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a Sismologie …
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LIBRAIRIE ARMAND COLIN
C'° "DE MONTESSUS DE BALEOME
Les Tremblements de Terre (Géographie Séismologique). Préface
par M. À. De LappaRENr, membre de l’Institut. Un volume
in-8° raisin, 482 pages, 89 cartes et figures dans le texte,
3 cartes hors texte, broché. : 7. LENS
Historique des théories séismologiques. — Le Continent nord-atlan-
tique. — Les Aires continentales extra-européennes. Le Pacifique. —
Le Géosynclinal méditerranéen ou alpin. — Le Géosynclinal circum-
pacifique. n
(Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris).
La Science Séismologique (Les Tremblements de Terre). Préface
par M. Evo. Susss, Associé étranger de l’Institut. Un volume
in-8° raisin, 590 pages, 185 figures et cartes dans le texte,
32 planches hors texle, broché. . : : : LOS
Histoire de la Séismologie. — Les Macroséismes, ou les Tremblements
de terre sensibles. Séismologie d'observation directe. — Les Micro- .
séismes, ou les Tremblements de terre instrumentaux. Séismologie ins-
trumentale ou théorique. — Les Mégaséismes, ou les Tremblements de
terre destructeurs. Séismologie appliquée.
La Sismologie moderne (Les Tremblements de Terre). Un volume
in-18, 64 figures et cartes dont 16 planches et 2 cartes hors
léxle, Broché. 4 es eine CROSS
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l'AIPEX
_wnt DE MONTESSUS DE BALLORE.
Directeur du Service sismologique de la République du Chili.
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LES TREMBLEMENTS DE TERRE
64 figures et cartes
dont 16 planches de reproductions photographiques
et 2 cartes hors texte. %
À :
\ + * 5 LE: ë F
LT FA > —
Librairie Armand Colin
| Rue de Mézières, 5, PARIS
#4 A
d Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.
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Copyright nineteen hundred and eleven
| I,
che Livrar}y
r Sec. 99,
right Act of Mch. #, 190%,
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Tout se meut dans l'Univers : telle est la loi
générale, et cette formule simple résume en peu
de mots lés résultats expérimentaux de tout le
vaste ensemble des connaissances humaines qui
s'appelle la Science. Les étoiles fixes, ou simple-
ment les Fixes, comme les nommaient les anciens
philosophes, ne le sont qu'en apparence et seule-
ment en raison des immenses distances qui les
séparent de notre monde planétaire; le Soleil,
entraînant avec lui son cortège de planètes, se
meut sur une orbite tellement vaste que, pour
déceler cette course vers l'infini, il a fallu les
plus délicates mesures des astronomes modernes;
.la Terre tourne autour du Soleil avec une vitesse
telle que nos sens sont tout à fait impuissants à
s'en apercevoir; à sa surface, les masses liquides
SISMOLOGIE MODERNE. a
RC ES | PRÉFACE
des océans ou gazeuses de l'atmosphère sont en
perpétuelle agitation, tandis que dans leur sein
rampent, nagent et volent des êtres vivants dont
le corps lui-même est le siège d’une intense cir-
culation du sang et d'un continuel échange de
matières entre leurs cellules constituantes et le
milieu ambiant, phénomène auquel participe aussi
la sève des végétaux, qui sont cependant le type
de l’immobilité vivante. Que sont les grands
phénomènes de la physique, lumière, chaleur,
électricité, magnétisme, sinon des formes de
mouvement et de même les phénomènes chi-
miques? Qu'est elle-même la vie, soit d'un être
infiniment complexe tel que l'homme, ou celle
d'une simple cellule, sinon un incessant mouve-
ment, un continuel échange d'énergie, et, au
moment de la mort d'un être, quel qu'il soit, le
mouvement, pour changer de cycle, ne disparaît
pas pour cela au sein de la matière qui constituait
cet organisme. Comment enfin conçoit-on la
matière sinon comme un mouvement tourbillon-
naire ou orbital de molécules ou d’atomes, que
seule la grossièreté de nos sens nous fait consi-
dérer comme infiniment petits?
Et l’on voudrait qu'en dépit des apparences la
| unieicéiss lé
i
PRÉFACE VII
v
surface terrestre échappât à cette inéluctable
nécessité! L'on sait bien que les plus superbes
chaînes de montagnes résultent d'un mouvement,
puisque jusque sur leurs cimes se rencontrent des
strates jadis édiliées au fond des mers, et une fois
leurs sommets soulevés, lentement ou brusque-
ment, peu importe, dans un passé géologique plus
ou moins reculé, immense toujours au regard de
nos échelles de temps, est-ce qu’elles ne subissent
pas fatalement. un mouvement inverse de des-
cente, entraîinées que sont leurs masses, molé-
cules à molécules, par les agents atmosphériques
de dégradation? Surgies du fond des océans, elles
y retournent. L'écorce terrestre superficielle ne
_ saurait constituer une heureuse anomalie et,
\
1
quoiqu’elle soit pour nous le symbole même de la
fixité, les tremblements de terre sont là pour nous
rappeler à la réalité. FAQ
Si donc, en fin de compte, toute science peut se
ramener à l'étude d'un mouvement ou d'un trans-
port d'énergie, les phénomènes sismiques n échap-
peront pas aux méthodes générales de l'étude
d'un phénomène naturel quelconque, et c'est pré-
cisément à la judicieuse application de ce prin-
cipe que nous devons la rapide éclosion de la
VIII PRÉFACE
Sismologie moderne : ainsi s'appelle la science des
tremblements de terre, qu'a vue naître la fin du
xix° siècle.
Depuis que l'homme, réfléchissant à ce qui
l'entoure, veut trouver la raison des choses et
s'expliquer l'Univers, nul phénomène naturel n'a
eu plus que les tremblements de terre le don de
l'émouvoir et d'exciter sa curiosité, sans doute
par suite même de la terreur qui les accompagne.
Toutes les traditions populaires les plus anciennes,
toutes les histoires et toutes les littératures sont
remplies de récits relatifs au redoutable fléau;
mais Jusqu'au troisième tiers du siècle dernier,
il ne s'est guère agi que de descriptions plus ou
moins dramatiques ou de théories insuffisantes
et même puériles, où l'imagination était tout et
la véritable observation peu de chose, sinon rien.
La Sismologie est née seulement quand on a enfin
osé appliquer des méthodes et des appareils de
mesure à Ce phénomène dont la violence, capable
d’ébranler les montagnes sur leurs fondements et
à de secouer des pays entiers en y renversant tout,
semblait défier toute évaluation numérique. Get
effort et cette audace n'ont pas été, ce semble,
appréciés à leur juste valeur et cependant, sans
PRÉFACE | IX
ce pas décisif, la Sismologie moderne ne se fût
point constituée. ; |
Dès ses débuts, les principaux résultats obtenus
ont eu le don d’étonner le public, qu'il se soit agi
d'annoncer avant tout télégramme la production
d'un grand tremblement de terre dans telle ou
telle région parfois éloignée jusqu'aux antipodes,
ou que l'on ait discuté sur l’état interne du
globe, jusqu'ici tout à fait inaccessible à nos
investigations, mais que le sismographe permet
pour ainsi dire d'ausculter. Malheureusement ces
retentissantes découvertes sont encore trop sou-
vent reléguées dans de lourds mémoires ou d'in-
-digestes volumes, qu'en dehors des cercles scien-
tifiques les curieux de la Nature n'ont le temps
. mi de lire ni, moins encore, d'approfondir; ils ne
veulent pourtant pas croire les sismologues sur
parole et il leur faut être renseignés sans grand
travail. Cet opuscule a été écrit pour eux.
Ce n’est pas qu'en ces dernières années n'aient
été publiées des œuvres de vulgarisation sur les
tremblements de terre, mais, en France du moins,
aucune n a été due à la plume d’un sismologue de
profession; à l'étranger, au contraire, plusieurs
_ des savants qui, depuis de longues années, con-
X PRÉFACE
_sacrent leurs veilles à létude raisonnée des
brusques soubresauts de l'écorce terrestre, ont
voulu faire bénéficier leurs compatriotes des
résultats obtenus et mettre à la portée de tous les
lumières déjà grandes maintenant acquises sur le
mystérieux phénomène, devenu l’objet de l’ob-
servation systématique. C'est que, relativement
très stable, le sol de la France n'a pas été favo-
rable à l'essor de la sismologie comme l’a été celui
d’autres pays où les tremblements de terre sont
pour ainsi dire un phénomène quotidien. Il n'est
donc pas étonnant que la Sismologie soit restée
chez nous presque terra incognila, et il a fallu le
srand séisme provençal du 11 juin 1909 pour rap-
peler que la France elle-même n'est pas à l'abri du
fléau et qu'il existe toute une science des tremble:
ments de terre, science qui possède ses méthodes
propres et ses appareils particuliers. Déjà la cata-
strophe du détroit de Messine avait ému l'opinion
et le public avait exigé d’être renseigné. Cepen-
dant les volumes publiés en France à cette occa-
sion n'ont pas complètement atteint le but parce
qu'ils ont été écrits par des savants qui, pour un
instant, ont dû changer de domaine, et, d'astro-
nomes ou de géologues qu'ils étaient, se sont faits
E
L' dites
1%
mie ‘PRÉFACE XI
sismologues. En dépit donc de la difficulté de
_ l’entreprise, une sismologie débarrassée de tous
les détails sans importance, ou dont l'interprétation
est encore discutable, viendra bien à son heure,
surtout écrite par qui vit dans un pays à tremble-
ments de terre et a consacré sa vie à leur inves-
tigation.
En philosophie naturelle, — le vocable pris
dans son ancienne acception, — tous les phéno-
mènes de la vie du Globe, ou de la Géophysique,
comme on dit maintenant, sont en étroite dépen-
dance, et les tremblements de terre n'échappent
point à cette loi très générale. En d'autres termes
_ la Sismologie nécessite l’aide de plusieurs autres
sciences qu'elle ne manque d’ailleurs pas d'éclairer
à son tour par juste réciprocité. Pour beaucoup de
_ pays, elle est directement liée à l’histoire nationale,
souvent à un haut degré influencée par les désas-
tres sismiques. Elle touche de très près, cela va
sans dire, à la géographie et c'est une des plus bril-
lantes généralisations de la science moderne que
d'avoir montré comment les tremblements de terre
sont liés d'une manière normale, nécessaire et per-
manente, dansles temps géologiques, avec les trans-
XII PRÉFACE
formations incessantes et successives du relief ter-
restre. L'étude du mouvement sismique demande
des connaissances physiques et mathématiques
étendues, tandis que l'établissement des appareils
destinés à fixer pour toujours ce phénomène
pourtant si fugitif et le réserver à une patiente
investigation ultérieure, exige l'emploi des plus
ingénieuses combinaisons de la mécanique. Enfin
le sismologue devra faire œuvre d'ingénieur et
d'architecte pour étudier les effets des tremble-
ments de terre sur les édifices et trouver
rationnellement les moyens efficaces d’en éviter
les fâcheuses conséquences, en un mot pour
établir un Art de construire dans les pays à
tremblements de terre. On voit combien est vaste le
champ de la Sismologie.
On peut ainsi distinguer une Sismologie histori-
que, une Sismologie géographique et géologique,
une Sismologie physique, mathématique et méca-
nique, enfin une Sismologie architectonique.
De la Sismologie historique, il ne sera pas
parlé; aussi bien une description de quelque
grand tremblement de terre ne ferait que s'ajouter
aux innombrables et excellentes relations déjà
faites, et quel homme cultivé n’en a lu plusieurs?
PRÉFACE | XIII
La Sismologie architectonique, le chapitre le
mieux assis peut-être, en dépit des apparences,
sera tout juste développée dans la mesure néces-
saire pour démontrer que la presque totalité des
dommages sont dus à l'incurie de l'homme et
| qu'il lui est parfaitement loisible de les éviter par
des moyens maintenant bien élucidés dans tous
leurs détails. Restent done comme matière prin-
cipale la Sismologie géologique et la Sismo-
—logie physique : la première nous fera toucher du
doigt la cause des tremblements de terre et nous
fera assister aux brusques mouvements qui ont
accompagné et accompagnent encore les vicissi-
tudes du relief terrestre; la seconde nous fera
analyser le très intéressant état vibratoire presque
permanent de la masse terrestre, et comme les
vibrations d’un corps dépendent de sa constitution
moléculaire et de ses propriétés physiques parti-
culières, dureté, densité, élasticité, celles de la
terre soumises à cette investigation fourniront des
lumières sur l’état interne du globe, maintenant
accessible au sismographe.
De même que dans le spectre de la lumière, la
gamme des vibrations terrestres est extrêmement
étendue, beaucoup plus même que nos seuls sens
XIV PRÉFACE Rs
nous permettraient de le supposer directement.
Le minimum de vitesse correspond aux lents mou-
vements séculaires, soulèvements et affaissements
de côtes par exemple, phénomènes dont l’histoire
et l’observation nous attestent la réalité. Ce sont
les « bradysismes », qui n’appartiennent pas en
propre à la Sismologie, mais bien à la géologie.
À l'opposé de l'échelle, minimum d'amplitude et
en même temps minimum de période vibratoire, se
rencontrent les pulsations terrestres, mouvements
extrêmement rapides et dus à de nombreux phéno-
mènes d'origine diverse, changements de tempé-
rature, variations de pression atmosphérique,
vent, attractions cosmiques, choc des vagues
contre les côtes, et même des manifestations de la
vie industrielle, mouvements des machines à
vapeur, des trains de chemins de fer, des tram-
ways, des voitures, sonneries de cloches, explo-
sions, etc. Ces « tachysismes » ne constituent pas
davantage le domaine de la Sismologie propre-
ment dite, qui pour en être réduite à l'étude des
vibrations intermédiaires correspondant aux véri-
tables tremblements de terre, n’en est pas moins
vaste pour cela. Bref, la Sismologie se restreint à
la partie moyenne du spectre des vibrations ter
RTS : PRÉFACE ; XV
restres, ses parties extrèmes restant hors de la
portée directe et immédiate de nos sens.
Dans ce champ limité de la sorte, aurons-nous
la prétention de tout expliquer? Assurément non!
Nous nous abstiendrons soigneusement des hypo-
thèses faciles qui servent seulement à encombrer
les bibliographies, et nous nous baserons unique-
ment sur les observations bien faites, sans aller
jamais au delà des déductions légitimes. C'est
qu'une science n'est jamais définitivement cons-
_tituée. À mesure que les ouvriers de la dernière
_ heure soulèvent un coin du voile qui nous cache le
mystère d'un phénomène naturel, l'horizon s’élargit
et successivementse posent de nouveaux problèmes
dont la solution, à peine est-elle entrevue, se réper-
cute immédiatement sur ceux que l'on croyait pour
toujours résolus. Une science, quel que soit son
domaine, nest donc qu'une série d'approxima-
_ tions successives et en réalité les lois naturelles
échappent à la simplicité dont nous sommes
- obligés de revêtir leur expression pour arriver à
_ les concevoir et à les soumettre au contrôle de
plus en plus sévère de l'observation. Bref, nous
n'en connaissons d'ordinaire que les termes prin-
_ cipaux, et à chaque découverte nouvelle il faut en
XVI - PRÉFACE
ajouter d’autres au polynome qui sert à les repré-
senter, et c'est ainsi que l’on se rapproche petit à
petit d'une théorie complète, toujours désirée,
. Jamais atteinte. Il s’agit là d'une marche asympto-
tique vers la vérité, et l'étude du mouvement sis-
mique obéit à ce processus général. Considéré au
début comme un simple mouvement ondulatoire |
ou vibratoire, il a fallu successivement et par deux
fois déjà dédoubler cette conception, tellement bien
que si, maintenant, nous distinguons au moins
quatre espèces d'ondes différentes, nous entre-
voyons que, selon toute probabilité, il en existe
d'autres résultant des divers chemins parcourus
avant qu elles n'arrivent à se faire enregistrer par
les appareils sismographiques; en un mot nous ne
connaissons encore qu'une faible fraction du
spectre des vibrations sismiques.
Passant à un autre ordre d'idées, si, grosso
modo, nous savons à n’en pas douter que les trem-
blements de terre résultent des efforts géologiques
généraux qui ont élevé les montagnes, plissé,
rompu et charrié les unes sur les autres les strates
terrestres, en sommes-nous beaucoup mieux ren-
seignés sur la genèse intime du phénomène sis-
mique? Certes non, la solution du problème est
LL”
PRÉFACE - XVII
seulement reculée et ramenée à celle du problème
orogénique. Ce grand fait maintenant acquis par
“la pure observation, il faudra peut-être plusieurs
générations de sismologues et de géologues pour
pénétrer plus profondément le mystère, mais le
point de départ de l'étape suivante n'en sera pas
moins la théorie tectonique des tremblements de
terre, car elle n’est entachée d'aucune hypothèse.
| Arrivera-t-on à prédire les séismes? Cest là
une question à laquelle on ne saurait actuellement,
même dans ces termes très généraux, donner une
: _ réponse vraiment scientifique. Au fond, cette
_ recherche troublante à dominé la période précé-
dente de la Sismologie. En effet, par d'innombra-
bles statistiques, on a voulu mettre les mouvements
de l'écorce terrestre en relation avec une multitude
de phénomènes extérieurs à cette même écorce,
phénomènes d'ordre cosmique ou météorologique,
et dont la périodicité plus ou moins longue mais
dûment reconnue, aurait donné la possibilité de
prévoir les tremblements de terre s’il avait existé
de nettes relations de dépendance mutuelle. Tous
ces efforts ont été dépensés en pure perte, et cette
voie, qui est bien sans issue, continue à égarer
nombre de chercheurs; ignorant le plus souvent
_blement des statistiques tout aussi insuffisantes et
XVIII PRÉFACE
qu'avant eux des prédécesseurs ont eu les mêmes
idées, ils rééditent sur de nouveaux frais et péni- .
peu probantes. |
Des appareils capables, disait-on, d'annoncer à
l'avance les tremblements de terre ont été cons-
truils, mais aucun n'a donné de résultats dignes
de foi et la faillite de retentissantes tentatives,
encore dans toutes les mémoires, n’a d'égale que
l'assurance avec laquelle on s'est empressé de les
lancer wrbi et orbi.
Grâce à quelques découvertes trop superficielle-
ment exposées pour que le publie ait pu les
interpréter sainement, grâce aussi à ce que certains
sismologues ont dépassé dans leurs déductions ce
que l’on pouvait légitimement tirer de l'observa-
tion sagement et judicieusement analysée, on a
jusqu'à un certain point exagéré l'importance et la
portée de quelques faits, d'ailleurs exacts. Qu'une
grande catastrophe se produise, l’on s'étonne que:
les sismologues ne puissent immédiatement répon-
dre aux interrogations de toutes parts posées sur
la cause et l’origine du fait concret dont il s’agit.
Quel est, par exemple, l'accident géologique dont
la mise en mouvement a causé le désastre de
Li:
PRÉFACE XIX
Messine ou le tremblement de terre de Provence?
É <> - .
Dans la plupart des cas et malgré la certitude
‘une origine 1 bre r
d e tectonique, on ne peut répondre
qu'après une longue et minutieuse étude et point
toujours avec la précision exigée. D'ailleurs cela
J
suppose une connaissance préalable, exacte autant
. que détaillée, de la géologie de la région la plus
fortement secouée. Très fréquemment aussi les
appareils sismographiques permettent d'annoncer
qu'un tremblement de terre violent vient de surve-
nir à telle distance déterminée et il se trouve que
A
les diagrammes enregistrés ne correspondent à
_ aucun grand séisme connu; nouvelles critiques, le
public n’admet pas qu'il puisse s'agir d'un foyer
océanique ou tellement profond que les ondes
_ sismiques n aient pu arriver à la terre ferme ou à
._ la surface terrestre sous forme de tremblement de
terre sensible. Tour à tour la Sismologie est
considérée comme infaillible ou taxée d'impuis-
sance : double erreur.
Ces considérations générales laissent entrevoir
dans quel esprit est rédigé cet opuscule : on s'y
tiendra aux faits d'observation et l’on mettra
soigneusement en lumière toutes les interprétations
encore discutables, se gardant des généralisations
X< PRÉFACE
hâtives, destinées à disparaître presque aussitôt
qu'énoncées. |
Nous n'avons pas cru devoir nous préoccuper
de bibliographie et nous nous contenterons de
citer en cas de besoin les noms des sismologues
auxquels on doit telle ou telle observation ou
théorie, le public auquel s'adresse cet ouvrage ne
pouvant remonter aux mémoires originaux. Les
lecteurs qui voudraient aller plus loin n'auraient
qu'à consulter les ouvrages didactiques, où ils
trouveraient tous les renseignements nécessaires.
Nous énumérons plus loin les traités les plus
récemment publiés sur l’ensemble de la Sismologie
tant en France qu'à l'étranger, chacun d'eux
suffisant, avec ses qualités ou ses défauts propres,
à donner une idée précise de l’état actuel de la
Sismologie.
LA
SISMOLOGIE MODERNE
CHAPITRE I
CARACTÈRE PÉRIODIQUE
DU MOUVEMENT SISMIQUE
‘Malgré la très grande complication que pré-
sente le mouvement sismique dès que le phéno-
mène atteint une certaine intensité, il nest pas
d'habitant des pays instables qui ne sache très net-
tement distinguer des mouvements ondulatoires
ou oscillatoires horizontaux et plus ou moins
amples et rapides, et des mouvements vibratoires,
_sussultoires ou trépidatoires, généralement plus
brusques, en tout cas verticaux, le mot trépida-
toire étant celui qui rend le mieux l'impression du
sens musculaire, au moyen duquel se perçoivent
les ébranlements du sol. Ces deux sortes de mou-
vements peuvent être exclusifs l’un de l’autre pour
SISMOLOGIE MODERNE: 1
2 LA SISMOLOGIE MODERNE
un même tremblement de terre, mais aussi se
manifester alternativement pendant la brève durée
d'un même séisme.
Tantôt le tremblement de terre éclate brusque-
ment avec toute sa violence, puis s'évanouit rapi-
dement, tantôt 1l présente une série d’alternatives,
d’exacerbations et de rémissions, et le plus souvent
s'éteint lentement. Le mouvement vertical paraît
prédominer dans le premier cas, l'horizontal dans
le second. Il semble que le phénomène vient d’une
certaine direction et s'éloigne vers celle diamétra-
lement opposée. Acquiert-il une grande intensité,
le spectacle change, sa complication atteint un
degré qui défie toute analyse, l'observateur se sent
agité, balancé, poussé, tiré dans tous les sens à la
fois et ses impressions diverses se succèdent avec
tant de rapidité et de confusion qu'il se croit le
jouet d’un mouvement giratoire, tandis que dis-
paraît toute sensation de direction définie. L'expé-
rience presque journalière des pays à tremblements
de terre a vite prouvé aux personnes tant soit peu
cultivées et habituées à réfléchir que de lentes et
longues ondulations sont le propre d'un tremble-
ment de terre plus ou moins violent survenu très
loin de l'observateur, tandis que de courtes et
rapides oscillations, et surtout des trépidations,
caractérisent un ébranlement terrestre à foyer très
rapproché, sinon situé sous ses pieds mêmes, le
mélange des unes et des autres correspondant à un
as
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 3
séisme qui est né à moyenne distance, ni très près,
_nitrès loin.
Ainsi au-dessus ou au voisinage immédiat d'un
foyer sismique qui vient d'entrer en action, les
trépidations caractérisent le tremblement de terre,
et à mesure que l'observateur s’en trouve plus
éloigné, les ondulations apparaissent et finissent
par masquer les trépidations qui s'évanouissent;
puis, à plus grande distance encore, les ondulations
devenant de plus en plus lentes et douces se
réduisent à un long balancement qui peut aller
jusqu à donner le mal de mer, ou causer quelque
malaise analogue, lorsqu'il s’agit d’un violent
tremblement de terre.
Dans tous les cas, il est un caractère commun à
toutes ces modalités diverses et changeantes : le
retour plus ou moins répété de sensations sem-
blables, sinon égales en intensité et en rapidité;
en un mot le mouvement sismique est essentielle-
ment périodique en entendant ce mot dans sa plus
large acception, c’est-à-dire que les mouvements
successifs de va-et-vient qui le constituent ne sont
pas forcément séparés par des intervalles de temps
égaux, ni ne sont d'amplitude constante, ces carac-
tères d'uniformité correspondant à un mouvement
régulier et susceptible d’être figuré au moyen de
la courbe bien connue appelée sinusoïde. Telle est
l'impression que donnent les sens au moment d’un
tremblement de terre, chaque fois que l’observa-
4 LA SISMOLOGIE MODERNE
teur garde le sang-froid nécessaire pour analyser
ses propres sensations et que le phénomène est
assez léger pour que ses mouvements n'atteignent
pas le degré de violence et de confusion ne laissant
plus de place qu'à la terreur et à la recherche
instinctive des moyens de salut.
Gette manière d'être du mouvement sismique à
été de tout temps reconnue sinon exprimée sous
forme scientifique et, résultant de la pure obser-
vation, elle entraîne pour l’étude des tremblements
de terre l'emploi des méthodes générales relatives
aux mouvements périodiques tels que le son, la
lumière, les oscillations pendulaires, les ma-
rées, etc. L'on y usera donc de la même termino-
logie. = 24
Mais il ne s’agit plus ici d’un mouvement pério-
. dique parfait dans lequel un point géométrique,
ou mieux une particule matérielle, repasse à son
point initial d'équilibre ou de repos à des inter-
valles de temps constants et après s’en être éloignée
de part et d'autre à des distances égales et avec la
même vitesse, qui s'annule pour changer de sens
à l'extrémité de chacun de ses déplacements. Dans
le tremblement de terre tout varie simultanément,
et dans ses écarts successifs le point mobile, 1e1
une particule terrestre, ne repasse pas exactement
à sa position primitive; il ne la réoccupe qu'en
revenant finalement à l'état de complet repos; à
chaque nouvelle impulsion, il s’élance dans une
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 5
direction plus ou moins différente de la précé-
dente, s'éloigne plus ou moins loin et plus ou
moins vite. En d’autres termes, le caractère de
périodicité s allie à une variation continue de tous
les éléments du mouvement.
Ainsi s'explique comment la Sismologie ration-
nelle est tard venue, puisque ses progrès ont dû
s'appuyer préalablement sur Ia connaissance
récente encore de mouvements analogues, mais
relativement plus simples, le son et la lumière par
exemple.
Ce qui caractérise tout d’abord un mouvement
d'allure périodique, c'est la direction des déplace-
ments d'une particule par rapport à la ligne, sup-
posée rectiligne, qu'a suivie l'impulsion primitive
pour atteindre cette même particule et lui com-
muniquer le mouvement dont il s’agit. Ce sera ici
le rayon sismique, l’analogue du rayon optique;
il joint la particule terrestre, ou plus générale-
ment l'observateur, au foyer du tremblement de
terre. Le mouvement se produit-il dans le sens de
cette ligne, il est dit longitudinal; s’effectue-t-il
perpendiculairement au rayon sismique, ou dans
une direction plus ou moins oblique par rapport
à lui, il est appelé transversal, ou de distorsion.
Le son est longitudinal et la lumière est transver-
sale de même que les oscillations pendulaires ou
les vagues de la mer; dans une verge, une plaque
ou une corde vibrantes, on à simultanément des
6 LA SISMOLOGIE MODERNE
mouvements longitudinaux et transversaux, et ce
_cas plus complexe est aussi celui du mouvement
sismique. |
Les définitions et les considérations qui vont
suivre et nous serviront constamment ont été
créées pour un mouvement périodique parfait ou à
éléments uniformes, c’est-à-dire susceptible d’être
représenté comme on l'a dit par une sinusoïde. Il
suffira d'en élargir le sens, c'est-à-dire de n'en
parler que pour un instant déterminé et seulement
pour une oscillation distincte de la particule
terrestre de part et d'autre de sa position initiale
de repos. ,
L'amplitude est la distance dont la particule
s'éloigne de sa position d'équilibre, mais le plus
souvent on considère la double amplitude, c'est-
à-dire la somme des distances parcourues de part
et d'autre. La période est le temps employé par la
même particule pour revenir à son point de départ
avec une vitesse de sens contraire à celle avec
laquelle elle s’en est éloignée, et le plus souvent
aussi on considère la double période et alors la
particule repasse à son point de départ avec une
vitesse de même sens et après avoir ainsi subi
deux points morts ou de vitesse nulle, ceux où,
après s être éloignée au maximum, elle retourne
en arrière vers le point d'équilibre initial. Les
choses se continuent de la sorte, Jusqu'à extinction
- complète du mouvement, avec des vicissitudes
/ GARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 7
diverses d'accroissement et de décroissement des
deux éléments, amplitude et période, que le mou-
_ vement soit longitudinal ou transversal.
Ilnest pas concevable qu'une particule puisse
posséder simultanément un mouvement longitu-
dinal et un autre transversal, et dire qu'ils coexis-
tent, comme c'est le cas du mouvement sismique,
cela signifie qu à chaque instant la particule obéit
à-une impulsion de chaque espèce, l’une et l’autre
se composant pour lui faire décrire autour de sa
position d'équilibre une trajectoire complexe, de
forme constamment variable et plus ou moins
analogue aux célèbres figures de Lissajous.
L'amplitude et la période combinées nous per-
mettent de nous faire une idée au moins grossière
de l'intensité d'un tremblement de terre, étant
évident que deux séismes peuvent exercer les
mêmes effets destructeurs, l’un de faible amplitude
et de rapide période, l’autre de grande amplitude
mais de lente période, ce que d’ailleurs vérifie l'expé-
rience. 51, d'autre part, dans les descriptions cou-
rantes ou sans prétentions scientifiques des tremble-
ments de terre, les mots vibrations, ondulations,
oscillations, trépidations, balancements, reviennent
à chaque instant sans plus de précision, il convient
æ
x
en sismologie de se débarrasser de ce vague; aussi
a-t-on pris l'habitude de réserver le nom d'on-
dulations et d’oscillations aux mouvements de
période relativement lente et d'appliquer celui de
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8 LA SISMOLOGIE MODERNE
trépidations et de vibrations à ceux de période plus
rapide, la limite entre les unes et les autres restant
provisoirement indéterminée. Les premières corres-
pondent le plus souvent du moins aux mouvements
horizontaux et les secondes aux mouvements ver-
ticaux.
Jusqu'ici on n'a fait que mettre d'accord la con-
ception physicomécanique d’un mouvement pério-
dique quelconque avec l'observation séculaire des
sens d’après laquelle le tremblement de terre
appartient sans hésitation possible à ce genre
d'ébranlement, et si l'on à dépassé le strict champ
de l'expérience, ce fut seulement en affirmant que
le mouvement sismique est à la fois longitudinal
et transversal. À première vue, il semble bien
qu'on ne fait là aucune hypothèse, et, en effet, le
mouvement ondulatoire ou horizontal d'un trem-
blement de terre parait aussi clairement transver-
sal que paraît longitudinale l'impulsion trépida-
‘toire ou verticale du même phénomène. On verra
cependant plus loin que c'est là une interprétation
fausse des faits, parce que trop simple, et qu'élé-
ments longitudinaux et transversaux du mouve-
ment sismique correspondent à toute autre chose;
mais il faudra le secours des appareils pour appré-
cier sainement les résultats de l'observation. En
fait un tremblement de terre se compose de
diverses espèces de mouvements, et ce que nos
sens en perçoivent est seulement transversal, tout
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 9
_ comme les vagues de la mer, auxquelles d’ailleurs
on a souvent comparé les séismes avec une süreté
d'observation que la science sismologique a été
longue à ratifier.
En optique et en acoustique, on est habitué à
parler d'ondes lumineuses et sonores, et il nous
faut maintenant étendre cette notion au mouve-
ment sismique. |
Nous ne savons rien encore de ce qu'est en
réalité l’ébranlement initial qui se traduit sous la
forme du tremblement de terre, mais pour sim-
plifier le raisonnement, nous nous référerons à
une particule terrestre mise en mouvement, peu
importe comment; elle représentera le centre ou
le foyer du phénomène, son hypocentre comme on
dit, parce qu'il est plus ou moins profondément
situé au-dessous de la surface terrestre. Mais on a
tout de suite l'intuition qu'il s’agit là d'une hypo-
thèse de simplification et que sans doute c'est une
portion plus ou moins grande de la masse qui est
mise en mouvement tout d'un coup et en bloc,
comme nous le montrera plus tard l'observation.
Conservant provisoirement cette fiction commode
du point géométrique, nous voyons clairement
qu une particule terrestre quelconque, — et il en
serait de même pour une portion limitée de sa
masse, — ne saurait se mettre en mouvement
sans communiquer son impulsion aux particules
. immédiatement voisines, puis celles-ci à leur tour
|
10 LA SISMOLOGIE MODERNE
et de proche en proche à leurs propres voisines.
À chaque instant l’ébranlement est donc transmis
à des particules de plus en plus éloignées du
loyer, particules qui deviennent ainsi successive-
ment le centre d'un nouvel ébranlement, et ainsi
de suite Jusqu'à complète extinction de la force
vive ou de l'énergie transportée et propagée au
loin dans la masse du corps tout autour du foyer,
mais qui doit forcément finir par disparaitre
épuisée en s'appliquant à un nombre de plus en
plus grand de particules, c’est-à dire à une masse
croissante. L'énergie de l’ébranlement décroitra
en raison inverse du carré de la distance au foyer;
c'est là une loi générale de mécanique qui trouve
ici une évidente application.
A un instant déterminé, les dernières particules
terrestres mises en mouvement limitent une sur-
face fermée enveloppant le foyer; c'est la surface
d'onde sismique ou plus simplement l'onde sismi-
que. Chacun des points de l'onde sismique devient
un foyer d'ébranlement et donne lieu à de nou-
velles ondes élémentaires, dont l'enveloppe sera,
à un autre instant postérieur à celui considéré, une
nouvelle onde sismique et ainsi de suite. En
d'autres termes le principe d'Huyghens est appli-
cable en sismologie, tout comme en optique.
Si le tremblement de terre naissait en un point
géométrique et si, de plus, la masse terrestre était
isotrope, c’est-à-dire douée de propriétés phy-
Wa F'STEC à
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 11
| siques identiques tout autour du foyer, quelle que
soit la direction choisie, les ondes sismiques
seraient des sphères concentriques. Cette double
hypothèse a été employée jadis pour étudier la
propagation du mouvement sismique à la surface
de la terre, mais cette méthode n’a rien donné
même de grossièrement approché par rapport aux
résultats de l'observation, tant on s'éloignait ainsi
des circonstances réelles. Quoi de plus hétérogène,
en eflet, que la masse terrestre, du moins dans la
mince pellicule externe que nous en connaissons;
on le voit bien à l'infinie diversité des roches de la
surface et à leur disposition relative si compliquée
en strates de toutes natures, directions et épais-
seurs, ou en masses non stratifiées tout aussi
diverses. La propagation du mouvement sismique
de proche en proche dépendant directement en
chaque point des propriétés physiques, densité,
élasticité, composition moléculaire, etc., il en
résulte que l'onde sismique sera elle-même une
surface très compliquée, le foyer füt-l un point,
ce qui n'est pas en général, d’où nouvelle cause
de complication quant à sa forme. On ne s'éton-
nera donc point de ce que l'analyse mathéma-
tique soit à peu près impuissante à calculer l'onde
sismique et, en tout cas, il faut faire des hypo-
thèses plus ou moins plausibles, de toute façon
invérifiables, sur la variation des propriétés phy-
siques des couches terrestres en profondeur.
42 LA SISMOLOGIE MODERNE
Les ondes sismiques successives viennent couper
la surface terrestre en des temps successifs aussi,
et de là naît cette très nette sensation que le trem-
blement de terre consiste en un mouvement ondu-
latoire ou vibratoire qui, après avoir atteint l'ob-
servateur en passant, pour ainsi dire sous ses
pieds, va séloignant de l'origine apparente du
phénomène dans une certaine direction; c’est
celle que l’on attribue au tremblement de terre.
Pour interpréter le fait, il suffit de se reporter
au cas d’un nageur à la surface de la mer, mais
loin de la côte. S'il se contente de se soutenir à la
surface, il ne changera pas de distance par rap-
port à un point fixe; simple flotteur, il montera et
descendra alternativement avec les vagues qui lui
paraissent cependant venir rapidement d'une cer-
taine direction, le dépasser, puis s'éloigner tout
aussi rapidement dans la direction opposée. Mais,
en dépit des apparences, ce qui marche, ce n'est.
point la masse liquide, ainsi qu'il lui semble, c'est
seulement la forme ondulée de sa surface, sinon le
nageur ou le flotteur serait entrainé horizontale-
ment avec les vagues. Sans avancer avec elles
chaque particule liquide décrit autour de sa posi-
tion d'équilibre une petite ellipse située dans un
plan vertical perpendiculaire à la ligne de crête
ou de creux des vagues. Le fait est bien connu et
il en est exactement de même pour les tremble-
ments de terre, phénomène dans lequel il n'y a
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 13
pas davantage de transport ou de déplacement
d'ensemble ou de masse, mais seulement un trans-
port suecessif d'un mouvement périodique d'un
point à un autre de la surface terrestre. De même
que les ondes ou vagues liquides sont concen-
iriques autour du point de chute d'une pierre
lancée à la surface tranquille d'un lac, de même
les ondes sismiques s'irradient dans toutes les
directions autour du centre d'ébranlement. Notre
point d'appui sur le sol nous fait participer à ce
transport et dès lors, outre la notion de direction,
s’en introduit une nouvelle, celle de la vitesse de
propagation du tremblement de terre, vitesse que,
dans chaque cas particulier, nos sens nous per-
mettent seulement d'apprécier, tout en restant
incapables de la mesurer. L'observation directe
nous conduit ainsi à assimiler le mouvement sis-
mique à un autre mouvement bien connu, celui
_ des ondes liquides.
Chaque particule terrestre décrit autour de sa
position initiale d'équilibre une trajectoire beau-
coup plus compliquée que celle de la particule
_ liquide de tout à l'heure et seuls les appareils nous
permettront de la déterminer, comme on le verra
plus tard. Quant à la phase du mouvement sis-
mique à un moment donné, ce mot s'entend de la
position à ce moment de la particule terrestre par
rapport à son point d'équilibre, en même temps
que du sens et de la grandeur de sa vitesse. Au
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414 LA SISMOLOGIE MODERNE
même instant deux particules terrestres seront ou
ne seront pas à la même phase, circonstance qui
sera à considérer pour l'étude de la rupture d’une
muraille ou du crevassement du sol.
Le mouvement sismique, tel que nous le perce-
Fig. 1. — Modèle d'une partie de la trajectoire d'un point de la surface
terrestre lors du tremblement de terre de Tokyo du 15 janvier 1887
(d'après Seikei Seikiya).
vons sous forme de tremblement de terre, ainsi
ramené à un mouvement essentiellement pério-
dique, il est encore un autre mouvement pério-
dique très différent, qui accompagne exclusive-
ment les secousses désastreuses. Ce sont, dans de
certaines circonstances de terrains, les ondes
visibles, appelées scientifiquement gravifiques et
dont il nous faut parler ici pour épuiser ce que les
sens seuls nous apprennent sans l'aide d'aucun
CARACTÈRE DU MOUVEMENT SISMIQUE 15
appareil sur la nature du mouvement sismique.
Dans un très grand nombre de relations de cata-
_strophes, on rapporte avoir vu le sol se mouvoir en
vagues absolument semblables à celles de la mer.
On leur attribue des hauteurs variant entre des
fractions de mètre et quelques mètres, la distance
de crête à crête s’évaluant entre dix et quarante
ou cinquante mètres. Rarement toutefois elles ont
été observées avec sang-froid par des hommes de
science, et, ne se produisant qu'à l’occasion des
grands tremblements de terre et seulement dans
des terrains incohérents, sables, alluvions, cendres
volcaniques, etc., elles ont été longtemps attribuées
par les sismologues à une pure illusion des sens.
Ils pensaient que l'observateur prêtait au sol le
mouvement ondulatoire dont il était lui-même
animé. Une discussion approfondie de ces relations
a fait bonne justice de ce scepticisme. D'ailleurs
il s’est produit tel cas où le sol ainsi mis en mou-
vement n'a pu reprendre sa forme primitive, et les
vagues en question, au lieu de s'évanouir, se sont
pour ainsi dire figées, cristallisées à la surface du
sol, laissant ainsi derrière elles un témoignage
écrit, tangible et probant de leur réalité.
Les vagues sismiques visibles sont, comme on
vient de le dire, propres aux terrains superficiels
sans consistance et, momentanément, ces matières
assument toutes les propriétés physiques d’un
liquide. La gravité intervient dans leur mécanisme
16 LA SISMOLOGIE MODERNE
intime et c'est pour cela qu'on les a nommées
gravifiques. Quand elles passent sous un édifice,
elles opèrent avec la plus grande énergie pour sa
destruction, car il est obligé de s’incliner avec elles.
Il semble assez probable qu'elles sont dues au
choc des masses rocheuses compactes que le trem-
blement de terre a mises en mouvement ondula-
toire contre les masses incohérentes citées plus
haut et placées à leur contact. À San Francisco,
lors du désastre du 18 avril 1906, on les a vues
soulever les pavés des rues et tordre les rails des
tramways, l’ensemble conservant sa forme ondulée
après l'événement.
Si l'on fait abstraction du bruit spécial qui
accompagne les tremblements de terre, les précède
et les suit, et qui mérite de faire l’objet d'un cha-
pitre particulier, c’est à ces notions que se borne
ce que peut apprendre l'observation directe des
sens sur la nature du mouvement sismique. Quant
à analyser le phénomène de plus près, ils y sont
impuissants sans le secours de l'expérimentation
instrumentale, et c’est pour ce motif que, logique-
ment, on va maintenant exposer les principes sur
lesquels sont basés les appareils employés en Sis-
mologie, avant d'étudier les résultats positifs qu ils
ont fournis.
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Sismologie moderne. — PI. I.
: CHAPITRE II
LES SISMOSCOPES
ET CE QU'ILS NOUS APPRENNENT
Les appareils destinés à étudier les tremblements
de terre et à mesurer les divers éléments du mou-
vement sismique se divisent naturellement en deux
classes qui correspondent d’ailleurs à l’ordre histo-
rique de leur invention et de leur emploi. Les uns
signalent le phénomène, en fixant le temps, la durée
et l'amplitude, tandis que les autres, plus com-
pliqués, enregistrent pour toujours la trajectoire
d'une particule de la surface terrestre, ce qui per-
met de l’étudier ensuite à loisir. Les premiers sont
les sismoscopes, les seconds les sismographes ou
sismomètres. De même que certaines personnes
sont très sensibles aux secousses du sol et en per-
coivent nettement qui passent généralement ina-
perçues, de même aussi ces appareils sont de très
inégale sensibilité; mais jusqu’à présent, dès que
SISMOLOGIE MODERNE, 2
{
18 LA SISMOLOGIE MODERNE
les tremplements de terre deviennent très violents,
ils n'échappent point sinon à la destruction, du
moihs à des perturbations telles qu'ils sont mis
hors d'état de fonctionner convenablement; il y a
là une sorte de contradiction qu'il n’a pas encore
été possible de résoudre pratiquement, entre la
sensibilité pour les faibles secousses et la résistance
contre les grandes.
Le tremblement de terre étant un brusque mou-
vement de l'écorce terrestre, tout corps en équi-
libre facilement dérangeable peut servir de sismo-
scope. Ce sera un liquide tel que du mercure, placé
dans un vase, et qui, mis en mouvement, pourra
s'échapper par un certain nombre d'orifices percés
près du bord; tombant dans des coupelles conve-
nablement disposées au-dessous, on aura une idée
approchée, pensait-on du moins autrefois, de la.
direction d'où sera venue la secousse. Une boule
surmontant une colonne ira tomber de même et
marquera la direction de sa chute sur une table
couverte de sable fin. Deux corps métalliques
rapprochés, dont l’un mobile, viendront à choquer
l’un contre l’autre au moment du tremblement de
terre et fermer un circuit électrique dans lequel
sera interposée une sonnette. Qu'une pendule
préalablement arrêtée sur midi, parce que son
balancier est retenu par un dispositif quelconque
et facile à imaginer et peut être mis en liberté par
la chute d'un corps par exemple, ou par l'ouver-
LES SISMOSCOPES 19
ture ou la fermeture d’un courant, qu'une pendule,
disons-nous, soit ainsi agencée et adjointe à l’appa-
reil sismoscopique, et l’on aura le moyen de
calculer l'heure du phénomène en soustrayant le
temps pendant lequel elle aura marché au moment
de son inspection de celui marqué par une horloge
ou une montre quelconques.— L'homme lui-même
n est-il pas un des plus sensibles sismoscopes?
Le nombre de combinaisons possibles de ce
| genre est pratiquement illimité et, en fait, il existe
un nombre considérable de bons sismoscopes en
usage. Îls doivent être fidèles, c'est-à-dire qu'ils
doivent toujours fonctionner à partir d'un certain
degré d'intensité des tremblements de terre, degré
qui peut être rendu aussi faible qu'on voudra.
Ainsi le simoscope Agamennone est basé sur
l'emploi d'un pendule renversé, constitué par une
masse enfilée sur une tige verticale; en oscillant
celle-ci vient au contact d’une autre pièce métal-
lique et un circuit électrique se ferme et actionne
une pendule organisée comme il a été dit tout à
l'heure. La sensibilité de l'appareil se règle comme
on veut, toutes choses égales d'ailleurs, suivant la
hauteur de la masse, et l’on est parvenu par ce
moyen à signaler des tremblements de terre rela-
tivement faibles survenus à de grandes distances,
jusqu à 700 ou 800 kilomètres, et tout à fait insen-
sibles à l’homme au lieu de l'observation.
On est ainsi conduit à ce fait nouveau, intéres-
20 LA SISMOLOGIE MODERNE
_
sant et dû à l'observation instrumentale seule .
qu'un tremblement de terre, même faible, se pro-
page à de très grandes distances et met en mouve-
ment des portions considérables de la surface
terrestre sous forme d'imperceptibles ondulations,
insensibles à l'homme, que des appareils peuvent
signaler et qu'on appelle microséismes par opposi-
tion avec les secousses ordinaires sensibles, ou
macroséismes. Ce tremblement de terre ainsi mis
en évidence à grande distance est pour l’observa-
teur un ééléséisme, Les mêmes sismoscopes
permettent aussi d'observer de très petits mouve-
ments locaux, microséismes aussi, trop faibles pour
les sens de l’homme et de foyer rapproché.
Cette sensibilité d'un sismoscope, si on la pousse
trop loin, ne va pas d'ailleurs sans de sérieux
“inconvénients, car alors l'appareil devra être
installé loin des lieux habités, où des mouvements
artificiels non sismiques suffiraient à le faire
fonctionner, comme les voitures, tramways, etc.
Il pourrait même arriver qu ils signalassent d'autres
mouvements naturels de l'écorce terrestre, tels que
ceux très faibles produits par le vent, les variations
de pression atmosphérique et autres phénomènes
non sismiques du même genre. Le but serait
dépassé.
Le véritable rôle des sismoscopes consiste à
suppléer pour les petites secousses à l'attention
des observateurs chargés de signaler à un bureau
LES SISMOSCOPES PA
central tous les tremblements de terre sensibles. Si
_ donc on installe à la surface d’un même pays un
nombre suffisant de sismoscopes identiques dans
des stations systématiquement choisies, et si ce
réseau est assez dense, non seulement aucune de
ces petites secousses n'échappera à l'observation,
mais encore pour chacune d'elles on pourra
tracer sur la carte les limites de l'aire d'ébranle-
ment correspondant à la sensibilité particulière à
l'appareil en fonction. On résoudra donc à la
longue le problème de la répartition géographique
des tremblements de terre à la surface du pays
considéré, problème dont nous marquons 1e
l'importance fondamentale, sans nous appesantir
en ce moment sur ce sujet.
La courbe qui limite ainsi la portion de territoire
ébranlée par un tremblement de terre est ce qu'on
appelle son 2soséiste limite : c’est le lieu des points
où le tremblement de terre s’est fait sentir avec
l'intensité au plus nécessaire pour faire fonctionner
l'appareil sismoscopique en usage.
L'isoséiste limite présente généralement une
forme assez irrégulière, tant la propagation du
mouvement sismique est fortement influencée par
les variations du relief et de la constitution géolo-
gique des couches de la surface ébranlée. Ces
irrégularités s’atténuent si l'échelle de la carte est
convenablement choisie et, comme première appro-
ximation, cette courbe présentera un point central,
2 LA SISMOLOGIE MODERNE N
qui ne pourra jamais être bien éloigné du lieu où
le tremblement de terre aura pris naissance. Une
longue série d'observations dirigées dans ce sens
fera ainsi connaître les foyers les plus habituels
des secousses du pays considéré et cette étude
- préliminaire sera la base de sa géographie sismique.
Ce problème, pour intéressant qu'il soit, n'est
pas celui qui doit nous préoccuper maintenant; il
faut examiner jusqu'à quel point les sismoscopes
peuvent renseigner sur la nature du phénomène en
complétant et précisant davantage les notions
antérieurement acquises sans l’aide d'aucun appa-
reil.
Au début de l'emploi des sismoscopes, et cela
dès le xvrrr° siècle, on a eu recours au pendule pour
constituer certains de ces appareils, et, comme on
le verra plus loin, c’est ce principe qui a été le plus
fécond jusqu à présent pour enregistrer graphique-
ment les tremblements de terre et leur appliquer
des méthodes de mesure. Or le pendule jouit de
cette propriété bien connue d’osciller d'autant plus
lentement que son centre de gravité est plus loin
de son axe de suspension et que sa masse est plus
considérable. Comme, d'autre part, on ne peut ana-
lyser le mouvement d’un mobile quelconque, 1c1
une particule terrestre, qu'en le rapportant à des
axes fixes, ou considérés tels dans l’espace, on voit
que dans le très court espace de temps que dure
un tremblement de terre, la masse d’un très long
NAIL À
LES SISMOSCOPES 23
et très lourd pendule n'aura pas, grâce à son
inertie, eu le temps de se mettre à osciller sous
l'impulsion terrestre à laquelle aura cependant
obéi son point de suspension lié à la terre. Par
inertie, la verticale du centre de gravité restera
donc approximativement fixe dans l’espace. Ceci
admis, on termine inférieurement le pendule par
un style très léger qui viendra toucher à peine une
table recouverte de sable fin, ou une plaque de
verre enfumé. Au moment du tremblement de
terre, la table ou la plaque horizontale obéira
au mouvement sismique, puisqu'elle fait corps
avec la terre et, le phénomène passé, on trouvera
écrite en sens inverse, sur le sable ou le noir de
fumée, la trajectoire du point qui, au début,
correspondait à la pointe du style, restée immo-
bile. Ainsi la main d’un écrivain pourrait rester
fixe si, tout en maintenant le contact de la plume
avec le papier, on imprimait à celui-ci exacte-
ment les mouvements inverses de ceux de la
plume, et l’on n'en obtiendrait pas moins en fin
de compte l'écriture ordinaire, la main mobile, le
papier fixe. Le mouvement sismique se trouve
ainsi directement enregistré et si l’on fixe le noir
de fumée au moyen d'une solution appropriée, on
pourra ensuite étudier à loisir la trajectoire hori-
zontale d’une particule terrestre ébranlée par un
tremblement de terre.
Cet enregistrement est d'autant plus fidèle que
. 24 LA SISMOLOGIE MODERNE
le pendule sismoscopique est plus long et plus
lourd, mais pour obtenir une immobilité suffi-
samment approchée de cet appareil, il faudrait
des dimensions pratiquement inapplicables, des
dizaines de mètres et plusieurs tonnes. Par consé-
quent, dans les cas ordinaires, il ne manquera pas
de se mêler au tracé sismique, ou sismogramme,
l'effet des oscillations pendulaires propres; mais
pour le moment il faut nous contenter de cette
approximation.
Généralement les diagrammes ainsi obtenus ss
très petits et se denis à une tache blanche, sur
le papier enfumé, dont on ne peut rien tirer, tant
les diverses ondulationsse recouvrent inextricable-
ment les unes les autres; à moins que le tremble-
ment de terre ne soit déjà fort intense, le sismo-
gramme est tout à fait illisible.
On a alors imaginé d’interposer un pantographe
entre le pendule et le style traçant, et les dia-
srammes s’améliorent en proportion du degré de
multiplication adopté. Il est vrai qu'aussi le tracé
représente moins fidèlement la trajectoire horizon-
tale d’un point, car on a par là même introduit des
frottements perturbateurs aux articulations et aux
points d'appui du pantographe. N'importe, les
diagrammes deviennent plus lisibles. Or, dans ces
conditions, on obtient des tracés dont l'extrême
complication correspond, on n'en peut douter,
à celle même du mouvement sismique, et qui est,
à ea LES SISMOSCOPES 25
même pour les intensités ordinaires, beaucoup
plus grande que celle accusée par nos sens.
Dans ces tracés, toute notion de la direction d'un
tremblement de terre s’évanouit, puisqu'elle varie
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: Fig. 3. — Diagramme du tremblement de terre du 15 décembre 1901
dans les Philippines (d’après le « Philippine Weather Bureau »).
constamment pendant toute sa durée et, pour l'in-
_ terpréter, il faut revenir à l'observation des sens
qui, cependant, semblent si nettement, dit-on,
reconnaitre la direction du phénomène. Mais, à y
regarder de plus près et au moyen de statistiques
judicieusement établies, on s’est aperçu que, dans
une même ville et à l'occasion d'un même trem-
26 LA SISMOLOGIE MODERNE
blement de terre, les divers observateurs signalent
en très grande majorité les directions des princi-
pales artères, ou des directions perpendiculaires,
c'est-à-dire, en fin de compte, celles des murs des
maisons où ils se trouvent; s'ils se rencontrent à
l'extérieur et en pleine campagne, la direction des
couches terrestres influera sur leurs appréciations.
En ce qui nous concerne personnellement, nous
n'avons presque jamais pu discerner une direction
nettement définie dans de très nombreux tremble-
ments de terre du Centre-Amérique ou du Chih.
Ainsi donc, d'après ces tracés, un tremblement
de terre n'a pas à proprement parler de direction,
et c'est là un élément à supprimer dans les cata-
logues sismiques, sauf dans des cas très particu-
liers, puisque, en général, la sensation dont il s'agit
résulte de la situation contingente de l'observateur
par rapport à des objets matériels tels que murs
d'édifices ou strates terrestres. D'ailleurs, quand
on sait ultérieurement d’où est émané le tremble-
ment de terre, il est facile de constater que la
plupart des directions signalées ne convergent pas
vers son origine. Toutefois l'appréciation de la
direction sera plus exacte si l'observateur est très
éloigné de la région épicentrale.
Cette extrême complication des tracés doit
permettre d'analyser la nature même du mou-
vement sismique. Elle montre qu'à des inter-
valles de temps très rapprochés, il arrive à
LES SISMOSCOPES 27
l'observateur des, impulsions de directions très
_ différentes. Cela s'explique en partie si le tremble-
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Fig. 4. — Directions observées au voisinage de Sinj lors du tremble-
ment de terre du ? juillet 1898 (d'après Faïidiga).
ment de terre, au lieu d'émaner d'un point,
_ hypothèse reconnue fausse maintenant comme
trop simple, s’est irradié simultanément de tous
les points d’une ligne ou surface représentant un.
accident géologique d’une certaine étendue, soit
une fracture, soit une faille, soit même un com-
… 47]
, L 4
Vs J
MAN: 17
Là à de. Ua
28 = LA SISMOLOGIE MODERNE
partiment plus ou moins grand, mais limité de
l'écorce terrestre et dont la mise en mouvement
a produit le phénomène, ainsi que l'observation
nous en fournira plus tard des exemples probants.
Ces impulsions arriveront donc à l'observateur, ou
au style enregistreur, avec des directions diverses,
toutes comprises entre les côtés de l’angle formé
avec les extrémités de l'accident géologique en
question. En outre, pendant leur trajet, ces
impulsions n'auront pas manqué d'interférer entre
elles, ni de se réfléchir dans tous les sens contre
les irrégularités de constitution et les solutions de
continuité des couches terrestres traversées.
Il peut cependant arriver, surtout si le foyer
sismique est de dimensions restreintes par rapport
à la distance à laquelle on l’observe, que le tracé
prenne une forme allongée dans un certain sens;
en d'autres termes, il y a prédominance de cer-
taines directions d'oscillations voisines entre elles.
Le mouvement sismique correspondant accusera
ainsi une élongation maximum de la particule
terrestre dans cette même direction, et on pourra
conventionnellement avec plus de justesse parler
de la direction ainsi entendue du tremblement de
terre. Ce nouvel élément a son importance, comme
on le verra plus tard, quant aux effets des trem-
blements de terre sur les édifices d’une ville en
particulier. Si, en eflet, on construit autour d'un
lieu les élongations maxima observées pendant
LES SISMOSCOPES 29
un grand nombre d'années, on obtiendra pour sa
rose sismique une nette prédominance dans un
- azimuth déterminé, ce qui correspond évidemment
1 NW
0 485
156
|
Fig. 9. — Rose sismique d'Orizaba (d’après le relevé des observations
de C. Mottl de 1889 à 1895).
à la direction du foyer sismique d'où lui viennent
le plus grand nombre de secousses, et cette inter-
prétation a pu être vérifiée à posteriori pour cer-
taines villes. C'est celle suivant laquelle il con-
viendra d'orienter les principales façades des
édifices pour diminuer les risques.
Il n'est pas rare non plus de pouvoir démêler
‘5 + NET LA SISMOLOGIE MODERNE
dans un diagramme obtenu au moyen d’un simple
pendule deux systèmes prédominants d’oscillations
à peu près perpendiculaires entre elles. Ce fait
n'a pas manqué d'attirer l'attention et, en parti-
culier, De Rossi, très pénétré de cette opinion que
les tremblements de terre de l'Italie centrale sont
dus à des mouvements tectoniques le long de
failles, croyait que ces deux systèmes d’ondula-
tions correspondent à des mouvements simultanés
le long de la faille et perpendiculaires à sa
direction, c’est-à-dire à des mouvements de cou-
lissage et d'ouverture respectivement. L'expli-
cation est ingénieuse, mais il n'est pas certain
qu'elle soit généralement exacte. On peut, en effet,
attribuer ces deux systèmes d'ondes au mouvement
pendulaire propre, mouvement qui n'est pas tou-
jours négligeable, car il est impossible de donner
aux appareils des longueurs et des poids suffisants
pour en assurer l'élimination complète. Et préci-
sément Cecchi a montré expérimentalement qu'en
exerçant sur un pendule préalablement mis en
oscillation une impulsion convenable à une
certaine phase de son mouvement, on obtient de
semblables systèmes plus ou moins orthogonaux
d'oscillations. Rien n'empêche de supposer qu'il
puisse se produire quelque chose d'analogue sur
un sismoscope pendulaire, du fait même de
l’arrivée d'ondes sismiques successives de direc-
tions différentes.
PAT
D fi.
LES SISMOSCOPES 31
On a aussi établi des sismoscopes destinés à
l'observation des secousses sussultoires, et pouvant
déceler, par conséquent, le mouvement vertical. On
s'est adressé pour
cet objet à des res-
sorts en spirale. Ils
sont d'ailleurs peu
usités.
L'emploi des sis-
moscopes pendu-
lairesn’estpasstric-
tementlimité à l’ob-
servation des se-
cousses sismiques
plus ou moins in-
tenses. Bertelli a
eu l'idée d’analy-
ser au moyen du
microscope les in-
fimes mouvements
Fig. 6. — Mouvement d’un pendule oscil-
de pendules a oicnidtn bas l'impulsion d’un
choc perpendiculaire, puis parallèle à ce
. o
més dans de longs dernier (d’après Cecchi).
tubes de verre pour
les soustraire aux influences extérieures perturba-
trices ; il a pu ainsi observer des microséismes, ou.
plutôt des pulsations dues à des phénomènes météo-
rologiques ou autres, ou mélangées à des oscillations
d'origine sismique, et dont l'amplitude ne dépassait
pas le micron, ou millième de millimètre. Si d’ar-
32 LA SISMOLOGIE MODERNE
dentes polémiques se sont élevées autour de ces
phénomènes, observés en 1872, on a dù se rendre à
l'évidence et donner raison à l’habile expérimen-
tateur qui, dans cet ordre d'idées, a pu découvrir
nombre de faits intéressants quant à l'action des
phénomènes météorologiques sur l'écorce terrestre.
De Rossi s'est aussi emparé de ces minuscules
vibrations pour en faire des avant-coureurs ou des
compagnons ordinaires des tremblements de terre,
mais cette voie de recherches ne l’a pas conduit à
des résultats généralement acceptés.
Les principaux progrès de nos connaissances
sur le mouvement sismique sont dus à la trans-
formation des sismoscopes en sismographes, et ce
sont ces derniers appareils qui vont faire l'objet du
chapitre suivant.
CHAPITRE III
LES SISMOGRAPHES
Les diagrammes obtenus comme on vient de
l'expliquer au moyen d’un style attaché à l’extré-
mité d'un pendule sismoscopique et traçant la
trajectoire d’une particule terrestre sur un plan
horizontal, sont aussi peu lisibles que le serait
l'écriture si la main ne s'avançait pas de côté de
facon à séparer les diverses lettres et, de fait, les
résultats tirés de ces très grossiers sismogrammes
ont été très restreints. Il a fallu, pour faire pro-
gresser nos connaissances sur la nature du mou-
vement sismique, l'intervention de plusieurs amé-
liorations d’importance fondamentale apportées
successivement à ces primitifs appareils ; elles sont
d'ailleurs indépendantes du principe auquel on
s'adresse pour réaliser la masse fixe, appelée aussi
stationnaire, à laquelle on rapporte la trajectoire
du point en contact avec l'extrémité du style. Il
SISMOLOGIE MODERNE, 3
34 LA SISMOLOGIE MODERNE
y a donc lieu d'exposer préalablement ces amé-
liorations. Ce sont : l'agrandissement ou la
multiplication du mouvement sismique; sa décom-
position suivant deux axes rectangulaires; le
mouvement imprimé au plan enregistreur; enfin
l'amortissement du mouvement pendulaire propre.
Les tremblements de terre les plus habituels ont
une amplitude beaucoup plus faible qu'on ne se
l’imagine ordinairement; elle se réduit à quelques
millimètres, alors même que l'observateur se sent
par exemple très fortement secoué dans son lit.
Cette illusion provient de ce que le mouvement
sismique agit sur lui avec toute l'énergie que lui
donne l'énorme masse terrestre, et c’est là un argu-
ment qui n'a pas été suffisamment mis en lumière
jusqu'ici. Les diagrammes ne seront done lisibles
que si on amplifie convenablement la trajectoire
de la particule terrestre. On à déjà vu appliquer le
pantographe ou sismoscope pendulaire, mais on
arrive plus simplement au résultat, tout en dimi-
nuant beaucoup les frottements nuisibles à l’exacte
reproduction de la trajectoire, en maintenant la
masse stationnaire en contact avec l'extrémité
d’une tige horizontale traçante mobile autour d'un
axe vertical faisant partie du bâti de l'appareil et
par conséquent relié au sol. Les mouvements de
l'extrémité traçante de la tige seront ceux du point
. de contact multipliés par le rapport de leurs dis-
tances respectives à l'axe vertical.
LES SISMOGRAPHES 35
On dispose de l'agrandissement, ou multiplica-
tion, suivant les besoins. Ordinairement compris
entre 10 et 20 fois le mouvement réel, il peut
atteindre plusieurs centaines ou même plusieurs
milliers de fois dans les appareils destinés par
exemple à l'enregistrement des pulsations du sol
dues à d’autres phénomènes d’origine non sis-
mique, déjà plusieurs fois signalés, ou les « tachy-
SiSmes ».
En même temps, on a décomposé le mouvement
sismique suivant une certaine direction, celle de la
perpendiculaire à la tige, et deux dispositifs sem-
blables donneront séparément ses composantes
suivant deux directions perpendiculaires entre
elles, et il suffira de les recomposer à chaque
instant pour remonter à la projection horizontale.
_ de la trajectoire de la particule terrestre. Prati-
quement ces deux directions seront le méridien et
le parallèle du lieu d'observation, ou leurs bissec-
trices nord-est et sud-est. Mais, dans un lieu situé
au voisinage d'un grand trait de la surface ter-
restre, comme une chaîne de montagnes, ou un
accident géologique d'importance, il est à con-
seiller d'adopter leur direction et sa perpendicu-
laire. On pourra peut-être ainsi dévoiler leur
influence sur la genèse et la propagation des trem-
blements de terre de la région.
Cette disposition en entraine forcément une
autre complémentaire, sans laquelle le diagramme
t
36 LA SISMOLOGIE MODERNE
serait beaucoup plus illisible qu'antérieurement,
puisqu'il se réduirait à un trait, la pointe du style
ne pouvant décrire autour de son axe vertical que
de petits ares de cercle qui se recouvriraient les
uns les autres sur le plan horizontal enregistreur
recouvert d'une couche de noir de fumée. Tout ce
quon en pourrait tirer, ce serait l'amplitude
maxima. Îl faut donc donner au plan enregistreur
un certain mouvement continu, qui séparera les
diverses oscillations de la particule en contact
avec la pointe du style. A cette fin, on a d’abord
employé une plaque de verre enfumé tournant
excentriquement, ce dispositif est abandonné, on
se sert d'un tambour cylindrique dont le mouve-
ment de rotation sur son axe propre entraine celui
d’une bande de papier enfumé. Tant que le sol
ne tremble pas, le style trace une section droite
du cylindre, en développement une droite, mais
vienne une secousse, 1l tracera une courbe ondu-
lée, ou sinusoïdale, allongée sur la section droite
en question et pour chacun des éléments de laquelle
on pourra mesurer l'amplitude et la période en
tenant compte de la vitesse de rotation du papier
et de la multiplication. L'heure se déduira du
nombre de tours et fractions de tours décrits
depuis la mise en place du papier. Il faudrait donc
un appareil auxiliaire pour compter les tours,
mais on pourra éviter l'emploi de cet appareil
en montant le tambour sur un axe fileté qui lui
enr à
-
SE
LES SISMOGRAPHES 31
donnera un mouvement de translation. Dès lors,
le style décrira une hélice sur le tambour, et le
nombre de spires et de fractions de spires don-
nera le temps. On complète le système et on sim-
plifie la mesure du temps, en la rendant plus exacte
aussi, en faisant frapper les heures et les minutes
sur le papier enfumé par un mécanisme relié à
une horloge électrique à contacts. L'on obtiendra
ainsi, sans calculs, l'instant et la durée d’un élé-
ment quelconque du mouvement sismique.
La vitesse de rotation du tambour sera déter-
minée suivant le genre de recherches que l'on se
propose. La plus convenable à l'ordinaire est celle
qui correspond à un mouvement de 15 millimètres
à la minute à la surface du cylindre, ou à un quart
de millimètre par seconde, mouvement qui laisse
un espace suffisant entre les oscillations différentes
tracées par une fine pointe. Pour l'étude des vibra-
tons rapides, on peut aller jusqu'à doubler cette
vitesse, soit 30 millimètres par minute. Au delà
il s’agit d'appareils spéciaux qui ont l’'inconvé-
nient de transformer les rapides oscillations en
larges ondulations dont l'analyse se trouve singu-
lièrement compliquée de ce fait. On a construit des
appareils dans lesquels la rotation ne se produit
qu'au moment de la secousse terrestre, ou bien
augmente à cet instantmème; ce sont là des instru-
ments rarement employés.
L'enregistrement mécanique par une pointe
38 LA SISMOLOGIE MODERNE
fine sur papier enfumé, que l’on fixe ensuite au
moyen d'une solution ad hoc, donne des tracés très
fins et très lisibles: il est de beaucoup préférable
à l'emploi d'une plume avec encre inséchable,
employée dans beaucoup d'appareils météorolo-
giques où la finesse du trait n'est pas exigée par
la rapide variation du phénomène à enregistrer.
Mais dans l’un et l’autre cas les frottements de la
pointe ou de la plume sur le papier, de l'axe de la
tige porte-pointe sur ses pivots, de l'appareil de
liaison entre la masse stationnaire et la tige, ne
sont pas sans amener des perturbations qui
altèrent le diagramme relativement à l'exacte
reproduction de la trajectoire de la particule ter-
restre, et il a fallu toute l'ingéniosité des construc-
teurs pour réduire ces inconvénients au minimum.
Aussi a-t-on songé à supprimer ces défauts au
moyen de l'enregistrement photographique. Il suffit
pour cela qu'un petit miroir porté par le pendule
renvoie un rayon lumineux sur une bande de
papier sensible soumise à un mouvement de
translation. Ce système nécessite le développement
journalier d’une longue bande, ce qui coûte cher,
mais en outre, et chose plus grave, la séparation
entre les signes est bien moindre que celle des
traits obtenus par une pointe, car on ne peut guère
descendre au-dessous du millimètre, ou bien il
faudrait beaucoup augmenter la vitesse, ce qui
amènerait des dépenses excessives.
LES SISMOGRAPHES 39
Ces divers perfectionnements ont permis d'ob-
tenir des diagrammes très nets dont la lecture et
l'analyse sont faciles, mais ils n’ont amélioré en
rien l'exactitude avec laquelle un sismographe
pendulaire enregistre la trajectoire de la particule
terrestre, puisque rien
n a encore été fait en
vue de réaliser la fixité
absolue de l& masse
stationnaire à laquelle
on rapporte le mouve-
ment en l’empêchant
de finir par obéir elle-
même au mouvement
terrestre. Ce deside-
ratum n apastoujours
été considéré par les Fig. 7. — Sismogramme obtenu à
Santiago du Chili, le 8 juin 1909, avec
constructeurs avec un pendule Bosch-Omori non amorti.
toute l'attention qu'il
mérite, de sorte que certains appareils fournissent
des tracés dont la régularité géométrique, on
pourrait presque dire le caractère artistique, est
le plus sûr garant de leur peu de valeur quant à
la représentation exacte du mouvement sismique,
masqué en grande partie par le mouvement pen-
dulaire propre. Il faut donc de toute nécessité
arrêter, ou amortir comme on dit, ce mouve-
ment qui tend toujours à s'établir faute de suf-
fisante inertie, parce qu'on ne peut construire
40 LA SISMOLOGIE MODERNE
des pendules ni assez lourds, ni assez longs pour
que leur période propre soit extrêmement lente -
par rapport à celle du mouvement sismique.
D'ailleurs l'augmentation de masse introduit un
nouvel inconvénient : les frottements sur les pi-
vots ou organes de suspension croissent au point
que le mouvement sismique du bâti suffit pour
entrainer le mouvement de la masse stationnaire.
_ L'amortissement dont la nécessité s'impose
ainsi s'obtient en introduisant une résistance dans
l'appareil. Les méthodes les plus usitées consistent
en une plaque liée au pendule et oscillant avec lui
au sein d'un liquide visqueux, comme de la vase-
line, ou dans une boîte à air, dernier système qui
peut être avantageusement remplacé par un piston
très ajusté dans un gylindre. Dans tous les cas, la
résistance d’un fluide sur les deux faces de la
plaque ou du piston, atteint parfaitement le but.
On a utilisé aussi l’action antagoniste d'un champ
magnétique sur une pièce liée au pendule. Primi-
tivement on avait adjoint au pendule sismogra-
phique un second pendule auxiliaire dont les
oscillations contraires tendaient à détruire les
siennes propres; ce système, dit du double pen-
dule Ewing, n'a pas tardé à être abandonné
comme infidèle.
Toutes ces améliorations n'ont pas été réalisées
simultanément, et d’ailleurs chacune d'elles a fait
peser des problèmes particuliers de construction
À
#
i
4
J
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|
#
|
Sismologie moderne. — PI. II. (P. 40-41).
7
LES SISMOGRAPHES 41
qu il serait déplacé d'étudier ici, de sorte qu'entre
temps on s'est attaqué au pendule lui-même, au
début exclusivement une masse suspendue par un
fil, mais que la difficulté déjà plusieurs fois signalée
d'obtenir une suffisante lenteur d’oscillation propre
n a plus laissé subsister que dans un nombre res-
treint de sismographes. De ces recherches diri-
gées vers l'amélioration de la fixité de la masse
stationnaire sont résultés les pendules invertis et
les pendules horizontaux, qui se partagent actuel-
lement les préférences des sismologues.
L'emploi du pendule inverti, c'est-à-dire d'une
masse pesante en équilibre sur sa pointe infé-
rieure, a fait le succès des sismographes Wiechert.
_ Grâce à des ressorts en croix disposés en suspen-
sion à la Cardan, cet équilibre, à première vue
de réalisation impossible, a permis d'obtenir des
périodes pendulaires de suffisante lenteur par rap-
port aux périodes sismiques et en même temps
une grande inertie de la masse. Ces pendules sont
dits hstatiques. En faisant varier la masse, on est
parvenu à construire des appareils embrassant une
grande partie de la gamme des mouvements ter-
restres, depuis les plus infimes et rapides pulsa-
tions jusqu'aux lentes oscillations des téléséismes.
_ Ces qualités, jointes à l’ingéniosité des dispositions
mécaniques de détail et à l'amortissement à air,
ont fait des pendules astatiques de Wiechert des
appareils d’un emploi très répandu. On en a con-
49 LA SISMOLOGIE MODERNE
struit pesant jusqu'à 17 tonnes et le modèle de
1000 kilogrammes est déjà d’une très grande sen-
sibilité.
Le principe des pendules horizontaux a été pris
dans la vie courante. Tout le monde connaît les
portes qui, ouvertes par le passant, se referment
d’elles-mêmes en revenant après quelques oscilla-
tions se replacer entre
leurs montants. Lesecret
de cette propriété con-
Z Siste simplement en ce
que les gonds ne sont
pas situés sur la mêmé
verticale et la période
d’oscillation estd’autant
plus rapide ou plus lente
Fig. 9. — Principe du pendule ; qu'estplus grand ou plus
Ne tu petit l'écart des verti-
cales des deux gonds. Il ne sera pas inutile de faire
remarquer que, dans le cas de la porte, la résis-
tance de l'air intervient comme amortisseur pour
diminuer le nombre des oscillations après lesquel-
les elle arrive au repos. Mais si les gonds sont sur
la même verticale, il n'y a plus de plan vertical
d'équilibre final et la porte n'oscillera plus, restant
là où on la laisse; son équilibre serait neutre ou
indifférent.
Rien de plus facile que d'imaginer tel dispositif
de masse sismographique établie de la sorte, et l'on
LES SISMOGRAPHES 43
se donnera a priori la période d'oscillation pendu-
laire convenable, d'où l’on déduira la distance
verticale des gonds, et ici point de suspension et
point d'appui contre une colonne. On calculera
par là même ce qu'on appelle la longueur équiva-
lente du pendule horizontal, c'est-à-dire la lon-
_gueur du pendule simple synchrone, ou de même
période d’oscillation,
et l'onseratoutétonné
de voir que l’on peut
ainsi remplacer, et
avantageusement,
cela se conçoit sans
peine, des pendules
ordinaires dont la lon-
sueur atteindrait plu-
sieurs centaines de mètres, ou même des kilomè-
tres. Il ne faut toutefois pas tomber dans cet écueil
d'arriver à des pendules horizontaux de période si
lente que le mouvement terrestre suffirait à les
entraîner. Îls seraient devenus presque indiffé-
rents et le but serait dépassé. Pour fixer les idées,
on dira qu'une période pendulaire de 50 secondes
donne déjà de bons résultats, puisque c’est une
période décuple de celle de nombreuses oscillations
sismiques.
Les pendules horizontaux présentent ce grand
avantage de permettre une construction robuste;
il en a été établi un grand nombre de modèles
horizontal lourd.
4 4 LA SISMOLOGIE MODERNE
dont les plus connus sont ceux d’Omori et de la
Cartuja de Granada. On les établit lourds ou légers,
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Fig. 11. — Pendule lourd de Bosch.
(Cliché J. & A. Bosch, constructeurs à Strasbourg.)
| |
leur sensibilité croissant avec leur poids, toutes
choses égales d'ailleurs. Faute d'amortissement,
les grands pendules horizontaux de Stiattesi ne
sont que de gigantesques sismoscopes.
Les sismographes destinés à l'enregistrement de
la composante verticale ne diffèrent pas essentiel-
LES SISMOGRAPHES | 45
lement des précédents quant aux parties acces-
soires autres que la masse pendulaire. Wiechert a
constitué le sien au moyen d'une sorte de balance
et Vicentini s'est servi d'une masse adaptée à
l'extrémité d'une verge horizontale. Dans l’un et
l’autre cas, la masse stationnaire ne peut servir de
point de repère qu'à un mouvement terrestre ver-
tical, que l’on transforme ensuite en mouvement
horizontal pour l'enregistrer sur le tambour tour-
nant. Ces appareils sont peu employés, sans doute
surtout à cause de la petitesse de la composante
verticale toujours réduite à une si petite fraction
de la composante horizontale que beaucoup de
sismologues en niaient la réalité. Il a cependant
fallu se rendre à l'évidence des faits et finalement
admettre son existence.
En pratique, un sismographe n’est pas apte à
enregistrer convenablement toutes les oscillations
terrestres ; il ne rend bien que certaines d’entre
elles dont la période ne diffère pas trop d'un sous-
multiple simple de la sienne propre. Il se passe là
quelque chose d'assez analogue à ce qui se pré-
sente pour les diapasons relativement aux sons
musicaux. On est donc dans l'obligation, pour un
observatoire sismologique important, d'installer
des appareils divers afin d’embrasser toute la lon-
gueur du spectre sismique. Ici l’on ne peut qu'in-
diquer ce genre de considérations ressortissant au
_ seul domaine de ia sismologie professionnelle, du
46 LA SISMOLOGIE MODERNE
moins tant qu'on ne possédera pas un appareil
universel capable d'enregistrer également bien les
vibrations lentes ou rapides, si tant est qu'on -
puisse y arriver.
De toutes façons, l'étude des tremblements de
terre d'un pays de grande étendue nécessite l’em-
ploi d’un même appareil dans les diverses stations,
et il serait grandement à désirer que ce deside-
ratum fût satisfait à la surface du monde entier
pour que les sismogrammes d'un même grand
séisme fussent strictement comparables. Cette
condition si importante n'est cependant pas loin
d'être réalisée par suite de la grande diffusion de
certains appareils peu nombreux, ceux de Milne
(photographique), de Bosch-Omori, de Wiechert,
de Mainka et de Vicentini. C’est ainsi que, pour le
ogrand tremblement de terre de Valparaiso du
16 août 1906, on a pu constituer et publier plu-
sieurs séries de sismogrammes comparables entre
eux dans chacune des séries, résultat appréciable,
quoique encore insuffisant. Quoi qu'il en soit, les
modèles précédemment cités tendent à être à peu
près les seuls généralement employés, et nous ne
sommes plus à l’époque où Elhlert, en 1898,
pouvait décrire plus de deux cents appareils,
nombre qui à lui seul prouve combien étaient
alors hésitants les sismologues quant aux prin-
cipes à appliquer dans l'invention des sismo-
graphes.
CHAPITRE IV
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES
Après avoir obtenu de lisibles diagrammes des
mouvements du sol, il a fallu soigneusement
démêler ceux qui correspondent aux vrais tremble-
ments de terre et les distinguer de ceux qui résul-
tent d'autres mouvements soit artificiels, soit dus
à des phénomènes naturels tout différents des
séismes, comme on l'a dit précédemment. On y
est parvenu après de patientes recherches et main-
tenant on est à même de décider tout de suite si
un diagramme représente ou non un tremblement
de terre.
Même parmi les véritables sismogrammes on
rencontre un grand nombre de formes différentes
qu'il a fallu apprendre à séparer, en un mot à
classifier en raison de tel ou tel caractère parti-
culier à chaque tremblement de terre, et il s’est
trouvé que ce caractère est la distance entre la
(4
+ 6 HORS EL, Ab PTE LS
CNT LA SISMOLOGIE MODERNE
station d'observation et l’origine du phénomène.
À une longue distance correspondent des sismo- :
grammes complets, partant compliqués, qui,
mesure que diminue cette distance, se simphfient
par la disparition successive de certains éléments,
jusqu’à obtenir les tracés relativement très simples
NOVEMBRE 1891
15
RE
RE [é 8 10 1226 6 8 10° OU ELUTER k 6 8 10 2 4 6 8 10122 k 6 8 10 2 k: 6 8 10
| dé
annee
; | [IT] +.
EXT .
Fig. 12. — Diagramme du cyclone du 16 novembre 1891 à Manille
obtenu avec un microsismographe Bertelli (d'après Saderra y Maso).
des tremblements de terre nés à la station même
ou en son voisinage immédiat. Les résultats qui
vont être exposés dérivent uniquement de nom-
breuses comparaisons des sismogrammes enre-
gistrés en même temps que la terre tremblait au
même instant en des lieux plus ou moins éloignés
de la station. Cette étude préliminaire n’a donc pu
aboutir que grâce à un développement suffisant du
réseau des observatoires sismologiques à la surface
du globe.
Nous partirons logiquement du sismogramme
complet et nous exposerons comment il se sim-
plifie progressivement avec la diminution de la
distance à l’origine du tremblement de terre.
Les divers éléments d'un sismogramme se pré-
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 29
sentent, cest-à-dire s’enregistrent dans l'ordre
suivant :
:
-
Æ.
Fig, 13, — Une tempête microsismique à Tokyo les 18 et 19 novembre 1900 (d'après Omori).
è — z
1° De petits frémissements de très rapide période
et de très faible amplitude. C'est la première phase.
SISMGLOGIE MODERNE. 4
50 | LA SISMOLOGIE MODERNE
2° D'autres frémissements de période un peu
plus grande que celle des précédents. Ils se super-
posent à des ondes de période plus longue que la
leur. La durée de cette seconde phase est généra-
lement un peu inférieure à celle de la première.
mo = —
_——
_—————_.—…—— —
je 0
DE a Os to PES ES RE RS
Fig. 14. — Schéma d’un télésismogramme normal.
Les vibrations de la première et de la seconde
phase constituent les frémissements préliminaires,
la « préphase » ou la phase initiale. Ce sont mou-
vements insensibles à l’homme sauf peut-être
dans le cas de personnes très impressionnables.
La question s’est posée de savoir si les animaux ne
les perçoivent pas. La durée de la préphase diminue
nettement avec la distance. |
3° La phase principale. Elle se compose de trois
parties bien distinctes : de très longues ondes; des
ondes lentes avec maximum; des groupes d'ondes
lentes.
Les longues ondes ont une grande période,
mais une faible amplitude.
Les ondes lentes, parmi lesquelles se produit le
maximum d'amplitude, ont une moindre période
L
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Lez.
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SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 91
que les précédentes; elles correspondent au véri-
table tremblement de terre, et souvent alors les
aiguilles sortent du tambour enregistreur si l’in-
tensité du séisme est notable au lieu d’observa-
tion.
_ Les groupes d'ondes lentes suivent, nettement
séparés entre eux par des intervalles de temps à
peu près égaux, et sont de durées sensiblement
égales aussi; l'amplitude diminue progressivement
dans le même groupe de son commencement à sa
_ fin et aussi d'un groupe au suivant. Parfois les.
groupes se succèdent sans interruption bien mar-
quée.
Cette triple division est susceptible de varier
dans une certaine mesure, et d'ailleurs cette des-
cription générale doit être considérée comme un
simple schéma.
&o La queue du sismogramme ou phase finale.
_ La phase finale dure d'autant plus longtemps
qu'il s’agit d'un tremblement de terre d'origine
plus éloignée et de plus violente intensité. Sa durée
peut atteindre plusieurs heures et toutes choses
égales d'ailleurs elle augmente avec la sensibilité
de l'appareil. Sa terminaison est généralement très
difficile à discerner, plus encore que le commen-
cement de la préphase. On notera donc ce fait
intéressant que la masse terrestre, une fois mise en
mouvement par un tremblement de terre de cer-
taine intensité, ne revient au repos que longtemps
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À
»
52 LA SISMOLOGIE MODERNE
après l’ébranlement initial, si bien que certains
sismographes très sensibles, comme celui de
Wiechert, de 17 tonnes, accusent pour ainsi dire
de perpétuelles vi-
brationssismiques
du globe terrestre.
Cette description
générale, mainte-
nant classique et
bien connue, s’ap-
plique aux sismo-
grammes de trem-
blements de terre
dont la distance de
l'origine à la sta-
tion est comprise
entre000et10000
kilomètres,c'est-à-
dire d'origine qua-
| lifiée de très éloi-
Fig. 15.— Sismogrammes comparés de ma- - bu £
croséismes locaux, voisins, ou de téléséismes. gnee. La période
des frémissements
est de 5 à 12”, celle des longues ondes de 40 à 70”
et celle des ondes lentes de 30”. |
Au delà de cette distance pour les tremblements
de terre dits antipodiques, c'est-à-dire ceux dont
l’origine est au delà du grand cercle terrestre qui
a pour pôle l'observatoire, l'amplitude maxima se
produit pendant la phase des longues ondes dont
x: ENTER
NC 2 se ” “. % =
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 53
la période est de 70”, celles des ondes lentes étant
seulement de 20 à 30”.
Pour les tremblements de terre simplement
éloignés de 1 000 à 5 000 kilomètres, les premiers
minute
—
Fig. 16. — Diagramme de la composante N.-$S. du tremblement de terre
de Mongolie du 9 juillet 1895; plus de 5 000 km. (d’après Angenheister).
frémissements sont encore bien distincts, mais les
seconds se superposent aux longues ondes dont la
période tombe à 40”, celle des ondes lentes étant
de 15 à 20”.
Dans les sismogrammes des tremblements de
terre peu éloignés, de 500 à 1 000 kilomètres, tous
les frémissements prennent une période de 1 à 6”,
ceux de la seconde phase toujours superposés aux
ondes longues dont la période se réduit à 10”.
Celle des ondes lentes est moindre encore et c’est
54 LA SISMOLOGIE MODERNE
parmi elles que se produit toujours l'amplitude
maxiIma.
Les tremblements de terre régionaux, ou voi-
sins, correspondent à une distance inférieure à
500 kilomètres; les frémissements préliminaires
ne se distinguent plus entre eux, et la quatrième
phase est très peu développée.
Dans les sismogrammes de secousses locales,
dont l’épicentre ou foyer est à l'observatoire même
ou dans son voisinage immédiat, les diverses
ondes n'ont plus le temps de se séparer entre elles
et on ne distingue plus que la phase principale
dont la période très rapide est souvent comprise
entre le dixième et le centième de seconde, l’am-
plitude maxima se présentant brusquement dès le
début, au moins dans beaucoup de cas.
Il s'agit maintenant d'interpréter ces diverses
phases relativement à la nature même du mouve-
ment sismique en sen tenant uniquement aux
faits d'observation vraiment indiscutables, car
dans le détail il y a de nombreux points à élucider
encore, et même l'accord n'est pas fait entre les
sismologues sur des points importants, presque de
principe.
Lorsque, il y a plus d'un demi-siècle, Wertheim
étudiait l’élasticité des corps, il découvrit qu'un
choc y développe deux sortes d'ondes longitudi-
nales et transversales, dépendant uniquement,
quant à leurs vitesses et à la forme de leurs sur-
he AIS et à
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RAPAUTIE
Sismologie moderne.
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES . 55
faces d'ondes, des propriétés physiques et de
l’état moléculaire du corps, et telles que la vitesse
de propagation des premières devait être le double
de celle des secondes. L’exiguité des dimensions
Fig. 18. — Sismogramme du tremblement de terre de Tokyo
du 20 juin 1894.
des corps dont on peut disposer dans un labora-
toire est trop grande pour que les expériences
puissent vérifier ces résultats dans des conditions
à l'abri de toute discussion et de toute critique et,
en fait, cette affirmation resta plutôt à l’état de loi
théorique. Mais précisément ce même physicien a
nettement prévu que, plus tard, et en raison même
des dimensions du globe terrestre, les tremble-
ments de terre permettraient de vérifier ces déduc-
5 À LA SISMOLOGIE MODERNE
tions, ce qui est justement arrivé, comme on va le
voir. De son côté, Cauchy, par des considérations
de pure analyse mathématique, concluait que le
rapport des deux vitesses devait être celui de la
racine carrée de trois à l'unité, nombre qui d’ail-
leurs ne diffère du rapport de Wertheim que de
13,5 p. 100. C'est là un point de très grande
importance, puisqu'il permet de concilier prati-
quement deux théories mathématiques différentes.
Plus tard, Lord Rayleigh démontra que, dans de
semblables circonstances, il se formait à la surface
du corps d'autres ondes, transversales, et dans
la production desquelles, outre les propriétés
physiques du corps, intervenait la gravité. Pour
ce motif on les a nommées gravitationnelles. Elles
sont toutes différentes des ondes visibles ou gra-
vifiques dont on a parlé antérieurement.
Dès lors se produisirent de nombreuses et vives
discussions entre les sismologues, les uns tenant
pour les ondes profondes, longitudinales et trans-.
versales de Wertheim, les autres pour les ondes
superficielles transversales de Lord Rayleigh. Les
observations sismographiques sont venues en ces
dernières années mettre tout le monde d'accord en
vérifiant la coexistence des trois sortes d'ondes et
très récemment, par une analyse mathématique
unique, Lamb vient de confirmer ce résultat expé-
rimental.
À l’occasion d’un tremblement de terre observé
héermnes date
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 07
en diverses stations sismographiques, même dans
le cas où son foyer serait inconnu, c'est-à-dire si
l’on n'en est informé que par les appareils, la com-
paraison des divers sismogrammes obtenus permet
de calculer les différences de temps auxquels sont
parvenus en deux stations les mêmes éléments du
mouvement, quel que soit d’ailleurs le chemin réel-
lement parcouru depuis le foyer jusqu'à chacune
d'elles. Ces vitesses ne sont pas constantes et
paraissent varier tant avec la distance qu'avec la.
constitution géologique des pays ébranlés et la
nature des roches traversées pendant la propaga-
tion. L'interposition des masses océaniques les
diminue; celle de roches anciennes généralement
plus compactes et élastiques que les roches
modernes, géologiquement parlant s'entend, les
augmente. Mais, dans un même cas, il se trouve
que la vitesse de propagation des premiers frémis-
sements est à peu près le double de celle des
seconds, c'est-à-dire qu'elles sont dans un rapport
voisin de celui annoncé par Wertheim et par
Cauchy. Il est donc rationnel d'admettre que les
premiers et les seconds frémissements sont respec-
tivement les ondes longitudinales et transversales
de ces deux physiciens, tandis que la phase prin-
cipale correspond aux ondes superficielles ou gra-
vitationnelles de Lord Rayleigh.
Cette déduction est de la plus haute importance;
elle est d’une lumineuse clarté, mais, il faut bien
RP CS LE
= "54
58 LA SISMOLOGIE MODERNE
le reconnaître, elle n'est pas encore acceptée sans
conteste par tous les sismologues, quoique rendant
bien compte de beaucoup d'observations de détail
dont la place n'est certainement pas ici. La diffi-
culté, et elle est grande, consiste surtout à savoir
quel chemin suit chacune de ces trois espèces
d'ondes pour parvenir à l'observateur, la corde
étant entre le foyer et lui, l'arc de grand cercle de
la surface terrestre ou une courbe plus compliquée
dans l’intérieur de la terre. L’extrême hétérogé- :
néité des couches terrestres et notre ignorance de
la constitution interne du globe viennent singu-
lièrement compliquer la question, de sorte qu'on
n'a pas pu jusqu à présent se mettre d'accord, etles
noms des plus éminents sismologues se rencontrent
dans les divers camps, soient qu'ils aient surtout
porté leurs investigations sur les résultats de la
seule observation des sismogrammes, soit qu'ils
aient appelé à leur aide l'analyse mathématique la
plus élevée.
Nous nous en tiendrons donc à l'interprétation
antérieurement exposée en raison de sa simplicité
et de sa vraisemblance, mais sans pouvoir pour
cela en affirmer l'exactitude absolue. Toute déci-
sion ferme serait encore prématurée. C'est, en tout
cas, un commode mais provisoire schéma accepté
par des sismologues comme Benndorff et Wiechert.
Quoi qu'il en soit, dans cette manière de voir
les ondes longitudinales (premiers frémissements),
Ÿ «
© ——— —— ©" 2 NE Be
M mo
Fig. 19. — Sismogramme obtenu à Copiapo (Chili),
le 24 septembre 1910
avec un pendule astatique de Wiechert de 200 kilogrammes.
Tremblement de terre local.
Sismologie moderne. — PL. IV.
=
s CEE Les
LEE #;
Li
; SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 59
transversales (seconds frémissements) et gravita-
tionnelles (phase principale) se présentent successi-
vement à l'enregistrement des sismographes comme
trois messagers partis simultanément du foyer du
tremblement de terre, mais voyageant chacun
avec des vitesses différentes aussi, les qualificatifs
employés, longitudinales, transversales et gravita-
tionnelles, ne faisant rien à l'affaire. Les retards
relatifs augmenteront donc avec la distance, comme
le montre l'observation, c'est-à-dire que les durées
des phases s'allongeront avec le même facteur,
résultat conforme aux faits, et l’on comprend main-
tenant pourquoi et comment ces ondes diverses, ou
phases, se distinguent de moins en moins entre
elles dès que la distance est assez faible pour en
contrarier la séparation. C'est pour cela qu'elles se
superposent et se confondent dans les sismo-
srammes des tremblements de terre régionaux et
surtout locaux définis comme ïl à été fait plus
haut.
Les difficultés quon vient de signaler n’en
permettent pas moins la détermination assez précise
de la distance à laquelle s’est produit un tremble-
ment de terre dont on possède le sismogramme.
Il s’agit là d’un problème d'analyse indéterminé
relatif à l’arrivée au but de trois courriers partis
simultanément du foyer avec des vitesses diffé-
rentes, mais qu il est plus pratique de résoudre au
moyen de formules ou de règles empiriques
60 LA SISMOLOGIE MODERNE
déduites directement de nombreuses observations
que l'on obtient en comparant les distances connues
a posteriori des foyers de tremblements de terre
bien observés avec les durées des diverses phases
des sismogrammes correspondants.
Ces formules sont nombreuses et se réduisent à
des opérations arithmétiques simples effectuées
sur les durées des phases et ne préjugeant d'ailleurs
rien sur la vraie nature des ondes correspondantes.
Ces règles diffèrent suivant les sismologues; il est
plus exact de dire qu'elles varient légèrement
suivant les observatoires en raison de la constitu-
tion géologique des terrains traversés, ainsi
qu'on l'a indiqué tout à l'heure. Celle de Stiattesi
parait donner généralement les résultats les plus
approchés de la distance, et son erreur ne dépasse
guère 100 kilomètres aux plus grands éloigne-
ments. Au-dessous de 2000 kilomètres, ce sismo-
logue ajoute 38 kilomètres au produit par 5,34 de
la durée totale mesurée en secondes des premiers
et seconds frémissements, tandis qu'au delà de cette
distance il retranche 2351 kilomètres du produit
par 19,1 de la durée en secondes des seuls premiers
frémissements. Omori emploie une formule sem-
blable, mais avec des coefficients différents. Läska
enfin diminue d'une unité la durée des premiers
frémissements mesurés en minutes et fractions
décimales de minute pour calculer le nombre de
mégamètres (1000 kilomètres) de la distance. IL
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 61
est d'autres règles encore, mais il suffit d'avoir cité
les principales.
Ainsi se résout ce problème qui ne laisse pas que
d'étonner le public chaque fois qu'avant l’arrivée
de tout télégramme, un sismologue annonce qu'un
grand tremblement de terre vient de se produire à
telle ou telle distance de son observatoire et sou-
vent même dans tel ou tel pays plus ou moins
éloigné qu'il désigne. Nous allons voir comment
on peut, en plus de la distance, déterminer la direc-
tion d'où sont venues les ondes du sismogramme
et, par conséquent, localiser le foyer du tremble-
ment de terre à la surface du globe.
Connaître la distance ne suffit pas, en effet,
puisque nous ne possédons encore au moyen du
sismogramme que le rayon sphérique du petit
cercle terrestre qui a l'observatoire pour pôle et
sur lequel se trouve le foyer superficiel du trem-
blement de terre, ou son épicentre comme on dit.
Il faut en outre connaître la direction suivie par
les ondes.
Grablowitz s’est fait une spécialité de calculer,
pour divers observatoires, des mappemondes dites
isodiastématiques et azimuthales, sur lesquelles
sont tracés des cercles équidistants de 1 000 kilo-
mètres autour des observatoires pris comme pôles.
Or on verra plus tard que les régions à tremble-
ments de terre sont disséminées, à la surface
terrestre, le long de très étroites bandes bien
62 : LA SISMOLOGIE MODERNE
définies; ces cercles les coupent en deux points
au plus, ce qui donne dans les cas les plus défa-
vorables une indication précise sur une double
provenance possible du tremblement de terre dont
on étudie le sismogramme. Toute hésitation dis-
paraîtra si deux, ou mieux trois observatoires se
communiquent télégraphiquement la distance à
laquelle le séisme s’est produit pour chacun d'eux.
La région ébranlée se trouvera à l'intersection
commune de trois cercles des mappemondes 1s0-
diastématiques correspondantes.
L'étude des archives sismographiques d'un
observatoire donne lieu à une autre méthode;
on constate, en effet, que les divers sismogrammes
obtenus y diffèrent suivant la direction dont ils
proviennent, mais que ceux correspondant à un
même azimuth ont un certain air de parenté qu'un
peu d'habitude permet de distinguer de prime
abord. Cela résulte encore de l'influence profonde
de la constitution géologique suivant les diverses
directions particulières de propagation, influence
qui suffit pour imprimer un caractère spécial aux
sismogrammes de telle ou telle provenance.
On peut aussi recomposer suivant la règle du
parallélogramme les premières impulsions sis-
miques enregistrées et en déduire la direction d'où
est venu l'ébranlement. Mais ce moyen est plutôt
délicat et infidèle, les deux composantes n'entrant
pas toujours simultanément en mouvement. On
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 63
pourra enfin constater par exemple la prédomi-
nance dans une des deux composantes d'impul-
sions venant du nord et dans l’autre celle d’impul-
sions venant de l'est, d'où l’on déduira que les
ondes viennent du sud-ouest pour cheminer vers
le nord-est. Dans tous les cas la seconde partie du
problème est beaucoup plus difficile à résoudre que
la première, et il sera prudent de faire intervenir
toutes ces considérations à la fois si l’on ne dispose
pas de dépèches venues d’autres stations plus ou
moins voisines.
On notera aussi qu'un pendule sismographique
ne peut obéir à un ébranlement lui venant dans
certaine direction, par exemple celle du plan ver-
tical d'équilibre d’un pendule horizontal. Si donc
il manque une composante, c’est que le trem-
blement de terre est émané de cette direction, et
en général la recomposition des amplitudes maxima
donnera une idée approchée de la direction cher-
chée.
Quelques autres éléments des sismogrammes
ont donné lieu à des interprétations intéressantes.
Les groupes d'ondes lentes de la troisième partie
de la phase principale sont attribués à des
ondes superficielles secondaires provenant soit
d'autres secousses produites au foyer du trem-
blement de terre ou en son voisinage immédiat,
soit d'ondes de la phase principale réfléchies contre
des accidents géologiques. La queue ou la phase
64 LA SISMOLOGIE MODERNE
finale du sismogramme présente aussi parfois de
semblables groupes; on a pu y reconnaître des
ondes lentes de la phase principale qui sont reve-
nues à l'appareil après avoir fait le tour de la
terre en passant par l’anti-épicentre, ou antipode
du foyer. Ces groupes ont été appelés échos par
Milne, nom qui donne une claire idée de leur
provenance. |
Il ne sera pas inutile de donner quelques-uns
des résultats numériques tirés de l'étude des
sismogrammes.
La vitesse moyenne des ondes lentes est de
3 800 mètres par seconde et elle est pratiquement
constante; c'est celle du son dans les fils télégra-
phiques. On en conclut avec raison qu'elles ne
peuvent cheminer à la surface même du sol,
puisqu'il n'y existe aucune roche dont les pro-
priétés physiques permettent une telle vitesse de
propagation; il faut donc qu'elles aient suivi un
chemin plus profond, où l'augmentation de densité
et d'élasticité des roches, due à leur compression
mutuelle, concorde avec ce résultat numérique. La
vitesse des ondes longitudinales varie entre 3 500 et
15000 mètres par seconde et même plus: elle
augmente avec la profondeur du foyer et sa
distance à l'observatoire; celle des ondes trans-
versales varie entre les mêmes limites divisées
par le rapport de Wertheim ou de Cauchy. On
aura plus tard à revenir sur cet important sujet.
hi. ge
SISMOGRAMMES ET ONDES SISMIQUES 65
La longueur d'onde est la distance entre deux
crêtes ou deux ventres successifs. Elle se déduit
très simplement de la vitesse de propagation et de
la période. Celle des vibrations longitudinales
atteint 160 kilomètres et plus, et celle de la phase
principale peut aller à 40 ou 50. On voit ainsi
combien sont démesurément aplaties les vagues
sismiques, les amplitudes maxima observées
n'ayant jamais dépassé 22 centimètres, et on
s'explique bien que, dans de telles conditions, on
ait pu nier l'existence de la composante verticale.
- SISMOLOGIE MODERNE;
45 W
he & Al PTE
La Rés en 1 2"
RARE RE Ai AL
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FO MER LRE",
CHAPITRE V
.:
JÉLEMENTS MESURABLES DU MOUVEMENT.
SISMIQUE
FA fu Te
TE
AN ÿe
L' on humain n'a une claire compréhension .
d'un phénomène naturel qu'à partir du moment |
où l'on peut non seulement définir, mais mesurer |
| sa grandeur ou son intensité, et le mouvement à
Le sismique n'échappe pas à cette nécessité fonda-
. mentale. On ne saurait, en effet, se contenter des 4 ?
vagues vocables rencontrés à chaque instant dans.
les relations des tremblements de terre : faible. :
fort, violent, terrible, etc., et dont le sens est. À
forcément influencé par le plus ou moins d'ac-
coutumance qu a l'observateur des secousses Ur A
restres. Tel séisme paraitrail violent à à un habitant a
| 1" (à
à tout le monde au Chili ou au Japon. £ HA
Dans la pratique courante des ns na
. Ssismologiques,
* [ter an 1 fe AS
\ Xe
:
Re _ ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES Re OT
mieux, d’échelles conventionnelles d'intensité des
tremblements de terre et dont les divers degrés
correspondent soit à des impressions sensorielles
définies, soit à des effets mécaniques déterminés,
mais sans que ces degrés aient entre eux des
rapports numériques calculables. La plus usitée
actuellement est celle de Mercalli. Composée
primitivement de dix degrés, ce sismologue lui
en à ajouté un onzième à l'occasion du désastre
de Messine du 28 décembre 1908.
L'application de cette échelle, et il en est de
- même de ses analogues, n'est pas sans dépendre
dans une certaine mesure pour un même pays du
4 degré d'impressionnabilité de ses habitants pour
les tremblements de terre et aussi du mode de
construction le plus communément employé. Elle
ne peut donc donner d’un pays à un autre des
résultats véritablement comparables entre eux; en
d’autres termes, elle fournit plutôt un moyen
d'estime qu'un instrument de véritable mesure
numérique. On peut diviser ses degrés en trois
sroupes qui correspondent respectivement aux
microséismes, ou secousses du sol seulement sen-
sibles aux appareils, aux macroséismes, ou trem-
blements de terre sensibles à l’homme, et auxquels
on donne le nom de mégaséismes dès qu'ils sont
destructeurs. Cette dernière dénomination a été
inventée tout d'abord par Milne pour les séismes
_ qui se font enregistrer par les sismographes du
e
68 LA SISMOLOGIE MODERNE
monde entier, ou tout au moins par ceux d’un
hémisphère ou d’un continent. En pratique les
deux définitions sont équivalentes.
Nous donnons à la suite la définition des onze
degrés de l'échelle Mercalli, qui dérive de celle de
Rossi-Forel, et nous indiquons entre parenthèses
pour chacun d'eux les limites correspondantes de
l'accélération maxima, élément dont il sera parlé
plus loin. |
MICROSÉISMES.
1. Secousse instrumentale (moins de 2 mm. 1/2).
MACROSÉISMES.
Il. Secousse très légère. — Secousse sentie seule-
ment par quelques personnes en état de parfait
repos surtout aux étages supérieurs des habita-
tions, ou par des personnes particulièrement sen-
sibles ou nerveuses (de 2 1/2 à 5 mm.).
III. Secousse légère. — Sentie par un petit
nombre de personnes relativement à la population
de la localité; il ne se produit aucune appréhension
et l’on ne se rend généralement compte du trem-
blement de terre qu'en apprenant que d’autres
personnes ont perçu le même phénomène (de
> à 10 mm.).
IV. Secousse sensible ou médiocre. — Non sentie
par tout le monde, mais bien d'un grand nombre
de personnes dans les habitations, d'un petit
ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 69
nombre seulement au dehors. Pas d'alarme. Fré-
missements des vitres et de la vaisselle, cliquetis
des charpentes, légères oscillations d'objets sus-
pendus (de 10 à 25 mm..).
V. Secousse forte. — Très généralement sentie
dans les habitations, mais de peu de personnes
endormies ; quelques-unes s’alarment; battements
des portes et des fenêtres ; tintements des sonnettes,
oscillations assez amples des objets suspendus:
arrêts de pendules (de 25 à 50 mm.).
VI. Secousse très forte. — Sentie de tous dans
les habitations: beaucoup de personnes s’effraient
et s'enfuient en dehors; chutes d'objets dans les
maisons et d'enduits; quelques avaries aux édifices.
les moins solides (de 50 à 100 mm.).
VII. Secousse extrémement forte. — Alarme
générale; tout le monde s'échappe au dehors;
sensible dans les rues; les cloches sonnent; chutes
des cheminées et de tuiles; dommages nombreux,
_ mais sans gravité (de 100 à 250 mm.).
MÉGASÉISMES.
VIII. Secousse ruineuse. — Grand effroi de la
population; ruine partielle de quelques maisons;
dommages nombreux et considérables dans
quelques édifices; pas de victimes ou un petit
nombre de cas isolés (de 250 à 1 000 mm.). 1
IX. Secousse désastreuse. — Ruine totale ou
70 LA SISMOLOGIE MODERNE +:
presque totale de quelques maisons: beaucoup
d'autres très endommagées et rendues inhabi-
tables; victimes sinon très nombreuses, du moins
disséminées dans tous les quartiers d’une même
localité (de 1 000 à 2500 mm.). j
X. Secousse très désastreuse. — KRuine d'un
grand nombre d’édifices; crevasses du sol; éboule-
ments de pentes : nombreuses victimes (de 2 500
à 9 000 mm.).
XL. Secousse catastrophique. — Se définit d’elle-
même (plus de 5000 mm.).
Cette échelle est conventionnelle, ce qui n'a pas
empêché qu'on ait voulu, mais à tort, lui attribuer
le caractère de mesure numérique de l'intensité
d'un tremblement de terre. On y est cependant
parvenu indirectement comme 1l suit. Les sismo-
grammes ne donnent que de vagues indications à
cet égard, mais on peut en déduire facilement
l'accélération maxima produite à un certain
moment de la durée du phénomène en mesurant
Æ’amplitude et la période, ces trois éléments étant
en dépendance mutuelle par l'intermédiaire d’une
formule algébrique très simple. Cette même accélé-
ration maxima peut aussi être mesurée directe-
ment par les effets mécaniques du tremblement de
terre, tels que la distance à laquelle sont allés
tomber des objets libres d'obéir à l'impulsion
sismique ou le bris de corps de formes et de cons-
titutions déterminées. Cette dernière méthode se
eu
Le
ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 71
prête même à des déterminations expérimentales,
_et les sismologues japonais ont construit des tables
de choc telles qu au moyen d'actions mécaniques
d'intensité et d'accélération connues à l’avance, on
a produit des effets de fracturement sur des objets
ou des matériaux déterminés. Non seulement on a
tiré de ces expériences de très utiles observations
sur la résistance de telles ou telles formes archi-
tecturales et de tels ou tels matériaux, mais encore
on en à déduit des accélérations maxima rela-
tives aux divers degrés de l'échelle Mercalli des
intensités. Ce sont celles données précédemment.
L'accélération maxima des microséismes ne
dépasse pas 2 mm. 1/2 par seconde, celle des
macroséismes sélève de cette limite inférieure
jusqu'à 1 000 millimètres et celle des mégaséismes
part de cette dernière valeur pour atteindre 4000
ou 5000. L’accélération maxima du grand trem-
blement de terre du Japon central du 28 octo-
bre 1891 a été évaluée par Omori à 4000 milli-
mètres par seconde et l'opinion générale des
sismologues est que cette valeur ne saurait être
jamais dépassée, du moins de beaucoup.
Quoiqu'il en soit au juste, cette dernière obser-
vation amène une remarque intéressante. L'accélé-
ration de la gravité, ou pesanteur, est moyenne-
ment de 9 800 millimètres; c'est celle acquise au
bout d'une seconde par un corps tombant libre-
ment dans le vide. Les plus violents tremblements
72 LA SISMOLOGIE MODERNE
de terre né peuvent donc lancer en l'air le COrpS
pesants et cependant de très nombreuses relations
signalent des faits de ce genre. S'appuyant là-
dessus, on en a conclu que l'accélération sismique
maxima peut notablement dépasser la valeur du
nombre g. On ne tient pas compte dans ce raison-
nement de ce que telle situation d’un objet peut lui
permettre d'être ainsi projeté sans nécessité d'une
aussi grande accélération du mouvement sismique :
ainsi une boule placée à l'extrémité d'une barre
élastique encastrée à l'extrémité opposée. De
semblables circonstances se rencontrent fréquem-
ment dans les habitations ; c’est le cas si commun
d'objets placés sur des étagères ou même de nes
tables.
L'accélération maxima sismique est difficile-
_
ment mesurable dans la pratique courante, aussi.
Omori, pour parer à la difficulté qui en résulte
pour déterminer les degrés d'intensité, a comparé
pour quelques grands tremblements de terre du
Japon les effets produits sur les constructions avec
les résultats expérimentaux obtenus au moyen de
la table à choc, et il a ainsi déterminé les degrés
d'une échelle rationnelle d'intensité au moyen de
l'accélération maxima. Quant à l'appliquer sur le
terrain, c’est-à-dire tracer sur la carte les isoséistes,
ou courbes correspondant aux degrés successifs, le
travail en est excessivement délicat. Du reste, qu'il
s'agisse de cette échelle ou de celle de Mercalli, il
n]
is MAS Pen cr de, ©
ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES FE
faut un nombre considérable d'observations bien
faites, et ce n'est possible que dans un pays non
seulement de grande densité de population, mais
en même temps de haute culture ou civilisation,
conditions rarement réalisées ensemble dans les
pays instables.
Pour en terminer avec ce qui a rapport à l'éva-
luation de l'énergie développée à l'occasion d'un
tremblement de terre, il sera intéressant de
rappeler que celle correspondante au désastre du
Japon central du 28 octobre 1891 aurait été
capable. d’après de Kôüvesligethy, de soulever de
deux millimètres la masse entière du globe en une
seconde.
La première isoséiste, ou celle qui enveloppe la
région secouée avec l'intensité maximum, a seule
- une importance fondamentale. On conçoit sans
peine, en eflet, quelle permette de localiser le
foyer du tremblement de terre. Présente-t-elle une
figure plus ou moins vaguement circulaire, on en
conclura à un foyer d'extension très limitée. Est-
elle au contraire très allongée, c'est que le séisme
résulte d'un mouvement au sein d’un accident
tectonique étendu et de forme linéaire, faille, pli,
vallée, chaine de montagne, etc. Le phénomène
sera longitudinal ou transversal par rapport à un
trait important du relief.
_ Le tracé des isoséistes suffit souvent à lui seul
pour dévoiler d'importantes particularités. Il arrive
—.
we LA SISMOLOGIE MODERNE
que, pour un même tremblement de terre, l'iso-
séiste du degré supérieur se compose de plusieurs
courbes fermées. On a alors affaire à un séisme
-
a Ragusa
I |
Spaccaforno
Fig. 20. — Tremblement de terre polycentrique de Mineo du 26 août 1904
(d'après Arcidiacono).
polycentrique. Il est cependant risqué d'en
conclure à l'existence simultanée de plusieurs
foyers, conception difficilement imaginable, et il
est souvent plus rationnel d'invoquer des incidents
de propagation dus à lhétérogénéité des couches
terrestres. C'est ainsi que des massifs rocheux à
racines profondes protègent du mouvement sis-
arr “si HT EU RER Les de DÉS PR RAT RE LE 2 ” x: Se
Ÿ a À Le. 5 AU ; At j
PT or È : | 2 i > : j
” | PRE ; |
FA ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 75
mique des régions situées en arrière d'eux par
. rapport au foyer et, dans les pays hispano-améri-
_ cams, on dit qu is font pont. D'autres fois ce sera
|
Échelle
o 100 150 200 Km
f
Fe Alluvions
C/ ne ! s :
CZ Couches tertiaires
RSI Anciennes roches himalayennes
Les ovales indiquent les isoseistes WI]
Fig. 21. — Dédoublement de la troisième isoséiste du tremblement |
de terre de Kangra du 4 avril 1905 (d'après Middlemiss).
une autre isoséiste qui se dédoublera et l’on sera j
fondé à faire intervenir des interférences ou des
réflexions d'ondes sismiques, phénomène déjà
signalé à propos de la direction et qui se répereute
dans les sismogrammes. |
Quoi qu'il en soit, ces observations sont de la
plus haute importance au point de vue de la répar-
76 LA SISMOLOGIE MODERNE
tition des dommages à la surface du pays secoué;
elles permettent en effet, grâce à leur répétition
constatée lors de divers grands tremblements de
terre, de définir les points où il y a plus de danger
pour les constructions et ceux où il faudrait édifier
de préférence; et dans tous les pays instables, de
pareilles situations, plus en sûreté ou plus en
danger, sont bien connues par une expérience
séculaire.
La comparaison des isoséistes des divers trem-
blements de terre d'une même région limitée
conduit souvent à d’utiles considérations quant à
la connaissance de leurs causes tectoniques. De
l'un à l’autre séisme elles ne coïncident pas, mais
semblent être identiques après un déplacement
latéral dans une certaine direction, comme si
l'origine s'était elle-même transportée d'un point
à un autre d'un accident géologique. Ce cas se
présente fréquemment pour les secousses qui
suivent toujours les grands tremblements de terre.
Du tracé des isoséistes sur la carte peut aussi se
déduire une sorte de gradient sismique qui exprime
le resserrement relatif de ces courbes, et il est évi-
dent qu'il est en rapport avec la profondeur du
foyer.
On voit par toutes ces considérations et d'autres
encore inutiles à détailler ici, quel rôle important
jouent les isoséistes d’un tremblement de terre.
Un autre élément mesurable est l'amplitude
_ ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES TS
maxima du mouvement d'une particule terrestre
au moment d'un séisme. On peut la mesurer sur
le sismogramme; mais ce procédé est sujet à une
cause d'erreur, l'expérience prouvant que l'ampli-
titude augmente avec un facteur indépendant du
‘tremblement de terre, la multiplication ou l’agran-
dissement de l'appareil. Et, en effet, il doit en être
ainsi parce que le style enregistreur, étant élasti-
que, est susceptible de prendre un mouvement
propre dû à l'accumulation et à la répétition des
impulsions sismiques successives. C'est le cas.
d'une verge encastrée à l’une de ses extrémités et
à laquelle de faibles impulsions font prendre fina-
lement un très ample mouvement.
On a déjà eu l’occasion de dire combien l’ampli-
tude est généralement inférieure à ce que fait
supposer l'impression des sens. Cela tient à
l'influence de la période plus ou moins rapide et à
ce que toute la masse terrestre agit sur l’observa-
teur. Les mesures d'amplitudes réellement effec-
tuées sont en assez petit nombre et les valeurs
suivantes permettent de se rendre compte de ses
variations.
L'amplitude des ondes longitudinales est dirigée
suivant le rayon sismique du lieu, ou la ligne qui
le joint au foyer; elle varie de fractions de
millimètres à un petit nombre de millimètres.
Au grand tremblement de terre japonais du
28 octobre 1891, Omori l'a évaluée à 8 millimètres.
18 / LA SISMOLOGIE MODERNE
L’amplitude des ondes transversales, dirigée
perpendiculairement au rayon sismique, passe de
quelques millimètres à quelques dizaines de milli-
mètres. Au même tremblement de terre, Omori l’a
évaluée à 20 millimètres. |
L'amplitude des ondes superficielles est beaucoüp
plus considérable. Elle a la mème direction perpen-
diculaire au rayon sismique. Agamennone l'a
évaluée à 50 centimètres au tremblement de terre
de l’Assam du 12 juin 1897, ce qui nous paraît très
exagéré, et à 22 ou 25 à la catastrophe de Messine
du 28 décembre 1891. Cette dernière valeur corres-
pond assez bien à celle que l’on peut déduire des
effets destructeurs sur les édifices. L'étude des
dégâts du désastre de Valparaiso du 16 août 1906
nous à conduit à penser que son amplitude devait
être voisine de 8 à 9 centimètres.
| De petites amplitudes et de rapides périodes ou
de grandes amplitudes et de lentes périodes peu-
vent résulter des effets identiques. Il est intéressant |
de connaître les chiffres suivants : une secousse M
de 2 millimètres d'amplitude et d’une période de
4 dixièmes de seconde est déjà forte, tandis que |
2 centimètres et 4 centièmes de seconde caracté-
risent un tremblement de l'intensité VIE, ces
valeurs s’entendant des ondes principales.
Les couches terrestres absorbent rapidement le.
mouvement sismique et on aura une idée assez »
nette de l'importance de ce phénomène en connais-
L. ta? |
t * héscqut +
HIT NES CES
ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES | 79
sant la règle empirique qui permet de calculer la
différence des degrés d'intensité en deux points, et
qui est égale au triple du logarithme du quotient
des accélérations maxima correspondantes.
Station
Herzogenrath
11m 33°
Epicentre
50° 52 51".
239435 19?
Bardenberg
Mine de Kämpchen
17 337
<—
vers Maëss z
(=?
ee
ee
Fig. 22. — EÉpicentre du tremblement de terre d'Herzogenrath
du 22 octobre 1873 (d’après von Lasaulx).
Le temps auquel est arrivé un tremblement de
terre et sa durée sont deux éléments mesurables :
dont l'importance ne saurait échapper.
La pratique montre que, même dans un pays à
chemins de fer et à télégraphes, l'heure d'un trem-
À
80 LA SISMOLOGIE MODERNE
blement de terre ne peut être connue, en dehors
des stations sismologiques, avec une approximation
supérieure à 2 ou 3 minutes. Autrefois pour les
srands tremblements de terre on traçait sur la
carte les courbes homoséistes, ou coséistes, qui
correspondent aux lieux où le phénomène s'était,
pensait-on, produit au même instant. On comprend
dès lors qu'il ait été impossible d’en tirer des con-
clusions sérieuses quant à la localisation ou à la
forme du foyer. Pour le même motif, les recherches
sur la vitesse de propagation basées sur les mêmes
données n'ont abouti qu'à des résultats contradic-
toires et par suite à d'inutiles discussions sous la
forme de l’hodographe, ou la courbe qui lie les
distances et les temps. On ne peut la construire
qu au moyen des observations sismographiques en
vue de les utiliser pour étudier l'onde sismique.
La durée d’un tremblement de terre n'est pas
aussi facile à mesurer exactement qu'on pourrait se
l’imaginer. À cause de l’effroi, si naturel, elle
est toujours exagérée; en fait, elle ne dépasse
jamais 40 ou 50 secondes, même lors des plus
violents tremblements de terre. Toutes les fois
que des observations bien faites ont relaté des
durées de plusieurs minutes, les sismogrammes
ont prouvé qu'il s'agissait de secousses multiples
qui ont fait croire à des renforcements et à des
rémissions du même tremblement de terre. Un
exemple classique de ce genre d'erreur est celui du
ÉLÉMENTS SISMIQUES MESURABLES 81
désastre de Valparaiso du 16 août 1906. Composé
au moins de trois secousses distinctes, on a réuni
dans une même durée le tremblement de terre
proprement dit et ses deux premières répliques
survenues à de très faibles intervalles de temps.
En général, la durée croît avec l'intensité, et le
plus souvent les secousses trépidatoires sont plus
brèves que les ondulatoires.
La durée présente son maximum en dehors de
l'aire épicentrale. Cela doit être parce qu'à l'origine
la limite d'élasticité des roches a été dépassée, du
moins pour les grands tremblements de terre et,
par conséquent, les vibrations élastiques consécu-
tives cessent presque de suite dans l'aire épicen-
trale. |
Ce fait est bien connu et c’est ainsi que Palmierti,
se trouvant à Messine le 16 décembre 1857, put
annoncer un grand tremblement de terre de l'Italie
continentale en sentant une faible secousse, de
lente période et d'une très longue durée de
30 secondes. Au Chili, la population sait très bien
reconnaître les grandes secousses éloignées, ou
léléséismes, par le même procédé.
On doit distinguer une durée apparente de la
_ durée effective. Celle-là se compose de la durée
propre du tremblement de terre prolongée par les
vibrations engendrées consécutivement dans l'édi-
fice même où se trouve l'observateur. C'est pour
cela qu'un même tremblement de terre durera
à R]
SISMOLOGIE MODERNE: (9)
82 LA SISMOLOGIE MODERNE
plus longtemps dans une ville qu'à la campagne
environnante et il y a là une fréquente cause
d'erreur dans l'évaluation de la durée.
La surface ébranlée par un tremblement de terre
jusqu'à la limite de sa perceptibilité par les sens de
l’homme n'a qu'un vague rapport avec l'intensité
du phénomène que l’on considère en particulier,
parce que la profondeur du foyer est le plus sou-
vent mal connue. Il n'en est pas moins intéressant
de fixer les idées à cet égard au moyen de quelques
observations. Cette surface aurait atteint trente
cinq millions de kilomètres carrés au désastre de
Lisbonne du 1 novembre 1755. Quoique ce chiffre
soit devenu classique, nous le considérons comme
exagéré. La surface ébranlée par le tremblement
de terre de l’Assam fut de près de cinq millions de
kilomètres carrés et l'aire dévastée en dépassa
quatre cent mille, les quatre cinquièmes de la sur-
face de la France. Par contre le désastre de Casa-
micciola, dans l’île d'Ischia, du 28 juillet 1883 ne se
fit sentir que sur quinze cents kilomètres carrés au
total. On voit combien peu cet élément peut servir
à caractériser la véritable intensité d’un tremble-
ment de terre. Enfin 482 séismes japonais ont
ébranlé une surface moyenne de douze cents kilo-
mètres carrés, soit celle d’un carré de trente-quatre
kilomètres de côté, à peu de chose près celle du
département de la Seine.
Ms
CHAPITRE VI
LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE
L'ancienne sismologie, celle de Mallet et de ses
successeurs, dirigeait tous ses efforts vers la déter-
mination du foyer ou centre d’un tremblement de
terre, et l’on a dépensé une somme énorme de
travail et d'ingéniosité à calculer la position ou les
coordonnées géographiques d’un point qui n'existe
pas réellement. L'erreur consistait à supposer que
le mouvement sismique émane d’un point, au sens
géométrique du mot et, rationnellement, on s'atta-
chait à résoudre le problème au moyen de méthodes
géométriques toujours pratiquement en défaut parce
qu'il s'agissait en réalité d’une étendue plus ou
moins considérable de la masse terrestre mise en
mouvement toute ensemble, mouvement qui se
propage ensuite tout autour. Il en résultait une
_ioule de contradictions qui ont longtemps retardé
les progrès de nos connaissances relatives soit aux
84 LA SISMOLOGIE MODERNE
propriétés du mouvement sismique, soit aux causes
géologiques des tremblements de terre. Cependant,
malgré l'inexactitude de l'hypothèse de Mallet, les
résultats obtenus au moyen des méthodes qu'on en
a déduites pour la recherche de l'origine, ne
laissent pas que d’être utilisables dans une certaine
mesure, pourvu qu on les considère dans un sens
large et qu'on s’en serve comme d'un procédé de
première, mais grossière, approximation. Ces.
méthodes doivent donc être exposées dans leurs
grandes lignes. |
L'hypocentre d'un séisme est la portion de la
masse terrestre d'étendue plus ou moins grande,
de forme et de profondeur quelconques, au sein de
laquelle tout entière naît le phénomène en même
temps, quelle que soit du reste sa cause première.
L'épicentre, ou mieux la région épicentrale, en
est la projection verticale sur la surface extérieure
terrestre. Les mots épicentre et hypocentre reste-
ront toujours entendus ici dans le sens élargi et la
conception du point géométrique sera toujours
écartée implicitement. Il est d’ailleurs évident que
la recherche de l’épicentre doit précéder celle de
l'hypocentre, les couches extérieures de l'écorce
étant les seules directement accessibles à notre
observation.
Pour trouver l’épicentre d'un tremblement de
terre, il suflira de déterminer en un grand nombre
de points de la surface ébranlée la valeur d'un élé-
LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 85
ment quelconque du mouvement sismique, de
joindre par une courbe les points correspondant à
une même valeur et d'en déduire le centre sur la
carte. Cet élément sera par exemple l'intensité ou
l'instant du tremblement de terre. Dans un cas, on
tracera les isoséistes ou homoséistes. À mesure
qu'on s'éloigne de l’origine, ces courbes prennent
des formes plus mouvementées parce qu'augmente
l'influence perturbatrice de l'hétérogénéité des
couches terrestres, mais au moyen d'observations
assez nombreuses, on n'en déterminera pas moins
la région plus ou moins vaste d’où le mouvement
sismique s'est irradié.
L'épicentre jouit de propriétés évidentes qui
aident grandement à en préciser la position et
l'étendue : c'est le centre des isoséistes et des co-.
séistes; c'est en ce point que la secousse arrive le
plus tôt de l'hypocentre; c'est le point d'intensité
maxima; enfin c'est vers lui que convergent les
directions quand on peut les déterminer. On
devra utiliser toutes ces propriétés à la fois.
Les tremblements de terre diffèrent beaucoup
entre eux quant à la forme et à l'étendue de leurs
épicentres, ou mieux de leurs régions épicentrales.
Le tremblement de terre de l'île d’'Ischia du
28 juillet 1883 a été destructeur à Casamiceiola, et
cependant il n'a été sensible que sur une très petite
surface de 1500 kilomètres carrés. Ses-isoséistes
étaient à peu près circulaires et centrées autour de
86 LA SISMOLOGIE MODERNE
l'Epomeo, volcan maintenant éteint, mais encore
actif au commencement du xiv° siècle. Rien donc
de plus naturel que de regarder cet événement sis-
mique comme un tremblement de terre central et
de lui attribuer en même temps une origine vol-
canique. Son peu d'extension donne le droit de
penser que son hypocentre était peu profond. On
voit combien de renseignements intéressants ont
fourni ses isoséistes.
Bien différemment s'est présenté le tremblement
de terre de San Francisco du 18 avril 1906. Son
aire dévastatrice n'avait que quelque vingt kilo-
mètres de largeur, mais s’étendait sur plus de trois
cents, et ses isoséistes étaient, sauf de légères irré-
gularités, d'immenses lignes droites parallèles entre
elles. Il était dès lors évident que le tremblement
de terre s'était produit tout le long d'une ligne et
devait par conséquent son origine à quelque mou-
vement linéaire de grande étendue. Or précisément
on connaissait depuis longtemps un grand accident
géologique, la faille de San Andrès-Portolà, ettout
le long de cette faille s'étaient produits, au moment
du tremblement de terre, des déplacements tant
horizontaux que verticaux de plusieurs mètres
d'amplitude, décelés par leurs effets sur le terrain
et les constructions. À supposer que ces déplace-
ments n'eussent pu être observés, ou même ne se
fussent pas produits jusqu'à la surface terrestre,
on n'en aurait pas moins eu le droit, grâce à la
LA
LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 87
forme des isoséistes, d'en conclure que le tremble-
ment de terre était le résultat d'un mouvement
tectonique linéaire et sur une longueur au moins
égale à celle de la zone de destruction. Ce tremble-
ment de terre était longitudinal parce qu'il s'était
produit parallèlement aux lignes de relief de la
Californie centrale : pied du talus sous-marin; lit-
toral, crête de la Cordillère côtière appelée Coast
Range; vallées des fleuves Salinas et San Joa-
quin ; axe de la baie de San Francisco: crête de la
Sierra Nevada. Il est évident que l'événement
avait quelque rapport avec la formation de ces
traits géographiques tous parallèles entre eux. Il
aurait été transversal s'il avait eu une direction
perpendiculaire; ce fut le cas de celui de Bellune
du 29 juin 1873 par rapport à la chaine des Alpes.
Le tremblement de terre de l'Assam du
12 juin 1897, un des plus considérables des
temps modernes, nous offre des circonstances
toutes différentes encore. L’aire de dévastation
s’est présentée sous la forme d’un chapeau de gen-
darme dont la base s’étendait sur une longueur de
plus de 200 milles anglais, et sa surface dépassait
400 000 kilomètres carrés. Or cette surface épicen-
trale recouvrait assez approximativement sur la
carte un massif de collines, autrement dite une
pénéplaine surélevée entre les plaines alluvion-
naires du Brahmapoutre au nord et des Sylhet
Streams au sud, Il était donc à penser que tout ce
88 LA SISMOLOGIE MODERNE
massif s'était ébranlé et déplacé d’un coup et pré-
cisément une retriangulation géodésique ultérieure
a prouvé le bien fondé de cette supposition. Le
tremblement de terre était régional et avait mis en
mouvement à la fois tout un énorme bloc ou com-
partiment terrestre.
Ces trois cas distincts représentent toutes les
combinaisons possibles des manières d'être des
tremblements de terre quant à la forme de leur
région épicentrale et l’on voit que l'ancienne
notion d'épicentre ne conserve son sens géomé-
trique que pour le premier d'entre eux. Pour les
deux autres les méthodes anciennement employées
n'auraient pu donner de résultat. Ce serait encore
pis en ce qui concerne l'hypocentre comme on va
le voir.
Mallet s’appuyait pour chercher la profondeur
de l’hypocentre sur la détermination de l'angle
d'émergence des ondes sismiques au moment où
elles viennent frapper le sol. Il admettait que les
crevasses produites dans un édifice par un trem-
blement de terre sont dues aux ondes longitudi-
nales, et il en déduisait que l'origine se trouve
dans un plan perpendiculaire à la crevasse, de
sorte que des observations bien faites sur plusieurs
édifices permettaient, pensait-1l, la détermination
du foyer par la rencontre d'un certain nombre de
ces plans. Malheureusement pour la méthode, il
semble bien que les ondes transversales inter-
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LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 89
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Fig. 24. — Hodographe des trois espèces d'ondes pour le tremblement
de terre des Calabres du 8 septembre 1905, d’après Rizzo.
viennent aussi dans la production de ce genre de
dommages, et, en outre, leur position dépend
POP PT NN EL UEE
90 LA SISMOLOGIE MODERNE
dans une grande mesure de la nature et de l’agen-
cement des matériaux qui constituent les murailles
ainsi que de la position des ouvertures, portes et
fenêtres. C'est pourquoi la méthode très généra-
lement employée autrefois conduisait souvent
pour un même tremblement de terre à des pro-
fondeurs d'hypocentre comprises entre quelques
kilomètres et plusieurs centaines de kilomètres ;
elle se condamne donc d'elle-même. Sans doute
les sismogrammes peuvent donner l'angle d'émer-
sgence, mais non sans difficulté, et le procédé a
permis souvent de calculer des profondeurs
moindres que celles obtenues par l'ancienne
méthode, partant plus admissibles.
Le même problème peut se résoudre au moyen
de l'hodographe, cette courbe qui exprime la
variation de la vitesse de propagation des ondes
sismiques, à la surface terrestre avec la distance à
l'épicentre. Mais l'instant précis d’un tremblement
de terre en un point donné est pratiquement si
difficile à connaître en dehors des stations munies
d'appareils sismographiques que les résultats ainsi
obtenus ont été rarement dignes de foi. L'igno-
rance réelle dans laquelle on se trouve encore
relativement à la forme de l'onde et du rayon sis-
miques complique encore la question et cette igno-
rance résulte précisément de la difficulté de la
détermination exacte du moment auquel se pro-
LE FOYER DU TREMBLEMENT DE TERRE 91
duit un tremblement de terre et il faudrait le
connaître au moins à la seconde près.
A
Le procédé imaginé par Dutton et Hayden à
l'occasion du tremblement de terre de Charleston
du 31 août 1886 a souvent donné des résultats
acceptables. Au lieu de centaines de kilomètres,
on n'obtient plus que 10 ou 20 kilomètres. Ces
savants se sont basés sur ce que l'intensité d'un
tremblement de terre doit varier, toutes choses
égales d’ailleurs, en raison inverse du carré de ia
distance à l'origine, puisqu'il s’agit d'un transport
d'énergie, et ce n'est pas faire une hypothèse gra-
tuite que de l'aflirmer. Ainsi que le prouve la
théorie et le confirme l'observation, la courbe qui
représente la variation de l'intensité avec la dis-
tance décroit d'abord très rapidement autour de
l’épicentre et ensuite très lentement jusqu'à com-
plète extinction du mouvement sensible. Elle a
donc dans l'intervalle un point d’inflexion corres-
pondant au maximum de variation d'intensité. Ce
sera par exemple, sur le terrain, la zone étroite où
les dommages sur les constructions disparaissent
brusquement. On démontre que la profondeur
cherchée est égale au quotient par la racine carrée
de trois de la distance du point d'inflexion à l’épi-
centre, quelle que soit d’ailleurs la valeur de l’in-
tensité au foyer.
De Küvesligethy a eu l’idée d'utiliser pour la
solution du problème de la profondeur cette pro-
99 LA SISMOLOGIE MODERNE SA à
priété de l'accélération du mouvement sismique
de varier en raison inverse de la distance à l'ori-
gine, tout en tenant compte dans l'application de
l'absorption que subit le mouvement en passant
d'un point à un autre des couches terrestres. La
méthode donne de bons résultats et les profon-
deurs calculées diminuent encore relativement à
celles qu'on obtenait avec les anciens procédés.
On a pu affirmer, grâce à son emploi, que cer-
tains tremblements de terre se sont produits
presque à la surface du sol, ou à très faible pro-
fondeur, ainsi celui de Jekeo (Hongrie) du 10 jan-
vier 1906.
La profondeur de l'hypocentre exerce une
influence prépondérante sur l'extension de l'aire
ébranlée, sur l'intensité observée et l’écartement
des isoséistes. Les méthodes basées sur cette
remarque n'ont pas donné de résultats pratiques
bien satisfaisants.
De tout cela résulte qu’en définitive la recherche
de la profondeur à laquelle s’est produit un trem-
blement de terre est très difficile.
.
D D ONDES
CHAPITRE VII
LES BRUITS SISMIQUES. RETUMBOS
ET BRONTIDIS
Les tremblements de terre ne se manifestent
pas seulement à l’homme par le sens musculaire,
ils impressionnent aussi et parfois très vivement
celui de l’ouïe. Ils sont très généralement accom-
pagnés de bruits sourds dont l'intensité est le plus
souvent, point toujours toutefois, en rapport avec
celle du mouvement sismique. Leur ton est bas et
l'extrême variété des termes employés pour les
déerire et des comparaisons qu'on en fait avec des
bruits connus, témoigne vraisemblablement de la
puissante influence qu'exerce sur eux la nature du
sol au travers duquel ils se sont propagés pour
arriver jusqu à l'observateur. Il est non moins
_ certain que par exemple dans les habitations, les
matériaux de construction, tant par leur composi-
tion que par leur agencement mutuel, suffisent à
94 LA SISMOLOGIE MODERNE
en modifier la tonalité. Tous les observateurs
s'accordent à qualifier d’effrayant le bruit des
grands tremblements de terre et bien des peuples
ont des mots spéciaux pour les désigner : c’est le
rombo des Italiens, le retumbo des Hispano-Améri-
cains, simples onomatopées.
Le retumbo est-il un compagnon obligé de tout
tremblement de terre? Les avis sont assez partagés
sur cette question; pour notre compte personnel,
pendant de longues années de séjour dans des
pays très instables, comme le Centre-Amérique et
le Chili, nous n'avons jamais senti de secousse
sismique sans l'entendre en même temps. Dans
cette divergence d'opinions, il n'y a, sans doute,
que des différences de degré d'attention d'une
part, d’acuité du sens auditif d'autre part, car il
est peu croyable qu'un ébranlement du sol tel que .
les secousses sismiques puisse se propager silen-
cieusement au travers des couches superficielles.
Il n’a pas été fait d’études expérimentales systé-
matiques pour savoir à quelles ondes sismiques
correspond le retumbo et on est réduit aux
recherches théoriques de Cargill Knott tendant à
en faire une conséquence directe des vibrations
longitudinales, qui en engendreraient d’autres,
longitudinales et transversales, au sein des couches
terrestres et seraient les analogues de celles des
plaques et des verges vibrantes de Chladni, bien
connues en acoustique. On leur a attribué aussi
LES BRUITS SISMIQUES 95
de très petites indentations, ou rides (ripples) des
ondulations de la phase principale. La question
reste obscure.
Le retumbo semble pouvoir se transmettre non
seulement par le sol, mais aussi par l'air, quand
le sol même est peu cohérent, comme les alluvions
des vallées. Il ne manque pas, en effet, d’observa-
tions dignes de foi, dans lesquelles son retard rela-
tivement au tremblement de terre correspond pré-
cisément à la différence des vitesses de propaga-
tion du son dans les couches du sol et dans l'air.
Le plus souvent le retumbo procède et accom-
pagne l'ébranlement du sol, puis le prolonge par-
fois au delà du mouvement sensible. Il le précède
d'un intervalle de temps d'autant plus grand que
l'épicentre est plus éloigné, ce qui doit être s'il
correspond aux ondes longitudinales dont la
vitesse de propagation est très supérieure à celle
des ondes superficielles ou principales qui consti-
tuent le tremblement de terre sensible, car alors
la séparation s’accentuera avec la distance.
On entend fréquement dans tous les pays
instables, et surtout à la campagne, des bruits que
l'habitude permet de distinguer du grondement
d'orages lointains et fait immédiatement recon-
naître pour des retumbos, sans que cependant on
n ait senti aucun tremblement de terre. Ce seraient
pour ainsi dire des séismes avortés, ou trop faibles
pour être perçus par le sens musculaire. A lap-
96 LA SISMOLOGIE MODERNE
pui de cette manière de voir, on peut citer d'in-
téressantes observations faites par Oldham à l'oc-
casion du grand tremblement de terre de l’Assam
du 12 juin 1897. Explorant l'aire épicentrale où
avaient rejoué plusieurs failles, il put constater
que des bruits sans secousses se produisaient
surtout loin de ces accidents. L'état de tension des
couches terrestres y était donc favorable à la pro-
duction de phénomènes sonores, tandis qu'au
voisinage des failles toute impulsion sismique
nouvelle se résolvait en secousses parce que leurs
lèvres étaient disjointes et pouvaient se mouvoir
librement et silencieusement.
Les sismologues italiens se sont beaucoup préoc-
cupés d'étudier les bruits sismiques au moyen de
X
microphones placés à certaine profondeur au
dessous du sol. Mais la complication du problème
était trop grande pour leur permettre d'en tirer de
claires notions sur le mouvement sismique lui-
même, étant bien avéré que d’autres phénomènes
d'origine différente sont susceptibles de mettre les
couches terrestres en état de vibration, comme on
a déjà eu l’occasion de le dire à propos des micro-
séismes, et toute tentative pour démèêler ces bruits
microsismiques a échoué jusqu'à présent. On ne
cachait d'ailleurs pas l'espoir de tirer de ces
recherches un moyen de prévoir les tremblements
de terre, parce que bien souvent des bruits sans
secousses précèdent les désastres sismiques et que,
LES BRUITS SISMIQUES 97
d'autre part, on connait dans cet ordre d'idées
quelques cas isolés d'heureuse divination, terme
qui est bien approprié à l'incertitude du procédé.
Les annales sismologiques de certains pays
instables nous relatent d’intéressantes séries de
bruits sismiques dont la durée n'a pas été moindre
de plusieurs années parfois; ceux de l’île Meleda
en Dalmatie, de 1822 à 1826, sont restés célèbres
et ont entretenu pendant ce temps la population
dans un état d'indicible effroi, quoique les trem-
blements de terre ne s'y soient produits pendant
la même période que d’une façon très secondaire.
On doit sans doute voir dans ces phénomènes la
menue monnaie d'un grand tremblement de terre
avorté, et c'est ainsi que dans ce cas se résout la
tension des couches terrestres qui dans d’autres
circonstances aurait aboutit à une catastrophe.
Ces séries de bruits incontestablement sis-
miques n ont rien que de très explicable dans les
régions qui sont le théâtre habituel de trem-
blements de terre. Il n'en va pas de même de
bruits très particuliers observés depuis longtemps
dans certains pays remarquablement stables, les
Mistpoeffers des côtes des Pays-Bas ou les Bar-
risal-Guns du delta du Gange. Une fois l'attention
sur ces phénomènes attirée par Van den Broeck,
on les a recherchés dans beaucoup d’autres con-
trées et on les a retrouvés dans un grand nombre.
Ils sont tellement communs en Italie qu'on les y
. rl
SISMOLOGIE MODERNE, {
98 LA SISMOLOGIE MODERNE
a désignés par plus d’une centaine de noms popu-
laires d'usage local et dans ces dernières années ils
ont fait l’objet de nombreuses études sous le nom
de brontidis.
Il est fort probable que les brontidis ne sont pas
tous exclusivement d'origine sismique, ni ne
représentent tous d'infimes tremblements de terre
et, sans doute, 1l en est dans le nombre qui ont
une origine atmosphérique dans des circonstances
particulières encore mal définies. Mais, quoi qu'ilen
soit, il est bien avéré que beaucoup ont une cause
tectonique et ne sont que des tremblements de
terre d'intensité trop faible pour être sensibles. Ils
seraient donc, dans certains des pays très stables
où on les observe, le souvenir très atténué d’une
instabilité disparue depuis un lointain passé main-
tenant perdu dans la nuit des temps géologiques
et, en effet, le long des côtes du Lancashire, par
exemple, on voit les brontidis en claire relation
avec d'anciennes dislocations.
En bien des points du globe s’observent des
bruits naturels d'origines diverses. Souvent ils
caractérisent des régions désertiques et tout le
monde connaît les Voix de la statue de Memnon.
Les brusques changements de température de la
nuit au matin suffisent à les expliquer par le bris
de roches superficielles qui en est la conséquence
et dont la puissance d'érosion a été mise en évi-
dence ces dernières années. Les bruits de la
LES BRUITS SISMIQUES 99
montagne appelée le Bramador, près de Copiapo
(Chili), n'ont pas d'autre cause. Dans le sud du
même pays, on connaissait à distance les bruits
d'une autre montagne nommée le Tronador; pour
observer qu'ils n'avaient aucun caractère sismique
ou volcanique, il à fallu explorer cette montagne
de près et l’on a reconnu qu'il s'agissait seule-
ment du vêlage d'un grand glacier dont les racines
plongent dans un lac profond. Ainsi chaque cas
particulier nécessite une étude spéciale, et rien
n'est plus imprudent que de recourir aux phéno-
mènes sismiques sans une démonstration de fait.
C'est ici qu'il semble rationnel de s'occuper de
la croyance si répandue dans les pays à tremble-
ments de terre d’une prétendue prescience spé-
ciale aux animaux. Beaucoup d’entre eux sont
très sensibles aux mouvements du sol : les chiens
aboient, les chevaux s’agitent, les oiseaux de
basse-cour crient éperdument et ceux du grand
air volètent anxieusement. Souvent ces manifes-
tations d’effroi précèdent les tremblements de terre
sensibles, mais on a beaucoup exagéré l'intervalle
de temps qui les sépare du mouvement du sol et
ce sont pures légendes que les cas dans lesquels
les animaux auraient prouvé par leur agitation
quils prévoyaient, plusieurs heures à l'avance,
des catastrophes sismiques Tout au plus peuvent-
1ls percevoir de très légères secousses prémoni-
toires qui échappent à l’homme et cette sensibilité
100 LA SISMOLOGIE MODERNE
n'a rien que de très plausible, les animaux étant
en communication avec le sol par quatre membres.
Cancani a méthodiquement étudié le problème
et il a cru observer que les animaux perçoivent
les tremblements de terre d'autant plus longtemps
avant l'homme que l'origine en serait plus éloi-
gnée. Ils seraient aussi sensibles aux frémis-
sements préliminaires dont la séparation d'avec
les ondes principales est en proportion avec la
distance, mais ils ne jouiraient d'aucun privilège
dans la région épicentrale, là où ces frémissements
se confondent avec la secousse proprement dite.
L’explication est ingénieuse, mais elle n'est pas
acceptée de tous les sismologues. Quant à la per-
ception par les animaux de courants électriques
avant-coureurs des tremblements de terre, elle est
peu vraisemblable: il faudrait d'abord prouver
l'existence de ces courants; l’on verra plus loin
qu’ils sont très douteux en tant que phénomènes
sur la constance desquels on puisse compter.
CHAPITRE VIII
SÉRIES DE SECOUSSES ET DÉCLANCHEMENT.
A DISTANCE
Un grand tremblement de terre n’est jamais un
acte unique, un choc isolé qui sème la ruine et la
désolation autour äe son centre. Immédiatement
après le paroxysme, suivent d'innombrables
secousses dont la violence subit les plus grandes
irrégularités. Quelques-unes d’entre elles, surtout
au début, sont assez fortes pour compléter l'œuvre
de destruction, renverser des pans de murs bran-
lants, jeter bas des édifices déjà à moitié démolis,
porter le désordre dans l'œuvre de sauvetage et
entretenir la terreur dans la population. La fré-
quence, d’abord si considérable que pendant les
premières heures le sol reste pour ainsi dire en
perpétuel mouvement, s’apaise peu à peu avec des
alternatives sans loi d'exacerbations et de rémis-
sions. Quelques mois après, en quelques jours,
102 LA SISMOLOGIE MODERNE
le nombre de ces secousses consécutives, ou
répliques, atteint souvent plusieurs centaines et
plusieurs milliers. L'état de fréquence sismique
habituelle à la région ne se retrouve que longtemps
après le désastre, parfois plusieurs années après
seulement. On a ainsi le spectacle d'une profonde
perturbation des couches terrestres qui ne
reviennent au repos relatif qu'après une longue
période d’agitation.
Toutes proportions gardées, les choses se
passent de même pour les tremblements de terre
d'intensité notable qui n’ont aucun caractère de
désastre.
Ce phénomène très constant pour tous les grands
tremblements de terre résulte-t:il de ce que la.
portion ébranlée et déplacée de la masse terrestre
ne retrouve sa position d'équilibre qu'après de
longs essais en tendant vers son assiette qui sera
définitive au moins pour un temps, ou bien est-il
dù à ce que la cause même du séisme ne s'éteint
que longtemps après en s'épuisant progressivement?
Ce sont là deux hypothèses ou, pour mieux dire,
deux interprétations entre lesquelles 1l n’est guère
possible de se décider. L'une et l’autre sont égale-
ment plausibles et rendent bien compte de la
marche des faits.
Ces diverses répliques n’ont pas le même foyer,
elles n'émanent même pas toutes de la région épi-
centrale du tremblement de terre et de l’une à
SÉRIES DE SECOUSSES 103
l'autre la migration de l’origine ne paraît soumise
à aucune loi qui ait pu être soupconnée jusqu ici.
On a souvent assimilé ce phénomène à celui d’une
plaque de verre dont une fente ou brisure s’allonge
peu à peu, mais cette comparaison n'est qu'ingé-
mieuse et a été reconnue tout à fait impropre, les
foyers des répliques ne gardant pas toujours une
claire relation de situation avec l'accident géolo-
gique au sein duquel s'est produit le tremblement
de terre initial. On a seulement trouvé dans cer-
tains cas une dépendance entre le nombre des
répliques ressenties dans une localité et l’âge
géologique des couches correspondantes; elle
peut s’'énoncer comme il suit : La fréquence des
répliques en des points également éloignés du
centre d'ébranlement du tremblement de terre
principal augmente avec l'âge des couches au tra-
vers desquelles il s’est propagé. Cela revient à
dire que la propagation du mouvement sismique
a d'autant plus profondément troublé l’état d'équi-
libre des couches éloignées qu'elles sont plus
anciennes. Or l'élasticité des roches croît géné-
ralement avec leur ancienneté, et la perturbation
produite sera plus durable pour les plus élas-
tiques, tandis qu'au sein de roches plus récentes et
moins cohérentes, elle passera en s'éteignant plus
rapidement.
En ne tenant compte que de la fréquence, la
répétition des répliques s'exprime entre les temps
10% LA SISMOLOGIE MODERNE
écoulés depuis le tremblement de terre principal
et les nombres de chocs produits chaque jour ou
chaque mois, au moyen d’une équation, dite
d'Omori, qui représente assez exactement une
hyperbole équilatère asymptotique aux deux axes
de coordonnées, celui des temps et celui des
nombres de répliques. Elle résulte uniquement
des nombres de répliques observées pendant
les premiers jours et cependant, chose remar-
quable, elle se vérifie longtemps après. Elle peut
donc servir à prédire le nombre de secousses
qui se produiront dans la région considérée tant
de jours après le tremblement de terre, si tou-
tefois on connaît la fréquence habituelle qui devra
s'ajouter au résultat du calcul exécuté sur l’équa-
tion d'Omori. Ces prédictions réussissent très bien
_en général, mais n'ont qu'un intérêt très relatif,
puisqu il s'agit de secousses de peu d'intensité.
L’exactitude de l'équation d'Omori s'est con-
firmée aussi pour ce qu'on pourrait appeler des
prédictions rétrospectives. Connaissantles nombres
de répliques qui ont suivi durant les premiers
jours le tremblement de terre de la province de
Tosa (île de Shikoku, Japon) du 4 novembre 1854,
ce sismologue a calculé l'hyperbole correspondante,
et déduit les nombres de répliques survenues à
des dates postérieures, mais éloignées, et il a pu
vérifier qu'ils correspondaient exactement à des
secousses alors inconnues, puis retrouvées dans
SÉRIES DE SECOUSSES 105
d'anciennes archives au moyen de patientes
recherches. |
Notre hyperbole équilatère est asymptotique à
2L00
2100 | RE EN Le
1800 |
1500 D Es
| _S
1200
[ep]
[e]
(e]
«wo
Q
[e]
(e}
1891-XI 1892-XI 1893-XI 1894 -XI 1895 -XI 1896 -XI 1897-XI 1898 -xI
1892-X 1893-X 1894 -X 1895 -X 1896 -X 1897 -X 1898-X 1899-X
Fig. 25. — Variations de la fréquence des tremblements de terre du
Mino et de l'Owari du 28 octobre 1891 (d'après Dairoku Kikuchi).
l'axe des temps, c'est-à-dire qu'elle ne l’atteindra
qu'au bout d'un temps infini. Cela signifie en
termes plus clairs que l'équilibre des couches
106 LA SISMOLOGIE MODERNE
terrestres une fois rompu par un grand tremble-
ment de terre ne se rétablit jamais, et cette inter-
prétation purement géométrique d'une courbe
obtenue par l'observation montre que la fréquence
sismique habituelle d'une région résulte des
répliques de tous les tremblements qui l'ont
ébranlée depuis les temps géologiques les plus
reculés, conséquence dont l'importance théorique
ne saurait échapper.
Le nombre des répliques paraît être en relation
avec la profondeur du foyer du paroxysme et dimi-
nuer avec elle. Cette règle souffre des exceptions
cependant.
Les plus violentes secousses consécutives se
produisent surtout pendant une courte période de
temps après le tremblement de terre principal,
mais les laps de temps qui les en séparent ne
semblent pas arbitraires. Oddone a pu montrer
pour les tremblements de terre des Balkans, — et
on l’a vérifié après lui pour d’autres événements
sismiques, — quil se manifeste une préférence
marquée des intervalles de temps de 34, 66, 144
et 196 minutes environ. Or les ondes longitudi-
nales d’un tremblement de terre emploient
{T7 minutes pour parcourir le diamètre terrestre.
On est ainsi fondé à penser qu'en arrivant à l'an-
tipode du foyer, elles se réfléchissent contre la
surface terrestre et retournent sur leurs pas pour
y revenir; elles y retrouvent un bloc terrestre si
SÉRIES DE SECOUSSES 107
récemment dérangé de son équilibre qu'il n’a pas
encore pu reprendre son assiette et cela suffit pour
_ provoquer, disons le mot, déclancher, une réplique
d'intensité notable, moindre toutefois que le trem-
blement de terre principal, depuis lequel se sont
écoulées 34 minutes. La réplique de 66 minutes
environ correspondrait à un double voyage aller
et retour des mêmes ondes entre l’origine et l’anti-
pode, et son intensité serait moindre encore.
L'intervalle de 144 minutes est le temps nécessaire
pour que les ondes lentes aient fait le tour du
globe et celui de 196 correspond aux ondes
maxima pour eflectuer le même trajet; dans les
deux cas il y aurait encore déclanchement de
répliques dans la région épicentrale ou dans son
voisinage. |
De Ia même façon, ces mêmes ondes, le long de
leur trajet à la surface terrestre, ou d’autres chemi-
nant à l’intérieur de la terre suivant des rayons
sismiques, pourront rencontrer des portions de la
masse en équilibre très instable et prêt à se rompre
à la moindre impulsion supplémentaire; cela se
présentera notamment si elles sont encore le théâtre
des répliques d’un grand tremblement de terre plus
ou moins récent et qui précisément manifestent
son peu de stabilité, ou bien encore si depuis long-
temps s y est établi le repos pendant lequel s'accu-
mulent, ou mieux s'emmagasinent, les efforts tec-
toniques préparant le prochain séisme. Il ne
108 .<” LA SISMOLOGIE MODERNE
manque pas d'exemples dans lesquels ces tremble-
ments de terre déclanchés à distance paraissent
très probables; cela semble avoir été le cas du
désastre de Valparaiso du 16 août 1906 provoqué
par les ondes d’un séisme sous-marin survenu dans
les parages de l'Alaska ou des Aléoutiennes et
dont les ondes ont été reconnues dans les sismo-
grammes. Mais on conçoit sans peine quelle
extrême prudence il faut garder dans des déduc-
tions de ce genre et, pour chaque cas particulier, il
faut vérifier soigneusement que les intervalles de
temps et les distances sont dans le rapport voulu
avec les vitesses de translation des ondes sismiques.
Le temps d'environ 8 minutes qu emploient les
ondes longitudinales pour arriver au centre de la
terre n'a pas manqué d'attirer vivement l'attention
à cause de son égalité avec celui que les ondes
lumineuses exigent pour nous arriver du soleil.
Que ces deux constantes relatives respectivement
au rayon terrestre pour les ondes sismiques et au
rayon de l'orbite pour les ondes lumineuses soient
à peu près égales, ce fait ne doit être considéré
que comme une curieuse coïncidence qui, pour le
moment, échappe à toute interprétation ration-
nelle.
Le déclanchement de tremblements de terre à
distance a été envisagé, en particulier par Belar,
dans un tout autre ordre d'idées. Il s’agit de la
destruction de certains édifices sans aucune cause
SÉRIES DE SECOUSSES 109
connue qui ait pu être tirée de leur mauvaise con-
struction, ou de leur état de vétusté. La chute du
Campanile de Saint-Marc de Venise, le 14 juil-
let 1902, l'effondrement du réservoir des eaux
de Madrid, le #4 avril 1905, la désastreuse rup-
ture de la digue du barrage de Bouzey (Vosges), le
27 avril 1905, ont été les plus retentissants de ces
accidents. Faute d'explication technique plausible,
Belar admet qu'il a suffi du passage d'ondes
microsismiques qui, se répétant avec le temps, ont
fait dépasser la limite d’élasticité de ces construc-
tions et finalement amené leur destruction par une
dernière et fatale impulsion de ce genre. Ces consi-
dérations sont assurément ingénieuses; 1l est plus
discutable de savoir si elles sont exactes. Sans
doute, elles sont susceptibles de rendre des ser-
vices éminents aux constructeurs qu'elles soustrai-
raient à leurs responsabilités naturelles, et en cas
d'accident leur défense serait d'autant plus facile
que le nombre énorme des tremblements de terre
qui agitent la surface terrestre leur permettrait
toujours d'en trouver à point nommé un suscep-
tible d’être accusé. Restons-en donc seulement aux
observations d'Oddone d’après lesquelles un trem-
blement de terre peut, dans certaines conditions,
en provoquer d'autres à distance, mais leur faire
renverser des édifices loin de leur foyer est de
beaucoup dépasser la portée des faits dûment
constatés.
110 LA SISMOLOGIE MODERNE
C'est à tort que des sismologues ont regardé
comme tout à fait générale la manière de se com-
porter des répliques, telle que la représentent
l'équation d'Omori et le tableau qui en a été
détaillé plus haut. Pour de nombreux essaims de
secousses italiennes, — ainsi se nomment ces
séries, — Cancant à rencontré d'autres types, à
la vérité moins communs, dans lesquels le
paroxysme, ou le tremblement de terre principal,
n est plus l'acte initial que suivent de nombreuses
répliques, de fréquence et d'intensité progressive-
ment décroissantes. On connait aussi les séries de
secousses de l'Erzgebirge, où disparaît presque
complètement la secousse principale, pour être
remplacée par une succession irrégulière de
maxima et de minima. La Nature ne veut pas
toujours se conformer aux moules étroits où l'on
voudrait l’enfermer pour simplifier nos explications
des phénomènes.
Les grands tremblements de terre sont parfois
précédés peu de temps auparavant par des secousses
que l’on considère, après coup, comme ses avant-
coureurs. Ce phénomène est trop inconstant pour
permettre de pronostiquer, quand il se produit,
l'approche d’un désastre, car il est impossibie de
distinguer ces secousses de celles qui résultent
simplement de la fréquence sismique habituelle de
la région. Il faut d'autant plus renoncer à ce mode
de prévision au moyen des secousses prémomitoires
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SÉRIES DE SECOUSSES All
que bien des catastrophes ont été précédées d’un
long repos sismique, aussi trompeur que dange-
reux, pendant lequel la Nature, se recueillant pour
ainsi dire, accumule les efforts tectoniques destinés
à éclater ensuite en un violent tremblement de
:'TeFTE,
Il est toutelois un cas de prévision qui aurait
assez bien réussi au moins une fois, mais sur
lequel il serait très imprudent de compter. Dès
longtemps, les sismologues siciliens avaient observé
que. pour un intervalle de temps suffisamment
long, l’année par exemple, il existait une certaine
constante approchée de la moyenne de la somme
des amplitudes des tremblements de terre, petits
et grands, ressentis dans la partie nord-est de
l’île. Or, au commencement de décembre 1908, il
y avait un manque évident et c'est ainsi que le
désastre de Messine du 28 du même mois aurait
pu être, sinon prédit à jour fixe, du moins envi-
sagé comme à craindre à bref délai. Une sem-
blable méthode paraît devoir être bien difficile-
ment appliquée avec sûreté; elle sera toujours
très précaire.
Quoi qu'il en soit, le phénomène des séries de
secousses nous à fourni de très intéressants résul-
tats et nul doute qu il n'en doive procurer d’autres
tout aussi importants dans l'avenir.
4 qu mm til
ou me hr
P AENTSET TE
CHA PEPROE ER
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS
ET TSUNAMIS
La terre ferme n’a pas le privilège des phéno-
mènes sismiques et les océans n'échappent pas
davantage à leurs impulsions plus ou moins vio-
lentes. Il y a donc des tremblements de terre sous-
marins, et le dépouillement de nombreux jour-
naux de bord a fourni à Rudolph les éléments
d'une étude maintenant classique sur cet intéres-
sant chapitre de la sismologie.
Un tremblement de terre sous-marin se traduit
à bord d’un navire par une sorte de choc qui
_ébranle toutes ses membrures et fait immédiate-
ment croire qu'il vient de toucher sur quelque
roche inconnue ou quelque épave flottant entre
deux eaux. Aussi s'empresse-t-on de jeter la sonde,
et en reconnaissant que rien de semblable n a dû
se produire, on songe d'autant plus vite à un
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 413
tremblement de terre sous-marin que l’on ne voit
pas la mer déferler contre l’écueil tout d’abord
supposé. D'autres fois, l’ébranlement est comparé
à celui qui se produit à bord quand on lève ou
_ quon jette l'ancre, par suite du frottement des
chaînes dans les écubiers. Enfin le navire peut être
soulevé et son hélice battre à vide, quoique la
houle ne soit pas assez forte pour produire cet
effet bien connu à bord des vapeurs par gros temps.
Les effets produits à bord sur les objets maté-
riels sont en tout semblables à ceux ordinairement
observés à terre au moment d'une secousse sis-
mique : oscillations anormales d'objet suspendus,
déplacements de tonneaux, de planches et de colis
arrimés sur le pont ou dans les cales, chute et
bris de vaisselle, etc.; mais ils ne vont jamais
jusqu'à ceux des degrés supérieurs de l'échelle
de Mercalli. Cela résulte de l’interposition entre
le navire et le fond de la mer, siège du trem-
blement de terre, d'un épais matelas de liquide,
qui fait l’eflet d’un élastique et puissant amor-
tisseur. Aussi bien la flottabilité du navire lui
permet de céder doucement au choc qui perd
de la sorte tout pouvoir destructeur. En fait, il
n'existe pas d'exemple authentique de sérieux
dommages causés à bord, au moins en pleine
mer, et c'est très arbitrairement qu'on a cru pou-
voir parfois attribuer à ces phénomènes le nau-
frage de navires dont toute trace s'était perdue.
SISMOLOGIE MODERNE. 8
à
114 LA SISMOLOGIE MODERNE
11 existe bien une échelle d'intensité des trem-
blements sous-marins; établie plus on moins fidè-
lement sur le modèle de celle de Rossi-Forel, son
intérêt est restreint puisque, toutes choses égales
au fond de la mer, l’on n’observe à bord que des
effets atténués dans une proportion inconnue de
ceux qui correspondent à l'intensité sismique réel-
lement mise en action.
Mettant à part les observations faites à bord de
navires à l'ancre dans les ports et qui ne font que
compléter et corroborer celles faites à terre, les
tremblements de terre sous-marins qui parvien-
nent à notre connaissance sont en nombre infime.
C'est que les océans sont d'immenses déserts et il
faut qu'un navire se trouve à point et à temps
donnés pour que le phénomène soit observé. II
faut aussi que l'ébranlement soit assez fort pour
que les navigateurs croient utile de. le consigner
sur leurs journaux de bord, documents qui restent
généralement inédits et sont d'un difficile accès.
Enfin leur observation ne se fait clairement que
par mer belle. Malgré ces nombreuses difficultés,
Rudolph à pu recueillir un assez grand nombre
d'observations pour tous les océans, ce qui lui a
permis de formuler les lois générales auxquelles
obéissent les tremblements sous-marins : 26
Ils se produisent à toutes les profondeurs océa-
niques, sur les reliefs comme sur les dépressions.
Il y a des régions maritimes où ils sont plus habi-
onde
Da Mrs. EX
EVE 1 TUE
PRE M 20TS
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 415
tuels et d'autres où ils sont inconnus. Leur
fréquence et leur intensité en une région particu-
lière sont indépendantes de la proximité ou de
l'éloignement de volcans actifs ou éteints, ter-
restres ou sous-marins.
Cette dernière loi ne manquera pas d'attirer
l'attention, l'indépendance, maintenant reconnue,
des phénomènes sismiques et volcaniques dans le
temps comme dans l’espace contredisant une sorte
de dogme scientifique traditionnel, et c’est là un
sujet sur lequel nous aurons plusieurs fois encore
l’occasion de revenir.
Les régions à tremblements de terre sous-marins
sont d'abord les espaces océaniques riverains des
pays instables. Dans ce cas, et pour un séisme
en particulier, il n'est pas toujours facile de dis-
cerner si le foyer a été maritime ou terrestre. La
question peut se résoudre à l’aide des isoséistes
suivant qu'elles sont coupées par la ligne des
côtes en parties inégales se développant de préfé-
rence soit du côté de l’océan, soit du côté de la
terre ferme.
On connait aussi quelques régions de haute mer
où ont été observées de nombreuses secousses. La
plus remarquable se rencontre en plein Atlantique ;
à cheval sur l'équateur, elle s’étend entre les 8° et
32° méridiens et à l’est du curieux rocher volca-
nique de Saint-Paul, perdu dans l’immensité de
l'océan. Cette région a été aussi le théâtre de très
116 LA SISMOLOGIE MODERNE
nombreuses éruptions sous-marines. Tout autour
de l'archipel des Açores s'étend aussi une vaste
région à tremblements de terre sous-marins.
Les éruptions volcaniques sous-marines sont
souvent signalées à la surface de la mer par des
phénomènes qui les distinguent nettement des
tremblements de terre; ce sont des bouillonne-
ments de l’eau et des colonnes liquides lancées en
l'air, tandis qu'aucun mouvement n'a jamais été
observé authentiquement pour les simples séismes,
du moins qui ait eu quelque importance.
On admet généralement que les tremblements
sous-marins se transmettent aux navires sous
forme d'ondes longitudinales, agissant surtout de
bas en haut, mais au vrai on sait bien peu de chose
sur leur véritable mécanisme. Souvent ils occa-
sionnent la mort de nombreux poissons, dont les
cadavres remontent aussitôt à la surface, ou vien-
nent s'échouer sur les côtes; leur chair est comme
désorganisée, ce qu'on attribue au fait qu'ils ont
été violemment comprimés entre les couches
‘liquides mises en mouvement et celles que leur
n. |
inertie a empêchées d’obéir immédiatement à
l'impulsion sismique.
Quoi qu'il en soit, les tremblements de terre
sous-marins n’ont de réelle importance qu'en
raison de leur répartition géographique et ils le
cèdent de beaucoup en intérêt aux vagues sis-
miques, ou {sunamis, comme on les appelle au
A Line qu
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TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 117
Japon, et qui sont une conséquence ordinaire et ‘4
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régions littorales. !
Le long de ces côtes, on voit s'élever, après le
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118 LA SISMOLOGIE MODERNE
phénomène d’ébranlement du sol, d'énormes vagues
qui, non seulement en complètent l’œuvre destruc-
trice, mais souvent même produisent à elles seules
la plus grande partie des dommages. Leur hauteur
peut atteindre plusieurs dizaines de mètres et il est
facile de se figurer la violence avec laquelle elles
montent à l'assaut des côtes en songeant à l'énorme
force vive de la masse liquide mise en mouvement.
Les navires chassent sur leurs ancres et, choquant
les uns contre les autres, s’entre-détruisent mutuel-
lement, ou vont s’échouer à l’état d'épaves loin
dans les terres, parfois à plusieurs lieues de la
côte, si la pente du rivage permet à l’inondation
de s'étendre à grande distance. Il est au Japon,
par exemple, des cas historiquement authentiques,
où le nombre des victimes a dépassé cent mille.
Dans l'aire épicentrale, les tsunamis se produi-
sent immédiatement après le tremblement de terre,
mais leur vitesse de propagation ne dépassant
guère 150 mètres par seconde le long des côtes à
cause du frottement sur le fond, la secousse et la
vague sismique se séparent rapidement en propor-
tion de la distance du foyer, de sorte que le
retard du tsunami peut atteindre plusieurs heures,
voire un jour et plus.
On croit généralement que les tsunamis débutent
par un retrait de la mer, retrait dont l'ampleur et
surtout la durée ont été souvent exagérées dans
les relations, et l'on a cherché l'explication de ce
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Sismolo
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 119
fait en le supposant normal. Tout le long de la
côte occidentale de l'Amérique du Sud règne cette
croyance, et le cri « La mer se retire », quand il
retentit dans un port après un tremblement de
terre, imprime le plus grand effroi dans les popu-
lations qui, se souvenant des catastrophes passées,
se hâtent de chercher le salut dans la fuite. Une
critique sévère des relations du tremblement de
terre péruvien-chilien du 13 août 1868 nous a
montré que, suivant les différents ports, la mer a
commencé par se retirer entre 19 d’entre eux
contre 18 dans lesquels elle s’est mise à monter
tout d'abord. Cette quasi égalité fait évidemment
dépendre pour chaque port le sens du mouvement
initial de la forme de la côte et de celle du fond.
Faute d'observations scientifiques en nombre suffi-
sant, la question reste obscure.
- Il semble que les tsunamis ne se produisent, au
moins sur une grande échelle, que si le foyer
sismique est situé en mer, c'est-à-dire si c'est une
partie du fond océanique qui a été déplacée, et la
simple propagation en mer d’un ébranlement
sismique d'origine terrestre, pour violent quil
soit, ne parait.pouvoir provoquer que de légers
mouvements de l'océan. C’est seulement ainsi que
l'on peut expliquer la rareté du phénomène le
long des côtes du Centre-Amérique au regard de
leur fréquence au Pérou et au Chili, et cependant
les grands tremblements de terre y sont aussi
120 LA SISMOLOGIE MODERNE
communs d’un côté que de l’autre. Sur le véritable
mécanisme des vagues sismiques on n'a encore
que de très vagues données.
C'est un mouvement transversal et toujours
insensible en haute mer au moment de son passage
sous un navire, de même que l'intumescence
produite par les marées luni-solaires quand elles
traversent un océan. L'un et l’autre phénomène ne
se manifestent visiblement qu'à la rencontre des
côtes formant obstacle à leur propagation. En
pleine mer, les tsunamis constituent des ondes
dont la distance de crête à crête se chiffre par des
centaines de kilomètres sans que leur amplitude
verticale dépasse quelques mètres. [Ils sont si peu
sensibles en pleine mer en raison de ces circons-
tances, qu il est arrivé à des pècheurs japonais de
rentrer au port et d'y trouver leurs villages balayés
et leurs familles disparues sans se douter du
malheur qui les attendait au retour!
Les tsunamis peuvent avoir une énorme aire
d'extension et bien des fois ils ont mis en mouve-
ment tout le Pacifique. Celui du tremblement de
terre péruvien-chilien du 15 août 1868 a tellement
secoué la banquise antarctique -qu'il s'en est
_ détaché, tout à fait hors de saison, de nombreux
icebergs plus tard rencontrés dans les mers aus-
trales loin de leur lieu d’origine. La gigantesque
explosion du Krakatoa, dans le détroit de la Sonde,
du 26-27 août 1883 a produit une vague sismique
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mme tit nm he mon RS... dé pu à
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 121
qui à fait le tour du monde et s’est fait enregis-
trer à tous les marégraphes jusqu'en France et
en Angleterre.
Août 28
15 8h gh Oh HP Midi 13° 14h 17h
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Fig. 29. — Marégramme de Rochefort lors de l'éruption du Krakatoa
(d'après Wharton).
D'un bord à l’autre d'un océan, les vagues sismi-
ques se propagent avec la même vitesse que les É
marées et l’on a fait de formules mathématiques |
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KT de cette vitesse de propagation entre deux points
< la profondeur moyenne de l'océan qui les sépare;
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Fig. 30. — Homoséistes horaires au travers du Pacifique des tsunamis
du tremblement de terre d’'Arica du 13 août 1868 (d'après F. von Hochstetter).
les résultats obtenus ne différent pas notablement Ÿ
| de ceux des sondages exécutés par des expéditions =
LEE scientifiques ou en vue de la pose des cäbles trans- É
100 _ océaniques. |
Les courbes obtenues aux marégraphes montrent
S que les vagues sismiques se superposent aux marées
à et que, dans un bassin maritime fermé, ou peu
de. ouvert, il en résulte un mouvement périodique
rie dont les éléments dépendent de la forme du bassin
TREMBLEMENTS DE TERRE SOUS-MARINS 123
et de celle de son fond. Ils varient donc peu
d'un tsunami à l’autre. Mais, en même temps, les
courants marins normaux sont perturbés et ne
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Fig. 31. — Marégramme général de Port-Denison (Sydney, Australie)
du 10 au 14 mai 1877 (d'après Geinitz).
reviennent que de longs jours après au régime
ordinaire.
Indépendamment des vagues produites par
l'ébranlement sismique d'une portion plus ou moins
étendue du fond de la mer, on en a observé parfois
_ d'autres causées par la chute de falaises éboulées
f
’ ,
lag LA SISMOLOGIÉ MODERNE ©.
par le tremblement de terre; mais alors elles sont
d'importance relativement secondaire. Cela s’est
notamment présenté au tremblement de terre de
Céram (Moluques) du 30 septembre 1899. Partant
an he he he
effondrée
Fig. 32. — Éboulements de terrain le long de la côte de Céram lors
du tremblement de terre du 30 septembre 1899 (d'après Verbeek).
de cette observation bien avérée et de quelque
autre de ce genre, on a voulu expliquer de la
même manière des vagues anormales ne corres-
pondant à aucun séisme connu à terre et on leur a
aussi attribué d’inexpliquées ruptures de câbles
télégraphiques sous-marins. Enfin on est allé jus-
qu'à demander à des éboulements de pentes sous-
marines l'explication de tremblements de terre
côtiers. Ce sont là des hypothèses qui échappent à
_ toute vérification. Mais ces vagues anormales, ou
‘perturbations dans le régime des marées, nous
amènent à rappeler que des mers de peu d’exten-
sion et presque fermées, comme la Baltique, sont,
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_ dans la même catégorie de phénomènes, et c’est
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un LRragière sismique.
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CHAPITRE X À
FRÉQUENCE ET SISMICITÉ
On entend par sismicité d’une localité, ou d’une
région plus ou moins étendue, l'importance
moyenne que les tremblements de terre y attei-
gnent, rares ou habituels, faibles ou violents, étant
bien évident que fréquence et intensité doivent
intervenir à titre égal pour définir l'instabilité sis-
mique. Pour un lieu en particulier, on doit distin-
guer soigneusement une sismicité vraie résultant”
des séismes qui y ont leur épicentre, ou naissent
en son voisinage immédiat, et une sismicité appa-
rente qui est la conséquence de ceux qu'on y res-
sent, mais dont le foyer est plus ou moins éloigné.
La sismicité vraie peut être très faible et même
nulle et la sismicité apparente considérable; ce
sera le cas d’un point situé en une région très
stable, c'est-à-dire au sein de laquelle ne s'engendre
aucun tremblement de terre, mais qui se trouve
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FREQUENCE ET SISMICITÉ 427
par exemple à proximité d'un accident géologique
souvent en mouvement. La sismicité vraie est celle
quil importe de connaitre pour rechercher les
causes des tremblements de terre locaux, tandis
que la sismicité apparente fera décider s’il y a lieu
de prendre ou non dans une ville déterminée les
précautions spéciales pour mettre ses édifices à
l'abri des dommages. Sauf quand on le spécifiera,
il s'agira indifféremment dans ce qui va suivre de la
sismicité vraie ou apparente, puisque l'une et
l’autre dépendent de la fréquence et de l'intensité
des séismes observés. On va traiter de la détermi-
nation de ces deux derniers éléments.
La fréquence moyenne varie dans de très larges
limites. Dans certains pays, elle est nulle ou à peu
près; dans d’autres, elle dépasse tout ce qu'on
aurait pu imaginer avant d'y avoir institué des
observations systématiques : c'est ainsi que, par
exemple, plus de 1500 macroséismes ont agité
le sol du Chili en 1909, ce qui correspond à une
moyenne journalière de quatre tremblements sen-
sibles. Pour une localité prise en particulier, la
fréquence subit les variations les plus irrégulières,
surtout à cause des répliques consécutives à tout
séisme simplement notable et qui ne disparaissent
que lentement. Aussi faut-il de longues années
d'observations pour éliminer ces irrégularités et
pour avoir une idée exacte de la véritable fré-
quence annuelle moyenne, tant les phénomènes
128 LA SISMOLOGIE MODERNE
sismiques sont d'allure capricieuse et discontinue
dans le temps, et des périodes de vive agitation
sont séparées par des intervalles de repos souvent
complet. On admet qu'une cinquantaine d'années
ne sont pas de trop pour obtenir un résultat digne
de foi.
Ce fut une véritable surprise quand parurent les
catalogues de tremblements de terre publiés par
l'association sismologique internationale. Le pre-
mier, celui de l’année 1903, comprenait près de
5000 séismes observés sur toute la surface du
globe et les volumes suivants se sont enrichis dans
de si larges proportions au fur et à mesure que se
sont développés les moyens d'observation, qu'on
songe à limiter cette importante publication aux
secousses les plus notables. Si l’on pense aux
1500 tremblements de terre observés au Chili en
1909 avant que le réseau des stations y ait été
complètement installé et si l’on tient compte du
grand nombre des pays où ne se font pas encore
d'observations systématiques, on ne s'étonnera
pas qu'on ait pu évaluer à plus de 30000 le
nombre annuel des tremblements de terre sensibles,
ou bien près de un par quart d'heure. On n'ou-
bliera pas que les mers occupent les trois quarts
de la surface terrestre et que les tremblements
sous-marins y passent généralement inaperçus.
Sans même tenir compte des innombrables micro-
séismes enregistrés par les sismographes, il n'ya
AN PE 0 VO à ETS
4 ve ft FN,
FRÉQUENCE ET SISMICITÉ 129
SSI
donc aucune exagération à affirmer que l'écorce
terrestre est ici ou là en perpétuel mouvement, et
que devient notre croyance innée en la fixité du
sol sur lequel nous nous agitons?
Il est plus malaisé de tenir compte du facteur
intensité, et un procédé rationnel consisterait par
exemple à calculer pour une localité donnée la
moyenne de la somme annuelle de l'accélération
maxima de tous les tremblements de terre res-
sentis. La méthode entraïnerait un travail consi-
dérable qui, du reste, suppose l’emploi d'appareils
enregistreurs. On a aussi songé à simplifier le
problème en se contentant de la somme des am-
plitudes, mais c'est accepter une très grossière
approximation, puisque l'on néglige la période,
élément tout aussi important.
On a pu, dans une certaine mesure, s’affran-
chir de la difficulté et, en tout cas, c’est le seul
moyen d'opérer en dehors des stations sismolo-
giques, en profitant de cette observation qu'en
général le sol tremble fortement là seulement où
il tremble fréquemment et vice versa. En d’autres
termes, mais grosso modo, fréquence et intensité
marchent de pair; on peut donc négliger celle-ci
et ne tenir compte que de celle-là pour estimer
la sismicité moyenne. Le procédé a donné des
résultats assez satisfaisants, toutes les fois qu’on
l'a basé sur d'assez longues périodes d'observa-
tions.
SISMOLOGIE MODERNE. 5;
rÿ ECTS
130 LA SISMOLOGIE MODERNE
La recherche de la sismicité vraie des divers
points d'un pays conduit à de très intéressants
résultats si l’on choisit une représentation gra-
phique appropriée sur une carte. Beaucoup de
systèmes ont été employés, en particulier des
courbes réunissant les localités d’égale fréquence,
ou bien des hachures ou des teintes dégradées
atteignant le même but. Mais ces modes de
représentation présentent le très grave défaut
d'être continus, alors que le phénomène à repré-
senter est essentiellement discontinu, ainsi qu'on
l'a dit tout à l'heure, de sorte que des points de
sismicité vraie très faible ou même nulle peuvent
avoisiner des localités constamment ébranlées.
On en est venu, à cause de cet inconvénient, à
employer pour chaque localité un cerele figuratif
dont le diamètre est à une échelle conventionnelle
en rapport avec le nombre de secousses y ayant
eu leur origine, et ce système a été souvent très
fécond parce qu'il permet de dévoiler sur une
carte le rôle sismogénique de tel ou tel accident
géologique le long duquel ces points s'alignent.
Pour résoudre le problème de la sismicité d'un
grand pays, il faut y organiser des observations
systématiques et il ne sera pas sans intérêt de
dire quelques mots sur les méthodes employées et
qui ont fait leurs preuves. Toutes les observations
doivent arriver à un bureau central où elles sont
étudiées et contrôlées, et comme le but principal
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III Aires séismiques secondaires
7 Aires séismiques mal définies
Fig. 93. — Carte sismique des Marches (d'après Baratta).
132 LA SISMOLOGIE MODERNE
d'un service sismologique est l'étude des tremble-
ments de terre du pays, il importe peu que près
de ce bureau centralisateur existe ou non un
observatoire sismologique de premier ordre des-
tiné à l'étude des téléséismes et des questions de
sismologie générale. On devra donc établir un
1309 E.
œ:
D
(e) Epicentre du tremblement de terre du So Septembre 1839
———— Dislocations
Fig. 34. — Dislocations de Céram.
certain nombre de stations de second ordre,
toutes munies du même sismographe enregistreur
dont le rayon de surveillance soit de 400 à 500 kilo-
mètres, et on disposera ces stations de telle sorte
que leur distance mutuelle ne dépasse pas le
double de ce rayon. Ainsi aucune secousse notable
n'échappera à l'observation, mais on prendra les
très faibles secousses et on n'aura pas le moyen
de déterminer les limites de l'aire d’ébranlement
des chocs plus importants. Pour y remédier, on
complétera le réseau de stations de troisième
4
FRÉQUENCE ET SISMICITÉ 133
ordre munies d'un sismoscope de modèle uniforme.
Mais il en faudrait un nombre considérable, ce
qui occasionnerait de fortes dépenses. On est ainsi
amené à augmenter les moyens d’information en
profitant de concours bénévoles et en outre en
chargeant les fonctionnaires publics disséminés
dans les moindres villages de noter tous les trem-
blements de terre sensibles conformément à des
instructions très simples. Ce seront les maîtres
et maîtresses d'école, les chefs des stations de
chemins de fer, les télégraphistes, les gardiens de
phares, etc. On peut aussi instituer des cartes pos-
tales spéciales circulant sans frais. Tous ces docu-
ments arrivent au bureau central où on les corrige
les uns au moyen des autres. Une organisation
de ce genre suffit pour compléter les renseigne- -
ments sismographiques de tous les tremblements
de terre sensibles du pays.
Il s'est formé cette opinion courante qu à notre
époque et surtout en ces dernières années, les
catastrophes sismiques se font de plus en plus fré-
quentes de par le monde et, en eflet, il ne se passe
guère de semaines sans que les observatoires sis-
mologiques ou les journaux n’annoncent quelque
tremblement de terre plus ou moins destructeur
survenu dans les parties les plus reculées de la
surface terrestre. Ce résultat est uniquement dû
au récent développement des communications
télégraphiques dont le réseau couvre maintenant
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134 LA SISMOLOGIE MODERNE
tout le globe comme une toile d'araignée aussi
n
vaste que serrée. Autrefois, au contraire, et il ya
seulement un demi-siècle, bien des tremblements
de terre destructeurs
après à la connaissance des seuls érudits. Et com-
bien de régions actuellement habitées et mises en
valeur par une intense civilisation qui n'offraient
naguère au fléau que d'immenses solitudes à bou-
leverser, là où maintenant il peut renverser de
florissantes cités? Il faut donc écarter toute exacer-
bation périodique des phénomènes sismiques
désastreux, dont le danger ne cesse d’ailleurs pas
de croître en raison du développement même de la
civilisation et des énormes constructions qu'elle
entraine avec elle, sans qu'on prenne plus de
précautions qu'autrefois contre les tremblements
de terre.
On peut évaluer à une trentaine au moins le
nombre annuel des tremblements de terre plus ou
moins destructeurs.
restaient complètement
ignorés, ou ne parvenaient que très longtemps
PS ES
CHAPITRE XI
GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE
Aucun phénomène de la vie du globe n'’affecte
à sa surface des aires plus strictement limitées
que les tremblements de terre et ils sont le peu
enviable privilège de pays toujours les mêmes,
pourvu qu'on embrasse d'assez longues périodes
de temps d'observations. On doit en conclure
immédiatement qu'ils ne sont pas la conséquence
d'actions nées au sein d'un milieu général tel
qu un noyau interne visqueux et fluide, incan-
descent ou non; cette simple remarque exclut
tout aussi bien des influences cosmiques dont
l'effet ne saurait être localisé en des points parti-
culiers de la surface terrestre, et c'est ainsi, par
exemple, que les marées dues à l'attraction luni-
solaire se font sentir partout, du moins là où il
y a des masses océaniques à faire mouvoir. On
136 LA SISMOLOGIE MODERNE
voit de suite que la connaissance de la répartition
géographique des régions à tremblements de terre
sera la base fondamentale de la recherche de
leurs causes, si l’on parvient à mettre en lumière
quelque propriété particulière à ces régions et qui
les distingue de celles où le sol ne tremble point.
= Seulement à notre époque le problème pouvait
être abordé avec quelque espérance de succès; il
fallait, en effet, que non seulement la terre eût
été explorée tout entière, mais encore étudiée
scientifiquement, car autrement on aurait risqué
de voir découvrir ultérieurement des régions
sismiquement instables non encore soupçonnées,
auxquelles auraient pu ne pas s'appliquer les
caractères distinctifs attribués hâtivement à une
partie restreinte des pays à tremblements de terre.
Or c'est à la fin du xix° siècle que la reconnais-
sance de la planète a été suffisamment avancée
partout et que l’on a su avec précision quels
points particuliers de sa surface menacent les
séismes. Si cependant il avait fallu attendre une
détermination numérique exacte de la sismicité de
toutes les parties du globe pour établir la géo-
graphie sismique et en tirer les résultats qu'elle
comporte, la solution du problème aurait été
reculée jusqu'à un lointain avenir, mais fort heu-
reusement deux faits d'observation sont venus
permettre de parer à la difficulté. |
Le premier de ces faits consiste en la pérennité
LA
GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 437
de l'instabilité ou de la stabilité sismique en un
point donné. Pline l’ancien avait déjà dit : là où
il a tremblé, il tremblera;: et cette vérité qu'il
constatait en s'appuyant sur l'histoire déjà longue
et bien connue de son temps des tremblements
de terre du bassin méditerranéen, a été successi-
vement vérifiée pour toutes les parties du monde
que les découvertes géographiques nous ont fait
connaître depuis le xv° siècle. Nulle part l'obser-
vation du grand naturaliste n’a pu être mise en
défaut, et nous pouvons la compléter par sa
contrepartie négative, à savoir que l’homme na
jamais vu se transformer en région à tremblements
de terre un pays qui en eùt été indemne aupara-
vant. On est donc certain quune région est
instable, si l’on y connaît seulement un désastre.
Cela ne signifie pas que les régions instables soient
forcément immuables à la surface du globe, mais
seulement qu'elles n'ont pas varié depuis que
l'homme conserve dans ses annales écrites, ou
même dans ses traditions, le souvenir des cata-
strophes dues aux tremblements de terre, l'échelle
des temps historiques étant insuffisante pour per-
mettre d'enregistrer les changements de sismicité
_ qui accompagnent, on le verra plus loin, l'évolu-
tion du relief terrestre. Les vieilles annales de la
Chine ont fourni au savant jésuite Hoang une
longue liste de près de 600 tremblements de terre
qui, depuis le xviu° siècle avant notre ère, n'ont
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PES LA SISMOLOGIE MODERNE
jamais ébranlé d’autres provinces que celles où
ils sévissent à notre époque.
On ne manquera pas de noter combien ce carac-
tère de constance de l’activité sismique, grande ou
petite dans un lieu donné, différencie nettement
les tremblements de terre des manifestations vol-
caniques. On sait bien, en eflet, que, depuis les
temps historiques plusieurs volcans se sont formés
soudainement là où il nen existait pas trace,
et l’on ne compte pas ceux qui, à la vue de
l'homme, ont pour toujours éteint leurs bouches
ionivomes. [l y a entre les volcans et les tremble-
ments de terre une différence fondamentale sur
laquelle on n'a pas suffisamment insisté jusqu à
présent et qui, avec beaucoup d'autres arguments,
milite en faveur de leur indépendance mutuelle.
Dans le détail, on ne possède pas sur la sismi-
cité de toutes les régions du globe des notions qui
permettent de la réduire en valeur numérique,
les observations systématiques étant ici trop #
récentes et là encore à leur début ou même inexis- «
tantes. Pour que les résultats connus fussent
comparables entre eux, il a donc fallu se contenter |
d'une échelle large et à trois degrés seulement :
régions asismiques, pénésismiques et sismiques.
Dans les premières, les tremblements de terre
sont un phénomène parfois inconnu, le plus
souvent exceptionnel et, dans ce cas, ils y sont
toujours d’insignifiante intensité. Les régions
GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 139
sismiques sont caractérisées par des désastres à
des intervalles plus ou moins longs et la fréquence
habituelle des petites secousses, pour varier dans
de larges proportions, y est toujours considérable.
Les régions pénésismiques enfin occupent une
situation intermédiaire quant à la fréquence et à
l'intensité, mais n'ont jamais été, ni ne seront
jamais d'après la remarque de Pline, pas plus
d'ailleurs que les régions asismiques, désolées par
des tremblements de terre dévastateurs, du moins
à l'échelle des temps historiques. Malgré leur
vague ces définitions ont suffi pour permettre
d'établir sur des bases solides les grandes lignes
d'une géographie sismique que nous allons esquis-
ser succinctement pour en tirer plus loin d'impor-
tantes déductions quant à la genèse des tremble-
ments de terre.
Une description des régions instables ne serait
qu une nomenclature aride et désordonnée et qui
pourrait être tout aussi bien alphabétique, si, au
lieu de l'exposer d’après des divisions conven-
tionnelles, on ne profitait de la propriété dont
jouissent ces régions de former à la surface du
globe des bandes continues, c’est-à-dire que l’on
peut passer des unes aux autres sans autres lacunes
notables que celles dues à l'interposition des
océans. Nous commencerons par le bassin médi-
terranéen dont les tremblements de terre sont bien
connus depuis l'antiquité classique, et l’'embou-
140 LA SISMOLOGIE MODERNE
chure du Tage sera un commode point de départ,
ayant été le théâtre du désastre de Lisbonne du
1° novembre 1755, un des événements sismiques
les plus considérables dont l’homme ait jamais été
le témoin.
La région sismique lusitanienne se relie à celle
de l’Andalousie, que seulement un étroit bras de.
mer sépare de celles de l'Afrique du nord-ouest,
Maroc et Algérie. L'Adriatique est tout entière
encerclée de régions à tremblements de terre qui
de la Sicile aux Alpes par les Apennins et des
Alpes aux Balkans, vont rejoindre le bassin tout
entier instable de la mer Égée.
L'Anatolie et, plus à l'est, l'Arménie forment
un remarquable centre d'irradiation de régions
sismiques. Au nord, un premier faisceau comprend
le Caucase et va se perdre dans le sud du gouver-
nement de Tomsk parle Turkestan russe et chinois
au pied du Tien-Chan et du Pamir pour ne se ter-
miner qu'au lac Baïkal. Au sud, un court rameau
embrasse le Liban et ses dépendances jusqu'à
Jérusalem. Entre les deux, part vers l’est-sud-est
une étroite et longue bande qui, traversant la
Perse en diagonale par les chaines du Kurdistan
et du Louristan, se prolonge jusqu'au pied méri-
dional de l'Himalaya par le Béloutchistan et
l'Afghanistan. Les dépendances de l'Himalaya,
Assam, Tibet oriental et Birmanie, continuent
l'étroite zone par Sumatra, Java, les Moluques et
GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 141
la Nouvelle-Guinée, puis, faute sans doute de
grandes terres émergées, l'instabilité s’éparpille
dans les îles du Grand Océan, Mariannes, Salomon,
Fidji, Tonga et Samoa, Sandwich. Sans changer
de direction générale, les Antilles, le Vénézuéla,
les Açores et les îles du Cap Vert nous ramènent
au travers de l’Atlantique jusqu’au point de départ
de Lisbonne pour y fermer cette immense cein-
ture des régions à tremblements de terre redou-
tables.
Tout le pourtour du Pacifique est jalonné de
régions sismiques à peu près ininterrompues. Elles
débutent au Chili par le quarantième parallèle et
s'étendent jusqu à l'Alaska, mais en se maintenant
sur le versant occidental des Andes et des Rocheu-
ses, sauf en quelques points, comme l'Argentine
occidentale, ou l'Équateur et la Colombie, là où
les chaînes se dédoublent. Cette seconde ceinture
va se fermer, du côté opposé, à la Nouvelle-Zélande
en embrassant les arcs en guirlande qui bordent
l'Extrême-Orient, Aléoutiennes, Kamtchatka, Kou-
riles, Japon, Formose, Moluques et la chaine orien-
tale de l'Australie.
Le Centre-Amérique et les Moluques sont les
nœuds communs des deux bandes succinctement
décrites et qui sont approximativement couchées
le long de deux grands cercles de la sphère terrestre
faisant entre eux un angle voisin de 67 degrés,
celui de l'équateur et de l'écliptique ; mais c’est là
142 LA SISMOLOGIE MODERNE
une coïncidence simplement curieuse, ou du moins
il est actuellement impossible de lui soupçonner
une signification, si tant est qu'elle en ait une.
Les régions pénésismiques s’entremèlent çà et
là entre les régions sismiques des deux bandes
dont l'instabilité n'atteint pas partout son maxi-
mum et quelles ne laissent pas que d'élargir.
Au contraire des régions sismiques, elles sont
discontinues et forment des sortes d’ilots. Nous
citerons seulement les Pyrénées, l'Islande, les Car-
pathes et surtout en Afrique la grande fracture lon-
gitudinale qui s'étend de l'Abyssinie au Zambèze.
Ces deux cercles d'instabilité sismique maxima
ont reçu les noms d’Alpin-Himalayen et de Cireum-
pacifique. Leur existence a été établie par une
patiente statistique portant sur un nombre énorme
d'observations et à eux seuls ils comprennent
plus de 90 p. 100 des tremblements de terre
connus. On voit combien peu il en reste pour les
régions pénésismiques séparées de ces cercles, et
la part des régions sismiques se réduit à presque
rien en dépit de la surface considérable qu’elles
occupent, plus des trois quarts des terres émergées.
La répartition générale des volcans actifs à la
surface du globe est connue depuis bien plus long-
temps que celle des régions à tremblements de
terre, sans doute parce qu'une éruption est un
phénomène de durée souvent considérable et par
suite frappe plus l'attention qu'un fugitif mouve-
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GÉOGRAPHIE SISMIQUE ET VOLCANIQUE 143
ment du sol. Quoi qu'il en soit, les formes des
mappemondes sismique et volcanique sont assez
semblables pour que la seconde se superpose à
peu près à la première, et l'expression classique de
cercle de feu du Pacifique pourrait s'appliquer au
cercle circumpacifique d’instabilité maxima. La
coïncidence est beaucoup moins exacte pour le
cercle alpin-himalayen, et nous allons voir que,
dans le détail, les faits ne se présentent pas aussi
simplement qu'on pourrait le penser.
Un très grand nombre de régions de haute
sismicité sont très loin de tout volcan actif ou
même éteint récemment, soit pendant la période
historique, soit pendant les derniers temps géolo-
giques, époque quaternaire, ou fin de l’époque ter-
tiaire. Ce seront en Europe les régions instables
du bassin occidental de la Méditerranée, celles des
Balkans; en Asie, le Tien-Chan et les vastes pays
qui s'étendent du Khorassan à l'Assam. En Amé-
rique, on citera la Californie centrale et méridio-
nale, les Grandes Antilles, le Vénézuéla et le
Pérou, tandis qu'au Chili, l’activité volcanique
actuelle commence précisément vers le sud quand
cesse l'instabilité sismique. Cette indépendance
entre la localisation géographique des régions à
volcans actifs ou récemment éteints, et de celles à
tremblements de terre, s’accentue plus encore
pour les régions pénésismiques, comme les Pyré-
nées, l'Écosse, la Scandinavie, la Nouvelle-Angle-
144 | LA SISMOLOGIE MODERNE
terre, le bassin moyen du Mississipi, etc. ; nous ne
nous y arrêterons pas davantage.
S'il y a beaucoup de régions sismiques loin de
tout volcan, il est cependant plus malaisé de citer
des volcans actifs loin de toute région instable.
On notera le Cameroun, le volcan de Médine en
Arabie, ceux des Comores, de la Réunion, de
Beeren-Eiland, l'Erebus et le mont Terror.
On remarquera aussi que les quelque quatre
cents volcans qui ont eu des éruptions depuis que
l'homme a pu en consigner le souvenir ne sont
que des points perdus au milieu des immenses
surfaces sujettes aux tremblements de terre. On
peut donc dire que les séismes constituent un
phénomène beaucoup plus répandu et plus général
que les éruptions volcaniques, puisqu'il y a beau-
coup plus de régions instables sans volcans actifs
que de bouches ignivomes au milieu de pays stables.
En définitive et en dépit d'une opinion vulgaire
très fortement enracinée, mais actuellement aban-
donnée dans les milieux compétents, éruptions
volcaniques et tremblements de terre sont deux
genres de phénomènes naturels dont la distribu-
tion géographique, malgré des traits communs
indéniables, dénote cependant une indépendance
mutuelle assez marquée. Nous aurons encore
l'occasion d'attirer l'attention sur cette indépen-
dance au moyen d’autres arguments fournis par
la seule observation des faits.
CHAPITRE XII
RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS
DE TERRE |
La répartition des régions à tremblements de
terre à la surface du globe, limitées qu'elles sont,
comme on l'a constaté, à deux étroites ceintures
autour de la planète, est trop singulière pour être
l'effet d'un simple hasard et 1l nous faut en cher-
cher la signification relativement à la Face de la
Terre, suivant l'heureuse expression devenue clas-
sique depuis les admirables travaux de Suess et
qui résume l’ensemble des traits du relief émergé
et immergé. En d'autres termes, quels sont les
caractères géographiques et géologiques communs
à ces régions instables et Les différenciant de celles
où le sol ne tremble pas? Si l’on peut résoudre ce
problème préliminaire, nul doute que l’on ait fait
un grand pas vers l'explication des phénomènes
SISMOLOGIE MODERNE. 10
146 LA SISMOLOGIE MODERNE
sismiques. Pour le moment, nous ne nous occu-
perons que du premier aspect de la question, les
caractères géographiques.
Déjà les anciens avaient noté que les tremble-
ments de terre sont plus particuliers aux pays
montagneux, ou tout au moins accidentés, et,
allant plus loin, quelques uns des philosophes de
l'antiquité classique, devançant leur temps, eurent
la nette intuition qu'il s’agit d'un phénomène oro-
sénique, c'est-à-dire lié à la formation des mon-
tagnes. Cette conception bientôt oubliée, parce
qu'elle n'était alors basée que sur de trop insuffi-
santes observations, est revenue au jour dès qu'on
put se rendre un compte exact du véritable relief
de certaines masses continentales et de la manière
dont les régions instables s'y distribuent relative-
ment à ce même relief. L'Amérique du Sud, dont
les côtes occidentales ont été le théâtre de cata-
strophes célèbres, est le continent qui nous per-
mettra la plus claire exposition du sujet.
Que l’on considère, en effet, une section de
l'Amérique du Sud le long d'un parallèle quel-
conque, au travers de la Colombie, de l'Équa-
teur, du Pérou, ou du Chili, et l’on sera tout de
suite frappé de la forme du profil obtenu. Le long
de la côte du Pacifique règnent des profondeurs
considérables; des abimes de 4 000 à 7 000 mètres
y forment un chapelet de longues et étroites fosses
séparées entre elles par des seuils plus ou moins
Le. $
hlnésttions = D 'aneger —
RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE TERRE 147
relevés, et dont le fond vers l’ouest remonte se
raccorder avec les profondeurs moyennes, moin-
dres et assez uniformes dans leur ensemble, de
l'immense cuvette formée par le Grand Océan.
Vers l'est, le spectacle change du tout au tout; un
raide et court talus se dresse jusqu au niveau d’une
côte, abrupte aussi et parfois même montagneuse,
et le tout va s'élevant rapidement pour rejoindre
les sommets altiers des Andes qui par 6000 et
1000 mètres d'altitude dominent la limite des
neiges éternelles. Une fois la crète franchie, le
gigantesque bourrelet montagneux qui surplombe
de 12 à 14000 mètres le fond du Pacifique, ne
s abaisse plus vers l’est qu'à peine à mi-hauteur,
et à son pied oriental s'étalent en une douce et
immense pente la forêt amazonienne ou la pampa
argentine, qui sen vont insensiblement gagner le
littoral généralement sans relief notable de l’Atlan-
tique. Là aucun ressaut notable ne marque la fron-
tière du domaine océanique et c'est avec la même
absence de pente que le profil se continue pour
aller rejoindre très loin vers l’ancien Monde le
fond de cet océan.
Or il tremble à peu près exclusivement sur
l'étroite bande pacifique, c'est-à-dire sur le talus
de quelque 12 000 mètres qui, d'un seul jet, rac-
corde le fond des abimes immergés à la crête de
la Cordillère. Le profil de l'Amérique du Sud est
essentiellement dissymétrique et les tremblements
148 LA SISMOLOGIE MODERNE
de terre caractérisent à peu près exclusivement son
raide versant occidental.
Dans l'Amérique du Nord, les circonstances se
compliquent par l'interposition entre les deux
océans du haut massif mexicain et du bassin fermé
de l’Utah entre la Sierra Nevada et les Montagnes
Rocheuses. Mais la dissymétrie subsiste et les trem-
- blements de terre restent confinés vers l’ouest.
La bordure orientale du continent asiatique
n'est qu'une répétition de ces circonstances si, au
lieu de considérer les côtes mêmes, on s'en réfère
seulement aux chapelets d'îles qui du détroit de
Behring aux Moluques séparent le littoral du
Grand Océan. Là aussi les régions sismiques bor-
dent de profonds abimes océaniques collés contre
ces archipels, tandis qu'entre les îles et le conti-
nent beaucoup moins instable s'étalent des mers
plates.
Sumatra et Java ne souffrent des tremblements
de terre que sur leurs côtes de l'océan Indien, qui
surplombent une longue et profonde fosse sous-
marine, tandis que les pentes tournées vers les
détroits sont peu inclinées et n’en subissent guère
les atteintes.
Si nous considérons, au contraire, une grande
chaîne dont le pied comme l'Himalaya, au lieu
d'être baigné par la mer, domine de vastes plaines,
ici la vallée du Gange, nous retrouvons la même
dissymétrie puisque au nord s'étendent les hautes
RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE
terres du Tibet.
Les tremble-
ments de terre
n'ébranlent que
le versant méri-
dional.
Il serait facile
d'allonger cette
liste et nous ver-
riOns que par-
tout les régions
sismiques Carac-
térisent le côté
le plus raide des
hautes chaînes,
qu il soit ou non
baigné par la
mer, etici la pré-
sence de l'élé-
ment liquide
n'est qu un phé-
nomène tout à
fait accessoire et
indifférent.
Cette dépen-
dance intime en-
tre le relief et la
sismicité ne se
restreint pas seulement aux grandes chaines de
TERRE 149
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Fig. 35. — Sumatra.
150 LA SISMOLOGIE MODERNE
montagnes ou principales lignes de corrugation
de l'écorce terrestre, elle se manifeste encore dans
de nombreux détails. Considérons par exemple
la Cordillère des Andes au Chili; au sud du 38°
parallèle, elle s’abaisse notablement tandis qu'en
même temps les profondeurs océaniques dimi-
nuent dans la même proportion, de sorte que les
terres magellaniques reposent sur un socle peu
profondément immergé qui s'avance très loin
vers l’ouest. Tant par le haut que par'le bas, le
relief absolu des Andes au-dessus du fond du
Pacifique est presque insignifiant par rapport à ce
qu'il est à la latitude du centre du Chili. Or les
tremblement de terre s’atténuent au sud du 42°
parallèle, puis, plus au sud encore, disparaissent
presque entièrement jusqu'au cap Horn.
Examinons en Europe trois chaînes bien con-
nues, les Apennins, les Alpes et les Pyrénées. Si
l’on compte le relief de la première au-dessus du
fond de la mer Tyrrhénienne, cet ordre est préci-
sément celui de leurs altitudes respectives. Or les
séismes de l'Italie sont fréquents et redoutables,
ceux de la Suisse, de la Savoie et de la vallée du
PÔ rarement dangereux et ceux de l'Espagne sep-
tentrionale ou de l’Aquitaine assez anodins. Dans
les trois chaînes, les tremblements de terre sont
proportionnés au relief — nous ne disons pas
proportionnels, ce mot impliquant une précision
qui n'est pas dans la nature des choses.
RELIEF TERRESTRE ET TREMBLEMENTS DE TERRE 4514
Si partout les abords des hautes chaînes de
montagnes sont sismiquement instables, et cette
règle ne souffre pour ainsi dire aucune exception
notable, c'est avec la même généralité que, par
contre, les grandes aires continentales plates sont
à l'abri des tremblements de terre, comme le
Canada, la Russie, la Sibérie, le Sahara etl’Afrique
méridionale, la pampa argentine, l'Amazonie et les
vastes plaines des États-Unis.
Nous tiendrons donc pour établi, par la seule
observation, que les tremblements de terre sont
particuliers aux hauts reliefs terrestres et nous
aurons à rechercher plus tard si ces régions à la
fois saillantes et instables ne possèdent pas quelque
autre caractère géologique les différenciant à ce -
point de vue des régions plates et stables.
CHAPITRE XIII
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE SUR
R LE SOL ET TOPOGRAPHIE SISMIQUE
_ Les effets des tremblements de terre sur le sol
ont de tout temps attiré l'attention; ils sont
multiples et leur étude s'impose avec d'autant plus
de force qu'ils constituent à la longue un puissant
facteur de transformation du relief terrestre.
Le plus commun de ces effets extérieurs est la
production de crevasses. En général, elles affectent
de préférence les terrains meubles, sans grande
consistance, surtout au voisinage des lignes le long
desquelles le sol est coupé d’escarpements : bords
de rivières, de canaux ou de fossés; crêtes de
hauteurs plus ou moins abruptes et de falaises.
Enfin elles ont une tendance à s'ouvrir en séries
parallèles et rapprochées. Leur longueur dépasse
rarement quelques centaines de mètres et leur
largeur se mesure par décimètres. C'est très excep-
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à
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à
Le
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 153
tionnellement que leur dimension transversale a été
suffisante pour leur permettre, en se refermant.
d'engloutir des personnes, des têtes de bétail et à
plus forte raison des habitations, dernier genre
d'accident dont les relations ne sont pas toutes
légendaires cependant.
Le mécanisme de la formation des crevasses du
sol est assez simple. D'abord leur situation fréquente
au bord d'escarpements montre que souvent elles
résultent de ce que les molécules terrestres placées
de la sorte ont toute liberté de se mouvoir et de se
séparer de leurs voisines au moment du tremble-
ment de terre, sans quoi le sol n'aurait pu se fendre.
Il se passe là quelque chose de tout à fait ana-
logue à cette expérience de physique élémentaire
bien connue, où l’on dispose en ligne une série de
billes élastiques; en frappant celle d’une extrémité,
celle de l'extrémité opposée se meut seule et se
sépare vivement de la série. C’est en conséquence
de ce phénomène que le mouvement sismique
acquiert une bien plus grande amplitude à la
surface du sol qu’à une certaine profondeur même
assez faible ; des expériences exécutées au Japon en
plaçant un sismographe à la surface du sol et un
autre en dessous au fond d’un puits ont prouvé
qu une profondeur de trois à quatre mètres suffit
pour réduire aux deux tiers ou aux quatre cin-
quièmes de sa valeur l'amplitude du mouvement
sismique. On conçoit facilement la grande impor-
154 LA SISMOLOGIE MODERNE
tance de ce fait en ce qui concerne les construc-
tions asismiques : il suffira de profondes fondations
pour diminuer dans une large mesure l'impulsion
du tremblement de terre sur un édifice, surtout si
on monte ses fondations sans contact avec le sol
meuble environnant pour arriver jusqu'à la terre
en place. Cela explique cette croyance répandue
dans certaines villes exposées aux séismes que des
fossés profonds y diminuent le péril sismique, et
déjà les Anciens avaient connaissance du fait. C'est
pour ce motif aussi que bien des tremblements de
terre ne se font pas sentir dans les mines profondes,
et il est arrivé parfois qu'en remontant au jour
des mineurs ont trouvé leurs villages renversés
sans s être doutés un instant qu'il avait tremblé
violemment à la surface. |
L'inertie et les différences de phases ne laissent |
pas non plus d'intervenir dans la formation des
crevasses du sol et l’on comprend bien que lies
vagues gravifiques peuvent y contribuer aussi
quand le sol n'est pas assez élastique pour repren-
dre sa forme primitive après le passage de ces
ondes.
Parfois les crevasses se disposent radialement
autour d'un centre en s'ouvrant dans toutes les
directions semblables à celles que produit le dessé-
chement d’un sol argileux. Le passage d'ondes
sismiques réfléchies ou interférées contre de solides
massifs du voisinage s'affirme ainsi et le tremble-
nés hat ye-"
|
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 155
ment de terre des Calabres du 20 février 1785 en a
fourni des exemples restés classiques.
La profondeur des crevasses est généralement
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Puits |
Fig. 36. — Portions de sismogrammes obtenus à la surface du sol et au
fond d’un puits lors du tremblement de terre de Tokyo du 18 février 1889
(d'après Seikiya).
faible et elles ne semblent affecter que les parties
superficielles du terrain; elles se referment rapide-
ment, et ne se rencontrent guère en dehors de la
456 LA SISMOLOGIE MODERNE
:
:
région épicentrale. Phénomène secondaire, elles
peuvent cependant prendre parfois une importance
capitale, lorsque, disposées en lignes, elles
s'étendent sur de grandes distances, des centaines
de kilomètres, comme cela s’est présenté en Cali-
fornie lors du tremblement de terre du 18 avril
1906. Elles courent alors en complète indépendance
du relief et de la constitution du terrain, traversant
plaines et coteaux, rivières et vallées, roches com-
pactes et alluvions. Elles jalonnent dans ce cas à
la surface du sol du pays ébranlé la trace d'un
erand accident géologique profond, fracture ou
faille, qui se sera produit au moment du tremble-
ment de terre, ou aura été le théâtre d'un mouve-
ment, s'il existait antérieurement. De tels événe-
ments sont de la plus grande importance relative-
ment à la genèse des tremblements de terre, et
nous aurons l’occasion d'y revenir longuement. Il
suffit pour le moment de signaler la différence
essentielle qui les distingue des simples crevasses.
La vue d'une carrière quelconque, ou d'un
escarpement rocheux naturel, montre le nombre
énorme des fractures, ou diaclases, qui découpent
les roches les plus solides. Elles ne correspondent
pas toutes à des failles, c'est-à-dire qu'il n y a pas
toujours dénivellation relative des lèvres de la
dislocation. Et si l’on ne conçoit guère comment
ces ruptures violentes auraient pu se produire sans
tremblements de terre, il n’en va pas ainsi quant à
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(P. 156-157).
Sismolozie moderne. — PI. VII.
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 157
la dénivellation elle-même, en un mot quant à la
formation d’une faille, l'observation va nous le
prouver. En 1902, une très légère secousse ébran-
lait la mine Kaiser Wilhelm II, près de Klausthal,
et immédiatement après l’on constatait dans les
puits et les galeries d'exploitation la production
d'une longue fissure; les deux phénomènes avaient
été évidemment connexes. Puis on s’aperçut que
les deux blocs terrestres, ainsi violemment séparés,
glissaient l'un par rapport à l’autre; à la rupture
succédait une faille, mais avec quelle lenteur : une
dénivellation relative de 30 millimètres en cinq
années! On voit combien il est téméraire, quand
on manque de preuves de fait, d'affirmer qu'une
faille de la région épicentrale d'un tremblement de
terre est responsable du mouvement sismique;
c'est cependant ce que l'on fait trop souvent.
Les grands tremblements de terre sont aussi
accompagnés souvent de grands éboulements qui
modifient la surface du sol à un haut degré, et cet
effet peut atteindre des proportions gigantesques.
C'est ainsi que, le 12 juin 1897, le bord abrupt du
plateau de l'Assam a été littéralement précipité
dans la dépression des Sylhet Streams, qui s'étale
le long et au pied de son talus méridional. Alors
des forêts entières descendent le long des pentes,
d'énormes masses de terres et de rochers dévalent
dans les plaines ou les vallées, ensevelissant habi-
tations et villages, et les matériaux accumulés
158 LA SISMOLOGIE MODERNE
barrent de larges vallées. Il se forme ainsi des
digues temporaires qui arrêtent le cours des eaux
et la finale débâcle peut causer les plus graves
désastres, ainsi à Valdivia (Chili), en 1575.
La trace de ces éboulements persiste longtemps
après Le tremblement de terre sous forme de pentes
dénudées, sortes de cicatrices au milieu des champs
cultivés ou des forêts. Mais ces accidents n’ont
rien de forcément sismique et se produisent dans
tous les pays de relief accidenté et à précipitations
atmosphériques abondantes, surtout quand des
couches argileuses recouvrent des pentes raides. Il
est à remarquer que bien rarement l’arrivée des
matières éboulées au pied des pentes a donné lieu
à des tremblements de terre, et l’on peut citer des
pays comme le Chili austral et la Bolivie où ces
phénomènes atteignent d'énormes proportions sans
le moindre ébranlement du sol. Cette observation
a son importance, comme on le verra plus loin. En
tout cas, les éboulements produits directement par
les tremblements de terre sont préparés par l'éro-
sion, sinon le décollement entre les couches super-
ficielles plus ou moins meubles et les roches plus
profondes n'aurait pas lieu.
Quand des couches imperméables permettent à
l'eau de s’accumuler à peu de profondeur, les
srands tremblements de terre sont accompagnés
d'un intéressant phénomène. Des trous circulaires
s'ouvrent et il en sort, parfois lancées à grande
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: + Si #
:
{
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 159
hauteur, des masses considérables de liquide; si,
au contraire, l'eau est éjectée lentement et se
trouve en même temps mélangée de terre et de
sable, ces matières se déposent en bourrelet
saillant autour de l’orilice et il en résulte de petits
cratères en miniature, dont le diamètre peut
atteindre plusieurs mètres. Quand des matières
organiques souillent les eaux, il s'ensuit des
odeurs caractéristiques, auxquelles on a souvent
attribué une origine volcanique; l'erreur commise
est évidente.
Ces craterleits, — le mot anglais est passé en
sismologie, — se sont produits sur une très
grande échelle en 1811 au tremblement de terre
de la Swampy Country, dans la vallée centrale du
Mississipi, et ils s'y sont conservés pendant de
longues années sous forme de buttes, qui don-
naient à la région un caractère topographique très
particulier.
Des matières compactes peuvent ultérieurement
remplir les craterlets et, grâce à ce phénomène de
sédimentation, 1l en est qui ont été retrouvés dans
des couches géologiques très anciennes, attestant
ainsi que des tremblements de terre s'y produi-
saient dans des conditions absolument identiques
à celles de nos jours.
Souvent les tremblements de terre causent des
perturbations, temporaires ou de longue durée,
dans le régime des sources, thermales ou non.
:
160 LA SISMOLOGIE MODERNE
Leur débit et leur température sont modifiés;
certaines disparaissent et d'autres prennent nais-
sance. Ces effets sont si facilement explicabies,
qu'il serait inutile d'y insister beaucoup; les eaux
souterraines circulent le long de fissures qu'elles
élargissent peu à peu par dissolution et il en
résulte des vides qu'un tremblement de terre peut
obstruer par éboulement, tandis que des voies
nouvelles s'offrent à la circulation souterraine. Il
est très douteux que ces phénomènes précèdent
des séismes et par suite puissent servir à leur
prévision, comme on l’a souvent avancé sans
preuves; des recherches systématiques effectuées
en Italie dans ce sens n ont jusqu à présent donné
aucun résultat positif.
On s’est demandé si les grands tremblements de
terre n'occasionnent pas des modifications impof-
tantes dans l’ensemble du relief de la région la
plus secouée, en d’autres termes s'il n'en peut
résulter parfois des changements notables dans la
position relative des sommets d'une triangulation
géodésique antérieure dans le sens horizontal et
vertical tout à la fois. Le fait a été plusieurs fois
annoncé sans observations décisives à l'appui,
parce que ces mouvements étaient du même ordre
de grandeur que les erreurs d'observations. Mais,
dans d’autres cas, au contraire, ainsi en Californie
après le désastre de 1906, des retriangulations,
faites précisément dans ce but, ont démontré Ja
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JUAUWOIUIOA) NP SAO[ OLPUIY,P 0709 PI ANS SOULIO] 2JURS 91 SOIQJPAI 79 SOSSVAOIT) — SE ‘Sd
*(JPLUUOS p Sa, 1) POSE 244{U099pP 06 NP INCUPIPMY 9Pp 914197 9P
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(P. 160-161).
mologie moderne. — PI. IX.
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à A PC.
- EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 161
_ réalité de ces modifications dont l'importance ne
saurait échapper.
C'est dans le même ordre d'idées qu'à la suite de
eFisher
123°40"
“
S
x
N
x
Cold Spring”,
Rs Triangles géodésiques.
——, Changements de position des sommets à la retrianqulation de 1307.
Fig. 39. — Changements de position des sommets de la triangula-
tion de Californie après le tremblement de terre de San Francisco du
18 avril 1906. Environs de Point Arena.
certains tremblements de terre on a prétendu que,
par exemple, un clocher jusque-là visible d’une
localité plus ou moins éloignée, ne se distinguait
plus et disparaissait derrière un pli de terrain
SISMOLOGIE MODERNE. 4 1
162 LA SISMOLOGIE MODERNE
nouvellement surélevé. Peu de ces faits ont été
soumis à un examen scientifique, mais, d'après ce
qui précède, leur réalité ne saurait être niée en
principe et les changements de niveau constatés
par les retriangulations suffisent à prouver le
bien fondé de ces observations, au moins pour
quelques-unes.
Il règne dans beaucoup de pays, et en particulier
au Chili, cette croyance que les tremblements de
terre sont accompagnés d’un soulèvement du
littoral. Par une discussion très serrée des
relations, d’ailleurs souvent contradictoires entre
elles, Suess a montré que le fait ne saurait être
considéré comme acquis, et c'est à la même
conclusion qu'est arrivé le géographe Steften
relativement à une affirmation de ce genre
soutenue au sujet du désastre de Valparaiso du
16 août 1906. Qu'une côte se soulève ou s'affaisse
lentement, le fait est certes bien démontré
pour un très grand nombre de points du globe,
les terrasses marines surélevées ou immergées
en font foi, mais ce sont là mouvements sécu-
laires, ou « bradysismes », qui se produisent aussi
bien dans des régions stables que dans d'autres
sujettes aux ébranlements sismiques, et la ques-
tion est toute différente en ce qui concerne de
semblables mouvements qui auraient eu brus-
quement lieu au moment même d'un tremblement
de terre. Des nivellements de précision peuvent
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 163
seuls résoudre la question dans chaque cas
particulier, et l’on sait depuis les recherches de
Lallemand sur ce problème combien ces opéra-
tions sont délicates. Il est vraisemblable que les
prétendues observations dont il s’agit se réduisent
en réalité à des changements de niveau locaux,
comme des tassements de plages meubles. Cepen-
dant des dénivellations se sont produites dans
le Japon central au tremblement de terre du
28 octobre 1891.
En circulant souterrainement le long des dia-
clases des roches, les eaux, surtout si elles sont
calcaires, élargissent progressivement leur voie en
entrainant par dissolution les matières qui forment
leurs parois. Ainsi se constituent des réseaux
compliqués de grottes dont les voûtes peuvent
s'effondrer, quand leur portée dépasse certaines
limites; alors le sol s’affaisse à la surface, ou
s'ouvre en puits naturels plus ou moins profonds :
avens des causses. [l en résulte, si le phénomène
prend une certaine ampleur, ce qu'on appelle
des pays karstiques, percés partout comme de
véritables écumoires, et dont le nom, maintenant
adopté en géographie, est tiré de l'Istrie, où
domine ce genre de singulier paysage. Ces
éboulements accompagnent parfois de légers
tremblements de terre, ou inversement de forts
séismes les provoquent. Il devait donc en être
fait mention ici et nous aurons à y revenir.
Ÿ 4
164 LA SISMOLOGIE MODERNE
Quand tous les changements de relief que nous
venons de décrire s'accumulent dans la région
épicentrale d'un grand tremblement de terre
important, dénudation de pentes, barrages de
vallées, formation de marécages ou d’étangs de
situation anormale, affaissements, fractures et
failles, etc., bien que, au bout de peu d'années,
l'érosion ait pu en adoucir les formes et la
végétation en masquer les contours, il n’en reste
pas moins un ensemble de traits permanents très
spéciaux et bien reconnaissables, auquel on peut
à bon droit appliquer le nom de topographie
sismique. Facile à détailler immédiatement après
le tremblement de terre, plus tard, elle est re-
connue malaisément sur le terrain. On y est cepen-
dant parvenu pour deux événements californiens
de ce genre, ceux de Fort Tejon du 9 janvier 1857
et de l'Owen’s Valley du 26 mars 1872, survenus
l'un et l’autre dans des régions alors inhabitées,
ce qui avait empêché toute observation immédiate.
C'est dire que la topographie sismique est bien
définie pour un œil exercé et combien est profonde
l’action que peut opérer un tremblement de terre
sur le relief de vastes régions, surtout quand il y a
eu mouvement de faille, comme dans les deux cas
précédents, parce qu'alors rien ne manque au
cortège des effets du séisme sur le sol. La topo-
graphie sismique est maintenant aussi bien connue
que la topographie glaciaire par exemple. :
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4
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE 165
Comme on le verra plus -loin, la connais-
sance des effets des tremblements de terre sur le
terrain touche de très près à leurs causes; à ce
titre, 1ls méritaient d’être exposés avec quelques
détails.
CHAPITRE XIV
RELATIONS SUPPOSÉES ENTRE LES
TREMBLEMENTS DE TERRE ET D’AUTRES
PHÉNOMEÈNES
De tout temps l'homme a cherché à mettre en
relation ou en dépendance mutuelle les phéno- :
mènes naturels dont il souffre, ou qu'il utilise pour
la satisfaction de ses besoins. Et il y est incité avec .
d'autant plus de force que la prévision de l'avenir
a toujours été et sera toujours sans doute une de
ses plus vives préoccupations. Si, en effet, on peut
démontrer qu'un phénomène naturel quelconque,
utile ou nuisible, est en rapport avec quelque autre
d'allure périodique bien déterminée et connue par
l'observation, on aura immédiatement le moyen de
prévoir le second dont on attend du bien ou du
mal. On voit tout de suite le grand intérêt du pro-
blème. Les tremblements de terre n'ayant pas
échappé à ce stade des recherches scientifiques,
LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 167
qui est bien loin d'être fermé, on ne saurait
_ passer sous silence leurs prétendues relations avec
des phénomènes d’origine extérieure à la planète,
cosmique ou météorologique.
Du fait même que les régions instables sont
strictement limitées à certaines parties de la sur-
face du globe, on pourrait écarter l'étude de ces
relations toutes les fois qu'il s'agit d'un phénomène
possédant une répartition géographique différente
ou qui est commun à toute la terre. Ainsi, par
exemple, il est beaucoup moins de régions privées
de pluies quil n'en est d’asismiques et, en
tout cas, la répartition des pluies n'a aucun
rapport même éloigné avec celle des régions à
tremblements de terre. On peut donc affirmer qu'il
ne saurait y avoir de dépendance mutuelle entre les
secousses du sol et les précipitations atmosphé-
riques; mais si, ne se contentant pas de cet argu-
ment, pour justifié qu'il soit, on ne veut s’en
rapporter qu à l'observation directe, on notera que
le Sahara et le désert d’Atacama sont privés de
pluie et sont respectivement stables et instables,
tandis que le Chili austral et l’Assam, les pays du
monde où il pleut le plus, sont des régions res-
pectivement asismique et sismique. Malgré cela
et se fondant sur ce que tel grand tremblement
de terre aura été accompagné de grande pluie,
— en prenant le mot accompagné dans le sens le
plus large, — on affirme que les deux phénomènes
168 LA SISMOLOGIE MODERNE
sont connexes, où que l’un a provoqué l'autre.
Pour les uns, la pluie aura déclanché le tremble-
ment de terre en produisant des éboulements sou-
terrain, et, pour les autres, le séisme aura mis en
mouvement, puis refroidi les couches d'air et finale-
ment favorisé la condensation de l'humidité atmos-
phérique. Les bonnes raisons ne manquent jamais
à ceux que ne suffisent pas à convaincre les con-
trastes énoncés tout à l'heure. Avec de semblables
raisonnements et de si faciles hypothèses, il est
loisible d’étayer les plus fantaisistes relations, et
c'est bien ce qui a lieu.
Les statistiques mal faites, quand toutefois onen
fait, sont cause de tout le mal et servent à créer de
toutes pièces ces prétendues relations. On ne tient
compte que des faits positifs de coïncidence, et
quant aux négatifs, on ne s’en soucie point. La
plupart de ceux qui se lancent dans cette voie
décevante, et ils sont légion, ignorent tout des
recherches antérieures et se croient souvent en
possession d'une idée aussi neuve que géniale,
de sorte que, pour un pays déterminé, ils arrivent
à des résultats diamétralement opposés à ceux de
leurs devanciers. N'importe, c'est peine perdue
que de vouloir leur démontrer le défaut de leurs
pauvres statistiques, et de lutter contre le succès
momentané de leurs affirmations. Ces considéra-
tions générales devraient suffire pour faire rayer
ce sujet des préoccupations des sismologues,
—
L 2 0 \
£ 2 LE PDU 2 UT EC CUT EN TER
Are
LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 169
l'expérience du passé en prouve l'inanité; nous
ne le ferons pas, tant est enracinée encore la
croyance en des influences cosmiques ou météo-:
_rologiques sur la production des tremblements de
terre, mais nous ne leur donnerons que tout juste
la considération qu’elles méritent, sinon ce serait
un volume qu'il y faudrait.
_Le soleil manifestera tout d'abord son pouvoir
sismogénique par une prédominance diurne ou
nocturne des tremblements de terre; c'est la
seconde opinion qui prévaut et elle trouve son
‘
explication dans ce fait bien simple que, de nuit,
l’homme couché, donc plus étroitement lié au sol
et débarrassé des préoccupations qui l'assaillent
de jour, perçoit mieux les petites secousses. C'est
tellement vrai que les tremblements de terre
enregistrés par les appareils ne vérifient plus cette
relation. Puis viennent les maximums saisonniers;
ici ce sera l'hiver la saison favorable, là, au con-
traire, l'été. La prédominance hivernale a le plus
orand nombre de partisans et elle semble croître
en même temps que la latitude. Pourquoi? Parce
jee
que, dans les pays froids, l'homme reste abrité
dans les habitations et au repos forcé pendant bien
plus longtemps que sous les climats tempérés; il
s'y trouve par conséquent dans de meilleures
conditions pour observer les petits ébranlements
du sol. Des statistiques étendues ont montré qu'il
n y à pas de relations saisonnières.
170 LA SISMOLOGIE MODERNE
Les taches du soleil n'étant observables de façon
suivie que par des hommes de science, on sera
sans doute tenté d'accueillir avec plus d'attention
les dires de ceux qui les mettent en relation avec
les tremblements de terre, quoiqu'ils laissent dans
l'ombre le mécanisme par lequel cette influence
mystérieuse pourrait s'exercer. Outre que les statis-
tiques relatives à ce sujet soient encore très limi-
tées, elles se heurtent à cette objection très grave
que si une tache passe par un méridien terrestre,
les tremblements de terre notés un peu avant ou
après se sont produits en des lieux de longitudes
très différentes. D'ailleurs le nombre des séismes
est tel qu'on ne serait jamais embarrassé pour en
rattacher un au passage d'une tache solaire.
Les influences de la lune sont innombrables et
cest là un souvenir des anciens cultes qu'on lui
rendait. De temps immémorial on l'a rendue
responsable des tremblements de terre, comme
de la pluie et du beau temps, et il ne sera pas
inutile de montrer comment se forment ces
croyances. Relativement au soleil et à la terre, la
lune parcourt en 28 jours le cycle de ses positions
successives; au moment d'un séisme elle nest
jamais à plus de trois jours et demi d’un de ses
quartiers et cette très grossière approximation
suffit pour affirmer qu'il s’est produit par lune
pleine ou nouvelle, à son premier ou à son second
quartier. Cela n'a rien de scientifique et l'on pour-
LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 171
rait passer outre, si ce genre d’affirmation n'avait
donné lieu à des travaux considérables, d’ailleurs
130
Distribution mensuelle
de 1088 petits tremblem ës
de lerre
HO
90
Distribution mensuelle
de 228 tremblem de lerre
forés ou destructeurs.
30
20
XU 7 VI xl
Fig. 40. — Distribution mensuelle des séismes légers, forts ou destruc-
teurs signalés à Kyoto de 797 à 1867 (d'après Omori).
basés sur une double hypothèse, celle de la fluidité
ou au moins de la viscosité du noyau terrestre
interne et celle de la production de marées de ce
479 LA SISMOLOGIE MODERNE x
même noyau en conséquence de l'attraction los ;
solaire, et surtout lunaire, l’astre des nuits étant
beaucoup plus rapproché que le soleil. On pensait
même démontrer effectivement de la sorte la visco-
sité interne. Précisément Perrey, professeur de
mathématiques et d'astronomie à la Faculté des :
Sciences de Dijon, se fit sismologue en vue de
déceler cette influence sismogénique prépondé-
rante de la lune à ses culminations, ou à ses pas-
sages au méridien, à son périgée comme à son
apogée. Grâce à cela, nous lui devons d'immenses
et précieux catalogues de tremblements de terre
qui, embrassant toute la surface du globe, ont
srandement servi à fonder la géographie sismo-
logique moderne, mais il n'est rien resté des
maxima de fréquence qu'il croyait établir suivant
les diverses positions de la lune. D'ailleurs com-
ment ces marées n'engendreraient-elles des trem-
blements de terre que suivant les étroites zones
_ des régions sismiques? Il faudrait échafauder de
nouvelles et étranges hypothèses pour l'expliquer.
Depuis Perrey, ces calculs ont été repris sur des
statistiques encore plus étendues et le résultat en
a été franchement négatif.
_ Dans le même domaine des influences cos-
miques, on a fait intervenir les plus variés phéno-
mènes de conjonctions et d’oppositions astrales,
de passages d'étoiles filantes, de chutes de
bolides, ete. Inutile de s y arrêter. ;
REX Es 45 si e Le a PIS CMP
ES AUTRES PHÉNOMÈNES :
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on barométrique au Japon
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Ar = : NES %
A1. — Variations journalières normales de la pression baromé-
5 courbe de fréquence sismique horaire générale au Japon
£.
… 22 Le ar, g
D un Dee A en.
relations’ purement météorologiques n'ont
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174 LA SISMOLOGIE MODERNE
pas plus de réalité et, comme le faisait remarquer
Volger il y a déjà bien longtemps, au moment
d'un tremblement de terre il fait toujours un
temps quelconque, beau ou mauvais, sec ou
humide, calme ou tempétueux, chaud ou froid;
il est donc toujours facile de partir de là pour
affirmer l'influence de l’une de ces circonstances
atmosphériques, surtout si dans le nombre il en
est une exceptionnelle pour le pays. C'est ainsi
que se créent de toutes pièces la plupart de ces
relations. Cependant certaines méritent examen,
par exemple l’action sismogénique souvent attri-
buée aux variations de la pression atmosphérique,
parce qu'elles produisent pour le poids de la
colonne d'air pesant à la surface d’un pays des
variations qui atteignent vite des millions de
tonnes, chiffres qui dépassent notre imagination
et font penser que l'équilibre de l'écorce terrestre
doit en subir le contre-coup. Des sismologues
comme Omori et bien d’autres combattent en faveur
de cette. influence. Mais le parallélisme invoqué
entre les maxima et les minima de la pression
barométrique et ceux de la fréquence des trem-
blements de terre est beaucoup moins approché
qu'on le croit et, dans le détail, ne résiste guère
à une critique approfondie. Il est d’ailleurs si
commun de se suggestionner dans ce genre de
recherches qu'on nous permettra d'en citer un
exemple typique. Depuis longtemps on a observé
LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES 173
que des tremblements de terre se produisent en
même temps que de brusques mouvements des
barographes ou baromètres enregistreurs. En par-
ticulier, à Santiago du Chili, on a noté un grand
nombre de coïncidences de ce genre, d’où l’on
concluait, en apparence à bon droit, que brusques
variations de pression atmosphérique et mouve-
ments de sol étaient phénomènes concomitants.
Mais après l'établissement d’un service d'observa-
tions sismologiques, on s'est vite aperçu que ces
tracés du barographe ne correspondent pas tou-
jours à des tremblements de terre, ni que toute
secousse fait fonctionner le barographe. Que
reste-t-il de la relation supposée? Rien, sinon que
ce dernier appareil fonctionne parfois comme
sismographe, pas toujours, et que dans le premier
cas le mouvement sismique a directement et méca-
niquement agi sur la colonne mercurielle, sans
que pour cela se soit produite uné variation conco-
mitante de la pression atmosphérique et à laquelle
on attribuait un rôle dans la manifestation du
_ phénomène sismique.
La même chose se passe exactement avec les
magnétographes qui peuvent fonctionner comme
de parfaits sismographes, sans que la variation de
déclinaison ou d’inclinaison magnétique ait été en
relation avec la cause du tremblement de terre,
comme on l’a souvent prétendu. Sans doute on à
observé parfois que peu avant ou après un trem-
176 LA SISMOLOGIE MODERNE
blement de terre ces perturbations se sont produites
et même ont pris un caractère permanent. Il y a
:
Y L
à A A da
AU LE L'ART LL: + .
possibilité de coïncidences fortuites, mais il n’est
pas déraisonnable non plus de penser que les
violentes actions mécaniques développées au sein
de couches terrestres par un tremblement de terre .
peuvent en certain cas perturber le régime magné-
tique de la région ébranlée et l’on en possède des
exemples bien avérés. Il y a loin de là à une véri-
table relation profonde de cause à effet entre les
phénomènes sismiques et magnétiques. On na
pas manqué non plus d'invoquer l'influence sis-
mogénique des aurores polaires, sans réfléchir
. qu'elles sont particulières aux latitudes élevées,
là précisément où le sol ne tremble pas.
Dès leur découverte, les phénomènes électriques
ont donné naissance à des théories des tremble-
ments de terre, même avant qu'on eût observé
que certains séismes surviennent en coïncidence
_ avec de violents orages ou avec des variations
anormales dans le régime des courants tellu-
riques. C’est bien le cas des perturbations magné-
_ tiques, mais ces théories électrico-sismiques sem-
blent avoir en leur faveur la grandeur des effets
mécaniques qu'à notre époque on sait tirer de
l'électricité; on n’explique d’ailleurs pas comment
ces phénomènes produiraient les tremblements
de terre; simple affirmation, rien de plus.
Il eùt été étonnant qu'on ne demandât pas à la
Fe atacch sb mpéius. r' à Éd M dr Lt ELLE
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LES SÉISMES ET LES AUTRES PHÉNOMÈNES L'11
fée Électricité de prévoir les tremblements de terre
et l’on a pu tout récemment voir annoncer wrbt et
orbi que, peu de minutes avant les tremblements
de terre, des appareils spéciaux enregistrent des
ondes hertziennes, avant-coureurs des mouve-
ments du sol. La télégraphie sans fil paraît cepen-
dant vouloir se dérober à la nouvelle fonction
. qu'on voudrait lui imposer, ou du moins les résul-
tats obtenus jusqu'à présent dans cette voie ne
sont pas en proportion avec le bruit fait autour
de ces tentatives. |
Après avoir parcouru rapidement le cycle des
relations qu'on a vainement tenté d'établir entre
les tremblements de terre et d’autres phénomènes
extérieurs à l'écorce et montré qu'aucune déduction
positive n'a encore été obtenue, doit-on en nier
systématiquement l'existence? Ce serait assuré-
ment peu scientifique, puisque dans la nature
tout se tient dans une harmonieuse dépendance
et que toute modification d'énergie en un point
de l'Univers se répercute de proche en proche tout
autour de lui. Mais en dehors de cette vague for-
mule, on na jamais pu établir jusqu'à présent
rien qui dénote une relation concrète de cause à
effet entre les tremblements de terre et les phéno-
mènes cosmiques ou météorologiques. Telle est
_ la conclusion d’un chapitre que l'on pourrait
démesurément allonger.
SISMOLOGIE MODERNE, 12
Ne il ne reste donc qu'à PRE 14 €
de tremblements de terre dans leur milieu. |
l'écorce terrestre, et cette idée, malgré sa
cité, a mis des siècles à triompher. |
CHAPITRE XV
TREMBLEMENTS DE TERRE D’'ÉBOULEMENT
ET TREMBLEMENTS DE TERRE VOLCANIQUES
Les sismologues modernes ont définitivement
écarté de leurs spéculations toute cause prétendue
des tremblements de terre qui prendrait naissance
dans l’atmosphère ou dans les espaces célestes,
parce qu ils considèrent que ce sont phénomènes
exclusivement propres à l'écorce terrestre et qu’en
outre toute origine extérieure qui émanerait de
ces milieux généraux serait incompatible avec la
répartition si étroitement limitée des régions sis-
miques à la surface terrestre, telle que nous l'a
fait connaître l'observation. Ils ne veulent même
_ plus discuter avec les partisans attardés des théo-
ries cosmiques ou météorologiques des tremble-
ments de terre cet argument fantaisiste et suranné
que des phénomènes extérieurs à l'écorce pour-
raient suffire sinon à produire effectivement des
secousses du sol, du moins à les déclancher quand
180 LA SISMOLOGIE MODERNE
elles sont prêtes à se produire en conséquence du
développement progressif et normal de leurs
causes endogènes propres. Bref, la théorie de la
soutte d'eau qui fait déborder le vase a fait son
temps après avoir trop longtemps régné et égaré
tant de travailleurs. Ce sera sans doute plus tard
un motif de profond étonnement que de voir avec
quelle obstination on a voulu aller chercher les _
causes des tremblements de terre en dehors du
milieu où 1ls se produisent, l'écorce terrestre.
Toute étude sur ces causes devra satisfaire à
cette condition fondamentale d'en expliquer la
répartition géographique, et cette exigence nous
permet d'écarter toute origine qui dépendrait
directement de l'existence d’un milieu souterrain
général tel que le fameux feu central. Nous ne
perdrons donc pas de temps à examiner les théo-
ries sismiques basées par exemple sur des explo-
sions des gaz du magma interne, parce qu'en outre
elles invoquent des faits inaccessibles à l'observa-
tion.
C'est en partant de ces idées rationnelles que
les sismologues modernes, les Suess, les Toula,
les Hoernes, les Hobbs et d’autres encore ont
provisoirement classé les séismes en tremblements
de terre volcaniques et tremblements de terre tecto-
niques. Nous allons les passer successivement en
revue et exposer succinctement ce que l'observa-
tion nous apprend sur chacun d'eux.
- < < Fe . À | 7
SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 4181
… 1lest tout naturel de penser que, tant à la surface
de la terre qu'au sein des couches sous-jacentes,
des éboulements ou des effondrements, tels qu'on
en observe fréquemment en beaucoup de pays,
sont accompagnés de tremblements de terre qui
en seraient la conséquence directe. Que prouve à
cet égard l'expérience des faits?
En ce qui concerne les éboulements de pentes
de montagnes préalablement sapées par les pluies,
phénomène puissamment favorisé par la présence
de couches argileuses inclinées et toujours prêtes
à glisser sous l'influence de leur propre poids, on
a très souvent observé que de semblables accidents
peuvent se preduire sans le moindre tremblement
de terre, même quand il s’agit de masses considé-
rables mises en mouvement. Ainsi, le 2 septem-
bre 1806, une partie du Rossberg (canton de
Schwytz) s'éboulait brusquement et ensevelissait
sous un énorme amas de 15 millions de mètres
cubes de débris les villages de Busigen et de
Goldau avec un millier de leurs habitants, sans
que des témoins oculaires échappés au désastre
aient ressenti la moindre secousse sismique, et l’on
pourrait multiplier à l'infini des faits de ce genre.
On peut citer aussi bien des pays tels que la
Bolivie orientale et le Chili méridional où les
tremblements de terre sont à peu près inconnus
malgré la fréquence et la grandeur de semblables
éboulements provoqués par d’excessives précipi-
182 LA SISMOLOGIE MODERNE
tations atmosphériques. Les frane des Apennins,
comme s'y appellent ces phénomènes, n'ont jamais
passé pour causer des tremblements de terre.
À une époque où l'attention était vivement
attirée chez les habitants des vallées subhima-
layennes sur les violentes et nombreuses répliques
du désastre de Kangra du # avril 1905, on put
observer de nombreux et considérables éboule-
lements de masses de terre et de neige, qui trans-
formaient les fonds de vallées, mais se présen-
tèrent sans exception comme conséquence de ces
secousses. On doit donc admettre que le cas
inverse de tremblements de terre produits par des
éboulements est extrêmement rare,+si toutefois il
en existe, et, en fait, nous n'en connaissons aucun
exemple authentique. Peut-être pourrait-on se
laisser impressionner par les relations classiques
de la célèbre catastrophe de Villach, en Carinthie,
du 25 janvier 1548, causée par un violent trem-
blement de terre et l'éboulement consécutif du
mont Dobratsch. Mais il suffit de lire attentivement
les chroniques contemporaines, patiemment réu-
nies et exhumées par Hann et de Radics, pour se
convaincre que l’éboulement a été la conséquence
du tremblement de terre, loin d’être causé par lui.
Il faut donc considérer cette cause de tremble-
ments de terre comme exceptionnelle, peut-être
simplement parce que les couches superficielles
des fonds de vallées ou du pied des pentes monta-
_ SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 183
sneuses sont trop incohérentes pour se mettre en
état de vibration élastique à l’arrivée de ces maté-
riaux, quelque considérables que soient leur
masse et leur force vive.
On sait combien de pays ont leur topographie
entièrement faconnée par l'action des eaux sou-
terraines qui ramènent au jour, molécule à molé-
cule, les éléments des couches calcaires au sein
desquelles elles circulent en profitant de leurs
cassures ou diaclases. À Ja longue, il s'y pro-
duit de nombreux vides dont les voùtes finis-
sent par s'effondrer en laissant à la surface des
témoins irrécusables par de caractéristiques dépres-
sions : les avens des Causses, les bétoires de Nor-
mandie, les dolines de la Carniole et de l'Istrie,
les catavothres des pays grecs, les cenotes du
Yucatan, etc., cette longue liste, et on pourrait
la prolonger, montrant à elle seule la fréquence
du phénomène. Ces accidents constituent les
paysages karstiques particuliers aux régions cal-
caires et disséminés en un grand nombre de
points de la surface du globe. Ces effondrements
peuvent avoir comme conséquence de légers trem-
blements de terre locaux, cela n'est pas douteux,
et Doss a démontré la réalité de cette cause de
tremblements de terre pour les provinces baltiques
autour du golfe de Riga, tandis qu Agamennone
leur a attribué certaines séries de secousses de la
Campagne Romaine. Mais, par contre, combien de
184 LA SISMOLOGIE MODERNE
pays karstiques ne sont-ils pas tout à fait asis-
miques, comme les Causses et le Yucatan? Il faut
donc admettre qu'un sous-sol de ce genre n'est
exposé aux tremblements de terre d'effondrement
que si quelque autre cause adjuvante intervient,
des influences tectoniques par exemple, comme
cela paraît être le cas pour tout le bassin oriental
et la Méditerranée, de la Carniole à lorient.
L'exploitation des mines n’est pas sans causer de
légers tremblements de terre superficiels à la suite
d'éboulements d'anciennes galeries abandonnées,
le plus souvent par suite de la vétusté de leurs
étais. On notera cependant que les études très
consciencieuses de Jicinski paraissent établir que
des travaux de mines ne s’ensuivraient que des
affaissements lents et sans secousses. Cette obser-
vation est trop absolue, mais en tout cas montre
le peu d'importance réelle de ces phénomènes
sismiques.
Il résulte de toutes ces observations que ces
phénomènes tant superliciels que souterrains ne
constituent que des causes très accessoires et
particulières de tremblements de terre faibles et
locaux, puisque les régions à éboulements et les
régions karstiques à effondrements souterrains ne
sont ni toutes instables, ni toutes situées dans des
régions sismiques, et cette simple remarque suffit à
enlever toute rmportance à cette classe de séismes. -
Il ne faut d'ailleurs pas les confondre, comme on
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SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 18%
l'a souvent fait, avec les tremblements de terre qui
accompagnent les grands affaissements ou effon-
drements d'origine tectonique.
De temps immémorial, on considère vulgaire-
ment les volcans et les tremblements de terre
comme si bien liés entre eux qu'évoquer les uns
suffit à faire penser aux autres. Mais les arguments
dont on étaie cette connexité, quand toutefois on
veut bien en fournir, sont assez pauvres, c'est-à-
dire qu'on se préoccupe peu de les confronter avec
les faits. C’est ce que nous allons faire en rappelant
que, dans un chapitre précédent, il a été établi que
les deux phénomènes n'ayant pas à la surface du
globe une même répartition géographique, une
_ étroite dépendance mutelle ne saurait être désor-
mais soutenue, sans pourtant que l’on puisse aller
jusqu à nier toute parenté ou communauté de cause
générale entre les uns et les autres. Mais cette
dernière question est hors de notre sujet.
Les régions où les tremblements de terre se
présentent avec le plus d’ampleur ne sont pas celles
où l’activité volcanique montre le plus de fréquence
et d'intensité. Ainsi l'instabilité de la Dalmatie est
extrème, loin de toute manifestation volcanique,
tandis que les gigantesques éruptions de l'Islande
se produisent à grande distance de la petite région
sismique de sa côte méridionale. Le centre du
Chili est célèbre par ses catastrophes sismiques et
cependant l’activité éruptive actuelle ne s’y montre
186 LA SISMOLOGIE MODERNE
qu'au sud, là où les tremblements de terre sont
peu redoutables. Des exemples de ce genre pour-
raient être multipliés à l'infini.
La terrible explosion de la Montagne Pelée du
8 mai 1902 à rasé Saint-Pierre de la Martinique
sans la plus petite secousse du sol, et il en a été
de même de celle du 26-27 août 1883 qui a fait
sauter une partie de l'ile de Krakatoa dans le
détroit de la Sonde. Dans l'opinion générale, ces
faits n’en sont, dit-on, que plus probants en faveur
de la dépendance mutuelle entre les volcans et les
tremblements de terre, les montagnes ignivomes
jouant le rôle de soupapes de sûreté. C'est là une
manière de raisonner par trop facile en faveur de
la thèse et qui, malgré la vogue dont elle jouit, ne
résiste pas à l'examen et peut être mise en parak
lèle avec cet argument si souvent répété qui fait
du tremblement de terre de la Campanie de l'an 63
le direct avant-coureur de l’éruption du Vésuve
en 79, où Pline l'Ancien a trouvé une mort.
célèbre. De semblables raisons ne constituent vrai-
ment pas des arguments probants.
- La sismologie moderne à mis fin au débat depuis
que l'on a, par de longues séries d'observations
sismographiques, montré qu'aux îles Samoa les
tremblements de terre sont tout à fait imdépen-
dants, dans le temps comme dans l'espace, des
éruptions de cet archipel très instable, et il en est
de même depuis les travaux de Riced quant à
À, +
TL TT AE
SÉISMES D'ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 187
l'indépendance des tremblements de terre de la
Calabre et du détroit de Messine par rapport aux
hénomènes d'activité des volcans Voisins, Etna,
P
_ Stromboli et Vulcano.
La théorie volcanique des tremblements de terre
a donc fait son temps parce qu'elle n était point
basée sur l'observation des faits: elle n’est même
plus envisagée dans les cercles compétents, géolo-
giques et sismologiques.
Ce n'est pas à dire pour cela que des éruptions
ne puissent être annoncées, préparées, accom-
pagnées et suivies par des tremblements de terre;
seulement, quand ils se produisent, ils sont de
faible extension et rarement de grande intensité. En
aucune facon ces secousses volcaniques ne sont
comparables aux tremblements de terre tectoniques
et, par exemple, à l'Etna elles ne parviennent
presque jamais à se faire sentir jusqu à la péri-
phérie de l'immense cône. Peut-être représentent-
elles parfois des éruptions avortées ; ainsi le trem-
blement de terre du 28 juillet 1883, qui fut destruc-
teur à Casamicciola, ne se fit pas même sentir à
Naples, et on l’a considéré comme dû à l’'Epomeo,
volcan en parfait repos depuis son éruption de 1302.
. Les événements sismiques et volcaniques qui se
Le déroulés à la fin de 1879 et au commencement
de 1880 au lac d'Ilopango, dans la petite république
de San Salvador, célèbre par les quatorze tremble-
ments de terre qui l'ont ravagée depuis l'arrivée
188 LA SISMOLOGIE MODERNE
des Espagnols au début du xvi° siècle, sont de
beaucoup parmi ceux que l’on pourrait citer du
même genre, ceux qui mettent le mieux en lumière
une différence essentielle entre les secousses d'ori-
gine volcanique et celles de plus grande envergure
que nous étudierons plus loin sous la dénomina-
tion de tectoniques.
Comme dans beaucoup de régions de l'Amé-
rique riveraines du Pacifique, et malgré les diffé-
rences de détail que comporte ce genre de consti-
tution géographique, le Salvador s'étend sur une
cordillère côtière séparée de la véritable arête
continentale par des dépressions longitudinales
parallèles à la côte. Cette cordillère est analogue
aux Coast Ranges de la Californie, sauf qu'elle est
surmontée de nombreux cônes volcaniques actifs
ou éteints, de sorte que ce pays souffre autant des
éruptions que des tremblements de terre. Non loin
de la capitale et au sein même de l'alignement
volcanique, les rares voyageurs qui s'aventurent
dans ces régions peuvent y admirer la belle nappe
d'eau presque circulaire du lac d'Ilopango, d'une
dizaine de kilomètres de diamètre, qui, ouvert
comme à l'emporte-pièce et entouré de falaises
abruptes, s'étend au pied des crêtes environ-
nantes. Sa formation ne s'explique guère autre-
ment que par une gigantesque explosion volea-
nique, mais quel que soit l'avenir destiné à cette
hypothèse provisoire, le lac présentait avant les
SÉISMES D ÉBOULEMENT ET SÉISMES VOLCANIQUES 14189
événements de 1879-1880 des profondeurs con-
sidérables dépassant 300 mètres. Soudain, le
20 décembre 1879, les habitants du voisinage
étaient alarmés par d'incessants grondements entre-
mêlés de nombreuses secousses de tremblements de
terre sensibles seulement à très peu de distance du
lac. Une seule, le 31, causa quelques dommages
dans les villages les plus rapprochés, mais sans
avoir pour cela une plus grande extension. Dans
les premiers jours de janvier 1880, et ces phéno-
mènes continuant de la même alarmante facon, le
niveau des eaux se mit à monter progressivement,
elles finirent par s’engouffrer dans un étroit ravin
qui, rapidement approfondi, en évacua le trop-plemm
à la mer en ravageant tout sur son passage. On put
évaluer à plus de six cents millions de mètres
cubes le volume d’eau ainsi évacué. Peu après une
immense colonne de fumée et de flammes s élançait
du milieu du lac, d’où émergeait un ilot d'une
quarantaine de mètres de hauteur. La montée des
eaux était évidemment due à la formation d'un
cône volcanique dont la hauteur au-dessus de
l'ancien fond, alors relevé d'une centaine de mètres,
_ n'était pas moindre de 350 mètres. Enfin les phéno-
mènes sismiques et volcaniques s'apaisèrent peu
à peu et disparurent complètement quelques mois
plus tard. Mais, dans l'intervalle, le 23 février,
s'était fait sentir une secousse, beaucoup plus
légère que celle du 31 décembre, et cependant on
Le
:
on #
190 LA SISMOLOGIE MODERNE
l'avait observée dans tout le Salvador et jusque
dans le Honduras. Évidemment elle ne rentrait pas
dans la série des secousses dues à l’éruption, et la
distinction entre les deux espèces de tremblements
de terre ne saurait être contestée. La secousse du
31 décembre a donc présenté des circonstances
absolument identiques à celle de Casamicciola du
28 juillet 1883 dont nous avons parlé plus haut.
L'opinion actuelle dominante chez les vulcano-
logues est que des tremblements de terre locaux
annoncent les grandes éruptions de laves fluides
lorsqu'elles sont préparées par la sortie préalable
de masses de gaz et de vapeur d’eau.
Il est très digne d'attention que les grandes
éruptions du Vésuve ne mettent en mouvement
que les sismographes de l'Italie centrale, tandis …
qu'une explosion d’un magasin à poudre de
Besançon a fait fonctionner ceux de toute l’Europe
centrale. Il y a donc entre les explosions artificielles
et les explosions volcaniques une différence essen-
tielle dont la nature nous échappe encore, mais
suffit à infirmer l'assimilation que l’on a souvent
faite entre les deux sortes de phénomènes.
De tout cela résulte que les tremblements de
terre volcaniques jouent un rôle tout aussi effacé
et secondaire que les tremblements de terre
d'éboulement. Les uns et les autres le cèdent de
beaucoup en importance à ceux d’origine tecto-
nique dont nous allons nous occuper maintenant.
CHAPITRE XVI
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES
On est très légitimement fondé à penser que les
grands accidents du relief terrestre, fractures,
failles, plissements, affaissements et autres, n’ont
pu se produire qu'avec accompagnement de vio-
lents soubresauts de l'écorce terrestre ou de trem-
blements de terre, et c'est bien ce que l'obser-
vation nous apprend depuis que l'attention des
sismologues et des géologues s’est portée sur les
brusques modifications de relief survenues devant
nos yeux au moment même de grands séismes.
Ces accidents géologiques sont appelés tectoniques
parce qu'ils affectent l'architecture ou pour mieux
dire la charpente de l'écorce, et nous allons passer
en revue les principaux d'entre eux et examiner
dans quelles circonstances on les a vus se mettre
en mouvement ou prendre naissance au moment
des tremblements de terre, auxquels on est en
192 LA SISMOLOGIE MODERNE
droit d'appliquer par conséquent ce mème quali-
ficatif de tectoniques.
Le cas le plus simple est celui d'un tremblement
de terre ayant accompagné une rupture de la sur-
face sans dénivellation de ses lèvres, c'est-à-dire
sans formation de faille. Nous citerons celui de la
Nouvelle-Zélande du 18 octobre 1848: la fente
du sol put être reconnue sur 60 milles de long à
partir de la baie des Nuages et elle se dirigeait
vers la chaine du sud-ouest qui forme l’ossature
des îles. Ce cas a été rarement observé parce que
sans doute l'absence de rejet en rend plus malaisée
l'observation sur le terrain.
Les tremblements de terre avec fracture et déni-
vellation simultanées ont été observés plus
fréquemment et les exemples en sont assez nom-
breux dans l'histoire sismologique de ces cein-
quante dernières années. Nous nous contenterons
_d’en relater deux. Le 28 octobre 1891, au tremble-
ment de terre désastreux du Japon central, une
faille s’ouvrit dans la vallée de Neo: elle put être
suivie sur une distance de 160 kilomètres et son
rejet dépassait 20 mètres par endroits. Le
26 mars 1872, un événement du même genre se
produisit au pied de la Sierra Nevada de Cali-
fornie et modifiait rrofondément la topographie
de l'Owen’s Valley; si le pays eût été habité à cette
époque, le tremblement de terre aurait été certai-
nement désastreux et maintenant la dislocation
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TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES _ 193
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136° 137°
Fig. 43. — La grande fracture de la vallée de Neo produite par le
tremblement de terre du Mino et de l'Owari du 98 octobre 1891.
reste reconnaissable par un ressaut du fond de la
vallée au pied des pentes de la Sierra.
SISMOLOGIE MODERNE, 13
194 LA SISMOLOGIE MODERNE
Il arrive, et c'est encore plus commun, que des
failles déjà existantes rejouent au moment d'un
tremblement de terre, et notre Géographie séismo-
logique en rapporte un si grand nombre d'exemples
que ce processus sismogénique doit être considéré
comme normal. Le fait devient évident si la pre-
mière isoséiste du tremblement de terre suit de
près et de chaque côté une faille connue, sans
qu'il soit nécessaire d'observer des effets sur le sol
le long de l'accident géologique en question. Il y
aura eu mouvement sismique tout le long, mais
sans modification observable ou effective du rejet.
L'aire d'intensité maxima présente une forme
allongée caractéristique de ce genre de tremble-
ments de terre et il y a tendance à leur répétition
à des intervalles plus ou moins éloignés dans des
conditions identiques, sauf que la région épicen-
trale émigre le long de la dislocation. Rien de
plus suggestif à ce point de vue que les tremble-
ments de terre de Chémakha, dont les épicentres
successifs sont restés alignés sur une grande frac-
ture oblique par rapport à la chaîne du Caucase.
Mais inversement, de la forme allongée de la
première isoséiste ou de la région dévastée, con-
clure que le tremblement de terre résulte d'un
mouvement de faille n’est légitime que si la faille :
est préalablement connue, et l'on est souvent
tombé dans cet abus intolérable d'affirmer l'exis-
tence de semblables accidents à rôle sismogénique
DD
77 7 7
77
Sismologie moderne. — PI. XI.
(P. 194-419
2
)
ar le tremblement de terre —
»
causée p
Fracture parallèle au Showai-Gawa
après Kotô).
Lobre 4891 (d'
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du Japon central du 28 ot
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 195
supposé pour rendre compte de certains tremble-
_ ments de terre, imprudence qui n'a pas manqué de
jeter quelque discrédit immérité sur la théorie
tectonique.
Les blocs terrestres séparés par une faille qui
45°
|
01828 L902
“& Saguiane
Fig. 45. — Principaux tremblements de terre de Chémakha
(d'après Weber).
vient de jouer sous forme de tremblement de terre
peuvent se comporter de diverses manières quant
au mouvement relatif qu'ils prennent l'un par
rapport à l’autre et à leur position finale après
l'événement. Le rejet peut être augmenté et l’un
des compartiments basculer; ce fut le cas du
séisme néo-zélandais du 23 janvier 1855. Au
tremblement de terre de San Francisco du
18 avril 1906, une faille préexistante de la cordil-
196 LA SISMOLOGIE MODERNE
lère côtière a vu rajeunir son rejet d'une hauteur
qui atteignit 20 pieds en certains points, mais
en outre elle a été le siège d'un mouvement de
coulissage de l’une de ses lèvres par rapport à
l’autre sur une distance de plus de 300 kilomè-
tres.
On sait le rôle fondamental que ces dislocations
jouent à la surface terrestre pour déterminer les
lignes de relief de sa topographie et on a pu la
comparer à une véritable marqueterie suivant
l'expression lapidaire employée par Albert de
Lapparent. Le réseau de ces fractures est souvent
très compliqué, mais les cas simples ne manquent
pas non plus, et, alors, au moment d'un trem-
blement de terre, il se produit un déplacement
relatif facilement analysable sur le terrain. Dans
le Japon central, la chaine de Mahiru est com-
prise entre deux dislocations parallèles, les failles
de Kawafune et de Senya, longues respectivement
de 70 et de 50 kilomètres. Le 31 août 1896, un
violent tremblement de terre ébranlait la province
de Shonaï, et Yamasaki put constater que le bloc
montagneux avait pris, relativement aux plaines
environnantes, un mouvement d'ensemble ana-
logue à celui qui, à une époque géologique anté-
rieure, a donné naissance à la chaîne, soit en l'éle-
vant entre les failles, soit en abaissant les plaines
de part et d'autre des dislocations. On connait un
grand nombre de chaînes ainsi disposées et les
Fig. 46. — Coulissage d'une faille indiqué par l'ouverture
et le déplacement d'une clôture.
Tremblement de terre de San-Francisco du 1$S avril 1906.
Sismologie moderne. — PI. XII. (P. 196-197).
ren parents
ne.
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 197
tremblements de terre qui résultent de tels mou-
vements sont fréquents.
Inversement, de grandes vallées à large fond
} EPy ÉSRAETTE
LPESLOCOLIDTRS
A ————
—--—- Aires plästoseistes
Fig. 47. — Isoséistes du tremblement de terre du 31 août 1896 dans
le Honshu septentrional (d'après Yamasaki).
plat ont été formées par l’affaissement d’un bloc
linéaire entre des failles parallèles, ainsi par
exemple celle du Rhin entre les Vosges et la Forêt
Noire; ces dépressions sont nommées en alle-
mand Graben, et les efforts auxquels elles doivent
naissance se continuent sous forme de tremble-
198 LA SISMOLOGIE MODERNE
ments de terre dont les isoséistes sont allongées
parallèlement à l’axe ou au thalweg.
On a dù attribuer à cette origine plusieurs des
tremblements de terre de la vallée du Rhin entre
Strasbourg et Bâle. D’autres fois, au contraire, ce
sont les blocs latéraux qui s’ébranlent et ce fut le
cas de la Forêt Noire le 24 janvier 1880.
En Islande, le sous-sol du bas pays compris
entre Reykjavik et l'Hécla est découpé en plusieurs
compartiments triangulaires par des failles mas-
quées par un épais manteau de laves superficielles.
En septembre et octobre 1896, cette région a été
secouée par plusieurs tremblements de terre
violents, et Thoroddsen a pu, dans une étude très
intéressante, démontrer que ces blocs s'étaient
séparément et successivement ébranlés entre les
dislocations qui les délimitent. Ce genre de mou-
vement sismique parait être fréquent, mais peut-
être Hobbs en a-t-1l exagéré l'importance en lui
attribuant un caractère de généralité qu'il ne pos-
sède pas; c'est ce qu'il appelle les efforts de réajus-
tement des compartiments terrestres entre leurs
_ failles. Quoi qu'il en soit, pour affirmer que des
compartiments se sont ébranlés ainsi en bloc, il
faut s’en rapporter aux eflets matériels du trem-
blement de terre et ne pas se contenter d'une
prétendue simultanéité des instants auxquels il se
serait fait sentir sur toute la surface du comparti-
ment, la détermination de cet élément comportant
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 199
de nombreuses causes d'erreur, ainsi qu'on a eu
l'occasion de le faire remarquer. |
À ce genre de tremblements de terre dont le
VU 122
AY, e-
y
CID
WB
4 7
/
Fig. 48. — Compartiments de la marqueterie terrestre ébranlés en
Islande entre leurs dislocations-limites par les tremblements de terre
de septembre 1896 (d'après Thoroddsen).
foyer est pour ainsi dire un volume plus ou moins
étendu, il faut rattacher ceux qui ont accompagné
de grands affaissements de la surlace terrestre.
Un des plus remarquables a été celui du
16 juin 1819 dans la plaine basse et désertique du
delta de l’Indus, ou Rann de Katch. Des travaux
considérables y avaient été exécutés depuis long-
temps pour canaliser les eaux du fleuve et les
. faire servir à l’agriculture, lorsqu'à la date indi-
200 LA SISMOLOGIE MODERNE
quée un violent tremblement de terre les rompit
et permit aux eaux d'inonder une immense sur-
face limitée vers le nord par une sorte de digue
formée au moment du désastre et à laquelle on
donna dès lors le nom d'Allah Bund, ou « digue
de Dieu », en raison même de la soudaineté de
cet étrange événement De nombreux explorateurs
reconnurent plus tard qu'il ne s'agissait point
d’une levée de terre mystérieusement édifiée, mais
bien d’un long ressaut linéaire de la surface ter-
restre. Au sud, tout le Rann s'était affaissé, tandis
qu'au nord, à l'opposé de l'embouchure, le com-
partiment terrestre était resté en place, une frac-
ture de 16 pieds de haut les séparant. Ce phé-
nomène fut accompagné d’abondantes éjections
d’eaux souterraines.
Ilne fait donc pas doute que les tremblements
de terre et les mouvements dans les failles ne
soient en étroite dépendance, l’un des phénomènes
causant l’autre. On a avancé contre la généralité
de ce processus cet argument qu'à notre époque et
au moment d'un ébranlement du sol, on na
jamais vu dépasser de plus de quelques mètres
soit le rejet d’une faille nouvelle, soit l'augmenta-
tion du rejet d'une dislocation déjà existante et
l’on met en parallèle ces faibles chiffres avec les
dénivellations de mille mètres et plus qui caracté-
risent certaines dislocations anciennes. L'objection
est facile à lever. Il n’est pas prouvé, en effet, que
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 201
ces gigantesques cassures se soient ouvertes autre-
fois d’un seul coup; les temps géologiques sont si
longs par rapport aux quelques millénaires écoulés
depuis que l’homme habite la Terre, que peut-être
il na pu lui être donné d'être le témoin de
beaucoup de semblables cataclysmes, et des géo-
logues dont l'opinion fait autorité pensent que le
morcellement des terres grecques et l’efflondre-
ment de la mer Égée appartiennent aux temps
préhistoriques, auquel cas l’homme aurait pu
observer ces événements et en être victime. Enfin.
certains de ces accidents ont été à notre époque
même le siège de tremblements de terre, preuve
qu'ils n'ont pas encore perdu toute mobilité.
C'est le cas d’une faille, d’ailleurs très ancienne,
qui accidente la côte nord-ouest du pays de Galles
et a été, le 19 juin 1905, le théâtre de secousses.
Son rejet atteint 4 000 et 5 000 mètres.
D'une façon générale, les filons et les dykes
résultent du remplissage de fentes de l'écorce
terrestre par des matières venues d'en bas, grâce
sans doute à la pression des couches supérieures
qui les a forcées à s'élever. Cette pression a pu
être assez grande pour que les fentes se soient
élargies, de sorte qu'il n’est pas évident qu'il y
ait eu effort de disjonction ou de séparation
entre les lèvres de la fente. Il en esttout autrement
quand le remplissage ultérieur a eu lieu de haut
en bas par des matières sédimentaires, parexemple,
202 LA SISMOLOGIE MODERNE 7%
et on à rencontré un grand nombre d'exemples de
ce genre auxquels Pavlov a donné le nom très
heureusement trouvé de #/remblements de terre
fossiles. |
La réalité de ces tremblements de terre de dis-
jonction a pu être prise sur le fait à plusieurs
reprises, en particulier le 20 décembre 1892 au
grand séisme d'Old Chaman (Béloutchistan). Il
s’est alors réouvert une longue faille qu’on a pu
reconnaitre sur 180 kilomètres de distance et qui,
traversant indifféremment montagnes et vallées,
est par endroits assez large pour servir de route:
elle a l'aspect d'une tranchée de chemins de fer et,
comme dit Suess, il faut y voir une ligne de dis-
jonction contemporaine.
Ce genre d'accidents n'est pas très commun et,
en ce qui concerne notre sujet, nous rappellerons
que le lac Baïkal est un des plus remarquables de
ceux que l’on connaisse; précisément c'est une
région sismique tout à fait exceptionnelle, puis-
qu'elle se trouve en dehors des zones circulaires
d'instabilité maxima. Il ne serait done pas impos-
sible que les tremblements de terre qui agitent la
région soient dus aux efforts de disjonction qui
ont donné naissance à cette étrange fosse dont le
fond descend à près de 1 500 mètres au-dessous du
niveau de la mer. On a cependant attribué cel
du 23 janvier 1862 à un affaissement de la partie
basse du bassin de la Sélenga, qui se jette dans
N 3 TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 203
Fi
le lac; c’est là certainement une erreur et l’origine
que nous venons de suggérer est sans doute blu
probable.
Des actions tectoniques auxquelles sont de les
chaînes de montagnes, il en reste deux dont le
rôle sismogénique est très vraisemblable, théori-
quement certain même; nous voulons parler des
plissements et des charriages. Mais comme ce sont
phénomènes nés en profondeur, il y a peu d'espoir
que l'observation puisse souvent démontrer sur
le terrain que des tremblements de terre recon-
naissent cette origine. On est donc seulement
autorisé à penser quils interviennent dans la
production de certains séismes, peut-être ceux
dont aucun effet sur le sol n'a pu être constaté;
simple conjecture. On sait que le bassin houiller
franco-belge est caractérisé par un gigantesque
charriage des couches, appelé la faille du midi, et
des géologues attribuent à un reste de mobilité de
cette dislocation les quelques secousses qui ébran-
lent faiblement la région.
La terre est une masse de température très
élevée; on le sait par les sondages profonds. Elle
doit donc se refroidir avec le temps, sinon la
conservation de sa chaleur interne nécessiterait
une hypothèse soustraite à toute vérification expé-
rimentale; on ny a du reste pas manqué et la
découverte des curieuses propriétés du radium à
fourni un argument dans ce sens. Or toute masse
204 LA SISMOLOGIE MODERNE
qui se refroidit se contracte et précisément les:
plissements de l'écorce terrestre et les surrections
de chaines de montagnes démontrent que la
circonférence terrestre n’a pas laissé que de dimi-
nuer d'un nombre notable de kilomètres. On
calcule par exemple que les plissements du Jura
correspondent à une diminution de 8 kilomètres
du périmètre et Heim a évalué à 120 kilomètres
le raccourcissement dù à la surrection des Alpes.
Mais que le refroidissement séculaire soit ou non
la cause de ces plissements, il n’en reste pas moins
que ceux-cine peuvent s'expliquer que par des
efforts horizontaux, sur la réalité desquels repose
toute la géologie. Combien ne serait-il pas désira-
ble de pouvoir observer directement ces efforts
de compression? Et c'est ce que certains tremble-
ments de terre vont nous permettre de prouver.
Depuis longtemps, on sait que certaines roches,
une fois sorties des carrières d'où on les extrait, se.
dilatent notablement et l'exemple le plus connu est
celui des gneiss de Monson (Massachusetts). On y
observe la formation de rides saillantes qu'on à
comparées à des anticlinaux en miniature et dont
la direction est en rapport avec la position strati-
sraphique des couches exploitées. En 1879, il est
arrivé qu'un de ces blocs a éclaté et lancé dans
l'air un fragment de 30 pieds de diamètre et d'un
pied d'épaisseur, qui s’est brisé en mille morceaux
en retombant sur le sol. D'autres fois, des ouvriers
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 205 .
ont été grièvement blessés. En tout cas, les blocs
ne pourraient plus rentrer dans les vides dont ils
ont été extraits. Cela s'explique bien en supposant
que la roche en place est violemment comprimée
par des efforts latéraux, dont l'existence est ainsi
constatée.
Dans de nombreuses mines, surtout d'Allemagne
et d'Angleterre, les mineurs ont donné des noms
particuliers à certains phénomènes tels que des
bruits qui précèdentsouvent de véritables tremble-
ments de terre ressentis à la surface avec tous les
caractères classiques jusque et y compris les
secousses consécutives. Îls ne sont d’ailleurs jamais
de très grande intensité n1 de très grande exten-
sion. D'autres fois, les couches exploitées éclatent,
et leurs débris, lancés avec force, blessent ou tuent
des ouvriers: Les boisages des galeries sont tordus,
brisés, écrasés. Les mêmes faits ont été observés,
_ dans des travaux de percement de tunnels et tous
sans exceptions manifestent clairement l'existence
de puissants efforts de compression latérale qui sont :
pour ainsi dire mis en liberté par l'exploitation des
mines, l'ouverture de galeries et de tunnels et.
l'extraction, pour faire intervenir la compression
vérticale qui résulterait du poids des couches sus-
* Jacentes, parce que ces phénomènes se produisent
bien plus souvent aux murs qu'aux toits de
galeries, c'est-à-dire en bas et non en haut.
Rzehak a soigneusement étudié tous ces -faits en
206 | LA SISMOLOGIE MODERNE
détail et n'a pas hésité à dire qu'il avait ainsi
surpris en flagrant délit le démon des tremble-
ments de terre. La théorie tectonique des séismes
rencontre donc là une confirmation expérimentale
à laquelle on était loin de s'attendre et qui est
d'autant plus probante que ces phénomènes se
produisent dans tous les terrains, indépendamment
de leur âge et de leur constitution.
Ces petits séismes sont artificiels en ce sens
seulement que l'exploitation des mines permet de
manifester extérieurement le dégagement des efforts
_tectoniques latents. À Marseille, on enregistre ceux
des mines de charbon de Gréasque et de Cadohve,
situées à 17 kilomètres, et ces secousses se distin-
guent facilement par leur forme et la période de
leurs vibrations.
Les faibles tremblements de terre dont il s'agit
sont donc dus à ce que les travaux de mines ont
permis aux efforts tectoniques de compression
latérale de se résoudre en ébranlements du sol,
mais ces mêmes efforts ont été souvent mis en
lumière à l’occasion de grands tremblements de
terre à la suite desquels on a observé des ellets de
raccourcissement de voies ferrées; les rails sont
tordus et les voies prennent une forme ondulée
caractéristique, seulement explicable par une
réduction de la circonférence terrestre, puisqu'on
n’observe aucune séparation entre les abouts des
rails. Au tremblement de terre du Béloutchistan
Fig. 49. — Raccourcissement de voie ferrée
causé par le tremblement de terre de San-Francisco
du 18 avril 1906.
Sismologie moderne. — PI. XIIT. (
-
k TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 207
HS cité du 20 décembre 1892, ce raccourcisse-
ment atteignit trois quarts de mètres sl un
ensemble de cinq paires de rails.
On a interprété dans le même sens un grand
nombre d'observations dans lesquelles on a vu
des culées de ponts se rapprocher les unes des
——— — Fissure sur L'ancienne faille
Fig. 50. — Distorsion de la voie ferrée d'Old Chaman lors du tremble-
ment de terre du Béloutchistan du 20 décembre 1892.
autres; mais la présence du vide formé par le
fleuve donne prise à une objection grave, de sorte
que ce genre de dommages ne peut être mis en
paralièle avec le raccourcissement des voies ferrées
quant à la démonstration expérimentale de la con-
traction de l'écorce terrestre au moment de cer-
tains tremblements de terre.
_ Toutes les observations qui précèdent montrent
qu au moment d'un grand tremblement de terre,
ou bien une dislocation prend naissance, ou bien,
si elle existait antérieurement, se remet en mou-
vement. Dans l’un et l’autre cas, elle peut être
208 LA SISMOLOGIE MODERNE
parallèle aux lignes de relief de la région, ou faire
avec elles un De plus ou moins grand; autre- *
ment dit elles sont longitudinales ou transversales.
Cette distinction s'applique tout naturellement aux
tremblements de terre correspondants et, comme
nous le verrons plus loin, elle est de la plus grande
importance quant au rôle que jouent les ébranle-
ments du sol relativement à l'évolution du relief
terrestre.
Parmi les tremblements de terre dont nous
avons eu l’occasion de parler antérieurement, celui
de San Francisco du 18 avril 1906 est un de ceux
dont le caractère longitudinal est le plus marqué;
la faille San Andrès-Portolà, qui a rejoué sur plus
de 300 km., est, en effet, parallèle au pied du pro-
fond talus sous-marin du Pacifique, au littoral, à
la cordillère côtière plissée, aux baies allongées de
Tomales et de San Francisco, aux vallées des
fleuves Salinas, San Joaquin et Sacramento, à la
Sierra Nevada et même à la faille de l'Owens
Valley ouverte au tremblement de terre du 26 mars
1872. Cette faille San Andrès-Portolà avait déjà
rejoué, mais à un moindre degré, au tremble-
ment de terre du 21 octobre 1868, et, fait extrè-
mement intéressant, elle se prolonge vers l'est
sud-est par une autre faille tout aussi longue
pour aller se perdre dans les solitudes du désert
Mohave qui fut le siège d'intenses mouvements
au tremblement de terre de Fort Tejon du 8 jan-
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Fig. 53. — Carte sismique de la Basse-Autriche (d'après Suess). ÿ
vier 1857. Les grands séismes californiens sont
don c essentiellement longitudinaux et ils partagent
,
SISMOLOGIE MODERNE, 14
210 LA SISMOLOGIE MODERNE
ce caractère avec ceux du Shonaïi par rapport à
la chaîne de Mahiru et ceux du graben rhénan
relativement aux Vosges et à la Forêt Noire.
Les tremblements de terre transversaux sont
aussi appelés tremblements de terre de décroche- -
ment. L'illustre Suess, qui a tant fait pour mettre
les séismes en relation avec les dislocations tecto-:
niques, a montré que ceux de l'Autriche prennent
naissance le long de la ligne de la Kamp, trans-
versale aux Alpes et qui, partant de Wiener-
Neustadt, franchit le Danube à l’ouest de Vienne
et va mourir au pied du talus du massif bohémien
très stable. Ces secousses sont donc transversales
aux Alpes Orientales. |
On sait que l’Adriatique est une étroite aire
d'affaissement entre la Dalmatie et l'Italie; perpen-
diculaire à la chaîne des Alpes Orientales, cette
aire se prolonge sur la terre ferme jusqu au pied
de la chaine et les tremblements de terre qui
agitent la région non seulement sont transversaux,
mais doivent être qualifiés de séismes de l'effon-
drement périadriatique. Le désastre de Bellune du
29 juin 1873 s'étendait, en effet, sur une surface
allongée dont l'axe, transversal aux Alpes, allait
de Venise à Innsbruck, c'est-à-dire prolongeait
l'Adriatique. C’est dans ce sens seulement qu'on
peut parler de tremblement de terre d’effondre-
ment, ceux des pays karstiques dont on a parlé
précédemment ne jouant qu'un rôle insignifiant.
x
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 244
Le célèbre tremblement de terre de Lisbonne
du 1* novembre 1755 a étendu ses ravages du
Portugal au Maroc; il était donc transversal par
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Laibach
Fig. 54. — Homoséiste du tremblement de terre de Bellune
du 29 juin 1873 (d'après Hôüfer).
rapport aux chaines des Algarves, de la Bétique et
- de l'Atlas, c’est-à-dire à la zone des plissements
alpins de la Méditerranée occidentale ouverte
par le détroit de Gibraltar. Ces plissements se
“ii See LA SISMOLOGIE MODERNE
prolongeaient autrefois jusqu'aux Antilles avant
l'ouverture de l'Atlantique, événement relative-
ment récent comme l'ont démontré les géologues
modernes par une foule d'observations concor-
dantes et qui donnent raison aux vagues tradi-
tions de l'antiquité sur l'effondrement de la légen-
daire Atlantide. Ce grand tremblement de terre
était donc transversal et 1l représente un épisode
pour ainsi dire posthume du morcellement de
cette zone de plissements.
Le détroit de Cook, entre les deux îles princi-
pales de la Nouvelle-Zélande, résulte visiblement
d'un commencement de morcellement de la chaîne
occidentale qui en forme la charpente; il est donc
très vraisemblable que ces tremblements de terre
tectoniques du détroit, dont ceux du 18 octobre
1848 et du 23 janvier 1855 nous ont fourni d'in-
téressantes observations, continuent de nos jours
ce processus. On pourrait citer de nombreux
exemples de ce genre et peut-être que, plus près .
de nous, les secousses de la coupure du canal
Calédonien (Loch Ness), en Écosse, sont dans
ce Cas.
De'ces observations résulte que les tremble-
ments de terre transversaux, ou de décrochement,
jouent un rôle aussi considérable que les tremble-
ments de terre longitudinaux.
On pourrait maintenant établir une classification
des tremblements de terre tectoniques et, outre
TREMBLEMENTS DE TERRE TECTONIQUES 213
leur distinction en longitudinaux et transversaux,
parler de séismes de dislocation ou de fracture
et de faille, de contraction de l’écorce terrestre,
de tension ou de compression des roches, de dis-
jonction, de décrochement ou de morcellement,
d'affaissement et d'effondrement, de réajustement,
etc., mais ce serait peut-être prématuré, car nous
ionorons ce que nous réserve l'avenir des obser-
vations sismologiques sur le terrain et rien ne
prouve que l’on ne découvre de nouvelles rela-
tions entre les tremblements de terre et les divers
phénomènes géologiques qui ont donné à la sur-
face terrestre son relief et continuent à agir pour
le modifier sans cesse. Il n’en résulte pas moins
de l'observation que les tremblements de terre
importants sont d’origine tectonique, c'est-à-dire
résultent de mouvements au sein des couches ter-
restres et il nous reste maintenant à les com-
prendre dans une synthèse plus générale embras-
sant l'histoire géologique de la planète tout entière
et en particulier l'évolution ou la vie des chaînes
de montagnes depuis leur surrection jusqu’à leur
décrépitude. Ce sera l'objet du chapitre suivant.
QE
rt Wu
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CHAPITRE XVII
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE
ET TREMBLEMENTS DETERRE
La plus grande partie de la surface terrestre est
recouverte d'eau, ce qui pour un poète suffirait à
donner raison aux antiques conceptions brodées
sur le thème de la Terre sortie des eaux. Pour la
science positive ou d'observation cette circon-
stance est accessoire, car elle nécessite l'existence
de la masse océanique liquide et en même temps
celle de creux à envahir en laissant émergées les
parties les plus saillantes, La géologie ne nous
en apprend pas moins que les terres déposées au
fond des mers ont été relevées pour former le
quart de la surface terrestre accessible à nos
observations directes. C’est dans ce domaine res-
treint que nous pouvons étudier les tremblements
de terre, et nous allons essayer de voir comment
ils se comportent par rapport à l'évolution du
_
/
| ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 2145
relief de la planète. Déjà nous avons constaté que
ces ébranlements du sol non seulement sont
propres aux lignes saillantes, ou de corrugation,
considérées dans le sens le plus large, c'est-à-dire
en faisant abstraction des masses océaniques
liquides, mais encore se produisent en s'accompa-
gnant de dislocations et de mouvements au sein
des couches terrestres. Nous n'aurons donc de
claires lumières sur les causes des tremblements
de terre que si nous parvenons à les mettre en
relation avec le mode même de formation du relief,
autrement dit son évolution depuis les temps géo-
legiques les plus reculés.
Les terres émergées se partagent en zones mon-
tagneuses d'’altitudes variées et en régions à peu
près plates, dont le caractère de plus ou moins
srande uniformité s'allie cependant avec d'assez
notables différences de hauteur moyenne au-
dessus du niveau des océans. L'aspect extérieur
des pays de plaines ne constitue pas à lui seul
leur différenciation avec les montagnes, dont les
couches extrêmement disloquées contrastent avec
l'allure généralement plus tranquille de celles des
contrées basses. Dans les pays de montagnes, il
suffit de parcourir quelques kilomètres, parfois
même seulement quelques centaines de mètres,
pour rencontrer les terrains les plus disparates,
tandis que, très souvent, dans les régions plates,
on peut voyager des jours et des semaines, sans
216 LA SISMOLOGIE MODERNE
remarquer que la constitution du sous-sol varie
sensiblement. Cette diversité d'un côté et cette
uniformité de l'autre résultent de l'évolution
séologique différente de chacune de ces parties
de la surface terrestre et, puisque les tremble-
ments de terre sont, comme l'observation nous
l’a enseigné, des phénomènes propres au pays de
grand relief, c'est qu'ils sont en étroite relation .
avec cette évolution même. Nous sommes ainsi
amenés logiquement à exposer dans ses grandes
lignes le mode de formation des montagnes et des
plaines.
Sous nos yeux, les fleuves apportent constam-
ment à l'océan une masse énorme de matières.
arrachées par l'érosion aux flancs des montagnes
et des vallées; elles se déposent le long des
rivages et jusqu'au fond des abimes océaniques
plus éloignés, pour constituer dans l’un et l’autre
cas des sédiments auxquels on donne le nom de
formations néritiques ou bathyales, suivant
qu'elles correspondent à de faibles ou à de grandes
profondeurs. Les êtres qui y vivent ne sont pas
les mêmes, et inversement, à leur seul examen les
naturalistes peuvent reconnaître s'ils habitent le
voisinage plus ou moins immédiat des côtes à peu
de profondeur, ou si, au contraire, 1ls caracté-
risent les grands fonds. Mais les formes animales
actuelles et celles des époques géologiques anté-
rieures sont les anneaux d’une chaîne tellement
/ | ”
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 217
continue que l’on peut en suivre la filiation et
décider si tel fossile marin vivait dans une zone
néritique ou bathyale des mers anciennes; en
d'autres termes, les paléontologues peuvent dis-
cerner sans hésitation si telle couche sédimen-
taire à fossiles s’est déposée à faible ou à grande
profondeur.
Les couches néritiques et bathyales ne se dis-
tinguent pas seulement par les caractères de leurs
fossiles ou des êtres qui les ont habitées; en outre
celles-ci sont beaucoup plus disloquées que celles-
là, cette règle n'ayant qu'un sens général suscep-
üble de souffrir des exceptions et, avec la même
restriction, les couches néritiques se présentent
avec de bien moindres épaisseurs que les couches
bathyales. Ces dernières se montrent en longues
bandes relativement étroites, tandis que les pre-
mières ont une tendance à occuper de bien plus
larges espaces tout autour. On peut donc conclure
de ces observations, vérifiées sur toute la surface
du globe, que les couches bathyales se sont
déposées au fond de longues et profondes fosses
marines auxquelles on a donné le nom de géosyn-
clinaux et qui accidentaient des mers beaucoup
plus larges et plus étendues, au fond desquelles se
déposaient en même temps des couches néri-
tiques.
En disséquant les chaînes de montagnes par de
nombreuses coupes, les géologues se sont aperçus
218 LA SISMOLOGIE MODERNE
que la plus grande partie de leur masse est cons-
tituée par des formations bathyales relevées,
plissées et disloquées, tandis que dominent sur
leurs bords des formations néritiques beaucoup
moins dérangées de leur situation horizontale
primitive et relevée à bien moindre altitude. Dans
leur ensemble, les montagnes ont donc surgi de
profonds sillons sous-marins et ce sont, d'après
l'heureuse expression de Suess, des fonds des
mers comprimés. C'est pour cela que les sédiments
y sont perturbés, tandis que les formations néri-
tiques ayant moins eu à souffrir de ces vicissi-
_tudes, si elles n'ont pas conservé leur horizontalité
primitive, du moins présentent une allure générale
moins désordonnée et plus facile à analyser.
Les plus hautes chaînes actuelles se sont éle-
vées pendant l’époque tertiaire. et même quelques-
unes d'entre elles dès la fin des temps secon-
daires, sur l’emplacement de géosynclinaux où
s'accumulèrent d'énormes épaisseurs de forma-
tions bathyales, et si on les reporte sur une mappe-
monde, on retrace grosso modo la mappemonde
des régions à tremblements de terre avec ses
deux cercles d’instabilité sismique maxima. On
comprend maintenant pourquoi les phénomènes
d’ébranlement caractérisent les grandes lignes de
relief, parce que ce sont en même temps les zones
les plus disloquées et qu’elles ont été les plus
mobiles de l'écorce terrestre.
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 219
Mais les zones montagneuses ne constituent
pas à elles seules toute la terre ferme; 1l y existe
aussi de vastes surfaces sans relief et qui, on l’a
déjà observé, sont tout à fait à l’abri des tremble-
ments de terre. La plupart sont couvertes de
sédiments néritiques, souvent bien moins encore
dérangés de leur horizontalité première que ceux
du voisinage des chaînes de montagnes. Tour à
tour émergées ou immergées, ces terres n'ont
Jamais été envahies que par des mers sans profon-
deur, seulement ennoyées, comme on dit. Quoi
donc d'étonnant qu'elles soient restées stables?
Ainsi que le prouve l'observation, elles n'ont pas
été assez dérangées et disloquées ni n'ont subi
d'assez grandes vicissitudes pour que les tremble-
ments de terre y pussent trouver un terrain favo-
rable.
Cependant ce serait dépasser la portée des
observations que d'affirmer leur absolue stabilité
partout et toujours; on y rencontre aussi des
régions pénésismiques, où les tremblements de
terre ne sont ni très fréquents, ni redoutables.
L'examen géologique de ces régions montre que,
si le relief en est relativement insignifiant et si
les hauteurs s’y réduisent à des collines aux con-
tours peu accidentés, du moins les couches n'y
ont pas l'allure tranquille des grandes surfaces
plates et tout à fait asismiques dont nous venons
de parler. Deux autres caractères essentiels les
220. | LA SISMOLOGIE MODERNE ”
distinguent de ces dernières; elles se présentent
en longues bandes et sont constituées par des for-
À mations bathyales très disloquées, double preuve
qu'elles représentent d'anciens géosynelinaux,
plus tard relevés en puissantes cordillères que le
temps, c'est-à-dire l'érosion et la dégradation
atmosphériques, a ensuite réduites à de modestes
chaînes de hauteurs ou même à l'état de péné-
plaines (presque plaines). Les efforts de surrection .
et de dislocation se sont si bien atténués et épuisés
que de rares et faibles tremblements de terre les
ébranlent seulement.
Red te Ainsi aux divers points de vue du relief actuel,
du mode de formation et de la sismicité, la sur-
| face terrestre nous offre plusieurs genres de
régions nettement différenciées entre elles. Les
_ longues et étroites bandes montagneuses ont surgi
- du fond de profondes fosses océaniques, ou géo-
synclinaux ; leurs couches, d’origine bathyale, sont |
extrêmement disloquées et plissées, les formes
topographiques heurtées et pittoresques, les trem-
blements de terre fréquents et destructeurs. Les
abords de ces chaînes sont formés de couches néri-
tiques déposées dans des mers peu profondes,
relativement peu relevées et dérangées; ce sont
régions pénésismiques aux tremblements de terre
plutôt rares, en tout cas sans danger extrême. De
grandes surfaces continentales plates n'ont subi
que d'intermittentes invasions de mers peu pro-
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a. relais, di nus 24
A
Y
LA $ s z À : ”
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 221
fondes et leurs sédiments restés horizontaux, ou à
peu près, moins disloqués encore et seulement
entamés par l'érosion, ne présentent que des pay-
sages uniformes et sans caractère; les tremble-
ments de terre y sont presque inconnus et jamais
graves; elles sont asismiques. Enfin, d'autres
bandes étroites, de relief modéré et de topogra-
phie indécise ou peu accidentée, représentent
d'anciennes chaines ruinées; surgies elles aussi du
fond de géosynclinaux, elles ne sont plus ébranlées
que par des tremblements de terre peu fréquents
et rarement redoutables; elles sont pénésismiques.
La dépendance mutuelle entre le relief, l’état de
dislocation, l’évolution et la sismicité apparait
maintenant avec une lumineuse clarté, et ce sont
seulement des observations concordantes faites
dans le domaine de plusieurs sciences, géographie,
géologie, paléontologie, stratigraphie et sismo-
logie, qui nous ont pas à pas conduits à cet impo-
sant faisceau de déductions inattaquables relatives
à la genèse des tremblements de terre. Ce sont
décidément des phénomènes tectoniques ou plus
généralement orogéniques.
Le tableau synthétique que nous venons d'es-
quisser à grands traits ne se rapporte ni à des
lieux, n1 à des temps déterminés; il ne laissera
donc pas l'impression de choses vues. Pour ce
motif, 1l est nécessaire d'aborder le problème en
sens inverse et de suivre pour une région parti-
222 LA SISMOLOGIE MODERNE
culière du globe l'évolution de son relief et de ses
tremblements de terre depuis les origines acces-
sibles aux investigations géologiques. Ce sera
l'Europe dont la géographie est plus familière à
tous; mais les vicissitudes qu'elles a subies au
cours du temps sont, aux détails près, celles de
tous les continents.
À la base des terrains de nature incontestable-
ment sédimentaire, mais surtout au nord du
40° parallèle, se rencontrent des formations
appelées archéennes. Privées de restes organisés,
mais généralement très épaisses, elles, sont par-
tout disloquées et plissées. On peut donc croire
par analogie qu'à ces époques immensément
reculées, il a tremblé énergiquement partout, c'est-
à-dire qu'il y a eu autrefois des régions sismiques
dans tous les lieux où se sont déposées ces
couches ; mais grâce à l'extinction totale des mou-
vements tectoniques, ces régions sont arrivées
au repos sismique définitif.
Puis est venue la période algonkienne, dont les
sédiments conservés jusqu'à nos jours ne sont pas
tous plissés. La présence de nombreuses et puis-
santes formations d'origine détritique révèle la
destruction complète de chaînes archéennes et on
peut y distinguer au moins confusément plusieurs
cycles de surrections et de disparitions de chaînes.
En particulier, on reconnait les reliques d'une
chaîne huronienne dont les fragments européens,
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 223
les îles Lofoten, les Hébrides et l'extrême Nord
de l'Écosse ont été raccordées hypothétiquement
au travers de l'Atlantique à des plissements améri-
cains contemporains et de même direction. Toutes
ces régions sont asismiques, mais il n’en a certai-
nement pas été ainsi aux temps de leur surrection.
L'effort orogénique huronien est à tout jamais
éteint; il ne laisse plus aucune trace sous forme
de tremblements de terre.
Plus tard, pendant le premier tiers de l'époque
primaire ou paléozoïque, a surgi une chaine appelée
- calédonienne et représentée par les Grampians et
l'axe de la péninsule Scandinave. Déjà nous
abordons des régions où les tremblements de terre
ne sont plus tout à fait inconnus, mais ceux de
maintenant ne sont qu'un faible souvenir de ceux
qui les ont agitées, si l’on en juge par la grandeur
des dislocations. Entre temps se constituait le con-
tinent nord-atlantique, dont la partie européenne
_ la plus étendue forme la plate-forme russe. Elle n’a
jamais été que temporairement recouverte par des
mers sans profondeur, les sédiments y sont à peu
près horizontaux; il n'y tremble pas et il na
jamais pu y trembler beaucoup, sinon aux temps
archéens bien antérieurs à l’époque des plissements
calédoniens. On notera que ceux-ci se rencontrent
notablement au sud des plissements huroniens et
cette marche vers l'équateur se continuera, comme
nous allons le voir, aux époques suivantes.
Ve |
224 LA SISMOLOGIE MODERNE
La fin de l’époque primaire a été marquée par
la surrection d'une puissante chaîne qui s’étendait
de l'Irlande et du pays de Galles jusqu'au bassin
du Donetz par la Bretagne, l’Ardenne, la Bohême
et la Silésie. Ses restes sont encore en saillie, le
temps écoulé n'ayant pas encore suffi à la rayer de
la surface terrestre. C’est une zone de régions
pénésismiques jalonnant à notre époque ces plis-
sements appelés hercyniens ou armoricains-varis-
ques.
_ L'ère secondaire, ou mésozoïque, a été caracté-
risée par une tranquillité orogénique au moins rela-
tive. Les chaînes hercyniennes se sont dégradées
et abaissées, mais à la fin les poussées orogéniques
reprirent toute leur activité; puis, successivement,
pendant l'ère tertiaire et jusqu'à l'aurore des temps
préhistoriques animés par la venue de l’homme,
s’édifièrent tour à tour au sud des chaines hercy-
niennes, les Pyrénées, les Alpes et les Apennins.
En même temps que leur âge, de la première à la
troisième de ces chaînes, le relief diminue, car ül
faut compter celui des Apennins depuis le fond de
la mer Tyrrhénienne qui descend à 3000 et
4 000 mètres. C’est aussi dans le même ordre que
les-tremblements de terre y gagnent en fréquence
et en intensité, on ne sait que trop qu'ils sont
incessants et destructeurs dans la péninsule italique.
Le parallélisme entre le relief et l'activité des
tremblements de terre apparait maintenant eom-
ré
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 295
plet, qu'il s'agisse de l’espace ou du temps, et cette
revue très sommaire des vicissitudes principales de
l'Europe se répète sur toutes les terres actuellement
émergées à la surface du globe. Les deux cercles
d'intensité sismique maxima doivent donc leur
existence à ce qu'ils englobent les zones où se
dressent les montagnes les plus récentes et par
suite les plus saillantes de notre époque. La répar-
tition des régions à tremblements de terre est tem-
poraire quant aux époques géologiques et, en
Europe, elles ont dû émigrer du nord au sud pour
suivre les plissements des chaînes tour à tour édifiées
et démolies.
C'est donc une loi générale qui rend solidaires
les poussées orogéniques et les tremblements de
terre. S'il en est ainsi, et l'observation en est le
plus sûr témoignage, 1l ne nous sera pas interdit
de risquer un coup d'œil sur l'avenir réservé au
relief terrestre.
En étudiant les rapports qui existent entre le.
tracé des côtes des océans et la disposition des
reliefs voisins, on rencontre deux circonstances
tout à fait opposées. Ici les côtes sont déterminées
par les lignes de relief, et leur sont parallèles; là,
au contraire, elles en sont indépendantes et les
recoupent. Le premier type est celui des côtes du
Pacifique, le second caractérise presque tout le
littoral de l'Atlantique. Ces deux dénominations
s'appliquent aux côtes des autres océans. Il est
SISMOLOGIE MODERNE. 45
-
226 LA SISMOLOGIE MODERNE
facile de constater que, d’une facon générale, les
tremblements de terre ébranlent les côtes du type
pacifique et respectent celles du type atlantique.
Cette observation rentre logiquement dans l'ordre
des choses, puisque celles-là bordent de puissantes
chaines récentes dont le pied plonge dans de pro-
fondes fosses océaniques. Mais que devient dans
cette nouvelle interprétation des faits le cercle
alpin-himalayen d'instabilité maxima? La réponse
est bien simple : d'une part les côtes méditerra-
néennes appartiennent généralement au type paci-
fique et d'autre part les dépressions continentales
qui prolongent cette mer en Mésopotamie et dans
la vallée du Gange seraient des mers à côtes du
même type, si un léger affaissement de la croûte
terrestre les faisait immerger à nouveau. La relation
entre la forme d'une côte et son instabilité ou sa
stabilité sismique a donc un caractère général.
Morphologiquement parlant, toute la périphérie
du Pacifique est un immense géosynelinal, puis-
qu'elle est bordée de grandes profondeurs disposées
linéairement. En est-elle réellement un? L'hypo-
thèse est vraisemblable et admise par les plus
éminents géologues; nous l’accepterons sous béné-
fice d'inventaire. C'est donc là, si l'histoire des
vicissitudes terrestres doit se répéter, que s édi-
fieront plus tard par compression latérale de nou-
velles cordillères quand, du cap Horn au détroit
de Behring, se seront suffisament dégradées les
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 297
Andes et les Rocheuses. Les tremblements de terre
longitudinaux du littoral pacifique américain et les
vagues sismiques destructives qui les ravagent,
semblent corroborer cette manière de voir, et bien
des sismologues pensent que ces soubresauts de
l'écorce terrestre correspondent à un approfondis-
sement par saccades des fosses littorales profondes.
Or la géologie nous enseigne qu il en a été souvent
ainsi au sein des géosynclinaux antérieurs. L'ana-
logie nous permet donc, au moins jusqu à un cer-
tain point, de prévoir la répétition des surrec-
tions le long des côtes du type pacifique, parce
qu'elles sont le siège à peu près exclusif des tsuna-
mis, tandis qu'au contraire ces phénomènes sont
inconnus, ou peut s'en faut, le long des côtes si
généralement stables du type atlantique.
Ainsi la Sismologie, après nous avoir révélé le
rôle fondamental que jouent les tremblements de
terre dans les transformations du relief terrestre
dans le passé et le présent, nous permet aussi de
lever un coin du voile qui nous en cache le mys-
térieux avenir.
A s’en tenir au tableau qui précède, on pourrait
croire complètement résolu le problème sismo-
génique ; 1l s'en faut et de beaucoup; à l'exposé
des résultats, un correctif s'impose. Sans doute les
longs bourrelets en relief qui sont le trait le plus
saillant de la Face de la Terre ont surgi du fond
des anciens géosynclinaux; mais cette formule
LA. SNS LA SISMOLOGIE MODERNE
n’est qu'un commode schéma, tant a été extrême
dans le détail la complication véritable du proces-
sus, qui ne s’est pas produit de façon continue, ni
par un mouvement d'ensemble. Toutes les combi-
naisons possibles se rencontrent dans l'histoire
d'une chaîne, aussi bien des mouvements antérieurs
et postérieurs à la surrection principale que des
mouvements en sens contraire et des morcelle-
ments. Les tremblements de terre ne pourront donc
que s’en ressentir et, de fait, c'est une question
ardue que de mettre partout les séismes d’une région
en relation précise avec ses vicissitudes géologiques
de détail.
Chose plus grave, l'écorce terrestre a subi, et
subit sans doute encore, des mouvements plus
étendus que les surrections. Nommés mouve-
ments épirogéniques, ils affectent surtout les aires
continentales. Ce sont des gauchissements de
vastes surfaces qui, avec le temps, ont permis aux
mers de les envahir ou de les abandonner alterna-
tivement. Contrairement à ce qui se passe dans
les surrections, l'amplitude horizontale prédomine
sur celle des mouvements verticaux, et c'est à ces
vicissitudes du niveau relatif des mers et des terres
que l’on doit rattacher les anciennes lignes de
rivages maintenant exondées à diverses hauteurs
qui s’observent le long d'un si grand nombre de
côtes. C’est à des époques très rapprochées de
l'apparition de l'homme que, par exemple. la
te
ÉVOLUTION DU RELIEF TERRESTRE 229
péninsule scandinave a subi de tels mouvements
et que l'Asie centrale a été soulevée pour ainsi
dire en bloc et à plusieurs reprises jusqu’à l’époque
quaternaire, comme l'ont prouvé les plus récentes
explorations. Les phénomènes généraux se sont
produits à toutes les époques géologiques et ont
causé les transgressions et les régressions des
mers sur d'immenses étendues. Quant aux rela-
tions qu'ils peuvent avoir avec les tremblements
de terre, elles sont encore tout à fait obscures et
l'observation n’a rien donné dans ce sens jusqu’à
présent. Est-il admissible cependant que ces vastes
mouvements se soient produits, ou continuent à se
produire lentement, sans ébranlements sismiques
et ne correspondent qu'à des « bradysismes » ? Nous
ne pouvons l'imaginer. ;
Si donc nous touchons à la solution du problème
de la genèse des tremblements de terre, subor-
donnés aux efforts horizontaux de compression,
c'est-à-dire de surrection, en un mot dus à l’oro-
genèse, nous ne savons rien de ceux que vraisem-
blablement ne peuvent manquer de causer les
efforts verticaux de gauchissement, ou d’affais-
sements et de soulèvements. La carrière à par-
courir dans cette voie par les sismologues de
l'avenir reste aussi longue que pleine de promesses.
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CHAPITRE XVIII
LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE.
ET DANS SES COLONIES
. |
—
Le territoire de la France n’est pas aussi indemne 24
- dupérilsismique qu'onsel'imaginecommunément,
| mais le tremblement de terre de Provence du
11 juin 1909 est venu enlever toute illusion à cet «
égard, et sans aller chercher loin dans l’histoire le
souvenir perdu d'anciens événements de ce genre
et tout aussi graves, il suffira de rappeler les
ruines du Niçois etde la Riviera du 23 février 1887.
Cependant après les immenses travaux sismolo-
giques d'Alexis Perrey, qui resteront longtemps
encore une riche mine de documents sur les trem-
blements de terre du monde entier, s’est produit
en France une longue période d’indifférence pour
ces phénomènes. Une succincte esquisse des con-
ditions de stabilité et d’instabilité des territoires
français ne sera donc pas superflue et, du reste,
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” Fig. 55. — Vallée du Rhône et Alpes françaises.
232 LA SISMOLOGIE MODERNE
ce sera le meilleur moyen de concrétiser les
notions développées sur les causes géologiques
générales des tremblements de terre.
_ Les Alpes Maritimes sont, en France, la région
la plus exposée, le désastre de 1887 en fait foi,
et les annales historiques ont conservé le sou-
venir de nombreux tremblements de terre destruc-
teurs dont les traces sont encore reconnaissables
dans les anciennes constructions de plusieurs
localités peu fréquentées des vallées intérieures.
Mais ce n'est que la partie occidentale d une pro-
vince sismique ligurienne plus étendue et compre-
nant le versant méridional des Apennins tout
autour du golfe de Gênes. À peu de distance de la
côte, de grandes profondeurs marines s'ajoutent
aux altitudes des deux chaînes, ce qui confirme la
loi du relief. Durant l’époque tertiaire, il y a eu
successivement une haute surrection pendant le
Messinien (Miocène), puis un affaissement notable
plus tard au Pliocène et enfin un nouveau sou-
lèvement au Quaternaire. De telles vicissitudes si
récentes sont amplement suffisantes pour justifier
l'actuelle instabilité.
Tout le versant occidental des Alpes est sujet
aux tremblements de terre, mais seule la Provence
est à quelque degré une région sismique, le reste
étant seulement pénésismique. Il s’agit à d'un
territoire dont les plissements alpins, suite d’ail-
leurs de mouvements plus anciens, ont atteint une
…
LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE 233
extrême complication, et l’on peut constater que
leurs foyers les plus habituels occupent à l'ouest
l'emplacement d’un géosynclinal secondaire de
surrection miocène et jalonnent à l’est un autre
géosynclinal du Carbonifère et du Trias, plus
ancien que le précédent. Des séries de nombreuses
secousses observées à Clansayes (1772-1773) et à
_Monrond-en-Maurienne (1838-1840) et le tremble-
ment de terre destructeur de Salon, Rognes et
Beaulieu du 11 juin 1909, sont les événements
sismiques les plus notables de la région, du moins
dans les temps modernes; ils trouvent, dans les
circonstances générales qu'on vient de rappeler,
une ample justification. Le dernier d'entre eux à
été mis en relation, très légitimement sans doute,
avec des failles postpliocènes, c'est-à-dire très
récentes. Les secousses de la Suisse occidentale se
propagent très fréquemment en Savoie et en
Dauphiné; elles sont incontestablement liées à la
grande surrection alpine.
De nombreuses dislocations manifestent le
caractère tectonique de quelques secousses du
Lyonnais et de la vallée de la Saône et, quant au
Jura, ses remarquables plissements déjà très
anciens n'ont donné lieu quà une région tout
juste pénésismique. Remiremont et Bourbonne-,
_les-Bains forment un petit district instable qui
s'explique par les affaissements tertiaires qui ont
formé la vallée du Coney dans des conditions
234 _ LA SISMOLOGIE MODERNE
assez analogues aux mouvements entre des failles
parallèles et en escalier qui ont façonné le graben
rhénan entre les Vosges et la forêt Noire et se
continuent en ébranlant, parfois même assez
vivement, toute la région.
En poursuivant notre tour de France vers le
nord, nous ne retrouvons plus que la région
pénésismique du bassin houiller franco-belge dont
les tremblements de terre ont déjà été mis en
relation avec les plissements et la surrection de
la chaine hercynienne de l’époque carbonifère, et
c'est au même événement géologique que peuvent
se rattacher les quelques secousses des petits bas-
sins houillers sporadiques de la Normandie, de la
Vendée et même du Plateau Central.
De petits foyers de légère instabilité s Épanoie
lent dans l'Ouest : Brest, Basse-Loire et Vendée.
La presqu'ile bretonne figure deux anticlinaux_
d'ancienne consolidation, ce qui signifierait une
grande stabilité, si des mouvements postérieurs
récents de morcellement, puis l’ennoyage de la
Manche et le recul du golfe tertiaire de la Loire
n'étaient venus introduire des éléments de mobi-
lité.
La stabilité du Plateau central, ancienne relique
de terres maintenant morcelées, est trop naturelle
pour qu'il soit nécessaire d'insister; nous signale-
rons seulement que cette stabilité n’est altérée en
rien par le souvenir de l’activité volcanique à peine
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“he
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PONT CUS OU ANR -
éteinte de l'époque ter-
taire. Sur le bord méri-
dionalde cette unité géo-
“logique bien définie, lar-
_chitecture tabulaire des
_ Causses justifie leur
__ complète asismicité mal-
_ gré l'importance qu'at-
teignent dans le sous-
sol les phénomènes de
circulation des eaux sou-
terraines.
Nous avons déjà parlé
des tremblements de
terre des Pyrénées qui
agitent surtout le ver-
sant français le plus
abrupt et au bord de
l'ancien détroit tertiaire
_de l'Aquitaine. De Ba-
s#nères-de- Bigorre à
Saint-Jean -de- Luz s’é-
tend une région péné-
sismique très notable.
_ La Corse est absolu-
ment asismique; c'est
qu elle représente un
fragment de terres tyr-
rhéniennes seulement
à
——— Lite septentrionale de l'axe archéen et Prémaire
NN
LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE
@ —Gofre —
Poe dE Mol
23
D
Fig. 56. — Pyrénées françaises.
236 LA SISMOLOGIE MODERNE
morcelées et effondrées récemment, comme contre-
partie du plissement et de la surrection de l’Apennin.
L'Algérie est de beaucoup de tous les territoires
français le plus exposé aux tremblements de terre
et les désastres plus ou moins graves, mais tou-
Jours sérieux d'Oran, de Cherchell et de Gouraya,
de Blida, d'Aumale et de Constantine, en attes-
tent l'instabilité. Géologiquement, elle n'appartient
pas au continent africain, vieille unité stable et
sans grandes vicissitudes, mais bien à la zone des
plissements tertiaires alpins-méditerranéens, avec
complication de phénomènes d’effondrement le
long de la côte, signalés par le voisinage de l'iso-
bathe de 2500 mètres et jalonnés par des pointe-
ments éruptifs. Les tremblements de terre dispa-
raissent rapidement au sud de l'Atlas dans la
région des Chotts, où ne s'observent que des
_plissements à grand rayon de courbure. L'Algérie
instable a des côtes du type pacifique, tandis que
la Tunisie, moins sujette aux tremblements de
terre, les possède du type atlantique et ne domine
pas de grandes profondeurs sous-marines, contrai-
rement à Sa voisine.
Le Sahara et le Soudan sont asismiques, comme
tout le reste du continent africain. Les anciens
plissements ont eu le temps d'être entièrement
arasés et la seule vicissitude récente a été un
ennoyage crétacé. L'absence des tremblements de
terre est ainsi pleinement expliquée.
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LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN FRANCE
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238 LA SISMOLOGIE MODERNE
vront sans doute être rattachés à la présence du
Carbonifère et des plissements correspondants au
lieu d'être attribués à la grande fracture qui a
donné lieu au relief dissymétrique de l’est. La ques-
tion reste obscure.
Les îles françaises de la Guadeloupe et de la
Martinique font partie de la région sismique des.
Petites Antilles, qui reposent sur un socle long et
étroit tendu entre les Grandes Antilles et le conti-
nent sud-américain et dominant à peu de distance
des fonds de 5 000 mètres du côté de l'Atlantique.
La formation de cet are est récente et s’est com-
pliquée de phénomènes volcaniques grandioses qui
ont en partie construit les îles au milieu de l'océan.
On se rappellera toutefois que si les tremblements
de terre y sont assez redoutables, du moins la ca-
tastrophe presque sans précédent de Saint-Pierre,
rasée le 8 mai 1902 par une nuée ardente des-
cendue de la Montagne Pelée, s’est produite sans
le moindre ébranlement sismique du sol.
En Océanie, la Nouvelle-Calédonie, dépourvue
de volcans, et les Nouvelles-Hébrides, qui en pré-
sentent d'actifs encore, ne sont que rarement
secouées.
Des tsunamis ont parfois ravagé les Marquises
et Tahiti. On ne sait s'ils sont d'origine ceyelo-
nique ou sismique; en tout cas, les tremblements
de terre sont peu fréquents dans ces iles.
Les plissements tertiaires himalayens n'ontguère
qu
2 QG om
Î
arbade!
[# @)
Petites Antilles.
S
Fig. 5$S. — Le
240 LA SISMOLOGIE MODERNE
atteint l’'Indochine ; aussi les tremblements de terre
y sont rares et sans gravité. |
Ces quelques détails montrent que toutes les
variétés de circonstances de stabilité et d’instabi-
lité se rencontrent dans les territoires français. A
ce titre seul, les tremblements de terre méritent
d'attirer l'attention, puisque les régions exposées
à leurs dégâts sout assez nombreuses.
CHAPITRE XIX
Pl
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE
ET LES TREMBLEMENTS DE TERRE
La question de l’état interne du globe a préoccupé
les penseurs de toutes les époques et, autour de ce
problème, se sont échafaudées des hypothèses
d'autant plus nombreuses qu'il s’agit d'une portion
de l'espace pratiquement inaccessible aux inves-
tigations de l'homme. Les philosophes de l'anti-
quité classique, habitués à voiler leurs conceptions
sous des mythes religieux, avaient imaginé de
toutes pièces le Phlégéton, fleuve de feu entourant
les Enfers, et cette pure création de leur esprit a pris
beaucoup plus tard la forme du noyau terrestre
interne, fluide et incandescent, hypothèse qui a
fini par passer dans le public à l’état de véritable
dogme scientifique. Il est vrai que, au moins en
apparence, bien des faits semblent l’appuyer : les
éruptions volcaniques ramènent à la surface des
16
SISMOLOGIE MODERNE:
242 LA SISMOLOGIE MODERNE
laves fluides et incandescentes; la chaleur interne
augmente à mesure qu'on descend plus profon-
dément dans les puits de mines; à la suite de
Laplace, la plupart des astronomes font dériver
les corps célestes de la condensation d'une nébu-
leuse et qui ont dù passer successivement par
des stades gazeux, puis fluide, avant d'arriver à
l'état solide où nous voyons plusieurs d’entre eux
maintenant, la terre et la lune par exemple:
Jupiter ne semble pas encore être parvenu à l'état
solide; etc. Mais en ce qui concerne l’état réel de
l'intérieur de la terre, rien de tout cela ne con-
stitue des faits d'observation directe. Heureuse-
_ment, les ondes sismiques se propagent au travers
de la masse terrestre, et comme leur vitesse de
propagation dépend directement de la densité et
des propriétés physiques du milieu traversé, elles
nous donnent un moyen d'acquérir des renseigne-
ments expérimentaux sur l’état interne du globe.
Cet état n’est pas en dépendance moins intime
avec la forme extérieure de la planète, de sorte
que s'impose préalablement une étude sommaire
de celle-ci.
On appelle géoïde la surface d'équilibre de la
masse océanique liquide et, pour que cette défini-
tion ait un sens quant à la forme générale de la pla-
nète, on suppose les continents traversés par des
canaux dans lesquels pénétreraient les mers, qui
y prendraient leur niveau hydrostatique. Depuis
_
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 043
Huyghens et Newton, la forme et les dimensions
exactes du géoïde ont suscité de très nombreuses
recherches théoriques, et d'innombrables mesures
géodésiques ont fini par nous les faire connaître |
en dehors de toute hypothèse. On sait maintenant
que cest un ellipsoïde aplati de révolution, c’est-
à-dire obtenu par la rotation d'une ellipse autour
de son petit axe, l’axe des pôles terrestres. L’apla-
tissement polaire est le rapport entre la différence
des deux axes et le plus grand des deux, celui de
l'équateur.
Plusieurs méthodes se sont présentées pour
_ mesurer l'aplatissement terrestre. Les mesures
_géodésiques d’arcs de méridiens conduisent à des
résultats concordants, quelle que soit la région de la
terre où l'on opère. Depuis Clairault, qui avait
évalué l’aplatissement à 1/297,8, les progrès des
procédés de mesures ont fait adopter par Bessel,
au milieu du xix° siècle, la valeur de 1/299 et les
travaux récents d'Helmert ont finalement donné
1/298,3, aplatissement généralement admis main-
tenant. Îl en résulte un rayon équatorial de
6371 kilomètres et un rayon polaire plus court
d'environ 21 kilometres.
À la surface de la terre, l’accélération de la pesan-
teur varie en augmentant de l'équateur aux pôles,
puisque peu à peu on se rapproche de 21 kilomètres
de son centre, ou centre d'attraction. Or le nombre
g est inversement proportionnel au carré de la
244 LA SISMOLOGIE MODERNE
durée d’oscillation d'un pendule. L'observation
confirme cette loi et le mouvement d'un pendule
s'accélère progressivement et régulièrement en pas-
sant de l'équateur aux pôles. On a donc là un
moyen de mesurer indirectement l'aplatissement.
À l'équateur g est de 9780 millimètres : c'est la
hauteur à laquelle parvient au bout d’une seconde
un corps laissé libre de tomber dans le vide, et au
pôle cette valeur s’augmente des 531 cent millièmes
de sa valeur.
Mais en chaque point de la surface terrestre la
valeur de g, ou la gravité, ne dépend pas seule-
ment de sa latitude, ou en fin de compte de sa dis-
tance au centre de la terre; elle varie aussi, quoi-
que dans de très faibles limites, en raison de nom-
breux facteurs locaux, la forme du relief, la nature
des roches et suivant qu'il s'agit de la terre ferme
ou des océans, car tous ces éléments influent sur
la valeur de l'attraction. En éliminant ces causes
de variations par la discussion d’ailleurs très déli-
cate d'innombrables mesures, iln’en reste pas moins
des anomalies locales de la pesanteur et on a pu
les mettre en relation avec la sismicité des divers
points de la surface terrestre où l’on a effectué des
mesures pendulaires.
Cela s'explique. Ces anomalies s'obsse en
effet, surtout en mer, le long des profondes fosses
océaniques et, sur la terre ferme, dans des régions
très disloquées, en un mot là où se présentent;
PET CPR T TOUS à aa éd ad
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 245
comme on l'a constaté précédemment, les circon-
Aires seisrmiques prÜüuciales.
Gurbes isanomales observées.
—— probables.
Fig. 59. — Italie méridionale et Sicile.
Courbes isanomales âe la gravité (d'après Ricco).
_ stances les plus favorables à la production des
* tremblements de terre. Cette dépendance a été
+ .
da L
…
1 A
n + « _—
LÉ TR f Le.
KR
RESTE mn” : LÉ
À PT LA ar. =
un _
=
246 LA SISMOLOGIE MODERNE
mise en lumière par Ricc6 pour les régions sismi-
ques de la Sicile et des Calabres et par Burrard
pour celles de la plaine indo-gangétique au pied
de l'Himalaya. Enfin, il n'est pas jusqu'à des
régions pénésismiques, comme le bassin du Donetz
dans le sud de la Russie, où les anomalies de la
gravité ne se montrent en relation avec des trem-
blements de terre dont la fréquence, non justifiée
par le relief actuel, s'explique cependant par des
dislocations profondes qui représentent les racines
d'une ancienne chaîne hercynienne complètement
arasée. Il y a là toute une voie nouvelle de recher-
ches intéressantes qui ne sont encore qu'amorcées.
Nous allons voir maintenant comment la forme
de la terre, ou son aplatissement, sont en directe
dépendance avec son état interne.
Cette forme est une conséquence de ce qu’en
chaque point la direction de la pesanteur, ou la
verticale, est la direction de la résultante de
l'attraction terrestre sur le point considéré et de la
force centrifuge due à la rotation de la terre autour
de l’axe de ses pôles. Tout ce qui a un rapport
quelconque, mais défini et mesurable, avec la ver-
ticale d'un lieu pourra donc fournir un moyen
indirect de déterminer cette forme par l'observation.
Or c’est au premier chef la latitude, ou l'angle de
la verticale avec l’axe des pôles. D'innombrables
mesures prouvent que ce n'est pas là un élément
constant pour un lieu déterminé, car elle subit
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 247
des variations continues d’allure périodique, dont
l'existence même prouve la mobilité de l'axe
des pôles relativement à la masse terrestre. Le
point où l'axe coupe la sphère céleste décrit en
26 000 années environ une petite ellipse autour de
sa position théorique moyenne. En d'autres termes,
la terre n'est pas animée d’un mouvement simple
de rotation autour de son axe de figure, elle a celui
d'une toupie et tout le monde sait comment ce
jouet s'incline tandis qu'il tourne rapidement. Ce
phénomène, appelé la précession des équinoxes,
n’est lui-même qu'une première approximation et
| il faut y ajouter la nutation, effet de l'attraction de
la lune sur le renflement terrestre équatorial. Si la
nutation existait seule, le pôle décrirait en dix-huit
ans et demi un petit cercle de 10 mètres de rayon
et, de la combinaison de ce mouvement avec celui
dû à la précession, résulte pour l'axe polaire ter-
restre une sorte de balancement ondulatoire autour
de sa position moyenne et dont l'observation
conduit, pour l’aplatissement, à une valeur voi-
sine de celles obtenues précédemment par les
mesures géodésiques.
Il y a plus : ces deux phénomènes combinés ne.
rendent pas compte de toute la variation de la
latitude d'un lieu. Il y a encore un petit résidu
qui passe alternativement par des maxima et des
minima assez irréguliers d’ailleurs. Des sismolo-
gues éminents, COMME Milne, Cancanï et d’autres,
-
Ÿ
248 LA SISMOLOGIE MODERNE
t
ont cru pouvoir affirmer que ces maxima corres-
pondent à ceux de l’activité sismique mondiale, si
l'on mesure celle-ci par le nombre annuel des
mégaséismes. Cette relation n'est du reste pas
encore acceptée sans discussion par tout le monde.
Quoi qu'il en soit, pour que l'axe de la toupie
terrestre subisse dans l’espace ces ultimes varia-
tions outre celles dues à la précession et à la nuta-
tion, il faut, d'après les principes de la méca-
nique rationnelle, que des portions plus ou moins
grandes de sa masse soient elles-mêmes déplacées
par rapport à l’axe de rotation. Plusieurs causes
peuvent produire ce résultat : d’abord les mouve-
ments généraux de l'atmosphère et aussi des accu-
mulations de neiges et de glaces sur les calottes
polaires. C’est insuffisant et nous y ajouterons,
mais sous réserves, les grands charriages des cou-
ches profondes les unes sur les autres et qui font
partie, comme l'enseigne la géologie, du processus
normal de la surrection des chaines de mon-
tagnes. Or cette surrection est elle-même en rela-
tion avec les grands tremblements de terre. Sous
une forme nouvelle et par l'intermédiaire d'un
intéressant problème d'astronomie, celui de la
variation des latitudes, les séismes se retrouvent
en dépendance directe avec les phénomènes orogé-
niques. 11 faut toutefois noter que ces déductions
restent quelque peu sujettes à discussion.
Le calcul permet d'attribuer une période de
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 249
305 jours au balancement polaire dont il s’agit,
mais dans la supposition que la terre soit un solide
de rigidité et d'indéformabilité parfaites. Or la
période observée est de 425 jours, et cette différence
entre la théorie et l'observation s'expliquera si la
terre, non tout à fait rigide et indéformable, est
capable de céder légèrement aux influences qui
produisent les variations de latitude. La rigidité
limitée qu aurait ainsi la Terre dans son ensemble
pour expliquer la différence de 120 jours est,
d'après Newcomb et Hough, égale à celle qu'aurait
une sphère d'acier des mêmes dimensions, et ce
résultat remarquable, que nous allons retrouver
par d’autres voies, nous éloigne singulièrement de
l'hypothèse du noyau fluide interne terrestre.
Comme chacun sait, les marées sont une consé-
quence directe de l'attraction du soleil et de la
lune sur les masses océaniques liquides, que limite
une surface capable de céder et de se déformer.
. Grâce à la bien plus petite distance de la lune à
la terre, son action est prépondérante par rapport
à celle du soleil, et il en résulte pour la surface des
océans une sorte de renflement ou d’intumescence,
qui suit le mouvement du satellite et fait monter
le niveau des mers le long des côtes qu'elle ren-
contre dans sa marche. Mais si l'écorce terrestre
était flexible, elle se déformerait également, et il
n'y aurait plus de marées, c’est-à-dire de déplace-
ment relatif d'une masse liquide par rapport à la
230 LA SISMOLOGIE MODERNE
Ld
terre ferme. Cela est de toute évidence. Le calcul
permet de prévoir la hauteur de la marée dans
l'hypothèse d’une terre absolument rigide et indé-
formable, et la différence du résultat obtenu avec
la hauteur de marée observée mesure de combien
la terre est loin de posséder une parfaite rigidité.
Or il se trouve que cette rigidité doit être celle de
l'acier, comme nous l'avons obtenu déjà tout à
l'heure. La concordance des deux méthodes indé-
pendantes est à elle seule une forte présomption en
faveur de la réalité du résultat.
Cette déformabilité de la terre ne laissera pas
que de surprendre et l’on voudra en avoir un
autre témoignage que celui de savants calculs
mathématiques. Le problème est accessible à
l'observation directe et le pendule sismographique
horizontal à permis à Hecker d'y parvenir. Dans …
cette intuition, il à installé à l'Institut géodésique
de Potsdam un de ces appareils choisi parmi les
plus sensibles, en le plaçant au fond d'un puits
de 25 mètres de profondeur pour le soustraire à
toute action extérieure perturbatrice. Si la croûte
terrestre est flexible, c'est-à-dire susceptible de
céder complètement à l'attraction luni-solaire, le
pendule sera déplacé exactement comme sa base
et aucun mouvement relatif ne pourra être décelé
entre lui et la surface terrestre. Si, au contraire,
la rigidité de la terre est parfaite, le pendule subira
seul tout l'effet de l'attraction variable suivant la
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 251
position de la lune et du soleil par rapport à la
terre, et l'analyse mathématique permet de cal-
_culer quel serait ce mouvement du pendule. Après
plusieurs années d'observations, de 1902 à 1907,
Hecker a trouvé que le mouvement relatif du
pendule était les deux tiers de ce qu'il aurait été
dans l'hypothèse d'une terre douée dans son
ensemble de la ridigité d'une sphère d'acier. Une
marée luni-solaire de l'écorce terrestre est ainsi
mise en évidence expérimentalement.
Déjà, dès 1881, G. H. Darwin avait démontré par
l'observation que, sous l'influence de l'attraction
Juni-solaire, la verticale d’un lieu est en perpétuel
mouvement. ce qui donne naissance à d'intimes
microséismes. Mais les observations d'Hecker
sont encore plus probantes puisqu'elles décèlent
une marée de l'écorce dont l'amplitude atteint
deux décimètres. Il y à là un remarquable et
double contraste entre l'opinion de Perrey et de
ses prédécesseurs et les résultats récents dont il
s'agit. D'un côté, on supposait une marée d'un
noyau interne fluide comme cause de macro-
séismes; de l'autre, on observe par l'expérience
une marée d'une croûte terrestre aussi rigide que
_ l'acier comme cause de microséismes. Il ne saurait
y avoir de plus flagrante opposition entre les
hypothèses d'autrefois et les résultats expérimen-
taux d'aujourd'hui.
Les observations astronomiques font connaître
mt til ‘A e- OS TRES , 7 2° CS PERSONNE. rs pc SE Ne:
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A L = . ” a en n -
. 252 LA SISMOLOGIE MODERNE
©
la masse de la terre comme conséquence de son
mouvement dans l'espace sous l'influence de
l'attraction du soleil et des autres astres du système
planétaire. Il suffit pour cela d'appliquer les lois
de l'attraction universelle. On peut y arriver expé-
1
rimentalement aussi au moyen de la balance de
Cavendish, qui sert à mesurer l'attraction de la
terre sur des boules métalliques. D'autre part les
mesures géodésiques donnent le volume de l4
terre, de sorte qu'en dehors de toute théorie et
_
. 4
par la seule observation, on peut calculer la den-
sité de la terre considérée dans son ensemble. Le
résultat obtenu est qu'elle pèse 5,5 fois plus qu une
sphère d'eau pure de même dimension. Au con-
traire, la densité moyenne des roches qui cons-
tituent la très mince partie de l'écorce terrestre
accessible à nos moyens d'investigation est com-
prise entre 2,6 et 2,8 seulement. Le reste de la
sphère a donc une densité beaucoup plus grande |
et il nous faut rechercher quelle répartition des
masses à l’intérieur de la terre, ou de sa densité,
peut être compatible avec ce résultat de l'observa- |
tion. Les suppositions possibles peuvent toutes se
ramener aux trois suivantes :
1° Une mince écorce de densité comprise entre
2,6 et 2,8 et une partie principale homogène d'une
densité peu supérieure à 5,5.
2° Une masse principale de densité comprise
entre 2,6et2,8 et un petit noyau extrèmement lourd.
'
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 253
3° La densité augmente progressivement de la
surface au centre.
Avant de rechercher quel genre de ces trois
seules possibles constitutions internes s'accorde le
mieux avec les faits, il faut signaler une remarque
_ très importante : c'est que, dans tous les cas, la
distribution de la densité doit être symétrique et
uniforme autour du centre de la planète, autre-
ment dit se disposer en couches sphériques, ou
_ plus exactement ellipsoïdales, concentriques. En
effet, la vitesse de propagation des ondes sismiques
au travers du globe ne varie qu'avec la distance
des points entre lesquels on la mesure au moyen
des sismographes, soit entre le foyer et une station
sismographique, soit entre deux stations, et les
coordonuées géographiques de ce foyer et de ces
stations n interviennent en aucune mesure.
Revenons maintenant à nos trois hypothèses. À
la première, écorce légère et partie principale de
densité constante un peu supérieure à 5,5 devrait
correspondre, d’après l'analyse mathématique. un
aplatissement de 1/230, tandis que la seconde,
écorce et partie principale légères et noyau central
extrèmement dense, exigerait un aplatissement
de 1/577. L'aplatissement observé étant de 1/298
environ, c'est-à-dire de valeur intermédiaire, il
sensuit que la loi de variation de densité est
elle-même intermédiaire entre ces deux supposi-
tions extrêmes, c'est-à-dire que la constitution
2
Re
-
iii
dt 14 les
254 LA SISMOLOGIE MODERNE
interne du globe est du type de la troisième, ou.
que la densité augmente progressivement de la
surface au centre et suivant une loi à déterminer -
de telle sorte que la densité moyenne soit de 5,5.
Bien des lois de variations par couches concen-
triques peuvent être imaginées pour arriver à ce
résultat, tout en restant compatibles avec les
circonstances astronomiques du problème. Très
séduisante, celle de Legendre a longtemps régné
sans conteste ; elle consiste à supposer que, de la
surface au centre, l'augmentation de densité jus-
qu'à une valeur donnant une moyenne générale
de 5,5 résulte uniquement de la compression que :
les couches terrestres successives exercent les unes
sur les autres en conséquence de leur poids.
L'hypothèse de Legendre a contre elle la presque
unanimité des physiciens modernes. Ils font
observer qu'elle conduit à des pressions énormes
au centre de la terre, quelque deux millions
d'atmosphères, plus de mille fois les plus fortes
que nous puissions obtenir dans les laboratoires
à l’aide des plus puissants moyens de la mécanique
moderne. Ils n’admettent pas que la matière soit
ainsi presque indéfiniment compressible et déclarent
ne pouvoir s'imaginer quel pourrait bien être
l'état de la matière dans de semblables conditions.
Wiechert est le savant qui s’est le plus vivement
élevé contre cette conception. Pour rendre compte …
de la densité moyenne de 5,5, il ne reste donc plus
2
‘+
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 259
qu'une ressource, en demander l'explication à la
nature chimique même de la masse interne. A
plusieurs reprises déjà, nous avons rencontré cette
conséquence des observations, que la terre doit
posséder une rigidité de l’ordre de grandeur de
celle de l'acier. IL est donc tout naturel d'admettre
provisoirement que, pour les 4/5 ou les 2/3 du
rayon, la sphère terrestre est composée d’un noyau
de fer, ou de fer et de nickel, de densité uniforme
de 8 à 8,5. La partie extérieure se composerait de
la mince écorce connue d’une densité de 2,7
environ et d'une croûte intérieure d'une densité
comprise entre 3 et 3,4 et résultant de la compres-
sion mutuelle des couches successives. Cette répar-
_tition des densités rend exactement compte de la
densité terrestre moyenne de 5,5, mais il s’agit de
lui enlever le caractère hypothétique qu'elle a jus-
qu à présent. Auparavant il nous faut dire quelques
mots de la température interne, sans tenir aucun
compte de ce qu'elle a pu être dans la période de
temps qui correspond à la formation même du
globe terrestre; nous toucherions là aux théories
cosmogoniques et nous les considérons comme
tout à fait en dehors de notre sujet.
L'observation montre que la température croît à
mesure que l’on descend dans les puits de mines et
cela à raison d'un degré centigrade par 30 mètres
environ. Cette augmentation constatée sur une
épaisseur infime de 2 kilomètres, alors que le
256 LA SISMOLOGIE MODERNE
rayon terrestre en a plus de six mille, ne saurait
être étendue à toute la masse sans constituer une
hypothèse gratuite. Jointe à l'augmentation de pres-
sion, il en résulterait pour la matière du globe ter-
restre un ensemble de conditions tel qu'il nous est
impossible de concevoir quel serait son état molé-
culaire. Aussi les physiciens n’admettent plus que
cette température puisse croître jusqu'au centre et
ils pensent qu'à une certaine profondeur elle
devient constante et égale à quelque trois ou.
quatre mille degrés seulement, taux suffisant pour
rendre compte de l'état de fusion des laves volca-
niques.
Quoi qu'il en soit, il s’agit de donner à l'hypo-
thèse de Wiechert la sanction de l'observation,
sans oublier qu'elle a déjà en sa faveur l'argument
relatif à la rigidité de la terre considérée dans son :
ensemble, rigidité qui doit être comparable à -
celle de l'acier. Que la terre soit principalement
formée de fer ne paraîtra pas étrange si l'on
réfléchit que les vapeurs de ce métal jouent un
rôle prépondérant dans les raies du spectre des
parties profondes du soleil, que mettent à nu les
phénomènes tourbillonnaires manifestés par ses
taches. Toutes les théories cosmogoniques font
dériver le soleil et les planètes d'une masse nébu-
laire commune, de sorte qu'une certaine commu-
nauté de constitution chimique entre les différents
membres du système en est la conséquence
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 257
logique. Il y a plus, les minuscules astres que
sont les aérolithes sont composés d’une croûte
_terreuse et d'un noyau de fer et de nickel. C'est
en petit la reproduction de la constitution terrestre
que nous avons à tâche de justifier et nous pou-
vons trouver des arguments de fait sur la terre
elle-même.
On connaît, en effet, à la surface de la terre
d'énormes masses de fer natif presque pur; la plus
célèbre est celle d'Ovifak dans le Grœnland.
Longtemps on lui a supposé, comme à d’autres
analogues, une origine météorique et on la consi-
dérait comme un gigantesque aérolithe. Il est bien
prouvé maintenant qu'elle est venue au jour avec
des basaltes; en d’autres termes, elle est d’origine
profonde. Dans l’Arizona s'élève un cône avec
cratère appelé Coon Butte. L'absence de roches
volcaniques aux environs l’a fait longtemps consi-
dérer comme produit par la chute d'un énorme
aérolithe, dont les prétendus fragments composés
de fer se rencontrent jusqu à deux kilomètres de
distance ; leur poids total a été évalué à une dizaine
de tonnes. Malheureusement pour l'explication,
ces fragments ne se sont disséminés que d'un côté
du Coon Butte, de sorte que ce ne peut être le
point de contact d'un projectile d'origine céleste; il
s’agit tout simplement d’un cratère d’explosion par
lequel est venue au jour une masse profonde de fer
natif, morcelée par le phènomène volcanique lui-
SISMOLOGIE MODERNE. É
258 LA SISMOLOGIE MODERNE
même. Ces faits et d'autres analogues accusent
donc la présence du fer natif dans les couches
terrestres profondes et l'hypothèse de Wiechert
n'est plus une supposition simplement destinée à
rendre compte de la densité moyenne de la terre.
Il s’agit maintenant de voir si la propagation des
ondes sismiques, telle que la mesurent les sismo-
graphes, est ou non compatible avec l'existence
d'un noyau terrestre composé de fer comprimé et
dont le rayon serait les 4/5 ou les 2/3 de celui du
slobe.
Considérons les ondes longitudinales d’un trem-
blement de terre, et les ondes transversales
conduiraient au même résultat. Si elles se propa-
geaient par la surface, elles s’enregistreraient sur
les sismographes au bout de temps proportionnels
à la distance, c'est-à-dire aux arcs de grands
cercles qui séparent les épicentres des divers
observatoires. Au lieu de cela, ces temps croissent
moins vite que ne l’exigerait la proportionnalité à
la distance et l’on a déjà vu que leur vitesse est
beaucoup trop grande pour les propriétés physiques,
densité et élasticité, des couches externes, c'est-à-
dire que ces ondes se propagent par l'intérieur de la
terre. A 1000 kilomètres de distance, le temps
nécessaire est de 140” et, à 2 000 kilomètres. il n'est
plus que de 260” au lieu de 280” et ainsi de suite.
A chaque augmentation de 1 000 kilomètres de
distance correspond un accroissement successive-
: id
RD: ° .
+
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 259
ment moindre du temps nécessaire à la propaga-
tion et à 10 000 kilomètres ce temps n'est plus que
Fur F. ch |
0 0,2 oies)! 1,0
Fig. 60. — Variations de la vitesse de propagation des ondes sismiques
longitudinales avec la profondeur (d'après Benndorff).
de 790” au lieu des 1 400” qui correspondraient à
la proportionnalité. Cela s’interprète facilement :
à mesure que la distance augmente, le rayon
260 LA SISMOLOGIE MODERNE
sismique pénètre plus profondément dans l'inté-
rieur de la terre et y rencontrant des couches de
plus en plus denses et élastiques, la vitesse de
propagation des ondes sismiques croît elle-même
dans la même proportion. À partir d'une profon-
deur d'environ 1500 kilomètres, la vitesse de
propagation reste à peu près constante et égale à ce
qu'elle serait dans une sphère composée de fer et
de nickel comprimés, d’une densité de 8 à 8,5.
Nous nous retrouvons dans les conditions de
l'hypothèse de Wiechert, qui de la sorte est vérifiée
par des observations directes.
Dans le détail, les mesures des vitesses de pro-
pagation des ondes longitudinales, telles qu'on les
obtient au moyen des sismographes, nous four-
nissent d'autres renseignements. Ce sera d'abord,
pour les derniers 1 000 kilomètres de distance, un
nouvel accroissement. Cela signifie que le noyau
de fer, au lieu d'être de densité constante, est un
peu plus dense autour du centre de la terre. En.
outre, à 100 kilomètres de profondeur au-dessous
de la surface se produiraient, d’après Wiechert,
des ondes sismiques d’une nouvelle espèce et qui
correspondraient au cas d'un corps nageant sur
un fluide. Ce serait le magma d’où émanent les
laves et il viendra tout de suite à l'esprit que
jusque-là seulement persiste la loi d'augmentation
de température interne, car au taux de un degré
d'augmentation par 30 mètres de profondeur on y
LA CONSTITUTION INTERNE DU GLOBE 261
obtiendrait une température comprise entre 3 000
et 4 000 degrés, suffisante pour la fusion de toutes
les roches connues, et que les physiciens admettent
pour d'autres motifs, comme nous l'avons dit plus
haut.
En résumé, toutes les observations astrono-
miques, géodésiques, géophysiques et sismogra-
_phiques convergent vers la connaissance d’une
constitution terrestre interne qui se résume comme
il suit et met d'accord tous les faits :
1. Une écorce extérieure d’une densité moyenne
de 2,6 à 2,8 et d'une épaisseur d'environ 100 kilo-
mètres. C'est la zone des phénomènes de surrection
des chaînes des montagnes, plissements et char-
riages, et c'est aussi celle où naissent les tremble-
ments de terre.
2. Une mince couche fluide ou visqueuse de
magma. Cest là que naissent les phénomènes
volcaniques, et la température qui y règne doit
être comprise entre 3 000 et 4000 degrés; au delà,
elle n'’augmente plus.
3. Jusqu à environ 1500 kilomètres de profon-
deur, une couche d’une densité croissante jusqu à
3 ou 3,4 et au sein de laquelle la compression due
à la gravité croit progressivement et atteint le
maximum compatible avec la constitution de la
matière.
4. Au delà, un noyau constitué principalement
de fer comprimé. Sa densité croît très lentement
\
262 LA SISMOLOGIE MODERNE
jusqu'au centre, au voisinage duquel elle subit une
certaine augmentation plus rapide. Il est caractérisé
par une constance presque complète de ses pro-
priétés physiques, en particulier de son élasticité.
Le progrès des observations pourra, sans doute,
faire modifier dans quelques proportions les épais-
seurs de ces diverses zones, mais il n'est pas pro-
bable qu'elles soient ultérieurement changées de
manière notable, car cet ensemble a été successi-
vement déduit par l'expérience sans intervention de
théories ou d’hypothèses. On est loin de la concep-
tion du noyau interne fluide et incandescent et au
lieu de cela on est arrivé expérimentalement à
cette certitude qu'actuellement la terre est dans son
ensemble un solide dont la rigidité est comparable
à celle de l'acier, parce que précisément c’est un
bloc de fer. Il n’échappera pas que c’est à la sismo-
logie qu'il faut attribuer le mérite de cette synthèse
définitive de nos connaissances sur l’état interne
du globe.
CHAPITRE XX
EFFETS DES TREMBLEMENTS DE TERRE
SUR LES CONSTRUCTIONS ET MOYENS
D’Y REMÉDIER
Il serait tout à fait superflu d'insister sur l'in-
térêt capital que présente le problème des cons-
tructions asismiques, c'est-à-dire capables de
résister aux tremblements de terre même les plus
violents, et cependant, sans qu'on s’en doute, c’est
peut-être la branche la mieux élucidée actuelle-
ment de la sismologie, les divergences entre les
techniciens ne roulant plus que sur des points de
détail. Grâce à de très nombreux travaux publiés
depuis quelques années dans divers pays instables
comme l'Italie, le Japon, l'Autriche et les États-
Unis, il existe un véritable Art de bâtir dans les
pays à tremblements de terre et, n'était l'incurie des
populations intéressées et pourtant si souvent
éprouvées, rien ne serait plus facile que de sup-
primer le péril sismique. Voilà une affirmation
264 LA SISMOLOGIE MODERNE
qui semblera sans doute paradoxale tant les inves-
tigations faites dans cette voie sont restées cachées
dans des recueils spéciaux, peu accessibles au
public. |
Pour se convaincre immédiatement de cette
possibilité de sauver les constructions, il suffit de
songer aux nombreux monuments de l'antiquité
classique grecque ou romaine, encore debout après
avoir résisté victorieusement à l'assaut de vingt
siècles et plus, aux déprédations des barbares et
en même temps aux grands tremblements de terre
du bassin de la Méditerranée pourtant si souvent
ébranlé. Et cependant il ne semble pas, si l’on se
reporte aux traités d'architecture conservés, ceux
de Vitruve et de Frontin par exemple, que ces
grands constructeurs qu'étaient les Romains se
soient jamais préoccupés, au moins explicitement,
de rendre leurs monuments asismiques; mais ils
construisaient bien et lentement, c’est-à-dire ne
négligeaient aucune des prescriptions de l’art et
n'employaient que d'excellents matériaux. On est
d'ailleurs certain que cette immunité était spéciale
aux monuments importants et ne s'étendait pas
aux modestes habitations, les récits des historiens
en font foi.
L'expérience la plus courante prouve que sauf
des cas très particuliers, par exemple quand un
édifice se trouve sur le trajet d’une faille qui rejoue
au moment d'un tremblement de terre, toute
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 265
construction simplement soignée et bâtie avec de
bons matériaux assemblés rationnellement résiste
aux plus destructives secousses. On peut dire qu'au
moyen de ces deux prescriptions d'ailleurs indé-
pendantes de toute question préalable d’asismicité
et qui constituent le plus élémentaire devoir d'un
constructeur, on éviterait les quatre cinquièmes
peut-être des dommages, entendant par là qu'on
ne tient pas compte des petites avaries qui ne
compromettent ni la solidité, ni l’habitabilité d’un
édifice.
Il n'est pas téméraire de penser que l'autre part
de dommages, le cinquième restant, est dû à un
mauvais choix du site, ou du terrain sur lequel
on a bâti. Certes, le plus souvent, ce choix n'est
pas libre et s'impose en conséquence de multiples
considérations. Il faut donc envisager la possibi-
lité, d'ailleurs indéniable, de combattre efficace-
ment le danger sismique des terrains incohérents
ou de ceux topographiquement mal situés, le
long de la pente d'une crête par exemple. Le
problème se complique en raison de circonstances
parfois contradictoires, tel terrain naturellement
résistant de par sa constitution pouvant devenir
dangereux, si, en raison de sa situation topogra-
phique, le mouvement sismique peut y acquérir
toute son amplitude. Cependant, grâce aux mul-
tiples ressources de l’art moderne des construc-
tions, il ne sera pas plus difficile de construire
266 LA SISMOLOGIE MODERNE
asismiquement dans les situations les plus défavo-
rables que d'élever un pont en terrain marécageux
ou un viaduc sur des sables mouvants. A peine si
ce sera une question d'argent. Mais ce n'est pas
ainsi que le problème se pose au moins pour les
habitations particulières et il s’agit d'exposer les
principes généraux sur lesquels s'appuyer pour
les rendre asismiques.
On pourrait évidemment établir les règles pré-
servatrices au moyen de considérations théoriques
a priori. L'art de bâtir est, en effet, tout entier une
conséquence de la nécessité de résister à la pesan-
teur, effort statique, constant, vertical de haut en
bas et aussi aux poussées obliques résultant de
l'agencement mutuel des matériaux, c'est-à-dire
des formes architectoniques adoptées, ainsi celles
des voûtes. Dans le cas du tremblement de terre, :
il faut y ajouter un effort brusque et passager, donc
dynamique, ondulatoire dans le sens horizontal et
trépidatoire dans le sens vertical de haut en bas et
de bas en haut. Posé de la sorte, le problème n'est
pas au-dessus des moyens de la science de l'ingé-
nieur, mais il est beaucoup plus sûr de faire appel
à l'expérience acquise dans de nombreux désas-
tres. On a donc comparé pour de nombreux
tremblements de terre les structures, les maté-
riaux, et les sites des édifices qui ont résisté ou
non et de cette vaste enquête architectonique on
a déduit les structures à conseiller, les matériaux
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 267
_à préférer, les situations topographiques à éviter.
Cette méthode expérimentale «a posteriori a servi
de base à l’art de construire dans les pays à trem-
blements de terre qu'il suffirait de suivre à la lettre
pour éviter la totalité des dégâts. Les prescriptions
en sont assez peu nombreuses et à plusieurs
reprises on les a codifiées en règlements d’édilité,
qui malheureusement sont vite tombés en désué-
tude jusqu'à ce qu'un nouveau désastre soit venu
en démontrer, quoiqu'un peu tard, le bien fondé
et la nécessité.
. Sans entrer dans le détail, il ne sera pas sans
intérêt de développer ici quelques considérations
générales relativement au mode d'action des trem-
blements de terre sur les édifices et de montrer
comment l'art de bâtir asismiquement résulte de
la seule observation, ses principes restant d’ailleurs
en parfait accord avec ceux de l'Art de bâtir
sans épithète. Il suffira à notre but de considérer
la simple habitation, dont la destruction entraine
le plus grand nombre de victimes et la plus grande
partie des pertes matérielles. Voyons donc com-
ment un tremblement de terre attaque une cons-
truction, ou mieux une muraille qui est l'élément
fondamental de tout édifice, celui au moyen duquel
l'homme sépare de l'atmosphère libre un certain
espace où il abrite contre les intempéries sa per-
sonne et ses biens les plus précieux.
Malgré leur peu d'amplitude, mais à cause de
268 LA SISMOLOGIE MODERNE
leur grande vitesse de propagation, et surtout de
la brièveté de leur période, les vibrations prélimi-
naires ne laissent pas que d'exercer sur une
muraille des efforts mécaniques d'importance. On
peut dire schématiquement que cet effort sur les
matériaux est moléculaire, c’est-à-dire qu'il tend à
les désagréger en les désorganisant. De cela se
déduit la nécessité de n'employer que des maté-
riaux solides, compacts, cohérents et élastiques et
de relier les éléments constitutifs, pierres, bri-
ques, etc., par un mortier jouissant des mêmes
propriétés physiques.
Une muraille devra donc être homogène et élas-
tique et, si l’on veut donner à cette prescription
une formule savante, on dira que toutes ses parties
devront pouvoir vibrer synchroniquement. Toutes
les règles pratiques tirées de l'observation quant
aux qualités des matériaux de construction pour-
raient être déduites de cette règle et ici la théorie
et l’expérience restent en parfait accord. Cela se
prouve clairement au seul examen des décombres
d'une ville qui vient d’être renversée par un trem-
blement de terre. Si les restes d’une muraille
forment un tas de matériaux désagrégés, cest
que l'élément de liaison ne présentait pas une
résistance comparable à celle des éléments cons-
titutifs, pierres ou briques par exemple, et la
muraille manquait d'homogénité et d'élasticité ;
si, au contraire, en tombant, la muraille s'est
LE
po ”
re 7704 # d
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 269
fragmentée en gros blocs, c'est qu'en raison même
des dispositions architectoniques la muraille avait
des lignes de moindre résistance par suite de
l'agencement défectueux des ouvertures, portes et
fenêtres, ou de causes analogues. Toutefois les
vibrations préliminaires, longitudinales et trans-
versales, ne sont pas le facteur le plus à craindre
du mouvement sismique.
Aux vibrations préliminaires succèdent les ondes
de la phase principale. Elles ont une moindre
vitesse de propagation et une plus longue période,
mais leur amplitude, qui peut atteindre vingt centi-
mètres et plus, les rend destructives. Ce mouve-
ment ondulatoire n'attaque pas simultanément
toutes les parties de la muraille, c'est-à-dire que
ses diverses parties ne seront pas à un instant
donné à la même phase; elles seront animées de
vitesses dont la grandeur sera inégale et la direc-
tion différente, de sens contraire même. Il y aura
donc tendance à séparation des éléments consti-
tutifs, pierres ou briques, en suivant alternative-
ment les joints, et en apparence capricieusement.
Les fentes pourront même s'étendre à ces éléments,
tous ces effets divers variant avec les propriétés
physiques relatives de ces éléments et du mortier.
Pour résister victorieusement à cet effort de
disjonction, 1l faudra que les propriétés physiques
des matériaux procurent comme tout à l'heure
l’'homogénéité et l’élasticité de la muraille.
270 LA SISMOLOGIE MODERNE
Mais une muraille se détruit aussi parce que,
grâce à l'inertie, certaines de ses parties n'obéis-
sent pas immédiatement au mouvement ondula-
toire communiqué à d'autres que leur position
rend plus libres d'y céder. L'intervention de ce
nouveau facteur de ruine se produit tout particu-
lièrement pour les parties supérieures relative-
ment aux parties inférieures qui, elles, reçoivent
directement l'impulsion sismique du sol. Celles-là
restent donc en retard par rapport à celles-ci,
circonstance qui s'aggravera notablement si les
poutres des planchers, au lieu de reposer par leur
simple poids sur les murailles, leur sont solide-
ment reliées. [l se produira donc un eflet de
cisaillement horizontal, la muraille constituant un
pendule renversé, mais dont la partie supérieure
manque de liberté; elle se fendra à la hauteur du
plancher, ou plus communément un peu plus bas
parce que le pied de la muraille aura déjà changé
de phase quand la partie supérieure aura fini par
se mettre en mouvement. Théoriquement, ces
fentes devraient se produire horizontalement, mais
en réalité leur direction est oblique, perturbée
qu'elle est souvent par les lignes de moindre
résistance, comme celles dues aux ouvertures.
L'action destructive de l'inertie est moindre
pour une muraille indépendante que pour celles
qui font partie d’un édifice, en dépit du mutuel
soutien résultant, parce que, dans ces cas, l'inertie
SE
, NE VE
A |
‘
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 271
des planchers et des toitures s'ajoute à celle des
parties supérieures de la muraille. Pour y résister,
les murailles devront former un tout avec les
parties horizontales, c'est-à-dire qu'elles doivent
2 *
NNKNNKKKKKKKKK
ja
La
Fig. 61. — Maison-baraque de Vivenzio.
être renfermées dans une armature générale à
éléments tant horizontaux que verticaux. Elles
ne doivent pas être autonomes, ou self-supporting,
comme disent les Anglais, et leur rôle se réduira à
celui d'un simple matériel de remplissage, tout le
poids de la construction se reportant sur l'arma-
ture. Tel est le plus clair enseignement des
derniers grands désastres. Il n’y à d’ailleurs là
rien de nouveau que l'expression, et Vivenzio
connaissait bien ce fait quand, après le tremble-
ment de terre des Calabres des 5 et 20 février 1785,
il inventait son système des case barracate, qui,
depuis, a fait ses preuves toutes les fois qu'il a été
appliqué rationnellement.
9272 LA SISMOLOGIE MODERNE
Comme on sait, le mouvement sismique présente
une autre sorte d'ondes, les ondes visibles ou
gravifiques particulières aux terrains sans consis-
tance. On en estimera facilement l'effet éminem-
ment destructeur en se rappelant que, douées
d’une bien plus grande vitesse de propagation
que celle des vagues de la mer, ces ondes viennent
déferler contre les fondations d'un édifice exacte-
ment de la même manière que les vagues marines
contre une côte rocheuse et abrupte. Si donc l’édi-
fice ne forme pas un tout, il se séparera de ses
fondations et s'effondrera sans remède. Ainsi, par
une autre voie, nous arrivons à la conception d'un
édifice dont les diverses parties soient tellement
solidaires qu'aucune d’entre elles ne puisse se
mouvoir indépendamment des autres, et c'est ainsi
que s'est transformée l'idée des anciens sismo-.
logues quand ils disaient que toutes les parties
d’un édifice doivent pouvoir se mouvoir synchro-
niquement.
Un autre effet des ondes gravifiques est d'in-
cliner une construction et si la projection du
centre de gravité d'un mur peut sortir de sa base
de sustentation, 1l n'en est pas de même pour
un édifice considéré comme un ensemble. En
d’autres termes, le renversement d’un édifice est
impossible, et, en fait, on n'en a pas d'exemple;
cela ne peut arriver que pour ceux de formes
très particulières comme les phares ou les che-
24 RES
‘0067 100 Of np osttaiediuA op 0419 OP JUOUOTAUUOET,
= ‘99P[É UO S09]S01 SOINOTIQJUI SUOISIATP SOI 39 9PUIRJ OUR 94JU9 UOTCILAPS —
este. — PI: XVI:
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Sismolo
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*O0G4 100 97 NP OSICAUAJUA OP 04110] 0P JUOLUYIAUOAT,
"ANOUOD 99)S01 9PUIT CI 10 SOINOMOQUT SUOISTATD SOL OUJUO UOIPAL AG — LEO OT,
erne. — PI. XVII.
ie mod
Sismolog
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 273
minées d'usines. Mais si les murailles ne sont pas
parfaitement reliées aux divisions intérieures,
elles se rendront indépendantes du reste de
l'édifice et se renverseront. Ce danger est très réel
et on voit, en effet, à tous les grands tremblements
de terre, des façades tomber seules en laissant
apercevoir des appartements béants dont les
meubles sont restés en place. D'autres fois, au
contraire, c'est la façade qui reste debout et
l'intérieur de l'édifice s'effondre.
Il s'agit donc de constituer un édifice de telle
sorte qu 1l forme un monolithe seulement suscep-
tible de se balancer avec les ondes principales et
les ondes gravifiques. La solution consiste évidem-
ment dans lés armatures générales dont il a déjà
été question et les vides en seront remplis par des
matériaux formant rideau. En d’autres termes,
ce sera une cage.
À première vue, ces considérations pourront
être taxées de théoriques. Il est bien loin d'en
être ainsi, et nous avons dans les vagues de la mer
un phénomène naturel très analogue aux tremble-
ments de terre et dont l'effet sur les navires a
conduit à des principes tout semblables pour les
constructions navales.
Comment, en effet, agissent les vagues sur le
navire, si l’on ne tient pas compte de ce fait, ici
accessoire, qu'il flotte? En déferlant contre ses
flancs, ou murailles, elles le font rouler et tanguer.
SISMOLOGIE MODERNE. 18
274 LA SISMOLOGIE MODERNE
Ces effets ne différent pas essentiellement du
mouvement imprimé à une construction par les
ondes principales et gravifiques d'un tremblement
de terre et le choc des mêmes vagues de la mer
correspond, au moins jusqu'à un certain point, à
l'effet des vibrations préliminaires. Les conditions
exigées dans les constructions navales seront donc
les mêmes que pour les constructions asismiques :
homogénéité, élasticité et indéformabilité. L'homo-
généité s'opposera à la destruction et à la désorga-
nisation des matériaux par les mouvements
vibratoires; l'élasticité suffira pour combattre
l'inertie de certaines parties par rapport à d’autres
sous l'action du mouvement ondulatoire des ondes
principales; enfin l’indéformabilité empêchera le
mouvement pantographique de l’armature, autre
cause de destruction des murailles par excès de
tension ou de compression sous l’action des ondes
gravifiques déformant les panneaux de l'armature.
Aux deux premières conditions correspondent
le choix et la bonne qualité des matériaux, éléments
de liaison et éléments constitutifs. [l est un peu
plus délicat de satisfaire à la troisième, l'indéfor-
mabilité, mais tout constructeur avisé ne sera pas
embarrassé pour l'obtenir au moyen de liaisons
appropriées entre les diverses parties de l'armature,
soit métallique, soit de bois, et saura transformer
les rectangles en triangles, la seule figure indé-
formable.
{
CONSTRUCTIONS ASISMIQUES 275
Il viendra tout de suite à l'esprit que l'emploi
du ciment armé est précisément le mode de cons-
truction qui satisfait, et, au plus haut degré, à
toutes ces exigences. Ce sera donc le matériel de
choix pour Les pays à tremblements de terre et, effec-
tivement, toutes les fois qu'il a été convenablement
construit, les édifices ont admirablement résisté,
à Messine comme à San-Francisco. Il présente en
outre l'immense avantage d’être incombustible, et
l'on sait la violence des incendies qui suivent
toujours les grands tremblements de terre et
souvent même produisent plus de dommages que
le phénomène naturel. Dans un édifice en ciment
armé ne peuvent brüler que les objets contenus, et
la parfaite liaison entre le ciment et le métal de
petit échantillon écarte le danger des inégales
dilatations entre les murailles et les éléments
métalliques des constructions en charpentes de
fer ou d'acier et qui, en cas d'incendie, suffisent à
en assurer la destruction, même quand l'édifice a
victorieusement résisté au tremblement de terre.
Malheureusement le ciment armé ne convient pas.
partout à cause de son prix élevé et de la difficulté
de son emploi, mais à cette objection il y a cette
réponse que les plus modestes modes de cons-
truction peuvent être rendus asismiques à peu de
frais et à condition de ne pas s'en tenir aux
conseils des nombreux empiriques qui pullulent
dans les pays à tremblements de terre.
276 LA SISMOLOGIE MODERNE
Comme on l'a déjà fait remarquer, les désastres
sismiques se feront de plus en plus graves par
suite de la surpopulation croissante des villes et
des progrès mêmes de la civilisation, qui exigent
des constructions plus compliquées et plus élevées :
La question de leur asismicité devient donc de
plus en plus urgente. Nous entrevoyons que, dans
cet ordre d'idées, le ciment armé finira par rem-
placer tous les autres matériaux de construction,
parce qu il est à la fois hygiénique et incombustible.
L’asismicité sera obtenue par surcroît et, ce jour-
là. le danger des tremblements de terre aura
disparu pour toujours, sans qu'on l'ait voulu, et
nous avons beaucoup plus de confiance dans cet
inconscient progrès de l'avenir que dans l'adoption
de mesures préventives d'édilité, car l'expérience
de l’histoire montre que la routine continuera à.
avoir raison contre les plus sages conseils des
sismologues.
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Transactions of the Seismological
à ‘ya Yokohama, 1880-1892.
’
TABLE DES FIGURES ET CARTES
Fig. 1. — Modèle d’une partie de la trajectoire d’un point
de la surface terrestre lors du tremblement de terre de
Tokyo du 15 janvier 1887 (d’après Seikei Seikiya). . . : . 14
Fig. 2. — Trotioir dallé de l’Hôtel des Postes de San-Fran-
cisco, montrant une vague sismique visible du tremblement
de terre du 18 avril 1906 (d’après Schussler) (PI. I) . . . 16-17
Fig. 3. — Diagramme du tremblement de terre du 15 dé-
ceubré 1901 dans les Philippines (d’ he le « Philippine
DURE TT LITE NT SES SERRE 25
Fig. 4. — Directions observées au voisinage de Sinj lors
du tremblement de terre du 2 juillet 1898 (d’après Faidiga). 27
Fig. 5. — Rose sismique d'Orizaba (d’après le relevé des
observations de C. Mottl de 1889 à 1895). . . . . . . . . . 29
Fig. 6. — Mouvement d’un pendule oscillant dans le méri-
dien sous l’impulsion d’un choc perpendiculaire, puis paral-
= dernier (d'après Gecchi}.: .: … à, . . . . 0 4 31
Fig. 7. — Sismogramme obtenu à Santiago du Chili, le
8 juin 1909, avec un pendule Bosch-Omori non amorti, . . 39
Fig. 8. — Pendule astatique de Wiechert de 200 kilo-
ii 4... © 5 am al 40-41
Fig. 9. — Principe du pendule horizontal léger . . . . . 42
Fig. 10. — Principe du pendule horizontal lourd. . . . . 43
D 11 Peudule lourd de Bosch . . . : . .:,. : :°.. 44
Fig. 12. — Diagramme du cyclone du 16 novembre 1891 à
Manille obtenu avec un microsismographe Bertelli (d’après
a UC.) Lie rte «4 9 LES
280 TABLE DES FIGURES ET CARTES
Fig. 13.— Une tempête microsismique à Tokyo les 18 et
19 novemibre 1900-(d’après Omori). :° NS 49
Fig. 14. — Schéma d’un télésismogramme normal . . . . 50
Fig. 15. — Sismaogrammes comparés de macroséismes
locaux, Voisins, OU de téléséismes. . .'". 2000 RENE 92
Fig. 16. — Diasramme de la composante N. S$. du trem-
blement de terre de Mongolie du 9 juillet 1895; plus de
3 000 km. (d’après Angenheister) s'R 93
Fig. 17. — Sismogramme obtenu à Santiago du Chili le
22 juin 1909 avec un “pendule Bosch-Omori amorti (PI. IT). 54-55
Fig. 18. — Sismogramme du tremblement de terre de
Tokyo du 20 juin 1894 . HE . it ESSOR
Fig. 19. — Sismogramme obtenu à Copiapo (Chili) le
24 eptembre 1910 avec un pendule astatique de Wiechert
de 200 kgr. (PI. IV). ARR
Fig. 20. — Tremblement de terre polycentrique de Mineo
du 26 août 1904 (d’après Arcidiacono). . . . 74
Fig. 21. — Dédoublement de la troisième isoséiste du trem-
blement de terre de Kangra du 4 avril 1905 (d’après Middle-
HCDISE MES TR NS RARE PRES ER PRET CEA do 13
Fig. 22. — Épicentre du tremblement de terre d’ Herzogen-
rath du 22 octobre 1873 (d’après von Lasaulx). 79
Fig. 23. — Crevasses à la façade de l’église d’ Re déf Rey,
le 25 Hate 1885 (d’après Taramelli et Mercalli) (PI. V). 88-89
Fig. 24. — Hodographe des trois espèces d'ondes pour le
tremblement de terre des Calabres du 8 septembre 1905
(d'aprés M1ZZ0).::.7 7. 89
Fig. 25. — Variations de la fréquence des tremblements
de terre du Mino et de l’Owari du 28 octobre 1891 Me :
Dairoku Kikuchi). a M ©
Fig. 26. — Région sismique de lattantique équatorial ou
de Daussy , HAT 117
Fig. 27. — Le raz de marée > du 5 mai 1902 sur a place
Bertin à Saint-Pierre de la Martinique (d’après Lacroix)
CPS NA). LUE Re
Fig. 28. — La corvette péruvienne America et le vapeur
de guerre Wuleree transportés à plus d’un mille de la côte lors
du Lremblement de terre d’Arica du 13 août 1868 (PI. VII). 118-119
Fig. 29. — Marégramme de Rochefort lors de l’éruption
du Krakatoa (d’après Wharton)... . . SE à
Fig. 30. — Homoséistes horaires au travers ‘du Pacifique
des bains du tremblement de terre d’Arica du 13 août 1868
(d'après .F. von Hochstetter) …. .. .. .. .. .: 2 O0
TABLE DES FIGURES ET CARTES 281
Fig. 31. — Marégramme général de Port-Denison (Sydney,
Australie) du 10 au 14 mai 1877 (d’après Geinitz). . . . . . 123
Fig. 32. — Éboulements de terrain le long de la côte de
Céram lors .du tremblement de terre du 30 septembre 1899
(d’après Verbeek). . . . . . . , A 2%
Fig. 33. — Carte sismique des Marches (d’ après Baratta) 22 FT
Fig. Hi —Dislocations de Céram . . + . .…. . . . : :..1. 482
Fig. Li = 3 LIENS NSP ENTRER ER 149
Fig. 36. — Portions de sismogrammes obtenus a la sur-
. face Hu sol etau fond d’un puits re du tremblement de terre
de Tokyo du 18 février 1889 (d’après Seikiya) . . . . 155
Fig. 37. — Effets des vibrations marginales au bord du
plateau de grès de Balparram (Garo Hills), le 12 juin 1897
(d’après R. D. Oldham) (PI. VII). SLR CESR
Fig. 38. — Crevasses et cratères de sable formés sur la
côte % Acbaïe lors du tremblement de terre de Kalamaki du
26 décembre 1861 (d’après J. Schmidt) (PL IX) . . . . . 160-161
Fig. 39. — Changements de position des sommets de la
iriangulation de Californie après le tremblement de terre de
San-Francisco du 18 avril 1906. Environs de Point Arena . 161
Fig. 40, — Distribution mensuelle des séismes légers,
forts ou destructeurs signalés à Kyoto de 797 à 1867 (d’après
Omori) . UE UT ven! RE à :
Fig. 41. — Variations journalières normales de la pression
barométrique et courbe de fréquence sismique horaire ES
rale au Japon (d’après Omori). . . . . Ee
Fig. 42. — Faille ouverte dans la vallée de Neo (Japon cen-
iral) lors. du . tremblement de terre du 28 octobre 1891
aptes KGlO) (PIX). : : . Re nn LEE
Fig. 43. — La grande fracture de la vallée de Neo produite
par R- tremblement de terre du Mino et de l'Owari du
PEAR ES 0 en re
Fig. 44. — Fracture parallèle au Show aï- -Gawa causée e par
le tremblement de terre du Japon central du 28 octobre 1891
ape ROIODEPL. XD), : | 2 à tie SATA 98
Fig. 45. — Principaux cute de las de Chéma-
Kha (d'après Weber) . a APE
Fig. 46. — Coulissage d’une faille indiqué par r ouverture
et ie. déplacement te clôture. Tremblement de terre de
San-Francisco du 18 avril 1906 (PI. XII). . . . . . . . 196-197
Fig. 47. — Jsoséistes du tremblement de terre du
31 août 1896 dans Je Honshu septentirional (d’après Yama-
TEA CORPORATE RÉ PR ER t 2 LEURS Ne NAN 197
ES
282 TABLES DES FIGURES ET CARTES
Fig. 48. — Compartiments de la marqueterie terrestre
ébranlés en Islande entre leurs dislocations limites par les
tremblements de terre de septembre 1896 (d’après Thorodd-
SON) A US ALES ANT SR SNS 199
Fig. 49. — Raccourcissement de voie ferrée causé par le
tremblement de terre de San-Francisco du 18 avril 1906
2 PA CL N MSRN RES CRE Re 206-207
Fig. 50. — Distorsion de la voie ferrée d’Old Chaman lors
du tremblement de terre du Béloutchistan du 20 décem-
Bree, sé a us à ee PONS 207
Fig. 51. — Pont aux environs de Rangpour, bombé par le
tremblement de terre ‘de l’Assam du 12 juin 1897 (d’après
RD. POIdham) (PL XIV), 002 2) AOC RS 208-209
Fig. 92. — Trajet de la faille sismique de Californie
LEUR, 2 le PTE ER ER 208-209
Fig. 53. — Carte sismique de la Basse-Autriche (d’après
OS PNR En 209
Fig. 54. — Homoséiste du tremblement de terre de Bellune
dû 29 jure 1873 (d'après Hôfer).. : 2 24 2 SR 211
Fig. 59. — Vallée du Rhône et Alpes françaises . . . . . 231
Fig. 50:— Pyrénées françaises : 7 TOME 239
Fis.607. — Pays barbaresques. 2000 237
Fig. 98. — Les Petites Antilles : ::: 04e 239
Fig. 89. — Italie méridionale et Sicile. Courbes isanomales
dela gravité (d'après Ricco) . .. {7.4 MEN 245
Fig. 60. — Variations de la vitesse de propagation des
ondes sismiques longitudinales avec la profondeur (d’après
Beni, ue ie à LUN RL NES - 259
Fig. 61. — Maison-baraque de Vivenzio. . : . . . . . . 271
Fig. 62. — Séparation entre une façade et les divisions
intérieures restées en place. Tremblement de terre de Val-
raraise du 16 août 1906 (P. XVI) 472: URSS _ 272-273
Fig. 63. — Séparation entre les divisions intérieures effon-
drées et la facade restée debout. Tremblement de -terre de
valparaiso du 16 août 1906 (PL XVII), 600 272-273
RÉGIONS SISMIQUES. Ancien Monde. Nouveau Monde (hors
texte à la fin du volume).
Te.
PREFACE N. .
CHAPITRE |.
nt LR
nt LIL.
— IV.
VI.
— VIL.
nn AE:
IX.
FU E.
—"., XI.
= XIL
— XII.
nn LAN
ra.
TABLE DES MATIÈRES
Li -
— Caractère ns du mouvement sismi-
que. ù
— Les sismoscopes Fe ce 5 ils apprennent -
— Les Sismographes. . . . . FPT
— Sismogrammes et ondes ue ARC UE
— Éléments mesurables du mouvement sismi-
LTÉE ARTS SENES Se
— Le foyer du nn de Fe :
— Les bruits sismiques. Retumbos et Bronti.
D LR (fi cn Por RM
— Séries de secousses et déclanchement à dis-
EE nn eu Sr" E
— Tremblements de A sous-marins Fa es
namis . . Re
— Fréquence et EP iaite RSS Dent TEE
— Géographie sismique et volcanique.
— Relief terrestre et tremblements de terre. .
— Effets des tremblements de terre sur le
sol et topographie sismique .
— Relations supposées entre les nee
de terre et d’autres phénomènes.
— Tremblements de terre d'éboulement et Bt
blements de terre volcaniques. .
264 TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE XVI. — Tremblements de terre tectoniques . .
— XVII. — Evolution du relief terrestre et tremble-
ments de terre. : NS CNRS
— XVIII. — Les tremblements de ee, en | Fe et
dans ses colonies . ;
— XIX. — La constitution interne du globe € et les
tremblements de terre. . .
— XX. — Effets des tremblements de Es sur e
constructions et moyens d'y remédier. .
BIBLIOGRAPHIE. .
TABLE DES FIGURES ET CARTES.
715-11. — Coulommiers. Imp. Pauz BRODARDN. — 11]-]1.
4 4
S Fa
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191
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ANCIEN MONDE
RÉGIONS SISMIQUES
NOUVEAU MONDE
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= GÉOGRAPHIQUES
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Cartes»! 22, LS ASS SOS
Atlas Vidal-Lablache. — Atlas des Colonies françaises. . . 10
Géographie générale. — Géologie. — Séismologie . . . . 21128
Études et monographies géographiques. . . . . . . . . . 145
« Annales de Géographie ».. . 2. 22
Dictionnaire de Géographie. — Album Géographique . . . 19
Enseignement: 2 400. 02e 2 CO
Cartes murales Vidal-Lablache. . . . . . . . . . . . . . 21
Tableaux muraux de Géographie... RS
TABLE ALPHABÉTIQUE par noms d'auteurs. . . . . . . . 24
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M. P. Foncin décrit ce merveilleux pays des Maures et de l'Esterel comme
la terre d'élection qu'il choisit parmi ces « pays de France » dont il a dit
naguère, en une retentissante étude, la magnifique diversité.
Il s'est attaché à faire connaître, outre les aspects physiques et les ressour-
ces naturelles du double pays des Maures et do l'Esterel, son histoire et ses
développements : quelques chapitres, consacrés à l’histoire générale, aux
types historiques, aux villes et campagnes pendant les derniers siècles,
montrent toute la variété de la vie sociale depuis les origines.
L'ouvrage de M. P. Foncin est donc une description complète du pays et
il est destiné à devenir un véritable guide pour tous les voyageurs, de plus
en plus nombreux, qu'attire, aux environs de Fréjus et de Saint-Tropez, la
réputation des Maures et de l’Esterel.
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et par la Société de Géographie commerciale de Paris.
« Il s’est trouvé parfois des écrivains étrangers pour bien comprendre et
- aimer la France : je ne sais pas si l’un d'eux l'avait jamais « sentie » aussi
vivement, pleinement, intimement. Ces descriptions de nos villes et provinces
seront pour beaucoup de lecteurs une révélation. L'auteur sait nous insinuer
doucement ses facons de voir et d'expliquer, par un subtil mélange d'humour
anglais, de précision américaine, de grâce et comme de câlinerie française. »
(La Revue de Paris.)
« En retraçant, sans prétention, les impressions d'un voyage accompli dans
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ricaine, nous a donné une œuvre vraiment intéressante, d'une saveur originale
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L'auteur est allé les étudier chez eux, dars leur vie de tous les jours. Son
livre, d'une observation pénétrante et avertie, nous donne de la société espa-
_gnole et de la société portugaise un tableau très étudié et très vivant, bien
digne de fixer notre attention. »
(Journal des Débats.)
«Ce sont les notes de voyage d'un écrivain infiniment curieux et con-
sciencieux qui regarde attentivement et avec un sens aigu du pittoresque
tout ce qu'on lui montre, et s'arrange de façon à pénétrer ce qu'on lui dissi-
. mule, Aussi a-t-il vu bien des choses amusantes, inédites et instructives, qu'il
nous rapporte dans des pages alertes, sincères et vivantes. »
(Le Figaro.)
Suédois et Norvégiens chez ce par M. Quillardet.
Un vol. in-18{(2° Énrrion), broché. TEE
Ouvrage couronné par l'Académie francaise. Prix de Joest.
« ivre plein de faits et d'idées qui seront le plus souvent pour le lecteur
français des révélations. Le pays, le « monde », les classes sociales, la- wie
agricole, les pêcheries, le commerce et l' industrie, la vie religieuse et intellec-
tuclle, la littérature, la femme, la politique : en neuf chapitres nous savons
de deux peuples, qui se ressemblent si peu entre eux, tout ce qu'un étranger
peut savoir. Et n'allez point croire que M. Quillardet, si informé, Si docu-
menté, soit ennuyeux; il y à au travers de ses récits une lumière légère qu'on
poursuit avec plaisir jusqu'à la fin. » (Le Temps. )
En Méditerranée, Promenades d'histoire et d'art, par Charles
Biehi, membre de l’Institut, professeur à l’Université de Paris.
Un volume in-18 (3° Eprrion), broché... :. 4 5 2 MONS 0
« Le savant professeur nous conduit d'abord dans la Dalmatie romaine, et
il fait revivre à nos yeux le palais Domitien à Spalato, puis les nécropoles
récemment explorées de Salone. Il nous mène ensuite aux fouilles de Delphes,
puis aux villes mortes de l'Orient latin (Chypre, Famagouste, Rhodes), et fina=
lement à Jérusalem. Ce qui ajoute encore à l'intérêt de ce. beau livre, c'est
que son auteur n’excelle pas moins à ressusciter le passé qu'à dépeindre le pré-
sent, en dégageant de l'état actuel des choses des enseignemeñts et des pré-
. visions dignes de l'attention de tous ceux qui pensent. »
(Journal des Débats.)
Excursions archéologiques en Grèce, par Chartes miehi.
Un vol. in-18, avec 8 plans (7° ÉpirioN), broché.. . . . . 4 fr.
Ouvrage couronné par l'Académie française. Prix Montyon.
« Dans ce livre charmant, l'auteur nous promène successivement à Mycènes,
à Tirynthe, sur l’acropole d'Athènes, pour nous montrer la Grèce primitive
qui sera pour plus d'un une véritable révélation. À Dodone, il nous tait l'his-
toire de l'oracle de Zeus; à Délos, celle du culte d'Apollon ; à Olympie, celle
des Jeux ; à Eleusis, celle des mystères; à Tanagra, celle de la mode. Il a
résumé les travaux raies plus récents avec une élégante concision, et il instruit
autant qu’il plaît. > (Revue historique.)
é
ee.
A 2e
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 5.
La Grèce d'aujourd'hui, par &nston meschamps. Un vol.
a 2 Ab) broché... : . 0", , …., . tr 08
Ouvrage couronné par l'Académie française.
« Ce livre de M. Gaston Deschamps sur la Grèce d'aujourd'hui est un livre
délicieux où la description des pays helléniques, les souvenirs de l'antiquité,
la peinture de la société grecque moderne se mêlent sans se nuire, où l'on
trouve de l'esprit, de la poésie, du pittoresque et aussi des vues philosophiques
et historiques qui. pour n être pas pédantes, n’en sont pas moins très sérieuses. »
| (Ziervue Historique.) .
Sur les routes d'Asie, par &aston meschümps. Un volume in-18
D oehél4 1. . + +. 3 nds à ose SE
« M: Gaston Deschamps a réuni dans ce volume une suite d'impressions :
qu'il a recueillies dans un voyage commencé au Pirée et terminé vers la
Pisidie après avoir visité l'ile de Chio et les villes qui bordent l'ouest de
l'Asie Mineure. Très apte par sa nature et ses études à dégager l'intérêt de
toutes choses sur un pareil terrain, l’auteur sait s’ärrêter aux bons endroits,
et c’est un utile plaisir que l’on goûte en sa compagnie pendant cette belle
excursion, » (Le Figaro.)
Au Pays rUSSE, par Sules Legras. Un volume in-18 (4° ÉDITION),
UT ei ie
Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Montyon,
et par la Société de Géographie commerciale de Paris.
« L'auteur a parcouru les steppes, de la Baltique à la Mer Noire. La déso-
lation de ce morne pays, ses mœurs encore sauvages en tant de points, mais
aussi Sa physionomie pittoresque mal connue jusqu'à présent, et surtout ses
- ressources infinies, tout cela est expliqué et dépeint par l'enquêteur perspicace
et consciencieux. » (Le Figaro.)
« Observateur sagace, impartial et profondément doué, M. Legras joint à
ces qualités une connaissance parfaite de la langue russe. Il a su pénétrer
dans toute les couches sociales et le tableau quil présente de la vie russe
. - est assurément l'un des plus saisissants et des plus véridiques de tous ceux
_ que les écrivains de l’Europe occidentale ont pu produire sur ce vaste pays. »
(Société de Géographie.)
En Sibérie, par Jules Legras. Un volume in-18, 22 gravures À
_hors texte et 1 carte en couleur (2° Eprrion), broché.. . . 4 fr.
« Dans un récit suivi, plein d'animation, d'anecdotes et de bonne humeur,
M. Jules Legras nous montre la physionomie de l'Asie russe. La connais-
sance de la langue l'a mis à même de pénétrer partout et de nous rapporter
aussi bien les confidences d’un matelot, d’un paysan et d’un galérien que les
idées d’un gouverneur. Ce mélange d'impressions si variées, rencontres affli-
geantes où grotesques, aventures, incidents de toute espèce, donne un inté-
rêt vivant à cet ouvrage. » (Le Temps.) À
« Jules Legras a visité deux fois la Sibérie, et ces voyages ont laissé en
lui de profondes impressions. Son livre n’a pas la prétention d’être autre chose
qu'un journal de route; mais toute la physionomie de l'Asie russe nous y
. apparaît dans un récit plein d'observations, d’anecdotes et de bonne humeur. »
(La lievue de Paris.)
6 LIBRAIRIE ARMAND COLIN
La Perse d'aujourd'hui (/ran, Mésopolamie), par Eugène
Aubin, Un volume in-18, 450 pages, 1 carte en couleur hors texte,
HLOGRES 4 nv en ue ve 6 à à ne Ce
« Ce livre est d'un intérêt très vif, d'autant plus vif que les notes sont prises
à un moment émouvant de l'histoire persane, alors que la vielle Perse achève
de mourir et qu'une nouvelle est en train de naître. » (Le l'igaro.)
« On trouve dans cet ouvrage, à côté de chapitres d'histoire intérieure et
diplomatique, une foule de curieux renseignements sur les croyances reli-
gieuses, sur les mœurs et les usages, sur les villes saintes de l'Iran. Aussi
convient-il de le recommander à tous ceux qui s'intéressent à l’évolution
actuelle de l'Asie, comme une source de première importance et qui, au
mérite d'une abondante documentation, joint celui d'une exposition remar-
quable par sa précision, sa lucidité et son agrément. » (Polybiblion.)
Le Tibet. Le pays et les habitants, par F#. Grenard (Mission
Dutreuil de Rhins). Un fort vol. in-18, avec 1 carte en couleur,
DODGE ee eh Sue à à 0e ee 0 COS
« Dans cet ouvrage, M. Grenard résume d’abord l'exploration qu'il fit avec
Dutreuil de Rhins; il donne ensuite une « vue d'ensemble sur le Tibet et ses
habitants », sur leurs mœurs et coutumes, la vie économique, etc. La curio-
sité politique et sociale de M. Grenard le distingue très nettement de tant
d'explorateurs qui nous ont seulement rapporté des renseignements géogra-
phiques. Aussi lira-t-on son livre avec le plus grand intérêt et le plus grand
profit. » (Journal des Débats.)
Les Chinois chez eux, par E. mard. Un volume in18,
12 planches hors texte (5° EprrioN), broché...
« M. Bard n'est pas un savant de bibliothèque, c’est un homme d'action,
un commerçant qui a rendu d'excellents services à notre colonie de là-bas,
qui parle plus volontiers de ce qu'il sait que du reste et qui en parle sim-
plement, clairement et avec méthode. Il a vu la Chine, a vécu parmi les
Chinois, a fait des affaires avec eux... De ses investigations diverses, il a tiré
un bon livre, rempli de faits, écrit sobrement, avec précision, où il nous
présente une Chine vraie, peuplée d'hommes véritables, et non pas cette
Chine baroque à laquelle on nous avait habitués. »
(GRENARD. — Bulletin de la Société de Géographie commerciale de Paris.)
Au Japon et en Extrême-Orient, par Fr. Chalaye. Un vol.
in-18, broché. "fit, Le 9 et RE NS
« En observateur curieux, attentif et jeune, M. Félicien Challaye nous
rapporte des vües tout à fait originales et fécondes sur la facon dont la civi-
lisation européenne a modifié celle du Japon sans entamer en rien les tradi-
tions du vieux Nippon. » (Le Figaro.)
« Cet ouvrage, très finement senti, plein de vues personnelles et pénétrantes,
est un des plus suggestifs qu'un Français nous ait depuis longtemps rapporté
d'Extrême-Orient. » (Le Journal des Débats.)
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 7
L’Indochine française, par srenri Russier, inspecteur des
écoles en Cochinchine, et Henri Brenier, inspecteur conseil p. i.
des services agricoles et commerciaux de l’Indochine. Un volume
in-18, 56 gravures dans le texte, 4 cartes en couleur hors texte,
io SRE
« Avec le grand nombre d'images qui l’illustrent, c’est un livre d'un très
vif intérêt où sont étudiés en des pages précises, alertes, pittoresques à l’oc-
casion, le pays, les habitants, la mise en valeur, l'organisation politique et
administrative de l’Indochine. » (Le Figaro.)
« Les plus authentiques renseignements et les plus importants ouvrages
ont été mis à profit pour établir ce manuel clairement présenté et habilement
distribué. Le lecteur, même non initié, trouvera dans ces pages l'indispen-
sable et ie suffisant. Comme vue d'ensemble sur le sujet, il serait difficile
d'en trouver une plus attrayante. » (Le Correspondant.)
Le Siam et les Siamois, par le Commandant #. Euncet de
Lajonquière. Un vol. in-18 de 360 pages, broché. . . . 3 fr. 50
Ouvrage couronné par l’Académie française. Prix Montyon.
« L'auteur, qui a été chargé de mission au Siam, nous donne une étude
utile sur ce royaume asiatique qui doit nous intéresser doublement, puisqu'il est
avec la Chine le seul état encore indépendant de l'Extrême-Orient et qu'il
— est proche de notre Indochine. Après de précises généralités sur l’organi-
: sation de l'État, sur les Siamois et les étrangers, nous trouvons en cet ouvrage
le récit minutieux d'un voyage de Bangkok à Raheng par la vallée du Menam
—_ et du Meping, puis à travers les montagnes jusquà Rangoon. Travail cons-
x ciencicux, nourri de renseignements et d'anecdotes. »
(La Revue de Paris.)
Java et ses habitants, par a. Chaïlley-mert. Un vol. in-18
Mn EnIToN, corrigée el augmentée), broché. + . =... . & fr.
« M. Chaïilley-Bert est allé à Java. Il y est demeuré plusieurs mois, et il
_ nous transmet dans ce volume les résultats de son voyage. D une lecture facile,
voire même fort agréable, cet ouvrage contient des études étendues ct péné-
trantes sur la société indigène et la société européenne à Java ; la concurrence
économique entre Européens et Orientaux; la question chinoise ; la concur-
rence politique entre Hollandais et Javanais; la question si complexe de l’édu-
cation des indigènes. » (Le Musée social.)
Otahiti : 4x pays de l'éternel Été. Impressions de voyage, par
Henri Lebeau. Un volume in-18, broché . . . . . . . 3 fr. 59
_« Parmi tant de souvenirs de voyages, publiés ces derniers temps, aucun
auteur n'avait encore traité de l'Océanie française. Aussi ce récit d'une visite
faite en Polynésie, au cours d’un voyage autour du monde, dans ce « pays
de l'éternel été », est-il une révélation sur la petite colonie océanienne. Ce
sont là, d'ailleurs, plus que des tableaux de nature et de vie tahitienne. L’au-
teur a su pénétrer l'âme indigène et nous présente le contraste saisissant qui
se révèle entre la nature splendide de l’île et la pitoyable décadence de la
race qui achève d'y mourir dans un cadre d'idylle tropicale. »
(Za Revue.)
BE _ LIBRAIRIE ARMAND COLIN.
En Haïti : Planteurs d'autrefois, Nègres d'aujourd'hui, par
Eugène Aubin. Un fort volume in-18, 32 photolypies et 2 cartes
en couleur hors texle; Proché:s ..". , 40 ONE
« Dans un cadre magnifique, M. Eugène Aubin a eu sousles yeux une suite
ininterrompue de manifestations populaires d'une incomparable étrangeté qui
se produisaient sous des formes dont l’origine africaine se trouvait influencée
par notre culture et par notre histoire. Rien de plus curieux, de plus émou-
vant que ce mélange disparate. M. Eugène Aubin le retrouve partout dans ce
voyage prestigieux dont il nous fait partager les émotions et l'agrément
en des pages alertes, documentées, scmées de belles ct pittoresques images. »
(Le Figaro.)
Une Mission française en Abyssinie, par sSyisain
Vignéras. Un volume in-18, avec 60 photographies, broché. 4 fr.
« Ce livre, aui n’a d'autre prétention que d'être un journal de route, con-
tieut mille observations précieuses, fidèlement notées, qui laissent une
impression très nette de la nature de la région que l'auteur a parcourue. »
(Le Temps.)
Impressions d'Egypte, par £euis Malosse.In-18,br. 3 fr. 50
« Cet ouvrage se divise en deux parties : l'une qui est purement narrative
et descriptive; l’autre, où l'auteur étudie l'état moral et politique du pays...
Ces pages, pleines d'informations exactes, méritent d'être lues. » |
AE (Le Temps.)
Le Maroc d’aujourd’hui, par Eugène Aubin. 1In-18 de 560 pages,
avec 3 carles en couleur hors texle (6° EbrrioN), br.. . : . . 5 fr.
_ Ouvrage cowronné par la Société de Géographie commerciale de Paris.
«M. Eugène Aubin a eu la bonne fortune de séjourner, au cours de ces
dernières années, à Tanger, à Marrakech, à Fez; il nous explique dans cet
‘ouvrage l'organisation du gouvernement marocain et le mécanisme de la vie .
marocaine: {l y a plaisir à Ie lire, parce qu'il nous présente les faits selon
une heureuse méthode, et que la recherche de l'exactitude n'empêche pas
l'auteur d’avoir le souci de la clarté. Ce livre exact est aussi un livre
acréable, et par là il participe d'une tradition très française. »
ma (Journal des Débats.)
mm
Voyages au Maroc (1899-1901), par le m5 de Segonzae, avec
178 photographies, dont 10 grandes planches hors lexle (29 pano-
ramas en dépliants), { carle en couleur hors texle et de
nombreux appendices. Un vol. in-8° de 400 pages, broché . 20 fr. $
Relié demi-chagrin, tète dorée. | 97 fr.
Ouvrage couronné par l'Académie française, prit Furtado, et par la
Sociité de Géographie de Paris.
« En trois explorations successives, de 1899 à 1901, le marquis de Segonzac.
- à visité, sous le déguisement d'un mendiant musulman, les régions les moins
abordables du Maroc. Son ouvrage, rédigé dans la forme d'un journal de.
- route, mais sans sécheresse, a la précision d'un document scientifique en
même temps qu'il donne dans de sobres descriptions une vive impression des
choses vues, et qu'il doit à son style chaud et coloré un véritable charme
LHLÉÉSILE) à (/ievue de Géographie.)
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES PT. ©
4 , f ’ .
: Dahomé, Niger, Touareg * Notes el récits de voyage, par le
. GéncralToutée. Un volume in-18 jésus, avec 1 carte hors texte :
D 2 Common} Droché :_-. : : . . . . 4 fr.
Ouvrage couronné par l'Académie française. Priz Montyon, et par
es l’Académie des Sciences. Prix Delalande-Guérineau.
… « On sait que parti de Kotonou en décembre 189{ avec la mission de relier
le Dahomey français au Niger, l'auteur, à travers des obstacles ct des diff-
cultés sans nombre, put remonter le Niger jusqu'à Farka, dépendant du
Cercle de Tombouctou; puis le redescendit jusqu à son embouchure, démontrant
ainsi que le Niger moyen était navigable. On trouvera dans ce livre le
récit de cette exploration si féconde en résultats, et de cette mission si bien
remplie.» (Revue des Deux Mondes.) |
es
Du Dahomé au Sahara : La Nature et l'Homme, par le &énérat
”
routée. In-18, 1 carte en couleur (2° Eorriox), br. . . 3 fr. 50
Ouvrage couronné par l'Académie francaise. Priz Montyon.
._ « Dans Dahomé, Niger, Touareg, l'auteur nous a raconté avec un grand
charme de gaïité tous les incidents pittoresques de son exploration. Le présent
…_ _ volume est d'un ordre tout différent : c'est une étude grave, riche d'infor-
- mations et d'idées, qui permettra au public français d'apprécier l'avenir éco-
nomique du Soudan, en le renseignant sur le degré de civilisation des indi-
- gènes, sur la qualité du sol et la nature de ses productions. » |
>» (La Revue de Paris.)
. Sahara soudanais, par BR. Chudeau, chargé de mission
- en Afrique Occidentale française. Un vol. in-8° raisin, 83 figures
et cartes dans le texte ct hors ferte,- dont 1 carle en couleur,
72 pholotypies et ? phologravures hors texte, broché...... 146 fr.
x Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences. Prix Saintour.
« Après avoir vu par lui-même, M. R. Chudeau n'a pas négligé les ren-
Seignements quil a pu recueillir ailleurs. Ce livre très intéressant constitue
un exposé aussi complet que possible de nos connaissances actuelles sur la
géographie, au sens le plus large du mot, de la région saharienne. »
: Le (La Revue Scientifique.)
-
CARTES
Carte de la Chine pAaysique et politique, par F. Bianconi, ingé- :
__ nieur géographe, auteur des Cartes commerciales universelles,
# 5 LE 00e
_ Carte du Cours de l'Amazone (depuis l'Océan jusqu’à
_ Manaos)et de La Guyane Brésilienne, dressée par Paul Le Cointe.
“4 _ Une carte en couleur (1°25 X 65°) dans une pochette, avec notice -
2%
D: Montée sur Loile, avec gorge et rouleau. : . . . . . . . 45 fr.
: : +. ; . E _
ss 5
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IO LIBRAIRIE ARMAND COLIN
ATLAS
censRsss
Atlas général Vidal-Lablache historique et géographique,
par P. Vidal de la Blache, membre de l’Institut, professeur à
l'Université de Paris. — NouVELLE ÉDITION mise à jour et regravée:
420 cartes et cartons en couleur; Index alphabétique de 46000
noms, augmenté d’un supplément de 3 500 noms. — Un volume
in-folio : avec reliure amateur, 40 fr; — relié toile. . . 30 fr.
Couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Barbié du Bocage.
« Dans cette nouvelle édition, non seulement les cartes ont été très soi-
gneusement mises au courant des plus récentes découvertes, des dernières
modifications territoriales et du développement des voies ferrées, mais les
diagrammes ont été modifiés d'après les plus récentes données statistiques.
Un effort très sérieux a permis de donner pue une plus grande vigueur
au ficuré du relief du sol; des teintes nouvelles ont Cté ajoutées. Des cartes
ont été entièrement remauniées; leur échelle a été agrandie... »
(H. Froinevaux. Le Polybiblion, mars 1909.)
« On apprendra avec plaisir qu'une nouvelle édition de ce monumental
ouvrage vient d'être publiée... L'Atlas Vidal-Lablache constitue un travail
de consultation et d'étude d'une valeur remarquable... C’est un joyau qui orne
la cartographie universelle. » (A. Bazpaccr. Rivista geografica italiana.)
« Les Allemands nous ont, pendant longtemps, devancés de très loin sur le
terrain géographique. On peut dire que nous les avons rejoints, et il semble
même douteux que l'Allemagne puisse opposer à l'Aëlas Vidal-Lablache un
instrument de travail plus souple ct mieux approprié aux exigences actuelles
de la science et de l'enseignement. (Le Temps.)
« Il n'existe pas à notre connaissance d’atlas qui, jusqu'ici, ait réuni.
sous une forme aussi claire et à un prix aussi minime, une aussi grande abon-
dance de notions de tout genre ».
(GABRIEL Monon. — Revue Historique.)
Atlas des Colonies françaises, aäressé par ordre du
Ministère des Colonies, par Paul pelet. 27 cartes (62° X 42°) et
50 cartons en 8 couleurs avec texte explicatif de 78 pages et
Index alphabétique de 34000 noms. Un vol. in-folio colombier
(2255233), relié toile. : ; 22070 SU AR OS
Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences morales et politiques
et par la Société de Géographie de Paris. Prix P.-F. Fournier.
« M. Pelet traite avec le même souci de vérité scientifique les territoires
dits « étrangers » et ceux que les Français revendiquent en maîtres; et les
cartes qu'il nous donne prennent ainsi un intérêt général et un caractère
esthétique dont nous lui sommes reconnaissants. Chaque carte, en particulier,
mérite d'être signalée dans l’Aflas et d'être louée pour la précision et la clarté
du dessin et de la nomenclature, pour la belle ordonnance du travail, pour tous
les renseignements complémentaires qui ont été fournis sans trop charger la
feuille. A tous égards, l’Aflas de M. Pelet doit être cité en modèle pour la
probité scientifique ct la belle exécution du travail. »
(Elisée RecLzus. — La lievue).
»
cd
%
Fe
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES [1
» GÉOGRAPHIE GÉNÉRALE. — GÉOLOGIE. SÉISMOLOGIE
Traité de Géographie physique (Climat - Hydrographie-
Relief du sol - Biogécgraphie), par Emm. de Martonne, profes-
seur de géographie à l’Université de Lyon. Un volume in-8° raisin,
vu-912 pages, 396 figures et cartes, 48 planches photographiques
hors texte et 2 planisphères en couleur hors texte, broché. 22 fr;
He dEmichasrin, tête dorée . … . . . , ; .-. : :°98-fr.-5fl
_Ouvrage couronné par l'Académie des Sciences, prix Binoux, et par la Société
de Géographie de Paris, prix P.-F. Fournier.
« Le remarquable ouvrage de M. de Martonne offre au public instruit le moyen
de suivre les publications géographiques de jour en jour plus nombreuses et
plus scientifiques, aux spécialistes un livre général devenu indispensable. »
(La Revue de Paris.)
Il n'existait pas jusqu'ici d'ouvrage embrassant tout ce qu'on est convenu
d'appeler géographie physique. Ce Traité rendra de grands services non seu-
lement aux géographes spécialisés, mais aussi aux étudiants et aux personnes
de plus en plus nombreuses qui s'intéressent aux recherches géographiques
et qui ont besoin d’un guide sûr et éclairé. »
(Pa. GLancaup. Revue générale des Sciences.)
« Le Traité de M. Emm. de Martonne répond à toutes les exigences
de l’érudition contemporaine. L'auteur a non seulement tenu compte des
derniers progrès que les recherches géographiques ont réalisés, mais encore
il à introduit dans son ouvrage les résultats d’études et de réflexions qui
lui appartiennent en propre... Aucun ouvrage publié jusqu’à ce jour en Europe,
n'a plus complètement mis en lumière le principe de l’ « évolution » du
- modelé. La partie morphologique est ainsi placée sur une base nouvelle
répondant tout à fait à l'état présent de la science... On ne saurait trop
louer les nombreuses et excellentes figures, les remarquables schémas à
trois dimensions, le grand nombre de cartes nouvelles et les belles photo-
graphies hors texte que renferme l'ouvrage. L'illustration de ce Traité l’em-
porte incontestablement sur celle de tous les ouvrages similaires... On doit
féliciter la science française pour l'apparition d'une œuvre aussiimportante. »
(J. Cvuié. Annales de Géographie.)
(Envoi franco, sur demande, du Prospectus : TRAITÉ DE GÉOGRAPHIE PHYSIQUE.)
L’Architecture du Sol de la France. Essai de géographie
tectonique, par le Comm: ©. Barré. Un vol. in-8°, {89 figures dont
Dar hecharsilerle; broché. . . … . 2 A2
* Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Barbié du Bocage.
« Voici un gros volume bien géologique de fond et de forme, mais qui se
lit clairement, à la française, éclairé qu'il est par de nombreux croquis et des
pahoramas d'un genre tout nouveau... Ceci suffit à faire vivre un livre, et
ceux que les termes géologiques pourraient effrayer n'ont qu à regarder pour
comprendre... La science du Commandant Barré, qui a professé pendant de
longues années à l'Ecole d'application de Fontainebleau, n’est plus à appré-
cier. Il a laissé une trace profonde dans l'esprit de ses auditeurs, et l'ouvrage
qu'il publie aujourd'hui est le fruit mür d'une forte floraison. »
(Revue de Géographie.)
ÉONRE LIBRAIRIE ARMAND COLIN
«
Traité de Géologie, par Émile Haug, professeur à la Faculté
des Sciences de l’Université de Paris: |
TOME I. Les Phénomènes géologiques :
Un volume in-8° raisin, 538 p., 795 figures et cartes, T1 planches de |
reproductions photographiques hors texte, broché . . 12 fr. 50
TOME II. Les Périodes géologiques.
FascicuLe 1. In-8° raisin, 392 p., 100 figures et carles, 28 planches de
‘reproductions photographiques hors lexte, broché. . . . . 9 fr.
FascICuLE 2. In-8° raisin, 468 pages, 110 figures et cartes, 20 plan-
. ches de reproductions photographiques hors texte, broché. 140 fr.
FAsciCuLE 3. [In-8° raisin, 570 pages, 80 figures et cartes, 16 planches
de reproductions photographiques hors texle, broché. . 41 fr.
- (Le Tome IT et dernier du Traité de Géologie sera complet en frois fascicules).
« Le Traité de Géologie de M. Haug sera de la plus grande utilité à tous
ceux qui voudront connaître ce qu’on sait aujourd hui du passé de notre pla-
nète ; il est conçu sur un plan qui en fait une œuvre tout à fait originale, et,
pour les nombreuses illustrations qui accompagnent le texte, l'éditeur doit
être loué d’avoir si bien secondé l'auteur dans la confection d'un ouvrage
parfait, dont le succès s’est affirmé dès le premier jour. »
(Revue générale des Sciences.)
« Ce livre est tel qu’on pouvait l’attendre du savant professeur de la Sor-
bonne. On en appréciera lés qualités intrinsèques, et quand le lecteur, pres-
que sans s'en apercevoir, sera arrivé à la fin du volume, il constatera qu'il a
beaucoup appris.» (Revue scientifique.)
« En ce moment où s'ébauchent de plus en plus nettement les grandes
synthèses géologiques, cet ouvrage sera un des instruments de travail néces-
saires pour quiconque s'intéresse à la géologie. |
| | (Revue de l'Enseignement des Sciences).
« C'est une œuvre considérable; et l'on ne saurait traiter ces questions
avec une compétence plus autorisée, avec une clarté plus nette et une force
de démonstration plus décisive. Les reproductions photographiques mettent
en évidence les aspects particuliers à quelques-unes des plus importantes
formations géologiques. » (Journal des Débats.) .
Géologie pratique et Petit Diclionnaire technique des termes
_ géologiques les plus usuels, par EL. de Launay, ingénieur en chef
des Mines, professeur à l’École supérieure des Mines. Un volume
in-18 (3° Éorrion), broché. . 24, 2104 SR SR
« C'était un livre à faire. Écrite par un professeur de la valeur de M. de
Launay, on peut dire que cette Géologie pratique est une bonne fortune.
Les applications de la géologie sont nombreuses en effet, et tout le monde a
besoin de les connaître. Cet ouvrage sera dans toutes les mains, parce qu'il
répond à un besoin de chaque jour. » (Journal des Débats.)
_« Pleine de conseils sages et judicieux dictés par un savoir remarquable-
ment étendu, la Géologie pratique de M. de Launay ne peut que faire mieux
comprendre l'intérêt de la science géologique, son utilité immédiate et Sa :
portée philosophique » (Polybiblion.)
4 Fa PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES 13
: : :
4 La Science géoiogique : ses Méthodes, ses Résullats, ses Pro-
blèmes, son Histoire, par EL. de Eaunay. In-8° de 752 pages, avec
53 fig. dans le texte et 5 planches en couleur h. texte,br. 20 fr.
PhenedemEbhagrn.itéète dorée: . ::.. . ,:,. . ::. 0 4 5 2
. «Ce nouveau travail considérable du savant professeur de géologie doit être
défini « la synthèse et la philosophie des connaissances géologiques au début
du xx° siècle. » Les géologues ie placeront, dans leur bibliothèque, entre le
-- Traité de M. de Lapparent et la face de la Terre de Suess..… L'élégance du
… - styleet la clarté d'exposition de M. de Launay rendent son ouvrage accessible :
à tous, d'une lecture aussi pratique qu'attrayante. » (La Géographie.)
« L'auteur à fait sortir la géologie du domaine étroit où les spécialistes
‘Ja confinent, pour mettre en valeur sa portée générale et la faire entrer dans
le cadre plus vaste de la philosophie naturelle. Cette étude puissante et origi-
nale n’a pas d'équivalent parmi tous les livres publiés sur ce sujet. ».
me ETES (Journal des Débats.)
LA
2%. *
La Face de la Terre (das Antlitz der Erde), par Kd. Suess,
. Associé étranger de l’Institut de France, ancien professeur de géo-
- __- Jogie à l’Université de Vienne. Traduit de l'allemand et annoté
: sous la direction de Em». DE MARGERIE, ayec une préface par
_ , MARCEL BERTRAND, de l’Académie des Sciences : Le
= Tome I. — Les Montagnes. In-8° de xv-835 pages, avec 2 cartes en couleur.
_ et {22 figures, dont 76 exécutées pour l'édit. française (3° ÉpiTion), br. 20 fr.
Tome II. — Les Mers. In-8° de 878 pages, avec ? cartes en couleur et {28 figures,
dont 85 exécutées pour l'édition française (2° Evrriox), br, . . . . . , 20fr. 2
Tome III. — La Face de la Terre :
l'e PanrTie. In-8° de xu-530 pages, avec 3 cartes en coul. et 94 fig., dont
Dane ngur Pétdit française, Dr. à L...: - + . .. . .. .…. 48
2e ParrTie. In-8° de x11-426 pages, avec 2 cartes en coul. et 124 fig., dont
‘ 101 nouvelles (89 exécutées spécialement pour l'édit. française), br. . . A2fr.
9. (Le Tome III et dernier comprendra 3 parties),
Traduction couronnée par l’Académie des Sciences. Prix Victor Raulin.
-. « C'est l'honneur de M. de Margerie de s'être fait, au prix d’un labeur que
ceux-là seuls peuvent apprécier qui l'ont suivi de près, l'ordonnateur vigi-
_ ant et infatigable de cette traduction à laqueile ont collaboré les meilleurs
- géologues de notre pays... Une véritable encyclopédie, d'une sûreté sans égale,
dissimule sous ces pages où les vues du maître ont été conservées dans
toute leur fraîcheur, avec un respect complet de la forme, souvent presque
hoétique, dont M. Suess avait eu l’art de les revêtir » (La Géographie.)
« Les traducteurs ont rendu la pensée du maître avec une fidélité qui lui
- Jaisse à la fois sa précision et sa poésie ; ils l'ont respectée aussi en ce sens.
qu'ils se sont interdit tout commentaire critique. Mais des notes brèves et
discrètes indiquent en quelle mesure les vues de l’auteur émises il y a 12 ans
- ont été confirmées, en quelle mesure contredites ou ébranlées par les
explorations plus récentes. Tout ce travail de recherche et de mise au point
donne à l'édition française — l'on dira plus justement édition que traduction
_ — son originalité et son prix aux yeux des travailleurs. L'œuvre à laquelle
* reste attaché le nom de M. de Margerie fait honneur à la science française. »
| (Revue critique.)
14 LIBRAIRIE ARMAND COLIN |
oo
Les Tremblements de Terre (Géographie Séismologique),
par le Comte Fr. de Montessus de Ballore, ancien élève de l’École
polytechnique, directeur du Service séismologique de la Répu-
blique du Chili; avec une préface de A. ne LaAPPARENT, membre de
l’Institut. Un vol. in-8° raisin de 500 pages, avec 89 cartes el
figures dans le texte et 3 cartes hors texte, broché. . . . A2fr.
Couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Louise Bourbonnaud.
«Avec autant de patience que de discernement, l'auteur a catalogué et
marqué sur des cartes tous les phénomènes séismiques authentiquéement
enregistrés, en leur appliquant un figuré en rapport avec la fréquence et
l'intensité des secousses. Cette monographie du phénomène, il l'a mise en
rapport constant avec la structure géologique et la topographie des contrées
correspondantes, et ce rapprochement lui a permis de formuler une loi de
première importance... Ce sont les éléments de son enquête qu'il nous met sous
les yeux dans ce grand ouvrage. On verra que nul n'a plus consciencieusement
étudié que l’auteur la répartition des régions instables à travers le globe, que
nul n'a dépouillé avec plus de soin tous les documents scientifiques ayant trait
aux pays considérés. » (A. DE LAPPARENT. — Extrait de la Préface.)
La Science Séismologique (Les Tremblements de Terre),
par le Comte ”. de Montessus de mBallore. Préface par Ep.
SUESS, Associé étranger de l’Institut de France. Un volume in-8°
raisin de 590 pages, avec 185 figures et carles dans le texte et
42 planches hors texte, broché . 2..." NES
« Dans la Science Séismologique, M. de Montessus de Ballore offre une excel- |
lente suite à son livre antérieur sur les Tremblements de terre. Il n’y a rien
de plus complet, ou de meilleur actuellement, sur la question des mouvements
sismiques. » (Bibliothèque universelle.)
« Ce nouveau volume traite de la séismologie sous tous ses aspects, et
est à la fois l'ouvrage le plus vaste et qui fait le plus autorité en cette
matière. M. de Montessus est un lecteur insatiable et méthodique des
ouvrages de science: et, en plus des trois langues principales du monde
savant, il a la ressource de savoir en lire plusieurs autres, notamment
l'italien, l'espagnol et le russe. C'est à ce fait, autant qu'à la longue durée de
la période pendant laquelle il a réuni les données, qu'est due la vaste portée
de son ouvrage. »
(The Journal of Geology Chicago.)
La Sismologie moderne (Les Tremblements de Terre), par le
Comte EF. de Montessus de Ballore. Un volume in-18, 64
figures et cartes dont 16 hors texte, broché. : , "NAN,
L'auteur des Tremblements de Terre et de la Science Séismologique. s'est
imposé de condenser, en une sorte de manuel, tous les résultats scientifiques
et les principes des méthodes qu'il a exposées dans ses deux grands ouvrages.
Il a donc réuni, dans ce petit livre destiné aux étudiants et surtout au publie
instruit, toutes los informations et explications que la science est en mesure
de fournir actuellement sur les tremblements de terre.
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES F2
ÉTUDES ET MONOGRAPHIES GÉOGRAPHIQUES
La Picardie et les régions voisines (Aréors, Cambrésis, Beau-
vaisis), par Albert Demangeon, professeur à l’Université de
Lille. In-8°, 42 figures dans le texte, 34 photographies hors lexle,
3 cartes hors texte en noir et en couleur, broché. . . . 42 fr.
url nin, Léle dorée. :. - L_. : . . .. OC E
Ouvrage couronné par l’Acad. des Sciences morales et politiques, par la So-
ciété de Géographie de Paris, et par la Société de Géogr. commerciale de Paris.
« Cette belle monographie sur une des régions les plus intéressantes de la
France, et qui fait le plus grand honneur à son auteur, montre ce que peut
fournir de fécond la géographie actuelle, véritablement inspirée par les ten-
dances scientifiques, dans toute la complexité de ces études. M. Demangeon
connaît à fond le pays dont il parle, et il sait faire preuve, sans les étaler,
des connaissances les plus diverses, comme cela est nécessaire pour se livrer
avec fruit aux études géographiques. Géologue, botaniste, météorologiste
tour à tour, il montre encore qu'il s'intéresse vivement au côté pratique de
sa science, à tout ce qui peut éclairer l'agriculture et l'industrie, »
| (Revue Scientifique.)
Les Paysans de la Normandie Orientale (Pays de Caux,
Bray, Vexin Normand, Vallée de la Seine), par æules Sion,
maitre de conférences de géographie à l’Université de Montpel-
lier. In-8° raisin, 8 planches hors texte en phototypie, broché. 42fr.
Ouvrage couronné par l’Académie des Sciences morales et politiques, la
Société de Géographie de Paris, prix Eugène Potron, et honoré d'une médaille
d'or par la Société d'Agriculture de France.
« Comment les populations rurales se sont-elles attachées au sol qui les
nourrit? Quelle est leur origine? Comment ont-elles conquis leurs champs sur
les forêts ou les marécages? Quel est le système de culture qui caractérise
telle ou telle région? Quelle est la proportion des cultivateurs propriétaires,
des fermiers, des journaliers? de la grande ou de la petite exploitation?
Quelles sont la densité de la population, sa répartition, sa vitalité? Dans la
forme de ses habitations, dans la texture de ses groupements, peut-on déceler
des influences ethniques? Telles sont quelques-unes des questions dont l’au-
teur a cherché et trouvé la solution. » (La Nature.)
Étude sur la Vallée lorraine de la Meuse, par le capi-
taine S. Vidal de la Blache, docteur de l’Université de Paris. Un
volume in-8° carré, 8 cartes hors texte, broché . . . . . . 4 fr.
Couronné par la Société de Géographie commerciale de Paris.
« Vallée de capture », dernier témoin d'un réseau de rivières lorraines et
champenoises orienté vers la Belgique à une époque antérieure, la vallée
ms *
lorraine de la Meuse présente d'un bout à l'autre le phénomène de l'agglo-
mération exclusive des maisons dans les villages. L'auteur nous montre que
cette vallée offre à tous les points de vue, tant de la géographie humaine que
de la géographie physique, les caractères les plus typiques.
è
F”, 147.
+ À
Le Var Supérieur, Étude de
- étudier l'œuvre des torrents: nulle part peut-être les défrichements,
16 = LIBRAIRIE ARMAND COLIN. AR,
A —_—_——————— ——— —…——— .——…———
…
Le Berry. Contribution à l'étude d'une Région française, par
Antoine Vacher, docteur ès letlres, professeur adjoint de géo- :
ù graphie à l'Université de Rennes. In-$° raisin, 48 fig. et cartes,
32 photographies et 4 pl. de cartes et profils hors texte, br. A5.fr.
_ Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris, prix Eugène Potron, :
et par la Sociëlé de Géographie commerciale de Paris.
On ne sait guère d'habitude où le Berry commence ni où il finit. Il en fal-
lait chercher les limites, montrer comment jadis l'homme et la nature avaient
collaboré pour les créer; puis comment ces limites s'étaient effacées au cours
des siècles.
De cette étude remarquable par la précision des analyses, se dégage en
même temps une forte impression d'ensemble : on a la sensation de voir agir
la nature sur la surface d'une des régions de notre France qui compte pour-
tant parmi ies moins accidentées ct les plus humanisées. Cette transforma-
tion incessante du sol, résultat du travail modeste, mais quotidien des agents
atmosphériques, voilà la pensée féconde partout présente dans cette étude
consacrée à l'une de nos plus intéressantes provinces. |
Le Morvan, Étude de géographie humaine, par le Capitaine
Eevainville, docteur de l’Université de Bordeaux. Un volume
_in-8° raisin, 44 fiqures et cartes dans le texte, 40 phototypies et
Zudessins hors texte, broché, & 354080 SERRES
Ouvrage couronné par la Société de Géographie de Paris. Prix Charles Grad.
Le Morvan, qui n'eut jamais au cours de l'histoire d'unité politique, n’en
cest pas moins une des régions les plus individualisées de notre sol: pays
pauvre et d'accès difficile, 1l semble, comme la Bretagne, resté à l'écart de
la civilisation. — Analyser en détail les caractères de ce pays, en chercher
l'explication, tel est le but de l'auteur. Avec les données de la géologie,
- de la météorologie, de l'hydrologie, il montre de facon précise comment
s'explique l'aspect du sol, de la végétation, des cultures; comment toute
. la vie des habitants est conditionnée par le milieu physique. C'est ainsi que
l'exploitation des forêts, la mise en valeur des terres, l'industrie, le com-
merce, etc., sont rigoureusement analysés et expliqués.
L Grenoble, Étude de Géographie urbaine, par Baoul mises
professeur à l’Université de Grenoble. Un volume ïin-8° carré,
10 figures dans le texte, 5 phototypies hors lexle, broché. 3 fr.
Au mérite d’avoir dégagé le sens géographique de l'existence et du déve-
loppement de Grenoble, cette monographie joint l'avantage d'être une sorte
_ de préface des études futures de géographie urbaine. C'est à tous les points
de vue une nouveauté parmi les travaux géographiques consacrés jusqu'ici
* à la France.
géographie physique, par ules
L
Sion. In-8° raisin, 8 photogr. hors texte, broché . . . . . 3 fr.
La récion du Var supérieur est parliculièrement intéressante pour qui veut
l'exploi-
tation abusive des forêts et des pâtures, n'ont amené une recrudescence plus
terrible de l’activité torrentielle.
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES Re
Régions naturelles et Noms de pays. Étude sur la Région
Parisienne, par EL. Gallois, professeur à l’Université de Paris.
Un volume in-8° carré, 8 planches hors texte, broché . . . 8 fr.
On s'accorde généralement à reconnaître que les divisions politiques ou
administratives ne conviennent guère à de bonnes descriptions géographi-
ques. Si l'on veut peindre fidèlement la nature et rendre compte de ses diffé-
_rents aspects, c'est à elle-même qu'il faut emprunter ses divisions. Mais se.
prête-t-ellé à un sectionnement de ce genre? Est-il vrai, comme on l'a dit,
qu'il suffirait de recueillir avec soin les noms de pays forgés par l'instinct
populaire pour retrouver du même coup les divisions rationnelles du sol?
L'auteur a entrepris de résoudre cette question pour une portion étendue
de notre territoire, celle qui va de Laon jusqu'à la Loire, des confins de la
- Normandie à ceux de la Champagne. Montrant les ditférents aspects de cette
- région, s'attachant à en expliquer les particularités et la structure, il étudie,
. avec toutes les ressources de l'érudition moderne, les noms de pays qu'on à
cru y reconnaître:
La Bosnie et l'Herzégovine. Ouvrage publié sous la direction
de Louis @livier, docteur ès sciences, fondateur de la Revue
générale des Sciences. Un vol. in-8° de 370 pages, 223 gravures et
D DEOBMÉ AU. pour es Lu, Le à Lei fre
Ce beau livre est dû à la collaboration de toute une pléiade de savants
français : Léon Bertrand, Paul Boyer, Charles Dieh]l, A. Leroy-Beaulieu, Daniel
Zolla, etc., qui, conviés par la Ætevue yénérale des Sciences à l'étude :appro-
fondie de la Bosnie et de l'Herzégovine, ont visité ces provinces en détail ét
nous présentent les résultats de leurs observations. Chacun d'eux a écrit
son chapitre; signé de son nom; nous avons ainsi des informations très cir-
constanciées, fournies par des hommes compétents sur la nature physique
de la Bosnie-Herzégovine, l'histoire et les monuments, la langue et la litté-
rature, les races, les religions et les nationalités, enfin, sur chaque partie de
l'administration actuelle, instruction, agriculture, travaux publics, industrie,
‘législation, etc. L'ouvrage est luxueusement imprimé et rempli de photo-
sgravures et de cartes très intéressantes.
La Valachie, Essai de monographie géographique, par Em. de
Martonne, professeur à l’Université de Lyon. In-$°, 5 cartes,
a raures, 12 planches hors tèxte, broché + . 5, .:.. : 42.
VAE Ouvrage couronné par l'Académie française.
« Étude très documentée où l’auteur fait ressortir l'individualité géogra-
: phique de la Valachie qui résulte aussi bien de son relief que de son cli-
mat et de sa végétation et trouve sa manifestation dans les efforts qu'elle a
faits pour se constituer en unité politique. Avec un grand talent, M. de Mar-
tonne a Su coordonner dans ün Sens géographique toutes les données qui cons-
_tituent les traits caractéristiques de la physionomie du pays, montrant ainsi
que la géographie peut toucher à beaucoup des connaissances humaines sans
cependant sortir de son vrai domaine. » :
(Revue de Géographie.)
18 LIBRAIRIE ARMAND COLIN
L'Afrique du Nord (Tunisie, Algérie, Maroc), par Henri Lorin,
ancien professeur au lycée Carnot, de Tunis, professeur à l’Uni-
versité de Bordeaux. Un volume in-18, 27 gravures, 3 cartes hors
texte et un index, relié toile. 8 fr. 50; — broché . . , . . 3fr.
Ce livre est divisé en quatre parties : esquisse géographique générale,
accompagnée d'un sommaire historique; géographie régionale, embrassant la
description de toutes les parties de l'ancienne Mauritanie romaine; géogre-
phie économique, où sont méthodiquement exposés les progrès de la
colonisation; géographie politique, où l'étude des régimes administratifs se
complète par celle du peuple néo-latin en formation dans l’Algérie-Tunisie,
et des conditions du Maroc contemporain.
L'Inde Britannique : Société indigène — Politique indigène :
les Idées directrices, par Soseph Chaïlley. Un volume in-8°
raisin, 530 pages, 2 cartes en couleur hors texte, broché. 140 fr.
« L'ouvrage que je donne aujourd hui au public, dit l'auteur dans sa préface,
« voilà vingt ans que j'y pense et dix ans que j'y travaille. Je serais hors
« d'état d'indiquer à quelles sources j'ai puisé pour le faire. D'abord j'ai lu,
« puis je suis allé dans le pays. Puis, à quatre ans d'intervalle, j y suis
« retourné et j'ai pu observer avec des yeux plus clairvoyants. J'ai publié un
« peu partout des études fragmentaires que jai soumises à de bons juges;
-« j'ai, sur leurs critiques, repris ces ébauches; j'ai réduit la matière de plu-
« Sieurs volumes à un seul. » IL y a des livres en plusieurs volumes qui
sont loin de renfermer la substance que l’on trouve dans celui-ei. » |
(Zievue Politique et Parlementaire.)
PÉRIODIQUE
Annales de Géographie (20° Année), publiées sous la direction
de P. Vidal de la Blacho, EL. Gallois et Emm. de Margerie;
paraissant en janvier, mars, mai, juillet et novembre. Les abonnés
reçoivent gratuitement la Bibliographie géographique annuelle, qui
parait en septembre.
« On manquait en France de publications géographiques réellement scienti-
fiques. Cette lacune a été comblée par la fondation des Annales de Géogra-
phie. La tenue de cette revue, la sûreté des informations de sa chronique
géographique, la variété de ses articles de géographie régionale, la science
de ses études de géographie générale ont assuré son succès. IL s’est trouvé
en France un public pour goûter la science géographique et en comprendre
l'utilité, et, à l'étranger, les Annales de Géographie sont aujourd’hui estimées
à l'égal des Mitleilungen de Petermann. » (Le Temps.)
ABONNEMENT ANNUEL (de janvier)
France’et colonies. ::.. . … 20. fr. | union postale .& 0
Chaque numéro, 4 fr. — Bibliographie géographique de l'année courante, 5 fr.
Chaque année des Annales de Géographie (ÿ compris la ‘‘ Bibliographie ”) forme
un vol. in-8°, broché, du prix de. 20 fr. (25 fr. à partir du 1° janvier 1912).
‘Les 1re, 6, 7°, 8° et 12° années ne sont vendues qu'avec la collection complète.
Première Table décennale des Annales de Géographie (1891-1901). In-8°, br. 4 fr.
Bibliographies antérieures à l'année courante (sauf 1896, épuisée) : Chsque
Bibliographie, vendue indépendamment des autres N°: de l'année. . 40 tr.
TT PR A dope LT " 3
7. Ses as & É : à “ qe
PUBLIEATIONS GÉOGRAPHIQUES 19
» DICTIONNAIRE
Dictionnaire-manuel-illustré de Géographie, par ainert
Demangeon, docteur ès lettres, professeur à l'Université de Lille,
avec la collaboration de MM. J. BLayac, Is. GALLAUD, J. Sion et
A. Vacaer. Un volume in-18 de 870 pages, cartes et fiqures, relié
RE ABMESTENUSES 2e 22 0 6. Etre
« Ce dictionnaire-manuel, fruit d'un labeur méthodique, original, appuyé
sur une éducation géographique aussi étendue que profonde, n'a pas seule-
ment la valeur d'un conseiller sûr; c'est un livre à lire. Ses mérites pédago-
giques seront vite reconnus, et — si ce n'est déjà fait — il sera bientôt con-
sidéré par les élèves et par les maîtres comme un ouvrage classique. Tout
lecteur cultivé sera reconnaissant à M. Demangeon de lui avoir permis, si
aisément, d'étendre sa curiosité et de préciser les rapports nécessaires et inces-
samment variables qui lient la Nature et l'Homme. »
(Revue Pédagogique.)
RU RS. 5: 0 |
ALBUM GÉOGRAPHIQUE
>
:
_ Album Géographique, par Marcel Dubois, professeur de géo-
4 graphie coloniale à l’Université de Paris, et Camille Guy, agrégé
d'histoire et de géographie, lieut.-gouverneur de la Guinée.
OUVRAGE COMPLET EN D VOLUMES :
Aspects généraux de la Nature.
Les Régions tropicales. Les Colonies françaises.
Les Régions tempérées. La France.
_ Chaque volume in-4°, 500 à 650 gravures, broché. . . . . . 45 fr.
Relié demi-chagrin, plats toile, fers spéciaux. . . . . . . . 20fr.
« On retrouve dans les cinq volumes de l’Album Géographique la même
méthode, une description précise et topique des montagnes, des rivages, des
fleuves, des populations, des villes, des industries, des voies de communi-
cation, etc., accompagnée d'illustrations qui visent moins à l'effet pittoresque
qu'à la démonstration. Par tous ces documents concrets, la vie des divers pays
se trouve fort heureusement évoquée. » (La Revue de Paris.)
« Dans les cinq volumes qui composent cet ouvrage, on trouve tous les éléments
d’une étude complète et approfondie de la géographie générale; et ils sont pré-
sentés d'une façon si habile, les images dues à la photographie sont si nom-
breuses et si frappantes, les textes rédigés en termes clairs, précis, par deux
maîtres de la géographie moderne, sont à la fois si complets et si discrets, qu’on
lit et regarde d'un bout à l'autre ces ouvrages avec autant d'intérêt que le
plus passionnant des récits de voyages... Sans fatigue, nous parcourons tous
les pays, représentés par des photographies d'hommes, de paysages, de mon-
tagnes, de villes et de rues, qui sont de véritables « tranches de vie », com-
mentées en des textes qui constituent les plus précieuses et les plus fécondes des
leçons. Un tel ouvrage est aussi accessible et aussi utile au grand public qu'aux
étudiants et à leurs maîtres. » (Le Figaro.)
- PS RÉRUSS PS NO
LA _ n : Srrt NE. 2
20 LIBRAIRIE ARMAND COLIN
ENSEIGNEMENT C4
DER EN : -
Cours de Géographie, refondu et illusiré, conforme aux Pro-
. grammes de l'Enseignement secondaire (31 mai 1902 et 28 juillet
1905), par mæ. Vidal de la Blache, membre de l’Institut, pro-
fesseur de géographie à l’Université de Paris, et æ. Camena
_d’Almeida, professeur de géographie à l'Université de Bordeaux :
La Terre, l'Amérique, l’Australasie La Terre. Géographie générale
(Sixième A, B), par P. Camena D'AL- | (Séconde À, B, C, D), par P. CAMENA
MEIDA. Ïn- 18, 70 cartes et gravures, | D'ALMEIDA. In-18 de 630 pages,
FORÉ LOGE La. "EAU 8 fr. » | 122 cartesetgravures, rel.toilc. 4 fr. 50
L’Asie, l’Insulinde, l'Afrique (Cin-
quième A, B), par P. VibaAL DE LA
BLACHE et P. CAMENA d'ALMEIDA. In-Il8,
La France(Première À, B, C, D), par
P. VipaL DE LA BLACHE et P. CAMERA
D'ALMEIDA. In-18; 118 cartes ét gra-
vures, relié toile 8 fr. 25;
Les Principales Puissances du Monde
(Philosophie et Mathématiques À, B),
par P. CAMENA D'ALMEIDA. In- 18 de
P. CAMENA D'ALMEIDA. In-18, 95 cartes | 446 pages, 26 cartes, Pat et graphi-
et gravures, relié toile . S {r: »-} ques,:rERNONER AE RSRRRr 3 fr. 25
« Sous des apparences modestes, ces précis apparaîtront des chefs-d'œuvre
de science, d'observation et d'exposition. Ils sont remplis d'idées fécondes;
ils apprennent à réfléchir, à penser. » (L'Enseignement secondaire.)
- « Il faut tirer hors de pair et saluer comme des modèles et comme des
nouveautés fécondes, les manuels que M. Vidal de la Blache a écrits en colla-
boration avec M. Camena d’Almeida. » (Revue critique.)
98 cartes et gravures, rel. toile. 8 fr.
L'Europe (Quatrième A, B), par
P. CAMENA D ALMEIDA. In- 18, 81 cartes
et gravures; relié toile . .’. 3 fr. 25
La France (7Zroisième A, B), par
Atlas classique Vidal-Lablache historique et séobfaphièue,
par P. Vidal de la Blache : 3/2 cartes et cartons en couleur; index
alphabétique de 31750 noms. Un vol. in-folio, cart. . . . 45 fr.
Avec rellure. toile souple: +44%412:0% 46 fr.
Atlas de Géogra phie physique, politique, économique, géolo-
gique et ethnographique, par æ. Vidal de la Blacne : {97 carteset
cartons. Un volume in-folio, cartonné. 40 fr. 50
Géographies-Atlas, par BP. Foncin, inspecteur général (avec
nombreuses carles en couleur), gravures en noir et en couleur :
Géographie : Année préparatoire. Géographie : Deuxième année. Ecoles
Un volume oblong, cart. » 75 | primaires supérieures et Ecoles nor-
Géographie Cours élémentaire. | males (La France). Un volume in-4,
Va. volame :in-4; cat. sui 55 : 05 carionné 11 "GTA MANIERE E & fr. 25
Géographie : l'° Année — Cours Géographie : Troisième année. Écoles
môven.ln-4; cart... 4 34: : 4 fr. 50 | primaires supérieures, Ecoles norma-
Géographie : Cours supérieur ct com-
les, etc. (Les cinq Parties du monde.)
plémentaire. In-4, cart. 2 fr. 25
Un vol. in-4, cart... . , GEO ONE
SU ne ue
PUBLICATIONS GÉOGRAPHIQUES | FC TRE
ee —_—_—_—_—_—_—_—__—— à ————_——— Er rt
CARTES MURALES VIDAL-LABLACHE
* 39 cartes double face, sur carton (1"20 < 1"), tirage en couleur
170 SÉRIE : FRANCE ET CINQ PARTIES DU MONDE.
‘Les Cartes marquées d’un astérisque sont pariantes au recto, muettes au verso.
‘1 Termes de géographie.|10 France. Front. du N.-E.,cet|18" Continent américain
2* France. Cours d’eau. 10bis France militaire. physique.
3* — Relief du sol. 11 Algérie et Tunisie phy-|19° Amérique du Nord
4° — Départements. sique et politique. politique.
3° — Villes. 12° Europe physique. 20* Amérique du Sud poliés
67 — Canaux. 13° — politique. 21* Océanie.
7° — Chemins de fer. 14° Asie physique. 22* Planisphère.
8 — Agriculture, ct 8 bis|15" — politique. 23 Orient et Palestine.
Industrie. 16 Afrique physique. 2, Paris et environs.
: 9* — Provinces. 47" — politique.
nArrr. 33 France. Géologie. mm Me
2° SÉRIE : CONTRÉES D'EUROPE.
Ces Cartes sont physiques au recto, politiques au verso.
25 Belgique. 29 Pays-Bas. 33 Péninsule des Balkans,
26 Suisse. 30 Italie. 31 R SE
27 Allemagne. 3i Espagne. ussie.
28 Iles Britanniques. 32 Autriche- Hongrie. 35 Grèce et Archipel.
9° SÉRIE : COLONIES ET PROTECTORATS FRANÇAIS.
36 Msdagascar et 37 Aîrique occidentale et 33 Tunisie physique et
36 bis Indochine fran-| 37 bis Guyane, Antilles, 38 bis Tunisie politi-
çaise. Nilce Caléaonie. que.
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