoir,  savoir,  de  poursuivre  la  sagesse  et  de 
mettre  en  pratique  ses  enseignements.  — 
Avant  le  teinps  ou  il  serait  trop  tard  de  le 
vouloir  :  comp.  Gal.  vi,  10. 


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LES   PSAUMES. 


Introduction. 


LIVRE    PREMIER. 


lum 

el 

lO 

Psau 

» 

II 

lO 

» 

» 

Ill 

12 

» 

» 

IV 

14 

» 

» 

V 

14 

» 

» 

VI 

16 

» 

» 

VII 

iS 

> 

» 

VIII 

20 

» 

» 

IX 

22 

» 

» 

X(Vulg.  IX).       . 

24 

^> 

» 

XI  (Vulg.  X). 

26 

» 

» 

XII  (Vulg.  XI).    . 

26 

» 

» 

XIII  (Vulg.  XII). 

28 

» 

» 

XIV  (Vulg.  XIIIj. 

.       28 

» 

» 

XV  (Vulg.  XIV). 

30 

» 

» 

XVI  (Vulg.  XV).  . 

30 

» 

» 

XVII  (Vulg.  XVI).       . 

32 

» 

» 

XVIII  (Vulg.  XVII).    . 

34 

» 

» 

XIX  (Vulg.  XVIII).     . 

40 

> 

» 

XX  (Vulg.  XIX). 

42 

» 

» 

XXI  (Vulg.  XX). 

4^ 

Psaume  XXII  (Vulg.  XXI). 

XXIII  (Vulg.  XXII).   . 

XXIV  (Vulg.  XXIII).  . 

XXV  (Vulg.  XXIV).     . 

XXVI  (Vulg.  XXV).    . 

XXVII  (Vulg.  XXVI). 

XXVIII  (Vulg.  XXVII). 

XXIX  (Vulg.  XXVIII). 

XXX  (Vulg.  XXIX).    . 

XXXI  (Vulg.  XXX).    . 

XXXII  (Vulg.  XXXI). 

XXXIII  (Vulg.  XXXII). 

XXXIV  (Vulg.  XXXIII). 

XXXV  (Vulg.  XXXIV). 

XXXVI  (Vulg.  XXXV). 

XXXVII  (Vulg.  XXXVI). 

XXXVIII  (Vulg.  XXXVII) 

XXXIX  (Vulg.  XXXVIII). 
XL  (Vulg.  XXXIX).    . 
XLI  (Vulg.  XL).  . 


44 

48 
48 

50 
52 

54 
56 
56 
58 
60 
62 
64 
66 
68 
70 
72 
76 
78 
80 
82 


LIVRE    DEUXIEME. 


Psaumes  XLI  I  et  XLI  11  (Vulg.  XLI 

Psaume  LVI  1 1  (Vulg.  LVII).     . 

.     112 

etXLII). 

86 

» 

LIX  (Vulg.  LVIII).      . 

.     114 

Psaume  XLIV  (Vulg.  XLI  1 1).  . 

88 

» 

LX  (Vulg.  LIX).  . 

116 

» 

XLV  (Vulg.  XLIV).      . 

90 

» 

LXI  (Vulg.  LX).  . 

.     118 

» 

XLVI  (Vulg.  XLV).     . 

92 

» 

LXH  (Vulg.  LXI). 

118 

» 

XLVII  (Vulg.  XLVI)  . 

94 

» 

LXI  1 1  (Vulg.  LXI  I).    . 

120 

» 

XLVI  1 1  (Vulg.  XLVII). 

96 

» 

LXIV(Vulg.  LXIII).   . 

122 

» 

XLIX(VuIg.  XLVI  1 1). 

96 

» 

LXV  (Vulg.  LXIV).      . 

122 

» 

L  (Vulg.  XLIX).  . 

100 

» 

LXVI  (Vulg.  LXV).      . 

124 

» 

LI  (Vulg.  L).         . 

102 

» 

LXVII  (Vulg.  LXVI).  . 

126 

» 

LI  I  (Vulg.  LI).     . 

104 

» 

LXVI  1 1  (Vulg.  LXVII). 

126 

» 

LIII  (Vulg.  LII). 

104 

» 

LXIX(Vulg.  LXVIII). 

132 

» 

LIV(Vulg.  LIII). 

106 

» 

LXX  (Vulg.  LXIX).     . 

136 

» 

LV  (Vulg,  LIV). . 

106 

» 

LXXI  (Vulg.  LXX).     . 

136 

> 

LVI  (Vulg.  LV).  . 

no 

» 

LXX  1 1  (Vulg.  LXXI)  . 

138 

» 

LVII  (Vulg.  LVI). 

no 

TABLE    DES    MATIERES. 


671 


LIVRE    TROISlfiME. 


Psaume  LXXIII  (Vulg.  LXXII). 

»  LXXIV  (Vulg.  LXXIII). 

»  LXXV  (Vulg.  LXXIV). 

»  LXXVI  (Vulg.  LXXV). 

»  LXXVI  I  (Vulg.  LXXVI). 

»  LXXVI  1 1  (Vulg.  LXXVI  I) 

»  LXXIX  (Vulg.  LXXVIII). 

»  LXXX  (Vulg.  LXXIX). 

»  LXXX  I  (Vulg.  LXXX). 


.    142 

•    144 

146 

.      i4<^ 

•      150 

.     m2 

.     15S 

.     160 

.     162 

Psaume  LXXXII  (Vulg.  LXXXI).     , 

»  LXXXIIl  (Vulg.  LXXXII). 

»  LXXXIV  (Vulg.  LXXXI II). 

»  LXX.XV  (Vulg.   LXXXIV). 

»  LXXXVI  (Vulg.   LXXXV). 

»  LXXXVI  I  (Vulg.  LXXXVI). 

»  LXXXVI  1 1  (Vulg.  Lxxxvii). 

»  LXXXIX  (Vulg.  Lxxxviii). 


164 
164 
166 
168 
170 
172 
172 
174 


LIVRE    QUATRIEME. 


lum 

e  XC  (Vulg.  LXXXIX).  . 

180 

PsauiT 

ieXCIX(Vulg.  XCVI  1 1). 

192 

» 

XCI  (Vulg.  XC).  . 

182 

» 

C  (Vulg.  XCIX).  . 

194 

» 

XCII  (Vulg.  XCI). 

182 

» 

CI  (Vulg.  C).         .         . 

196 

» 

XCIII  (Vulg.  XCII).    . 

184 

» 

CO  (Vulg.  CI).     . 

196 

» 

XCIV(Vulg.  XCIII).  . 

186 

» 

cm  (Vulg.  cii). 

198 

» 

XCV  (Vulg.  XCIV).     . 

188 

» 

CIV  (Vulg.  CI  1 1). 

200 

» 

XCVI  (Vulg.  XCV).      . 

188 

» 

CV  (Vulg.  CIV).  . 

204 

» 

XCVII  (Vulg.  XCVI).. 

190 

» 

CVI  (Vulg.  CV).    . 

208 

» 

XCVI  1 1  (Vulg.  XCVII). 

192 

LIVRE    CINQUIIEIME. 


Psaume  CVI  I  (Vulg.  CVI). 


»  CVI  1 1  (Vulg.  evil).    . 

»  CIX(Vulg.  CVI  1 1).     . 

»  CX  (Vulg.  CIX).  . 

»  CXI  (Vulg.  CX).  . 

»  CXI  I  (Vulg.  CXI). 

»  CXIII  (Vulg.  CXII).    . 

»  CXI V  (Vulg.  CXIII).  . 

»  CXV(Vulg.,suiteduPs.CXlii) 

»  CXVI  (Vulg.  CXIV  et  CXV) 

»  CXVI  I  (Vulg.  CXVI).. 

»  CXVI  1 1  (Vulg.  CXVI  I). 

»  CXIX  (Vulg.  CXVIIT). 

»  CXX  (Vulg.  CXIX).     . 

»  CXXI  (Vulg.  CXX).     . 

»  CXXII  (Vulg.  CXXI)  . 

»  CXXIII  (Vulg.  CXXII). 

»  CXXIV  (Vulg.  CXXIII). 

»  CXXV  (Vulg.  CXXIV). 

»  CXXVI  (Vulg.  CXXV). 

»  CXXV  1 1  (Vulg.  CXXVI). 

»  CXXVI  1 1  (Vulg.  CXXVI  I) 

»  CXXIX  (Vulg.  CXXVIII). 


214 

218 

2l8 
222 

224 
224 
226 

226 

228 
230 
232 
232 

234 
248 

250 
250 

252 
252 
254 

254 

254 
256 

256 


Psaume  CXXX  (Vulg.  CXXIX).        .  258 

»  CXXXI  (Vulg.  CXXX).        .  258 

»  CXXXI  I  (Vulg.  CXXXI).     .  258 

»  CXXXI  1 1  (Vulg.  CXXX  11).  262 

»  CXXXIV  (Vulg.  CXXX  III).  262 

»  CXXXV  (Vulg.  CXXXIV).  .  262 

»  CXXXVI  (Vulg.  CXXXV).  .  264 

»  CXXXVI  I  (Vulg.  CXXXVI).  266 

»  C.XXXVIlI(Vulg.  cxxxvii).  268 

)>  CXXXIX  (Vulg.  cxxxviii).  268 

»  CXL  (Vulg.  CXXXIX).        .  272 

»  CXLI  (Vulg.  CXL).       .         .  272 

»  CXLI  I  (Vulg.  CXLI).  .         .  274 

»  CXLIII  (Vulg.  CXLII).        .  276 

»  CXLIV  (Vulg.  CXLIII).      .  278 

»  CXLV  (Vulg.  CXLIV).         .  280 

»   '     CXLVI  (Vulg.  CXLV).         .  282 

»  CXLVII      (Vulg.      CXLVI 

et  CXLVII).     .         .         .282 

»        CXLVII  1 284 

»        CXL  IX 286 

»        CL 288 


672  TABLE    DES    MATIERES. 

LE   LIVRE   DES   PROVERBES. 

Introduction 290 

PREMIERE    PARTIE. 

Introduction   generale.   Exhortations  et  avertissements  adresses 
par  la  sagesse  aux  jeunes  gens  [Chap.  I  —  IX]. 

SECTION  I.  —  Premiere  serie  d'exhortations  [Chap.  I— III]. 

Chap.  I.       Prologue.  —  Epigraphe.  —  Le  sage  exhorte  son  disciple  a  fair  les  sen- 
tiers  du  vice;  a  la  fin,  il  fait  parler  la  sagesse  elle-meme.     .         .         .     294 

»       II.     La  docilite  aux  legons  de  la  sagesse  procure beaucoup  debien  et  preserve 

de  beaucoup  de  maux  ..........     298 

»       III.  Biens  reserves  aux  serviteurs  de  Dieu;  secours  que  Dieu  leur  menage; 

exhortation  a  I'amour  du  prochain  et  a  la  justice  .  '         .         .         .     300 

SECTION   II.— Seconde  serie  d'exhortations  [Chap.  IV  — VII]. 

Chap.  IV.       Enseignements  que  le  sage  regut  de  son  pcre  pendant  sa  jeunesse        .     302 
»       V.         Qu'il  faut  s'abstenir  des  amours  impures  et  s'attacher  a  son  epouse.      .     304 
»       VI.       Avertissements  divers  de  la  sagesse  :  ne  pas  se  rendre  imprudemment 
caution;  la  paresse;  eviter  le  mechant  et  I'hypocrite;  I'impurete  et  ses 
suites.         ............     306. 

»       VII.     Nouvelle  exhortation  a  fuir  la  femme  debauchee  .         ....     310 

SECTION  III.— Troisieme  serie  d'exhortations  [Ch.  VIII  — IX]. 

Chap.  VIII.  La  sagesse  personnifiee  fait  son  propre  eloge  :  richesse  de  ses  dons 
[vers.  I  — 21];  sa  generation  dternelle  [22  —  31];  benedicflions  atta- 
ch^es  a  sa  possession  [32  —  36].         .......     312 

»       IX.       Les    hommes  sont  invites  k  un   double  festin    :  celui  de  la  sagesse 

[vers.  I  —  12]  et  celui  de  la  folic  [13  —  18].         .....     314 

DEUXIEME    PARTIE. 

Proverbes  et  maximes  se  rapportant  aux  diverses  situations 
de  la  vie  humaine  [Chap.  X,  i  —  XXII,  16]. 

SECTION  I.  —  L'homme  religieux  et  rirapie  compares  entre  eux,  soit  dans  leur 
conduite  generale,  soit  dans  le  sort  qui  leur  est  reserve  [Chap.  .X  —  XV]. 

Chap.  X.         Parallele  entre  l'homme  pieux  et  le  mechant.  Proverbes  de  Salomon.  .  316 

»       XI.       Parallele  entre  l'homme  pieux  et  le  mechant  (suite).     ....  320 

»       XII.     Parallele  entre  l'homme  pieux  et  le  mechant  (suite) 322 

»       XIII.   Parallele  entre  rhomme  pieux  et  le  mechant  (suite) 324 

»       XIV.   Parallele  entre  Thomme  pieux  et  le  mechant  (suite) 326 

»       XV.     Parallele  entre  l'homme  pieux  et  le  mechant  (suite) 33a 

SECTION  II.  —  Exhortation  a  servir  Dieu  par  la  pratique  des  vertus 

[Chap.  XVI,  I  — XXII,  16]. 

Chap.  XVI.  Confiance  en  Dieu  qui  gouverne  le  monde 332 

»       XVII.  Frugalite  et  amour  de  la  paix     ........  336 

»       XVIII.  Caracflere  accommodant.  Fidelite  i\  ses  amis.  Autres  vertus  sociales.  338 

»       XIX.  Humilite,  douceur  et  mansuetude 340 

»       XX.  Fuir  les  vices  :  ivresse,  paresse,  jalousie,  querelles,  etc.     .         .         .  342 


TABLE    DES    MATIERES.  673 


Chap.  XXI.       Justice,  bonte  et  patience,  abandon  a  la  Providence  ....     346 
»       XXII.     La  bonne  renommee  [vers,  i  —  16]    .         .         .         .         .         .  348 

Premier  supplement  a  la  11^  partle. 

DIVERS   CONSEILS   DE  JUSTICE   ET   DE   PRUDENCE  [XXII,   17  — XXIV,  22]. 

Chap.  XXII,  17  sv.  —  Prologue.   Justice  envers  le  prochain,   surtout   envers   les 

pauvres ^50 

»       XXIII.   Fuir  la  cupidite,  I'intemperance  et  I'impurete.    .....  350 

)>       XXIV,  I  —  22.  Fuir  les  mechants  et  les  insenses 354 

Deuxieme  supplement  a  la  11^  partie. 

RELATIONS  SOCIALES.  PARESSE  [XXIV,  23  —  34]. 

TROISIEME    PARTIE. 

La  vraie  sagesse  souverain  bien  des  rois  et  des  sujets 

[Chap.  XXV  —  XXIX]. 

Chap.  XXV.  Exhortation  a  la  crainte  de  Dieu  et  a  la  justice 

»       XXVI.  Recommandations  diverses.     .... 

»       XXVII.  Recommandations  diverses  (suite) . 

»       XXVIII,  Recommandations  diverses  (suite)  . 

»       XXIX.  Recommandations  diverses  (suite)  . 


Premier  supplement  a  la  Ille  partie. 


358 
360 

364 
366 

370 


Chap.  XXX.   Preambule  [vers,  i — 6].  Divers  proverbes  [7  sv.] 372 

Deuxieme  supplement  a  la  IIP  partie. 

PAROLES   DE    LA   MERE    DE   LAMUEL. 

Chap.  XXXI,  vers,  i  —9.  ...........     376 

Troisieme  supplement  a  la  Ille  partie. 

ELOGE    DE   LA   FEMME   FORTE. 

Chap.  XXXI,  vers.  10  —  31 378 


L'EGCLESIASTE. 

INTRODUCTION 381 

Chap.  I.  Prologue;  titre  et  sujet  du  livre  ;  toutes  les  choses  humaines  sent  vanite 

et  misere  [vers,  i  —  11].  Vanite  de  la  sagesse  humaine  [12  —  18].      .     384 
»       II.        Vanite  des  joies  profanes  [vers,  i  —  ii].  Meme  sort  pour  le  sage  et 
I'insense    [12  — 17].    Vanite    de    la    richesse    peniblement    acquise 
[18  — 25].  Dieu  seul  donne  le  honheur  [24  —  26] 386 

»  III.  II  y  a  pour  toutes  choses  un  temps  fix^  par  Dieu  :  I'homme  n'y  peut 
rien  changer  [vers,  i  —  15];  il  est  egalement  impuissant  devant  les 
injustices  de  ce  monde. 388 

»       IV.       Impuissance  de  Thomme  en  face  des  maux  et  des  tourments  de  la  vie 

[vers.  I  —  16] 390 

N°  23.  —  LA  bAlNTE  blBLE.   TOMK  IV.   —    4J 


674  TABLE    DES    MATIERES. 

Chap.  V.  Conduite  h  tenir  dans  raccomplissement  des  devoirs  religieux 
[iv,  17  —  V,  6];  —  divers  abus  et  desordres  [7  —  16];  —  s'abandonner 
k  la  Providence  [17 — 19]. 394 

»       VI.       La  richesse  ne  donne  pas  le  bonheur;  Dieu  a  determine  d'avance  le 

lot  de  chacun     .........•>•     39^ 

»       VII.     Maximes  sur  les  tristesses  de  la  vie,  sur  la  sagesse  et  la  moderation     .     398 

»  VIII.  Comment  il  faut  se  comporter  sous  un  roi  absolu  [vers,  i  — 9].  Le  sort 
des  justes  et  des  mechants  etant  souvent  le  meme  ici-bas,  le  meilleur 
est  de  jouir  de  la  vie  [10  —  15].  La  raison  des  choses  echappe  a 
I'homme  [16— 17] 4°° 

»  IX.  Meme  sort  pour  le  juste  et  I'injuste;  jouir  de  la  vie  [vers,  i  — 10]. 
Utilite  et  inutility  de  la  sagesse  [11  —  15].  Ecouter  le  sage,  et  non 
I'insense  [16— 18] 402 

»       X.         Contraste  entre  la  sagesse  et  la  folie      ■ 4°^ 

»       XI.       Etre  prevoyant,  mais  sans  exces  :  I'avenir  appartient  a  Dieu;  jouir  de 

la  vie  :  au-dela  sont  les  tenebres.        .......     408 

»       XII.     Etre  vertueux  des  la  jeunesse,  sans  attendre  les  derniers  jours  de  la 

vie  [vers,  i  —  8].  Epilogue  [9 — 14]. 408 


LE   CANTIQUE   DES   GANTIQUES. 


Introduction 


Chap.  I. 
»       II. 
»       III. 
»       IV. 


420 
422 
424 
426 


Chap.  V. 
»       VI. 
»       VII. 
»       VIII. 


415 
428 
430 
432 
434 


LE   LIVRE   DE   LA  SAGESSE. 

Introduction 438 


PREMIERE    PARTIE. 

Avantages  de  la  sagesse  consideree  theoriquement  [Chap.  I — ^  IX"|. 

i^  I.  —  La  sagksse  conduit  a  la  bienheureuse  immortalite  [i  — v]. 

Chap.  I.       C'est  par  la  puret^  morale  qu'on  arrive  h.  la  sagesse  [vers,  i  —  10].  Le 

peche  amene  le  chatiment  et  la  mort  [11  —  16]    .....     442 

»       II.     Maximes  et  raisonnements   des  impies   touchant  la  destinde  humaine 

[vers.  I  — 20].  Refutation  de  ces  maximes  [21  — 25]   ....     444 

»  III.  Les  justes  sont  recompenses  par  leurs  souffrances  [vers,  i — 9].  Con- 
traste entre  les  justes  et  les  impies  au  point  de  vue  de  leur  famille 
[10  — IV,  6] 448 

>       IV.    Suite  du  contraste  entre  les  justes  et  les  impies  [vers,  i  —  6].  Mort  du 

juste  opposee  a  celle  de  I'impie  [7  —  20].      ......     450 

»  V.  Contraste  entre  les  bons  et  les  mechants  apres  la  mort  :  les  mechants 
en  proie  au  remords  de  la  conscience  [vers,  i  —  15]:  jugement  de  Dieu 
sur  les  justes  et  sur  les  mechants  [16  —  23].         .....     454 


TABLP:   DES    MATlfeRES.  675 


§    II.  —  La   SAGESSE   est   LE   guide   DE   la   vie  [cH.  VI— ix]. 

Chap.  VI.  Que  les  princes  cherchent  la  sagesse  [vers,  i  —  ii];  —  elle  est  facile  h. 
trouver  fi2  —  i6];  —  elle  conduit  a  un  royaume  [17  —  21];  —  nature 
de  la  sagesse  [22  —  25].     . .     ^^6 

»  VII.  .Salomon  (dans  lequel  lauteur  se  personnifie)  etait  un  homme  comma 
tons  les  autres  [vers,  i  — 6];  il  a  demande  a  Dieu  la  sagesse,  qu'il 
prefe'rait  k  tous  les  biens  terrestres  [7— io];avec  elle  sont  venus 
tous  les  biens,  I'amitie  de  Dieu  et  de  nombreuses  connaissances 
[11  — 21].  —  Proprietds  de  la  sagesse,  sa  nature  et  ses  effets 
[22  — viii,  i] 460 

»  VIII.  L'auteur,  continuant  de  jouer  le  role  du  roi  .Salomon,  decrit  les  avanta- 
ges  de  la  sagesse,  sa  divine  fiancee  :  elle  charme  toute  la  vie  [2  —  8], 
elle  apprend  k  bien  gouverner  [9  —  16],  elle  est  une  source  de  bene- 
dictions pour  celui  qui  I'aime  [17 —  20].     ......     464 

»       IX.       Priere  de  Salomon  pour  demander  la  sagesse 466 

DEUXifiME    PARTIE. 

La  sagesse  consideree  historiquement  [X  —  XIX]. 

§  I.  —  La  sagesse  est  une  puissance  qui  sauve  et  qui  chatie  [x  — xii]. 

Chap.  X,  I  —  XI,  4.  Role  de  la  sagesse  comme  guide  du  peuple  d'Adam  a  Moise.     .     .468 
»       XI.     La  sagesse,  guide  du  peuple  de  Dieu  [suite.  Vers,  i  — 4].  —  Role  de  la 
sagesse  dans  le  chatiment  des  ennemis  de  Dieu  :  1°  des  Egyptiens 

[5,  XII,  i] 472 

»       XII.  Role  de  la  sagesse  dans  le  chatiment  des  ennemis  de  Dieu  :  2°  des 

Chananeens 476 

§  II.  —  Origine  et  consequences  morales  de  l'idolatrie  [xiii—  xiv]. 

Chap.  XIII.  Origines  de  l'idolatrie   :  Culte  de  la  nature  [vers,  i  —  g];   culte  des 

images  ou  idoles  [vers.  10 — Xiv,  13].        ......     478 

»       XI\^    Culte  des  images  [suite.  Vers,  i  —  13];  —  culte  des  hommes  deifies 

[14  —  21];  —  consequences  morales  de  l'idolatrie  [22  —  31].      .         .     482 

^  III.  —  Contrasts  entre  les  adorateurs  du  vrai  Dieu  et  les  idolatres. 

Chap.  XV.         Differences  generates  [vers,  i  —  17];  adoration  des  animaux  par  les 

Egyptiens  [18 — 19] 486 

»  XVI.  Contraste  entre  les  adorateurs  du  vrai  Dieu  et  les  Egyptiens  idola- 
tres :  ceux-ci  sont  affliges  par  toute  sorte  de  plaies,  ceux-lk  en  sont 
affranchis.  Aflion  des  animaux  [vers,  i  —  13];  acftion  des  forces  de 
la  nature  [14 — ^29].         .........     488 

»       XVII.    Contraste   entre   les   Hebreux  et  les  Egyptiens    dans  la   plaie  des 

tenebres.         ...........     492 

»       XVIII.  Suite  du  chap,  precedent  [vers,  i  — 4].  Contraste  dans  Tadlion  de  la 

mort  [5  —  25] 494 

»  XIX.  Contraste  entre  les  Israelites  et  les  Egyptiens  quant  k  I'acftion  des 
puissances  naturelles  sur  les  uns  et  sur  les  autres  [vers,  i  —  12]. 
Comparaison  entre  les  Egyptiens  et  les  habitants  de  Sodome 
[13  -  -  17J.  Resume  de  toute  la  deuxieme  partie  du  livre  [18  —  22].     498 


—i©i i®i ^€^5— 


676  TABLE    DES    MATlfeRES. 


LE    LIVRE    DE    L'ECCLESIASTIQUE. 

Introduction.        . 504 

Prologue 50S 

PREMIERE    PARTIE. 

Origine  et  nature  de  la  sagesse.  Exhortations  a    se   livrer  a  elle 
et  a  suivre  ses  enseignements.  [Chap.  I  —  XVI,  21]. 

Chap.  I.  Origine  de  la  sagesse  [vers,  i  —  10].  La  crainte  de  Dieu  et  ses  rap- 

ports avec  la  sagesse  [11 —  30].  .......     510 

»  II.  Constance  dans  I'epreuve  [vers,  i  — 6].  Confiance  en  Dieu  [7 —  11]. 
Malheur  aux  anies  chancelantes  et  incertaines  [12 —  14].  Vertus  de 
ceux  qui  craignent  Dieu  [15  —  18].    .......     514 

»       III.      Devoirs  des  enfants  envers  leurs  parents  [vers,  i  —  16].  Sois  doux  et 

humble,  misericordieux  et  reconnaissant  [17  —  31].    .         .         .         .     516 

>       IV.       Devoirs  envers  les  pauvres  [vers,  i  —  11].  Avantages  de  la  sagesse 

[12 — 19].  Conseils  divers  [20- — 31].  ......     518 

»       V.         Securite  dangereuse    [vers,  i  —  7].    Danger    des  richesses    [8 — 10]. 

Langue  double  [11  —  15].  ........     522 

»       VI.       Contre    I'orgueil  [vers.    2 — 4].    L'amitie   et   ses    avantages  [5  —  17]. 

Exhortation  a  la  sagesse  [18  —  36].   .......     524 

»       VII.     Exhortation  gendrale  a  eviter  le  mal  [vers,  i  —  3],  suivie  d'avertisse- 

ments  et  de  conseils  divers  [4  —  36].  ......     528 

»       VIII.   Diverses  regies  de  prudence  h.  observer  dans  les  relations  sociales.      .     530 

»  IX.  Rapport  avec  les  femmes  [vers,  i  — 9],  avec  les  vieux  amis  [10],  avec 
les  pecheurs  heureux  [11  —  12],  les  i)uissants  [13],  les  sages  et  les 
justes  [14  —  16],  le  sage  magistrat  et  le  grand  parleur  [17  —  18J.     .     534 

»  X.  Le  prince  "sage  et  I'insense  [vers,  i  —  5].  Orgueil  et  presomption 
[6  —  18].  Crainte  de  Dieu  [19—  24].  Paresse  et  vaine  gloire,  gloire 
veritable  [25  —  31].    ..........     536 

»  XI.  Ne  pas  regarder  a  I'exterieur  [vers.  2  —  6].  Ne  blamer  ni  ne  parler  a 
la  legere  [7  ■ —  9].  Le  bonheur  depend  avant  tout  de  la  benedicflion  de 
Dieu,  qui  I'accorde  a  ses  fideles  serviteurs  [10  —  26J.  Eviter  toute 
relation  intime  avec  les  mdchants  [27  —  32].       .         .  .         .     540 

»       XII.     Ne  faire  du  bien  qu'aux  justes  [vers,  i  —  7J.  Ne  pas  se  confier  h.  un 

ennemi  [8  —  18].         .         .         .         .         .         .         .         .         .         .     542 

»  XIII.  Danger  du  commerce  entre  les  grands  et  les  petits,  les  riches  et  les 
pauvres  [vers,  i — 22].  Vaieur  morale  de  la  richesse  et  de  la  pau- 
vrete  [23  —  xvi,  2] 544 

»  XIV.  P>onheur  d'une  bonne  conscience  [vers,  i  —  2].  De  I'avarice  et  du  sage 
emploi  des  richesses  [3  —  19].  Heureux  cehii  qui  travaille  ;\  acquerir 
la  sagesse  [20  —  27].  ..........     54S 

»       XV.      Eloge  de  la  sagesse,suite  [vers,  i  —  loj.  Dieu  n'est  pasl'auteur  du  mal, 

mais  il  a  donne  ci  I'homme  la  liberie.         ......     550 

»  XVI.  Des  enfants  impies  ne  sont  pas  a  desirer  [vers,  i  —  5];  ils  attirent  tou- 
tes  sortes  de  malheurs  [5  —  10];  car  Dieu  n'est  pas  seulement  mise- 
ricordieux, il  est  juste  aussi  et  vengeur  du  crime  [11  — 21].  Sagesse 
de  Dieu  dans  la  creation  du  monde  [22  — -28].  .....     552 


TABLE    DES    MATIERES.  677 

DEUXifiME    PARTIE. 

La  Creation  et  la  Providence;  devoirs  de  I'homme  envers  Dieu; 
maximes  diverses.  [Chap.  XVI,  22 — XXIII,  27]. 

Chap.  XVII.  Creation  de  I'honime;  dans  quel  rapport  il  est  e'tabli  vis-a-vis  de 
Dieu  [vers,  i  — 12].  Attention  que  Dieu  apporte  a  tous  les  a(fles 
[13 — 19].  Que  rhomme  revienne  a  Dieu,  qui  a  compassion  de 
sa  faiblesse  [20 — 27] 556 

»  XVIII.  Grandeur  de  Dieu  en  regard  de  la  faiblesse  de  Thomme,  raison 
de  la  misericorde  divine  [vers.  1--13].  Que  le  bienfait  soit 
accompagne  de  bonnes  paroles  [14 — .17].  Diverses  maximes 
de  sagesse[i3— 32].  .         .         .    " 558 

»  XIX.  Ivrognerie  et  impuret^  [vers,  i — 3].  Discretion  et  indiscretion 
[4  —  12].  Correction  fraternelle  [13  —  17].  La  vraie  et  la  fausse 
sagesse  [18  —  27]. 562 

»  XX.  II  y  a  temps  et  raison  pour  parler  et  pour  se  taire  [vers,  i- — 7]. 
Apparences  trompeuses  [8  —  12].  Les  presents  de  I'insense 
[13 — 16].  Dangers  de  la  langue  [17 — 19].  Maximes  diverses 
[20  —  30] 564 

»       XXI.  Eviter  le  peche,  particulierement  I'orgueil,  etc.  [vers,  i  -—  10].  Le 

sage,  le  pieux,  I'insense  et  I'impie  compares  entre  eux  sous 
divers  rapports  [11 — 28]  ........     568 

»       XXII.  La  paresse  [vers,  i  —  2].  Enfants  mal  Aleves  [3  —  6].  L'insense  et 

le  sage  [7  — 16].  Ce  qui  detruit  I'amitie  [17  —  20];  devoirs 
qu'elle  impose  [21  —  24].  Veiller  sur  ses  paroles  [25  —  27].         .     570 

»       XXIII.         Priere  pour  etre  preserve  des  peches  de  langue  [xxii,  25  —  xxiii,  6]. 

Vigilance  sur  les  paroles  [7  —  15].  Fuir  la  voluptd  [16  —  27].     .     574 

TROISlllME    PARTIE. 

Eloge  de  la  sagesse.  Sentences  et  maximes  pour  la  conduite 
de  I'homme  dans  ses  rapports  sociaux  [Chap.  XXIV  —  XXXIII,  18]. 

Chap.  XXIV.  L'auteur  introduit  la  sagesse  [vers,  i- — 2]  et  lui  fait  tenir  dans 

I'assembl^e  du  peuple,  un  discours  ou  elle  fait  son  propre  eloge 
[3  —  21].  Puis,  reprenant  la  parole,  il  explique  que  ce  qu'il  vient 
de  dire  est  vrai   de   la  loi,  puisqu'elle  decoule  de  la  sagesse 

[22  —  27] 578 

»       XXV.  Sentences  diverses  :  trois  choses  qu'on  aime  et  trois  choses  qu'on 

deteste  [vers,  i  —  2].  La  sagesse  est  I'honneur  des  vieillards 
[3  —  6].  Eloge  de  la  crainte  de  Dieu  [7  —  11].  La  mechante 
femme  [12  —  25].        .........     582 

»       XXVI.  Sentences  diverses  [suite]  :  La  femme  vertueuse  [vers,  i  —  4  et 

16  —  18].  La  femme  jalouse,  mechante  et  impudique  [5 — 12]. 
Trois  choses  deplorables  [19].  Le  negoce  expose  au  peche  [20]  .     586 

»  XXVII.  L'exercice  du  commerce  au  peche  [vers,  i — 3].  Le  discours  revele 
I'interieur  de  I'homme  [4  —  7].  Recherche  de  la  justice  [8  —  10]. 
Langage  des  hommes  pieux  et  des  impies  [11  —  15].  Indiscre- 
tion [16  —  21].  Odieux  de  I'hypocrisie  [22  —  24].  Le  fourbe  se 
nuit  a  lui-meme  [25  —  28J.  Ne  pas  se  rejouir  de  la  chute 
des  hommes  pieux  [29].  Ne  te  venge  pas,  mais  pardonne 
[30  —  xxviii,  7] .........         .     588 

»       XXVIII.      Centre   la  vengeance  [vers,  i  —  7],    les    querelles   [8 — 12],   les 

peches  de  langue  [13  —  26].        .......     590 

»       XXIX.  Preter  [vers,  i  — 13]  et  se  porter  caution  [14  —  20]  sont  des  oeuvres 

de  misericorde.  Vivre  pauvre  chez  soi  vaut  mieux  que  de  se  faire 
heberger  chez  les  autres  [21 — 28].    ......     594 


678  TABLE    DES    MATIERES. 

Chap.  XXX.  Fermete  dans  I'education  des  enfants  [vers,  i  —  13I.  Bonheur  que 

donne  la  sante  [14  —  20].  La  tristesse  et  ses  effets  pernicieux 

[21—24] 596 

'>>       XXXI  [en  gr.  XXXIV].  De  la  recherche  des  biens  temporels  [vers,  i  —  11]. 

De  la  bienseance  a  table  et  de  la  temperance  [12  —  31].    .         .     600 

»  XXXI I  [en  gr.  XXXV].  Regies  a  observer  dans  les  festins  [suite,  vers,  i  —  13]. 
Le  juste  et  le  sage  opposes  h  I'insense  dans  leur  conduite 
comme  dans  leur  sort  [14  —  24].         ......     602 

»  XXXIII  [en  gr.  XXXVI],  i  —  19.  La  crainte  de  Dieu  [vers,  i  —  6].  Inegalite 
des  conditions  [7  — 15].  L'auteur  se  felicite  de  son  recueil  de 
sentences  et  invite  tons  les  hommes  a  I'^couter  [16 —  19]  .         .     606 

QUATRIEME    PARTIE. 

Regies  de  prudence  et  de  justice.  Le  Seigneur  et  son  peuple 

[Chap.  XXXIII,  19  — XXXVI,  17. 
En  grec  XXX,  28  — XXXIII,  11  et  XXXVI,  i  — 16]. 

Chap.  XXXIII,  19  —  31  [en  grec  XXX,  28  —  40].  Ne  pas  distribuer  ses  biens  avant 
sa  mort  [vers.  19  —  24].  Comment  il  faiit  traiter  les  esclaves 

[25  —  31] 608 

»  XXXIV  [en  gr.  XXXI].  Vanite  des  songes  en  general  [vers.  1—8].  L'expe'- 
rience  rend  sage  et  delivre  des  dangers,  Dieu  etant  le  protec- 
teur  de  ceux  qui  le  craignent  [9  —  17].  Ne  pas  offrir  a  Dieu  des 
biens  injustement  acquis  [18  —  26].    ......     610 

»  XXXV  [en  gr.  XXXII].  Des  sacrifices  [vers,  i  —  10].  Dieu  exauce  la  priere 
des  pauvres  et  punit  les  coeurs  sans  pitid  [11  —  17].  II  exercera 
sa  vengeance  contre  les  paiens  orgueilleux,  et  fera  justice  et 
misericorde  a  son  peuple  [18 — iq].    .         .         .'       .         .         .     612 

»       XXXVI,  I  —  17  [en  gr.  X.X.XIII,  i  — 11;  XXXVI,  16''-  22].  Priere  pour  la 

delivrance  d'lsratil  et  sa  reunion  dans  le  pays  de  ses  pcres.         .     614 

ClNQUlfeME    PARTIE. 

Diverses  maximes  et  regies  a  suivre  dans  les  relations  sociales 

[Chap.  XXXVI,  18  — XXXIX,  11]. 

Chap.  XXXVI,  18  sv.  Discernement  a  apporter  dans  les  choses  et  les  personnes, 

specialement  dans  le  choix  d'une  epouse.  .         .         .         .         .616 

»       XXXVII.     Le  vrai  et  le  faux  ami  [vers,  i  — 6].  Conseillers  a  cviter,  a  choisir 

[7 —  15].  Des  hommes  habiles  [16  —  26].  De  I'intemperance.      .     61S 

»  XXXVIII.  Comment  on  doit  se  comporter  vis-ii-vis  des  medecins  [vers,  i  —8], 
dans  la  maladie  [9—  15],  envers  les  morts  [16  —  23].  Des  arti- 
sans consideres  au  point  de  vue  de  la  sagesse  [24 —  34]     .         .     620 

»       XXXIX,  I  —  II.  Des  sages,  par  opposition  aux  artisans  [vers,  i  —  n]-  •         •     626 

SIXIEME    PARTIE. 

De  la  creation  et  de  la  place  que  I'homme  y  occupe 
[Chap.  XXXIX,  12— XLII,  14]. 

Chap.  XXXIX,  12  sv.  Sujet  :  toutes  les  oeuvres  de  Dieu  sont  bonnes,  et  tout  ce  qu'il 
ordonne  arrive  en  son  temps.  One  les  justes  louent  le  Seigneur 
"vers.  12  —  15].  II  est  tout-puissant,  et  sa  science  est  infinie 
"16  —  21].  Tout  ce  qu'il  fait  est  pour  le  bien  des  justes  et  pour 
la  punition  des  pccheurs  [22  —  31].  Conclusion  :  louange  k 
Dieu  [32  — 35] 626 


TABLE    DES    MATIERES. 


679 


Chap.  XL.  Miseres  de  la  vie  humaine  [vers,  i  —  1 1].  Eloge  de  la  fid(flite  et  de 

la  bienfaisance  [12  —  17].  Glioses  agreables  de  la  vie  [18  —  27] ; 
choses  tristes  et  malheureuses  [28  —  xli,  13].      .... 

»  XLI.  Pensee  de  la  mort  [vers.  1—4].  Malheur  des  impies  [5  —  13]. 
Nouveau  groupe  de  sentences  morales  [14  —  xlii,  14]  :  la  vraie 
et  la  fausse  honte  [14^16].  Choses  dont  on  doit  avoir  honte 
[17  —  24] 

»       XLII  [vers,  i  — 14].  Choses  dont  il  ne  faut  pas  avoir  honte  [vers,  i — 8] 


citude  du  pere  de  famille  au  sujet  de  sa  fille  [g 
garde  des  femmes  [12  —  14] 


Solli- 
11];  qu'il  se 


630 


632 


636 


SEPTIEME    PARTIE. 

Louange  du  Seigneur,  qui  a  fait  eclater  sa  gloire  dans  les  oeuvres 

de  la  nature  et  dans  les  illustres  ancetres  d'Israel 

[Chap.  XLII,  15  — L,  26]. 


Chap.  XLII  [vers.  15  sv.]  Puissance  et  sagesse  de  Dieu  manifestees  dans  les  oeuvres 
de  la  nature         ....  


XLIII. 


»  XL  IV. 

»  XLV. 

»  XLVI. 

»  XLVI  I. 

»  XLVI  1 1. 

»  XLIX. 


Epilogue  [l,  2-] 
Chap.  LI. 


Louange  de  Dieu  par  les  oeuvres  de  la  nature  (suite)  :  le  ciel,  le 
soleil  [vers,  i  —  5];  la  lune,  les  etoiles,  I'arc-en-ciel  [6  — 12]; 
divers  phenomenes  [13  —  22];  la  mer  [22  —  26].  Conclusion 
[27—32] 

Eloge  des  peres  :  Introduflion  [vers,  i  —  15].  Enoch  et  Noe 
[16  —  18];  Abraham,  Isaac  et  Jacob  [19  —  23]. 

Eloge  de  Moise  [vers,  i  —  5],  d'Aaron  [6  —  22],  de  Phinees 
[23  —  26] 

Josue  et  Caleb  [vers,  i  — 10].  Les  Juges  [11  — 12].  Samuel  [13 — 20]. 

Nathan  et  David  [vers,  i  —  11];  Salomon  [12  —  22];  partage  de 
la  nation  en  deux  royaumes,  peche  et  chatiment  d'Ephraim 
[23  —  25] 

Elie  [vers,  i  — 11],  Elisee  [12  —  16],  Ezechias  et  Isa'ie  [17  —  xlix,  3]. 

Josias  [vers,  i  —  3];  rois  de  Juda,  Jeremie,  Ezechiel,  les  douze 
petits  prophetes  [4 — 12];  Zorobabel,  Jesus  et  Nehemie  [11  — 13]; 
Enoch,  Joseph,  Sem,  Seth  et  Adam  [14 —  16].  .... 

Eloge  du  grand-pretre  Simon;  travaux  qu'il  fit  executer  au  temple 
[vers.  1 — 4];  sa  majeste  dans  les  foncflions  saintes  [5—  21].  — 
Epilogue  de  I'eloge  des  Peres  :  louange  au  Seigneur;  qu'il  benisse 
le  peuple  [22  —  24].  Les  trois  peuples  detestes  [25  —  26];  con- 
clusion du  livre  [27  —  29]  ........ 

—  LI,  30]. —  Conclusion,  derniere  priere  et  instrucftion  finale  de 
I'auteur.     ........... 

Appendice.  Louange  et  aclion  de  graces  au  Seigneur  qui  m'a 
sauve  d'un  peril  mortel  [vers,  i  —  12].  Moyens  employes  par 
I'auteur  pour  acquerir  la  sagesse  [13  —  22];  exhortation  a  suivre 
son  exemple       .......... 


638 

640 

642 

646 
650 

652 
656 

658 

660 

664 

664 


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InTpr.  de  S.  J 


ean  I'Evang.  —  Desclee,  Lefebvre  et  C'^  —  Paris  -  Rome  -  Tournai. 


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