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Full text of "La sismologie moderne; les tremblements de terre;"

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LIBRAIRIE ARMAND COLIN 


C'° "DE MONTESSUS DE BALEOME 


Les Tremblements de Terre (Géographie Séismologique). Préface 


par M. À. De LappaRENr, membre de l’Institut. Un volume 
in-8° raisin, 482 pages, 89 cartes et figures dans le texte, 
3 cartes hors texte, broché. : 7. LENS 
Historique des théories séismologiques. — Le Continent nord-atlan- 
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La Science Séismologique (Les Tremblements de Terre). Préface 


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Histoire de la Séismologie. — Les Macroséismes, ou les Tremblements 
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trumentale ou théorique. — Les Mégaséismes, ou les Tremblements de 
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_wnt DE MONTESSUS DE BALLORE. 
Directeur du Service sismologique de la République du Chili. 
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Librairie Armand Colin 
| Rue de Mézières, 5, PARIS 
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d Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays. 
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Copyright nineteen hundred and eleven 


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che Livrar}y 
r Sec. 99, 
right Act of Mch. #, 190%, 


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Tout se meut dans l'Univers : telle est la loi 


générale, et cette formule simple résume en peu 


de mots lés résultats expérimentaux de tout le 
vaste ensemble des connaissances humaines qui 
s'appelle la Science. Les étoiles fixes, ou simple- 
ment les Fixes, comme les nommaient les anciens 
philosophes, ne le sont qu'en apparence et seule- 


ment en raison des immenses distances qui les 


séparent de notre monde planétaire; le Soleil, 


entraînant avec lui son cortège de planètes, se 


meut sur une orbite tellement vaste que, pour 
déceler cette course vers l'infini, il a fallu les 


plus délicates mesures des astronomes modernes; 


.la Terre tourne autour du Soleil avec une vitesse 


telle que nos sens sont tout à fait impuissants à 


s'en apercevoir; à sa surface, les masses liquides 


SISMOLOGIE MODERNE. a 


RC ES | PRÉFACE 
des océans ou gazeuses de l'atmosphère sont en 
perpétuelle agitation, tandis que dans leur sein 
rampent, nagent et volent des êtres vivants dont 
le corps lui-même est le siège d’une intense cir- 
culation du sang et d'un continuel échange de 
matières entre leurs cellules constituantes et le 
milieu ambiant, phénomène auquel participe aussi 
la sève des végétaux, qui sont cependant le type 
de l’immobilité vivante. Que sont les grands 


phénomènes de la physique, lumière, chaleur, 


électricité, magnétisme, sinon des formes de 
mouvement et de même les phénomènes chi- 
miques? Qu'est elle-même la vie, soit d'un être 


infiniment complexe tel que l'homme, ou celle 


d'une simple cellule, sinon un incessant mouve- 


ment, un continuel échange d'énergie, et, au 
moment de la mort d'un être, quel qu'il soit, le 
mouvement, pour changer de cycle, ne disparaît 
pas pour cela au sein de la matière qui constituait 
cet organisme. Comment enfin conçoit-on la 
matière sinon comme un mouvement tourbillon- 


naire ou orbital de molécules ou d’atomes, que 


seule la grossièreté de nos sens nous fait consi- 


dérer comme infiniment petits? 
Et l’on voudrait qu'en dépit des apparences la 


| unieicéiss lé 


i 


PRÉFACE VII 


v 


surface terrestre échappât à cette inéluctable 


nécessité! L'on sait bien que les plus superbes 


chaînes de montagnes résultent d'un mouvement, 
puisque jusque sur leurs cimes se rencontrent des 


strates jadis édiliées au fond des mers, et une fois 


leurs sommets soulevés, lentement ou brusque- 


ment, peu importe, dans un passé géologique plus 
ou moins reculé, immense toujours au regard de 
nos échelles de temps, est-ce qu’elles ne subissent 
pas fatalement. un mouvement inverse de des- 
cente, entraîinées que sont leurs masses, molé- 
cules à molécules, par les agents atmosphériques 
de dégradation? Surgies du fond des océans, elles 


y retournent. L'écorce terrestre superficielle ne 


_ saurait constituer une heureuse anomalie et, 


\ 


1 


 quoiqu’elle soit pour nous le symbole même de la 


fixité, les tremblements de terre sont là pour nous 
rappeler à la réalité. FAQ 

Si donc, en fin de compte, toute science peut se 
ramener à l'étude d'un mouvement ou d'un trans- 
port d'énergie, les phénomènes sismiques n échap- 
peront pas aux méthodes générales de l'étude 
d'un phénomène naturel quelconque, et c'est pré- 
cisément à la judicieuse application de ce prin- 


cipe que nous devons la rapide éclosion de la 


VIII PRÉFACE 


Sismologie moderne : ainsi s'appelle la science des 
tremblements de terre, qu'a vue naître la fin du 
xix° siècle. 

Depuis que l'homme, réfléchissant à ce qui 
l'entoure, veut trouver la raison des choses et 
s'expliquer l'Univers, nul phénomène naturel n'a 


eu plus que les tremblements de terre le don de 


l'émouvoir et d'exciter sa curiosité, sans doute 
par suite même de la terreur qui les accompagne. 
Toutes les traditions populaires les plus anciennes, 
toutes les histoires et toutes les littératures sont 
remplies de récits relatifs au redoutable fléau; 
mais Jusqu'au troisième tiers du siècle dernier, 
il ne s'est guère agi que de descriptions plus ou 
moins dramatiques ou de théories insuffisantes 
et même puériles, où l'imagination était tout et 
la véritable observation peu de chose, sinon rien. 
La Sismologie est née seulement quand on a enfin 
osé appliquer des méthodes et des appareils de 
mesure à Ce phénomène dont la violence, capable 
d’ébranler les montagnes sur leurs fondements et 
à de secouer des pays entiers en y renversant tout, 
semblait défier toute évaluation numérique. Get 
effort et cette audace n'ont pas été, ce semble, 
appréciés à leur juste valeur et cependant, sans 


PRÉFACE | IX 
ce pas décisif, la Sismologie moderne ne se fût 
point constituée. ; | 

Dès ses débuts, les principaux résultats obtenus 
ont eu le don d’étonner le public, qu'il se soit agi 
d'annoncer avant tout télégramme la production 
d'un grand tremblement de terre dans telle ou 
telle région parfois éloignée jusqu'aux antipodes, 
ou que l'on ait discuté sur l’état interne du 
globe, jusqu'ici tout à fait inaccessible à nos 
investigations, mais que le sismographe permet 
pour ainsi dire d'ausculter. Malheureusement ces 
retentissantes découvertes sont encore trop sou- 


vent reléguées dans de lourds mémoires ou d'in- 


-digestes volumes, qu'en dehors des cercles scien- 
tifiques les curieux de la Nature n'ont le temps 
. mi de lire ni, moins encore, d'approfondir; ils ne 


veulent pourtant pas croire les sismologues sur 


parole et il leur faut être renseignés sans grand 


travail. Cet opuscule a été écrit pour eux. 


Ce n’est pas qu'en ces dernières années n'aient 


été publiées des œuvres de vulgarisation sur les 


tremblements de terre, mais, en France du moins, 
aucune n a été due à la plume d’un sismologue de 


profession; à l'étranger, au contraire, plusieurs 


_ des savants qui, depuis de longues années, con- 


X PRÉFACE 


_sacrent leurs veilles à létude raisonnée des 
brusques soubresauts de l'écorce terrestre, ont 


voulu faire bénéficier leurs compatriotes des 
résultats obtenus et mettre à la portée de tous les 
lumières déjà grandes maintenant acquises sur le 
mystérieux phénomène, devenu l’objet de l’ob- 
servation systématique. C'est que, relativement 
très stable, le sol de la France n'a pas été favo- 
rable à l'essor de la sismologie comme l’a été celui 
d’autres pays où les tremblements de terre sont 
pour ainsi dire un phénomène quotidien. Il n'est 
donc pas étonnant que la Sismologie soit restée 
chez nous presque terra incognila, et il a fallu le 
srand séisme provençal du 11 juin 1909 pour rap- 


peler que la France elle-même n'est pas à l'abri du 


fléau et qu'il existe toute une science des tremble: 


ments de terre, science qui possède ses méthodes 
propres et ses appareils particuliers. Déjà la cata- 
strophe du détroit de Messine avait ému l'opinion 
et le public avait exigé d’être renseigné. Cepen- 
dant les volumes publiés en France à cette occa- 
sion n'ont pas complètement atteint le but parce 
qu'ils ont été écrits par des savants qui, pour un 
instant, ont dû changer de domaine, et, d'astro- 


nomes ou de géologues qu'ils étaient, se sont faits 


E 


L' dites 
1% 


mie ‘PRÉFACE XI 


sismologues. En dépit donc de la difficulté de 
_ l’entreprise, une sismologie débarrassée de tous 


les détails sans importance, ou dont l'interprétation 
est encore discutable, viendra bien à son heure, 
surtout écrite par qui vit dans un pays à tremble- 


ments de terre et a consacré sa vie à leur inves- 


tigation. 
En philosophie naturelle, — le vocable pris 
dans son ancienne acception, — tous les phéno- 


mènes de la vie du Globe, ou de la Géophysique, 
comme on dit maintenant, sont en étroite dépen- 
dance, et les tremblements de terre n'échappent 
point à cette loi très générale. En d'autres termes 


_ la Sismologie nécessite l’aide de plusieurs autres 


sciences qu'elle ne manque d’ailleurs pas d'éclairer 


à son tour par juste réciprocité. Pour beaucoup de 


_ pays, elle est directement liée à l’histoire nationale, 
souvent à un haut degré influencée par les désas- 


tres sismiques. Elle touche de très près, cela va 
sans dire, à la géographie et c'est une des plus bril- 


lantes généralisations de la science moderne que 


d'avoir montré comment les tremblements de terre 


sont liés d'une manière normale, nécessaire et per- 


manente, dansles temps géologiques, avec les trans- 


XII PRÉFACE 


formations incessantes et successives du relief ter- 
restre. L'étude du mouvement sismique demande 
des connaissances physiques et mathématiques 
étendues, tandis que l'établissement des appareils 
destinés à fixer pour toujours ce phénomène 
pourtant si fugitif et le réserver à une patiente 


investigation ultérieure, exige l'emploi des plus 


ingénieuses combinaisons de la mécanique. Enfin 
le sismologue devra faire œuvre d'ingénieur et 
d'architecte pour étudier les effets des tremble- 
ments de terre sur les édifices et trouver 
rationnellement les moyens efficaces d’en éviter 
les fâcheuses conséquences, en un mot pour 
établir un Art de construire dans les pays à 
tremblements de terre. On voit combien est vaste le 
champ de la Sismologie. 

On peut ainsi distinguer une Sismologie histori- 
que, une Sismologie géographique et géologique, 
une Sismologie physique, mathématique et méca- 
nique, enfin une Sismologie architectonique. 

De la Sismologie historique, il ne sera pas 
parlé; aussi bien une description de quelque 
grand tremblement de terre ne ferait que s'ajouter 
aux innombrables et excellentes relations déjà 


faites, et quel homme cultivé n’en a lu plusieurs? 


PRÉFACE | XIII 
La Sismologie architectonique, le chapitre le 
mieux assis peut-être, en dépit des apparences, 
sera tout juste développée dans la mesure néces- 
saire pour démontrer que la presque totalité des 
dommages sont dus à l'incurie de l'homme et 
| qu'il lui est parfaitement loisible de les éviter par 
des moyens maintenant bien élucidés dans tous 
leurs détails. Restent done comme matière prin- 
cipale la Sismologie géologique et la Sismo- 
—logie physique : la première nous fera toucher du 
doigt la cause des tremblements de terre et nous 
fera assister aux brusques mouvements qui ont 
accompagné et accompagnent encore les vicissi- 
tudes du relief terrestre; la seconde nous fera 
analyser le très intéressant état vibratoire presque 
permanent de la masse terrestre, et comme les 
vibrations d’un corps dépendent de sa constitution 
moléculaire et de ses propriétés physiques parti- 
culières, dureté, densité, élasticité, celles de la 
terre soumises à cette investigation fourniront des 
lumières sur l’état interne du globe, maintenant 
accessible au sismographe. 

De même que dans le spectre de la lumière, la 
gamme des vibrations terrestres est extrêmement 


étendue, beaucoup plus même que nos seuls sens 


XIV PRÉFACE Rs 
nous permettraient de le supposer directement. 

Le minimum de vitesse correspond aux lents mou- 
vements séculaires, soulèvements et affaissements 
de côtes par exemple, phénomènes dont l’histoire 
et l’observation nous attestent la réalité. Ce sont 

les « bradysismes », qui n’appartiennent pas en 
propre à la Sismologie, mais bien à la géologie. 
À l'opposé de l'échelle, minimum d'amplitude et 
en même temps minimum de période vibratoire, se 
rencontrent les pulsations terrestres, mouvements 
extrêmement rapides et dus à de nombreux phéno- 
mènes d'origine diverse, changements de tempé- 
rature, variations de pression atmosphérique, 
vent, attractions cosmiques, choc des vagues 
contre les côtes, et même des manifestations de la 
vie industrielle, mouvements des machines à 
vapeur, des trains de chemins de fer, des tram- 
ways, des voitures, sonneries de cloches, explo- 
sions, etc. Ces « tachysismes » ne constituent pas 
davantage le domaine de la Sismologie propre- 
ment dite, qui pour en être réduite à l'étude des 
vibrations intermédiaires correspondant aux véri- 
tables tremblements de terre, n’en est pas moins 
vaste pour cela. Bref, la Sismologie se restreint à 
la partie moyenne du spectre des vibrations ter 


RTS : PRÉFACE ; XV 
restres, ses parties extrèmes restant hors de la 
portée directe et immédiate de nos sens. 

Dans ce champ limité de la sorte, aurons-nous 
la prétention de tout expliquer? Assurément non! 
Nous nous abstiendrons soigneusement des hypo- 
thèses faciles qui servent seulement à encombrer 


les bibliographies, et nous nous baserons unique- 


ment sur les observations bien faites, sans aller 
jamais au delà des déductions légitimes. C'est 
qu'une science n'est jamais définitivement cons- 
_tituée. À mesure que les ouvriers de la dernière 


_ heure soulèvent un coin du voile qui nous cache le 


mystère d'un phénomène naturel, l'horizon s’élargit 


et successivementse posent de nouveaux problèmes 


dont la solution, à peine est-elle entrevue, se réper- 
cute immédiatement sur ceux que l'on croyait pour 
toujours résolus. Une science, quel que soit son 


domaine, nest donc qu'une série d'approxima- 


_ tions successives et en réalité les lois naturelles 


échappent à la simplicité dont nous sommes 


- obligés de revêtir leur expression pour arriver à 
_ les concevoir et à les soumettre au contrôle de 


plus en plus sévère de l'observation. Bref, nous 


n'en connaissons d'ordinaire que les termes prin- 


_ cipaux, et à chaque découverte nouvelle il faut en 


XVI - PRÉFACE 


ajouter d’autres au polynome qui sert à les repré- 
senter, et c'est ainsi que l’on se rapproche petit à 
petit d'une théorie complète, toujours désirée, 
. Jamais atteinte. Il s’agit là d'une marche asympto- 
tique vers la vérité, et l'étude du mouvement sis- 


mique obéit à ce processus général. Considéré au 


début comme un simple mouvement ondulatoire | 


ou vibratoire, il a fallu successivement et par deux 
fois déjà dédoubler cette conception, tellement bien 


que si, maintenant, nous distinguons au moins 


quatre espèces d'ondes différentes, nous entre- 


voyons que, selon toute probabilité, il en existe 


d'autres résultant des divers chemins parcourus 


avant qu elles n'arrivent à se faire enregistrer par 
les appareils sismographiques; en un mot nous ne 
connaissons encore qu'une faible fraction du 
spectre des vibrations sismiques. 

Passant à un autre ordre d'idées, si, grosso 
modo, nous savons à n’en pas douter que les trem- 
blements de terre résultent des efforts géologiques 
généraux qui ont élevé les montagnes, plissé, 
rompu et charrié les unes sur les autres les strates 
terrestres, en sommes-nous beaucoup mieux ren- 
seignés sur la genèse intime du phénomène sis- 
mique? Certes non, la solution du problème est 


LL” 


PRÉFACE - XVII 
seulement reculée et ramenée à celle du problème 
orogénique. Ce grand fait maintenant acquis par 

“la pure observation, il faudra peut-être plusieurs 
générations de sismologues et de géologues pour 
pénétrer plus profondément le mystère, mais le 
point de départ de l'étape suivante n'en sera pas 
moins la théorie tectonique des tremblements de 
terre, car elle n’est entachée d'aucune hypothèse. 
| Arrivera-t-on à prédire les séismes? Cest là 
une question à laquelle on ne saurait actuellement, 
même dans ces termes très généraux, donner une 
: _ réponse vraiment scientifique. Au fond, cette 
_ recherche troublante à dominé la période précé- 
dente de la Sismologie. En effet, par d'innombra- 
bles statistiques, on a voulu mettre les mouvements 
de l'écorce terrestre en relation avec une multitude 
de phénomènes extérieurs à cette même écorce, 
phénomènes d'ordre cosmique ou météorologique, 
et dont la périodicité plus ou moins longue mais 
dûment reconnue, aurait donné la possibilité de 
prévoir les tremblements de terre s’il avait existé 
de nettes relations de dépendance mutuelle. Tous 
ces efforts ont été dépensés en pure perte, et cette 
voie, qui est bien sans issue, continue à égarer 
nombre de chercheurs; ignorant le plus souvent 


_blement des statistiques tout aussi insuffisantes et 


XVIII PRÉFACE 


qu'avant eux des prédécesseurs ont eu les mêmes 


idées, ils rééditent sur de nouveaux frais et péni- . 


peu probantes. | 

Des appareils capables, disait-on, d'annoncer à 
l'avance les tremblements de terre ont été cons- 
truils, mais aucun n'a donné de résultats dignes 
de foi et la faillite de retentissantes tentatives, 
encore dans toutes les mémoires, n’a d'égale que 
l'assurance avec laquelle on s'est empressé de les 
lancer wrbi et orbi. 

Grâce à quelques découvertes trop superficielle- 
ment exposées pour que le publie ait pu les 
interpréter sainement, grâce aussi à ce que certains 
sismologues ont dépassé dans leurs déductions ce 
que l’on pouvait légitimement tirer de l'observa- 
tion sagement et judicieusement analysée, on a 
jusqu'à un certain point exagéré l'importance et la 
portée de quelques faits, d'ailleurs exacts. Qu'une 
grande catastrophe se produise, l’on s'étonne que: 
les sismologues ne puissent immédiatement répon- 
dre aux interrogations de toutes parts posées sur 
la cause et l’origine du fait concret dont il s’agit. 
Quel est, par exemple, l'accident géologique dont 


la mise en mouvement a causé le désastre de 


Li: 


PRÉFACE XIX 


Messine ou le tremblement de terre de Provence? 
É <> - . 

Dans la plupart des cas et malgré la certitude 
‘une origine 1 bre r 
d e tectonique, on ne peut répondre 
qu'après une longue et minutieuse étude et point 
toujours avec la précision exigée. D'ailleurs cela 

J 


suppose une connaissance préalable, exacte autant 


. que détaillée, de la géologie de la région la plus 


fortement secouée. Très fréquemment aussi les 


appareils sismographiques permettent d'annoncer 


qu'un tremblement de terre violent vient de surve- 


nir à telle distance déterminée et il se trouve que 


A 


les diagrammes enregistrés ne correspondent à 


_ aucun grand séisme connu; nouvelles critiques, le 


public n’admet pas qu'il puisse s'agir d'un foyer 


océanique ou tellement profond que les ondes 


_ sismiques n aient pu arriver à la terre ferme ou à 


._ la surface terrestre sous forme de tremblement de 


terre sensible. Tour à tour la Sismologie est 


considérée comme infaillible ou taxée d'impuis- 


sance : double erreur. 


Ces considérations générales laissent entrevoir 


dans quel esprit est rédigé cet opuscule : on s'y 


tiendra aux faits d'observation et l’on mettra 
soigneusement en lumière toutes les interprétations 
encore discutables, se gardant des généralisations 


X< PRÉFACE 


hâtives, destinées à disparaître presque aussitôt 


qu'énoncées. | 
Nous n'avons pas cru devoir nous préoccuper 
de bibliographie et nous nous contenterons de 
citer en cas de besoin les noms des sismologues 
auxquels on doit telle ou telle observation ou 
théorie, le public auquel s'adresse cet ouvrage ne 
pouvant remonter aux mémoires originaux. Les 
lecteurs qui voudraient aller plus loin n'auraient 


qu'à consulter les ouvrages didactiques, où ils 


trouveraient tous les renseignements nécessaires. 


Nous énumérons plus loin les traités les plus 
récemment publiés sur l’ensemble de la Sismologie 
tant en France qu'à l'étranger, chacun d'eux 
suffisant, avec ses qualités ou ses défauts propres, 
à donner une idée précise de l’état actuel de la 
Sismologie. 


LA 


SISMOLOGIE MODERNE 


CHAPITRE I 


CARACTÈRE PÉRIODIQUE 
DU MOUVEMENT SISMIQUE 


‘Malgré la très grande complication que pré- 
sente le mouvement sismique dès que le phéno- 
mène atteint une certaine intensité, il nest pas 
d'habitant des pays instables qui ne sache très net- 
tement distinguer des mouvements ondulatoires 
ou oscillatoires horizontaux et plus ou moins 
amples et rapides, et des mouvements vibratoires, 


_sussultoires ou trépidatoires, généralement plus 
brusques, en tout cas verticaux, le mot trépida- 


toire étant celui qui rend le mieux l'impression du 
sens musculaire, au moyen duquel se perçoivent 
les ébranlements du sol. Ces deux sortes de mou- 
vements peuvent être exclusifs l’un de l’autre pour 


SISMOLOGIE MODERNE: 1 


2 LA SISMOLOGIE MODERNE 


un même tremblement de terre, mais aussi se 
manifester alternativement pendant la brève durée 
d'un même séisme. 

Tantôt le tremblement de terre éclate brusque- 
ment avec toute sa violence, puis s'évanouit rapi- 
dement, tantôt 1l présente une série d’alternatives, 
d’exacerbations et de rémissions, et le plus souvent 
s'éteint lentement. Le mouvement vertical paraît 
prédominer dans le premier cas, l'horizontal dans 
le second. Il semble que le phénomène vient d’une 
certaine direction et s'éloigne vers celle diamétra- 
lement opposée. Acquiert-il une grande intensité, 
le spectacle change, sa complication atteint un 
degré qui défie toute analyse, l'observateur se sent 
agité, balancé, poussé, tiré dans tous les sens à la 
fois et ses impressions diverses se succèdent avec 
tant de rapidité et de confusion qu'il se croit le 
jouet d’un mouvement giratoire, tandis que dis- 
paraît toute sensation de direction définie. L'expé- 
rience presque journalière des pays à tremblements 
de terre a vite prouvé aux personnes tant soit peu 
cultivées et habituées à réfléchir que de lentes et 
longues ondulations sont le propre d'un tremble- 
ment de terre plus ou moins violent survenu très 
loin de l'observateur, tandis que de courtes et 
rapides oscillations, et surtout des trépidations, 
caractérisent un ébranlement terrestre à foyer très 
rapproché, sinon situé sous ses pieds mêmes, le 
mélange des unes et des autres correspondant à un 


as 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 3 


séisme qui est né à moyenne distance, ni très près, 


_nitrès loin. 


Ainsi au-dessus ou au voisinage immédiat d'un 


foyer sismique qui vient d'entrer en action, les 


trépidations caractérisent le tremblement de terre, 
et à mesure que l'observateur s’en trouve plus 
éloigné, les ondulations apparaissent et finissent 
par masquer les trépidations qui s'évanouissent; 
puis, à plus grande distance encore, les ondulations 


devenant de plus en plus lentes et douces se 


réduisent à un long balancement qui peut aller 
jusqu à donner le mal de mer, ou causer quelque 
malaise analogue, lorsqu'il s’agit d’un violent 
tremblement de terre. 

Dans tous les cas, il est un caractère commun à 


toutes ces modalités diverses et changeantes : le 


retour plus ou moins répété de sensations sem- 
blables, sinon égales en intensité et en rapidité; 


en un mot le mouvement sismique est essentielle- 


ment périodique en entendant ce mot dans sa plus 
large acception, c’est-à-dire que les mouvements 
successifs de va-et-vient qui le constituent ne sont 
pas forcément séparés par des intervalles de temps 
égaux, ni ne sont d'amplitude constante, ces carac- 


tères d'uniformité correspondant à un mouvement 
régulier et susceptible d’être figuré au moyen de 


la courbe bien connue appelée sinusoïde. Telle est 
l'impression que donnent les sens au moment d’un 


tremblement de terre, chaque fois que l’observa- 


4 LA SISMOLOGIE MODERNE 


teur garde le sang-froid nécessaire pour analyser 
ses propres sensations et que le phénomène est 
assez léger pour que ses mouvements n'atteignent 
pas le degré de violence et de confusion ne laissant 
plus de place qu'à la terreur et à la recherche 
instinctive des moyens de salut. 

Gette manière d'être du mouvement sismique à 
été de tout temps reconnue sinon exprimée sous 
forme scientifique et, résultant de la pure obser- 
vation, elle entraîne pour l’étude des tremblements 
de terre l'emploi des méthodes générales relatives 
aux mouvements périodiques tels que le son, la 
lumière, les oscillations pendulaires, les ma- 
rées, etc. L'on y usera donc de la même termino- 
logie. = 24 
Mais il ne s’agit plus ici d’un mouvement pério- 
. dique parfait dans lequel un point géométrique, 

ou mieux une particule matérielle, repasse à son 
point initial d'équilibre ou de repos à des inter- 
valles de temps constants et après s’en être éloignée 
de part et d'autre à des distances égales et avec la 
même vitesse, qui s'annule pour changer de sens 
à l'extrémité de chacun de ses déplacements. Dans 
le tremblement de terre tout varie simultanément, 
et dans ses écarts successifs le point mobile, 1e1 
une particule terrestre, ne repasse pas exactement 
à sa position primitive; il ne la réoccupe qu'en 
revenant finalement à l'état de complet repos; à 
chaque nouvelle impulsion, il s’élance dans une 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 5 


direction plus ou moins différente de la précé- 
dente, s'éloigne plus ou moins loin et plus ou 
moins vite. En d’autres termes, le caractère de 
périodicité s allie à une variation continue de tous 
les éléments du mouvement. 

Ainsi s'explique comment la Sismologie ration- 
nelle est tard venue, puisque ses progrès ont dû 
s'appuyer préalablement sur Ia connaissance 
récente encore de mouvements analogues, mais 
relativement plus simples, le son et la lumière par 
exemple. 

Ce qui caractérise tout d’abord un mouvement 
d'allure périodique, c'est la direction des déplace- 
ments d'une particule par rapport à la ligne, sup- 
posée rectiligne, qu'a suivie l'impulsion primitive 


pour atteindre cette même particule et lui com- 


muniquer le mouvement dont il s’agit. Ce sera ici 
le rayon sismique, l’analogue du rayon optique; 
il joint la particule terrestre, ou plus générale- 
ment l'observateur, au foyer du tremblement de 
terre. Le mouvement se produit-il dans le sens de 


cette ligne, il est dit longitudinal; s’effectue-t-il 


perpendiculairement au rayon sismique, ou dans 
une direction plus ou moins oblique par rapport 
à lui, il est appelé transversal, ou de distorsion. 
Le son est longitudinal et la lumière est transver- 
sale de même que les oscillations pendulaires ou 
les vagues de la mer; dans une verge, une plaque 
ou une corde vibrantes, on à simultanément des 


6 LA SISMOLOGIE MODERNE 


mouvements longitudinaux et transversaux, et ce 
_cas plus complexe est aussi celui du mouvement 
sismique. | 

Les définitions et les considérations qui vont 
suivre et nous serviront constamment ont été 
créées pour un mouvement périodique parfait ou à 
éléments uniformes, c’est-à-dire susceptible d’être 
représenté comme on l'a dit par une sinusoïde. Il 
suffira d'en élargir le sens, c'est-à-dire de n'en 
parler que pour un instant déterminé et seulement 
pour une oscillation distincte de la particule 
terrestre de part et d'autre de sa position initiale 
de repos. , 

L'amplitude est la distance dont la particule 
s'éloigne de sa position d'équilibre, mais le plus 
souvent on considère la double amplitude, c'est- 
à-dire la somme des distances parcourues de part 
et d'autre. La période est le temps employé par la 
même particule pour revenir à son point de départ 
avec une vitesse de sens contraire à celle avec 
laquelle elle s’en est éloignée, et le plus souvent 
aussi on considère la double période et alors la 
particule repasse à son point de départ avec une 
vitesse de même sens et après avoir ainsi subi 
deux points morts ou de vitesse nulle, ceux où, 
après s être éloignée au maximum, elle retourne 
en arrière vers le point d'équilibre initial. Les 
choses se continuent de la sorte, Jusqu'à extinction 
- complète du mouvement, avec des vicissitudes 


/  GARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 7 


diverses d'accroissement et de décroissement des 
deux éléments, amplitude et période, que le mou- 


_ vement soit longitudinal ou transversal. 


Ilnest pas concevable qu'une particule puisse 
posséder simultanément un mouvement longitu- 
dinal et un autre transversal, et dire qu'ils coexis- 
tent, comme c'est le cas du mouvement sismique, 
cela signifie qu à chaque instant la particule obéit 
à-une impulsion de chaque espèce, l’une et l’autre 


se composant pour lui faire décrire autour de sa 


position d'équilibre une trajectoire complexe, de 
forme constamment variable et plus ou moins 
analogue aux célèbres figures de Lissajous. 
L'amplitude et la période combinées nous per- 
mettent de nous faire une idée au moins grossière 
de l'intensité d'un tremblement de terre, étant 
évident que deux séismes peuvent exercer les 
mêmes effets destructeurs, l’un de faible amplitude 
et de rapide période, l’autre de grande amplitude 
mais de lente période, ce que d’ailleurs vérifie l'expé- 
rience. 51, d'autre part, dans les descriptions cou- 
rantes ou sans prétentions scientifiques des tremble- 
ments de terre, les mots vibrations, ondulations, 
oscillations, trépidations, balancements, reviennent 


à chaque instant sans plus de précision, il convient 


æ 


x 


en sismologie de se débarrasser de ce vague; aussi 
a-t-on pris l'habitude de réserver le nom d'on- 
dulations et d’oscillations aux mouvements de 
période relativement lente et d'appliquer celui de 


1 


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8 LA SISMOLOGIE MODERNE 


trépidations et de vibrations à ceux de période plus 
rapide, la limite entre les unes et les autres restant 
provisoirement indéterminée. Les premières corres- 
pondent le plus souvent du moins aux mouvements 
horizontaux et les secondes aux mouvements ver- 
ticaux. 

Jusqu'ici on n'a fait que mettre d'accord la con- 
ception physicomécanique d’un mouvement pério- 


dique quelconque avec l'observation séculaire des 


sens d’après laquelle le tremblement de terre 
appartient sans hésitation possible à ce genre 
d'ébranlement, et si l'on à dépassé le strict champ 
de l'expérience, ce fut seulement en affirmant que 
le mouvement sismique est à la fois longitudinal 
et transversal. À première vue, il semble bien 
qu'on ne fait là aucune hypothèse, et, en effet, le 
mouvement ondulatoire ou horizontal d'un trem- 


blement de terre parait aussi clairement transver- 


sal que paraît longitudinale l'impulsion trépida- 


‘toire ou verticale du même phénomène. On verra 


cependant plus loin que c'est là une interprétation 
fausse des faits, parce que trop simple, et qu'élé- 
ments longitudinaux et transversaux du mouve- 
ment sismique correspondent à toute autre chose; 
mais il faudra le secours des appareils pour appré- 
cier sainement les résultats de l'observation. En 
fait un tremblement de terre se compose de 
diverses espèces de mouvements, et ce que nos 
sens en perçoivent est seulement transversal, tout 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 9 


_ comme les vagues de la mer, auxquelles d’ailleurs 


on a souvent comparé les séismes avec une süreté 
d'observation que la science sismologique a été 
longue à ratifier. 

En optique et en acoustique, on est habitué à 
parler d'ondes lumineuses et sonores, et il nous 
faut maintenant étendre cette notion au mouve- 
ment sismique. | 

Nous ne savons rien encore de ce qu'est en 
réalité l’ébranlement initial qui se traduit sous la 
forme du tremblement de terre, mais pour sim- 
plifier le raisonnement, nous nous référerons à 
une particule terrestre mise en mouvement, peu 
importe comment; elle représentera le centre ou 
le foyer du phénomène, son hypocentre comme on 
dit, parce qu'il est plus ou moins profondément 
situé au-dessous de la surface terrestre. Mais on a 
tout de suite l'intuition qu'il s’agit là d'une hypo- 
thèse de simplification et que sans doute c'est une 
portion plus ou moins grande de la masse qui est 
mise en mouvement tout d'un coup et en bloc, 
comme nous le montrera plus tard l'observation. 
Conservant provisoirement cette fiction commode 


du point géométrique, nous voyons clairement 


qu une particule terrestre quelconque, — et il en 


serait de même pour une portion limitée de sa 


masse, — ne saurait se mettre en mouvement 
sans communiquer son impulsion aux particules 


. immédiatement voisines, puis celles-ci à leur tour 


| 


10 LA SISMOLOGIE MODERNE 


et de proche en proche à leurs propres voisines. 
À chaque instant l’ébranlement est donc transmis 
à des particules de plus en plus éloignées du 
loyer, particules qui deviennent ainsi successive- 
ment le centre d'un nouvel ébranlement, et ainsi 
de suite Jusqu'à complète extinction de la force 
vive ou de l'énergie transportée et propagée au 
loin dans la masse du corps tout autour du foyer, 
mais qui doit forcément finir par disparaitre 
épuisée en s'appliquant à un nombre de plus en 
plus grand de particules, c’est-à dire à une masse 
croissante. L'énergie de l’ébranlement décroitra 
en raison inverse du carré de la distance au foyer; 
c'est là une loi générale de mécanique qui trouve 
ici une évidente application. 

A un instant déterminé, les dernières particules 
terrestres mises en mouvement limitent une sur- 
face fermée enveloppant le foyer; c'est la surface 
d'onde sismique ou plus simplement l'onde sismi- 
que. Chacun des points de l'onde sismique devient 
un foyer d'ébranlement et donne lieu à de nou- 
velles ondes élémentaires, dont l'enveloppe sera, 
à un autre instant postérieur à celui considéré, une 
nouvelle onde sismique et ainsi de suite. En 
d'autres termes le principe d'Huyghens est appli- 
cable en sismologie, tout comme en optique. 

Si le tremblement de terre naissait en un point 
géométrique et si, de plus, la masse terrestre était 
isotrope, c’est-à-dire douée de propriétés phy- 


Wa F'STEC à 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 11 


| siques identiques tout autour du foyer, quelle que 


soit la direction choisie, les ondes sismiques 


seraient des sphères concentriques. Cette double 


hypothèse a été employée jadis pour étudier la 
propagation du mouvement sismique à la surface 
de la terre, mais cette méthode n’a rien donné 
même de grossièrement approché par rapport aux 
résultats de l'observation, tant on s'éloignait ainsi 
des circonstances réelles. Quoi de plus hétérogène, 
en eflet, que la masse terrestre, du moins dans la 
mince pellicule externe que nous en connaissons; 
on le voit bien à l'infinie diversité des roches de la 
surface et à leur disposition relative si compliquée 
en strates de toutes natures, directions et épais- 
seurs, ou en masses non stratifiées tout aussi 
diverses. La propagation du mouvement sismique 


de proche en proche dépendant directement en 


chaque point des propriétés physiques, densité, 
élasticité, composition moléculaire, etc., il en 
résulte que l'onde sismique sera elle-même une 
surface très compliquée, le foyer füt-l un point, 
ce qui n'est pas en général, d’où nouvelle cause 
de complication quant à sa forme. On ne s'éton- 
nera donc point de ce que l'analyse mathéma- 
tique soit à peu près impuissante à calculer l'onde 
sismique et, en tout cas, il faut faire des hypo- 
thèses plus ou moins plausibles, de toute façon 


invérifiables, sur la variation des propriétés phy- 


siques des couches terrestres en profondeur. 


42 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Les ondes sismiques successives viennent couper 
la surface terrestre en des temps successifs aussi, 
et de là naît cette très nette sensation que le trem- 
blement de terre consiste en un mouvement ondu- 
latoire ou vibratoire qui, après avoir atteint l'ob- 
servateur en passant, pour ainsi dire sous ses 


pieds, va séloignant de l'origine apparente du 


phénomène dans une certaine direction; c’est 
celle que l’on attribue au tremblement de terre. 
Pour interpréter le fait, il suffit de se reporter 


au cas d’un nageur à la surface de la mer, mais 


loin de la côte. S'il se contente de se soutenir à la 
surface, il ne changera pas de distance par rap- 
port à un point fixe; simple flotteur, il montera et 
descendra alternativement avec les vagues qui lui 
paraissent cependant venir rapidement d'une cer- 


taine direction, le dépasser, puis s'éloigner tout 


aussi rapidement dans la direction opposée. Mais, 


en dépit des apparences, ce qui marche, ce n'est. 


point la masse liquide, ainsi qu'il lui semble, c'est 
seulement la forme ondulée de sa surface, sinon le 
nageur ou le flotteur serait entrainé horizontale- 


ment avec les vagues. Sans avancer avec elles 


chaque particule liquide décrit autour de sa posi- 
tion d'équilibre une petite ellipse située dans un 
plan vertical perpendiculaire à la ligne de crête 
ou de creux des vagues. Le fait est bien connu et 


il en est exactement de même pour les tremble- 
ments de terre, phénomène dans lequel il n'y a 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 13 


pas davantage de transport ou de déplacement 
d'ensemble ou de masse, mais seulement un trans- 
port suecessif d'un mouvement périodique d'un 
point à un autre de la surface terrestre. De même 
que les ondes ou vagues liquides sont concen- 
iriques autour du point de chute d'une pierre 
lancée à la surface tranquille d'un lac, de même 
les ondes sismiques s'irradient dans toutes les 
directions autour du centre d'ébranlement. Notre 
point d'appui sur le sol nous fait participer à ce 
transport et dès lors, outre la notion de direction, 
s’en introduit une nouvelle, celle de la vitesse de 
propagation du tremblement de terre, vitesse que, 
dans chaque cas particulier, nos sens nous per- 
mettent seulement d'apprécier, tout en restant 
incapables de la mesurer. L'observation directe 
nous conduit ainsi à assimiler le mouvement sis- 
mique à un autre mouvement bien connu, celui 
_ des ondes liquides. 

Chaque particule terrestre décrit autour de sa 
position initiale d'équilibre une trajectoire beau- 
coup plus compliquée que celle de la particule 
_ liquide de tout à l'heure et seuls les appareils nous 
permettront de la déterminer, comme on le verra 
plus tard. Quant à la phase du mouvement sis- 
mique à un moment donné, ce mot s'entend de la 
position à ce moment de la particule terrestre par 
rapport à son point d'équilibre, en même temps 
que du sens et de la grandeur de sa vitesse. Au 


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414 LA SISMOLOGIE MODERNE 


même instant deux particules terrestres seront ou 
ne seront pas à la même phase, circonstance qui 
sera à considérer pour l'étude de la rupture d’une 
muraille ou du crevassement du sol. 


Le mouvement sismique, tel que nous le perce- 


Fig. 1. — Modèle d'une partie de la trajectoire d'un point de la surface 
terrestre lors du tremblement de terre de Tokyo du 15 janvier 1887 
(d'après Seikei Seikiya). 


vons sous forme de tremblement de terre, ainsi 


ramené à un mouvement essentiellement pério- 
dique, il est encore un autre mouvement pério- 
dique très différent, qui accompagne exclusive- 
ment les secousses désastreuses. Ce sont, dans de 
certaines circonstances de terrains, les ondes 
visibles, appelées scientifiquement gravifiques et 
dont il nous faut parler ici pour épuiser ce que les 
sens seuls nous apprennent sans l'aide d'aucun 


CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 15 


appareil sur la nature du mouvement sismique. 
Dans un très grand nombre de relations de cata- 
_strophes, on rapporte avoir vu le sol se mouvoir en 
vagues absolument semblables à celles de la mer. 
On leur attribue des hauteurs variant entre des 
fractions de mètre et quelques mètres, la distance 
de crête à crête s’évaluant entre dix et quarante 
ou cinquante mètres. Rarement toutefois elles ont 
été observées avec sang-froid par des hommes de 
science, et, ne se produisant qu'à l’occasion des 
grands tremblements de terre et seulement dans 
des terrains incohérents, sables, alluvions, cendres 
volcaniques, etc., elles ont été longtemps attribuées 
par les sismologues à une pure illusion des sens. 
Ils pensaient que l'observateur prêtait au sol le 
mouvement ondulatoire dont il était lui-même 
animé. Une discussion approfondie de ces relations 
a fait bonne justice de ce scepticisme. D'ailleurs 
il s’est produit tel cas où le sol ainsi mis en mou- 
vement n'a pu reprendre sa forme primitive, et les 
vagues en question, au lieu de s'évanouir, se sont 
pour ainsi dire figées, cristallisées à la surface du 
sol, laissant ainsi derrière elles un témoignage 
écrit, tangible et probant de leur réalité. 

Les vagues sismiques visibles sont, comme on 
vient de le dire, propres aux terrains superficiels 
sans consistance et, momentanément, ces matières 
assument toutes les propriétés physiques d’un 
liquide. La gravité intervient dans leur mécanisme 


16 LA SISMOLOGIE MODERNE 


intime et c'est pour cela qu'on les a nommées 


gravifiques. Quand elles passent sous un édifice, 
elles opèrent avec la plus grande énergie pour sa 
destruction, car il est obligé de s’incliner avec elles. 
Il semble assez probable qu'elles sont dues au 
choc des masses rocheuses compactes que le trem- 
blement de terre a mises en mouvement ondula- 
toire contre les masses incohérentes citées plus 
haut et placées à leur contact. À San Francisco, 
lors du désastre du 18 avril 1906, on les a vues 
soulever les pavés des rues et tordre les rails des 
tramways, l’ensemble conservant sa forme ondulée 
après l'événement. 

Si l'on fait abstraction du bruit spécial qui 
accompagne les tremblements de terre, les précède 
et les suit, et qui mérite de faire l’objet d'un cha- 
pitre particulier, c’est à ces notions que se borne 
ce que peut apprendre l'observation directe des 
sens sur la nature du mouvement sismique. Quant 
à analyser le phénomène de plus près, ils y sont 
impuissants sans le secours de l'expérimentation 
instrumentale, et c’est pour ce motif que, logique- 
ment, on va maintenant exposer les principes sur 
lesquels sont basés les appareils employés en Sis- 
mologie, avant d'étudier les résultats positifs qu ils 
ont fournis. 


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Sismologie moderne. — PI. I. 


: CHAPITRE II 


LES SISMOSCOPES 
ET CE QU'ILS NOUS APPRENNENT 


Les appareils destinés à étudier les tremblements 
de terre et à mesurer les divers éléments du mou- 
vement sismique se divisent naturellement en deux 
classes qui correspondent d’ailleurs à l’ordre histo- 
rique de leur invention et de leur emploi. Les uns 
signalent le phénomène, en fixant le temps, la durée 
et l'amplitude, tandis que les autres, plus com- 
pliqués, enregistrent pour toujours la trajectoire 
d'une particule de la surface terrestre, ce qui per- 
met de l’étudier ensuite à loisir. Les premiers sont 
les sismoscopes, les seconds les sismographes ou 
sismomètres. De même que certaines personnes 
sont très sensibles aux secousses du sol et en per- 
coivent nettement qui passent généralement ina- 
perçues, de même aussi ces appareils sont de très 
inégale sensibilité; mais jusqu’à présent, dès que 


SISMOLOGIE MODERNE, 2 


{ 


18 LA SISMOLOGIE MODERNE 


les tremplements de terre deviennent très violents, 
ils n'échappent point sinon à la destruction, du 
moihs à des perturbations telles qu'ils sont mis 
hors d'état de fonctionner convenablement; il y a 
là une sorte de contradiction qu'il n’a pas encore 
été possible de résoudre pratiquement, entre la 
sensibilité pour les faibles secousses et la résistance 
contre les grandes. 

Le tremblement de terre étant un brusque mou- 
vement de l'écorce terrestre, tout corps en équi- 
libre facilement dérangeable peut servir de sismo- 
scope. Ce sera un liquide tel que du mercure, placé 
dans un vase, et qui, mis en mouvement, pourra 
s'échapper par un certain nombre d'orifices percés 
près du bord; tombant dans des coupelles conve- 
nablement disposées au-dessous, on aura une idée 
approchée, pensait-on du moins autrefois, de la. 
direction d'où sera venue la secousse. Une boule 
surmontant une colonne ira tomber de même et 
marquera la direction de sa chute sur une table 
couverte de sable fin. Deux corps métalliques 
rapprochés, dont l’un mobile, viendront à choquer 
l’un contre l’autre au moment du tremblement de 
terre et fermer un circuit électrique dans lequel 
sera interposée une sonnette. Qu'une pendule 
préalablement arrêtée sur midi, parce que son 
balancier est retenu par un dispositif quelconque 
et facile à imaginer et peut être mis en liberté par 
la chute d'un corps par exemple, ou par l'ouver- 


LES SISMOSCOPES 19 


ture ou la fermeture d’un courant, qu'une pendule, 
disons-nous, soit ainsi agencée et adjointe à l’appa- 
reil sismoscopique, et l’on aura le moyen de 
calculer l'heure du phénomène en soustrayant le 


temps pendant lequel elle aura marché au moment 


de son inspection de celui marqué par une horloge 
ou une montre quelconques.— L'homme lui-même 
n est-il pas un des plus sensibles sismoscopes? 

Le nombre de combinaisons possibles de ce 


| genre est pratiquement illimité et, en fait, il existe 


un nombre considérable de bons sismoscopes en 
usage. Îls doivent être fidèles, c'est-à-dire qu'ils 
doivent toujours fonctionner à partir d'un certain 
degré d'intensité des tremblements de terre, degré 
qui peut être rendu aussi faible qu'on voudra. 
Ainsi le simoscope Agamennone est basé sur 
l'emploi d'un pendule renversé, constitué par une 


masse enfilée sur une tige verticale; en oscillant 


celle-ci vient au contact d’une autre pièce métal- 
lique et un circuit électrique se ferme et actionne 
une pendule organisée comme il a été dit tout à 
l'heure. La sensibilité de l'appareil se règle comme 
on veut, toutes choses égales d'ailleurs, suivant la 
hauteur de la masse, et l’on est parvenu par ce 
moyen à signaler des tremblements de terre rela- 
tivement faibles survenus à de grandes distances, 
jusqu à 700 ou 800 kilomètres, et tout à fait insen- 


 sibles à l’homme au lieu de l'observation. 


On est ainsi conduit à ce fait nouveau, intéres- 


20 LA SISMOLOGIE MODERNE 


_ 


sant et dû à l'observation instrumentale seule . 


qu'un tremblement de terre, même faible, se pro- 


page à de très grandes distances et met en mouve- 


ment des portions considérables de la surface 


terrestre sous forme d'imperceptibles ondulations, 


insensibles à l'homme, que des appareils peuvent 
signaler et qu'on appelle microséismes par opposi- 
tion avec les secousses ordinaires sensibles, ou 
macroséismes. Ce tremblement de terre ainsi mis 


en évidence à grande distance est pour l’observa- 


teur un ééléséisme, Les mêmes sismoscopes 
permettent aussi d'observer de très petits mouve- 
ments locaux, microséismes aussi, trop faibles pour 
les sens de l’homme et de foyer rapproché. 

Cette sensibilité d'un sismoscope, si on la pousse 
trop loin, ne va pas d'ailleurs sans de sérieux 


“inconvénients, car alors l'appareil devra être 


installé loin des lieux habités, où des mouvements 
artificiels non sismiques suffiraient à le faire 
fonctionner, comme les voitures, tramways, etc. 
Il pourrait même arriver qu ils signalassent d'autres 
mouvements naturels de l'écorce terrestre, tels que 
ceux très faibles produits par le vent, les variations 
de pression atmosphérique et autres phénomènes 
non sismiques du même genre. Le but serait 
dépassé. 

Le véritable rôle des sismoscopes consiste à 
suppléer pour les petites secousses à l'attention 
des observateurs chargés de signaler à un bureau 


LES SISMOSCOPES PA 


central tous les tremblements de terre sensibles. Si 
_ donc on installe à la surface d’un même pays un 
nombre suffisant de sismoscopes identiques dans 
des stations systématiquement choisies, et si ce 
réseau est assez dense, non seulement aucune de 
ces petites secousses n'échappera à l'observation, 
mais encore pour chacune d'elles on pourra 
tracer sur la carte les limites de l'aire d'ébranle- 
ment correspondant à la sensibilité particulière à 
l'appareil en fonction. On résoudra donc à la 
longue le problème de la répartition géographique 
des tremblements de terre à la surface du pays 
considéré, problème dont nous marquons 1e 
l'importance fondamentale, sans nous appesantir 
en ce moment sur ce sujet. 

La courbe qui limite ainsi la portion de territoire 
ébranlée par un tremblement de terre est ce qu'on 
appelle son 2soséiste limite : c’est le lieu des points 
où le tremblement de terre s’est fait sentir avec 
l'intensité au plus nécessaire pour faire fonctionner 
l'appareil sismoscopique en usage. 

L'isoséiste limite présente généralement une 
forme assez irrégulière, tant la propagation du 
mouvement sismique est fortement influencée par 
les variations du relief et de la constitution géolo- 
gique des couches de la surface ébranlée. Ces 
irrégularités s’atténuent si l'échelle de la carte est 
convenablement choisie et, comme première appro- 
ximation, cette courbe présentera un point central, 


2 LA SISMOLOGIE MODERNE N 


qui ne pourra jamais être bien éloigné du lieu où 


le tremblement de terre aura pris naissance. Une 
longue série d'observations dirigées dans ce sens 
fera ainsi connaître les foyers les plus habituels 
des secousses du pays considéré et cette étude 


- préliminaire sera la base de sa géographie sismique. 


Ce problème, pour intéressant qu'il soit, n'est 
pas celui qui doit nous préoccuper maintenant; il 
faut examiner jusqu'à quel point les sismoscopes 
peuvent renseigner sur la nature du phénomène en 
complétant et précisant davantage les notions 
antérieurement acquises sans l’aide d'aucun appa- 
reil. 


Au début de l'emploi des sismoscopes, et cela 


dès le xvrrr° siècle, on a eu recours au pendule pour 
constituer certains de ces appareils, et, comme on 
le verra plus loin, c’est ce principe qui a été le plus 
fécond jusqu à présent pour enregistrer graphique- 
ment les tremblements de terre et leur appliquer 
des méthodes de mesure. Or le pendule jouit de 
cette propriété bien connue d’osciller d'autant plus 
lentement que son centre de gravité est plus loin 
de son axe de suspension et que sa masse est plus 
considérable. Comme, d'autre part, on ne peut ana- 
lyser le mouvement d’un mobile quelconque, 1c1 
une particule terrestre, qu'en le rapportant à des 
axes fixes, ou considérés tels dans l’espace, on voit 
que dans le très court espace de temps que dure 
un tremblement de terre, la masse d’un très long 


NAIL À 


LES SISMOSCOPES 23 


et très lourd pendule n'aura pas, grâce à son 
inertie, eu le temps de se mettre à osciller sous 
l'impulsion terrestre à laquelle aura cependant 
obéi son point de suspension lié à la terre. Par 
inertie, la verticale du centre de gravité restera 
donc approximativement fixe dans l’espace. Ceci 
admis, on termine inférieurement le pendule par 
un style très léger qui viendra toucher à peine une 
table recouverte de sable fin, ou une plaque de 
verre enfumé. Au moment du tremblement de 
terre, la table ou la plaque horizontale obéira 
au mouvement sismique, puisqu'elle fait corps 
avec la terre et, le phénomène passé, on trouvera 
écrite en sens inverse, sur le sable ou le noir de 
fumée, la trajectoire du point qui, au début, 
correspondait à la pointe du style, restée immo- 
bile. Ainsi la main d’un écrivain pourrait rester 
fixe si, tout en maintenant le contact de la plume 
avec le papier, on imprimait à celui-ci exacte- 
ment les mouvements inverses de ceux de la 
plume, et l’on n'en obtiendrait pas moins en fin 
de compte l'écriture ordinaire, la main mobile, le 
papier fixe. Le mouvement sismique se trouve 
ainsi directement enregistré et si l’on fixe le noir 
de fumée au moyen d'une solution appropriée, on 
pourra ensuite étudier à loisir la trajectoire hori- 
zontale d’une particule terrestre ébranlée par un 
tremblement de terre. 

Cet enregistrement est d'autant plus fidèle que 


. 24 LA SISMOLOGIE MODERNE 


le pendule sismoscopique est plus long et plus 
lourd, mais pour obtenir une immobilité suffi- 
samment approchée de cet appareil, il faudrait 
des dimensions pratiquement inapplicables, des 
dizaines de mètres et plusieurs tonnes. Par consé- 
quent, dans les cas ordinaires, il ne manquera pas 
de se mêler au tracé sismique, ou sismogramme, 
l'effet des oscillations pendulaires propres; mais 
pour le moment il faut nous contenter de cette 
approximation. 

Généralement les diagrammes ainsi obtenus ss 
très petits et se denis à une tache blanche, sur 
le papier enfumé, dont on ne peut rien tirer, tant 
les diverses ondulationsse recouvrent inextricable- 
ment les unes les autres; à moins que le tremble- 
ment de terre ne soit déjà fort intense, le sismo- 
gramme est tout à fait illisible. 

On a alors imaginé d’interposer un pantographe 
entre le pendule et le style traçant, et les dia- 
srammes s’améliorent en proportion du degré de 
multiplication adopté. Il est vrai qu'aussi le tracé 
représente moins fidèlement la trajectoire horizon- 
tale d’un point, car on a par là même introduit des 
frottements perturbateurs aux articulations et aux 
points d'appui du pantographe. N'importe, les 
diagrammes deviennent plus lisibles. Or, dans ces 
conditions, on obtient des tracés dont l'extrême 
complication correspond, on n'en peut douter, 


à celle même du mouvement sismique, et qui est, 


à ea LES SISMOSCOPES 25 


même pour les intensités ordinaires, beaucoup 
plus grande que celle accusée par nos sens. 

Dans ces tracés, toute notion de la direction d'un 
tremblement de terre s’évanouit, puisqu'elle varie 


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: Fig. 3. — Diagramme du tremblement de terre du 15 décembre 1901 
dans les Philippines (d’après le « Philippine Weather Bureau »). 


constamment pendant toute sa durée et, pour l'in- 
_  terpréter, il faut revenir à l'observation des sens 
qui, cependant, semblent si nettement, dit-on, 
reconnaitre la direction du phénomène. Mais, à y 
regarder de plus près et au moyen de statistiques 
judicieusement établies, on s’est aperçu que, dans 
une même ville et à l'occasion d'un même trem- 


26 LA SISMOLOGIE MODERNE 


blement de terre, les divers observateurs signalent 
en très grande majorité les directions des princi- 
pales artères, ou des directions perpendiculaires, 
c'est-à-dire, en fin de compte, celles des murs des 
maisons où ils se trouvent; s'ils se rencontrent à 
l'extérieur et en pleine campagne, la direction des 
couches terrestres influera sur leurs appréciations. 
En ce qui nous concerne personnellement, nous 
n'avons presque jamais pu discerner une direction 
nettement définie dans de très nombreux tremble- 
ments de terre du Centre-Amérique ou du Chih. 

Ainsi donc, d'après ces tracés, un tremblement 
de terre n'a pas à proprement parler de direction, 
et c'est là un élément à supprimer dans les cata- 
logues sismiques, sauf dans des cas très particu- 
liers, puisque, en général, la sensation dont il s'agit 
résulte de la situation contingente de l'observateur 
par rapport à des objets matériels tels que murs 
d'édifices ou strates terrestres. D'ailleurs, quand 
on sait ultérieurement d’où est émané le tremble- 
ment de terre, il est facile de constater que la 
plupart des directions signalées ne convergent pas 
vers son origine. Toutefois l'appréciation de la 
direction sera plus exacte si l'observateur est très 
éloigné de la région épicentrale. 

Cette extrême complication des tracés doit 
permettre d'analyser la nature même du mou- 
vement sismique. Elle montre qu'à des inter- 
valles de temps très rapprochés, il arrive à 


LES SISMOSCOPES 27 


l'observateur des, impulsions de directions très 


_ différentes. Cela s'explique en partie si le tremble- 


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Fig. 4. — Directions observées au voisinage de Sinj lors du tremble- 


ment de terre du ? juillet 1898 (d'après Faïidiga). 


ment de terre, au lieu d'émaner d'un point, 


_ hypothèse reconnue fausse maintenant comme 


trop simple, s’est irradié simultanément de tous 
les points d’une ligne ou surface représentant un. 
accident géologique d’une certaine étendue, soit 
une fracture, soit une faille, soit même un com- 


… 47] 
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28 = LA SISMOLOGIE MODERNE 


partiment plus ou moins grand, mais limité de 
l'écorce terrestre et dont la mise en mouvement 
a produit le phénomène, ainsi que l'observation 
nous en fournira plus tard des exemples probants. 
Ces impulsions arriveront donc à l'observateur, ou 
au style enregistreur, avec des directions diverses, 
toutes comprises entre les côtés de l’angle formé 
avec les extrémités de l'accident géologique en 


question. En outre, pendant leur trajet, ces 


impulsions n'auront pas manqué d'interférer entre 
elles, ni de se réfléchir dans tous les sens contre 
les irrégularités de constitution et les solutions de 
continuité des couches terrestres traversées. 

Il peut cependant arriver, surtout si le foyer 
sismique est de dimensions restreintes par rapport 
à la distance à laquelle on l’observe, que le tracé 
prenne une forme allongée dans un certain sens; 
en d'autres termes, il y a prédominance de cer- 
taines directions d'oscillations voisines entre elles. 
Le mouvement sismique correspondant accusera 
ainsi une élongation maximum de la particule 
terrestre dans cette même direction, et on pourra 
conventionnellement avec plus de justesse parler 
de la direction ainsi entendue du tremblement de 
terre. Ce nouvel élément a son importance, comme 
on le verra plus tard, quant aux effets des trem- 
blements de terre sur les édifices d’une ville en 
particulier. Si, en eflet, on construit autour d'un 
lieu les élongations maxima observées pendant 


LES SISMOSCOPES 29 


un grand nombre d'années, on obtiendra pour sa 
rose sismique une nette prédominance dans un 
- azimuth déterminé, ce qui correspond évidemment 


1 NW 
0 485 


156 


| 


Fig. 9. — Rose sismique d'Orizaba (d’après le relevé des observations 
de C. Mottl de 1889 à 1895). 


à la direction du foyer sismique d'où lui viennent 
le plus grand nombre de secousses, et cette inter- 
prétation a pu être vérifiée à posteriori pour cer- 
taines villes. C'est celle suivant laquelle il con- 
viendra d'orienter les principales façades des 
édifices pour diminuer les risques. 

Il n'est pas rare non plus de pouvoir démêler 


‘5 + NET LA SISMOLOGIE MODERNE 


dans un diagramme obtenu au moyen d’un simple 
pendule deux systèmes prédominants d’oscillations 
à peu près perpendiculaires entre elles. Ce fait 
n'a pas manqué d'attirer l'attention et, en parti- 
culier, De Rossi, très pénétré de cette opinion que 
les tremblements de terre de l'Italie centrale sont 
dus à des mouvements tectoniques le long de 
failles, croyait que ces deux systèmes d’ondula- 
tions correspondent à des mouvements simultanés 
le long de la faille et perpendiculaires à sa 
direction, c’est-à-dire à des mouvements de cou- 
lissage et d'ouverture respectivement. L'expli- 
cation est ingénieuse, mais il n'est pas certain 
qu'elle soit généralement exacte. On peut, en effet, 
attribuer ces deux systèmes d'ondes au mouvement 
pendulaire propre, mouvement qui n'est pas tou- 
jours négligeable, car il est impossible de donner 
aux appareils des longueurs et des poids suffisants 
pour en assurer l'élimination complète. Et préci- 
sément Cecchi a montré expérimentalement qu'en 
exerçant sur un pendule préalablement mis en 
oscillation une impulsion convenable à une 
certaine phase de son mouvement, on obtient de 
semblables systèmes plus ou moins orthogonaux 
d'oscillations. Rien n'empêche de supposer qu'il 


puisse se produire quelque chose d'analogue sur 


un sismoscope pendulaire, du fait même de 
l’arrivée d'ondes sismiques successives de direc- 
tions différentes. 


PAT 
D fi. 


LES SISMOSCOPES 31 


On a aussi établi des sismoscopes destinés à 
l'observation des secousses sussultoires, et pouvant 
déceler, par conséquent, le mouvement vertical. On 
s'est adressé pour 
cet objet à des res- 
sorts en spirale. Ils 
sont d'ailleurs peu 
usités. 

L'emploi des sis- 
moscopes pendu- 
lairesn’estpasstric- 
tementlimité à l’ob- 
servation des se- 
cousses sismiques 
plus ou moins in- 
tenses. Bertelli a 
eu l'idée d’analy- 
ser au moyen du 
microscope les in- 
fimes mouvements 


Fig. 6. — Mouvement d’un pendule oscil- 
de pendules a oicnidtn bas l'impulsion d’un 


choc perpendiculaire, puis parallèle à ce 


. o 
més dans de longs dernier (d’après Cecchi). 


tubes de verre pour 

les soustraire aux influences extérieures perturba- 
trices ; il a pu ainsi observer des microséismes, ou. 
plutôt des pulsations dues à des phénomènes météo- 
rologiques ou autres, ou mélangées à des oscillations 
d'origine sismique, et dont l'amplitude ne dépassait 
pas le micron, ou millième de millimètre. Si d’ar- 


32 LA SISMOLOGIE MODERNE 


dentes polémiques se sont élevées autour de ces 
phénomènes, observés en 1872, on a dù se rendre à 
l'évidence et donner raison à l’habile expérimen- 
tateur qui, dans cet ordre d'idées, a pu découvrir 
nombre de faits intéressants quant à l'action des 
phénomènes météorologiques sur l'écorce terrestre. 


De Rossi s'est aussi emparé de ces minuscules 


vibrations pour en faire des avant-coureurs ou des 
compagnons ordinaires des tremblements de terre, 
mais cette voie de recherches ne l’a pas conduit à 
des résultats généralement acceptés. 

Les principaux progrès de nos connaissances 
sur le mouvement sismique sont dus à la trans- 
formation des sismoscopes en sismographes, et ce 
sont ces derniers appareils qui vont faire l'objet du 
chapitre suivant. 


CHAPITRE III 


LES SISMOGRAPHES 


Les diagrammes obtenus comme on vient de 
l'expliquer au moyen d’un style attaché à l’extré- 
mité d'un pendule sismoscopique et traçant la 
trajectoire d’une particule terrestre sur un plan 
horizontal, sont aussi peu lisibles que le serait 
l'écriture si la main ne s'avançait pas de côté de 
facon à séparer les diverses lettres et, de fait, les 
résultats tirés de ces très grossiers sismogrammes 
ont été très restreints. Il a fallu, pour faire pro- 
gresser nos connaissances sur la nature du mou- 
vement sismique, l'intervention de plusieurs amé- 
liorations d’importance fondamentale apportées 
successivement à ces primitifs appareils ; elles sont 
d'ailleurs indépendantes du principe auquel on 
s'adresse pour réaliser la masse fixe, appelée aussi 
stationnaire, à laquelle on rapporte la trajectoire 
du point en contact avec l'extrémité du style. Il 


SISMOLOGIE MODERNE, 3 


34 LA SISMOLOGIE MODERNE 


y a donc lieu d'exposer préalablement ces amé- 
liorations. Ce sont : l'agrandissement ou la 
multiplication du mouvement sismique; sa décom- 
position suivant deux axes rectangulaires; le 
mouvement imprimé au plan enregistreur; enfin 
l'amortissement du mouvement pendulaire propre. 

Les tremblements de terre les plus habituels ont 
une amplitude beaucoup plus faible qu'on ne se 
l’imagine ordinairement; elle se réduit à quelques 
millimètres, alors même que l'observateur se sent 
par exemple très fortement secoué dans son lit. 
Cette illusion provient de ce que le mouvement 
sismique agit sur lui avec toute l'énergie que lui 


donne l'énorme masse terrestre, et c’est là un argu- 


ment qui n'a pas été suffisamment mis en lumière 
jusqu'ici. Les diagrammes ne seront done lisibles 
que si on amplifie convenablement la trajectoire 
de la particule terrestre. On à déjà vu appliquer le 
pantographe ou sismoscope pendulaire, mais on 
arrive plus simplement au résultat, tout en dimi- 
nuant beaucoup les frottements nuisibles à l’exacte 
reproduction de la trajectoire, en maintenant la 
masse stationnaire en contact avec l'extrémité 
d’une tige horizontale traçante mobile autour d'un 
axe vertical faisant partie du bâti de l'appareil et 
par conséquent relié au sol. Les mouvements de 
l'extrémité traçante de la tige seront ceux du point 
. de contact multipliés par le rapport de leurs dis- 
tances respectives à l'axe vertical. 


LES SISMOGRAPHES 35 


On dispose de l'agrandissement, ou multiplica- 
tion, suivant les besoins. Ordinairement compris 
entre 10 et 20 fois le mouvement réel, il peut 
atteindre plusieurs centaines ou même plusieurs 
milliers de fois dans les appareils destinés par 
exemple à l'enregistrement des pulsations du sol 
dues à d’autres phénomènes d’origine non sis- 
mique, déjà plusieurs fois signalés, ou les « tachy- 
SiSmes ». 

En même temps, on a décomposé le mouvement 
sismique suivant une certaine direction, celle de la 
perpendiculaire à la tige, et deux dispositifs sem- 
blables donneront séparément ses composantes 
suivant deux directions perpendiculaires entre 
elles, et il suffira de les recomposer à chaque 
instant pour remonter à la projection horizontale. 
_ de la trajectoire de la particule terrestre. Prati- 
quement ces deux directions seront le méridien et 
le parallèle du lieu d'observation, ou leurs bissec- 
trices nord-est et sud-est. Mais, dans un lieu situé 
au voisinage d'un grand trait de la surface ter- 
restre, comme une chaîne de montagnes, ou un 
accident géologique d'importance, il est à con- 
seiller d'adopter leur direction et sa perpendicu- 
laire. On pourra peut-être ainsi dévoiler leur 
influence sur la genèse et la propagation des trem- 
blements de terre de la région. 

Cette disposition en entraine forcément une 
autre complémentaire, sans laquelle le diagramme 


t 


36 LA SISMOLOGIE MODERNE 


serait beaucoup plus illisible qu'antérieurement, 
puisqu'il se réduirait à un trait, la pointe du style 
ne pouvant décrire autour de son axe vertical que 
de petits ares de cercle qui se recouvriraient les 
uns les autres sur le plan horizontal enregistreur 
recouvert d'une couche de noir de fumée. Tout ce 
quon en pourrait tirer, ce serait l'amplitude 
maxima. Îl faut donc donner au plan enregistreur 
un certain mouvement continu, qui séparera les 
diverses oscillations de la particule en contact 
avec la pointe du style. A cette fin, on a d’abord 
employé une plaque de verre enfumé tournant 
excentriquement, ce dispositif est abandonné, on 
se sert d'un tambour cylindrique dont le mouve- 
ment de rotation sur son axe propre entraine celui 
d’une bande de papier enfumé. Tant que le sol 
ne tremble pas, le style trace une section droite 
du cylindre, en développement une droite, mais 
vienne une secousse, 1l tracera une courbe ondu- 
lée, ou sinusoïdale, allongée sur la section droite 
en question et pour chacun des éléments de laquelle 
on pourra mesurer l'amplitude et la période en 
tenant compte de la vitesse de rotation du papier 
et de la multiplication. L'heure se déduira du 
nombre de tours et fractions de tours décrits 
depuis la mise en place du papier. Il faudrait donc 
un appareil auxiliaire pour compter les tours, 
mais on pourra éviter l'emploi de cet appareil 
en montant le tambour sur un axe fileté qui lui 


enr à 


- 


SE 


LES SISMOGRAPHES 31 


donnera un mouvement de translation. Dès lors, 
le style décrira une hélice sur le tambour, et le 
nombre de spires et de fractions de spires don- 
nera le temps. On complète le système et on sim- 
plifie la mesure du temps, en la rendant plus exacte 
aussi, en faisant frapper les heures et les minutes 
sur le papier enfumé par un mécanisme relié à 
une horloge électrique à contacts. L'on obtiendra 
ainsi, sans calculs, l'instant et la durée d’un élé- 
ment quelconque du mouvement sismique. 

La vitesse de rotation du tambour sera déter- 


minée suivant le genre de recherches que l'on se 


propose. La plus convenable à l'ordinaire est celle 
qui correspond à un mouvement de 15 millimètres 
à la minute à la surface du cylindre, ou à un quart 
de millimètre par seconde, mouvement qui laisse 
un espace suffisant entre les oscillations différentes 
tracées par une fine pointe. Pour l'étude des vibra- 
tons rapides, on peut aller jusqu'à doubler cette 
vitesse, soit 30 millimètres par minute. Au delà 
il s’agit d'appareils spéciaux qui ont l’'inconvé- 
nient de transformer les rapides oscillations en 
larges ondulations dont l'analyse se trouve singu- 
lièrement compliquée de ce fait. On a construit des 
appareils dans lesquels la rotation ne se produit 
qu'au moment de la secousse terrestre, ou bien 
augmente à cet instantmème; ce sont là des instru- 
ments rarement employés. 

L'enregistrement mécanique par une pointe 


38 LA SISMOLOGIE MODERNE 


fine sur papier enfumé, que l’on fixe ensuite au 
moyen d'une solution ad hoc, donne des tracés très 
fins et très lisibles: il est de beaucoup préférable 
à l'emploi d'une plume avec encre inséchable, 
employée dans beaucoup d'appareils météorolo- 
giques où la finesse du trait n'est pas exigée par 
la rapide variation du phénomène à enregistrer. 
Mais dans l’un et l’autre cas les frottements de la 
pointe ou de la plume sur le papier, de l'axe de la 
tige porte-pointe sur ses pivots, de l'appareil de 
liaison entre la masse stationnaire et la tige, ne 
sont pas sans amener des perturbations qui 
altèrent le diagramme relativement à l'exacte 
reproduction de la trajectoire de la particule ter- 
restre, et il a fallu toute l'ingéniosité des construc- 
teurs pour réduire ces inconvénients au minimum. 
Aussi a-t-on songé à supprimer ces défauts au 
moyen de l'enregistrement photographique. Il suffit 
pour cela qu'un petit miroir porté par le pendule 
renvoie un rayon lumineux sur une bande de 
papier sensible soumise à un mouvement de 
translation. Ce système nécessite le développement 
journalier d’une longue bande, ce qui coûte cher, 
mais en outre, et chose plus grave, la séparation 
entre les signes est bien moindre que celle des 
traits obtenus par une pointe, car on ne peut guère 
descendre au-dessous du millimètre, ou bien il 
faudrait beaucoup augmenter la vitesse, ce qui 
amènerait des dépenses excessives. 


LES SISMOGRAPHES 39 


Ces divers perfectionnements ont permis d'ob- 
tenir des diagrammes très nets dont la lecture et 
l'analyse sont faciles, mais ils n’ont amélioré en 
rien l'exactitude avec laquelle un sismographe 
pendulaire enregistre la trajectoire de la particule 
terrestre, puisque rien 
n a encore été fait en 
vue de réaliser la fixité 
absolue de l& masse 
stationnaire à laquelle 
on rapporte le mouve- 
ment en l’empêchant 
de finir par obéir elle- 
même au mouvement 
terrestre. Ce deside- 
ratum n apastoujours 
été considéré par les Fig. 7. — Sismogramme obtenu à 

Santiago du Chili, le 8 juin 1909, avec 
constructeurs avec un pendule Bosch-Omori non amorti. 
toute l'attention qu'il 
mérite, de sorte que certains appareils fournissent 
des tracés dont la régularité géométrique, on 
pourrait presque dire le caractère artistique, est 
le plus sûr garant de leur peu de valeur quant à 
la représentation exacte du mouvement sismique, 
masqué en grande partie par le mouvement pen- 
dulaire propre. Il faut donc de toute nécessité 
arrêter, ou amortir comme on dit, ce mouve- 
ment qui tend toujours à s'établir faute de suf- 
fisante inertie, parce qu'on ne peut construire 


40 LA SISMOLOGIE MODERNE 


des pendules ni assez lourds, ni assez longs pour 


que leur période propre soit extrêmement lente - 


par rapport à celle du mouvement sismique. 
D'ailleurs l'augmentation de masse introduit un 
nouvel inconvénient : les frottements sur les pi- 
vots ou organes de suspension croissent au point 
que le mouvement sismique du bâti suffit pour 
entrainer le mouvement de la masse stationnaire. 
_ L'amortissement dont la nécessité s'impose 
ainsi s'obtient en introduisant une résistance dans 
l'appareil. Les méthodes les plus usitées consistent 
en une plaque liée au pendule et oscillant avec lui 
au sein d'un liquide visqueux, comme de la vase- 
line, ou dans une boîte à air, dernier système qui 
peut être avantageusement remplacé par un piston 


très ajusté dans un gylindre. Dans tous les cas, la 


résistance d’un fluide sur les deux faces de la 
plaque ou du piston, atteint parfaitement le but. 
On a utilisé aussi l’action antagoniste d'un champ 
magnétique sur une pièce liée au pendule. Primi- 
tivement on avait adjoint au pendule sismogra- 
phique un second pendule auxiliaire dont les 
oscillations contraires tendaient à détruire les 
siennes propres; ce système, dit du double pen- 
dule Ewing, n'a pas tardé à être abandonné 
comme infidèle. 

Toutes ces améliorations n'ont pas été réalisées 
simultanément, et d’ailleurs chacune d'elles a fait 
peser des problèmes particuliers de construction 


À 
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Sismologie moderne. — PI. II. (P. 40-41). 


7 


LES SISMOGRAPHES 41 


qu il serait déplacé d'étudier ici, de sorte qu'entre 
temps on s'est attaqué au pendule lui-même, au 
début exclusivement une masse suspendue par un 
fil, mais que la difficulté déjà plusieurs fois signalée 
d'obtenir une suffisante lenteur d’oscillation propre 
n a plus laissé subsister que dans un nombre res- 
treint de sismographes. De ces recherches diri- 
gées vers l'amélioration de la fixité de la masse 
stationnaire sont résultés les pendules invertis et 
les pendules horizontaux, qui se partagent actuel- 
lement les préférences des sismologues. 

L'emploi du pendule inverti, c'est-à-dire d'une 
masse pesante en équilibre sur sa pointe infé- 
rieure, a fait le succès des sismographes Wiechert. 


_ Grâce à des ressorts en croix disposés en suspen- 


sion à la Cardan, cet équilibre, à première vue 
de réalisation impossible, a permis d'obtenir des 
périodes pendulaires de suffisante lenteur par rap- 
port aux périodes sismiques et en même temps 
une grande inertie de la masse. Ces pendules sont 
dits hstatiques. En faisant varier la masse, on est 
parvenu à construire des appareils embrassant une 
grande partie de la gamme des mouvements ter- 
restres, depuis les plus infimes et rapides pulsa- 
tions jusqu'aux lentes oscillations des téléséismes. 


_ Ces qualités, jointes à l’ingéniosité des dispositions 


mécaniques de détail et à l'amortissement à air, 
ont fait des pendules astatiques de Wiechert des 
appareils d’un emploi très répandu. On en a con- 


49 LA SISMOLOGIE MODERNE 


struit pesant jusqu'à 17 tonnes et le modèle de 
1000 kilogrammes est déjà d’une très grande sen- 
sibilité. 

Le principe des pendules horizontaux a été pris 
dans la vie courante. Tout le monde connaît les 
portes qui, ouvertes par le passant, se referment 
d’elles-mêmes en revenant après quelques oscilla- 

tions se replacer entre 
leurs montants. Lesecret 
de cette propriété con- 
Z Siste simplement en ce 
que les gonds ne sont 
pas situés sur la mêmé 
verticale et la période 
d’oscillation estd’autant 
plus rapide ou plus lente 

Fig. 9. — Principe du pendule ; qu'estplus grand ou plus 

Ne tu petit l'écart des verti- 
cales des deux gonds. Il ne sera pas inutile de faire 
remarquer que, dans le cas de la porte, la résis- 
tance de l'air intervient comme amortisseur pour 
diminuer le nombre des oscillations après lesquel- 
les elle arrive au repos. Mais si les gonds sont sur 
la même verticale, il n'y a plus de plan vertical 
d'équilibre final et la porte n'oscillera plus, restant 
là où on la laisse; son équilibre serait neutre ou 
indifférent. 

Rien de plus facile que d'imaginer tel dispositif 
de masse sismographique établie de la sorte, et l'on 


LES SISMOGRAPHES 43 


se donnera a priori la période d'oscillation pendu- 
laire convenable, d'où l’on déduira la distance 
verticale des gonds, et ici point de suspension et 
point d'appui contre une colonne. On calculera 
par là même ce qu'on appelle la longueur équiva- 
lente du pendule horizontal, c'est-à-dire la lon- 
_gueur du pendule simple synchrone, ou de même 
période d’oscillation, 
et l'onseratoutétonné 
de voir que l’on peut 
ainsi remplacer, et 
avantageusement, 
cela se conçoit sans 
peine, des pendules 
ordinaires dont la lon- 
sueur atteindrait plu- 
sieurs centaines de mètres, ou même des kilomè- 
tres. Il ne faut toutefois pas tomber dans cet écueil 
d'arriver à des pendules horizontaux de période si 
lente que le mouvement terrestre suffirait à les 
entraîner. Îls seraient devenus presque indiffé- 
rents et le but serait dépassé. Pour fixer les idées, 
on dira qu'une période pendulaire de 50 secondes 
donne déjà de bons résultats, puisque c’est une 
période décuple de celle de nombreuses oscillations 
sismiques. 
Les pendules horizontaux présentent ce grand 
avantage de permettre une construction robuste; 
il en a été établi un grand nombre de modèles 


horizontal lourd. 


4 4 LA SISMOLOGIE MODERNE 


dont les plus connus sont ceux d’Omori et de la 
Cartuja de Granada. On les établit lourds ou légers, 


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Fig. 11. — Pendule lourd de Bosch. 
(Cliché J. & A. Bosch, constructeurs à Strasbourg.) 


| | 


leur sensibilité croissant avec leur poids, toutes 
choses égales d'ailleurs. Faute d'amortissement, 
les grands pendules horizontaux de Stiattesi ne 
sont que de gigantesques sismoscopes. 

Les sismographes destinés à l'enregistrement de 
la composante verticale ne diffèrent pas essentiel- 


LES SISMOGRAPHES | 45 


lement des précédents quant aux parties acces- 
soires autres que la masse pendulaire. Wiechert a 
constitué le sien au moyen d'une sorte de balance 
et Vicentini s'est servi d'une masse adaptée à 
l'extrémité d'une verge horizontale. Dans l’un et 
l’autre cas, la masse stationnaire ne peut servir de 
point de repère qu'à un mouvement terrestre ver- 
tical, que l’on transforme ensuite en mouvement 
horizontal pour l'enregistrer sur le tambour tour- 
nant. Ces appareils sont peu employés, sans doute 
surtout à cause de la petitesse de la composante 
verticale toujours réduite à une si petite fraction 
de la composante horizontale que beaucoup de 
sismologues en niaient la réalité. Il a cependant 
fallu se rendre à l'évidence des faits et finalement 
admettre son existence. 

En pratique, un sismographe n’est pas apte à 
enregistrer convenablement toutes les oscillations 
terrestres ; il ne rend bien que certaines d’entre 
elles dont la période ne diffère pas trop d'un sous- 
multiple simple de la sienne propre. Il se passe là 
quelque chose d'assez analogue à ce qui se pré- 
sente pour les diapasons relativement aux sons 
musicaux. On est donc dans l'obligation, pour un 
observatoire sismologique important, d'installer 
des appareils divers afin d’embrasser toute la lon- 
gueur du spectre sismique. Ici l’on ne peut qu'in- 
diquer ce genre de considérations ressortissant au 
_ seul domaine de ia sismologie professionnelle, du 


46 LA SISMOLOGIE MODERNE 


moins tant qu'on ne possédera pas un appareil 
universel capable d'enregistrer également bien les 


vibrations lentes ou rapides, si tant est qu'on - 


puisse y arriver. 

De toutes façons, l'étude des tremblements de 
terre d'un pays de grande étendue nécessite l’em- 
ploi d’un même appareil dans les diverses stations, 
et il serait grandement à désirer que ce deside- 
ratum fût satisfait à la surface du monde entier 
pour que les sismogrammes d'un même grand 
séisme fussent strictement comparables. Cette 
condition si importante n'est cependant pas loin 
d'être réalisée par suite de la grande diffusion de 
certains appareils peu nombreux, ceux de Milne 
(photographique), de Bosch-Omori, de Wiechert, 
de Mainka et de Vicentini. C’est ainsi que, pour le 
ogrand tremblement de terre de Valparaiso du 
16 août 1906, on a pu constituer et publier plu- 
sieurs séries de sismogrammes comparables entre 
eux dans chacune des séries, résultat appréciable, 
quoique encore insuffisant. Quoi qu'il en soit, les 
modèles précédemment cités tendent à être à peu 
près les seuls généralement employés, et nous ne 
sommes plus à l’époque où Elhlert, en 1898, 
pouvait décrire plus de deux cents appareils, 
nombre qui à lui seul prouve combien étaient 
alors hésitants les sismologues quant aux prin- 
cipes à appliquer dans l'invention des sismo- 


graphes. 


CHAPITRE IV 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 


Après avoir obtenu de lisibles diagrammes des 
mouvements du sol, il a fallu soigneusement 
démêler ceux qui correspondent aux vrais tremble- 
ments de terre et les distinguer de ceux qui résul- 
tent d'autres mouvements soit artificiels, soit dus 
à des phénomènes naturels tout différents des 
séismes, comme on l'a dit précédemment. On y 
est parvenu après de patientes recherches et main- 
tenant on est à même de décider tout de suite si 
un diagramme représente ou non un tremblement 
de terre. 

Même parmi les véritables sismogrammes on 
rencontre un grand nombre de formes différentes 
qu'il a fallu apprendre à séparer, en un mot à 
classifier en raison de tel ou tel caractère parti- 
culier à chaque tremblement de terre, et il s’est 
trouvé que ce caractère est la distance entre la 


(4 


+ 6 HORS EL, Ab PTE LS 


CNT LA SISMOLOGIE MODERNE 


station d'observation et l’origine du phénomène. 


À une longue distance correspondent des sismo- : 


grammes complets, partant compliqués, qui, 

mesure que diminue cette distance, se simphfient 
par la disparition successive de certains éléments, 
jusqu’à obtenir les tracés relativement très simples 


NOVEMBRE 1891 


15 
RE 
RE [é 8 10 1226 6 8 10° OU ELUTER k 6 8 10 2 4 6 8 10122 k 6 8 10 2 k: 6 8 10 
| dé 


annee 
; | [IT] +. 
EXT . 


Fig. 12. — Diagramme du cyclone du 16 novembre 1891 à Manille 
obtenu avec un microsismographe Bertelli (d'après Saderra y Maso). 


des tremblements de terre nés à la station même 


ou en son voisinage immédiat. Les résultats qui 
vont être exposés dérivent uniquement de nom- 
breuses comparaisons des sismogrammes enre- 
gistrés en même temps que la terre tremblait au 
même instant en des lieux plus ou moins éloignés 
de la station. Cette étude préliminaire n’a donc pu 
aboutir que grâce à un développement suffisant du 
réseau des observatoires sismologiques à la surface 
du globe. 

Nous partirons logiquement du sismogramme 
complet et nous exposerons comment il se sim- 
plifie progressivement avec la diminution de la 
distance à l’origine du tremblement de terre. 

Les divers éléments d'un sismogramme se pré- 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 29 


sentent, cest-à-dire s’enregistrent dans l'ordre 
suivant : 


: 
- 


Æ. 


Fig, 13, — Une tempête microsismique à Tokyo les 18 et 19 novembre 1900 (d'après Omori). 


è — z 
1° De petits frémissements de très rapide période 
et de très faible amplitude. C'est la première phase. 


SISMGLOGIE MODERNE. 4 


50 | LA SISMOLOGIE MODERNE 


2° D'autres frémissements de période un peu 
plus grande que celle des précédents. Ils se super- 
posent à des ondes de période plus longue que la 
leur. La durée de cette seconde phase est généra- 
lement un peu inférieure à celle de la première. 


mo = — 


_—— 


_—————_.—…—— — 
je 0 


DE a Os to PES ES RE RS 


Fig. 14. — Schéma d’un télésismogramme normal. 


Les vibrations de la première et de la seconde 
phase constituent les frémissements préliminaires, 
la « préphase » ou la phase initiale. Ce sont mou- 
vements insensibles à l’homme sauf peut-être 
dans le cas de personnes très impressionnables. 
La question s’est posée de savoir si les animaux ne 
les perçoivent pas. La durée de la préphase diminue 
nettement avec la distance. | 

3° La phase principale. Elle se compose de trois 
parties bien distinctes : de très longues ondes; des 
ondes lentes avec maximum; des groupes d'ondes 
lentes. 

Les longues ondes ont une grande période, 
mais une faible amplitude. 

Les ondes lentes, parmi lesquelles se produit le 
maximum d'amplitude, ont une moindre période 


L 
sÿ 


#3 


# 
2 


pc him. "a ot ARR TS 


Hi 


Lez. 


e 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 91 


que les précédentes; elles correspondent au véri- 
table tremblement de terre, et souvent alors les 
aiguilles sortent du tambour enregistreur si l’in- 
tensité du séisme est notable au lieu d’observa- 
tion. 

_ Les groupes d'ondes lentes suivent, nettement 
séparés entre eux par des intervalles de temps à 
peu près égaux, et sont de durées sensiblement 
égales aussi; l'amplitude diminue progressivement 
dans le même groupe de son commencement à sa 
_ fin et aussi d'un groupe au suivant. Parfois les. 
groupes se succèdent sans interruption bien mar- 
quée. 

Cette triple division est susceptible de varier 
dans une certaine mesure, et d'ailleurs cette des- 
cription générale doit être considérée comme un 
simple schéma. 

&o La queue du sismogramme ou phase finale. 
_ La phase finale dure d'autant plus longtemps 
qu'il s’agit d'un tremblement de terre d'origine 
plus éloignée et de plus violente intensité. Sa durée 
peut atteindre plusieurs heures et toutes choses 
égales d'ailleurs elle augmente avec la sensibilité 
de l'appareil. Sa terminaison est généralement très 
difficile à discerner, plus encore que le commen- 
cement de la préphase. On notera donc ce fait 
intéressant que la masse terrestre, une fois mise en 
mouvement par un tremblement de terre de cer- 
taine intensité, ne revient au repos que longtemps 


7 , F Ft | M] ÊTES 7 Er 
' p — = : : : os 3 à > in QU 


À 


» 


52 LA SISMOLOGIE MODERNE 


après l’ébranlement initial, si bien que certains 
sismographes très sensibles, comme celui de 
Wiechert, de 17 tonnes, accusent pour ainsi dire 
de perpétuelles vi- 
brationssismiques 
du globe terrestre. 
Cette description 
générale, mainte- 
nant classique et 
bien connue, s’ap- 
plique aux sismo- 
grammes de trem- 
blements de terre 
dont la distance de 
l'origine à la sta- 
tion est comprise 
entre000et10000 
kilomètres,c'est-à- 
dire d'origine qua- 


| lifiée de très éloi- 
Fig. 15.— Sismogrammes comparés de ma- - bu £ 
croséismes locaux, voisins, ou de téléséismes. gnee. La période 


des frémissements 

est de 5 à 12”, celle des longues ondes de 40 à 70” 
et celle des ondes lentes de 30”. | 

Au delà de cette distance pour les tremblements 

de terre dits antipodiques, c'est-à-dire ceux dont 

l’origine est au delà du grand cercle terrestre qui 

a pour pôle l'observatoire, l'amplitude maxima se 


produit pendant la phase des longues ondes dont 


x: ENTER 
NC 2 se ” “. % = 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 53 


la période est de 70”, celles des ondes lentes étant 


seulement de 20 à 30”. 
Pour les tremblements de terre simplement 
éloignés de 1 000 à 5 000 kilomètres, les premiers 


minute 
— 


Fig. 16. — Diagramme de la composante N.-$S. du tremblement de terre 
de Mongolie du 9 juillet 1895; plus de 5 000 km. (d’après Angenheister). 
frémissements sont encore bien distincts, mais les 
seconds se superposent aux longues ondes dont la 
période tombe à 40”, celle des ondes lentes étant 
de 15 à 20”. 

Dans les sismogrammes des tremblements de 
terre peu éloignés, de 500 à 1 000 kilomètres, tous 
les frémissements prennent une période de 1 à 6”, 
ceux de la seconde phase toujours superposés aux 
ondes longues dont la période se réduit à 10”. 
Celle des ondes lentes est moindre encore et c’est 


54 LA SISMOLOGIE MODERNE 


parmi elles que se produit toujours l'amplitude 
maxiIma. 

Les tremblements de terre régionaux, ou voi- 
sins, correspondent à une distance inférieure à 
500 kilomètres; les frémissements préliminaires 
ne se distinguent plus entre eux, et la quatrième 
phase est très peu développée. 

Dans les sismogrammes de secousses locales, 
dont l’épicentre ou foyer est à l'observatoire même 
ou dans son voisinage immédiat, les diverses 
ondes n'ont plus le temps de se séparer entre elles 
et on ne distingue plus que la phase principale 
dont la période très rapide est souvent comprise 
entre le dixième et le centième de seconde, l’am- 
plitude maxima se présentant brusquement dès le 
début, au moins dans beaucoup de cas. 

Il s'agit maintenant d'interpréter ces diverses 
phases relativement à la nature même du mouve- 
ment sismique en sen tenant uniquement aux 
faits d'observation vraiment indiscutables, car 
dans le détail il y a de nombreux points à élucider 
encore, et même l'accord n'est pas fait entre les 
sismologues sur des points importants, presque de 
principe. 

Lorsque, il y a plus d'un demi-siècle, Wertheim 
étudiait l’élasticité des corps, il découvrit qu'un 
choc y développe deux sortes d'ondes longitudi- 
nales et transversales, dépendant uniquement, 
quant à leurs vitesses et à la forme de leurs sur- 


he AIS et à 


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RAPAUTIE 


Sismologie moderne. 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES . 55 


faces d'ondes, des propriétés physiques et de 
l’état moléculaire du corps, et telles que la vitesse 
de propagation des premières devait être le double 
de celle des secondes. L’exiguité des dimensions 


Fig. 18. — Sismogramme du tremblement de terre de Tokyo 
du 20 juin 1894. 


des corps dont on peut disposer dans un labora- 
toire est trop grande pour que les expériences 
puissent vérifier ces résultats dans des conditions 
à l'abri de toute discussion et de toute critique et, 
en fait, cette affirmation resta plutôt à l’état de loi 
théorique. Mais précisément ce même physicien a 
nettement prévu que, plus tard, et en raison même 
des dimensions du globe terrestre, les tremble- 
ments de terre permettraient de vérifier ces déduc- 


5 À LA SISMOLOGIE MODERNE 


tions, ce qui est justement arrivé, comme on va le 
voir. De son côté, Cauchy, par des considérations 
de pure analyse mathématique, concluait que le 
rapport des deux vitesses devait être celui de la 
racine carrée de trois à l'unité, nombre qui d’ail- 
leurs ne diffère du rapport de Wertheim que de 
13,5 p. 100. C'est là un point de très grande 
importance, puisqu'il permet de concilier prati- 
quement deux théories mathématiques différentes. 

Plus tard, Lord Rayleigh démontra que, dans de 
semblables circonstances, il se formait à la surface 
du corps d'autres ondes, transversales, et dans 
la production desquelles, outre les propriétés 
physiques du corps, intervenait la gravité. Pour 
ce motif on les a nommées gravitationnelles. Elles 
sont toutes différentes des ondes visibles ou gra- 
vifiques dont on a parlé antérieurement. 

Dès lors se produisirent de nombreuses et vives 
discussions entre les sismologues, les uns tenant 


pour les ondes profondes, longitudinales et trans-. 


versales de Wertheim, les autres pour les ondes 
superficielles transversales de Lord Rayleigh. Les 
observations sismographiques sont venues en ces 
dernières années mettre tout le monde d'accord en 
vérifiant la coexistence des trois sortes d'ondes et 
très récemment, par une analyse mathématique 
unique, Lamb vient de confirmer ce résultat expé- 
rimental. 

À l’occasion d’un tremblement de terre observé 


héermnes date 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 07 


en diverses stations sismographiques, même dans 
le cas où son foyer serait inconnu, c'est-à-dire si 
l’on n'en est informé que par les appareils, la com- 
paraison des divers sismogrammes obtenus permet 
de calculer les différences de temps auxquels sont 
parvenus en deux stations les mêmes éléments du 
mouvement, quel que soit d’ailleurs le chemin réel- 
lement parcouru depuis le foyer jusqu'à chacune 
d'elles. Ces vitesses ne sont pas constantes et 
paraissent varier tant avec la distance qu'avec la. 
constitution géologique des pays ébranlés et la 
nature des roches traversées pendant la propaga- 
tion. L'interposition des masses océaniques les 
diminue; celle de roches anciennes généralement 
plus compactes et élastiques que les roches 
modernes, géologiquement parlant s'entend, les 
augmente. Mais, dans un même cas, il se trouve 
que la vitesse de propagation des premiers frémis- 
sements est à peu près le double de celle des 
seconds, c'est-à-dire qu'elles sont dans un rapport 
voisin de celui annoncé par Wertheim et par 
Cauchy. Il est donc rationnel d'admettre que les 
premiers et les seconds frémissements sont respec- 
tivement les ondes longitudinales et transversales 
de ces deux physiciens, tandis que la phase prin- 
cipale correspond aux ondes superficielles ou gra- 
vitationnelles de Lord Rayleigh. 

Cette déduction est de la plus haute importance; 
elle est d’une lumineuse clarté, mais, il faut bien 


RP CS LE 
= "54 


58 LA SISMOLOGIE MODERNE 


le reconnaître, elle n'est pas encore acceptée sans 
conteste par tous les sismologues, quoique rendant 
bien compte de beaucoup d'observations de détail 
dont la place n'est certainement pas ici. La diffi- 
culté, et elle est grande, consiste surtout à savoir 
quel chemin suit chacune de ces trois espèces 
d'ondes pour parvenir à l'observateur, la corde 
étant entre le foyer et lui, l'arc de grand cercle de 
la surface terrestre ou une courbe plus compliquée 


dans l’intérieur de la terre. L’extrême hétérogé- : 


néité des couches terrestres et notre ignorance de 
la constitution interne du globe viennent singu- 
lièrement compliquer la question, de sorte qu'on 
n'a pas pu jusqu à présent se mettre d'accord, etles 
noms des plus éminents sismologues se rencontrent 
dans les divers camps, soient qu'ils aient surtout 
porté leurs investigations sur les résultats de la 
seule observation des sismogrammes, soit qu'ils 
aient appelé à leur aide l'analyse mathématique la 
plus élevée. 

Nous nous en tiendrons donc à l'interprétation 
antérieurement exposée en raison de sa simplicité 
et de sa vraisemblance, mais sans pouvoir pour 
cela en affirmer l'exactitude absolue. Toute déci- 
sion ferme serait encore prématurée. C'est, en tout 
cas, un commode mais provisoire schéma accepté 
par des sismologues comme Benndorff et Wiechert. 

Quoi qu'il en soit, dans cette manière de voir 
les ondes longitudinales (premiers frémissements), 


Ÿ « 


© ——— —— ©" 2 NE Be 


M mo 


Fig. 19. — Sismogramme obtenu à Copiapo (Chili), 
le 24 septembre 1910 
avec un pendule astatique de Wiechert de 200 kilogrammes. 


Tremblement de terre local. 


Sismologie moderne. — PL. IV. 


= 


s CEE Les 


LEE #; 
Li 


; SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 59 


transversales (seconds frémissements) et gravita- 
tionnelles (phase principale) se présentent successi- 
vement à l'enregistrement des sismographes comme 
trois messagers partis simultanément du foyer du 
tremblement de terre, mais voyageant chacun 
avec des vitesses différentes aussi, les qualificatifs 
employés, longitudinales, transversales et gravita- 
tionnelles, ne faisant rien à l'affaire. Les retards 
relatifs augmenteront donc avec la distance, comme 
le montre l'observation, c'est-à-dire que les durées 
des phases s'allongeront avec le même facteur, 
résultat conforme aux faits, et l’on comprend main- 
tenant pourquoi et comment ces ondes diverses, ou 
phases, se distinguent de moins en moins entre 
elles dès que la distance est assez faible pour en 
contrarier la séparation. C'est pour cela qu'elles se 
superposent et se confondent dans les sismo- 
srammes des tremblements de terre régionaux et 
surtout locaux définis comme ïl à été fait plus 
haut. 

Les difficultés quon vient de signaler n’en 
permettent pas moins la détermination assez précise 
de la distance à laquelle s’est produit un tremble- 
ment de terre dont on possède le sismogramme. 
Il s’agit là d’un problème d'analyse indéterminé 

relatif à l’arrivée au but de trois courriers partis 
simultanément du foyer avec des vitesses diffé- 
rentes, mais qu il est plus pratique de résoudre au 
moyen de formules ou de règles empiriques 


60 LA SISMOLOGIE MODERNE 


déduites directement de nombreuses observations 
que l'on obtient en comparant les distances connues 
a posteriori des foyers de tremblements de terre 
bien observés avec les durées des diverses phases 
des sismogrammes correspondants. 

Ces formules sont nombreuses et se réduisent à 


des opérations arithmétiques simples effectuées 


sur les durées des phases et ne préjugeant d'ailleurs 
rien sur la vraie nature des ondes correspondantes. 
Ces règles diffèrent suivant les sismologues; il est 
plus exact de dire qu'elles varient légèrement 
suivant les observatoires en raison de la constitu- 
tion géologique des terrains traversés, ainsi 
qu'on l'a indiqué tout à l'heure. Celle de Stiattesi 
parait donner généralement les résultats les plus 
approchés de la distance, et son erreur ne dépasse 
guère 100 kilomètres aux plus grands éloigne- 
ments. Au-dessous de 2000 kilomètres, ce sismo- 
logue ajoute 38 kilomètres au produit par 5,34 de 
la durée totale mesurée en secondes des premiers 
et seconds frémissements, tandis qu'au delà de cette 
distance il retranche 2351 kilomètres du produit 
par 19,1 de la durée en secondes des seuls premiers 
frémissements. Omori emploie une formule sem- 
blable, mais avec des coefficients différents. Läska 
enfin diminue d'une unité la durée des premiers 
frémissements mesurés en minutes et fractions 
décimales de minute pour calculer le nombre de 
mégamètres (1000 kilomètres) de la distance. IL 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 61 


est d'autres règles encore, mais il suffit d'avoir cité 
les principales. 

Ainsi se résout ce problème qui ne laisse pas que 
d'étonner le public chaque fois qu'avant l’arrivée 
de tout télégramme, un sismologue annonce qu'un 
grand tremblement de terre vient de se produire à 
telle ou telle distance de son observatoire et sou- 
vent même dans tel ou tel pays plus ou moins 
éloigné qu'il désigne. Nous allons voir comment 
on peut, en plus de la distance, déterminer la direc- 
tion d'où sont venues les ondes du sismogramme 
et, par conséquent, localiser le foyer du tremble- 
ment de terre à la surface du globe. 

Connaître la distance ne suffit pas, en effet, 
puisque nous ne possédons encore au moyen du 
sismogramme que le rayon sphérique du petit 
cercle terrestre qui a l'observatoire pour pôle et 
sur lequel se trouve le foyer superficiel du trem- 
blement de terre, ou son épicentre comme on dit. 
Il faut en outre connaître la direction suivie par 
les ondes. 

Grablowitz s’est fait une spécialité de calculer, 
pour divers observatoires, des mappemondes dites 
isodiastématiques et azimuthales, sur lesquelles 
sont tracés des cercles équidistants de 1 000 kilo- 
mètres autour des observatoires pris comme pôles. 
Or on verra plus tard que les régions à tremble- 
ments de terre sont disséminées, à la surface 
terrestre, le long de très étroites bandes bien 


62 : LA SISMOLOGIE MODERNE 


définies; ces cercles les coupent en deux points 
au plus, ce qui donne dans les cas les plus défa- 
vorables une indication précise sur une double 
provenance possible du tremblement de terre dont 
on étudie le sismogramme. Toute hésitation dis- 


paraîtra si deux, ou mieux trois observatoires se 


communiquent télégraphiquement la distance à 
laquelle le séisme s’est produit pour chacun d'eux. 
La région ébranlée se trouvera à l'intersection 
commune de trois cercles des mappemondes 1s0- 
diastématiques correspondantes. 

L'étude des archives sismographiques d'un 
observatoire donne lieu à une autre méthode; 
on constate, en effet, que les divers sismogrammes 
obtenus y diffèrent suivant la direction dont ils 
proviennent, mais que ceux correspondant à un 
même azimuth ont un certain air de parenté qu'un 
peu d'habitude permet de distinguer de prime 
abord. Cela résulte encore de l'influence profonde 
de la constitution géologique suivant les diverses 
directions particulières de propagation, influence 
qui suffit pour imprimer un caractère spécial aux 
sismogrammes de telle ou telle provenance. 


On peut aussi recomposer suivant la règle du 


parallélogramme les premières impulsions sis- 
miques enregistrées et en déduire la direction d'où 
est venu l'ébranlement. Mais ce moyen est plutôt 
délicat et infidèle, les deux composantes n'entrant 
pas toujours simultanément en mouvement. On 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 63 


pourra enfin constater par exemple la prédomi- 
nance dans une des deux composantes d'impul- 
sions venant du nord et dans l’autre celle d’impul- 
sions venant de l'est, d'où l’on déduira que les 
ondes viennent du sud-ouest pour cheminer vers 
le nord-est. Dans tous les cas la seconde partie du 
problème est beaucoup plus difficile à résoudre que 
la première, et il sera prudent de faire intervenir 
toutes ces considérations à la fois si l’on ne dispose 
pas de dépèches venues d’autres stations plus ou 
moins voisines. 

On notera aussi qu'un pendule sismographique 
ne peut obéir à un ébranlement lui venant dans 
certaine direction, par exemple celle du plan ver- 
tical d'équilibre d’un pendule horizontal. Si donc 
il manque une composante, c’est que le trem- 
blement de terre est émané de cette direction, et 
en général la recomposition des amplitudes maxima 
donnera une idée approchée de la direction cher- 
chée. 

Quelques autres éléments des sismogrammes 
ont donné lieu à des interprétations intéressantes. 
Les groupes d'ondes lentes de la troisième partie 
de la phase principale sont attribués à des 
ondes superficielles secondaires provenant soit 
d'autres secousses produites au foyer du trem- 
blement de terre ou en son voisinage immédiat, 
soit d'ondes de la phase principale réfléchies contre 
des accidents géologiques. La queue ou la phase 


64 LA SISMOLOGIE MODERNE 


finale du sismogramme présente aussi parfois de 
semblables groupes; on a pu y reconnaître des 
ondes lentes de la phase principale qui sont reve- 
nues à l'appareil après avoir fait le tour de la 
terre en passant par l’anti-épicentre, ou antipode 
du foyer. Ces groupes ont été appelés échos par 
Milne, nom qui donne une claire idée de leur 
provenance. | 

Il ne sera pas inutile de donner quelques-uns 
des résultats numériques tirés de l'étude des 
sismogrammes. 

La vitesse moyenne des ondes lentes est de 
3 800 mètres par seconde et elle est pratiquement 
constante; c'est celle du son dans les fils télégra- 
phiques. On en conclut avec raison qu'elles ne 
peuvent cheminer à la surface même du sol, 
puisqu'il n'y existe aucune roche dont les pro- 
priétés physiques permettent une telle vitesse de 
propagation; il faut donc qu'elles aient suivi un 
chemin plus profond, où l'augmentation de densité 
et d'élasticité des roches, due à leur compression 
mutuelle, concorde avec ce résultat numérique. La 
vitesse des ondes longitudinales varie entre 3 500 et 
15000 mètres par seconde et même plus: elle 
augmente avec la profondeur du foyer et sa 


distance à l'observatoire; celle des ondes trans- 
versales varie entre les mêmes limites divisées 


par le rapport de Wertheim ou de Cauchy. On 
aura plus tard à revenir sur cet important sujet. 


hi. ge 


SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 65 


La longueur d'onde est la distance entre deux 
crêtes ou deux ventres successifs. Elle se déduit 
très simplement de la vitesse de propagation et de 
la période. Celle des vibrations longitudinales 
atteint 160 kilomètres et plus, et celle de la phase 
principale peut aller à 40 ou 50. On voit ainsi 
combien sont démesurément aplaties les vagues 
sismiques, les amplitudes maxima observées 
n'ayant jamais dépassé 22 centimètres, et on 
s'explique bien que, dans de telles conditions, on 
ait pu nier l'existence de la composante verticale. 


- SISMOLOGIE MODERNE; 


45 W 
he & Al PTE 
La Rés en 1 2" 
RARE RE Ai AL 
Vrai n A . 
FO MER LRE", 


CHAPITRE V 


.: 


JÉLEMENTS MESURABLES DU MOUVEMENT. 
SISMIQUE 


FA fu Te 
TE 
AN ÿe 


L' on humain n'a une claire compréhension . 
d'un phénomène naturel qu'à partir du moment | 
où l'on peut non seulement définir, mais mesurer | 
| sa grandeur ou son intensité, et le mouvement à 
Le sismique n'échappe pas à cette nécessité fonda- 
. mentale. On ne saurait, en effet, se contenter des 4 ? 
vagues vocables rencontrés à chaque instant dans. 
les relations des tremblements de terre : faible. : 
fort, violent, terrible, etc., et dont le sens est. À 
forcément influencé par le plus ou moins d'ac- 
coutumance qu a l'observateur des secousses Ur A 
restres. Tel séisme paraitrail violent à à un habitant a 


| 1" (à 
à tout le monde au Chili ou au Japon. £ HA 
Dans la pratique courante des ns na 

. Ssismologiques, 


* [ter an 1 fe AS 
\ Xe 


: 


Re _ ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES Re OT 


mieux, d’échelles conventionnelles d'intensité des 
tremblements de terre et dont les divers degrés 
correspondent soit à des impressions sensorielles 
définies, soit à des effets mécaniques déterminés, 
mais sans que ces degrés aient entre eux des 
rapports numériques calculables. La plus usitée 
actuellement est celle de Mercalli. Composée 
primitivement de dix degrés, ce sismologue lui 
en à ajouté un onzième à l'occasion du désastre 
de Messine du 28 décembre 1908. 

L'application de cette échelle, et il en est de 


- même de ses analogues, n'est pas sans dépendre 


dans une certaine mesure pour un même pays du 


4 degré d'impressionnabilité de ses habitants pour 


les tremblements de terre et aussi du mode de 
construction le plus communément employé. Elle 
ne peut donc donner d’un pays à un autre des 
résultats véritablement comparables entre eux; en 
d’autres termes, elle fournit plutôt un moyen 
d'estime qu'un instrument de véritable mesure 
numérique. On peut diviser ses degrés en trois 
sroupes qui correspondent respectivement aux 


 microséismes, ou secousses du sol seulement sen- 


sibles aux appareils, aux macroséismes, ou trem- 
blements de terre sensibles à l’homme, et auxquels 
on donne le nom de mégaséismes dès qu'ils sont 
destructeurs. Cette dernière dénomination a été 
inventée tout d'abord par Milne pour les séismes 


_ qui se font enregistrer par les sismographes du 


e 


68 LA SISMOLOGIE MODERNE 


monde entier, ou tout au moins par ceux d’un 
hémisphère ou d’un continent. En pratique les 
deux définitions sont équivalentes. 


Nous donnons à la suite la définition des onze 


degrés de l'échelle Mercalli, qui dérive de celle de 


Rossi-Forel, et nous indiquons entre parenthèses 


pour chacun d'eux les limites correspondantes de 
l'accélération maxima, élément dont il sera parlé 
plus loin. | 


MICROSÉISMES. 


1. Secousse instrumentale (moins de 2 mm. 1/2). 


MACROSÉISMES. 


Il. Secousse très légère. — Secousse sentie seule- 
ment par quelques personnes en état de parfait 
repos surtout aux étages supérieurs des habita- 
tions, ou par des personnes particulièrement sen- 
sibles ou nerveuses (de 2 1/2 à 5 mm.). 

III. Secousse légère. — Sentie par un petit 
nombre de personnes relativement à la population 
de la localité; il ne se produit aucune appréhension 
et l’on ne se rend généralement compte du trem- 
blement de terre qu'en apprenant que d’autres 
personnes ont perçu le même phénomène (de 
> à 10 mm.). 

IV. Secousse sensible ou médiocre. — Non sentie 
par tout le monde, mais bien d'un grand nombre 
de personnes dans les habitations, d'un petit 


ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 69 


nombre seulement au dehors. Pas d'alarme. Fré- 


 missements des vitres et de la vaisselle, cliquetis 


des charpentes, légères oscillations d'objets sus- 


pendus (de 10 à 25 mm..). 


V. Secousse forte. — Très généralement sentie 


dans les habitations, mais de peu de personnes 


endormies ; quelques-unes s’alarment; battements 
des portes et des fenêtres ; tintements des sonnettes, 
oscillations assez amples des objets suspendus: 
arrêts de pendules (de 25 à 50 mm.). 

VI. Secousse très forte. — Sentie de tous dans 
les habitations: beaucoup de personnes s’effraient 
et s'enfuient en dehors; chutes d'objets dans les 
maisons et d'enduits; quelques avaries aux édifices. 
les moins solides (de 50 à 100 mm.). 

VII. Secousse extrémement forte. — Alarme 
générale; tout le monde s'échappe au dehors; 
sensible dans les rues; les cloches sonnent; chutes 
des cheminées et de tuiles; dommages nombreux, 


_ mais sans gravité (de 100 à 250 mm.). 


MÉGASÉISMES. 


VIII. Secousse ruineuse. — Grand effroi de la 
population; ruine partielle de quelques maisons; 
dommages nombreux et considérables dans 
quelques édifices; pas de victimes ou un petit 
nombre de cas isolés (de 250 à 1 000 mm.). 1 

IX. Secousse désastreuse. — Ruine totale ou 


70 LA SISMOLOGIE MODERNE +: 


presque totale de quelques maisons: beaucoup 


d'autres très endommagées et rendues inhabi- 
tables; victimes sinon très nombreuses, du moins 


disséminées dans tous les quartiers d’une même 


localité (de 1 000 à 2500 mm.). j 
X. Secousse très désastreuse. — KRuine d'un 
grand nombre d’édifices; crevasses du sol; éboule- 


ments de pentes : nombreuses victimes (de 2 500 


à 9 000 mm.). 


XL. Secousse catastrophique. — Se définit d’elle- 


même (plus de 5000 mm.). 


Cette échelle est conventionnelle, ce qui n'a pas 


empêché qu'on ait voulu, mais à tort, lui attribuer 


le caractère de mesure numérique de l'intensité 


d'un tremblement de terre. On y est cependant 
parvenu indirectement comme 1l suit. Les sismo- 


grammes ne donnent que de vagues indications à 


cet égard, mais on peut en déduire facilement 


l'accélération maxima produite à un certain 
moment de la durée du phénomène en mesurant 
Æ’amplitude et la période, ces trois éléments étant 

en dépendance mutuelle par l'intermédiaire d’une 


formule algébrique très simple. Cette même accélé- 
ration maxima peut aussi être mesurée directe- 
ment par les effets mécaniques du tremblement de 


terre, tels que la distance à laquelle sont allés 


tomber des objets libres d'obéir à l'impulsion 
sismique ou le bris de corps de formes et de cons- 
titutions déterminées. Cette dernière méthode se 


eu 


Le 


ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 71 


prête même à des déterminations expérimentales, 
_et les sismologues japonais ont construit des tables 


de choc telles qu au moyen d'actions mécaniques 
d'intensité et d'accélération connues à l’avance, on 
a produit des effets de fracturement sur des objets 
ou des matériaux déterminés. Non seulement on a 
tiré de ces expériences de très utiles observations 
sur la résistance de telles ou telles formes archi- 


tecturales et de tels ou tels matériaux, mais encore 


on en à déduit des accélérations maxima rela- 
tives aux divers degrés de l'échelle Mercalli des 
intensités. Ce sont celles données précédemment. 
L'accélération maxima des microséismes ne 
dépasse pas 2 mm. 1/2 par seconde, celle des 
macroséismes sélève de cette limite inférieure 
jusqu'à 1 000 millimètres et celle des mégaséismes 
part de cette dernière valeur pour atteindre 4000 
ou 5000. L’accélération maxima du grand trem- 
blement de terre du Japon central du 28 octo- 
bre 1891 a été évaluée par Omori à 4000 milli- 
mètres par seconde et l'opinion générale des 
sismologues est que cette valeur ne saurait être 
jamais dépassée, du moins de beaucoup. 
Quoiqu'il en soit au juste, cette dernière obser- 
vation amène une remarque intéressante. L'accélé- 
ration de la gravité, ou pesanteur, est moyenne- 
ment de 9 800 millimètres; c'est celle acquise au 
bout d'une seconde par un corps tombant libre- 
ment dans le vide. Les plus violents tremblements 


72 LA SISMOLOGIE MODERNE 


de terre né peuvent donc lancer en l'air le COrpS 
pesants et cependant de très nombreuses relations 
signalent des faits de ce genre. S'appuyant là- 
dessus, on en a conclu que l'accélération sismique 
maxima peut notablement dépasser la valeur du 
nombre g. On ne tient pas compte dans ce raison- 
nement de ce que telle situation d’un objet peut lui 
permettre d'être ainsi projeté sans nécessité d'une 
aussi grande accélération du mouvement sismique : 
ainsi une boule placée à l'extrémité d'une barre 
élastique encastrée à l'extrémité opposée. De 
semblables circonstances se rencontrent fréquem- 
ment dans les habitations ; c’est le cas si commun 
d'objets placés sur des étagères ou même de nes 
tables. 

L'accélération maxima sismique est difficile- 


_ 


ment mesurable dans la pratique courante, aussi. 


Omori, pour parer à la difficulté qui en résulte 
pour déterminer les degrés d'intensité, a comparé 
pour quelques grands tremblements de terre du 
Japon les effets produits sur les constructions avec 
les résultats expérimentaux obtenus au moyen de 
la table à choc, et il a ainsi déterminé les degrés 
d'une échelle rationnelle d'intensité au moyen de 
l'accélération maxima. Quant à l'appliquer sur le 
terrain, c’est-à-dire tracer sur la carte les isoséistes, 
ou courbes correspondant aux degrés successifs, le 
travail en est excessivement délicat. Du reste, qu'il 
s'agisse de cette échelle ou de celle de Mercalli, il 


n] 


is MAS Pen cr de, © 


ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES FE 


faut un nombre considérable d'observations bien 
faites, et ce n'est possible que dans un pays non 
seulement de grande densité de population, mais 
en même temps de haute culture ou civilisation, 
conditions rarement réalisées ensemble dans les 
pays instables. 

Pour en terminer avec ce qui a rapport à l'éva- 
luation de l'énergie développée à l'occasion d'un 
tremblement de terre, il sera intéressant de 
rappeler que celle correspondante au désastre du 
Japon central du 28 octobre 1891 aurait été 
capable. d’après de Kôüvesligethy, de soulever de 
deux millimètres la masse entière du globe en une 
seconde. 

La première isoséiste, ou celle qui enveloppe la 
région secouée avec l'intensité maximum, a seule 

- une importance fondamentale. On conçoit sans 
peine, en eflet, quelle permette de localiser le 
foyer du tremblement de terre. Présente-t-elle une 
figure plus ou moins vaguement circulaire, on en 
conclura à un foyer d'extension très limitée. Est- 
elle au contraire très allongée, c'est que le séisme 
résulte d'un mouvement au sein d’un accident 
tectonique étendu et de forme linéaire, faille, pli, 
vallée, chaine de montagne, etc. Le phénomène 
sera longitudinal ou transversal par rapport à un 
trait important du relief. 

_ Le tracé des isoséistes suffit souvent à lui seul 
pour dévoiler d'importantes particularités. Il arrive 


—. 


we LA SISMOLOGIE MODERNE 


que, pour un même tremblement de terre, l'iso- 
séiste du degré supérieur se compose de plusieurs 
courbes fermées. On a alors affaire à un séisme 


- 


a Ragusa 
I | 


Spaccaforno 


Fig. 20. — Tremblement de terre polycentrique de Mineo du 26 août 1904 


(d'après Arcidiacono). 


polycentrique. Il est cependant risqué d'en 
conclure à l'existence simultanée de plusieurs 
foyers, conception difficilement imaginable, et il 
est souvent plus rationnel d'invoquer des incidents 
de propagation dus à lhétérogénéité des couches 
terrestres. C'est ainsi que des massifs rocheux à 
racines profondes protègent du mouvement sis- 


arr “si HT EU RER Les de DÉS PR RAT RE LE 2 ” x: Se 
Ÿ a À Le. 5 AU ; At j 
PT or È : | 2 i > : j 
” | PRE ; | 
FA ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 75 


mique des régions situées en arrière d'eux par 
. rapport au foyer et, dans les pays hispano-améri- 
_ cams, on dit qu is font pont. D'autres fois ce sera 


| 
Échelle 
o 100 150 200 Km 
f 

Fe Alluvions 
C/ ne ! s : 
CZ Couches tertiaires 
RSI Anciennes roches himalayennes 


Les ovales indiquent les isoseistes WI] 


Fig. 21. — Dédoublement de la troisième isoséiste du tremblement | 
de terre de Kangra du 4 avril 1905 (d'après Middlemiss). 


une autre isoséiste qui se dédoublera et l’on sera j 
fondé à faire intervenir des interférences ou des 
réflexions d'ondes sismiques, phénomène déjà 
signalé à propos de la direction et qui se répereute 
dans les sismogrammes. | 
Quoi qu'il en soit, ces observations sont de la 
plus haute importance au point de vue de la répar- 


76 LA SISMOLOGIE MODERNE 


tition des dommages à la surface du pays secoué; 
elles permettent en effet, grâce à leur répétition 
constatée lors de divers grands tremblements de 
terre, de définir les points où il y a plus de danger 
pour les constructions et ceux où il faudrait édifier 
de préférence; et dans tous les pays instables, de 
pareilles situations, plus en sûreté ou plus en 
danger, sont bien connues par une expérience 
séculaire. 

La comparaison des isoséistes des divers trem- 
blements de terre d'une même région limitée 
conduit souvent à d’utiles considérations quant à 
la connaissance de leurs causes tectoniques. De 
l'un à l’autre séisme elles ne coïncident pas, mais 
semblent être identiques après un déplacement 
latéral dans une certaine direction, comme si 
l'origine s'était elle-même transportée d'un point 
à un autre d'un accident géologique. Ce cas se 
présente fréquemment pour les secousses qui 
suivent toujours les grands tremblements de terre. 

Du tracé des isoséistes sur la carte peut aussi se 
déduire une sorte de gradient sismique qui exprime 
le resserrement relatif de ces courbes, et il est évi- 
dent qu'il est en rapport avec la profondeur du 


foyer. 
On voit par toutes ces considérations et d'autres 
encore inutiles à détailler ici, quel rôle important 
jouent les isoséistes d’un tremblement de terre. 
Un autre élément mesurable est l'amplitude 


_ ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES TS 


maxima du mouvement d'une particule terrestre 
au moment d'un séisme. On peut la mesurer sur 


le sismogramme; mais ce procédé est sujet à une 


cause d'erreur, l'expérience prouvant que l'ampli- 
titude augmente avec un facteur indépendant du 


‘tremblement de terre, la multiplication ou l’agran- 


dissement de l'appareil. Et, en effet, il doit en être 
ainsi parce que le style enregistreur, étant élasti- 
que, est susceptible de prendre un mouvement 
propre dû à l'accumulation et à la répétition des 
impulsions sismiques successives. C'est le cas. 
d'une verge encastrée à l’une de ses extrémités et 
à laquelle de faibles impulsions font prendre fina- 
lement un très ample mouvement. 

On a déjà eu l’occasion de dire combien l’ampli- 
tude est généralement inférieure à ce que fait 
supposer l'impression des sens. Cela tient à 
l'influence de la période plus ou moins rapide et à 
ce que toute la masse terrestre agit sur l’observa- 
teur. Les mesures d'amplitudes réellement effec- 
tuées sont en assez petit nombre et les valeurs 
suivantes permettent de se rendre compte de ses 
variations. 

L'amplitude des ondes longitudinales est dirigée 
suivant le rayon sismique du lieu, ou la ligne qui 
le joint au foyer; elle varie de fractions de 
millimètres à un petit nombre de millimètres. 
Au grand tremblement de terre japonais du 


28 octobre 1891, Omori l'a évaluée à 8 millimètres. 


18 / LA SISMOLOGIE MODERNE 


L’amplitude des ondes transversales, dirigée 
perpendiculairement au rayon sismique, passe de 
quelques millimètres à quelques dizaines de milli- 
mètres. Au même tremblement de terre, Omori l’a 
évaluée à 20 millimètres. | 

L'amplitude des ondes superficielles est beaucoüp 
plus considérable. Elle a la mème direction perpen- 
diculaire au rayon sismique. Agamennone l'a 
évaluée à 50 centimètres au tremblement de terre 
de l’Assam du 12 juin 1897, ce qui nous paraît très 
exagéré, et à 22 ou 25 à la catastrophe de Messine 
du 28 décembre 1891. Cette dernière valeur corres- 
pond assez bien à celle que l’on peut déduire des 
effets destructeurs sur les édifices. L'étude des 
dégâts du désastre de Valparaiso du 16 août 1906 
nous à conduit à penser que son amplitude devait 
être voisine de 8 à 9 centimètres. 
| De petites amplitudes et de rapides périodes ou 

de grandes amplitudes et de lentes périodes peu- 
vent résulter des effets identiques. Il est intéressant | 

de connaître les chiffres suivants : une secousse M 
de 2 millimètres d'amplitude et d’une période de 
4 dixièmes de seconde est déjà forte, tandis que | 
2 centimètres et 4 centièmes de seconde caracté- 
risent un tremblement de l'intensité VIE, ces 
valeurs s’entendant des ondes principales. 

Les couches terrestres absorbent rapidement le. 
mouvement sismique et on aura une idée assez  » 
nette de l'importance de ce phénomène en connais- 


L. ta? | 
t * héscqut + 
HIT NES CES 


ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES | 79 


sant la règle empirique qui permet de calculer la 
différence des degrés d'intensité en deux points, et 
qui est égale au triple du logarithme du quotient 
des accélérations maxima correspondantes. 


Station 
Herzogenrath 
11m 33° 


Epicentre 
50° 52 51". 
239435 19? 


Bardenberg 


Mine de Kämpchen 


17 337 
<— 
vers Maëss z 
(=? 
ee 
ee 
Fig. 22. — EÉpicentre du tremblement de terre d'Herzogenrath 


du 22 octobre 1873 (d’après von Lasaulx). 


Le temps auquel est arrivé un tremblement de 


terre et sa durée sont deux éléments mesurables : 


dont l'importance ne saurait échapper. 


La pratique montre que, même dans un pays à 


chemins de fer et à télégraphes, l'heure d'un trem- 


À 


80 LA SISMOLOGIE MODERNE 


blement de terre ne peut être connue, en dehors 
des stations sismologiques, avec une approximation 
supérieure à 2 ou 3 minutes. Autrefois pour les 
srands tremblements de terre on traçait sur la 
carte les courbes homoséistes, ou coséistes, qui 
correspondent aux lieux où le phénomène s'était, 
pensait-on, produit au même instant. On comprend 
dès lors qu'il ait été impossible d’en tirer des con- 
clusions sérieuses quant à la localisation ou à la 
forme du foyer. Pour le même motif, les recherches 
sur la vitesse de propagation basées sur les mêmes 
données n'ont abouti qu'à des résultats contradic- 
toires et par suite à d'inutiles discussions sous la 
forme de l’hodographe, ou la courbe qui lie les 
distances et les temps. On ne peut la construire 
qu au moyen des observations sismographiques en 
vue de les utiliser pour étudier l'onde sismique. 
La durée d’un tremblement de terre n'est pas 
aussi facile à mesurer exactement qu'on pourrait se 
l’imaginer. À cause de l’effroi, si naturel, elle 
est toujours exagérée; en fait, elle ne dépasse 
jamais 40 ou 50 secondes, même lors des plus 
violents tremblements de terre. Toutes les fois 
que des observations bien faites ont relaté des 
durées de plusieurs minutes, les sismogrammes 
ont prouvé qu'il s'agissait de secousses multiples 
qui ont fait croire à des renforcements et à des 
rémissions du même tremblement de terre. Un 
exemple classique de ce genre d'erreur est celui du 


ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 81 


désastre de Valparaiso du 16 août 1906. Composé 
au moins de trois secousses distinctes, on a réuni 
dans une même durée le tremblement de terre 
proprement dit et ses deux premières répliques 
survenues à de très faibles intervalles de temps. 

En général, la durée croît avec l'intensité, et le 
plus souvent les secousses trépidatoires sont plus 
brèves que les ondulatoires. 

La durée présente son maximum en dehors de 
l'aire épicentrale. Cela doit être parce qu'à l'origine 
la limite d'élasticité des roches a été dépassée, du 
moins pour les grands tremblements de terre et, 
par conséquent, les vibrations élastiques consécu- 
tives cessent presque de suite dans l'aire épicen- 
trale. | 

Ce fait est bien connu et c’est ainsi que Palmierti, 
se trouvant à Messine le 16 décembre 1857, put 
annoncer un grand tremblement de terre de l'Italie 
continentale en sentant une faible secousse, de 
lente période et d'une très longue durée de 
30 secondes. Au Chili, la population sait très bien 
reconnaître les grandes secousses éloignées, ou 
léléséismes, par le même procédé. 

On doit distinguer une durée apparente de la 


_ durée effective. Celle-là se compose de la durée 


propre du tremblement de terre prolongée par les 
vibrations engendrées consécutivement dans l'édi- 
fice même où se trouve l'observateur. C'est pour 
cela qu'un même tremblement de terre durera 


à R] 
SISMOLOGIE MODERNE: (9) 


82 LA SISMOLOGIE MODERNE 


plus longtemps dans une ville qu'à la campagne 
environnante et il y a là une fréquente cause 
d'erreur dans l'évaluation de la durée. 

La surface ébranlée par un tremblement de terre 
jusqu'à la limite de sa perceptibilité par les sens de 
l’homme n'a qu'un vague rapport avec l'intensité 
du phénomène que l’on considère en particulier, 
parce que la profondeur du foyer est le plus sou- 
vent mal connue. Il n'en est pas moins intéressant 
de fixer les idées à cet égard au moyen de quelques 
observations. Cette surface aurait atteint trente 
cinq millions de kilomètres carrés au désastre de 
Lisbonne du 1 novembre 1755. Quoique ce chiffre 
soit devenu classique, nous le considérons comme 
exagéré. La surface ébranlée par le tremblement 
de terre de l’Assam fut de près de cinq millions de 
kilomètres carrés et l'aire dévastée en dépassa 
quatre cent mille, les quatre cinquièmes de la sur- 
face de la France. Par contre le désastre de Casa- 
micciola, dans l’île d'Ischia, du 28 juillet 1883 ne se 
fit sentir que sur quinze cents kilomètres carrés au 
total. On voit combien peu cet élément peut servir 
à caractériser la véritable intensité d’un tremble- 
ment de terre. Enfin 482 séismes japonais ont 
ébranlé une surface moyenne de douze cents kilo- 
mètres carrés, soit celle d’un carré de trente-quatre 
kilomètres de côté, à peu de chose près celle du 
département de la Seine. 


Ms 


CHAPITRE VI 


LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 


L'ancienne sismologie, celle de Mallet et de ses 
successeurs, dirigeait tous ses efforts vers la déter- 
mination du foyer ou centre d’un tremblement de 
terre, et l’on a dépensé une somme énorme de 
travail et d'ingéniosité à calculer la position ou les 
coordonnées géographiques d’un point qui n'existe 
pas réellement. L'erreur consistait à supposer que 
le mouvement sismique émane d’un point, au sens 
géométrique du mot et, rationnellement, on s'atta- 
chait à résoudre le problème au moyen de méthodes 
géométriques toujours pratiquement en défaut parce 
qu'il s'agissait en réalité d’une étendue plus ou 
moins considérable de la masse terrestre mise en 
mouvement toute ensemble, mouvement qui se 
propage ensuite tout autour. Il en résultait une 
_ioule de contradictions qui ont longtemps retardé 
les progrès de nos connaissances relatives soit aux 


84 LA SISMOLOGIE MODERNE 


propriétés du mouvement sismique, soit aux causes 


géologiques des tremblements de terre. Cependant, 


malgré l'inexactitude de l'hypothèse de Mallet, les 
résultats obtenus au moyen des méthodes qu'on en 
a déduites pour la recherche de l'origine, ne 
laissent pas que d’être utilisables dans une certaine 
mesure, pourvu qu on les considère dans un sens 


large et qu'on s’en serve comme d'un procédé de 
première, mais grossière, approximation. Ces. 


méthodes doivent donc être exposées dans leurs 
grandes lignes. | 

L'hypocentre d'un séisme est la portion de la 
masse terrestre d'étendue plus ou moins grande, 
de forme et de profondeur quelconques, au sein de 
laquelle tout entière naît le phénomène en même 
temps, quelle que soit du reste sa cause première. 

L'épicentre, ou mieux la région épicentrale, en 
est la projection verticale sur la surface extérieure 
terrestre. Les mots épicentre et hypocentre reste- 
ront toujours entendus ici dans le sens élargi et la 
conception du point géométrique sera toujours 
écartée implicitement. Il est d’ailleurs évident que 
la recherche de l’épicentre doit précéder celle de 
l'hypocentre, les couches extérieures de l'écorce 
étant les seules directement accessibles à notre 
observation. 

Pour trouver l’épicentre d'un tremblement de 
terre, il suflira de déterminer en un grand nombre 
de points de la surface ébranlée la valeur d'un élé- 


LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 85 


ment quelconque du mouvement sismique, de 


joindre par une courbe les points correspondant à 
une même valeur et d'en déduire le centre sur la 
carte. Cet élément sera par exemple l'intensité ou 
l'instant du tremblement de terre. Dans un cas, on 
tracera les isoséistes ou homoséistes. À mesure 
qu'on s'éloigne de l’origine, ces courbes prennent 
des formes plus mouvementées parce qu'augmente 
l'influence perturbatrice de l'hétérogénéité des 
couches terrestres, mais au moyen d'observations 
assez nombreuses, on n'en déterminera pas moins 


la région plus ou moins vaste d’où le mouvement 


sismique s'est irradié. 

L'épicentre jouit de propriétés évidentes qui 
aident grandement à en préciser la position et 
l'étendue : c'est le centre des isoséistes et des co-. 
séistes; c'est en ce point que la secousse arrive le 
plus tôt de l'hypocentre; c'est le point d'intensité 
maxima; enfin c'est vers lui que convergent les 
directions quand on peut les déterminer. On 
devra utiliser toutes ces propriétés à la fois. 

Les tremblements de terre diffèrent beaucoup 
entre eux quant à la forme et à l'étendue de leurs 
épicentres, ou mieux de leurs régions épicentrales. 

Le tremblement de terre de l'île d’'Ischia du 
28 juillet 1883 a été destructeur à Casamiceiola, et 
cependant il n'a été sensible que sur une très petite 
surface de 1500 kilomètres carrés. Ses-isoséistes 
étaient à peu près circulaires et centrées autour de 


86 LA SISMOLOGIE MODERNE 


l'Epomeo, volcan maintenant éteint, mais encore 
actif au commencement du xiv° siècle. Rien donc 
de plus naturel que de regarder cet événement sis- 
mique comme un tremblement de terre central et 
de lui attribuer en même temps une origine vol- 
canique. Son peu d'extension donne le droit de 
penser que son hypocentre était peu profond. On 
voit combien de renseignements intéressants ont 
fourni ses isoséistes. 

Bien différemment s'est présenté le tremblement 
de terre de San Francisco du 18 avril 1906. Son 
aire dévastatrice n'avait que quelque vingt kilo- 
mètres de largeur, mais s’étendait sur plus de trois 
cents, et ses isoséistes étaient, sauf de légères irré- 
gularités, d'immenses lignes droites parallèles entre 
elles. Il était dès lors évident que le tremblement 
de terre s'était produit tout le long d'une ligne et 
devait par conséquent son origine à quelque mou- 
vement linéaire de grande étendue. Or précisément 
on connaissait depuis longtemps un grand accident 
géologique, la faille de San Andrès-Portolà, ettout 
le long de cette faille s'étaient produits, au moment 
du tremblement de terre, des déplacements tant 
horizontaux que verticaux de plusieurs mètres 
d'amplitude, décelés par leurs effets sur le terrain 
et les constructions. À supposer que ces déplace- 
ments n'eussent pu être observés, ou même ne se 
fussent pas produits jusqu'à la surface terrestre, 
on n'en aurait pas moins eu le droit, grâce à la 


LA 


LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 87 


forme des isoséistes, d'en conclure que le tremble- 
ment de terre était le résultat d'un mouvement 
tectonique linéaire et sur une longueur au moins 
égale à celle de la zone de destruction. Ce tremble- 
ment de terre était longitudinal parce qu'il s'était 
produit parallèlement aux lignes de relief de la 
Californie centrale : pied du talus sous-marin; lit- 
toral, crête de la Cordillère côtière appelée Coast 
Range; vallées des fleuves Salinas et San Joa- 
quin ; axe de la baie de San Francisco: crête de la 
Sierra Nevada. Il est évident que l'événement 
avait quelque rapport avec la formation de ces 
traits géographiques tous parallèles entre eux. Il 
aurait été transversal s'il avait eu une direction 
perpendiculaire; ce fut le cas de celui de Bellune 
du 29 juin 1873 par rapport à la chaine des Alpes. 

Le tremblement de terre de l'Assam du 
12 juin 1897, un des plus considérables des 
temps modernes, nous offre des circonstances 
toutes différentes encore. L’aire de dévastation 
s’est présentée sous la forme d’un chapeau de gen- 
darme dont la base s’étendait sur une longueur de 
plus de 200 milles anglais, et sa surface dépassait 
400 000 kilomètres carrés. Or cette surface épicen- 
trale recouvrait assez approximativement sur la 
carte un massif de collines, autrement dite une 
pénéplaine surélevée entre les plaines alluvion- 
naires du Brahmapoutre au nord et des Sylhet 
Streams au sud, Il était donc à penser que tout ce 


88 LA SISMOLOGIE MODERNE 

massif s'était ébranlé et déplacé d’un coup et pré- 
cisément une retriangulation géodésique ultérieure 
a prouvé le bien fondé de cette supposition. Le 
tremblement de terre était régional et avait mis en 


mouvement à la fois tout un énorme bloc ou com- 


partiment terrestre. 

Ces trois cas distincts représentent toutes les 
combinaisons possibles des manières d'être des 
tremblements de terre quant à la forme de leur 
région épicentrale et l’on voit que l'ancienne 
notion d'épicentre ne conserve son sens géomé- 
trique que pour le premier d'entre eux. Pour les 
deux autres les méthodes anciennement employées 
n'auraient pu donner de résultat. Ce serait encore 


pis en ce qui concerne l'hypocentre comme on va 


le voir. 

Mallet s’appuyait pour chercher la profondeur 
de l’hypocentre sur la détermination de l'angle 
d'émergence des ondes sismiques au moment où 
elles viennent frapper le sol. Il admettait que les 
crevasses produites dans un édifice par un trem- 
blement de terre sont dues aux ondes longitudi- 
nales, et il en déduisait que l'origine se trouve 
dans un plan perpendiculaire à la crevasse, de 
sorte que des observations bien faites sur plusieurs 
édifices permettaient, pensait-1l, la détermination 
du foyer par la rencontre d'un certain nombre de 
ces plans. Malheureusement pour la méthode, il 
semble bien que les ondes transversales inter- 


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(P. 88-89). 


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LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 89 


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Fig. 24. — Hodographe des trois espèces d'ondes pour le tremblement 


de terre des Calabres du 8 septembre 1905, d’après Rizzo. 


viennent aussi dans la production de ce genre de 
dommages, et, en outre, leur position dépend 


POP PT NN EL UEE 


90 LA SISMOLOGIE MODERNE 


dans une grande mesure de la nature et de l’agen- 
cement des matériaux qui constituent les murailles 
ainsi que de la position des ouvertures, portes et 
fenêtres. C'est pourquoi la méthode très généra- 
lement employée autrefois conduisait souvent 
pour un même tremblement de terre à des pro- 
fondeurs d'hypocentre comprises entre quelques 
kilomètres et plusieurs centaines de kilomètres ; 
elle se condamne donc d'elle-même. Sans doute 
les sismogrammes peuvent donner l'angle d'émer- 
sgence, mais non sans difficulté, et le procédé a 
permis souvent de calculer des profondeurs 
moindres que celles obtenues par l'ancienne 
méthode, partant plus admissibles. 


Le même problème peut se résoudre au moyen 
de l'hodographe, cette courbe qui exprime la 
variation de la vitesse de propagation des ondes 
sismiques, à la surface terrestre avec la distance à 
l'épicentre. Mais l'instant précis d’un tremblement 
de terre en un point donné est pratiquement si 
difficile à connaître en dehors des stations munies 
d'appareils sismographiques que les résultats ainsi 
obtenus ont été rarement dignes de foi. L'igno- 
rance réelle dans laquelle on se trouve encore 
relativement à la forme de l'onde et du rayon sis- 
miques complique encore la question et cette igno- 
rance résulte précisément de la difficulté de la 
détermination exacte du moment auquel se pro- 


LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 91 


duit un tremblement de terre et il faudrait le 


connaître au moins à la seconde près. 


A 


Le procédé imaginé par Dutton et Hayden à 
l'occasion du tremblement de terre de Charleston 
du 31 août 1886 a souvent donné des résultats 
acceptables. Au lieu de centaines de kilomètres, 
on n'obtient plus que 10 ou 20 kilomètres. Ces 
savants se sont basés sur ce que l'intensité d'un 
tremblement de terre doit varier, toutes choses 
égales d’ailleurs, en raison inverse du carré de ia 
distance à l'origine, puisqu'il s’agit d'un transport 
d'énergie, et ce n'est pas faire une hypothèse gra- 


tuite que de l'aflirmer. Ainsi que le prouve la 


théorie et le confirme l'observation, la courbe qui 
représente la variation de l'intensité avec la dis- 
tance décroit d'abord très rapidement autour de 
l’épicentre et ensuite très lentement jusqu'à com- 
plète extinction du mouvement sensible. Elle a 
donc dans l'intervalle un point d’inflexion corres- 
pondant au maximum de variation d'intensité. Ce 
sera par exemple, sur le terrain, la zone étroite où 
les dommages sur les constructions disparaissent 
brusquement. On démontre que la profondeur 
cherchée est égale au quotient par la racine carrée 
de trois de la distance du point d'inflexion à l’épi- 
centre, quelle que soit d’ailleurs la valeur de l’in- 
tensité au foyer. 

De Küvesligethy a eu l’idée d'utiliser pour la 
solution du problème de la profondeur cette pro- 


99 LA SISMOLOGIE MODERNE SA à 


priété de l'accélération du mouvement sismique 
de varier en raison inverse de la distance à l'ori- 
gine, tout en tenant compte dans l'application de 
l'absorption que subit le mouvement en passant 
d'un point à un autre des couches terrestres. La 
méthode donne de bons résultats et les profon- 


deurs calculées diminuent encore relativement à 


celles qu'on obtenait avec les anciens procédés. 
On a pu affirmer, grâce à son emploi, que cer- 
tains tremblements de terre se sont produits 
presque à la surface du sol, ou à très faible pro- 
fondeur, ainsi celui de Jekeo (Hongrie) du 10 jan- 
vier 1906. 

La profondeur de l'hypocentre exerce une 
influence prépondérante sur l'extension de l'aire 
ébranlée, sur l'intensité observée et l’écartement 
des isoséistes. Les méthodes basées sur cette 
remarque n'ont pas donné de résultats pratiques 
bien satisfaisants. 

De tout cela résulte qu’en définitive la recherche 
de la profondeur à laquelle s’est produit un trem- 
blement de terre est très difficile. 


. 
D D ONDES 


CHAPITRE VII 


LES BRUITS SISMIQUES. RETUMBOS 
ET BRONTIDIS 


Les tremblements de terre ne se manifestent 
pas seulement à l’homme par le sens musculaire, 
ils impressionnent aussi et parfois très vivement 
celui de l’ouïe. Ils sont très généralement accom- 
pagnés de bruits sourds dont l'intensité est le plus 
souvent, point toujours toutefois, en rapport avec 
celle du mouvement sismique. Leur ton est bas et 
l'extrême variété des termes employés pour les 
déerire et des comparaisons qu'on en fait avec des 
bruits connus, témoigne vraisemblablement de la 
puissante influence qu'exerce sur eux la nature du 
sol au travers duquel ils se sont propagés pour 
arriver jusqu à l'observateur. Il est non moins 
_ certain que par exemple dans les habitations, les 
matériaux de construction, tant par leur composi- 
tion que par leur agencement mutuel, suffisent à 


94 LA SISMOLOGIE MODERNE 


en modifier la tonalité. Tous les observateurs 
s'accordent à qualifier d’effrayant le bruit des 
grands tremblements de terre et bien des peuples 
ont des mots spéciaux pour les désigner : c’est le 
rombo des Italiens, le retumbo des Hispano-Améri- 
cains, simples onomatopées. 

Le retumbo est-il un compagnon obligé de tout 
tremblement de terre? Les avis sont assez partagés 
sur cette question; pour notre compte personnel, 
pendant de longues années de séjour dans des 
pays très instables, comme le Centre-Amérique et 
le Chili, nous n'avons jamais senti de secousse 
sismique sans l'entendre en même temps. Dans 
cette divergence d'opinions, il n'y a, sans doute, 
que des différences de degré d'attention d'une 
part, d’acuité du sens auditif d'autre part, car il 


est peu croyable qu'un ébranlement du sol tel que . 


les secousses sismiques puisse se propager silen- 
cieusement au travers des couches superficielles. 

Il n’a pas été fait d’études expérimentales systé- 
matiques pour savoir à quelles ondes sismiques 
correspond le retumbo et on est réduit aux 
recherches théoriques de Cargill Knott tendant à 
en faire une conséquence directe des vibrations 
longitudinales, qui en engendreraient d’autres, 
longitudinales et transversales, au sein des couches 
terrestres et seraient les analogues de celles des 
plaques et des verges vibrantes de Chladni, bien 
connues en acoustique. On leur a attribué aussi 


LES BRUITS SISMIQUES 95 


de très petites indentations, ou rides (ripples) des 
ondulations de la phase principale. La question 
reste obscure. 

Le retumbo semble pouvoir se transmettre non 
seulement par le sol, mais aussi par l'air, quand 
le sol même est peu cohérent, comme les alluvions 
des vallées. Il ne manque pas, en effet, d’observa- 
tions dignes de foi, dans lesquelles son retard rela- 
tivement au tremblement de terre correspond pré- 
cisément à la différence des vitesses de propaga- 
tion du son dans les couches du sol et dans l'air. 

Le plus souvent le retumbo procède et accom- 
pagne l'ébranlement du sol, puis le prolonge par- 
fois au delà du mouvement sensible. Il le précède 
d'un intervalle de temps d'autant plus grand que 
l'épicentre est plus éloigné, ce qui doit être s'il 
correspond aux ondes longitudinales dont la 
vitesse de propagation est très supérieure à celle 
des ondes superficielles ou principales qui consti- 
tuent le tremblement de terre sensible, car alors 
la séparation s’accentuera avec la distance. 

On entend fréquement dans tous les pays 
instables, et surtout à la campagne, des bruits que 
l'habitude permet de distinguer du grondement 
d'orages lointains et fait immédiatement recon- 
naître pour des retumbos, sans que cependant on 
n ait senti aucun tremblement de terre. Ce seraient 
pour ainsi dire des séismes avortés, ou trop faibles 
pour être perçus par le sens musculaire. A lap- 


96 LA SISMOLOGIE MODERNE 


pui de cette manière de voir, on peut citer d'in- 


téressantes observations faites par Oldham à l'oc- 
casion du grand tremblement de terre de l’Assam 
du 12 juin 1897. Explorant l'aire épicentrale où 
avaient rejoué plusieurs failles, il put constater 
que des bruits sans secousses se produisaient 
surtout loin de ces accidents. L'état de tension des 
couches terrestres y était donc favorable à la pro- 
duction de phénomènes sonores, tandis qu'au 
voisinage des failles toute impulsion sismique 
nouvelle se résolvait en secousses parce que leurs 
lèvres étaient disjointes et pouvaient se mouvoir 
librement et silencieusement. 

Les sismologues italiens se sont beaucoup préoc- 
cupés d'étudier les bruits sismiques au moyen de 


X 


microphones placés à certaine profondeur au 


dessous du sol. Mais la complication du problème 


était trop grande pour leur permettre d'en tirer de 
claires notions sur le mouvement sismique lui- 
même, étant bien avéré que d’autres phénomènes 
d'origine différente sont susceptibles de mettre les 
couches terrestres en état de vibration, comme on 
a déjà eu l’occasion de le dire à propos des micro- 
séismes, et toute tentative pour démèêler ces bruits 
microsismiques a échoué jusqu'à présent. On ne 
cachait d'ailleurs pas l'espoir de tirer de ces 
recherches un moyen de prévoir les tremblements 
de terre, parce que bien souvent des bruits sans 
secousses précèdent les désastres sismiques et que, 


LES BRUITS SISMIQUES 97 


d'autre part, on connait dans cet ordre d'idées 
quelques cas isolés d'heureuse divination, terme 
qui est bien approprié à l'incertitude du procédé. 

Les annales sismologiques de certains pays 
instables nous relatent d’intéressantes séries de 
bruits sismiques dont la durée n'a pas été moindre 
de plusieurs années parfois; ceux de l’île Meleda 
en Dalmatie, de 1822 à 1826, sont restés célèbres 
et ont entretenu pendant ce temps la population 
dans un état d'indicible effroi, quoique les trem- 
blements de terre ne s'y soient produits pendant 
la même période que d’une façon très secondaire. 
On doit sans doute voir dans ces phénomènes la 
menue monnaie d'un grand tremblement de terre 
avorté, et c'est ainsi que dans ce cas se résout la 
tension des couches terrestres qui dans d’autres 
circonstances aurait aboutit à une catastrophe. 

Ces séries de bruits incontestablement sis- 
miques n ont rien que de très explicable dans les 
régions qui sont le théâtre habituel de trem- 
blements de terre. Il n'en va pas de même de 
bruits très particuliers observés depuis longtemps 
dans certains pays remarquablement stables, les 
Mistpoeffers des côtes des Pays-Bas ou les Bar- 
risal-Guns du delta du Gange. Une fois l'attention 
sur ces phénomènes attirée par Van den Broeck, 
on les a recherchés dans beaucoup d’autres con- 
trées et on les a retrouvés dans un grand nombre. 
Ils sont tellement communs en Italie qu'on les y 


. rl 
SISMOLOGIE MODERNE, { 


98 LA SISMOLOGIE MODERNE 


a désignés par plus d’une centaine de noms popu- 
laires d'usage local et dans ces dernières années ils 
ont fait l’objet de nombreuses études sous le nom 
de brontidis. 

Il est fort probable que les brontidis ne sont pas 
tous exclusivement d'origine sismique, ni ne 
représentent tous d'infimes tremblements de terre 
et, sans doute, 1l en est dans le nombre qui ont 
une origine atmosphérique dans des circonstances 
particulières encore mal définies. Mais, quoi qu'ilen 
soit, il est bien avéré que beaucoup ont une cause 
tectonique et ne sont que des tremblements de 
terre d'intensité trop faible pour être sensibles. Ils 
seraient donc, dans certains des pays très stables 


où on les observe, le souvenir très atténué d’une 


instabilité disparue depuis un lointain passé main- 
tenant perdu dans la nuit des temps géologiques 
et, en effet, le long des côtes du Lancashire, par 
exemple, on voit les brontidis en claire relation 
avec d'anciennes dislocations. 

En bien des points du globe s’observent des 
bruits naturels d'origines diverses. Souvent ils 
caractérisent des régions désertiques et tout le 
monde connaît les Voix de la statue de Memnon. 
Les brusques changements de température de la 
nuit au matin suffisent à les expliquer par le bris 
de roches superficielles qui en est la conséquence 
et dont la puissance d'érosion a été mise en évi- 
dence ces dernières années. Les bruits de la 


LES BRUITS SISMIQUES 99 


montagne appelée le Bramador, près de Copiapo 
(Chili), n'ont pas d'autre cause. Dans le sud du 
même pays, on connaissait à distance les bruits 
d'une autre montagne nommée le Tronador; pour 
observer qu'ils n'avaient aucun caractère sismique 
ou volcanique, il à fallu explorer cette montagne 
de près et l’on a reconnu qu'il s'agissait seule- 
ment du vêlage d'un grand glacier dont les racines 
plongent dans un lac profond. Ainsi chaque cas 
particulier nécessite une étude spéciale, et rien 
n'est plus imprudent que de recourir aux phéno- 
mènes sismiques sans une démonstration de fait. 

C'est ici qu'il semble rationnel de s'occuper de 
la croyance si répandue dans les pays à tremble- 
ments de terre d’une prétendue prescience spé- 
ciale aux animaux. Beaucoup d’entre eux sont 
très sensibles aux mouvements du sol : les chiens 
aboient, les chevaux s’agitent, les oiseaux de 
basse-cour crient éperdument et ceux du grand 
air volètent anxieusement. Souvent ces manifes- 
tations d’effroi précèdent les tremblements de terre 
sensibles, mais on a beaucoup exagéré l'intervalle 
de temps qui les sépare du mouvement du sol et 
ce sont pures légendes que les cas dans lesquels 
les animaux auraient prouvé par leur agitation 
quils prévoyaient, plusieurs heures à l'avance, 
des catastrophes sismiques Tout au plus peuvent- 


1ls percevoir de très légères secousses prémoni- 


toires qui échappent à l’homme et cette sensibilité 


100 LA SISMOLOGIE MODERNE 


n'a rien que de très plausible, les animaux étant 
en communication avec le sol par quatre membres. 
Cancani a méthodiquement étudié le problème 
et il a cru observer que les animaux perçoivent 
les tremblements de terre d'autant plus longtemps 
avant l'homme que l'origine en serait plus éloi- 
gnée. Ils seraient aussi sensibles aux frémis- 
sements préliminaires dont la séparation d'avec 
les ondes principales est en proportion avec la 
distance, mais ils ne jouiraient d'aucun privilège 
dans la région épicentrale, là où ces frémissements 
se confondent avec la secousse proprement dite. 
L’explication est ingénieuse, mais elle n'est pas 
acceptée de tous les sismologues. Quant à la per- 
ception par les animaux de courants électriques 
avant-coureurs des tremblements de terre, elle est 
peu vraisemblable: il faudrait d'abord prouver 
l'existence de ces courants; l’on verra plus loin 
qu’ils sont très douteux en tant que phénomènes 
sur la constance desquels on puisse compter. 


CHAPITRE VIII 


SÉRIES DE SECOUSSES ET DÉCLANCHEMENT. 
A DISTANCE 


Un grand tremblement de terre n’est jamais un 
acte unique, un choc isolé qui sème la ruine et la 
désolation autour äe son centre. Immédiatement 
après le paroxysme, suivent d'innombrables 
secousses dont la violence subit les plus grandes 
irrégularités. Quelques-unes d’entre elles, surtout 
au début, sont assez fortes pour compléter l'œuvre 
de destruction, renverser des pans de murs bran- 
lants, jeter bas des édifices déjà à moitié démolis, 
porter le désordre dans l'œuvre de sauvetage et 
entretenir la terreur dans la population. La fré- 
quence, d’abord si considérable que pendant les 
premières heures le sol reste pour ainsi dire en 
perpétuel mouvement, s’apaise peu à peu avec des 
alternatives sans loi d'exacerbations et de rémis- 
sions. Quelques mois après, en quelques jours, 


102 LA SISMOLOGIE MODERNE 


le nombre de ces secousses consécutives, ou 
répliques, atteint souvent plusieurs centaines et 
plusieurs milliers. L'état de fréquence sismique 
habituelle à la région ne se retrouve que longtemps 
après le désastre, parfois plusieurs années après 
seulement. On a ainsi le spectacle d'une profonde 
perturbation des couches terrestres qui ne 
reviennent au repos relatif qu'après une longue 
période d’agitation. 

Toutes proportions gardées, les choses se 
passent de même pour les tremblements de terre 
d'intensité notable qui n’ont aucun caractère de 
désastre. 

Ce phénomène très constant pour tous les grands 


tremblements de terre résulte-t:il de ce que la. 


portion ébranlée et déplacée de la masse terrestre 
ne retrouve sa position d'équilibre qu'après de 
longs essais en tendant vers son assiette qui sera 
définitive au moins pour un temps, ou bien est-il 
dù à ce que la cause même du séisme ne s'éteint 
que longtemps après en s'épuisant progressivement? 
Ce sont là deux hypothèses ou, pour mieux dire, 
deux interprétations entre lesquelles 1l n’est guère 
possible de se décider. L'une et l’autre sont égale- 
ment plausibles et rendent bien compte de la 
marche des faits. 

Ces diverses répliques n’ont pas le même foyer, 
elles n'émanent même pas toutes de la région épi- 
centrale du tremblement de terre et de l’une à 


SÉRIES DE SECOUSSES 103 


l'autre la migration de l’origine ne paraît soumise 
à aucune loi qui ait pu être soupconnée jusqu ici. 
On a souvent assimilé ce phénomène à celui d’une 
plaque de verre dont une fente ou brisure s’allonge 
peu à peu, mais cette comparaison n'est qu'ingé- 


mieuse et a été reconnue tout à fait impropre, les 


foyers des répliques ne gardant pas toujours une 
claire relation de situation avec l'accident géolo- 
gique au sein duquel s'est produit le tremblement 
de terre initial. On a seulement trouvé dans cer- 
tains cas une dépendance entre le nombre des 
répliques ressenties dans une localité et l’âge 
géologique des couches correspondantes; elle 
peut s’'énoncer comme il suit : La fréquence des 
répliques en des points également éloignés du 
centre d'ébranlement du tremblement de terre 
principal augmente avec l'âge des couches au tra- 
vers desquelles il s’est propagé. Cela revient à 
dire que la propagation du mouvement sismique 


a d'autant plus profondément troublé l’état d'équi- 


libre des couches éloignées qu'elles sont plus 
anciennes. Or l'élasticité des roches croît géné- 
ralement avec leur ancienneté, et la perturbation 
produite sera plus durable pour les plus élas- 
tiques, tandis qu'au sein de roches plus récentes et 
moins cohérentes, elle passera en s'éteignant plus 
rapidement. 

En ne tenant compte que de la fréquence, la 
répétition des répliques s'exprime entre les temps 


10% LA SISMOLOGIE MODERNE 


écoulés depuis le tremblement de terre principal 
et les nombres de chocs produits chaque jour ou 
chaque mois, au moyen d’une équation, dite 


d'Omori, qui représente assez exactement une 


hyperbole équilatère asymptotique aux deux axes 
de coordonnées, celui des temps et celui des 
nombres de répliques. Elle résulte uniquement 
des nombres de répliques observées pendant 
les premiers jours et cependant, chose remar- 
quable, elle se vérifie longtemps après. Elle peut 
donc servir à prédire le nombre de secousses 
qui se produiront dans la région considérée tant 
de jours après le tremblement de terre, si tou- 
tefois on connaît la fréquence habituelle qui devra 
s'ajouter au résultat du calcul exécuté sur l’équa- 
tion d'Omori. Ces prédictions réussissent très bien 
_en général, mais n'ont qu'un intérêt très relatif, 
puisqu il s'agit de secousses de peu d'intensité. 
L’exactitude de l'équation d'Omori s'est con- 
firmée aussi pour ce qu'on pourrait appeler des 
prédictions rétrospectives. Connaissantles nombres 
de répliques qui ont suivi durant les premiers 
jours le tremblement de terre de la province de 
Tosa (île de Shikoku, Japon) du 4 novembre 1854, 
ce sismologue a calculé l'hyperbole correspondante, 
et déduit les nombres de répliques survenues à 
des dates postérieures, mais éloignées, et il a pu 
vérifier qu'ils correspondaient exactement à des 
secousses alors inconnues, puis retrouvées dans 


SÉRIES DE SECOUSSES 105 


d'anciennes archives au moyen de patientes 
recherches. | 
Notre hyperbole équilatère est asymptotique à 


2L00 


2100 | RE EN Le 


1800 | 

1500 D Es 
| _S 

1200 


[ep] 
[e] 
(e] 


«wo 
Q 
[e] 


(e} 


1891-XI 1892-XI 1893-XI 1894 -XI 1895 -XI 1896 -XI 1897-XI 1898 -xI 
1892-X 1893-X 1894 -X 1895 -X 1896 -X 1897 -X 1898-X 1899-X 
Fig. 25. — Variations de la fréquence des tremblements de terre du 


Mino et de l'Owari du 28 octobre 1891 (d'après Dairoku Kikuchi). 


l'axe des temps, c'est-à-dire qu'elle ne l’atteindra 
qu'au bout d'un temps infini. Cela signifie en 
termes plus clairs que l'équilibre des couches 


106 LA SISMOLOGIE MODERNE 


terrestres une fois rompu par un grand tremble- 
ment de terre ne se rétablit jamais, et cette inter- 
prétation purement géométrique d'une courbe 
obtenue par l'observation montre que la fréquence 
sismique habituelle d'une région résulte des 
répliques de tous les tremblements qui l'ont 
ébranlée depuis les temps géologiques les plus 
reculés, conséquence dont l'importance théorique 
ne saurait échapper. 


Le nombre des répliques paraît être en relation 


avec la profondeur du foyer du paroxysme et dimi- 
nuer avec elle. Cette règle souffre des exceptions 
cependant. 

Les plus violentes secousses consécutives se 
produisent surtout pendant une courte période de 


temps après le tremblement de terre principal, 


mais les laps de temps qui les en séparent ne 
semblent pas arbitraires. Oddone a pu montrer 
pour les tremblements de terre des Balkans, — et 
on l’a vérifié après lui pour d’autres événements 
sismiques, — quil se manifeste une préférence 
marquée des intervalles de temps de 34, 66, 144 
et 196 minutes environ. Or les ondes longitudi- 
nales d’un tremblement de terre emploient 
{T7 minutes pour parcourir le diamètre terrestre. 
On est ainsi fondé à penser qu'en arrivant à l'an- 
tipode du foyer, elles se réfléchissent contre la 
surface terrestre et retournent sur leurs pas pour 
y revenir; elles y retrouvent un bloc terrestre si 


SÉRIES DE SECOUSSES 107 


récemment dérangé de son équilibre qu'il n’a pas 
encore pu reprendre son assiette et cela suffit pour 
_ provoquer, disons le mot, déclancher, une réplique 
d'intensité notable, moindre toutefois que le trem- 
blement de terre principal, depuis lequel se sont 
écoulées 34 minutes. La réplique de 66 minutes 
environ correspondrait à un double voyage aller 
et retour des mêmes ondes entre l’origine et l’anti- 
pode, et son intensité serait moindre encore. 
L'intervalle de 144 minutes est le temps nécessaire 
pour que les ondes lentes aient fait le tour du 
globe et celui de 196 correspond aux ondes 
maxima pour eflectuer le même trajet; dans les 
deux cas il y aurait encore déclanchement de 
répliques dans la région épicentrale ou dans son 
voisinage. | 
De Ia même façon, ces mêmes ondes, le long de 
leur trajet à la surface terrestre, ou d’autres chemi- 
nant à l’intérieur de la terre suivant des rayons 
sismiques, pourront rencontrer des portions de la 
masse en équilibre très instable et prêt à se rompre 
à la moindre impulsion supplémentaire; cela se 
présentera notamment si elles sont encore le théâtre 
des répliques d’un grand tremblement de terre plus 
ou moins récent et qui précisément manifestent 
son peu de stabilité, ou bien encore si depuis long- 
temps s y est établi le repos pendant lequel s'accu- 
mulent, ou mieux s'emmagasinent, les efforts tec- 
toniques préparant le prochain séisme. Il ne 


108 .<” LA SISMOLOGIE MODERNE 


manque pas d'exemples dans lesquels ces tremble- 


ments de terre déclanchés à distance paraissent 
très probables; cela semble avoir été le cas du 
désastre de Valparaiso du 16 août 1906 provoqué 
par les ondes d’un séisme sous-marin survenu dans 
les parages de l'Alaska ou des Aléoutiennes et 
dont les ondes ont été reconnues dans les sismo- 
grammes. Mais on conçoit sans peine quelle 
extrême prudence il faut garder dans des déduc- 
tions de ce genre et, pour chaque cas particulier, il 
faut vérifier soigneusement que les intervalles de 
temps et les distances sont dans le rapport voulu 
avec les vitesses de translation des ondes sismiques. 

Le temps d'environ 8 minutes qu emploient les 
ondes longitudinales pour arriver au centre de la 
terre n'a pas manqué d'attirer vivement l'attention 
à cause de son égalité avec celui que les ondes 
lumineuses exigent pour nous arriver du soleil. 
Que ces deux constantes relatives respectivement 
au rayon terrestre pour les ondes sismiques et au 
rayon de l'orbite pour les ondes lumineuses soient 
à peu près égales, ce fait ne doit être considéré 
que comme une curieuse coïncidence qui, pour le 
moment, échappe à toute interprétation ration- 
nelle. 

Le déclanchement de tremblements de terre à 
distance a été envisagé, en particulier par Belar, 
dans un tout autre ordre d'idées. Il s’agit de la 
destruction de certains édifices sans aucune cause 


SÉRIES DE SECOUSSES 109 


connue qui ait pu être tirée de leur mauvaise con- 
struction, ou de leur état de vétusté. La chute du 
Campanile de Saint-Marc de Venise, le 14 juil- 
let 1902, l'effondrement du réservoir des eaux 
de Madrid, le #4 avril 1905, la désastreuse rup- 
ture de la digue du barrage de Bouzey (Vosges), le 
27 avril 1905, ont été les plus retentissants de ces 
accidents. Faute d'explication technique plausible, 
Belar admet qu'il a suffi du passage d'ondes 
microsismiques qui, se répétant avec le temps, ont 
fait dépasser la limite d’élasticité de ces construc- 
tions et finalement amené leur destruction par une 
dernière et fatale impulsion de ce genre. Ces consi- 
dérations sont assurément ingénieuses; 1l est plus 
discutable de savoir si elles sont exactes. Sans 
doute, elles sont susceptibles de rendre des ser- 
vices éminents aux constructeurs qu'elles soustrai- 
raient à leurs responsabilités naturelles, et en cas 
d'accident leur défense serait d'autant plus facile 
que le nombre énorme des tremblements de terre 


qui agitent la surface terrestre leur permettrait 


toujours d'en trouver à point nommé un suscep- 
tible d’être accusé. Restons-en donc seulement aux 
observations d'Oddone d’après lesquelles un trem- 
blement de terre peut, dans certaines conditions, 
en provoquer d'autres à distance, mais leur faire 
renverser des édifices loin de leur foyer est de 
beaucoup dépasser la portée des faits dûment 
constatés. 


110 LA SISMOLOGIE MODERNE 


C'est à tort que des sismologues ont regardé 
comme tout à fait générale la manière de se com- 
porter des répliques, telle que la représentent 
l'équation d'Omori et le tableau qui en a été 
détaillé plus haut. Pour de nombreux essaims de 
secousses italiennes, — ainsi se nomment ces 
séries, — Cancant à rencontré d'autres types, à 
la vérité moins communs, dans lesquels le 
paroxysme, ou le tremblement de terre principal, 
n est plus l'acte initial que suivent de nombreuses 
répliques, de fréquence et d'intensité progressive- 
ment décroissantes. On connait aussi les séries de 
secousses de l'Erzgebirge, où disparaît presque 
complètement la secousse principale, pour être 
remplacée par une succession irrégulière de 
maxima et de minima. La Nature ne veut pas 
toujours se conformer aux moules étroits où l'on 
voudrait l’enfermer pour simplifier nos explications 
des phénomènes. 

Les grands tremblements de terre sont parfois 
précédés peu de temps auparavant par des secousses 
que l’on considère, après coup, comme ses avant- 
coureurs. Ce phénomène est trop inconstant pour 
permettre de pronostiquer, quand il se produit, 
l'approche d’un désastre, car il est impossibie de 
distinguer ces secousses de celles qui résultent 
simplement de la fréquence sismique habituelle de 
la région. Il faut d'autant plus renoncer à ce mode 
de prévision au moyen des secousses prémomitoires 


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SÉRIES DE SECOUSSES All 


que bien des catastrophes ont été précédées d’un 
long repos sismique, aussi trompeur que dange- 
reux, pendant lequel la Nature, se recueillant pour 
ainsi dire, accumule les efforts tectoniques destinés 
à éclater ensuite en un violent tremblement de 


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Il est toutelois un cas de prévision qui aurait 
assez bien réussi au moins une fois, mais sur 


lequel il serait très imprudent de compter. Dès 


longtemps, les sismologues siciliens avaient observé 
que. pour un intervalle de temps suffisamment 
long, l’année par exemple, il existait une certaine 
constante approchée de la moyenne de la somme 
des amplitudes des tremblements de terre, petits 
et grands, ressentis dans la partie nord-est de 
l’île. Or, au commencement de décembre 1908, il 
y avait un manque évident et c'est ainsi que le 
désastre de Messine du 28 du même mois aurait 
pu être, sinon prédit à jour fixe, du moins envi- 
sagé comme à craindre à bref délai. Une sem- 
blable méthode paraît devoir être bien difficile- 
ment appliquée avec sûreté; elle sera toujours 
très précaire. 

Quoi qu'il en soit, le phénomène des séries de 
secousses nous à fourni de très intéressants résul- 
tats et nul doute qu il n'en doive procurer d’autres 
tout aussi importants dans l'avenir. 


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TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 
ET TSUNAMIS 


La terre ferme n’a pas le privilège des phéno- 
mènes sismiques et les océans n'échappent pas 
davantage à leurs impulsions plus ou moins vio- 
lentes. Il y a donc des tremblements de terre sous- 
marins, et le dépouillement de nombreux jour- 
naux de bord a fourni à Rudolph les éléments 
d'une étude maintenant classique sur cet intéres- 
sant chapitre de la sismologie. 

Un tremblement de terre sous-marin se traduit 
à bord d’un navire par une sorte de choc qui 


_ébranle toutes ses membrures et fait immédiate- 


ment croire qu'il vient de toucher sur quelque 


roche inconnue ou quelque épave flottant entre 


deux eaux. Aussi s'empresse-t-on de jeter la sonde, 
et en reconnaissant que rien de semblable n a dû 
se produire, on songe d'autant plus vite à un 


TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 413 


tremblement de terre sous-marin que l’on ne voit 
pas la mer déferler contre l’écueil tout d’abord 
supposé. D'autres fois, l’ébranlement est comparé 
à celui qui se produit à bord quand on lève ou 
_ quon jette l'ancre, par suite du frottement des 
chaînes dans les écubiers. Enfin le navire peut être 
soulevé et son hélice battre à vide, quoique la 
houle ne soit pas assez forte pour produire cet 
effet bien connu à bord des vapeurs par gros temps. 
Les effets produits à bord sur les objets maté- 
riels sont en tout semblables à ceux ordinairement 
observés à terre au moment d'une secousse sis- 
mique : oscillations anormales d'objet suspendus, 
déplacements de tonneaux, de planches et de colis 
arrimés sur le pont ou dans les cales, chute et 
bris de vaisselle, etc.; mais ils ne vont jamais 
jusqu'à ceux des degrés supérieurs de l'échelle 
de Mercalli. Cela résulte de l’interposition entre 
le navire et le fond de la mer, siège du trem- 
blement de terre, d'un épais matelas de liquide, 
qui fait l’eflet d’un élastique et puissant amor- 
tisseur. Aussi bien la flottabilité du navire lui 
permet de céder doucement au choc qui perd 
de la sorte tout pouvoir destructeur. En fait, il 
n'existe pas d'exemple authentique de sérieux 
dommages causés à bord, au moins en pleine 
mer, et c'est très arbitrairement qu'on a cru pou- 
voir parfois attribuer à ces phénomènes le nau- 
frage de navires dont toute trace s'était perdue. 


SISMOLOGIE MODERNE. 8 


à 


114 LA SISMOLOGIE MODERNE 


11 existe bien une échelle d'intensité des trem- 
blements sous-marins; établie plus on moins fidè- 
lement sur le modèle de celle de Rossi-Forel, son 
intérêt est restreint puisque, toutes choses égales 
au fond de la mer, l’on n’observe à bord que des 
effets atténués dans une proportion inconnue de 
ceux qui correspondent à l'intensité sismique réel- 
lement mise en action. 


Mettant à part les observations faites à bord de 


navires à l'ancre dans les ports et qui ne font que 
compléter et corroborer celles faites à terre, les 
tremblements de terre sous-marins qui parvien- 
nent à notre connaissance sont en nombre infime. 
C'est que les océans sont d'immenses déserts et il 
faut qu'un navire se trouve à point et à temps 
donnés pour que le phénomène soit observé. II 
faut aussi que l'ébranlement soit assez fort pour 
que les navigateurs croient utile de. le consigner 
sur leurs journaux de bord, documents qui restent 
généralement inédits et sont d'un difficile accès. 
Enfin leur observation ne se fait clairement que 
par mer belle. Malgré ces nombreuses difficultés, 
Rudolph à pu recueillir un assez grand nombre 
d'observations pour tous les océans, ce qui lui a 
permis de formuler les lois générales auxquelles 
obéissent les tremblements sous-marins : 26 

Ils se produisent à toutes les profondeurs océa- 
niques, sur les reliefs comme sur les dépressions. 
Il y a des régions maritimes où ils sont plus habi- 


onde 


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TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 415 


tuels et d'autres où ils sont inconnus. Leur 
fréquence et leur intensité en une région particu- 
lière sont indépendantes de la proximité ou de 
l'éloignement de volcans actifs ou éteints, ter- 
restres ou sous-marins. 

Cette dernière loi ne manquera pas d'attirer 
l'attention, l'indépendance, maintenant reconnue, 
des phénomènes sismiques et volcaniques dans le 
temps comme dans l’espace contredisant une sorte 
de dogme scientifique traditionnel, et c’est là un 
sujet sur lequel nous aurons plusieurs fois encore 


l’occasion de revenir. 


Les régions à tremblements de terre sous-marins 
sont d'abord les espaces océaniques riverains des 
pays instables. Dans ce cas, et pour un séisme 
en particulier, il n'est pas toujours facile de dis- 
cerner si le foyer a été maritime ou terrestre. La 
question peut se résoudre à l’aide des isoséistes 
suivant qu'elles sont coupées par la ligne des 
côtes en parties inégales se développant de préfé- 
rence soit du côté de l’océan, soit du côté de la 
terre ferme. 

On connait aussi quelques régions de haute mer 
où ont été observées de nombreuses secousses. La 
plus remarquable se rencontre en plein Atlantique ; 
à cheval sur l'équateur, elle s’étend entre les 8° et 
32° méridiens et à l’est du curieux rocher volca- 
nique de Saint-Paul, perdu dans l’immensité de 
l'océan. Cette région a été aussi le théâtre de très 


116 LA SISMOLOGIE MODERNE 


nombreuses éruptions sous-marines. Tout autour 


de l'archipel des Açores s'étend aussi une vaste 
région à tremblements de terre sous-marins. 

Les éruptions volcaniques sous-marines sont 
souvent signalées à la surface de la mer par des 
phénomènes qui les distinguent nettement des 
tremblements de terre; ce sont des bouillonne- 
ments de l’eau et des colonnes liquides lancées en 
l'air, tandis qu'aucun mouvement n'a jamais été 
observé authentiquement pour les simples séismes, 
du moins qui ait eu quelque importance. 

On admet généralement que les tremblements 
sous-marins se transmettent aux navires sous 
forme d'ondes longitudinales, agissant surtout de 
bas en haut, mais au vrai on sait bien peu de chose 
sur leur véritable mécanisme. Souvent ils occa- 
sionnent la mort de nombreux poissons, dont les 


cadavres remontent aussitôt à la surface, ou vien- 


nent s'échouer sur les côtes; leur chair est comme 
désorganisée, ce qu'on attribue au fait qu'ils ont 
été violemment comprimés entre les couches 


‘liquides mises en mouvement et celles que leur 


n. | 


inertie a empêchées d’obéir immédiatement à 
l'impulsion sismique. 

Quoi qu'il en soit, les tremblements de terre 
sous-marins n’ont de réelle importance qu'en 
raison de leur répartition géographique et ils le 
cèdent de beaucoup en intérêt aux vagues sis- 
miques, ou {sunamis, comme on les appelle au 


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TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 117 
Japon, et qui sont une conséquence ordinaire et ‘4 
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nicuse ns Le bien de terre des 
régions littorales. ! 
Le long de ces côtes, on voit s'élever, après le 
; 


118 LA SISMOLOGIE MODERNE 


phénomène d’ébranlement du sol, d'énormes vagues 
qui, non seulement en complètent l’œuvre destruc- 
trice, mais souvent même produisent à elles seules 
la plus grande partie des dommages. Leur hauteur 
peut atteindre plusieurs dizaines de mètres et il est 
facile de se figurer la violence avec laquelle elles 
montent à l'assaut des côtes en songeant à l'énorme 
force vive de la masse liquide mise en mouvement. 
Les navires chassent sur leurs ancres et, choquant 
les uns contre les autres, s’entre-détruisent mutuel- 
lement, ou vont s’échouer à l’état d'épaves loin 
dans les terres, parfois à plusieurs lieues de la 
côte, si la pente du rivage permet à l’inondation 
de s'étendre à grande distance. Il est au Japon, 
par exemple, des cas historiquement authentiques, 
où le nombre des victimes a dépassé cent mille. 

Dans l'aire épicentrale, les tsunamis se produi- 
sent immédiatement après le tremblement de terre, 
mais leur vitesse de propagation ne dépassant 
guère 150 mètres par seconde le long des côtes à 
cause du frottement sur le fond, la secousse et la 
vague sismique se séparent rapidement en propor- 
tion de la distance du foyer, de sorte que le 
retard du tsunami peut atteindre plusieurs heures, 
voire un jour et plus. 

On croit généralement que les tsunamis débutent 
par un retrait de la mer, retrait dont l'ampleur et 
surtout la durée ont été souvent exagérées dans 
les relations, et l'on a cherché l'explication de ce 


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TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 119 


fait en le supposant normal. Tout le long de la 
côte occidentale de l'Amérique du Sud règne cette 
croyance, et le cri « La mer se retire », quand il 
retentit dans un port après un tremblement de 
terre, imprime le plus grand effroi dans les popu- 
lations qui, se souvenant des catastrophes passées, 
se hâtent de chercher le salut dans la fuite. Une 
critique sévère des relations du tremblement de 
terre péruvien-chilien du 13 août 1868 nous a 
montré que, suivant les différents ports, la mer a 
commencé par se retirer entre 19 d’entre eux 
contre 18 dans lesquels elle s’est mise à monter 
tout d'abord. Cette quasi égalité fait évidemment 
dépendre pour chaque port le sens du mouvement 
initial de la forme de la côte et de celle du fond. 
Faute d'observations scientifiques en nombre suffi- 
sant, la question reste obscure. 

- Il semble que les tsunamis ne se produisent, au 
moins sur une grande échelle, que si le foyer 
sismique est situé en mer, c'est-à-dire si c'est une 
partie du fond océanique qui a été déplacée, et la 
simple propagation en mer d’un ébranlement 
sismique d'origine terrestre, pour violent quil 
soit, ne parait.pouvoir provoquer que de légers 
mouvements de l'océan. C’est seulement ainsi que 
l'on peut expliquer la rareté du phénomène le 
long des côtes du Centre-Amérique au regard de 
leur fréquence au Pérou et au Chili, et cependant 
les grands tremblements de terre y sont aussi 


120 LA SISMOLOGIE MODERNE 


communs d’un côté que de l’autre. Sur le véritable 
mécanisme des vagues sismiques on n'a encore 
que de très vagues données. 

C'est un mouvement transversal et toujours 
insensible en haute mer au moment de son passage 
sous un navire, de même que l'intumescence 
produite par les marées luni-solaires quand elles 
traversent un océan. L'un et l’autre phénomène ne 
se manifestent visiblement qu'à la rencontre des 
côtes formant obstacle à leur propagation. En 
pleine mer, les tsunamis constituent des ondes 
dont la distance de crête à crête se chiffre par des 
centaines de kilomètres sans que leur amplitude 
verticale dépasse quelques mètres. [Ils sont si peu 
sensibles en pleine mer en raison de ces circons- 
tances, qu il est arrivé à des pècheurs japonais de 
rentrer au port et d'y trouver leurs villages balayés 
et leurs familles disparues sans se douter du 
malheur qui les attendait au retour! 

Les tsunamis peuvent avoir une énorme aire 
d'extension et bien des fois ils ont mis en mouve- 


ment tout le Pacifique. Celui du tremblement de 


terre péruvien-chilien du 15 août 1868 a tellement 
secoué la banquise antarctique -qu'il s'en est 
_ détaché, tout à fait hors de saison, de nombreux 
icebergs plus tard rencontrés dans les mers aus- 
trales loin de leur lieu d’origine. La gigantesque 


explosion du Krakatoa, dans le détroit de la Sonde, 


du 26-27 août 1883 a produit une vague sismique 


Re OS PEN SEE 


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mme tit nm he mon RS... dé pu à 


TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 121 


qui à fait le tour du monde et s’est fait enregis- 
trer à tous les marégraphes jusqu'en France et 
en Angleterre. 


Août 28 
15 8h gh Oh HP Midi 13° 14h 17h 


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Fig. 29. — Marégramme de Rochefort lors de l'éruption du Krakatoa 
(d'après Wharton). 


D'un bord à l’autre d'un océan, les vagues sismi- 
ques se propagent avec la même vitesse que les É 
marées et l’on a fait de formules mathématiques | 


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&e 122 LA SISMOLOGIE MODERNE à 

É né: appropriées cette curieuse application de déduire 

KT de cette vitesse de propagation entre deux points 

< la profondeur moyenne de l'océan qui les sépare; 

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Fig. 30. — Homoséistes horaires au travers du Pacifique des tsunamis 
du tremblement de terre d’'Arica du 13 août 1868 (d'après F. von Hochstetter). 


les résultats obtenus ne différent pas notablement Ÿ 
| de ceux des sondages exécutés par des expéditions = 
LEE scientifiques ou en vue de la pose des cäbles trans- É 
100 _ océaniques. | 
Les courbes obtenues aux marégraphes montrent 
S que les vagues sismiques se superposent aux marées 

à et que, dans un bassin maritime fermé, ou peu 
de. ouvert, il en résulte un mouvement périodique 
rie dont les éléments dépendent de la forme du bassin 


TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 123 


et de celle de son fond. Ils varient donc peu 
d'un tsunami à l’autre. Mais, en même temps, les 
courants marins normaux sont perturbés et ne 


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Il au 12 


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Fig. 31. — Marégramme général de Port-Denison (Sydney, Australie) 
du 10 au 14 mai 1877 (d'après Geinitz). 


reviennent que de longs jours après au régime 
ordinaire. 

Indépendamment des vagues produites par 
l'ébranlement sismique d'une portion plus ou moins 
étendue du fond de la mer, on en a observé parfois 
_ d'autres causées par la chute de falaises éboulées 


f 


’ , 


lag LA SISMOLOGIÉ MODERNE ©. 


par le tremblement de terre; mais alors elles sont 
d'importance relativement secondaire. Cela s’est 
notamment présenté au tremblement de terre de 


Céram (Moluques) du 30 septembre 1899. Partant 


an he he he 


effondrée 


Fig. 32. — Éboulements de terrain le long de la côte de Céram lors 
du tremblement de terre du 30 septembre 1899 (d'après Verbeek). 


de cette observation bien avérée et de quelque 
autre de ce genre, on a voulu expliquer de la 
même manière des vagues anormales ne corres- 
pondant à aucun séisme connu à terre et on leur a 


aussi attribué d’inexpliquées ruptures de câbles 
télégraphiques sous-marins. Enfin on est allé jus- 
qu'à demander à des éboulements de pentes sous- 
marines l'explication de tremblements de terre 


côtiers. Ce sont là des hypothèses qui échappent à 


_ toute vérification. Mais ces vagues anormales, ou 
‘perturbations dans le régime des marées, nous 


amènent à rappeler que des mers de peu d’exten- 


sion et presque fermées, comme la Baltique, sont, 


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# qui n’ont aucun lien avec les tremblements de 
terre. Les tiderips des Anglais, ou vagues de fond, 


Ur. 


So qui occasionnent fréquemment par on temps des 
ë sinistres maritimes inattendus, rentrent sans doute 
_ dans la même catégorie de phénomènes, et c’est 
ti en: vain qu'on à plusieurs fois voulu leur attribuer 


un LRragière sismique. 


+ 
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CHAPITRE X À 
FRÉQUENCE ET SISMICITÉ 


On entend par sismicité d’une localité, ou d’une 
région plus ou moins étendue, l'importance 
moyenne que les tremblements de terre y attei- 
gnent, rares ou habituels, faibles ou violents, étant 
bien évident que fréquence et intensité doivent 
intervenir à titre égal pour définir l'instabilité sis- 
mique. Pour un lieu en particulier, on doit distin- 
guer soigneusement une sismicité vraie résultant” 
des séismes qui y ont leur épicentre, ou naissent 
en son voisinage immédiat, et une sismicité appa- 
rente qui est la conséquence de ceux qu'on y res- 
sent, mais dont le foyer est plus ou moins éloigné. 
La sismicité vraie peut être très faible et même 
nulle et la sismicité apparente considérable; ce 
sera le cas d’un point situé en une région très 
stable, c'est-à-dire au sein de laquelle ne s'engendre 


aucun tremblement de terre, mais qui se trouve 


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FREQUENCE ET SISMICITÉ 427 


par exemple à proximité d'un accident géologique 


souvent en mouvement. La sismicité vraie est celle 


quil importe de connaitre pour rechercher les 
causes des tremblements de terre locaux, tandis 
que la sismicité apparente fera décider s’il y a lieu 
de prendre ou non dans une ville déterminée les 
précautions spéciales pour mettre ses édifices à 


l'abri des dommages. Sauf quand on le spécifiera, 


il s'agira indifféremment dans ce qui va suivre de la 
sismicité vraie ou apparente, puisque l'une et 
l’autre dépendent de la fréquence et de l'intensité 
des séismes observés. On va traiter de la détermi- 
nation de ces deux derniers éléments. 

La fréquence moyenne varie dans de très larges 


limites. Dans certains pays, elle est nulle ou à peu 


près; dans d’autres, elle dépasse tout ce qu'on 
aurait pu imaginer avant d'y avoir institué des 
observations systématiques : c'est ainsi que, par 
exemple, plus de 1500 macroséismes ont agité 
le sol du Chili en 1909, ce qui correspond à une 
moyenne journalière de quatre tremblements sen- 
sibles. Pour une localité prise en particulier, la 
fréquence subit les variations les plus irrégulières, 
surtout à cause des répliques consécutives à tout 
séisme simplement notable et qui ne disparaissent 
que lentement. Aussi faut-il de longues années 


d'observations pour éliminer ces irrégularités et 


pour avoir une idée exacte de la véritable fré- 


quence annuelle moyenne, tant les phénomènes 


128 LA SISMOLOGIE MODERNE 


sismiques sont d'allure capricieuse et discontinue 
dans le temps, et des périodes de vive agitation 
sont séparées par des intervalles de repos souvent 
complet. On admet qu'une cinquantaine d'années 
ne sont pas de trop pour obtenir un résultat digne 
de foi. 

Ce fut une véritable surprise quand parurent les 
catalogues de tremblements de terre publiés par 
l'association sismologique internationale. Le pre- 
mier, celui de l’année 1903, comprenait près de 
5000 séismes observés sur toute la surface du 
globe et les volumes suivants se sont enrichis dans 
de si larges proportions au fur et à mesure que se 
sont développés les moyens d'observation, qu'on 
songe à limiter cette importante publication aux 
secousses les plus notables. Si l’on pense aux 
1500 tremblements de terre observés au Chili en 
1909 avant que le réseau des stations y ait été 
complètement installé et si l’on tient compte du 


grand nombre des pays où ne se font pas encore 


d'observations systématiques, on ne s'étonnera 
pas qu'on ait pu évaluer à plus de 30000 le 
nombre annuel des tremblements de terre sensibles, 
ou bien près de un par quart d'heure. On n'ou- 
bliera pas que les mers occupent les trois quarts 
de la surface terrestre et que les tremblements 
sous-marins y passent généralement inaperçus. 
Sans même tenir compte des innombrables micro- 
séismes enregistrés par les sismographes, il n'ya 


AN PE 0 VO à ETS 


4 ve ft FN, 


FRÉQUENCE ET SISMICITÉ 129 


SSI 


donc aucune exagération à affirmer que l'écorce 


terrestre est ici ou là en perpétuel mouvement, et 
que devient notre croyance innée en la fixité du 
sol sur lequel nous nous agitons? 

Il est plus malaisé de tenir compte du facteur 
intensité, et un procédé rationnel consisterait par 
exemple à calculer pour une localité donnée la 
moyenne de la somme annuelle de l'accélération 
maxima de tous les tremblements de terre res- 
sentis. La méthode entraïnerait un travail consi- 
dérable qui, du reste, suppose l’emploi d'appareils 
enregistreurs. On a aussi songé à simplifier le 
problème en se contentant de la somme des am- 
plitudes, mais c'est accepter une très grossière 
approximation, puisque l'on néglige la période, 
élément tout aussi important. 

On a pu, dans une certaine mesure, s’affran- 
chir de la difficulté et, en tout cas, c’est le seul 
moyen d'opérer en dehors des stations sismolo- 
giques, en profitant de cette observation qu'en 
général le sol tremble fortement là seulement où 
il tremble fréquemment et vice versa. En d’autres 


termes, mais grosso modo, fréquence et intensité 


marchent de pair; on peut donc négliger celle-ci 
et ne tenir compte que de celle-là pour estimer 
la sismicité moyenne. Le procédé a donné des 
résultats assez satisfaisants, toutes les fois qu’on 


l'a basé sur d'assez longues périodes d'observa- 


tions. 


SISMOLOGIE MODERNE. 5; 


rÿ ECTS 


130 LA SISMOLOGIE MODERNE 


La recherche de la sismicité vraie des divers 
points d'un pays conduit à de très intéressants 
résultats si l’on choisit une représentation gra- 


phique appropriée sur une carte. Beaucoup de 


systèmes ont été employés, en particulier des 
courbes réunissant les localités d’égale fréquence, 
ou bien des hachures ou des teintes dégradées 
atteignant le même but. Mais ces modes de 
représentation présentent le très grave défaut 
d'être continus, alors que le phénomène à repré- 
senter est essentiellement discontinu, ainsi qu'on 
l'a dit tout à l'heure, de sorte que des points de 
sismicité vraie très faible ou même nulle peuvent 
avoisiner des localités constamment ébranlées. 
On en est venu, à cause de cet inconvénient, à 


employer pour chaque localité un cerele figuratif 


dont le diamètre est à une échelle conventionnelle 
en rapport avec le nombre de secousses y ayant 
eu leur origine, et ce système a été souvent très 
fécond parce qu'il permet de dévoiler sur une 
carte le rôle sismogénique de tel ou tel accident 
géologique le long duquel ces points s'alignent. 

Pour résoudre le problème de la sismicité d'un 
grand pays, il faut y organiser des observations 
systématiques et il ne sera pas sans intérêt de 
dire quelques mots sur les méthodes employées et 
qui ont fait leurs preuves. Toutes les observations 
doivent arriver à un bureau central où elles sont 
étudiées et contrôlées, et comme le but principal 


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III Aires séismiques secondaires 
7 Aires séismiques mal définies 


Fig. 93. — Carte sismique des Marches (d'après Baratta). 


132 LA SISMOLOGIE MODERNE 


d'un service sismologique est l'étude des tremble- 

ments de terre du pays, il importe peu que près 

de ce bureau centralisateur existe ou non un 

observatoire sismologique de premier ordre des- 

tiné à l'étude des téléséismes et des questions de 

sismologie générale. On devra donc établir un 
1309 E. 


œ: 


D 


(e) Epicentre du tremblement de terre du So Septembre 1839 
———— Dislocations 


Fig. 34. — Dislocations de Céram. 


certain nombre de stations de second ordre, 

toutes munies du même sismographe enregistreur 

dont le rayon de surveillance soit de 400 à 500 kilo- 

mètres, et on disposera ces stations de telle sorte 
que leur distance mutuelle ne dépasse pas le 
double de ce rayon. Ainsi aucune secousse notable 
n'échappera à l'observation, mais on prendra les 
très faibles secousses et on n'aura pas le moyen 
de déterminer les limites de l'aire d’ébranlement 
des chocs plus importants. Pour y remédier, on 
complétera le réseau de stations de troisième 


4 


FRÉQUENCE ET SISMICITÉ 133 


ordre munies d'un sismoscope de modèle uniforme. 


Mais il en faudrait un nombre considérable, ce 
qui occasionnerait de fortes dépenses. On est ainsi 
amené à augmenter les moyens d’information en 
profitant de concours bénévoles et en outre en 
chargeant les fonctionnaires publics disséminés 
dans les moindres villages de noter tous les trem- 
blements de terre sensibles conformément à des 
instructions très simples. Ce seront les maîtres 
et maîtresses d'école, les chefs des stations de 
chemins de fer, les télégraphistes, les gardiens de 
phares, etc. On peut aussi instituer des cartes pos- 
tales spéciales circulant sans frais. Tous ces docu- 
ments arrivent au bureau central où on les corrige 
les uns au moyen des autres. Une organisation 
de ce genre suffit pour compléter les renseigne- - 
ments sismographiques de tous les tremblements 
de terre sensibles du pays. 

Il s'est formé cette opinion courante qu à notre 


époque et surtout en ces dernières années, les 


catastrophes sismiques se font de plus en plus fré- 
quentes de par le monde et, en eflet, il ne se passe 
guère de semaines sans que les observatoires sis- 
mologiques ou les journaux n’annoncent quelque 
tremblement de terre plus ou moins destructeur 
survenu dans les parties les plus reculées de la 
surface terrestre. Ce résultat est uniquement dû 
au récent développement des communications 
télégraphiques dont le réseau couvre maintenant 


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134 LA SISMOLOGIE MODERNE 


tout le globe comme une toile d'araignée aussi 
n 


vaste que serrée. Autrefois, au contraire, et il ya 


seulement un demi-siècle, bien des tremblements 
de terre destructeurs 


après à la connaissance des seuls érudits. Et com- 
bien de régions actuellement habitées et mises en 


valeur par une intense civilisation qui n'offraient 


naguère au fléau que d'immenses solitudes à bou- 
leverser, là où maintenant il peut renverser de 
florissantes cités? Il faut donc écarter toute exacer- 


bation périodique des phénomènes sismiques 


désastreux, dont le danger ne cesse d’ailleurs pas 


de croître en raison du développement même de la 
civilisation et des énormes constructions qu'elle 


entraine avec elle, sans qu'on prenne plus de 
précautions qu'autrefois contre les tremblements 


de terre. 


On peut évaluer à une trentaine au moins le 
nombre annuel des tremblements de terre plus ou 
moins destructeurs. 


restaient complètement 
ignorés, ou ne parvenaient que très longtemps 


PS ES 


CHAPITRE XI 


GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 


Aucun phénomène de la vie du globe n'’affecte 
à sa surface des aires plus strictement limitées 
que les tremblements de terre et ils sont le peu 
enviable privilège de pays toujours les mêmes, 
pourvu qu'on embrasse d'assez longues périodes 
de temps d'observations. On doit en conclure 
immédiatement qu'ils ne sont pas la conséquence 
d'actions nées au sein d'un milieu général tel 
qu un noyau interne visqueux et fluide, incan- 
descent ou non; cette simple remarque exclut 
tout aussi bien des influences cosmiques dont 
l'effet ne saurait être localisé en des points parti- 
culiers de la surface terrestre, et c'est ainsi, par 
exemple, que les marées dues à l'attraction luni- 
solaire se font sentir partout, du moins là où il 
y a des masses océaniques à faire mouvoir. On 


136 LA SISMOLOGIE MODERNE 


voit de suite que la connaissance de la répartition 
géographique des régions à tremblements de terre 


sera la base fondamentale de la recherche de 


leurs causes, si l’on parvient à mettre en lumière 
quelque propriété particulière à ces régions et qui 
les distingue de celles où le sol ne tremble point. 
= Seulement à notre époque le problème pouvait 
être abordé avec quelque espérance de succès; il 
fallait, en effet, que non seulement la terre eût 
été explorée tout entière, mais encore étudiée 
scientifiquement, car autrement on aurait risqué 
de voir découvrir ultérieurement des régions 
sismiquement instables non encore soupçonnées, 
auxquelles auraient pu ne pas s'appliquer les 
caractères distinctifs attribués hâtivement à une 
partie restreinte des pays à tremblements de terre. 
Or c'est à la fin du xix° siècle que la reconnais- 
sance de la planète a été suffisamment avancée 


partout et que l’on a su avec précision quels 


points particuliers de sa surface menacent les 
séismes. Si cependant il avait fallu attendre une 
détermination numérique exacte de la sismicité de 
toutes les parties du globe pour établir la géo- 
graphie sismique et en tirer les résultats qu'elle 
comporte, la solution du problème aurait été 
reculée jusqu'à un lointain avenir, mais fort heu- 


reusement deux faits d'observation sont venus 


permettre de parer à la difficulté. | 
Le premier de ces faits consiste en la pérennité 


LA 


GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 437 


de l'instabilité ou de la stabilité sismique en un 
point donné. Pline l’ancien avait déjà dit : là où 
il a tremblé, il tremblera;: et cette vérité qu'il 
constatait en s'appuyant sur l'histoire déjà longue 
et bien connue de son temps des tremblements 
de terre du bassin méditerranéen, a été successi- 
vement vérifiée pour toutes les parties du monde 
que les découvertes géographiques nous ont fait 
connaître depuis le xv° siècle. Nulle part l'obser- 
vation du grand naturaliste n’a pu être mise en 
défaut, et nous pouvons la compléter par sa 
contrepartie négative, à savoir que l’homme na 
jamais vu se transformer en région à tremblements 
de terre un pays qui en eùt été indemne aupara- 
vant. On est donc certain quune région est 
instable, si l’on y connaît seulement un désastre. 
Cela ne signifie pas que les régions instables soient 
forcément immuables à la surface du globe, mais 
seulement qu'elles n'ont pas varié depuis que 
l'homme conserve dans ses annales écrites, ou 
même dans ses traditions, le souvenir des cata- 
strophes dues aux tremblements de terre, l'échelle 
des temps historiques étant insuffisante pour per- 
mettre d'enregistrer les changements de sismicité 
_ qui accompagnent, on le verra plus loin, l'évolu- 
tion du relief terrestre. Les vieilles annales de la 
Chine ont fourni au savant jésuite Hoang une 
longue liste de près de 600 tremblements de terre 
qui, depuis le xviu° siècle avant notre ère, n'ont 


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/ ; AN 53 


PES LA SISMOLOGIE MODERNE 


jamais ébranlé d’autres provinces que celles où 
ils sévissent à notre époque. 

On ne manquera pas de noter combien ce carac- 
tère de constance de l’activité sismique, grande ou 
petite dans un lieu donné, différencie nettement 
les tremblements de terre des manifestations vol- 
caniques. On sait bien, en eflet, que, depuis les 
temps historiques plusieurs volcans se sont formés 
soudainement là où il nen existait pas trace, 
et l’on ne compte pas ceux qui, à la vue de 
l'homme, ont pour toujours éteint leurs bouches 
ionivomes. [l y a entre les volcans et les tremble- 
ments de terre une différence fondamentale sur 
laquelle on n'a pas suffisamment insisté jusqu à 
présent et qui, avec beaucoup d'autres arguments, 
milite en faveur de leur indépendance mutuelle. 

Dans le détail, on ne possède pas sur la sismi- 
cité de toutes les régions du globe des notions qui 
permettent de la réduire en valeur numérique, 
les observations systématiques étant ici trop # 
récentes et là encore à leur début ou même inexis- « 
tantes. Pour que les résultats connus fussent 
comparables entre eux, il a donc fallu se contenter | 
d'une échelle large et à trois degrés seulement : 
régions asismiques, pénésismiques et sismiques. 
Dans les premières, les tremblements de terre 
sont un phénomène parfois inconnu, le plus 
souvent exceptionnel et, dans ce cas, ils y sont 
toujours d’insignifiante intensité. Les régions 


GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 139 


sismiques sont caractérisées par des désastres à 
des intervalles plus ou moins longs et la fréquence 
habituelle des petites secousses, pour varier dans 
de larges proportions, y est toujours considérable. 
Les régions pénésismiques enfin occupent une 
situation intermédiaire quant à la fréquence et à 
l'intensité, mais n'ont jamais été, ni ne seront 
jamais d'après la remarque de Pline, pas plus 
d'ailleurs que les régions asismiques, désolées par 
des tremblements de terre dévastateurs, du moins 
à l'échelle des temps historiques. Malgré leur 
vague ces définitions ont suffi pour permettre 
d'établir sur des bases solides les grandes lignes 
d'une géographie sismique que nous allons esquis- 
ser succinctement pour en tirer plus loin d'impor- 
tantes déductions quant à la genèse des tremble- 
ments de terre. 

Une description des régions instables ne serait 
qu une nomenclature aride et désordonnée et qui 
pourrait être tout aussi bien alphabétique, si, au 
lieu de l'exposer d’après des divisions conven- 
tionnelles, on ne profitait de la propriété dont 
jouissent ces régions de former à la surface du 
globe des bandes continues, c’est-à-dire que l’on 
peut passer des unes aux autres sans autres lacunes 
notables que celles dues à l'interposition des 
océans. Nous commencerons par le bassin médi- 
terranéen dont les tremblements de terre sont bien 
connus depuis l'antiquité classique, et l’'embou- 


140 LA SISMOLOGIE MODERNE 


chure du Tage sera un commode point de départ, 
ayant été le théâtre du désastre de Lisbonne du 
1° novembre 1755, un des événements sismiques 
les plus considérables dont l’homme ait jamais été 
le témoin. 

La région sismique lusitanienne se relie à celle 


de l’Andalousie, que seulement un étroit bras de. 


mer sépare de celles de l'Afrique du nord-ouest, 
Maroc et Algérie. L'Adriatique est tout entière 
encerclée de régions à tremblements de terre qui 
de la Sicile aux Alpes par les Apennins et des 
Alpes aux Balkans, vont rejoindre le bassin tout 
entier instable de la mer Égée. 

L'Anatolie et, plus à l'est, l'Arménie forment 


un remarquable centre d'irradiation de régions 


sismiques. Au nord, un premier faisceau comprend 


le Caucase et va se perdre dans le sud du gouver- 


nement de Tomsk parle Turkestan russe et chinois 
au pied du Tien-Chan et du Pamir pour ne se ter- 
miner qu'au lac Baïkal. Au sud, un court rameau 
embrasse le Liban et ses dépendances jusqu'à 
Jérusalem. Entre les deux, part vers l’est-sud-est 
une étroite et longue bande qui, traversant la 
Perse en diagonale par les chaines du Kurdistan 
et du Louristan, se prolonge jusqu'au pied méri- 
dional de l'Himalaya par le Béloutchistan et 
l'Afghanistan. Les dépendances de l'Himalaya, 
Assam, Tibet oriental et Birmanie, continuent 
l'étroite zone par Sumatra, Java, les Moluques et 


GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 141 


la Nouvelle-Guinée, puis, faute sans doute de 
grandes terres émergées, l'instabilité s’éparpille 
dans les îles du Grand Océan, Mariannes, Salomon, 
Fidji, Tonga et Samoa, Sandwich. Sans changer 
de direction générale, les Antilles, le Vénézuéla, 
les Açores et les îles du Cap Vert nous ramènent 
au travers de l’Atlantique jusqu’au point de départ 
de Lisbonne pour y fermer cette immense cein- 
ture des régions à tremblements de terre redou- 
tables. 

Tout le pourtour du Pacifique est jalonné de 
régions sismiques à peu près ininterrompues. Elles 
débutent au Chili par le quarantième parallèle et 
s'étendent jusqu à l'Alaska, mais en se maintenant 
sur le versant occidental des Andes et des Rocheu- 
ses, sauf en quelques points, comme l'Argentine 
occidentale, ou l'Équateur et la Colombie, là où 
les chaînes se dédoublent. Cette seconde ceinture 
va se fermer, du côté opposé, à la Nouvelle-Zélande 
en embrassant les arcs en guirlande qui bordent 
l'Extrême-Orient, Aléoutiennes, Kamtchatka, Kou- 
riles, Japon, Formose, Moluques et la chaine orien- 
tale de l'Australie. 

Le Centre-Amérique et les Moluques sont les 
nœuds communs des deux bandes succinctement 
décrites et qui sont approximativement couchées 
le long de deux grands cercles de la sphère terrestre 
faisant entre eux un angle voisin de 67 degrés, 
celui de l'équateur et de l'écliptique ; mais c’est là 


142 LA SISMOLOGIE MODERNE 


une coïncidence simplement curieuse, ou du moins 
il est actuellement impossible de lui soupçonner 
une signification, si tant est qu'elle en ait une. 
Les régions pénésismiques s’entremèlent çà et 
là entre les régions sismiques des deux bandes 
dont l'instabilité n'atteint pas partout son maxi- 
mum et quelles ne laissent pas que d'élargir. 
Au contraire des régions sismiques, elles sont 
discontinues et forment des sortes d’ilots. Nous 
citerons seulement les Pyrénées, l'Islande, les Car- 


pathes et surtout en Afrique la grande fracture lon- 


gitudinale qui s'étend de l'Abyssinie au Zambèze. 

Ces deux cercles d'instabilité sismique maxima 
ont reçu les noms d’Alpin-Himalayen et de Cireum- 
pacifique. Leur existence a été établie par une 
patiente statistique portant sur un nombre énorme 
d'observations et à eux seuls ils comprennent 
plus de 90 p. 100 des tremblements de terre 
connus. On voit combien peu il en reste pour les 
régions pénésismiques séparées de ces cercles, et 
la part des régions sismiques se réduit à presque 
rien en dépit de la surface considérable qu’elles 
occupent, plus des trois quarts des terres émergées. 


La répartition générale des volcans actifs à la 


surface du globe est connue depuis bien plus long- 
temps que celle des régions à tremblements de 
terre, sans doute parce qu'une éruption est un 
phénomène de durée souvent considérable et par 


suite frappe plus l'attention qu'un fugitif mouve- 


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GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 143 


ment du sol. Quoi qu'il en soit, les formes des 
mappemondes sismique et volcanique sont assez 
semblables pour que la seconde se superpose à 
peu près à la première, et l'expression classique de 
cercle de feu du Pacifique pourrait s'appliquer au 
cercle circumpacifique d’instabilité maxima. La 
coïncidence est beaucoup moins exacte pour le 
cercle alpin-himalayen, et nous allons voir que, 
dans le détail, les faits ne se présentent pas aussi 
simplement qu'on pourrait le penser. 

Un très grand nombre de régions de haute 
sismicité sont très loin de tout volcan actif ou 


même éteint récemment, soit pendant la période 


historique, soit pendant les derniers temps géolo- 
giques, époque quaternaire, ou fin de l’époque ter- 
tiaire. Ce seront en Europe les régions instables 
du bassin occidental de la Méditerranée, celles des 
Balkans; en Asie, le Tien-Chan et les vastes pays 
qui s'étendent du Khorassan à l'Assam. En Amé- 
rique, on citera la Californie centrale et méridio- 
nale, les Grandes Antilles, le Vénézuéla et le 
Pérou, tandis qu'au Chili, l’activité volcanique 
actuelle commence précisément vers le sud quand 
cesse l'instabilité sismique. Cette indépendance 
entre la localisation géographique des régions à 
volcans actifs ou récemment éteints, et de celles à 
tremblements de terre, s’accentue plus encore 


pour les régions pénésismiques, comme les Pyré- 
nées, l'Écosse, la Scandinavie, la Nouvelle-Angle- 


144 | LA SISMOLOGIE MODERNE 


terre, le bassin moyen du Mississipi, etc. ; nous ne 
nous y arrêterons pas davantage. 

S'il y a beaucoup de régions sismiques loin de 
tout volcan, il est cependant plus malaisé de citer 
des volcans actifs loin de toute région instable. 
On notera le Cameroun, le volcan de Médine en 
Arabie, ceux des Comores, de la Réunion, de 
Beeren-Eiland, l'Erebus et le mont Terror. 

On remarquera aussi que les quelque quatre 
cents volcans qui ont eu des éruptions depuis que 
l'homme a pu en consigner le souvenir ne sont 
que des points perdus au milieu des immenses 
surfaces sujettes aux tremblements de terre. On 
peut donc dire que les séismes constituent un 
phénomène beaucoup plus répandu et plus général 
que les éruptions volcaniques, puisqu'il y a beau- 


coup plus de régions instables sans volcans actifs 


que de bouches ignivomes au milieu de pays stables. 

En définitive et en dépit d'une opinion vulgaire 
très fortement enracinée, mais actuellement aban- 
donnée dans les milieux compétents, éruptions 
volcaniques et tremblements de terre sont deux 
genres de phénomènes naturels dont la distribu- 
tion géographique, malgré des traits communs 
indéniables, dénote cependant une indépendance 
mutuelle assez marquée. Nous aurons encore 
l'occasion d'attirer l'attention sur cette indépen- 
dance au moyen d’autres arguments fournis par 
la seule observation des faits. 


CHAPITRE XII 


RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS 
DE TERRE | 


La répartition des régions à tremblements de 
terre à la surface du globe, limitées qu'elles sont, 
comme on l'a constaté, à deux étroites ceintures 
autour de la planète, est trop singulière pour être 
l'effet d'un simple hasard et 1l nous faut en cher- 
cher la signification relativement à la Face de la 
Terre, suivant l'heureuse expression devenue clas- 
sique depuis les admirables travaux de Suess et 
qui résume l’ensemble des traits du relief émergé 
et immergé. En d'autres termes, quels sont les 
caractères géographiques et géologiques communs 
à ces régions instables et Les différenciant de celles 
où le sol ne tremble pas? Si l’on peut résoudre ce 
problème préliminaire, nul doute que l’on ait fait 
un grand pas vers l'explication des phénomènes 


SISMOLOGIE MODERNE. 10 


146 LA SISMOLOGIE MODERNE 


sismiques. Pour le moment, nous ne nous occu- 
perons que du premier aspect de la question, les 
caractères géographiques. 

Déjà les anciens avaient noté que les tremble- 
ments de terre sont plus particuliers aux pays 
montagneux, ou tout au moins accidentés, et, 
allant plus loin, quelques uns des philosophes de 
l'antiquité classique, devançant leur temps, eurent 
la nette intuition qu'il s’agit d'un phénomène oro- 
sénique, c'est-à-dire lié à la formation des mon- 
tagnes. Cette conception bientôt oubliée, parce 
qu'elle n'était alors basée que sur de trop insuffi- 
santes observations, est revenue au jour dès qu'on 
put se rendre un compte exact du véritable relief 
de certaines masses continentales et de la manière 
dont les régions instables s'y distribuent relative- 
ment à ce même relief. L'Amérique du Sud, dont 
les côtes occidentales ont été le théâtre de cata- 
strophes célèbres, est le continent qui nous per- 
mettra la plus claire exposition du sujet. 

Que l’on considère, en effet, une section de 
l'Amérique du Sud le long d'un parallèle quel- 
conque, au travers de la Colombie, de l'Équa- 
teur, du Pérou, ou du Chili, et l’on sera tout de 
suite frappé de la forme du profil obtenu. Le long 
de la côte du Pacifique règnent des profondeurs 
considérables; des abimes de 4 000 à 7 000 mètres 
y forment un chapelet de longues et étroites fosses 
séparées entre elles par des seuils plus ou moins 


Le. $ 
hlnésttions = D 'aneger — 


RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE TERRE 147 


relevés, et dont le fond vers l’ouest remonte se 
raccorder avec les profondeurs moyennes, moin- 
dres et assez uniformes dans leur ensemble, de 
l'immense cuvette formée par le Grand Océan. 
Vers l'est, le spectacle change du tout au tout; un 
raide et court talus se dresse jusqu au niveau d’une 
côte, abrupte aussi et parfois même montagneuse, 
et le tout va s'élevant rapidement pour rejoindre 
les sommets altiers des Andes qui par 6000 et 
1000 mètres d'altitude dominent la limite des 
neiges éternelles. Une fois la crète franchie, le 
gigantesque bourrelet montagneux qui surplombe 
de 12 à 14000 mètres le fond du Pacifique, ne 
s abaisse plus vers l’est qu'à peine à mi-hauteur, 
et à son pied oriental s'étalent en une douce et 
immense pente la forêt amazonienne ou la pampa 
argentine, qui sen vont insensiblement gagner le 
littoral généralement sans relief notable de l’Atlan- 
tique. Là aucun ressaut notable ne marque la fron- 
tière du domaine océanique et c'est avec la même 
absence de pente que le profil se continue pour 
aller rejoindre très loin vers l’ancien Monde le 
fond de cet océan. 

Or il tremble à peu près exclusivement sur 
l'étroite bande pacifique, c'est-à-dire sur le talus 
de quelque 12 000 mètres qui, d'un seul jet, rac- 
corde le fond des abimes immergés à la crête de 
la Cordillère. Le profil de l'Amérique du Sud est 
essentiellement dissymétrique et les tremblements 


148 LA SISMOLOGIE MODERNE 


de terre caractérisent à peu près exclusivement son 
raide versant occidental. 

Dans l'Amérique du Nord, les circonstances se 
compliquent par l'interposition entre les deux 
océans du haut massif mexicain et du bassin fermé 
de l’Utah entre la Sierra Nevada et les Montagnes 
Rocheuses. Mais la dissymétrie subsiste et les trem- 


- blements de terre restent confinés vers l’ouest. 


La bordure orientale du continent asiatique 
n'est qu'une répétition de ces circonstances si, au 


lieu de considérer les côtes mêmes, on s'en réfère 


seulement aux chapelets d'îles qui du détroit de 
Behring aux Moluques séparent le littoral du 
Grand Océan. Là aussi les régions sismiques bor- 
dent de profonds abimes océaniques collés contre 
ces archipels, tandis qu'entre les îles et le conti- 


nent beaucoup moins instable s'étalent des mers 


plates. 

Sumatra et Java ne souffrent des tremblements 
de terre que sur leurs côtes de l'océan Indien, qui 
surplombent une longue et profonde fosse sous- 
marine, tandis que les pentes tournées vers les 
détroits sont peu inclinées et n’en subissent guère 
les atteintes. 

Si nous considérons, au contraire, une grande 
chaîne dont le pied comme l'Himalaya, au lieu 
d'être baigné par la mer, domine de vastes plaines, 
ici la vallée du Gange, nous retrouvons la même 
dissymétrie puisque au nord s'étendent les hautes 


RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE 


terres du Tibet. 
Les tremble- 
ments de terre 
n'ébranlent que 
le versant méri- 
dional. 

Il serait facile 
d'allonger cette 
liste et nous ver- 
riOns que par- 
tout les régions 
sismiques Carac- 
térisent le côté 
le plus raide des 
hautes chaînes, 
qu il soit ou non 
baigné par la 
mer, etici la pré- 
sence de l'élé- 
ment liquide 
n'est qu un phé- 
nomène tout à 


fait accessoire et 


indifférent. 
Cette dépen- 
dance intime en- 
tre le relief et la 
sismicité ne se 


restreint pas seulement aux grandes chaines de 


TERRE 149 


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Fig. 35. — Sumatra. 


150 LA SISMOLOGIE MODERNE 


montagnes ou principales lignes de corrugation 
de l'écorce terrestre, elle se manifeste encore dans 
de nombreux détails. Considérons par exemple 
la Cordillère des Andes au Chili; au sud du 38° 
parallèle, elle s’abaisse notablement tandis qu'en 
même temps les profondeurs océaniques dimi- 
nuent dans la même proportion, de sorte que les 
terres magellaniques reposent sur un socle peu 
profondément immergé qui s'avance très loin 


vers l’ouest. Tant par le haut que par'le bas, le 


relief absolu des Andes au-dessus du fond du 
Pacifique est presque insignifiant par rapport à ce 
qu'il est à la latitude du centre du Chili. Or les 
tremblement de terre s’atténuent au sud du 42° 
parallèle, puis, plus au sud encore, disparaissent 
presque entièrement jusqu'au cap Horn. 

Examinons en Europe trois chaînes bien con- 
nues, les Apennins, les Alpes et les Pyrénées. Si 
l’on compte le relief de la première au-dessus du 
fond de la mer Tyrrhénienne, cet ordre est préci- 
sément celui de leurs altitudes respectives. Or les 
séismes de l'Italie sont fréquents et redoutables, 
ceux de la Suisse, de la Savoie et de la vallée du 
PÔ rarement dangereux et ceux de l'Espagne sep- 
tentrionale ou de l’Aquitaine assez anodins. Dans 
les trois chaînes, les tremblements de terre sont 
proportionnés au relief — nous ne disons pas 
proportionnels, ce mot impliquant une précision 
qui n'est pas dans la nature des choses. 


RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE TERRE 4514 


Si partout les abords des hautes chaînes de 
montagnes sont sismiquement instables, et cette 
règle ne souffre pour ainsi dire aucune exception 
notable, c'est avec la même généralité que, par 
contre, les grandes aires continentales plates sont 
à l'abri des tremblements de terre, comme le 
Canada, la Russie, la Sibérie, le Sahara etl’Afrique 
méridionale, la pampa argentine, l'Amazonie et les 
vastes plaines des États-Unis. 

Nous tiendrons donc pour établi, par la seule 
observation, que les tremblements de terre sont 
particuliers aux hauts reliefs terrestres et nous 
aurons à rechercher plus tard si ces régions à la 
fois saillantes et instables ne possèdent pas quelque 
autre caractère géologique les différenciant à ce - 
point de vue des régions plates et stables. 


CHAPITRE XIII 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE SUR 
R LE SOL ET TOPOGRAPHIE SISMIQUE 


_ Les effets des tremblements de terre sur le sol 
ont de tout temps attiré l'attention; ils sont 
multiples et leur étude s'impose avec d'autant plus 
de force qu'ils constituent à la longue un puissant 
facteur de transformation du relief terrestre. 

Le plus commun de ces effets extérieurs est la 
production de crevasses. En général, elles affectent 
de préférence les terrains meubles, sans grande 
consistance, surtout au voisinage des lignes le long 
desquelles le sol est coupé d’escarpements : bords 
de rivières, de canaux ou de fossés; crêtes de 
hauteurs plus ou moins abruptes et de falaises. 
Enfin elles ont une tendance à s'ouvrir en séries 
parallèles et rapprochées. Leur longueur dépasse 
rarement quelques centaines de mètres et leur 
largeur se mesure par décimètres. C'est très excep- 


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Le 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 153 


tionnellement que leur dimension transversale a été 
suffisante pour leur permettre, en se refermant. 
d'engloutir des personnes, des têtes de bétail et à 
plus forte raison des habitations, dernier genre 
d'accident dont les relations ne sont pas toutes 
légendaires cependant. 

Le mécanisme de la formation des crevasses du 
sol est assez simple. D'abord leur situation fréquente 
au bord d'escarpements montre que souvent elles 
résultent de ce que les molécules terrestres placées 
de la sorte ont toute liberté de se mouvoir et de se 
séparer de leurs voisines au moment du tremble- 
ment de terre, sans quoi le sol n'aurait pu se fendre. 
Il se passe là quelque chose de tout à fait ana- 
logue à cette expérience de physique élémentaire 
bien connue, où l’on dispose en ligne une série de 
billes élastiques; en frappant celle d’une extrémité, 
celle de l'extrémité opposée se meut seule et se 
sépare vivement de la série. C’est en conséquence 
de ce phénomène que le mouvement sismique 
acquiert une bien plus grande amplitude à la 
surface du sol qu’à une certaine profondeur même 
assez faible ; des expériences exécutées au Japon en 
plaçant un sismographe à la surface du sol et un 
autre en dessous au fond d’un puits ont prouvé 
qu une profondeur de trois à quatre mètres suffit 
pour réduire aux deux tiers ou aux quatre cin- 
quièmes de sa valeur l'amplitude du mouvement 
sismique. On conçoit facilement la grande impor- 


154 LA SISMOLOGIE MODERNE 


tance de ce fait en ce qui concerne les construc- 


tions asismiques : il suffira de profondes fondations 


pour diminuer dans une large mesure l'impulsion 
du tremblement de terre sur un édifice, surtout si 
on monte ses fondations sans contact avec le sol 
meuble environnant pour arriver jusqu'à la terre 
en place. Cela explique cette croyance répandue 
dans certaines villes exposées aux séismes que des 
fossés profonds y diminuent le péril sismique, et 
déjà les Anciens avaient connaissance du fait. C'est 
pour ce motif aussi que bien des tremblements de 
terre ne se font pas sentir dans les mines profondes, 
et il est arrivé parfois qu'en remontant au jour 
des mineurs ont trouvé leurs villages renversés 
sans s être doutés un instant qu'il avait tremblé 
violemment à la surface. | 


L'inertie et les différences de phases ne laissent | 


pas non plus d'intervenir dans la formation des 
crevasses du sol et l’on comprend bien que lies 
vagues gravifiques peuvent y contribuer aussi 
quand le sol n'est pas assez élastique pour repren- 
dre sa forme primitive après le passage de ces 
ondes. 


Parfois les crevasses se disposent radialement 


autour d'un centre en s'ouvrant dans toutes les 
directions semblables à celles que produit le dessé- 
chement d’un sol argileux. Le passage d'ondes 
sismiques réfléchies ou interférées contre de solides 
massifs du voisinage s'affirme ainsi et le tremble- 


nés hat ye-" 


| 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 155 


ment de terre des Calabres du 20 février 1785 en a 
fourni des exemples restés classiques. 
La profondeur des crevasses est généralement 


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Fig. 36. — Portions de sismogrammes obtenus à la surface du sol et au 
fond d’un puits lors du tremblement de terre de Tokyo du 18 février 1889 
(d'après Seikiya). 


faible et elles ne semblent affecter que les parties 
superficielles du terrain; elles se referment rapide- 
ment, et ne se rencontrent guère en dehors de la 


456 LA SISMOLOGIE MODERNE 


: 
: 


région épicentrale. Phénomène secondaire, elles 
peuvent cependant prendre parfois une importance 
capitale, lorsque, disposées en lignes, elles 
s'étendent sur de grandes distances, des centaines 
de kilomètres, comme cela s’est présenté en Cali- 
fornie lors du tremblement de terre du 18 avril 
1906. Elles courent alors en complète indépendance 
du relief et de la constitution du terrain, traversant 
plaines et coteaux, rivières et vallées, roches com- 
pactes et alluvions. Elles jalonnent dans ce cas à 
la surface du sol du pays ébranlé la trace d'un 
erand accident géologique profond, fracture ou 
faille, qui se sera produit au moment du tremble- 
ment de terre, ou aura été le théâtre d'un mouve- 
ment, s'il existait antérieurement. De tels événe- 
ments sont de la plus grande importance relative- 
ment à la genèse des tremblements de terre, et 
nous aurons l’occasion d'y revenir longuement. Il 
suffit pour le moment de signaler la différence 
essentielle qui les distingue des simples crevasses. 

La vue d'une carrière quelconque, ou d'un 
escarpement rocheux naturel, montre le nombre 
énorme des fractures, ou diaclases, qui découpent 
les roches les plus solides. Elles ne correspondent 
pas toutes à des failles, c'est-à-dire qu'il n y a pas 
toujours dénivellation relative des lèvres de la 
dislocation. Et si l’on ne conçoit guère comment 
ces ruptures violentes auraient pu se produire sans 
tremblements de terre, il n’en va pas ainsi quant à 


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(P. 156-157). 


Sismolozie moderne. — PI. VII. 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 157 


la dénivellation elle-même, en un mot quant à la 
formation d’une faille, l'observation va nous le 
prouver. En 1902, une très légère secousse ébran- 
lait la mine Kaiser Wilhelm II, près de Klausthal, 
et immédiatement après l’on constatait dans les 
puits et les galeries d'exploitation la production 
d'une longue fissure; les deux phénomènes avaient 
été évidemment connexes. Puis on s’aperçut que 
les deux blocs terrestres, ainsi violemment séparés, 
glissaient l'un par rapport à l’autre; à la rupture 
succédait une faille, mais avec quelle lenteur : une 
dénivellation relative de 30 millimètres en cinq 
années! On voit combien il est téméraire, quand 
on manque de preuves de fait, d'affirmer qu'une 
faille de la région épicentrale d'un tremblement de 
terre est responsable du mouvement sismique; 
c'est cependant ce que l'on fait trop souvent. 

Les grands tremblements de terre sont aussi 
accompagnés souvent de grands éboulements qui 
modifient la surface du sol à un haut degré, et cet 
effet peut atteindre des proportions gigantesques. 
C'est ainsi que, le 12 juin 1897, le bord abrupt du 
plateau de l'Assam a été littéralement précipité 
dans la dépression des Sylhet Streams, qui s'étale 
le long et au pied de son talus méridional. Alors 
des forêts entières descendent le long des pentes, 
d'énormes masses de terres et de rochers dévalent 
dans les plaines ou les vallées, ensevelissant habi- 
tations et villages, et les matériaux accumulés 


158 LA SISMOLOGIE MODERNE 


barrent de larges vallées. Il se forme ainsi des 
digues temporaires qui arrêtent le cours des eaux 
et la finale débâcle peut causer les plus graves 
désastres, ainsi à Valdivia (Chili), en 1575. 

La trace de ces éboulements persiste longtemps 
après Le tremblement de terre sous forme de pentes 


 dénudées, sortes de cicatrices au milieu des champs 


cultivés ou des forêts. Mais ces accidents n’ont 
rien de forcément sismique et se produisent dans 
tous les pays de relief accidenté et à précipitations 
atmosphériques abondantes, surtout quand des 
couches argileuses recouvrent des pentes raides. Il 
est à remarquer que bien rarement l’arrivée des 
matières éboulées au pied des pentes a donné lieu 
à des tremblements de terre, et l’on peut citer des 
pays comme le Chili austral et la Bolivie où ces 
phénomènes atteignent d'énormes proportions sans 
le moindre ébranlement du sol. Cette observation 
a son importance, comme on le verra plus loin. En 
tout cas, les éboulements produits directement par 
les tremblements de terre sont préparés par l'éro- 
sion, sinon le décollement entre les couches super- 
ficielles plus ou moins meubles et les roches plus 
profondes n'aurait pas lieu. 

Quand des couches imperméables permettent à 
l'eau de s’accumuler à peu de profondeur, les 
srands tremblements de terre sont accompagnés 
d'un intéressant phénomène. Des trous circulaires 
s'ouvrent et il en sort, parfois lancées à grande 


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EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 159 


hauteur, des masses considérables de liquide; si, 
au contraire, l'eau est éjectée lentement et se 


trouve en même temps mélangée de terre et de 


sable, ces matières se déposent en bourrelet 
saillant autour de l’orilice et il en résulte de petits 
cratères en miniature, dont le diamètre peut 


atteindre plusieurs mètres. Quand des matières 


organiques souillent les eaux, il s'ensuit des 
odeurs caractéristiques, auxquelles on a souvent 
attribué une origine volcanique; l'erreur commise 
est évidente. 

Ces craterleits, — le mot anglais est passé en 
sismologie, — se sont produits sur une très 
grande échelle en 1811 au tremblement de terre 
de la Swampy Country, dans la vallée centrale du 
Mississipi, et ils s'y sont conservés pendant de 
longues années sous forme de buttes, qui don- 
naient à la région un caractère topographique très 
particulier. 

Des matières compactes peuvent ultérieurement 
remplir les craterlets et, grâce à ce phénomène de 
sédimentation, 1l en est qui ont été retrouvés dans 
des couches géologiques très anciennes, attestant 
ainsi que des tremblements de terre s'y produi- 
saient dans des conditions absolument identiques 
à celles de nos jours. 

Souvent les tremblements de terre causent des 
perturbations, temporaires ou de longue durée, 


dans le régime des sources, thermales ou non. 
: 


160 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Leur débit et leur température sont modifiés; 
certaines disparaissent et d'autres prennent nais- 
sance. Ces effets sont si facilement explicabies, 
qu'il serait inutile d'y insister beaucoup; les eaux 
souterraines circulent le long de fissures qu'elles 
élargissent peu à peu par dissolution et il en 
résulte des vides qu'un tremblement de terre peut 
obstruer par éboulement, tandis que des voies 
nouvelles s'offrent à la circulation souterraine. Il 
est très douteux que ces phénomènes précèdent 
des séismes et par suite puissent servir à leur 
prévision, comme on l’a souvent avancé sans 
preuves; des recherches systématiques effectuées 
en Italie dans ce sens n ont jusqu à présent donné 
aucun résultat positif. 

On s’est demandé si les grands tremblements de 
terre n'occasionnent pas des modifications impof- 
tantes dans l’ensemble du relief de la région la 
plus secouée, en d’autres termes s'il n'en peut 
résulter parfois des changements notables dans la 
position relative des sommets d'une triangulation 
géodésique antérieure dans le sens horizontal et 
vertical tout à la fois. Le fait a été plusieurs fois 
annoncé sans observations décisives à l'appui, 
parce que ces mouvements étaient du même ordre 
de grandeur que les erreurs d'observations. Mais, 
dans d’autres cas, au contraire, ainsi en Californie 
après le désastre de 1906, des retriangulations, 
faites précisément dans ce but, ont démontré Ja 


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(P. 160-161). 


mologie moderne. — PI. IX. 


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- EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 161 

_ réalité de ces modifications dont l'importance ne 
saurait échapper. 

C'est dans le même ordre d'idées qu'à la suite de 


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Rs Triangles géodésiques. 
——, Changements de position des sommets à la retrianqulation de 1307. 


Fig. 39. — Changements de position des sommets de la triangula- 
tion de Californie après le tremblement de terre de San Francisco du 
18 avril 1906. Environs de Point Arena. 


certains tremblements de terre on a prétendu que, 
par exemple, un clocher jusque-là visible d’une 
localité plus ou moins éloignée, ne se distinguait 
plus et disparaissait derrière un pli de terrain 


 SISMOLOGIE MODERNE. 4 1 


162 LA SISMOLOGIE MODERNE 


nouvellement surélevé. Peu de ces faits ont été 
soumis à un examen scientifique, mais, d'après ce 
qui précède, leur réalité ne saurait être niée en 
principe et les changements de niveau constatés 
par les retriangulations suffisent à prouver le 
bien fondé de ces observations, au moins pour 
quelques-unes. 

Il règne dans beaucoup de pays, et en particulier 
au Chili, cette croyance que les tremblements de 
terre sont accompagnés d’un soulèvement du 
littoral. Par une discussion très serrée des 
relations, d’ailleurs souvent contradictoires entre 
elles, Suess a montré que le fait ne saurait être 
considéré comme acquis, et c'est à la même 
conclusion qu'est arrivé le géographe Steften 
relativement à une affirmation de ce genre 
soutenue au sujet du désastre de Valparaiso du 
16 août 1906. Qu'une côte se soulève ou s'affaisse 
lentement, le fait est certes bien démontré 
pour un très grand nombre de points du globe, 
les terrasses marines surélevées ou immergées 
en font foi, mais ce sont là mouvements sécu- 
laires, ou « bradysismes », qui se produisent aussi 
bien dans des régions stables que dans d'autres 
sujettes aux ébranlements sismiques, et la ques- 
tion est toute différente en ce qui concerne de 
semblables mouvements qui auraient eu brus- 
quement lieu au moment même d'un tremblement 
de terre. Des nivellements de précision peuvent 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 163 


seuls résoudre la question dans chaque cas 
particulier, et l’on sait depuis les recherches de 
Lallemand sur ce problème combien ces opéra- 
tions sont délicates. Il est vraisemblable que les 
prétendues observations dont il s’agit se réduisent 
en réalité à des changements de niveau locaux, 
comme des tassements de plages meubles. Cepen- 
dant des dénivellations se sont produites dans 
le Japon central au tremblement de terre du 
28 octobre 1891. 

En circulant souterrainement le long des dia- 
clases des roches, les eaux, surtout si elles sont 
calcaires, élargissent progressivement leur voie en 
entrainant par dissolution les matières qui forment 
leurs parois. Ainsi se constituent des réseaux 
compliqués de grottes dont les voûtes peuvent 
s'effondrer, quand leur portée dépasse certaines 
limites; alors le sol s’affaisse à la surface, ou 
s'ouvre en puits naturels plus ou moins profonds : 
avens des causses. [l en résulte, si le phénomène 
prend une certaine ampleur, ce qu'on appelle 
des pays karstiques, percés partout comme de 


véritables écumoires, et dont le nom, maintenant 


adopté en géographie, est tiré de l'Istrie, où 
domine ce genre de singulier paysage. Ces 


éboulements accompagnent parfois de légers 


tremblements de terre, ou inversement de forts 
séismes les provoquent. Il devait donc en être 


fait mention ici et nous aurons à y revenir. 


Ÿ 4 


164 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Quand tous les changements de relief que nous 
venons de décrire s'accumulent dans la région 
épicentrale d'un grand tremblement de terre 
important, dénudation de pentes, barrages de 


vallées, formation de marécages ou d’étangs de 
situation anormale, affaissements, fractures et 


failles, etc., bien que, au bout de peu d'années, 
l'érosion ait pu en adoucir les formes et la 


végétation en masquer les contours, il n’en reste 
pas moins un ensemble de traits permanents très 


spéciaux et bien reconnaissables, auquel on peut 


à bon droit appliquer le nom de topographie 


sismique. Facile à détailler immédiatement après 
le tremblement de terre, plus tard, elle est re- 
connue malaisément sur le terrain. On y est cepen- 
dant parvenu pour deux événements californiens 
de ce genre, ceux de Fort Tejon du 9 janvier 1857 
et de l'Owen’s Valley du 26 mars 1872, survenus 
l'un et l’autre dans des régions alors inhabitées, 


ce qui avait empêché toute observation immédiate. 
C'est dire que la topographie sismique est bien 


définie pour un œil exercé et combien est profonde 
l’action que peut opérer un tremblement de terre 
sur le relief de vastes régions, surtout quand il y a 
eu mouvement de faille, comme dans les deux cas 
précédents, parce qu'alors rien ne manque au 
cortège des effets du séisme sur le sol. La topo- 
graphie sismique est maintenant aussi bien connue 
que la topographie glaciaire par exemple. : 


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EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 165 


Comme on le verra plus -loin, la connais- 
sance des effets des tremblements de terre sur le 
terrain touche de très près à leurs causes; à ce 
titre, 1ls méritaient d’être exposés avec quelques 
détails. 


CHAPITRE XIV 


RELATIONS SUPPOSÉES ENTRE LES 
TREMBLEMENTS DE TERRE ET D’AUTRES 
PHÉNOMEÈNES 


De tout temps l'homme a cherché à mettre en 
relation ou en dépendance mutuelle les phéno- : 
mènes naturels dont il souffre, ou qu'il utilise pour 
la satisfaction de ses besoins. Et il y est incité avec . 
d'autant plus de force que la prévision de l'avenir 
a toujours été et sera toujours sans doute une de 
ses plus vives préoccupations. Si, en effet, on peut 
démontrer qu'un phénomène naturel quelconque, 
utile ou nuisible, est en rapport avec quelque autre 
d'allure périodique bien déterminée et connue par 
l'observation, on aura immédiatement le moyen de 
prévoir le second dont on attend du bien ou du 
mal. On voit tout de suite le grand intérêt du pro- 
blème. Les tremblements de terre n'ayant pas 
échappé à ce stade des recherches scientifiques, 


LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 167 


qui est bien loin d'être fermé, on ne saurait 
_ passer sous silence leurs prétendues relations avec 
des phénomènes d’origine extérieure à la planète, 
cosmique ou météorologique. 

Du fait même que les régions instables sont 
strictement limitées à certaines parties de la sur- 
face du globe, on pourrait écarter l'étude de ces 
relations toutes les fois qu'il s'agit d'un phénomène 
possédant une répartition géographique différente 
ou qui est commun à toute la terre. Ainsi, par 
exemple, il est beaucoup moins de régions privées 
de pluies quil n'en est d’asismiques et, en 
tout cas, la répartition des pluies n'a aucun 
rapport même éloigné avec celle des régions à 
tremblements de terre. On peut donc affirmer qu'il 
ne saurait y avoir de dépendance mutuelle entre les 
secousses du sol et les précipitations atmosphé- 
riques; mais si, ne se contentant pas de cet argu- 
ment, pour justifié qu'il soit, on ne veut s’en 
rapporter qu à l'observation directe, on notera que 
le Sahara et le désert d’Atacama sont privés de 
pluie et sont respectivement stables et instables, 
tandis que le Chili austral et l’Assam, les pays du 
monde où il pleut le plus, sont des régions res- 
pectivement asismique et sismique. Malgré cela 
et se fondant sur ce que tel grand tremblement 
de terre aura été accompagné de grande pluie, 
— en prenant le mot accompagné dans le sens le 
plus large, — on affirme que les deux phénomènes 


168 LA SISMOLOGIE MODERNE 


sont connexes, où que l’un a provoqué l'autre. 
Pour les uns, la pluie aura déclanché le tremble- 
ment de terre en produisant des éboulements sou- 
terrain, et, pour les autres, le séisme aura mis en 


mouvement, puis refroidi les couches d'air et finale- 


ment favorisé la condensation de l'humidité atmos- 
phérique. Les bonnes raisons ne manquent jamais 
à ceux que ne suffisent pas à convaincre les con- 
trastes énoncés tout à l'heure. Avec de semblables 
raisonnements et de si faciles hypothèses, il est 
loisible d’étayer les plus fantaisistes relations, et 
c'est bien ce qui a lieu. 


Les statistiques mal faites, quand toutefois onen 
fait, sont cause de tout le mal et servent à créer de 


toutes pièces ces prétendues relations. On ne tient 


compte que des faits positifs de coïncidence, et 
quant aux négatifs, on ne s’en soucie point. La 


plupart de ceux qui se lancent dans cette voie 
décevante, et ils sont légion, ignorent tout des 
recherches antérieures et se croient souvent en 
possession d'une idée aussi neuve que géniale, 
de sorte que, pour un pays déterminé, ils arrivent 
à des résultats diamétralement opposés à ceux de 


leurs devanciers. N'importe, c'est peine perdue 


que de vouloir leur démontrer le défaut de leurs 
pauvres statistiques, et de lutter contre le succès 
momentané de leurs affirmations. Ces considéra- 
tions générales devraient suffire pour faire rayer 
ce sujet des préoccupations des sismologues, 


— 


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LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 169 


l'expérience du passé en prouve l'inanité; nous 
ne le ferons pas, tant est enracinée encore la 


croyance en des influences cosmiques ou météo-: 


_rologiques sur la production des tremblements de 


terre, mais nous ne leur donnerons que tout juste 
la considération qu’elles méritent, sinon ce serait 
un volume qu'il y faudrait. 

_Le soleil manifestera tout d'abord son pouvoir 
sismogénique par une prédominance diurne ou 
nocturne des tremblements de terre; c'est la 


seconde opinion qui prévaut et elle trouve son 


‘ 


explication dans ce fait bien simple que, de nuit, 
l’homme couché, donc plus étroitement lié au sol 


et débarrassé des préoccupations qui l'assaillent 


de jour, perçoit mieux les petites secousses. C'est 
tellement vrai que les tremblements de terre 
enregistrés par les appareils ne vérifient plus cette 
relation. Puis viennent les maximums saisonniers; 
ici ce sera l'hiver la saison favorable, là, au con- 
traire, l'été. La prédominance hivernale a le plus 
orand nombre de partisans et elle semble croître 


en même temps que la latitude. Pourquoi? Parce 


jee 


que, dans les pays froids, l'homme reste abrité 
dans les habitations et au repos forcé pendant bien 
plus longtemps que sous les climats tempérés; il 
s'y trouve par conséquent dans de meilleures 
conditions pour observer les petits ébranlements 
du sol. Des statistiques étendues ont montré qu'il 
n y à pas de relations saisonnières. 


170 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Les taches du soleil n'étant observables de façon 
suivie que par des hommes de science, on sera 


sans doute tenté d'accueillir avec plus d'attention 


les dires de ceux qui les mettent en relation avec 
les tremblements de terre, quoiqu'ils laissent dans 
l'ombre le mécanisme par lequel cette influence 
mystérieuse pourrait s'exercer. Outre que les statis- 
tiques relatives à ce sujet soient encore très limi- 
tées, elles se heurtent à cette objection très grave 
que si une tache passe par un méridien terrestre, 
les tremblements de terre notés un peu avant ou 
après se sont produits en des lieux de longitudes 


très différentes. D'ailleurs le nombre des séismes 


est tel qu'on ne serait jamais embarrassé pour en 
rattacher un au passage d'une tache solaire. 

Les influences de la lune sont innombrables et 
cest là un souvenir des anciens cultes qu'on lui 
rendait. De temps immémorial on l'a rendue 
responsable des tremblements de terre, comme 
de la pluie et du beau temps, et il ne sera pas 
inutile de montrer comment se forment ces 
croyances. Relativement au soleil et à la terre, la 
lune parcourt en 28 jours le cycle de ses positions 
successives; au moment d'un séisme elle nest 
jamais à plus de trois jours et demi d’un de ses 
quartiers et cette très grossière approximation 
suffit pour affirmer qu'il s’est produit par lune 
pleine ou nouvelle, à son premier ou à son second 
quartier. Cela n'a rien de scientifique et l'on pour- 


LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 171 


rait passer outre, si ce genre d’affirmation n'avait 
donné lieu à des travaux considérables, d’ailleurs 


130 


Distribution mensuelle 
de 1088 petits tremblem ës 
de lerre 


HO 


90 


Distribution mensuelle 
de 228 tremblem de lerre 
forés ou destructeurs. 


30 


20 


XU 7 VI xl 


Fig. 40. — Distribution mensuelle des séismes légers, forts ou destruc- 
teurs signalés à Kyoto de 797 à 1867 (d'après Omori). 


basés sur une double hypothèse, celle de la fluidité 
ou au moins de la viscosité du noyau terrestre 
interne et celle de la production de marées de ce 


479 LA SISMOLOGIE MODERNE x 


même noyau en conséquence de l'attraction los ; 
solaire, et surtout lunaire, l’astre des nuits étant 

beaucoup plus rapproché que le soleil. On pensait 
même démontrer effectivement de la sorte la visco- 

sité interne. Précisément Perrey, professeur de 

mathématiques et d'astronomie à la Faculté des : 
Sciences de Dijon, se fit sismologue en vue de 

déceler cette influence sismogénique prépondé- 

rante de la lune à ses culminations, ou à ses pas- 

sages au méridien, à son périgée comme à son 

apogée. Grâce à cela, nous lui devons d'immenses 

et précieux catalogues de tremblements de terre 

qui, embrassant toute la surface du globe, ont 

srandement servi à fonder la géographie sismo- 
logique moderne, mais il n'est rien resté des 

maxima de fréquence qu'il croyait établir suivant 
les diverses positions de la lune. D'ailleurs com- 
ment ces marées n'engendreraient-elles des trem- 
blements de terre que suivant les étroites zones 
_ des régions sismiques? Il faudrait échafauder de 
nouvelles et étranges hypothèses pour l'expliquer. 

Depuis Perrey, ces calculs ont été repris sur des 
statistiques encore plus étendues et le résultat en 
a été franchement négatif. 

_ Dans le même domaine des influences cos- 
miques, on a fait intervenir les plus variés phéno- 
mènes de conjonctions et d’oppositions astrales, 
de passages d'étoiles filantes, de chutes de 
bolides, ete. Inutile de s y arrêter. ; 


REX Es 45 si e Le a PIS CMP 
ES AUTRES PHÉNOMÈNES : 


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on barométrique au Japon 


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AR, am ES | 
Ar = : NES % 


A1. — Variations journalières normales de la pression baromé- 
5 courbe de fréquence sismique horaire générale au Japon 


£. 


… 22 Le ar, g 


D un Dee A en. 
relations’ purement météorologiques n'ont 


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* se 

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174 LA SISMOLOGIE MODERNE 


pas plus de réalité et, comme le faisait remarquer 
Volger il y a déjà bien longtemps, au moment 
d'un tremblement de terre il fait toujours un 
temps quelconque, beau ou mauvais, sec ou 
humide, calme ou tempétueux, chaud ou froid; 
il est donc toujours facile de partir de là pour 
affirmer l'influence de l’une de ces circonstances 
atmosphériques, surtout si dans le nombre il en 
est une exceptionnelle pour le pays. C'est ainsi 
que se créent de toutes pièces la plupart de ces 
relations. Cependant certaines méritent examen, 
par exemple l’action sismogénique souvent attri- 
 buée aux variations de la pression atmosphérique, 
parce qu'elles produisent pour le poids de la 
colonne d'air pesant à la surface d’un pays des 
variations qui atteignent vite des millions de 
tonnes, chiffres qui dépassent notre imagination 
et font penser que l'équilibre de l'écorce terrestre 
doit en subir le contre-coup. Des sismologues 
comme Omori et bien d’autres combattent en faveur 
de cette. influence. Mais le parallélisme invoqué 
entre les maxima et les minima de la pression 
barométrique et ceux de la fréquence des trem- 
blements de terre est beaucoup moins approché 
qu'on le croit et, dans le détail, ne résiste guère 
à une critique approfondie. Il est d’ailleurs si 
commun de se suggestionner dans ce genre de 
recherches qu'on nous permettra d'en citer un 
exemple typique. Depuis longtemps on a observé 


LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 173 


que des tremblements de terre se produisent en 


même temps que de brusques mouvements des 
barographes ou baromètres enregistreurs. En par- 
ticulier, à Santiago du Chili, on a noté un grand 


nombre de coïncidences de ce genre, d’où l’on 


concluait, en apparence à bon droit, que brusques 


variations de pression atmosphérique et mouve- 


ments de sol étaient phénomènes concomitants. 
Mais après l'établissement d’un service d'observa- 


tions sismologiques, on s'est vite aperçu que ces 


tracés du barographe ne correspondent pas tou- 
jours à des tremblements de terre, ni que toute 
secousse fait fonctionner le barographe. Que 
reste-t-il de la relation supposée? Rien, sinon que 
ce dernier appareil fonctionne parfois comme 
sismographe, pas toujours, et que dans le premier 


cas le mouvement sismique a directement et méca- 


niquement agi sur la colonne mercurielle, sans 
que pour cela se soit produite uné variation conco- 
mitante de la pression atmosphérique et à laquelle 
on attribuait un rôle dans la manifestation du 


_ phénomène sismique. 


La même chose se passe exactement avec les 
magnétographes qui peuvent fonctionner comme 
de parfaits sismographes, sans que la variation de 
déclinaison ou d’inclinaison magnétique ait été en 
relation avec la cause du tremblement de terre, 
comme on l’a souvent prétendu. Sans doute on à 
observé parfois que peu avant ou après un trem- 


176 LA SISMOLOGIE MODERNE 
blement de terre ces perturbations se sont produites 
et même ont pris un caractère permanent. Il y a 


: 
Y L 
à A A da 
AU LE L'ART LL: + . 


possibilité de coïncidences fortuites, mais il n’est 


pas déraisonnable non plus de penser que les 
violentes actions mécaniques développées au sein 
de couches terrestres par un tremblement de terre . 
peuvent en certain cas perturber le régime magné- 
tique de la région ébranlée et l’on en possède des 

exemples bien avérés. Il y a loin de là à une véri- 
table relation profonde de cause à effet entre les 
phénomènes sismiques et magnétiques. On na 
pas manqué non plus d'invoquer l'influence sis- 
 mogénique des aurores polaires, sans réfléchir 
. qu'elles sont particulières aux latitudes élevées, 
là précisément où le sol ne tremble pas. 

Dès leur découverte, les phénomènes électriques 
ont donné naissance à des théories des tremble- 
ments de terre, même avant qu'on eût observé 
que certains séismes surviennent en coïncidence 
_ avec de violents orages ou avec des variations 
anormales dans le régime des courants tellu- 
riques. C’est bien le cas des perturbations magné- 
_ tiques, mais ces théories électrico-sismiques sem- 
blent avoir en leur faveur la grandeur des effets 
mécaniques qu'à notre époque on sait tirer de 
l'électricité; on n’explique d’ailleurs pas comment 
ces phénomènes produiraient les tremblements 
de terre; simple affirmation, rien de plus. 

Il eùt été étonnant qu'on ne demandât pas à la 


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LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES L'11 


fée Électricité de prévoir les tremblements de terre 
et l’on a pu tout récemment voir annoncer wrbt et 
orbi que, peu de minutes avant les tremblements 
de terre, des appareils spéciaux enregistrent des 
ondes hertziennes, avant-coureurs des mouve- 
ments du sol. La télégraphie sans fil paraît cepen- 
dant vouloir se dérober à la nouvelle fonction 
. qu'on voudrait lui imposer, ou du moins les résul- 
tats obtenus jusqu'à présent dans cette voie ne 
sont pas en proportion avec le bruit fait autour 
de ces tentatives. | 


Après avoir parcouru rapidement le cycle des 
relations qu'on a vainement tenté d'établir entre 
les tremblements de terre et d’autres phénomènes 
extérieurs à l'écorce et montré qu'aucune déduction 
positive n'a encore été obtenue, doit-on en nier 
systématiquement l'existence? Ce serait assuré- 
ment peu scientifique, puisque dans la nature 
tout se tient dans une harmonieuse dépendance 
et que toute modification d'énergie en un point 
de l'Univers se répercute de proche en proche tout 
autour de lui. Mais en dehors de cette vague for- 
mule, on na jamais pu établir jusqu'à présent 
rien qui dénote une relation concrète de cause à 
effet entre les tremblements de terre et les phéno- 
mènes cosmiques ou météorologiques. Telle est 
_ la conclusion d’un chapitre que l'on pourrait 
démesurément allonger. 


SISMOLOGIE MODERNE, 12 


Ne il ne reste donc qu'à PRE 14 € 
de tremblements de terre dans leur milieu. | 
l'écorce terrestre, et cette idée, malgré sa 
cité, a mis des siècles à triompher. | 


CHAPITRE XV 


TREMBLEMENTS DE TERRE D’'ÉBOULEMENT 
ET TREMBLEMENTS DE TERRE VOLCANIQUES 


Les sismologues modernes ont définitivement 
écarté de leurs spéculations toute cause prétendue 
des tremblements de terre qui prendrait naissance 
dans l’atmosphère ou dans les espaces célestes, 
parce qu ils considèrent que ce sont phénomènes 
exclusivement propres à l'écorce terrestre et qu’en 
outre toute origine extérieure qui émanerait de 
ces milieux généraux serait incompatible avec la 
répartition si étroitement limitée des régions sis- 
miques à la surface terrestre, telle que nous l'a 
fait connaître l'observation. Ils ne veulent même 
_ plus discuter avec les partisans attardés des théo- 
ries cosmiques ou météorologiques des tremble- 
ments de terre cet argument fantaisiste et suranné 
que des phénomènes extérieurs à l'écorce pour- 
raient suffire sinon à produire effectivement des 
secousses du sol, du moins à les déclancher quand 


180 LA SISMOLOGIE MODERNE 


elles sont prêtes à se produire en conséquence du 
développement progressif et normal de leurs 
causes endogènes propres. Bref, la théorie de la 
soutte d'eau qui fait déborder le vase a fait son 
temps après avoir trop longtemps régné et égaré 
tant de travailleurs. Ce sera sans doute plus tard 
un motif de profond étonnement que de voir avec 


quelle obstination on a voulu aller chercher les _ 


causes des tremblements de terre en dehors du 
milieu où 1ls se produisent, l'écorce terrestre. 
Toute étude sur ces causes devra satisfaire à 
cette condition fondamentale d'en expliquer la 
répartition géographique, et cette exigence nous 
permet d'écarter toute origine qui dépendrait 
directement de l'existence d’un milieu souterrain 
général tel que le fameux feu central. Nous ne 
perdrons donc pas de temps à examiner les théo- 
ries sismiques basées par exemple sur des explo- 
sions des gaz du magma interne, parce qu'en outre 


elles invoquent des faits inaccessibles à l'observa- 


tion. 


C'est en partant de ces idées rationnelles que 
les sismologues modernes, les Suess, les Toula, 


les Hoernes, les Hobbs et d’autres encore ont 


provisoirement classé les séismes en tremblements 
de terre volcaniques et tremblements de terre tecto- 
niques. Nous allons les passer successivement en 
revue et exposer succinctement ce que l'observa- 
tion nous apprend sur chacun d'eux. 


- < < Fe . À | 7 


SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 4181 


… 1lest tout naturel de penser que, tant à la surface 
de la terre qu'au sein des couches sous-jacentes, 
des éboulements ou des effondrements, tels qu'on 
en observe fréquemment en beaucoup de pays, 
sont accompagnés de tremblements de terre qui 
en seraient la conséquence directe. Que prouve à 
cet égard l'expérience des faits? 

En ce qui concerne les éboulements de pentes 
de montagnes préalablement sapées par les pluies, 
phénomène puissamment favorisé par la présence 
de couches argileuses inclinées et toujours prêtes 
à glisser sous l'influence de leur propre poids, on 
a très souvent observé que de semblables accidents 
peuvent se preduire sans le moindre tremblement 
de terre, même quand il s’agit de masses considé- 
rables mises en mouvement. Ainsi, le 2 septem- 
bre 1806, une partie du Rossberg (canton de 
Schwytz) s'éboulait brusquement et ensevelissait 
sous un énorme amas de 15 millions de mètres 
cubes de débris les villages de Busigen et de 
Goldau avec un millier de leurs habitants, sans 
que des témoins oculaires échappés au désastre 
aient ressenti la moindre secousse sismique, et l’on 
pourrait multiplier à l'infini des faits de ce genre. 
On peut citer aussi bien des pays tels que la 
Bolivie orientale et le Chili méridional où les 


tremblements de terre sont à peu près inconnus 


malgré la fréquence et la grandeur de semblables 
éboulements provoqués par d’excessives précipi- 


182 LA SISMOLOGIE MODERNE 


tations atmosphériques. Les frane des Apennins, 
comme s'y appellent ces phénomènes, n'ont jamais 


passé pour causer des tremblements de terre. 

À une époque où l'attention était vivement 
attirée chez les habitants des vallées subhima- 
layennes sur les violentes et nombreuses répliques 
du désastre de Kangra du # avril 1905, on put 
observer de nombreux et considérables éboule- 
lements de masses de terre et de neige, qui trans- 
formaient les fonds de vallées, mais se présen- 
tèrent sans exception comme conséquence de ces 
secousses. On doit donc admettre que le cas 


inverse de tremblements de terre produits par des 


éboulements est extrêmement rare,+si toutefois il 
en existe, et, en fait, nous n'en connaissons aucun 
exemple authentique. Peut-être pourrait-on se 
laisser impressionner par les relations classiques 
de la célèbre catastrophe de Villach, en Carinthie, 
du 25 janvier 1548, causée par un violent trem- 
blement de terre et l'éboulement consécutif du 
mont Dobratsch. Mais il suffit de lire attentivement 
les chroniques contemporaines, patiemment réu- 
nies et exhumées par Hann et de Radics, pour se 
convaincre que l’éboulement a été la conséquence 
du tremblement de terre, loin d’être causé par lui. 
Il faut donc considérer cette cause de tremble- 
ments de terre comme exceptionnelle, peut-être 
simplement parce que les couches superficielles 
des fonds de vallées ou du pied des pentes monta- 


_ SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 183 


sneuses sont trop incohérentes pour se mettre en 
état de vibration élastique à l’arrivée de ces maté- 
riaux, quelque considérables que soient leur 
masse et leur force vive. 

On sait combien de pays ont leur topographie 
entièrement faconnée par l'action des eaux sou- 
terraines qui ramènent au jour, molécule à molé- 
cule, les éléments des couches calcaires au sein 
desquelles elles circulent en profitant de leurs 
cassures ou diaclases. À Ja longue, il s'y pro- 
duit de nombreux vides dont les voùtes finis- 
sent par s'effondrer en laissant à la surface des 
témoins irrécusables par de caractéristiques dépres- 
sions : les avens des Causses, les bétoires de Nor- 
mandie, les dolines de la Carniole et de l'Istrie, 
les catavothres des pays grecs, les cenotes du 
Yucatan, etc., cette longue liste, et on pourrait 
la prolonger, montrant à elle seule la fréquence 
du phénomène. Ces accidents constituent les 


paysages karstiques particuliers aux régions cal- 


caires et disséminés en un grand nombre de 
points de la surface du globe. Ces effondrements 
peuvent avoir comme conséquence de légers trem- 
blements de terre locaux, cela n'est pas douteux, 
et Doss a démontré la réalité de cette cause de 
tremblements de terre pour les provinces baltiques 
autour du golfe de Riga, tandis qu Agamennone 


leur a attribué certaines séries de secousses de la 


Campagne Romaine. Mais, par contre, combien de 


184 LA SISMOLOGIE MODERNE 


pays karstiques ne sont-ils pas tout à fait asis- 
miques, comme les Causses et le Yucatan? Il faut 
donc admettre qu'un sous-sol de ce genre n'est 
exposé aux tremblements de terre d'effondrement 
que si quelque autre cause adjuvante intervient, 
des influences tectoniques par exemple, comme 
cela paraît être le cas pour tout le bassin oriental 
et la Méditerranée, de la Carniole à lorient. 

L'exploitation des mines n’est pas sans causer de 
légers tremblements de terre superficiels à la suite 
d'éboulements d'anciennes galeries abandonnées, 
le plus souvent par suite de la vétusté de leurs 
étais. On notera cependant que les études très 
consciencieuses de Jicinski paraissent établir que 
des travaux de mines ne s’ensuivraient que des 
affaissements lents et sans secousses. Cette obser- 
vation est trop absolue, mais en tout cas montre 
le peu d'importance réelle de ces phénomènes 
sismiques. 

Il résulte de toutes ces observations que ces 
phénomènes tant superliciels que souterrains ne 
constituent que des causes très accessoires et 
particulières de tremblements de terre faibles et 
locaux, puisque les régions à éboulements et les 
régions karstiques à effondrements souterrains ne 
sont ni toutes instables, ni toutes situées dans des 
régions sismiques, et cette simple remarque suffit à 
enlever toute rmportance à cette classe de séismes. - 
Il ne faut d'ailleurs pas les confondre, comme on 


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SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 18% 


l'a souvent fait, avec les tremblements de terre qui 
accompagnent les grands affaissements ou effon- 
drements d'origine tectonique. 

De temps immémorial, on considère vulgaire- 
ment les volcans et les tremblements de terre 
comme si bien liés entre eux qu'évoquer les uns 
suffit à faire penser aux autres. Mais les arguments 
dont on étaie cette connexité, quand toutefois on 

veut bien en fournir, sont assez pauvres, c'est-à- 
dire qu'on se préoccupe peu de les confronter avec 
les faits. C’est ce que nous allons faire en rappelant 
que, dans un chapitre précédent, il a été établi que 
les deux phénomènes n'ayant pas à la surface du 

globe une même répartition géographique, une 

_ étroite dépendance mutelle ne saurait être désor- 
mais soutenue, sans pourtant que l’on puisse aller 
jusqu à nier toute parenté ou communauté de cause 
générale entre les uns et les autres. Mais cette 
dernière question est hors de notre sujet. 

Les régions où les tremblements de terre se 
présentent avec le plus d’ampleur ne sont pas celles 
où l’activité volcanique montre le plus de fréquence 

et d'intensité. Ainsi l'instabilité de la Dalmatie est 
extrème, loin de toute manifestation volcanique, 
tandis que les gigantesques éruptions de l'Islande 
se produisent à grande distance de la petite région 
sismique de sa côte méridionale. Le centre du 
Chili est célèbre par ses catastrophes sismiques et 
cependant l’activité éruptive actuelle ne s’y montre 


186 LA SISMOLOGIE MODERNE 


qu'au sud, là où les tremblements de terre sont 
peu redoutables. Des exemples de ce genre pour- 
raient être multipliés à l'infini. 

La terrible explosion de la Montagne Pelée du 
8 mai 1902 à rasé Saint-Pierre de la Martinique 
sans la plus petite secousse du sol, et il en a été 


de même de celle du 26-27 août 1883 qui a fait 


sauter une partie de l'ile de Krakatoa dans le 
détroit de la Sonde. Dans l'opinion générale, ces 
faits n’en sont, dit-on, que plus probants en faveur 
de la dépendance mutuelle entre les volcans et les 
tremblements de terre, les montagnes ignivomes 
jouant le rôle de soupapes de sûreté. C'est là une 
manière de raisonner par trop facile en faveur de 


la thèse et qui, malgré la vogue dont elle jouit, ne 
résiste pas à l'examen et peut être mise en parak 
lèle avec cet argument si souvent répété qui fait 


du tremblement de terre de la Campanie de l'an 63 
le direct avant-coureur de l’éruption du Vésuve 


en 79, où Pline l'Ancien a trouvé une mort. 
célèbre. De semblables raisons ne constituent vrai- 


ment pas des arguments probants. 
- La sismologie moderne à mis fin au débat depuis 


que l'on a, par de longues séries d'observations 


sismographiques, montré qu'aux îles Samoa les 


tremblements de terre sont tout à fait imdépen- 


dants, dans le temps comme dans l'espace, des 


éruptions de cet archipel très instable, et il en est 
de même depuis les travaux de Riced quant à 


À, + 
TL TT AE 


SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 187 


l'indépendance des tremblements de terre de la 


Calabre et du détroit de Messine par rapport aux 


hénomènes d'activité des volcans Voisins, Etna, 
P 


_ Stromboli et Vulcano. 


La théorie volcanique des tremblements de terre 
a donc fait son temps parce qu'elle n était point 
basée sur l'observation des faits: elle n’est même 
plus envisagée dans les cercles compétents, géolo- 
giques et sismologiques. 

Ce n'est pas à dire pour cela que des éruptions 
ne puissent être annoncées, préparées, accom- 
pagnées et suivies par des tremblements de terre; 
seulement, quand ils se produisent, ils sont de 


faible extension et rarement de grande intensité. En 


aucune facon ces secousses volcaniques ne sont 
comparables aux tremblements de terre tectoniques 


et, par exemple, à l'Etna elles ne parviennent 


presque jamais à se faire sentir jusqu à la péri- 
phérie de l'immense cône. Peut-être représentent- 
elles parfois des éruptions avortées ; ainsi le trem- 


 blement de terre du 28 juillet 1883, qui fut destruc- 


teur à Casamicciola, ne se fit pas même sentir à 
Naples, et on l’a considéré comme dû à l’'Epomeo, 
volcan en parfait repos depuis son éruption de 1302. 

. Les événements sismiques et volcaniques qui se 


Le déroulés à la fin de 1879 et au commencement 


de 1880 au lac d'Ilopango, dans la petite république 
de San Salvador, célèbre par les quatorze tremble- 
ments de terre qui l'ont ravagée depuis l'arrivée 


188 LA SISMOLOGIE MODERNE 


des Espagnols au début du xvi° siècle, sont de 
beaucoup parmi ceux que l’on pourrait citer du 
même genre, ceux qui mettent le mieux en lumière 
une différence essentielle entre les secousses d'ori- 
gine volcanique et celles de plus grande envergure 
que nous étudierons plus loin sous la dénomina- 
tion de tectoniques. 

Comme dans beaucoup de régions de l'Amé- 
rique riveraines du Pacifique, et malgré les diffé- 
rences de détail que comporte ce genre de consti- 
tution géographique, le Salvador s'étend sur une 
cordillère côtière séparée de la véritable arête 
continentale par des dépressions longitudinales 
parallèles à la côte. Cette cordillère est analogue 
aux Coast Ranges de la Californie, sauf qu'elle est 
surmontée de nombreux cônes volcaniques actifs 


ou éteints, de sorte que ce pays souffre autant des 


éruptions que des tremblements de terre. Non loin 
de la capitale et au sein même de l'alignement 
volcanique, les rares voyageurs qui s'aventurent 
dans ces régions peuvent y admirer la belle nappe 
d'eau presque circulaire du lac d'Ilopango, d'une 
dizaine de kilomètres de diamètre, qui, ouvert 


comme à l'emporte-pièce et entouré de falaises 


abruptes, s'étend au pied des crêtes environ- 
nantes. Sa formation ne s'explique guère autre- 
ment que par une gigantesque explosion volea- 
nique, mais quel que soit l'avenir destiné à cette 
hypothèse provisoire, le lac présentait avant les 


SÉISMES D ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 14189 


événements de 1879-1880 des profondeurs con- 
sidérables dépassant 300 mètres. Soudain, le 
20 décembre 1879, les habitants du voisinage 
étaient alarmés par d'incessants grondements entre- 
mêlés de nombreuses secousses de tremblements de 
terre sensibles seulement à très peu de distance du 
lac. Une seule, le 31, causa quelques dommages 
dans les villages les plus rapprochés, mais sans 
avoir pour cela une plus grande extension. Dans 
les premiers jours de janvier 1880, et ces phéno- 
mènes continuant de la même alarmante facon, le 
niveau des eaux se mit à monter progressivement, 
elles finirent par s’engouffrer dans un étroit ravin 
qui, rapidement approfondi, en évacua le trop-plemm 
à la mer en ravageant tout sur son passage. On put 
évaluer à plus de six cents millions de mètres 
cubes le volume d’eau ainsi évacué. Peu après une 
immense colonne de fumée et de flammes s élançait 
du milieu du lac, d’où émergeait un ilot d'une 
quarantaine de mètres de hauteur. La montée des 
eaux était évidemment due à la formation d'un 
cône volcanique dont la hauteur au-dessus de 
l'ancien fond, alors relevé d'une centaine de mètres, 
_ n'était pas moindre de 350 mètres. Enfin les phéno- 
mènes sismiques et volcaniques s'apaisèrent peu 
à peu et disparurent complètement quelques mois 
plus tard. Mais, dans l'intervalle, le 23 février, 
s'était fait sentir une secousse, beaucoup plus 
légère que celle du 31 décembre, et cependant on 


Le 
: 
on # 


190 LA SISMOLOGIE MODERNE 


l'avait observée dans tout le Salvador et jusque 
dans le Honduras. Évidemment elle ne rentrait pas 
dans la série des secousses dues à l’éruption, et la 
distinction entre les deux espèces de tremblements 
de terre ne saurait être contestée. La secousse du 
31 décembre a donc présenté des circonstances 
absolument identiques à celle de Casamicciola du 
28 juillet 1883 dont nous avons parlé plus haut. 

L'opinion actuelle dominante chez les vulcano- 
logues est que des tremblements de terre locaux 
annoncent les grandes éruptions de laves fluides 
lorsqu'elles sont préparées par la sortie préalable 
de masses de gaz et de vapeur d’eau. 

Il est très digne d'attention que les grandes 
éruptions du Vésuve ne mettent en mouvement 
que les sismographes de l'Italie centrale, tandis … 
qu'une explosion d’un magasin à poudre de 
Besançon a fait fonctionner ceux de toute l’Europe 
centrale. Il y a donc entre les explosions artificielles 
et les explosions volcaniques une différence essen- 
tielle dont la nature nous échappe encore, mais 
suffit à infirmer l'assimilation que l’on a souvent 
faite entre les deux sortes de phénomènes. 

De tout cela résulte que les tremblements de 
terre volcaniques jouent un rôle tout aussi effacé 
et secondaire que les tremblements de terre 
d'éboulement. Les uns et les autres le cèdent de 
beaucoup en importance à ceux d’origine tecto- 
nique dont nous allons nous occuper maintenant. 


CHAPITRE XVI 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 


On est très légitimement fondé à penser que les 
grands accidents du relief terrestre, fractures, 
failles, plissements, affaissements et autres, n’ont 
pu se produire qu'avec accompagnement de vio- 
lents soubresauts de l'écorce terrestre ou de trem- 
blements de terre, et c'est bien ce que l'obser- 
vation nous apprend depuis que l'attention des 
sismologues et des géologues s’est portée sur les 
brusques modifications de relief survenues devant 
nos yeux au moment même de grands séismes. 
Ces accidents géologiques sont appelés tectoniques 
parce qu'ils affectent l'architecture ou pour mieux 
dire la charpente de l'écorce, et nous allons passer 
en revue les principaux d'entre eux et examiner 
dans quelles circonstances on les a vus se mettre 
en mouvement ou prendre naissance au moment 
des tremblements de terre, auxquels on est en 


192 LA SISMOLOGIE MODERNE 


droit d'appliquer par conséquent ce mème quali- 
ficatif de tectoniques. 

Le cas le plus simple est celui d'un tremblement 
de terre ayant accompagné une rupture de la sur- 
face sans dénivellation de ses lèvres, c'est-à-dire 
sans formation de faille. Nous citerons celui de la 
Nouvelle-Zélande du 18 octobre 1848: la fente 
du sol put être reconnue sur 60 milles de long à 
partir de la baie des Nuages et elle se dirigeait 
vers la chaine du sud-ouest qui forme l’ossature 
des îles. Ce cas a été rarement observé parce que 
sans doute l'absence de rejet en rend plus malaisée 
l'observation sur le terrain. 

Les tremblements de terre avec fracture et déni- 
vellation simultanées ont été observés plus 
fréquemment et les exemples en sont assez nom- 
breux dans l'histoire sismologique de ces cein- 
quante dernières années. Nous nous contenterons 
_d’en relater deux. Le 28 octobre 1891, au tremble- 
ment de terre désastreux du Japon central, une 
faille s’ouvrit dans la vallée de Neo: elle put être 
suivie sur une distance de 160 kilomètres et son 
rejet dépassait 20 mètres par endroits. Le 
26 mars 1872, un événement du même genre se 
produisit au pied de la Sierra Nevada de Cali- 
fornie et modifiait rrofondément la topographie 
de l'Owen’s Valley; si le pays eût été habité à cette 
époque, le tremblement de terre aurait été certai- 
nement désastreux et maintenant la dislocation 


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TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES _ 193 


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136° 137° 
Fig. 43. — La grande fracture de la vallée de Neo produite par le 
tremblement de terre du Mino et de l'Owari du 98 octobre 1891. 


reste reconnaissable par un ressaut du fond de la 
vallée au pied des pentes de la Sierra. 


SISMOLOGIE MODERNE, 13 


194 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Il arrive, et c'est encore plus commun, que des 


failles déjà existantes rejouent au moment d'un 
tremblement de terre, et notre Géographie séismo- 


logique en rapporte un si grand nombre d'exemples 


que ce processus sismogénique doit être considéré 
comme normal. Le fait devient évident si la pre- 
mière isoséiste du tremblement de terre suit de 
près et de chaque côté une faille connue, sans 
qu'il soit nécessaire d'observer des effets sur le sol 
le long de l'accident géologique en question. Il y 
aura eu mouvement sismique tout le long, mais 
sans modification observable ou effective du rejet. 


L'aire d'intensité maxima présente une forme 


allongée caractéristique de ce genre de tremble- 
ments de terre et il y a tendance à leur répétition 
à des intervalles plus ou moins éloignés dans des 
conditions identiques, sauf que la région épicen- 
trale émigre le long de la dislocation. Rien de 
plus suggestif à ce point de vue que les tremble- 
ments de terre de Chémakha, dont les épicentres 
successifs sont restés alignés sur une grande frac- 
ture oblique par rapport à la chaîne du Caucase. 
Mais inversement, de la forme allongée de la 


première isoséiste ou de la région dévastée, con- 


clure que le tremblement de terre résulte d'un 


mouvement de faille n’est légitime que si la faille : 


est préalablement connue, et l'on est souvent 
tombé dans cet abus intolérable d'affirmer l'exis- 
tence de semblables accidents à rôle sismogénique 


DD 
77 7 7 


77 


Sismologie moderne. — PI. XI. 


(P. 194-419 


2 


) 


ar le tremblement de terre — 


» 


causée p 


Fracture parallèle au Showai-Gawa 


après Kotô). 


Lobre 4891 (d' 


è 
, 


du Japon central du 28 ot 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 195 


supposé pour rendre compte de certains tremble- 
_ ments de terre, imprudence qui n'a pas manqué de 
jeter quelque discrédit immérité sur la théorie 
tectonique. 
Les blocs terrestres séparés par une faille qui 


45° 


| 
01828 L902 


“& Saguiane 


Fig. 45. — Principaux tremblements de terre de Chémakha 
(d'après Weber). 


vient de jouer sous forme de tremblement de terre 
peuvent se comporter de diverses manières quant 
au mouvement relatif qu'ils prennent l'un par 
rapport à l’autre et à leur position finale après 
l'événement. Le rejet peut être augmenté et l’un 
des compartiments basculer; ce fut le cas du 
séisme néo-zélandais du 23 janvier 1855. Au 
tremblement de terre de San Francisco du 
18 avril 1906, une faille préexistante de la cordil- 


196 LA SISMOLOGIE MODERNE 


lère côtière a vu rajeunir son rejet d'une hauteur 
qui atteignit 20 pieds en certains points, mais 
en outre elle a été le siège d'un mouvement de 
coulissage de l’une de ses lèvres par rapport à 
l’autre sur une distance de plus de 300 kilomè- 
tres. 
On sait le rôle fondamental que ces dislocations 
jouent à la surface terrestre pour déterminer les 
lignes de relief de sa topographie et on a pu la 
comparer à une véritable marqueterie suivant 
l'expression lapidaire employée par Albert de 
Lapparent. Le réseau de ces fractures est souvent 
très compliqué, mais les cas simples ne manquent 
pas non plus, et, alors, au moment d'un trem- 
blement de terre, il se produit un déplacement 
relatif facilement analysable sur le terrain. Dans 
le Japon central, la chaine de Mahiru est com- 
prise entre deux dislocations parallèles, les failles 
de Kawafune et de Senya, longues respectivement 
de 70 et de 50 kilomètres. Le 31 août 1896, un 
violent tremblement de terre ébranlait la province 
de Shonaï, et Yamasaki put constater que le bloc 
montagneux avait pris, relativement aux plaines 
environnantes, un mouvement d'ensemble ana- 
logue à celui qui, à une époque géologique anté- 
rieure, a donné naissance à la chaîne, soit en l'éle- 
vant entre les failles, soit en abaissant les plaines 
de part et d'autre des dislocations. On connait un 
grand nombre de chaînes ainsi disposées et les 


Fig. 46. — Coulissage d'une faille indiqué par l'ouverture 
et le déplacement d'une clôture. 


Tremblement de terre de San-Francisco du 1$S avril 1906. 


Sismologie moderne. — PI. XII. (P. 196-197). 


ren parents 


ne. 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 197 


tremblements de terre qui résultent de tels mou- 
vements sont fréquents. 
Inversement, de grandes vallées à large fond 


 } EPy ÉSRAETTE 
LPESLOCOLIDTRS 


A ———— 


—--—- Aires plästoseistes 


Fig. 47. — Isoséistes du tremblement de terre du 31 août 1896 dans 
le Honshu septentrional (d'après Yamasaki). 


plat ont été formées par l’affaissement d’un bloc 
linéaire entre des failles parallèles, ainsi par 
exemple celle du Rhin entre les Vosges et la Forêt 
Noire; ces dépressions sont nommées en alle- 
mand Graben, et les efforts auxquels elles doivent 
naissance se continuent sous forme de tremble- 


198 LA SISMOLOGIE MODERNE 


ments de terre dont les isoséistes sont allongées 
parallèlement à l’axe ou au thalweg. 

On a dù attribuer à cette origine plusieurs des 
tremblements de terre de la vallée du Rhin entre 
Strasbourg et Bâle. D’autres fois, au contraire, ce 
sont les blocs latéraux qui s’ébranlent et ce fut le 
cas de la Forêt Noire le 24 janvier 1880. 

En Islande, le sous-sol du bas pays compris 
entre Reykjavik et l'Hécla est découpé en plusieurs 
compartiments triangulaires par des failles mas- 
quées par un épais manteau de laves superficielles. 
En septembre et octobre 1896, cette région a été 
secouée par plusieurs tremblements de terre 
violents, et Thoroddsen a pu, dans une étude très 
intéressante, démontrer que ces blocs s'étaient 
séparément et successivement ébranlés entre les 
dislocations qui les délimitent. Ce genre de mou- 
vement sismique parait être fréquent, mais peut- 
être Hobbs en a-t-1l exagéré l'importance en lui 
attribuant un caractère de généralité qu'il ne pos- 
sède pas; c'est ce qu'il appelle les efforts de réajus- 
tement des compartiments terrestres entre leurs 
_ failles. Quoi qu'il en soit, pour affirmer que des 
compartiments se sont ébranlés ainsi en bloc, il 
faut s’en rapporter aux eflets matériels du trem- 
blement de terre et ne pas se contenter d'une 
prétendue simultanéité des instants auxquels il se 
serait fait sentir sur toute la surface du comparti- 
ment, la détermination de cet élément comportant 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 199 


de nombreuses causes d'erreur, ainsi qu'on a eu 
l'occasion de le faire remarquer. | 
À ce genre de tremblements de terre dont le 


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Fig. 48. — Compartiments de la marqueterie terrestre ébranlés en 
Islande entre leurs dislocations-limites par les tremblements de terre 
de septembre 1896 (d'après Thoroddsen). 


foyer est pour ainsi dire un volume plus ou moins 
étendu, il faut rattacher ceux qui ont accompagné 
de grands affaissements de la surlace terrestre. 
Un des plus remarquables a été celui du 
16 juin 1819 dans la plaine basse et désertique du 
delta de l’Indus, ou Rann de Katch. Des travaux 
considérables y avaient été exécutés depuis long- 
temps pour canaliser les eaux du fleuve et les 
. faire servir à l’agriculture, lorsqu'à la date indi- 


200 LA SISMOLOGIE MODERNE 


quée un violent tremblement de terre les rompit 
et permit aux eaux d'inonder une immense sur- 
face limitée vers le nord par une sorte de digue 
formée au moment du désastre et à laquelle on 
donna dès lors le nom d'Allah Bund, ou « digue 
de Dieu », en raison même de la soudaineté de 
cet étrange événement De nombreux explorateurs 
reconnurent plus tard qu'il ne s'agissait point 
d’une levée de terre mystérieusement édifiée, mais 
bien d’un long ressaut linéaire de la surface ter- 
restre. Au sud, tout le Rann s'était affaissé, tandis 
qu'au nord, à l'opposé de l'embouchure, le com- 
partiment terrestre était resté en place, une frac- 
ture de 16 pieds de haut les séparant. Ce phé- 
nomène fut accompagné d’abondantes éjections 
 d’eaux souterraines. 

Ilne fait donc pas doute que les tremblements 
de terre et les mouvements dans les failles ne 
soient en étroite dépendance, l’un des phénomènes 
causant l’autre. On a avancé contre la généralité 
de ce processus cet argument qu'à notre époque et 
au moment d'un ébranlement du sol, on na 
jamais vu dépasser de plus de quelques mètres 
soit le rejet d’une faille nouvelle, soit l'augmenta- 
tion du rejet d'une dislocation déjà existante et 
l’on met en parallèle ces faibles chiffres avec les 
dénivellations de mille mètres et plus qui caracté- 
risent certaines dislocations anciennes. L'objection 
est facile à lever. Il n’est pas prouvé, en effet, que 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 201 


ces gigantesques cassures se soient ouvertes autre- 
fois d’un seul coup; les temps géologiques sont si 
longs par rapport aux quelques millénaires écoulés 
depuis que l’homme habite la Terre, que peut-être 
il na pu lui être donné d'être le témoin de 
beaucoup de semblables cataclysmes, et des géo- 
logues dont l'opinion fait autorité pensent que le 
morcellement des terres grecques et l’efflondre- 
ment de la mer Égée appartiennent aux temps 
préhistoriques, auquel cas l’homme aurait pu 
observer ces événements et en être victime. Enfin. 
certains de ces accidents ont été à notre époque 
même le siège de tremblements de terre, preuve 
qu'ils n'ont pas encore perdu toute mobilité. 
C'est le cas d’une faille, d’ailleurs très ancienne, 
qui accidente la côte nord-ouest du pays de Galles 
et a été, le 19 juin 1905, le théâtre de secousses. 
Son rejet atteint 4 000 et 5 000 mètres. 

D'une façon générale, les filons et les dykes 
résultent du remplissage de fentes de l'écorce 
terrestre par des matières venues d'en bas, grâce 
sans doute à la pression des couches supérieures 
qui les a forcées à s'élever. Cette pression a pu 
être assez grande pour que les fentes se soient 
élargies, de sorte qu'il n’est pas évident qu'il y 
ait eu effort de disjonction ou de séparation 
entre les lèvres de la fente. Il en esttout autrement 
quand le remplissage ultérieur a eu lieu de haut 
en bas par des matières sédimentaires, parexemple, 


202 LA SISMOLOGIE MODERNE 7% 


et on à rencontré un grand nombre d'exemples de 
ce genre auxquels Pavlov a donné le nom très 
heureusement trouvé de #/remblements de terre 
fossiles. | 

La réalité de ces tremblements de terre de dis- 
jonction a pu être prise sur le fait à plusieurs 
reprises, en particulier le 20 décembre 1892 au 
grand séisme d'Old Chaman (Béloutchistan). Il 
s’est alors réouvert une longue faille qu’on a pu 
reconnaitre sur 180 kilomètres de distance et qui, 
traversant indifféremment montagnes et vallées, 
est par endroits assez large pour servir de route: 
elle a l'aspect d'une tranchée de chemins de fer et, 
comme dit Suess, il faut y voir une ligne de dis- 
jonction contemporaine. 

Ce genre d'accidents n'est pas très commun et, 
en ce qui concerne notre sujet, nous rappellerons 
que le lac Baïkal est un des plus remarquables de 
ceux que l’on connaisse; précisément c'est une 
région sismique tout à fait exceptionnelle, puis- 
qu'elle se trouve en dehors des zones circulaires 
d'instabilité maxima. Il ne serait done pas impos- 
sible que les tremblements de terre qui agitent la 
région soient dus aux efforts de disjonction qui 
ont donné naissance à cette étrange fosse dont le 
fond descend à près de 1 500 mètres au-dessous du 
niveau de la mer. On a cependant attribué cel 
du 23 janvier 1862 à un affaissement de la partie 
basse du bassin de la Sélenga, qui se jette dans 


N 3 TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 203 


Fi 


le lac; c’est là certainement une erreur et l’origine 
que nous venons de suggérer est sans doute blu 
probable. 

Des actions tectoniques auxquelles sont de les 
chaînes de montagnes, il en reste deux dont le 
rôle sismogénique est très vraisemblable, théori- 
quement certain même; nous voulons parler des 
plissements et des charriages. Mais comme ce sont 
phénomènes nés en profondeur, il y a peu d'espoir 
que l'observation puisse souvent démontrer sur 
le terrain que des tremblements de terre recon- 
naissent cette origine. On est donc seulement 
autorisé à penser quils interviennent dans la 
production de certains séismes, peut-être ceux 
dont aucun effet sur le sol n'a pu être constaté; 
simple conjecture. On sait que le bassin houiller 
franco-belge est caractérisé par un gigantesque 
charriage des couches, appelé la faille du midi, et 
des géologues attribuent à un reste de mobilité de 
cette dislocation les quelques secousses qui ébran- 
lent faiblement la région. 

La terre est une masse de température très 
élevée; on le sait par les sondages profonds. Elle 
doit donc se refroidir avec le temps, sinon la 
conservation de sa chaleur interne nécessiterait 
une hypothèse soustraite à toute vérification expé- 
rimentale; on ny a du reste pas manqué et la 
découverte des curieuses propriétés du radium à 
fourni un argument dans ce sens. Or toute masse 


204 LA SISMOLOGIE MODERNE 


qui se refroidit se contracte et précisément les: 
plissements de l'écorce terrestre et les surrections 
de chaines de montagnes démontrent que la 
circonférence terrestre n’a pas laissé que de dimi- 
nuer d'un nombre notable de kilomètres. On 
calcule par exemple que les plissements du Jura 
correspondent à une diminution de 8 kilomètres 
du périmètre et Heim a évalué à 120 kilomètres 
le raccourcissement dù à la surrection des Alpes. 
Mais que le refroidissement séculaire soit ou non 
la cause de ces plissements, il n’en reste pas moins 
que ceux-cine peuvent s'expliquer que par des 
efforts horizontaux, sur la réalité desquels repose 
toute la géologie. Combien ne serait-il pas désira- 
ble de pouvoir observer directement ces efforts 
de compression? Et c'est ce que certains tremble- 
ments de terre vont nous permettre de prouver. 
Depuis longtemps, on sait que certaines roches, 
une fois sorties des carrières d'où on les extrait, se. 
dilatent notablement et l'exemple le plus connu est 
celui des gneiss de Monson (Massachusetts). On y 
observe la formation de rides saillantes qu'on à 
comparées à des anticlinaux en miniature et dont 
la direction est en rapport avec la position strati- 
sraphique des couches exploitées. En 1879, il est 
arrivé qu'un de ces blocs a éclaté et lancé dans 
l'air un fragment de 30 pieds de diamètre et d'un 
pied d'épaisseur, qui s’est brisé en mille morceaux 
en retombant sur le sol. D'autres fois, des ouvriers 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 205 . 


ont été grièvement blessés. En tout cas, les blocs 
ne pourraient plus rentrer dans les vides dont ils 
ont été extraits. Cela s'explique bien en supposant 
que la roche en place est violemment comprimée 
par des efforts latéraux, dont l'existence est ainsi 
constatée. 

Dans de nombreuses mines, surtout d'Allemagne 
et d'Angleterre, les mineurs ont donné des noms 
particuliers à certains phénomènes tels que des 
bruits qui précèdentsouvent de véritables tremble- 
ments de terre ressentis à la surface avec tous les 
caractères classiques jusque et y compris les 
secousses consécutives. Îls ne sont d’ailleurs jamais 
de très grande intensité n1 de très grande exten- 
sion. D'autres fois, les couches exploitées éclatent, 
et leurs débris, lancés avec force, blessent ou tuent 
des ouvriers: Les boisages des galeries sont tordus, 
brisés, écrasés. Les mêmes faits ont été observés, 

_ dans des travaux de percement de tunnels et tous 
sans exceptions manifestent clairement l'existence 
de puissants efforts de compression latérale qui sont : 
pour ainsi dire mis en liberté par l'exploitation des 
mines, l'ouverture de galeries et de tunnels et. 

l'extraction, pour faire intervenir la compression 
vérticale qui résulterait du poids des couches sus- 

* Jacentes, parce que ces phénomènes se produisent 
bien plus souvent aux murs qu'aux toits de 
galeries, c'est-à-dire en bas et non en haut. 
Rzehak a soigneusement étudié tous ces -faits en 


206 | LA SISMOLOGIE MODERNE 

détail et n'a pas hésité à dire qu'il avait ainsi 
surpris en flagrant délit le démon des tremble- 
ments de terre. La théorie tectonique des séismes 
rencontre donc là une confirmation expérimentale 
à laquelle on était loin de s'attendre et qui est 
d'autant plus probante que ces phénomènes se 
produisent dans tous les terrains, indépendamment 
de leur âge et de leur constitution. 

Ces petits séismes sont artificiels en ce sens 
seulement que l'exploitation des mines permet de 
manifester extérieurement le dégagement des efforts 
_tectoniques latents. À Marseille, on enregistre ceux 
des mines de charbon de Gréasque et de Cadohve, 
situées à 17 kilomètres, et ces secousses se distin- 
guent facilement par leur forme et la période de 
leurs vibrations. 

Les faibles tremblements de terre dont il s'agit 
sont donc dus à ce que les travaux de mines ont 
permis aux efforts tectoniques de compression 
latérale de se résoudre en ébranlements du sol, 
mais ces mêmes efforts ont été souvent mis en 
lumière à l’occasion de grands tremblements de 
terre à la suite desquels on a observé des ellets de 
raccourcissement de voies ferrées; les rails sont 
tordus et les voies prennent une forme ondulée 
caractéristique, seulement explicable par une 
réduction de la circonférence terrestre, puisqu'on 
n’observe aucune séparation entre les abouts des 
rails. Au tremblement de terre du Béloutchistan 


Fig. 49. — Raccourcissement de voie ferrée 
causé par le tremblement de terre de San-Francisco 
du 18 avril 1906. 


Sismologie moderne. — PI. XIIT. ( 


- 


k TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 207 


HS cité du 20 décembre 1892, ce raccourcisse- 
ment atteignit trois quarts de mètres sl un 
ensemble de cinq paires de rails. 

On a interprété dans le même sens un grand 
nombre d'observations dans lesquelles on a vu 
des culées de ponts se rapprocher les unes des 


——— — Fissure sur L'ancienne faille 


Fig. 50. — Distorsion de la voie ferrée d'Old Chaman lors du tremble- 
ment de terre du Béloutchistan du 20 décembre 1892. 


autres; mais la présence du vide formé par le 


fleuve donne prise à une objection grave, de sorte 


que ce genre de dommages ne peut être mis en 
paralièle avec le raccourcissement des voies ferrées 
quant à la démonstration expérimentale de la con- 
traction de l'écorce terrestre au moment de cer- 
tains tremblements de terre. 

_ Toutes les observations qui précèdent montrent 
qu au moment d'un grand tremblement de terre, 
ou bien une dislocation prend naissance, ou bien, 
si elle existait antérieurement, se remet en mou- 
vement. Dans l’un et l’autre cas, elle peut être 


208 LA SISMOLOGIE MODERNE 


parallèle aux lignes de relief de la région, ou faire 
avec elles un De plus ou moins grand; autre- * 
ment dit elles sont longitudinales ou transversales. 
Cette distinction s'applique tout naturellement aux 
tremblements de terre correspondants et, comme 
nous le verrons plus loin, elle est de la plus grande 
importance quant au rôle que jouent les ébranle- 
ments du sol relativement à l'évolution du relief 
terrestre. 

Parmi les tremblements de terre dont nous 
avons eu l’occasion de parler antérieurement, celui 
de San Francisco du 18 avril 1906 est un de ceux 
dont le caractère longitudinal est le plus marqué; 
la faille San Andrès-Portolà, qui a rejoué sur plus 
de 300 km., est, en effet, parallèle au pied du pro- 
fond talus sous-marin du Pacifique, au littoral, à 
la cordillère côtière plissée, aux baies allongées de 
Tomales et de San Francisco, aux vallées des 
fleuves Salinas, San Joaquin et Sacramento, à la 
Sierra Nevada et même à la faille de l'Owens 
Valley ouverte au tremblement de terre du 26 mars 
1872. Cette faille San Andrès-Portolà avait déjà 
rejoué, mais à un moindre degré, au tremble- 
ment de terre du 21 octobre 1868, et, fait extrè- 
mement intéressant, elle se prolonge vers l'est 
sud-est par une autre faille tout aussi longue 
pour aller se perdre dans les solitudes du désert 
Mohave qui fut le siège d'intenses mouvements 
au tremblement de terre de Fort Tejon du 8 jan- 


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Fig. 53. — Carte sismique de la Basse-Autriche (d'après Suess). ÿ 
vier 1857. Les grands séismes californiens sont 
don c essentiellement longitudinaux et ils partagent 


, 
SISMOLOGIE MODERNE, 14 


210 LA SISMOLOGIE MODERNE 


ce caractère avec ceux du Shonaïi par rapport à 
la chaîne de Mahiru et ceux du graben rhénan 
relativement aux Vosges et à la Forêt Noire. 

Les tremblements de terre transversaux sont 
aussi appelés tremblements de terre de décroche- - 
ment. L'illustre Suess, qui a tant fait pour mettre 
les séismes en relation avec les dislocations tecto-: 
niques, a montré que ceux de l'Autriche prennent 
naissance le long de la ligne de la Kamp, trans- 
versale aux Alpes et qui, partant de Wiener- 
Neustadt, franchit le Danube à l’ouest de Vienne 
et va mourir au pied du talus du massif bohémien 
très stable. Ces secousses sont donc transversales 
aux Alpes Orientales. | 

On sait que l’Adriatique est une étroite aire 
d'affaissement entre la Dalmatie et l'Italie; perpen- 
diculaire à la chaîne des Alpes Orientales, cette 
aire se prolonge sur la terre ferme jusqu au pied 
de la chaine et les tremblements de terre qui 
agitent la région non seulement sont transversaux, 
mais doivent être qualifiés de séismes de l'effon- 
drement périadriatique. Le désastre de Bellune du 
29 juin 1873 s'étendait, en effet, sur une surface 
allongée dont l'axe, transversal aux Alpes, allait 
de Venise à Innsbruck, c'est-à-dire prolongeait 
l'Adriatique. C’est dans ce sens seulement qu'on 
peut parler de tremblement de terre d’effondre- 
ment, ceux des pays karstiques dont on a parlé 
précédemment ne jouant qu'un rôle insignifiant. 


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TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 244 


Le célèbre tremblement de terre de Lisbonne 
du 1* novembre 1755 a étendu ses ravages du 
Portugal au Maroc; il était donc transversal par 


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Fig. 54. — Homoséiste du tremblement de terre de Bellune 
du 29 juin 1873 (d'après Hôüfer). 


rapport aux chaines des Algarves, de la Bétique et 


- de l'Atlas, c’est-à-dire à la zone des plissements 


alpins de la Méditerranée occidentale ouverte 
par le détroit de Gibraltar. Ces plissements se 


“ii See LA SISMOLOGIE MODERNE 
prolongeaient autrefois jusqu'aux Antilles avant 


l'ouverture de l'Atlantique, événement relative- 
ment récent comme l'ont démontré les géologues 


modernes par une foule d'observations concor- 


dantes et qui donnent raison aux vagues tradi- 


tions de l'antiquité sur l'effondrement de la légen- 


daire Atlantide. Ce grand tremblement de terre 


était donc transversal et 1l représente un épisode 


pour ainsi dire posthume du morcellement de 
cette zone de plissements. 

Le détroit de Cook, entre les deux îles princi- 
pales de la Nouvelle-Zélande, résulte visiblement 
d'un commencement de morcellement de la chaîne 


occidentale qui en forme la charpente; il est donc 


très vraisemblable que ces tremblements de terre 
tectoniques du détroit, dont ceux du 18 octobre 
1848 et du 23 janvier 1855 nous ont fourni d'in- 
téressantes observations, continuent de nos jours 
ce processus. On pourrait citer de nombreux 


exemples de ce genre et peut-être que, plus près . 


de nous, les secousses de la coupure du canal 
Calédonien (Loch Ness), en Écosse, sont dans 
ce Cas. 

De'ces observations résulte que les tremble- 
ments de terre transversaux, ou de décrochement, 
jouent un rôle aussi considérable que les tremble- 
ments de terre longitudinaux. 

On pourrait maintenant établir une classification 
des tremblements de terre tectoniques et, outre 


TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 213 


leur distinction en longitudinaux et transversaux, 
parler de séismes de dislocation ou de fracture 
et de faille, de contraction de l’écorce terrestre, 
de tension ou de compression des roches, de dis- 
jonction, de décrochement ou de morcellement, 
d'affaissement et d'effondrement, de réajustement, 
etc., mais ce serait peut-être prématuré, car nous 
ionorons ce que nous réserve l'avenir des obser- 
vations sismologiques sur le terrain et rien ne 
prouve que l’on ne découvre de nouvelles rela- 
tions entre les tremblements de terre et les divers 
phénomènes géologiques qui ont donné à la sur- 
face terrestre son relief et continuent à agir pour 
le modifier sans cesse. Il n’en résulte pas moins 
de l'observation que les tremblements de terre 
importants sont d’origine tectonique, c'est-à-dire 
résultent de mouvements au sein des couches ter- 
restres et il nous reste maintenant à les com- 
prendre dans une synthèse plus générale embras- 
sant l'histoire géologique de la planète tout entière 
et en particulier l'évolution ou la vie des chaînes 
de montagnes depuis leur surrection jusqu’à leur 
décrépitude. Ce sera l'objet du chapitre suivant. 


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CHAPITRE XVII 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 
ET TREMBLEMENTS DETERRE 


La plus grande partie de la surface terrestre est 


recouverte d'eau, ce qui pour un poète suffirait à 


donner raison aux antiques conceptions brodées 


sur le thème de la Terre sortie des eaux. Pour la 


science positive ou d'observation cette circon- 
stance est accessoire, car elle nécessite l'existence 


de la masse océanique liquide et en même temps 


celle de creux à envahir en laissant émergées les 
parties les plus saillantes, La géologie ne nous 
en apprend pas moins que les terres déposées au 
fond des mers ont été relevées pour former le 
quart de la surface terrestre accessible à nos 
observations directes. C’est dans ce domaine res- 
treint que nous pouvons étudier les tremblements 
de terre, et nous allons essayer de voir comment 
ils se comportent par rapport à l'évolution du 


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| ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 2145 
relief de la planète. Déjà nous avons constaté que 
ces ébranlements du sol non seulement sont 
propres aux lignes saillantes, ou de corrugation, 
considérées dans le sens le plus large, c'est-à-dire 
en faisant abstraction des masses océaniques 
liquides, mais encore se produisent en s'accompa- 

 gnant de dislocations et de mouvements au sein 
des couches terrestres. Nous n'aurons donc de 
claires lumières sur les causes des tremblements 
de terre que si nous parvenons à les mettre en 
relation avec le mode même de formation du relief, 
autrement dit son évolution depuis les temps géo- 
legiques les plus reculés. 

Les terres émergées se partagent en zones mon- 
tagneuses d'’altitudes variées et en régions à peu 
près plates, dont le caractère de plus ou moins 
srande uniformité s'allie cependant avec d'assez 
notables différences de hauteur moyenne au- 
dessus du niveau des océans. L'aspect extérieur 
des pays de plaines ne constitue pas à lui seul 
leur différenciation avec les montagnes, dont les 
couches extrêmement disloquées contrastent avec 
l'allure généralement plus tranquille de celles des 
contrées basses. Dans les pays de montagnes, il 
suffit de parcourir quelques kilomètres, parfois 
même seulement quelques centaines de mètres, 
pour rencontrer les terrains les plus disparates, 
tandis que, très souvent, dans les régions plates, 
on peut voyager des jours et des semaines, sans 


216 LA SISMOLOGIE MODERNE 


remarquer que la constitution du sous-sol varie 
sensiblement. Cette diversité d'un côté et cette 
uniformité de l'autre résultent de l'évolution 
séologique différente de chacune de ces parties 
de la surface terrestre et, puisque les tremble- 
ments de terre sont, comme l'observation nous 
l’a enseigné, des phénomènes propres au pays de 
grand relief, c'est qu'ils sont en étroite relation . 
avec cette évolution même. Nous sommes ainsi 
amenés logiquement à exposer dans ses grandes 
lignes le mode de formation des montagnes et des 
plaines. 

Sous nos yeux, les fleuves apportent constam- 
ment à l'océan une masse énorme de matières. 
arrachées par l'érosion aux flancs des montagnes 
et des vallées; elles se déposent le long des 
rivages et jusqu'au fond des abimes océaniques 
plus éloignés, pour constituer dans l’un et l’autre 
cas des sédiments auxquels on donne le nom de 
formations néritiques ou bathyales, suivant 
qu'elles correspondent à de faibles ou à de grandes 
profondeurs. Les êtres qui y vivent ne sont pas 
les mêmes, et inversement, à leur seul examen les 
naturalistes peuvent reconnaître s'ils habitent le 
voisinage plus ou moins immédiat des côtes à peu 
de profondeur, ou si, au contraire, 1ls caracté- 
risent les grands fonds. Mais les formes animales 
actuelles et celles des époques géologiques anté- 
rieures sont les anneaux d’une chaîne tellement 


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ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 217 


continue que l’on peut en suivre la filiation et 
décider si tel fossile marin vivait dans une zone 
néritique ou bathyale des mers anciennes; en 
d'autres termes, les paléontologues peuvent dis- 
cerner sans hésitation si telle couche sédimen- 
taire à fossiles s’est déposée à faible ou à grande 
profondeur. 

Les couches néritiques et bathyales ne se dis- 
tinguent pas seulement par les caractères de leurs 
fossiles ou des êtres qui les ont habitées; en outre 
celles-ci sont beaucoup plus disloquées que celles- 
là, cette règle n'ayant qu'un sens général suscep- 
üble de souffrir des exceptions et, avec la même 
restriction, les couches néritiques se présentent 
avec de bien moindres épaisseurs que les couches 
bathyales. Ces dernières se montrent en longues 
bandes relativement étroites, tandis que les pre- 
mières ont une tendance à occuper de bien plus 
larges espaces tout autour. On peut donc conclure 
de ces observations, vérifiées sur toute la surface 
du globe, que les couches bathyales se sont 
déposées au fond de longues et profondes fosses 
marines auxquelles on a donné le nom de géosyn- 
clinaux et qui accidentaient des mers beaucoup 
plus larges et plus étendues, au fond desquelles se 
déposaient en même temps des couches néri- 
tiques. 

En disséquant les chaînes de montagnes par de 
nombreuses coupes, les géologues se sont aperçus 


218 LA SISMOLOGIE MODERNE 


que la plus grande partie de leur masse est cons- 
tituée par des formations bathyales relevées, 
plissées et disloquées, tandis que dominent sur 
leurs bords des formations néritiques beaucoup 
moins dérangées de leur situation horizontale 
primitive et relevée à bien moindre altitude. Dans 
leur ensemble, les montagnes ont donc surgi de 
profonds sillons sous-marins et ce sont, d'après 
l'heureuse expression de Suess, des fonds des 
mers comprimés. C'est pour cela que les sédiments 
y sont perturbés, tandis que les formations néri- 
tiques ayant moins eu à souffrir de ces vicissi- 
_tudes, si elles n'ont pas conservé leur horizontalité 
primitive, du moins présentent une allure générale 
moins désordonnée et plus facile à analyser. 

Les plus hautes chaînes actuelles se sont éle- 
vées pendant l’époque tertiaire. et même quelques- 
unes d'entre elles dès la fin des temps secon- 
daires, sur l’emplacement de géosynclinaux où 
s'accumulèrent d'énormes épaisseurs de forma- 
tions bathyales, et si on les reporte sur une mappe- 
monde, on retrace grosso modo la mappemonde 
des régions à tremblements de terre avec ses 
deux cercles d’instabilité sismique maxima. On 
comprend maintenant pourquoi les phénomènes 
d’ébranlement caractérisent les grandes lignes de 
relief, parce que ce sont en même temps les zones 
les plus disloquées et qu’elles ont été les plus 
mobiles de l'écorce terrestre. 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 219 


Mais les zones montagneuses ne constituent 
pas à elles seules toute la terre ferme; 1l y existe 
aussi de vastes surfaces sans relief et qui, on l’a 
déjà observé, sont tout à fait à l’abri des tremble- 
ments de terre. La plupart sont couvertes de 
sédiments néritiques, souvent bien moins encore 
dérangés de leur horizontalité première que ceux 
du voisinage des chaînes de montagnes. Tour à 
tour émergées ou immergées, ces terres n'ont 
Jamais été envahies que par des mers sans profon- 
deur, seulement ennoyées, comme on dit. Quoi 
donc d'étonnant qu'elles soient restées stables? 
Ainsi que le prouve l'observation, elles n'ont pas 
été assez dérangées et disloquées ni n'ont subi 
d'assez grandes vicissitudes pour que les tremble- 
ments de terre y pussent trouver un terrain favo- 
rable. 

Cependant ce serait dépasser la portée des 
observations que d'affirmer leur absolue stabilité 
partout et toujours; on y rencontre aussi des 
régions pénésismiques, où les tremblements de 
terre ne sont ni très fréquents, ni redoutables. 
L'examen géologique de ces régions montre que, 
si le relief en est relativement insignifiant et si 
les hauteurs s’y réduisent à des collines aux con- 
tours peu accidentés, du moins les couches n'y 
ont pas l'allure tranquille des grandes surfaces 
plates et tout à fait asismiques dont nous venons 
de parler. Deux autres caractères essentiels les 


220. | LA SISMOLOGIE MODERNE ” 


distinguent de ces dernières; elles se présentent 
en longues bandes et sont constituées par des for- 

À mations bathyales très disloquées, double preuve 
qu'elles représentent d'anciens géosynelinaux, 
plus tard relevés en puissantes cordillères que le 
temps, c'est-à-dire l'érosion et la dégradation 
atmosphériques, a ensuite réduites à de modestes 
chaînes de hauteurs ou même à l'état de péné- 
plaines (presque plaines). Les efforts de surrection . 
et de dislocation se sont si bien atténués et épuisés 
que de rares et faibles tremblements de terre les 
ébranlent seulement. 

Red te Ainsi aux divers points de vue du relief actuel, 
du mode de formation et de la sismicité, la sur- 

| face terrestre nous offre plusieurs genres de 
régions nettement différenciées entre elles. Les 
_ longues et étroites bandes montagneuses ont surgi 
- du fond de profondes fosses océaniques, ou géo- 
synclinaux ; leurs couches, d’origine bathyale, sont | 
extrêmement disloquées et plissées, les formes 
topographiques heurtées et pittoresques, les trem- 
blements de terre fréquents et destructeurs. Les 
abords de ces chaînes sont formés de couches néri- 
tiques déposées dans des mers peu profondes, 
relativement peu relevées et dérangées; ce sont 
régions pénésismiques aux tremblements de terre 
plutôt rares, en tout cas sans danger extrême. De 
grandes surfaces continentales plates n'ont subi 
que d'intermittentes invasions de mers peu pro- 


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ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 221 


fondes et leurs sédiments restés horizontaux, ou à 


peu près, moins disloqués encore et seulement 
entamés par l'érosion, ne présentent que des pay- 
sages uniformes et sans caractère; les tremble- 
ments de terre y sont presque inconnus et jamais 
graves; elles sont asismiques. Enfin, d'autres 


bandes étroites, de relief modéré et de topogra- 


phie indécise ou peu accidentée, représentent 
d'anciennes chaines ruinées; surgies elles aussi du 
fond de géosynclinaux, elles ne sont plus ébranlées 
que par des tremblements de terre peu fréquents 


et rarement redoutables; elles sont pénésismiques. 


La dépendance mutuelle entre le relief, l’état de 
dislocation, l’évolution et la sismicité apparait 
maintenant avec une lumineuse clarté, et ce sont 
seulement des observations concordantes faites 
dans le domaine de plusieurs sciences, géographie, 
géologie, paléontologie, stratigraphie et sismo- 


logie, qui nous ont pas à pas conduits à cet impo- 


sant faisceau de déductions inattaquables relatives 
à la genèse des tremblements de terre. Ce sont 
décidément des phénomènes tectoniques ou plus 
généralement orogéniques. 

Le tableau synthétique que nous venons d'es- 
quisser à grands traits ne se rapporte ni à des 
lieux, n1 à des temps déterminés; il ne laissera 
donc pas l'impression de choses vues. Pour ce 
motif, 1l est nécessaire d'aborder le problème en 
sens inverse et de suivre pour une région parti- 


222 LA SISMOLOGIE MODERNE 


culière du globe l'évolution de son relief et de ses 
tremblements de terre depuis les origines acces- 
sibles aux investigations géologiques. Ce sera 
l'Europe dont la géographie est plus familière à 
tous; mais les vicissitudes qu'elles a subies au 
cours du temps sont, aux détails près, celles de 
tous les continents. 

À la base des terrains de nature incontestable- 
ment sédimentaire, mais surtout au nord du 
40° parallèle, se rencontrent des formations 
appelées archéennes. Privées de restes organisés, 
mais généralement très épaisses, elles, sont par- 
tout disloquées et plissées. On peut donc croire 
par analogie qu'à ces époques immensément 
reculées, il a tremblé énergiquement partout, c'est- 
à-dire qu'il y a eu autrefois des régions sismiques 
dans tous les lieux où se sont déposées ces 
couches ; mais grâce à l'extinction totale des mou- 
vements tectoniques, ces régions sont arrivées 
au repos sismique définitif. 

Puis est venue la période algonkienne, dont les 
sédiments conservés jusqu'à nos jours ne sont pas 
tous plissés. La présence de nombreuses et puis- 
santes formations d'origine détritique révèle la 
destruction complète de chaînes archéennes et on 
peut y distinguer au moins confusément plusieurs 
cycles de surrections et de disparitions de chaînes. 
En particulier, on reconnait les reliques d'une 
chaîne huronienne dont les fragments européens, 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 223 


les îles Lofoten, les Hébrides et l'extrême Nord 
de l'Écosse ont été raccordées hypothétiquement 
au travers de l'Atlantique à des plissements améri- 
cains contemporains et de même direction. Toutes 
ces régions sont asismiques, mais il n’en a certai- 
nement pas été ainsi aux temps de leur surrection. 
L'effort orogénique huronien est à tout jamais 
éteint; il ne laisse plus aucune trace sous forme 
de tremblements de terre. 

Plus tard, pendant le premier tiers de l'époque 
primaire ou paléozoïque, a surgi une chaine appelée 


- calédonienne et représentée par les Grampians et 


l'axe de la péninsule Scandinave. Déjà nous 
abordons des régions où les tremblements de terre 
ne sont plus tout à fait inconnus, mais ceux de 
maintenant ne sont qu'un faible souvenir de ceux 
qui les ont agitées, si l’on en juge par la grandeur 
des dislocations. Entre temps se constituait le con- 
tinent nord-atlantique, dont la partie européenne 


_ la plus étendue forme la plate-forme russe. Elle n’a 


jamais été que temporairement recouverte par des 
mers sans profondeur, les sédiments y sont à peu 
près horizontaux; il n'y tremble pas et il na 
jamais pu y trembler beaucoup, sinon aux temps 
archéens bien antérieurs à l’époque des plissements 
calédoniens. On notera que ceux-ci se rencontrent 
notablement au sud des plissements huroniens et 
cette marche vers l'équateur se continuera, comme 
nous allons le voir, aux époques suivantes. 


Ve | 


224 LA SISMOLOGIE MODERNE 

La fin de l’époque primaire a été marquée par 
la surrection d'une puissante chaîne qui s’étendait 
de l'Irlande et du pays de Galles jusqu'au bassin 
du Donetz par la Bretagne, l’Ardenne, la Bohême 
et la Silésie. Ses restes sont encore en saillie, le 
temps écoulé n'ayant pas encore suffi à la rayer de 
la surface terrestre. C’est une zone de régions 
pénésismiques jalonnant à notre époque ces plis- 
sements appelés hercyniens ou armoricains-varis- 
ques. 
_ L'ère secondaire, ou mésozoïque, a été caracté- 
risée par une tranquillité orogénique au moins rela- 
tive. Les chaînes hercyniennes se sont dégradées 
et abaissées, mais à la fin les poussées orogéniques 
reprirent toute leur activité; puis, successivement, 
pendant l'ère tertiaire et jusqu'à l'aurore des temps 
préhistoriques animés par la venue de l’homme, 
s’édifièrent tour à tour au sud des chaines hercy- 
niennes, les Pyrénées, les Alpes et les Apennins. 
En même temps que leur âge, de la première à la 


troisième de ces chaînes, le relief diminue, car ül 


faut compter celui des Apennins depuis le fond de 
la mer Tyrrhénienne qui descend à 3000 et 
4 000 mètres. C’est aussi dans le même ordre que 
les-tremblements de terre y gagnent en fréquence 
et en intensité, on ne sait que trop qu'ils sont 
incessants et destructeurs dans la péninsule italique. 

Le parallélisme entre le relief et l'activité des 
tremblements de terre apparait maintenant eom- 


ré 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 295 


plet, qu'il s'agisse de l’espace ou du temps, et cette 
revue très sommaire des vicissitudes principales de 
l'Europe se répète sur toutes les terres actuellement 
émergées à la surface du globe. Les deux cercles 
d'intensité sismique maxima doivent donc leur 
existence à ce qu'ils englobent les zones où se 


dressent les montagnes les plus récentes et par 


suite les plus saillantes de notre époque. La répar- 
tition des régions à tremblements de terre est tem- 
poraire quant aux époques géologiques et, en 
Europe, elles ont dû émigrer du nord au sud pour 
suivre les plissements des chaînes tour à tour édifiées 
et démolies. 

C'est donc une loi générale qui rend solidaires 


les poussées orogéniques et les tremblements de 


terre. S'il en est ainsi, et l'observation en est le 
plus sûr témoignage, 1l ne nous sera pas interdit 
de risquer un coup d'œil sur l'avenir réservé au 
relief terrestre. 

En étudiant les rapports qui existent entre le. 
tracé des côtes des océans et la disposition des 
reliefs voisins, on rencontre deux circonstances 
tout à fait opposées. Ici les côtes sont déterminées 
par les lignes de relief, et leur sont parallèles; là, 
au contraire, elles en sont indépendantes et les 
recoupent. Le premier type est celui des côtes du 
Pacifique, le second caractérise presque tout le 
littoral de l'Atlantique. Ces deux dénominations 
s'appliquent aux côtes des autres océans. Il est 


SISMOLOGIE MODERNE. 45 


- 
226 LA SISMOLOGIE MODERNE 


facile de constater que, d’une facon générale, les 
tremblements de terre ébranlent les côtes du type 
pacifique et respectent celles du type atlantique. 
Cette observation rentre logiquement dans l'ordre 
des choses, puisque celles-là bordent de puissantes 
chaines récentes dont le pied plonge dans de pro- 
fondes fosses océaniques. Mais que devient dans 
cette nouvelle interprétation des faits le cercle 
alpin-himalayen d'instabilité maxima? La réponse 


est bien simple : d'une part les côtes méditerra- 


néennes appartiennent généralement au type paci- 
fique et d'autre part les dépressions continentales 
qui prolongent cette mer en Mésopotamie et dans 
la vallée du Gange seraient des mers à côtes du 
même type, si un léger affaissement de la croûte 
terrestre les faisait immerger à nouveau. La relation 
entre la forme d'une côte et son instabilité ou sa 
stabilité sismique a donc un caractère général. 
Morphologiquement parlant, toute la périphérie 
du Pacifique est un immense géosynelinal, puis- 
qu'elle est bordée de grandes profondeurs disposées 
linéairement. En est-elle réellement un? L'hypo- 


thèse est vraisemblable et admise par les plus 


éminents géologues; nous l’accepterons sous béné- 
fice d'inventaire. C'est donc là, si l'histoire des 
vicissitudes terrestres doit se répéter, que s édi- 
fieront plus tard par compression latérale de nou- 
velles cordillères quand, du cap Horn au détroit 
de Behring, se seront suffisament dégradées les 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 297 


Andes et les Rocheuses. Les tremblements de terre 
longitudinaux du littoral pacifique américain et les 
vagues sismiques destructives qui les ravagent, 
semblent corroborer cette manière de voir, et bien 
des sismologues pensent que ces soubresauts de 
l'écorce terrestre correspondent à un approfondis- 
sement par saccades des fosses littorales profondes. 
Or la géologie nous enseigne qu il en a été souvent 
ainsi au sein des géosynclinaux antérieurs. L'ana- 
logie nous permet donc, au moins jusqu à un cer- 
tain point, de prévoir la répétition des surrec- 


tions le long des côtes du type pacifique, parce 


qu'elles sont le siège à peu près exclusif des tsuna- 
mis, tandis qu'au contraire ces phénomènes sont 
inconnus, ou peut s'en faut, le long des côtes si 
généralement stables du type atlantique. 

Ainsi la Sismologie, après nous avoir révélé le 
rôle fondamental que jouent les tremblements de 
terre dans les transformations du relief terrestre 
dans le passé et le présent, nous permet aussi de 
lever un coin du voile qui nous en cache le mys- 


térieux avenir. 


A s’en tenir au tableau qui précède, on pourrait 
croire complètement résolu le problème sismo- 
génique ; 1l s'en faut et de beaucoup; à l'exposé 
des résultats, un correctif s'impose. Sans doute les 
longs bourrelets en relief qui sont le trait le plus 
saillant de la Face de la Terre ont surgi du fond 
des anciens géosynclinaux; mais cette formule 


LA. SNS LA SISMOLOGIE MODERNE 


n’est qu'un commode schéma, tant a été extrême 
dans le détail la complication véritable du proces- 
sus, qui ne s’est pas produit de façon continue, ni 
par un mouvement d'ensemble. Toutes les combi- 
naisons possibles se rencontrent dans l'histoire 
d'une chaîne, aussi bien des mouvements antérieurs 
et postérieurs à la surrection principale que des 
mouvements en sens contraire et des morcelle- 
ments. Les tremblements de terre ne pourront donc 
que s’en ressentir et, de fait, c'est une question 
ardue que de mettre partout les séismes d’une région 
en relation précise avec ses vicissitudes géologiques 
de détail. 

Chose plus grave, l'écorce terrestre a subi, et 


subit sans doute encore, des mouvements plus 
étendus que les surrections. Nommés mouve- 


ments épirogéniques, ils affectent surtout les aires 
continentales. Ce sont des gauchissements de 
vastes surfaces qui, avec le temps, ont permis aux 
mers de les envahir ou de les abandonner alterna- 
tivement. Contrairement à ce qui se passe dans 
les surrections, l'amplitude horizontale prédomine 
sur celle des mouvements verticaux, et c'est à ces 
vicissitudes du niveau relatif des mers et des terres 
que l’on doit rattacher les anciennes lignes de 
rivages maintenant exondées à diverses hauteurs 
qui s’observent le long d'un si grand nombre de 
côtes. C’est à des époques très rapprochées de 
l'apparition de l'homme que, par exemple. la 


te 


ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 229 


péninsule scandinave a subi de tels mouvements 


et que l'Asie centrale a été soulevée pour ainsi 


dire en bloc et à plusieurs reprises jusqu’à l’époque 
quaternaire, comme l'ont prouvé les plus récentes 
explorations. Les phénomènes généraux se sont 
produits à toutes les époques géologiques et ont 
causé les transgressions et les régressions des 
mers sur d'immenses étendues. Quant aux rela- 
tions qu'ils peuvent avoir avec les tremblements 
de terre, elles sont encore tout à fait obscures et 


l'observation n’a rien donné dans ce sens jusqu’à 


présent. Est-il admissible cependant que ces vastes 
mouvements se soient produits, ou continuent à se 
produire lentement, sans ébranlements sismiques 
et ne correspondent qu'à des « bradysismes » ? Nous 
ne pouvons l'imaginer. ; 

Si donc nous touchons à la solution du problème 
de la genèse des tremblements de terre, subor- 
donnés aux efforts horizontaux de compression, 
c'est-à-dire de surrection, en un mot dus à l’oro- 
genèse, nous ne savons rien de ceux que vraisem- 
blablement ne peuvent manquer de causer les 
efforts verticaux de gauchissement, ou d’affais- 
sements et de soulèvements. La carrière à par- 
courir dans cette voie par les sismologues de 
l'avenir reste aussi longue que pleine de promesses. 


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CHAPITRE XVIII 


LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE. 
ET DANS SES COLONIES 


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Le territoire de la France n’est pas aussi indemne 24 
-  dupérilsismique qu'onsel'imaginecommunément, 
| mais le tremblement de terre de Provence du 
11 juin 1909 est venu enlever toute illusion à cet  « 
égard, et sans aller chercher loin dans l’histoire le 
souvenir perdu d'anciens événements de ce genre 
et tout aussi graves, il suffira de rappeler les 
ruines du Niçois etde la Riviera du 23 février 1887. 
Cependant après les immenses travaux sismolo- 
giques d'Alexis Perrey, qui resteront longtemps 
encore une riche mine de documents sur les trem- 
blements de terre du monde entier, s’est produit 
en France une longue période d’indifférence pour 
ces phénomènes. Une succincte esquisse des con- 
ditions de stabilité et d’instabilité des territoires 
français ne sera donc pas superflue et, du reste, 


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” Fig. 55. — Vallée du Rhône et Alpes françaises. 


232 LA SISMOLOGIE MODERNE 


ce sera le meilleur moyen de concrétiser les 
notions développées sur les causes géologiques 
générales des tremblements de terre. 

_ Les Alpes Maritimes sont, en France, la région 
la plus exposée, le désastre de 1887 en fait foi, 
et les annales historiques ont conservé le sou- 
venir de nombreux tremblements de terre destruc- 
teurs dont les traces sont encore reconnaissables 
dans les anciennes constructions de plusieurs 
localités peu fréquentées des vallées intérieures. 
Mais ce n'est que la partie occidentale d une pro- 
vince sismique ligurienne plus étendue et compre- 
nant le versant méridional des Apennins tout 
autour du golfe de Gênes. À peu de distance de la 
côte, de grandes profondeurs marines s'ajoutent 
aux altitudes des deux chaînes, ce qui confirme la 
loi du relief. Durant l’époque tertiaire, il y a eu 
successivement une haute surrection pendant le 
Messinien (Miocène), puis un affaissement notable 
plus tard au Pliocène et enfin un nouveau sou- 
lèvement au Quaternaire. De telles vicissitudes si 
récentes sont amplement suffisantes pour justifier 
l'actuelle instabilité. 

Tout le versant occidental des Alpes est sujet 
aux tremblements de terre, mais seule la Provence 
est à quelque degré une région sismique, le reste 
étant seulement pénésismique. Il s’agit à d'un 
territoire dont les plissements alpins, suite d’ail- 
leurs de mouvements plus anciens, ont atteint une 


… 


LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE 233 


extrême complication, et l’on peut constater que 
leurs foyers les plus habituels occupent à l'ouest 
l'emplacement d’un géosynclinal secondaire de 
surrection miocène et jalonnent à l’est un autre 
 géosynclinal du Carbonifère et du Trias, plus 
ancien que le précédent. Des séries de nombreuses 
secousses observées à Clansayes (1772-1773) et à 
_Monrond-en-Maurienne (1838-1840) et le tremble- 
ment de terre destructeur de Salon, Rognes et 
Beaulieu du 11 juin 1909, sont les événements 
sismiques les plus notables de la région, du moins 
dans les temps modernes; ils trouvent, dans les 
circonstances générales qu'on vient de rappeler, 
une ample justification. Le dernier d'entre eux à 
été mis en relation, très légitimement sans doute, 
avec des failles postpliocènes, c'est-à-dire très 
récentes. Les secousses de la Suisse occidentale se 
propagent très fréquemment en Savoie et en 
Dauphiné; elles sont incontestablement liées à la 
grande surrection alpine. 
De nombreuses dislocations manifestent le 
caractère tectonique de quelques secousses du 
Lyonnais et de la vallée de la Saône et, quant au 
Jura, ses remarquables plissements déjà très 
anciens n'ont donné lieu quà une région tout 
juste pénésismique. Remiremont et Bourbonne-, 
_les-Bains forment un petit district instable qui 
s'explique par les affaissements tertiaires qui ont 
formé la vallée du Coney dans des conditions 


234 _ LA SISMOLOGIE MODERNE 


assez analogues aux mouvements entre des failles 


parallèles et en escalier qui ont façonné le graben 
rhénan entre les Vosges et la forêt Noire et se 
continuent en ébranlant, parfois même assez 
vivement, toute la région. 

En poursuivant notre tour de France vers le 
nord, nous ne retrouvons plus que la région 
pénésismique du bassin houiller franco-belge dont 
les tremblements de terre ont déjà été mis en 
relation avec les plissements et la surrection de 
la chaine hercynienne de l’époque carbonifère, et 
c'est au même événement géologique que peuvent 
se rattacher les quelques secousses des petits bas- 
sins houillers sporadiques de la Normandie, de la 
Vendée et même du Plateau Central. 

De petits foyers de légère instabilité s Épanoie 
lent dans l'Ouest : Brest, Basse-Loire et Vendée. 


La presqu'ile bretonne figure deux anticlinaux_ 


d'ancienne consolidation, ce qui signifierait une 
grande stabilité, si des mouvements postérieurs 
récents de morcellement, puis l’ennoyage de la 
Manche et le recul du golfe tertiaire de la Loire 
n'étaient venus introduire des éléments de mobi- 
lité. 

La stabilité du Plateau central, ancienne relique 


de terres maintenant morcelées, est trop naturelle 


pour qu'il soit nécessaire d'insister; nous signale- 
rons seulement que cette stabilité n’est altérée en 
rien par le souvenir de l’activité volcanique à peine 


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éteinte de l'époque ter- 

taire. Sur le bord méri- 

dionalde cette unité géo- 
“logique bien définie, lar- 
_chitecture tabulaire des 

_ Causses justifie leur 

__ complète asismicité mal- 
_ gré l'importance qu'at- 
teignent dans le sous- 
sol les phénomènes de 
circulation des eaux sou- 
terraines. 

Nous avons déjà parlé 
des tremblements de 
terre des Pyrénées qui 
agitent surtout le ver- 
sant français le plus 
abrupt et au bord de 
l'ancien détroit tertiaire 

_de l'Aquitaine. De Ba- 
s#nères-de- Bigorre à 
Saint-Jean -de- Luz s’é- 

tend une région péné- 
sismique très notable. 

_ La Corse est absolu- 
ment asismique; c'est 
qu elle représente un 
fragment de terres tyr- 
rhéniennes seulement 


à 


——— Lite septentrionale de l'axe archéen et Prémaire 


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LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE 


@ —Gofre — 


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23 


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Fig. 56. — Pyrénées françaises. 


236 LA SISMOLOGIE MODERNE 


morcelées et effondrées récemment, comme contre- 


partie du plissement et de la surrection de l’Apennin. 

L'Algérie est de beaucoup de tous les territoires 
français le plus exposé aux tremblements de terre 
et les désastres plus ou moins graves, mais tou- 
Jours sérieux d'Oran, de Cherchell et de Gouraya, 
de Blida, d'Aumale et de Constantine, en attes- 
tent l'instabilité. Géologiquement, elle n'appartient 
pas au continent africain, vieille unité stable et 
sans grandes vicissitudes, mais bien à la zone des 
plissements tertiaires alpins-méditerranéens, avec 
complication de phénomènes d’effondrement le 
long de la côte, signalés par le voisinage de l'iso- 
bathe de 2500 mètres et jalonnés par des pointe- 
ments éruptifs. Les tremblements de terre dispa- 
raissent rapidement au sud de l'Atlas dans la 


région des Chotts, où ne s'observent que des 


_plissements à grand rayon de courbure. L'Algérie 
instable a des côtes du type pacifique, tandis que 
la Tunisie, moins sujette aux tremblements de 
terre, les possède du type atlantique et ne domine 
pas de grandes profondeurs sous-marines, contrai- 
rement à Sa voisine. 

Le Sahara et le Soudan sont asismiques, comme 
tout le reste du continent africain. Les anciens 
plissements ont eu le temps d'être entièrement 


arasés et la seule vicissitude récente a été un 


ennoyage crétacé. L'absence des tremblements de 
terre est ainsi pleinement expliquée. 


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LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE 


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238 LA SISMOLOGIE MODERNE 


vront sans doute être rattachés à la présence du 
Carbonifère et des plissements correspondants au 
lieu d'être attribués à la grande fracture qui a 
donné lieu au relief dissymétrique de l’est. La ques- 
tion reste obscure. 

Les îles françaises de la Guadeloupe et de la 


Martinique font partie de la région sismique des. 


Petites Antilles, qui reposent sur un socle long et 
étroit tendu entre les Grandes Antilles et le conti- 


nent sud-américain et dominant à peu de distance 
des fonds de 5 000 mètres du côté de l'Atlantique. 


La formation de cet are est récente et s’est com- 
pliquée de phénomènes volcaniques grandioses qui 
ont en partie construit les îles au milieu de l'océan. 
On se rappellera toutefois que si les tremblements 
de terre y sont assez redoutables, du moins la ca- 
tastrophe presque sans précédent de Saint-Pierre, 
rasée le 8 mai 1902 par une nuée ardente des- 
cendue de la Montagne Pelée, s’est produite sans 
le moindre ébranlement sismique du sol. 

En Océanie, la Nouvelle-Calédonie, dépourvue 
de volcans, et les Nouvelles-Hébrides, qui en pré- 
sentent d'actifs encore, ne sont que rarement 
secouées. 

Des tsunamis ont parfois ravagé les Marquises 
et Tahiti. On ne sait s'ils sont d'origine ceyelo- 
nique ou sismique; en tout cas, les tremblements 
de terre sont peu fréquents dans ces iles. 

Les plissements tertiaires himalayens n'ontguère 


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arbade! 


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Petites Antilles. 


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Fig. 5$S. — Le 


240 LA SISMOLOGIE MODERNE 


atteint l’'Indochine ; aussi les tremblements de terre 
y sont rares et sans gravité. | 

Ces quelques détails montrent que toutes les 
variétés de circonstances de stabilité et d’instabi- 
lité se rencontrent dans les territoires français. A 
ce titre seul, les tremblements de terre méritent 
d'attirer l'attention, puisque les régions exposées 
à leurs dégâts sout assez nombreuses. 


CHAPITRE XIX 


Pl 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 
ET LES TREMBLEMENTS DE TERRE 


La question de l’état interne du globe a préoccupé 
les penseurs de toutes les époques et, autour de ce 
problème, se sont échafaudées des hypothèses 
d'autant plus nombreuses qu'il s’agit d'une portion 
de l'espace pratiquement inaccessible aux inves- 
tigations de l'homme. Les philosophes de l'anti- 
quité classique, habitués à voiler leurs conceptions 
sous des mythes religieux, avaient imaginé de 
toutes pièces le Phlégéton, fleuve de feu entourant 
les Enfers, et cette pure création de leur esprit a pris 
beaucoup plus tard la forme du noyau terrestre 
interne, fluide et incandescent, hypothèse qui a 
fini par passer dans le public à l’état de véritable 
dogme scientifique. Il est vrai que, au moins en 
apparence, bien des faits semblent l’appuyer : les 
éruptions volcaniques ramènent à la surface des 
16 


SISMOLOGIE MODERNE: 


242 LA SISMOLOGIE MODERNE 


laves fluides et incandescentes; la chaleur interne 
augmente à mesure qu'on descend plus profon- 
dément dans les puits de mines; à la suite de 
Laplace, la plupart des astronomes font dériver 
les corps célestes de la condensation d'une nébu- 
leuse et qui ont dù passer successivement par 
des stades gazeux, puis fluide, avant d'arriver à 
l'état solide où nous voyons plusieurs d’entre eux 
maintenant, la terre et la lune par exemple: 
Jupiter ne semble pas encore être parvenu à l'état 
solide; etc. Mais en ce qui concerne l’état réel de 
l'intérieur de la terre, rien de tout cela ne con- 
stitue des faits d'observation directe. Heureuse- 
_ment, les ondes sismiques se propagent au travers 
de la masse terrestre, et comme leur vitesse de 
propagation dépend directement de la densité et 
des propriétés physiques du milieu traversé, elles 


nous donnent un moyen d'acquérir des renseigne- 


ments expérimentaux sur l’état interne du globe. 
Cet état n’est pas en dépendance moins intime 
avec la forme extérieure de la planète, de sorte 
que s'impose préalablement une étude sommaire 
de celle-ci. 

On appelle géoïde la surface d'équilibre de la 
masse océanique liquide et, pour que cette défini- 
tion ait un sens quant à la forme générale de la pla- 
nète, on suppose les continents traversés par des 
canaux dans lesquels pénétreraient les mers, qui 
y prendraient leur niveau hydrostatique. Depuis 


_ 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 043 


Huyghens et Newton, la forme et les dimensions 
exactes du géoïde ont suscité de très nombreuses 
recherches théoriques, et d'innombrables mesures 
géodésiques ont fini par nous les faire connaître | 
en dehors de toute hypothèse. On sait maintenant 
que cest un ellipsoïde aplati de révolution, c’est- 
à-dire obtenu par la rotation d'une ellipse autour 
de son petit axe, l’axe des pôles terrestres. L’apla- 
tissement polaire est le rapport entre la différence 
des deux axes et le plus grand des deux, celui de 
l'équateur. 

Plusieurs méthodes se sont présentées pour 
_ mesurer l'aplatissement terrestre. Les mesures 

_géodésiques d’arcs de méridiens conduisent à des 
résultats concordants, quelle que soit la région de la 
terre où l'on opère. Depuis Clairault, qui avait 
évalué l’aplatissement à 1/297,8, les progrès des 
procédés de mesures ont fait adopter par Bessel, 
au milieu du xix° siècle, la valeur de 1/299 et les 
travaux récents d'Helmert ont finalement donné 
1/298,3, aplatissement généralement admis main- 
tenant. Îl en résulte un rayon équatorial de 
6371 kilomètres et un rayon polaire plus court 
d'environ 21 kilometres. 

À la surface de la terre, l’accélération de la pesan- 
teur varie en augmentant de l'équateur aux pôles, 
puisque peu à peu on se rapproche de 21 kilomètres 
de son centre, ou centre d'attraction. Or le nombre 
g est inversement proportionnel au carré de la 


244 LA SISMOLOGIE MODERNE 


durée d’oscillation d'un pendule. L'observation 
confirme cette loi et le mouvement d'un pendule 
s'accélère progressivement et régulièrement en pas- 
sant de l'équateur aux pôles. On a donc là un 
moyen de mesurer indirectement l'aplatissement. 
À l'équateur g est de 9780 millimètres : c'est la 
hauteur à laquelle parvient au bout d’une seconde 
un corps laissé libre de tomber dans le vide, et au 
pôle cette valeur s’augmente des 531 cent millièmes 
de sa valeur. 

Mais en chaque point de la surface terrestre la 
valeur de g, ou la gravité, ne dépend pas seule- 
ment de sa latitude, ou en fin de compte de sa dis- 
tance au centre de la terre; elle varie aussi, quoi- 
que dans de très faibles limites, en raison de nom- 


breux facteurs locaux, la forme du relief, la nature 


des roches et suivant qu'il s'agit de la terre ferme 
ou des océans, car tous ces éléments influent sur 
la valeur de l'attraction. En éliminant ces causes 


de variations par la discussion d’ailleurs très déli- 


cate d'innombrables mesures, iln’en reste pas moins 
des anomalies locales de la pesanteur et on a pu 
les mettre en relation avec la sismicité des divers 
points de la surface terrestre où l’on a effectué des 
mesures pendulaires. 

Cela s'explique. Ces anomalies s'obsse en 
effet, surtout en mer, le long des profondes fosses 
océaniques et, sur la terre ferme, dans des régions 
très disloquées, en un mot là où se présentent; 


PET CPR T TOUS à aa éd ad 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 245 


comme on l'a constaté précédemment, les circon- 


Aires seisrmiques prÜüuciales. 


Gurbes isanomales observées. 
—— probables. 


Fig. 59. — Italie méridionale et Sicile. 
Courbes isanomales âe la gravité (d'après Ricco). 


_ stances les plus favorables à la production des 
* tremblements de terre. Cette dépendance a été 


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… 
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246 LA SISMOLOGIE MODERNE 


mise en lumière par Ricc6 pour les régions sismi- 


ques de la Sicile et des Calabres et par Burrard 
pour celles de la plaine indo-gangétique au pied 
de l'Himalaya. Enfin, il n'est pas jusqu'à des 
régions pénésismiques, comme le bassin du Donetz 
dans le sud de la Russie, où les anomalies de la 
gravité ne se montrent en relation avec des trem- 
blements de terre dont la fréquence, non justifiée 
par le relief actuel, s'explique cependant par des 
dislocations profondes qui représentent les racines 
d'une ancienne chaîne hercynienne complètement 
arasée. Il y a là toute une voie nouvelle de recher- 
ches intéressantes qui ne sont encore qu'amorcées. 

Nous allons voir maintenant comment la forme 


de la terre, ou son aplatissement, sont en directe 


dépendance avec son état interne. 

Cette forme est une conséquence de ce qu’en 
chaque point la direction de la pesanteur, ou la 
verticale, est la direction de la résultante de 
l'attraction terrestre sur le point considéré et de la 
force centrifuge due à la rotation de la terre autour 
de l’axe de ses pôles. Tout ce qui a un rapport 
quelconque, mais défini et mesurable, avec la ver- 
ticale d'un lieu pourra donc fournir un moyen 

indirect de déterminer cette forme par l'observation. 
Or c’est au premier chef la latitude, ou l'angle de 
la verticale avec l’axe des pôles. D'innombrables 
mesures prouvent que ce n'est pas là un élément 
constant pour un lieu déterminé, car elle subit 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 247 
des variations continues d’allure périodique, dont 
l'existence même prouve la mobilité de l'axe 


des pôles relativement à la masse terrestre. Le 


point où l'axe coupe la sphère céleste décrit en 
26 000 années environ une petite ellipse autour de 
sa position théorique moyenne. En d'autres termes, 
la terre n'est pas animée d’un mouvement simple 
de rotation autour de son axe de figure, elle a celui 
d'une toupie et tout le monde sait comment ce 


jouet s'incline tandis qu'il tourne rapidement. Ce 
phénomène, appelé la précession des équinoxes, 


n’est lui-même qu'une première approximation et 


| il faut y ajouter la nutation, effet de l'attraction de 


la lune sur le renflement terrestre équatorial. Si la 
nutation existait seule, le pôle décrirait en dix-huit 
ans et demi un petit cercle de 10 mètres de rayon 
et, de la combinaison de ce mouvement avec celui 
dû à la précession, résulte pour l'axe polaire ter- 


restre une sorte de balancement ondulatoire autour 


de sa position moyenne et dont l'observation 


conduit, pour l’aplatissement, à une valeur voi- 


sine de celles obtenues précédemment par les 
mesures géodésiques. 

Il y a plus : ces deux phénomènes combinés ne. 
rendent pas compte de toute la variation de la 
latitude d'un lieu. Il y a encore un petit résidu 
qui passe alternativement par des maxima et des 
minima assez irréguliers d’ailleurs. Des sismolo- 
gues éminents, COMME Milne, Cancanï et d’autres, 


- 


Ÿ 


248 LA SISMOLOGIE MODERNE 


t 


ont cru pouvoir affirmer que ces maxima corres- 
pondent à ceux de l’activité sismique mondiale, si 
l'on mesure celle-ci par le nombre annuel des 
mégaséismes. Cette relation n'est du reste pas 
encore acceptée sans discussion par tout le monde. 
Quoi qu'il en soit, pour que l'axe de la toupie 
terrestre subisse dans l’espace ces ultimes varia- 
tions outre celles dues à la précession et à la nuta- 
tion, il faut, d'après les principes de la méca- 
nique rationnelle, que des portions plus ou moins 
grandes de sa masse soient elles-mêmes déplacées 
par rapport à l’axe de rotation. Plusieurs causes 
peuvent produire ce résultat : d’abord les mouve- 
ments généraux de l'atmosphère et aussi des accu- 
mulations de neiges et de glaces sur les calottes 
polaires. C’est insuffisant et nous y ajouterons, 
mais sous réserves, les grands charriages des cou- 
ches profondes les unes sur les autres et qui font 
partie, comme l'enseigne la géologie, du processus 
normal de la surrection des chaines de mon- 
tagnes. Or cette surrection est elle-même en rela- 
tion avec les grands tremblements de terre. Sous 
une forme nouvelle et par l'intermédiaire d'un 
intéressant problème d'astronomie, celui de la 
variation des latitudes, les séismes se retrouvent 
en dépendance directe avec les phénomènes orogé- 
niques. 11 faut toutefois noter que ces déductions 
restent quelque peu sujettes à discussion. 

Le calcul permet d'attribuer une période de 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 249 


305 jours au balancement polaire dont il s’agit, 
mais dans la supposition que la terre soit un solide 
de rigidité et d'indéformabilité parfaites. Or la 
période observée est de 425 jours, et cette différence 
entre la théorie et l'observation s'expliquera si la 
terre, non tout à fait rigide et indéformable, est 
capable de céder légèrement aux influences qui 
produisent les variations de latitude. La rigidité 
limitée qu aurait ainsi la Terre dans son ensemble 
pour expliquer la différence de 120 jours est, 
d'après Newcomb et Hough, égale à celle qu'aurait 
une sphère d'acier des mêmes dimensions, et ce 
résultat remarquable, que nous allons retrouver 
par d’autres voies, nous éloigne singulièrement de 
l'hypothèse du noyau fluide interne terrestre. 
Comme chacun sait, les marées sont une consé- 
quence directe de l'attraction du soleil et de la 
lune sur les masses océaniques liquides, que limite 
une surface capable de céder et de se déformer. 
. Grâce à la bien plus petite distance de la lune à 
la terre, son action est prépondérante par rapport 
à celle du soleil, et il en résulte pour la surface des 
océans une sorte de renflement ou d’intumescence, 
qui suit le mouvement du satellite et fait monter 
le niveau des mers le long des côtes qu'elle ren- 
contre dans sa marche. Mais si l'écorce terrestre 
était flexible, elle se déformerait également, et il 
n'y aurait plus de marées, c’est-à-dire de déplace- 
ment relatif d'une masse liquide par rapport à la 


230 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Ld 


terre ferme. Cela est de toute évidence. Le calcul 
permet de prévoir la hauteur de la marée dans 
l'hypothèse d’une terre absolument rigide et indé- 
formable, et la différence du résultat obtenu avec 
la hauteur de marée observée mesure de combien 
la terre est loin de posséder une parfaite rigidité. 
Or il se trouve que cette rigidité doit être celle de 
l'acier, comme nous l'avons obtenu déjà tout à 
l'heure. La concordance des deux méthodes indé- 
pendantes est à elle seule une forte présomption en 
faveur de la réalité du résultat. 

Cette déformabilité de la terre ne laissera pas 
que de surprendre et l’on voudra en avoir un 
autre témoignage que celui de savants calculs 
mathématiques. Le problème est accessible à 
l'observation directe et le pendule sismographique 
horizontal à permis à Hecker d'y parvenir. Dans … 
cette intuition, il à installé à l'Institut géodésique 
de Potsdam un de ces appareils choisi parmi les 
plus sensibles, en le plaçant au fond d'un puits 
de 25 mètres de profondeur pour le soustraire à 
toute action extérieure perturbatrice. Si la croûte 
terrestre est flexible, c'est-à-dire susceptible de 
céder complètement à l'attraction luni-solaire, le 
pendule sera déplacé exactement comme sa base 
et aucun mouvement relatif ne pourra être décelé 
entre lui et la surface terrestre. Si, au contraire, 
la rigidité de la terre est parfaite, le pendule subira 
seul tout l'effet de l'attraction variable suivant la 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 251 


position de la lune et du soleil par rapport à la 
terre, et l'analyse mathématique permet de cal- 
_culer quel serait ce mouvement du pendule. Après 
plusieurs années d'observations, de 1902 à 1907, 
Hecker a trouvé que le mouvement relatif du 
pendule était les deux tiers de ce qu'il aurait été 
dans l'hypothèse d'une terre douée dans son 
ensemble de la ridigité d'une sphère d'acier. Une 
marée luni-solaire de l'écorce terrestre est ainsi 
mise en évidence expérimentalement. 

Déjà, dès 1881, G. H. Darwin avait démontré par 
l'observation que, sous l'influence de l'attraction 
 Juni-solaire, la verticale d’un lieu est en perpétuel 
mouvement. ce qui donne naissance à d'intimes 
microséismes. Mais les observations d'Hecker 
sont encore plus probantes puisqu'elles décèlent 
une marée de l'écorce dont l'amplitude atteint 
deux décimètres. Il y à là un remarquable et 
double contraste entre l'opinion de Perrey et de 
ses prédécesseurs et les résultats récents dont il 
s'agit. D'un côté, on supposait une marée d'un 
noyau interne fluide comme cause de macro- 
séismes; de l'autre, on observe par l'expérience 
une marée d'une croûte terrestre aussi rigide que 
_ l'acier comme cause de microséismes. Il ne saurait 
y avoir de plus flagrante opposition entre les 
hypothèses d'autrefois et les résultats expérimen- 
taux d'aujourd'hui. 

Les observations astronomiques font connaître 


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. 252 LA SISMOLOGIE MODERNE 


© 


la masse de la terre comme conséquence de son 


mouvement dans l'espace sous l'influence de 


l'attraction du soleil et des autres astres du système 


planétaire. Il suffit pour cela d'appliquer les lois 
de l'attraction universelle. On peut y arriver expé- 


1 


rimentalement aussi au moyen de la balance de 


Cavendish, qui sert à mesurer l'attraction de la 
terre sur des boules métalliques. D'autre part les 


mesures géodésiques donnent le volume de l4 


terre, de sorte qu'en dehors de toute théorie et 


_ 


. 4 
par la seule observation, on peut calculer la den- 


sité de la terre considérée dans son ensemble. Le 
résultat obtenu est qu'elle pèse 5,5 fois plus qu une 


sphère d'eau pure de même dimension. Au con- 


traire, la densité moyenne des roches qui cons- 
tituent la très mince partie de l'écorce terrestre 


accessible à nos moyens d'investigation est com- 


prise entre 2,6 et 2,8 seulement. Le reste de la 


sphère a donc une densité beaucoup plus grande | 


et il nous faut rechercher quelle répartition des 


masses à l’intérieur de la terre, ou de sa densité, 
peut être compatible avec ce résultat de l'observa- | 


tion. Les suppositions possibles peuvent toutes se 
ramener aux trois suivantes : 

1° Une mince écorce de densité comprise entre 
2,6 et 2,8 et une partie principale homogène d'une 
densité peu supérieure à 5,5. 

2° Une masse principale de densité comprise 


entre 2,6et2,8 et un petit noyau extrèmement lourd. 


' 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 253 


3° La densité augmente progressivement de la 
surface au centre. 

Avant de rechercher quel genre de ces trois 
seules possibles constitutions internes s'accorde le 
mieux avec les faits, il faut signaler une remarque 
_ très importante : c'est que, dans tous les cas, la 
distribution de la densité doit être symétrique et 
uniforme autour du centre de la planète, autre- 
ment dit se disposer en couches sphériques, ou 
_ plus exactement ellipsoïdales, concentriques. En 
effet, la vitesse de propagation des ondes sismiques 
au travers du globe ne varie qu'avec la distance 
des points entre lesquels on la mesure au moyen 
des sismographes, soit entre le foyer et une station 
sismographique, soit entre deux stations, et les 
coordonuées géographiques de ce foyer et de ces 
stations n interviennent en aucune mesure. 

Revenons maintenant à nos trois hypothèses. À 
la première, écorce légère et partie principale de 
densité constante un peu supérieure à 5,5 devrait 
correspondre, d’après l'analyse mathématique. un 
aplatissement de 1/230, tandis que la seconde, 
écorce et partie principale légères et noyau central 
extrèmement dense, exigerait un aplatissement 
de 1/577. L'aplatissement observé étant de 1/298 
environ, c'est-à-dire de valeur intermédiaire, il 
sensuit que la loi de variation de densité est 
elle-même intermédiaire entre ces deux supposi- 
tions extrêmes, c'est-à-dire que la constitution 


2 


Re 


- 


iii 
dt 14 les 


254 LA SISMOLOGIE MODERNE 


interne du globe est du type de la troisième, ou. 
que la densité augmente progressivement de la 
surface au centre et suivant une loi à déterminer - 
de telle sorte que la densité moyenne soit de 5,5. 
Bien des lois de variations par couches concen- 
triques peuvent être imaginées pour arriver à ce 
résultat, tout en restant compatibles avec les 
circonstances astronomiques du problème. Très 
séduisante, celle de Legendre a longtemps régné 
sans conteste ; elle consiste à supposer que, de la 
surface au centre, l'augmentation de densité jus- 
qu'à une valeur donnant une moyenne générale 
de 5,5 résulte uniquement de la compression que : 
les couches terrestres successives exercent les unes 
sur les autres en conséquence de leur poids. 
L'hypothèse de Legendre a contre elle la presque 
unanimité des physiciens modernes. Ils font 
observer qu'elle conduit à des pressions énormes 
au centre de la terre, quelque deux millions 
d'atmosphères, plus de mille fois les plus fortes 
que nous puissions obtenir dans les laboratoires 
à l’aide des plus puissants moyens de la mécanique 
moderne. Ils n’admettent pas que la matière soit 
ainsi presque indéfiniment compressible et déclarent 
ne pouvoir s'imaginer quel pourrait bien être 
l'état de la matière dans de semblables conditions. 
Wiechert est le savant qui s’est le plus vivement 
élevé contre cette conception. Pour rendre compte … 
de la densité moyenne de 5,5, il ne reste donc plus 


2 


‘+ 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 259 


qu'une ressource, en demander l'explication à la 


nature chimique même de la masse interne. A 
plusieurs reprises déjà, nous avons rencontré cette 


conséquence des observations, que la terre doit 


posséder une rigidité de l’ordre de grandeur de 
celle de l'acier. IL est donc tout naturel d'admettre 
provisoirement que, pour les 4/5 ou les 2/3 du 
rayon, la sphère terrestre est composée d’un noyau 
de fer, ou de fer et de nickel, de densité uniforme 
de 8 à 8,5. La partie extérieure se composerait de 
la mince écorce connue d’une densité de 2,7 
environ et d'une croûte intérieure d'une densité 
comprise entre 3 et 3,4 et résultant de la compres- 


sion mutuelle des couches successives. Cette répar- 


_tition des densités rend exactement compte de la 


densité terrestre moyenne de 5,5, mais il s’agit de 
lui enlever le caractère hypothétique qu'elle a jus- 
qu à présent. Auparavant il nous faut dire quelques 


mots de la température interne, sans tenir aucun 


compte de ce qu'elle a pu être dans la période de 


temps qui correspond à la formation même du 


globe terrestre; nous toucherions là aux théories 
cosmogoniques et nous les considérons comme 
tout à fait en dehors de notre sujet. 

L'observation montre que la température croît à 
mesure que l’on descend dans les puits de mines et 
cela à raison d'un degré centigrade par 30 mètres 
environ. Cette augmentation constatée sur une 
épaisseur infime de 2 kilomètres, alors que le 


256 LA SISMOLOGIE MODERNE 


rayon terrestre en a plus de six mille, ne saurait 
être étendue à toute la masse sans constituer une 
hypothèse gratuite. Jointe à l'augmentation de pres- 
sion, il en résulterait pour la matière du globe ter- 
restre un ensemble de conditions tel qu'il nous est 
impossible de concevoir quel serait son état molé- 
culaire. Aussi les physiciens n’admettent plus que 
cette température puisse croître jusqu'au centre et 
ils pensent qu'à une certaine profondeur elle 
devient constante et égale à quelque trois ou. 
quatre mille degrés seulement, taux suffisant pour 
rendre compte de l'état de fusion des laves volca- 
niques. 

Quoi qu'il en soit, il s’agit de donner à l'hypo- 
thèse de Wiechert la sanction de l'observation, 
sans oublier qu'elle a déjà en sa faveur l'argument 
relatif à la rigidité de la terre considérée dans son : 
ensemble, rigidité qui doit être comparable à - 
celle de l'acier. Que la terre soit principalement 
formée de fer ne paraîtra pas étrange si l'on 
réfléchit que les vapeurs de ce métal jouent un 
rôle prépondérant dans les raies du spectre des 
parties profondes du soleil, que mettent à nu les 
phénomènes tourbillonnaires manifestés par ses 
taches. Toutes les théories cosmogoniques font 
dériver le soleil et les planètes d'une masse nébu- 
laire commune, de sorte qu'une certaine commu- 
nauté de constitution chimique entre les différents 
membres du système en est la conséquence 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 257 


logique. Il y a plus, les minuscules astres que 
sont les aérolithes sont composés d’une croûte 
_terreuse et d'un noyau de fer et de nickel. C'est 
en petit la reproduction de la constitution terrestre 
que nous avons à tâche de justifier et nous pou- 
vons trouver des arguments de fait sur la terre 
elle-même. 

On connaît, en effet, à la surface de la terre 
d'énormes masses de fer natif presque pur; la plus 
célèbre est celle d'Ovifak dans le Grœnland. 
Longtemps on lui a supposé, comme à d’autres 
analogues, une origine météorique et on la consi- 
dérait comme un gigantesque aérolithe. Il est bien 
prouvé maintenant qu'elle est venue au jour avec 
des basaltes; en d’autres termes, elle est d’origine 
profonde. Dans l’Arizona s'élève un cône avec 
cratère appelé Coon Butte. L'absence de roches 
volcaniques aux environs l’a fait longtemps consi- 
dérer comme produit par la chute d'un énorme 
aérolithe, dont les prétendus fragments composés 
de fer se rencontrent jusqu à deux kilomètres de 
distance ; leur poids total a été évalué à une dizaine 
de tonnes. Malheureusement pour l'explication, 
ces fragments ne se sont disséminés que d'un côté 
du Coon Butte, de sorte que ce ne peut être le 
point de contact d'un projectile d'origine céleste; il 
s’agit tout simplement d’un cratère d’explosion par 
lequel est venue au jour une masse profonde de fer 
natif, morcelée par le phènomène volcanique lui- 


SISMOLOGIE MODERNE. É 


258 LA SISMOLOGIE MODERNE 


même. Ces faits et d'autres analogues accusent 
donc la présence du fer natif dans les couches 
terrestres profondes et l'hypothèse de Wiechert 
n'est plus une supposition simplement destinée à 
rendre compte de la densité moyenne de la terre. 

Il s’agit maintenant de voir si la propagation des 
ondes sismiques, telle que la mesurent les sismo- 
graphes, est ou non compatible avec l'existence 
d'un noyau terrestre composé de fer comprimé et 
dont le rayon serait les 4/5 ou les 2/3 de celui du 
slobe. 

Considérons les ondes longitudinales d’un trem- 
blement de terre, et les ondes transversales 
conduiraient au même résultat. Si elles se propa- 
geaient par la surface, elles s’enregistreraient sur 
les sismographes au bout de temps proportionnels 
à la distance, c'est-à-dire aux arcs de grands 
cercles qui séparent les épicentres des divers 


observatoires. Au lieu de cela, ces temps croissent 


moins vite que ne l’exigerait la proportionnalité à 
la distance et l’on a déjà vu que leur vitesse est 
beaucoup trop grande pour les propriétés physiques, 
densité et élasticité, des couches externes, c'est-à- 
dire que ces ondes se propagent par l'intérieur de la 
terre. A 1000 kilomètres de distance, le temps 
nécessaire est de 140” et, à 2 000 kilomètres. il n'est 
plus que de 260” au lieu de 280” et ainsi de suite. 
A chaque augmentation de 1 000 kilomètres de 
distance correspond un accroissement successive- 


: id 
RD: ° . 
+ 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 259 


ment moindre du temps nécessaire à la propaga- 
tion et à 10 000 kilomètres ce temps n'est plus que 


Fur F. ch | 


0 0,2 oies)! 1,0 


Fig. 60. — Variations de la vitesse de propagation des ondes sismiques 
longitudinales avec la profondeur (d'après Benndorff). 

de 790” au lieu des 1 400” qui correspondraient à 

la proportionnalité. Cela s’interprète facilement : 

à mesure que la distance augmente, le rayon 


260 LA SISMOLOGIE MODERNE 


sismique pénètre plus profondément dans l'inté- 
rieur de la terre et y rencontrant des couches de 
plus en plus denses et élastiques, la vitesse de 
propagation des ondes sismiques croît elle-même 
dans la même proportion. À partir d'une profon- 
deur d'environ 1500 kilomètres, la vitesse de 
propagation reste à peu près constante et égale à ce 
qu'elle serait dans une sphère composée de fer et 
de nickel comprimés, d’une densité de 8 à 8,5. 
Nous nous retrouvons dans les conditions de 
l'hypothèse de Wiechert, qui de la sorte est vérifiée 
par des observations directes. 

Dans le détail, les mesures des vitesses de pro- 
pagation des ondes longitudinales, telles qu'on les 
obtient au moyen des sismographes, nous four- 
nissent d'autres renseignements. Ce sera d'abord, 
pour les derniers 1 000 kilomètres de distance, un 
nouvel accroissement. Cela signifie que le noyau 
de fer, au lieu d'être de densité constante, est un 
peu plus dense autour du centre de la terre. En. 
outre, à 100 kilomètres de profondeur au-dessous 
de la surface se produiraient, d’après Wiechert, 
des ondes sismiques d’une nouvelle espèce et qui 
correspondraient au cas d'un corps nageant sur 
un fluide. Ce serait le magma d’où émanent les 
laves et il viendra tout de suite à l'esprit que 
jusque-là seulement persiste la loi d'augmentation 
de température interne, car au taux de un degré 
d'augmentation par 30 mètres de profondeur on y 


LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 261 


obtiendrait une température comprise entre 3 000 
et 4 000 degrés, suffisante pour la fusion de toutes 
les roches connues, et que les physiciens admettent 
pour d'autres motifs, comme nous l'avons dit plus 
haut. 

En résumé, toutes les observations astrono- 
miques, géodésiques, géophysiques et sismogra- 
_phiques convergent vers la connaissance d’une 
constitution terrestre interne qui se résume comme 
il suit et met d'accord tous les faits : 

1. Une écorce extérieure d’une densité moyenne 
de 2,6 à 2,8 et d'une épaisseur d'environ 100 kilo- 
mètres. C'est la zone des phénomènes de surrection 
des chaînes des montagnes, plissements et char- 
riages, et c'est aussi celle où naissent les tremble- 
ments de terre. 

2. Une mince couche fluide ou visqueuse de 
magma. Cest là que naissent les phénomènes 
volcaniques, et la température qui y règne doit 
être comprise entre 3 000 et 4000 degrés; au delà, 
elle n'’augmente plus. 

3. Jusqu à environ 1500 kilomètres de profon- 
deur, une couche d’une densité croissante jusqu à 
3 ou 3,4 et au sein de laquelle la compression due 
à la gravité croit progressivement et atteint le 
maximum compatible avec la constitution de la 
matière. 

4. Au delà, un noyau constitué principalement 
de fer comprimé. Sa densité croît très lentement 


\ 


262 LA SISMOLOGIE MODERNE 


jusqu'au centre, au voisinage duquel elle subit une 
certaine augmentation plus rapide. Il est caractérisé 
par une constance presque complète de ses pro- 
priétés physiques, en particulier de son élasticité. 

Le progrès des observations pourra, sans doute, 
faire modifier dans quelques proportions les épais- 
seurs de ces diverses zones, mais il n'est pas pro- 
bable qu'elles soient ultérieurement changées de 
manière notable, car cet ensemble a été successi- 
vement déduit par l'expérience sans intervention de 
théories ou d’hypothèses. On est loin de la concep- 
tion du noyau interne fluide et incandescent et au 
lieu de cela on est arrivé expérimentalement à 
cette certitude qu'actuellement la terre est dans son 
ensemble un solide dont la rigidité est comparable 
à celle de l'acier, parce que précisément c’est un 
bloc de fer. Il n’échappera pas que c’est à la sismo- 
logie qu'il faut attribuer le mérite de cette synthèse 
définitive de nos connaissances sur l’état interne 


du globe. 


CHAPITRE XX 


EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 
SUR LES CONSTRUCTIONS ET MOYENS 
D’Y REMÉDIER 


Il serait tout à fait superflu d'insister sur l'in- 
térêt capital que présente le problème des cons- 
 tructions asismiques, c'est-à-dire capables de 
résister aux tremblements de terre même les plus 
violents, et cependant, sans qu'on s’en doute, c’est 
peut-être la branche la mieux élucidée actuelle- 
ment de la sismologie, les divergences entre les 
techniciens ne roulant plus que sur des points de 
détail. Grâce à de très nombreux travaux publiés 
depuis quelques années dans divers pays instables 
comme l'Italie, le Japon, l'Autriche et les États- 
Unis, il existe un véritable Art de bâtir dans les 
pays à tremblements de terre et, n'était l'incurie des 
populations intéressées et pourtant si souvent 
éprouvées, rien ne serait plus facile que de sup- 
primer le péril sismique. Voilà une affirmation 


264 LA SISMOLOGIE MODERNE 


qui semblera sans doute paradoxale tant les inves- 
tigations faites dans cette voie sont restées cachées 
dans des recueils spéciaux, peu accessibles au 
public. | 

Pour se convaincre immédiatement de cette 
possibilité de sauver les constructions, il suffit de 
songer aux nombreux monuments de l'antiquité 
classique grecque ou romaine, encore debout après 
avoir résisté victorieusement à l'assaut de vingt 
siècles et plus, aux déprédations des barbares et 
en même temps aux grands tremblements de terre 
du bassin de la Méditerranée pourtant si souvent 
ébranlé. Et cependant il ne semble pas, si l’on se 
reporte aux traités d'architecture conservés, ceux 
de Vitruve et de Frontin par exemple, que ces 
grands constructeurs qu'étaient les Romains se 
soient jamais préoccupés, au moins explicitement, 
de rendre leurs monuments asismiques; mais ils 
construisaient bien et lentement, c’est-à-dire ne 
négligeaient aucune des prescriptions de l’art et 
n'employaient que d'excellents matériaux. On est 
d'ailleurs certain que cette immunité était spéciale 
aux monuments importants et ne s'étendait pas 
aux modestes habitations, les récits des historiens 
en font foi. 

L'expérience la plus courante prouve que sauf 
des cas très particuliers, par exemple quand un 
édifice se trouve sur le trajet d’une faille qui rejoue 
au moment d'un tremblement de terre, toute 


CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 265 


construction simplement soignée et bâtie avec de 
bons matériaux assemblés rationnellement résiste 
aux plus destructives secousses. On peut dire qu'au 
moyen de ces deux prescriptions d'ailleurs indé- 
pendantes de toute question préalable d’asismicité 
et qui constituent le plus élémentaire devoir d'un 
constructeur, on éviterait les quatre cinquièmes 
peut-être des dommages, entendant par là qu'on 
ne tient pas compte des petites avaries qui ne 
compromettent ni la solidité, ni l’habitabilité d’un 
édifice. 

Il n'est pas téméraire de penser que l'autre part 
de dommages, le cinquième restant, est dû à un 
mauvais choix du site, ou du terrain sur lequel 
on a bâti. Certes, le plus souvent, ce choix n'est 
pas libre et s'impose en conséquence de multiples 
considérations. Il faut donc envisager la possibi- 
lité, d'ailleurs indéniable, de combattre efficace- 
ment le danger sismique des terrains incohérents 
ou de ceux topographiquement mal situés, le 
long de la pente d'une crête par exemple. Le 
problème se complique en raison de circonstances 
parfois contradictoires, tel terrain naturellement 
résistant de par sa constitution pouvant devenir 
dangereux, si, en raison de sa situation topogra- 
phique, le mouvement sismique peut y acquérir 
toute son amplitude. Cependant, grâce aux mul- 
tiples ressources de l’art moderne des construc- 
tions, il ne sera pas plus difficile de construire 


266 LA SISMOLOGIE MODERNE 


asismiquement dans les situations les plus défavo- 
rables que d'élever un pont en terrain marécageux 
ou un viaduc sur des sables mouvants. A peine si 
ce sera une question d'argent. Mais ce n'est pas 


ainsi que le problème se pose au moins pour les 


habitations particulières et il s’agit d'exposer les 
principes généraux sur lesquels s'appuyer pour 
les rendre asismiques. 

On pourrait évidemment établir les règles pré- 
servatrices au moyen de considérations théoriques 
a priori. L'art de bâtir est, en effet, tout entier une 
conséquence de la nécessité de résister à la pesan- 
teur, effort statique, constant, vertical de haut en 
bas et aussi aux poussées obliques résultant de 
l'agencement mutuel des matériaux, c'est-à-dire 
des formes architectoniques adoptées, ainsi celles 
des voûtes. Dans le cas du tremblement de terre, : 
il faut y ajouter un effort brusque et passager, donc 
dynamique, ondulatoire dans le sens horizontal et 
trépidatoire dans le sens vertical de haut en bas et 
de bas en haut. Posé de la sorte, le problème n'est 
pas au-dessus des moyens de la science de l'ingé- 
nieur, mais il est beaucoup plus sûr de faire appel 
à l'expérience acquise dans de nombreux désas- 
tres. On a donc comparé pour de nombreux 
tremblements de terre les structures, les maté- 
riaux, et les sites des édifices qui ont résisté ou 
non et de cette vaste enquête architectonique on 
a déduit les structures à conseiller, les matériaux 


CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 267 


_à préférer, les situations topographiques à éviter. 
Cette méthode expérimentale «a posteriori a servi 
de base à l’art de construire dans les pays à trem- 
blements de terre qu'il suffirait de suivre à la lettre 
pour éviter la totalité des dégâts. Les prescriptions 
en sont assez peu nombreuses et à plusieurs 
reprises on les a codifiées en règlements d’édilité, 
qui malheureusement sont vite tombés en désué- 
tude jusqu'à ce qu'un nouveau désastre soit venu 
en démontrer, quoiqu'un peu tard, le bien fondé 
et la nécessité. 

. Sans entrer dans le détail, il ne sera pas sans 
intérêt de développer ici quelques considérations 
générales relativement au mode d'action des trem- 
blements de terre sur les édifices et de montrer 


comment l'art de bâtir asismiquement résulte de 


la seule observation, ses principes restant d’ailleurs 
en parfait accord avec ceux de l'Art de bâtir 
sans épithète. Il suffira à notre but de considérer 
la simple habitation, dont la destruction entraine 
le plus grand nombre de victimes et la plus grande 
partie des pertes matérielles. Voyons donc com- 
ment un tremblement de terre attaque une cons- 
truction, ou mieux une muraille qui est l'élément 
fondamental de tout édifice, celui au moyen duquel 
l'homme sépare de l'atmosphère libre un certain 
espace où il abrite contre les intempéries sa per- 
sonne et ses biens les plus précieux. 

Malgré leur peu d'amplitude, mais à cause de 


268 LA SISMOLOGIE MODERNE 


leur grande vitesse de propagation, et surtout de 
la brièveté de leur période, les vibrations prélimi- 
naires ne laissent pas que d'exercer sur une 
muraille des efforts mécaniques d'importance. On 
peut dire schématiquement que cet effort sur les 
matériaux est moléculaire, c’est-à-dire qu'il tend à 
les désagréger en les désorganisant. De cela se 
déduit la nécessité de n'employer que des maté- 
riaux solides, compacts, cohérents et élastiques et 
de relier les éléments constitutifs, pierres, bri- 
ques, etc., par un mortier jouissant des mêmes 
propriétés physiques. 

Une muraille devra donc être homogène et élas- 
tique et, si l’on veut donner à cette prescription 
une formule savante, on dira que toutes ses parties 
devront pouvoir vibrer synchroniquement. Toutes 
les règles pratiques tirées de l'observation quant 
aux qualités des matériaux de construction pour- 
raient être déduites de cette règle et ici la théorie 
et l’expérience restent en parfait accord. Cela se 
prouve clairement au seul examen des décombres 
d'une ville qui vient d’être renversée par un trem- 
blement de terre. Si les restes d’une muraille 
forment un tas de matériaux désagrégés, cest 
que l'élément de liaison ne présentait pas une 
résistance comparable à celle des éléments cons- 
titutifs, pierres ou briques par exemple, et la 
muraille manquait d'homogénité et d'élasticité ; 
si, au contraire, en tombant, la muraille s'est 


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CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 269 


fragmentée en gros blocs, c'est qu'en raison même 
des dispositions architectoniques la muraille avait 
des lignes de moindre résistance par suite de 
l'agencement défectueux des ouvertures, portes et 
fenêtres, ou de causes analogues. Toutefois les 
vibrations préliminaires, longitudinales et trans- 
versales, ne sont pas le facteur le plus à craindre 
du mouvement sismique. 

Aux vibrations préliminaires succèdent les ondes 
de la phase principale. Elles ont une moindre 
vitesse de propagation et une plus longue période, 
mais leur amplitude, qui peut atteindre vingt centi- 
mètres et plus, les rend destructives. Ce mouve- 
ment ondulatoire n'attaque pas simultanément 
toutes les parties de la muraille, c'est-à-dire que 
ses diverses parties ne seront pas à un instant 
donné à la même phase; elles seront animées de 
vitesses dont la grandeur sera inégale et la direc- 
tion différente, de sens contraire même. Il y aura 
donc tendance à séparation des éléments consti- 
tutifs, pierres ou briques, en suivant alternative- 
ment les joints, et en apparence capricieusement. 
Les fentes pourront même s'étendre à ces éléments, 
tous ces effets divers variant avec les propriétés 
physiques relatives de ces éléments et du mortier. 

Pour résister victorieusement à cet effort de 
disjonction, 1l faudra que les propriétés physiques 
des matériaux procurent comme tout à l'heure 
l’'homogénéité et l’élasticité de la muraille. 


270 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Mais une muraille se détruit aussi parce que, 
grâce à l'inertie, certaines de ses parties n'obéis- 
sent pas immédiatement au mouvement ondula- 
toire communiqué à d'autres que leur position 
rend plus libres d'y céder. L'intervention de ce 
nouveau facteur de ruine se produit tout particu- 
lièrement pour les parties supérieures relative- 
ment aux parties inférieures qui, elles, reçoivent 
directement l'impulsion sismique du sol. Celles-là 
restent donc en retard par rapport à celles-ci, 
circonstance qui s'aggravera notablement si les 
poutres des planchers, au lieu de reposer par leur 
simple poids sur les murailles, leur sont solide- 
ment reliées. [l se produira donc un eflet de 
cisaillement horizontal, la muraille constituant un 
pendule renversé, mais dont la partie supérieure 
manque de liberté; elle se fendra à la hauteur du 
plancher, ou plus communément un peu plus bas 
parce que le pied de la muraille aura déjà changé 
de phase quand la partie supérieure aura fini par 
se mettre en mouvement. Théoriquement, ces 
fentes devraient se produire horizontalement, mais 
en réalité leur direction est oblique, perturbée 
qu'elle est souvent par les lignes de moindre 
résistance, comme celles dues aux ouvertures. 

L'action destructive de l'inertie est moindre 
pour une muraille indépendante que pour celles 
qui font partie d’un édifice, en dépit du mutuel 


soutien résultant, parce que, dans ces cas, l'inertie 


SE 
, NE VE 
A | 

‘ 


CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 271 


des planchers et des toitures s'ajoute à celle des 
parties supérieures de la muraille. Pour y résister, 
les murailles devront former un tout avec les 
parties horizontales, c'est-à-dire qu'elles doivent 


2 * 
NNKNNKKKKKKKKK 


ja 
La 


Fig. 61. — Maison-baraque de Vivenzio. 


être renfermées dans une armature générale à 
éléments tant horizontaux que verticaux. Elles 
ne doivent pas être autonomes, ou self-supporting, 
comme disent les Anglais, et leur rôle se réduira à 
celui d'un simple matériel de remplissage, tout le 
poids de la construction se reportant sur l'arma- 
ture. Tel est le plus clair enseignement des 
derniers grands désastres. Il n’y à d’ailleurs là 
rien de nouveau que l'expression, et Vivenzio 
connaissait bien ce fait quand, après le tremble- 
ment de terre des Calabres des 5 et 20 février 1785, 
il inventait son système des case barracate, qui, 
depuis, a fait ses preuves toutes les fois qu'il a été 
appliqué rationnellement. 


9272 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Comme on sait, le mouvement sismique présente 
une autre sorte d'ondes, les ondes visibles ou 
gravifiques particulières aux terrains sans consis- 
tance. On en estimera facilement l'effet éminem- 
ment destructeur en se rappelant que, douées 
d’une bien plus grande vitesse de propagation 
que celle des vagues de la mer, ces ondes viennent 
déferler contre les fondations d'un édifice exacte- 
ment de la même manière que les vagues marines 
contre une côte rocheuse et abrupte. Si donc l’édi- 
fice ne forme pas un tout, il se séparera de ses 
fondations et s'effondrera sans remède. Ainsi, par 
une autre voie, nous arrivons à la conception d'un 
édifice dont les diverses parties soient tellement 
solidaires qu'aucune d’entre elles ne puisse se 
mouvoir indépendamment des autres, et c'est ainsi 
que s'est transformée l'idée des anciens sismo-. 
logues quand ils disaient que toutes les parties 
d’un édifice doivent pouvoir se mouvoir synchro- 
niquement. 

Un autre effet des ondes gravifiques est d'in- 
cliner une construction et si la projection du 
centre de gravité d'un mur peut sortir de sa base 
de sustentation, 1l n'en est pas de même pour 
un édifice considéré comme un ensemble. En 
d’autres termes, le renversement d’un édifice est 
impossible, et, en fait, on n'en a pas d'exemple; 
cela ne peut arriver que pour ceux de formes 
très particulières comme les phares ou les che- 


24 RES 


‘0067 100 Of np osttaiediuA op 0419 OP JUOUOTAUUOET, 
= ‘99P[É UO S09]S01 SOINOTIQJUI SUOISIATP SOI 39 9PUIRJ OUR 94JU9 UOTCILAPS — 


este. — PI: XVI: 


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Sismolo 


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*O0G4 100 97 NP OSICAUAJUA OP 04110] 0P JUOLUYIAUOAT, 


"ANOUOD 99)S01 9PUIT CI 10 SOINOMOQUT SUOISTATD SOL OUJUO UOIPAL AG — LEO OT, 


erne. — PI. XVII. 


ie mod 


Sismolog 


CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 273 


minées d'usines. Mais si les murailles ne sont pas 
parfaitement reliées aux divisions intérieures, 
elles se rendront indépendantes du reste de 
l'édifice et se renverseront. Ce danger est très réel 
et on voit, en effet, à tous les grands tremblements 
de terre, des façades tomber seules en laissant 
apercevoir des appartements béants dont les 
meubles sont restés en place. D'autres fois, au 
contraire, c'est la façade qui reste debout et 
l'intérieur de l'édifice s'effondre. 

Il s'agit donc de constituer un édifice de telle 
sorte qu 1l forme un monolithe seulement suscep- 
tible de se balancer avec les ondes principales et 
les ondes gravifiques. La solution consiste évidem- 
ment dans lés armatures générales dont il a déjà 
été question et les vides en seront remplis par des 
matériaux formant rideau. En d’autres termes, 
ce sera une cage. 

À première vue, ces considérations pourront 
être taxées de théoriques. Il est bien loin d'en 
être ainsi, et nous avons dans les vagues de la mer 
un phénomène naturel très analogue aux tremble- 
ments de terre et dont l'effet sur les navires a 
conduit à des principes tout semblables pour les 
constructions navales. 

Comment, en effet, agissent les vagues sur le 
navire, si l’on ne tient pas compte de ce fait, ici 
accessoire, qu'il flotte? En déferlant contre ses 
flancs, ou murailles, elles le font rouler et tanguer. 


SISMOLOGIE MODERNE. 18 


274 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Ces effets ne différent pas essentiellement du 
mouvement imprimé à une construction par les 
ondes principales et gravifiques d'un tremblement 
de terre et le choc des mêmes vagues de la mer 
correspond, au moins jusqu'à un certain point, à 
l'effet des vibrations préliminaires. Les conditions 
exigées dans les constructions navales seront donc 
les mêmes que pour les constructions asismiques : 
homogénéité, élasticité et indéformabilité. L'homo- 
généité s'opposera à la destruction et à la désorga- 
nisation des matériaux par les mouvements 
vibratoires; l'élasticité suffira pour combattre 
l'inertie de certaines parties par rapport à d’autres 
sous l'action du mouvement ondulatoire des ondes 
principales; enfin l’indéformabilité empêchera le 
mouvement pantographique de l’armature, autre 
cause de destruction des murailles par excès de 
tension ou de compression sous l’action des ondes 
gravifiques déformant les panneaux de l'armature. 

Aux deux premières conditions correspondent 
le choix et la bonne qualité des matériaux, éléments 
de liaison et éléments constitutifs. [l est un peu 
plus délicat de satisfaire à la troisième, l'indéfor- 
mabilité, mais tout constructeur avisé ne sera pas 
embarrassé pour l'obtenir au moyen de liaisons 
appropriées entre les diverses parties de l'armature, 
soit métallique, soit de bois, et saura transformer 
les rectangles en triangles, la seule figure indé- 
formable. 


{ 


CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 275 


Il viendra tout de suite à l'esprit que l'emploi 


du ciment armé est précisément le mode de cons- 
truction qui satisfait, et, au plus haut degré, à 
toutes ces exigences. Ce sera donc le matériel de 
choix pour Les pays à tremblements de terre et, effec- 
tivement, toutes les fois qu'il a été convenablement 


construit, les édifices ont admirablement résisté, 


à Messine comme à San-Francisco. Il présente en 
outre l'immense avantage d’être incombustible, et 
l'on sait la violence des incendies qui suivent 
toujours les grands tremblements de terre et 
souvent même produisent plus de dommages que 
le phénomène naturel. Dans un édifice en ciment 
armé ne peuvent brüler que les objets contenus, et 
la parfaite liaison entre le ciment et le métal de 
petit échantillon écarte le danger des inégales 
dilatations entre les murailles et les éléments 


métalliques des constructions en charpentes de 


fer ou d'acier et qui, en cas d'incendie, suffisent à 
en assurer la destruction, même quand l'édifice a 
victorieusement résisté au tremblement de terre. 


Malheureusement le ciment armé ne convient pas. 


partout à cause de son prix élevé et de la difficulté 
de son emploi, mais à cette objection il y a cette 
réponse que les plus modestes modes de cons- 
truction peuvent être rendus asismiques à peu de 
frais et à condition de ne pas s'en tenir aux 
conseils des nombreux empiriques qui pullulent 
dans les pays à tremblements de terre. 


276 LA SISMOLOGIE MODERNE 


Comme on l'a déjà fait remarquer, les désastres 
sismiques se feront de plus en plus graves par 
suite de la surpopulation croissante des villes et 
des progrès mêmes de la civilisation, qui exigent 
des constructions plus compliquées et plus élevées : 
La question de leur asismicité devient donc de 
plus en plus urgente. Nous entrevoyons que, dans 
cet ordre d'idées, le ciment armé finira par rem- 
placer tous les autres matériaux de construction, 
parce qu il est à la fois hygiénique et incombustible. 
L’asismicité sera obtenue par surcroît et, ce jour- 
là. le danger des tremblements de terre aura 
disparu pour toujours, sans qu'on l'ait voulu, et 
nous avons beaucoup plus de confiance dans cet 
inconscient progrès de l'avenir que dans l'adoption 
de mesures préventives d'édilité, car l'expérience 
de l’histoire montre que la routine continuera à. 
avoir raison contre les plus sages conseils des 
sismologues. 


BIBLIOGRAPHIE 


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DuTToN (Cl. E.). Earthquakes in the light of the new sismo- 
logy. New York, 1904. 

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Géographie séismologique. Paris, 1907. — La science séismo- 
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SIEBERG (Aug.). Handbuch der Erdbebenkunde. Braun- 
schweig, 1904. 


Principaux périodiques sismologiques (avec la 
date du commencement de la publication). 


Beiträge zur Geophysik. Leipzig, 1887. 

Bolletino della Societa sismologica ilaliana. Modena, 1895. 

Bulletin of the Imperial earthquake investigation Committee. 
Tokyo, 1907. 


de ë 
BIBLIOGRAPHIE | Fu 4 


f 
"ee 


Bulletino del RL Le ilaliano. Roma, A874- 1895. "AVES 
| Comptes rendus des séances de la Commission sl 
manente de l'Académie impériale des sciences. Saint-Péte 
= bourg, 1904 (en russe). és CRIE 
= Mittheilungen der Erdbeben. Commission der Haisertichen. 4 
_ Akademie der Wissenschaflen in Wien, 1897. =: 3 
Publications du bureau central de l'Association internatio 
Mure de Sismologie. Strasbourg, 1908... ds is 
Publications of the Eurthquake investigation Committee LE | 
_ foreign languages. Tokyo, 1900. ; | ru ; * 
| Report on seismological investigations. British pra for the ei 
_ advancement of Science. London, 1896. ÿ D 
Transactions of the Seismological 


à ‘ya Yokohama, 1880-1892. 


’ 


TABLE DES FIGURES ET CARTES 


Fig. 1. — Modèle d’une partie de la trajectoire d’un point 
de la surface terrestre lors du tremblement de terre de 
Tokyo du 15 janvier 1887 (d’après Seikei Seikiya). . . : . 14 
Fig. 2. — Trotioir dallé de l’Hôtel des Postes de San-Fran- 
cisco, montrant une vague sismique visible du tremblement 


de terre du 18 avril 1906 (d’après Schussler) (PI. I)  . . . 16-17 
Fig. 3. — Diagramme du tremblement de terre du 15 dé- 
ceubré 1901 dans les Philippines (d’ he le « Philippine 
DURE TT LITE NT SES SERRE 25 
Fig. 4. — Directions observées au voisinage de Sinj lors 
du tremblement de terre du 2 juillet 1898 (d’après Faidiga). 27 
Fig. 5. — Rose sismique d'Orizaba (d’après le relevé des 
observations de C. Mottl de 1889 à 1895). . . . . . . . . . 29 


Fig. 6. — Mouvement d’un pendule oscillant dans le méri- 
dien sous l’impulsion d’un choc perpendiculaire, puis paral- 


= dernier (d'après Gecchi}.: .: … à, . . . . 0 4 31 
Fig. 7. — Sismogramme obtenu à Santiago du Chili, le 

8 juin 1909, avec un pendule Bosch-Omori non amorti, . . 39 
Fig. 8. — Pendule astatique de Wiechert de 200 kilo- 

ii 4... © 5 am al 40-41 
Fig. 9. — Principe du pendule horizontal léger . . . . . 42 
Fig. 10. — Principe du pendule horizontal lourd. . . . . 43 

D 11 Peudule lourd de Bosch . . . : . .:,. : :°.. 44 
Fig. 12. — Diagramme du cyclone du 16 novembre 1891 à 


Manille obtenu avec un microsismographe Bertelli (d’après 
a UC.) Lie rte «4 9 LES 


280 TABLE DES FIGURES ET CARTES 
Fig. 13.— Une tempête microsismique à Tokyo les 18 et 

19 novemibre 1900-(d’après Omori). :° NS 49 
Fig. 14. — Schéma d’un télésismogramme normal . . . . 50 
Fig. 15. — Sismaogrammes comparés de macroséismes 

locaux, Voisins, OU de téléséismes. . .'". 2000 RENE 92 
Fig. 16. — Diasramme de la composante N. S$. du trem- 

blement de terre de Mongolie du 9 juillet 1895; plus de 

3 000 km. (d’après Angenheister) s'R 93 
Fig. 17. — Sismogramme obtenu à Santiago du Chili le 

22 juin 1909 avec un “pendule Bosch-Omori amorti (PI. IT). 54-55 
Fig. 18. — Sismogramme du tremblement de terre de 

Tokyo du 20 juin 1894 . HE . it ESSOR 
Fig. 19. — Sismogramme obtenu à Copiapo (Chili) le 

24 eptembre 1910 avec un pendule astatique de Wiechert 

de 200 kgr. (PI. IV). ARR 
Fig. 20. — Tremblement de terre polycentrique de Mineo 

du 26 août 1904 (d’après Arcidiacono). . . . 74 


Fig. 21. — Dédoublement de la troisième isoséiste du trem- 
blement de terre de Kangra du 4 avril 1905 (d’après Middle- 


HCDISE MES TR NS RARE PRES ER PRET CEA do 13 
Fig. 22. — Épicentre du tremblement de terre d’ Herzogen- 
rath du 22 octobre 1873 (d’après von Lasaulx). 79 


Fig. 23. — Crevasses à la façade de l’église d’ Re déf Rey, 
le 25 Hate 1885 (d’après Taramelli et Mercalli) (PI. V). 88-89 


Fig. 24. — Hodographe des trois espèces d'ondes pour le 
tremblement de terre des Calabres du 8 septembre 1905 
(d'aprés M1ZZ0).::.7 7. 89 

Fig. 25. — Variations de la fréquence des tremblements 
de terre du Mino et de l’Owari du 28 octobre 1891 Me : 
Dairoku Kikuchi). a M © 

Fig. 26. — Région sismique de lattantique équatorial ou 
de Daussy , HAT 117 

Fig. 27. — Le raz de marée > du 5 mai 1902 sur a place 
Bertin à Saint-Pierre de la Martinique (d’après Lacroix) 

CPS NA). LUE Re 

Fig. 28. — La corvette péruvienne America et le vapeur 


de guerre Wuleree transportés à plus d’un mille de la côte lors 
du Lremblement de terre d’Arica du 13 août 1868 (PI. VII). 118-119 


Fig. 29. — Marégramme de Rochefort lors de l’éruption 
du Krakatoa (d’après Wharton)... . . SE à 
Fig. 30. — Homoséistes horaires au travers ‘du Pacifique 


des bains du tremblement de terre d’Arica du 13 août 1868 
(d'après .F. von  Hochstetter) …. .. .. .. .. .: 2 O0 


TABLE DES FIGURES ET CARTES 281 


Fig. 31. — Marégramme général de Port-Denison (Sydney, 

Australie) du 10 au 14 mai 1877 (d’après Geinitz). . . . . . 123 
Fig. 32. — Éboulements de terrain le long de la côte de 

Céram lors .du tremblement de terre du 30 septembre 1899 

(d’après Verbeek). . . . . . . , A 2% 
Fig. 33. — Carte sismique des Marches (d’ après Baratta) 22 FT 
Fig. Hi —Dislocations de Céram . . + . .…. . . . : :..1. 482 
Fig. Li = 3 LIENS NSP ENTRER ER 149 
Fig. 36. — Portions de sismogrammes obtenus a la sur- 


. face Hu sol etau fond d’un puits re du tremblement de terre 


de Tokyo du 18 février 1889 (d’après Seikiya) . . . . 155 
Fig. 37. — Effets des vibrations marginales au bord du 

plateau de grès de Balparram (Garo Hills), le 12 juin 1897 

(d’après R. D. Oldham) (PI. VII). SLR CESR 
Fig. 38. — Crevasses et cratères de sable formés sur la 

côte % Acbaïe lors du tremblement de terre de Kalamaki du 

26 décembre 1861 (d’après J. Schmidt) (PL IX) . . . . . 160-161 
Fig. 39. — Changements de position des sommets de la 

iriangulation de Californie après le tremblement de terre de 

San-Francisco du 18 avril 1906. Environs de Point Arena . 161 
Fig. 40, — Distribution mensuelle des séismes légers, 

forts ou destructeurs signalés à Kyoto de 797 à 1867 (d’après 

Omori) . UE UT ven! RE à : 
Fig. 41. — Variations journalières normales de la pression 

barométrique et courbe de fréquence sismique horaire ES 

rale au Japon (d’après Omori). . . . . Ee 
Fig. 42. — Faille ouverte dans la vallée de Neo (Japon cen- 

iral) lors. du . tremblement de terre du 28 octobre 1891 

aptes KGlO) (PIX). : : . Re nn LEE 
Fig. 43. — La grande fracture de la vallée de Neo produite 

par R- tremblement de terre du Mino et de l'Owari du 

PEAR ES 0 en re 
Fig. 44. — Fracture parallèle au Show aï- -Gawa causée e par 

le tremblement de terre du Japon central du 28 octobre 1891 


ape ROIODEPL. XD), : | 2 à tie SATA 98 
Fig. 45. — Principaux cute de las de Chéma- 

Kha (d'après Weber) . a APE 
Fig. 46. — Coulissage d’une faille indiqué par r ouverture 

et ie. déplacement te clôture. Tremblement de terre de 

San-Francisco du 18 avril 1906 (PI. XII). . . . . . . . 196-197 
Fig. 47. — Jsoséistes du tremblement de terre du 


31 août 1896 dans Je Honshu septentirional (d’après Yama- 
TEA CORPORATE RÉ PR ER t 2 LEURS Ne NAN 197 


ES 


282 TABLES DES FIGURES ET CARTES 


Fig. 48. — Compartiments de la marqueterie terrestre 
ébranlés en Islande entre leurs dislocations limites par les 
tremblements de terre de septembre 1896 (d’après Thorodd- 


SON) A US ALES ANT SR SNS 199 
Fig. 49. — Raccourcissement de voie ferrée causé par le 

tremblement de terre de San-Francisco du 18 avril 1906 

2 PA CL N MSRN RES CRE Re 206-207 


Fig. 50. — Distorsion de la voie ferrée d’Old Chaman lors 
du tremblement de terre du Béloutchistan du 20 décem- 


Bree, sé a us à ee PONS 207 
Fig. 51. — Pont aux environs de Rangpour, bombé par le 
tremblement de terre ‘de l’Assam du 12 juin 1897 (d’après 
RD. POIdham) (PL XIV), 002 2) AOC RS 208-209 
Fig. 92. — Trajet de la faille sismique de Californie 
LEUR, 2 le PTE ER ER 208-209 
Fig. 53. — Carte sismique de la Basse-Autriche (d’après 
OS PNR En 209 
Fig. 54. — Homoséiste du tremblement de terre de Bellune 
dû 29 jure 1873 (d'après Hôfer).. : 2 24 2 SR 211 
Fig. 59. — Vallée du Rhône et Alpes françaises . . . . . 231 
Fig. 50:— Pyrénées françaises : 7 TOME 239 
Fis.607. — Pays barbaresques. 2000 237 
Fig. 98. — Les Petites Antilles : ::: 04e 239 
Fig. 89. — Italie méridionale et Sicile. Courbes isanomales 
dela gravité (d'après Ricco) . .. {7.4 MEN 245 
Fig. 60. — Variations de la vitesse de propagation des 
ondes sismiques longitudinales avec la profondeur (d’après 
Beni, ue ie à LUN RL NES - 259 
Fig. 61. — Maison-baraque de Vivenzio. . : . . . . . . 271 
Fig. 62. — Séparation entre une façade et les divisions 
intérieures restées en place. Tremblement de terre de Val- 
raraise du 16 août 1906 (P. XVI) 472: URSS _ 272-273 
Fig. 63. — Séparation entre les divisions intérieures effon- 
drées et la facade restée debout. Tremblement de -terre de 
valparaiso du 16 août 1906 (PL XVII), 600 272-273 


RÉGIONS SISMIQUES. Ancien Monde. Nouveau Monde (hors 
texte à la fin du volume). 


Te. 


PREFACE N. . 


CHAPITRE |. 


nt LR 
nt LIL. 


— IV. 


VI. 


—  VIL. 


nn AE: 


IX. 


FU E. 


—"., XI. 


=  XIL 
— XII. 


nn LAN 


ra. 


TABLE DES MATIÈRES 


Li - 


— Caractère ns du mouvement sismi- 
que. ù 

— Les sismoscopes Fe ce 5 ils apprennent - 

— Les Sismographes. . . . . FPT 

— Sismogrammes et ondes ue ARC UE 

— Éléments mesurables du mouvement sismi- 
LTÉE ARTS SENES Se 

— Le foyer du nn de Fe : 

— Les bruits sismiques. Retumbos et Bronti. 


D LR (fi cn Por RM 

— Séries de secousses et déclanchement à dis- 
EE nn eu Sr" E 

— Tremblements de A sous-marins Fa es 
namis . . Re 

— Fréquence et EP iaite RSS Dent TEE 


— Géographie sismique et volcanique. 
— Relief terrestre et tremblements de terre. . 
— Effets des tremblements de terre sur le 
sol et topographie sismique . 
— Relations supposées entre les nee 
de terre et d’autres phénomènes. 
— Tremblements de terre d'éboulement et Bt 
blements de terre volcaniques. . 


264 TABLE DES MATIÈRES 
CHAPITRE XVI. — Tremblements de terre tectoniques . . 
— XVII. — Evolution du relief terrestre et tremble- 
ments de terre. : NS CNRS 
— XVIII. — Les tremblements de ee, en | Fe et 
dans ses colonies . ; 
— XIX. — La constitution interne du globe € et les 
tremblements de terre. . . 
— XX. — Effets des tremblements de Es sur e 


constructions et moyens d'y remédier. . 
BIBLIOGRAPHIE. . 


TABLE DES FIGURES ET CARTES. 


715-11. — Coulommiers. Imp. Pauz BRODARDN. — 11]-]1. 


4 4 

S Fa 

: Ts) 
die 


191 


214 


230 


241 


263 
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ANCIEN MONDE 


RÉGIONS SISMIQUES 


NOUVEAU MONDE 


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Ss, 5, PAR 


RMAND COLIN - 


= 
… 


ézière 


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LP 


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Voyages, Explorations. . . . . . . . . . . . . . . . . 
Cartes»! 22, LS ASS SOS 
Atlas Vidal-Lablache. — Atlas des Colonies françaises. . . 10 
Géographie générale. — Géologie. — Séismologie . . . . 21128 
Études et monographies géographiques. . . . . . . . . . 145 
« Annales de Géographie ».. . 2. 22 
Dictionnaire de Géographie. — Album Géographique . . . 19 
Enseignement: 2 400. 02e 2 CO 
Cartes murales Vidal-Lablache. . . . . . . . . . . . . . 21 


Tableaux muraux de Géographie... RS 


TABLE ALPHABÉTIQUE par noms d'auteurs. . . . . . . . 24 


Tous les ouvrages compris dans ce Catalogue sont expédiés franco au prix 
marqué, contre envoi de leur montant en un mandat postal à l'adresse suivante : 
LiBRAIRIE ARMAND Coin, 5, rue de Mézières, Paris, vi*. 

Nos publications sont en vente chez tous les libraires. 


— LIBRAIRIE ARMAND COLIN — 


Rue de Mézières, 5, PARIS 


P. 9403. 


PUBLICATIONS 
GÉOGRAPHIQUES 


VOYAGES, EXPLORATIONS 


LA 


Les Maures et lEsterel, par p. Fonein. Un vol. in-1°, 
Do gravures, » Cartes hors texte, relié toile. . . , .:. .+ 3 fr. ED 


M. P. Foncin décrit ce merveilleux pays des Maures et de l'Esterel comme 


la terre d'élection qu'il choisit parmi ces « pays de France » dont il a dit 


naguère, en une retentissante étude, la magnifique diversité. 

Il s'est attaché à faire connaître, outre les aspects physiques et les ressour- 
ces naturelles du double pays des Maures et do l'Esterel, son histoire et ses 
développements : quelques chapitres, consacrés à l’histoire générale, aux 
types historiques, aux villes et campagnes pendant les derniers siècles, 
montrent toute la variété de la vie sociale depuis les origines. 

L'ouvrage de M. P. Foncin est donc une description complète du pays et 
il est destiné à devenir un véritable guide pour tous les voyageurs, de plus 
en plus nombreux, qu'attire, aux environs de Fréjus et de Saint-Tropez, la 
réputation des Maures et de l’Esterel. 


Terres françaises (Bourgogne, Franche-Comté, Narbonnaïise), 


par W. Morton Fullerton. Un vol. in-18, broché. . . . 3 fr. 50 
_ Ouvrage couronné par l'Académie française, prir Marcelin Guérin, 
et par la Société de Géographie commerciale de Paris. 


« Il s’est trouvé parfois des écrivains étrangers pour bien comprendre et 


- aimer la France : je ne sais pas si l’un d'eux l'avait jamais « sentie » aussi 


vivement, pleinement, intimement. Ces descriptions de nos villes et provinces 
seront pour beaucoup de lecteurs une révélation. L'auteur sait nous insinuer 
doucement ses facons de voir et d'expliquer, par un subtil mélange d'humour 


anglais, de précision américaine, de grâce et comme de câlinerie française. » 


(La Revue de Paris.) 


« En retraçant, sans prétention, les impressions d'un voyage accompli dans 
une partie de la France, M. W. Morton Fullerton, qui est de nationalité amé- 
ricaine, nous a donné une œuvre vraiment intéressante, d'une saveur originale 
et pénétrante..…. Les lecteurs français trouveront beaucoup de charme à ce 


_ livre et les touristes le consulteront comme un guide précieux. » 


| (Revue de (réograplie.) 


F vigtid 7 $ TT 4 
«2 Le À Be L 
Ne _ LIBRAIRIE ARMAND COLIN + 


Ecole et Portugais chez 1 par M. Quillardet. 
Vavok anis; broché: rie res ne SPL En 


« Les Français connaissaient assez mal leurs voisins de {ras los montes. 
L'auteur est allé les étudier chez eux, dars leur vie de tous les jours. Son 
livre, d'une observation pénétrante et avertie, nous donne de la société espa- 
_gnole et de la société portugaise un tableau très étudié et très vivant, bien 
digne de fixer notre attention. » 

(Journal des Débats.) 


«Ce sont les notes de voyage d'un écrivain infiniment curieux et con- 
sciencieux qui regarde attentivement et avec un sens aigu du pittoresque 
tout ce qu'on lui montre, et s'arrange de façon à pénétrer ce qu'on lui dissi- 
. mule, Aussi a-t-il vu bien des choses amusantes, inédites et instructives, qu'il 

nous rapporte dans des pages alertes, sincères et vivantes. » 

(Le Figaro.) 


Suédois et Norvégiens chez ce par M. Quillardet. 
Un vol. in-18{(2° Énrrion), broché. TEE 


Ouvrage couronné par l'Académie francaise. Prix de Joest. 


« ivre plein de faits et d'idées qui seront le plus souvent pour le lecteur 
français des révélations. Le pays, le « monde », les classes sociales, la- wie 
agricole, les pêcheries, le commerce et l' industrie, la vie religieuse et intellec- 
tuclle, la littérature, la femme, la politique : en neuf chapitres nous savons 
de deux peuples, qui se ressemblent si peu entre eux, tout ce qu'un étranger 
peut savoir. Et n'allez point croire que M. Quillardet, si informé, Si docu- 
menté, soit ennuyeux; il y à au travers de ses récits une lumière légère qu'on 
poursuit avec plaisir jusqu'à la fin. » (Le Temps. ) 


En Méditerranée, Promenades d'histoire et d'art, par Charles 
Biehi, membre de l’Institut, professeur à l’Université de Paris. 
Un volume in-18 (3° Eprrion), broché... :. 4 5 2 MONS 0 


« Le savant professeur nous conduit d'abord dans la Dalmatie romaine, et 
il fait revivre à nos yeux le palais Domitien à Spalato, puis les nécropoles 
récemment explorées de Salone. Il nous mène ensuite aux fouilles de Delphes, 
puis aux villes mortes de l'Orient latin (Chypre, Famagouste, Rhodes), et fina= 
lement à Jérusalem. Ce qui ajoute encore à l'intérêt de ce. beau livre, c'est 
que son auteur n’excelle pas moins à ressusciter le passé qu'à dépeindre le pré- 
sent, en dégageant de l'état actuel des choses des enseignemeñts et des pré- 
. visions dignes de l'attention de tous ceux qui pensent. » 


(Journal des Débats.) 


Excursions archéologiques en Grèce, par Chartes miehi. 
Un vol. in-18, avec 8 plans (7° ÉpirioN), broché.. . . . . 4 fr. 
Ouvrage couronné par l'Académie française. Prix Montyon. 


« Dans ce livre charmant, l'auteur nous promène successivement à Mycènes, 
à Tirynthe, sur l’acropole d'Athènes, pour nous montrer la Grèce primitive 
qui sera pour plus d'un une véritable révélation. À Dodone, il nous tait l'his- 
toire de l'oracle de Zeus; à Délos, celle du culte d'Apollon ; à Olympie, celle 
des Jeux ; à Eleusis, celle des mystères; à Tanagra, celle de la mode. Il a 
résumé les travaux raies plus récents avec une élégante concision, et il instruit 
autant qu’il plaît. > (Revue historique.) 


é 


ee. 
A 2e 


PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 5. 


La Grèce d'aujourd'hui, par &nston meschamps. Un vol. 
a 2 Ab) broché... : . 0", , …., . tr 08 


Ouvrage couronné par l'Académie française. 


« Ce livre de M. Gaston Deschamps sur la Grèce d'aujourd'hui est un livre 


délicieux où la description des pays helléniques, les souvenirs de l'antiquité, 


la peinture de la société grecque moderne se mêlent sans se nuire, où l'on 

trouve de l'esprit, de la poésie, du pittoresque et aussi des vues philosophiques 

et historiques qui. pour n être pas pédantes, n’en sont pas moins très sérieuses. » 
| (Ziervue Historique.) . 


Sur les routes d'Asie, par &aston meschümps. Un volume in-18 
D oehél4 1. . + +. 3 nds à ose SE 


« M: Gaston Deschamps a réuni dans ce volume une suite d'impressions : 
qu'il a recueillies dans un voyage commencé au Pirée et terminé vers la 


Pisidie après avoir visité l'ile de Chio et les villes qui bordent l'ouest de 


l'Asie Mineure. Très apte par sa nature et ses études à dégager l'intérêt de 
toutes choses sur un pareil terrain, l’auteur sait s’ärrêter aux bons endroits, 
et c’est un utile plaisir que l’on goûte en sa compagnie pendant cette belle 


excursion, » (Le Figaro.) 


Au Pays rUSSE, par Sules Legras. Un volume in-18 (4° ÉDITION), 


UT ei ie 


Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Montyon, 
et par la Société de Géographie commerciale de Paris. 


« L'auteur a parcouru les steppes, de la Baltique à la Mer Noire. La déso- 
lation de ce morne pays, ses mœurs encore sauvages en tant de points, mais 
aussi Sa physionomie pittoresque mal connue jusqu'à présent, et surtout ses 


- ressources infinies, tout cela est expliqué et dépeint par l'enquêteur perspicace 


et consciencieux. » (Le Figaro.) 


« Observateur sagace, impartial et profondément doué, M. Legras joint à 
ces qualités une connaissance parfaite de la langue russe. Il a su pénétrer 


dans toute les couches sociales et le tableau quil présente de la vie russe 
. - est assurément l'un des plus saisissants et des plus véridiques de tous ceux 
_ que les écrivains de l’Europe occidentale ont pu produire sur ce vaste pays. » 


(Société de Géographie.) 


En Sibérie, par Jules Legras. Un volume in-18, 22 gravures À 
_hors texte et 1 carte en couleur (2° Eprrion), broché.. . . 4 fr. 


« Dans un récit suivi, plein d'animation, d'anecdotes et de bonne humeur, 
M. Jules Legras nous montre la physionomie de l'Asie russe. La connais- 
sance de la langue l'a mis à même de pénétrer partout et de nous rapporter 
aussi bien les confidences d’un matelot, d’un paysan et d’un galérien que les 


idées d’un gouverneur. Ce mélange d'impressions si variées, rencontres affli- 


geantes où grotesques, aventures, incidents de toute espèce, donne un inté- 
rêt vivant à cet ouvrage. » (Le Temps.) À 


« Jules Legras a visité deux fois la Sibérie, et ces voyages ont laissé en 
lui de profondes impressions. Son livre n’a pas la prétention d’être autre chose 
qu'un journal de route; mais toute la physionomie de l'Asie russe nous y 


. apparaît dans un récit plein d'observations, d’anecdotes et de bonne humeur. » 


(La lievue de Paris.) 


6 LIBRAIRIE ARMAND COLIN 


La Perse d'aujourd'hui (/ran, Mésopolamie), par Eugène 
Aubin, Un volume in-18, 450 pages, 1 carte en couleur hors texte, 
HLOGRES 4 nv en ue ve 6 à à ne Ce 


« Ce livre est d'un intérêt très vif, d'autant plus vif que les notes sont prises 
à un moment émouvant de l'histoire persane, alors que la vielle Perse achève 
de mourir et qu'une nouvelle est en train de naître. » (Le l'igaro.) 


« On trouve dans cet ouvrage, à côté de chapitres d'histoire intérieure et 
diplomatique, une foule de curieux renseignements sur les croyances reli- 
gieuses, sur les mœurs et les usages, sur les villes saintes de l'Iran. Aussi 
convient-il de le recommander à tous ceux qui s'intéressent à l’évolution 
actuelle de l'Asie, comme une source de première importance et qui, au 
mérite d'une abondante documentation, joint celui d'une exposition remar- 
quable par sa précision, sa lucidité et son agrément. » (Polybiblion.) 


Le Tibet. Le pays et les habitants, par F#. Grenard (Mission 
Dutreuil de Rhins). Un fort vol. in-18, avec 1 carte en couleur, 
DODGE ee eh Sue à à 0e ee 0 COS 


« Dans cet ouvrage, M. Grenard résume d’abord l'exploration qu'il fit avec 
Dutreuil de Rhins; il donne ensuite une « vue d'ensemble sur le Tibet et ses 
habitants », sur leurs mœurs et coutumes, la vie économique, etc. La curio- 
sité politique et sociale de M. Grenard le distingue très nettement de tant 
d'explorateurs qui nous ont seulement rapporté des renseignements géogra- 
phiques. Aussi lira-t-on son livre avec le plus grand intérêt et le plus grand 
profit. » (Journal des Débats.) 


Les Chinois chez eux, par E. mard. Un volume in18, 
12 planches hors texte (5° EprrioN), broché... 


« M. Bard n'est pas un savant de bibliothèque, c’est un homme d'action, 
un commerçant qui a rendu d'excellents services à notre colonie de là-bas, 
qui parle plus volontiers de ce qu'il sait que du reste et qui en parle sim- 
plement, clairement et avec méthode. Il a vu la Chine, a vécu parmi les 
Chinois, a fait des affaires avec eux... De ses investigations diverses, il a tiré 
un bon livre, rempli de faits, écrit sobrement, avec précision, où il nous 
présente une Chine vraie, peuplée d'hommes véritables, et non pas cette 
Chine baroque à laquelle on nous avait habitués. » 

(GRENARD. — Bulletin de la Société de Géographie commerciale de Paris.) 


Au Japon et en Extrême-Orient, par Fr. Chalaye. Un vol. 
in-18, broché. "fit, Le 9 et RE NS 


« En observateur curieux, attentif et jeune, M. Félicien Challaye nous 
rapporte des vües tout à fait originales et fécondes sur la facon dont la civi- 
lisation européenne a modifié celle du Japon sans entamer en rien les tradi- 
tions du vieux Nippon. » (Le Figaro.) 


« Cet ouvrage, très finement senti, plein de vues personnelles et pénétrantes, 
est un des plus suggestifs qu'un Français nous ait depuis longtemps rapporté 
d'Extrême-Orient. » (Le Journal des Débats.) 


PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 7 


L’Indochine française, par srenri Russier, inspecteur des 
écoles en Cochinchine, et Henri Brenier, inspecteur conseil p. i. 
des services agricoles et commerciaux de l’Indochine. Un volume 
in-18, 56 gravures dans le texte, 4 cartes en couleur hors texte, 
io SRE 


« Avec le grand nombre d'images qui l’illustrent, c’est un livre d'un très 
vif intérêt où sont étudiés en des pages précises, alertes, pittoresques à l’oc- 
casion, le pays, les habitants, la mise en valeur, l'organisation politique et 
administrative de l’Indochine. » (Le Figaro.) 


« Les plus authentiques renseignements et les plus importants ouvrages 
ont été mis à profit pour établir ce manuel clairement présenté et habilement 
distribué. Le lecteur, même non initié, trouvera dans ces pages l'indispen- 
sable et ie suffisant. Comme vue d'ensemble sur le sujet, il serait difficile 
d'en trouver une plus attrayante. » (Le Correspondant.) 


Le Siam et les Siamois, par le Commandant #. Euncet de 
Lajonquière. Un vol. in-18 de 360 pages, broché. . . . 3 fr. 50 


Ouvrage couronné par l’Académie française. Prix Montyon. 


« L'auteur, qui a été chargé de mission au Siam, nous donne une étude 
utile sur ce royaume asiatique qui doit nous intéresser doublement, puisqu'il est 
avec la Chine le seul état encore indépendant de l'Extrême-Orient et qu'il 
— est proche de notre Indochine. Après de précises généralités sur l’organi- 
: sation de l'État, sur les Siamois et les étrangers, nous trouvons en cet ouvrage 

le récit minutieux d'un voyage de Bangkok à Raheng par la vallée du Menam 
—_ et du Meping, puis à travers les montagnes jusquà Rangoon. Travail cons- 
x ciencicux, nourri de renseignements et d'anecdotes. » 
(La Revue de Paris.) 


Java et ses habitants, par a. Chaïlley-mert. Un vol. in-18 
Mn EnIToN, corrigée el augmentée), broché. + . =... . & fr. 


« M. Chaïilley-Bert est allé à Java. Il y est demeuré plusieurs mois, et il 

_ nous transmet dans ce volume les résultats de son voyage. D une lecture facile, 

voire même fort agréable, cet ouvrage contient des études étendues ct péné- 

trantes sur la société indigène et la société européenne à Java ; la concurrence 

économique entre Européens et Orientaux; la question chinoise ; la concur- 

rence politique entre Hollandais et Javanais; la question si complexe de l’édu- 
cation des indigènes. » (Le Musée social.) 


Otahiti : 4x pays de l'éternel Été. Impressions de voyage, par 
Henri Lebeau. Un volume in-18, broché . . . . . . . 3 fr. 59 


_« Parmi tant de souvenirs de voyages, publiés ces derniers temps, aucun 
auteur n'avait encore traité de l'Océanie française. Aussi ce récit d'une visite 
faite en Polynésie, au cours d’un voyage autour du monde, dans ce « pays 
de l'éternel été », est-il une révélation sur la petite colonie océanienne. Ce 
sont là, d'ailleurs, plus que des tableaux de nature et de vie tahitienne. L’au- 
teur a su pénétrer l'âme indigène et nous présente le contraste saisissant qui 
se révèle entre la nature splendide de l’île et la pitoyable décadence de la 


race qui achève d'y mourir dans un cadre d'idylle tropicale. » 
(Za Revue.) 


BE _ LIBRAIRIE ARMAND COLIN. 


En Haïti : Planteurs d'autrefois, Nègres d'aujourd'hui, par 
Eugène Aubin. Un fort volume in-18, 32 photolypies et 2 cartes 
en couleur hors texle; Proché:s ..". , 40 ONE 


« Dans un cadre magnifique, M. Eugène Aubin a eu sousles yeux une suite 
ininterrompue de manifestations populaires d'une incomparable étrangeté qui 
se produisaient sous des formes dont l’origine africaine se trouvait influencée 
par notre culture et par notre histoire. Rien de plus curieux, de plus émou- 
vant que ce mélange disparate. M. Eugène Aubin le retrouve partout dans ce 
voyage prestigieux dont il nous fait partager les émotions et l'agrément 
en des pages alertes, documentées, scmées de belles ct pittoresques images. » 

(Le Figaro.) 


Une Mission française en Abyssinie, par sSyisain 
Vignéras. Un volume in-18, avec 60 photographies, broché. 4 fr. 


« Ce livre, aui n’a d'autre prétention que d'être un journal de route, con- 
tieut mille observations précieuses, fidèlement notées, qui laissent une 
impression très nette de la nature de la région que l'auteur a parcourue. » 

(Le Temps.) 


Impressions d'Egypte, par £euis Malosse.In-18,br. 3 fr. 50 


« Cet ouvrage se divise en deux parties : l'une qui est purement narrative 

et descriptive; l’autre, où l'auteur étudie l'état moral et politique du pays... 

Ces pages, pleines d'informations exactes, méritent d'être lues. » | 
AE (Le Temps.) 


Le Maroc d’aujourd’hui, par Eugène Aubin. 1In-18 de 560 pages, 
avec 3 carles en couleur hors texle (6° EbrrioN), br.. . : . . 5 fr. 
_ Ouvrage cowronné par la Société de Géographie commerciale de Paris. 


«M. Eugène Aubin a eu la bonne fortune de séjourner, au cours de ces 
dernières années, à Tanger, à Marrakech, à Fez; il nous explique dans cet 
‘ouvrage l'organisation du gouvernement marocain et le mécanisme de la vie . 
marocaine: {l y a plaisir à Ie lire, parce qu'il nous présente les faits selon 
une heureuse méthode, et que la recherche de l'exactitude n'empêche pas 
l'auteur d’avoir le souci de la clarté. Ce livre exact est aussi un livre 
acréable, et par là il participe d'une tradition très française. » 

ma (Journal des Débats.) 


mm 


Voyages au Maroc (1899-1901), par le m5 de Segonzae, avec 


178 photographies, dont 10 grandes planches hors lexle (29 pano- 
ramas en dépliants), { carle en couleur hors texle et de 


nombreux appendices. Un vol. in-8° de 400 pages, broché . 20 fr. $ 


Relié demi-chagrin, tète dorée. | 97 fr. 
Ouvrage couronné par l'Académie française, prit Furtado, et par la 
Sociité de Géographie de Paris. 


« En trois explorations successives, de 1899 à 1901, le marquis de Segonzac. 
- à visité, sous le déguisement d'un mendiant musulman, les régions les moins 
abordables du Maroc. Son ouvrage, rédigé dans la forme d'un journal de. 
- route, mais sans sécheresse, a la précision d'un document scientifique en 
même temps qu'il donne dans de sobres descriptions une vive impression des 
choses vues, et qu'il doit à son style chaud et coloré un véritable charme 
LHLÉÉSILE) à (/ievue de Géographie.) 


PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES PT. © 
4 , f ’ . 

: Dahomé, Niger, Touareg * Notes el récits de voyage, par le 
. GéncralToutée. Un volume in-18 jésus, avec 1 carte hors texte : 
D 2 Common} Droché :_-.  : : . . . . 4 fr. 
Ouvrage couronné par l'Académie française. Priz Montyon, et par 
es l’Académie des Sciences. Prix Delalande-Guérineau. 


… « On sait que parti de Kotonou en décembre 189{ avec la mission de relier 
le Dahomey français au Niger, l'auteur, à travers des obstacles ct des diff- 
cultés sans nombre, put remonter le Niger jusqu'à Farka, dépendant du 
Cercle de Tombouctou; puis le redescendit jusqu à son embouchure, démontrant 
ainsi que le Niger moyen était navigable. On trouvera dans ce livre le 
récit de cette exploration si féconde en résultats, et de cette mission si bien 
remplie.» (Revue des Deux Mondes.) | 


es 


Du Dahomé au Sahara : La Nature et l'Homme, par le &énérat 


” 


routée. In-18, 1 carte en couleur (2° Eorriox), br. . . 3 fr. 50 
Ouvrage couronné par l'Académie francaise. Priz Montyon. 


._ « Dans Dahomé, Niger, Touareg, l'auteur nous a raconté avec un grand 
charme de gaïité tous les incidents pittoresques de son exploration. Le présent 
…_ _ volume est d'un ordre tout différent : c'est une étude grave, riche d'infor- 
- mations et d'idées, qui permettra au public français d'apprécier l'avenir éco- 
nomique du Soudan, en le renseignant sur le degré de civilisation des indi- 
- gènes, sur la qualité du sol et la nature de ses productions. » | 
>» (La Revue de Paris.) 


. Sahara soudanais, par BR. Chudeau, chargé de mission 
- en Afrique Occidentale française. Un vol. in-8° raisin, 83 figures 
et cartes dans le texte ct hors ferte,- dont 1 carle en couleur, 

72 pholotypies et ? phologravures hors texte, broché...... 146 fr. 


x Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences. Prix Saintour. 


« Après avoir vu par lui-même, M. R. Chudeau n'a pas négligé les ren- 
Seignements quil a pu recueillir ailleurs. Ce livre très intéressant constitue 
un exposé aussi complet que possible de nos connaissances actuelles sur la 

géographie, au sens le plus large du mot, de la région saharienne. » 
: Le (La Revue Scientifique.) 


- 


CARTES 


Carte de la Chine pAaysique et politique, par F. Bianconi, ingé- : 
__ nieur géographe, auteur des Cartes commerciales universelles, 
# 5 LE 00e 


_ Carte du Cours de l'Amazone (depuis l'Océan jusqu’à 
_  Manaos)et de La Guyane Brésilienne, dressée par Paul Le Cointe. 


“4 _ Une carte en couleur (1°25 X 65°) dans une pochette, avec notice - 
2% 

D: Montée sur Loile, avec gorge et rouleau. : . . . . . . . 45 fr. 

: : +. ; . E _ 


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IO LIBRAIRIE ARMAND COLIN 


ATLAS 


censRsss 


Atlas général Vidal-Lablache historique et géographique, 
par P. Vidal de la Blache, membre de l’Institut, professeur à 
l'Université de Paris. — NouVELLE ÉDITION mise à jour et regravée: 
420 cartes et cartons en couleur; Index alphabétique de 46000 
noms, augmenté d’un supplément de 3 500 noms. — Un volume 
in-folio : avec reliure amateur, 40 fr; — relié toile. . . 30 fr. 
Couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Barbié du Bocage. 


« Dans cette nouvelle édition, non seulement les cartes ont été très soi- 
gneusement mises au courant des plus récentes découvertes, des dernières 
modifications territoriales et du développement des voies ferrées, mais les 
diagrammes ont été modifiés d'après les plus récentes données statistiques. 
Un effort très sérieux a permis de donner pue une plus grande vigueur 
au ficuré du relief du sol; des teintes nouvelles ont Cté ajoutées. Des cartes 
ont été entièrement remauniées; leur échelle a été agrandie... » 


(H. Froinevaux. Le Polybiblion, mars 1909.) 


« On apprendra avec plaisir qu'une nouvelle édition de ce monumental 
ouvrage vient d'être publiée... L'Atlas Vidal-Lablache constitue un travail 
de consultation et d'étude d'une valeur remarquable... C’est un joyau qui orne 
la cartographie universelle. » (A. Bazpaccr. Rivista geografica italiana.) 


« Les Allemands nous ont, pendant longtemps, devancés de très loin sur le 
terrain géographique. On peut dire que nous les avons rejoints, et il semble 
même douteux que l'Allemagne puisse opposer à l'Aëlas Vidal-Lablache un 
instrument de travail plus souple ct mieux approprié aux exigences actuelles 
de la science et de l'enseignement. (Le Temps.) 


« Il n'existe pas à notre connaissance d’atlas qui, jusqu'ici, ait réuni. 
sous une forme aussi claire et à un prix aussi minime, une aussi grande abon- 
dance de notions de tout genre ». 


(GABRIEL Monon. — Revue Historique.) 


Atlas des Colonies françaises, aäressé par ordre du 
Ministère des Colonies, par Paul pelet. 27 cartes (62° X 42°) et 
50 cartons en 8 couleurs avec texte explicatif de 78 pages et 
Index alphabétique de 34000 noms. Un vol. in-folio colombier 
(2255233), relié toile. : ; 22070 SU AR OS 


Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences morales et politiques 
et par la Société de Géographie de Paris. Prix P.-F. Fournier. 


« M. Pelet traite avec le même souci de vérité scientifique les territoires 
dits « étrangers » et ceux que les Français revendiquent en maîtres; et les 
cartes qu'il nous donne prennent ainsi un intérêt général et un caractère 
esthétique dont nous lui sommes reconnaissants. Chaque carte, en particulier, 
mérite d'être signalée dans l’Aflas et d'être louée pour la précision et la clarté 
du dessin et de la nomenclature, pour la belle ordonnance du travail, pour tous 
les renseignements complémentaires qui ont été fournis sans trop charger la 
feuille. A tous égards, l’Aflas de M. Pelet doit être cité en modèle pour la 
probité scientifique ct la belle exécution du travail. » 

(Elisée RecLzus. — La lievue). 


» 
cd 
% 

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PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES [1 


» GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE. — GÉOLOGIE. SÉISMOLOGIE 


Traité de Géographie physique (Climat - Hydrographie- 
Relief du sol - Biogécgraphie), par Emm. de Martonne, profes- 
seur de géographie à l’Université de Lyon. Un volume in-8° raisin, 
vu-912 pages, 396 figures et cartes, 48 planches photographiques 
hors texte et 2 planisphères en couleur hors texte, broché. 22 fr; 
He dEmichasrin, tête dorée . … . . . , ; .-. : :°98-fr.-5fl 


_Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences, prix Binoux, et par la Société 


de Géographie de Paris, prix P.-F. Fournier. 


« Le remarquable ouvrage de M. de Martonne offre au public instruit le moyen 
de suivre les publications géographiques de jour en jour plus nombreuses et 
plus scientifiques, aux spécialistes un livre général devenu indispensable. » 

(La Revue de Paris.) 


Il n'existait pas jusqu'ici d'ouvrage embrassant tout ce qu'on est convenu 
d'appeler géographie physique. Ce Traité rendra de grands services non seu- 
lement aux géographes spécialisés, mais aussi aux étudiants et aux personnes 
de plus en plus nombreuses qui s'intéressent aux recherches géographiques 
et qui ont besoin d’un guide sûr et éclairé. » 

(Pa. GLancaup. Revue générale des Sciences.) 


« Le Traité de M. Emm. de Martonne répond à toutes les exigences 
de l’érudition contemporaine. L'auteur a non seulement tenu compte des 
derniers progrès que les recherches géographiques ont réalisés, mais encore 
il à introduit dans son ouvrage les résultats d’études et de réflexions qui 
lui appartiennent en propre... Aucun ouvrage publié jusqu’à ce jour en Europe, 
n'a plus complètement mis en lumière le principe de l’ « évolution » du 


- modelé. La partie morphologique est ainsi placée sur une base nouvelle 


répondant tout à fait à l'état présent de la science... On ne saurait trop 

louer les nombreuses et excellentes figures, les remarquables schémas à 

trois dimensions, le grand nombre de cartes nouvelles et les belles photo- 

graphies hors texte que renferme l'ouvrage. L'illustration de ce Traité l’em- 

porte incontestablement sur celle de tous les ouvrages similaires... On doit 

féliciter la science française pour l'apparition d'une œuvre aussiimportante. » 
(J. Cvuié. Annales de Géographie.) 


(Envoi franco, sur demande, du Prospectus : TRAITÉ DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.) 


L’Architecture du Sol de la France. Essai de géographie 
tectonique, par le Comm: ©. Barré. Un vol. in-8°, {89 figures dont 
Dar hecharsilerle; broché. . . … . 2 A2 


* Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Barbié du Bocage. 


« Voici un gros volume bien géologique de fond et de forme, mais qui se 
lit clairement, à la française, éclairé qu'il est par de nombreux croquis et des 
pahoramas d'un genre tout nouveau... Ceci suffit à faire vivre un livre, et 
ceux que les termes géologiques pourraient effrayer n'ont qu à regarder pour 
comprendre... La science du Commandant Barré, qui a professé pendant de 
longues années à l'Ecole d'application de Fontainebleau, n’est plus à appré- 


 cier. Il a laissé une trace profonde dans l'esprit de ses auditeurs, et l'ouvrage 


qu'il publie aujourd'hui est le fruit mür d'une forte floraison. » 
(Revue de Géographie.) 


ÉONRE LIBRAIRIE ARMAND COLIN 


« 


Traité de Géologie, par Émile Haug, professeur à la Faculté 
des Sciences de l’Université de Paris: | 


TOME I. Les Phénomènes géologiques : 


Un volume in-8° raisin, 538 p., 795 figures et cartes, T1 planches de | 
reproductions photographiques hors texte, broché . . 12 fr. 50 


TOME II. Les Périodes géologiques. 


FascicuLe 1. In-8° raisin, 392 p., 100 figures et carles, 28 planches de 
‘reproductions photographiques hors lexte, broché. . . . . 9 fr. 


FascICuLE 2. In-8° raisin, 468 pages, 110 figures et cartes, 20 plan- 
. ches de reproductions photographiques hors texte, broché. 140 fr. 
FAsciCuLE 3. [In-8° raisin, 570 pages, 80 figures et cartes, 16 planches 

de reproductions photographiques hors texle, broché. . 41 fr. 
- (Le Tome IT et dernier du Traité de Géologie sera complet en frois fascicules). 


« Le Traité de Géologie de M. Haug sera de la plus grande utilité à tous 
ceux qui voudront connaître ce qu’on sait aujourd hui du passé de notre pla- 
nète ; il est conçu sur un plan qui en fait une œuvre tout à fait originale, et, 
pour les nombreuses illustrations qui accompagnent le texte, l'éditeur doit 
être loué d’avoir si bien secondé l'auteur dans la confection d'un ouvrage 
parfait, dont le succès s’est affirmé dès le premier jour. » 

(Revue générale des Sciences.) 


« Ce livre est tel qu’on pouvait l’attendre du savant professeur de la Sor- 
bonne. On en appréciera lés qualités intrinsèques, et quand le lecteur, pres- 
que sans s'en apercevoir, sera arrivé à la fin du volume, il constatera qu'il a 
beaucoup appris.» (Revue scientifique.) 


« En ce moment où s'ébauchent de plus en plus nettement les grandes 
synthèses géologiques, cet ouvrage sera un des instruments de travail néces- 


saires pour quiconque s'intéresse à la géologie. | 
| | (Revue de l'Enseignement des Sciences). 


« C'est une œuvre considérable; et l'on ne saurait traiter ces questions 
avec une compétence plus autorisée, avec une clarté plus nette et une force 
de démonstration plus décisive. Les reproductions photographiques mettent 
en évidence les aspects particuliers à quelques-unes des plus importantes 
formations géologiques. » (Journal des Débats.) . 


Géologie pratique et Petit Diclionnaire technique des termes 

_ géologiques les plus usuels, par EL. de Launay, ingénieur en chef 

des Mines, professeur à l’École supérieure des Mines. Un volume 
in-18 (3° Éorrion), broché. . 24, 2104 SR SR 


« C'était un livre à faire. Écrite par un professeur de la valeur de M. de 
Launay, on peut dire que cette Géologie pratique est une bonne fortune. 
Les applications de la géologie sont nombreuses en effet, et tout le monde a 
besoin de les connaître. Cet ouvrage sera dans toutes les mains, parce qu'il 
répond à un besoin de chaque jour. » (Journal des Débats.) 


_« Pleine de conseils sages et judicieux dictés par un savoir remarquable- 
ment étendu, la Géologie pratique de M. de Launay ne peut que faire mieux 
comprendre l'intérêt de la science géologique, son utilité immédiate et Sa : 
portée philosophique » (Polybiblion.) 


4 Fa PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 13 


: : : 
4 La Science géoiogique : ses Méthodes, ses Résullats, ses Pro- 
blèmes, son Histoire, par EL. de Eaunay. In-8° de 752 pages, avec 
53 fig. dans le texte et 5 planches en couleur h. texte,br. 20 fr. 

PhenedemEbhagrn.itéète dorée: . ::.. . ,:,. . ::. 0 4 5 2 


. «Ce nouveau travail considérable du savant professeur de géologie doit être 
défini « la synthèse et la philosophie des connaissances géologiques au début 
du xx° siècle. » Les géologues ie placeront, dans leur bibliothèque, entre le 
-- Traité de M. de Lapparent et la face de la Terre de Suess..… L'élégance du 
… - styleet la clarté d'exposition de M. de Launay rendent son ouvrage accessible : 
à tous, d'une lecture aussi pratique qu'attrayante. » (La Géographie.) 


« L'auteur à fait sortir la géologie du domaine étroit où les spécialistes 
‘Ja confinent, pour mettre en valeur sa portée générale et la faire entrer dans 
le cadre plus vaste de la philosophie naturelle. Cette étude puissante et origi- 
nale n’a pas d'équivalent parmi tous les livres publiés sur ce sujet. ». 

me ETES (Journal des Débats.) 


LA 


2%. * 


La Face de la Terre (das Antlitz der Erde), par Kd. Suess, 
. Associé étranger de l’Institut de France, ancien professeur de géo- 
- __- Jogie à l’Université de Vienne. Traduit de l'allemand et annoté 
: sous la direction de Em». DE MARGERIE, ayec une préface par 
_ , MARCEL BERTRAND, de l’Académie des Sciences : Le 


= Tome I. — Les Montagnes. In-8° de xv-835 pages, avec 2 cartes en couleur. 
_ et {22 figures, dont 76 exécutées pour l'édit. française (3° ÉpiTion), br. 20 fr. 


Tome II. — Les Mers. In-8° de 878 pages, avec ? cartes en couleur et {28 figures, 


dont 85 exécutées pour l'édition française (2° Evrriox), br, . . . . . , 20fr. 2 


Tome III. — La Face de la Terre : 
l'e PanrTie. In-8° de xu-530 pages, avec 3 cartes en coul. et 94 fig., dont 
Dane ngur Pétdit française, Dr. à L...: - + . .. . .. .…. 48 
2e ParrTie. In-8° de x11-426 pages, avec 2 cartes en coul. et 124 fig., dont 
‘ 101 nouvelles (89 exécutées spécialement pour l'édit. française), br. . . A2fr. 
9. (Le Tome III et dernier comprendra 3 parties), 
Traduction couronnée par l’Académie des Sciences. Prix Victor Raulin. 


-. « C'est l'honneur de M. de Margerie de s'être fait, au prix d’un labeur que 

ceux-là seuls peuvent apprécier qui l'ont suivi de près, l'ordonnateur vigi- 
_ ant et infatigable de cette traduction à laqueile ont collaboré les meilleurs 
- géologues de notre pays... Une véritable encyclopédie, d'une sûreté sans égale, 
dissimule sous ces pages où les vues du maître ont été conservées dans 
toute leur fraîcheur, avec un respect complet de la forme, souvent presque 
hoétique, dont M. Suess avait eu l’art de les revêtir » (La Géographie.) 


« Les traducteurs ont rendu la pensée du maître avec une fidélité qui lui 

-  Jaisse à la fois sa précision et sa poésie ; ils l'ont respectée aussi en ce sens. 

qu'ils se sont interdit tout commentaire critique. Mais des notes brèves et 

discrètes indiquent en quelle mesure les vues de l’auteur émises il y a 12 ans 

- ont été confirmées, en quelle mesure contredites ou ébranlées par les 

explorations plus récentes. Tout ce travail de recherche et de mise au point 

donne à l'édition française — l'on dira plus justement édition que traduction 

_ — son originalité et son prix aux yeux des travailleurs. L'œuvre à laquelle 

* reste attaché le nom de M. de Margerie fait honneur à la science française. » 
| (Revue critique.) 


14 LIBRAIRIE ARMAND COLIN | 
oo 


Les Tremblements de Terre (Géographie Séismologique), 
par le Comte Fr. de Montessus de Ballore, ancien élève de l’École 
polytechnique, directeur du Service séismologique de la Répu- 
blique du Chili; avec une préface de A. ne LaAPPARENT, membre de 
l’Institut. Un vol. in-8° raisin de 500 pages, avec 89 cartes el 
figures dans le texte et 3 cartes hors texte, broché. . . . A2fr. 


Couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Louise Bourbonnaud. 


«Avec autant de patience que de discernement, l'auteur a catalogué et 
marqué sur des cartes tous les phénomènes séismiques authentiquéement 
enregistrés, en leur appliquant un figuré en rapport avec la fréquence et 
l'intensité des secousses. Cette monographie du phénomène, il l'a mise en 
rapport constant avec la structure géologique et la topographie des contrées 
correspondantes, et ce rapprochement lui a permis de formuler une loi de 
première importance... Ce sont les éléments de son enquête qu'il nous met sous 
les yeux dans ce grand ouvrage. On verra que nul n'a plus consciencieusement 
étudié que l’auteur la répartition des régions instables à travers le globe, que 
nul n'a dépouillé avec plus de soin tous les documents scientifiques ayant trait 
aux pays considérés. » (A. DE LAPPARENT. — Extrait de la Préface.) 


La Science Séismologique (Les Tremblements de Terre), 
par le Comte ”. de Montessus de mBallore. Préface par Ep. 
SUESS, Associé étranger de l’Institut de France. Un volume in-8° 
raisin de 590 pages, avec 185 figures et carles dans le texte et 
42 planches hors texte, broché . 2..." NES 


« Dans la Science Séismologique, M. de Montessus de Ballore offre une excel- | 
lente suite à son livre antérieur sur les Tremblements de terre. Il n’y a rien 
de plus complet, ou de meilleur actuellement, sur la question des mouvements 
sismiques. » (Bibliothèque universelle.) 


« Ce nouveau volume traite de la séismologie sous tous ses aspects, et 
est à la fois l'ouvrage le plus vaste et qui fait le plus autorité en cette 
matière. M. de Montessus est un lecteur insatiable et méthodique des 
ouvrages de science: et, en plus des trois langues principales du monde 
savant, il a la ressource de savoir en lire plusieurs autres, notamment 
l'italien, l'espagnol et le russe. C'est à ce fait, autant qu'à la longue durée de 
la période pendant laquelle il a réuni les données, qu'est due la vaste portée 
de son ouvrage. » 

(The Journal of Geology Chicago.) 


La Sismologie moderne (Les Tremblements de Terre), par le 
Comte EF. de Montessus de Ballore. Un volume in-18, 64 
figures et cartes dont 16 hors texte, broché. : , "NAN, 


L'auteur des Tremblements de Terre et de la Science Séismologique. s'est 
imposé de condenser, en une sorte de manuel, tous les résultats scientifiques 
et les principes des méthodes qu'il a exposées dans ses deux grands ouvrages. 
Il a donc réuni, dans ce petit livre destiné aux étudiants et surtout au publie 
instruit, toutes los informations et explications que la science est en mesure 
de fournir actuellement sur les tremblements de terre. 


PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES F2 


ÉTUDES ET MONOGRAPHIES GÉOGRAPHIQUES 


La Picardie et les régions voisines (Aréors, Cambrésis, Beau- 
vaisis), par Albert Demangeon, professeur à l’Université de 
Lille. In-8°, 42 figures dans le texte, 34 photographies hors lexle, 
3 cartes hors texte en noir et en couleur, broché. . . . 42 fr. 
url nin, Léle dorée. :. - L_. : .  . .. OC E 


Ouvrage couronné par l’Acad. des Sciences morales et politiques, par la So- 
ciété de Géographie de Paris, et par la Société de Géogr. commerciale de Paris. 


« Cette belle monographie sur une des régions les plus intéressantes de la 
France, et qui fait le plus grand honneur à son auteur, montre ce que peut 
fournir de fécond la géographie actuelle, véritablement inspirée par les ten- 
dances scientifiques, dans toute la complexité de ces études. M. Demangeon 
connaît à fond le pays dont il parle, et il sait faire preuve, sans les étaler, 
des connaissances les plus diverses, comme cela est nécessaire pour se livrer 
avec fruit aux études géographiques. Géologue, botaniste, météorologiste 
tour à tour, il montre encore qu'il s'intéresse vivement au côté pratique de 
sa science, à tout ce qui peut éclairer l'agriculture et l'industrie, » 

| (Revue Scientifique.) 


Les Paysans de la Normandie Orientale (Pays de Caux, 
Bray, Vexin Normand, Vallée de la Seine), par æules Sion, 
maitre de conférences de géographie à l’Université de Montpel- 
lier. In-8° raisin, 8 planches hors texte en phototypie, broché. 42fr. 


Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques, la 
Société de Géographie de Paris, prix Eugène Potron, et honoré d'une médaille 
d'or par la Société d'Agriculture de France. 


« Comment les populations rurales se sont-elles attachées au sol qui les 
nourrit? Quelle est leur origine? Comment ont-elles conquis leurs champs sur 
les forêts ou les marécages? Quel est le système de culture qui caractérise 
telle ou telle région? Quelle est la proportion des cultivateurs propriétaires, 
des fermiers, des journaliers? de la grande ou de la petite exploitation? 
Quelles sont la densité de la population, sa répartition, sa vitalité? Dans la 
forme de ses habitations, dans la texture de ses groupements, peut-on déceler 
des influences ethniques? Telles sont quelques-unes des questions dont l’au- 
teur a cherché et trouvé la solution. » (La Nature.) 


Étude sur la Vallée lorraine de la Meuse, par le capi- 
taine S. Vidal de la Blache, docteur de l’Université de Paris. Un 
volume in-8° carré, 8 cartes hors texte, broché . . . . . . 4 fr. 


Couronné par la Société de Géographie commerciale de Paris. 


« Vallée de capture », dernier témoin d'un réseau de rivières lorraines et 
champenoises orienté vers la Belgique à une époque antérieure, la vallée 


ms * 


lorraine de la Meuse présente d'un bout à l'autre le phénomène de l'agglo- 


mération exclusive des maisons dans les villages. L'auteur nous montre que 
cette vallée offre à tous les points de vue, tant de la géographie humaine que 
de la géographie physique, les caractères les plus typiques. 


è 


F”, 147. 
+ À 


Le Var Supérieur, Étude de 


- étudier l'œuvre des torrents: nulle part peut-être les défrichements, 


16 = LIBRAIRIE ARMAND COLIN. AR, 
A —_—_——————— ——— —…——— .——…——— 


… 


Le Berry. Contribution à l'étude d'une Région française, par 


Antoine Vacher, docteur ès letlres, professeur adjoint de géo- : 


ù graphie à l'Université de Rennes. In-$° raisin, 48 fig. et cartes, 
32 photographies et 4 pl. de cartes et profils hors texte, br. A5.fr. 


_ Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris, prix Eugène Potron, : 


et par la Sociëlé de Géographie commerciale de Paris. 


On ne sait guère d'habitude où le Berry commence ni où il finit. Il en fal- 
lait chercher les limites, montrer comment jadis l'homme et la nature avaient 
collaboré pour les créer; puis comment ces limites s'étaient effacées au cours 
des siècles. 

De cette étude remarquable par la précision des analyses, se dégage en 


même temps une forte impression d'ensemble : on a la sensation de voir agir 


la nature sur la surface d'une des régions de notre France qui compte pour- 
tant parmi ies moins accidentées ct les plus humanisées. Cette transforma- 
tion incessante du sol, résultat du travail modeste, mais quotidien des agents 
atmosphériques, voilà la pensée féconde partout présente dans cette étude 


consacrée à l'une de nos plus intéressantes provinces. | 


Le Morvan, Étude de géographie humaine, par le Capitaine 


Eevainville, docteur de l’Université de Bordeaux. Un volume 

_in-8° raisin, 44 fiqures et cartes dans le texte, 40 phototypies et 
Zudessins hors texte, broché, & 354080 SERRES 
Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Charles Grad. 


Le Morvan, qui n'eut jamais au cours de l'histoire d'unité politique, n’en 


cest pas moins une des régions les plus individualisées de notre sol: pays 


pauvre et d'accès difficile, 1l semble, comme la Bretagne, resté à l'écart de 
la civilisation. — Analyser en détail les caractères de ce pays, en chercher 
l'explication, tel est le but de l'auteur. Avec les données de la géologie, 


- de la météorologie, de l'hydrologie, il montre de facon précise comment 


s'explique l'aspect du sol, de la végétation, des cultures; comment toute 


. la vie des habitants est conditionnée par le milieu physique. C'est ainsi que 


l'exploitation des forêts, la mise en valeur des terres, l'industrie, le com- 
merce, etc., sont rigoureusement analysés et expliqués. 


L Grenoble, Étude de Géographie urbaine, par Baoul mises 


professeur à l’Université de Grenoble. Un volume ïin-8° carré, 
10 figures dans le texte, 5 phototypies hors lexle, broché. 3 fr. 


Au mérite d’avoir dégagé le sens géographique de l'existence et du déve- 
loppement de Grenoble, cette monographie joint l'avantage d'être une sorte 


_ de préface des études futures de géographie urbaine. C'est à tous les points 


de vue une nouveauté parmi les travaux géographiques consacrés jusqu'ici 


* à la France. 


géographie physique, par ules 


L 


Sion. In-8° raisin, 8 photogr. hors texte, broché . . . . . 3 fr. 
La récion du Var supérieur est parliculièrement intéressante pour qui veut 

l'exploi- 
tation abusive des forêts et des pâtures, n'ont amené une recrudescence plus 


terrible de l’activité torrentielle. 


PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES Re 


Régions naturelles et Noms de pays. Étude sur la Région 


Parisienne, par EL. Gallois, professeur à l’Université de Paris. 


Un volume in-8° carré, 8 planches hors texte, broché . . . 8 fr. 


On s'accorde généralement à reconnaître que les divisions politiques ou 
administratives ne conviennent guère à de bonnes descriptions géographi- 
ques. Si l'on veut peindre fidèlement la nature et rendre compte de ses diffé- 


_rents aspects, c'est à elle-même qu'il faut emprunter ses divisions. Mais se. 


prête-t-ellé à un sectionnement de ce genre? Est-il vrai, comme on l'a dit, 


qu'il suffirait de recueillir avec soin les noms de pays forgés par l'instinct 
populaire pour retrouver du même coup les divisions rationnelles du sol? 
L'auteur a entrepris de résoudre cette question pour une portion étendue 


de notre territoire, celle qui va de Laon jusqu'à la Loire, des confins de la 


- Normandie à ceux de la Champagne. Montrant les ditférents aspects de cette 
- région, s'attachant à en expliquer les particularités et la structure, il étudie, 
. avec toutes les ressources de l'érudition moderne, les noms de pays qu'on à 


cru y reconnaître: 


La Bosnie et l'Herzégovine. Ouvrage publié sous la direction 


de Louis @livier, docteur ès sciences, fondateur de la Revue 
générale des Sciences. Un vol. in-8° de 370 pages, 223 gravures et 


D DEOBMÉ AU. pour es Lu, Le à Lei fre 


Ce beau livre est dû à la collaboration de toute une pléiade de savants 
français : Léon Bertrand, Paul Boyer, Charles Dieh]l, A. Leroy-Beaulieu, Daniel 
Zolla, etc., qui, conviés par la Ætevue yénérale des Sciences à l'étude :appro- 


fondie de la Bosnie et de l'Herzégovine, ont visité ces provinces en détail ét 
nous présentent les résultats de leurs observations. Chacun d'eux a écrit 
son chapitre; signé de son nom; nous avons ainsi des informations très cir- 


constanciées, fournies par des hommes compétents sur la nature physique 
de la Bosnie-Herzégovine, l'histoire et les monuments, la langue et la litté- 
rature, les races, les religions et les nationalités, enfin, sur chaque partie de 
l'administration actuelle, instruction, agriculture, travaux publics, industrie, 


‘législation, etc. L'ouvrage est luxueusement imprimé et rempli de photo- 


sgravures et de cartes très intéressantes. 


La Valachie, Essai de monographie géographique, par Em. de 


 Martonne, professeur à l’Université de Lyon. In-$°, 5 cartes, 
a raures, 12 planches hors tèxte, broché + . 5, .:.. : 42. 


VAE Ouvrage couronné par l'Académie française. 


« Étude très documentée où l’auteur fait ressortir l'individualité géogra- 


: phique de la Valachie qui résulte aussi bien de son relief que de son cli- 


mat et de sa végétation et trouve sa manifestation dans les efforts qu'elle a 
faits pour se constituer en unité politique. Avec un grand talent, M. de Mar- 


tonne a Su coordonner dans ün Sens géographique toutes les données qui cons- 
_tituent les traits caractéristiques de la physionomie du pays, montrant ainsi 
que la géographie peut toucher à beaucoup des connaissances humaines sans 


cependant sortir de son vrai domaine. » : 
(Revue de Géographie.) 


18 LIBRAIRIE ARMAND COLIN 


L'Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc), par Henri Lorin, 
ancien professeur au lycée Carnot, de Tunis, professeur à l’Uni- 
versité de Bordeaux. Un volume in-18, 27 gravures, 3 cartes hors 
texte et un index, relié toile. 8 fr. 50; — broché . . , . . 3fr. 


Ce livre est divisé en quatre parties : esquisse géographique générale, 
accompagnée d'un sommaire historique; géographie régionale, embrassant la 
description de toutes les parties de l'ancienne Mauritanie romaine; géogre- 
phie économique, où sont méthodiquement exposés les progrès de la 
colonisation; géographie politique, où l'étude des régimes administratifs se 
complète par celle du peuple néo-latin en formation dans l’Algérie-Tunisie, 
et des conditions du Maroc contemporain. 


L'Inde Britannique : Société indigène — Politique indigène : 
les Idées directrices, par Soseph Chaïlley. Un volume in-8° 
raisin, 530 pages, 2 cartes en couleur hors texte, broché. 140 fr. 


« L'ouvrage que je donne aujourd hui au public, dit l'auteur dans sa préface, 
« voilà vingt ans que j'y pense et dix ans que j'y travaille. Je serais hors 
« d'état d'indiquer à quelles sources j'ai puisé pour le faire. D'abord j'ai lu, 
« puis je suis allé dans le pays. Puis, à quatre ans d'intervalle, j y suis 
« retourné et j'ai pu observer avec des yeux plus clairvoyants. J'ai publié un 
« peu partout des études fragmentaires que jai soumises à de bons juges; 
-« j'ai, sur leurs critiques, repris ces ébauches; j'ai réduit la matière de plu- 
« Sieurs volumes à un seul. » IL y a des livres en plusieurs volumes qui 
sont loin de renfermer la substance que l’on trouve dans celui-ei. » | 

(Zievue Politique et Parlementaire.) 


PÉRIODIQUE 


Annales de Géographie (20° Année), publiées sous la direction 
de P. Vidal de la Blacho, EL. Gallois et Emm. de Margerie; 
paraissant en janvier, mars, mai, juillet et novembre. Les abonnés 
reçoivent gratuitement la Bibliographie géographique annuelle, qui 
parait en septembre. 


« On manquait en France de publications géographiques réellement scienti- 
fiques. Cette lacune a été comblée par la fondation des Annales de Géogra- 
phie. La tenue de cette revue, la sûreté des informations de sa chronique 
géographique, la variété de ses articles de géographie régionale, la science 
de ses études de géographie générale ont assuré son succès. IL s’est trouvé 
en France un public pour goûter la science géographique et en comprendre 
l'utilité, et, à l'étranger, les Annales de Géographie sont aujourd’hui estimées 


à l'égal des Mitleilungen de Petermann. » (Le Temps.) 
ABONNEMENT ANNUEL (de janvier) 
France’et colonies. ::.. . … 20. fr. | union postale .& 0 


Chaque numéro, 4 fr. — Bibliographie géographique de l'année courante, 5 fr. 


Chaque année des Annales de Géographie (ÿ compris la ‘‘ Bibliographie ”) forme 
un vol. in-8°, broché, du prix de. 20 fr. (25 fr. à partir du 1° janvier 1912). 
‘Les 1re, 6, 7°, 8° et 12° années ne sont vendues qu'avec la collection complète. 
Première Table décennale des Annales de Géographie (1891-1901). In-8°, br. 4 fr. 
Bibliographies antérieures à l'année courante (sauf 1896, épuisée) : Chsque 
Bibliographie, vendue indépendamment des autres N°: de l'année. . 40 tr. 


TT PR A dope LT " 3 
7. Ses as & É : à “ qe 
PUBLIEATIONS GÉOGRAPHIQUES 19 


» DICTIONNAIRE 


Dictionnaire-manuel-illustré de Géographie, par ainert 
Demangeon, docteur ès lettres, professeur à l'Université de Lille, 
avec la collaboration de MM. J. BLayac, Is. GALLAUD, J. Sion et 
A. Vacaer. Un volume in-18 de 870 pages, cartes et fiqures, relié 
RE ABMESTENUSES 2e 22 0 6. Etre 


« Ce dictionnaire-manuel, fruit d'un labeur méthodique, original, appuyé 
sur une éducation géographique aussi étendue que profonde, n'a pas seule- 
ment la valeur d'un conseiller sûr; c'est un livre à lire. Ses mérites pédago- 
giques seront vite reconnus, et — si ce n'est déjà fait — il sera bientôt con- 
sidéré par les élèves et par les maîtres comme un ouvrage classique. Tout 
lecteur cultivé sera reconnaissant à M. Demangeon de lui avoir permis, si 
aisément, d'étendre sa curiosité et de préciser les rapports nécessaires et inces- 
samment variables qui lient la Nature et l'Homme. » 

(Revue Pédagogique.) 


RU RS. 5: 0 | 


ALBUM GÉOGRAPHIQUE 


> 
: 


_ Album Géographique, par Marcel Dubois, professeur de géo- 
4 graphie coloniale à l’Université de Paris, et Camille Guy, agrégé 
d'histoire et de géographie, lieut.-gouverneur de la Guinée. 


OUVRAGE COMPLET EN D VOLUMES : 


Aspects généraux de la Nature. 
Les Régions tropicales. Les Colonies françaises. 
Les Régions tempérées. La France. 


_ Chaque volume in-4°, 500 à 650 gravures, broché. . . . . . 45 fr. 
Relié demi-chagrin, plats toile, fers spéciaux. . . . . . . . 20fr. 


« On retrouve dans les cinq volumes de l’Album Géographique la même 
méthode, une description précise et topique des montagnes, des rivages, des 
fleuves, des populations, des villes, des industries, des voies de communi- 
cation, etc., accompagnée d'illustrations qui visent moins à l'effet pittoresque 
qu'à la démonstration. Par tous ces documents concrets, la vie des divers pays 
se trouve fort heureusement évoquée. » (La Revue de Paris.) 


« Dans les cinq volumes qui composent cet ouvrage, on trouve tous les éléments 
d’une étude complète et approfondie de la géographie générale; et ils sont pré- 
sentés d'une façon si habile, les images dues à la photographie sont si nom- 
breuses et si frappantes, les textes rédigés en termes clairs, précis, par deux 
maîtres de la géographie moderne, sont à la fois si complets et si discrets, qu’on 
lit et regarde d'un bout à l'autre ces ouvrages avec autant d'intérêt que le 
plus passionnant des récits de voyages... Sans fatigue, nous parcourons tous 
les pays, représentés par des photographies d'hommes, de paysages, de mon- 
tagnes, de villes et de rues, qui sont de véritables « tranches de vie », com- 
mentées en des textes qui constituent les plus précieuses et les plus fécondes des 
leçons. Un tel ouvrage est aussi accessible et aussi utile au grand public qu'aux 
étudiants et à leurs maîtres. » (Le Figaro.) 


- PS RÉRUSS PS NO 
LA _ n : Srrt NE. 2 
20 LIBRAIRIE ARMAND COLIN 
ENSEIGNEMENT C4 
DER EN : - 


Cours de Géographie, refondu et illusiré, conforme aux Pro- 
. grammes de l'Enseignement secondaire (31 mai 1902 et 28 juillet 
1905), par mæ. Vidal de la Blache, membre de l’Institut, pro- 
fesseur de géographie à l’Université de Paris, et æ. Camena 
_d’Almeida, professeur de géographie à l'Université de Bordeaux : 


La Terre, l'Amérique, l’Australasie La Terre. Géographie générale 
(Sixième A, B), par P. Camena D'AL- | (Séconde À, B, C, D), par P. CAMENA 
MEIDA. Ïn- 18, 70 cartes et gravures, | D'ALMEIDA. In-18 de 630 pages, 
FORÉ LOGE La. "EAU 8 fr. » | 122 cartesetgravures, rel.toilc. 4 fr. 50 


L’Asie, l’Insulinde, l'Afrique (Cin- 
quième A, B), par P. VibaAL DE LA 
BLACHE et P. CAMENA d'ALMEIDA. In-Il8, 


La France(Première À, B, C, D), par 
P. VipaL DE LA BLACHE et P. CAMERA 


D'ALMEIDA. In-18; 118 cartes ét gra- 
vures, relié toile 8 fr. 25; 


Les Principales Puissances du Monde 
(Philosophie et Mathématiques À, B), 
par P. CAMENA D'ALMEIDA. In- 18 de 
P. CAMENA D'ALMEIDA. In-18, 95 cartes | 446 pages, 26 cartes, Pat et graphi- 
et gravures, relié toile . S {r: »-} ques,:rERNONER AE RSRRRr 3 fr. 25 


« Sous des apparences modestes, ces précis apparaîtront des chefs-d'œuvre 
de science, d'observation et d'exposition. Ils sont remplis d'idées fécondes; 
ils apprennent à réfléchir, à penser. » (L'Enseignement secondaire.) 


- « Il faut tirer hors de pair et saluer comme des modèles et comme des 
nouveautés fécondes, les manuels que M. Vidal de la Blache a écrits en colla- 
boration avec M. Camena d’Almeida. » (Revue critique.) 


98 cartes et gravures, rel. toile. 8 fr. 
L'Europe (Quatrième A, B), par 
P. CAMENA D ALMEIDA. In- 18, 81 cartes 
et gravures; relié toile . .’. 3 fr. 25 

La France (7Zroisième A, B), par 


Atlas classique Vidal-Lablache historique et séobfaphièue, 
par P. Vidal de la Blache : 3/2 cartes et cartons en couleur; index 
alphabétique de 31750 noms. Un vol. in-folio, cart. . . . 45 fr. 
Avec rellure. toile souple: +44%412:0% 46 fr. 


Atlas de Géogra phie physique, politique, économique, géolo- 
gique et ethnographique, par æ. Vidal de la Blacne : {97 carteset 
cartons. Un volume in-folio, cartonné. 40 fr. 50 


Géographies-Atlas, par BP. Foncin, inspecteur général (avec 
nombreuses carles en couleur), gravures en noir et en couleur : 


Géographie : Année préparatoire. Géographie : Deuxième année. Ecoles 
Un volume oblong, cart. » 75 | primaires supérieures et Ecoles nor- 
Géographie Cours élémentaire. | males (La France). Un volume in-4, 
Va. volame :in-4; cat. sui 55 : 05 carionné 11 "GTA MANIERE E & fr. 25 
Géographie : l'° Année — Cours Géographie : Troisième année. Écoles 
môven.ln-4; cart... 4 34: : 4 fr. 50 | primaires supérieures, Ecoles norma- 


Géographie : Cours supérieur ct com- 


les, etc. (Les cinq Parties du monde.) 
plémentaire. In-4, cart. 2 fr. 25 


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CARTES MURALES VIDAL-LABLACHE 
* 39 cartes double face, sur carton (1"20 < 1"), tirage en couleur 


170 SÉRIE : FRANCE ET CINQ PARTIES DU MONDE. 
‘Les Cartes marquées d’un astérisque sont pariantes au recto, muettes au verso. 
‘1 Termes de géographie.|10 France. Front. du N.-E.,cet|18" Continent américain 


2* France. Cours d’eau. 10bis France militaire. physique. 

3* — Relief du sol. 11 Algérie et Tunisie phy-|19° Amérique du Nord 
4° — Départements. sique et politique. politique. 

3° — Villes. 12° Europe physique. 20* Amérique du Sud poliés 

67 — Canaux. 13° — politique. 21* Océanie. 

7° — Chemins de fer. 14° Asie physique. 22* Planisphère. 

8 — Agriculture, ct 8 bis|15" — politique. 23 Orient et Palestine. 

Industrie. 16 Afrique physique. 2, Paris et environs. 
: 9* — Provinces. 47" — politique. 


nArrr. 33 France. Géologie. mm Me 


2° SÉRIE : CONTRÉES D'EUROPE. 
Ces Cartes sont physiques au recto, politiques au verso. 


25 Belgique. 29 Pays-Bas. 33 Péninsule des Balkans, 

26 Suisse. 30 Italie. 31 R SE 
27 Allemagne. 3i Espagne. ussie. 

28 Iles Britanniques. 32 Autriche- Hongrie. 35 Grèce et Archipel. 


9° SÉRIE : COLONIES ET PROTECTORATS FRANÇAIS. 


36 Msdagascar et 37 Aîrique occidentale et 33 Tunisie physique et 
36 bis Indochine fran-| 37 bis Guyane, Antilles, 38 bis Tunisie politi- 
çaise. Nilce Caléaonie. que. 


Chaque carte (1), double face, sur carton (1"20 X 1"). 6 fr. 50 
Dore pour chaque-cafte. In-12, cark.. . :.-. : 5. »°. 40 


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EN COULEUR 


Fac-similés d’Aquarelles originales exécutées d’après nature. 
Chaque tableau mural, sur carton bordé ct œilleté, une seuce face (1m20 <1m), présente 
8 Aquarelles et est accompagné d'une NOTICE EXPLICATIVE pour les leçons de géographie. 


Prix de chaque tableau (1) avec sa Notice explicative. . . 40 fr. 


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_ 4er Tableau : Relief du sol: Le Puy de 2e Tableau : Vallées et Cours d’eau: 


Dôme. — La chaine des Puys. — Les Un torrent des Alpes. — Confluent du - 
Alpes : Le Mont Blanc. — Les Vosges (lac Rhône et de la Saône. — Le saut du 
de Longemer). — Les Pyrénées : Gavar- Doubs. — Vallée de montagne ; le gave 
nie. — Les Causses. — Le Jura : région de Pau. — La Seine aux Andelys. Une 
de Gerdon. — Une plaine au nord de rivière souterraine. — L'estuaire de la_ 
Paris. Gironde. — Un étang des Dombes. 


En préparation : 3e Tableau, La Mer; — 4° Tableau, Les Côtes. 


(1) — CONDITIONS D ENVOI DES CARTES MURALES ET TABLEAUX MURAUX 


9 Cartes murales ou T'ableaux muraux peuvent être CHDEIÉS, en France, en un colis 
postal de 5 kil: et 6 Cartes ou T'ableaux en un colis de 10 kil. — (Pour un colis de 5 kil., 
ajouter 1 fr. 90 : pour un colis de 40 kil, ajouter 2 fr. 85, frais d'emballage et de port 
à la gare la plus rapprochée.) 


LIBRAIRIE ARMAND COLIN, rue de Mézières, $, PARIS 


ÉTUDES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES 
PSYCHOLOGIE DES PEUPLES . 


es 
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La Conquête du Sahara : Essai de 
psychologie politique, par E.F.Gau- 
rier. In-18, Dr. .. 3 fr. 50 


Ouvrage couronné par l'Académie française. 


Les Grands Ports de France : 
. leur rôle économique,par P. de Rou- 
siERS. Un vol.in-18,br. 3 fr. 50 


Fleuves, Canaux et Chemins 
de fer, par PAUL LÉoN. Intro- 
duction de PIERRE BAUDIN. 
In-18, 4 pl. hors texte, br. 4 fr. 


L'Or dans le monde (Geologie, 
Extraction, Economie politique), 
par L. DE Launay. Un vol. 
in-18, broché. 3 fr. 50 


L'Émigration européenne au 
XIX° siècle : Angleterre, Alle- 
magne, Îtalie, Autriche-Hongrie, 
Russie, par R. GonNarp. Un vol. 
in-18, broché. 3 fr. 50 


Essai d’une Psychologie poli- 
tique du Peuple anglais au 
XIX® siècle, par Emize Boutmy. 
In-18 (3° édit.), br. . 4 fr. 


L'Angleterre et l'Impérialisme, 
par Vicror BÉRarD. Un vol. 
in-18 (5° éd.), broché. 4 fr. 


Ouvrage couronné par l’Académie française. 


Hambourg et l'Allemagne con- 
temporaine, par PAUL DE Rou- 
sters. Jn-19, broché. 3fr, 50 


L’Impérialisme allemand, par 
M. Larr. In-18 (2°éd.),br. 3fr. 50 


Ouvrage couronné par l'Académie française. 


L'Expansion allemande hors 
d'Europe, par E. TONNELAT. 
DRAC DT: UE ele it 0 


Demander le Catalogue complet 


«: SCIENCES SOCIALES. == 


La Belgique morale et politi- 
que (1830-1900), par Maurice 
WiLMOTTE.In-18, br. 3 fr. 50 


La Suisse au XX° siècle. par 
P. CLERGET. In-18, br. 3 fr. 50 


La Hongrie au XX° siècle, par 
RENÉ GoNNARD. In-18,br. 4fr. 


Le Développement économique 
de la Russie, par J. MACHAT. 
In-18, 4cartes , br.. 4 fr. 


L'Empire Russe et le Tsarisme, 
par Vicror BÉRARD. In-18, 
400 pages, I carte en couleur 
bors lexte (2° édit}, Bee 


La Question Polonaise, par 
R. Dmowsxr. Traduction par 
V. GaszrowTT. In-18, br. #fr. 


La Question de Finlande au 
point de vue juridique, par RENE 
Henry. Une broch.in-18. 4 fr. 


Le Sultan, l'Islam et les Puis- 
sances, par VICTOR BÉRARD. 
In-18, broché . 4 fr. 


La Révolution Turque, par Vic- 
TOR BÉRARD. In-18, br.. 4fr. 


La France en Afrique, par le 
C' Ep. Ferry. Broché. 3 fr. 50 


Ouvrage couronné par l’Académie française. 


Les Musulmans français du 
nord de l'Afrique, par ISMAEL 
Hammer. Un vol. in-18, 2 cartes, 


broché: . 2 RS 


Les Civilisations de l' Afriquedu 
Nord : Berberes, Arabes, Turcs, par 
V. PrQUET. In-18, 4cartes. & fr. 


Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences 
morales et politiques. 


M Lai ; 


han dés: 


Le Peuplement italien en Tu- 
nisie et en Algérie, par GASTON 
Lots. In-8, $00 p., 36 gravures 
et cartes dont 10 planches bors 
sente, broché. . . : 40 fr. 


La Rivalité Anglo-Russe, au 
XX" siècle, en Asie (Golfe Per- 
sique — Frontières de l'Inde), par 
le D' Rourre. In-18, carte hors 
texte, broché. . . . . 3 fr. 50 


L'Inde d’aujourd’hui. Étude 
sociale, par ALBERT MÉTIN. 
In-08, broché . . . .  3fr. 50 


Les Anglais aux Indes et en 
Egypte, par EUGÈNE AUBIN. 
In-18 (4° édit.), br. . 3 fr. 59 


Ouvrage couronné par l’Académie française. 


Chine ancienne et nouvelle: 
Impressions et réflexions, par 
G. WEULERSSE. In-18,br. #fr. 


La Chine novatrice et guer- 
rière, parie Commandant d’Or- 
LONE. In-18, br. . tr. 50 


Ouvrage couronné par l’Académie française. 


Le Japon d'aujourd'hui. Étu- 
des sociales, par G. WEULERSSE. 
In-18(s°édit.),br. . . .. 4fr, 


Ouvrage couronné par l'Académie française. 


Le Japon politique, économique 
et social, par H. Dumorarv. 
aa (redt} br... 4fr. 


Ouvrage couronné par Ÿ Académie française. 


Les États-Unis au XX° siècle, 
par PIERRE LEROY-BEAULIEU. 
In-18, 480 pages (4° édition), 
me nec. 27 & fr. 


Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences 
morales et politiques. 


Aux États-Unis (Les Champs. 
— Les Affaires. — Les Idées), par 
le Vicomte G. d'AvENEL. Unvo- 


3 ir. 50 | 


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7 


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ÉTUDES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES 
(suite) 


Les États-Unis, puissance mon- 
diale, par ARCHIBALD Cary Coo- 
LIDGE (Traduction de RoBEerr 
L. .Ceü). In:18, br... 224 


Eléments d’une Psychologie 
politique du Peuple améri- 
cain, par Emi Boutrmy. In-18, 
(3° édition), broché. . . 4 fr. 


L’Idéal américain, par TH. Roo- 
SEVELT, traduit par À. et E. DE 
RousrErs. Un volume in-18 
(s® édition), broché. 3 fr. 59 


La Colombie Britannique 
tude sur la colonisation au 
Canada, par ALBERT MÉrix. 
In-8° raisin, 20 cartes et cartons, 
33 phototypies b. texte, br. 42 fr. 


Le Canada, les deux races, par 
ANDRÉ SIEGFRIED. In-18 de 420 
pages (2° édit:), broché. 4 fr. 


Le Brésil au XX° siècle, par 
P. Denis. In-18 (3° édition), 
DEGERE: 5... : ue FOI 


L’Argentine au XX° siècle, par 
A.-B. MARTINEZ et M. LEwaAx- 
DowsKi.Introduct.par CH.PELLE- 
GRINI. In-18, 2 cartes (4° édition 
revue et mise à jour), br. 5 fr. 


Ouvrage couronné par l’Académie française. 


La Démocratie en Nouvelle- 
Zélande, par ANDRÉ SIEGFRIED. 
In-18, 1 carte en couleur hors 
lextes: DEDCRE. 215 L'ART RE 


Ouvrage couronné par l'Académie française. 


Les nouvelles Sociétés anglo- 
saxonnes (Australie et Nouvelle- 
Zéiande, Afrique du Sud), par 
Pierre LEROY-BEAULIEU. Un vol. 
in-18 (3° édition), broché. 4 fr. 
Ouvrage couronné par l'Académie française 

et par l’Acad. des Sciences morales et polit. 


24 


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TABLE DES PUBLICATIONS S GÉOGRAPHIQUES = 


Pages 


France. — Commt O. Barré. 
L'Architecture du sol de la 
A DIRE DAMON 180 Lo IEP TOUR EEE RS 


RaouL BLANCHARD. Grenoble, . . 
ALBERT DEMANGEON. La Picardie. 
P. Fonxcin.ZLes Maures et l'Esterel. 


L. GazLoïs. légions naturelles et 
noms de pays. 


J. LEVAINVILLE. Lé Morvan. . . 


W. MorTON FüLLERTON. Terres 
RAARÉDISESS NES ARE. net Pete 
-J. Sion. Les Paysans de la Nor- 
DARATCN OTLONLELE Nr ee Voie e 3 
be Var SUDETIEUT sl ec Pv: 


A. Vacuer. Le Berry. 

EU VipAr DELA UBLACHE. Lo ee 
lorraine de lu Meuse . . .. 
Europe. — GASTON DÉSANES. 

La Grète d'aujourd'hui . . . . 
CaarLes Diexr. Æxcursions ar- 

chéologiques en Grèce . . . . . 
— En Méditerranée. . . NS 
JuLes LEGRAS. Au Pays russe., . 
Emm. DE MARTONNE. La Valachie. 
Louis Orivier. La Bosnie et l'Her- 


RNA UE STE. AE RS Re 
M. QuiLzLarDerT.£spagnols et Por- 
LUyais Chezteutz.: 1. 


— Suédois et Norvégiens chez eux. 
ASie. — EUGÈNE AUBIN. — La 
Perse d'aujourd'hui. . . . ,. 
E. Banro. Les Chinois chez eux. . 
# Braxconi. Carte de Chine . . 
J. Cuaizcev. L'Inde Britannique. 
FÉLICIEN CHALLAYE. Au FRne eten 
Extrêéme-Orient . > 
G.Descaamps.Sur les routes d Are 
EF. Grenann. Le Tibet. 
JULES LEcras. En Sibérie, . . . 
Commt LUNET DE LAJONQUIÈRE. 
. Le Siam et les Siamois. 
II. Russier et H. BRENIER. L'In- 
dochine française. 
Afrique. — EucÈxe Ausix. Le 
Maroc d'aujourd'hui, . . . . . 


17 


» à 


Pages 


R. CHubEAU. Sahara soudanais. 
H. LoriN. L'Afrique du Nord. . 
L.MaLosse. Zmpressions d'Égypte. 
DE SeGonzac. Voyages au Maroc. 


Général Tourée. Dahomé, Niger, 
Touareg. RES 


SYLVAIN VIGNÉRAS. Une Mission 
française en Abyssinie. . . . . 


Insulinde. J. CHAILLEY- 
BErT. Java et ses habitants . . 


Amérique. — EUGÈNE Ausix. 


Eh Haiti" 5 VRP 
Le Conte. Carte de l'Amazone. 
Océanie. — Henri LEBEAU. 


OO SE EURE à 
Divers. — je Fe Géo. 
Graphe > TEEN , 


À. DEMANGEON. Dion 
dé Géopraphie RER 00, 
Marcez Dugors et CAMILLE Guy. 
Album géographique(5 volumes). 
P. FoxciN. Géographies-Atlas : . 
E. Hauc. Traité de Géologie . . 
L. DE LAUNAY. Géologie pratique. 
— La Science géologique. . . . 
EmMM. DE MARTONNE. Trailé de 
Géographie physique . . . . . 
F. pe MonTEssus DE BALLORE. 
Les Tremblements de Terre. 
— La Science Séismologique. . . 
— La Sismologie moderne. 


Pau PEezer. Atlas des Colonies 
françaises. < 


Ep. Suess. La Fuce “äd a Tersk: 
TABLEAUX DE GÉOGRAPHIE, . ; 
Atlas 


VipaAL DE LA  BLACHE: 
JÉNÉNOL. 255050) 0e CNT : 
— Atlas elassique. . | … 1x 


— Atlas de Géographie PR 
politique, économique, etc. . . . 
— Cartes murales RS 
VIDAL DE LA BLACHE et CAMENA 
D'ALMEIDA. Cours de Géographie. 


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4224-11. — Coulommiers. Imp. Pauz BRODARD. — 10-41. 


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