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Full text of "L'astronomie nautique au Portugal a l'époque des grandes découvertes"

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JOAQUIM  BENSAUDE  / 


L'ASTRONOMIE 
NAUTIQUE 

AU 

PORTUGAL 

A  L'ÉPOQUE  DES 

GRANDES  DÉCOUVERTES 


BERN 
AKADEMISCHE  BUChHANDLUN(j  VON  A\A\  DRliCIISEL 

1912 


( 

2nic  partie  de  cette  étude  : 
Origine  des  tables  nautiques  portugaises.  —  Almanach  perpetuum. 

—  Ephcméridcs.  —  Oeuvres  nautiques  contemporaines  des  découvertes. 

—  Membres  de  la  Junta  dos  Mathematicos.     -  Bibliograpiiie. 

1 I 


Tous  droits  d'auteur  et  de  traduction  réservés. 


INTRODUCTION. 

La  partie  de  l'histoire  des  découvertes  portugaises  la  plus  difficile 
à  étudier  et  à  juger  à  sa  valeur  est  celle  où  se  sont  préparés,  sous 
la  direction  d'une  personnalité  aussi  remarquable  que  D.  Joào  II,  les 
grands  événements  qui  ont  achevé  l'œuvre  nationale  commencée  sous 
l'Infant  D.  Henrique. 

Cette  difficulté  explique  les  jugements  erronés  ou  même  injustes, 
qu'on  rencontre  parfois  encore  dans  la  littérature  étrangère  à  l'égard 
du  roi,  qui  d'une  main  sûre,  habile  et  prévoyante,  organisa  le  plan 
destiné  à  réaliser  les  rêves  nationaux. 

Les  causes  de  cette  fausse  appréciation  sont  nombreuses.  La 
crise  politique  suivie  de  la  perte  de  l'indépendance  et  le  désarroi  de 
a  lutte  religieuse  provoquèrent  la  désorganisation  et  la  dévastation 
des  archives;  la  censure  inquisitoriale  mettait  un  frein  aux  recherches 
historiques  entreprises  avec  cet  admirable  esprit  critique  qu'on 
rencontre  chez  Barros,  Qoes  et  Osorio;  enfin  un  autre  élément, 
peut-être  le  plus  important  de  tous,  fut  la  politique  de  mystère  suivie 
par  D.  Joào  11  pour  empêcher  l'Espagne  d'accaparer  le  commerce 
et  la  richesse  de  l'Orient,  qui  devaient  être  la  récompense  de  tant 
d'efforts. 

Ces  mêmes  causes  ont  obscurci  l'histoire  du  développement  de 
l'astronomie  dans  la  navigation  au  Portugal. 

Un  grand  nombre  d'historiens,  étrangers  et  nationaux,  se  sont 
occupés  de  l'astronomie  nautique  étudiée  par  la  Junta  dos  Mathe- 
inaticos.  On  a  reproduit,  commenté  et  souvent  amplifié  par  des 
hypothèses,  les  sources  historiques  connues,  mais  l'étude  n'a\  ançait 
guère,  faute  de  plus  amples  détails. 

En  1883,  Luciano  Cordeiro  décrivait  un  volume  existant  à  la 
bibliothèque  d'Evora,'  contenant  deux  traités  qui  paraissent  indépen- 
dants l'un  de  l'autre,  le  Règlement  de  l'astrolabe  et  du  quadrant 

(')  B.S.O.L.  \m.\,  p.  I6.Î  !S,S.  (Molotim  da  Socicciaclc  de  (jcourapliia 
de  Lisboa). 


et  une  traduction  portugaise  du  Traité  de  la  Sphère  de  Sacrobosco, 
antérieure  à  la  traduction  publiée  en  1537  par  I^edro  Nunes.  L'ar- 
ticle de  Cordeiro  citait  en  outre  une  série  de  documents  se  ratta- 
chant aux  mêmes  sujets;  le  tout  contenait  des  indications  de  grande 
valeur  historique  qui  n'ont  pas  retenu  toute  l'attention  qu'elles  méri- 
taient. 

En  décrivant  le  „  mystérieux  volume"  dont  il  cherchait 
„le  rôle  dans  l'histoire  encore  obscure  de  la  géographie 
et  des  explorations  des  Portugais",  Cordeiro  pressentait 
l'importance  de  l'ouvrage  dont  il  parlait.  Il  alla  jusqu'à  écrire  qu'il 
se  trouvait  très  probablement  dans  le  Regimenîo  do  astrolabio  e  do 
qiiadrante  une  grande  partie  des  instructions  nautiques  emportées 
par  Vasco    da   Gama   dans  son  voyage  à   la  découverte  des  Indes. 

Cordeiro  ignorait  l'existence  d'une  édition  plus  ancienne  du 
même  volume  qui  en  précisait  définitivement  la  valeur;  nous  l'avons 
trouvée  à  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich.  C'est  la  raison  d'être 
de  cette  étude. 

Nous  avions,  depuis  quelque  temps  déjà,  cherché  des  renseigne- 
ments sur  y Almanach  perpetuum  de  Zacuto  en  partant  de  la  con- 
viction que  l'historien  des  travaux  de  la  Junta  devait  forcément  con- 
naître les  détails  d'une  œuvre  astronomique  dont  le  traducteur  fut 
un  membre  de  la  Junta  dos  Mathematicos  et  dont  l'impression  fut 
terminée  avant  le  départ  de  Vasco  da  Gama. 

Le  Règlement  de  l'astrolabe  trouvé  à  Munich  confirma  notre 
façon  de  voir. 

L'examen  d'une  œuvre  telle  que  l'almanach  Zacuto  contenant  56 
types  de  tables  astronomiques  destinées  à  l'astrologie  du  XV'^'^  siècle, 
était  cependant  une  tâche  difficile,  exigeant  des  connaissances  spéciales 
de  l'astronomie  que  nous  ne  possédions  guère.  Néanmoins  nous 
avons  osé  aborder  ce  terrain  pour  y  chercher  et  recueillir  des 
éclaircissements  réclamés  depuis  longtemps  par  l'histoire.  Maintes 
fois  au  cours  de  ce  travail  nous  avons  dû  recourir  à  l'amabilité  de 
M.  le  professeur  A.  Wolfer,  directeur  de  l'observatoire  fédéral  de 
Zurich,  et  ce  fut  sûrement  grâce  à  son  bienveillant  accueil,  à  son 
dévouement  et  à  son  savoir  que  nous  avons  pu  entreprendre  une  étude 
qui  présente  de  nombreuses  difficultés.  Nous  osons  espérer  que 
notre  travail  ne  contiendra  pas  des  lacunes  qui  pourraient  nuire  aux 
résultats  de  nos  recherches  historiques. 

Dans  son  étude  sur  le  précieux  volume  de  la  bibliothèque 
d'Evora,  Cordeiro  signale  que  le  Règlement  de  l'astrolabe  se  trouvait 


reproduit  dans  le  Reportorio  dos  tempos  de  X'alentim  Fernandes 
(éditions  1521  et  1528),  et  que,  plus  tard  encore,  Pedro  Nunes,  cosmo- 
graphe du  royaume,  le  discuta  dans  le  Tratado  em  defensani  da 
carta  de  niarear,  1537.  comme  étant  en  usage  dans  la  marine  portu- 
gaise, il  appelait  en  même  temps  l'attention  sur  la  nouvelle  tra- 
duction de  la  Sphère  de  Sacrobosco  par  Pedro  Nunes.  Les  éditions 
réitérées,  faites  de  ces  deux  ouvrages,  qui  sont  d'une  importance 
nautique  incontestable,  nous  ont  d'autant  plus  frappé  qu'ils  se  com- 
plètent l'un  l'autre.  Le  Règlement  traitait  des  détails  de  l'astronomie 
nautique,  tandis  que  la  Sphère  était  le  livre  classique  en  usage  dans 
toutes  les  universités  du  moyen-âge  pour  l'enseignement  des  rudi- 
ments de  l'astronomie. 

Le  document  que  nous  allons  décrire,  nous  révèle  une  autre 
édition  de  la  Sphère,  antérieure  à  l'édition  d'Evora  ainsi  qu'un  Règle- 
ment de  l'astrolabe,  rédigé  d'une  façon  bien  plus  élémentaire 
que  celui  de  l'édition  d'Evora. 

Cordeiro  avait  passé  sous  silence  dans  son  article  de  1883,  une 
partie  importante  du  Règlement  —  les  tables  nautiques.  Grâce  à 
l'amabilité  de  M.  le  D""  A.  Giào  et  de  M.  le  bibliothécaire  Torrinha 
à  Evora,  nous  avons  obtenu  la  copie  de  ces  tables,  ce  qui  nous  a 
permis  de  les  comparer  aux  tables  du  Règlement  de  Munich.  Nous 
avons  ainsi  établi  que  les  tables  de  ce  document  sont  plus  simples 
et  plus  élémentaires  que  celles  d'Evora. 

Si  l'on  considère  les  passages  de  Barros,  de  Qaspar  Correa  et 
de  la  lettre  du  bachelier  maître  Joào,  pilote  d'AIvares  Cabrai,  oij  il 
est  question  d'un  règlement  nautique  (Regimento),  on  est  forcé  de 
reconnaître  que  c'est  bien  dans  la  série  des  règlements  ci-dessus 
énumérés,  que  l'on  doit  chercher  les  instructions  nautiques  primi- 
tives ayant  servi  aux  découvertes  portugaises.  De  plus  Barros 
signale  dans  son  célèbre  passage  sur  la  Junta,  les  tables  astronomiques 
du  début,  comme  plus  élémentaires  que  celles  en  usage  de  son 
temps  (1539). 

Cette  différence  nous  a  immédiatement  frappé  en  comparant 
les  tables  d'Evora,  établies  d'après  le  cycle  de  4  années,  aux  tables 
de  Munich  faites  pour  une  seule  année  et  donnant  la  déclinaison 
journalière  en  face  de  la  date  du  calendrier. 

En  examinant  le  texte  du  Règlement  de  Munich,  on  est  encore 
surpris  du  soin,  de  la  clarté,  de  la  minutie  des  exemples  du  calcul 
des  latitudes,  éléments  qu'on  a  jugé  superflus  et  qu'on  a  supprimés 
dans  l'édition  d'Evora. 


s 

Ainsi  nous  nous  trouvons  devant  un  clocuiiieiit  traitant  dans  un 
texte  éltMiientaire,  accompagne  de  tables  approximatives  de  la  plus 
grande  simplicité,  la  méthode  de  calcul  des  latitudes  par  la  hauteur 
du  soleil  appuyée  de  nombreux  exemples.  C'est  ce  problème  qui 
était  à  l'ordre  du  jour  au  Portugal  à  la  fin  du  XV'"'^  siècle  et  qui 
fut  étudié  et  résolu  par  la  Junta  dos  Mathematicos. 

Ce  Règlement  encore  officiel  dans  une  forme  plus  parfaite  au 
temps  de  Pedro  Nunes,  contenait  le  guide' de  la  navigation  dans  l'hémi- 
sphère sud.  Sa  très  grande  rareté  est  une  preuve  de  plus  de  son 
importance  et  de  son  origine. 

L'édition  de  l'œuvre  que  nous  allons  décrire  n'est  pas  la  première; 
d'après  l'opinion  autorisée  de  M.  le  D'  Hartig,  expert  d'incunables 
à  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich,  elle  a  été  précédée  au  moins 
par  une  autre  édition.  Il  déclare  que  le  volume  de  Munich  „se 
révèle  à  première  vue  comme  une  réimpression  et  non 
pas  comme  l'édition  originale".  Nous  avons  donc  à  ajouter 
à  la  série  déjà  établie  au  moins  une  autre  édition  antérieure,  en- 
core inconnue,  ce  qui  porte  notre  liste  à  4  éditions  du  traité  de 
la  Sphère,  dont  3  réunies  au  Règlement  de  l'astrolabe.  Nous 
avons  ensuite  une  série  de  Règlements  isolés,  joints  au  Reportorio 
de  Valentim  Fernandes,  aboutissant  au  Règlement  réformé  par  Pedro 
Nunes  et  compris  dans  le  traité  de  la  carte  nautique  de  1537. 

Nous  arrivons  ainsi  à  la  conclusion  que  le  document  découvert 
à  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich  est  l'édition  la  plus  ancienne 
connue  jusqu'à  présent  d'une  œuvre  officielle  et  sûrement  secrète, 
destinée  à  l'instruction  de  la  marine  portugaise  du  temps  des  dé- 
couvertes. Cette  œuvre  se  composait  de  deux  parties:  l'une,  la 
Sphère,  était  destinée  à  l'enseignement  rudimentaire  de  l'astronomie  ; 
l'autre,  le  Règlement,  fournissait  les  éléments  du  calcul  des  lati- 
tudes par  la  hauteur  du  soleil.  L'édition  trouvée  à  Munich  date  du 
commencement  du  XVI'"<^  siècle;  elle  a  été  précédée  par  une  ou 
plusieurs  éditions  encore  inconnues. 

Le  texte  et  les  tables  de  ce  document  sont  donc  une  simple 
réimpression  ou  une  rédaction  déjà  modifiée  d'une  œuvre  qui  dans 
sa  forme  primitive  n'a  pu  sortir  que  de  la  Junta  dos  Mathematicos 
sous  D.  Joào  II. 

Les  tables  astronomiques,  de  forme  aussi  primitive,  réunies  à 
ces  instructions  élémentaires,  nous  ont  conduit  à  rechercher  l'ori- 
gine des  premières  tables  nautiques  du  Portugal. 


Quelques  auteurs  modernes  comme  Cordeiro,  Ravenstein  et 
Brito  Rebello,  reconnaissent  que  ces  tables  ont  comme  point  de 
départ  VAlmanach  perpetuum  de  Zacuto;  cependant  la  plupart  des 
auteurs,  portugais  ou  étrangers,  attribuent  aux  Ephéniérides  de 
Regiomontanus  un  rôle  capital  dans  la  solution  du  problème  nau- 
tique des  Portugais. 

Les  études  de  Ribeiro  dos  Santos  et  de  Garçào  Stockler,  où 
l'œuvre  de  Zacuto  est  traitée  par  rapport  à  ce  problème,  ont  été 
de  plus  en  plus  oubliées.  Ainsi  le  remarquable  historien  Oliveira 
Martins  trouve  tout  naturel  et  accepte  comme  solution  fort  simple 
que  Martin  Behaim,  élève  de  Regiomontanus,  soit  venu  tout  exprès 
de  Nuremberg  pour  résoudre  les  problèmes  astronomiques  posés 
à  la  Junta.^  Un  autre,  Latino  Coelho,  connaissant  le  passage  de 
Gaspar  Correa  sur  Zacuto,  tourne  l'astrologue  en  ridicule  et  le  traite 
de  charlatan.-  Ni  l'un  ni  l'autre  de  ces  auteurs  n'a  approfondi  cette 
question  complexe;  ils  n'ont,  à  ce  qu'il  paraît,  même  pas  connu 
l'existence  de  «l'AImanach  perpetuum"  (imprimé  à  Leiria  en  1496) 
portant  le  nom  de  l'astronome  de  D.  Manuel.  A  ces  deux  auteurs 
pris  au  hasard,  il  faudrait  en  ajouter  un  assez  grand  nombre 
d'autres  qui  ont  traité  le  problème  à  peu  près  de  la  même  façon 
superficielle.  Andrade  Corvo  lui  même,  dans  les  notes  érudites  qu'il 
ajouta  à  l'édition  du  Roteiro  de  D.  Joào  de  Castro,  traita  cette 
question  à  la  légère. 

La  littérature  de  l'Allemagne  concernant  les  découvertes,  consi- 
dère le  problème  des  tables  nautiques  comme  résolu  depuis  long- 
temps. En  parcourant  les  splendides  ouvrages  pleins  d'érudition 
des  auteurs  tels  que  Humboldt,  Ritter,  Peschel,  Breusing,  Ruge  et 
Gùnther,  on  s'étonne  de  ne  pas  y  trouver  un  mot  sur  l'Almanach 
perpetuum  par  rapport  au  problème  étudié  par  la  Junta.  Peschel 
seul,  à  deux  endroits  de  son  magnifique  ouvrage,  cite  l'usage  des 
tables  de  Zacuto  par  Magalhàes  pour  la  détermination  des  longi- 
tudes, en  ajoutant  que  les  résultats  obtenus  étaient  erronés.  Les 
autres    auteurs   ignorent   Zacuto   complètement. 

Se  basant  sur  l'emploi  des  Lphémérides  par  Vespucci  en  1499 
pour   déterminer   la  longitude  de  Venezuela  par  rapport  à  Cadix,  à 

(')  Oliveira  Martins.  Les  Lxploralioiis  des  Portugais.  Paris  1893,  p.  20. 
Cette  opinion  fut  reproduite  par  d'autres  auteurs.  On  la  trouve  textuellement  chez 

5.  Oppenlu'iin.  „Das  aslrononiisclie  WeltbiUI  ini  Wandcl  lier  Zeil".  1906, 
p.  95. 

(-)  l.atino  Coelho.  Vasco  da  (jania.  Lisboa.   I8<S2. 


10 

l'aide  d'une  éclipse  de  la  lune,  les  auteurs  cités  en  ont  conclu  que 
ce  livre  a  également  été  utilisé  par  les  marins  portugais  pour  le 
calcul  des  latitudes. 

Le  problème  des  longitudes,  dont  la  solution  devait  se  faire 
attendre  bien  longtemps  encore,  n'était  point  celui  que  la  Junta 
avait  à  l'étude.  Celui  que  les  mathématiciens  de  la  Junta  ont  résolu 
a  été  la  détermination  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil. 

A  la  question  des  tables  on  ajouta  en  Allemagne,  et  non  pas 
au  Portugal,  celle  de  l'origine  des  i  nst  ru  me  nts  astronomiques. 
Le  mérite  de  la  solution  des  deux  problèmes  a  été  finalement  attribué 
à  Regiomontanus  et  à  Behaim. 

Avant  de  continuer  notre  exposé,  nous  aurons  à  nous  arrêter 
sur  le  rôle  attribué  à  Behaim  et  à  Regiomontanus,  dans  les  deux 
questions  devenues  inséparables,  l'origine  des  tables  et  celle  des  in- 
struments. Bien  avant  Humboldt,  on  avait  exalté  Behaim,  jusqu'à  lui 
attribuer  la  découverte  des  Açores  et  de  l'Amérique,  on  lui  décernait 
la  gloire  d'avoir  le  premier  signalé  l'existence  du  détroit  de  Magalhàes, 
qu'on  voulait  nommer  „Fretum  Bohemicum".  Enfin  Wagenseiler 
proposa  même  le  nom  de  „Behaimia"  pour  l'Amérique  entière."  Selon 
Humboldt,  Behaim  a  été  le  président  de  la  Junta-  et  aurait  construit  ou 
perfectionné  l'astrolabe  marin  à  Lisbonne.''  Humboldt  s'étonne  que  la 
célébrité  de  Behaim  ait  précédé  celle  de  Colomb  de  12  années.* 

(')  Humboldt.     Examen  Critique,  t.   1,  p.  256. 

(-)  Humboldt.     Kosmos,  Band  2,  p.  334. 

(')  Humboldt.     Examen  Critique,  t.  1,  p.  257. 

(^)  Humboldt.     Examen  Critique,  t.  1,  p.  267. 

Martin  Behaim  est  né  en  14v59.  En  1484,  il  quitta  ses  affaires  en  Flandre 
et  s'embarqua  pour  Lisbonne  où  il  arriva  au  mois  de  juin.  Vers  la  même 
époque  Colomb,  marin  paraît-il,  dès  l'âge  de  14  ans,  allait  quitter  le  pays  et 
offrir  ses  services  au  pays  voisin  et  rival,  l'Espagne.  Barros  écrit  que  Behaim 
s'est  glorifié  à  Lisbonne  d'être  l'élève  de  Regiomontanus,  un  fait  qui,  à  ce  mo- 
ment surtout,  a  dû  produire  une  impression  assez  vive  sur  l'esprit  d'un  roi 
aussi  habile  que  D.  joào  II.  Six  ans  plus  tard,  en  1490,  nous  retrouvons  Be- 
haim à  Nuremberg  où  il  reste  pendant  3  ans.  Pendant  ce  séjour  il  fit  son 
célèbre  globe  et  fut  reçu  par  le  Roi  Maximilien,  cousin  germain  de  D.  Joào  II 
qui  alors  déjà  pouvait  dire  de  son  compatriote: 

„Martino  Bohemo  nemo  unius  imperii  civium  magis  unquam  peregrinator 
fuit  magisque  remotas  insulas  adivit." 

Vers  le  milieu  de  l'année  1493,  Behaim  retourna  au  Portugal.  Il  était  le 
porteur  de  la  célèbre  lettre  du  Dr  Monetarius  à  D.  Joào  II,  datée  du  14  juillet 
1493  et  recommandant  au  roi  un  voyage  par  l'ouest  six  ans  après  la  découverte 
de  Bartholomeu  Dias  et  19  ans  après  la  lettre  de  Paulo  Toscanelli,  datée  du 
25  juin    1474. 


11 

Il  déclare  que  les  Ephémérides  de  Regiomontanus  auraient  servi  „sur 
„les  côtes  d'Afrique,  d'Amérique  et  de  l'Inde,  dans  les  premiers 
«grands  voyages  de  découvertes  de  Bartholomeu  Dias,  de  Colomb, 
„de  Vespucci  et  de  Gama".' 

Karl  Ritter  (1861)  écrit  que  l'astrolabe,  pas  tout  à  fait  inconnu 
aux  Portugais,   était  trop  grand   et  trop    lourd  et  que  Behaim,  soit 
qu'il  en  ait  inventé  un  autre,  soit  qu'il  ait  introduit  celui  de  Regio- 
montanus,   avait   rendu    un   grand   service  à  la  marine  du  Portugal. 
«L'application    de  ce   nouvel   astrolabe   donna   les    résultats 
„les  plus  brillants,  d'autant  plus  qu'on  pouvait  se  servir  pour 
„son  utilisation  des  célèbres  Ephémérides  de  Regiomontanus." - 
Breusing,  en  1869,   soumit  le  passage  de  Barros  à  un  examen 
minutieux,   d'oij  il  conclut   que   c'était  le  problème  des  instru- 
ments   astronomiques    et   non    point   celui   des  tables   que    la 
Junta  avait  à  résoudre  et  que   ce  fut    la    balestilha   inventée    par 
Regiomontanus   et   introduite    au    Portugal    par   Behaim   qui    aurait 
fournit   la  solution  désirée  du  problème  de  la  navigation.-' 

(')  Humboldt.     Examen  Critique,  t.  1,  p.  274. 

(-)  Das  Astrolabium  vvar  den  Portugiesen  zwar  nie  ht  ganz  un- 
bekannt,  aber  zu  plump  und  zu  gross  und  auf  de  m  schwankenden 
Schiffe  unbrauchbar.  Noch  war  sein  Gebrauch  bisher  auf  das  Land  be- 
schrankt  geblieben.  Martin  Behaim,  der  in  den  mechanischen  Werkstàtten  der 
Niirnberger,  die  damais  die  besten  Bussolen  fur  aile  Seefahrer  Europas  lieferten, 
aufgevvachsen,  erfand  ein  feineres  Astrolabium,  das  man  als  Pendel  an  den  Mast- 
baum  so  befestigen  konnte,  dass  es  durch  seine  eigene  Schwere  bei  màssigen 
Schwankungen  des  Schiffes  doch  noch  seine  senkrechte  Richtung  beibehielt. 

Nach  andern  hatte  schon  Regiomontanus  ein  solches  Instrument  gefertigt 
und  Behaim  wies  es  nur  bei  der  Kommission  \'or.  Die  Anwendung  des  neuen 
Astrolabiums  gab  nun  die  glânzendsten  Resultate,  zumal  da  auch  die  be- 
rijhmten  Ephemeriden  des  Regiomontanus  dazu  bcnutzt  werden 
k  o  n  n  t  e  n . 

Karl  Ritter.     Geschichte  der  Erdkunde,  1861,  p.  254—25.5. 

( ')  Was  die  Abweichung  der  Sonne  betrifft,  so  gaben  selbst  die  Alfonsini- 
schen  Tafeln  (von  denen  Regiomontan's  ganz  zu  schweigen)  den  Ort  der  Sonne 
damais  schon  so  genau,  dass  der  Fehler  sich  nur  nach  Minuten  berechnete; 
hàtte  es  sich  nur  um  dièses  astronomische  Elément  gehandeit,  die  Breiten- 
bestimmungen  im  Zeitaiter  der  Entdeckungen  hiitten  unmoglich  um  ganze 
Grade  fehlerhaft  sein  kônnen,  wie  sie  dies  tatsàchlich  waren.  Die  hauptsàch- 
liche,  man  mochte  sagen,  die  einzige  Schvvierigkeit  lag  in  der  Beobachtung 
der  Sonnenhôhe,  lag  in  den  zuder  Hôhenbeobachtung  gebrauchten 
I  nstr  u  m  e  n  t  e  n  ,  denn  .  .  .  .  Nun  braucht  man  aber  dén  Bericht  bei  Barros 
nur  ganz  oberflâchlich  zu  leseii,  um  sofort  zu  erkennen,  dass  auch  dieser  die 
Instrumente  in  den  Vordergrund  stellt.  Nur  einmal,  im  letzten  Satze,  \vo  ihm 
einfallt,  dass  die  Hohenmessungen  iiicht  das  einzige  fiir  die  Breitenbestimmung 


12 

Plus  rcservc  que  ses  prédécesseurs,  Peschel,  en  1S77,  parle  de 
l'usage  des  Ephémérides  par  Colomb  et  Vespucci  ;  il  cite  rAlniaiiacli 
Zacuto'  et  fait  observer  que  les  Portugais  avaient  déjà  du  temps 
de  Barros  acquit  une  expérience  suffisante  de  l'emploi  de  la  bales- 
tilha.- 

Cet  auteur  s'est  franchement  libéré  des  hypothèses  plus  ou 
moins  hasardées  sur  le  rôle  joué  par  Behaim.  Dans  les  3  éditions 
de  son  ouvrage  dont  la  première  est  de  1858,  il  critique  les  erreurs 
du  globe  de  Nuremberg,  étant  un  des  premiers  à  s'en  tenir  rigou- 
reusement au  célèbre  passage  de  Barros  sur  Behaim.  Il  déclare  que 
celui-ci  fut  nommé  membre  de  la  junta,  parce  qu'il  se  vanta  à  Lis- 
bonne d'être  l'élève  de  F-^egiomontanus,  le  plus  grand  astronome 
de  l'époque.' 

Rugc,  en  1881,  écrit  que  les  Ephémérides  calculées  pour  32 
années,  auraient  suffi  jusqu'à  la  mort  de  Colomb  pour  déterminer  les 
latitudes,  mais  que  pour  l'hémisphère  sud,  visité  par  les  Portugais, 
il  aurait  fallu  d'autres  tables.  Celles-ci  auraient  été  calculées  par  la 
Junta  dont  Behaim  faisait  partie.  Cet  auteur  relève  également  l'impor- 
tance du  rôle  de  la  balestilha,  invention  attribuée  à  Regiomontanus.* 
Enfin  M.  Gùnther  traite  les  mêmes  sujets  dans  ses  nombreux  écrits. 

notige  Elément  ist,  erwahnt  er  nebenbei  und  recbt  ei.i»entlich  in  Paranthese,  die 
Junlaliabeseibstverstandiicb  aucliTafeln  fiirdie  Alnveicbuni.;  der  Sonne  berechnel. 

Breusin^.  Zeitsciirift  derGesclIscbafl  fiir  Hrdkunde,  Band  4,  1869,  p.  10.3—104. 

(')  O.  Peschel.  (leschichte  der  Hrdkunde,  heraus^eifeben  \on  S.  Ruj^e, 
MLinchen,  1877,  p.  401. 

(-)  Die  Portugiesen  hatten  sicb  zu  Barros  Zeiten  schon  die  notige  Fertig- 
kcit  im  Gebrauche  dièses  Instrumentes  (balestilba)  erworben,  wàhrend  die  Spa- 
iiier  vie!  spater  nachfolgten.  Um  1.S14  gab  auch  der  Nurnberger  Astronom 
Johann  Werner  die  ersten  Tafein  heraus,  nach  welchen  die  Winkel  aiif  den 
Stàben  eingeteilt  werden  sollten. 

Peschel.    1.  c.  p.  389. 

(')  Voici  ce  qu'écrivait  Peschel  en  1858: 

„[)ieses  war  die  einfache,  so  vielfach  missverstandene  Aufgabe  jener  astro- 
nomisclien  junta,  welche  der  Konig  unter  dem  Vorsitz  des  Bischofs  Diogo 
Ortiz  aus  seinen  hebraischen  Leibârzten  Moyses,  José  und  Rodrigo  bildetc, 
denen  Martin  Behaim  beigegeben  wurde,  w  e  i  I  e  r  s  i  c  h  f  ii  r  e  i  n  e  n  S  c  h  u  i  e  r 
des  grôssten  Astronom  en  jener  Zeit,  Johannes  Millier  aus  Kônigs- 
berg,  Franken  (Regiomontanus)  ausgah." 

O.  Peschel.     Geschichle  des  Zeitalters  der  Entdeckungen.  Ed.  1858,  p.  92. 

C)  Regiomontan  berechnete  behufs  dieser  f-i.xierung  (geographische  Brei- 
tenbestimmungen)  im  Jahre  1473  die  Ephemeriden  auf  32  Jahre,  so  dass  die- 
selben  zunachst  in  der  wichtigsten  Zeit  der  Entdeckungen  fast  bis  zum  Todes- 
jahr  des  Columbus  geniigteii.    Er  erfand  aber  noch  ein,  auch  auf  Schiffen  an- 


13 

En  1885,  poursuivant  l'idée  de  Breusing  que  la  Junta  avait 
surtout  à  s'occuper  des  instruments  nautiques,  il  écrivait: 

„En   effet  la   balestilha   n'aurait    pas   suffi    pour   montrer  à 

„eile   seule   la   route  aux   marins  à  travers  l'océan:  à  cet  effet 

„on  avait  encore  besoin  d'un  autre  accessoire,  qui  fut  également 

„livré  par  Regiomontanus,  ce  sont  les  Ephémérides".' 

En  1890  M.  Qùnther  publia  une  intéressante  biographie  de  Be- 

haim.    Ce    livre    a   conduit    son    auteur    à  de    multiples    recherches 

dans  la   littérature   portugaise.    Les   passages   que   nous   venons  de 

reproduire  font  partie  d'ouvrages  traitant  des  découvertes  en  général; 

la   biographie   en   question  a   une  importance  plus  accentuée  en  ce 

sens  qu'elle  s'occupe   davantage  du   Portugal   et   qu'elle  résume  les 

recherches  contenues  dans  6  ou  7  œuvres  spéciales  sur  Behaim. 

Le  concours  prêté  par  Behaim  aux  études  de  la  Junta  y  est 
résumé  dans  les  conclusions  suivantes: 

1"  L'introduction  de  la  balestilha,  instrument  qui  aurait 
joué  un  rôle  prépondérant  pendant  les  grandes  découvertes. 
Cet  instrument,  inventé  par  Levi  ben  Gerson  et  non  par 
Regiomontanus,     aurait     été     complètement     oublié     dans    la 

wendbares,  handiiches  Instrument,  um  die  Polhôhe  eines  Sternes  zu  messen, 
den  sog.  Jakobstab  (balestilha),  welcher  aus  einem  Stabe  mit  rechtwinklich 
daran  befestigtem,  aber  schiebbarem  Querstabe  bestand.  Dièses  instrument 
wurde  in  der  Folge  durch  seinen  Schuier  Martin  Behaim  in  Portugal  einge- 
biirgert.  Aber  die  Breitenmessungen  der  portugiesischen  Seeleute  Messen, 
gegeniiber  den  Resultaten  der  Astronomen  in  Europa,  noch  vie!  zu  wiinschen, 
denn  es  steigerten  sich  die  Beobachtungsfehler  au!  drei  Grad. 

Solange  man  den  nôrdiichen  gestirnten  Himmel  iiber  sich  hatte,  waren 
die  Ephemeriden  des  Regiomontan  stets  anwendbar;  aber  als  die  portugiesi- 
schen Entdecker  die  âquatoriale  Linie  iiberschritten  hatten  und  eine  unervvartete 
andere  Gruppierung  der  Sternbilder  als  auf  der  nôrdiichen  Hemisphàre  er- 
blickten,  war  es  notwendig,  andere  astronomische  Tafeln  zu  entwerfen.  Zu 
dem  Zwecke  setzte  Kônig  Johann  II.  von  Portugal  (1481 — 95)  eine  astrono- 
mische Kommission  (Junta)  nieder,  vvelche  unter  Leitung  des  Bischofs  Diogo 
Ortiz  und  mit  Hinzuziehung  Behaims  dièse  Lucke  ausfullen  s<)llte  und  die 
Sonnenhôhe  fiir  siidliche  Breiten  zu  berechnen  und  in  Tafeln  zusammenzu- 
stellen  hatte. 

Ruge.  Zeitalter  der  Entdeckungen,  1881,  p.  99. 

(')  Freilich  hatte  dièses  Instrument  (la  balestilha)  auch  niclit  hingeruiclit, 
den  Schiffer  seinen  Weg  Liber  den  pfadlosen  Ozean  alleiii  finden  zu  lassen, 
vielmehr  bedurfte  es  hierzu  noch  einer  weiteren  Beigabe,  die  aber  eben  auch 
von  Regiomontanus  geliefert  wurde:  der  Ephemeriden. 

Qiïntlier:  Article  Joh.  Miillcr  (Regiomontanus).  Allgcmeiiie  Deutsche 
Biographie,  1885,  Band  22,  p.  577. 


14 

Péninsule.  Connue  et  employée  par  l'astronome  de  Nuremberg, 
la  balestilha  serait  revenue  au  Portugal  par  l'entremise  de 
Behaim  son  élève. 

2"  Behaim  aurait  introduit  les  Ephémérides  au  Portugal  en 
1484  ou  peu  après. 

M.  Giinther  attache  la  plus  grande  importance  à  l'emploi  de 
la  balestilha  que  Behaim  aurait  fait  connaître  à  ses  collègues  de 
la  Junta.  Il  la  considère  comme  le  seul  instrument  qui  aurait  donné 
à  la  navigation  le  secours  désiré.' 

Cette  opinion  se  basait  évidemment  sur  l'hypothèse,  formulée 
dans  une  note  du  livre,  que  le  rôle  attribué  à  l'astrolabe  était  tout 
à  fait  secondaire  (ganz  nebensàchlich).- 

En  1899,  un  auteur  anglais,  M.  Ravenstein,  publia  la  première 
de  ses  deux  études  sur  Behaim  où  il  soumit  les  différentes  questions 
soulevées  par  les  écrits  précédents,  à  une  critique  sévère.-' 

En  1905,  M.  Giinther  abandonne  l'hypothèse  que  la  balestilha 
aurait  été  introduite  par  Behaim,  à  savoir  la  première  de  ses 
conclusions  de  1890,  et  il  ne  maintient  plus  que  la  deuxième, 
l'introduction  des  Ephémérides  de  Regiomontanus  par  Behaim.^ 


(')  Nur  ein  Instrument  gab  es,  welches  der  Nautik  die  ersehnte  Hilfe 
bringen  konnte,  und  welches  zugleich  einem  Zogling  des  Regiomontanus 
genauer  bekannt  sein  niusste.  Dies  ist  der  sogenannte  Jakobstab  oder 
Gradstock  (la  balestilha). 

S.  Giinther.   Behaim-Bamberg,  1890,  p.  22. 

(-)  Vom  verbesserten  Astrolabium  haben  wir  in  dieser  Thèse  geschwiegen, 
weil  eben  unserer  festen  Ueberzeugung  nach  dasselbe  fiir  die  Zvvecke,  welche 
der  astronomischen  Kommission  und  iiberhaupt  den  Seeleuten  jener  Zeit  vor- 
schwebten,  nur  ganz  n  e  bensiich  I  i  ch  in  Betracht  kommen  konnte. 

Giinther.    Behaim,  p.  65. 

(')  E.  G.  Ravenstein.   Martin  Behaim. 

Separata  da  Revista  Colonial  e  Maritima.  Lisbonne.  1899—1901»  (en 
portugais). 

(^)  Lange  Zeit  glaubte  man  fast  allgemein,  die  Portugiesen 
hàtten  von  Behaim  den  „Jakobstab"  kennen  gelernt,  der  nachher  in 
der  Geschichte  der  Entdeckungen  eine  bedeutende  Rolle  gespielt  hat. 

Allein  dagegen  spricht  erstens,  dass  nirgendwo  auch  nur  die  leiseste  An- 
deutung  von  einer  so  cinschneidenden  Vcrbesserung  der  Beobachtungskunst  zu 
finden  ist,  vvie  denn  noch  Jahrzehnte  vergehen,  ehe  nautische  Lehrbiicher  des 
Jakobstabes  Erwahnung  tun;  dagegen  spricht  auch  Behai  ms  Breitenbe- 
stimmung  selbst,  sovveit  wir  sie  nach  seinem  Globus  zu  kontroliieren  in  der 
Lagesind,  denn  dièse  Messungensindsofehierhaft,  dass  mit  dem  neuen 
Instrumente  ganz  unbedingt  ein  besseres  Ergebnis  batte  erzielt  werden  miissen. 
Wir   werden    uns  foiglich  mit  Gelcich  lieber  dafiir  entscheiden,  dass  der  junge 


15 

En  1908,  M.  Ravenstein  publie  sa  deuxième  étude: 

Martin  Behaim  —  fiis  Life  and  his  Globe.  —  London  1908,  qui 
doit  être  considérée  comme  l'œuvre  la  plus  complète  sur  la  Junta;  on 
y  discute  non  seulement  les  documents  se  rapportant  à  Behaim,  mais 
les  sources  historiques  de  l'époque.  M.  Ravenstein,  par  ce  travail,  prend 
la  première  place  parmi  les  historiens  de  la  Junta  dos  Mathematicos. 

En  résumé  on  voit  que  Humboldt,  en  1836,  et  Ritter,  en  1861, 
trouvent  la  solution  du  problème  des  instruments  nautiques  dans 
l'astrolabe  de  Behaim  et  de  Regiomontanus;  Breusing,  en  1869,  et 
Ruge,  en  1881,  admettent  que  cette  solution  est  due  à  la  balestilha, 
invention  attribuée  à  l'astronome  de  Nuremberg;  Gunther,  en  1890, 
croit  qu'elle  est  due  à  la  balestilha,  qu'il  reconnaît  cependant  avoir 
été  inventée  par  le  Provençal  Levi  ben  Gerson.  Cet  instrument  oublié 
dans  la  Péninsule  serait  revenu  au  Portugal  par  la  voie  de  Nurem- 
berg et  par  l'entremise  de  Behaim.  En  1905,  cet  auteur  abandonne 
son  hypothèse  relative  à  la  balestilha.  Ainsi  de  1836  (Humboldt)  jus- 
qu'en 1905  (Gunther)  tous  les  auteurs  précités  admettent  que  le 
problème  des  instruments  astronomiques  posé  à  la  Junta,  a  été  résolu 
par  Behaim  et  Regiomontanus;  -  -selon  les  uns  l'astrolabe,  selon 
les  autres  la  balestilha  aurait  servi  à  orienter  les  navigateurs.  Quant 
aux  tables,  tous  ces  auteurs,  Peschel  y  compris,  sont  également  d'accord 
sur  le  rôle  joué  par  les  Ephémérides  dans  les  découvertes  portu- 
gaises. Nulle  part  on  ne  trouve  le  nom  de  Zacuto  en  ce  qui  concerne 
la   détermination   des   latitudes   au    moyen    de   la   hauteur  du  soleil. 

Au  Portugal,  Cordeiro  fut  le  premier,  à  notre  connaissance,  qui, 
en  1883,  après  les  recherches  de  Ribeiro  dos  Santos  et  Garçào 
Stockler,  appela  l'attention  sur  l'oubli  de  l'AImanach  perpetuum.  11 
mettait  en  même  temps  en  évidence  le  Règlement  de  l'astrolabe  et 
la  traduction  de  la  Sphère  de  Sacrobosco.  Enfin  il  renouvelait  les 
doutes  exprimés  par  Barros  que  Behaim  ait  été  un  astronome,  élève 
de  Regiomontanus;   de   plus   il    mentionnait  la  lettre  de  Monetarius 

Nurnberger  ein  Exemplar  der  Regiomontansch^n  ..Ephemeriden"  besass,  in 
welchem  unteranderem  furjedenTagdieAbweichung  derSonne  \om 
Aequator  prâzis  voraus  berechnet  war,  und  dièse  Kenntnis  der  Sonnen- 
deklination  war,  wie  bereits  erwahnt,  fiir  die  Ermittelung  der  Breite  aus  Sonnen- 
hôhen  gleichfalls  unerlassiich.  Nach  Lissabon  war  dies  bahnbrechende  Tafelwerk, 
der  Ahnherr  aller  spiiteren  astronomischeii  Jahrbùcher  und  Almanache,  noch 
iiicht  gedrungen,  und  uni  so  wilikomniener  musste  Behaims  Gabe  sein. 

5.  Gunther.  Das  Zeitalter  der  Entdeckungen  (1.  Auflage  19(M)).  2.  Auflage 
1905,  p.  37. 


16 

encore  inconnue  à  M.  Gùnther  en  1S90.'  Cette  lettre  a,  en  effet, 
comme  le  fait  remarquer  Cordeiro,  une  assez  grande  portée.  Elle  nous 
montre  que  Behaim,  le  membre  de  la  Junta,  proposait  un  voyage 
vers  les  Indes  par  l'ouest  en  juillet  1493,  c'est-à-dire  5 ',2  ans  après 
la  découverte  du  Cap  par  Bartholomeu  Dias.  Si  l'on  regarde  le 
globe  de  Nuremberg,  que  Behaim  venait  de  terminer,  où  l'Amérique 
ne  figure  naturellement  pas,  on  constate  que  la  distance  entre 
Cipangu  (Japon)  et  l'île  de  Payai  (une  des  Açores  oij  il  avait  habité) 
est  égale  à  une  fois  et  demie  la  distance  de  Payai  à  Lisbonne. - 

Ce  furent  cependant  les  études  de  Ravenstein,  celle  de  1899, 
puis  celle  de  1908,  qui  fixèrent  définitivement  l'attention  sur  les  tra- 
vaux astronomiques  de  la  Junta.  Sans  nous  intéresser  outre  mesure 
à  la  question  longuement  débattue  déjà,  des  mérites  de  Behaim,  une 
autre  question  bien  plus  importante  et  d'intérêt  général  nous  a  frap- 
pé, celles  des  ressources  astronomiques  du  Portugal  à 
l'époque  des  découvertes.  Si  la  nation  avait  manqué  de  tables 
et  d'instruments,  si  ses  ressources  scientifiques  avaient  été  insuffisantes, 
le  Portugal  aurait  été  en  effet  à  la  merci  d'une  aide  étrangère  pour  avoir 
les  éléments  indispensables  à  ses  voyages  dans  les  mers  inconnues. 
Cette  dernière  thèse  forme  bien  l'essence,  l'idée  fondamen- 
tale des  passages  de  nombreux  auteurs  allemands  à  l'égard  de  Be- 
haim et  de  Regiomontanus.  Nous  nous  sommes  bornés  à  citer  des 
auteurs  dont  la  réputation  et  l'autorité  sont  universellement  recon- 
nues. Les  mêmes  affirmations  renforcées  se  trouvent  dans  nombre 
d'autres  livres  dont  quelques-uns  cependant  ne  font  pas  autorité 
en  la  matière.  Nous  citerons  encore  le  passage  suivant  emprunté 
à  un  ouvrage  de  cette  dernière  catégorie  : 

„Si  l'Allemagne  n'a  pas  participé  directement  aux  grandes 
découvertes  du  XV  et  du  XVI^  siècle,  ce  furent  cependant 
les  savants  allemands  qui  par  leurs  travaux  d'atelier  et  de 
bibliothèque  ont  donné  à  ces  entreprises  l'impulsion  décisive. 
Dans  ce  sens  notre  célèbre  compatriote  Regiomontanus  aussi 
bien    que    Martin    Behaim    peuvent  sûrement    revendiquer    le 

(')  Un  passage  de  la  traduction  portugaise  de  cette  lettre  cité  par 
M.  Giinther  comme  provenant  d'un  auteur  portugais  (Bibiiotheca  Mathcmatica 
1890,  p.  79),  nous  révéla  l'existence  du  document  qui  fait  l'objet  de  cette  étude, 
dans  les  riches  Archi\es  de  la  liibliothéque  de  Municb. 

(-)  Voir  la  reproduction  du  globe  à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris 
ainsi  que  les  reproductions  cartographiques  chez  Rui^e  \.  c.  p.  230  et  chez 
Ravenstein     -  Behaim  (1908). 


17 

mérite  d'avoir  été  des  précurseurs  de  Colomb  et  d'avoir 
contribué  d'une  façon  essentielle  à  la  découverte  de  l'Amérique."^ 
La  thèse  de  la  pauvreté  des  ressources  scientifiques  du  Portugal 
est  bien  le  vieux  thème  que  le  Vicomte  de  Santarem  s'efforça  de 
contredire  et  celui  qui  provoqua  ses  admirables  recherches  sur  la 
cartographie.  Aujourd'hui  que  les  documents  ne  sont  plus  aussi 
rares  qu'ils  l'étaient  jadis,  l'étude  de  ce  problème  a  été  rendue  plus 
facile.     Ainsi   nous   nous  sommes   posé  la  question  suivante  : 

„Est  ce  que  le  Portugal,  précurseur  des  autres  nations  dans 
les  découvertes  maritimes,  aurait  été  dépourvu   des  ressources 
astronomiques  nécessaires  à  la  réalisation  de  ses  vastes  projets 
coloniaux?    Dans  l'affirmative,  d'oij  sont  venus  ces  éléments? 
Qui  les  a  fournis  à  la  Junta?  —  Quel   fut   le  rôle  des  Ephé- 
mérides  —  et  quel  fut  celui  de  l'Almanach  perpetuum?" 
De   nombreuses  considérations   nous   poussaient  à  cette  étude. 
D'abord  les  résultats  peu  satisfaisants  obtenus  par  les  auteurs  depuis 
Humboldt  jusqu'à  Gùnther;  car   il  ne  faut   pas  oublier  que  ces  ré- 
sultats contenaient  les  résumés  de  6  ouvrages  sur  Behaim  -  tournant 
tous  plus  ou  moins  autour  du    même  sujet.    Les  lacunes  signalées 
par  Ravenstein,    l'oubli   de  l'Almanach   perpetuum    et  du  Règlement 

(')  Wenn  sich  Deutschland  an  den  grossen  geographischen  Entdeckungen 
des  15.  und  16.  Jahrhunderts  direkt  nicht  beteiligt  hat.  so  sind  es  doch 
deutsche  Gelehrte  gevvesen,  vvelche  durch  ihre  Arbeiten  in  Werkstatt  und 
Studierstube  ihnen  den  wesentlichsten  Vorschub  geleistet  haben.  insofern 
kommt  auch  unserem  berùhmten  Landsmann  Regiomontanus,  ebenso  wie 
Martin  Behaim,  sicherlich  das  Verdienst  zu,  ein  Vorlaufer  des  Columbus  und 
somit  fiir  die  Entdeckung  Amerikas  von  wesentlichem  Nutzen  gewesen  zu  sein. 
A.  Ziegler.  Regiomontanus  ein  geistiger  Vorlaufer  des  Columbus  (1874) 
p.  102. 

(-)  Liste  chronologique  d'ouvrages  sur  Behaim: 
177.S.     T.  von  Murr.   Diplomatische  Geschichte  des  portugiesischen  beriihmten 

Ritters  Martin  Behaim.  Niirnberg. 

1842.     F.   W.  Ghillany.     Der   Erdglobus   des  Martin  Behaim    im  Jahre  1492. 

Nùrnberg. 
lH5.i     F.  W.  Ghillany.    Geschichte  des  Seefahrers  Ritter  Martin  Behaim. 

Niirnberg. 
1H.59.     A.  Ziegler.     Martin    Behaim     aus    Nùrnberg,     der    geistige    Entdecker 

Amerikas.  Dresden. 

1874.     A.  Ziegler.     Regiomontanus   ein    geistiger  Vorlaufer  des  Columbus. 

Dresden. 

1889.  A.  Reichenbach     Martin  ik'haim  ein  dcutscher  Seefahrer. 

Leipzig. 

1890.  5.  Qiintlier.     Martin  Behaim.  Bamberg. 


18 

de  l'astrolabe,  publié  dès  1883,   enfin  l'appréciation  de  Peschel  for- 
mulée en   1877  sur  le  globe  de  Nuremberg  fortifiaient  le  doute  que 
Behaim  ait  vraiment  été  un  astronome,  élève  de  Regiomontanus. 
Voici  ce  qu'écrit  Peschel  à  propos  du  globe  de  Behaim: 

„Si  nous  voulons  apprécier  les  connaissances  de  Behaim 
d'après  le  globe  qu'il  a  laissé,  et  sur  lequel  on  trouve  des 
erreurs  de  latitude  allant  jusqu'à  lô*^,  aux  endroits  de  la  côte 
qu'il  prétend  avoir  visités  lui-même,  tandis  que  chez  les 
pilotes  portugais  et  espagnols  de  son  temps,  les  erreurs 
d'observations  qu'ils  faisaient  à  terre,  ne  dépassent  que  rare- 
ment un  degré  et  que,  chez  d'autres  élèves  de  Regiomon- 
tanus, la  limite  des  erreurs  dans  le  calcul  des  latitudes  ne 
comporte  que  quelques  minutes  d'aïc,  il  faut  reconnaître  que 
les  Portugais  n'ont  pu  tirer  que  peu  de  profit  des  enseigne- 
ments de  notre  compatriote."' 

Ce  passage,  confirmé  par  la  critique  de  M.  Gùnther  (1905)  re- 
produite plus  haut,  nous  ramène  donc  vers  ce  même  doute  exprimé 
par  Barros: 

„Martim  de  Boemia  natural  daquellas  partes,  o  quai  se  gloreava 
ser  discipulo  de  Joanne  de  Monte  Regio." 


LES  TABLES. 

Avant  même  d'aborder  l'examen  de  l'œuvre  de  Zacuto,  du  traité 
de  la  Sphère,  de  l'Esmeraldo,  du  livre  de  Marinharia  ou  enfin  du 
Règlement  de  l'astrolabe,  la  thèse  de  l'insuffisance  de  ressources 
scientifiques  du  Portugal  nous  a  paru  insoutenable,  puisqu'en  somme 
la  génération  qui  fit  les  découvertes,  fut  celle  qui  précéda  la  période 
scientifique  et  littéraire  la  plus  éclatante  de  la  nation. 

(')  Wenn  wir  seine  (Behaims)  sonstigen  Kenntnisse  aus  der  von  ihm 
hinterlassenen  Erdkugel  abschatzen  wollen,  auf  der  sich  bel  Breitenbestim- 
mungeii  an  Kiistenpunkten,  die  er  selbst  besucht  haben  vvill,  Fehler  bis  zu 
16  Grad  finden,  wàhrend  bei  den  portugiesischen  und  spanischeii  Lootsen  der 
damaligen  Zeit,  wenn  sie  auf  dem  festen  Lande  beobachteten,  die  Fehler  selten 
einen  Grad  iiberstiegen  und  bei  den  Breitenmessungen  anderer  deutscher 
Schûler  Regiomontans  die  Fehiergrenze  nur  etiiche  Bogenminuten  betrâgt, 
so  hàtten  die  Portugiesen  \on  der  Belehrung  unseres  Lands- 
m an  nés  wenig  Nutzen  ziehen  kônnen. 

O.  Peschel.    Geschichte  der  Erdkunde  (1865),  p.  215  et 
O.  Peschel.  Geschichte  der  Erdkunde  (1877),  p.  236.   Voir  aussi  du  mcMTie 
auteur:  Geschichte  des  Zeitaiters  der  Entdeckungen,  Ed.  1858,  p.  90. 


19 

Des  médecins  de  réputation  européenne  tels  que  Garcia  da 
Orta,  les  historiens  Barros,  Goes  et  Osorio,  le  poète  Camôes  et  le 
mathématicien  Pedro  Nunes.  tels  sont  les  noms  qu'on  trouve  dans  la 
génération   qui  suivit  la  grande  période  des  succès  maritimes. 

Si,  a  priori,  la  thèse  de  l'insuffisance  de  ressources  paraît  fort 
douteuse,  elle  s'écroule  tout  à  fait,  si  l'on  examine  le  sujet  de  près. 

Le  Règlement  de  l'astrolabe,  publié  par  Cordeiro,  soulève  un 
coin  du  voile.  Pour  éclaircir  totalement  ce  sujet,  qui  par  des  cir- 
constances spéciales  a  été  entouré  de  mystère  pendant  des  siècles, 
il  a  fallu  recourir  à  l'examen  des  détails  du  Règlement,  de  l'Almanach 
perpetuum  et  d'un  autre  livre  bien  peu  connu  encore,  les  Ephé- 
mérides. 

Nous  aurions  désiré  que  quelqu'un  de  plus  autorisé  que  nous, 
entreprît  ce  travail,  d'autant  plus  qu'il  s'agit  de  contredire  une  série  de 
savants  de  réputation  européenne.  Tout  en  reconnaissant  notre 
insuffisance  pour  une  tâche  pareille,  nous  nous  permettrons  de 
signaler  des  faits  ignorés  jusqu'à  présent;  ils  parleront  d'eux-mêmes. 

Les  Ephémérides  édition  1474,  livre  qui  est  censé  avoir 
résolu  le  problème  nautique  du  Portugal,  contiennent  une  Tabula 
Région  u  m  et  une  Tabula  Lunae.  Le  restant  est  une  seule  table 
astronomique  répétée  d'année  en  année  de  1475  à  1506. 

Cette  table  contient  la  position  du  soleil,  de  la  lune  (le  „Caput"'), 
et  des  5  planètes  (Saturne,  Jupiter,  Mars,  Vénus  et  Mercure)  dans 
les  signes  du  Zodiaque,  calculés  jour  par  jour  pour  32  années. 
Chaque  mois  occupe  une  page.  La  page  opposée  contient  des  in- 
dications sur  les  dates  des  éclipses,  conjonctions,  oppositions,  etc. 
par  rapport  à  ce  même  mois.  Cette  deuxième  page  porte  comme  titre: 

Aspectus  lune  ad  soiem  &  planetas  —  SoLis  &  planetarum 
inter  se. 

On  trouve  donc  dans  les  Ephémérides  la  position  journalière 
de  chacun  des  7  astres  par  rapport  aux  12  signes  du  Zodiaque  ou 
à  leurs  maisons  astrologiques. 

On  n'y  trouve  aucune  indication  sur  le  problème  des  latitudes; 
bien  plus,  on  n'y  trouve  pas  les  éléments  indispensables 
à  ce  calcul.  Un  élément  important  y  manque,  la  tabula 
déclina  tion  is.  Nous  avons  remarqué,  dans  les  citations  précé- 
dentes, qu'on  ne  mentionne   pas  les  œuvres   de   Regiomontanus  en 

(')  Le  ..Capul"  csl  un  des  points  do  l'intersection  du  plan  de  l'écliptique 
et  de  l'orbite  hiiiaire  en  d'autres  ternies,  le  nœud  ascendant  de  la  lune. 


20 

général,  mais  qu'on  a  toujours  précisé  les  Ep  h  é  mé  rides. 
Il  semble  donc  que  ce  livre,  d'une  rareté  extrême,  n'a  point  été 
examiné  au  point  de  vue  du  calcul  des  latitudes  et  qu'on  s'est  borné 
à  répéter  ce  qu'Humboldt  avait  écrit  à  cet  égard. 

Nulle  part,  dans  la  bibliographie  spéciale,  nous  n'avions  pu 
trouver  des  détails  précis  sur  les  tables  astronomiques  des  Ephé- 
mérides;  notre  curiosité  en  fut  éveillée  et,  après  des  recherches  dans 
les  principales  bibliothèques  de  la  Suisse  et  de  l'Allemagne,  nous 
avons  trouvé  un  seul  exemplaire  complet  et  deux  exemplaires  in- 
complets de  l'édition  1474,  la  seule  imprimée  du  vivant  de  Regio- 
montanus.  Ces  3  précieux  volumes  appartiennent  à  la  Bibliothèque 
Royale  de  Munich  où  nous  les  avons  examinés.  Le  volume  complet 
porte  à  la  fin  une  note  manuscrite,  dont  voici  la  traduction: 

„Cette  première  édition  est   devenue  d'une  si  grande   rareté 

qu'elle  n'a,  paraît-il,  été  examinée  paraucun  des  auteurs  modernes." 

Neuf  éditions  des  Ephémérides  antérieures  à  1499,  y  compris 
l'édition  princeps  (1474),  ne  contiennent  pas  les  éléments  indispen- 
sables au  calcul  des  latitudes. 

Etant  donné  son  importance,  ce  fait  nous  a  vivement  surpris.  Donc 
ce  livre  à  lui  seul,  même  s'il  avait  été  à  bord  des  flottes  de  Bartho- 
lomeu  Dias,  Colomb,  Vespucci  et  Gama,  comme  Humboldt  l'a  pré- 
tendu, n'aurait  pas  permis  de  faire  le  calcul  en  question.  C'est  dans 
un  autre  ouvrage,  la  Tabula  directionum,  et  non  pas  dans  les  Ephé- 
mérides, que  Regiomontanus  plaça  lui  même  la  table  longuement 
cherchée  de  la  déclinaison  du  soleil.'  Ainsi,  pour  que  les  marins 
eussent  pu  faire  le  calcul  des   latitudes,   il   aurait  fallu  posséder  les 

(')  Les  œuvres  de  Regiomontanus  n'entrent  en  considération  pour  ce  qui 
concerne  la  question  des  tables  nautiques  portugaises  que  jusqu'en  mars  1496, 
date  de  l'édition  de  l'Almanach  perpetuum  de  Zacuto,  puisque  ce  livre  con- 
tient tous  les  éléments  nécessaires  au  calcul  des  latitudes.  Il  suffit  de  signaler 
que  rédition  des  Ephémérides  de  1498  Venise,  contient  la  copie  de 
15  tables  de  l'Almanach  perpetuum,  pour  se  rendre  compte 
que  toutes  les  éditions  postérieures  ne  nous  concernent  plus. 
Ce  sont  donc  les  nombreuses  éditions  de  ce  livre  de  1474  à  1498  qu'il  s'agit 
d'examiner.  Main  cite  huit  éditions  parues  dans  cette  période;  sa  liste  est 
cependant  incomplète.  Il  faut  en  ajouter  au  moins  trois,  mentionnées  par 
Proctor,  ce  qui  fait  un  total  de  onze  éditions,  y  compris  celle  de  1498. 
Par  suite  de  la  rareté  de  ces  livres,  il  était  difficile  de  se  rendre  compte  si 
oui  ou  non  elles  contiennent  la  table  de  la  déclinaison  du  soleil.  Nous  sommes 
arrivé  cependant  à  vérifier  neufs  éditions;  quatre,  y  compris  l'éd.  1474,  furent 
revues  par  nous-même,  les  cinq  autres  ont  été  examinées  à  notre  demande 
par  les  directions  des  bibliothèques  possédant  ces  précieux  exemplaires.    11  est 


21 

deux  ouvrages  et  non  pas  les  Ephémérides  seules;  on  aurait  à  prendre 
dans  l'une  les  éléments  qui  manquent  dans  l'autre. 

Mais  quand  on  a  ouvert  une  fois  seulement  et  l'Almanach  per- 
petuum  avec  ses  56  types  de  tables  différentes,  occupant  316  pages, 
et  les  Ephémérides,  on  reconnaît  l'impossibilité  de  mettre  des  œuvres 
pareilles  dans  les  mains  des  marins  pour  le  calcul  des  latitudes.  Il 
faut  bien  nous  rendre  compte  qu'il  s'agissait  de  familiariser  les 
navigateurs  avec  un  calcul  astronomique,  calcul  sijrement  moins  simple 
que  ne  l'est,  par  exemple,  celui  des  longitudes  par  la  méthode  de  la 
différence  de  l'heure  d'une  éclipse,  comme  l'a  fait  Vespucci  en  1499. 
Ces  deux  livres  ne  contiennent  aucune  indication  sur  la  façon  de 
déterminer  les  latitudes;  ils  sont  remplis  d'un  fatras  d'éléments 
astrologiques  dont  les  marins  ne  pouvaient  pas  se  servir.    Les  ma- 

résulté  de  notre  enquête  que  la  table  de  la  déclinaison  de  Regiomontanus  ne 
se  trouve  pas  dans  ces  neufs  éditions  des  Ephémérides.  Les 
deux  éditions  qui  restent  à  vérifier,  pourraient  en  effet,  contenir  cette  table; 
ce  sont  les  éditions  de  1488  et  1492  de  Venise.  (Proctor  No  1875  et  Hain 
No  13796). 

Cette  éventualité  cependant  n'est  guère  probable,  attendu  que  Regio- 
montanus plaça  lui  même  la  table  de  la  déclinaison  dans  un 
autre  de  ses  livres,  la  Tabula  directionum  éd.  1475  et  non  pas 
dans  les  Ephémérides. 

Le  fait  que  nous  venons  de  signaler  est  ignoré,  à  ce  qu'il  paraît,  de  tous 
les  auteurs  ayant,  à  notre  connaissance,  étudié  les  rapports  entre  les  Ephé- 
mérides et  les  tables  nautiques  portugaises. 

M.  Gelcich  a  publié  le  commencement  de  la  table  de  déclinaison  de 
Regiomontanus  (Instrumente  u.  wissenschafti.  Hiilfsmittel  der  Nautik  1892  p.  74); 
il  l'aurait  prise  dans  une  édition  des  Ephémérides  de  1559,  Tiibingen. 

Le  plagiat  signalé  dans  l'édition  des  Ephémérides  de  1498,  suffit  pour 
illustrer  les  profondes  altérations  subies  par  ce  livre;  l'édition  de  1559  Tiibingen 
ne  peut  donc  entrer  en  considération. 

Nous  avons  eu  en  main  trois  éditions  de  la  Tabula  directionum; 
éd.  Augsburg  1490,  éd.  Tiibingen  1559  et  éd.  Wittemberg  1584.  On  y  trouve 
la  table  complète  de  déclinaison  dont  M.  Gelcich  publia  le  commencement. 
Réunie  à  d'autres  éléments  astronomiques  concernant  la  déclinaison  des  étoiles, 
elle  occupe  un  total  de  12  pages  dans  l'édition  de  1490.  La  table  de  déclinaison 
de  Zacuto  occupe  une  seule  page.  On  la  retrouve  sous  une  forme  identique 
chez  Pedro  Nunes  en  1537,  tandis  que  la  disposition  de  la  table  de  Regiomon- 
tanus est  entièrement  différente  de  celles  de  Zacuto  et  de  Nunes. 

Nous  présentons  encore  une  fois  nos  meilleurs  remerciements  au  savant 
professeur  M.  A.  Wolfer,  qui  avec  une  extrême  bienveillance  nous  prêta  son 
aide  dans  ces  investigations;  en  même  temps  nous  tenons  à  exprimer  notre 
reconnaissance  à  la  Direction  de  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich  qui  nous 
les  a  considérablement  facilitées. 


22 

thématiciens  et  non  pas  les  navigateurs,  avaient  à  en  retirer  les  élé- 
ments dont  les  marins  avaient  besoin;  ils  avaient  à  les  réunir,  à  les 
simplifier  autant  que  possible,  à  les  accompagner  d'un  exposé  clair 
et  élémentaire  pour  initier  les  pilotes  au  calcul  des  latitudes.  Cet 
exposé  est  le  Règlement  de  I"  astrolabe.  On  va  bientôt  voir  quels 
soins,  quelle  minutie  on  a  mis  à  répéter  les  exemples  et  comment  on 
a  pris  toutes  les  précautions  de  rédaction  pour  éviter  des  erreurs. 
La  simplicité,  la  clarté,  au  détriment  même  de  la  précision,  étaient 
les  points  auxquels  on  attachait  la  plus  grande  importance  dans  la 
rédaction  du  Règlement  de  Munich.  Ce  sont  ces  points  aussi  qui, 
à  notre  avis,  donnent  à  ce  document  sa  grande  valeur. 

Le  fait  que  les  Ephémérides  et  la  Tabula  directionum  contiennent 
à  eux  deux  les  éléments  du  calcul,  ne  suffit  pas  à  prouver  que  les 
mathématiciens  portugais  y  aient  eu  recours  et  se  soient  servis  de 
ces  éléments. 

L'Almanach  perpetuum  fut  écrit  de  1473  à  1478,  à  Salamanque, 
où  Zacuto  était  professeur  à  l'Université.  Il  fut  imprimé  pour  la 
première  fois,  18  ans  après,  en  1496.  Augustinus  Riccius,  auteur 
d'un  ouvrage  astronomique,  De  niotu  octavae  Sphaerae,  déclare 
dans  ce  livre  qu'il  étudia  sous  Zacuto  en  1474  à  Salamanque.  11  y 
parle  de  „rOpera  Magna"  de  son  maître,  œuvre  entreprise  à  la  de- 
mande de  l'Evêque  de  Salamanque.'  On  connaît  aujourd'hui  3  manu- 
scrits en  hébreu  de  cette  œuvre,  un  à  Lyon,  un  autre  à  Vienne,  le  troi- 
sième à  Munich.     Ce  dernier  porte  la  date  de  1473—1478. 

L'œuvre  latine,  imprimée  à  Leiria  en  1496,  fut  la  traduction  de 
l'hébreu,  faite  par  José  Vizinho,  élève  de  Zacuto,  médecin  de  D.  Joào  II 
et  membre  de  la  Junta  dos  Mathematicos. 

José  Vizinho,  comme  le  déclare  Valentim  Fernandes  dans  son 
célèbre  manuscrit,  faisait  partie  de  l'entourage  royal  de  D.  Affonso  V, 
mort  en  1481.  D.  Joào  II,  alors  prince  royal,  avait  à  sa  charge  les 
affaires  de  la  Guinée  et  ce  fut  sous  le  règne  de  son  père  qu'on 
atteignit  l'équateur  pour  la  première  fois.  A  partir  de  ce  moment  la 
question  de  l'orientation  de  la  navigation  dans  l'hémisphère  sud  était 
à  l'ordre  du  jour;  elle  s'imposait  de  plus  en  plus. 

Nous  savons  par  les  notes  de  Colomb,  que  V^izinho  fut  envoyé 
à  la  Guinée  au  commencement  de  l'année  1485  (c'est-à-dire  6  à  8 
mois  après  l'arrivée  de  Behaim  à  Lisbonne)  pour  y  faire  des  déter- 

(')  Steinschneider.    Études  sur  Zarkali.    Rome.    1888,  p.  21. 
Steinschneider.    Mathematik    bel    den    Juden.     1901.     (§    1471—1480    et 
§  1501—1550.) 


23 

minations  de  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil.  L'Almanach  perpe- 
tuum  de  Zacuto  contient  un  total  de  336  pages,  dont  20  de  texte 
et  316  de  tables  astronomiques.  Neuf  de  ces  pages  renferment 
tous  les  éléments  nécessaires  au  calcul  des  latitudes. 

L'Imago  Mundi,  de  Petrus  d'Alliaco,  écrit  vers  1410,  a  été  connu 
au  Portugal  en  manuscrit,  du  temps  de  D.  Henrique.  Ce  livre  est  cité 
dans  la  chronique  d'Azurara,^  terminée  vers  1448.  On  doit  donc 
admettre  que  sous  D.  Joào  II,  on  aura  pu  se  procurer  de  bonne 
heure  les  éléments  astronomiques  nécessaires  pour  résoudre  le 
problème  de  l'orientation  des  navigateurs  dans  l'hémisphère  sud. 
Cela  est  d'autant  plus  probable  que  le  besoin  s'en  est  fait  sentir 
dès  1471,  date  à  laquelle  on  avait  atteint  l'équateur.  D.  Joào  II 
était  chargé  des  questions  coloniales  dès  1474.  Il  avait  dans 
son  entourage  maître  José  Vizinho  qui,  comme  Riccius,  devait 
connaître  l'œuvre  de  Zacuto,  son  maître.  Mais  indépendamment 
même  de  l'œuvre  de  Zacuto  à  laquelle  Vizinho  aurait  pu  recourir, 
nous  reviendrons  bientôt  sur  une  série  d'œuvres  semblables  répandues 
en  manuscrit,  parmi  lesquelles  il  faut  d'abord  citer  celles  de  Jehuda 
ibn  Verga,  auteur  d'un  traité  d'astronomie  daté  de  Lisbonne  en 
1457  et  de  tables  astronomiques,  les  premières  nommées  dans  l'intro- 
duction latine  de  l'Almanach  perpetuum. 

Les  Ephémérides  furent  imprimées  pour  la  première  fois  en  1474 
et  la  Tabula  directionum  en  1475.  Si  les  éléments  du  calcul  con- 
tenus dans  les  deux  ouvrages  avaient  été  indispensables  et  s'ils 
furent  réellement  ceux  qu'on  a  utilisés,  les  traces  de  ces  mêmes 
éléments  devraient  se  retrouver  dans  les  tables  élémentaires  du  Règle- 
ment de  l'astrolabe  de  Munich.  Ce  n'est  point  le  cas. 

En  réunissant  la  tabula  solis  des  Ephémérides  à  la  tabula 
declinationis  de  l'autre  œuvre  de  Regiomontanus,  nous  étions  à 
même  de  faire  la  comparaison  avec  les  tables  correspondantes  de 
l'œuvre  de  Zacuto.  On  détermine  par  cette  comparaison 
des  différences  caractéristiques  qui  permettent  de  recon- 
naître facilement  les  éléments  propres  à  chaque  auteur. 

Dans  l'original  hébreu  de  son  œuvre  (manuscrit  de  Munich), 
Zacuto  déclare  qu'il  a  basé  sa  tabula  declinationis  sur  la  déclinaison 
maxima  de  23^  33'  adoptée  par  Zarkali.  La  valeur  correspondante 
chez  Regiomontanus  est  de  23"  30'.  Dans  toutes  les  tables  des 
Règlements  de  l'astrolabe  jusqu'au  règlement  traité  par  Pedro  Nunes, 

(')  Azurara  Chronica  da  GuinO,  1<S4I,  p.  291. 


24 

dans  le  Tratado  da  carta  de  niarear,  on  trouve  le  chiffre  de  23"  33, 
de  Zacuto.  Nuiies  discute  ces  3  minutes  et,  les  trouvant  sans  impor- 
tance, il  les  supprime. 

La  confrontation  des  tables  des  deux  auteurs  donne  les  résultats 
suivants: 

1"  Les  tables  du  Règlement  de  Munich  établies  pour  une  seule 
année,  sont  une  simple  adaptation  jour  par  jour  de  la  tabula 
declinationis   de  Zacuto   aux  366  jours  d'une  année  bissextile. 

2"  Les  tables  plus  exactes  du  Règlement  d'Evora,  établies  déjà 
d'après  le  cycle  solaire  des  4  années,  ont  la  déclinaison  maxi- 
ma  de  23"  d,d>'. 

3"  Dans  le  texte  des  règlements  contenus  dans  le  Reportoho  dos 
tempos{édA52\  et  1528),  Valentim  Fernandes  déclare  que  les  tables 
astronomiques  furent  minutieusement  extraites  de  l'Alma- 
nach  perpetuum  par  maître  Gaspar  Nicolas.  Le  Reportorio 
de  V.  Fernandes,  dont  les  exemplaires  sont  très  rares,  eut 
parait-il  11  éditions,  la  première  en  1518  (?)  et  la  dernière 
en  1573.  Les  éditions  de  1521  et  1528  furent  étudiées  par 
Cordeiro;  les  autres  sont  encore  à  examiner. 

4*^  Les  deux  tables  du  cycle  de  4  années,  annexées  au  Livro  de 
Marinharia,  ont  la  déclinaison  maxima  de  23*^  ZZ',  valeur 
qu'on  trouve  également  indiquée  par  Duarte  Pacheco  dans 
l'Esmeraldo. 

5"  La  Raccolta  di  documenti,  qui  contient  tous  les  autographes  de 
Colomb,  reproduit  deux  tables  astronomiques  dont  l'une  semble 
la  copie  de  la  tabula  declinationis  de  Zacuto  bien  que  pleine 
d'erreurs.  Ainsi  on  constate  que  sur  30  chiffres  de  la  dernière 
colonne,  22  sont  ceux  de  l'Almanach  perpetuum,  y  compris 
la  valeur  maxima  de  23°  33'. 

6"  Enfin  Pedro  Nunes  adopta  la  tabula  declinationis  de 
Zacuto  dans  le  Tratado  em  defensam  da  carta  de  niarear  {\  531); 
il  la  calcule  de  nouveau,  en  supprimant  les  3  minutes  dans  ces 
termes: 

'e  por  tanto  os  très  miudos  que  mais  ha  nos  regimentos 
sam  sobejos:  porque  posto  que  a  deferença  seja  pouca:  o 
sobejo  nam  serue  de  nada.  ^ 
Il   adopta   23"^  30',   en   laissant   à   cette  table   la  forme  exacte 
adoptée  par  Zacuto. 

(')  Nunes.   Tratado  eni  defensam,  etc.  Revista  d'Liigenharia  Militar,  1911, 
p.  361. 


25 

Si  l'on  envisage,  d'autre  part,  les  tables  portugaises  par  rapport 
à  l'introduction  du  cycle  perpétuel  des  4  années,  les 
résultats  sont  identiques. 

Le  Règlement  d'Evora,  les  Règlements  contenus  dans  le  Reportorio 
(2  éd.  1521  et  1528),  le  Livro  de  Marinharia  et  le  Traité  de  Pedro 
Nunes  ont  tous  des  tables  établies  selon  le  cycle  de  4  an- 
nées. Cette  forme  des  tabula  solis  n'existe  pas  dans  les  Ephé- 
mérides  jusqu'à  l'édition  de  Venise  1498.  Cette  édition  est  datée 
de  décembre,  c'est-à-dire  32  mois  après  l'impression  de  l'Almanach 
perpetuum  terminée  à  Leiria  en  mars  1496. 

Le  titre  du  livre  fut  changé  en  Ephenierides  sive  Almanach 
perpetuum.  Johannes  Lucilius  Germanus  (Santritter)  de  Venise  en 
fut  le  compilateur  et  rédacteur.  L'édition  1498  contient  un  total  de 
22  tables  astronomiques,  dont  15  sont  des  copies  de  l'Alma- 
nach perpetuum  et  une  seule,  la  tabula  Regionum,  est  prise 
dans  les  Ephémérides.  Le  livre  a  perdu  complètement  la  forme 
primitive  des  Ephémérides;  dans  le  texte  le  nom  de  Regiomon- 
tanus  est  6  fois  mentionné;  celui  de  Zacuto  y  est  entièrement 
ignoré. 

Ce  plagiat  n'a  pas  encore  été  mis  en  évidence.  Il  n'avait  pas, 
il  est  vrai,  au  XV"^*^  siècle,  la  signification  qu'il  aurait  de  nos  jours; 
c'est  ici  cependant  le  lieu  d'y  appeler  l'attention,  à  deux  points 
de  vue: 

D'abord  la  rapidité  de  la  besogne.  En  32  mois  on  eut  connais- 
sance de  l'œuvre  portugaise  à  Venise,  on  rédigea  et  on  termina 
l'impression  de  la  nouvelle  édition.  Ensuite  le  succès  de  cette  édition 
de  1498  a  dû  être  très  grand,  car,  de  toutes  les  éditions,  soit  de 
l'Almanach  perpetuum,  soit  des  Ephémérides,  celle  qu'on  trouve  en- 
core avec  le  plus  de  facilité  dans  les  grandes  bibliothèques  est 
précisément  celle  empruntée  presque  toute  à  Zacuto  et  où  cet 
auteur  n'est  point  nommé. 

Johannes  Lucilius  Germanus  fut  le  rédacteur  de  l'édition  des 
tables  Alfonsines,  éd.  1483;  il  fut  un  des  principaux  éditeurs 
d'œuvres  astrologiques  à  Venise;  nous  le  rencontrerons  plus  tard  à 
propos  de  la  première  édition  authentique  de  l'Almanach  perpetuum, 
imprimée  en  1502  à  Venise. 

Les  seules  tables  qui  n'ont  point  le  cycle  de  4  années,  sont 
celles  du  Règlement  de  Munich,  lilles  sont  faites,  comme  il  a  déjà 
été  remarqué,  pour  une  seule  année,  contenant  la  déclinaison  en 
face   de   la   date  journalière.    La  simplicité  de  ces  tables  et   de  leur 


26 

texte  nous  rappelle  les  tables  élL'meiitaires  citées  par  Barros  qui  ont 
précédé  celles  en  usage  de  son  temps. 

L'Almanach  perpetuum  fournit  les  éléments  pour  le  calcul 
des  latitudes  dans  cinq  tables,  dont  une  la  table  de  la  déclinaison 
et  quatre  autres  contenant  la  longitude  du  soleil  jour  par  jour  pour 
un  cycle  de  quatre  années. 

Les  tables  élémentaires  du^Règlement  de  Munich,  basées 
sur  ces  mêmes  éléments,  indiquent  approximativement  la  longitude 
du  soleil  et  la  déclinaison  en  face  de  la  date  journalière  pour  une 
seule  année. 

Les  tables  déjà  plus  exactes  du  Règlement  d'Evora,  four- 
nissent la  déclinaison  jour  par  jour  pour  les  quatre  années  du  cycle 
solaire.  La  longitude  solaire  ne  figure  que  dans  la  première  année 
seulement. 

Le  Livro  de  Marin  h  aria  contient  deux  séries  de  tables. 
L'une  fournit  les  deux  éléments,  la  longitude  du  soleil  et  la  décli- 
naison pour  chaque  jour  et  pour  le  cycle  de  quatre  années.  L'autre 
série  n'indique  que  la  déclinaison  journalière  pour  les  quatre  années 
du  cycle. 

Dans  les  tables  du  Règlement  et  du  Livro  de  Marinharia  on 
remarque  toujours  la  même  préoccupation  de  simplifier  autant  que 
possible  le  calcul.  Pour  utiliser  ces  tables  on  n'avait  qu'à  prendre 
la  hauteur  du  soleil  par  l'astrolabe,  chercher  la  déclinaison  dans  les 
tables  à  la  date  respective  et  introduire  ces  valeurs  dans  une  des 
formules  fournies  par  le  Règlement.  Mais  c'était  au  marin  à  décider 
laquelle  de  ces  formules  était  applicable  au  cas  concret.  Avec 
l'AImanach  perpetuum  au  contraire,  il  fallait  calculer  la  déclinaison 
par  la  table  fournissant  les  éléments  nécessaires  pour  chaque  degré 
des  douze  signes  du  Zodiaque.  Ce  livre  contenait  donc  les  éléments 
astronomiques,  mais  on  n'y  trouvait  pas  la  moindre  indication  sur 
la  méthode  du  calcul  des  latitudes. 

Un  pilote  non  initié  à  ce  calcul,  ne  pouvait  se  servir  ni  de 
l'AImanach  perpetuum  ni  des  œuvres  de  Regiomontanus.  Colomb, 
par  exemple,  avait  avec  lui  en  1504,  l'AImanach  perpetuum,  il  y 
pris  la  date  d'une  éclipse  à  la  Jamaïque,  mais  malgré  le  grand 
nombre  de  notes  astronomiques  dans  ses  autographes,  on  ne  trouve 
rien  établissant  qu'il  ait  connu  le  procédé  du  calcul  des  latitudes 
par  la  hauteur  du  soleil.  Les  exposés  de  la  détermination  des 
latitudes  faits  par  Duarte  Pacheco,  Joào  de  Lisboa  et  maître  Joào, 


27 

pilote  d'Alvares  Cabrai,  trois  marins  portugais  contemporains  de 
Colomb,  nous  montrent  clairement  leur  supériorité  incontestable  à 
cet  égard.  La  méthode  du  calcul  des  latitudes  se  trouvait  décrite 
dans  une  œuvre  jusqu'à  présent  ignorée,  le  Règlement  de  l'astrolabe. 
Dans  ce  livre  on  expose  tous  les  détails  du  problème;  c'est  dans 
ce  livre  aussi  qu'on  retrouve  les  éléments  astronomiques  pris  dans 
l'Amanach  perpetuum. 

En  1537,  Pedro  Nunes  publiait  ses  nouvelles  tables.  La  simpli- 
fication visée  par  les  tables  précédentes  ne  lui  semble  plus  nécessaire. 
Il  revient  à  la  forme  primitive,  c'est  à  dire  à  une  table  indiquant 
la  déclinaison  degré  par  degré  pour  les  douze  signes  du  Zodiaque, 
combinée  à  quatre  tables  de  la  longitude  du  soleil,  établies  jour 
par  jour  pour  le  cycle  de  quatre  années  (1537  à  1540).  Voici  ce 
qu'écrit  Nunes  à  cet  égard: 

„I1  vaut  mieux  faire  quatre  tables  pour  la  longitude  du  soleil 
et  leur  adjoindre  une  table  de  la  déclinaison  servant  à  toutes 
les  quatre,  que  de  faire  quatre  tables  de  déclinaison  pour  les 
quatre  années  du  cycle."' 

Ainsi  41  ans  après  l'impression  de  l'Almanach  perpetuum,  Pedro 
Nunes  ne  trouva  rien  de  mieux  que  de  revenir  à  la  forme  primitive 
et  suivre  le  chemin  tracé  par  Zacuto.  Ces  faits,  prouvés  par  des 
documents,  établissent  définitivement  la  vérité  historique  sur  les  tables. 
La  lumière  a  jailli  malgré  l'oubli  de  l'Almanach  perpetuum,  le  mépris 
dont  Abraham  Zacuto  a  été  l'objet,  ou  encore  le  silence  systématique 
fait  autour  des  passages  de  Gaspar  Correa,  Garçào  Stockler,  Ribeiro 
dos  Santos  et  Luciano  Cordeiro.  Quoique  bien  plus  jeune,  l'historien 
Correa  fut  encore  un  contemporain  de  Zacuto.  Il  était  aux  Indes, 
paraît-il,  dès  1512,  il  a  dû  obtenir  ses  renseignements  par  le  com- 
merce personnel  avec  les  pilotes  des  découvertes.  En  laissant  de 
côté  tout  ce  que  ces  auteurs  ont  écrit,  on  ne  se  basait  que  sur  les 
célèbres  passages  de  „rAsie"  de  Barros;  mais  d'autre  part  on  a  su 
ignorer  qu'il  dit  avoir  largement  traité  les  tables  dans  son  livre 
disparu,  „la  Géographie",  auquel  il  renvoie  le  lecteur  à  maintes 
reprises.  Enfin  mettons  encore  en  évidence  un  fait  important  établi 
par  Cordeiro.     Il  trouva  dans   le  Reportorio   dos   Tempos  de 

(')  E  he  milhor  fazer  as  quatre  tauoas  pera  saber  o  lu<|ar  do  sol: 
com  sua  equaçào:  e  despoys  hùa  tauoa  pequena  de  déclin açôes:  pera 
hùa  quarta  do  zodiaco:  que  serue  pera  todas  quatro:  que  fazer  quatre  tauoas 
pera  a  declinaçam  em  quatro  annos.  Nunes.  Tratado  em  defeiisam  etc.  Revista 
d'Engenh.  Milit.  1911,  p.  361. 


28 

Valentim  Pcrnandcs,  livre  rarissime,  dont  il  consulta  deux  éditions, 
celles  de  1521  et  de  152S,  que  le  Rèj^lement  y  est  reproduit  avec 
l'annotation  dans  le  titre  même  disant: 

Cette  déclinaison  a  été  prise  minutieusement  de 
Zacuto  par  1"  honorable  Qaspar  Nicolas,  maître 
compétent  dans  cet  art.' 

On  s'est  servi  des  prétendus  rapports  entre  les  Fiphémérides  et 
les  premières  tables  nautiques  portugaises  pour  grandir  la  gloire  de 
Regiomontanus  et  pour  établir  les  mérites  de  Behaim. 

Au  Portugal,  on  n'a  jamais  étudié  cette  question  ;  ayant  été 
traitée  par  Humboldt,  on  la  considérait  généralement  comme  liquidée. 
Mais  en  Allemagne,  des  considérations  patriotiques  nuisaient  sciem- 
ment on  non  à  la  rigueur  apportée  généralement  dans  ce  pays  aux 
investigations  historiques.  Le  rôle  attribué  aux  Ephémérides  a  été 
exalté  par  une  supposition  erronée,  à  savoir  que  depuis  les  tables 
du  Roi  Alphonse  (1256),  jusqu'aux  Ephémérides  (1474),  la  Péninsule 
n'aurait  rien  produit  en  fait  de  tables  astronomiques.  Les  auteurs 
modernes  ajoutaient  de  nouvelles  hypothèses  à  celles  de  leurs  pré- 
décesseurs.    On  écrivait  de  l'histoire  conjecturale. 

Les  recherches  pénibles  semblaient  superflues,  Humboldt  ayant 
parlé  la  cause  était  entendue.  C'est  ainsi  qu'on  a  cru  inutile  de 
vérifier  si  les  éditions  des  Ephémérides  à  l'époque  des  découvertes, 
contenaient  réellement  les  éléments  nécessaires  au  calcul  des  latitudes. 
On  s'est  dispensé  de  comparer  les  données  astronomiques  et  la  forme 
des  tables  de  Regiomontanus,  avec  les  données  semblables  et  la 
forme  des  tables  portugaises.  On  arriva  ainsi  à  des  conclusions 
hâtives,  aujourd'hui  insoutenables. 

En  réalité  les  tables  de  Regiomontanus,  ni  par  [eur  forme,  ni 
par  leurs  éléments  n'entrent  en  ligne  de  compte  pour  la  genèse  des 
tables  portugaises. 

Bien  plus  de  valeur  au  point  de  vue  de  l'origine  des  tables 
nautiques  ont   les   tables  jointes   au  Traité   du   quadrant  de  maître 

(')  Voici  le  titre  du  Règlement  dans  l'exemplaire  d'Exora. 

Seguese  ho  regimento  da  declinaçam  do  sol  pera  per  ella  saber  ho 
mareï\te  em  quai  parte  esta  s.  a  qiiem  ou  dalem  da  linea  equinocia!. 

Ce  même  titre  se  trouve  dans  le  Reportorio  dos  lempos,  éd.  1521  et  1528, 
augmenté  comme  suit: 

Segiie  se  ho  regimento  da  declinafd  do  sol  pera  p.  elle  saber  ho  rnareàte 
em  quai  parte  esta  s.  a  que  ou  aie  da  linea  equinocial.  A  quai  declinaçà  foi 
tirada  pùtualmente  del  Zacuto  pello  hôrrado  Gaspar  Nicolas  mestre  suficiente 
nesta  arte.    Cordeiro.    B.  S.  G.  L.  1883,  p.  170. 


29 

Robert  Angles,   écrit  à   Montpellier  vers    1276,    c'est  à  dire   deux 
siècles  avant  Regiomon tan  us. 

D'après  la  description  de  M.  Tannery,  il  s'agit  de  5  tables; 
dont  une,  la  table  de  déclinaison  et  les  quatre  autres  contenant  la 
position  du  soleil  dans  les  signes  du  Zodiaque  jour  par  jour,  pour 
le  cycle  des  quatre  années  de  1292  à  1295.  M.  Tannery  ne  repro- 
duit pas  ces  tables  dans  son  remarquable  étude,  il  en  fait  cependant 
la  description  qui  permet  amplement  d'en  reconnaître  la  valeur  par 
rapport  au  problème  de  l'astronomie  nautique. 

En  plus  du  cycle  de  quatre  années  qui  n'existe  pas  dans  les 
Ephémérides,  on  y  trouve  encore  la  déclinaison  maxima  de  23" 33', 
adoptée  par  Zacuto  selon  Zarkali  et  indiquée  dans  les  tables  de 
maître  Robert  Angles  comme  provenant  d'Albategni.'  Ce  seul  exemple 
est  assez  éloquent  pour  montrer  l'ancienneté  des  tables  du  type 
adopté  deux  siècles  plus  tard  par  Zacuto  et  recommandé  encore 
en  1537  par  Pedro  Nunes,  après  une  période  de  simplification 
rendue  nécessaire  pour  les  débuts  de  leur  introduction  dans  la 
marine. 

Nos  recherches  sur  l'origine  des  tables  nautiques  du  Portugal 
sont  longuement  exposées  dans  la  deuxième  partie  de  cette  étude.  Les 
résultats  obtenus  nous  amènent  à  la  conclusion  suivante: 

Les  tables  des  règlements  nautiques  de  la  marine  portugaise, 
depuis  leur  forme  la  plus  élémentaire  connue  à  l'heure  actuelle, 
jusqu'à  l'époque  de  Pedro  Nunes,  sont  entièrement  basées 
sur  la  tabula  declinationis  et  sur  latabula  solis  du 
cycle  de  4  années  de  l'Almanach  i^erpetuum  de  Za- 
cuto; elles  ne  sont  pas  basées,  comme  on  l'a  prétendu,  sur  les 
Ephémérides  de  Regiomontanus,  qui  à  elles  seules,  ne  contiennent 
pas  les  éléments  nécessaires  au  calcul  des  latitudes. 

(')  V'oici  les  titres  des  tables  de  maître  Robert  Angles: 

Tabula  declinationis  Solis  que  est  distancia  dus  ab  equinoctiali  secun- 
dum  Albategni. 

Tabula  solis  prima  in  anno  bisextili  ad  inueniendum  locuni  eius  in  orbe 
declini  fixo  scilicet  nono. 

Tabula  solis  secunda  ad  annuni  prinuini  post  bisextuni. 

Tabula  solis  tercia  ad  annuni  secunduni  post  bisextuni. 

Tabula  solis  quarto  ad  annuni  tercium  post  bisextuni. 

Paul  Tannery.  Le  Traité  du  quadrant  de  maître  Robert  Anf^lès 
(Montpellier  XI U«  siècle)  par  M.  Paul  Tannery.  Paris  (KUnksieck)  UH97, 
p.  .30. 


30 

LES  INSTRUMENTS  ASTRONOMIQUES. 

L'hypothèse  que  la  balestilha  aurait  été  introduite  en  Portugal 
par  Behaim,  comme  l'avaient  admis  [keusin^  et  Qiinther,  était  à 
priori  invraisemblable.  Les  investigations  de  ce  dernier  savant,  ainsi 
que  celles  de  Petz  et  de  Steinschneider,  ont,  en  effet,  établi  que  cet 
instrument  n'a  nullement  été  inventé  par  Regiomontanus,  mais  bien 
avant  lui,  probablement  par  Levi  ben  Gerson  de  la  Provence.  Pour 
rendre  plausible  son  introduction  en  Portugal  par  Behaim,  il  fallut 
ensuite  admettre  que  la  balestilha  était  tombée  en  oubli  dans  la 
Péninsule,  où  elle  serait  plus  tard  revenue  par  la  route  de  Nurem- 
berg et  l'entremise  de  Behaim  qui  l'aurait  connue  de  Regiomontanus; 
ce  dernier  s'est,  en  effet,  servi  de  cet  instrument,  dont  il  avait  pro- 
bablement appris  l'usage  au  cours  de  ses  voyages  en  Italie. 

Pendant  sept  ans,  il  parcourut  ce  pays,  recueillant  de  nombreux 
manuscrits,  en  grande  partie  sinon  en  totalité  d'origine  ibérique,  car 
il  est  notoire  que  la  plupart  des  anciens  ouvrages  scientifiques  ont 
été  traduits  en  Espagne.  Du  vivant  même  de  son  auteur,  Levi  ben 
Gerson,  un  traité  sur  la  balestilha  avait  été  traduit  d'hébreu  en 
latin  et  dédié  au  pape  Clément  VI  d'Avignon. 

Regiomontanus  a  dû  connaître  de  la  même  façon  un  autre 
instrument  astronomique  d'origine  péninsulaire,  la  sophae,  inventé 
par  l'astronome  arabe  Zarkali.  Dans  un  livre  consacré  par  Regio- 
montanus à  cet  instrument,  le  nom  de  l'inventeur  n'est  pas  indiqué, 
mais  on  le  trouve  plus  tard,  dans  un  ouvrage  de  son  élève  Johannes 
Schôner,  traitant  le  même  sujet. ^ 

Les  documents  historiques  ne  permettent  nullement  d'accorder 
à  la  balestilha  le  rôle  important  qu'elle  aurait  joué  dans  les  décou- 
vertes maritimes  et  dont  on  s'est  servi  pour  affermir  la  réputation 
de  Behaim.  La  balestilha  exprimait  l'angle  cherché  par  une  fonction 
trigonométrique  qu'il  fallait  transformer  au  moyen  de  tables,  pour 
obtenir  la  valeur  de  l'angle  en  degrés.-  Par  contre,  l'astrolabe  et 
le  quadrant  avaient  sur  la  balestilha  l'avantage  important  de  fournir 

(')  Problemata  XXIX.  Saphaeae  nobiiis  instrumenti  astronomie!  ab  Joanne 
de  Moiitcretjio  Mathematicorum  omnium  facile  principe  conscripta. 

Publiés  par  Scbôner  (Nuremberi»)  1524  et  sui\is   de: 

Saphaeae  recentio  res  doctrinae  patris  Abrysahk  Azarchelis  summi  astro- 
nomi,   a  Joanne  Schoncro   carolostadio  Germano,  etc.    Norimberge  1534. 
Steinschneider.   Études  sur  Zarkali.  Rome  1884,  p.  46,  50. 

(-)  Bei  dem  Mijller-  (Regiomontanus)  Behaimschen  Jakobstabe  vvar  nocli 
eine  Zvvischenrechnung  unumganglich.  Qiinther.   Behaim,  p.  64. 


31 

la  lecture  directe  de  l'angle  cherché,  épargnant  ainsi  tout  calcul 
intermédiaire.  La  seconde  méthode  devait  donc  être  préférée  à  une 
époque  oij  l'on  cherchait  à  simplifier  autant  que  possible  la  solution 
des  problèmes  d'astronomie  nautique. 

La  valeur  pratique  du  Règlement  de  Munich  résidait  précisément 
dans  la  simplicité  de  la  méthode  pour  déterminer  les  latitudes  par 
l'astrolabe  et  le  quadrant,  simplicité  recherchée  intentionnellement 
même  au  détriment  de  la  précision.  Mais,  que  ce  soient  ces  raisons 
ou  d'autres  qui  ont  décidé  du  choix,  le  fait  incontestable  est  que  la 
préférence  a  été  donnée  à  l'astrolabe  et  au  quadrant. 

Les  Règlements  de  Munich  et  d'Evora  ne  parlent  même  pas  de 
la  balestilha;  le  Reportorio  de  Valentim  Fernandes,  éditions  de 
1521  et  1528,  ne  la  mentionne  pas  non  plus  (les  éditions  postérieures 
sont  à  vérifier);  l'Esmeraldo  de  Duarte  Pacheco  n'en  parle  pas, 
tandis  que  Barros  la  cite  dans  un  seul  passage,'  donnant  lieu  à  la 
controverse. 

Le  Livro  de  Marinharia  de  Joào  de  Lisboa,  un  code  contenant 

différents  documents  dont  les  plus  anciens  sont  de  la  fin  du  XV"^'^  siècle 

et   les   plus   modernes   d'environ    1530,   traite   la  balestilha  dans  un 

passage    de    six    lignes,    placé   vers   la    fin    du    code,    sous   le   titre 

Regimento  para  tomar  o  sol  pela  balestilha  .'- 

Breusing  cite  un  autre  passage  de  Nunes  (1546)  sur  la  balestilha 
où  il  est  dit: 

Ejus  fabricam   atque   usum   tradidit  Johannes   de   Monteregio 
in  libro  de  Cometa    '. 

Le  livre  de  Regiomontanus  dont  il  est  ici  question'  fut  publié 
pour  la  première  fois  en   1531. 

Cette  citation  a  probablement  renforcé  l'hypothèse  de  l'oubli 
de    la    balestilha    dans    la    Péninsule;    de    là    on    a    conclu    à    son 

(')  En  traitant  d'un  instrument  astronomique  des  Indes  montré  à  Vasco 
da  Gama  par  le  pilote  de  Mélinde,  Barros  écrit: 

„baste  aqui  saber  que  servem  a  elles  naquella  operaçào,  que  ora  âcerca 
„de    nos   serve   o   instrumento,   a  que   os  mareantes    chamam 
„balhestilha,   de   que   tambem    no   Capitulo   que   disse  m  os   se 
„darâ  razâo  d'elle,  e  dos  se  us  in  vent  ores. 
Voir  Document  N»  9. 
(-)  Livro  de  Marinharia,  1903,  p.  11. 

(  •)  De  regulis  et  instrumentis.  Conimbricae  1546.  Lib.  11.  Cap.  6,  citation  de 
Breusinif.  Zeitschrift  fur  Erdkunde,  Band  4,  1869,  p.  101. 

(')  De  cometae  maj^nitudine  longitudineque  ac  de  loco  ejus  xero  proble- 
mata  XVI.     Publié  par  Joh.  Schoncr  à  Nuremberi^  en   1.S3I. 


32 

introduction  par  Bchaini  en  l-4cS4,  ainsi  qu'au  rôle  prépondérant  de 
cet  instrument  à  l'époque  des  grandes  découvertes.  Or,  Nunes,  un 
„nouveau-chrétien",  c'est  à  dire  un  fils  ou  descendant  de  juifs  con- 
vertis, était  forcé  d'ignorer  les  sources  de  la  bibliographie  astronomique 
juive.  Son  activité  littéraire  commença  au  moment  même  de  la 
fondation  de  l'Inquisition  au  Portugal,  les  autodafés  lui  imposaient 
le  silence.  Il  n'aurait  pas  cité  Levi  ben  Oerson,  même  s'il  avait  connu  ses 
écrits.  Nous  avons  cherché  en  vain  chez  Nunes  une  référence  à  l'œuvre 
de  Zacuto;  cependant  la  forme  donnée  à  la  tabula  declinationis 
aussi  bien  qu'à  la  tabula  solis  (cycle  de  4  années),  est  bien  celle 
de  y Almanach  perpetuum,  fort  différente  d'ailleurs  des  mêmes  tables 
chez  Regiomontanus.  Dans  le  passage  du  Tratado  eni  defensam  où 
il  discute  la  déclinaison  maxima  de  23"  3^',  il  écrit  simplement: 

„e   portanto    os  très    miudos  que  mais    ha  nos  regimentos 
sào  sobejos."  ^ 

11  ne  cite  pas  Y  Almanach  perpetuum,  bien  qu'il  n'ait  certaine- 
ment pas  ignoré  d'oii  cette  valeur  provenait. 

Nunes  écrit  dans  son  traité  qu'il  fabrique  couramment  le  quadrant, - 
il  ne  parle  qu'une  fois  de  la  balestilha,'  tandis  que  l'astrolabe  y 
figure  en  toute  première  place;  il  y  est  constamment  cité.  En  1542, 
Pedro  Nunes  exprime  encore,  à  la  fin  de  son  livre  De  crepusculis, 
l'intention  de  publier  un  traité  sur  l'astrolabe,'  dont  le  manuscrit 
existe  peut-être  encore  à  la  bibliothèque  de  Porto.' 

Le  Roteiro  de  D.  Joào  de  Castro  est  le  rapport  d'un  voyage 
d'étude  et  d'application  des  nouvelles  méthodes  et  des  nouveaux 
instruments  destinés  à  l'amélioration  de  la  navigation. 

On  y  trouve  les  observations  journalières  obtenues  par  l'astro- 
labe pendant  ce  voyage,  les  écarts  de  ces  observations  faites  à  la 
même  heure  par  différentes  personnes,  les  résultats  de  la  nouvelle  mé- 
thode pour   déterminer  la   latitude   à   toute  heure  de  la  journée  au 

(')  Nunes.  Tratado  em  defensam  da  carta  de  marear.  Revista  d'Enijcnharia 
Militai-  1911,  p.  361. 

(-)  Como  he  o  quadratite  que  pera  isto  custumo  fazer. 
Nunes.    Tratado  etc. 

Revista  de  Eiij^cnharia  Militai'.  1911,  Jullio,  p.  242 
(')  Nos  astrolabios:  quadrantes:  balestilhas  e  relo^^ios. 

Revista   de  Eiigenharia  Militar.  1911,  julho,  p.  282. 
(')  CJarçào  Stockler.     Eiisaio  historico  (1819),  p.  39. 
('■)   Le   manuscrit   No.  250  de  la  Bibliothèque  de  Porto  est  un  traité  sur 
l'astrolabe   attribué   à   Pedro   Nunes.     Voir  (Juimanies  —  Les  Mathématiques 
au  Portugal  (1909),  p.  396. 


33 

moyen  de  l'ombre,  décrite  par  Nunes  en  1537,  enfin,  une  série 
d'observations  sur  la  déviation  de  l'aiguille.  Dans  ce  Routier  de  1538, 
D.  Joào  de  Castro  parle  des  sabliers  (relogios  d'areia)  utilisés  pour 
observer  l'heure  des  éclipses,  ainsi  que  des  cadrans  solaires  (re- 
logios do  sol),  tous  faits  en  Flandre  et  en  Allemagne,  mais  il  ne 
mentionne  même  pas  la  balestilha  sur  laquelle  on  ne  tardera  pro- 
bablement pas  à  réunir  de  nombreux  éléments  historiques  dans 
une  série  d'ouvrages  nautiques  portugais  du  XVI^  et  du  XVll^  siècle, 
qui  n'ont  pas  encore  été  consultés.  Parmi  eux  on  peut  citer  en 
première  ligne  des  œuvres  des  cosmographes  du  royaume,'  suc- 
cesseurs de  Pedro  Nunes. 

Nous  trouvons  cet  instrument  cité   dans   les   titres   des   deux 
livres  suivants: 
.1603.     Manuel  Figueiredo. 

Chronographia-Reportorio  dos  tempos  no  quai  se  contem 
VI  partes  dos  tempos,  Esphera,  Cosmographia  e  arte  de 
navegaçào,  etc.  O  Calendario  romano  com  os  éclipses 
até  630.  Enofim  o  uso  e  fabrica  da  balestilha  e 
quadrante  geometrico,  com  um  tratado  dos  relogios. 

Lisboa  (l^'"^^  édition,  1603). 
1712.    Manuel  Pimentel. 

Arte  de  navegar  em  que  se  ensinam  as  regras  practicas 
e  o  modo  de  cartear  pela  carta  plana  e  reduzida  :  o  m  o  d  o 
de  graduar  a  balestilha  por  via  de  numéros,  etc. 

Lisboa.     1712. 
Pimentel  réédita  les  œuvres  de  son  père  Luiz  Serrào  Pimentel, 
également  'cosmographe  du  royaume. 

En  tous  cas,  la  graduation  de  la  balestilha  figure  dans  le  titre 
d'un  ouvrage  officiel  et  fort  répandu  en  1712. 

Il  devient  de  plus  en  plus  évident  que  le  rôle  qui  lui  est 
attribué  pendant  la  période  des  grandes  découvertes  est  inadmis- 
sible. C'est  là  du  reste  la  conclusion  à  laquelle  arrivèrent  Qelcich 
1892,  Gunther  1905,  ainsi  que  Baguette  en  1909. 

Steinschneider,  investigateur  infatigable  de  la  littérature  arabe 
et  juive  du  moyen-âge,  en  traitant  de  la  balestilha  dans  la  Biblio- 
theca  Mathematica  (1890,  p.  107),  avait  déjà  exprimé  l'idée  que  cet 
instrument  ne  pouvait  avoir  été  perdu  de  vue  dans  l'astrologie 
péninsulaire  et  réintroduit  plus  tard  au  Portugal  par  la  voie  de 
Nuremberg. 

(')  Voir  la  liste  bibliographique  à  la  fin  du  2^^  volume. 


34 

En   parcourant  son   livre   sur  Zarkali,   on   trouve   qu'il  y  a  eu 
un  très  grand  nombre  de  traités  sur  des  instruments  astronomiques 
au  moyen-âge,  dont  la  plupart  émanaient  de  la  Péninsule. 
Voici  ce  qu'écrit  cet  auteur: 

„La  littérature  astronomique  des  Juifs  au  moyen-âge  com- 
prend non  seulement  quelques  traductions  d'ouvrages  arabes 
et  latins,  concernant  l'astrolabe  et  le  quadrant,  mais  aussi  au 
moins  quinze  traités  originaux  sur  les  instruments 
d'observation  etc.  et  parmi  eux  quelques  inventions.  Mais 
ces  ouvrages,  tous  inédits,  excepté  l'astrolabe  d'ibn  Esra,  sont 
peu  connus,  et  les  descriptions  dans  les  catalogues  imprimés 
fourmillent  d'erreurs."  ^ 

Mis   en    éveil    par    ces    lignes,    nous   avons  établi,    au   moyen 
d'autres  œuvres  du  même  auteur,  la  liste  suivante  de  traités  sur  des 
instruments   astronomiques  du   moyen-âge,   écrits  par  des  Juifs  de 
la  Péninsule  et  de  la  Provence. 
Abraham  ibn  Esra.     m.  1167. 

Traité  sur  l'instrument  de  cuivre  (Astrolabe).-     1146.  §  23. 
1252—1256.    Isaak  ibn  Sid.    Tolède.    §  31. 

Rédacteur  des  Tables  Alfonsines.  On  trouve  le  nom  d'ibn 
Sid  (Rabbi  Zag)  dans  les  prologues  des  parties  suivantes  du 
„Libros  del  Saber  de  astronomia  del  Rey  Alonso.  Madrid 
1863-67.    5  volumes." 

1.  Dell  Astrolabio  redondo.  4.  Piedra  délia  sombra. 

2.  Lamina  universal.  6.  Libro  del  Relogio  del  Aqua. 

3.  Del  Quadrante.  5.  Instrumiento    del    levanta- 

4.  Libro  de  los  Armellas.  miento. 

1263 — 1307.    Jacob  ben  Machir  (Prophatius).    Montpellier.  §  36. 

Auteur  d'un  traité  sur  le  quadrant  (Quadrans  judaicus  ou 
Quadrans  novus). 

Traducteur  de  „L'astrolabe"  de  Ibn  Saffar  et  de  la  „Saphae 
de  Zarkali. 

On    trouve    à    la    Bibliothèque    Nationale    de    Paris    deux 
exemplaires   manuscrits   du   traité   du   quadrant.     Le   ms.   lat. 
7437  désigne  l'auteur  par  „Magistro  Profatio  Judeo  de  Massilia" 
et  le  ms.  lat.  7416  par  „Profacio  Judeo  Montespessulani." 
n.  1288  m.  1344.    Levi  ben  Gerson.    Avignon-Orange.  §  44. 

(')  Steinschneider.    Étude  sur  Zarkali.  Rome  (1884),  p.  69. 
(-)  Dans  la  liste  suivante  nous  indiquons  le  §  de  l'œuvre  de  Steinschneider, 
Die  Mathematik  bel  den  Juden,  où  sont  traités  les  différents  auteurs. 


35 

Auteur   d'un  traité   sur  la  balestillia  ijakobstab),   traduit  en 
1342  en  latin.    (Voir  p.  54.) 

1376—1426.     Isaac  Zaddik  (Alchadib).    Castiiie.     §  58. 
Auteur  des  œuvres  suivantes: 

Traité    sur   un    instrument    astronomique  (1396),    destiné  à 
remplacer  la  saphae  de  Zarkali. 

Traité  sur  un  instrument  tenant  de  l'astrolabe  et  du  quadrant. 
Notice  sur  l'astrolabe  de  Machir  (Prophatiusi. 
1376 — 1378.     Jacob  Carsono.     Séville-Barcelone.     §  62. 

Traité   sur  l'astrolabe,   écrit  en   arabe,   traduit  en  hébreu  à 
Barcelone  1378. 
1457.    Jehuda  ibn  Verga.     Lisbonne.    §:  1451 — 1460. 
Auteur  des  œuvres: 

Traité  sur  un  instrument  nommé  «horizontal"  se  rapportant 
à  l'horizon. 

Traité  sur  la  façon  de  mesurer  les  altitudes. 
Ces   œuvres   nous   montrent   déjà   que  dans   la  Péninsule,   on 
avait  largement  étudié   la  question  des  instruments  astronomiques. 
Elles  rendent  en   même  temps  très  invraisemblable  l'hypothèse  de 
l'oubli  de  la  balestilha  par  les  astrologues  péninsulaires. 

Pour  apprécier  le  rôle  important  de  l'astrolabe  encore  vers 
1538,  il  suffit  de  renvoyer  le  lecteur  au  Tratado  em  defensam  da 
carta  de  marear  de  Pedro  Nunes'  (1537)  et  aux  trois  Roteiros  de 
D.  Joâo  de  Castro  (1538,  1538—39,  1541).  Ces  livres  démontrent 
si  bien  que  le  rôle  secondaire  attribué  à  cet  instrument  est  inad- 
missible, qu'il  devient  presque  superflu  d'insister  davantage  sur  ce 
sujet. 

L'astrolabe  fut  du  reste  employé  par  Diogo  d'Azambuja  (1481), 
par  Colomb  avant  1484,  par  Bartholomeu  Dias  (1487 — 88),  par 
Vasco  da  Gama  (1497—99)  et  par  Cabrai  (1500). 

Le  quadrant  était  en  usage  dans  la  navigation  du  temps  de 
l'Infant  D.  Henrique.  il  fut  employé,  paraît-il,  par  Cadamosto  et 
sijrement  par   Diogo   Qomes   de  Cintra.     Le   cartographe  vénitien, 

(')  Ce  livre,  qui  était  si  rare  et  par  suite  presque  inconnu,  est  maintenant 
répandu  grâce  à  M.  H.  M.  Esteves  Pereira  qui  l'a  réédité;  il  a  rendu  ainsi 
un  service  signalé  à  l'histoire  de  la  navigation  portugaise  en  même  temps 
qu'un  hommage  à  la  mémoire  de  Pedro  Nunes. 

Ce  brillant  témoignage  de  !a  science  portugaise  en  1537,  gagnerait  encore 
si  l'œuvre  nautique  entière  de  Pedro  Nunes  était  divulguée;  cette  tâche  couron- 
nerait les  efforts  de  M.  Esteves  Pereira. 


36 


Fra  Mauro  écrit  en  1457,  que  les  pilotes  des  Indes  se  servaient 
de  l'astrolabe  dans  leur  navigation.' 

On  a  admis  à  tort  que  des  ténèbres  épaisses  se  sont  répandues 
dans  la  Péninsule  après  la  brillante  époque  arabe,  réduisant  au 
néant  l'activité  scientifique.  Ce  ne  fut  point  le  cas  ni  dans  la 
médecine,    ni    dans   l'astrologie   intimement   liée   à   l'astronomie   et 

aux  instrumentsd'obser- 
vation.  On  a  prétendu 
qu'on  y  aurait  ignoré  la 
balestilha  au  temps  des 
découvertes,  instrument 
bien  connu  vers  1340 
dans  un  foyer  scien- 
tifique voisin,  la  Pro- 
vence, avec  lequel  il  y 
avait  un  échange  continu 
d'idées  et  de  travaux. 

On  a  prétendu  aussi 
que  l'astrolabe  marin 
des  Portugais  était  venu 
de  Nuremberg.  Pour 
accepter  une  hypothèse 
pareille  il  faudrait  ad- 
mettrequ'onavaitoublié 
aussi  tous  les  autres 
Pjg  I  instruments   comme    la 

Astrolabe  de  Regiomontanus  de  l'année  1468.-  Saphae  de  Zarkali  (1080), 

l'astrolabe  d'Ibn  Esra  (1186),  l'astrolabe  marin  de  Raymond  Lulle 
(1295),  le  quadrant  de  Prophatius  (1300),  les  instruments  d'Alchadib 
(1396),  de  Carsono  (1378)  et  d'ibn  Verga  (1457). 

Aurait-on  ignoré  ces  admirables  instruments  arabes  qu'on 
trouve  encore  en  assez  grand  nombre  dans  les  collections  euro- 
péennes? 

La  thèse  de  l'oubli  de  tout  ce  qu'on  avait  possédé  en  instru- 
ments astronomiques  est  évidemment  absurde.  Des  faits  historiques 
bien  connus  nous  révèlent  l'invasion  de  l'obscurantisme  après  et  non 
avant  les  découvertes.     On   oublie   les   profondes  convulsions,   les 

(')  Baguette.    Die  Bedeutung  des  Astrolabiums  etc.,  1909,  Bonn,  p.  23. 
(-)  Reproduit  d'après  Sophus  Ruge:  Zeitalter  der  Entdeckungen.    Berlin, 
G.  Grote  (1881),  p.  106. 


37 


Diamètre  :    125  "^/m 
Epaisseur  :      7™'/m 


Hauteur  suspendu..  190™^ 
Poids  environ  ;  1  Kilo  g. 


Fig.  2. 

Astrolabe  arabe  d'Ahmed  ben  Khalaf. 

bouleversements,  les  désastres  de  la  Péninsule  à  la  suite  des  troubles 
religieux  des  XVI^'  et  XVI 1^'  siècles;  on  oublie  que  l'histoire  de 
l'Inquisition  enregistre  des  centaines  de  milliers,  sinon  des  millions 
de  volumes  brûlés  par  les  flammes  du  sinistre  tribunal.   S'il  a  fallu  si 


38 

longtemps  pour  retrouver  et  pour  reconstruire  cette  mystérieuse 
science  des  Juifs  ibériques,  dont  la  collaboration  dans  les  tables 
nautiques  est  prouvée,  il  ne  faut  pas  s'étonner  de  l'incertitude  qui 
règne  encore  au  sujet  de  l'histoire  des  instruments  nautiques  dans 
la  Péninsule.  Les  dégâts  ont  été  énormes;  ce  qu'on  retrouve  de  nos 
jours,  ce  sont  les  débris  d'une  activité  scientifique  pas  assez  connue. 

On  est  donc  bien  loin  de  pouvoir  admettre  les  affirmations 
invraisemblables  et  sans  preuves,  que  les  instruments  des  découvertes 
sont  venus  de  Nuremberg  et  que  l'astrolabe  employé  par  Azambuja, 
Dias,  Gama  et  Cabrai  était  celui  de  Regiomontanus.  Les  choses  se 
sont  passées  tout  autrement  que  ne  l'ont  prétendu  Humboldt,  Ritter 
et  d'autres  qui  attribuent  à  Behaim  ou  Regiomontanus  la  construction 
ou  le  perfectionnement  de  l'astrolabe  nautique.  L'enquête  sur  les 
instruments  n'est  pas  terminée  encore. 

La  figure  N°  2  représente  un  astrolabe  arabe,  exécuté  en  bronze, 
qui  par  le  fini  du  travail  pourrait  avoir  été  fait  à  Nuremberg  à  la  fin 
du  XV'^  siècle.  Et  pourtant  notre  figure  représente  un  instrument  fait 
vers  l'an  950,  donc  antérieur  de  cinq  cents  ans  aux  instruments 
de  Regiomontanus.  L'astrolabe  d'Ahmed  ben  Khalaf,  appartenant 
à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris,'  y  est  exposé  à  côté  de  quelques 

(')  L'astrolabe  arabe. 

La  fig.  2  reproduit  un  splendide  exemplaire  d'astrolabe  arabe  appartenant 
à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris.  Il  se  trouve  décrit  comme  suit  dans  le 
catalogue  de  l'exposition  de  cartographie  de  cette  bibliothèque: 

No.  307.  ,'\hamed  ben  Khalaf.  Astrolabe  arabe  construit  par 
Ahamed  ben  Khalaf  pour  Djafor,  fils  de  Moktafi  Billah,  né  en  294  de 
l'hégire,  mort  en  377  (907  à  987  de  notre  ère),  0,125X0,190.  Acquis 
en  1838  de  M.  Barbier. 

Léon  Vallée.  Notice  de  documents  exposés  à  la  section  des  cartes 
par  Léon  Vallée.     Paris,  1912,  p.  48. 

L'astrolabe  est  exécuté  en  bronze;  il  se  compose  de  6  pièces  dont  deux, 
les  boucles  de  suspension.  La  pièce  principale  est  une  plaque  circulaire  de 
125  m/m  de  diamètre,  entourée  d'un  rebord  du  côté  de  la  face  de  l'instrument, 
rebord  contenant  la  graduation.  (72  divisions  à  5"  chaque  — 360".)  L'épais- 
seur de  la  plaque  y  compris  le  rebord  gradué,  est  de  7  m/m.  La  hauteur  de 
l'astrolabe  en  état  de  suspension  est  de  190  m/m,  son  poids  total  environ  1  kilo. 
Le  restant  de  la  plaque  de  125  mm  est  occupé  par  une  surface  plane 
et  circulaire  en  contre-bas  du  rebord  gradué  de  l'astrolabe.  Cette  surface  est 
entièrement  recouverte  par  une  autre  plaque  d'environ  1  m/m  d'épaisseur  sur 
laquelle  est  gravée  une  série  de  courbes  représentant  les  projections  de  la 
sphère  céleste.  Entre  le  plan  du  rebord  gradué  de  l'astrolabe  et  la  surface 
des  projections,  il  y  a  une  pièce  découpée  et  mobile,  l'araignée,  portant 
le  zodiaque  (excentrique).     Le  disque   de   l'araignée   circule   autour  du   même 


39 

autres  instruments,  dont  deux  astrolabes  datés  de  1526  et  signés 
Georgius  Hartman,  Nuremberg. 

En  examinant  leur  construction,  on  aurait  dit  que  l'astrolabe 
arabe  placé  à  côté,  provenait  lui   aussi  des  ateliers  de  Nuremberg. 

Les  sources  arabes  ou  grecques  oti  tous  ont  puisé,  étaient  les 
mêmes,  prétendre  qu'elles  aient  été  connues  à  Nuremberg  seulement 
et  inconnues  dans  la  Péninsule  est  une  erreur.  Regiomontanus  connut 
aussi  bien  l'astrolabe  arabe,  qu'il  a  fidèlement  reproduit  (fig.  N°  1), 
que  la  saphae  de  Zarkali  et  la  balestilha  de  Lévi  ben  Gerson,  qu'il 
décrit. 

On  trouve  à  Nuremberg  un  assez  grand  nombre  d'astrolabes 
arabes^  et  selon  Schio,  on  en  conserve  un  à  la  Bibliothèque 
de  cette  ville  qui  appartenait  à  Regiomontanus  lui-même.- 

11  n'y  a  aucune  raison  pour  que  tous  ces  vestiges  de  la 
science  arabe  et  tous  ces  traités  sur  l'astrolabe  et  le  quadrant,  im- 
primés déjà  ou  connus  en  manuscrits,  aient  été  ignorés  et  perdus 
dans  le  pays  même  où  il  furent  produits.  Voilà  malgré  tout  plus 
de    trois    quarts    de   siècle   qu'on   prétend    introduits    par    Behaim 


pivot  que  l'alidade.  Le  plan  du  rebord  gradué  est  en  même  temps  celui  de  la 
face  supérieure  de  l'araignée  et  de  la  face  inférieure  de  l'alidade.  Celle-ci 
porte  aux  extrémités  deux  élévations  oij  se  trouvent  percées  deux  petites 
ouvertures  de  5  mm   de  diamètre  formant  la  „linea  visualis"  de  l'instrument. 

Le  disque  circulaire  contenant  les  projections  de  la  sphère  avait  origi- 
nairement une  position  fixe.  A  l'état  actuel  de  l'instrument  ce  disque 
s'est  déplacé,  la  photographie  a  été  prise  exactement  comme  il  se  trouve. 
Pour  la  position  e.xacte  des  courbes  de  projection  de  la  sphère,  voir  l'astrolabe 
ancien  décrit  dans  le  traité  de  Sévère  Sabokt,  ainsi  que  l'astrolabe  de 
Regiomontanus  (1468),  reproduit  par  Baguette. 

Pour  la  description  des  détails  de  l'instrument  et  notamment  pour  la 
construction  et  l'emploi  de  l'araignée  et  des  projections  de  ta  sphère,  nous 
renvoyons  le  lecteur  aux  nombreux  ouvrages  spéciaux  traitant  ces  questions 
minutieusement.    (Voir  la  bibliographie  des  instruments  au  volume  il.) 

L'astrolabe  porte  toutes  ses  inscriptions  en  arabe.  Le  dos  plat  de  l'in- 
strument, où  on  les  trouve  également,  est  divisé  par  deux  diamètres  en  4 
angles  de  90".  Un  de  ces  diamètres  correspond  à  la  verticale  de  suspension. 
Le  bord  de  la  moitié  supérieure  du  cercle  est  gradué  de  la  même  façon  que 
la  face  de  l'instrument.     La  moitié  inférieure  n'a  pas  de  graduation. 

(')  Baguette.    Die  Bedeutung  des  Astrolabiums,  Bonn,  1909,  p.  18. 

(-')  Astrolabio  délia  Biblioteca  di  Norimberga  del  seculo  XIII  apparteneva 
à  Regiomontano.  Le  inscrizioni  ne  furono  illustrate  dal  Fraehn;  l'autore 
sarebbe  Essai  che  lo  fece  per  il  principe  Melik  al  Muszaffer  Taky-Eddin. 

Almerico  da  Schio.    Di  due  asirolabii  etc.,  Venezia,  1880,  p.  58. 


40 

les  instruments  des  découvertes  portugaises.  Cette  gloire  consacrée 
et  en  quelque  sorte  devenue  classique,  qui  a  entouré  le  soit-disant 
élève  de  Regiomontanus,  ne  peut  plus  résister  à  la  confrontation 
des  documents  sortis  peu  à  peu  des  ténèbres  des  archives.  Elle 
s'écroule  devant  les  recherches  modernes. 

Le  Règlement  de  l'astrolabe  met  à  jour  une  partie  importante 
de  l'astronomie  nautique  des  découvertes,  celle  qui  se  rapporte  aux 
tables  et  au  calcul  des  latitudes;  il  prouve  en  plus  que  les  instruments 
qui  entrent  en  première  ligne  furent  l'astrolabe  et  le  quadrant. 
La  reconstruction  historique  entière  n'est  point  terminée  encore.  Il 
va  falloir  mettre  une  fin  à  la  série  d'hypothèses  par  une  étude 
spéciale  sur  les  instruments  nautiques  du  XV^  siècle  au  Portugal. 
L'astrolabe  en  bois  d'environ  60  centimètres  de  diamètre  (3  palmos), 
employé  par  Vasco  da  Gama,  selon  Barros,  et  traité  par  Ritter  de 
trop  grand  et  trop  lourd,  visait  évidemment  à  l'avantage  de  diminuer 
les  erreurs  de  lecture,  c'est-à-dire  d'en  augmenter  la  précision. 
Barros  ajoute  du  reste  que  Gama  en  avait  d'autres  avec  lui 
plus  petits  et  en  métal.  Faleiro  insistait  sur  les  grands  astrolabes 
justement  à  cause  de  la  plus  grande  exactitude  des  lectures.' 

Les  sources  littéraires  du  Portugal  pour  l'étude  de  la  navigation 
se  trouvent  encore  éparpillées.  Elles  n'ont  été  que  très  peu  con- 
sultées. Il  faudra  d'abord  réunir  dans  une  liste  bibliographique  non 
seulement  le  nombre  assez  grand  d'ouvrages  imprimés  au  cours 
du  XVl^  siècle,  (notamment  ceux  de  Pedro  Nunes  généralement  si 
rares  et  des  cosmographes  du  royaume)  mais  il  faut  prendre  en 
considération  le  grand  nombre  de  routiers  des  pilotes  portugais 
connus  en  manuscrits.  Quoique  sijrement  très  défectueuse  nous 
avons  établi  cette  bibliographie;  elle  montre  à  première  vue  l'abon- 
dance de  travaux  à  consulter.  Il  faudra  parcourir  minutieusement 
ces  œuvres  au  point  de  vue  des  instruments.  Ce  sera  enfin  dans 
cette  étude  future,  qu'on  aura  l'occasion  de  réunir  des  éléments 
pour  l'histoire  de  la  fabrication  de  ces  instruments  au  Por- 
tugal  même. 

Nous  trouvons  à  deux  reprises  des  témoignages  établissant  que 
des  cartographes  et  pilotes  portugais  étaient  en  même  temps  con- 
structeurs d'instruments  nautiques.  Ainsi  Diogo  Ribeiro,  carto- 
graphe célèbre  au  service  de  l'Espagne  au  temps  de  Magalhàes,  fut 
nommé  en  1523  „cosmôgrafo  de  S.  M.  y  maestro  de  haçer  cartas, 

(')  Baguette  I.  c.  p.  28. 


41 

astroLabios  y  otros  instrumentos  de  navegacion  con  30,000  mrs. 
de  sueldo  anual".^  A  un  autre  endroit  il  est  question  des  quadrants 
et  des  sphères  faits  par  le  même  cartographe. - 

Vers  1568  Bartholomeu  Velho,  ancien  pilote  portugais,  engagé 
par  le  roi  de  France  „pour  le  remonstrer  les  partyes  de  terres 
incognues","  lui  soumet  annexé  à  son  mémoire,  une  sorte  d'in- 
ventaire d'instruments  nautiques,  qu'il  se  charge  de  construire 
lui-même.  On  trouve  dans  cette  longue  liste  des  quadrants,  des 
astrolabes,  des  instruments  pour  prendre  la  hauteur  à  toute  heure 
de  la  journée,  la  balestilha  etc.^ 

Ces  exemples  semblent  indiquer  que  ces  pilotas  portugueses 
de  mucha  fama  tels  que  Jorge  Reinel  et  Pedro  Reinel,^  également 
au  service  de  l'Espagne  au  temps  de  Magalhàes,  connaissaient  à 
fond  les  instruments  nautiques,  lorsqu'ils  n'en  étaient  pas  eux- 
mêmes  les  constructeurs.  Ces  considérations  nous  amènent  à  ap- 
peler l'attention  sur  les  œuvres,  existant  en  manuscrit  ou  déjà  im- 
primées, de  quelques  pilotes  remarquables  entre  autres  celles  d'Aleixo 
da  Motta,  Vicente  Rodrigues,  Gaspar  Manuel,  André  Pirez,  Bartho- 
lomeu Velho  etc.,  qui  doivent  contenir  des  descriptions  d'instru- 
ments nautiques  de  l'époque  des  découvertes,  ainsi  que  les  amélio- 
rations qu'ils  y  ont  apportées,  grâce  à  l'expérience  acquise  au 
cours  de  leurs  fréquents  voyages.  D.  Joào  de  Castro  fait  l'éloge 
du  „grand  Joham  Gonçalves",  le  fabricant  des  instruments  qui'l  em- 
ploya dans  son  voyage  de  1538:'" 

„L'habileté    de    Joham    Gonçalves    triomphe    actuellement 

dans  l'Europe  entière." 

Quatre  siècles  se  sont  écoulés  avant  que  l'on  ait  découvert  les 
phases  du  développement  de  l'astronomie  nautique  au  Portugal, 
telles  qu'elles  ressortent  du  Règlement  de  l'astrolabe.  On  a  avancé 
d'un  pas  dans  l'étude  de  l'origine  des  tables  nautiques.  Il  faudra 
attendre  quelques  années  encore  pour  compléter  l'histoire  de  l'as- 
trolabe et  du  quadrant  dans  la  navigation. 


(')  Hamy.     Études  historiques  et  géographiques.    Paris  1896,  p.  179. 

(-)  Hamy.    I.  c.  p.  181. 

(■)  Hamy.    1.  c.  p.  251. 

(')  Hamy.  I.  c.  p.  459;  Souza  Viterbo,  B.  S.  G.  L.,  1890,  p.  314  -324;  Souza 
Viterbo  Trabaihos  nauticos,  1890,  p.  30—36. 

(•')  Pedro  Reinel  dessina  le  plansiphèrc  soumis  à  Charles-Quint  par 
Magalhàes  pour  son  voyage  autour  du  monde.    Hamy.  I.  c.  p.  147,  148. 

C)  D.  Joîio  de  Castro.     Roteiro  de  Lishoa  a  Goa  (1882),  p.  210,  211. 


42 

Comme  complément  de  l'étude  restant  à  faire  sur  les  instruments 
nautiques  dans  la  bibliographie  portugaise,  nous  ajoutons  à  la  fin 
du  2^  volume  une  revue  de  quelques  ouvrages  sur  les  anciens 
instruments  de  l'astrologie  et  de  la  navigation. 

*  ♦ 

* 

En  récapitulant  les  pages  précédentes  sur  les  tables  et  sur  les 
instruments  nautiques,  on  reconnaît  que  le  rôle  attribué  aux 
Ephémérides,  dans  le  problème  de  la  détermination  des  latitudes  par  la 
hauteur  du  soleil,  est  sans  fondement,  Par  contre,  l'importance  capitale 
de  l'astrolabe  jusqu'en  1538,  c'est-à-dire  pendant  la  période  des  grandes 
découvertes,  est  amplement  prouvée.  A  cette  date,  on  ne  trouve 
encore  que  des  traces  assez  vagues  de  l'usage  de  la  balestilha; 
enfin,  on  reconnaît  que  l'origine  des  instruments,  l'astrolabe,  le 
quadrant,  aussi  bien  que  la  balestilha,  doit  être  recherchée  avant  tout 
dans  la  Péninsule  même,  le  pays  qui  fut  le  berceau  de  l'astrologie 
en  Europe. 

Le  rôle  attribué  aux  Ephémérides  est  le  résultat  de  la  confusion 
de  deux  problèmes  bien  distincts:  1"  celui  de  la  détermina- 
tion des  latitudes,  étudié  et  résolu  par  la  Junta;  2»  celui  du 
calcul  des  longitudes.  Pour  ce  dernier,  on  se  basait  sur  les 
heures  d'éclipsés,  conjonctions  et  oppositions,  calculées  à  l'avance. 
Ces  éléments  si  importants  dans  l'astrologie,  se  trouvaient  dans  les 
Ephémérides  aussi  bien  que  dans  les  tables  manuscrites,  alors  en 
vogue  dans  la  Péninsule,  telles  que  les  tables  de  Poël  (1361)  et  d'ibn 
Verga  (1457),  citées  par  Zacuto.  Ces  mêmes  éléments  ont  fait  la 
popularité  du  livre  catalan,  Liinario  de  Granolachs  et  du  Reportono 
de  los  tiempos  de  Andres  de  Li.  Ils  furent,  plus  tard,  réunis  par 
Valentim  Fernandes  dans  le  Reportono  dos  tempos.  Vespucci  se 
servit,  en  1499,  des  éléments  contenus  dans  les  Ephémérides;  Colomb 
fit  de  même  avec  ceux  contenus  dans  l'Almanach  perpetuum.  il  sauva 
sa  vie  et  celles  de  ses  compagnons  à  la  Jamaïque,  en  prédisant,  d'après 
ce  livre,  l'éclipsé  de  lune  du  29  février  1504.  La  population 
indigène,  épouvantée  par  cette  prédiction,  se  soumit  à  la  condition 
que  Colomb  leur  épargnerait  les  calamités  célestes  qu'il  leur  avait 
annoncées.' 


(')  Ce  sujet  est  longuement  traité  par  Kayserling{Qo\uvah\xs  1894,  p.  43), 
d'après  Lopes  Rosa  :  Bibliotheca  Colombina  Catalogo  de  sus  libres,  Séville 
1891,  Vol.  2,  p.  XVI.  Ce  dernier  livre  fournit  en  même  temps  des  détails  sur 
l'exemplaire  de  l'Almanach  Zacuto  existant  à  Séville  et  qui  a  appartenu  à 
Colomb.     Voir  aussi  Tfi.  Moreiix  :  Les  Eclipses  p.  31. 


43 

A  un  autre  endroit  de  cette  étude,  nous  reviendrons  encore  sur 
l'usage  de  XAlmanach  perpetuum  et  des  Ephémérides  dans  la  déter- 
mination des  longitudes.  Aucun  de  ces  livres  n'a,  paraît-il,  fourni 
des  résultats  bien  remarquables.  Ainsi  Peschel  décrit  les  calculs 
erronés  obtenus  d'après  l'Almanach  perpetuum  dans  le  voyage  de 
Magalhàes  et  Barros  reproduit  textuellement  une  longue  note  d'Andres 
de  S.  Martin,  pilote  de  Magalhàes,  se  plaignant  des  résultats  égale- 
ment faux  qu'il  aurait  obtenus  par  les  Ephémérides  de  Regiomontanus. 
La  question  des  longitudes  était,  à  cette  époque,  encore  à  ses  débuts 
et  bien  loin  de  sa  solution  définitive;  tandis  qu'au  contraire  celle 
des  latitudes  trouva,  du  coup,  sa  résolution  par  le  calcul  de  la  hau- 
teur du  soleil  introduit  par  la  Junta,  problème  dont  les  éléments 
indispensables  ne  se  trouvent  pas  dans  les  Ephémérides. 


L'ASTRONOMIE  PÉNINSULAIRE. 

En  cherchant  l'origine  des  tables  et  des  instruments  dans  les 
œuvres  de  Regiomontanus,  on  oublia  le  rôle  immense  joué  par 
l'astrologie,  dont  la  Péninsule  fut  le  berceau.  La  Provence,  l'Espagne 
et  le  Portugal  comptaient  un  grand  nombre  d'astrologues  dont  l'ou- 
tillage se  composait  de  tables  et  d'instruments  astronomiques. 

Les  tables  du  roi  Alphonse  (1252 — 56),  répandues  dans  toute 
l'Europe  et  employées  encore  par  Copernic  et  Tycho  Brahé,  ne 
furent  pas,  comme  on  le  croit  généralement  à  tort,  le  dernier  ouvrage 
produit  par  l'activité  astrologique  de  la  Péninsule.  Elles  ont  été  au 
contraire,  le  point  de  départ  de  nombreux  travaux  du  même  genre, 
aujourd'hui  encore  peu  connus.  L'Almanach  perpetuum  est  une  des 
œuvres  importantes  de  cette  série. 

Pour  expliquer  l'abondance  d'ouvrages  que  nous  constaterons 
bientôt,  il  faut  se  rendre  compte  de  la  vogue  de  l'astrologie,  vogue 
si  générale,  qu'on  a  de  la  peine  à  s'en  faire  une  idée  juste.  Les 
consultations  sidérales,  pendant  des  siècles,  devaient  forcément  con- 
duire à  une  connaissance  très  répandue  des  mouvements  des  astres. 

Ainsi  on  trouve  ce  passage  dans  les  notes  autographes  de 
Colomb:  ' 

„De  mon  temps,  j'ai  vu  des  paysans  qui  connaissaient  mieux 

(')  En  mi  t  i  e  m  p  o  y  o  h  e  \  i  s  t  o  a  I  d  e  a  n  o  que  d  a  c  u  e  ii  t  a  d  cl  v  i  e  I  o 
y  e  s  t  r  e  il  a  s  y  d  e  I  c  u  r  s  o  d  e  1 1  a  s  m  e  j  o  r  q  ii  e  o  t  r  o  s  q  u  e  k*  a  s  t  a  r  o  n  d  i  n  r  e  o  s 
en  e  1 1 o. 

Raccolta  di  dociinienti  c  stiuli.     Parle  I,  Vol.  III.     Tav.   1(17. 


44 

la  configuration  du  ciel  et  des  étoiles  et  leur  cours,  que  d'autres 
personnes  qui  y  avaient  consacré  de  fortes  sommes." 
L'emploi  constant  de  consultations  sidérales  explique  l'abondance 
de  travaux  astrologiques.  Pierre  III  de  Catalogne  (IV  d'Aragon),  qui 
régna  de  1336  à  1386,  ordonna  la  rédaction  de  nouvelles  tables 
astronomiques  à  Jacob  Carsono,  Juif  castillan,  qu'il  jugea  le  plus 
habile  pour  les  établir,  d'après  la  méthode  suivie  par  les  Juifs  et  les 
Arabes  qui  regardaient  les  Lieux  des  étoiles  dans  la  8'^'^  sphère} 

La  préface  de  ces  tables  publiée  par  Steinschneider  commence 
par  ces  mots: 

„Dixit  dominus  Petrus  tertius  nomine  Regum  Aragonum 
gratia  domini  etc.  : 

„Vers  la  fin  de  cet  intéressant  document  on  y  peut  lire: 
„Et  nos  quoniam  scivimus  quod  muiti  sapientes  christiani 
tractant  judicia  stellarum  secundum  eorum  loca  in  sphaera 
nona  et  multi  sapientium  Judeorum  et  Arabum  tractant  judicia 
astrorum  secundum  eorum  loca  in  8^  sphaera,  et  firmantur 
super  radices  eorum  sapientium  antiquorum:  voluimus  etiam 
complere  petitionem  omnium  gentium  et  linguarum  et  facere 
secundum  voluntatem  omnium,  et  quaesivimus  per  viam 
brevem  habere  et  scire  loca  stellarum  in  octava  sphaera,  et 
aliorum  suorum  motuum  eclipsium  solarium  et  luminarium: 
et  voluimus  facere  istas  tabulas  secundum  aeram  nativitatis 
nostrae,  et  annorum  nostrorum  latinorum  in  meridie  omnis 
diei,  in  ista  civitate;  et  ad  complendum  hoc  opus  quaesivimus 
super  tractatum  sapientes  in  isto  opère  et  non  invenimus 
inter  omnes  secundum  nostram  opinionem  sicut  est  magister 
Jacob  Carsium  iudeum  castellanum  et  petivimus  ab  eo  com- 
plere nostram  petitionem."  ^ 

Ce  même  roi   chargea  Bartholomeu   de  Tresvents   de  faire   un 
traité  d'astrologie  dont  voici  le  commencement: 

„En  lo  nom  de  nostre  Senyor  Deu  Jesu  Christ  tôt  poderos. 
A  totes  les  gents  qui  viuen  segons  raho  e  ley  séria  bo  de  saber 
les  nativitats  mes  als  reys  e  grans  senyors  e  nobles,  los  quais 
Deu  ha  ordenats  per  régiment  daltres,  ho  es  de  nécessitât  .  .  . 
Entes  donques  e  considérât  lo  molt  alte  e  poderos  senyor  en  Pera, 
per  la  gracia  de  Deu  rei  de  Arago  terç,  que  aquestes  coses  son 

(')  Steinschneider.  Notice  sur  les  tables  astronomiques  attribuées  à  Pierre  III 
d'Aragon.    Rome  1881,  p.  5. 

(-)  Steinschneider.    Notice  sur  les  tables,  etc.,  p.  24. 


45 

rahonables,  e  considerades  les  altes  coses  que  a  un  re  en  especial 

son  necessaries  de  la  sciencia  de  astrelogia,  ha  ordenat  aquest 

llibra  per  manera  e  orden  que  sen  sagueix  e  fet  comprendre  e 

elegir  de  la  madulla  dels  actors  de  veritat  de  aquella   sciencia, 

e  aso  per  ma  de  Barthomeu   de  Tresvents,   metge  seu   en  la 

part  de  phisica  e  en  aquesta   matexa  e  expert  de    philosofia.'" 

Le  roi  D.  Juan  I  d'Aragon    (el  Cazador),   envoya   à   plusieurs 

reprises  des  astrolabes,  des  mappemondes  et  des  tables  astronomiques 

à  ses  amis  et  aux  souverains.-  En  1391,  dans  une  lettre  au  comte 

de  Foix  datée  du  l^"^   juin,  ce  roi  lui  annonce  renvoi: 

„d'un  astrolabe,  d'une  mappemonde,  d'une  horloge  de  sable 

et  d'un  almanach  calculé  pour  3  ans.   Et  avec  cela  vous  pourrez 

chaque  jour  et  chaque  nuit  déterminer  l'heure  qu'il  est,  que  le 

temps  soit  clair  ou  sombre,  et  déterminer  aussi  la  position  du 

soleil,   de    la   lune,   ou    des   planètes    dans    chaque  signe.     Et 

Perico  vous  montrera  comment  cela  se  fait."^ 

Ainsi    en    1390,    c'est-à-dire    84    ans    avant    les    Ephémérides, 

D.  Juan  d'Aragon  distribuait  un  Almanach  calculé  jour  par  jour  pour 

3  ans,  par  lequel  on  pouvait  déterminer  la  position  des  astres  dans  les 

maisons  astrologiques,  éléments   identiques  à   ceux   qui   ont   fait  la 

grande  popularité  de  l'œuvre  de  Regiomontanus. 

Au  Portugal,  l'astrologie  était  en  vogue  du  temps  de  D.Joào  I. 
Les  événements  importants  de  l'histoire  nationale  étaient  accompagnés 
d'observations  astrologiques.  Ainsi  maître  Thomas,  astrologue, 
pronostiqua   les   succès   de   Nun"    Alvares.^    La   mort   de   la   reine 


(')  Steinschneider.    Notice  sur  les  tables,  etc.,  p.  30  et 

Morel-Fatio.    Catalogue  de  manuscrits  espagnols  et  portugais. 
(Bibl.  Nationale)  Paris  1892,  N"  108,  p.  37. 
(-)  Fernandes  Duro.  Boletin  Soc.  Geogr.  Madrid  1891,  t.  31,  p.  291—293. 
(■')  Voici  le  commencement  de  cette  lettre: 
Lo  Rey  Darago. 

Conte  car  Cosi.  Nos  vos  enviam  per  Perico  esplugues  de  la  nostra  cambra 
un  estrolaii,  un  mapamundi,  unes  horas  darena  et  un  almanach  de  très 
anys.  E  ab  aço  poréts  cascun  dia  e  cascuna  nuit  quina  hora  sera  posât  que 
sia  clar  o  scurt  et  lo  sol  et  la  luna  et  les  planètes  cascun  dia  en  quin  signe 
son.   E  Perico  mostrar  vos  ha  corn  se  fa  etc. 

E.  T.  Hamy.    Études  historiques   et  géographiques.     Paris  1896,    p.  108. 
„Cresques  lo  Juheu:    Note   sur   un    géographe   juif   catalan    de  la   fin  du 
XlVe  siècle." 

{*)  Index    de   todas   as   pessoas    e  cousas    notaveis   que  se   conteem    na 
primeira  parte  das  chronicas. 

Manuscrit  portugais  N"  Il   p.  207.     Bibliothèque  Nationale  Paris. 


46 

D,  Philippa  de  Lencastre  fut  précédée  d'une  éclipse  de  soleil  décrite 
dans  les  chroniques  de  l'époque.' 

Jehuda  ibn  Jachia  (Negro),  fils  de  David  Negro,  trésorier  de 
D.  Fernando,  était  astrologue  et  troubadour  auprès  de  cette  reine. - 
L'Infant  D.  Henrique  institua,  le  12  octobre  1431,  des  cours  sur  les  sept 
arts  libéraux  à  l'université  de  Lisbonne,  parmi  lesquels  se  trouvaient 
l'arithmétique,  la  géométrie  et  l'astronomie.  '  Nous  rappellerons  en- 
core l'épisode  curieux  dont  le  médecin  et  astrologue  royal  Guedelha 
(Guedalia)  fut  le  héros:  à  l'occasion  du  couronnement  de  D.  Duarte 
(  1433),  l'astrologue  suppliale  jeune  roi,  quis'occupait  lui-mêmed'études 
astronomiques,  de  bien  vouloir  ajourner  la  cérémonie  à  cause  de  la 
position  défavorable  des  astres.  Le  roi  refusa  et  par  suite  d'une  de  ces 
coïncidences  qui  ont  affermi  pendant  des  siècles  l'influence  de 
l'astrologie,  le  règne  de  D.  Duarte  fut  court  et  malheureux.  En 
1438,  à  la  mort  du  roi,  le  grand  régent  D.  Pedro  ordonna  au 
même  astrologue  de  diriger  le  couronnement  du  jeune  Affonso  V, 
de  manière  à  éviter  des  événements  qui,  une  fois  déjà,  avaient  pro- 
fondément ému  la  nation.^ 

D.  Duarte  consacre  deux  chapitres  du  „Leal  Conselheiro"  au 
calcul  de  l'heure  par  l'étoile  polaire.''  On  trouve  dans  ce  livre, 
écrit  entre  1428  et  1438,  un  passage  d'où  il  résulte  que  ni  lui  ni 
son  père  ne  croyaient  aux  influences  sidérales  et  à  l'astrologie 
judiciaire,'"'  ce  qui  dénote  un  esprit  scientifique  peu  commun  au 
commencement  du  XV'^  siècle. 

L'horoscope  de  l'Infant  D.  Henrique,  reproduit  dans  la  chronique 
d'Azurara,  émane  probablement  de  ce  même  astrologue  royal,  dont 
les  prévisions  avaient  produit  une  émotion  nationale.  Selon  Santarem 
la  Chronica  da  Guiné  fut  terminée  en   1448. 

Voici  l'horoscope  de  D.  Henrique,  qu'on  trouve  dans  cette 
chronique:^ 

(')  Index  etc..  même  manuscrit  portugais  N"  11  p,  110.  Biblioth.  Nationale. 

(-)  Oliveira  Martins.  Os  filhos  de  D.  Joào  I  (1891),  p.  40  et  Index  etc., 
manuscrit  portugais  N"  11  p.  164.     Bibliothèque  Nationale. 

i:)  Viterbo.    B.  S.  G.  L.  1890,  p.  307. 

(^)  Oliveira  Martins.    Os  filhos  de  D.  Joào  I,  p.  273. 

(^)  D.  Duarte.  Leal  Conselheiro.  Paris  1842,  p.  488.  Voir  aussi  quel- 
ques observations  de  la  lune  par  D.  Duarte  dans  Provas  da  Historia  genea- 
logica  da  Casa  Real  portugueza.    Caetano  de  Soiiza.    1739,  p.  540. 

C^)  Aziirara.  Chronica  da  Guiné  (1841).  Introd.  de  Santarem,  p.  IX.  d'après 
Leal  conselheiro  par  D.  Duarte  cap.  14  et  21. 

(■)  Azurara.    Chronica  da  Guiné  1841,  Cap.  VIII,  p.  48. 

Nous  reviendrons  à  un  autre  endroit  à  l'interprétation  de  cet  horoscope. 


47 

„Porem  vos  quero  aquy  screver  como  ainda  per  pungimento 
de  natural  influencia,  este  honrado  principe  se  inclinava  a  estas 
cousas.  E  esto  he,  porque  o  seo  acendente  foe  Aryes,  que  he 
casa  de  Mars,  e  he  eixaltaçom  do  soi,  e  seu  senlior  esta  em 
a  xj.  casa,  acompanliado  do  sol.  E  portanto  o  dicto  Mars  foe 
em  Aquaryo,  que  lie  casa  de  Saturno,  e  em  casa  desperança, 
senificou  que  este  senhor  se  trabalhasse  de  conquistas  altas  e 
fortes,  especyalmente  de  buscar  as  cousas  que  eram  cubertas 
aos  outros  homeês,  e  sécrétas,  segundo  a  callydade  de  Saturno, 
em  cuja  casa  elle  he.  E  por  seer  acompanhado  do  sol  como 
disse,  e  o  sol  ser  em  casa  de  Jupiter,  senificou  todos  seus 
trautos  e  conquistas  seerem  lealmente  feitas,  e  a  prazer  do 
seu  rey  e  senhor." 

Parmi  les  notes  autographes  faites  par  Colomb  dans  le 
volume  de  Imago  Mundi,  de  Petrus  d'Alliaco,  il  y  en  a  250  environ 
se  rapportant  à  la  cosmographie,  à  l'astronomie  et  à  l'astrologie. 
Ainsi,  il  traite  de  la  longueur  de  l'année  et  des  révolutions  lunaires 
ou  la  détermination  des  longitudes  par  les  éclipses  de  lune,  en 
même  temps  que  des  notes  astrologiques  sur  la  probabilité  de 
l'arrivée  de  l'Anté-Christ,  sur  la  nature  bénévole  de  Jupiter  et  de 
Vénus,  sur  la  malignité  de  Saturne  et  de  Mars  etc.' 

Ce  même  mélange  d'astronomie  et  d'astrologie  judiciaire 
se  trouve  également  chez  Magalhàes.  Barros  nous  l'a  fait  voir  à 
plusieurs  passages  de  son  œuvre.  Magalhàes  envoya  le  navire 
d'Alvaro  de  Mesquita  reconnaître  une  partie  du  détroit  qu'il  venait 
de  découvrir.  Préoccupé  par  le  retard  de  ce  vaisseau,  Magalhàes 
demanda  à  l'astrologue  Andres  de  San  Martin  d'en  établir  le  pro- 
nostic par  l'heure  du  départ.  Le  pilote  trouva  ainsi  que  le  navire 
était  retourné  en  Espagne,  le  capitaine  ayant  été  fait  prisonnier.  - 
Regiomontanus  pratiqua  l'astrologie.  Dans  les  problèmes  de 
la    Tabula  directionum,   on   trouve   plusieurs   pages  d'exemples  du 

I')  De  aduento  antichristi  potest  haberi  probabilis  conjectura  et  verosimilis 
suspicio  per  astronomica  judicia.    (No.  792.) 

Jouem  et  venerem  sunt  beniuolos  et  fortunatos,  Saturnum  et  martem 
maliuolos  mercurium  mediomodo.    (No.  519.) 

Raccolta  di  Documenti  (Autographes  de  Colomb.)  1.  c     Série  C. 

(-)  Fernào  de  Magalhàes  desejando  saber  o  que  era  feito  da  ndo,  disse 
ao  Astrologo  Andres  de  San  Martin  que  prognosticasse  pela  hora  da  partida 
e  sua  interrogaçào  ;  o  quai  respondeo  que  achava  ser  o  ndo  tornada  pera 
Castella  e  que  o  Capitào  hia  prezo. 

Barros  —  „Da  Asia"  Dec.  3,  L.  5,  C.  9,  p.  639.    (Edition  1777.) 


48 

calcul  des  nativités.  Plusieurs  ouvrages  citent  les  travaux  astrolo- 
giques de  Copernic,  Tycho  Brahé  et  Kepler.  '  Celui-ci,  déjà  plus 
prudent,  disait  que  l'astrologie,  fille  fantasque  de  l'astronomie,  était 
cependant  indispensable  à  la  vie  de  sa  mère.  Dans  un  livre  récent, 
on  a  dernièrement  publié  l'horoscope  de  Wallenstein  établi  par 
Kepler  en  1608.  - 

L'Almanach  Zacuto  contient  une  table  (De  Animodar)  qui  traite 
de  la  more  infantis  in  utero  matris.  Elle  sert  à  calculer  l'heure 
de  la  conception  de  l'enfant  par  l'heure  de  sa  naissance  et  vice-versa. 

Regiomontanus  (n.  1436  m.  1476)  fut  un  splendide  exemple 
de  cette  intéressante  dualité  de  l'astronome  et  de  l'astrologue.  '  Il 
sauva  la  vie  au  roi  Mathias  Corvinus  à  Ofen  par  son  astrologie 
médicale,  sur  laquelle  il  laissa  un  livre  précieux  comme  document 
historique:  Le  Temporal.  On  ne  peut  pas  dire  de  lui  ce  que  La- 
tino  Coelho  a  dit  à  tort  de  Zacuto,  qu'il  fut  un  charlatan.  Le  nom 
de  l'astronome  de  Nuremberg  occupe  une  place  d'honneur  dans 
l'histoire   des   mathématiques   et  de   l'astronomie. 

Néanmoins  on  trouve  dans  le  Temporal  des  instructions  sur 
le  moment  favorable  pour  faire  la  saignée,  pour  prendre  des  purges 
ou  des  pilules,  pour  se  marier,  se  baigner  ou  se  faire  couper  les 
cheveux  selon  la  position  des  astres  dans  leurs  maisons^  (domus). 

Le  Temporal  de  Regiomontanus  eut  3  éditions:  la  première 
sans  date,  les  autres  de  1528  et  de  1532.  En  1532  Johannes  Schôner, 
son  élève,  publiait  son  livre  De  Nativitatlbus.  En  1540,  il  publia 
encore  les  annotations  de  Regiomontanus  à  l'œuvre  de  Antonio  de 
Montulmo,  Tractatus  de  judiciis  nativitatum.'' 

A  cette  époque,  on  trouve  au  Portugal  des  hommes  comme 
Barros  et  Pedro  Nunes  qui  s'étaient  déjà  débarrasés  de  préjugés 
astrologiques.   Chez  Nunes,  on  n'en  trouve  point  de  trace  dans  ses 

{^~R.~Billwiller.    Uber  Astrologie.    Basell878,  p.  28. 
Encyclopedia  Britanica,  Vol.  2  (Astrology),  1875,  p.  741. 

(-)  Svante  Arrhenius.  Die  Vorstellung  vom  Weltgebaude  im  Wandel  der 
Zeit,  1911,  p.  83. 

(')  Encyclopédie  Ersch-Gruber.  Zweite  Sektion,  H. -H.  Tell  22,  1843, 
p.  205.    Article  Johannes  de  Monte  Regio  par  Stern. 

(')  11  est  probable  que  Regiomontanus  connut  en  Italie  les  œuvres  lar- 
gement répandues  de  l'Espagnol  Arnaldo  de  Vilianova.  Un  de  ses  livres, 
Reginien  ab  incl.  regeni  Arragoneni,  était  en  usage  à  la  cour  de  Barcelone 
en  1307.  On  remarque  que  Regiomontanus  a  plusieurs  chapitres  avec  le  titre 
de  Regimente. 

Steinschneider.    Hebrâische  Ubersetzungen  i^  446,  477,  489. 

{'•")  Voir  Stern,  Encyclopédie  Ersch-Gruber  1.  c. 


49 

écrits'  et  Barros  nous  montre  son  scepticisme  à  leur  égard  en  traitant 
de  l'astrologie  de  Ruy  Faleiro  -  et  des  consultations  faites  par 
Magalhàes  à  Andres  de  S.  Martin  dans  l'océan  Pacifique.^  En  1523, 
Fr.  A.  de  Beja  imprimait  à  Lisbonne  un  traité  contre  les  jugements  des 
astrologues.'  En  1540,  Antonio  Luiz,  ami  de  Joào  de  Barros,  publiait 
son  livre  De  occultis  proprietatibus,  dans  lequel  il  énonçait  avant 
Newton,  le  principe  de  l'attraction  universelle.'  Une  œuvre  sur 
l'astrologie  médicale,  semblable  au  Temporal,  fut  écrite  au  Portugal 
140  ans  avant  Regiomontanus,  par  l'astrologue  David  ibn 
Bilia  (ou  Villa),  1320-1338,  œuvre  basée  aussi  sur  le  livre  de 
Villanova. 

Enfin  la  fondation  de  l'université  de  Lisbonne  eut  lieu  après 
celles  de  Paris,  Padoue  et  Oxford  ;  elle  est  de  60  ans  antérieure  à  la 
fondation  de  la  première  université  allemande,  celle  de  Prague."  Ces 
faits  dénotent,  eux  aussi,  l'état  de  progrès  scientifique  de  la  nation. 

Malheureusement  les  mêmes  causes,  religieuses,  politiques  et 
sociales,  qui  furent  l'origine  du  mouvement  de  la  Réforme  dans  le 
nord  de  l'Europe,  provoquèrent  la  réaction  et  l'organisation  de  la 
résistance  dans  le  sud.  On  s'est  préparé  à  temps  dans  la  Pénin- 
sule pour  étouffer  la  liberté  de  pensée  et  la  critique  des  abus  ou 
de  la  corruption  de  Rome.  On  trouve  dans  les  œuvres  de  Gil 
Vicente  des  preuves  abondantes  de  l'intensité  de  ce  mouvement, 
que  l'intolérance  se  proposa  bientôt  après  d'écraser. 

(')  Aimable  communication  de  M.  R.  Ouimaràes,  connaisseur  des  œuvres 
de  Nunes. 

(-)  Barros  écrit  sur  Magalhàes: 

„ajuntou-se  com  um  Ruy  Faleiro,  Portuguez  de  Naçào,  astrologo  judiciario, 
tambem  aggravado  d'El  Rey,  porque  o  nâo  quiz  tomar  por  este  officio,  como 
se  fora  cotisa  de  que  El  Rey  tinha  milita  necessidade." 

Barros,  Dec.  3,  L.  5,  C.  8,  p.  627. 

(■•)  Le  même  auteur  écrit  que  Magalhàes,  impatienté  de  la  grandeur  de 
l'océan  Pacifique,  faisait  des  consultations  astrologiques  auprès  de  son    pilote. 

„Jâ  como  homem  que  tinha  perdido  a  estimaçào  do  lugar  em  que 
podia  ser  .  .  .  e  fazendo  interrogaçôes  sobre  isso  ao  Astrologo  Andres  de  San 
Martin,  porque  como  jâ  Ihe  falecia  a  conta,  c  razâo  do  marear,  leixando  a 
Astronomia.,  convertia-se  a  Astrologia."  Barros.  Dec.  3,  L.  5,  C.  10,  p.  61S. 

C)  Giiirnarïies  I.  c,  p.  388. 

(■')  Guimaràes  I.  c,  p.  329. 

('■)  L'université  de  Paris  fut  fondée  en  I2(i5,  celle  de  Padoue  en  1221, 
Oxford  en  1249,  (Lisbonne  en  1290),  Prague  en  1318,  Vienne  en  1,^65, 
Heidelberg  en  1386. 

/-".  Minier.     Zeittafeln  /ur  (leschiclite  der  Matheniatik.  1892. 


Deux  foiiiiidablcs  armées  furent  introduites  dans  le  pays  pour 
combattre  et  détruire  la  révolte  naissante  :  1'  I  n  q  u  i  s  i  t  i  o  n,  établie  en  1 536, 
et  la  Société  de  Jésus,  en  1545.  La  censure  inquisitoriale  était 
l'agent  puissant  qui,  à  partir  de  ce  moment,  devait  refréner  tout 
progrès  scientifique.  On  se  proposa,  sous  prétexte  de  religion,  de 
guider  et  de  dominer  l'activité  intellectuelle  de  la  nation.  De  là  la 
décadence  des  sciences  au  Portugal.' 

L'astronomie,  comme  la  médecine,  était  un  domaine  préféré 
des  savants  juifs;  il  ne  reste  presque  plus  de  traces  de  leurs  tra- 
vaux dans  les  archives  de  la  Péninsule,  l'Inquisition  les  a  anéantis. 
Les  preuves  longtemps  inconnues  de  cette  activité  scientifique,  exis- 
tent cependant  éparpillées  en  dehors  de  l'Espagne  et  du  Portugal 
et  c'est  seulement  maintenant  qu'elles  commencent  à  être  accessibles 
à  la  critique. 

L'absence  complète  de  ces  documents  concernant  l'astronomie, 
égara  les  historiens  modernes.  C'est  ainsi  que  le  doute  sur  les 
ressources  astronomiques  de  la  nation  portugaise  à  l'époque  des 
entreprises  maritimes,  prit  naissance. 

On  sait  que  les  Portugais  dès  1419  et  1430,  se  sont  franche- 
ment lancés  à  travers  l'Océan  pour  découvrir  Madère  et  les  Açores. 
A  ce  moment  ils  reconnurent  toute  la  portée  des  guides  astronomi- 
ques en  mer,  car  on  ne  naviguait  plus  le  long  de  la  côte;  pour  se 
diriger  ils  avaient  l'étoile  polaire  et  la  boussole. 

On  veut  bien  admettre  que  les  marins  du  Portugal  précisèrent 
eux-mêmes  les  premiers,  le  besoin  de  nouveaux  guides  astronomiques 
sous  les  cieux  inconnus  de  l'hémisphère  sud  et  cela  15  à  20  ans 
avant  de  traverser  l'équateur  en  1471.  On  leur  accorde  d'avoir 
été  les  premiers  en  Europe  à  reconnaître  les  étoiles  du  pôle  antarc- 
tique et  d'avoir  introduit  dans  la  navigation  le  calcul  des  latitudes 
par  la  hauteur  du  soleil;  mais  on  leur  conteste  d'avoir  possédé  à 
cette  époque,  les  quelques  données  astronomiques  nécessaires  à 
ce  calcul.  Les  auteurs  qui  ont  ainsi  jugé  les  ressources  scienti- 
fiques du  Portugal,  sans  les  connaître,  acceptèrent  l'hypothèse, 
aujourd'hui  insoutenable,  que  ces  navigateurs  auraient  pris  vers 
1484,  ces  éléments  dans  les  œuvres  de  Regiomontanus. 

Quelle  était  donc  l'importance  scientifique  de  l'astrologie  en 
vogue  au  Portugal   à  l'époque   de  l'infant  D.  Henrique   et  que  l'on 

(')  Voir  à  cet  égard  les  remarquables  considérations  de  Garçào  Stock- 
ler,  Ensaio  historico  1.  c,  p.  151. 


51 

retrouve  dans  son  horoscope,  dans  le  pronostic  de  maître  Giiedelha 
et  dans  les  écrits  du  roi  D.  Duarte  lui-même? 


L'astrologie  avait  pour  base  les  mouvements  des  astres  qu'on 
déterminait  par  l'observation,  les  instruments  et  le  calcul;  sur  ces 
données  on  tirait  des  conclusions  extravagantes.  Les  pronostics,  les 
horoscopes  ou  le  choix  de  la  position  favorable  des  astres  ne  nous 
intéressent  guère.  Mais  ce  sont  les  moyens  dont  on  se  servait,  qui 
nous  occupent,  car  ils  sont  le  fondement  de   l'astronomie  moderne.^ 

Ainsi  pour  juger  des  ressources  astronomiques  du  Portugal,  il 
faut  connaître  le  développement  et  l'étendue  de  l'activité  astrolo- 
gique; on  y  trouvera  abondamment  les  éléments  nécessaires  à 
l'astronomie  nautique  du  XV^  siècle.  Nous  abordons  ici  un  problème 
nouveau,  qui,  à  notre  connaissance,  n'a  pas  encore  été  étudié  par 
rapport  à  la  navigation:  l'activité  des  mathématiciens  et 
astrologues  juifs  de  la  Péninsule  et  de  la  Provence. 

Les  recherches  remarquables  de  Steinschneider  (n.  1816m.  1907), 
ont  mis  à  jour  un  nombre  considérable  de  manuscrits  jusqu'à  présent 
à  peu  près  ignorés,  ils  se  trouvent  éparpillés  dans  les  principales 
bibliothèques  européennes:  entre  autres,  des  commentaires  sur  les 
œuvres  arabes,  des  traductions  et  des  travaux  originaux  tels  que  des 
traités  d'astronomie,  des  études  sur  des  instruments  et  enfin,  une 
douzaine  d'études  de  tables  astronomiques,  dont  les 
auteurs  ont  vécu  en  Espagne,  en  Provence  et  au  Portugal. 

Nous  n'avons  pas  à  chercher  ici  les  causes  multiples  du 
silence  mystérieux  ou  de  l'oubli  complet  qui  a  entouré  jusqu'à 
présent  l'activité  astronomique  des  Juifs  de  la  Péninsule,  du  Xil'^*^  au 
XV^n'^  siècle.    Il  suffit  de  signaler  l'existence,  le  nombre  et  la  portée 

{')  Voir  sur  l'astrologie  et  son  importance  dans  le  développement  de 
l'astronomie  : 

G.  Bi^oiirdan.  L'Astronomie,  é\olution  des  idées  et  des  méthodes. 
Paris  1911. 

Rob.  Billwiller.     Uber  Astrologie.     Basel   1878. 

Paul  Flarnbert.         Traité  sommaire  d'astroloi^ie  scientifique.     Paris  1902. 

J.  H.  Qraf.     Uber  astrologischen  Aberglauben.     Bern   1S90. 

Abel  liaatan.     Traité  d'astrologie  judiciaire.     Paris  1905. 

Mensin^er.     Uber  neue  und  alte  Astrologie.     Berlin  1871. 

F.  J.  Studnicka.  Bericht  iiber  die  astrologischen  Studien  des  k'eformalors 
der  beobachtenden  Astronomie,    Tycho  Brahe.     Prag  1901 

H.Suter.  Die  Mathematik  auf  den  Universitiiten  des  Mittelalters.  Zurich  1888. 


52 

de  ces  études  et  de  les  rapprocher  du  problème  de  la  navigation.  Il 
a  fallu  un  savant  et  un  chercheur  de  l'envergure  de  Steinschneider, 
pour  vaincre  les  immenses  difficultés  d'une  œuvre  aussi  vaste  que 
l'étude  de  milliers  de  manuscrits  dans  les  archives  et  bibliothèques 
de  l'Europe. 

La  littérature  scientifique  des  Arabes  et  des  Juifs  dans  le  domaine 
de  la  philosophie,  de  la  médecine  et  des  mathématiques,  forme  l'objet 
des  principaux  ouvrages  de  Steinschneider;  deux  de  ses  œuvres 
représentant  40  à  50  ans  de  recherches,  furent  couronnées  par 
l'Académie  française.' 

Ce  ne  fut  qu'après  tout  ce  travail  qu'on  s'est  rendu  compte 
de  la  portée  des  œuvres  astronomiques  des  Juifs  péninsulaires 
et  que  l'étude  des  origines  de  TAlmanach  perpetuum  est  devenue 
abordable. 

Voici    une    liste    de    quelques-uns    de    ces    auteurs    par    ordre 
chronologique. - 
1116 — 1136.  Abraham  Bar  Chijj'a  (Savasorda).    Barcelone. 

Auteur  des  œuvres  suivantes:  1.  Encyclopédie,  dont  une  des 
parties   traite   de    l'arithmétique,    la    géométrie,    l'optique.    — 

2.  Liber  de  forma  terrae,  longtemps  connu  seulement  par 
l'extrait     de    Seb.    Munster   (1546).      imprimé     en     1720.    — 

3.  Calcul  du  mouvement  des  étoiles  (20  chapitres)  oli  l'auteui 
cite  le  Quadripartitum  de  Ptolémée.  —  4.  Tables  astrono- 
miques annotées  par  ibn  Esra.  —  5.  Traité  sur  la  chronologie.  §22. 

1093-1167.  Abraham  ibn  Esra  (Avenare).     Tolède. 

Auteur  des  œuvres  suivantes: 
1.  De  la  théorie  des  nombres  („Buch  der  Eins"  et  „Buch  der 
Zabi"),  imprimé  1895.  —  2.  De  la  nativité,  1136,  imprimé 
"1485  à  Venise.  —  3.  Tables  astronomiques.  4.  Traité  de 
l'astrolabe  connu  dans  la  rédaction  de  1148  (imprimé).  — 
5.  Plusieurs  écrits  sur  le  calendrier  et  l'astrologie. 

Esra  fut  le  traducteur  d'une  œuvre  arabe  de  ibn  al  Muthanna, 
La  justification  des  Tables  de  Khowaresmi,  à  laquelle  il 
ajouta  une  très   intéressante  préface  sur  l'origine  indienne  des 

(')  Comme  exemple  frappant  de  la  portée  littéraire  de  ces  recherches,  nous 
indiquerons  une  œuvre  d'intérêt  spécial  pour  le  Portui^al:  la  traduction  en 
hébreu  du  1er  livre  (44  chapitres)  d'Amadis  de  Gaula  (Vasco  de  Lobeira)  par 
Jacob  Algaba,  imprimée  en  1534  chez  Soncino  à  Constantinople  et  contenant 
une  étude  sur  la  tendance  et  l'utilité  de  ce  livre  (§  576.  Heb.  Uebers.). 

(-)  Les  §§:  cités  pour  chaque  auteur  se  rapportent  à  l'œuvre  de 
,VI.  Steinschneider:  Mathematik  bei  den  juden,  Frankfurt  (J.  Kauffmanni. 


53 

tables  astronomiques,  qui  fut  publiée  par  Steinschneider.  §  23. 
Voir  les  catalogues  des  bibliothèques  de  Londres,  Paris,  Munich 
etc.  sur  les  œuvres  imprimées  d'ibn  Esra. 
1135 — 1153.  Johannes  de  Luna  (Hispalensis  ou  Abendeuth). 

Séviile-Tolède. 

Auteur  de  YEpitome  totius  astrologiae,  écrit  en  1142  et 
imprimé  à  Nuremberg  en  1548.  Surtout  célèbre  par  ses  nom- 
breuses traductions  d'arabe  en  latin,  à  savoir:  al-Battani  (Cen- 
tiloquium);  Alfraganus  (Liber  scientiae  astrorum);  Alcabitius 
(introductio  in  astrologiam);  Abu  Ali  (Albohali)  (de  Nativitati- 
bus);  Khovvarezmi  (Algoritmi,  de  numéro  indorum);  Madjriti 
(de  Astrolabio),  etc.  etc.  L'astrolabe  de  Madjriti  existe  en  ma- 
nuscrit, —  les  autres  ouvrages  sont  imprimés.  §  25. 
1247.  Jehuda  ben  Salomon  Kohen.   Tolède. 

Astrologue  à  la  cour  deToscane.  Auteur  d'un  traitésurl'Almageste 

de  Ptolémée;  —  Un  traité  sur  les  œuvres  de  l'Arabe  Bitrodji 

(Alpetrongi)  ;  —  Une  introduction  à  l'astrologie  contenant  un  extrait 

du  Quadripartitum  de  Ptolémée;  —  Un  extrait  d'Euclide.  §  29. 

1245 — 1275.  Moses  ibn  Tibbon.    Provence. 

Traduit  les  œuvres  suivantes  d'arabe  en  hébreu  :  Djabir 
ibn  Afla'h  (Astronomie);  Bitrodji  (Alpetragius)  Astronomie; 
Euclide  —  Eléments;  Al-Farabi  —  Commentaire  d'Euclide; 
Geminus  —  Isagogie;  Al-Hassar —  Arithmétique;  ibn  Heitham 
—  Euclide;  Theodosius  —  Sphaerica.  §  30. 
1252 — 1256.  Isaac  ibn  Sid.    Tolède. 

Rédacteur  des  tables  Alfonsines,  V^  rédaction  1252,  2'"*^  en 
1256.  ibn  Sid  (Rabbi  Zag)  est  souvent  nommé  dans  les  Libros 
del  Saber  de  astronomia  del  Rey  Alonso.  —  Edition 
Rico  y  Sinobas,  Madrid  1863 — 67,  5  volumes.  On  le  trouve 
nommé  dans  plusieurs  chapitres  de  ce  livre,  comme  il  a  été 
indiqué  à  p.  34.  Voir  sur  cet  auteur,  Steinschneider:  Hebraische 
Uebersetzung  p.  277. 

Dans  les     Libros  del  Saber     on  trouve  encore: 

Fabrica  y  iisos  del  Relogio  délia  Candela,  traduit  de  l'arabe 
par  le  médecin  Samuel  Ha-levi  (Abulafia?)  de  Tolède. 

Libro  de  las  Figuras  de  l'Arabe  Al-Sufi,  trad.  1276,  et  Libro  de 
Aleora  de  Costa  ben  Luca  (1258),  les  deux  traduits  par  Jehuda 
ben  Moses  Kohen  (Mosca  el  menor).     §  31. 
1263—1308.  Jacob  ben  Machir  (Prophatius).     Montpellier. 

Auteur  des  œuvres  suivantes: 


54 

1.  Un  traite  sur  le  quadrant  (Quadrans  judaicus— Quadrans  novus) 
en  16  chapitres,  le  dernier  contenant  les  instructions  pour  la 
fabrication  de  cet  instrument. 

Ce  traité  eut  plusieurs  rédactions  latines  du  vivant  de  son 
auteur. 

2.  Tables  astronomiques  en  hébreu.  (Radix  1300).  Elles  eurent 
également  plusieurs  rédactions  latines  où  l'on  trouve  pour  la 
première  fois  le  titre  de  „Almanach  perpetuum". 

3.  Un  complément  au  calcul  du  mouvement  des  étoiles  par 
Bar  Chijja. 

Machir  fut  le  traducteur  d'arabe  en  hébreu  de: 
Autolykos,  Sphère  (1273);  Costa  Ben  Luca,  Sphère  céleste;  Djabir 
ben  Afiah,  Astronomie;  Euclide,  Eléments;  Ibn  Heitham  (Alhazen) 
Astronomie  (1271);  Menelaos,  Sphaerica;  Ibn  Saffar,  Astrolabe; 
et  Zarkali,  Saphae,  instrument  astronomique.  §  36. 
n  1288 — m.  1344.  Levi  ben  Gerson  (Léon  de  Bagnols).  Orange- 
Avignon. 

Auteur  des  œuvres  suivantes  en  hébreu: 

1.  Indroduction  aux  4  livres  d'Euclide. 

2.  Un  traité  sur  la  théorie  et  la  pratique  du  calcul  (1321). 

3.  De  niimeris  harmonicis,   traduit  en   latin   par  un  anonyme. 

4.  Tables  astronomiques  sur  le  soleil  et  la  lune  (1320,  Orange). 

5.  Un  ouvrage  de  philosophie  religieuse,  Les  guerres  de  Dieu, 
dont  la  2'^'^  partie  du  S"^'^  traité  est  consacrée  à  l'astronomie. 
(On  en  connaît  4  copies  complètes).  Ce  livre,  en  136  chapitres, 
dont  Kepler  a  eu  connaissance,  fait  la  critique  du  système  de 
Ptolémée  et  de  l'antiptoléméiste  Alpetragius. 

6.  Traité  sur  la  balestilha  «Baculus  Jacobi)  —  qui  fut  traduit  en 
1342  par  Petrus  de  Alexandria  en  latin  et  dédié  au  pape  Clé- 
ment VI  d'Avignon,  sous  le  titre:  De  instrumento  secretorum 
revelatore.  L'invention  de  cet  instrument  fut  attribuée  entre 
autres  par  Breusing,  Peschel  et  Ruge  à  Regiomontanus. 

7.  Prognosticon  magistri  Leonis  Hebrai  de  conjunctione  Saturai 
et  Jovis  a.  d.  1345. 

Levi  ben  Gerson  était  médecin  ;  selon  Steinschneider  il  fut 
un  des  plus  importants  auteurs  juifs  du  moyen-âge,  partisan 
d'Aristote  selon  l'interprétation  de  l'Arabe  Averroes.  §  43 — 44. 
1310.     Isaac  ben  Josef  Israeli. 

Auteur  célèbre  parmi  les  Juifs  du  moyen-âge;  son  œuvre 
„Jesod   Olam"   fut   imprimée   pour   la   première  fois  à  Berlin 


1777,    ensuite,    Berlin     1846,     1848,   sous    le    titre    de    Liber 
Jesod  Olani  sive  Fiindamentum   Mundi,   opus  astronomicum 
celeberrimum  auctore  R.  Isaac  Israeli,  etc. 
Voici  le  contenu  de  cet  ouvrage: 
I.  Rudiments  de  géométrie, 
il.  Astronomie  générale. 
111.  Mouvements  du  soleil  et  de  la  lune. 
iV.  Chronologie. 
V.  Tables  chronologiques. 

Israeli  fournit  dans  son  œuvre  de  nombreux  éléments  pour 
l'histoire    de     l'astronomie    chez   les   Juifs    et   les   Arabes    et 
notamment  sur  Al-Battani,  Zarkali  et  sur  Ibn  Said  de  Tolède, 
rédacteur  des  tables  Alfonsines.     §  39. 
1357 — 1396.     Joseph  ibn  Wakkar.     Séville. 

Composa  des  tables  astronomiques  en  arabe  pour  Tolède, 
(Radix  1320),  traduites  par  lui  plus  tard  (1395i  en  hébreu.  II 
les  fit  précéder  de  règles  destinées  à  la  vulgarisation  de  leur 
emploi  (Canones).    §  51. 

1361.     Jacob  Poël.    Perpignan. 

Probablement  fils   de  David  ibn  Bilia,  astrologue  portugais. 

Composa  en  1361  des  tables  astronomiques  pour  Perpignan, 
précédées  d'une  préface,  oii  il  cite  les  tables  du  roi  Alfonse, 
d'Abraham  Bar  Chijja,  d'Aflah,  de  Ptolémée  et  de  Levi  ben 
Gerson. 

Elles  furent  traduites  en  latin  sous  le  titre: 
Tabulae  Jacobi  filii  David  Bonaedie  y  compris  les  Canones 
de    l'introduction.     Les    tables    de   Poël    sont   citées  dans  les 
Canones  de  l'Almanach  Zacuto,  édition  latine  1496.     §51. 
1340 — 1377.     /manuel  ben  Jakob  (Bonfils).     Tarascon. 

Médecin  et  astrologue  à  Orange  et  Avignon.  Auteur  de: 
1.  Tables  astronomiques  terminées  en  1365  à  Tarascon  (Radix 
1340)  et  accompagnées  de  canons  pour  leur  usage.  Il  cite 
fréquemment  les  calculs  d'Al-Battani.  Ces  tables  furent,  comme 
les  précédentes  de  Poël,  traduites  en  latin.  Elles  furent  l'objet 
d'un  commentaire  de  l'astronome  grec  Georgios  Chrysococca 
(environ  1346  (?)).    Heb.  Uebers.    §  395. 

Voici  une  liste  des  commentateurs  hébreux  de  ces  tables: 
Samuel  Matron  (1380),  Brivesca  Espagne;  Moses  ben  Jesaia 
(1386);  Benjamin  ben  Matlatja  (1431),  Siena;  Samuel  da  Schola 


56 

(1460);   M.  Farissol   Botarel   (1465);   Meir  Spira  (XV'^  siècle); 
Elia  Schubschi  (1500). 

2.  Une  étude  sur  rirrégularité  des  mouvements  du  soleil  et  de  la 
lune,  où  l'auteur  cite  Bar  Chijja,  ibn  Esra,  et  Levi  ben  Gerson. 

3.  De  la  construction  de  l'astrolabe   . 

Imanuel  était  connu  en  Italie  aussi  bien  qu'en  Orient.  Ses 
œuvres  nous  fournissent  ainsi  un  intéressant  exemple  de  la 
rapidité  avec  laquelle  les  manuscrits  se  répandaient  au  XW/*^  siècle. 
Pico  de  Mirandola  le  cite  comme  Emanuel  Ebreus  Abenesrae 
sectator  .  §  53  56. 
1376  —  1378.     Jacob  Carsono  (Al-Carsi).     Séville-Barcelone. 

Auteur  d'un  traité  arabe  sur  l'astrolabe,  rédigé  en  1376  à 
Séville,  traduit  en  hébreu  par  lui-même  en  1378  à  Barcelone. 
Nous  rappelons  la  date  de  la  célèbre  carte  catalane,  1375, 
attribuée  à  Jafuda  Cresques.  Carsono  fut  l'auteur  de  tables 
astronomiques  ordonnées  par  Pierre  IV  d'Aragon  (ou  Pierre  II! 
de  Catalogne,  qui  régna  de  1336  à  1386).^  L'astronome 
David  Gans  de  Prague,  mort  en  1613,  a  eu  en  main  une 
traduction  en  hébreu  des  Tables  Alfonsines  faites  par  Jacob 
Al-Carsi  .  11  en  traduit  des  parties  en  allemand  pour  Tycho 
Brahé.  §  62. 
1370—1426.     Isaac  Zaddlk  (Alchadib).     Castille-Sicile. 

Auteur  des  ouvrages  suivants: 

1.  Tables  astronomiques,  d'après  celles  de  ibn  Al-Rakkam,  aux- 
quelles il  ajouta  4  tables  d'après  Al-Battani  et  9  chapitres 
de  canons. 

2.  Traité  sur  un  instrument  astronomique,  genre  d'astrolabe,  qu'il 
inventa  en  1396  à  Syracuse,  destiné  à  remplacer  la  saphae 
de  Zarkali.  (2  parties  ayant  un  total  de  20  chapitres). 

3.  Traité  sur  un  instrument  tenant  de  l'astrolabe  et  du  quadrant, 
divisé  en  2  parties,  dont  la  première  a  26  chapitres. 

4.  Tables  astronomiques  rédigées  à  Palerme  en  1426. 

5.  Notice  sur  l'astrolabe  de  Jacob  ben  Machir. 

6.  Notice  sur  les  tables  d'Isaac  Israeli.     §  59 — 60. 
1457.     Jehiida  ibn   Verga.     Séville-Lisbonne. 

Auteur  cité   par  Zacuto   dans   l'introduction    latine   de  l'AI- 
manach  perpetuum.     Voici  la  liste  de  ses  écrits: 

(')  Steinschiieider.     Notice   sur  les  tables   astronomiques   attribuées,   etc. 
Rome  1881. 


57 

1.  Un  traité  sur  l'astronomie,  daté  de  Lisbonne   1457. 

Exemplaires  à  Oxford,  Bodlian  Neubauer  2309. 
British  Muséum.  Add.  27.  107. 
Bib.  Nationale  Paris  1005.'^ 
Vatican  Rome  387.' 

2.  Un  traité  sur  un  instrument  astronomique  appelé  .J'horizontal" 
(se  rapportant  à  l'horizon). 

British  Muséum.  Add.  27.   107. 
Paris  1005.'-'   1031.'^ 

3.  Un   traité  sur  la  façon  de  mesurer  les  altitudes.    Paris  1005.'-^ 

4.  Commentaire  sur  la  traduction  en  hébreu  d'Al-Fergani. 

Oxford,  Bodl.  Neub.  2013.^    Paris  1090.-' 

5.  Un  traité  sur  l'arithmétique.     (Londres  et  Paris.) 

6.  Des  tables  astronomiques  citées  par  Zacuto,  éd.  1496,  avec 
leurs  compléments,  trouvés  par  Zacuto  à  Damas  et  reproduits 
dans  l'édition  de  l'Almanach  perpetuum,  1525.  Voir  aussi 
Hebr.  Uebersetzung,  p.  384,  557.     §  1451      1460. 

1465 — 1481.     Moses  Farissol^  Botarel.     Avignon. 
Auteur  des  écrits  suivants: 
1.  Commentaire  des  tables  de  Paris  (Radix  1368)  et  de  celles  de 
Levi  ben  Gerson,  en   15  chapitres. 
•  2.  Canons  des  tables  d'Imanuel  ben  Jacob. 
3.  Tables  des  conjonctions  et  oppositions  du  soleil  et  de  la  lune. 
(Radix  29  mars  1481.  Avignon  i.     §  1461-1470. 
1473— m.  1515.  Abraham  Zacuto.  Salamanque-Lisbonne.  — Damas. 
Professeur     d'astronomie     à    l'université     de     Salamanque, 
1474 — 1492.  'V'ienten  1492  au  Portugal;  astronome  de  D.Joào  il. 
L'Almanach  perpetuum  fut  écrit  en  hébreu  de  1473  à  1478.  On  en 
connaît  3  exemplaires  manuscrits  en  hébreu,  à  savoir:  Lyon  11, 
Munich  109  et  Vienne,  Pinsker  20  (maintenant  Bet-ha  Midrasch). 
L'édition  latine,  imprimée  en  1496  à  Leiria,  fut  la  traduction 
de  l'hébreu  faite  par   José  Vizinho,    membre    de   la  Junta  dos 

(')  Santareni  cite  un  ()u\ras;^e  hébreu  de  Abraham  Petrisol,  traduit  en  latin 
par  Hyde,  sous  le  titre  de  Itinera  Mundi.  Nous  ignorons  s'il  y  a  quelque  rapport 
entre   Abraham  Farissol   (et  non  pas  Petrisol),   auteur  en   question  et   Moses 
Farissol  Botarel.     Sanîarem.    Notes  à  la  chronique  d'Azurara  IS41,  p.  52. 
Voici  le  titre  du  livre  publié  par  Hyde: 

Itinera  mundi  sic  dicta  n  e  m  p  e  C  o  s  m  o  jf  r  a  p  h  i  a  a  u  c  t  o  r  e 
Abrahamo  Petrisol:  Latina  \ersione  Thomas  Hyde  Oxoni' 
1691. 


5S 

Mathematicos.  Nous  avons  établi  une  liste  de  13  bibliothèques 
possédant  des  exemplaires  de  cet  ouvrage,  moins  rare  qu'on 
ne  le  croit  généralement. 

Voici  les  éditions  de  ce  livre: 
Editions  latines,  1496  Leiria,  1502  et  1525  Venise. 
Edition  des  Canones  en  espagnol,  Leiria  1496. 

„         „  „       ,  maisen  caractères  hébraïques 

1568  à  Salonique.     §  1471  —  1480. 

Outre  ces  éditions  il  y  a  celle  des    Ephémérides   ,  1498 

Venise,   formée,   pour  les  trois  quarts,   par   la  copie  de 

l 'œuvre  de  Zacuto,  mais  sans  la  mention  du  nom  de  cet  auteur. 

L'œuvre  de  Steinschneider  s'arrête  vers  1500.' 
Il  y  a  environ  230  auteurs  traités.    La  liste  précédente  est  l'ex- 
trait d'une  trentaine  d'auteurs  de  la  Provence  et  de  la  Péninsule,  dont 
7  ont  vécu  au  Portugal  à  savoir: 

David  ibn  Bilia  (ou  Villa),  1320 — 1338,  probablement  le  même 
que  David  Bonaediei,  père  de  Jacob  Poël,  de  Perpignan; 
a  traduit  du  latin  en  hébreu  un  ouvrage,  Salus  vitae,  1338, 
écrit  sur  la  logique,  la  méthodologie,  l'exégèse;  auteur  d'un 
traité  sur  l'astrologie  médicale,  d'après  l'ouvrage  analogue 
d'Arnaldus  de  Villanova.  §  47  et  51. 
Jehuda  ibn  Jachia  Negro  (1415).     Lisbonne.    §  66. 

Astrologue  de  la  reine  D.  Philippa  de  Lencastre. 
Guedelha  (1433 — 1438).     Lisbonne. 

Médecin  et  astrologue  de  D.  Duarte  et  de  D.  Affonso  V. 

Rien    n'est    encore    connu    de   ces  deux    astrologues    cités 
dans  les  ouvrages  d'histoire  du  Portugal. 

(')  Liste  chronologique  des  astronomes  arabes: 
750.    Geber  (Schabir  al  Sofi).  975.    Al-Madritji. 

815.     Alfragan.  975.    Al-Kuhi  (Abu  Sahl). 

850.    Al-Chindi  (Al-Chendi).  1000.    Al-Hazen  (Al  Haitem-AlHasan) 

850.    Albumasar.  1010.    Al  Karchi. 

875.    Thabit  ben  Korra.  1025.     Al  Biruni. 

885.    Al-Battani  (Albategnius).  1025.    Avicenna. 

900.    Costa  ben  Luca.  1078.    Alchaiiami  (Alkhayami). 

925.    Ai-Farabi.  1080.    Zarkali  (Arzachel). 

933.    Almansore.  1085.     Geber  (Dschabir  ben  Aflah). 

955.     Al-Sufi. 

F.  Millier.    Zeittafeln  zur  Geschichte  der  Mathematik  (1892). 

Voir  sur  les  astronomes  arabes: 

M.  Steinschneider:  Vite  dei  Mathematici  arabi  etc.     Roma  1874. 

H.  Suter:  Die  MathematiUer  und  Astronomcn  der  Araber  und  ihre  Werke, 
Leipzig  1900. 


59 

Jehuda  ibn  Verga  (1457).     Lisbonne. 

Cet  auteur  vivait  à  Séville  et  se  réfugia  plus  tard  à  Lisbonne. 
Son  traité  d'astronomie  fut  examiné  à  Oxford  par  Stein- 
schneider.  L'auteur  rapporte,  dit  Steinschneider,  qu'il  avait 
observé  à  Lisbonne  en  1457,  l'étoile  nommée  Cœur  de  Lion  au 
52"  du  Bélier,  1324  ans  après  Ptolémée,  qui  l'avait  trouvée 
au  32".  On  trouve  dans  ce  manuscrit  les  dates  du  10  octobre 
et  décembre  1456.  du  11  avril  1447  et  dans  le  chapitre  sur  le 
soleil,  la  date  de  mars  1457. 
Abraham  Zaciito  de  1492  à  1497  (?)  au  Portugal. 

Auteur  dont  nous  aurons  à  nous  occuper  plus  longuement. 
José  Vizinho.    Membre  de  la  Junta  dos  Mathematicos,   médecin   de 
D.  Joào  II,  présent  à  la  mort  du  roi  à  Alvor  en  1495.  Il  faisait 
partie  de  l'entourage  de  la  cour  sous  le  règne  de  D.  Affonso  V, 
mort  1481. 

1483.  Un  des  membres  de  la  Junta,  qui  examina  le  projet 
de  Colomb. 

1485.  Expédition  scientifique  à  la  Guinée  pour  y  faire  des 
observations  astronomiques. 

1496.    Traducteur  de  l'AImanacli  Zacuto,  1'^  édition,  Leiria, 
de  l'hébreu  en  latin  et  en  espagnol. 
Maître  Moyses. 

Le  docteur  Moyses  est  seulement  connu  par  le  récit  de 
Covilhà.  La  mappemonde,  que  celui-ci  reçut  pour  son  expé- 
dition, aurait  été  dessinée  par  D.  Diogo  d'Ortiz,  maître  Rodrigo 
et  le  docteur  .Vloyses,  „encore  juif  à  cette  époque",  (a  esse 
tempo  judeu). 

A  cette  liste,  il  faut  ajouter  ici  une  notice,  concernant  l'origine 
Israélite  de  Pedro  Nunes  (n.  1502 — m.  1578)  qui  intéresse  en 
même  temps  l'histoire  des  mathématiques  au  Portugal.  Stein- 
schneider trouva  cette  note  dans  les  œuvres  du  mathématicien  Joseph 
del  Medigo  (n.  1591  m.  1655).  Dans  la  Chronica  de  D.  Manuel  par 
Damiào  de  Qoes,  un  passage  semble  confirmer  cette  notice.' 

(')  L'origine  juive  de  Pedro  Nunes  a  été  révélée  par  une  note  de  Stein- 
schneider que  nous  a\ons  communiquée  à  M.  Rudolpho  Guimaràes  en  1909 
et  qui  a  été  l'objet  de  quelques  recherches  ultérieures. a 

Pour  nous  rendre  compte  de  la  valeur  de  la  déclaration  de  Medigo  nous 

(a)  Guimaràes.  Les  .Vlathcmatiques  en  Portugal.  .Appendices  II  (1911),  p.  WiCJnstituto 
(Coimbra)  (1911),  p.  -11.  F.steves  Pereira.  Kcvista  d'Engenharia  .Militr.r,  iÇli,  .S4. 
(Tratado  ein  defcnsam  etc  de  Pedro  Xunes.) 


f)f) 

L'historien  Goes,  une  illustre  victime  de  l'Inquisition,  fut  accusé 
de  luthéranisme,  honteusement  persécuté  et  condamné  à  la  réclusion 
perpétuelle. 

avons  juiîé  utile  de  rechercher  à  quelle  source  ce  niathémalicien  Cretois  a  pu 
se  documenter.  Nous  résumons  ces  recherches  comme  suit.  Voici  d'abord 
la  notice  de  Steinschneider : 

„J()seph  del  Medigo  in  seineni  liuche  Elem  iiber  mathematische  Pro- 
iileme  zitiert  Pedro  Nunez  den  grossen  Matheinatiker  von  Samen  der 
Juden,  der  in  Lissabon  im  J.  1541,  am  1.  Oktober,  das  Herz  des  Skor- 
pions  beobachtet  habe."  '' 

Le  passage  de  Medigo,  dans  la  traduction  allemande  du  texte  original  en 
hébreu  (Edition  Odessa  1864,  p.  275),  est  le  suivant:'-" 

„Aufgabe  35.  Wie  wir  durch  Kenntnis  eines  Sternes  abends  bei  Sonnen- 
untergang  oder  morgens  bei  dessen  Aufgang  am  Osten,  und  durch  die 
Breite  des  (gegebenen)  Ortes,  die  Dauer  der  Dâmmerung  in  Zeit  oder 
den  Ort  der  Sonne  im  Tierkreis  berechnen  kônnen. 

Pedro  Nu  nez,  ein  grosse  r  Gelehrter  von  jiidischerAb- 
stammung  (chez  Steinschneider,  von   Samen   der  Juden)  beobachtete 
am  1.  Oktober  des  Jahres  1541,  aus  dem  Observatorium  der  Stadt  Lissa- 
bon  den  Himmel  abends,   als   er   klar   und   vvolkenfrei  war,   und  las  die 
Hôhe   des  in  der  Skorpionsgruppe   leuchtenden  Sternes,   der   das  Herz 
des  Skorpions  genannt  wird,  mittels  Instrumente  ab.    Der  Stern  befand 
sich  5  Grad  sQdlich  (—  5")    am  westlichen    Horizonte   und   seine  Lange 
betrug  nach   den  Ptolemâischen   Tafein  216:   rechnest   du   nun  28,   was 
nach  Kopernikus  die  Prazision  des  Anfangs  des  Widders  ist,  hinzu  etc." 
Joseph  del  Medigo,  né  à  l'île  de  Crète,  étudia  la  médecine  et  les  mathé- 
matiques à  Padoue.     Il    se    trouvait   à  cette    uni\ersité   en   1606;    ses   études 
préférées  étaient  les  mathématiques;  il  avait  probablement  été  attiré  à  Padoue 
par  la  renommée  de  Galilée.    De  1622  à  1627,  on  trouve  Medigo  à  Hambourg 
de  1627  à  1630  à  Amsterdam.     Ces  deux  villes  étaient  alors  les  centres  impor- 
tants des  réfugiés  portugais  qui  s'enfuyaient  devant  les  horreurs  de  l'Inquisition. 
A  cette  époque,  vivait  à   Hambourg  le  médecin  portugais  Rodrigo  de   Castro, 
(n.  1550  m.  1627),  ancien  élève  de  l'université  de  Salamanque,  qui,  bien  que  plus 
jeune  que  Nunes,  était  encore  son  contemporain.     Ce  médecin  jouissait  d'une 
grande  réputation.  Il  pratiqua  d'abord  la  médecine  à  Lisbonne  et  il  dut  s'e.xpatrier 
à  cause  de  la  question  religieuse. 

A  Hambourg  et  parfois  à  Amsterdam,  vivait  à  cette  époque  un  autre  méde- 
cin portugais  qui  s'était  également  expatrié.  Manuel  Bocarro  Froncez  y  Rosales 
(n.  vers  1590  m.  vers  1662),  auteur  d'oeuvres  philosophiques  et  astrologiques,  mé- 
decin de  l'empereur  Ferdinand  III.  A  Amsterdam,  le  nombre  de  réfugiés  por- 
tugais était  considérable;  la  famille  du  philosophe  Spinoza  (n.  1632  m.  1677) 
en  faisait  partie. 

Medigo  vécut  dans  l'intimité  de  Menasseh  ben  Israël,  son  imprimeur.  C'est 
chez  lui  que  parurent  ses  œuvres  sur  les  mathématiques,  écrites  toutes  en  hébreu. 

(b)  steinschneider.    Mathematik  bei  den  Juden,  §  1501-50,  p.  479. 

(c)  Voir  l'étude   de  listeves  Perdra   sur  ce   passade,   d'api&s   Pedro   ,\'iines.    (De  Ciepus- 
culis.)    Revista  d'Eng.  Militar  l'ill  p.  2S2. 


L'activitL'  scientifique  et  littéraire  des  juifs  en  Espagne,  a  été 
l'objet  de  nombreuses  et  remarquables  études  dans  la  littérature 
espagnole.  Elle  a  également  provoqué  récemment,  au  Portugal,  des  tra- 
vaux de  haute  valeur  du  D"^  Mendes  dos  Remedios  i  Histoire  des  Juifs  au 
Portugal  —  Étude  sur  Samuel  Usque,   avec  la  réimpression  de  son 


La  notice  de  Medi^o  sur  Pedro  Nunes  provient  donc  du  noyau  des  réfugiés 
portugais,  soit  à  Amsterdam  soit  à  Hambourg.  Les  renseignements  généalogiques 
obtenus  dans  ces  milieux,  étaient  certainement  tout  aussi  exacts  que  ceux  pris 
dans  les  registres  du  Tribunal  de  l'Inquisition. 

L'historien  Damiào  de  Goes,  contemporain  de  Nunes,  semble  confirmer  le 
passage  de  Medigo,  dans  la  Chronica  de  D.  Miinuel  ;  on  y  lit,  à  propos  de 
l'infant  D.  Luiz,  dont  Nunes  fut  le  professeur,  les  lignes  sui\antes  : '"' 

„Teve  por  mestre  nas  artes  liberaes  ao  Doctor  Pedro  Nunes  Portii- 

guez  de  naçam  que  foi  n'ellas  hum  dos  doctos  homens  do  seu  tempo." 

On   rencontre  souvent   aux  XV|e  et  XVIle  siècles   la   formule    de    naçào 

pour  désigner  les  nouveaux  chrétiens  ou  christàos  novos,  c'est-à-dire  les  Juifs 

convertis   ou   leurs   descendants.    Ainsi    on  lit  chez  P.  Antonio  Vieira  (Obras 

Ineditas  Lisboa  1856,  p.  203-215): 

„AI\'arâ   que   o  Snr  Rei  D.  Joào  4"  tinha  feito  a  gente  de  naçào  em 
que  Ihe  remettia  os  bens." 

„Contractou  D.  Joào  4°  corn  os  homens  de  naçào  do  reino." 
Herculano  dans  son  livre  classique  sur  l'inquisition  portugaise,  cite,  entre 
autres,  une  lettre  royale  de  1544,  dans  laquelle  les  chefs  ou  représentants  des 
nouveaux  chrétiens  à  Rome  (qui  s'y  efforçaient  d'acheter,  au  poids  d'or  les 
scrupules  du  Saint-Siège),  sont  désignés  par  chefes  de  naçào.  (Herculano. 
Inquisiçào  t.  3  p.  104). 

Les  termes  employés  pour  désigner  les  convertis,  étaient  soumis  à 
certaines  rigueurs  de  la  loi.  Ainsi  dans  le  code  de  D.  Affonso  V  (Affonsino) 
l'usage  du  mot  „tornadi(;o"  pour  désigner  les  Maures  ou  les  Juifs  convertis, 
était  interdit,  h 

Dans  une  lettre  de  D.  joào  II  (1487),  à  la  ville  de  Porto,  les  Juifs  espa- 
gnols sont  désignés  par  „marranos  ou  confessos  de  Castella".  c 

Plus  tard,  en  1601,  une  loi  interdit,  comme  une  offense,  les  termes: 
„Christào  novo,  confesso,  marra  no  ou  judeu."d 
L'expression  consacrée  du  temps  de  Goes    et  de  Antonio  Vieira   a  donc 
été  celle  de  naçào. 

Goes  ajouta  le  mot  portuguez,  en  précisant  ainsi  l'origine  de  Nunes  en 
opposition  à  l'origine  espagnole,  car  en  1492  le  Portugal  avait  accordé  le  séjour 
à  environ  120,000  Juifs  expulsés  de  l'Espagne.  Selon  Goes,  Spinoza,  dont  la 
famille  se  trouvait  parmi  ces  expulsés,  serait  twspanhol  de  naçào;  tandis  que 
Nunes,  d'origine  portugaise,  que  Goes  tenait  à  faire  ressortir,  était  portuguez 
de  naçào. 

(a)  Damiào  de  Goes.    Chronica  de  D.  .Manuel  I    l'nrtc.  Cap.  ,S1.    (Cninibra  1740.) 

(b)  Viterbo.    Klucidario  (1798),  p.  .1K4. 

(c)  Viterbo.    Elucidario,  p.  12.V 

(d)  Viterbo.  Elucidario,  p.  12.V 


62 

livre  Tribiilacôcs  d'Israël)  et  du  D'  Maximiliano  de  Lemos  sur 
les  médecins  Amato  Lusitano  et  Zacuto  Lusitano;  ce  dernier  était 
descendant  de  l'astronome.  Mais  dans  la  littérature  du  Portugal  il 
n'y  a  pour  ainsi  dire,  rien  concernant  les  travaux  mathématiques  des 
auteurs  nommés  par  Steinschneider,  excepté  ce  que  Ribeiro  dos  Santos 
et  Stockler  ont  écrit  sur  Zacuto. 

La  bibliographie  considérable  des  mathématiques  et  de  l'astro- 
nomie, réunie  par  Steinschneider,  fournit  la  meilleure  réponse  aux 
doutes  exprimés  par  M.  Cantor,  dans  son  œuvre  classique  Vor- 
lesungen  iiber  die  Geschichte  der  Matheniatik.  M.  Cantor  s'exprime 
sur  l'astronomie  de  l'Espagne  et  du  Portugal  en  ces  termes: 

C'est  là,  il  nous  semble,  l'explication  plausible  du  ternie  porluguez  de 
naçào.  Ce  même  terme  revient  chez  Barros  à  propos  de  l'astroloi^ue  Ruy 
Faieiro,  désigné  également  comme  „portuguez  de  naçào." 

Ce  terme  pourrait  avoir  purement  et  simplement  la  signification  de 
nationalité  portugaise.  Mais  Goes  écrivait  son  œuvre  en  1566  pour  le 
Portugal,  où  tout  le  monde  connaissait  Nunes  ainsi  que  sa  nationalité.  A  cette 
date  la  renommée  du  mathématicien  avait  même  depuis  longtemps  franchi  les 
frontières  de  la  Péninsule.  Il  nous  paraît  donc  plus  probable  que  Goes 
voulait  bien  préciser  la  naissance  portugaise  et  l'origine  juive  de  Nunes,  ce  qui 
confirme  le  passage  de  Joseph  del  Medigo. 

Pedro  Nunes  fut  pensionné  en  1562.  Il  vécut  ensuite  pendant  10  ans  à 
Coimbra,  loin  de  la  cour.  Cet  éloignement  éveilla  l'attention  de  Garçào  Stockler 
qui  s'en  étonna  et  fit  en  1817,  des  recherches  pour  i'e.xpliquer.  11  trouva  ainsi 
une  lettre  précieuse  de  l'évêque  et  historien  Osorio,  reprochant  en  termes  éner- 
giques à  un  membre  tout  puissant  de  la  Société  de  Jésus  d'avoir  éloigné  de 
la  cour  toutes  les  personnes  auxquelles  le  roi  tenait,  même  Pedro  Nunes, 
cosmographe  du  royaume,  a 

La  désorganisation  de  l'enseignement  universitaire  fut  une  des  premières 
entreprises  des  Jésuites  au  Portugal.  Les  célèbres  persécutions  dirigées  contre 
les  professeurs  de  l'université  de  Coiinbra,  commencèrent  par  les  procès  de 
Diogo  de  Teive,  Joâo  da  Costa  et  George  Buchanan,  accusés  de  luthéranisme 
et  emprisonnés  par  l'Inquisition  en  1550.  Ce  n'était  que  le  prélude  d'événe- 
ments plus  graves.  La  lettre  d'Osorio  nous  révèle  cette  même  animosité 
dirigée  contre  Nunes,  que  la  Société  de  Jésus  avait  montrée  déjà  en  1545 
contre  Damiào  de  Goes,  à  cause  de  ses  relations  avec  Luther,  Erasme, 
Sébastien  Munster,  Simon  Grynaeus,  etc.  Goes  fut  emprisonné  en  avril  1571 
et  condamné  à  la  réclusion  perpétuelle  en  décembre  1572.  Sa  mort  encore  assez 
mystérieuse,  eut  lieu  vers  1574,  quatre  ans  avant  celle  de  Pedro  Nunes.  La 
Chronica  de  D.  Manuel  parut  pour  la  première  fois  en  1566,  c'est-à-dire  4  ans 
après  la  mise  à  la  retraite  de  Nunes,  précisément  à  l'époque  de  son  éloigne- 
ment de  la  cour;  il  paraît  probable  que  son  origine  juive  y  fut  pour  quel- 
que chose. 

(a)  Oarçâo  Stockler.     Knsaio  historico  1.  c.  p.  KïO. 


63 

„Des  voyages  maritimes  aussi  hardis,  sont  inconcevables 
si  leurs  guides  ne  possèdent  pas  à  fond  des  connaissances 
d'astronomie  pratique.  D'un  autre  côté,  ces  connaissances  se 
basent,  toujours  et  partout,  sur  un  développement  parallèle  de 
la  science  astronomique  et  des  mathématiques.  Qui  étaient 
les  représentants  de  ce  développement  scientifique 
en  Espagne  et  au  Portugal?  Nous  avons  posé  la  question 
et  nous  en  avons  reconnu  le  bien-fondé." 

„Comme  réponse,  nous  avons  trouvé  le  fait  singulier  qu'on 
ne  peut  constater  que  de  maigres  vestiges  d'un  épanouissement 
des  mathématiques  sur  le  sol  de  l'Espagne  et  du  Portugal;  ces 
vestiges  sont  si  fugitifs  qu'ils  nous  contraignent  à  admettre  une 
chose    presque    incroyable:    que   l'art  de   la   navigation   a  fait 
subitement  des  progrès  sans  précédent,   tandis  que  les  mathé- 
matiques ne  sont  pas  sorties  de  leur  état  d'infériorité."^ 
Cette  science  mathématique,  que  M.Cantor  conteste  à  la  Péninsule, 
Steinschneider,    par   ses   brillantes   recherches,    a   largement   prouvé 
qu'elle    a    existé.     On    n'a    pas     rapproché   jusqu'ici    cette    activité 
scientifique  du  problème  de  la  navigation  et  pourtant  c'est  bien  sur 

Les  écrits  de  Nunes  furent  énergiquement  attaqués  par  Diogo  de  Sd, 
dont  l'œuvre  (De  Navigationi  libri  très,  etc.),  datée  de  1549  et  dédiée  à  D. 
Joào  111,  ne  fut  pas  réfutée  par  Nunes.  a 

Kayserling  signale  un  manuscrit  b  contre  les  hérétiques  d'un  auteur 
Diogo  de  Sa,  dédié  à  l'Inquisiteur  général,  le  cardinal  D.  Henrique,  frère  de 
D.  Joào  III    et   ancien   élève  de  Nunes. 

Ces  deux  écrits,  provenant  probablement  d'un  même  personnage,  semblent 
révéler  l'intention  de  commencer  par  Nunes  la  persécution  religieuse  qui  éclata 
seulement  plus  tard  à  l'université.  De  1616  à  1626,  six  professeurs  de  Coimbra, 
nouveaux  chrétiens  comme  Nunes,  furent  persécutés  par  l'Inquisition.^  Quatre 
de  ces  professeurs  furent  simplement  emprisonnés.  Le  célèbre  professeur  de 
droit  Francisco  ,Vaz  de  Gouveia,  fut  3  fois  mis  au  supplice  et  le  D'  An- 
tonio Homem,  professeur  de  droit  canonique,  après  5  ans  d'emprisonnement,  fut 
étranglé  et  brûlé.  Un  de  ces  six  professeurs  était  André  d'Avellar,  successeur 
de  Pedro  Nunes. 

Deux  points  importants  se  dégagent  de  ces  faits  concernant  l'université 
de  Coimbra  à  l'époque  de  Pedro  Nunes.  D'abord  l'acuité  de  la  question 
religieuse  provoquant  l'intervention  inquisitoriale  et  le  grand 
nombre  des  professeurs  d'origine  iuive  dans  le  corps  universitaire. 

(')  Traduction  du  passage  de  Cantor:  Vorlesungen  iiber  die  Geschichte 
der  Mathematik  1892.    Band  2,  p.  355. 

(a)  Guiinarâes.    Les  Mathématiques,  p.  412.        G.  Stockler  1.  c,  p.  4.S. 

(b)  Kayserling.    Bibliotheca  espanola  judaica,  Strassburg  1890. 

(c)  T.  Braga.  Historia  da  Universidade  t.  2:  A.  P.  Lopes  de  Mendonça.  Damiâo  de  ûoes 
e  a  Inquisiçào  em  Portugal.     IK.sy. 


64 

ce  terrain  qu'on  trouve  les  représentants  de  la  science  matliématique, 
recherchés  par  M.  Cantor.  L'abondance  des  éléments  fournis  par 
l'astrologie  péninsulaire,  explique  largement  le  développement  de 
l'astronomie  nautique. 

L'AImanach  perpetuum  n'est  pas  la  seule  œuvre  importante  qui 
entre  ici  en  considération.  Steinschneider,  ignorant  très  probable- 
ment, le  rapport  de  ce  livre  avec  les  entreprises  maritimes  du  Por- 
tugal,   écrit  en   1888: 

„La  bibliographie  et  les  détails  de  cet  ouvrage,  très  important 
pour   l'histoire   de   l'astronomie,    ne  sont  encore  donnés  nulle 
part.    Il   est    difficile  de  remplir  cette  lacune,   car  les  manus- 
crits  et   les  éditions   sont   en   partie   extrêmement   rares    et   il 
en  existe  en  trois  langues   de  bien  différentes  rédactions".' 
Dans   la    littérature    portugaise    les    recherches   de  Ribeiro    dos 
Santos    et    Stockler    ont    mis    l'Almanach    de    Zacuto  en   évidence. 
Cela  n'a    pas  suffi  à  lui   assurer  une  place  définitive  dans  l'histoire 
des  découvertes.     Oublié   par   les   uns,  méprisé  par    les    autres,  ce 
livre    méritait   depuis    longtemps  qu'on    lui  assignat    sa    vraie  place 
dans  l'histoire  de  la  navigation. - 

Les  événements  sociaux  de  la  Péninsule  avaient  depuis  longtemps 
et  avec  plus  ou  moins  d'intensité,  limité  l'action  de  la  race  juive, 
intelligente  et  laborieuse.  Exclue  de  l'activité  guerrière,  son  initiative 
et  ses  efforts  se  reportèrent  sur  d'autres  domaines  qui  lui  étaient 
restés  ouverts.  Cette  particularité  de  la  vie  sociale  de  la  Péninsule 
a  porté  ses  fruits  dans  la  philosophie  et  dans  la  médecine,  aussi 
bien  que  dans  les  mathématiques  et  dans  l'astronomie  pratique. 
Ainsi  au  Xll'"'^  siècle  déjà,  à  l'époque  même  de  la  fondation  de  la 
monarchie,   on   trouve   le   mathématicien   et   astrologue    Ibn   Esra  à 

(')  Steinschneider.  2me  Étude  sur  Zarkaii.    Rome  1888,  p.  27. 

(-)  L'oubli  intentionnel  s'affirma  de  très  bonne  heure.  Steinschneider 
nous  en  fournit  une  preuve  intéressante  à  propos  de  l'œuvre  De  rnotu  octavœ 
Saphœrœ  de  Riccius,  élève  de  Zacuto.  Dans  la  première  édition  de  1513,  ce 
livre  contient  une  Epistola  traitant  de  l'importance  et  de  la  portée  de  la  science 
astronomique  des  Juifs.  Ce  document  fut  supprimé  dans  l'édition  suivante  de 
1521,  l'éditeur  l'ayant  déclaré  sans  importance.^''  L'édition  complète  de  1513 
décrite  par  le  prince  Boncompagni  t»,  est  d'une  grande  rareté.  On  la  trouve  à 
la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris.  Nous  avons  connaissance  de  deux  exem- 
plaires incomplets  de  cette  même  édition  de  1513,  d'où  l'Epistola  en  question 
est  également  disparue.  (Exemplaires  de  Alunich  et  de  Bamberg). 

(a)  Steinschneider.  Mathematik  bei  den  Juden  §:  1501-1550. 

(b)  Boncompagni.  Bulletino  di  Ribliografia  c  di  storia  délie  scienze  mathematiclie  etc. 

tome  V  (1872).  p.  364.- 


65 

côté  de  Qabirol,  à  la  fois  philosophe  et  poète  et  du  l\rique  jehuda 
Halévy. 

Dans  l'histoire  des  entreprises  maritimes  du  Portugal,  l'astrono- 
mie nautique  était  depuis  longtemps  un  chapitre  obscur.  Notre  travail 
tire  de  l'oubli  des  documents  inconnus  et  de  valeur  historique, 
ainsi  que  d'autres  déjà  publiés  mais  dont  l'importance  fut  à  peine 
remarquée.  11  éclaire  d'un  jour  assez  vif  la  science  juive  qui  a 
fourni  au  Portugal  les  premières  tables  nautiques,  et  il  met  en 
évidence  l'abondante  collaboration  des  Juifs  dans  les  tables  et  les 
instruments   astronomiques   de   la   Péninsule  au    moyen-âge. 

A  ces  collaborateurs  de  la  gloire  portugaise,  hier  à  peine  connus 
ou  passés  volontairement  sous  silence,  revient  une  place  d'honneur 
dans  l'histoire  de  l'astronomie  nautique.  Qu'ils  soient  italiens  ou 
catalans,  espagnols  ou  allemands,  qu'ils  soient  prêtres  comme  l'évèque 
Ortiz  ou  juifs  comme  Zacuto,  rendons  à  chacun  l'honneur  qui  lui 
revient  de  droit,  car  dans  les  recherches  historiques  il  n'y  a  point 
de  place  pour  les  préjugés  de  nationalité  ou  de  religion. 

Zacuto,  professeur  à  Salamanque,  José  Vizinho,  membre  de 
la  Junta,  maître  Moysés,  son  collaborateur,  ne  sont  que  quelques 
représentants  d'une  activité  scientifique,  florissant  dès  le  Xl'^  siècle 
dans  le  monde  arabe  et  se  prolongeant  sans  interruption  jusqu'à 
l'époque  des  découvertes  maritimes.  Nous  avons  suivi  cette  activité 
à  travers  une  série  d'ouvrages  importants  sur  les  mathématiques, 
l'astronomie  et  sur  les  instruments  d'observation;  nous  la  retrou- 
verons encore  dans  une  œuvre  remarquable  de  la  cartographie. 
Des  événements  tels  que  les  grandes  découvertes,  ne  peuvent  être 
attribués  ni  à  l'une  ni  à  l'autre  individualité  exclusivement.  Ces 
succès  furent  la  conséquence  de  l'enthousiasme  ardent  de  la  nation 
entière  pendant  un  siècle,  les  fruits  de  ce  sublime  patriotisme  symbo- 
lisé par  Nun'  Alvares  et  la  jeune  génération  qui  l'entoura  à  Al- 
jubarrota. 

Dirigé  vers  l'Océan  par  des  hommes  tels  que  l'Infant  D.  Hen- 
rique  et  D.  Joào  11,  ce  patriotisme  a  fait  surgir  ces  héros,  ces  véri- 
tables géants  chantés  par  Camôes  dans  les  Lusiades.  Telle  fut  la 
génération  de  Bartholomeu  Dias,  Pero  d'Alemquer,  Vasco  daGama, 
Pero  da  Covilhà,  Fernào  de  Magalhaès,  Duarte  Pacheco,  Alvares 
Cabrai,  Affonso  d'Albuquerque  et  d'une  pléiade  de  pilotes  hardis, 
dont  les  noms  ne  sont  pas  encore  assez  connus. 

Les  Lusiades  caractérisent  la  nation  à  cette  époque.  Le  poète 
chantait  la    réalité,  un   hymne  de  gloire  au  peuple  ciui  guidait  l'Lu- 


66 

ropc  entière  dans  racconiplissemeiil  duii  eHeiiement  des  plus  re- 
marquables de  l'histoire  du  monde. 

La  pénurie  de  documents  pouvant  servir  de  preuves  aux  con- 
naissances astronomiques  que  cette  génération  possédait,  a  été 
longtemps  le  prétexte  pour  contester  le  réel  degré  de  culture  de 
la  nation,  au  moment  le  plus  brillant  de  son  histoire.  On  s'est 
mépris.  L'œuvre  que  les  navigateurs  portugais  ont  accompli,  suf- 
fisait en  elle-même  à  témoigner  le  savoir  et  les  ressources  scienti- 
fiques du  pays  à  cette  époque. 

Les  documents  existent  aujourd'hui  en  abondance.  Les  deux 
éditions  du  Trac  ta  do  da  spera  et  du  Reginiento  do  astrolabio 
(exemplaires  de  Munich  et  d'Evora),  l'Esmeraldo,  le  Livro  de 
Marinharia,  le  Tratado  del  esphera  y  del  arte  de  marear  de  Fran- 
cisco Faleiro,  le  Tratado  da  sphera  de  Pedro  Nunes  et  enfin  son 
Tratado  em  defensani  da  carta  de  marear,  nous  font  connaître 
toutes  les  phases  du  développement  de  l'astronomie  nautique  au 
Portugal  à  l'époque  des  découvertes.  L'examen  de  ces  œuvres 
remarquables  va  nous  montrer  de  combien  les  marins  portugais 
devançaient  leurs  concurrants  espagnols  dans  l'art  de  la  navigation, 
au  moment  même  ou  les  deux  peuples  se  disputaient  la  division 
du  globe. 

C'est  dans  le  Règlement  de  l'astrolabe  de  la  Bibliothèque  de 
Munich,  que  Fernandez  de  Enciso  copia  des  passages  entiers  du 
calcul  des  latitudes  pour  son  livre  Suma  de  geographia  ,  édition 
1519.  Ce  fut  un  pilote  portugais,  Francisco  Faleiro,  qui  a  écrit 
pour  l'Espagne  le  plus  important  ouvrage  sur  l'art  de  la  navigation 
paru  jusqu'alors,  le  „Tratado  del  esphera  y  del  arte  de  marear."  Nos 
recherches  nous  ont  permis  de  retrouver  ce  traité  rarissime 
et  de  nos  jours  inconnu  au  Portugal.  Ce  livre,  de  grande  valeur 
historique,  est  venu  compléter  la  série. 

Francisco  Faleiro,  au  service  de  l'Espagne,  publia  en  1535  son 
œuvre  en  espagnol.  11  était  le  frère  de  l'astronome  Ruy  Faleiro 
et  devait  comme  celui-ci,  accompagner  Fernào  de  Magalhàes  dans 
le  premier  voyage  autour  du  monde. 

Le  Traité  de  la  sphère  et  le  Règlement  de  l'astrolabe  de  la 
Bibliothèque  de  Munich,  forment  le  point  de  départ  de  la  série  de 
travaux  que  nous  venons  de  signaler.  Les  historiens  doivent  désor- 
mais y  chercher  la  filiation  de  toutes  les  études  portugaises  venues 
ensuite  et  conduisant  aux  admirables  observations  nautiques  de 
D.  Joào    de   Castro,    contenues    dans   ses  trois    routiers:     Roteiro 


67 

de  Lisboa  a  Goa,   1.S3S;  Roteiro    de  Goa    a   Diii,    153S     1539;    et 
Roteiro  do  niar  Roxo,  1541. 

Devancier  des  nations  européennes  dans  les  grandes  entreprises 
maritimes,  le  Portugal  ne  manque  donc  plus  de  preuves  d'avoir  été 
en  même  temps  le  pionnier  de  l'astronomie  nautique  moderne.  Le 
livre  que  nous  allons  examiner  nous  fait  connaître  la  science  nationale 
appliquée  à  l'étude  des  problèmes,  alors  les  plus  pressants  pour  la 
découverte  du  monde;  l'enseignement  de  la  sphéricité  de  la  terre, 
et  le  calcul  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil.  On  donnait  ainsi 
aux  marins  portugais  la  clef  de  la  navigation  dans  les  mers  inconnues, 
le  point  de  départ  du  plus  hardi  voyage  de  tous  les  temps,  celui 
de  la  circumnavigation  du  globe. 

Berne,  décembre  1912. 


68 


Grâce  à  l'intérêt  éveillé  par  cette  étude,  M.  M.  les  Drs  Erich 
Petzet  et  Ernst  Freys  de  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich, 
nous  ont  aimablement  invité  à  écrire  la  préface  pour  la  reproduc- 
tion de  l'unique  exemplaire  connu  du  Regimento  do  estrolabio  e 
Tractado  da  Spera  do  Mundo,  dans  la  splendide  collection  „Selten- 
heiten  aus  Siiddeutschen  Bibliotheken". 

Nous  tenons  à  leur  exprimer  ici  notre  vive  reconnaissance. 

L'esprit  scientifique  que  nous  avons  rencontré  dans  ces  milieux, 
restera  un  souvenir  aussi  cher  que  le  plaisir  de  voir  publié  en 
fac-similé,  un  livre  de  si  grande  valeur  pour  l'histoire  des  découvertes 
portugaises. 


LE  RÈGLEMENT  DE  L'ASTROLABE 
ET  DU  QUADRANT. 


Na  arte  de   navegar  repousa    o  pri- 
meiro  fundamento  da  nossa  gloria. 

H.  Lopes  de  Mendonça. 


En  parcourant  un  volume  de  la  Bibliotheca  Mathematica  de  1890, 
nous  y  avons  remarqué,  dans  un  article  publié  par  le  professeur 
Gùnther  sur  les  prétendus  services  rendus  par  Behaim  à  la  marine 
portugaise,  une  citation  extraite  d'un  incunable  portugais  existant 
à  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich. 

Le  livre  contient  un  Règlement  nautique  ayant  le  titre  de  Regi- 
mento  do  estrolabio  e  do  qiiadrante,  une  traduction  portugaise  du 
Traité  de  la  sphère  de  Sacrobosco  et  la  fameuse  lettre  que 
Hieronymus  Monetarius  de  Nuremberg  écrivit  au  roi  D.  Joào  1!  en 
faveur  de  Behaim.  Cette  lettre  fut  traduite  par  le  dominicain  Alvaro 
da  Torre,  prédicateur  à  la  cour. 

Nous  avons  supposé,  à  première  vue,  qu'il  s'agissait  d'une 
œuvre  décrite  en  1883  par  Luciano  Cordeiro,  dans  le  „Boletim  da 
Sociedade  de  Geographia"  de  Lisbonne.  Un  mot  manquant  dans 
le  titre  a  cependant  appelé  notre  attention  sur  cet  incunable  et 
grâce  à  l'amabilité  de  M.  le  professeur  von  Miilinen,  directeur  de  la 
Bibliothèque  de  la  ville  de  Berne,  nous  avons  eu  ce  livre  à  notre 
disposition. 

A  la  même  occasion,  deux  articles  se  rapportant  à  ce  précieux 
volume  nous  furent  signalés  par  la  Bibliothèque  de  Munich,  l'un  du 
D'  Hermann  Grauert  et  l'autre  du  D'  Otto  Hartig,  conservateur 
de  cette  Bibliothèque.' 

(')  Les  deux  articles  se  tiouveiil  dans  „llist()iisclies  Jalirl)iich",  A'^iinclieii, 
Ikmd  29  (llefl  2),  19()S,  p.  M)\-~  ,W. 


70 

M.  Cjiaiicri  s'occupe  tout  spécialement  de  l'importance 
historique  de  la  lettre  de  Monetarius.  M.  Hartig  fait  la  description 
de  l'incunable.  Son  opinion  sur  ce  livre  a  une  grande  portée 
pour  notre  étude,  émanant  d'une  telle  autorité  dans  la  matière. 
On  y  fait  brièvement  mention  du  Règlement,  ainsi  que  de  la  liste 
des  latitudes  des  découvertes. 

La  comparaison  des  deux  Règlements  de  l'astrolabe,  celui  décrit 
par  Cordeiro  et  l'incunable  de  Munich,  nous  révèle  la  grande  valeur 
du  dernier  pour  l'histoire  de  l'astronomie  appliquée  à  la  navigation. 


L'INCUNABLE  DE  MUNICH. 

Le  volume  relié  en  parchemin  et  marqué:  liicun.  1551'".  4", 
de  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich,  se  compose  de  deux  parties 
indépendantes,  sorties  cependant  à  la  même  époque  de  la  même 
imprimerie  et  qui  doivent  être  considérées  comme  formant  une 
seule  œuvre.  Les  deux  parties,  le  Règlement  de  l'astrolabe  et  le 
Traité  de  la  sphère,  commencent  chacune  par  une  page  à  frontis- 
pice, ornée  du  même  dessin  :  une  grande  sphère  armillaire  au  milieu 
d'un  cadre  (143  X  95  '^"')  occupant  presque  toute  la  page.  L'axe 
de  la  sphère  se  prolonge  vers  le  bas  du  cadre,  où  il  est  saisi  par 
une  main.  Une  bande  s'enroule  autour  de  l'axe,  entre  la  main  et 
la  sphère.  Sur  la  bande  enroulée  du  frontispice  du  Traité  de  la 
sphère  se  lisent  les  mots  „Spara  mundo",  et  autour  de  la  sphère 
se  trouvent  les  désignations:  pôles,  tropiques,  équateur.  Le  frontis- 
pice du  Règlement  de  l'astrolabe  ne  porte  aucune  inscription  de 
ce  genre,  excepté  le  nom  de  l'imprimerie  qui  ne  figure  pas  sur 
celui  du  Traité  de  la  sphère.  Nous  avons  trouvé  exactement  les 
mêmes  dessins  et  dimensions  de  cette  gravure  dans  le  „Poeticon 
astronomicon"  de  Hyginius  -    éd.  Pasquier  Lambert  —  Paris  1517. 

M.  Hartig,  dans  la  description  de  l'incunable  nous  indique  que 
les  32  illustrations  du  texte  du  Traité  de  la  sphère,  sont  des  copies 
de  l'édition  de  Sacrobosco  1488,  Venise.  Probablement  cette  édition 
aura  servi  de  base  à  la  traduction  portugaise.' 

(')  Selon  raimable  coninumicatioii  de  M.  le  D'  Harlig,  il  s'agit  de  l'édition 
1488  —  Johannes  Lucilius  Santritter,  Venise  —  et  non  de  celle  de  1483,  in- 
diquée par  erreur  typographique  dans  son  article  du  „Historisclies  jahrbuch". 
L'édition  1488  est  citée  par  Proctor  „lnde.\  to  the  early  printed  books",  sous 
le  numéro  v'S18.^. 


71 
LE  RÈGLEMENT. 

Dans  le  haut  de  la  page  du  frontispice,  sur  le  cadre  de  la 
gravure,  est  imprimé  en  rouge  le  titre  suivant: 

Regimento   do   estrolabio  :  do    quadrante   pera   saber 
ha  deciinaçam  :  ho  logar  do   soll   em  cada  huum  dia     c  asy 
pera  saber  ha  estrella  do  norte. 

(Règlement  de  l'astrolabe  et  du  quadrant  pour  déterminer 
chaque  jour  la  déclinaison,  l'emplacement  du  soleil  et  la 
position  de  l'étoile  polaire.) 

L'inscription  du  bas  de  la  page  indiquant  l'imprimerie  est  déchirée, 
de  sorte  qu'on  ne  peut  lire  le  nom  de  l'imprimeur.  M.  Haebler, 
réputé  connaisseur  le  plus  autorisé  des  incunables  ibériques,  com- 
pléta cette  inscription  par  les  mots  en  italique  qui  suivent: 

„lmpresso  em  ha  cidade  de  Lixboa  por  hermào  de  Canipos 

„com  gracia  e  priuilegio " 

Dans  le  haut  du  verso  de  la  première  feuille  commence  le 
Règlement,  qui  occupe  les  12  premières  feuilles  (sans  pagination). 
Le  Règlement  est  divisé  en  cinq  parties: 

1.  Instructions  minutieuses  sur  la  façon  de  faire  le  calcul 
des  latitudes  d'après  les  tables  de  déclinaison  placées  en  face 
du  calendrier.    Ces  instructions  sont  accompagnées  de  17  exem- 
ples  numériques,    traitant   du   calcul   des   latitudes  suivant  que 
l'observateur  est  placé  au  nord  de  l'équateur,   au  sud,   ou  sur 
l'équateur  même.    Le  texte  commence  au  haut  de  la  page  par 
les  trois  lignes  suivantes,  imprimées  en  rouge  également: 
„Primeiramete  saberas:    q    aos.  XI  dias  de  março   esta 
ho  sol  no  eqnoçiall  que  no  te  declinaca:   :  asy  mesmo  a 
os.  xiiij  de  setèbro.  c  no  ano  de  bisexto  cresce  mays  hu  dia   ." 
Le   Règlement  déjà  décrit  par  Cordeiro,   auquel  il  donne  la 
date  probable  de  1519     20,  débute  par  la  même  formule,  mais 
la    suite    du    texte    est    entièrement    différente.    Cette    première 
partie  se  termine   au    verso    de    la    4'"'^'  feuille,  par   une   figure 
représentant    un    cercle    divisé    par   4   diamètres    en    S   parties 
égales.    (Voir  fig.  6  pag.   143.)    A  chaque   division  correspond 
un   numéro:    en   haut  41,  et  vers  la  droite  42,  40,  3S,  35,  .35, 
37,  39. 


12 


2.  „Este   lie   o   rcgiinciito   do    iiortc". 

Règlement  de  l'étoile  polaire.  Il  commence  à  la  feuille  5. 
La  rédaction  est,  avec  de  légères  altérations,  la  même  que  celle 
du  F^èglement  contenu  dans  l'exemplaire  d'Evora. 

3.  „  Estas  sa  m  as  al  tu  ras  da  lynha  equinocial  para  ha 
bamda  do  norte". 

Liste  des  latitudes  au  nord  de  l'équateur.  Elle  commence 
dans  le  haut  de  la  feuille  5  v.  et  se  termine  au  milieu  de  la 
ô*-'  V.  On  y  trouve  enregistré  les  latitudes  de  60  points  différents 
de  la  côte,  à  partir  de  l'équateur  vers  le  nord. 

Cette  liste  est  de  beaucoup  inférieure  à  celle  du  Règlement 
d'Evora,  dans  laquelle  on  trouve  les  latitudes  de  193  points 
au  nord  et  au  sud  de  l'équateur. 

4.  Règlement  pour  évaluer  le  chemin  parcouru  par 
le  navire;  sans  titre.  Cette  partie  se  termine  à  la  fin  de  la 
feuille  6  v. 

5.  Calendrier  fait  pour  12  mois  sans  indication  d'année.  Une 
page  est  réservée  à  chaque  mois,  de  mars  à  février  suivant. 
La  première  des  4  colonnes  contient  la  date;  la  colonne 
suivante,  l'emplacement  du  soleil  dans  les  signes  du  zodiaque, 
(en  degrés  seulement,  sans  indication  de  minutes)  et  les  deux 
dernières  colonnes  indiquent  la  déclinaison  en  degrés  et  minutes. 

Le   calendrier   n'a   aucun    titre    spécial;    il    commence    par 
l'inscription  suivante  pour  le  mois  de  mars  à  f.  7  r. 
V/^  I       Marco  tem  dias.  XXXI.  ha  lua.  XXX.  ho.   dia  xij.  /  hos. 
1  Vl— ^  no.  xij. 

(Mars  a  31  jours,  la  lune  30,  le  jour  a  12  heures,  la  nuit  12.) 
Dans  l'en-tête  du  mois  de  février  il  y  a  une  observation  sur  l'année 
bissextile.  Nous  la  reproduisons,  avec  la  disposition  des  tables  et 
du  calendrier: 

Feuereyro  a  dias.  XXV^iij.  lu  a.  XXIX  qndo  a  bis     sexto  a. 
XXIX.' 


KL 


cl.  Is^nacio  bpd  l:}ri^icki    . 
e.  Purificacam  da  senlio. 


Uia        Lugardo 
Do  mes         sol 


22 

23 


Declinaça:  Sol 
graa         minut. 


14 

13 


15 
55 


Les  jours  de  la  semaine  sont  désignés  par  A  (dimanche),  b,  c, 
d,    e,    f,   g.    Les    jours    des    fêtes    principales    sont    en    rouge.     La 


13 

deuxième  colonne,  contenant  remplacement  du  soleil  avec  les  signes 
respectifs,  est  en  noir;  tout  le  reste  en  rouge.  L'exécution  typo- 
graphique des  colonnes  du  calendrier  est  très  peu  soignée.  Les 
chiffres  sont  placés  avec  une  grande  irrégularité  et  horizontalement 
mal  alignés. 

Fin  du  calendrier  et  du  Règlement  à  f.  12  v. 

LE  TRAITÉ  DE  LA  SPHÈRE. 

Le  frontispice,  avec  la  gravure  déjà  décrite,  commence  à  f.  13  r, 
portant  en  haut,  sur  le  cadre,  le  titre  en  noir: 

„Tractado  da  Spera  do  mundo  tyrada  de  latim  em 
liguoagem  com  ha  carta  que  huu  gramde  doutor  aie/ 
man   mandou  ao  rey  de  purtugall  dom  Joham  el  segùdo." 

Traité  de  la  sphère  du  monde  traduit  du  latin  en  langue 
vulgaire,  avec  la  lettre  qu'un  grand  docteur  allemand  envoya 
au  roi  de  Portugal,  D.  Joào  11. 

La  partie  inférieure  du  cadre  n"a  aucune  désignation  d'impri- 
merie, tandis  que  le  frontispice  du  Règlement  en  a  une,  comme  nous 
l'avons  déjà  indiqué.  Au  verso  de  la  même  feuille  commence  le 
texte  en  caractères  noirs  : 

„0  tractado  da  espéra  se  parte  em  quatro  capitulos." 
Le   livre   contient  32  figures   intercalées  qui,   avec  les  gravures 
du  frontispice,   sont,   comme   nous  l'avons  déjà  signalé,   des  repro- 
ductions de  Sacrobosco,  édition  de  1488.  Au  milieu  de  la  f.  30  v.  le 
Traité  de  la  sphère  se  termine  par  ce  paragraphe: 

„:  por  este  Dionisio  ariopa  gita  vendo  em  athenas  aquelle 
éclipse  disee:  ou  ho  deus  da  natur  padece  ou  toda  a  fabca 
do  mudo  peçe.  a  de'  gcas." 

A  la  ligne  suivante,  sans  nouveau  titre  ni  intervalle  quelconque 
indiquant  un  changement  de  sujet,  commence  la  lettre  de  Monetarius: 

„A   cartta   que   enuiou  hieronimo    montario  doutor  alemà 
da  cidade  de   norùb'ga   em    alemania   ao  serenissimo  rey  dô 
Joham   o   segùdo   de    portugall   sob'  o   descob'mento  do  ma 
ar  oçeano  :  puenca   do   gnde   cà   de    catay   lirada   de   lati   en 
li  guajen    por   mstre   aluaro   da    torre    mstre   en    theologia   da 
or  dem  de  sam  doiiiingos  prct^ador  do  diclo  senhor  rey." 


74 

Lettre  cmoyéc  par  tlieronviiuis  Monetariiis,  docteur  alle- 
mand de  la  ville  de  Nuremberg,  au  sérénissime  roi  D.  Joào  il 
de  Portugal,  sur  la  découverte  de  l'Océan  et  de  la  province  du 
grand  khan  de  Catay,  traduite  du  latin  en  langue  \ulgaire 
par  Alvaro  da  Torre,  maître  en  théologie  de  l'ordre  des  do- 
minicains et  prédicateur  du  roi. 
|-in  de  la  lettre  au  bas  de  la  feuille  v31   v: 

"Vale.  de  numberga  vi  la  da  alta  alemanha  a.  14.  dejulho: 
salutis  de  mill  c  qua    trocemtos  :  nouenta  :  très  arios." 

De  Nuremberg  ville   de  la  haute  Allemagne,  le   14  juillet  de 

l'an   1493. 

Les  deux  pages  de  la  feuille  32  contiennent  deux  gra- 
vures qui,  selon  M.  Hartig,  appartiennent  à  l'œuvre  même;  elles  ne 
sont  pas,  comme  les  précédentes,  des  copies  de  l'édition  Sacrobosco. 
La  première  (165  X  120  '"'^)  représente  le  buste  d'un  astrologue 
regardant  le  soleil  situé  au  haut  du  cadre.  Dans  un  plan  au-dessus 
du  soleil,  on  voit  sept  cercles  contenant  chacun  une  inscription 
numérique,  dont  nous  ignorons  le  sens.  Voici  ces  inscriptions: 
.  ire  •  '  22  '  '  32  '  ■  42  •  •  52  •  •  62  •  •  72  • 
,.  440  •       .   400  •       .   330  .      •   300  •      •   255   •      •   222   •       •  85  • 

M.  Hartig  n'en  indique  pas  non  plus  la  signification, 
A    la    hauteur    du    soleil    se    trouve  l'inscription  suivante,    mi  à 
gauche  mi  à  droite: 

„Demde  ho  soll  procède  lias  claridade  aos  signos  et  aos 
planetas/ asy  aos  superiores  como  aos  jnferiores.  La  lie  aima 
do  md." 

Du  soleil  sort  la  clarté,  distribuée  aux  signes  et  aux  pla- 
nètes, aussi  bien  aux  supérieurs  qu'aux  inférieurs.  C'est 
l'âme  du  monde. 

Un  peu  plus  bas  se  trouve  une  deuxième  inscription,   disposée 
comme  la  précédente  par  rapport  à  l'astrologue: 

„Este  he  Alfragano  ho  gnde  philosofo  q  nu  ca  pode  com- 
prender    hos  sagredos  de   de    us.  ssoo  Adam  teue  razam." 

Celui-ci  est  Alfragan,  le  grand  philosophe,  qui  n'a  jamais 
pu  comprendre  les  secrets  de  Dieu.  Adam  seulement  a  eu 
raison. 

Au  verso  de  la  dernière  feuille  on  voit  une  gravure  plus  petite 
(126  X  <S5  mm)  représentant  Sainte-Anne,  la  Vierge,  et  l'enfant  Jésus. 


75 


ÉTENDUE  DU  TEXTE. 
Le  tableau  suivant  donne  une  idée  de  l'étendue  du  texte  du 
Règlement  de  Munich,  ainsi  que  de  sa  distribution.  La  feuille  d'im- 
pression a  155  X  105  mm,  32  lignes  par  page;  le  calcul  est  fait  à 
1 1  mots  par  ligne.  En  face  nous  avons  ajouté  une  évaluation 
également  approximative  du  texte  du  Règlement  d'Evora. 

RÈGLEMENTS  NAUTIQUES. 


Frontispice 

Règlement  de  la  hauteur  du  soleil 

Gravure  du  Règlement  de  l'étoile 
polaire 

Règlement   de  l'étoile   polaire 
texte    

Liste    des    latitudes    des    décou- 
vertes ' 

Règlement   pour   évaluer  le  che- 
min parcouru  

Calendrier  et  tables  nautiques    . 

Additions  de  l'exemplaire 

d'Evora 

Règlement  pour  déterminer  l'heure 

par  l'étoile  polaire 

Règles  sur  les  marées    .... 


Exemplaires  de 


Munich 

Nombre 

de  de 

pages         mots 


2'. 


12 


2376 


352 


176 


Evora 

Nombre 

de  de 

pages         mots 


r 

4' 

1 
25 


600 


380 


250 


36 


270 
180 
1680 


24  2904 

(')  Liste  des  latitudes: 

Exemplaire  de  Munich.    60   points   sur  la   côte  de  l'Atlaiiticiue,   au  nord 
de  l'équateur. 

Exemplaire  d'Evora.     193  points  sin-  toute  l'étendue  des  découvertes. 


TRAITE  DE 

LA  SPHERE  (A\unicli). 

Nombre 
de  pages 

l'rontispice                                                                        

1 
37 

Texte  avec  32  gravures 

Gravure  de  l'astrologue 

1 

1 

40  p:l.r. 

Gi'a\ure  de  la  jKige  finale 

1 

70 

Comme  dans  tous  les  dociimeiils  de  l'époque,  l'orthographe  est 
d'une  très  jurande  irrégularité.  Ainsi  sol  (soleil)  est  écrit  soll,  ssoll, 
ssol  et  sol:  banda  (côté)  se  trouve  de  3  façons  différentes,  bainda, 
vanda,  banda;  Ic^oa  (lieue)  est  parfois  lleguoa  et  à  d'autres  endroits 
leguoa;  Sam  tamtani  au  lieu  de  Santo  Antào,  etc. 


ÉTAT  DES  CONNAISSANCES  NAUTIQUES  ET 
GÉOGRAPHIQUES  AVANT  LES  GRANDES  DÉCOU- 
VERTES PORTUGAISES. 

Dans  les  lignes  qui  suivent,  nous  avons  essayé  de  donner  un 
aperçu  des  connaissances  dont  la  navigation  disposait  avant  les 
grandes  découvertes  portugaises,  à  savoir:  les  instruments  nautiques, 
les  entreprises  maritimes,  les  voyages  terrestres,  la  cartographie. 
Nous  réunissons  ensuite  quelques  éléments  qui  permettent  une  juste 
appréciation  des  efforts  faits  pour  le  perfectionnement  de  la  marine 
nationale,  jusqu'à  l'engagement  de  maître  Jacomo  de  Malhorca. 

LES  INSTRUMENTS  NAUTIQUES. 

La  plus  ancienne  mention  de  la  boussole,  dans  la  navigation 
européenne,  se  trouve,  paraît-il,  dans  le  traité  De  Utensilibus,  écrit  au 
XII^  siècle  par  Alexandre  Neckam.  11  y  décrit  l'aiguille  qui, 
placée  sur  un  pivot,  montre  aux  marins  leur  route  quand  l'étoile 
polaire  n'est  pas  visible.' 

Une  note  semblable,  datée  de  l'année  1219,  se  trouve  dans  la 
Histona  Daniiatina  de  Jacope  de  Vitry.- 

Le  Libro  de  las  siete  partidas  du  roi  Alphonse,  rédigé  en  1252, 
contient  le  passage  suivant:'' 

L'aiguille    qui    guide    les    marins    dans    la    nuit    et    qui    est 

(')  Encyclopedia  Britanica,  Vol.  XI,  Article  „Compas"  1877,  p.  227. 

(-)  D.  Jo^o  de  Castro.  Roteiro  de  Lisboa  a  Goa  (1S82).  Note  de 
Andradc  Corvo,  p.  28. 

(  )  l:t  bien  asi  como  los  marineros  se  guiani  en  la  noche 
oscura  por  el  ai^uja  que  le  es  médian  era  entre  la  est  relia  et  la 
piedra,  et  les  nuiestra  por  do  vayan  tambien  en  los  nialos  tienipos  como 
en  los  buenos;  otrosi  los  que  lian  de  ayudar  et  de  coiicejar  al  Rey  se  dehen 
siempre  s^uiar  por  la  justicia. 

Noie  de  Andrade  Corvo,  même  li\  re,  p.  29. 


77 

l'intermédiaire  entre  l'éK^iie  (polaire)  et  la  pierre  (magnétique), 
leur  montre  la  direction  à  suivre  par  des  temps  agités  ou  calmes. 
Gersonides,    père    de    Levi    ben    Gerson,    vivant    en  Provence, 
écrivait  en  1290: 

L'étoile  polaire  a,  paraît-il,  une  influence  sur  la  pierre 
magnétique;  cela  se  prouve  par  l'usage  que  font  les  marins 
de  l'aiguille  aimantée  en  mer.' 

Vers  la  même  époque,  le  célèbre  Majorquin  Raymond  Lulle 
écrivait  dans  son  livre  „De  contemplatione"  : 

„Videmus  marinarios  *se  dirigere  per  stellam  polarem""-  et  dans 
son  autre  livre  Fenix  de  las  maravillas  del  Orbe  (1285): 

„Tenian   los   mareantes   instrumento,   carta,    compas  y  aguja."^ 
Selon  Fernandez  Duro: 

„Les  Majorquins  et  les  Catalans  se  servaient  déjà  des  cartes 
nautiques   avant  1286;   on  construisait  à  Majorque  des  instru- 
ments grossiers  sans  doute,  mais  destinés  à  déterminer  l'heure 
et  la  hauteur  du  pôle  à  bord  des  navires."^ 
Nordenskiôld  admet  que    la  carte  catalane  de  1375,  a  subi  l'in- 
fluence des  cartes  arabes"'  examinées  par  Vasco  da  Gama  en  Orient''. 
On   peut   ainsi    se   demander    si    les    navigateurs    de    la   Médi- 
terranée  n'auraient   point   eu   connaissance   des   méthodes   de  navi- 
gation employées  par  les  pilotes  de  la  mer  Rouge.  Comme  le  déclara 
le   pilote   maure  de  Mélinde,  ceux-ci  navigaient  déjà  par  la  hauteur 
du  soleil  et  par  l'étoile  polaire  et  ils  utilisaient  le  quadrant  et  d'autres 
instruments  astronomiques. 

Une  influence  de  ce  genre  ne  semble  point  exclue,  attendu  que 
le  voyageur  italien  Nicolo  Conti  écrivait  en  1449,  après  son  retour 
de  l'Orient: 

„Les  marins  de  l'Inde  se  guident  en  mer  par  les  étoiles  du 
pôle  antarctique,  qui  se  trouvent  vers  le  sud,  puisqu'ils  ne 
voient  que  rarement  notre  étoile  polaire;  ils  ne  naviguent  pas 
en    utilisant   la   boussole,   mais   ils  se  dirigent  en  mer  en  me- 

(')  Real  Encyclopédie  Ersch-Onibcr,  Section  A-Q.  Baïul  62  (1856), 
p.  13.    Article  Gersoii. 

(-)  Roteiro.    D.  Joïxo  de  Castro,  1K82.    Note  de  Andiade  Cor\(),  p.  39. 

{■'■)  Humboldt.  Kosmos,  Band  2,  p.  295  et  468. 

(')  Fernandez  Duro.  Boletin  de  la  Soc.  jîcografica,  Madrid  1S91,  t.  31. 
p.  283—294. 

(■')  Voir  note  1  à  pajje  88. 

('■■)  [iarros.  [document  N"  9  cl  Roteiro  da  \'iaiiem  de  \'asco  da  Ciama 
(1838),  p.  28. 


78 

suraiit  la  liaulcui"  des  étoiles  du  pôle  au  moyen  d'instrunieiils 
appropriés".' 

Un  autre  Italien  célèbre,  le  cartographe  Fra  Mauro,  enregistrait 
en  1457,  que  les  navijiateurs  des  Indes  se  servaient  de  l'astrolabe. - 
Mais  même  en  faisant  abstraction  de  la  connaissance  de  l'outillage 
astronomique  de  la  navigation  orientale,  il  n'est  pas  admissible  que 
l'astrolabe  et  le  quadrant,  instruments  si  répandus,  aient  été  ignorés 
au  cours  des  études  nautiques  de  la  Catalogne,  pays  de  marins  oîi 
l'astrologie  jouissait  d'une  vogue  considérable.  On  est  en  droit  d'ad- 
mettre des  rapports  intimes  entre  les  instruments  nautiques  et  ceux 
de  l'astrologie,  du  fait  que  déjà  Raymond  Lulle  décrivait  en  1295, 
l'usage  de  l'astrolabe  dans- la  marine.'  La  carte  catalane  de  1375, 
nous  montre  les  relations  étroites  de  la  navigation  et  de  l'astrologie 
à  cette  époque.  Il  suffit  d'examiner  les  deux  premières  planches  de 
cette  carte  pour  s'en  convaincre.  Chose  curieuse  cependant,  on 
n'y  trouve  point  de  référence  aux  instruments,  pourtant  indispen- 
sables et  forcément  d'un  usage  répandu.  On  serait  porté  à  croire 
que  la  marine  de  la  Catalogne  se  servait  pour  ses  voyages  jusqu'à 
la  mer  du  Nord  et  à  la  Baltique,  plutôt  de  la  reconnaissance  de  la 
ligne  de  côte  que  des  procédés  astronomiques. 

Si  l'on  compare  entre  eux  les  anciens  astrolabes  de  l'astro- 
logie,   celui   de   Sévère   Sabokt,   daté   de   659',   celui   d'Ahmed   ben 


(')  E.  Oelcich.  Die  instrumente  und  wiss.  Hulfsmittel  der  Naiitik,  1892,  p.  7. 
Voici   ce   même   passage   d'après   la   traduction    portugaise    de   V'alentim 
Fernandes: 

„0s  mais  q  nauegâ  em  aqlla  India  se  regem  por  as  estrellas  do  polo 
antartico  q  he  ho  sull.  Ca  poucas  \ezes  veem  as  estrellas  do  nosso 
norte.  Elles  no  nauegua  por  agulha.  mas  se  regë  i  naueguâ  segundo 
q  achà  a  estrella  do  polo  alta  ou  baixa.  c  esto  sabem  por  çerta  medida- 
E  no  menos  mede  ho  curso  que  fazem.  :  a  distancia  que  tem  de  huu 
lugar  pera  outro.  c  assi  sabem  em  qualquer  luguar  que  estiuerem  no 
mar." 

Valentim    Fernandes:    Marco   Paulo,    Ho   liuro   de   nycolas   \eneto  etc. 
Lisboa  1502,  p.  90. 

(-)  Baguette.     Die  Bedeutung  des  Astrolabiums  etc.,  1909,  p.  2d>. 

(■)  Hiiinboldt.     Kosmos,    Band    2,    p.  334.     Humboldt.     Examen   critique 

1836,   t.  1,   p.  277.    Anthioume-Sottas.    L'astrolabe-quadrant,  Paris,  1910,  p.  18. 

(')  M.  F.  Nau.    Le   traité  de  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokt   écrit  au 

VIIc  siècle  d'après  les  sources  grecques   et  publié  pour  la  première  fois  avec 

traduction  française  par  i\\.  F.  Nau.     Paris  1899  (Leroux) 


79 

Khalaf  de  Tan  950  environ  (voir  l'u.  2,  p.  37)  et  les  astrolabes  décrits 
par  Schio',  on  retrouve  partout  la  même  disposition  de  ces  instruments. 

Si  Ton  enlève  aux  anciens  astrolabes  les  accessoires  de  valeur 
purement  astrologique,  tels  que  l'araignée  et  les  projections  de  la 
sphère,  ce  qui  reste  constitue  précisément  l'astrolabe  nautique  comme 
il  était  en  usage  au  XVM^'  siècle. 

Pour  en  faire  la  comparaison  nous  nous  sommes  servi  de 
deux  astrolabes  marins,  l'un  reproduit  par  Fleuriais.'-'  daté  de  1603, 
l'autre  par  Anthiaume  et  Sottas•^  daté  de  1632. 

Voici  les  différences  que  nous  avons  pu  constater  entre  l'astro- 
labe de  1632,  appartenant  au  musée  de  Caudebec-en-Caux,  et  l'astro- 
labe arabe  existant  à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris. 

Ce  dernier  de  l'an  950,  a  125  "^"^  de  diamètre  et  pèse 
1  kilogramme;  l'astrolabe  nautique  de  1632,  a  184'^'^  de  diamètre 
et  pèse  3,84  kilos.  En  outre  on  modifia  la  graduation.  Les  instru- 
ments arabes  sont  gradués  de  0"  à  360",  dans  l'astrolabe  marin  la 
graduation  va  4  fois  de  0"  à  90'\  Les  quatre  angles  droits  ont  leur 
zéro  dans  la  verticale  de  suspension  et  les  90''  dans  le  plan  de 
l'horizontale. 

En  plus  de  la  suppression  des  parties  concernant  l'astrologie, 
on  ne  trouve  comme  différences  entre  un  astrolabe  arabe  et  un 
astrolabe  marin  qui  lui  est  postérieur  de  sept  siècles,  qu'une 
augmentation  de  poids  et  de  diamètre  et  une  modification  de  la 
graduation;  quant  au  reste  les  deux  instruments  sont  restés  exacte- 
ment les  mêmes. 

On  trouve  dans  Qaspar  Correa  la  description  suivante  de  l'astro- 
labe nautique  construit  par  Zacuto': 

„11  a  fait  une  plaque  de  cuivre  circulaire  et  de  l'épaisseur 
d'un  demi  doigt,  suspendue  à  l'aide  d'un  anneau;  il  fit  dans 
cette  plaque  (disque)  des  lignes  et  des  points  (la  graduation 
sans  doute»  et  y  ajouta  au  milieu  une  autre  plaque,  également 

(')  Almerico  da  Schio.  Di  due  astrolabii  in  caratteri  cufici  occidentali. 
Tro\ati  en  Valdai^no  (V'eneto).  illustrazione  de  Almerico  da  Schio  (con  sei 
Tavole).    Venezia  1880  (Ongania). 

(-)  G.  Fleuriais.  Historique  des  instruments  d'astronomie  nautique.  Paris 
1893,  p.  5. 

(•)  A.  Anthiaume  et  J.  Sottas.  L'astrolabe-quadrant  du  .Wusce  des  Anti- 
quités de  Rouen.     Paris  1910  (Thomas),  p.  21  et  planche  V. 

(')  Zacuto  est  \enu  au  Portugal  en  1492,  il  a  probablement  quitté  le  pays 
en  1497,  au  moment  de  l'expulsion  des  Juifs  et  non  à  la  date  de  1502,  indiquée 
par  Correa. 


cil  ciiivic,  touniaiit  auloiir,  dans  latiiicllc  on  avait  percé  des 
ouvertures,  l'une  droite  en  face  de  l'autre,  de  façon  que  lors- 
que les  rayons  du  soleil  pénétraient  par  les  deux  ouvertures, 
juste  à  midi,  on  obtenait  la  hauteur  du  soleil  etc."  ' 

C'est  donc  enc(^re  le  même  instrument  du  temps  de  Zacuto  et 
la  même  alidade  chez  Pedro  Nunes.- 

II  n'y  a  ainsi  aucune  raison  d'intercaler,  juste  à  l'époque  des 
découvertes,  une  période  où  l'on  aurait  oublié  ou  ignoré  un  instru- 
ment resté  le  même  de  l'an  650  à  l'année  1632. 

Humboldt  et  Ritter  notamment,  ont  admis  un  perfectionne- 
ment apporté  par  les  Allemands  à  l'astrolabe  des  découvertes,  alors 
qu'en  1632,  soit  133  ans  après  le  départ  de  Vasco  da  Gama  on 
retrouve  encore  le  même  astrolabe  arabe  en  usage  dans  la  marine, 
auquel  on  avait  apporté  les  quelques  modifications  signalées. 

D'autres  conjectures  ont  été  faites  par  la  suite;  d'abord  celle 
de  la  balestilha,  aujourd'hui  déjà  abandonnée.  Récemment  un  autre 
auteur'^  admet  que  la  Junta  dos  Mathematicos  aurait  perfectionné 
les  instruments  nautiques  en  introduisant  la  suspension  de  l'astro- 
labe et  du  quadrant,  car  selon  lui,  ces  deux  instruments  auraient 
jusque  là  été  fixés  à  une  colonne. 

Evidemment  de  simples  suppositions  n'élucident  guère  le  pro- 
blème de  l'origine  des  instruments  nautiques.  Ce  sera  seulement 
par  des  recherches  dans  les  archives  de  la  Catalogne,  par  l'examen 
des  manuscrits  inédits  existant  au  Portugal,  aussi  bien  que  par 
l'étude  de  nombre  d'ouvrages  portugais  imprimés,  mais  qui  n'ont 
pas  été  consultés  encore,  qu'on  arrivera  à  connaître  exactement  les 
anciens  instruments  ayant  servi  aux  découvertes.  Quant  à  l'origine 
de  l'astrolabe,  du  quadrant  ou  de  la  balestilha  dans  la  navigation, 
toutes  les  hypothèses   sont   prématurées   tant  qu'on   aura   laissé  de 

(')  Fera  o  que  fez  huma  pasta  de  cobre  da  grossura  de  meo  dedo,  redonda, 
com  huma  argola  em  que  estava  depcndurada  direita,  e  nella  linhas  e  pontos, 
e  no  meo  outra  chapa,  assi  de  cobre  corrediça  ao  redor,  e  nella  postos  Iiuns 
pontos  furados  direitos  hum  do  oiitro,  porqiie  entrando  o  sol  per  ambos  no 
ponto  do  meo  dia,  se  via  em  que  parte  estava  o  sol,  tudo  per  grande  arte  e 
subtil  modo,  e  Ihe  chamou  estrolabio.    Gospor  Correa.    Voir  Document  No.  4. 

(-)  Nunes  écrit  : 

R  o  astrolabio  guardaremos  assi:  sem  tirar  ho  mediclinio  donde  esta: 
aie  que  despoys  do  meyo  dia  nos  torne  ho  sol  a  entror  pelos  btiracos:  que 
he  a  mesma  altura  do  sol  puntualmente: 

Nunes:  Tratado  em  defensam.     Revista  d'Eng.*  Militar  (1911),  p.  362. 

(')  Baguette.    Die  Bcdcutung  des  Astrolabiums,  1909,  Bonn,  p.  25. 


81 

côté  un  point  d'importance  capitale:  l'étude  des  instruments  d'obser- 
vation de  l'astrologie  péninsulaire.  Pour  se  rendre  compte  de  l'abon- 
dance de  travaux  de  ce  genre  encore  inédits  et  inconnus,  il  suffit 
de  parcourir  le  catalogue  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  Nationale 
de  Paris. 

(Voir  le  chapitre  Instruments  dans  l'Introduction,  ainsi  que  la 
bibliographie  à  la  fin  du  2^  volume.) 

LES  ENTREPRISES  MARITIMES. 

En  1281,  les  frères  Vadino  et  Guido  Vivaldi  de  Gênes,  entreprirent 
un  voyage  ayant  pour  but  la  circumnavigation  de  l'Afrique.  Une 
expédition  semblable  fut  recommencée  en  1291,  par  Ugolini  Vivaldi 
et  Teodosio  Doria. 

Selon  Guicciardini  la  première  flotte  des  Vénitiens  se  trouvait 
dans  les  eaux  de  Flandres  en  1318.'  En  1323,  un  bateau  marchand 
de  Majorque  navigait  dans  la  mer  du  Nord,  en  la  mar  de  Ale- 
mania.'- 

La  carte  d'Angelinus  Dulceti  de  1339,  un  Italien  vivant  à 
Majorque,  mentionne  déjà  les  îles  suivantes:'' 

aux  Canaries:  aux  Açores: 

Forte  Ventura.  San  Brandan. 

Equi-marini.  (?)  Primaria  sive  puellarum. 

insula  Lanzirotus  Marocelus.      Capricia. 

Le  nom  de  Lanzerote  Maloxelo  qui  revient  dans  la  carte 
catalane  de  1375,  serait  dû  selon  M.  G.  MarceP  à  une  expédition 
génoise,  qui  eut  lieu  vers  1295,  sous  Lancerot  Maloisel  (selon  Ruge, 
Lancelot  Malocelli).  La  carte  catalane  cite  en  Norvège  6  noms  dont 
deux  bien  connus,  Boregis  (Bergen)  et  Tronde  (Trondjeim).  Elle 
enregistre  le  départ  de  Jacques  Ferrer  en  1346,  pour  le  „Rio  del  Or". 

Le  voyage  des  Vénitiens  Nicolo  et  Antonio  Zeno  en  Islande  et 
au  Groenland  en  1390,  qui  a  fait  l'objet  de  nombreuses  études,'' 
entre  autres  de  Humboldt,  Major  et  Nordenskiôld,  a  été  mis  en 
doute  par  les  recherches  de  Storm.'"'  Toutefois  la  carte  catalane 
antérieure  à  ces  voyages,  fournit  déjà  des  notes  sur  les  îles  Orcades  et 

(')  (-)  Hamy.    Études  historiques  et  géographiques,  1896,  p.  21  et  27. 
(')  (^)  Los  cartographes  Mallorquines  siglo  XiV.  D.  G.  Llabres.  Boletin  de 
la  Sociedad  Arqueologica  Luliana.    Setiembro  1888,  p.  326. 
(••)  Ruge,  I.  c,  p.  28. 
(")  Giinther.  Das  Zeitalter  der  Kiitdeckuiigen  1905,  p.  20. 


82 

sur  les  habitants  chrétiens  de  „SciIIanda",  qui    parlent  la  langue  de 
Norvège. 

Ce  sont  ces  voyages,  dont  la  connaissance  a  dû  arriver  jusqu'au 
Portugal,  qu'expliquent  le  curieux  passage  de  Diogo  Gomes  de 
Cintra  écrit  avant  1500,  traitant  „des  habitants  du  monde  au  delà 
du  pôle".' 

LES  VOYAGES  TERRESTRES. 

Les  renseignements  sur  la  richesse  et  le  commerce  de  l'Orient 
se  propagèrent  de  plus  en  plus  en  Europe  grâce  aux  voyages  ter- 
restres. Un  des  premiers  récits  détaillés  sur  le  commerce  des  Indes  fut 
répandu  parmi  la  population  juive  de  l'Espagne  par  un  livre  rarement 
cité,  les  voyages  de  Benjamin  de  Tudela,  parti  en  1160  de  Saragosse. 
11  parcourut  l'Orient  pendant  13  ans,  arriva  à  Bagdad,  visita  une 
partie  de  l'Inde  et  revint  en  1173  en  Espagne.  Son  livre  a  été  publié 
récemment  en  anglais  et  en  allemand. 

Un  rôle  très  important  a  été  joué  par  les  différentes  missions 
papales,  d'abord  à  la  cour  de  Tartarie,  Karakorum,  ensuite  à  la  cour 
de  Cambalech.  Le  plus  remarquable  de  tous  ces  voyages  fut  cepen- 
dant celui  de  Marco  Polo  qui,  à  la  suite  d'un  séjour  de  24  ans  en 
Orient  et  en  Chine,  écrivit  son  célèbre  livre. 

L'ensemble  de  ces  récits  nous  fournit  la  clef  des  notes  si  nom- 
breuses, éparpillées  dans  la  cartographie  du  moyen-âge.  Nous 
les  examinerons  dans  deux  exemples  caractéristiques,  la  carte 
catalane  et  la  carte  de  Fra  Mauro. 

Résumé  de  quelques  voyages  terrestres  :-' 

1160—73.  Benjamin  de  Tudela  Espagnol,  voyage  en  Orient, 
en  Perse  et  aux  Indes. 

1245 — 47.  Mission  papale  du  Franciscain  Giovanni  Piano  di 
Carpine.  Part  de  Lyon  le  5  mars  1245,  en  mission  à  Kara- 
korum, Tartarie. 

1253 — 56.  Mission  de  William  Ruysbroeck  (Rubruquis)  Franciscain 
flamand,    envoyé  à  Karakorum  par  le  roi  St  Louis  lors  de 

(')  Aimable  communication  de  M.  Faustino  da  Fonseca.  Voir  Schmeller 
Valentin  Fernandez  aleman.  Abhandlg.  d.  Akad.  d.  Wiss.  Munchen  (Philosop. 
philolog.  Classe)  Band  4,  Abt.  3,  1847 

Gabriel  Pereira  B.  S.  G.  L.  1898—99  p.  286. 

(-)  Voir  sur  ces  voyages  les  œuvres  suivantes: 

Giinther.  Zeitalter  der  Entdeckungen  1905. 

J.  Josephs.  Geographical  discovery,  1909. 

Ruge.  Zeitalter  der  Entdeckungen  1881. 


83 

son  séjour  en  Palestine.  Le  récit  de  Ruysbroeck,  remarquable 
par  la  justesse  de  l'observation  et  la  fidélité  de  la  description, 
est  un  des  meilleurs  du  moyen-âge. 

1260—69.  Maffeo  et  Nicolo  Polo  (1^'  voyage  en  Chine). 

1271—95.  Maffeo,  Nicolo  et  Marco  Polo  (2""^  voyage  en  Chine). 
Marco  Polo  (n.  1254),  auteur  du  célèbre  récit,  était  fils  de 
Nicolo  et  neveu  de  Maffeo  Polo. 

Le  voyage  s'effectue  par  Ormuz,  la  Perse,  la  Mongolie 
et  la  Chine  à  Cambalech  (ville  du  khan),  ancien  nom  de  la 
ville  de  Pékin. 

Retour  20  ans  après  par  Yangu,  Kensay,  Fujo,  Zaiton; 
de  là  par  mer  à  l'île  de  Pentam  (près  Singapour),  ensuite 
par  Sumatra,  le  détroit  de  Malacca,  Ceylan,  Ormuz,  la  Perse, 
Constantinople. 

1289 — 1306.  (?)  Mission  papale  du  Franciscain  Giovanni  de 
Montecorvino   en  1289.  Voyage  par  les  Indes  et  Ceylan. 

Nommé  archevêque  de  la  communauté  chrétienne  à  Cam- 
balech. On  connaît  de  lui  une  lettre  de  l'Inde  de  1292  (Maa- 
bar),  et  deux  de  Chine  en  1305  et  1306. 

1316—18.  Odorico  de  Pordenone,  Franciscain.  Voyage  en  Orient: 
visite  Malabar,  Calicut,  Canganor,  Sumatra,  Java,  Canton, 
Zayton,  Nankin,  Pékin.     Retour  par  la  Perse. 

1325 — 78.  Voyages  de  l'Arabe  Ibn  Batuta  de  Tanger.  Visite 
la  Mecque,  la  Syrie,  Ormuz;  reste  ensuite  aux  Indes,  à  la 
cour  de  Delhi,  d'où  il  est  envoyé  en  mission  en  Chine. 

1338 — 53.  Mission  papale  du  Franciscain  Giovanni  di  Mari gnolli. 
Part  d'Avignon  pour  Pékin,  oij  il  reste  3  ou  4  années.  Retourne 
par  l'Inde;  visite  la  communauté  chrétienne  de  St  Thomas, 
passe  ensuite  par  Ceylan,  Ormuz,  Bagdad  et  rentre  à  Avi- 
gnon en  1353. 

1419 — 39.  Nicolo  Conti,  noble  vénitien.  Voyage  aux  Indes. 
Babilonia,  Ormuz,  Cambaya,  Calicut,  l'Inde  intérieure.  Madras, 
Milapur  (apôtre  St  Thomas),  Ceylan,  Sumatra,  Bornéo,  Java; 
retour  par  Cochin,  Calicut,  Cambaia,  Aden,  Caire. 

Toscanelli,  dans  sa  lettre  de  1474,  cite  un  voyageur  des 
Indes,  qui  lui  fournit  directement  des  détails.  C'est  Conti 
dont  le  nom  n'est  pas  indiqué. 

Valentim  Fernandes  publia  en  1502,  la  traduction  portu- 
gaise des  voyages  de  Marco  Polo  et  du  récit  de  Conti  fait 
à  Poggio,  secrétaire  du  pape  Eugène  IV. 


84 

CARTOGRAPHIE. 

Quand  le  Portugal  entra  en  scène  dans  les  expéditions  mari- 
times, la  navigation  bénéficiait  déjà  d'un  travail  préparatoire  énorme, 
le  résultat  de  siècles  d'efforts,  d'expériences  lentement  accumulées 
dans  les  anciens  portulans.  Il  suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  une 
carte  ancienne  de  la  Méditerranée  pour  être  surpris  de  l'admirable 
précision  de  la  ligne  de  côte  et  pour  reconnaître  la  valeur  des 
procédés,  qui  avaient  produit  des  œuvres  pareilles. 

Ces  cartes  marines,  portulans  et  mappemondes,  contenaient 
en  dehors  des  éléments  purement  géographiques,  une  foule  de 
renseignements  accessoires,  des  notes  sur  la  population,  le  langage, 
le  climat,  les  ressources  commerciales  des  pays  lointains  et  parfois 
encore  des  diagrammes  sur  le  mouvement  des  astres  (carte  Laurenziano 
de  1351),  ou  des  procédés  pour  évaluer  les  distances  parcourues  par 
le  navire  (atlas  d'Andréa  Biancho  de  1436). 

La  cartographie  italienne  d'abord,  celle  de  la  Catalogne  ensuite, 
fournissaient  déjà  une  abondance  d'informations  dont  il  faut  tenir 
compte  pour  apprécier,  dans  une  juste  mesure,  les  événements  qui 
allaient  bientôt  se  produire  dans  le  domaine  des  découvertes  mari- 
times. 

Il  s'agit  donc  de  préciser  la  portée  des  renseignements  contenus 
dans  des  cartes  marines,  dont  l'usage  était  déjà  obligatoire  sous  le 
règne  de  Pierre  IV  d'Aragon  en  1354.'  Nous  prendrons  comme 
exemple  la  célèbre  carte  catalane  de  1375,  dans  laquelle  on  trouve 
la  ligne  de  côte  de  l'Inde  tracée  avec  une  précision  étonnante  et 
des  notes,  placées  à  côté,  sur  la  pêche  des  perles,  le  pays  des  épices 
et  les  routes  commerciales  de  l'Orient.  Le  même  atlas  catalan  con- 
tient encore  des  diagrammes  du  système  planétaire,  des  exposés  sur 
la  cosmographie,  sur  les  causes  des  marées  et  des  instructions  pour 
déterminer  en  mer  l'heure  de  la  nuit  par  l'étoile  polaire,  un  sujet 
qu'on  va  retrouver  sous  une  forme  identique  dans  les  Règlements 
nautiques  du  Portugal. 

'  Ordenanzas  de  las  Armades  navales  de  la  Corona  de  Aragon  aprobades 
per  el  rey  D.  Pedro  IV.  av\o  1354. 

On  y  trouve  l'inventaire  des  objets  que  doit  contenir  chaque  galère  et 
parmi  ceux-ci  on  mentionne  deux  timons,  deux  gouvernails  avec  leurs 
pointes,  deux  cartes  de  navigation»  (dos  timones,  dos  gobernalles  con  sus 
espigones,  dos  cartas  de  marear). 

Haniy.    Études  historiques  et  géographipues.    Paris  1196.    p.  93. 


85 
LA  CARTE  CATALANE  DE  1375. 

La  carte  catalane  s'étend  au  nord  jusqu'aux  îles  Orcades,  la 
Norvège,  la  Russie  et  la  Sibérie;  au  sud,  jusqu'au  delà  du  cap 
Finistera  occidental  de  Affricha;  elle  embrasse  le  nord  du  conti- 
nent africain,  l'Arabie,  la  mer  des  Indes,  la  mer  de  Chine  jusqu'à 
rrayoorfl/za  (Sumatra);  à  l'occident,  elle  renferme  les  Açores,  Madère 
et  les  Canaries  et  le  point  extrême  vers  l'orient  est  au  milieu  de 
la  hauteur  de  la  carte,  Civitas  Cambaleth  niagni  Canls  Catayo 
(Pékin). 

Nous  suivons  dans  notre  exposé  l'étude  approfondie  sur  cette 
carte  de  Buchon  et  Tastu\  oii  nous  avons  emprunté  les  notes  dans 
son  texte  en  langue  catalane,  ainsi  que  leur  traduction. 

A  l'extrémité  nord  de  la  carte  en  face  de  la  Norvège,  figurent 
les  Orcades  (Orkneys)  avec  la  note  suivante: 

Insula  Archania  (Orcades). 
En  aquesta  illa  de  Orchansa  fa  VI  Dans  cette  île  d'Orcades,  il  y  a 

messes  de  dia,  que  la  nit  es  clara,  e      six  mois  de  jour  pendant  lesquels  la 
VI  meses  de  nit,  que  lo  jorn  es  fosch.      nuit   est   claire,    et  six   mois   de  nuit 

pendant  lesquels  le  jour  est  obscur. 
Un  peu  plus  au  midi: 

nia  de  Scillanda  (Iles  Shetland) 
avec  cette  légende: 
Que  han   la   langua   de  Nurvega  11   parlent  la   langue  de  Norvège 

e  son  christians.  et  sont  chrétiens. 

En  Norvège  (Nurvega)  on  trouve  les  noms  de  Tronde  et  Bregis. 
La  Baltique  est  désignée  par  „mar  de  Lamanya"  et  une  note  nous 
dit  qu'elle  est  gelée  pendant  6  mois  de  l'année  pouvant  ainsi  être 
traversée  par  des  carrosses. 

L'„lnsula  de  Mam"  est  placée  au  sud  de  l'Irlande. 
En  face  du  Portugal  commencent  les  îles  Beneventurades.  Voici 
leur  ordre  du  nord  au  sud. 

insula  de  Corvi  Marini. 

Li  Conigi. 

San  Zorzo. 

Insula  de  la  Ventura  (la  plus  grande). 

Li  Colombi. 

Insula  de  Brazil. 

'  Buchon  et  Tastii.  Notice  d'un  atlas  en  langue  catalane  de  Tan  1375, 
Paris  1841  —  6  planches  et  152  pages  de  texte.  Voir  aussi  la  reproduction 
de  cette  carte  en  échelle  réduite  dans  5.  Riige.  Geschichle  des  Zeitalters  der 
Entdeckungen.  18«1.  p.  78. 


86 


A  l'extrémité  occidentale  de  la  carte  et  à  la  hauteur  des  deux  îles 
septentrionales  (Corvi  Marini  et  Li  Conigi),  commence  une  longue 
note  qui  s'étend  jusqu'au  dessous  des  Canaries.  On  y  trouve  d'abord 
les  Iles  Heneventurades  et  plus  loin  les  Iles  Fortunades.  Buchon  etTastu 
réunissent  ces  deux  désignations  dans  le  seul  titre  d'Iles  Fortunées. 

Iles  Beneventurades, 
Les  Iles  Beneventurades  son  en  Les   Iles-Fortunées  sont   situées 

la  mar  gran,  contra  la  ma  squera,  prop      sur  la  grande  mer,  du  côté  de  la  main 


lo  termo  del  Occident;  mes  prop  son 
dintre  la  mar.  Isidori  ho  diu  al  seu 
XV  libro  que  :  aquestes  son  dites  Bene- 
venturades, quar  de  tots  bens,  blats, 
fruyts,  herbes,  arbres  son  plenes;  e 
los  pagans  se  cuiden  qui  aqui  sia  pa- 
rais, per  lo  tempérament  del  sol  e 
habundancia  de  la  terra. 

Item  diu  Isidorius,  que  los  arbres 
hi  crexen  tots  al  meyns  CXL  pes,  ab 
molts  poms  e  mois  aucels.  Aqui  ha 
mel  e  let,  majorment  en  la  ylla  de 
Capria,  que  ayxi  es  apellada  per  la 
multitud  de  les  cabres  que  hi  son. 


gauche,  touchant  la  limite  de  l'occi- 
dent; elles  ne  sont  pas  loin  en  mer. 
Isidore  le  dit  ainsi  dans  son  XVe  livre. 
Ces  îles  sont  appelées  Fortunées,  car 
elles  sont  abondantes  en  tous  biens, 
en  blés,  en  fruits  et  arbres.  Les  païens 
supposent  que  là'  soit  le  Paradis,  en 
raison  de  la  douce  chaleur  du  soleil 
et  de  la  fertilité  de  la  terre. 

Isidore  dit  aussi  que  les  arbres 
y  croissent  au  moins  de  140  pieds  et 
portent  beaucoup  de  fruits  et  d'oiseaux. 
On  y  trouve  du  miel  et  du  lait,  sur- 
tout dans  l'île  de  Capria,  ainsi  appelée 
de   la   multitude   de   chèvres  qui  l'ha- 


bitent. 
Groupe  de  Madère  (du  nord  au  sud): 
Porto  Sancto. 
Insula  de  Legname. 
insuie  desante  (déserte?) 
Insula  Salvatges. 
Groupe  des  Canaries: 
Graciosa. 
Laregranza. 
Rocho. 

Insula  de  Lanzaroto  Maloxelo. 
Insula  del  Megi  mari. 
Forte  Ventura. 
Insula  de  Canaria. 
Insula  de  Lanserano. 
Insula  de  Gomera. 
Insula  de  lo  Fero. 
Les  Canaries  (formant  la  continuation  de  la  note  précédente). 
Item   es  après  Canaria   illa,  dita  L'île  Canarie  s'appelle  ainsi  de  la 

Canaria  per  la  multitut  dels  cans  que      multitude   de  gros  et  forts  chiens  qui 
son  en  elha,  molt  grans  e  forts.  l'habitent. 


87 


Diu  Plinus  Maestro  de  mapa 
mundi:  que  en  les  Iles  Fortunades, 
ha  una  illa  un  se  leven  tots  los  bens 
del  mon,  corn  sensé  semrar,  e  sens 
plantar  leva  tots  fruyts.  En  les  altees 
dels  monts  los  arbres  no  son  nulh 
temps  meyns  de  fulla  e  de  fruyts,  ab 
molt  gran  odor;  dasso  menyen  una 
part  de  lany,  puis  segen  les  messes 
en  loch  dherba.  Per  aquesto  raho 
tenen  los  pagans  de  les  Indies  que 
les  lurs  animas,  con  son  morts,  sen 
van  en  aquelles  iles,  e  vieun  per  tots 
temps  de  la  odor  daquels  fruyts,  e  allô 
creen  que  es  lur  paradis;  mes  segons 
veritat,  faula  es. 


Pline,  ce  maître  en  géographie, 
dit  que:  parmi  les  lies  Fortunées,  il  y 
en  a  une  où  croissent  tous  les  biens 
de  la  terre,  de  même  que  tous  les 
fruits,  sans  semer  et  sans  les  planter. 
Sur  le  haut  des  montagnes  sont  des 
arbres  très  odorants,  couverts  en  tout 
temps  de  feuilles  et  de  fruits.  Les  ha- 
bitants en  mangent  une  partie  de  l'an- 
née: puis  font  la  moisson  au  lieu  de 
couper  l'herbe.  Aussi  les  paiëns  de 
l'Inde  croient-ils  que  leurs  âmes,  après 
la  mort,  vont  habiter  ces  îles,  et  qu'ils 
continuent  à  y  vivre  éternellement  du 
parfum  de  ces  fruits.  Ils  croient  que 
c'est  là   leur   paradis:    mais  à  dire  Je 


vrai,  c'est  une  fable. 
A  l'extrémité  sud  de  la  carte  au-dessous  des  Canaries,  se  trouve 
la   note  du   départ  de  Jacques  Ferrer  en  1346  pour  le  Rio  del  Or. 

Départ  de  Jacques  Ferrer  1346. 

Partich  luxer  den  Jac.  Ferer  per  Le   vaisseau   de   Jacques   Ferrer 

anar  al    Riu  del  Or,   al   gorn   de   Sen  partit  pour  aller  au  fleuve  de  l'Or,   le 

Lorens,  qui  es  a  .x  de  agost,   e  fo  en  jour   de   Saint-Laurent,   qui  se  trouve 

lany  MCCCXLVI.  au  10  août,  et  ce  fut  en  l'an  1346. 

Sur  le  continent  africain,  en  face  de  cette  légende  et  au  sud  du 

cap  de  Buyetder  (Bujador): 

Cap  de  Finistera  occidental  de  Affricha 
Assi   comensa   Affricha,   e  fenex 


en  Alexendria  e  en  Babilonia;  que  fa 
comensament  açi,  e  compren  tota  la 
marina  de  Barbaria  ves  Alaxandria  e 
ves  mig  jorn  e  \es  Antiopia  e  Aigypt. 
E  an  aquestes  plages  se  troba  molt 
ivori  per  la  multitud  de  oriffans  elroax 
que  aci  ariban  en  las  plages. 


—  Cap  Finistère  occidental  d'Afrique. 
C'est  ici  que  commence  l'Afrique, 
qui  se  termine  à  Alexandrie  et  Baby- 
lone.  Elle  part  d'ici  et  comprend  toute 
la   côte   de   Barbarie,    en    allant    vers 
Alexandrie  et  vers  le  midi,  vers  l'Ethio- 
pie  et   l'Egypte.    On  trouve   dans  ce 
pays  beaucoup  d'ivoire,  à  cause  de  la 
multitude  des  éléphants  nés   dans  le 
pays,  qui  arrivent  ici  sur  les  plages. 
En    suivant    la   côte    africaine    vers    le    nord:    C.  de  Buyetder, 
Cavo    de    Non,    Mogodor,    Saffi,    Cavo    de    Cantin,    Zamor,    Salle, 
Larax,  Arzila. 

En  rentrant  dans  la  Méditerranée,  on  est  surpris  de  la  précision 
et  de  l'exactitude  de  la  ligne  de  côte,  qu'on  dirait  la  reproduction 
d'une  carte  moderne. 

En  Abyssinie  on  lit  à  propos  du  mystérieux  Preste  Joào,  là 
oii  il  fut  découvert  un  siècle  après  par  Covilhà,  la  note  suivante 
illustrée  par  une  figure,  représentant  un  roi  arabe: 


88 

datât  (le  Nubia. 
„Aqiic'St    Rey   de   Sarrayns   esta   tots  temps   en   j^uerra   e   armes   ab 
los   chrestians   de   Nubia   qui   son   sots  la  seyiioria   de   l'emperador  de 
Etiopia  de  la  terra  del  Preste  Johan." 

„Ce  roi  des  Sarrasins  est  tout  le  temps  en  guerre 
et  en  armes  contre  les  chrétiens  de  Nubie,  qui  sont 
sous  la  seigneurie  de  l'empereur  de  l'Ethiopie,  le 
pays  du  Preste  Johan." 

Dans  la  mer  Rouge,  une  note  décrit  la  route  suivie  par  la  plus 
grande  partie  des  épices  venues  de  l'Inde,  car  au  fond  du  golfe 
Persique,  à  côté  de  Baldacha,  il  y  a  une  autre  note  qui  indique 
la  route  de  Damas  (Domasch)  pour  les  épices  transportées  par  voie 
terrestre. 
«  La  mer  Rouge. 

Aquesta  mar  et  appellade  la  mar  Cette  mer  est  appelée  mer  Rouge: 

Roga,  per  on  passaren  les  Xi!  trips  c'est  par-là  que  passèrent  les  douze 
disraell.  E  sapiats  que  laygua  no  es  tribus  d'Israël.  Sachez  que  l'eau  n'y 
roga,  mas  lo  fond  es  dachela  color.  est  pas  rouge,  mais  c'est  le  fond  qui 
Per  esta  mar  passa  la  major  partida  est  de  cette  couleur.  La  plus  grande 
de  lespecies  qui  venen  Alexandria  de  partie  des  épices  qui  viennent  des  Indes 
les  indies.  à  Alexandrie  passe  par  cette  mer. 

Sur  les  bords  orientaux  de  la  mer  Rouge  on  lit  les  noms  de 
Mont  de  Sinay,  Ellim,  Ession  Gaber,  Serain  avec  Aden  à  l'embouchure. 
Du  côté  occidental  les  noms  de  Mede,  Lidebo,  Chos. 

Ciutat  de  Chos. 

En  questa  ciutat  de  Chos  aporten  C'est  dans  cette  ville  de  Cosseir 

la  especiaria,  la  quai  ve  de  les  In-  que  l'on  apporte  les  épices  qui  vien- 
dies;  puys  se  porten  en  Babillonia  e  nent  des  Indes.  On  les  transporte  en- 
en  Allexandria.  suite  à  Babylonie   (le  vieu.x  Caire)  et 

à  Ale.\andrie. 

L'exactitude  de  la  ligne  de  côte  des  Indes  est  si  remarquable, 
que  Nordenskiôld  la  désigne  comme  une  copie  des  cartes  arabes, 
décrites  par  Vasco  da  Gama  et  restées  introuvables  jusqu'à  nos 
jours. ^  Au  fond  du  golfe  Persique,  à  quelque  distance  de  la  côte, 
la  ville  de  Baldach  est  indiquée. 

Golfe  Persique  (Mar  de  Indies  e  de  Persia). 
Deuant    la    bocha    del    flum    de  Devant    l'embouchure    du   fleuve 

Baldach,  mar  de  les  Indies  et  de  Perssia,      de  Baldach  (Bagdad  sur  le  Tigre),  dans 

(')  En  traitant  le  passage  de  Barros  concernant  ces  cartes,  Nordenskiôld  écrit: 
„Probably    a    sailing    chart    ot    this    kind    served    as   basis   for   the 
remarkable    drawing    of   the   Indian    Océan   which   occurs   in 
the  Catalan  Atlas  of  1375."    A.  E.  Nordenskiôld.   Periplus.   Trans- 
lation.   F.  A.  Bather,  1897.    Voir  Barros.    Document  No  9. 


89 

aci  son  pescades  les  perles,  les  quais  la  mer  des  Indes  et  de  Perse,  on  pêche 
on  aportades  en  la  ciutat  de  Baldach.      des  perles  qu'on  apporte  ensuite  dans 

la  ville  de  Baldach. 

Ciutat  de  Baldach. 

Açi    fo     Babillonia-la-Gran,     on  Ici  se  trouvait  Babylone  la  grande, 

estava  Nebochadenor;   la  quai  es  ap-  où  régnait  Nabuchodonosor;  elles'ap- 

pellada  ara  Baldacha.    E    sapiats  que  pelle  maintenant  Bagdad.  Sachez  que 

en   esta  ciutat  se   porta  molta   espe-  dans  cette  ville  on  apporte  beaucoup 

ciaria  e  moites  nobles  coses,  les  quais  d'épices  et  de  belles  choses  qui  vien- 

venan   de  les   Indies,  e  de  puyx  ses-  nent  des  Indes  et  se  transportent  en- 

campen   per  la  terra  de   Suria,    espe-  suite  par  terre  de  Syrie,  et  particulière- 

cialemente  en  la   ciutat  de  Domasch.  ment  dans  la  ville  de  Damas. 

Voici  la  note  qu'on  lit  dans  l'Arabia  Sebba. 

L'Arabie  Sabée  est  la  province  que  possédait  la  reine  de  Saba.  Elle 
est  habitée  aujourd'hui  par  des  Sarrasins  arabes.  On  y  trouve  beaucoup 
d'aromates,  tels  que  la  myrrhe  et  l'encens.  Elle  abonde  en  or,  en  argent 
et  en  pierres  précieuses. 

En  face  de  cette  légende  et  à  l'extrémité  orientale  du  golfe  Per- 

sique: 

Ciutat  de  Ormes. 

AquestaciutatesappelladaOrmes,  Cette  ville  s'appelle  Ormus.  C'est 

la  quai  es  comensament  de  les  Indies.  ici  que  commencent  les  Indes.  Sachez 
E  sapiats  que  en  esta  ciutat  venen  que  dans  cette  ville  viennent  des  bâti- 
les  navus,  les  quais  han  Ville  X  arbres,  ments  qui  ont  huit  à  dix  mâts  avec 
les  quais  han  vells  de  chanyes.  des  voiles  de  cannes. 

En  suivant  la  côte  indienne  du  nord  au  sud,  voici  les  noms 
qu'on  rencontre:  Nocran,  Checimo,  Demonela,  Femenat,  Ciutat  de 
Goga,  Cocintaya,  Chintabor,  Nandor,  Manganor  et  Ciutat  de  Delly  à 
l'intérieur. 

Sur  la  côte  orientale  de  l'Inde  du  sud  vers  le  nord: 
Ciutat  de  Colombo,  Carosant,  Mirapor,  Bangala  et  Ciutat  Caynam 
„aci  finis  Catayo"  (la  Chine.)  Au  nord  de  Bangala  une  note  annonce 
„ici  est  le  corps  de  l'apôtre  St  Thomas". 

Inde  occidentale  en  face  de  Goga. 
Note  placée  à  côté  d'un  navire. 
Sapiats   que   aquestes   naus  son  Sachez  que  ces  navires  sont  ap- 

appelades  inchi  ;  e  han  LX  coldes  de  pelés  jonques,  et  ont  60  coudées  de 
caréna;  e  hobren  XXXIllj  coldes  e  carène  et  34  coudées  au  moins  d'œuvre 
meyns  han  encara  de  lllj  arbres  fins  morte.  Ils  ont  de  quatre  à  dix  mâts; 
en  X  ;  e  les  lurs  vêles  son  de  canes  e  et  leurs  voiles  sont  faites  de  roseaux 
de  palma.  et  de  feuilles  de  palmier. 

Inde  occidentale  en  face  de  Nandon  et  Manganoor. 
En  la  mar  Indich,  en  la  quai  son  Dans  la   mer   Indienne,  où  sont 

peschades,  e  ay  illes  molt  riques;  mas  des  pêcheries,  il  y  a  des  îles  fort  riches; 
les  peschadors,  abans  que  devallen  à      mais  les  pêcheurs,  avant  de  descendre 


90 

la   mar,    dieu    ses    encaiitaciones    per  dans  la  nier,  font  leurs  enchantements, 

lesquals   los   pexos   niolt   fu^en  ;    e  si  lesquels  font    fuir    les  poissons;   et  si 

per  aventura   los  pescadors  devela\en  par   hasard   les   pêcheurs   plongeaient 

pescara,  que  no  aguessen  dites  les  iurs  avant  d'avoir  fait  leurs  enchantements, 

encantacions,  los  pexos  los  menjarien.  les    poissons   les    mangeraient;    c'est 

E  aço  es  molt  provada  cosa.  une  chose  très  prouvée. 

La  mer  de  l'Inde  orientale  est  occupée  par  une  grande  île  placée 
en  face  des  villes  de  Carosam,  Mirapor,  Butifilis  et  Bangala,  l'île 
Jana  (Ceylon),  et  à  côté  la  note  suivante  : 

Illa  Jana. 

En  la  illa  Jana  ha  molts  arbres.  Dans  l'île   de  Ceylan   on  trouve 

leny      ayloes,      camphora,      sandels,  beaucoup  d'arbres,  bois  d'aloës,  cam- 

species    subtils,   garenga,    nou    mos-  phre,   sandal,   les   épices  fines,  la  ga- 

cada,    arbres   de    canyela,    laquai     es  langa,    noix    muscade,   les   arbres    de 

pus  preciosa  de  quai  se  vol   altra   de  cannelle   qui   est  l'épice   la   plus   pré- 

tota   la   india;   e  son  axi  mateix  aqui  cieuse  de  toute  l'Inde,   et  là  se  trou- 

maçis  e  îolii.  vent  de  même  le  macis  et  ses  feuilles. 

Sur  la  côte  chinoise,  à  partir  de  Ciutat  Caynan  vers  le  nord, 
on  lit,  entre  autres,  les  noms  de  Ciutat  de  Cansey,  Ciutat  de  Zayton, 
Mingio,  Fugui,  enfin  à  l'intérieur  „  Ciutat  de  Chambalech  Magni 
Canis  Cataya",  (Pékin). 

En  face  de  Caynam  (açi  finis  Catayo) 
Mar  de  les  illes  délies  Indies  hon  Mer  des  îles  de  l'Inde  où  sont 

sonlesespecies;  en  la. quai  marnavega  les  épices.  Dans  cette  mer  naviguent 
gran  navilli  de  diverses  gens.  de  nombreux  vaisseaux  de  différents 

peuples. 

Toute  la  mer  de  Chine  est  occupée  par  une  multitude  d'îles 
décrites  dans  la  note  suivante: 

Au  sud  des  villes  de  Cansey  et  Zaiton: 
En  la  mar  de  les  Indies  son  illes  Dans  la  mer  des  Indes  sont  7548 

7548,  dels  quais  no  podem  respondre  îles  dont  nous  ne  pouvons  détailler 
asi  les  maravelozes  cozas  qui  son  en  ici  les  merveilleuses  richesses  renfer- 
eles  dor  e  dargent,  e  despecies  e  de  mées  en  elles,  aussi  bien  d'or  et  d'ar- 
pedres  precioses.  gent,  que  d'épices  et  de  pierres  pré- 

cieuses. 

Le  nombre  de  ces  îles  indiqué  par  Marco  Polo  est  de  7459.' 
Enfin  l'extrémité  orientale  et  méridionale  de  la  carte  est  occupée  par 
une  grande  île,  Illa  Trapobana  (Sumatra). 

Les  notes  que  nous  avons  choisies,  parmi  une  quantité  d'autres 
du  plus  grand  intérêt,  suffisent  à  préciser  la  portée  d'un  atlas  con- 
tenant de  pareils  renseignements  géographiques  et  commerciaux. 

.  (')  Ruge  1.  c,  p.  66.  .  . 


91 

Nous  examinerons  maintenant  les  deux  premières  planches  de  la 
carte  catalane  traitant  de  l'astrologie  et  de  la  cosmographie.  Elles  nous 
fournissent  un  exemple  de  plus  du  mélange  de  l'astronomie  et 
de  l'astrologie,  sur  lequel  nous  avons  déjà  maintes  fois  insisté  et 
qui  explique  la  vulgarisation  des  connaissances  sur  les  mouvements  des 
astres,  utilisées  ensuite  dans  la  naviagtion.  La  première  de  ces  deux 
planches  commence  par  30  pronostics,  un  pour  chaque  jour  de  la 
lune,  dont  voici  le  titre  : 

Aquests  son  los  jorns  de  la  iuna  ici  sont  les  jours  de  la  lune,  les 

los  bons  e  els  mais.  bons  et  les  mauvais. 

On  trouve  des  indications  sur  ce  qu'il  convient  de  faire  ou  de 
ne  pas  faire  dans  chacun  de  ces  30  jours;  soit  vendre  et  acheter, 
voyager  par  mer  ou  par  terre,  bâtir  des  maisons,  faire  la  récolte 
du  vin  et  de  l'huile,  se  marier,  donner  un  métier  à  ses  enfants, 
planter  des  vignes,  acheter  des  esclaves,  semer,  moissonner,  envoyer 
ses  enfants  à  l'école,  prendre  des  médicaments  etc.  Ce  sont  là  les 
mêmes  prescriptions  traitées  plus  longuement  par  Regiomontanus 
dans  le  Temporal,  écrit  un  siècle  plus  tard. 

A  côté  de  cela  une  grande  figure  de  14  cercles  concentriques 
traite  de  l'heure  des  marées  dans  14  ports,  à  partir  de  Gibraltar 
jusqu'en  Bretagne. 

Aso  es  lo  cors  de  les  Marées  en  Ceci  est  le  cours  des  marées,  à 

comensant    del    mont    de     Gibetaria  partir  du  mont  Gibraltar  jusqu'au  cap 

et  tro  al  ras   de   Pomarch   chi  es  in  de  Penmarch,  en  Bretagne. 
Bretagna. 

11  s'agit  donc  dans  cette  figure  de  L'établissement  ou  de  l'heure 
de  la  pleine  mer  le  jour  de  la  nouvelle  et  de  la  pleine  lune.  En- 
suite on  fournit  l'explication  des  marées,  ses  rapports  avec  les 
mouvements  de  la  lune,  l'absorption  exercée  par  celle-ci  sur  les 
eaux  de  l'Océan.  A  un  autre  endroit,  on  traite  de  la  détermination 
de  l'heure  de  la  nuit  selon  la  position  des  Deux  Frères  (les  guardas), 
procédé  destiné  aux  navigateurs.  Nous  revenons  plus  loin  sur  les 
deux  dernières  questions,  celles  des  marées  et  de  la  fixation  de 
l'heure  par  l'étoile  polaire. 

Enfin  cette  même  planche  contient  un  aperçu  cosmographique 
sur  la  composition  de  l'univers,  cinq  manières  d'expliquer  la  création 
du  monde,  la  sphéricité  et  les  dimensions  de  la  terre  (rondeur 
180.000  stades  ou  20,052  milles).    La  deuxième  planche  est  entière- 


92 

ment  consacrée  au  système  de  Ptolomée,  représenté  par  une  série 
de  cercles  concentriques  complètement  remplie  de  notes  astrologiques 
et  astronomiques;  les  signes  du  zodiaque,  les  sept  planètes,  durée 
de  la  journée  el  de  l'année,  le  commencement  et  la  fin  des  quatre 
saisons,  la  nature  astrologique  des  signes  et  des  planètes,  la  façon 
de  trouver  le  nombre  d'or  d'aurunomru)  etc.  et  au  centre  de  la 
planche  la  figure  d'un  astrologue  mesurant  la  hauteur  du  soleil. 


La  carte  catalane  a  été  l'objet  d'une  controverse  du  plus  grand 
intérêt;  elle  fut  attribuée  par  plusieurs  savants  espagnols  au  carto- 
graphe Cresques,  dont  les  œuvres  jouissaient  d'une  grande  faveur 
auprès  des  souverains  de  la  Catalogne.  On  alla  jusqu'à  reconnaître 
dans  ce  cartographe  juif,  catalan  ou  majorquin,  le  célèbre  maître 
Jacomo  de  Malhorca,  collaborateur  de  l'Infant  D.  Henrique. 

Nous  allons  donner  un  résumé  de  cette  discussion  qui  pré- 
sente un  intérêt  spécial  pour  le  Portugal. 

En  1891,  le  savant  français,  M.  Hamy,  membre  de  l'Institut, 
publiait  une  étude;  Cresques  lo  juheu  Note  sur  un  géographe 
juif  catalan,  à  laquelle  il  avait  été  poussé  par  des  recherches  faites 
à  sa  demande,  dans  les  archives  d'Aragon,  relativement  à  l'histoire 
de  la  carte  catalane. 

Ces  recherches,  sans  résultat  apparent,  amenèrent  la  découverte 
de  deux  documents,  desquels  il  appert  que  le  prince  royal  D.  Juan, 
plus  tard  D.  Juan  I  d'Aragon,  surnommé  el  Cazador,  faisait  chercher 
dans  son  palais  de  Barcelone  une  mappemonde  dont  il  voulait  faire 
cadeau  à  Charles  Vi,  le  jeune  roi  de  France.  La  lettre  de  D.  Juan, 
datée  du  5  novembre  1381,  ordonnait  en  même  temps  d'aller  trouver 
son  auteur:  Cresques  lo  juheu  que  lo  dit  Mappaniundi  a  fet,  afin 
qu'il  fournisse  des  éclaircissements  au  sujet  de  cette  carte. 

Huit  ans  après,  en  1389,  on  trouve  dans  le  livre  de  comptes 
de  D.  Juan,  devenu  roi  d'Aragon,  un  paiement  fait  au  même  carto- 
graphe Cresques,  pour  une  mappemonde,  que  deux  ans  plus  tôt 
le  roi  l'avait  chargé  de  faire.  Enfin  une  autre  lettre  royale  du  l'^'"  juin 
1391,  traite  d'une  mappemonde  envoyée  par  D.  Juan  !  à  Gaston 
Phébus,  comte  de  Foix,  dont  il  a  déjà  été  question  à  la  pag.  45.  La 
carte  catalane  de  1375,  se  trouvait  au  Louvre  en  novembre  1380, 
c'est-à-dire  à  une  date  antérieure  à  celles  des  documents  royaux,  il  est 
donc  impossible  qu'elle  ait  un  rapport  quelconque  avec  les  mappe- 
mondes qui  sont  l'œuvre  incontestable  du  cartographe  Cresques  lo 


93 

juheu.  M.  Hamy  reconnaît  cependant  que  l'existence  d'un  cartographe 
contemporain,  lui-même  fournisseur  du  prince  héritier  d'Aragon, 
autorise  dans  une  certaine  mesure  à  attribuer  provisoirement  à  ce 
même  cartographe  La  paternité  de  la  carte  catalane  envoyé  pro- 
bablement quelques  années  plus  tôt  à  la  cour  de  France,  dans  des 
conditions  semblables  à  celles  indiquées  dans  la  lettre  royale  de  1381.' 

Dès  1888  un  savant  espagnol,  M.  Gabriel  Llabres,  avait  com- 
mencé l'impression  d'une  série  d'articles  de  haut  intérêt  sur  la  carto- 
graphie majorquine,  dont  M.  Hamy  n'avait  pas  eu  connaissance  lors 
de  sa  communication  de  1891.  Un  de  ces  articles,  publiés  en  octobre 
1890  par  M.  Llabres,  traitait  justement  du  même  cartographe 
Cresques,  auteur  des  cartes  et  des  mappemondes  pour  le  roi  D.  Juan 
d'Aragon,  mais  avec  cette  différence  que  M.  Llabres  identifiait  Cresques 
lo  juheu  avec  un  Juif  majorquin,  Jafuda  Cresques,  fils  de  Cresques 
Abrae,  surnommé  à  Majorque  le  Juif  des  boussoles  (el  j'udio  de  las 
brujulas). 

M.  Llabres  traitait  des  mêmes  mappemondes  et  des  mêmes 
lettres  du  roi  D.  Juan  d'Aragon  que  M.  Hamy,  ces  deux  auteurs 
étudiaient  donc  indépendamment  le  même  cartographe. 

En  plus  de  l'identification  de  Cresques  lo  juheu  avec  Jafuda 
Cresques,  M.  Llabres  attribue  également  à  ce  cartographe  la  pater- 
nité de  la  carte  catalane  de  1375.  Cet  auteur  retrouva  le  nom  de 
Jafuda  Cresques  parmi  les  Juifs  contraints  de  se  convertir  à  Majorque 
en  1391;  il  aurait  pris  alors  le  nom  de  Jaime  Ribes.  Enfin  Jafuda 
Cresques,  plus  tard  Jaime  i ou  Jacomo)  Ribes  ne  serait  autre,  selon 
M.  Llabres,  que  le  célèbre  maître  Jacomo  de  Malhorca,  collabora- 
teur de  l'Infant  D.  Henrique. 

Cette  question  fut  également  étudiée  par  deux  autres  sa- 
vants espagnols,  M.  Cesario  Fernandes  Duro  et  M.  J.  M.  Quadrado, 
qui  partagent  les  mêmes  vues  que  M.  Llabres. 

Plus  tard  M.  Hamy,  dans  une  nouvelle  communication,  Quelques 
mots  encore  sur  Cresques  lo  juheu,  contestait  l'identification  du 
Majorquin  Jafuda  Cresques  avec  le  Barcelonais  Cresques  lo  juheu; 
il  contestait  la  paternité  de  la  carte  catalane  de  1375,  attribuée  à 
Jafuda,  aussi  bien  que  son  identification  avec  maître  Jacomo  de 
Malhorca.  M.  Hamy  fait  observer  que  parmi  les  Juifs  de  Barcelone 
à   cette   époque,   le  nom  de  Cresques  était  assez  fréquent  et  il  cite 

(')  Hamy,  Études  historiques  et  géographiques  p.  107.  L'article  sur  Cresques 
fut  pubhé  d'abord  dans  le  Bulletin  de  géographie  historique  et  descripti\e.  1891. 
p.  218-222. 


94 

le  nom  de  Hasdaï  Cresques,  auteur  juif  bien  connu  par  les  bons 
rapports  qu'il  entretenait  avec  le  roi  et  les  j^rands  de  la  cour,  en 
émettant  la  possibilité  que  ce  fut  l'auteur  présumé  des  cartes  géo- 
graphiques si  appréciées  par  le  roi  d'Aragon. 

Nous  avons  ainsi  résumé  dans  ses  traits  généraux,  la  question 
dans  la  mesure  où  nous  en  avons  connaissance,  question,  qui 
attend  encore  sa  solution  définitive.  Nous  reproduisons  en  entier 
l'intéressant  article  de  M.  Gabriel  Llabres  (Document  n"  11),  qui 
donna  lieu  à  la  controverse,  en  présentant  ici  nos  meilleurs 
remerciements  à  l'auteur  pour  l'aimable  autorisation  qu'il  nous  a 
fait  parvenir. 

A  un  autre  endroit  nous  abordons  un  point  épineux  de  l'iden- 
tification de  Cresques  lo  juheu,  l'auteur  incontesté  des  cartes  de 
1381  et  de  1389,  avec  maître  Jacomo  de  Malhorca,  une  question 
de  date,  et  nous  nous  abstenons  de  nous  prononcer  si  oui  ou  non 
Jafuda  Cresques,  lo  jiidio  de  las  brujulas  de  MM.  Llabres,  Duro  et 
Quadrado,  est  bien  le  Juif  de  Barcelone,  le  Cresques  lo  juheu  de 
M.  Hamy. 

Un  point  cependant  nous  a  frappé  qui  semble  avoir  passé 
inaperçu  de  ces  savants  et  qui  mérite  d'être  mis  en  évidence,  à  savoir 
que  la  carte  catalane  de  1375  paraît  être  l'œuvre  d'un  Juif. 

Nous  sommes  arrivé  à  cette  conclusion  par  la  lecture  des  notes 
de  cette  carte  parsemées  de  citations  bibliques. 

Ainsi  à  la  mer  Rouge  on  lit; 
Aquesta     mar    es    appellade    la  Cette  mer  est  appelée  mer  Rouge; 

mar  Roga,  per  on  passaren  los  Xil  trips  c'est  par-là  que  passèrent  les  douze 
dlsraell.  tribus  d'Israël. 

Isthme  de  Suez. 
Per  aquest  freu  pasaren  los  fills  C'est  par  ce  détroit  que  passèrent 

disrael  con  i.xieren  de  Gipte.  les    fils    d'Israël     lorsqu'ils    sortirent 

d'Egypte. 

Mont  Sinaï. 
Mont  de  Sinay  en  lo  quai  Deu  Mont  Sinaï  sur  lequel  Dieu  donna 

dona  la  ley  a  Moysses.  la  loi  à  Moïse. 

Les  30  pronostics  dont  il  a  déjà  été  question,  correspondant 
chacun  à  une  journée  de  la  lune,  sont  tous  accompagnés  de  réfé- 
rences bibliques: 

En   le   primer  dia   de   la  luna  fo  Le  premier  jour  de  la  lune,  Adam 

créât  Adam;  etc.  fut  créé;  etc. 

Le  deuxième  jour  de  la  lune,  Eve  fut  créée;  3^  jour,  naissance 
de  Caïn;   4^  jour,  naissance  d'Abel;   Séjour,  sacrifice  de  Caïn  ;  ô*^*^, 


95 

naissance  de  Nemrod  ;  7^,  Caïn  tua  Abel  ;  8^,  naissance  de  Méthu- 
salem;  9*^,  celle  de  Lameth;  10^,  Noé  commence  à  bâtir  l'arche; 
18«,  Isaac  épousa  Rebecca;  20^,  Isaac  bénit  Jacob;  23<^,  naissance 
de  Benjamin,  fils  de  Jacob;  26^,  Moïse  partagea  la  mer  Rouge; 
27^,  la  manne  tomba  du  ciel;  29^,  les  enfants  d'Israël  entrèrent  dans 
la  Terre  Sainte. 

Parmi  les  notes  de  la  carte  on  trouve  encore: 

Ninive  la  Grande,  laquelle  fut  détruite  à  cause  de  ses  péchés. 

Monts  Ararat,  sur  lesquels  s'est  arrêtée  l'arche  de  Noé  après  le  déluge. 

A  l'Extrême  Orient  dans  le  pays  du  grand  seigneur  prince  de  Gog  et  de 
Magog»,  on  lit  cette  note  curieuse: 

Antéchrist.  Ce  personnage  sera  élevé  a  Corozain  en  Galilée,  et  quand 
il  aura  trente  ans,  il  commencera  à  prêcher  à  Jérusalem;  et  contre  toute 
vérité  il  dira  qu'il  est  Le  Christ  fils  du  Dieu  vivant;  et  on  dit  qu'il 
réédifiera  le  temple  (que  rehedifficara  lo  temple). 

Enfin  dans  la  province  de  Tarsia,   on   trouve   une  note  disant: 

C'est  de  cette  province  que  sortirent  les  trois  savants  rois  qui  vinrent 
à  Bethléem  en  Judée  avec  leurs  présents;  ils  adorèrent  J.  C.  (adoraren 
Jehu  Christ). 

Le  silence  absolu  observé  à  l'égard  du  Saint-Sépulcre  à  Jéru- 
salem, l'espoir  de  la  réédification  du  temple  se  manifestant  sur  les 
bords  lointains  de  la  Chine  orientale,  cette  note  des  trois  rois  qui 
adorèrent  J.  C.  et  enfin  la  profusion  de  citations  bibliques,  auraient 
été  des  preuves  suffisantes  pour  livrer  à  une  autre  époque,  l'auteur 
de  cette  carte  aux  flammes  de  l'Inquisition  comme  judaisant.  Il  nous 
paraît  donc  très  probable  que  la  carte  catalane  est  l'œuvre  d'un  Juif. 

Il  se  peut  fort  bien  que  son  auteur  ne  soit  pas  maître 
Jacomo  de  Malhorca  comme  le  croit  M.  Llabres  et  que  l'iden- 
tification, soutenue  par  les  trois  savants  Llabres,  Duro  et  Quadrado 
du  cartographe  de  Sagres,  ne  se  confirme  pas  par  de  nouvelles 
recherches.  Cela  n'enlève  rien  a  la  grande  portée  de  ce 
monument  de  la  cartographie  catalane  pour  l'histoire  des  entreprises 
maritimes  du  Portugal,  car  ce  fut  de  l'école  qui  donna  nais- 
sance à  cette  carte,  que  sortit  le  collaborateur  renommé  de  l'Infant 
D.  Henrique  et  le  savant  maître  de  ce  que  l'on  a  appelé  l'académie 
ou  l'école  de  Sagres.  Ajoutons  encore  que  la  carte  catalane,  dont 
nous  venons  de  décrire  le  contenu  et  la  signification,  a  été  déclarée 
par  Buchon  et  Tastu  un  des  plus  précieux  documents  possédés  par 
la  France. 


96 

LA  CARTE  DE  FRA  MAURO  1459. 

Cette  carte  célèbre,  dont  l'original  existe  à  Venise,  y  fut  copiée 
sur  la  demande  de  D.  Affonso  V.  On  l'a  donc  connue  de  bonne 
heure  au  Portugal.  Elle  constitue  un  autre  monument  de  la  carto- 
graphie qui  a  fourni  encore  des  éléments  nouveaux  et  importants 
pour  le  développement  des  projets  maritimes  des  Portugais. 

Tandis  que  la  carte  catalane  s'arrête  au  sud  des  Canaries,  au 
«cap  Finistera  ,  la  carte  de  Fra  Mauro  nous  fait  voir  que  l'Afrique 
est  circumnavigable.  Le  continent  africain  n'a  pas  encore  sa  forme 
exacte,  mais  à  l'extrémité  sud  on  lit  cette  précieuse  note:' 

„Poco  longi  da  queste  isole  forcane  comenc  d  aparer 
le  ténèbre,  le  quai  qui  oltra  questo  cavo  non  impaçano 
i  naviganti." 

Ainsi  le  passage  maritime  vers  les  Indes  y  est  clairement 
indiqué  et  de  plus  on  trouve  peu  au  delà  de  ce  cap,  les  noms 
suivants:  Maabase,  Soffala,  Chancibar  (une  île)  et  Xangi- 
bar  sur  le  continent.  L'extrémité  sud  de  l'Afrique  porte  à  plusieurs 
endroits  le  nom  d'Abassia. 

La  ligne  de  côte  de  l'Inde  n'a  pas  l'exactitude  de  la  carte  cata- 
lane, mais  on  y  voit  de  nouveaux  noms  tels  que  J.  Dioi,  Cam- 
bait,  Chalecut,  Milibar,  isie  de  Saylam,  Mahabar,  Tapro- 
bana  over  Siometra,  dans  le  royaume  de  Chatajo  (Chine),  les 
grandes   villes  de  Fuçui,  Chausay,  Xaiçu,  Quanzu  et  Cambalech. 

LES  DÉBUTS  DU  PORTUGAL  MARITIME. 

Le  roi  D.  Diniz  (1279  à  1325),  fonda  l'université  de  Lisbonne 
en  1290;  il  consacra  ses  efforts  au  développement  des  ressources 
économiques  du  pays  et,  entre  autres,  à  l'organisation  de  la  marine. 

Le  roi  confia  l'administration  navale  à  un  noble  génois  micer 
manuel  peçagno  (Manuel  Pezagno),  qui  par  un  contrat  daté  de  1317 
fut  nommé  amiral  du  royaume,  poste  occupé  en  1314  par  Nuno 
Fernandes  Cogominho,  meu  almirante  mayor  e  chanceler  do  Infante 
D.  Affonso  meu  filhor 

(')  La  Bibliothèque  Nationale  (Paris),  possède  une  copie  de  cette  carte. 
Voir  sa  reproduction  dans  Ruge  I.  c,  p.  80. 

(-)  y.  J.  de  Brito  Rebella.  Livro  de  Marinharia  (1903).  Lisboa.  Introduction. 
Documents  V,  VI,  pag.  69,  70. 

Voir  aussi  sur  Manuel  Pessagno:  /yam_v,  Études  historiques  et  géographi- 
ques 1896,  p.  13  et  L.  T.  Belgrano,  Documenti  e  Genealogia  dei  Pessagno 
Genovesi,  ammiragli  del  Portogallo  (atti  délia  Société  Ligure  di  Storia  Patrie 
vol.  XV,  p.  250,  1881). 


97 

L'amiralat  conféré  à  Pezagno  était  héréditaire;  le  contrat,  passé 
entre  le  roi  et  lui  stipule,  entre  autres,  qu'il  devait  avoir  toujours 
20  marins  génois  occupant  des  postes  importants  dans  la  flotte  et 
les  faire  remplacer  immédiatement  par  d'autres  en  cas  d'absence 
ou  de  décès.  Ce  document  est  intégralement  reproduit  dans  le  livre 
de  M.  Brito  Rebello,  investigateur  infatigable  des  archives  nationales.^ 

Sous  le  règne  de  D.  Affonso  IV  (1325—1357),  les  Portugais 
avaient  atteint  les  Canaries  avant  1336.- 

Une  nouvelle  expédition  composée  de  3  navires,  quitta  Lisbonne 
sous  la  direction  du  Génois  Niccoloso  de  Reccho  et  du  Florentin 
Angellino  dell  Teggia  de  Corbezzi,  le  1*^'  juillet  1341.  Le  récit  de 
ce  voyage,  trouvé  en  Italie  par  Sebastiano  Ciampi  (1827),  «lettre  des 
marchands  florentins  de  Séville,  datée  du  15  novembre  1341", 
fournit  de  très  précieux  détails  sur  cette  expédition.  On  y  décrit 
les  13  ou  14  îles  visitées,  celles  qu'on  trouva  habitées,  les  mœurs, 
le  langage  et  la  vie  des  habitants;  quatre  de  ces  indigènes  furent 
conduits  à  Lisbonne. 

il  existe  un  autre  document  sur  les  Canaries:  lettre  du  roi 
Affonso  IV  au  pape  Clément  VI,  datée  du  12  février  1345,  aban- 
donnant ces  îles  en  faveur  de  D.  Luiz  de  Lacerda,  arrière  petit 
fils  d'Alphonse  le  Sage.^ 

Une  période  de  ralentissement  dans  les  entreprises  maritimes 
succéda  à  cette  expédition. 

Les  efforts  tendant  au  développement  de  la  marine  s'accentuèrent 
'SOUS  le  règne  malheureux  de  D.  Fernando  (1367 — 1383).  Le  mouve- 
ment commercial  de  Lisbonne  augmentait  considérablement;  le 
revenu  de  la  douane  s'élevait  à  35  ou  40:000  doublons;  le  trafic 
maritime  du  port  était  de  250  ou  300:000  tonnes;  on  y  trouvait 
parfois  de  400  à  500  navires  réunis. 

L'Etat  intervint  en  promulgant  un  ensemble  remarquable  de  lois 
protégeant  le  commerce  maritime.  Les  armateurs  recevaient  gratuite- 
ment le  bois  des  forêts  royales,   on   leur  accordait   l'exemption  des 

(')  Brito  Rebello.   Livre  de  Marinharia  1.  c,  p.  19.  Introduction. 

(-)  D.  Joïxo  de  Castro.     Roteiro:  Ed.  Andrade  Corvo  1882,  p.  55. 

(  ■)  Notre  ami  le  D''  Eii^enio  do  Canto  de  Ponta  Delgada,  Açores,  a  récem- 
ment réédité  ces  deu.x  documents,  à  savoir: 

La  lettre  de  D.  Affonso  IV  au  pape  et  le  récit  des  marchands 
florentins  de  Séville  (document  Ciampi),  suivi  de  la  traduction  portui*aise 
de  Costa  de  Macedo,  Memorias  da  Academia  Real  das  Sciencias.  Lisboa. 
Vol.  9,  parte  2,  1835.     M.  Eugenio  do  Canto  en  a  fait  des  éditions  privées. 

7 


98 

droits  de  douane  sur  les  matières  premières  importées  pour  leur 
bâtiments  dont  on  fiscalisait  la  construction,  enfin  on  introduit  déjà  à 
cette  époque  les  associations  de  secours  mutuels  des  armateurs.' 

D.  Joào  1  (1385—1433),  inaugura  la  plus  brillante  période  de 
l'histoire  portugaise,  à  la  suite  du  succès  d'armes  d'Aljubarrota. 

La  prise  de  Ceuta,  en  1415,  nous  montre  la  puissance  maritime 
du  Portugal  et  nous  fait  voir  combien  les  ressources  navales 
étaient  considérables  avant  l'époque  des  découvertes  de  D.  Henrique. 

Barros  écrit  à  cet  égard  que  D.  Joâo  I  avait  d'abord  l'intention 
de  faire  la  guerre  aux  Maures  de  Grenade,  mais  qu'ensuite,  „  pour  sa 
plus  grande  gloire"  il  résolut  de  prendre  „cette  métropole  de  Ceuta, 
rivale  aussi  dangereuse  de  l'Espagne  que  Carthage  l'avait  été  de 
l'italie."^^ 

Barros  insiste  sur  ce  sujet  et  déclare  que  le  roi  a  été  entraîné 
à  de  grands  efforts  et  à  de  grandes  précautions  pour  préparer  se- 
crètement une  entreprise  aussi  considérable.'  Le  plan  était  plus 
vaste  encore,  car  on  avait  en  vue  de  prendre  aussi  Gibraltar.' 

Manuel  de  Paria  y  Souza,  en  traitant  Vexpugnacion  de  la  fortis- 
sima  plaza  de  Ceuta,  écrit  que  ces  préparatifs  dataient  de  trois  ans 
(1412)  et  que  l'expédition  se  composait: 

„de  220  baxeles,  de  varias  formas,  i  grandezas;  altas  naves 
^Z,  prolixas  galeras  de  a  3  remos  por  banco  27,  de  a  2  eran 

32,    el    resto    de    galeones,    caravelas   y    otros    navios,   todos 
fuertes  por  las  armas,  municiones  i  gente."^ 

Ces  indications  suffisent  comme  exemple  du  grand  développement 
de  la  marine  portugaise  avant  l'époque  des  découvertes. 

Les  succès  de  D.  Henrique  ont  fait  oublier  presque  totalement 
les  efforts  faits  avant  lui  pour  le  perfectionnement  de  la  marine 
nationale. 

L'importance  d'un  fait  d'armes  tel  que  la  prise  de  Ceuta,  nous 
oblige  à  reconnaître  que  des  hommes  de  la  prudence  et  du  savoir 
de  D.  Joào  i  et  Nun'  Alvares,  avant  de  se  lancer  dans  une  pareille 
aventure,  ont  dû  porter  tous  leurs  soins  au  perfectionnement  de  la 
marine. 


(')  Oliveira  Marti ns.    Portugal  nos  mares.     1902  p.  21  à  v35. 
(-)  Barros.  Dec.  1,  L.  1,  C.  1,  p.  10.   Voir  aussi  Azurara,  Chronica  da  Guiné 
(1841),  p.  25. 

(•■')  Barros.    Dec.  1,  L.  1,  C.  2,  p.  17. 

{*)  Azurara.  Chronica  da  Guiné  1841,  p.  28. 

(^)  Faria  y  Souza.    Africa  Portugueza.  Lisboa  1681,  p.  19. 


99 

Il  fallait  surtout  vouer  la  plus  grande  attention  aux  cons- 
tructions navales.  On  a  dû  s'en  occuper  de  longue  date  puisque 
Cadamosto/  à  l'époque  de  l'Infant,  écrivait  déjà: 

„Le  caravelle  del  Portugallo  sono  i  migliorena- 
vigli  a  velia  che  viaggiano  sul  mare." 
Mais   il   ne  suffisait  pas  de  créer  une  flotte,  il  fallait  aussi  que 
l'équipage  sache  naviguer. 

Dès  le  règne  de  D.  Diniz,  on  avait  appelé  dans  ce  but  le  Génois 
Manuel  Pezagno;  du  temps  de  D.  Henrique,  on  engagea  maître 
Jacomo  à  l'île  de  Majorque  „homme  savant  dans  l'art  de  la  na- 
vigation, faisant  des  cartes  et  des  instruments,  pour  ensei- 
gner sa  science  aux  officiers  portugais." 

Dans  une  étude  sur  l'Infant,  M.  Jules  Mees  appela  l'attention 
sur  le  fait  important  que  la  date  de  1438,  citée  par  Garçào  Stockler 
comme  celle  de  l'arrivée  du  Majorquin  au  Portugal,  n'est  basée  sur 
aucun  document. - 

Quand  maître  Jacomo  est- il  venu  au  Portugal? 
L'incertitude  de  cette  date  est  un  fait  qu'on  ne  doit  pas  perdre 
de  vue  dans  l'étude  de  cette  intéressante  personnalité. 

Voici  d'abord  de  quelle  manière  élogieuse  Duarte  Pacheco  et 
Barros  célèbrent  ses  mérites: 

„Mandou  à.  ilha  de  Malhorca  por  um  mestre  Jacome,  mestre 
de  cartas  de  marear,  na  quai  ilha  primeiramente  se  fezeram 
as  ditas  cartas,  e  com  mu  i  tas  dadiuas  e  merçes  ho 
ouue  nestes  Reynos,  ho  quai  as  ensinou  a  fazer 
âquelles  de  que  os  que  em  nosso  tempo  vivem 
aprendêram."  ^ 
Barros  écrit: 

„Em  que  (D.  Henrique)  nào  sômente  encommendou  as 
cousas  ao  bom  succedimento  d'ellas,  mas  ainda  teve  nelle 
muita  industria,  e  prudencia  para  conseguirem  prospero  fim  ; 
porque  pera  este  descubrimento  mandou  vir  da  Ilha  de  Mal- 
horca hum  mestre  Jacomo,  home  m  mui  docto  na  arte 
de  navegar,  que  fazia  cartas,  e  instrumentos,  o 
quai     Ihe    custou   muito  pelo  trazer  a   este    Reyno 

(')  Alvise   da  Cà   da  Mosto  (n.  1433  m.   1477)  était   au  service  de  rhifant 
D.  Henrique  avec  Antonio  de  Noii  (Uso  de  mare)  en  1455. 
(-)  Dr.  Jules  Mees.    B.  S.  G.  L.  1903,  p.  50-51. 
G.  Stockler.    Ensaio  historico  I.  c,  p.  16. 
(')  Duarte  Pacheco.  Esmeraldo  (1905),  p.  98. 


100 

peraensinarsuascienciaaos  officiaes  Portuguezes 

daquelle  m  ester."' 

il  s'agissait  donc  d'un  savant,  jouissant  d'un  grand  renom 
dans  un  milieu  où  la  cartographie  avait  atteint  son  plus  haut 
degré  de  perfectionnement.  Selon  Duarte  Pacheco,  les  marins 
de  son  temps  avaient  été  instruits  par  les  élèves  du 
Majorquin;  selon  Barros  il  aurait  enseigné  aux  officiers  portugais 
l'art  de  la  navigation,  la  cartographie  et  la  fabrication 
d'instruments  nautiques. 

Bartholomeu  Dias,  Pero  d'Alemquer,  Fernâo  de  Magalhâes, 
Joâo  de  Lisboa,  Francisco  Faleiro  et  les  cartographes  Reinel  et 
Diogo  Ribeiro  sont,  entre  autres,  des  contemporains  de  Duarte 
Pacheco  qui  apprirent  à  naviguer,  à  dessiner  des  cartes  ou  à  fabriquer 
des  instruments  nautiques  avec  les  élèves  de  maître  Jacomo. 

Ces  indications  trop  vagues  pour  permettre  de  préciser  la  date 
de  son  arrivée,  sont  cependant  suffisantes  pour  montrer  la  vraie 
source  de  la  cartographie  portugaise  et  des  instruments  nautiques 
des  découvertes.  Les  enseignements  venaient  d'un  pays  de  navi- 
gateurs comme  l'était  alors  la  Catalogne  et  cela  par  l'entremise 
d'un  savant  renommé. 

L'identification  maître  Jacomo  avec  un  autre  cartographe,  son 
contemporain  Cresques,  est  assurément  admissible.  La  difficulté 
éprouvée  pour  s'assurer  les  services  du  Majorquin  et  signalée  par 
Pacheco  et  Barros,  trouve  son  explication  naturelle  dans  la  consi- 
dération dont  il  jouissait  à  la  cour  d'Aragon.  Mais  d'autre  part  la 
concordance  des  dates  est  difficile  à  établir  et  doit  encore  être 
examinée  de  près. 

La  mappemonde  de  1381  destinée  au  prince  royal  D.  Juan,  fut 
inconstablement  l'œuvre  de  „Cresques  lo  juheu".  En  admettant 
qu'il  la  dessina  encore  jeune,  à  l'âge  de  25  ans,  on  en  déduit  que 
Cresques  serait  né  en  1356;  il  serait  donc  de  38  ans  plus  âgé  que 
l'Infant  D.  Henrique,  né  en  1394."- 

Selon  l'opinion  de  MM.  LIabres  et  Duro,  les  traces  de  Cresques 

(')  Barros.    Dec.  1,  L.  1,  C.  16,  p.  133. 
(-)  D.  Henrique  est  né  le  4  mars  1394. 

Prise  de  Ceuta  en  1415. 

Expédition  à  Tanger  en  1437. 

Mort  de  D.  Duarte,  1438. 

Mort  de  l'Infant  D.  Pedro  1449. 

Mort  de  D.  Henrique,  13  novembre  1460. 


101 

s'effacent  en  Catalogne  à  partir  de  1410;  c'est  à  cette  époque 
qu'ils  fixent  son  engagement  par  le  Portugal. 

En  1410,  Cresques  aurait  selon  notre  hypothèse,  54  ans.  Ne 
serait-il  pas  venu  au  Portugal  pendant  les  préparatifs  de  l'expédition 
de  Ceuta,  c'est-à-dire  vers  1412? 

Le  laconisme  des  chroniques  portugaises,  le  fait  que  leurs 
auteurs,  éblouis  par  les  succès  de  l'infant,  lui  attribuent  tous  les 
mérites,  pourraient  justifier  la  supposition  que  maître  Jacomo  est 
venu  vers  1410  ou  1412  au  Portugal,  c'est-à-dire  avant  la  conquête 
de  Ceuta  et  non  après  comme  on  le  croit  généralement. 

Mais  si  en  même  temps  on  attribue,  comme  le  font  les  savants 
espagnols,  au  même  cartographe  Cresques  la  paternité  de  la  carte 
catalane  de  1375,  œuvre  d'une  érudition  remarquable  sur  la  cosmo- 
graphie et  l'astronomie,  il  devient  fort  difficile  d'admettre  qu'il  s'agit 
du  même  personnage.  L'auteur  de  la  carte  catalane  a  dij  être  au 
moins  50  ans  plus  âgé  que  l'Infant. 

En  tout  cas,  l'étude  de  cette  carte  et  la  controverse  de  l'iden- 
tification du  cartographe  Cresques,  nous  ont  fait  connaître  de  près 
le  pays  maritime  par  excellence  d'où  est  venu  l'éminent  collaborateur 
de  l'infant. 

LE   RÈGLEMENT  NAUTIQUE   DES   DÉCOUVERTES. 

Quelques  passages  de  Barros  et  de  Gaspar  Correa  indiquent 
d'une  façon  précise,  l'existence  d'instructions  nautiques  pour  les 
voyages  de  Vasco  da  Gama  (1497),  de  Pedro  Alvares  Cabrai  (1500) 
et  d'Affonso  d'Albuquerque  (1503). 

Barros,  dans  le  paragraphe  bien  connu  sur  la  Junta  dos 
Mathematicos,  dit  que  le  roi  D.  Joào  ii  avait  chargé  ses  médecins, 
maître  Rodrigo  et  le  Juif,  maître  Joseph,  ainsi  que  Behaim,  d'étudier 
l'application  de  l'astronomie  à  la  navigation  : 

„ils  ont  trouvé  cette  manière  de  naviguer  d'après  la  hauteur 
du  soleil,  pour  laquelle  ils  ont  fait  des  tables  de  déclinaison, 
comme  en  emploient  à  présent  les  navigateurs,  celles-ci  étant 
aujourd'hui  déjà  plus  perfectionnées  qu'au  début,  quand  on 
se  servait  de  ces  grands  astrolabes  en  bois."' 

(')  Os  quaes  acharào  esta  maneira  de  navegar  per  altura  do  sol,  de  que 
fizerào  suas  taboadas  pcra  declinaçào  délie  como  se  or  a  usa  entre 
os  n  a  venant  es  jâ  mais  apuradamente  de  que  começou,  eni  que  ser- 
viào  estes  grandes  astrolabios  de  pâo.         Barros.  Dec.  1,  L.  4,  C.  2,  pas^.  282. 

Voir  Document  N»  7  où  ce  passage  est  reproduit  en  entier. 


102 

Gaspar  Correa  à  divers  endroits  de  son  oeuvre  traite,  d'une 
façon  particulièrement  développée,  des  événements  du  rè^ne  de 
D.  Manuel  qui  s'y  rapportent;  il  raconte  d'abord  comment  le  roi 
consulta  Zacuto  au  sujet  du  voyage  de  Gama'  et  ensuite  les 
instructions  données  à  celui-ci  par  l'astronome.-  Finalement,  dans 
un  lonji  exposé  au  roi,  Zacuto  traite  de  la  théorie  des  tempêtes, 
l'époque  la  plus  favorable  à  la  navigation,  les  tables  de  déclinaison 
qu'il  avait  composées,  le  Règlement,  l'astrolabe  nautique  et  enfin 
l'apprentissage  des  pilotes.  Ces  passages  de  Correa  sont  longs  et 
contiennent  beaucoup  de  choses  nouvelles  et  importantes. 

Voici  un  exemple: 

„Quand  les  pilotes  avaient  pris  la  position  exacte  du  soleil 
et  fait  le  calcul  suivant  le  règlement  et  d'après  les  tables  de 
chaque  année,  ils  savaient  le  nombre  de  lieues  du  chemin 
parcouru.  Ceci  fut  enseigné  par  le  Juif  Zacuto  à  quelques 
pilotes  que  le  roi  avait  délégués,  ils  apprirent  comment  et 
de  quelle  façon  ils  devaient  prendre  la  hauteur  du  soleil  à 
midi  avec  l'astrolabe  et  comment  ils  devaient  faire  les  calculs 
d'après  les  tables  du  règlement.  Dans  tout  ceci  Zacuto  a  très 
bien  instruit  les  pilotes,  que  le  roi  envoya  ensuite  dans  un 
voyage  d'essai."? 

Dans  un  autre  passage  Gaspar  Correa,  parlant  de  l'expédition 
de  Affonso  d'Albuquerque,  dit: 

„ils  navigaient  d'après  le  règlement  que  Zacuto  leur  avait 
donné,  et  que  les  pilotes  avaient  essayé  auparavant."^ 

En  dehors  de  ces  indications,  qui  ne  laissent  aucun  doute  sur 
l'existence  de  tables  et  d'instructions  nautiques,  nous  avons  encore 
le  témoignage  important  du  pilote  maître  Joào,  bachelier  ès-arts  et 
médecine,  chargé  des  observations  astronomiques  dans  l'expédition 
d'Alvares  Cabrai.  Dans  une  lettre  écrite  de  Vera-Cruz  (Brésil)  au 
roi,   datée   du    l*^""  mai  1500  (Document  N»  4),    maître  Joào   donne 


(')  Gaspar  Correa.  Lendas  da  India,  t.  1,  p.  9. 
(-)  Gaspar  Correa  1.  c,  t.  1,  p.  16—23. 

(^)  Correa  avait  en  vue  des  tables  établies  pour  plusieurs  années,  tandis 
que  Barros   dit   clairement   que  ces  tables  étaient  plus  élémentaires  au  début. 
Voir  le  texte  portugais  de  Correa,  Document  No  5. 
(*)  Gaspar  Correa  I.  c,  t.  1,  p.  375. 


103 

des  indications  précises  sur  l'emploi  d'un  Règlement,  dans  le  para- 
graphe suivant: ^ 

„Hier  lundi,  le  27  avril,  nous  sommes  descendus  à  terre, 
moi,  le  pilote  du  capitaine  général,  et  le  pilote  de  Sancho  de 
Tovar.  Nous  avons  trouvé  que  la  hauteur  du  soleil  à  midi 
était  de  56",  et  l'ombre  septentrionale.  D'après  les  règles  de 
l'astrolabe,  nous  jugeons  être  éloignés  de  l'équateur  de  H*', 
et  par  conséquent  avoir  17"  vers  le  pôle  antarctique,  comme 
cela  se  déduit  de  la  sphère.'' 

ici  nous  avons  donc,  non  seulement  une  allusion  au  Règlement 
nautique,  mais  de  plus,  l'indication  même  des  éléments,  qui  ont 
servi  au  calcul  de  la  latitude.  Enfin  les  mots  „el  espéra"  n'est 
autre  chose  qu'une  allusion  au  Traité  de  la  sphère. 

Voici  ce  que  Pedro  Nunes  écrit  sur  les  voyages  portugais: 

„11   est  évident  que   la  découverte   des  îles   et  de   la  terre 

ferme    (continents)    n'a    pas    été    faite    au    hasard;    mais    au 

contraire  nos  marins  partaient  renseignés  au  mieux  et  pourvus 

d'instruments  et  de  règles  d'astrologie  et  de  géométrie,  qui  sont 

les  choses  dont  les  cosmographes  doivent  être  munis  selon 

ce  que  dit  Ptolémée  dans  le  premier  livre  de  sa  Géographie." - 

Nunes  alors  cosmographe  du  royaume,  discute  dans  ce  livre  le 

règlement  qui  est  en   usage  dans  la  navigation    et  qui  rentre  dans 

ma  profession.^ 


(')  Ayer  segunda  feira  que  fueron  27  de  Abril  desçendimos  en  terra  yo 
el  piloto  do  capitan  moor  e  el  pyloto  de  Sancho  de  touar  e  tomamos  el 
altura  del  soi  al  medio  dia  e  fallamos  56  grados  e  la  sombra  era  septentrional 
por  lo  quai  segiind  las  reglas  del  estrolabio  jusgamos  ser  afastados 
de  la  equinoçiai  por  17  grados  e  por  consyguiente  tener  el  altura  del  polo 
antartico  en  17  grados,   segund   que   es   manifiesto   en    el   espéra. 

Nous  avons  souligné  le  mot  «septentrional"  sur  lequel  nous  aurons  à 
revenir  plus  tard.  Lettre  de  maître  Joào:  Document  N»  4. 

(-)  „Ora  manifesto  he  que  estes  descubrimentos  de  costas  :  ylhas  :  e  terras 
firmes  :  nam  se  fezeram  indo  a  acertar  :  mas  partiam  os  nossos  mare- 
an  tes  muy  ensinados  e  prouidos  de  estormentos  e  regras  de 
astrologia  e  geometria:  que  sam  as  cousas  de  que  os  cosmographos 
ham  dandar  apercebidos  :  segundo  diz  Ptolomeu  no  primeiro  liuro  da  sua 
Geografia." 

Nunes.  „Tratado  em  defensam"  etc.  Revista  de  Engenharia  Militar  1911, 
p.  241. 

(•')  Quanto  ao  regimento  que  se  tem  no  nauegar  :  que  cabe  em  minha 
profissào  :  iiào  ha  muitas  cousas  que  apontar. 

Nunes  1.  c,  Rev.  Eng.  Militar  1911,  p.  360. 


104 

Il  corrige  une  erreur  dans  le  renflement  dont  les  pilotes  se 
servent  pour  déterminer  la  hauteur  polaire  par  l'étoile  du  nord;^ 
cette. erreur  se  trouve  dans  les  Règlements  de  Munich  et  d'Evora. 
Il  modifie  la  forme  des  tables  nautiques  du  cycle  de  4  années 
adoptée  dans  le  Règlement  d'Evora. 

Il  traite  de  la  table  de  déclinaison  et  fait  subir  une  modification 
de  3  minutes  à  la  déclinaison  maxima,  adoptée  par  lui  à  23"  30' 
au  lieu  de  23 **  33',  parce  que  les  3  minutes  qu'il  y  a  en  plus 
dans  le  règlement  sont  superflues.  La  même  valeur  de  23"  33', 
figure  dans  les  documents  de  Munich  et  d'Evora. 

Enfin  il  reproduit  et  corrige  le  Règlement  pour  évaluer  le 
chemin  parcouru  par  le  navire.  Ainsi  il  est  bien  certain  que 
Nunes  discute  en  1537,  la  même  œuvre  que  nous  trouvons  dans 
les  deux  éditions  d'Evora  et  Munich.  Les  tables  de  la  dernière  sont 
élémentaires  et  correspondent  aux  tables  plus  simples  dont  il  est 
question  dans  le  passage  de  Barros.  Le  Règlement  tout  entier 
répond  au  regimento  souvent  cité  par  Correa  et  aux  règles  de 
l'astrolabe  de  la  lettre  de  maître  Joào.  L'édition  de  Munich  nous  fait 
encore  connaître  un  exposé  élémentaire  du  problème  astronomique 
soumis  à  la  Junta.  Finalement  de  la  série  de  Règlements  ressort 
le  développement  progressif  de  l'astronomie   nautique  au  Portugal. 

Il  se  peut  que  dans  les  nombreuses  études  portugaises,  on  ait  déjà  fait 
ressortir  la  grande  importance  du  Règlement  de  l'astrolabe  pour 
l'étude  de  l'astronomie  nautique  des  découvertes.  Nous  n'avons  trouvé 
d'allusion  à   cet   égard  que  dans  l'article  de  Cordeiro. 

LES  TRAVAUX  ASTRONOMIQUES  DE  LA  JUNTA. - 

Maître  Joseph  Vizinho  est,  de  tous  les  membres  de  la  Junta, 
celui  dont  le  nom  revient  le  plus  souvent  dans  les  écrits  de 
l'époque.     C'est   lui,    que    nous    allons    suivre    de    près.    Valentim 

(')  No  regimento  que  tem  os  pilotes  pera  tomar  a  aitura  do  polo  pella 
estrella  :  ha  erro  :  Nunes  1.  c,  p.  361. 

(-)  Un  livre  important  que  l'on  croit  perdu,  fournirait  probablement  bien 
des  éclaircissements  complémentaires  sur  les  études  astronomiques  de  la 
Junta,  —  c'est  la  Géographie  de  Barros.  Dans  ses  „Décades"  Barros  cite 
fréquemment  ce  livre  où  il  dit  avoir  traité  largement  ce  sujet. 

Joâo  de  Barros  est  né  vers  1496.  De  1522  à  1525,  il  a  été  gouverneur 
à  la  Mina;  de  retour  à  Lisbonne  il  fut  nommé  trésorier  de  la  „Casa  da  India 
e  da  Mina",  en  mai  1525.  (Mort  de  D.  Manuel  le  13  décembre  1521.)  Impression 


105 

Fernandes  relate  qu'on  rapporta  d'Afrique  à  D.  Affonso  V  deux 
statuettes  en  métal,  l'une  de  Tanger,  l'autre  d'Arzilla,  et  que  le  roi 
en  avait  fait  cadeau  à  un  Juif  nommé  maître  Joseph,'  chez  qui  Valentim 
Fernandes  les  avait  vues.  Le  maître  Joseph  en  question  fut  déjà 
identifié  par  Schmeiier  avec  le  futur  membre  de  la  Junta  dos  Mathe- 
maticos.    II    ressort   de    ce   passage   que   soit  en  1471,   date   de  la 


de  la  Ire  Décade  en  1552.    2e  Décade  1553.  (Mort  de  D.  Joào  111  1557).    3e  Dé- 
cade 1563.    (Mort  de  Barros  le  20  octobre  1570.) 

Dans  la  biographie  de  Joào  de  Barros  par  Manuel  Severim  de  Paria,  i' 
est  dit  que  D.  Philippe  1  de  Portugal  acheta  en  1591,  les  manuscrits  de  la 
4e  Décade  et  de  la  Géographie  de  Barros,  à  la  veuve  de  son  fils  aîné  Jeronymo 
de  Barros.  Ces  œuvres  auraient  été  remises  à  D.  Fernando  de  Castro  Pereira; 
elles  furent  recueillies  tôt  après  par  les  Jésuites  de  S.  Roque  avec  l'in- 
tention de  faire  venir  le  P.  Christovam  Clavio  de  la  Société  de  Jésus,  pour 
terminer  la  Géographie. 

Par  la  suite  on  ne  mentionne  plus  que  la  4e  Décade  qui  fut  remise^  Duarte 
Nunes  Leào,  après  à  Diogo  de  Couto  et  puis  à  J.  Baptista  Lavanha;  on 
ne  cite  plus  la  Géographie,  peut-être  disparue  chez  les  Jésuites  de  S.  Roque 
à  Lisbonne. 

Voici  le  plan  des  „Décades"  de  Barros  dont  on  ne  connaît  que  la  3me 
partie  de  la  Conquête  (Asia): 

1.  La  Conquête  (Melicia)  divisée  en  4  parties. 

Europa;  Africa;  Asia;  Sancta  Cruz  (Brésil).  „E  de  todas  estas 
4  partes  da  Melicia,  esta  Oriental  (n°  3  l'Asie)  fenece  ao  présente 
no  anno  de  1539,  onde  acabamos  de  cerrar  numéro  de  40  livros  que 
compoem  4  decadas  que  quizemos  tirar  â  luz  por  mostra  do  nosso 
trabalho,  etc."  D.  1,  L.  1,  C.  1,  p.  14. 

11.  La  Navigation  (Geografia)  divisée  en  6  parties. 

,,Quanto  ao  titulo  da  Navegaçào,  a  este  respondemos  com  huma  uni- 
versal  Geografia  de  todo  o  descuberto,  assi  em  graduaçào  de  taboas, 
como  de  commentario  sobrellas,  applicando  o  moderno  ao  antigo,  a  quai 
nào  soffre  compostura  em  linguagem  e  por  isso  ira  em  Latim. 

D.  1,  L    1,  CM,  p.  14. 
Dans   les   premiers  livres   de   la  Géographie,  Barros  traitait  longue- 
ment   du    calcul    des    latitudes    par    la    hauteur    du  soleil,    un 
chapitre  spécial  étant  dédié  à  l'astrolabe  et  aux  instruments 
nautiques. 
III.  Le  Commerce  (Mercadoria). 

(')  Hier  spricht  der  Sammler  (Val.  Fernandes)  auch  von  zwei  Figuren  aus 
Metall,  deren  eine  beim  Abbrechen  eines  Turmes  in  Tanger,  die  andere  in 
Arzilla  gefunden  und  dem  Kônig  Alfons  seyen  gebracht  worden.  Dieser 
habe  sie  einem  Juden  Mestrejosepe  gegebcn,  in  dessen  Besitz 
sie  der  Sammler  seibst  gesehen. 

Schmeiier.  Uber  Valentin  Fernandez  Aleman:  Abhandig.  d.  Akad.  d.  Wiss. 
Munchen  (Philosop.  philolog.  Classe),  Band  4,  Abteil.  3,  1847  (Article  Valentin 
Fernandez). 


106 

conquête  de  Tanger  et  d'Arzilla,  soit  quelque  temps  après,  l'astro- 
nome José  Vizinho  se  trouvait  dans  l'entourage  de  D.  Affonso  V, 
mort  en  1481. 

Deux  ans  après  la  mort  de  l'Infant  D.  Henrique  (novembre  1460), 
Diogo  Qomes  de  Cintra,  dans  un  voyage  vers  la  Guinée,  employa 
le  quadrant  pour  mesurer  l'altitude  de  l'étoile  polaire.  Il  le  dit  dans 
les  termes  suivants:  ' 

«J'avais  un  quadrant  lorsque  j'allais  dans  ces  endroits.  Je 
notais  sur  la  table  du  quadrant  l'altitude  du  pôle  arctique,  et  je 
trouvais  cet  instrument  meilleur  que  la  carte.  Il  est  certain  que 
sur  la  carte  ou  trouve  la  route  maritime,  mais,  quand  une  fois 
il  y  a  une  erreur,  on  n'arrive  jamais  au  but  proposé." 

En  1481  on  trouve  Diogo  d'Azambuja  faisant  usage  de  l'astro- 
labe- dont  la  citation  est  à  notre  connaissance,  la  plus  ancienne 
dans  la  marine  nationale.  Quels  étaient  les  instruments  nautiques 
fabriqués  par  maître  Jacomo  de  Malhorca?  Quel  rapport  y  eut-il 
entre  eux  et  ceux  en  usage  dans  la  marine  catalane  dès  le  temps 
de  Raymond  Lulle,  c'est-à-dire  environ  un  siècle  avant  maître 
Jacomo?  Ce  sont  là  des  questions  qui  sont  encore  à  élucider 
par  de  nouvelles  recherches  en  Catalogne  et  par  l'étude  des  nom- 
breux ouvrages  encore  inédits,  sur  les  instruments  de  l'astrologie 
péninsulaire. 

Pour  notre  étude  de  la  Junta,  nous  avons  trois  notes  autographes 
de  grande  valeur  historique  à  examiner  qui  se  trouvent  dans  la 
Raccolta  Colombiana.  Elles  ont  été  écrites  soit  de  la  main  de 
Colomb  lui-même  soit  par  Bartholomé,  son  frère. 

Voici  la  première  de  ces  notes  r^ 


(')  Et  ego  habebam  quadrantem,  quando  ivi  ad  partes  istas,  et  scripsi 
in  tabula  quadrantis  altitudinem  poli  arctici,  et  Ipsum  meliorem  inveni  quam 
cartarn.  Certum  est,  quod  in  carta  videtur  via  marinandi,  sed  semel  errata, 
nunquam  redeunt  ad  primum  propositum.    Schrneller  \.  c,  p.  33. 

Nous  avons  adopté  le  texte  de  Schrneller;  il  se  peut  que  le  manuscrit 
de  Fernandes  dise  costam  et  non  cartarn,  dans  ce  cas  la  traduction  faite 
par  Gabriel  Pereira  serait  plus  correcte.    B.  S.  G.  L.,  1898—99,   p.  286. 

(-)  Ravenstein  :  Behaim,  1908,  p.  16,  d'après  Telles  da  Silva.  —  De  rébus 
jestis  Johanni  11,  Lisboa,  1689,  p.  152. 

(■')  Nota  quod  sepe  nauigando  ex  Vlixbona  ad  austrum  in  guinea  notaui 
cuni  diligentia  viam  ut  soient  naucleres  &  malinerios  &  postea  accepi  altitu- 
dinem solis  cum  quadrantem  &  alijs  instrumentis  plures  vices  &  enueni  con- 
cordare  cum  Alfragano  videlicet  respondere  quolibet  gradu  miliaria  -56-  ::•  quare 
ad  hanc  mensuram  fidem  adhibendam  est  igitur  posimus  dicere  quod  circuitus 
terre  sub  arcu  equinociaii  est  •20400-  miliaria.  similiter  quod  id  inuenit  magister 


107 

„J'ai  soigneusement  enregistré  dans  mes  voyages  au  sud 
de  Lisbonne  vers  la  Guinée,  la  route  parcourue,  comme  c'est 
l'usage  parmi  les  pilotes  et  les  marins.  J'ai  également  pris 
souvent  la  hauteur  du  soleil  par  le  quadrant  et  par  d'autres 
instruments  et  j'ai  trouvé  que  les  résultats  concordaient  avec 
ceux  d'Alfragan,  c'est-à-dire  qu'à  chaque  degré  correspondent 
56^/3  milles  et  qu'on  doit  avoir  confiance  dans  cette  mesure. 
Nous  pouvons  dire  que  la  circonférence  de  la  terre  à  l'équa- 
teur  est  de  20.400  milles.  Le  même  résultat  a  été  trouvé  par 
maître  Joseph,  médecin  et  astrologue  et  d'autres,  spécialement 
chargés  de  ce  travail  par  le  sérénissime  roi  de  Portugal." 
La  note  suivante  nous  apprend  l'expédition  astronomique  de 
maître  Joseph  en  1485,  vers  l'équateur.' 

„Le  roi  de  Portugal  envoya  en  Guinée  en  l'année  du  Sei- 
gneur 1485,  maître  Joseph,  son  physicien  et  astrologue,  pour 
savoir  la  hauteur  du  soleil  dans  toute  la  Guinée,  ce  qu'il  a 
exécuté  et  communiqué  au  dit  sérénissime  roi,  moi  et  d'autres 
étant  présents,  le  11  mars:  il  a  trouvé  qu'  à  l'île  des  Idoles 
près  de  la  Sierra  Leoa  il  était  éloigné  de  l'équateur  de  5  degrés 
(o?)  minutes-,  ce  qu'il  a  vérifié  avec  le  plus  grand  soin.    Plus 


Josepius  fixicus  &  astrologus  &  alij  piures  misi  solum  ad  hoc  per  serenissimum 
regem  portugaliae  idque  potest  videri  quisquam  mentientem  per  cartas  nauiga- 
tionem,  men-surando  de  septentrione  in  austro  per  occeanum  extra  omnem 
terram  per  lineam  rectam  quod  bene  potest  incipiendo  in  anglia  vel  hibernia 
per  lineam  rectam  ad  austrum  usque  in  guinea. 

Raccolta  di  documenti  e  5/;uû(/ (Colombiana),  Parte  I,  Vol.  111,  Autographe 
de  Colomb,  Série  C,  No  490. 

Cette  note  est  citée  par  F.  A.  Varnhagen.  Historia  Gérai  do  Brazil 
(1854),  p.  420—421  et  par  Ravenstein  ;  Behaim  1908,  p.  13. 

(')  Quod  ....  rex  portugalie  misit  in  guinea  anno  domini.  1485.  magister 
Jhosepius  fixicus  eius  &  astrologus  fad  comj  piendum  (comperiendum?)  aiti- 
tudinem  solis  in  totta  guinea  qui  omnia  adinpievit  &  renunciavit  dito  serenis- 
simo  régi  me  présente  quod  ....  allijs  die  XI  marcij  inuenit  se  distare  ab 
equinoxiaii  gradus  V  minute  in  insula  vocata  de  los  ydolos  que  est  prope 
[sierr]  a  lioa  &  hoc  cum  maxima  diligencia  procurauit  postea  vero  sepe  ditus 
serenissimus  rex  misit  in  guinea  in  allijs  locis  postea  ....  &  semper  inuenit 
concordari  cum  ipso  Magistro  Josepio  quare  sertum  habeo  esse  castrum  mine 
sub  iinea  equinoxiaii. 

Raccolta  di  documenti  I.  c.  Série  B,  N"  860. 

Cette  note  est  citée  par  Kaiserling:  Christoph  Columbus,  1894,  p.  16  et 
Ravenstein:  Behaim,  1908,  p.  13. 

(^)  M.  Ravenstein  fait  remarquer  l'erreur  de  cette  latitude.  Les  3  îles  de 
los  Idolos  (îles  de  Loosi  sont  aux  environs  du  cap   de   Sagres   dont   la  lati- 


108 

tard  le  dit  sérénissimc  roi  envoya  encore  souvent  des  obser- 
vateurs à  d'autres  endroits  de  la  Guinée  ....  et  trouva  tou- 
jours les  résultats  d'accord  avec  ceux  de  maître  Joseph,  parce 
qu'il  considérait  comme  une  certitude  que  le  „Castello  da  Mina" 
était  sous  l'équateur." 
Voici   enfin   la  3"^*^  note   traitant  de   l'usage   de   l'astrolabe  par 

Bartholomeu  Dias.' 

„Au  mois  de  décembre  de  l'année  1488,  débarqua  à  Lis- 
bonne Bartholomeu  Dias,  capitaine  de  3  caravelles,  que  le 
sérénissime  roi  de  Portugal  avait  envoyé  à  la  découverte  vers 
la  Guinée,  il  annonça  au  sérénissime  roi  qu'il  avait  dépassé 
Yan(?)  de  600  lieues,  à  savoir  450  vers  le  sud  et  250  vers 
le  nord-,  jusqu'à  un  cap  qu'il  nomma  cap  de  Bonne  Espé- 
rance, lequel  à  notre  avis  (estimamus)  est  en  Agesinba-' 
et  que  cet  endroit  se  trouve  à  45*^  au  sud  de  l'équateur  comme 
on  le  déduit  au  moyen  de  l'astrolabe,  le  point  extrême 
de  la  côte  se  trouvant  à  3100  lieues  de  Lisbonne.  Ce  voyage 
a  été  noté  par  lui,  lieue  par  lieue,  sur  une  carte  nautique  qu'il 
a  mise  sous  les  yeux  du  sérénissime  roi  pour  lui  montrer  tous 
les  endroits  qu'il  avait  visités." 
La   première   note    nous   apprend   que   Colomb   est    arrivé   au 

même  résultat  qu'  Alfragan  et  que  maître  Joseph,  quant  à  la  circon- 

tude  nord  est  indiquée'par  9"  dans  le  Règlement  de  Munich.  Duarte  Pacheco 
dans  i'Esmeraldo  les  place  également  à  9";  ceci  confirme  l'erreur  de  Colomb. 
Voir  sur  les  îles  de  Loos:  B.  S.  G.  L.  1904,  p.  153-159. 

(')  Nota  quod  hoc  anno  de  -SS-  in  mense  decembri  apulit  in  vlixiponam 
bartholomeus  didacus  capitaneus  trium  carauelarum  quem  misserat  Serenissimus 
rex  portugallie  in  guinea  ad  tentandum  terram  &  renunciauit  ipso  serenissimo 
régi  prout  nauigauerit  vitra  yan  nauigatum  leuche  •  600' (a)  videlicet  •450-  ad 
austrum  et  •250-  ad  aquilonem  vsque  vno  promontorivm  per  ipsum  nominatum 
cabo  de  boa  esperança  quem  in  agesinba  estimamus  quique  in  eo  loco  inuenit 
se  distare  per  astrolabium  vitra  linea  equinociali  gradus  •45-  quem  vltimum 
locum  distat  ab  vlixbona  leuche  -SlOO-  quem  viagium  pictauit  &  scripsit  de 
leucha  in  leucha  in  vna  carta  nauigacionis  vt  occuli  visui  ostenderet  ipso  sere- 
nissimo régi  in  quibus  omnibus  interfui. 

(a)  Il  devrait  s'agir  de  700  si  la  somme  était  juste. 

Raccolta  di  documenti  1.  c.  Série  C,  W'  23. 

(-)  Barros  écrit  à  cet  égard  : 

„Leixando  Bartholomeu  Dias  descuberto  n'esta  viagem  350  léguas  per 
Costa,  que  he  outro  tanto  como  Diogo  Cam  descubrio  per  duas  vezes." 

Barros.    D.  1,  L.  3,  C.  4,  p.  192. 

(•')  „A  regiao  Agisymba  he  a  mais  austral  terra  de  que  Ptholomeu  teve 
noticia."     Barros,  D.  1,  L.  8,  C.  4,  p.  204. 


109 

férence  de  la  terre  et  qu'il  a  pris  lui-même  la  hauteur  du  soleil  par 
le  quadrant  et  par  d'autres  instruments  au  cours  de  ses  voyages  vers 
la  Guinée,  qui  ont  sijrement  été  antérieurs  à  1484,  année  de 
son  départ  du  Portugal.^  Les  observations  faites  par  Colomb  pour  la 
détermination  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil  ne  peuvent  inspirer 
aucune  confiance,  puisque  même  dans  le  calcul  plus  simple,  basé  sur 
l'étoile  polaire,  il  faisait  de  graves  erreurs-;  mais  en  tout  cas  on 
peut  en  conclure  que  la  nouvelle  méthode  de  calcul  était  déjà  connue 
avant  1484.  La  deuxième  note  s'occupe  de  l'expédition  de  maître 
Joseph  au  commencement  de  1485,  pour  déterminer  les  latitudes  de 
toute  la  Guinée  par  la  hauteur  du  soleil. 

La  dernière  note  de  Colomb  nous  indique  que  Bartholomeu 
Dias  a  fait  usage  de  l'astrolabe.  La  latitude  de  45'^'  est  également 
erronée  (Duarte  Pacheco  la  fixe  à  34'^  30',  le  Règlement  d'Evora  à 
34"  \r,),  mais  les  latitudes  de  Colomb  sont  dénuées  de  toute  exactitude 
puisqu'il  place  Cuba  à  42"  nord,  d'après  sa  propre  observation,  au 
lieu  de  Zl''.     En  résumé: 

1462.     Emploi  du  quadrant  par  Diogo  Gomes  de  Cintra. 
1481.     Emploi  de  l'astrolabe  par  Diogo  d'Azambuja. 
Avant  1484.     Colomb  prend  la  hauteur  du  soleil  par  le  quadrant  et 
d'autres  instruments. 


(')  Humboldt  écrit  à  cet  égard: 

„II  ne  reste  pas  douteux  que  Colomb,  avant  1484,  n'ait  pris  part  à  quatre 
expéditions,  savoir:  à  Tunis,  dans  l'Archipel,  en  Islande  et  à  la  côte  de  Guinée. 
Humboldt.  Examen  critique,  t.  2,  p.  107. 

(-)  Voici  ce  qu'écrit  Breusing  sur  les  erreurs  des  obser- 
vations astronomiques  faites  par  Colomb: 

„Im  Tagebuche  des  Columbus  findet  sich  vvahrend  der  ganzen  Fahrt 
iiber  den  Océan  auch  nicht  eine  einzige  Breitenbestimmung,  und  die, 
vvelche  er  in  Westindien  angestellt  haben  vvill,  sind  so  ungeheuerlich, 
dass  sie  schon  seinerzeit  Verdacht  erregten:  er  gibt  zum  Bei- 
spiel  an  der  Kiiste  von  Cuba  eine  Breite  von  42"  statt  21".  Es  lasst 
sich  nun  einmal  nicht  abstreiten,  dass  Columbus  einen  sehr  geringen 
Grad  wissenschaftlich-nautischer  Kenntnisse  besass." 

Breusing.  Zur  Geschichte  der  Kartographie  in  Kettlers  Zeitschrift 
f.  wiss.  Géographie  11,  193. 
Les  autographes  de  Colomb  contiennent  environ  250  notes  sur  des  sujets 
astronomiques.  On  n'y  trouve  rien  démontrant  sa  cofi  naissance  du 
calcul  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil.  La  tabula  decli- 
nationis  de  Zacuto  y  est  copiée  de  sa  main  quoique  bien  mutilée,  ainsi  on  y 
trouve  par  exemple  14"  93'.  Selon  Ruge  d.  c,  p.  250)  il  y  a  dans  son  journal 
un  passage  (13  décembre  1492),  où  il  est  dit  que  la  latitude  se  déduit  de 
la   durée   de    la   journée. 


110 

1485.    Joseph  Vizinho  détermine   les   latitudes  de  la  Guinée  par  la 

hauteur  du  soleil. 
1487—88.    Emploi    de  l'astrolabe  par  Bartholomeu  Dias  au  cap  de 

Bonne  Espérance. 
1497 — 99.     Emploi  de  l'astrolabe  par  Vasco  da  Gama.    (  K""  voyage 

aux  Indes.) 
1500—01.  Emploi  de  l'astrolabe  par  Alvarez  Cabrai.^  {2^  voyage 
aux  Indes  et  découverte  du  Brésil.) 
Joào  de  Santarem  et  Pedro  d'Escobar  avaient  atteint  la  Mina 
en  1471;  ensuite  Sequeira  arriva  jusqu'au  cap  de  S'^  Catharina-, 
1"  51'  lat.  sud.  Dès  cette  époque  il  était  nécessaire  de  trouver 
une  nouvelle  méthode  pour  déterminer  la  latitude,  l'étoile  polaire 
disparaissant  au-dessous  de  l'horizon. 

En  1482 — 83.     Diogo    Câo,   dans    son    premier  voyage,  arriva  jus- 
qu'au „padrào  de  S'°  Agostinho"  (13''  27'  latitude  sud). 
En  1484—86  (deuxième  voyage).    Il  arriva  au  Cabo  da  Serra  (Serra 

Parda  2V  48'  latitude  sud). 
En  1488  le  roi  eut  connaissance  de  la  découverte  de  Bartholomeu 
Dias    et   vers    la    même    époque    il    reçut  des   nouvelles  de 
Covilhà^  disant  qu'il  : 

„avait  découvert  la  canelle  et  le  poivre  dans  la  ville  de 
Calicut  ....  et  que  pour  y  arriver  il  suffisait  de  naviguer 
le  long  de  la  côte  de  la  Guinée  et  toucher  à  Sofala  où  il 
avait  été  également." 

(')  Voici  ce  qu'écrivait  D.  Manuel  au  roi  d'Espas^ne  à  l'égard  de  ce  voyage 
et  de  la  navigation  dans  l'hémisphère  sud: 

„Da  dita  armada  foi  Capitào  General  Pedro  Alvez  Cabrai.  Navegando 
elle  alem  do  Cabo  Verde  descobriram  uma  terra  que  novamente  veiu  a  noticia 

d'esta  nossa  Europa,  a  quai  terra   puz   o  nome  de  Santa  Cruz  : Esta 

terra  aonde  elles  fundearani  é  situada  alem  do  Tropico  de  Cancro  em  Xllll 
gra'os;  pois  os  marinheiros  com  seus  quadrantes  e  astrolabios  tomaram  a 
altura;  porque  senipre  navegam  para  agnelles  mares  com  instrumentos  astro- 
logicos.'' 

Prospéra  Peragallo.    Carta  de  El  Rei  D.  Manuel,  p.  9. 
Mem.  da  Academia  Vol.  50  (1892). 

(-)  Barros.  Dec.  1,    L.  2,   C.  2,   p.  143—145. 

{')  Voici  le  récit  fait  par  Covilhà  au  père  Francisco  Alvares : 

„em  como  tinha  descoberto  a  canella  e  a  pimenta  na  cidade 
de  Calecut  .  .  .  .  e  que  para  esta  se  poderia  bem  navegar  pela  sua 
Costa  e  mares  da  Guiné,  vindo  demandar  a  costa  de  Sofala  aonde 
elle  tambem  fora." 

Francisco  Alvares.  Verdadeira  Informaçâo  das  terras  do  Preste  Joào 
das    Indias    do   Padre  Francisco   Alvares  1540.     Nouvelle   édition  1899,  p.  129. 


111 

A  la  mort  de  D.  Joâo  (octobre  1495),  l'expédition  de  Vasco 
da  Qama  était  depuis  longtemps  décidée,  on  était  en  plein  dans  les 
préparatifs.  Bartholomeu  Dias,  chargé  par  D.  Joào  11  de  surveiller 
la  construction  des  bateaux  pour  le  voyage  des  Indes,  reçut  de 
D.  Manuel  l'ordre  de  presser  leur  achèvement.  ' 

Le  résumé  précédent  est  insuffisant  pour  préciser  la  date  de 
l'introduction  du  calcul  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil  dans 
la  navigation  portugaise. 

La  recherche  d'un  guide  astronomique  dans  l'hémisphère  sud 
était  devenue  pressante,  dès  qu'on  avait  atteint  l'équateur  en  1471.  Le 
prince  D.  Joào  chargé  des  affaires  de  la  Guinée  en  1474-,  a  dû  se 
rendre  compte  de  bonne  heure  de  ce  besoin.  On  pourrait  supposer 
qu'Azambuja  en  employant  l'astrolabe  en  1481,  l'a  appliqué  à  la 
nouvelle  méthode.  Si  l'on  s'en  tenait  à  la  note  de  Colomb,  il  en 
aurait  eu  connaissance  à  l'occasion  de  ses  voyages  à  la  Guinée 
antérieurs  sans  doute  à  1483,  date  à  laquelle  il  soumit  à  la  Junta 
dos  Mathematicos  son  célèbre  projet.  C'était  à  cette  commission 
que,  selon  les  mots  de  Barros,  le  roi  D.  Joào  renvoyait  les  ques- 
tions de  cosmographie.  L'étude  astronomique  étant  un  point 
important  à  résoudre,  on  doit  supposer  qu'en  1483  la  Junta  en 
avait  déjà  été  saisie. 

Enfin  si  l'on  admet  encore  que  Diogo  Cào  dans  ses  deux 
voyages  n'a  pas  déterminé  les  latitudes  en  avançant  jusqu'à  21'^  au 
sud  de  l'équateur,  on  est  cependant  forcé  de  reconnaître  que  José 
Vizinho  en  1485  et  Bartholomeu  Dias  en  1487,  ont  calculé  les 
latitudes  par  la  hauteur  du  soleil. 

Selon  Barros  il  y  avait  peu  de  temps  que  les  marins  se  gui- 
daient par  la  hauteur  du  soleil,  lors  du   voyage  de  Gama  en  1497. 

(')  D.  Manuel  declarou  a  Vasco  da  Gama  que  havia  de  maridar  a  elle  por 
capitâo  mor  assi  pola  confiança  que  tinha  da  sua  pessoa,  como  por  ter  auçào 
n'esta  ida,  ca,  segundo  se  dizia  Estevâo  da  Gama  seu  pae  jd  defunto  estava 
ordenado  pera  fazer  esta  viagem  em  vida  de!  Rei  D.  Joào.  O  quai  depois 
que  Bartholomeu  Dias  veio  do  descobrimento  do  Cabo  da  Boa 
Esperança,  tinha  mandado  cortar  a  madeira  para  os  navios  d'esta 
viagem,  por  a  quai  razâo  El  Rey  D.  Manuel  maiidou  ao  mesmo 
Bartholomeu  Dias  que  tivesse  cuidado  em  os  mandar  acabar, 
segundo  elle  sabia  que  convinham,  pera  soffrer  a  furia  dos  mares 
d'aquelle  grâo  cabo  da  Boa  Esperança. 

Barros.    Dec.  1,   L.  4,  C.  1,  p.  270. 

(-)  Voir  la  lettre  de  D.  Affonso  V  datée  du  4  mai  1481.  Annaes  Mari- 
timos  e  Coloniaes  1845.  —  5mc  série,  No  2.  p.  37  -40. 


112 

Nos  recherches  nous  forcent  à  admettre  que  cette  méthode  était 
connue  en  1484,  ou  fort  probablement  même  avant  cette  année, 
c'est-à-dire   avant  l'arrivée  de  Behaim  au  Portugal  (juin   1484). 

LE  PROGRAMME  D'UN  RÈGLEMENT  NAUTIQUE. 

La  lettre  du  pilote  maître  Joào  nous  montre,  dans  le  passage 
suivant,  qu'une  partie  de  la  flotte  de  Cabrai  se  guidait  en  mer  sans 
l'aide  des  observations  astronomiques. 

„Cependant  on  ne  peut  pas  savoir  qui  dit  la  vérité,  avant 
d'être  arrivé  au  cap  de  Bonne  Espérance.  Là  on  saura 
qui  navigue  le  mieux,  ceux  avec  la  carte  ou  moi  avec  la  carte 
et  l'astrolabe"} 

Le  pilote  avait  encore  lui-même  un  doute  sur  les  résultats 
pratiques  des  observations  astronomiques  faites  en  mer. 

„ll  me  semble  presque  impossible  de  prendre  la  hauteur  des 
étoiles  en  mer,  parce  que  pour  peu  que  le  navire  roule, 
on  fait  des  erreurs  de  4  à  5  degrés  de  façon  qu'on  ne  peut 
la  prendre  qu'à  terre. "- 

Cette  cause  d'erreur,  certainement  bien  connue  des  mathé- 
maticiens portugais,  rendait  inutile  une  très  grande  précision  dans 
la  méthode  qu'on  voulait  inaugurer;  elle  rendait  également  illusoire 
les  prétendus  avantages  de  la  balestilha  sur  l'astrolabe.  ' 

„Pour  la   mer   il   vaut   mieux  se   guider  sur  la  hauteur  du 

soleil   que  sur  la  hauteur  des  étoiles,   il  vaut  mieux  employer 

l'astrolabe  que  le  quadrant  ou  tout  autre  instrument."' 

Mais  malgré  les  tâtonnements  des  débuts,  qu'on  trouve  encore 

en  1500,   on   avait  à  formuler  des   règles   précises  sur  l'usage   des 

tables    et  sur  la   méthode   du   calcul;    il  fallait  fournir  aux   marins 

(')  Pero  quien  dise  la  verdad  non  se  puede  çertificar  fasta  que  en  boa 
ora  allegemos  al  cabo  de  boa  esperança  e  ally  sabremos  quien  va  mas  çierto, 
ellos  con  la  carta,  o  yo  con  la  carta  e  con  el  estrolabio. 

Lettre  de  maître  Joào,  Document  No.  4. 

(-)  Antes  me  paresce  ser  imposible  en  la  mar  tomarse  altura  de  ninguna 
estreila  porque  yo  trabajo  mucho  en  eso  e  por  poco  que  el  nauio  enbalança 
se  yerran  quatro  o  çinco  grades,  de  guisa  que  se  non  puede  fazer  synon 
en  terra.  Lettre  de  maître  Joào,  Document  No.  4. 

(•)  Voir  les  notes  de  Breusing  p.  10  et  de  Giinther  p.  11  et  12. 

Enfin,  voici   un  autre  passage  de  cette  précieuse  lettre: 

(■*)  Pera  la  mar  mejor  es  regyrse  por  el  altura  de!  sol  que  non  por  ninguna 
estreila  e  mejor  con  estrolabio  que  non  con  quadrante  nin  cofi  otro  ningud 
estrumento.  Lettre  de  maître  Joào,  Document  No.  4. 


113 

un  résumé  simple,  qui  put  leur  servir  de  guide  dans  toutes  les 
éventualités  au  cours  de  ces  voyages  vers  l'inconnu.  11  ne  suffisait 
pas  d'avoir  un  pilote  sachant  faire  le  calcul  des  latitudes,  il  fallait 
donner  aux  autres  marins  tous  les  moyens  de  s'orienter,  au  cas  oij 
cet  homme  viendrait  à  disparaître. 

Faute  d'un  pareil  exposé,  le  problème  de  l'orientation  en  mer 
ne  recevait  pas  la  solution  pratique  qu'on  s'était  sûrement  proposé 
de  lui  donner.  La  précision  des  instruments,  l'exactitude  rigoureuse 
des  calculs  avaient  moins  de  valeur.  Ce  qui  importait  surtout  c'était 
d'enseigner  aux  marins  à  calculer  approximativement  la  position  du 
bateau  par  rapport  à  l'équateur. 

C'est  précisément  la  simplicité  élémentaire,  l'exposition  lucide 
de  ce  procédé  de  calcul,  jointes  à  des  exemples  minutieux  répondant 
à  ce  besoin,  que  l'on  trouve  dans  le  Règlement  de  Munich.  On  y 
parle  à  peine  des  instruments,  mais  on  ne  se  lasse  pas  d'expliquer 
en  détail  la  manière  de  faire  le  calcul  dans  toutes  les  éventualités 
possibles.  Les  tables  sont  simplifiées  à  l'extrême.  Ainsi  la  lecture 
du  document  de  Munich  nous  prouve  clairement  que  le  point 
capital  en  vue  n'était  ni  les  instruments,  ni  la  précision  —  mais 
la  vulgarisation  par  un  exposé  clair,  simple  et  approximatif 
de  la  méthode  de  détermination  des  latitudes. 


LE  REGLEMENT  DE  MUNICH. 

L'ancienneté  du  document  de  Municli  ne  peut  s'établir  qu'au 
moyen  de  son  contenu,  le  frontispice  du  livre  étant  déchiré 
à  l'endroit  même  oij  la  date  d'impression  a  peut-être  figure. 
Nous  reviendrons  plus  loin  sur  cette  question  de  date.  Nous  nous 
bornons  ici  à  comparer  le  Règlement  d'Evora  à  celui  de  Munich, 
ce  qui  prouvera  l'évidence  de  l'ancienneté  plus  grande  de  ce 
dernier.  Il  en  ressort  les  divergences  suivantes:  1.  La  rédaction 
plus  rudimentaire  du  texte  de  Munich.  2.  Le  caractère  plus  élémentaire 
de  ses  tables.  3.  La  liste  moins  nombreuse  des  latitudes  de  la  côte 
découverte. 

LA  RÉDACTION  RUDIMENTAIRE  DU  TEXTE. 

Les  instructions  du  Règlement  d'Evora  s'adressent  à  des  marins 
plus  expérimentés;  celles  du  Règlement  de  Munich  à  des  débutants; 
c'est  l'impression  nette  qui  résulte  de  leur  comparaison.  On  expose 
d'abord  la  façon  de  trouver  la  date  du  mois  dans  le  calendrier, 
ensuite  la  position  du  soleil  dans  les  signes  du  zodiaque  et  fina- 
lement la  déclinaison. 

La  plus  grande  partie  du  Règlement  de  Munich  est  formée 
par  une  série  d'exemples  numériques  sur  la  façon  de  calculer 
la  latitude,  selon  que  l'observateur  se  trouve  au  nord  de  l'équateur, 
au  sud  de  cette  ligne,  ou  sur  l'équateur  même.  Pour  chaque  cas  on 
donne  plusieurs  exemples  en  utilisant  les  éléments  pris  dans  les  tables. 
On  y  trouve,  en  tout,  17  exemples,  commentés  très  minutieusement 
afin  d'éviter  des  erreurs  de  calcul  ou  d'interprétation.' 

Le  Règlement  de  Munich  ne  contient  pas  un  seul  mot  sur 
l'exactitude  plus   ou  moins  grande  de   l'astrolabe   ou   du   quadrant. 

Son  unique  objet  était  de  bien  faire  comprendre  les  différentes 
façons  de  calculer  les  latitudes,  selon  la  position  du  soleil  dans  les 


(*)  Nous  reviendrons  plus  loin  sur  une  erreur  d'interprétation  commise  par 
le  bachelier  maître  Joào,  à  Vera-Crui:. 


115 

signes  nord  ou  sud  et  de  donner  en  outre  l'exacte  interprétation 
des  résultats  obtenus.  Cet  excès  de  précaution,  ainsi  que  la  série 
d'exemples  ont  entièrement  disparu  du  texte  d'Evora. 

LES  TABLES. 

Dans  la  deuxième  partie  de  cette  étude  nous  traitons  longuement 
ce  sujet.  II  suffit  ici  de  préciser  que  les  tables  du  Règlement  de 
Munich  sont  établies  pour  une  seule  année  (bissextile)  indiquant 
la  déclinaison  journalière  en  face  de  la  date. 

Les  chiffres  de  la  colonne  de  la  déclinaison  sont  une  adap- 
tation aux  366  jours  d'une  année  bissextile  des  90  valeurs  de  la 
tabula  decli nation  i s  de  Zacuto. 

Les  tables  du  Règlement  d'Evora,  par  contre,  sont  déjà  basées 
sur  le  cycle  de  4  années. 

LA  LISTE  DES  LATITUDES. 

La  liste  des  latitudes  dans  le  Règlement  d'Evora  (Document 
No.  2)  embrasse  toute  l'étendue  des  découvertes  portugaises,  le  Bré- 
sil, le  cap  de  Bonne  Espérance,  les  Indes,  Sumatra,  Java  et  les 
Moluques.    On  peut  résumer  cette  longue  liste  de  la  façon  suivante: 


Règlement  d'Evora 
\ombre  de  latitudes 

Atlantique  au  nord  de  l'équateur,  Europe  et  Afrique   .  43 
„          „   sud  de  l'équateur,  jusqu'au  cap  de  Bonne 

Espérance 29 

Côtes  du  Brésil 35 

Afrique  Orientale,  du  Cap  à  l'équateur      ...  28 

de  l'équateur  à  la  mer  Rouge       .  1 1 
De  la  mer  Rouge  au  golfe  Persique           .         .         .15 

Du  golfe  Persique  et  l'Inde  au  cap  Comory      .         .  23 

Singapour,  Sumatra,  Java,  les  Moluques    ...  6 

Total  des  latitudes  190 
En   déduisant   les    latitudes   de   l'Atlantique   au    nord 

de  l'équateur 43 

on   obtient  le  nombre  de  points  qui  manquent  dans 

le  Règlement  de  Munich 147 

Dans  la  liste  de  Munich  on  trouve  en  tout  60  latitudes  au  nord 
de  l'équateur  qui  correspondent  aux  43  du  résumé  précédent,  tout 
le  reste  manque. 


116 

.\uiiibp'  (It;  laliuidi'^ 
Ki'jjleiiU'iit  il'Rviir.i     Ki^ïlciin-nt  de  Miiiiicli 

Atlantique  au  nord  de  l'équateur  43  60 

Manquent  dans  la  liste  de  Munich  .147  — 

Le  Brésil,  l'Afrique  Occidentale  au  sud  de  l'équateur,  toute 
l'Afrique  Orientale,  les  Indes  et  l'Orient  ne  figurent  pas  dans  le 
document  de  Munich;  on  y  trouve  seulement  l'étendue  des  découvertes 
accomplies  au  temps  de  D.  Affonso  V  et  rien  au  delà.  Cette  différence 
nous  a  surpris  et  nous  avons  examiné  la  suite  du  texte  dans  les 
pages  non  numérotées,  croyant  l'exemplaire  incomplet,  mais  il 
faut  exclure  cette  hypothèse.  La  liste  est  imprimée  sur  une 
seule  feuille  pliée  par  le  milieu  et  formant  le  centre  d'un  cahier. 
Le  commencement  et  la  fin  des  quatre  pages  de  cette  feuille  cor- 
respondent parfaitement  au  reste  du  texte,  donc  il  ne  manque  rien. 
L'édition  de  Munich  n'a  enregistré  ni  les  découvertes  de  Diogo 
Câo,  ni  celles  de  Bartholomeu  Dias.  Ces  latitudes  étaient  connues 
cependant  à  l'époque  de  l'impression.  Pourquoi  cette  omission?  Nous 
verrons  plus  loin  qu'elle  était  intentionnelle  et  en  harmonie  avec 
un  décret  de  1504,  qui  défendait  de  faire  des  cartes  nautiques 
contenant  des  indications  au  delà  de  l'équateur.  L'édition  d'Evora 
(1518?)  est   d'une   date   oli    la  loi  de   1504  n'était   plus  en  vigueur. 

Aux  divergences  entre  les  Règlements  d'Evora  et  de  Munich 
que  nous  venons  de  mentionner,  il  faut  ajouter  que  dans  ce  dernier, 
on  ne  trouve  pas  les  deux  chapitres  suivants  contenus  dans  le 
document  d'Evora: 

Règles  pour  déterminer  l'heure  de  la  nuit  par 
l'étoile  polaire. 

Règles  pour  savoir  l'heure  de  la  marée  haute. 


LE  CALCUL  DES  LATITUDES  PAR  LA  HAUTEUR 

DU  SOLEIL. 

Les  tables  du  Règlement  de  Munich,  établies  pour  les  12  mois 
d'une  année  bissextile,  indiquent  donc  d'abord  la  date,  ensuite  la 
position  du  soleil  dans  les  signes  du  zodiaque  et  enfin  la  déclinaison. 
La  position  dans  les  signes  est  ainsi  sans  importance,  puisque 
de  la  date  on  arrive  directement  à  la  déclinaison.  Ces  tables  forment 
un  contraste  frappant  avec  celles  de  Zacuto.  Leur  plus  grande 
simplicité  conduit  cependant  à  une  moindre  précision.    Nous  allons 


117 

nous    rendre  compte   de   l'importance   pratique   de  cette   différence 
d'exactitude. 

Pour  le  calcul,  selon  l'Almanach  Zacuto,  on  doit  avoir  recours 
à  trois  tables  différentes. 

1.  Tabula  solis  (l^  2^  3^  4^),  Radix  1473. 

2.  Tabula  équation  i s  solis. 

3.  Tabula  decli  nation  i  s  planetarum  et  solis  abequi- 
n  o  t  i  a  1  e. 

Les  tabulae  solis  sont  faites  pour  un  cycle  de  4  années.  Elles 
présentent  des  divergences  pour  la  même  journée  envisagée  dans 
chacune  des  quatres  années  du  cycle  solaire.  Voici  comme  exemple 
la  position  du  soleil  dans  le  signe  de  Aries  le  10  avril  de  chaque 
année: 

Tabula  prima  solis        29*^    38'    26" 

„      secunda  solis     29*^    24'      5" 

tertia  solis  29"^      9'    45" 

solis  quarta        29"    56'     13" 

Dans  le  Règlement  de  Munich  on  néglige  ces  différences.    Les 

tables  d'une  seule  année,  indiquent  pour  le  10  avril  30*^. 

Pour  trouver  la  déclinaison  par  les  tables  de  l'Almanach  Zacuto, 
le  calcul  pour  la  journée  du  15  mars  1495  serait,  par  exemple,  le 
suivant: 

1.  Trouver  la  position  du  soleil  dans  les  signes. 

11  faut  d'abord  déterminer  à  laquelle  des  tabulae  solis 
correspond  l'année  1495.  Comme  1473  est  la  première  année 
(Radix),  on  déduit  1472  de  1495   .     .     .     .     1495—1472^23 

De  cette  différence  on  déduit  un  nombre  entier  de  cycles, 
à  savoir  5  cycles  de  4  années 23 — 20  -^  3 

La  tabula  solis  à  employer  est  donc  celle  de  la  3"^'-'  année 
ou  la  tabula  tertia  solis. 

Cette    table    indique    pour    la    journée    du 
15  mars: Aries  3''  47'  35" 

En  recourant  à  la  tabula  equationis  solis  (no  2) 
on  trouve  l'excédant  correspondant  aux  5  ré- 
volutions   8'  50" 

Donc,  la  position  du  soleil  le  1 5  mars  1 495  est  :  3°  56'  25" 

2.  Trouver  la  déclinaison  correspondant  à  cette  position 
du  soleil. 

En  cherchant  dans  la  tabula  declinationis  (no  3)  sous  la 
colonne  0—6   (Aries-Libra),  en  lisant  de   haut  en   bas,  on  voit 


118 

que  la  déclinaison  correspondant  à  3"  est  1'^     12' 

„      „          „                      „  „  4"    „     r     36' 

la  différence  d'un  degré  „           24' 

Avec   cette   différence  de  24'  pour  un  degré  on  calcule  par  les 

proportions  le  montant  à  ajouter  à  la  déclinaison  de  3". 

56'   25"   ^  3385";    1    dej«ré    --   .3600":  Déclinaison    correspondant    à    1 
degré  =  24' 


X  =  22'  34' 


X      _     24' 
3385   ~   3600  ' 

15  Mars  1495 
Position  du  soleil.  Déclinaison. 

3"      0'      0"  .  1«     12'      0" 

56'     25"  22'     34" 


3"    56'    25"  Aries.  1°    34'    34" 

La  déclinaison  du  soleil  pour  la  journée  du  15  mars  dans 
le  Règlement  de  Munich  est  toujours  la  même,  à  savoir  1*^  36'. 

Ainsi  en  supprimant  tous  les  calculs  précédents,  on  trouve  dans 
ce  Règlement  le  travail  tout  fait,  mais  avec  un  écart  de 
r  36'  0"  —  r  34'  34"  --  0«  r  26". 

Cette  différence  a  été  jugée  insignifiante,  comparée  à  l'avantage 
énorme  obtenu  par  la  simplification.  Une  erreur  de  1  minute 
26  secondes  ne  joue  aucun  rôle,  comparée  à  ceux  de  4*^  à  5" 
des  lectures  faites  à  bord,  comme  nous  l'indique  maître  Joào. 
Ainsi  on  a  grandement  abrégé,  on  a  négligé  la  différence  résultant  du 
cycle  solaire  de  4  années,  on  a  ignoré  les  fractions  de  degrés  dans 
la  colonne  des  signes  et  on  arrive  ainsi  à  une  valeur  approxi- 
mative de  la  déclinaison  sans  aucun  calcul.'  On  a  com- 
pris le  besoin  de  rendre  le  problème  facile  et  abordable  aux  débu- 
tants. 

Dans  la  2^  partie  de  notre  étude  nous  traitons  en  détail  de  la 
comparaison  des  tables  de  Zacuto  avec  celles  du  Règlement,  il 
suffit  ici  de  relever  un  exemple  pour  faire  ressortir  le  degré  d'approxi- 
mation adopté  dans  les  dernières,  ainsi  que  leur  concordance  avec 
les  tables  de  l'Almanach  perpetuum. 

On  admet  dans  les  tables  du  Règlement  que  la  longitude  du 
soleil  avance  journellement  juste  d'un  degré;  on  supprime  les  fractions 
de  degrés   dans   la   colonne  de   l'emplacement   du   soleil.     De   cette 


(')  Voir  à  cet  égard  les  considérations  de  Gelcich  «Instrumente  und  wissen- 
schaftliche  Hiilfsmittel  der  Nautik  (1892),  p.  77  et  notre  note  p.  131. 


119 


façon  on  fait  correspondre  chaque  degré  des  12  signes  du  zodiaque 
à  une  journée  du  calendrier.  Grâce  à  quelques  intercalations  cette 
approximation  est  rendue  possible,  car  on  a  réparti  les  360"  du 
zodiaque  sur  les  366  jours  d'une  année  bissextile.  Or,  la  tabula 
declinationis  de  Zacuto  est,  comme  celle  de  Regiomontanus,  étab- 
lie pour  chaque  degré  de  la  longitude  du  soleil  dans  les  12  signes. 
On  arrive  ainsi  à  placer  une  date  en  face  des  déclinaisons  prises 
dans  la  table  de  Zacuto.  Les  deux  résumés  suivants  élucident 
notre  exposé;  nous  y  avons  ajouté  les  déclinaisons  correspondantes 
de  Regiomontanus  pour  en   faire   ressortir  la    complète  divergence. 


Règlement  de 

Munich 

Soleil 

^                 dans 
Dat^-      :    Gemini 

Déclinaison 

1    degrés 

deg.       m. 

.   Juin     1             19 

23          5 

2    1        20 

23        10 

3    1        21 

23        14 

4 

22 

23        18 

5 

23 

23        22 

6 

24 

23        25 

7 

25 

23        27 

8 

26 

23        29 

9 

27 

23        31 

10 

28 

23        32 

11 

29 

23        33 

12 

30 

23        33 

Tabula  declinationis 

1    Soleil 

dans 

Zacuto 

Regiomontanus    | 

Gemini 

degrés 

deg.       m. 

deg. 

m. 

19 

23         5 

23 

3 

20 

23        10 

23 

7    i 

21 

23        14 

23 

12 

22 

23        18 

23 

15 

23 

23        22 

23 

19 

24 

23        25 

23 

22 

25 

23        27 

23 

24 

26 

23        29 

23 

26 

27 

23        31 

23 

28 

28 

23        32 

23 

29 

29 

23        33 

23 

30 

30 

23        33 

23 

30 

D'après  la  table  du  Règlement  le  soleil  se  trouve  le  1^'  juin 
à  19^  Gemini  et  d'après  Zacuto  la  déclinaison  qui  correspond  à 
19"  Gemini  est  de  23"  5'.  En  comparant  les  chiffres  on  reconnaît 
les  déclinaisons  de  l'Almanach  perpetuum  intégralement  reproduites 
dans  le  Règlement. 

Dans  les  tableaux  suivants  nous  avons  fait  un  résumé  des  17 
exemples  numériques  du  Règlement  de  Munich.  Nous  allons  les 
parcourir  en  reproduisant  quelques  passages  correspondants  du  texte. 
Pour  plus  de  clarté,  nous  les  avons  réduits  à  des  formules  qu'on  ne 
trouve  pas  dans  l'exposé  de  Munich.  Six  de  ces  exemples  indiquent, 
en  degrés,  la  position  du  soleil  dans  le  signe  zodiacal  respectif. 
Dans  les  autres  exemples,  oij  ce  détail  n'est  pas  fourni,  car  il  est 
superflu,  on  peut  se  le  procurer  dans  les  tables  du  Règlement. 


120 

Nous  adopterons  les  abréviations  suivantes  pour  notre  exposé  : 
Ln  ^^  Latitude  nord  H  --^  Hauteur  du  soleil 

Ls  =  Latitude  sud  D  ^      Déclinaison. 

EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT  DE  MUNICH. 

LATITUDES  NORD  DE  L'EQUATEUR. 

Signes  nord,  ombre  nord. 

„Si  tu  veux  savoir,  par  la  hauteur  du  soleil,  à  un  endroit  quel- 
conque où  tu  te  trouves,  de  combien  tu  es  éloigné  de  l'équateur; 
si  tu  es  de  ce  côté,  au  delà  ou  sous  l'équateur,  tu  dois  d'abord 
prendre  la  hauteur  du  soleil  par  l'astrolabe,  ou  par  le  quadrant  et 
cela  à  midi,  quand  le  soleil  est  à  sa  plus  grande  hauteur.  Après 
avoir  noté  la  hauteur,  tu  chercheras  dans  les  tables  le  mois  et  le 
jour,  et  tu  trouveras  pour  cette  même  journée,  à  quel  degré  se  trouve 
le  soleil  et  quelle  est  sa  déclinaison.  Si  cela  avait  lieu  entre  le 
11  mars  et  le  14  septembre,  le  soleil  se  trouverait  alors  dans  les  6 
signes  du  côté  nord  de  l'équateur,  qui  sont  Aries,  Tauro,  Gemini, 
Cancer,  Léo,  Virgo.  Et  si  l'ombre  s'étend  vers  le  nord,  tu  retrancheras 
de  90  degrés  la  hauteur  trouvée  et  le  restant  tu  l'additionneras  à  la 
déclinaison.  Le  résultat  sera  le  nombre  de  degrés  et  de  minutes 
dont  tu  es  éloigné  de  l'équateur  vers  le  nord." 

Résumé:  Ln  --  90"— H+D. 

Les  exemples  1  à  4  sont  compris  dans  cette  formule. 

On  ajoute  encore  au  4^  l'observation  suivante: 

„Si  par  hasard  tu  trouvais  90*^  de  hauteur  du  soleil,  sache  que 
tu  serais  éloigné  de  l'équateur  d'autant  de  degrés  que  le  soleil  a  de 
déclinaison,  ni  plus  ni  moins". 

Résumé:  H  =  90";     Ln  ~  D  Exemple  N"  4. 

Signes  nord,  ombre  sud. 

«Sache  que  ce  règlement  est  vrai  si  l'ombre  est  du  côté  nord. 
Mais  si  l'ombre  est  du  côté  sud,  ce  qui  t'arrivera  si  tu  es  placé 
entre  le  tropique  du  Cancer  et  l'équateur,  et  cela  seulement  à  quelques 
époques  de  l'année,  tu  feras  ton  calcul  de  la  manière  suivante  :  Tu 
ajouteras  la  hauteur  à  la  déclinaison  et  ce  qu'il  y  aura  en  plus  de 
90"  sera  ton  éloignement  de  l'équateur." 

Résumé:  Ln  --  (H+D)— 90»  Exejriple  N"  5. 

Signes  sud. 

„  il  en  est  ainsi,  comme  je  t'ai  dit,  lorsque  le  soleil  est  dans  les  signes 
du  côté  nord:  mais  s'il  était  dans  les  signes  du  côté  sud,  qui  sont 


121 


Libra,  Scorpio,  Sagitari,  Capricorno,  Aquario  et  Pisces,  et  cela  du 
14  septembre  jusqu'au  11  mars,  tu  feras  de  cette  façon:  prends  la 
hauteur  du  soleil,  comme  j'ai  déjà  dit,  cherche  dans  la  table  la 
déclinaison  du  soleil  pour  cette  journée;  additionne  les  deux  nombres 
et  retranche  la  somme  de  90  degrés;  le  restant  sera  ton  éloignement 
de  l'équateur". 

Résumé:  Ln  —  90^'— (H+D)  Exemples,  N^^^  6,  7,  8. 

Sous  l'équateur. 

„Et  j'admets  que  tu  as  trouvé  le  même  jour,  12  décembre, 
la  hauteur  de  66  degrés  et  demi.  Additionne  23^  et  demi  de  décli- 
naison; la  somme  sera  90  degrés,  retranchée  de  90  degrés  il  ne  reste 
rien:  alors  tu  te  trouves  juste  sous  l'équateur.  Ce  règlement  est 
celui  que  tu  dois  suivre  du  nord  jusqu'à  l'équateur". 

H-fD  =  90«  ;  L  ^  90^—90''  --  0,    équateur.  Exemple  N*^  9. 

Exemples.  —  Au  nord  de  l'équateur. 


(U 

p 

Date 

Hauteur 
du  soleil 

Décli- 
naison 

Latitude 
nord 

Formule 

Direction 

de 
l'ombre 

Signes 

1 

1 

20  août 

62" 

9"  43' 

37"  43' 

90— H  (-D 

nord 

Signes  nord 

2 

5  juillet 

50" 

21"  54' 

61"  54' 

,1 

» 

U  mars  au  H  sept/' 

3 

20  août 

85" 

9"  43' 

14«43' 

" 

» 

(aries,  tauro.  gemiiii. 

4 
5 
6 

12  juin 
10  novembre 

90° 
75" 
35" 

d  = 
23"  33' 

19"  35' 

/ 

8»  33' 

35"  25' 

|[H+D]-90" 
90"— [H  1  D] 

» 
sud 

cancer,  leo,  rirgo) 
Signes  sud 

7 

12  décembre 

28" 

23"  33' 

38"  27' • 

1           " 

„ 

li  sept,  an  11  mars 

8 
9 

1) 

60" 
66"  30' 

23"  33' 
23"  33' 

6"  27' 

0 

!          " 

)) 

(libra,  scorpio,sagilari, 

capricorno,  aqnario, 

pisces) 

LATITUDES  SUD  DE  L'EQUATEUR. 

Signes  sud,  ombre  sud. 
„Mais  au  delà  de  l'équateur  vers  le  sud,   le  règlement  est  l'in- 
verse, c'est-à-dire  que  si  le  soleil  se  trouve  dans  les  signes  du  côté 
sud,  tu  feras  comme   tu   as  fait  quand  tu  étais  de  ce  côté-ci   de   la 
ligne  (équateur)  et  que  le  soleil  était  dans  les  signes  du  nord,  à  savoir: 

(')  L'addition  erronée  de  28"  et  23" 33'  conduit  dans  cet  exemple  à  un 
résultat  faux  indiqué  en  toutes  lettres  (pas  en  nombres)  dans  le  texte.  On  y  trouve 
48"  27'  au  lieu  de  38"  27'. 

(-)  Pas  d'indication  dans  le  texte. 

(•')  Les  dates  sont  antérieures  à  la  réforme  du  calendrier  qui  eut  lieu  en 
1582  sous  le  pape  Grégoire. 


122 

tu  prendras  la  hauteur  et  si  l'ombre  s'étend  vers  le  sud,  regarde  quelle 
est  la  hauteur,  déduis  la  de  90  degrés:  au  restant  tu  ajouteras  la 
déclinaison  de  cette  journée,  et  tu  seras  éloigné  d'autant  de  l'équa- 
teur  vers  le  sud." 

Résumé:  Ls       90"— H+D  Exemples  N"MO,   11,   12,  13. 

Signes  sud,  ombre  nord. 

„Et  si  l'ombre  se  fait  du  côté  nord,  ce  qui  t'arrivera  si  tu  te 
trouves  entre  le  tropique  du  Capricorne  et  la  ligne,  et  cela  à  cer- 
taines époques,  tu  additionneras  alors  la  hauteur  à  la  déclinaison, 
et  l'excédant  de  cette  somme  sur  90"  sera  ton  éloignement  de  la 
ligne." 

Résumé:  Ls  -    (H-f  D)-90«  Exemple  N^  14. 

Signes  nord. 

„Et  si  le  soleil  était  dans  les  signes  qui  sont  du  côté  nord,  tu 
prendras  la  hauteur  et  la  déclinaison  de  cette  journée,  tu  addition- 
neras le  tout,  et  le  restant  sera  ton  éloignement  de  la  ligne." 

Résumé:  Ls  ~  90"— (H-^D)  Exemples  N°M5,  16,  17. 


Exemples.  — 

Au  su 

d  de  l'équateur. 

0» 

u. 
TD 

O 

o 

z 

Date 

Hauteur 
du  soleil 

Décli- 
naison 

Latitude 
sud 

o 

Direction 

de 
l'ombre 

Signes 

10 

14  février 

62"         9"  43' 

37"  43' 

90"— H  l-D        sud 

Signes  sud 

11 

2  janvier 

50"       21  "54' 

61  "54' 

i> 

1) 

11  sept,  an  tt  marg 

12 

20  septembre 

85"     1     2"  24' 

7"  24' 

„ 

1) 

13 

— 

90"'        rf= 

/ 

1)                 1) 

14 

9  décembre 

75"        23"  33' 

8"  33' 

[H  1  D]-90"     nord 

1 

15 

8  mai 

35"        19"  35' 

35"  25' 

90"— [H  1  Dj      {') 

Signes  nord 

16 

12  juin 

18"       23"  33' 

48"  27' 

: 

11  mars  au  ii  M'pl. 

17 

i 

60"     î  23"  33' 

6"  27' 

" 

)) 

M.  le  professeur  A.  Wolfer  a  bien  voulu  vérifier  les  deux  tab- 
leaux précédents  et  nous  lui  sommes  reconnaissant  de  l'exposé 
qui  suit: 

„Si  l'on  adopte  les  désignations: 
Latitude  L 

Déclinaison  du  soleil  D 
Hauteur  du  soleil  à  midi  H, 


(')  Le  texte  dit  9  degrés.    (-)  Pas  d'indication  dans  le  texte. 


123 

on  a  les  deux  groupes  de  formules  suivantes: 

Latitudes  nord. 

Ombre  nord     D  positif.     L--90"— H-f-D. 

D  négatif.    L  =  90*'— H-D. 

sud      D  positif.     L      D-[90"^— H]. 

Pour  les  déclinaisons  négatives,  l'ombre  ne  peut  jamais  être 

dirigée  vers  le  sud  ;  cela  ne  peut  arriver  que  pour  des  déclinaisons 

positives  et   pour  des  latitudes  entre  0  et  23  "^  30'  nord.     La 

condition  est  D.  L. 

Latitudes  sud. 

Ombre  sud     D  positif.     L-  90<^— H— D. 
„       D  négatif.    L  =  90'^— H+D. 
nord  D  négatif.    L  =  D— [90^— H]. 
Pour    des   déclinaisons   positives,    l'ombre   ne    peut   jamais 
être  dirigée  vers  le  nord;  cela  n'arrive  que  pour  des  déclinai- 
sons  négatives  et   pour  des  latitudes  entre  0  et  23"  30'  sud. 
Condition  D:  L. 

LE  CALCUL  DES  LATITUDES  DANS  LE  RÈGLEMENT 

DEVORA. 
L'exposé  du  calcul  dans  le  Règlement  d'Evora  comme  nous  l'avons 
signalé,  est  bien  plus  bref  et  il  ne  donne  pas  d'exemples  numériques. 
Nous  le  résumerons  par  les  formules  suivantes: 

L  Soleil  au  nord  de  l'équateur.    (11   mars  au   14  septembre.) 
Ombre  nord:  Ln  -  90*^— H+D. 
Ombre  sud:      H+D.  90^    Ln  -=  [H+D]— 90". 
H+D    90"    Ls  =90"-[H+D]. 
H4-D=^90"   sous  l'équateur. 
il.  Soleil  au  sud  de  l'équateur.     (14  septembre  au  10  mars.) 
Ombre  sud:     Ls       90"— H+D. 
Ombre  nord:  H^-D    90"     Ls  -  [H+DJ— 90". 
„       H+D    90"    Ln  =  90"— [H-fD]. 
H4-D     90"    sous  l'équateur. 
«Toutes  les  fois  que  tu  trouveras  la  hauteur  du   soleil  égale  à 
90"  et  qu'il  n'y   aura   pas  d'ombre   dans   aucune   direction,   que  le 
soleil   soit  du   côté   nord   ou   du   côté  sud,    tu   seras  écarté   de   la 
ligne   vers   le   côté   où   se   trouve   le   soleil   d'autant   de   degrés  que 
tu  trouveras  de  déclinaison,  à  savoir:  si  le  soleil  est  du  côté  nord, 
tu  seras   d'autant   du  côté   nord;   et  si  le  soleil  est  du  côté  sud,  tu 
seras  d'autant  du  côté  sud  de  l'équateur." 


124 

LE  CALCUL  DES  LATITUDES  SELON  DUARTE  PACHECO 

PEREIRA. 

L'„Esmeraldo  de  situ  orbis"  de  Duarte  Pacheco,  écrit 
à  diverses  époques  entre  1505  et  1521,  contient  plusieurs  chapitres 
sur  l'astronomie  nautique.  Nous  aurons  à  nous  occuper_  plus  lon- 
guement de  ce  livre  dont  voici  en  résumé  le  chapitre  10,  traitant  du 
calcul  des  latitudes: 

„De  como  se  ham  d'ajuntar  os  graaos  que  osol  sobir, 

aos  graaos  de  sua  decrinaçam  ou  se  ham  de  tirar  ha 

decrinaçam  d'altura  que  asy  sobir. 

„La  hauteur  du  soleil  doit  être  prise  juste  à  midi  par  l'astro- 
labe ou  le  quadran  t." 

„Si  l'on  prend  la  hauteur  du  soleil  le  11  mars  ou  le  14  sep- 
tembre et  si  l'on  trouve  90",  ce  qui  est  la  plus  grande  hauteur  à 
laquelle  le  soleil  puisse  monter,  on  est  sous  l'équateur.  Si 
dans  les  mêmes  journées  on  note  la  hauteur  du  soleil  de  50, 
60,  80  ou  moins  de  90",  alors  on  ne  se  trouve  pas  sous  l'équateur 
et  pour  déterminer  la  latitude,  il  faut  déduire  de  90"  les  degrés  de 
la  hauteur  du  soleil;  le  restant  sera  la  latitude  en  degrés  vers  l'un 
ou  l'autre  des  tropiques. 

Si  l'on  trouve,  le  12  juin,  la  hauteur  du  soleil  de  90",  on  est 
sous  le  tropique  du  Cancer  et  la  latitude  est  de  23"  33';  et  si  l'on 
note,  le  12  décembre,  la  hauteur  du  soleil  de  90",  alors  on  est 
sous  le  tropique  du  Capricorne  et  la  latitude  est  de  23"  33'.'' 

On  peut  résumer  le   restant  de  l'exposé  de  la  façon  suivante: 

I.  Position  du  soleil  entre  l'observateur  et  l'équateur.  Que  le 
soleil  soit  au  nord  ou  au  sud  de  l'équateur,  on  aura: 

L  nord  ou  sud  -    90"— [H— D]. 

II.  Position  de  l'observateur  entre  le  soleil  et  l'équateur:' 

H-fD    90«;     L  nord  ou  sud  -   [H+D]— 90**. 

III.  Position  de  l'équateur  entre  le  soleil  et  l'observateur: 

L  nord  ou  sud  :  -  90"— [H+D]. 
Des  trois  exposés  du  calcul  des  latitudes   que  nous  venons  de 
faire,    celui    du    Règlement    de    Munich    est    certainement    le    plus 
ancien,    la   question    était  encore   à  ses  débuts.    Le  dernier,   celui 

(•)  Duarte  Pacheco  prévoit  ici  deux  cas.  L'un  H  |  D  '90";  l'autre  H  fD.  90". 
M.  le  professeur  Wolfer,  en  examinant  ces  éventualités,  nous  écrit  que  le  premier 
des  deux,  H  |-D  ;90",  correspond  en  réalité  à  la  position  III,  c'est-à-dire 
L  serait  négatif  et  l'observateur  se  trouverait  au  sud  de  l'équateur.  Pour  la 
position  de  l'observateur  entre  le  soleil  et  l'équateur  il  y  a  toujours  H  |  D    90. 


125 

de  Duarte  Pacheco,  est  précieux  à  plusieurs  points  de  vue.  Il  dénote, 
par  sa  forme  résumée  et  concise,  une  plus  grande  familiarité  avec 
la  nouvelle  méthode.  Duarte  Pacheco  était  un  contemporain  de 
Bartholomeu  Dias,  il  commandait  une  expédition  en  1488,  quand 
Dias  revenait  du  cap  de  Bonne  Espérance.  Ils  se  rencontrèrent  à 
l'île   du   Principe  et  rentrèrent  ensemble  à  Lisbonne.^ 

En  1498,  Vasco  da  Gama  étant  en  route  pour  les  Indes, 
Pacheco  dirigeait  une  expédition  de  reconnaissance  dans  l'Amérique 
du  Sud.  Son  activité  comme  navigateur  touchait  à  son  terme  vers 
1503,  date  de  son  départ  pour  les  Indes. 

Duarte  Pacheco  était  un  contemporain  de  la  Junta,  un  collègue 
de  Dias,  de  Gama  et  de  Cabrai;  son  exposé  nous  montre  combien 
les  nouveaux  procédés  de  l'astronomie  nautique  lui  étaient  familiers. 

LE  CALCUL  DES  LATITUDES  SELON  JOÀO   DE  LISBOA. 

Joào  de  Lisboa  est  mort  vers  1527,  il  fit  partie  et  fut  peut-être 

même    un    des    pilotes,    de   la    première    expédition    de   Vasco    da 

Gama   aux   Indes.     Il   était   donc   le   contemporain  de  Bartholomeu 

Dias,  de  Duarte  Pacheco  et  d'Alvares  Cabrai.  Son  Livro  de  Marinharia, 

écrit  à  des  époques  différentes,   contient   une  partie  datée  de  1514: 

„Tratado  da  agulha  de  marear  achado  por  Joào  de 

llixboa,  ho  ano  de  1514." 

L'exposé  de  Joào  de  Lisboa  occupe  4  pages.  Il  est  moins 
concis  que  celui  de  Duarte  Pacheco;  mais  la  question  y  est  traitée 
sur  les  mêmes  bases  —  position  réciproque  du  soleil,  de  l'observateur 
et  de  l'équateur.  Nous  nous  abstenons  d'en  faire  le  résumé  pour 
ne  pas  trop  allonger  cette  étude  et  renvoyons  le  lecteur  au  Livro  de 
Marinharia,  œuvre  très  importante  qui,  à  elle  seule  contient  une 
abondance  remarquable  d'études  sur  l'astronomie  nautique.  On  y 
trouve  (p.  31—34)  les  3  chapitres  suivants: 

Regimento  pera  saberes  quoâtos  graaos  tomas  no 
estrellabio  em  quallquer  diado  an  no:  ouem  quallquer 
terra  que  esteuer. 

Regimeto  daltura  do  Soll  quamdo  amda  da  bamda 
do  norte. 

Regimeto  do  sol  da  parte  do  sul. 
Le  calcul  se  base  sur  des  tables  du  cycle  de  4  années  jointes 
au  livre.    La  déclinaison  maxima  de  ces  tables  est  de  23"  33'.    Nous 
avons  trouvé   ce  même  chiffre  dans  les  deux  Règlements  de  Munich 

(')  Barras.  Dec.  1.  L.  3.  C.  4,  p.  191. 


126 

et  d'Evora,  dans  le  livre  de  Duarte  Pacheco,  dans  le  Traité  de  la 
sphère  de  Faleiro,  ainsi  que  dans  les  œuvres  espagnoles  de  Enciso 
éd.  1519  et  1530,  et  Médina  éd.  1545.  Cette  déclinaison  maxima 
de  23"  33'  est  prise  dans  la  tabula  declinationis  de  Zacuto,  comme 
nous  l'avons  fait  remarquer  dans  notre   introduction. 

Ce  n'est  que  dans  les  tables  de  Pedro  Nunes,  datées  de  1537, 
que  l'on  rencontre  pour  la  première  fois  dans  les  tables  portugaises 
la  valeur  de  23*'  30',  adoptée  par  Regiomentanus. 

Ce  serait  donc  seulement  à  partir  de  cette  date  de  1537,  qu'il 
pourrait  être  question  de  l'influence  des  œuvres  allemandes. 

Dans  la  tabula  solis  établie  par  Zacuto,  on  remarque  que 
l'année  bissextile  est  la  3'"^ année  du  cycle;  dans  le  Règlement  d'Evora 
c'est  la  première  qui  est  bissextile;  dans  les  tables  de  Joào  de  Lisboa, 
de  Francisco  Faleiro  et  de  Pedro  Nunes  c'est  la  4"^^  année. 

Les  tables  nautiques  des  œuvres  espagnoles  de  Enciso  et  Mé- 
dina obéissent  également  au  cycle  de  4  années,  que  l'on  retrouve 
dans  l'Almanach  perpetuum  et  pas  dans  les  Ephémérides. 

LE  CALCUL  DE  MAITRE  JOÀO  DU  27  AVRIL  1500. 

Nous  reproduisons  plus  loin  le  texte  intégral  '  de  la  lettre 
du  pilote  maître  Joào,  bachelier-ès-arts  et  médecine  et  chirurgien  de 
D.  Manuel,  écrite  à  Porto  Seguro,  point  oii  est  arrivée  l'expédition 
d'Alvares  Cabrai  au  Brésil. 

Sousa  Viterbo  cite  une  traduction  espagnole  de  la  Cosmo- 
graphie de  Pomponius  Mêla  existant  en  manuscrit  à  la  Bibliothèque 
d'Ajuda  à  Lisbonne.  Elle  est  l'œuvre  de  maître  Joào  Paras,  bachelier- 
ès-arts  et  médecine  et  chirurgien  du  roi,  que  Viterbo-  croit 
pouvoir  identifier  avec  maître  Joào,  pilote,  auteur  de  la  lettre  en 
question.  La  lettre  de  maître  Joào,  document  d'une  haute  valeur 
historique,  indique  que  ce  pilote  était  spécialement  chargé  des  ob- 
servations astronomiques,  il  semble  traiter  des  questions  bien  précises 
sur  lesquelles  il  avait  à  faire  un  rapport.  Nous  examinons,  dans  un 
autre  endroit,  l'allusion  que  fait  l'auteur  à  une  ancienne  map- 
pemonde de  Pero  Vaaz  Bisagudo  où  le  Brésil  qu'on  venait  d'at- 
teindre, se  trouvait  indiqué.  Quant  aux  questions  astronomiques,  la 
lettre  fournit  des  informations  sur  les  étoiles  du  pôle  antarctique  et 
contient  aussi  un  exposé  sur  les  expériences  peu  satisfaisantes  faites 

(')  Document  N»  4. 

(-)  Souza  Viterbo.    Trabalhos  nauticos.  Vol.  il,  p.  285. 


127 

avec  les  „tablas  de  las  Indias",  qui  serait  un  instrument  astronomique 
montré  à  Vasco  da  Gama  par  le  pilote  maure  de  Mélinde.'  Enfin 
maître  Joào  y  expose  encore  les  éléments  du  calcul  de  la  latitude 
de  Porto  Seguro.  Ce  calcul  a  une  assez  grande  importance  pour 
notre  étude.  Le  pilote  indique  que  la  hauteur  du  soleil  à  midi,  le 
27  avril,  était  de  56"  et  l'ombre  septentrionale. 

„ D'après  les  règles  de  l'astrolabe  nous  jugeons  être  éloignés 
de  l'équateur  de  17"  et  par  conséquent  avoir  17"  vers  le  pôle 
antarctique,  selon  que  cela  se  déduit  de  la  sphère." - 
En  vérifiant  ce  calcul  par  les  tables  du  Règlement,   on   n'arrive 
pas  au  résultat  de  maître  Joào.    On  trouve,  ce  qui  n'est  pas  admis- 
sible, 51"  de  latitude  nord.    Mais  en  admettant  que  le  calcul  est  juste 
et  si  l'on  remplace  le  mot  septentrionale  par  méridionale,'^  on  trouve 
en  consultant  le  Règlement  de  Munich: 

(')  A  son  retour  des  Indes,  en  1499,  Vasco  da  Gama  emmène  à  Lisbonne 

des  pilotes  maures.   Ce  furent  eux  qui  probablement  donnèrent  les  indications 

sur  l'emploi   des  „tablas  de  las  Indias"  aux   pilotes   d'Alvares  Cabrai.    Gaspar 

Correa  écrit   sur  l'arrivée  des  pilotes  maures  à  Lisbonne  les  lignes  suivantes: 

„Entào   (Vasco   da  Gama)  mandou   desembarcar    e   trazer  para  sua 

casa  os  pilotos  mouros  e  os   cativos  e  o  judeu  (Gaspar  das  Indias) 

que  jâ  todos  traziào  seus  vestidos  que  Vasco   da   Gama   Ihes   mandara 

fazer  partindo  da  Terceira." 

Gaspar  Correa.  Lendas  da  India  t.  1.,  p.  141.  Voir  le  passage  de  Bar- 
ros  sur  le  pilote  de  Mélinde,  Doc.  N"  9. 

(-)  Tomamos  el  altura  del  sol  al  medio  dia  e  failamos  56  grados  e  la 
sombra  era  septen  tr  i  onal  por  lo  quai  segund  las  reglas  del  estrolabio 
jusgamos  ser  afastados  de  la  equinoçial  por  17  grados,  e  por  consyguiente 
tener  el  altura  del  polo  antartico  en  17  grados,  segund  que  es  manifiesto  en 
el  espéra.  Lettre  de  maître  Joào,  Document  N"  4. 

(^)  Nous  avons  eu  recours  à  l'amabilité  de  M.  le  professeur  Wolfer  qui 
écrit  à  cet  égard  ce  qui  suit: 

«L'expression  ombre  nord  do\t  être  erronée,  il  ne  peut  être  question 
que  de  l'ombre  sud.  Pour  les  endroits  de  l'hémisphère  sud,  entre 
les  tropiques  (lat.  sud  17")  l'ombre  n'est  dirigée  vers  le  nord  que  pour 
des  déclinaisons  sud. 

La  déclinaison  du  28  avril  est  positive  (  |  17")  et  si  la  hauteur  du  soleil 
à  midi  a  été  trouvée  de  56",  la  latitude  correspondante  avec  l'ombre 
nord  serait  de  51"  nord.  Ceci  serait  en  contradiction  avec  la  latitude 
indiquée  de  17"  sud.  Ainsi  la  direction  de  l'ombre  n'a  pu  être  que 
„méridionale". 
Si  le  manuscrit  a  été  fidèlement  reproduit,  maître  Joào  a  fait  erreur  en 
écrivant  „sombra  septentrionale". 


128 

27  avril     Déclinaison  16M2'  )     ^.,,  ^.  .... 

,^„p.,     I  chiffres  arrondis  par  maître  Joao 

29     „  „  17"  17'  ) 

Latitude  sud      90"     (56+17)      93''~73«      17^ 

C'est-à-dire  la  latitude  de  17",  vers  le  pôle  antarctique,  indi- 
quée par  le  pilote  maître  Joào  à  D.  Manuel.  Dans  la  liste  des 
latitudes  du  Règlement  d'Evora,  Porto  Seguro  est  placé  à  17"  et 
dans  celle  de  Duarte  Pacheco  (Esmeraido)  à  18". 

Ce  calcul  en  lui-même  ne  suffit  pas  à  prouver  que  maître  Joào  se 
servit  des  tables  du  Règlement,  mais  si  l'on  considère  encore  ses  réfé- 
rences aux  règles  de  l'astrolabe  et  à  lexposé  de  la  sphère, 
on  est  forcé  de  reconnaître  qu'il  s'agit  bien  de  l'œuvre  en  deux  éditions 
que  nous  connaissons  et  qui  servit  soit  en  imprimé  soit  en  manuscrit, 
dans  l'expédition  d'Alvares  Cabrai. 


LE  CALCUL  DES  LATITUDES  SELON  PEDRO  NUNES. 

Comme  complément  à  la  série  des  calculs  des  latitudes  établis 
par  des  auteurs  portugais,  contemporains  des  grandes  découvertes, 
nous  reproduisons  à  la  fin  de  cette  étude  le  chapitre  consacré  par 
Pedro  Nunes  à  ce  sujet  dans  le  Tratado  em  defensam  da  carta 
de  niarear.    (Document  n"  3.) 

«Regimento  da  altura  do  polo  ao  meo  dia" 

Au  lieu  de  la  hauteur  du  soleil,  Nunes  introduit  dans  le  calcul  la  dis- 
tance zénithale  Z,  soit  l'angle  complémentaire  de  la  hauteur,  puisque 
H+Z=90.*' 

Il  examine  les  éventualités  suivantes: 
I  Déclinaison  nord,  ombre  nord:  —  Ln=Z-|-D 

„  „  „        sud:  Z=D  L  =0 

„  „  „  „  D>Z  Ln=D— Z 

w  »  »  )j  Zj^  iJ  LS  — Z<      \J 

il  Déclinaison  sud,  ombre  sud:  —  Ls=Z-|-D 

„  „     nord:  Z=D  L  =o 

D>Z  Ls=D— Z 

Z>D  Ln=Z — D 

11!  Déclinaison=zero,        ombre  nord:  —  Ln=Z 

„  „        sud:  —  Ls=Z 

IV  Z=-zéro,       (H=90"),       Déclinaison  nord:  Ln=D 

„  ,,  sud:  Ls=D 


129 

Ensuite  Nunes  aborde  le  problème  de  la  détermination  des 
latitudes,  quelle  que  soit  l'heure  où  le  soleil  se  montre: 

„Como  se  tomara  a  altura  do  polo  em  todo  tempo 
que  ouuer  sol." 

Comme  ce  chapitre  traite  d'un  perfectionnement  du  procédé  en 
usage,  nous  reproduisons  seulement  les  considérations  préliminaires 
faites  par  Nunes  en  abordant  le  problème  qu'il  résolut  vers  1533. 
Cette  matière  est  étudiée  longuement  dans  le  Roteiro  de  D.  Joào  de 
Castro  (1538),  livre  qui  s'occupe  en  détail  des  essais  et  applications 
des  nouvelles  méthodes  publiées  par  Nunes  l'année  précédente. 


Les  cinq  exposés  du  calcul  des  latitudes  que  nous 
venons  de  parcourir,  permettent  d'apprécier  exactement  les  ressources 
scientifiques  des  marins  portugais  à  l'époque  des  grandes  découvertes; 
trois  émanent  de  contemporains  et  de  compagnons  de 
Bartholomeu  Dias  et  de  Vasco  da  Gama,  ce  sont  les  calculs 
de  Duarte  Pacheco,  de  Joào  de  Lisboa  et  du  pilote  maître  Joào; 
les  deux  autres  sont  tirés  des  deux  éditions  du  Règlement  de 
l'astrolabe,  œuvre  dont  l'importance  comme  guide  nautique  of- 
ficiel, devient  de  plus  en  plus  évidente.  Le  plus  ancien  des 
deux  derniers  est  celui  du  Règlement  de  Munich;  son  texte,  des  plus 
élémentaires  et  très  explicite  à  la  fois,  pourrait  bien  être  l'original 
même  de  l'étude  astronomique  de  la  Junta. 

L'ensemble  de  ces  cinq  exposés  nous  montre  le  degré  d'avance- 
ment auquel  le  Portugal  était  arrivé  pour  orienter  la  navigation  dans 
l'hémisphère  sud.     L'urgence  en   avait  du  reste  été  reconnue.     Les 
marins  que  nous  venons  de  citer,  étaient  tous  des  contemporains 
de  Colomb.  Beaucoup  d'auteurs,  même  modernes,  mettent  les  décou- 
vertes portugaises  au  deuxième  plan   par   rapport   à   celles  de  Co- 
lomb.   On    peut    leur    répondre    avec    les   propres   mots   de  Pedro 
Nunes:    c'est    grâce    à    la    science    portugaise  qu'on    a   trouvé    le 
moyen  d'orienter  la  navigation  sous  de  nouveaux  cieux  et  de  nou- 
velles étoiles.    Voici  ce  qu'en  dit  ce  grand  mathématicien    en   1537: 
„ll  n'est  point  douteux  que  depuis  une  centaine  d'années 
les  navigations  de  ce  royaume  soient  les  plus  grandes,  les  plus 
merveilleuses  et  d'une  portée  bien  supérieure  à  celles  de  tout 
autre  peuple  du  monde.     Les   Portugais   ont   osé   affronter  le 
grand  Océan,    ils  l'ont  traversé  sans  peur,    ils  découvrirent  de 
nouvelles    îles,    de    nouvelles    terres,    de    nouvelles    mers,    de 


1 30 

nouveaux   peuples,   bien  plus,   ils  découvrirent   un   nouveau  ciel 
et  de  nouvelles  étoiles.'" 

Les  œuvres  espaj^noles  sur  l'astronomie  nautique,  telles  que 
Enciso,  Médina  et  Martin  Cortez  démontrent  combien  la  science 
maritime  des  Portugais  leur  a  servi  de  modèle. 

Ainsi    le    livre    d'Enciso    „Suma    de    geographia"    édition   1519, 
reproduit  à  maintes  reprises  la  traduction    littérale  de  passages  pris 
dans  le  Règlement  de  Munich,  parfois  même  erronés. 
Voici  deux  exemples: 

Rè;4lement  de  Munich.  Enciso  éd.  1519. 

Regimento  do  estrolabio  e  do  qua-  Regimiento    del    astrolabio   y    qua- 

drante  pera  saber  ha  declinaçam  c  ho  drante  para  saber  la  declinacion  del  sol 
logar  do  soll  em  cada  hiium  dia.  y  el  lugar  y  casa  en  que  esta  en  cada 

un  dia. 

Primeiramente   saberas  que  aos  XI  Primeramiente   sabras   que   a    onze 

dias  de  março  esta  ho  sol  no  equi-  dias  de  março  y  a  catorze  de  setiem- 
noçiall  que  no  te  declinaçam:  e  asy  bro  el  sol  esta  en  la  equinocial  que 
mesmo  aos  .xiiij  de  setembro  e  no  no  tiene  declinacion  ninguna.  y  enel 
ano  de  bise.xto  cresçe  mays  hum  dia.       ano  de   bisiesto   cresce   en   setiembro 

un  dia  mas. 

Le  Traité  de  la  sphère  de  Faleiro  écrit  en  espagnol  (1535),  était 
l'œuvre  d'un  Portugais  au  service  de  l'Espagne.  La  valeur  historique 
de  ce  livre  remarquable  et  rarissime  est  évidente  si  l'on  considère 
que  son  auteur,  frère  de  l'astronome  Ruy  Faleiro,  était  lui  aussi 
désigné  à  prendre  part  dans  le  premier  voyage  autour  du  monde 
avec  Fernào  de  Magalhaès. 

Il  suffit  de  lire  ce  que  disent  Breusing  et  Ruge  des  calculs 
des  latitudes  effectués  par  Colomb,  pour  se  rendre  compte  de 
la  pauvreté  de  ses  connaissances  scientifiques.  Ses  calculs  fondés 
sur  le  procédé  plus  simple  de  l'étoile  polaire,  renferment  des  erreurs 
si  grandes  (so  ungeheuerlich)  que  déjà  de  son  temps  ils  ont  soulevé 
le  doute. 

Un  auteur  récent  a  formulé  d'une  façon  précise  les  mérites 
hypothétiques   de   Behaim.    Il    aurait  enseigné  la  méthode  du  calcul 

(')  „Nam  ha  duuida  que  as  navegaçôes  deste  reyno  de  cem  annos  a  esta 
parte:  sam  as  mayores:  mais  marauilhosas:  de  mais  altas  e  mais  discretas 
conjeyturas:  que  as  de  nenhua  outra  gente  do  mundo.  Os  Portuguezes  ousaram 
cometer  o  grande  mar  Oceano.  Entraram  per  elle  sem  nenhum  receo. 
Descobriram  nouas  ylhas,  nouas  terras,  nouos  mares,  nouos  pouos:  e  o  que 
mays  he:  nouo  ceo:  e  nouas  estrellas." 

Niines.    Tratado  em  defensam.    Rev.  d'Engenharia  !.  c.  1911   p.  241. 


131 

des  latitudes  aux  marins  portugais  à  l'aide  des  œuvres  de  Regio- 
montanus.  Ce  calcul  long  et  difficile  auparavant,  aurait  été  simplifié 
et   rendu  abordable  par  Behaim  dès  son  arrivée  à  Lisbonne  (1484). 

Ces  idées  de  M.  Gelcich  se  basent  cependant  sur  des  données 
insuffisantes  et  incomplètes.  Ainsi,  d'après  cet  auteur,  la  Péninsule 
n'aurait  absolument  rien  produit  en  fait  de  tables  astronomiques, 
dans  la  longue  période  dès  les  tables  du  roi  Alphonse  (1256), 
jusqu'aux  Ephémérides  (1474).  Il  en  a  été  tout  autrement.  Dans 
cet  intervalle  de  plus  de  deux  siècles,  une  trentaine  d'auteurs  juifs 
étudièrent  des  sujets  astrologiques.  Parmi  ceux-ci  nous  avons  cité 
dans  notre  introduction,  une  dizaine  traitant  de  tables  astro- 
nomiques. 

Les  références  aux  tables  de  Pierre  IV  d'Aragon  il336— 1386i, 
sont  inconnues  de  M.  Gelcich,  de  même  celles  de  D.  Juan  I,  el  Caza- 
dor  (1390),  donnant  comme  les  Ephémérides,  la  longitude  du  soleil, 
de  la  lune  et  des  étoiles  jour  par  jour,  mais  pour  trois  ans  seule- 
ment. Il  ignore  encore  les  tables  de  Prophatius,  de  Gerson,  de 
Zaddik,  de  Poël  ou  d'ibn  V^erga;  enfin  les  tables  de  Zacuto  elles- 
mêmes  sont  sans  doute  inconnues  de  cet  auteur.^ 

M.  Gelcich  a  consulté  lui-même,  paraît-il.  le  Règlement  de 
l'astrolabe  à  la  Bibliothèque  Royale  de  Munich  ;  il  y  a  puisé  quel- 
ques indications  sur  d'autres  sujets,  sans  toutefois  avoir  remarqué 
le  long  exposé  du  calcul  des  latitudes  contenu  dans  le  précieux  vo- 
lume, ainsi  que  la  déclinaison  du  soleil  jointe  aux  tables  du  ca- 
lendrier. 

(')  Voici  ce  qu'écrit  M.  Gelcich  à  propos  du  calcul  des  latitudes  par 
Behaim  : 

„Als  sich  nun  Behaim  in  Portugal  mit  der  Breitenbestim- 
mungsmethode  der  damaligen  Seefahrer  vertraut  machte, 
mijssen  ihm  doch  die  armen  Schiffsfiihrer  ordentiich  leid  ge- 
tan  haben,  die  sich  so  vie!  plagen  mussten,  um  zuerst  die  Lange  der  Sonne 
und  dann  aus  derselben  die  Dekiiiiation  zu  berechnen.  Da  wird  er  ihnen 
wohl  zugerufen  haben:  Zu  was  den  ganzen  Kram,  zu  vvas  so  viel  Kopfzer- 
brechen,  wenn  Euch  der  Kônigsberger  Astronom  die  Lange  der  Sonne  ohne 
weiteres  liefert?  Nicht  genug,  dass  Eure  Berechnungen  so  kiirzer  werden,  Ihr 
erhaltet  aber  auch  genauere  Tafein,  denn  die  Alphonsinischen  sind  ja  voiler 
Fehler! 

Je  mehr  uir  uns  aiso  in  die  Verhaltnisse  zu  den  Zeiten  Behaims  hinein- 
denken,  dcsto  grossartiger  muss  uns  dicse  seine  Leistung  vorkommen." 

E.  Gelcich.  Die  Instrumente  und  die  wissenschaftlichcn  lliilfsniittel  der 
Nautik  zur  Zeit  der  grossen  Lander  -  Entdeckung.  (l'estschrift  der  llam- 
burgischen  Anierika  ("eier.)     Hamburg  1S92.  p.  7S. 


132 

Eh  bien,  ces  tables  approximatives,  mais  jugées  suffisantes  aux 
débuts  de  la  nouvelle  méthode,  sont  entièrement  basées  sur  la  table 
de  la  déclinaison  de  l'œuvre  de  Zacuto. 

L'incunable  de  Munich,  dont  la  valeur  passa  inaperçue  de  MM. 
Giinther  et  Gelcich  (probablement  à  cause  de  la  difficulté  de 
lire  ce  texte  vieux  portu.gais),  contient  encore  bien  autre  chose. 
Non  seulement  on  y  supprime  le  calcul  de  la  longitude  du  soleil 
(Sonnenlânge),  mais  aussi  celui  de  la  déclinaison,  car  on  la  trouve 
calculée  à  l'avance  et  placée  en  face  de  la  date  journalière.  Un  plus 
on  y  ajoute  un  exposé  de  la  mcthode  à  suivre  pour  initier  les 
marins  dans  ce  calcul. 

Ni  les  tables  de  Zacuto,  ni  les  deux  œuvres  de  l^egiomon- 
tanus  ne  traitent  en  détail  cette  méthode  et  pourtant  c'est  là 
un  accessoire  indispensable.  Il  est  donc  évident  que  la  prétendue 
pénurie  dans  laquelle  se  trouvaient,  d'après  M.  Gelcich,  les  marins 
portugais  au  point  de  vue  astronomique,  est  sans  aucun  fondement, 
ils  étaient  en  effet  bien  mieux  outillés   que   ne   le   croit  cet  auteur. 

Ce  fut  grâce  au  Règlement  de  l'astrolabe,  œuvre  d'astrono- 
mes destinée  à  la  marine,  que  le  problème  du  calcul  des  latitudes 
trouva  sa  solution  définitive. 

On  pourrait  encore  prétendre  peut-être,  que  Behaim  aurait 
été  l'auteur  de  ce  Règlement;  dans  ce  cas  il  aurait  pris  les  élé- 
ments astronomiques  dans  l'Almanach  perpetuum  et  non  pas  dans 
les  œuvres  de  Regiomontanus.  On  serait  donc  forcé  d'admettre  que 
Behaim  aurait  obtenu  ces  éléments  ou  bien  de  son  collègue  Vizinho 
élève  de  Zacuto,  ou  qu'il  les  tenait  du  savant  professeur  de  Sala- 
manque,  lui-même  nommé  dès  1492,  astronome  de  la  cour  por- 
tugaise. 

La  prétendue  introduction  des  instruments  nautiques  par  Behaim 
au  Portugal,  est  une  simple  hypothèse  déjà  abandonnée.  Il  faudra 
en  faire  autant  en  ce  qui  concerne  le  rôle  attribué  aux  Ephémérides. 
Enfin  son  enseignement  du  calcul  des  latitudes  aux  pilotes  portugais, 
ne  pourra  non  plus  se  soutenir. 

C'est  grâce  aux  nombreuses  études  des  auteurs  allemands  sur 
Behaim  et  à  quelques  exagérations  en  sa  faveur,  que  la  lumière 
s'est  faite.  La  question  Behaim  a  eu  le  mérite  incontestable  d'attirer 
l'attention   sur  ces   points   obscurs   de  l'histoire  des  découvertes. 

D'une  part  on  trouve  le  calcul  des  latitudes  basé  sur  d'autres 
éléments  et  non  sur  ceux  des  œuvres  de  Regiomontanus.  D'autre 
part   les   exposés   de   ce   calcul    faits   par  Duarte  Pacheco,   Joào  de 


\33 

Lisboa  et  le  bachelier  maître  Joào,  mettent  à  la  place  qui  leur 
revient  de  juste  droit  les  ressources  scientifiques  des  marins  portugais, 
contemporains  de  Behaim. 

Barros  a  traité  longuement  de  l'astronomie  nautique  dans  sa 
Géographie,  livre  qui  s'est  perdu.  On  a  bâti  des  hypothèses  et  on 
le  fait  encore  de  nos  jours,  sur  les  passages  obscurs  de  son  „Asie", 
tout  en  ignorant  systématiquement  les  déclarations  catégoriques  de 
Qaspar  Correa,'  son  contemporain.  Les  doutes  montrés  par 
quelques  auteurs  à  l'égard  de  la  chronique  de  Correa,  ne  se  justi- 
fient pas  en  ce  qui  concerne  Zacuto.  On  a  des  preuves  suffisantes 
du  fondement  de  ces  déclarations  en  faisant  la  confrontation  des 
tables.  Herculano,  le  plus  grand  des  historiens  portugais,  a  du 
reste  bien  précisé  la  haute  valeur  de  cette  chronique,  en  la  classifiant 
inférieure  par  la  forme,  mais  de  beaucoup  supérieure  par  le  contenu 
aux  Décades  de  Barros. - 

(')  Gaspar  Correa  (mort  1583?),  fut  un  des  premiers  historiens  qui  re- 
cueillit des  renseignements  sur  les  découvertes  aux  Indes  mêmes,  où  il  était 
déjà  vers  1512.  Son  œuvre  écrite  à  Goa  entre  1529  et  1561,  s'arrête  en  1550. 
Dans  le  prologue  de  son  livre,  Correa  dit  être  venu  aux  Indes  16  ans  après 
la  découverte  et  y  avoir  cueilli  ses  informations  des  propres  marins  de  Vasco 
da  Gama. 

Voici  le  passage  en  question: 

„E  por  auer  dezaseis  an  nos  que  a  India  era  descoberta 
q  u  a  n  d  o  eu  a  e  1 1  a  v  i  m  em  moço  de  pouca  idade,  sem  entendimento  de 
tomar  este  cuidado,  mas  vendo  os  i  obres  feitos  que  passauào,  e  du\'idosas 
profias  que  despoes  auia,  tomei  em  vontade  fazer  algumas  breues  lembranças 
na  verdade  que  passarào  as  que  vi;  e  as  que  erâo  passadas  trabalhei  com  muito 
cuidado  perguntando  a  homens  antigos,  que  foram  neste  descobrimento  e  as 
du\idas  tirando  com  os  proprios  homens  que  nos  feitos  se 
a  c  h  a  r  à  o  ,  e  m  que  a  c  h  c  i  a  1  g  u  n  s  homens  que  v  i  c  r  à  o  n  a  s  p  r  o  p  r  i  a  s 
naos  do  d  e  s  c  o  b  r  i  m  e  n  t  (j.  " 

(jaspar  Correa,  Lendas  da  India,  I.  c,  p.  2. 

(-)  Voici  ce  qu'écrivent  Alexandre  Herculano  et  Castello  de  Paiva  dans 
le  prologue  de  la  deuxième  édition  du  Roteiro  de  Vasco  da  Gama: 

„As  Lendas  da  India  de  Gaspar  Correa  inferiores  pela  forma  as  decadas 
de  Barros  e  até  se  quizerem  â  rude  historia  de  Castanheda,  sào  quanto  a 
substancia  muito  superiorcs  dquellas,  e  ainda  d  hamilde,  mas 
evidentemente  sincera  narrativa  de  Castanheda. 

A'  maior  autoridade  de  um  homem  que  tinha  intervindo  em  grande  parte 
nos  successos  que  narra,  e  que  estivera  collocado  por  muito  tempo  n'uma 
situaçao  vantajosa  para  appreciar  bem  os  acontecimentos  da  India,  associa-se 
no  livro  de  Correa  â  candura  que  Iransparece  nos  seus  periodos  singelos  uma 
pontualidade  c  naturalidade  em  descrever  factos,  que  inspira  m  con  fiança 
n  o  mais  s  u  b  i  d  o  g  r  ;i  u.     \l  m  r  e  I  a  <;  a  o  â  v  i  a  g  e  m    il  <  >   des  c  ii  h  r  i  m  e  n  t  o 


Cet  auteur  écrit  que  Zacuto  avait  rédigé  le  Règlement,  éta- 
bli les  tables  de  déclinaison,  instruit  les  pilotes  et  résolut  en- 
core une  autre  difficulté  '  (fez  outro  artificio)  pour  déterminer  la 
hauteur  exacte  de  l'étoile  polaire.  11  s'a.i^it  sans  doute  du  calcul  des 
corrections  à  apporter  à  la  lecture  de  cette  hauteur,  selon  la  position 
des  „guardas"  (voir  le  Règlement  de  l'étoile  polaire  p.   136). 

Le  globe  de  Nuremberg,  seule  œuvre  authentique  de  Behaim, 
jette,  malgré  sa  valeur  historique,  un  jour  défavorable  sur  les 
connaissances  astronomiques  de  son  auteur. 

Peschel  y  a  remarqué  des  erreurs  de  latitude  allant  jusqu'à  16", 
à  des  endroits  visités  par  Behaim  en  personne.  Son  globe  est 
accompagné  de  nombreuses  notes  qui  lui  sont  également  dés- 
avantageuses. 

On  est  étonné  de  voir  reproduites  les  légendes  de  l'île  Antilla, 
celle  de  l'île  de  San  Brandam  et  plus  encore,  de  l'emplacement 
donné  à  ces  îles  imaginaires.  La  carte  catalane  de  1375,  antérieure 
de  115  ans  au  globe  de  Nuremberg,  n'indique  plus  que  le  nom  de 
San  Brandam,  elle  n'étale  pas  la  légende. 

Behaim,  ne  l'oublions  pas,  était  un  membre  de  la  junta  dos 
Mathematicos;  il  aurait  dû  être  autrement  mieux  renseigné  qu'on 
ne  l'était  en  Catalogne  plus  d'un  siècle  auparavant. 

En  1490,  les  parages  des  Açores  et  des  Canaries  étaient  par- 
courus dans  tous  les  sens  depuis  environ  60  ans  par  les  navires 
portugais.  Behaim  vécut  de  longues  années  à  l'île  de  Payai  (Açores). 
Il  plaça  la  mystérieuse  île  Antilla  à  une  distance  de  Payai  égale 
à  celle  qui  sépare^la  première  île  des  Açores  de  la  dernière,  ajoutant 
à  ce  sujet  la  note  suivante: 

„L'année    734    de    la    naissance    du    Christ,    quand    toute    l'Espagne 

fut  conquise   par  les  infidèles,    cette   île  Antilla,   nommée  Sete  Cidade, 

a  été  habitée  par  un  archevêque  de  Porto  au  Portugal,   ainsi  que  par 

six  autres  évêques  et  d'autres  chrétiens,  hommes  et  femmes,  qui  se  sont 

enfuis  de  l'Espagne  par  bateau  et  ont  emporté  avec  eux  leur  bétail  et 

c  o  m  o  e  m  r  e  1  a  ç  à  o  a  t  a  n  t  o  s  o  u  t  r  o  s  p  o  n  t  o  s  d  a  n  o  s  s  a  h  i  s  t  o  r  i  a  d  a 
1  n  d  i  a ,  as  L  e  n  d  a  s  1  e  \'  a  m  d  e  c  i  s  i  \'  a  v  a  n  t  a  g  e  m  a  o  que  e  s  c  r  e  v  e  r  a  m 
Barros  e  Castanheda. 

Alexandre  Herciilano  e  Castello  de  Paiva.  Roteiro  da  \'iagem  de  Vasco 
da  Gama.    2^  ediçào,  Lisboa.  1861,  p.  ix. 

C)  „Concertou  as  tauoadas  do  decurso  do  sol  com  as  circumferencias  da 
estrella  do  Norte,  pera  oque  fez  outro  artificio  pera  tomar  o 
ponto  em  que  estaua  a  estrella  do  Norte  per  tal  arte,  com  que 
de  todo  os  pilotos  ficaram  em  muy  perfeito  saber  de  navegar." 

Gaspor  Correa,  Doc.  No.  5 


135 

leur  avoir.     Un    navire  de  l'Espai^ne  s'est  fortement  rapproché  de  cette 
île  pendant  l'année  1414."  '    (Traduction.) 

Behaim  a  su  attirer  sur  lui  l'attention  de  D.  Joào  II  à  deux  re- 
prises. D'abord  en  répandant  à  Lisbonne  en  1484,  le  bruit  qu'il 
était  l'élève  de  Regiomontanus.  Ce  fait,  juste  au  moment  où  l'on 
étudiait  une  question  capitale,  l'application  de  l'astronomie  à  la 
navigation  et  à  l'époque  même  du  départ  de  Colomb  pour  l'Espagne, 
ne  passa  pas  inaperçu  du  roi  habile  et  prudent  qu'était  D.  Joào  II. 
Plus  tard  en  1493,  Behaim  se  présenta  de  nouveau  à  Lisbonne 
muni  d'une  lettre  d'oii  il  ressort  qu'il  jouissait  de  la  faveur  de 
Maximilien,  roi  des  Romains.  Cette  recommandation  était 
infiniment  plus  précieuse  que  la  première,  car  elle  venait  indirecte- 
ment du  monarque  cousin  et  ami,  auquel  le  roi  de  Portugal  avait 
maintes  fois  témoigné  la  plus  grande  affection  et  auquel  il  était 
attaché  par  d'étroits  liens  de  parenté. 

En  conclusion,  on  peut  aujourd'hui  affirmer  que  l'astronomie 
nautique  du  Portugal  à  l'époque  des  découvertes,  reposait  sur  des 
bases  solides  et  incontestables  de  la  science  nationale.  Le  savoir  des 
marins  portugais  est  prouvée  par  des  documents  autrement  plus 
sûres  que  les  prétendus  enseignements  de  Behaim,  hypothèses  dénuées 
de  preuves  à  l'appui.  Aujourd'hui  il  s'agit  de  revendiquer  l'honneur 
dû  aux  initiateurs.  On  n'a  jamais  nié  au  Portugal  la  gloire  d'avoir 
donné  à  l'Europe  l'impulsion  des  grandes  entreprises  mari- 
times, inais  on  lui  a  contesté  la  science  de  la  navigation  qui  en 
somme  n'était  que  la  clef  des  découvertes. 

Enfin,  pour  faire  ressortir  la  supériorité  des  ressources 
scientifiques  des  marins  portugais  et  l'exactitude  de  leurs  cartes, 
citons  un  exemple  frappant,  d'après  Pedro  Nunes,  se  rapportant  au 
problème  des  longitudes. 

Voici  ce  qu'il  écrivait  en  1537: 

Ptolémée  trouva  d'après  les  informations  obtenues  du  désert 
que  le  cap  Guardafui,  appelé  par  lui  Aromata,  était  éloigné 
du  méridien  des  Canaries  de  ^?>'-.  Les  Portugais,  découvrirent 
ce  même  cap  non  pas  par  des  éclipses,  comme  l'avait  fait 
Ptolémée,  non  plus  que  par  terre  ou  par  des  voyages  vers  le 
Levant,  mais  en  faisant  des  détours  aussi  grands  que  ceux  de 
la  route  des  Indes  .  .  . 

{')  Voir  une  autre  note  seniblalile  sur  i'île  de  San  Brandam  dans  la 
reproduction  du  i*lobe  Ik'haim.     Riii>i'  I.  c,  p.  ^M). 


136 

je  m'attendais  à  trouver  sur  les  cartes  la  lonj^itude  de  ce 
cap  bien  différente  de  celle  que  Ptoicmée  lui  avait  donnée. 
Cependant,  en  la  mesurant,  je  trouve  qu'il  y  est  placé  égale- 
ment à  83"  du  méridien  des  Canaries. 

Il  est  évident  que  les  Portugais  n'ont  pas  adopté  cette  longi- 
tude du  cap  Guardafui  pour  se  mettre  d'accord  avec  Ptolémée 
qu'ils  ne  connaissaient  généralement  pas.  Je  ne  sais  même  pas 
s'il  y  a  des  Portugais  qui  se  rappellent  que  Ptolémée  parle 
du  cap  Aromata  et  que  celui-ci  est  le  cap  Guardafui  .  .  . 

Ainsi  on  arriva  aux  mêmes  résultats  par  des  moyens  bien 
différents;  il  faut  en  conclure  que  les  navigations  du 
Portugal  sont  plus  exactes  et  mieux  fondées  qu'aucunes 
autres.  ' 

Le  RÈGLEMENT  DE  L'ÉTOILE  POLAIRE. 

Selon  Môller,  les  Phéniciens  utilisèrent  les  étoiles  de  la  Grande 
Ourse  pour  se  diriger  en  mer,  avant  d'apprendre  que  celles  de  la 
Petite  Ourse  étaient  plus  proches  du  pôle.- 

Ils  adoptèrent  ensuite  l'étoile  j-i  de  l'Ursa  Minor,  qui  se  trouvait 
alors  plus  près  du  pôle  que  Va,  étoile  polaire  actuelle.^  Deux  siècles 
avant  le  Christ,  l'étoile  ce  se  trouvait  environ  à  12"  du  pôle.  Cette 
étoile  se  rapproche  du  pôle  de  plus  en  plus,  jusqu'à  l'an  2095, 
arrivant  alors  à  26'  d'écartement;  ensuite  elle  commencera  à  s'en 
éloigner.^ 

Dans  les  Libros  de  Saber  e  Astronomia  l'étoile  polaire  est  ainsi 
décrite: 

«La  méridional  de  las  dos  que  son  en  la  linna,  et  es  la  mas 

luziente   del  Alfacacen.    Es  en  Léo  4"  23',   la  ladeza  es  72  "^  1', 

et  es  de  la  2  grandeza.  Et  la  sua  natura  es  de  Saturno  et  un 
poco  de  Venus,  et  es  fria  et  templada  en  sequidat  et  humidat.  ■' 

A  l'époque  de  Raymond  Lulle,  un  siècle  avant  maître  Jacomo 
de  Malhorca,  on  employait  des  instruments  nautiques  dans  la  marine 
catalane  pour  des  observations  polaires. 

(')  Nunes.  Tratado  em  defensam,  etc.  Rtnista  d'Engenharia  1.  c.  1911, 
p.  355. 

(-)  J.  Môller.  Nautik,  1909,  p.  2. 

(^)  J.  Môller,  1.  c,  p.  2. 

(^)  J.  B.  Messerschinidt.  Die  Erde  als  liimmelskôrper.  1909,  p.  141. 

(•')  Mddler.  Geschichte  der  Himmelskuiide,  Band  2,  1873,  p.  353,  d'après 
Rico  y  Sinobas:  Ed.  de  los  Libros  de  Saber  e  Astronomia  del  Rey  Alfonso  X 
de  Castella.    Madrid,  1863. 


137 

Les  instruments  introduits  par  le  cartographe  majorquin  en 
Portugal,  représentaient  donc  au  moins  un  siècle  de  perfectionne- 
ments. L'atlas  Laurenziano  de  1351,  aussi  bien  que  l'atlas  catalan 
de  1375,  contiennent  déjà  des  diagrammes  astronomiques. 

Dans  les  deux  planches  consacrées  dans  ce  dernier  ouvrage  à 
l'astronomie,  on  trouve  un  exposé  pour  déterminer  l'heure  de  la  nuit 
par  l'étoile  polaire,  le  Charriot  et  les  Deux  Frères  (les  guardas), 
mais  le  Règlement  polaire  dans  la  forme  indiquée  plus  bas,  avec  les 
degrés  de  correction,  n'y  figure  pas  encore. 

Nicolau  Conti,  après  son  voyage  en  Orient,  écrivait  que  les 
navigateurs  des  Indes  se  guidaient  par  l'étoile  polaire  et  surtout  par 
les  étoiles  du  pôle  antarctique.^ 

Vasco  da  Gama  en  arrivant  à  Mélinde  apprit  que,  dans  la  mer 
Rouge  et  dans  la  mer  des  Indes,  on  navigait  aussi  par  la  hau- 
teur du  soleil. - 

Alvise  da  Cà  da  Mosto,  au  service  de  l'Infant  D.  Henrique  en  1456, 
s'efforçait  déjà  de  trouver  un  point  de  repère  semblable  dans 
l'hémisphère  sud.' 

Diogo  Gomes  de  Cintra  faisait  ses  observations  par  l'étoile  po- 
laire en  1462,  en  employant  le  quadrant;  et  Colomb  déterminait  les 
latitudes  par  la  même  méthode. 

Dans  le  document  de  Munich  le  Règlement  polaire  est  essen- 
tiellement le  même  que  celui  contenu  dans  le  Règlement  d'Evora. 
On  retrouve  encore  ce  document  dans  les  éditions  du  Repor- 
torio    de    Valentim    Fernandes,     1521     et    1528,^    et     même     dans 

(')  GelcLch.    Die  Instrumente  etc.,  1.  c.  1892,  p.  7. 

(-)  Voir  Barros.  Document  N"  9. 

(0  Santarem.  B.  S.  G.  L.,  1905,  p.  134.    Baguette,  1.  c,  p.  22. 

(')  Voici  ce  qu'écrit  Valentim  Fernandes  dans  le  Reportorio  1528: 
„0s  polos  sâo  2  s.  artico  e  antartico.  Do  polo  antartico  que  é  o  su!  me  remeto 
por  agora  aos  navegantes  que  vao  para  India.  O  polo  artico  que  é  de 
nosso  norte  é  uma  estrelia  mui  alla  quanto  â  sua  situaçào  e  mui  certa 
quanto  ao  seu  movimento,  mui  pequena  a  nossa  vista  mui  grande  e  pro- 
veitosa  quanto  as  suas  obras.  Ella  nos  da  certidâo  do  eixo  em  que  se 
revolve  todo  o  firmamento:  porque  nossa  vista  nao  abrange  outra  estrelia 
posto  que  ha  muitas  que  mais  pro.ximo  do  ei.vo  estant  que  esta  a  quai 
affirmâmes  ser  de  mui  pequeno  movimento  a  respeito  das  outras  esirellas 
como  adiante  se  dira.  E  por  esta  cousa  os  mareantes  que  ainda  nào  sâo 
expertos  em  astronomia  disem  que  esta  sempre  fi.xa  em  uni  lugar,  ca  ella 
guia  e  endereça  e  traz  ao  porto  os  marinheiros  para  onde  endereça  sua 
viagem.     Aquella  estrelia  do  norte  é  conhecida  por  o  movimento  de  arturo 


13S 


rodition  du  157.3.  Dans  le  Tratado  da  A^ulha  de  Marear  de  Joào 
de  Lisboa,  daté  de  1514,  on  trouve  déjà  deux  Règlements  po- 
laires pour  les  deux  hémisphères;  dans  le  chapitre  4  celui  de 
l'étoile  polaire  et  dans  le  chapitre  suivant  celui  du  pôle  antarctique. 
Les  mêmes  questions  sont  encore  mentionnées  à  d'autres 
endroits  du  Livro  de  Marinharia.  Francisco  Faleiro  consacre  un 
chapitre  du  Tratado  del  esphera  au  Règlement  de  l'étoile  polaire, 
L'Esmeraldo  de  Duarte  Pacheco  passe  ce  sujet  sous  silence. 

Enfin  ce  document  est  traité  dans  les  ouvrages  suivants 
de  la  littérature  espagnole:  Suma  de  geographia  de  Fernandes  de 
Enciso,  éditions  1519  et  1530;  Médina,  Arte  de  navegar  éd.  1545 
(en   10  chapitres).     Martin  Cortez  Brève  compendio   éd.    1556. 

Le  Règlement  est  basé 
sur  la  position  de  l'étoile 
polaire  a  par  rapport  au 
pôle  et  aux  gu ardas. 
Les  guardas  sont  les 
deux  étoiles  /:J  et  y  de 
l'Ursa  Minor. 

Cordeiro  écrit  qu'on 
désignait  également  du 
mot  guardas  les  étoiles 
a  et  /3  de  l'Ursa  Major, 
mais  que  les  étoiles  qui 
nous  intéressent  sont  cel- 
les désignées  par  a,  ji 
et  7  de  l'Ursa  Minor. 

Colomb  emploie  dans 
son  journal  non  seule- 
ment la  même  désignation 
de  las  guardias,  mais 
encore  les  termes  tête, 
pied,  bras   de   l'est  et 


V\<é.  3. 


Ursa  major 
"Régions  polaires 


D'aprcs  J.  B.  Messerschmidt.   Die  HidL-  als  lliinniL'lskorpei. 
Strecker  &  Schiôder,  Stuttj>art  lf)09. 


bras  de   l'ouest,  que  nous  allons  trouver  plus  loin. 

La  détermination  de  la  latitude  est  faite  d'après  la  position  des 

que  sào  as  sete  estrellas  que  ai^uns  cliamam  o  carro  e  outros  a  barca 
posto  q.  jâ  nossos  mareantes  se  governam  pollas  suas  guardas  que  sào 
mais  achegadas  do  polo  que  o  arturo." 

Valentim  Fernandes.  Reportorio  dos  Tempos.  Ed.  1528. 

Voir  Cordeiro  B.  S.  G.  L.,  1883,  p.  174. 


139 

trois  étoiles  a,  ji  et  7  de  l'Ursa  Minor  dans  leur  mouvement  circu- 
laire autour  du  pôle.  Selon  que  les  guardas  ,J  et  7  se  trouvent 
dans  leur  culmination  supérieure  (Tête),  ou  dans  la  culmination  in- 
férieure (Pied),  dans  le  bras  de  l'ouest  (angle  6"^— 90*^),  ou  dans 
le  bras  de  l'est  (angle  18*^  270"),  on  cherche  dans  le  Règlement 
de  combien  l'étoile  polaire  d  est  éloignée  du  pôle  dans  le  sens  de 
la  hauteur. 

On  y  trouve  8  valeurs  pour  les  corrections  à  faire,  quatre  à 
ajouter  à  la  hauteur  de  l'étoile  quand  elle  est  au-dessous,  quatre 
à  déduire  de  la  hauteur  quand  l'étoile  est  au-dessus  du  pôle. 

Voici  la  traduction  en  entier  de  ce  document  : 

RÈGLEMENT  POLAIRE  DE  L'EXEMPLAIRE  DE  MUNICH.' 

Étoile  polaire  au-dessus  (acima)  du  pôle. 

\.  Quand  les  guardas  sont  dans  le  bras  de  l'ouest,  l'étoile  polaire 
se  trouve  à  1'  i  degrés  au-dessus  du  pôle.  c  =  Vji^. 

2.  Quand  les  guardas  sont  dans  la  ligne  au-dessous  de  l'ouest, 
l'étoile  polaire  est  à  3V2  degrés  au-dessus  du  pôle."-    c  —  3^-". 

3.  Quand  les  guardas  sont  dans  le  „pied",  l'étoile  se  trouve  à  3 
degrés  au-dessus  du  pôle.  c        3". 

4.  Quand  les  guardas  sont  dans  la  ligne  au-dessous  du  bras  de 
l'est,  l'étoile  est  à  '  •.>  degré  au-dessus  du  pôle.  c         \i. 

Quand  tu  auras  pris  la  hauteur  de  l'étoile  et  que  les  guardas 
se  trouveront  dans  un  de  ces  4  endroits  oîj  l'étoile  est  au-dessus 
du  pôle,    tu   soustrairas  les  degrés  dont  l'étoile  est  élevée  au- 

(')  Voir  le  texte  original  dans  le  Document  No.  1. 
(-)  Voici  ce  qu'écrit  Pedro  Nunes: 

„11  y  a  erreur  dans  le  règlement  employé  par  les  pilotes,  pour  prendre  la 
hauteur  du  pôle  au  moyen  de  l'étoile.  On  dit  que  de  l'étoile  au  pôle  il  y  a 
3',L'  degrés  et  ce  sont  4  degrés  et  9  ou  10  minutes.  On  dit  aussi  que, 
lorsque  les  guardas  sont  dans  telle  direction,  l'étoile  polaire  se  trouve  tant 
de  degrés  au-dessous  ou  au-dessus  de  l'axe,  etc.  Ceci  n'est  point  sûr;  le 
mieux  est  de  prendre  l'étoile  quand  elle  est  au  plus  haut  ou  au  plus  bas,  car 
alors  elle  se  trouve  dans  le  méridien  et  l'on  n'a  qu'à  ajouter  ou  à  retrancher 
les  4  degrés  et  10  minutes  dont  l'étoile  est  éloignée  du  pôle." 

Nunes.    Tratado  em  defensam,  etc.    Rev.  d'Eng.  Militar  1.  c,  1911,  p.  361. 

M.  le  professeur  Wolfer  nous  dit  à  cet  égard:  „La  correction  c  de  3' ï" 
est  juste  et  non  celle  de  4"  9'  indiquée  par  Nunes.  Les  3'  ■■"  correspondent 
à  la  distance  du  pôle  que  l'étoile  polaire  a\ait  au  commencement  du  XVI"ic 
siècle.     La  valeur  donnée  par  Nunes  serait  trop  grande." 

L'erreur  faite  par  Pedro  Nunes  nous  a  été  également  signalée  par  M. 
Esteves  Père  ira. 


10 


dessus  du  pôle  de  la  hauteur  obtenue  et  les  degrés  qui  restent 
seront  ton  éloi^nement  de  l'équateur. 
Étoile  polaire  au-dessous  (abaixo)  du  pôle. 

5.  Quand   les   i^u ardas   sont  dans  le  bras  de  l'est,   l'étoile  est  à 
ly-j  degrés  au-dessous  du  pôle.  c      1 '■_■". 

6.  Quand  les  gu ardas  sont  dans  la  ligne  au-dessus  du  bras  de 
l'est,  l'étoile  est  à  3', 2  degrés  au-dessous  du  pôle.         c      3'  j". 

7.  Quand  les  guardas   sont  à  la    „tête",   l'étoile   est  à  3  degrés 
au-dessous  du  pôle.  c      3". 

8.  Quand   les  guardas  sont  dans  la  ligne  au-dessus  du  bras  de 


l'ouest,  l'étoile  est  à  Y-'  degré  au-dessous  du  pôle. 


'A 


Quand  tu  auras  pris  la  hauteur  de  l'étoile  et  que  les  guardas 
se  trouveront  dans  un  de  ces  4  endroits  oij  l'étoile  est  au-dessous 
du  pôle,  tu  additionneras  à  la  hauteur  que  tu  auras  prise,  les 
degrés  de  l'écartement  entre  le  pôle  et  l'étoile.  La  somme 
sera  ton  éloignement  de  l'équateur. 


?icd 


Hêglement  polaire 


Fig.  4. 
Le  Règlement  polaire   expliqué  par    la   figure   précédente    peut 
se   résumer  ainsi  : 

H  =  Hauteur  de  l'étoile  polaire.       c      correction. 
Ln       Latitude  nord. 
Etoile  (i  au-dessus  du  pôle:     Ln       H-— c     (N"^   1  à  4) 
»   au-dessous  »       »        Ln^  H-f  c    (No^  5  à  8) 


141 


M.  le  professeur  Wolfer  nous  a  fourni  un   exposé  à  cet   égard 
que  nous  allons  essayer  de  reproduire  dans  les  lignes  suivantes: 

Cette  méthode  de  déterminer  la  latitude  par  l'étoile  polaire 
est  une  forme  très  primitive  de  celle  employée  fréquem- 
ment encore  aujourd'hui  par  les  marins  et  les  astronomes. 
On  mesure  la  hauteur  de  l'étoile  au-dessus  de  l'horizon; 
on  calcule  la  différence  de  hauteur  entre  le  pôle  et  l'étoile 
par  son  angle  horaire:  on  déduit  cette  différence  de  la 
hauteur  prise,  ou  bien  on  l'y  ajoute,  selon  que  l'étoile  se 
trouve  au-dessus  ou  au-dessous  du  pôle.  Le  résultat  obtenu 
est  la  hauteur  du  pôle  sur  l'horizon,  c'est-à-dire  la  latitude 
du  point  d'observation. 

Les  corrections  qu'on  trouve  dans  le  Règlement  et  qui  sont 
à  déduire  ou  à  additionner,  n'ont  été  calculées  que  très  appro- 
ximativement à  un  demi  degré  près;  probablement  parce  que 
le  quadrant  alors  en  usage,  ne  donnait  pas  non  plus  une  plus 
grande  exactitude  lorsqu'on  mesurait  la  hauteur  de  l'étoile. 

Le  calcul  de  cette  correction  exige  la  connaissance  de  l'angle 
horaire  de  l'étoile,  c'est-à-dire  son  éloignement  du  méridien 
mesuré  sur  le  parallèle. 

L'angle  horaire  5  s'obtient  par  la  différence  entre  le  temps 
sidéral  de  l'observation  et  l'ascension  droite  de  l'étoile. 

Culmuialion  supérieure       (  Tctr.  ) 
Si    l'on    pose:  E  Polaire 

p  =-~  distance  de  l'étoile  po- 
laire au  pôle,   on  peut  cal-       — 
culer  approximativement   la 
correction  d'après  la  formule  : 

C  =^  p.    COS.    s.  CuJminatTon  inférieure    (Pied) 

Fig.  5. 
Pour  le  calcul  de  l'angle  horaire  5  on  a  besoin  du  temps 
sidéral  et  ce  dernier  est  remplacé  dans  le  Règlement  par  la 
position  des  guardas  relativement  au  méridien,  mais  seulement 
en  8  endroits  différents:  tête,  pied,  etc.  pour  lesquels  les  po- 
sitions correspondantes  de  l'étoile  polaire  sont  indiquées.  Les 
guardas  remplissent,  pour  ainsi  dire,  la  fonction  de  l'aiguille 
d'un  cadran  sidéral. 


142 


Par  la  formule  ci-dessus  on  peut  vérifier  les  valeurs  de  c 
indiquées  dans  le  Règlement,  en  calculant  les  corrections  corres- 
pondante§  aux  (S  positions  des  guardas  fi  et  7  Ursae  Minoris. 
En  adoptant,  pour  l'année  1500,  les  coordonnées  de  l'étoile  polaire 
et   des  giiardas  de  milieu  entre  les  deux  étoiles)  comme  suit: 

(i  Ursae  Minoris. 

Ascension  droite  a  3"  46';  déclinaison  o  86"  35';  distance 
polaire  p  -  ^  3"  25'. 

Milieu  entre  fi  et  7  Ursae  Minoris. 

«       227''  14';     f^     75"  1' 
on  trouve  par  la  formule  les  résultats  suivants: 


Correction  c 

selon  le 
Règlement 

Dej^rés 


Correction  C     pcos.s. 

Guardasfi-y         ci- fi 
Ursa  Minor    Ursa  Major 

[)e>»rL'S  Degrés 


Bras  de  l'ouest 
au-dessous  de  l'ouest 
dans  le  pied  .  . 
au-dessous  de  l'est 
Bras  de  l'est  .  . 
au-dessus  de  l'est  . 
à  la  tête  .... 
au-dessus  de  l'ouest 


Le    signe  -|-  sign 

du  pôle,  ces  valeurs 

Le  signe  —  signif 


[  1.5 
|-  3,5 
i-  3,0 
h  0,5 
1,5 

-  3,5 

-  3,0 

-  0,5 


h  2,3 
-1-3,4 
f  2,5 
h  0,1 
-^2,3 

-  3,4 
2,5 

-  0,1 


1,5 

+  1.1 

+  3.1 

h  3,2 
+  1,5 

—  1,1 

—  3,1 

—  3,2 


ifie     que    l'étoile     polaire     est     au-dessus 
sont  donc  à  déduire  de  la  hauteur  prise, 
ie  le  contraire,  l'étoile  se  trouvant  au-des- 
sous du  pôle,  les  corrections  sont  à  additionner. 

Fin  répétant  le  calcul  pour  les  étoiles  a  et  fi  Ursae  Majoris, 
on  trouve  une  concordance  insuffisante  avec  les  corrections  du 
Règlement,  tandis  que  les  valeurs  trouvées  pour  les  giiardas  de 
la  Ursa  Minor  concordent  assez  bien.  On  peut  donc  dire  qu'il 
s'agit  bien  des  deux  étoiles  fi  et  7  Ursae  Minoris  et  en  aucun 
cas  des  étoiles  «  et  fi  de  Ursa  Major." 

Les  mêmes  valeurs  de  la  correction  c  du  Règlement  polaire 
de  Munich  furent  adoptées  dans  les  œuvres  suivantes: 

Livra  de  Marinharia;  Règlement  d'Evora;  Reportorio  des  Tempos 
éd.  1521,  1528,  1553,  1563,  1570  et  1573;  Enciso,  Suma  de  Geo- 
grafia  éd.   1519;  Médina,  Arte  de  Navegar  éd.  1545  et  Martin  Cortez, 


143 


Brève  compendio  éd.  1556.  L'édition  de  Enciso  de  1530  et  le 
Tratado  del  esphera  de  Francisco  Faleiro  1535,  ÎFidiquent  d'autres 
valeurs   pour  cette  correction.     Les  voici: 


Position  des  guardas 

Règlement 

de 
Munich. 

Enciso 
éd.  1530. 

Faleiro 
éd.  1535. 

Bras  de  l'ouest 

1',-'" 
S'/-'" 
3" 
'  ..  " 

V    L." 

3" 

2" 
3  "20' 

2  "48' 
0"36' 
2" 

3  "20' 
2M8' 
0"36' 

au-dessous  de  l'ouest 

dans  le  pied 

au-dessous  de  l'est 

Bras  de  l'est 

au-dessus  de  l'est 

.    à  la  tête      

!    au-dessus  de  l'ouest 

Ces  nouvelles  valeurs  que  nous  trouvons  pour  la  première 
fois  dans  la  deuxième  édition  d'Enciso,  semblent  avoir  leur  origine 
dans  un  autre  livre  qui  nous  est  inconnu.  Nous  ne  croyons  pas 
que  le  minutieux  Faleiro  les  aurait  introduites  dans  son  œuvre  sur 
l'autorité  d'Enciso  seulement. 


Bras  de  l'Ouest 3-2 


QT3ras  de!  Est 


Pig.  6. 


Note:  La  seule  inscription  qu'on  trouve  dans  cette  figure  est  le  mot  do 
Tête  (Cobeça),  les  autres,  firaço  doeste,  Pee  et  Braço  de  leste  sont 
empruntées  à  la  figure  identique  du   Règlement  d'I:\()ra. 


144 

La  figure  N'*  6  copiée  du  document  de  Munich  est  placée  à 
la  fin  du  Règlement  de  la  déclinaison  du  soleil,  où  commence 
celui  de  l'étoile  polaire.  M.  le  professeur  Wolfer  nous  en  donne 
l'explication  dans  l'exposé  suivant: 

Les  nombres  de  cette  figure  indiquent  évidemment  les  hau- 
teurs de  l'étoile  polaire  par  rapport  à  l'horizon  de  Lisbonne 
selon  les  8  positions  des  guardas.  En  admettant  pour  la 
latitude  de  Lisbonne  la  valeur  de  38, 7*^  et  si  l'on  fait  le  calcul 
de  la  hauteur  de  l'étoile  polaire  en  1500,  quand  les  guardas 
ft  et  7  (milieu  entre  les  deux  étoiles)  se  trouvent  dans  les 
8  positions  en  question,  on  obtient  les  résultats  suivants: 


Position  des  guardas 

Hauteur  de  l'étoile 

polaire  au-dessus  de 

l'horizon  de  Lisbonne: 

Figure             Calcul 

Degrés                   Dcj^rcs 

Bras  de  l'est 

40  41,0 
42                   42,1 

41  41,2 
39                   38,8 

37  36,4 
35  '                 35,3 
35-                 36,2 

38  38,6 
1 

au-dessus  de  l'est 

tête 

au-dessus  de  l'ouest 

Bras  de  l'ouest 

au-dessous  de  l'ouest 

pied 

au-dessus  de  l'est 

La  figure  signifie: 

Quand  les  guardas  se  trouvent  dans  le  bras  de  l'ouest, 
l'étoile  polaire  est  de  l'autre  côté  du  pôle  à  40*^  de  hauteur 
au-dessus  de  l'horizon  de  Lisbonne.  Il  en  est  de  même  pour 
les  7  autres  positions.  Si  dans  le  tableau  précédent  on  déduit 
des  hauteurs  calculées  ou  si  l'on  y  ajoute  les  valeurs  de  la  cor- 
rection c  p  COS.  s.  (selon  les  signes  -)-  ou  — ),  on  arrive 
toujours  à  la  même  latitude  de  38,7"  de  Lisbonne. 

Les   chiffres   de   la   figure   précédente  du  document  de  Munich, 
ne   sont    pas    les    mêmes   dans    le    Règlement   d'Evora    ni    dans   le 


C)  (-)  L'impression  défectueuse  de  ces  deux  numéros  dans  l'original  de 
Munich  permet  de  douter  s'il  s'agit  de  39  ou  35.  D'après  le  calcul  de  M.  le 
professeur  Wolfer  ce  doit  être  35. 


145 

Reportorio  dos  Tempos,  éd.  1552.    Voici  les  valeurs  indiquées  dans 
ces  trois  éditions. 


Règlement     Règlement      Reportorio 

Val. 
de  de  „ 

Fernandes 
Munich  Evora  ^^^^ 


Bras  de  l'est  .  .  .  . 
au-dessus  de  l'est  .    . 

tête 

au-dessus  de  l'ouest  . 
Bras  de  l'ouest  .  .  . 
au-dessous  de  l'ouest 

pied 

au-dessous  de  l'est     . 


40" 

40' 4" 

40° 

42" 

35"4'' 

35'/:'" 

41" 

;      36" 

30" 

39" 

!       3872" 

38' 2" 

.37" 

37' 4 « 

37" 

35" 

42 'A" 

42 '/o" 

35" 

41" 

41" 

38" 

39 '/2" 

39'  2  " 

Les  écarts   qui   ressortent   des   deu.x  premières  colonnes  de  ce 

tableau  semblent  avoir  leur  origine  dans  des  erreurs  d'observation  ; 

ceux    de    la    dernière    sont    évidemment  des   fautes    de    copie    ou 
d'impression. 


RÈGLEMENT  DU  PÔLE  ANTARCTIQUE. 

L'existence  de  la  Croix  du  Sud  a  dû  être  connue  de  Dante 
(1265 — 1321).  Voici  un  passage  de  la  „Divina  Comedia"  concernant 
les  quatre  étoiles  de  l'autre  pôle: 

io  mi  volsi  a  man  destra  e  posi  mente 
air  altro  polo    e  vidi  quattro  stelle 
non  viste  mai  fuor  che  alla  prima  gente. 

Dante.    Purgatorio,   Canto  1. 
L'hémisphère   sud   était  considéré   comme  non  habité  „mondo 
senza  gente." 

Un   passage  semblable  revient  dans  les  Lusiades: 

Jâ  descoberta  tinhamos  diante 

La  no  novo  hemispherio,  nova  estrella 

Nào  vista  d'outra  gente,  que  ignorante 

Alguns  tempos  esteve  incerta  d'ella. 

Canibes.  Canto  V— 14. 
Marco  Polo  (1290)  signalait  déjà  qu'à  divers  endroits  de  la  mer 
des  Indes  l'étoile  polaire  devient  invisible.  La  Sphère  de  Sacrobosco 
(1240)  explique  ce  phénomène  que  Cadamosto  constatait  en  1456 
aux  îles  de  Cabo  Verde  voyant  l'étoile  s'approcher  de  l'horizon.  Il 
recherchait  alors  un  nouveau  guide  pour  la  navigation  en  observant 


146 

les  constellations  visibles  dans  l'hémisphère  austral.  Le  pôle  sud 
est  traité  dans  Y Itiiicrariuiu  Portu^allense  (1500)  et  dans  le  Noviis 
Orbis  de  Grynaeus  (1532)  sous  le  nom  de  Char  du  Sud  ou  „Carro 
del  Ostro".'  Le  mC'me  problème  occupait  maître  Joào  de  l'expédition 
de  Cabrai.  Sa  lettre  à  D.  Manuel  contient  le  passage  suivant,  accom- 
pagné d'une   figure   représentant   les  étoiles  du  pôle  antarctique: 

„A  l'égard  de  ces  guardas  je  constate  qu'elles  ne  se  cachent 
jamais;  elles  se  meuvent  en  cercle  au-dessus  de  l'horizon. 
Je  ne  sais  pas  encore  laquelle  des  deux  plus  basses  forme 
le  pôle  antarctique.  Ces  étoiles,  principalement  celles  de 
la  Croix,  sont  grandes,  presque  aussi  grandes  que  celle  du 
„Char",  l'étoile  du  pôle  antarctique  ou  sud  est  petite  comme 
l'étoile  polaire  et  très  claire  ;  l'autre  qui  se  trouve  au- 
dessus  de  la  Croix  est  fort  petite."  - 

Dans  la  lettre  de  D.  Manuel  aux  rois  d'Espagne  sur  les  événe- 
ments de  l'Inde  entre  1500  et  1505,  la  solution  de  ce  problème  est 
indiquée  comme  suit: 

„Des  observations  faites  par  les  marins  on  a  reconnu  le 
pôle  antarctique,  le  Canopo  et  de  nombreuses  figures  d'étoiles; 
observations  qu'ils  m'ont  rapportées."'^ 

Valentim  Fernandes  traite  de  l'étoile  polaire  dans  le  Reportorio 
(édition  1528)  et  il  ajoute  qu'à  l'égard  du  pôle  antarctique  il  s'en 
remet  „pour  le  moment  aux  marins  qui  vont  aux  Indes".' 

L'atlas  de  Fernào  Vaz  Dourado  1580,  contient  un  Règlement 
du  pôle  sud:'' 

„Regimento    da    altura    polio    Cruzeiro    do   sul  (e)   pella 
estrella  do  norte."  '' 
Ce    document   se   trouve   aussi    dans   l'atlas   du    même   auteur 
existant    au    Portugal',     exemplaire    daté    de    1571.     Enfin    il    est 

(')  Cordeiro.    B.  S.  G.  L,  1883,  p.  180. 

(-)  Lettre  de  maître  Joào.    Document  N"  4. 

(■)  Peragallo.  Carta  de  El  Rei  D.  Manuel  ao  Rei  Catholico,  p.  11,  dans 
Memorias  da  Academia,  Lisboa  Vol.  50  (1892).  Voir  aussi  les  observations  de 
Vespucci  dans  son  voyage  1501—1502.    Navarrete  X.?>,  p.  274. 

{')  Cordeiro.    B.  S.  G.  L.,  1883,  p.  174. 

(:')  Schmeller.  Uber  altère  handschriftliche  Seekarten.  Abh.  Akad.  d. 
Wissenschaft.  Munchen  (Philosoph.  philolog.  Klasse)  1847.  Band  4.  Abt.  1  p.  255. 

('•)  Le  mot  „e"  manque  dans  Schmeller. 

{'•)  Voir  E.  Vasconcelles,  Catalogo  da  E.xposiçào  de  Cartographia  Nacional 
(1903-1904),  p.  15. 


147 

inclus  à  plusieurs  endroits  du  Livro  de  Marinharia  de  Joào  de 
Lisboa.  ^ 

CapituLo  qiiinto  em  que  decrara  conw  aveis  de  toniar  a  estrella 
do  s  II  II. 

Regimëto  do  Cruzeiro  do  siill:  E  de  como  deues  de  tomar  a 
estrela  do  sul. 

Regimëto  da  estrela  do  siill  pera  saberes  ho  que  lleuamta  e 
abaixa  e  faz  des  graos  de  Rota  a  Redor  do  polo  dalto  e  baixo. 

La  méthode  adoptée  dans  le  Règlement  du  pôle  nord 
a  été  suivie  pour  le  pôle  sud;  les  guardas  sont  représentées  par 
3  étoiles  dont  les  positions  sont  indiquées  également  par  rap- 
port au  pied,  bras  de  l'est,  tête  et  bras  de  l'ouest  avec  les  valeurs 
correspondantes  de  la  correction.  Ni  le  document  d'Evora  ni  celui 
de  Munich  ne  traitent  du  Règlement  du  pôle  antarctique.  Les  œuvres 
de  Enciso,  Faleiro  et  Martin  Cortez  ne  s'en  occupent  pas  non  plus, 
par  contre  Médina  éd.  1545,  lui  consacre  le  chapitre  11  dont  voici 
le  titre: 

Como  se  ha  de  tomar  el  altura  del  polo  Antartico. 

RÈGLEMENT  POUR  ÉVALUER  LE  CHEMIN  PARCOURU  PAR 

LE  NAVIRE.- 

Le  document  de  Munich  contient,  en  plus  des  deux  Règlements 
de  la  hauteur  du  soleil  et  de  l'étoile  polaire,  les  instructions  sui- 
vantes destinées  à  évaluer  le  chemin  parcouru  par  le  navire.  Dans 
l'exemplaire  de  Munich  ces  règles  n'ont  aucun  titre  spécial,  tandis 
que  dans  celui  d'Evora  on  les  retrouve  avec  l'en-tête  suivant: 

Regimento  para  saberes  quantas  léguas  entram  por  grao 
por  cada  uma  destas  quartas  abaixo  escriptas,  e  l'sto  do  norte 
e  sul. 

(Règlement  servant  à  déterminer  combien  de  lieues  il  faut 
compter  par  degré  dans  chacune  des  aires  de  vent  décrites  ci- 
dessous  et  cela  du  nord  au  sud). 

Le  mot  quarta  correspond  au  huitième  d'un  angle  de  90"  de 
la  boussole,  soit  à  1 1  y.".  Entre  la  ligne  nord-sud  et  la  ligne  est- 
ouest  il  y  a  huit  quartas  (aires  de  vent).  Les  32  quartas  de  la 
boussole  font  un  total  de  360".  Le  même  mot  quarta  était  déjà  en 
(')  Tratado  da  Agulha  de  Marear  achado  por  Joào  de  lli.xboa  ho  aiio 
de  1514.  Livro  de  Marinharia,   1.  c.  p.  21,  37  et   10. 

{-)  On  désignait  par  singradura  le  chemin  parcouru  par  le  navire  en 
une  journée. 


148 

usage  dans  la  navigation  italienne;  on  le  retrouve  dans  le  portulan 
d'Andréa  Biancho  de  1436. 

Dans  la  traduction  suivante  la  1'^  colonne  donne  les  chiffres 
du  Règlement  de  Munich,  les  mêmes  que  ceux  du  Règlement  d'Evora; 
à  la  deuxième  colonne  nous  avons  ajouté  les  corrections  faites  par 
Nunes  et  reproduites   à  la  fin  du   Tratado  eni  defensani. 

„Tu  dois  savoir  que  le  degré  du  nord  au  sud  équivaut  à  17  Y2 
lieues  et  que  60  minutes  font  un  degré.* 


(*)  Ce  Règlement  se  rattache  à  une  question  depuis  longtemps  débattue, 
entre  autres  par  Avezac'  et  V'arnhagen,-  celle  de  la  première  mesure  adoptée 
pour  la  longueur  d'un  degré.  Cette  question  acquit  toute  son  importance  au 
moment  des  difficultés  survenues  entre  l'Espagne  et  le  Portugal,  à  propos  de 
la  possession  des  Moluques.  Les  Espagnols,  au  congrès  de  Badajoz,  (1524) 
adoptaient  16-;;  ou  16'' s  lieues  pour  un  degré,  tandis  que  les  Portugais  se 
tenaient  à  17' i>  lieues.'    Francisco  Faleiro  écrit: 

„chacun  peut  suivre  l'opinion  qui  lui  plaira  parce  qu'une  vérification 
est  impossible."     Il  était  en  faveur  de  16-::  lieues. 

En  examinant  les  Règlements  de  Munich  et  Evora  nous  croyons  pouvoir 
admettre  que  la  première  mesure  employée  au  Portugal  a  été  celle  de  17'  2 
lieues  par  degré. 

Au  contraire  de  ce  qu'écrit  V'arnhagen,'  les  deux  éditions  d'Enciso  1519 
et  1530  indiquent  également  la  mesure  de  17' i- lieues.  Voici  ce  qu'on  lit  dans 
la  Suma  de  Geografia,  éd.  1530. 

„Para  tomar  el  altura  del  norte  y  regirte  por  el:  has  de  saber  que 
aiçando  se  te  el  norte  por  la  linea  de  norte  sur  vn  grado:  que  vale 
aquel  grado  diez  y  siete  léguas  y  média  de  camino  c  tantas  auras 
andado." 

La   même  mesure  figure  aussi  dans  l'édition  de  1519.   Pedro  Nunes  con- 
serva les  17' 1'  lieues  par  degré.     Dans  le  Tratado  em  defensam  (1537)  il  dit: 
„Nauegando   norte   sul   dizem   os   nauegantes  que   respondem 
ao  grao  17'  -j  legoas." 

Médina,  dans  son  „Arte  de  navegar"  éd.  1545,  accepte  également  les  17  '  2 
lieue;  par  degré,  (livre  II!  c.  15). 

Antonio  Galvào  écrit  que  l'on  comptait  anciennement  le  degré  à  17":' 
lieues  mais  que  plus  tard,  vers  le  milieu  du  XVIe  siècle,  on  introduisit  la  valeur 
de  16-/3  lieues.' 


(1)  Avezac,  Voyages  d'Americo  Vespuce.  Paris  1858,  p.  130. 

(2)  Varnhagen,  Examen  de  quelques  points  de  l'histoire  géographique  du  Brésil.    Paris 
1858  p.  32. 

(3)  Varnhagen   1.  c.  p.  36,    d'après    le    rapport   des   astronomes   de    Badajoz   (mai    1524) 
dans  Navarrete,  Collection  de  Documentos  t.  IV  p.  352. 

(4)  La  mesure   adoptée   par  Enciso   dans  l'édition  1519,   est   de   17':  lieues  et  non  16- > 
comme  l'indique  Varnhagen  dans  l'Examen  de  quelques  points  etc.  I.  c.  p.  22. 

(5)  Antonio  Galvao,  Tratado  dos  descobrimentos  p.  241,  d'après  Peschel,  Qeschichte  der 
Erdkunde  1877  p.  392. 


149 


„Pour   une   aire   (d'écartement  du  méridien)  tu 
relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  deux  aires  tu  relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  trois  aires  tu  relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  quatre  aires  tu  relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  cinq  aires  tu  relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  six  aires  tu  relèves  par  degré    . 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 
„Pour  sept  aires  tu  relèves  par  degré 

et  tu  t'écartes  de  la  ligne  droite  de 


Règlement 

de 

Manifh 

Corretlions 

de 
Pedro  Xone 
ienes 

3^e 

37. 

19Vc 

19  Vs 

7V. 

7  y. 

21  Vs 

21 

1 1  7c 

11    -,3 

24  3 -t 

24^4 

171,2 

17  7-2 

31  V^ 

31   \'2 

26  \  6 

26  75 

46V-2 

453/4 

42  y  2 

42  7* 

87  '  0 

893/4 

85 

88 

Vespucci  dans  le  récit  de  son  premier  voyage  comptait,  selon  Na\arrete, 
le  degré  à  15  lieues:' 

„Las  léguas  de  que  habla(Vespuce)  eran  de  15  al  grado  que  se  usaban 
entonces." 
Joào   de  Lisboa   cite   tantôt   l'une,  tantôt   l'autre   mesure  dans  son   livre. 
A  p.  29  on  trouve; 

„Quâdo  te  pergûtaré  quamtas  llegoas  he  hù  graao  diras  que  ha  16 -/s 
llegoas." 

A  p.  47  il  reproduit  le  Règlement  du  chemin  parcouru,  basé  sur  17 '/a 
lieues  par  degré. 

Francisco  Faleiro  optait  pour  16-;;  lieues,  nombre  obtenu  par  la  division 
de  6000  lieues  de  la  circonférence  de  la  terre  par  360  degrés.  Voici  un  passage 
du  „Tratado  del  Esphera": 

„E  para  esto  es  de  saber  que  toda  la  redondez  delà  tierra  c  agua 
contienê  seys  mil  léguas:  las  quales  repartidas  por  •  360  grados  que  ay 
en  todo  el  vniuerso  caben  a  cada  grado  •  16  •  léguas  y  dos  tercios  de 
légua:  aun  que  algunos  quieren  que  cada  grado  tenga  •  17  •  léguas 
justas:  c  otros  •  17  •  y  média  •  i  si  ouiesse  17  •  léguas  en  cada  grado 
auria  en  la  redondez  del  mundo  •  6120  ■  c  si  fucssen  •  17  •  y  média 
auria  en  todo  el  vniuerso  ■  6300  •  justas.  E  lo  que  mas  a  mi  c  a  otros 
que  lo  han  mucho  examinado  mas  satisffaze  es  que  sean  •  6000  •  mas 
cado  vno  puede  enesto  seguir  la  opinion  que  le  pluguiere;  porque  nadie 
precisamentc  lo  pudo  aueriguar  ni  pienso  que  es  possible  hazerse:  c  con- 
forme a   esta   opinion   se   ha   de   tcner   que   vn   grado    por    qualquiera 


(1)  Varnhagen  I.  c.  p.  37,  d'après  Xavarrete,  Collection  III   p.  199. 


150 


Le  texte   d'Evora  contient  de  plus  les  lignes  suivantes: 

„Et  si  la  route  à  parcourir  se  trouve  exactement  dans  la 
direction  de  l'est  ou  de  l'ouest,  on  ne  peut  compter  les  lieues 
sur  aucun  degré,  parce  que  tout  le  long  du  chemin  tu  con- 
serves la  même  latitude  qu'au  point  de  départ.  Et  si  tu 
t'écartes  de  cette  route,  tu  sauras  par  la  différence  de  latitude 
de  combien  tu  t'en  es  éloigné.  Cependant  les  eaux  (les  cou- 
rants, etc.)  peuvent  donner  lieu  à  de  grandes  erreurs". 

Le  croquis,  fi- 
gure 7,  ajouté  par 
nous,  explique  ces 
instructions.  Si  le 
navire  partant  de  A, 
navigue  dans  la  pre- 
mière aire,  c'est-à- 
dire  suivant  la  ligne 
A  a,  il  parcourt  une 
route  de  17-'  c,  lieues 
en  se  déplaçant  d'un 
degré  de  latitude. 
Son  écartement  du 
méridien  A  M  sera 
Ma  =  3  ^2   lieues. 

En  navigant 
dans  la  direction 
A  b,  c'est-à-dire 
dans  la  2'"^^  quarta,  la  route  parcourue  est  de  19' 


Sud 


Fig.  7. 


lieues,  l'écarte- 

ment  M  b       7  V-'    lieues  (selon  Nunes  IQ-'/h   et  7  '  i    lieues).     Si  la 
route   parcourue   se   trouvait   dans   la  4"^^  quarta,   l'écartement  du 


meridiano  o  circulo   mayor  tiene  •  16  •  letjuas  y  dos   tercios   de   légua 
como  es  dicho":   (Il  parte,  cap.  7.) 

Faleiro  reproduit  le  Règlement  du  chemin  parcouru  établi  pour  les  deu.x 
mesures  167-i  et  17 '2  lieues. 

Enfin  Pedro  Nunes  en  1566,  indique  également  ces  deu.x  mesures  dans  le 
passage  suivant: 

„Et   quoniam    inter   Hispanos    sunt   qui   leucas    17   cum    dimidio   uni 
gradui  maximi  circuli  tribuant;  alli  vero  16  cum  duobus  tertius."' 


(1)   Varnhageri  Examen  etc.  I.  c.  p.  36. 


Nord 


151 

méridien  serait  de  17'-:  lieues,  c'est-à-dire  la  longueur  nord-sud 
d'un  degré  de  latitude. 

L'application  de  ce  Rè- 
glement, dont  nous  donnons 
un  exemple  dans  la  figure  8, 
exige  l'usage  de  la  carte 
nautique.  Le  navire  aurait 
à  faire  le  voyage  de  A  à  B 
dans  la  direction  de  la  4'^*^ 
quarta,  la  distance  entre 
AetB  étantconnued'avance; 
on  trace  sur  la  carte  la  route 
suivie  par  le  navire  dans  les 
deux  parcours  a  et  b,  dont 
les  directions  ont  été  en- 
registrées et  les  longueurs 
évaluées  le  long  du  voyage. 
Cela  suffit  pour  déterminer 
la  direction  c  à  prendre  au 

moment  d'un  vent  favorable.  C'est  précisément  ce  qu'écrit  Colomb 
à  l'égard  de  Bartholomeu  Dias  et  de  la  carte  présentée  par  celui-ci 
au  roi  D.  Joào  II.  11  y  avait  noté  lieue  par  lieue  la  route  suivie 
par  son  navire  dans  le  voyage  de  découverte  du  cap  de  Bonne 
Espérance  (voir  p.  108.1 

L'évaluation  des  distances  était  sans  doute  un  des  points  aux- 
quels les  anciens  marins  prêtaient  une  grande  attention.  11  suffit  de 
regarder  les  contours  de  la  Méditerranée  dans  les  anciens  portulans, 
pour  se  rendre  compte  de  la  précision  à  laquelle  on  est  arrivé  par 
des  moyens  aussi  primitifs. 

Pedro  Nunes  écrit  dans  le  Tratado  em  defensam  que  les 
nombres  de  la  tabelle  sont  des  valeurs  approximatives,  étant  des 
racines  carrées  qui  ne  sont  pas  calculées  exactement.  Cependant 
les  erreurs  n'étant  pas  considérables,  il  n'y  a  pas  lieu  de  s'en 
inquiéter.'    A  la  fin  de  ce  traité  il  reproduit  le  Règlement  en  entier 


{')  No  numéro  das  le^oas  que  respoiidem  per  dereito:  e  per  deferen^a 
de  ineridianos  aos  graos  daltura:  nani  pode  deyxar  dauer  alguni  erro:  porque 
estes  numéros  sam  rayzes  quadradas:  que  poucas  vezes  sam  puntuaes:  e  nam 
sendo  o  erro  jurande:  nam  se  deuc  de  estimar.  Eu  nunca  llies  fi/  sua  conta 
pera   \'erificai-   este    re^imento:    mas   lio  modo  lie  craro:    porque  tudo  isto  se 


152 

après  l'avoir  corrigé  (verificado  pello  autor).  Les  valeurs  résultant 
de  cette  vérification  présentent  des  divergences  qu'on  aura  remarquées 
à  p.  149. 

La  carte  d'Andréa  Biancho  contient  la  tabelle  suivante,  destinée 
également  à  l'évaluation  des  distances;  nous  la  reproduisons  d'après 
Breusing.' 

TOLETA  DE  MARTELOIO. 
(Carte  d'Andréa  Biancho  1436.) 

Suma  de  marteloio  per  intender: 

;i  liir^o  e  avaiico 


per  una  qi 

Liarta 

20 

98 

per  2  q 

uarte 

38 

92 

per  3 

)> 

55 

83 

per  4 

»> 

71 

71 

per  5 

)> 

83 

55 

per  6 

î) 

92 

38 

per  7 

« 

98 

20 

per  8 

» 

100 

0 

9    donne 

la     rei 

présent; 

ation 

La    figure 

tabelle.  Les  chiffres  des  deux  colonnes  correspondent  aux  deux  côtés 
d'un  triangle  rectangle  dont  l'hypoténuse,  d'une  longueur  constante 
=^  100,  est  la  route  parcourue  par  le  navire. 

Dans  la  direction  de  la  4"^^  quarta,  on  trouve  „largo" 
(direction  est-ouest)  71  et  la  même  valeur  pour  „avanco"  (direction 
nord-sud).  A  la  8"^^  quarta  l'avanco  devient  0  puisque  la  latitude 
reste  la  même. 

Le  Règlement  de  Munich  indique  un  des  côtés  d'un  triangle 
rectangle  (écartement  du  méridien)  et  l'hypoténuse  (chemin  par- 
couru). L'autre  côté  du  triangle  reste  constant,  il  est  égal  à  177^ 
lieues  ou  1   degré  de  latitude.    (Fig.  7.) 


demostra  em  hum  triangiilo  de  anijulo  reyto:  no  quai  quem  sabe  a  rota  que 
leua:  e  a  deferença  das  alturas  ou  longuras:  sabe  todos  très  angulos  do 
triangulo:  e  os  outros  dous  lados:  etc.  A'wné-s.  Tratado  em  defensam,  etc.  (Rev. 
d'Eng.  Mil.  1911,  p.  360). 

(')  Breusing.  Die  Catena  a  poppa  bei  Pigafetta  und  die  Logge. 

Zeitschrift  der  Gesellschaft  fiir  Erdkunde,  Band4  (1869),  p.  106,  d'après 
Vinc.  Forrnaleoni.  Saggio  sulla  nautica  antica  dei  Veneziani.  Venetia 
1783,  p.  9,  voir  aussi  Anthiaiune  et  Sottas,  L'astrolabe-quadrant.  Paris, 
1910,  p.  92  et  Gelcich,  Die  instrumente  etc.,  1892,  p.  14. 


153 

Dans   la   tabelle   d'Andréa   Biancho,    c'est  le   chemin   parcouru 
qui  est  constant  et  les  deux  côtés  du  triangle  variables. 


Kl 

rd 

lar^O 

0 

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OC. 

rr,       cv;  oe  g 
oo      en  <r>  s 

\ 

8 

20 

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38 

k 

55 
71 

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A 

y^ 

83 

Toleta 

/-^ 

de  TOarteloio 

92 

S    3^ 
§100 
> 
< 

J 

.^-^ 

Fig.  9. 

Sud 

Breusing   en    discutant   ce   Règlement   explique   l'emploi    de   la 

„Catena  a   poppa"  (Schleppleine)   dans   le   voyage  de  Magalhàes. 

Les  lignes  suivantes  de  Pigafetta  ont  fait  croire  à  Humboldt  qu'on 

avait  alors  déjà  fait  usage  du  loch  pour  mesurer  la  vitesse  du  navire. 

„Secondo  la  misura  che  facevamo  del  viaggio  colla  catena  a 

poppa,  noi  percorrevamo  da  60  in  70  leghe  al  giorno."  ' 
Breusing  démontre  que  la  „catena"  servait  pour  déterminer  avec  plus 
d'exactitude  la  route  suivie  par  le  navire  et  non  pas  pour  mesurer 
la  vitesse.  Ce  procédé  était  donc  un  moyen  auxiliaire  pour  arriver 
à  une  plus  juste  évaluation  de  la  longueur  du  chemin  parcouru 
par  le  navire.  Ceci  explique  les  remarques  d'Andrade  Corvo  sur  le 
passage  d'Humboldf-,  déclarant  qu'il  n'y  a  aucune  référence  au 
loch  dans  les  routiers  portugais  de  l'époque. 


(')  Amoretti.  Primo  Viaggio.  Milano,  1800,  4",  p.  213. 
(-1  Andrade    Corvo.     Note    p.  251  et  270  du    Roteiro   de    Lisboa   a 
Goa  par  D.  Joào  de  Castro,  voir  Humboldt.  Cosmos,  t.  4,  p.  66. 


154 

l. 'introduction  du  loch  pour  mesurer  la  vitesse  n'eut  lieu  qu'au 
milieu  du  XVl"  siècle;  la  première  indication  à  cet  é^ard  se  trouve 
dans  un  ouvrage  anglais  de  William  Bourne.' 

Joào  de  Lisboa,  Faleiro  et  l'Espagnol  Enciso  élucident  ce  Règle- 
ment par  une  rose  des  vents  ayant  inscrit  dans  la  direction  nord- 
sud  la  longueur  d'un  degré  de  latitude.  Les  7  aires  de  vent  à 
suivre  vers  les  directions  est  et  ouest  indiquent  chacune  la  longueur  de 
la  route  parcourue  correspondant  à  un  degré.  Joào  de  Lisboa 
établit  cette  figure  (p.  47)  sur  la  base  de  17' j  lieues,  mais  à  un 
autre  endroit  (p.  29)  il  adopte  la  longueur  d'un  degré  à  16'-  n  lieues. 

Faleiro  représente  graphiquement  ce  Règlement  par  deux  roses 
des  vents;  l'une  ayant  16 ■-/':!  lieues  comme  base  et  l'autre  17'/l>  lieues. 
Il  ajoute  à  la  dernière: 

„Para   los   que   quisieren  seguir  la  opinion   de  17  léguas  y 
média  por  cada  grado  se  pone  esta  figura." 

Enciso,  dans  les  deux  éditions  de  1519  et  1530,  indroduit  également 
une  rose  des  vents  sur  la  base  de  17  '  i-  lieues.  Il  reproduit  les  valeurs 
contenues  dans  le  Règlement  de  Munich. 


RÈGLEMENTS  DIVERS  DE  L'EXEMPLAIRE 
D'EVORA. 


Les  deux  documents  suivants  ne  figurent  pas  dans  l'exemplaire 
de  Munich. 

/.  Règlement  pour  déterminer  les  heures  de  la  nuit  par  l'étoile 
polaire  et  par  les  guardas. 
„Si   tu   connais   la  position  des  guardas  à  minuit  pour  chaque 
mois,   tu  compteras  le  nombre  d'heures  avant  ou  après  la  position 
de  minuit  et  l'erreur  que  tu  feras  sera  très  petite. 

Les  mois  sont  comptés  par  quinzaines. 
Janvier        Milieu  Les  guardas  se  trouvent  à  minuit  dans  le  bras  gauche. 
Fin       »         »         »         »        à  1  heure  au-dessus  du  bras. 


Février       Milieu 
Fin 


à  2  heures 

à  l'épaule  gauche. 


(')  William  Borne  (Bourne).   A  Régiment  for  tlie  sea.    Loiidoii,    1577,  4" 
d'après  Breusing,  Zeitschrift  etc.,  1.  c.  p.  107. 


155 


Mars 

Milieu 

Fin 

Avril 

Milieu 

Fin 

Mai 

Milieu 

Fin 

Juin 

Milieu 

Fin 

Juillet 

Milieu 

Fin 

Août 

Milieu 

Fin 

Septembre 

Milieu 

Fin 

Octobre 

Milieu 

Fin 

Novembre 

Milieu 

Fin 

Décembre 

Milieu 

Fin 

Milieu  Les  guardas  se  trouvent  à  1  heureau-dessusdelali^ne. 

à  2  heures 
à  la  tête. 

à  1  heure  au-dessousdelatête. 
à  2  heures        »  »      » 

à  l'épaule  droite, 
à  1  heure  au-dessousdela  ligne, 
à  2  heures       »  »      » 

au  bras  droit. 

à  1  heure  au-dessous  du  bras, 
à  2  heures 
dans  la  ligne. 

à  1  heure  au-dessous  de  la  ligne, 
à  2  heures 
dans  le  pied. 

à  1  heure  au-dessus  du  pied, 
à  2  heures 
dans  la  ligne. 

à  1  heureau-dessusdelaligne. 
à  2  heures 

La   détermination   de   l'heure   par   l'astrolabe   occupe   les   trois 
premiers  chapitres  du  Traité  sur  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokt, 
écrit  au  VI 1*^  siècle.^ 
En  voici  les  titres: 

/.  Trouver  durant  le  jour,  à  l'aide  de  l'astrolabe,  l'heure  solaire,  etc. 
II.  Trouver  l'heure  durant  la  nuit  à  l'aide  des  étoiles. 
III.  Trouver  l'heure  durant  la  nuit,  à  l'aide  de  la  lune. 
Le  procédé  de  la  détermination  de  l'heure  par  l'étoile  polaire  et 
les  guardas  se  trouve  déjà  dans  la  carte  catalane  de  1375  sous  une 
forme  identique  à  celle  du  Règlement;  les  guardas  y  sont  désignées 
par  les  Deux  Frères  (Dos  Frares). 
Voici  le  passage  en  question  : 

Vous  devez  savoir  encore  que,  si  le  temps  est  clair,  et  si  vous 
désirez  savoir  les  heures  de  la  nuit,  \()us  pouvez  l'apprendre  par  un 
calcul  aussi  vrai  que  prompt.  Vous  devez  savoir  que  la  tramontana 
(N.)  a  sept  étoiles  qui  l'entourent  de  nuit  et  de  jour,  (qui  la  vo^en  de 
nit  et  de  jorn)  et  s'appellent,  d'après  les  navii^ateurs,  les  chariots 
(charros).  Il  y  a  ensuite  deux  étoiles  qui  l'entourent,  et  sont  plus 
rapprochées.  Ces  dernières  s'appellent  les  Deux  Frères  (Dos  Frares).' 
(')  M.  I'.  Nau.  Le  Traité  sur  l'astrolabe  plan  de  Sévère  Sabokt.  Paris, 
1899,  p.  87  et  90. 

(-)  Buclion   et  Tastu  I.  c,  p.   16. 


156 

Ensuite,  dans  un  exposé  assez  long,  on  précise  la  position  des 
deux   étoiles  à  la  mi-décembre,   mi-mars,   mi-juin   et  mi-septembre. 
Dans   son   livre  „Leal  Conselheiro"    le   roi  D.  Duarte  consacre 
deux  chapitres  à  la  détermination  de  l'heure:' 

Capitollo  C.  Da  roda  pera  saberem  as  oras  qiiantas  sont  da  manhi\. 
noite  ou  despois. 

Capitollo  Cl.  Pera  saber  giiantas  oras  soin  ante  ou  despois  da  mea 
noite,  e  qiianto  ante  manhix. 

En  voici  un  passage: 

„c  quando  a  primeira  e  mais  cfiegada  guarda  chegar  a  cada  huu 
destes  lugares,  aliy  he  mea  noite  segundo  os  tempos  em  ella  devysados; 
e  quanto  mais  passar  ou  minguar,  per  aily  julgue  quanto  he  mais 
aaquem  ou  aalem  da  mea  noite,  e  saiba  que  de  lynha  a  lynha  ha  très 
oras,  e  de  ponto  a  ponto  ha  hua,  e  de  quinze  dias  passa  hua  ora  e  no 
mez  duas." 

On  a  ainsi  la  preuve  de  combien  ce  procédé  était  familier  au 
savant  roi  de  Portugal  et  combien  les  observations  astronomiques 
étaient  en   vogue  à  la  cour  du  frère  de  D.  Henrique  le  Navigateur. 

On  trouve  ce  Règlement  dans  l'œuvre  de  Joào  de  Lisboa  (p.  47) 
et  dans  les  deux  éditions  de  Enciso. 

//.  Règles  pour  déterminer  les  marées  à  toute  heure  de  la  journée. 

Age  de  la  lune. 

Lune  d'un  jour          Marée  haute  à       1  heure  de    l'après-midi 

de     2   jours  1*5  heures 

3       »  »  2^5        *  »  » 

»        »       4       »  »  3'/b        »  >>  » 

»        »       5       »  »  4^/b  '    '=  »  » 

6       »  »  5  »  » 

7     »  »  sy-o-    » 

»       »  8  »  »  ô^/ô  »  »  * 

»       »  9  »  »  7^/5  »  »  » 

»  10  »  »  8V5 

»       »  1 1  »  »  9  »  »  » 

»     12       >^  »  9Vd 

13  >>  107:> 

(•)  Lcal  Conselheiro  de  D.  Duarte.       Paris  (Aillaud)  1842,  p.  488-490. 

Nous  remercions  M.  Esteves  Pereira  de  nous  avoir  aimablement  signalé 
les  chapitres  du  Leal  Conselheiro. 

(-)  Le  te.xte  porte  la  mention  6'  0  heures  écrite  en  toutes  lettres  au  lieu 
de  5*0  heures. 


157 

Lune  de    14   jours    Marée  haute  à     11^.-.  heures  de  l'après-midi 
15  127-. 

Ainsi,  tu  dois  savoir  qu'à  chaque  jour  de  la  lune  tu  dois 
ajouter  ^  -,  d'heure." 

Voici  quelques  passages  traitant  les  rapports  des  marées  et  des 
mouvements  de  la  lune,  qu'on  est  surpris  de  trouver  d'une  façon 
aussi  nettement  exprimée  dans  la  carte  catalane  de  1375. 

Lorsque  la  mer  entre  et  s'en  va,  elle  suit  la  lune,  en  sorte  que 
lorsque  la  lune  décroit,  la  Grande  mer  s'en  va.  Lorsque  la  lune  croît 
ou  est  en  son  plein,  la  Grande  mer  s'étend.  Mais  quand  la  lune  est  en 
équinoxe,  les  eaux  de  la  Grande  mer  ont  le  plus  grand  mouvement,  à 
cause  du  voisinage  de  la  lune;  et  quand  la  lune  est  dans  le  solstice 
c'est  alors  que  se  trouve  le  moindre  mouvement,  à  cause  de  l'éloigne- 
ment  de  la  lune.  Ainsi  la  Grande  mer  termine  son  cours  en  dix-neuf 
ans,  et  ensuite  elle  croit  périodiquement  et  recommence  un  nouveau 
cours,  comme  la  lune.  La  Grande  mer  décroit  avec  la  lune  et  forme 
alors  Antipotis  ce  qui  veut  dire  absorption  car  alors  elle  attire 
les  eaux  à  elle  et  les  rejette  avec  grande  puissance,  (que 
vol  dir  devorament  car  lavors  tira  elle  les  aygues  e  les  gita  ab  gran 
poder).^ 

Dans  la  même  planche  de  la  carte  catalane  on  trouve  encore  une 
rose  des  vents  composée  de  14  cercles  concentriques,  correspondant 
à  14  ports  de  mer,  pour  lesquels  on  indique  l'heure  de  pleine  mer 
les  jours  de  la  nouvelle  et  de  la  pleine  lune  (établissement). 

L'inscription   suivante   est  placée  dans  le  haut  de  cette  figurer 

Ceci     est    le    cours    des     marées,    à    partir    du     mont 

Gibraltar  jusqu'au  cap  dePenmarch  en  Bretagne.  La  lune 

engrech  (N.  E.)   et  lebeg  (S.  O.),   pleine    mer,    et    en  mestre 

(N.  O.)  vent  de  terre,  basse  mer. 

Voir  l'étude  de  Buchon  et  Tastu  oij  cette  question  est  exposée 
en  détail. 

Duarte  Pacheco  consacre  les  chapitres  suivants  au  sujet  des 
marées.  Nous  aurons  l'occasion  d'y  revenir  dans  la  2^  partie  de 
notre  étude. 

Cap."  11.  Do  modo  e  conto  que  nos  lie  necessario  pera  se  saber 
ho  hencher  e  vazar  do  mar  na  mayor  parte  da  Espanha  e  asiin  em 
outras  partes  honde  ouuer  marées. 

Cap."  12.  Como  pera  se  tirar  e  saber  ha  marée,  he  necessario  saber 
primeiro  agulha  de  marear. 


(')  Buchon  et  Tastu  I.  c,  p.  11. 
(-)  Buchon  et  Tastu  I.  c.  p.  24. 


LE  TRAITÉ  DE  LA  SPHÈRE. 


Por  marcs  iiunca  d'antes  navegados. 
Camàes.  Canto  I  —  L 


Du  fait  que  l'astronomie  était  devenue  indispensable  à  la  réali- 
sation des  entreprises  maritimes  découlait  la  nécessité  d'initier  les 
marins  à  cette  science.  Les  connaissances  astronomiques,  qui,  jus- 
qu'à l'époque  des  découvertes,  étaient  l'apanage  exclusif  des  astro- 
logues et  des  mathématiciens,  trouvèrent  alors  un  vaste  champ 
d'application  dans  l'art  de  la  navigation.  Pour  la  vulgarisation  de  ces 
connaissances  devenues  nécessaires,  on  se  servit  du  Traité  de  la 
sphère  de  Sacrobosco.  ' 

La  grande  faveur  accordée  à  ce  livre  pendant  les  XV*-'  et 
XVl^  siècles  justifie  pleinement  son  choix.  Dès  sa  première  impression 
en  1472  à  Ferrare  jusqu'à  l'édition  de  Leyde  de  1647,  la  Sphère  de 
Sacrobosco  compte  plus  de  60  éditions  latines  avec  ou  sans 
commentaires. - 

Le  Traité   de  la  sphère  est   une  compilation  de  l'Almageste  de 

Ptolémée,   des   œuvres   d'Alfragan    et   de  celles  d'autres  astronomes 

arabes.    V'oici  le  résumé  des  4  chapitres  de  la  traduction  portugaise: 

Chap.  I.      Définitions    de    la    sphère    céleste,    des   pôles,   de    l'axe. 

La  terre  immobile  placée  au  centre  du  système  planétaire 

est  entourée   des   sphères   suivantes:   la   Lune,   Mercure, 

Vénus,    le    Soleil,    Mars,   Jupiter,   Saturne,   la   8^  sphère 

des     étoiles    fixes,     enfin     la     Q"-'   sphère     le     „primum 

mobile".     Les    mouvements    des    sphères    célestes;     les 

preuves    de    la    sphéricité    du    globe;    manière    de    cal- 

(')  Johannes  de  Sacrobosco  (John  Holyvvood,  né  à  Halifax,  Yorkshire, 
mort  en  1244  ou  1256)  fut  professeur  de  mathématiques  à  Tuniversité  de  Paris. 

(-)  Dictionnaire  raisonne  (Encyclopédie),  article  Sacrobosco.  H.  Suter, 
Die  Mathematik  auf  dcn  Uni\ersitaten  des  Mittelalters.     Zurich  1887,  p.  29. 


159 

culer  la  circonférence  de  la  terre  par  des  observations 
astronomiques  (astrolabe). 

Cliap.  11.  Les  cercles  majeurs  et  mineurs  de  la  sphère.  Définition 
de  l'équateur,  du  zodiaque,  de  l'écliptique,  des  colures, 
des  méridiens  et  de  l'horizon.  Le  zodiaque,  divisé  en 
12  signes.  Les  6  signes  septentrionau.x  (Aries  à  Virgo). 
Les  6  signes  méridionaux  (Libra  à  Pisces).  Définitions 
de  l'écliptique.  Les  5  zones  du  globe,  dont  2  habitables. 

Chap.  111.  Lever  et  coucher  des  astres.  Différence  de  longueur  des 
nuits.  Définition  de  l'ombre  sud  (australe),  de  l'ombre 
nord  (boréale I.  Diversité  des  climats.  L'équateur  et  les 
pôles  inhabitables.    Les   7  climats   de   la  zone   habitable. 

Chap.  IV.  Mouvements  des  planètes.  Causes  des  éclipses  du  soleil 
et  de  la  lune. 

Cet  ensemble,  réuni  en  un  petit  volume  de  40  pages  ornées  de 
32  gravures,  était  le  livre  mis  à  la  portée  des  marins  portugais. 

La  première  traduction  portugaise  eut  au  moins  deux  éditions 
(Exemp.  de  Munich  et  d'Evora);  Pedro  Nunes  en  publia  une  autre 
augmentée  de  divers  traités;  en  voici  le  contenu:' 

Tratado  da  Sphera. 

Theorica  do  Sol  e  da  Lua. 

Livro  primeiro  da  Qeographia  de  Ptolomeu. 

Tratado  sobre  certas  duvidas  da  navegacào. 

Tratado  em  defensam  da  carta  de  marear. 

Grâce  à  l'initiative  de  M.  Esteves  Pereira  la  dernière  partie  de 
ce  livre,  le  „Tratado  em  defensam  da  carta  de  marear",  a  été 
récemment  reproduite  dans  la  Revista  d'Engenharia  Militar. 

Les  œuvres  du  célèbre  cosmographe  Pedro  Nunes  se  rapportant 
à  la  navigation,   sont    riches    d'éléments    précieux   jusqu'à    présent 


(')  Tratado  da  sphera  coin  a  Theorica  do  Sol  e  da  Lua.  L  ho  primeiro 
liuro  da  Geographia  de  Claudio  Ptolomeo  Alcxandrino.  Tirados  nouamente 
de  Latim  em  lingoagem  pello  Doutor  Pero  Nunez  Cosmographo  del  Rey  dom 
Joào  ho  terceyro  deste  nome  nosso  Senhor.  E  acreceiitados  de  militas  anno- 
taçôes  e  figuras  per  que  mays  facihnenle  se  podem  enteiider. 

Item  dous  tratados  que  o  mesmo  Doutor  fez  sobre  a  Carta  de  marear. 
Em  os  quaes  se  decrarào  todas  as  principaes  duuidas  da  iiauegaçào.  Com 
as  tauoas  do  mouimento  do  sol:  e  sua  declinaçào.  E  o  Re^imcnto  da  altura 
assi  ao  meyo  dia:  como  nos  outros  tempos. 

Lisboa,  Germào  Galharde.  1  De/.embro  \5>M. 


160 

peu  utilisés  par  les  historiens.  Etant  donné  leur  rareté,  leur  réim- 
pression s'impose  comme  un  besoin  de  l'histoire  nationale. 

C'est  dans  le  traité  de  la  carte  nautique  que  Nunes  place  les 
tables  astronomiques,  qu'il  discute  le  Règlement  en  usage  de  son 
temps  et  qu'il  y  introduit  des  modifications. 

La  première  traduction  portugaise  de  la  „ Sphère"  est  d'abord 
annexée  à  un  Règlement  très  simple  et  très  explicite  (Bibl.  de  Munich), 
puis  à  un  autre  bien  plus  concis  indiquant  déjà  une  connaissance 
plus  grande  de  la  méthode  du  calcul.    (Bibl.  d'Evora. ) 

En  1537  Pedro  Nunes  juge  une  nouvelle  traduction  nécessaire 
et  y  ajoute  d'autres  éléments.  Les  deux  parties  de  l'œuvre  primitive, 
c'est-à-dire  les  Règlements  et  le  Traité  de  la  sphère,  se  complétaient 
dès  le  début;  l'une  était  destinée  à  la  détermination  des  latitudes, 
l'autre  à  la  vulgarisation   des  éléments  d'astronomie. 

M.  Jordào  de  Freitas  faisant  des  recherches  à  notre  demande 
à  la  Bibliothèque  d'Ajuda  (Lisbonne)  au  sujet  du  Traité  de  la 
sphère  et  du  Règlement  de  l'astrolabe,  nous  a  très  obligeamment 
signalé  un  petit  opuscule  de  Pedro  Nunes  que  nous  n'avons  trouvé 
cité  nulle  part,  pas  même  par  M.  Quimaràes  qui  a  particulièrement 
étudié  les  œuvres  du  grand  mathématicien.  Voici  le  titre  de  cette 
étude  en  12  pages: 

Astronomici  introductoni  j  de  spaera  epitonieper  Peîruni  Non! uni 
Salaciensem  . 

Cet  exposé  de  la  Sphère  dont  la  date  d'impression  n'est  pas 
indiquée,  se  trouve  joint  à  l'œuvre  espagnole  suivante,  datée  de  1526: 

„Cursus  quatuor  Mathematicarum  artium  liberalium"  par  „Petrus 
Ciruelus  Darocensis". 

Le  format  d'impression  de  ce  livre  s'écarte  un  peu  de  celui 
de  Nunes;  les  caractères  typographiques  ne  sont  pas  les  mêmes, 
cependant  on  est  tenté  de  supposer  que  cette  étude  était  destinée 
à  compléter  l'œuvre  de  Petrus  Ciruelus.  Dans  ce  cas  le  résumé  de 
la  Sphère  serait  peut-être  antérieur  à  la  traduction  de  Sacrobosco 
par  Pedro  Nunes,   considérée   comme  la  première  de  ses  œuvres'). 

(')  Voici  quelques  détails  sur  les  deux  li\Tes  en  question  : 

Cursus  quatuor  Mathematicaru  Artiu  Libéra    liû:  quas  recollegit     atqz 

correxit  ma  / gister  Petr^ /  Ciruelus   Daro  césis    Theologus  simul  et  pfiilo- 

sophus.  i  1526. 

Le  format  d'impression  est  de  220X194  mm,  les  feuilles  n'ayant  pas  de 

pagination. 


161 

Avant  Pedro  Nunes  la  Sphère  a  été  l'objet  d'une  étude,  encore 
presque  inconnue,  écrite  par  Francisco  Faleiro  frère  de  Ruy  Faleiro 
compagnon  de  Magalhàes: 

Tratado  del  Esphera  y  del  arte  del  marear:  con  el  regimento 
de  las  alturas:  con  algunas  reglas  nuevamente  escritas  niuy 
necessarias.   Sevila  MDXXXV.  (1535.) 


On  lit  à  la  fin  de  l'introduction  le  passage  suivant: 

„Alterum  geometriae  Euclidis  e  alterum  perspectiuée  Alacen  quinta  quoqz 
erit  introductio  astrologica  :  quam  in  sphaericum  opusculum  olim  condideram 
correspondentem  almagesto  Claudii  Ptholomei  clarissimi  :  e  Almanach  perpetuo 
Zaciiti  salmanticensls  :  cum  nostro  indiciario  quadripartite  ac  centilogo.  Accepite 
ergo  laeto  animo  hanc  vtilitatis  asditionem:  quae  ad  vtriusqz  philosophie  plénum 
intelligentiam  erit  munimentum  quaé  iucundissimum. 

L'oeuvre  est  divisée  en  quatre  parties  à  savoir: 

1.  Eiusdé  Pétri  Cirueli  Dorocêsis  Paraphrasis  in  Arithmeticâ  speculatiuâ 
diui  Seuerini  Boetii  :  clarius  c  certius  ae  dita  quâ  olim  a  thoma  Brauardino. 
Cui  taie  premittitur  exordium. 

(Premier  et  deuxième  livre  d'„Arithmetic£e") 

2.  Breue  Copendium  géométrie  theorica  a  Thoma  brauardino  primu  ex 
libriis  Euclidis  Câpani  Archimedis  t  aliorû  côpilatu. 

(Primi,  secundi,  tertii,  quarti  libri  geometria  —  Libellus  de  quadratur 

circuli  editus.) 

3.  Breue  compëdium  Perspectiue  coisdni  Joannis  archiepi  Câtaarieh.  de 
radiis  visualib?  ac  variis  modis  videdi:  ex  libris  Halacë,  Alchindi:  c  aliorum  copilatù. 

(Premier  et  deuxième  livre  de  perspective). 

4.  Jacobi  Fabri  Stapulensis  Elementa  Musicalia  ad  clarissimû  virum 
Nicolaum  de  haqueuille  inquisitorum  Presidentem. 

A  la  fin: 

Quarti  Elementorum  Musices  Finis. 

Explicitum  est  ergo  Volume  quattuor  /  Introductionû  Mathematicaliù  Ma  / 
gistro    Petro    Ciruelo    Darocensi    inter/ prête    simil  c  correctore.     Laus   deo  / 

1526 
A  la  page  suivante  commence  l'opuscule  de  Pedro  Nunes  „Astronomici  intro- 
ductorii  de  spaera  etc.",  titre  reproduit  plus  haut.   Il  se  compose  de  6  feuilles 
(12  pages),  divisées  en  quatre  chapitres  avec  subdivisions,  dont  voici  les  titres: 
Caput  primù. 

Sphaera  avthore  evclide  est  circuassumpta  figura  quando  diametro  mancnte. 

Orbium  cœlestium  t  elementarium  ordo. 

Cœlestium  sphœrarum  numerus. 

Cœlestium  sphaerarum  motus. 

Quod  motus  cœli  sit  circularis. 

Quod  cœlum  sit  sphaericum. 

Quod  Terra  cum  a(|ua  sit  spha;rica. 

11 


162 

Le  nom  de  l'auteur  ne  figure  pas  dans  le  frontispice,  on  le 
trouve  au  commencement  du  texte: 

Comiença    el    tratado  del  esphera  y  del  arte  del  niarear. 

Compuesto  por  Francisco  Falero  :  natural  del  reyno  de  Portugal: 

criado  de  su  Magestad. 

Ce  livre  rarissime  constitue  un  document  des  plus  précieux 
pour  l'histoire  de  l'astronomie  nautique  au  Portugal.  Souza  Viterbo 
est  le  seul  auteur  portugais  qui  le  cite  mais  sans  en  avoir  vu  un 
exemplaire.  ^  Une  note  de  Peschel  attira  notre  attention  sur  cet 
ouvrage  que  nous  avons  cherché  dans  de  nombreuses  bibliothèques 
d'Allemagne  et  de  Suisse,  en  Espagne,  au  British  Muséum  et  à 
la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris. 

11  existe  à  Madrid  (2  exemplaires),  à  Munich  et  à  Augsbourg. 
Nous  en  possédons  une  copie  photographique. 

Barros  Arana  mentionne  l'œuvre  de  Faleiro  comme  ayant  disparu. - 
Varnhagen   (1858)   a,   paraît-il,   été   le   premier  à  la  consulter,    pro- 


Quod  terra  in  centro  sit  locata  c  respectu  firmamenti  quasi  punctù. 
Quod  terra  non  moueatur. 
De  terrae  ambitu  secundum  Eratosthenem. 
Caput  secun  de  circulis  Sphaerae. 
De  aequinoctiali. 
De  zodiaco. 
De  duobus  coluris. 
De  Meridiano. 
De  Horizonte. 
Caput  tertium  de  ortu  c  occasu  signorum. 
De  partitione  diei  naturaiis. 
De  ijs  quaas  indiuersis  habitationibus  accidunt. 
Ce  chapitre  se  termine  par  une  tabelle  concernant  les  7  climats: 

Primi  climatis  per  Mersem. 

Secundi  climatis  per  Syenem. 

Tertii  climatis  per  Alexandriâ. 

Quarti  climatis  per  Rhodum. 

Quinti  climatis  per  Roman. 

Sexti  climatis  per  Borystenem. 

Septimi  climatis  per  Ripheosmotes. 

Le  format  d'impression  est  de  230X130  mm,  celui  des  4  traités  espagnols 
est  de  220X194  mm.  Selon  M.  Jordâo  de  Freitas  ce  volume  aurait  appartenu 
au  couvent  des  Jésuites  de  S.  Antâo  à  Lisbonne. 

(')  Souza  Viterbo.  Trabalhos  nauticos  dos  portuguezes  1898,  t.  1,  p.  95, 
citation  d'après  Galhardo.    Ensaio  de  una  biblioteca  n"'  1836. 

(-)  Diego  de  Barros  Arana.  Fernâo  de  Magalhàes,  trad.  portugaise  par 
Magalhàes  Villas-Boas.    Lisboa  1881.  p.  55,  K57,  189. 


163 

bablement  en  Espagne.  ^  Francisco  Faleiro  et  son  frère  l'astronome 
Ruy  Faleiro  quittèrent  le  Portugal  en  1517,  avec  Fernào  de 
Magalhàes;  ils  se  proposaient  de  l'accompagner  dans  son  premier 
voyage  autour  du  monde.  Francisco  Faleiro,  pilote  expérimenté, 
devait  occuper  le  poste  de  capitaine  d'un  vaisseau  de  l'escadre. 
Les  difficultés  soulevées  par  les  deux  frères  firent  échouer  ces 
négociations;  les  Faleiro  restèrent  en  Espagne,  où  Ruy  mourut. 
La  lettre  royale  autorisant  l'impression  du  Traité  de  la  sphère 
prouve  que  Francisco  Faleiro  était  en  Espagne  en  1532. 
En  voici  le  commencement: 

„La  Reyna:  Por  quanto  por  parte  de  vos  Francisco  falero  me  fue  hecha 
relacion  que  vos  con  zelo  de  nos  seruir  hezistes  vn  tratado  de!  esphera  y  arte 
de  marear  en  lengua  castellana:  muy  necessaria  para  los  nauegantes  :  el  quai 
vos  presentastes  ante  el  dotor  Salaya  nuestro  prothomedico  y  catedratico  de 
astroiogia  en  la  vniuersidad  de  salamanca  para  que  io  examinasse.  Y  que  el 
dicho  dotor  vio  y  examino  el  dicho  tratado  y  le  hallo  bueno:  y  tal  que  se 
deuia  inprimir  por  ser  tan  pruechoso  para  los  nauegâtes:  etc." 

Tordesillas  18  d'agosîo  de  1532. 

Nous  examinerons  plus  loin  l'importance  historique  de  ce  livre 
et  les  connaissances  de  son  auteur  dans  l'art  de  la  navigation,  mises 
déjà  en  évidence  par  Navarette.  " 

Sans  indiquer  s'il  s'agit  d'un  livre  imprimé  ou  d'un  manuscrit, 
Humboldt  cite  du  même  auteur: 

Regimento  para  observar  la  longitud  en  la  inar.  Francisco 
Faleiro  1535.  ^ 

Nulle  part  dans  nos  recherches  nous  n'avons  trouvé  les  traces 
de  cette  œuvre  importante  pour  l'histoire  du  calcul  des  longi- 
tudes. Elle  est  sûrement  une  amplification  du  traité  en  30  chapitres 
remis  par  Ruy  Faleiro  à  Magalhàes  (avant  1519)  et  qui  était  pro- 
bablement une  étude  des  deux  frères. 

Barros  écrit  à  cet  égard  que  son  ami  et  parent  Duarte  de 
Rezende  aurait  eu  en  main  un  Règlement  en  30  chapitres,  par 
Ruy  Faleiro,  sur  le  calcul  de  la  distance  des  méridiens  (Altura  do 
Leste  Oeste),'   trouvé   en  Orient  à  bord  de  la   flotte  de  Magalhàes. 

(')  F.  A.  de  Varnhagen.  Examen  de  quelques  points  de  l'histoire  géo- 
graphique du  Brésil.     Paris  1858.  p.  32. 

(-)  Navarrete.  Disertation  sobre  la  historia  de  la  nautica.  Madrid  1846. 
parte  III,  p.  147. 

{;')  Humboldt.    Kosmos,  t.  Il,  p.  470. 

(')  Barros.     D.  3,  L  5,  C.  10,  p.  659—661. 


164 

Rappelions  encore  qu'un  livre  espagnol  de  1556  reproduit  presque 
le  même  titre,  de  l'ensemble  du  Règlement  de  l'astrolabe  et  du  Traité 
de  la  sphère,  qu'on  trouve  chez  Francisco  Paleiro: 

Martin  Cortes:  Brève  conipendio  de  la  sphera  y  de  la  arte 
de  naveifar  con  nuevos  instriimentos  y  reglas  exemplificadas 
con  niuy  subtiles  denionstraciones.  1556.  Ant.  Alvarez,  Sevilla. 

EXTRAITS  DU  TRAITÉ  DE  LA  SPHERE, 
EXEMPLAIRE  DE  MUNICH. 

Nous  reproduisons  ici  quelques  passages  pris  au  hasard  dans 
le  ,,Tractado  da  Spera"  en  y  supprimant  quelques  abréviations, 
bien  moins  nombreuses  du  reste  que  dans  le  ,,Regimento".  Pour 
retrouver  ces  passages  dans  l'édition  fac-similé,  nous  adoptons  une 
pagination  conventionnelle  qui  n'existe  pas  dans  l'original:  la  page  1 
serait  le  frontispice  du  Règlement  ;  la  page  24  le  frontispice  du 
Traité  de  la  sphère  et  la  page  64  la  gravure  à  la  fin  du  livre. 

,,Ha  spera  segumdo  sub'  substança:  e  em  esa  mesma  se  diuide 
em  noue  speras.  comuem  sabeer  em  ha  nona:  que  he  dicta  primeiro 
mobile,  e  em  ha  oytaua  que  he  dicta  ho  çeeo  das  estrellas:  e  que 
se  chama  firmamento:  e  em  sete  çeeos  de  sete  planetas:  que  som. 
Saturno.  Jupiter.  Mars.  Sol.  Venus.  Mercurio.  e  Ha  Luua  :  "    C  1 .  p.  26. 

,,0  Mundo  se  diuide  em  duas  regiones:  s.  etherea  et  çelestial 
e  em  elememtall  sobiecta  e  continua  a  alteraçià.  Esta  se  diuide 
em  quatro  elememtos.  s.  terra:  aguoa.  aar  e  foguo.  Et  ha  terra  estaa 
em  ho  meyo.  logo  a  aguoa.  e  ë  çima  ho  aar:  e  sobre  o  aar  ho 
fogo  puro:  que  chegua  atee  ho  çeeo  da  lûa."  C  1.  p.  28. 

,,A  çerqua  da  regiam  dos  elememtos  he  a  regiam  Etherea  lucida 
diaphana  :  alhea  de  mudamemto  formai  por  ha  sua  essemcia 
jmuariauell  se  moue  sempre  per  mouimento  çircular.  e  se  chama 
dos  philosophos  quimta  essemcia:  ou  quimto  elemento.  ha  quai 
contem  noue  ceeos:  e  speras.  comue  a  saber.  Lua.  Mercurio. 
Venus.  Soll.  Mars.  Jupiter,  e  Saturno.  Firmamento  :  e  o  çeeo  darradeiro. 
Et  cada  huù  destes  çerqua  ho  mais  debaixo  como  spera.  Estas 
espéras  e  çeeos  tem  dous  mouimentos.  huû  do  çeeo  mays  derredeiro 
sobre    dous    polios    artiquo:   e   antartiquo.   e   de   oriemte    pera  ho 

C)  répété. 


165 

ocçidemte  em  oriemte.  ho  quall  mouimëto  ha  equinociall  parte 
per  ho  meo.  ho  outro  mouimemto  he  dos  oyto  çeeos  mais  debaixo 
comtrayro  ao  primeiro  sobre  os  polios  do  zodiaco:  que  distam  e 
se  parte  dos  primeiros  por  XXIII  graaos.  Et  ho  nono  çeo  corn  seu 
mouimemto  arrebata  e  moue  consiguo  todolos  mais  debaixo  darredor 
da  terra:  em  cada  vimte  e  quatro  horas  faze  huùa  reuollucam. 
e  nom  embargamte  este  mouimemto  diurno:  elles  se  mouem  por 
seus  proprios  mouimemtos  de  ocçidemte  em  oriemte."     C  1.  p.  29. 

,,E  dous  sinaaes  manifiestam  que  ho  çeeo  se  moua  de  oriête 
ho  primeiro  :  que  as  estrellas  que  naçem  ë  oriête  se  alçam  pouco 
a  pouco  atee  vijr  ao  logar  homde  o  sol  faz  meo  dia.  e  sempre  em 
jguoall  distamça  huùas  de  outras:  e  asy  descendem  em  occidente. 
A  segunda  he:  que  as  estrellas  que  estam  açerca  do  polo  artiquo 
se  mouem  continuadamente  açerqua  délie  despreuendo  e  fazendo 
seus  circulos  de  oriête  ata  occidente.  e  estam  sempre  em  jguall 
distamcia  huûas  das  outras,  o  por  que  estes  dous  mouimentos  das 
estrellas  fixas:  asy  das  que  sempre  pareçê  como  das  que  abaixam 
sob  ho  orizonte:  parece  que  o  firmamento  se  moue  de  oriente  ê 
occidête."  C  1.  p.  30. 

,,A  Terra  he  redonda  de  oriente  em  occidente.  e  esto  mani- 
fiestam as  estrellas  que  nom  apareçem  ta  azinha  aos  que  moram 
em  occidente:  como  aos  que  moram  em  oriente.  Ca  ho  éclipse 
da  lûa  que  a  nos  pareçe  na  primeira  hora  da  noyte:  os  orientaaes 
ho  veem  a  hora  terçeira  da  noyte.  Esto  déclara  ser  a  elles  primeiro 
noyte:  que  a  nos.  O  quall  non  séria:  se  a  terra  fosse  chaâ  : 
e  non  redonda.  He  outro  sy  redonda  de  meeo  dia  a  septentriom. 
Ca  se  alguu  caminhase  da  parte  meridiana  em  na  parte  septen- 
trional! sempre  se  Ihe  descobririam  em  ha  parte  septentrional! 
estrellas:  que  primeiro  nom  viam.  Et  en  ha  parte  méridional!:  se 
Ihe  cobriria  as  estrellas:  que  primeiro  Ihe  pareciam.  Et  poys  ha 
terra  he  redomda  demdo  oriemte  a  ho  occidente:  et  do  meo  dia 
em  septemtriom."  C  1.  p.  31. 

Circonférence  de  la  terre  mesurée  par  l'astrolabe. 

,,Todo  ho  ambito  e  circunferencia  da  terra  segundo  Thcodosio: 

e  outros  astrologos  he  dozentos  e  cinquenta  e  dous  mil!  estadios: 

dando   a   cada   graao   do   zodiaco   setecentos   estadios.   ho   quai   se 

poderia  medir  cm  esta  maneira.  tome  huu  estrolabio  noyte  clara  c 


166 

estrellada  c  por  ambos  hos  fiirados  do  mediclinio  e  do  reglado  cstro- 
labio  acatem  ho  polio  artiquo  e  vejam  qiiantos  graâos  tem  de 
altura:  depois  procedam  dircito  ao  dicto  polio  artico  ata  que  ho 
vejam  huii  graao  mais  alto,  meçam  ho  espaaço  da  terra  que  jaz 
amtre  âbas  as  alturas  :  e  acharas  sete  centos  estadios.  os  qe;.  multipiica- 
dos  por  trezentos  e  Ix  (360)  graaos  que  té  todo  o  ceeo:  sera  ho 
ambito  da  terra  dozentos  e  cinquoentaedousmiil  estadios.'"  C.  l.p.34. 

,,Dez  circulos  ymaginamos  na  spera.  seys  mayores  :  e  quatro 
menores.  Circulo  mayor  he  dicto  :  que  se  por  elle  diuidisemos  a 
spera  :  pasaria  a  diuisam  por  ho  centro.  Et  circulo  menor  se  dize 
aquelie  cuja  diuisam  na  pasa  por  o  centro  da  spera.  Et  circulo 
mayor  he  aquelie  :  que  diuide  a  espéra  em  duas  partes  jguaes.  Ho 
menor  diuide  a  espéra  em  duas  partes  nam  jguaes.  Hos  circulos 
mayores  sam  a  equinociall  :  zodiaco  :  coluro  equinoçial  :  coluro 
solisticiall  :  meridiano  :  orizonte.  A  equinoçial  he  huù  circulo 
que  parte  a  spera  em  duas  partes  yguaes  :  e  de  cada  parte  dista 
yguallmente  de  ambos  os  polios."  C  2.  p.  35. 

,,Hay  outro  circulo  na  espéra  que  corta  a  equinociall  :  e  diuide 
em  duas  metades.  e  ha  hua  se  aparta  da  equinociall  pera  ho 
septemtriom  :  e  o  polio  artiquo.  A  outra  déclina  pera  o  meodia: 
e  aho  polio  amtartico.    E  chamase  zodiaco."  C  2.  p.  36. 

,,A  parte  do  zodiaco  :  que  déclina  da  equinoçial  pera  septen- 
triom  :  se  chama  septentrionall  :  boreall  :  artico.  e  aquelles  seys 
signos  que  em  elle  esta  do  començo  de  aries  ate  fim  de  virgo  se 
chamam  septentrionaaes  boreaaes  articos.  A  outra  metade  do  zodiaco 
que  déclina  ate  meo  dia  se  chama  méridional  austral  amtartico.  Et 
os  seys  signos  que  nella  estam  do  començo  de  libra  ate  fim  de 
pisces  se  chama  meridionaaes  austraaes  amtarticos."         C  2.  p.  37. 

,,Et  ay  hy  outros  dous  circulos  na  spera  que  chamam  coluros  : 
Cujo  officio  he  distinguir  os  equinocios  e  solsticios  ....  Et  este 
coluro  que  distingue  os  solsticios  pasa  por  os  polios  do  mundo  e 


C)  Ce  procédé  fut  employé  sous  Al-Mamoun.  On  mesura  sur  le  même 
méridien  la  longueur  correspondant  à  la  différence  d'un  degré  de  la  hauteur 
du  pôle.  Cette  opération  fut  répétée  deux  fois  en  partant  du  même  point:  une 
fois,  vers  le  nord,  on  trouva  57  milles;  une  autre  fois,  vers  le  sud,  on  trouva 
56'/2  milles.  Bigourdan,  Astronomie  1911  p.  155. 


167 

por  os  polios  do  zodiaco  :  e  por  has  maximas  declinaciôes  do  soll. 
s.  por  os  primeiros  graaos  de  cancer  e  de  capricorno.  Et  ho  primeyro 
puncto  de  cancer  onde  este  coluro  entrecorta  ho  zodiaco  se  chama 
pomto  do  sohsticio  estiuall.  por  que  quâdo  ho  sol  nelle  estaa  :  he 
soistiçio  estiual.  e  ho  sol  nà  pode  mays  achegar  ao  zenich  das 
nossas  cabeças.  Zenich  he  huu  pomto  no  firmamento  de  direito 
sobre  as  nossas  cabeças.  Aquelle  arco  do  coluro  que  estaa  antre 
a  equinoçial  e  ho  pomto  do  solistiçio  estiuall  se  chama  maxima 
dedinaçiâ  do  soll.  E  segundo  ptolomeo  he  vynte  e  très  graaos 
e  cinquoenta  e  huum  minutos.  Segundo  Almeom  he.  XXIll. 
graaos  e  XXXlll.  minutos.  Tam  bem  ho  primeiro  ponto  de 
capricorno  se  chama  pumto  do  solistiçio  hyemall.  e  o  arco  do  coluro 
amtre  aquelle  pomto  e  ha  equinoçial  he  outra  maxima  declinacam 
do  sol  jgual  aa  primeira.  O  coluro  que  distingue  os  equinocios  e 
pasa  por  os  polios  do  mundo  et  por  os  primeiros  puntos  de  aries 
e  de  libra  :  honde  sa  os  dous  equinocios  vernal  em  aries  :  au- 
tùnal  è  libra.  ay  na  spera  outro  circlo  mayor  chamado  meridiano  : 
e  que  pasa  por  os  polos  do  mundo  e  por  ho  zenich  d  nossa 
cabeça.  he  dito  meridiano  :  por  que  homde  quer  que  ho  home 
estee  em  quai  tempo  do  anno  andando  ho  sol  mouido  ao  moui- 
mento  do  firmamento  chega  a  este  circulo.  Et  aquelle  home 
(he  o?)  meo  dia.  E  por  esto  se  chama  circulo  do  medio  dia.  He 
de  notar  que  se  duas  çidades  huma  se  achega  mays  ao  oriente  que 
ha  outra  :  nam  teem  ambas  huù  medio  dia  :  amtes  diuersos.  et  ho 
arco  da  equinoçiall  que  jaz  amtre  ambos  os  meridianos  se  diz 
longura  e  anchura  e  apartamento  destas  çidades  e  se  duas  çidades 
teem  huiï  meridiano  apartamse  jgualmente  do  oriente  e  de  oci- 
dente."  C  2.  p.  40. 


,,He  de  saber  :  que  a  equinoçiall  :  et  hos  quatro  circulos  menores 
se  chamam  paralellos  et  equidistamtes  :  nam  por  que  ho  segumdo 
se  aparté  tamto  do  primeiro  :  quamto  ho  terçiro  do  segumdo.  Que 
esto  he  falso  -.  segumdo  auemos  agora  prouado.  mays  por  que 
tomam  de  dous  délies  :  ho  huum  se  aparta  do  outro  yguallmente 
em  todas  suas  partes.  Et  chamase  paralello  equinoçiall  :  paralello 
do  solistiçio  estiual.  paralello  do  solistiçio  hyemall.  paralello  artico  : 
paralello'  e  paralello  amtartiquo.  He  de  notar  que  os  quatro 
paralellos  menores  distinguem  em  ho  çeeo  çimquo  zonas,  et  em  ha 

(')  répété. 


168 

terra  çiiiquo  plaj^as  sobiectas  a  as  cinquo  zonas.  A  plagaa  do  meo 
sobiccta  a  a  torrida  zona  amtre  os  dous  tropicos  se  diz  nom  morada 
por  ha  gramde  quentura  do  sol  :  que  sempre  anda  emtre  os  tropicos  : 
e  as  duas  plagaas  sobiectas  a  as  duas  zonas  do  paralello  artico  et 
paralello  antartico  se  dizem  nom  moradas  por  ho  gramde  frio.  por 
que  ho  soll  se  aparta  muyto  délias.  As  outras  duas  plaças  sobiectas 
a  as  duas  zonas  das  quaes  ha  huua  estaa  amtre  ho  tropico  estiuall: 
et  ho  circulo  artico.  A  outra  emtre  ho  tropico  hyenmall  e  o  circulo 
amtartico  :  sam  moradas  e  temperadas  com  quemtura  da  torrida 
zona  :  que  estaa  antre  os  tropicos  :  e  a  frialdade  das  zonas  pro- 
pinquas  aos  polios."  C  2.  p.  42 — 44. 


ÉDITIONS  DU  RÈGLEMENT  ET  DU 
TRAITÉ  DE  LA  SPHÈRE. 

L'exemplaire  de  la  Bibliothèque  de  Munich  manque  d'indications 
sur  la  date  d'impression.  Le  bas  du  frontispice  du  Règlement  de 
l'astrolabe  est  déchiré  juste  à  l'endroit  oii  se  trouve  l'inscription 
suivante  aujourd'hui  incomplète: 

impresso  em  a  cidade  d pos 

com  gracia  e  priuilegio  (le  reste  manque). 

Ce  volume  fut  soumis  à  l'examen  de  M.  Conrad  Hœbler, 
professeur  renommé  et  auteur  de  nombreux  ouvrages  classiques 
sur  les  incunables  ibériques.  M.  Haebler  compléta  la  première 
ligne  de  l'inscription  déchirée  par  les  mots  suivants,  de  lixboa  por 
hermâo  de  Canipos.  La  partie  qui  manque  à  la  deuxième  ligne 
(longue   de  50  millimètres)  contenait  peut-être  la  date  d'impression. 

Le  premier  travail  typographique  de  Herman  de  Campos  que 
nous   connaissons  est  daté  de  1509,  Setubal.^     Le  nom  de  cet  im- 


(*)  Nous  remercions  M.  J.  A.  Moniz,  de  la  Bibliothèque  Nationale  de 
Lisbonne,  de  son  aimable  intervention  dans  nos  recherches  concernant  les 
oeuvres    imprimées    par    Herman    de    Campos. 

1509  Setubal.    Regra  estatutos  e  definiçôes  da  ordem  militar  de  S.  Thiago. 

1  vol.  folio, 
à    la    fin:    Esta    obra    fue    emprimida    em    Setuual    por    mi    Herman    de 

kempis,  alema  13  Dezembro  1509. 

1512.     Lisboa.     Os    artigos    das    sysas    destes    regnos    emprimidas    per 

autoridade  y  preuilegio  de!  rey  nosso  senhor.  1  vol.  folio, 

à    la   fin  :    Forom    empmidos    os    ditos    arfygos  das  sysas.     Em  lixboa  p 
hermâ  De  Kempos,  alemâ. 


169 

primeur  subit  des  altérations  successives  de  l'allemand  au  portugais. 
En  1509  il  signait  Hernian  de  kempis;  en  1512  herma.  de  Kempos  ; 
en  1516  Hernian  de  Capos  et  enfin  en   1518  herman  de  canipos. 

En  1516,  Campos  était  devenu  l'associé  de  Valentim  Fernandes, 
l'imprimeur  de  la  Vita  Christi  de  Ludolfus,  œuvre  que  M.  Haebler 
considère  comme  un  des  plus  beaux  livres  sortis  des  imprimeries 
de  la  Péninsule  avant  1500.  Dans  les  œuvres  datées  de  1509  et 
1512,  on  ne  trouve  pas  encore  de  titre  honorifique  adjoint  au 
nom  de  Campos,  bien  que  D.  Manuel,  par  une  lettre  patente  du 
8  février  1508,  ait  accordé  les  honneurs  de  chevalier  de  la  maison 
royale  à  tous  les  imprimeurs  vieux  chrétiens  ayant  une  fortune 
supérieure  à  2000  doublons  d'or.^  Cette  restriction  était  destinée 
à  exclure  de  cet  honneur  ceux  d'origine  juive  convertis  en  1497 
(désignés  par  nouveaux  clirétiens)  et  qui  avaient  été  les  premiers  à 
introduire   l'imprimerie  dans  le  pays  (1487  Faro).- 


1516.    Almeirim.     Regra  e  statutos   da  orde  Davys. 

Le  nom  de  Fimprimeur  y  figure  comme  Herman  de  Kempis. 

1516.    Almeirim-Lisboa.    Cancioneiro  gérai  de  Garcia  de  Rezende. 

1  vol.  folio, 

à  la  fin:  Começouse  em  alnieyrym  e  acabouse  na  muyto  nobre  e  sempre 
leall  cidade  de  Li.xboa.  Per  Herma  de  cïipos  alema  bobardeyro  de! 
rey  nosso  senhor  i  empremjdor.  28  Setëbro  1516. 

1516.     Lisboa.     Regimento  da  ordenaçào  de  Lisboa. 

1516.     Lisboa.    Os  compromissos  da  Confraria  da  Misericordia  de  Lisboa. 

à  la  fin:  Foi  imprimido  ho  présente  compromisso  da  muy  santa  con- 
fraria da  misericordia  por  Valentym  fernandes  e  Herman  de  Capos. 
Por  mandado  do  muy  alto  y  muy  poderoso  principe  ei-Rey  Do  Manuel 
nosso  Senhor.    Lisboa,  20  Dezembro  1516.  1  \oI. 

1518.  Lisboa.  Espelho  de  Christina  aqual  falla  dos  très  estados  das 
mulheres.  1  vol.  folio, 

à  la  fin:  Impresso  em  ha  muy  nobre  y  sempre  leal  cibdade  de  lixboa 
por  herman  de  campos.  Imprimidor  y  bombardeyro  do  rey  nosso 
senhor  cô  gracia  y  priuilegio  de  su  alteza.  1518.    22  de  junio. 

Oeuvres  consultées: 

Alnianak  lUustrado  (4"  Anno)  Lisboa  1857  (Lallement  &  Co.).  Article 
signe  N.    (Tito  de  Noronha). 

Tito  de  Noronha.  A  Imprensa  F^ortugueza  durante  o  seculo  XVI  por 
Tito  de  Noronha.    Porto  1874. 

Venancio  Deslandes.  Documentos  para  a  Historia  da  typographia  portu- 
gueza  nos  seculos  XVI  e  XVII,  Lisboa  1888. 

(')   Venancio  Deslandes    I.  c,  p.  12. 

(')  Le  premier  livre  imprimé  au  F^irtULîal  cinegistrc  dans  l'ouNrage  remar- 
quable  de   M.  C.  Maibler,    „Bibliografia   iberica   del    sigio  XV",   Leipzig,    1904, 


170 

En  1516,  Canipos  commença  l'impression  du  Cancioneiro  gérai  de 
Garcia  de  Rczende  à  Almeirim,  la  terminant  à  Lisbonne;  ces  change- 
ments étant  probablement  dûs  aux  épidémies  qui  ont  sévi  dans  la 
capitale.  C'est  dans  ce  livre  que  nous  avons  trouvé  pour  la  première  fois 
le  titre  bombardeyro  del  rey,  à  la  suite  du  nom  de  cet  imprimeur.' 
Herman  de  Campos  aurait  donc  imprimé  entre  1509  et  1518  et 
c'est  entre  ces  deux  dates  que  le  Regimento  do  astrolabio  de  Munich 
a  probablement  paru. 

Voici  ce  qu'écrit  M.  Hartig  à  l'égard  de  l'édition  de  la  Bibliothèque 
de  Munich  : 

„A   en   juger   par   la   forme   et   le   contenu,   on  reconnaît  à 
première  vue  qu'il  s'agit  d'une  réimpression  fort  peu  soignée. "-" 

En  effet  le  travail  typographique  est  irrégulier,  les  tables  con- 
tiennent des  erreurs  assez  fréquentes,  des  chiffres  manquent,  d'autres 
sont  renversés,^  les  colonnes  des  tables  du  calendrier  ne  concordent 
pas,  dans  un  exemple  du  calcul,  où  les  nombres  sont  écrits  en 
toutes  lettres,  on  trouve  une  faute  d'addition  (Exemple  No  7).  On  est 
frappé  du  manque  de  soin  et  il  est  évident  que  c'est  un  travail 
typographique  fait  à  la  hâte,  surtout  si  on  le  compare  à  l'impression 
remarquable  de  l'Almanach  Zacuto.  Le  jugement  précieux  de  M.  Hartig 
est  d'une  grande  portée.  Il  nous  révèle  l'existence  d'une  édition 
antérieure  à  l'exemplaire  de  Munich.  Celle-ci  est  donc  ou  bien  une 

porte  la  date  de  1487,  Faro;  mais  jusqu'en  1494  on  ne  connaît  que  des 
œuvres  en  hébreu.  Le  premier  livre  en  caractères  latins  est  de  1494,  Braga. 
(Breviarium  Braccarense;  Braga  1494—12  dec:  Johanem  Gerlinc,  aiemanum.) 
Valentim  Fernandes  et  Nicolao  de  Saxonia  éditèrent  ensuite  sous  le  patronage 
de  D.  Joào  II,  la  Vita  christi  de  Ludolfus,  1495—1496.  Voir  sur  les  débuts 
de  l'imprimerie  au  Portugal:  Deslandes  qX  Noronha  indiqués  à  p.  169  ainsi  que 
Ribeiro  dos  Santos.  Memorias  da  litteratura  portugueza,  t  8,  1856, 
p.  1—76  et  Buckmann.    B.  S.  G.  L.  1880—81,  p.  674. 

(')  Valentim  Fernandes  avait  le  titre  de  escudeiro  da  rainlia  D.  Leonor 
(veuve  de  D.  Joâo  II);  Jacobo  Cronberger  signait  Cavalleiro  da  casa  real. 

(-)  „Nach  Form  und  Inhalt  ist  das  Ganze  sofort  als  ein  mit  geringer  Sorg- 
falt  ausgefiilirter  Nachdruck  erkennbar." 

Hartig.     Historisches  Jahrbuch,  Munchen  1908,  Bd.  29,  Heft  2,  p.  336. 
(^)  Voici  quelques-unes  des  erreurs  dans  les  tables  de  déclinaison. 

Position  du  soleil 
1  Avril  2"    au  lieu  de     21" 

8  Mars  72"  „  27" 

7  Septembre    32"  „  23" 

3  Février         42"  „  24" 

6  Février         72"  „  27" 


171 

simple  réimpression,  ou  une  réédition  remaniée  d'un  original 
antérieur. 

Le  13  novembre  1504,  D.  Manuel  faisait  publier  un  décret  or- 
donnant que  les  cartes  nautiques  ne  devraient  plus  con- 
tenir d'indications  pour  la  navigation  au  delà  des  îles 
de  S.  Thomé  et  Principe.  Quelques  jours  plus  tard  un  autre  décret 
fixait  la  limite  au  Rio  Manicongo  (7'^  de  latitude  sud,  selon  le 
Règlement  d'Evora).  Cette  restriction  '  avait  évidemment  pour  but 
d'empêcher  d'autres  nations  de  s'approprier  les  fruits  des  découvertes 
portugaises.  La  même  mesure  s'appliquait  tout  particulièrement  à  la 
liste  des  latitudes. 

Le  Règlement  d'Evora  n'observe  pas  cette  défense;  elle  n'était 
probablement  plus  en  vigueur  lors  de  son  impression.  Dans  la  liste 
du  Règlement  de  Munich,  par  contre,  on  a  dû  avoir  en  vue  l'inter- 
diction de  1504.  Ainsi  s'explique  la  suppression  de  toutes  les  latitudes 
au  sud  de  l'équateur. 

On  peut  donc  conclure  que  l'exemplaire  de  la  Bibliothèque 
de  Munich,  imprimé  par  Herman  de  Campos,  probablement  après 
1509,  obéit  à  la  restriction  imposée  par  le  décret  de  novembre  1504. 

La  date  d'impression  de  l'exemplaire  d'Evora,  adoptée  par 
Cordeiro  à  1519—20,  est  incertaine.  Nous  avons  cherché  en  vain 
dans    les    bibliothèques    portugaises   un    livre    qui  pourrait  éclaircir 

(')  Voici  une  partie  du  texte  original  de  cette  loi: 

„Nos  El-Rey  fazeemos  saber  a  todos  nosos  corregedores,  juizes  e  justiças, 
a  que  este  nosso  alvarâ  for  mostrado  e  o  conhicimento  d  elle  pertemçer,  que 
nos  pasamos,  poucos  dias  ha,  huum  nosso  mamdado  per  que,  amtre  outras 
cousas  cm  elle  contyudas,  mamdamos  que  nam  ouesse  mais  navegaçam  nas 
cartas  de  marear  de  Guinée,  que  ate  as  jlhas  do  Prymcepe  e  de  Sam  Thome; 
e  que  nemhuuns  mestres  de  fazer  as  ditas  cartas  as  nam  fezesem  mais  que 
ate  as  ditas  jlhas;  e  aquellas  cartas  que  eram  fectas  de  mais  na\egaçam 
fossem  todas  levadas  a  Jorje  de  Vascomcellos  pera  Iho  tyrar,  e  ysto  tudo 
sob  as  penas  no  dito  nosso  alvara  comthyudas;  porem  agora  por  este  présente 
nos  praz,  que  homde  as  ditas  cartas  nam  a\iam  de  ser  feytas  salvo  até  as  ditas 
jlhas,  se  estenda  mais  atee  o  rio  de  Manicomgo;  e  nas  que  sào  fectas  fique  a 
navegaçam  ate  o  dito  ryo  e  de  ally  por  diante  nào  pascm  em  mar  nem  por 
Costa,  sob  as  pennas  em  nosso  alvara  comthyudas;  c  sob  as  ditas  penas 
defemdemosque  nào  façam  nemhuns  mestres  das  cartas  de  marear 
nem  outros  allguuns  oficiaes  nenhumas  pomas  grandes,  nem 
pequenas,  de  pouco,  nem  muyto,  p orque  nào  queremos  que  se 
façam  cm  maneira  aigu  ma;.." 

Alvarâ  de  13  de  novembro  1504.  Gabriel  Perdra.  B.  S.  G.  L.,  1903,  p.  147. 
Algitns  dociunentos  do   Archivo   Nacional  da   Torre   do   Tombo    1892  p.  139. 


172 

cette  question,  le  Reportorio  dos  tempos  de  Valentim  Fernandes, 
édition  1518.  Le  Règlement  d'Evora  est  reproduit  dans  cinq  édi- 
tions de  ce  livre  dont  la  plus  ancienne  est  de  1521.  Il  s'agit  de 
vérifier  s'il  est  inclus  dans  celle  de  1518.  Dans  le  cas  affirmatif  la 
date  d'impression  serait  antérieure  à  celle  adoptée  par  Cordeiro.' 


(')  Date  d'impression  de  l'exemplaire  d'Evora. 

Le  volume  de  la  Bibliothèque  d'Evora  est  orné  de  deux  pages  à  frontis- 
pice; l'une  appartenant  au  „Tractad()  da  spera",  l'autre  au  „Regimento  do 
astrolabio".  Les  deux  traités  ont  le  même  format  d'impression  et  les  mêmes 
caractères  typographiques;  ils  manquent  de  pagination. 

Dans  le  frontispice  du  Règlement  on  lit  le  nom  de  l'imprimeur  Germam 
Galhard,  inscrit  sur  le  bas  du  cadre  qui  entoure  le  titre.  Le  volume  prend 
fin  aux  tables  nautiques;  la  dernière  page  contient  la  quatrième  table  de  la 
troisième  année  après  l'année  bissextile. 

La  reliure  récente  du  livre  ne  permet  pas  de  préciser  s'il  manque 
une  feuille  à  la  fin;  mais  nous  le  supposons.  C'était  probablement  sur  la  dernière 
feuille  que  se  trouvait  la  date  d'impression,  selon  l'usage  général  des  imprimeries 
de  l'époque.  Tito  de  Noronha,  investigateur  minutieux  des  premières  impri- 
meries portugaises,  cite  47  œuvres  sorties  de  chez  Germào  Galhard  entre  1509 
et  1560.'  Le  „Tractado  da  spera"  n'y  figure  pas,  mais  on  trou\e  sur  cette 
liste  l'indication  suivante: 

Carta  que  Jeronymo  Montario  allemao,  escreveu  de  Norumberga  a 
el-rei  D.  Joào  II.  Lisboa,  Germào  Galhard,  1525. 

Noronha  aura  probablement  trouvé  ce  détail  bibliographique  sans 
avoir  toutefois  examiné  un  exemplaire  de  l'œuvre,  car  il  semble  peu  probable 
qu'une  édition  isolée  de  la  lettre  de  Monetarius  ait  paru.  Nous  croyons 
plutôt  qu'il  s'agit  du  Traité  de  la  sphère,  où  ce  document  serait  inclus,  comme 
c'est  le  cas  dans  les  exemplaires  de  Munich  et  Evora.  Si  la  date  de  1525, 
indiquée  par  Noronha,  était  exacte,  cette  édition  de  la  Sphère  serait  postérieure 
à  celle  d'Evora,   car  celle-ci  est  sûrement  antérieure  à  1521. 

Cordeiro  n'indique  pas  les  raisons  qui  l'ont  conduit  à  établir  la  date  de 
1519—20,  donnée  à  ce  volume.  11  trouva  le  Règlement  reproduit  dans  le 
Reportorio  dos  Tempos  de  Val.  Fernandes,  éd.  1521  et  1528.  Le  Reportorio 
est  une  traduction  d'un  livre  espagnol  ayant  le  même  titre,  auquel  on 
ajouta  des  renseignements  pour  les  navigateurs.  Le  fait  que  l'éd.  1521 
reproduit  le  Règlement  d'Evora  prouve  que  celui-ci  existait  alors 
déjà.  Malheureusement  M.  Guimaràes  n'a  pu  nous  fournir  aucun  éclaircisse- 
ment concernant  l'édition  1518  du  Reportorio  citée  dans  son  livre;  si  elle 
contenait  également  le  Règlement,  la  date  d'impression  du  document  d'Evora 
serait  antérieure  à  1518. 

Les  éditions  de  1519  et  1530  delaSuma  deGeografia  de  Fernandezd'Enciso 
contiennent  des  passages  textuels  du  Règlement  de  Munich;  ce  n'est  cependant 
pas   une    preuve    que    l'édition    d'Evora    n'existait   pas  encore  en  1519.     11  est 

(')  Article  de  Tito  de  Xorori/ni  dans  TAIiiianak  Hlustiado  4°  Anno,  Lislioa  (Lallement 
&  Co.)  1857. 


173 

Dans  la  note  précédente  nous  traitons  de  l'existence  d'une 
édition  de  1525  du  Traité   de  la  sphère. 

Voici  en  résumé,  les  éditions  connues  ou  encore  incertaines 
du  Traité  de  la  sphère  et  du  Règlement  de  l'astrolabe. 

I.  Le  Règlement  et  le  Traité  de  la  sphère  réunis. 

1.  Edition  encore  inconnue,  dont  l'exemplaire  de  Munich  est  la 
réimpression  ou  la  réédition  remaniée. 

2.  Exemplaire  de  Munich.  (Ed.  postérieure  à  1509?) 

Le  texte  du  Règlement  est  élémentaire,  minutieux,  accom- 
pagné de  1 7  exemples  numériques.  La  liste  des  latitudes  ne  va  que 
jusqu'à  l'équateur.  On  y  supprime  intentionnellement  les  ren- 
seignements sur  les  découvertes  au  delà  de  cette  limite. 

3.  Exemplaire  d'Evora.  (Ed.  antérieure  à  1518?). 

Le  même  Règlement  y  est  abrégé;  la  minutie  et  les  exemples 
numériques  ont  disparu.  La  liste  des  latitudes  embrasse  toute 
l'étendue  des  découvertes  jusqu'à  Sumatra,  Java  et  les  Molu- 
ques.  On  y  ajoute  des  parties  nouvelles,  telles  que  les  règles 
sur  les  marées,  le  Règlement  pour  déterminer  l'heure  de  la 
nuit  par  l'étoile  polaire,  etc. 

4.  Edition  de  1525,  incertaine. 

II.  Le  Règlement  seul  sans  le  Traité  de  la  sphère. 

5.  Le  Reportorio  dos  Tempos  de  Valentim  Fernandes  reproduit 
le  Règlement  d'Evora  dans  les  5  éditions  suivantes:  éd.  1521, 
1528,  1552,  1563  et  1570.  Six  autres  restent  à  vérifier:  éd. 
1518,   1524,   1538,   1557,   1560  et  1573—74. 

Les  cinq  éditions  examinées  contiennent,  en  plus  du  texte 
d'Evora  et  de  la  liste  des  latitudes,  un  Règlement  pour  naviguer 
au  moyen  du  quadrant  et  les  tables  nautiques  extraites  de 
l'Almanach  Zacuto  par  maître  Gaspar  Nicolas.^ 

fort  possible  qu'on  l'avait  déjà  sans  qu'  Enciso  en  eut  connaissance,  attendu 
que  la  rareté  de  ces  livres  est  précisément  due  aux  craintes  de  la  concurrence 
de  l'Espagne. 

(')  Par  suite  de  la  rareté  extrême  des  exemplaires  du  Reportorio,  une 
faute  s'est  glissée  dans  notre  étude.  Fernandes  copia  le  texte  du  Règlement 
mais  pas  les  tables.  Dans  les  éditions  1552,  156,3  et  1570,  celles-ci  ont  la  forme 
concise  des  tables  du  Règlement  de  Munich  établies  pour  une  seule  année 
donnant  la  déclinaison  en  face  de  la  date  (non  pour  le  cycle  de  4  années 
comme  nous  l'avons  dit  à  p.  25). 

Bibliothèques    possédant    des  exemplaires   du    Reportorio    de   V^alentim 
l-ernandes. 
Bibliotheca  Nacional,  Lisbonne éd.  1552,  1563  et  1570 


174 

III.  Traité    de    la    sphère    de    Pedro    Nunes,    augmenté    de 
divers  autres  traités  à  savoir: 

Théorie   du  soleil  et  de  la  lune.    Livre  premier  de  la  Géo- 
graphie de  Ptolémée.    Traité  de  certaines  questions  nautiques. 
Traité  pour  la  défense  de  la  carte  nautique. 
Dans  le  dernier  de  ces  traités  on  retrouve  le  Règlement  discuté 
et  revisé,  ainsi  que  de  nouvelles  tables  nautiques. 

CONCLUSIONS. 

Il  suffit  de  regarder  la  liste  précédente  pour  constater  l'évo- 
lution subie  par  le  Règlement  et  le  Traité  de  la  sphère  pendant 
une  trentaine  d'années.  Le  document  de  Munich  serait  donc 
la  plus  ancienne  é d  i  t i o  n  c  o  n  n  u e  d'une  œuvre  officielle 
encore  en  usage  dans  la  marine  portugaise  en  1537. 
Pedro  Nunes  se  rapportant  au  Règlement  employé  par  les  pilotes 
y  signale  une  erreur  qu'on  retrouve  dans  les  deux  éditions 
de  Munich  et  d'Evora.'  Ceci  établit  d'une  façon  indubitable  l'iden- 
tité de  ces  documents  avec  les  Règlements  officiels  auxquels  Nunes 
faisait  allusion. 

Il  discute  la  déclinaison  maxima  de  23"  33'  adoptée  par  ces 
Règlements  et  la  remplace  par  23^30';  il  revise  et  corrige  le  Règle- 
ment du  chemin  parcouru  par  le  navire  etc. 

Bibliothèque  de  M.  Carvallio  Monteiro,  Lisbonne éd.  1573—74 

„  du  duc  de  Palmella,  Lisbonne éd.  1521  (?) 

de  Porto éd.  1570 

d'Evora éd.  1552 

L'édition  1528  que  possédait  cette  bibliothèque  a  disparu  ayant  été 
empruntée  en  1888  par  un  des  ministères  à  Lisbonne. 

Pas  d'exemplaires  de  ce  livre  ni  à  l'université  de  Coimbra  ni  à  la  biblio- 
thèque d'Ajuda  (Lisbonne). 

(')Noregimento  que  te  m  os  pilotos  para  tomar  aaltura 
do  polo  pella  estrella:  ha  erro:  porque  diz  que  da  estrella  ao  polo  ha  3 
graus  e  meio  e  sam  4  graus  e  9  ou  10  minutos: 

P.  Nunes.    Tratado  em  defensam  1911,  I.  c,  p.  361. 
On  lit  dans  le  Règlement  d'Evora: 

E  quando  as  guardas  estào  na  linha  abai.xo  do  braço  do  loeste,  esta 
unia  guarda  por  outra  leste  e  oeste.    E   a  estrella  do  norte  esta  acima 
do  eixo  3'  -j  graus. 
Le  Règlement  de  Munich  dit: 

Item   quando   as   guardas   estam   na  linha  abay.xo  daloeste:   esta  a 
estrella  do  norte  açima  do  polio  très  graus  e  meio. 

Voir  Documents  No  1  et  2. 


175 

En  résumé,  le  Règlement  modifié  par  Pedro  Nunes  avait  subi 
auparavant  d'autres  altérations  et  additions.  Le  Règlement  d'Evora 
n'est  lui-même  qu'une  édition  plus  récente  de  celui  de  Munich.  On 
adopta  une  forme  plus  concise,  plus  moderne  des  mêmes  sujets, 
en  y  ajoutant  de  nouveau.x  éléments.  V^alentim  Fernandes  reproduit 
te.xtuellement  ce  document  et  y  introduit  quelques  parties  nouvelles. 
Une  ou  plusieurs  éditions  inconnues,  antérieures  au  Règlement  de 
Munich,  feraient  remonter  à  plus  haut  le  commencement  de  cette 
série  d'études.  Ces  éditions  permettraient  probablement  de  préciser  si 
ce  livre  a  été  imprimé  avant  la  mort  de  D.  Joào  II  (octobre  1495),  ou 
s'il  a  été  employé  par  Gama  et  par  Cabrai  en  manuscrit.  Cette 
considération  cependant  est  de  moindre  importance  que  le  fait,  en 
lui-même  incontestable,  de  l'existence  d'une  œuvre  officielle  dont 
le  plus  ancien  texte  connu  contient  la  solution  élémentaire  des 
problèmes  de  l'astronomie  nautique.  La  série  de  ces  études  montre 
donc  indiscutablement  les  altérations  successives  subies  par  l'œuvre 
primitive.  Le  plus  ancien  de  ces  documents  provenait  sans  aucun 
doute  des  mathématiciens  chargés  d'étudier  l'astronomie  nautique  et 
ces   mathématiciens   n'étaient   autres   que   les  membres  de  la  Junta. 

Nous  pouvons  donc  formuler  nos  conclusions: 

Le  Règlement  de  l'astrolabe  et  le  Traité  de  la  sphère 
forment  une  œuvre  unique,  contenant  les  éléments  de  l'astronomie 
et  les  premières  instructions  données  aux  marins  portugais  sur 
l'application  de  cette  science  à  la  navigation. 

Le  Règlement  destiné  à  la  détermination  des  latitudes  est  le 
résultat  de  l'étude  dont  fut  chargée  la  Junta  dos  Mathematicos. 

Ces  deux  traités  se  complètent  mutuellement;  ils  forment  une 
œuvre  de  la  plus  grande  valeur  pour  la  navigation,  indispensable 
au  vaste  programme  colonial  de  D.  Joào  11. 


Maintenant  que  nous  avons  précisé  l'importance  du  Règlement 
de  l'astrolabe  et  du  Traité  de  la  sphère,  nous  allons  énumérer 
quelques-uns  des  principaux  ouvrages  portugais  de  la  première  moitié 
du  XVi^  siècle,  où  ces  études  se  sont  poursuivies  et  déve- 
loppées. Nous  ajoutons  une  liste  bibliographique  assez  considérable 
à  la  fin  du  11^  volume  et  faisons  remarquer  que  nombre  de  ces 
œuvres  n'ont  pas  été  examinées  au  point  de  vue  de  l'histoire  de 
l'astronomie    nautique.     Des    recherches    complémentaires    restent 


176 

à  faire  dans  les  riches  bibliothèques  portugaises  qui  contiennent  de 
nombreuses  raretés  pas  encore  mises  à  jour. 

Il  ne  s'agit  donc  en  ce  moment  que  de  bien  préciser  les 
œuvres  de  première  importance,  connues  à  l'heure  actuelle,  où  ces 
questions  furent  étudiées  et  développées.  Nous  sommes  heureux  de 
mettre  en  évidence  un  autre  livre  de  la  plus  grande  valeur  et  jusqu'à 
présent  ignoré  dans  la  bibliographie  portugaise,  le  Tratado  del 
esphera  de  Francisco  Faleiro. 

Oeuvres    portuf^aises    écrites    avant    1550    concernant   l'astronomie 

nautique. 

1.  Reginiento   do   estrolabio    et    Tractado   da   spera.    Exemplaire 
de  Munich. 

2.  Tractado   da   spera   et   Regimento   do   astrolabio.    Exemplaire 
d'Evora. 

3.  Esmeraldo  de  situ  orbis  par  Duarte  Pacheco  Pereira.   Imprimé 
en  1892  et  1905.  Voir  les  chapitres  6  à  12. 

4.  Livro  de  Marinharia  par  Joào  de  Lisboa.  Contenant  le  Tratado 
da  agullia  de  marear,  daté  de  1514.     imprimé  en  1903. 

5.  Reportorio    dos   tempos  par  Valentim   Fernandes.   Ce   livre  eut 
en  tout  11   éditions  dont  5  antérieures  à  1550. 

6.  Tratado    del    esphera   y    del    arte    de   marear   par    Francisco 
Faleiro.  1535. 

7.  Regimento    de    las    longitudes    en    la    mar    par    Francisco 
Faleiro.   1535. 

Ce  livre  ne  nous  est  connu  que  par  une  citation  d'Humboldt.' 

8.  Astronomici    epitome    sphœra    par    Pedro   Nunes.    Date    d'im- 
pression 1526? 

9.  Tratado  da  sphera.     Deuxième  traduction  de  Sacrobosco  par 
Pedro  Nunes.  1537;  contenant  encore: 

Tratado  sobre  certas  duuidas  da  nauegaçào. 
Tratado  em  defensam  da  carta  de  marear. 
Theorica  do  Sol  e  da  Lua. 
Livro  primeiro  da  Geographia  de  Ptolomeu. 

10.  Roteiro    de   Lisboa    a    Goa    par    D.   Joào    de    Castro.    1538. 
Imprimé  en  1882. 

11.  Roteiro    de   Goa    a    Dio    par  D.  Joào    de   Castro.    1538—39. 
Imprimé  en   1843. 


(')  Les  bibliothèques  Nacional  de  Madrid  et  Provincial  de  Séville  ignorent 
si  cette  œuvre  a  été  imprimée. 


177 

12.  Roteiro  de   Goa  a  Soez  (Mar   roxo)   par  D.  Joào   de  Castro. 
1541.     Imprimé  en   1S33. 

13.  De  arte  atqiie  ratione  navi^andi  libri  duo,    par  Pedro  Nunes. 
1546.' 

L'examen  de  cette  liste  nous  fait  connaître  les  progrès 
successifs  réalisés.  D'abord  on  étudie  les  problèmes  de  l'astronomie 
nautique  dans  les  œuvres  élémentaires,  ensuite  on  les  élargit  succes- 
sivement par  de  nouvelles  recherches.  On  supprime  l'élémentaire 
devenu  superflu,  on  ajoute  des  tables  nautiques  plus  exactes,  on 
discute  d'autres  questions,  que  l'expérience  et  les  observations  en 
mer  avaient  rendues  nécessaires. 

Partout  on  reconnaît  une  origine,  un  point  de  départ  communs: 
le  Règlement  de  l'astrolabe  et  le  Traité  de  la  sphère. 

Duarte  Pacheco  connaît  à  fond  le  calcul  des  latitudes  par  la 
hauteur  du  soleil;  il  examine  longuement  un  sujet  nouveau:  les 
rapports  des  marées  et  des  mouvements  de  la  lune;  il  se  rend 
compte  de  l'importance  et  de  la  difficulté  du  calcul  des  longitudes, 
qu'il  n'aborde  pas  dans  son  livre. - 

Joào  de  Lisboa  traite  tous  les  Règlements  avec  une  exubérance 
remarquable.  Sans  souci  d'ordre  ou  de  méthode,  il  les  répète 
maintes  fois  sous  des  aperçus  différents.  Son  livre  contient  à  profusion 
des  enseignements  pour  le  marin,  mais  n'est  pas  un  travail  soigné  pour 
l'impression.  Dans  son  traité  sur  la  boussole,  il  étudie  la  déviation 
de  l'aiguille  et  l'observe  à  l'aide  de  l'astrolabe  et  de  l'horloge. 

Le  phénomène  de  la  disparition  de  la  déviation  aux  Açores 
est  traité  avec  minutie  par  ce  pilote  contemporain  de  Dias  et 
de  Oama.'^ 


(')  Il  y  a  lieu  do  mcntioniitT  ici  l'œuvre  de  Diogo  de  Sa,  De  Navigatione 
libri  très.  (Paris  1549);  une  prétendue  réfutation  des  écrits  de  Nunes  qui  pourrait 
contenir  des  indications  de  valeur  historique. 

(-)  E  os  i>raaos  da  longura  (longitude)  se  contani  de  ouriente  cm  ou- 
cidente  a  que  os  marinheiros  chaniam  leste  e  oest,  e  por  ser  difficil  poderem-se 
saber,  por  nam  terem  ponto  firme  e  fi.xo  como  sam  os  polios  que  vem  ha 
iadeza  (latitude),  nào  euro  n'isto  mais  fallar.  Esmeraldo  1905,  p.  39. 

(')  As  de  saber  que  este  meridiano  vero  homde  as  agulhas  verdadeira- 
mente  fazem  o  polio  do  mundo  artiquo  dévide  a  ilha  de  Samta  Maria  a  pomta 
da   Ilha   de  Sam  Miguel  que  sam  nas  llhas  dos  A(;()res  e  dévide  a  espéra  cm 

duas    partes    ygoaes \L   aqui    neste  meridiano  achey  sempre  as  agulhas 

fi.xas  no  polio  do  mundo  e  como  délie  me  saya  llogo  as  agulhas  faziam 
conhecimento.  IJvro  de  Marinfiaria.     Tratado  da  Agulha,  c.  7,  p.  23. 


178 

La  première  observation  de  la  déviation  a  été  attribuée  à 
Colomb  parce  qu'il  en  dit  quelques  lignes  dans  son  journal 
(13  et  17  septembre  1492);'  on  pourrait  tout  aussi  bien  l'attribuer 
à  joào  de  Lisboa  qui  y  consacre  des  chapitres  entiers.  Ce  phénomène 
était  probablement  connu  depuis  longtemps  car  il  y  avait  alors  50 
ans  que  les  mers  des  Açores  étaient  parcourues  et  l'esprit  peu 
scientifique  de  Colomb  ne  lui  permettait  pas  une  supériorité  quel 
conque  sur  ses  collègues  portugais.  Pendant  que  celui-ci  en  est 
encore  à  s'imaginer  la  terre  en  forme  de  poire,  on  trouve  les 
deux  auteurs  portugais  plongés  dans  de  véritables  études  scienti- 
fiques sur  la  navigation.  Lisboa  rapproche  la  déviation  de  la 
boussole  du  calcul  des  longitudes.  Il  divise  la  sphère  en  deux 
parties  par  un  méridien  initial,  nommé  par  lui  „meridiano  vero", 
traversant  les  îles  de  S'^  Maria  et  de  S.  Miguel  (Açores)  et  S.  Vicente, 
une  des  îles  de  Cabo  Verde.  Il  consacre  le  chapitre  9  de  son  Traité 
de  la  boussole-  à  un  Règlement  établissant  la  distance  du  méridien 
initial  selon  les  écarts  de  l'aiguille. 

Les  œuvres  de  Pacheco  et  de  Lisboa  démontrent  combien  ces 
marins  ont  renversé  la  routine  des  anciens  auteurs.  Ils  ne  répètent 
pas  aveuglement  des  fables  sur  des  voyages  légendaires  ou  des  îles 
mystérieuses.  Pacheco  s'étonne  que  tant  d'excellents  auteurs  de 
l'antiquité  aient  pu  commettre  la  grande  erreur  de  croire  que  la 
zone  torride  était  inhabitable  et  il  ajoute: 

„Notre    nation    portugaise   a   tellement   devancé    les   anciens 

et  les  modernes   dans   ces    questions,    que   par  rapport  à  nous 

on  peut  bien  affirmer  qu'ils  n'en  savaient  rien". 

C'est  bien  l'esprit  des  considérations  de  Pedro  Nunes,  alors 
que  ce  mathématicien  écrit  sur  la  découverte  de  nouvelles  mers, 
nouveaux    cieux    et    nouvelles    étoiles    par    les    Portugais    et    classe 

(')  Voici    les   deux   références  à  la  dé\iation  dans  le  journal  de  Colomb: 
13  de  setiembre  (1492). 

En  este  dia,    al  comienzo  de  la  noche,   las  a^ujas  noruesteaban,  y  â 
la  manana  noruesteaban  alt^un  tanto. 
17  de  setiembre. 

Tomaron  los  pilotos  el  Norte  marcandolo,  y  liallaron  que  las  aj<ujas 
noruesteaban  una  gran  cuarta,  y  temiaii  los  niarineros,  y  estaban  penados 
y  no  decian  de  que.  Conociôlo  el  Almirante,  mandô  que  tornasen  a 
marcar  ei  Norte  en  amaneciendo,  y  hallaron  que  estaban  buenas  las 
agujas;  la  causa  fue  porque  la  estrella  que  parece  hace  movimiento  y 
no  las  agujas.  Navorrete  (Premer  \iage  de  Colon)  t.  1.  p.  8,  9. 

(-')  Inconnu  à  Q.  Hcllmanu,  Rara  magnetica  1269—1599.  Berlin   1898. 


179 

ces    voyages  comme   les    plus   grands   et   les   plus   merveilleux   de 
tous  les  peuples  du  monde.' 

Chez  Duarte  Pacheco  et  Joào  de  Lisboa  c'est  l'étude  de  la 
nature,  l'observation  des  phénomènes,  c'est  l'expérience  la  source 
mère  qui  enseigne  la  vérité.  On  raisonne,  on  mesure  et  on  juge. 
L'esprit  scientifique  moderne  jaillit  partout  dans  ces  deux  livres. 
On  n'y  trouve  plus  de  vieilleries;  toute  une  cargaison  de  traditions 
inutiles  y  est  jetée  par  dessus  bord.  Voici  ce  qu'on  lit  quelque  part 
dans  le  globe  de  Nuremberg: 

„cette   île   est   tellement   abondante   en   pierres  magnétiques 

qu'elle   ne   peut   être   approchée    par   des   navires  ayant  du  fer 

à  bord".- 

A  propos  de  la  mer  équatoriale  on  lit  encore: 

„lci   on    ne   peut  voir   l'étoile   polaire   appelée   par  nous  le 

pôle    arctique.     Ceux    qui    naviguent   dans   cette    mer   doivent 

diriger  leur  cours  à  l'aide  de  l'astrolabe  parce  que  la  boussole 

n'y  fonctionne  pas".  ' 

Insistons  bien  sur  ce  point,  car  au  Portugal  on  a  trop  longtemps 
gardé  le  silence  là-dessus;^  ce  n'est  pas  à  des  auteurs,  à  des  marins 
de  l'envergure  de  Duarte  Pacheco  et  Joào  de  Lisboa  que  l'on  peut 
donner  Colomb  et  F^ehaim  comme  maîtres  dans  l'art  de  la  navigation. 
Si  on  persiste  à  le  faire  c'est  qu'on  ignore  encore  l'existence  des 
œuvres  remarquables  des  deux  Portugais. 

C'est  précisément  ce  même  esprit  moderne  de  l'observateur 
éveillé,  si  évident  chez  Valentim  Fernandes,  qu'on  ne  trouve  pas 
chez  Behaim.  Valentim  Fernandes  n'était  ni  marin  ni  astronome;  son 
activité  se  répandait  dans  bien  des  domaines.  Imprimeur  allemand 
des  plus  remarquables,  il  traduisit  aussi  en  portugais  les  voyages  de 
Marco  Polo  et  de  Nicolao  Conti.  Il  fut  le  géographe  et  l'historien  qui 
recueillit  les  précieuses  notes  manuscrites  sur  les  découvertes 
portugaises,  aujourd'hui  devenues  classiques,  et  fut  encore  le  vul- 
garisateur du  Règlement  de  l'astrolabe,  auquel  il  ajoute  même  de 
nouveaux  chapitres. 

(')  Voir  p.  129. 

(:■)  Voir  les  notes  du  iJlobe  de  Nuremberg  reproduit  par  Ru,^e   I.  c. 

(  ■)  Ravenstein.  Martim  da  Botiemia.     Lisboa  p.  18. 

(')  Dans  ses  deux  études  sur  Behaim,  M.  Ravenstein  s'est  définitivement 
libéré  des  traditions  sans  fondement  et  des  légendes;  il  fait  la  défense  de  la 
science  portuj»aise  à  l'époque  des  découvertes.  C'est  jjrâce  à  ses  dcu.x  livres 
que  nous  avons  entrepris  les  recherches  sur  cet  intéressant  chapitre  de 
l'histoire  nationale. 


180 

Nous  arrivons  maintenant  au  pilote  érudit  Francisco  Faleiro 
qui  en  1535,  refond  complètement  le  Règlement  et  le  Traité  de  la 
sphère,  l.e  Tratado  de/  fisphera  est  sans  aucun  doute  l'ouvrage  le 
plus  important  jusqu'alors  imprimé  sur  l'art  de  la  navM^ation. 

I:n  quittant  le  Portugal,  Ma^alhàes  s'est  entouré  de  savants 
marins  pour  l'exécution  de  son  grand  projet.  Parmi  ceux-ci  figurent 
en  première  ligne  les  frères  Faleiro.  Les  travaux  de  |-rancisco 
Faleiro  peuvent  donc  servir  de  base  pour  juger  les  progrès  de  la 
science  nautique  portugaise  à  cette  époque.  Cet  auteur  consacre 
une  étude  spéciale  (imprimée  en  15.35?)  au  calcul  des  longitudes;  la 
même  question  fait  l'objet  d'un  traité  remis  par  les  frères  Faleiro  à 
Magalhàes  avant  son  départ  en   1519. 

La  détermination  des  longitudes  (Arte  de  Leste  Oeste)  avait 
entièrement  absorbé  les  marins  déjà  du  temps  de  Barros;  cet  auteur 
remarquait  en  1539,  que  les  résultats  obtenus  n'étaient  pas  en  rapport 
avec  le  nombre  des  navigateurs  qui  y  avaient  consacré  leur 
attention.  Ce  n'est  qu'après  de  tels  précurseurs  que  commence 
l'tEUvre  de  Pedro  Nunes.  Il  nous  décrit  lui-même  en  quelques  lignes 
le  travail  fait  avant  lui  au  Portugal: 

„ll  est  évident  que  les  découvertes  des  côtes,  iles  et  conti- 
nents n'ont  pas  été  faites  au  hasard  mais  au  contraire, 
nos  marins  partaient  très  bien  renseignés,  pourvus  d'instru- 
ments et  de  règles  d'astrologie  et  de  géométrie". 
Ce  qu'il  trouva  de  fait  dans  l'astronomie  nautique  répondait  alors 
largement  aux  besoins  de  la  navigation. 

„Quant    au  Règlement   en    usage    et    qui    rentre    dans    ma 

profession,  il  n'y  a  pas  beaucoup  à  signaler".' 

Ce  Règlement   était   donc   suffisant   en    1537.    Ajoutons  que  ce 

document  officiel  n'était  qu'un  maigre  résumé  du  manuscrit  de  Joào 

de  Lisboa   (mort   vers    1527).    Cet   écrit   nous  montre  comment  les 

questions  traitées  dans  les  Règlements  avaient  été  étudiées  et  élargies 

par  un  contemporain  de  Pero  d'Alemquer  et  de  Bartholomeu  Dias. 

Tout    en    se    plaignant    de    la  routine,    de  la  présomption,    ou 

môme   de   l'ignorance   relative  des  pilotes,    Pedro  Nunes  sépare  les 

tables  de  la  longitude  de  celle  de  la  déclinaison  du  soleil.  Ces  marins 

étaient    donc    déjà    capables   de   calculer   les   latitudes   d'après   ces 

éléments,   car  jusque   là  toutes  les  tables  nauiiques  qui  nous  sont 

(')  Voir  ces  passages  de  Nunes  à  p.  103. 


ISl 

connues  contiennent  ce  travail  tout  fait,  la  déclinaison  journalière 
placée  en  face  de  la  date.'  Malgré  ses  plaintes.  Pedro  Nunes  s'étonne 
lui-même  de  l'exactitude  des  cartes  nautiques  portugaises,  dans  les- 
quelles il  trouve  la  différence  de  longitude  entre  les  Canaries  et 
l'extrémité  orientale  de  l'Afrique  à  peu  près  juste;  cette  différence 
ayant  été  déterminée  non  pas  par  des  éclipses,  mais  par  des  détours 
aussi  longs  que  ceux  de  la  route  du  cap  de  Bonne-Espérance,'-  Pedro 
Nunes  étudie  de  nouveaux  instruments,  il  cherche  la  détermination  des 
latitudes  à  toute  heure  de  la  journée,  il  examine  le  Règlement  du 
chemin  parcouru  par  le  navire  et  il  consacre  son  attention  à  ses 
études  classiques,  la  théorie  du  „rumbus",  plus  tard  nommé  loxodromie.^ 

A  côté  de  Nunes  un  marin  scientifique  de  haute  valeur 
complétait  l'œuvre  du  maître  par  ses  observations  en  mer.  Les 
études  de  D.  Joào  de  Castro,  uniques  dans  l'histoire  de  la  navigation 
à  cette  époque,  terminent  avec  éclat  les  travaux  portugais  dans  la 
première  moitié  du  XV!*^  siècle. 

Ses  trois  „Roteiros"  traitent  avec  un  esprit  d'observation  hors 
ligne  toutes  les  questions  nautiques  d'importance  :  les  courants 
maritimes,  la  régularité  des  vents,  la  côte,  les  ports,  les  marées, 
les  instruments  nautiques,  les  horloges,  les  éclipses  et  enfin 
la  déviation  de  l'aiguille  et  le  calcul  des  longitudes.  Il  sépare  les 
deux  dernières  études  restées  pendant  longtemps  intimement  liées. 
Pedro  Nunes  n'attachait  point  de  valeur  aux  considérations  des 
pilotes  qui  voulaient  résoudre  le  calcul  des  longitudes  par  les  écarts 
de  la  déviation;  il  les  considère  comme  incomplètes  et  prématurées. 
C'est  D.  Joào  de  Castro  s'appuyant  sur  ses  observations  qui  énonce 
définitivement: 

„la  déviation  de  l'aiguille  ne  correspond  point  à  la  différence 

des  méridiens."  ' 

L'œuvre  nautique  de  ces  deux  hommes  est  évidemment  la 
continuation,  le  développement  logique  de  l'astronomie  nautique 
du  Règlement  de  l'astrolabe  de  Munich.  Ce  document,  représentant 
les  plus  anciennes  études  portugaises,  découle  lui-même  d'une  autre 
source  plus  grande,  plus  haute  encore;   il  est  la  conséquence  de  la 

(')  Nunes  revient  comme  nous  l'avons  remarqué  à  pa^e  27,  à  la  forme 
primitive  des  tables  de  l'Almanach  perpetuum. 

(-)  Voir  ce  passage  de  Nunes  à  p.  13.5. 

(')  La  rareté  des  œuvres  de  Pedro  Nunes  est  un  fait  pcnihle  à  constater. 
Espérons  que  leur  réimpression  qui  serait,  entre  tous,  le  inoninni.'nt  le  plus 
digne  de  sa  mémoire  se  réalisera  bientôt. 

(•*)  Andrade  Corvo.  Roteiro  de  Lisboa  a  Goa  (U.  Joào  de  Castro)  1882  p.  384. 


182 

ténacité,  de  la  prévoyance  et  du  j^énie  de  1" Infant  de  Sagres.  C'est  à 
l'Infant  D.  Henrique  que-  le  Portugal  doit  la  gloire  d'avoir  devancé 
l'Europe  dans  la  découverte  du  monde,  aussi  bien  que  dans  l'art  de 
la  navigation,  source  mère  de  ses  succès  maritimes. 

LA  LETTRE  DU  D^  MONETARIUS. 

(IIIERON'YMUS  MUNZEK.) 

Citée  à  plusieurs  reprises  dans  la  bibliographie  portugaise, 
cette  lettre  fut  publiée  pour  la  première  fois  en  1865  dans  un 
journal  d'Evora,  puis  reproduite  et  annotée  par  le  D'  Ernesto  do 
Canto,  le  regretté  investigateur  de  l'histoire  des  Açores.'  Réimprimée 
par  Harrisse,-  Ravenstein,'  Oliveira  Martins^  et  le  D*^  Eugenio  do 
Canto,''  elle  a  été  récemment  publiée  par  le  professeur  Qrauert,  cette 
fois  d'après  l'exemplaire  de  Munich.'' 

Schmeller  en  1848,  dans  son  travail  sur  Valentim  Fernandes, 
mentionne  la  lettre  de  Monetarius  d'après  Ribeiro  dos  Santos  et 
identifie  son  auteur  avec  le  D*"  Hieronymus  Mùnzer  de  Nuremberg 
qui  visita  le  Portugal  en  1494  et  nous  laissa  une  description  de 
son  voyage." 

Ce  document,  contenant  le  projet  Behaim  d'un  v(jyage  par  l'Occident 
vers  le  pays  de  Catay  a,  jusqu'à  présent,  attiré  bien  plus  l'attention 
des  historiens  que  le  Traité  de  la  sphère  où  il  se  trouve. 

Ce  projet  avait-il  donc  une  telle  importance,  justifiant  la  place 
d'honneur  accordée  à  la  lettre  de  Monetarius?  Pour  apprécier  cette 
question  il  faut  jeter  un  coup  d'œil  rétrospectif  sur  l'ensemble  des 
découvertes  portugaises. 

Nous  avons  établi  un  résumé  du  cycle  des  entreprises  maritimes 
en   le  subordonnant  aux  quatre  personnalités  qui  présidaient  à  ces 

(')  Ernesto    do    Canto.     Archivo    dos    A^^ores,    Vol.    1'^    (1878),    p.    444. 

(^)  H.  Harrisse.  The  discovery  of  North  America,  Paris  1892,  p.  393—395. 

(')  E.  Ravenstein.  Martin  Behaim,  London  1908,  p.  113. 

(■*)  Oliveira  Marti ns.  Portugal  nos  mares,  Lisboa  1902,  p.  234. 

(•')  Eugenio  de  Canto.    Reproduction  fac-similé  1909  (édition  privée). 

C)  Grauert  et  Hartig:  Historisches  Jahrbuch,  Miinchen  1908,  Band  29, 
Heft  2. 

{'•)  Kunstmann.  Hieronymus  Miinzer,  Bericht  Liber  die  Ent- 
deckung  der  Quinea,  mit  einleitender  Erklârung  von  Dr.  F.  Kunstmann. 
Abhandlung  der  Akademie  der  Wissenschaften,  Miinchen.  Historische  Classe. 
Band  7  (1855),  p.  289—362. 

Monetarius  partit  de  Nuremberg  en  août  1494  et  fut  plusieurs  fois  reçu 
par  D.  Joào  11  à  Evora  (16 — 26  novembre  1494). 


18.1 

événements  (voir  l'appendice  N"  2).  Nous  y  ajoutons  une  période 
concernant  l'organisation  de  la  marine  nationale,  ainsi  que  quelques 
dates  complémentaires  pour  évaluer  l'ensemble. 

On  peut  ainsi  diviser  l'action  maritime  du  Portugal  en  5  pério- 
des. Les  débuts,  se  terminant  en  1415  avec  la  prise  de  Ceuta; 
l'époque  de  D.  Henrique,  1416  à  1460;  l'administration  de  D.  Fer- 
nando, son  neveu  et  successeur,  1460  à  1474;  l'organisation  colo- 
niale sous  D.  joào  11,  1474  à  1495;  et  finalement  l'époque  de 
D.  Manuel,  celui  que  l'histoire  a  injustement  voulu  surnommer  le 
Grand,  parce  que  les  résultats  éclatants  d'un  siècle  d'efforts  se  sont 
manifestés  sous  son  règne. 

L'administration  coloniale  de  D.  Joào  remonte  à  1474,  époque 
à  laquelle  il  en  fut  chargé  comme  prince  royal.  Cette  date  peu 
connue  élargit  considérablement  son  action.  La  chronologie  des 
découvertes  nous  frappe  tout  d'abord  par  la  rapidité  des  progrès 
sous  l'infant  D.  Henrique.  En  1460  les  îles  de  Madère,  les  Açores,  les 
Canaries  et  Cabo  Verde  étaient  découvertes  et  partout  leur  colonisation 
commencée.  On  franchissait  sans  crainte  l'Océan,  on  pénétrait 
hardiment  au  large,  car  les  parcours  du  F\)rtugal  à  Madeira  (1419) 
et  aux  Açores  (1435)  ne  sont  plus  de  petites  excursions  le  long 
de  la  côte,  mais  de  grands  voyages  sur  l'Atlantique. 

De  1460  à  1474  on  continue  la  reconnaissance  de  la  côte 
africaine,  on  résout  le  grand  obstacle  imaginaire  de  la  zone  torride 
inhabitable,  on  achève  la  découverte  des  îles  de  Cabo  Verde  et  de 
la  Guinée  et  on  dépasse  l'équateur. 

Un  fait  ressort  nettement  de  la  3^'  période  sous  D.  l-ernando: 
la  recherche  de  nouvelles  îles  vers  l'Occident  alors  que  les  Açores, 
depuis  longtemps  découvertes,  étaient  déjà  toutes  habitées. 

Ces  entreprises  se  répètent  sans  cesse  sous  D.  Joào.  Elles 
ont  pour  but:  la  découverte  d'une  île  aperçue  au  milieu  de  l'Océan 
au  nord-ouest  de  Madère  et  des  Canaries  (1462);  la  découverte  des 
îles  non  peuplées  (1474),  de  l'île  de  Sete  Cidades  ou  d'autres 
peuplées  (1475);  ou  encore  la  recherche  d'une  grande  île  ou  d'un 
continent  (1486). 

Ces  concessions  royales'  sont  accordées  à  des  personnalités 
telles  que  Fernào  Telles,  conseiller  à  la  cour,  administrateur  de  la 
princesse,  et  l'ernào  Dulmo,  gouverneur  de  Terceira.  Partout 
dans  ces  curieux    documents   on   précise   bien,    on    insiste   sur   ce 


184 

point    que    ces   nouvelles    îles,    faisant    l'objet  des    concessions,    se 
trouvent  dans  l'Océan  et  non  dans  la  mer  de  Guinée. 

La  Terra  Nova  do  Bacalhau  visitée  vers  1472  par  Joâo  Vaz 
Corte  Real,  fait  l'objet  de  donations  maintes  fois  répétées  à  ses 
trois  fils  Gaspar,  Miguel  et  Vasquannes  Corte  Real.' 

Cette  expédition  n'est  en  somme  que  la  continuation  des  efforts 
faits  pour  connaître  les  régions  arctiques  enregistrées  dans  la  carte 
catalane  de  1375;  elle  est  à  la  recherche  des  peuples  demeurant  près 
du  pôle,  peuples  cités  par  Diogo  Gomes  et  Monetarius  dans  le  passage 
sur  la  „grande  île  de  Grœnland  ayant  .^00  lieues  de  ligne  de  côte." 

En  faisant  escale  aux  Açores  le  voyage  de  Joào  Vaz  Corte  Real 
est  plus  court  que  celui  de  Lisbonne  aux  îles  de  Cabo  Verde, 
fait  16  ans  auparavant  (1456).  La  route  parcourue  par  Colomb  (1492) 
est  supérieure  au  double  de  la  distance  de  Lisbonne  à  Terre 
Neuve  (voir  le  tableau  p.  187). 

L'expédition  de  1472,  à  laquelle  on  refuse  de  donner  du  crédit, 
n'a  donc  rien  d'invraisemblable. 

C'est  cet  ensemble  d'entreprises  maritimes  vers  l'Occident  qui 
constitue  un  chapitre  encore  obscur  de  l'histoire  des  découvertes; 
il  repose  sur  une  série  de  documents  officiels  incontestables  et  sur 
des  récits  dignes  de  foi.-  Ces  voyages,  dont  les  vestiges  grossissent 
à  mesure  que  les  recherches  s'avancent,  tombèrent  dans  l'oubli  pour 
les  historiens  de  l'époque  à  la  suite  de  l'enivrement  de  la  découverte 
des  Indes.  L'Etat  se  réservait  ses  droits  en  faisant  les  con- 
cessions mais  il  ne  prenait  aucune  part  aux  expéditions  qui  étaient 
du  domaine  privé,  aux  frais  de  particuliers,  avec  des  programmes 
commerciaux  restreints.  L'action  persistante  et  méthodique  de 
l'Etat  se  concentrait  toujours  dans  la  route  dite  de  la  Guinée, 
conduisant  au  cap  de  Bonne-Espérance.  M.  Faustino  da  Fonseca 
dans  son  travail  intéressant,  a  fait  ressortir  l'importance  historique 
des  documents  officiels,  concernant  les  voyages  vers  l'Occident 
antérieurs  à  Colomb.  Les  nombreux  éléments  sur  ces  voyages  réunis 
par  cet  auteur  forment  la  base  définitive  d'un  chapitre  nouveau  sur 
l'histoire  des  découvertes. 


(')  Archiva  des  Açores,  Vol.  4,  p.  416.  I-aiisîino  da  Fonseca.  A  des- 
coberta  do  Brazil  1900,  cap.:  Os  Corte-Reaes. 

-)  Voir  les  références  de  Colomb  à  cet  égard  ùdins  Navarrete  \.  1.  (Primer 
viage  de  Colon)  p.  5. 


185 

Notre  étude  montre  aux  historiens  de  combien  on  s'est  trompé 
en  acceptant  les  hypothèses  d'une  aide  étrangère  pour  l'étude  de 
l'astronomie  nautique  au  Portugal. 

Pour  les  voyages  à  travers  l'Océan  les  preuves  sont  bien 
plus  abondantes.  11  faut  connaître,  examiner  et  approfondir  les 
nombreux  documents  dont  on  dispose  déjà  comme  point  de 
repère  pour  cette  étude.  Des  investigations  dans  cette  voie  ne 
peuvent  conduire  qu'à  un  seul  résultat,  récrire  l'histoire  de  cette 
époque  sur  des  données  plus  solides,  étendre  l'action  maritime 
du  Portugal  au  delà  des  frontières  imposées  par  le  parti  pris  de 
la  bibliographie  Colombine.' 

C'est  à  ces  entreprises  que  se  rapportent  les  considérations 
suivantes  faites  par  Duarte  Pacheco:- 

„il  y  a  eu  dans  les  temps  passés  des  opinions  différentes 
sur  la  découverte  de  l'Ethiopie,  de  la  Guinée  et  des  Indes. 
Les  uns  disaient  qu'il  ne  fallait  pas  longer  la  côte  mais  qu'il 
était  préférable  de  traverser  l'Océan  jusqu'à  la  rencontre  de 
quelque  partie  de  l'Inde  ou  d'un  pays  voisin,  croyant  que  par 
cette  voie  on  abrégerait  le  chemin;  d'autres  étaient  d'avis  de 
suivre  la  côte,  de  façon  à  savoir  sûrement  dans  quel  pays  on 
se  trouvait.  Ainsi  on  saurait  quelle  terre  on  découvrait;  autrement 
le  navigateur  ne  pourrait  savoir  dans  quelle  région  il  abordait. 
Il  m'a  toujours  semblé  que  cette  seconde  opinion  était  la  plus 
certaine,  et  c'est  celle-là  qu'on  a  suivie." 

11  ressort  donc  de  ce  passage  que  l'idée  du  voyage  des  Indes 
à  travers  l'Océan  était  dans  les  temps  passés  une  question  longuement 
discutée.  C'est  aux  Açores,  station  avancée  de  l'Atlantique,  que 
Behaim  avait  mijri  son  projet;  il  y  apprit  que  les  „savants  marins" 
du  Portugal  avaient  navigué  à  travers  l'Océan  (navegaram  a  largura 
do  mar). 

En  1474,  précisément  l'année  où  commence  l'administration  co- 
loniale de  D.  Joào,  le  roi,  ou  plutôt  le  prince  au  nom  de  son  père, 
fait  demander  au  Dr  Toscanelli  des  éclaircissements  sur  la  route 
de  l'Occident.  Celui-ci  désigne  cette  route,  d'une  façon  précise, 
comme  „le  chemin  le  plus  court  de  Lisbonne  à  Cipangu 
et  à  la  province  de  Catay." 

(')  Voir  à  l'appendice  N»  1  la  loi  du  K»  septembre  1474  sur  les  entre- 
prises maritimes  privées  d'où  l'on  peut  déduire  leur  nombre  18  ans  avant  le 
voyage  de  Colomb. 

(■)  Duarte  Pacheco.    Esmeraldo  éd.  19U5,  p.  137. 


186 

Voici  deux  passages  de  la  lettre  adressée  par  Toscanelli  au 
chanoine  Fernào  Martins,  de  Lisbonne. 

„II  m'a  été  d'autant  plus  agréable  d'avoir  connaissance  de 
ton  intimité  avec  Sa  Majesté  le  roi  que  déjà  auparavant 
je  me  suis  entretenu  avec  toi  d'un  chemin  maritime 
pour  le  pays  des  Epices,  plus  court  que  celui  de  la  Guinée. 
Le  roi  me  demande  de  lui  envoyer  des  éclaircis- 
sements plus  convaincants  de  façon  qu'il  puisse  les 
exposer  et  les  faire  comprendre  à  des  personnes  non 
initiées  —        -    ." 

„J'envoie  à  Sa  Majesté  une  carte  que  j'ai  dressée  moi-même, 
sur  laquelle  sont  dessinées  vos  lignes  de  côte  et  vos  îles  et 
où  commence  le  chemin  toujours  dirigé  vers  l'Occident.  J'y  ai 
tracé  les  endroits  où  l'on  doit  arriver,  la  distance  à  laquelle 
il  faudra  se  tenir  du  pôle  ou  de  l'équateur;  j'ai  aussi  indiqué 
la  longueur  de  la  route,  c'est-à-dire  le  nombre  de  milles  qu'il 
faudra  faire  pour  arriver  à  ces  pays  qui  abondent  en  épices  et 
en  pierres  précieuses."  ' 

L'année  1474  précise  l'époque  ou  D.  Joào  étudiait  les  bases 
de  ce  problème  important  pour  son  plan  colonial.  Conmient 
il  l'étudia,  ce  qu'il  entreprit  pour  se  rendre  compte  de  la  valeur 
de  ce  projet,  quand  il  décida  de  l'abandonner,  on  l'ignore 
encore,  mais  il  est  évident  que  ces  recherches  continuelles  d'îles 
de  l'Océan  autres  que  celles  de  la  Guinée  favorisaient  cette  étude, 
de  même  que  le  voyage  des  Açores  devenu  dès  14v35  de  plus  en  plus 
familier.  L'ensemble  d'éléments  réunis  de  voyages  connus  ou 
ignorés  ont  en  tout  cas  fait  abandonner  de  bonne  heure  la  route 
de  l'Occident.  Le  prince  et  les  marins  qui  l'entouraient  avaient  la 
conviction  que  ni  le  projet  Toscanelli  ni  sa  répétition  par  Colomb 
ne  résolvait  le  problème  capital  du  plus  court  chemin  maritime 
des  Indes.  On  devançait  Colomb  quand  celui-ci  entre  en  scène. 
Il  se  basait  sur  une  distance  de  90"  entre  les  Canaries  et  la  Chine, 
tandis  qu'en  réalité  ce  parcours  mesure  200".-  Sur  le  globe  de 
Behaim  la  distance  de  Payai  (Açores)  à  Cipangu  (Japon  i  mesure 
200 '1""  et  celle  de  Payai  à  Lisbonne  140  "^"\  Or,  le  voyage  de 
Lisbonne  à  Payai  se  fait  aujourd'hui  en  4  jours;  dans  cette  pro- 
portion, d'après  le  globe  de  Nuremberg,  la  durée  du  voyage  des 
Açores  au  Japon  serait  de  6  jours.     En  effet  Monetarius,  sûrement 

(')  Voir  Rii^e  \.  c,  p.  228  (traduction). 
(-)  Bigourdain.    Astronomie,  1911  p.  149. 


187 

inspiré  par  Behaim,  écrivait  au  roi  «qu'on  naviguerait  en  peu 
de  jours  jusqu'aux  platées  de  Catay  oriental." 

Tableau  comparatif  de  la  longueur  réelle  des  voyages  de  découvertes} 

(distances  en  niilles  de  1852mt) 

milles 

1418      Lisbonne  à  Madère       535 

1435-39  „         à  Terceira  (Açores) 785 

1456  „         à  S.  Thiago  (Cabo  Verde) 1530 

1472(?)  „         à  Terre  Neuve;  Joào  Vaz  Corte  Real       .     1960 

1487-88  „         aucapdeBonne-Espérance;BartliolomeuDias  5195 

1492-93    Palos  à  Cuba;  Cristophe  Colomb 4250 

1497-99    Lisbonne  à  Calicut  (Indes);  Vasco  da  Gama. 

au  cap  de  Bonne-Espérance    .     .     .  5195 
Caip  de  Bonne-Espérance  à  Calicut    ....  4325      9520 
1500-01    Lisbonne  à  Calicut;  Alvares  Cabrai. 

à  Porto  Seguro  (Brésil)      ....  3720 
Porto  Seguro  au  cap  de  Bonne-Espérance      .  3275 
Cap  de  Bonne-Espérance  à  Calicut    ....  4325    11.320 
1519-22    San  Lucar  aux  Moluques;  Fernào  de  Magalhàes. 

à  Rio  de  Janeiro 4235 

Rio  de  Janeiro  au  détroit  de  Magalhàes     .     .  2290 
Détroit  de  Magalhàes  aux  Moluques       .     .     .  795i)    14,475 

Lisbonne  au  Japon  (Cipango). 

(Projets  Toscanelli,  Colomb  et  Behaim.) 

Distance  mesurée  à  travers  le  Canal  de  Panama.      11.355 

Ainsi,  si  l'Amérique  ne  barrait  pas  le  chemin,  Colomb  a\am 
parcouru  4250  milles,  se  trompait  de  7105  se  croyant  au  Japon  alors 
qu'il  écrivait  sur  l'île  de  Cuba: 

„es  la  isia  de  Cipango  de  que  se  cuentan  cosas  maravillosas, 

y  en  las  espéras  que  yo  vi  y  en   las  pinturas  de  mapamundos 

es  ella  en  esta  comarca"."' 

D.  Joào  et  ses  conseillers  travaillaient  en  1492  sur  des  bases 
plus  solides,  fruits  de  trois  quarts  de  siècle  d'efforts  sans  précédent 
dans  l'histoire. 

Quand  Colomb  arriva  à  Lisbonne,  de  retour  de  son  premier 
voyage,    il  y  avait   19  ans   déjà   que  D.  Joào    présidait   aux    affaires 

(')  Les  distances  de  cette  liste  nous  ont  été  très  aimablement  fournies 
par  la  direction  du  Norddeutscher  Lloyd  de  Bremen. 

{')  Navarrete  I.  c.  (Primer  viage  de  Colon),  t.  I.,  p.  39. 


188 

coloniales.  On  avait  tcllcincnt  la  certitude  de  connaître  le  chemin  des 
Indes  qu'un  an  après,  en  1404,  le  roi  sijinait  volontiers  le  traité  de 
Tordesilhas  qui  lui  fermait  la  route  de  l'Occident.  Il  tenait  en 
main  les  preuves  de  la  circumnavigation  de  l'Afrique,  problème 
dont  on  connaissait  l'importance  depuis  des  siècles. 

Les  résultats  concordants  fournis  par  Bartholomeu  Dias  et 
Pero  da  Covilhà  signifiaient  que  la  route  des  Indes  était  définitive- 
ment trouvée.  On  préparait  à  ce  moment  l'expédition  de  Vasco  da 
Oama  en  parfaite  connaissance  de  cause.  Ces  préparatifs  étaient 
des  plus  minutieux,  Duarte  Pacheco  écrit  à  cet  égard: 

„0n  a  fait  pour  ce  voyage  de  si  nombreuses  et  de  si 
grandes  dépenses  avec  si  peu  de  navires  qu'on  aurait  de  la 
peine  à  le  croire."  ' 

Vasco  da  Qama,  à  son  départ,  était  muni  de  lettres  pour  les 
rois  et  les  princes  auprès  desquels  il  était  envoyé,  entre  autres 
pour  le  roi  de  Calicut. -'  C'était  en  réalité  le  premier  voyage 
aux  Indes  par  un  chemin  découvert  d'avance,  grâce  à  la  vérification 
simultanée  de  Dias  et  de  Covilhà. 

On  est  donc  en  droit  de  supposer  que  Behaim  ignorait  com- 
plètement les  informations  secrètes  qui  précisaient  définitivement 
toute  la  portée  de  l'expédition  de  Vasco  da  Gama. 

Un  voyage  par  l'ouest  proposé  à  cette  époque  ne  contenait 
aucune  idée  nouvelle;  il  n'était  autre  chose  que  celui  de  Toscanelli 
et  de  Colomb.  C'était  la  répétition  tardive  des  rêveries  de  Catay, 
selon  l'expression  de  Barros,  revenues  cette  fois  sous  les  auspices 
u'un  membre  de  la  Junta  dos  Mathematicos,  la  même  commission 
qui  une  fois  déjà  (14«3)  avait  condamné  ce  projet.-' 


(')  Nesta  viajeiii  se  fezerani  taiitas  e  tain  grossas  despesas  coin  tam 
poucas  naâos,  que  por  nam  parecerein  graves  d'ouuir  e  créer,  ho  leixo  de  dizer 
pello  mehudo.  Duarte  Pacheco.    Esmeraldo  I.  c,  p.  153. 

(-1  Barros  écrit  ce  qui  suit  sur  l'audieiice  accordée  par  D.  Manuel  à  Vasco 
da  (lama  avant  le  départ  de  rexpédition  : 

„Fcita  esta  mensagein  foi-ltie  entregue  (a  Vasco  da  Gama)  uni  regimento, 
em  que  se  continha  o  que  havia  de  fazer  na  viagem,  algumas  cartas  pera  os 
Principes  e  Reys,  a  que  propriamente  era  enviado;  assi  como  ao  Preste  Joào 
das  Indias,  tào  nomeado  n'este  Reyno,  e  a  El  Rey  de  Calecut,  com  as  mais 
informaçôes  e  avisos,  que  El  Rey  I).  Joào  tinha  havido  daqucllas  partes, 
segundo  jâ  dissémos."  Barros.     D.  1,  L.  4,  C.  1,  p.  275. 

(;)  On  est  surpris  de  ne  pas  trouver  de  référence  à  la  lettre  de  Monetarius 
dans  la  biographie  de  Behaim  par  M.  QiJnther,  qui  a  cependant  parcouru 
l'Archivo  dos  Açores  où  elle  fut  publiée  en  1878—1880.  (Vol.  I,  p.  444.) 


189 

La  lettre  de  Monetarius  n'avait  donc  aucune  importance  pour 
le  programme  des  découvertes,  au  point  de  vue  du  voyage  par 
l'Occident  qui  >'  est  traité. 

Nous  revenons  ainsi  à  la  question:  pourquoi  ce  document 
est-il  réuni  au  Traité  de  la  sphère?  11  y  a  eu  sûrement  d'autres 
causes. 

On  remarque  en  effet  qu'il  contient  des  passages  de 
valeur,  des  recommandations  sérieuses  pour  Behaim. 

Pendant  un  séjour  de  .3  ans  à  Nuremberg  (1490 — 1493)  il  avait 
attiré  sur  lui  l'attention  des  savants  nurembergeois,  entre  autres 
Mùnzer  et  Schedel.  Maximilien  lui-même  le  reçut  et  lui  témoigna 
beaucoup  de  considération.  Voici  les  références  de  Monetarius  au 
roi  des  Romains:' 

„  M  a  X  i  m  i  1  i  e  11 ,     l'invincible      roi     des    Romains    a 
voulu  inviter   ta   Majesté   à    la   découverte   du  pays 
très  riche  de  Catay  oriental." 
Plus  loin  encore  cet  autre  passage: 

„Tu  auras,  si  cela  te  plaît,  Martin  Behaim,  re- 
présentant de  notre  roi  (deputado  do  nosso  rey)  Maxi- 
m  i  1  i  e  n  ,    c  o  m  me  compagnon  dans  cette  expédition." 

„Auch  das  Archive  dos  Açores  von  trnesto  do  Caiito  (1— III  — IV' — VII) 
\\()  nielirfach  des  Martin  Behaim  Ervvahnunj^  geschieht,  enthalt  nichts  Neues." 

Gunther.  Behaim,  p.  51. 
Par  contre  cet  auteur  cite  dans  la  Bibliotheca  Matiiematica  un  passage 
de  cette  lettre  dans  la  traduction  portuj:»aise,  en  y  trouvant  des  arguments  en 
faveur  de  l'introduction  de  la  balestilha  par  l'entremise  de  Behaim.  M.  Gunther 
a  fait  erreur  en  croyant  qu'il  s'agissait  d'un  auteur  portugais,  car  ce  passage  n'est 
autre  chose  qu'un  fragment  de  la  lettre  du  Dr  Monetarius.  Le  voici: 
„e  terâs  tambem,  se  te  apraz,  pa  este  caminho  por  companhciro  deputado 
do  nosso  rey  Maximiliano  ho  senhor  martinho  boemio  singularmente  pa  esto 
acabar  :  e  outros  muy  muytos  marinheiros  sabedores  que  navegaram  ha  lar- 
gura  do  maar  tomando  caminho  das  ilhas  dos  açores  por  sua  industria,  pcr 
quadrante,  chilindro  e  astrolabio  c  outros  ingenhos." 

Giinther.     Bibliotheca  Mathematica,  IWO  (Série  3i,  p.  79. 
C)  Un  fragment  du  texte  original  en  latin  a  été  récemment  retrouvé  parmi 
les  papiers  de  Schedel.    On  y  lit: 

«Ma.ximilien,  l'invincible  roi  des  Romains,  qui  par  sa  iiiè/i'  csr  lui- 
même  un  Portugais"  etc. 

Les  mots  en  italique  ne  se  trou\ent  pas  dans  la  traduction  portugaise. 
Oraucrt.     I  iistorisches  Jahrbuch   1908,  Band  29,  p.  .^17. 
La  mère  de  Maximilien,  une  princesse  portugaise,  était  la  sœur  de  D.  Af- 
fonso  V,    père    de  f).  Joào.     Ainsi   le    roi    des  Romains  et    le  roi  de  Portugal 
étaient  des  petits-fils  de  1).  Duarle,  le  frère  de  l'Iiifanl  I).  Ileiirique  le  Navigateur. 


190 

Pour  bien  saisir  la  portée  de  ces  deux  recommandations 
indirectes  du  roi  des  Romains,  il  faut  se  rendre  compte  des 
preuves  de  haute  estime  et  d'affection  données  par  le  roi  de  Portugal 
à  son  cousin  germain. 

En  1488,  lors  de  l'emprisonnement  de  Maximilien  à  Bruges,  la 
cour  portugaise  prit  le  deuil.  L'humiliation  était  regardée  par  D.  joào 
comme  une  offense  personnelle.  Une  première  ambassade  destinée 
au  roi  de  France,  promoteur  de  ces  troubles,  fut  suspendue.  Duarte 
Galvào,  chargé  aussitôt  d'une  mission  pareille  en  France  et  en 
Allemagne,  avait  l'ordre  de  dépenser  immédiatement  jusqu'à  100,000 
doublons  d'or  pour  libérer  le  roi  prisonnier  et  même,  s'il  le  fallait, 
de  déclarer  la  guerre  aux  partis  en  question.' 

(jarcia  de  Rezende  consacre  deux  chapitres  aux  faits  chevale- 
resques de  D.  Joào  envers  le  monarque,  son  cousin. ' 

Il  y  raconte  l'épisode  suivant:  le  roi  des  Romains  demanda 
d'urgence  30,000  écus  à  Diogo  Fernandes  Correa,  chargé  de  l'entrepôt 
commercial  d'Anvers.  Celui-ci  lui  livra  cette  somme  aussitôt,  mais 
craignant  avoir  déplu  à  son  maître  il  expédia  un  émissaire  à  Lis 
bonne  pour  informer  le  roi  de  cette  avance  de  fonds  et  demandant 
à  être  puni  s'il  avait  dépassé  ses  pouvoirs.  D.  Joào  répondit  en  le 
remerciant  du  grand  plaisir  qu'il  lui  avait  fait  et  priait  en  même 
temps  Fernandes  Correa  d'accepter  une  forte  somme  à  titre  de 
gratification. 

La  mise  en  évidence  de  Behaim  sous  le  nouvel  aspect  de  per- 
sona  grata  auprès  de  Maximilien  avait  donc  un  grand  poids;  elle 
constituait  une  bien  meilleure  recommandation  que  le  bruit  répandu 
par  lui  à  Lisbonne  d'avoir  été  élève  de  Regiomontanus. 

Nous  voyons  en  effet  qu'en  1494,  quelques  mois  après  son  retour 
de  Nuremberg,  Behaim  était  en  quelque  sorte  attaché  à  une  mission 
en  Flandre,  „auprès  du  fils  du  roi"    (zum  Kônigs  sun).-' 

De  qui  s'agissait-il?  Du  roi  de  Portugal  ou  du  roi  des 
Romains?  Etait-ce  D.  Jorge,  fils  bâtard  de  D.  Joào,  en  faveur 
duquel  on  voulait  gagner  des  influences  pour  le  nommer  héritier 
du  trône  portugais,  comme  le  suppose  von  Mùrr,  ou  était-ce 
Philippe,  fils  de  Maximilien  et  le  futur  roi  d'Espagne? 


(')  Souza  Viterbo.  Duarte  Galvào  e  sua  familia.  Lisboa  19(i.S  p.  28,  reproduit 
le  chapitre  de  Ruy  de  Pina  à  cet  é^ard. 

(-)  Garcia  de  Rezende.     Chronica  de  D.  Joào  11,  cap.  7.S  et  175. 
(^)  Giinther.    Behaim  I.  c,  p.  45. 


191 

La  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  possède  le  manuscrit  suivant 
qui  jette  une  nouvelle  lumière  sur  cette  question:' 

„Traité  de  paix  de  l'empereur  Maximilien  et  de  Philippe  son 
fils  avec  le  roi  D.  Joào  II  de  Portugal.    Cologne,  le  23  juin  1494." 

Nous  l'avons  examiné;  le  nom  de  Behaim  n'\'  figure  pas.  En 
dehors  des  3  personnages  royaux  indiqués  dans  le  titre,  le  seul 
nom  cité  est  celui  de  Diogo  Fernandez  Correa,  représentant  du  roi 
de  Portugal  : 

"notre  frère  et  cousin  (D.  Joào)  nous  envoya  Diogo  Fernandez 
Correa  chevalier,  son  procureur,  avec  pleins  pouvoirs." 

Diogo  Fernandez  était  déjà  à  Anvers  en  1488,  au  temps  de 
l'emprisonnement   du  roi  des  Romains  à  Bruges. 

Les  querelles  survenues  dès  1482  entre  Maximilien  et  les 
Etats  de  Flandre  au  sujet  de  la  tutelle  de  ses  enfants  par  la  suite 
du  décès  de  la  princesse  Marie  leur  mère,  furent  réglées  par  un 
traité  de  paix  en  1485.  Philippe,  nommé  en  1483  comte  de  Flandre, 
figure  alors  déjà  à  côté  de  son  père  dans  la  signature  des  documents 
officiels.  Il  fut  émancipé  en  décembre  1494  par  son  couronnement 
comme  duc  de  Brabant.'- 

(')  Capitolos  de  Pazes  do  enipLTador  Ma.ximiliano  e  telepc  seu  filho  corn 
el  rei  Dom  Joham  o  2"  de  portugal.     Collonha  2,3  Junho  1494. 

Manuscrit  portugais  N"  20,  p.  60—66.    Bibliothèque  Nationale  de  Paris. 
Voir  Morel  h'atio.  Catalogue  des  manuscrits  espagnols  et  portugais.  Parts 
1892,  N"  10,  p.  250. 

(-)  Frédéric  III  ii.2l  septembre  1415;  m.  19  août  1493. 

1452  -  16  mars  épouse  à  Rome  l'Infanta  D.  Leonor  fille  de  D.  Duarte; 
couronné  en  même  temps  empereur  d'Allemagne. 
D.  Leonor  n.  18  septembre  14.34;  m.  3  septembre  1467. 
Maximilien  n.  22  mars  1459;  m.  12  janvier  1519. 

1476—19  août  épouse  Marie,  comtesse  de  Flandre,  fille  de  Charles  le 

Téméraire  (décédée  le  25  février  1482). 
1486—16  février  (9  avril  1486)  couronné  roi  des  Romains. 
1488—2  ou  11  février  emprisonné  à  Bruges. 
1508—12  février,  nommé  par  le  pape  empereur  des  Romains. 
Philippe  son  fils  n.  22  juin   1478;  m.  août   1506. 
1494  -décembre,  couronné  duc  de  Brabant. 

1496— octobre,  épouse  Jeanne  d'Aragon  fille  de  l'erdinand  et  d'Isabelle. 
1502—22  mai,  nommé  à  Tolède  héritier  de  Casiille  et  Aragon. 
1.504—27  novembre,    mort  d'Isabella  Catholica.    Ferdinand,   roi   de 
Castille  et  Aragon. 
Charles,   son  fils   (plus  tard  empereur  Charles  V),  n.  2.3  février  1499. 
1516 — 22    janvier,    mort    de    l'erdinand,     succession     de     Charles 
(V  d'Autriche). 


192 

Le  voyage  „auprès  du  fils  du  roi"  dont  il  est  question  dans 
une  lettre  de  Behaini,  trouve  ainsi  son  explication,  car  en  réalité 
c'était  bien  Philippe  le  représentant  du  pays  avec  lequel  le  Portugal 
tenait  d'importantes  relations  commerciales. 

Pour  nous  il  n'y  a  point  de  doute  que  Hehaim,  ancien  néj»ociant 
flamand,  connu  et  estimé  de  Maximilicn,  ait  été  choisi  pour  une  mission 
auprès  du  comte  de  Flandre,  soit  au  sujet  du  traité  de  paix  (juin 
1494),  soit  pour  le  couronnement  du  jeune  prince  (décembre  1494), 
ou  bien  pour  d'autres  questions  d'PJat.'  La  lettre  de  Monetarius 
justifiait  bien  ce  choix. 

D.  Joào  II  montrait  de  cette  façon  et  sans  retard,  la  considé- 
ration témoignée  au  personnage  recommandé  par  le  Docteur  Mùnzer 
comme  représentant  (deputado)  du  roi  son  cousin. 

Le  traité  de  paix  de  juin  1494,  la  réception  cordiale  accordée 
par  D.  Joào  au  Dr  Monetarius  à  Evora  sont  autant  de  manifestations 
d'estime  et  de  sympathie  envers  Maximilien,  auxquelles  il  faut 
ajouter  l'ambassade  de  148S  pour  sa  libération  et  les  avances  de 
fonds  pour  le  paiement  de  ses  troupes,  faites  par  Diogo  Fernandez 
Correa  à  Anvers. 

En  outre  la  lettre  de  Monetarius  contient  les  passages  suivants 
décernant  les  plus  grands  éloges  aux  efforts  de  D.  Joào 
et  à  son  programme  d'entreprises  maritimes: 

„Tu  n'as  jamais  ménagé  ni  la  peine,  ni  les  dépenses  pour 
découvrir  la  sphéricité  de  la  terre;  par  tes  efforts  tu  as  soumis 
à  ton  tribut  jusqu'aux  peuples  de  la  côte  de  l'Ethiopie  .... 
et  ainsi  par  ton  intelligence  tu  t'es  assuré  des  louanges,  de 
l'immortalité  et  de  la  gloire,  ainsi  que  beaucoup  de  profit .  .  . 
Sûrement  tu  sais  que  bien  des  astronomes  illustres  ont  nié 
l'existence  de  pays  habitables  sous  les  tropiques  et  sous  les 
équinoxes.  Cependant  grâce  à  ton  expérience  tu  as  prouvé 
que  ces  choses  étaient  vaines  et  fausses  .... 


Oliver  de  Wree:  Les  sceaux  des  comtes  de  Flandre,  Bruges  1641. 

Sousa  Viterbo.  Duarte  Oalvào  1.  c. 

Luciano  Cordeiro.  Uma  sobrinha  do  infante.  B.  S.  G.  L.  1894. 
(')  C'est  très  probablement  aux  rapports  étroits  entre  Maximilien  et  la 
cour  portugaise  que  l'on  doit  l'existence  à  la  Bibliothèque  de  Munich  du 
Règlement  de  l'astrolabe  et  du  célèbre  manuscrit  de  Valentim  Fernandes.  Ces 
deux  raretés  bibliographiques  ont  appartenu  à  la  bibliothèque  de  Konrad 
Peutinger  d'Augsbourg,  humaniste  renommé  et  ami  intime  du  roi  des  Romains. 


1Q3 

Tu  possèdes  une  abondance  de  moyens  et  de  richesses,  tu 
disposes  de  très  savants  marins  désireux  de  gagner  l'immor- 
talité et  la  gloire.  O  quelle  gloire  aurais-tu  acquise  si  tu  faisais 
connaître  l'Orient  habité  à  l'Occident  et  quels  avantages  ne 
retirerais-tu  pas  de  ce  commerce  ! 

....  Si  tu  accomplis  cette  expédition,  on  te  louera  comme 
un  Dieu,  comme  un  Hercule. 

....  Tu  étudies  toutes  les  choses  toi-même  par  ton  initia- 
tive, avec  une  telle  profondeur'  qu'il  devient  superflu  d'écrire 
beaucoup  à  cet  égard,  ce  serait  plutôt  empêcher  celui  qui  court 
d'arriver  au  but." 

Behaim  en  inspirant  cette  lettre  avait  bien  caractérisé  le  roi  et 
son  programme  et,  à  ce  point  de  vue,  quoique  placé  à  la  fin  du 
livre,  ce  document  serait  pour  ainsi  dire  l'introduction  du  Règlement 
de  l'astrolabe  et  du  Traité  de  la  sphère. 

La  lettre  de  Monetarius  a  comme  titre  un  texte  portugais  où 
il  est  dit  que  Alvaro  da  Torre,  prédicateur  du  roi  „pregador  do  dicto 
senhor  rey",  l'avait  traduite  du  latin.  Ce  passage  y  fut  ajouté  du 
vivant  de  D.  Joào  et  non  après  sa  mort,  car  du  temps  de  D.  Manuel 
on  aurait  dû  écrire  prédicateur  du  feu  roi. 

Un  document  décernant  de  tels  éloges,  aurait-il  été  joint 
au  Traité  de  la  sphère  imprimé  pour  la  première  fois  sous  le 
règne  de  D.  Manuel? 

Rappelons  que  l'héritier  du  trône  était  le  frère  du  duc  de  Vizeu, 
assassiné  par  D.  Joào  lui-même  et  le  frère  de  la  reine  douairière 
D.  Leonor,  sur  laquelle  pèse  le  soupçon  d'avoir  été  complice  dans 
l'empoisonnement  de  son  mari. 

Ces  considérations  nous  conduisent  à  supposer  que  l'édition 
originale  du  Règlement  de  l'astrolabe  et  du  Traité  de  la  sphère,  dont 
l'exemplaire  de  Munich  est  une  réimpression,  a  dû  être  antérieure  à 
1495,  année  de  la  mort  de  D.  Joào  11. 

Mais  que  notre  conjecture  soit  juste  ou  fausse,  que  la  première 
édition  soit  d'un  règne  ou  de  l'autre,  cela  ne  change  rien  au  plan 
du  livre  qui  contient  le  résultat  des  études  de  la  Junta. 

Pour  nous,  la  lettre  de  Monetarius  a  été  traduite  et  réunie  au 
Traité   de  la  sphère  par  ordre  de  D.  Joào. 


(')  E  tu  niesnio  es  tul  que  toda  las  causas  corn  tua  industria  atee  a  vrifia 
examinas. 

13 


1Q4 

LA  LETTRE  DU  D'<  MONETARIUS.' 

(14  juillet   1493) 

A  cartta  que  enuioii  liieroniino  montario,  doutor  alennx  da  çidade  de 
nordberga  etn  alernania,  ao  serenissimo  rey  dû  Johani  o  segudo  de  portu- 
gall  sobre  o  descobrimeto  do  maar  oçeano  e  prouença  do  gronde  cam  de 
catay  tirada  de  lati  en  ligiiajen  par  mestre  oluaro  da  torre  mestre  en 
theologia  da  ordem  de  sam  doiningos  pregador  do  dicto  senhor  rey. 

Ao  serenissimo  e  inuictissimo  Jotiaiine  rey  de  purtugal  e  dos  algarues  e  da 
mauritania  maritima  e  inuentor  primiro  das  jlhas  fortunadas  canarias  da  madeira 
e  dos  açores.  hieronimo  montario,  doutor  alemà  muy  vmildosamentc  se  enco- 
menda.  porque  ate  que  este  louuor  reçebcste  do  serenissimo  infante  dô  anrrique 
teu  tio  que  nunca  perdoaste  a  trabalho  nem  despesas  pera  descobrir  a  redon- 
deza  das  terras  e  pera  tua  industria  fezeste  tributarios  ate  os  pouos  maritimos 
da  ethiopia  e  o  mar  de  guinee  atee  ho  tropico  ^e  capricorno  com  suas  mer- 
cadurias.  asy  como  ouro:  granos  de  parayso,  pimenta,  escrauos  e  outras  cousas 
com  ho  quai  ingenho  ganhaste  pera  ty  louuor,  imortalidade  e  gloria  e  tam- 
ben  muy  gram  proueito.  e  nam  he  duuida  que  em  brcue  tempo  os  de  ethiopia 
quasi  bestas  em  semelhança  humana  alienados  do  culto  diuino,  dispan  per  tua 
industria  sua  bestialidade  e  venham  a  guardar  a  religiam  catholica.  Conside- 
rando  estas  cousas  Maximiliano,  inuitissimo  rey  de  Ronianos  quis  conuidar 
tua  magestade  a  buscar  a  terra  orientait  de  catay  muy  rica.  porque  Aris- 
toteles  confessa  em  fim  do  liuro  segundo  de  celo  e  mundo.  e  tambem  Seneca 
no  quinto  liuro  dos  naturaaes  e  pedro  de  aliaco  cardeall  muy  letrado  na  sua 
jdade  e  outros  muy  muytos  baroôes  esclaresçidos  confessam.  diguo  ho  prin- 
cipio  do  oriente  abitauel  secr  achegado  asaz  ao  fim  do  occidente  auitauell: 
sam  sinaes  os  elefantes  que  ha  muytos  aqui  nestes  dous  lugares.  e  tambem 
as  canas  que  ha  tormenta  lança  da  praya  do  oriente  as  prayas  das  jlhas  dos 
açores.  Sam  tamben  infinidos:  porque  asy  ho  diga:  muy  certos  argumentos. 
polios  quaes  demonstratiuos  se  proua  aquelle  maar  em  poucos  dias  nauegarse 
contra  catay  orientall.  e  nom  te  trouue  alfragano  e  outros  sem  esperiença. 
os  quaes  diserom  soomente  hua  quarta  parte  da  terra  estar  descuberta  ao 
maar.  e  ha  terra  segudo  as  très  suas  partes  estar  alagada  sob  ho  maar.  por- 
que nas  cousas  que  pertençem  a  habitaçam  da  terra  mais  se  a  de  créer  a 
esperiença  e  as  prouaues  estorias  que  as  ymaginaçioôes  fantasticas.  Porque 
certo  sabes  que  muitos  autorizados  astronomos  negarom  ser  alguma  habitaçam 
debai.xo  dos  tropicos  e  equinoçios.  As  quaes  cousas  tu  achaste  serem  vâas  e 
falsas  por  tua  esperiencia.  nam  seja  duuida  que  a  terra  nam  esta  alagada  sob 
ho  mar:  mais  pello  contrairo  o  maar  estaa  immerso.  Et  ainda  a  redondeza 
orbicular  délia.  Abondam  tambem  a  ty  as  abastanças  e  riquezas.  e  sam  a  ty 
marinheiros  muy  sabios  os  quaes  a  sy  mesmo  deseiam  ganhar  immortalidade 
e  gloria.  O  quanta  gloria  alcançaras,  se  fezeres  o  oriente  habitauell  seer 
conhesçido  ao  teu  occidente.  e  tambem  quanto  proueito  os  commercios  te 
daram  que  mais  faras  as  jlhas  do  oriente  tributarias.  e  muytas  vezes  os  reys 
marauilhados  se  sogigaram  muy  leuememte  ao  teu  senhorio.  Ja  te  louuam 
por  grande   principe   os  alemàos  e  jtalicos  e  os  rutanos  apolonios  scithos.   e 


(')  Les  nombreuses  abréviations  de  l'e.xemplaire  de  Munich  ont  été  sup- 
primées en  adoptant  l'ortographe  du  document  d'Evora. 


195 

os  que  moram  debaixo  da  seca  estrella  do  polo  artico:  cou  ho  grande  duque 
de  nioscauia.  que  nam  ha  niuytos  annos  que  debaixo  da  sequiedade  da  dicta 
estrella  foy  nouamente  sabida  a  grande  llha  de  grulanda.  que  corre  por  costa. 
ccc.  leguoas.  na  quall  ha  grandissima  habitaçam  de  gente  do  dicto  senhorio  do 
dicto  senhor  duque.  Mais  se  esta  espediçam  acabares  aleuantarteam  em 
louuores  como  deus:  ou  outro  Hercules,  e  teras  tam  ben  se  te  apraz  pera 
este  caminho  por  companheiro  depiitado  do  nosso  rey  Ma  xi  mi  lia  no  ho  senhor 
niartinho  boemio  singuLarmente  pera  esto  acabar  :  e  oiitros  niuy  muytos 
marinheiros  sabedores  que  nauegararn  ha  largura  do  maar  tomando  caminho 
das  jlhas  dos  açores  por  sua  industria  per  quadrante  chilindro  e  astrolabio 
e  outros  jngenhos:  onde  nem  frio  nem  calma  os  anojara  e  mais  nauegararn 
a  praya  orientall  sob  hùua  temperança  muy  temperada  do  aar:  e  do  maar. 
muytos  jnfindos  argumentos  sam  pellos  quaes  tua  magestade  pode  seer  esti- 
mada.  Mais  que  aproueita  esporear  a  quem  corre.  Et  tu  mesmo  es  tall:  que 
todalas  cousas  com  tua  jndustria  ate  a  vnha  examinas,  e  portanto  escreuer 
muytas  cousas  desta  cousa  he  jmpedir  a  quem  corre:  que  nam  achegue  ao 
cabo.  ho  todo  poderoso  conserue  aty  em  teu  proposito  e  acabado  o  caminho 
do  maar  de  teus  caualleiros  sejas  celebrado  com  jmmortalidade:  vale.  de 
iiumberga  vila  da  alta  alemanha  a.  14.  de  julho:  salutis  de  mill  e  quatroçemtos 
e  nouenta  e  très  annos. 


D.  JOAO  II. 


Enthousiaste  des  découvertes,  D.  Joào  se  voua  dès  son  jeune 
âge  aux  affaires  coloniales  qu'il  conduisit  de  main  de  maître.  Il 
devint  le  grand  continuateur  de  l'œuvre  de  D.  Henrique,  dont  il 
avait  hérité  la  prévoyance  et  la  ténacité. 

Un  document,  peu  connu  encore  et  important  pour  l'histoire 
des  découvertes,  établit  d'une  façon  définitive  que  le  commencement  de 
l'administration  coloniale  de  D.  Joào  date  de  1474.  La  lettre  royale  du 
4  mai  1481  nous  révèle  que  D.  Affonso,  ayant  reconnu  la  valeur 
personnelle  du  prince,  sentait  le  besoin  de  lui  confier  un  poste 
important,    pour    éveiller   son    intelligence    et   lui   donner   de   l'ex- 

mort 
•1433—14  août 
1438—9  septembre 
1481—28  août 
1495-25  octobre 
1521  —  13  décembre 
1557-11  juin 


ne 

couronne 

(')  D.  Joào  1 

1357 

1385—6  avril 

D.  Duarte 

1391 

1433—14  août 

[).  Affonso  V 

1432 

1438—9  septembre 

D.  Joào  11 

1455 

1481—28  août 

D.  Manuel 

1469 

1495-25  octobre 

D. Joào  m 

1502 

1521^-13  décembre 

D.  Sebastiào 

1551 

1557—1568  régence 

^^ 

— 

1568 

D.  Henrique 

1512 

1578     28  août 

1578—4  août 
1580—31  janvier 


Domination  espagnole  1580— août  à  164U— 1  décembre. 


196 

périence  sur  la  façon  dont  les  rois  et  les  princes  gouvernent  et 
traitent  des  affaires  d'Etat,  occupations  très  utiles  à  ceux  qui 
espèrent  arriver  à  gouverner  des  royaumes  et  des  peuples. 

Le  roi  y  déclare  avoir  chargé  son  fils  à  l'âj^e  de  19  ans  des 
affaires  de  la  Guinée  et  de  l'investigation  des  mers  et  des  pays  qui 
ont  été  l'objet  de  vives  recherches  dès  i époque  de  l'Infant  D.  Henrique. 

Ayant  la  certitude  que  notre  fils  par  lui-même  et  avec  l'aide 
de  ses  officiers  administre  très  bien  et  en  très  bon  ordre  les 
affaires  maritimes  et  coloniales,  nous  sommes  heureux  de  lui  avoir 
fait  cette  concession  que  nous  confirmons  de  nouveau  en  lui  accor- 
dant, sa  vie  durant,  les  affaires  de  la  Guinée,  des  mers  de  la  Mina 
et  d'Arguim  aussi  bien  que  de  tous  les  fleuves  et  places  commerciales 
par  mer  ou  par  terre  des  pays  déjà  connus  et  de  ceux  qui  seront 
encore  découverts.  (Voir  Appendice  No  1  Doc.  No  ]3.) 

Cette  lettre  royale  est  donc  la  confirmation  de  donations  faites 
au  prince  en  1474,  année  oii  D.  Joào  avait  atteint  l'âge  de  19  ans. 
Barros  écrit  que  le  jeune  prince  royal  „chargé  des  affaires  de  la 
Guinée  sous  le  règne  de  son  père,  connaissait  par  expérience 
ce  pays  dont  l'abondance  en  or,  en  ivoire,  en  esclaves  etc., 
enrichissait  le  royaume."  ' 

Il  nous  fait  encore  connaître  les  efforts  de  D.  Joào  pour  se 
renseigner  sur  l'Orient,  même  à  travers  le  désert,  en  envoyant  des 
émissaires  du  fort  d'Arguim  vers  l'intérieur  „afin  que  rien  ne  lui 
échappât  .  .  .  car  son  esprit  n'avait  point  de  repos." - 

Monetarius,  en  décrivant  ses  entretiens  en  1494  avec  le  roi  à 
Evora,  nous  a  conservé  un  trait  caractéristique  de  la  minutie  royale 
dans  l'étude  du  commerce  des  denrées  coloniales.  Le  monarque  est  allé 
jusqu'à  envoyer  un  émissaire  au  Caire  pour  recueillir  des  infor- 
mations sur  la  préparation  du  poivre,  une  espèce  qui  lui  était  venue 
de  la  Guinée  n'ayant  pas  obtenu  un  pri.x  favorable  sur  le  marché 
de  Flandre.'' 

Dans  une  de  ses  nombreuses  études,  Luciano  Cordeiro  nous 
montre  les  efforts  du  roi  pour  recueillir  des  nouvelles  de  l'Inde  par 
l'intérieur  du  continent  africain.  En  choisissant  les  missionnaires  à 
envoyer   au   Congo   en    1487,   D.  Joào   donnait   la   préférence   aux 


(')  Barros.    Dec.  I,  L.  3,  C.  1,  p.  152. 

(4  Barros.    Dec.  i,  L.  3,  C.  12,  p.  261. 

(')  Kunstmann.  Munzers  Bericht.  Abhandlung  d.  Ak.  d.  Wissensch. 
Miinchen  (Hist.  Classe),  1855,  Bd.  7,  p.  337.  —  Auss\  Ravenstein.  Behaim,  1908, 
p.  26,  sujet  traité  par  Barros,  Dec.  1,  L.  3,  C.  3,  p.  178. 


197 

religieux  qui  avaient  des  connaissances  en  mathématiques;  dans  les 
heures  h'bres  entre  leurs  prédications,  ils  auraient  à  faire  des 
recherches  sur  les  Indes  et  sur  le  „Preste  Joào".' 

On  cherchait  à  avoir  des  nouvelles  d'Orient  en  employant  tous 
les  moyens. 

Bartholomeu  Dias  fut  chargé  de  débarquer  le  long  de  la  côte 
africaine  des  nègres  habillés  et  bien  soignés,  portant  des  échan- 
tillons d'argent,  d'or  et  d'épices  pour  éveiller  l'attention  et  attirer 
vers  la  côte  les  indigènes  qui  pourraient  fournir  des  informations 
aux  navires  portugais. - 

Indépendamment  de  l'expédition  de  Covilhà  et  d'une  tentative 
semblable  qui  eut  lieu  avant  celle-ci.  le  roi  avait  des  agents  dans 
tout  le  Levant."*  Quelques  mois  après  le  départ  de  Covilhà  un 
émissaire  du  Preste  Joào,  venu  à  Rome  visitait  le  Portugal.  Ce  prêtre, 
Lucas  Marco,  adressa  à  son  maître  une  lettre  dont  il  fit  4  copies. 
D.  Joào  les  fit  envoyer  en  Orient  pour  qu'on  les  expédiât  en 
Abyssinie  par  les  religieux  de  ce  pays,  qu'on  trouvait  assez  fréquemment 
à  Jérusalem.  La  lettre  contenait  un  exposé  du  commerce  et  de  la 
navigation  au  Portugal  et  même  des  détails  sur  la  langue  portugaise,  qui 
pourraient  conduire  à  des  éclaircissements  ou  fournir  des  indices  utiles.^ 

Partout  on  trouve  des  traces  des  efforts  de  D.  Joào  pour  arriver  à  la 
découverte  du  chemin  des  Indes,  la  route  la  plus  courte 
pour   le    pays    des    Epices   et   des    richesses    orientales. 

On  ne  recherchait  pas  l'expansion  territoriale  au  sens  moderne, 
c'est-à-dire  la  conquête  et  l'exploitation  de  pays  plus  ou  moins 
incultes.  Ces  problèmes  n'étaient  point  pressants  au  XV*^  siècle, 
OLi  l'on  n'avait  pas  d'excès  de  population. 

Ainsi  on  trouve  dans  la  carte  de  Diogo  Ribeiro    de  1529,  une 


(')  As  mcmorias  da  nossa  ordcm  discm  que  El  Rei  escolheo  nella  sujeitos 
que  alem  das  saj»radas  lettras  erào  entendidos  uas  matheniaticas  para  que  nas 
horas  que  Ihes  vagassem  da  prégaçào  fossem  inquerendo  aigua 
noticia  da  India  pello  Sertào  daquellas  Provincias  e  do  grande 
Rei  do  Abexin  que  o  \ulgo  chamaua  Preste  joào  e  hauendoa 
procurassem   chegar   a   elle. 

Fr.  L.  de  Souza.  Historia  de  S.  Domingos  (1662),  2^  parte,  voir  Cor- 
deiro.    Hydrographie  Africaine  (1878),  p.  9. 

(-)  Barros.    D.  1,  L.  .^,  C.  4,  p.  185. 

(')  Barros.    D.  1,  L.  .^,  C.  5,  p.  193. 

[')  Barros.     D.  I,  L.  3,  C.  5,  p.  198-199. 


198 

note  sur  le  pays  découvert  par  joào  Fernandes  Labrador,^  disant  que 
«dans  ce  pays  il  n'y  a  rien  d'utile"  (no  ay  cosa  de  prouecho).  Une 
note  semblable  figure  dans  le  pays  de  „los  bacallaos",  découvert  par 
les  Corte  Real.  A  propos  du  Canada  on  lit  encore:  „on  n'a  pas 
trouvé  de  l'or"  (no  an  allado  oro). 

On  désirait  accaparer  l'or,  les  épices,  les  pierres  précieuses 
du  commerce  oriental  qui  enrichissait  Venise  et  toute  la  Méditer- 
ranée. Ce  programme  se  trouve  nettement  défini  dans  le  discours 
adressé  par  D.  Manuel  à  Vasco  da  Gama  à  son  départ: 

„Si  mon  royaume  a  acquis  de  nouveaux  titres,  de  nouvelles 
ressources  et  de  nouveaux  revenus  grâce  à  la  côte  d'Ethiopie, 
que  peut-on  attendre  en  poussant  plus  loin  cette  découverte, 
sinon  parvenir  à  ces  richesses  orientales  qui  ont  fait  de  Ve- 
nise, Gênes  et  Florence  de  grandes  puissances  commerciales!"- 

Le  programme  du  Portugal  était  donc  d'arriver  à  l'Orient  et 
au  commerce  des  Indes.  Séduite  par  Colomb,  l'Espagne  se  présente 
en  1492  comme  concurrente  dans  le  domaine  des  découvertes.  Les 
craintes  à  cet  égard  avaient  depuis  longtemps  dicté  à  la  cour  por- 
tugaise des  mesures  de  prudence  et  de  réserve.  Le  danger  devenu 
une  réalité,  le  secret  était  doublement  nécessaire,  il  était  un  point 
capital  pour  le  succès  des  entreprises  coloniales. 

Le  Portugal  avait  en  sa  faveur  trois  quarts  de  siècle  d'efforts 
suivis  et  une  vaste  expérience  dans  toutes  les  branches  de  la 
navigation.  C'était  autant  d'avantages  sur  les  nouveaux  compétiteurs; 
on  tenait  à  ne  pas  les  en  laisser  profiter. 

Ces  précautions  de  secret  et  de  réserve,  continuées  pendant 
longtemps,  sont  aujourd'hui  la  cause  d'une  pénurie  d'éléments 
historiques  qui  a  égaré  bien  des  auteurs  sur  plusieurs  chapitres  des 

(')  Notes  de  la  carte  de  Diogo  Ribeiro  1529. 

„Tierra  ciel  labrador. 

Esta  terra  descubrieron  los  Ingleses,  no  a  y  en  eli  a  cosa  de  prouecho." 

a  côté: 

„Tierra  de  los  bacallaos   la  quai  descubrieron  los  corte  reaies  haqui 
se   perdieron    hasta   aora    no   an   allado   cosa   de    prouecho   maç   de  la 
pescaria  de  bacallaos  q  son  de  poca  estima. 
Au   Canada: 

„Tierra  de  Este\'à  Gonies  la  quai  dcscubrio  por  niandado  de  Su  Mag*  el 
afio  1525  ay  en  ella  muchos  arboles  y  fructas  de  los  de  espana  y  muchos  ro- 
douallos  y  salmones  y  sollos:  no  an  allado  oro." 

K-  Kretschmer.  Die  Entdeckung  Amerikas  und  ihre  Bedeutung.  Berlin, 
1892.  —  Atlas. 

(-)  Barros.    Dec.  1,  L.  4,  Cl,  p.  273. 


199 

découvertes.  On  a  écrit  l'histoire  sur  des  bases  incertaines,  on  en 
a  tiré  des  conclusions  prématurées;  il  faudra  les  corriger  au  fur 
et  à  mesure  que  de  nouveaux  documents  viendront  les  contredire. 
Voici  ce  qu'écrivait  Stockler  à  propos  du  secret  gardé  au  Por- 
tugal sur  l'art  de  la  navigation. 

„Les     précautions     excessives    avec    lesquelles    D.  Joào  11 

cachait  aux  étrangers   les  informations  sur  nos  routes   et   nos 

méthodes  de  navigation  et  cherchait   à   leur   rendre  difficile   la 

connaissance  des   pays  découverts   par   nos  navigateurs,   l'ont 

fait   agir   avec   un   tel   mystère    qu'il   ne    sera   désormais   plus 

facile  d'élucider  cet  important  chapitre  de  notre  histoire  littéraire."  ^ 

L'épisode  suivant  définit  bien  à  la  fois  l'individualité  de  D.  Joào  II 

et  les   soins  qu'il  apportait  à  cacher   les    progrès  des   constructions 

navales. 

Le  roi  amena  un  jour,  à  table,  la  conversation  sur  la  forme 
arrondie  des  vaisseaux  en  la  déclarant  défectueuse,  car  ces  navires 
ne  pouvaient  pas  faire  le  voyage  de  retour  de  la  Guinée.  Pedro 
d'Alemquer,  pilote  expérimenté,  répondit  qu'il  se  chargerait  de  les 
ramener  au  royaume;  mais  le  roi  affirma  que  ce  n'était  pas  possible 
puisqu'on  avait  perdu  tous  les  navires  de  ce  genre  qui  y  avaient 
été  envoyés. 

Le  pilote  se  déclara  de  nouveau  prêt  à  en  faire  la  preuve. 
D.  Joào  II  répondit  sèchement: 

„Tu  parles  beaucoup,  mais  tu  n'achèves  rien." 
A  la  fin  du  dîner  le  roi  fit  venir  Alemquer  pour  lui  faire  secrète- 
ment ses  excuses.  Il  avait  besoin  de  répandre  le  bruit  de  l'im- 
propriété des  vaisseaux  de  forme  arrondie  ;  il  ne  fallait  pas  qu'un 
marin  aussi  compétent  affirmât  la  supériorité  de  ces  vaisseaux, 
qu'aucun  pays  en  dehors  du  Portugal  n'avait  encore  adoptés,  car 
les  difficultés  augmenteraient  si  l'on  venait  à  les  introduire 
ailleurs.  Pour  confirmer  l'opinion  de  leur  inutilité,  le  roi  envoyait 
de  vieux  vaisseaux  à  la  Guinée  avec  l'ordre  secret  de  les  démolir. - 

(')  „0  excessive  cuidado  coin  que  D.  Joào  11  recatava  dos  estrangeiros  a 
noticia  de  nossas  derrotas  e  methodos  de  navegar,  e  com  que  procurava  diffi- 
cultar-ihes  o  conhecimento  dos  paizes  descobertos  peios  nossos  navegadores, 
o  determinou  a  procéder  sobre  tudo  que  dizia  respeito  aos  mesmos  descobri- 
mentos  com  tào  misterioso  segredo,  que  nào  sera  facil  jâ  agora  achar  meios 
de   elucidar  completamente  este  importante  artigo  da  iiossa  historia  literaria." 

Garçào  Stockler.    Ensaio  historico,  1819,  p.  25. 

(-1  Cordeiro.  B.  S.  G.  L.,  1892,  p.  193,  d'après  Garcia  de  Rezeiide,  Chronica 
de  D.  Joào  11. 


200 

Nous  avons  signalé  ailleurs  l'incertitude  qui  règne  sur  un  grand 
nombre  de  voyages  portugais  constituant  aujourd'hui  un  chapitre 
nouveau  du  cycle  des  découvertes. 

Ainsi  dans  la  lettre  du  pilote  maître  Joào  à  D.  Manuel,  datée 
de  Vera  Cruz,  on  trouve  le  passage  suivant: 

„Quant  à  l'emplacement  de  ce  pays,  demandez  qu'on  vous 
montre  la  mappemonde  de  F^ero  Vaz  Bisagudo;  vous  pourrez 
voir  qu'il  y  est  indiqué.  Cependant  cette  mappemonde  ne 
certifie  pas  si  le  pays  est  habité  ou  non,  car  elle  est  an- 
cienne' .  .  . 

On  ne  connaît  encore  rien  de  cette  reconnaissance  du  Brésil 
par  Pero  Vaz  da  Cunha,  surnommé  Bisagudo,  auquel  D.  Joào  il 
confia  une  expédition  de  20  vaisseaux  à  Canagâ  afin  de  rétablir 
sur  le  trône  le  prince  nègre  Joào  Bemoim,  baptisé  à  Lisbonne  le 
3  novembre  1489.  Pero  Vaz  ayant  assassiné,  sous  prétexte  de 
trahison,  le  prince  qu'il  conduisait  en  Afrique,  a  dû  encourir  la 
défaveur  royale  à  la  suite  de  cet  événement. - 

Cette  mention  de  la  côte  du  Brésil  avant  1500,  n'est  point  la 
seule.  Duarte  Pacheco  écrit  que  D.  Manuel  l'avait  envoyé  à  la 
découverte  vers  l'occident  et  qu'il  y  avait  trouvé  un  continent.  Ceci 
se  passait  en  1498,  une  année  et  demie  environ  avant  les  voyages 
de  Pinzon  et  d'Alvares  Cabrai.' 

Les  mêmes  incertitudes,  les  mêmes  obscurités  se  trouvent  encore 
dans  tout  ce  qui  concerne  le  détroit  de  Magalhàes. 

(')  Quanto  Senor  al  sytyo  d'esta  terra  mande  vosa  alteza  traer  un  napa- 
mundi  que  tyene  pero  vaaz  bisagudo  e  por  ay  podra  ver  vosa  alteza  el  sytyo 
d'esta  terra,  en  pero  aquel  napamundi  non  çertyfica  essa  terra  ser  habytada, 
o  no:  es  napamundi  antiguo  e  ally  fallara  vosa  alteza  escrita  tan  byen  la  mina: 

Lettre  de  maître  Joào,  Document  No  4. 

(-)  Barros.  Dec.  1,  L.  3,  C  8,  p.  223. 

C)  E  por  tanto,  bem  auenturado  Principe,  temos  sabido  e  visto  como  no 
terceiro  anno  do  vosso  reinado  do  hanno  de  nosso  senhor  de  mil  quatro 
centos  e  no  venta  e  oito,  donde  nos  vossa  alteza  mandou  descobrir  ha 
parte  oucidental,  passando  alem  ha  grandeza  do  mar  oceano,  ondehe 
hachada  e  navegada  hûa  tam  grande  terra  firme,  com  muitas  e  grandes 
ilhas  ajacentes  a  ella,  que  se  estende  a  setenta  graaos  de  ladeza  da  linha 
equinoçial  contra  ho  polio  artico  e  posto  que  seja  asaz  fora,  he 
grandemente  pouorada,  e  do  mesmo  circulo  equinoçial  torna  outra  vez  e  vay 
alem  em  vin  te  e  oito  graaos  e  meo  de  ladeza  contra  o  polio  antartico, 
e  tanto  se  dilata  sua  grandeza  e  corre  com  muita  longura  que  de  hûa  parte 
nem  da  outra  nam  foy  visto  nem  sabido  ho  fini  e  cabo  délia. 

Duarte  Pacheco.    Esmeraldo  (1905),  p.  23. 


201 

Dans   son   voyage   de    1501—1502   pour   le   Portugal,   Vespucci 

serait   arrivé   à   la   latitude   du    détroit.     Il    écrit   dans   sa   3*^  lettre: 

.,Navegamos  tanto  que  encontramos  que  el  polo  méridional 

se  elevaba  52  grados  sobre  aquelle  horizonte  en  terminos  que 

ja  no  podiamos  ver  la  osa  menor  ni  la  mayor."^ 

Les  52"  lat.  sud  dont  il  est  ici  question  ne  sont  pas  de  con- 
fiance. Navarrete  les  corrige  à  40"  ou  46"  ce  qui  serait  6  a  12"  au 
nord  du  détroit.-  La  Petite  Ourse  disparait  à  20°  lat.  sud  et  la 
Grande  Ourse  commence  à  être  invisible  à  40"  sud.' 

La  Géographie  de  Ptolémée,  édition  de  Rome  1508,  contient 
une  dissertation  du  moine  célestin  Marco  Beneventano  où  il  est  dit 
que  les  Portugais  avaient  reconnu  les  côtes  de  l'Amérique  du  Sud 
jusqu'à  37"  de  latitude  sud.  Ils  auraient  donc  dépassé  Buenos 
Ayres  de  deux  degrés,  onze  ans  avant  Magalhàes,  et  même  été 
«jusqu'à  50"  de  latitude  australe  (ce  qui  n'est  que  2'  x"  au  nord  de 
l'entrée  du  détroit  de  Magalhàes)."^ 

Toutes  ces  obscurités  confirment  une  seule  et  même  préoc- 
cupation méthodiquement  suivie  de  cacher  les  projets,  les  voyages, 
les  progrès  des  constructions  navales,  de  même  que  sous  D.  Manuel, 
le  décret  du  13  novembre  1504  ordonne  le  secret  de  la  cartographie. 

La  rivalité  des  deux  pays  explique  largement  les  précautions 
et  le  silence  qui  enveloppent  tous  les  efforts  faits  à  la  veille  des 
grands  événements  qui  allaient  se  produire.  Le  Portugal  était  jaloux 
à  juste  titre  de  ses  succès  maritimes.  Il  était  le  centre  où  conver- 
geaient toutes  les  nouvelles  des  découvertes,  où  l'on  trouvait  les 
derniers  progrès  dans  l'art  de  la  navigation.  L'Espagne,  devenue 
une  redoutable  concurrente,  rendait  ces  mesures  de  prudence  in- 
dispensables. 


(')  Navarrete  1.  c.  t  3,  p.  276. 

(-)  Voir  les  annotations  de  Navarrete  aux  lettres  de  Vespucci  sur  les 
nombreuses  inexactitudes  de  ces  observations  astronomiques. 

C)  Aimable  indication  de  M.  le  professeur  Wolfer. 

(*)  Atlas  Ptolémée.    Ed.  Rome,  1508,  contient: 

Marco  Beneventano  :  Nova  orbis  descriptio  ac  no\a  oceani  navi^atio  qua 
Lisbona  ad  Indicum  pervenitur  pelagus: 

Le  chapitre  14  dit  : 

Terra  Sanctae  Crucis  decrescit  usque  ad  latitudineni  M"  austr.  quani- 
que  archoploi  usque  ad  lat.  50"  aust,  n  a  v  i  j»a  v  e  l' i  n  t ,  ut  ferunt 
quam    reliquam  portionem  descriptam  non  reperi. 

Humboldt.    Lxamen  critique,  t  2,  p.  7. 


202 

La  rareté  du  F'^èjilcment  de  Munich  n'est  qu'une  nouvelle 
preuve  des  soins  apportés  à  tenir  secrète  l'étude  d'une  question 
capitale  qu'on  venait  de  résoudre.  Le  Règlement  et  la  Sphère 
réunis  formaient  une  œuvre  de  grande  portée,  à  la  fois  le  guide  des 
marins  et  le  vulgarisateur  de  l'astronomie  nautique.  Ce  livre  essen- 
tiellement portugais,  était  la  clef  du  vaste  programme  colonial  de 
D.  Joào;  lu,  relu,  vérifié  et  médité,  il  a  conduit  à  la  plus  hardie  des 
entreprises  maritimes  de  tous  les  temps;  le  voyage  autour  du 
monde  de  Fernào  de  Magalhàes. 

LE  TRAITÉ  DE  TORDESILHAS. 

L'enthousiasme  de  l'Espagne  pour  les  projets  de  Colomb 
donna  un  aspect  nouveau  aux  entreprises  maritimes  du  Portugal. 

La  question  changea  complètement  dès  que  le  pape  Alexandre  VI, 
un  Espagnol  favorisant  la  cour  de  Castille,  mit  fin  au  monopole 
colonial  des  Portugais  en  faisant  à  la  couronne  de  Castille  et  de 
Léon  la  concession  des  terres  non  occupées  par  des  princes  chrétiens 
au  jour  de  Noël  de  1492.  La  démarcation  des  pays  réservés  au^x 
Espagnols  est  décrite  en  ces  termes  dans  la  bulle  du  pape: 

„quae  linea  distet  a  qualibet  insularum  quae  vulgariter  nun- 

cupater   de    los   Azores   e    Cabo  Verde  centum    leucis    versus 

occidentem  et  meridium."  ' 

')  Bulle  du  4  mai  1493.  Algiins  dociimentos  do  Archiva  national  da  Torre 
do  Tomba.  Lisboa,  1892  p  66. 

Voici  la  traduction  espagnole  d'un  passage  de  cette  bulle,  d'après  Navarrete  : 
„todas  las  islas  y  tierras-firmes  halladas  y  que  se  hallaren  descubiertas. 
y  que  se  descubrieren  hâcia  el  Occideiite  y  Mediodia,  fabricando  y  com- 
poniendo  una  linea  del  Polo  artico,  que  es  el  Setentrion,  al  polo  antârtico, 
que  es  el  Mediodia,  ora  se  hayan  hallado  islas  y  tierras  firmes,  ora  se 
hayan  de  hallar  hâcia  la  india  ô  hâcia  otra  cualquier  parte,  la  cual  linea 
diste  de  cada  una  de  las  islas  que  vulgarmente  dicen  de  los  Azores,  y 
Cabo  Verde  cieii  léguas  hacia  el  Occidente  y  Mediodia;  asi  que  todas 
sus  islas  y  tierras-firmes,  halladas  y  que  se  hallaren,  descubiertas  y  que 
se  descubrieren,  desde  la  dicha  linea  hâcia  al  Occidente  y  Mediodia, 
que  por  otro  Rey  6  Principe  Cristiano  no  fueren  actualmente 
poseidas  hasta  el  dia  del  Nacimiento  de  nuestro  Sefior 
Jesucristo  proximo  pasado,  del  cual  comienza  el  ano  présente  de 
mil  y  cuatrocientos  y  noventa  y  très,  cuando  fueron  por  vuestros 
mensageros  y  Capitanes  halladas  algunas  de  las  dichas  islas  por  la 
autoridad  del  Omnipotente  Dios,  â  Nos  en  5.  Pedro  concedida,  y  del 
Vicariato  de  Jesucristo,  que  ejercemos  en  las  tierras,  con  todos  los 
Senorios  délias,  Ciudades,  Fuerzas,  Lugares,  Villas,  derechos,  jurisdiciones 


203 

Lacour  d'Isabelle  la  Catholique  avait  donc  à  sadisposition  la  bonne 
volonté  du  pape  pour  porter  atteinte  aux  droits  acquis  des  Portugais, 
à  qui  cette  bulle  était  franchement  hostile. 

Le  traité  de  Tordesilhas,  résultant  des  négociations  entamées 
entre  les  deux  pays,  est  un  document  démontrant  admirablement  le 
succès  des  mesures  secrètes  employées  par  D.  Joào  II  dans  toutes 
ses  démarches  coloniales. 

Une  ambassade  portugaise  arrivait  à  la  cour  espagnole  le  15  août 
1493  pour  traiter  ces  questions.  Colomb  retourné  en  mars  de  la 
découverte  se  préparait  en  toute  hâte  pour  le  2^  voyage. 

Voici  en  résumé  le  passage  d'une  lettre  des  rois  Catholiques  à 
Colomb  datée  du  5  septembre  1493: 

„A  la  suite  des  entretiens  qui  ont  eu  lieu  avec  les  Portugais, 
on  dit  ici  qu'au-delà  du  cap  de  Bonne-Espérance  il  doit  y 
avoir,  vers  l'est  (en  la  parte  del  sol)  des  îles  ou  un  continent 
bien  plus  riche  que  tous  les  autres;  si  vous  croyez  que  cette 
affaire  est  telle  qu'on  le  pense  ici,  envoyez  nous  votre  avis 
pour  qu'on  change  la  bulle  du  pape".' 

Le  5  septembre  on  ignorait  donc  en  Espagne  quelles  étaient 
les  véritables  prétentions  portugaises.  Cette  lettre  nous  fait  voir 
qu'on  se  doutait  vaguement  de  la  valeur  des  régions  du  cap  de 
Bonne-Espérance  et  elle  nous  apprend  que  Colomb  avait  déjà  con- 
seillé de  faire  introduire  dans  la  bulle  du  pape  des  clauses  concer- 
nant ces  parages. 


y  todas  sus  pertenencias,  por  el  ténor  de    las   présentes,   las   dam  os, 
concedemos,  y  as  ignames  perpetuamente  a  vos  y  â  les  Reyes 

de  Castilla  y  de  Léon,  vuestros  herederos  y  sucesores: 

Y  del  todo  inhibimos  a  calesquier   personas    de    cualquier  dignidad, 

aunque  se  Real   é   Impérial,  esiado,  grade,  orden   o  condicion   so   pena 

de  excomunion  latae  sententiae.   en    la   cual   por   el   m:smo  caso 

incurran  si  lo  contrario  hicieren."  Navarrete  t.  2,  p.  2>i. 

(')  „Y  porque  despues  de  la  venida  de  los  Portugueses  en  la  pldtica  que 

con  ellos  se  ha  habido,  algunos  quieren  decir  que  lo  que  esta  en  medio  desde 

la  punta  que  los  Portugueses  Maman  de  Buena  Esperan/a,  que  esta  en  la  rota 

que  agora  ellos  llevan  por  la  Mina  del  Oro  é  Guinea  abajo  fasta  la  raya  que 

\os    dijistes    que    debia    venir   en    la    Bu  la    del   Papa,  piensan  que 

podrâ  haber  Islas  y  aun  Tierra  firme,  que  segun  en  la  parte  del  sol  que  esta, 

se  crée  que  seran  mu  y  provechosas  y  mas   ri  cas  que  todas  las 

otras;  y   porque   sabemos   que  desto   sabeis  vos  mas  que  otro  alguno,  vos 

rogamosqueluegonosenvieis  vuestro   parecerenello,   por- 


204 

En  attendant  l'Espaunc  travaillait  du  côté  de  Rome.  Le  Saint- 
Père  expédia  une  nouvelle  bulle  datée  du  jour  même  du  départ  de 
Colomb,  aggravant  les  ordres  apostoliques  du  4  mai: 

„Nous  annulons  les  concessions  faites  par  Nous  ou  par 

nos  prédécesseurs  à  des  rois,  princes,  infants  ou  ordres  militaires, 

môme  si  les  concessionnaires  ou  leurs  émissaires  avaient 

visité  les  contrées  faisant  l'objet  des  donations".' 

Tel   était   l'état   de   la   question  le  25  septembre  1493,  date  du 

départ  de  Colomb  pour  son  deuxième  voyage. 

Après  75  ans  d'efforts,  le  Portugal  avait  à  choisir  entre  un  con- 
flit et  des  négociations  habiles. 

Connaissant  à  fond  les  détails  du  problème  D.  Joào  commença 
par  les  négociations.  11  tenait  avant  tout  à  s'assurer  la  route  du 
Cap  comme  propriété  nationale.  Le  chemin  de  l'Orient  était  découvert 
dès  1489  par  Bartholomeu  Dias  et  cette  route  avait  été  confirmé 
par  Covilhà  qui  avait  visité  les  Indes  et  suivi  la  côte  africaine 
jusqu'à  Sofala.  Les  déclarations  de  Colomb  d'avoir  atteint  le  Japon 
ne  suffisaient  pas  à  éliminer  des  faits  aussi  précis  et  à  détruire 
les  doutes  sur  la  grandeur  de  la  circonférence  du  globe. 

que  si   conviniere,   y  os   pareciere   que   aquelioestalnegocio 
cual  acâ  piensan  que  sera,  se  en  mien  de  la  Bula." 

Lettre  des  rois  Catholiques  à  Colomb.     Navarrete  t  2  p.  109. 

Voir  ce  passage  dans  Humboldt.    Examen  critique  t.  2,  p.  324. 

(')  „Extendemos  y  ampliamos  la  donacion,  concesion,  asignacion  y  Letras 
sobredichas  ....  â  todas  y  cualesquier  islas  y  tierras-firmes  halladas  y  por 
hallar,  descubiertas  y  por  descubrir,  que  navegando  ô  caminando  hâcia  el 
Occidente  6  el  Mediodia,  son  ô  fueren  ô  aparecieren,  ora  esten  en  las  partes 
Occidentales  à  Méridionales  y  Orientales  y  de  lalndia:en  todo 
y  por  todo,  bien  asi  como  si  en  las  sobredichas  Letras  fuese  hecha  plena  y 
e.xpresa  mencion  de  ellas;  .... 

No  obstante  las  constituciones  y  ordenaciones  Apostôlicas  y  cualesquier 
donaciones,  concesiones,  facultades  y  asignaciones  por  Nos  6  nuestros 
predecesores  hechas  â  cualesquier  Reyes,  Principes,  In- 
fantes 6  cualesquier  otras  perso  n  as  ô  Ordenes  y  Milicias  de 
las  sobredichas  partes,  marcs,  islas  y  tierras,  ô  alguna  parte  de  ellas,  ora  sean 
por  cualesquier  causas,  aunque  sean  de  piedad  6  de  fé  .  .  .  aunque  por 
a\entura  alguna  vez  aquellos  â  quien  las  taies  donaciones  y 
concesiones  fuese  n  hechas  à  susNuncios  navegasenalli;  las 
cuales  abiendo  sus  tenorcs  de  ellas  por  suficiente  expresos  é  insertos  de 
semejante  motu,  scientia  y  plenitud  de  poder,  totalmente  revocamos; 
y  cuanto  â  las  tierras  é  islas  por  ellos  actualmente  no  poseidas. 
queremos  ser  habido  por  non  hecho,  y  todo  aque'lo  que  en  las  dichas  Letras 
quisimos  que  no  obstase,  y  todo  lo  demas  que  en  contrario  sea. 

Bulle  du  25  septembre  1493.    Navarrete  t  2  p.  404. 


205 

Depuis  l'arrivée  de  Colomb  en  mars,  jusqu'à  son  départ 
25  septembre,  les  pourparlers  n'avaient  guère  avancé.  Les  rois 
Catholiques  écrivaient  le  5  septembre  à  Colomb: 

„0n  a  longuement  traité  avec  les  émissaires  mais  rien  ne 
pourra  être  arrêté  car  ils  ne  sont  pas  informés  de  ce  qui  nous 
appartient;  nous  supposons  qu'ils  veulent  consulter  le  roi  de 
Portugal."  ' 

L'importance  de  ces  questions  augmentait  et  cela  non  pas  à  la 

suite  des  nouvelles  reçues  de  Colomb  lui-même,  mais  par  le  fait  du 

poids  que  leur  attachaient  les  émissaires  portugais.    Isabelle  écrivait  à 

l'amiral  le  5  septembre,  six  mois  après  le  retour  du  premier  voyage: 

«Certainement   d'après  ce  qu'on  a  traité  et  vu,  chaque  jour 

on  reconnaît  que  la  portée  de  cette  affaire  devient  de  plus  en 

plus   grande;   vous  nous  avez  rendu  un  très  grand  service."  - 

Le    Portugal   voulait   se    mettre    en    garde   surtout   contre  des 

complications   du    côté   du    Cap;    il    avait   en    plus   à  tirer  tous  les 

avantages  de  la  situation  créée  par  l'intervention  papale. 

La  valeur  attachée  par  D.  Joào  aux  négociations  égara  l'Espagne; 
on  finit  par  croire  au  prétendu  chemin  des  Indes  découvert  par 
Colomb.  Les  historiens  qui  donnent  une  importance  quelconque  à  une 
expédition  portugaise  en  suivant  celle  des  Espagnols  vers  l'Occident, 
ignorent  les  intérêts  qui  étaient  en  jeu  ainsi  que  l'habileté  du 
négociateur  portugais.  ' 

La  nouvelle  de  cette  expédition  parvenue  en  Espagne  avant  le 
F''  juin'  y  causait  une  vive  alarme.  Le  12  juin  on  avait  une 
déclaration  catégorique  du  roi  de  Portugal: 

„il  n'avait  envoyé  et  n'enverrait  pas  de  navires."  '•' 
La  reine   crut   d'abord   à   la  véracité  de  cette  déclaration,  puis 
elle  hésita. 

Avant  le  18  aoijt  nouvel  avertissement  de  Colomb: 

„un  navire  serait  parti  de  Madère  par  ordre  du  roi;"  „une 
flotte  portugaise  était  prête,  elle  attendait  son  départ  pour  le 
suivre".'^ 


(')  Lettre  des  rois  Catholiques  à  Colomb,  Navarrcte  I.  c.  t.  2  p.  108. 

(•')  Lettre  d'Isabelle  à  Colomb,  N'avanete  t  2  p.  107. 

(■■)  Voir  la  note  1   p.  208. 

(')  Lettre  des  rois  d'Espaj^iie  à  Colomb,  Navarrcte  1.  c.  t  2.  p.  72. 

C")       „         „       „  „  „  „  , 1 2.  p.  76. 

C')       „        „       „  „  ,.  „  1 2.  p.  96. 


206 

Le  5  septembre  la  cour  répond: 

„les  émissaires  portujiais  déclarent  que  le  navire  de  Madère 
est  parti  sans  ordre  royal;  trois  autres  caravelles  ont  été 
expédiées  pour  le  prendre."  ' 

La  crainte  de  la  concurrence  était  telle  qu'on  prescrit  à  Colomb 
à  deux  reprises  de  s'éloigner  du  Portugal  en  partant: 

„écartez  vous  du  cap  de  S.  Vicente  en  faisant  un  détour, 
pour  ne  pas  passer  le  long  de  la  côte,  afin  qu'on  ignore  votre 
destination."  - 

La  hâte,  l'urgence  du  départ,  le  danger  d'un   délai  lui  sont  in- 
cessamment répétés  dans  toutes  les  lettres  du  12  juin  au  5  septembre: 
«partez  le  plus  tôt  possible,  pas  une  heure  de  retard." 
C'était   la  course  pour   la   route  des  Indes,   à   qui   arriverait  le 
premier  au  pays  des  Epices! 

Voyons  maintenant  les  surprises  contenues  dans  le  traité  de 
Tordesilhas  signé  le  7  juin   1494.' 

„que  se  haga  \'  sinale  por  el  dicho  mar  oçeano  una  raya  o  linea 
derecha  de  polo  a  polo,  la  quai  raya  o  linea  se  aya  de  dar  y  de 
derecha,  como  dicho  es,  a  tresientas  y  setenta  léguas  de  las 
yslas  del  Cabo  Verde,  hasia  la  parte  del  poniente.' 

La  route  du  Cap  est  libérée;  et  on  recule  le  méridien  de 
démarcation  à  370  lieues  à  l'ouest  des  îles  de  Cabo  Verde,  soit 
270  lieues  au-delà  de  la  limite  fixée  par  le  pape.  La  nouvelle 
démarcation  coupe  le  Brésil  (officiellement  découvert  6  ans  plus 
tard)  et  on  prévoit  expressément  le  cas  de  la  rencontre  d'une  île 
ou  d'un  continent  dans  ces  termes:'' 

(')  Lettre  des  rois  d'Espagne  à  Colomb,  Navarrete  I.  c.  t  2.  p.  109. 

V)        „         „        „  „  .,  ,.  , t2.p.97. 

(•')  Signataires  portugais:  Ruy  de  Sousa,  son  fils  D.  Joào  de  Sousa  et 
Aries  de  Almadana,  ambassadeurs;  assistés  par  Joào  Soares  de  Sequeira, 
Ruy  de  Leme  et  Duarte  Pacheco. 

{*)  Alguns  documentes  etc.  1.  c.  p.  74. 

(•')  Y  si  caso  fuere  que  la  dicha  raya  y  limite  de  Polo  d  Polo,  como 
dicbo  es,  topare  alguna  isla  6  tierra-firme,  que  al  comienzo  de  tal  isla  ô 
tierra,  que  asi  fuere  hallada,  dondc  tocare  la  dicha  raya,  se  haga  alguna  senal 
6  torre,  y  que  en  derecho  de  la  tal  senal  6  torre,  se  continue  de  alli  adelante 
otras  senales  por  la  tal  isla  ô  tierra  en  derecho  de  la  dicha  raya,  les  cuales 
partan  lo  que  â  cada  una  de  las  dichas  partes  pertenesciere  de  ella,  y  que 
los  sûbditos  de  las  dichas  partes  no  sean  osados  los  unos  de  pasar  a  la  parte 
de  los  otros,  ni  los  otros  â  la  de  los  otros,  pasando  la  dicha  sériai  y  limite 
en  la  lai  isla  y  tierra. 

Traité  de  Tordesilhas  (1494—7  juin).  Navarrete,  1.  c.  t  2  p,  138. 


207 

„Et  si  par  hasard  la  ligne  de  démarcation  traversait  une 
île  ou  un  continent,  on  doit  y  établir  à  la  pointe  extrême  un 
signal  ou  une  tour  et  partant  de  là  on  continuera  à  placer 
des  signaux  pour  bien  déterminer  ce  qui  appartient  à  l'un  ou 
à  l'autre  des  deux  pays." 

Un  savant  de  Barcelone  consulté  sur  le  traité  de  Tordesilhas 
par  l'Espagne  commençait  son  rapport  par  ces  mots:  ^l'auteur 
de  ces  chapitres  est  un  grand  cosmographe  et  un  admirable  marin".' 
C'est  dans  ces  négociations  que  l'on  reconnaît  la  méthode,  la 
prévoyance,  la  précision  des  plans  et  des  mesures  de  D.Joào.  C'est 
en  examinant  ce  document  que  l'on  comprend  aussi  les  termes  de 
Duarte  Pacheco,  un  des  signataires  du  traité,  quand  il  écrivait  sur 
le  roi  ; 

„son  savoir  et  ses  conseils  semblaient  divins;  son  jugement 
et  son  intelligence  uniques  n'ont  pas  eu  leur  pareils  à  notre 
époque". 

Le  traité  de  Tordesilhas,  chef-d'oeuvre  de  diplomatie,  contenait 
de  grandes  surprises  pour  l'Espagne.  En  détournant  l'attention  du 
Cap,  le  roi  avait  totalement  dérouté  les  Espagnols;  il  leur  fermait 
définitivement  la  route  de  l'Orient,  il  garantissait  le  succès  com- 
mercial des  Portugais  dans  les  Indes  et  il  accaparait  encore  le  Brésil, 
dont  la  reconnaissance  officielle  était  restée  dans  l'ombre. 

La  finesse  du  négociateur,  la  ruse  du  diplomate  conduisirent  à 
ce  partage  du  globe  à  l'amiable.  En  cédant  à  l'Espagne  la  soi-disant 
route  des  Indes  découverte  par  Colomb,  D.  Joào  évitait  un  conflit, 
annulait  l'intervention  du  Saint-Père  et  f)btenait  comme  propriété 
nationale  la  véritable  route  de  l'Orient. 

Un  mot  historique  du  roi  précise  l'esprit  des  démarches,  des 
projets  et  des  négociations  de  cet  homme  remarquable  admiré  et 
redouté  par  Ferdinand  et  Isabelle. 

„ Parfois   il  faut  imiter  le  hibou,  parfois  l'aigle." 
Il    imita    l'oiseau    nocturne    pour  se   débarrasser   de   1  incident 
provoqué  par  Colomb. 

Deux  événements  ont  fortement  contribué  à  ralentir  la  marche 
des  découvertes  après  Bartholomeu  Dias:  la  mort  du  prince  héritier 
(1491)  et  l'épisode  de  l'intervention  papale.  Cette  question  liquidée, 
le  moment  était  venu  d'entreprendre  le  premier  voyage  des  Indes. 
Malade,  brisé  par  le  chagrin,  D.Joào  mourait  Tannée  suivante 
laissant  à  la  patrie  la  route  de  gloire  aplanie  et  assurée. 

('j  Rapport  de  Jaume  Ferrer  dans  Xavarrete  t  2  p.  99. 


208 


De  nombreux  auteurs,  mcMne  récents,  méconnaissent  en- 
tièrement l'individualité  supérieure  de  D.  Joào  II  et  la  part  qui  lui 
revient  dans  l'histoire  des  découvertes.'  Duarte  Pacheco,  un  des 
.grands  personnages  de  son  temps,  nous  dépeint  ce  roi  dans  les  termes 
éloquents  que  voici: 

„L'œuvre  de  D.  Joào  il  est  difficile  à  décrire  à  cau^e  de  la 
grandeur  de  ce  prince  ....  Les  hauts  faits  qu'il  a  accomplis 
demanderaient  à  être  exposés  par  les  anciens  maîtres  de 
l'éloquence  .  .  .  Son  jugement  et  son  intelligence  uniques  n'ont 
pas  eu  leurs  pareils  à  notre  époque.  Il  était  la  racine  et  le 
fondement  de  la  vérité,  nous  avons  cru  à  ses  paroles  comme 
à  l'Evangile .... 

Son  savoir  et  ses  conseils  semblaient  divins;  par  eux  il  a 
accompli  de  grandes  choses,  a  su  être  libéral  et  modéré  et 
se   garder   des  vices  de  l'avarice  et  de  la  prodigalité. - 

En    toutes    choses    il    était    grand;     sa    magnanimité    était 
digne   des  plus  hautes   louanges.     Elle  se  basait  sur  la   droi- 
ture calme  de  son  caractère  qui  lui  assurait  une  grande  autorité. 
Il   prit  comme  emblème  le  pélican   qui  s'ouvre  la  poitrine 
pour  donner  son  sang  à  ses  petits".' 

Pour  bien  apprécier  l'œuvre  de  D.  Joào  II  il  faut  se  reporter 
en  pensée  à  l'état  de  l'Europe  à  la  fin  du  XV'^  siècle. 

(')  Dans  un  livre  nouvellement  paru,  on  parle  de  la  trahison  de 
Diogo  Ortiz  qui  voulait  dérober  à  Colomb  son  projet  avec  l'appui  royal. 
1).  Joào  aurait  en\oyé  une  expédition  secrète  qui  cependatit  aurait  re- 
broussé chemin  sitôt  la  c  ôte  perd  ue  de  vu  e.  A  un  autre  endroit 
on  prétend  que  Colomb  fut  le  premier  qui  osa  traverser  les  mers  inconnues 
en  s'écartant  de  la  côte,  son  exemple  étant  la  cause  immédiate  des 
découvertes  subséquentes.     Jacobs.  Discoveries,  1909,  p.  114  et  119. 

L'auréole  dont  est  entouré  le  nom  de  Colomb  et  qui  a  ébloui  nombre 
d'auteurs,  à  été  évidemment  nuisible  à  la  justesse  de  l'appréciation  des  faits 
historiques  aujourd'hui  largement  documentés. 

(-)  Le  livre  de  Duarte  Pacheco  fut  écrit  pendant  le  règne  de  D.  Manuel 
entre  1505  et  1521.  Une  lettre  qu'il  adressa  au  roi  nous  fait  voir  les  premiers 
symptômes  de  la  décadence.  Il  rappelle  à  D.  Manuel  les  services  de  ses 
troupes  dans  les  Indes,  qui  l'avaient  rendu  le  roi  le  plus  redouté  du 
monde,  en  lui  reprochant  en  des  termes  assez  vifs  de  ne  pas  pourvoir  à 
la  sol  de  de  ses  braves  serviteurs.      Duarte  Pacheco.  Esmeraldo,  p.  130,  159. 

(')  Duarte  Pacheco.    Esmeraldo,  p.  130. 

Voir  l'appréciation  de  l'œuvre  de  D.  Joào  11  par  Joào  de  Barros  qui  la 
met  en  évidence  en  termes  non  moins  élogieux.   Barros.  Dec.  1,  L.  3,  C.  12,  p.  262. 


209 

La  découverte  de  rAmérique  est  un  fait  capital  qui  aujourd'hui 
prime  tous  les  autres;  il  en  était  tout  autrement  en  1493.  Le  grand 
problème  alors  à  résoudre  était  de  trouver  le  chemin  maritime  des 
Indes  ;  c'est  ce  qui  explique  le  retentissement,  la  gloire  des  découvertes 
portugaises,  et  la  disgrâce  de  Christophe  Colomb. 

En  novembre  1504,  Colomb  rentra  en  Espagne,  après  son  dernier 
voyage.  Atteint  par  la  mort  de  sa  protectrice  la  reine  Isabelle, 
abandonné  par  ses  amis,  accablé  par  l'intrigue,  sentant  son  prestige 
tomber  de  plus  en  plus  auprès  du  roi  Ferdinand,  Colomb  voyait 
son  étoile  pâlir  devant  les  succès  du  Portugal. 

Quelques  mois  avant,  en  juillet  de  cette  année,  on  avait  précisé- 
ment reçu  à  Lisbonne  les  premières  nouvelles  des  succès  d'armes 
à  Calicut.'  jusque  là  les  expéditions  n'avaient  pas  encore  fait  voir 
dans  toute  son  étendue  „la  grandeur  de  cette  conquête  des 
Indes,"-  dont  „la  découverte  avait  épouvanté  l'Europe. "■' 

L'affirmation  tenace  du  grand  Génois  d'avoir  découvert  les  Indes 
fut  la  cause  de  ses  triomphes  et  de  sa  chute  lorsqu'on  en  reconnut  la 
fausseté.  Vers  cette  époque  Vespucci  quittait  le  service  du  Portugal 
pour  se  rendre  de  nouveau  en  Espagne. 

La  rencontre  et  les  entretiens  intimes  de  ces  deux  hommes  à 
Séville,  en  février  1505,  provoquèrent  une  lettre,  monument  histo- 
rique du  plus  grand  intérêt,  dans  laquelle  Colomb  recommande 
Amerigo  Vespucci  à  son  fils.'  On  y  lit  le  passage  suivant  destiné 
au  roi  Ferdinand: 


Cl  Bairos.    D.  1.  L.  7,  C.  2,  p.  97. 

(-)  Barros.     D.  1,  L.  6,  C.  1,  p.  2. 

(')  Barros.    D.  1,  L.  6,  C.  1.  p.  8. 

(*)  Lettre  de  Cristophe  Colomb  recommandant  Amerigo  Vespucci  à  son  fils. 

M  u  y  c  a  r  o  f  i  j  o. 

Diego  mendes  partio  de  aqui  lunes.  111.  deste  mes.  des- 
piies  de  partido  fable  cou  amerigo  vespuchi  portador  desta 
ei  quai  va  alla  llamado  sobre  cosas  de  ii  ab  igaç  i  o  ii.  el  sieiipre 
tubo  des  eu  de  me  hazer  p  I  a  z  e  r.  es  mue  ho  hombre  de  bien, 
la  fortuna  la  ha  sido  contraria  como  a  otros  muchos.  sus 
t  r  a  b  a  j  o  s  non  le  h  a  n  a  p  r  o  v  e  c  h  a  d  o  t  a  n  t  o  como  la  r  a  z  o  n 
requière,  e  I  \  a  p  o  r  m  >'  o  y  en  m  u  c  h  o  d  e  s  e  u  de  hazer  c  o  s  a 
que  r  e  d  o  n  d  e  a  m  y  bien  si  a  sus  m  a  n  o  s  esta.  Y  o  no  s  e  y 
de  aqua  en  que  yo  le  emponga  que  amy  aprobeche  porque 
non  se  y  que  sea  lo  que  alla  le  querem.  el  \a  determinado 
de  hazer  por  m  y  todo  lo  que  a  el  fuere  posible  \ed  alla 
en    que    puede    aprobechar    y    trabajad    por    ello    que    ello 

14 


210 

„Son  Altesse  peut  croire  que  ses  navires  ont  été  dans  les 
parties  les  meilleures  et  les  plus  riches  de  l'Inde;  s'il  reste 
quelque  chose  à  savoir  en  dehors  de  ce  qui  est  déjà  dit,  je  le 
satisferai  verbalement,  car  il  est  impossible  de  le  faire  par 
écrit." 

Ladisj^râce  de  Colomb  etl'insuccèsdeVespuccidont  il  est  question 
dans  cette  lettre,  avaient  leur  origine  dans  la  même  cause.  Colomb 
nous  la  révèle  dans  une  note  autographe  qui  n'était  sijrement  pas 
destinée  à  la  publicité. 

„Quantitatas  terra  multo  inaior  est  quamvulgus 
p  h  i  I  o  s  o  p  h  o  r  u  m  estimât."- 

„La  grandeur  de  la  terre  est  bien  plus  considérable  que  la 
généralité  des  savants  ne  l'estime." 

C'était  bien  la  raison  qui  avait  conduit  le  F^ortugal  à  abandonner 
le  projet  Toscanelli  alors  qu'on  ne  s'occupait  que  d'un  seul  pro- 
blème, celui  du  plus  court  chemin  pour  le  pays  des  Epices. 

Par  contre  voici  l'effet  produit  à  Venise  par  l'arrivée  de  Vasco 
da  (lama  à  Calicut,  ainsi  qu'il  est  décrit  par  Romanin  dans  son 
œuvre  sur  l'histoire  de  Venise: 

„Un  petit  Etat  européen  a   eu   la   gloire  de  prouver  que  le 

vaste  Océan  était  navigable,  il  a  découvert  le  chemin  maritime 

des  Indes,  changeant   ainsi    le  courant  commercial  du  monde. 

Cette  gloire  appartient  aux   Portugais   qui   guidés   par   leur 

compatriote  Vasco  da  Gama,  ont  jeté  l'ancre  en  face  de  Cali- 

hara  todo  y  fablera  y  lo  poriia  en  obra  y  sea  todo 
sec  re  tain  e  fi  t  e.  por  que  non  se  aya  de!  sos  pécha,  yo  todo 
lo  que  se  aya  pudido  dezir  que  toque  a  esto  se  lo  he 
d  i  c  h  o  y  e  n  f  o  r  m  a  d  o  de  la  p  a  g  a  que  a  m  >•  se  ha  f  e  c  h  o  >■ 
se  haz  esta  car  ta  sea  para  el  senor  adelantado  tan  bien 
por  que  el  vea  en  que  puede  aprovechar  \-  le  abise  dello. 
crsa  su  alteça  que  sus  navios  fur  on  en  lo  niejor  de  las  yndias  y  mas 
rico  y  si  c/ueda  algo  para  saber  mas  de  lo  dicho  yo  lo  sastifere  alla 
por  palabra  por  que  es  imposible  a  lo  dezir  por  escrito.  nuestro 
senor  te  aya  en  su  santa  guardia.  fectia  en  sebilla  /  a. 
V    de    fcbrero. 

Tu    p  a  d  r  e    que    te    a  ni  a    mas    que    a  s  i 

f  •^- 

SAS 
Signature  de  Colomb 

.\  m  y. 

l    \  p  ô  F  e  r  e  n  s. 

Raccolta  di  Documenti.    I.  c,  Autographes  de  Colomb,  Série  A,  tables  38 

et  39. 

(-)  Racolta  di  Documenti  1.  c,  Série  C,  No  489. 


211 

eut  en  1498.  Ils  sont  ainsi  arrivés  à  ce  pays  riche  en  épices 
et  en  produits,  que  les  poètes  et  les  légendes  ont  revêtu  de  si 
brillantes  couleurs.  La  route  du  Cap  a  été  un  coup  mortel 
porté  au  monopole  commercial  de  Venise,  qui  maintenant 
seulement  s'est  aperçue  de  ce  qui  lui  est  arrivé.  ' 
Priuli,  écrivait  dans  son  journal  à  ce  propos: 

„Dès  que  la  nouvelle  arriva  à  Venise,  la  population  en  fut 
épouvantée  et  les  plus  perspicaces  la  considéraient  comme  un 
coup  fatal." 
Enfin  un  auteur  moderne  s'exprime  ainsi: 

«L'équilibre  économique   du   monde  fut   entièrement  boule- 
versé et  les  avantages    que  Venise   tirait   de   sa   position   géo- 
graphique  furent    annulés.     La    Méditerranée,    au    lieu    d'être 
l'unique  mer  sur  laquelle  se  concentraient  tous  les  intérêts  du 
monde,  perdit  du  coup  presque  toute  son  importance." - 
Telle  fut  l'œuvre  de  D.  Joào  II  le  grand  organisateur  des  succès 
maritimes  du  Portugal,  celui  à  qui  revient,  après  l'Infant  D.  Henrique, 
la  première  place  dans  l'histoire  de  la  découverte  du  monde. 


Deu.x  traits  caractérisent  le  règne  de  D.  Joào;  sa  politique 
coloniale  et  son  programme  administratif.  D'un  côté  il  réalisait  les 
espoirs  de  l'Infant  D.  Henrique  dans  la  découverte  du  chemin  des 
Indes,  de  l'autre  il  poursuivait  l'œuvre  du  régent  D.  Pedro  combattant 
la  féodalité  pour  consolider  le  pouvoir  royal. 

Il  s'était  donc  proposé  d'achever  ce  que  ces  deux  grands  hommes 
avaient  commencé. 

Les  concessions  déinesurées  accordées  par  D.  Affonso  V  à  la  no- 
blesse éveillèrent  debonneheurel'espritprofond  et  observateur  du  jeune 
prince;  les  prodigalités  et  les  insuccès  du  père  lui  servirent  de  leçon. 
A  l'âge  de  21  ans,  lors  des  préparatifs  de  la  bataille  de  Toro 
contre  l'Espagne  (1476»,  craignant  de  nouvelles  prodigalités,  il  obtint 
de  D.  Affonso  un  document  secret  annulant  ou  limitant  d'avance 
toutes  les  concessions  faites  pendant  la  guerre.  Le  prince  devint 
par  la  suite  la  principale  personnalité  dans  les  négociations  de  la 
paix.  Son  père  portait  la  couronne  mais  en  réalité  c'était  lui  qui  régnait. 

(')  Soveral.  B.  S.  (j.  L.,  1.S91,  p.  117,  d'après  Roinaiiin.  Ilistoiia  de  Venez  la. 
Vol.  IV. 

(-)  Eniil  Reich.     Uu  succès  des  iiaiions.     Paris,     p.  93. 


212 

Intelligent,  énergique,  d'une  force  musculaire  notoire,  D.  Joào 
caractérisait  par  ses  qualités  et  ses  défauts  le  grand  homme  d'Etat 
du  XV*^  siècle,  sans  aucun  scrupule,  ne  reculant  pas  même  devant 
le  crime  si  l'intérêt  supérieur  de  la  nation  le  rendait  nécessaire. 

Par  l'expérience  et  par  son  génie  il  était  devenu  maître  accompli 
dans  l'art  de  gouverner.  Arrivant  définitivement  au  pouvoir  en  1481, 
il  publia  un  décret  interdisant  la  somptuosité  et  le  luxe  qu'il  détestait. 
La  cour  de  D.  Manuel,  opulente  et  ostentatrice,  enivrée  par  la 
richesse  des  Indes  présentait  un  contraste  frappant  avec  la  simplicité 
austère   du  règne  de  D.  Joào. 

En  1482,  le  roi  fit  annuler  ou  restreindre  les  concessions  exor- 
bitantes arrachées  à  D.  Affonso  V.  par  son  entourage.  Il  abordait 
ainsi  le  problème  le  plus  grave  de  sa  vie,  la  lutte  contre  le  pouvoir 
encombrant  de  la  noblesse,  obstacle  gênant  l'action  organisatrice  de 
l'Etat. 

Les  éléments  de  résistance  qui  en  1449  avaient  conduit  à 
la  mort  désastreuse  del'InfantD.  Pedro,'  son  grand-père,  se  groupèrent 
de  nouveau  pour  combattre  les  impositions  royales.  D.  joào  mis 
au  courant,  grâce  à  un  vaste  service  d'espionnage,  se  préparait  à  la 
lutte.  Le  duc  de  Bragança,  D.  Fernando,  seigneur  de  50  villes  et 
châteaux,  qui  était  l'âme  du  mouvement,  fut  pris  le  premier.  Après 
un  simulacre  de  procès  de  haute  trahison,  il  fut  décapité  à  Evora 
en  1483.  Ceci  se  passait  l'année  où  Colomb  soumettait  son  projet 
à  la  Junta. 

En  1484,  de  nouveau  averti,  D.  Joào  assassinait  de  sa  main 
le  duc  de  Vizeu,  son  beau-frère. 

En  1488 — 89,  les  résultats  des  expéditions  de  Dias  et  de  Covilhà 
établissaient  de  fait  la  découverte  définitive  de  la  route  maritime  des 
Indes.  Bartholomeu  Dias  avait  reconnu  le  besoin  de  construire  de 
nouveaux  navires  pour  le  voyage  final,  dès  lors  décidé.  Dias  était 
lui-même  chargé  de  cette  importante  mission.  Les  entreprises 
coloniales  étaient  le  terrain  favori  où  le  roi  ouvrait  les  ailes  de 
l'enthousiasme  à  de  grands  projets  et  aspirations. 

Le  mariage  du  prince  héritier  D.  Affonso  avec  la  fille  aînée  des 
rois  de  Castille  et  d'Aragon,  présentait  de  nouveaux  et  vastes  horizons 
à  D.  Joào.  Il  entrevoyait  la  possibilité  de  réunir  sur  la  tête  du  fils 
la   couronne   de   l'Espagne    à    celle    du  Portugal.    Sobre  et  mesuré, 


(')  Fils  de  D.  Joào  1,  régent  pendant  la  minorité  de  D.  Affonso  V  (1439— 
1446).  D.  Pedro  est  né  en  1392  et  mort  à  la  bataille  d'Alfarrobera  le  21  mai  1449. 


213 

D.  Joào  ordonna  alors  des  fêtes  dont  la  magnificence  resta  légendaire 
dans  les  chroniques  de  l'époque.  „E1  hombre",  comme  le  roi  était 
désigné  par  Isabelle  la  Catholique,  montrait  par  ces  manifestations 
de  joie,  l'espoir  de  futures  grandeurs  pour  son  royaume. 

Une  catastrophe  vint  renverser  les  plans  de  D.  Joào.  Une 
chute  de  cheval  du  prince  héritier  amenait  sa  mort  subite  le 
13  juillet  1491.' 

Le  rêve  magnifique  d'un  grand  empire  était  anéanti  par 
ce  coup  fatal  et  inattendu  de  la  destinée.  Ecrasé  par  la  douleur, 
D.  Joào,  sans  héritier  direct  et  légitime,  voyait  d'un  moment  à 
l'autre  l'effondrement  de  ses  plus  chers  espoirs.  Le  deuil  national 
avait  pris  des  proportions  fantastiques,  la  nation  entière  était  paralysée 
autour  du  cercueil  du  prince.  On  aurait  dit  qu'elle  pressentait  toute 
la  portée  de  cet  événement  funeste  à  la  patrie. 

Le  bouleversement  produit  par  la  mort  du  prince  (2  ans  V^ 
après  la  découverte  de  Bartholomeu  Dias)  fut  sûrement  la  cause 
d'un  retard  du  premier  voyage  aux  Indes.  D'autres  questions  urgentes 
et  graves  absorbaient  le  roi.  Préoccupé  par  sa  succession  D.  Joào 
voulut  transmettre  la  couronne  au  fils  bâtard  D.  Jorge.  Ce 
projet  provoqua  un  conflit  domestique;  le  roi  fléchit,  troublé 
par  la  résistance  et  l'opposition  de  la  reine  D.  Leonor,  sœur  de 
D.  Manuel.  Elle  remporta  la  victoire;  D.  Manuel  fut  nommé  prince 
héritier  et  D.  Joào,  mourait  empoisonné  à  l'âge  de  40  ans  (25  octobre 
1495),  4  ans  ^-i  après  la  mort  de  son  fils. 

En  examinant  l'œuvre  de  D.  Joào  II  on  se  demande  quelle 
grande  destinée  aurait  encore  été  réservée  à  la  nation,  si  un  roi  aussi 
capable  avait  dirigé  les  événements  de  la  conquête  des  Indes. 

D'une  clairvoyance,  d'une  énergie  et  d'un  patriotisme  tels  qu'il  ne 
reculait  devant  aucun  obstacle  pour  aplanir  la  route  de  gloire  qu'il 
avait  rêvée  pour  son  pays,  poignardant  un  membre  de  sa  famille 
qui  osait  s'opposer  à  ses  plans,  pourrait-on  admettre  sous  D.  Joào 
cette  invasion  de  luxe,  de  favoritisme  et  d'injustice  inepte  qui 
désorganisa  la  force  et  le  prestige  de  l'Etat  sous  D.  Manuel?  D.  Joào 
aurait-il  toléré  ce  fanatisme  aveuglant  qui  25  ans  après  sa  mort 
faisait  de  l'administration  royale  un  jouet  de  la  politique  religieuse? 
Peut-on  concevoir  sous  son  gouvernement  lucide  et  prévoyant 
de  grands  marins  tels  que  les  Fernào  de  Magalhàes,  les  Faleiro, 
les    Reinel    et    les    Ribeiro    développant    la    concurrence    coloniale 

(')  D.  Affonso  est  né  147v5  —  18  mai;  marié  1490  -  23  novembre;  mort 
1491-13  juillet. 


214 

de  l'Espagne?  Le  succès  aurait-il  enivré  ce  roi  inébranlable 
iuscjii'à  abreuver  d'amertume  et  d'ingratitude  des  hommes  de  la 
grandeur  d'Affonso  d'Albuquerque  et  de  Duarte  Pacheco?  Non, 
c'était  justement  dans  des  hommes  tels  (jue  Pedro  d'Alemquer, 
Diogo  d'Azambuja,  Diogo  Cào,  Bartholomeu  Dias,  Ortiz,  Rodrigo, 
Vizinho  et  Duarte  Pacheco  lui-même,  que  D.  joào  reconnaissait  les 
meilleurs  amis  de  la  patrie.  C'était  avec  eux,  dans  les  heures  de  loisir 
qu'il  étudiait  et  discutait  les  plans  des  découvertes. 

Tandis  que  D.  Affonso  V  nous  fait  voir  dans  la  lettre  du  4  mai 
I4S1,  le  plan  suivi  pour  enseigner  à  son  fils  comment  les  princes 
..gouvernent  des  royaumes  et  des  peuples",  on  voit  D.  Manuel  semer 
dans  le  pays  le  fanatisme  de  la  cour  espagnole,  qui  devait  subor- 
donner les  destinées  de  la  nation  aux  caprices  désastreux  de  la 
politique  religieuse. 

Aveuglés  par  le  succès  et  par  la  bigoterie,  ni  lui  ni  ses  enfants 
n'étaient  à  la  hauteur  des  graves  problèmes  résultant  de  l'œuvre 
de  D.  Joào.  Favorisant  l'enseignement  d'un  jugement  empoisonné 
par  le  mysticisme  religieux,  D.  Joào  II!  était  le  défenseur  acharné 
de  l'Inquisition  et  du  Jésuitisme  au  moment  même  où  le  nord  de 
l'Europe  s'enflammait  pour  la  Réforme.  Pire  que  lui  encore  était  le 
cardinal  inquisiteur  général,  son  frère,  plus  tard  roi  D.  Henrique. 
La  cour  des  enfants  de  D.  Manuel  tenait  à  entraver  la  liberté  de 
pensée  et  l'activité  intellectuelle  de  la  nation;  on  entourait  celle-ci 
d'un  cercle  de  fer  et  de  feu:  la  censure  inquisitoriale  et  les  flammes 
des  autodafés. 

La  tragédie  religieuse  de  l'Espagne  et  du  Portugal  était  la  consé- 
quence logique,  la  répercussion,  la  réponse  à  un  des  plus  graves 
événements  de  l'histoire  moderne:  la  révolte  de  Luther  contre 
l'obéissance  traditionnelle  de  l'Eglise,  point  de  départ  de  la  grandeur 
des  peuples  septentrionaux  de  l'Europe. 

L'esprit  lucide,  pratique  et  organisateur  de  D.  Joào  il  avait 
disparu.  La  mort  du  prince  D.  Affonso,  l'avènement  de  D.  Manuel, 
changèrent  les  destinées  de  la  nation. 

Le  luxe  à  outrance,  le  favoritisme,  l'injustice,  les  enivrements 
de  la  cour  autour  de  S.  François  de  Borgia,  le  pouvoir  absolu  de  la 
Société  de  Jésus  et  de  l'Inquisition,  l'éducation  de  D.  Sebastiào 
et  son  isolement  par  les  Jésuites,  l'infâme  condamnation  inquisitoriale 
de  l'historien  Damiào  de  Goes  appuyée  par  le  cardinal-roi,  voilà 
quelques  traits  caractéristiques  de  la  mentalité  de  D.  Manuel  et  de  ses 
successeurs. 


215 

D.  Joâo  II  avait  laissé  comme  héritage  d'immenses  espoirs, 
mais  aussi  de  grandes  responsabilités,  un  problème  nouveau  des 
plus  vastes  et  complexes,  l'organisation  d'un  empire  colonial  aux 
confins  du  monde.  Pour  l'étudier  et  pour  le  résoudre  il  ne  suffisait 
pas  d'avoir  des  Albuquerque  et  des  Pacheco  pour  la  conquête,  il 
aurait  fallu  à  la  tête  de  l'Etat  des  esprits  prévoyants,  des  organisateurs 
remarquables,  l'orientation  pratique  d'un  D.  Joào  II. 

L'influence  pernicieuse  et  continue  de  pareils  successeurs  juste  au 
point  culminant  de  l'histoire  nationale,  ne  pouvait  conduire  qu'au 
désordre,  à  la  corruption,  au  brigandage  et  à  la  ruine.  C'était  les 
préludes  d'Alcacer  Quibir,  la  débâcle  de  l'indépendance  nationale. 


DOCUMENTS. 


F.  1  r. 


W    1. 

RÈGLEMENT  DE  MUNICH. 

REQIMENTO  DO  ESTROLABIO  c  DO  QUADRANTE  PERA  SABER, 

HA  DECLINAÇAM  :  HO   LOGAR    DO   SOLL   EM   CADA  HUDm 

DIA     :  ASY  FERA  SABER  HA  ESTRELLA  DO  NORTE.' 

Règlement  de  l'astrolabe  et  du  quadrant. 


Impresso  em  ha  cidade  d -i pos./ 

Com  gracia  :  priuilegio 

*Primeiramëte  saberas:  q  aos  xj  dias  de  marco  esta  ho  sol  no  *fi''- 
eqnociall  que  no  te  dechnaçà:  :  asy  mesmo  aos  xiiij.  de  setèbro.  : 
no  ano  de  bisexto  cresçe  mays  hù  dia. 

(Le  paragraphe  précédent  est  imprimé  en  rouge.) 

Et  se  tu  esteueres  ao  sul  do  sol  sèdo  o  soll  nos  sign'^  da 
bàda  do  sull  :  :  te  fezer  a  sôbra  ao  sull  tiraras  a  declinacam  da  altura 
do  sol:  E  o  que  minguar  de  nouemta  tàto  estas  afastado  do  equi- 
nociall. 

Et  se  per  vètura  è  algù  lugar  ho  soll  esteuer  aho  ssull:  et  te 
fezer  ha  sombra  aho  norte:  ajuntaras  ha  altura  com  ha  declinaciam 
et  todo  ysto  junctado:  ho  que  passar  de  nouemta  graàos:  estas 
affastado  da  lynha  pera  ho  sul. 

Estes  sam  os  signos  em  que  esta  o  sol  da  bamda  do  norte  do 
equinociall.  E  se  tu  esteueres  desta  bamda  com  o  soll  que  fezer 
sombra  ao  norte:  tiraras  a  declinacà  da  altura  do  soll:  :  o  que 
minguar  pa  nouenta    aquello    estas    afastado   da   equinociall.    E    se 

(')  Ce  titre  est  imprimé  en  rouge  et  en  caractères  minuscules  à  l'exception 
de  la  Ire  lettre.  Il  est  placé  dans  le  haut  de  la  page  sur  le  cadre  de  la  gravure 
décrite  à  p.  70.  Le  bas  de  la  page  est  déchiré.  Voir  à  p.  71  le  complément  ajouté 
par  M.  Haebler. 

(-)  Espace  déchiré  .52"'i" 


218 

per  verntura  pasares  por  debaixo  do  sol  que  te  fizer  sombra  ao  sul 
tomaras  a  aitiira  do  sol  c  a  declinaçam  :  :  ajuntaras  todo:  :  se  pasar 
de  noiienta  tiraras  noiienta  fora  aqucllo  estas  afastado  da  equinoçial. 
K  se  çarrar  noiiemta  estas  debaixo  do  equinoçiall. 

(Cette  liiînc  cil  roii^e.) 


Ayosto 

VirjLjo 

Jullu) 

Léo 

Jimho 

Cancer 

Mavo 

Gemiin 

Abi-il 

Tauro 

A\ai\() 

Aries 

Setembro 

Libra 

JlllUI 

o 

Oiitubro 

Escorpio 

equi- 

Nouembro 

Saj^itario 

IlOCI- 

•— 

Dezembro 

Capricorno 

all. 

11 

Janeyro 

Aquario 

F'ehrevro 

Pisces 

Estes  sani  os  sygn'-'  eiii  que  esta  ho  ssoll  que  estam  da  bamda 
do  sull  do  equinoçiall.  Em  quamto  ho  sol!  esteuer  iiestes  signos: 
acrescentaras  a  declinaçam  sobre  a  altura  do  soll  :  se  ...')..  .  eueres 
aho  iiorte  do  equinoçiall. 

Por  aque  .  .    (l^mi"  )  .  .  .  .  da  poderas  saber  è  que  signo  esta 

ho  s (25mm.  ^ a  do  anno.  :  em  que  graào  c  que 

decii  .  .  ■-)    .     (42mm.)    graào:    asy   mesmo    poderas 

sabe (.44mm.  )     Ilo  ou  o  q  estas  afastado  da 

F.  2/  'linha  equinoçiall.  ou  quanto  estas  afastado  pero  o  norte  ou 
pera  ho  sull  de  qlquer  çidade  que  souberes  quàto  ella  estaa  afastada 
da  linha  equinoçiall.  c  ho  regimento  pera  ysto  saberes:  he  ho  que 
se  segue. 

r  rimeiramète  sabcras  que  em  riba  da  tauoada  faz  esprylos  hos 
nomes  dos  meses:  començamdo  de  o  março.  :  em  cada  bamda  esta 
huûm  mes.  :  cada  tauoa  tè  esprytos  hos  dias  do  mes  na  quella 
vanda  a  maào  esqueerda  de  cada  tauoa.  Ytè  debaixo  de  cada  mes 
veras  très  espaces,  o  primeiro  ssom  os  dias  do  mes.  ho  segundo 
deles  he  espryto  com  timta  prêta,  r  o  lugar  en  que  he  ho  sol  c 
ally  acharas  o  sygno  c  o  graào  em  que  o  soll  estaa  emqlqueer  dya 
do  anno.  Emtrando  com  o  dya  pera  pte  esquerda  :  com  o  mes  per 
emryba:  deçemdo  pera  ha  linha  que  diz  0  lugar  do  soll  fasta  em 
dere>^o  do  dia.  E  neste  mesmo  dereyto  acharas  o  graào  em  que 
ho  soll  estaa  nesse  dia.  :  no  outro  espaço  acharas  a  declinaçam 
que  aquell  graào  tem  da  linha  equinoçiall  com  timta  vermelha:  o 
quai  he  partido  em  dous  espacos:  o  primeiro  sam  graàos:  :  o  outro 


(')  Partie  déchirée  Hmni.,   manquent  3  lettres:  ^5?eueres. 
(-)  Partie  déchirée  de  la  feuille. 


219 

sam  minutos.  :  aquella  he  a  declinacam  que  o  ssoll  tè.  estando 
em  aquelle  jiraào.  :  por  que  ysto  melhor  seja  emtendido  ponho 
exempio.  Eu  quero  saber  a  vinte  quatre  dias  de  mayo  em  que  signo  : 
em  que  ciraào  estaa  o  sol:  :  quanta  declinacam  tem.  Emtro  per 
em  riba  da  tauoada  no  mes  de  mayo  :  pera  ha  parte  ezquerda  na 
primeira  linha  busco  .24.  :  vou  per  esta  linha  fasta  achegar  em 
dereito  do  titullo  que  diz  llugar  do  soll.  c  diz  de  baixo  geminy 
mostra  que  o  ssoll  he  em  geminy  :  por  em  dereyto  dos  .24.  dias 
acharas  12.  Monstra  estar  ho  ssol  a  .12.  graàos  de  geminy.  i 
deçèdo  per  dclinacam  fasta  achegar  em  dereito  dos  ditos  12.  :.  dos 
ditos  .24.  dias  do  dito  mes  acharas  .22.  graàos  :  20  minutos.  c 
asy  saberas  q  o  soll  estaa  a  10  graàos  do  signo  de  gémi:  :  tè  de 
declinacà  ètà  22  gra  :  .20.  mi.  :  p.  esta  manira  sab'as  tod'^  os 
outr"^  dias  do  ano. 

*Se  tu  quiseres.  saber  em  quallquer  parte  em  que  esteueres  ♦f  21 
quanto  he  aqllo  que  estas  afastado  da  linha  equinociall:  :  sse  estas 
aquem  :  ou  allem.  ou  debayxo  pera  a  alltura  do  ssol:  sabe  que  he 
neçessaryo  que  tomes  pmeyro  ha  altura  do  ssoll  com  estrolabyo:  ou 
com  quadramte.  :  ysto  ao  meo  dya:  quamdo  ho  ssoll  estaa  mays 
empinado.  ha  quai!  alltura  sabida:  guarda  ha:  :  emtra  em  esta 
tauoada  em  dereyto  de  aquelle  mes:  :  de  aquelle  dya.  :  acharas 
em  aquelle  dya  em  que  graào  estaa  ho  ssoll:  :  quamto  tem  emtam 
de  declinacam.  Et  se  ysto  for  d'ôze  dias  de  marco  ate  quatorze  de 
septembre,  que  em  este  tempo  ho  ssoll  esta  em  hos  seys  sygnos 
que  estam  da  equinociall  pera  ha  bàda  do  norte.  hos  quaes  sam. 
aries.  tauro.  geminy.  camçer.  leo.  :  virgo.  :  se  ha  sombra  te 
fizer  aho  norte:  tyraras  ha  altura  que  tomaste  de  nouemta  :  :  ho 
que  ficar:  ajumtaras  a  declinaciam  :  que  achares.  :  quantos  graàos 
minutos  forem  :  tamto  estas  afastado  da  lynha  equinociall  pera  aho 
norte.  Et  porque  melhor  emtemdas:  ponho  huùm  exempio  :  di- 
guo:  que  eu  me  achey  em  huua  parte  a  vimte  dyas  da  aguosto: 
c  o  ssoll  tynha  dalltura  em  aquelle  dya  sesenta  :  dous  graàos.  tyrey 
sesemta  c  dous  de  nouemta  :  ficaram  vymte  oyto.  acharas  è  a 
tauoada:  que  ho  ssoll  estaa  em  este  dya  a  cimquo  graàos  de  virgo  : 
:  tem  de  declinaciam  noue  graàos.  :  .43.  minutos.  os  quaes  ajum- 
tados  cô  vymte  oyto:  fazem  trynta  :  sete  graàos  :  quaremta  :  très 
minutos:  :  tamto  estas  afastado  do  equinociall.  Outro  exempio. 
dyguo:  que  eu  achey   a  cimquo   dyas   dias')   de   julho  cimquoemta 

')  répété. 


220 

graàos  dalltura:  omdc  me  fazia  ha  sombra  aho  norte.  tyrey.  50. 
de  nouèta:  fican.  40.  .os  quaes  ajuntey  vymte  :  huum  graàos  :  cim- 
quoemta  :  quatro  mninnutos:  ')  que  ho  ssoll  tem  de  de")  dechnaçiam 
estando  a  wntc  huum  graàos  de  camçer:  fazem.  61.  graàos  :.  .54. 
minutos  :  tamto  estas  afastado  da  lynha  equinociall.  Asy  mesmo 
dyguo;  que  achaste  a.  20.  dias  de  aguosto  ha  ahura  do  sol 
'F.  .V.  *85  gra.  os  qes  tirados  de.  90.  ficà.  5.  ajùtados  cô  .9.  gra.  i  43. 
mi.  que  ho  sol  tè  de  decHnaçà:  sam.  14.  gra.  :.  43.  mi.  î  tàto  estas 
afastado  do  eqnoçial  pa  o  norte.  :  se  caso  for:  q  achares  .90. 
gra.  de  altura:  sabe  q  estas  afastado  da  Hnha  tàtos  ga.  qnto  o  sol 
fè  da  declinaçà  nà  mays  ne  men".  :  saberas  q  este  regimto  he 
ydade^l:  se  ha  sôbra  vay  pa  o  norte  mays  se  a  sôbra  vay  pa  o 
sul:  o  qte ')  acôteçera  estàdo  do  tropico  de  càçer  pa  a  hnha.  :  jsto 
è  algùs  o  temp'-'  faras  per  esta  mafiyra.  côuè  saber  ajùtaras  a  a 
ahura  q  tomaste  cô  a  dechnacà  :  ho  q  sobejar  de  .90.  he  o  q 
estas  afastado  da  iina  exèplo  diguo  q  achaste  aos  .12.  dias  de 
junho  .75.  gra:  et  a  sôbra  vay  pa  o  sul:  ètà  ajùtaras  .23.  gra.  : 
.33.  minu.  de  declinaçà.  :  sera  .98.  gra.  :  .33.  minu.  dos  qes  làçaras 
fora  os  90:  ficà  .8.  g.  :  .33.  min.  c  tàto  estas  afastado  da  linha  pa 
o  norte.  todo  ysto  he  se  o  sol  esteuer  nos  signos  da  bàda  do 
norte  :  como  ja  disse,  mays  se  for  nos  sign'  q  sa  da  bàda  do 
sul:  os  qes  sa  .libra.  scorpio.  sagitari.  capcorno.  aqrio.  pisçes.  : 
ysto  he  de.  14.  dias  de  setèbro  fasta.  11.  de  marco  :  faras  p  esta 
mafiira.  toma  a  altura  do  sol  como  ja  dise.  :  oulha  nesta  tauoada 
a  declinaçam  q  o  sol  tè  em  aqlle  dia.  :  ajùta  todo:  :  o  q  for  tira 
o  de.  90  c  o  q  sobejar:  he  o  q  estas  afastado  da  linha.  Exèplo 
disto  diguo  que  a.  10.  dias  de  nouembro  achaste  de  altura  .35. 
graàos.  Ajuntaras  .19.  graàos  :  .35.  minutos:  que  ho  ssoll  tem  de 
declinaçam  em  27.  graàos  de  cscorpio ')  :  ^'  faram  per  todos  .54. 
graàos  et  35.  minutos.  os  quaes  tyrados  de.  90:  ficam  .35.  graàos 
c.  25.  minutos:  Et  tamto  estas  afastado  da  dicta  lynha. 

E  dyguo  que  aos  doze  dyas  de  dezembro  achaste  de  altu  vymte 
oyto  graàos.  ajumtaras  com  ha  declinaciam  de  aquelle  dya.  que  sam 
vymte  et  très  graàos  et  trymta  et  trs  minut.    Et  estos  todos  asy  ajun- 


')  iiinin  iiutos. 

-)  „de"  répété. 

')  Verdade. 

')  „que  te"  dans  un  mot. 

'")  „cscorpio"  ou  „escorpio" 


221 

tados  :  fazem  jumtamente  quaoaremta  et  huùm  graàos  et  trymta  et  très 
minutos.  hos  quaes  seemdo  tyrados  de  nouemta:  ficaram  quarenta 
:  oyto  graàos  :.  27  minut''.  Et  tanto  estas  afastado  da 
*linha  equinocial.  Et  diguo  que  no  dicto  dia  achaste.  60  .graàos.  -f.  3i'. 
ajuntaras  corn  a  declinaçam  dicta  seram  per  todo.  8,3.  graàos  :  .33. 
minuutos:  tyraras  de  .90.  ficarà  .6  graàos  c  .27.  minutos:  :  tanto 
estas  afastado  da  dicta  llinha.  Et  diguo  que  achaste  no  dicto  dia 
de  altura  .66.  graàos  :  meo:  Ajunta  corn.  23.  c  meo  da  declinaçam. 
tara  p  todos  .90:  tyraras  os  fora:  nam-ficara  cousa  nenhija:  et  em- 
tam  estas  de  bayxo  da  lynha  dereytamente.  :  este  regimento  he  ho 
que  as  de  teer  do  norte  ata  a  iinha  eqnoçial.  Mays  da  lynha  equi- 
nocial! por  dianie  pera  ho  sull  :  he  o  regimento  per  o  comtrayro. 
comuem  saber:  que  quando  o  ssol!  esteuer  nos  signos  da  bamda 
do  ssull  :  faras  como  fyzeste  quando  estauas  aquem  da  Iinha:  estamdo 
o  ssoll  è  os  signos  da  bamda  do  norte.  comuem  saber  tomaras  a 
altura:  :  se  ha  sombra  for  pera  o  sull:  oulha  quamto  he  a  altura. 
:  tyra  de  .90:  :  o  que  ficar  ajumtaras  com  a  declinaçam  do  ssoll 
de  aquelle  dia:  :  outro  tamto  estas  afastado  da  lynha  pera  ho  ssull 
Emxemplo  diguo  que  aos  .14  dias  de  feureyro  achaste  em  huum 
\ugar  que  ho  ssol  tynha  de  altura  62:  tyra  .62.  de  90:  ficaram  2S. 
aos  quaes  ajuntaras.  9.  graàos  :  43.  minutos  que  ho  ssoll  teem  de 
declinaçam  em  aquell  dia  estàdo  a.  5.  graàos  de  pisces  fazè  37. 
graàos  :  43  minutos.  Et  tamto  estas  faastado  da  lynnha  pera  ho 
ssull.  Item  diguo  que  tu  achaste  a.  2  dias  de  Janeiro  estamdo  o 

ssoll  a  21.  graàos  de  capricorno  homde  o  ssoll  tynha  de  alltura  50 
graàos  tyraras  de.  90  :  ficaram  40  os  quaes  ajijtaras  21.  graàos  :. 
.S4.  minutos  que  o  ossol  ')  teem  de  declinaçam  fazem.  61  graàos  :. 
54.  minutos:  :  tamto  estas  afastado  da  lynha  pera  o  ssull. 

Item  diguo  que  vynte  dias  de  septembro  achaste  a  alltura  do  soll 
oytemta  :  ciquo  graà.  :  tyraras  de  nouenta:  ficam  cimquo.  ajunctaras 
com  dous  graàos  :  vimte  c  quatro  minutos.  :  asy  fazem  sete  graàos  : 
24  minutos:  :  tamto  estas  afastado  da  lynhapera  o  sull.  Etsecasofo- 
*sse  que  aches  .9.  graàos  da  alltura:  sabe  q  estas  afastado  da  m^4a 
lynha  pera  ho  sull  tamto  como  he  a  declinaçam  de  aqlle  dia.  Et 
sse  ha  sombra  for  pera  ho  norte:  o  quall  te  acomtecera  estamdo 
do  tropico  de  capricorno  pera  a  lynha:  :  esto  em  çertos  tempos. 
Emtam  ajumtaras  a  altura  com  a  declinaçam:  :o  que  for  mays  de 


')  ossol.  „o"  rcpéti}. 


122 

.90.    hc    ho    que    estas    afastado    da    lynlia.     linixcmplo  diiiiio    c|iic 
achaste  aos  13  dias  de  dezembro  .75  ^raàos  :  a   sombra  vay   pera 
o  norte:  ajuntaras  a  declinaçam:  que  sam.  2^.  ^raàos  :  ^3.  minutes 
com  75.  :  faras  98  .^raàos  :  ?>?>   minutos.    lamça  fora  90:   ficam  .8. 
graàos  :  .33.  minutos  :  tamto  estas  afastado  da  lynha  pera  ho  ssull. 
Et  sse  ho  ssoll  esteuer  nos  signos  que   sam    da   bamda   do   norte: 
tomaras  a  alltura  do  ssoll:  :  a  declinaçam  daquelle  dia:  :  ajumtaras 
todo:  :  o  que  ficar  he  ho  que  estas  afastado  da  lynha.    Emxemplo 
di^uo  que  achaste  aos    .8.    dias   de    mayo    .35   graàos   daltura:    os 
qaes  ajuntaras  19.  graàos  :  35.  minutos  que  o  ssoll  teem  de  decli- 
naçà:   estàdo  a  21  graàos   de  tauro  farà   p    todo  .54.  gr.  :.  35  mi: 
:    ho    q    miguar')    pa   90:    yso    estas   afastado   da  lynha  pa  o  sull. 
Item  diguo  que  aos  .12.  dias  de  junho  achaste  de  alltura  .18.  graàos: 
ajumtaras  com  .2^.  i  .3?>.  minutos  da  declinaçam.   seram   por   todos 
.41.  graàos  :  ^?>  minnudos.   tyraras  de  .90.  ficaram  .48.  graà  :  .27. 
miiiut''.   :   tàto   estas  afastado  da   lynha.    Item    diguo   que   no  dicto 
dia  achaste  de  alltura.  60  graàos:  ajunta  os  com  .23.  graàos  :  .?)^. 
minutos.  :  seram  por  todos.  83.  graàos  :  .^^.   minutos.  tyrados  de 
90.  ficaram  .6.  graàos  :'.27.  minutos  :  tanto  estas  afastado  da  lynha 
pa  o  ssul.    Et  assy  poderas  saber  quanto  estas  afastado  desta  çidade 
de  lyxboa:  homde  esta  tauoada  foy  composta:   ou   de   outra   quall 
quer  çidade:    de    o  norte   ao  sul:    sabemdo   aquella   cidade   quanto 
estaa  afastada  do  equinoçiall  :  tyramdo  os  huijos  graàos  dos  outr"^. 
Emxemplo    diguo    que    esta    çidade    estaa    afastada    da    lynha   38. 
F.  4r.  graàos  :  dous   terços.   et   tu   te   achaste   homde   tynhas    *45.    estas 
afastado   de   lyxboa    pa    ho   norte   .5.    graàos    :    dous   terços.    :   se 
te   achares    hôde   estauas  afastado   da   linha    20  graàos.  estas   afas- 
tado  de    lyxboa  pera   o   ssul  .18.  graàos  :   dous  terços.    Et   sse   te 
achares    da    outra    bamda    da     lynha    pera    ho    ssull:    aho    quall 
os  astrologos  chamam  ho  polio  amtartico.  ajuntaras   os  graàos  do 
afastamento    que   alla    achares   com    os  graàos  de  lyxboa  :    :  tamto 
estas  afastado.    Emxemplo  diguo:  que  te  achaste  allem  da  lynha  .25 
graàos:  ajuntaras  com  .38.  graàos  :  dous  terços:  c  fazen  63.  graàos 
:  dous  terços:    :  tamto   estas   afastado   de  lyxboa.    :   assy  faras  de 
quallquer  outro  logar  que  tu  quyseres:  sabendo  quamto  estas  afas- 
tado da  lynha  equinoçiall. 

Se  per  vemtura  te  emlheares   na   comta   quamdo   ho   ssoll  for 
amtre  ty  r  a  lynha:  que  nam  saybas  fazer  a  cômta  como  atras  neste 


*)  miguar  au  lieu  de  minguar. 


223 

regimento  fiqua  repartido:  tireras  ha  declinacam  que  achares  da 
altura:  que  tomardes:  :  asy  cada  vez  que  achares  ho  ssoll  amtre 
ty  :  ha  lynha:  quer  seja  de  a  hùa  parte  do  norte:  quer  do  sull. 
tyra  ha  dita  dech'naçiaz  ^)  da  altura:  que  tdnias-).  :  hos  que  te  falles- 
çerem  pera  nouèta  aquelles  estas  afastado  da  lynha. 


Cabeca 


*  ESTE  HE  O  REGIMENTO  DO  NORTE. 

Règlement  polaire. 

et  quàdo  as  guardas  esta  no  braco  daloest:  esta  a  estrella  do 
norte  açima  do  polio  hùu  graào  et  meeo. 

Itè  quàdo  as  guardas  esta  na  lynha  abayxo  daloeste:  esta  a 
estrella  do  norte  açima  do  polio  très  i^raâos  i  meeo. 

Item  quando  as  c*uardas  estam  no  pee:  esta  a  estrella  très 
graâos  açima  do  polio. 

item  quando  as  guardas  estam  em  a  lynha  debaixo  do  braco 
delest:  esta  a  estrella  açima  do  polio  meeo  graào. 

Et  quamdo  quer  que  tomares  a  altura  da  estrella:  et  lias  guar- 
das    forem    em  quall    quer  dac|uestes  quatro  llugares  que  a   estrella 

'j  „declinaçiaz". 

L')  tdmas  au  lieu  de  tomas. 


*  F.  5r. 


224 

esta  açima  do  polio  da  altura:  que  tomares  da  estrella.  c'omuem 
saber:  tyraras  aquelles  ^raàos  que  a  estrella  esta  açima.  :  os  graàos 
que  te  ficarem  :  aquelles  estas  arredado  da  lynha  equinociall. 

Nestes  quatro  llu^uares  anda  a  estrella  do  norte  abayxo  do 
polio.  Item  quando  as  guardas  estam  em  ho  braco  déleste: 

esta  a  estrella  abaixo  do  polio  hùm  j^raào  :  meo. 

Item  quàdo  as  guardas  estam  na  lynha  açima  do  braço  déleste: 
esta  a  estrella  très  graàos  :  meo  abaixo  do  polo. 

Item  quàdo  as  guardas  esta  na  cabeça  estaa  ha  estrella  abaixo 
do  polio  très  graàos. 

Itè  qndo  as  guardas  esta  na  lynha  acima  do  braço  daloeste: 
esta  a  estrella  abayxo  do  polio  meeo  graào. 

Quando  quer  q  tomares  a  altura  da  estrella:  :  has  guardas 
lorè  em  quall  quer  destes  quatro  lugares  que  a  estrella  àda  abayxo 
do  polio  :  comuem  saber.  ajumtares^)  aqlles  graàos:  que  a  estrella 
for  a  fundo  do  polio  :  çom  a  altura  que  tomares  a  estrella.  :  os 
graàos  que  açhares:  aquelles  estas  arradrado")  demda  linha  equi- 
nociall. 

*F.  5...  *ESTAS  SAM  AS  ALTURAS  DA  LYNHA  EQUINOÇIAL  PERA  HA 

BAMDA  DO  NORTE.  ^ 

Liste  des  latitudes. 

Primeyramente  ho  cabo  das  esteiras  çom  ho  meo  da  Ilha  de  samto 

tome  dous  terços  de  graào "'a" 

A  pouoraçam  da  Ilha  de  samto  thome  huCim  graào      .  1" 

Item  o  cabo  de  sam  Joham  huùm  graào 1*^ 

A  Ilha  do  principe  em  dous  graàos  :  meo 2'yï" 

Item  as  très  pomtas  quatro  graàos  :  meo 47»" 

A  Ilha  de  fernamdo  do  poo  quatro  graàos  :  meo     .     .  4^2^ 

A  boça  do  rryo  reall  em  çimquo  graàos 5" 

Cabo  fermoso  çimquo  graàos  :  huù  oytauo  de  graào   .  S^jx,^ 

Cabo  corto  estaa  em  çimquo  graàos 5" 

Item  cabo  do  momte  estaa  em  seys  graàos       ....  6" 

Cabo  de  samt  paulo  estaa  em  seys  graàos 6" 

(')  ajumtarcs  au  lieu  de  ajumtaras. 

(l)  arradrado  au  lieu  d'arredado. 

(')  Pour  faciliter  la  lecture  de  cette  liste  nous  avons  mis  les  noms  des 
lieux  en  italique  et  répété  les  degrés  des  latitudes  en  nombres;  deux- 
changements  apportés  à  l'original. 


225 

Item  mays  hos  bayxos  de  sancta  anna  estam   em   seys   gàos  : 

em  très  quarrtos  de  huùm  graào 6V' 

Item  a  serra  Liooa  esta  em  oyto  graàos 8" 

Item  ho  cabo  de  sagres  estaa  em  noue  graàos     ...  9" 

item  ho  cabo  de  )(!gua^)  è.  9.  gàos  :  do*^  terços  huù  gào  9- V 
Item  hos  bayxos  do  ryo  gramde  em  omze  graàos  .  .  11" 
Item  ho  cabo  roxo  em  doze  graàos  :  meeo  ....  12'  2" 
item  cabo  Vde  cô  ha  Ilha  do  foguo  è  .14.  graà""^  :  meo  14'  2" 
Item  ho  meo  da  Ilha  de  santiaguo  em  quimze  graàos  15" 
Item  çenagua  è  quinze  graàos:  :  huùm  terço  de  graào  15'  -." 
A  Ilha  de  boa  vista  em  .16.  gàos  :  huù  sesmo  de  huù  g.     16^ .-." 

A  Ilha  do  sali  em  dezasete  graàos 17" 

Amterote  :  a  Ilha  de  sant  nycolao  em.  17.  graa"^  c  meo  \l\i" 
A  Ilha  de  sa  meta  Luzia  :  sain  Uiçemte  :  sam  tamtani:  estam 

em  dez  :  oyto  graàos 18" 

A  ponita  de  tofiam  com  lio  meo  dos  bayxos  de  arguym  estam 

em  dez  :  noue  graàos 19" 

Arguym  co  ha  pomta  dos  bayxos  de  arguym  estam  em  vymte 

graàos 20" 

O  cabo  bramco  em  vymte  graàos  :  meo 20'  -i" 

*0  cabo  das  barbas  em  vymte  :  dous  graàos   ....         22"  *r.  6r 
A  amgra  de  gomçalo  de  simtra  vymte  r  dous  graàos:    e  très 

quartos  de  huùm  graào 22^^4" 

Ryo  do  ouro  em  vymte  :  très  graàos  :  meo  ....  23' '2" 
A  amgra  dos  caballos  vymte  :  quatro  graàos  ....  24" 
A  amgra  dos  Ruynos  vymte  :  cimquo  graàos  ....  25" 
O    cabo   do   bojador  vymte  c  seys   graàos:   :    très    quartos   de 

liuùm  graào 26'''  i" 

Ho    Mar  pequeno  com  ho  meo  da  Ilha  da  gramde  canarla:  : 

com    lio  meo   da  Ilha  de  tanaryfee  estam  em  v\mte  :   sete   graàos 

et  meeo 27'  2" 

Ha  Ilha  forte  vemtura  com  ha  pomta  de  huùm  dia:  Et  com  a 

gramde  canarla  et  tanarife  et  lia  guomeyra   da   bàda  do    iiorte  em 

vymte  :  oyto  graàos 28" 

A  Ilha  da  palma  em  vymte  c  oyto  graàos  :  meeo  .  .  28'  2'^ 
Item  cabo  de  nàm  com  lançarote  em  vynte  :  oyto  graàos  :  très 

quartas  de  huùm  graào 28'- 


'V 


Ha  ////(/  aUgramça  em  vymte  :  noue  graàos    ....         29" 
(')  V  abrOviation  aiicifiinc  de  Ver  :  Vde        Verde,  Vgua     -  Vergua. 


15 


•^r.  6i-. 


226 

Ho   rvo   de   meca   ou    niefa   cm  vymte   e  noue  j^raàos  et   très 

quartos  de  huùin  ,t>raào 29''  i" 

Ha  ILha  saliuageni  esta  eni  trymta  ,i>raà()s 30" 

Ho  cabo  de  Cem  estaa  em  trimta  e  huùm  j^raàos  :  mays  huùm 

quarto  de  graào 31'  i" 

Cafyni  trymta  e  dous  graàos 32" 

Ho  cabo  de  quàtini:  corn  ha  /Iha  da  madeira  estaa  em  trimta 

:  dous  graàos  et  huùm  quarto  de  graào 32' V 

Ha  Ilha  da  porto  samcto  estaa  em  trymta  et  dous  graà  et  très 

quartos  de  huùm  graào 32V' 

Anafe  estaa  posta  em  trimta  :  très  graàos  :  meo  .  .  337^'^ 
Mahaniora  estaa  posta  em  trimta  :  quatro  graàos  .  .  34" 
Ho  cabo  de  espartell  estaa  posto  em  trymta  et  çimquo  graàos 

et  meeo 35^2" 

Calez^)Q.  trymta  :  seys  graàos  :  dous  terços  de  huù  gra.  36-  :i" 
Cabo  de  sani  Uiçemte  corn  ha  Ilha  de  santa  Maria  estaa  *posta 

em  trymta  et  sete  graàos 37" 

Ilha  de  pesigiieiro  com  a  ylha  de  samt  niygiielL  trymta   :   sete 

graàos  :  dous  terços 37- ;î" 

Cabo  de  espichell  em  trita-)  t  oyto  graàos  :  huùm  terço  38V3" 
Cabo  de  sàchete  cô  ho  fayall  i  pico  tèè.  38.  g.  c.  2.  t'ços  38-  '.V 
A  berlègua  cô  a  t'çeira:  :  a  Ilha  das frôles'^)  è.  39.  g.  :  t'ço  39',';!" 
Selir  com  a  gciosa  em  trita  c  noue  graàos  :  très  qrtas     39''/ 

As  paredes  em  quaremta  graàos 40" 

Aueiro  em  quoremta  gàos  :  meeo 4072'^ 

O  porto  de  portoguall  em  quoremta  :  huùm  graàos  41" 

Bayona  em  quoremta  :  dous  graàos 42" 

As  ilhas  de  bayona  em  quaremta  :  dous  graàos  i  qrto  42'  1" 
Cabo  de  fimsterra  quaremta  :  très  graàos 43" 


RÈGLEMENT  POUR  ÉVALUER  LE  CHEMIN  PARCOURU  PAR 

LE  NAVIRE. 

(Sans  titre  et  à  suivre  à  la  liste  des  latitudes.) 

Item   saberas  que  ho  graào  do  norte  :  su!  he  de  dezasete  lleguoas 
r  mea.  :  asy  asde  saber  que  sesenta  minutos  fazem  huùm  graào. 

(')  Calez  --  Cadi.x. 

(-)  trita  au  lieu  de  trinta. 

(■')  frôles  au  lieu  de  Flores. 


227 

Item  per  huùa  quarta  releua  per  graâo  dezasete  lleguoas  et 
cimquo  sexmos  de  lleguoa.  Et  afastas  da  lynha  dereyta  très  leguoas 
et  meea. 

Item  per  duas  quartas  releua  per  graào  dezanoue  leguoas  : 
huùm  sexmo  de  leguoa. 

Et  afastas  da  lynha  dereyta  sete  leguoas  et  meea. 

Item  per  très  quartas  releua  per  graào  vymte  :  huùa  le')  leguoas 
:  huùm  terço  de  leguoa. 

Et  afastas  da  linha  dereyta  ôze  leguoas  :  .5  sesm"^  d'ieg. 

Itè  p  .4.  qrtas  releua  p  g  .24.  leguoas  :  :.-)  3.  qrt"^  de  leg. 

Et  arredras  da  lynha  dereyta  dezasete  leguoas  :  mea. 

itè  p  çiquo  qrtas  releua  p  gâo  .31.  leguoa  t  huùm  qrto. 

Et  afastas  da  lynha  d'reita  p  g  .26.  leguoas  :  huùa  sexma. 

item  p.  6.  qrtas  releua  p  grao  .46.  leguoas  :  mea. 

Et  afastas  da  lynha  dreeyta  .42.  leguoas  :  meea. 

item  per  sete  quartas  releua  per  graà  .87.  leguoas  :  huùm 
sexmo  de  huùa  leguoa. 

E  afastas  da  lynha  dereyta  oytemta  :  çimquo  leguoas. 


CALENDRIER   ET  TABLES   NAUTIQUES   DU   RÈGLEMENT   DE 

MUNICH. 

Le  calendrier  contenant  les  tables  nautiques  commence  à  la 
page  7r  par  le  mois  de  mars.  Chaque  mois  occupe  une  page  divisée 
en  6  colonnes. 

La  U'^  indique  les  jours  de  la  semaine  désignés  par  b,  c,  d,  e, 
f,  g  imprimés  en  noir  et  A  (dimanche)  en  rouge; 

La  2'^  contient  les  saints:  les  jours  de  fête  imprimés  en  rouge; 

La  3^^  colonne  la  date  du  mois; 

La  4^^  colonne  position  du  soleil  dans  les  signes  du  zodiaque 
(Lugar  do  sol,  en  degrés,  pas  de  minutes),  impression 
en  noir; 

La  S"^  colonne  indique  la  déclinaison  du  soleil,  en  degrés  et 
minutes,  imprimée  en  rouge.   (Declinacà  sol.) 

Nous  reproduisons  à  page  229  la  T^"  table  du  mois  de  mars 
après  y  avoir  supprimé  les  noms  des  saints,  n'y  laissant  cjue  ceux 
imprimés  en  rouge. 

C)  „lc"  de  trop. 
(')  c  deux  fois. 


228 

Les  deux  tables  (p.  230,  231)  reproduisent  les  éléments  astro- 
nomiques contenus  dans  les  12  paj^es  du  calendrier,  en  adoptant 
une  forme  moderne  pour  désigner  les  signes  du  zodiaque.  Les 
documents  de  Munich  et  Evora  emploient  une  forme  plus  primitive; 
ainsi  Scorpio  est  représenté  par  un  scorpion;  Gemini  par  deux 
jumeaux;    Léo  par  un  lion;  Libra  par  une  balance  etc. 


Règlement  de  Munich. 


229 


Reproduction  de  la  première  des  12  tables  mensuelles  du  calendrier. 


KL 


Marco  teem  dias  •  XXXI  •  ha  lùa  •  XXX  ■  ho  •  dia  •  xij. 
hôs  ■  no  •  xij. 


Di: 

Do  mes 

Lugar 
sol 

Pisces 

Declinaçà  sol 

(jraa              Minu. 

d 

1 

20 

3 

59 

c 

2 

21 

3 

35 

f 

3 

22 

3 

n 

R 

4 

23 

2 

48 

A 

.S 

24 

2 

24 

b 

6 

25 

2 

0 

c 

7 

26 

1 

36 

d 

8 

72 

1 

12 

c 

9 

28 

0 

48 

f 

10 

29 

0 

24 

u 

11 

1  T 

0 

0 

A 

12 

2 

0 

24 

h 

13 

3 

0 

48 

c 

14 

4 

1 

12 

d 

15 

5 

1 

36 

V 

16 

6 

2 

0 

f 

17 

6 

2 

24 

18 

7 

2 

48 

.A 

- 

19 

8 

3 

11 

il 

20 

i         9 

3 

35 

c 

Bcento  abade  fiindador 

21 

10 

3 

59 

d 

22 

11 

4 

22 

e 

23 

12 

4 

46 

f 

Dia  d.  jeiù 

24 

13 

5 

9 

^ 

Anùciaçà  de  iiossa  senhora 

2.S 

14 

5 

.U 

A 

26 

15 

5 

56 

11 

27 

16 

6 

19 

c 

28 

17 

6 

43 

d 

29 

18 

7 

6 

c 

30 

19 

7 

29 

f 

31 

20 

7 

51 

230 


.=  c 


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C    û 
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ic  loic-r-r-T'^^^i^i'^i'^i' ~—  —  oo^o^xoooor~t^t^o^C'^;LC 


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x:     o         c 


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<vi  (VI  —      ic  -T  ^  f^i  —      ic  1^  <^i  —      -T  ^  i^i      ic  ^  <^i      -r  ir:  —      -r  «^      -r 


rgfsirM(virg(N)(vifNjfvirgfMrg<vjrvjrvj' 


ooNOOooooxxr— r-r-r~OvCOic     (ni 


—  —  —  (NI  rg  rg  (NI  ( 


'^    O:         « 


rMrgrgfvjrv)rvjfvj(vjfsjf\j<Njfvirvjrgfv)rgrgfvirg«Njfv]<vjrgrgfvi(Nrg<Nifvj(Nj 


—  (vj  «M  (Nj  CM  CM  rg  fM  rg  rg  rvj  PC  ■ ■ —  (M 


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231 


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rc  •— -T  fM       rg  rr  .— rr;       rg  t  —  c^  ic  rg  tt       rcio  —    1       ^ 


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"■ —  rvirc-ti/îvOr~xc>Cî  —  'vi'rr-tico    1 


i;inci 


N"  2. 

RÈGLEMENT  DEVORA. 

Mron-  *SEGUESE  HO  REGIMENTO  DA 

DECLINAÇAM    DO  SOL  PERA  PER  ELLA  SABER  HO  MAREÀ  , 
TE    EM   QUAL    PARTE    ESTA.    S.    AQUEM    OU  DALEM  DA  Ll 
NEA  EQUINOCIAL-     COM   HO  REGIMENTO  DA  ESTREL;  LA 

DO  NORTE. 

Ce  titre  se  trome  sur  une  feuille  à  frontispice  entouré  d'un  cadre,  dans 
le  bas  duquel  on  lit  le  nom  de  l'imprimeur  Germam  Galhard. 

Dans  le  haut  du  cadre  à  droite  une  sphère  armillaire:  à  gauche  et  à 
côté  de  la  sphère,  la  figure  entière  d'un  astrologue.  Au-dessus  de  ces  deux 
gravures  et  à  l'intérieur  du  cadre,  le  titre  précédent  imprimé  en  rouge  jusqu'à 
-,  le  restant  en  noir. 

I ".  1  r.  *  Hrimeyramète  saberas  q  dos.  II.  dias  d'março  atee  os.  14.  de  se- 
tembro  anda  ho  sol  da  bàda  do  norte  da  linea  eq'nocial.  E  dos. 
14.  de  setembro  ate  os.  10.  dias  de  março  anda  ho  sol  da  banda 
do  sul  da  linea  equinocial. 

a  E  q'ndo  ho  sol  for  da  bàda  do  norte  da  linea  eq'nocial.  e 
fizer  a  sombra  ao  norte  daltura  q  toinares,  veras  qntos  graos  falta 
pa.  90.  E  c5  estes  q  faltarè  pa.  90.  ajùtaras  a  declinaçà  daqile  dia 
ludo  jùto.    Tàto  estaras  aredado  da  linea  pa  a  parte  do  norte. 

a  E  se  neste  tèpo  q  o  sol  andar  da  bàda  do  norte  da  linea 
eq'nocial:  e  tomares  a  altura  do  sol  e  as  sombras  foré  pa  ho  sul; 
aqui  ajùtaras  a  declinaçà  cô  altura  q  tomares.  E  se  passares  de.  90. 
aqlles  q  passarè  :  estaras  da  bàda  do  norte  da  eq'nocial.  E  se  nô 
chegarè  a.  90.  aqlles  q  menos  forem  de.  90.  aqlles  estaras  arredado 
pa  a  bàda  do  sul.  E  se  p  ventura  a  altura  e  declinaçam  q  ajijtares 
jùtamente  çarrar.  90.  graos  estaras  na  linea  eq'nocial. 

a  Auisate  que  cada  vez  q  tomares  ho  sol  em.  90.  graos  e  nom 
achares  sombra  a  nenhùa  parte,  qr  ho  sol  ande  da  bàda  do  norte. 
qr  da  banda  do  sul.  aquelles  graos  que  achares  de  declinaçam.  aqlles 


233 

cstaras  arredado  pa  a  parte  dôde  ho  sol  andar.  s.  se  o  sOl  andar 
da  bàda  do  norte.  aqlles  estaras  arredado  pa  a  bàda  do  norte.  e  se 
ho  sol  andar  da  bàda  do  sul.  aquella  declinacà  que  achares  aquella 
estaras  arredado  pera  a  banda  do  sul. 

a  Estas  outras  repartiçàes  som  de  qndo  o  sol  Ma  da  bàda  do 
sul  da  linea  eq'nocial  q  he  de.  14.  dias  d'setèbro  ate.  W.  d'março.^) 

a  Quàdo  o  sol  for  ao  sul  da  linea  eq'nocial  e  tomares  a  sua 
altura  e  as  sôbras  for  pa  o  sul.  da  altura  q  tomares  veras  qntas 
faltà  pa.  90.  E  cô  estes  q  faltarà  pa.  90.  ajijtaras  a  declinacà  de  aqlle 
dia:  e  todo  jùto  tàto  estaras  arredado  da  linea  pa  a  pte  do  sul. 

a  E  se  neste  tèpo  q  o  sol  àdar  da  bàda  do  sul  da  linea.  e 
tomares  a  altura  do  sol.  e  as  sombras  foré  pa  ho  norte.  a  q'  ajijtaras 
a  d'clinaçà  cô  a  mesma  altura  q  tomares  e  tudo  jùto  veras  qntos 
gos  som.  e  se  nom  chegarem  a.  90.  os  que  menos  forem  de.  90. 
aqlles  estaras  arredado  da  linea  pera  a  parte  do  norte.  E  se  a 
altura  e  a  declinaçam  que  ajuntares  passarem  de.  90.  graos.  aquelles 
*que  passarem:  aquelles  estaras  arredado  da  linea  pera  a  parte  do  ^■'^'■ 
sul.  E  se  per  ventura  a  altura  e  declinaçam  que  ajuntaras  justamentc 
çarrar.  90.  graos  estaras  na  linea. 

a  E  se  algija  hora  tomares  altura  do  sol  em  menos  d'.  90.  gos 
e  nà  achares  declinacà  nenhùa  aqllo  q  men''  tomares  d'.  90.  aqllo 
estaras  arredado  da  linea  pa  a  parte  donde  te  fezer  a  sombra. 

a  E  auisarteas  q  sempre  faças  a  cota  ao  som  das  sombras  e 
segùdo  q  respôder  a  cota  assi  as  de  dizer  a  q  parte  da  linea  estas. 

a  E  sabes  q.  60  minutos  fazè  hù  grao  e.  30.  meo  grao  e.  20. 
tazè  hij  terço  e.  15.  hù  quarto  de  grao  e.  12.  fazè  hù  quinto  de 
grao. 


a  Regimeto  da  estrella  do  norte  co  os  sinaes  dos  guordas  \)a 
quando  quer  q  tomares  a  altura  da  estrella  do  norte  \-)a  saberes 
quàto  estas  aredado  da  linea  equinocial  pera  a  parte  do  norte.'-) 


Itè  quando  as  guardas  estam  no  braço  de  loeste  esta  a  guarda 
dianteyra  cô  a  estrela  do  norte  leste  e  hocste.  E  a  estrela  do  norlc 
esta  acima  do  eyxo  huù  grao  e  meo. 

(')  Ce  paragraphe  est  imprimé  en  roujfe. 
(-)  Ce  paraj^raplie  est  imprimé  en  rouge. 


234 

•F.  2r.  *a  E  quando  as  ^uardas  estam  iia  liiica  abayxo  do   braco  do 

loeste.  esta  luia  ^uarda  per  outra  leste  e  hoeste.  Lî  a  estrella  do 
norte  esta  acima  do  eyxo  très  .s^raos  e  meo. 

a  Quando  as  j»uardas  estam  no  pee  esta  a  ^uarda  dianteyra 
corn  a  estrella  do  norte:  norte  e  sut.  E  a  estrella  do  norte  esta 
acima  do  eyxo  très  graos. 

a  E  quando  as  guardas  esta  na  linea  a  cima  do  pee  esta  liùa 
guarda  per  outra  norte:  norte  e  sul.  E  a  estrella  do  norte  estaa 
acima  do  eyxo  meyo  grao. 

a  E  quando  as  guardas  forem  em  cada  huù  dos  sobreditos 
quatro  rumos.  E  daltura  que  tomares  tyraras  os  graos  que  a  estrella 
esta  acima  do  eyxo.  E  os  outros  que  ficarem  estaras  aredado  da 
linea  equinocial  pera  a  parte  do  norte. 

a  Em  estes  outros  quatro  rumos  a  diante  escriptos  anda  a 
estrella  do  norte  a  bayxo  do  eyxo.  s.^J 


37t 


L'impression  défectueuse  des  nombres  entourant  la  figure  ci-dessus,  nous 
laisse  des  doutes  sur  les  fractions  de  degrés.  Les  chiffres  suivants  semblent 
tout  aussi  probables:  en  haut  36,  en  sui\ant  vers  ki  droite:  35'  ),  40":;,  397-, 
41,  42'  :;,  37-  ;,  38'  j. 


(')  Titre  imprimé  en  rouge. 


235 

Ouando  as  .^uardas  estam  no  braço  de  leste:  esta  a  guarda  dian- 
teyra  com  a  estrella  do  norte  leste  e  hoeste.  E  a  estrella  do  norte 
estaa  abayxo  do  eyxo  huù  grao  e  meo. 

a  E  quando  as  guardas  estam  na  linea  acima  do  braco  déleste 
esta  huùa  guarda  per  outra  leste  e  hoeste:  E  a  estrella  do  norte 
esta  a  bayxo  do  eyxo  très  graos  e  meo. 

a  E  quando  as  guardas  estam  na  cabeca:  esta  a  guarda  dianteyra 
com  a  estrella  do  norte:  norte  e  sul.  E  a  estrella  do  norte  esta 
abayxo  do  eyxo  très  graos. 

a  E  quando  as  guardas  estam  na  linea  abayxo  da  cabeca  esta 
huùa  guarda  per  outra  norte  e  sul.  E  a  estrella  do  norte  estaa 
abayxo  do  eyxo  meyo  grao. 

a  E  quando  quer  que  as  guardas  foré  acima  escriptos  em  cada 
hù  daq'Iles  quatro  rumos  cô  aa  altura  q  tomares  da  estrella.  ajùtaras 
os  graos  qadita  estrella  esta  abayxo  do  eyxo.  E  todo  iùto:  tàto 
estaras  aredado  da  linea  eq'nocial  pa  a  parte  do  norte. 

a  Regimento  pera  saberes  qiiantas  legoas  entrani  por  grao  per 
cada  huùa  destas  sete  quartas  abayxo  scriptas.  E  isto  do  Norte 
e  Sul.') 

*r  rimeyramente  saberas  q  ho  grao  do  norte  e  sul  he  de  .xvij.  le-  *f' ••''•■ 

goas  e  meya  legoa  de  portugal.  s.  quatro  milhas  per  legoa.  E.  Ix. 
minutos  fazem  hîj  grao. 

a  item  per  hiJa  carta  releua  per  grào.  xvij.  legoas  e  cinco  sesmos 
de  legoa.    E  afastaras  da  linea  dereyta  per  grao  très  legoas  e  meya. 

a  E  per  duas  quartas  releua  p  grao.  xix.  legoas  e  hii  sesmo 
de  legoa.    E  afastaras  da  linea   direyta  p  grao  sete  legoas  e  meya. 

a  Item  per  très  quartas  releua  per  grao.  xxi.  legoa  e  huij  terço 
de  legoa.  E  afastaras  da  linea  direyta  per  grao.  xj.  legoas  e  cinco 
sesmos  de  legoa. 

a  E  p  quatro  qrtas  releua  per  grao.  xxiiij.  legoas.  e  très  qrtas 
de  legoa.    E  afastaras  da  linea  direyta  p  go.  xvij.  legoas  e  mea. 

a  Item  per  cinco  quartas  releua  per  grao.  xxxi.  legoa  e  huù 
quarto  de  legoa.  E  afastaras  da  linea  direyta  per  grao.  xxvi.  legoas 
e  huùa  sesma  de  legoa. 

a  E  per  seis  quartas  releua  per  grao.  xlvj.  legoas  e  mea.  E 
afastaras  da  linea  direyta  per  grao.  xlij.  legoas  e  mea. 

(')  Titre  imprimé  en  rouge. 


236 

a  E  per  sete  quartas  releua  per  grao.  Ixxxvij.  lej^oas:  c  liiiù 
sesmo  de  legoa.    E  afastaras  da  linea  direyta.  Ixxxv.  legoas. 

a  E  se  ho  caminho  for  a  leste  ou  a  lioeste:  nom  se  podeiii 
dar  le^oas  a  nenhiiù  ^rao.  saluo  que  em  todo  caminho  teras  a  mes- 
ina  altura  que  era  donde  partiste.  E  se  te  afastares  do  caminho 
peila  differença  daltura:  saberas  quanto  estas  afastado  do  caminho. 
Porem  as  a.i'ua^eès  neste  podè  fezer  muyto  engano. 

a  Regiinento  pero  se  saber  as  horas  da  noyte  pella  estrella  do 
norte  e  suas  guardas.  s.  sabèdo  em  cada  mes  as  guardas  em  q 
rumo  fazb  mea  noyte.  Logo  contares  as  horas  an  tes  da  mea  noyte: 
ou  despoys  sem  errardes  quasi  nada.  E  os  mescs  vam  per  ordè  de 
quinze  cm  quinze  dias  per  todo  àno  na  maneyra  seguinte.^) 


]' 


|aneyro  meado.  mea  noyte  no  braço  ezquerdo 

E  em    fim  de  janeyro  hùa  hora  acima  do  braço. 
«f-.  3i'.  *a  Feuereyro  meado.  mea  noyte   dous  horas  acima  do  braço. 

E  em  fim  de  feuereyro:  na  h'nea  do  ombro  ezquerdo. 
a  Marco  meado.  mea  noyte  huùa  hora  em  cima  da  Hnea. 

E  em  fim  de  março:  dous  horas  acima  da  hnea. 
a  Abril  meado.  mea  noyte  na  cabeça 

E  em  fim  de  abril:  huùa  hora  abaixo  da  cabeça. 
a  Mayo  meado.  mea  noyte  dous  horas  abaixo  da  cabeça. 

E  em  fim  de  mayo:  na  linea  do  ombro  direyto. 
a  Junho  meado.  mea  noyte  huùa  hora  abaixo  da  linea 

E  em  fim  de  junho  :  dous  horas  abaixo  da  linea. 
a  Julho  meado.  mea  noyte  no  braço  direyto  : 

E  em  fini  de  julho  :  hùa  hora  a  baixo  do  braço. 
a  Agosto  meado.  dous  horas  abaixo  do  braço 

E  em  fim  de  agosto  na  linea. 
a  Setèbro  meado.  mea  noyte  hùa  hora  abaixo  dalinea. 

Em  fim  de  setembro  :  dous  horas  a  baixo  da  linea. 
a  Octubro  meado.  mea  noyte  no  pee. 

E  em  fim  de  octubro  :  huùa  hora  acima  do  pee. 
a  Nouembro  meado.  mea  noyte  dous  horas  acima  do  pee. 

E  em  fim  de  nouembro:  na  linea. 
a  Dezembro  meado.  mea  noyte  huùa  hora  acima  da  linea. 

E  em  fim  de  dezembro:  dous  horas  acima  da  linea. 

(  ')  hnprimé  en  rouge. 


237 

LISTE  DES  LATITUDES.'» 

La  liste  des  latitudes  du  Règlement  d'Evora  est  une  page  d'or 
de  l'histoire  de  la  navigation,  proclamant  dans  son  style  lapidaire 
la  gloire  revenant  aux  marins  portugais  dans  la  découverte  du  monde. 

Nous  la  reproduisons  en  respectant  l'ortographe  primitive  qui 
fait   ressortir  davantage  toute  la  saveur  historique  de  ce  document. 


a  Seguense  as  alturas.  e  Primeyramente. 

a  Alturas  do  Norte  des  alinéa  equinocial  ate  ho  cabo  de  finis 
terra. 

a  Alturas  do  sul  des  a  linea  equinocial  de  guinee  ate  o  cabo 
de  boôa  esperança. 

a  Alturas  do  sul  des  o  cabo  de  boôa  esperança  ate  linea  equi- 
nocial da  Costa  de  habex. 

a  Alturas  do  norte  em  a  costa  d'habex  pa  dètro  do  mar  roxo. 

a  Doutra  bàda  do  mar  roxo  pa  o  estrexto  ate  ho  mar  de  psia. 

a  Da  banda  de  persia  e  india  ate  ho  cabo  de  comory. 

a  Alturas  do  sul  ate  as  ilhas  do  crauo. 

a  Alturas  da  terra  do  brasil  da  banda  do  sul. 

♦F.  u.  .(,  Alturas  do  norte  des  a  linea  eaiii-      '"      f^V"  ^*^  pkhc\ 

BuifLibaa. 

Cabo  ro.xo. 

Ryo  das  ostras. 

Ryo  de  gambia. 

Cabo  verdc.  Illia  de  sanliago. 
Ilha  do  fogo. 

Ryo  de  çauixga.     Il  lia  de  niayo. 

Anterote  e  ilha  do  sa! 

Seteniontes.  e  ilha  de  santaiia. 
Sam  \icente.  Sancta  liizia  e 
Sam  nicolao. 

Funia  desancta  maria. 

Ryo  de  .sam  joham 

Cabo  braiico. 

(')  Les  mots  en  italique  de  la  liste  suivante  sont  imprimés  en  ronge  dans 
l'original.  La  lecture  des  fractions  de  degrés  des  latitudes  est  incertaine  à 
cause  de  l'impression  défectueuse  de  l'exemplaire  d'Hvora. 


a 

Alturas  do  norte  des  a  linea  equi- 

10 

nocial  atee  ho  cabo  de  finis  terra. 

11 

0 

Linea  equinocial. 

12 
13 
14 

1 

Ilha  de  sam  tome. 

15 

2 

Ryo  do  principe. 

3 

Ryo  do  campo. 

16 

4 

Cabo  das  palmas   e   Ilha  de  fer- 

17 

namdo  poo 

18 

5 

Cabo  das  baixas  e  a  mina. 

6 

Cabo  do  môle. 

7 

Ryo  das  palmas 

19 

cS 

Ryo  da  serra  lyoa. 

20 

9 

Rvo  de  cachecase 

21 

23H 


22  Cabo  das  barbas. 

23  Anura  de  j*oiiçalo  de  cintra. 

a     Tropico  de  cancer  que  he  do  norte. 

24  Ryo  douro. 

25  An^ra  dos  cauallos. 

26  Outra   aiigra   dos  riiyuos:   e    ho 

bojador. 

27  Cabo  de  bojador  e  ilhas  de  gram 

canaria  Tanariffe  e  do  ferro. 

28  Porte  Ventura  ilha. 

29  Cabo   de   nom.     Ilhas   da   palnia 

e  lançerote. 

30  Meça.  e  Ilha  das  saluageès. 

31  Tafatania. 

i2  Ilha     da     madeyra.      Ryo     dos 
saueès. 

33  Porto  sctô.  cabo  d'càty 

34  Soneja. 

35  Larache 

36  Traffalgar. 

37  Cabo   de  sam  vicente.    e  ilha  de 

saiicla  maria. 

38  Perceueyra.  e  a  ilha  de  sam  mi- 

guel. 

39  Lixbôa.  ilhas  daçores 

40  Berlègas  ilha.  c  Ilha  terceyra. 

41  Porto  de  portugai. 
42'  ::  Ilhas  de  bayona. 
43      Cabo  définis  terra. 

"F.  4i'.    'a    Alturas  do  siil  des  a  lineo  eqiii- 
nocial  de  gainée  atee  ho  cabo  de  boôa 
esperança. 

o        Equinocial. 

1  Cabo  de  lopez  gonçaluez. 

2  Cabo  de  caterina 
3 

4 

5      Angra  da  judia. 


6 

Praya  de  sam  domingos, 

7 

Ryo  de  manicongo. 

8 

Ilha  dacenv'am. 

9 

Ryo  de  mondego. 

10 

Cabo  ledo. 

11 

Ryo  de  sam  lazaro. 

12 

Cabo  dos  lobos. 

13 

14 

montenegro. 

15 

Serra  parda. 

16 

Angra   das   aldeas.    e    a 

sancta  helena 

17 

manga  das  areas. 

18 

Cabo  negro. 

19 

Osmedoôes. 

20 

A  serra  de  sam  lazaro. 

21 

Praya  deruy  pirez. 

22 

Cabo  do  padram. 

23 

Prava  fria. 

a    di 


a    Tropico   de  capricornio  que  he  ho 
sul. 


Ponta  da  côcepçam. 
Praya  das  alagoas. 
Feyçam  da  boca. 
Angra  de  santantonio. 
Angra  de  sam  tome. 
Angra  de  sam  cristouà. 


24 
25 
26 
27 
28 
29 
30 
31 
32'  .:  Ryo  do  iffante. 

33  Angra  de  sancta  yllena 
34'  .,  Cabo  de^bôa  esperàça 

a    Alturas  e  o  sul  des  ho  cabo  de  boa 

esperonça    ate  ^linea'^equinocial    da 

Costa  de  habex. 

34':;  Cabo  de  bôa  esperàt^a. 
35      Cabo  das  agulhas. 

34  Cabo  das  vacas. 
33      Cabo  do  areciffe. 
32'  L'  Rvo  do  iffante. 


239 


31      Terra  do  natal. 
8'  -j  Ponta  de  saiicta  luzia. 
27      Terra  dos  fumes. 
25'  :;  Ryo  dalagoa. 
25      Agua  de  boa  paz. 
23'  L'  Cabo  das  corentes. 
22'  4  Cabo  de  sancta  inaria 
21       Cabo  de  sani  sebastià. 
20      Soffala. 


a    Doiitra   banda   do  mar  roxo  pera 
ho  estreyto  atee  ho  mar  de  Persia. 


r.  ôr.  *17 

Rio  dos  bôs  sinaes 

16 

Rio  dango.x 

15 

Maçambique 

14 

Rio  de  santaiitoiiio 

12 

Rio  dereyto 

10 

Cabo  delgado 

9 

Quiloa 

7 

Monisia  ilha  ho  meo  délia 

6 

Zanzibar  ilha 

5 

Penda  ilha 

3 

Monbaça 

3 

Rio  tacharigo 

2 

Melinde 

1 

Patee 

n    Alt  liras   do   norte  ein   a  costa  de 
habex:  pera  dentro  do  mar  roxo. 

0       Bquinocial. 

y-  :■  Barrabôa 

2-  I  Brauha 

3      Magodoxo 

6'  I  Zarzella 
12      Cabo  de  goardafiin 
12-;;  Scotora  ilha.  s.  ou  nieo  tk'lla 
1 1       Mite 

11  '  1  Barboraa 

12  Zeyia 

15' ::  Dalaca  ylha 
IS      Soaque  ilha 


17-  :: 

Tor 

22'   :: 

Gyda  porto  de  meca 

15'  , 

Zeybam  ilha 

15-4 

Camarani  ylha 

12'  . 

Bebmàdeb  o  estreyto 

13^':= 

Aden 

15 

Farteque 

16 

Dyuffar 

17-  :: 

Curia:  muria  :  ilhas. 

20'  . 

Macira  ilha 

22 'Ai 

Cabo  de  reçalhat 

23'  ':■, 

Curiat 

23^' . 

Masquet 

24'  , 

Hooz 

26' 4 

Cabo  de  mocàdomo  do  estreyto 

de  persia 

0    Da  bïula  de  persia  <"  india   atee  o 

cabo  de  comory. 

17 

Ormuz  ylha 

24^'  :: 

:  Dyulcend  rio  grande 

20-':: 

:  Dyu. 

23 

Gogo  iunto  cô  càbaya. 

19 

Chaul 

iS 

Dabul 

16 

Goa. 

14 

Anor 

147: 

1  Anjadiua 

13'   : 

;  Batigala 

•ir 

:i  Mangalor                                      * 

12 

Monte  dely 

11 

Cananor 

11 

Calecud 

10-  : 

!  Crangalor 

10 

Cochym 

9 

Caycoulain 

7 

Cabo  de  comory 

*F.5i'. 


240 

7      Colùbo  porto  de  ceyiô.  8  Pernam  baco  ilha  dasensam 

.S      Gamispola  ilhas  H  Cabo  de  sctô  auj^ustino 

r  :i  Pedir  porto   da    ilha  de    çaiiuitra  9'  ■  Saiicto  aleyxo 

7      Quedaa    porto   da    costa  de  ma-  10  Rio  de  sani  iiii^uel 

laça  11-;;  l^io  de  sani  francisco 

2      Malaca  cidade  12  Rio  real 

f'uiiiiiocial  '■^'  -  '^''ya  <J*-'  todollos  saiictos 

,,,,,,         -,  1  t  Porto  real 
(I      Laho  de  cyngapura 

1,S  Rio  da  praya 

u     Alturas   do   sut   atee   as  ilhas  do  16  Ilha  de  saiicta  yleiia 
craiio  Rio  dos  cosmos. 

A  terra   dariiuem    a    ilha   de   ça-  '7  Porto  seguro 

P^.^,.^  1<S  Rio  de  sam  Jorge 

4  Campar  porto  da  dita  ilha  1^'  ■■  ^^'^  ^^'  sancta  luzia 

6  Jaoa   ilha   coiuiem   a    saber    ho  20'  :.  Ilho  de  sancta  barbora 

mco  délia  21  Bayxos  dos  pargos 

7  Ilha  do  fogo  22  Baya  do  saluador. 
7      Solitaria  ilha  23  'Cabo  frio. 

5  Randan  ilhas  das  maças  <>  Tropico  de  capricornio. 

24  Rio  da  canaiie 


Hqiiinocial 

Maliico  ilhas  do  craiio 


25  Ilhas  dorrapica 

26  Rio  dos  dragos 

27  Rio  do  stremo 

]     Alt  ara    da    terra    do    brasil    da      2M  Bayo  do  repayro 

batida  do  sul.  29  Ilha  da  baya  " 

2       Rio  do  arecife.  M)  Atigra  ond'  se  vio  batel 

.î      [îaya  das  tartarugas.  31  Rios  dos  negros 

4  Baya  de  sam  Uicas  32  Cabo  da  pôta 

5  Sam  roque,   sancta  maria  da  ra-      X^  Baya  aparcelada 

hida  34  Arrecife 

6  Aratapica  53  Cabo  de  sauta  maria 

7  Sam  domiiigos 

G  Re^fa  pera  saber  os  marées  a  qualquer  hora  do  dia: 

a  Lùa  de  huù  dia  preamar  a  hùa  ora  despoys  do  meo  dia. 
a  Lùa  de  dous  dias  prea  mar  a  hùa  ora  e  quatro  quintos. 
a  Lùa  de  très  dias  preamar  as  duas  oras  e  très  quintos. 
a  Lùa  de  quatro  dias  prea  mar  as  très  oras  e  dous  q'ntos. 
a  Lùa  de  cinquo  dias  prea  mar  as  quatro  horas  e  hù  quinto. 
a  Lùa  de  seys  dias  preamar  as  cinquo  oras. 


241 

a  Lùa  de  sete  dias  prea   mar  as  seys  oras  e  quatro  quintos. 

a  Lùa  de  oyto  dias  prea  mar  as  seys  oras  e  très  quintos. 

a  Lùa  de  noue  dias  prea  mar  as  sete  oras  e  dous  quintos 

a  Lùa  de  dez  dias  prea  mar  as  oyto  oras.  e  huù  quinto. 

a  Lùa  de.  onze,  dias  prea  mar.  as.  noue  oras  em  ponto. 

a  Lùa  de  doze  dias  prea  mar  as.  noue,  oras  e  quatro  quintos. 

G  Lùa  de  treze.  dias  preamar  as  dez  oras  e  très,  quintos  . 

a  Lùa  de  qtorze.  dias.  preamar  as   onze   oras  e  dous   q'ntos. 

G  Lùa  de  quinze  dias  prea  mar  as.  doze.  oras  e.  '5. 

a  /:  assi  délies  saber  que  a  cada  dia  da  lùa  iv/r  acrecenîando 
quatro  quintos  de  ora. 

CALENDRIER  ET  TABLES  NAUTIQUES. 

*fl  Se^uese  ho  calendayro  que  em  sy  conteni  as  cousas  se^uintes  *f".  61-. 

(l  A  primeyra  re^^ra  pera  bayxo  com  tinta  vernielha  de  huù  e 
dous  atee  trinta:  soin  os  dias  do  mes.  Em  a  segunda  ho.  a.  b.  c.  d. 
atee.  g:  Som  as  letras  dominicaes.  e  dy  se  seguem  os  sanctos  com 
tinta  prêta.  E  despoys  dos  sanctos  se  segue  ho  luguar  do  sol 
emquantos  graos  e  miniitos  esta  em  cada  signo  com  tinta  vermelha. 
E  despoys  a  declinacam  do  sol  com  seus  graos  e  minutos  com 
tinta  preta.^) 


CALENDRIER  ET  TABLES   NAUTIQUES  DU  RÈGLEMENT 

D'EVORA. 

Le  calendrier  et  les  tables  nautiques  occupent  un  total  de 
24  pa^es  distribuées  comme  suit: 

Anno  bisesto.  La  première  année  du  cycle  est  l'année  bissex- 
tile. Les  tables  de  cette  année  sont  réunies  aux  pa^es  mensu- 
elles du  calendrier,  qui  ont  exactement  la  forme  de  celles  du  calendrier 
du  F^èglement  de  Munich,  reproduit  à  p.  229.  Fîlles  occupent 
t.  7  r   à   12  V.  12  paoes 

Anno  primeiro  despoys  do  bisexto.  Première  année 
après  la  bissextile,  formée  de  4  tables  contenant  seule- 
ment la  date  et  la  déclinaison  du  soleil  pour  chaque  jour. 
Chaque  pa^e  comprend  .3  mois.     f.   1.3  r  à   14  v.  4  pages 

(')  A  la  pa^e  suivaiUc  7  r  commeiico  le  calendrier. 

16 


r.  7r.  ù  18  I'. 


242 

Segundo  anno  despoys  do  bisexto.  4  tables  de  même 
forme  que  les  précédentes  f.   15  r  à  16  v.  4  pages 

Terceiro  anno  despoys  do  bisexto.  4  tables  de  même 
forme  que  les  précédentes  f.  17r  à  18  v.  4  pages 

24  pages 
Les   éléments   de   ces   24   pages   sont   réunis  dans  les  8  tables 
suivantes: 

Anno   bisesto,  p.  243,  244 

Anno   primeiro   despoys  do  bisexto,   p.  245,  246 

Segundo    anno    despoys  do  bisexto,   p.  247,  248 

Terceiro    anno    despoys  do  bisexto,   p.  249,  250 

Nous    avons    déjà    fait    remarquer   que   l'ordre   des  années  du 

cycle   solaire   varie   suivant   les  auteurs.     Ainsi  chez  Zacuto  l'année 

bissextile  est  la  3^  année,  chez  Joào  de  Lisboa,  Francisco  Faleiro  et 

Pedro  Nunes  c'est  la  4^"  année,  tandis  que  les  tables  d'Evora  placent 

l'année  bissextile  en  tête. 


2A3 


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Si:  ^ 


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244 


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245 


Anno  primeyro  despoys  do  bisesto. 
Declinaçà  do  sol. 


Dias. 

Janeyro 

gr.   m. 

Feb 

gr. 

reyro 

t 

m. 

Ma 

gr. 

rço 

t 

m.  ■ 

Ab 

gr. 

ril 

t 

m. 

Maio 

gr.   m. 

■4'-- 

ho 

t 

m. 

1 

21   52 

14 

0 

3 

41 

8 

20 

17 

52 

23 

8 

2 

21   42 

13 

40 

3 

IS 

8 

41 

18 

8 

23 

12 

3 

21  M 

13 

20 

2 

54 

9 

2 

18 

23 

23 

16 

4 

21   22 

13 

0 

2 

31 

9 

24 

18 

39 

23 

20 

5 

21   10 

12 

39 

2 

7 

9 

47 

is 

53 

23 

23 

6 

21    0 

12 

18 

1 

44 

10 

7 

19 

7 

23 

26 

7 

2U   47 

11 

58 

1 

20 

10 

29 

19 

21 

23 

28 

8 

20  ^5 

11 

37 

0 

56 

10 

51 

19 

^:^ 

23 

30 

9 

20  22 

11 

16 

0 

32 

11 

12 

19 

47 

23 

32 

10 

10')  10 

10 

54 

0 

9 

11 

32 

19 

56 

23 

33 

11 

19   57 

10 

31 

0 

15 

11 

52 

20 

11 

23 

33 

12 

19   42 

10 

10 

0 

39 

12 

12 

20 

24 

23 

33 

13 

19   28 

9 

47 

1 

3 

22^) 

31 

20 

35 

23 

32 

14 

19   13 

9 

26 

1 

27 

12 

49 

20 

46 

23 

31 

15 

19    0 

9 

4 

1 

51 

13 

8 

20 

58 

23 

30 

16 

18   54 

8 

41 

2 

15 

13 

28 

21 

10 

23 

28 

17 

18   28 

8 

19 

2 

38 

13 

48 

21 

20 

23 

26 

18 

18   12 

7 

57 

3 

1 

14 

8 

21 

30 

23 

24 

19 

17   57 

7 

34 

3 

25 

14 

28 

21 

4(1 

23 

22 

20 

17   40 

7 

12 

3 

47 

14 

47 

21 

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246 


Anno  primeyro  despoys  do  bisesto. 

Dcclinaçà  do  sol. 


1 
Dias. 

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247 


Segundo  anno  despoys  do  bisesto. 
Declinaçà  do  sol. 


Dias 

Janeyro 

Feuereyro 

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248 


Segundo  anno  despoys  do  bisesto. 
Decliiiaçà  do  sol. 


Dias 

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20 

0 

0 

17 

7 

22 

6 

(')  Dembro  au  lieu  de  Dezèbro. 


249 


Terceyro  anno  despoys  do  bisesto. 
Declinaçà  do  sol. 


Dias 

Janeyro 

Febreyro 

Ma 

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15 

(')  16  doit  être  17.     (-)  Junio  au  lieu  du  Juiilio. 


250 


Terceyro  anno  despoys  do  bisesto. 

f)ccliiiat;à  do  sol. 


Dia.s 

,|ii 

Iho 

A^osto 

Setcmbro 

Octubro 

Noueinbro 

Dezembro 

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17 

3 

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22 

9 

1 

(')  13  doit  être  2X 


251 

No  3. 

LE  CALCUL  DES  LATITUDES  SELON  PEDRO  NUNES. 
Tratado  eni  defensam  da  carta  de  marear,   1537. 
Re.^imento  da  altura  do  polo  ao  meo  dia. 

Se  o  sol  tem  declinacào  pera  o  norte  e  as  sombras  vào  pcra 
o  norte:  saberemos  pello  estrelabio  ao  meo  dia  que  he  na  mayor 
altura:  quantos  graos  ha  de  nos  ao  sol:  e  acrecentaremos  a  decli- 
nacào daquelle  dia:  e  o  que  somar  sera  o  que  estamos  apartados 
da  linha  equinocial  pera  o  norte. 

Mas  se  ho  sol  tem  declinacào  pera  o  norte  e  as  sombras  vào 
pera  o  su!  :  saberemos  pello  estrelabio  quanto  ha  de  nos  ao  sol: 
e  pello  regimento  a  declinacào:  e  se  forem  iguaes  estaremos  na 
equinocial:  e  se  forem  desiguaes  :  tiraremos  o  menor  numéro  do 
mayor  porque  o  que  ficar  isso  estaremos  apartados  da  equinocial  : 
e  sera  pera  o  norte  se  a  declinacào  era  mayor:  e  sera  pera  o  sul 
se  a  declinacào  era  menor. 

A  mesma  regra  nos  serue  tendo  ho  sol  declinacào  pera  o 
sul:  porque  se  as  sombras  vào  pera  o  sul  ajuntaretnos  o  que  ha 
de  nos  ao  sol  com  a  declinacào:  e  o  que  somar  isso  estaremos 
apartados  da  equinocial  pera  o  sul. 

Mas  se  o  sol  tem  declinacào  pera  o  sul  :  e  as  sombras  vào  ao 
norte:  se  o  que  ha  de  nos  ao  sol  for  igual  a  declinacào  estaremos 
na  equinocial.  E  se  forem  desiguaes  tiraremos  o  menor  numéro 
do  mayor:  e  o  que  ficar:  sera  o  que  ao  tal  tempo  estaremos  apar- 
tados da  equinocial:  e  sera  pera  o  sul  se  a  declinacào  for  mayor: 
e  sera  pera  o  norte  se  a  declinacào  for  menor. 

E  quando  nào  ouuer  declinacào:  ho  que  ouuer  de  nos  ao  sol 
isso  estaremos  apartados  da  equinocial:  e  sera  pera  onde  forem 
as  sombras. 

E  em  todo  tempo  que  o  sol  pello  estrelabio  esteuer  em  no- 
uenta  graos  :  o  que  elle  teuer  de  declinacào:  isso  mesmo  estaremos 
apartados  da  equinocial  e  pera  a  mesma  parte. 

C  o  m  o  se  t  o  m  a  r  a  a  altura   do    polo    e  m    todo    tempo    que 

ouuer  sol. 
Porque    a    cousa    mais    necessaria    c    mais    proueitosa    pera    a 
nauegacào  :  e  o  principal  fundamento  délia:  he  o  conhecimento  da 
altura   do   polo   sobre   o   horizonte:   ou   distancia   do   circulo  equi- 
nocial que   he  o  mesmo  :    e   os   antigos   autores    nào    nos   deixarào 


252 

cscripto  como  se  isto  podesc  alcaiicar  somcnte  ao  meo  dia  que  he 
conta  miiy  certa  e  sein  falencia.  mas  que  iiào  basta  principalmente 
liera  as  via^ens  compridas:  nas  quaes  muitas  vezes  acontece  en- 
Lobrirse  o  sol  ao  meo  dia:  e  dahi  a  poucas  oras  amostrarse  nos 
muito  craro.  Déterminer  eu  despoys  de  ter  estudado  nas  sciencias 
malhematicas  e  cosmo^raphia  :  inquirir  modo  per  que  podesemos 
em  todo  tempo  que  ouuer  sol:  assi  no  mar  como  na  terra:  saber 
em  que  altura  do  polo  estamos:  e  mediante  a  diuina  bondade  per 
muy  faciles  principios  o  alcancey.  K  vindo  ao  seruico  do  muito 
escrarecido  e  muito  excelente  princepe  o  Infante  Dom  Anrique: 
pera  o  instruir  nas  sciencias  mathematicas:  Ihe  fiz  disso  figura  e 
demostraçào  em  piano.  E  despois  no  anno  de  •  1533  •  em  Kuora: 
dey  a  el  Rey  nosso  senhor  o  re^imento  escripto  em  hua  folha  de 
papel:  e  perante  sua  alteza  tomey  a  altura  do  polo  da  dita  cidade 
ja  tarde:  pouco  tempo  antes  do  sol  posio:  e  achey  que  era  •  38  • 
tîraos  e  quasi  hum  terco.  H!  porque  ate  ora  o  mais  do  tempo  fuy 
doente:  e  o  dito  regimeiito  que  assi  escreui  :  tinha  necessidade  de 
algua  mais  decraraçào  pera  se  poder  praticar  ho  nào  comuniquey 
a  todos:  posto  que  meu  desejo  sempre  fosse  e  he:  tirarse  de  mi- 
nhas  letras  algum  fructo  pera  esta  arte  de  nauegar.  E  porque  ne- 
nhua  regra  que  tem  ho  fundamento  na  parte  especulatiua  ou  theo- 
rica:  pode  ser  bem  praticada  e  entendida:  sem  noticia  daquelles 
principios  em  que  se  funda:  porque  doutra  sorte  os  que  délia 
vsassem  facilmente  se  enganariào:  me  pareceo  cousa  conueniente: 
antes  de  trazer  a  arte  como  se  aja  de  tomar  a  altura  a  toda  a  hora 
do  dia:  que  precedesse  algua  theorica  disso  :  e  separeya  da  pratica 
por  nào  misturar  o  regimento  de  que  cada  hora  se  ha  de  vsar  com 
demostraçôes  de  geometria  pois  isto  fez  a  Ptolomeu  ser  escuro  no 
Almagesto. 

Revista  de   Eng.  Mil.   1911,  p.  487. 


N«  4. 

LETTRE  DE  MAITRE  JOÀO, 

PILOTE  DE  L'EXPÉDITION  D'ALVAREZ  CABRAL, 
AU  ROI  D.  MANUEL. 

(Vera  Cruz,  le   Ki   mai   1500.) 
Sefior  —  O  bacherel  mestre  Johan  fisico  e  çerurgyano  de  vosa 
alteza    beso    vosas    reaies    manos.    Sefior   porque    de    todo    lo   aca 


253 

pasado  largamente  escriuieron  a  vosa  alteza  asy  arias  correa  como 
todos  los  otros,  solamente  escreuire  dos  puntos  Sefior  ayer  segunda 
feira  que  fueron  21  de  abril  desçendimos  en  terra  yo  e  el  pyloto 
do  capitan  moor  e  el  pyloto  de  Sancho  de  touar  e  tomamos  el 
altura  del  soi  al  medio  dia  e  fallamos  56  grados  e  la  sonbra  era 
septentrional  por  lo  quai  segund  las  reglas  del  estrolabio  jusgamos 
ser  afastados  de  la  equinocial  por  17  grados,  e  por  consyguiente 
tener  el  altura  del  polo  antartico  en  17  grados,  segund  que  es 
magnifiesto  en  el  espéra  e  esto  es  quanto  alo  uno,  por  lo  quai  sabra 
vosa  alteza  que  todos  los  pylotos  van  adiante  de  mi  en  tanto  que 
pero  escolar  va  adiante  150  léguas  e  otros  mas  e  otros  menos: 
pero  quien  dise  la  verdad  non  se  puede  certyficar  fasta  que  en  boa 
ora  allegemos  al  cabo  de  boa  esperanca  e  ally  sabremos  quien  va 
mas  cierto  ellos  con  la  carta,  o  yo  con  la  carta  e  con  el  estrolabio: 
quanto  Seiîor  al  sytyo  desta  terra  mande  vosa  alteza  traer  un  napa- 
mundi  que  tyene  pero  vaaz  bisagudo  e  por  ay  podra  ver  vosa  al- 
teza el  sytyo  desta  terra,  en  pero  aquel  napamundi  non  certyfica 
esta  terra  ser  habytada,  o  no:  es  napamundi  antiguo  e  ally  fallara 
vosa  alteza  escrita  tan  b\'en  la  mina:  ayer  casy  cntendimos  per  aselios 
que  esta  era  ysla  e  que  eran  quatro  e  que  de  otra  ysla  vyenen  aqui 
almadias  a  pelear  con  ellos  e  los  lleuan  catiuos:  quanto  Senhor  al 
otro  puncto  sabra  vosa  alteza  que  cerca  de  las  estrellas  yo  he  traba- 
jado  algo  de  lo  que  he  podido  pero  non  mucho  a  cabsa  de  una 
pyerna  que  tengo  mui  mala  que  de  una  cosadura  se  me  ha  fecho 
una  chaga  mayor  que  la  palma  de  la  mano.  e  tan  byen  a  cabsa 
de  este  navio  ser  mucho  pequeno  e  mui  cargado  que  non  ay  lugar 
pera  cosa  ninguna  solamente  mando  a  vosa  alteza  como  estan 
situadas  las  estrellas  del,  pero  en  que  grado  esta  cada  una  non 
lo  he  podido  saber,  antes  me  paresce  ser  inposible  en  la  mar  to- 
marse  altura  de  ninguna  estrella  porque  yo  trabaje  mucho  en  eso 
e  por  poco  que  el  nauio  enbalance  se  yerran  quatro,  o  cinco  gra- 
dos, de  guisa  que  se  non  puede  fazer  synon  en  terra,  e  otro  tanto 
casy  digo  de  las  tablas  de  la  India  que  se  non  pueden  tomar  con 
ellas  sy  non  con  Fiiui  mucho  trabajo,  que  si  vosa  alteza  supyese 
como  desconcertauan  todos  en  las  pulgadas  reyrya  dello  mas  que 
del  estrolabio  porque  desde  lisboa  ate  as  canarias  unos  de  otros 
desconcertauan  en  muchas  pulgadas  que  unos  desian  mas  que  otros 
très  e  quatro  pulgadas,  e  otro  tanto  desde  las  canarias  ate  as  yslas 
de  cabo  verde,  e  esto  resguardando  todos  que  el  tomar  fuese  a 
una  misma  ora,  de  guisa  que  mas  jusgauan  quantas  pulgadas  eran 


254 

por  la  quantydad  del  camino  que  les  paresçia  que  avyan  andado 
que  non  el  camino  por  las  pul^adas:  tornando  Senor  ai  proposito 
estas  j^uardas  nunca  se  escondeii   antes  syeiipre   andan   en  deredor 


sobre  el  orizonte,  e  aun  esto  dudoso  que  non  se  quai  de  aquellas 
dos  mas  baxas  sea  el  polo  antartyco,  e  estas  estrellas  prinçipalmente 
las  de  la  crus  son  grandes  casy  como  las  del  carro,  e  la  estrella 
del  polo  antartyco,  o  sul  es  pequena  como  la  del  norte  e  muy 
Clara,  e  la  estrella  que  esta  en  riba  de  toda  la  crus  es  mucho  pe- 
quena: non  quiero  mas  alargar  por  non  ynportunar  a  vosa  alteza. 
saluo  que  quedo  rogando  a  noso  Senor  ihesu  christo  la  vyda  e 
estado  de  vosa  alteza  acresçiente  como  vosa  alteza  desea.  Fecha 
en  uera  crus  a  primero  de  maio  de  500  •  pera  la  mar  mejor  es 
regyrse  por  el  altura  del  sol  que  non  por  ninguna  estrella  e  mejor 
con  estrolabio  que  non  con  quadrante  nin  con  otro  ningud  estru- 
mento. 

do  criado  de  vosa  alteza  e  voso  leal  servidor. 

Johannes 

artium  et  jnedicine  bachalarius. 

A.  C.  Teixeiro  de  Aragâo.  Brève  iioticia  sobre  o 
descobrimento  da  America,  por  A.  C.  Teixeira  de 
Aragâo.  Lisboa,  1892,  p.  61,  et  Alguns  dociiinentos 
do  Archiva  Nacional  da  Torre  do  Tomba.  Lisboa, 
1892,  p.  121—123. 

Voir  aussi   Sousa  Viterbo  Trabalhos   Naiiticos. 
Lisboa,  1898,  t  1,  p.  168.        1  2,  p.  285. 


255 

N°  5. 

EXTRAITS  DE  GASPAR  CORREA  SUR  ZACUTO. 

Gaspar  Correa.  Lendas  da  liidia:  Collecçào  de  moiuimentos  iiieditos  para 
a  historia  das  coiiqiiistas  portiit^iiezas.  Academia  Real,  Lisboa.  1858,  Livro  I. 
Tomo  I. 

CAPiTULO  III. 

Como  per  falecimento  deirey  D.  Joào  elrey  Do  m 
M  a  n  o  e  1  q  u  e  s  u  c  c  e  d  e  o  no  r  e  y  n  o  t  o  m  o  u  e  n  t  e  n  d  i  m  e  ii  t  o  n  o 
descobri  m  en  to  da  India. 


E  metido  o  sentido  nesse  cuidado,  e  como  prudentissimo 
homem  de  grande  conselho,  quiz  primeiro  tomar  boa  informaçào 
do  que  era  e  podia  fazer  primeiro  que  começasse  hum  tào  grande 
feito,  nom  querendo  arriscar  em  vào  suas  despezas,  e  vidas  de 
seus  vassalos,  determinando  primeiro  auer  verdadeira  enformaçà 
nom  querendo  começar  cousa  que  nom  acabasse,  e  mormente  esta 
tào  grande  em  começo  de  seu  Reynado  :  no  que  assi  consirando 
e  porque  algum  tanto  era  inclinado  as  cousas  de  estronomia, 
mandou  chamar  a  Beja  hum  Judeu  seu  muito  conhecido,  que  era 
grande  estrohco,  chamado  Çacoto,  corn  o  quai  falou  em  seu  segredo 
muito  Ih'encarregando  que  trabalhasse  de  saber,  se  Ihe  aconselhaua 
que  entendesse  no  descobrimento  da  India,  e  se  era  cousa  que 
podia  ser,  porque  o  trabalho,  que  nisso  ouvesse  se  nom  perdesse 
em  vào,  porque  se  possiuel  fosse,  elle  pera  isso  tinha  muita  vontade 
nisso  gastar  todo  o  possiuel,  mas  que  elle  nada  auia  de  fazer  sem 
seu  conselho,  e  por  isso  o  chamara,  que  portanto  Ihe  muito  en- 
comendaua  que  visse  e  olhasse  muito  bem  o  que  disto  alcançaua 
per  seu  bom  saber,  e  pera  isso  tomasse  o  espaço  que  quizesse 
pera  Ihe  dar  reposta.  Do  que  o  Judeu  se  muito  encarregou,  e  se 
tornou  a  Beja,  e  fazendo  suas  diligencias  aprouve  a  Nosso  Senhor 
Ihe  mostrar  sua  vontade,  e  tendo  todo  bem  alcançado.  se  tornou 
a  EIRey  com  muito  prazer,  e  Ihe  disse: 

„Senhor,  com  o  muito  cuidado  que  tomei  no  que  me  Vossa 
Alteza  tanto  encarregou,  com  o  querer  de  Nosso  Senhor,  o 
que  achei  e  tenho  sabido  he,  que  a  prouincia  da  India  he  mui 
longe  desta  nossa  regiào,  alongada  par  longos  mares  e  terras, 
todas  de  gentes  prêtas  os  naturaes;  em  que  ha  grandes  riquezas, 
e  mercadorias    cjue    correiii    per    limitas    partes   do    mundo,    e 


256 

tudo  de  miiito  perij^o,  priiiiciro  que  possào  vir  a  esta  nossa 
regiào,  o  que  tenho  bem  olhado,  e  por  querer  de  Nosso 
Senhor  alcançado  que  Vossa  Alteza  a  descobrirâ,  e  grande 
parte  da  India  sogigarâ  em  mui  breue  tempo,  porque,  Senhor, 
vosso  planeta  he  grande  sob  a  diuisa  de  Vossa  Real  pessoa, 
a  espéra  em  que  se  contem  os  Ceos  e  terra,  que  tudo  Deos 
querera  trazer  a  vosso  poder,  e  tudo  acabarâ  o  que  nunca 
acabâra  EIRey  que  Deos  tem,  inda  que  todo  seu  Reino  nisso 
gastâra,  porque  esta  cousa  Deos  a  tinha  guardado  pera  Vossa 
Alteza.  F!  acho  que  a  India  descobrirào  dous  irmàos  vossos 
naturaes,  mas  quaes  elles  sejào  eu  o  nào  alcanço.  Mas  pois 
de  Deos  assi  esta  ordenado  elle  o  mostrarâ,  polo  que  tenho 
a  Vossa  Alteza  dito'toda  verdade  do  que  ponho  minha  cabeça 
a  penhor  sob  o  aprazimento  de  Nosso  Senhor,  em  cujo  poder 
tudo  he." 

O  que  todo  ouvido  por  EIRey,  deu  ao  Judeu  grandes  agra- 
decimentos  por  tào  boas  nouas  que  Ihe  daua,  e  muito  defendeo 
que  tiuesse  grande  segredo,  pelo  muito  que  compria  a  seu  estado. 

L.  I,  t.   1,  p.  y. 
CAPiTULO  vm. 

Como  EIRey  pedio  razào  ao  estrolico  Çacuto 
d'estas  naos  nào  acharem  contraste  de  tempos  contrarios 
e  t  o  r  m  e  n  t  a  s ,  que  as  outras  naos  a  c  h  a  r  à  o  e  o  Çacuto 
1  h  ()  d  ecl  a  ro  u. 

EIRey  era  muyto  inclinado  a  estrolomia,  polo  que  muytas 
vezes  praticaua  com  o  Judeo  Çacuto,  porque  em  todo  achaua  muy 
certo,  e  sendo  assi  chegadas  estas  que  Ihe  diziào  nom  acharem 
nenhum  temporal  contrario  a  seo  caminho,  achando  as  outras 
tantas  fortunas,  sobre  o  que  EIRey  praticaua  com  os  pilotos,  que 
nenhuma  razào  Ihe  sabiào  dar  a  isso,  sendo  hum  dia  o  Judeo 
Çacuto  présente,  e  ouvindo  todo,  disse  a  EIRey: 

„Senhor,  o  mar  que  as  vossas  naos  correm  he  muy  grande, 
em  que  em  humas  partes  ha  verào,  e  em  outras  inuerno,  e  todo 
em  hum  caminho;  e  poderào  hir  duas  naos,  huma  apôs  outra 
ambas  per  hum  caminho,  huma  chegarà  a  huma  paragem  quando 
aly  for  inuerno,  e  acharâ  tormenta,  e  a  outra  quando  aly  chegar 
sera  verào  e  nom  acharâ  tormenta  que  a  outra  aly  achou  :  e  esta 
é  a  razào  porque  huns  acharào  tormenta,  e  outros  nào.  E  por- 
que os  invernos  e  verôes  nom  sào  certos  em  hum  proprio  lugar 


257 

he  porque  o  mar  he  muy  largo  e  muy  deserto,  apartado  das 
terras,  e  cursào  as  tormentas  e  bonanças  per  muytas  partes  in- 
certas.  Mas  quando  os  nauegantes  desta  carreira  tiuerem  mais 
experiencia  em  seo  caminhar,  que  elles  saibào  tomar  o  verào  que 
tem  neste  golfào  daqui  ao  Cabo  de  Boa  Esperanca,  assi  a  hida 
como  a  vinda,  andarào  elles  este  caminho  em  muy  breue  tempo, 
e  sem  trabalho  hirào  e  virào  a  saluamento,  se  forem  prudentes 
em  seo  nauegar.  E  porque,  Senhor,  com  o  muyto  desejo  que 
tenho  a  seo  seruiço  tenho  muyto  trabalhado  por  entender  os 
segredos  desta  nauegaçào,  tenho  entendido  que  o  apartamento  do 
sol  causa  as  tormentas  e  desuairos  dos  tempos;  porque  apar- 
tando-se  o  sol  da  linha  equinocial  pera  a  parte  do  Norte,  fica 
sombra  e  friura  a  parte  do  Sul.  Este  mingoamento  da  quentura 
do  sol,  causa  o  mingoamento  dos  dias  que  sâo  mais  pequenos, 
e  acrecenta  as  tempestades  pela  friura  das  agoas,  que  se  mais 
aleuantào  com  os  ventos.  E  porque  o  Cabo  da  Boa  Esperanca 
entra  muyto  no  mar  pera  a  banda  do  Sul,  polo  que  sendo  o 
sol  apartado  da  linha  pera  a  parte  do  Norte,  que  fica  a  sombra 
e  friura  a  parte  do  Sul,  entào  causa  assi  as  grandes  tormentas 
e  tempestades,  e  dias  pequenos,  e  de  pouca  claridade,  que  as 
naos  achào,  porque  o  sol  he  dali  muyto  afastado;  e  quando  o 
sol  anda  pera  a  parte  do  Sul,  entào  no  mar  do  Cabo  da  Boa 
Esperanca  hauerâ  bonanças,  e  os  dias  quentes  e  mayores.  E  por- 
que no  tempo  que  as  naos  vào  demandando  o  Cabo,  ou  sâo  nelle, 
o  sol  he  affastado  pera  a  parte  do  Norte,  por  essa  causa  ficào  no 
cabo  as  tormentas  e  escuridào  dos  dias  pequenos;  e  por  isso  os 
F^tolomeus  e  outros  que  escreverào,  Ihe  chamârào  o  Cabo  Tor- 
mentorium,  porque  he  deserto  do  abrigo  de  terras  que  estào  délie 
muy  longe,  porque  da  banda  de  Leste  e  de  Loeste  nom  ha  terra, 
somente  per  linha  direita  a  mais  perto  he  costa  da  India  até  o 
cabo  de  Comorym,  e  destoutra  parte  pola  mesma  linha  o  Cabo 
Verde,  que  he  muy  grande  distancia  de  caminho:  e  com  a  naue- 
gaçào, que  agora  fazem  as  naos,  por  dobrar  por  barlauento  do 
Cabo,  dandolhe  resguardo  por  caso  de  os  ventos  serem  do  mar, 
fazem  rodeo  com  que  andào  mais  de  sete  mil  legoas,  no  quai 
caminho  muyto  encurtarào,  e  emmendarào  quando  os  pilotos 
tiuerem  este  esperimento  do  apartamento  do  sol  pera  que  parte 
anda,  que  he  a  causa  dos  bons  tempos  e  maos,  que  causa  o 
apartamento  do  sol.  E  porque,  Senhor,  nisto  tenho  muyto  tra- 
balhado. por  me  certificar  na  verdade   tirey  hum  esperimento  da 

17 


258 

declinaçào  do  sol  do  apartamento   que   se   aparta   da   linha   pera 
cada  parte  do  Norte   ou  do  Siil,   e  quanto  tempo  anda  de    hum 
cabo,  e  quanto  do  outro,  e  até  onde  che^a,  e  se  corre  tanto  ao 
ir,  como  ao  tornar,   e  achey  que  tudo  andaua   per  hum  curso  e 
compasso  ordinario.    O  que  todo  tenho  bem  sabido,  edecla- 
radoper  hum  modo  de  re^imento,   o  que  cada  dia  se  aparta 
o   sol,  assi  â  hida,  como  a  tornada,    per  ta!  modo  que  em  qual- 
quer  parte  que  nauegantes  tiuerem  vista  do  sol  ao  meo  dia,  ou  de 
noite  a  estrella  do  Norte,  e  fazendo  sua  conta  da  declinaçào  do  sol, 
saberào  quanto  caminho  andào,   e   saberào   nauegar   per  todo  o 
mar  do  mundo:    e   se    a  Nosso   Senhor  aprouver  que  acabe  de 
saber  algumas  duvidas  que  inda  tenho  escuras,   affirmo  a  Vossa 
Alteza  que  entào,  esta  nauegaçào  pera  a  India  sera  tào  facil,  que 
a  poderào  nauegar  muy  pequenos  barcos,  e  tào  pequenos  quanto 
somente  possâo  agasalhar   o  comer,    e   agoa   da  gante    que  for, 
porque  todo  o  bem  deste  caminho  e  nauegaçào  ha  de  ser  saber 
tomar  os  tempos  em  suas  proprias  monçôes  pera  que  nom  achem 
tormentas  e  ventos  contrairos,  que  Ihe  causào  as  detencas." 
O   que   todo   bem   ouvido   por  EIRey    houve    muyto  contenta- 
mento   e   prometendo   ao  Judeu    muytas   merces   por  seu  trabalho, 
Ihe  muyto  encommendou  que  désse  cabo   a  tào   boa   cousa   como 
tinha  começado.    Ao   que  o   Judeu   se   offereceo,   e   como   ja  tudo 
tinha   exprimentado,   e   sabido  a  certeza   do   decurso   do   sol,   e  os 
mudamentos  que  fazia,  tomando  o  esprimento   polas   estrellas  com 
suas  artes  da  estrolomia,  fez  hum  regimento  desta  declinaçào 
do  sol,  apartando  os  annos,  cada  hum  sobre  sy,  e  os  mezes  e  dias 
de   hum    ano   bisexto   até   o   outro,   que   sào  quatro   anos   aponta- 
damente,   de   quanto   anda   o   sol   cada  dia,   contado  de  meo  dia  a 
meo  dia,  assi  pera  a  banda  do  Norte,  como  pera  a  banda  do  Sul, 
todo  per  grande  concerto  e  boa  ordem  ;  pera  o  que  fez  huma  pasta 
de  cobre  da  grossura  de  meo  dedo,  redonda,  com  huma  argola  em 
que  estava  dependurada  direita,  e  nella  linhas  e  pontos,  e  no  meo 
outra  chapa,  assi  de  cobre  corrediça  ao  redor,  e  nella  postos  huns 
pontos  furados  direitos  hum  do  outro,  porque  entrado    o   sol    per 
ambos,   no   ponto   do  meo  dia,  se  via  em  que  parte  estaua  o  sol, 
tudo  per  grande  arte  e  subtil  modo,  e  Ihe  chamou  estrolabio,   que 
tomando  assi  o  lugar  certo  em  que  estaua  o  sol,  e  feita  conta  polo 
regimento  na  tauoa  de  cada  ano,  se  sabia  as  legoas  que  erào  an- 
dadas.  O  que  o  Judeu  ensinou  a  alguns  pilotos,  que  Ihe  EIRey  mandou, 
como  e  de  que  modo  hauiào  de  tomar  o  sol  em  o  ponto  do  meo 


259 

dia  com  o   estrolabio,   ensinandolhe    a   conta   que   hauiào   de 
fazer  polas  tauoadas  do  regimento,  no  que  em  todo  os  muyto 
industriou  os  quaes  ElRey    logo   mandou    fora  nauegar  pera  huma 
certa  parte,  a  que  o  Judeo  deu  humas  cartas   grandes   com    riscos 
de  cores,  différentes,  que  mostrauào  os  nomes   dos  ventos  ao  der- 
redor  da  estrella  do  Norte,  a  que  se  pos  nome  agulha  de   marear, 
compasso  dos  graos  do  Sul  pera  a  conta   das  legoas   no   discurso 
do  andar  do  Sol,   com  outros  muytos   concertos   esprimentos   que 
os  pilotos  entenderào,  e  exprimentârào  com  as  correntes  das  agoas. 
Com  que  a  dita  sciencia  de  pilotar  foy  de  cada  vez  mais  exprimen- 
tada  e  sabida,  e  nauegando  pondo  nas  cartas  as  terras,  e  ilhas  nos 
seus  proprios  limites  d'altura  do   sol   per  conto  das  legoas,   e  der- 
rotas  dos  ventos  e  sondas,  e  mostras,  o  que  de  cada  vez  se  mais 
foy  apurando   em   tanta   perfeiçào   como  ora  esta.    Deos  seja  pera 
sempre    muyto    louvado,    que    Ihe   aprouve  que   o  Judeo  falou  tào 
certo  em  todo  e  nos  pequenos  barcos  nauegarem  esta  carreira,  como 
depois  se  vio  e  se  acharâ   per  esta   lenda   em   diante   em   algumas 
partes.    ElRey   houve   esto  per   tamanho    seruiço  como   se  mostra, 
e  tomou  disso  tamanho  contentamento,  que  fez   ao   Judeo   muytas 
merces,  com  que  elle   se   mais   refinou,   tomando   mores   trabalhos 
em  fazer  outro  mor  concerto,  que  nesta  obra  ficaua  falta,  que  com- 
pria  se  apurar,  porque  sendo  tempo  chuvoso.  que  o  sol  fosse  cu- 
berto,  que  o  sol   nom  parecesse,  pera  se  tomar  no  estrolabio  polo 
que   ficariào   cegos   em   seu   caminhar,    concertou   as    tauoadas   do 
descurso  do  sol  com  as  circunferencias  da  estrella   do  Norte,   pera 
o  que  fez  outro  arteficio   pera    tomar   o    ponto    em   que  estaua   a 
estrella  do  Norte,  per  tal  arte,  com  que  de  todo  os  pilotos  ficârào 
em  muy  perfeito  saber  de  nauegar  em  todos  os  tempos  em  muyta 
perfeiçào;  em  que  assi  tratando  a  nauegaçào   pera   a    India  e  pera 
outras    partes,  se    forào    muyto   apurando   em  mais  perfeiçào  polo 
exprimento   que   tomauào  das  cousas,    nauegando  assi   com  o  sol, 
como  com  a  escuridâo  da  noite. 

O  que  tudo  foy  em  tanto  crecimento  de  bem,  como  oje  em 
dia  parece  ao  seruiço  do  Senhor  Deos;  porque  homens  scientes, 
e  de  sobtys  entendimentos  forào  mais  entendendo  e  alcançando, 
com  que  ora  esta  cm  toda  perfeiçào.  O  que  todo  foy  principiado 
por  o  dito  Judeo,  chamado  Çacuto,  grande  estrolico,  que  depois 
fugio  de  Portugal  pera  Gulfô  como  se  passârào  outros  muytos,  e 
la  morrec)  cm  sua  crroiiia  cm  que  o  imigo  o  cegou,  tendo  laiilo 
saber    das   estrellas   ficar  ccgo    em    tào    claro    dia    csomo    hc    nosa 


260 

Santa  Fé  Catholica,  e  por  esta  causa  passoii  neste  ano  de  1502, 
o  pus  aqui  por  sua  memoria,  que  isto  escreuo  neste  ano  de  1561. 
Deos  seja  pera  sempre  louvado. 

L.  I,  t.   1,  p.  261. 

Armada  dos  A I  b  o  q  u  e  r  q  u  e  s  que  p  a  s  s  a  r  à  o  â  I  n  d  i  a  o  a  n  n  o 

de  503. 

E  os  Capitàes  que  este  ano  mandou  forào  Afonso  d'Alboquer- 
que,  com  bandeira,  o  corn  elle  Vicente  d'Alboquerque  seu  sobrinho, 
e  Duarte  Pacheco  Pereira;  e  Francisco  d'Alboquerque  com  bandeira, 
e  com  elle  Nicolao  Coelho,  e  Fernào  Martins  d'Almada,  pera  ir 
andar  d'armada  no  cabo  de  Guardafuy:  todas  estas  armadas,  prouidas 
com  grande  prouimento  de  todo  o  necessario  com  que  partirào  do 
Reyno,  nauegando  polo  regimento  que  dera  o  judeu  Çacuto,  que 
jâ  os  pilotos  tinhào  exprimentado,  nauegando  pera  outras  partes  a 
que  EIRey  a  isso  os  mandara. 

L.  I,  t.   1,  p.  374. 

N°  6. 

EXTRAITS  DE  JOÂO  DE  BARROS.  „DA  ASIA". 

Edition   1778—1788.     Lisboa. 

MAÎTRE  JACOMO  DE  MALHORCA. 

„Em  que  (D.  Henrique)  nào  sômente  encommendou  as  cousas 
ao  boni  succedimento  délias,  mas  ainda  teve  nelle  muita  industria, 
e  prudencia  pera  conseguirem  prospero  fim  ;  porque  pera  este  des- 
cubrimento  mandou  vir  da  llha  de  Malhorca  hum  Mestre  Jacome, 
homem  mui  docto  na  arte  de  navegar,  que  fazia  cartas,  e  instru- 
mentos,  o  quai  Ihe  custou  muito  pelo  trazer  a  este  Reyno  pera 
ensinar  sua  sciencia  aos  officiaes  Portuguezes  daquelle  mester." 

D.   1,  L.   1,  cap.   16,  p.   133. 

N"  7. 

OBSERVATIONS  ASTRONOMIQUES  DE  VASCO  DA  GAMA 
DÉCEMBRE  1497. 

„E  a  primeira  terra  que  tomou,  antes  de  chegar  ao  Cabo  de 
Boa  Esperança,  foi  a  baia,  a  que  ora  chamam  de  Sancta  Helena, 
havendo  sinco  mezes  que  era  partido  de  Lisboa,  onde  sahio  em 
terra  por  fazer  aguada,  e  assi  tomar  a  altura  do  Sol;  porque  como 


261 

do  uso  do  astrolabio  pera  aquelle  mister  da  navegaçâo  havia  pouco 
tempo  que  os  mareantes  deste  Reyno  se  aproveitavam,  e  os  navios 
eram  pequenos,  nào  confiava  muito  de  a  tomar  dentro  nelles  por 
causa  do  seu  arfar.  Principalmente  com  hum  astrolabio  de  pâo  de 
très  palmos  de  diametro,  o  quai  armavam  em  très  pâos  a  maneira 
de  cabrea  por  melhor  segurar  a  linha  Solar,  e  mais  verificada,  e 
distinctamente  poderem  saber  a  verdadeira  altura  d'aquelle  lugar; 
posto  que  levassem  outros  de  latào  mais  pequenos,  tào  rustica- 
mente  começou  esta  arte,  que  tanto  fructo  tem  dado  ao  navegar. 
E  porque  em  este  Reyno  de  Portugal  se  achou  o  primeiro  uso 
délie  em  a  navegacào,  (perô  que  em  a  nossa  Geografia  largamente 
tratamos  desta  materia  em  os  primeiros  Livros  délia,)  nào  sera 
estranho  deste  lugar  dizermos  quando,  e  per  quem  foi  achado,  pois 
nào  he  de  menos  louvor  este  seu  trabalho,  que  o  d'outros  novos 
inventores,  que  achâram  cousas  proveitosas  pera  uso  dos  homens. 

D.  1,  L,  4,  cap.  2,  p.  280. 

N"  8. 

LA  JUNTA  DOS  MATHEiMATlCOS  ET  L'ASTRONOMIE. 

No  tempo  que  o  Infante  Dom  Henrique  começou  o  descubri- 
mento  de  Guiné,  toda  a  navegacào  dos  mareantes  era  ao  longo  da 
Costa,  levando-a  sempre  por  rumo,  da  quai  tinham  suas  noticias 
per  sinaes  de  que  faziam  roteiros,  como  ainda  ao  présente  usam 
em  alguma  maneira,  e  pera  aquelle  modo  de  descubrir  isto  bastava. 
Perô  depois  que  elles  quizeram  navegar  o  descuberto,  perdendo  a 
vista  da  costa,  e  engolfando-se  no  pégo  do  mar,  conhecêram  quan- 
tos  enganos  recebiam  na  estimativa,  e  juizo  das  sangraduras,  que 
segundo  seu  modo  em  vinte  e  quatro  horas  davam  de  caminho  ao 
navio,  assi  por  razào  das  correntes,  como  d'outros  segredos,  que 
o  mar  tem,  da  quai  verdade  de  caminho  a  altura  he  mui  certo 
mostrador.  Perô  como  a  necessidade  he  mestra  de  todalas  artes, 
em  tempo  del  Rey  D.  Joào  o  Segundo  foi  per  elle  encommendado 
este  negocio  a  Mestre  Rodrigo,  e  a  Mestre  Josepe  Judeo,  ambos 
seus  Medicos,  e  a  hum  Martim  de  Boemia  natural  daquellas  partes, 
o  quai  se  gloreava  ser  discipulo  de  Joanne  de  Monte  Regio,  affa- 
mado  Astronomo  entre  os  Professores  desta  sciencia,  os  quaes 
achâram  esta  maneira  de  navegar  per  altura  do  Sol,  de  que 
f  i  z  e  r  a  m  suas  t  a  b  (  )  a  d  a  s  pera  d  e  c  I  i  n  a  ç  à  o  délie,  como  se 
ora    usa    entre    os    navegantes.    jâ    mais    apuradamente 


262 

do  que  começou,  em   que   serviam  estes  grandes  astro- 

labios  de  pâo. 

[).  1,  L  4,  cap.  2,  p.  281. 

N^'  9. 

VASCO  DA  GAMA  ET  LE  I^ILOTE  UE  MÉLINDE. 

Estes  entrando  em  o  navio  de  Vasco  da  Gama,  e  vendo  na 
sua  camara  tiuma  imagem  de  Nossa  Senhora  em  hum  retavolo  de 
pincel,  e  que  os  nossos  Ihe  faziam  reverencia,  fizeram  elles  ado- 
raçào  com  muito  maior  acatamento;  e  como  gente  que  se  deleitava 
na  vista  daquella  imagem,  logo  ao  outro  dia  tornâram  a  ella,  offe- 
recendo-lhe  cravo,  pimenta,  e  outras  mostras  de  especiarias  das  que 
vieram  alli  vender,  e  se  foram  contentes  dos  nossos  pelo  gazalhado 
que  recebêram,  e  maneira  de  sua  adoracào:  tambem  elles  ficâram 
satisfeitos  do  seu  modo,  parecendo-lhes  ser  aquella  gente  mostra 
de  alguma  Christandade,  que  haveria  na  India  do  tempo  de  S. 
Thomé,  entre  os  quaes  vinha  hum  Mouro  Guzarate  de  nacào  cha- 
mado  MalemoCana,  o  quai  assi  pelo  contentamento  que  teve 
da  conversaçào  dos  nossos,  como  por  comprazer  a  El  Rey,  (de 
Melinde)  que  buscava  Piloto  pera  Ihe  dar,  acceptou  querer  ir  com 
elles.  Do  saber  do  quai  Vasco  da  Gama,  depois  C|ue  praticou  com 
elle,  ficou  muito  contente,  principalmente  quando  ihe  FTiostrou  huma 
carta  de  toda  a  costa  da  India  arrumada  ao  modo  dos 
Mouros,  que  era  em  meridianos,  e  parallelos  mui 
m  judos  sem  outro  rumo  dos  ventos;  porque  como  o 
quadrado  daquelles  meridianos,  e  parallelos  era  mui  pequeno,  ficava 
a  costa  per  aquelles  dous  rumos  de  Norte  Sul,  e  Leste  Oeste  mui 
certa,  sem  ter  aquella  multiplicaçào  de  ventos,  d'agulha  commum 
da  nossa  Carta,  que  serve  de  raiz  das  outras.  E  amostrando-lhe 
Vasco  da  Gama  o  grande  Astrolabio  de  pâo  que  levava,  e  outros 
de  métal,  com  que  tomava  a  altura  do  Sol,  nào  se  espantou  o 
Mouro  disso,  dizendo,  que  alguns  Pilotos  do  mar  Roxo  usa  va  m 
de  instrumentos  de  latào  de  figura  triangular,  e  qua- 
drantes,  com  que  tomavama  altura  do  Sol,  e  principal- 
mente da  estreUa,  de  que  se  mais  serviam  em  a  navegacào. 
Mas  que  elle,  e  os  mareantes  de  Cambaia,  e  de  toda  a  India, 
perô  que  a  sua  navegacào  era  por  certas  estrellas,  assi  do  Norte, 
como  do  Sul,  e  outras  notaveis,  que  cursavam  per  meio  do  Ceo 
de  Oriente  a  Ponente,  nào  tomavam  a  sua  distancia  per  instru- 
mentos semelhantes  aquelles,  mas  per  outro  de  que  se  elle  servia, 


263 

o  quai  instrumento  Ihe  trouxe  logo  a  mostrar,  que  era  de  très 
taboas.  E  porque  da  figura,  e  uso  délias  tratamos  em  a  nossa 
Geografia  em  o  Capitulo  dos  instrumentos  da  navegaçào,  baste 
aqui  saber  que  servem  a  elles  naquella  operacào,  que  ora  âcerca 
de  nos  ser\e  o  instrumento,  a  que  os  mareantes  cha- 
niambalhestilha,  de  quetambemno  Capitulo  que  dis- 
se m  os  se  darâ  razào  délie,  e  dos  seus  inventores. 

Vasco  da  Gama  com  esta,  e  outras  prâticas,  que  per  vezes 
teve  com  este  Piloto,  parecia-lhe  ter  nelle  hum  grào  thesouro,  e 
por  o  nào  perder,  o  mais  brève  que  pode,  depois  que  metteo  per 
consentimento  del  Rey  hum  Padrào  per  nome  Sancto  Espirito  na 
povoaçào,  dizendo  ser  em  testemunho  da  paz,  e  amizade,  que  com 
elle  assentâra,  se  fez  â  vêla  caminho   da   India  a  24  dias  de  Abril. 

D.  1,  L  4,  cap.  6,  p.  318—321. 

N"  10. 
COLOMB  ET  L.\  JLNT.A  DOS  .W.ATMEMATICOS. 

Segundo  todos  affirmam,  Christovào  Colom  era  Genoez  de 
naçào,  homem  esperto,  éloquente,  e  bom  Latino,  e  mui  glorioso 
em  seus  negocios.  E  como  naquelle  tempo  huma  das  potencias 
de  Italia,  que  mais  navegava  por  razào  de  suas  mercadorias,  e 
commercios,  era  a  nacào  Genoez:  este,  seguindo  o  uso  de  sua 
patria,  e  mais  sua  propria  inclinaçào,  andou  navegando  por  o  mar 
de  levante  tanto  tempo,  té  que  veio  a  estas  partes  de  Hespanha,  e 
deo-se  a  navegaçào  do  mar  Oceano,  seguindo  a  ordem  de  vida 
que  ante  tinha.  E  vendo  elle  que  El  Rey  D.  Joào  ordinariamente 
mandava  descubrir  a  costa  de  Africa  com  intencào  de  per  ella  ir 
ter  a  India.  como  era  homem  Latino,  e  curioso  em  as  cousas  da 
Geografia,  e  lia  per  Marco  Paulo,  que  fallava  moderadamente  das 
cousas  Orientaes  do  Reyno  Cathayo,  e  assi  da  grande  ilha  Cypango, 
veio  a  fanteziar  que  per  este  mar  Oceano  Occidental  se  podia  nave- 
gar  tanto,  té  que  fossem  dar  nesta  Ilha  Cypango,  e  em  outras  ter- 
ras incognitas. 

Com  as  quaes  imaginaçôes,  que  Ihe  deo  a  continuacào  de 
navegar,  e  prâtica  dos  homens  desta  profissào,  que  havia  neste 
Reyno  mui  espertos  com  os  descubrimentos  passados,  veio  requerer 
a  El  Rey  D.  Joào  que  Ihe  désse  alguns  navios  pera  ir  descubrir  a 
Ilha  de  Cypango  per   este  mar  Occidental;    nào  confiado  tanto  em 


264 

n  que  tinha  sabido,  (ou  por  nielhor  dizer  sonhado,)  d'algumas 
llhas  OccidLMitacs,  como  qiiLM-L'ni  dizer  al^uns  Escritores  de  Castella, 
quanto  na  experiencia  que  tinha  cm  estes  netiocios  serem  niui 
acreditados  os  Estran^eiros. 


El  Rey,  porque  via  ser  este  Christovào  Coloin  lionieni  falla- 
dor,  e  ^lorioso  em  mostrar  suas  habilidades,  e  mais  fantastico,  e 
de  ima^inaçôes  com  sua  Ilha  Cypango,  que  certo  no  que  dizia, 
dava-lhe  pouco  credito.  Com  tudo  â  força  de  suas  importunaçôes, 
mandou  que  estivesse  com  D.  Diogo  Ortiz  Bispo  de  Cepta,  e  com 
Mestre  Rodrigo,  e  Mestre  Josepe,  a  quem  elle  commettia  estas 
cousas  da  Cosmografia,  e  seus  descubrimentos;  e  todos  houveram 
por  vaidade  as  palavras  de  Christovào  Colom,  por  tudo  ser  fun- 
dado  em  imaginaçôes,  e  cousas  da  Ilha  Cypango  de  Marco  Paulo, 
e  nào  em  o  que  Jeronymo  Cardano  diz.  E  com  este  desengano 
espedido  elle  del  Rey,  se  foi  pera  Castella,  onde  tambem  andou 
ladrando  este  requerimento  em  a  Corte  del  Rey  D.  Fernando,  sem 
o  querer  ouvir,  té  que  per  meio  do  Arcebispo  de  Toledo  D.  Pero 
Oonçalves  de  Mendoça,  El  Rey  o  ouvio.  Finalmente,  recebida  sua 
offerta,  El  Rey  Ihe  mandou  armar  très  caravelas  em  Palos  de 
Moguar,  donde  partio  a  très  dias  de  Agosto  do  anno  mil  quatro 
centos  noventa  e  dous. 

D.  1,  L  3,  cap.  11,  p.  247     250. 

N"   11. 

EL  MAESTRO   DE   LOS   CARTOGRAFOS   MALLOR- 
QUINES  (JAFUDA  CRESQUES). 

Jafuda  Cresques  fué  hijo  de  Cresques  Abrae,  cuyos  antecesores 
hacia  luengos  aiios,  talvez  desde  la  conquista,  que  residian  en  la 
ciudad  de  Mallorca.  Desde  1381  a  1394  habitaba  en  las  casas  in- 
mediatas  al  portai  y  huerto  del  castillo  del  Temple,  y  se  dedicaba 
al  trazado  de  cartas  de  navegar,  y  â  la  fabricacion  de  brùjulas:  era 
pues  un  cosmografo  en  toda  la  estensiôn  de  la  palabra,  en  una 
época  en  que  apenas  queda  rastro  de  taies  conocimientos.  La 
traza  que  tuvo  en  la  construcciôn  de  brùjulas  fué  tal,  que  popular- 
mente  se  le  conocia  mas  que  no  por  maestro  Cresques,  por  el 
judio  de  las  brùjulas.  Pero  si  notable  fué  bajo  este  aspecto, 
no  fué  menor  su  fama  como  cartôgrafo,   llegando    hasta   el   punto 


265 

de  .que  â  su  tienda  acudian  â  proveerse  de  portulanos  y  mapas, 
desde  los  mâs  humildes  navegantes  del  Méditerranée  hasta  los  reyes 
mas  cultos  de  Europa.  En  efecto,  a  ûltimos  de  1381,  D.  Juan  I, 
el  cazador,  enviô  por  su  mensajero  Guillermo  de  Coursey  â  su 
pariente  el  rey  de  Francia,  un  mapa-mundi  que  ténia  en  el  archive 
de  su  palacio  de  Barcelona,  habilmente  trazado  por  el  judio  Cres- 
ques,  quien  debia  dar  a  Coursey  para  que  este  las  trasmitiera  al 
francés,  las  instrucciones  necesarias  para  el  manejo  de  semejante 
instrumento:  prevenia  el  rey  en  su  carta,  que  caso  de  no  encontrarse 
al  autor,  que  un  marinero  experto,  enterase  a  su  mensajero  acerca 
de  la  manera  de  emplearlo.  Este  notable  mapa-mundi,  que  los 
franceses  guardan  hoy  como  veneranda  reliquia,  y  testimonio  in- 
dubitable de  la  superior  cultura  de  sus  monarcas,  que  reprodujeron 
en  1844  Buchon  y  Tastu,  y  Delisle  en  1881,  suponiéndolo  hecho 
en  Cataluna  por  encargo  de  Carlos  el  sâbio,  résulta  que  fué  trazado 
por  el  judio  mallorquin  Jafuda  Cresques  y  que  les  fué  regalado 
por  el  rey  de  Aragon. 

Algun  tiempo  después  (1387),  encarga  de  nuevo  D.  Juan  otro 
mapa-mundi,  por  el  cual  se  abonan  a  Jafuda,  la  al  parecer  para 
aqueila  época  exorbitante  cantidad  de  68  libras.  Por  cierto  que  era 
el  monarca  Amador  de  la  gentileza,  tan  dado  al  manejo  de  taies 
instrumentes,  que  causa  verdadera  sorpresa  ver  con  cuanta 
frecuencia  en  sus  viajes  pide  tablas,  astrolabios  y  mapas. 
Amigo  ta!  vez  de  esparcir  sus  aficiones  entre  los  poderosos,  mien- 
tras  les  pide  libros,  y  lebreles,  y  mùsicos,  por  un  lado,  les  devuelve 
â  su  vez  sus  obsequios  en  astrolabios,  relojes  de  arena,  almanaques 
y  mapas-mundis,  como  sucede  en  1391  con  el  conde  de  Foix.  El 
saqueo  del  Call  de  la  ciudad  de  Mallorca,  y  la  conversion  al 
cristianismo  de  los  judios  aqui  résidentes  en  1391,  comprendiô 
también  â  nuestro  cosmôgrafo.  El  neôfito  dejô  de  llamarse 
Jafuda  Cresques,  y  trocô  su  nombre  por  Jaime  Ribes,  que  asi  se 
llamaba  un  conocido  canonigo  de  la  Seo  que  habia  obtenido  cuatro 
votos  en  la  ûltima  elecciôn  hecha  por  el  Capitulo  para  proveer  la 
mitra  de  Mallorca. 

Desde  esta  fecha,  es  el  maestro  de  mapas-mundis  objeto  de 
repetidas  distinciones  por  parte  del  rey  D.Juan:  por  muchas  cartes 
de  este  monarca  dirigidas  al  Gobernador  y  al  Procurador  real,  se 
le  facilitan  salvo-conductos,  se  le  exime  de  pago  de  ciertos  im- 
puestos,  se  le  ampara  contra  litigantes  temerarios,  i\  él  y  a  su 
familia,  se  le  dan   moratorias,  se  le  llama  a  la  cortc,  etc.  etc.    A  tal 


266 

extremo  llevô  su  entusiasmo  el  rey  por  su  protegido,  que  al  verse 
con  insistencia  llamado  â  la  côrte,  maese  Jaime  vende  su  casa  al 
notario  Pera  de  Sant  Pera  y  se  ausenta  de  la  isla.  Fuc  â  Barcelona, 
ô  â  otra  poblacioii?  Esto  queda  aun  por  averiguar.  Lo  que  si 
sabemos  cierto,  es  que  Don  Martin,  seguia  protegiéndole  en  1409 
â  juzgar  por  una  carta  suya  que  hemos  visto. 

Ahora  bien.  Muerto  D.  Martin,  en  1410,  que  fué  del  cosmôgrafo 
que  tendria  a  la  sazon  unos  50  ô  60  aiios?  Buscô  protecciôn  sus 
â  conocimientos  y  fuese  â  la  floreciente  Italia,  ô  se  trasladô  â  Por- 
tugal, donde  a  la  sazon  el  infante  D.  f:nrique  trataba  de  fundar  la 
acadeinia  nâutica  de  Sagres? 

Esto  ùltimo  es  lo  que  conjeturo,  y  es  verosimil  que  aquel 
Maese  Jacome  de  Majorica,  tan  hâbil  en  el  arte  de  trazar 
cartas  é  instrumentos,  fuése  el  mismisimo  Cresques  cuya  reputacion 
debiô  ser  popularisima.  Que  aquel  Maese  Jacome,  de  Sagres,  no 
fué  el  Jaime  Ferrer,  navegante  ô  mejor  aventurero,  el  que  en  1346 
marche')  al  rio  del  Oro,  y  cuya  escueta  noticia  de  su  viaje  apuntô 
por  primera  vez  Cresques  en  1375  en  sus  mapa-mundi,  y  repro- 
dujeron  los  sucesivos  cosmôgrafos  mallorquines,  esta  probado.  No 
résulta  pues  inverosimil  que  Maese  Jaime  Ribes,  el  converso,  tratara 
al  residir  en  Portugal  de  ocultar  su  origen  judio  y  se  hiciera  llamar 
Maese  Jacome  (Jaime)  de  Mallorca.  Por  de  pronto  cabe 
hacer  constar  que  otra  figura  cientifica  como  la  suya  no 
existia  en  aquel  tiempo  en  Mallorca. 

Para  nosotros,  es  pues  indudable,  aunque  no  podemos  com- 
probarlo  hoy  con  documentos  fehacientes,  como  todo  lo  demas 
que  llevamos  dicho,  que  el  Jafuda  Cresques,  luego  Jaime  Ribes,  el 
cosmôgrafo  de  los  reyes  de  Aragon,  el  gran  primer  maestro  de  la 
brillante  pléyade  de  cartôgrafos  mallorquines,  de  los  Guillermo  Soler, 
los  Vallseca,  los  Viladestes,  los  Olivas,  los  Prunes,  los  Salvat,  y 
otros,  es  el  mismisimo  Maese  Jacome  de  Majorica  primer 
director  de  la  escuela  nâutica  de  Sagres  en  Portugal,  institucion  de 
donde  arrancô  el  gran  poderio  colonial  de  los  portugueses. 

Gabriel  Llabrés. 
(Boletin  de  la  Sociedad  Arqueolôgica  Luliana.   Palma.  Octubre  1890.) 


267 

N°  12. 

CARTOGRAPHIE   CATALANE  ET  MAJORQUINE. 
BIBLIOGRAPHIE. 

D.  Francisco  de  BofaruU  y  Sartorio. 

Revista  Histohca,  Barcelona,  tome  III,  Enero  1876  in  4".  Contient  la 
lettre  de  D.  Juan  el  Cazador  au  comte  de  Foix  (datée  du  1er  juin  1391  >. 
Dans  la  Coleccion  de  cartas  ineditas  etc.  (le  No  11 1. 

./.  A.  C.  Buchon   et  J.  Tastu. 

Notice  d'un  atlas  en  langue  catalane,  manuscrit  de  l'an  1375  conservé 
parmi  les  manuscrits  de  la  Bibliothèque  Royale,  par  J.  A.  C.  Buchon  et 
J.  Tastu. 

Publié  dans  les: 

Notices  et  extraits  des  Manuscrits  de  la  Bibliothèque  du  Roi  et  autres 
Bibliothèques,     tome  14  (1841)  IJe  partie  —  Paris  1841. 
La  carte  catalane   y   est    reproduite    en   6  planches  69\ôl  cm  et   accom- 
pagnée de  152  pages  de  texte. 

L.  DeslisLe. 

Choix  de  Documents  géographiques  conservés  à  la  Bibliothèque  Na- 
tionale de  Paris.    (Maisonneuve  &  Co.)  Paris,  1883. 

Contient  la  reproduction  héliographique  de  l'Atlas  catalan  de  1375. 

Les  planches  sont  à  la  même  échelle  que  l'original,  comme  les  planches 
de  Buchon  et  Tastu. 

Cesario  Fernandez  Diiro. 

1.  Los  cartografos  mallorquines  Angelino  Dulceti  —  Jafuda  Cresques. 

Boletin  de  la  Real  Academia  de  la  Historia  de  Madrid. 

t.  19  (1891)  p.  366-377. 

2.  Même  titre. 

Boletin  de  la  Sociedad  Géografica  de  .Madrid. 

t.  XXXI  (1891)  p.  283-^299. 

3.  Descubrimiento  de  una  carta  de  marear  espanola  del  ano  1339,  su  autor 
Angelino  Dulceri  o  Dulcert.  Boletin  de  la  Real  Academia  de  la  Historia 
de  Madrid.    1888  (abril)  p.  287. 

D.  Fidel  Fita. 

Estrajo  de  las  Juderias  castellanas  en  1391.  Boletin  de  la  Real  Aca- 
demia de  la  Historia  de  Madrid. 

(Conversion  forcée  des  Juifs  de  Majorque)  t.  A' 17,  /;.  433. 

Dr.  F.   T.  Haniy. 

Études  historiques  et  géographiques  par  le  Dr.  E.  T.  Hamy,  Membre 
de  l'Institut.     Paris  1896. 

Cet   ouvrage    traite  dans   un   texte   de  480   pages,   beaucoup   de    ques- 
tions du  plus   haut  intérêt  pour  l'histoire  des  découvertes  maritimes.     \''oir 
les  chapitres  suivants: 

1.  Les  origines  de  la  cartographie  de  l'Lurope  septentrionale,  pages  1  à  92. 

2.  Cresques  lo  Juheu.  Note  sur  un  géographe  juif  catalan,  p.  105.  Cet  article  fut 


268 

ci^ak'inL'iil  publié  dans  le  Bulletin  de  i^roL{rap/ii('  historique  et  descriptive, 
IS9I,  No  3,  Paris  (E.  Leroux). 

3.  Quelques  mots  encore  sur  Cresqucs  lo  Julicu,  p.  44S. 

4.  La  mappemonde  d'An^elino  Dulcert  de  Majorque,  p.  419. 

5.  Notice  sur   une   carte   marine  inédite  du  cosmojjraphe  majorquiii  Clahriel 
de  Vallsecha  (1447),  p.  11 1  et  452. 

l).  Gabriel  LIabrés. 

1.  Los    cartô^rafos    mallorquines.  —  S\g\o    XIV.      Holetin    de   la   Sociedad 
Arqueologica  Luliana.    (Paltna).    18SS  (25  Setiembroi. 

2.  El  maestro  de  los  cartôgrafos  mallorquines;  même   „lioteti/i",  !S9()  (Oc- 
tubro).    Article  reproduit  ci-dessus. 

3.  Cartôj^rafos     mallorquines.      Pué    malloiquin    Angelinus  Dulceti?;    même 
„Boletin",   1890  (Noviembre). 

4.  Algo  mas  sobre  Jafuda  Cresques;  même  „Boletiii",  t.  IV  (Aniio  7)  ii"  140, 
p.  158—161. 

Gabriel  Marcel. 

Article  sur  la  carte  d'Angelino  Uulceti  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
géographique  de  Paris,  1887. 

A.  E.  Nordetiskiôld. 

Péri  pi  us.  Traduction  anglaise  par  F.  .1.  Bather,  1897.  Oeuvre  clas- 
sique traitant  à  plusieurs  endroits  de  la  carte  catalane  et  de  la  cartographie 
majorquine. 

y.  M.  Quadrado. 

La  Juderia  de  la  ciudad  de  Mallorca  en  1.391.  Boletin  de  la  Real 
Academia  de  la  Historia  de  Madrid.     1886,  t.  IX,  p.  299  et  309. 

A  consulter  sur  Jafuda  Cresques  et  les  cartes  qu'il  dessina  pour  le  roi 
l).  juan  d'Aragon. 

Sophus  Rage. 

Qeschichte  des  Zeitalters  der  tntdeckungeii,  Berlin.  1881,  p.  78. 
Reproduit  la  carte  catalane  à  petite  échelle  (sans  les  deux  planches  astro- 
nomiques et  cosmographiques.) 


APPENDICE  N'^  1 


Les  débuts  de  D.  Joào  en  1474. 

La  lettre  de  Toscanelli  est  datée  de  l'année  où  commence  l'action 
coloniale  du  prince  royal;  c'est  une  coïncidence  qui  ne  semble  point 
l'œuvre  du  hasard.  On  dirait  au  contraire  que  l'étude  de  la  route 
de  l'Occident  est  la  conséquence  de  l'apparition  de  D.  Joào  dans  le 
domaine  des  découvertes.  Cette  supposition  nous  a  conduit  à  re- 
chercher d'autres  documents  de  la  même  année,  concernant  la 
marine  et  les  affaires  coloniales. 

On  peut  ainsi  établir  que  les  sujets  suivants  furent  examinés 
en   1474: 

1.  Etude  de  la  route  de  l'Occident  (Toscanelli,    14  juin   1474). 

2.  Interdiction  des  entreprises  maritimes  privées  dans  les  mers 
de  Guinée  (Loi  du  31   aoijt  1474). 

3.  Cautionnement  à  exiger  des  expéditions  maritimes  privées 
destinées  à  des  voyages  au  long  cours  (Loi  du  10  septembre 
1474). 

4.  Mesures  en  faveur  des  armateurs  (exemption  de  droits). 
(Loi  du  4  novembre  1474.) 

L'ensemble  de  ces  questions  accentue  l'importance  à  donner 
à  l'année  1474.  Les  documents  reproduits  à  la  suite  sont  donc  à 
considérer  comme  le  point  de  départ  de  nouvelles  recherches 
devenues  nécessaires  pour  éclaircir  le  commencement  de  l'adminis- 
tration coloniale  de  D  Joào. 

Loi  du  31  août  1474  (Doc.  N"  14).' 

Cette  loi  déclare  d'abord  que  le  commerce  africain,  obtenu  après 
de  grands  sacrifices  et  périls,  était  le  monopole  de  la  couronne,  et 
que   ses   revenus   appartenaient   au   prince   royal.    Elle   confirme    la 

(')  Les  copies  des  documents  N^  14  et  15  nous  ont  été  aimablement 
fournies  par  M.  Antonio  Baiào,  directeur  des  Archives  de  la  Torre  do  Tombo 
à  Lisbonne. 


270 

concession  mentionnée  dans  la  lettre  du  4  mai  1481.  (Doc.  N"  13.) 
Ensuite  on  y  interdit,  sous  peine  de  mort  et  perte  de  biens,  toutes 
les  entreprises  privées  dans  les  mers  et  îles  de  Guinée,  faites  sans 
un  permis  royal.  Pour  de  légères  infractions  à  la  loi  on  était  frappé 
d'une  amende  en  faveur  du  prince;  pour  d'autres  plus  graves  on 
encourait  jusqu'à  la  peine  de  mort. 

Le  privilège  des  droits  commerciaux  avait  été  donné  à  D.  Henrique 
par  la  loi  du  25  février  1449,  les  pénalités  prévues  sont  cependant 
bien  plus  sévères  dans  la  nouvelle  loi. 

En  interdisant  aux  particuliers  le  trafic  dans  les  régions  de  la 
Guinée,  on  déviait  vers  d'autres  parages  l'esprit  entreprenant  de  la 
population  maritime,  de  plus  en  plus  séduite  par  l'importance  crois- 
sante du  commerce  africain.  Les  entreprises  privées,  dont  il  est 
question  dans  la  loi  suivante,  démontrent  le  fait  que  nous  venons 
de  signaler. 

Loi  du  10  septembre  1474  (Doc.  N»  15). 

Par  cette  loi  on  impose  un  cautionnement  aux  navires  des  entre- 
prises privées,  apprêtés  dans  les  ports  du  royaume  pour  les  voyages 
au  long  cours.  On  rend  obligatoire  la  sanction  royale  pour  ces 
expéditions,  et  celle-ci  ne  pouvait  être  accordée  qu'après  la  présen- 
tation d'un  document  du  port  de  départ  prouvant  que  le  cautionne- 
ment imposé  par  la  loi  avait  été  réalisé. 

En  cas  de  contravention  on  prescrit  la  perte  des  biens  pour  le 
propriétaire  du  navire,  le  capitaine  et  l'équipage.  Le  propriétaire 
devait  avoir  la  certitude  de  la  sanction  royale  pour  l'expédition, 
avant  de  réaliser  l'affrètement.  Tous  les  biens  confisqués  revenaient 
à  la  couronne  y  compris  le  navire.  Une  pénalité  sévère  était  encore 
imposée  aux  officiers  en  charge  au  port  de  départ  en  cas  de  négli- 
gence et  on  ordonne  aux  autorités  compétentes  une  vigilance  efficace 
dans  tous  les  ports  du  royaume.  On  avertit  que  de 
nombreux  navires  s'apprêtaient  secrètement  et  quit- 
taient le  port  aussitôt  que  le  cautionnement  leur  était 
demandé. 

Le  dépôt  de  garantie,  exigé  également  dcs  étrangers  ayant 
affrété  des  navires  portugais,  était  une  mesure  de  protection  contre 
le  brigandage  en  mer.  Le  besoin  de  cette  loi  démontre  évidemment 
l'abondance  d'entreprises  maritimes  privées  dans  tous  les  ports  du 
royaume.  Rappelons  que  cette  mesure  législative  est  postérieure 
de  deux  ans  environ  au  voyage  encore  incertain  de  Joào  Vaz  Corte 


271 

Real  et  qu'elle  est  antérieure  de  18  ans  à  la  découverte  de 
Colomb. 

Loi  du  4  novembre  1414} 

Le  développement  des  constructious  navales  avait  été  favorisé 
par  le  roi  D.  Fernando  (1367 — 1383).  Oliveira  Martins  a  déjà  traité 
longuement  la  série  de  lois  promulguées  à  cette  époque;  il  les 
déclare  le  modèle  de  la  législation  maritime  moderne.  - 

La  loi  du  4  novembre  1474  renouvelle  et  étend  les  privilèges 
accordés  aux  armateurs  nationaux  pour  des  bâtiments  supérieurs 
à  100  tonnes.''  Nous  n'avons  pas  examiné  les  détails  de  ce  document 
publié  intégralement  (?)  dans  la  source  indiquée  par  Lopes  de 
Mendonça.  Cette  loi  semble  montrer  qu'en  abordant  les  affaires 
coloniales  D.  Joào  fut  aussitôt  saisi  par  ce  point  capital  des  entre- 
prises maritimes,  les  constructions  navales. 

Document  N"   13. 

Administration  coloniale  de  D.  Joào  dès  1474. 


Lettre  de  confirmation  datée  du  4  mai  148L 

Dom  afomso  etc.  A  quamtos  esta  nossa  carta  virem  fazemos  saber  que 
cm  comsiramdo  noi  como  o  primcepe  doin  Joham  meu  sobre  todos  muito 
prezado  e  amado  fylho  semdo  Ja  em  ydade  de  dezanove  annos  nom  tinha 
algùu  tal  carreguo  nem  ciiidado  em  estes  Regnos  de  mando  e  Regimento 
por  prazer  nosso  Senhor  Deus  de  nos  ajudar  sermos  viuo  e  os  gouernarmos 
e  mandarmos  porque  teuesse  causa  e  cayse  necesedade  de  se  occupar  em 
algiàu  bôo  e  onesto  e.xercicio  porque  espertasse  seu  emtender  e  ouuesse  a 
pratica  de  como  os  Re.x  e  primcepes  gouernam  e  negoceam  e  desembarguam 
as  cousas  que  sob  sua  maào  ordenamça  e  mamdo  sam  o  que  muito  he 
proueitoso  aquel  es  que  esperam  de  uir  a  ai;os  Sennorios  e  gouernamça  de 
Regnos  e  pouos  como  com  a  graça  de  deus  o  dito  meu  filho  espéra  especial- 
memte  aos  que  em  ydade  de  adolecemcia  e  mancebia  sam  os  quaees  a  natu- 
reza  e  asy  os  que  com  elle  comuersam  por  Iso  mesmo  serem  mancebos  e 
merinam   e    tiazem   a    outros    e.xercicios   e   deleetes   e   os   aRed.im   de    to.!a 

(')  Lopes  de  Mendonça,  Estudos  sobre  navios  portuguezes  no  seculo 
XV  e  XVi.  1892  p.  7,  d'après  Livros  ineditos  da  Historia  portugueza  t.  II! 
iLivro  vermelho  de  D.  Affonso  V). 

(-)  Oliveira  Martins,  Portugal  nos  mares,  1902,  p.  24,  29. 

(')  Selon  Lopes  de  Mendonça  pour  comparer  le  tonnage  ancien  à  la 
mesure  moderne  il  faut  doubler  les  nombres  indiqués  dans  les  anciennes 
chroniques  portugaises.  Lopes  de  Mendonça:  Estudos  sobre  navios  portuguezes 
nos  seculos  XV  c  XVI  Lisboa,  1892,  p.  7. 


272 

ocLipaçam  e  cujdado  desprito  R  porem  quiscmos  emcarregiiar  o  dito  meu 
filho  dos  feitos  das  parles  de  Guinée  e  emuestijjaram  dos  mares  terras  e 
.ijerrites  e  cousas  délies  que  aos  uiuemtes  aguora  e  aos  que  nos  preceram 
foram  sempre  muyto  Inotos  alee  o  tempo  do  Ifamte  dom  amrrique  meu  tyo 
cuja  aima  deus  aja  que  comerou  e  trabalhou  muyto  por  emuestigar  e  auer 
de  todas  as  ditas  cousas  noticia  o  quai  carreguo  Ihe  asy  quisemos  dar  porque 
em  elle  se  praticam  as  primcipaees  cousas  em  que  o  Rey  e  primcepc  deue 
saber  negocear.  S.  (a  saber)  guerra  Justiça  e  fazemda,  guerra  porque  muitas 
uezes  lie  necessario  de  se  estes  trautos  defemderem  per  armas  fazemdo  arma- 
das contra  os  que  a  elles  querem  hir  e  em  elles  sem  liçemca  Resguatar. 
Justiça  porque  aquelles  que  comtra  as  lex  feitas  pera  boo  Regimento  e  sorti- 
mento  dos  ditos  trautos  vaa,  ajam  de  ser  punidos  por  Justiça.  Fazemda  por- 
que dos  ditos  trautos  se  ha  Remda  e  proueito  ao  quai  se  deue  dar  hordem 
perque  se  comserue  e  acrecemte.  E  comsiramdo  nos  Iso  mesmo  como  o  dito 
meu  fylho  a  que  aquelle  tempo  démos  sua  Caza  e  modo  pera  per  sy  uiuer  na 
maneira  e  estado  que  a  elle  comuinha  eram  necesarias  grossas  Remdas  pera 
seu  soportamento  Ihe  fezemos  loguo  com  outras  doaçam  e  mercee  da  Remda 
e  proueito  que  se  dos  ditos  trautos  podese  auer  mas  nam  ihe  foy  entam 
dello  feita  carta  e  porque  nos  sabemos  certo  que  elle  da  per  sy  e  per  seus 
ofeciaees  muy  boa  hordem  e  nauegaçam  destes  trautos  e  os  gouerna  muy 
bem  praznos  muyto  de  Ihe  termos  feita  a  dita  doacam  e  mercee  délia  e 
comfirmamos-lha  e  auemolla  per  Feita  e  firme  des  o  tempo  que  Iha  fezemos 
e  por  mais  avomdamento  e  mylhor  decraraçam  délia  nos  de  nouo  Ihe  fese- 
mos  outra  vez  doaçam  e  mercee  em  sua  uida  dos  ditos  trautos  de  guinee  e 
pescarias  dos  mares  délies  asy  os  da  mina  e  darguim  como  de  todollos  outros 
Rios  e  quaesquer  lugares  homde  se  ora  Resguata  ou  Resguatar  pode  na  agoa 
ou  na  terra  per  quaesquer  nomes  que  sejam  chamados  ou  que  nomes  nam 
tenham  e  esto  des  o  começo  dos  mares  e  terras  omde  se  per  qualquer  guisa 
Resguata  pesca  ou  Resguatar  e  pescar  pode  ou  outro  proueito  auer  atee  fim 
delle  e  délias  nam  soomente  no  que  atee  ora  he  achado  e  descuberto  mas 
no  que  se  ao  diamte  em  qualquer  tempo  achar  e  descobrir  o  que  tudo  Ihe 
asy  damos  tam  Imteira  e  compridamente  como  a  nos  pertencë.  E  quamdo 
Ihe  asy  fizemos  a  dita  doaçam  pertemçia  asy  pella  bulla  que  do  Santo  padre 
da  dita  guinee  e  trautos  délia  temos  como  per  a  lomgua  e  comtinuada  pose 
ou  casy  pose  que  délia  sempre  tiuemos  ou  per  outro  alguù  modo  que  per 
direito  em  ella  c  em  os  ditos  trautos  tenhamos.  E  queremos  e  mandamos  que 
qualquer  cousa  e  parte  que  dos  ditos  trautos  de  guinee  ou  argy  ou  ao  presemte 
per  comtrauto  e  doaçam  que  Ihe  o  Ifamte  dom  amrrique  que  deus  aJa,  ou 
nos  fizemos  ou  per  outro  alguu  modo  tenha  ou  pesua  tamto  que  a  dita 
doaçam  ou  comtrauto  ou  outro  modo  ouuer  fim  loguo  todo  venha  ao  dito 
meu  fylho  per  que  de  tudo  Ihe  fazemos  d'agora  pera  entam  doacam  asy  e 
tam  firmemente  como  do  que  agora  pesuimos  ou  pesuyamos  ao  tempo  da 
primeira  doaçam  e  asy  como  se  tudo  o  que  agora  per  outrem  he  posuido 
fose  ao  tempo  desta  nossa  carta  em  nosa  maào  e  poder  defemdemos  a  todos 
de  qualquer  estado  e  comdyçam  que  seJam  que  algum  nam  vaa  nem  man- 
de as  ditas  partes  de  guinee  nem  a  alguma  délias  que  todas  chamamos  de 
guinee  posto  que  outros  nomes  tenham  e  per  outros  seJam  nomeadas  e 
pelos  que  em  ellas  praticam  e  emtrar  Resguatar  mercadejar  pescar  sem  man- 


273 

dado  ou  liçemca  do  dito  meu  filho  sob  as  penas  que  nas  hordenaçôees  e 
Rigimentos  sobre  esto  caso  feitas  ou  fezermos  contheudas  nas  quaes  emcorram 
asy  como  se  nos  os  ditos  trautos  Resguates  e  pescarias  teuessemos  em  elle 
ou  em  outro  nam  trespasaramos.  E  porque  nos  tinliamos  outorgado  ao  dito 
Ifamte  meu  tyo  que  os  ditos  trautos  Resguates  e  pescarias  de  nos  em  sua 
vida  tinha  alguus  podercs  Jurdiçam  e  graças  acerqua  destas  cousas  a  nos 
apraz  e  queremos  que  ho  dito  primcepe  aja  tudo  o  que  elle  dito  Jfâte  de  nos 
auia  perque  tudo  Ihe  cedemos  e  outorguamos  como  as  o  dito  Ifamte  tinha. 
Porem  mandamos  aos  nossos  veedores  da  fazemda  e  corregedores  Juizes  e 
Justicas  e  todollos  outros  ofeciaees  de  nosos  Regnos  a  que  esto  pertencer 
que  ajam  as  ditas  partes  de  guinee  trautos  Resguates  e  pescarias  délias  por 
do  dito  primcipe  meu  fylho  e  Ihas  leixem  auer  a  gouernar  e  em  ellas  trautar 
e  mandar  trautar  e  mandar  pescar  per  sy  e  per  aquelles  que  Ihe  elle  aprouuer 
e  pera  ello  dar  licemra  com  todos  poderes  Jurdiçam  e  gracas  que  Ihe  em 
esta  nosa  carta  outorguamos  sem  alguOa  duuida  nem  pejo  que  Iho  a  ello 
ponham.  E  per  certidâ  de  todo  e  sua  segurança  Ihe  mandamos  dar  esta  nosa 
carta  asinada  per  nos  e  asellada  do  noso  sello  pendemte  dada  em  torres  no- 
uas aos  quatro  dias  do  mez  de  mayo  fernam  despanha  a  fez  anno  de  nosso 
Scnhor  Jhûs  xpo.  (christo)  de  mil  iiijclxxxj  (1481)  annos. 

Annaes  Maritimos  e  Colonioes  No  2 — 5e  série  1845,  p.  37. 
Document  N"  14. 

Loi  du  31  août  1474. 

Dom  afomso  per  graça  de  deos  Rey  de  purtugall  E  dos  algarues  daaquem 
e  daaiem  mar  em  africa  A  quamtos  esta  carta  nossa  dordenaçom  e  detre- 
mihaçom  virem  fazemos  saber  que  esguardamdo  nos  em  como  os  samtos 
padres  de  Roma  nos  teem  feita  merçee  e  doaçom  pera  sempre  das  partes  e 
mares  e  terra  de  guinea  e  Jlhas  do  mar  ouçeano  des  o  cabo  de  nom  e  bogedor 
atee  o  merio'  dya  E  que  nenhuma  pesoa  a  elles  nom  \aa  nem  mande  trautar 
nem  guerrear  sem  licemça  e  autoridade  nossa  sob  pena  de  gramdes  escomu- 
nhoôes  que  em  ellas  poem  E  como  pera  booa  gouernamça  e  sostymemto  dos 
trautos  e  Resgates  que  em  as  dictas  partes  de  guinea  teemos  e  ao  diamte  com 
a  ajuda  de  deos  emcommendamos  teer  polio  que  cada  dia  mamdamos  descobrir 
maar  de  terra  noua  O  que  fazemos  com  gramdes  gastos  e  perjgos  e  despesas 
E  porem  comuem  poer  lex  e  ordenaçoôes  perque  o  dicto  trauto  mantheudo 
e  gouernado  seja  a  seruiço  de  deos  e  nosso  e  bem  e  proueito  de  nossos 
Regnos  E  jsso  meesmo  comsirando  como  sempre  em  tempo  del  Rey  meu  padre 
que  deos  aja  como  no  nosso  des  que  o  Iffamte  dom  amrrique  meu  tyo  que 
deos  aja  que  foy  o  primeiro  que  inamdou  descobrir  e  nauegar  nas  dictas  partes 
e  mares  de  guinee  e  llhas  atee  ora  asy  per  autoridade  das  dictas  leteras  que 
da  dita  doaçom  teemos  como  per  posse  e  custume  sempre  foy  vedado  e  defeso 
per  nos  aalem  das  dictas  escomunhoôes  e  defesa  dos  dictos  samctos  padres 
de  pessoa  al^inuna  auer  de  hyr  nem  mamdar  aas  dictas  partes  e  terras  e 
mares    de   guineea   trautar   nem    Resgatar  nem  guerrear  sem  nossa  licemça  e 

i")  meio  (V). 


274 

aiiluridadi.'.  l:  al,i<Liiis  que  se  tiello  amlieiiieteram  ein  caso  que  forain  nuiy  poucos 
ouueram  por  e!lo  assa/.  graues  penas  asy  nos  corpos  como  nos  beens  Empero 
nom  auia  hy  ordenaçom  cm  escripto  de  pena  çerta  nem  limitada  naquclles 
que  ousam  de  se  amtremeter  e  fa/.er  semelhanite  —  Porem  queremdo  nos 
a  ello  prouer  como  dicto  teemos  por  ao  diamte  nom  vyr  duuida  amtre  os 
leterados  nosos  da  maneira  que  ouuessem  de  teer  em  o  tall  caso  por  hy  nom 
auer  pena  limitada  e  çerta  semtimdo  o  asy  por  seruiço  de  deos  e  nosso  e  bem 
e  proueito  de  nossos  Regnos  e  naturaees  determinamos  e  deciaramos  e  poemos 
por  ley  que  qualquer  pessoa  de  qualquer  preuiniemçia  estado  e  comdiçom  que 
seja  que  aas  dictas  partes  e  terras  e  mares  de  i^uinea  for  ou  mamdar  trautar 
nem  Resgatar  nem  j^uerrear  ou  mouros  tomar  sem  licemça  e  autoridade  nossa 
rnoira  por  ello  e  per  esse  meesmo  fecto  perça  todollos  beens  que  teuer  asy 
moues  como  de  rraiz  pera  a  coroa  de  nossos  Re^nnos  E  esta  meesma  pena 
queremos  e  mandamos  que  ajam  aquelles  que  rroubarem  ou  tomarem  os 
nauios  ou  alguuma  cousa  délies  que  aas  dictas  partes  de  guinea  for  Rest^atar 
e  prouado  Ihe  for  que  nom  fez  verdade  e  digo  de  guinea  forem  ou  \ierem 
per  nossa  licemça  e  mamdado  ou  daquelles  que  o  da  nossa  maào  teem  ^  mais 
determinamos  e  poemos  por  ley  que  todo  capitam  que  aas  dictas  partes  de 
guinea  for  Resgatar  e  prouado  Ihe  for  que  nom  fez  verdade  e  sonega  ou  toma 
alguuma  cousa  de  moor  preço  que  huum  marco  de  prata  moira  por  ello  asy 
como  se  outro  furto  fezesse  e  cometesse  E  leuamdo  mercadoria  escomdidamemte 
ou  comsemtimdo  leuar  pera  Resgatar  sem  ser  vista  per  os  ofiçiaaes  dos  dictos 
trautos  primeiramente  perça  todo  o  que  leuar  E  mais  seja  degradado  huum 
anno  pera  aa  nossa  çidade  de  tamjer  E  esta  meesma  pena  queremos  e 
mamdamos  que  ajam  os  escpriuaaes  dos  nauios  que  forem  Resgatar  leuamdo 
mercadoria  ou  comsemtimdo  leuar  escomdidamemte  E  nom  escreuemdo  todo 
o  que  Ihe  mamdamos  per  nossos  Regimentos  ou  do  priinçipe  meii  sobre 
todos  miiiio  preçado  e  arnado  filho  a  que  dos  dictos  trautos  teemos  fecta 
merçee  queremos  que  ajam  pena  de  falsos  como  aquelles  que  em  seus  ofiçios 
cometem  erro  ou  falsidade  E  mais  determinamos  e  poemos  por  ley  que  ne- 
nhuuma  pesoa  de  qualquer  estado  e  comdiçom  que  seja  nom  leue  nem  dee  em 
nauio  nem  barca  nem  batell  nenhuuma  mercadoria  dos  nauios  que  forem  aa 
dicta  guinea  sem  primeiro  ser  vista  per  os  fetores  dos  dictos  trautos  E  quem 
o  comtrairo  fezer  perça  a  mercadoria  que  asy  leuar  e  mais  o  batell  E  pague 
da  cadea  seisçemtos  reaees  pera  o  principe  e  Senhor  do  trauto./  E  qualquer 
que  tomar  ou  Reçeber  em  sy  ou  casa  sua  malaoueta  ou  outra  espeçiaria  que 
de  guinea  veenha  sem  primeiro  ser  vista  pellos  dictos  feitores  Porem  mam- 
damos a  todollos  nossos  corregedores  Juizes  e  justiças  de  nossos  Regnnos  que 
façom  comprir  E  guardar  esta  nossa  ordenaçom  como  se  nella  comtem  fazemdo 
eixecutar  as  dictas  penas  nos  que  comtra  ella  forem  /  damdo  a  cada  huum  a 
pena  que  mereçer  segumdo  nesta  ordenaçom  e  determinaçam  he  comtheudo 
A  quall  queremos  que  asy  se  cumpra  e  guarde  pera  sempre  /.  dada  em  a  nossa 
çidade  de  li.xbooa  trimta  e  huum  dias  do  mes  dagosto  nicolau  eaiies  a  fez 
Anno  de  noso  senhor  Jhesus  christo  de  mill  quatroçemtos  e  setenta  e  quatre  // 
El  Rey  (com  rubrica  c  guarda)  ordenaçom  açerca  dos  que  vaào  a  guinee  ". 
ley  jerall  per  que  he  defeso  que  nymguem  nam  arme  pera  gujne  nem  leue 
mercadorias    defesas    com    penna- 

Maço  1  de  Le is  —  Numéro  178  —  (Archivo  da  Torre  do  Tombo.) 


275 
Document  N°  15. 

Loi  du  10  septembre  1474. 

Adicam  ha  defcsa  e  detrcminaçom  per  que  he  mandado  a  quaees  quer 
pessoas  do  rregno  que  armarem  nauios  antes  que  partam  dem  fiança  etc.  que 
nenhuuma  pessoa  arme  naujo  alguum  pera  amdar  darmada  sem  ho  primeiro 
fazer  saber  a  El  Rey  e  auer  délie  sua  licença  com  certidam  dos  officiaeés  da 
çidade  villa  ou  luguar  homde  ouuer  darmar  como  tem  dada  fiança  e  outras 
limitaçoèes: 

Dom  Afomsso  etc.  A  todollos  corregedores  vereadores  Juizes  e  Justiças 
officiaeés  das  Cidades  villas  e  luguares  de  portos  de  maar  de  nossos  Regnos 
e  a  todallas  outras  pessoas  a  que  pertemçer  e  esta  nossa  carta  for  mostrada 
saude  sabede  que  por  quanto  nos  soubemos  e  fomos  em  formado  que  sem 
embargo  da  defesa  e  detreminaçoès  outras  nossas  que  per  cartas  e  aluaraèes 
nossos  tenios  passados  per  que  quaèes  quer  pessoas  que  em  nossos  Regnos 
armarem  nauios  antes  que  partam  dem  fiamça  aos  officiaeés  dos  luguares  homde 
asy  armarem  a  nom  auerem  de  fazer  dapno  nem  nojo  aos  amiguos  e  alliados 
nossos  e  de  nossos  Regnos  e  partimdo  sem  darem  a  dita  fiamça  que  quallquer 
nojo  ou  dapno  que  aos  sobre  ditos  per  elles  for  feito  se  pague  pellos  beens  dos 
officiaeés  que  aquelle  tempo  teuerem  carreguo  do  Regimento  do  luguar  ou 
luguares  em  que  os  taèes  armarem.  sem  embarguo  delio  muitos  pero 
arinani  escomdidamente  e  outras  em  annando  e  hem  Ihes  Requemrido  a 
fiamça  se  partem  sem  a  dar  E  ao  despois  se  elles  alguum  tempo  digo  alguum 
dapno  fazem  os  offiçiaèes  andam  com  escusas  allegamdo  que  nam  sabiam 
parte  de  como  armauam  nem  do  tempo  de  sua  partida  E  queremdo  nos  a  todo 
prouer  polios  dapnos  e  Imcoucnientes  que  se  dello  seguem  Detreminamos  e 
mandamos  e  poemos  por  ley  que  daquy  em  diamte  nenhuuma  pessoa  de 
quallquer  estado  e  comdiçam  arme  naujo  alguum  que  seja  pera  auer  de  hir 
ou  mandar  darmada  sem  primeiramente  nollo  fazer  saber  e  auer  pera  ello 
nossa  liçemça  per  aluara  nosso  asinado  per  nos  ho  quai!  amtes  de  Ihe  seer 
dado  ho  dito  aluara  de  licemça  nos  fara  emformaçom  de  como  quer  armar  e 
semdo  nossa  merce  de  Ihe  darmos  pera  ello  luguar  Ihe  mandaremos  primei- 
ramente dar  carta  nossa  pera  os  offiçiaèes  da  çidade  villa  ou  luguar  em  que 
ouuer  darmar  per  que  Ihe  filhe  fiamça  e  Ihe  dem  certidam  pera  nos  de  como 
Ihe  tem  filhada  ha  dita  fiança  per  a  quai!  certidam  Ihe  sera  feyto  aluara  nosso 
de  licemça  pera  os  ditos  officiaeés  per  que  leixem  a^mar  no  qjall  aluara  farâ 
mençam  de  como  ja  tem  dada  fiança  E  quallquer  que  daquy  em  diamte 
armar  naujo  alguum  sem  pera  ello  auer  primeiramente  nossa  licença  e  dar 
fiamça  como  suso  dito  he  detreminamos  e  mandamos  que  per  esse  mesmo  ffeito 
perça  pera  nos  todos  seus  beens  asy  moues  como  de  rraiz  asy  ho  capitam 
em  começando  darmar  como  quaes  quer  que  com  elle  em  sua  conpanhia 
partirem  e  forem  darmada  e  ho  Scnhorio  do  nauio  que  ho  fretar  pera  hir 
darmada  sem  primeiramente  Ihe  seer  mostrado  ho  aluara  nosso  de  licemça 
pira  ho  tall  que  Iho  fretar  podcr  armar  perça  jsso  mesmo  pera  nos  os  ditos 
beens  e  mais  ho  nauio  E  allem  de  toda  esta  dita  pcna  mandamos  que  os 
officiaeés  que  aquelle  anno  fort  m  no  luguar  domde  elle  asy  for  e  armar  paguem 
por  seus  beens  todos  os  dapnos  e  rroubos  que  elle  fizer  a  quaèes  quer  alliados 


276 

e  amiguos  nossos  e  de  nosos  rregnos  seguindo  que  ja  damtes  desta  hordenaçom 
tiossa  per  as  outras  cartas  e  aluaraèes  nossos  temos  detreminado  e  mandado 
e  por  quamto  hy  auia  duuyda  que  as  taees  fianças  aos  armadores  se  nom 
deuiani  de  filhar  senam  pera  os  naturaees  de  nossos  Regnos  e  de  castella 
porque  em  espeçiall  he  loguo  apontado  nos  trautos  das  pazes  dantre  estes 
nossos  Regnos  e  os  ditos  de  Castella  que  se  aja  asy  de  fazer  detreminanios 
e  mandamos  que  as  ditas  fiamças  se  filhem  e  entendam  daquy  em  diante  asy 
pera  quaèes  amiguos  nossos  e  de  nossos  Regnos  ou  que  comnosco  e  com 
elles  tenham  por  tenpo  çerto  paz  ou  treguoa  como  pera  os  dos  ditos  Regnos 
de  castella  porque  asy  ho  auemos  por  nosso  seruiço  e  bem  de  nossos  Regnos 
e  aos  oïficiaèes  que  aos  armadores  as  ditas  fianças  nam  filharem  asy  paguarani 
quaëes  quer  dapnos  ou  rroubos  que  elles  fizerem  asy  a  huuns  como  aos 
outros  E  esta  nossa  carta  de  declaraçom  detreminaçom  e  mandado  mandamos 
que  se  publique  em  a  nossa  chancellaria  e  notefique  em  luguares  de  porto  de 
mar  de  nossos  Regnos  e  Registe  nos  liuros  das  camaras  délies  pera  nom 
aleguarem  Inoramçia  e  se  compridamente  dar  a  execuçom  dada  em  a  nossa 
Cidadc  de  lixboa  dez  dias  de  setembro  christouani  de  bairros  a  fez  anno  de 
mjll  quatrocemtos  setemta  e  quatro: 

Livra  primeiro-Extras,  folhas  37.  (Archivo  da  Torre  do  Tombo). 


APPENDICE  No  2. 


RÉSUMÉ  CHRONOLOGIQUE  DES  DÉCOUVERTES.' 

La  récapitulation  suivante  est  à  considérer  comme  une  esquisse  super- 
ficielle d'un  travail  plus  ample  et  soigné  devenu  nécessaire.  Une  étude  pareille 
enregistrant  les  documents  nombreu.x  éparpillés  dans  des  œuvres  peu  connues 
ou  d'accès  difficile,  serait  en  quelque  sorte  le  bilan  d'une  vaste  bibliographie 
sur  les  découvertes,  et  le  meilleur  moyen  de  reconnaître  les  lacunes  à  combler 
ou  les  détails  à  éclaircir. 

Les  sources  historiques  présentent  souvent  des  écarts  de  dates  pour  de 
nombreux  voyages;  une  étude  critique  de  ces  divergences  pourrait  seule 
conduire  à  des  résultats  précis.  Ce  travail  sortirait  du  programme  de  notre 
étude.  Le  résumé  suivant  n'a  donc  pas  la  prétention  d'exactitude,  pas  plus  que 
d'épuiser  en  quelques  pages  un  sujet  aussi  vaste.  Notre  but  a  été  de  bien 
mettre  en  évidence,  dans  un  tableau  général,  la  marche  et  la  portée  de  ce  qui 
s'est  passé  au  Portugal  dès  les  débuts,  en  1416,  jusqu'à  la  découverte  de 
Colomb  et  au  voyage  de  Magalhàes. 

Pour  les  dates  et  les  documents  concernant  les  biographies  des  marins 
portugais  nous  signalerons  en  première  ligne  l'œuvre  classique  „0s  trabalhos 
nauticos"  de  Souza  Viterbo.  Les  admirables  recherches  de  cet  auteur  forment 

(')  Les  signes  conventionnels  *  et  f  se  rapportent  à  des  documents 
reproduits  dans  Alguns  documentos  do  Archivo  Nacional  da  Torre  do  Tombo, 
Lisboa  1892.  *  signifie  un  document  reproduit  intégralement,  f  signifie  une 
citation  ou  un  extrait. 


277 

aujourd'hui  les  premières  bases  de  l'histoire  encore  à  écrire  des  s^rands  pionniers 
de  l'art  de  la  navigation  des  temps  modernes. 

/.  Les  débuts  du  Portugal  maritime. 

D.  Diniz  (1279—1325). 
1290  Fondation  de  l'université  de  Lisbonne. 

1314  Concession  à  Nuno  Fernandez  Cogominho,  amiral  du  royaume. 
1317  Engagement   de  Manuel  Pezagno   de  Gênes   comme  amiral,  poste  trans- 
missible  à  ses  héritiers. 

D.  Affonso  IV  (1325—1357). 
axatit  1336  Première  expédition  aux  îles  Canaries. 
1341   Deuxième  expédition  aux  Canaries  sous  Niccoloso  de  Reccho,  Génois  ei 

Angiolino  dell  Teggia  de  Corbizzi,  Florentin. 
1345  Lettre   royale   au   pape   Clément  VI    abandonnant    les    îles   Canaries   en 

fa\eur  de  D.  Luiz  de  Lacerda  (Espagne). 
1354  Loi   du  roi  d'Aragon    imposant  l'usage   de   cartes  nautiques   à   bord  des 

navires. 

D.  Fernando  (1367—1383). 
Législation  favorisant  les  constructions  navales;  institution  de  l'inspection 
des  navires  et  des  secours  mutuels  des  armateurs. 
1375  Date  de  la  carte  catalane. 

1311  Carte  de  Pietro  Visconte  (Venise). 

1339      „      d'Angelinus  Dulceti  (Majorque). 

1381,  1389,  1391  Travaux  cartographiques  de  Jafuda  Cresques  pour 

le  roi  d'Aragon. 
1385  Carte  de  Guillaume  Solery  (Majorque). 
1413      „      de  Mecia  de  Villadeste  (Majorque). 
1436      „      d'Andréas  Biancho  (Italie). 
1439      „      de  Gabriel  Vallsecha  (Majorque). 
1453      „      de  Fra  Mauro  (Venise). 

D.  JosiO  1  (1385-1433). 
1385  —  août.  Victoire  des  Portugais  sur  les  Espagnols  à  AIjubarrota. 
1390  Voyage  des  Vénitiens  Zeno  en  Islande. 
1393  Concession   royale   à   micer   Cairros,    amiral,   fils  de   micer   Lançarote  et 

petit-fils  de  Manuel  Pezagno. 
1412  I?)  Engagement  de  maître  Jacomo  de  Malhorca. 
1415—21  août.  Conquête  de  Ceuta. 

//.  Infant  D.  Henrique. 

n.  à  Porto  1394—4  mars;  m.  à  Sagres  1460-13  novembre. 

14IH  Départ   de   l'Infant  D.  Pedro   pour  ses  voyages  en  Europe  et  en  Orient 

1418  Découverte  de  Porto  Santo  par  Bartholomeu  Perestrello. 

1419  Découverte  de  Madère  par  Gonçalves  Zarco  et  Tristào  Vaz. 
1425  Population  introduite  à  Madère  et  Porto  Santo. 


278 

1-42S  Retour  de  D.  Pedro;  ayant  visité  l'Orient  il  apportait  à  son  frère,  D.  Hen- 
riqiie,  une  copie  des  voyages  de  Marco  Polo  faite  à  Venise  et  une  mappe- 
monde italienne. 

1429  Mariage  de  l'Infante  D.  Isabelle  (sœur  de  D.  Henrique,  mère  de  Charles  le 
Téméraire)  avec  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne. 

14.Î1  12   octobre.     Fondation    d'un    cours    d'astronomie    à    l'université    de 

Lisbonne. 

1433  —  14  aoijt.     Mort  de  D.  Joào  I;  avènement  de  D.  Duarte. 

1433  —  26  septembre.  Concession  à  D.  Henrique  des  îles  de  A'iadère  et 
Porto  Santo.  * 

1434  Reconnaissance  de  Gil  Eannes  au  Cabo  Bojador  (26"6'l.n). 

1435  —  15  août.     Découverte  de  S.  Maria  (Açores)  par  Gonçalo  V'elho  Cabrai. 

1435  Reconnaissance  d'Angra  dos  Ruivos  par  (jil  Eannes  et  Gonçalo  Baldaya 
(24"50'  I.  n). 

1436  Reconnaissance  d'Angra  dos  Cavallos  par  Baldaya  (24"3()' 1.  n). 

1436  Reconnaissance  du  Rio  do  Ouro  par  Antào  Gonçalves.     (23"45'  I.  n). 

1437  Désastre  de  Tanger.     Captivité  de  l'Infant  D.  Fernando  mort  à  Fez  1443- 

1438  —  9  septembre.  Mort  de  D.  Duarte;  a\ènement  de  D.  Affonso  V,  régence 
de  D.  Pedro  oncle  du  roi. 

14,^9  —  2  juillet.     Permission  à  D.  Henrique  de  peupler   les  7  iles  des  Açores 

alors  déjà  découvertes.* 
1440  Reconnaissance   de    Porto   do  Ca\alleiro   par   .Antào  Gonçalves   et   Nuno 

Tristào  (23N.  n) 

1442  Reconnaissance  de  Cabo  Branco  (20"48'  1.  n)  par  Nuno  Tristào. 

1443  —  22  octobre.  Interdiction  de  naviguer  au-delà  du  Cabo  Bojador  sans 
permis  de  l'Infant.* 

1445  Première  e.xpedition  de  Lançarote  (Lagos);  île  d'.Arguim,  île  de  Tider  et 
Cabo  do  Resgate  (19"24'l.  n.). 

1446—3  février.  Interdiction  de  naviguer  au.\  Canaries  sans  permis  de  l'Infant.* 
1446—1  novembre.  Concession  de  l'île  de  Porto  Santo  à  Bartholomeu  Perestrello.* 
1446 — E.xpedition  de  Nuno  Tristào  suivie  d'une  autre  par  Diniz  Dias.  Recon- 
naissance de  Cabo  Verde  (15'M.n.) 
1446—10  août.  Deu.xième  expédition  de  Lançarote  a\ec  Soeiro  da  Costa. 
Embouchure  du  Sénégal  (16"l.n.). 

1446  Alvaro  Fernandes  dépasse  le  Cabo  Verde. 

1446  Gil  Eannes.  E.xpedition  à  Cabo  Verde,  Arguim  et  Cabo  do  Resgate, 
avec  Estevào  Affonso,  Diogo  Gonçahes,  Gomes  Pires  et  Joào  Fernandes, 
pilote. 

1447  Un  navire  portugais  atteint  l'Islande  ou  le  Grœnland  (Las  Casas). 
1447  E.xpedition  de  Diogo  Gil  et  Joào  Fernandes  au  Rio  do  Ouro. 

1447  Expédition  de  Fernào  Affonso  avec  Balart,  noble  danois,  au  Cabo  Verde. 
1449—25  février.  Concession  royale  à  D.  Henrique  des  droits  commerciaux  de 

la  côte  entre  Cabo  Cantim  et  Cabo  Bojador.* 
1449—21  mai.  Mort  de  l'Infant  D.  Pedro  à  Alfarrobeira. 
1451  —  19  août.  Mariage  par  procuration  de  D.  Leonor  (fille  de  D.  Duarte,  mère 

de  Maximilien  I)  avec  Frédéric  III  empereur  d'Allemagne. 
1452—53.  Voyage  de  Diogo  de  Teive  vers  l'Occident  ;  découverte  des  îles  Flores 

et  Corvo  (Açores). 


279 

1454 — 8  janvier.  Bulle  du  pape  Nicolas  V  sur  la  conquête  de  l'Afrique  et  les 
découvertes  de  l'Infant.* 

1455 — 22  mars.  Départ  d'Alvise  de  Cà  da  Mosto  (1er  voyage);  rencontre  avec 
le  Génois  Antoniotto  Usodimare;  retour  à  Lagos  avant  décembre  1455.' 
Reconnaissance  de  Foz  do  Gambia  (13"30'l.  n.)  et  Foz  do  Casamansa 
(12»30'l.n.i. 

1456 — 13  mars.  Bulle  du  pape  Cali.xte  111  accordant  à  l'Infant  la  juridiction 
spirituelle  des  découvertes  du  Cabo  Nom  jusqu'aux  Indes.* 

1456 — mars  ou  mai.  Départ  de  Cadamosto  (2e  voyage)  avec  Usodimare.  Décou- 
verte de  5  îles  de  Cabo  Verde  (Santiago,  S.  Felipe,  das  Mayas,  Sam 
Christovam  et  Sali). 

1157Jehuda  ibn  Verga,  auteur  de  tables  astronomiques,  écrit  à 
Lisbonne  un  traité  d'astronomie. 

1457  E.xpédition  de  Diogo  Gomes,  Joào  Gonçalves  Ribeiro  et  Nuno  Fernandes 
à  Gambia. 

1457—17  novembre.  Concession  royale  à  l'Infant  D.  Fernando  des  îles  qu'il  fera 
.découvrir.  * 

1458  Guerre  africaine.  Prise  d'Alcacer-Seguer. 

1458 — 17  mai.  D.  Henrique  confirme  à  Pedro  Correa,  beau-frère  de  Colomb, 
la  possession  de  l'île  de  Porto  Santo.  * 

1459  Copie  de  la  carte  de  Fra  Mauro  obtenue  de  Venise  par  l'entremise  de 
Trevigiano,  ambassadeur  vénitien  à  Lisbonne. 

1460 — 22  août.  Concession  de  D.  Henrique  à  D.  Fernando  des  iles  de  Terceira 

et  Graciosa  (.Açores).t 
1460 — 13  novembre.  Mort  de  D.  Henrique  à  Sagres. 


///.  Infant  D.  Fernando,  successeur  de  D.  Henrique 

(fils  de  D.  Duarte,  père  de  D.  Manuel) 

n.  1433—17  novembre;  m.  1470 — 18  septembre. 

1460—3  décembre.  Concession  à  D.  Fernando  des  îles  de  .Wadeira,   Açores  et 

Cabo  Verde  y   compris   les  droits  et  la  juridiction  appartenant  à   l'Infant 

D.  Henrique.  * 

1461  Reconnaissance  de  Foz  do  Rio  Grande  par  Pedro  de  Cintra  (1  l'5U' 1.  n.). 

1462  Diogo  Gomes  de  Cintra  enregistre  l'usage  du  quadrant  dans  la  navigation. 
1462—19  février.    Concession   à   Joào   de  V^ogada   des   deux   îles   de   Lono   et 

Capraria.f 
1462 — 19  septembre.  Concession  à  l'Infant  D.  Fernando  de   5   iles  découvertes 

par  Antonio   de  Noli,   du   temps   de  D.  Henrique   (Santiago,   Sam  Felipe. 

das  Mayas,    Sam  Christovam    et   Sali);    et   de   7    îles   découvertes   sous 

D.  Fernando    par    Diogo   Affonso   (Diogo    Gomes    de   Cintra?),    (Brava 

S.  Nicolau,  S.  Vicente,  Rasa,  Bramca,  Santa  Luzia  et  S.  Antonio).  * 
1462—29  octobre.    Concession   à  D.  Fernando  d'une   île  aperçue   par  Gonçalo 

Fernandes  à  O.  N.  O.  des  Canaries  et  de  Madère  et  qu'il  faisait  de  nouveau 

rechercher.  * 

(')  Joseph   Rackl,   fJ)ie    Reisen   des  Venetianers  Ahise   da   Cà   da  Mosto. 
Nùrnberg  1898. 


280 

1465  Reconnaissance  de  Serra  Lcoa   par  Pedro  de  Cintra   et  Soeiro    da  Costa 

(8"30'  I.  n.). 
1469  Reconnaissance  de  Cabo   das  Paimas,    Rio  Soeiro  da  Costa   et  Cabo  das 

Très  Pontas  par  Soeiro  da  Costa, 

1469  Adjudication  à  [-ernào  Gomes  du  commerce  de  la  (jiiinée  pendant  >5  ans 
avec  engagement  de  décou\rir  l()(i  lieues  de  côte  par  an,  à  partu'  de 
Serra  Leoa. 

D.  Brites,  veuve  de  D.  l'eniando. 

1470  19  octobre.  Restriction  royale  du  droit  de  commerce  pour  certaines 
marchandises  de  la  Guinée  en  faveur  de  la  couronne. f 

1471  Guerre  africaine        Prise  de   Tanger  et  d'Arzilla. 

1471  janvier.  Reconnaissance  de  S.  Jorge  da  .Mina  par  Joào  de  Santarem  et 
Pedro  Escobar. 

1471  Découverte  des   îles  de  Fernando   Pô,   Formosa,   S.  Thomé,    Principe   et 
Anno  Bom  (nommée  insula  Martini  dans  le  globe  de  Martini  Behaimi. 
Sequeira  arrive  au  Cabo  de  S.  Catharina  {V5\'  1.  s.). 

1472  Première  édition  de  la  Sphère  de  Sacrobosco  (Ferrare, 
manuscrit  d'environ     1240). 

.Avant  1472  Voyage  de  Joào  Vaz  Corte  Real  à  Terre-Neuve  (?) 

1473 — 12  janvier.     Concession    à   D.  Brites   d'une   île   recherchée   à   pkisieurs 

reprises  par  ordre  de  D.  Fernando.* 
1473-21  juin.     Concession   à    Ruy  Gonçal\es   da  Camara  d'une    ile    qu'il    fera 

découvrir.f 

1473  Abraham  Zacuto,  professeur  d'astronomie  à  SalamanquC' 
commence  l'Almanach  perpetuum  (terminé  en  1478  et  imprimé  en  1496  à  Leiria). 
1473 — 74  Arrivée  de  Colomb  au  Portugal. 

D.  JodiO  II 
n.  1455—3  mai;  m.  1495—25  octobre. 

1 474  Le  prince  royal  D.  Joào  est  chargé  de  l'administration 
coloniale. 

1474  Regiomontanus  publie  les  Ephémérides  et  en  1475  les  Tabula  directionum. 

(Nuremberg.) 
1474 — 28  janvier.   Concession   à  Fernào   Telles,   conseiller  à   la  cour,   des    îles 

non    peuplées   qu'il    fera   découvrir  pour\  u  qu'elles  ne  soient  pas 
dans  les  mers  de  Guinée.  * 
1474 — 25  juin.  Lettre  de  Paulo  Toscanelli  sur  le  voyage  de  Catay 

par  l'Occident. 
1474 — 31  août.  Interdiction  du  commerce  dans  les  mers  de  Guinée  sans  permis 

royal  f  voir  p.  273. 
1474—10  septembre.    Cautionnement  exigé   des   entreprises   maritimes    privées 

pour  les  voyages  au  long  cours  f  voir  p.  275. 
1474 — 4  novembre.  Loi  favorisant  les  constructions  navales. 
1474—18  mai.  Naissance  du  prince  héritier  D.  Affonso,  fils  de  D.  Joào. 
1475—10  novembre.  Elargissement  des  concessions  à  Fernào  Telles  concernant 

les  îles  peuplées  ou  non  peuplées  qu'il  découvrira  ailleurs  que  dan  s 

les  mers  de  Guinée.  * 


281 

1476  Guerre  avec  l'Espagne.  Insuccès  à  la  bataille  de  Toro. 

1477 — novembre.  D.  Joào  temporairement  roi. 

1479  Traité  de  pai.x  avec  l'Espagne. 

1480—6  mars.  Traité  de  Tolède  cédant  8  îles  des  Canaries  à  l'Espagne.  * 

1480—6  avril.  Ordre  royal  aux  capitaines  des  navires  de  la  Guinée  de  saisir 
les  navires  espagnols  rencontrés  au-delà  des  limites  stipulées  dans  le  traité 
de  Tolède  et  de  jeter  à  la  mer  leur  équipage.  * 

1481  E.xpédition  de  Diogo  d'Azambuja  à  S.  Jorge  da  Mina;  emploi  de 
l'astrolabe. 

1481 — 4  mai.  Confirmation  par  D.  Affonso  V  des  concessions  des  affaires 
coloniales  faites  en  1474  au  prince  D.  Joào.  f  voir  p.  271. 

1481 — 21  juin.  Bulle  du  pape  Si.xte  iV  confirmant  les  bulles  antérieures  concer- 
nant les  colonies.* 

1481—21  août.   Mort   de  D.  Affonso  V;  avènement  de  D.  Joào. 

1482 — Restriction  du  pouvoir  de  la  noblesse. 

1483  E.xécution  du  duc  de  Bragança  à  Evora. 

1483  Projet  de  Colomb  du  voyage  à  Catay  par  l'Occident.    Refus  de  la  Junta. 

1 484  Départ  de  Colomb  pour  l'Espagne. 

1484—8  avril.  Lettre   royale   en   faveur  de  Diogo  Cào  après  le  retour  de  son 

1er  voyage  (arrivé  à  13"27'  I.  s.).  * 
U84— juin.  Arrivée  de  Martini  Behaim  à  Lisbonne  (n.  1459;  m.  1507— 29  juillet), 

de  1476  à  1484  en  Flandre.     Séjour  à  Nuremberg  1490  à  1493;  retour  à 

Lisbonne  en  été  1493;  mission  en  Flandre  1494. 
1484 — 30  juin.    Concession   à   Fernào   Domingos   do  Arco  (Madère)   d'une   île 

qu'il  allait  découvrir.* 
1484 — 23  aotJt.  Assassinat  du  duc  de  Vizeu,  frère  de  D.  Manuel,  par  D.  Joào  11. 
1484 — 85  Deuxième  \oyage  de  Diogo  Cào.    Reconnaissance    jusqu'au  Cabo  da 

Serra  (21"48' 1.  s.).  Voyage  de  Behaim? 
1485 — 11  mars.  Retour  de  maître  José  Vizinho  de  l'expédition  astronomique  à 

la  Guinée. 
(?)    Première  expédition  par  terre  à  la  recherche  du  Preste  Joào,  (Fr.  Antonio 

de  Lisboa  et  Pero  de  Montaroyo). 
1486—24  juillet.  Concession  à  Fernào  Dulmo  (Terceira)  et  à  Joào  Affonso  do 

Estreito  de  l'île  de  Sete  Cidades  ou  du   continent   qu'ils  auraient   dé- 
couvert. Ce  document  contient  un  passage  relatif  à  un  chevalier  allemand 

qui  les  accompagnerait.* 
1486 — 4  août.  Concession  à  J.  Affonso  do  Estreito  de  la  moitié  des  îles  ou  du 

continent  découvert  après  40  jours  de  voyage.* 
1487—7  mai.  Départ  de   Pero  da  Covilhà  et  Affonso  de  Pai\a   par 

terre.   2e  e  x  p  é  d  i  t  i  o  n  à  la  recherche  du  Preste  Joào.' 
1487— juillet-août.  DépartdeBartholomeuDiaspour  la  découverte 

du  cap  de  Bon  n  e-Espérance.  Retour  à  Lisbonne  en  décembre  1488. 

Durée  du  voyage  16  mois  et  17  jours. - 
1488  (?)  Lucas  Marco,    prêtre  d'Abyssinie,   visite  D.  Joào  11,    venant   de  Rome. 
1490—23  novembre.     Mariage   du    prince  D.  .Affonso   a\ec  I).  Isabelle,    Infante 

d'Espagne. 

(')  (-)  Lopes  de  Mendonça.  A  unidade  do  pensamento  no  cyclo  das  des- 
cobertas.  Lisboa,   1898. 


282 

1490-9.3.  Behaiin  à  Nurcmbersi;  confection  de  son  globe. 

1491  -13  juillet.  M(M-t  du  prince  D.  .Xffonso,  seul  fils  lésfitinie  de  D.  Joiio. 

1492  Arrivée  d'Abraham  Zacu  t  o  au  Port  u  14  al;  so  n  engai^enie  fit  comme 
ast  ro  n  om  e  roy  al. 

I  192  -janvier  à  mars.    Départ  de  Joào  Feniandes  Labrador    et  Pedro  de  liar- 

cellos  pour  le  Labrador.  ' 
1 492—3  août.    Départ  de  C  o  I  o  m  b,    I  ^'^   v  o  y  a  j^  e  ;   a  r  r  i  \  é  e  à  L  i  s  b  o  n  n  e 

(r  e  I  o  u  r)  6  m  a  rs  1  4  9.1 
149.^—4  mai.    Bulle  du    pape  Ale.xandre  VI  ;    répartition  du  i<lobe   en    faveur  de 

l'Espat^ne.  * 
1493—14  juillet.  Lettre  de  Monetarius.  Projet  de  P)  e  h  a  i  m  pour  le  \()yage 

d  e  C  a  t  a  y  p  a  r  r  O  c  c  i  d  e  n  t. 
1493—25  septembre.  Bulle  d'Alexandre  VI  rentorc;ant  les  concessions  coloniales 

en  faveur  de  l'Espagne.  * 
1493—2.5  septembre.  Départ  de  Colomb  pour  le  2c  \'  o  y  a  g  e. 
1493—94  Mission  de  Behaim  en  [-landre. 
1494—7  juin.  Traité  de  Tordesilhas,  méridien  de  démarcation.    Abandon  de 

la  route  de  l'Occident  à  l'Espagne.* 
1494 — 7  juin.  Traité  avec  l'Espagne  concernant  les  pêcheries  dès  le  Cabo  Bojador 

au  Rio  do  Ouro.  * 
1494—24   juin.     Départ    de    Jean    Cabot    (Giovanni    Gaboto    de    Gênes)    avec 

Sébastian,    son    fils,    vers    l'Occident,    découverte    de    „terra  prima  vista" 

(Itr  voyage). 
1495—7   mai.    Lettre    de  Ferdinand   et  Isabelle   sur   la    réunion  des   pilotes  et 

des  astronomes  chargés  du  méridien  de  démarcation.! 
1495—25  octobre.  Mort  de  D.  Joào  II;  avènement  de  D.  Manuel. 

V.  D.  Manuel 

(fils  de  rinfant  D.  Fernando  et  de  D.  Brites) 

n.  1469— 31   mai;  m.  1521—13  décembre. 

1496  Mariage  du  roi  a\ec  la  princesse  Isabelle,  veu\e  du  prince  D.  Affonso. 

1496— mars.  Impression  de  l'Almanach  perpetuum  à  Leiria. 

1496—5  mars.  Concession  d'Henri  Vil  d'Angleterre  à  Jean  Cabot  du  commerce 

des  pays  qu'il  découvrirait  à  l'Occident. 
1497 — mai.    Départ   de  Jean  Cabot   et  son  fils  pour  la  Tierra  del  Labrador.  — 

Retour  à  Bristol  après  3  mois. 
1497 — 20  mai.  Départ  de  Vespucci  pour  l'Espagne.  Retour  à  Cadix  le  IS  octobre 

1498  (1er  voyage). - 
1497— 8  juillet.  Départ  de  Vasco  da  Gama.  1^- voyage  des  Indes.  Arrivée 

à  Calicut   le    19  mai  1498.    Départ  de  Calicut  le  29  août  1498.    Arrivée  à 

Lisbonne  juillet-août   1499.' 

C)  Ernesto  do  Canto.  Archivo  dos  Açores  t  12,  p.  363. 

(-')  Pour  les  4  voyages  de  Vespucci,  sur  lesquelles  règne  l'incertitude,  nous 
suivons  les  dates  indiqués  dans  le  „Roteiro  de  Vasco  da  Gama"  par  Herculano 
et  Castello  de  Paiva. 

(■)  Sur  l'incertitude  de  ces  dates  voir  Hranz  Hummerich.  Queilenunter- 
suchung  zur  ersten  Indienfahrt  des  Vasco  da  Gama.  Mûnchen  1897. 


283 

1498  Reconnaissance    de    l'Amérique    du    Sud    par    Duarte    Pacheco,    l'un    des 

sii^nataires  du  traité  de  Tordesilhas. 
149S  Voyage  de  Sébastian  Cabot  au  Labrador. 
1498  Reconnaissance  du  golfe  de  Paria  (Espagne). 
1498—30  mai.  Départ  de  Colomb  (3e  voyage). 
1499—1 1   mai.  Départ  de  Vespucci  (Espagne  —  2e  voyage)  avec  Alonso  de  Hojeda 

et  Juan   de   la  Cosa.    Reconnaissance   de  Paria,    île  de  Trinidad,  golfe  de 

Venezuela.  Retour  à  Cadix  1500—8  septembre. 
1499— mai.    Départ  d'Alonso  Nino  (Espagne)  pour   le  golfe  de  Paria,    ile  de  la 

Margarita,  Curiana. 
1498—28  octobre.  Concession  à  Joào  Fernandes  des  îles  peuplées  ou  non  peuplées 

qu'il  aurait  découvertes,  f 
1499-décembre.  Départ  de  Vicente  Janez  Pinzon  (Espagne).  Arrivée  à  la  côte 

du  Brésil  (8"l.s.)  le  20  janvier  1500.  Retour  par  le  golfe  de  Paria;   arrivée 

à  Paios  septembre  1500. 
1500— janvier.  Départ  de  Diogo  de  Lepe  (Espagne);  reconnaissance  du  cap  de 

S.  Agostinho,  golfe  de  Paria.  Retour  novembre  1501. 
1500—1  février.   Lettre   datée  de  Rome  du  Dr.  Martim  Lopes  à  D.  Manuel  sur 

ses  voyages  au  nord  de  l'Europe  et  en  Orient.' 
1,501)  .  .  .  Réponse   de  D.  Manuel  au  Dr.  Lopes  lui  demandant  d'écrire  le  récit' 

de  ses  voyages.* 
1500  Voyage  de  Christobal  Guerra  (Espagne)   à  Paria   et    île  de  la  Margarila. 

Retour  novembre  1501. 
1500—9  mars.    Départ  de  Pedro  Alvares  Cabrai  {Z^  voyage  des  Indes).    Débar- 
quement à  Porto  Seguro  (Brésil)  le  27  avril  1500.  Un  des  navires  (Gaspar 

de  Lemos)  retourne  du  Brésil  à  Lisbonne. 
1500—1   mai.    Deux   lettres  à  D.  Manuel  sur  la  découverte  du  Brésil;   l'une  de 

Pero  Vaz  de  Caminha,  l'autre  du  pilote  maître  Joào;  calcul  de  la  latitude 

de  17"l.s.* 
KSOO— 12  mai.   Concession   à  Gaspar  Corte  Real   des  terres  et  îles  qu'il  aurait 

découvertes.  Retour  de  Terre-Neuve  le  27  janvier  1501.  f 
1500— octobre.   Voyage  de  Rodrigo  de  Bastides  (Espagne)  au  golfe  de  Venezuela 

jusqu'à  10"1.  n.  Retour  septembre  1502. 
l.Sol  Découverte  des  îles  Ascençào  et  S.  Helena  par  Joào  da  Nova. 
I5(i|    -27  janvier   Récompense   royale   à  Joào  Martins,  ancien   compagnon   de 

Joào   Vaz   Corte    Real,   alors   au   service   du  fils  de   ce   dernier,   Gaspar 

Corte  Real.* 
1.501—19  mars.  Concession  d'Henri  Vil  d'Angleterre  à  Joào  Fernandes,  Francisco 

1-ernandes,  Joào  Gonçalves  et  à  3  négociants  de  Bristol,  Richard  Warde, 

Thomas    Assehelmred    et    John   Thomas,    leur   accordant    de   gouverner 

les  pays  qu'ils  découvriraient  à  l'Occident.' 
1.501   -10—13   mai.    Départ    de   Vespucci    de    Lisbonne   {M  voyage).    Retour   le 

7   septembre    1.502.    Reconnaissance  de  l'Amérique  ilu  Sud  (arri\é  jusqu'à 

46  ou  52"  1.  s.) 


(')  Souza  Viterbo,  Jornal  das  sciencias  medicas  1893  (marvo-abril). 
(')  Eniesto  do  Canto,  Os  Corte  Reaes.  Ponta  Delgada  1883. 


284 

1501—15  mai  (?)  Départ  de  Oaspar  Corte  Real  pour  Terre-Neuve  (2e  voyai^e). 
Nouvelles  de  cette  expédition  arrivent  à  Lisbonne  le  H— 11  octobre  1501. 

1501— 29  juillet.  Lettre  de  D.  Manuel  aux  rois  d'Lspayne  sur  la  découverte  du  Brésil. 

1501—18  octobre.  Lettre  d'Alberto  Cantine  au  duc  de  l'errare  sur  les  décou- 
vertes; datée  de  Lisbonne. 

1501  19  octobre.  [)eux  lettres  de  Pietro  Pasqualigo,  ambassadeur  de  Venise 
à  Lisbonne,   contenant   des   détails   sur  le  voyat^e  de  Gaspar  Corte  Real. 

1502  Valentim  Fernandes  publie  la  traduction  portu^^aise  de  .Marco  Polo  et  le 
récit  de  Nicolo  Conti. 

1502 — janvier.    Départ    d'Alonso    de  I  lojeda  (Espaj^ne    -  2e\oya^e);   ile  de  la 

Mart«arita,  S.  Marta,  Maracaibo,  S.  Domint^o. 
1502—15  janvier.   Concession  à  Miguel  Corte  Real.   Voyage  à  la  recherche  de 

Gaspar  Corte  Real;  départ  de  Lisbonne  le  10  mai  1502.* 
1502—11  mai.  Départ  de  Colomb  (Espagne       4e  \'oyage). 
1503-6  avril.    Expédition  d'Affonso  d'Albuquerque    pour   les  Indes;    dépari    de 

Duarte  Pacheco. 
lvS()3  Expédition    de    2    navires   de    l'Etat   à   Terre-Neuve    à   la    recherche    de 

Miguel  et  Gaspar  Corte  Real. 

1503  Fondation  de  la  première  forteresse  aux  Indes  (Cochim). 

1503—10  mai.  Départ  de  Vespucci  et  Coelho;  (4e  voyage).  Retour  à  Lisbonne  le 
18  ou  28  juin   1504. 

1504  Défense  de  Cochim  par  Duarte  Pacheco. 

1504 — 13  novembre.  Décret  interdisant  de  dessiner  des  cartes  nautiques  s'étendani 

au-delà  du  Rio  Manicongo  (7"  1.  s.). 
1505—12  juin.   Lettre  de  D.  Manuel  au  pape  Jules  11  en  réponse  aux  menaces 

du  sultan  de  Babylone  de  faire  détruire  le  Saint-Sépulcre  si  les  Portugais 

poursui\'aient  leur  conquête  de  l'Orient.  * 
1505—1506  Antâo  Gonçalves  reconnaît  l'île  de  S.  Lourenço  (Madagascar). 
1506—20  mai.  Mort  de  Colomb  à  Valladolid,  âgé  de  68  ou  69  ans. 

1506  Juan  Dias  de  Solis  (marin  expérimenté,  ayant  fait  les  voyages  des  Indes) 
reconnaît  avec  Vicente  Yanez.  Pinzon  le  golfe  de  Honduras  et  Yucatan 
(Espagne). 

1506 — 17  septembre.  Transfert  à  Vasqueanes  Corte  Real  des  concessions  faites 
à  ses  frères  Gaspar  et  Miguel  Corte  Real.  * 

1507  Prise  de  Hormuz  par  Affonso  d'Albuquerque. 

1507 — 6  février.  Lettre   d'Affonso  d'Albuquerque   à  D.  Manuel   sur   l'expédition 

à  Madagascar.  * 
1507—29  juillet.  Mort  de  Martim  Behaim  à  Lisbonne. 
1508 — 13  février.    Instructions  données   à  Diogo  Lopes  de  Sequeira   pour  son 

voyage  à  l'île  de  S.  Lourenço  et  les  découvertes  jusqu'à  Malacca.  Retour 

à  Malacca  11  septembre  1.509.* 
1508 — 29  juin.    Départ   de  Juan    Dias   de   Solis   et  Vicente    Pinzon    (Espagne) 

reconnaissance  de  l'Amérique  du  Sud  jusqu'à  40"  I.  s.  Retour  octobre  1509. 
1510  Prise  de  Goa  par  Affonso  d'Albuquerque. 
1510  Deux  lettres  (31  janvier  et  6   février)  sur  le  commerce  de  Malacca  et  de 

l'Orient.  * 
1510  (?) — 14  août.    Document  contenant  des  détails  sur  les   préparatifs   faits   à 

la  mer  Rouge  pour  détruire  le  commerce  portugais  aux  Indes. f 


285 

1511   Duarte  Fernandes  envoyé  par  Affonso  d'Albuquerquc  à  la  cour  de  Siam. 
1511 — 10  août.  Prise  de  Malacca  par  Albuquerque. 

1511 — novembre.  Départ  de  Malacca  d'Antonio  Abreu  et  Francisco  Serrào; 
lie  expédition  aux  Moluques. 

1511  (?)  Deuxième  expédition  aux  Moluques  avec  Fernào  de  Matjalhàes. 
1512—22  février.  Mort  d'Amcrigo  Vespucci  à  Séville. 

1512 — 3  mars.  Départ  de  juan  Ponce  de  Léon  (Espagne);  reconnaissance  du 
golfe  du  Mexique  jusqu'à  Florida.  Retour  à  Porto  Rico  1512—21  septembre. 

1512 — 30  août.  Lettre  de  l'ambassadeur  portugais  en  Fspagne  à  D.  Manuel 
sur  Juan  Dias  de  Solis,  indiquant  les  causes  pour  lesquelles  il  a  quitté 
le  Portugal  et  ses  prétentions  à  faire  rentrer  Malacca  dans  la  zone  es- 
pagnole. Solis  était  le  successeur  de  Vespucci  comme  „piiotc  mayor" 
(28  mars  1512).* 

1512  Sébastian  Cabot  au  service  de  l'Espagne. 

1513  Prise  d'Azamor. 

1513 — 25septembre.  VascoNunez  de  Balboa  découvre  l'océan  Pacifique  à  Panama. 

1513 — 30   novembre.    Traités   de    paix   d'Affonso   d'Albuquerque   avec   les    rois 

indigènes   d'Ormuz  jusqu'à  Choromandel.     Ses  projets  de  faire  la  guerre 

aux  Turcs  dans  la  mer  Rouge.  * 

1514 — 29  avril.  Bulle  de  Léon  X;  cession  à  D.  Manuel  du  tiers  des  revenus  de 

l'église  portugaise  en  faveur  de  la  conquête  de  l'Orient.  * 
1514—20  octobre.  Albuquerque  propose  la  conquête  d'Aden.f 
1514 — 30  octobre.  Matheus,  ambassadeur  d'Abyssinie  à  Lisbonne. f 
1514 — 3  novembre.     Bulle   de  Léon  X   confirmant  les   bulles   antérieures   con- 
cernant les  découvertes  et  la  conquête  de  l'Orient,  f 

1514  Traïado  da  Agulha  de  Marear  par  Joào  de  Lisboa. 

1515  8  octobre.  Départ  de  Juan  Dias  de  Solis  pour  l'Amérique  du  Sud.  — 
Reconnaissance  dès  le  Cabo  de  S.  Agostinho  jusqu'au  Rio  de  la  Plata 
(34"40'1.  s.)  Mort  de  Solis.  —  Retour  de  son  beau-frère  Francisco  de 
Torres  4  septembre  1516. 

1515 — 6  décembre.  Lettre  à  D.  Manuel  écrite  par  Affonso  d'Albuquerque  au 
moment  de  sa  mort,  rappelant  ses  services  au  roi.  * 

1516  -25  septembre.  Traité  de  paix  avec  la  reine  de  Ceylan.  * 

1517  Espinosa  (Espagne)  fait  le  1er  voyage  dans  l'océan  Pacifique,  parlant  de 
Panama. 

1517  Retour  de  Chine  de  Raphaël  Perestrello. 

1517-8  février.  Voyage  à  Darien  par  Francisco  lieriiandcs  de  Coriloba 
(Espagne).  Départ  de  la  Havane. 

1517  -22  avril.  Départ  de  Sébastian  Cabot  (Angleterre)  pour  le  Labrador,  (arrivé 
à  67"30'  1.  n.). 

1517—20  octobre.  Fernào  de  Magalhaès  arri\e  à  Sé\ille,  suivi  en  décembre 
par  l'astronome  Ruy  l'aleiro  et  son  frère  Francisco  l'aleiro. 

1518  Occupation  de  Ceylan. 

1518 — 9  janvier.  Lettre,  datée  de  Cochim,  du  père  Francisco  Ahares  à  1).  Manuel 

sur  l'ambassade  de  Duarte  Gahào  en  Abyssinie.* 
1518-22  mars.    Contrat   des   rois   d'Espagne  avec  Fernào  de  Magalhàes  et   le 

bachelier  Ruy  t'aleiro,  nommés  capitaines  de  l'escadre.* 


286 

1519 — 21  septembre.  Départ  de  f-eriiào  de  Magalhàes;  265  hommes 
d'équipage  dont  29  Portugais,  parmi  ceux-ci  Duarte  Barbosa,  Alvaro  de 
Mesquita  (neveu  de  Magalhàes),  Estevam  Gomes,  Juan  Carvalho  ainsi 
que  l'Italien  A.  Pigafetta  (m.  15.34). 

1520—21  octobre.  Découverte  du  détroit  de  Magalhàes. 

1520 — 27  novembre.  Arrivée  à  l'océan  Pacifique. 

1521 — 27  avril.  Mort  de  Magalhàes  à  l'île  de  Zebu  i  Philippines),  Juan 

Carvalho  élu  capitaine. 
1521 — 8   novembre.   Arrivée   à   file   de   Tidore,    Moluques.    Sébastian 

de  Elcano,  capitaine. 
1521 — 21  décembre.  Départ  de  Tidore. 

1522 — 6   septembre.    Arrivée    de    la    Victoria    en    Espagne   (durée   du 
voyage  .3  ans  moins  14  jours).' 

1519  Voyage  de  Francisco  Qaray  (Espagne)  au  Me.xique,  alors  déjà  \isité  par 
Hernando  Cortez. 

1520  Reconnaissance  de  l'.Amérique  du  Nord  de  32"a37"l.  n.  par  Lucas  Vasquez 
de  Aillon. 

1521 — 25  février.  Lettres  de  D.  Manuel  concernant  la  construction  de  deux- 
forteresses,  l'une  à  Sumatra  l'autre  à  l'île  de  S.  Lourenço.  * 

1521—5  mars.  Instructions  de  D.  Manuel  sur  la  conversion  au  christianisme  de 
la  population  de  Ceyian  et  sur  le  gouvernement  spirituel  des  Indes. f 

1521 — 13  aoiJt.  Conquête  du  Mexique  par  l'Espagne. 

1521—13  décembre.  Mort  de  D.  Manuel;  avènement  de  D.  Joào  III. 


VI.  D.  Joào  III 

n.  1502;  m.  1557-11   juin. 
1522  Découverte  du  Pérou  par  l'Espagne. 

1522  28  septembre.  Réclamations  portugaises  concernant  les  Moluques.  f 
1523—3  mars.  Lettre  royale  à  l'ambassadeur  portugais  en  Espagne  demandant 

à   faire   revenir  au  Portugal  les  marins  Bernardo  Pirez  pilote,   Alvaro  de 
Mesquita,  Estevào  Gomes  et  Joào  Rodrigues  Màosinho.  f 

1523  —  10  juin.  Diogo  Riheiro,  cartographe  portugais,  nommé  cosmographe  de  la 

cour  espagnole. 

1523  -24  Deux  expéditions  du  Florentin  Vcrrazzano  en  Amérique  du  Nord 
(pour  la  France). 

1524  -avril.  Junta  de  Badajoz  sur  la  démarcation  des  Moluques. 

Parmi  les  représentants  de  l'Espagne  figurent  Sébastian  Cabot  (alors 
„pilote  mayor"  successeur  de  Solis),  Diogo  Ribeiro  et  Simào  d'Alcaçova 
Sotomayor,  cosmographe  portugais  au  service  de  l'Espagne. 

1524 — 4  aoiJt.  Lopo  Homem  nommé  maître  de  cartes  nautiques  et  chargé  de  la 
réparation  d'instruments  nautiques,  f 

1525—26  Découverte  des  îles  Sequeiras  (pilote  Diogo  da  Rocha». 

1525  Estevam  Gomes  visite  le  Canada  (Espagne). 

(^)  Navarrete  \.  A\  contient  30  documents  sur  Alagalhàes  v  compris  le 
Journal  de  Francisco  .Albo.  V^oir  Alguns  doc  urne  ritos  contenant  13  documents 
sur  ce  voyage. 


287 

1525 — 24  juillet.  Départ  de  Garcia   de  Loaise  pour  les  Moluques  (Espagne  — 

2e  voyage).     Arrivée  à  Tidore  en  janvier  1527. 
1526  Voyage  de  Pizzarro,  .-Xlmagro  et  Luque  au  Pérou,  départ  de  Panama  (pilote 

Bartholomeu  Ruiz). 
1526 — avril.  Départ  de  Sébastian  Cabot  pour  les  Moluques  (Espagne  —  3^  voyage). 
1527 — 31    octobre.    Expédition   organisée  par  Cortez  sous  Alvaro  de  Saavedra, 

partie  de  l'océan  Pacifique  à  la  recherche  de  Loaise  et  Cabot. 
1528 — 2  novembre.    Lettre   roydle  concernant  l'invention  par   Filippe   Guilhem 

d'instruments  nautiques  pour  prendre  la  hauteur  du   soleil  et  du    pôle   à 

toute  heure  de  la  journée,  f 
1528  Documents   sur  l'affaire  des  Moluques,  entre  autres  sur  les  erreurs  de  la 

cartographie.  * 
1529—23  avril.   Traité  entre  l'Espagne  et  le  Portugal  concernant  la  possession 

des  Moluques.* 


Table  des  matières. 

INTRODUCTION 5 

Les  tables  nautiques 18 

Les  instruments  astronomic|ues 30 

L'astronomie  péninsulaire 43 

LE  RÈGLEMENT  DE  L'ASTROLABE  ET  DL'  QUADRANT 69 

L'incunable  de  Munich 70 

Le  Règlement 71 

Le  Traité  de  la  Sphère 73 

Etendue  du  texte 75 

Etat  des  connaissances  nautiques  et  géographiques  a\ant  les  gran- 
des découvertes  portugaises 76 

Les  instruments  nautiques 76 

Les  entreprises  maritimes 81 

Les  voyages  terrestres 82 

Cartographie 84 

La  carte  catalane  de  1375 85 

La  carte  de  Fra  Maura  de  1459 96 

Les  débuts  du  Portugal  maritime 96 

Le  Règlement  nautique  des  découvertes 101 

Les  travaux  astronomiques  de  la  Junta 104 

Le  programme  d'un  Règlement  nautique 112 

LE  RÈGLEMENT  DE  MUNICH   . 114 

Le  calcul  des  latitudes  par  la  hauteur  du  soleil 116 

Extrait  du  Règlement  de  Munich 120 

Latitudes  nord  de  l'équateur 120 

Latitudes  sud  de  l'équateur 121 

Le  calcul  des  latitudes  dans  le  Règlement  d'Evora    ....  123 

Le  calcul  des  latitudes  selon  Duarte  Pacheco  Pereira  .     .     .  124 

Le  calcul  des  latitudes  selon  Joào  de  Lisboa 125 

Le  calcul  de  maître  Joâo  du  27  avril  1500 126 

Le  calcul  des  latitudes  selon  Pedro  Nunes 128 

Conclusions       129 

Le  Règlement  de  l'étoile  polaire 136 

Règlement  polaire  de  l'exemplaire  de  Munich 139 

Règlement  du  pôle  antarctique 145 

Règlement  pour  évaluer  le  chemin  parcouru  par  le  navire      .    .     .  147 

Règlements  divers  de  l'exemplaire  d'Evora 154 


289 

LE  TRAITÉ  DE  LA  SPHÈRE       158 

Extraits  du  Traité  de  la  sphère,  exemplaire  de  Munich        ....  164 

Éditions  du  Règlement  et  de  la  Sphère       .    .  168 

CONCLUSIONS 174 

LA  LETTRE  DU  Dr  MONETARIUS     ...                      182 

D.  JOÀO  II ,95 

Le  traite  de  Tordesilhas 202 

DOCUMENTS 217 

1.  Le  Règlement  de  Munich 217 

Les  tables  de  ce  Règlement 230 

2.  Le  Règlement  d'Evora 232 

Les  tables  de  ce  Règlement 243 

3.  Le  calcul  des  latitudes  selon  Pedro  Nunes  (Extraits»    ...  251 

4.  La  lettre  de  maître  Joào,  pilote  d'Alvares  Cabrai     ....  252 

5.  Extraits  de  Gaspar  Correa  sur  Zacuto 255 

6  à  10.  Extraits  de  Joào  de  Barros  —  Decadas  da  Asia  —     ...  260 

6.  Maître  Jacomo  de  Malhorca 260 

7.  Observations  astronomiques  de  Vasco  da  Gama     .  260 

8.  La  Junta  dos  mathematicos  et  l'astronomie     ...  261 

9.  Vasco  da  Gama  et  le  pilote  de  .Mélinde       ....  262 
10.  Colomb  et  la  Junta  dos  Mathematicos 263 

11.  £/  maestro  de  los  cartografos  mallorquines  (Jafiida  Cres- 

ques)  par  M.  Gabriel  Llabrés      264  • 

12.  Cartographie  catalane  et  majorquine.  Bibliographie  ...  267 
APPENDICE  Nol.  Les  débuts  de  D.  Joào  en  1474 269 

13.  Lettre  royale  du  4  mai  1481 271 

14.  Loi  du  31  août  1474 273 

15.  Loi  du  10  septembre  1474 275 

APPENDICE  No  2.  Résumé  chronologique  des  découvertes    .    .     .  276 

TABLE  DES  M.ATIÈRES" 288 


290 


Errata 


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de 

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la  lutte. 

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12 

4. 

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acquis. 

16, 

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19. 

„      22. 

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26, 

„     35. 

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41, 

note  No   5. 

„ 

plansiphère,          „ 

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43, 

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11 

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11 

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„     20. 

11 

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64, 

„      18. 

„ 

assignat,                „ 

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91, 

„       6. 

1» 

naviagtion, 

navigation. 

92, 

„     34. 

„ 

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page  45. 

93, 

,,       4. 

11 

envoyé. 

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93, 

„      10. 

11 

publiés, 

publié. 

98, 

1. 

„ 

leur,                      „ 

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„       100, 

„     21. 

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maître, 

de  maître. 

„       112, 

„      22. 

Il  manque 

une 

ligne  de  te.xte  qui  se 

trouve  entre  les 

notes 

3  et 

4: 

,Enfin  voici  etc.". 

„       118, 

„      21. 

Au 

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ceux,                   lire 

celles. 

„       144. 

dernière  ligne 
du  tableau 

" 

au-dessus,            „ 

au-dessous. 

BUCHDRUCKEREl  E.  BOLLMANN,  LAUPEN-BERN. 


54-9  L'astronoioie  nautique 

B38 


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