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JOAQUIM BENSAUDE /
L'ASTRONOMIE
NAUTIQUE
AU
PORTUGAL
A L'ÉPOQUE DES
GRANDES DÉCOUVERTES
BERN
AKADEMISCHE BUChHANDLUN(j VON A\A\ DRliCIISEL
1912
(
2nic partie de cette étude :
Origine des tables nautiques portugaises. — Almanach perpetuum.
— Ephcméridcs. — Oeuvres nautiques contemporaines des découvertes.
— Membres de la Junta dos Mathematicos. - Bibliograpiiie.
1 I
Tous droits d'auteur et de traduction réservés.
INTRODUCTION.
La partie de l'histoire des découvertes portugaises la plus difficile
à étudier et à juger à sa valeur est celle où se sont préparés, sous
la direction d'une personnalité aussi remarquable que D. Joào II, les
grands événements qui ont achevé l'œuvre nationale commencée sous
l'Infant D. Henrique.
Cette difficulté explique les jugements erronés ou même injustes,
qu'on rencontre parfois encore dans la littérature étrangère à l'égard
du roi, qui d'une main sûre, habile et prévoyante, organisa le plan
destiné à réaliser les rêves nationaux.
Les causes de cette fausse appréciation sont nombreuses. La
crise politique suivie de la perte de l'indépendance et le désarroi de
a lutte religieuse provoquèrent la désorganisation et la dévastation
des archives; la censure inquisitoriale mettait un frein aux recherches
historiques entreprises avec cet admirable esprit critique qu'on
rencontre chez Barros, Qoes et Osorio; enfin un autre élément,
peut-être le plus important de tous, fut la politique de mystère suivie
par D. Joào 11 pour empêcher l'Espagne d'accaparer le commerce
et la richesse de l'Orient, qui devaient être la récompense de tant
d'efforts.
Ces mêmes causes ont obscurci l'histoire du développement de
l'astronomie dans la navigation au Portugal.
Un grand nombre d'historiens, étrangers et nationaux, se sont
occupés de l'astronomie nautique étudiée par la Junta dos Mathe-
inaticos. On a reproduit, commenté et souvent amplifié par des
hypothèses, les sources historiques connues, mais l'étude n'a\ ançait
guère, faute de plus amples détails.
En 1883, Luciano Cordeiro décrivait un volume existant à la
bibliothèque d'Evora,' contenant deux traités qui paraissent indépen-
dants l'un de l'autre, le Règlement de l'astrolabe et du quadrant
(') B.S.O.L. \m.\, p. I6.Î !S,S. (Molotim da Socicciaclc de (jcourapliia
de Lisboa).
et une traduction portugaise du Traité de la Sphère de Sacrobosco,
antérieure à la traduction publiée en 1537 par I^edro Nunes. L'ar-
ticle de Cordeiro citait en outre une série de documents se ratta-
chant aux mêmes sujets; le tout contenait des indications de grande
valeur historique qui n'ont pas retenu toute l'attention qu'elles méri-
taient.
En décrivant le „ mystérieux volume" dont il cherchait
„le rôle dans l'histoire encore obscure de la géographie
et des explorations des Portugais", Cordeiro pressentait
l'importance de l'ouvrage dont il parlait. Il alla jusqu'à écrire qu'il
se trouvait très probablement dans le Regimenîo do astrolabio e do
qiiadrante une grande partie des instructions nautiques emportées
par Vasco da Gama dans son voyage à la découverte des Indes.
Cordeiro ignorait l'existence d'une édition plus ancienne du
même volume qui en précisait définitivement la valeur; nous l'avons
trouvée à la Bibliothèque Royale de Munich. C'est la raison d'être
de cette étude.
Nous avions, depuis quelque temps déjà, cherché des renseigne-
ments sur y Almanach perpetuum de Zacuto en partant de la con-
viction que l'historien des travaux de la Junta devait forcément con-
naître les détails d'une œuvre astronomique dont le traducteur fut
un membre de la Junta dos Mathematicos et dont l'impression fut
terminée avant le départ de Vasco da Gama.
Le Règlement de l'astrolabe trouvé à Munich confirma notre
façon de voir.
L'examen d'une œuvre telle que l'almanach Zacuto contenant 56
types de tables astronomiques destinées à l'astrologie du XV'^'^ siècle,
était cependant une tâche difficile, exigeant des connaissances spéciales
de l'astronomie que nous ne possédions guère. Néanmoins nous
avons osé aborder ce terrain pour y chercher et recueillir des
éclaircissements réclamés depuis longtemps par l'histoire. Maintes
fois au cours de ce travail nous avons dû recourir à l'amabilité de
M. le professeur A. Wolfer, directeur de l'observatoire fédéral de
Zurich, et ce fut sûrement grâce à son bienveillant accueil, à son
dévouement et à son savoir que nous avons pu entreprendre une étude
qui présente de nombreuses difficultés. Nous osons espérer que
notre travail ne contiendra pas des lacunes qui pourraient nuire aux
résultats de nos recherches historiques.
Dans son étude sur le précieux volume de la bibliothèque
d'Evora, Cordeiro signale que le Règlement de l'astrolabe se trouvait
reproduit dans le Reportorio dos tempos de X'alentim Fernandes
(éditions 1521 et 1528), et que, plus tard encore, Pedro Nunes, cosmo-
graphe du royaume, le discuta dans le Tratado em defensani da
carta de niarear, 1537. comme étant en usage dans la marine portu-
gaise, il appelait en même temps l'attention sur la nouvelle tra-
duction de la Sphère de Sacrobosco par Pedro Nunes. Les éditions
réitérées, faites de ces deux ouvrages, qui sont d'une importance
nautique incontestable, nous ont d'autant plus frappé qu'ils se com-
plètent l'un l'autre. Le Règlement traitait des détails de l'astronomie
nautique, tandis que la Sphère était le livre classique en usage dans
toutes les universités du moyen-âge pour l'enseignement des rudi-
ments de l'astronomie.
Le document que nous allons décrire, nous révèle une autre
édition de la Sphère, antérieure à l'édition d'Evora ainsi qu'un Règle-
ment de l'astrolabe, rédigé d'une façon bien plus élémentaire
que celui de l'édition d'Evora.
Cordeiro avait passé sous silence dans son article de 1883, une
partie importante du Règlement — les tables nautiques. Grâce à
l'amabilité de M. le D"" A. Giào et de M. le bibliothécaire Torrinha
à Evora, nous avons obtenu la copie de ces tables, ce qui nous a
permis de les comparer aux tables du Règlement de Munich. Nous
avons ainsi établi que les tables de ce document sont plus simples
et plus élémentaires que celles d'Evora.
Si l'on considère les passages de Barros, de Qaspar Correa et
de la lettre du bachelier maître Joào, pilote d'AIvares Cabrai, oij il
est question d'un règlement nautique (Regimento), on est forcé de
reconnaître que c'est bien dans la série des règlements ci-dessus
énumérés, que l'on doit chercher les instructions nautiques primi-
tives ayant servi aux découvertes portugaises. De plus Barros
signale dans son célèbre passage sur la Junta, les tables astronomiques
du début, comme plus élémentaires que celles en usage de son
temps (1539).
Cette différence nous a immédiatement frappé en comparant
les tables d'Evora, établies d'après le cycle de 4 années, aux tables
de Munich faites pour une seule année et donnant la déclinaison
journalière en face de la date du calendrier.
En examinant le texte du Règlement de Munich, on est encore
surpris du soin, de la clarté, de la minutie des exemples du calcul
des latitudes, éléments qu'on a jugé superflus et qu'on a supprimés
dans l'édition d'Evora.
s
Ainsi nous nous trouvons devant un clocuiiieiit traitant dans un
texte éltMiientaire, accompagne de tables approximatives de la plus
grande simplicité, la méthode de calcul des latitudes par la hauteur
du soleil appuyée de nombreux exemples. C'est ce problème qui
était à l'ordre du jour au Portugal à la fin du XV'"'^ siècle et qui
fut étudié et résolu par la Junta dos Mathematicos.
Ce Règlement encore officiel dans une forme plus parfaite au
temps de Pedro Nunes, contenait le guide' de la navigation dans l'hémi-
sphère sud. Sa très grande rareté est une preuve de plus de son
importance et de son origine.
L'édition de l'œuvre que nous allons décrire n'est pas la première;
d'après l'opinion autorisée de M. le D' Hartig, expert d'incunables
à la Bibliothèque Royale de Munich, elle a été précédée au moins
par une autre édition. Il déclare que le volume de Munich „se
révèle à première vue comme une réimpression et non
pas comme l'édition originale". Nous avons donc à ajouter
à la série déjà établie au moins une autre édition antérieure, en-
core inconnue, ce qui porte notre liste à 4 éditions du traité de
la Sphère, dont 3 réunies au Règlement de l'astrolabe. Nous
avons ensuite une série de Règlements isolés, joints au Reportorio
de Valentim Fernandes, aboutissant au Règlement réformé par Pedro
Nunes et compris dans le traité de la carte nautique de 1537.
Nous arrivons ainsi à la conclusion que le document découvert
à la Bibliothèque Royale de Munich est l'édition la plus ancienne
connue jusqu'à présent d'une œuvre officielle et sûrement secrète,
destinée à l'instruction de la marine portugaise du temps des dé-
couvertes. Cette œuvre se composait de deux parties: l'une, la
Sphère, était destinée à l'enseignement rudimentaire de l'astronomie ;
l'autre, le Règlement, fournissait les éléments du calcul des lati-
tudes par la hauteur du soleil. L'édition trouvée à Munich date du
commencement du XVI'"<^ siècle; elle a été précédée par une ou
plusieurs éditions encore inconnues.
Le texte et les tables de ce document sont donc une simple
réimpression ou une rédaction déjà modifiée d'une œuvre qui dans
sa forme primitive n'a pu sortir que de la Junta dos Mathematicos
sous D. Joào II.
Les tables astronomiques, de forme aussi primitive, réunies à
ces instructions élémentaires, nous ont conduit à rechercher l'ori-
gine des premières tables nautiques du Portugal.
Quelques auteurs modernes comme Cordeiro, Ravenstein et
Brito Rebello, reconnaissent que ces tables ont comme point de
départ VAlmanach perpetuum de Zacuto; cependant la plupart des
auteurs, portugais ou étrangers, attribuent aux Ephéniérides de
Regiomontanus un rôle capital dans la solution du problème nau-
tique des Portugais.
Les études de Ribeiro dos Santos et de Garçào Stockler, où
l'œuvre de Zacuto est traitée par rapport à ce problème, ont été
de plus en plus oubliées. Ainsi le remarquable historien Oliveira
Martins trouve tout naturel et accepte comme solution fort simple
que Martin Behaim, élève de Regiomontanus, soit venu tout exprès
de Nuremberg pour résoudre les problèmes astronomiques posés
à la Junta.^ Un autre, Latino Coelho, connaissant le passage de
Gaspar Correa sur Zacuto, tourne l'astrologue en ridicule et le traite
de charlatan.- Ni l'un ni l'autre de ces auteurs n'a approfondi cette
question complexe; ils n'ont, à ce qu'il paraît, même pas connu
l'existence de «l'AImanach perpetuum" (imprimé à Leiria en 1496)
portant le nom de l'astronome de D. Manuel. A ces deux auteurs
pris au hasard, il faudrait en ajouter un assez grand nombre
d'autres qui ont traité le problème à peu près de la même façon
superficielle. Andrade Corvo lui même, dans les notes érudites qu'il
ajouta à l'édition du Roteiro de D. Joào de Castro, traita cette
question à la légère.
La littérature de l'Allemagne concernant les découvertes, consi-
dère le problème des tables nautiques comme résolu depuis long-
temps. En parcourant les splendides ouvrages pleins d'érudition
des auteurs tels que Humboldt, Ritter, Peschel, Breusing, Ruge et
Gùnther, on s'étonne de ne pas y trouver un mot sur l'Almanach
perpetuum par rapport au problème étudié par la Junta. Peschel
seul, à deux endroits de son magnifique ouvrage, cite l'usage des
tables de Zacuto par Magalhàes pour la détermination des longi-
tudes, en ajoutant que les résultats obtenus étaient erronés. Les
autres auteurs ignorent Zacuto complètement.
Se basant sur l'emploi des Lphémérides par Vespucci en 1499
pour déterminer la longitude de Venezuela par rapport à Cadix, à
(') Oliveira Martins. Les Lxploralioiis des Portugais. Paris 1893, p. 20.
Cette opinion fut reproduite par d'autres auteurs. On la trouve textuellement chez
5. Oppenlu'iin. „Das aslrononiisclie WeltbiUI ini Wandcl lier Zeil". 1906,
p. 95.
(-) l.atino Coelho. Vasco da (jania. Lisboa. I8<S2.
10
l'aide d'une éclipse de la lune, les auteurs cités en ont conclu que
ce livre a également été utilisé par les marins portugais pour le
calcul des latitudes.
Le problème des longitudes, dont la solution devait se faire
attendre bien longtemps encore, n'était point celui que la Junta
avait à l'étude. Celui que les mathématiciens de la Junta ont résolu
a été la détermination des latitudes par la hauteur du soleil.
A la question des tables on ajouta en Allemagne, et non pas
au Portugal, celle de l'origine des i nst ru me nts astronomiques.
Le mérite de la solution des deux problèmes a été finalement attribué
à Regiomontanus et à Behaim.
Avant de continuer notre exposé, nous aurons à nous arrêter
sur le rôle attribué à Behaim et à Regiomontanus, dans les deux
questions devenues inséparables, l'origine des tables et celle des in-
struments. Bien avant Humboldt, on avait exalté Behaim, jusqu'à lui
attribuer la découverte des Açores et de l'Amérique, on lui décernait
la gloire d'avoir le premier signalé l'existence du détroit de Magalhàes,
qu'on voulait nommer „Fretum Bohemicum". Enfin Wagenseiler
proposa même le nom de „Behaimia" pour l'Amérique entière." Selon
Humboldt, Behaim a été le président de la Junta- et aurait construit ou
perfectionné l'astrolabe marin à Lisbonne.'' Humboldt s'étonne que la
célébrité de Behaim ait précédé celle de Colomb de 12 années.*
(') Humboldt. Examen Critique, t. 1, p. 256.
(-) Humboldt. Kosmos, Band 2, p. 334.
(') Humboldt. Examen Critique, t. 1, p. 257.
(^) Humboldt. Examen Critique, t. 1, p. 267.
Martin Behaim est né en 14v59. En 1484, il quitta ses affaires en Flandre
et s'embarqua pour Lisbonne où il arriva au mois de juin. Vers la même
époque Colomb, marin paraît-il, dès l'âge de 14 ans, allait quitter le pays et
offrir ses services au pays voisin et rival, l'Espagne. Barros écrit que Behaim
s'est glorifié à Lisbonne d'être l'élève de Regiomontanus, un fait qui, à ce mo-
ment surtout, a dû produire une impression assez vive sur l'esprit d'un roi
aussi habile que D. joào II. Six ans plus tard, en 1490, nous retrouvons Be-
haim à Nuremberg où il reste pendant 3 ans. Pendant ce séjour il fit son
célèbre globe et fut reçu par le Roi Maximilien, cousin germain de D. Joào II
qui alors déjà pouvait dire de son compatriote:
„Martino Bohemo nemo unius imperii civium magis unquam peregrinator
fuit magisque remotas insulas adivit."
Vers le milieu de l'année 1493, Behaim retourna au Portugal. Il était le
porteur de la célèbre lettre du Dr Monetarius à D. Joào II, datée du 14 juillet
1493 et recommandant au roi un voyage par l'ouest six ans après la découverte
de Bartholomeu Dias et 19 ans après la lettre de Paulo Toscanelli, datée du
25 juin 1474.
11
Il déclare que les Ephémérides de Regiomontanus auraient servi „sur
„les côtes d'Afrique, d'Amérique et de l'Inde, dans les premiers
«grands voyages de découvertes de Bartholomeu Dias, de Colomb,
„de Vespucci et de Gama".'
Karl Ritter (1861) écrit que l'astrolabe, pas tout à fait inconnu
aux Portugais, était trop grand et trop lourd et que Behaim, soit
qu'il en ait inventé un autre, soit qu'il ait introduit celui de Regio-
montanus, avait rendu un grand service à la marine du Portugal.
«L'application de ce nouvel astrolabe donna les résultats
„les plus brillants, d'autant plus qu'on pouvait se servir pour
„son utilisation des célèbres Ephémérides de Regiomontanus." -
Breusing, en 1869, soumit le passage de Barros à un examen
minutieux, d'oij il conclut que c'était le problème des instru-
ments astronomiques et non point celui des tables que la
Junta avait à résoudre et que ce fut la balestilha inventée par
Regiomontanus et introduite au Portugal par Behaim qui aurait
fournit la solution désirée du problème de la navigation.-'
(') Humboldt. Examen Critique, t. 1, p. 274.
(-) Das Astrolabium vvar den Portugiesen zwar nie ht ganz un-
bekannt, aber zu plump und zu gross und auf de m schwankenden
Schiffe unbrauchbar. Noch war sein Gebrauch bisher auf das Land be-
schrankt geblieben. Martin Behaim, der in den mechanischen Werkstàtten der
Niirnberger, die damais die besten Bussolen fur aile Seefahrer Europas lieferten,
aufgevvachsen, erfand ein feineres Astrolabium, das man als Pendel an den Mast-
baum so befestigen konnte, dass es durch seine eigene Schwere bei màssigen
Schwankungen des Schiffes doch noch seine senkrechte Richtung beibehielt.
Nach andern hatte schon Regiomontanus ein solches Instrument gefertigt
und Behaim wies es nur bei der Kommission \'or. Die Anwendung des neuen
Astrolabiums gab nun die glânzendsten Resultate, zumal da auch die be-
rijhmten Ephemeriden des Regiomontanus dazu bcnutzt werden
k o n n t e n .
Karl Ritter. Geschichte der Erdkunde, 1861, p. 254—25.5.
( ') Was die Abweichung der Sonne betrifft, so gaben selbst die Alfonsini-
schen Tafeln (von denen Regiomontan's ganz zu schweigen) den Ort der Sonne
damais schon so genau, dass der Fehler sich nur nach Minuten berechnete;
hàtte es sich nur um dièses astronomische Elément gehandeit, die Breiten-
bestimmungen im Zeitaiter der Entdeckungen hiitten unmoglich um ganze
Grade fehlerhaft sein kônnen, wie sie dies tatsàchlich waren. Die hauptsàch-
liche, man mochte sagen, die einzige Schvvierigkeit lag in der Beobachtung
der Sonnenhôhe, lag in den zuder Hôhenbeobachtung gebrauchten
I nstr u m e n t e n , denn . . . . Nun braucht man aber dén Bericht bei Barros
nur ganz oberflâchlich zu leseii, um sofort zu erkennen, dass auch dieser die
Instrumente in den Vordergrund stellt. Nur einmal, im letzten Satze, \vo ihm
einfallt, dass die Hohenmessungen iiicht das einzige fiir die Breitenbestimmung
12
Plus rcservc que ses prédécesseurs, Peschel, en 1S77, parle de
l'usage des Ephémérides par Colomb et Vespucci ; il cite rAlniaiiacli
Zacuto' et fait observer que les Portugais avaient déjà du temps
de Barros acquit une expérience suffisante de l'emploi de la bales-
tilha.-
Cet auteur s'est franchement libéré des hypothèses plus ou
moins hasardées sur le rôle joué par Behaim. Dans les 3 éditions
de son ouvrage dont la première est de 1858, il critique les erreurs
du globe de Nuremberg, étant un des premiers à s'en tenir rigou-
reusement au célèbre passage de Barros sur Behaim. Il déclare que
celui-ci fut nommé membre de la junta, parce qu'il se vanta à Lis-
bonne d'être l'élève de F-^egiomontanus, le plus grand astronome
de l'époque.'
Rugc, en 1881, écrit que les Ephémérides calculées pour 32
années, auraient suffi jusqu'à la mort de Colomb pour déterminer les
latitudes, mais que pour l'hémisphère sud, visité par les Portugais,
il aurait fallu d'autres tables. Celles-ci auraient été calculées par la
Junta dont Behaim faisait partie. Cet auteur relève également l'impor-
tance du rôle de la balestilha, invention attribuée à Regiomontanus.*
Enfin M. Gùnther traite les mêmes sujets dans ses nombreux écrits.
notige Elément ist, erwahnt er nebenbei und recbt ei.i»entlich in Paranthese, die
Junlaliabeseibstverstandiicb aucliTafeln fiirdie Alnveicbuni.; der Sonne berechnel.
Breusin^. Zeitsciirift derGesclIscbafl fiir Hrdkunde, Band 4, 1869, p. 10.3—104.
(') O. Peschel. (leschichte der Hrdkunde, heraus^eifeben \on S. Ruj^e,
MLinchen, 1877, p. 401.
(-) Die Portugiesen hatten sicb zu Barros Zeiten schon die notige Fertig-
kcit im Gebrauche dièses Instrumentes (balestilba) erworben, wàhrend die Spa-
iiier vie! spater nachfolgten. Um 1.S14 gab auch der Nurnberger Astronom
Johann Werner die ersten Tafein heraus, nach welchen die Winkel aiif den
Stàben eingeteilt werden sollten.
Peschel. 1. c. p. 389.
(') Voici ce qu'écrivait Peschel en 1858:
„[)ieses war die einfache, so vielfach missverstandene Aufgabe jener astro-
nomisclien junta, welche der Konig unter dem Vorsitz des Bischofs Diogo
Ortiz aus seinen hebraischen Leibârzten Moyses, José und Rodrigo bildetc,
denen Martin Behaim beigegeben wurde, w e i I e r s i c h f ii r e i n e n S c h u i e r
des grôssten Astronom en jener Zeit, Johannes Millier aus Kônigs-
berg, Franken (Regiomontanus) ausgah."
O. Peschel. Geschichle des Zeitalters der Entdeckungen. Ed. 1858, p. 92.
C) Regiomontan berechnete behufs dieser f-i.xierung (geographische Brei-
tenbestimmungen) im Jahre 1473 die Ephemeriden auf 32 Jahre, so dass die-
selben zunachst in der wichtigsten Zeit der Entdeckungen fast bis zum Todes-
jahr des Columbus geniigteii. Er erfand aber noch ein, auch auf Schiffen an-
13
En 1885, poursuivant l'idée de Breusing que la Junta avait
surtout à s'occuper des instruments nautiques, il écrivait:
„En effet la balestilha n'aurait pas suffi pour montrer à
„eile seule la route aux marins à travers l'océan: à cet effet
„on avait encore besoin d'un autre accessoire, qui fut également
„livré par Regiomontanus, ce sont les Ephémérides".'
En 1890 M. Qùnther publia une intéressante biographie de Be-
haim. Ce livre a conduit son auteur à de multiples recherches
dans la littérature portugaise. Les passages que nous venons de
reproduire font partie d'ouvrages traitant des découvertes en général;
la biographie en question a une importance plus accentuée en ce
sens qu'elle s'occupe davantage du Portugal et qu'elle résume les
recherches contenues dans 6 ou 7 œuvres spéciales sur Behaim.
Le concours prêté par Behaim aux études de la Junta y est
résumé dans les conclusions suivantes:
1" L'introduction de la balestilha, instrument qui aurait
joué un rôle prépondérant pendant les grandes découvertes.
Cet instrument, inventé par Levi ben Gerson et non par
Regiomontanus, aurait été complètement oublié dans la
wendbares, handiiches Instrument, um die Polhôhe eines Sternes zu messen,
den sog. Jakobstab (balestilha), welcher aus einem Stabe mit rechtwinklich
daran befestigtem, aber schiebbarem Querstabe bestand. Dièses instrument
wurde in der Folge durch seinen Schuier Martin Behaim in Portugal einge-
biirgert. Aber die Breitenmessungen der portugiesischen Seeleute Messen,
gegeniiber den Resultaten der Astronomen in Europa, noch vie! zu wiinschen,
denn es steigerten sich die Beobachtungsfehler au! drei Grad.
Solange man den nôrdiichen gestirnten Himmel iiber sich hatte, waren
die Ephemeriden des Regiomontan stets anwendbar; aber als die portugiesi-
schen Entdecker die âquatoriale Linie iiberschritten hatten und eine unervvartete
andere Gruppierung der Sternbilder als auf der nôrdiichen Hemisphàre er-
blickten, war es notwendig, andere astronomische Tafeln zu entwerfen. Zu
dem Zwecke setzte Kônig Johann II. von Portugal (1481 — 95) eine astrono-
mische Kommission (Junta) nieder, vvelche unter Leitung des Bischofs Diogo
Ortiz und mit Hinzuziehung Behaims dièse Lucke ausfullen s<)llte und die
Sonnenhôhe fiir siidliche Breiten zu berechnen und in Tafeln zusammenzu-
stellen hatte.
Ruge. Zeitalter der Entdeckungen, 1881, p. 99.
(') Freilich hatte dièses Instrument (la balestilha) auch niclit hingeruiclit,
den Schiffer seinen Weg Liber den pfadlosen Ozean alleiii finden zu lassen,
vielmehr bedurfte es hierzu noch einer weiteren Beigabe, die aber eben auch
von Regiomontanus geliefert wurde: der Ephemeriden.
Qiïntlier: Article Joh. Miillcr (Regiomontanus). Allgcmeiiie Deutsche
Biographie, 1885, Band 22, p. 577.
14
Péninsule. Connue et employée par l'astronome de Nuremberg,
la balestilha serait revenue au Portugal par l'entremise de
Behaim son élève.
2" Behaim aurait introduit les Ephémérides au Portugal en
1484 ou peu après.
M. Giinther attache la plus grande importance à l'emploi de
la balestilha que Behaim aurait fait connaître à ses collègues de
la Junta. Il la considère comme le seul instrument qui aurait donné
à la navigation le secours désiré.'
Cette opinion se basait évidemment sur l'hypothèse, formulée
dans une note du livre, que le rôle attribué à l'astrolabe était tout
à fait secondaire (ganz nebensàchlich).-
En 1899, un auteur anglais, M. Ravenstein, publia la première
de ses deux études sur Behaim où il soumit les différentes questions
soulevées par les écrits précédents, à une critique sévère.-'
En 1905, M. Giinther abandonne l'hypothèse que la balestilha
aurait été introduite par Behaim, à savoir la première de ses
conclusions de 1890, et il ne maintient plus que la deuxième,
l'introduction des Ephémérides de Regiomontanus par Behaim.^
(') Nur ein Instrument gab es, welches der Nautik die ersehnte Hilfe
bringen konnte, und welches zugleich einem Zogling des Regiomontanus
genauer bekannt sein niusste. Dies ist der sogenannte Jakobstab oder
Gradstock (la balestilha).
S. Giinther. Behaim-Bamberg, 1890, p. 22.
(-) Vom verbesserten Astrolabium haben wir in dieser Thèse geschwiegen,
weil eben unserer festen Ueberzeugung nach dasselbe fiir die Zvvecke, welche
der astronomischen Kommission und iiberhaupt den Seeleuten jener Zeit vor-
schwebten, nur ganz n e bensiich I i ch in Betracht kommen konnte.
Giinther. Behaim, p. 65.
(') E. G. Ravenstein. Martin Behaim.
Separata da Revista Colonial e Maritima. Lisbonne. 1899—1901» (en
portugais).
(^) Lange Zeit glaubte man fast allgemein, die Portugiesen
hàtten von Behaim den „Jakobstab" kennen gelernt, der nachher in
der Geschichte der Entdeckungen eine bedeutende Rolle gespielt hat.
Allein dagegen spricht erstens, dass nirgendwo auch nur die leiseste An-
deutung von einer so cinschneidenden Vcrbesserung der Beobachtungskunst zu
finden ist, vvie denn noch Jahrzehnte vergehen, ehe nautische Lehrbiicher des
Jakobstabes Erwahnung tun; dagegen spricht auch Behai ms Breitenbe-
stimmung selbst, sovveit wir sie nach seinem Globus zu kontroliieren in der
Lagesind, denn dièse Messungensindsofehierhaft, dass mit dem neuen
Instrumente ganz unbedingt ein besseres Ergebnis batte erzielt werden miissen.
Wir werden uns foiglich mit Gelcich lieber dafiir entscheiden, dass der junge
15
En 1908, M. Ravenstein publie sa deuxième étude:
Martin Behaim — fiis Life and his Globe. — London 1908, qui
doit être considérée comme l'œuvre la plus complète sur la Junta; on
y discute non seulement les documents se rapportant à Behaim, mais
les sources historiques de l'époque. M. Ravenstein, par ce travail, prend
la première place parmi les historiens de la Junta dos Mathematicos.
En résumé on voit que Humboldt, en 1836, et Ritter, en 1861,
trouvent la solution du problème des instruments nautiques dans
l'astrolabe de Behaim et de Regiomontanus; Breusing, en 1869, et
Ruge, en 1881, admettent que cette solution est due à la balestilha,
invention attribuée à l'astronome de Nuremberg; Gunther, en 1890,
croit qu'elle est due à la balestilha, qu'il reconnaît cependant avoir
été inventée par le Provençal Levi ben Gerson. Cet instrument oublié
dans la Péninsule serait revenu au Portugal par la voie de Nurem-
berg et par l'entremise de Behaim. En 1905, cet auteur abandonne
son hypothèse relative à la balestilha. Ainsi de 1836 (Humboldt) jus-
qu'en 1905 (Gunther) tous les auteurs précités admettent que le
problème des instruments astronomiques posé à la Junta, a été résolu
par Behaim et Regiomontanus; - -selon les uns l'astrolabe, selon
les autres la balestilha aurait servi à orienter les navigateurs. Quant
aux tables, tous ces auteurs, Peschel y compris, sont également d'accord
sur le rôle joué par les Ephémérides dans les découvertes portu-
gaises. Nulle part on ne trouve le nom de Zacuto en ce qui concerne
la détermination des latitudes au moyen de la hauteur du soleil.
Au Portugal, Cordeiro fut le premier, à notre connaissance, qui,
en 1883, après les recherches de Ribeiro dos Santos et Garçào
Stockler, appela l'attention sur l'oubli de l'AImanach perpetuum. 11
mettait en même temps en évidence le Règlement de l'astrolabe et
la traduction de la Sphère de Sacrobosco. Enfin il renouvelait les
doutes exprimés par Barros que Behaim ait été un astronome, élève
de Regiomontanus; de plus il mentionnait la lettre de Monetarius
Nurnberger ein Exemplar der Regiomontansch^n ..Ephemeriden" besass, in
welchem unteranderem furjedenTagdieAbweichung derSonne \om
Aequator prâzis voraus berechnet war, und dièse Kenntnis der Sonnen-
deklination war, wie bereits erwahnt, fiir die Ermittelung der Breite aus Sonnen-
hôhen gleichfalls unerlassiich. Nach Lissabon war dies bahnbrechende Tafelwerk,
der Ahnherr aller spiiteren astronomischeii Jahrbùcher und Almanache, noch
iiicht gedrungen, und uni so wilikomniener musste Behaims Gabe sein.
5. Gunther. Das Zeitalter der Entdeckungen (1. Auflage 19(M)). 2. Auflage
1905, p. 37.
16
encore inconnue à M. Gùnther en 1S90.' Cette lettre a, en effet,
comme le fait remarquer Cordeiro, une assez grande portée. Elle nous
montre que Behaim, le membre de la Junta, proposait un voyage
vers les Indes par l'ouest en juillet 1493, c'est-à-dire 5 ',2 ans après
la découverte du Cap par Bartholomeu Dias. Si l'on regarde le
globe de Nuremberg, que Behaim venait de terminer, où l'Amérique
ne figure naturellement pas, on constate que la distance entre
Cipangu (Japon) et l'île de Payai (une des Açores oij il avait habité)
est égale à une fois et demie la distance de Payai à Lisbonne. -
Ce furent cependant les études de Ravenstein, celle de 1899,
puis celle de 1908, qui fixèrent définitivement l'attention sur les tra-
vaux astronomiques de la Junta. Sans nous intéresser outre mesure
à la question longuement débattue déjà, des mérites de Behaim, une
autre question bien plus importante et d'intérêt général nous a frap-
pé, celles des ressources astronomiques du Portugal à
l'époque des découvertes. Si la nation avait manqué de tables
et d'instruments, si ses ressources scientifiques avaient été insuffisantes,
le Portugal aurait été en effet à la merci d'une aide étrangère pour avoir
les éléments indispensables à ses voyages dans les mers inconnues.
Cette dernière thèse forme bien l'essence, l'idée fondamen-
tale des passages de nombreux auteurs allemands à l'égard de Be-
haim et de Regiomontanus. Nous nous sommes bornés à citer des
auteurs dont la réputation et l'autorité sont universellement recon-
nues. Les mêmes affirmations renforcées se trouvent dans nombre
d'autres livres dont quelques-uns cependant ne font pas autorité
en la matière. Nous citerons encore le passage suivant emprunté
à un ouvrage de cette dernière catégorie :
„Si l'Allemagne n'a pas participé directement aux grandes
découvertes du XV et du XVI^ siècle, ce furent cependant
les savants allemands qui par leurs travaux d'atelier et de
bibliothèque ont donné à ces entreprises l'impulsion décisive.
Dans ce sens notre célèbre compatriote Regiomontanus aussi
bien que Martin Behaim peuvent sûrement revendiquer le
(') Un passage de la traduction portugaise de cette lettre cité par
M. Giinther comme provenant d'un auteur portugais (Bibiiotheca Mathcmatica
1890, p. 79), nous révéla l'existence du document qui fait l'objet de cette étude,
dans les riches Archi\es de la liibliothéque de Municb.
(-) Voir la reproduction du globe à la Bibliothèque Nationale de Paris
ainsi que les reproductions cartographiques chez Rui^e \. c. p. 230 et chez
Ravenstein - Behaim (1908).
17
mérite d'avoir été des précurseurs de Colomb et d'avoir
contribué d'une façon essentielle à la découverte de l'Amérique."^
La thèse de la pauvreté des ressources scientifiques du Portugal
est bien le vieux thème que le Vicomte de Santarem s'efforça de
contredire et celui qui provoqua ses admirables recherches sur la
cartographie. Aujourd'hui que les documents ne sont plus aussi
rares qu'ils l'étaient jadis, l'étude de ce problème a été rendue plus
facile. Ainsi nous nous sommes posé la question suivante :
„Est ce que le Portugal, précurseur des autres nations dans
les découvertes maritimes, aurait été dépourvu des ressources
astronomiques nécessaires à la réalisation de ses vastes projets
coloniaux? Dans l'affirmative, d'oij sont venus ces éléments?
Qui les a fournis à la Junta? — Quel fut le rôle des Ephé-
mérides — et quel fut celui de l'Almanach perpetuum?"
De nombreuses considérations nous poussaient à cette étude.
D'abord les résultats peu satisfaisants obtenus par les auteurs depuis
Humboldt jusqu'à Gùnther; car il ne faut pas oublier que ces ré-
sultats contenaient les résumés de 6 ouvrages sur Behaim - tournant
tous plus ou moins autour du même sujet. Les lacunes signalées
par Ravenstein, l'oubli de l'Almanach perpetuum et du Règlement
(') Wenn sich Deutschland an den grossen geographischen Entdeckungen
des 15. und 16. Jahrhunderts direkt nicht beteiligt hat. so sind es doch
deutsche Gelehrte gevvesen, vvelche durch ihre Arbeiten in Werkstatt und
Studierstube ihnen den wesentlichsten Vorschub geleistet haben. insofern
kommt auch unserem berùhmten Landsmann Regiomontanus, ebenso wie
Martin Behaim, sicherlich das Verdienst zu, ein Vorlaufer des Columbus und
somit fiir die Entdeckung Amerikas von wesentlichem Nutzen gewesen zu sein.
A. Ziegler. Regiomontanus ein geistiger Vorlaufer des Columbus (1874)
p. 102.
(-) Liste chronologique d'ouvrages sur Behaim:
177.S. T. von Murr. Diplomatische Geschichte des portugiesischen beriihmten
Ritters Martin Behaim. Niirnberg.
1842. F. W. Ghillany. Der Erdglobus des Martin Behaim im Jahre 1492.
Nùrnberg.
lH5.i F. W. Ghillany. Geschichte des Seefahrers Ritter Martin Behaim.
Niirnberg.
1H.59. A. Ziegler. Martin Behaim aus Nùrnberg, der geistige Entdecker
Amerikas. Dresden.
1874. A. Ziegler. Regiomontanus ein geistiger Vorlaufer des Columbus.
Dresden.
1889. A. Reichenbach Martin ik'haim ein dcutscher Seefahrer.
Leipzig.
1890. 5. Qiintlier. Martin Behaim. Bamberg.
18
de l'astrolabe, publié dès 1883, enfin l'appréciation de Peschel for-
mulée en 1877 sur le globe de Nuremberg fortifiaient le doute que
Behaim ait vraiment été un astronome, élève de Regiomontanus.
Voici ce qu'écrit Peschel à propos du globe de Behaim:
„Si nous voulons apprécier les connaissances de Behaim
d'après le globe qu'il a laissé, et sur lequel on trouve des
erreurs de latitude allant jusqu'à lô*^, aux endroits de la côte
qu'il prétend avoir visités lui-même, tandis que chez les
pilotes portugais et espagnols de son temps, les erreurs
d'observations qu'ils faisaient à terre, ne dépassent que rare-
ment un degré et que, chez d'autres élèves de Regiomon-
tanus, la limite des erreurs dans le calcul des latitudes ne
comporte que quelques minutes d'aïc, il faut reconnaître que
les Portugais n'ont pu tirer que peu de profit des enseigne-
ments de notre compatriote."'
Ce passage, confirmé par la critique de M. Gùnther (1905) re-
produite plus haut, nous ramène donc vers ce même doute exprimé
par Barros:
„Martim de Boemia natural daquellas partes, o quai se gloreava
ser discipulo de Joanne de Monte Regio."
LES TABLES.
Avant même d'aborder l'examen de l'œuvre de Zacuto, du traité
de la Sphère, de l'Esmeraldo, du livre de Marinharia ou enfin du
Règlement de l'astrolabe, la thèse de l'insuffisance de ressources
scientifiques du Portugal nous a paru insoutenable, puisqu'en somme
la génération qui fit les découvertes, fut celle qui précéda la période
scientifique et littéraire la plus éclatante de la nation.
(') Wenn wir seine (Behaims) sonstigen Kenntnisse aus der von ihm
hinterlassenen Erdkugel abschatzen wollen, auf der sich bel Breitenbestim-
mungeii an Kiistenpunkten, die er selbst besucht haben vvill, Fehler bis zu
16 Grad finden, wàhrend bei den portugiesischen und spanischeii Lootsen der
damaligen Zeit, wenn sie auf dem festen Lande beobachteten, die Fehler selten
einen Grad iiberstiegen und bei den Breitenmessungen anderer deutscher
Schûler Regiomontans die Fehiergrenze nur etiiche Bogenminuten betrâgt,
so hàtten die Portugiesen \on der Belehrung unseres Lands-
m an nés wenig Nutzen ziehen kônnen.
O. Peschel. Geschichte der Erdkunde (1865), p. 215 et
O. Peschel. Geschichte der Erdkunde (1877), p. 236. Voir aussi du mcMTie
auteur: Geschichte des Zeitaiters der Entdeckungen, Ed. 1858, p. 90.
19
Des médecins de réputation européenne tels que Garcia da
Orta, les historiens Barros, Goes et Osorio, le poète Camôes et le
mathématicien Pedro Nunes. tels sont les noms qu'on trouve dans la
génération qui suivit la grande période des succès maritimes.
Si, a priori, la thèse de l'insuffisance de ressources paraît fort
douteuse, elle s'écroule tout à fait, si l'on examine le sujet de près.
Le Règlement de l'astrolabe, publié par Cordeiro, soulève un
coin du voile. Pour éclaircir totalement ce sujet, qui par des cir-
constances spéciales a été entouré de mystère pendant des siècles,
il a fallu recourir à l'examen des détails du Règlement, de l'Almanach
perpetuum et d'un autre livre bien peu connu encore, les Ephé-
mérides.
Nous aurions désiré que quelqu'un de plus autorisé que nous,
entreprît ce travail, d'autant plus qu'il s'agit de contredire une série de
savants de réputation européenne. Tout en reconnaissant notre
insuffisance pour une tâche pareille, nous nous permettrons de
signaler des faits ignorés jusqu'à présent; ils parleront d'eux-mêmes.
Les Ephémérides édition 1474, livre qui est censé avoir
résolu le problème nautique du Portugal, contiennent une Tabula
Région u m et une Tabula Lunae. Le restant est une seule table
astronomique répétée d'année en année de 1475 à 1506.
Cette table contient la position du soleil, de la lune (le „Caput"'),
et des 5 planètes (Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure) dans
les signes du Zodiaque, calculés jour par jour pour 32 années.
Chaque mois occupe une page. La page opposée contient des in-
dications sur les dates des éclipses, conjonctions, oppositions, etc.
par rapport à ce même mois. Cette deuxième page porte comme titre:
Aspectus lune ad soiem & planetas — SoLis & planetarum
inter se.
On trouve donc dans les Ephémérides la position journalière
de chacun des 7 astres par rapport aux 12 signes du Zodiaque ou
à leurs maisons astrologiques.
On n'y trouve aucune indication sur le problème des latitudes;
bien plus, on n'y trouve pas les éléments indispensables
à ce calcul. Un élément important y manque, la tabula
déclina tion is. Nous avons remarqué, dans les citations précé-
dentes, qu'on ne mentionne pas les œuvres de Regiomontanus en
(') Le ..Capul" csl un des points do l'intersection du plan de l'écliptique
et de l'orbite hiiiaire en d'autres ternies, le nœud ascendant de la lune.
20
général, mais qu'on a toujours précisé les Ep h é mé rides.
Il semble donc que ce livre, d'une rareté extrême, n'a point été
examiné au point de vue du calcul des latitudes et qu'on s'est borné
à répéter ce qu'Humboldt avait écrit à cet égard.
Nulle part, dans la bibliographie spéciale, nous n'avions pu
trouver des détails précis sur les tables astronomiques des Ephé-
mérides; notre curiosité en fut éveillée et, après des recherches dans
les principales bibliothèques de la Suisse et de l'Allemagne, nous
avons trouvé un seul exemplaire complet et deux exemplaires in-
complets de l'édition 1474, la seule imprimée du vivant de Regio-
montanus. Ces 3 précieux volumes appartiennent à la Bibliothèque
Royale de Munich où nous les avons examinés. Le volume complet
porte à la fin une note manuscrite, dont voici la traduction:
„Cette première édition est devenue d'une si grande rareté
qu'elle n'a, paraît-il, été examinée paraucun des auteurs modernes."
Neuf éditions des Ephémérides antérieures à 1499, y compris
l'édition princeps (1474), ne contiennent pas les éléments indispen-
sables au calcul des latitudes.
Etant donné son importance, ce fait nous a vivement surpris. Donc
ce livre à lui seul, même s'il avait été à bord des flottes de Bartho-
lomeu Dias, Colomb, Vespucci et Gama, comme Humboldt l'a pré-
tendu, n'aurait pas permis de faire le calcul en question. C'est dans
un autre ouvrage, la Tabula directionum, et non pas dans les Ephé-
mérides, que Regiomontanus plaça lui même la table longuement
cherchée de la déclinaison du soleil.' Ainsi, pour que les marins
eussent pu faire le calcul des latitudes, il aurait fallu posséder les
(') Les œuvres de Regiomontanus n'entrent en considération pour ce qui
concerne la question des tables nautiques portugaises que jusqu'en mars 1496,
date de l'édition de l'Almanach perpetuum de Zacuto, puisque ce livre con-
tient tous les éléments nécessaires au calcul des latitudes. Il suffit de signaler
que rédition des Ephémérides de 1498 Venise, contient la copie de
15 tables de l'Almanach perpetuum, pour se rendre compte
que toutes les éditions postérieures ne nous concernent plus.
Ce sont donc les nombreuses éditions de ce livre de 1474 à 1498 qu'il s'agit
d'examiner. Main cite huit éditions parues dans cette période; sa liste est
cependant incomplète. Il faut en ajouter au moins trois, mentionnées par
Proctor, ce qui fait un total de onze éditions, y compris celle de 1498.
Par suite de la rareté de ces livres, il était difficile de se rendre compte si
oui ou non elles contiennent la table de la déclinaison du soleil. Nous sommes
arrivé cependant à vérifier neufs éditions; quatre, y compris l'éd. 1474, furent
revues par nous-même, les cinq autres ont été examinées à notre demande
par les directions des bibliothèques possédant ces précieux exemplaires. 11 est
21
deux ouvrages et non pas les Ephémérides seules; on aurait à prendre
dans l'une les éléments qui manquent dans l'autre.
Mais quand on a ouvert une fois seulement et l'Almanach per-
petuum avec ses 56 types de tables différentes, occupant 316 pages,
et les Ephémérides, on reconnaît l'impossibilité de mettre des œuvres
pareilles dans les mains des marins pour le calcul des latitudes. Il
faut bien nous rendre compte qu'il s'agissait de familiariser les
navigateurs avec un calcul astronomique, calcul sijrement moins simple
que ne l'est, par exemple, celui des longitudes par la méthode de la
différence de l'heure d'une éclipse, comme l'a fait Vespucci en 1499.
Ces deux livres ne contiennent aucune indication sur la façon de
déterminer les latitudes; ils sont remplis d'un fatras d'éléments
astrologiques dont les marins ne pouvaient pas se servir. Les ma-
résulté de notre enquête que la table de la déclinaison de Regiomontanus ne
se trouve pas dans ces neufs éditions des Ephémérides. Les
deux éditions qui restent à vérifier, pourraient en effet, contenir cette table;
ce sont les éditions de 1488 et 1492 de Venise. (Proctor No 1875 et Hain
No 13796).
Cette éventualité cependant n'est guère probable, attendu que Regio-
montanus plaça lui même la table de la déclinaison dans un
autre de ses livres, la Tabula directionum éd. 1475 et non pas
dans les Ephémérides.
Le fait que nous venons de signaler est ignoré, à ce qu'il paraît, de tous
les auteurs ayant, à notre connaissance, étudié les rapports entre les Ephé-
mérides et les tables nautiques portugaises.
M. Gelcich a publié le commencement de la table de déclinaison de
Regiomontanus (Instrumente u. wissenschafti. Hiilfsmittel der Nautik 1892 p. 74);
il l'aurait prise dans une édition des Ephémérides de 1559, Tiibingen.
Le plagiat signalé dans l'édition des Ephémérides de 1498, suffit pour
illustrer les profondes altérations subies par ce livre; l'édition de 1559 Tiibingen
ne peut donc entrer en considération.
Nous avons eu en main trois éditions de la Tabula directionum;
éd. Augsburg 1490, éd. Tiibingen 1559 et éd. Wittemberg 1584. On y trouve
la table complète de déclinaison dont M. Gelcich publia le commencement.
Réunie à d'autres éléments astronomiques concernant la déclinaison des étoiles,
elle occupe un total de 12 pages dans l'édition de 1490. La table de déclinaison
de Zacuto occupe une seule page. On la retrouve sous une forme identique
chez Pedro Nunes en 1537, tandis que la disposition de la table de Regiomon-
tanus est entièrement différente de celles de Zacuto et de Nunes.
Nous présentons encore une fois nos meilleurs remerciements au savant
professeur M. A. Wolfer, qui avec une extrême bienveillance nous prêta son
aide dans ces investigations; en même temps nous tenons à exprimer notre
reconnaissance à la Direction de la Bibliothèque Royale de Munich qui nous
les a considérablement facilitées.
22
thématiciens et non pas les navigateurs, avaient à en retirer les élé-
ments dont les marins avaient besoin; ils avaient à les réunir, à les
simplifier autant que possible, à les accompagner d'un exposé clair
et élémentaire pour initier les pilotes au calcul des latitudes. Cet
exposé est le Règlement de I" astrolabe. On va bientôt voir quels
soins, quelle minutie on a mis à répéter les exemples et comment on
a pris toutes les précautions de rédaction pour éviter des erreurs.
La simplicité, la clarté, au détriment même de la précision, étaient
les points auxquels on attachait la plus grande importance dans la
rédaction du Règlement de Munich. Ce sont ces points aussi qui,
à notre avis, donnent à ce document sa grande valeur.
Le fait que les Ephémérides et la Tabula directionum contiennent
à eux deux les éléments du calcul, ne suffit pas à prouver que les
mathématiciens portugais y aient eu recours et se soient servis de
ces éléments.
L'Almanach perpetuum fut écrit de 1473 à 1478, à Salamanque,
où Zacuto était professeur à l'Université. Il fut imprimé pour la
première fois, 18 ans après, en 1496. Augustinus Riccius, auteur
d'un ouvrage astronomique, De niotu octavae Sphaerae, déclare
dans ce livre qu'il étudia sous Zacuto en 1474 à Salamanque. 11 y
parle de „rOpera Magna" de son maître, œuvre entreprise à la de-
mande de l'Evêque de Salamanque.' On connaît aujourd'hui 3 manu-
scrits en hébreu de cette œuvre, un à Lyon, un autre à Vienne, le troi-
sième à Munich. Ce dernier porte la date de 1473—1478.
L'œuvre latine, imprimée à Leiria en 1496, fut la traduction de
l'hébreu, faite par José Vizinho, élève de Zacuto, médecin de D. Joào II
et membre de la Junta dos Mathematicos.
José Vizinho, comme le déclare Valentim Fernandes dans son
célèbre manuscrit, faisait partie de l'entourage royal de D. Affonso V,
mort en 1481. D. Joào II, alors prince royal, avait à sa charge les
affaires de la Guinée et ce fut sous le règne de son père qu'on
atteignit l'équateur pour la première fois. A partir de ce moment la
question de l'orientation de la navigation dans l'hémisphère sud était
à l'ordre du jour; elle s'imposait de plus en plus.
Nous savons par les notes de Colomb, que V^izinho fut envoyé
à la Guinée au commencement de l'année 1485 (c'est-à-dire 6 à 8
mois après l'arrivée de Behaim à Lisbonne) pour y faire des déter-
(') Steinschneider. Études sur Zarkali. Rome. 1888, p. 21.
Steinschneider. Mathematik bel den Juden. 1901. (§ 1471—1480 et
§ 1501—1550.)
23
minations de latitudes par la hauteur du soleil. L'Almanach perpe-
tuum de Zacuto contient un total de 336 pages, dont 20 de texte
et 316 de tables astronomiques. Neuf de ces pages renferment
tous les éléments nécessaires au calcul des latitudes.
L'Imago Mundi, de Petrus d'Alliaco, écrit vers 1410, a été connu
au Portugal en manuscrit, du temps de D. Henrique. Ce livre est cité
dans la chronique d'Azurara,^ terminée vers 1448. On doit donc
admettre que sous D. Joào II, on aura pu se procurer de bonne
heure les éléments astronomiques nécessaires pour résoudre le
problème de l'orientation des navigateurs dans l'hémisphère sud.
Cela est d'autant plus probable que le besoin s'en est fait sentir
dès 1471, date à laquelle on avait atteint l'équateur. D. Joào II
était chargé des questions coloniales dès 1474. Il avait dans
son entourage maître José Vizinho qui, comme Riccius, devait
connaître l'œuvre de Zacuto, son maître. Mais indépendamment
même de l'œuvre de Zacuto à laquelle Vizinho aurait pu recourir,
nous reviendrons bientôt sur une série d'œuvres semblables répandues
en manuscrit, parmi lesquelles il faut d'abord citer celles de Jehuda
ibn Verga, auteur d'un traité d'astronomie daté de Lisbonne en
1457 et de tables astronomiques, les premières nommées dans l'intro-
duction latine de l'Almanach perpetuum.
Les Ephémérides furent imprimées pour la première fois en 1474
et la Tabula directionum en 1475. Si les éléments du calcul con-
tenus dans les deux ouvrages avaient été indispensables et s'ils
furent réellement ceux qu'on a utilisés, les traces de ces mêmes
éléments devraient se retrouver dans les tables élémentaires du Règle-
ment de l'astrolabe de Munich. Ce n'est point le cas.
En réunissant la tabula solis des Ephémérides à la tabula
declinationis de l'autre œuvre de Regiomontanus, nous étions à
même de faire la comparaison avec les tables correspondantes de
l'œuvre de Zacuto. On détermine par cette comparaison
des différences caractéristiques qui permettent de recon-
naître facilement les éléments propres à chaque auteur.
Dans l'original hébreu de son œuvre (manuscrit de Munich),
Zacuto déclare qu'il a basé sa tabula declinationis sur la déclinaison
maxima de 23^ 33' adoptée par Zarkali. La valeur correspondante
chez Regiomontanus est de 23" 30'. Dans toutes les tables des
Règlements de l'astrolabe jusqu'au règlement traité par Pedro Nunes,
(') Azurara Chronica da GuinO, 1<S4I, p. 291.
24
dans le Tratado da carta de niarear, on trouve le chiffre de 23" 33,
de Zacuto. Nuiies discute ces 3 minutes et, les trouvant sans impor-
tance, il les supprime.
La confrontation des tables des deux auteurs donne les résultats
suivants:
1" Les tables du Règlement de Munich établies pour une seule
année, sont une simple adaptation jour par jour de la tabula
declinationis de Zacuto aux 366 jours d'une année bissextile.
2" Les tables plus exactes du Règlement d'Evora, établies déjà
d'après le cycle solaire des 4 années, ont la déclinaison maxi-
ma de 23" d,d>'.
3" Dans le texte des règlements contenus dans le Reportoho dos
tempos{édA52\ et 1528), Valentim Fernandes déclare que les tables
astronomiques furent minutieusement extraites de l'Alma-
nach perpetuum par maître Gaspar Nicolas. Le Reportorio
de V. Fernandes, dont les exemplaires sont très rares, eut
parait-il 11 éditions, la première en 1518 (?) et la dernière
en 1573. Les éditions de 1521 et 1528 furent étudiées par
Cordeiro; les autres sont encore à examiner.
4*^ Les deux tables du cycle de 4 années, annexées au Livro de
Marinharia, ont la déclinaison maxima de 23*^ ZZ', valeur
qu'on trouve également indiquée par Duarte Pacheco dans
l'Esmeraldo.
5" La Raccolta di documenti, qui contient tous les autographes de
Colomb, reproduit deux tables astronomiques dont l'une semble
la copie de la tabula declinationis de Zacuto bien que pleine
d'erreurs. Ainsi on constate que sur 30 chiffres de la dernière
colonne, 22 sont ceux de l'Almanach perpetuum, y compris
la valeur maxima de 23° 33'.
6" Enfin Pedro Nunes adopta la tabula declinationis de
Zacuto dans le Tratado em defensam da carta de niarear {\ 531);
il la calcule de nouveau, en supprimant les 3 minutes dans ces
termes:
'e por tanto os très miudos que mais ha nos regimentos
sam sobejos: porque posto que a deferença seja pouca: o
sobejo nam serue de nada. ^
Il adopta 23"^ 30', en laissant à cette table la forme exacte
adoptée par Zacuto.
(') Nunes. Tratado eni defensam, etc. Revista d'Liigenharia Militar, 1911,
p. 361.
25
Si l'on envisage, d'autre part, les tables portugaises par rapport
à l'introduction du cycle perpétuel des 4 années, les
résultats sont identiques.
Le Règlement d'Evora, les Règlements contenus dans le Reportorio
(2 éd. 1521 et 1528), le Livro de Marinharia et le Traité de Pedro
Nunes ont tous des tables établies selon le cycle de 4 an-
nées. Cette forme des tabula solis n'existe pas dans les Ephé-
mérides jusqu'à l'édition de Venise 1498. Cette édition est datée
de décembre, c'est-à-dire 32 mois après l'impression de l'Almanach
perpetuum terminée à Leiria en mars 1496.
Le titre du livre fut changé en Ephenierides sive Almanach
perpetuum. Johannes Lucilius Germanus (Santritter) de Venise en
fut le compilateur et rédacteur. L'édition 1498 contient un total de
22 tables astronomiques, dont 15 sont des copies de l'Alma-
nach perpetuum et une seule, la tabula Regionum, est prise
dans les Ephémérides. Le livre a perdu complètement la forme
primitive des Ephémérides; dans le texte le nom de Regiomon-
tanus est 6 fois mentionné; celui de Zacuto y est entièrement
ignoré.
Ce plagiat n'a pas encore été mis en évidence. Il n'avait pas,
il est vrai, au XV"^*^ siècle, la signification qu'il aurait de nos jours;
c'est ici cependant le lieu d'y appeler l'attention, à deux points
de vue:
D'abord la rapidité de la besogne. En 32 mois on eut connais-
sance de l'œuvre portugaise à Venise, on rédigea et on termina
l'impression de la nouvelle édition. Ensuite le succès de cette édition
de 1498 a dû être très grand, car, de toutes les éditions, soit de
l'Almanach perpetuum, soit des Ephémérides, celle qu'on trouve en-
core avec le plus de facilité dans les grandes bibliothèques est
précisément celle empruntée presque toute à Zacuto et où cet
auteur n'est point nommé.
Johannes Lucilius Germanus fut le rédacteur de l'édition des
tables Alfonsines, éd. 1483; il fut un des principaux éditeurs
d'œuvres astrologiques à Venise; nous le rencontrerons plus tard à
propos de la première édition authentique de l'Almanach perpetuum,
imprimée en 1502 à Venise.
Les seules tables qui n'ont point le cycle de 4 années, sont
celles du Règlement de Munich, lilles sont faites, comme il a déjà
été remarqué, pour une seule année, contenant la déclinaison en
face de la date journalière. La simplicité de ces tables et de leur
26
texte nous rappelle les tables élL'meiitaires citées par Barros qui ont
précédé celles en usage de son temps.
L'Almanach perpetuum fournit les éléments pour le calcul
des latitudes dans cinq tables, dont une la table de la déclinaison
et quatre autres contenant la longitude du soleil jour par jour pour
un cycle de quatre années.
Les tables élémentaires du^Règlement de Munich, basées
sur ces mêmes éléments, indiquent approximativement la longitude
du soleil et la déclinaison en face de la date journalière pour une
seule année.
Les tables déjà plus exactes du Règlement d'Evora, four-
nissent la déclinaison jour par jour pour les quatre années du cycle
solaire. La longitude solaire ne figure que dans la première année
seulement.
Le Livro de Marin h aria contient deux séries de tables.
L'une fournit les deux éléments, la longitude du soleil et la décli-
naison pour chaque jour et pour le cycle de quatre années. L'autre
série n'indique que la déclinaison journalière pour les quatre années
du cycle.
Dans les tables du Règlement et du Livro de Marinharia on
remarque toujours la même préoccupation de simplifier autant que
possible le calcul. Pour utiliser ces tables on n'avait qu'à prendre
la hauteur du soleil par l'astrolabe, chercher la déclinaison dans les
tables à la date respective et introduire ces valeurs dans une des
formules fournies par le Règlement. Mais c'était au marin à décider
laquelle de ces formules était applicable au cas concret. Avec
l'AImanach perpetuum au contraire, il fallait calculer la déclinaison
par la table fournissant les éléments nécessaires pour chaque degré
des douze signes du Zodiaque. Ce livre contenait donc les éléments
astronomiques, mais on n'y trouvait pas la moindre indication sur
la méthode du calcul des latitudes.
Un pilote non initié à ce calcul, ne pouvait se servir ni de
l'AImanach perpetuum ni des œuvres de Regiomontanus. Colomb,
par exemple, avait avec lui en 1504, l'AImanach perpetuum, il y
pris la date d'une éclipse à la Jamaïque, mais malgré le grand
nombre de notes astronomiques dans ses autographes, on ne trouve
rien établissant qu'il ait connu le procédé du calcul des latitudes
par la hauteur du soleil. Les exposés de la détermination des
latitudes faits par Duarte Pacheco, Joào de Lisboa et maître Joào,
27
pilote d'Alvares Cabrai, trois marins portugais contemporains de
Colomb, nous montrent clairement leur supériorité incontestable à
cet égard. La méthode du calcul des latitudes se trouvait décrite
dans une œuvre jusqu'à présent ignorée, le Règlement de l'astrolabe.
Dans ce livre on expose tous les détails du problème; c'est dans
ce livre aussi qu'on retrouve les éléments astronomiques pris dans
l'Amanach perpetuum.
En 1537, Pedro Nunes publiait ses nouvelles tables. La simpli-
fication visée par les tables précédentes ne lui semble plus nécessaire.
Il revient à la forme primitive, c'est à dire à une table indiquant
la déclinaison degré par degré pour les douze signes du Zodiaque,
combinée à quatre tables de la longitude du soleil, établies jour
par jour pour le cycle de quatre années (1537 à 1540). Voici ce
qu'écrit Nunes à cet égard:
„I1 vaut mieux faire quatre tables pour la longitude du soleil
et leur adjoindre une table de la déclinaison servant à toutes
les quatre, que de faire quatre tables de déclinaison pour les
quatre années du cycle."'
Ainsi 41 ans après l'impression de l'Almanach perpetuum, Pedro
Nunes ne trouva rien de mieux que de revenir à la forme primitive
et suivre le chemin tracé par Zacuto. Ces faits, prouvés par des
documents, établissent définitivement la vérité historique sur les tables.
La lumière a jailli malgré l'oubli de l'Almanach perpetuum, le mépris
dont Abraham Zacuto a été l'objet, ou encore le silence systématique
fait autour des passages de Gaspar Correa, Garçào Stockler, Ribeiro
dos Santos et Luciano Cordeiro. Quoique bien plus jeune, l'historien
Correa fut encore un contemporain de Zacuto. Il était aux Indes,
paraît-il, dès 1512, il a dû obtenir ses renseignements par le com-
merce personnel avec les pilotes des découvertes. En laissant de
côté tout ce que ces auteurs ont écrit, on ne se basait que sur les
célèbres passages de „rAsie" de Barros; mais d'autre part on a su
ignorer qu'il dit avoir largement traité les tables dans son livre
disparu, „la Géographie", auquel il renvoie le lecteur à maintes
reprises. Enfin mettons encore en évidence un fait important établi
par Cordeiro. Il trouva dans le Reportorio dos Tempos de
(') E he milhor fazer as quatre tauoas pera saber o lu<|ar do sol:
com sua equaçào: e despoys hùa tauoa pequena de déclin açôes: pera
hùa quarta do zodiaco: que serue pera todas quatro: que fazer quatre tauoas
pera a declinaçam em quatro annos. Nunes. Tratado em defeiisam etc. Revista
d'Engenh. Milit. 1911, p. 361.
28
Valentim Pcrnandcs, livre rarissime, dont il consulta deux éditions,
celles de 1521 et de 152S, que le Rèj^lement y est reproduit avec
l'annotation dans le titre même disant:
Cette déclinaison a été prise minutieusement de
Zacuto par 1" honorable Qaspar Nicolas, maître
compétent dans cet art.'
On s'est servi des prétendus rapports entre les Fiphémérides et
les premières tables nautiques portugaises pour grandir la gloire de
Regiomontanus et pour établir les mérites de Behaim.
Au Portugal, on n'a jamais étudié cette question ; ayant été
traitée par Humboldt, on la considérait généralement comme liquidée.
Mais en Allemagne, des considérations patriotiques nuisaient sciem-
ment on non à la rigueur apportée généralement dans ce pays aux
investigations historiques. Le rôle attribué aux Ephémérides a été
exalté par une supposition erronée, à savoir que depuis les tables
du Roi Alphonse (1256), jusqu'aux Ephémérides (1474), la Péninsule
n'aurait rien produit en fait de tables astronomiques. Les auteurs
modernes ajoutaient de nouvelles hypothèses à celles de leurs pré-
décesseurs. On écrivait de l'histoire conjecturale.
Les recherches pénibles semblaient superflues, Humboldt ayant
parlé la cause était entendue. C'est ainsi qu'on a cru inutile de
vérifier si les éditions des Ephémérides à l'époque des découvertes,
contenaient réellement les éléments nécessaires au calcul des latitudes.
On s'est dispensé de comparer les données astronomiques et la forme
des tables de Regiomontanus, avec les données semblables et la
forme des tables portugaises. On arriva ainsi à des conclusions
hâtives, aujourd'hui insoutenables.
En réalité les tables de Regiomontanus, ni par [eur forme, ni
par leurs éléments n'entrent en ligne de compte pour la genèse des
tables portugaises.
Bien plus de valeur au point de vue de l'origine des tables
nautiques ont les tables jointes au Traité du quadrant de maître
(') Voici le titre du Règlement dans l'exemplaire d'Exora.
Seguese ho regimento da declinaçam do sol pera per ella saber ho
mareï\te em quai parte esta s. a qiiem ou dalem da linea equinocia!.
Ce même titre se trouve dans le Reportorio dos lempos, éd. 1521 et 1528,
augmenté comme suit:
Segiie se ho regimento da declinafd do sol pera p. elle saber ho rnareàte
em quai parte esta s. a que ou aie da linea equinocial. A quai declinaçà foi
tirada pùtualmente del Zacuto pello hôrrado Gaspar Nicolas mestre suficiente
nesta arte. Cordeiro. B. S. G. L. 1883, p. 170.
29
Robert Angles, écrit à Montpellier vers 1276, c'est à dire deux
siècles avant Regiomon tan us.
D'après la description de M. Tannery, il s'agit de 5 tables;
dont une, la table de déclinaison et les quatre autres contenant la
position du soleil dans les signes du Zodiaque jour par jour, pour
le cycle des quatre années de 1292 à 1295. M. Tannery ne repro-
duit pas ces tables dans son remarquable étude, il en fait cependant
la description qui permet amplement d'en reconnaître la valeur par
rapport au problème de l'astronomie nautique.
En plus du cycle de quatre années qui n'existe pas dans les
Ephémérides, on y trouve encore la déclinaison maxima de 23" 33',
adoptée par Zacuto selon Zarkali et indiquée dans les tables de
maître Robert Angles comme provenant d'Albategni.' Ce seul exemple
est assez éloquent pour montrer l'ancienneté des tables du type
adopté deux siècles plus tard par Zacuto et recommandé encore
en 1537 par Pedro Nunes, après une période de simplification
rendue nécessaire pour les débuts de leur introduction dans la
marine.
Nos recherches sur l'origine des tables nautiques du Portugal
sont longuement exposées dans la deuxième partie de cette étude. Les
résultats obtenus nous amènent à la conclusion suivante:
Les tables des règlements nautiques de la marine portugaise,
depuis leur forme la plus élémentaire connue à l'heure actuelle,
jusqu'à l'époque de Pedro Nunes, sont entièrement basées
sur la tabula declinationis et sur latabula solis du
cycle de 4 années de l'Almanach i^erpetuum de Za-
cuto; elles ne sont pas basées, comme on l'a prétendu, sur les
Ephémérides de Regiomontanus, qui à elles seules, ne contiennent
pas les éléments nécessaires au calcul des latitudes.
(') V'oici les titres des tables de maître Robert Angles:
Tabula declinationis Solis que est distancia dus ab equinoctiali secun-
dum Albategni.
Tabula solis prima in anno bisextili ad inueniendum locuni eius in orbe
declini fixo scilicet nono.
Tabula solis secunda ad annuni prinuini post bisextuni.
Tabula solis tercia ad annuni secunduni post bisextuni.
Tabula solis quarto ad annuni tercium post bisextuni.
Paul Tannery. Le Traité du quadrant de maître Robert Anf^lès
(Montpellier XI U« siècle) par M. Paul Tannery. Paris (KUnksieck) UH97,
p. .30.
30
LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES.
L'hypothèse que la balestilha aurait été introduite en Portugal
par Behaim, comme l'avaient admis [keusin^ et Qiinther, était à
priori invraisemblable. Les investigations de ce dernier savant, ainsi
que celles de Petz et de Steinschneider, ont, en effet, établi que cet
instrument n'a nullement été inventé par Regiomontanus, mais bien
avant lui, probablement par Levi ben Gerson de la Provence. Pour
rendre plausible son introduction en Portugal par Behaim, il fallut
ensuite admettre que la balestilha était tombée en oubli dans la
Péninsule, où elle serait plus tard revenue par la route de Nurem-
berg et l'entremise de Behaim qui l'aurait connue de Regiomontanus;
ce dernier s'est, en effet, servi de cet instrument, dont il avait pro-
bablement appris l'usage au cours de ses voyages en Italie.
Pendant sept ans, il parcourut ce pays, recueillant de nombreux
manuscrits, en grande partie sinon en totalité d'origine ibérique, car
il est notoire que la plupart des anciens ouvrages scientifiques ont
été traduits en Espagne. Du vivant même de son auteur, Levi ben
Gerson, un traité sur la balestilha avait été traduit d'hébreu en
latin et dédié au pape Clément VI d'Avignon.
Regiomontanus a dû connaître de la même façon un autre
instrument astronomique d'origine péninsulaire, la sophae, inventé
par l'astronome arabe Zarkali. Dans un livre consacré par Regio-
montanus à cet instrument, le nom de l'inventeur n'est pas indiqué,
mais on le trouve plus tard, dans un ouvrage de son élève Johannes
Schôner, traitant le même sujet. ^
Les documents historiques ne permettent nullement d'accorder
à la balestilha le rôle important qu'elle aurait joué dans les décou-
vertes maritimes et dont on s'est servi pour affermir la réputation
de Behaim. La balestilha exprimait l'angle cherché par une fonction
trigonométrique qu'il fallait transformer au moyen de tables, pour
obtenir la valeur de l'angle en degrés.- Par contre, l'astrolabe et
le quadrant avaient sur la balestilha l'avantage important de fournir
(') Problemata XXIX. Saphaeae nobiiis instrumenti astronomie! ab Joanne
de Moiitcretjio Mathematicorum omnium facile principe conscripta.
Publiés par Scbôner (Nuremberi») 1524 et sui\is de:
Saphaeae recentio res doctrinae patris Abrysahk Azarchelis summi astro-
nomi, a Joanne Schoncro carolostadio Germano, etc. Norimberge 1534.
Steinschneider. Études sur Zarkali. Rome 1884, p. 46, 50.
(-) Bei dem Mijller- (Regiomontanus) Behaimschen Jakobstabe vvar nocli
eine Zvvischenrechnung unumganglich. Qiinther. Behaim, p. 64.
31
la lecture directe de l'angle cherché, épargnant ainsi tout calcul
intermédiaire. La seconde méthode devait donc être préférée à une
époque oij l'on cherchait à simplifier autant que possible la solution
des problèmes d'astronomie nautique.
La valeur pratique du Règlement de Munich résidait précisément
dans la simplicité de la méthode pour déterminer les latitudes par
l'astrolabe et le quadrant, simplicité recherchée intentionnellement
même au détriment de la précision. Mais, que ce soient ces raisons
ou d'autres qui ont décidé du choix, le fait incontestable est que la
préférence a été donnée à l'astrolabe et au quadrant.
Les Règlements de Munich et d'Evora ne parlent même pas de
la balestilha; le Reportorio de Valentim Fernandes, éditions de
1521 et 1528, ne la mentionne pas non plus (les éditions postérieures
sont à vérifier); l'Esmeraldo de Duarte Pacheco n'en parle pas,
tandis que Barros la cite dans un seul passage,' donnant lieu à la
controverse.
Le Livro de Marinharia de Joào de Lisboa, un code contenant
différents documents dont les plus anciens sont de la fin du XV"^'^ siècle
et les plus modernes d'environ 1530, traite la balestilha dans un
passage de six lignes, placé vers la fin du code, sous le titre
Regimento para tomar o sol pela balestilha .'-
Breusing cite un autre passage de Nunes (1546) sur la balestilha
où il est dit:
Ejus fabricam atque usum tradidit Johannes de Monteregio
in libro de Cometa '.
Le livre de Regiomontanus dont il est ici question' fut publié
pour la première fois en 1531.
Cette citation a probablement renforcé l'hypothèse de l'oubli
de la balestilha dans la Péninsule; de là on a conclu à son
(') En traitant d'un instrument astronomique des Indes montré à Vasco
da Gama par le pilote de Mélinde, Barros écrit:
„baste aqui saber que servem a elles naquella operaçào, que ora âcerca
„de nos serve o instrumento, a que os mareantes chamam
„balhestilha, de que tambem no Capitulo que disse m os se
„darâ razâo d'elle, e dos se us in vent ores.
Voir Document N» 9.
(-) Livro de Marinharia, 1903, p. 11.
( •) De regulis et instrumentis. Conimbricae 1546. Lib. 11. Cap. 6, citation de
Breusinif. Zeitschrift fur Erdkunde, Band 4, 1869, p. 101.
(') De cometae maj^nitudine longitudineque ac de loco ejus xero proble-
mata XVI. Publié par Joh. Schoncr à Nuremberi^ en 1.S3I.
32
introduction par Bchaini en l-4cS4, ainsi qu'au rôle prépondérant de
cet instrument à l'époque des grandes découvertes. Or, Nunes, un
„nouveau-chrétien", c'est à dire un fils ou descendant de juifs con-
vertis, était forcé d'ignorer les sources de la bibliographie astronomique
juive. Son activité littéraire commença au moment même de la
fondation de l'Inquisition au Portugal, les autodafés lui imposaient
le silence. Il n'aurait pas cité Levi ben Oerson, même s'il avait connu ses
écrits. Nous avons cherché en vain chez Nunes une référence à l'œuvre
de Zacuto; cependant la forme donnée à la tabula declinationis
aussi bien qu'à la tabula solis (cycle de 4 années), est bien celle
de y Almanach perpetuum, fort différente d'ailleurs des mêmes tables
chez Regiomontanus. Dans le passage du Tratado eni defensam où
il discute la déclinaison maxima de 23" 3^', il écrit simplement:
„e portanto os très miudos que mais ha nos regimentos
sào sobejos." ^
11 ne cite pas Y Almanach perpetuum, bien qu'il n'ait certaine-
ment pas ignoré d'oii cette valeur provenait.
Nunes écrit dans son traité qu'il fabrique couramment le quadrant, -
il ne parle qu'une fois de la balestilha,' tandis que l'astrolabe y
figure en toute première place; il y est constamment cité. En 1542,
Pedro Nunes exprime encore, à la fin de son livre De crepusculis,
l'intention de publier un traité sur l'astrolabe,' dont le manuscrit
existe peut-être encore à la bibliothèque de Porto.'
Le Roteiro de D. Joào de Castro est le rapport d'un voyage
d'étude et d'application des nouvelles méthodes et des nouveaux
instruments destinés à l'amélioration de la navigation.
On y trouve les observations journalières obtenues par l'astro-
labe pendant ce voyage, les écarts de ces observations faites à la
même heure par différentes personnes, les résultats de la nouvelle mé-
thode pour déterminer la latitude à toute heure de la journée au
(') Nunes. Tratado em defensam da carta de marear. Revista d'Enijcnharia
Militai- 1911, p. 361.
(-) Como he o quadratite que pera isto custumo fazer.
Nunes. Tratado etc.
Revista de Eiij^cnharia Militai'. 1911, Jullio, p. 242
(') Nos astrolabios: quadrantes: balestilhas e relo^^ios.
Revista de Eiigenharia Militar. 1911, julho, p. 282.
(') CJarçào Stockler. Eiisaio historico (1819), p. 39.
('■) Le manuscrit No. 250 de la Bibliothèque de Porto est un traité sur
l'astrolabe attribué à Pedro Nunes. Voir (Juimanies — Les Mathématiques
au Portugal (1909), p. 396.
33
moyen de l'ombre, décrite par Nunes en 1537, enfin, une série
d'observations sur la déviation de l'aiguille. Dans ce Routier de 1538,
D. Joào de Castro parle des sabliers (relogios d'areia) utilisés pour
observer l'heure des éclipses, ainsi que des cadrans solaires (re-
logios do sol), tous faits en Flandre et en Allemagne, mais il ne
mentionne même pas la balestilha sur laquelle on ne tardera pro-
bablement pas à réunir de nombreux éléments historiques dans
une série d'ouvrages nautiques portugais du XVI^ et du XVll^ siècle,
qui n'ont pas encore été consultés. Parmi eux on peut citer en
première ligne des œuvres des cosmographes du royaume,' suc-
cesseurs de Pedro Nunes.
Nous trouvons cet instrument cité dans les titres des deux
livres suivants:
.1603. Manuel Figueiredo.
Chronographia-Reportorio dos tempos no quai se contem
VI partes dos tempos, Esphera, Cosmographia e arte de
navegaçào, etc. O Calendario romano com os éclipses
até 630. Enofim o uso e fabrica da balestilha e
quadrante geometrico, com um tratado dos relogios.
Lisboa (l^'"^^ édition, 1603).
1712. Manuel Pimentel.
Arte de navegar em que se ensinam as regras practicas
e o modo de cartear pela carta plana e reduzida : o m o d o
de graduar a balestilha por via de numéros, etc.
Lisboa. 1712.
Pimentel réédita les œuvres de son père Luiz Serrào Pimentel,
également 'cosmographe du royaume.
En tous cas, la graduation de la balestilha figure dans le titre
d'un ouvrage officiel et fort répandu en 1712.
Il devient de plus en plus évident que le rôle qui lui est
attribué pendant la période des grandes découvertes est inadmis-
sible. C'est là du reste la conclusion à laquelle arrivèrent Qelcich
1892, Gunther 1905, ainsi que Baguette en 1909.
Steinschneider, investigateur infatigable de la littérature arabe
et juive du moyen-âge, en traitant de la balestilha dans la Biblio-
theca Mathematica (1890, p. 107), avait déjà exprimé l'idée que cet
instrument ne pouvait avoir été perdu de vue dans l'astrologie
péninsulaire et réintroduit plus tard au Portugal par la voie de
Nuremberg.
(') Voir la liste bibliographique à la fin du 2^^ volume.
34
En parcourant son livre sur Zarkali, on trouve qu'il y a eu
un très grand nombre de traités sur des instruments astronomiques
au moyen-âge, dont la plupart émanaient de la Péninsule.
Voici ce qu'écrit cet auteur:
„La littérature astronomique des Juifs au moyen-âge com-
prend non seulement quelques traductions d'ouvrages arabes
et latins, concernant l'astrolabe et le quadrant, mais aussi au
moins quinze traités originaux sur les instruments
d'observation etc. et parmi eux quelques inventions. Mais
ces ouvrages, tous inédits, excepté l'astrolabe d'ibn Esra, sont
peu connus, et les descriptions dans les catalogues imprimés
fourmillent d'erreurs." ^
Mis en éveil par ces lignes, nous avons établi, au moyen
d'autres œuvres du même auteur, la liste suivante de traités sur des
instruments astronomiques du moyen-âge, écrits par des Juifs de
la Péninsule et de la Provence.
Abraham ibn Esra. m. 1167.
Traité sur l'instrument de cuivre (Astrolabe).- 1146. § 23.
1252—1256. Isaak ibn Sid. Tolède. § 31.
Rédacteur des Tables Alfonsines. On trouve le nom d'ibn
Sid (Rabbi Zag) dans les prologues des parties suivantes du
„Libros del Saber de astronomia del Rey Alonso. Madrid
1863-67. 5 volumes."
1. Dell Astrolabio redondo. 4. Piedra délia sombra.
2. Lamina universal. 6. Libro del Relogio del Aqua.
3. Del Quadrante. 5. Instrumiento del levanta-
4. Libro de los Armellas. miento.
1263 — 1307. Jacob ben Machir (Prophatius). Montpellier. § 36.
Auteur d'un traité sur le quadrant (Quadrans judaicus ou
Quadrans novus).
Traducteur de „L'astrolabe" de Ibn Saffar et de la „Saphae
de Zarkali.
On trouve à la Bibliothèque Nationale de Paris deux
exemplaires manuscrits du traité du quadrant. Le ms. lat.
7437 désigne l'auteur par „Magistro Profatio Judeo de Massilia"
et le ms. lat. 7416 par „Profacio Judeo Montespessulani."
n. 1288 m. 1344. Levi ben Gerson. Avignon-Orange. § 44.
(') Steinschneider. Étude sur Zarkali. Rome (1884), p. 69.
(-) Dans la liste suivante nous indiquons le § de l'œuvre de Steinschneider,
Die Mathematik bel den Juden, où sont traités les différents auteurs.
35
Auteur d'un traité sur la balestillia ijakobstab), traduit en
1342 en latin. (Voir p. 54.)
1376—1426. Isaac Zaddik (Alchadib). Castiiie. § 58.
Auteur des œuvres suivantes:
Traité sur un instrument astronomique (1396), destiné à
remplacer la saphae de Zarkali.
Traité sur un instrument tenant de l'astrolabe et du quadrant.
Notice sur l'astrolabe de Machir (Prophatiusi.
1376 — 1378. Jacob Carsono. Séville-Barcelone. § 62.
Traité sur l'astrolabe, écrit en arabe, traduit en hébreu à
Barcelone 1378.
1457. Jehuda ibn Verga. Lisbonne. §: 1451 — 1460.
Auteur des œuvres:
Traité sur un instrument nommé «horizontal" se rapportant
à l'horizon.
Traité sur la façon de mesurer les altitudes.
Ces œuvres nous montrent déjà que dans la Péninsule, on
avait largement étudié la question des instruments astronomiques.
Elles rendent en même temps très invraisemblable l'hypothèse de
l'oubli de la balestilha par les astrologues péninsulaires.
Pour apprécier le rôle important de l'astrolabe encore vers
1538, il suffit de renvoyer le lecteur au Tratado em defensam da
carta de marear de Pedro Nunes' (1537) et aux trois Roteiros de
D. Joâo de Castro (1538, 1538—39, 1541). Ces livres démontrent
si bien que le rôle secondaire attribué à cet instrument est inad-
missible, qu'il devient presque superflu d'insister davantage sur ce
sujet.
L'astrolabe fut du reste employé par Diogo d'Azambuja (1481),
par Colomb avant 1484, par Bartholomeu Dias (1487 — 88), par
Vasco da Gama (1497—99) et par Cabrai (1500).
Le quadrant était en usage dans la navigation du temps de
l'Infant D. Henrique. il fut employé, paraît-il, par Cadamosto et
sijrement par Diogo Qomes de Cintra. Le cartographe vénitien,
(') Ce livre, qui était si rare et par suite presque inconnu, est maintenant
répandu grâce à M. H. M. Esteves Pereira qui l'a réédité; il a rendu ainsi
un service signalé à l'histoire de la navigation portugaise en même temps
qu'un hommage à la mémoire de Pedro Nunes.
Ce brillant témoignage de !a science portugaise en 1537, gagnerait encore
si l'œuvre nautique entière de Pedro Nunes était divulguée; cette tâche couron-
nerait les efforts de M. Esteves Pereira.
36
Fra Mauro écrit en 1457, que les pilotes des Indes se servaient
de l'astrolabe dans leur navigation.'
On a admis à tort que des ténèbres épaisses se sont répandues
dans la Péninsule après la brillante époque arabe, réduisant au
néant l'activité scientifique. Ce ne fut point le cas ni dans la
médecine, ni dans l'astrologie intimement liée à l'astronomie et
aux instrumentsd'obser-
vation. On a prétendu
qu'on y aurait ignoré la
balestilha au temps des
découvertes, instrument
bien connu vers 1340
dans un foyer scien-
tifique voisin, la Pro-
vence, avec lequel il y
avait un échange continu
d'idées et de travaux.
On a prétendu aussi
que l'astrolabe marin
des Portugais était venu
de Nuremberg. Pour
accepter une hypothèse
pareille il faudrait ad-
mettrequ'onavaitoublié
aussi tous les autres
Pjg I instruments comme la
Astrolabe de Regiomontanus de l'année 1468.- Saphae de Zarkali (1080),
l'astrolabe d'Ibn Esra (1186), l'astrolabe marin de Raymond Lulle
(1295), le quadrant de Prophatius (1300), les instruments d'Alchadib
(1396), de Carsono (1378) et d'ibn Verga (1457).
Aurait-on ignoré ces admirables instruments arabes qu'on
trouve encore en assez grand nombre dans les collections euro-
péennes?
La thèse de l'oubli de tout ce qu'on avait possédé en instru-
ments astronomiques est évidemment absurde. Des faits historiques
bien connus nous révèlent l'invasion de l'obscurantisme après et non
avant les découvertes. On oublie les profondes convulsions, les
(') Baguette. Die Bedeutung des Astrolabiums etc., 1909, Bonn, p. 23.
(-) Reproduit d'après Sophus Ruge: Zeitalter der Entdeckungen. Berlin,
G. Grote (1881), p. 106.
37
Diamètre : 125 "^/m
Epaisseur : 7™'/m
Hauteur suspendu.. 190™^
Poids environ ; 1 Kilo g.
Fig. 2.
Astrolabe arabe d'Ahmed ben Khalaf.
bouleversements, les désastres de la Péninsule à la suite des troubles
religieux des XVI^' et XVI 1^' siècles; on oublie que l'histoire de
l'Inquisition enregistre des centaines de milliers, sinon des millions
de volumes brûlés par les flammes du sinistre tribunal. S'il a fallu si
38
longtemps pour retrouver et pour reconstruire cette mystérieuse
science des Juifs ibériques, dont la collaboration dans les tables
nautiques est prouvée, il ne faut pas s'étonner de l'incertitude qui
règne encore au sujet de l'histoire des instruments nautiques dans
la Péninsule. Les dégâts ont été énormes; ce qu'on retrouve de nos
jours, ce sont les débris d'une activité scientifique pas assez connue.
On est donc bien loin de pouvoir admettre les affirmations
invraisemblables et sans preuves, que les instruments des découvertes
sont venus de Nuremberg et que l'astrolabe employé par Azambuja,
Dias, Gama et Cabrai était celui de Regiomontanus. Les choses se
sont passées tout autrement que ne l'ont prétendu Humboldt, Ritter
et d'autres qui attribuent à Behaim ou Regiomontanus la construction
ou le perfectionnement de l'astrolabe nautique. L'enquête sur les
instruments n'est pas terminée encore.
La figure N° 2 représente un astrolabe arabe, exécuté en bronze,
qui par le fini du travail pourrait avoir été fait à Nuremberg à la fin
du XV'^ siècle. Et pourtant notre figure représente un instrument fait
vers l'an 950, donc antérieur de cinq cents ans aux instruments
de Regiomontanus. L'astrolabe d'Ahmed ben Khalaf, appartenant
à la Bibliothèque Nationale de Paris,' y est exposé à côté de quelques
(') L'astrolabe arabe.
La fig. 2 reproduit un splendide exemplaire d'astrolabe arabe appartenant
à la Bibliothèque Nationale de Paris. Il se trouve décrit comme suit dans le
catalogue de l'exposition de cartographie de cette bibliothèque:
No. 307. ,'\hamed ben Khalaf. Astrolabe arabe construit par
Ahamed ben Khalaf pour Djafor, fils de Moktafi Billah, né en 294 de
l'hégire, mort en 377 (907 à 987 de notre ère), 0,125X0,190. Acquis
en 1838 de M. Barbier.
Léon Vallée. Notice de documents exposés à la section des cartes
par Léon Vallée. Paris, 1912, p. 48.
L'astrolabe est exécuté en bronze; il se compose de 6 pièces dont deux,
les boucles de suspension. La pièce principale est une plaque circulaire de
125 m/m de diamètre, entourée d'un rebord du côté de la face de l'instrument,
rebord contenant la graduation. (72 divisions à 5" chaque — 360".) L'épais-
seur de la plaque y compris le rebord gradué, est de 7 m/m. La hauteur de
l'astrolabe en état de suspension est de 190 m/m, son poids total environ 1 kilo.
Le restant de la plaque de 125 mm est occupé par une surface plane
et circulaire en contre-bas du rebord gradué de l'astrolabe. Cette surface est
entièrement recouverte par une autre plaque d'environ 1 m/m d'épaisseur sur
laquelle est gravée une série de courbes représentant les projections de la
sphère céleste. Entre le plan du rebord gradué de l'astrolabe et la surface
des projections, il y a une pièce découpée et mobile, l'araignée, portant
le zodiaque (excentrique). Le disque de l'araignée circule autour du même
39
autres instruments, dont deux astrolabes datés de 1526 et signés
Georgius Hartman, Nuremberg.
En examinant leur construction, on aurait dit que l'astrolabe
arabe placé à côté, provenait lui aussi des ateliers de Nuremberg.
Les sources arabes ou grecques oti tous ont puisé, étaient les
mêmes, prétendre qu'elles aient été connues à Nuremberg seulement
et inconnues dans la Péninsule est une erreur. Regiomontanus connut
aussi bien l'astrolabe arabe, qu'il a fidèlement reproduit (fig. N° 1),
que la saphae de Zarkali et la balestilha de Lévi ben Gerson, qu'il
décrit.
On trouve à Nuremberg un assez grand nombre d'astrolabes
arabes^ et selon Schio, on en conserve un à la Bibliothèque
de cette ville qui appartenait à Regiomontanus lui-même.-
11 n'y a aucune raison pour que tous ces vestiges de la
science arabe et tous ces traités sur l'astrolabe et le quadrant, im-
primés déjà ou connus en manuscrits, aient été ignorés et perdus
dans le pays même où il furent produits. Voilà malgré tout plus
de trois quarts de siècle qu'on prétend introduits par Behaim
pivot que l'alidade. Le plan du rebord gradué est en même temps celui de la
face supérieure de l'araignée et de la face inférieure de l'alidade. Celle-ci
porte aux extrémités deux élévations oij se trouvent percées deux petites
ouvertures de 5 mm de diamètre formant la „linea visualis" de l'instrument.
Le disque circulaire contenant les projections de la sphère avait origi-
nairement une position fixe. A l'état actuel de l'instrument ce disque
s'est déplacé, la photographie a été prise exactement comme il se trouve.
Pour la position e.xacte des courbes de projection de la sphère, voir l'astrolabe
ancien décrit dans le traité de Sévère Sabokt, ainsi que l'astrolabe de
Regiomontanus (1468), reproduit par Baguette.
Pour la description des détails de l'instrument et notamment pour la
construction et l'emploi de l'araignée et des projections de ta sphère, nous
renvoyons le lecteur aux nombreux ouvrages spéciaux traitant ces questions
minutieusement. (Voir la bibliographie des instruments au volume il.)
L'astrolabe porte toutes ses inscriptions en arabe. Le dos plat de l'in-
strument, où on les trouve également, est divisé par deux diamètres en 4
angles de 90". Un de ces diamètres correspond à la verticale de suspension.
Le bord de la moitié supérieure du cercle est gradué de la même façon que
la face de l'instrument. La moitié inférieure n'a pas de graduation.
(') Baguette. Die Bedeutung des Astrolabiums, Bonn, 1909, p. 18.
(-') Astrolabio délia Biblioteca di Norimberga del seculo XIII apparteneva
à Regiomontano. Le inscrizioni ne furono illustrate dal Fraehn; l'autore
sarebbe Essai che lo fece per il principe Melik al Muszaffer Taky-Eddin.
Almerico da Schio. Di due asirolabii etc., Venezia, 1880, p. 58.
40
les instruments des découvertes portugaises. Cette gloire consacrée
et en quelque sorte devenue classique, qui a entouré le soit-disant
élève de Regiomontanus, ne peut plus résister à la confrontation
des documents sortis peu à peu des ténèbres des archives. Elle
s'écroule devant les recherches modernes.
Le Règlement de l'astrolabe met à jour une partie importante
de l'astronomie nautique des découvertes, celle qui se rapporte aux
tables et au calcul des latitudes; il prouve en plus que les instruments
qui entrent en première ligne furent l'astrolabe et le quadrant.
La reconstruction historique entière n'est point terminée encore. Il
va falloir mettre une fin à la série d'hypothèses par une étude
spéciale sur les instruments nautiques du XV^ siècle au Portugal.
L'astrolabe en bois d'environ 60 centimètres de diamètre (3 palmos),
employé par Vasco da Gama, selon Barros, et traité par Ritter de
trop grand et trop lourd, visait évidemment à l'avantage de diminuer
les erreurs de lecture, c'est-à-dire d'en augmenter la précision.
Barros ajoute du reste que Gama en avait d'autres avec lui
plus petits et en métal. Faleiro insistait sur les grands astrolabes
justement à cause de la plus grande exactitude des lectures.'
Les sources littéraires du Portugal pour l'étude de la navigation
se trouvent encore éparpillées. Elles n'ont été que très peu con-
sultées. Il faudra d'abord réunir dans une liste bibliographique non
seulement le nombre assez grand d'ouvrages imprimés au cours
du XVl^ siècle, (notamment ceux de Pedro Nunes généralement si
rares et des cosmographes du royaume) mais il faut prendre en
considération le grand nombre de routiers des pilotes portugais
connus en manuscrits. Quoique sijrement très défectueuse nous
avons établi cette bibliographie; elle montre à première vue l'abon-
dance de travaux à consulter. Il faudra parcourir minutieusement
ces œuvres au point de vue des instruments. Ce sera enfin dans
cette étude future, qu'on aura l'occasion de réunir des éléments
pour l'histoire de la fabrication de ces instruments au Por-
tugal même.
Nous trouvons à deux reprises des témoignages établissant que
des cartographes et pilotes portugais étaient en même temps con-
structeurs d'instruments nautiques. Ainsi Diogo Ribeiro, carto-
graphe célèbre au service de l'Espagne au temps de Magalhàes, fut
nommé en 1523 „cosmôgrafo de S. M. y maestro de haçer cartas,
(') Baguette I. c. p. 28.
41
astroLabios y otros instrumentos de navegacion con 30,000 mrs.
de sueldo anual".^ A un autre endroit il est question des quadrants
et des sphères faits par le même cartographe. -
Vers 1568 Bartholomeu Velho, ancien pilote portugais, engagé
par le roi de France „pour le remonstrer les partyes de terres
incognues"," lui soumet annexé à son mémoire, une sorte d'in-
ventaire d'instruments nautiques, qu'il se charge de construire
lui-même. On trouve dans cette longue liste des quadrants, des
astrolabes, des instruments pour prendre la hauteur à toute heure
de la journée, la balestilha etc.^
Ces exemples semblent indiquer que ces pilotas portugueses
de mucha fama tels que Jorge Reinel et Pedro Reinel,^ également
au service de l'Espagne au temps de Magalhàes, connaissaient à
fond les instruments nautiques, lorsqu'ils n'en étaient pas eux-
mêmes les constructeurs. Ces considérations nous amènent à ap-
peler l'attention sur les œuvres, existant en manuscrit ou déjà im-
primées, de quelques pilotes remarquables entre autres celles d'Aleixo
da Motta, Vicente Rodrigues, Gaspar Manuel, André Pirez, Bartho-
lomeu Velho etc., qui doivent contenir des descriptions d'instru-
ments nautiques de l'époque des découvertes, ainsi que les amélio-
rations qu'ils y ont apportées, grâce à l'expérience acquise au
cours de leurs fréquents voyages. D. Joào de Castro fait l'éloge
du „grand Joham Gonçalves", le fabricant des instruments qui'l em-
ploya dans son voyage de 1538:'"
„L'habileté de Joham Gonçalves triomphe actuellement
dans l'Europe entière."
Quatre siècles se sont écoulés avant que l'on ait découvert les
phases du développement de l'astronomie nautique au Portugal,
telles qu'elles ressortent du Règlement de l'astrolabe. On a avancé
d'un pas dans l'étude de l'origine des tables nautiques. Il faudra
attendre quelques années encore pour compléter l'histoire de l'as-
trolabe et du quadrant dans la navigation.
(') Hamy. Études historiques et géographiques. Paris 1896, p. 179.
(-) Hamy. I. c. p. 181.
(■) Hamy. 1. c. p. 251.
(') Hamy. I. c. p. 459; Souza Viterbo, B. S. G. L., 1890, p. 314 -324; Souza
Viterbo Trabaihos nauticos, 1890, p. 30—36.
(•') Pedro Reinel dessina le plansiphèrc soumis à Charles-Quint par
Magalhàes pour son voyage autour du monde. Hamy. I. c. p. 147, 148.
C) D. Joîio de Castro. Roteiro de Lishoa a Goa (1882), p. 210, 211.
42
Comme complément de l'étude restant à faire sur les instruments
nautiques dans la bibliographie portugaise, nous ajoutons à la fin
du 2^ volume une revue de quelques ouvrages sur les anciens
instruments de l'astrologie et de la navigation.
* ♦
*
En récapitulant les pages précédentes sur les tables et sur les
instruments nautiques, on reconnaît que le rôle attribué aux
Ephémérides, dans le problème de la détermination des latitudes par la
hauteur du soleil, est sans fondement, Par contre, l'importance capitale
de l'astrolabe jusqu'en 1538, c'est-à-dire pendant la période des grandes
découvertes, est amplement prouvée. A cette date, on ne trouve
encore que des traces assez vagues de l'usage de la balestilha;
enfin, on reconnaît que l'origine des instruments, l'astrolabe, le
quadrant, aussi bien que la balestilha, doit être recherchée avant tout
dans la Péninsule même, le pays qui fut le berceau de l'astrologie
en Europe.
Le rôle attribué aux Ephémérides est le résultat de la confusion
de deux problèmes bien distincts: 1" celui de la détermina-
tion des latitudes, étudié et résolu par la Junta; 2» celui du
calcul des longitudes. Pour ce dernier, on se basait sur les
heures d'éclipsés, conjonctions et oppositions, calculées à l'avance.
Ces éléments si importants dans l'astrologie, se trouvaient dans les
Ephémérides aussi bien que dans les tables manuscrites, alors en
vogue dans la Péninsule, telles que les tables de Poël (1361) et d'ibn
Verga (1457), citées par Zacuto. Ces mêmes éléments ont fait la
popularité du livre catalan, Liinario de Granolachs et du Reportono
de los tiempos de Andres de Li. Ils furent, plus tard, réunis par
Valentim Fernandes dans le Reportono dos tempos. Vespucci se
servit, en 1499, des éléments contenus dans les Ephémérides; Colomb
fit de même avec ceux contenus dans l'Almanach perpetuum. il sauva
sa vie et celles de ses compagnons à la Jamaïque, en prédisant, d'après
ce livre, l'éclipsé de lune du 29 février 1504. La population
indigène, épouvantée par cette prédiction, se soumit à la condition
que Colomb leur épargnerait les calamités célestes qu'il leur avait
annoncées.'
(') Ce sujet est longuement traité par Kayserling{Qo\uvah\xs 1894, p. 43),
d'après Lopes Rosa : Bibliotheca Colombina Catalogo de sus libres, Séville
1891, Vol. 2, p. XVI. Ce dernier livre fournit en même temps des détails sur
l'exemplaire de l'Almanach Zacuto existant à Séville et qui a appartenu à
Colomb. Voir aussi Tfi. Moreiix : Les Eclipses p. 31.
43
A un autre endroit de cette étude, nous reviendrons encore sur
l'usage de XAlmanach perpetuum et des Ephémérides dans la déter-
mination des longitudes. Aucun de ces livres n'a, paraît-il, fourni
des résultats bien remarquables. Ainsi Peschel décrit les calculs
erronés obtenus d'après l'Almanach perpetuum dans le voyage de
Magalhàes et Barros reproduit textuellement une longue note d'Andres
de S. Martin, pilote de Magalhàes, se plaignant des résultats égale-
ment faux qu'il aurait obtenus par les Ephémérides de Regiomontanus.
La question des longitudes était, à cette époque, encore à ses débuts
et bien loin de sa solution définitive; tandis qu'au contraire celle
des latitudes trouva, du coup, sa résolution par le calcul de la hau-
teur du soleil introduit par la Junta, problème dont les éléments
indispensables ne se trouvent pas dans les Ephémérides.
L'ASTRONOMIE PÉNINSULAIRE.
En cherchant l'origine des tables et des instruments dans les
œuvres de Regiomontanus, on oublia le rôle immense joué par
l'astrologie, dont la Péninsule fut le berceau. La Provence, l'Espagne
et le Portugal comptaient un grand nombre d'astrologues dont l'ou-
tillage se composait de tables et d'instruments astronomiques.
Les tables du roi Alphonse (1252 — 56), répandues dans toute
l'Europe et employées encore par Copernic et Tycho Brahé, ne
furent pas, comme on le croit généralement à tort, le dernier ouvrage
produit par l'activité astrologique de la Péninsule. Elles ont été au
contraire, le point de départ de nombreux travaux du même genre,
aujourd'hui encore peu connus. L'Almanach perpetuum est une des
œuvres importantes de cette série.
Pour expliquer l'abondance d'ouvrages que nous constaterons
bientôt, il faut se rendre compte de la vogue de l'astrologie, vogue
si générale, qu'on a de la peine à s'en faire une idée juste. Les
consultations sidérales, pendant des siècles, devaient forcément con-
duire à une connaissance très répandue des mouvements des astres.
Ainsi on trouve ce passage dans les notes autographes de
Colomb: '
„De mon temps, j'ai vu des paysans qui connaissaient mieux
(') En mi t i e m p o y o h e \ i s t o a I d e a n o que d a c u e ii t a d cl v i e I o
y e s t r e il a s y d e I c u r s o d e 1 1 a s m e j o r q ii e o t r o s q u e k* a s t a r o n d i n r e o s
en e 1 1 o.
Raccolta di dociinienti c stiuli. Parle I, Vol. III. Tav. 1(17.
44
la configuration du ciel et des étoiles et leur cours, que d'autres
personnes qui y avaient consacré de fortes sommes."
L'emploi constant de consultations sidérales explique l'abondance
de travaux astrologiques. Pierre III de Catalogne (IV d'Aragon), qui
régna de 1336 à 1386, ordonna la rédaction de nouvelles tables
astronomiques à Jacob Carsono, Juif castillan, qu'il jugea le plus
habile pour les établir, d'après la méthode suivie par les Juifs et les
Arabes qui regardaient les Lieux des étoiles dans la 8'^'^ sphère}
La préface de ces tables publiée par Steinschneider commence
par ces mots:
„Dixit dominus Petrus tertius nomine Regum Aragonum
gratia domini etc. :
„Vers la fin de cet intéressant document on y peut lire:
„Et nos quoniam scivimus quod muiti sapientes christiani
tractant judicia stellarum secundum eorum loca in sphaera
nona et multi sapientium Judeorum et Arabum tractant judicia
astrorum secundum eorum loca in 8^ sphaera, et firmantur
super radices eorum sapientium antiquorum: voluimus etiam
complere petitionem omnium gentium et linguarum et facere
secundum voluntatem omnium, et quaesivimus per viam
brevem habere et scire loca stellarum in octava sphaera, et
aliorum suorum motuum eclipsium solarium et luminarium:
et voluimus facere istas tabulas secundum aeram nativitatis
nostrae, et annorum nostrorum latinorum in meridie omnis
diei, in ista civitate; et ad complendum hoc opus quaesivimus
super tractatum sapientes in isto opère et non invenimus
inter omnes secundum nostram opinionem sicut est magister
Jacob Carsium iudeum castellanum et petivimus ab eo com-
plere nostram petitionem." ^
Ce même roi chargea Bartholomeu de Tresvents de faire un
traité d'astrologie dont voici le commencement:
„En lo nom de nostre Senyor Deu Jesu Christ tôt poderos.
A totes les gents qui viuen segons raho e ley séria bo de saber
les nativitats mes als reys e grans senyors e nobles, los quais
Deu ha ordenats per régiment daltres, ho es de nécessitât . . .
Entes donques e considérât lo molt alte e poderos senyor en Pera,
per la gracia de Deu rei de Arago terç, que aquestes coses son
(') Steinschneider. Notice sur les tables astronomiques attribuées à Pierre III
d'Aragon. Rome 1881, p. 5.
(-) Steinschneider. Notice sur les tables, etc., p. 24.
45
rahonables, e considerades les altes coses que a un re en especial
son necessaries de la sciencia de astrelogia, ha ordenat aquest
llibra per manera e orden que sen sagueix e fet comprendre e
elegir de la madulla dels actors de veritat de aquella sciencia,
e aso per ma de Barthomeu de Tresvents, metge seu en la
part de phisica e en aquesta matexa e expert de philosofia.'"
Le roi D. Juan I d'Aragon (el Cazador), envoya à plusieurs
reprises des astrolabes, des mappemondes et des tables astronomiques
à ses amis et aux souverains.- En 1391, dans une lettre au comte
de Foix datée du l^"^ juin, ce roi lui annonce renvoi:
„d'un astrolabe, d'une mappemonde, d'une horloge de sable
et d'un almanach calculé pour 3 ans. Et avec cela vous pourrez
chaque jour et chaque nuit déterminer l'heure qu'il est, que le
temps soit clair ou sombre, et déterminer aussi la position du
soleil, de la lune, ou des planètes dans chaque signe. Et
Perico vous montrera comment cela se fait."^
Ainsi en 1390, c'est-à-dire 84 ans avant les Ephémérides,
D. Juan d'Aragon distribuait un Almanach calculé jour par jour pour
3 ans, par lequel on pouvait déterminer la position des astres dans les
maisons astrologiques, éléments identiques à ceux qui ont fait la
grande popularité de l'œuvre de Regiomontanus.
Au Portugal, l'astrologie était en vogue du temps de D.Joào I.
Les événements importants de l'histoire nationale étaient accompagnés
d'observations astrologiques. Ainsi maître Thomas, astrologue,
pronostiqua les succès de Nun" Alvares.^ La mort de la reine
(') Steinschneider. Notice sur les tables, etc., p. 30 et
Morel-Fatio. Catalogue de manuscrits espagnols et portugais.
(Bibl. Nationale) Paris 1892, N" 108, p. 37.
(-) Fernandes Duro. Boletin Soc. Geogr. Madrid 1891, t. 31, p. 291—293.
(■') Voici le commencement de cette lettre:
Lo Rey Darago.
Conte car Cosi. Nos vos enviam per Perico esplugues de la nostra cambra
un estrolaii, un mapamundi, unes horas darena et un almanach de très
anys. E ab aço poréts cascun dia e cascuna nuit quina hora sera posât que
sia clar o scurt et lo sol et la luna et les planètes cascun dia en quin signe
son. E Perico mostrar vos ha corn se fa etc.
E. T. Hamy. Études historiques et géographiques. Paris 1896, p. 108.
„Cresques lo Juheu: Note sur un géographe juif catalan de la fin du
XlVe siècle."
{*) Index de todas as pessoas e cousas notaveis que se conteem na
primeira parte das chronicas.
Manuscrit portugais N" Il p. 207. Bibliothèque Nationale Paris.
46
D, Philippa de Lencastre fut précédée d'une éclipse de soleil décrite
dans les chroniques de l'époque.'
Jehuda ibn Jachia (Negro), fils de David Negro, trésorier de
D. Fernando, était astrologue et troubadour auprès de cette reine. -
L'Infant D. Henrique institua, le 12 octobre 1431, des cours sur les sept
arts libéraux à l'université de Lisbonne, parmi lesquels se trouvaient
l'arithmétique, la géométrie et l'astronomie. ' Nous rappellerons en-
core l'épisode curieux dont le médecin et astrologue royal Guedelha
(Guedalia) fut le héros: à l'occasion du couronnement de D. Duarte
( 1433), l'astrologue suppliale jeune roi, quis'occupait lui-mêmed'études
astronomiques, de bien vouloir ajourner la cérémonie à cause de la
position défavorable des astres. Le roi refusa et par suite d'une de ces
coïncidences qui ont affermi pendant des siècles l'influence de
l'astrologie, le règne de D. Duarte fut court et malheureux. En
1438, à la mort du roi, le grand régent D. Pedro ordonna au
même astrologue de diriger le couronnement du jeune Affonso V,
de manière à éviter des événements qui, une fois déjà, avaient pro-
fondément ému la nation.^
D. Duarte consacre deux chapitres du „Leal Conselheiro" au
calcul de l'heure par l'étoile polaire.'' On trouve dans ce livre,
écrit entre 1428 et 1438, un passage d'où il résulte que ni lui ni
son père ne croyaient aux influences sidérales et à l'astrologie
judiciaire,'"' ce qui dénote un esprit scientifique peu commun au
commencement du XV'^ siècle.
L'horoscope de l'Infant D. Henrique, reproduit dans la chronique
d'Azurara, émane probablement de ce même astrologue royal, dont
les prévisions avaient produit une émotion nationale. Selon Santarem
la Chronica da Guiné fut terminée en 1448.
Voici l'horoscope de D. Henrique, qu'on trouve dans cette
chronique:^
(') Index etc.. même manuscrit portugais N" 11 p, 110. Biblioth. Nationale.
(-) Oliveira Martins. Os filhos de D. Joào I (1891), p. 40 et Index etc.,
manuscrit portugais N" 11 p. 164. Bibliothèque Nationale.
i:) Viterbo. B. S. G. L. 1890, p. 307.
(^) Oliveira Martins. Os filhos de D. Joào I, p. 273.
(^) D. Duarte. Leal Conselheiro. Paris 1842, p. 488. Voir aussi quel-
ques observations de la lune par D. Duarte dans Provas da Historia genea-
logica da Casa Real portugueza. Caetano de Soiiza. 1739, p. 540.
C^) Aziirara. Chronica da Guiné (1841). Introd. de Santarem, p. IX. d'après
Leal conselheiro par D. Duarte cap. 14 et 21.
(■) Azurara. Chronica da Guiné 1841, Cap. VIII, p. 48.
Nous reviendrons à un autre endroit à l'interprétation de cet horoscope.
47
„Porem vos quero aquy screver como ainda per pungimento
de natural influencia, este honrado principe se inclinava a estas
cousas. E esto he, porque o seo acendente foe Aryes, que he
casa de Mars, e he eixaltaçom do soi, e seu senlior esta em
a xj. casa, acompanliado do sol. E portanto o dicto Mars foe
em Aquaryo, que lie casa de Saturno, e em casa desperança,
senificou que este senhor se trabalhasse de conquistas altas e
fortes, especyalmente de buscar as cousas que eram cubertas
aos outros homeês, e sécrétas, segundo a callydade de Saturno,
em cuja casa elle he. E por seer acompanhado do sol como
disse, e o sol ser em casa de Jupiter, senificou todos seus
trautos e conquistas seerem lealmente feitas, e a prazer do
seu rey e senhor."
Parmi les notes autographes faites par Colomb dans le
volume de Imago Mundi, de Petrus d'Alliaco, il y en a 250 environ
se rapportant à la cosmographie, à l'astronomie et à l'astrologie.
Ainsi, il traite de la longueur de l'année et des révolutions lunaires
ou la détermination des longitudes par les éclipses de lune, en
même temps que des notes astrologiques sur la probabilité de
l'arrivée de l'Anté-Christ, sur la nature bénévole de Jupiter et de
Vénus, sur la malignité de Saturne et de Mars etc.'
Ce même mélange d'astronomie et d'astrologie judiciaire
se trouve également chez Magalhàes. Barros nous l'a fait voir à
plusieurs passages de son œuvre. Magalhàes envoya le navire
d'Alvaro de Mesquita reconnaître une partie du détroit qu'il venait
de découvrir. Préoccupé par le retard de ce vaisseau, Magalhàes
demanda à l'astrologue Andres de San Martin d'en établir le pro-
nostic par l'heure du départ. Le pilote trouva ainsi que le navire
était retourné en Espagne, le capitaine ayant été fait prisonnier. -
Regiomontanus pratiqua l'astrologie. Dans les problèmes de
la Tabula directionum, on trouve plusieurs pages d'exemples du
I') De aduento antichristi potest haberi probabilis conjectura et verosimilis
suspicio per astronomica judicia. (No. 792.)
Jouem et venerem sunt beniuolos et fortunatos, Saturnum et martem
maliuolos mercurium mediomodo. (No. 519.)
Raccolta di Documenti (Autographes de Colomb.) 1. c Série C.
(-) Fernào de Magalhàes desejando saber o que era feito da ndo, disse
ao Astrologo Andres de San Martin que prognosticasse pela hora da partida
e sua interrogaçào ; o quai respondeo que achava ser o ndo tornada pera
Castella e que o Capitào hia prezo.
Barros — „Da Asia" Dec. 3, L. 5, C. 9, p. 639. (Edition 1777.)
48
calcul des nativités. Plusieurs ouvrages citent les travaux astrolo-
giques de Copernic, Tycho Brahé et Kepler. ' Celui-ci, déjà plus
prudent, disait que l'astrologie, fille fantasque de l'astronomie, était
cependant indispensable à la vie de sa mère. Dans un livre récent,
on a dernièrement publié l'horoscope de Wallenstein établi par
Kepler en 1608. -
L'Almanach Zacuto contient une table (De Animodar) qui traite
de la more infantis in utero matris. Elle sert à calculer l'heure
de la conception de l'enfant par l'heure de sa naissance et vice-versa.
Regiomontanus (n. 1436 m. 1476) fut un splendide exemple
de cette intéressante dualité de l'astronome et de l'astrologue. ' Il
sauva la vie au roi Mathias Corvinus à Ofen par son astrologie
médicale, sur laquelle il laissa un livre précieux comme document
historique: Le Temporal. On ne peut pas dire de lui ce que La-
tino Coelho a dit à tort de Zacuto, qu'il fut un charlatan. Le nom
de l'astronome de Nuremberg occupe une place d'honneur dans
l'histoire des mathématiques et de l'astronomie.
Néanmoins on trouve dans le Temporal des instructions sur
le moment favorable pour faire la saignée, pour prendre des purges
ou des pilules, pour se marier, se baigner ou se faire couper les
cheveux selon la position des astres dans leurs maisons^ (domus).
Le Temporal de Regiomontanus eut 3 éditions: la première
sans date, les autres de 1528 et de 1532. En 1532 Johannes Schôner,
son élève, publiait son livre De Nativitatlbus. En 1540, il publia
encore les annotations de Regiomontanus à l'œuvre de Antonio de
Montulmo, Tractatus de judiciis nativitatum.''
A cette époque, on trouve au Portugal des hommes comme
Barros et Pedro Nunes qui s'étaient déjà débarrasés de préjugés
astrologiques. Chez Nunes, on n'en trouve point de trace dans ses
{^~R.~Billwiller. Uber Astrologie. Basell878, p. 28.
Encyclopedia Britanica, Vol. 2 (Astrology), 1875, p. 741.
(-) Svante Arrhenius. Die Vorstellung vom Weltgebaude im Wandel der
Zeit, 1911, p. 83.
(') Encyclopédie Ersch-Gruber. Zweite Sektion, H. -H. Tell 22, 1843,
p. 205. Article Johannes de Monte Regio par Stern.
(') 11 est probable que Regiomontanus connut en Italie les œuvres lar-
gement répandues de l'Espagnol Arnaldo de Vilianova. Un de ses livres,
Reginien ab incl. regeni Arragoneni, était en usage à la cour de Barcelone
en 1307. On remarque que Regiomontanus a plusieurs chapitres avec le titre
de Regimente.
Steinschneider. Hebrâische Ubersetzungen i^ 446, 477, 489.
{'•") Voir Stern, Encyclopédie Ersch-Gruber 1. c.
49
écrits' et Barros nous montre son scepticisme à leur égard en traitant
de l'astrologie de Ruy Faleiro - et des consultations faites par
Magalhàes à Andres de S. Martin dans l'océan Pacifique.^ En 1523,
Fr. A. de Beja imprimait à Lisbonne un traité contre les jugements des
astrologues.' En 1540, Antonio Luiz, ami de Joào de Barros, publiait
son livre De occultis proprietatibus, dans lequel il énonçait avant
Newton, le principe de l'attraction universelle.' Une œuvre sur
l'astrologie médicale, semblable au Temporal, fut écrite au Portugal
140 ans avant Regiomontanus, par l'astrologue David ibn
Bilia (ou Villa), 1320-1338, œuvre basée aussi sur le livre de
Villanova.
Enfin la fondation de l'université de Lisbonne eut lieu après
celles de Paris, Padoue et Oxford ; elle est de 60 ans antérieure à la
fondation de la première université allemande, celle de Prague." Ces
faits dénotent, eux aussi, l'état de progrès scientifique de la nation.
Malheureusement les mêmes causes, religieuses, politiques et
sociales, qui furent l'origine du mouvement de la Réforme dans le
nord de l'Europe, provoquèrent la réaction et l'organisation de la
résistance dans le sud. On s'est préparé à temps dans la Pénin-
sule pour étouffer la liberté de pensée et la critique des abus ou
de la corruption de Rome. On trouve dans les œuvres de Gil
Vicente des preuves abondantes de l'intensité de ce mouvement,
que l'intolérance se proposa bientôt après d'écraser.
(') Aimable communication de M. R. Ouimaràes, connaisseur des œuvres
de Nunes.
(-) Barros écrit sur Magalhàes:
„ajuntou-se com um Ruy Faleiro, Portuguez de Naçào, astrologo judiciario,
tambem aggravado d'El Rey, porque o nâo quiz tomar por este officio, como
se fora cotisa de que El Rey tinha milita necessidade."
Barros, Dec. 3, L. 5, C. 8, p. 627.
(■•) Le même auteur écrit que Magalhàes, impatienté de la grandeur de
l'océan Pacifique, faisait des consultations astrologiques auprès de son pilote.
„Jâ como homem que tinha perdido a estimaçào do lugar em que
podia ser . . . e fazendo interrogaçôes sobre isso ao Astrologo Andres de San
Martin, porque como jâ Ihe falecia a conta, c razâo do marear, leixando a
Astronomia., convertia-se a Astrologia." Barros. Dec. 3, L. 5, C. 10, p. 61S.
C) Giiirnarïies I. c, p. 388.
(■') Guimaràes I. c, p. 329.
('■) L'université de Paris fut fondée en I2(i5, celle de Padoue en 1221,
Oxford en 1249, (Lisbonne en 1290), Prague en 1318, Vienne en 1,^65,
Heidelberg en 1386.
/-". Minier. Zeittafeln /ur (leschiclite der Matheniatik. 1892.
Deux foiiiiidablcs armées furent introduites dans le pays pour
combattre et détruire la révolte naissante : 1' I n q u i s i t i o n, établie en 1 536,
et la Société de Jésus, en 1545. La censure inquisitoriale était
l'agent puissant qui, à partir de ce moment, devait refréner tout
progrès scientifique. On se proposa, sous prétexte de religion, de
guider et de dominer l'activité intellectuelle de la nation. De là la
décadence des sciences au Portugal.'
L'astronomie, comme la médecine, était un domaine préféré
des savants juifs; il ne reste presque plus de traces de leurs tra-
vaux dans les archives de la Péninsule, l'Inquisition les a anéantis.
Les preuves longtemps inconnues de cette activité scientifique, exis-
tent cependant éparpillées en dehors de l'Espagne et du Portugal
et c'est seulement maintenant qu'elles commencent à être accessibles
à la critique.
L'absence complète de ces documents concernant l'astronomie,
égara les historiens modernes. C'est ainsi que le doute sur les
ressources astronomiques de la nation portugaise à l'époque des
entreprises maritimes, prit naissance.
On sait que les Portugais dès 1419 et 1430, se sont franche-
ment lancés à travers l'Océan pour découvrir Madère et les Açores.
A ce moment ils reconnurent toute la portée des guides astronomi-
ques en mer, car on ne naviguait plus le long de la côte; pour se
diriger ils avaient l'étoile polaire et la boussole.
On veut bien admettre que les marins du Portugal précisèrent
eux-mêmes les premiers, le besoin de nouveaux guides astronomiques
sous les cieux inconnus de l'hémisphère sud et cela 15 à 20 ans
avant de traverser l'équateur en 1471. On leur accorde d'avoir
été les premiers en Europe à reconnaître les étoiles du pôle antarc-
tique et d'avoir introduit dans la navigation le calcul des latitudes
par la hauteur du soleil; mais on leur conteste d'avoir possédé à
cette époque, les quelques données astronomiques nécessaires à
ce calcul. Les auteurs qui ont ainsi jugé les ressources scienti-
fiques du Portugal, sans les connaître, acceptèrent l'hypothèse,
aujourd'hui insoutenable, que ces navigateurs auraient pris vers
1484, ces éléments dans les œuvres de Regiomontanus.
Quelle était donc l'importance scientifique de l'astrologie en
vogue au Portugal à l'époque de l'infant D. Henrique et que l'on
(') Voir à cet égard les remarquables considérations de Garçào Stock-
ler, Ensaio historico 1. c, p. 151.
51
retrouve dans son horoscope, dans le pronostic de maître Giiedelha
et dans les écrits du roi D. Duarte lui-même?
L'astrologie avait pour base les mouvements des astres qu'on
déterminait par l'observation, les instruments et le calcul; sur ces
données on tirait des conclusions extravagantes. Les pronostics, les
horoscopes ou le choix de la position favorable des astres ne nous
intéressent guère. Mais ce sont les moyens dont on se servait, qui
nous occupent, car ils sont le fondement de l'astronomie moderne.^
Ainsi pour juger des ressources astronomiques du Portugal, il
faut connaître le développement et l'étendue de l'activité astrolo-
gique; on y trouvera abondamment les éléments nécessaires à
l'astronomie nautique du XV^ siècle. Nous abordons ici un problème
nouveau, qui, à notre connaissance, n'a pas encore été étudié par
rapport à la navigation: l'activité des mathématiciens et
astrologues juifs de la Péninsule et de la Provence.
Les recherches remarquables de Steinschneider (n. 1816m. 1907),
ont mis à jour un nombre considérable de manuscrits jusqu'à présent
à peu près ignorés, ils se trouvent éparpillés dans les principales
bibliothèques européennes: entre autres, des commentaires sur les
œuvres arabes, des traductions et des travaux originaux tels que des
traités d'astronomie, des études sur des instruments et enfin, une
douzaine d'études de tables astronomiques, dont les
auteurs ont vécu en Espagne, en Provence et au Portugal.
Nous n'avons pas à chercher ici les causes multiples du
silence mystérieux ou de l'oubli complet qui a entouré jusqu'à
présent l'activité astronomique des Juifs de la Péninsule, du Xil'^*^ au
XV^n'^ siècle. Il suffit de signaler l'existence, le nombre et la portée
{') Voir sur l'astrologie et son importance dans le développement de
l'astronomie :
G. Bi^oiirdan. L'Astronomie, é\olution des idées et des méthodes.
Paris 1911.
Rob. Billwiller. Uber Astrologie. Basel 1878.
Paul Flarnbert. Traité sommaire d'astroloi^ie scientifique. Paris 1902.
J. H. Qraf. Uber astrologischen Aberglauben. Bern 1S90.
Abel liaatan. Traité d'astrologie judiciaire. Paris 1905.
Mensin^er. Uber neue und alte Astrologie. Berlin 1871.
F. J. Studnicka. Bericht iiber die astrologischen Studien des k'eformalors
der beobachtenden Astronomie, Tycho Brahe. Prag 1901
H.Suter. Die Mathematik auf den Universitiiten des Mittelalters. Zurich 1888.
52
de ces études et de les rapprocher du problème de la navigation. Il
a fallu un savant et un chercheur de l'envergure de Steinschneider,
pour vaincre les immenses difficultés d'une œuvre aussi vaste que
l'étude de milliers de manuscrits dans les archives et bibliothèques
de l'Europe.
La littérature scientifique des Arabes et des Juifs dans le domaine
de la philosophie, de la médecine et des mathématiques, forme l'objet
des principaux ouvrages de Steinschneider; deux de ses œuvres
représentant 40 à 50 ans de recherches, furent couronnées par
l'Académie française.'
Ce ne fut qu'après tout ce travail qu'on s'est rendu compte
de la portée des œuvres astronomiques des Juifs péninsulaires
et que l'étude des origines de TAlmanach perpetuum est devenue
abordable.
Voici une liste de quelques-uns de ces auteurs par ordre
chronologique. -
1116 — 1136. Abraham Bar Chijj'a (Savasorda). Barcelone.
Auteur des œuvres suivantes: 1. Encyclopédie, dont une des
parties traite de l'arithmétique, la géométrie, l'optique. —
2. Liber de forma terrae, longtemps connu seulement par
l'extrait de Seb. Munster (1546). imprimé en 1720. —
3. Calcul du mouvement des étoiles (20 chapitres) oli l'auteui
cite le Quadripartitum de Ptolémée. — 4. Tables astrono-
miques annotées par ibn Esra. — 5. Traité sur la chronologie. §22.
1093-1167. Abraham ibn Esra (Avenare). Tolède.
Auteur des œuvres suivantes:
1. De la théorie des nombres („Buch der Eins" et „Buch der
Zabi"), imprimé 1895. — 2. De la nativité, 1136, imprimé
"1485 à Venise. — 3. Tables astronomiques. 4. Traité de
l'astrolabe connu dans la rédaction de 1148 (imprimé). —
5. Plusieurs écrits sur le calendrier et l'astrologie.
Esra fut le traducteur d'une œuvre arabe de ibn al Muthanna,
La justification des Tables de Khowaresmi, à laquelle il
ajouta une très intéressante préface sur l'origine indienne des
(') Comme exemple frappant de la portée littéraire de ces recherches, nous
indiquerons une œuvre d'intérêt spécial pour le Portui^al: la traduction en
hébreu du 1er livre (44 chapitres) d'Amadis de Gaula (Vasco de Lobeira) par
Jacob Algaba, imprimée en 1534 chez Soncino à Constantinople et contenant
une étude sur la tendance et l'utilité de ce livre (§ 576. Heb. Uebers.).
(-) Les §§: cités pour chaque auteur se rapportent à l'œuvre de
,VI. Steinschneider: Mathematik bei den juden, Frankfurt (J. Kauffmanni.
53
tables astronomiques, qui fut publiée par Steinschneider. § 23.
Voir les catalogues des bibliothèques de Londres, Paris, Munich
etc. sur les œuvres imprimées d'ibn Esra.
1135 — 1153. Johannes de Luna (Hispalensis ou Abendeuth).
Séviile-Tolède.
Auteur de YEpitome totius astrologiae, écrit en 1142 et
imprimé à Nuremberg en 1548. Surtout célèbre par ses nom-
breuses traductions d'arabe en latin, à savoir: al-Battani (Cen-
tiloquium); Alfraganus (Liber scientiae astrorum); Alcabitius
(introductio in astrologiam); Abu Ali (Albohali) (de Nativitati-
bus); Khovvarezmi (Algoritmi, de numéro indorum); Madjriti
(de Astrolabio), etc. etc. L'astrolabe de Madjriti existe en ma-
nuscrit, — les autres ouvrages sont imprimés. § 25.
1247. Jehuda ben Salomon Kohen. Tolède.
Astrologue à la cour deToscane. Auteur d'un traitésurl'Almageste
de Ptolémée; — Un traité sur les œuvres de l'Arabe Bitrodji
(Alpetrongi) ; — Une introduction à l'astrologie contenant un extrait
du Quadripartitum de Ptolémée; — Un extrait d'Euclide. § 29.
1245 — 1275. Moses ibn Tibbon. Provence.
Traduit les œuvres suivantes d'arabe en hébreu : Djabir
ibn Afla'h (Astronomie); Bitrodji (Alpetragius) Astronomie;
Euclide — Eléments; Al-Farabi — Commentaire d'Euclide;
Geminus — Isagogie; Al-Hassar — Arithmétique; ibn Heitham
— Euclide; Theodosius — Sphaerica. § 30.
1252 — 1256. Isaac ibn Sid. Tolède.
Rédacteur des tables Alfonsines, V^ rédaction 1252, 2'"*^ en
1256. ibn Sid (Rabbi Zag) est souvent nommé dans les Libros
del Saber de astronomia del Rey Alonso. — Edition
Rico y Sinobas, Madrid 1863 — 67, 5 volumes. On le trouve
nommé dans plusieurs chapitres de ce livre, comme il a été
indiqué à p. 34. Voir sur cet auteur, Steinschneider: Hebraische
Uebersetzung p. 277.
Dans les Libros del Saber on trouve encore:
Fabrica y iisos del Relogio délia Candela, traduit de l'arabe
par le médecin Samuel Ha-levi (Abulafia?) de Tolède.
Libro de las Figuras de l'Arabe Al-Sufi, trad. 1276, et Libro de
Aleora de Costa ben Luca (1258), les deux traduits par Jehuda
ben Moses Kohen (Mosca el menor). § 31.
1263—1308. Jacob ben Machir (Prophatius). Montpellier.
Auteur des œuvres suivantes:
54
1. Un traite sur le quadrant (Quadrans judaicus— Quadrans novus)
en 16 chapitres, le dernier contenant les instructions pour la
fabrication de cet instrument.
Ce traité eut plusieurs rédactions latines du vivant de son
auteur.
2. Tables astronomiques en hébreu. (Radix 1300). Elles eurent
également plusieurs rédactions latines où l'on trouve pour la
première fois le titre de „Almanach perpetuum".
3. Un complément au calcul du mouvement des étoiles par
Bar Chijja.
Machir fut le traducteur d'arabe en hébreu de:
Autolykos, Sphère (1273); Costa Ben Luca, Sphère céleste; Djabir
ben Afiah, Astronomie; Euclide, Eléments; Ibn Heitham (Alhazen)
Astronomie (1271); Menelaos, Sphaerica; Ibn Saffar, Astrolabe;
et Zarkali, Saphae, instrument astronomique. § 36.
n 1288 — m. 1344. Levi ben Gerson (Léon de Bagnols). Orange-
Avignon.
Auteur des œuvres suivantes en hébreu:
1. Indroduction aux 4 livres d'Euclide.
2. Un traité sur la théorie et la pratique du calcul (1321).
3. De niimeris harmonicis, traduit en latin par un anonyme.
4. Tables astronomiques sur le soleil et la lune (1320, Orange).
5. Un ouvrage de philosophie religieuse, Les guerres de Dieu,
dont la 2'^'^ partie du S"^'^ traité est consacrée à l'astronomie.
(On en connaît 4 copies complètes). Ce livre, en 136 chapitres,
dont Kepler a eu connaissance, fait la critique du système de
Ptolémée et de l'antiptoléméiste Alpetragius.
6. Traité sur la balestilha «Baculus Jacobi) — qui fut traduit en
1342 par Petrus de Alexandria en latin et dédié au pape Clé-
ment VI d'Avignon, sous le titre: De instrumento secretorum
revelatore. L'invention de cet instrument fut attribuée entre
autres par Breusing, Peschel et Ruge à Regiomontanus.
7. Prognosticon magistri Leonis Hebrai de conjunctione Saturai
et Jovis a. d. 1345.
Levi ben Gerson était médecin ; selon Steinschneider il fut
un des plus importants auteurs juifs du moyen-âge, partisan
d'Aristote selon l'interprétation de l'Arabe Averroes. § 43 — 44.
1310. Isaac ben Josef Israeli.
Auteur célèbre parmi les Juifs du moyen-âge; son œuvre
„Jesod Olam" fut imprimée pour la première fois à Berlin
1777, ensuite, Berlin 1846, 1848, sous le titre de Liber
Jesod Olani sive Fiindamentum Mundi, opus astronomicum
celeberrimum auctore R. Isaac Israeli, etc.
Voici le contenu de cet ouvrage:
I. Rudiments de géométrie,
il. Astronomie générale.
111. Mouvements du soleil et de la lune.
iV. Chronologie.
V. Tables chronologiques.
Israeli fournit dans son œuvre de nombreux éléments pour
l'histoire de l'astronomie chez les Juifs et les Arabes et
notamment sur Al-Battani, Zarkali et sur Ibn Said de Tolède,
rédacteur des tables Alfonsines. § 39.
1357 — 1396. Joseph ibn Wakkar. Séville.
Composa des tables astronomiques en arabe pour Tolède,
(Radix 1320), traduites par lui plus tard (1395i en hébreu. II
les fit précéder de règles destinées à la vulgarisation de leur
emploi (Canones). § 51.
1361. Jacob Poël. Perpignan.
Probablement fils de David ibn Bilia, astrologue portugais.
Composa en 1361 des tables astronomiques pour Perpignan,
précédées d'une préface, oii il cite les tables du roi Alfonse,
d'Abraham Bar Chijja, d'Aflah, de Ptolémée et de Levi ben
Gerson.
Elles furent traduites en latin sous le titre:
Tabulae Jacobi filii David Bonaedie y compris les Canones
de l'introduction. Les tables de Poël sont citées dans les
Canones de l'Almanach Zacuto, édition latine 1496. §51.
1340 — 1377. /manuel ben Jakob (Bonfils). Tarascon.
Médecin et astrologue à Orange et Avignon. Auteur de:
1. Tables astronomiques terminées en 1365 à Tarascon (Radix
1340) et accompagnées de canons pour leur usage. Il cite
fréquemment les calculs d'Al-Battani. Ces tables furent, comme
les précédentes de Poël, traduites en latin. Elles furent l'objet
d'un commentaire de l'astronome grec Georgios Chrysococca
(environ 1346 (?)). Heb. Uebers. § 395.
Voici une liste des commentateurs hébreux de ces tables:
Samuel Matron (1380), Brivesca Espagne; Moses ben Jesaia
(1386); Benjamin ben Matlatja (1431), Siena; Samuel da Schola
56
(1460); M. Farissol Botarel (1465); Meir Spira (XV'^ siècle);
Elia Schubschi (1500).
2. Une étude sur rirrégularité des mouvements du soleil et de la
lune, où l'auteur cite Bar Chijja, ibn Esra, et Levi ben Gerson.
3. De la construction de l'astrolabe .
Imanuel était connu en Italie aussi bien qu'en Orient. Ses
œuvres nous fournissent ainsi un intéressant exemple de la
rapidité avec laquelle les manuscrits se répandaient au XW/*^ siècle.
Pico de Mirandola le cite comme Emanuel Ebreus Abenesrae
sectator . § 53 56.
1376 — 1378. Jacob Carsono (Al-Carsi). Séville-Barcelone.
Auteur d'un traité arabe sur l'astrolabe, rédigé en 1376 à
Séville, traduit en hébreu par lui-même en 1378 à Barcelone.
Nous rappelons la date de la célèbre carte catalane, 1375,
attribuée à Jafuda Cresques. Carsono fut l'auteur de tables
astronomiques ordonnées par Pierre IV d'Aragon (ou Pierre II!
de Catalogne, qui régna de 1336 à 1386).^ L'astronome
David Gans de Prague, mort en 1613, a eu en main une
traduction en hébreu des Tables Alfonsines faites par Jacob
Al-Carsi . 11 en traduit des parties en allemand pour Tycho
Brahé. § 62.
1370—1426. Isaac Zaddlk (Alchadib). Castille-Sicile.
Auteur des ouvrages suivants:
1. Tables astronomiques, d'après celles de ibn Al-Rakkam, aux-
quelles il ajouta 4 tables d'après Al-Battani et 9 chapitres
de canons.
2. Traité sur un instrument astronomique, genre d'astrolabe, qu'il
inventa en 1396 à Syracuse, destiné à remplacer la saphae
de Zarkali. (2 parties ayant un total de 20 chapitres).
3. Traité sur un instrument tenant de l'astrolabe et du quadrant,
divisé en 2 parties, dont la première a 26 chapitres.
4. Tables astronomiques rédigées à Palerme en 1426.
5. Notice sur l'astrolabe de Jacob ben Machir.
6. Notice sur les tables d'Isaac Israeli. § 59 — 60.
1457. Jehiida ibn Verga. Séville-Lisbonne.
Auteur cité par Zacuto dans l'introduction latine de l'AI-
manach perpetuum. Voici la liste de ses écrits:
(') Steinschiieider. Notice sur les tables astronomiques attribuées, etc.
Rome 1881.
57
1. Un traité sur l'astronomie, daté de Lisbonne 1457.
Exemplaires à Oxford, Bodlian Neubauer 2309.
British Muséum. Add. 27. 107.
Bib. Nationale Paris 1005.'^
Vatican Rome 387.'
2. Un traité sur un instrument astronomique appelé .J'horizontal"
(se rapportant à l'horizon).
British Muséum. Add. 27. 107.
Paris 1005.'-' 1031.'^
3. Un traité sur la façon de mesurer les altitudes. Paris 1005.'-^
4. Commentaire sur la traduction en hébreu d'Al-Fergani.
Oxford, Bodl. Neub. 2013.^ Paris 1090.-'
5. Un traité sur l'arithmétique. (Londres et Paris.)
6. Des tables astronomiques citées par Zacuto, éd. 1496, avec
leurs compléments, trouvés par Zacuto à Damas et reproduits
dans l'édition de l'Almanach perpetuum, 1525. Voir aussi
Hebr. Uebersetzung, p. 384, 557. § 1451 1460.
1465 — 1481. Moses Farissol^ Botarel. Avignon.
Auteur des écrits suivants:
1. Commentaire des tables de Paris (Radix 1368) et de celles de
Levi ben Gerson, en 15 chapitres.
• 2. Canons des tables d'Imanuel ben Jacob.
3. Tables des conjonctions et oppositions du soleil et de la lune.
(Radix 29 mars 1481. Avignon i. § 1461-1470.
1473— m. 1515. Abraham Zacuto. Salamanque-Lisbonne. — Damas.
Professeur d'astronomie à l'université de Salamanque,
1474 — 1492. 'V'ienten 1492 au Portugal; astronome de D.Joào il.
L'Almanach perpetuum fut écrit en hébreu de 1473 à 1478. On en
connaît 3 exemplaires manuscrits en hébreu, à savoir: Lyon 11,
Munich 109 et Vienne, Pinsker 20 (maintenant Bet-ha Midrasch).
L'édition latine, imprimée en 1496 à Leiria, fut la traduction
de l'hébreu faite par José Vizinho, membre de la Junta dos
(') Santareni cite un ()u\ras;^e hébreu de Abraham Petrisol, traduit en latin
par Hyde, sous le titre de Itinera Mundi. Nous ignorons s'il y a quelque rapport
entre Abraham Farissol (et non pas Petrisol), auteur en question et Moses
Farissol Botarel. Sanîarem. Notes à la chronique d'Azurara IS41, p. 52.
Voici le titre du livre publié par Hyde:
Itinera mundi sic dicta n e m p e C o s m o jf r a p h i a a u c t o r e
Abrahamo Petrisol: Latina \ersione Thomas Hyde Oxoni'
1691.
5S
Mathematicos. Nous avons établi une liste de 13 bibliothèques
possédant des exemplaires de cet ouvrage, moins rare qu'on
ne le croit généralement.
Voici les éditions de ce livre:
Editions latines, 1496 Leiria, 1502 et 1525 Venise.
Edition des Canones en espagnol, Leiria 1496.
„ „ „ , maisen caractères hébraïques
1568 à Salonique. § 1471 — 1480.
Outre ces éditions il y a celle des Ephémérides , 1498
Venise, formée, pour les trois quarts, par la copie de
l 'œuvre de Zacuto, mais sans la mention du nom de cet auteur.
L'œuvre de Steinschneider s'arrête vers 1500.'
Il y a environ 230 auteurs traités. La liste précédente est l'ex-
trait d'une trentaine d'auteurs de la Provence et de la Péninsule, dont
7 ont vécu au Portugal à savoir:
David ibn Bilia (ou Villa), 1320 — 1338, probablement le même
que David Bonaediei, père de Jacob Poël, de Perpignan;
a traduit du latin en hébreu un ouvrage, Salus vitae, 1338,
écrit sur la logique, la méthodologie, l'exégèse; auteur d'un
traité sur l'astrologie médicale, d'après l'ouvrage analogue
d'Arnaldus de Villanova. § 47 et 51.
Jehuda ibn Jachia Negro (1415). Lisbonne. § 66.
Astrologue de la reine D. Philippa de Lencastre.
Guedelha (1433 — 1438). Lisbonne.
Médecin et astrologue de D. Duarte et de D. Affonso V.
Rien n'est encore connu de ces deux astrologues cités
dans les ouvrages d'histoire du Portugal.
(') Liste chronologique des astronomes arabes:
750. Geber (Schabir al Sofi). 975. Al-Madritji.
815. Alfragan. 975. Al-Kuhi (Abu Sahl).
850. Al-Chindi (Al-Chendi). 1000. Al-Hazen (Al Haitem-AlHasan)
850. Albumasar. 1010. Al Karchi.
875. Thabit ben Korra. 1025. Al Biruni.
885. Al-Battani (Albategnius). 1025. Avicenna.
900. Costa ben Luca. 1078. Alchaiiami (Alkhayami).
925. Ai-Farabi. 1080. Zarkali (Arzachel).
933. Almansore. 1085. Geber (Dschabir ben Aflah).
955. Al-Sufi.
F. Millier. Zeittafeln zur Geschichte der Mathematik (1892).
Voir sur les astronomes arabes:
M. Steinschneider: Vite dei Mathematici arabi etc. Roma 1874.
H. Suter: Die MathematiUer und Astronomcn der Araber und ihre Werke,
Leipzig 1900.
59
Jehuda ibn Verga (1457). Lisbonne.
Cet auteur vivait à Séville et se réfugia plus tard à Lisbonne.
Son traité d'astronomie fut examiné à Oxford par Stein-
schneider. L'auteur rapporte, dit Steinschneider, qu'il avait
observé à Lisbonne en 1457, l'étoile nommée Cœur de Lion au
52" du Bélier, 1324 ans après Ptolémée, qui l'avait trouvée
au 32". On trouve dans ce manuscrit les dates du 10 octobre
et décembre 1456. du 11 avril 1447 et dans le chapitre sur le
soleil, la date de mars 1457.
Abraham Zaciito de 1492 à 1497 (?) au Portugal.
Auteur dont nous aurons à nous occuper plus longuement.
José Vizinho. Membre de la Junta dos Mathematicos, médecin de
D. Joào II, présent à la mort du roi à Alvor en 1495. Il faisait
partie de l'entourage de la cour sous le règne de D. Affonso V,
mort 1481.
1483. Un des membres de la Junta, qui examina le projet
de Colomb.
1485. Expédition scientifique à la Guinée pour y faire des
observations astronomiques.
1496. Traducteur de l'AImanacli Zacuto, 1'^ édition, Leiria,
de l'hébreu en latin et en espagnol.
Maître Moyses.
Le docteur Moyses est seulement connu par le récit de
Covilhà. La mappemonde, que celui-ci reçut pour son expé-
dition, aurait été dessinée par D. Diogo d'Ortiz, maître Rodrigo
et le docteur .Vloyses, „encore juif à cette époque", (a esse
tempo judeu).
A cette liste, il faut ajouter ici une notice, concernant l'origine
Israélite de Pedro Nunes (n. 1502 — m. 1578) qui intéresse en
même temps l'histoire des mathématiques au Portugal. Stein-
schneider trouva cette note dans les œuvres du mathématicien Joseph
del Medigo (n. 1591 m. 1655). Dans la Chronica de D. Manuel par
Damiào de Qoes, un passage semble confirmer cette notice.'
(') L'origine juive de Pedro Nunes a été révélée par une note de Stein-
schneider que nous a\ons communiquée à M. Rudolpho Guimaràes en 1909
et qui a été l'objet de quelques recherches ultérieures. a
Pour nous rendre compte de la valeur de la déclaration de Medigo nous
(a) Guimaràes. Les .Vlathcmatiques en Portugal. .Appendices II (1911), p. WiCJnstituto
(Coimbra) (1911), p. -11. F.steves Pereira. Kcvista d'Engenharia .Militr.r, iÇli, .S4.
(Tratado ein defcnsam etc de Pedro Xunes.)
f)f)
L'historien Goes, une illustre victime de l'Inquisition, fut accusé
de luthéranisme, honteusement persécuté et condamné à la réclusion
perpétuelle.
avons juiîé utile de rechercher à quelle source ce niathémalicien Cretois a pu
se documenter. Nous résumons ces recherches comme suit. Voici d'abord
la notice de Steinschneider :
„J()seph del Medigo in seineni liuche Elem iiber mathematische Pro-
iileme zitiert Pedro Nunez den grossen Matheinatiker von Samen der
Juden, der in Lissabon im J. 1541, am 1. Oktober, das Herz des Skor-
pions beobachtet habe." ''
Le passage de Medigo, dans la traduction allemande du texte original en
hébreu (Edition Odessa 1864, p. 275), est le suivant:'-"
„Aufgabe 35. Wie wir durch Kenntnis eines Sternes abends bei Sonnen-
untergang oder morgens bei dessen Aufgang am Osten, und durch die
Breite des (gegebenen) Ortes, die Dauer der Dâmmerung in Zeit oder
den Ort der Sonne im Tierkreis berechnen kônnen.
Pedro Nu nez, ein grosse r Gelehrter von jiidischerAb-
stammung (chez Steinschneider, von Samen der Juden) beobachtete
am 1. Oktober des Jahres 1541, aus dem Observatorium der Stadt Lissa-
bon den Himmel abends, als er klar und vvolkenfrei war, und las die
Hôhe des in der Skorpionsgruppe leuchtenden Sternes, der das Herz
des Skorpions genannt wird, mittels Instrumente ab. Der Stern befand
sich 5 Grad sQdlich (— 5") am westlichen Horizonte und seine Lange
betrug nach den Ptolemâischen Tafein 216: rechnest du nun 28, was
nach Kopernikus die Prazision des Anfangs des Widders ist, hinzu etc."
Joseph del Medigo, né à l'île de Crète, étudia la médecine et les mathé-
matiques à Padoue. Il se trouvait à cette uni\ersité en 1606; ses études
préférées étaient les mathématiques; il avait probablement été attiré à Padoue
par la renommée de Galilée. De 1622 à 1627, on trouve Medigo à Hambourg
de 1627 à 1630 à Amsterdam. Ces deux villes étaient alors les centres impor-
tants des réfugiés portugais qui s'enfuyaient devant les horreurs de l'Inquisition.
A cette époque, vivait à Hambourg le médecin portugais Rodrigo de Castro,
(n. 1550 m. 1627), ancien élève de l'université de Salamanque, qui, bien que plus
jeune que Nunes, était encore son contemporain. Ce médecin jouissait d'une
grande réputation. Il pratiqua d'abord la médecine à Lisbonne et il dut s'e.xpatrier
à cause de la question religieuse.
A Hambourg et parfois à Amsterdam, vivait à cette époque un autre méde-
cin portugais qui s'était également expatrié. Manuel Bocarro Froncez y Rosales
(n. vers 1590 m. vers 1662), auteur d'oeuvres philosophiques et astrologiques, mé-
decin de l'empereur Ferdinand III. A Amsterdam, le nombre de réfugiés por-
tugais était considérable; la famille du philosophe Spinoza (n. 1632 m. 1677)
en faisait partie.
Medigo vécut dans l'intimité de Menasseh ben Israël, son imprimeur. C'est
chez lui que parurent ses œuvres sur les mathématiques, écrites toutes en hébreu.
(b) steinschneider. Mathematik bei den Juden, § 1501-50, p. 479.
(c) Voir l'étude de listeves Perdra sur ce passade, d'api&s Pedro ,\'iines. (De Ciepus-
culis.) Revista d'Eng. Militar l'ill p. 2S2.
L'activitL' scientifique et littéraire des juifs en Espagne, a été
l'objet de nombreuses et remarquables études dans la littérature
espagnole. Elle a également provoqué récemment, au Portugal, des tra-
vaux de haute valeur du D"^ Mendes dos Remedios i Histoire des Juifs au
Portugal — Étude sur Samuel Usque, avec la réimpression de son
La notice de Medi^o sur Pedro Nunes provient donc du noyau des réfugiés
portugais, soit à Amsterdam soit à Hambourg. Les renseignements généalogiques
obtenus dans ces milieux, étaient certainement tout aussi exacts que ceux pris
dans les registres du Tribunal de l'Inquisition.
L'historien Damiào de Goes, contemporain de Nunes, semble confirmer le
passage de Medigo, dans la Chronica de D. Miinuel ; on y lit, à propos de
l'infant D. Luiz, dont Nunes fut le professeur, les lignes sui\antes : '"'
„Teve por mestre nas artes liberaes ao Doctor Pedro Nunes Portii-
guez de naçam que foi n'ellas hum dos doctos homens do seu tempo."
On rencontre souvent aux XV|e et XVIle siècles la formule de naçào
pour désigner les nouveaux chrétiens ou christàos novos, c'est-à-dire les Juifs
convertis ou leurs descendants. Ainsi on lit chez P. Antonio Vieira (Obras
Ineditas Lisboa 1856, p. 203-215):
„AI\'arâ que o Snr Rei D. Joào 4" tinha feito a gente de naçào em
que Ihe remettia os bens."
„Contractou D. Joào 4° corn os homens de naçào do reino."
Herculano dans son livre classique sur l'inquisition portugaise, cite, entre
autres, une lettre royale de 1544, dans laquelle les chefs ou représentants des
nouveaux chrétiens à Rome (qui s'y efforçaient d'acheter, au poids d'or les
scrupules du Saint-Siège), sont désignés par chefes de naçào. (Herculano.
Inquisiçào t. 3 p. 104).
Les termes employés pour désigner les convertis, étaient soumis à
certaines rigueurs de la loi. Ainsi dans le code de D. Affonso V (Affonsino)
l'usage du mot „tornadi(;o" pour désigner les Maures ou les Juifs convertis,
était interdit, h
Dans une lettre de D. joào II (1487), à la ville de Porto, les Juifs espa-
gnols sont désignés par „marranos ou confessos de Castella". c
Plus tard, en 1601, une loi interdit, comme une offense, les termes:
„Christào novo, confesso, marra no ou judeu."d
L'expression consacrée du temps de Goes et de Antonio Vieira a donc
été celle de naçào.
Goes ajouta le mot portuguez, en précisant ainsi l'origine de Nunes en
opposition à l'origine espagnole, car en 1492 le Portugal avait accordé le séjour
à environ 120,000 Juifs expulsés de l'Espagne. Selon Goes, Spinoza, dont la
famille se trouvait parmi ces expulsés, serait twspanhol de naçào; tandis que
Nunes, d'origine portugaise, que Goes tenait à faire ressortir, était portuguez
de naçào.
(a) Damiào de Goes. Chronica de D. .Manuel I l'nrtc. Cap. ,S1. (Cninibra 1740.)
(b) Viterbo. Klucidario (1798), p. .1K4.
(c) Viterbo. Elucidario, p. 12.V
(d) Viterbo. Elucidario, p. 12.V
62
livre Tribiilacôcs d'Israël) et du D' Maximiliano de Lemos sur
les médecins Amato Lusitano et Zacuto Lusitano; ce dernier était
descendant de l'astronome. Mais dans la littérature du Portugal il
n'y a pour ainsi dire, rien concernant les travaux mathématiques des
auteurs nommés par Steinschneider, excepté ce que Ribeiro dos Santos
et Stockler ont écrit sur Zacuto.
La bibliographie considérable des mathématiques et de l'astro-
nomie, réunie par Steinschneider, fournit la meilleure réponse aux
doutes exprimés par M. Cantor, dans son œuvre classique Vor-
lesungen iiber die Geschichte der Matheniatik. M. Cantor s'exprime
sur l'astronomie de l'Espagne et du Portugal en ces termes:
C'est là, il nous semble, l'explication plausible du ternie porluguez de
naçào. Ce même terme revient chez Barros à propos de l'astroloi^ue Ruy
Faieiro, désigné également comme „portuguez de naçào."
Ce terme pourrait avoir purement et simplement la signification de
nationalité portugaise. Mais Goes écrivait son œuvre en 1566 pour le
Portugal, où tout le monde connaissait Nunes ainsi que sa nationalité. A cette
date la renommée du mathématicien avait même depuis longtemps franchi les
frontières de la Péninsule. Il nous paraît donc plus probable que Goes
voulait bien préciser la naissance portugaise et l'origine juive de Nunes, ce qui
confirme le passage de Joseph del Medigo.
Pedro Nunes fut pensionné en 1562. Il vécut ensuite pendant 10 ans à
Coimbra, loin de la cour. Cet éloignement éveilla l'attention de Garçào Stockler
qui s'en étonna et fit en 1817, des recherches pour i'e.xpliquer. 11 trouva ainsi
une lettre précieuse de l'évêque et historien Osorio, reprochant en termes éner-
giques à un membre tout puissant de la Société de Jésus d'avoir éloigné de
la cour toutes les personnes auxquelles le roi tenait, même Pedro Nunes,
cosmographe du royaume, a
La désorganisation de l'enseignement universitaire fut une des premières
entreprises des Jésuites au Portugal. Les célèbres persécutions dirigées contre
les professeurs de l'université de Coiinbra, commencèrent par les procès de
Diogo de Teive, Joâo da Costa et George Buchanan, accusés de luthéranisme
et emprisonnés par l'Inquisition en 1550. Ce n'était que le prélude d'événe-
ments plus graves. La lettre d'Osorio nous révèle cette même animosité
dirigée contre Nunes, que la Société de Jésus avait montrée déjà en 1545
contre Damiào de Goes, à cause de ses relations avec Luther, Erasme,
Sébastien Munster, Simon Grynaeus, etc. Goes fut emprisonné en avril 1571
et condamné à la réclusion perpétuelle en décembre 1572. Sa mort encore assez
mystérieuse, eut lieu vers 1574, quatre ans avant celle de Pedro Nunes. La
Chronica de D. Manuel parut pour la première fois en 1566, c'est-à-dire 4 ans
après la mise à la retraite de Nunes, précisément à l'époque de son éloigne-
ment de la cour; il paraît probable que son origine juive y fut pour quel-
que chose.
(a) Oarçâo Stockler. Knsaio historico 1. c. p. KïO.
63
„Des voyages maritimes aussi hardis, sont inconcevables
si leurs guides ne possèdent pas à fond des connaissances
d'astronomie pratique. D'un autre côté, ces connaissances se
basent, toujours et partout, sur un développement parallèle de
la science astronomique et des mathématiques. Qui étaient
les représentants de ce développement scientifique
en Espagne et au Portugal? Nous avons posé la question
et nous en avons reconnu le bien-fondé."
„Comme réponse, nous avons trouvé le fait singulier qu'on
ne peut constater que de maigres vestiges d'un épanouissement
des mathématiques sur le sol de l'Espagne et du Portugal; ces
vestiges sont si fugitifs qu'ils nous contraignent à admettre une
chose presque incroyable: que l'art de la navigation a fait
subitement des progrès sans précédent, tandis que les mathé-
matiques ne sont pas sorties de leur état d'infériorité."^
Cette science mathématique, que M.Cantor conteste à la Péninsule,
Steinschneider, par ses brillantes recherches, a largement prouvé
qu'elle a existé. On n'a pas rapproché jusqu'ici cette activité
scientifique du problème de la navigation et pourtant c'est bien sur
Les écrits de Nunes furent énergiquement attaqués par Diogo de Sd,
dont l'œuvre (De Navigationi libri très, etc.), datée de 1549 et dédiée à D.
Joào 111, ne fut pas réfutée par Nunes. a
Kayserling signale un manuscrit b contre les hérétiques d'un auteur
Diogo de Sa, dédié à l'Inquisiteur général, le cardinal D. Henrique, frère de
D. Joào III et ancien élève de Nunes.
Ces deux écrits, provenant probablement d'un même personnage, semblent
révéler l'intention de commencer par Nunes la persécution religieuse qui éclata
seulement plus tard à l'université. De 1616 à 1626, six professeurs de Coimbra,
nouveaux chrétiens comme Nunes, furent persécutés par l'Inquisition.^ Quatre
de ces professeurs furent simplement emprisonnés. Le célèbre professeur de
droit Francisco ,Vaz de Gouveia, fut 3 fois mis au supplice et le D' An-
tonio Homem, professeur de droit canonique, après 5 ans d'emprisonnement, fut
étranglé et brûlé. Un de ces six professeurs était André d'Avellar, successeur
de Pedro Nunes.
Deux points importants se dégagent de ces faits concernant l'université
de Coimbra à l'époque de Pedro Nunes. D'abord l'acuité de la question
religieuse provoquant l'intervention inquisitoriale et le grand
nombre des professeurs d'origine iuive dans le corps universitaire.
(') Traduction du passage de Cantor: Vorlesungen iiber die Geschichte
der Mathematik 1892. Band 2, p. 355.
(a) Guiinarâes. Les Mathématiques, p. 412. G. Stockler 1. c, p. 4.S.
(b) Kayserling. Bibliotheca espanola judaica, Strassburg 1890.
(c) T. Braga. Historia da Universidade t. 2: A. P. Lopes de Mendonça. Damiâo de ûoes
e a Inquisiçào em Portugal. IK.sy.
64
ce terrain qu'on trouve les représentants de la science matliématique,
recherchés par M. Cantor. L'abondance des éléments fournis par
l'astrologie péninsulaire, explique largement le développement de
l'astronomie nautique.
L'AImanach perpetuum n'est pas la seule œuvre importante qui
entre ici en considération. Steinschneider, ignorant très probable-
ment, le rapport de ce livre avec les entreprises maritimes du Por-
tugal, écrit en 1888:
„La bibliographie et les détails de cet ouvrage, très important
pour l'histoire de l'astronomie, ne sont encore donnés nulle
part. Il est difficile de remplir cette lacune, car les manus-
crits et les éditions sont en partie extrêmement rares et il
en existe en trois langues de bien différentes rédactions".'
Dans la littérature portugaise les recherches de Ribeiro dos
Santos et Stockler ont mis l'Almanach de Zacuto en évidence.
Cela n'a pas suffi à lui assurer une place définitive dans l'histoire
des découvertes. Oublié par les uns, méprisé par les autres, ce
livre méritait depuis longtemps qu'on lui assignat sa vraie place
dans l'histoire de la navigation. -
Les événements sociaux de la Péninsule avaient depuis longtemps
et avec plus ou moins d'intensité, limité l'action de la race juive,
intelligente et laborieuse. Exclue de l'activité guerrière, son initiative
et ses efforts se reportèrent sur d'autres domaines qui lui étaient
restés ouverts. Cette particularité de la vie sociale de la Péninsule
a porté ses fruits dans la philosophie et dans la médecine, aussi
bien que dans les mathématiques et dans l'astronomie pratique.
Ainsi au Xll'"'^ siècle déjà, à l'époque même de la fondation de la
monarchie, on trouve le mathématicien et astrologue Ibn Esra à
(') Steinschneider. 2me Étude sur Zarkaii. Rome 1888, p. 27.
(-) L'oubli intentionnel s'affirma de très bonne heure. Steinschneider
nous en fournit une preuve intéressante à propos de l'œuvre De rnotu octavœ
Saphœrœ de Riccius, élève de Zacuto. Dans la première édition de 1513, ce
livre contient une Epistola traitant de l'importance et de la portée de la science
astronomique des Juifs. Ce document fut supprimé dans l'édition suivante de
1521, l'éditeur l'ayant déclaré sans importance.^'' L'édition complète de 1513
décrite par le prince Boncompagni t», est d'une grande rareté. On la trouve à
la Bibliothèque Nationale de Paris. Nous avons connaissance de deux exem-
plaires incomplets de cette même édition de 1513, d'où l'Epistola en question
est également disparue. (Exemplaires de Alunich et de Bamberg).
(a) Steinschneider. Mathematik bei den Juden §: 1501-1550.
(b) Boncompagni. Bulletino di Ribliografia c di storia délie scienze mathematiclie etc.
tome V (1872). p. 364.-
65
côté de Qabirol, à la fois philosophe et poète et du l\rique jehuda
Halévy.
Dans l'histoire des entreprises maritimes du Portugal, l'astrono-
mie nautique était depuis longtemps un chapitre obscur. Notre travail
tire de l'oubli des documents inconnus et de valeur historique,
ainsi que d'autres déjà publiés mais dont l'importance fut à peine
remarquée. 11 éclaire d'un jour assez vif la science juive qui a
fourni au Portugal les premières tables nautiques, et il met en
évidence l'abondante collaboration des Juifs dans les tables et les
instruments astronomiques de la Péninsule au moyen-âge.
A ces collaborateurs de la gloire portugaise, hier à peine connus
ou passés volontairement sous silence, revient une place d'honneur
dans l'histoire de l'astronomie nautique. Qu'ils soient italiens ou
catalans, espagnols ou allemands, qu'ils soient prêtres comme l'évèque
Ortiz ou juifs comme Zacuto, rendons à chacun l'honneur qui lui
revient de droit, car dans les recherches historiques il n'y a point
de place pour les préjugés de nationalité ou de religion.
Zacuto, professeur à Salamanque, José Vizinho, membre de
la Junta, maître Moysés, son collaborateur, ne sont que quelques
représentants d'une activité scientifique, florissant dès le Xl'^ siècle
dans le monde arabe et se prolongeant sans interruption jusqu'à
l'époque des découvertes maritimes. Nous avons suivi cette activité
à travers une série d'ouvrages importants sur les mathématiques,
l'astronomie et sur les instruments d'observation; nous la retrou-
verons encore dans une œuvre remarquable de la cartographie.
Des événements tels que les grandes découvertes, ne peuvent être
attribués ni à l'une ni à l'autre individualité exclusivement. Ces
succès furent la conséquence de l'enthousiasme ardent de la nation
entière pendant un siècle, les fruits de ce sublime patriotisme symbo-
lisé par Nun' Alvares et la jeune génération qui l'entoura à Al-
jubarrota.
Dirigé vers l'Océan par des hommes tels que l'Infant D. Hen-
rique et D. Joào 11, ce patriotisme a fait surgir ces héros, ces véri-
tables géants chantés par Camôes dans les Lusiades. Telle fut la
génération de Bartholomeu Dias, Pero d'Alemquer, Vasco daGama,
Pero da Covilhà, Fernào de Magalhaès, Duarte Pacheco, Alvares
Cabrai, Affonso d'Albuquerque et d'une pléiade de pilotes hardis,
dont les noms ne sont pas encore assez connus.
Les Lusiades caractérisent la nation à cette époque. Le poète
chantait la réalité, un hymne de gloire au peuple ciui guidait l'Lu-
66
ropc entière dans racconiplissemeiil duii eHeiiement des plus re-
marquables de l'histoire du monde.
La pénurie de documents pouvant servir de preuves aux con-
naissances astronomiques que cette génération possédait, a été
longtemps le prétexte pour contester le réel degré de culture de
la nation, au moment le plus brillant de son histoire. On s'est
mépris. L'œuvre que les navigateurs portugais ont accompli, suf-
fisait en elle-même à témoigner le savoir et les ressources scienti-
fiques du pays à cette époque.
Les documents existent aujourd'hui en abondance. Les deux
éditions du Trac ta do da spera et du Reginiento do astrolabio
(exemplaires de Munich et d'Evora), l'Esmeraldo, le Livro de
Marinharia, le Tratado del esphera y del arte de marear de Fran-
cisco Faleiro, le Tratado da sphera de Pedro Nunes et enfin son
Tratado em defensani da carta de marear, nous font connaître
toutes les phases du développement de l'astronomie nautique au
Portugal à l'époque des découvertes. L'examen de ces œuvres
remarquables va nous montrer de combien les marins portugais
devançaient leurs concurrants espagnols dans l'art de la navigation,
au moment même ou les deux peuples se disputaient la division
du globe.
C'est dans le Règlement de l'astrolabe de la Bibliothèque de
Munich, que Fernandez de Enciso copia des passages entiers du
calcul des latitudes pour son livre Suma de geographia , édition
1519. Ce fut un pilote portugais, Francisco Faleiro, qui a écrit
pour l'Espagne le plus important ouvrage sur l'art de la navigation
paru jusqu'alors, le „Tratado del esphera y del arte de marear." Nos
recherches nous ont permis de retrouver ce traité rarissime
et de nos jours inconnu au Portugal. Ce livre, de grande valeur
historique, est venu compléter la série.
Francisco Faleiro, au service de l'Espagne, publia en 1535 son
œuvre en espagnol. 11 était le frère de l'astronome Ruy Faleiro
et devait comme celui-ci, accompagner Fernào de Magalhàes dans
le premier voyage autour du monde.
Le Traité de la sphère et le Règlement de l'astrolabe de la
Bibliothèque de Munich, forment le point de départ de la série de
travaux que nous venons de signaler. Les historiens doivent désor-
mais y chercher la filiation de toutes les études portugaises venues
ensuite et conduisant aux admirables observations nautiques de
D. Joào de Castro, contenues dans ses trois routiers: Roteiro
67
de Lisboa a Goa, 1.S3S; Roteiro de Goa a Diii, 153S 1539; et
Roteiro do niar Roxo, 1541.
Devancier des nations européennes dans les grandes entreprises
maritimes, le Portugal ne manque donc plus de preuves d'avoir été
en même temps le pionnier de l'astronomie nautique moderne. Le
livre que nous allons examiner nous fait connaître la science nationale
appliquée à l'étude des problèmes, alors les plus pressants pour la
découverte du monde; l'enseignement de la sphéricité de la terre,
et le calcul des latitudes par la hauteur du soleil. On donnait ainsi
aux marins portugais la clef de la navigation dans les mers inconnues,
le point de départ du plus hardi voyage de tous les temps, celui
de la circumnavigation du globe.
Berne, décembre 1912.
68
Grâce à l'intérêt éveillé par cette étude, M. M. les Drs Erich
Petzet et Ernst Freys de la Bibliothèque Royale de Munich,
nous ont aimablement invité à écrire la préface pour la reproduc-
tion de l'unique exemplaire connu du Regimento do estrolabio e
Tractado da Spera do Mundo, dans la splendide collection „Selten-
heiten aus Siiddeutschen Bibliotheken".
Nous tenons à leur exprimer ici notre vive reconnaissance.
L'esprit scientifique que nous avons rencontré dans ces milieux,
restera un souvenir aussi cher que le plaisir de voir publié en
fac-similé, un livre de si grande valeur pour l'histoire des découvertes
portugaises.
LE RÈGLEMENT DE L'ASTROLABE
ET DU QUADRANT.
Na arte de navegar repousa o pri-
meiro fundamento da nossa gloria.
H. Lopes de Mendonça.
En parcourant un volume de la Bibliotheca Mathematica de 1890,
nous y avons remarqué, dans un article publié par le professeur
Gùnther sur les prétendus services rendus par Behaim à la marine
portugaise, une citation extraite d'un incunable portugais existant
à la Bibliothèque Royale de Munich.
Le livre contient un Règlement nautique ayant le titre de Regi-
mento do estrolabio e do qiiadrante, une traduction portugaise du
Traité de la sphère de Sacrobosco et la fameuse lettre que
Hieronymus Monetarius de Nuremberg écrivit au roi D. Joào 1! en
faveur de Behaim. Cette lettre fut traduite par le dominicain Alvaro
da Torre, prédicateur à la cour.
Nous avons supposé, à première vue, qu'il s'agissait d'une
œuvre décrite en 1883 par Luciano Cordeiro, dans le „Boletim da
Sociedade de Geographia" de Lisbonne. Un mot manquant dans
le titre a cependant appelé notre attention sur cet incunable et
grâce à l'amabilité de M. le professeur von Miilinen, directeur de la
Bibliothèque de la ville de Berne, nous avons eu ce livre à notre
disposition.
A la même occasion, deux articles se rapportant à ce précieux
volume nous furent signalés par la Bibliothèque de Munich, l'un du
D' Hermann Grauert et l'autre du D' Otto Hartig, conservateur
de cette Bibliothèque.'
(') Les deux articles se tiouveiil dans „llist()iisclies Jalirl)iich", A'^iinclieii,
Ikmd 29 (llefl 2), 19()S, p. M)\-~ ,W.
70
M. Cjiaiicri s'occupe tout spécialement de l'importance
historique de la lettre de Monetarius. M. Hartig fait la description
de l'incunable. Son opinion sur ce livre a une grande portée
pour notre étude, émanant d'une telle autorité dans la matière.
On y fait brièvement mention du Règlement, ainsi que de la liste
des latitudes des découvertes.
La comparaison des deux Règlements de l'astrolabe, celui décrit
par Cordeiro et l'incunable de Munich, nous révèle la grande valeur
du dernier pour l'histoire de l'astronomie appliquée à la navigation.
L'INCUNABLE DE MUNICH.
Le volume relié en parchemin et marqué: liicun. 1551'". 4",
de la Bibliothèque Royale de Munich, se compose de deux parties
indépendantes, sorties cependant à la même époque de la même
imprimerie et qui doivent être considérées comme formant une
seule œuvre. Les deux parties, le Règlement de l'astrolabe et le
Traité de la sphère, commencent chacune par une page à frontis-
pice, ornée du même dessin : une grande sphère armillaire au milieu
d'un cadre (143 X 95 '^"') occupant presque toute la page. L'axe
de la sphère se prolonge vers le bas du cadre, où il est saisi par
une main. Une bande s'enroule autour de l'axe, entre la main et
la sphère. Sur la bande enroulée du frontispice du Traité de la
sphère se lisent les mots „Spara mundo", et autour de la sphère
se trouvent les désignations: pôles, tropiques, équateur. Le frontis-
pice du Règlement de l'astrolabe ne porte aucune inscription de
ce genre, excepté le nom de l'imprimerie qui ne figure pas sur
celui du Traité de la sphère. Nous avons trouvé exactement les
mêmes dessins et dimensions de cette gravure dans le „Poeticon
astronomicon" de Hyginius - éd. Pasquier Lambert — Paris 1517.
M. Hartig, dans la description de l'incunable nous indique que
les 32 illustrations du texte du Traité de la sphère, sont des copies
de l'édition de Sacrobosco 1488, Venise. Probablement cette édition
aura servi de base à la traduction portugaise.'
(') Selon raimable coninumicatioii de M. le D' Harlig, il s'agit de l'édition
1488 — Johannes Lucilius Santritter, Venise — et non de celle de 1483, in-
diquée par erreur typographique dans son article du „Historisclies jahrbuch".
L'édition 1488 est citée par Proctor „lnde.\ to the early printed books", sous
le numéro v'S18.^.
71
LE RÈGLEMENT.
Dans le haut de la page du frontispice, sur le cadre de la
gravure, est imprimé en rouge le titre suivant:
Regimento do estrolabio : do quadrante pera saber
ha deciinaçam : ho logar do soll em cada huum dia c asy
pera saber ha estrella do norte.
(Règlement de l'astrolabe et du quadrant pour déterminer
chaque jour la déclinaison, l'emplacement du soleil et la
position de l'étoile polaire.)
L'inscription du bas de la page indiquant l'imprimerie est déchirée,
de sorte qu'on ne peut lire le nom de l'imprimeur. M. Haebler,
réputé connaisseur le plus autorisé des incunables ibériques, com-
pléta cette inscription par les mots en italique qui suivent:
„lmpresso em ha cidade de Lixboa por hermào de Canipos
„com gracia e priuilegio "
Dans le haut du verso de la première feuille commence le
Règlement, qui occupe les 12 premières feuilles (sans pagination).
Le Règlement est divisé en cinq parties:
1. Instructions minutieuses sur la façon de faire le calcul
des latitudes d'après les tables de déclinaison placées en face
du calendrier. Ces instructions sont accompagnées de 17 exem-
ples numériques, traitant du calcul des latitudes suivant que
l'observateur est placé au nord de l'équateur, au sud, ou sur
l'équateur même. Le texte commence au haut de la page par
les trois lignes suivantes, imprimées en rouge également:
„Primeiramete saberas: q aos. XI dias de março esta
ho sol no eqnoçiall que no te declinaca: : asy mesmo a
os. xiiij de setèbro. c no ano de bisexto cresce mays hu dia ."
Le Règlement déjà décrit par Cordeiro, auquel il donne la
date probable de 1519 20, débute par la même formule, mais
la suite du texte est entièrement différente. Cette première
partie se termine au verso de la 4'"'^' feuille, par une figure
représentant un cercle divisé par 4 diamètres en S parties
égales. (Voir fig. 6 pag. 143.) A chaque division correspond
un numéro: en haut 41, et vers la droite 42, 40, 3S, 35, .35,
37, 39.
12
2. „Este lie o rcgiinciito do iiortc".
Règlement de l'étoile polaire. Il commence à la feuille 5.
La rédaction est, avec de légères altérations, la même que celle
du F^èglement contenu dans l'exemplaire d'Evora.
3. „ Estas sa m as al tu ras da lynha equinocial para ha
bamda do norte".
Liste des latitudes au nord de l'équateur. Elle commence
dans le haut de la feuille 5 v. et se termine au milieu de la
ô*-' V. On y trouve enregistré les latitudes de 60 points différents
de la côte, à partir de l'équateur vers le nord.
Cette liste est de beaucoup inférieure à celle du Règlement
d'Evora, dans laquelle on trouve les latitudes de 193 points
au nord et au sud de l'équateur.
4. Règlement pour évaluer le chemin parcouru par
le navire; sans titre. Cette partie se termine à la fin de la
feuille 6 v.
5. Calendrier fait pour 12 mois sans indication d'année. Une
page est réservée à chaque mois, de mars à février suivant.
La première des 4 colonnes contient la date; la colonne
suivante, l'emplacement du soleil dans les signes du zodiaque,
(en degrés seulement, sans indication de minutes) et les deux
dernières colonnes indiquent la déclinaison en degrés et minutes.
Le calendrier n'a aucun titre spécial; il commence par
l'inscription suivante pour le mois de mars à f. 7 r.
V/^ I Marco tem dias. XXXI. ha lua. XXX. ho. dia xij. / hos.
1 Vl— ^ no. xij.
(Mars a 31 jours, la lune 30, le jour a 12 heures, la nuit 12.)
Dans l'en-tête du mois de février il y a une observation sur l'année
bissextile. Nous la reproduisons, avec la disposition des tables et
du calendrier:
Feuereyro a dias. XXV^iij. lu a. XXIX qndo a bis sexto a.
XXIX.'
KL
cl. Is^nacio bpd l:}ri^icki .
e. Purificacam da senlio.
Uia Lugardo
Do mes sol
22
23
Declinaça: Sol
graa minut.
14
13
15
55
Les jours de la semaine sont désignés par A (dimanche), b, c,
d, e, f, g. Les jours des fêtes principales sont en rouge. La
13
deuxième colonne, contenant remplacement du soleil avec les signes
respectifs, est en noir; tout le reste en rouge. L'exécution typo-
graphique des colonnes du calendrier est très peu soignée. Les
chiffres sont placés avec une grande irrégularité et horizontalement
mal alignés.
Fin du calendrier et du Règlement à f. 12 v.
LE TRAITÉ DE LA SPHÈRE.
Le frontispice, avec la gravure déjà décrite, commence à f. 13 r,
portant en haut, sur le cadre, le titre en noir:
„Tractado da Spera do mundo tyrada de latim em
liguoagem com ha carta que huu gramde doutor aie/
man mandou ao rey de purtugall dom Joham el segùdo."
Traité de la sphère du monde traduit du latin en langue
vulgaire, avec la lettre qu'un grand docteur allemand envoya
au roi de Portugal, D. Joào 11.
La partie inférieure du cadre n"a aucune désignation d'impri-
merie, tandis que le frontispice du Règlement en a une, comme nous
l'avons déjà indiqué. Au verso de la même feuille commence le
texte en caractères noirs :
„0 tractado da espéra se parte em quatro capitulos."
Le livre contient 32 figures intercalées qui, avec les gravures
du frontispice, sont, comme nous l'avons déjà signalé, des repro-
ductions de Sacrobosco, édition de 1488. Au milieu de la f. 30 v. le
Traité de la sphère se termine par ce paragraphe:
„: por este Dionisio ariopa gita vendo em athenas aquelle
éclipse disee: ou ho deus da natur padece ou toda a fabca
do mudo peçe. a de' gcas."
A la ligne suivante, sans nouveau titre ni intervalle quelconque
indiquant un changement de sujet, commence la lettre de Monetarius:
„A cartta que enuiou hieronimo montario doutor alemà
da cidade de norùb'ga em alemania ao serenissimo rey dô
Joham o segùdo de portugall sob' o descob'mento do ma
ar oçeano : puenca do gnde cà de catay lirada de lati en
li guajen por mstre aluaro da torre mstre en theologia da
or dem de sam doiiiingos prct^ador do diclo senhor rey."
74
Lettre cmoyéc par tlieronviiuis Monetariiis, docteur alle-
mand de la ville de Nuremberg, au sérénissime roi D. Joào il
de Portugal, sur la découverte de l'Océan et de la province du
grand khan de Catay, traduite du latin en langue \ulgaire
par Alvaro da Torre, maître en théologie de l'ordre des do-
minicains et prédicateur du roi.
|-in de la lettre au bas de la feuille v31 v:
"Vale. de numberga vi la da alta alemanha a. 14. dejulho:
salutis de mill c qua trocemtos : nouenta : très arios."
De Nuremberg ville de la haute Allemagne, le 14 juillet de
l'an 1493.
Les deux pages de la feuille 32 contiennent deux gra-
vures qui, selon M. Hartig, appartiennent à l'œuvre même; elles ne
sont pas, comme les précédentes, des copies de l'édition Sacrobosco.
La première (165 X 120 '"'^) représente le buste d'un astrologue
regardant le soleil situé au haut du cadre. Dans un plan au-dessus
du soleil, on voit sept cercles contenant chacun une inscription
numérique, dont nous ignorons le sens. Voici ces inscriptions:
. ire • ' 22 ' ' 32 ' ■ 42 • • 52 • • 62 • • 72 •
,. 440 • . 400 • . 330 . • 300 • • 255 • • 222 • • 85 •
M. Hartig n'en indique pas non plus la signification,
A la hauteur du soleil se trouve l'inscription suivante, mi à
gauche mi à droite:
„Demde ho soll procède lias claridade aos signos et aos
planetas/ asy aos superiores como aos jnferiores. La lie aima
do md."
Du soleil sort la clarté, distribuée aux signes et aux pla-
nètes, aussi bien aux supérieurs qu'aux inférieurs. C'est
l'âme du monde.
Un peu plus bas se trouve une deuxième inscription, disposée
comme la précédente par rapport à l'astrologue:
„Este he Alfragano ho gnde philosofo q nu ca pode com-
prender hos sagredos de de us. ssoo Adam teue razam."
Celui-ci est Alfragan, le grand philosophe, qui n'a jamais
pu comprendre les secrets de Dieu. Adam seulement a eu
raison.
Au verso de la dernière feuille on voit une gravure plus petite
(126 X <S5 mm) représentant Sainte-Anne, la Vierge, et l'enfant Jésus.
75
ÉTENDUE DU TEXTE.
Le tableau suivant donne une idée de l'étendue du texte du
Règlement de Munich, ainsi que de sa distribution. La feuille d'im-
pression a 155 X 105 mm, 32 lignes par page; le calcul est fait à
1 1 mots par ligne. En face nous avons ajouté une évaluation
également approximative du texte du Règlement d'Evora.
RÈGLEMENTS NAUTIQUES.
Frontispice
Règlement de la hauteur du soleil
Gravure du Règlement de l'étoile
polaire
Règlement de l'étoile polaire
texte
Liste des latitudes des décou-
vertes '
Règlement pour évaluer le che-
min parcouru
Calendrier et tables nautiques .
Additions de l'exemplaire
d'Evora
Règlement pour déterminer l'heure
par l'étoile polaire
Règles sur les marées ....
Exemplaires de
Munich
Nombre
de de
pages mots
2'.
12
2376
352
176
Evora
Nombre
de de
pages mots
r
4'
1
25
600
380
250
36
270
180
1680
24 2904
(') Liste des latitudes:
Exemplaire de Munich. 60 points sur la côte de l'Atlaiiticiue, au nord
de l'équateur.
Exemplaire d'Evora. 193 points sin- toute l'étendue des découvertes.
TRAITE DE
LA SPHERE (A\unicli).
Nombre
de pages
l'rontispice
1
37
Texte avec 32 gravures
Gravure de l'astrologue
1
1
40 p:l.r.
Gi'a\ure de la jKige finale
1
70
Comme dans tous les dociimeiils de l'époque, l'orthographe est
d'une très jurande irrégularité. Ainsi sol (soleil) est écrit soll, ssoll,
ssol et sol: banda (côté) se trouve de 3 façons différentes, bainda,
vanda, banda; Ic^oa (lieue) est parfois lleguoa et à d'autres endroits
leguoa; Sam tamtani au lieu de Santo Antào, etc.
ÉTAT DES CONNAISSANCES NAUTIQUES ET
GÉOGRAPHIQUES AVANT LES GRANDES DÉCOU-
VERTES PORTUGAISES.
Dans les lignes qui suivent, nous avons essayé de donner un
aperçu des connaissances dont la navigation disposait avant les
grandes découvertes portugaises, à savoir: les instruments nautiques,
les entreprises maritimes, les voyages terrestres, la cartographie.
Nous réunissons ensuite quelques éléments qui permettent une juste
appréciation des efforts faits pour le perfectionnement de la marine
nationale, jusqu'à l'engagement de maître Jacomo de Malhorca.
LES INSTRUMENTS NAUTIQUES.
La plus ancienne mention de la boussole, dans la navigation
européenne, se trouve, paraît-il, dans le traité De Utensilibus, écrit au
XII^ siècle par Alexandre Neckam. 11 y décrit l'aiguille qui,
placée sur un pivot, montre aux marins leur route quand l'étoile
polaire n'est pas visible.'
Une note semblable, datée de l'année 1219, se trouve dans la
Histona Daniiatina de Jacope de Vitry.-
Le Libro de las siete partidas du roi Alphonse, rédigé en 1252,
contient le passage suivant:''
L'aiguille qui guide les marins dans la nuit et qui est
(') Encyclopedia Britanica, Vol. XI, Article „Compas" 1877, p. 227.
(-) D. Jo^o de Castro. Roteiro de Lisboa a Goa (1S82). Note de
Andradc Corvo, p. 28.
( ) l:t bien asi como los marineros se guiani en la noche
oscura por el ai^uja que le es médian era entre la est relia et la
piedra, et les nuiestra por do vayan tambien en los nialos tienipos como
en los buenos; otrosi los que lian de ayudar et de coiicejar al Rey se dehen
siempre s^uiar por la justicia.
Noie de Andrade Corvo, même li\ re, p. 29.
77
l'intermédiaire entre l'éK^iie (polaire) et la pierre (magnétique),
leur montre la direction à suivre par des temps agités ou calmes.
Gersonides, père de Levi ben Gerson, vivant en Provence,
écrivait en 1290:
L'étoile polaire a, paraît-il, une influence sur la pierre
magnétique; cela se prouve par l'usage que font les marins
de l'aiguille aimantée en mer.'
Vers la même époque, le célèbre Majorquin Raymond Lulle
écrivait dans son livre „De contemplatione" :
„Videmus marinarios *se dirigere per stellam polarem""- et dans
son autre livre Fenix de las maravillas del Orbe (1285):
„Tenian los mareantes instrumento, carta, compas y aguja."^
Selon Fernandez Duro:
„Les Majorquins et les Catalans se servaient déjà des cartes
nautiques avant 1286; on construisait à Majorque des instru-
ments grossiers sans doute, mais destinés à déterminer l'heure
et la hauteur du pôle à bord des navires."^
Nordenskiôld admet que la carte catalane de 1375, a subi l'in-
fluence des cartes arabes"' examinées par Vasco da Gama en Orient''.
On peut ainsi se demander si les navigateurs de la Médi-
terranée n'auraient point eu connaissance des méthodes de navi-
gation employées par les pilotes de la mer Rouge. Comme le déclara
le pilote maure de Mélinde, ceux-ci navigaient déjà par la hauteur
du soleil et par l'étoile polaire et ils utilisaient le quadrant et d'autres
instruments astronomiques.
Une influence de ce genre ne semble point exclue, attendu que
le voyageur italien Nicolo Conti écrivait en 1449, après son retour
de l'Orient:
„Les marins de l'Inde se guident en mer par les étoiles du
pôle antarctique, qui se trouvent vers le sud, puisqu'ils ne
voient que rarement notre étoile polaire; ils ne naviguent pas
en utilisant la boussole, mais ils se dirigent en mer en me-
(') Real Encyclopédie Ersch-Onibcr, Section A-Q. Baïul 62 (1856),
p. 13. Article Gersoii.
(-) Roteiro. D. Joïxo de Castro, 1K82. Note de Andiade Cor\(), p. 39.
{■'■) Humboldt. Kosmos, Band 2, p. 295 et 468.
(') Fernandez Duro. Boletin de la Soc. jîcografica, Madrid 1S91, t. 31.
p. 283—294.
(■') Voir note 1 à pajje 88.
('■■) [iarros. [document N" 9 cl Roteiro da \'iaiiem de \'asco da Ciama
(1838), p. 28.
78
suraiit la liaulcui" des étoiles du pôle au moyen d'instrunieiils
appropriés".'
Un autre Italien célèbre, le cartographe Fra Mauro, enregistrait
en 1457, que les navijiateurs des Indes se servaient de l'astrolabe. -
Mais même en faisant abstraction de la connaissance de l'outillage
astronomique de la navigation orientale, il n'est pas admissible que
l'astrolabe et le quadrant, instruments si répandus, aient été ignorés
au cours des études nautiques de la Catalogne, pays de marins oîi
l'astrologie jouissait d'une vogue considérable. On est en droit d'ad-
mettre des rapports intimes entre les instruments nautiques et ceux
de l'astrologie, du fait que déjà Raymond Lulle décrivait en 1295,
l'usage de l'astrolabe dans- la marine.' La carte catalane de 1375,
nous montre les relations étroites de la navigation et de l'astrologie
à cette époque. Il suffit d'examiner les deux premières planches de
cette carte pour s'en convaincre. Chose curieuse cependant, on
n'y trouve point de référence aux instruments, pourtant indispen-
sables et forcément d'un usage répandu. On serait porté à croire
que la marine de la Catalogne se servait pour ses voyages jusqu'à
la mer du Nord et à la Baltique, plutôt de la reconnaissance de la
ligne de côte que des procédés astronomiques.
Si l'on compare entre eux les anciens astrolabes de l'astro-
logie, celui de Sévère Sabokt, daté de 659', celui d'Ahmed ben
(') E. Oelcich. Die instrumente und wiss. Hulfsmittel der Naiitik, 1892, p. 7.
Voici ce même passage d'après la traduction portugaise de V'alentim
Fernandes:
„0s mais q nauegâ em aqlla India se regem por as estrellas do polo
antartico q he ho sull. Ca poucas \ezes veem as estrellas do nosso
norte. Elles no nauegua por agulha. mas se regë i naueguâ segundo
q achà a estrella do polo alta ou baixa. c esto sabem por çerta medida-
E no menos mede ho curso que fazem. : a distancia que tem de huu
lugar pera outro. c assi sabem em qualquer luguar que estiuerem no
mar."
Valentim Fernandes: Marco Paulo, Ho liuro de nycolas \eneto etc.
Lisboa 1502, p. 90.
(-) Baguette. Die Bedeutung des Astrolabiums etc., 1909, p. 2d>.
(■) Hiiinboldt. Kosmos, Band 2, p. 334. Humboldt. Examen critique
1836, t. 1, p. 277. Anthioume-Sottas. L'astrolabe-quadrant, Paris, 1910, p. 18.
(') M. F. Nau. Le traité de l'astrolabe plan de Sévère Sabokt écrit au
VIIc siècle d'après les sources grecques et publié pour la première fois avec
traduction française par i\\. F. Nau. Paris 1899 (Leroux)
79
Khalaf de Tan 950 environ (voir l'u. 2, p. 37) et les astrolabes décrits
par Schio', on retrouve partout la même disposition de ces instruments.
Si Ton enlève aux anciens astrolabes les accessoires de valeur
purement astrologique, tels que l'araignée et les projections de la
sphère, ce qui reste constitue précisément l'astrolabe nautique comme
il était en usage au XVM^' siècle.
Pour en faire la comparaison nous nous sommes servi de
deux astrolabes marins, l'un reproduit par Fleuriais.'-' daté de 1603,
l'autre par Anthiaume et Sottas•^ daté de 1632.
Voici les différences que nous avons pu constater entre l'astro-
labe de 1632, appartenant au musée de Caudebec-en-Caux, et l'astro-
labe arabe existant à la Bibliothèque Nationale de Paris.
Ce dernier de l'an 950, a 125 "^"^ de diamètre et pèse
1 kilogramme; l'astrolabe nautique de 1632, a 184'^'^ de diamètre
et pèse 3,84 kilos. En outre on modifia la graduation. Les instru-
ments arabes sont gradués de 0" à 360", dans l'astrolabe marin la
graduation va 4 fois de 0" à 90'\ Les quatre angles droits ont leur
zéro dans la verticale de suspension et les 90'' dans le plan de
l'horizontale.
En plus de la suppression des parties concernant l'astrologie,
on ne trouve comme différences entre un astrolabe arabe et un
astrolabe marin qui lui est postérieur de sept siècles, qu'une
augmentation de poids et de diamètre et une modification de la
graduation; quant au reste les deux instruments sont restés exacte-
ment les mêmes.
On trouve dans Qaspar Correa la description suivante de l'astro-
labe nautique construit par Zacuto':
„11 a fait une plaque de cuivre circulaire et de l'épaisseur
d'un demi doigt, suspendue à l'aide d'un anneau; il fit dans
cette plaque (disque) des lignes et des points (la graduation
sans doute» et y ajouta au milieu une autre plaque, également
(') Almerico da Schio. Di due astrolabii in caratteri cufici occidentali.
Tro\ati en Valdai^no (V'eneto). illustrazione de Almerico da Schio (con sei
Tavole). Venezia 1880 (Ongania).
(-) G. Fleuriais. Historique des instruments d'astronomie nautique. Paris
1893, p. 5.
(•) A. Anthiaume et J. Sottas. L'astrolabe-quadrant du .Wusce des Anti-
quités de Rouen. Paris 1910 (Thomas), p. 21 et planche V.
(') Zacuto est \enu au Portugal en 1492, il a probablement quitté le pays
en 1497, au moment de l'expulsion des Juifs et non à la date de 1502, indiquée
par Correa.
cil ciiivic, touniaiit auloiir, dans latiiicllc on avait percé des
ouvertures, l'une droite en face de l'autre, de façon que lors-
que les rayons du soleil pénétraient par les deux ouvertures,
juste à midi, on obtenait la hauteur du soleil etc." '
C'est donc enc(^re le même instrument du temps de Zacuto et
la même alidade chez Pedro Nunes.-
II n'y a ainsi aucune raison d'intercaler, juste à l'époque des
découvertes, une période où l'on aurait oublié ou ignoré un instru-
ment resté le même de l'an 650 à l'année 1632.
Humboldt et Ritter notamment, ont admis un perfectionne-
ment apporté par les Allemands à l'astrolabe des découvertes, alors
qu'en 1632, soit 133 ans après le départ de Vasco da Gama on
retrouve encore le même astrolabe arabe en usage dans la marine,
auquel on avait apporté les quelques modifications signalées.
D'autres conjectures ont été faites par la suite; d'abord celle
de la balestilha, aujourd'hui déjà abandonnée. Récemment un autre
auteur'^ admet que la Junta dos Mathematicos aurait perfectionné
les instruments nautiques en introduisant la suspension de l'astro-
labe et du quadrant, car selon lui, ces deux instruments auraient
jusque là été fixés à une colonne.
Evidemment de simples suppositions n'élucident guère le pro-
blème de l'origine des instruments nautiques. Ce sera seulement
par des recherches dans les archives de la Catalogne, par l'examen
des manuscrits inédits existant au Portugal, aussi bien que par
l'étude de nombre d'ouvrages portugais imprimés, mais qui n'ont
pas été consultés encore, qu'on arrivera à connaître exactement les
anciens instruments ayant servi aux découvertes. Quant à l'origine
de l'astrolabe, du quadrant ou de la balestilha dans la navigation,
toutes les hypothèses sont prématurées tant qu'on aura laissé de
(') Fera o que fez huma pasta de cobre da grossura de meo dedo, redonda,
com huma argola em que estava depcndurada direita, e nella linhas e pontos,
e no meo outra chapa, assi de cobre corrediça ao redor, e nella postos Iiuns
pontos furados direitos hum do oiitro, porqiie entrando o sol per ambos no
ponto do meo dia, se via em que parte estava o sol, tudo per grande arte e
subtil modo, e Ihe chamou estrolabio. Gospor Correa. Voir Document No. 4.
(-) Nunes écrit :
R o astrolabio guardaremos assi: sem tirar ho mediclinio donde esta:
aie que despoys do meyo dia nos torne ho sol a entror pelos btiracos: que
he a mesma altura do sol puntualmente:
Nunes: Tratado em defensam. Revista d'Eng.* Militar (1911), p. 362.
(') Baguette. Die Bcdcutung des Astrolabiums, 1909, Bonn, p. 25.
81
côté un point d'importance capitale: l'étude des instruments d'obser-
vation de l'astrologie péninsulaire. Pour se rendre compte de l'abon-
dance de travaux de ce genre encore inédits et inconnus, il suffit
de parcourir le catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Nationale
de Paris.
(Voir le chapitre Instruments dans l'Introduction, ainsi que la
bibliographie à la fin du 2^ volume.)
LES ENTREPRISES MARITIMES.
En 1281, les frères Vadino et Guido Vivaldi de Gênes, entreprirent
un voyage ayant pour but la circumnavigation de l'Afrique. Une
expédition semblable fut recommencée en 1291, par Ugolini Vivaldi
et Teodosio Doria.
Selon Guicciardini la première flotte des Vénitiens se trouvait
dans les eaux de Flandres en 1318.' En 1323, un bateau marchand
de Majorque navigait dans la mer du Nord, en la mar de Ale-
mania.'-
La carte d'Angelinus Dulceti de 1339, un Italien vivant à
Majorque, mentionne déjà les îles suivantes:''
aux Canaries: aux Açores:
Forte Ventura. San Brandan.
Equi-marini. (?) Primaria sive puellarum.
insula Lanzirotus Marocelus. Capricia.
Le nom de Lanzerote Maloxelo qui revient dans la carte
catalane de 1375, serait dû selon M. G. MarceP à une expédition
génoise, qui eut lieu vers 1295, sous Lancerot Maloisel (selon Ruge,
Lancelot Malocelli). La carte catalane cite en Norvège 6 noms dont
deux bien connus, Boregis (Bergen) et Tronde (Trondjeim). Elle
enregistre le départ de Jacques Ferrer en 1346, pour le „Rio del Or".
Le voyage des Vénitiens Nicolo et Antonio Zeno en Islande et
au Groenland en 1390, qui a fait l'objet de nombreuses études,''
entre autres de Humboldt, Major et Nordenskiôld, a été mis en
doute par les recherches de Storm.'"' Toutefois la carte catalane
antérieure à ces voyages, fournit déjà des notes sur les îles Orcades et
(') (-) Hamy. Études historiques et géographiques, 1896, p. 21 et 27.
(') (^) Los cartographes Mallorquines siglo XiV. D. G. Llabres. Boletin de
la Sociedad Arqueologica Luliana. Setiembro 1888, p. 326.
(••) Ruge, I. c, p. 28.
(") Giinther. Das Zeitalter der Kiitdeckuiigen 1905, p. 20.
82
sur les habitants chrétiens de „SciIIanda", qui parlent la langue de
Norvège.
Ce sont ces voyages, dont la connaissance a dû arriver jusqu'au
Portugal, qu'expliquent le curieux passage de Diogo Gomes de
Cintra écrit avant 1500, traitant „des habitants du monde au delà
du pôle".'
LES VOYAGES TERRESTRES.
Les renseignements sur la richesse et le commerce de l'Orient
se propagèrent de plus en plus en Europe grâce aux voyages ter-
restres. Un des premiers récits détaillés sur le commerce des Indes fut
répandu parmi la population juive de l'Espagne par un livre rarement
cité, les voyages de Benjamin de Tudela, parti en 1160 de Saragosse.
11 parcourut l'Orient pendant 13 ans, arriva à Bagdad, visita une
partie de l'Inde et revint en 1173 en Espagne. Son livre a été publié
récemment en anglais et en allemand.
Un rôle très important a été joué par les différentes missions
papales, d'abord à la cour de Tartarie, Karakorum, ensuite à la cour
de Cambalech. Le plus remarquable de tous ces voyages fut cepen-
dant celui de Marco Polo qui, à la suite d'un séjour de 24 ans en
Orient et en Chine, écrivit son célèbre livre.
L'ensemble de ces récits nous fournit la clef des notes si nom-
breuses, éparpillées dans la cartographie du moyen-âge. Nous
les examinerons dans deux exemples caractéristiques, la carte
catalane et la carte de Fra Mauro.
Résumé de quelques voyages terrestres :-'
1160—73. Benjamin de Tudela Espagnol, voyage en Orient,
en Perse et aux Indes.
1245 — 47. Mission papale du Franciscain Giovanni Piano di
Carpine. Part de Lyon le 5 mars 1245, en mission à Kara-
korum, Tartarie.
1253 — 56. Mission de William Ruysbroeck (Rubruquis) Franciscain
flamand, envoyé à Karakorum par le roi St Louis lors de
(') Aimable communication de M. Faustino da Fonseca. Voir Schmeller
Valentin Fernandez aleman. Abhandlg. d. Akad. d. Wiss. Munchen (Philosop.
philolog. Classe) Band 4, Abt. 3, 1847
Gabriel Pereira B. S. G. L. 1898—99 p. 286.
(-) Voir sur ces voyages les œuvres suivantes:
Giinther. Zeitalter der Entdeckungen 1905.
J. Josephs. Geographical discovery, 1909.
Ruge. Zeitalter der Entdeckungen 1881.
83
son séjour en Palestine. Le récit de Ruysbroeck, remarquable
par la justesse de l'observation et la fidélité de la description,
est un des meilleurs du moyen-âge.
1260—69. Maffeo et Nicolo Polo (1^' voyage en Chine).
1271—95. Maffeo, Nicolo et Marco Polo (2""^ voyage en Chine).
Marco Polo (n. 1254), auteur du célèbre récit, était fils de
Nicolo et neveu de Maffeo Polo.
Le voyage s'effectue par Ormuz, la Perse, la Mongolie
et la Chine à Cambalech (ville du khan), ancien nom de la
ville de Pékin.
Retour 20 ans après par Yangu, Kensay, Fujo, Zaiton;
de là par mer à l'île de Pentam (près Singapour), ensuite
par Sumatra, le détroit de Malacca, Ceylan, Ormuz, la Perse,
Constantinople.
1289 — 1306. (?) Mission papale du Franciscain Giovanni de
Montecorvino en 1289. Voyage par les Indes et Ceylan.
Nommé archevêque de la communauté chrétienne à Cam-
balech. On connaît de lui une lettre de l'Inde de 1292 (Maa-
bar), et deux de Chine en 1305 et 1306.
1316—18. Odorico de Pordenone, Franciscain. Voyage en Orient:
visite Malabar, Calicut, Canganor, Sumatra, Java, Canton,
Zayton, Nankin, Pékin. Retour par la Perse.
1325 — 78. Voyages de l'Arabe Ibn Batuta de Tanger. Visite
la Mecque, la Syrie, Ormuz; reste ensuite aux Indes, à la
cour de Delhi, d'où il est envoyé en mission en Chine.
1338 — 53. Mission papale du Franciscain Giovanni di Mari gnolli.
Part d'Avignon pour Pékin, oij il reste 3 ou 4 années. Retourne
par l'Inde; visite la communauté chrétienne de St Thomas,
passe ensuite par Ceylan, Ormuz, Bagdad et rentre à Avi-
gnon en 1353.
1419 — 39. Nicolo Conti, noble vénitien. Voyage aux Indes.
Babilonia, Ormuz, Cambaya, Calicut, l'Inde intérieure. Madras,
Milapur (apôtre St Thomas), Ceylan, Sumatra, Bornéo, Java;
retour par Cochin, Calicut, Cambaia, Aden, Caire.
Toscanelli, dans sa lettre de 1474, cite un voyageur des
Indes, qui lui fournit directement des détails. C'est Conti
dont le nom n'est pas indiqué.
Valentim Fernandes publia en 1502, la traduction portu-
gaise des voyages de Marco Polo et du récit de Conti fait
à Poggio, secrétaire du pape Eugène IV.
84
CARTOGRAPHIE.
Quand le Portugal entra en scène dans les expéditions mari-
times, la navigation bénéficiait déjà d'un travail préparatoire énorme,
le résultat de siècles d'efforts, d'expériences lentement accumulées
dans les anciens portulans. Il suffit de jeter un coup d'œil sur une
carte ancienne de la Méditerranée pour être surpris de l'admirable
précision de la ligne de côte et pour reconnaître la valeur des
procédés, qui avaient produit des œuvres pareilles.
Ces cartes marines, portulans et mappemondes, contenaient
en dehors des éléments purement géographiques, une foule de
renseignements accessoires, des notes sur la population, le langage,
le climat, les ressources commerciales des pays lointains et parfois
encore des diagrammes sur le mouvement des astres (carte Laurenziano
de 1351), ou des procédés pour évaluer les distances parcourues par
le navire (atlas d'Andréa Biancho de 1436).
La cartographie italienne d'abord, celle de la Catalogne ensuite,
fournissaient déjà une abondance d'informations dont il faut tenir
compte pour apprécier, dans une juste mesure, les événements qui
allaient bientôt se produire dans le domaine des découvertes mari-
times.
Il s'agit donc de préciser la portée des renseignements contenus
dans des cartes marines, dont l'usage était déjà obligatoire sous le
règne de Pierre IV d'Aragon en 1354.' Nous prendrons comme
exemple la célèbre carte catalane de 1375, dans laquelle on trouve
la ligne de côte de l'Inde tracée avec une précision étonnante et
des notes, placées à côté, sur la pêche des perles, le pays des épices
et les routes commerciales de l'Orient. Le même atlas catalan con-
tient encore des diagrammes du système planétaire, des exposés sur
la cosmographie, sur les causes des marées et des instructions pour
déterminer en mer l'heure de la nuit par l'étoile polaire, un sujet
qu'on va retrouver sous une forme identique dans les Règlements
nautiques du Portugal.
' Ordenanzas de las Armades navales de la Corona de Aragon aprobades
per el rey D. Pedro IV. av\o 1354.
On y trouve l'inventaire des objets que doit contenir chaque galère et
parmi ceux-ci on mentionne deux timons, deux gouvernails avec leurs
pointes, deux cartes de navigation» (dos timones, dos gobernalles con sus
espigones, dos cartas de marear).
Haniy. Études historiques et géographipues. Paris 1196. p. 93.
85
LA CARTE CATALANE DE 1375.
La carte catalane s'étend au nord jusqu'aux îles Orcades, la
Norvège, la Russie et la Sibérie; au sud, jusqu'au delà du cap
Finistera occidental de Affricha; elle embrasse le nord du conti-
nent africain, l'Arabie, la mer des Indes, la mer de Chine jusqu'à
rrayoorfl/za (Sumatra); à l'occident, elle renferme les Açores, Madère
et les Canaries et le point extrême vers l'orient est au milieu de
la hauteur de la carte, Civitas Cambaleth niagni Canls Catayo
(Pékin).
Nous suivons dans notre exposé l'étude approfondie sur cette
carte de Buchon et Tastu\ oii nous avons emprunté les notes dans
son texte en langue catalane, ainsi que leur traduction.
A l'extrémité nord de la carte en face de la Norvège, figurent
les Orcades (Orkneys) avec la note suivante:
Insula Archania (Orcades).
En aquesta illa de Orchansa fa VI Dans cette île d'Orcades, il y a
messes de dia, que la nit es clara, e six mois de jour pendant lesquels la
VI meses de nit, que lo jorn es fosch. nuit est claire, et six mois de nuit
pendant lesquels le jour est obscur.
Un peu plus au midi:
nia de Scillanda (Iles Shetland)
avec cette légende:
Que han la langua de Nurvega 11 parlent la langue de Norvège
e son christians. et sont chrétiens.
En Norvège (Nurvega) on trouve les noms de Tronde et Bregis.
La Baltique est désignée par „mar de Lamanya" et une note nous
dit qu'elle est gelée pendant 6 mois de l'année pouvant ainsi être
traversée par des carrosses.
L'„lnsula de Mam" est placée au sud de l'Irlande.
En face du Portugal commencent les îles Beneventurades. Voici
leur ordre du nord au sud.
insula de Corvi Marini.
Li Conigi.
San Zorzo.
Insula de la Ventura (la plus grande).
Li Colombi.
Insula de Brazil.
' Buchon et Tastii. Notice d'un atlas en langue catalane de Tan 1375,
Paris 1841 — 6 planches et 152 pages de texte. Voir aussi la reproduction
de cette carte en échelle réduite dans 5. Riige. Geschichle des Zeitalters der
Entdeckungen. 18«1. p. 78.
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A l'extrémité occidentale de la carte et à la hauteur des deux îles
septentrionales (Corvi Marini et Li Conigi), commence une longue
note qui s'étend jusqu'au dessous des Canaries. On y trouve d'abord
les Iles Heneventurades et plus loin les Iles Fortunades. Buchon etTastu
réunissent ces deux désignations dans le seul titre d'Iles Fortunées.
Iles Beneventurades,
Les Iles Beneventurades son en Les Iles-Fortunées sont situées
la mar gran, contra la ma squera, prop sur la grande mer, du côté de la main
lo termo del Occident; mes prop son
dintre la mar. Isidori ho diu al seu
XV libro que : aquestes son dites Bene-
venturades, quar de tots bens, blats,
fruyts, herbes, arbres son plenes; e
los pagans se cuiden qui aqui sia pa-
rais, per lo tempérament del sol e
habundancia de la terra.
Item diu Isidorius, que los arbres
hi crexen tots al meyns CXL pes, ab
molts poms e mois aucels. Aqui ha
mel e let, majorment en la ylla de
Capria, que ayxi es apellada per la
multitud de les cabres que hi son.
gauche, touchant la limite de l'occi-
dent; elles ne sont pas loin en mer.
Isidore le dit ainsi dans son XVe livre.
Ces îles sont appelées Fortunées, car
elles sont abondantes en tous biens,
en blés, en fruits et arbres. Les païens
supposent que là' soit le Paradis, en
raison de la douce chaleur du soleil
et de la fertilité de la terre.
Isidore dit aussi que les arbres
y croissent au moins de 140 pieds et
portent beaucoup de fruits et d'oiseaux.
On y trouve du miel et du lait, sur-
tout dans l'île de Capria, ainsi appelée
de la multitude de chèvres qui l'ha-
bitent.
Groupe de Madère (du nord au sud):
Porto Sancto.
Insula de Legname.
insuie desante (déserte?)
Insula Salvatges.
Groupe des Canaries:
Graciosa.
Laregranza.
Rocho.
Insula de Lanzaroto Maloxelo.
Insula del Megi mari.
Forte Ventura.
Insula de Canaria.
Insula de Lanserano.
Insula de Gomera.
Insula de lo Fero.
Les Canaries (formant la continuation de la note précédente).
Item es après Canaria illa, dita L'île Canarie s'appelle ainsi de la
Canaria per la multitut dels cans que multitude de gros et forts chiens qui
son en elha, molt grans e forts. l'habitent.
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Diu Plinus Maestro de mapa
mundi: que en les Iles Fortunades,
ha una illa un se leven tots los bens
del mon, corn sensé semrar, e sens
plantar leva tots fruyts. En les altees
dels monts los arbres no son nulh
temps meyns de fulla e de fruyts, ab
molt gran odor; dasso menyen una
part de lany, puis segen les messes
en loch dherba. Per aquesto raho
tenen los pagans de les Indies que
les lurs animas, con son morts, sen
van en aquelles iles, e vieun per tots
temps de la odor daquels fruyts, e allô
creen que es lur paradis; mes segons
veritat, faula es.
Pline, ce maître en géographie,
dit que: parmi les lies Fortunées, il y
en a une où croissent tous les biens
de la terre, de même que tous les
fruits, sans semer et sans les planter.
Sur le haut des montagnes sont des
arbres très odorants, couverts en tout
temps de feuilles et de fruits. Les ha-
bitants en mangent une partie de l'an-
née: puis font la moisson au lieu de
couper l'herbe. Aussi les paiëns de
l'Inde croient-ils que leurs âmes, après
la mort, vont habiter ces îles, et qu'ils
continuent à y vivre éternellement du
parfum de ces fruits. Ils croient que
c'est là leur paradis: mais à dire Je
vrai, c'est une fable.
A l'extrémité sud de la carte au-dessous des Canaries, se trouve
la note du départ de Jacques Ferrer en 1346 pour le Rio del Or.
Départ de Jacques Ferrer 1346.
Partich luxer den Jac. Ferer per Le vaisseau de Jacques Ferrer
anar al Riu del Or, al gorn de Sen partit pour aller au fleuve de l'Or, le
Lorens, qui es a .x de agost, e fo en jour de Saint-Laurent, qui se trouve
lany MCCCXLVI. au 10 août, et ce fut en l'an 1346.
Sur le continent africain, en face de cette légende et au sud du
cap de Buyetder (Bujador):
Cap de Finistera occidental de Affricha
Assi comensa Affricha, e fenex
en Alexendria e en Babilonia; que fa
comensament açi, e compren tota la
marina de Barbaria ves Alaxandria e
ves mig jorn e \es Antiopia e Aigypt.
E an aquestes plages se troba molt
ivori per la multitud de oriffans elroax
que aci ariban en las plages.
— Cap Finistère occidental d'Afrique.
C'est ici que commence l'Afrique,
qui se termine à Alexandrie et Baby-
lone. Elle part d'ici et comprend toute
la côte de Barbarie, en allant vers
Alexandrie et vers le midi, vers l'Ethio-
pie et l'Egypte. On trouve dans ce
pays beaucoup d'ivoire, à cause de la
multitude des éléphants nés dans le
pays, qui arrivent ici sur les plages.
En suivant la côte africaine vers le nord: C. de Buyetder,
Cavo de Non, Mogodor, Saffi, Cavo de Cantin, Zamor, Salle,
Larax, Arzila.
En rentrant dans la Méditerranée, on est surpris de la précision
et de l'exactitude de la ligne de côte, qu'on dirait la reproduction
d'une carte moderne.
En Abyssinie on lit à propos du mystérieux Preste Joào, là
oii il fut découvert un siècle après par Covilhà, la note suivante
illustrée par une figure, représentant un roi arabe:
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datât (le Nubia.
„Aqiic'St Rey de Sarrayns esta tots temps en j^uerra e armes ab
los chrestians de Nubia qui son sots la seyiioria de l'emperador de
Etiopia de la terra del Preste Johan."
„Ce roi des Sarrasins est tout le temps en guerre
et en armes contre les chrétiens de Nubie, qui sont
sous la seigneurie de l'empereur de l'Ethiopie, le
pays du Preste Johan."
Dans la mer Rouge, une note décrit la route suivie par la plus
grande partie des épices venues de l'Inde, car au fond du golfe
Persique, à côté de Baldacha, il y a une autre note qui indique
la route de Damas (Domasch) pour les épices transportées par voie
terrestre.
« La mer Rouge.
Aquesta mar et appellade la mar Cette mer est appelée mer Rouge:
Roga, per on passaren les Xi! trips c'est par-là que passèrent les douze
disraell. E sapiats que laygua no es tribus d'Israël. Sachez que l'eau n'y
roga, mas lo fond es dachela color. est pas rouge, mais c'est le fond qui
Per esta mar passa la major partida est de cette couleur. La plus grande
de lespecies qui venen Alexandria de partie des épices qui viennent des Indes
les indies. à Alexandrie passe par cette mer.
Sur les bords orientaux de la mer Rouge on lit les noms de
Mont de Sinay, Ellim, Ession Gaber, Serain avec Aden à l'embouchure.
Du côté occidental les noms de Mede, Lidebo, Chos.
Ciutat de Chos.
En questa ciutat de Chos aporten C'est dans cette ville de Cosseir
la especiaria, la quai ve de les In- que l'on apporte les épices qui vien-
dies; puys se porten en Babillonia e nent des Indes. On les transporte en-
en Allexandria. suite à Babylonie (le vieu.x Caire) et
à Ale.\andrie.
L'exactitude de la ligne de côte des Indes est si remarquable,
que Nordenskiôld la désigne comme une copie des cartes arabes,
décrites par Vasco da Gama et restées introuvables jusqu'à nos
jours. ^ Au fond du golfe Persique, à quelque distance de la côte,
la ville de Baldach est indiquée.
Golfe Persique (Mar de Indies e de Persia).
Deuant la bocha del flum de Devant l'embouchure du fleuve
Baldach, mar de les Indies et de Perssia, de Baldach (Bagdad sur le Tigre), dans
(') En traitant le passage de Barros concernant ces cartes, Nordenskiôld écrit:
„Probably a sailing chart ot this kind served as basis for the
remarkable drawing of the Indian Océan which occurs in
the Catalan Atlas of 1375." A. E. Nordenskiôld. Periplus. Trans-
lation. F. A. Bather, 1897. Voir Barros. Document No 9.
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aci son pescades les perles, les quais la mer des Indes et de Perse, on pêche
on aportades en la ciutat de Baldach. des perles qu'on apporte ensuite dans
la ville de Baldach.
Ciutat de Baldach.
Açi fo Babillonia-la-Gran, on Ici se trouvait Babylone la grande,
estava Nebochadenor; la quai es ap- où régnait Nabuchodonosor; elles'ap-
pellada ara Baldacha. E sapiats que pelle maintenant Bagdad. Sachez que
en esta ciutat se porta molta espe- dans cette ville on apporte beaucoup
ciaria e moites nobles coses, les quais d'épices et de belles choses qui vien-
venan de les Indies, e de puyx ses- nent des Indes et se transportent en-
campen per la terra de Suria, espe- suite par terre de Syrie, et particulière-
cialemente en la ciutat de Domasch. ment dans la ville de Damas.
Voici la note qu'on lit dans l'Arabia Sebba.
L'Arabie Sabée est la province que possédait la reine de Saba. Elle
est habitée aujourd'hui par des Sarrasins arabes. On y trouve beaucoup
d'aromates, tels que la myrrhe et l'encens. Elle abonde en or, en argent
et en pierres précieuses.
En face de cette légende et à l'extrémité orientale du golfe Per-
sique:
Ciutat de Ormes.
AquestaciutatesappelladaOrmes, Cette ville s'appelle Ormus. C'est
la quai es comensament de les Indies. ici que commencent les Indes. Sachez
E sapiats que en esta ciutat venen que dans cette ville viennent des bâti-
les navus, les quais han Ville X arbres, ments qui ont huit à dix mâts avec
les quais han vells de chanyes. des voiles de cannes.
En suivant la côte indienne du nord au sud, voici les noms
qu'on rencontre: Nocran, Checimo, Demonela, Femenat, Ciutat de
Goga, Cocintaya, Chintabor, Nandor, Manganor et Ciutat de Delly à
l'intérieur.
Sur la côte orientale de l'Inde du sud vers le nord:
Ciutat de Colombo, Carosant, Mirapor, Bangala et Ciutat Caynam
„aci finis Catayo" (la Chine.) Au nord de Bangala une note annonce
„ici est le corps de l'apôtre St Thomas".
Inde occidentale en face de Goga.
Note placée à côté d'un navire.
Sapiats que aquestes naus son Sachez que ces navires sont ap-
appelades inchi ; e han LX coldes de pelés jonques, et ont 60 coudées de
caréna; e hobren XXXIllj coldes e carène et 34 coudées au moins d'œuvre
meyns han encara de lllj arbres fins morte. Ils ont de quatre à dix mâts;
en X ; e les lurs vêles son de canes e et leurs voiles sont faites de roseaux
de palma. et de feuilles de palmier.
Inde occidentale en face de Nandon et Manganoor.
En la mar Indich, en la quai son Dans la mer Indienne, où sont
peschades, e ay illes molt riques; mas des pêcheries, il y a des îles fort riches;
les peschadors, abans que devallen à mais les pêcheurs, avant de descendre
90
la mar, dieu ses encaiitaciones per dans la nier, font leurs enchantements,
lesquals los pexos niolt fu^en ; e si lesquels font fuir les poissons; et si
per aventura los pescadors devela\en par hasard les pêcheurs plongeaient
pescara, que no aguessen dites les iurs avant d'avoir fait leurs enchantements,
encantacions, los pexos los menjarien. les poissons les mangeraient; c'est
E aço es molt provada cosa. une chose très prouvée.
La mer de l'Inde orientale est occupée par une grande île placée
en face des villes de Carosam, Mirapor, Butifilis et Bangala, l'île
Jana (Ceylon), et à côté la note suivante :
Illa Jana.
En la illa Jana ha molts arbres. Dans l'île de Ceylan on trouve
leny ayloes, camphora, sandels, beaucoup d'arbres, bois d'aloës, cam-
species subtils, garenga, nou mos- phre, sandal, les épices fines, la ga-
cada, arbres de canyela, laquai es langa, noix muscade, les arbres de
pus preciosa de quai se vol altra de cannelle qui est l'épice la plus pré-
tota la india; e son axi mateix aqui cieuse de toute l'Inde, et là se trou-
maçis e îolii. vent de même le macis et ses feuilles.
Sur la côte chinoise, à partir de Ciutat Caynan vers le nord,
on lit, entre autres, les noms de Ciutat de Cansey, Ciutat de Zayton,
Mingio, Fugui, enfin à l'intérieur „ Ciutat de Chambalech Magni
Canis Cataya", (Pékin).
En face de Caynam (açi finis Catayo)
Mar de les illes délies Indies hon Mer des îles de l'Inde où sont
sonlesespecies; en la. quai marnavega les épices. Dans cette mer naviguent
gran navilli de diverses gens. de nombreux vaisseaux de différents
peuples.
Toute la mer de Chine est occupée par une multitude d'îles
décrites dans la note suivante:
Au sud des villes de Cansey et Zaiton:
En la mar de les Indies son illes Dans la mer des Indes sont 7548
7548, dels quais no podem respondre îles dont nous ne pouvons détailler
asi les maravelozes cozas qui son en ici les merveilleuses richesses renfer-
eles dor e dargent, e despecies e de mées en elles, aussi bien d'or et d'ar-
pedres precioses. gent, que d'épices et de pierres pré-
cieuses.
Le nombre de ces îles indiqué par Marco Polo est de 7459.'
Enfin l'extrémité orientale et méridionale de la carte est occupée par
une grande île, Illa Trapobana (Sumatra).
Les notes que nous avons choisies, parmi une quantité d'autres
du plus grand intérêt, suffisent à préciser la portée d'un atlas con-
tenant de pareils renseignements géographiques et commerciaux.
. (') Ruge 1. c, p. 66. . .
91
Nous examinerons maintenant les deux premières planches de la
carte catalane traitant de l'astrologie et de la cosmographie. Elles nous
fournissent un exemple de plus du mélange de l'astronomie et
de l'astrologie, sur lequel nous avons déjà maintes fois insisté et
qui explique la vulgarisation des connaissances sur les mouvements des
astres, utilisées ensuite dans la naviagtion. La première de ces deux
planches commence par 30 pronostics, un pour chaque jour de la
lune, dont voici le titre :
Aquests son los jorns de la iuna ici sont les jours de la lune, les
los bons e els mais. bons et les mauvais.
On trouve des indications sur ce qu'il convient de faire ou de
ne pas faire dans chacun de ces 30 jours; soit vendre et acheter,
voyager par mer ou par terre, bâtir des maisons, faire la récolte
du vin et de l'huile, se marier, donner un métier à ses enfants,
planter des vignes, acheter des esclaves, semer, moissonner, envoyer
ses enfants à l'école, prendre des médicaments etc. Ce sont là les
mêmes prescriptions traitées plus longuement par Regiomontanus
dans le Temporal, écrit un siècle plus tard.
A côté de cela une grande figure de 14 cercles concentriques
traite de l'heure des marées dans 14 ports, à partir de Gibraltar
jusqu'en Bretagne.
Aso es lo cors de les Marées en Ceci est le cours des marées, à
comensant del mont de Gibetaria partir du mont Gibraltar jusqu'au cap
et tro al ras de Pomarch chi es in de Penmarch, en Bretagne.
Bretagna.
11 s'agit donc dans cette figure de L'établissement ou de l'heure
de la pleine mer le jour de la nouvelle et de la pleine lune. En-
suite on fournit l'explication des marées, ses rapports avec les
mouvements de la lune, l'absorption exercée par celle-ci sur les
eaux de l'Océan. A un autre endroit, on traite de la détermination
de l'heure de la nuit selon la position des Deux Frères (les guardas),
procédé destiné aux navigateurs. Nous revenons plus loin sur les
deux dernières questions, celles des marées et de la fixation de
l'heure par l'étoile polaire.
Enfin cette même planche contient un aperçu cosmographique
sur la composition de l'univers, cinq manières d'expliquer la création
du monde, la sphéricité et les dimensions de la terre (rondeur
180.000 stades ou 20,052 milles). La deuxième planche est entière-
92
ment consacrée au système de Ptolomée, représenté par une série
de cercles concentriques complètement remplie de notes astrologiques
et astronomiques; les signes du zodiaque, les sept planètes, durée
de la journée el de l'année, le commencement et la fin des quatre
saisons, la nature astrologique des signes et des planètes, la façon
de trouver le nombre d'or d'aurunomru) etc. et au centre de la
planche la figure d'un astrologue mesurant la hauteur du soleil.
La carte catalane a été l'objet d'une controverse du plus grand
intérêt; elle fut attribuée par plusieurs savants espagnols au carto-
graphe Cresques, dont les œuvres jouissaient d'une grande faveur
auprès des souverains de la Catalogne. On alla jusqu'à reconnaître
dans ce cartographe juif, catalan ou majorquin, le célèbre maître
Jacomo de Malhorca, collaborateur de l'Infant D. Henrique.
Nous allons donner un résumé de cette discussion qui pré-
sente un intérêt spécial pour le Portugal.
En 1891, le savant français, M. Hamy, membre de l'Institut,
publiait une étude; Cresques lo juheu Note sur un géographe
juif catalan, à laquelle il avait été poussé par des recherches faites
à sa demande, dans les archives d'Aragon, relativement à l'histoire
de la carte catalane.
Ces recherches, sans résultat apparent, amenèrent la découverte
de deux documents, desquels il appert que le prince royal D. Juan,
plus tard D. Juan I d'Aragon, surnommé el Cazador, faisait chercher
dans son palais de Barcelone une mappemonde dont il voulait faire
cadeau à Charles Vi, le jeune roi de France. La lettre de D. Juan,
datée du 5 novembre 1381, ordonnait en même temps d'aller trouver
son auteur: Cresques lo juheu que lo dit Mappaniundi a fet, afin
qu'il fournisse des éclaircissements au sujet de cette carte.
Huit ans après, en 1389, on trouve dans le livre de comptes
de D. Juan, devenu roi d'Aragon, un paiement fait au même carto-
graphe Cresques, pour une mappemonde, que deux ans plus tôt
le roi l'avait chargé de faire. Enfin une autre lettre royale du l'^'" juin
1391, traite d'une mappemonde envoyée par D. Juan ! à Gaston
Phébus, comte de Foix, dont il a déjà été question à la pag. 45. La
carte catalane de 1375, se trouvait au Louvre en novembre 1380,
c'est-à-dire à une date antérieure à celles des documents royaux, il est
donc impossible qu'elle ait un rapport quelconque avec les mappe-
mondes qui sont l'œuvre incontestable du cartographe Cresques lo
93
juheu. M. Hamy reconnaît cependant que l'existence d'un cartographe
contemporain, lui-même fournisseur du prince héritier d'Aragon,
autorise dans une certaine mesure à attribuer provisoirement à ce
même cartographe La paternité de la carte catalane envoyé pro-
bablement quelques années plus tôt à la cour de France, dans des
conditions semblables à celles indiquées dans la lettre royale de 1381.'
Dès 1888 un savant espagnol, M. Gabriel Llabres, avait com-
mencé l'impression d'une série d'articles de haut intérêt sur la carto-
graphie majorquine, dont M. Hamy n'avait pas eu connaissance lors
de sa communication de 1891. Un de ces articles, publiés en octobre
1890 par M. Llabres, traitait justement du même cartographe
Cresques, auteur des cartes et des mappemondes pour le roi D. Juan
d'Aragon, mais avec cette différence que M. Llabres identifiait Cresques
lo juheu avec un Juif majorquin, Jafuda Cresques, fils de Cresques
Abrae, surnommé à Majorque le Juif des boussoles (el j'udio de las
brujulas).
M. Llabres traitait des mêmes mappemondes et des mêmes
lettres du roi D. Juan d'Aragon que M. Hamy, ces deux auteurs
étudiaient donc indépendamment le même cartographe.
En plus de l'identification de Cresques lo juheu avec Jafuda
Cresques, M. Llabres attribue également à ce cartographe la pater-
nité de la carte catalane de 1375. Cet auteur retrouva le nom de
Jafuda Cresques parmi les Juifs contraints de se convertir à Majorque
en 1391; il aurait pris alors le nom de Jaime Ribes. Enfin Jafuda
Cresques, plus tard Jaime i ou Jacomo) Ribes ne serait autre, selon
M. Llabres, que le célèbre maître Jacomo de Malhorca, collabora-
teur de l'Infant D. Henrique.
Cette question fut également étudiée par deux autres sa-
vants espagnols, M. Cesario Fernandes Duro et M. J. M. Quadrado,
qui partagent les mêmes vues que M. Llabres.
Plus tard M. Hamy, dans une nouvelle communication, Quelques
mots encore sur Cresques lo juheu, contestait l'identification du
Majorquin Jafuda Cresques avec le Barcelonais Cresques lo juheu;
il contestait la paternité de la carte catalane de 1375, attribuée à
Jafuda, aussi bien que son identification avec maître Jacomo de
Malhorca. M. Hamy fait observer que parmi les Juifs de Barcelone
à cette époque, le nom de Cresques était assez fréquent et il cite
(') Hamy, Études historiques et géographiques p. 107. L'article sur Cresques
fut pubhé d'abord dans le Bulletin de géographie historique et descripti\e. 1891.
p. 218-222.
94
le nom de Hasdaï Cresques, auteur juif bien connu par les bons
rapports qu'il entretenait avec le roi et les j^rands de la cour, en
émettant la possibilité que ce fut l'auteur présumé des cartes géo-
graphiques si appréciées par le roi d'Aragon.
Nous avons ainsi résumé dans ses traits généraux, la question
dans la mesure où nous en avons connaissance, question, qui
attend encore sa solution définitive. Nous reproduisons en entier
l'intéressant article de M. Gabriel Llabres (Document n" 11), qui
donna lieu à la controverse, en présentant ici nos meilleurs
remerciements à l'auteur pour l'aimable autorisation qu'il nous a
fait parvenir.
A un autre endroit nous abordons un point épineux de l'iden-
tification de Cresques lo juheu, l'auteur incontesté des cartes de
1381 et de 1389, avec maître Jacomo de Malhorca, une question
de date, et nous nous abstenons de nous prononcer si oui ou non
Jafuda Cresques, lo jiidio de las brujulas de MM. Llabres, Duro et
Quadrado, est bien le Juif de Barcelone, le Cresques lo juheu de
M. Hamy.
Un point cependant nous a frappé qui semble avoir passé
inaperçu de ces savants et qui mérite d'être mis en évidence, à savoir
que la carte catalane de 1375 paraît être l'œuvre d'un Juif.
Nous sommes arrivé à cette conclusion par la lecture des notes
de cette carte parsemées de citations bibliques.
Ainsi à la mer Rouge on lit;
Aquesta mar es appellade la Cette mer est appelée mer Rouge;
mar Roga, per on passaren los Xil trips c'est par-là que passèrent les douze
dlsraell. tribus d'Israël.
Isthme de Suez.
Per aquest freu pasaren los fills C'est par ce détroit que passèrent
disrael con i.xieren de Gipte. les fils d'Israël lorsqu'ils sortirent
d'Egypte.
Mont Sinaï.
Mont de Sinay en lo quai Deu Mont Sinaï sur lequel Dieu donna
dona la ley a Moysses. la loi à Moïse.
Les 30 pronostics dont il a déjà été question, correspondant
chacun à une journée de la lune, sont tous accompagnés de réfé-
rences bibliques:
En le primer dia de la luna fo Le premier jour de la lune, Adam
créât Adam; etc. fut créé; etc.
Le deuxième jour de la lune, Eve fut créée; 3^ jour, naissance
de Caïn; 4^ jour, naissance d'Abel; Séjour, sacrifice de Caïn ; ô*^*^,
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naissance de Nemrod ; 7^, Caïn tua Abel ; 8^, naissance de Méthu-
salem; 9*^, celle de Lameth; 10^, Noé commence à bâtir l'arche;
18«, Isaac épousa Rebecca; 20^, Isaac bénit Jacob; 23<^, naissance
de Benjamin, fils de Jacob; 26^, Moïse partagea la mer Rouge;
27^, la manne tomba du ciel; 29^, les enfants d'Israël entrèrent dans
la Terre Sainte.
Parmi les notes de la carte on trouve encore:
Ninive la Grande, laquelle fut détruite à cause de ses péchés.
Monts Ararat, sur lesquels s'est arrêtée l'arche de Noé après le déluge.
A l'Extrême Orient dans le pays du grand seigneur prince de Gog et de
Magog», on lit cette note curieuse:
Antéchrist. Ce personnage sera élevé a Corozain en Galilée, et quand
il aura trente ans, il commencera à prêcher à Jérusalem; et contre toute
vérité il dira qu'il est Le Christ fils du Dieu vivant; et on dit qu'il
réédifiera le temple (que rehedifficara lo temple).
Enfin dans la province de Tarsia, on trouve une note disant:
C'est de cette province que sortirent les trois savants rois qui vinrent
à Bethléem en Judée avec leurs présents; ils adorèrent J. C. (adoraren
Jehu Christ).
Le silence absolu observé à l'égard du Saint-Sépulcre à Jéru-
salem, l'espoir de la réédification du temple se manifestant sur les
bords lointains de la Chine orientale, cette note des trois rois qui
adorèrent J. C. et enfin la profusion de citations bibliques, auraient
été des preuves suffisantes pour livrer à une autre époque, l'auteur
de cette carte aux flammes de l'Inquisition comme judaisant. Il nous
paraît donc très probable que la carte catalane est l'œuvre d'un Juif.
Il se peut fort bien que son auteur ne soit pas maître
Jacomo de Malhorca comme le croit M. Llabres et que l'iden-
tification, soutenue par les trois savants Llabres, Duro et Quadrado
du cartographe de Sagres, ne se confirme pas par de nouvelles
recherches. Cela n'enlève rien a la grande portée de ce
monument de la cartographie catalane pour l'histoire des entreprises
maritimes du Portugal, car ce fut de l'école qui donna nais-
sance à cette carte, que sortit le collaborateur renommé de l'Infant
D. Henrique et le savant maître de ce que l'on a appelé l'académie
ou l'école de Sagres. Ajoutons encore que la carte catalane, dont
nous venons de décrire le contenu et la signification, a été déclarée
par Buchon et Tastu un des plus précieux documents possédés par
la France.
96
LA CARTE DE FRA MAURO 1459.
Cette carte célèbre, dont l'original existe à Venise, y fut copiée
sur la demande de D. Affonso V. On l'a donc connue de bonne
heure au Portugal. Elle constitue un autre monument de la carto-
graphie qui a fourni encore des éléments nouveaux et importants
pour le développement des projets maritimes des Portugais.
Tandis que la carte catalane s'arrête au sud des Canaries, au
«cap Finistera , la carte de Fra Mauro nous fait voir que l'Afrique
est circumnavigable. Le continent africain n'a pas encore sa forme
exacte, mais à l'extrémité sud on lit cette précieuse note:'
„Poco longi da queste isole forcane comenc d aparer
le ténèbre, le quai qui oltra questo cavo non impaçano
i naviganti."
Ainsi le passage maritime vers les Indes y est clairement
indiqué et de plus on trouve peu au delà de ce cap, les noms
suivants: Maabase, Soffala, Chancibar (une île) et Xangi-
bar sur le continent. L'extrémité sud de l'Afrique porte à plusieurs
endroits le nom d'Abassia.
La ligne de côte de l'Inde n'a pas l'exactitude de la carte cata-
lane, mais on y voit de nouveaux noms tels que J. Dioi, Cam-
bait, Chalecut, Milibar, isie de Saylam, Mahabar, Tapro-
bana over Siometra, dans le royaume de Chatajo (Chine), les
grandes villes de Fuçui, Chausay, Xaiçu, Quanzu et Cambalech.
LES DÉBUTS DU PORTUGAL MARITIME.
Le roi D. Diniz (1279 à 1325), fonda l'université de Lisbonne
en 1290; il consacra ses efforts au développement des ressources
économiques du pays et, entre autres, à l'organisation de la marine.
Le roi confia l'administration navale à un noble génois micer
manuel peçagno (Manuel Pezagno), qui par un contrat daté de 1317
fut nommé amiral du royaume, poste occupé en 1314 par Nuno
Fernandes Cogominho, meu almirante mayor e chanceler do Infante
D. Affonso meu filhor
(') La Bibliothèque Nationale (Paris), possède une copie de cette carte.
Voir sa reproduction dans Ruge I. c, p. 80.
(-) y. J. de Brito Rebella. Livro de Marinharia (1903). Lisboa. Introduction.
Documents V, VI, pag. 69, 70.
Voir aussi sur Manuel Pessagno: /yam_v, Études historiques et géographi-
ques 1896, p. 13 et L. T. Belgrano, Documenti e Genealogia dei Pessagno
Genovesi, ammiragli del Portogallo (atti délia Société Ligure di Storia Patrie
vol. XV, p. 250, 1881).
97
L'amiralat conféré à Pezagno était héréditaire; le contrat, passé
entre le roi et lui stipule, entre autres, qu'il devait avoir toujours
20 marins génois occupant des postes importants dans la flotte et
les faire remplacer immédiatement par d'autres en cas d'absence
ou de décès. Ce document est intégralement reproduit dans le livre
de M. Brito Rebello, investigateur infatigable des archives nationales.^
Sous le règne de D. Affonso IV (1325—1357), les Portugais
avaient atteint les Canaries avant 1336.-
Une nouvelle expédition composée de 3 navires, quitta Lisbonne
sous la direction du Génois Niccoloso de Reccho et du Florentin
Angellino dell Teggia de Corbezzi, le 1*^' juillet 1341. Le récit de
ce voyage, trouvé en Italie par Sebastiano Ciampi (1827), «lettre des
marchands florentins de Séville, datée du 15 novembre 1341",
fournit de très précieux détails sur cette expédition. On y décrit
les 13 ou 14 îles visitées, celles qu'on trouva habitées, les mœurs,
le langage et la vie des habitants; quatre de ces indigènes furent
conduits à Lisbonne.
il existe un autre document sur les Canaries: lettre du roi
Affonso IV au pape Clément VI, datée du 12 février 1345, aban-
donnant ces îles en faveur de D. Luiz de Lacerda, arrière petit
fils d'Alphonse le Sage.^
Une période de ralentissement dans les entreprises maritimes
succéda à cette expédition.
Les efforts tendant au développement de la marine s'accentuèrent
'SOUS le règne malheureux de D. Fernando (1367 — 1383). Le mouve-
ment commercial de Lisbonne augmentait considérablement; le
revenu de la douane s'élevait à 35 ou 40:000 doublons; le trafic
maritime du port était de 250 ou 300:000 tonnes; on y trouvait
parfois de 400 à 500 navires réunis.
L'Etat intervint en promulgant un ensemble remarquable de lois
protégeant le commerce maritime. Les armateurs recevaient gratuite-
ment le bois des forêts royales, on leur accordait l'exemption des
(') Brito Rebello. Livre de Marinharia 1. c, p. 19. Introduction.
(-) D. Joïxo de Castro. Roteiro: Ed. Andrade Corvo 1882, p. 55.
( ■) Notre ami le D'' Eii^enio do Canto de Ponta Delgada, Açores, a récem-
ment réédité ces deu.x documents, à savoir:
La lettre de D. Affonso IV au pape et le récit des marchands
florentins de Séville (document Ciampi), suivi de la traduction portui*aise
de Costa de Macedo, Memorias da Academia Real das Sciencias. Lisboa.
Vol. 9, parte 2, 1835. M. Eugenio do Canto en a fait des éditions privées.
7
98
droits de douane sur les matières premières importées pour leur
bâtiments dont on fiscalisait la construction, enfin on introduit déjà à
cette époque les associations de secours mutuels des armateurs.'
D. Joào 1 (1385—1433), inaugura la plus brillante période de
l'histoire portugaise, à la suite du succès d'armes d'Aljubarrota.
La prise de Ceuta, en 1415, nous montre la puissance maritime
du Portugal et nous fait voir combien les ressources navales
étaient considérables avant l'époque des découvertes de D. Henrique.
Barros écrit à cet égard que D. Joâo I avait d'abord l'intention
de faire la guerre aux Maures de Grenade, mais qu'ensuite, „ pour sa
plus grande gloire" il résolut de prendre „cette métropole de Ceuta,
rivale aussi dangereuse de l'Espagne que Carthage l'avait été de
l'italie."^^
Barros insiste sur ce sujet et déclare que le roi a été entraîné
à de grands efforts et à de grandes précautions pour préparer se-
crètement une entreprise aussi considérable.' Le plan était plus
vaste encore, car on avait en vue de prendre aussi Gibraltar.'
Manuel de Paria y Souza, en traitant Vexpugnacion de la fortis-
sima plaza de Ceuta, écrit que ces préparatifs dataient de trois ans
(1412) et que l'expédition se composait:
„de 220 baxeles, de varias formas, i grandezas; altas naves
^Z, prolixas galeras de a 3 remos por banco 27, de a 2 eran
32, el resto de galeones, caravelas y otros navios, todos
fuertes por las armas, municiones i gente."^
Ces indications suffisent comme exemple du grand développement
de la marine portugaise avant l'époque des découvertes.
Les succès de D. Henrique ont fait oublier presque totalement
les efforts faits avant lui pour le perfectionnement de la marine
nationale.
L'importance d'un fait d'armes tel que la prise de Ceuta, nous
oblige à reconnaître que des hommes de la prudence et du savoir
de D. Joào i et Nun' Alvares, avant de se lancer dans une pareille
aventure, ont dû porter tous leurs soins au perfectionnement de la
marine.
(') Oliveira Marti ns. Portugal nos mares. 1902 p. 21 à v35.
(-) Barros. Dec. 1, L. 1, C. 1, p. 10. Voir aussi Azurara, Chronica da Guiné
(1841), p. 25.
(•■') Barros. Dec. 1, L. 1, C. 2, p. 17.
{*) Azurara. Chronica da Guiné 1841, p. 28.
(^) Faria y Souza. Africa Portugueza. Lisboa 1681, p. 19.
99
Il fallait surtout vouer la plus grande attention aux cons-
tructions navales. On a dû s'en occuper de longue date puisque
Cadamosto/ à l'époque de l'Infant, écrivait déjà:
„Le caravelle del Portugallo sono i migliorena-
vigli a velia che viaggiano sul mare."
Mais il ne suffisait pas de créer une flotte, il fallait aussi que
l'équipage sache naviguer.
Dès le règne de D. Diniz, on avait appelé dans ce but le Génois
Manuel Pezagno; du temps de D. Henrique, on engagea maître
Jacomo à l'île de Majorque „homme savant dans l'art de la na-
vigation, faisant des cartes et des instruments, pour ensei-
gner sa science aux officiers portugais."
Dans une étude sur l'Infant, M. Jules Mees appela l'attention
sur le fait important que la date de 1438, citée par Garçào Stockler
comme celle de l'arrivée du Majorquin au Portugal, n'est basée sur
aucun document. -
Quand maître Jacomo est- il venu au Portugal?
L'incertitude de cette date est un fait qu'on ne doit pas perdre
de vue dans l'étude de cette intéressante personnalité.
Voici d'abord de quelle manière élogieuse Duarte Pacheco et
Barros célèbrent ses mérites:
„Mandou à. ilha de Malhorca por um mestre Jacome, mestre
de cartas de marear, na quai ilha primeiramente se fezeram
as ditas cartas, e com mu i tas dadiuas e merçes ho
ouue nestes Reynos, ho quai as ensinou a fazer
âquelles de que os que em nosso tempo vivem
aprendêram." ^
Barros écrit:
„Em que (D. Henrique) nào sômente encommendou as
cousas ao bom succedimento d'ellas, mas ainda teve nelle
muita industria, e prudencia para conseguirem prospero fim ;
porque pera este descubrimento mandou vir da Ilha de Mal-
horca hum mestre Jacomo, home m mui docto na arte
de navegar, que fazia cartas, e instrumentos, o
quai Ihe custou muito pelo trazer a este Reyno
(') Alvise da Cà da Mosto (n. 1433 m. 1477) était au service de rhifant
D. Henrique avec Antonio de Noii (Uso de mare) en 1455.
(-) Dr. Jules Mees. B. S. G. L. 1903, p. 50-51.
G. Stockler. Ensaio historico I. c, p. 16.
(') Duarte Pacheco. Esmeraldo (1905), p. 98.
100
peraensinarsuascienciaaos officiaes Portuguezes
daquelle m ester."'
il s'agissait donc d'un savant, jouissant d'un grand renom
dans un milieu où la cartographie avait atteint son plus haut
degré de perfectionnement. Selon Duarte Pacheco, les marins
de son temps avaient été instruits par les élèves du
Majorquin; selon Barros il aurait enseigné aux officiers portugais
l'art de la navigation, la cartographie et la fabrication
d'instruments nautiques.
Bartholomeu Dias, Pero d'Alemquer, Fernâo de Magalhâes,
Joâo de Lisboa, Francisco Faleiro et les cartographes Reinel et
Diogo Ribeiro sont, entre autres, des contemporains de Duarte
Pacheco qui apprirent à naviguer, à dessiner des cartes ou à fabriquer
des instruments nautiques avec les élèves de maître Jacomo.
Ces indications trop vagues pour permettre de préciser la date
de son arrivée, sont cependant suffisantes pour montrer la vraie
source de la cartographie portugaise et des instruments nautiques
des découvertes. Les enseignements venaient d'un pays de navi-
gateurs comme l'était alors la Catalogne et cela par l'entremise
d'un savant renommé.
L'identification maître Jacomo avec un autre cartographe, son
contemporain Cresques, est assurément admissible. La difficulté
éprouvée pour s'assurer les services du Majorquin et signalée par
Pacheco et Barros, trouve son explication naturelle dans la consi-
dération dont il jouissait à la cour d'Aragon. Mais d'autre part la
concordance des dates est difficile à établir et doit encore être
examinée de près.
La mappemonde de 1381 destinée au prince royal D. Juan, fut
inconstablement l'œuvre de „Cresques lo juheu". En admettant
qu'il la dessina encore jeune, à l'âge de 25 ans, on en déduit que
Cresques serait né en 1356; il serait donc de 38 ans plus âgé que
l'Infant D. Henrique, né en 1394."-
Selon l'opinion de MM. LIabres et Duro, les traces de Cresques
(') Barros. Dec. 1, L. 1, C. 16, p. 133.
(-) D. Henrique est né le 4 mars 1394.
Prise de Ceuta en 1415.
Expédition à Tanger en 1437.
Mort de D. Duarte, 1438.
Mort de l'Infant D. Pedro 1449.
Mort de D. Henrique, 13 novembre 1460.
101
s'effacent en Catalogne à partir de 1410; c'est à cette époque
qu'ils fixent son engagement par le Portugal.
En 1410, Cresques aurait selon notre hypothèse, 54 ans. Ne
serait-il pas venu au Portugal pendant les préparatifs de l'expédition
de Ceuta, c'est-à-dire vers 1412?
Le laconisme des chroniques portugaises, le fait que leurs
auteurs, éblouis par les succès de l'infant, lui attribuent tous les
mérites, pourraient justifier la supposition que maître Jacomo est
venu vers 1410 ou 1412 au Portugal, c'est-à-dire avant la conquête
de Ceuta et non après comme on le croit généralement.
Mais si en même temps on attribue, comme le font les savants
espagnols, au même cartographe Cresques la paternité de la carte
catalane de 1375, œuvre d'une érudition remarquable sur la cosmo-
graphie et l'astronomie, il devient fort difficile d'admettre qu'il s'agit
du même personnage. L'auteur de la carte catalane a dij être au
moins 50 ans plus âgé que l'Infant.
En tout cas, l'étude de cette carte et la controverse de l'iden-
tification du cartographe Cresques, nous ont fait connaître de près
le pays maritime par excellence d'où est venu l'éminent collaborateur
de l'infant.
LE RÈGLEMENT NAUTIQUE DES DÉCOUVERTES.
Quelques passages de Barros et de Gaspar Correa indiquent
d'une façon précise, l'existence d'instructions nautiques pour les
voyages de Vasco da Gama (1497), de Pedro Alvares Cabrai (1500)
et d'Affonso d'Albuquerque (1503).
Barros, dans le paragraphe bien connu sur la Junta dos
Mathematicos, dit que le roi D. Joào ii avait chargé ses médecins,
maître Rodrigo et le Juif, maître Joseph, ainsi que Behaim, d'étudier
l'application de l'astronomie à la navigation :
„ils ont trouvé cette manière de naviguer d'après la hauteur
du soleil, pour laquelle ils ont fait des tables de déclinaison,
comme en emploient à présent les navigateurs, celles-ci étant
aujourd'hui déjà plus perfectionnées qu'au début, quand on
se servait de ces grands astrolabes en bois."'
(') Os quaes acharào esta maneira de navegar per altura do sol, de que
fizerào suas taboadas pcra declinaçào délie como se or a usa entre
os n a venant es jâ mais apuradamente de que começou, eni que ser-
viào estes grandes astrolabios de pâo. Barros. Dec. 1, L. 4, C. 2, pas^. 282.
Voir Document N» 7 où ce passage est reproduit en entier.
102
Gaspar Correa à divers endroits de son oeuvre traite, d'une
façon particulièrement développée, des événements du rè^ne de
D. Manuel qui s'y rapportent; il raconte d'abord comment le roi
consulta Zacuto au sujet du voyage de Gama' et ensuite les
instructions données à celui-ci par l'astronome.- Finalement, dans
un lonji exposé au roi, Zacuto traite de la théorie des tempêtes,
l'époque la plus favorable à la navigation, les tables de déclinaison
qu'il avait composées, le Règlement, l'astrolabe nautique et enfin
l'apprentissage des pilotes. Ces passages de Correa sont longs et
contiennent beaucoup de choses nouvelles et importantes.
Voici un exemple:
„Quand les pilotes avaient pris la position exacte du soleil
et fait le calcul suivant le règlement et d'après les tables de
chaque année, ils savaient le nombre de lieues du chemin
parcouru. Ceci fut enseigné par le Juif Zacuto à quelques
pilotes que le roi avait délégués, ils apprirent comment et
de quelle façon ils devaient prendre la hauteur du soleil à
midi avec l'astrolabe et comment ils devaient faire les calculs
d'après les tables du règlement. Dans tout ceci Zacuto a très
bien instruit les pilotes, que le roi envoya ensuite dans un
voyage d'essai."?
Dans un autre passage Gaspar Correa, parlant de l'expédition
de Affonso d'Albuquerque, dit:
„ils navigaient d'après le règlement que Zacuto leur avait
donné, et que les pilotes avaient essayé auparavant."^
En dehors de ces indications, qui ne laissent aucun doute sur
l'existence de tables et d'instructions nautiques, nous avons encore
le témoignage important du pilote maître Joào, bachelier ès-arts et
médecine, chargé des observations astronomiques dans l'expédition
d'Alvares Cabrai. Dans une lettre écrite de Vera-Cruz (Brésil) au
roi, datée du l*^"" mai 1500 (Document N» 4), maître Joào donne
(') Gaspar Correa. Lendas da India, t. 1, p. 9.
(-) Gaspar Correa 1. c, t. 1, p. 16—23.
(^) Correa avait en vue des tables établies pour plusieurs années, tandis
que Barros dit clairement que ces tables étaient plus élémentaires au début.
Voir le texte portugais de Correa, Document No 5.
(*) Gaspar Correa I. c, t. 1, p. 375.
103
des indications précises sur l'emploi d'un Règlement, dans le para-
graphe suivant: ^
„Hier lundi, le 27 avril, nous sommes descendus à terre,
moi, le pilote du capitaine général, et le pilote de Sancho de
Tovar. Nous avons trouvé que la hauteur du soleil à midi
était de 56", et l'ombre septentrionale. D'après les règles de
l'astrolabe, nous jugeons être éloignés de l'équateur de H*',
et par conséquent avoir 17" vers le pôle antarctique, comme
cela se déduit de la sphère.''
ici nous avons donc, non seulement une allusion au Règlement
nautique, mais de plus, l'indication même des éléments, qui ont
servi au calcul de la latitude. Enfin les mots „el espéra" n'est
autre chose qu'une allusion au Traité de la sphère.
Voici ce que Pedro Nunes écrit sur les voyages portugais:
„11 est évident que la découverte des îles et de la terre
ferme (continents) n'a pas été faite au hasard; mais au
contraire nos marins partaient renseignés au mieux et pourvus
d'instruments et de règles d'astrologie et de géométrie, qui sont
les choses dont les cosmographes doivent être munis selon
ce que dit Ptolémée dans le premier livre de sa Géographie." -
Nunes alors cosmographe du royaume, discute dans ce livre le
règlement qui est en usage dans la navigation et qui rentre dans
ma profession.^
(') Ayer segunda feira que fueron 27 de Abril desçendimos en terra yo
el piloto do capitan moor e el pyloto de Sancho de touar e tomamos el
altura del soi al medio dia e fallamos 56 grados e la sombra era septentrional
por lo quai segiind las reglas del estrolabio jusgamos ser afastados
de la equinoçiai por 17 grados e por consyguiente tener el altura del polo
antartico en 17 grados, segund que es manifiesto en el espéra.
Nous avons souligné le mot «septentrional" sur lequel nous aurons à
revenir plus tard. Lettre de maître Joào: Document N» 4.
(-) „Ora manifesto he que estes descubrimentos de costas : ylhas : e terras
firmes : nam se fezeram indo a acertar : mas partiam os nossos mare-
an tes muy ensinados e prouidos de estormentos e regras de
astrologia e geometria: que sam as cousas de que os cosmographos
ham dandar apercebidos : segundo diz Ptolomeu no primeiro liuro da sua
Geografia."
Nunes. „Tratado em defensam" etc. Revista de Engenharia Militar 1911,
p. 241.
(•') Quanto ao regimento que se tem no nauegar : que cabe em minha
profissào : iiào ha muitas cousas que apontar.
Nunes 1. c, Rev. Eng. Militar 1911, p. 360.
104
Il corrige une erreur dans le renflement dont les pilotes se
servent pour déterminer la hauteur polaire par l'étoile du nord;^
cette. erreur se trouve dans les Règlements de Munich et d'Evora.
Il modifie la forme des tables nautiques du cycle de 4 années
adoptée dans le Règlement d'Evora.
Il traite de la table de déclinaison et fait subir une modification
de 3 minutes à la déclinaison maxima, adoptée par lui à 23" 30'
au lieu de 23 ** 33', parce que les 3 minutes qu'il y a en plus
dans le règlement sont superflues. La même valeur de 23" 33',
figure dans les documents de Munich et d'Evora.
Enfin il reproduit et corrige le Règlement pour évaluer le
chemin parcouru par le navire. Ainsi il est bien certain que
Nunes discute en 1537, la même œuvre que nous trouvons dans
les deux éditions d'Evora et Munich. Les tables de la dernière sont
élémentaires et correspondent aux tables plus simples dont il est
question dans le passage de Barros. Le Règlement tout entier
répond au regimento souvent cité par Correa et aux règles de
l'astrolabe de la lettre de maître Joào. L'édition de Munich nous fait
encore connaître un exposé élémentaire du problème astronomique
soumis à la Junta. Finalement de la série de Règlements ressort
le développement progressif de l'astronomie nautique au Portugal.
Il se peut que dans les nombreuses études portugaises, on ait déjà fait
ressortir la grande importance du Règlement de l'astrolabe pour
l'étude de l'astronomie nautique des découvertes. Nous n'avons trouvé
d'allusion à cet égard que dans l'article de Cordeiro.
LES TRAVAUX ASTRONOMIQUES DE LA JUNTA. -
Maître Joseph Vizinho est, de tous les membres de la Junta,
celui dont le nom revient le plus souvent dans les écrits de
l'époque. C'est lui, que nous allons suivre de près. Valentim
(') No regimento que tem os pilotes pera tomar a aitura do polo pella
estrella : ha erro : Nunes 1. c, p. 361.
(-) Un livre important que l'on croit perdu, fournirait probablement bien
des éclaircissements complémentaires sur les études astronomiques de la
Junta, — c'est la Géographie de Barros. Dans ses „Décades" Barros cite
fréquemment ce livre où il dit avoir traité largement ce sujet.
Joâo de Barros est né vers 1496. De 1522 à 1525, il a été gouverneur
à la Mina; de retour à Lisbonne il fut nommé trésorier de la „Casa da India
e da Mina", en mai 1525. (Mort de D. Manuel le 13 décembre 1521.) Impression
105
Fernandes relate qu'on rapporta d'Afrique à D. Affonso V deux
statuettes en métal, l'une de Tanger, l'autre d'Arzilla, et que le roi
en avait fait cadeau à un Juif nommé maître Joseph,' chez qui Valentim
Fernandes les avait vues. Le maître Joseph en question fut déjà
identifié par Schmeiier avec le futur membre de la Junta dos Mathe-
maticos. II ressort de ce passage que soit en 1471, date de la
de la Ire Décade en 1552. 2e Décade 1553. (Mort de D. Joào 111 1557). 3e Dé-
cade 1563. (Mort de Barros le 20 octobre 1570.)
Dans la biographie de Joào de Barros par Manuel Severim de Paria, i'
est dit que D. Philippe 1 de Portugal acheta en 1591, les manuscrits de la
4e Décade et de la Géographie de Barros, à la veuve de son fils aîné Jeronymo
de Barros. Ces œuvres auraient été remises à D. Fernando de Castro Pereira;
elles furent recueillies tôt après par les Jésuites de S. Roque avec l'in-
tention de faire venir le P. Christovam Clavio de la Société de Jésus, pour
terminer la Géographie.
Par la suite on ne mentionne plus que la 4e Décade qui fut remise^ Duarte
Nunes Leào, après à Diogo de Couto et puis à J. Baptista Lavanha; on
ne cite plus la Géographie, peut-être disparue chez les Jésuites de S. Roque
à Lisbonne.
Voici le plan des „Décades" de Barros dont on ne connaît que la 3me
partie de la Conquête (Asia):
1. La Conquête (Melicia) divisée en 4 parties.
Europa; Africa; Asia; Sancta Cruz (Brésil). „E de todas estas
4 partes da Melicia, esta Oriental (n° 3 l'Asie) fenece ao présente
no anno de 1539, onde acabamos de cerrar numéro de 40 livros que
compoem 4 decadas que quizemos tirar â luz por mostra do nosso
trabalho, etc." D. 1, L. 1, C. 1, p. 14.
11. La Navigation (Geografia) divisée en 6 parties.
,,Quanto ao titulo da Navegaçào, a este respondemos com huma uni-
versal Geografia de todo o descuberto, assi em graduaçào de taboas,
como de commentario sobrellas, applicando o moderno ao antigo, a quai
nào soffre compostura em linguagem e por isso ira em Latim.
D. 1, L 1, CM, p. 14.
Dans les premiers livres de la Géographie, Barros traitait longue-
ment du calcul des latitudes par la hauteur du soleil, un
chapitre spécial étant dédié à l'astrolabe et aux instruments
nautiques.
III. Le Commerce (Mercadoria).
(') Hier spricht der Sammler (Val. Fernandes) auch von zwei Figuren aus
Metall, deren eine beim Abbrechen eines Turmes in Tanger, die andere in
Arzilla gefunden und dem Kônig Alfons seyen gebracht worden. Dieser
habe sie einem Juden Mestrejosepe gegebcn, in dessen Besitz
sie der Sammler seibst gesehen.
Schmeiier. Uber Valentin Fernandez Aleman: Abhandig. d. Akad. d. Wiss.
Munchen (Philosop. philolog. Classe), Band 4, Abteil. 3, 1847 (Article Valentin
Fernandez).
106
conquête de Tanger et d'Arzilla, soit quelque temps après, l'astro-
nome José Vizinho se trouvait dans l'entourage de D. Affonso V,
mort en 1481.
Deux ans après la mort de l'Infant D. Henrique (novembre 1460),
Diogo Qomes de Cintra, dans un voyage vers la Guinée, employa
le quadrant pour mesurer l'altitude de l'étoile polaire. Il le dit dans
les termes suivants: '
«J'avais un quadrant lorsque j'allais dans ces endroits. Je
notais sur la table du quadrant l'altitude du pôle arctique, et je
trouvais cet instrument meilleur que la carte. Il est certain que
sur la carte ou trouve la route maritime, mais, quand une fois
il y a une erreur, on n'arrive jamais au but proposé."
En 1481 on trouve Diogo d'Azambuja faisant usage de l'astro-
labe- dont la citation est à notre connaissance, la plus ancienne
dans la marine nationale. Quels étaient les instruments nautiques
fabriqués par maître Jacomo de Malhorca? Quel rapport y eut-il
entre eux et ceux en usage dans la marine catalane dès le temps
de Raymond Lulle, c'est-à-dire environ un siècle avant maître
Jacomo? Ce sont là des questions qui sont encore à élucider
par de nouvelles recherches en Catalogne et par l'étude des nom-
breux ouvrages encore inédits, sur les instruments de l'astrologie
péninsulaire.
Pour notre étude de la Junta, nous avons trois notes autographes
de grande valeur historique à examiner qui se trouvent dans la
Raccolta Colombiana. Elles ont été écrites soit de la main de
Colomb lui-même soit par Bartholomé, son frère.
Voici la première de ces notes r^
(') Et ego habebam quadrantem, quando ivi ad partes istas, et scripsi
in tabula quadrantis altitudinem poli arctici, et Ipsum meliorem inveni quam
cartarn. Certum est, quod in carta videtur via marinandi, sed semel errata,
nunquam redeunt ad primum propositum. Schrneller \. c, p. 33.
Nous avons adopté le texte de Schrneller; il se peut que le manuscrit
de Fernandes dise costam et non cartarn, dans ce cas la traduction faite
par Gabriel Pereira serait plus correcte. B. S. G. L., 1898—99, p. 286.
(-) Ravenstein : Behaim, 1908, p. 16, d'après Telles da Silva. — De rébus
jestis Johanni 11, Lisboa, 1689, p. 152.
(■') Nota quod sepe nauigando ex Vlixbona ad austrum in guinea notaui
cuni diligentia viam ut soient naucleres & malinerios & postea accepi altitu-
dinem solis cum quadrantem & alijs instrumentis plures vices & enueni con-
cordare cum Alfragano videlicet respondere quolibet gradu miliaria -56- ::• quare
ad hanc mensuram fidem adhibendam est igitur posimus dicere quod circuitus
terre sub arcu equinociaii est •20400- miliaria. similiter quod id inuenit magister
107
„J'ai soigneusement enregistré dans mes voyages au sud
de Lisbonne vers la Guinée, la route parcourue, comme c'est
l'usage parmi les pilotes et les marins. J'ai également pris
souvent la hauteur du soleil par le quadrant et par d'autres
instruments et j'ai trouvé que les résultats concordaient avec
ceux d'Alfragan, c'est-à-dire qu'à chaque degré correspondent
56^/3 milles et qu'on doit avoir confiance dans cette mesure.
Nous pouvons dire que la circonférence de la terre à l'équa-
teur est de 20.400 milles. Le même résultat a été trouvé par
maître Joseph, médecin et astrologue et d'autres, spécialement
chargés de ce travail par le sérénissime roi de Portugal."
La note suivante nous apprend l'expédition astronomique de
maître Joseph en 1485, vers l'équateur.'
„Le roi de Portugal envoya en Guinée en l'année du Sei-
gneur 1485, maître Joseph, son physicien et astrologue, pour
savoir la hauteur du soleil dans toute la Guinée, ce qu'il a
exécuté et communiqué au dit sérénissime roi, moi et d'autres
étant présents, le 11 mars: il a trouvé qu' à l'île des Idoles
près de la Sierra Leoa il était éloigné de l'équateur de 5 degrés
(o?) minutes-, ce qu'il a vérifié avec le plus grand soin. Plus
Josepius fixicus & astrologus & alij piures misi solum ad hoc per serenissimum
regem portugaliae idque potest videri quisquam mentientem per cartas nauiga-
tionem, men-surando de septentrione in austro per occeanum extra omnem
terram per lineam rectam quod bene potest incipiendo in anglia vel hibernia
per lineam rectam ad austrum usque in guinea.
Raccolta di documenti e 5/;uû(/ (Colombiana), Parte I, Vol. 111, Autographe
de Colomb, Série C, No 490.
Cette note est citée par F. A. Varnhagen. Historia Gérai do Brazil
(1854), p. 420—421 et par Ravenstein ; Behaim 1908, p. 13.
(') Quod .... rex portugalie misit in guinea anno domini. 1485. magister
Jhosepius fixicus eius & astrologus fad comj piendum (comperiendum?) aiti-
tudinem solis in totta guinea qui omnia adinpievit & renunciavit dito serenis-
simo régi me présente quod .... allijs die XI marcij inuenit se distare ab
equinoxiaii gradus V minute in insula vocata de los ydolos que est prope
[sierr] a lioa & hoc cum maxima diligencia procurauit postea vero sepe ditus
serenissimus rex misit in guinea in allijs locis postea .... & semper inuenit
concordari cum ipso Magistro Josepio quare sertum habeo esse castrum mine
sub iinea equinoxiaii.
Raccolta di documenti I. c. Série B, N" 860.
Cette note est citée par Kaiserling: Christoph Columbus, 1894, p. 16 et
Ravenstein: Behaim, 1908, p. 13.
(^) M. Ravenstein fait remarquer l'erreur de cette latitude. Les 3 îles de
los Idolos (îles de Loosi sont aux environs du cap de Sagres dont la lati-
108
tard le dit sérénissimc roi envoya encore souvent des obser-
vateurs à d'autres endroits de la Guinée .... et trouva tou-
jours les résultats d'accord avec ceux de maître Joseph, parce
qu'il considérait comme une certitude que le „Castello da Mina"
était sous l'équateur."
Voici enfin la 3"^*^ note traitant de l'usage de l'astrolabe par
Bartholomeu Dias.'
„Au mois de décembre de l'année 1488, débarqua à Lis-
bonne Bartholomeu Dias, capitaine de 3 caravelles, que le
sérénissime roi de Portugal avait envoyé à la découverte vers
la Guinée, il annonça au sérénissime roi qu'il avait dépassé
Yan(?) de 600 lieues, à savoir 450 vers le sud et 250 vers
le nord-, jusqu'à un cap qu'il nomma cap de Bonne Espé-
rance, lequel à notre avis (estimamus) est en Agesinba-'
et que cet endroit se trouve à 45*^ au sud de l'équateur comme
on le déduit au moyen de l'astrolabe, le point extrême
de la côte se trouvant à 3100 lieues de Lisbonne. Ce voyage
a été noté par lui, lieue par lieue, sur une carte nautique qu'il
a mise sous les yeux du sérénissime roi pour lui montrer tous
les endroits qu'il avait visités."
La première note nous apprend que Colomb est arrivé au
même résultat qu' Alfragan et que maître Joseph, quant à la circon-
tude nord est indiquée'par 9" dans le Règlement de Munich. Duarte Pacheco
dans i'Esmeraldo les place également à 9"; ceci confirme l'erreur de Colomb.
Voir sur les îles de Loos: B. S. G. L. 1904, p. 153-159.
(') Nota quod hoc anno de -SS- in mense decembri apulit in vlixiponam
bartholomeus didacus capitaneus trium carauelarum quem misserat Serenissimus
rex portugallie in guinea ad tentandum terram & renunciauit ipso serenissimo
régi prout nauigauerit vitra yan nauigatum leuche • 600' (a) videlicet •450- ad
austrum et •250- ad aquilonem vsque vno promontorivm per ipsum nominatum
cabo de boa esperança quem in agesinba estimamus quique in eo loco inuenit
se distare per astrolabium vitra linea equinociali gradus •45- quem vltimum
locum distat ab vlixbona leuche -SlOO- quem viagium pictauit & scripsit de
leucha in leucha in vna carta nauigacionis vt occuli visui ostenderet ipso sere-
nissimo régi in quibus omnibus interfui.
(a) Il devrait s'agir de 700 si la somme était juste.
Raccolta di documenti 1. c. Série C, W' 23.
(-) Barros écrit à cet égard :
„Leixando Bartholomeu Dias descuberto n'esta viagem 350 léguas per
Costa, que he outro tanto como Diogo Cam descubrio per duas vezes."
Barros. D. 1, L. 3, C. 4, p. 192.
(•') „A regiao Agisymba he a mais austral terra de que Ptholomeu teve
noticia." Barros, D. 1, L. 8, C. 4, p. 204.
109
férence de la terre et qu'il a pris lui-même la hauteur du soleil par
le quadrant et par d'autres instruments au cours de ses voyages vers
la Guinée, qui ont sijrement été antérieurs à 1484, année de
son départ du Portugal.^ Les observations faites par Colomb pour la
détermination des latitudes par la hauteur du soleil ne peuvent inspirer
aucune confiance, puisque même dans le calcul plus simple, basé sur
l'étoile polaire, il faisait de graves erreurs-; mais en tout cas on
peut en conclure que la nouvelle méthode de calcul était déjà connue
avant 1484. La deuxième note s'occupe de l'expédition de maître
Joseph au commencement de 1485, pour déterminer les latitudes de
toute la Guinée par la hauteur du soleil.
La dernière note de Colomb nous indique que Bartholomeu
Dias a fait usage de l'astrolabe. La latitude de 45'^' est également
erronée (Duarte Pacheco la fixe à 34'^ 30', le Règlement d'Evora à
34" \r,), mais les latitudes de Colomb sont dénuées de toute exactitude
puisqu'il place Cuba à 42" nord, d'après sa propre observation, au
lieu de Zl''. En résumé:
1462. Emploi du quadrant par Diogo Gomes de Cintra.
1481. Emploi de l'astrolabe par Diogo d'Azambuja.
Avant 1484. Colomb prend la hauteur du soleil par le quadrant et
d'autres instruments.
(') Humboldt écrit à cet égard:
„II ne reste pas douteux que Colomb, avant 1484, n'ait pris part à quatre
expéditions, savoir: à Tunis, dans l'Archipel, en Islande et à la côte de Guinée.
Humboldt. Examen critique, t. 2, p. 107.
(-) Voici ce qu'écrit Breusing sur les erreurs des obser-
vations astronomiques faites par Colomb:
„Im Tagebuche des Columbus findet sich vvahrend der ganzen Fahrt
iiber den Océan auch nicht eine einzige Breitenbestimmung, und die,
vvelche er in Westindien angestellt haben vvill, sind so ungeheuerlich,
dass sie schon seinerzeit Verdacht erregten: er gibt zum Bei-
spiel an der Kiiste von Cuba eine Breite von 42" statt 21". Es lasst
sich nun einmal nicht abstreiten, dass Columbus einen sehr geringen
Grad wissenschaftlich-nautischer Kenntnisse besass."
Breusing. Zur Geschichte der Kartographie in Kettlers Zeitschrift
f. wiss. Géographie 11, 193.
Les autographes de Colomb contiennent environ 250 notes sur des sujets
astronomiques. On n'y trouve rien démontrant sa cofi naissance du
calcul des latitudes par la hauteur du soleil. La tabula decli-
nationis de Zacuto y est copiée de sa main quoique bien mutilée, ainsi on y
trouve par exemple 14" 93'. Selon Ruge d. c, p. 250) il y a dans son journal
un passage (13 décembre 1492), où il est dit que la latitude se déduit de
la durée de la journée.
110
1485. Joseph Vizinho détermine les latitudes de la Guinée par la
hauteur du soleil.
1487—88. Emploi de l'astrolabe par Bartholomeu Dias au cap de
Bonne Espérance.
1497 — 99. Emploi de l'astrolabe par Vasco da Gama. ( K"" voyage
aux Indes.)
1500—01. Emploi de l'astrolabe par Alvarez Cabrai.^ {2^ voyage
aux Indes et découverte du Brésil.)
Joào de Santarem et Pedro d'Escobar avaient atteint la Mina
en 1471; ensuite Sequeira arriva jusqu'au cap de S'^ Catharina-,
1" 51' lat. sud. Dès cette époque il était nécessaire de trouver
une nouvelle méthode pour déterminer la latitude, l'étoile polaire
disparaissant au-dessous de l'horizon.
En 1482 — 83. Diogo Câo, dans son premier voyage, arriva jus-
qu'au „padrào de S'° Agostinho" (13'' 27' latitude sud).
En 1484—86 (deuxième voyage). Il arriva au Cabo da Serra (Serra
Parda 2V 48' latitude sud).
En 1488 le roi eut connaissance de la découverte de Bartholomeu
Dias et vers la même époque il reçut des nouvelles de
Covilhà^ disant qu'il :
„avait découvert la canelle et le poivre dans la ville de
Calicut .... et que pour y arriver il suffisait de naviguer
le long de la côte de la Guinée et toucher à Sofala où il
avait été également."
(') Voici ce qu'écrivait D. Manuel au roi d'Espas^ne à l'égard de ce voyage
et de la navigation dans l'hémisphère sud:
„Da dita armada foi Capitào General Pedro Alvez Cabrai. Navegando
elle alem do Cabo Verde descobriram uma terra que novamente veiu a noticia
d'esta nossa Europa, a quai terra puz o nome de Santa Cruz : Esta
terra aonde elles fundearani é situada alem do Tropico de Cancro em Xllll
gra'os; pois os marinheiros com seus quadrantes e astrolabios tomaram a
altura; porque senipre navegam para agnelles mares com instrumentos astro-
logicos.''
Prospéra Peragallo. Carta de El Rei D. Manuel, p. 9.
Mem. da Academia Vol. 50 (1892).
(-) Barros. Dec. 1, L. 2, C. 2, p. 143—145.
{') Voici le récit fait par Covilhà au père Francisco Alvares :
„em como tinha descoberto a canella e a pimenta na cidade
de Calecut . . . . e que para esta se poderia bem navegar pela sua
Costa e mares da Guiné, vindo demandar a costa de Sofala aonde
elle tambem fora."
Francisco Alvares. Verdadeira Informaçâo das terras do Preste Joào
das Indias do Padre Francisco Alvares 1540. Nouvelle édition 1899, p. 129.
111
A la mort de D. Joâo (octobre 1495), l'expédition de Vasco
da Qama était depuis longtemps décidée, on était en plein dans les
préparatifs. Bartholomeu Dias, chargé par D. Joào 11 de surveiller
la construction des bateaux pour le voyage des Indes, reçut de
D. Manuel l'ordre de presser leur achèvement. '
Le résumé précédent est insuffisant pour préciser la date de
l'introduction du calcul des latitudes par la hauteur du soleil dans
la navigation portugaise.
La recherche d'un guide astronomique dans l'hémisphère sud
était devenue pressante, dès qu'on avait atteint l'équateur en 1471. Le
prince D. Joào chargé des affaires de la Guinée en 1474-, a dû se
rendre compte de bonne heure de ce besoin. On pourrait supposer
qu'Azambuja en employant l'astrolabe en 1481, l'a appliqué à la
nouvelle méthode. Si l'on s'en tenait à la note de Colomb, il en
aurait eu connaissance à l'occasion de ses voyages à la Guinée
antérieurs sans doute à 1483, date à laquelle il soumit à la Junta
dos Mathematicos son célèbre projet. C'était à cette commission
que, selon les mots de Barros, le roi D. Joào renvoyait les ques-
tions de cosmographie. L'étude astronomique étant un point
important à résoudre, on doit supposer qu'en 1483 la Junta en
avait déjà été saisie.
Enfin si l'on admet encore que Diogo Cào dans ses deux
voyages n'a pas déterminé les latitudes en avançant jusqu'à 21'^ au
sud de l'équateur, on est cependant forcé de reconnaître que José
Vizinho en 1485 et Bartholomeu Dias en 1487, ont calculé les
latitudes par la hauteur du soleil.
Selon Barros il y avait peu de temps que les marins se gui-
daient par la hauteur du soleil, lors du voyage de Gama en 1497.
(') D. Manuel declarou a Vasco da Gama que havia de maridar a elle por
capitâo mor assi pola confiança que tinha da sua pessoa, como por ter auçào
n'esta ida, ca, segundo se dizia Estevâo da Gama seu pae jd defunto estava
ordenado pera fazer esta viagem em vida de! Rei D. Joào. O quai depois
que Bartholomeu Dias veio do descobrimento do Cabo da Boa
Esperança, tinha mandado cortar a madeira para os navios d'esta
viagem, por a quai razâo El Rey D. Manuel maiidou ao mesmo
Bartholomeu Dias que tivesse cuidado em os mandar acabar,
segundo elle sabia que convinham, pera soffrer a furia dos mares
d'aquelle grâo cabo da Boa Esperança.
Barros. Dec. 1, L. 4, C. 1, p. 270.
(-) Voir la lettre de D. Affonso V datée du 4 mai 1481. Annaes Mari-
timos e Coloniaes 1845. — 5mc série, No 2. p. 37 -40.
112
Nos recherches nous forcent à admettre que cette méthode était
connue en 1484, ou fort probablement même avant cette année,
c'est-à-dire avant l'arrivée de Behaim au Portugal (juin 1484).
LE PROGRAMME D'UN RÈGLEMENT NAUTIQUE.
La lettre du pilote maître Joào nous montre, dans le passage
suivant, qu'une partie de la flotte de Cabrai se guidait en mer sans
l'aide des observations astronomiques.
„Cependant on ne peut pas savoir qui dit la vérité, avant
d'être arrivé au cap de Bonne Espérance. Là on saura
qui navigue le mieux, ceux avec la carte ou moi avec la carte
et l'astrolabe"}
Le pilote avait encore lui-même un doute sur les résultats
pratiques des observations astronomiques faites en mer.
„ll me semble presque impossible de prendre la hauteur des
étoiles en mer, parce que pour peu que le navire roule,
on fait des erreurs de 4 à 5 degrés de façon qu'on ne peut
la prendre qu'à terre. "-
Cette cause d'erreur, certainement bien connue des mathé-
maticiens portugais, rendait inutile une très grande précision dans
la méthode qu'on voulait inaugurer; elle rendait également illusoire
les prétendus avantages de la balestilha sur l'astrolabe. '
„Pour la mer il vaut mieux se guider sur la hauteur du
soleil que sur la hauteur des étoiles, il vaut mieux employer
l'astrolabe que le quadrant ou tout autre instrument."'
Mais malgré les tâtonnements des débuts, qu'on trouve encore
en 1500, on avait à formuler des règles précises sur l'usage des
tables et sur la méthode du calcul; il fallait fournir aux marins
(') Pero quien dise la verdad non se puede çertificar fasta que en boa
ora allegemos al cabo de boa esperança e ally sabremos quien va mas çierto,
ellos con la carta, o yo con la carta e con el estrolabio.
Lettre de maître Joào, Document No. 4.
(-) Antes me paresce ser imposible en la mar tomarse altura de ninguna
estreila porque yo trabajo mucho en eso e por poco que el nauio enbalança
se yerran quatro o çinco grades, de guisa que se non puede fazer synon
en terra. Lettre de maître Joào, Document No. 4.
(•) Voir les notes de Breusing p. 10 et de Giinther p. 11 et 12.
Enfin, voici un autre passage de cette précieuse lettre:
(■*) Pera la mar mejor es regyrse por el altura de! sol que non por ninguna
estreila e mejor con estrolabio que non con quadrante nin cofi otro ningud
estrumento. Lettre de maître Joào, Document No. 4.
113
un résumé simple, qui put leur servir de guide dans toutes les
éventualités au cours de ces voyages vers l'inconnu. 11 ne suffisait
pas d'avoir un pilote sachant faire le calcul des latitudes, il fallait
donner aux autres marins tous les moyens de s'orienter, au cas oij
cet homme viendrait à disparaître.
Faute d'un pareil exposé, le problème de l'orientation en mer
ne recevait pas la solution pratique qu'on s'était sûrement proposé
de lui donner. La précision des instruments, l'exactitude rigoureuse
des calculs avaient moins de valeur. Ce qui importait surtout c'était
d'enseigner aux marins à calculer approximativement la position du
bateau par rapport à l'équateur.
C'est précisément la simplicité élémentaire, l'exposition lucide
de ce procédé de calcul, jointes à des exemples minutieux répondant
à ce besoin, que l'on trouve dans le Règlement de Munich. On y
parle à peine des instruments, mais on ne se lasse pas d'expliquer
en détail la manière de faire le calcul dans toutes les éventualités
possibles. Les tables sont simplifiées à l'extrême. Ainsi la lecture
du document de Munich nous prouve clairement que le point
capital en vue n'était ni les instruments, ni la précision — mais
la vulgarisation par un exposé clair, simple et approximatif
de la méthode de détermination des latitudes.
LE REGLEMENT DE MUNICH.
L'ancienneté du document de Municli ne peut s'établir qu'au
moyen de son contenu, le frontispice du livre étant déchiré
à l'endroit même oij la date d'impression a peut-être figure.
Nous reviendrons plus loin sur cette question de date. Nous nous
bornons ici à comparer le Règlement d'Evora à celui de Munich,
ce qui prouvera l'évidence de l'ancienneté plus grande de ce
dernier. Il en ressort les divergences suivantes: 1. La rédaction
plus rudimentaire du texte de Munich. 2. Le caractère plus élémentaire
de ses tables. 3. La liste moins nombreuse des latitudes de la côte
découverte.
LA RÉDACTION RUDIMENTAIRE DU TEXTE.
Les instructions du Règlement d'Evora s'adressent à des marins
plus expérimentés; celles du Règlement de Munich à des débutants;
c'est l'impression nette qui résulte de leur comparaison. On expose
d'abord la façon de trouver la date du mois dans le calendrier,
ensuite la position du soleil dans les signes du zodiaque et fina-
lement la déclinaison.
La plus grande partie du Règlement de Munich est formée
par une série d'exemples numériques sur la façon de calculer
la latitude, selon que l'observateur se trouve au nord de l'équateur,
au sud de cette ligne, ou sur l'équateur même. Pour chaque cas on
donne plusieurs exemples en utilisant les éléments pris dans les tables.
On y trouve, en tout, 17 exemples, commentés très minutieusement
afin d'éviter des erreurs de calcul ou d'interprétation.'
Le Règlement de Munich ne contient pas un seul mot sur
l'exactitude plus ou moins grande de l'astrolabe ou du quadrant.
Son unique objet était de bien faire comprendre les différentes
façons de calculer les latitudes, selon la position du soleil dans les
(*) Nous reviendrons plus loin sur une erreur d'interprétation commise par
le bachelier maître Joào, à Vera-Crui:.
115
signes nord ou sud et de donner en outre l'exacte interprétation
des résultats obtenus. Cet excès de précaution, ainsi que la série
d'exemples ont entièrement disparu du texte d'Evora.
LES TABLES.
Dans la deuxième partie de cette étude nous traitons longuement
ce sujet. II suffit ici de préciser que les tables du Règlement de
Munich sont établies pour une seule année (bissextile) indiquant
la déclinaison journalière en face de la date.
Les chiffres de la colonne de la déclinaison sont une adap-
tation aux 366 jours d'une année bissextile des 90 valeurs de la
tabula decli nation i s de Zacuto.
Les tables du Règlement d'Evora, par contre, sont déjà basées
sur le cycle de 4 années.
LA LISTE DES LATITUDES.
La liste des latitudes dans le Règlement d'Evora (Document
No. 2) embrasse toute l'étendue des découvertes portugaises, le Bré-
sil, le cap de Bonne Espérance, les Indes, Sumatra, Java et les
Moluques. On peut résumer cette longue liste de la façon suivante:
Règlement d'Evora
\ombre de latitudes
Atlantique au nord de l'équateur, Europe et Afrique . 43
„ „ sud de l'équateur, jusqu'au cap de Bonne
Espérance 29
Côtes du Brésil 35
Afrique Orientale, du Cap à l'équateur ... 28
de l'équateur à la mer Rouge . 1 1
De la mer Rouge au golfe Persique . . .15
Du golfe Persique et l'Inde au cap Comory . . 23
Singapour, Sumatra, Java, les Moluques ... 6
Total des latitudes 190
En déduisant les latitudes de l'Atlantique au nord
de l'équateur 43
on obtient le nombre de points qui manquent dans
le Règlement de Munich 147
Dans la liste de Munich on trouve en tout 60 latitudes au nord
de l'équateur qui correspondent aux 43 du résumé précédent, tout
le reste manque.
116
.\uiiibp' (It; laliuidi'^
Ki'jjleiiU'iit il'Rviir.i Ki^ïlciin-nt de Miiiiicli
Atlantique au nord de l'équateur 43 60
Manquent dans la liste de Munich .147 —
Le Brésil, l'Afrique Occidentale au sud de l'équateur, toute
l'Afrique Orientale, les Indes et l'Orient ne figurent pas dans le
document de Munich; on y trouve seulement l'étendue des découvertes
accomplies au temps de D. Affonso V et rien au delà. Cette différence
nous a surpris et nous avons examiné la suite du texte dans les
pages non numérotées, croyant l'exemplaire incomplet, mais il
faut exclure cette hypothèse. La liste est imprimée sur une
seule feuille pliée par le milieu et formant le centre d'un cahier.
Le commencement et la fin des quatre pages de cette feuille cor-
respondent parfaitement au reste du texte, donc il ne manque rien.
L'édition de Munich n'a enregistré ni les découvertes de Diogo
Câo, ni celles de Bartholomeu Dias. Ces latitudes étaient connues
cependant à l'époque de l'impression. Pourquoi cette omission? Nous
verrons plus loin qu'elle était intentionnelle et en harmonie avec
un décret de 1504, qui défendait de faire des cartes nautiques
contenant des indications au delà de l'équateur. L'édition d'Evora
(1518?) est d'une date oli la loi de 1504 n'était plus en vigueur.
Aux divergences entre les Règlements d'Evora et de Munich
que nous venons de mentionner, il faut ajouter que dans ce dernier,
on ne trouve pas les deux chapitres suivants contenus dans le
document d'Evora:
Règles pour déterminer l'heure de la nuit par
l'étoile polaire.
Règles pour savoir l'heure de la marée haute.
LE CALCUL DES LATITUDES PAR LA HAUTEUR
DU SOLEIL.
Les tables du Règlement de Munich, établies pour les 12 mois
d'une année bissextile, indiquent donc d'abord la date, ensuite la
position du soleil dans les signes du zodiaque et enfin la déclinaison.
La position dans les signes est ainsi sans importance, puisque
de la date on arrive directement à la déclinaison. Ces tables forment
un contraste frappant avec celles de Zacuto. Leur plus grande
simplicité conduit cependant à une moindre précision. Nous allons
117
nous rendre compte de l'importance pratique de cette différence
d'exactitude.
Pour le calcul, selon l'Almanach Zacuto, on doit avoir recours
à trois tables différentes.
1. Tabula solis (l^ 2^ 3^ 4^), Radix 1473.
2. Tabula équation i s solis.
3. Tabula decli nation i s planetarum et solis abequi-
n o t i a 1 e.
Les tabulae solis sont faites pour un cycle de 4 années. Elles
présentent des divergences pour la même journée envisagée dans
chacune des quatres années du cycle solaire. Voici comme exemple
la position du soleil dans le signe de Aries le 10 avril de chaque
année:
Tabula prima solis 29*^ 38' 26"
„ secunda solis 29*^ 24' 5"
tertia solis 29"^ 9' 45"
solis quarta 29" 56' 13"
Dans le Règlement de Munich on néglige ces différences. Les
tables d'une seule année, indiquent pour le 10 avril 30*^.
Pour trouver la déclinaison par les tables de l'Almanach Zacuto,
le calcul pour la journée du 15 mars 1495 serait, par exemple, le
suivant:
1. Trouver la position du soleil dans les signes.
11 faut d'abord déterminer à laquelle des tabulae solis
correspond l'année 1495. Comme 1473 est la première année
(Radix), on déduit 1472 de 1495 . . . . 1495—1472^23
De cette différence on déduit un nombre entier de cycles,
à savoir 5 cycles de 4 années 23 — 20 -^ 3
La tabula solis à employer est donc celle de la 3"^'-' année
ou la tabula tertia solis.
Cette table indique pour la journée du
15 mars: Aries 3'' 47' 35"
En recourant à la tabula equationis solis (no 2)
on trouve l'excédant correspondant aux 5 ré-
volutions 8' 50"
Donc, la position du soleil le 1 5 mars 1 495 est : 3° 56' 25"
2. Trouver la déclinaison correspondant à cette position
du soleil.
En cherchant dans la tabula declinationis (no 3) sous la
colonne 0—6 (Aries-Libra), en lisant de haut en bas, on voit
118
que la déclinaison correspondant à 3" est 1'^ 12'
„ „ „ „ „ 4" „ r 36'
la différence d'un degré „ 24'
Avec cette différence de 24' pour un degré on calcule par les
proportions le montant à ajouter à la déclinaison de 3".
56' 25" ^ 3385"; 1 dej«ré -- .3600": Déclinaison correspondant à 1
degré = 24'
X = 22' 34'
X _ 24'
3385 ~ 3600 '
15 Mars 1495
Position du soleil. Déclinaison.
3" 0' 0" . 1« 12' 0"
56' 25" 22' 34"
3" 56' 25" Aries. 1° 34' 34"
La déclinaison du soleil pour la journée du 15 mars dans
le Règlement de Munich est toujours la même, à savoir 1*^ 36'.
Ainsi en supprimant tous les calculs précédents, on trouve dans
ce Règlement le travail tout fait, mais avec un écart de
r 36' 0" — r 34' 34" -- 0« r 26".
Cette différence a été jugée insignifiante, comparée à l'avantage
énorme obtenu par la simplification. Une erreur de 1 minute
26 secondes ne joue aucun rôle, comparée à ceux de 4*^ à 5"
des lectures faites à bord, comme nous l'indique maître Joào.
Ainsi on a grandement abrégé, on a négligé la différence résultant du
cycle solaire de 4 années, on a ignoré les fractions de degrés dans
la colonne des signes et on arrive ainsi à une valeur approxi-
mative de la déclinaison sans aucun calcul.' On a com-
pris le besoin de rendre le problème facile et abordable aux débu-
tants.
Dans la 2^ partie de notre étude nous traitons en détail de la
comparaison des tables de Zacuto avec celles du Règlement, il
suffit ici de relever un exemple pour faire ressortir le degré d'approxi-
mation adopté dans les dernières, ainsi que leur concordance avec
les tables de l'Almanach perpetuum.
On admet dans les tables du Règlement que la longitude du
soleil avance journellement juste d'un degré; on supprime les fractions
de degrés dans la colonne de l'emplacement du soleil. De cette
(') Voir à cet égard les considérations de Gelcich «Instrumente und wissen-
schaftliche Hiilfsmittel der Nautik (1892), p. 77 et notre note p. 131.
119
façon on fait correspondre chaque degré des 12 signes du zodiaque
à une journée du calendrier. Grâce à quelques intercalations cette
approximation est rendue possible, car on a réparti les 360" du
zodiaque sur les 366 jours d'une année bissextile. Or, la tabula
declinationis de Zacuto est, comme celle de Regiomontanus, étab-
lie pour chaque degré de la longitude du soleil dans les 12 signes.
On arrive ainsi à placer une date en face des déclinaisons prises
dans la table de Zacuto. Les deux résumés suivants élucident
notre exposé; nous y avons ajouté les déclinaisons correspondantes
de Regiomontanus pour en faire ressortir la complète divergence.
Règlement de
Munich
Soleil
^ dans
Dat^- : Gemini
Déclinaison
1 degrés
deg. m.
. Juin 1 19
23 5
2 1 20
23 10
3 1 21
23 14
4
22
23 18
5
23
23 22
6
24
23 25
7
25
23 27
8
26
23 29
9
27
23 31
10
28
23 32
11
29
23 33
12
30
23 33
Tabula declinationis
1 Soleil
dans
Zacuto
Regiomontanus |
Gemini
degrés
deg. m.
deg.
m.
19
23 5
23
3
20
23 10
23
7 i
21
23 14
23
12
22
23 18
23
15
23
23 22
23
19
24
23 25
23
22
25
23 27
23
24
26
23 29
23
26
27
23 31
23
28
28
23 32
23
29
29
23 33
23
30
30
23 33
23
30
D'après la table du Règlement le soleil se trouve le 1^' juin
à 19^ Gemini et d'après Zacuto la déclinaison qui correspond à
19" Gemini est de 23" 5'. En comparant les chiffres on reconnaît
les déclinaisons de l'Almanach perpetuum intégralement reproduites
dans le Règlement.
Dans les tableaux suivants nous avons fait un résumé des 17
exemples numériques du Règlement de Munich. Nous allons les
parcourir en reproduisant quelques passages correspondants du texte.
Pour plus de clarté, nous les avons réduits à des formules qu'on ne
trouve pas dans l'exposé de Munich. Six de ces exemples indiquent,
en degrés, la position du soleil dans le signe zodiacal respectif.
Dans les autres exemples, oij ce détail n'est pas fourni, car il est
superflu, on peut se le procurer dans les tables du Règlement.
120
Nous adopterons les abréviations suivantes pour notre exposé :
Ln ^^ Latitude nord H --^ Hauteur du soleil
Ls = Latitude sud D ^ Déclinaison.
EXTRAIT DU RÈGLEMENT DE MUNICH.
LATITUDES NORD DE L'EQUATEUR.
Signes nord, ombre nord.
„Si tu veux savoir, par la hauteur du soleil, à un endroit quel-
conque où tu te trouves, de combien tu es éloigné de l'équateur;
si tu es de ce côté, au delà ou sous l'équateur, tu dois d'abord
prendre la hauteur du soleil par l'astrolabe, ou par le quadrant et
cela à midi, quand le soleil est à sa plus grande hauteur. Après
avoir noté la hauteur, tu chercheras dans les tables le mois et le
jour, et tu trouveras pour cette même journée, à quel degré se trouve
le soleil et quelle est sa déclinaison. Si cela avait lieu entre le
11 mars et le 14 septembre, le soleil se trouverait alors dans les 6
signes du côté nord de l'équateur, qui sont Aries, Tauro, Gemini,
Cancer, Léo, Virgo. Et si l'ombre s'étend vers le nord, tu retrancheras
de 90 degrés la hauteur trouvée et le restant tu l'additionneras à la
déclinaison. Le résultat sera le nombre de degrés et de minutes
dont tu es éloigné de l'équateur vers le nord."
Résumé: Ln -- 90"— H+D.
Les exemples 1 à 4 sont compris dans cette formule.
On ajoute encore au 4^ l'observation suivante:
„Si par hasard tu trouvais 90*^ de hauteur du soleil, sache que
tu serais éloigné de l'équateur d'autant de degrés que le soleil a de
déclinaison, ni plus ni moins".
Résumé: H = 90"; Ln ~ D Exemple N" 4.
Signes nord, ombre sud.
«Sache que ce règlement est vrai si l'ombre est du côté nord.
Mais si l'ombre est du côté sud, ce qui t'arrivera si tu es placé
entre le tropique du Cancer et l'équateur, et cela seulement à quelques
époques de l'année, tu feras ton calcul de la manière suivante : Tu
ajouteras la hauteur à la déclinaison et ce qu'il y aura en plus de
90" sera ton éloignement de l'équateur."
Résumé: Ln -- (H+D)— 90» Exejriple N" 5.
Signes sud.
„ il en est ainsi, comme je t'ai dit, lorsque le soleil est dans les signes
du côté nord: mais s'il était dans les signes du côté sud, qui sont
121
Libra, Scorpio, Sagitari, Capricorno, Aquario et Pisces, et cela du
14 septembre jusqu'au 11 mars, tu feras de cette façon: prends la
hauteur du soleil, comme j'ai déjà dit, cherche dans la table la
déclinaison du soleil pour cette journée; additionne les deux nombres
et retranche la somme de 90 degrés; le restant sera ton éloignement
de l'équateur".
Résumé: Ln — 90^'— (H+D) Exemples, N^^^ 6, 7, 8.
Sous l'équateur.
„Et j'admets que tu as trouvé le même jour, 12 décembre,
la hauteur de 66 degrés et demi. Additionne 23^ et demi de décli-
naison; la somme sera 90 degrés, retranchée de 90 degrés il ne reste
rien: alors tu te trouves juste sous l'équateur. Ce règlement est
celui que tu dois suivre du nord jusqu'à l'équateur".
H-fD = 90« ; L ^ 90^—90'' -- 0, équateur. Exemple N*^ 9.
Exemples. — Au nord de l'équateur.
(U
p
Date
Hauteur
du soleil
Décli-
naison
Latitude
nord
Formule
Direction
de
l'ombre
Signes
1
1
20 août
62"
9" 43'
37" 43'
90— H (-D
nord
Signes nord
2
5 juillet
50"
21" 54'
61" 54'
,1
»
U mars au H sept/'
3
20 août
85"
9" 43'
14«43'
"
»
(aries, tauro. gemiiii.
4
5
6
12 juin
10 novembre
90°
75"
35"
d =
23" 33'
19" 35'
/
8» 33'
35" 25'
|[H+D]-90"
90"— [H 1 D]
»
sud
cancer, leo, rirgo)
Signes sud
7
12 décembre
28"
23" 33'
38" 27' •
1 "
„
li sept, an 11 mars
8
9
1)
60"
66" 30'
23" 33'
23" 33'
6" 27'
0
! "
))
(libra, scorpio,sagilari,
capricorno, aqnario,
pisces)
LATITUDES SUD DE L'EQUATEUR.
Signes sud, ombre sud.
„Mais au delà de l'équateur vers le sud, le règlement est l'in-
verse, c'est-à-dire que si le soleil se trouve dans les signes du côté
sud, tu feras comme tu as fait quand tu étais de ce côté-ci de la
ligne (équateur) et que le soleil était dans les signes du nord, à savoir:
(') L'addition erronée de 28" et 23" 33' conduit dans cet exemple à un
résultat faux indiqué en toutes lettres (pas en nombres) dans le texte. On y trouve
48" 27' au lieu de 38" 27'.
(-) Pas d'indication dans le texte.
(•') Les dates sont antérieures à la réforme du calendrier qui eut lieu en
1582 sous le pape Grégoire.
122
tu prendras la hauteur et si l'ombre s'étend vers le sud, regarde quelle
est la hauteur, déduis la de 90 degrés: au restant tu ajouteras la
déclinaison de cette journée, et tu seras éloigné d'autant de l'équa-
teur vers le sud."
Résumé: Ls 90"— H+D Exemples N"MO, 11, 12, 13.
Signes sud, ombre nord.
„Et si l'ombre se fait du côté nord, ce qui t'arrivera si tu te
trouves entre le tropique du Capricorne et la ligne, et cela à cer-
taines époques, tu additionneras alors la hauteur à la déclinaison,
et l'excédant de cette somme sur 90" sera ton éloignement de la
ligne."
Résumé: Ls - (H-f D)-90« Exemple N^ 14.
Signes nord.
„Et si le soleil était dans les signes qui sont du côté nord, tu
prendras la hauteur et la déclinaison de cette journée, tu addition-
neras le tout, et le restant sera ton éloignement de la ligne."
Résumé: Ls ~ 90"— (H-^D) Exemples N°M5, 16, 17.
Exemples. —
Au su
d de l'équateur.
0»
u.
TD
O
o
z
Date
Hauteur
du soleil
Décli-
naison
Latitude
sud
o
Direction
de
l'ombre
Signes
10
14 février
62" 9" 43'
37" 43'
90"— H l-D sud
Signes sud
11
2 janvier
50" 21 "54'
61 "54'
i>
1)
11 sept, an tt marg
12
20 septembre
85" 1 2" 24'
7" 24'
„
1)
13
—
90"' rf=
/
1) 1)
14
9 décembre
75" 23" 33'
8" 33'
[H 1 D]-90" nord
1
15
8 mai
35" 19" 35'
35" 25'
90"— [H 1 Dj {')
Signes nord
16
12 juin
18" 23" 33'
48" 27'
:
11 mars au ii M'pl.
17
i
60" î 23" 33'
6" 27'
"
))
M. le professeur A. Wolfer a bien voulu vérifier les deux tab-
leaux précédents et nous lui sommes reconnaissant de l'exposé
qui suit:
„Si l'on adopte les désignations:
Latitude L
Déclinaison du soleil D
Hauteur du soleil à midi H,
(') Le texte dit 9 degrés. (-) Pas d'indication dans le texte.
123
on a les deux groupes de formules suivantes:
Latitudes nord.
Ombre nord D positif. L--90"— H-f-D.
D négatif. L = 90*'— H-D.
sud D positif. L D-[90"^— H].
Pour les déclinaisons négatives, l'ombre ne peut jamais être
dirigée vers le sud ; cela ne peut arriver que pour des déclinaisons
positives et pour des latitudes entre 0 et 23 "^ 30' nord. La
condition est D. L.
Latitudes sud.
Ombre sud D positif. L- 90<^— H— D.
„ D négatif. L = 90'^— H+D.
nord D négatif. L = D— [90^— H].
Pour des déclinaisons positives, l'ombre ne peut jamais
être dirigée vers le nord; cela n'arrive que pour des déclinai-
sons négatives et pour des latitudes entre 0 et 23" 30' sud.
Condition D: L.
LE CALCUL DES LATITUDES DANS LE RÈGLEMENT
DEVORA.
L'exposé du calcul dans le Règlement d'Evora comme nous l'avons
signalé, est bien plus bref et il ne donne pas d'exemples numériques.
Nous le résumerons par les formules suivantes:
L Soleil au nord de l'équateur. (11 mars au 14 septembre.)
Ombre nord: Ln - 90*^— H+D.
Ombre sud: H+D. 90^ Ln -= [H+D]— 90".
H+D 90" Ls =90"-[H+D].
H4-D=^90" sous l'équateur.
il. Soleil au sud de l'équateur. (14 septembre au 10 mars.)
Ombre sud: Ls 90"— H+D.
Ombre nord: H^-D 90" Ls - [H+DJ— 90".
„ H+D 90" Ln = 90"— [H-fD].
H4-D 90" sous l'équateur.
«Toutes les fois que tu trouveras la hauteur du soleil égale à
90" et qu'il n'y aura pas d'ombre dans aucune direction, que le
soleil soit du côté nord ou du côté sud, tu seras écarté de la
ligne vers le côté où se trouve le soleil d'autant de degrés que
tu trouveras de déclinaison, à savoir: si le soleil est du côté nord,
tu seras d'autant du côté nord; et si le soleil est du côté sud, tu
seras d'autant du côté sud de l'équateur."
124
LE CALCUL DES LATITUDES SELON DUARTE PACHECO
PEREIRA.
L'„Esmeraldo de situ orbis" de Duarte Pacheco, écrit
à diverses époques entre 1505 et 1521, contient plusieurs chapitres
sur l'astronomie nautique. Nous aurons à nous occuper_ plus lon-
guement de ce livre dont voici en résumé le chapitre 10, traitant du
calcul des latitudes:
„De como se ham d'ajuntar os graaos que osol sobir,
aos graaos de sua decrinaçam ou se ham de tirar ha
decrinaçam d'altura que asy sobir.
„La hauteur du soleil doit être prise juste à midi par l'astro-
labe ou le quadran t."
„Si l'on prend la hauteur du soleil le 11 mars ou le 14 sep-
tembre et si l'on trouve 90", ce qui est la plus grande hauteur à
laquelle le soleil puisse monter, on est sous l'équateur. Si
dans les mêmes journées on note la hauteur du soleil de 50,
60, 80 ou moins de 90", alors on ne se trouve pas sous l'équateur
et pour déterminer la latitude, il faut déduire de 90" les degrés de
la hauteur du soleil; le restant sera la latitude en degrés vers l'un
ou l'autre des tropiques.
Si l'on trouve, le 12 juin, la hauteur du soleil de 90", on est
sous le tropique du Cancer et la latitude est de 23" 33'; et si l'on
note, le 12 décembre, la hauteur du soleil de 90", alors on est
sous le tropique du Capricorne et la latitude est de 23" 33'.''
On peut résumer le restant de l'exposé de la façon suivante:
I. Position du soleil entre l'observateur et l'équateur. Que le
soleil soit au nord ou au sud de l'équateur, on aura:
L nord ou sud - 90"— [H— D].
II. Position de l'observateur entre le soleil et l'équateur:'
H-fD 90«; L nord ou sud - [H+D]— 90**.
III. Position de l'équateur entre le soleil et l'observateur:
L nord ou sud : - 90"— [H+D].
Des trois exposés du calcul des latitudes que nous venons de
faire, celui du Règlement de Munich est certainement le plus
ancien, la question était encore à ses débuts. Le dernier, celui
(•) Duarte Pacheco prévoit ici deux cas. L'un H | D '90"; l'autre H fD. 90".
M. le professeur Wolfer, en examinant ces éventualités, nous écrit que le premier
des deux, H |-D ;90", correspond en réalité à la position III, c'est-à-dire
L serait négatif et l'observateur se trouverait au sud de l'équateur. Pour la
position de l'observateur entre le soleil et l'équateur il y a toujours H | D 90.
125
de Duarte Pacheco, est précieux à plusieurs points de vue. Il dénote,
par sa forme résumée et concise, une plus grande familiarité avec
la nouvelle méthode. Duarte Pacheco était un contemporain de
Bartholomeu Dias, il commandait une expédition en 1488, quand
Dias revenait du cap de Bonne Espérance. Ils se rencontrèrent à
l'île du Principe et rentrèrent ensemble à Lisbonne.^
En 1498, Vasco da Gama étant en route pour les Indes,
Pacheco dirigeait une expédition de reconnaissance dans l'Amérique
du Sud. Son activité comme navigateur touchait à son terme vers
1503, date de son départ pour les Indes.
Duarte Pacheco était un contemporain de la Junta, un collègue
de Dias, de Gama et de Cabrai; son exposé nous montre combien
les nouveaux procédés de l'astronomie nautique lui étaient familiers.
LE CALCUL DES LATITUDES SELON JOÀO DE LISBOA.
Joào de Lisboa est mort vers 1527, il fit partie et fut peut-être
même un des pilotes, de la première expédition de Vasco da
Gama aux Indes. Il était donc le contemporain de Bartholomeu
Dias, de Duarte Pacheco et d'Alvares Cabrai. Son Livro de Marinharia,
écrit à des époques différentes, contient une partie datée de 1514:
„Tratado da agulha de marear achado por Joào de
llixboa, ho ano de 1514."
L'exposé de Joào de Lisboa occupe 4 pages. Il est moins
concis que celui de Duarte Pacheco; mais la question y est traitée
sur les mêmes bases — position réciproque du soleil, de l'observateur
et de l'équateur. Nous nous abstenons d'en faire le résumé pour
ne pas trop allonger cette étude et renvoyons le lecteur au Livro de
Marinharia, œuvre très importante qui, à elle seule contient une
abondance remarquable d'études sur l'astronomie nautique. On y
trouve (p. 31—34) les 3 chapitres suivants:
Regimento pera saberes quoâtos graaos tomas no
estrellabio em quallquer diado an no: ouem quallquer
terra que esteuer.
Regimeto daltura do Soll quamdo amda da bamda
do norte.
Regimeto do sol da parte do sul.
Le calcul se base sur des tables du cycle de 4 années jointes
au livre. La déclinaison maxima de ces tables est de 23" 33'. Nous
avons trouvé ce même chiffre dans les deux Règlements de Munich
(') Barras. Dec. 1. L. 3. C. 4, p. 191.
126
et d'Evora, dans le livre de Duarte Pacheco, dans le Traité de la
sphère de Faleiro, ainsi que dans les œuvres espagnoles de Enciso
éd. 1519 et 1530, et Médina éd. 1545. Cette déclinaison maxima
de 23" 33' est prise dans la tabula declinationis de Zacuto, comme
nous l'avons fait remarquer dans notre introduction.
Ce n'est que dans les tables de Pedro Nunes, datées de 1537,
que l'on rencontre pour la première fois dans les tables portugaises
la valeur de 23*' 30', adoptée par Regiomentanus.
Ce serait donc seulement à partir de cette date de 1537, qu'il
pourrait être question de l'influence des œuvres allemandes.
Dans la tabula solis établie par Zacuto, on remarque que
l'année bissextile est la 3'"^ année du cycle; dans le Règlement d'Evora
c'est la première qui est bissextile; dans les tables de Joào de Lisboa,
de Francisco Faleiro et de Pedro Nunes c'est la 4"^^ année.
Les tables nautiques des œuvres espagnoles de Enciso et Mé-
dina obéissent également au cycle de 4 années, que l'on retrouve
dans l'Almanach perpetuum et pas dans les Ephémérides.
LE CALCUL DE MAITRE JOÀO DU 27 AVRIL 1500.
Nous reproduisons plus loin le texte intégral ' de la lettre
du pilote maître Joào, bachelier-ès-arts et médecine et chirurgien de
D. Manuel, écrite à Porto Seguro, point oii est arrivée l'expédition
d'Alvares Cabrai au Brésil.
Sousa Viterbo cite une traduction espagnole de la Cosmo-
graphie de Pomponius Mêla existant en manuscrit à la Bibliothèque
d'Ajuda à Lisbonne. Elle est l'œuvre de maître Joào Paras, bachelier-
ès-arts et médecine et chirurgien du roi, que Viterbo- croit
pouvoir identifier avec maître Joào, pilote, auteur de la lettre en
question. La lettre de maître Joào, document d'une haute valeur
historique, indique que ce pilote était spécialement chargé des ob-
servations astronomiques, il semble traiter des questions bien précises
sur lesquelles il avait à faire un rapport. Nous examinons, dans un
autre endroit, l'allusion que fait l'auteur à une ancienne map-
pemonde de Pero Vaaz Bisagudo où le Brésil qu'on venait d'at-
teindre, se trouvait indiqué. Quant aux questions astronomiques, la
lettre fournit des informations sur les étoiles du pôle antarctique et
contient aussi un exposé sur les expériences peu satisfaisantes faites
(') Document N» 4.
(-) Souza Viterbo. Trabalhos nauticos. Vol. il, p. 285.
127
avec les „tablas de las Indias", qui serait un instrument astronomique
montré à Vasco da Gama par le pilote maure de Mélinde.' Enfin
maître Joào y expose encore les éléments du calcul de la latitude
de Porto Seguro. Ce calcul a une assez grande importance pour
notre étude. Le pilote indique que la hauteur du soleil à midi, le
27 avril, était de 56" et l'ombre septentrionale.
„ D'après les règles de l'astrolabe nous jugeons être éloignés
de l'équateur de 17" et par conséquent avoir 17" vers le pôle
antarctique, selon que cela se déduit de la sphère." -
En vérifiant ce calcul par les tables du Règlement, on n'arrive
pas au résultat de maître Joào. On trouve, ce qui n'est pas admis-
sible, 51" de latitude nord. Mais en admettant que le calcul est juste
et si l'on remplace le mot septentrionale par méridionale,'^ on trouve
en consultant le Règlement de Munich:
(') A son retour des Indes, en 1499, Vasco da Gama emmène à Lisbonne
des pilotes maures. Ce furent eux qui probablement donnèrent les indications
sur l'emploi des „tablas de las Indias" aux pilotes d'Alvares Cabrai. Gaspar
Correa écrit sur l'arrivée des pilotes maures à Lisbonne les lignes suivantes:
„Entào (Vasco da Gama) mandou desembarcar e trazer para sua
casa os pilotos mouros e os cativos e o judeu (Gaspar das Indias)
que jâ todos traziào seus vestidos que Vasco da Gama Ihes mandara
fazer partindo da Terceira."
Gaspar Correa. Lendas da India t. 1., p. 141. Voir le passage de Bar-
ros sur le pilote de Mélinde, Doc. N" 9.
(-) Tomamos el altura del sol al medio dia e failamos 56 grados e la
sombra era septen tr i onal por lo quai segund las reglas del estrolabio
jusgamos ser afastados de la equinoçial por 17 grados, e por consyguiente
tener el altura del polo antartico en 17 grados, segund que es manifiesto en
el espéra. Lettre de maître Joào, Document N" 4.
(^) Nous avons eu recours à l'amabilité de M. le professeur Wolfer qui
écrit à cet égard ce qui suit:
«L'expression ombre nord do\t être erronée, il ne peut être question
que de l'ombre sud. Pour les endroits de l'hémisphère sud, entre
les tropiques (lat. sud 17") l'ombre n'est dirigée vers le nord que pour
des déclinaisons sud.
La déclinaison du 28 avril est positive ( | 17") et si la hauteur du soleil
à midi a été trouvée de 56", la latitude correspondante avec l'ombre
nord serait de 51" nord. Ceci serait en contradiction avec la latitude
indiquée de 17" sud. Ainsi la direction de l'ombre n'a pu être que
„méridionale".
Si le manuscrit a été fidèlement reproduit, maître Joào a fait erreur en
écrivant „sombra septentrionale".
128
27 avril Déclinaison 16M2' ) ^.,, ^. ....
,^„p., I chiffres arrondis par maître Joao
29 „ „ 17" 17' )
Latitude sud 90" (56+17) 93''~73« 17^
C'est-à-dire la latitude de 17", vers le pôle antarctique, indi-
quée par le pilote maître Joào à D. Manuel. Dans la liste des
latitudes du Règlement d'Evora, Porto Seguro est placé à 17" et
dans celle de Duarte Pacheco (Esmeraido) à 18".
Ce calcul en lui-même ne suffit pas à prouver que maître Joào se
servit des tables du Règlement, mais si l'on considère encore ses réfé-
rences aux règles de l'astrolabe et à lexposé de la sphère,
on est forcé de reconnaître qu'il s'agit bien de l'œuvre en deux éditions
que nous connaissons et qui servit soit en imprimé soit en manuscrit,
dans l'expédition d'Alvares Cabrai.
LE CALCUL DES LATITUDES SELON PEDRO NUNES.
Comme complément à la série des calculs des latitudes établis
par des auteurs portugais, contemporains des grandes découvertes,
nous reproduisons à la fin de cette étude le chapitre consacré par
Pedro Nunes à ce sujet dans le Tratado em defensam da carta
de niarear. (Document n" 3.)
«Regimento da altura do polo ao meo dia"
Au lieu de la hauteur du soleil, Nunes introduit dans le calcul la dis-
tance zénithale Z, soit l'angle complémentaire de la hauteur, puisque
H+Z=90.*'
Il examine les éventualités suivantes:
I Déclinaison nord, ombre nord: — Ln=Z-|-D
„ „ „ sud: Z=D L =0
„ „ „ „ D>Z Ln=D— Z
w » » )j Zj^ iJ LS — Z< \J
il Déclinaison sud, ombre sud: — Ls=Z-|-D
„ „ nord: Z=D L =o
D>Z Ls=D— Z
Z>D Ln=Z — D
11! Déclinaison=zero, ombre nord: — Ln=Z
„ „ sud: — Ls=Z
IV Z=-zéro, (H=90"), Déclinaison nord: Ln=D
„ ,, sud: Ls=D
129
Ensuite Nunes aborde le problème de la détermination des
latitudes, quelle que soit l'heure où le soleil se montre:
„Como se tomara a altura do polo em todo tempo
que ouuer sol."
Comme ce chapitre traite d'un perfectionnement du procédé en
usage, nous reproduisons seulement les considérations préliminaires
faites par Nunes en abordant le problème qu'il résolut vers 1533.
Cette matière est étudiée longuement dans le Roteiro de D. Joào de
Castro (1538), livre qui s'occupe en détail des essais et applications
des nouvelles méthodes publiées par Nunes l'année précédente.
Les cinq exposés du calcul des latitudes que nous
venons de parcourir, permettent d'apprécier exactement les ressources
scientifiques des marins portugais à l'époque des grandes découvertes;
trois émanent de contemporains et de compagnons de
Bartholomeu Dias et de Vasco da Gama, ce sont les calculs
de Duarte Pacheco, de Joào de Lisboa et du pilote maître Joào;
les deux autres sont tirés des deux éditions du Règlement de
l'astrolabe, œuvre dont l'importance comme guide nautique of-
ficiel, devient de plus en plus évidente. Le plus ancien des
deux derniers est celui du Règlement de Munich; son texte, des plus
élémentaires et très explicite à la fois, pourrait bien être l'original
même de l'étude astronomique de la Junta.
L'ensemble de ces cinq exposés nous montre le degré d'avance-
ment auquel le Portugal était arrivé pour orienter la navigation dans
l'hémisphère sud. L'urgence en avait du reste été reconnue. Les
marins que nous venons de citer, étaient tous des contemporains
de Colomb. Beaucoup d'auteurs, même modernes, mettent les décou-
vertes portugaises au deuxième plan par rapport à celles de Co-
lomb. On peut leur répondre avec les propres mots de Pedro
Nunes: c'est grâce à la science portugaise qu'on a trouvé le
moyen d'orienter la navigation sous de nouveaux cieux et de nou-
velles étoiles. Voici ce qu'en dit ce grand mathématicien en 1537:
„ll n'est point douteux que depuis une centaine d'années
les navigations de ce royaume soient les plus grandes, les plus
merveilleuses et d'une portée bien supérieure à celles de tout
autre peuple du monde. Les Portugais ont osé affronter le
grand Océan, ils l'ont traversé sans peur, ils découvrirent de
nouvelles îles, de nouvelles terres, de nouvelles mers, de
1 30
nouveaux peuples, bien plus, ils découvrirent un nouveau ciel
et de nouvelles étoiles.'"
Les œuvres espaj^noles sur l'astronomie nautique, telles que
Enciso, Médina et Martin Cortez démontrent combien la science
maritime des Portugais leur a servi de modèle.
Ainsi le livre d'Enciso „Suma de geographia" édition 1519,
reproduit à maintes reprises la traduction littérale de passages pris
dans le Règlement de Munich, parfois même erronés.
Voici deux exemples:
Rè;4lement de Munich. Enciso éd. 1519.
Regimento do estrolabio e do qua- Regimiento del astrolabio y qua-
drante pera saber ha declinaçam c ho drante para saber la declinacion del sol
logar do soll em cada hiium dia. y el lugar y casa en que esta en cada
un dia.
Primeiramente saberas que aos XI Primeramiente sabras que a onze
dias de março esta ho sol no equi- dias de março y a catorze de setiem-
noçiall que no te declinaçam: e asy bro el sol esta en la equinocial que
mesmo aos .xiiij de setembro e no no tiene declinacion ninguna. y enel
ano de bise.xto cresçe mays hum dia. ano de bisiesto cresce en setiembro
un dia mas.
Le Traité de la sphère de Faleiro écrit en espagnol (1535), était
l'œuvre d'un Portugais au service de l'Espagne. La valeur historique
de ce livre remarquable et rarissime est évidente si l'on considère
que son auteur, frère de l'astronome Ruy Faleiro, était lui aussi
désigné à prendre part dans le premier voyage autour du monde
avec Fernào de Magalhaès.
Il suffit de lire ce que disent Breusing et Ruge des calculs
des latitudes effectués par Colomb, pour se rendre compte de
la pauvreté de ses connaissances scientifiques. Ses calculs fondés
sur le procédé plus simple de l'étoile polaire, renferment des erreurs
si grandes (so ungeheuerlich) que déjà de son temps ils ont soulevé
le doute.
Un auteur récent a formulé d'une façon précise les mérites
hypothétiques de Behaim. Il aurait enseigné la méthode du calcul
(') „Nam ha duuida que as navegaçôes deste reyno de cem annos a esta
parte: sam as mayores: mais marauilhosas: de mais altas e mais discretas
conjeyturas: que as de nenhua outra gente do mundo. Os Portuguezes ousaram
cometer o grande mar Oceano. Entraram per elle sem nenhum receo.
Descobriram nouas ylhas, nouas terras, nouos mares, nouos pouos: e o que
mays he: nouo ceo: e nouas estrellas."
Niines. Tratado em defensam. Rev. d'Engenharia !. c. 1911 p. 241.
131
des latitudes aux marins portugais à l'aide des œuvres de Regio-
montanus. Ce calcul long et difficile auparavant, aurait été simplifié
et rendu abordable par Behaim dès son arrivée à Lisbonne (1484).
Ces idées de M. Gelcich se basent cependant sur des données
insuffisantes et incomplètes. Ainsi, d'après cet auteur, la Péninsule
n'aurait absolument rien produit en fait de tables astronomiques,
dans la longue période dès les tables du roi Alphonse (1256),
jusqu'aux Ephémérides (1474). Il en a été tout autrement. Dans
cet intervalle de plus de deux siècles, une trentaine d'auteurs juifs
étudièrent des sujets astrologiques. Parmi ceux-ci nous avons cité
dans notre introduction, une dizaine traitant de tables astro-
nomiques.
Les références aux tables de Pierre IV d'Aragon il336— 1386i,
sont inconnues de M. Gelcich, de même celles de D. Juan I, el Caza-
dor (1390), donnant comme les Ephémérides, la longitude du soleil,
de la lune et des étoiles jour par jour, mais pour trois ans seule-
ment. Il ignore encore les tables de Prophatius, de Gerson, de
Zaddik, de Poël ou d'ibn V^erga; enfin les tables de Zacuto elles-
mêmes sont sans doute inconnues de cet auteur.^
M. Gelcich a consulté lui-même, paraît-il. le Règlement de
l'astrolabe à la Bibliothèque Royale de Munich ; il y a puisé quel-
ques indications sur d'autres sujets, sans toutefois avoir remarqué
le long exposé du calcul des latitudes contenu dans le précieux vo-
lume, ainsi que la déclinaison du soleil jointe aux tables du ca-
lendrier.
(') Voici ce qu'écrit M. Gelcich à propos du calcul des latitudes par
Behaim :
„Als sich nun Behaim in Portugal mit der Breitenbestim-
mungsmethode der damaligen Seefahrer vertraut machte,
mijssen ihm doch die armen Schiffsfiihrer ordentiich leid ge-
tan haben, die sich so vie! plagen mussten, um zuerst die Lange der Sonne
und dann aus derselben die Dekiiiiation zu berechnen. Da wird er ihnen
wohl zugerufen haben: Zu was den ganzen Kram, zu vvas so viel Kopfzer-
brechen, wenn Euch der Kônigsberger Astronom die Lange der Sonne ohne
weiteres liefert? Nicht genug, dass Eure Berechnungen so kiirzer werden, Ihr
erhaltet aber auch genauere Tafein, denn die Alphonsinischen sind ja voiler
Fehler!
Je mehr uir uns aiso in die Verhaltnisse zu den Zeiten Behaims hinein-
denken, dcsto grossartiger muss uns dicse seine Leistung vorkommen."
E. Gelcich. Die Instrumente und die wissenschaftlichcn lliilfsniittel der
Nautik zur Zeit der grossen Lander - Entdeckung. (l'estschrift der llam-
burgischen Anierika ("eier.) Hamburg 1S92. p. 7S.
132
Eh bien, ces tables approximatives, mais jugées suffisantes aux
débuts de la nouvelle méthode, sont entièrement basées sur la table
de la déclinaison de l'œuvre de Zacuto.
L'incunable de Munich, dont la valeur passa inaperçue de MM.
Giinther et Gelcich (probablement à cause de la difficulté de
lire ce texte vieux portu.gais), contient encore bien autre chose.
Non seulement on y supprime le calcul de la longitude du soleil
(Sonnenlânge), mais aussi celui de la déclinaison, car on la trouve
calculée à l'avance et placée en face de la date journalière. Un plus
on y ajoute un exposé de la mcthode à suivre pour initier les
marins dans ce calcul.
Ni les tables de Zacuto, ni les deux œuvres de l^egiomon-
tanus ne traitent en détail cette méthode et pourtant c'est là
un accessoire indispensable. Il est donc évident que la prétendue
pénurie dans laquelle se trouvaient, d'après M. Gelcich, les marins
portugais au point de vue astronomique, est sans aucun fondement,
ils étaient en effet bien mieux outillés que ne le croit cet auteur.
Ce fut grâce au Règlement de l'astrolabe, œuvre d'astrono-
mes destinée à la marine, que le problème du calcul des latitudes
trouva sa solution définitive.
On pourrait encore prétendre peut-être, que Behaim aurait
été l'auteur de ce Règlement; dans ce cas il aurait pris les élé-
ments astronomiques dans l'Almanach perpetuum et non pas dans
les œuvres de Regiomontanus. On serait donc forcé d'admettre que
Behaim aurait obtenu ces éléments ou bien de son collègue Vizinho
élève de Zacuto, ou qu'il les tenait du savant professeur de Sala-
manque, lui-même nommé dès 1492, astronome de la cour por-
tugaise.
La prétendue introduction des instruments nautiques par Behaim
au Portugal, est une simple hypothèse déjà abandonnée. Il faudra
en faire autant en ce qui concerne le rôle attribué aux Ephémérides.
Enfin son enseignement du calcul des latitudes aux pilotes portugais,
ne pourra non plus se soutenir.
C'est grâce aux nombreuses études des auteurs allemands sur
Behaim et à quelques exagérations en sa faveur, que la lumière
s'est faite. La question Behaim a eu le mérite incontestable d'attirer
l'attention sur ces points obscurs de l'histoire des découvertes.
D'une part on trouve le calcul des latitudes basé sur d'autres
éléments et non sur ceux des œuvres de Regiomontanus. D'autre
part les exposés de ce calcul faits par Duarte Pacheco, Joào de
\33
Lisboa et le bachelier maître Joào, mettent à la place qui leur
revient de juste droit les ressources scientifiques des marins portugais,
contemporains de Behaim.
Barros a traité longuement de l'astronomie nautique dans sa
Géographie, livre qui s'est perdu. On a bâti des hypothèses et on
le fait encore de nos jours, sur les passages obscurs de son „Asie",
tout en ignorant systématiquement les déclarations catégoriques de
Qaspar Correa,' son contemporain. Les doutes montrés par
quelques auteurs à l'égard de la chronique de Correa, ne se justi-
fient pas en ce qui concerne Zacuto. On a des preuves suffisantes
du fondement de ces déclarations en faisant la confrontation des
tables. Herculano, le plus grand des historiens portugais, a du
reste bien précisé la haute valeur de cette chronique, en la classifiant
inférieure par la forme, mais de beaucoup supérieure par le contenu
aux Décades de Barros. -
(') Gaspar Correa (mort 1583?), fut un des premiers historiens qui re-
cueillit des renseignements sur les découvertes aux Indes mêmes, où il était
déjà vers 1512. Son œuvre écrite à Goa entre 1529 et 1561, s'arrête en 1550.
Dans le prologue de son livre, Correa dit être venu aux Indes 16 ans après
la découverte et y avoir cueilli ses informations des propres marins de Vasco
da Gama.
Voici le passage en question:
„E por auer dezaseis an nos que a India era descoberta
q u a n d o eu a e 1 1 a v i m em moço de pouca idade, sem entendimento de
tomar este cuidado, mas vendo os i obres feitos que passauào, e du\'idosas
profias que despoes auia, tomei em vontade fazer algumas breues lembranças
na verdade que passarào as que vi; e as que erâo passadas trabalhei com muito
cuidado perguntando a homens antigos, que foram neste descobrimento e as
du\idas tirando com os proprios homens que nos feitos se
a c h a r à o , e m que a c h c i a 1 g u n s homens que v i c r à o n a s p r o p r i a s
naos do d e s c o b r i m e n t (j. "
(jaspar Correa, Lendas da India, I. c, p. 2.
(-) Voici ce qu'écrivent Alexandre Herculano et Castello de Paiva dans
le prologue de la deuxième édition du Roteiro de Vasco da Gama:
„As Lendas da India de Gaspar Correa inferiores pela forma as decadas
de Barros e até se quizerem â rude historia de Castanheda, sào quanto a
substancia muito superiorcs dquellas, e ainda d hamilde, mas
evidentemente sincera narrativa de Castanheda.
A' maior autoridade de um homem que tinha intervindo em grande parte
nos successos que narra, e que estivera collocado por muito tempo n'uma
situaçao vantajosa para appreciar bem os acontecimentos da India, associa-se
no livro de Correa â candura que Iransparece nos seus periodos singelos uma
pontualidade c naturalidade em descrever factos, que inspira m con fiança
n o mais s u b i d o g r ;i u. \l m r e I a <; a o â v i a g e m il < > des c ii h r i m e n t o
Cet auteur écrit que Zacuto avait rédigé le Règlement, éta-
bli les tables de déclinaison, instruit les pilotes et résolut en-
core une autre difficulté ' (fez outro artificio) pour déterminer la
hauteur exacte de l'étoile polaire. 11 s'a.i^it sans doute du calcul des
corrections à apporter à la lecture de cette hauteur, selon la position
des „guardas" (voir le Règlement de l'étoile polaire p. 136).
Le globe de Nuremberg, seule œuvre authentique de Behaim,
jette, malgré sa valeur historique, un jour défavorable sur les
connaissances astronomiques de son auteur.
Peschel y a remarqué des erreurs de latitude allant jusqu'à 16",
à des endroits visités par Behaim en personne. Son globe est
accompagné de nombreuses notes qui lui sont également dés-
avantageuses.
On est étonné de voir reproduites les légendes de l'île Antilla,
celle de l'île de San Brandam et plus encore, de l'emplacement
donné à ces îles imaginaires. La carte catalane de 1375, antérieure
de 115 ans au globe de Nuremberg, n'indique plus que le nom de
San Brandam, elle n'étale pas la légende.
Behaim, ne l'oublions pas, était un membre de la junta dos
Mathematicos; il aurait dû être autrement mieux renseigné qu'on
ne l'était en Catalogne plus d'un siècle auparavant.
En 1490, les parages des Açores et des Canaries étaient par-
courus dans tous les sens depuis environ 60 ans par les navires
portugais. Behaim vécut de longues années à l'île de Payai (Açores).
Il plaça la mystérieuse île Antilla à une distance de Payai égale
à celle qui sépare^la première île des Açores de la dernière, ajoutant
à ce sujet la note suivante:
„L'année 734 de la naissance du Christ, quand toute l'Espagne
fut conquise par les infidèles, cette île Antilla, nommée Sete Cidade,
a été habitée par un archevêque de Porto au Portugal, ainsi que par
six autres évêques et d'autres chrétiens, hommes et femmes, qui se sont
enfuis de l'Espagne par bateau et ont emporté avec eux leur bétail et
c o m o e m r e 1 a ç à o a t a n t o s o u t r o s p o n t o s d a n o s s a h i s t o r i a d a
1 n d i a , as L e n d a s 1 e \' a m d e c i s i \' a v a n t a g e m a o que e s c r e v e r a m
Barros e Castanheda.
Alexandre Herciilano e Castello de Paiva. Roteiro da \'iagem de Vasco
da Gama. 2^ ediçào, Lisboa. 1861, p. ix.
C) „Concertou as tauoadas do decurso do sol com as circumferencias da
estrella do Norte, pera oque fez outro artificio pera tomar o
ponto em que estaua a estrella do Norte per tal arte, com que
de todo os pilotos ficaram em muy perfeito saber de navegar."
Gaspor Correa, Doc. No. 5
135
leur avoir. Un navire de l'Espai^ne s'est fortement rapproché de cette
île pendant l'année 1414." ' (Traduction.)
Behaim a su attirer sur lui l'attention de D. Joào II à deux re-
prises. D'abord en répandant à Lisbonne en 1484, le bruit qu'il
était l'élève de Regiomontanus. Ce fait, juste au moment où l'on
étudiait une question capitale, l'application de l'astronomie à la
navigation et à l'époque même du départ de Colomb pour l'Espagne,
ne passa pas inaperçu du roi habile et prudent qu'était D. Joào II.
Plus tard en 1493, Behaim se présenta de nouveau à Lisbonne
muni d'une lettre d'oii il ressort qu'il jouissait de la faveur de
Maximilien, roi des Romains. Cette recommandation était
infiniment plus précieuse que la première, car elle venait indirecte-
ment du monarque cousin et ami, auquel le roi de Portugal avait
maintes fois témoigné la plus grande affection et auquel il était
attaché par d'étroits liens de parenté.
En conclusion, on peut aujourd'hui affirmer que l'astronomie
nautique du Portugal à l'époque des découvertes, reposait sur des
bases solides et incontestables de la science nationale. Le savoir des
marins portugais est prouvée par des documents autrement plus
sûres que les prétendus enseignements de Behaim, hypothèses dénuées
de preuves à l'appui. Aujourd'hui il s'agit de revendiquer l'honneur
dû aux initiateurs. On n'a jamais nié au Portugal la gloire d'avoir
donné à l'Europe l'impulsion des grandes entreprises mari-
times, inais on lui a contesté la science de la navigation qui en
somme n'était que la clef des découvertes.
Enfin, pour faire ressortir la supériorité des ressources
scientifiques des marins portugais et l'exactitude de leurs cartes,
citons un exemple frappant, d'après Pedro Nunes, se rapportant au
problème des longitudes.
Voici ce qu'il écrivait en 1537:
Ptolémée trouva d'après les informations obtenues du désert
que le cap Guardafui, appelé par lui Aromata, était éloigné
du méridien des Canaries de ^?>'-. Les Portugais, découvrirent
ce même cap non pas par des éclipses, comme l'avait fait
Ptolémée, non plus que par terre ou par des voyages vers le
Levant, mais en faisant des détours aussi grands que ceux de
la route des Indes . . .
{') Voir une autre note seniblalile sur i'île de San Brandam dans la
reproduction du i*lobe Ik'haim. Riii>i' I. c, p. ^M).
136
je m'attendais à trouver sur les cartes la lonj^itude de ce
cap bien différente de celle que Ptoicmée lui avait donnée.
Cependant, en la mesurant, je trouve qu'il y est placé égale-
ment à 83" du méridien des Canaries.
Il est évident que les Portugais n'ont pas adopté cette longi-
tude du cap Guardafui pour se mettre d'accord avec Ptolémée
qu'ils ne connaissaient généralement pas. Je ne sais même pas
s'il y a des Portugais qui se rappellent que Ptolémée parle
du cap Aromata et que celui-ci est le cap Guardafui . . .
Ainsi on arriva aux mêmes résultats par des moyens bien
différents; il faut en conclure que les navigations du
Portugal sont plus exactes et mieux fondées qu'aucunes
autres. '
Le RÈGLEMENT DE L'ÉTOILE POLAIRE.
Selon Môller, les Phéniciens utilisèrent les étoiles de la Grande
Ourse pour se diriger en mer, avant d'apprendre que celles de la
Petite Ourse étaient plus proches du pôle.-
Ils adoptèrent ensuite l'étoile j-i de l'Ursa Minor, qui se trouvait
alors plus près du pôle que Va, étoile polaire actuelle.^ Deux siècles
avant le Christ, l'étoile ce se trouvait environ à 12" du pôle. Cette
étoile se rapproche du pôle de plus en plus, jusqu'à l'an 2095,
arrivant alors à 26' d'écartement; ensuite elle commencera à s'en
éloigner.^
Dans les Libros de Saber e Astronomia l'étoile polaire est ainsi
décrite:
«La méridional de las dos que son en la linna, et es la mas
luziente del Alfacacen. Es en Léo 4" 23', la ladeza es 72 "^ 1',
et es de la 2 grandeza. Et la sua natura es de Saturno et un
poco de Venus, et es fria et templada en sequidat et humidat. ■'
A l'époque de Raymond Lulle, un siècle avant maître Jacomo
de Malhorca, on employait des instruments nautiques dans la marine
catalane pour des observations polaires.
(') Nunes. Tratado em defensam, etc. Rtnista d'Engenharia 1. c. 1911,
p. 355.
(-) J. Môller. Nautik, 1909, p. 2.
(^) J. Môller, 1. c, p. 2.
(^) J. B. Messerschinidt. Die Erde als liimmelskôrper. 1909, p. 141.
(•') Mddler. Geschichte der Himmelskuiide, Band 2, 1873, p. 353, d'après
Rico y Sinobas: Ed. de los Libros de Saber e Astronomia del Rey Alfonso X
de Castella. Madrid, 1863.
137
Les instruments introduits par le cartographe majorquin en
Portugal, représentaient donc au moins un siècle de perfectionne-
ments. L'atlas Laurenziano de 1351, aussi bien que l'atlas catalan
de 1375, contiennent déjà des diagrammes astronomiques.
Dans les deux planches consacrées dans ce dernier ouvrage à
l'astronomie, on trouve un exposé pour déterminer l'heure de la nuit
par l'étoile polaire, le Charriot et les Deux Frères (les guardas),
mais le Règlement polaire dans la forme indiquée plus bas, avec les
degrés de correction, n'y figure pas encore.
Nicolau Conti, après son voyage en Orient, écrivait que les
navigateurs des Indes se guidaient par l'étoile polaire et surtout par
les étoiles du pôle antarctique.^
Vasco da Gama en arrivant à Mélinde apprit que, dans la mer
Rouge et dans la mer des Indes, on navigait aussi par la hau-
teur du soleil. -
Alvise da Cà da Mosto, au service de l'Infant D. Henrique en 1456,
s'efforçait déjà de trouver un point de repère semblable dans
l'hémisphère sud.'
Diogo Gomes de Cintra faisait ses observations par l'étoile po-
laire en 1462, en employant le quadrant; et Colomb déterminait les
latitudes par la même méthode.
Dans le document de Munich le Règlement polaire est essen-
tiellement le même que celui contenu dans le Règlement d'Evora.
On retrouve encore ce document dans les éditions du Repor-
torio de Valentim Fernandes, 1521 et 1528,^ et même dans
(') GelcLch. Die Instrumente etc., 1. c. 1892, p. 7.
(-) Voir Barros. Document N" 9.
(0 Santarem. B. S. G. L., 1905, p. 134. Baguette, 1. c, p. 22.
(') Voici ce qu'écrit Valentim Fernandes dans le Reportorio 1528:
„0s polos sâo 2 s. artico e antartico. Do polo antartico que é o su! me remeto
por agora aos navegantes que vao para India. O polo artico que é de
nosso norte é uma estrelia mui alla quanto â sua situaçào e mui certa
quanto ao seu movimento, mui pequena a nossa vista mui grande e pro-
veitosa quanto as suas obras. Ella nos da certidâo do eixo em que se
revolve todo o firmamento: porque nossa vista nao abrange outra estrelia
posto que ha muitas que mais pro.ximo do ei.vo estant que esta a quai
affirmâmes ser de mui pequeno movimento a respeito das outras esirellas
como adiante se dira. E por esta cousa os mareantes que ainda nào sâo
expertos em astronomia disem que esta sempre fi.xa em uni lugar, ca ella
guia e endereça e traz ao porto os marinheiros para onde endereça sua
viagem. Aquella estrelia do norte é conhecida por o movimento de arturo
13S
rodition du 157.3. Dans le Tratado da A^ulha de Marear de Joào
de Lisboa, daté de 1514, on trouve déjà deux Règlements po-
laires pour les deux hémisphères; dans le chapitre 4 celui de
l'étoile polaire et dans le chapitre suivant celui du pôle antarctique.
Les mêmes questions sont encore mentionnées à d'autres
endroits du Livro de Marinharia. Francisco Faleiro consacre un
chapitre du Tratado del esphera au Règlement de l'étoile polaire,
L'Esmeraldo de Duarte Pacheco passe ce sujet sous silence.
Enfin ce document est traité dans les ouvrages suivants
de la littérature espagnole: Suma de geographia de Fernandes de
Enciso, éditions 1519 et 1530; Médina, Arte de navegar éd. 1545
(en 10 chapitres). Martin Cortez Brève compendio éd. 1556.
Le Règlement est basé
sur la position de l'étoile
polaire a par rapport au
pôle et aux gu ardas.
Les guardas sont les
deux étoiles /:J et y de
l'Ursa Minor.
Cordeiro écrit qu'on
désignait également du
mot guardas les étoiles
a et /3 de l'Ursa Major,
mais que les étoiles qui
nous intéressent sont cel-
les désignées par a, ji
et 7 de l'Ursa Minor.
Colomb emploie dans
son journal non seule-
ment la même désignation
de las guardias, mais
encore les termes tête,
pied, bras de l'est et
V\<é. 3.
Ursa major
"Régions polaires
D'aprcs J. B. Messerschmidt. Die HidL- als lliinniL'lskorpei.
Strecker & Schiôder, Stuttj>art lf)09.
bras de l'ouest, que nous allons trouver plus loin.
La détermination de la latitude est faite d'après la position des
que sào as sete estrellas que ai^uns cliamam o carro e outros a barca
posto q. jâ nossos mareantes se governam pollas suas guardas que sào
mais achegadas do polo que o arturo."
Valentim Fernandes. Reportorio dos Tempos. Ed. 1528.
Voir Cordeiro B. S. G. L., 1883, p. 174.
139
trois étoiles a, ji et 7 de l'Ursa Minor dans leur mouvement circu-
laire autour du pôle. Selon que les guardas ,J et 7 se trouvent
dans leur culmination supérieure (Tête), ou dans la culmination in-
férieure (Pied), dans le bras de l'ouest (angle 6"^— 90*^), ou dans
le bras de l'est (angle 18*^ 270"), on cherche dans le Règlement
de combien l'étoile polaire d est éloignée du pôle dans le sens de
la hauteur.
On y trouve 8 valeurs pour les corrections à faire, quatre à
ajouter à la hauteur de l'étoile quand elle est au-dessous, quatre
à déduire de la hauteur quand l'étoile est au-dessus du pôle.
Voici la traduction en entier de ce document :
RÈGLEMENT POLAIRE DE L'EXEMPLAIRE DE MUNICH.'
Étoile polaire au-dessus (acima) du pôle.
\. Quand les guardas sont dans le bras de l'ouest, l'étoile polaire
se trouve à 1' i degrés au-dessus du pôle. c = Vji^.
2. Quand les guardas sont dans la ligne au-dessous de l'ouest,
l'étoile polaire est à 3V2 degrés au-dessus du pôle."- c — 3^-".
3. Quand les guardas sont dans le „pied", l'étoile se trouve à 3
degrés au-dessus du pôle. c 3".
4. Quand les guardas sont dans la ligne au-dessous du bras de
l'est, l'étoile est à ' •.> degré au-dessus du pôle. c \i.
Quand tu auras pris la hauteur de l'étoile et que les guardas
se trouveront dans un de ces 4 endroits oîj l'étoile est au-dessus
du pôle, tu soustrairas les degrés dont l'étoile est élevée au-
(') Voir le texte original dans le Document No. 1.
(-) Voici ce qu'écrit Pedro Nunes:
„11 y a erreur dans le règlement employé par les pilotes, pour prendre la
hauteur du pôle au moyen de l'étoile. On dit que de l'étoile au pôle il y a
3',L' degrés et ce sont 4 degrés et 9 ou 10 minutes. On dit aussi que,
lorsque les guardas sont dans telle direction, l'étoile polaire se trouve tant
de degrés au-dessous ou au-dessus de l'axe, etc. Ceci n'est point sûr; le
mieux est de prendre l'étoile quand elle est au plus haut ou au plus bas, car
alors elle se trouve dans le méridien et l'on n'a qu'à ajouter ou à retrancher
les 4 degrés et 10 minutes dont l'étoile est éloignée du pôle."
Nunes. Tratado em defensam, etc. Rev. d'Eng. Militar 1. c, 1911, p. 361.
M. le professeur Wolfer nous dit à cet égard: „La correction c de 3' ï"
est juste et non celle de 4" 9' indiquée par Nunes. Les 3' ■■" correspondent
à la distance du pôle que l'étoile polaire a\ait au commencement du XVI"ic
siècle. La valeur donnée par Nunes serait trop grande."
L'erreur faite par Pedro Nunes nous a été également signalée par M.
Esteves Père ira.
10
dessus du pôle de la hauteur obtenue et les degrés qui restent
seront ton éloi^nement de l'équateur.
Étoile polaire au-dessous (abaixo) du pôle.
5. Quand les i^u ardas sont dans le bras de l'est, l'étoile est à
ly-j degrés au-dessous du pôle. c 1 '■_■".
6. Quand les gu ardas sont dans la ligne au-dessus du bras de
l'est, l'étoile est à 3', 2 degrés au-dessous du pôle. c 3' j".
7. Quand les guardas sont à la „tête", l'étoile est à 3 degrés
au-dessous du pôle. c 3".
8. Quand les guardas sont dans la ligne au-dessus du bras de
l'ouest, l'étoile est à Y-' degré au-dessous du pôle.
'A
Quand tu auras pris la hauteur de l'étoile et que les guardas
se trouveront dans un de ces 4 endroits oij l'étoile est au-dessous
du pôle, tu additionneras à la hauteur que tu auras prise, les
degrés de l'écartement entre le pôle et l'étoile. La somme
sera ton éloignement de l'équateur.
?icd
Hêglement polaire
Fig. 4.
Le Règlement polaire expliqué par la figure précédente peut
se résumer ainsi :
H = Hauteur de l'étoile polaire. c correction.
Ln Latitude nord.
Etoile (i au-dessus du pôle: Ln H-— c (N"^ 1 à 4)
» au-dessous » » Ln^ H-f c (No^ 5 à 8)
141
M. le professeur Wolfer nous a fourni un exposé à cet égard
que nous allons essayer de reproduire dans les lignes suivantes:
Cette méthode de déterminer la latitude par l'étoile polaire
est une forme très primitive de celle employée fréquem-
ment encore aujourd'hui par les marins et les astronomes.
On mesure la hauteur de l'étoile au-dessus de l'horizon;
on calcule la différence de hauteur entre le pôle et l'étoile
par son angle horaire: on déduit cette différence de la
hauteur prise, ou bien on l'y ajoute, selon que l'étoile se
trouve au-dessus ou au-dessous du pôle. Le résultat obtenu
est la hauteur du pôle sur l'horizon, c'est-à-dire la latitude
du point d'observation.
Les corrections qu'on trouve dans le Règlement et qui sont
à déduire ou à additionner, n'ont été calculées que très appro-
ximativement à un demi degré près; probablement parce que
le quadrant alors en usage, ne donnait pas non plus une plus
grande exactitude lorsqu'on mesurait la hauteur de l'étoile.
Le calcul de cette correction exige la connaissance de l'angle
horaire de l'étoile, c'est-à-dire son éloignement du méridien
mesuré sur le parallèle.
L'angle horaire 5 s'obtient par la différence entre le temps
sidéral de l'observation et l'ascension droite de l'étoile.
Culmuialion supérieure ( Tctr. )
Si l'on pose: E Polaire
p =-~ distance de l'étoile po-
laire au pôle, on peut cal- —
culer approximativement la
correction d'après la formule :
C =^ p. COS. s. CuJminatTon inférieure (Pied)
Fig. 5.
Pour le calcul de l'angle horaire 5 on a besoin du temps
sidéral et ce dernier est remplacé dans le Règlement par la
position des guardas relativement au méridien, mais seulement
en 8 endroits différents: tête, pied, etc. pour lesquels les po-
sitions correspondantes de l'étoile polaire sont indiquées. Les
guardas remplissent, pour ainsi dire, la fonction de l'aiguille
d'un cadran sidéral.
142
Par la formule ci-dessus on peut vérifier les valeurs de c
indiquées dans le Règlement, en calculant les corrections corres-
pondante§ aux (S positions des guardas fi et 7 Ursae Minoris.
En adoptant, pour l'année 1500, les coordonnées de l'étoile polaire
et des giiardas de milieu entre les deux étoiles) comme suit:
(i Ursae Minoris.
Ascension droite a 3" 46'; déclinaison o 86" 35'; distance
polaire p - ^ 3" 25'.
Milieu entre fi et 7 Ursae Minoris.
« 227'' 14'; f^ 75" 1'
on trouve par la formule les résultats suivants:
Correction c
selon le
Règlement
Dej^rés
Correction C pcos.s.
Guardasfi-y ci- fi
Ursa Minor Ursa Major
[)e>»rL'S Degrés
Bras de l'ouest
au-dessous de l'ouest
dans le pied . .
au-dessous de l'est
Bras de l'est . .
au-dessus de l'est .
à la tête ....
au-dessus de l'ouest
Le signe -|- sign
du pôle, ces valeurs
Le signe — signif
[ 1.5
|- 3,5
i- 3,0
h 0,5
1,5
- 3,5
- 3,0
- 0,5
h 2,3
-1-3,4
f 2,5
h 0,1
-^2,3
- 3,4
2,5
- 0,1
1,5
+ 1.1
+ 3.1
h 3,2
+ 1,5
— 1,1
— 3,1
— 3,2
ifie que l'étoile polaire est au-dessus
sont donc à déduire de la hauteur prise,
ie le contraire, l'étoile se trouvant au-des-
sous du pôle, les corrections sont à additionner.
Fin répétant le calcul pour les étoiles a et fi Ursae Majoris,
on trouve une concordance insuffisante avec les corrections du
Règlement, tandis que les valeurs trouvées pour les giiardas de
la Ursa Minor concordent assez bien. On peut donc dire qu'il
s'agit bien des deux étoiles fi et 7 Ursae Minoris et en aucun
cas des étoiles « et fi de Ursa Major."
Les mêmes valeurs de la correction c du Règlement polaire
de Munich furent adoptées dans les œuvres suivantes:
Livra de Marinharia; Règlement d'Evora; Reportorio des Tempos
éd. 1521, 1528, 1553, 1563, 1570 et 1573; Enciso, Suma de Geo-
grafia éd. 1519; Médina, Arte de Navegar éd. 1545 et Martin Cortez,
143
Brève compendio éd. 1556. L'édition de Enciso de 1530 et le
Tratado del esphera de Francisco Faleiro 1535, ÎFidiquent d'autres
valeurs pour cette correction. Les voici:
Position des guardas
Règlement
de
Munich.
Enciso
éd. 1530.
Faleiro
éd. 1535.
Bras de l'ouest
1',-'"
S'/-'"
3"
' .. "
V L."
3"
2"
3 "20'
2 "48'
0"36'
2"
3 "20'
2M8'
0"36'
au-dessous de l'ouest
dans le pied
au-dessous de l'est
Bras de l'est
au-dessus de l'est
. à la tête
! au-dessus de l'ouest
Ces nouvelles valeurs que nous trouvons pour la première
fois dans la deuxième édition d'Enciso, semblent avoir leur origine
dans un autre livre qui nous est inconnu. Nous ne croyons pas
que le minutieux Faleiro les aurait introduites dans son œuvre sur
l'autorité d'Enciso seulement.
Bras de l'Ouest 3-2
QT3ras de! Est
Pig. 6.
Note: La seule inscription qu'on trouve dans cette figure est le mot do
Tête (Cobeça), les autres, firaço doeste, Pee et Braço de leste sont
empruntées à la figure identique du Règlement d'I:\()ra.
144
La figure N'* 6 copiée du document de Munich est placée à
la fin du Règlement de la déclinaison du soleil, où commence
celui de l'étoile polaire. M. le professeur Wolfer nous en donne
l'explication dans l'exposé suivant:
Les nombres de cette figure indiquent évidemment les hau-
teurs de l'étoile polaire par rapport à l'horizon de Lisbonne
selon les 8 positions des guardas. En admettant pour la
latitude de Lisbonne la valeur de 38, 7*^ et si l'on fait le calcul
de la hauteur de l'étoile polaire en 1500, quand les guardas
ft et 7 (milieu entre les deux étoiles) se trouvent dans les
8 positions en question, on obtient les résultats suivants:
Position des guardas
Hauteur de l'étoile
polaire au-dessus de
l'horizon de Lisbonne:
Figure Calcul
Degrés Dcj^rcs
Bras de l'est
40 41,0
42 42,1
41 41,2
39 38,8
37 36,4
35 ' 35,3
35- 36,2
38 38,6
1
au-dessus de l'est
tête
au-dessus de l'ouest
Bras de l'ouest
au-dessous de l'ouest
pied
au-dessus de l'est
La figure signifie:
Quand les guardas se trouvent dans le bras de l'ouest,
l'étoile polaire est de l'autre côté du pôle à 40*^ de hauteur
au-dessus de l'horizon de Lisbonne. Il en est de même pour
les 7 autres positions. Si dans le tableau précédent on déduit
des hauteurs calculées ou si l'on y ajoute les valeurs de la cor-
rection c p COS. s. (selon les signes -)- ou — ), on arrive
toujours à la même latitude de 38,7" de Lisbonne.
Les chiffres de la figure précédente du document de Munich,
ne sont pas les mêmes dans le Règlement d'Evora ni dans le
C) (-) L'impression défectueuse de ces deux numéros dans l'original de
Munich permet de douter s'il s'agit de 39 ou 35. D'après le calcul de M. le
professeur Wolfer ce doit être 35.
145
Reportorio dos Tempos, éd. 1552. Voici les valeurs indiquées dans
ces trois éditions.
Règlement Règlement Reportorio
Val.
de de „
Fernandes
Munich Evora ^^^^
Bras de l'est . . . .
au-dessus de l'est . .
tête
au-dessus de l'ouest .
Bras de l'ouest . . .
au-dessous de l'ouest
pied
au-dessous de l'est .
40"
40' 4"
40°
42"
35"4''
35'/:'"
41"
; 36"
30"
39"
! 3872"
38' 2"
.37"
37' 4 «
37"
35"
42 'A"
42 '/o"
35"
41"
41"
38"
39 '/2"
39' 2 "
Les écarts qui ressortent des deu.x premières colonnes de ce
tableau semblent avoir leur origine dans des erreurs d'observation ;
ceux de la dernière sont évidemment des fautes de copie ou
d'impression.
RÈGLEMENT DU PÔLE ANTARCTIQUE.
L'existence de la Croix du Sud a dû être connue de Dante
(1265 — 1321). Voici un passage de la „Divina Comedia" concernant
les quatre étoiles de l'autre pôle:
io mi volsi a man destra e posi mente
air altro polo e vidi quattro stelle
non viste mai fuor che alla prima gente.
Dante. Purgatorio, Canto 1.
L'hémisphère sud était considéré comme non habité „mondo
senza gente."
Un passage semblable revient dans les Lusiades:
Jâ descoberta tinhamos diante
La no novo hemispherio, nova estrella
Nào vista d'outra gente, que ignorante
Alguns tempos esteve incerta d'ella.
Canibes. Canto V— 14.
Marco Polo (1290) signalait déjà qu'à divers endroits de la mer
des Indes l'étoile polaire devient invisible. La Sphère de Sacrobosco
(1240) explique ce phénomène que Cadamosto constatait en 1456
aux îles de Cabo Verde voyant l'étoile s'approcher de l'horizon. Il
recherchait alors un nouveau guide pour la navigation en observant
146
les constellations visibles dans l'hémisphère austral. Le pôle sud
est traité dans Y Itiiicrariuiu Portu^allense (1500) et dans le Noviis
Orbis de Grynaeus (1532) sous le nom de Char du Sud ou „Carro
del Ostro".' Le mC'me problème occupait maître Joào de l'expédition
de Cabrai. Sa lettre à D. Manuel contient le passage suivant, accom-
pagné d'une figure représentant les étoiles du pôle antarctique:
„A l'égard de ces guardas je constate qu'elles ne se cachent
jamais; elles se meuvent en cercle au-dessus de l'horizon.
Je ne sais pas encore laquelle des deux plus basses forme
le pôle antarctique. Ces étoiles, principalement celles de
la Croix, sont grandes, presque aussi grandes que celle du
„Char", l'étoile du pôle antarctique ou sud est petite comme
l'étoile polaire et très claire ; l'autre qui se trouve au-
dessus de la Croix est fort petite." -
Dans la lettre de D. Manuel aux rois d'Espagne sur les événe-
ments de l'Inde entre 1500 et 1505, la solution de ce problème est
indiquée comme suit:
„Des observations faites par les marins on a reconnu le
pôle antarctique, le Canopo et de nombreuses figures d'étoiles;
observations qu'ils m'ont rapportées."'^
Valentim Fernandes traite de l'étoile polaire dans le Reportorio
(édition 1528) et il ajoute qu'à l'égard du pôle antarctique il s'en
remet „pour le moment aux marins qui vont aux Indes".'
L'atlas de Fernào Vaz Dourado 1580, contient un Règlement
du pôle sud:''
„Regimento da altura polio Cruzeiro do sul (e) pella
estrella do norte." ''
Ce document se trouve aussi dans l'atlas du même auteur
existant au Portugal', exemplaire daté de 1571. Enfin il est
(') Cordeiro. B. S. G. L, 1883, p. 180.
(-) Lettre de maître Joào. Document N" 4.
(■) Peragallo. Carta de El Rei D. Manuel ao Rei Catholico, p. 11, dans
Memorias da Academia, Lisboa Vol. 50 (1892). Voir aussi les observations de
Vespucci dans son voyage 1501—1502. Navarrete X.?>, p. 274.
{') Cordeiro. B. S. G. L., 1883, p. 174.
(:') Schmeller. Uber altère handschriftliche Seekarten. Abh. Akad. d.
Wissenschaft. Munchen (Philosoph. philolog. Klasse) 1847. Band 4. Abt. 1 p. 255.
('•) Le mot „e" manque dans Schmeller.
{'•) Voir E. Vasconcelles, Catalogo da E.xposiçào de Cartographia Nacional
(1903-1904), p. 15.
147
inclus à plusieurs endroits du Livro de Marinharia de Joào de
Lisboa. ^
CapituLo qiiinto em que decrara conw aveis de toniar a estrella
do s II II.
Regimëto do Cruzeiro do siill: E de como deues de tomar a
estrela do sul.
Regimëto da estrela do siill pera saberes ho que lleuamta e
abaixa e faz des graos de Rota a Redor do polo dalto e baixo.
La méthode adoptée dans le Règlement du pôle nord
a été suivie pour le pôle sud; les guardas sont représentées par
3 étoiles dont les positions sont indiquées également par rap-
port au pied, bras de l'est, tête et bras de l'ouest avec les valeurs
correspondantes de la correction. Ni le document d'Evora ni celui
de Munich ne traitent du Règlement du pôle antarctique. Les œuvres
de Enciso, Faleiro et Martin Cortez ne s'en occupent pas non plus,
par contre Médina éd. 1545, lui consacre le chapitre 11 dont voici
le titre:
Como se ha de tomar el altura del polo Antartico.
RÈGLEMENT POUR ÉVALUER LE CHEMIN PARCOURU PAR
LE NAVIRE.-
Le document de Munich contient, en plus des deux Règlements
de la hauteur du soleil et de l'étoile polaire, les instructions sui-
vantes destinées à évaluer le chemin parcouru par le navire. Dans
l'exemplaire de Munich ces règles n'ont aucun titre spécial, tandis
que dans celui d'Evora on les retrouve avec l'en-tête suivant:
Regimento para saberes quantas léguas entram por grao
por cada uma destas quartas abaixo escriptas, e l'sto do norte
e sul.
(Règlement servant à déterminer combien de lieues il faut
compter par degré dans chacune des aires de vent décrites ci-
dessous et cela du nord au sud).
Le mot quarta correspond au huitième d'un angle de 90" de
la boussole, soit à 1 1 y.". Entre la ligne nord-sud et la ligne est-
ouest il y a huit quartas (aires de vent). Les 32 quartas de la
boussole font un total de 360". Le même mot quarta était déjà en
(') Tratado da Agulha de Marear achado por Joào de lli.xboa ho aiio
de 1514. Livro de Marinharia, 1. c. p. 21, 37 et 10.
{-) On désignait par singradura le chemin parcouru par le navire en
une journée.
148
usage dans la navigation italienne; on le retrouve dans le portulan
d'Andréa Biancho de 1436.
Dans la traduction suivante la 1'^ colonne donne les chiffres
du Règlement de Munich, les mêmes que ceux du Règlement d'Evora;
à la deuxième colonne nous avons ajouté les corrections faites par
Nunes et reproduites à la fin du Tratado eni defensani.
„Tu dois savoir que le degré du nord au sud équivaut à 17 Y2
lieues et que 60 minutes font un degré.*
(*) Ce Règlement se rattache à une question depuis longtemps débattue,
entre autres par Avezac' et V'arnhagen,- celle de la première mesure adoptée
pour la longueur d'un degré. Cette question acquit toute son importance au
moment des difficultés survenues entre l'Espagne et le Portugal, à propos de
la possession des Moluques. Les Espagnols, au congrès de Badajoz, (1524)
adoptaient 16-;; ou 16'' s lieues pour un degré, tandis que les Portugais se
tenaient à 17' i> lieues.' Francisco Faleiro écrit:
„chacun peut suivre l'opinion qui lui plaira parce qu'une vérification
est impossible." Il était en faveur de 16-:: lieues.
En examinant les Règlements de Munich et Evora nous croyons pouvoir
admettre que la première mesure employée au Portugal a été celle de 17' 2
lieues par degré.
Au contraire de ce qu'écrit V'arnhagen,' les deux éditions d'Enciso 1519
et 1530 indiquent également la mesure de 17' i- lieues. Voici ce qu'on lit dans
la Suma de Geografia, éd. 1530.
„Para tomar el altura del norte y regirte por el: has de saber que
aiçando se te el norte por la linea de norte sur vn grado: que vale
aquel grado diez y siete léguas y média de camino c tantas auras
andado."
La même mesure figure aussi dans l'édition de 1519. Pedro Nunes con-
serva les 17' 1' lieues par degré. Dans le Tratado em defensam (1537) il dit:
„Nauegando norte sul dizem os nauegantes que respondem
ao grao 17' -j legoas."
Médina, dans son „Arte de navegar" éd. 1545, accepte également les 17 ' 2
lieue; par degré, (livre II! c. 15).
Antonio Galvào écrit que l'on comptait anciennement le degré à 17":'
lieues mais que plus tard, vers le milieu du XVIe siècle, on introduisit la valeur
de 16-/3 lieues.'
(1) Avezac, Voyages d'Americo Vespuce. Paris 1858, p. 130.
(2) Varnhagen, Examen de quelques points de l'histoire géographique du Brésil. Paris
1858 p. 32.
(3) Varnhagen 1. c. p. 36, d'après le rapport des astronomes de Badajoz (mai 1524)
dans Navarrete, Collection de Documentos t. IV p. 352.
(4) La mesure adoptée par Enciso dans l'édition 1519, est de 17': lieues et non 16- >
comme l'indique Varnhagen dans l'Examen de quelques points etc. I. c. p. 22.
(5) Antonio Galvao, Tratado dos descobrimentos p. 241, d'après Peschel, Qeschichte der
Erdkunde 1877 p. 392.
149
„Pour une aire (d'écartement du méridien) tu
relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour deux aires tu relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour trois aires tu relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour quatre aires tu relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour cinq aires tu relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour six aires tu relèves par degré .
et tu t'écartes de la ligne droite de
„Pour sept aires tu relèves par degré
et tu t'écartes de la ligne droite de
Règlement
de
Manifh
Corretlions
de
Pedro Xone
ienes
3^e
37.
19Vc
19 Vs
7V.
7 y.
21 Vs
21
1 1 7c
11 -,3
24 3 -t
24^4
171,2
17 7-2
31 V^
31 \'2
26 \ 6
26 75
46V-2
453/4
42 y 2
42 7*
87 ' 0
893/4
85
88
Vespucci dans le récit de son premier voyage comptait, selon Na\arrete,
le degré à 15 lieues:'
„Las léguas de que habla(Vespuce) eran de 15 al grado que se usaban
entonces."
Joào de Lisboa cite tantôt l'une, tantôt l'autre mesure dans son livre.
A p. 29 on trouve;
„Quâdo te pergûtaré quamtas llegoas he hù graao diras que ha 16 -/s
llegoas."
A p. 47 il reproduit le Règlement du chemin parcouru, basé sur 17 '/a
lieues par degré.
Francisco Faleiro optait pour 16-;; lieues, nombre obtenu par la division
de 6000 lieues de la circonférence de la terre par 360 degrés. Voici un passage
du „Tratado del Esphera":
„E para esto es de saber que toda la redondez delà tierra c agua
contienê seys mil léguas: las quales repartidas por • 360 grados que ay
en todo el vniuerso caben a cada grado • 16 • léguas y dos tercios de
légua: aun que algunos quieren que cada grado tenga • 17 • léguas
justas: c otros • 17 • y média • i si ouiesse 17 • léguas en cada grado
auria en la redondez del mundo • 6120 ■ c si fucssen • 17 • y média
auria en todo el vniuerso ■ 6300 • justas. E lo que mas a mi c a otros
que lo han mucho examinado mas satisffaze es que sean • 6000 • mas
cado vno puede enesto seguir la opinion que le pluguiere; porque nadie
precisamentc lo pudo aueriguar ni pienso que es possible hazerse: c con-
forme a esta opinion se ha de tcner que vn grado por qualquiera
(1) Varnhagen I. c. p. 37, d'après Xavarrete, Collection III p. 199.
150
Le texte d'Evora contient de plus les lignes suivantes:
„Et si la route à parcourir se trouve exactement dans la
direction de l'est ou de l'ouest, on ne peut compter les lieues
sur aucun degré, parce que tout le long du chemin tu con-
serves la même latitude qu'au point de départ. Et si tu
t'écartes de cette route, tu sauras par la différence de latitude
de combien tu t'en es éloigné. Cependant les eaux (les cou-
rants, etc.) peuvent donner lieu à de grandes erreurs".
Le croquis, fi-
gure 7, ajouté par
nous, explique ces
instructions. Si le
navire partant de A,
navigue dans la pre-
mière aire, c'est-à-
dire suivant la ligne
A a, il parcourt une
route de 17-' c, lieues
en se déplaçant d'un
degré de latitude.
Son écartement du
méridien A M sera
Ma = 3 ^2 lieues.
En navigant
dans la direction
A b, c'est-à-dire
dans la 2'"^^ quarta, la route parcourue est de 19'
Sud
Fig. 7.
lieues, l'écarte-
ment M b 7 V-' lieues (selon Nunes IQ-'/h et 7 ' i lieues). Si la
route parcourue se trouvait dans la 4"^^ quarta, l'écartement du
meridiano o circulo mayor tiene • 16 • letjuas y dos tercios de légua
como es dicho": (Il parte, cap. 7.)
Faleiro reproduit le Règlement du chemin parcouru établi pour les deu.x
mesures 167-i et 17 '2 lieues.
Enfin Pedro Nunes en 1566, indique également ces deu.x mesures dans le
passage suivant:
„Et quoniam inter Hispanos sunt qui leucas 17 cum dimidio uni
gradui maximi circuli tribuant; alli vero 16 cum duobus tertius."'
(1) Varnhageri Examen etc. I. c. p. 36.
Nord
151
méridien serait de 17'-: lieues, c'est-à-dire la longueur nord-sud
d'un degré de latitude.
L'application de ce Rè-
glement, dont nous donnons
un exemple dans la figure 8,
exige l'usage de la carte
nautique. Le navire aurait
à faire le voyage de A à B
dans la direction de la 4'^*^
quarta, la distance entre
AetB étantconnued'avance;
on trace sur la carte la route
suivie par le navire dans les
deux parcours a et b, dont
les directions ont été en-
registrées et les longueurs
évaluées le long du voyage.
Cela suffit pour déterminer
la direction c à prendre au
moment d'un vent favorable. C'est précisément ce qu'écrit Colomb
à l'égard de Bartholomeu Dias et de la carte présentée par celui-ci
au roi D. Joào II. 11 y avait noté lieue par lieue la route suivie
par son navire dans le voyage de découverte du cap de Bonne
Espérance (voir p. 108.1
L'évaluation des distances était sans doute un des points aux-
quels les anciens marins prêtaient une grande attention. 11 suffit de
regarder les contours de la Méditerranée dans les anciens portulans,
pour se rendre compte de la précision à laquelle on est arrivé par
des moyens aussi primitifs.
Pedro Nunes écrit dans le Tratado em defensam que les
nombres de la tabelle sont des valeurs approximatives, étant des
racines carrées qui ne sont pas calculées exactement. Cependant
les erreurs n'étant pas considérables, il n'y a pas lieu de s'en
inquiéter.' A la fin de ce traité il reproduit le Règlement en entier
{') No numéro das le^oas que respoiidem per dereito: e per deferen^a
de ineridianos aos graos daltura: nani pode deyxar dauer alguni erro: porque
estes numéros sam rayzes quadradas: que poucas vezes sam puntuaes: e nam
sendo o erro jurande: nam se deuc de estimar. Eu nunca llies fi/ sua conta
pera \'erificai- este re^imento: mas lio modo lie craro: porque tudo isto se
152
après l'avoir corrigé (verificado pello autor). Les valeurs résultant
de cette vérification présentent des divergences qu'on aura remarquées
à p. 149.
La carte d'Andréa Biancho contient la tabelle suivante, destinée
également à l'évaluation des distances; nous la reproduisons d'après
Breusing.'
TOLETA DE MARTELOIO.
(Carte d'Andréa Biancho 1436.)
Suma de marteloio per intender:
;i liir^o e avaiico
per una qi
Liarta
20
98
per 2 q
uarte
38
92
per 3
)>
55
83
per 4
»>
71
71
per 5
)>
83
55
per 6
î)
92
38
per 7
«
98
20
per 8
»
100
0
9 donne
la rei
présent;
ation
La figure
tabelle. Les chiffres des deux colonnes correspondent aux deux côtés
d'un triangle rectangle dont l'hypoténuse, d'une longueur constante
=^ 100, est la route parcourue par le navire.
Dans la direction de la 4"^^ quarta, on trouve „largo"
(direction est-ouest) 71 et la même valeur pour „avanco" (direction
nord-sud). A la 8"^^ quarta l'avanco devient 0 puisque la latitude
reste la même.
Le Règlement de Munich indique un des côtés d'un triangle
rectangle (écartement du méridien) et l'hypoténuse (chemin par-
couru). L'autre côté du triangle reste constant, il est égal à 177^
lieues ou 1 degré de latitude. (Fig. 7.)
demostra em hum triangiilo de anijulo reyto: no quai quem sabe a rota que
leua: e a deferença das alturas ou longuras: sabe todos très angulos do
triangulo: e os outros dous lados: etc. A'wné-s. Tratado em defensam, etc. (Rev.
d'Eng. Mil. 1911, p. 360).
(') Breusing. Die Catena a poppa bei Pigafetta und die Logge.
Zeitschrift der Gesellschaft fiir Erdkunde, Band4 (1869), p. 106, d'après
Vinc. Forrnaleoni. Saggio sulla nautica antica dei Veneziani. Venetia
1783, p. 9, voir aussi Anthiaiune et Sottas, L'astrolabe-quadrant. Paris,
1910, p. 92 et Gelcich, Die instrumente etc., 1892, p. 14.
153
Dans la tabelle d'Andréa Biancho, c'est le chemin parcouru
qui est constant et les deux côtés du triangle variables.
Kl
rd
lar^O
0
CNJ
OC.
rr, cv; oe g
oo en <r> s
\
8
20
\
r
38
k
55
71
/
A
y^
83
Toleta
/-^
de TOarteloio
92
S 3^
§100
>
<
J
.^-^
Fig. 9.
Sud
Breusing en discutant ce Règlement explique l'emploi de la
„Catena a poppa" (Schleppleine) dans le voyage de Magalhàes.
Les lignes suivantes de Pigafetta ont fait croire à Humboldt qu'on
avait alors déjà fait usage du loch pour mesurer la vitesse du navire.
„Secondo la misura che facevamo del viaggio colla catena a
poppa, noi percorrevamo da 60 in 70 leghe al giorno." '
Breusing démontre que la „catena" servait pour déterminer avec plus
d'exactitude la route suivie par le navire et non pas pour mesurer
la vitesse. Ce procédé était donc un moyen auxiliaire pour arriver
à une plus juste évaluation de la longueur du chemin parcouru
par le navire. Ceci explique les remarques d'Andrade Corvo sur le
passage d'Humboldf-, déclarant qu'il n'y a aucune référence au
loch dans les routiers portugais de l'époque.
(') Amoretti. Primo Viaggio. Milano, 1800, 4", p. 213.
(-1 Andrade Corvo. Note p. 251 et 270 du Roteiro de Lisboa a
Goa par D. Joào de Castro, voir Humboldt. Cosmos, t. 4, p. 66.
154
l. 'introduction du loch pour mesurer la vitesse n'eut lieu qu'au
milieu du XVl" siècle; la première indication à cet é^ard se trouve
dans un ouvrage anglais de William Bourne.'
Joào de Lisboa, Faleiro et l'Espagnol Enciso élucident ce Règle-
ment par une rose des vents ayant inscrit dans la direction nord-
sud la longueur d'un degré de latitude. Les 7 aires de vent à
suivre vers les directions est et ouest indiquent chacune la longueur de
la route parcourue correspondant à un degré. Joào de Lisboa
établit cette figure (p. 47) sur la base de 17' j lieues, mais à un
autre endroit (p. 29) il adopte la longueur d'un degré à 16'- n lieues.
Faleiro représente graphiquement ce Règlement par deux roses
des vents; l'une ayant 16 ■-/':! lieues comme base et l'autre 17'/l> lieues.
Il ajoute à la dernière:
„Para los que quisieren seguir la opinion de 17 léguas y
média por cada grado se pone esta figura."
Enciso, dans les deux éditions de 1519 et 1530, indroduit également
une rose des vents sur la base de 17 ' i- lieues. Il reproduit les valeurs
contenues dans le Règlement de Munich.
RÈGLEMENTS DIVERS DE L'EXEMPLAIRE
D'EVORA.
Les deux documents suivants ne figurent pas dans l'exemplaire
de Munich.
/. Règlement pour déterminer les heures de la nuit par l'étoile
polaire et par les guardas.
„Si tu connais la position des guardas à minuit pour chaque
mois, tu compteras le nombre d'heures avant ou après la position
de minuit et l'erreur que tu feras sera très petite.
Les mois sont comptés par quinzaines.
Janvier Milieu Les guardas se trouvent à minuit dans le bras gauche.
Fin » » » » à 1 heure au-dessus du bras.
Février Milieu
Fin
à 2 heures
à l'épaule gauche.
(') William Borne (Bourne). A Régiment for tlie sea. Loiidoii, 1577, 4"
d'après Breusing, Zeitschrift etc., 1. c. p. 107.
155
Mars
Milieu
Fin
Avril
Milieu
Fin
Mai
Milieu
Fin
Juin
Milieu
Fin
Juillet
Milieu
Fin
Août
Milieu
Fin
Septembre
Milieu
Fin
Octobre
Milieu
Fin
Novembre
Milieu
Fin
Décembre
Milieu
Fin
Milieu Les guardas se trouvent à 1 heureau-dessusdelali^ne.
à 2 heures
à la tête.
à 1 heure au-dessousdelatête.
à 2 heures » » »
à l'épaule droite,
à 1 heure au-dessousdela ligne,
à 2 heures » » »
au bras droit.
à 1 heure au-dessous du bras,
à 2 heures
dans la ligne.
à 1 heure au-dessous de la ligne,
à 2 heures
dans le pied.
à 1 heure au-dessus du pied,
à 2 heures
dans la ligne.
à 1 heureau-dessusdelaligne.
à 2 heures
La détermination de l'heure par l'astrolabe occupe les trois
premiers chapitres du Traité sur l'astrolabe plan de Sévère Sabokt,
écrit au VI 1*^ siècle.^
En voici les titres:
/. Trouver durant le jour, à l'aide de l'astrolabe, l'heure solaire, etc.
II. Trouver l'heure durant la nuit à l'aide des étoiles.
III. Trouver l'heure durant la nuit, à l'aide de la lune.
Le procédé de la détermination de l'heure par l'étoile polaire et
les guardas se trouve déjà dans la carte catalane de 1375 sous une
forme identique à celle du Règlement; les guardas y sont désignées
par les Deux Frères (Dos Frares).
Voici le passage en question :
Vous devez savoir encore que, si le temps est clair, et si vous
désirez savoir les heures de la nuit, \()us pouvez l'apprendre par un
calcul aussi vrai que prompt. Vous devez savoir que la tramontana
(N.) a sept étoiles qui l'entourent de nuit et de jour, (qui la vo^en de
nit et de jorn) et s'appellent, d'après les navii^ateurs, les chariots
(charros). Il y a ensuite deux étoiles qui l'entourent, et sont plus
rapprochées. Ces dernières s'appellent les Deux Frères (Dos Frares).'
(') M. I'. Nau. Le Traité sur l'astrolabe plan de Sévère Sabokt. Paris,
1899, p. 87 et 90.
(-) Buclion et Tastu I. c, p. 16.
156
Ensuite, dans un exposé assez long, on précise la position des
deux étoiles à la mi-décembre, mi-mars, mi-juin et mi-septembre.
Dans son livre „Leal Conselheiro" le roi D. Duarte consacre
deux chapitres à la détermination de l'heure:'
Capitollo C. Da roda pera saberem as oras qiiantas sont da manhi\.
noite ou despois.
Capitollo Cl. Pera saber giiantas oras soin ante ou despois da mea
noite, e qiianto ante manhix.
En voici un passage:
„c quando a primeira e mais cfiegada guarda chegar a cada huu
destes lugares, aliy he mea noite segundo os tempos em ella devysados;
e quanto mais passar ou minguar, per aily julgue quanto he mais
aaquem ou aalem da mea noite, e saiba que de lynha a lynha ha très
oras, e de ponto a ponto ha hua, e de quinze dias passa hua ora e no
mez duas."
On a ainsi la preuve de combien ce procédé était familier au
savant roi de Portugal et combien les observations astronomiques
étaient en vogue à la cour du frère de D. Henrique le Navigateur.
On trouve ce Règlement dans l'œuvre de Joào de Lisboa (p. 47)
et dans les deux éditions de Enciso.
//. Règles pour déterminer les marées à toute heure de la journée.
Age de la lune.
Lune d'un jour Marée haute à 1 heure de l'après-midi
de 2 jours 1*5 heures
3 » » 2^5 * » »
» » 4 » » 3'/b » >> »
» » 5 » » 4^/b ' '= » »
6 » » 5 » »
7 » » sy-o- »
» » 8 » » ô^/ô » » *
» » 9 » » 7^/5 » » »
» 10 » » 8V5
» » 1 1 » » 9 » » »
» 12 >^ » 9Vd
13 >> 107:>
(•) Lcal Conselheiro de D. Duarte. Paris (Aillaud) 1842, p. 488-490.
Nous remercions M. Esteves Pereira de nous avoir aimablement signalé
les chapitres du Leal Conselheiro.
(-) Le te.xte porte la mention 6' 0 heures écrite en toutes lettres au lieu
de 5*0 heures.
157
Lune de 14 jours Marée haute à 11^.-. heures de l'après-midi
15 127-.
Ainsi, tu dois savoir qu'à chaque jour de la lune tu dois
ajouter ^ -, d'heure."
Voici quelques passages traitant les rapports des marées et des
mouvements de la lune, qu'on est surpris de trouver d'une façon
aussi nettement exprimée dans la carte catalane de 1375.
Lorsque la mer entre et s'en va, elle suit la lune, en sorte que
lorsque la lune décroit, la Grande mer s'en va. Lorsque la lune croît
ou est en son plein, la Grande mer s'étend. Mais quand la lune est en
équinoxe, les eaux de la Grande mer ont le plus grand mouvement, à
cause du voisinage de la lune; et quand la lune est dans le solstice
c'est alors que se trouve le moindre mouvement, à cause de l'éloigne-
ment de la lune. Ainsi la Grande mer termine son cours en dix-neuf
ans, et ensuite elle croit périodiquement et recommence un nouveau
cours, comme la lune. La Grande mer décroit avec la lune et forme
alors Antipotis ce qui veut dire absorption car alors elle attire
les eaux à elle et les rejette avec grande puissance, (que
vol dir devorament car lavors tira elle les aygues e les gita ab gran
poder).^
Dans la même planche de la carte catalane on trouve encore une
rose des vents composée de 14 cercles concentriques, correspondant
à 14 ports de mer, pour lesquels on indique l'heure de pleine mer
les jours de la nouvelle et de la pleine lune (établissement).
L'inscription suivante est placée dans le haut de cette figurer
Ceci est le cours des marées, à partir du mont
Gibraltar jusqu'au cap dePenmarch en Bretagne. La lune
engrech (N. E.) et lebeg (S. O.), pleine mer, et en mestre
(N. O.) vent de terre, basse mer.
Voir l'étude de Buchon et Tastu oij cette question est exposée
en détail.
Duarte Pacheco consacre les chapitres suivants au sujet des
marées. Nous aurons l'occasion d'y revenir dans la 2^ partie de
notre étude.
Cap." 11. Do modo e conto que nos lie necessario pera se saber
ho hencher e vazar do mar na mayor parte da Espanha e asiin em
outras partes honde ouuer marées.
Cap." 12. Como pera se tirar e saber ha marée, he necessario saber
primeiro agulha de marear.
(') Buchon et Tastu I. c, p. 11.
(-) Buchon et Tastu I. c. p. 24.
LE TRAITÉ DE LA SPHÈRE.
Por marcs iiunca d'antes navegados.
Camàes. Canto I — L
Du fait que l'astronomie était devenue indispensable à la réali-
sation des entreprises maritimes découlait la nécessité d'initier les
marins à cette science. Les connaissances astronomiques, qui, jus-
qu'à l'époque des découvertes, étaient l'apanage exclusif des astro-
logues et des mathématiciens, trouvèrent alors un vaste champ
d'application dans l'art de la navigation. Pour la vulgarisation de ces
connaissances devenues nécessaires, on se servit du Traité de la
sphère de Sacrobosco. '
La grande faveur accordée à ce livre pendant les XV*-' et
XVl^ siècles justifie pleinement son choix. Dès sa première impression
en 1472 à Ferrare jusqu'à l'édition de Leyde de 1647, la Sphère de
Sacrobosco compte plus de 60 éditions latines avec ou sans
commentaires. -
Le Traité de la sphère est une compilation de l'Almageste de
Ptolémée, des œuvres d'Alfragan et de celles d'autres astronomes
arabes. V'oici le résumé des 4 chapitres de la traduction portugaise:
Chap. I. Définitions de la sphère céleste, des pôles, de l'axe.
La terre immobile placée au centre du système planétaire
est entourée des sphères suivantes: la Lune, Mercure,
Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, la 8^ sphère
des étoiles fixes, enfin la Q"-' sphère le „primum
mobile". Les mouvements des sphères célestes; les
preuves de la sphéricité du globe; manière de cal-
(') Johannes de Sacrobosco (John Holyvvood, né à Halifax, Yorkshire,
mort en 1244 ou 1256) fut professeur de mathématiques à Tuniversité de Paris.
(-) Dictionnaire raisonne (Encyclopédie), article Sacrobosco. H. Suter,
Die Mathematik auf dcn Uni\ersitaten des Mittelalters. Zurich 1887, p. 29.
159
culer la circonférence de la terre par des observations
astronomiques (astrolabe).
Cliap. 11. Les cercles majeurs et mineurs de la sphère. Définition
de l'équateur, du zodiaque, de l'écliptique, des colures,
des méridiens et de l'horizon. Le zodiaque, divisé en
12 signes. Les 6 signes septentrionau.x (Aries à Virgo).
Les 6 signes méridionaux (Libra à Pisces). Définitions
de l'écliptique. Les 5 zones du globe, dont 2 habitables.
Chap. 111. Lever et coucher des astres. Différence de longueur des
nuits. Définition de l'ombre sud (australe), de l'ombre
nord (boréale I. Diversité des climats. L'équateur et les
pôles inhabitables. Les 7 climats de la zone habitable.
Chap. IV. Mouvements des planètes. Causes des éclipses du soleil
et de la lune.
Cet ensemble, réuni en un petit volume de 40 pages ornées de
32 gravures, était le livre mis à la portée des marins portugais.
La première traduction portugaise eut au moins deux éditions
(Exemp. de Munich et d'Evora); Pedro Nunes en publia une autre
augmentée de divers traités; en voici le contenu:'
Tratado da Sphera.
Theorica do Sol e da Lua.
Livro primeiro da Qeographia de Ptolomeu.
Tratado sobre certas duvidas da navegacào.
Tratado em defensam da carta de marear.
Grâce à l'initiative de M. Esteves Pereira la dernière partie de
ce livre, le „Tratado em defensam da carta de marear", a été
récemment reproduite dans la Revista d'Engenharia Militar.
Les œuvres du célèbre cosmographe Pedro Nunes se rapportant
à la navigation, sont riches d'éléments précieux jusqu'à présent
(') Tratado da sphera coin a Theorica do Sol e da Lua. L ho primeiro
liuro da Geographia de Claudio Ptolomeo Alcxandrino. Tirados nouamente
de Latim em lingoagem pello Doutor Pero Nunez Cosmographo del Rey dom
Joào ho terceyro deste nome nosso Senhor. E acreceiitados de militas anno-
taçôes e figuras per que mays facihnenle se podem enteiider.
Item dous tratados que o mesmo Doutor fez sobre a Carta de marear.
Em os quaes se decrarào todas as principaes duuidas da iiauegaçào. Com
as tauoas do mouimento do sol: e sua declinaçào. E o Re^imcnto da altura
assi ao meyo dia: como nos outros tempos.
Lisboa, Germào Galharde. 1 De/.embro \5>M.
160
peu utilisés par les historiens. Etant donné leur rareté, leur réim-
pression s'impose comme un besoin de l'histoire nationale.
C'est dans le traité de la carte nautique que Nunes place les
tables astronomiques, qu'il discute le Règlement en usage de son
temps et qu'il y introduit des modifications.
La première traduction portugaise de la „ Sphère" est d'abord
annexée à un Règlement très simple et très explicite (Bibl. de Munich),
puis à un autre bien plus concis indiquant déjà une connaissance
plus grande de la méthode du calcul. (Bibl. d'Evora. )
En 1537 Pedro Nunes juge une nouvelle traduction nécessaire
et y ajoute d'autres éléments. Les deux parties de l'œuvre primitive,
c'est-à-dire les Règlements et le Traité de la sphère, se complétaient
dès le début; l'une était destinée à la détermination des latitudes,
l'autre à la vulgarisation des éléments d'astronomie.
M. Jordào de Freitas faisant des recherches à notre demande
à la Bibliothèque d'Ajuda (Lisbonne) au sujet du Traité de la
sphère et du Règlement de l'astrolabe, nous a très obligeamment
signalé un petit opuscule de Pedro Nunes que nous n'avons trouvé
cité nulle part, pas même par M. Quimaràes qui a particulièrement
étudié les œuvres du grand mathématicien. Voici le titre de cette
étude en 12 pages:
Astronomici introductoni j de spaera epitonieper Peîruni Non! uni
Salaciensem .
Cet exposé de la Sphère dont la date d'impression n'est pas
indiquée, se trouve joint à l'œuvre espagnole suivante, datée de 1526:
„Cursus quatuor Mathematicarum artium liberalium" par „Petrus
Ciruelus Darocensis".
Le format d'impression de ce livre s'écarte un peu de celui
de Nunes; les caractères typographiques ne sont pas les mêmes,
cependant on est tenté de supposer que cette étude était destinée
à compléter l'œuvre de Petrus Ciruelus. Dans ce cas le résumé de
la Sphère serait peut-être antérieur à la traduction de Sacrobosco
par Pedro Nunes, considérée comme la première de ses œuvres').
(') Voici quelques détails sur les deux li\Tes en question :
Cursus quatuor Mathematicaru Artiu Libéra liû: quas recollegit atqz
correxit ma / gister Petr^ / Ciruelus Daro césis Theologus simul et pfiilo-
sophus. i 1526.
Le format d'impression est de 220X194 mm, les feuilles n'ayant pas de
pagination.
161
Avant Pedro Nunes la Sphère a été l'objet d'une étude, encore
presque inconnue, écrite par Francisco Faleiro frère de Ruy Faleiro
compagnon de Magalhàes:
Tratado del Esphera y del arte del marear: con el regimento
de las alturas: con algunas reglas nuevamente escritas niuy
necessarias. Sevila MDXXXV. (1535.)
On lit à la fin de l'introduction le passage suivant:
„Alterum geometriae Euclidis e alterum perspectiuée Alacen quinta quoqz
erit introductio astrologica : quam in sphaericum opusculum olim condideram
correspondentem almagesto Claudii Ptholomei clarissimi : e Almanach perpetuo
Zaciiti salmanticensls : cum nostro indiciario quadripartite ac centilogo. Accepite
ergo laeto animo hanc vtilitatis asditionem: quae ad vtriusqz philosophie plénum
intelligentiam erit munimentum quaé iucundissimum.
L'oeuvre est divisée en quatre parties à savoir:
1. Eiusdé Pétri Cirueli Dorocêsis Paraphrasis in Arithmeticâ speculatiuâ
diui Seuerini Boetii : clarius c certius ae dita quâ olim a thoma Brauardino.
Cui taie premittitur exordium.
(Premier et deuxième livre d'„Arithmetic£e")
2. Breue Copendium géométrie theorica a Thoma brauardino primu ex
libriis Euclidis Câpani Archimedis t aliorû côpilatu.
(Primi, secundi, tertii, quarti libri geometria — Libellus de quadratur
circuli editus.)
3. Breue compëdium Perspectiue coisdni Joannis archiepi Câtaarieh. de
radiis visualib? ac variis modis videdi: ex libris Halacë, Alchindi: c aliorum copilatù.
(Premier et deuxième livre de perspective).
4. Jacobi Fabri Stapulensis Elementa Musicalia ad clarissimû virum
Nicolaum de haqueuille inquisitorum Presidentem.
A la fin:
Quarti Elementorum Musices Finis.
Explicitum est ergo Volume quattuor / Introductionû Mathematicaliù Ma /
gistro Petro Ciruelo Darocensi inter/ prête simil c correctore. Laus deo /
1526
A la page suivante commence l'opuscule de Pedro Nunes „Astronomici intro-
ductorii de spaera etc.", titre reproduit plus haut. Il se compose de 6 feuilles
(12 pages), divisées en quatre chapitres avec subdivisions, dont voici les titres:
Caput primù.
Sphaera avthore evclide est circuassumpta figura quando diametro mancnte.
Orbium cœlestium t elementarium ordo.
Cœlestium sphœrarum numerus.
Cœlestium sphaerarum motus.
Quod motus cœli sit circularis.
Quod cœlum sit sphaericum.
Quod Terra cum a(|ua sit spha;rica.
11
162
Le nom de l'auteur ne figure pas dans le frontispice, on le
trouve au commencement du texte:
Comiença el tratado del esphera y del arte del niarear.
Compuesto por Francisco Falero : natural del reyno de Portugal:
criado de su Magestad.
Ce livre rarissime constitue un document des plus précieux
pour l'histoire de l'astronomie nautique au Portugal. Souza Viterbo
est le seul auteur portugais qui le cite mais sans en avoir vu un
exemplaire. ^ Une note de Peschel attira notre attention sur cet
ouvrage que nous avons cherché dans de nombreuses bibliothèques
d'Allemagne et de Suisse, en Espagne, au British Muséum et à
la Bibliothèque Nationale de Paris.
11 existe à Madrid (2 exemplaires), à Munich et à Augsbourg.
Nous en possédons une copie photographique.
Barros Arana mentionne l'œuvre de Faleiro comme ayant disparu. -
Varnhagen (1858) a, paraît-il, été le premier à la consulter, pro-
Quod terra in centro sit locata c respectu firmamenti quasi punctù.
Quod terra non moueatur.
De terrae ambitu secundum Eratosthenem.
Caput secun de circulis Sphaerae.
De aequinoctiali.
De zodiaco.
De duobus coluris.
De Meridiano.
De Horizonte.
Caput tertium de ortu c occasu signorum.
De partitione diei naturaiis.
De ijs quaas indiuersis habitationibus accidunt.
Ce chapitre se termine par une tabelle concernant les 7 climats:
Primi climatis per Mersem.
Secundi climatis per Syenem.
Tertii climatis per Alexandriâ.
Quarti climatis per Rhodum.
Quinti climatis per Roman.
Sexti climatis per Borystenem.
Septimi climatis per Ripheosmotes.
Le format d'impression est de 230X130 mm, celui des 4 traités espagnols
est de 220X194 mm. Selon M. Jordâo de Freitas ce volume aurait appartenu
au couvent des Jésuites de S. Antâo à Lisbonne.
(') Souza Viterbo. Trabalhos nauticos dos portuguezes 1898, t. 1, p. 95,
citation d'après Galhardo. Ensaio de una biblioteca n"' 1836.
(-) Diego de Barros Arana. Fernâo de Magalhàes, trad. portugaise par
Magalhàes Villas-Boas. Lisboa 1881. p. 55, K57, 189.
163
bablement en Espagne. ^ Francisco Faleiro et son frère l'astronome
Ruy Faleiro quittèrent le Portugal en 1517, avec Fernào de
Magalhàes; ils se proposaient de l'accompagner dans son premier
voyage autour du monde. Francisco Faleiro, pilote expérimenté,
devait occuper le poste de capitaine d'un vaisseau de l'escadre.
Les difficultés soulevées par les deux frères firent échouer ces
négociations; les Faleiro restèrent en Espagne, où Ruy mourut.
La lettre royale autorisant l'impression du Traité de la sphère
prouve que Francisco Faleiro était en Espagne en 1532.
En voici le commencement:
„La Reyna: Por quanto por parte de vos Francisco falero me fue hecha
relacion que vos con zelo de nos seruir hezistes vn tratado de! esphera y arte
de marear en lengua castellana: muy necessaria para los nauegantes : el quai
vos presentastes ante el dotor Salaya nuestro prothomedico y catedratico de
astroiogia en la vniuersidad de salamanca para que io examinasse. Y que el
dicho dotor vio y examino el dicho tratado y le hallo bueno: y tal que se
deuia inprimir por ser tan pruechoso para los nauegâtes: etc."
Tordesillas 18 d'agosîo de 1532.
Nous examinerons plus loin l'importance historique de ce livre
et les connaissances de son auteur dans l'art de la navigation, mises
déjà en évidence par Navarette. "
Sans indiquer s'il s'agit d'un livre imprimé ou d'un manuscrit,
Humboldt cite du même auteur:
Regimento para observar la longitud en la inar. Francisco
Faleiro 1535. ^
Nulle part dans nos recherches nous n'avons trouvé les traces
de cette œuvre importante pour l'histoire du calcul des longi-
tudes. Elle est sûrement une amplification du traité en 30 chapitres
remis par Ruy Faleiro à Magalhàes (avant 1519) et qui était pro-
bablement une étude des deux frères.
Barros écrit à cet égard que son ami et parent Duarte de
Rezende aurait eu en main un Règlement en 30 chapitres, par
Ruy Faleiro, sur le calcul de la distance des méridiens (Altura do
Leste Oeste),' trouvé en Orient à bord de la flotte de Magalhàes.
(') F. A. de Varnhagen. Examen de quelques points de l'histoire géo-
graphique du Brésil. Paris 1858. p. 32.
(-) Navarrete. Disertation sobre la historia de la nautica. Madrid 1846.
parte III, p. 147.
{;') Humboldt. Kosmos, t. Il, p. 470.
(') Barros. D. 3, L 5, C. 10, p. 659—661.
164
Rappelions encore qu'un livre espagnol de 1556 reproduit presque
le même titre, de l'ensemble du Règlement de l'astrolabe et du Traité
de la sphère, qu'on trouve chez Francisco Paleiro:
Martin Cortes: Brève conipendio de la sphera y de la arte
de naveifar con nuevos instriimentos y reglas exemplificadas
con niuy subtiles denionstraciones. 1556. Ant. Alvarez, Sevilla.
EXTRAITS DU TRAITÉ DE LA SPHERE,
EXEMPLAIRE DE MUNICH.
Nous reproduisons ici quelques passages pris au hasard dans
le ,,Tractado da Spera" en y supprimant quelques abréviations,
bien moins nombreuses du reste que dans le ,,Regimento". Pour
retrouver ces passages dans l'édition fac-similé, nous adoptons une
pagination conventionnelle qui n'existe pas dans l'original: la page 1
serait le frontispice du Règlement ; la page 24 le frontispice du
Traité de la sphère et la page 64 la gravure à la fin du livre.
,,Ha spera segumdo sub' substança: e em esa mesma se diuide
em noue speras. comuem sabeer em ha nona: que he dicta primeiro
mobile, e em ha oytaua que he dicta ho çeeo das estrellas: e que
se chama firmamento: e em sete çeeos de sete planetas: que som.
Saturno. Jupiter. Mars. Sol. Venus. Mercurio. e Ha Luua : " C 1 . p. 26.
,,0 Mundo se diuide em duas regiones: s. etherea et çelestial
e em elememtall sobiecta e continua a alteraçià. Esta se diuide
em quatro elememtos. s. terra: aguoa. aar e foguo. Et ha terra estaa
em ho meyo. logo a aguoa. e ë çima ho aar: e sobre o aar ho
fogo puro: que chegua atee ho çeeo da lûa." C 1. p. 28.
,,A çerqua da regiam dos elememtos he a regiam Etherea lucida
diaphana : alhea de mudamemto formai por ha sua essemcia
jmuariauell se moue sempre per mouimento çircular. e se chama
dos philosophos quimta essemcia: ou quimto elemento. ha quai
contem noue ceeos: e speras. comue a saber. Lua. Mercurio.
Venus. Soll. Mars. Jupiter, e Saturno. Firmamento : e o çeeo darradeiro.
Et cada huù destes çerqua ho mais debaixo como spera. Estas
espéras e çeeos tem dous mouimentos. huû do çeeo mays derredeiro
sobre dous polios artiquo: e antartiquo. e de oriemte pera ho
C) répété.
165
ocçidemte em oriemte. ho quall mouimëto ha equinociall parte
per ho meo. ho outro mouimemto he dos oyto çeeos mais debaixo
comtrayro ao primeiro sobre os polios do zodiaco: que distam e
se parte dos primeiros por XXIII graaos. Et ho nono çeo corn seu
mouimemto arrebata e moue consiguo todolos mais debaixo darredor
da terra: em cada vimte e quatro horas faze huùa reuollucam.
e nom embargamte este mouimemto diurno: elles se mouem por
seus proprios mouimemtos de ocçidemte em oriemte." C 1. p. 29.
,,E dous sinaaes manifiestam que ho çeeo se moua de oriête
ho primeiro : que as estrellas que naçem ë oriête se alçam pouco
a pouco atee vijr ao logar homde o sol faz meo dia. e sempre em
jguoall distamça huùas de outras: e asy descendem em occidente.
A segunda he: que as estrellas que estam açerca do polo artiquo
se mouem continuadamente açerqua délie despreuendo e fazendo
seus circulos de oriête ata occidente. e estam sempre em jguall
distamcia huûas das outras, o por que estes dous mouimentos das
estrellas fixas: asy das que sempre pareçê como das que abaixam
sob ho orizonte: parece que o firmamento se moue de oriente ê
occidête." C 1. p. 30.
,,A Terra he redonda de oriente em occidente. e esto mani-
fiestam as estrellas que nom apareçem ta azinha aos que moram
em occidente: como aos que moram em oriente. Ca ho éclipse
da lûa que a nos pareçe na primeira hora da noyte: os orientaaes
ho veem a hora terçeira da noyte. Esto déclara ser a elles primeiro
noyte: que a nos. O quall non séria: se a terra fosse chaâ :
e non redonda. He outro sy redonda de meeo dia a septentriom.
Ca se alguu caminhase da parte meridiana em na parte septen-
trional! sempre se Ihe descobririam em ha parte septentrional!
estrellas: que primeiro nom viam. Et en ha parte méridional!: se
Ihe cobriria as estrellas: que primeiro Ihe pareciam. Et poys ha
terra he redomda demdo oriemte a ho occidente: et do meo dia
em septemtriom." C 1. p. 31.
Circonférence de la terre mesurée par l'astrolabe.
,,Todo ho ambito e circunferencia da terra segundo Thcodosio:
e outros astrologos he dozentos e cinquenta e dous mil! estadios:
dando a cada graao do zodiaco setecentos estadios. ho quai se
poderia medir cm esta maneira. tome huu estrolabio noyte clara c
166
estrellada c por ambos hos fiirados do mediclinio e do reglado cstro-
labio acatem ho polio artiquo e vejam qiiantos graâos tem de
altura: depois procedam dircito ao dicto polio artico ata que ho
vejam huii graao mais alto, meçam ho espaaço da terra que jaz
amtre âbas as alturas : e acharas sete centos estadios. os qe;. multipiica-
dos por trezentos e Ix (360) graaos que té todo o ceeo: sera ho
ambito da terra dozentos e cinquoentaedousmiil estadios.'" C. l.p.34.
,,Dez circulos ymaginamos na spera. seys mayores : e quatro
menores. Circulo mayor he dicto : que se por elle diuidisemos a
spera : pasaria a diuisam por ho centro. Et circulo menor se dize
aquelie cuja diuisam na pasa por o centro da spera. Et circulo
mayor he aquelie : que diuide a espéra em duas partes jguaes. Ho
menor diuide a espéra em duas partes nam jguaes. Hos circulos
mayores sam a equinociall : zodiaco : coluro equinoçial : coluro
solisticiall : meridiano : orizonte. A equinoçial he huù circulo
que parte a spera em duas partes yguaes : e de cada parte dista
yguallmente de ambos os polios." C 2. p. 35.
,,Hay outro circulo na espéra que corta a equinociall : e diuide
em duas metades. e ha hua se aparta da equinociall pera ho
septemtriom : e o polio artiquo. A outra déclina pera o meodia:
e aho polio amtartico. E chamase zodiaco." C 2. p. 36.
,,A parte do zodiaco : que déclina da equinoçial pera septen-
triom : se chama septentrionall : boreall : artico. e aquelles seys
signos que em elle esta do començo de aries ate fim de virgo se
chamam septentrionaaes boreaaes articos. A outra metade do zodiaco
que déclina ate meo dia se chama méridional austral amtartico. Et
os seys signos que nella estam do començo de libra ate fim de
pisces se chama meridionaaes austraaes amtarticos." C 2. p. 37.
,,Et ay hy outros dous circulos na spera que chamam coluros :
Cujo officio he distinguir os equinocios e solsticios .... Et este
coluro que distingue os solsticios pasa por os polios do mundo e
C) Ce procédé fut employé sous Al-Mamoun. On mesura sur le même
méridien la longueur correspondant à la différence d'un degré de la hauteur
du pôle. Cette opération fut répétée deux fois en partant du même point: une
fois, vers le nord, on trouva 57 milles; une autre fois, vers le sud, on trouva
56'/2 milles. Bigourdan, Astronomie 1911 p. 155.
167
por os polios do zodiaco : e por has maximas declinaciôes do soll.
s. por os primeiros graaos de cancer e de capricorno. Et ho primeyro
puncto de cancer onde este coluro entrecorta ho zodiaco se chama
pomto do sohsticio estiuall. por que quâdo ho sol nelle estaa : he
soistiçio estiual. e ho sol nà pode mays achegar ao zenich das
nossas cabeças. Zenich he huu pomto no firmamento de direito
sobre as nossas cabeças. Aquelle arco do coluro que estaa antre
a equinoçial e ho pomto do solistiçio estiuall se chama maxima
dedinaçiâ do soll. E segundo ptolomeo he vynte e très graaos
e cinquoenta e huum minutos. Segundo Almeom he. XXIll.
graaos e XXXlll. minutos. Tam bem ho primeiro ponto de
capricorno se chama pumto do solistiçio hyemall. e o arco do coluro
amtre aquelle pomto e ha equinoçial he outra maxima declinacam
do sol jgual aa primeira. O coluro que distingue os equinocios e
pasa por os polios do mundo et por os primeiros puntos de aries
e de libra : honde sa os dous equinocios vernal em aries : au-
tùnal è libra. ay na spera outro circlo mayor chamado meridiano :
e que pasa por os polos do mundo e por ho zenich d nossa
cabeça. he dito meridiano : por que homde quer que ho home
estee em quai tempo do anno andando ho sol mouido ao moui-
mento do firmamento chega a este circulo. Et aquelle home
(he o?) meo dia. E por esto se chama circulo do medio dia. He
de notar que se duas çidades huma se achega mays ao oriente que
ha outra : nam teem ambas huù medio dia : amtes diuersos. et ho
arco da equinoçiall que jaz amtre ambos os meridianos se diz
longura e anchura e apartamento destas çidades e se duas çidades
teem huiï meridiano apartamse jgualmente do oriente e de oci-
dente." C 2. p. 40.
,,He de saber : que a equinoçiall : et hos quatro circulos menores
se chamam paralellos et equidistamtes : nam por que ho segumdo
se aparté tamto do primeiro : quamto ho terçiro do segumdo. Que
esto he falso -. segumdo auemos agora prouado. mays por que
tomam de dous délies : ho huum se aparta do outro yguallmente
em todas suas partes. Et chamase paralello equinoçiall : paralello
do solistiçio estiual. paralello do solistiçio hyemall. paralello artico :
paralello' e paralello amtartiquo. He de notar que os quatro
paralellos menores distinguem em ho çeeo çimquo zonas, et em ha
(') répété.
168
terra çiiiquo plaj^as sobiectas a as cinquo zonas. A plagaa do meo
sobiccta a a torrida zona amtre os dous tropicos se diz nom morada
por ha gramde quentura do sol : que sempre anda emtre os tropicos :
e as duas plagaas sobiectas a as duas zonas do paralello artico et
paralello antartico se dizem nom moradas por ho gramde frio. por
que ho soll se aparta muyto délias. As outras duas plaças sobiectas
a as duas zonas das quaes ha huua estaa amtre ho tropico estiuall:
et ho circulo artico. A outra emtre ho tropico hyenmall e o circulo
amtartico : sam moradas e temperadas com quemtura da torrida
zona : que estaa antre os tropicos : e a frialdade das zonas pro-
pinquas aos polios." C 2. p. 42 — 44.
ÉDITIONS DU RÈGLEMENT ET DU
TRAITÉ DE LA SPHÈRE.
L'exemplaire de la Bibliothèque de Munich manque d'indications
sur la date d'impression. Le bas du frontispice du Règlement de
l'astrolabe est déchiré juste à l'endroit oii se trouve l'inscription
suivante aujourd'hui incomplète:
impresso em a cidade d pos
com gracia e priuilegio (le reste manque).
Ce volume fut soumis à l'examen de M. Conrad Hœbler,
professeur renommé et auteur de nombreux ouvrages classiques
sur les incunables ibériques. M. Haebler compléta la première
ligne de l'inscription déchirée par les mots suivants, de lixboa por
hermâo de Canipos. La partie qui manque à la deuxième ligne
(longue de 50 millimètres) contenait peut-être la date d'impression.
Le premier travail typographique de Herman de Campos que
nous connaissons est daté de 1509, Setubal.^ Le nom de cet im-
(*) Nous remercions M. J. A. Moniz, de la Bibliothèque Nationale de
Lisbonne, de son aimable intervention dans nos recherches concernant les
oeuvres imprimées par Herman de Campos.
1509 Setubal. Regra estatutos e definiçôes da ordem militar de S. Thiago.
1 vol. folio,
à la fin: Esta obra fue emprimida em Setuual por mi Herman de
kempis, alema 13 Dezembro 1509.
1512. Lisboa. Os artigos das sysas destes regnos emprimidas per
autoridade y preuilegio de! rey nosso senhor. 1 vol. folio,
à la fin : Forom empmidos os ditos arfygos das sysas. Em lixboa p
hermâ De Kempos, alemâ.
169
primeur subit des altérations successives de l'allemand au portugais.
En 1509 il signait Hernian de kempis; en 1512 herma. de Kempos ;
en 1516 Hernian de Capos et enfin en 1518 herman de canipos.
En 1516, Campos était devenu l'associé de Valentim Fernandes,
l'imprimeur de la Vita Christi de Ludolfus, œuvre que M. Haebler
considère comme un des plus beaux livres sortis des imprimeries
de la Péninsule avant 1500. Dans les œuvres datées de 1509 et
1512, on ne trouve pas encore de titre honorifique adjoint au
nom de Campos, bien que D. Manuel, par une lettre patente du
8 février 1508, ait accordé les honneurs de chevalier de la maison
royale à tous les imprimeurs vieux chrétiens ayant une fortune
supérieure à 2000 doublons d'or.^ Cette restriction était destinée
à exclure de cet honneur ceux d'origine juive convertis en 1497
(désignés par nouveaux clirétiens) et qui avaient été les premiers à
introduire l'imprimerie dans le pays (1487 Faro).-
1516. Almeirim. Regra e statutos da orde Davys.
Le nom de Fimprimeur y figure comme Herman de Kempis.
1516. Almeirim-Lisboa. Cancioneiro gérai de Garcia de Rezende.
1 vol. folio,
à la fin: Começouse em alnieyrym e acabouse na muyto nobre e sempre
leall cidade de Li.xboa. Per Herma de cïipos alema bobardeyro de!
rey nosso senhor i empremjdor. 28 Setëbro 1516.
1516. Lisboa. Regimento da ordenaçào de Lisboa.
1516. Lisboa. Os compromissos da Confraria da Misericordia de Lisboa.
à la fin: Foi imprimido ho présente compromisso da muy santa con-
fraria da misericordia por Valentym fernandes e Herman de Capos.
Por mandado do muy alto y muy poderoso principe ei-Rey Do Manuel
nosso Senhor. Lisboa, 20 Dezembro 1516. 1 \oI.
1518. Lisboa. Espelho de Christina aqual falla dos très estados das
mulheres. 1 vol. folio,
à la fin: Impresso em ha muy nobre y sempre leal cibdade de lixboa
por herman de campos. Imprimidor y bombardeyro do rey nosso
senhor cô gracia y priuilegio de su alteza. 1518. 22 de junio.
Oeuvres consultées:
Alnianak lUustrado (4" Anno) Lisboa 1857 (Lallement & Co.). Article
signe N. (Tito de Noronha).
Tito de Noronha. A Imprensa F^ortugueza durante o seculo XVI por
Tito de Noronha. Porto 1874.
Venancio Deslandes. Documentos para a Historia da typographia portu-
gueza nos seculos XVI e XVII, Lisboa 1888.
(') Venancio Deslandes I. c, p. 12.
(') Le premier livre imprimé au F^irtULîal cinegistrc dans l'ouNrage remar-
quable de M. C. Maibler, „Bibliografia iberica del sigio XV", Leipzig, 1904,
170
En 1516, Canipos commença l'impression du Cancioneiro gérai de
Garcia de Rczende à Almeirim, la terminant à Lisbonne; ces change-
ments étant probablement dûs aux épidémies qui ont sévi dans la
capitale. C'est dans ce livre que nous avons trouvé pour la première fois
le titre bombardeyro del rey, à la suite du nom de cet imprimeur.'
Herman de Campos aurait donc imprimé entre 1509 et 1518 et
c'est entre ces deux dates que le Regimento do astrolabio de Munich
a probablement paru.
Voici ce qu'écrit M. Hartig à l'égard de l'édition de la Bibliothèque
de Munich :
„A en juger par la forme et le contenu, on reconnaît à
première vue qu'il s'agit d'une réimpression fort peu soignée. "-"
En effet le travail typographique est irrégulier, les tables con-
tiennent des erreurs assez fréquentes, des chiffres manquent, d'autres
sont renversés,^ les colonnes des tables du calendrier ne concordent
pas, dans un exemple du calcul, où les nombres sont écrits en
toutes lettres, on trouve une faute d'addition (Exemple No 7). On est
frappé du manque de soin et il est évident que c'est un travail
typographique fait à la hâte, surtout si on le compare à l'impression
remarquable de l'Almanach Zacuto. Le jugement précieux de M. Hartig
est d'une grande portée. Il nous révèle l'existence d'une édition
antérieure à l'exemplaire de Munich. Celle-ci est donc ou bien une
porte la date de 1487, Faro; mais jusqu'en 1494 on ne connaît que des
œuvres en hébreu. Le premier livre en caractères latins est de 1494, Braga.
(Breviarium Braccarense; Braga 1494—12 dec: Johanem Gerlinc, aiemanum.)
Valentim Fernandes et Nicolao de Saxonia éditèrent ensuite sous le patronage
de D. Joào II, la Vita christi de Ludolfus, 1495—1496. Voir sur les débuts
de l'imprimerie au Portugal: Deslandes qX Noronha indiqués à p. 169 ainsi que
Ribeiro dos Santos. Memorias da litteratura portugueza, t 8, 1856,
p. 1—76 et Buckmann. B. S. G. L. 1880—81, p. 674.
(') Valentim Fernandes avait le titre de escudeiro da rainlia D. Leonor
(veuve de D. Joâo II); Jacobo Cronberger signait Cavalleiro da casa real.
(-) „Nach Form und Inhalt ist das Ganze sofort als ein mit geringer Sorg-
falt ausgefiilirter Nachdruck erkennbar."
Hartig. Historisches Jahrbuch, Munchen 1908, Bd. 29, Heft 2, p. 336.
(^) Voici quelques-unes des erreurs dans les tables de déclinaison.
Position du soleil
1 Avril 2" au lieu de 21"
8 Mars 72" „ 27"
7 Septembre 32" „ 23"
3 Février 42" „ 24"
6 Février 72" „ 27"
171
simple réimpression, ou une réédition remaniée d'un original
antérieur.
Le 13 novembre 1504, D. Manuel faisait publier un décret or-
donnant que les cartes nautiques ne devraient plus con-
tenir d'indications pour la navigation au delà des îles
de S. Thomé et Principe. Quelques jours plus tard un autre décret
fixait la limite au Rio Manicongo (7'^ de latitude sud, selon le
Règlement d'Evora). Cette restriction ' avait évidemment pour but
d'empêcher d'autres nations de s'approprier les fruits des découvertes
portugaises. La même mesure s'appliquait tout particulièrement à la
liste des latitudes.
Le Règlement d'Evora n'observe pas cette défense; elle n'était
probablement plus en vigueur lors de son impression. Dans la liste
du Règlement de Munich, par contre, on a dû avoir en vue l'inter-
diction de 1504. Ainsi s'explique la suppression de toutes les latitudes
au sud de l'équateur.
On peut donc conclure que l'exemplaire de la Bibliothèque
de Munich, imprimé par Herman de Campos, probablement après
1509, obéit à la restriction imposée par le décret de novembre 1504.
La date d'impression de l'exemplaire d'Evora, adoptée par
Cordeiro à 1519—20, est incertaine. Nous avons cherché en vain
dans les bibliothèques portugaises un livre qui pourrait éclaircir
(') Voici une partie du texte original de cette loi:
„Nos El-Rey fazeemos saber a todos nosos corregedores, juizes e justiças,
a que este nosso alvarâ for mostrado e o conhicimento d elle pertemçer, que
nos pasamos, poucos dias ha, huum nosso mamdado per que, amtre outras
cousas cm elle contyudas, mamdamos que nam ouesse mais navegaçam nas
cartas de marear de Guinée, que ate as jlhas do Prymcepe e de Sam Thome;
e que nemhuuns mestres de fazer as ditas cartas as nam fezesem mais que
ate as ditas jlhas; e aquellas cartas que eram fectas de mais na\egaçam
fossem todas levadas a Jorje de Vascomcellos pera Iho tyrar, e ysto tudo
sob as penas no dito nosso alvara comthyudas; porem agora por este présente
nos praz, que homde as ditas cartas nam a\iam de ser feytas salvo até as ditas
jlhas, se estenda mais atee o rio de Manicomgo; e nas que sào fectas fique a
navegaçam ate o dito ryo e de ally por diante nào pascm em mar nem por
Costa, sob as pennas em nosso alvara comthyudas; c sob as ditas penas
defemdemosque nào façam nemhuns mestres das cartas de marear
nem outros allguuns oficiaes nenhumas pomas grandes, nem
pequenas, de pouco, nem muyto, p orque nào queremos que se
façam cm maneira aigu ma;.."
Alvarâ de 13 de novembro 1504. Gabriel Perdra. B. S. G. L., 1903, p. 147.
Algitns dociunentos do Archivo Nacional da Torre do Tombo 1892 p. 139.
172
cette question, le Reportorio dos tempos de Valentim Fernandes,
édition 1518. Le Règlement d'Evora est reproduit dans cinq édi-
tions de ce livre dont la plus ancienne est de 1521. Il s'agit de
vérifier s'il est inclus dans celle de 1518. Dans le cas affirmatif la
date d'impression serait antérieure à celle adoptée par Cordeiro.'
(') Date d'impression de l'exemplaire d'Evora.
Le volume de la Bibliothèque d'Evora est orné de deux pages à frontis-
pice; l'une appartenant au „Tractad() da spera", l'autre au „Regimento do
astrolabio". Les deux traités ont le même format d'impression et les mêmes
caractères typographiques; ils manquent de pagination.
Dans le frontispice du Règlement on lit le nom de l'imprimeur Germam
Galhard, inscrit sur le bas du cadre qui entoure le titre. Le volume prend
fin aux tables nautiques; la dernière page contient la quatrième table de la
troisième année après l'année bissextile.
La reliure récente du livre ne permet pas de préciser s'il manque
une feuille à la fin; mais nous le supposons. C'était probablement sur la dernière
feuille que se trouvait la date d'impression, selon l'usage général des imprimeries
de l'époque. Tito de Noronha, investigateur minutieux des premières impri-
meries portugaises, cite 47 œuvres sorties de chez Germào Galhard entre 1509
et 1560.' Le „Tractado da spera" n'y figure pas, mais on trou\e sur cette
liste l'indication suivante:
Carta que Jeronymo Montario allemao, escreveu de Norumberga a
el-rei D. Joào II. Lisboa, Germào Galhard, 1525.
Noronha aura probablement trouvé ce détail bibliographique sans
avoir toutefois examiné un exemplaire de l'œuvre, car il semble peu probable
qu'une édition isolée de la lettre de Monetarius ait paru. Nous croyons
plutôt qu'il s'agit du Traité de la sphère, où ce document serait inclus, comme
c'est le cas dans les exemplaires de Munich et Evora. Si la date de 1525,
indiquée par Noronha, était exacte, cette édition de la Sphère serait postérieure
à celle d'Evora, car celle-ci est sûrement antérieure à 1521.
Cordeiro n'indique pas les raisons qui l'ont conduit à établir la date de
1519—20, donnée à ce volume. 11 trouva le Règlement reproduit dans le
Reportorio dos Tempos de Val. Fernandes, éd. 1521 et 1528. Le Reportorio
est une traduction d'un livre espagnol ayant le même titre, auquel on
ajouta des renseignements pour les navigateurs. Le fait que l'éd. 1521
reproduit le Règlement d'Evora prouve que celui-ci existait alors
déjà. Malheureusement M. Guimaràes n'a pu nous fournir aucun éclaircisse-
ment concernant l'édition 1518 du Reportorio citée dans son livre; si elle
contenait également le Règlement, la date d'impression du document d'Evora
serait antérieure à 1518.
Les éditions de 1519 et 1530 delaSuma deGeografia de Fernandezd'Enciso
contiennent des passages textuels du Règlement de Munich; ce n'est cependant
pas une preuve que l'édition d'Evora n'existait pas encore en 1519. 11 est
(') Article de Tito de Xorori/ni dans TAIiiianak Hlustiado 4° Anno, Lislioa (Lallement
& Co.) 1857.
173
Dans la note précédente nous traitons de l'existence d'une
édition de 1525 du Traité de la sphère.
Voici en résumé, les éditions connues ou encore incertaines
du Traité de la sphère et du Règlement de l'astrolabe.
I. Le Règlement et le Traité de la sphère réunis.
1. Edition encore inconnue, dont l'exemplaire de Munich est la
réimpression ou la réédition remaniée.
2. Exemplaire de Munich. (Ed. postérieure à 1509?)
Le texte du Règlement est élémentaire, minutieux, accom-
pagné de 1 7 exemples numériques. La liste des latitudes ne va que
jusqu'à l'équateur. On y supprime intentionnellement les ren-
seignements sur les découvertes au delà de cette limite.
3. Exemplaire d'Evora. (Ed. antérieure à 1518?).
Le même Règlement y est abrégé; la minutie et les exemples
numériques ont disparu. La liste des latitudes embrasse toute
l'étendue des découvertes jusqu'à Sumatra, Java et les Molu-
ques. On y ajoute des parties nouvelles, telles que les règles
sur les marées, le Règlement pour déterminer l'heure de la
nuit par l'étoile polaire, etc.
4. Edition de 1525, incertaine.
II. Le Règlement seul sans le Traité de la sphère.
5. Le Reportorio dos Tempos de Valentim Fernandes reproduit
le Règlement d'Evora dans les 5 éditions suivantes: éd. 1521,
1528, 1552, 1563 et 1570. Six autres restent à vérifier: éd.
1518, 1524, 1538, 1557, 1560 et 1573—74.
Les cinq éditions examinées contiennent, en plus du texte
d'Evora et de la liste des latitudes, un Règlement pour naviguer
au moyen du quadrant et les tables nautiques extraites de
l'Almanach Zacuto par maître Gaspar Nicolas.^
fort possible qu'on l'avait déjà sans qu' Enciso en eut connaissance, attendu
que la rareté de ces livres est précisément due aux craintes de la concurrence
de l'Espagne.
(') Par suite de la rareté extrême des exemplaires du Reportorio, une
faute s'est glissée dans notre étude. Fernandes copia le texte du Règlement
mais pas les tables. Dans les éditions 1552, 156,3 et 1570, celles-ci ont la forme
concise des tables du Règlement de Munich établies pour une seule année
donnant la déclinaison en face de la date (non pour le cycle de 4 années
comme nous l'avons dit à p. 25).
Bibliothèques possédant des exemplaires du Reportorio de V^alentim
l-ernandes.
Bibliotheca Nacional, Lisbonne éd. 1552, 1563 et 1570
174
III. Traité de la sphère de Pedro Nunes, augmenté de
divers autres traités à savoir:
Théorie du soleil et de la lune. Livre premier de la Géo-
graphie de Ptolémée. Traité de certaines questions nautiques.
Traité pour la défense de la carte nautique.
Dans le dernier de ces traités on retrouve le Règlement discuté
et revisé, ainsi que de nouvelles tables nautiques.
CONCLUSIONS.
Il suffit de regarder la liste précédente pour constater l'évo-
lution subie par le Règlement et le Traité de la sphère pendant
une trentaine d'années. Le document de Munich serait donc
la plus ancienne é d i t i o n c o n n u e d'une œuvre officielle
encore en usage dans la marine portugaise en 1537.
Pedro Nunes se rapportant au Règlement employé par les pilotes
y signale une erreur qu'on retrouve dans les deux éditions
de Munich et d'Evora.' Ceci établit d'une façon indubitable l'iden-
tité de ces documents avec les Règlements officiels auxquels Nunes
faisait allusion.
Il discute la déclinaison maxima de 23" 33' adoptée par ces
Règlements et la remplace par 23^30'; il revise et corrige le Règle-
ment du chemin parcouru par le navire etc.
Bibliothèque de M. Carvallio Monteiro, Lisbonne éd. 1573—74
„ du duc de Palmella, Lisbonne éd. 1521 (?)
de Porto éd. 1570
d'Evora éd. 1552
L'édition 1528 que possédait cette bibliothèque a disparu ayant été
empruntée en 1888 par un des ministères à Lisbonne.
Pas d'exemplaires de ce livre ni à l'université de Coimbra ni à la biblio-
thèque d'Ajuda (Lisbonne).
(')Noregimento que te m os pilotos para tomar aaltura
do polo pella estrella: ha erro: porque diz que da estrella ao polo ha 3
graus e meio e sam 4 graus e 9 ou 10 minutos:
P. Nunes. Tratado em defensam 1911, I. c, p. 361.
On lit dans le Règlement d'Evora:
E quando as guardas estào na linha abai.xo do braço do loeste, esta
unia guarda por outra leste e oeste. E a estrella do norte esta acima
do eixo 3' -j graus.
Le Règlement de Munich dit:
Item quando as guardas estam na linha abay.xo daloeste: esta a
estrella do norte açima do polio très graus e meio.
Voir Documents No 1 et 2.
175
En résumé, le Règlement modifié par Pedro Nunes avait subi
auparavant d'autres altérations et additions. Le Règlement d'Evora
n'est lui-même qu'une édition plus récente de celui de Munich. On
adopta une forme plus concise, plus moderne des mêmes sujets,
en y ajoutant de nouveau.x éléments. V^alentim Fernandes reproduit
te.xtuellement ce document et y introduit quelques parties nouvelles.
Une ou plusieurs éditions inconnues, antérieures au Règlement de
Munich, feraient remonter à plus haut le commencement de cette
série d'études. Ces éditions permettraient probablement de préciser si
ce livre a été imprimé avant la mort de D. Joào II (octobre 1495), ou
s'il a été employé par Gama et par Cabrai en manuscrit. Cette
considération cependant est de moindre importance que le fait, en
lui-même incontestable, de l'existence d'une œuvre officielle dont
le plus ancien texte connu contient la solution élémentaire des
problèmes de l'astronomie nautique. La série de ces études montre
donc indiscutablement les altérations successives subies par l'œuvre
primitive. Le plus ancien de ces documents provenait sans aucun
doute des mathématiciens chargés d'étudier l'astronomie nautique et
ces mathématiciens n'étaient autres que les membres de la Junta.
Nous pouvons donc formuler nos conclusions:
Le Règlement de l'astrolabe et le Traité de la sphère
forment une œuvre unique, contenant les éléments de l'astronomie
et les premières instructions données aux marins portugais sur
l'application de cette science à la navigation.
Le Règlement destiné à la détermination des latitudes est le
résultat de l'étude dont fut chargée la Junta dos Mathematicos.
Ces deux traités se complètent mutuellement; ils forment une
œuvre de la plus grande valeur pour la navigation, indispensable
au vaste programme colonial de D. Joào 11.
Maintenant que nous avons précisé l'importance du Règlement
de l'astrolabe et du Traité de la sphère, nous allons énumérer
quelques-uns des principaux ouvrages portugais de la première moitié
du XVi^ siècle, où ces études se sont poursuivies et déve-
loppées. Nous ajoutons une liste bibliographique assez considérable
à la fin du 11^ volume et faisons remarquer que nombre de ces
œuvres n'ont pas été examinées au point de vue de l'histoire de
l'astronomie nautique. Des recherches complémentaires restent
176
à faire dans les riches bibliothèques portugaises qui contiennent de
nombreuses raretés pas encore mises à jour.
Il ne s'agit donc en ce moment que de bien préciser les
œuvres de première importance, connues à l'heure actuelle, où ces
questions furent étudiées et développées. Nous sommes heureux de
mettre en évidence un autre livre de la plus grande valeur et jusqu'à
présent ignoré dans la bibliographie portugaise, le Tratado del
esphera de Francisco Faleiro.
Oeuvres portuf^aises écrites avant 1550 concernant l'astronomie
nautique.
1. Reginiento do estrolabio et Tractado da spera. Exemplaire
de Munich.
2. Tractado da spera et Regimento do astrolabio. Exemplaire
d'Evora.
3. Esmeraldo de situ orbis par Duarte Pacheco Pereira. Imprimé
en 1892 et 1905. Voir les chapitres 6 à 12.
4. Livro de Marinharia par Joào de Lisboa. Contenant le Tratado
da agullia de marear, daté de 1514. imprimé en 1903.
5. Reportorio dos tempos par Valentim Fernandes. Ce livre eut
en tout 11 éditions dont 5 antérieures à 1550.
6. Tratado del esphera y del arte de marear par Francisco
Faleiro. 1535.
7. Regimento de las longitudes en la mar par Francisco
Faleiro. 1535.
Ce livre ne nous est connu que par une citation d'Humboldt.'
8. Astronomici epitome sphœra par Pedro Nunes. Date d'im-
pression 1526?
9. Tratado da sphera. Deuxième traduction de Sacrobosco par
Pedro Nunes. 1537; contenant encore:
Tratado sobre certas duuidas da nauegaçào.
Tratado em defensam da carta de marear.
Theorica do Sol e da Lua.
Livro primeiro da Geographia de Ptolomeu.
10. Roteiro de Lisboa a Goa par D. Joào de Castro. 1538.
Imprimé en 1882.
11. Roteiro de Goa a Dio par D. Joào de Castro. 1538—39.
Imprimé en 1843.
(') Les bibliothèques Nacional de Madrid et Provincial de Séville ignorent
si cette œuvre a été imprimée.
177
12. Roteiro de Goa a Soez (Mar roxo) par D. Joào de Castro.
1541. Imprimé en 1S33.
13. De arte atqiie ratione navi^andi libri duo, par Pedro Nunes.
1546.'
L'examen de cette liste nous fait connaître les progrès
successifs réalisés. D'abord on étudie les problèmes de l'astronomie
nautique dans les œuvres élémentaires, ensuite on les élargit succes-
sivement par de nouvelles recherches. On supprime l'élémentaire
devenu superflu, on ajoute des tables nautiques plus exactes, on
discute d'autres questions, que l'expérience et les observations en
mer avaient rendues nécessaires.
Partout on reconnaît une origine, un point de départ communs:
le Règlement de l'astrolabe et le Traité de la sphère.
Duarte Pacheco connaît à fond le calcul des latitudes par la
hauteur du soleil; il examine longuement un sujet nouveau: les
rapports des marées et des mouvements de la lune; il se rend
compte de l'importance et de la difficulté du calcul des longitudes,
qu'il n'aborde pas dans son livre. -
Joào de Lisboa traite tous les Règlements avec une exubérance
remarquable. Sans souci d'ordre ou de méthode, il les répète
maintes fois sous des aperçus différents. Son livre contient à profusion
des enseignements pour le marin, mais n'est pas un travail soigné pour
l'impression. Dans son traité sur la boussole, il étudie la déviation
de l'aiguille et l'observe à l'aide de l'astrolabe et de l'horloge.
Le phénomène de la disparition de la déviation aux Açores
est traité avec minutie par ce pilote contemporain de Dias et
de Oama.'^
(') Il y a lieu do mcntioniitT ici l'œuvre de Diogo de Sa, De Navigatione
libri très. (Paris 1549); une prétendue réfutation des écrits de Nunes qui pourrait
contenir des indications de valeur historique.
(-) E os i>raaos da longura (longitude) se contani de ouriente cm ou-
cidente a que os marinheiros chaniam leste e oest, e por ser difficil poderem-se
saber, por nam terem ponto firme e fi.xo como sam os polios que vem ha
iadeza (latitude), nào euro n'isto mais fallar. Esmeraldo 1905, p. 39.
(') As de saber que este meridiano vero homde as agulhas verdadeira-
mente fazem o polio do mundo artiquo dévide a ilha de Samta Maria a pomta
da Ilha de Sam Miguel que sam nas llhas dos A(;()res e dévide a espéra cm
duas partes ygoaes \L aqui neste meridiano achey sempre as agulhas
fi.xas no polio do mundo e como délie me saya llogo as agulhas faziam
conhecimento. IJvro de Marinfiaria. Tratado da Agulha, c. 7, p. 23.
178
La première observation de la déviation a été attribuée à
Colomb parce qu'il en dit quelques lignes dans son journal
(13 et 17 septembre 1492);' on pourrait tout aussi bien l'attribuer
à joào de Lisboa qui y consacre des chapitres entiers. Ce phénomène
était probablement connu depuis longtemps car il y avait alors 50
ans que les mers des Açores étaient parcourues et l'esprit peu
scientifique de Colomb ne lui permettait pas une supériorité quel
conque sur ses collègues portugais. Pendant que celui-ci en est
encore à s'imaginer la terre en forme de poire, on trouve les
deux auteurs portugais plongés dans de véritables études scienti-
fiques sur la navigation. Lisboa rapproche la déviation de la
boussole du calcul des longitudes. Il divise la sphère en deux
parties par un méridien initial, nommé par lui „meridiano vero",
traversant les îles de S'^ Maria et de S. Miguel (Açores) et S. Vicente,
une des îles de Cabo Verde. Il consacre le chapitre 9 de son Traité
de la boussole- à un Règlement établissant la distance du méridien
initial selon les écarts de l'aiguille.
Les œuvres de Pacheco et de Lisboa démontrent combien ces
marins ont renversé la routine des anciens auteurs. Ils ne répètent
pas aveuglement des fables sur des voyages légendaires ou des îles
mystérieuses. Pacheco s'étonne que tant d'excellents auteurs de
l'antiquité aient pu commettre la grande erreur de croire que la
zone torride était inhabitable et il ajoute:
„Notre nation portugaise a tellement devancé les anciens
et les modernes dans ces questions, que par rapport à nous
on peut bien affirmer qu'ils n'en savaient rien".
C'est bien l'esprit des considérations de Pedro Nunes, alors
que ce mathématicien écrit sur la découverte de nouvelles mers,
nouveaux cieux et nouvelles étoiles par les Portugais et classe
(') Voici les deux références à la dé\iation dans le journal de Colomb:
13 de setiembre (1492).
En este dia, al comienzo de la noche, las a^ujas noruesteaban, y â
la manana noruesteaban alt^un tanto.
17 de setiembre.
Tomaron los pilotos el Norte marcandolo, y liallaron que las aj<ujas
noruesteaban una gran cuarta, y temiaii los niarineros, y estaban penados
y no decian de que. Conociôlo el Almirante, mandô que tornasen a
marcar ei Norte en amaneciendo, y hallaron que estaban buenas las
agujas; la causa fue porque la estrella que parece hace movimiento y
no las agujas. Navorrete (Premer \iage de Colon) t. 1. p. 8, 9.
(-') Inconnu à Q. Hcllmanu, Rara magnetica 1269—1599. Berlin 1898.
179
ces voyages comme les plus grands et les plus merveilleux de
tous les peuples du monde.'
Chez Duarte Pacheco et Joào de Lisboa c'est l'étude de la
nature, l'observation des phénomènes, c'est l'expérience la source
mère qui enseigne la vérité. On raisonne, on mesure et on juge.
L'esprit scientifique moderne jaillit partout dans ces deux livres.
On n'y trouve plus de vieilleries; toute une cargaison de traditions
inutiles y est jetée par dessus bord. Voici ce qu'on lit quelque part
dans le globe de Nuremberg:
„cette île est tellement abondante en pierres magnétiques
qu'elle ne peut être approchée par des navires ayant du fer
à bord".-
A propos de la mer équatoriale on lit encore:
„lci on ne peut voir l'étoile polaire appelée par nous le
pôle arctique. Ceux qui naviguent dans cette mer doivent
diriger leur cours à l'aide de l'astrolabe parce que la boussole
n'y fonctionne pas". '
Insistons bien sur ce point, car au Portugal on a trop longtemps
gardé le silence là-dessus;^ ce n'est pas à des auteurs, à des marins
de l'envergure de Duarte Pacheco et Joào de Lisboa que l'on peut
donner Colomb et F^ehaim comme maîtres dans l'art de la navigation.
Si on persiste à le faire c'est qu'on ignore encore l'existence des
œuvres remarquables des deux Portugais.
C'est précisément ce même esprit moderne de l'observateur
éveillé, si évident chez Valentim Fernandes, qu'on ne trouve pas
chez Behaim. Valentim Fernandes n'était ni marin ni astronome; son
activité se répandait dans bien des domaines. Imprimeur allemand
des plus remarquables, il traduisit aussi en portugais les voyages de
Marco Polo et de Nicolao Conti. Il fut le géographe et l'historien qui
recueillit les précieuses notes manuscrites sur les découvertes
portugaises, aujourd'hui devenues classiques, et fut encore le vul-
garisateur du Règlement de l'astrolabe, auquel il ajoute même de
nouveaux chapitres.
(') Voir p. 129.
(:■) Voir les notes du iJlobe de Nuremberg reproduit par Ru,^e I. c.
( ■) Ravenstein. Martim da Botiemia. Lisboa p. 18.
(') Dans ses deux études sur Behaim, M. Ravenstein s'est définitivement
libéré des traditions sans fondement et des légendes; il fait la défense de la
science portuj»aise à l'époque des découvertes. C'est jjrâce à ses dcu.x livres
que nous avons entrepris les recherches sur cet intéressant chapitre de
l'histoire nationale.
180
Nous arrivons maintenant au pilote érudit Francisco Faleiro
qui en 1535, refond complètement le Règlement et le Traité de la
sphère, l.e Tratado de/ fisphera est sans aucun doute l'ouvrage le
plus important jusqu'alors imprimé sur l'art de la navM^ation.
I:n quittant le Portugal, Ma^alhàes s'est entouré de savants
marins pour l'exécution de son grand projet. Parmi ceux-ci figurent
en première ligne les frères Faleiro. Les travaux de |-rancisco
Faleiro peuvent donc servir de base pour juger les progrès de la
science nautique portugaise à cette époque. Cet auteur consacre
une étude spéciale (imprimée en 15.35?) au calcul des longitudes; la
même question fait l'objet d'un traité remis par les frères Faleiro à
Magalhàes avant son départ en 1519.
La détermination des longitudes (Arte de Leste Oeste) avait
entièrement absorbé les marins déjà du temps de Barros; cet auteur
remarquait en 1539, que les résultats obtenus n'étaient pas en rapport
avec le nombre des navigateurs qui y avaient consacré leur
attention. Ce n'est qu'après de tels précurseurs que commence
l'tEUvre de Pedro Nunes. Il nous décrit lui-même en quelques lignes
le travail fait avant lui au Portugal:
„ll est évident que les découvertes des côtes, iles et conti-
nents n'ont pas été faites au hasard mais au contraire,
nos marins partaient très bien renseignés, pourvus d'instru-
ments et de règles d'astrologie et de géométrie".
Ce qu'il trouva de fait dans l'astronomie nautique répondait alors
largement aux besoins de la navigation.
„Quant au Règlement en usage et qui rentre dans ma
profession, il n'y a pas beaucoup à signaler".'
Ce Règlement était donc suffisant en 1537. Ajoutons que ce
document officiel n'était qu'un maigre résumé du manuscrit de Joào
de Lisboa (mort vers 1527). Cet écrit nous montre comment les
questions traitées dans les Règlements avaient été étudiées et élargies
par un contemporain de Pero d'Alemquer et de Bartholomeu Dias.
Tout en se plaignant de la routine, de la présomption, ou
môme de l'ignorance relative des pilotes, Pedro Nunes sépare les
tables de la longitude de celle de la déclinaison du soleil. Ces marins
étaient donc déjà capables de calculer les latitudes d'après ces
éléments, car jusque là toutes les tables nauiiques qui nous sont
(') Voir ces passages de Nunes à p. 103.
ISl
connues contiennent ce travail tout fait, la déclinaison journalière
placée en face de la date.' Malgré ses plaintes. Pedro Nunes s'étonne
lui-même de l'exactitude des cartes nautiques portugaises, dans les-
quelles il trouve la différence de longitude entre les Canaries et
l'extrémité orientale de l'Afrique à peu près juste; cette différence
ayant été déterminée non pas par des éclipses, mais par des détours
aussi longs que ceux de la route du cap de Bonne-Espérance,'- Pedro
Nunes étudie de nouveaux instruments, il cherche la détermination des
latitudes à toute heure de la journée, il examine le Règlement du
chemin parcouru par le navire et il consacre son attention à ses
études classiques, la théorie du „rumbus", plus tard nommé loxodromie.^
A côté de Nunes un marin scientifique de haute valeur
complétait l'œuvre du maître par ses observations en mer. Les
études de D. Joào de Castro, uniques dans l'histoire de la navigation
à cette époque, terminent avec éclat les travaux portugais dans la
première moitié du XV!*^ siècle.
Ses trois „Roteiros" traitent avec un esprit d'observation hors
ligne toutes les questions nautiques d'importance : les courants
maritimes, la régularité des vents, la côte, les ports, les marées,
les instruments nautiques, les horloges, les éclipses et enfin
la déviation de l'aiguille et le calcul des longitudes. Il sépare les
deux dernières études restées pendant longtemps intimement liées.
Pedro Nunes n'attachait point de valeur aux considérations des
pilotes qui voulaient résoudre le calcul des longitudes par les écarts
de la déviation; il les considère comme incomplètes et prématurées.
C'est D. Joào de Castro s'appuyant sur ses observations qui énonce
définitivement:
„la déviation de l'aiguille ne correspond point à la différence
des méridiens." '
L'œuvre nautique de ces deux hommes est évidemment la
continuation, le développement logique de l'astronomie nautique
du Règlement de l'astrolabe de Munich. Ce document, représentant
les plus anciennes études portugaises, découle lui-même d'une autre
source plus grande, plus haute encore; il est la conséquence de la
(') Nunes revient comme nous l'avons remarqué à pa^e 27, à la forme
primitive des tables de l'Almanach perpetuum.
(-) Voir ce passage de Nunes à p. 13.5.
(') La rareté des œuvres de Pedro Nunes est un fait pcnihle à constater.
Espérons que leur réimpression qui serait, entre tous, le inoninni.'nt le plus
digne de sa mémoire se réalisera bientôt.
(•*) Andrade Corvo. Roteiro de Lisboa a Goa (U. Joào de Castro) 1882 p. 384.
182
ténacité, de la prévoyance et du j^énie de 1" Infant de Sagres. C'est à
l'Infant D. Henrique que- le Portugal doit la gloire d'avoir devancé
l'Europe dans la découverte du monde, aussi bien que dans l'art de
la navigation, source mère de ses succès maritimes.
LA LETTRE DU D^ MONETARIUS.
(IIIERON'YMUS MUNZEK.)
Citée à plusieurs reprises dans la bibliographie portugaise,
cette lettre fut publiée pour la première fois en 1865 dans un
journal d'Evora, puis reproduite et annotée par le D' Ernesto do
Canto, le regretté investigateur de l'histoire des Açores.' Réimprimée
par Harrisse,- Ravenstein,' Oliveira Martins^ et le D*^ Eugenio do
Canto,'' elle a été récemment publiée par le professeur Qrauert, cette
fois d'après l'exemplaire de Munich.''
Schmeller en 1848, dans son travail sur Valentim Fernandes,
mentionne la lettre de Monetarius d'après Ribeiro dos Santos et
identifie son auteur avec le D*" Hieronymus Mùnzer de Nuremberg
qui visita le Portugal en 1494 et nous laissa une description de
son voyage."
Ce document, contenant le projet Behaim d'un v(jyage par l'Occident
vers le pays de Catay a, jusqu'à présent, attiré bien plus l'attention
des historiens que le Traité de la sphère où il se trouve.
Ce projet avait-il donc une telle importance, justifiant la place
d'honneur accordée à la lettre de Monetarius? Pour apprécier cette
question il faut jeter un coup d'œil rétrospectif sur l'ensemble des
découvertes portugaises.
Nous avons établi un résumé du cycle des entreprises maritimes
en le subordonnant aux quatre personnalités qui présidaient à ces
(') Ernesto do Canto. Archivo dos A^^ores, Vol. 1'^ (1878), p. 444.
(^) H. Harrisse. The discovery of North America, Paris 1892, p. 393—395.
(') E. Ravenstein. Martin Behaim, London 1908, p. 113.
(■*) Oliveira Marti ns. Portugal nos mares, Lisboa 1902, p. 234.
(•') Eugenio de Canto. Reproduction fac-similé 1909 (édition privée).
C) Grauert et Hartig: Historisches Jahrbuch, Miinchen 1908, Band 29,
Heft 2.
{'•) Kunstmann. Hieronymus Miinzer, Bericht Liber die Ent-
deckung der Quinea, mit einleitender Erklârung von Dr. F. Kunstmann.
Abhandlung der Akademie der Wissenschaften, Miinchen. Historische Classe.
Band 7 (1855), p. 289—362.
Monetarius partit de Nuremberg en août 1494 et fut plusieurs fois reçu
par D. Joào 11 à Evora (16 — 26 novembre 1494).
18.1
événements (voir l'appendice N" 2). Nous y ajoutons une période
concernant l'organisation de la marine nationale, ainsi que quelques
dates complémentaires pour évaluer l'ensemble.
On peut ainsi diviser l'action maritime du Portugal en 5 pério-
des. Les débuts, se terminant en 1415 avec la prise de Ceuta;
l'époque de D. Henrique, 1416 à 1460; l'administration de D. Fer-
nando, son neveu et successeur, 1460 à 1474; l'organisation colo-
niale sous D. joào 11, 1474 à 1495; et finalement l'époque de
D. Manuel, celui que l'histoire a injustement voulu surnommer le
Grand, parce que les résultats éclatants d'un siècle d'efforts se sont
manifestés sous son règne.
L'administration coloniale de D. Joào remonte à 1474, époque
à laquelle il en fut chargé comme prince royal. Cette date peu
connue élargit considérablement son action. La chronologie des
découvertes nous frappe tout d'abord par la rapidité des progrès
sous l'infant D. Henrique. En 1460 les îles de Madère, les Açores, les
Canaries et Cabo Verde étaient découvertes et partout leur colonisation
commencée. On franchissait sans crainte l'Océan, on pénétrait
hardiment au large, car les parcours du F\)rtugal à Madeira (1419)
et aux Açores (1435) ne sont plus de petites excursions le long
de la côte, mais de grands voyages sur l'Atlantique.
De 1460 à 1474 on continue la reconnaissance de la côte
africaine, on résout le grand obstacle imaginaire de la zone torride
inhabitable, on achève la découverte des îles de Cabo Verde et de
la Guinée et on dépasse l'équateur.
Un fait ressort nettement de la 3^' période sous D. l-ernando:
la recherche de nouvelles îles vers l'Occident alors que les Açores,
depuis longtemps découvertes, étaient déjà toutes habitées.
Ces entreprises se répètent sans cesse sous D. Joào. Elles
ont pour but: la découverte d'une île aperçue au milieu de l'Océan
au nord-ouest de Madère et des Canaries (1462); la découverte des
îles non peuplées (1474), de l'île de Sete Cidades ou d'autres
peuplées (1475); ou encore la recherche d'une grande île ou d'un
continent (1486).
Ces concessions royales' sont accordées à des personnalités
telles que Fernào Telles, conseiller à la cour, administrateur de la
princesse, et l'ernào Dulmo, gouverneur de Terceira. Partout
dans ces curieux documents on précise bien, on insiste sur ce
184
point que ces nouvelles îles, faisant l'objet des concessions, se
trouvent dans l'Océan et non dans la mer de Guinée.
La Terra Nova do Bacalhau visitée vers 1472 par Joâo Vaz
Corte Real, fait l'objet de donations maintes fois répétées à ses
trois fils Gaspar, Miguel et Vasquannes Corte Real.'
Cette expédition n'est en somme que la continuation des efforts
faits pour connaître les régions arctiques enregistrées dans la carte
catalane de 1375; elle est à la recherche des peuples demeurant près
du pôle, peuples cités par Diogo Gomes et Monetarius dans le passage
sur la „grande île de Grœnland ayant .^00 lieues de ligne de côte."
En faisant escale aux Açores le voyage de Joào Vaz Corte Real
est plus court que celui de Lisbonne aux îles de Cabo Verde,
fait 16 ans auparavant (1456). La route parcourue par Colomb (1492)
est supérieure au double de la distance de Lisbonne à Terre
Neuve (voir le tableau p. 187).
L'expédition de 1472, à laquelle on refuse de donner du crédit,
n'a donc rien d'invraisemblable.
C'est cet ensemble d'entreprises maritimes vers l'Occident qui
constitue un chapitre encore obscur de l'histoire des découvertes;
il repose sur une série de documents officiels incontestables et sur
des récits dignes de foi.- Ces voyages, dont les vestiges grossissent
à mesure que les recherches s'avancent, tombèrent dans l'oubli pour
les historiens de l'époque à la suite de l'enivrement de la découverte
des Indes. L'Etat se réservait ses droits en faisant les con-
cessions mais il ne prenait aucune part aux expéditions qui étaient
du domaine privé, aux frais de particuliers, avec des programmes
commerciaux restreints. L'action persistante et méthodique de
l'Etat se concentrait toujours dans la route dite de la Guinée,
conduisant au cap de Bonne-Espérance. M. Faustino da Fonseca
dans son travail intéressant, a fait ressortir l'importance historique
des documents officiels, concernant les voyages vers l'Occident
antérieurs à Colomb. Les nombreux éléments sur ces voyages réunis
par cet auteur forment la base définitive d'un chapitre nouveau sur
l'histoire des découvertes.
(') Archiva des Açores, Vol. 4, p. 416. I-aiisîino da Fonseca. A des-
coberta do Brazil 1900, cap.: Os Corte-Reaes.
-) Voir les références de Colomb à cet égard ùdins Navarrete \. 1. (Primer
viage de Colon) p. 5.
185
Notre étude montre aux historiens de combien on s'est trompé
en acceptant les hypothèses d'une aide étrangère pour l'étude de
l'astronomie nautique au Portugal.
Pour les voyages à travers l'Océan les preuves sont bien
plus abondantes. 11 faut connaître, examiner et approfondir les
nombreux documents dont on dispose déjà comme point de
repère pour cette étude. Des investigations dans cette voie ne
peuvent conduire qu'à un seul résultat, récrire l'histoire de cette
époque sur des données plus solides, étendre l'action maritime
du Portugal au delà des frontières imposées par le parti pris de
la bibliographie Colombine.'
C'est à ces entreprises que se rapportent les considérations
suivantes faites par Duarte Pacheco:-
„il y a eu dans les temps passés des opinions différentes
sur la découverte de l'Ethiopie, de la Guinée et des Indes.
Les uns disaient qu'il ne fallait pas longer la côte mais qu'il
était préférable de traverser l'Océan jusqu'à la rencontre de
quelque partie de l'Inde ou d'un pays voisin, croyant que par
cette voie on abrégerait le chemin; d'autres étaient d'avis de
suivre la côte, de façon à savoir sûrement dans quel pays on
se trouvait. Ainsi on saurait quelle terre on découvrait; autrement
le navigateur ne pourrait savoir dans quelle région il abordait.
Il m'a toujours semblé que cette seconde opinion était la plus
certaine, et c'est celle-là qu'on a suivie."
11 ressort donc de ce passage que l'idée du voyage des Indes
à travers l'Océan était dans les temps passés une question longuement
discutée. C'est aux Açores, station avancée de l'Atlantique, que
Behaim avait mijri son projet; il y apprit que les „savants marins"
du Portugal avaient navigué à travers l'Océan (navegaram a largura
do mar).
En 1474, précisément l'année où commence l'administration co-
loniale de D. Joào, le roi, ou plutôt le prince au nom de son père,
fait demander au Dr Toscanelli des éclaircissements sur la route
de l'Occident. Celui-ci désigne cette route, d'une façon précise,
comme „le chemin le plus court de Lisbonne à Cipangu
et à la province de Catay."
(') Voir à l'appendice N» 1 la loi du K» septembre 1474 sur les entre-
prises maritimes privées d'où l'on peut déduire leur nombre 18 ans avant le
voyage de Colomb.
(■) Duarte Pacheco. Esmeraldo éd. 19U5, p. 137.
186
Voici deux passages de la lettre adressée par Toscanelli au
chanoine Fernào Martins, de Lisbonne.
„II m'a été d'autant plus agréable d'avoir connaissance de
ton intimité avec Sa Majesté le roi que déjà auparavant
je me suis entretenu avec toi d'un chemin maritime
pour le pays des Epices, plus court que celui de la Guinée.
Le roi me demande de lui envoyer des éclaircis-
sements plus convaincants de façon qu'il puisse les
exposer et les faire comprendre à des personnes non
initiées — - ."
„J'envoie à Sa Majesté une carte que j'ai dressée moi-même,
sur laquelle sont dessinées vos lignes de côte et vos îles et
où commence le chemin toujours dirigé vers l'Occident. J'y ai
tracé les endroits où l'on doit arriver, la distance à laquelle
il faudra se tenir du pôle ou de l'équateur; j'ai aussi indiqué
la longueur de la route, c'est-à-dire le nombre de milles qu'il
faudra faire pour arriver à ces pays qui abondent en épices et
en pierres précieuses." '
L'année 1474 précise l'époque ou D. Joào étudiait les bases
de ce problème important pour son plan colonial. Conmient
il l'étudia, ce qu'il entreprit pour se rendre compte de la valeur
de ce projet, quand il décida de l'abandonner, on l'ignore
encore, mais il est évident que ces recherches continuelles d'îles
de l'Océan autres que celles de la Guinée favorisaient cette étude,
de même que le voyage des Açores devenu dès 14v35 de plus en plus
familier. L'ensemble d'éléments réunis de voyages connus ou
ignorés ont en tout cas fait abandonner de bonne heure la route
de l'Occident. Le prince et les marins qui l'entouraient avaient la
conviction que ni le projet Toscanelli ni sa répétition par Colomb
ne résolvait le problème capital du plus court chemin maritime
des Indes. On devançait Colomb quand celui-ci entre en scène.
Il se basait sur une distance de 90" entre les Canaries et la Chine,
tandis qu'en réalité ce parcours mesure 200".- Sur le globe de
Behaim la distance de Payai (Açores) à Cipangu (Japon i mesure
200 '1"" et celle de Payai à Lisbonne 140 "^"\ Or, le voyage de
Lisbonne à Payai se fait aujourd'hui en 4 jours; dans cette pro-
portion, d'après le globe de Nuremberg, la durée du voyage des
Açores au Japon serait de 6 jours. En effet Monetarius, sûrement
(') Voir Rii^e \. c, p. 228 (traduction).
(-) Bigourdain. Astronomie, 1911 p. 149.
187
inspiré par Behaim, écrivait au roi «qu'on naviguerait en peu
de jours jusqu'aux platées de Catay oriental."
Tableau comparatif de la longueur réelle des voyages de découvertes}
(distances en niilles de 1852mt)
milles
1418 Lisbonne à Madère 535
1435-39 „ à Terceira (Açores) 785
1456 „ à S. Thiago (Cabo Verde) 1530
1472(?) „ à Terre Neuve; Joào Vaz Corte Real . 1960
1487-88 „ aucapdeBonne-Espérance;BartliolomeuDias 5195
1492-93 Palos à Cuba; Cristophe Colomb 4250
1497-99 Lisbonne à Calicut (Indes); Vasco da Gama.
au cap de Bonne-Espérance . . . 5195
Caip de Bonne-Espérance à Calicut .... 4325 9520
1500-01 Lisbonne à Calicut; Alvares Cabrai.
à Porto Seguro (Brésil) .... 3720
Porto Seguro au cap de Bonne-Espérance . 3275
Cap de Bonne-Espérance à Calicut .... 4325 11.320
1519-22 San Lucar aux Moluques; Fernào de Magalhàes.
à Rio de Janeiro 4235
Rio de Janeiro au détroit de Magalhàes . . 2290
Détroit de Magalhàes aux Moluques . . . 795i) 14,475
Lisbonne au Japon (Cipango).
(Projets Toscanelli, Colomb et Behaim.)
Distance mesurée à travers le Canal de Panama. 11.355
Ainsi, si l'Amérique ne barrait pas le chemin, Colomb a\am
parcouru 4250 milles, se trompait de 7105 se croyant au Japon alors
qu'il écrivait sur l'île de Cuba:
„es la isia de Cipango de que se cuentan cosas maravillosas,
y en las espéras que yo vi y en las pinturas de mapamundos
es ella en esta comarca"."'
D. Joào et ses conseillers travaillaient en 1492 sur des bases
plus solides, fruits de trois quarts de siècle d'efforts sans précédent
dans l'histoire.
Quand Colomb arriva à Lisbonne, de retour de son premier
voyage, il y avait 19 ans déjà que D. Joào présidait aux affaires
(') Les distances de cette liste nous ont été très aimablement fournies
par la direction du Norddeutscher Lloyd de Bremen.
{') Navarrete I. c. (Primer viage de Colon), t. I., p. 39.
188
coloniales. On avait tcllcincnt la certitude de connaître le chemin des
Indes qu'un an après, en 1404, le roi sijinait volontiers le traité de
Tordesilhas qui lui fermait la route de l'Occident. Il tenait en
main les preuves de la circumnavigation de l'Afrique, problème
dont on connaissait l'importance depuis des siècles.
Les résultats concordants fournis par Bartholomeu Dias et
Pero da Covilhà signifiaient que la route des Indes était définitive-
ment trouvée. On préparait à ce moment l'expédition de Vasco da
Oama en parfaite connaissance de cause. Ces préparatifs étaient
des plus minutieux, Duarte Pacheco écrit à cet égard:
„0n a fait pour ce voyage de si nombreuses et de si
grandes dépenses avec si peu de navires qu'on aurait de la
peine à le croire." '
Vasco da Qama, à son départ, était muni de lettres pour les
rois et les princes auprès desquels il était envoyé, entre autres
pour le roi de Calicut. -' C'était en réalité le premier voyage
aux Indes par un chemin découvert d'avance, grâce à la vérification
simultanée de Dias et de Covilhà.
On est donc en droit de supposer que Behaim ignorait com-
plètement les informations secrètes qui précisaient définitivement
toute la portée de l'expédition de Vasco da Gama.
Un voyage par l'ouest proposé à cette époque ne contenait
aucune idée nouvelle; il n'était autre chose que celui de Toscanelli
et de Colomb. C'était la répétition tardive des rêveries de Catay,
selon l'expression de Barros, revenues cette fois sous les auspices
u'un membre de la Junta dos Mathematicos, la même commission
qui une fois déjà (14«3) avait condamné ce projet.-'
(') Nesta viajeiii se fezerani taiitas e tain grossas despesas coin tam
poucas naâos, que por nam parecerein graves d'ouuir e créer, ho leixo de dizer
pello mehudo. Duarte Pacheco. Esmeraldo I. c, p. 153.
(-1 Barros écrit ce qui suit sur l'audieiice accordée par D. Manuel à Vasco
da (lama avant le départ de rexpédition :
„Fcita esta mensagein foi-ltie entregue (a Vasco da Gama) uni regimento,
em que se continha o que havia de fazer na viagem, algumas cartas pera os
Principes e Reys, a que propriamente era enviado; assi como ao Preste Joào
das Indias, tào nomeado n'este Reyno, e a El Rey de Calecut, com as mais
informaçôes e avisos, que El Rey I). Joào tinha havido daqucllas partes,
segundo jâ dissémos." Barros. D. 1, L. 4, C. 1, p. 275.
(;) On est surpris de ne pas trouver de référence à la lettre de Monetarius
dans la biographie de Behaim par M. QiJnther, qui a cependant parcouru
l'Archivo dos Açores où elle fut publiée en 1878—1880. (Vol. I, p. 444.)
189
La lettre de Monetarius n'avait donc aucune importance pour
le programme des découvertes, au point de vue du voyage par
l'Occident qui >' est traité.
Nous revenons ainsi à la question: pourquoi ce document
est-il réuni au Traité de la sphère? 11 y a eu sûrement d'autres
causes.
On remarque en effet qu'il contient des passages de
valeur, des recommandations sérieuses pour Behaim.
Pendant un séjour de .3 ans à Nuremberg (1490 — 1493) il avait
attiré sur lui l'attention des savants nurembergeois, entre autres
Mùnzer et Schedel. Maximilien lui-même le reçut et lui témoigna
beaucoup de considération. Voici les références de Monetarius au
roi des Romains:'
„ M a X i m i 1 i e 11 , l'invincible roi des Romains a
voulu inviter ta Majesté à la découverte du pays
très riche de Catay oriental."
Plus loin encore cet autre passage:
„Tu auras, si cela te plaît, Martin Behaim, re-
présentant de notre roi (deputado do nosso rey) Maxi-
m i 1 i e n , c o m me compagnon dans cette expédition."
„Auch das Archive dos Açores von trnesto do Caiito (1— III — IV' — VII)
\\() nielirfach des Martin Behaim Ervvahnunj^ geschieht, enthalt nichts Neues."
Gunther. Behaim, p. 51.
Par contre cet auteur cite dans la Bibliotheca Matiiematica un passage
de cette lettre dans la traduction portuj:»aise, en y trouvant des arguments en
faveur de l'introduction de la balestilha par l'entremise de Behaim. M. Gunther
a fait erreur en croyant qu'il s'agissait d'un auteur portugais, car ce passage n'est
autre chose qu'un fragment de la lettre du Dr Monetarius. Le voici:
„e terâs tambem, se te apraz, pa este caminho por companhciro deputado
do nosso rey Maximiliano ho senhor martinho boemio singularmente pa esto
acabar : e outros muy muytos marinheiros sabedores que navegaram ha lar-
gura do maar tomando caminho das ilhas dos açores por sua industria, pcr
quadrante, chilindro e astrolabio c outros ingenhos."
Giinther. Bibliotheca Mathematica, IWO (Série 3i, p. 79.
C) Un fragment du texte original en latin a été récemment retrouvé parmi
les papiers de Schedel. On y lit:
«Ma.ximilien, l'invincible roi des Romains, qui par sa iiiè/i' csr lui-
même un Portugais" etc.
Les mots en italique ne se trou\ent pas dans la traduction portugaise.
Oraucrt. I iistorisches Jahrbuch 1908, Band 29, p. .^17.
La mère de Maximilien, une princesse portugaise, était la sœur de D. Af-
fonso V, père de f). Joào. Ainsi le roi des Romains et le roi de Portugal
étaient des petits-fils de 1). Duarle, le frère de l'Iiifanl I). Ileiirique le Navigateur.
190
Pour bien saisir la portée de ces deux recommandations
indirectes du roi des Romains, il faut se rendre compte des
preuves de haute estime et d'affection données par le roi de Portugal
à son cousin germain.
En 1488, lors de l'emprisonnement de Maximilien à Bruges, la
cour portugaise prit le deuil. L'humiliation était regardée par D. joào
comme une offense personnelle. Une première ambassade destinée
au roi de France, promoteur de ces troubles, fut suspendue. Duarte
Galvào, chargé aussitôt d'une mission pareille en France et en
Allemagne, avait l'ordre de dépenser immédiatement jusqu'à 100,000
doublons d'or pour libérer le roi prisonnier et même, s'il le fallait,
de déclarer la guerre aux partis en question.'
(jarcia de Rezende consacre deux chapitres aux faits chevale-
resques de D. Joào envers le monarque, son cousin. '
Il y raconte l'épisode suivant: le roi des Romains demanda
d'urgence 30,000 écus à Diogo Fernandes Correa, chargé de l'entrepôt
commercial d'Anvers. Celui-ci lui livra cette somme aussitôt, mais
craignant avoir déplu à son maître il expédia un émissaire à Lis
bonne pour informer le roi de cette avance de fonds et demandant
à être puni s'il avait dépassé ses pouvoirs. D. Joào répondit en le
remerciant du grand plaisir qu'il lui avait fait et priait en même
temps Fernandes Correa d'accepter une forte somme à titre de
gratification.
La mise en évidence de Behaim sous le nouvel aspect de per-
sona grata auprès de Maximilien avait donc un grand poids; elle
constituait une bien meilleure recommandation que le bruit répandu
par lui à Lisbonne d'avoir été élève de Regiomontanus.
Nous voyons en effet qu'en 1494, quelques mois après son retour
de Nuremberg, Behaim était en quelque sorte attaché à une mission
en Flandre, „auprès du fils du roi" (zum Kônigs sun).-'
De qui s'agissait-il? Du roi de Portugal ou du roi des
Romains? Etait-ce D. Jorge, fils bâtard de D. Joào, en faveur
duquel on voulait gagner des influences pour le nommer héritier
du trône portugais, comme le suppose von Mùrr, ou était-ce
Philippe, fils de Maximilien et le futur roi d'Espagne?
(') Souza Viterbo. Duarte Galvào e sua familia. Lisboa 19(i.S p. 28, reproduit
le chapitre de Ruy de Pina à cet é^ard.
(-) Garcia de Rezende. Chronica de D. Joào 11, cap. 7.S et 175.
(^) Giinther. Behaim I. c, p. 45.
191
La Bibliothèque Nationale de Paris possède le manuscrit suivant
qui jette une nouvelle lumière sur cette question:'
„Traité de paix de l'empereur Maximilien et de Philippe son
fils avec le roi D. Joào II de Portugal. Cologne, le 23 juin 1494."
Nous l'avons examiné; le nom de Behaim n'\' figure pas. En
dehors des 3 personnages royaux indiqués dans le titre, le seul
nom cité est celui de Diogo Fernandez Correa, représentant du roi
de Portugal :
"notre frère et cousin (D. Joào) nous envoya Diogo Fernandez
Correa chevalier, son procureur, avec pleins pouvoirs."
Diogo Fernandez était déjà à Anvers en 1488, au temps de
l'emprisonnement du roi des Romains à Bruges.
Les querelles survenues dès 1482 entre Maximilien et les
Etats de Flandre au sujet de la tutelle de ses enfants par la suite
du décès de la princesse Marie leur mère, furent réglées par un
traité de paix en 1485. Philippe, nommé en 1483 comte de Flandre,
figure alors déjà à côté de son père dans la signature des documents
officiels. Il fut émancipé en décembre 1494 par son couronnement
comme duc de Brabant.'-
(') Capitolos de Pazes do enipLTador Ma.ximiliano e telepc seu filho corn
el rei Dom Joham o 2" de portugal. Collonha 2,3 Junho 1494.
Manuscrit portugais N" 20, p. 60—66. Bibliothèque Nationale de Paris.
Voir Morel h'atio. Catalogue des manuscrits espagnols et portugais. Parts
1892, N" 10, p. 250.
(-) Frédéric III ii.2l septembre 1415; m. 19 août 1493.
1452 - 16 mars épouse à Rome l'Infanta D. Leonor fille de D. Duarte;
couronné en même temps empereur d'Allemagne.
D. Leonor n. 18 septembre 14.34; m. 3 septembre 1467.
Maximilien n. 22 mars 1459; m. 12 janvier 1519.
1476—19 août épouse Marie, comtesse de Flandre, fille de Charles le
Téméraire (décédée le 25 février 1482).
1486—16 février (9 avril 1486) couronné roi des Romains.
1488—2 ou 11 février emprisonné à Bruges.
1508—12 février, nommé par le pape empereur des Romains.
Philippe son fils n. 22 juin 1478; m. août 1506.
1494 -décembre, couronné duc de Brabant.
1496— octobre, épouse Jeanne d'Aragon fille de l'erdinand et d'Isabelle.
1502—22 mai, nommé à Tolède héritier de Casiille et Aragon.
1.504—27 novembre, mort d'Isabella Catholica. Ferdinand, roi de
Castille et Aragon.
Charles, son fils (plus tard empereur Charles V), n. 2.3 février 1499.
1516 — 22 janvier, mort de l'erdinand, succession de Charles
(V d'Autriche).
192
Le voyage „auprès du fils du roi" dont il est question dans
une lettre de Behaini, trouve ainsi son explication, car en réalité
c'était bien Philippe le représentant du pays avec lequel le Portugal
tenait d'importantes relations commerciales.
Pour nous il n'y a point de doute que Hehaim, ancien néj»ociant
flamand, connu et estimé de Maximilicn, ait été choisi pour une mission
auprès du comte de Flandre, soit au sujet du traité de paix (juin
1494), soit pour le couronnement du jeune prince (décembre 1494),
ou bien pour d'autres questions d'PJat.' La lettre de Monetarius
justifiait bien ce choix.
D. Joào II montrait de cette façon et sans retard, la considé-
ration témoignée au personnage recommandé par le Docteur Mùnzer
comme représentant (deputado) du roi son cousin.
Le traité de paix de juin 1494, la réception cordiale accordée
par D. Joào au Dr Monetarius à Evora sont autant de manifestations
d'estime et de sympathie envers Maximilien, auxquelles il faut
ajouter l'ambassade de 148S pour sa libération et les avances de
fonds pour le paiement de ses troupes, faites par Diogo Fernandez
Correa à Anvers.
En outre la lettre de Monetarius contient les passages suivants
décernant les plus grands éloges aux efforts de D. Joào
et à son programme d'entreprises maritimes:
„Tu n'as jamais ménagé ni la peine, ni les dépenses pour
découvrir la sphéricité de la terre; par tes efforts tu as soumis
à ton tribut jusqu'aux peuples de la côte de l'Ethiopie ....
et ainsi par ton intelligence tu t'es assuré des louanges, de
l'immortalité et de la gloire, ainsi que beaucoup de profit . . .
Sûrement tu sais que bien des astronomes illustres ont nié
l'existence de pays habitables sous les tropiques et sous les
équinoxes. Cependant grâce à ton expérience tu as prouvé
que ces choses étaient vaines et fausses ....
Oliver de Wree: Les sceaux des comtes de Flandre, Bruges 1641.
Sousa Viterbo. Duarte Oalvào 1. c.
Luciano Cordeiro. Uma sobrinha do infante. B. S. G. L. 1894.
(') C'est très probablement aux rapports étroits entre Maximilien et la
cour portugaise que l'on doit l'existence à la Bibliothèque de Munich du
Règlement de l'astrolabe et du célèbre manuscrit de Valentim Fernandes. Ces
deux raretés bibliographiques ont appartenu à la bibliothèque de Konrad
Peutinger d'Augsbourg, humaniste renommé et ami intime du roi des Romains.
1Q3
Tu possèdes une abondance de moyens et de richesses, tu
disposes de très savants marins désireux de gagner l'immor-
talité et la gloire. O quelle gloire aurais-tu acquise si tu faisais
connaître l'Orient habité à l'Occident et quels avantages ne
retirerais-tu pas de ce commerce !
.... Si tu accomplis cette expédition, on te louera comme
un Dieu, comme un Hercule.
.... Tu étudies toutes les choses toi-même par ton initia-
tive, avec une telle profondeur' qu'il devient superflu d'écrire
beaucoup à cet égard, ce serait plutôt empêcher celui qui court
d'arriver au but."
Behaim en inspirant cette lettre avait bien caractérisé le roi et
son programme et, à ce point de vue, quoique placé à la fin du
livre, ce document serait pour ainsi dire l'introduction du Règlement
de l'astrolabe et du Traité de la sphère.
La lettre de Monetarius a comme titre un texte portugais où
il est dit que Alvaro da Torre, prédicateur du roi „pregador do dicto
senhor rey", l'avait traduite du latin. Ce passage y fut ajouté du
vivant de D. Joào et non après sa mort, car du temps de D. Manuel
on aurait dû écrire prédicateur du feu roi.
Un document décernant de tels éloges, aurait-il été joint
au Traité de la sphère imprimé pour la première fois sous le
règne de D. Manuel?
Rappelons que l'héritier du trône était le frère du duc de Vizeu,
assassiné par D. Joào lui-même et le frère de la reine douairière
D. Leonor, sur laquelle pèse le soupçon d'avoir été complice dans
l'empoisonnement de son mari.
Ces considérations nous conduisent à supposer que l'édition
originale du Règlement de l'astrolabe et du Traité de la sphère, dont
l'exemplaire de Munich est une réimpression, a dû être antérieure à
1495, année de la mort de D. Joào 11.
Mais que notre conjecture soit juste ou fausse, que la première
édition soit d'un règne ou de l'autre, cela ne change rien au plan
du livre qui contient le résultat des études de la Junta.
Pour nous, la lettre de Monetarius a été traduite et réunie au
Traité de la sphère par ordre de D. Joào.
(') E tu niesnio es tul que toda las causas corn tua industria atee a vrifia
examinas.
13
1Q4
LA LETTRE DU D'< MONETARIUS.'
(14 juillet 1493)
A cartta que enuioii liieroniino montario, doutor alennx da çidade de
nordberga etn alernania, ao serenissimo rey dû Johani o segudo de portu-
gall sobre o descobrimeto do maar oçeano e prouença do gronde cam de
catay tirada de lati en ligiiajen par mestre oluaro da torre mestre en
theologia da ordem de sam doiningos pregador do dicto senhor rey.
Ao serenissimo e inuictissimo Jotiaiine rey de purtugal e dos algarues e da
mauritania maritima e inuentor primiro das jlhas fortunadas canarias da madeira
e dos açores. hieronimo montario, doutor alemà muy vmildosamentc se enco-
menda. porque ate que este louuor reçebcste do serenissimo infante dô anrrique
teu tio que nunca perdoaste a trabalho nem despesas pera descobrir a redon-
deza das terras e pera tua industria fezeste tributarios ate os pouos maritimos
da ethiopia e o mar de guinee atee ho tropico ^e capricorno com suas mer-
cadurias. asy como ouro: granos de parayso, pimenta, escrauos e outras cousas
com ho quai ingenho ganhaste pera ty louuor, imortalidade e gloria e tam-
ben muy gram proueito. e nam he duuida que em brcue tempo os de ethiopia
quasi bestas em semelhança humana alienados do culto diuino, dispan per tua
industria sua bestialidade e venham a guardar a religiam catholica. Conside-
rando estas cousas Maximiliano, inuitissimo rey de Ronianos quis conuidar
tua magestade a buscar a terra orientait de catay muy rica. porque Aris-
toteles confessa em fim do liuro segundo de celo e mundo. e tambem Seneca
no quinto liuro dos naturaaes e pedro de aliaco cardeall muy letrado na sua
jdade e outros muy muytos baroôes esclaresçidos confessam. diguo ho prin-
cipio do oriente abitauel secr achegado asaz ao fim do occidente auitauell:
sam sinaes os elefantes que ha muytos aqui nestes dous lugares. e tambem
as canas que ha tormenta lança da praya do oriente as prayas das jlhas dos
açores. Sam tamben infinidos: porque asy ho diga: muy certos argumentos.
polios quaes demonstratiuos se proua aquelle maar em poucos dias nauegarse
contra catay orientall. e nom te trouue alfragano e outros sem esperiença.
os quaes diserom soomente hua quarta parte da terra estar descuberta ao
maar. e ha terra segudo as très suas partes estar alagada sob ho maar. por-
que nas cousas que pertençem a habitaçam da terra mais se a de créer a
esperiença e as prouaues estorias que as ymaginaçioôes fantasticas. Porque
certo sabes que muitos autorizados astronomos negarom ser alguma habitaçam
debai.xo dos tropicos e equinoçios. As quaes cousas tu achaste serem vâas e
falsas por tua esperiencia. nam seja duuida que a terra nam esta alagada sob
ho mar: mais pello contrairo o maar estaa immerso. Et ainda a redondeza
orbicular délia. Abondam tambem a ty as abastanças e riquezas. e sam a ty
marinheiros muy sabios os quaes a sy mesmo deseiam ganhar immortalidade
e gloria. O quanta gloria alcançaras, se fezeres o oriente habitauell seer
conhesçido ao teu occidente. e tambem quanto proueito os commercios te
daram que mais faras as jlhas do oriente tributarias. e muytas vezes os reys
marauilhados se sogigaram muy leuememte ao teu senhorio. Ja te louuam
por grande principe os alemàos e jtalicos e os rutanos apolonios scithos. e
(') Les nombreuses abréviations de l'e.xemplaire de Munich ont été sup-
primées en adoptant l'ortographe du document d'Evora.
195
os que moram debaixo da seca estrella do polo artico: cou ho grande duque
de nioscauia. que nam ha niuytos annos que debaixo da sequiedade da dicta
estrella foy nouamente sabida a grande llha de grulanda. que corre por costa.
ccc. leguoas. na quall ha grandissima habitaçam de gente do dicto senhorio do
dicto senhor duque. Mais se esta espediçam acabares aleuantarteam em
louuores como deus: ou outro Hercules, e teras tam ben se te apraz pera
este caminho por companheiro depiitado do nosso rey Ma xi mi lia no ho senhor
niartinho boemio singuLarmente pera esto acabar : e oiitros niuy muytos
marinheiros sabedores que nauegararn ha largura do maar tomando caminho
das jlhas dos açores por sua industria per quadrante chilindro e astrolabio
e outros jngenhos: onde nem frio nem calma os anojara e mais nauegararn
a praya orientall sob hùua temperança muy temperada do aar: e do maar.
muytos jnfindos argumentos sam pellos quaes tua magestade pode seer esti-
mada. Mais que aproueita esporear a quem corre. Et tu mesmo es tall: que
todalas cousas com tua jndustria ate a vnha examinas, e portanto escreuer
muytas cousas desta cousa he jmpedir a quem corre: que nam achegue ao
cabo. ho todo poderoso conserue aty em teu proposito e acabado o caminho
do maar de teus caualleiros sejas celebrado com jmmortalidade: vale. de
iiumberga vila da alta alemanha a. 14. de julho: salutis de mill e quatroçemtos
e nouenta e très annos.
D. JOAO II.
Enthousiaste des découvertes, D. Joào se voua dès son jeune
âge aux affaires coloniales qu'il conduisit de main de maître. Il
devint le grand continuateur de l'œuvre de D. Henrique, dont il
avait hérité la prévoyance et la ténacité.
Un document, peu connu encore et important pour l'histoire
des découvertes, établit d'une façon définitive que le commencement de
l'administration coloniale de D. Joào date de 1474. La lettre royale du
4 mai 1481 nous révèle que D. Affonso, ayant reconnu la valeur
personnelle du prince, sentait le besoin de lui confier un poste
important, pour éveiller son intelligence et lui donner de l'ex-
mort
•1433—14 août
1438—9 septembre
1481—28 août
1495-25 octobre
1521 — 13 décembre
1557-11 juin
ne
couronne
(') D. Joào 1
1357
1385—6 avril
D. Duarte
1391
1433—14 août
[). Affonso V
1432
1438—9 septembre
D. Joào 11
1455
1481—28 août
D. Manuel
1469
1495-25 octobre
D. Joào m
1502
1521^-13 décembre
D. Sebastiào
1551
1557—1568 régence
^^
—
1568
D. Henrique
1512
1578 28 août
1578—4 août
1580—31 janvier
Domination espagnole 1580— août à 164U— 1 décembre.
196
périence sur la façon dont les rois et les princes gouvernent et
traitent des affaires d'Etat, occupations très utiles à ceux qui
espèrent arriver à gouverner des royaumes et des peuples.
Le roi y déclare avoir chargé son fils à l'âj^e de 19 ans des
affaires de la Guinée et de l'investigation des mers et des pays qui
ont été l'objet de vives recherches dès i époque de l'Infant D. Henrique.
Ayant la certitude que notre fils par lui-même et avec l'aide
de ses officiers administre très bien et en très bon ordre les
affaires maritimes et coloniales, nous sommes heureux de lui avoir
fait cette concession que nous confirmons de nouveau en lui accor-
dant, sa vie durant, les affaires de la Guinée, des mers de la Mina
et d'Arguim aussi bien que de tous les fleuves et places commerciales
par mer ou par terre des pays déjà connus et de ceux qui seront
encore découverts. (Voir Appendice No 1 Doc. No ]3.)
Cette lettre royale est donc la confirmation de donations faites
au prince en 1474, année oii D. Joào avait atteint l'âge de 19 ans.
Barros écrit que le jeune prince royal „chargé des affaires de la
Guinée sous le règne de son père, connaissait par expérience
ce pays dont l'abondance en or, en ivoire, en esclaves etc.,
enrichissait le royaume." '
Il nous fait encore connaître les efforts de D. Joào pour se
renseigner sur l'Orient, même à travers le désert, en envoyant des
émissaires du fort d'Arguim vers l'intérieur „afin que rien ne lui
échappât . . . car son esprit n'avait point de repos." -
Monetarius, en décrivant ses entretiens en 1494 avec le roi à
Evora, nous a conservé un trait caractéristique de la minutie royale
dans l'étude du commerce des denrées coloniales. Le monarque est allé
jusqu'à envoyer un émissaire au Caire pour recueillir des infor-
mations sur la préparation du poivre, une espèce qui lui était venue
de la Guinée n'ayant pas obtenu un pri.x favorable sur le marché
de Flandre.''
Dans une de ses nombreuses études, Luciano Cordeiro nous
montre les efforts du roi pour recueillir des nouvelles de l'Inde par
l'intérieur du continent africain. En choisissant les missionnaires à
envoyer au Congo en 1487, D. Joào donnait la préférence aux
(') Barros. Dec. I, L. 3, C. 1, p. 152.
(4 Barros. Dec. i, L. 3, C. 12, p. 261.
(') Kunstmann. Munzers Bericht. Abhandlung d. Ak. d. Wissensch.
Miinchen (Hist. Classe), 1855, Bd. 7, p. 337. — Auss\ Ravenstein. Behaim, 1908,
p. 26, sujet traité par Barros, Dec. 1, L. 3, C. 3, p. 178.
197
religieux qui avaient des connaissances en mathématiques; dans les
heures h'bres entre leurs prédications, ils auraient à faire des
recherches sur les Indes et sur le „Preste Joào".'
On cherchait à avoir des nouvelles d'Orient en employant tous
les moyens.
Bartholomeu Dias fut chargé de débarquer le long de la côte
africaine des nègres habillés et bien soignés, portant des échan-
tillons d'argent, d'or et d'épices pour éveiller l'attention et attirer
vers la côte les indigènes qui pourraient fournir des informations
aux navires portugais. -
Indépendamment de l'expédition de Covilhà et d'une tentative
semblable qui eut lieu avant celle-ci. le roi avait des agents dans
tout le Levant."* Quelques mois après le départ de Covilhà un
émissaire du Preste Joào, venu à Rome visitait le Portugal. Ce prêtre,
Lucas Marco, adressa à son maître une lettre dont il fit 4 copies.
D. Joào les fit envoyer en Orient pour qu'on les expédiât en
Abyssinie par les religieux de ce pays, qu'on trouvait assez fréquemment
à Jérusalem. La lettre contenait un exposé du commerce et de la
navigation au Portugal et même des détails sur la langue portugaise, qui
pourraient conduire à des éclaircissements ou fournir des indices utiles.^
Partout on trouve des traces des efforts de D. Joào pour arriver à la
découverte du chemin des Indes, la route la plus courte
pour le pays des Epices et des richesses orientales.
On ne recherchait pas l'expansion territoriale au sens moderne,
c'est-à-dire la conquête et l'exploitation de pays plus ou moins
incultes. Ces problèmes n'étaient point pressants au XV*^ siècle,
OLi l'on n'avait pas d'excès de population.
Ainsi on trouve dans la carte de Diogo Ribeiro de 1529, une
(') As mcmorias da nossa ordcm discm que El Rei escolheo nella sujeitos
que alem das saj»radas lettras erào entendidos uas matheniaticas para que nas
horas que Ihes vagassem da prégaçào fossem inquerendo aigua
noticia da India pello Sertào daquellas Provincias e do grande
Rei do Abexin que o \ulgo chamaua Preste joào e hauendoa
procurassem chegar a elle.
Fr. L. de Souza. Historia de S. Domingos (1662), 2^ parte, voir Cor-
deiro. Hydrographie Africaine (1878), p. 9.
(-) Barros. D. 1, L. .^, C. 4, p. 185.
(') Barros. D. 1, L. .^, C. 5, p. 193.
[') Barros. D. I, L. 3, C. 5, p. 198-199.
198
note sur le pays découvert par joào Fernandes Labrador,^ disant que
«dans ce pays il n'y a rien d'utile" (no ay cosa de prouecho). Une
note semblable figure dans le pays de „los bacallaos", découvert par
les Corte Real. A propos du Canada on lit encore: „on n'a pas
trouvé de l'or" (no an allado oro).
On désirait accaparer l'or, les épices, les pierres précieuses
du commerce oriental qui enrichissait Venise et toute la Méditer-
ranée. Ce programme se trouve nettement défini dans le discours
adressé par D. Manuel à Vasco da Gama à son départ:
„Si mon royaume a acquis de nouveaux titres, de nouvelles
ressources et de nouveaux revenus grâce à la côte d'Ethiopie,
que peut-on attendre en poussant plus loin cette découverte,
sinon parvenir à ces richesses orientales qui ont fait de Ve-
nise, Gênes et Florence de grandes puissances commerciales!"-
Le programme du Portugal était donc d'arriver à l'Orient et
au commerce des Indes. Séduite par Colomb, l'Espagne se présente
en 1492 comme concurrente dans le domaine des découvertes. Les
craintes à cet égard avaient depuis longtemps dicté à la cour por-
tugaise des mesures de prudence et de réserve. Le danger devenu
une réalité, le secret était doublement nécessaire, il était un point
capital pour le succès des entreprises coloniales.
Le Portugal avait en sa faveur trois quarts de siècle d'efforts
suivis et une vaste expérience dans toutes les branches de la
navigation. C'était autant d'avantages sur les nouveaux compétiteurs;
on tenait à ne pas les en laisser profiter.
Ces précautions de secret et de réserve, continuées pendant
longtemps, sont aujourd'hui la cause d'une pénurie d'éléments
historiques qui a égaré bien des auteurs sur plusieurs chapitres des
(') Notes de la carte de Diogo Ribeiro 1529.
„Tierra ciel labrador.
Esta terra descubrieron los Ingleses, no a y en eli a cosa de prouecho."
a côté:
„Tierra de los bacallaos la quai descubrieron los corte reaies haqui
se perdieron hasta aora no an allado cosa de prouecho maç de la
pescaria de bacallaos q son de poca estima.
Au Canada:
„Tierra de Este\'à Gonies la quai dcscubrio por niandado de Su Mag* el
afio 1525 ay en ella muchos arboles y fructas de los de espana y muchos ro-
douallos y salmones y sollos: no an allado oro."
K- Kretschmer. Die Entdeckung Amerikas und ihre Bedeutung. Berlin,
1892. — Atlas.
(-) Barros. Dec. 1, L. 4, Cl, p. 273.
199
découvertes. On a écrit l'histoire sur des bases incertaines, on en
a tiré des conclusions prématurées; il faudra les corriger au fur
et à mesure que de nouveaux documents viendront les contredire.
Voici ce qu'écrivait Stockler à propos du secret gardé au Por-
tugal sur l'art de la navigation.
„Les précautions excessives avec lesquelles D. Joào 11
cachait aux étrangers les informations sur nos routes et nos
méthodes de navigation et cherchait à leur rendre difficile la
connaissance des pays découverts par nos navigateurs, l'ont
fait agir avec un tel mystère qu'il ne sera désormais plus
facile d'élucider cet important chapitre de notre histoire littéraire." ^
L'épisode suivant définit bien à la fois l'individualité de D. Joào II
et les soins qu'il apportait à cacher les progrès des constructions
navales.
Le roi amena un jour, à table, la conversation sur la forme
arrondie des vaisseaux en la déclarant défectueuse, car ces navires
ne pouvaient pas faire le voyage de retour de la Guinée. Pedro
d'Alemquer, pilote expérimenté, répondit qu'il se chargerait de les
ramener au royaume; mais le roi affirma que ce n'était pas possible
puisqu'on avait perdu tous les navires de ce genre qui y avaient
été envoyés.
Le pilote se déclara de nouveau prêt à en faire la preuve.
D. Joào II répondit sèchement:
„Tu parles beaucoup, mais tu n'achèves rien."
A la fin du dîner le roi fit venir Alemquer pour lui faire secrète-
ment ses excuses. Il avait besoin de répandre le bruit de l'im-
propriété des vaisseaux de forme arrondie ; il ne fallait pas qu'un
marin aussi compétent affirmât la supériorité de ces vaisseaux,
qu'aucun pays en dehors du Portugal n'avait encore adoptés, car
les difficultés augmenteraient si l'on venait à les introduire
ailleurs. Pour confirmer l'opinion de leur inutilité, le roi envoyait
de vieux vaisseaux à la Guinée avec l'ordre secret de les démolir. -
(') „0 excessive cuidado coin que D. Joào 11 recatava dos estrangeiros a
noticia de nossas derrotas e methodos de navegar, e com que procurava diffi-
cultar-ihes o conhecimento dos paizes descobertos peios nossos navegadores,
o determinou a procéder sobre tudo que dizia respeito aos mesmos descobri-
mentos com tào misterioso segredo, que nào sera facil jâ agora achar meios
de elucidar completamente este importante artigo da iiossa historia literaria."
Garçào Stockler. Ensaio historico, 1819, p. 25.
(-1 Cordeiro. B. S. G. L., 1892, p. 193, d'après Garcia de Rezeiide, Chronica
de D. Joào 11.
200
Nous avons signalé ailleurs l'incertitude qui règne sur un grand
nombre de voyages portugais constituant aujourd'hui un chapitre
nouveau du cycle des découvertes.
Ainsi dans la lettre du pilote maître Joào à D. Manuel, datée
de Vera Cruz, on trouve le passage suivant:
„Quant à l'emplacement de ce pays, demandez qu'on vous
montre la mappemonde de F^ero Vaz Bisagudo; vous pourrez
voir qu'il y est indiqué. Cependant cette mappemonde ne
certifie pas si le pays est habité ou non, car elle est an-
cienne' . . .
On ne connaît encore rien de cette reconnaissance du Brésil
par Pero Vaz da Cunha, surnommé Bisagudo, auquel D. Joào il
confia une expédition de 20 vaisseaux à Canagâ afin de rétablir
sur le trône le prince nègre Joào Bemoim, baptisé à Lisbonne le
3 novembre 1489. Pero Vaz ayant assassiné, sous prétexte de
trahison, le prince qu'il conduisait en Afrique, a dû encourir la
défaveur royale à la suite de cet événement. -
Cette mention de la côte du Brésil avant 1500, n'est point la
seule. Duarte Pacheco écrit que D. Manuel l'avait envoyé à la
découverte vers l'occident et qu'il y avait trouvé un continent. Ceci
se passait en 1498, une année et demie environ avant les voyages
de Pinzon et d'Alvares Cabrai.'
Les mêmes incertitudes, les mêmes obscurités se trouvent encore
dans tout ce qui concerne le détroit de Magalhàes.
(') Quanto Senor al sytyo d'esta terra mande vosa alteza traer un napa-
mundi que tyene pero vaaz bisagudo e por ay podra ver vosa alteza el sytyo
d'esta terra, en pero aquel napamundi non çertyfica essa terra ser habytada,
o no: es napamundi antiguo e ally fallara vosa alteza escrita tan byen la mina:
Lettre de maître Joào, Document No 4.
(-) Barros. Dec. 1, L. 3, C 8, p. 223.
C) E por tanto, bem auenturado Principe, temos sabido e visto como no
terceiro anno do vosso reinado do hanno de nosso senhor de mil quatro
centos e no venta e oito, donde nos vossa alteza mandou descobrir ha
parte oucidental, passando alem ha grandeza do mar oceano, ondehe
hachada e navegada hûa tam grande terra firme, com muitas e grandes
ilhas ajacentes a ella, que se estende a setenta graaos de ladeza da linha
equinoçial contra ho polio artico e posto que seja asaz fora, he
grandemente pouorada, e do mesmo circulo equinoçial torna outra vez e vay
alem em vin te e oito graaos e meo de ladeza contra o polio antartico,
e tanto se dilata sua grandeza e corre com muita longura que de hûa parte
nem da outra nam foy visto nem sabido ho fini e cabo délia.
Duarte Pacheco. Esmeraldo (1905), p. 23.
201
Dans son voyage de 1501—1502 pour le Portugal, Vespucci
serait arrivé à la latitude du détroit. Il écrit dans sa 3*^ lettre:
.,Navegamos tanto que encontramos que el polo méridional
se elevaba 52 grados sobre aquelle horizonte en terminos que
ja no podiamos ver la osa menor ni la mayor."^
Les 52" lat. sud dont il est ici question ne sont pas de con-
fiance. Navarrete les corrige à 40" ou 46" ce qui serait 6 a 12" au
nord du détroit.- La Petite Ourse disparait à 20° lat. sud et la
Grande Ourse commence à être invisible à 40" sud.'
La Géographie de Ptolémée, édition de Rome 1508, contient
une dissertation du moine célestin Marco Beneventano où il est dit
que les Portugais avaient reconnu les côtes de l'Amérique du Sud
jusqu'à 37" de latitude sud. Ils auraient donc dépassé Buenos
Ayres de deux degrés, onze ans avant Magalhàes, et même été
«jusqu'à 50" de latitude australe (ce qui n'est que 2' x" au nord de
l'entrée du détroit de Magalhàes)."^
Toutes ces obscurités confirment une seule et même préoc-
cupation méthodiquement suivie de cacher les projets, les voyages,
les progrès des constructions navales, de même que sous D. Manuel,
le décret du 13 novembre 1504 ordonne le secret de la cartographie.
La rivalité des deux pays explique largement les précautions
et le silence qui enveloppent tous les efforts faits à la veille des
grands événements qui allaient se produire. Le Portugal était jaloux
à juste titre de ses succès maritimes. Il était le centre où conver-
geaient toutes les nouvelles des découvertes, où l'on trouvait les
derniers progrès dans l'art de la navigation. L'Espagne, devenue
une redoutable concurrente, rendait ces mesures de prudence in-
dispensables.
(') Navarrete 1. c. t 3, p. 276.
(-) Voir les annotations de Navarrete aux lettres de Vespucci sur les
nombreuses inexactitudes de ces observations astronomiques.
C) Aimable indication de M. le professeur Wolfer.
(*) Atlas Ptolémée. Ed. Rome, 1508, contient:
Marco Beneventano : Nova orbis descriptio ac no\a oceani navi^atio qua
Lisbona ad Indicum pervenitur pelagus:
Le chapitre 14 dit :
Terra Sanctae Crucis decrescit usque ad latitudineni M" austr. quani-
que archoploi usque ad lat. 50" aust, n a v i j»a v e l' i n t , ut ferunt
quam reliquam portionem descriptam non reperi.
Humboldt. Lxamen critique, t 2, p. 7.
202
La rareté du F'^èjilcment de Munich n'est qu'une nouvelle
preuve des soins apportés à tenir secrète l'étude d'une question
capitale qu'on venait de résoudre. Le Règlement et la Sphère
réunis formaient une œuvre de grande portée, à la fois le guide des
marins et le vulgarisateur de l'astronomie nautique. Ce livre essen-
tiellement portugais, était la clef du vaste programme colonial de
D. Joào; lu, relu, vérifié et médité, il a conduit à la plus hardie des
entreprises maritimes de tous les temps; le voyage autour du
monde de Fernào de Magalhàes.
LE TRAITÉ DE TORDESILHAS.
L'enthousiasme de l'Espagne pour les projets de Colomb
donna un aspect nouveau aux entreprises maritimes du Portugal.
La question changea complètement dès que le pape Alexandre VI,
un Espagnol favorisant la cour de Castille, mit fin au monopole
colonial des Portugais en faisant à la couronne de Castille et de
Léon la concession des terres non occupées par des princes chrétiens
au jour de Noël de 1492. La démarcation des pays réservés au^x
Espagnols est décrite en ces termes dans la bulle du pape:
„quae linea distet a qualibet insularum quae vulgariter nun-
cupater de los Azores e Cabo Verde centum leucis versus
occidentem et meridium." '
') Bulle du 4 mai 1493. Algiins dociimentos do Archiva national da Torre
do Tomba. Lisboa, 1892 p 66.
Voici la traduction espagnole d'un passage de cette bulle, d'après Navarrete :
„todas las islas y tierras-firmes halladas y que se hallaren descubiertas.
y que se descubrieren hâcia el Occideiite y Mediodia, fabricando y com-
poniendo una linea del Polo artico, que es el Setentrion, al polo antârtico,
que es el Mediodia, ora se hayan hallado islas y tierras firmes, ora se
hayan de hallar hâcia la india ô hâcia otra cualquier parte, la cual linea
diste de cada una de las islas que vulgarmente dicen de los Azores, y
Cabo Verde cieii léguas hacia el Occidente y Mediodia; asi que todas
sus islas y tierras-firmes, halladas y que se hallaren, descubiertas y que
se descubrieren, desde la dicha linea hâcia al Occidente y Mediodia,
que por otro Rey 6 Principe Cristiano no fueren actualmente
poseidas hasta el dia del Nacimiento de nuestro Sefior
Jesucristo proximo pasado, del cual comienza el ano présente de
mil y cuatrocientos y noventa y très, cuando fueron por vuestros
mensageros y Capitanes halladas algunas de las dichas islas por la
autoridad del Omnipotente Dios, â Nos en 5. Pedro concedida, y del
Vicariato de Jesucristo, que ejercemos en las tierras, con todos los
Senorios délias, Ciudades, Fuerzas, Lugares, Villas, derechos, jurisdiciones
203
Lacour d'Isabelle la Catholique avait donc à sadisposition la bonne
volonté du pape pour porter atteinte aux droits acquis des Portugais,
à qui cette bulle était franchement hostile.
Le traité de Tordesilhas, résultant des négociations entamées
entre les deux pays, est un document démontrant admirablement le
succès des mesures secrètes employées par D. Joào II dans toutes
ses démarches coloniales.
Une ambassade portugaise arrivait à la cour espagnole le 15 août
1493 pour traiter ces questions. Colomb retourné en mars de la
découverte se préparait en toute hâte pour le 2^ voyage.
Voici en résumé le passage d'une lettre des rois Catholiques à
Colomb datée du 5 septembre 1493:
„A la suite des entretiens qui ont eu lieu avec les Portugais,
on dit ici qu'au-delà du cap de Bonne-Espérance il doit y
avoir, vers l'est (en la parte del sol) des îles ou un continent
bien plus riche que tous les autres; si vous croyez que cette
affaire est telle qu'on le pense ici, envoyez nous votre avis
pour qu'on change la bulle du pape".'
Le 5 septembre on ignorait donc en Espagne quelles étaient
les véritables prétentions portugaises. Cette lettre nous fait voir
qu'on se doutait vaguement de la valeur des régions du cap de
Bonne-Espérance et elle nous apprend que Colomb avait déjà con-
seillé de faire introduire dans la bulle du pape des clauses concer-
nant ces parages.
y todas sus pertenencias, por el ténor de las présentes, las dam os,
concedemos, y as ignames perpetuamente a vos y â les Reyes
de Castilla y de Léon, vuestros herederos y sucesores:
Y del todo inhibimos a calesquier personas de cualquier dignidad,
aunque se Real é Impérial, esiado, grade, orden o condicion so pena
de excomunion latae sententiae. en la cual por el m:smo caso
incurran si lo contrario hicieren." Navarrete t. 2, p. 2>i.
(') „Y porque despues de la venida de los Portugueses en la pldtica que
con ellos se ha habido, algunos quieren decir que lo que esta en medio desde
la punta que los Portugueses Maman de Buena Esperan/a, que esta en la rota
que agora ellos llevan por la Mina del Oro é Guinea abajo fasta la raya que
\os dijistes que debia venir en la Bu la del Papa, piensan que
podrâ haber Islas y aun Tierra firme, que segun en la parte del sol que esta,
se crée que seran mu y provechosas y mas ri cas que todas las
otras; y porque sabemos que desto sabeis vos mas que otro alguno, vos
rogamosqueluegonosenvieis vuestro parecerenello, por-
204
En attendant l'Espaunc travaillait du côté de Rome. Le Saint-
Père expédia une nouvelle bulle datée du jour même du départ de
Colomb, aggravant les ordres apostoliques du 4 mai:
„Nous annulons les concessions faites par Nous ou par
nos prédécesseurs à des rois, princes, infants ou ordres militaires,
môme si les concessionnaires ou leurs émissaires avaient
visité les contrées faisant l'objet des donations".'
Tel était l'état de la question le 25 septembre 1493, date du
départ de Colomb pour son deuxième voyage.
Après 75 ans d'efforts, le Portugal avait à choisir entre un con-
flit et des négociations habiles.
Connaissant à fond les détails du problème D. Joào commença
par les négociations. 11 tenait avant tout à s'assurer la route du
Cap comme propriété nationale. Le chemin de l'Orient était découvert
dès 1489 par Bartholomeu Dias et cette route avait été confirmé
par Covilhà qui avait visité les Indes et suivi la côte africaine
jusqu'à Sofala. Les déclarations de Colomb d'avoir atteint le Japon
ne suffisaient pas à éliminer des faits aussi précis et à détruire
les doutes sur la grandeur de la circonférence du globe.
que si conviniere, y os pareciere que aquelioestalnegocio
cual acâ piensan que sera, se en mien de la Bula."
Lettre des rois Catholiques à Colomb. Navarrete t 2 p. 109.
Voir ce passage dans Humboldt. Examen critique t. 2, p. 324.
(') „Extendemos y ampliamos la donacion, concesion, asignacion y Letras
sobredichas .... â todas y cualesquier islas y tierras-firmes halladas y por
hallar, descubiertas y por descubrir, que navegando ô caminando hâcia el
Occidente 6 el Mediodia, son ô fueren ô aparecieren, ora esten en las partes
Occidentales à Méridionales y Orientales y de lalndia:en todo
y por todo, bien asi como si en las sobredichas Letras fuese hecha plena y
e.xpresa mencion de ellas; ....
No obstante las constituciones y ordenaciones Apostôlicas y cualesquier
donaciones, concesiones, facultades y asignaciones por Nos 6 nuestros
predecesores hechas â cualesquier Reyes, Principes, In-
fantes 6 cualesquier otras perso n as ô Ordenes y Milicias de
las sobredichas partes, marcs, islas y tierras, ô alguna parte de ellas, ora sean
por cualesquier causas, aunque sean de piedad 6 de fé . . . aunque por
a\entura alguna vez aquellos â quien las taies donaciones y
concesiones fuese n hechas à susNuncios navegasenalli; las
cuales abiendo sus tenorcs de ellas por suficiente expresos é insertos de
semejante motu, scientia y plenitud de poder, totalmente revocamos;
y cuanto â las tierras é islas por ellos actualmente no poseidas.
queremos ser habido por non hecho, y todo aque'lo que en las dichas Letras
quisimos que no obstase, y todo lo demas que en contrario sea.
Bulle du 25 septembre 1493. Navarrete t 2 p. 404.
205
Depuis l'arrivée de Colomb en mars, jusqu'à son départ
25 septembre, les pourparlers n'avaient guère avancé. Les rois
Catholiques écrivaient le 5 septembre à Colomb:
„0n a longuement traité avec les émissaires mais rien ne
pourra être arrêté car ils ne sont pas informés de ce qui nous
appartient; nous supposons qu'ils veulent consulter le roi de
Portugal." '
L'importance de ces questions augmentait et cela non pas à la
suite des nouvelles reçues de Colomb lui-même, mais par le fait du
poids que leur attachaient les émissaires portugais. Isabelle écrivait à
l'amiral le 5 septembre, six mois après le retour du premier voyage:
«Certainement d'après ce qu'on a traité et vu, chaque jour
on reconnaît que la portée de cette affaire devient de plus en
plus grande; vous nous avez rendu un très grand service." -
Le Portugal voulait se mettre en garde surtout contre des
complications du côté du Cap; il avait en plus à tirer tous les
avantages de la situation créée par l'intervention papale.
La valeur attachée par D. Joào aux négociations égara l'Espagne;
on finit par croire au prétendu chemin des Indes découvert par
Colomb. Les historiens qui donnent une importance quelconque à une
expédition portugaise en suivant celle des Espagnols vers l'Occident,
ignorent les intérêts qui étaient en jeu ainsi que l'habileté du
négociateur portugais. '
La nouvelle de cette expédition parvenue en Espagne avant le
F'' juin' y causait une vive alarme. Le 12 juin on avait une
déclaration catégorique du roi de Portugal:
„il n'avait envoyé et n'enverrait pas de navires." '•'
La reine crut d'abord à la véracité de cette déclaration, puis
elle hésita.
Avant le 18 aoijt nouvel avertissement de Colomb:
„un navire serait parti de Madère par ordre du roi;" „une
flotte portugaise était prête, elle attendait son départ pour le
suivre".'^
(') Lettre des rois Catholiques à Colomb, Navarrcte I. c. t. 2 p. 108.
(•') Lettre d'Isabelle à Colomb, N'avanete t 2 p. 107.
(■■) Voir la note 1 p. 208.
(') Lettre des rois d'Espaj^iie à Colomb, Navarrcte 1. c. t 2. p. 72.
C") „ „ „ „ „ „ , 1 2. p. 76.
C') „ „ „ „ ,. „ 1 2. p. 96.
206
Le 5 septembre la cour répond:
„les émissaires portujiais déclarent que le navire de Madère
est parti sans ordre royal; trois autres caravelles ont été
expédiées pour le prendre." '
La crainte de la concurrence était telle qu'on prescrit à Colomb
à deux reprises de s'éloigner du Portugal en partant:
„écartez vous du cap de S. Vicente en faisant un détour,
pour ne pas passer le long de la côte, afin qu'on ignore votre
destination." -
La hâte, l'urgence du départ, le danger d'un délai lui sont in-
cessamment répétés dans toutes les lettres du 12 juin au 5 septembre:
«partez le plus tôt possible, pas une heure de retard."
C'était la course pour la route des Indes, à qui arriverait le
premier au pays des Epices!
Voyons maintenant les surprises contenues dans le traité de
Tordesilhas signé le 7 juin 1494.'
„que se haga \' sinale por el dicho mar oçeano una raya o linea
derecha de polo a polo, la quai raya o linea se aya de dar y de
derecha, como dicho es, a tresientas y setenta léguas de las
yslas del Cabo Verde, hasia la parte del poniente.'
La route du Cap est libérée; et on recule le méridien de
démarcation à 370 lieues à l'ouest des îles de Cabo Verde, soit
270 lieues au-delà de la limite fixée par le pape. La nouvelle
démarcation coupe le Brésil (officiellement découvert 6 ans plus
tard) et on prévoit expressément le cas de la rencontre d'une île
ou d'un continent dans ces termes:''
(') Lettre des rois d'Espagne à Colomb, Navarrete I. c. t 2. p. 109.
V) „ „ „ „ ., ,. , t2.p.97.
(•') Signataires portugais: Ruy de Sousa, son fils D. Joào de Sousa et
Aries de Almadana, ambassadeurs; assistés par Joào Soares de Sequeira,
Ruy de Leme et Duarte Pacheco.
{*) Alguns documentes etc. 1. c. p. 74.
(•') Y si caso fuere que la dicha raya y limite de Polo d Polo, como
dicbo es, topare alguna isla 6 tierra-firme, que al comienzo de tal isla ô
tierra, que asi fuere hallada, dondc tocare la dicha raya, se haga alguna senal
6 torre, y que en derecho de la tal senal 6 torre, se continue de alli adelante
otras senales por la tal isla ô tierra en derecho de la dicha raya, les cuales
partan lo que â cada una de las dichas partes pertenesciere de ella, y que
los sûbditos de las dichas partes no sean osados los unos de pasar a la parte
de los otros, ni los otros â la de los otros, pasando la dicha sériai y limite
en la lai isla y tierra.
Traité de Tordesilhas (1494—7 juin). Navarrete, 1. c. t 2 p, 138.
207
„Et si par hasard la ligne de démarcation traversait une
île ou un continent, on doit y établir à la pointe extrême un
signal ou une tour et partant de là on continuera à placer
des signaux pour bien déterminer ce qui appartient à l'un ou
à l'autre des deux pays."
Un savant de Barcelone consulté sur le traité de Tordesilhas
par l'Espagne commençait son rapport par ces mots: ^l'auteur
de ces chapitres est un grand cosmographe et un admirable marin".'
C'est dans ces négociations que l'on reconnaît la méthode, la
prévoyance, la précision des plans et des mesures de D.Joào. C'est
en examinant ce document que l'on comprend aussi les termes de
Duarte Pacheco, un des signataires du traité, quand il écrivait sur
le roi ;
„son savoir et ses conseils semblaient divins; son jugement
et son intelligence uniques n'ont pas eu leur pareils à notre
époque".
Le traité de Tordesilhas, chef-d'oeuvre de diplomatie, contenait
de grandes surprises pour l'Espagne. En détournant l'attention du
Cap, le roi avait totalement dérouté les Espagnols; il leur fermait
définitivement la route de l'Orient, il garantissait le succès com-
mercial des Portugais dans les Indes et il accaparait encore le Brésil,
dont la reconnaissance officielle était restée dans l'ombre.
La finesse du négociateur, la ruse du diplomate conduisirent à
ce partage du globe à l'amiable. En cédant à l'Espagne la soi-disant
route des Indes découverte par Colomb, D. Joào évitait un conflit,
annulait l'intervention du Saint-Père et f)btenait comme propriété
nationale la véritable route de l'Orient.
Un mot historique du roi précise l'esprit des démarches, des
projets et des négociations de cet homme remarquable admiré et
redouté par Ferdinand et Isabelle.
„ Parfois il faut imiter le hibou, parfois l'aigle."
Il imita l'oiseau nocturne pour se débarrasser de 1 incident
provoqué par Colomb.
Deux événements ont fortement contribué à ralentir la marche
des découvertes après Bartholomeu Dias: la mort du prince héritier
(1491) et l'épisode de l'intervention papale. Cette question liquidée,
le moment était venu d'entreprendre le premier voyage des Indes.
Malade, brisé par le chagrin, D.Joào mourait Tannée suivante
laissant à la patrie la route de gloire aplanie et assurée.
('j Rapport de Jaume Ferrer dans Xavarrete t 2 p. 99.
208
De nombreux auteurs, mcMne récents, méconnaissent en-
tièrement l'individualité supérieure de D. Joào II et la part qui lui
revient dans l'histoire des découvertes.' Duarte Pacheco, un des
.grands personnages de son temps, nous dépeint ce roi dans les termes
éloquents que voici:
„L'œuvre de D. Joào il est difficile à décrire à cau^e de la
grandeur de ce prince .... Les hauts faits qu'il a accomplis
demanderaient à être exposés par les anciens maîtres de
l'éloquence . . . Son jugement et son intelligence uniques n'ont
pas eu leurs pareils à notre époque. Il était la racine et le
fondement de la vérité, nous avons cru à ses paroles comme
à l'Evangile ....
Son savoir et ses conseils semblaient divins; par eux il a
accompli de grandes choses, a su être libéral et modéré et
se garder des vices de l'avarice et de la prodigalité. -
En toutes choses il était grand; sa magnanimité était
digne des plus hautes louanges. Elle se basait sur la droi-
ture calme de son caractère qui lui assurait une grande autorité.
Il prit comme emblème le pélican qui s'ouvre la poitrine
pour donner son sang à ses petits".'
Pour bien apprécier l'œuvre de D. Joào II il faut se reporter
en pensée à l'état de l'Europe à la fin du XV'^ siècle.
(') Dans un livre nouvellement paru, on parle de la trahison de
Diogo Ortiz qui voulait dérober à Colomb son projet avec l'appui royal.
1). Joào aurait en\oyé une expédition secrète qui cependatit aurait re-
broussé chemin sitôt la c ôte perd ue de vu e. A un autre endroit
on prétend que Colomb fut le premier qui osa traverser les mers inconnues
en s'écartant de la côte, son exemple étant la cause immédiate des
découvertes subséquentes. Jacobs. Discoveries, 1909, p. 114 et 119.
L'auréole dont est entouré le nom de Colomb et qui a ébloui nombre
d'auteurs, à été évidemment nuisible à la justesse de l'appréciation des faits
historiques aujourd'hui largement documentés.
(-) Le livre de Duarte Pacheco fut écrit pendant le règne de D. Manuel
entre 1505 et 1521. Une lettre qu'il adressa au roi nous fait voir les premiers
symptômes de la décadence. Il rappelle à D. Manuel les services de ses
troupes dans les Indes, qui l'avaient rendu le roi le plus redouté du
monde, en lui reprochant en des termes assez vifs de ne pas pourvoir à
la sol de de ses braves serviteurs. Duarte Pacheco. Esmeraldo, p. 130, 159.
(') Duarte Pacheco. Esmeraldo, p. 130.
Voir l'appréciation de l'œuvre de D. Joào 11 par Joào de Barros qui la
met en évidence en termes non moins élogieux. Barros. Dec. 1, L. 3, C. 12, p. 262.
209
La découverte de rAmérique est un fait capital qui aujourd'hui
prime tous les autres; il en était tout autrement en 1493. Le grand
problème alors à résoudre était de trouver le chemin maritime des
Indes ; c'est ce qui explique le retentissement, la gloire des découvertes
portugaises, et la disgrâce de Christophe Colomb.
En novembre 1504, Colomb rentra en Espagne, après son dernier
voyage. Atteint par la mort de sa protectrice la reine Isabelle,
abandonné par ses amis, accablé par l'intrigue, sentant son prestige
tomber de plus en plus auprès du roi Ferdinand, Colomb voyait
son étoile pâlir devant les succès du Portugal.
Quelques mois avant, en juillet de cette année, on avait précisé-
ment reçu à Lisbonne les premières nouvelles des succès d'armes
à Calicut.' jusque là les expéditions n'avaient pas encore fait voir
dans toute son étendue „la grandeur de cette conquête des
Indes,"- dont „la découverte avait épouvanté l'Europe. "■'
L'affirmation tenace du grand Génois d'avoir découvert les Indes
fut la cause de ses triomphes et de sa chute lorsqu'on en reconnut la
fausseté. Vers cette époque Vespucci quittait le service du Portugal
pour se rendre de nouveau en Espagne.
La rencontre et les entretiens intimes de ces deux hommes à
Séville, en février 1505, provoquèrent une lettre, monument histo-
rique du plus grand intérêt, dans laquelle Colomb recommande
Amerigo Vespucci à son fils.' On y lit le passage suivant destiné
au roi Ferdinand:
Cl Bairos. D. 1. L. 7, C. 2, p. 97.
(-) Barros. D. 1, L. 6, C. 1, p. 2.
(') Barros. D. 1, L. 6, C. 1. p. 8.
(*) Lettre de Cristophe Colomb recommandant Amerigo Vespucci à son fils.
M u y c a r o f i j o.
Diego mendes partio de aqui lunes. 111. deste mes. des-
piies de partido fable cou amerigo vespuchi portador desta
ei quai va alla llamado sobre cosas de ii ab igaç i o ii. el sieiipre
tubo des eu de me hazer p I a z e r. es mue ho hombre de bien,
la fortuna la ha sido contraria como a otros muchos. sus
t r a b a j o s non le h a n a p r o v e c h a d o t a n t o como la r a z o n
requière, e I \ a p o r m >' o y en m u c h o d e s e u de hazer c o s a
que r e d o n d e a m y bien si a sus m a n o s esta. Y o no s e y
de aqua en que yo le emponga que amy aprobeche porque
non se y que sea lo que alla le querem. el \a determinado
de hazer por m y todo lo que a el fuere posible \ed alla
en que puede aprobechar y trabajad por ello que ello
14
210
„Son Altesse peut croire que ses navires ont été dans les
parties les meilleures et les plus riches de l'Inde; s'il reste
quelque chose à savoir en dehors de ce qui est déjà dit, je le
satisferai verbalement, car il est impossible de le faire par
écrit."
Ladisj^râce de Colomb etl'insuccèsdeVespuccidont il est question
dans cette lettre, avaient leur origine dans la même cause. Colomb
nous la révèle dans une note autographe qui n'était sijrement pas
destinée à la publicité.
„Quantitatas terra multo inaior est quamvulgus
p h i I o s o p h o r u m estimât."-
„La grandeur de la terre est bien plus considérable que la
généralité des savants ne l'estime."
C'était bien la raison qui avait conduit le F^ortugal à abandonner
le projet Toscanelli alors qu'on ne s'occupait que d'un seul pro-
blème, celui du plus court chemin pour le pays des Epices.
Par contre voici l'effet produit à Venise par l'arrivée de Vasco
da (lama à Calicut, ainsi qu'il est décrit par Romanin dans son
œuvre sur l'histoire de Venise:
„Un petit Etat européen a eu la gloire de prouver que le
vaste Océan était navigable, il a découvert le chemin maritime
des Indes, changeant ainsi le courant commercial du monde.
Cette gloire appartient aux Portugais qui guidés par leur
compatriote Vasco da Gama, ont jeté l'ancre en face de Cali-
hara todo y fablera y lo poriia en obra y sea todo
sec re tain e fi t e. por que non se aya de! sos pécha, yo todo
lo que se aya pudido dezir que toque a esto se lo he
d i c h o y e n f o r m a d o de la p a g a que a m >• se ha f e c h o >■
se haz esta car ta sea para el senor adelantado tan bien
por que el vea en que puede aprovechar \- le abise dello.
crsa su alteça que sus navios fur on en lo niejor de las yndias y mas
rico y si c/ueda algo para saber mas de lo dicho yo lo sastifere alla
por palabra por que es imposible a lo dezir por escrito. nuestro
senor te aya en su santa guardia. fectia en sebilla / a.
V de fcbrero.
Tu p a d r e que te a ni a mas que a s i
f •^-
SAS
Signature de Colomb
.\ m y.
l \ p ô F e r e n s.
Raccolta di Documenti. I. c, Autographes de Colomb, Série A, tables 38
et 39.
(-) Racolta di Documenti 1. c, Série C, No 489.
211
eut en 1498. Ils sont ainsi arrivés à ce pays riche en épices
et en produits, que les poètes et les légendes ont revêtu de si
brillantes couleurs. La route du Cap a été un coup mortel
porté au monopole commercial de Venise, qui maintenant
seulement s'est aperçue de ce qui lui est arrivé. '
Priuli, écrivait dans son journal à ce propos:
„Dès que la nouvelle arriva à Venise, la population en fut
épouvantée et les plus perspicaces la considéraient comme un
coup fatal."
Enfin un auteur moderne s'exprime ainsi:
«L'équilibre économique du monde fut entièrement boule-
versé et les avantages que Venise tirait de sa position géo-
graphique furent annulés. La Méditerranée, au lieu d'être
l'unique mer sur laquelle se concentraient tous les intérêts du
monde, perdit du coup presque toute son importance." -
Telle fut l'œuvre de D. Joào II le grand organisateur des succès
maritimes du Portugal, celui à qui revient, après l'Infant D. Henrique,
la première place dans l'histoire de la découverte du monde.
Deu.x traits caractérisent le règne de D. Joào; sa politique
coloniale et son programme administratif. D'un côté il réalisait les
espoirs de l'Infant D. Henrique dans la découverte du chemin des
Indes, de l'autre il poursuivait l'œuvre du régent D. Pedro combattant
la féodalité pour consolider le pouvoir royal.
Il s'était donc proposé d'achever ce que ces deux grands hommes
avaient commencé.
Les concessions déinesurées accordées par D. Affonso V à la no-
blesse éveillèrent debonneheurel'espritprofond et observateur du jeune
prince; les prodigalités et les insuccès du père lui servirent de leçon.
A l'âge de 21 ans, lors des préparatifs de la bataille de Toro
contre l'Espagne (1476», craignant de nouvelles prodigalités, il obtint
de D. Affonso un document secret annulant ou limitant d'avance
toutes les concessions faites pendant la guerre. Le prince devint
par la suite la principale personnalité dans les négociations de la
paix. Son père portait la couronne mais en réalité c'était lui qui régnait.
(') Soveral. B. S. (j. L., 1.S91, p. 117, d'après Roinaiiin. Ilistoiia de Venez la.
Vol. IV.
(-) Eniil Reich. Uu succès des iiaiions. Paris, p. 93.
212
Intelligent, énergique, d'une force musculaire notoire, D. Joào
caractérisait par ses qualités et ses défauts le grand homme d'Etat
du XV*^ siècle, sans aucun scrupule, ne reculant pas même devant
le crime si l'intérêt supérieur de la nation le rendait nécessaire.
Par l'expérience et par son génie il était devenu maître accompli
dans l'art de gouverner. Arrivant définitivement au pouvoir en 1481,
il publia un décret interdisant la somptuosité et le luxe qu'il détestait.
La cour de D. Manuel, opulente et ostentatrice, enivrée par la
richesse des Indes présentait un contraste frappant avec la simplicité
austère du règne de D. Joào.
En 1482, le roi fit annuler ou restreindre les concessions exor-
bitantes arrachées à D. Affonso V. par son entourage. Il abordait
ainsi le problème le plus grave de sa vie, la lutte contre le pouvoir
encombrant de la noblesse, obstacle gênant l'action organisatrice de
l'Etat.
Les éléments de résistance qui en 1449 avaient conduit à
la mort désastreuse del'InfantD. Pedro,' son grand-père, se groupèrent
de nouveau pour combattre les impositions royales. D. joào mis
au courant, grâce à un vaste service d'espionnage, se préparait à la
lutte. Le duc de Bragança, D. Fernando, seigneur de 50 villes et
châteaux, qui était l'âme du mouvement, fut pris le premier. Après
un simulacre de procès de haute trahison, il fut décapité à Evora
en 1483. Ceci se passait l'année où Colomb soumettait son projet
à la Junta.
En 1484, de nouveau averti, D. Joào assassinait de sa main
le duc de Vizeu, son beau-frère.
En 1488 — 89, les résultats des expéditions de Dias et de Covilhà
établissaient de fait la découverte définitive de la route maritime des
Indes. Bartholomeu Dias avait reconnu le besoin de construire de
nouveaux navires pour le voyage final, dès lors décidé. Dias était
lui-même chargé de cette importante mission. Les entreprises
coloniales étaient le terrain favori où le roi ouvrait les ailes de
l'enthousiasme à de grands projets et aspirations.
Le mariage du prince héritier D. Affonso avec la fille aînée des
rois de Castille et d'Aragon, présentait de nouveaux et vastes horizons
à D. Joào. Il entrevoyait la possibilité de réunir sur la tête du fils
la couronne de l'Espagne à celle du Portugal. Sobre et mesuré,
(') Fils de D. Joào 1, régent pendant la minorité de D. Affonso V (1439—
1446). D. Pedro est né en 1392 et mort à la bataille d'Alfarrobera le 21 mai 1449.
213
D. Joào ordonna alors des fêtes dont la magnificence resta légendaire
dans les chroniques de l'époque. „E1 hombre", comme le roi était
désigné par Isabelle la Catholique, montrait par ces manifestations
de joie, l'espoir de futures grandeurs pour son royaume.
Une catastrophe vint renverser les plans de D. Joào. Une
chute de cheval du prince héritier amenait sa mort subite le
13 juillet 1491.'
Le rêve magnifique d'un grand empire était anéanti par
ce coup fatal et inattendu de la destinée. Ecrasé par la douleur,
D. Joào, sans héritier direct et légitime, voyait d'un moment à
l'autre l'effondrement de ses plus chers espoirs. Le deuil national
avait pris des proportions fantastiques, la nation entière était paralysée
autour du cercueil du prince. On aurait dit qu'elle pressentait toute
la portée de cet événement funeste à la patrie.
Le bouleversement produit par la mort du prince (2 ans V^
après la découverte de Bartholomeu Dias) fut sûrement la cause
d'un retard du premier voyage aux Indes. D'autres questions urgentes
et graves absorbaient le roi. Préoccupé par sa succession D. Joào
voulut transmettre la couronne au fils bâtard D. Jorge. Ce
projet provoqua un conflit domestique; le roi fléchit, troublé
par la résistance et l'opposition de la reine D. Leonor, sœur de
D. Manuel. Elle remporta la victoire; D. Manuel fut nommé prince
héritier et D. Joào, mourait empoisonné à l'âge de 40 ans (25 octobre
1495), 4 ans ^-i après la mort de son fils.
En examinant l'œuvre de D. Joào II on se demande quelle
grande destinée aurait encore été réservée à la nation, si un roi aussi
capable avait dirigé les événements de la conquête des Indes.
D'une clairvoyance, d'une énergie et d'un patriotisme tels qu'il ne
reculait devant aucun obstacle pour aplanir la route de gloire qu'il
avait rêvée pour son pays, poignardant un membre de sa famille
qui osait s'opposer à ses plans, pourrait-on admettre sous D. Joào
cette invasion de luxe, de favoritisme et d'injustice inepte qui
désorganisa la force et le prestige de l'Etat sous D. Manuel? D. Joào
aurait-il toléré ce fanatisme aveuglant qui 25 ans après sa mort
faisait de l'administration royale un jouet de la politique religieuse?
Peut-on concevoir sous son gouvernement lucide et prévoyant
de grands marins tels que les Fernào de Magalhàes, les Faleiro,
les Reinel et les Ribeiro développant la concurrence coloniale
(') D. Affonso est né 147v5 — 18 mai; marié 1490 - 23 novembre; mort
1491-13 juillet.
214
de l'Espagne? Le succès aurait-il enivré ce roi inébranlable
iuscjii'à abreuver d'amertume et d'ingratitude des hommes de la
grandeur d'Affonso d'Albuquerque et de Duarte Pacheco? Non,
c'était justement dans des hommes tels (jue Pedro d'Alemquer,
Diogo d'Azambuja, Diogo Cào, Bartholomeu Dias, Ortiz, Rodrigo,
Vizinho et Duarte Pacheco lui-même, que D. joào reconnaissait les
meilleurs amis de la patrie. C'était avec eux, dans les heures de loisir
qu'il étudiait et discutait les plans des découvertes.
Tandis que D. Affonso V nous fait voir dans la lettre du 4 mai
I4S1, le plan suivi pour enseigner à son fils comment les princes
..gouvernent des royaumes et des peuples", on voit D. Manuel semer
dans le pays le fanatisme de la cour espagnole, qui devait subor-
donner les destinées de la nation aux caprices désastreux de la
politique religieuse.
Aveuglés par le succès et par la bigoterie, ni lui ni ses enfants
n'étaient à la hauteur des graves problèmes résultant de l'œuvre
de D. Joào. Favorisant l'enseignement d'un jugement empoisonné
par le mysticisme religieux, D. Joào II! était le défenseur acharné
de l'Inquisition et du Jésuitisme au moment même où le nord de
l'Europe s'enflammait pour la Réforme. Pire que lui encore était le
cardinal inquisiteur général, son frère, plus tard roi D. Henrique.
La cour des enfants de D. Manuel tenait à entraver la liberté de
pensée et l'activité intellectuelle de la nation; on entourait celle-ci
d'un cercle de fer et de feu: la censure inquisitoriale et les flammes
des autodafés.
La tragédie religieuse de l'Espagne et du Portugal était la consé-
quence logique, la répercussion, la réponse à un des plus graves
événements de l'histoire moderne: la révolte de Luther contre
l'obéissance traditionnelle de l'Eglise, point de départ de la grandeur
des peuples septentrionaux de l'Europe.
L'esprit lucide, pratique et organisateur de D. Joào il avait
disparu. La mort du prince D. Affonso, l'avènement de D. Manuel,
changèrent les destinées de la nation.
Le luxe à outrance, le favoritisme, l'injustice, les enivrements
de la cour autour de S. François de Borgia, le pouvoir absolu de la
Société de Jésus et de l'Inquisition, l'éducation de D. Sebastiào
et son isolement par les Jésuites, l'infâme condamnation inquisitoriale
de l'historien Damiào de Goes appuyée par le cardinal-roi, voilà
quelques traits caractéristiques de la mentalité de D. Manuel et de ses
successeurs.
215
D. Joâo II avait laissé comme héritage d'immenses espoirs,
mais aussi de grandes responsabilités, un problème nouveau des
plus vastes et complexes, l'organisation d'un empire colonial aux
confins du monde. Pour l'étudier et pour le résoudre il ne suffisait
pas d'avoir des Albuquerque et des Pacheco pour la conquête, il
aurait fallu à la tête de l'Etat des esprits prévoyants, des organisateurs
remarquables, l'orientation pratique d'un D. Joào II.
L'influence pernicieuse et continue de pareils successeurs juste au
point culminant de l'histoire nationale, ne pouvait conduire qu'au
désordre, à la corruption, au brigandage et à la ruine. C'était les
préludes d'Alcacer Quibir, la débâcle de l'indépendance nationale.
DOCUMENTS.
F. 1 r.
W 1.
RÈGLEMENT DE MUNICH.
REQIMENTO DO ESTROLABIO c DO QUADRANTE PERA SABER,
HA DECLINAÇAM : HO LOGAR DO SOLL EM CADA HUDm
DIA : ASY FERA SABER HA ESTRELLA DO NORTE.'
Règlement de l'astrolabe et du quadrant.
Impresso em ha cidade d -i pos./
Com gracia : priuilegio
*Primeiramëte saberas: q aos xj dias de marco esta ho sol no *fi''-
eqnociall que no te dechnaçà: : asy mesmo aos xiiij. de setèbro. :
no ano de bisexto cresçe mays hù dia.
(Le paragraphe précédent est imprimé en rouge.)
Et se tu esteueres ao sul do sol sèdo o soll nos sign'^ da
bàda do sull : : te fezer a sôbra ao sull tiraras a declinacam da altura
do sol: E o que minguar de nouemta tàto estas afastado do equi-
nociall.
Et se per vètura è algù lugar ho soll esteuer aho ssull: et te
fezer ha sombra aho norte: ajuntaras ha altura com ha declinaciam
et todo ysto junctado: ho que passar de nouemta graàos: estas
affastado da lynha pera ho sul.
Estes sam os signos em que esta o sol da bamda do norte do
equinociall. E se tu esteueres desta bamda com o soll que fezer
sombra ao norte: tiraras a declinacà da altura do soll: : o que
minguar pa nouenta aquello estas afastado da equinociall. E se
(') Ce titre est imprimé en rouge et en caractères minuscules à l'exception
de la Ire lettre. Il est placé dans le haut de la page sur le cadre de la gravure
décrite à p. 70. Le bas de la page est déchiré. Voir à p. 71 le complément ajouté
par M. Haebler.
(-) Espace déchiré .52"'i"
218
per verntura pasares por debaixo do sol que te fizer sombra ao sul
tomaras a aitiira do sol c a declinaçam : : ajuntaras todo: : se pasar
de noiienta tiraras noiienta fora aqucllo estas afastado da equinoçial.
K se çarrar noiiemta estas debaixo do equinoçiall.
(Cette liiînc cil roii^e.)
Ayosto
VirjLjo
Jullu)
Léo
Jimho
Cancer
Mavo
Gemiin
Abi-il
Tauro
A\ai\()
Aries
Setembro
Libra
JlllUI
o
Oiitubro
Escorpio
equi-
Nouembro
Saj^itario
IlOCI-
•—
Dezembro
Capricorno
all.
11
Janeyro
Aquario
F'ehrevro
Pisces
Estes sani os sygn'-' eiii que esta ho ssoll que estam da bamda
do sull do equinoçiall. Em quamto ho sol! esteuer iiestes signos:
acrescentaras a declinaçam sobre a altura do soll : se ...').. . eueres
aho iiorte do equinoçiall.
Por aque . . (l^mi" ) . . . . da poderas saber è que signo esta
ho s (25mm. ^ a do anno. : em que graào c que
decii . . ■-) . (42mm.) graào: asy mesmo poderas
sabe (.44mm. ) Ilo ou o q estas afastado da
F. 2/ 'linha equinoçiall. ou quanto estas afastado pero o norte ou
pera ho sull de qlquer çidade que souberes quàto ella estaa afastada
da linha equinoçiall. c ho regimento pera ysto saberes: he ho que
se segue.
r rimeiramète sabcras que em riba da tauoada faz esprylos hos
nomes dos meses: començamdo de o março. : em cada bamda esta
huûm mes. : cada tauoa tè esprytos hos dias do mes na quella
vanda a maào esqueerda de cada tauoa. Ytè debaixo de cada mes
veras très espaces, o primeiro ssom os dias do mes. ho segundo
deles he espryto com timta prêta, r o lugar en que he ho sol c
ally acharas o sygno c o graào em que o soll estaa emqlqueer dya
do anno. Emtrando com o dya pera pte esquerda : com o mes per
emryba: deçemdo pera ha linha que diz 0 lugar do soll fasta em
dere>^o do dia. E neste mesmo dereyto acharas o graào em que
ho soll estaa nesse dia. : no outro espaço acharas a declinaçam
que aquell graào tem da linha equinoçiall com timta vermelha: o
quai he partido em dous espacos: o primeiro sam graàos: : o outro
(') Partie déchirée Hmni., manquent 3 lettres: ^5?eueres.
(-) Partie déchirée de la feuille.
219
sam minutos. : aquella he a declinacam que o ssoll tè. estando
em aquelle jiraào. : por que ysto melhor seja emtendido ponho
exempio. Eu quero saber a vinte quatre dias de mayo em que signo :
em que ciraào estaa o sol: : quanta declinacam tem. Emtro per
em riba da tauoada no mes de mayo : pera ha parte ezquerda na
primeira linha busco .24. : vou per esta linha fasta achegar em
dereito do titullo que diz llugar do soll. c diz de baixo geminy
mostra que o ssoll he em geminy : por em dereyto dos .24. dias
acharas 12. Monstra estar ho ssol a .12. graàos de geminy. i
deçèdo per dclinacam fasta achegar em dereito dos ditos 12. :. dos
ditos .24. dias do dito mes acharas .22. graàos : 20 minutos. c
asy saberas q o soll estaa a 10 graàos do signo de gémi: : tè de
declinacà ètà 22 gra : .20. mi. : p. esta manira sab'as tod'^ os
outr"^ dias do ano.
*Se tu quiseres. saber em quallquer parte em que esteueres ♦f 21
quanto he aqllo que estas afastado da linha equinociall: : sse estas
aquem : ou allem. ou debayxo pera a alltura do ssol: sabe que he
neçessaryo que tomes pmeyro ha altura do ssoll com estrolabyo: ou
com quadramte. : ysto ao meo dya: quamdo ho ssoll estaa mays
empinado. ha quai! alltura sabida: guarda ha: : emtra em esta
tauoada em dereyto de aquelle mes: : de aquelle dya. : acharas
em aquelle dya em que graào estaa ho ssoll: : quamto tem emtam
de declinacam. Et se ysto for d'ôze dias de marco ate quatorze de
septembre, que em este tempo ho ssoll esta em hos seys sygnos
que estam da equinociall pera ha bàda do norte. hos quaes sam.
aries. tauro. geminy. camçer. leo. : virgo. : se ha sombra te
fizer aho norte: tyraras ha altura que tomaste de nouemta : : ho
que ficar: ajumtaras a declinaciam : que achares. : quantos graàos
minutos forem : tamto estas afastado da lynha equinociall pera aho
norte. Et porque melhor emtemdas: ponho huùm exempio : di-
guo: que eu me achey em huua parte a vimte dyas da aguosto:
c o ssoll tynha dalltura em aquelle dya sesenta : dous graàos. tyrey
sesemta c dous de nouemta : ficaram vymte oyto. acharas è a
tauoada: que ho ssoll estaa em este dya a cimquo graàos de virgo :
: tem de declinaciam noue graàos. : .43. minutos. os quaes ajum-
tados cô vymte oyto: fazem trynta : sete graàos : quaremta : très
minutos: : tamto estas afastado do equinociall. Outro exempio.
dyguo: que eu achey a cimquo dyas dias') de julho cimquoemta
') répété.
220
graàos dalltura: omdc me fazia ha sombra aho norte. tyrey. 50.
de nouèta: fican. 40. .os quaes ajuntey vymte : huum graàos : cim-
quoemta : quatro mninnutos: ') que ho ssoll tem de de") dechnaçiam
estando a wntc huum graàos de camçer: fazem. 61. graàos :. .54.
minutos : tamto estas afastado da lynha equinociall. Asy mesmo
dyguo; que achaste a. 20. dias de aguosto ha ahura do sol
'F. .V. *85 gra. os qes tirados de. 90. ficà. 5. ajùtados cô .9. gra. i 43.
mi. que ho sol tè de decHnaçà: sam. 14. gra. :. 43. mi. î tàto estas
afastado do eqnoçial pa o norte. : se caso for: q achares .90.
gra. de altura: sabe q estas afastado da Hnha tàtos ga. qnto o sol
fè da declinaçà nà mays ne men". : saberas q este regimto he
ydade^l: se ha sôbra vay pa o norte mays se a sôbra vay pa o
sul: o qte ') acôteçera estàdo do tropico de càçer pa a hnha. : jsto
è algùs o temp'-' faras per esta mafiyra. côuè saber ajùtaras a a
ahura q tomaste cô a dechnacà : ho q sobejar de .90. he o q
estas afastado da iina exèplo diguo q achaste aos .12. dias de
junho .75. gra: et a sôbra vay pa o sul: ètà ajùtaras .23. gra. :
.33. minu. de declinaçà. : sera .98. gra. : .33. minu. dos qes làçaras
fora os 90: ficà .8. g. : .33. min. c tàto estas afastado da linha pa
o norte. todo ysto he se o sol esteuer nos signos da bàda do
norte : como ja disse, mays se for nos sign' q sa da bàda do
sul: os qes sa .libra. scorpio. sagitari. capcorno. aqrio. pisçes. :
ysto he de. 14. dias de setèbro fasta. 11. de marco : faras p esta
mafiira. toma a altura do sol como ja dise. : oulha nesta tauoada
a declinaçam q o sol tè em aqlle dia. : ajùta todo: : o q for tira
o de. 90 c o q sobejar: he o q estas afastado da linha. Exèplo
disto diguo que a. 10. dias de nouembro achaste de altura .35.
graàos. Ajuntaras .19. graàos : .35. minutos: que ho ssoll tem de
declinaçam em 27. graàos de cscorpio ') : ^' faram per todos .54.
graàos et 35. minutos. os quaes tyrados de. 90: ficam .35. graàos
c. 25. minutos: Et tamto estas afastado da dicta lynha.
E dyguo que aos doze dyas de dezembro achaste de altu vymte
oyto graàos. ajumtaras com ha declinaciam de aquelle dya. que sam
vymte et très graàos et trymta et trs minut. Et estos todos asy ajun-
') iiinin iiutos.
-) „de" répété.
') Verdade.
') „que te" dans un mot.
'") „cscorpio" ou „escorpio"
221
tados : fazem jumtamente quaoaremta et huùm graàos et trymta et très
minutos. hos quaes seemdo tyrados de nouemta: ficaram quarenta
: oyto graàos :. 27 minut''. Et tanto estas afastado da
*linha equinocial. Et diguo que no dicto dia achaste. 60 .graàos. -f. 3i'.
ajuntaras corn a declinaçam dicta seram per todo. 8,3. graàos : .33.
minuutos: tyraras de .90. ficarà .6 graàos c .27. minutos: : tanto
estas afastado da dicta llinha. Et diguo que achaste no dicto dia
de altura .66. graàos : meo: Ajunta corn. 23. c meo da declinaçam.
tara p todos .90: tyraras os fora: nam-ficara cousa nenhija: et em-
tam estas de bayxo da lynha dereytamente. : este regimento he ho
que as de teer do norte ata a iinha eqnoçial. Mays da lynha equi-
nocial! por dianie pera ho sull : he o regimento per o comtrayro.
comuem saber: que quando o ssol! esteuer nos signos da bamda
do ssull : faras como fyzeste quando estauas aquem da Iinha: estamdo
o ssoll è os signos da bamda do norte. comuem saber tomaras a
altura: : se ha sombra for pera o sull: oulha quamto he a altura.
: tyra de .90: : o que ficar ajumtaras com a declinaçam do ssoll
de aquelle dia: : outro tamto estas afastado da lynha pera ho ssull
Emxemplo diguo que aos .14 dias de feureyro achaste em huum
\ugar que ho ssol tynha de altura 62: tyra .62. de 90: ficaram 2S.
aos quaes ajuntaras. 9. graàos : 43. minutos que ho ssoll teem de
declinaçam em aquell dia estàdo a. 5. graàos de pisces fazè 37.
graàos : 43 minutos. Et tamto estas faastado da lynnha pera ho
ssull. Item diguo que tu achaste a. 2 dias de Janeiro estamdo o
ssoll a 21. graàos de capricorno homde o ssoll tynha de alltura 50
graàos tyraras de. 90 : ficaram 40 os quaes ajijtaras 21. graàos :.
.S4. minutos que o ossol ') teem de declinaçam fazem. 61 graàos :.
54. minutos: : tamto estas afastado da lynha pera o ssull.
Item diguo que vynte dias de septembro achaste a alltura do soll
oytemta : ciquo graà. : tyraras de nouenta: ficam cimquo. ajunctaras
com dous graàos : vimte c quatro minutos. : asy fazem sete graàos :
24 minutos: : tamto estas afastado da lynhapera o sull. Etsecasofo-
*sse que aches .9. graàos da alltura: sabe q estas afastado da m^4a
lynha pera ho sull tamto como he a declinaçam de aqlle dia. Et
sse ha sombra for pera ho norte: o quall te acomtecera estamdo
do tropico de capricorno pera a lynha: : esto em çertos tempos.
Emtam ajumtaras a altura com a declinaçam: :o que for mays de
') ossol. „o" rcpéti}.
122
.90. hc ho que estas afastado da lynlia. linixcmplo diiiiio c|iic
achaste aos 13 dias de dezembro .75 ^raàos : a sombra vay pera
o norte: ajuntaras a declinaçam: que sam. 2^. ^raàos : ^3. minutes
com 75. : faras 98 .^raàos : ?>?> minutos. lamça fora 90: ficam .8.
graàos : .33. minutos : tamto estas afastado da lynha pera ho ssull.
Et sse ho ssoll esteuer nos signos que sam da bamda do norte:
tomaras a alltura do ssoll: : a declinaçam daquelle dia: : ajumtaras
todo: : o que ficar he ho que estas afastado da lynha. Emxemplo
di^uo que achaste aos .8. dias de mayo .35 graàos daltura: os
qaes ajuntaras 19. graàos : 35. minutos que o ssoll teem de decli-
naçà: estàdo a 21 graàos de tauro farà p todo .54. gr. :. 35 mi:
: ho q miguar') pa 90: yso estas afastado da lynha pa o sull.
Item diguo que aos .12. dias de junho achaste de alltura .18. graàos:
ajumtaras com .2^. i .3?>. minutos da declinaçam. seram por todos
.41. graàos : ^?> minnudos. tyraras de .90. ficaram .48. graà : .27.
miiiut''. : tàto estas afastado da lynha. Item diguo que no dicto
dia achaste de alltura. 60 graàos: ajunta os com .23. graàos : .?)^.
minutos. : seram por todos. 83. graàos : .^^. minutos. tyrados de
90. ficaram .6. graàos :'.27. minutos : tanto estas afastado da lynha
pa o ssul. Et assy poderas saber quanto estas afastado desta çidade
de lyxboa: homde esta tauoada foy composta: ou de outra quall
quer çidade: de o norte ao sul: sabemdo aquella cidade quanto
estaa afastada do equinoçiall : tyramdo os huijos graàos dos outr"^.
Emxemplo diguo que esta çidade estaa afastada da lynha 38.
F. 4r. graàos : dous terços. et tu te achaste homde tynhas *45. estas
afastado de lyxboa pa ho norte .5. graàos : dous terços. : se
te achares hôde estauas afastado da linha 20 graàos. estas afas-
tado de lyxboa pera o ssul .18. graàos : dous terços. Et sse te
achares da outra bamda da lynha pera ho ssull: aho quall
os astrologos chamam ho polio amtartico. ajuntaras os graàos do
afastamento que alla achares com os graàos de lyxboa : : tamto
estas afastado. Emxemplo diguo: que te achaste allem da lynha .25
graàos: ajuntaras com .38. graàos : dous terços: c fazen 63. graàos
: dous terços: : tamto estas afastado de lyxboa. : assy faras de
quallquer outro logar que tu quyseres: sabendo quamto estas afas-
tado da lynha equinoçiall.
Se per vemtura te emlheares na comta quamdo ho ssoll for
amtre ty r a lynha: que nam saybas fazer a cômta como atras neste
*) miguar au lieu de minguar.
223
regimento fiqua repartido: tireras ha declinacam que achares da
altura: que tomardes: : asy cada vez que achares ho ssoll amtre
ty : ha lynha: quer seja de a hùa parte do norte: quer do sull.
tyra ha dita dech'naçiaz ^) da altura: que tdnias-). : hos que te falles-
çerem pera nouèta aquelles estas afastado da lynha.
Cabeca
* ESTE HE O REGIMENTO DO NORTE.
Règlement polaire.
et quàdo as guardas esta no braco daloest: esta a estrella do
norte açima do polio hùu graào et meeo.
Itè quàdo as guardas esta na lynha abayxo daloeste: esta a
estrella do norte açima do polio très i^raâos i meeo.
Item quando as c*uardas estam no pee: esta a estrella très
graâos açima do polio.
item quando as guardas estam em a lynha debaixo do braco
delest: esta a estrella açima do polio meeo graào.
Et quamdo quer que tomares a altura da estrella: et lias guar-
das forem em quall quer dac|uestes quatro llugares que a estrella
'j „declinaçiaz".
L') tdmas au lieu de tomas.
* F. 5r.
224
esta açima do polio da altura: que tomares da estrella. c'omuem
saber: tyraras aquelles ^raàos que a estrella esta açima. : os graàos
que te ficarem : aquelles estas arredado da lynha equinociall.
Nestes quatro llu^uares anda a estrella do norte abayxo do
polio. Item quando as guardas estam em ho braco déleste:
esta a estrella abaixo do polio hùm j^raào : meo.
Item quàdo as guardas estam na lynha açima do braço déleste:
esta a estrella très graàos : meo abaixo do polo.
Item quàdo as guardas esta na cabeça estaa ha estrella abaixo
do polio très graàos.
Itè qndo as guardas esta na lynha acima do braço daloeste:
esta a estrella abayxo do polio meeo graào.
Quando quer q tomares a altura da estrella: : has guardas
lorè em quall quer destes quatro lugares que a estrella àda abayxo
do polio : comuem saber. ajumtares^) aqlles graàos: que a estrella
for a fundo do polio : çom a altura que tomares a estrella. : os
graàos que açhares: aquelles estas arradrado") demda linha equi-
nociall.
*F. 5... *ESTAS SAM AS ALTURAS DA LYNHA EQUINOÇIAL PERA HA
BAMDA DO NORTE. ^
Liste des latitudes.
Primeyramente ho cabo das esteiras çom ho meo da Ilha de samto
tome dous terços de graào "'a"
A pouoraçam da Ilha de samto thome huCim graào . 1"
Item o cabo de sam Joham huùm graào 1*^
A Ilha do principe em dous graàos : meo 2'yï"
Item as très pomtas quatro graàos : meo 47»"
A Ilha de fernamdo do poo quatro graàos : meo . . 4^2^
A boça do rryo reall em çimquo graàos 5"
Cabo fermoso çimquo graàos : huù oytauo de graào . S^jx,^
Cabo corto estaa em çimquo graàos 5"
Item cabo do momte estaa em seys graàos .... 6"
Cabo de samt paulo estaa em seys graàos 6"
(') ajumtarcs au lieu de ajumtaras.
(l) arradrado au lieu d'arredado.
(') Pour faciliter la lecture de cette liste nous avons mis les noms des
lieux en italique et répété les degrés des latitudes en nombres; deux-
changements apportés à l'original.
225
Item mays hos bayxos de sancta anna estam em seys gàos :
em très quarrtos de huùm graào 6V'
Item a serra Liooa esta em oyto graàos 8"
Item ho cabo de sagres estaa em noue graàos ... 9"
item ho cabo de )(!gua^) è. 9. gàos : do*^ terços huù gào 9- V
Item hos bayxos do ryo gramde em omze graàos . . 11"
Item ho cabo roxo em doze graàos : meeo .... 12' 2"
item cabo Vde cô ha Ilha do foguo è .14. graà""^ : meo 14' 2"
Item ho meo da Ilha de santiaguo em quimze graàos 15"
Item çenagua è quinze graàos: : huùm terço de graào 15' -."
A Ilha de boa vista em .16. gàos : huù sesmo de huù g. 16^ .-."
A Ilha do sali em dezasete graàos 17"
Amterote : a Ilha de sant nycolao em. 17. graa"^ c meo \l\i"
A Ilha de sa meta Luzia : sain Uiçemte : sam tamtani: estam
em dez : oyto graàos 18"
A ponita de tofiam com lio meo dos bayxos de arguym estam
em dez : noue graàos 19"
Arguym co ha pomta dos bayxos de arguym estam em vymte
graàos 20"
O cabo bramco em vymte graàos : meo 20' -i"
*0 cabo das barbas em vymte : dous graàos .... 22" *r. 6r
A amgra de gomçalo de simtra vymte r dous graàos: e très
quartos de huùm graào 22^^4"
Ryo do ouro em vymte : très graàos : meo .... 23' '2"
A amgra dos caballos vymte : quatro graàos .... 24"
A amgra dos Ruynos vymte : cimquo graàos .... 25"
O cabo do bojador vymte c seys graàos: : très quartos de
liuùm graào 26''' i"
Ho Mar pequeno com ho meo da Ilha da gramde canarla: :
com lio meo da Ilha de tanaryfee estam em v\mte : sete graàos
et meeo 27' 2"
Ha Ilha forte vemtura com ha pomta de huùm dia: Et com a
gramde canarla et tanarife et lia guomeyra da bàda do iiorte em
vymte : oyto graàos 28"
A Ilha da palma em vymte c oyto graàos : meeo . . 28' 2'^
Item cabo de nàm com lançarote em vynte : oyto graàos : très
quartas de huùm graào 28'-
'V
Ha ////(/ aUgramça em vymte : noue graàos .... 29"
(') V abrOviation aiicifiinc de Ver : Vde Verde, Vgua - Vergua.
15
•^r. 6i-.
226
Ho rvo de meca ou niefa cm vymte e noue j^raàos et très
quartos de huùin ,t>raào 29'' i"
Ha ILha saliuageni esta eni trymta ,i>raà()s 30"
Ho cabo de Cem estaa em trimta e huùm j^raàos : mays huùm
quarto de graào 31' i"
Cafyni trymta e dous graàos 32"
Ho cabo de quàtini: corn ha /Iha da madeira estaa em trimta
: dous graàos et huùm quarto de graào 32' V
Ha Ilha da porto samcto estaa em trymta et dous graà et très
quartos de huùm graào 32V'
Anafe estaa posta em trimta : très graàos : meo . . 337^'^
Mahaniora estaa posta em trimta : quatro graàos . . 34"
Ho cabo de espartell estaa posto em trymta et çimquo graàos
et meeo 35^2"
Calez^)Q. trymta : seys graàos : dous terços de huù gra. 36- :i"
Cabo de sani Uiçemte corn ha Ilha de santa Maria estaa *posta
em trymta et sete graàos 37"
Ilha de pesigiieiro com a ylha de samt niygiielL trymta : sete
graàos : dous terços 37- ;î"
Cabo de espichell em trita-) t oyto graàos : huùm terço 38V3"
Cabo de sàchete cô ho fayall i pico tèè. 38. g. c. 2. t'ços 38- '.V
A berlègua cô a t'çeira: : a Ilha das frôles'^) è. 39. g. : t'ço 39',';!"
Selir com a gciosa em trita c noue graàos : très qrtas 39''/
As paredes em quaremta graàos 40"
Aueiro em quoremta gàos : meeo 4072'^
O porto de portoguall em quoremta : huùm graàos 41"
Bayona em quoremta : dous graàos 42"
As ilhas de bayona em quaremta : dous graàos i qrto 42' 1"
Cabo de fimsterra quaremta : très graàos 43"
RÈGLEMENT POUR ÉVALUER LE CHEMIN PARCOURU PAR
LE NAVIRE.
(Sans titre et à suivre à la liste des latitudes.)
Item saberas que ho graào do norte : su! he de dezasete lleguoas
r mea. : asy asde saber que sesenta minutos fazem huùm graào.
(') Calez -- Cadi.x.
(-) trita au lieu de trinta.
(■') frôles au lieu de Flores.
227
Item per huùa quarta releua per graâo dezasete lleguoas et
cimquo sexmos de lleguoa. Et afastas da lynha dereyta très leguoas
et meea.
Item per duas quartas releua per graào dezanoue leguoas :
huùm sexmo de leguoa.
Et afastas da lynha dereyta sete leguoas et meea.
Item per très quartas releua per graào vymte : huùa le') leguoas
: huùm terço de leguoa.
Et afastas da linha dereyta ôze leguoas : .5 sesm"^ d'ieg.
Itè p .4. qrtas releua p g .24. leguoas : :.-) 3. qrt"^ de leg.
Et arredras da lynha dereyta dezasete leguoas : mea.
itè p çiquo qrtas releua p gâo .31. leguoa t huùm qrto.
Et afastas da lynha d'reita p g .26. leguoas : huùa sexma.
item p. 6. qrtas releua p grao .46. leguoas : mea.
Et afastas da lynha dreeyta .42. leguoas : meea.
item per sete quartas releua per graà .87. leguoas : huùm
sexmo de huùa leguoa.
E afastas da lynha dereyta oytemta : çimquo leguoas.
CALENDRIER ET TABLES NAUTIQUES DU RÈGLEMENT DE
MUNICH.
Le calendrier contenant les tables nautiques commence à la
page 7r par le mois de mars. Chaque mois occupe une page divisée
en 6 colonnes.
La U'^ indique les jours de la semaine désignés par b, c, d, e,
f, g imprimés en noir et A (dimanche) en rouge;
La 2'^ contient les saints: les jours de fête imprimés en rouge;
La 3^^ colonne la date du mois;
La 4^^ colonne position du soleil dans les signes du zodiaque
(Lugar do sol, en degrés, pas de minutes), impression
en noir;
La S"^ colonne indique la déclinaison du soleil, en degrés et
minutes, imprimée en rouge. (Declinacà sol.)
Nous reproduisons à page 229 la T^" table du mois de mars
après y avoir supprimé les noms des saints, n'y laissant cjue ceux
imprimés en rouge.
C) „lc" de trop.
(') c deux fois.
228
Les deux tables (p. 230, 231) reproduisent les éléments astro-
nomiques contenus dans les 12 paj^es du calendrier, en adoptant
une forme moderne pour désigner les signes du zodiaque. Les
documents de Munich et Evora emploient une forme plus primitive;
ainsi Scorpio est représenté par un scorpion; Gemini par deux
jumeaux; Léo par un lion; Libra par une balance etc.
Règlement de Munich.
229
Reproduction de la première des 12 tables mensuelles du calendrier.
KL
Marco teem dias • XXXI • ha lùa • XXX ■ ho • dia • xij.
hôs ■ no • xij.
Di:
Do mes
Lugar
sol
Pisces
Declinaçà sol
(jraa Minu.
d
1
20
3
59
c
2
21
3
35
f
3
22
3
n
R
4
23
2
48
A
.S
24
2
24
b
6
25
2
0
c
7
26
1
36
d
8
72
1
12
c
9
28
0
48
f
10
29
0
24
u
11
1 T
0
0
A
12
2
0
24
h
13
3
0
48
c
14
4
1
12
d
15
5
1
36
V
16
6
2
0
f
17
6
2
24
18
7
2
48
.A
-
19
8
3
11
il
20
i 9
3
35
c
Bcento abade fiindador
21
10
3
59
d
22
11
4
22
e
23
12
4
46
f
Dia d. jeiù
24
13
5
9
^
Anùciaçà de iiossa senhora
2.S
14
5
.U
A
26
15
5
56
11
27
16
6
19
c
28
17
6
43
d
29
18
7
6
c
30
19
7
29
f
31
20
7
51
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r^i^xxxoooc:o (Nii^ii^j'^'^'CT-r-ricic icooor—
:^ — <^i '^ -r 1/^ o r-~
o (N) X -r c -r X "^ J o c: -T X — '/". Cv rsj o o o^ o Ov rv'i
rc •— -T fM rg rr .— rr; rg t — c^ ic rg tt rcio — 1 ^
•c (^1 f^l r^i — — O C: C 3 C rvi r<g (VI ■
"C "T "T t/^ i/î «C O
"■ — rvirc-ti/îvOr~xc>Cî — 'vi'rr-tico 1
i;inci
N" 2.
RÈGLEMENT DEVORA.
Mron- *SEGUESE HO REGIMENTO DA
DECLINAÇAM DO SOL PERA PER ELLA SABER HO MAREÀ ,
TE EM QUAL PARTE ESTA. S. AQUEM OU DALEM DA Ll
NEA EQUINOCIAL- COM HO REGIMENTO DA ESTREL; LA
DO NORTE.
Ce titre se trome sur une feuille à frontispice entouré d'un cadre, dans
le bas duquel on lit le nom de l'imprimeur Germam Galhard.
Dans le haut du cadre à droite une sphère armillaire: à gauche et à
côté de la sphère, la figure entière d'un astrologue. Au-dessus de ces deux
gravures et à l'intérieur du cadre, le titre précédent imprimé en rouge jusqu'à
-, le restant en noir.
I ". 1 r. * Hrimeyramète saberas q dos. II. dias d'março atee os. 14. de se-
tembro anda ho sol da bàda do norte da linea eq'nocial. E dos.
14. de setembro ate os. 10. dias de março anda ho sol da banda
do sul da linea equinocial.
a E q'ndo ho sol for da bàda do norte da linea eq'nocial. e
fizer a sombra ao norte daltura q toinares, veras qntos graos falta
pa. 90. E c5 estes q faltarè pa. 90. ajùtaras a declinaçà daqile dia
ludo jùto. Tàto estaras aredado da linea pa a parte do norte.
a E se neste tèpo q o sol andar da bàda do norte da linea
eq'nocial: e tomares a altura do sol e as sombras foré pa ho sul;
aqui ajùtaras a declinaçà cô altura q tomares. E se passares de. 90.
aqlles q passarè : estaras da bàda do norte da eq'nocial. E se nô
chegarè a. 90. aqlles q menos forem de. 90. aqlles estaras arredado
pa a bàda do sul. E se p ventura a altura e declinaçam q ajijtares
jùtamente çarrar. 90. graos estaras na linea eq'nocial.
a Auisate que cada vez q tomares ho sol em. 90. graos e nom
achares sombra a nenhùa parte, qr ho sol ande da bàda do norte.
qr da banda do sul. aquelles graos que achares de declinaçam. aqlles
233
cstaras arredado pa a parte dôde ho sol andar. s. se o sOl andar
da bàda do norte. aqlles estaras arredado pa a bàda do norte. e se
ho sol andar da bàda do sul. aquella declinacà que achares aquella
estaras arredado pera a banda do sul.
a Estas outras repartiçàes som de qndo o sol Ma da bàda do
sul da linea eq'nocial q he de. 14. dias d'setèbro ate. W. d'março.^)
a Quàdo o sol for ao sul da linea eq'nocial e tomares a sua
altura e as sôbras for pa o sul. da altura q tomares veras qntas
faltà pa. 90. E cô estes q faltarà pa. 90. ajijtaras a declinacà de aqlle
dia: e todo jùto tàto estaras arredado da linea pa a pte do sul.
a E se neste tèpo q o sol àdar da bàda do sul da linea. e
tomares a altura do sol. e as sombras foré pa ho norte. a q' ajijtaras
a d'clinaçà cô a mesma altura q tomares e tudo jùto veras qntos
gos som. e se nom chegarem a. 90. os que menos forem de. 90.
aqlles estaras arredado da linea pera a parte do norte. E se a
altura e a declinaçam que ajuntares passarem de. 90. graos. aquelles
*que passarem: aquelles estaras arredado da linea pera a parte do ^■'^'■
sul. E se per ventura a altura e declinaçam que ajuntaras justamentc
çarrar. 90. graos estaras na linea.
a E se algija hora tomares altura do sol em menos d'. 90. gos
e nà achares declinacà nenhùa aqllo q men'' tomares d'. 90. aqllo
estaras arredado da linea pa a parte donde te fezer a sombra.
a E auisarteas q sempre faças a cota ao som das sombras e
segùdo q respôder a cota assi as de dizer a q parte da linea estas.
a E sabes q. 60 minutos fazè hù grao e. 30. meo grao e. 20.
tazè hij terço e. 15. hù quarto de grao e. 12. fazè hù quinto de
grao.
a Regimeto da estrella do norte co os sinaes dos guordas \)a
quando quer q tomares a altura da estrella do norte \-)a saberes
quàto estas aredado da linea equinocial pera a parte do norte.'-)
Itè quando as guardas estam no braço de loeste esta a guarda
dianteyra cô a estrela do norte leste e hocste. E a estrela do norlc
esta acima do eyxo huù grao e meo.
(') Ce paragraphe est imprimé en roujfe.
(-) Ce paraj^raplie est imprimé en rouge.
234
•F. 2r. *a E quando as ^uardas estam iia liiica abayxo do braco do
loeste. esta luia ^uarda per outra leste e hoeste. Lî a estrella do
norte esta acima do eyxo très .s^raos e meo.
a Quando as j»uardas estam no pee esta a ^uarda dianteyra
corn a estrella do norte: norte e sut. E a estrella do norte esta
acima do eyxo très graos.
a E quando as guardas esta na linea a cima do pee esta liùa
guarda per outra norte: norte e sul. E a estrella do norte estaa
acima do eyxo meyo grao.
a E quando as guardas forem em cada huù dos sobreditos
quatro rumos. E daltura que tomares tyraras os graos que a estrella
esta acima do eyxo. E os outros que ficarem estaras aredado da
linea equinocial pera a parte do norte.
a Em estes outros quatro rumos a diante escriptos anda a
estrella do norte a bayxo do eyxo. s.^J
37t
L'impression défectueuse des nombres entourant la figure ci-dessus, nous
laisse des doutes sur les fractions de degrés. Les chiffres suivants semblent
tout aussi probables: en haut 36, en sui\ant vers ki droite: 35' ), 40":;, 397-,
41, 42' :;, 37- ;, 38' j.
(') Titre imprimé en rouge.
235
Ouando as .^uardas estam no braço de leste: esta a guarda dian-
teyra com a estrella do norte leste e hoeste. E a estrella do norte
estaa abayxo do eyxo huù grao e meo.
a E quando as guardas estam na linea acima do braco déleste
esta huùa guarda per outra leste e hoeste: E a estrella do norte
esta a bayxo do eyxo très graos e meo.
a E quando as guardas estam na cabeca: esta a guarda dianteyra
com a estrella do norte: norte e sul. E a estrella do norte esta
abayxo do eyxo très graos.
a E quando as guardas estam na linea abayxo da cabeca esta
huùa guarda per outra norte e sul. E a estrella do norte estaa
abayxo do eyxo meyo grao.
a E quando quer que as guardas foré acima escriptos em cada
hù daq'Iles quatro rumos cô aa altura q tomares da estrella. ajùtaras
os graos qadita estrella esta abayxo do eyxo. E todo iùto: tàto
estaras aredado da linea eq'nocial pa a parte do norte.
a Regimento pera saberes qiiantas legoas entrani por grao per
cada huùa destas sete quartas abayxo scriptas. E isto do Norte
e Sul.')
*r rimeyramente saberas q ho grao do norte e sul he de .xvij. le- *f' ••''•■
goas e meya legoa de portugal. s. quatro milhas per legoa. E. Ix.
minutos fazem hîj grao.
a item per hiJa carta releua per grào. xvij. legoas e cinco sesmos
de legoa. E afastaras da linea dereyta per grao très legoas e meya.
a E per duas quartas releua p grao. xix. legoas e hii sesmo
de legoa. E afastaras da linea direyta p grao sete legoas e meya.
a Item per très quartas releua per grao. xxi. legoa e huij terço
de legoa. E afastaras da linea direyta per grao. xj. legoas e cinco
sesmos de legoa.
a E p quatro qrtas releua per grao. xxiiij. legoas. e très qrtas
de legoa. E afastaras da linea direyta p go. xvij. legoas e mea.
a Item per cinco quartas releua per grao. xxxi. legoa e huù
quarto de legoa. E afastaras da linea direyta per grao. xxvi. legoas
e huùa sesma de legoa.
a E per seis quartas releua per grao. xlvj. legoas e mea. E
afastaras da linea direyta per grao. xlij. legoas e mea.
(') Titre imprimé en rouge.
236
a E per sete quartas releua per grao. Ixxxvij. lej^oas: c liiiù
sesmo de legoa. E afastaras da linea direyta. Ixxxv. legoas.
a E se ho caminho for a leste ou a lioeste: nom se podeiii
dar le^oas a nenhiiù ^rao. saluo que em todo caminho teras a mes-
ina altura que era donde partiste. E se te afastares do caminho
peila differença daltura: saberas quanto estas afastado do caminho.
Porem as a.i'ua^eès neste podè fezer muyto engano.
a Regiinento pero se saber as horas da noyte pella estrella do
norte e suas guardas. s. sabèdo em cada mes as guardas em q
rumo fazb mea noyte. Logo contares as horas an tes da mea noyte:
ou despoys sem errardes quasi nada. E os mescs vam per ordè de
quinze cm quinze dias per todo àno na maneyra seguinte.^)
]'
|aneyro meado. mea noyte no braço ezquerdo
E em fim de janeyro hùa hora acima do braço.
«f-. 3i'. *a Feuereyro meado. mea noyte dous horas acima do braço.
E em fim de feuereyro: na h'nea do ombro ezquerdo.
a Marco meado. mea noyte huùa hora em cima da Hnea.
E em fim de março: dous horas acima da hnea.
a Abril meado. mea noyte na cabeça
E em fim de abril: huùa hora abaixo da cabeça.
a Mayo meado. mea noyte dous horas abaixo da cabeça.
E em fim de mayo: na linea do ombro direyto.
a Junho meado. mea noyte huùa hora abaixo da linea
E em fim de junho : dous horas abaixo da linea.
a Julho meado. mea noyte no braço direyto :
E em fini de julho : hùa hora a baixo do braço.
a Agosto meado. dous horas abaixo do braço
E em fim de agosto na linea.
a Setèbro meado. mea noyte hùa hora abaixo dalinea.
Em fim de setembro : dous horas a baixo da linea.
a Octubro meado. mea noyte no pee.
E em fim de octubro : huùa hora acima do pee.
a Nouembro meado. mea noyte dous horas acima do pee.
E em fim de nouembro: na linea.
a Dezembro meado. mea noyte huùa hora acima da linea.
E em fim de dezembro: dous horas acima da linea.
( ') hnprimé en rouge.
237
LISTE DES LATITUDES.'»
La liste des latitudes du Règlement d'Evora est une page d'or
de l'histoire de la navigation, proclamant dans son style lapidaire
la gloire revenant aux marins portugais dans la découverte du monde.
Nous la reproduisons en respectant l'ortographe primitive qui
fait ressortir davantage toute la saveur historique de ce document.
a Seguense as alturas. e Primeyramente.
a Alturas do Norte des alinéa equinocial ate ho cabo de finis
terra.
a Alturas do sul des a linea equinocial de guinee ate o cabo
de boôa esperança.
a Alturas do sul des o cabo de boôa esperança ate linea equi-
nocial da Costa de habex.
a Alturas do norte em a costa d'habex pa dètro do mar roxo.
a Doutra bàda do mar roxo pa o estrexto ate ho mar de psia.
a Da banda de persia e india ate ho cabo de comory.
a Alturas do sul ate as ilhas do crauo.
a Alturas da terra do brasil da banda do sul.
♦F. u. .(, Alturas do norte des a linea eaiii- '" f^V" ^*^ pkhc\
BuifLibaa.
Cabo ro.xo.
Ryo das ostras.
Ryo de gambia.
Cabo verdc. Illia de sanliago.
Ilha do fogo.
Ryo de çauixga. Il lia de niayo.
Anterote e ilha do sa!
Seteniontes. e ilha de santaiia.
Sam \icente. Sancta liizia e
Sam nicolao.
Funia desancta maria.
Ryo de .sam joham
Cabo braiico.
(') Les mots en italique de la liste suivante sont imprimés en ronge dans
l'original. La lecture des fractions de degrés des latitudes est incertaine à
cause de l'impression défectueuse de l'exemplaire d'Hvora.
a
Alturas do norte des a linea equi-
10
nocial atee ho cabo de finis terra.
11
0
Linea equinocial.
12
13
14
1
Ilha de sam tome.
15
2
Ryo do principe.
3
Ryo do campo.
16
4
Cabo das palmas e Ilha de fer-
17
namdo poo
18
5
Cabo das baixas e a mina.
6
Cabo do môle.
7
Ryo das palmas
19
cS
Ryo da serra lyoa.
20
9
Rvo de cachecase
21
23H
22 Cabo das barbas.
23 Anura de j*oiiçalo de cintra.
a Tropico de cancer que he do norte.
24 Ryo douro.
25 An^ra dos cauallos.
26 Outra aiigra dos riiyuos: e ho
bojador.
27 Cabo de bojador e ilhas de gram
canaria Tanariffe e do ferro.
28 Porte Ventura ilha.
29 Cabo de nom. Ilhas da palnia
e lançerote.
30 Meça. e Ilha das saluageès.
31 Tafatania.
i2 Ilha da madeyra. Ryo dos
saueès.
33 Porto sctô. cabo d'càty
34 Soneja.
35 Larache
36 Traffalgar.
37 Cabo de sam vicente. e ilha de
saiicla maria.
38 Perceueyra. e a ilha de sam mi-
guel.
39 Lixbôa. ilhas daçores
40 Berlègas ilha. c Ilha terceyra.
41 Porto de portugai.
42' :: Ilhas de bayona.
43 Cabo définis terra.
"F. 4i'. 'a Alturas do siil des a lineo eqiii-
nocial de gainée atee ho cabo de boôa
esperança.
o Equinocial.
1 Cabo de lopez gonçaluez.
2 Cabo de caterina
3
4
5 Angra da judia.
6
Praya de sam domingos,
7
Ryo de manicongo.
8
Ilha dacenv'am.
9
Ryo de mondego.
10
Cabo ledo.
11
Ryo de sam lazaro.
12
Cabo dos lobos.
13
14
montenegro.
15
Serra parda.
16
Angra das aldeas. e a
sancta helena
17
manga das areas.
18
Cabo negro.
19
Osmedoôes.
20
A serra de sam lazaro.
21
Praya deruy pirez.
22
Cabo do padram.
23
Prava fria.
a di
a Tropico de capricornio que he ho
sul.
Ponta da côcepçam.
Praya das alagoas.
Feyçam da boca.
Angra de santantonio.
Angra de sam tome.
Angra de sam cristouà.
24
25
26
27
28
29
30
31
32' .: Ryo do iffante.
33 Angra de sancta yllena
34' ., Cabo de^bôa esperàça
a Alturas e o sul des ho cabo de boa
esperonça ate ^linea'^equinocial da
Costa de habex.
34':; Cabo de bôa esperàt^a.
35 Cabo das agulhas.
34 Cabo das vacas.
33 Cabo do areciffe.
32' L' Rvo do iffante.
239
31 Terra do natal.
8' -j Ponta de saiicta luzia.
27 Terra dos fumes.
25' :; Ryo dalagoa.
25 Agua de boa paz.
23' L' Cabo das corentes.
22' 4 Cabo de sancta inaria
21 Cabo de sani sebastià.
20 Soffala.
a Doiitra banda do mar roxo pera
ho estreyto atee ho mar de Persia.
r. ôr. *17
Rio dos bôs sinaes
16
Rio dango.x
15
Maçambique
14
Rio de santaiitoiiio
12
Rio dereyto
10
Cabo delgado
9
Quiloa
7
Monisia ilha ho meo délia
6
Zanzibar ilha
5
Penda ilha
3
Monbaça
3
Rio tacharigo
2
Melinde
1
Patee
n Alt liras do norte ein a costa de
habex: pera dentro do mar roxo.
0 Bquinocial.
y- :■ Barrabôa
2- I Brauha
3 Magodoxo
6' I Zarzella
12 Cabo de goardafiin
12-;; Scotora ilha. s. ou nieo tk'lla
1 1 Mite
11 ' 1 Barboraa
12 Zeyia
15' :: Dalaca ylha
IS Soaque ilha
17- ::
Tor
22' ::
Gyda porto de meca
15' ,
Zeybam ilha
15-4
Camarani ylha
12' .
Bebmàdeb o estreyto
13^':=
Aden
15
Farteque
16
Dyuffar
17- ::
Curia: muria : ilhas.
20' .
Macira ilha
22 'Ai
Cabo de reçalhat
23' ':■,
Curiat
23^' .
Masquet
24' ,
Hooz
26' 4
Cabo de mocàdomo do estreyto
de persia
0 Da bïula de persia <" india atee o
cabo de comory.
17
Ormuz ylha
24^' ::
: Dyulcend rio grande
20-'::
: Dyu.
23
Gogo iunto cô càbaya.
19
Chaul
iS
Dabul
16
Goa.
14
Anor
147:
1 Anjadiua
13' :
; Batigala
•ir
:i Mangalor *
12
Monte dely
11
Cananor
11
Calecud
10- :
! Crangalor
10
Cochym
9
Caycoulain
7
Cabo de comory
*F.5i'.
240
7 Colùbo porto de ceyiô. 8 Pernam baco ilha dasensam
.S Gamispola ilhas H Cabo de sctô auj^ustino
r :i Pedir porto da ilha de çaiiuitra 9' ■ Saiicto aleyxo
7 Quedaa porto da costa de ma- 10 Rio de sani iiii^uel
laça 11-;; l^io de sani francisco
2 Malaca cidade 12 Rio real
f'uiiiiiocial '■^' - '^''ya <J*-' todollos saiictos
,,,,,, -, 1 t Porto real
(I Laho de cyngapura
1,S Rio da praya
u Alturas do sut atee as ilhas do 16 Ilha de saiicta yleiia
craiio Rio dos cosmos.
A terra dariiuem a ilha de ça- '7 Porto seguro
P^.^,.^ 1<S Rio de sam Jorge
4 Campar porto da dita ilha 1^' ■■ ^^'^ ^^' sancta luzia
6 Jaoa ilha coiuiem a saber ho 20' :. Ilho de sancta barbora
mco délia 21 Bayxos dos pargos
7 Ilha do fogo 22 Baya do saluador.
7 Solitaria ilha 23 'Cabo frio.
5 Randan ilhas das maças <> Tropico de capricornio.
24 Rio da canaiie
Hqiiinocial
Maliico ilhas do craiio
25 Ilhas dorrapica
26 Rio dos dragos
27 Rio do stremo
] Alt ara da terra do brasil da 2M Bayo do repayro
batida do sul. 29 Ilha da baya "
2 Rio do arecife. M) Atigra ond' se vio batel
.î [îaya das tartarugas. 31 Rios dos negros
4 Baya de sam Uicas 32 Cabo da pôta
5 Sam roque, sancta maria da ra- X^ Baya aparcelada
hida 34 Arrecife
6 Aratapica 53 Cabo de sauta maria
7 Sam domiiigos
G Re^fa pera saber os marées a qualquer hora do dia:
a Lùa de huù dia preamar a hùa ora despoys do meo dia.
a Lùa de dous dias prea mar a hùa ora e quatro quintos.
a Lùa de très dias preamar as duas oras e très quintos.
a Lùa de quatro dias prea mar as très oras e dous q'ntos.
a Lùa de cinquo dias prea mar as quatro horas e hù quinto.
a Lùa de seys dias preamar as cinquo oras.
241
a Lùa de sete dias prea mar as seys oras e quatro quintos.
a Lùa de oyto dias prea mar as seys oras e très quintos.
a Lùa de noue dias prea mar as sete oras e dous quintos
a Lùa de dez dias prea mar as oyto oras. e huù quinto.
a Lùa de. onze, dias prea mar. as. noue oras em ponto.
a Lùa de doze dias prea mar as. noue, oras e quatro quintos.
G Lùa de treze. dias preamar as dez oras e très, quintos .
a Lùa de qtorze. dias. preamar as onze oras e dous q'ntos.
G Lùa de quinze dias prea mar as. doze. oras e. '5.
a /: assi délies saber que a cada dia da lùa iv/r acrecenîando
quatro quintos de ora.
CALENDRIER ET TABLES NAUTIQUES.
*fl Se^uese ho calendayro que em sy conteni as cousas se^uintes *f". 61-.
(l A primeyra re^^ra pera bayxo com tinta vernielha de huù e
dous atee trinta: soin os dias do mes. Em a segunda ho. a. b. c. d.
atee. g: Som as letras dominicaes. e dy se seguem os sanctos com
tinta prêta. E despoys dos sanctos se segue ho luguar do sol
emquantos graos e miniitos esta em cada signo com tinta vermelha.
E despoys a declinacam do sol com seus graos e minutos com
tinta preta.^)
CALENDRIER ET TABLES NAUTIQUES DU RÈGLEMENT
D'EVORA.
Le calendrier et les tables nautiques occupent un total de
24 pa^es distribuées comme suit:
Anno bisesto. La première année du cycle est l'année bissex-
tile. Les tables de cette année sont réunies aux pa^es mensu-
elles du calendrier, qui ont exactement la forme de celles du calendrier
du F^èglement de Munich, reproduit à p. 229. Fîlles occupent
t. 7 r à 12 V. 12 paoes
Anno primeiro despoys do bisexto. Première année
après la bissextile, formée de 4 tables contenant seule-
ment la date et la déclinaison du soleil pour chaque jour.
Chaque pa^e comprend .3 mois. f. 1.3 r à 14 v. 4 pages
(') A la pa^e suivaiUc 7 r commeiico le calendrier.
16
r. 7r. ù 18 I'.
242
Segundo anno despoys do bisexto. 4 tables de même
forme que les précédentes f. 15 r à 16 v. 4 pages
Terceiro anno despoys do bisexto. 4 tables de même
forme que les précédentes f. 17r à 18 v. 4 pages
24 pages
Les éléments de ces 24 pages sont réunis dans les 8 tables
suivantes:
Anno bisesto, p. 243, 244
Anno primeiro despoys do bisexto, p. 245, 246
Segundo anno despoys do bisexto, p. 247, 248
Terceiro anno despoys do bisexto, p. 249, 250
Nous avons déjà fait remarquer que l'ordre des années du
cycle solaire varie suivant les auteurs. Ainsi chez Zacuto l'année
bissextile est la 3^ année, chez Joào de Lisboa, Francisco Faleiro et
Pedro Nunes c'est la 4^" année, tandis que les tables d'Evora placent
l'année bissextile en tête.
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rC'i-LCvOr-XOC:— rg
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— ic -r rr: e\i — iC'^rg— ici^rvi — i/;-r<vi — LC-^'vi-
-^ o C> rg in
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rgtNirg , — OOOOCOOOCNXXXXr^l^r^I^OOOOLO
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iC'vjOt^iC^O^OrOOt^'^^XiOrOOXiOf^'— Xr-^iviCv
— — — ic lo ic lO ■^ tt -^ f*î (^ ro cî cg rg (M rg — — — —
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X C> o >— rgr*^ rc Tf lOO t^ X C> — rg
— — rg(N)rgrgrgrgrv]fvj(Nj«Nj(Ni
'^-rlC^c^~xc^~— rg
r^ -r in in o
1 ^
1 '^
t '^
•2 '^
^ E
— rgpC'^ln^cr— xo-o — rg<^-Tir;o
t^xoc:— rg^crrly^^c^^xc^~ —
— -^— rgrgrgrgrgrgrgrvjrgrgrcrc
c
r^
C
245
Anno primeyro despoys do bisesto.
Declinaçà do sol.
Dias.
Janeyro
gr. m.
Feb
gr.
reyro
t
m.
Ma
gr.
rço
t
m. ■
Ab
gr.
ril
t
m.
Maio
gr. m.
■4'--
ho
t
m.
1
21 52
14
0
3
41
8
20
17
52
23
8
2
21 42
13
40
3
IS
8
41
18
8
23
12
3
21 M
13
20
2
54
9
2
18
23
23
16
4
21 22
13
0
2
31
9
24
18
39
23
20
5
21 10
12
39
2
7
9
47
is
53
23
23
6
21 0
12
18
1
44
10
7
19
7
23
26
7
2U 47
11
58
1
20
10
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246
Anno primeyro despoys do bisesto.
Dcclinaçà do sol.
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247
Segundo anno despoys do bisesto.
Declinaçà do sol.
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248
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249
Terceyro anno despoys do bisesto.
Declinaçà do sol.
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(') 16 doit être 17. (-) Junio au lieu du Juiilio.
250
Terceyro anno despoys do bisesto.
f)ccliiiat;à do sol.
Dia.s
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Iho
A^osto
Setcmbro
Octubro
Noueinbro
Dezembro
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(') 13 doit être 2X
251
No 3.
LE CALCUL DES LATITUDES SELON PEDRO NUNES.
Tratado eni defensam da carta de marear, 1537.
Re.^imento da altura do polo ao meo dia.
Se o sol tem declinacào pera o norte e as sombras vào pcra
o norte: saberemos pello estrelabio ao meo dia que he na mayor
altura: quantos graos ha de nos ao sol: e acrecentaremos a decli-
nacào daquelle dia: e o que somar sera o que estamos apartados
da linha equinocial pera o norte.
Mas se ho sol tem declinacào pera o norte e as sombras vào
pera o su! : saberemos pello estrelabio quanto ha de nos ao sol:
e pello regimento a declinacào: e se forem iguaes estaremos na
equinocial: e se forem desiguaes : tiraremos o menor numéro do
mayor porque o que ficar isso estaremos apartados da equinocial :
e sera pera o norte se a declinacào era mayor: e sera pera o sul
se a declinacào era menor.
A mesma regra nos serue tendo ho sol declinacào pera o
sul: porque se as sombras vào pera o sul ajuntaretnos o que ha
de nos ao sol com a declinacào: e o que somar isso estaremos
apartados da equinocial pera o sul.
Mas se o sol tem declinacào pera o sul : e as sombras vào ao
norte: se o que ha de nos ao sol for igual a declinacào estaremos
na equinocial. E se forem desiguaes tiraremos o menor numéro
do mayor: e o que ficar: sera o que ao tal tempo estaremos apar-
tados da equinocial: e sera pera o sul se a declinacào for mayor:
e sera pera o norte se a declinacào for menor.
E quando nào ouuer declinacào: ho que ouuer de nos ao sol
isso estaremos apartados da equinocial: e sera pera onde forem
as sombras.
E em todo tempo que o sol pello estrelabio esteuer em no-
uenta graos : o que elle teuer de declinacào: isso mesmo estaremos
apartados da equinocial e pera a mesma parte.
C o m o se t o m a r a a altura do polo e m todo tempo que
ouuer sol.
Porque a cousa mais necessaria c mais proueitosa pera a
nauegacào : e o principal fundamento délia: he o conhecimento da
altura do polo sobre o horizonte: ou distancia do circulo equi-
nocial que he o mesmo : e os antigos autores nào nos deixarào
252
cscripto como se isto podesc alcaiicar somcnte ao meo dia que he
conta miiy certa e sein falencia. mas que iiào basta principalmente
liera as via^ens compridas: nas quaes muitas vezes acontece en-
Lobrirse o sol ao meo dia: e dahi a poucas oras amostrarse nos
muito craro. Déterminer eu despoys de ter estudado nas sciencias
malhematicas e cosmo^raphia : inquirir modo per que podesemos
em todo tempo que ouuer sol: assi no mar como na terra: saber
em que altura do polo estamos: e mediante a diuina bondade per
muy faciles principios o alcancey. K vindo ao seruico do muito
escrarecido e muito excelente princepe o Infante Dom Anrique:
pera o instruir nas sciencias mathematicas: Ihe fiz disso figura e
demostraçào em piano. E despois no anno de • 1533 • em Kuora:
dey a el Rey nosso senhor o re^imento escripto em hua folha de
papel: e perante sua alteza tomey a altura do polo da dita cidade
ja tarde: pouco tempo antes do sol posio: e achey que era • 38 •
tîraos e quasi hum terco. H! porque ate ora o mais do tempo fuy
doente: e o dito regimeiito que assi escreui : tinha necessidade de
algua mais decraraçào pera se poder praticar ho nào comuniquey
a todos: posto que meu desejo sempre fosse e he: tirarse de mi-
nhas letras algum fructo pera esta arte de nauegar. E porque ne-
nhua regra que tem ho fundamento na parte especulatiua ou theo-
rica: pode ser bem praticada e entendida: sem noticia daquelles
principios em que se funda: porque doutra sorte os que délia
vsassem facilmente se enganariào: me pareceo cousa conueniente:
antes de trazer a arte como se aja de tomar a altura a toda a hora
do dia: que precedesse algua theorica disso : e separeya da pratica
por nào misturar o regimento de que cada hora se ha de vsar com
demostraçôes de geometria pois isto fez a Ptolomeu ser escuro no
Almagesto.
Revista de Eng. Mil. 1911, p. 487.
N« 4.
LETTRE DE MAITRE JOÀO,
PILOTE DE L'EXPÉDITION D'ALVAREZ CABRAL,
AU ROI D. MANUEL.
(Vera Cruz, le Ki mai 1500.)
Sefior — O bacherel mestre Johan fisico e çerurgyano de vosa
alteza beso vosas reaies manos. Sefior porque de todo lo aca
253
pasado largamente escriuieron a vosa alteza asy arias correa como
todos los otros, solamente escreuire dos puntos Sefior ayer segunda
feira que fueron 21 de abril desçendimos en terra yo e el pyloto
do capitan moor e el pyloto de Sancho de touar e tomamos el
altura del soi al medio dia e fallamos 56 grados e la sonbra era
septentrional por lo quai segund las reglas del estrolabio jusgamos
ser afastados de la equinocial por 17 grados, e por consyguiente
tener el altura del polo antartico en 17 grados, segund que es
magnifiesto en el espéra e esto es quanto alo uno, por lo quai sabra
vosa alteza que todos los pylotos van adiante de mi en tanto que
pero escolar va adiante 150 léguas e otros mas e otros menos:
pero quien dise la verdad non se puede certyficar fasta que en boa
ora allegemos al cabo de boa esperanca e ally sabremos quien va
mas cierto ellos con la carta, o yo con la carta e con el estrolabio:
quanto Seiîor al sytyo desta terra mande vosa alteza traer un napa-
mundi que tyene pero vaaz bisagudo e por ay podra ver vosa al-
teza el sytyo desta terra, en pero aquel napamundi non certyfica
esta terra ser habytada, o no: es napamundi antiguo e ally fallara
vosa alteza escrita tan b\'en la mina: ayer casy cntendimos per aselios
que esta era ysla e que eran quatro e que de otra ysla vyenen aqui
almadias a pelear con ellos e los lleuan catiuos: quanto Senhor al
otro puncto sabra vosa alteza que cerca de las estrellas yo he traba-
jado algo de lo que he podido pero non mucho a cabsa de una
pyerna que tengo mui mala que de una cosadura se me ha fecho
una chaga mayor que la palma de la mano. e tan byen a cabsa
de este navio ser mucho pequeno e mui cargado que non ay lugar
pera cosa ninguna solamente mando a vosa alteza como estan
situadas las estrellas del, pero en que grado esta cada una non
lo he podido saber, antes me paresce ser inposible en la mar to-
marse altura de ninguna estrella porque yo trabaje mucho en eso
e por poco que el nauio enbalance se yerran quatro, o cinco gra-
dos, de guisa que se non puede fazer synon en terra, e otro tanto
casy digo de las tablas de la India que se non pueden tomar con
ellas sy non con Fiiui mucho trabajo, que si vosa alteza supyese
como desconcertauan todos en las pulgadas reyrya dello mas que
del estrolabio porque desde lisboa ate as canarias unos de otros
desconcertauan en muchas pulgadas que unos desian mas que otros
très e quatro pulgadas, e otro tanto desde las canarias ate as yslas
de cabo verde, e esto resguardando todos que el tomar fuese a
una misma ora, de guisa que mas jusgauan quantas pulgadas eran
254
por la quantydad del camino que les paresçia que avyan andado
que non el camino por las pul^adas: tornando Senor ai proposito
estas j^uardas nunca se escondeii antes syeiipre andan en deredor
sobre el orizonte, e aun esto dudoso que non se quai de aquellas
dos mas baxas sea el polo antartyco, e estas estrellas prinçipalmente
las de la crus son grandes casy como las del carro, e la estrella
del polo antartyco, o sul es pequena como la del norte e muy
Clara, e la estrella que esta en riba de toda la crus es mucho pe-
quena: non quiero mas alargar por non ynportunar a vosa alteza.
saluo que quedo rogando a noso Senor ihesu christo la vyda e
estado de vosa alteza acresçiente como vosa alteza desea. Fecha
en uera crus a primero de maio de 500 • pera la mar mejor es
regyrse por el altura del sol que non por ninguna estrella e mejor
con estrolabio que non con quadrante nin con otro ningud estru-
mento.
do criado de vosa alteza e voso leal servidor.
Johannes
artium et jnedicine bachalarius.
A. C. Teixeiro de Aragâo. Brève iioticia sobre o
descobrimento da America, por A. C. Teixeira de
Aragâo. Lisboa, 1892, p. 61, et Alguns dociiinentos
do Archiva Nacional da Torre do Tomba. Lisboa,
1892, p. 121—123.
Voir aussi Sousa Viterbo Trabalhos Naiiticos.
Lisboa, 1898, t 1, p. 168. 1 2, p. 285.
255
N° 5.
EXTRAITS DE GASPAR CORREA SUR ZACUTO.
Gaspar Correa. Lendas da liidia: Collecçào de moiuimentos iiieditos para
a historia das coiiqiiistas portiit^iiezas. Academia Real, Lisboa. 1858, Livro I.
Tomo I.
CAPiTULO III.
Como per falecimento deirey D. Joào elrey Do m
M a n o e 1 q u e s u c c e d e o no r e y n o t o m o u e n t e n d i m e ii t o n o
descobri m en to da India.
E metido o sentido nesse cuidado, e como prudentissimo
homem de grande conselho, quiz primeiro tomar boa informaçào
do que era e podia fazer primeiro que começasse hum tào grande
feito, nom querendo arriscar em vào suas despezas, e vidas de
seus vassalos, determinando primeiro auer verdadeira enformaçà
nom querendo começar cousa que nom acabasse, e mormente esta
tào grande em começo de seu Reynado : no que assi consirando
e porque algum tanto era inclinado as cousas de estronomia,
mandou chamar a Beja hum Judeu seu muito conhecido, que era
grande estrohco, chamado Çacoto, corn o quai falou em seu segredo
muito Ih'encarregando que trabalhasse de saber, se Ihe aconselhaua
que entendesse no descobrimento da India, e se era cousa que
podia ser, porque o trabalho, que nisso ouvesse se nom perdesse
em vào, porque se possiuel fosse, elle pera isso tinha muita vontade
nisso gastar todo o possiuel, mas que elle nada auia de fazer sem
seu conselho, e por isso o chamara, que portanto Ihe muito en-
comendaua que visse e olhasse muito bem o que disto alcançaua
per seu bom saber, e pera isso tomasse o espaço que quizesse
pera Ihe dar reposta. Do que o Judeu se muito encarregou, e se
tornou a Beja, e fazendo suas diligencias aprouve a Nosso Senhor
Ihe mostrar sua vontade, e tendo todo bem alcançado. se tornou
a EIRey com muito prazer, e Ihe disse:
„Senhor, com o muito cuidado que tomei no que me Vossa
Alteza tanto encarregou, com o querer de Nosso Senhor, o
que achei e tenho sabido he, que a prouincia da India he mui
longe desta nossa regiào, alongada par longos mares e terras,
todas de gentes prêtas os naturaes; em que ha grandes riquezas,
e mercadorias cjue correiii per limitas partes do mundo, e
256
tudo de miiito perij^o, priiiiciro que possào vir a esta nossa
regiào, o que tenho bem olhado, e por querer de Nosso
Senhor alcançado que Vossa Alteza a descobrirâ, e grande
parte da India sogigarâ em mui breue tempo, porque, Senhor,
vosso planeta he grande sob a diuisa de Vossa Real pessoa,
a espéra em que se contem os Ceos e terra, que tudo Deos
querera trazer a vosso poder, e tudo acabarâ o que nunca
acabâra EIRey que Deos tem, inda que todo seu Reino nisso
gastâra, porque esta cousa Deos a tinha guardado pera Vossa
Alteza. F! acho que a India descobrirào dous irmàos vossos
naturaes, mas quaes elles sejào eu o nào alcanço. Mas pois
de Deos assi esta ordenado elle o mostrarâ, polo que tenho
a Vossa Alteza dito'toda verdade do que ponho minha cabeça
a penhor sob o aprazimento de Nosso Senhor, em cujo poder
tudo he."
O que todo ouvido por EIRey, deu ao Judeu grandes agra-
decimentos por tào boas nouas que Ihe daua, e muito defendeo
que tiuesse grande segredo, pelo muito que compria a seu estado.
L. I, t. 1, p. y.
CAPiTULO vm.
Como EIRey pedio razào ao estrolico Çacuto
d'estas naos nào acharem contraste de tempos contrarios
e t o r m e n t a s , que as outras naos a c h a r à o e o Çacuto
1 h () d ecl a ro u.
EIRey era muyto inclinado a estrolomia, polo que muytas
vezes praticaua com o Judeo Çacuto, porque em todo achaua muy
certo, e sendo assi chegadas estas que Ihe diziào nom acharem
nenhum temporal contrario a seo caminho, achando as outras
tantas fortunas, sobre o que EIRey praticaua com os pilotos, que
nenhuma razào Ihe sabiào dar a isso, sendo hum dia o Judeo
Çacuto présente, e ouvindo todo, disse a EIRey:
„Senhor, o mar que as vossas naos correm he muy grande,
em que em humas partes ha verào, e em outras inuerno, e todo
em hum caminho; e poderào hir duas naos, huma apôs outra
ambas per hum caminho, huma chegarà a huma paragem quando
aly for inuerno, e acharâ tormenta, e a outra quando aly chegar
sera verào e nom acharâ tormenta que a outra aly achou : e esta
é a razào porque huns acharào tormenta, e outros nào. E por-
que os invernos e verôes nom sào certos em hum proprio lugar
257
he porque o mar he muy largo e muy deserto, apartado das
terras, e cursào as tormentas e bonanças per muytas partes in-
certas. Mas quando os nauegantes desta carreira tiuerem mais
experiencia em seo caminhar, que elles saibào tomar o verào que
tem neste golfào daqui ao Cabo de Boa Esperanca, assi a hida
como a vinda, andarào elles este caminho em muy breue tempo,
e sem trabalho hirào e virào a saluamento, se forem prudentes
em seo nauegar. E porque, Senhor, com o muyto desejo que
tenho a seo seruiço tenho muyto trabalhado por entender os
segredos desta nauegaçào, tenho entendido que o apartamento do
sol causa as tormentas e desuairos dos tempos; porque apar-
tando-se o sol da linha equinocial pera a parte do Norte, fica
sombra e friura a parte do Sul. Este mingoamento da quentura
do sol, causa o mingoamento dos dias que sâo mais pequenos,
e acrecenta as tempestades pela friura das agoas, que se mais
aleuantào com os ventos. E porque o Cabo da Boa Esperanca
entra muyto no mar pera a banda do Sul, polo que sendo o
sol apartado da linha pera a parte do Norte, que fica a sombra
e friura a parte do Sul, entào causa assi as grandes tormentas
e tempestades, e dias pequenos, e de pouca claridade, que as
naos achào, porque o sol he dali muyto afastado; e quando o
sol anda pera a parte do Sul, entào no mar do Cabo da Boa
Esperanca hauerâ bonanças, e os dias quentes e mayores. E por-
que no tempo que as naos vào demandando o Cabo, ou sâo nelle,
o sol he affastado pera a parte do Norte, por essa causa ficào no
cabo as tormentas e escuridào dos dias pequenos; e por isso os
F^tolomeus e outros que escreverào, Ihe chamârào o Cabo Tor-
mentorium, porque he deserto do abrigo de terras que estào délie
muy longe, porque da banda de Leste e de Loeste nom ha terra,
somente per linha direita a mais perto he costa da India até o
cabo de Comorym, e destoutra parte pola mesma linha o Cabo
Verde, que he muy grande distancia de caminho: e com a naue-
gaçào, que agora fazem as naos, por dobrar por barlauento do
Cabo, dandolhe resguardo por caso de os ventos serem do mar,
fazem rodeo com que andào mais de sete mil legoas, no quai
caminho muyto encurtarào, e emmendarào quando os pilotos
tiuerem este esperimento do apartamento do sol pera que parte
anda, que he a causa dos bons tempos e maos, que causa o
apartamento do sol. E porque, Senhor, nisto tenho muyto tra-
balhado. por me certificar na verdade tirey hum esperimento da
17
258
declinaçào do sol do apartamento que se aparta da linha pera
cada parte do Norte ou do Siil, e quanto tempo anda de hum
cabo, e quanto do outro, e até onde che^a, e se corre tanto ao
ir, como ao tornar, e achey que tudo andaua per hum curso e
compasso ordinario. O que todo tenho bem sabido, edecla-
radoper hum modo de re^imento, o que cada dia se aparta
o sol, assi â hida, como a tornada, per ta! modo que em qual-
quer parte que nauegantes tiuerem vista do sol ao meo dia, ou de
noite a estrella do Norte, e fazendo sua conta da declinaçào do sol,
saberào quanto caminho andào, e saberào nauegar per todo o
mar do mundo: e se a Nosso Senhor aprouver que acabe de
saber algumas duvidas que inda tenho escuras, affirmo a Vossa
Alteza que entào, esta nauegaçào pera a India sera tào facil, que
a poderào nauegar muy pequenos barcos, e tào pequenos quanto
somente possâo agasalhar o comer, e agoa da gante que for,
porque todo o bem deste caminho e nauegaçào ha de ser saber
tomar os tempos em suas proprias monçôes pera que nom achem
tormentas e ventos contrairos, que Ihe causào as detencas."
O que todo bem ouvido por EIRey houve muyto contenta-
mento e prometendo ao Judeu muytas merces por seu trabalho,
Ihe muyto encommendou que désse cabo a tào boa cousa como
tinha começado. Ao que o Judeu se offereceo, e como ja tudo
tinha exprimentado, e sabido a certeza do decurso do sol, e os
mudamentos que fazia, tomando o esprimento polas estrellas com
suas artes da estrolomia, fez hum regimento desta declinaçào
do sol, apartando os annos, cada hum sobre sy, e os mezes e dias
de hum ano bisexto até o outro, que sào quatro anos aponta-
damente, de quanto anda o sol cada dia, contado de meo dia a
meo dia, assi pera a banda do Norte, como pera a banda do Sul,
todo per grande concerto e boa ordem ; pera o que fez huma pasta
de cobre da grossura de meo dedo, redonda, com huma argola em
que estava dependurada direita, e nella linhas e pontos, e no meo
outra chapa, assi de cobre corrediça ao redor, e nella postos huns
pontos furados direitos hum do outro, porque entrado o sol per
ambos, no ponto do meo dia, se via em que parte estaua o sol,
tudo per grande arte e subtil modo, e Ihe chamou estrolabio, que
tomando assi o lugar certo em que estaua o sol, e feita conta polo
regimento na tauoa de cada ano, se sabia as legoas que erào an-
dadas. O que o Judeu ensinou a alguns pilotos, que Ihe EIRey mandou,
como e de que modo hauiào de tomar o sol em o ponto do meo
259
dia com o estrolabio, ensinandolhe a conta que hauiào de
fazer polas tauoadas do regimento, no que em todo os muyto
industriou os quaes ElRey logo mandou fora nauegar pera huma
certa parte, a que o Judeo deu humas cartas grandes com riscos
de cores, différentes, que mostrauào os nomes dos ventos ao der-
redor da estrella do Norte, a que se pos nome agulha de marear,
compasso dos graos do Sul pera a conta das legoas no discurso
do andar do Sol, com outros muytos concertos esprimentos que
os pilotos entenderào, e exprimentârào com as correntes das agoas.
Com que a dita sciencia de pilotar foy de cada vez mais exprimen-
tada e sabida, e nauegando pondo nas cartas as terras, e ilhas nos
seus proprios limites d'altura do sol per conto das legoas, e der-
rotas dos ventos e sondas, e mostras, o que de cada vez se mais
foy apurando em tanta perfeiçào como ora esta. Deos seja pera
sempre muyto louvado, que Ihe aprouve que o Judeo falou tào
certo em todo e nos pequenos barcos nauegarem esta carreira, como
depois se vio e se acharâ per esta lenda em diante em algumas
partes. ElRey houve esto per tamanho seruiço como se mostra,
e tomou disso tamanho contentamento, que fez ao Judeo muytas
merces, com que elle se mais refinou, tomando mores trabalhos
em fazer outro mor concerto, que nesta obra ficaua falta, que com-
pria se apurar, porque sendo tempo chuvoso. que o sol fosse cu-
berto, que o sol nom parecesse, pera se tomar no estrolabio polo
que ficariào cegos em seu caminhar, concertou as tauoadas do
descurso do sol com as circunferencias da estrella do Norte, pera
o que fez outro arteficio pera tomar o ponto em que estaua a
estrella do Norte, per tal arte, com que de todo os pilotos ficârào
em muy perfeito saber de nauegar em todos os tempos em muyta
perfeiçào; em que assi tratando a nauegaçào pera a India e pera
outras partes, se forào muyto apurando em mais perfeiçào polo
exprimento que tomauào das cousas, nauegando assi com o sol,
como com a escuridâo da noite.
O que tudo foy em tanto crecimento de bem, como oje em
dia parece ao seruiço do Senhor Deos; porque homens scientes,
e de sobtys entendimentos forào mais entendendo e alcançando,
com que ora esta cm toda perfeiçào. O que todo foy principiado
por o dito Judeo, chamado Çacuto, grande estrolico, que depois
fugio de Portugal pera Gulfô como se passârào outros muytos, e
la morrec) cm sua crroiiia cm que o imigo o cegou, tendo laiilo
saber das estrellas ficar ccgo em tào claro dia csomo hc nosa
260
Santa Fé Catholica, e por esta causa passoii neste ano de 1502,
o pus aqui por sua memoria, que isto escreuo neste ano de 1561.
Deos seja pera sempre louvado.
L. I, t. 1, p. 261.
Armada dos A I b o q u e r q u e s que p a s s a r à o â I n d i a o a n n o
de 503.
E os Capitàes que este ano mandou forào Afonso d'Alboquer-
que, com bandeira, o corn elle Vicente d'Alboquerque seu sobrinho,
e Duarte Pacheco Pereira; e Francisco d'Alboquerque com bandeira,
e com elle Nicolao Coelho, e Fernào Martins d'Almada, pera ir
andar d'armada no cabo de Guardafuy: todas estas armadas, prouidas
com grande prouimento de todo o necessario com que partirào do
Reyno, nauegando polo regimento que dera o judeu Çacuto, que
jâ os pilotos tinhào exprimentado, nauegando pera outras partes a
que EIRey a isso os mandara.
L. I, t. 1, p. 374.
N° 6.
EXTRAITS DE JOÂO DE BARROS. „DA ASIA".
Edition 1778—1788. Lisboa.
MAÎTRE JACOMO DE MALHORCA.
„Em que (D. Henrique) nào sômente encommendou as cousas
ao boni succedimento délias, mas ainda teve nelle muita industria,
e prudencia pera conseguirem prospero fim ; porque pera este des-
cubrimento mandou vir da llha de Malhorca hum Mestre Jacome,
homem mui docto na arte de navegar, que fazia cartas, e instru-
mentos, o quai Ihe custou muito pelo trazer a este Reyno pera
ensinar sua sciencia aos officiaes Portuguezes daquelle mester."
D. 1, L. 1, cap. 16, p. 133.
N" 7.
OBSERVATIONS ASTRONOMIQUES DE VASCO DA GAMA
DÉCEMBRE 1497.
„E a primeira terra que tomou, antes de chegar ao Cabo de
Boa Esperança, foi a baia, a que ora chamam de Sancta Helena,
havendo sinco mezes que era partido de Lisboa, onde sahio em
terra por fazer aguada, e assi tomar a altura do Sol; porque como
261
do uso do astrolabio pera aquelle mister da navegaçâo havia pouco
tempo que os mareantes deste Reyno se aproveitavam, e os navios
eram pequenos, nào confiava muito de a tomar dentro nelles por
causa do seu arfar. Principalmente com hum astrolabio de pâo de
très palmos de diametro, o quai armavam em très pâos a maneira
de cabrea por melhor segurar a linha Solar, e mais verificada, e
distinctamente poderem saber a verdadeira altura d'aquelle lugar;
posto que levassem outros de latào mais pequenos, tào rustica-
mente começou esta arte, que tanto fructo tem dado ao navegar.
E porque em este Reyno de Portugal se achou o primeiro uso
délie em a navegacào, (perô que em a nossa Geografia largamente
tratamos desta materia em os primeiros Livros délia,) nào sera
estranho deste lugar dizermos quando, e per quem foi achado, pois
nào he de menos louvor este seu trabalho, que o d'outros novos
inventores, que achâram cousas proveitosas pera uso dos homens.
D. 1, L, 4, cap. 2, p. 280.
N" 8.
LA JUNTA DOS MATHEiMATlCOS ET L'ASTRONOMIE.
No tempo que o Infante Dom Henrique começou o descubri-
mento de Guiné, toda a navegacào dos mareantes era ao longo da
Costa, levando-a sempre por rumo, da quai tinham suas noticias
per sinaes de que faziam roteiros, como ainda ao présente usam
em alguma maneira, e pera aquelle modo de descubrir isto bastava.
Perô depois que elles quizeram navegar o descuberto, perdendo a
vista da costa, e engolfando-se no pégo do mar, conhecêram quan-
tos enganos recebiam na estimativa, e juizo das sangraduras, que
segundo seu modo em vinte e quatro horas davam de caminho ao
navio, assi por razào das correntes, como d'outros segredos, que
o mar tem, da quai verdade de caminho a altura he mui certo
mostrador. Perô como a necessidade he mestra de todalas artes,
em tempo del Rey D. Joào o Segundo foi per elle encommendado
este negocio a Mestre Rodrigo, e a Mestre Josepe Judeo, ambos
seus Medicos, e a hum Martim de Boemia natural daquellas partes,
o quai se gloreava ser discipulo de Joanne de Monte Regio, affa-
mado Astronomo entre os Professores desta sciencia, os quaes
achâram esta maneira de navegar per altura do Sol, de que
f i z e r a m suas t a b ( ) a d a s pera d e c I i n a ç à o délie, como se
ora usa entre os navegantes. jâ mais apuradamente
262
do que começou, em que serviam estes grandes astro-
labios de pâo.
[). 1, L 4, cap. 2, p. 281.
N^' 9.
VASCO DA GAMA ET LE I^ILOTE UE MÉLINDE.
Estes entrando em o navio de Vasco da Gama, e vendo na
sua camara tiuma imagem de Nossa Senhora em hum retavolo de
pincel, e que os nossos Ihe faziam reverencia, fizeram elles ado-
raçào com muito maior acatamento; e como gente que se deleitava
na vista daquella imagem, logo ao outro dia tornâram a ella, offe-
recendo-lhe cravo, pimenta, e outras mostras de especiarias das que
vieram alli vender, e se foram contentes dos nossos pelo gazalhado
que recebêram, e maneira de sua adoracào: tambem elles ficâram
satisfeitos do seu modo, parecendo-lhes ser aquella gente mostra
de alguma Christandade, que haveria na India do tempo de S.
Thomé, entre os quaes vinha hum Mouro Guzarate de nacào cha-
mado MalemoCana, o quai assi pelo contentamento que teve
da conversaçào dos nossos, como por comprazer a El Rey, (de
Melinde) que buscava Piloto pera Ihe dar, acceptou querer ir com
elles. Do saber do quai Vasco da Gama, depois C|ue praticou com
elle, ficou muito contente, principalmente quando ihe FTiostrou huma
carta de toda a costa da India arrumada ao modo dos
Mouros, que era em meridianos, e parallelos mui
m judos sem outro rumo dos ventos; porque como o
quadrado daquelles meridianos, e parallelos era mui pequeno, ficava
a costa per aquelles dous rumos de Norte Sul, e Leste Oeste mui
certa, sem ter aquella multiplicaçào de ventos, d'agulha commum
da nossa Carta, que serve de raiz das outras. E amostrando-lhe
Vasco da Gama o grande Astrolabio de pâo que levava, e outros
de métal, com que tomava a altura do Sol, nào se espantou o
Mouro disso, dizendo, que alguns Pilotos do mar Roxo usa va m
de instrumentos de latào de figura triangular, e qua-
drantes, com que tomavama altura do Sol, e principal-
mente da estreUa, de que se mais serviam em a navegacào.
Mas que elle, e os mareantes de Cambaia, e de toda a India,
perô que a sua navegacào era por certas estrellas, assi do Norte,
como do Sul, e outras notaveis, que cursavam per meio do Ceo
de Oriente a Ponente, nào tomavam a sua distancia per instru-
mentos semelhantes aquelles, mas per outro de que se elle servia,
263
o quai instrumento Ihe trouxe logo a mostrar, que era de très
taboas. E porque da figura, e uso délias tratamos em a nossa
Geografia em o Capitulo dos instrumentos da navegaçào, baste
aqui saber que servem a elles naquella operacào, que ora âcerca
de nos ser\e o instrumento, a que os mareantes cha-
niambalhestilha, de quetambemno Capitulo que dis-
se m os se darâ razào délie, e dos seus inventores.
Vasco da Gama com esta, e outras prâticas, que per vezes
teve com este Piloto, parecia-lhe ter nelle hum grào thesouro, e
por o nào perder, o mais brève que pode, depois que metteo per
consentimento del Rey hum Padrào per nome Sancto Espirito na
povoaçào, dizendo ser em testemunho da paz, e amizade, que com
elle assentâra, se fez â vêla caminho da India a 24 dias de Abril.
D. 1, L 4, cap. 6, p. 318—321.
N" 10.
COLOMB ET L.\ JLNT.A DOS .W.ATMEMATICOS.
Segundo todos affirmam, Christovào Colom era Genoez de
naçào, homem esperto, éloquente, e bom Latino, e mui glorioso
em seus negocios. E como naquelle tempo huma das potencias
de Italia, que mais navegava por razào de suas mercadorias, e
commercios, era a nacào Genoez: este, seguindo o uso de sua
patria, e mais sua propria inclinaçào, andou navegando por o mar
de levante tanto tempo, té que veio a estas partes de Hespanha, e
deo-se a navegaçào do mar Oceano, seguindo a ordem de vida
que ante tinha. E vendo elle que El Rey D. Joào ordinariamente
mandava descubrir a costa de Africa com intencào de per ella ir
ter a India. como era homem Latino, e curioso em as cousas da
Geografia, e lia per Marco Paulo, que fallava moderadamente das
cousas Orientaes do Reyno Cathayo, e assi da grande ilha Cypango,
veio a fanteziar que per este mar Oceano Occidental se podia nave-
gar tanto, té que fossem dar nesta Ilha Cypango, e em outras ter-
ras incognitas.
Com as quaes imaginaçôes, que Ihe deo a continuacào de
navegar, e prâtica dos homens desta profissào, que havia neste
Reyno mui espertos com os descubrimentos passados, veio requerer
a El Rey D. Joào que Ihe désse alguns navios pera ir descubrir a
Ilha de Cypango per este mar Occidental; nào confiado tanto em
264
n que tinha sabido, (ou por nielhor dizer sonhado,) d'algumas
llhas OccidLMitacs, como qiiLM-L'ni dizer al^uns Escritores de Castella,
quanto na experiencia que tinha cm estes netiocios serem niui
acreditados os Estran^eiros.
El Rey, porque via ser este Christovào Coloin lionieni falla-
dor, e ^lorioso em mostrar suas habilidades, e mais fantastico, e
de ima^inaçôes com sua Ilha Cypango, que certo no que dizia,
dava-lhe pouco credito. Com tudo â força de suas importunaçôes,
mandou que estivesse com D. Diogo Ortiz Bispo de Cepta, e com
Mestre Rodrigo, e Mestre Josepe, a quem elle commettia estas
cousas da Cosmografia, e seus descubrimentos; e todos houveram
por vaidade as palavras de Christovào Colom, por tudo ser fun-
dado em imaginaçôes, e cousas da Ilha Cypango de Marco Paulo,
e nào em o que Jeronymo Cardano diz. E com este desengano
espedido elle del Rey, se foi pera Castella, onde tambem andou
ladrando este requerimento em a Corte del Rey D. Fernando, sem
o querer ouvir, té que per meio do Arcebispo de Toledo D. Pero
Oonçalves de Mendoça, El Rey o ouvio. Finalmente, recebida sua
offerta, El Rey Ihe mandou armar très caravelas em Palos de
Moguar, donde partio a très dias de Agosto do anno mil quatro
centos noventa e dous.
D. 1, L 3, cap. 11, p. 247 250.
N" 11.
EL MAESTRO DE LOS CARTOGRAFOS MALLOR-
QUINES (JAFUDA CRESQUES).
Jafuda Cresques fué hijo de Cresques Abrae, cuyos antecesores
hacia luengos aiios, talvez desde la conquista, que residian en la
ciudad de Mallorca. Desde 1381 a 1394 habitaba en las casas in-
mediatas al portai y huerto del castillo del Temple, y se dedicaba
al trazado de cartas de navegar, y â la fabricacion de brùjulas: era
pues un cosmografo en toda la estensiôn de la palabra, en una
época en que apenas queda rastro de taies conocimientos. La
traza que tuvo en la construcciôn de brùjulas fué tal, que popular-
mente se le conocia mas que no por maestro Cresques, por el
judio de las brùjulas. Pero si notable fué bajo este aspecto,
no fué menor su fama como cartôgrafo, llegando hasta el punto
265
de .que â su tienda acudian â proveerse de portulanos y mapas,
desde los mâs humildes navegantes del Méditerranée hasta los reyes
mas cultos de Europa. En efecto, a ûltimos de 1381, D. Juan I,
el cazador, enviô por su mensajero Guillermo de Coursey â su
pariente el rey de Francia, un mapa-mundi que ténia en el archive
de su palacio de Barcelona, habilmente trazado por el judio Cres-
ques, quien debia dar a Coursey para que este las trasmitiera al
francés, las instrucciones necesarias para el manejo de semejante
instrumento: prevenia el rey en su carta, que caso de no encontrarse
al autor, que un marinero experto, enterase a su mensajero acerca
de la manera de emplearlo. Este notable mapa-mundi, que los
franceses guardan hoy como veneranda reliquia, y testimonio in-
dubitable de la superior cultura de sus monarcas, que reprodujeron
en 1844 Buchon y Tastu, y Delisle en 1881, suponiéndolo hecho
en Cataluna por encargo de Carlos el sâbio, résulta que fué trazado
por el judio mallorquin Jafuda Cresques y que les fué regalado
por el rey de Aragon.
Algun tiempo después (1387), encarga de nuevo D. Juan otro
mapa-mundi, por el cual se abonan a Jafuda, la al parecer para
aqueila época exorbitante cantidad de 68 libras. Por cierto que era
el monarca Amador de la gentileza, tan dado al manejo de taies
instrumentes, que causa verdadera sorpresa ver con cuanta
frecuencia en sus viajes pide tablas, astrolabios y mapas.
Amigo ta! vez de esparcir sus aficiones entre los poderosos, mien-
tras les pide libros, y lebreles, y mùsicos, por un lado, les devuelve
â su vez sus obsequios en astrolabios, relojes de arena, almanaques
y mapas-mundis, como sucede en 1391 con el conde de Foix. El
saqueo del Call de la ciudad de Mallorca, y la conversion al
cristianismo de los judios aqui résidentes en 1391, comprendiô
también â nuestro cosmôgrafo. El neôfito dejô de llamarse
Jafuda Cresques, y trocô su nombre por Jaime Ribes, que asi se
llamaba un conocido canonigo de la Seo que habia obtenido cuatro
votos en la ûltima elecciôn hecha por el Capitulo para proveer la
mitra de Mallorca.
Desde esta fecha, es el maestro de mapas-mundis objeto de
repetidas distinciones por parte del rey D.Juan: por muchas cartes
de este monarca dirigidas al Gobernador y al Procurador real, se
le facilitan salvo-conductos, se le exime de pago de ciertos im-
puestos, se le ampara contra litigantes temerarios, i\ él y a su
familia, se le dan moratorias, se le llama a la cortc, etc. etc. A tal
266
extremo llevô su entusiasmo el rey por su protegido, que al verse
con insistencia llamado â la côrte, maese Jaime vende su casa al
notario Pera de Sant Pera y se ausenta de la isla. Fuc â Barcelona,
ô â otra poblacioii? Esto queda aun por averiguar. Lo que si
sabemos cierto, es que Don Martin, seguia protegiéndole en 1409
â juzgar por una carta suya que hemos visto.
Ahora bien. Muerto D. Martin, en 1410, que fué del cosmôgrafo
que tendria a la sazon unos 50 ô 60 aiios? Buscô protecciôn sus
â conocimientos y fuese â la floreciente Italia, ô se trasladô â Por-
tugal, donde a la sazon el infante D. f:nrique trataba de fundar la
acadeinia nâutica de Sagres?
Esto ùltimo es lo que conjeturo, y es verosimil que aquel
Maese Jacome de Majorica, tan hâbil en el arte de trazar
cartas é instrumentos, fuése el mismisimo Cresques cuya reputacion
debiô ser popularisima. Que aquel Maese Jacome, de Sagres, no
fué el Jaime Ferrer, navegante ô mejor aventurero, el que en 1346
marche') al rio del Oro, y cuya escueta noticia de su viaje apuntô
por primera vez Cresques en 1375 en sus mapa-mundi, y repro-
dujeron los sucesivos cosmôgrafos mallorquines, esta probado. No
résulta pues inverosimil que Maese Jaime Ribes, el converso, tratara
al residir en Portugal de ocultar su origen judio y se hiciera llamar
Maese Jacome (Jaime) de Mallorca. Por de pronto cabe
hacer constar que otra figura cientifica como la suya no
existia en aquel tiempo en Mallorca.
Para nosotros, es pues indudable, aunque no podemos com-
probarlo hoy con documentos fehacientes, como todo lo demas
que llevamos dicho, que el Jafuda Cresques, luego Jaime Ribes, el
cosmôgrafo de los reyes de Aragon, el gran primer maestro de la
brillante pléyade de cartôgrafos mallorquines, de los Guillermo Soler,
los Vallseca, los Viladestes, los Olivas, los Prunes, los Salvat, y
otros, es el mismisimo Maese Jacome de Majorica primer
director de la escuela nâutica de Sagres en Portugal, institucion de
donde arrancô el gran poderio colonial de los portugueses.
Gabriel Llabrés.
(Boletin de la Sociedad Arqueolôgica Luliana. Palma. Octubre 1890.)
267
N° 12.
CARTOGRAPHIE CATALANE ET MAJORQUINE.
BIBLIOGRAPHIE.
D. Francisco de BofaruU y Sartorio.
Revista Histohca, Barcelona, tome III, Enero 1876 in 4". Contient la
lettre de D. Juan el Cazador au comte de Foix (datée du 1er juin 1391 >.
Dans la Coleccion de cartas ineditas etc. (le No 11 1.
./. A. C. Buchon et J. Tastu.
Notice d'un atlas en langue catalane, manuscrit de l'an 1375 conservé
parmi les manuscrits de la Bibliothèque Royale, par J. A. C. Buchon et
J. Tastu.
Publié dans les:
Notices et extraits des Manuscrits de la Bibliothèque du Roi et autres
Bibliothèques, tome 14 (1841) IJe partie — Paris 1841.
La carte catalane y est reproduite en 6 planches 69\ôl cm et accom-
pagnée de 152 pages de texte.
L. DeslisLe.
Choix de Documents géographiques conservés à la Bibliothèque Na-
tionale de Paris. (Maisonneuve & Co.) Paris, 1883.
Contient la reproduction héliographique de l'Atlas catalan de 1375.
Les planches sont à la même échelle que l'original, comme les planches
de Buchon et Tastu.
Cesario Fernandez Diiro.
1. Los cartografos mallorquines Angelino Dulceti — Jafuda Cresques.
Boletin de la Real Academia de la Historia de Madrid.
t. 19 (1891) p. 366-377.
2. Même titre.
Boletin de la Sociedad Géografica de .Madrid.
t. XXXI (1891) p. 283-^299.
3. Descubrimiento de una carta de marear espanola del ano 1339, su autor
Angelino Dulceri o Dulcert. Boletin de la Real Academia de la Historia
de Madrid. 1888 (abril) p. 287.
D. Fidel Fita.
Estrajo de las Juderias castellanas en 1391. Boletin de la Real Aca-
demia de la Historia de Madrid.
(Conversion forcée des Juifs de Majorque) t. A' 17, /;. 433.
Dr. F. T. Haniy.
Études historiques et géographiques par le Dr. E. T. Hamy, Membre
de l'Institut. Paris 1896.
Cet ouvrage traite dans un texte de 480 pages, beaucoup de ques-
tions du plus haut intérêt pour l'histoire des découvertes maritimes. \''oir
les chapitres suivants:
1. Les origines de la cartographie de l'Lurope septentrionale, pages 1 à 92.
2. Cresques lo Juheu. Note sur un géographe juif catalan, p. 105. Cet article fut
268
ci^ak'inL'iil publié dans le Bulletin de i^roL{rap/ii(' historique et descriptive,
IS9I, No 3, Paris (E. Leroux).
3. Quelques mots encore sur Cresqucs lo Julicu, p. 44S.
4. La mappemonde d'An^elino Dulcert de Majorque, p. 419.
5. Notice sur une carte marine inédite du cosmojjraphe majorquiii Clahriel
de Vallsecha (1447), p. 11 1 et 452.
l). Gabriel LIabrés.
1. Los cartô^rafos mallorquines. — S\g\o XIV. Holetin de la Sociedad
Arqueologica Luliana. (Paltna). 18SS (25 Setiembroi.
2. El maestro de los cartôgrafos mallorquines; même „lioteti/i", !S9() (Oc-
tubro). Article reproduit ci-dessus.
3. Cartôj^rafos mallorquines. Pué malloiquin Angelinus Dulceti?; même
„Boletin", 1890 (Noviembre).
4. Algo mas sobre Jafuda Cresques; même „Boletiii", t. IV (Aniio 7) ii" 140,
p. 158—161.
Gabriel Marcel.
Article sur la carte d'Angelino Uulceti dans le Bulletin de la Société
géographique de Paris, 1887.
A. E. Nordetiskiôld.
Péri pi us. Traduction anglaise par F. .1. Bather, 1897. Oeuvre clas-
sique traitant à plusieurs endroits de la carte catalane et de la cartographie
majorquine.
y. M. Quadrado.
La Juderia de la ciudad de Mallorca en 1.391. Boletin de la Real
Academia de la Historia de Madrid. 1886, t. IX, p. 299 et 309.
A consulter sur Jafuda Cresques et les cartes qu'il dessina pour le roi
l). juan d'Aragon.
Sophus Rage.
Qeschichte des Zeitalters der tntdeckungeii, Berlin. 1881, p. 78.
Reproduit la carte catalane à petite échelle (sans les deux planches astro-
nomiques et cosmographiques.)
APPENDICE N'^ 1
Les débuts de D. Joào en 1474.
La lettre de Toscanelli est datée de l'année où commence l'action
coloniale du prince royal; c'est une coïncidence qui ne semble point
l'œuvre du hasard. On dirait au contraire que l'étude de la route
de l'Occident est la conséquence de l'apparition de D. Joào dans le
domaine des découvertes. Cette supposition nous a conduit à re-
chercher d'autres documents de la même année, concernant la
marine et les affaires coloniales.
On peut ainsi établir que les sujets suivants furent examinés
en 1474:
1. Etude de la route de l'Occident (Toscanelli, 14 juin 1474).
2. Interdiction des entreprises maritimes privées dans les mers
de Guinée (Loi du 31 aoijt 1474).
3. Cautionnement à exiger des expéditions maritimes privées
destinées à des voyages au long cours (Loi du 10 septembre
1474).
4. Mesures en faveur des armateurs (exemption de droits).
(Loi du 4 novembre 1474.)
L'ensemble de ces questions accentue l'importance à donner
à l'année 1474. Les documents reproduits à la suite sont donc à
considérer comme le point de départ de nouvelles recherches
devenues nécessaires pour éclaircir le commencement de l'adminis-
tration coloniale de D Joào.
Loi du 31 août 1474 (Doc. N" 14).'
Cette loi déclare d'abord que le commerce africain, obtenu après
de grands sacrifices et périls, était le monopole de la couronne, et
que ses revenus appartenaient au prince royal. Elle confirme la
(') Les copies des documents N^ 14 et 15 nous ont été aimablement
fournies par M. Antonio Baiào, directeur des Archives de la Torre do Tombo
à Lisbonne.
270
concession mentionnée dans la lettre du 4 mai 1481. (Doc. N" 13.)
Ensuite on y interdit, sous peine de mort et perte de biens, toutes
les entreprises privées dans les mers et îles de Guinée, faites sans
un permis royal. Pour de légères infractions à la loi on était frappé
d'une amende en faveur du prince; pour d'autres plus graves on
encourait jusqu'à la peine de mort.
Le privilège des droits commerciaux avait été donné à D. Henrique
par la loi du 25 février 1449, les pénalités prévues sont cependant
bien plus sévères dans la nouvelle loi.
En interdisant aux particuliers le trafic dans les régions de la
Guinée, on déviait vers d'autres parages l'esprit entreprenant de la
population maritime, de plus en plus séduite par l'importance crois-
sante du commerce africain. Les entreprises privées, dont il est
question dans la loi suivante, démontrent le fait que nous venons
de signaler.
Loi du 10 septembre 1474 (Doc. N» 15).
Par cette loi on impose un cautionnement aux navires des entre-
prises privées, apprêtés dans les ports du royaume pour les voyages
au long cours. On rend obligatoire la sanction royale pour ces
expéditions, et celle-ci ne pouvait être accordée qu'après la présen-
tation d'un document du port de départ prouvant que le cautionne-
ment imposé par la loi avait été réalisé.
En cas de contravention on prescrit la perte des biens pour le
propriétaire du navire, le capitaine et l'équipage. Le propriétaire
devait avoir la certitude de la sanction royale pour l'expédition,
avant de réaliser l'affrètement. Tous les biens confisqués revenaient
à la couronne y compris le navire. Une pénalité sévère était encore
imposée aux officiers en charge au port de départ en cas de négli-
gence et on ordonne aux autorités compétentes une vigilance efficace
dans tous les ports du royaume. On avertit que de
nombreux navires s'apprêtaient secrètement et quit-
taient le port aussitôt que le cautionnement leur était
demandé.
Le dépôt de garantie, exigé également dcs étrangers ayant
affrété des navires portugais, était une mesure de protection contre
le brigandage en mer. Le besoin de cette loi démontre évidemment
l'abondance d'entreprises maritimes privées dans tous les ports du
royaume. Rappelons que cette mesure législative est postérieure
de deux ans environ au voyage encore incertain de Joào Vaz Corte
271
Real et qu'elle est antérieure de 18 ans à la découverte de
Colomb.
Loi du 4 novembre 1414}
Le développement des constructious navales avait été favorisé
par le roi D. Fernando (1367 — 1383). Oliveira Martins a déjà traité
longuement la série de lois promulguées à cette époque; il les
déclare le modèle de la législation maritime moderne. -
La loi du 4 novembre 1474 renouvelle et étend les privilèges
accordés aux armateurs nationaux pour des bâtiments supérieurs
à 100 tonnes.'' Nous n'avons pas examiné les détails de ce document
publié intégralement (?) dans la source indiquée par Lopes de
Mendonça. Cette loi semble montrer qu'en abordant les affaires
coloniales D. Joào fut aussitôt saisi par ce point capital des entre-
prises maritimes, les constructions navales.
Document N" 13.
Administration coloniale de D. Joào dès 1474.
Lettre de confirmation datée du 4 mai 148L
Dom afomso etc. A quamtos esta nossa carta virem fazemos saber que
cm comsiramdo noi como o primcepe doin Joham meu sobre todos muito
prezado e amado fylho semdo Ja em ydade de dezanove annos nom tinha
algùu tal carreguo nem ciiidado em estes Regnos de mando e Regimento
por prazer nosso Senhor Deus de nos ajudar sermos viuo e os gouernarmos
e mandarmos porque teuesse causa e cayse necesedade de se occupar em
algiàu bôo e onesto e.xercicio porque espertasse seu emtender e ouuesse a
pratica de como os Re.x e primcepes gouernam e negoceam e desembarguam
as cousas que sob sua maào ordenamça e mamdo sam o que muito he
proueitoso aquel es que esperam de uir a ai;os Sennorios e gouernamça de
Regnos e pouos como com a graça de deus o dito meu filho espéra especial-
memte aos que em ydade de adolecemcia e mancebia sam os quaees a natu-
reza e asy os que com elle comuersam por Iso mesmo serem mancebos e
merinam e tiazem a outros e.xercicios e deleetes e os aRed.im de to.!a
(') Lopes de Mendonça, Estudos sobre navios portuguezes no seculo
XV e XVi. 1892 p. 7, d'après Livros ineditos da Historia portugueza t. II!
iLivro vermelho de D. Affonso V).
(-) Oliveira Martins, Portugal nos mares, 1902, p. 24, 29.
(') Selon Lopes de Mendonça pour comparer le tonnage ancien à la
mesure moderne il faut doubler les nombres indiqués dans les anciennes
chroniques portugaises. Lopes de Mendonça: Estudos sobre navios portuguezes
nos seculos XV c XVI Lisboa, 1892, p. 7.
272
ocLipaçam e cujdado desprito R porem quiscmos emcarregiiar o dito meu
filho dos feitos das parles de Guinée e emuestijjaram dos mares terras e
.ijerrites e cousas délies que aos uiuemtes aguora e aos que nos preceram
foram sempre muyto Inotos alee o tempo do Ifamte dom amrrique meu tyo
cuja aima deus aja que comerou e trabalhou muyto por emuestigar e auer
de todas as ditas cousas noticia o quai carreguo Ihe asy quisemos dar porque
em elle se praticam as primcipaees cousas em que o Rey e primcepc deue
saber negocear. S. (a saber) guerra Justiça e fazemda, guerra porque muitas
uezes lie necessario de se estes trautos defemderem per armas fazemdo arma-
das contra os que a elles querem hir e em elles sem liçemca Resguatar.
Justiça porque aquelles que comtra as lex feitas pera boo Regimento e sorti-
mento dos ditos trautos vaa, ajam de ser punidos por Justiça. Fazemda por-
que dos ditos trautos se ha Remda e proueito ao quai se deue dar hordem
perque se comserue e acrecemte. E comsiramdo nos Iso mesmo como o dito
meu fylho a que aquelle tempo démos sua Caza e modo pera per sy uiuer na
maneira e estado que a elle comuinha eram necesarias grossas Remdas pera
seu soportamento Ihe fezemos loguo com outras doaçam e mercee da Remda
e proueito que se dos ditos trautos podese auer mas nam ihe foy entam
dello feita carta e porque nos sabemos certo que elle da per sy e per seus
ofeciaees muy boa hordem e nauegaçam destes trautos e os gouerna muy
bem praznos muyto de Ihe termos feita a dita doacam e mercee délia e
comfirmamos-lha e auemolla per Feita e firme des o tempo que Iha fezemos
e por mais avomdamento e mylhor decraraçam délia nos de nouo Ihe fese-
mos outra vez doaçam e mercee em sua uida dos ditos trautos de guinee e
pescarias dos mares délies asy os da mina e darguim como de todollos outros
Rios e quaesquer lugares homde se ora Resguata ou Resguatar pode na agoa
ou na terra per quaesquer nomes que sejam chamados ou que nomes nam
tenham e esto des o começo dos mares e terras omde se per qualquer guisa
Resguata pesca ou Resguatar e pescar pode ou outro proueito auer atee fim
delle e délias nam soomente no que atee ora he achado e descuberto mas
no que se ao diamte em qualquer tempo achar e descobrir o que tudo Ihe
asy damos tam Imteira e compridamente como a nos pertencë. E quamdo
Ihe asy fizemos a dita doaçam pertemçia asy pella bulla que do Santo padre
da dita guinee e trautos délia temos como per a lomgua e comtinuada pose
ou casy pose que délia sempre tiuemos ou per outro alguù modo que per
direito em ella c em os ditos trautos tenhamos. E queremos e mandamos que
qualquer cousa e parte que dos ditos trautos de guinee ou argy ou ao presemte
per comtrauto e doaçam que Ihe o Ifamte dom amrrique que deus aJa, ou
nos fizemos ou per outro alguu modo tenha ou pesua tamto que a dita
doaçam ou comtrauto ou outro modo ouuer fim loguo todo venha ao dito
meu fylho per que de tudo Ihe fazemos d'agora pera entam doacam asy e
tam firmemente como do que agora pesuimos ou pesuyamos ao tempo da
primeira doaçam e asy como se tudo o que agora per outrem he posuido
fose ao tempo desta nossa carta em nosa maào e poder defemdemos a todos
de qualquer estado e comdyçam que seJam que algum nam vaa nem man-
de as ditas partes de guinee nem a alguma délias que todas chamamos de
guinee posto que outros nomes tenham e per outros seJam nomeadas e
pelos que em ellas praticam e emtrar Resguatar mercadejar pescar sem man-
273
dado ou liçemca do dito meu filho sob as penas que nas hordenaçôees e
Rigimentos sobre esto caso feitas ou fezermos contheudas nas quaes emcorram
asy como se nos os ditos trautos Resguates e pescarias teuessemos em elle
ou em outro nam trespasaramos. E porque nos tinliamos outorgado ao dito
Ifamte meu tyo que os ditos trautos Resguates e pescarias de nos em sua
vida tinha alguus podercs Jurdiçam e graças acerqua destas cousas a nos
apraz e queremos que ho dito primcepe aja tudo o que elle dito Jfâte de nos
auia perque tudo Ihe cedemos e outorguamos como as o dito Ifamte tinha.
Porem mandamos aos nossos veedores da fazemda e corregedores Juizes e
Justicas e todollos outros ofeciaees de nosos Regnos a que esto pertencer
que ajam as ditas partes de guinee trautos Resguates e pescarias délias por
do dito primcipe meu fylho e Ihas leixem auer a gouernar e em ellas trautar
e mandar trautar e mandar pescar per sy e per aquelles que Ihe elle aprouuer
e pera ello dar licemra com todos poderes Jurdiçam e gracas que Ihe em
esta nosa carta outorguamos sem alguOa duuida nem pejo que Iho a ello
ponham. E per certidâ de todo e sua segurança Ihe mandamos dar esta nosa
carta asinada per nos e asellada do noso sello pendemte dada em torres no-
uas aos quatro dias do mez de mayo fernam despanha a fez anno de nosso
Scnhor Jhûs xpo. (christo) de mil iiijclxxxj (1481) annos.
Annaes Maritimos e Colonioes No 2 — 5e série 1845, p. 37.
Document N" 14.
Loi du 31 août 1474.
Dom afomso per graça de deos Rey de purtugall E dos algarues daaquem
e daaiem mar em africa A quamtos esta carta nossa dordenaçom e detre-
mihaçom virem fazemos saber que esguardamdo nos em como os samtos
padres de Roma nos teem feita merçee e doaçom pera sempre das partes e
mares e terra de guinea e Jlhas do mar ouçeano des o cabo de nom e bogedor
atee o merio' dya E que nenhuma pesoa a elles nom \aa nem mande trautar
nem guerrear sem licemça e autoridade nossa sob pena de gramdes escomu-
nhoôes que em ellas poem E como pera booa gouernamça e sostymemto dos
trautos e Resgates que em as dictas partes de guinea teemos e ao diamte com
a ajuda de deos emcommendamos teer polio que cada dia mamdamos descobrir
maar de terra noua O que fazemos com gramdes gastos e perjgos e despesas
E porem comuem poer lex e ordenaçoôes perque o dicto trauto mantheudo
e gouernado seja a seruiço de deos e nosso e bem e proueito de nossos
Regnos E jsso meesmo comsirando como sempre em tempo del Rey meu padre
que deos aja como no nosso des que o Iffamte dom amrrique meu tyo que
deos aja que foy o primeiro que inamdou descobrir e nauegar nas dictas partes
e mares de guinee e llhas atee ora asy per autoridade das dictas leteras que
da dita doaçom teemos como per posse e custume sempre foy vedado e defeso
per nos aalem das dictas escomunhoôes e defesa dos dictos samctos padres
de pessoa al^inuna auer de hyr nem mamdar aas dictas partes e terras e
mares de guineea trautar nem Resgatar nem guerrear sem nossa licemça e
i") meio (V).
274
aiiluridadi.'. l: al,i<Liiis que se tiello amlieiiieteram ein caso que forain nuiy poucos
ouueram por e!lo assa/. graues penas asy nos corpos como nos beens Empero
nom auia hy ordenaçom cm escripto de pena çerta nem limitada naquclles
que ousam de se amtremeter e fa/.er semelhanite — Porem queremdo nos
a ello prouer como dicto teemos por ao diamte nom vyr duuida amtre os
leterados nosos da maneira que ouuessem de teer em o tall caso por hy nom
auer pena limitada e çerta semtimdo o asy por seruiço de deos e nosso e bem
e proueito de nossos Regnos e naturaees determinamos e deciaramos e poemos
por ley que qualquer pessoa de qualquer preuiniemçia estado e comdiçom que
seja que aas dictas partes e terras e mares de i^uinea for ou mamdar trautar
nem Resgatar nem j^uerrear ou mouros tomar sem licemça e autoridade nossa
rnoira por ello e per esse meesmo fecto perça todollos beens que teuer asy
moues como de rraiz pera a coroa de nossos Re^nnos E esta meesma pena
queremos e mandamos que ajam aquelles que rroubarem ou tomarem os
nauios ou alguuma cousa délies que aas dictas partes de guinea for Rest^atar
e prouado Ihe for que nom fez verdade e digo de guinea forem ou \ierem
per nossa licemça e mamdado ou daquelles que o da nossa maào teem ^ mais
determinamos e poemos por ley que todo capitam que aas dictas partes de
guinea for Resgatar e prouado Ihe for que nom fez verdade e sonega ou toma
alguuma cousa de moor preço que huum marco de prata moira por ello asy
como se outro furto fezesse e cometesse E leuamdo mercadoria escomdidamemte
ou comsemtimdo leuar pera Resgatar sem ser vista per os ofiçiaaes dos dictos
trautos primeiramente perça todo o que leuar E mais seja degradado huum
anno pera aa nossa çidade de tamjer E esta meesma pena queremos e
mamdamos que ajam os escpriuaaes dos nauios que forem Resgatar leuamdo
mercadoria ou comsemtimdo leuar escomdidamemte E nom escreuemdo todo
o que Ihe mamdamos per nossos Regimentos ou do priinçipe meii sobre
todos miiiio preçado e arnado filho a que dos dictos trautos teemos fecta
merçee queremos que ajam pena de falsos como aquelles que em seus ofiçios
cometem erro ou falsidade E mais determinamos e poemos por ley que ne-
nhuuma pesoa de qualquer estado e comdiçom que seja nom leue nem dee em
nauio nem barca nem batell nenhuuma mercadoria dos nauios que forem aa
dicta guinea sem primeiro ser vista per os fetores dos dictos trautos E quem
o comtrairo fezer perça a mercadoria que asy leuar e mais o batell E pague
da cadea seisçemtos reaees pera o principe e Senhor do trauto./ E qualquer
que tomar ou Reçeber em sy ou casa sua malaoueta ou outra espeçiaria que
de guinea veenha sem primeiro ser vista pellos dictos feitores Porem mam-
damos a todollos nossos corregedores Juizes e justiças de nossos Regnnos que
façom comprir E guardar esta nossa ordenaçom como se nella comtem fazemdo
eixecutar as dictas penas nos que comtra ella forem / damdo a cada huum a
pena que mereçer segumdo nesta ordenaçom e determinaçam he comtheudo
A quall queremos que asy se cumpra e guarde pera sempre /. dada em a nossa
çidade de li.xbooa trimta e huum dias do mes dagosto nicolau eaiies a fez
Anno de noso senhor Jhesus christo de mill quatroçemtos e setenta e quatre //
El Rey (com rubrica c guarda) ordenaçom açerca dos que vaào a guinee ".
ley jerall per que he defeso que nymguem nam arme pera gujne nem leue
mercadorias defesas com penna-
Maço 1 de Le is — Numéro 178 — (Archivo da Torre do Tombo.)
275
Document N° 15.
Loi du 10 septembre 1474.
Adicam ha defcsa e detrcminaçom per que he mandado a quaees quer
pessoas do rregno que armarem nauios antes que partam dem fiança etc. que
nenhuuma pessoa arme naujo alguum pera amdar darmada sem ho primeiro
fazer saber a El Rey e auer délie sua licença com certidam dos officiaeés da
çidade villa ou luguar homde ouuer darmar como tem dada fiança e outras
limitaçoèes:
Dom Afomsso etc. A todollos corregedores vereadores Juizes e Justiças
officiaeés das Cidades villas e luguares de portos de maar de nossos Regnos
e a todallas outras pessoas a que pertemçer e esta nossa carta for mostrada
saude sabede que por quanto nos soubemos e fomos em formado que sem
embargo da defesa e detreminaçoès outras nossas que per cartas e aluaraèes
nossos tenios passados per que quaèes quer pessoas que em nossos Regnos
armarem nauios antes que partam dem fiamça aos officiaeés dos luguares homde
asy armarem a nom auerem de fazer dapno nem nojo aos amiguos e alliados
nossos e de nossos Regnos e partimdo sem darem a dita fiamça que quallquer
nojo ou dapno que aos sobre ditos per elles for feito se pague pellos beens dos
officiaeés que aquelle tempo teuerem carreguo do Regimento do luguar ou
luguares em que os taèes armarem. sem embarguo delio muitos pero
arinani escomdidamente e outras em annando e hem Ihes Requemrido a
fiamça se partem sem a dar E ao despois se elles alguum tempo digo alguum
dapno fazem os offiçiaèes andam com escusas allegamdo que nam sabiam
parte de como armauam nem do tempo de sua partida E queremdo nos a todo
prouer polios dapnos e Imcoucnientes que se dello seguem Detreminamos e
mandamos e poemos por ley que daquy em diamte nenhuuma pessoa de
quallquer estado e comdiçam arme naujo alguum que seja pera auer de hir
ou mandar darmada sem primeiramente nollo fazer saber e auer pera ello
nossa liçemça per aluara nosso asinado per nos ho quai! amtes de Ihe seer
dado ho dito aluara de licemça nos fara emformaçom de como quer armar e
semdo nossa merce de Ihe darmos pera ello luguar Ihe mandaremos primei-
ramente dar carta nossa pera os offiçiaèes da çidade villa ou luguar em que
ouuer darmar per que Ihe filhe fiamça e Ihe dem certidam pera nos de como
Ihe tem filhada ha dita fiança per a quai! certidam Ihe sera feyto aluara nosso
de licemça pera os ditos officiaeés per que leixem a^mar no qjall aluara farâ
mençam de como ja tem dada fiança E quallquer que daquy em diamte
armar naujo alguum sem pera ello auer primeiramente nossa licença e dar
fiamça como suso dito he detreminamos e mandamos que per esse mesmo ffeito
perça pera nos todos seus beens asy moues como de rraiz asy ho capitam
em começando darmar como quaes quer que com elle em sua conpanhia
partirem e forem darmada e ho Scnhorio do nauio que ho fretar pera hir
darmada sem primeiramente Ihe seer mostrado ho aluara nosso de licemça
pira ho tall que Iho fretar podcr armar perça jsso mesmo pera nos os ditos
beens e mais ho nauio E allem de toda esta dita pcna mandamos que os
officiaeés que aquelle anno fort m no luguar domde elle asy for e armar paguem
por seus beens todos os dapnos e rroubos que elle fizer a quaèes quer alliados
276
e amiguos nossos e de nosos rregnos seguindo que ja damtes desta hordenaçom
tiossa per as outras cartas e aluaraèes nossos temos detreminado e mandado
e por quamto hy auia duuyda que as taees fianças aos armadores se nom
deuiani de filhar senam pera os naturaees de nossos Regnos e de castella
porque em espeçiall he loguo apontado nos trautos das pazes dantre estes
nossos Regnos e os ditos de Castella que se aja asy de fazer detreminanios
e mandamos que as ditas fiamças se filhem e entendam daquy em diante asy
pera quaèes amiguos nossos e de nossos Regnos ou que comnosco e com
elles tenham por tenpo çerto paz ou treguoa como pera os dos ditos Regnos
de castella porque asy ho auemos por nosso seruiço e bem de nossos Regnos
e aos oïficiaèes que aos armadores as ditas fianças nam filharem asy paguarani
quaëes quer dapnos ou rroubos que elles fizerem asy a huuns como aos
outros E esta nossa carta de declaraçom detreminaçom e mandado mandamos
que se publique em a nossa chancellaria e notefique em luguares de porto de
mar de nossos Regnos e Registe nos liuros das camaras délies pera nom
aleguarem Inoramçia e se compridamente dar a execuçom dada em a nossa
Cidadc de lixboa dez dias de setembro christouani de bairros a fez anno de
mjll quatrocemtos setemta e quatro:
Livra primeiro-Extras, folhas 37. (Archivo da Torre do Tombo).
APPENDICE No 2.
RÉSUMÉ CHRONOLOGIQUE DES DÉCOUVERTES.'
La récapitulation suivante est à considérer comme une esquisse super-
ficielle d'un travail plus ample et soigné devenu nécessaire. Une étude pareille
enregistrant les documents nombreu.x éparpillés dans des œuvres peu connues
ou d'accès difficile, serait en quelque sorte le bilan d'une vaste bibliographie
sur les découvertes, et le meilleur moyen de reconnaître les lacunes à combler
ou les détails à éclaircir.
Les sources historiques présentent souvent des écarts de dates pour de
nombreux voyages; une étude critique de ces divergences pourrait seule
conduire à des résultats précis. Ce travail sortirait du programme de notre
étude. Le résumé suivant n'a donc pas la prétention d'exactitude, pas plus que
d'épuiser en quelques pages un sujet aussi vaste. Notre but a été de bien
mettre en évidence, dans un tableau général, la marche et la portée de ce qui
s'est passé au Portugal dès les débuts, en 1416, jusqu'à la découverte de
Colomb et au voyage de Magalhàes.
Pour les dates et les documents concernant les biographies des marins
portugais nous signalerons en première ligne l'œuvre classique „0s trabalhos
nauticos" de Souza Viterbo. Les admirables recherches de cet auteur forment
(') Les signes conventionnels * et f se rapportent à des documents
reproduits dans Alguns documentos do Archivo Nacional da Torre do Tombo,
Lisboa 1892. * signifie un document reproduit intégralement, f signifie une
citation ou un extrait.
277
aujourd'hui les premières bases de l'histoire encore à écrire des s^rands pionniers
de l'art de la navigation des temps modernes.
/. Les débuts du Portugal maritime.
D. Diniz (1279—1325).
1290 Fondation de l'université de Lisbonne.
1314 Concession à Nuno Fernandez Cogominho, amiral du royaume.
1317 Engagement de Manuel Pezagno de Gênes comme amiral, poste trans-
missible à ses héritiers.
D. Affonso IV (1325—1357).
axatit 1336 Première expédition aux îles Canaries.
1341 Deuxième expédition aux Canaries sous Niccoloso de Reccho, Génois ei
Angiolino dell Teggia de Corbizzi, Florentin.
1345 Lettre royale au pape Clément VI abandonnant les îles Canaries en
fa\eur de D. Luiz de Lacerda (Espagne).
1354 Loi du roi d'Aragon imposant l'usage de cartes nautiques à bord des
navires.
D. Fernando (1367—1383).
Législation favorisant les constructions navales; institution de l'inspection
des navires et des secours mutuels des armateurs.
1375 Date de la carte catalane.
1311 Carte de Pietro Visconte (Venise).
1339 „ d'Angelinus Dulceti (Majorque).
1381, 1389, 1391 Travaux cartographiques de Jafuda Cresques pour
le roi d'Aragon.
1385 Carte de Guillaume Solery (Majorque).
1413 „ de Mecia de Villadeste (Majorque).
1436 „ d'Andréas Biancho (Italie).
1439 „ de Gabriel Vallsecha (Majorque).
1453 „ de Fra Mauro (Venise).
D. JosiO 1 (1385-1433).
1385 — août. Victoire des Portugais sur les Espagnols à AIjubarrota.
1390 Voyage des Vénitiens Zeno en Islande.
1393 Concession royale à micer Cairros, amiral, fils de micer Lançarote et
petit-fils de Manuel Pezagno.
1412 I?) Engagement de maître Jacomo de Malhorca.
1415—21 août. Conquête de Ceuta.
//. Infant D. Henrique.
n. à Porto 1394—4 mars; m. à Sagres 1460-13 novembre.
14IH Départ de l'Infant D. Pedro pour ses voyages en Europe et en Orient
1418 Découverte de Porto Santo par Bartholomeu Perestrello.
1419 Découverte de Madère par Gonçalves Zarco et Tristào Vaz.
1425 Population introduite à Madère et Porto Santo.
278
1-42S Retour de D. Pedro; ayant visité l'Orient il apportait à son frère, D. Hen-
riqiie, une copie des voyages de Marco Polo faite à Venise et une mappe-
monde italienne.
1429 Mariage de l'Infante D. Isabelle (sœur de D. Henrique, mère de Charles le
Téméraire) avec Philippe le Bon, duc de Bourgogne.
14.Î1 12 octobre. Fondation d'un cours d'astronomie à l'université de
Lisbonne.
1433 — 14 aoijt. Mort de D. Joào I; avènement de D. Duarte.
1433 — 26 septembre. Concession à D. Henrique des îles de A'iadère et
Porto Santo. *
1434 Reconnaissance de Gil Eannes au Cabo Bojador (26"6'l.n).
1435 — 15 août. Découverte de S. Maria (Açores) par Gonçalo V'elho Cabrai.
1435 Reconnaissance d'Angra dos Ruivos par (jil Eannes et Gonçalo Baldaya
(24"50' I. n).
1436 Reconnaissance d'Angra dos Cavallos par Baldaya (24"3()' 1. n).
1436 Reconnaissance du Rio do Ouro par Antào Gonçalves. (23"45' I. n).
1437 Désastre de Tanger. Captivité de l'Infant D. Fernando mort à Fez 1443-
1438 — 9 septembre. Mort de D. Duarte; a\ènement de D. Affonso V, régence
de D. Pedro oncle du roi.
14,^9 — 2 juillet. Permission à D. Henrique de peupler les 7 iles des Açores
alors déjà découvertes.*
1440 Reconnaissance de Porto do Ca\alleiro par .Antào Gonçalves et Nuno
Tristào (23N. n)
1442 Reconnaissance de Cabo Branco (20"48' 1. n) par Nuno Tristào.
1443 — 22 octobre. Interdiction de naviguer au-delà du Cabo Bojador sans
permis de l'Infant.*
1445 Première e.xpedition de Lançarote (Lagos); île d'.Arguim, île de Tider et
Cabo do Resgate (19"24'l. n.).
1446—3 février. Interdiction de naviguer au.\ Canaries sans permis de l'Infant.*
1446—1 novembre. Concession de l'île de Porto Santo à Bartholomeu Perestrello.*
1446 — E.xpedition de Nuno Tristào suivie d'une autre par Diniz Dias. Recon-
naissance de Cabo Verde (15'M.n.)
1446—10 août. Deu.xième expédition de Lançarote a\ec Soeiro da Costa.
Embouchure du Sénégal (16"l.n.).
1446 Alvaro Fernandes dépasse le Cabo Verde.
1446 Gil Eannes. E.xpedition à Cabo Verde, Arguim et Cabo do Resgate,
avec Estevào Affonso, Diogo Gonçahes, Gomes Pires et Joào Fernandes,
pilote.
1447 Un navire portugais atteint l'Islande ou le Grœnland (Las Casas).
1447 E.xpedition de Diogo Gil et Joào Fernandes au Rio do Ouro.
1447 Expédition de Fernào Affonso avec Balart, noble danois, au Cabo Verde.
1449—25 février. Concession royale à D. Henrique des droits commerciaux de
la côte entre Cabo Cantim et Cabo Bojador.*
1449—21 mai. Mort de l'Infant D. Pedro à Alfarrobeira.
1451 — 19 août. Mariage par procuration de D. Leonor (fille de D. Duarte, mère
de Maximilien I) avec Frédéric III empereur d'Allemagne.
1452—53. Voyage de Diogo de Teive vers l'Occident ; découverte des îles Flores
et Corvo (Açores).
279
1454 — 8 janvier. Bulle du pape Nicolas V sur la conquête de l'Afrique et les
découvertes de l'Infant.*
1455 — 22 mars. Départ d'Alvise de Cà da Mosto (1er voyage); rencontre avec
le Génois Antoniotto Usodimare; retour à Lagos avant décembre 1455.'
Reconnaissance de Foz do Gambia (13"30'l. n.) et Foz do Casamansa
(12»30'l.n.i.
1456 — 13 mars. Bulle du pape Cali.xte 111 accordant à l'Infant la juridiction
spirituelle des découvertes du Cabo Nom jusqu'aux Indes.*
1456 — mars ou mai. Départ de Cadamosto (2e voyage) avec Usodimare. Décou-
verte de 5 îles de Cabo Verde (Santiago, S. Felipe, das Mayas, Sam
Christovam et Sali).
1157Jehuda ibn Verga, auteur de tables astronomiques, écrit à
Lisbonne un traité d'astronomie.
1457 E.xpédition de Diogo Gomes, Joào Gonçalves Ribeiro et Nuno Fernandes
à Gambia.
1457—17 novembre. Concession royale à l'Infant D. Fernando des îles qu'il fera
.découvrir. *
1458 Guerre africaine. Prise d'Alcacer-Seguer.
1458 — 17 mai. D. Henrique confirme à Pedro Correa, beau-frère de Colomb,
la possession de l'île de Porto Santo. *
1459 Copie de la carte de Fra Mauro obtenue de Venise par l'entremise de
Trevigiano, ambassadeur vénitien à Lisbonne.
1460 — 22 août. Concession de D. Henrique à D. Fernando des iles de Terceira
et Graciosa (.Açores).t
1460 — 13 novembre. Mort de D. Henrique à Sagres.
///. Infant D. Fernando, successeur de D. Henrique
(fils de D. Duarte, père de D. Manuel)
n. 1433—17 novembre; m. 1470 — 18 septembre.
1460—3 décembre. Concession à D. Fernando des îles de .Wadeira, Açores et
Cabo Verde y compris les droits et la juridiction appartenant à l'Infant
D. Henrique. *
1461 Reconnaissance de Foz do Rio Grande par Pedro de Cintra (1 l'5U' 1. n.).
1462 Diogo Gomes de Cintra enregistre l'usage du quadrant dans la navigation.
1462—19 février. Concession à Joào de V^ogada des deux îles de Lono et
Capraria.f
1462 — 19 septembre. Concession à l'Infant D. Fernando de 5 iles découvertes
par Antonio de Noli, du temps de D. Henrique (Santiago, Sam Felipe.
das Mayas, Sam Christovam et Sali); et de 7 îles découvertes sous
D. Fernando par Diogo Affonso (Diogo Gomes de Cintra?), (Brava
S. Nicolau, S. Vicente, Rasa, Bramca, Santa Luzia et S. Antonio). *
1462—29 octobre. Concession à D. Fernando d'une île aperçue par Gonçalo
Fernandes à O. N. O. des Canaries et de Madère et qu'il faisait de nouveau
rechercher. *
(') Joseph Rackl, fJ)ie Reisen des Venetianers Ahise da Cà da Mosto.
Nùrnberg 1898.
280
1465 Reconnaissance de Serra Lcoa par Pedro de Cintra et Soeiro da Costa
(8"30' I. n.).
1469 Reconnaissance de Cabo das Paimas, Rio Soeiro da Costa et Cabo das
Très Pontas par Soeiro da Costa,
1469 Adjudication à [-ernào Gomes du commerce de la (jiiinée pendant >5 ans
avec engagement de décou\rir l()(i lieues de côte par an, à partu' de
Serra Leoa.
D. Brites, veuve de D. l'eniando.
1470 19 octobre. Restriction royale du droit de commerce pour certaines
marchandises de la Guinée en faveur de la couronne. f
1471 Guerre africaine Prise de Tanger et d'Arzilla.
1471 janvier. Reconnaissance de S. Jorge da .Mina par Joào de Santarem et
Pedro Escobar.
1471 Découverte des îles de Fernando Pô, Formosa, S. Thomé, Principe et
Anno Bom (nommée insula Martini dans le globe de Martini Behaimi.
Sequeira arrive au Cabo de S. Catharina {V5\' 1. s.).
1472 Première édition de la Sphère de Sacrobosco (Ferrare,
manuscrit d'environ 1240).
.Avant 1472 Voyage de Joào Vaz Corte Real à Terre-Neuve (?)
1473 — 12 janvier. Concession à D. Brites d'une île recherchée à pkisieurs
reprises par ordre de D. Fernando.*
1473-21 juin. Concession à Ruy Gonçal\es da Camara d'une ile qu'il fera
découvrir.f
1473 Abraham Zacuto, professeur d'astronomie à SalamanquC'
commence l'Almanach perpetuum (terminé en 1478 et imprimé en 1496 à Leiria).
1473 — 74 Arrivée de Colomb au Portugal.
D. JodiO II
n. 1455—3 mai; m. 1495—25 octobre.
1 474 Le prince royal D. Joào est chargé de l'administration
coloniale.
1474 Regiomontanus publie les Ephémérides et en 1475 les Tabula directionum.
(Nuremberg.)
1474 — 28 janvier. Concession à Fernào Telles, conseiller à la cour, des îles
non peuplées qu'il fera découvrir pour\ u qu'elles ne soient pas
dans les mers de Guinée. *
1474 — 25 juin. Lettre de Paulo Toscanelli sur le voyage de Catay
par l'Occident.
1474 — 31 août. Interdiction du commerce dans les mers de Guinée sans permis
royal f voir p. 273.
1474—10 septembre. Cautionnement exigé des entreprises maritimes privées
pour les voyages au long cours f voir p. 275.
1474 — 4 novembre. Loi favorisant les constructions navales.
1474—18 mai. Naissance du prince héritier D. Affonso, fils de D. Joào.
1475—10 novembre. Elargissement des concessions à Fernào Telles concernant
les îles peuplées ou non peuplées qu'il découvrira ailleurs que dan s
les mers de Guinée. *
281
1476 Guerre avec l'Espagne. Insuccès à la bataille de Toro.
1477 — novembre. D. Joào temporairement roi.
1479 Traité de pai.x avec l'Espagne.
1480—6 mars. Traité de Tolède cédant 8 îles des Canaries à l'Espagne. *
1480—6 avril. Ordre royal aux capitaines des navires de la Guinée de saisir
les navires espagnols rencontrés au-delà des limites stipulées dans le traité
de Tolède et de jeter à la mer leur équipage. *
1481 E.xpédition de Diogo d'Azambuja à S. Jorge da Mina; emploi de
l'astrolabe.
1481 — 4 mai. Confirmation par D. Affonso V des concessions des affaires
coloniales faites en 1474 au prince D. Joào. f voir p. 271.
1481 — 21 juin. Bulle du pape Si.xte iV confirmant les bulles antérieures concer-
nant les colonies.*
1481—21 août. Mort de D. Affonso V; avènement de D. Joào.
1482 — Restriction du pouvoir de la noblesse.
1483 E.xécution du duc de Bragança à Evora.
1483 Projet de Colomb du voyage à Catay par l'Occident. Refus de la Junta.
1 484 Départ de Colomb pour l'Espagne.
1484—8 avril. Lettre royale en faveur de Diogo Cào après le retour de son
1er voyage (arrivé à 13"27' I. s.). *
U84— juin. Arrivée de Martini Behaim à Lisbonne (n. 1459; m. 1507— 29 juillet),
de 1476 à 1484 en Flandre. Séjour à Nuremberg 1490 à 1493; retour à
Lisbonne en été 1493; mission en Flandre 1494.
1484 — 30 juin. Concession à Fernào Domingos do Arco (Madère) d'une île
qu'il allait découvrir.*
1484 — 23 aotJt. Assassinat du duc de Vizeu, frère de D. Manuel, par D. Joào 11.
1484 — 85 Deuxième \oyage de Diogo Cào. Reconnaissance jusqu'au Cabo da
Serra (21"48' 1. s.). Voyage de Behaim?
1485 — 11 mars. Retour de maître José Vizinho de l'expédition astronomique à
la Guinée.
(?) Première expédition par terre à la recherche du Preste Joào, (Fr. Antonio
de Lisboa et Pero de Montaroyo).
1486—24 juillet. Concession à Fernào Dulmo (Terceira) et à Joào Affonso do
Estreito de l'île de Sete Cidades ou du continent qu'ils auraient dé-
couvert. Ce document contient un passage relatif à un chevalier allemand
qui les accompagnerait.*
1486 — 4 août. Concession à J. Affonso do Estreito de la moitié des îles ou du
continent découvert après 40 jours de voyage.*
1487—7 mai. Départ de Pero da Covilhà et Affonso de Pai\a par
terre. 2e e x p é d i t i o n à la recherche du Preste Joào.'
1487— juillet-août. DépartdeBartholomeuDiaspour la découverte
du cap de Bon n e-Espérance. Retour à Lisbonne en décembre 1488.
Durée du voyage 16 mois et 17 jours. -
1488 (?) Lucas Marco, prêtre d'Abyssinie, visite D. Joào 11, venant de Rome.
1490—23 novembre. Mariage du prince D. .Affonso a\ec I). Isabelle, Infante
d'Espagne.
(') (-) Lopes de Mendonça. A unidade do pensamento no cyclo das des-
cobertas. Lisboa, 1898.
282
1490-9.3. Behaiin à Nurcmbersi; confection de son globe.
1491 -13 juillet. M(M-t du prince D. .Xffonso, seul fils lésfitinie de D. Joiio.
1492 Arrivée d'Abraham Zacu t o au Port u 14 al; so n engai^enie fit comme
ast ro n om e roy al.
I 192 -janvier à mars. Départ de Joào Feniandes Labrador et Pedro de liar-
cellos pour le Labrador. '
1 492—3 août. Départ de C o I o m b, I ^'^ v o y a j^ e ; a r r i \ é e à L i s b o n n e
(r e I o u r) 6 m a rs 1 4 9.1
149.^—4 mai. Bulle du pape Ale.xandre VI ; répartition du i<lobe en faveur de
l'Espat^ne. *
1493—14 juillet. Lettre de Monetarius. Projet de P) e h a i m pour le \()yage
d e C a t a y p a r r O c c i d e n t.
1493—25 septembre. Bulle d'Alexandre VI rentorc;ant les concessions coloniales
en faveur de l'Espagne. *
1493—2.5 septembre. Départ de Colomb pour le 2c \' o y a g e.
1493—94 Mission de Behaim en [-landre.
1494—7 juin. Traité de Tordesilhas, méridien de démarcation. Abandon de
la route de l'Occident à l'Espagne.*
1494 — 7 juin. Traité avec l'Espagne concernant les pêcheries dès le Cabo Bojador
au Rio do Ouro. *
1494—24 juin. Départ de Jean Cabot (Giovanni Gaboto de Gênes) avec
Sébastian, son fils, vers l'Occident, découverte de „terra prima vista"
(Itr voyage).
1495—7 mai. Lettre de Ferdinand et Isabelle sur la réunion des pilotes et
des astronomes chargés du méridien de démarcation.!
1495—25 octobre. Mort de D. Joào II; avènement de D. Manuel.
V. D. Manuel
(fils de rinfant D. Fernando et de D. Brites)
n. 1469— 31 mai; m. 1521—13 décembre.
1496 Mariage du roi a\ec la princesse Isabelle, veu\e du prince D. Affonso.
1496— mars. Impression de l'Almanach perpetuum à Leiria.
1496—5 mars. Concession d'Henri Vil d'Angleterre à Jean Cabot du commerce
des pays qu'il découvrirait à l'Occident.
1497 — mai. Départ de Jean Cabot et son fils pour la Tierra del Labrador. —
Retour à Bristol après 3 mois.
1497 — 20 mai. Départ de Vespucci pour l'Espagne. Retour à Cadix le IS octobre
1498 (1er voyage). -
1497— 8 juillet. Départ de Vasco da Gama. 1^- voyage des Indes. Arrivée
à Calicut le 19 mai 1498. Départ de Calicut le 29 août 1498. Arrivée à
Lisbonne juillet-août 1499.'
C) Ernesto do Canto. Archivo dos Açores t 12, p. 363.
(-') Pour les 4 voyages de Vespucci, sur lesquelles règne l'incertitude, nous
suivons les dates indiqués dans le „Roteiro de Vasco da Gama" par Herculano
et Castello de Paiva.
(■) Sur l'incertitude de ces dates voir Hranz Hummerich. Queilenunter-
suchung zur ersten Indienfahrt des Vasco da Gama. Mûnchen 1897.
283
1498 Reconnaissance de l'Amérique du Sud par Duarte Pacheco, l'un des
sii^nataires du traité de Tordesilhas.
149S Voyage de Sébastian Cabot au Labrador.
1498 Reconnaissance du golfe de Paria (Espagne).
1498—30 mai. Départ de Colomb (3e voyage).
1499—1 1 mai. Départ de Vespucci (Espagne — 2e voyage) avec Alonso de Hojeda
et Juan de la Cosa. Reconnaissance de Paria, île de Trinidad, golfe de
Venezuela. Retour à Cadix 1500—8 septembre.
1499— mai. Départ d'Alonso Nino (Espagne) pour le golfe de Paria, ile de la
Margarita, Curiana.
1498—28 octobre. Concession à Joào Fernandes des îles peuplées ou non peuplées
qu'il aurait découvertes, f
1499-décembre. Départ de Vicente Janez Pinzon (Espagne). Arrivée à la côte
du Brésil (8"l.s.) le 20 janvier 1500. Retour par le golfe de Paria; arrivée
à Paios septembre 1500.
1500— janvier. Départ de Diogo de Lepe (Espagne); reconnaissance du cap de
S. Agostinho, golfe de Paria. Retour novembre 1501.
1500—1 février. Lettre datée de Rome du Dr. Martim Lopes à D. Manuel sur
ses voyages au nord de l'Europe et en Orient.'
1,501) . . . Réponse de D. Manuel au Dr. Lopes lui demandant d'écrire le récit'
de ses voyages.*
1500 Voyage de Christobal Guerra (Espagne) à Paria et île de la Margarila.
Retour novembre 1501.
1500—9 mars. Départ de Pedro Alvares Cabrai {Z^ voyage des Indes). Débar-
quement à Porto Seguro (Brésil) le 27 avril 1500. Un des navires (Gaspar
de Lemos) retourne du Brésil à Lisbonne.
1500—1 mai. Deux lettres à D. Manuel sur la découverte du Brésil; l'une de
Pero Vaz de Caminha, l'autre du pilote maître Joào; calcul de la latitude
de 17"l.s.*
KSOO— 12 mai. Concession à Gaspar Corte Real des terres et îles qu'il aurait
découvertes. Retour de Terre-Neuve le 27 janvier 1501. f
1500— octobre. Voyage de Rodrigo de Bastides (Espagne) au golfe de Venezuela
jusqu'à 10"1. n. Retour septembre 1502.
l.Sol Découverte des îles Ascençào et S. Helena par Joào da Nova.
I5(i| -27 janvier Récompense royale à Joào Martins, ancien compagnon de
Joào Vaz Corte Real, alors au service du fils de ce dernier, Gaspar
Corte Real.*
1.501—19 mars. Concession d'Henri Vil d'Angleterre à Joào Fernandes, Francisco
1-ernandes, Joào Gonçalves et à 3 négociants de Bristol, Richard Warde,
Thomas Assehelmred et John Thomas, leur accordant de gouverner
les pays qu'ils découvriraient à l'Occident.'
1.501 -10—13 mai. Départ de Vespucci de Lisbonne {M voyage). Retour le
7 septembre 1.502. Reconnaissance de l'Amérique ilu Sud (arri\é jusqu'à
46 ou 52" 1. s.)
(') Souza Viterbo, Jornal das sciencias medicas 1893 (marvo-abril).
(') Eniesto do Canto, Os Corte Reaes. Ponta Delgada 1883.
284
1501—15 mai (?) Départ de Oaspar Corte Real pour Terre-Neuve (2e voyai^e).
Nouvelles de cette expédition arrivent à Lisbonne le H— 11 octobre 1501.
1501— 29 juillet. Lettre de D. Manuel aux rois d'Lspayne sur la découverte du Brésil.
1501—18 octobre. Lettre d'Alberto Cantine au duc de l'errare sur les décou-
vertes; datée de Lisbonne.
1501 19 octobre. [)eux lettres de Pietro Pasqualigo, ambassadeur de Venise
à Lisbonne, contenant des détails sur le voyat^e de Gaspar Corte Real.
1502 Valentim Fernandes publie la traduction portu^^aise de .Marco Polo et le
récit de Nicolo Conti.
1502 — janvier. Départ d'Alonso de I lojeda (Espaj^ne - 2e\oya^e); ile de la
Mart«arita, S. Marta, Maracaibo, S. Domint^o.
1502—15 janvier. Concession à Miguel Corte Real. Voyage à la recherche de
Gaspar Corte Real; départ de Lisbonne le 10 mai 1502.*
1502—11 mai. Départ de Colomb (Espagne 4e \'oyage).
1503-6 avril. Expédition d'Affonso d'Albuquerque pour les Indes; dépari de
Duarte Pacheco.
lvS()3 Expédition de 2 navires de l'Etat à Terre-Neuve à la recherche de
Miguel et Gaspar Corte Real.
1503 Fondation de la première forteresse aux Indes (Cochim).
1503—10 mai. Départ de Vespucci et Coelho; (4e voyage). Retour à Lisbonne le
18 ou 28 juin 1504.
1504 Défense de Cochim par Duarte Pacheco.
1504 — 13 novembre. Décret interdisant de dessiner des cartes nautiques s'étendani
au-delà du Rio Manicongo (7" 1. s.).
1505—12 juin. Lettre de D. Manuel au pape Jules 11 en réponse aux menaces
du sultan de Babylone de faire détruire le Saint-Sépulcre si les Portugais
poursui\'aient leur conquête de l'Orient. *
1505—1506 Antâo Gonçalves reconnaît l'île de S. Lourenço (Madagascar).
1506—20 mai. Mort de Colomb à Valladolid, âgé de 68 ou 69 ans.
1506 Juan Dias de Solis (marin expérimenté, ayant fait les voyages des Indes)
reconnaît avec Vicente Yanez. Pinzon le golfe de Honduras et Yucatan
(Espagne).
1506 — 17 septembre. Transfert à Vasqueanes Corte Real des concessions faites
à ses frères Gaspar et Miguel Corte Real. *
1507 Prise de Hormuz par Affonso d'Albuquerque.
1507 — 6 février. Lettre d'Affonso d'Albuquerque à D. Manuel sur l'expédition
à Madagascar. *
1507—29 juillet. Mort de Martim Behaim à Lisbonne.
1508 — 13 février. Instructions données à Diogo Lopes de Sequeira pour son
voyage à l'île de S. Lourenço et les découvertes jusqu'à Malacca. Retour
à Malacca 11 septembre 1.509.*
1508 — 29 juin. Départ de Juan Dias de Solis et Vicente Pinzon (Espagne)
reconnaissance de l'Amérique du Sud jusqu'à 40" I. s. Retour octobre 1509.
1510 Prise de Goa par Affonso d'Albuquerque.
1510 Deux lettres (31 janvier et 6 février) sur le commerce de Malacca et de
l'Orient. *
1510 (?) — 14 août. Document contenant des détails sur les préparatifs faits à
la mer Rouge pour détruire le commerce portugais aux Indes. f
285
1511 Duarte Fernandes envoyé par Affonso d'Albuquerquc à la cour de Siam.
1511 — 10 août. Prise de Malacca par Albuquerque.
1511 — novembre. Départ de Malacca d'Antonio Abreu et Francisco Serrào;
lie expédition aux Moluques.
1511 (?) Deuxième expédition aux Moluques avec Fernào de Matjalhàes.
1512—22 février. Mort d'Amcrigo Vespucci à Séville.
1512 — 3 mars. Départ de juan Ponce de Léon (Espagne); reconnaissance du
golfe du Mexique jusqu'à Florida. Retour à Porto Rico 1512—21 septembre.
1512 — 30 août. Lettre de l'ambassadeur portugais en Fspagne à D. Manuel
sur Juan Dias de Solis, indiquant les causes pour lesquelles il a quitté
le Portugal et ses prétentions à faire rentrer Malacca dans la zone es-
pagnole. Solis était le successeur de Vespucci comme „piiotc mayor"
(28 mars 1512).*
1512 Sébastian Cabot au service de l'Espagne.
1513 Prise d'Azamor.
1513 — 25septembre. VascoNunez de Balboa découvre l'océan Pacifique à Panama.
1513 — 30 novembre. Traités de paix d'Affonso d'Albuquerque avec les rois
indigènes d'Ormuz jusqu'à Choromandel. Ses projets de faire la guerre
aux Turcs dans la mer Rouge. *
1514 — 29 avril. Bulle de Léon X; cession à D. Manuel du tiers des revenus de
l'église portugaise en faveur de la conquête de l'Orient. *
1514—20 octobre. Albuquerque propose la conquête d'Aden.f
1514 — 30 octobre. Matheus, ambassadeur d'Abyssinie à Lisbonne. f
1514 — 3 novembre. Bulle de Léon X confirmant les bulles antérieures con-
cernant les découvertes et la conquête de l'Orient, f
1514 Traïado da Agulha de Marear par Joào de Lisboa.
1515 8 octobre. Départ de Juan Dias de Solis pour l'Amérique du Sud. —
Reconnaissance dès le Cabo de S. Agostinho jusqu'au Rio de la Plata
(34"40'1. s.) Mort de Solis. — Retour de son beau-frère Francisco de
Torres 4 septembre 1516.
1515 — 6 décembre. Lettre à D. Manuel écrite par Affonso d'Albuquerque au
moment de sa mort, rappelant ses services au roi. *
1516 -25 septembre. Traité de paix avec la reine de Ceylan. *
1517 Espinosa (Espagne) fait le 1er voyage dans l'océan Pacifique, parlant de
Panama.
1517 Retour de Chine de Raphaël Perestrello.
1517-8 février. Voyage à Darien par Francisco lieriiandcs de Coriloba
(Espagne). Départ de la Havane.
1517 -22 avril. Départ de Sébastian Cabot (Angleterre) pour le Labrador, (arrivé
à 67"30' 1. n.).
1517—20 octobre. Fernào de Magalhaès arri\e à Sé\ille, suivi en décembre
par l'astronome Ruy l'aleiro et son frère Francisco l'aleiro.
1518 Occupation de Ceylan.
1518 — 9 janvier. Lettre, datée de Cochim, du père Francisco Ahares à 1). Manuel
sur l'ambassade de Duarte Gahào en Abyssinie.*
1518-22 mars. Contrat des rois d'Espagne avec Fernào de Magalhàes et le
bachelier Ruy t'aleiro, nommés capitaines de l'escadre.*
286
1519 — 21 septembre. Départ de f-eriiào de Magalhàes; 265 hommes
d'équipage dont 29 Portugais, parmi ceux-ci Duarte Barbosa, Alvaro de
Mesquita (neveu de Magalhàes), Estevam Gomes, Juan Carvalho ainsi
que l'Italien A. Pigafetta (m. 15.34).
1520—21 octobre. Découverte du détroit de Magalhàes.
1520 — 27 novembre. Arrivée à l'océan Pacifique.
1521 — 27 avril. Mort de Magalhàes à l'île de Zebu i Philippines), Juan
Carvalho élu capitaine.
1521 — 8 novembre. Arrivée à file de Tidore, Moluques. Sébastian
de Elcano, capitaine.
1521 — 21 décembre. Départ de Tidore.
1522 — 6 septembre. Arrivée de la Victoria en Espagne (durée du
voyage .3 ans moins 14 jours).'
1519 Voyage de Francisco Qaray (Espagne) au Me.xique, alors déjà \isité par
Hernando Cortez.
1520 Reconnaissance de l'.Amérique du Nord de 32"a37"l. n. par Lucas Vasquez
de Aillon.
1521 — 25 février. Lettres de D. Manuel concernant la construction de deux-
forteresses, l'une à Sumatra l'autre à l'île de S. Lourenço. *
1521—5 mars. Instructions de D. Manuel sur la conversion au christianisme de
la population de Ceyian et sur le gouvernement spirituel des Indes. f
1521 — 13 aoiJt. Conquête du Mexique par l'Espagne.
1521—13 décembre. Mort de D. Manuel; avènement de D. Joào III.
VI. D. Joào III
n. 1502; m. 1557-11 juin.
1522 Découverte du Pérou par l'Espagne.
1522 28 septembre. Réclamations portugaises concernant les Moluques. f
1523—3 mars. Lettre royale à l'ambassadeur portugais en Espagne demandant
à faire revenir au Portugal les marins Bernardo Pirez pilote, Alvaro de
Mesquita, Estevào Gomes et Joào Rodrigues Màosinho. f
1523 — 10 juin. Diogo Riheiro, cartographe portugais, nommé cosmographe de la
cour espagnole.
1523 -24 Deux expéditions du Florentin Vcrrazzano en Amérique du Nord
(pour la France).
1524 -avril. Junta de Badajoz sur la démarcation des Moluques.
Parmi les représentants de l'Espagne figurent Sébastian Cabot (alors
„pilote mayor" successeur de Solis), Diogo Ribeiro et Simào d'Alcaçova
Sotomayor, cosmographe portugais au service de l'Espagne.
1524 — 4 aoiJt. Lopo Homem nommé maître de cartes nautiques et chargé de la
réparation d'instruments nautiques, f
1525—26 Découverte des îles Sequeiras (pilote Diogo da Rocha».
1525 Estevam Gomes visite le Canada (Espagne).
(^) Navarrete \. A\ contient 30 documents sur Alagalhàes v compris le
Journal de Francisco .Albo. V^oir Alguns doc urne ritos contenant 13 documents
sur ce voyage.
287
1525 — 24 juillet. Départ de Garcia de Loaise pour les Moluques (Espagne —
2e voyage). Arrivée à Tidore en janvier 1527.
1526 Voyage de Pizzarro, .-Xlmagro et Luque au Pérou, départ de Panama (pilote
Bartholomeu Ruiz).
1526 — avril. Départ de Sébastian Cabot pour les Moluques (Espagne — 3^ voyage).
1527 — 31 octobre. Expédition organisée par Cortez sous Alvaro de Saavedra,
partie de l'océan Pacifique à la recherche de Loaise et Cabot.
1528 — 2 novembre. Lettre roydle concernant l'invention par Filippe Guilhem
d'instruments nautiques pour prendre la hauteur du soleil et du pôle à
toute heure de la journée, f
1528 Documents sur l'affaire des Moluques, entre autres sur les erreurs de la
cartographie. *
1529—23 avril. Traité entre l'Espagne et le Portugal concernant la possession
des Moluques.*
Table des matières.
INTRODUCTION 5
Les tables nautiques 18
Les instruments astronomic|ues 30
L'astronomie péninsulaire 43
LE RÈGLEMENT DE L'ASTROLABE ET DL' QUADRANT 69
L'incunable de Munich 70
Le Règlement 71
Le Traité de la Sphère 73
Etendue du texte 75
Etat des connaissances nautiques et géographiques a\ant les gran-
des découvertes portugaises 76
Les instruments nautiques 76
Les entreprises maritimes 81
Les voyages terrestres 82
Cartographie 84
La carte catalane de 1375 85
La carte de Fra Maura de 1459 96
Les débuts du Portugal maritime 96
Le Règlement nautique des découvertes 101
Les travaux astronomiques de la Junta 104
Le programme d'un Règlement nautique 112
LE RÈGLEMENT DE MUNICH . 114
Le calcul des latitudes par la hauteur du soleil 116
Extrait du Règlement de Munich 120
Latitudes nord de l'équateur 120
Latitudes sud de l'équateur 121
Le calcul des latitudes dans le Règlement d'Evora .... 123
Le calcul des latitudes selon Duarte Pacheco Pereira . . . 124
Le calcul des latitudes selon Joào de Lisboa 125
Le calcul de maître Joâo du 27 avril 1500 126
Le calcul des latitudes selon Pedro Nunes 128
Conclusions 129
Le Règlement de l'étoile polaire 136
Règlement polaire de l'exemplaire de Munich 139
Règlement du pôle antarctique 145
Règlement pour évaluer le chemin parcouru par le navire . . . 147
Règlements divers de l'exemplaire d'Evora 154
289
LE TRAITÉ DE LA SPHÈRE 158
Extraits du Traité de la sphère, exemplaire de Munich .... 164
Éditions du Règlement et de la Sphère . . 168
CONCLUSIONS 174
LA LETTRE DU Dr MONETARIUS ... 182
D. JOÀO II ,95
Le traite de Tordesilhas 202
DOCUMENTS 217
1. Le Règlement de Munich 217
Les tables de ce Règlement 230
2. Le Règlement d'Evora 232
Les tables de ce Règlement 243
3. Le calcul des latitudes selon Pedro Nunes (Extraits» ... 251
4. La lettre de maître Joào, pilote d'Alvares Cabrai .... 252
5. Extraits de Gaspar Correa sur Zacuto 255
6 à 10. Extraits de Joào de Barros — Decadas da Asia — ... 260
6. Maître Jacomo de Malhorca 260
7. Observations astronomiques de Vasco da Gama . 260
8. La Junta dos mathematicos et l'astronomie ... 261
9. Vasco da Gama et le pilote de .Mélinde .... 262
10. Colomb et la Junta dos Mathematicos 263
11. £/ maestro de los cartografos mallorquines (Jafiida Cres-
ques) par M. Gabriel Llabrés 264 •
12. Cartographie catalane et majorquine. Bibliographie ... 267
APPENDICE Nol. Les débuts de D. Joào en 1474 269
13. Lettre royale du 4 mai 1481 271
14. Loi du 31 août 1474 273
15. Loi du 10 septembre 1474 275
APPENDICE No 2. Résumé chronologique des découvertes . . . 276
TABLE DES M.ATIÈRES" 288
290
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BUCHDRUCKEREl E. BOLLMANN, LAUPEN-BERN.
54-9 L'astronoioie nautique
B38
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